Lu Vans Das ‘ (2 [AE à Run, 1 LUE # SS PAÉTIÉI SIT VU) F117 ÈS FFF) ff, FE #2 EF SE 7 ÿ ; / : u DS d / 4 tel st 44 144$ Er. 7 4 U Ur, 4 PLIS RES : frs F. PACE TR ñ : TPS ent a Sr ou 4 TRS sa SUAVIE D'ENE INDICATION DES PRINCI PAUX VOLCANS DU GLOBE ÿ : LÉOPOLD DE BUCH. | tk “ DESCRIPTION PHYSIQUE DES : 2 IMPRIMERLE D'HIPPROEYTE MLLIARD, J-MICHEL , n° 30° RUE SAINI-HYACINTE HE=SAIY DESCRIPTION PHYSIQUE er IE ES CANARIES ; SUIYIE D'UNX 4 ANS DU GLOBE. * INDIGATION DES PRINCIPAUX Vorc ‘PAR LÉOPOLD DE BUCE: 5 à à : TRADUITE DEL'ALLEMAND PAR C. BOULANGER INGÉNIEUR DES MINES Ed REVUE ET AUGMENTÉE pÂR L'AUTEUR, PARIS F 2 F. G. LEVRAULT ; LIpr AIRE-ÉDITEUR RUE DE LA HARPE, No Sri: Eta Sinaspoune 2 rue des Juifs, même Maison, no 33, ————— Y WALY9471 CISCVS DARWIN + | GOLL Id 499 ee ® L2 D < Me / Ps ie) “ © ns ) : M LL Na S - 4 ) < L w } à j N AS ME 13 pa T 5 =. , DE ae / 3 oh . fe . ; Lo TRES en ‘ - A/R % mn toi en le. ; ù Der SZ. ; . VV # NS 4 ". =. a SS ce . cg S ; NS 43 + bai LE 8 2". D er LS Le Æ/ VPN Cie 3 “o . À RITES , NZ À “ à Vi RC | : SA $ , Ra | \ . x . ES, os l. N 1627 l': N \ : SUN . gs N N < ; \ ces NN , < N 2° | se. \ à | ï D \: N / = 4 \ . « en ! , : : , é N ns NES 0 N \ 4 f \ ë \ D N k je a LAS ÿ NN A ee ; nr 3 > Cembrigne. Haiversity Library, # AVANT-PROPOS. L'ouvrage dont nous donnons ici la traduction se recommande non seulement par l'intérêt qu’ont toujourSéxcité les îles Canaries, mais surtout par : l'immense réputation deson auteurà quiles sciences naturelles, et en particulier la Géologie, sont re- " devables de tant de travaux précieux: L’original allemand, imprimé ädBerlin en 182$, se com pose de plusieurs Méthoires dont quelques-uns avaient … éié publiés séparément : le Coup d'œil sur la Flore * _ dessiles Canaries , dans les Mémoires de l’'Acadé- | miëde Berlin de 1816 ; la Description de Péruption de 1750 à Lancéerote, dans les Mémoïtes de 1818 ; 4 et Îles Observations sur le climat des" Canaries - dans Jes Mémoires de la même Atadémie de l'année s | 1820. , : Dans le premier plan de cette traduction, on Le. 0 À ÿ Ye ; : * SRE proposé de né publiér que là partie géolo- # "2 AVANT-PROPOS. " gique, c’est-à-dire seulement la description géo- gnostique des îles Canaries et l’énumération des volcans du globe qui termine l'ouvrage ; toutefois les autrés parties de cet ouvrage sont remplies® ” d’une si grande quantité d’ observations relatives à diverses parties de l'histoire"naturelle, et toutes y sont appérciées avec tautde justesse el de sagacité, qu'on «n’a pas cru devoir priver. le lecteur de l'intérêt qu'il trouvera certainenfent dans la con- naissance de ces faits. Ce livre est donc Î la traduction es de l’ouvrage allemand; onena cependant etranché le cataloguesde la Flore, qui ne peut avoir. d'intérêt que pour” Nes seuls botaniste , ct l'on n’a gardé de l’apercu de la Flore que les faits n généraux qui s’y rapportent. Laplus grañde parie de cet article avait déjà été traduite par Man Jussien et insérée dans les Archives de botanique, où on j'a prise extuellement. 3 s M. de Buch a eu la bonté de revoir lui-mêmela traduction, et il y a fait un tres grand nombre d’additions qu? , portant principalement sur les phénomènes des volcans du Sobe qu'on a étudiés # AVANT-PROBOS. Vij dans ces dernières années , rendent le catalogue de ces volcans le plus complet qüi aitrencore été publié, \ DESCRIPTION # DES ÎLES CANARIES ITINÉRAIRE. Me trôuvant à Londres pendant l’hiver de 1814, j'y #is la éonhaissancé d’un naturaliste nerwégien distin- gué, M. Sihith , et je le vis souvent. Nos conversations s’arrêlaient ordinairement $ur-la grande facilité avec laquelle on se transporte de cette capitale du monde vers presque toutes les régions connues, et le désir d'en profiter devint bientôt si fort, que nous résolämes enfin de visiterdles Canaries > Où NOUS pouvions espérer de voir du moins un petit aperçu des productions et des phénomènes des climats des (ropiques. LE -. Des contrariétés de différentes espèces arrêtèrent Je Vaisseau qui dévait nous Prendre à son bord , ét il ne uouS fût permis de nous embarquer à Spithead près de Portsmouth , que le 51 mars 1845. Les avril nous quittâmes définitivement le Canal, et, après uné heu. reuse ('aversée, nous mimes pied à terre le 21 avril ä Funchal dans Pile de Madère, Nous restâmes douze jours sur cette ile fortunée, 0Ccupés à faire de petites courses sur les MOnfignes et à éludier, autant que püût le permettre la pluie qui tomba continuellement pen- dant notre séjour, la végétation nouvelle, et pour nous inconnue, qui se développait SOUS n0$ yeux. Le 2 mai TROUS en partimes de nouveau et NOUS dirigeâmes len- _fement, mais toujours en aVançant, vers les Cana- 1 UT Des RE An: si dat it TES EL: FA #4 PIE 10 Bi ne PET 2 DESCRIPTION*DES ILES CANARIES. ries. Le 4, le capitaine prétendait voir le Pic, appa- remment d’après les nuages, qui couvraiént Sa, cime ; mais le 3 àla pointe du jour, toute l’île de Ténériffe s'offrit à nos regards. Le Pic ; éloigné d’à peu près six. lieues marines, s'élevait majestueusement par-dessus les nuages, et la neige qui couvrait sa cime jusque vers lé commencement des forêts, faisait. ressortir de la manière la plus brillante, la belle: végétation qui se développait à son pied. En passant devant Ta- caronte, nous y vimes les habitants déjà occupés de faire la récolte du froment; plus loin, la Villæ Orotava se montrait au-dessous des nuages du Pic à peu près comme Frascati de Rome ; une lave noire se dessinait parfaitement bien à travers lés champs ; depuis eet en- droit jusqu’au bord de la mer (*). Nous abordâmes le 6.de mai, à dix heures du matin, dans le petit port de Puerto Orotava. Les neiges nous avaient empêché.de penser de suite à uné ascension au Pic. Nous nous étions occupés à étudier les forêts au-dessus de. Villa Orotava, les ro- chers de Santa-Ursula:;.de Realajo.et de la Rambla, les environs.d'Icod et de Garachico, lorsque enfin le 48 mai | nous entreprimes de monter au Pic. ..Nous;n'aurions pas pû supposer que sur un chemin qu'onayaitsuivi tantde fois, ilpouvaitnous être réservé de faire encore des observations qui eussent échappé à d’autres naturalistes..D'après beaucoup de relations, nousnous attendions donc à entrer de suite, au-dessus des-châtaigiers d’Orofava , dans les forêts de pins d’une espèce particulière à ce que M. de Humboldt avait, déja supposé (Rel.,.i, 486) ;mais nousRe vimes que le seul Pino del Dornajito ei encore celui ci a-t-il été détruit depuis par.un grand débordement des torrents. Il est (*) Foy.,dans l’atias la-oarte de Tenéritfe. ee”: TTÉNÉRAIRE. " = 6] _ héanmoins trés Certain qu'autrefois on passait au mi- lieu d'une forêt enticrement formée de ces arbres, et qui s'étendait depuis les régions inférieures jusqu’au pied du PIC même. C’est ainsi que l'avaient vu Édens et le BAFeuillée au‘commencement du siècle passé, et même le chémin était parta gé en différentes stations par des arbres de cette espète et d’une forme particu- lière, parle Pino de da Caravëlæ, et plus haut par _ Celui dé 4 Meriènda. Mais ceûseci n’ont pas pu échap- per à la hache destruétrice ; et ne s'est conservé jusque là protégent contre les située au pied de cet arbre. Des ont pris la place des pins, e la roüte, dans dé étendu objét qui puisse rappeler à tOUru, et qui puisse ainsi points de, I route sur formité. ss. > "Gette monotonie défilé du Portillo et il semble qu’on rétr blime tranquillité q des hauts glaciers des Alpes. néige; les hommes se perdent presque sans bornes r ; Que parce que ses branches tl'on ne rencontre plus sur e de plusieurs lieues , aucun la mémoire le chemin par- laquelle règne une grande uni 2 22e cesse bientôt dès qu’on a passé je quon s’avance vers la base du Pic: ouve ici la même solitude et cette su ui saisissent l'imagination au milieu Comme surles champs de ecouvert de pierres-ponces d’une blancheutéclätante : Ce qui paraît un bloc dans léloi- gnement devient peu à peu-un rocher; des collines pe: des, en appareness’agrandissent et: deviennent de grands cônes avec des ératèrés, sans qu’on sésoit apercu combieñ estgrande la distanee qu'on à franchi pour à S’approcher d'elles. Les mesures de ta plaine n'avaient plus aucune valeur pour les objets d’une telle gra - deur; le Pic même paraissait beaucoup plus élevé sur-sa basé que: nous ne d'avions-encore supposé jusqu'alors. le Pino'del Dornajito rayons du soleil une belle source petits buissons d’érica servir à fixer les différente encore ici sur le penchant ET ou ce ES LES À BESCRIVIION DES LES CANARIES, Des rubans noirs vitreux descendaient de ses flanes. À peine.s’aperçoit-on qu'il faut encore troïs heures pour traverser celte espèce de plan incliné de ponee , et parvenir jusqu'au bord d’un courant de lave. oùl'ona disposé d’une manière assez grossière quelques, gros blocs d’obsidienne autour d'espaces vides, pour en faire des salles et des bancs. C’est là qu'on.passe ordinaire- ment.la nuit; c’est L Éstañcis aba.xo deos Ingleses. La montée devient plus difficiles depuisrcet endroit, surtout depuis.qu’on est chligé de traverser le courant de verre même., où en vain l’on voudrait conserver ses souliers. Malgrécela,, ces difficultés ne Sont nullement comparables à. celles d'une ascension à la cime d'u : des Pies couverts de neige des Alpes. Nous trouvèmes les premières taches de neige à. 0500 pieds de hau- teur, près de la Cuevaæ del Hielo : mais elles n'étaient que fort petites, et elles ‘disparaissaiént même émliè- rement vers la cime. Arrivés au cratère, nous nous arrêtämes plusieurs heures sur les arètes ou dans le fond de ce cratère, Tout à coup-nous Vimes paraître vi à-vis de nous madame Hammond, écossaise, avec ses compagnons de voyage. C'était , d’après l'assertion des guides, la première femme qui futjamaismontée jusqu’à cette cime :-celte dame eut -encore lescourager de faire le tour du cratère, de visiterlapartie sipeu fréquentée des voyageurs, qui se trouve vers Chahorra; et quoique ses souliers fussent en lambeaux , el qu’elle éutiété bles- sée aux pieds par les laves obsidiennes , elle descendit encore avec nous vers la remarquable-grobte de glace qui, pendant tout l'été, fournit cette matière, néces- saire et indispensable aux villes de Sainte-Croix , de Laguna et d'Orotava. Vers le soir, nous descendimes tous vers l’Orotava. Les guides.et les muletiers ne ces- saient de chanter lés aventures de la journée, et mar- quaient le rhythme de leur poésie par les chocs de deux ” bâtons frappés l’un contre l’autre, et par le bruit d'une PAU CTINÉRAIRE, | ÿ balle de plomb tournée plus ou moins vite dans un go- belet. A huit heures qu Soir, nous avions regagné notre demeure au Puerto Orotava. s' - Lé 27Mai, nous montâmes de nouveau vers le Pic. Mais nous äbandonnâmes la route ordinaire à l'entrée “de plaine dés Retamas ; nous côloyämeés les rochers qui forment le cirque dont le Pic est entouré, pendant plusieurs heures, et nous montâmes enfin vers le pas- Sage de Guaxara. Les buissons de Retamas { Spartium fubigenum ) Couvrenttoutes ces hauteurs de leurs fleurs blanches d'où s’exhale un des plus agréablés ; - Tivâmes au village 4043 pieds au-dess Ja première fois av ,; Le) etsc'ést la-seule qu'on connaisse sur l’ils. Le village de Chasnamémeestfortagréablemententou ré quantité de poiriers, depruniers et d? amandiers qui s’é- lèventsur les hauteurs. Nous aurions pu nous altendre à retrouver avec ces arbres les végétaux herbacés de l'Europe ou même des prairies, circonstance tout-à-fait d'unegrande inouie dans. le reste de l’île. Vers le soir transportâmes nous conduisit vers un vallon peu éloigné du côté de l'ouest, mais très eSCATPÉ, où. il y avait quantité de Grottes creusées , à différentes hauteurs, dans les murs de tufs, et remplies de momies des Guanches. Des mon- eaux d'ossements de ces momies formaient des petites : toilines au pied de ces grottes, Nous restâmes ja nuit . Suivante à Rio, afin de pouvoir le lendemain étudier les “ 6 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. barancos (") et les environs de. las Virgas ét de Gra- nadilla, et nous retournâmes enfin vers Chinama. Don Antonio nous fit connaître le miel délicieux que dans le cirque du Pie les abeilles savent extraire des fleurs-de la belle Retama. Tous les habitants des villages du voisinage de Chasna, de Chinama, de Granadilla et de Rio montent verslepied du Picau commeñcement du mois de mai, avec leurs raches d’abeilles formées par le tronc creux de l’arbre du dragon, et ils cachent ces ru- Lu dansles fissures des rochers: Dés millionsd’abêilles sedispersent alors sur les grandes et belles fleurs odo- FRranle du’ spartium nubigenum et; dans peu de temps elles ont rempli leur ruche. On enlève le miel qu'elles ont déposé deux fois dans-le courant de l'été, et toujours on en retire üne quantité considérable ; et jamais l’Hyblaou Y Hymettus ni Chamouny n’ontpro- duit ce que ces abeilles peuvent préparer" dans: cètte localité , tant le goût: de ce ‘miel est: aromatique et délicieux , tant sa couléur est belle et sa transparence parfaite. Celui qui réussirait à introduire ce! büisson en Europe, et.qui pourrait faire jouir: les Habitants de ses produits, acquérerait par là des droits incontes- tables à leur reconnaissance. On n'a aucune raison de croire qu’ une telle transplantation soît impossible; car ce buisson ne croît que là, où.la neige couvre. le sôl depuis le mois de décembre jusqu'à la moitié detcelui d'avril, et où la température est assez basse pour s'Op- poser à la venue d'arbres de toute éspèce. L'essentiel serait donc de trouver un pays où.€e€ FES QE A0 À eee _(*) Baranco est un mot espagnol, par lequel on désifmesdans Je pays 1 | les sillons à flancs verticaux qui sont creusés dans les rôches volca- ‘ * niques : ce sont des valléessétroites.où il n’y à point ordinairement d'eau, et dont l ape est tellemient particulier, qu’on a dû leur dônner un nom spécial : il était donc naturel de leur conserver le nom éspagnol. L échänge elle est TINÉRAIRE. ; 7 jouir d’un étéégalement chaud ét sec et il semblerait que detellesS expositions pussent se trouver facile- ment.Mais, jusqu'ici, aucun grain de celte plante n’a voulwléver en Europe, et, quoiqu’en disent les cata- logues ,on ne j'a encore vu végéter dans aucun jardin botanique. AUTRE, Le 31 mai , Nous descendimes vers le bord de la mer, nous nous arrêtâmes au port.de los Christianos, le point le plus méridional de l'ile. Mais l’aspect.des envi- rons n’estpas encourageant, et la sécheresse du ‘sol de- vient vraiment éffroyable. On ne voit pas la plus légère habitation dans la distance de plusieurs lieues , excepté une seulé petite maison quiest située près du port, et déstinée aux équipages des bâtiments qui amènent en été du fromént de. Sainte-Croix aux villages de cette partie de l’île. On ne voitpas L'ombre de terre végétale surle fond detuf dir blanc éblouissant , formé de mor- étaux: de pierre- ponce : et les. buissons qui s’y trouvent ne $e Couyrent que de feuilles rares ;étroités , et d’une teinle grise qui leur donne un aspect triste et désolé ; Souvent même la plante n’en porte pas du tout, mais en couverte de longues épines. L'Æu- phorbia Cañariensis Y présente des formes tout-à-fait fantastiques, et le triste Plocama pendula laisse Pendre, ses branches molles et effilées, comme un saule-pleureur, Une mélancolie invincible s'empare de l'esprit quand on parcourt ce désert; et c'était avec de vifs sentiménts. de plaisir que nous en sortimes enfin pour remOnier à Adexa. Nous y entrâmes par une grande allée d'agaves en fleurs, puis nous passâmes une longue suite demaisons Pour arriver au grand et ancien Château fort du marquis d’Adexa, comte de Gomera , don Antonio de Herrera,où don Baltazar Bal Cazar nous fit une-péception très hospitalière. VE MRS Le baranco au-dessus d'Adexa méritait certainement d'êre visité, Le plus grand ruisseau de l’île coule au 8 NU DESCRIPTION DES'ILES CANARIES. milieu de ce vallon ; l’eau-se pârtagé et se perd dans une infinité de jardins et de plantations qui produisent tout ce qu'il est, possible .de cultiver sous un climat aussi heareux: Nous trouvâmes dans les défilés au- dessus des jardins, sous les précipices et’ dans les fentes des rochers , presque tout ce qui n'avait pwêtre observé jusqu'alors; et beaucoup de plantes.qui avaient fleuri et ne laissaient apercevoir que des:tiges mortes, nous firent croire que-vraisemblablement les botaristes _ pourraient encore trouver dans ces lieux des-espèces inconnues jusqu'ici. Les-géologues peuventaussi tirer des lumières précieuses de étude de ce barancoïdel infiernog parce que dans aucun autre endroit il n’est permis de s’avancer aussi loin vers l’intérieur du Pic, et d’en observer pour ainsi dire la charpente. Adexa est à 923 pieds au-dessus de la mer: Nous en pee sur des plans de tufs; oùdes petits buissons de Justicia"Hyssopifolia, de Cistes; de Conyza, d'Ar- moise, de Thym et de Lavandule présentent une nourriture abondante aux nombreux trotpeaux de chèvres , qui s’abritent dans quelques mélairies dis- persées sur les montagnes. Le lait de ces animaux. est délicieux et un grand bienfait pour le yays. Chaque chêvre en donne une quantité. étonnante, souvent une. pinte et demie, et. peut-être encore plus, ef le lait, gras comme celui des rennes, est d’un goût pur el exquis. On ne saurait reconnaître dans ce lait celui si peu estimé avec raison de nos chèvres duñord, qui, en effet, sont loin aussi de pouvoir trouvera se nourrir de. feuilles de justicia, de Jaävandule et de cistés. La . chèvre elle-même parait être. aussi d’une tout dutre espèce. On serait tenté de là comparer pour l'élégance et la légèreté de ses mouvements à une gazelle. Ces cornes, courtes et lisses, sont couthées derrière lefront; et son poilnoir et sans raideur, est au contraire lisse , fin et luisant comme de ébène. On ne sesert pas d’ tre : WTINÉRAIÏRE. 9 lait dans toute l’île de 'énériffe : il esimême probable qu'il serait toujours préférable au lait de vache-etde là vient'que dans toute l’île n’y a peut être pas un seul de ces animaux. Le fromage frais qu'on fabrique avec ce lait ressemble beaucoup au sérac des Suisses. *En passant des déserts immenses de laves , “toujours sans culture, sur lesquels les pauvres villages de Guia, de Chio et d hopale ne trouvént que de faibles moyens d'existence, nous gagnâmes la vallée de _S. Yago, qui réunit la partie dusud de l’île avec celle du nerd. C’est là, enfin, qué Smith. (rouva’ pour la première fois, la belle Eupliorbia. atropurpuréa, que Broussonet avait décrite le premier", nous la vimes s’éléver en larges et beaux. buissons assez fréquents. Nous étions disposés à remonter au Pic’de ce côté et à observer de près l'immense quantité de cônes d’ éruptions dispersés sur ce penchant; mais nous ‘en fûmes empêchés par les | Pluies et par les bouillards. qui avaient couvert tous ces penchants “jusqu’au pied de la montagñe: "Nous ‘éûmes besoin de‘près d’une demi-heure pour passer le gränd courant delave qui, en 1706, a entièrement détruit la Ville de Garachico'; mais nous nous rendies avec plus de facilité à Icod los Vinos, dont la situation et l’aspect ‘ férmentun tableau des plus agréables. C'est celte contrée qui, pardes vins qu’ ‘elle produit, avait principalement Conribué à donner au port de Garachicoson activité et son impoñlance. Le vin malvoisie d’Icod a conservé sa réputation depuis des. siècles. Il est encore exporté en “assez frage quantité: par le port de l'Orotava, Li : £ipalémen en Angleterre. RL: Une masse de courants d'obitfienne. de re | liènés de largeur couvre les penchants de la montagne auprès d'Icod. Elle a comblé les barancos et nivelé les hautenrs. C'est sur ce plan incliné que descendent les pins déshauteurs qui entourent le Pic, et quelques uns d'entre eux s’avancent même jusque près du bord de la + 40 DESCRIPTION DES ILES CANARIES, mers Cest un fait très remarquable ; car ducune autre espèce. de pin ne jouit d’une. telle Jatitudé de zone de température. Elle vient parfaitement bien vers 1e:Pic à une-hauteur dont le climat ne peut être COMparé qu'à celui de la Norwège, et sur le bord de la mer elle végète.encore dans le climat de Mogador et de Maroc. IL faut convenir cependant que-laforme a considéra- _blement changé dans les régions basses. Le Pino.sañto, un pin isolé; qui porte uhe image miraculeuse entre Icod-et los Guanches, frappe. de.loin. par sa forme sin- gulière. Les branches s’élèévent'peu , maïs elles s’éten- dent sur une largeur immense , de manière que l'arbre couvre un. très grand espace, Les:feuilles ou les aiguilles ysontsuspendues, en $’avançant sur les branches. pen- dantes, et ontune longueur d’un piedet demi, et même quelquefois de deux pieds ; ces branches Rs peu près à cet arbrel apparence d’une têté baissée, couverte d'une longuethevelure;, dôntelle serait entièrement-en- yéloppée. PIüS haut, vers la montagne , les feûilles n’af- fectent plus bitolénsubrià démesurée jet toutsà-fait vers lalimite supérieurede ces arbres, les feuilles ne différent guères en longüeur'de celles ‘des pins communs des fo- rêts du nord ; alors la forme extraordinaire à disparu. Le 4 juin, nous fümes de retour à Puerto Orotava. Le 12 juin ,-nous allâmes à liaguna. Nous y en- irâmes, pour ainsi dire, dans Un nouveau monde: Le penchant richement cultivé” sur lequel passé laroute, rappelle toujours les climats méridionaux. Santa-Ursula est entourée de palmiers , et T'acaronte LE dans les vignes qui l'entourent. Mais avec la’ plaine/de la Lagunacommence la région des brouillards. quis’élévent journellement de la surface dela :mef: On voit des Champs de blé à perte de vue, mais en vain cherche- rait-on les arbres fruitiers , les vignes ; et surtout des paliers. Laguna est le chef-lieu de l'ile ; aussi la ville est-elle grande et belle: c'est la résidence de la plupart PFINÉRAIRE: 5 6 11 dés grands sir iélaires , marquis où comtes, qui sont Jes descendants des anciens conquistadores. "Nous nous éfablimes dans une grande maison vide, £ garnie denombreux balcons etde beaucoup de fenêtres. - C'est là , sur ces balcons. même, que Smith fit une dé- ‘ouverte à à laquelle il'ne s'attendait certainement pas. Tous les botanisies qui sont montés de Sainte-Croix à Laguna ont dû êfre frappés; commestout voyageur qui voit cette ville pour la. première fois ; de trouver tous les toits couverts dé pétits buissons dé Semper PiVumM ; " qui ressemblent ärde petites forêts suspendues: Qui au- rait pû croire que cette planté, tant de fois admirée et observée, n'avait encore jamais été ni étudiée , ni dé- crite? Elle est totalement différente, du ter vivuni canariense, avec lequel on avait toujours confondue, déj même par ses fleurs qui sont forméestde panicules blanclies ; tandis que le Sempervivim cänariense. en porte de jaunés ; de manière que Smith se erut parfai- tement : autorisé de nommer cette nouvelle.espèce Sem- "pervivum urbicum, d'après Ftplacé singulière où elle a principalement été observée, L'air échauffé, vers le bord de:la mer ,:s “élève dans le, courant de la journée avée Ja vapeur aqueuse. Arrivé: à Ja plaine de Laguna , :cet air s’y étend. et-se refroïdit j jusqu'au-dessous du Doi de 1e condensationde 14 vapeur. Celle-ci est obligée d'a bandonner SON état gazeux ei de sé présenter sous forme de-brouillards. Les conditions nécessaires pour les différentes, espèces de joubarbes , l'humidité, chaleur net Un abri contre les rayons directs du soleil, se, trouvent alors. réunis sur.les toits de Laguna. La raison qui détermine les brouillards à s'étendre pus autour de Laguna qu’en (out autre parlie de l'ile, se trouve facilement dans la forme échanerée Fin nr lagnes au milieu desquelés la ville est bâtie, circons- lance qui-permet au vent alisé du nord- est dé se mêler au vent du sud ou au vent de mer qui s ‘élève depuis Ja 42 ‘ (DESCRIPTION DES ILES CANARIES. Sainte-Croix. Ce vent nord-est, qui, vient fräpper les montagnes {out près de la ville, se change par rés flexion en un ventéu nord-ouest ; ex effet, un moulin à vent, mu par ce courant d'air, aconstamment les aïles tonrnés vers le nord-ouest. Plus bas et à moitié chemin de Sainte-Croix, et à peu près à 900ipieds d’élévätion | au-dessus dé la mer, on voit.un autre moulin, mais dont les ailes sonttoujours tournées vers le sud, car le vent de mer.s’élève jusqu'à cette hauteur; et c'est un spectacle bien curieux de voir ces deux, moulins constamment en mouvement Faq dans une - tion tout-à-fait opposée. Ces brouillards et lesbelles sources qui en résisht ont. un effet puissant sur la végétation des collites. On ne voit nulle.part de plus beaux arbres, que dans la superbe forêt de l’Obispo à l'Est de ion et on y trouve réunis tous les arbres que l’île produit dans la région des forêts. La source nommée l’Agua dela mer- céde, au milieu de la forêtest'un endroit délicieuxs dés lauriers d’une hauteur.immense (Laufusindica, Barbu- saño, Fil. ) y forment une voute élevée ét impénétrable aux rayons du soleil, du dessous de laquelle l'eau s’é- chappe, pure ettransparente, du sein de la terre et s'é- coule en formantun ruisseau considérables Lesolse cou- vre des feuilles élégantes d’uñe cinéraire qu’on est obligé de regarder de fort près, pour ne pas les prendrépour dé jeunes pousses du peuplier noir. Des bancs entourentées eaux et on y trouve presque constamment desssociètés de Laguna qui se plaisent à y respirer la fraîcheur. Ces forêts , les barancos , les rochers'vers Puntaäi Naga, le village daube that caché au-dessous du rocher de Taganana’, celui de Teguesta , de Taeaïonte, nous arrêtèrent long - temps à Laguna et ce ne füt qu'avec regret que nous quittâmes la grande maison | déserte que nous habitions tout seuls à Laguna, pour or le 24 juin à-Sainte-Oroix. La . vie sociale ITINÉRAIRE. ( 13 y avait eñcore eu beaucoup d'agréments-pour nous. M. Le Gros; artiste français aväit établi .une école. de dessin, qui avait répandu Je bon goût parmi les habi- tants,de l, ville; ét nous le trouvâmes entouré d'une trentaine d’écoliers. Le docteur Savinion avait un ca- -binet de physique dont ce savant modeste savait tirer parti. Outre ses connaissances élevées en littérature, le marquisde Nava était versé dans beaucoup d’autres Parties des sciences: et sa belle bibliothéque aurait été un ornement-pour une ville d'Europe: Le pré- sident du tribunal Don Nicolas de Las Torres enten- dait parfaitément bien toutes les branches de la phy- sique ,. et il rasseniblait soigneusement {out ce qui pouvait avoir rapport aux sciences qu'ileavait culti- vées. Nous {rouyâmes le même intérêt dans l'ai- mable famille de Carvaiho et dans beaucoup d’autrès nu CUS RE ie TS autre L'an Ent Lg * Sainte-Croix ne pouvait plus.offrir au-botaniste, vu lasaison avancée, rien qu’il n'eut déjà vu ailleurs avec plus de fruit ; mais nous eûmes le Srand avantage. d’y trouver Don Francisco Escolar , qui avait parcouru toutes les îles ; et qui partout avait fait des observations géologiques curieuses etexactes. Ses collections et’ses instructions ont eu une part considérable dans tout ce qu'il nous à êté permis d'apprendre sur l'histoire na{u- relle detes îles, … Deux ou trois fois par semaine arriv un grand bateau qui vient de la grand de fruits et de bestiaux ; c'est la communication ordi- naire entre ces deux îles. Nous profitâmes de ce moyen detransport le mercredi 23 juin à cinq heures du soir. On nous avait fait espérer que nous Pourrions déjà aborder le matin süivant à la £rande Canarie ; mais les Yent$ nocturnes, entre ces îles, sont trop variables et tropfaibles. Nous n’atteignimes la côte, qu’à quatre heu- res del’après-midi, dans la petite baie déserte etinhabitée e, à Sainte-Croix e Canarie, chargé Lisa 3 à AE ES & M sam at Cats TESTS RME 14 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. de la‘Sardina (*). L'endroit lé plus proche, Galdas était & une lieue dé là: on nous y reçut d’une fnanière bien véillante et surtgtit avée beaucoup d’hospitalité daris la maison de. Don Joäquim , vieillard prévenant, affable et vivant dans l’aisaänce. Sur la route que nous Suivimes” le lendemain pour gagner Las Palmas, la capitale de * l'île, située à.peu près à six lieues de distance, rien ne pouvait plus nous rappeler ‘Ténériffé. Partout nous retrouvâmes l'aspect des contrées de l'Afrique et de YOrient. Des palmiers entourent tous les villages , et 15. setrouyentici en apparence dans un climat convenable à leur végétation. L'eau coule de tous côtés travers de beaux champs de-maïs et vivifie la contrée, Nous päs- simes beaucoup’ de vallées, celle de Moja, éelle de Teror-toutes verdoyantes et singulièrement embellies . par des touffes de beaux "palmiers. A Palmas on croit voir dans les premières maisons ét dans les prémières rûes üne ville. comme Tunis ou Alger. On descend Je- long de la continuation .de l’aride montagne de Saint- Antoine. Les maisons sont creusées dans lé tuf de cette montagne et on ne les reconnait qu’à des trous de diffé- rentes grandeurs, qui forment les portes et les fenêtres’ Viennent ensuite de petits cubes avec une seuleouver- ture:qui est la porte ; enfinsles maisons s'élèvent mais elles: restent toujours entièrement plates dans le haut ‘et sans toit. Même à Sainte-Croix nous avions encore . vuedes toits et tout au plus pardessus un large bal€on ou une loggia. Mais à Las Palmas rien ne brise 16s lignes horizontales ‘des bâtiments, qui’ paraissent comme atfachées sur les blanches et arides coflines auxquelles elles -Sont adossées et dont on ne saurait les dis- tinguer. Des palmiers s'élèvent de tous côtés ainsi que beaucoup d’autres arbres qui-ne Fappellent rien des formés européeunes; le lamarin ‘y croit en grande abondance , ainsi que le Caréca Papers! mais cesont Foy. FR catte dé Pile de Canarie. ES ITINÉRAIRE. 45 toujours des Espagno culent dans.les'rues. A4 ITÈT % Las Palmas est une ville considérable. Elle st plüs . Srande que l’Orotava et'que Saïnte Croix et presque aussi Srande que Laguna. Elle contient8,096 habitants. “Elle est séparée “comme Sévilla en deux parties iné- Sales parlé fort ruisseau de Guinequada. La plus petite, nommée la Veguëta contient la grañdeet belle cathédrale - Sothique, le palais de J üstice; lepalais de l'évêqueetpar Suite {outes les mäisons des chanoines, deschapitres et des grands propriétaires de l'île: Il n’est donc pas éton- nant, qu'On y rencontre beaucoup plus de rôbes noires él de Chapeauxfen formé de toit, qui sont portés par que dans l’aûtre partie de ‘la ville la Is, et non des Orientaux, qui &r- des prêtres , Triana. Dans celle-ci sont rdssemblés_ les marchands , les artisants et tous céux, qui doivent travailler pour Sagner leur vie: Comme des iles, s'élèvent du milieu de cette masse ‘de maiï$ons : ‘deux couvents. de religieuses et un Couvent de Franciscains :.ét sur la haüteur, {out- ä-fait isolé, on voit le chateau del Rey , réüni par âne longue muraille avec le petit château:de Casa Matas qui lui même se rattache de Ja même manière aû châ- * eau de Sainte-Anne sur le Bord dela mer. Le L'évêque partage avec le Roi et de chapitre ‘les réveñus de l'ile et sa part est évaluée à cent millé piastres,. best par conséquent sur l'ile le centre de tous les mouveménts, Tous ceux qui € dans.les grades ecclésiastiques se réunissent autour de “lui, et son palais est entouré des institutions oùon pré- pare, par l’enseignement et l'instruction , iæ jeunesse destinée à occuper un jour'ces places. L'objet de la plus _ haute importance consiste donc à savoir tout ce qui Concerne l’évêque; ce qui se passe dans le reste ‘dé l'Europe et: même en Espagne n’inquiète et n’intéresse Rullement cette population, et la Rouvolle de là bataille de Waterloo, avait, au moment de son arrivée, le même W herchent à S’élever 16 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. intérêt pour les habitants, qu’aurait pour nous'la nou- velle d'unebataille entre les Chinoiseet les Boukhares. L’évêque Don Nicolas: de Berdugo nous reçut avec ‘bienveillance, et nous assurä de sa protection pendant notre séjour sur l'île: ‘ll nous envoya son médecin Don Juan :Bandini Galli, et nous procura ainsi une des conhaissañces les plus agréables et leS plus instruetives quenous ayons pu désirer: M. Bandini , ami ‘intime du célèbre Viera depuis de longues années , avait suivi ses traces. Ses collections renfermaient tout cequi pouvait être regardé comme utile ou curieux. sur l'ile*ét ses maruscrits: cContenaient une foulé d'observations :eu- _rieusés et piquantes.Il savaït encore communiquer les connaissances qu il avait acquises. Ce ne fut pas non plus sans quelque surprises que nôus vimes les jeunes gens du séminaire, excités par l'exemple de leurs maîtres, discuter sur des objets,.que nous ne nous serions pas atteñidus àVoir traiter da ns une semblable école; ces discussions roulaient sur le Soleil, lé mouvement et lirritabilité.des plantes, Sur des plan- tations ‘d'arbres fruitiers, sur les pépinières de ces arbres et sur leur utilité pour l'île, sur l'influence de la lumière et dé la chaleur dans la végétation. L'évêque protégeait toutes: ces études et _ encourageait avec. beaucoup de zèles - 7 - Après avoir examiné les environs de Las Palmas, nous _côtoy âmes le 5 5 juillet les tristes et aridesscôtes de, ja mer jusqu’à-T elde, village qui, comme tant d’autres, ressemble, par sa verdure etses palmiers , à une oasis au-milieu du tuf. Ensuite nous montâmes vers l'in- térieur pour gagner le Val Sequillo, où, une petite plaine permet de cultiver avec succès beaucoup de blé. L'eau se précipite le long de cette vallée’et elle esten- tourée, de la manière la plus agréable, par des plan- tations de courges et protégée par le large feuillage ITINÉRAIRE, D: des colocasia, Sur le village même, s'élève un rocher remarquable 1e Rocque del Saucillo dans les fentes duquel Smith découvrit une belle espéce de jodbarbe , entièrement nouvelle ( Sermnpervivum cœspitosum ) qui depuis el par lui est.entrée dans tous les jardins bota- niques de l'Europe , et dans beaucoup d’autres encore. Nous montâmes plus loin juSqu'’à la plus grande hauteur : de l’île, le Pico del pozo de las Nieves, de 5,842 pieds de hauteur, mais l'espérance que mous avions de pouvoiry embrasser l’île entière d’un seul coup d'œil ne fut pas remplie. L’atmosphère paraît être ici constamment remplie d’un brouillard sec, qui empêche la vue, de s'étendre Nous ne vimes. que les plus proches vallées et point.du tout les côtes ni là mer. La cime elle-même n'a rien de remarquable : lle est couverte plutôt de Pierres que de plantes : il n°y éroît guère que le beau Peucedanum aureun , et Cette-piante qui ne se trouve que Sur cette hauteur est la seule compensation: offerte au botaniste pour là peine qu’il s’est donnée dans cette ascension. L’agréable village deS.-Mattéo quicommence déjà un peu du dessous de la cime mème, présente un aspect bien différent, car à côté d’un beau ruisseau, : s'élèvent de grands et beaux noyérs et châtaigniers, et les vergers y sont couverts d’une infinité d'arbres frui- tiers. À Lecheguillo , le premier endroit de la vallée et à la hauteur de 3,013 pieds, les habitans vinrent à notre rencontre, pour nous offrir de superbes reines-claudes; leurs Maisons entourées de grandes galeries forment, sur le penchant de Ia montagne autant de petits tableaux qui sé groupent Surtout d’une manière admirable et gracieuse autour de l'église de S.-Mattéo même. Plus bas commencent les vignes et les maisons de Campagne des habitans de Las Palmas, le long de la Vega de S.-Brigita, jusqu’à ce qu'enfin la grande # chaleur et Ja sécheresse de la zone inférieure ne per- 2 Fe 48 DESCRIPTION DES ILES CANARIES, mette plus le développement d'aucune autre végétation que. celle-des buissons à longues épines où à feuillage cris , long et étroit. Le 11 juillet nous nous trouvâmes à Teror. C’est là résidence d'été de l’évêque. Elle .est éloignée de quatre lieues-de la “ville, et située dans une vallée profonde. Une image miraculeuse y attire encore beaucoup de ménde , et quelques personnes S'y rassemblent de plus pour visiter une source faiblement acidule mais abon- dante. la température de cette source est.de 22 C. (47. 6. R.!). Le petit palais de l’évêque est assez élégant et l'église présente une grande magnificence et là ma- jesté qu'on doit attendre d’nn centre de pélerinage. Noùs passames la montagne et la forêt de Doramas,, qui par son nom rappelle toujours le plus renommé : des héros des Guanches, et-nous descendimes dans la grande vallée de Moja, où ily a encore ‘uné source | acidule, plus faible que cell de Teror , mais à là même température. Danñs d’autres climats moins chauds, on nommerait ces eaux des eaux tièdes et .ne-leur prè- terait. pas beaucoup d'attention sous le rapport de l'acide qu’elles renferment. Effectivement, même ici, . on les estime moins que les superbes fontaines qui, un peuau-dessus deMoja, jaillissent hors des rochers de ba- salteet qui sontassez considérables pour formerun'ruis- seau. Ellessont connues sous le nom de’ Æqua Madre di Moja. Des lauriers Til d’une grandeur énorme les entou- rentetles recouvrentd’une coupole impénétrable au s0- leil etaussi élevéeque le dôme d'une église. L'eau y coule avec une grande vivacité sur le fond et y répand cons- tamment une douce fraicheur, nous trodvâmes sa tem- Éras de 14, 75 C. (15, 4 R), celle de l'air étant à 23, 87, C. (ADR). | C É T'amsonce des eaux, qui principalement donneaux vallées de la grande Canarie l'aspect de cul- : € | ITINERAIRE. 19 / tureet de vie qu'elles possèdent à un si haut degré. On s'empare deces eaux là où elles sortent des gorges des montagnes, el On les distribüe en mille canaux sur les collines de tufiet dans Tes champs au fond de la vallée. On est étonné de'ce que la nature peut produire sur un SO] ainsi arrosé, On Y fait trois récoltes'successives PAT année , et chacune d’éllegst d'une production sur- Prenante. On y récolte deux fois du maïs, en juin et en décembre, ét puis on y plante encore des patas ou Pommes &e terre, fruit qu'on estime beaucoup dans Cette île. La Canarie étant beaucoup plus large qüe Téné- riffe ; les eaux dés montagnes nepeuvent pas S'enfoncer au-dessous du sol pour ne reparaître que dans la mer . même ; les vallons qui rayonnent du point central sont devéritables crevasses , qui les forcent plutôt à sortir ‘2 àdleur surface pour répandre de cétte manière la fer- tilité et la vie sur le reste de l’île. GE PS “On vendait des grappes de raisins au marché dès ‘le commencement du mois (fjuillet \. Peu après on “apporta de très’ belles müres » Qui sont un fruit très agréable dans ce tlimät si sec , d'excellentes poires des plaines de l’Aldéa, et enfin une grande abondance de figues vertes des plus délicates. À la-fin du mois Mençait à mûrir le Tuna, Cactus Opuntia, qu’on vend également sur le marché. C’est le moment où ce fruit müritquile fait estimer ; car ôrdinairement on le trouve dans des Parties de l'ile où il est impossible de se procu_ ver une goulte d’eau jet pendantdes chaleurs excessives Le mardi 17 juillet, nous quittâmes la ville pour tra- verser l’île par ie Milieu, et pour en faire ensuite le tour du côté du sud. Nous passâmes Telde de NOUVEAU, puis Âguimez, à travers un véritable désert de Pierres et de tuf. Peut-être fallait-il mettre beaucoup de cet attris- tant aspect sur lé Compte de la saison avancée, car les mois de l'été sont Fhiver Pour ces contrées. com- Tout ce D i 20 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. qui peut croître, fleurir et mürir , a depuis long-temps achevé son cyclé de vie ; il n'en geste pas même latrace , et la recherche la plus soignée n’est pas en état de faire découvrir un atome de ce qu'unespluie abondante fait lever en peu de jours alors comme parenchantement; ce qui peu avant présentait l'aspect de l’aridité la plusacca- blante et la plus parfaite , se couvre de fleurs el de ver- dure. Le petit village de ‘Tamisas , déjà assez élevé, nous parût. donc un endroit fort agréable, parce qu'un petit ruisseau dans lé vallon,suffit pour arroser païr ses canaux les penchants de Ja montagne , et. y développer La végétation. Nous n'avions jamais Vu auparavañt dés oliviers d’une si étonnante hauteur que dans*cet en” droit. En général, on en voit pas beaucoup sur ces îles ; mais , pour ceux -ci, on aurait pules méconnaître entièrement. En continuañt de monter, nous arrivâmes enfin sur le bord d’un précipice qui , se déroulant tout- à-coup au clair de la lune, nous fitirecénnaître.la Cal- ” dera de la grande Canarie. Nous descendimes sur une côte abrupte, et arrivâmes à neuf heures du soir à Sainte-Lucie, au fond de cette ‘chattdière« cetle ville est le chef-lieu de la grande paroisse deTiraxana. Nous y trouvâmes la température des déserts de la Lybie ; jamais encore la chaleur ne nous avait tourmentés’ jus - qu'à ce point . aucun vent ni de terre, ni de mer ne pé-” nètrent dans cet endroit reculé ; il y a pas le moindre mouvement dans l'atmosphère ;et toute la nuit lether- momètre se soutient à 24 d. R. (50 C.). £ La Caldera peüt avoir trois lieues de diamètre. De Sainte-Lucie, nous montames à Fonte et à Saint-Bartolo- mée, quisontencore du ressort de Tiraxana; mais depuis ce dernierendroit, lamontée, vers les rochers delaCum- bre(*), devient beaucoup plus rapide. Peu après Saint- D (*) Mot espagnol qui signifie créle, par lequel Vanteur désigne l’arête principale des montagnes ou ligne de partage deseaux. (W.auT.) mt 7 VAINÉRAIRE. | . 21 Fartolomée ; not$ arrivâmes à Pinar, c'est-à-dire à la forêt de pins des Canaries , qui ne-consiste qu’en arbres elair-semés ; le C istus mon$peliensis, des Ononis et des Salvia CToissent dans les parties inférieures, On trans- porte. le boïs de. cette forêt à travers.la Cumbre à -S--Maiteo, ef on en fait descendre chaque matin la quan- tité nécessaire aux besoins:de lawille. A'la hauteur de 3,642 pieds, on travérse un col » le Paso de la f'lata, et l'on descend dans un vallon profondément encaissé, qui Poursuit son cours vers la partie sûd ; puis-on remonte Pour traverser le Paso,del. rocque de Nublo, dont la hauteur est de 4,796 pieds; mais on ne reste pas fort long-temps sur ces hauteurs. La vallée de Texeda , à Jaquelle on ‘arrive, s'enfonce rapidement , et c'est à peine si l’on trouve un chemin pour y descendre; les rochers; s’avançant en arêtesset en pointes , en mas- uent la profondeur : il semble alors. qu'on se retrouve dans les gorges des Alpes »Surie versant des montagnes du côté de l'Italie. Le village de Péxeda même, à Ja hauteur de 2,945 pieds ; est encore entièrement caché dans ces défilés: De là il nous a fallu remonter beaucoup Pour gagnerie village d’Artenarà : c’est l'endroit le plus élevé de l'ile, il se trouve à 3,694 pieds au-déssus de ‘Tamer, et sa population est de 1,175 habitants. Mais ce Villäge est invisiblé: on se trouve au milieu sans qu'on puisse s'en: apercevoir , et l’église sur la hauteur est Le seul objet Qui: puisse annoncer que ce lieü est habité : c'est que toutes es maisons, même celle du curé, sont excavées dans le roc; on n’en Voit que la porte, et encore souvent avec peine. La vallée s'ouvre entièrement vers la belle plaine de l’Aldex, sur le bord de la mer: elle SSt,couverte* de superbes palmiers’ et de champs de Mais qui S’étendént à perte de vue. Elle appartient aû MTS de Naya de Lagüna, êt nous fûmes reçus dans sa Maison de la manière [& plus obligeante. "Nous. avions gagné Ja partie ouest de l’île ; elle est 929 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. inaccessible aux vents alisés dû nord-est ,'et les vents de mer arrivent rarement jusque daris celte vallée. Nous n'avions jamais encore observé les buissons d’un climat africain , le Plocama pendulum et Euphorbia _ balsamifera jusqu’à unesi grande hauteur; qu'entre l’Al- dea et Mogan. Les euphorbes dans le vallon de Bene- guera sont grands comme des figuiers, etils y forment - une véritable forêt. Le suc laiteux , blanc et très doux de ces arbres gonfle tellement l'écorce, que celle-ci en paraîttout-à-fait lisse et luisante , et qu’un seul petit coupede bâton süffit pour en faire jaillir une fontaine de lait qui s’élance jusqu’à une très grande éistante. JL. n’est pas étonnant que lés anciens aïent pu voir dans ‘ce phénomène des sources sortant d’une F'erula, douces et innocentes quand elles proviennent de l'intérieur de l’euphorbe balsamifère , mais aigres et nuisibles quand c'est dé l'euphorbe des Canaries, plante anguleuse, piquante et tortillée, qui ne manque jamais dans le voisinage de la mer. SANTE Le Pinar descend, dans les environs deMogan, depuis la Cumbre jüsque versles bords de la mer. Le petit sen- tier qu’on suit sur les rochers devient à la longue fort incommode, et à cause des détours immenses que ces rochers , souvent à pic sur la mer, obligent de faire,'il faut mettre beäucoup de temps dans.ce trajet. Nous avions quitté Mogan à six heures du mâtin ; mais nous ne pûmes arriver à Arguaneguin qu'à trois heures du soir Sans avoir vula moindre habitation. Arguaneguin __ même, malgré la grandé réputation que cel endroit © s’est faite dansl'histoire de la conquête de File, n'est composé que de quâtre chétives maisons isolées ; qui appartiennént , Come touté Ja pañtie sud-de l’île ; au comte Castillo de las Palmas. Le seul puits qu'on trouve dans 16-fond d’un barañco contenait de l’eawdont,la température était de 26, 8 C:5 ce qui ne la rendait guère potable ; c'était apparemment ün reste duruiséeau qui ITINERAIRES | 25 coule dañs ce baranco pendant le temps des pluies: A tra- vers les déserts, nous n’arrivimes que la nuit-à Maspa- lomas , village formé de dix à douze maisons rangées en rue-et entourées de champs de maïs et de pommes deterre. C'est le torrent quissort de la grañde Caldera qui produit cette fertilité du sol. Après deux heures de Marche'sur des plaines arides et Vâmes à Huan Grande, centre des possessions du comte Cassillo, situé à peu de ‘distance de grandes. salines , Où l’on fait de très beau sel dans plus de trois cents petits téservoirs creusés sûre bord de la-mer. Il nous fallait trois heures pour arriver de’ cet enidroit au viHage de Corrizal, et nous ne fûmes de retour à las Palmas que le 29 de juillet, vers la nüittombante, - HNRAGYES Nous nepûmes repartir délas Palmas que le {1 d'août. ous allâmes vers cinq heures. de l’a de la Luz, vers l'Isleta MIN Couvert de piétons même route pour ée re brûlantes , nous arri- le‘vent de terre et le Courant nous firen vite ; et à dix heures du matin nous.ét nouyeau dans le port de Sainte-Croix de Fénérifte.… | Les vallées entre Sainte -Croix, et là Punta di Naga nous Gecupèrent plusieurs jours. ÆElles Je méritaient bien ; car chaque rocher y est remarquable’, et chaque 24. DESCRIPTION DES IBES CANARIES. baranco contient quelque phénomène qui lui est parti- __culier. Le plus intéressant de tous est, sans contredit, le dernier verslapointedelile, levald’Yguesto.Ons’y croi- rait aux grandes Indes ; dans toute la vallée.les grandes feuilles des bananiers réfléch'ssent l'éclat du Soleil, et des petits hameaux entourés,de grenadierset de fi- guiers couronnentdes deux côtés tette brillante forêt. Les habitants descendent le long de cette vallée , por- tantsur la tête de larges co rbéillesremplies d'excellentes bananes, dont nous achetämes autant que nous pûmes en emporter* pendant toute la journée, nousne man - geâmes rien autre chose, car c’est.un fruit non-Seule- ment agréable et parfumé.,-mais encore très nutritif. Nous traversàmes cette forêt de bapaniers , au, milieu de laquelle des sources d’eau limpide, qui.jaillissent entre les racines.des arbres, se précipitent en cascades vers le fond dela vallée. Les larges feuilles des bana- ners tressées en immenses,afcs, empêchent les rayons du soleil de.pénétrer dans ces galeries de.fraicheur et de vie; et les enfants du voisinage ,. attirés-par ces délicieux -ombrages , viennent=au milieu des eaux s’ébattre comme des insectes. Vers le commencement de la vallée, nous trouvames sur Ja hauteur, tout-à- fait isolé, l’Atalaya ou la maison de garde, qui an- noncé l’arrivée des vaisseaux à Sainte-Croix. Peu au- dessous, vers la vallée, nous aperçümes un dragonier, dominant les. buissons ‘du penchant , fort éloigné de toute habitation , et qui, en apparence, a poussé dans cet endroit sans y avoir été planté ;,ce qui.paraît assez remarquable. RPL Lel8 août, nous passämes à la Laguna pour recueillir ! dans les forêts des sémences-müûres, et nous quittimes cette ville le 25-du mois , pour {raverser Ténériffepres- quê dans la totalité.dé sa longueur , ettoujour$ en lon- geant l’arête qui sépare les deux mers. Depuis le village ITINÉRAIRE. 25 d'Esperanza NOUS ne rénconñträmes plus d'habitations. L’arête devient de plus en plus. aiguë, et la mer des deux côtés parait en baigner le pied. Nous restämes-la nuit sur là hauteur d'Orotava, entre des buissons de re- tamas Toute cette contrée est si solitaire ét si peu Misitée, que des chèvres: sauvages s’y multiplient en Pleine liberté. Il estrare de les voir pendant la journée ; Mais le matin , de bonne heure; éllés ont coutume de se rassembler auteur de la Fuente de la montana bianca., qui est présque la seule source sur ces hauteurs : elle rest'élevée de 61053 piedssur la mer. Sur le mont Yzana, x nous eûmes une vue admirable de l'immense cône du : Pic en entier > entouré de son cirque. Nous descendîmes dans ce cirque près de lAngostura,-et.de suite nous y Yimesdes plantesen fléurs, que Smith avait pas encore observées et qui l’occupèrent pendant toute la journée, la Céntauréa, Tey dis (argiita,nees) et la Scrophularia - 8labrata. Lesoleil était brûlant, tant dans le cirque que “vers l’'Estancia. Son ardeur faisait éclater de tous côtés ‘les gousses mûres du Spaïtium nubigenum ; ce qui oc- casionnait un bruit vif continuel etrès singulier , ana- +Togue à un feu de peloton non interrom ne fûmes pas peu surpris d'entendre. pu, ef que nous = Nous restâmes plusieurs jours sur ces hauteurs däns Je Canadaef sur le penchant du Chakorra, et nous eus- “sions bien désiré nous yarrêter plus long-temps sit avait été Possible des procurer de l’eau. Lorsqu’enfin nous destendimes sur les courants d’obsidienne du Ghähorra par le Pinar , vers la Guancha, nous n'avions ‘pas Vu une goutte d’eau pendant touté la journée, et les habitants des maisons les plus élévées, que nous ‘rencontrâmes, étaient encore obligés d'aller la chercher à une demi-lieue de distance. Mais ils ne se conten- Lèrent pas de nous aPporter de l’eau; ils pensèrent qu'après un Séjour aussi long sur la Cumbre , nous 26 : DESCRIPTION DES ILES CANARIES. pouvions encore avoir besoin dequelques autres rafrai- chissements, et bientôt tous les Voisins arrivèrent, chacun pour nous offrir quelque chose, ou des raisins, ou des figues, des pèches, ou enfin des œufs qu'ils. nous firent accepter de la manière la plus prévenante et la plus affable. Nous arrivämes fort tard au Puerto Orofava, et retournämes.le lendemain à la Laguna: Ce ne fut que le 2 septembre que nous retournâmes déci- dément à notre ancienne demeure du Puerto Orotava, après en avoir été absents plus de deux mois. Le 142.de septembre nous montâmes vers la forêt de VAgua Manza, où prennent naissance toutes les sources. qu’on distribue ensuite par des milliers de canaux sur toute la vallée de Taoro , et nous atteignimes la Cumbre près de Perexil:; nous la longeâmes jusqu’à une croix qui désigne la plus grande hauteur au dessus de Guimar et nous désce ndimes enfin la gorge profonde vers le côté dusud. C’estläoù nous trouvâmes tout-à-faitcaché, dans ce vallon étroit et profond, la cone d’éruption d’où était sorti, en 1705, le courant de lavé, qui s'est précipité vers Guimar.etJa'mer. Nous y restâmes dans’ une grotte et suivimes le lendemain le courant i jusqu’à son extrémité. Nous nous rendîmes ensuite à la Cande- laria:, célèbre endroit de pélerinage, et remontâmes la Curmbré; en traversant le baranco Hondo, et en passant auprès des superbes fontaines Fuente delos Verros{ (des cressons), entre ce baranco ét l'Esperanza, Enfin après avoir traversé les hauteurs au-dessus de Matañza, de de Vittoria et de Sainte Ursula, nous descendimes e montagne pour regagner d Orotava. x Depuis lengstenps nos désirs s'étaient portés vers l'ile de Palma, qui toujours en vue depuis POrotava semblait sans cesse nous inviter à aller Ja visiter. Mais le bateau de Palma ne partit que le 20 septembre à quatre heures du soir. 1] Re charge considérable V4 ? * (] ITINERAIRE. 27 d'hommes et de pommes de terre, et n’était pas plus agréable que celui dela Canarie. Un petit vent de nord-otest ne nous permit de faire que peu de chemin, etmous n’appercumes l’île ; Que très tard vers la soirée à travers [e brouillard et lapluie. À force de rames, nous avançâmes doucement et presque sans bruit, et ce ne. fut que l'interruption des petits Coups de rames quinous fit apercevoir que le bateau touchait les rochers qui s'élèvent audessus du port deSainte-Croix de la Palma. On ne nous permit pas de le quitter avant. le ‘grand jour (#4, x 2. | | nee à EP Sainte-Croix de la Palma est située d'une manière très pittoresque au haut des rochers. Les maisons s’é- ièvent les unes suidles autres: et le Pinar descend des hauteurs jusque tout près de la ville. Les maisons qui forment les rues sont grandes, et rappellentles coutumes | orientales par les grands balcons grillés qui s’étendent- sur leur façade. Nous ne restämes pas lohg-temps dans la ville , et nous montâmes de suite vers [a maison de Campagne de Buenavista; puis, par une forêt de Mrica faya'et d'Erica arborea, à travers une cumbre en forme d'arête très aiguë et de 4255 pieds de hauteur, noùs : descendimes’ dans la belle vallée de Ja Layanda. À cinq heures du Soir nous arrivâmes à Arguall’Ingeno, plan- lation de sucre. formée par un octogone de grands et beaux bâtiments avec une belle. porte d'entrée, Le : directeur de la fabrique , Dôn Francisco Diaz , nous | reçut dela Mänière 14 plus prévenante et la plus polie. C'est le’seul débris qui reste encore dé toutes les plantations de sucré autrefois: si étendues dans les Ca- naries set encore cette seule plantation ne se cultive qu'avec peu de succès. Elle neseconserve qu'au moyen de la quantité d'eau dont.on peut, disposer, et qu'on fait passer Sans discontinuer sur les champs. Car le (} Por. Ta carte de l'ile de Pama. RÉNALE Doha nm rm V NY ET EE © 28 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. ruisseau de la Caldera ; le plus fort de tous ceux des îles Canaries, est conduit jusqu’à Argual, et descend d’iéi en Cascades et en canaux à Tazacortesurlebord dela mer. Argual est élevé de 894 pieds ; les plantations les.plus élevées le sont de 940 pieds mais celles'de Tazacorte s'élèvent peu au-dessus de la mer. Cette exposition à une influence sensible sur la production du sucre ; ce qui, à cequ'il paraît, suffirait pour prouver qüe ces îles ne sont pas encore destinées à recevoir la culture dece roseau indispensable. À Argual il y à 40 fanegades de terres plantées de cannes à sucre; il n*y ‘en a qué 50 a Tazacorte. Mais ces dernières donnent héaucoupplus de produit, et par conséquentaussi beaucoup plus de dimes que les premières. La canne fleuritrà Tazacorte ; elle ne fleurit-jamais à Argual. Li canne à sucre a besoin de deux années pour lever et pousser de jeunes plantes; pendant deux années consécutives on la coupé au mois de février, et deux autres années sont nécessaires pour : faireyeniretmürir les semences.Toute la production se borne à 4,000 arobes, chacune de 35 livres, fandis qu'un seuli ingeno, à laHavane, produit jusqu’à 30,000 arobes. Le directeur estmême d'avis que dans la plupart des en- droits on retireraitplus de profit déla culture dela vigne. La canne d'Otaheiti sé distingue facilement de la commune par sa couleur moins foncée, wrais on ne l’es- time pas beaucoup ,.parce qu 'apparemment on marque . autant d’eau que de chaléur pour la faire bien venir. Elle est beaucoup plus grande et plus forte que la commune; mais elle donne ici trop de bois, et par- conséquent moins de sucre : en outre, le Sucre produit est d’une couleur fontée , et non pas blanc comme celui de. la canne ordinäire. La canne. es{' entièrement _broyée, et dans cet éfat on j’étend dans les endrôits où l’on renfeFme les bestiaux. C’est un engraïs très-estimé et très nécessaire aux sucreries, Qui en consomment ‘ beaucoup. ITINÉRAIRE. 29 Le 25 septembre nous remontâmes l'éfroite vallée de las Angustias , Vers Tà célèbre Caldera. 11 n°y-a point de chemin tracé Qui mére à cette Caldera ; les rochers se rapprochent souvent de si près, qu’on ne peut pas même "avancer én restant. dans le ruisseau même. Il faut Se cramponter, grimper, Sauter commé on peut et Selon que le besoi in l'exige. Ce mauvais passage se suite, jusqu’à. ce de l'observateur l’en- immenses rochers coupés à pic : yY en à Cértainez ‘ Prolonge pendant trois’ heutes de qu'enfin s'ouvre sous les pieds Ceinte sublime de ces alors on jouit.d’un aspect comme il Ment peu dans le monde: ES TR Nous trouvâmes en.ce lieu des paysans occupés à chercher elà recueillir le$ racines d’Z7 élecho ou de‘la Pleris aquilina qui couvre presque toute là surface des petites collines dahs le fonds "Avec cette racine, mêlée d’un peu de farine grossière > iS Préparent un pain ‘très noir, grenu, d’un’aspect métallique, qu'ils mangent, non pas dans des temps de‘disette, comme on l’a dit quelquefois, mais pendaht toute l'année ; et ce n'est pas seulement la coutu me de quelques habi- lants, on peut assurer avec certitude que les deux tiers des habitants de la Palma ne COnnaisseñt pas d'autre nourriture. 11 faut croire que ce*climat fournirait des Prodüctions bien préférables pour les habitants, si la Propriété des Guanches n'avait pas élé partagée en ma- jorats et en fiefs entre le nombre très limité des con- quistadores, Là récolte de cette mauvaise racine nese fait pas même sans peine’: beaucoup de räcines sont tellement amères qu'on ne peut s’en servir du toüt : et malheureusement 6n n’a pas encore découvert Je moindre moyen de distinguer par l'extérieur une racine amère d’une racine douce. Si ceux qui font cette récolte “trouvént dans un même endroit autant de l’une que de l'autre, ils sont obligés d'abandonner Jeux recherche , 50 DESCRIPTION DES. ILES CANARIES. et ils ne peuvént revenir dans celte localité qu’ après plusieurs années de relâche. Une superbe forêt du pin des Canaries couyre le fond de l'enceinte au piéd des rochers ; le pin des Ca- nariés y'est mêlé avec une quantité de fort grands arbres du Juniperus oxycedrus, ou cèdre des Canaries, qui est si rare à Ténériffe. Nous restâmes la nuit dans cette forêt au-dessous des rochers, à peuwprès comme au- dessous des rochers de-la Dent- de-Morclès en Suisse ; et, en effet, ils paraissent également inaccessibles ‘et aussi élévés. Les longues feuilles du pin nous procu- rèrent'un lit très agréable et très doux, el nousn'eûmes pas lieu de douter que les habitants ne pussent Se ser- .vir fréquemment de ces feuilles pour en faire des cous- sins. Nous, ne vimes point de palmiers dans cetté Caldera ; son fond-est déjà trop élevé pour_leur permettre-de-s’y développer, car ilestà 2,257 pieds au-dessus delamer; maisnousytrouvâmes, à notre trèsgrand étonnement, le Cacalia K leini en gtands buissons. Tout au milieu nous renconträmes des figuiers ‘et des amandier$ , qui sont, à ce qu'il paraît, des débris d’ancienneshäbitatiôns. Ée Myrica faya etbT Ilex Péfado forment, comme d'ordi- maire, le reste des forêts. Nôus retournâmes le 27 septembre : à Sainte- Éroix dela Palma, et nous établimes dans la gr rande et belle mai- son de Don Felipe Massieu de Monte Verde de Laguna, qui avait eu la bonté de nous la faire ouvrir pour occuper. arrivée de la barque de Ténériffe ne nous laissa plus que le temps de monter sur la crête des montagnes et Sur le bord de l'immense cratère; à {ravérs un {rès grand pinar qui entoure ces cimes- Du haut de la Cal- deras la vue des parties inférieures est aussi effrayantes que sublime. Les escarp ements ont en effet 4,000 pieds r \ 4 ITINÉRAIRE 51 de hauteur ; et il est certain qu'ilen existe peu d'aussi considérables dans Je monde entier. Le 5octobre, vers cin mit à Ja barque de parti sentiments de véritable bontés que nous de Tierro, Odaliy flotter par une m le matin nous éti du nord- de l’Orotava » €t nous,jeta dans 16 canal qui se trouve thire Gomera et Ténériffe, C’est alors que nous deman- dâmes à être débarqués sur .cette: côte même, et nous mîmes pied à terre C > dans le petit port de S.-Juan, au- dessous de Guia. Nous montâmes surles laves, Mais nous-ne pûmes att nuit, Nous priâmes-l’ : et nous fâmes bien agréablement. surpris, lorsqu'il NOUS répondit qu'il regarderait toujours comme.un Srand honneur d’avoir logé dans doctor que buscastodas las plarita restâmes que peu de moments bon curé de S.-Yago; et après _ Qui sépare cette v Téprîmes , par le belle êt ouvérte nuation de celle de S. heures du soir, le vent per- r. Nous prîmes congé avec des reconnaissance pour-toutes les et Monte Verde, etnous nous laissâmes er assez houleuse et incommode. Vers ons tout près de Gomera ; Mais le vent accablés par la chaleur ù elndré Tamaimo qu'avec-la sde la ÿsla. Nous ne le lendemain. chez le aVOIr traversé le col Yallon du Corrizal Me chemin de la -Yago , et qui se termine vers Ja aYista, Cette vallée s'élargit IVée partout * en paysages rian(s et a àGarachico. L'aspect de cefte ville, jadis si florissante , est aussi singulier qu'il est tr iste. Les rochers de la lave qui a détruit la ville " avions reécues des excéHentes familles est S’étant fait sentir, nous éloigna-de la route alcade.de nous recévoir.chez lui; sa Maison e/ famoso_ allée dü sauvage vallon de Maca , nous vallée du Palmar, qui ést là conti sont coMMe suspendus sur lés maisons A. mn me 92 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. qui peuvent à peine , sur celle surface raboteuse,, for- mer-une espèce de rue : malgré cette difficulté, le nombre des couvents surpasse celui des rues..il y a deux couvents de femmes ét trois couvents d'hommes. Tous les religieux sont restés dans la ville, tandis que la plupart des habitants actifs l’abandonnèrent pour se fixer. au port de J'Orotaya. 11 n’y a que le côté de l’est dont l’aspect soit un peu moins. triste, surtout à cause de là grandé maison , éntouréede longues galeries ; de Don Melchor de Ponte. Nous reprimies le Chemin de Puerto Orotava, en lon- ‘seantla belle côte d’Icod et de la Rambla, et le 6 oc- tobre’, assez tard danñs la soirée, nous étions de retour dans cette ville. Nouseûmes lieu-de regarder comme un accident des plus heureux , que l’Æ/bion ; le bâtiment qui devait nous ramener en Angleterre , eût recu l’ordre de se _réndre à Lancerote pour y prendre de la barilla. Sans : cette circonstance, nous aurions pu difficilement es- , pérer de pouvoir visiter encore cette île éloignée. Le11 octobre nous étions à bord ; nous restämes toute ja journée en rade, enticrement occupés à considérer la multitude des objets:qui se développaient sous nos * yeux, qui tous nous étaient devenus familiers, car pres- que chacun d’eux nous rappelait un moment agréable ou instructif. On leva lés ancres pendant® la nuit ; le faible vent. de terre ne nous fit avancer que très lentément, él dans la matinée nous nous trouvâmes vis-à-vis des rochérs et de lapointe*de Hidalgo. À midi nous avions Ja pointe de Naga à quatre lieues au Sud-ouest, mais nous marchions à peine. Le 14 au matin nous aper- cûmes peu à peu s'élever l'ile de Fuerlaventura, qüe nous longeâmes pendant toute la journée. Vers le soir nous vimes sur Ja côte nord plusieurs cônes d'éruptions peu Ciexés, mais nulle part ducune montagne d'une nr por Sr) hauteur un peu considérapi ie ne se présenta à nos re- Sards. Nous n'arrivâmes à l'entrée du détroit qui sépare Lancerote de Fuertaven tura que le 15 au matin; mais le vent d’esl qui soufftait avec violence nous en défen- ditl'entrée, et nous fûmes obligés de louvoyer pendant toute la journée, Toutefois ce contre-temps nous permit d'observer la forme des deux côtes, tant celle de Lance- Tole,dont tous les penchants paraissen( couverts de la 74- bayba oudel’Æuphorbia baisami era, Que celle de Fuer-° ventura où des cônes d'éruptions paraissent s'élever l’un derrière l’autre, quelques-uns d’entre eux même avec | des cratères bien évidents. C'est avec grande peine que NOUS parvinmes à doubler dans la soirée le cap Papagayo, car nous R avancions qu’au moyen d’un courant extrê- ment faible. Le matin suivant nous nous rouvâmes vis- à-vis le port de Naos » dont on pouvait reconnaître toutes les maisons : des pilotes arrivèrent , et les papiers du bâtiment furent envoyés à terre. Mais le reflux s'éta- blit avant que nous eussions passé la ville, et bientôt il ne resta plus assez d’eau pour entrer dans le port : Celle circonstance nous obligea de retourner en mer et de louvoyer de nouveau entre Jes deux îles, Enfin, le 47 octobre à midi, dans le port, entre des îl la mer, La ville en est & lieue ; elle n'est formée mais elle parait s'agrand a donné évidemme C'est un spectacle a partout, sur toutes les routes, dans les champs et dans les rues de la ville, une quantité innombrable de cha- Meaux chargés de barilla. L'aspect est encore plus ex- {raordinaire, quand on Voit dans les champs un chameau traîner une charrue, côle à côte avec un âne qui paraît entièrement se perdre à Côté de ce grand animal. , 5" le Vaisseau jeta l'ancre ots à peine élevés au-dessus de loigaée à peu près d'une demi- que d’une seule rue, sans pavé, ir. Le commerce de la barilla jui n{ beaucoup de vie , et effectivement Ussi inat{endu qu'intéressant de voir ti ÉÈ gs Es: dr tt re 2 A y L: dif * CRE 4 à 3 he 25 Sn 4 4. AR eo D. PE D 5 er 54 DESCRIPTION DES ILES €ANARIES. Toute cette culture, qui actuellement fait l'oceupa- tion principale des habitants, l'objet de toutes leurs pensées, n’est pas très ancienne, Quoique son intro- duction soit un grand bienfait pour l'ile. Elle ne de- mande pas beaucoup de peire , et offre la marchan- dise toute prête même avant de lavoir enlevée des champs. En effet on produit la barilla avec le e- sembryanthemum crystaliinum , dont les larges feuilles couvrent entièrement le np et le protègent contre l'action brûlante des rayons solaires. On retire les jeunes plantes des couches dans lesquelles on les fait ve- nir par semence, et on les transporte dans les champs après les premières pluies de lhiver. Deux mois après, on élève la terre autour des plantes et on les dépouille des mauvaises herbes. Vers ie commencement de l'été, auand les rameaux commencent à devenir rouges , on les retire, on les fait sécher pendant quelques semaines, el enfin on les brûle par petits monceaux. 1] reste à leur place une grosse pierre, que les chameaux transportent de suite vers les magasins des négociants, Cette culture n’a été introduite dans l'ile qu’au milieu du siècle passé, et par suite de circonstances bien particulières. Lors- qu’en 1742, Don Joseph Garcia Duran, curé de Lance- rote, Éénasait d'Espagne, il fut pris pa et emmené en ste à Enr s sh ma ju on retire des EX de ceite ne il profita de cette verte à son retour, s’en servit pour son usage, communiqua pas son procédé, La plante se multioiia it beaucoup , et les habitants ignorant ses qualités, étaient sur le point de la détruire entière ment, ae peu- reusement le capitaine vénitien l'île; connaissant la plante, qu’il paya de suite 4 réaux a ne vrirent bientôt les yeux sur leur ITINÉRAIRE. | 55 et la culture du Mesembryanthemum prit en très peu de de temps un si 8rand développement, qu’en 4810 on estimait là Quantité de barilla produite à 150,000 quin- taux Chacun de la valeur det90 réaux ( Viera, tratado sobre la Barilla, en gran Canaria 1810). Toutefois, ce cemmerce fucratif a perdu beaucoup depuis par la pro- duction de Ja soude retirée du sel marin. Peu d'îles sont aussi bien situées pour caltiver la Plante de la barilla que Lancerote; car elle est si peu élevée que les vents du nord-est la traversent sur la plus grande étendue de sa surface et la couvrent de l'écume des Yagues de la mer. Cette écume salée est si nuisible au feuillage des arbres qu'on n’en voit aucun sur l’île entière, excepté quelques buissons qui crois- sent dans la partie abritée du sud-ouest. Les feuilles de Mesembryanthemum » AU Contraire, s'emparent du sel, le décomposent et en absorbent la soude, pure et dé- barrassée de son chlore. Cette décomposition se fait par les feuilles, et non par les racines. 1 faut donc que le chlore du sel se disperse dans l'atmosphère, car on ne le trouve ni dans le Sol, ni dans aucune autre partie de la plante. Ce phénomène remarquable devait presque inévitablement nous engager à le mettre en relation avec Un autre qui était encore très présent à la mémoire des habitants. An commencement de ce siècle, pendant que la fièvre jaune faisait d’affreux ravages à Sainte- Croix, à lOrotava et à la Canarie, Lancerote ne se ressentit nullement de cette maladie , quoique la com- municalion n'eut jamais été ipterceptée un seul mo- ment. On n’en avait pas peur, car depuis long Lancerote avait la réputation de n’être jamais atteinte Par aucune maiadie contagieuse. La matière qui déve- - loppe la fièvre jaune a une certaine pesanteur. Dans les climats chauds , Il ÿ à constamment une infinité de pe- lites parties solides qui nagent dans l'air et lui enlèvent ra ®. f & temps à AUTRE ES RES 36 __ DESCRIPTION BES ILES CANARIES. sa transparence; ces matières ne s'élèvent pas beaucoup au-dessus du sol et à peu de hauteur au-dessus de la, surface, elles ont complétement disparu. La matière de la fièvre jaune est presque certainement d’une nalure analogue ; ce n’est pas un gaz, mais une substance s0- lide, séparée en très petites particules qui se distribuent rès inégalement dans l'atmosphère, de manière qu'elles peuvent être transportées à de très grandes distances et y porter la maladie, tandis que le voisinage n’en reçoit point et peut rester libre de la contagion; mais ces par- ticules nuisibles ne montent pas à une très grande hau- teur. Le gouverneur d’'Orotava, qu'un accident avait empêché de quitter sa maison de campagne, située pres- que dans la ville même, mais sur une lave de 200 pieds de hauteur perpendiculaire, y resta lui et toute sa fa- mille sans être attaqué : dès qu’on était à 400 pieds d’élévation , tout le monde se croyait en pleine sûreté. ILest vraisemblable que cette hauteur change d'après le . degré d'intensité de la température. Ne serait-il pas possible qu’à Lancerote le chlore s’emparät des miasmes, des particules contagieuses qui transportent la contagion , et qu'il les détruisit? Et si cela est, le Mesembryanthemum, cultivé sur les côtes de la mer, ne serait-il pas un excellent moyen de préserver ces côtes de la fièvre jaune et, en général, des conta- sions, ou au moins de purifier l'air ordinairement si malsain de ces contrées? Ce moyen aurait peut-être un grand avantage, d'autant plus que le vent de mer trans- porterait de lui-même, vers l'intérieur des terres, le chlore développé sur les côtes. | : Le 18 oclobre, nous nous rendimes à la Villa Capital ou à Teguises elle est la capitale simplement par ses églises , et par deux couvents, les seuls de l’île. Peu de maisons s’y trouvent dispersées sur le penchant nu et aride de la colline, Nous trouvâmes le curé en chef ou le ITINÉRAIRE. 37 Beneficiado, Don Antonio Cabrero , eu milieu d’une très grande bibliothèque. 11 nous montra beaucoup de très bons Ouvrages suria Physique, entre autres la tra- duction de la Minéraiogie de Wiedemann, Mais la moitié de sa bibliothèque consistait, à ce qu’il nous dit lui- même, en livres de jurisprudence , car ses occupations de notaire et d'avocat lui prenaient beaucoup plus de lemps que ses fonctions ecclésiastiques. On n’est pas trop acCoutumé de voir une seule Personne cumuler ces di- verses sortes. de fonctions. Nous montâmes de suite dans la partie du nord, qui est en même temps la partie la plus élevée de File, vers le volcan ou le cône d'éruption de la Corona. Les deux grands villages, Haria et Marques, se présen- tèrent sur notre passage dans une large vallée, entou- rés avec un véritable luxe, de palmiers et de figuiers ; c’est que la hauteur de la Corona protège ces villages Contre l'influence du vent du nord-est, et que quelques SOUTCes y répandent la culture et la vie. Arrivés au Cône escarpé, nous en descendimes vers la mer, le long d'un mur presque perpendiculaire de #,200 picds de “hauteur. Nous nous tr ouvâmes au bord-du détroit de Rio, entre Lancerote el Graciosa. Nous n'y vimes point de maisons ; mais nous Y (rouvâmes les salines qui. fournissent le sel nécessaire aux besoins de l'ile. Nous ne pêmes regagner le port de Navs que très avant dans la nuit. Le 21 octobre nous Visilämes le volcan qui, en 1750, . à détruit une si grande quantité de villages. Nous pas- simes. de nouveau Teguise ; nous traversâmes ensuite un désert de sable entre une très grande quantité de cônes de rapilles, au milieu desquels se cachent souven | quelques petites mélairies, et enfin nous arrivämes à Tinguaton, où l’on nous reçut d'une manière {rès hos- Plialière. Le lendemain nous vimcs l'immense destrue- 38 DESGRIPTION DES ILES CANARIES. tion et les ruines, monuments de cette terrible érup- lion. Ces champs de lave , arides, à surface raboteuse, s'étendent jusqu’à plusieurs lieues de distance, et nulle part on n’y voit la moindre trace de Culture. L’éruption a détruit précisément les parties les plus fertiles et les plus cultivées de l’île. Nous suivimes les cônes d’où était sortie cette masse de lave, et qui tous sont placés dans un même alignement, et nous arrivâmes, là où ils finis- sent, à la Florida, belle possession de la famille de Cla- vigo, si connue en Allemagne ; de là nous retournâmes, par le côté d’ouest, au Puerto de Naos. Nous y trouvâmes un petit bâtiment qui était arrivé pendant la journée des îles Saivage, entre Lancerote et Madère. La présence de ce bâtiment avait lieu de nous étonner, car nous avions pris ces îlots pour des rochers tout-à-fait abandonnés, et nous apprenions alors que leur rapport est encore assez considérable en raison de leur étendue ; ils appartiennent à un Portugais de Ma- dère, mais ils sont affermés à un propriétaire de Lance- rote. Le fermier s’y transporte au printemps ef y passe quelques journées pendant lesquelles il fait labourer la terre, et y plante l'herbe de la bariila. Il y retourne en automne pour faire la récolte de cette barilla : celle-ci peut valoir jusqu'à 2,000 piastres, et la barilla récoltée, est même beaucoup plus estimée que celle de Lancerote, à cause de sa blancheuret de sa pureté. On prend aussi, pendant ce séjour, beaucoup d'oiseaux aquatiques , des bardillos, espèce de mauves de mer, que l’on sale et qu’on vend avec profit à Lancerote. n y recueille encore quelque peu d’Orcilla et on en rapporte en assez grande quantité de très beau gypse à grains fins, formant de véritable aibâtre, qu’on ne se serail pas attendu à rencontrer sur des rochers aussi isolés. Excepié ce séjour momentané les ilots restent compiélement déserts. ITINÉRAIRE. 50. Le 17 octobre nous foutions pour la dernière fois Le. sol des Canaries, Je vaisseau passa à neuf heures du matin la barre qui ferme le port el qui n’est pas même praticable à {a marée haute , quand elle ne s'élève pas à une hauteur un peu considérable, pour des bâtiments. trés Chargés. Le capitaine s'attendait à trouver des vents du sud et du sud-ouest , et, dans cette espérance, il voulait tourner l'ile de Lancerote du côté de l’est et puis se diriger droit vers le nord 3 mais il n’en fut Pas ainsi. Ordinairement les vaisseaux cherchent à rencontrer des vents d'ouest, et se dirigent pour cela fort avant à l’ouest du méridien de Fénériffe, presque jusqu'à la hauteur des îles Açores. Puis lorsqu'ils se trouvent hors de l'action du vent nord-est, ils chan- gent de direction et arrivent alors avec sûreté et célé- rité jusqu’au port dans le canal, poussés par les vents dominants de l'ouest; nous n’eûmes point de vent de l'ouest ni du sud ; notre navigation le long des côtes africaines et contre le courant, fut longue et pénible ; celle dans la baie de Biscaye très orageuse, et l'ancre ne put tomber que le 8 décembre 1815, à deux heures de l’après-midi dans Stockesbay à un mille anglais de Gosport près de Portsmouik. Ces diverses courses ne suffisaient certainement pas, PEUT nous mettre au fait de toutes les particularités lémarquables qui distinguent ces îles. Mais bezucoup de faits et d'observations paraissaient éclaircir et aug- menter la masse des connaissances , qu'on avait eu jusqu'ici sur ces Contrées, Si Smith avait pu réüs- Sir à publier ua résumé de ses observations , {ravail auquel il comptait mettre Beaucoup d’assiduité et de. Soin , il est à présumér, que beaucoup d'années se se. tient écoulées , avant qu'on eñt eu une flore plus exacte et plus instruclive des îles Canaries. Mais bien peu de jours après notre retour, le président sir Joseph Banks 4) DESCRIPTION DES ILES CANARIES. lui fit ja proposition et presque un devoir d’accompa- gner comme botaniste l'expédition du Congo, qui était prête à partir. Il ne crut pas pouvoir refuser, et quitta de nouveau les bords de la Tamise, le 28 février 1846 ;: mais c'était pour ne plus revenir. | | Chrétien Smith était né le 17 octobre 1785 ; il étai fils d’un propriétaire fortuné , du voisinage de la ville de Drammen en Norwège. Ses laients furent développés de bonne heure par les soins de son père et par l'ins- truction qu’il reçut au gymnase de Konsberg, collège qui jouissait d’une réputation méritée et où son père l'avait envoyé dès sa quatorzième année. Il y fit de si grands progrès dans les langues anciennes qu'en peu de temps il écrivit le latin aussi bien et aussi couram- ment que sa langue maternelle. En 1801, son père l’en- voya à Copenhague; le célèbre Vahl vit de suite ce qu'on pouvait attendre de ce jeune homme ; il devint son ami et son protecteur et le gagna pour la vie à l'étude de la botanique. La connaissance des mousses et des lichens, les vraies richesses de sa patrie, avaient particulièrement excité son ambition et elle fut consi- dérablement augmentée lorsqu'il eut le bonheur de dé- couvrir dans les environs de Drammen, quelques mousses nouvelles qui furent figurées et décrites dans la Flora Danica. | Les succès qu'il obtint dans la carrière de médecin , en soignant les malades du grand hôpital Frédéric à Copenhague , ne purent pas l'empêcher d'accompagner ses amis Hornemann et Wormskiold dans un Voyage bo- tanique en Norwège. Ils visitèrent les vallées les plus reculées de ce pays intéressant et curieux, et lorsque la guerre, qui en 4807 venait d’éclater entre la Suède et le Danemarck le foreèrent de retourner à Copenha- gue, M. Smith s’enfonca de nouveau dans les vallées du Tellemarck et y découvrit tant de mousses el de li- ITINÉRAIRE, 44 chens inconnus avant lui, que cette excursion le fit connaitre à {ous les botanistes du nord et que depuis sa réputation fut établie parmi eux. | Le défaut de secours littéraires pendant les malheurs de Sa patrie, le ramena à Copenhague. Mais à peine la tranquillité eut-elle été rétablie qu'il retourna vers les montagnes du nord et entreprit en 1812 une ex- Cursion des plus pénibles à travers la grande chaîne du Tellemarck et du Hallingdai jusqu’au bord de la _ mer de l’ouest. Ces montagnes étaient très peu connues, même dans le pays ; on n'avait jamais mesuré leur hau- teur, ni décrit leurs productions, et à peine en savait-on autre chose que ce qui était contenu dans les récits de toutes les difficultés et des peines auxquelles étaient exposés les paysans du Hardanger , quand ils avaient à passer les montagnes pour apporter à Konsberg le Produit de leurs vallées. Smith, excité au plus haut degré par les belles et grandes vues de la géographie des plantes de Humboildt, qui ont eu une influence si marquée sur les recherches de tous les botanistes , étudia ces montagnes autant en physicien attentif, qui lie et combine les faits qu'il observe , qu’en botaniste exercé, à qui n'échappent pas même les plus petits détails ; et il fut de cette manière en état de donner de ses Courses une description qui sera toujours regardée comme une des plus re: narquables et des plus instructives pour la Séographie physique. ( Recueil de mémoires de statistique et de toposraphie publié à Christiana en 1817.) Il y expose surtout la grande influence du voisinage de la mer, et la séparation surprenante qui en résulte entre le climat continental et le climat des côtes, À un hiver rigoureux succède, du côté de l’est , peu de se- maines après , un été dont les journées sont presque Continuellement claires et sereines. Le soleil , d’un jour qui ne finit presque pas, fait naître et végéter une TE 1 GEI Ê 49 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. quantité de plantes qu'on se serait à peine attendu à rencontrer dans des latitudes aussi élevées. L'autre côté des montagnes, au contraire, jouit d’une tempéra- ture très douce en hiver, parce que la mer et les vents qui en viennent, empêchent le refroidissement. Maisils couvrent aussi les côtes d’épais nuages et de brouil- lards, qui arrêtent l'influence bienfaisante du soleil et ne permettent à la température de l’été qu’une durée courte et de peu d’effet. Smith démontre de quelle ma- nière ceitegrandeetsensible différence se fait remarquer dans les productions, dans la hauteur différente à Ja- quelle s'arrêtent les arbres et les neiges perpétuelles. En effet, ces limites sont beaucoup plus déterminées par la température de l'été, que par les froids de l'hiver ; leur hauteur différente donne done assez bien, pourainsidire, une définition de l’état des vallées et des plaines situées à leur pied. Smith avait commencé par S'élever sur le Goustafeld dans le Tellemarck, la plus haute montagne de la partie méridionale de la Norwège ; il trouva que son élévation au-dessus de la mer était de 5,886 pieds de Paris ; la limite des neiges se trouve sur le penchant de cette montagne à 4,740 bieds de hau- teur. Celle limite n’est élevée, que de 4,650 pieds. sur la chaîne qui sépare Tellemarck du Hardanger, situé sur la mer; et sur la montagne de Folge-Fon- den, qui est presque entièrement entourée de bras de mer, celle limite se trouve abaïssée jusqu’à 4,036 pieds. Une 1rès grande quantité de plantes annuelles et de végétaux assez forts pour résister aux froids de l'hi- ver, mais qui demandent une température élevée et non interrompue dès que les feuilles et la végétation onlcommencé à se développer, se retrouvent du côté de l'estet Ià où la limite des neiges peut se maintenir à une hauteur considérable. Des buissons au contraire ou d'autres plantes très sensibles au froid et toutes celles _ITINÉRAIRE. 45 qui conservent leurs feuilles ou ne les laissent tomber que très tard, Mais qui, pour vivre, ne demandent pas une très grande chaleur en élé, sont réunies dans le climat plus doux et plus égal des côtes de la mer. Les premiers de ces végétaux vivent dans le climat -des plaines de la Russie, les autres jouissent de celui de l'intérieur de l'Angleterre et de l'Écosse. Les bouleaux font ressortir ces relations d’une ma- dière claire et frappante. Assez forts pour résister aux hivers de la Sibérie, ils exigent une chaleur soutenue dès que lés feuilles ont commencé à se développer ; le moindre retour du froid , pendant cette période de la Végétation , fait périr l'arbre. Le climat des côtes ne lui est donc Pas (rès favorable, et la limite supérieure, à laquelle il peut eroître, s’abaisse par conséquent à mesure, qu'on .s’approche de la mer. C’est ce que Smith prouve par. Îes observations barométriques. La limite des bouleaux se {rouve, selon lui, sous 60 Tr degrés à 3,584 pieds. Vers la grande chaîne du Kiolen cette limite n’est qu à 5,225 pieds. En descen- dant vers ja mer, au -dessu d'Ulensvang on la retrouve déjà à 2,805 pieds. Sur le penchant ouest du Foige- Fonden, qui est entièrement Ouvert du côté de la mer, cetie limite est descendue jusqu’à 4,857 pieds, et en- fin elle n’est élevée que de 1,776 pieds sur le Gonne- quiting, près de Tuse, ja dernière montagne vers le grand océan. Les bouleaux n'y peuvent atteindre, que la moitié de la hèuteur à laquelle ils s'élèvent dans la partie orientale éu pays. Mais dans ces mêmes lo- calités , avec les chaleurs de l'été disparaissent les su- Perbes sapins ( Abies), principale richesse du pays. On ne voit plus dans les vallées les bellés fleurs du Pedicutaris Sceptrum Carolinum , de lÆconitum L COCiOnum, ni du Pedicularts Oedert, Si CoMmMunes dans les provinces de l'est de la Norwège: plantes qui sont 44 DESCRIPTION DES ILES CANARIES,. l'Andromeda hypnoides, là Menziesia coerulea, la Primula Stricta,le Lychnis apétala, la Viola biflora , l'Aira subspicata, le Carex rotundata, le Juncus ar- cuatus , les Splachnum serratum:, luteun, rubrum , ete., plantes que le côté oriental du pays partage avec les plaines de Russie et de Sibérie, ont tout-à-fait disparu. , Mais on trouve à leur place la végétation d'Écosse : les montagnes des côtes de l’ouest sont entièrement cou- vertes du pin d'Écosse (Pinus sylvestris); les vallées 1 sont ornées de la belle Digitalis purpurea, tout-à-fait inconnue dans les autres parties de la Norwège. Sur le penchant des montagnes on admire l{Zieracium auran- tiacum et assez souvent même la Gentiana purpurea, qu'on ne se serait pas même attendu à retrouver hors des limites des Alpes. Le PBunium bulbocastanum, Y An- thericum ossifragum , le Sedum anglicum ,de Chrysos- plentium oppositifolium , la Centaurea rnigra, VI yperi- cum pulchrum , V Erica cinerea, la Rosa spinosissima , le Lycopodium inundatum , sont fréquents dans ces pa- rages, aussi bien qu'en Angleterre, mais on les cher- cherait en vain, dans les contrées où la limite des bouleaux peut s'élever jusqu’à la hauteur de 1,000 pieds au-dessus de la mer. L’/lex aquifolium et le lierre (Æe- dera helix)qui ne peuvent point supporter l'hiver d’une grande partie du climat de l'Allemagne Viennent ce- pendant très bien sur les côtes de l’ouest de la Norwège. Après avoir déduit ces lois, qui sont d’un si grand interèt pour la physique générale et qui sont si utiles pour juger de la possibilité de faire venir des plantes et des arbres dans un climat donné, Smith se porte vers la considération des glaciers et donne une description détaillée des superbes glaciers du Justedal sous 61 de- grés et demi de latitude. Ïl revint vers sa ville natale de Drammen en traversant la grande Vallée de Walders. Ce voyage avait excité l'attention. La société patrio- ITINÉRAIRE. 45 tique de Christiania engagea M: Smith à en entrepren- dre un autre semblable Fannée suivante, en 1815; et il$’y prêta avec d'autant plus de zèle, qu’il croyait y Voir, l’avancement des sciences combiné avec ce qui pouvait être utile à sa patrie. Il passa la plus grande partie de l'été, à examiner les montagnes situées sous le 62° degré de latitude, entre les vallées de Wal- ders, de Guldbrandsdaien et de Romsdal, contrées qui élaient restées tellement inconnues jusqu’à lui, à Cause de leur hauteur et des difficultés qu’on rencontrait Pour y parvenir, qu’on ne les avait marquées sur les Cartes que d’une manière extrêmement incomplète. La Flore de la Norwège y gagna beaucoup d'espèces qu’on n'avait pas encore observées jusque là dans ce pays. À la fin de l'été il descendit dans les vallées imposantes du Romsdal, pour s'occuper , aux environs de la ville de Molde, des Productions de la mer; et la saison avancée ne. l'empêcha pas de passer encore deux fois la haute chaîne du Dovrefield, jusque vers les habita- tions des Lapons nomades. Il rassembia partout les ha- bitants des hautes vallées, et leur fit connaître les qualités des lichens, qui couvraient leurs montagnes. E leur fit voir comment on devait s'y prendre pour pré- Parer avec ces lichens un pain nutritif , Sain et agréable et de beaucoup préférable au pain d’écorce, qui ne sou- tient misérablement la vie qu'aux dépens de la santé. Vers la fiu de l’année il retourna à Drammen. La mort de son père le mit en possession d’une petite fortune, qu'il ne crut pouvoir mieux employer qu’en Visitant les pays étrangers pour y puiser de nouvelles Connaissances, soilen obsefvant, soit en fréquentant des savants distingués. Ce désir s'était beaucoup aug-. menté depuis qu’on l’avait nommé professeur de bota- nique à l’université de Chritiania; car, depuis ce temps, tous les fruits de ses voyages étaient destinés au jardin pro 46 LESCRIPTION DES ILES CANARIES. botanique. de Christiania, qu’il ne regardait plus que comme sa propriété, À peine avait-il mis pied à terre, et avait-il touché Lonäres au mois de juitlet 1814, qu'il chercha de suite à se procurer un jardinier expérimenté et habile, et il eut en effet le bonheur de le trouver dans la personne d’un de ses compatriotes qui avait été formé à l'excellente école de Kew. Cet événement eut une influence marquée sur toutes les démarches qu’il entreprit depuis. Depuis le départ de ce jardinier, tous ses soins se dirigèrent vers son jardin botanique, qu'il considérait dès lors comme établi. Persuadé que ce qu’il enverrait à Christiania serait soigné et cuilivé, il recherchait et achetait tout ce qu'il croyait pouvoir y être transplanté; et les jar- dins anglais excitaient doublement son intérêt, dès qu'il observait quelque chose qui pût être imité en Norwège. Mais Îa saison avancée ne ui permit pas de rester fort pe à Londres. Il se rendit à Édim- bourgh dans le courant du mois d'août, et s’enfonça bientôt si Jo montagnes de l'Écosse, pour y observer les mousses et les lichens. Il visita le Loch Tay, monta au Ben Lawers, examina le célèbre Shehallien, et s’a- vança jusqu'au Ben Wiwis dans le Rosshire, qui est très peu connu ans 3 pays même. Il monta sur la plus haute montagne de lEcosse, sur à Ben Kevis, visita le respectabie n duranst M. Stuart, à Luss, et, après cinq semaines de courses, il revint # Edimbourgh. Les connaissances profondes que M. Taylor possédait sur les plantes cryr rase l'engagèrent à aller à Dublin, où il se rendit en passant par Carlisle, par le Cumber- land et par le pays de Galles: et, après Un Court séjour, il revint par Liverpool et Oxford à Londres où il arriva dans le courant de décembre 1814. Depuis qu’il s'était décidé à parlir pour le Congo, cette expédition lui avait ouvert un vaste champ d’es- An verser Er n, te ITINÉRAIRE. #7 Pérance, et il semblait qu'il he s'était pas trompé. Le Capitaine Tuckey était un bomme instruit, d’un com- Merce agréable, et dont la société fut pour Jui aussi instructive que nécessaire, Le 9 avri] 1816 les v première fois de San Y Je capitai aisseaux mouillèrent, pour Ja depuis leur départ de l'Angleterre, à l’île a50, l’une des principales de celles du Cap Vert: ne lui-même aurait pris beaucoup d'intéret à y Séjourner plusieurs Jours pour étudier cette îte inté- ressante , : Jui av si ses ins(ructions et ses Propres désirs ne aient fait un devoir d'accélérer son Voyage vers le Congo, Malgré ce contre-femps , on peut regarder la fruit Gu seul jour de recherches que Smith employa Sur les collines de San Yago, comme une augmenta- tion Considérable de no$ Connaissances de ces îles. Les vaisseaux arrivèrent au mois de juillet dans l’em- bouchure du Congo. Le capitaine Tuckey avait l'in- tention de remonter cetle rivière aussi loin que pos- sible ; maïs bientôt des chüûtes d’eau dans la rivière empêchèérent même d'avancer avec des bateaux, I] ré solut de FémMonter par ferre avec Quarante personnes de son équi page. Le beau climat parut d'abord favoriser l'expéditio ; et la végétation, qui devenait toujours blus belie, Plus distincte et plus riche, donnait une activité Particulière au botaniste OCCupé sans relâche à étudier ce qui S offrait sans cesse à ses Yeux : (out est nouveau ici, écrivait-il dans son Journal, à peinea-t-on le temps de faire autre chose que de recueillir et de voir, Entièrement enthousiasme l'aspect riant des Colline de la beauté de la rivière, de S, Smith fut comme frappé de Sfupeur, lorsque le capitaine déclara qu’on était Obligé de retourner sur ses pas. L’espérance de recevoir des vi. VTeS par les nègres des alen(ours, au moyen dela Chasse, avait été entièrement perdue. La quantité de vivres qui 'estaient ne permettait plus d'avancer ; malheureu- + 43 DESCRIPTION DES ILES CANARI IES. serment aus il était trop tard quand on songea au re- tour : les vivres ne suffisaient plus pour arriver A qu'aux vaisseaux. Les besoins, les soucis, la faim , les fatigues excitèrent une fièvre qui se communiqua à dement. Smith chercha à se conserver par la force de l'esprit; il ne perdit jamais sa bonne humeur, excitai le courage des autres et voulait leur donner l’ exemple: Mais il ne réussit point dans ce dernier projet : à peine eût-il fait quelques pas, qu’il tomba et n’eût plus la foree de se relever ; on fut obligé de le porter, et encore, dans cet état, il ne cessait pas de ranimer les espérances de ses compagnons. ‘Ils arriverent enfin, lui, le capitaine Tuckey et peu de ceux qui les avaient accompagnés, le 17 septembre, à l'endroit où le Congo avait jeté les ancres. Le 18 on les porta à bord de la Dorothée , qui paraissait plus commode, et où le capitaine mourut peu de temps après. Ce coup accabla entièrement Smith. Le 21 septembre, le jardinier Lockhart, du jardin de Kew, vint vers lui, et l'entendit parler beaucoup dans une langue qu’il ne comprenait pas. Il refusa toute espèce de secours ; et le 22 septembre, peu de moments après que la Dre eût levé les ancres, ii mourut éloigné de ses parents et de ses amis, seul, isolé, sans avoir près de lui une seule ame compatissante. On Fa descendu avec les formalités usitées, dans la rivière, près de l'endroit qu'on avait nommé les Arbres élancés, The tall trees. Ses journaux et ses collections ont été conservés. On n'aurait pu ériger à ce naturaliste distingué ur plus beau monument que l'excellent Mémoire queM. Robert Brown a composé sur les matériaux que Smith avait rassemblés au Congo. Par ses découvertes, comme le remarque en- core M. Brown, il s’est placé au premier rang parmi des naturalites du nord dont les observations se sont étendues tout autour de l'Afrique. Smith a rempli la :., UBesfouieëde phénomènes “GuifConcerhaicht 49 Sparrmann : Thurberg e Uingués, dans lesquels. o fluence du géniéde , EUX, et parmi les martyrs de la SCience fe nom de Smith sera toujours nommé avec gloire et honneur. .. Les. naturalistes Qui*suivront compléteront ce que * Smith n’a pas pu donner Sur la Fiore dés Canaries les collections et les cat Plus grandepartie . font elinconnus avant Jui Placer dù nombre de faire Connaître l'histoi erces naluralistes quoique Presque to voyages de n doit principalement la connaissance ; Cexqué d’autres ÿ ont ajouté ne peut Comme de simplés fragments. George , Glas était” ui Écos$ais , : qui avait fait le Commerce des: Candries’ et de la côte de PAfrique “Pendant bien des: annéés sur ses propres VaissCaux ll ,connaissait donc parfaitement’ bien les brodue_ lions dé cescontrées Mais il avait en Outre observé la phy- Ja diréction des fS Coürän(s.en mer, l’état des atlérages et des 4 SIUeS 1h COnpaiss ai la COhstarice et Yenis } | 50 DESCOMEPTION DES IBES CANARIES ports ; la nature des côteS, les‘différentes doi he de la mer; enfin, il avait étudié tout ce qui pouvait intéresser la navigationsur chaque point de ces îles, ce qui embrassait à peu près toutes leurs relations tive siques.sSe trouvant en 1761 à Ténériffe, il y apprit qu'on avait présenté à l'évêque ur manuserif, fait .en 1632 par le franciscain Don Juan Albreu de Gälindo:, et qui avait été conservé jusque là dans:un couvent sans. qu'on.en eutpris connaissänce. Sur sa demande , onJui envoya de la grande Canarie une copie de ce manüscrit, etik y trouyad histoire complète et très ‘curieuse de la découverte et d& la conquête de ces ileswil s'était pro- curé beaucoup. de «documents sur cette hisloire; et comme if étaient d'accord avec le manuscrit, il en conclut"qué celui-ci méritait toute confiance : c'est ce . qui l'engagea. à publiér gette Bisioire.et à Y. joindre les, observations qui lui étaïent particuiières. Le litre, en.effet, parle plus de ce qui appartient à l'Espagnol qu'à l'Éditeur® Histoire dela découverte et de la con- uéte" des îles Canaries, traduite d’un manuscrit espa- gnol nouvellement trouvé sur T ile de Palma à laquelle on.& ajouté une déscriptiôn de ces iles; par George Glas, Londres, 1764. C'était là première description - complète de ces iles, et, comme tellé selle réstéra fou- jours un excellent ouvrage, Plus on conndil,ces îles, et plus on apprend à.estimér la justesse de toutes les pe- Ütesremarques que cet observateur soigneux étatténtif a disposées dans. toute Vétendue de cet ouvrage... “Glas avait le dessein de décrire l'intérieur de l'Afri- que, da rivière de Tombuctou, ét les nègres.qui ha- bitent ses rivages ; et 1 n'y æ point de doute qétant très versédans les langues Berbér$ h'eût tfouvé moyen de rassembler «une quantité des dotionsgout-à - -fait in- connues ; mais fe sort ne lui.ful pas.favoratle. Peu de, 4 temps après avoir publié son ouvrage, en #764gihs em BCE : ITENÉRAIÏRE, N° De barqua, protégé par le ministre Hillsborough avec , sa femméy $à fille et quelques domestiques ; pour le port abandonné de Guadar où de Sain{e-Croix-de-Mar- | Pequena ; situé Sous le 30 : degré de latitude, pour y établir üne:colonie ; et pour rebâtir le fort tombé en » ruines. Par leemoyen d'u ffachement arménien , il se mit de suite en relation coMmérciale avec les Maures , et loute, sün expédition: paraissait prendre une tour nuré favorable. Mais bientôt il s’apéreut fé le"port qu'il ayait nommé Port Hillsbôrough ; ent honneur. “dé"s0û protecteur , était excellent pour lés vaisseaux qui y Youlaiefit éntrér, maissqu'à l'ordinaire le vent de terre était trop faibléç pendant des mois entiers pour lésefaire sortir. Il-résolut done d'aller acheter à Lancerote un dé ces briganffns légers dont one sert dans’cefte ile ; et comme sôn abseñce ne devaitêtre que de co rte durée , | laïssa sa femme, sa'fille ePsa petite ' gasson sur 1x édte d'A rraque sous lagprotectiondu truchément® Mais l'AMbassadeur d'Espagne avait fait, * pendant ce temps un rapport'à sa cour Sur l'expédition de GI&$, ét son*ayait donné ordre au gouverneur des Canaries de lui refuser toute éspèce de secours. Lorsque, Glasÿ à qui ces otdres étaient inconnus, sé présenta, on larrêta à da grande Canarié, comme defraudador dé la Real Macienda, etsil fut énférmé dans le Château - de Sainte-Croix ‘de “Lénériffe, et gardé assez, étroite- “mêné, surtt après une feñtative d'évasion qui-n’eût pas de succèss Hérsque les MaüreS virent qu’il ne re- venait pas, îls attaquèrent Son Château, _brülérent son vaisséau et Mässacrèrent plusieurs Anglais. Ma- estruchement et Quelques An de Se Sauvef sur deux+ba- * et abordérent d’abord à là Canarie, puis à éniériffe. + à . y Î | | f | | | Pendaft: c temps. Ja Hberté de Glas avaitété de - RU: 4. 52 DESCRIPTION DES ILES CANARIES., | mandée avec beaucoup d’instances et. d'énergie ä* fa cour de Madrid _par lé comte de,Rochefort, ambas- _sadeur anglais qui obtint enfin. qué celui-ci eût la permission de s'embarquer en novembre 1 763, à Puerto Orotava, pour Londres: M étaità bord du vaisseau Zar? Sandwich , monté par le capitaine Cokeran et sept matelots. Ce VaisSseäu était chargé de vin, de beaucoup d'argent et d’oren barres. Le 50 noYembré, à 11 heures du Soir, quatre “des matelotst saïsirent le capilaïne dans sa cabane et je tuèrent aveœune barre de fer. Le bruit fit accourir Gas et deux matelotst., Ceux-ci furent jetés à la mer, etGlas qui avait pris des armes , Aÿant été surpris par derrière fut tué avec sa propre épée. Sa femme et.sa Ge âgée dé’douze an$ ne purent fléthir lés assassins: On les lia ensemble et lesjetta à la mer Les matelots qui réstaient ‘encore eurent le’même sort, un "petit garçon excepté. Dans cet élat.les mutins arriVérent ; jusqu’à 10 lieues de, Waterford® [ls placèrent tout l’argént et le$barres d’or dañs unbateauallèrent à terre‘etyenterrèrent üne partie de leuftrésor. LIs se rendirent ensuite à Roës, Puis à Dublin, et attirèren it bientôt l’ attention par leurs grandes dépenses. On apprit en même temps l’ârrivée d’un vais seau Sans équipage sur la côte, on se saisit des mateto(s qui avouérent leur crime. L à François Masson, né en 1741 à Aberdeen ÉBcosseétaits jardinier à à Kew et s'y fit tellement remarquer par*ses _ connaissances ,que le célèbre Aiton le fit envoyer au cap pour en rapporter des plantes, capables d’être cultivées dans le jardin de Kew AC'est là que Thunñberg l& rencons tra, etil fit quelques vojages axec lui. Iestæbeaucoup d'années au Capet Cest principalement par ses'enyois qu'on a pu pour ainsi direaussi bien'se familiarisera avé® la flore si riche et si caractéristique desces contrées: IE ne revint en “ASIQe, qu’en A781 après'avoir its lesupplément au species plan taïurn Qui étaità Lo es dans ce moment | Ex pläntes rapportées nservées SOUS. ces noms dans de. : "de Bancks. Une foule de: buissons rapportés ts ne naries s'est Tépandue depüis dans les jerdins.de PEu- % tope-Massôn visi laen 17851e Portugal; puisil retourna au Cap en 1786 et n’en revint qu'en 1795. Son zèle ne BOuyait pas se ralentir. I alla au Cañada en 1 797 et MOUrut à Monréal en dégembré 1805. 1 d'a jamais pu rién publier lui-même, sur les plantes. des «Canaries qu'ilavait découveites das la plupart dééelles- ej'onts été dénommées etsdécrftes Par Aïton dans le Æortus rs Kewénsis.… à | LL | Les travaux de Viera ont été d’une plus Srandempor- lance pour la conbaissancedes îles Canaries, Sonérand Ouvrage, Noticias dela istoria général de las islas de ‘anarias Madrid 715, est une vraie chronique de tout CE qui S’est passé sur ces lies, jusqu’au moment de sa. me publication} Contient pour Ja première fois en langue espagnole et y entier "le mänuscrit-.du père Juan Abreu de Galindo,. puis ühe foule de notions curieuses, ürées des archives ae ir y ajouts eau | A Res par- * tent ioujours “beäucoup d'ine à ène, quand c’est un OBscryateur #- à | de*petits phénomènes qui in- fluent. qu d’une manière assez nojable sur | l'ensemble. et qui péuvent entièrement échapper Sum Etranger. + s + 2 É eo ES 54 DÉSCRIPTION®DES IJES CANARIES. Don Joseph de Viera y Clavijo était né le 29 décembre CATSI à Realejo Aribatsur l'ile de Ténériffe, de D. Ga- | briel del Alamo y Viera et dé Düona Antonia Maria | Clavijo, lunet l’autre de Villa OrotaVa. Quoique destiné a l’état ecclésiastique il avait étudié et possédait beau- coup de connaissances différéntes. Déjà & FOrotava äl .composa des poésies, des’tragédies, enfin des sermons. à Tlyachevaäussien 1772; sa grande histoire des Canaries. Pour, publier ce ‘dernier ouvrage, ikaïla” lui-même à Madrid , y entra comme précepteur dans la maison du” marquis de Saint-Crüx et acconfpagna énsuité’ cefte fa- mille: danssses voyages à Vienne/en Italie ; en France et dans les Pays Bas. À Paris, il suivit Jes lecons de . chimie dé Sagescelles de physique de Sigaud de Lafond, celles d'histoire naturelle de ValmOnt de Bomare et | avée beaucohp de succés” Car peu de*temps aprèsson retour à Madrid, il y fit Jui#même un cours de physique 2: “devant une grande ét brillänte assemblée ety montra € pour la premièresfois dans cetté capitale,#les phéno- DÉNÉMEUTIEUr del combustion danse gaz oxygène: I.s'occupa en même temps, et’aveëbeaucoup dé’zèle 4 dela-botanique et publia beaucoup d'ouvrages d’une ! nafuré bien différentes mais qui lé Tendirentcélèbre : La redicion de Granada, in poëme sur l’air fite où À 1e gaz acide tarbonique ; Élogio deFélipé El Hie: rotto, poèmes Elogio d' A1 de Tostado- Nommé ar- chidiacre de Fuertaventura", il retourna en 1784! aux. Cañaries, mit les ardlliges! de la Cathédrale en _ Ordréret s'otcupa sans relâclié de instruction de la . jeunesse. Il mourut le 21 février 1845, âgé de 82 ans’ | Parmildes. nombreux manuscrits $ qu il Ale ii en | “trouve ,uh as8èz ‘remdfquable, qui, ‘avec quelque | espritsde critique, serait digne.d’être publié. C’est un à dictioñnäire “desl'histoire naturelle dés îles, das les ! articles duquel il fâconte touf’ce qu L avait appris où ! | TINERAIRE. | 35 observé luimêème sur les différents rapports dés objets * dontil.$oceupe, Les-troubles de sa patrie ont empêché jusqu'ici la publication de ce Manuscrit. * + Broussonet après avoir réussifà franchir les Py- ” rénées € après être arrivé à Madfid en juin 1795, ne SY Cru pas encore’ suffisamment en sureté. Il alla se réfugier à Fez, puis-à Tetuan, à Tanger, à Alcassar, 4 Salé, äMogador où il crut devoir se cacher sous le rôle de médecin du consul américain? De xetour en France en-4798 il ne fat pas,rassuré par la tranquil- Jité dont éommençait àjouir ce pays'et il n’y fit qu'un {ès tourt:séjour. Il rechercha et obtint par son parent Chaptal le consulat des Canaries. Son séjour de ‘plu- . Sigurs années à Laguna, lerit emétat d'apprendreà con- naïtre beaucoupigde plantes de Ténériffe, IL envoya dés collecteurs dans les gere tes vallées pour’ lui appotter desyplantesset il ff aussi lui-même quelques ’excur- : . LE AP Re Cr “heniaBsf SRE par Jüi-à dés bolanistes distingués et ces derniers les publiérent el en donnèrentla description complète, Ces publications ont été faites #surtoutopar. son &mi Cavanilles à Madrid dans les” nneles de ciencias natu- raies, et par Willdenosw da S. l'Enumeratio plantarin du'jardin de Berlin. Comme Broussonnet connaissait Parfaitement bien les plänteside la côte la plus voisine de Bari [Ue, ses-remarques auraient été extrêmement eurieusliel importantes, s'il avait voulu les ranger et les publier lui-même On est actuellementsouvent fort incertain sur là poSitiôn des endroits d’où il avait tiré ses. plantes, et comme. l'ordre manquäit quelquefois ans ce qui l’entourait, on peut facileent supposer que AE, uelquefois-a flore des,Canaries a été-mêlée avec celle + de Mogador et de Maroc, On à de lui un Florilegturt Caänâ@riense eLune F lora œcohomicæ Canariensis, qui doit contenir dés observations sur 1 -600 plantes:"mais cesou- S GE æ sm @ + L ; i £ Fe É. L * 1 ê ; | ÿ .. ee 56 ‘.PESCRIPTION. DÉS, ILES CANARIES. yrages sont'inédits, Apparemment. j] ne pût faire lui- même ces publications, car il avait entièrement perdu Ja mémoire. 11 mourut le 27: juillet 1807 ( Thiébaud’de Bernaud, Annales de la société linéenne, mars 4824 ). . Descommunicatioñs provenantde Broussonet, lacon - naissance. de l'ouvrage de Viera et uné relation trouvée à Sainte-Croix sur Ja dernière éruption du pic en 1798 paraissentavoir engagé M. Bory-de-Sain t-Vinéent, lors- qu'il accompagna le capitaineBaudin dans:son voyage autour du monde, à coposer et à publier Son Æssar su: les Iles "Fortunées. L'histoire de la conquête paraît dans cet ouvrage pour la première faiseh français. MH n’esbpas probable, au reste, que ce spirituel et savant auteur écrirait une seconde fois le livre qu’il a publié * Sur ce sujet. 7 LEE Li Bi M. de Humboldt s'était arrêté quelques semaines entières à Ténériffé,. au lieu dé n'y séjourner ;qué quelques ,jours’, “on, n’entrepreñdrait pas de décrire ces îles de nouveau. Il à été le premier ädoriner un tâbleau deswproductions-naturelles -de l'île ;. dônit les relations géologiques n'avaient jamäis été. dévelôppées avant lui: La discussion sûr l&hauteur et sur la posi- tion géographique du Pic, dans de premier volume _ de sa Relation historique, restera long-temps une 4uw-: totilé;.et, pour tous les. autres phénomèness qu’on observe au, Pic et dans le voisinage des îles, cette Relation sefa téujourssune source féconde dont on.ne pourrait se passer. ST 4 : Î k 7 rene poeme career creer arer memes ! APERÇU STATISTIQUE. , ÔT APER GU'STATISTIQUE: 3 M. Ollmans sur Ja d emande de M. de Humboldt, a recherché avec beauco up de soin ; en se servant ‘des cartes de Borda et de Varela, Ja grandeur de la surface des îles. et d'aprèsles renseignements fournis par ces deux auteurs >äka formé le tableau Suivant: ä LIEUES “à .n MILDES, Dr gébgraphic uesh bn nautiques. RL débrd. | PE En ; Ténériffe rer 53 41.379 Fuüertäventura : ARS 2100 M.751 Gran nariass:.@. 7 60. 33.855 Palma dé e. 27 12 1288 GORE EE € en =” PASS 7 de LE Ferro “haut sl: 32855 D éX 4% Hümsorpr, Rel. hist. or. > 191. s un dénombrement, -dés.-hal oi (ants ; fait en 1805 , ét publié par ‘les Cortès À Cadix “en"1812, le nombre des-habitants.était dans cette année, À. Ténériife « D’aprè 69,404 habitants. À Canarie 4 a he Ù 29608 - 2.8 À Palma 28,878 # . + À. Danceroté AB TOI TO 4 "A Fuertaventura je ‘19,408 À Gomera . Ge. 7,17Ô +. ETS ME LR k 4,006 To al dés habitants desiles,, | Ton compr ist parnison + 193305. : nn. \ TE Quand on Compare la surface-avec là quantité des habitants, on trouve Pour un mille géographique, À Ténériffe hu “73861: habitants. À + À Canaria ASE ISO DIS > moe, Ar Palma, ::., dre e 26008 FA Lancerere Ok ca 1,124 À Puertavéntura "+ 348 À Gomera 989 À Ferro . 1,184 ea ss APERCU STATISTIQUE. Fuertaventura , plus grande qué Canaria, et presque aussi grande que Ténériffe, paraît déserte en compa- raison de ces îles. C’est une île peu élevée, presque sans collines. ilén’y a donc point d’eau couranteni de sources. Le vent continuel du nord-est transporte l'écuine de la mer sur toute la surface deVîle; et les par- ties salines, en s’y déposant, empêchent Jes arbres de croître, I n’y"a donc sur celte île ni arbres frui- tiers ,.ni vignes, et il est peu probablequ’un change- ment quelconque viénn® en augmentér"la population qui paraît.actuellement avoir atteint la limiterdéter- minée par les forces productives du sol: . "La distribution de la population est eñçore très re- marquable dans.les îles monfueuses ; et par conséquent plus peuplées, surtout à É énérifle. Le côté du sud de cétte île, où il ne pleut pas beaucoup, est {trop sec pour qu'on puisse 1 cultiver à vigne avet beaucoup de succès. Peu aprésravoir fleuri, le fruit se dessèche et ne forme point. de baie succulente : aussi la production du vin est très faible-dans-la partie méridionale ; ; Yagriculture ne peut guère être non plus très profitable sur un Sol « aussi inégaletrocailleux. Il s’ensuitque ce côlé est bien: moins peuplé que celui du nord. Quoique Sainte-Croix, la capitale , rendez-vous destous les bâtiments qui se rendent aux Indes, soit située du côté méridional, le nombre des habitants depuis Punta di Naga , au nord- est*jusq u’à Puertos deJos Christianos, au sud-ouest, rie 4 mônte qu’à 18,468. Depuis Punta di Naga, en-allant du-côté duhord jusqu’à Punta di Teno, au nord-ouest, son'compte 36,943 habitants. L'espace est moindre, et cependant le nombre des habitarfts est presque double. Labelle vallée de Taoro nourrigà à elle seule 15,200ha- bitants. CLIMAT. CLIMAT. # e Température de latin osphire, À + … Parmi les nombreuses observations dont les voyages deM;de Humboldt ont enrichi nos connaissances sur la nature physique de la surface de la terre, la détermi- nation exacte et rigoureuse de Ia température des tro- piques , est: une*des plus remarquables et des plus fé- _ £ondes par ses résultais.-AVant ces-observalionts, il éfait si extrêmement difficilé d'apprécier jusqu'à quel point les formules. qui servent à calculer la: répartition des di- _Vefses tempéralu àsla $ürface de la terre étaient d'accord ävec:.les phénomènes smatufel$; en effet, dan les climts tempérés et'dans ceux des contrées "septentrionales,, les résultats sont allérés par une foule de circonstances étrañgères qui modifient la loïgé- -- nétale, et les recherches à effectuer pour découvrir les anomalies ,.et en dégager le ‘résultat principal, he peuvent être.que très incertaines et fort imparfaites. | C'est surlout depuis que la température des tro- piques.à la surface dé la mérôêt à peu près connue, qu'on doit regrèfter de ne pas posséder un. certain - nombre d'observations qui puissent secoordonper avec cellesqui ont été faitestan-dela du50° degré de lätitude ; ilest même assez remarquable qu'on ñe trouve sur les parties’sifuées au-dessous qu 40° degré de latitude au- "tune série d'expériences desquelles 6n'puisse conclure - Rétempérature de ces contrées, exceplé cépendant les recherches faites à Madère en 1750 par le docteur. Héberdén; mais ilserait à désirer qu’elles fussent rem- À È : k ES 60 * DESCRIPTION DES ILES GANARIES. placées par des observations Plus récentes, et par CON. séquent plus exactes. * FE Aussi les observationsefaites Par l’habile naturaliste Don. Francisco Escolar à Santa-Cruz, dans l’île de Ténériffe, depuis le mois dé mai 1808 jusqu’en août 1810, doivent être regardées. comme frès précieuses. Bien qu'elles laissent éncore beaucoup à désirer, elles remplissent Cependant, telles qu’elles sont, une lacune considérable qui existait encore dans nOS Connaissances Sur la répartition des"températures, él l'ôn peut dire qu'elles seraiént tout-à -fait indispensables à la forma tion d’un traité de météorologie scientifique. J'ai groupé par dix les résultats que M. Escolara eu la complaisance de me communiquer et j'en ai déduit dés moyennes quezj'ai données dans la-{able placée un peu plus loin, page 78. * G ULT . M. Escolar possédait d'éxcellentsinstrument: anglais, qui étaient placés &l'ombre et à l'abri des rayonswréfte- chis du soleil dans une galerie ouverte ‘SOUS ce point, de Vue ses expériences méritent doné toute confiance, Il observäit ses instruments.à l'instant du lever‘du s0- lei, et à midi ou un pêu plus tard. On pourrait, d'après cela, très bien supposer qu'il n’a point ob$eryé ainsi les. températures extrêmes, et que par conséquent Ja moyenne doit être (rop faible. Cette hypothèse paraît d'autant plüs.probable jique les expériences présent nt ce résullat remarquable que la température à midi ne surpasse celléu.lever du soleil que de“°,16R. | Toutefois, M. Thibaut de Chanvafon (Foyage à la Martiniques 1765), a'fäit observer depuis (rès long- temps.que dans les îles des climatschauds le maTimum de Chaleur. n’a jamais lieu à 4 heure, et se trouve très * FAPEUIeRE à 1 heure et demie; mais, aueconñtraire: fx | chaleur est äson maximum. à A1 heures” et souvent à midi. Vraisémblablement l'augmentalion de tempé- | CLIMAT. 64 rature , par suite de l’é l'horizon, $e trouve e qui soufflent de Ja mer grande intensité. / "re, 2 -Bien que la petite différence que présentent les tem- pératures extrêmes puisse faire Supposer une érreur dans les résultats ouun mauvais emploi des instruments, les expériences faités soixante ans plus {6t par Heber- den, à Funchal, dans l’île de Madère, semblent cepen- dant justifier ces résultats remarquables. Heberden donne non:seulement latempérature moyenne du mois, Mais iLdonne aussi les lempératures extrêmes de chaque Mois. Or la,différencé entre les moyennes de ces ex- _{rèmes prises sur les observations d’un läps detenips “de quatre années, est seulement de 2°,9TR., etil esb. Par. conséquent très PrObablé que la différence entre les moyennes ne. Surpässe pas la moilié desce nombre. 30 contrée de Santa-Cruz, non plus que éélle de Funchal,- ne présente pas de’ plaine, et le mobagnes s’élevant » subitement et dans un petit espace par une pente très rapide, il en résulte que la radiation de la chaleur ‘ vers l’espace est presque nullé, et que la perte de cha- leur pendant.Ja nuit;est extrémeément fäible. À La sua, ad contraire, qui se:trouve à 1620 pieds” de Paris au dessus du niveau de la mer, le pays forme . une plaine qui peutavo:r un denti mille quarré allemand d'éténdue. Dans cette Situation, le refroidissement pendant la fuit est assez considérable, et'pendant V’hi- TSX fOMouvent -de«Ia-slace dont d'épais= Seur ne surpasse pas toutefois celle de la lame d’un Couteau. Pourtant il ne {oinbe jamais de neige à Laguna, car ce n’est pas Tatmosphère qui se réfroi- dit.: l’abaissement de lempérature, n’a lieu que sur le 601, provient de la perté de chaleur Tayonnée - Vers l’espace, ef qui n'est point restituée : aussi cet lévation du soleil au-dessus de | Ontrariée par l’action des vents et qui acquiérent alors lèur plus - ne” : ; 62 2 DÉSCRIPTION .DES-HBES CANARIES. abaissement de température n6.se produirait-il pas à peu.de distance de Laguna, même à une hauteur égale au-dessus du niveau de la mer. Je crois, d’après cela , qu'on ne doit rien ajédièr ni dati hef aux résultats d'Escolar, et je pense qu'on peut les considérer comme indiquant la fnpesituse de la contrée Santa-Cruz. Les températures moyennes pont chaque mois, sont les suivantes : Janvier Fer "AS * 1456 ÉPOvTIEr 98 2. 14,35 RAT Pen Re. 15,65 ANS ER 7 74 15390 . à Mai. ra er à 15:83 * dun... RAS. PAR Ale SE. 20, L? Août Sa dt ge 20,84 . -4"Septembres * , . 20,19 CRE". M. Ur 18,96 Novembre... . ».. 17,08 Décembre. # . 4635503 be F — 17,3. _Ces‘températures sont comme onpeut le voir, fort élevées La tempéralure moyenne du mois dé'janvier, lé Plus froïd de l’année, surpasseême la température moyenbé pour toute l’année des parties méridioñales de l'Italie: Mais À la manière dont la température éroît et décroît d’uñ mois à l’autre, on reconnaît facilement _ que dans cés contrées le-soleil ne passé plus au Zénith ? + en effet, on n'observe joint dans la série des fempéra- tures les deux 72axima etiles deux rinimia que pré- sentent les températures des-contrées intertropicales ; au contraire; comme dans les zones tempérées, le niinimum de-chaleur $e trouve enjanvier,.et le maxt- mum Un thoisaprès le solstice de l'été. CHIMATS 65 Les îles Canaries ne sont pas non plus sujettes à ces grandes pluies des tropiques, qui, dans le langage des. marins, suivent le soleil. parce qu’elles tombent, sur- lout-quand Île soleil a atteint sa plus grände ascension. Les”pluies_ commencentsdans le climat des Canaries lorsque la température s’est beaucoup abaïissée en hi-- vver,-el lorsque la différence sde cette température avec telle des contréés équatoriales estdevénue plus.consi- dérâble. Les causes qui amènent ces pluies paraissent donc ne différer ei aucune manière dé celles-qui en- Sendrent les plüies'dans les climats septentrionaux; et comme dans ceux-citces causésine seraient autre.chose Gue le refroidissement de l'air chaud amené par le vent du Süd-est des ; régions dés tropiques etsdes latitudes condensation, par suite de”cet abais- inférieures ; et Ja . Sement de température kde fa vapeur’ d’éau que cet air, métih, ; . *% : Ÿ Tenferme.. à ONE à ES ER + Toutefois 4à température des mois d'automne dans les îles Canaries’ n’est pas encore assez abaissée pour détérminerda condensatfon de la vapeur ; il ensrésulle que dans ces contrées les pluies commencenñt. beaucoup plus {ärd qu'en Espagne et*en Jtalie, etsurtout qu'en Franceset en Allemagne. Pour les parties des îles Ca< naries” qui sont situées sfr les bords dévla mer, les pluies ne commencent pas avant les préïhiers jours de novembre ét elles finissent au plus tard'avec le mois “de maf$. En fie , la saison pluvieuse-dure: depuis.la prenfière moitié d'oétobre jusqu’au milieu d'Arts L'été” des îles Canaries rapproche le clifiiats dé ces contrées de celui des régions des tropiques, de telle Sorle que les zones torrides-ettempérées paraissent se ‘Miêler dans ‘ces Jafitûdes. Le vent nord=est des. tro- Piques ÿ"souffle sans interruption depuis le mois d'avril jusqu au mois d'octobre, et son influencé s'étend.jus“, qu'äu golfs qu Mexique. Le fent alisé de l’ést gagne . 64 DESCRIPPIONVDES ILES CANABIÉS. pendant l'été, de plus-en plus vers le-nord, de manière atteindre même les Côtes de Portugal. De lamème ma- nière, il sé rapproche’ dél'équatedr à mesure que la dé- clinaison du soleil versle-sud augmente et que la tempé- rature s’abaïisse, Mais jusqu'oùrce Yént peut-il s'étendre au sud ? Les véntsdu sud-ouest, qui soufflent constam- mentdans les régions supérieures de l'atmosphère entre’ les tropiques, peuvent-ils, dans les quelques semairrés des mois.de décembreetde janvier, abaisser jusqu'aux îles du. Cap Vert? La position-de ces contrées à la limite des deux verts ne: serait-elle pas plutôt la cause pour laquélle cès mahéureusés ! îles; placéessau milieu de POcéan, Sont souvent beaucoup ‘d'années sans rece- voir ühñe. sale goutte de ces”pluies si nécessaires! aux autres contrées auxquelles elles à so l'abon- dance et là fertilité ? DCE A. ‘les vents du nord-estouffieht'en été avec üne {lle constance aux îles Canaries, qu'ils élèvent Corime une barrière insurmontable qui empêche toutesles’ eom- funications entre le nord-est'el le sud-ouest pendant ce temps de d'année. 1 suffit des deux jours Pour aller dexMadère à Bénériffe ; méis il est extrêmement diff eile de retourner de Ténériffe ou de l'île Canarie à Madère »et il faut, pour#fairece trajet, s "exposer pen- dant'ün mois éntier à tousles dangers d’une navigation très pénible. kes mêmes circonstances font qu'il : a pet d'hommes à lasurface dela terre, qui vivent aussf isolés" que les häbitants de l’île de Fér : on peut y parvenir de Ténériffe én moins d’un jour; mais le retour, qui en _étépeut s’effectuêr le plus facilement, à l’aide des brises de terre quiss’étendent à de grandes distances , ési en- core si incertain et si périlleux ; qu’on ni ‘entrepréffi ce voyagé que dans des circonstances forcées: on y em- ploie. Souvent huit ou dix jours, et quelquefoiss "même trois , à nd ati Ou cinq semaines. | "CLIMAT. 685. C'est un phénomène très remarquable et très inté- ressant pour là météorologie , Que ce passage pendant l’hivér des venis alisés du nord aux vents du sud-ouest. Ces vents ne se font pas d’abord sentir au sud pour se propager ensuite jusque vers le‘nord, comme on pour- raitle SUpposer d’après leur direction ; mais , ainsi que nous l'avons fait remarquer que haut, ils commencent d'abord aux côtes de Portugal, puis ils descendent à 9 Madère, et enfin à Ténériffe et à l'ile Canarie, En . même temps qu'ils s’ayancent du nordwers le sud, ces vents s’abaissent aussi des régions supérieures de l’at- Mosphère jusque vers.la surface de la terre ; des Vents du sud existent toujours dans ces parties élevées de atmosphèref#même pendant l'été, et lorsque le vent avec le plus de violence à Ja surface l du nord-est souffie de la mer. aGE ES Déjà depuis très long-temps on avait présumé quil existait dans des parties supérieures de l'atmosphère _UR Courant d’une direction contraire à celle des venis dominants à la surface , et c’estfsur cette. présomption qu’est basée rresquesentièrement la théorie des vents alisés;; en effet, d’après cette théorie, les vents alisés se- 'ientproduits par suite de l'ascension de l'air chaud àl’é- quateur, lequel esbalors remplacé par des Couran(s d'air _ froid àrrivant du sud et dumord , et qui viénnent dans la diréétion dusud-est et.du nord-est : ces courants, en se CoMbinant, produisent un courant dirigé de l'est à l'ouest, parce que dans les bassesJatitudes l’airarrive dans des parties de la terre animées d’une vitesse plus consi- dérablé que celle qu’il possède» Toutefois existence de te Contre-coürant était seulementsoupçonnéeil y a quel. ques années , lorsqu'en 4812 le volcan de Saint-Vincent fit une Violente éruption. A l’est de cette île est à une petite distance l'île de la Barbade ; mais, par le-vent alisévde l'est, ‘6n ne peut y arfiver que par un détour, 5 66 DESCRIPTION DES ILES CANARIES, de plusieurs centaines de milles, Cefvent d’est né pértè à la Barbade ni pluies ni nuages; tout-à-coup, cepen-+ dant, cette île fut couverte par des nuages épais , et les habitants épouvantés virent bientôt tomber en grande abondance des cendres du volcan de Saint- Vincent. Étonnés de voir les vents d’est leur apporter des débris volcaniques d’une île située à l'ouest, ils com- prirent bientôt que ces dis ne pouvaient être amenés que par un contre-courant dirigé de l’ouest à l’est dans les parties supérieures de l'atmosphère. La théorie des vents alisés par la chaleur, théorie qu'on doit à George Hadley (PArlos. Trans. ., xvi, 451) ,se trouvait dès lors appuyée sur quelque chose de plus qu'une simple con- jecture. # | Fe contre-courant peut aussi très bien être observé journellement aux Canaries , car le pic de Ténériffe est assez élevé pour que son sommet atteigne ce contre- courant, même au milieu de l'été, Aussi ilrest à peine üne relation de voyageau sommet du Pic qui ne parle de la violence du vent d’ouest qu’on renconire sur la cime de ce volcan. M. de, Humboldt a fait une ascen- |! sion au Pic le 21 juin, et quand il fut arrivé at@tra- tère , le vent soufflait avec tant de- force, qu’il pouvait à peine se tenir sur ses pieds (Relat., 1, 132). | Si à cette époque de l’année ce même vent soufflait à Santa-Cruz et à Orotava, ce phénomène causerait autant de surprise que la chule des cendres à la Barbade. J'ai aussi observé cevent d'ouest, quoiqu'il fût moins violent, en montant sur le Pic le 19 mai 4 et un obser- vateur habile, George Glas, qui a étudié comme marin les vents des Canaries pendant de longues années ef avec beaucoup de soin, dit, dans som très intéressantou- vrage, que dans les parties supérieures de Fatmosphère de ces îlés le vent d'ouest souffle avec force, tandis . qu’à la surface le vent dominant vient de l’est, © perse es. ne ons | Cri, . Céwent , ajoute-{-i], se rencontre, à ce que je crois, tlans toutes les Parties de la terre où régnent des vents ” alisés. Je #K'eñtreprendrai pas, dit-il plus loin, d’ex- pliquer ce ph ne; mais 1l êst constant qu’il se pré ? Su Pic de T. énériffe, et dans les parties les ; Quelques autres des îles Ca- (History of the Canary islands, page 951). Glas connaît trop bien ces îles pour ne pas parler ainsi d'après ses propres obserÿations, er Ces vents descendent lentement des Parties supé- rieures"de l'atmosphère jusque sur les montagnes, et On le reconnait très distinclement aux nuages qui Yiennent du sud envelopper en octobre le sommet du Pic : les nuages s’abaissent de plus en plus, et enfin s'arrêtent à une hauteur ä’environ 6,000 pieds sur la cime des montagnes qui se trouvent éntre Orotava et la Côte méridioffale. Atrivés en ce point, ils se déchirent èn Produisant desorages épouvantables. Il s'écoule alors encoré uné semaine et souvent plusieurs avant que les nuages ne s'étendent jusqu'aux côtes de‘la mer, où ils Es plusieurs mois, La pluie tombe alors en abon- danée sur les flancs des montagnes, et le sommet du Pic se recouvre de neige, dE à Ne doit-on pas actuellement croire que le vent d'ouest que l’on va chercher en faisait pendant l'été le trajet de Ténériffe en Angletérre q ns le Yoisinage ‘et à la hauteur dés Açores et qu : . les vents d’ouest etde su lique, de telle sorte qu’ Où de Philadelphie en tendant, tandis que ce se fait en remôntant : règne sur Je Sommet le courant équatorial Jusqu'à la Surface de la mer? Il én résulterait alors que 2 68 DESCRIPTION DES ILES CANARIES: Je courant qui Fègne dans les parties supérieures de, l'atmosphère, ne s'étend pas, au moins sur la mer Atlan- tique, jusqu'aux régions polaires , et par conséquent le courant qui vient des pôles doit suivre ufle autre route, que l’on ne pourrait reconnaître quien estimant.Ja tem- pérature des contrées voisines.de la zone tempérée ; cette circonstance doit nécessairement aussi apporter quel- ques modifications à la loi de distribution.de la chaleur à la surface de Ia terre; Combien ne doit-on pas désirer qu'un voyage ‘météorologique soit entrepris, pour éclaircir cesfaits, aux îles Açores ! Et de quel prix ne serait pas la relation-d'une ascension faite dans ‘ce but au sommet des Pies de ces îles ! : Glas rapporte quelques autres observations. qui me. paraissent de naiure à faire concevoir les vé- rilables ‘routes que” suivent les deuxscourants super- posés. me pr CMSE Les marins ont pour règle générale que les terres fermes des climats chauds attirent les vents réguliers; probablement cela tient à ce qué l'air chaud qui s'élève dans l'atmosphère de ces contrées est nécessairement remplacé par l'äir qu'apportent les vents Te voisinage de la côté d'Afrique exerce cette influence sur les îles Canaries. Lesyent du nord-est,se trouve d'autant plus dévié ve tte côte, que les îles d’où it soufflé en sont plus ap ochées. En Vue de la terre, . le vent est presque tout-à-fait nord, tournant un peu ag nord-est à Lancerote et à Fuertayentura il souffle qu nord-nord-6$t; à Canarie, du nord-est; à Téné- ritfes de l'est-nord-est, ét à Palma il est dirigé encore un peu plus à l’est, efil, garde cette direction sur tonte l'Atlantique. +. tré Ces vents sont Lellement intercepiés par les montagnes des îles élevées de Canarie, Ténériffe et Palma, que lorsque le vent souffle avec violence sur les parties Pr e CLIMAT. 69 Siluées au nord-6s{, celles qui sont du côté opposé sont | dans un calme Parfait, On trouve sur ce phénomène des détails remarquablés dans le manuscrit de Borda, ConServé dans les bureaux du Dépôt de la Marine, à Paris (Humoinr, Relas.. 1, 16): Borda avait, ainsi ui le rapporte. chargé M. de Chastenèt de faire le tour de l'ile de Canarie. Ce dérüier partit de Sardina: _4VeC un fort vént de nord-est, €t,s6 dirigea vers la Punta de la Aldea :va )rès avoir doublé’ cette pointe, il trouva lout-ä-coup un tel calme, qu’il employadeux jours entiers” pour atteindre la Punta Descojada, qui. | qui est à peiné à un mille de distance, IL fallut ensuite. quatre jours pour doubler Ja pointe méridionale dé l'Île, la Punta d'Arguanegäin ? et c’est avec peine que le soir suivant il atteignit Ja pointe de Tanifet; mais à peine l'efit-il dépassée , qu'il se trouva expo$é au vent de nord-est quisoufitait. vec lant de xiolence, qu'il fat obligé de renoncer à la rs étant partié dé son voyage. La'ligne que suif'ta côte, depuis le cap Tanifet jusqu’à la Punta Aldea, fait un angié droit avec la direc- tiOlèdu vent du nord-est ,'et cette ligne éstaussi exac- lement dirigée que si l’on eùË cherché à la tracer de celte manière, ET DE US Glas à cherché à évâluer jusqu'où s'étend cette in- fluence dans la mer, et il estime qu’ellé se fait sentir jus® qu'à une disfahcede 20 ou 25 millés. marins de L'ile Cx- narie,. à 15 de Ténériffe , à 10 de Gomera, à 50 de Paliha. Il assure, d’après les observations qu'il a faites % Sur les parties de h mer que les-îles protégent contre le vent, que ce calme ést très dangereüx pour les na -Yires, parce que les YaSues viennent se briser sur l’eau. tanquille de ces régions, commé sur des rochers $0- lides, qu'il en résulte un Mouvement qui peut mettre gles vaisseaux en grand! péril. Ces distances sont consi- . Sérables, et elles sont telles, que l'on e@porté xerotre \ F0 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. que le vent ne souffle pas parallèlement à la surface de la mer, et encore moins quil vient des parties su- périeures de l’atmosphère; mais, au contraire, qu'il s'élève doucement vers les parties Supérieures, ou bien qu’arrivé dans les plus basses latitudes, il prend un accroissement considérable de volume : S'il n’en était pas ainsi, dl serait- difficile de concevoir pourquoi le courant ne se reproduirait pas au-delà et derrière les “îles. Les observations barométriques paraissent conduire ‘à la supposition que Pair est singulièrement aceumulé sur les îlés Canaries ; c'est au moins ce qui résulte dés données fournies par des expériences très soignées faites à l’aide du baromètre. hi J'ai observé chaque jour le baromètre à Las Palmas, dans la grande Canarie, depuis le 21gjuillet.jusqu’au 10 août 4843; eben ramenant tous les résultats à Ja température de zéro, j'ai trouvé les hauteurs suivantes": 7. du mat. 2891, 882 41 du mat ‘28. 5,0217 æ 4 après midi. 28 2,524 | 11, après midi. 26 2,7745. La moyenne de ces observations est de 28. 91. 794 : et si l’on ramène ce résultat obtenu à 50 pieds au-dessus de la mer à ce qu il serait à la surface, la eu ere sera 28r- 5,09. Ce nombre est très certainement considérable. Les : observations d’Escolar à Santa-Cruz conduisent cépen- dant à uu résultat analogue. La moyenne des hauteurs , extrêmes observées pendant trois années , rämenées à la température de la glace fondante et à la surface de la mer, est de 28»: 9L 441. _ Pour qu'onfhe se fasse Sa de fausses idées sur la k. | CLIMATE TT Yaleur des hauteurs MoyenneSde chaque mois, on doit faire Gbserver que ta pression atmosphérique paraît être / plus considérable en été » et lorsque les vents du nord- . St et de l’ouest Soufflent l'un au-dessus de l’autre , que dans les mois d'automne où le vent de sûd-ouest-ést le seul dominant. En effet, la hauteur moyenne des mois de Mai, juin, juillet et août est … . 9gn 51,473, “_€tcelle des autres mois, depuis septembre Jüsqu'en avril, est. + dr SAT. | Différence Run rs En 11,156. N’est-il pas évident que ces résultats différent consi- dérablement de ‘la hauteur moyenne 28°: du baro- mètre dans Tstontrées équätoriales, el surtout des hauteurs baroïétriques en Anglelerre, en Irlande et. -€n Norwège. Sa Fo Les, observations, faites pendant sept, jours, dans le mois de mai Puerto Orotava donnent, pour la hauteur du baromètre à la surface de la mer, 28pr- Fit Celles qui ont été faites pendant le même temps dans les mOÏs de septembre et d'octobre, dans la même loca- lité , donnent 28r :,38. = Enfin les observations faites à Lancerote pendantitrois jours, ont donné 28r-.3:,8, % . Si à cela on ajoule que les observateurs qui se sont élevéssur le Pic avec des baromètres n’ont jamais trouvé ‘une hauteur moindre ; Car en ramenant ses observa- lions à la surface de la mer, à Santa-Cruz, Lama non a trouvé 28r 3, et M. Cordier a même trouvé 28e: 5!,6;, le 17 avril, en prenant Puerto Orotava pour Slation correspondante (Journ. de Phys. &avi, p. 57), il doit paraitre très probable que dans ces îles latmo Sphère à une {rès grande densité. | Lorsque le vent d'ouest S'abaisse obliquement pen- dant l'été des hauteurs de Patmosphère » de manière à 72 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. atteindre la surface d’abord dans les régions du nord, puis plus tard dans les contrées méridionales,, long- temps avant même d'être parvenu à ces dernières, il doit s’épposer au courant du nord-est, de telle manière que les contrées qui auraient été exposées à ce Vent de mord-est sont au contraire soumises à ” se par- fat; si, en outre, la constitution des païties environ nantes préserve quelque partie de ces-contréés des vents qui peuvent naître dans cette. localité , alors là chaleur, -qui ne se trouve plus tempérée par. Jé mou- vement de l'air, doit s'élever cônsidérablement jusqu’à ce que les vents ordinaires aient repris leur cours. : C’est de cette manière que lon peut. expliquer les phé- nomène remarquable effunique , àce que je cRois, que” présente la température de Las Palmas’ dans la grande .Canarie ; dans cette localité, la plus-grände chaleur n a, pas lieu dans le mois de juin ou d'août, mais bienfdans Je milieu d'octobre : cette circonstance ‘est d’aütant plus surprenante que jusqu’en septembre la chaleur est faible emcomparaison de celledes äutres.îles, puis elle crôît tout-à-coup et la température finit at teindre celle des climats les plus.chauds des tropiques. Cesfaits sont mis hors dé doüte-par lés expériences que le docteur Bandini de Gälti à faites pendant dix ” ang à Las Palmas avec de très bons thermomètres ;, il a eu la bonté de me communiquer, ses résultats que jai groupés par dixaines, et dont j'ai calculé “les! moyennes pourarois années. Malheureusement le doc- teur Bandini observait seulement à midi, de sorte qu'on ne peut pas de ses résultats tirer Fe véritable moyenne; mais, pour ‘approcher autant que possible de la vérité, j'ai cotrigé les températures observées par le docteur Bandini de la-différence que présentent dans les expériences d'Escolar la température moyenne et la température dé midi, bien cependant qu'à Las Pal Mas cette diffère résultats CLIMAT. ence_dût être, plus considérable: que j'&t ainsi obtenûs sont consignés pes L le suivante : \ * ». ge à ; JOURS, *° bé ‘ rer obser "vée à midi. Janvier” . L Æ DM. 288 2 < + ù + Septembre. Février . : Te S Juillet. . 3. F MOYENNE | calculée. LU PT ct i 7 14,45 ht | 14,68 RENTE 13,40 13; 30. 14, 02 14,01 14,25 13m7 * 14,52 14,95 * 15,09 15,33 14,06 ARE 14,92 14,46 14,79 "+ 15,10 _ 15,61" 1 250 15,86. Dur: 56 Fret AL. 16,32" Ro 15:79 . 16,38 16,78 16,88 45935 15,80 16,20 16,30 . 1 716,68 Pers,13 17,60 1782 19,93 18571 19:44 19:56 16,53 " 16,95 17,17 16,30 © ” PR 17598 18,71 18,82 I 7:02 + 19,24. 20,22 20,44: , 20,66 ne 20 44 24,07 22,20 # SP Or 2 PRE . pce ee pars; ai ‘ appear ne mas ml 2 rar mes mn. . DESCRIPTION, DES ILES CANARIES. & : TEMPÉRATURE JOURS. Gbservée ps à midi. calcuice, Lie 108 24,00 23,42 | 20 4/12 © 23,54 Octobre. . : . K 3r4 23,61 2 A53 n * S 4 23,54 23,16 ” É20.56 19:98 T d » à 16,90 17 32 Noverñbre, . . . - Re 4 | 3 1 6,56 Î 5,98 \ | 19,67 17:96 æ , , 15,00 14,42 > 4,30 pm: 13,73 Décembre, . . | nn 13/6 ; 14,51 2214764 + Si aide de ces résultats * on-formait une courbe de . ténfpérature pour celte localité, il parditrait éviden téà tous les yeux que les températures des mois compris depuis le mois d'août jusqu’à là fin de novembre n’ap- partiennent pas à cette courbe, et dérivent d’une tout autre sOüree de chaleur : toutefois‘les rapports des ha- bitanis S’accordent parfaitement avec les observations. _ pour prouver que la température ‘du milieu de l'été ne peut nullement se comparer avec celle du ntilieu et de la fin du moïs- d'octobre. Les productions naturelles. viehnent.aussi cotifirmer ces phéñomènes. .C’e$t avec raison que cette contrée Lire son nom de celüi des palmiers, car on y trouve dans la vallée ure forêt entièreÿde dattiers , lesquels portent des fruits; il w’en est pas de même des palmiers isolés , qui croissent aëx environs de Santa-Cruz et d’Orotava, dans l'ile … de Ténériffe. L "Euphorbia balsamifera qui exige ‘une température élevée ; et quimne se trouve près d’ Orotava “et de Santa-Cruz qéé dans les bas-fonds, croît dans le voisinage de Las Palmas jusqu’à une hauteur de 800 pieds, eb très souvent on. cn trouve des buissons de # : ; ES CLIMAT. F5 10 à 49 pieds de hautêur ; le Plocarna pendule. atteint mèmé très rarement cetie hawieur aux environs de Santa-Cruz. Les jardins de la grande Canarie sont fré- quemment Grnés d'arbres provenant des Indes orien- tales et occidentales qu'on ne voit jamais à Ténériffe; - ainsi on Y trouve des Poinciana pulcherrima d'une : beauté et d'une grosseursex{räordinaire, des Pica orellana'et des tamarins aussi gros que nos tilleuls. On voit dans la @ ir intérieure de hôpital des lé- Preux de Saint-Lazare, une tres belle «allée formée de gros arbres de l espèce des Carica papäya, 6 D végètent avec plus de vigueur que ceux qui sont,dis- persés en petit nombre sur jà côte nord de l'île de Ténériffe. pe cn dé jé É 0 = — PT me = _— pat sr npmaneepe es ges à 90 pe MP 0m nr Ces remarquables phéirènes de température sont du plus haut intérêt pour : ous ceûx qui étudient les lois suivant lesquelles les températures et les autres ‘phénomènes météorologiques se pos répartis à Ja surface de la terre. | Les x La courbe des lempéraiures pour Santa-Cruz ne présente pas de semblables irrégularités, et ne porte point les traces d’influentces locales. Aussi je crois qu'elle beut très.bien servir dans les recherches sur les chan- Sements de température suivant les diverses-latitudes qui se trouvent dans une même zone météorologique de Tongitude. J'ai rapproché les unes des autres plu- sieurs courbes de: température qui paraissent avoir été déterminées d’une manière exacte, et ces courbes sembient se rallacher à la même loi, ou bien n’y ap- porier que de légères modifications. Les observations qui ont servi à les consiruire , et qui sont consignées dahs une table qu’on trouvera un p peu plus loin (page 80), se Tapportent aux lempératures.de Cumanà, de Santa- Cruz , dé Funchal, de Kendal sur le côté nord- ouest de l'Angleterre de Sondmor, près de Drontheim , sur la fôle de NorWège. et enfin aux températures de plu- FR és nar nai iacestaaa hd mt A en a — on ms te comme h DTA 7” 76 VDESCRIÉTION DES LES CANARIES. sieurs mois de l'année, des contrées situées sous le 78°. degré de latitude. Ces dernières observations oùt été faites avec beaucoup de soïn au Groënland, pen- dant douze anñées, par l’infatigable et célèbre VOya- geur William Scoresby, de Waitby, dans le Yorkshire. Les températures de la Havanne et du Caire, rappor- tées dans ces tables , ‘donitent deux Courbes corrés- pondant à deux zones météorologiques de longitude tout-à-fait différentes, qui so 1 Mioutes deux parai- “Iles à la zone de FAtlantique, ét ‘qui appartiennent l'une à la zone du nord de l'Amérique, et l’autre à la zône de l'Europe occidentale. Dans ces deux localités Finflueñce des vents est'très considérable : à la Ha- Väne, située même au-dessous du tropique,, de ther- momètre.s’abaisse enhiyer jusqu’au point de congéla- tion (umboldt). Au contraire, 1és chaleurs de l'été s'élèvent au Caire si fort au-dessus de celles que res- sentent les îles Canaries, situées cépendant plus au sud, que l'on reconnaît de suite que.ces températures ne peuvent dériver de la même loi. Si T'ôncalculé les témpératurés dela zone-de. l'Atlan- tique avec la formule connue de Mayer, d’après la- quelle la température décroît comme le carré diwsinus dé la latitude multipliée par un coefficient arbitraire , on reconnaît bientôt que ces tempéralures ne s’ac- cordent point exactement entre elles ; ee que Humbôldi avait déjà fait remarquer dans son excellent Traité sur les lignes isothermes, uu des principaux ouvrages. qui aient été faits sur la météorologie de la surface du globe (:Mém. d'Arcuëil, 1x1, 484). I résulte donc de ces sortes de calculs qu'il ÿ à des latitudes où la diminution de température s'effectue plus fa- pidement oùplus lentement que cela ne devrait avoir lieu d’après, la loi générale des variatiôns de témpéra- ture, Cf, par conséquent, it devient indispensable de rechercher eld’apprécier exactement I6 facteur qui : net de ut CE de eus en UT. RERRERNSERRSEENNnERnses ME CLIMAT. | TT doit intervenir dans lex modifier convenablement. # En combinant lesébservations faites à Sauta-Cruzetàa Kendal, 6n trouverait que la température moyenne du : pôle est de —%4° 9 R. et celle de l'équateur de 28°,2 R. Le’ premier de ces nombres ne s'éloigne pas autant de la Yé-: ritéque le second, car Scoresby atrouyé que latempéra- Lure moyenne dans les mers poläires éfaitide plusieurs degrés au-dessouséd@ zéro. Il suppose même que la température moyenne du 87° degré de latitude «es | — 6°,7R.; mais ce nombre est vraisemhlablementéxa géré, car il repose sur la supposition non admissible que : la courbe des températures pour le. pôle suit la même marche que celle de Stockholm, et cette localité est déjà trop éloïgnée de la mers Cette courbe a plutôt de l’ana- logie.ayec celle des côtes de Norwège : et st on efféclüe le caleul en se basant sur les Observations faites à Sondmdr par Strom, on trouve pour tempéra moyenne — 50,4 R. , Qui ne doit pas beaucoup de la véritable température du pôle. pression descetté loi , pour la Par la comparaison des tempéralures de Kend2 et.de Sondmor on obtiendrait de l'équateur 47°,8 R. , € Ces pour la température moyenne t+0",5R. pourtelle du pôle. * deux nombres sont certainement tous les déüx fort éloignés de la,vérité: H est done probable que, dans la partie septentrionale de l'Océan atlantique, là diminu- . tion des températures s’effecfüe moins rapidement que. ne l'indique la Toi générale : il y règne par conséquent” une nouvelle influence ; qui tend à augmenter la tem- bérature et quimodifie es résultats; celte cause per- turbatrice estselle autre choseque le courant équatoria] Supérieur qui s’abaisse sur Ja mer, entre l'Europe et Amérique , et quis’avance vers le pôle-en lui apportant 3 Re partie de la chaleur des contrées intertropicales? @ ** LI To‘qu Le“Gr 96% gëiGr keter | oc ‘Gr 9641 1c‘6r | 89‘ 18'‘O1 g/ &z‘6r og “61 96:21 ‘1 Y9“61 98 ‘Lx / O£—0& cz'Or 2981 £2 “gi 7 gOLr À oë—o1 {- : - * ang : RER ju - sutgt | AND 08—01 s Lo gY'br | çi‘or | o1—1 S. Et Hi INAY. CANARIE , SIP DES ILES JOTIANT à æ s° ‘JOTAURS x S a Ra nl = G (22) el à *x00( 68 LÀ ne. 2, *HITIOS à ‘“LITTOS SALQ NX . IP np s ’ np à . soimeisdusl| 99/8107 YA IT YA AMIE z : dt Sp | quuaron | | | HONAUATAI ‘ ‘SANNHXOM ‘otgl dr " W ‘197095 O9S1DUDA, Ds LP 271,7 sUbp ‘zn. LEURS % n sonDf SAAD VAIO L Hu es (1 [aber Beer | og'çr | gWbr ML UE | ._ glçr % , G1‘qi Yaho: , » is Gt'or | ç! | g6‘o1 Gg‘Yr og‘ot ol‘or ce‘lr | ot “2AQUOAON gi‘gt viélr % 9987 |obtér ce‘gi L cbr . Lo‘gr Mec Gr | oc'gr —o1 | 9140100 gL # xd sue oznop inepuod so1rey suoneAtosqo sap * 1oppinf vaseutif Éreru *jrtar, p s10tu 50 1ND *(ospeanosagesS43q0pds ) os[iAA avd saorded ses opsoletire "MONS osturu 9142190 PT 1108 np sainaq Or & 19 9Anaméc sat “oogipou nod un 44119 JI0p euuop | saanog À R.ILCAI95QO UYPAOOT AN9100p 07 ‘(DEL ‘A n +{ coo Carr *pron2up",p ‘up ‘IPIOquUNH ) 78,81 quonbieuc@uteuoy sy1o9 op xnes sorry ‘vç*, 61 ap 382 spot 9 LE F KW 3 1} o p Ê “ oureluoy oun sub oinietodue Et ‘eg “raux pf op uË9AIU np snéSop-ne Spord EEE + "190Lp UGS "LOmpuog 2p Pr e opgpieied oqando ej.op solmpop e S9ç uo ‘roux soxjne 0] amod : (gée td “suorSpy ‘ony02p ) défoain 919 quo apoier aneo anod sounopeoiquou so (L) ed sue Jnou-xip idepuod soitey Sguotp dxo soç soide, gg (0) "(OCT ‘slnss 109180101091? ) + | “ageux np somme L v ‘anof and s10J SO HUA195Q0 [Y ‘Uo)e(f sed ‘ çGLr e ggLr op ‘sue buio juepuod sayrey suorjeatosqO (9) “g'ogt e oaua£ou 9190 108pod (oL ‘ aydvuSosSusrurlq ) SMOUIG 9p sUONIEUOS 9p S8TFE) rnb oÿ‘.gx op auuofouu ef $8M0726 1n9100p np sonbaetuot sosnorotpnf 507 seade, p, 12 ‘rpuu saidesoxhoge Le J9 utjeur np T S'suvar “pyq) SLT e 6YLEt 9p sony 919 100.suoneatosqo soç iu0p * uopxÿqepg "UT, AM190P ôfsaide Œ (?} 3 “(cop fait eo ip ue) iploqtunpr ‘ion0N (£) spard@or op opuozoud LOTRT 9P ‘SaQUUL S104} 8P 9/[99 159 auuo£otu-o1hoo £(Lrgt‘Sdutey sap saunssipuuo) ) tanta,j op umbeog uo(f saide, Œ (x) ae p ju ne JU#0)00p8,S qhiasz ne [ujos np sB8vssed xnapsotç ‘oogt axgos00 ua nbsh{ G6Lr e1quoaou smdop putonbienr) ep #inoquey 9j SUeP ‘oIQuY arisuesy uo(p ad 3ploqun}f 8p ‘JU 9P UONPSIISUL | e S9MeJ SUONEAISST() (9 ) #8 (ge) LENAT gal— 00& cg'c sy'ot go'‘lx oç‘6t gltec gé‘et PT “ed suwx 00459 owupuoç Lt'o9g FRA PL Le‘sze |""(o1opert) eo un 165685 |'Ipugusr) 2NAT) - EIULG “ésooe | oui 8085 di eptatf | &c'sot | euecun') id A ta LE. e4 e. 7 “ © D Æ bei Li . m Li à E A © but 4 Le bed es © A5, Fe et (uno) aauafoyt quo AON E d “rortan gp. | orauef | “opome'il “XOMT sauuo otu S24M)0430 j Sp ATV e ‘ CLIMAT. ? Témpérature des sources et du sol. Ge climat offrant beaucoup de sources ‘dont on peut observer la température, j'ai cherché à la déterminer _avec exactitude: et quoique leur nombre ne soit pas assez Considérable , et les circonstances dans lesquelles elles sont placées assez différentes pour qu’on puisse en tirer une loi générale, les résultats paraissent ce- Pendant présenter encore quelque intérêt. : M. Erman a eu la bonté de comparer le thermomètre dont je me suis principalement servi, avec celui qu’il avait employé pour ses observations , lequel se trouvait d'accord avec le thermomètre dont M. Walhenberg avait fait usage pour la détermination des températures sous le 71° degré de latitude, et pour celles de la source dite Louisenbrunnen, près de Berlin. D'après cette Comparaison, mon thermomètre, fait à Londres par W. Jones, se trouvait de : de degré Fah. plus haut que celui employé par Wahlenberg. J'ai donc corrigé foules les observations que j'ai faites dans les îles Canaries, de ces : de degré; et l’on peut actuellement les consi- dérer comme tout-à-fait comparables à célles de Erman et de Wahlenberg. | & ; re £ d Ÿ HR Sources situces au bord de la mer ou à une faible distance. A Ténériffe (Foy. Carte de Ténérifte). 6 Mai 1815. Source médiocrement abondante, située au Cap Martianez, au-déssous de la Paz, non loin de Puerto Orotava; elle sort d’un courant de lave . … . 14°,> R. (Sa température est constante et n'éprouve aucun ; ey, entre Realaxe et Puerto. Celte source ST amenée dans la ville . ; e . Û e e 82 . DESCRIPTION DES ILES CANARIES. 7 Juin et 6 Septembre. Même source , , . . . . . 140,8R. , Juin. Très belles sources formant un ruisseau, et tombant en cascades au-dessous du moulin de Gordaxuelo , grès de Realexo. =. ,.. . + ee ,., . 13,3 6 Septembre. Mèmes sources . . « + + . . . . . 14,1 À Palma ( Foy. Carte de Palma ). 29 Septembre. Eau d’une fontaine, à 20 pieds au-dessous du rivage, près de la ville de Santa-Cruz, et à peu de distance d'un bouquet de très beaux cocotiers . . . 15,77 A Lancerote ( 7oy. Carte de Lancerote), 18 Octobre. Au milieu de Rapilles, dans une vallée creusée dans les débris volcaniques qui recouvrent la place où était autrefois le village de Tygaife , coule une eau qui sort d’une fontaine de 5 pieds de profondeur ; elle ne tarit jamais , et est employée en grande quantité par les, habitañts. Sa térhpératureest de «+ + . . . . . 14,17 Les résultats précédents donnent, pour la tempé- rature moyenne du sol, 14,4R. D'après Don Francisco Escolar, la température moyenne de l'atmosphère est à Santa-Cruz de 170,5 R. : c’est-à-dire qu’elle surpasse de près de 5 degrés la température du sol. La plupart de ces sources tombent sous forme de pe- tites cascades, après avoir coulé au-dessous de pentes douces et bien cultivées, comme cela arrive pour la belle source de la Paz; on doit supposer, d’après cela, qu’elles indiquent la température des pentes au-dessous Mesquelles elles ont coulé. M. de Humboldt est le premier qui ait observé ce, fait singulier que dans les basses latitudes la tempéra- “ture de l’atmosphère surpasse la température du sol; et. les premières remarques à ce sujet se trouvent consi- gnées dans les Annales de Gilbert (t. xxiV, p. 46). J'ai observé, dit M. de Humboldt, que dans les mon- tagnes de Caracas et de Cumanà la température de beaucoup de sources est inférieure à ‘celle qu’elles de- | CLIMAT. | 85 _ Yraient posséder d'après leur élévation au-dessus de la _- Mer; ainsi, une source située à 800 toises (4,800-pieds) de hauteur ne marquait que 130,2 R. Une autre, à 503 toises (3,050 pieds); était à 150,5 R. La température d’une troisième, élevée de 392 toises (2,332 pieds), était de 16",8R,Toutesces températures étaient de 3 degrés au moins inférieures à ce qu’elles auraient dû être d’après les températures moyennes des contrées où se trouvent les sources. | | a 2 … Une source auprès de Cumanacoa, située à 179toises (4,074 pieds), était à une température’ de 18° R., tandis qu'elle aurait dû indiquer 200 R. pour que sa température fût d'accord avec celle de l'atmosphère. Les expériences de John Hunter sur les sources de la Jamaïque conduisent au. même résultat. (Phil. Trans. Jor 1788, p:89:sqq.). La source dite Coldspring, qui se Lrouve à une hauteur de 5,892.pieds de Paris, n'a que®150,2 R.;1et devrait avoir 46° R., Dans. l'inté- rieur du Congo, Smith a observé des faits entièrement analogues : car des sources abondantes, situées à une hauteur de 1,560 pieds de Paris, ne marquaient pas plus de 18°,2R., tandis que la température moyenne de l'atmosphère , dans la même localité, est de 20,3 R. (7 uckey’s narrative, p. 314.) : Le même phénomène peut aussi être observé dans les parties méridionales de l'Europe; et l'on trou- Yerail probablement en Portugal, en Espagne et en ltalie beaucoup de sources dont la température pré- Senterait avec celle de l'atmosphère de plus grandes différences encore que les sources des contrées des tropiques. mie | « J'ai trouvé que la température des eaux d’une source. (rès considérable auprès de S. Cesareo , à peu de dis- lance de Palestrina, était, le 29 août 1805, de 9e R., tandis qu’à Ja même époque la température de l'atmo- , 2 6. S4 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. sphère était de 22 Ne et que la température moyenne de cette localité est de 12°,6 R. Bien que ce phénomène puisse paraître surprenant, surtout quand on l'observe au niilièu de l'été, cepen- dant on reconnaît promptement que cette différence de température ne provient pas d’autres Causes que de celles qui élèvent la température du sol dans le nord, c’est-à-dire des pluies dont les eaux forment ensuite les sources. Dans le sud de l'Europe, et jusqu'aux con- trées des tropiques , la saison des pluies est principale- ment comprise entre les mois de novembre et d'avril, et toutes les pluies cessent à partir du mois de mai. Or, la chaleur de l’été ne doit pas plus affecter la tempéra- ture des eaux qui se trouvent dans l’intérieur de la terre que ne le fait le froid de l'hiver dans les contrées où la température s’abaisse considérablement. Les eaux des sources ne peuvent par conséquent avoir que la tem- péralure qu’avaient les eaux pluviales lorsqu'elles ont tombé, et c'est avec cette température que les sources reparaissent à la surface. L'état d’un grand nombre de sources, à diverses époques de l’année, montre avec évidence que les eaux emploient beaucoup de temps pour parvenir des points où elles s’infiltrent dans le sol jusqu’à ceux où elles en sortent sous forme de sources, et que, par conséquent, la température à l’époque de la chute des plüies doit se propager très loin et très profondément dans l'intérieur de la terre. La grande source de Fuente del Paso, près Agaete, dans la grande Cararie commence à couler au mois de mai, et continue pendant tout l'été; elle diminue dans le mois d'août, et se tarit en octobre; elle reste com- plètement à sec en hiver, pendant la saison des pluies. Les eaux emploient par coisegient deux et peut-être même trois mois &traverser les fissures des montagnes dans lesquelles elles s 'infiltrent. CLIMAT! : 85 La température des sources, près d'Orotava, est aussi probablement la moyenne température des mois de février et de mars. Près de Santa-Cruz la tempéra- ture des eaux est un peu plus considérable : mais il ne se {rouve dans cette contrée aucune source qui sôit à une faible hauteur au-dessus de la mer, et sur laquelle on puisse faire des observations à ce sujet. L'eau que l'on trouve dans une fontaine à 20 pieds de profon- deur, dans le Baranco de los Santos, à peu de distance de Santa-Cruz, marquait, le 24 juin, 160,4R. , tandis. que la température de l'atmosphère était de 20”,6 R. Cette eau est le reste de celle qui, en hiver, s'écoule vers la mer par cette vallée. # . | 4 2 , : D j " : Sources {ui Se trouvent élevées au-dessus dela mer jusqu'à 3,000 pieds. AT énériffe. Juin, Août, Fuente del Drago, au-dessous de Laguna, source. - très abondante , qui sort du milieu de couches basal- tiques sous un buisson touffu , à 200 pieds au-dessus de la mer, . A RIT TE es 14 Juin: Fuente de los Negros, source peu considérahle., ‘située à Pouest au-dessus de Laguna , et qui sort d’une fenie balsatique , au pied d’un épais buisson de Rubus, . 14,3 : La ville de Laguna est bâtie au milieu d’une #plaine ‘levée de 1,620 pieds au-dessus du niveau de la mer. La gente. del Drago se trouve immédiatement au- dessous, et les eaux sont employées par les habitants Pour les usages domestiques, La température constante de cette source Peut très bien être. regardée comme élant la température intérieure du sol sur lequel re- Pose la ville de Laguna; il'en résulte que la tempéra- Lure extérieure reste la même depuis les bords de la mer jusqu’à Ja hauteur de cette plaine, et Cependant la température moyenne de l'atmosphère y est-de plus 1 86 DESCRIPTION BES ILES CANARIES. de 2° R. inférieure à celle de l'atmosphère à se % 4 Cruz. à : Mais, à partir de cette hauteur, la température des sources s’abaisse très promptement et presque sans passer par les degrés intermédiaires ; il est même fort. remarquable qu'elle est à peu près uniforme dans toute la circonférence de l’île. Je vais rapporter les tempéra- tures des sources qui se trouvent tout autour de l'ile, depuis Laguna jusque vers Orotava, sur une ligne qui est en quelque sorte une ligne de nivellement. 21 Août. Agua de las ARS a 2,200 pieds de ue Cette source se trouve dans la forêt de Obispo, dessus de Laguna, sous un magnifique berceau de be riers gigantesques et entre deux buissons de Mocanera et de V’iburnum . «+ : « En Septembre. Fuenfe de Vero et Éepne de los Yillanos. Cu deux sources sortent immédiatement des rochers sous forme de ruisseaux, et coulent dans les montagnes entre Esperanza et le Baranco Hondo : toutes les deux sont à 2,800 pieds de hauteur, et ont exactemeut la même tem- Pécresse 7 he 19 Juin. Source située à Lg de dites de VÉglise des Her- mites , auprès de PEsperanza , sous des arbres de Z/ex perado et de Laurus fœtens, à 2,100 pieds de haut. . . Août. Fuente Guillen , source plabté entre ARE et Ma- tanza, à 2,565 pieéké de hauteur . +. : ei Mai. Dans un cirque formé par des rochers, au- Ste de Realexo Ariba, jaillit une source très Hédadinte qui, d’après les assertions des habitants , est chaude pendant les temps de pluies, et froide head le ciel est pur; circonstance qu’on doit considérer comme une preuve de la constance de sa température, Cette source , nom mée Fuente de la Madre Juana, se trouve à 666 pieds au-dessus de la mer, sa température est" de - : : Mai, Juin. Source située sur la montagne de Tigayga, entre Realexo Ariba et Icod el Alto, à un peu moins de 2080 pieds . :. : . rte Une autre source qui $e trouve sur lé flanc gauche du Baranco et qui est conduite vers Rambla : elle est située à la même hauteur que la précédente \ CLIMAT. 87 Juin. Fuente del Rey , source très belle et très abondante , au-dessus de Icod los Vinos ,à 1,392 pieds de haut. . 110,9 R. Juin. Source située au milieu d’an bassin ouvert dans le Val S. Iago , à 2,800 pieds de hauteur . . . . . . . 9,6 Les différences que présentent. ces résultats ne sont pas assez considérables pour qu’il ne soit pas permis de croire qu’ils seraient beaucoup plus concordants, si les observations de température eussent été répétées plusieurs fois, et faites à la même époque pour toutes les sources. Quoiqu'il en soit, il en résulte toujours que la température du sol de l'ile de Ténériffe à 2,500 pieds au-dessus de la mer diffère peu de 410R. La diminution de tempéralure, depuis la plaine où se trouve Laguna, c’est-à-dire pour une élévation de 860 est donc de 80,2 R.; ce qui revient à une di- minution de 10 R., pour une élévation de 279 pieds (46 Z toises). Or, cet abaissement de température est : très considérable ; car aux bords de la mer il n' "est que de 4°R. pour une élévation de 755 pieds. D'après les principes établis par M. de Humboldt, et basés sur un grand nombre d'observations, la Telpe- . rature de l'atmosphère dans les latitudes TELE s’abaisse de 1° R. à mesure qu’on s’élève de 726 pieds. La température de l'air à 2,500 pieds au-dessus de la mer serait donc de 15°,9 R., c'est-à-dire presque aussi considérable que celle des eaux de sources aux bords de la mer, et de près de 3 degrés supérieure à la température observée pour les sources à cette hauteur. La grande source de Agua Manza, qui forme un Tuisseau , et qu’on amène à Ja Villa Orotava, se trouve à 4,100 pieds au-dessus de la mer, et sa température au mois de septembre était de 100,78 R. | Ce résultat doit paraître présenter une singulière AR0Malie ; cependant , je crois que jusqu’à une hau- teur Supérieure à 4,000 pieds la température des $t Œ RE ES e E, Ÿ “nl 88 | DESCRIPTION DES IÉES CANARIES. sources ne peut pas changer. En effet, jusqu'à cette hauteur, les flancs des montagnes sont recouverts de forêts, et aussi de nuages qui, pendant tout l'été, y séjournent depuis neuf ou dix heures jusqu'à quatre ou. cinq heures après midi. Ces brouillards s’attachent aux feuilles des arbres, par conséquent cette partie des montagnes reste constamment humide, et les sources qui sont alimentées de cette manière doivent très promptement propager dans les parties inférieures la température des lieux plus élevés. Il serait beaucoup à désirer de savoir si au-déssus de ia région des forêts la diminution de tempé- rature se fait d’une manière plus rapide ; mais à ces hauteurs il n’y a plus de source$, ou bien elléSsont si peu abondantes, que leur température doit. changer avec celle de l’air qui les environne. La Fuente de la Montana Blanca, au-dessus de Villa Orotava, à 6,105 pieds au-dessus de la mer, marquait, au 24 août, AR. Au mois de mai la température des eaux d’une pe- tite source sortant des fentes des rochers d’Angostura , dans le cratère du Pic, près du chemin de Chasna, à 6,400 pieds au - dessus de la mer; était de 4,9 R.; tandis que la température de l'atmosphère était 40,5 d. R. Ces températures paraissent par conséquent varier chaque mois , et leur détermination pourrait peut-être servir à faire apprécier la en des températures à ces bauteurs. ‘ D A ts de AN Rd cé kg : Sources de la grande Canarie. 12 Juillet. Aqua Madre de Moja , sources remarquables et abondantes, qui se trouvent au milieu d’un bois de Til, et qui jaillissent entre des couches basaltiques à 1,387 pieds au-dessus du niveau de la mer ; clles forment , A CE | CLIMAT. 2°. Une secôhde source qui jaillit d’une grande pro- fondeur entresles rochers... %* . . . . . . 3° ‘Une source qui jaillit du sol, près du Baranco , . Source acide, située au-dessous de Moja et peu impor- portante , soit par son contenu en acide carbonique, soit par la quantité d'éau qu’elle fournit . . . . Source acide ét abondante, qui jaillit entre des gros blocs de rochers , au fond du Baranco de la Vergine , au-dessous dé Fisgds . à + . +... . ra, Petite sourcerqui domine les habitations de Rio- Secco , près du Baranco de la Vergine , à 1,400 pieds de hauteur; la température de l’atmosphère est en ce point de 200 R,. , ; Ps, Fe Source abondante, situéeisur le chemin qui mène, par la montagne , de Rio-Secco à Moja . , . . , + Source abondante, mais très faiblement acide, qui sort d'un canal formé par deux pierres dans le Baranco, au- mL Terror, à 1,451 pieds de hauteur , I paraît résulter de ce qui précède, que l’on peut regarder 13°,5 R. comme l'expression de latempérature du sokb;: sur le flanc septentrional des montagnes de la grande Canarie, jusqu’à une hauteur de 2,000 pieds. La température de l'atmosphère est, dans la même si- luation, de 16°R. . | Pelite nice sinée à 2,250 pieds de hauteur ; elle sort d’une masse de conglomérat jset coule au - dessous de Tonte , dans la Caldera de Tiraxana. J'ai trouvé que le 18 juillet sa température était . . ( Cet endroit est très abrité et fort chaud. ) Source située au-dessous de l'Église de Texeda , dans une vallée étroite, à 2,600 pieds de hauteur. Cette source médiocrement abondante marquait … « . 0 e Sources de l’ile de Madère. Auprès de Brazenhead, à l’ouest de Funchal, on re- Marque une source qui sort des fentes des rochers dans une grolte : les eaux qui coulent au milieu de : buissons q Adianthus sont entourées de bananiers très 90 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. épais, et par conséquent ces eaux ne peuvent être com- plètement à l’abri de l'influence de la température de l'air ambiant. Le 22 avril, le thermomètre marquait dans ces eaux 15° R,; la température de l'air était de 16°,6R. Bonne source située à 900 pieds de hauteur’, sur le che- min de Camachio : la température de l’air était RE RES + 140,2 R. 23 Avril. Belle source située au- RÉ D Fr Églisede sept de Monte, à 1,774 pieds de hauteur ; sa température , prise à des jours différents , était constamment . « . 11,2 Bowdich a pris la température de la même source en octobre et a trouvé 44°,35R. ( Edinb. Phil. vie XVIII, 917.) Source qui sort entre des blocs de rochers, à la partie supérieure du flanc de la montagne , sur le chemin qui mène à la pierre qu’on aperçoit très Hien de Senhora : elle’se trouve à 3,950 pieds de hauteur, La température de l'air est dans cette situation de 11,756, Celle de la source est de. . + … UE ji de la cime de Toridÿss, : jusqu’à l'endroit où com- mence à s'élever la dernière crête de la montagne , se trouvé une source entourée par une muraille, et qui sort en bouillonnant avec violence , et#en formant nn ruisseau : elle est située à 4,760 pédile de hauteur ; sa température est de . m . . . . - , . . . 5,74 Il résulte de là que la température s’abaisse de. 1 degré, lorsque depuis 900% jusqu'à 4,774" on s'élève de . . . 294r- AT «ie Il paraît par là évident que la température moyenne change peu dans toute la hauteur qu'occupe la région des forêts, tandis que cette température varie du simple au double en-dessus et en-dessous de cette partie des moxitagnes. La. température du sol diffère : 4 : CLIMAT, 94 aussi beaucoup moins de la température de l'atmo- Sphère dans les régions couvertes de forêts, que dansles parties situées à une faible hauteur au-dessus du ni- veau de la mer, ou sur la cime des montagnes. Le capitaine Sabine, en montant au Pic Ruivo, le 15 Janvier 4822, a observé sur le flanc du Corals, à 4,180 pieds de hauteur, une source abondante dont la température était de 6°,7 R. : ce résultat s'accorde assez bien avec ceux qu’avaient présentés les sources situées sur le chemin de Toringos. Il serait pourtant à désirer que l’on püût observer la température de ces Sources élevées pendant le cours de l’été, alors qu’elles ne sont pas influencées par la fusion des neiges et les pluies abondantes de l'hiver. : Il est à remarquer que la température des fontaines des environs de Funchal est très basse ; d’où peut pro- venir un pareil refroidissement ? . Bowdich rapporte qu’il a observé trois fontaines si- tuées à plus de 20 pieds de profondeur, et dans des bassins complètement ouverts, dans les habitations de MM. Sundie, Young et Sortie ; la température de leurs eaux était seulement de 110,55 R., tandis æ. la tem- pérature de l'atmosphère était de 16°,4R. D’après les observations faites pendant quatre années par Heberden , le thermomètre ne descend jamais dans _Celte contrée au-dessous de 12% R. : la plus basse température qu’on ait observée cette année (1815), était de 120,5 R. | Dans les grottes, à 498 pieds de l’ouverture et àpeu Près à 15 pieds au-dessous du niveau de cette ouverture, le (hermomètre marquait le 4 novembre 159,5. , et le 4 janvier 140 R. L'eau des fontaines doit donc pro- Yenir d'une hauteur considérable ; mais, quoi qu'il en Soit, là basse températüre des eaux de ces sources est Un phénomène très remarquable. | 92 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. -On ne ‘doit pas Voir sans étonnement combien ii faut peu d'acide carbonique pour altérer la tempé- rature des sources. Dans l’île de Canarie les eaux douces et acides sortent à peu de distance les unes des autres, et cependant on observe dans leurs températures une différence de près de 4°R. Dans la vallée étroite qui monte à la Caldera de Palma, au point où les rochers élevés finissent presque par se rejoindre, à-4,564 pieds au-dessus de la mer, on trouve une source acide, l’Agua agria, et à une très petite distance, presque dans Je lit du ruisseau, une source d'eau douce, l'Aqua buena, sort en bouillonnant des conglomérats qui forment le sol. Le 26 septembre, la température de l’eau acide était de 19° R., tandis que l’eau douce ne marquait que 150 R. La source acide de Chasna à Ténériffe, quoique située à 5,800 pieds de hauteur * “avait Cependant, le 28 mai, une température de 15,5 R. Quelques remarquables que soient ces phénomènes, ils ne se bornent pas toutefois aux îles Canaries ; on . généralement dans toutes les contrées : moins remarqué aucune source acide dont la température ne fût plus élevée que celle des eaux pures avoisinantes. On comprend plus facilement qu'il doit en être ainsi, lorsqu'on cherche à se rendre compte de la manière dont ces eaux arrivent à la surface de la terre, et à apprécier leur véritable nature. En effet, elles ré- sultent toujours de l'action des eaux minérales chaudes et chargées de substances étrangères, qui sourdent des profondeurs de la terre, à travers les fissures de la croûte du globe, ou dans des vallées. étroites. L’acide carbonique, dégagé par ‘ces eaux chaudes, s'élève à travers les fissures des rochers, se com- bine avec les eaux froides qu’ikrencontre sur son pas- CLIMAT. 93 Sage et est amené au jour avec elles. Ces eaux, par conséquent , Se trouvent échauffées par Je gaz qu’elles absorbent, et leur température s'élève ainsi au-dessus de ce qu'elle aurait dû être. Entre toutes les sources remarquables de la Vétéravie et des montagnes si- uées entre la Lahn et le Mein, il n’ÿen a pas une . dont Ja température ne soit Supérieure de plusieurs degrés à celle des eaux ordinaires. Ainsi, les eaux de Selters, à 800 pieds au-dessus de la mer, marquent TR. Celles de Gross Karben, entre Friedberg ‘et Franefort, qui sont les plus fortes, et par suite les Plus recherchées des eaux acidulées, ont une tem- pérature de 42° R. La température des eaux de la Source de Schwalheim est de 40° R., et cette tem Pérature est la plus basse qu’on ait encore observé dans les sources de cette nature. Dans la vallée de la Lahn, on observe dans les parties les plus basses les Caux chaudes de Ems; mais de l’autre côté de ces eaux acides, on voit sorlir au pied des mOntagnes les abon- dantes sources chaudes de Wiesbaden. Aux sources chaudes de Cärlsbad, correspondent dans lespärties éle- vées des montagnes les sources acides et si nombreuses de Marienbaden et de ses environs. Aux Sources chaudes d’Aix-la-Chapelle, sont aussi annexées les sources acides de Spa et de Maimedy, de Pouhon-dés-Cuves, des Iles, de Guermont , de Hourt auprès de Vielsalm,, de Challe auprès de Stavelot ; enfin, les sources acides etélevéés de Riepoldsau, de Griesbach et d’Antogast sont tout- à-fait en connexité avec les eaux chaudes de Baden*et de Badenweïler , qui sortent dans les parties basses de la contrée : il en est de même des sources acides de Liebwerda et de Flinsberg, et des sources chaudes de armbrunh , dans le Riesengebirge. 2e Les îles Canaries présentent cependant ce fait par- ticulier qu'on n'y observe presque point de: sources 94 | DÉSCRIPTION. DES ILES CANARIES. d'eaux chaudes , qui existent en beaucoup plus grande abondance dans les Açores. Toutefois ces eaux n’y manquent pas dune manière absolue, et leur pré- sence suffit pour prouver leur conniexité avec les eaux des sources acides. Au sud de Tazacorte , dans l’île de Palma, se trouve une source dont les eaux sont ex- trêmement chaudes ; mais elle est presque constam - ment couverte par les eaux de la mer, et ce n’est que dans les marées très basses qu’on peut l’observer. A la pointe de Fuencaliente, la plus méridionale de File de Palma , se trouvait aussi une source dont les eaux chaudés étaient. fort recherchées; mais elle fut re- couverte par le courant de lave de 4678, et les-eaux se sont frayé un passage jusqu'à la mer, sans loute- fois reparaître à la surface. Il peut bien se faire qu'il y ait aussi à Ténériffe et dans l’île de la grande Canarie un grand nombre de sources chaudes, dont les eaux se mêlent à celles de la mer bien au-dessous de sa surface. La mer est autour de ces îles tellement profonde, qu’on ne trouve aucune espèce de poissons dans leupwoisinage , parce que ces animaux ne pour- raient trouver de place pour déposer leur frai; les sources chaudes peuvent, par conséquent, très ER s'écouler dans la mer à des profondeurs qui ne nous permettent pas de les observer. : Les causes qui amènent à la surface de ia terre les eaux chaudes et les eaux acides, si importantes et si précieuses, ne sont probablement pas différentes de celles qui forment les éruptions voleaniques , et qui, brisant avec violence les obstacles qu’elles ren- gontrent, projettent une si grande quantité de matières et couvrent au loin de leurs débrisla surface de la terre : ; actions que l’on doit attribuer à l’incesSante oxyda- tion des matières métalliques recouvertes par le granite Les matières gazeuses que les sources chaudes amè- CLIMAT, | 95 nent paï une action tranquille et continue à ja surface de la terre; restent, quand elle ne peuvent s’écouler de cette manière, enfermées au-de$Sous de la croûte terrestre, jusqu'à ce que leur pression étant devenue assez COnsidérable , elles se fassent jour avec violence, soit par les éruptions d’un volcan préexistant, soit en déterminant la formation de nouveaux cratères de soulèvement. DESCRIPIION DES (ILES CANARIES. MESURES DES S HAUTEURS DES DIVERS POINTS DES ILES CANARIES. C’est seulement lorsque les observations qui doivent servir. à l'évaluation d’une hauteur, sont entreprises dans le seul et unique but d'arriver à l’estimation de cêtte hauteur, que l’on peut espérer d’obtenir des ré- sultats qui présentent l'exactitude nécessaire au moins pour les mesures géodésiques. Alors tout le temps, toute l'attention de l'observateur peut se diriger sur le ba- romètre qui doit servir à ses expériences , et sur le ré- sultat, objet principal de ses recherches. Alors aussi toutes les circonstances qui sont nécessaires au suc- cès de ses observations peuvent être rassemblées avec soin, et ika la facilité d'éviter toutes celles qui pour- raient les influencer d’une manière fâcheuse. Mais si, tout en cherchant à déterminer le relief d’une contrée ou d’une partie d’un Continent , on s’est en outre imposé l'obligation de Se livrer à un grand nombre d'autres recherches, on n’a plus la liberté de ‘choisir les conditions dans lesquelles les observations * doivent s’effectuer : il faut alors renoncer à ces obser- vations, ou bien. les faire dans les circonstances défa- vorables où l’on se trouve placé. Dans le premier cas, on ne peut pas même obtenirl'appréciation de la hauteur cherchée dans les limités des erreurs possibles ; : et, d'aprèsscette manière dé‘procéder, il arrive que pour éviter de commettre quelqu’erreur, On risque à avoir , des résuliats entachés d'erreurs bien plus considérables. MESURES DÉS HAUTEURS. : 97 Pour les voyageurs surtout , dont le temps est le plus souvent mesuré avec. tant de parcimonie , l'exactitude des observations doit presque toujours le céder à la rapidité avec laquelle on peut les effectuer : celui qui emploierait une demi-heure à disposer son baromètre (et combien n’y. a-t-il pas d'excellents baromètres de voyage qui n’exigent plus de temps pour être obser- -vés?) ne pourrait faire que quelques observations dans un jour; souvent même il n’en pourrait pas faire du tout, et par conséquent les accidents de:la contrée qu'il aurait parcourue resteraient pour lui inappréciables. On. voit par là combien il faut accorder d’indul- sence aux observateurs qui n’attendent pas que toute la colonne de mercure ait pris la même température : et qui fondent leurs résultats sur des expériences ba- rométriques correspondantes, faites souvent plusieurs heures avant ou après leurs propres observations; car c’est un heureux hasard, sur lequel on ne doit jamais compter , lorsqu'il se trouve dans le pays exploré un observateur habile, dont les expériences faites au bord de la mer ou en tout autre lieu, d’une hauteur connue, méritent assez de confiance pour être employées dans la détermination des hauteurs. Les hauteurs qui sont indiquées dans la table sui- Yante, ne doivent donc être considérées que comme des approximations. Bien que la plupart aient été calculées d’après des observations correspondantes , les stations étaient quelquefois tellement séparées par des montagnes et des Yallées, qu’on ne peut guère compter sur une complète exactitude dans les ré- sSultats. Le baromètre employé pour la mesure de ces hauteurs était un Englefield fabriqué par Cary, à Londres. Il est © resté constamment vide d'air; et il a été très souvent comparé, soit avant, soit après les observations, avec | ri 98 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. celui dont se servait Don Francisco Escolar , qui a eù . la bonté de faire à Santa-Cruz les observations cor- respondantes : j’ai ea soin de tenir compte, dans le calcul de là différence (à peu près 0,02 pouces an- -glais), que présentaient ces deux instruments. La hauteur du Pic, évaluée par cette méthode le 25 août, présente un résultat fort remarquable. Ce résultat, quoiqu'il n’y ait point eu d'erreur dans les observations , présente, avec la mesure trigonomé- trique et probablement exacte de Borda, une différence tellement considérable qu'aucune observation n’a ja- mais offert de pareilles discordances. Peut-être aussi aucune expérience n’a-t-elle été faite dans des condi- tions plus extraordinaires. Lorsque notre guide re- monta vers le soir d'Orotava à Estancia, il se plaignit beaucoup de la chaleur étouffante qu’il y avait trouvée ; plus tard, à Santa-Cruz, on nous rapporta la même chose. Pendant toute la journée le vent sud-ouest, le scirocco de ces îles, avait soufflé avec force. Nous avions ressenti le même vent sur le Pic pendant les quelques heures que nous y avions passées, au lieu du vent d’ouest qui à cette hauteur souffle d’une manière cons- tante. L'air était trouble et tellement vaporeux, que cest à peine si nous pouvions distinguer l’île sous nos pieds, et que nous ne pouvions pas apercevoir la ‘mer. Il n’y avait pourtant point de nuages, car l'air était parfaitement sec, et même, par suite de cette cir- constance , ‘très lourd et très fatigant. Vraisemblable- ment l'air se trouvait chargé de particules solides . apportées du continent de l'Afrique par la violence du vent, et tenues en suspension mécanique dans l’atmo- Sphère. Il arrive de même très souvent que ce Vent de sud-ouestamène sur ces îles des nuées de sauterelles qui les recouvrent entièrement. Dans l’année 1842, elles parurent en si grande quantité à Orotava, qu’on MESURES DES HAUTEURS.: 99 ne distinguait plus les Vaisseaux qui étaient en rade. Elles furent jetées tout étourdies sur le rivage; puis, peu à peu elles se ranimèrent et dévorèrent toutes les feuilles qu’elles purent atteindre. Les champs de Fuerta- ventura étaient recouverts de ces animaux, Sur une hauteur de 4 pieds. | Si le vent peut amener des matières aussi patates que Ces animaux, combien ne doit-il pas avoir de fa- cilité pour apporter vers ces îles les semences légères, qui doïvent tendre vers les lieux où le sol'leur offre les conditions les plus favorables à leur développe- ment ? Cette circonstance peut nous servir à expliquer. Pourquoi les plantes qui croissent dans les Canaries. présentent d'autant moins d’analogié avec celles du continent voisin que ces îles en sont plus éloignées." L'analyse minutieuse que M. de Hümboldt a faite des _ travaux de Borda et de quelques autres (Rélat. 1, 275) montre avec évidence qu’on doit accorder toute con- fiance à ses observations et à la hauteur du Pic qu'il en a conclue , laquelle se trouve être de 41 ,450 pieds. La mesure barométrique de Borda offre avec la mesure trigonométrique plus de discordance que les obser- Vations faites jusqu'ici et avec le plus d’exactitude ; mais ce résultat est d'autant plus remarquable, que cette hauteur considérable a été obtenue à l’aide d’un état du baromètre inférieur à tout ce que les obser- Yateurs qui se sont élevés sur le Pic aient jamais re- marqué : on ne devait pas s'attendre, en effet, que ces expériences conduisissent à un résultat trop petit pour la hauteur de la montagne. On ne doit pourtant pas révoquer en doute |’ exaetie : Tude des observations de Borda, d’après la description qu il en donne. Nous atteignimes l'ouverture du cratère, lidoliars. | dit Borda (Manuscrit du Dépôt de sd Marine , Conf. Li 100 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. Humboldt, Rel. 1, 116), le £° octobre 1776, à dix heures et demie du matin. Cette Caldera est creusée obliquement dans le Piton, et sa forme est à peu près -ellipsoïdale ; son plus grand diamètre, dirigé vers le sud: sud-ouest, nous parut avoir 55 à 40 toises de longueur ; le plus petit 25 à 50 toises : sa profondeur est de 5 pieds (il y a probablement là erreur de copiste ). Nous avions placé nos instruments sur le bord le plus élevé du cratère; les deux baromètres étaient à l'ombre. Le mercure se tenait dans le pre- mier à 48° 4! 2, le second à Age 21, Le thermomètre marquait 8° <. ‘On ne doit pas oublier que dans ces observations le mercure en s’abaissant dans la colonne verticale, élève le niveau de celui du réservoir ; de sorte que les hauteurs observées sont plus considé- rables qu’elles ne devraient l’être réellement. En com- parant les diamètres du tube et du réservoir inférieur, j'ai — qu’il fallait diminuer les nombres précé- dents de -+ de lignes ; ce qui conduit à 18P° 0:,35 pour. le premier, et 18° pour le second : les observations faites à toutes les autres stations doivent être corrigées de la même manière. » Si l'on admet que la hauteur normale du baro- mètre est de 28r° 2+r, il en résulte que le diamètre du tube est à celui du réservoir comme 1 : 154, Les hauteurs du baromètre observées sont les sui- vantes : | met Par Porda , Le 1°* octobre 1 776... 16P: à la surface Rs | de la mer... 28P- 21,8 Par Lamanon. .… 18P: 4,3 Par Cordier, le 16 avril 1803... Par nous mêmes, le 25 août 1815. 11 faut probablement, de toutes les dernières obser- vations , déduire quelque.chose relatif à la différence de hauteur qui se trouve entre le bord le plus élevé \ MESURES DES HAUTEURS. 101: du cratère et la partie que l’on atteint la première en. partant d'Estancia. Nous avons nous-mêmes observé le baromèlre dans cette partie moyenne, parce que là seulement nous avons pu trouver de l'ombre que ne nous aurait pas présentée le bordle plus élevé. Cette dif- férence, Qui correspondrait peut-être à une ligne dans la hauteur du baromètre , peut être sans erreur évaluée à 50 ou 60 pieds. Il est évident que l'air atmosphérique s’accumule en plus grande quantité vers le milieu de l'ile qu'aux bords de la mer. L'air échauffé par le sol s'élève dans. les parties supérieures de l'atmosphère, comme le “Prouvent les nuages qui se forment sur l’île de Téné- Tiffe ; mais cet air reflue des hauteurs vers la surface. Al serait Cependant possible que d’un côté le vent du Sud-ouest, qui par extraordinaire peut souffler dans la hauteur jusque sur le Pic, et le vent ordinaire du sud-est de l’autre, empêchassent le reflux d’air des. tiné à remplacer celui qui s'élève. Il en résulterait * que sur la montagne le mercure s'élèverait dans le baromètre plus haut que dans les circonstances ordi- naires. | D’après les calculs faits par M. Mathieu, sur les ré- Sultats des observations de Borda (Humboldt, Rel. x, 280 ), les hauteurs des divers points seraient: Hauteur du Pino.del Dornaj ito au-dessus | | de la mer ——— de Cueva del Hielo . ——— du pied du Piton . . T—— du sommet du Pic L'observation barométrique donne donc, pour Ja: hauteur du Pic, 426 pieds dé*plus que la mesure tri. à S0n0Métrique. : + « ten "es 7 PL LT = d ds Pre 402 . DESCRIPTION DES ILES CANARIES. La hauteur donnée pour lEstancia de los Ingleses est évidemment trop considérable ; M. Cordier évalue aussi cette hauteur à 9,300 pieds : nous avons seu- Jement trouvé 8,675 pieds. H est possible aussi que les observations n'aient pas été faites au même point : en ‘effet , les buissons de retama, qui croissent sur YEstancia supérieure , sont tellement petits qu’on ne peut s’en servir pour entretenir le feu qu'il faut y allumer pendant la nuit ;et depuis long-temps les guides font rester les voyageurs qui montent au Pic à l'Es- tancia inférieure. L’Estancia supérieure est tout-à-fait abandonnée, ét on ne la reconnaît que par quelques blocs d’obsidiennes qui reposent surdes pierres-ponces; mais comme on en observe aussi plusieurs à diverses hauteurs , il est très facile de commettre une erreur ‘sur la position réelle-de la véritable Estancia Ariba. Gi à la hauteur que j’ai trouvée le 25 août on ajoute “même la différence avec la mesure trigonométrique.de + Borda (284 pieds ), le nombre obtenu diffère encore d’une manière si notable de celui de M. Cordier, qu'il est impossible de ne pas admettre que les observations ont été faites dans des points différents. 104 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. Hauteurs des points principau® Remarque. Les hauteurs da mercure dans le baromètre sont exprimées da } la seconde colonne en millimètres. Les,calculs ont été effectués d’après les ne ANNÉE 1815. LIEUX DES OBSERVATIONS. HAUTEUR. du baromètre. De aff. | | “ste ne saonod "Sa URIEE À u? DEGRÉS du thermomèl"® centigrade- “enaworeq np ‘WOouHeUT, 17 juin, 11 heures du matin. un. 9 heures du mat, 9 heures du ma- \ 31 août, 11 heures. 30 août, 11 heures. 22 août , 4 heures après midi. 22 juin. 2 au 31 décembre. 1e, au 24 janvier midi. 22 juin, 10 heures du matin. 13 septembre, x1 heures. 7 heures. ‘13 septembre, 10 heures et demie du matin. 13 Septembre, 9 beures du matin. 14 septembre, 7 heures du matin. Hauteur située entre Ta- ganana et S. Andrea . Hauteur située entre Ba- ranco del Bufadero ei Val Secco. . . . La même localité . . Des deux hauteurs pré- cédentes on: déduit pour celle de Laguna. ÉAgUnT se er iEe Laguna à. +, . Laguna sets te ges à Lapins. nt Laguna (doct. Savinon). Laguna (doct. Savinon), Laguna, haut. moyenne, Morlinavent placéentre Santa-Cruzet Laguna. Guimar, au-dessus de l’église 5: Pied du volcan de Gui- mar « + - e L2 Ke . Cueva,au vol.deGuimar Hauteur du cônevolca- canique , 420 pieds, Limite de la hauteur où croîtle Lavand. abrot. artem.argent. au-des- sus de Guimar. . , La plus haute Myr.Faya au-dessus de Guimar. Baranco Hondo, maï- sons les plusélevées ; points où végèle ce- pendant encore l’Eu- phorbia Canariensis , .|27,991 695,28 690,51 28,383 28,382 28,496 28,426 28,404 28,33 721,06 721,05 723,03 723,05 721,49 719,72 744,94 744,18 647,99 637,2: 29,323 29,293 25,507 26,083 26,824 A "eaqtt , ” Een SHQUIOULIOIUTE, MESURES DES HAUTEURS. 405 dans l'ile de Ténériffe. | Une première colonne en pouces anglais et fractions asiatess et dans la tables d’Oltmann, a insérées dans l’ Annuaire di Bureau des Longitudes. nn, | ï HAUTEUR DEGRÉS É du thermomètre | HAUTEUR SE LIEUX du baromètre. centigrade. ———— | mu | calculée aü- dessus du niveau del la mer. Ÿ œ 5 & | DES. OBSERVATIONS correpondantes. Eu SHAUIOULOIUT, sre|$ue doonod u? "POUSTUITITUT ua anaumoreq np ‘mowieqT, eiqif *2HQUWOUHUT, 4 ES © SI D ES 2690 Bords de la mer, Fe Taganana. Bords de ja mer, près Taganana, 2; 2 2877 378]771;74 LE Laguna ? ë , de < 1228,5 . ‘1 > snéndee eo 208. SSD AMISEE pa él 1648,5 anta-Cruz, à à9 pieds au-des- dE : S Sus de la DORE. à 30,134|765,54 4 16:13: Anta-Cras a 2,2 +130,13 765,45 / 1641 anth-Gruz : Fe D à 30,223|767,81 1593 Santa-Cruz . . «+. +.» *130,173|766,54| 25 | 1582 Nanta-Cruz (Don Fr. Escolar).. 30,2331768,06| 18, 5 |. 1648 . Sénta-Croz (Don Fr. Escolar).. 30,122 765,24 1610 L bises Déanilés m0 | laguna ,; 1,620 pieds . LA 28,44 24,49 L: 971 PR: ex bord de lamer. 30; 94 760,61 ; ù g14 endelaria, | au.bord Fes la:mer. ; 4 160,5 Lt du volcan de Guimar : LA has à | FT 4160 pieds. CE ? | el DE 4580 ÿ A à: 2 ” 2 £ £ ». : É ù ia, au bord de la mer.|30,294|769,6x F RÉ delaria , au bord de la mer.|30,294 |769;62}"27 . |: Ni de Cats, > au bord de lgmer, 30,215|767560 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. Suite d ANNÉE 1815. { } LIEUX DES OBSERVATIONS. HAUTEUR du baromètre. | “sre[ue soon0d A | "S9X)Q ET TER u DEGRÉS, | du therme centigrad® à *21}9w101eq up “wow mëtr® "exau 2ReUxGTLIIUL | 14 septembre, 10 heures du matin, 11 heures, 23 août. 22 août, 5 heures après midi. 29 août , 5 heures après midi. 14 septemb., midi, | x heure. 12 juin, 10 heures -. du matin. 23 août, midi. 3. heures après. midi. 5 heures après midi. 12 septembre, 5 heuresaprès midi. 24 août , 6 heures| du matin. 12 septembre, z1 heures du matin. \ : 18 septemb., midi. Limites des parties où croissent les vignes et les cactus, au-dessus du Baranco Hondo. près Esperansa . Esperanza . Fuente Guillen, à l’ouest de Laguna , . . Agua Garcia, entre La- guna et Matanza . . Fuente la Vica , au-des- sus. de Matanza . Premier vignoble au des. de Vittoria, maigre et peu productif ... . Vittoria, 4o pieds au- dessus de l’église. . . Fuente Fria , au-dessus … d'Esperanza, Cambre. Los Cuchillos, Cumbre au-dessus de Vittoria. Perexil, au-dessas de Santa - Ursula , troi- sième plate-forme . Cruz del Paso de Gui- mar, Cumbre + + Fuente- de 14 montana blanca , au-dessus de Villa Orotaya . . , Monte Yzana , point le plus élevé du cirque au nord-ouest. . . . Villa Orotava (1). . . Pino del Dornajito (2) : Aqua Manza . , . . Le vignoble , le plus élevé entre Villa Oro- tava et Realejo . +|27:903 Fuenté de los Verros | .126,897 : [27,499 -[27,619 .127,426 - [27,969 124,448 122,99 .128,404 (1} Maison Franqui » Prés laquelle se trouve le célèbre arb * (2) Mesuré à l'aide du baromètre per Borda (Hnmboldr, 27,471 29,185 26,074 25,036 23,988 29,946 711,15 697,90 698,60 696,75 710,54 743,44 662,40 609,46 659,14 721,59 683,3: 701,44 636,02 621,09: 609,4 : re du Dragon : hauteur one Relot: I; p, 387). \ MESURES DES HAUTEURS. T Énériffe. __"_"“" | HAUTEUR DEGKÉS LIEUX du baromètre, A ue Po SRE mm | calculée au- dessus du niveau de la mer. L DES OBSERVATIONS correspondantes, swygue saonod ÉÉSIFLUTIS u9 CARE CR up ‘wouHouT, LOL ES 91QWOUIOUT, ne TES Candelaria, au bord de la mer,|30,215|767,60 Candelaria, au bord de Ja mer.|30,294|769,61 anta-Cruz, 19 pieds au-dessus) *. de la mer. *.. . .-. ..130,234|768,09 Laguna, 1,620 pieds de haut 2 28,496 723,95 laguna, 1,620 pieds . .. . .[28,465/723, 15 Candelaria , au bord de la mer. 30,215 767,60 Orotava, Puerto , à 30 __n de à ’ haut ., . + .130,225/767,74 : ; 30,113 765,01 30,234 |768,09! .[30,173|566,54 30,244 768,35 ; 30; 142 765,24 : 30, 12 765, ra 24,5 ‘25 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. Suite de | mt * , HAUTEUR DEGRÉS s du thermomèt!® du baromètre. eentigradsi tn) RE ST | ne : LIEUX ANNÉE 1815. DES UBSERVATIONS. \ exqu SAITIOULIAUT, stej3ue soonod uo *S241Quurf{tUx us a11eWoreq np ‘wWouio f, 23 août, 5 heures du matin. Estancia Abaxo . . .2./22,213|564,52 6 heures et demie du matin, Estancia Ariba . . . . .|11,672|550,57 Alta Vista, limite infé- 7 heures dumatin.|: rieure du Malpays. ,|20,812/528,68 Pic, bord occidental, 60 pieds au-dessousdu! | midi. bord le plus élevé , .|19,801|503,09 Angostura, dans le cir- 27 mai, 4 heures! que, sur À chemin de après midi. | Chasna 23,773|603,94 Paso de Guaxara, route de Chasna Los Azulejos, point le plus élevé du cirque. - |... Di © CT D 26 août, 2 heures| après midi. Chahorre 4 NE 21,247|539,77 7 heures après|Retama Estancia , au- ESA midi. dessous de Chahorra . 23,726/602,75 27 août, 7 heurés et} Limite inférieure du Re. demie du matin .| tama,verslaGuancha. 24,42 |620,39 Habitation la plus élevée au-dessus de la Guan- - 2 heures après] cha ; il n’y vient pas midi. de vigaes | 28,200|716,41 5 heures après | midi. © |Icod el Alto, Iglesia . , 28,435|722,39 Goctobre, midi. |Pino Santo, Icod . . ,|29,505 749,57 $ 11 heures du mat. |Icod los Vinos . . . 29575|751,42 |, 3 juin, 7 heures du matin. , .]27,265/692,41 5 octobre, 8 heures | FAR 2 rs à ” du matin. S. lago , Iglesia . , »./29,3771695,54 7o heures du ma-|Paso de Maca, y S. ® © 2 l26,0661685,08 SE tin. Tago_ . … . Paso de Maca, église de ha sprès . Maca ÿyS; Jean Lopez, midi. 27,806| 706,40 7 heures du matin. imo . «128,43 |722,24 quin, 3 heures Argnaios, here basal- ; après midi. TIQUE 7 264%./27,235 69r,90 2MESURES DES HAUTEURS. Ténériffe. ——SS HAUTEUR | DEGRÉS LIEUX | N | du thermomètre HAUTEUR | du baromètre. centigrade, “à | - | calculée au- | dessus du niveau de la mer. ë Les œ 1 uÿ S9LJOUTI{[ TUE uo "2112014 np ‘HOW T, * DES OBSERVATIONS *ste]Sue sono correspondantes. exqit sxeswmQuLLaUT, e1qit | enamouaqr 7956 : 8673 D Len .[30,172|966,51 a Q2 D . © . [30,172 766,51 9753 © (ep) 30,172 766,51 . .[B0,1731766,53| : # | 11146 .130,0781764,05 6195 Re Ds PE ENS LES 7113 . ee + 2 ee. A 4 8820 Snta-Cruz . . .130,179/766,69 | , 9276. Santa-Cruz . . , ..... | 30,16/765,95 6266 dns. 2... +. .| 30,17|766,06 5629 30,14|765,70 Gite -Cruz . | 30,141765,70 Ge ..|30,353/971,r1 * .[30,3531791,11 Puerto Orotava . . . . . rs à 30,25 768,49 s Garachico, bord de la mer . 30,353]771;11 Sarachico , bord de la mer . .130,3941772,0ô! Éachico, bord de la mer . .130,3041762,14 ‘Juan Playa . 30,289| 769,49 30,210|767,26 LA DESCRIPTION DES ILES CANAIKES. Suite dé AE | ANNÉE 1815. LIEUX DES OBSERVATIONS: du bar “srej8ue soonod ua HAUTEUR omèêtre. | | “8249 UE] [ LUE ‘941910 OIL np ‘woueUT, DEGRÉS du thermomètf® centigrade. sAqui À -onamoumasuL 1 heure après - midi. 7 heures du matin. 27 mai, 10 heures du matin. 2 heures après midi. ver, juin, 7 heures du matin. 6 juillet, 5 heures après midi. k heures après midi. 3 heures après midi. 11 heures. 9 heures du ma- tin. 5 juillet, 7 heures du matin. 14 juillet, 10 heu- res du matin. heures matin. . 12 heures du matin. 5 juillet , 2 heures après midi. du 11 15 juillet, 2 heures| après midi. 5 heures après midi. 6 heures après midi. 2 heures après midi. [Tamisas . . Adexe , Castello . . Chasna, au-dessous de Péglise . . . « . . Monte Xama Chinama . . . . Hauteurs des points principal Vega de Santa Brigida , Iglesia. . . « « . . S. Matheo, Iglesia . - Le vignoble le plus élevé au-dessus de Leche- guillo, S. Mathco . Pico del Fozo de las Nieves. . . , . . . Cruz del Rocque de Sau- illo 255 Val Sequillo, fglesia ; Pico de Vandama . . . Vandama, Hacienda de la Caldera . . Yandama, Hacienda del Telde , Baranco , . . : Aguimez } Paso de S. Lucia, Fi- FO PAKANA, - 6 que re S. Lucia, Tiraxana. : 28,334 .|29, 159 . 25,791 27,81 .128,156 É 28,611 ; 27,670 .|[26,930 .|24,378 .124,805 .[28,462 28,512 À 29,586 28,894 29:88 29,23 .128,04 .[27,109 ; 127,983 740,76 655,20 706,51 719,19 726,85 702,95 630,17 722,15 724,34 751,62 734,04 75909 742,58 711,59 688,72 719,74] . D al D D D D FC 16 684,15]. 619,35| 129 ee 26 | 198 MESURES DES HAUTEURS. HAUTEUR DEGRÉS LIEUX : s du thermomètre HAUTEUR | du baromètre, nl cn | —— calculée au- dessus du . niveau de la mer. | DES OBSERVATIONS correspondantes. P se los Christianos . .. . … 30,210 [767.26 rlo los Christianos . . [30,210 [767,26 srej$ue ssonod S91outffEuu ua 2190184 np ‘WouHoUT, PAL LI 2NIWOUHOUT, À 'onamommur 1715. 923 D N Yu D D D Cr Puerto Orotava . 2 © La (ee) Vu CS Se se LS 30,079 764,15 4608 2215 ë | Uerto‘ los Christianos . +... . [30,210 |767,26| | Puerto los Christianos 7 dans L b SI D œ 1812 D DS] E b à LE 30,210 167,26 ile de la grande Canarie. Las ne L 40 picds au-dessus € la m 30,12 765,19 s tossseseee RP re 30,12 965,19 . [30,12 765,19 30,16 |766,4r re 766,41 .5 [30,280|767,43 . [30,254 769,10 30,274 769,10 30,254 [769,10] : 30,208/767,43 30,158/766,15 30,158|766,15| 30,158|766,15 30,158 766,15 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. - Suite de lo me ANNÉE 1815. LIEUX DES OBSERVATIONS, ‘stejfae soonod u9 HAUTEUR du baromètre. | DEGRÉS du thermomêtr® centigrade- RELCUTE u» "axqu AANAULOULIAUT, J'onaworeq np ‘wuouuaqT 18 juillet, 9 heures ‘du matin. 11 heures matin. 3 heures après midi. 19 juillet, 6 heures du matin. 11 heures du matin. 20 juillet, 9 heures du matin. II juillet , midi. du 3 heures après midi. 10 heures du soir. 12 juillet, 10 heu- res du matin. 4 heures après| midi. S. Bartholomeo, raxana Paso de la Plata . . . Paso del Rocque de Nu- blo . e + + Texeda, Cura Artenara , Iglesia . . Degollada de Tazarte. Source acide de Teror. Madona Teror . Pico de la Virgara . 2,706 pieds. Moja, Cura . Aqua Madre de Moja. . 23 sept. , 7 heures du matin. 24 nov., 9 heures du matin. .7 heures du ma- tin. 23 Sept., midi. 2 heures après midi, 3 heures après midi. 27,476 ; 26,442 25,399 . [27,164 26,492 28,150 .|28,699 . + .[27,461 Le Pic le plus élevé a| 128,768 28,709 Arucas 29,480 Le] Le 698,02 b Le = 671,78 645,24 690,09 653,02 714,00| 722,09 697,64 730,84 72937 748,93 Hauteurs des points princip#} Buena Vista , limite des Cactus ; Point le plus élevé au- dessus de Brena Alta, où viennent Les vignes en treille Le plus élevé Laurus In- dica sur le côté occi- dental de la Cumbre. Paso de la Lavanda, le plus élevé de la Cumbre. Pino Santo, Layanda. Paso Tacande, Iglesia. . 29,207 28,516 26,538 25,769 -127,370 28,182 741,88| 24 23) | 724,44 674,19 654,68 695,36 715,95 | MESURES DES HAUTEURS: MS 'ande Canarie. HAUTEUR _ DEGRES koi th è E LI | lu érotiètre, du thermomètre HAUTEUR centigrade. ; ? mn | 57 calculée au- DES OBSERVATIONS dessus du niveau de la mer. uw us correspondantes. SON. 21390078 *srefue s9onod np ‘mouue], anamomio tr. À “#8 Palmas 40 pieds au-dessus | Diner. 2 0) «= .[30,1421765,75 1 259! -|30,142/565,55 : 3642 «130,142 765,75 4796 .[30,252|768,55 |. 2948 30,282|769,31 3694 30,196/767,20| 9 2001 .130,200|767,22 1461 PER PC RE sde ÉCOOT 30,200|767,22 £ ; 2636 30,200|767,22 1338 .130,220|769,73 1387 30,158|566,18 2 2408 d y 27 | ® lile de Palma. Santa-Cruz de Palma, 5o pieds si %ü-dessus de la mer. , . .. 30,212|767,53 s-|30,3566/771,19 30,356/771.19 .130,212|567,53 mer ...…. .129:323/744,99 ‘3 ren tre seseeses 1293231744:99 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. 5 Suite de v'ile _ 12 - DEGRÉS |, du thermomêt > 2 2. contra HAUTEUR du baromètre. | | ANNÉE 1815. LIEUX DES OBSERVATIONS, *srey8ae s2onod u9 S919 Ur {Eux 24 sep., 10 heures du matin, 25 septembre, octobre , 1 heure. 2 heures. 10 heures du ma- *1n. 18 octobre, 10 heures du matin. 21 octob,, 1 heure après midi. 18 octobre , midi. 19 octob.,6 heures du matin. 18 octob., 5 heures après midi. 21 octob., gheures du soir. 22 Gct., 11 heures du matin. 23 oct., 11 heures Argualr or S ,08-: Caldera, au milieu du POISSON + Pico del Cedro, à l’ouest sur la Caldera , . . . Pico de la Cruz, au nord du précédent . . . , Pico de los Muchachos. La plus élevée Ayrica Fay a vers Santa-Cruz, dans le Baranco . . Hauteurs des principaux pol Villa Téguize . . . Teguize Benefñciado . . Iglesia de las Nieves. . Haria Vicario . . . . La Corona, Volcan , Mancha Blanca , Tin- guatON. . . : + + « 116 St Montana del\ Fuego LEUR |. ouest . du matin, tee, -|27,926 .|26,066 .|29,345 : 28,296 129,418 S. Bartholomeo , Igle- ax1au 0184 np ‘wowuaT, “ax QSUQUIOULIIUX, 29,370 23,404 23,134 663,89 20,382|746,43 743,75 719,95 29,276 25,341 717,32 28,538 |726, 14 28,709) 729.33 29,439|747,89 745,56 20 29 9 23 28 N1) | 4 . 161! 90 9 MESURES DES HAUTEURS.; pee Palrna. RSR = HAUTEUR DEGRÉS LIEUX d dd du thermomètre HAUTEUR . | du baromètre. FAP calculée au- dessus du niveau de la mer. DES OBSERVATIONS 1 CORNE LE) *2n9woieq np ‘Wow T, correspondantes. Ta ; : Zaco:te, au niveau de la mer.| 30,366 971:44 ELU QRNAIOULIIUT, ‘swey$ue soonod 91q ane wo T. w LI 894 20,348 |745,58 } - À 381 30,284/768,44| 24 6803 30,284 68,44 Ar EST RRST RRSET LR 72 ES Ù re es wo © 30,284|768,44 | 3916 LT 34 dede Lancerote, P rto de Naos > 12 pieds auf essus de la mer 30,221 . [30,272 -130,221|" 30,280 | NRRRCEE ere 30,221 puise, 913 pieds au-dessus de Mer k «+ .129,240 Métaton , 555 pieds, id, . , ns ; A RS 2 36 Pt de Naos . PR 39300 416 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. FLORE DES ILES CANARIES (*). Chaque plante, ou plutôt son type que nous avons coutume de désigner du nom de genre , s’est propagée en partant d’un point central, rayonnant lorsque le climat ne s’est pas opposé à sa dispersion en tous sens, _suivañt une bande ou zone , lorsque cette dispersion s’est trouvée arrêtée par la température au sud et au nord. C’est un résultat auquel on se trouve aisément conduit, depuis que l'attention des naturalistes s’est tournée sur la géographie botanique; et, si l’on peut montrer comment cela a eu lieu, c’est dans les îles où ces rayons, et par conséquent leur point de départ, s’aper- coivent avec. plus de précision et d’exactitude qu'on n'en pourrait mettre à les suivre sur un espace de terrain plus étendu. Car plus on se rapproche du point central, plus les divers rayons s’entrecroisent, et plus il devient difficile de les suivre. Mais la Flore des îles est pauvre, et cette pauvreté est en rapport presque exact avec leur éloignement du plus voisin continent. De plus, les formes des végétaux qui y croissent sont généralement analogues à celles des végétaux de ce continent. Lés îles les plus éloignées se laissent aussi , par lintermédiaire d’iles plus -rapprochées du centre, RS + : €) La plus grande partie de ce conpd’æil sur la botanique des Ca- naries a été traduite par M. de Jussieu, et insérée dans le premier volume des Archives de Botanique, d’où on Va tirée textuellement en remplissant la lacune qui ÿ avait été laissée , et en supprimant le catalogue. FLÔRE. 147 Tatlacher à la terre ferme; et le nombre et le rapport des formes végétales sur des îles plus ou moins éloi- gnées du continent nous feront ainsi connaître, d’une ‘manière cerlaine, quelles sont les formes susceptibles de se propager avec plus de promptitude et de facilité; quelles Sont, au contraire , celles qui sont nécessaire- ment plus circonscrites autour de leur point d’origine. L'étude de la Flore de ces iles est donc , SOUS ces Tapports, digne de quelque attention > et il paraît utile, dans cette vue, de déterminer exactement quelles plantes la nature leur a départies ; et: quelle place ces plantes y occupent. Malheureusement cette détermination nous fait faute presque partout. À peine pouvons-nous dire que nous connaissions encore. la Flore d’une seule île de l’Océan atlantique; cependant, Nous ne saurions assez nous hâter d'acquérir cette con- haissance , si nous voulons connaître la nature sous. sa Vraie forme. Car, partout où l'homme s'établit, le suivent en foule les animaux et les plantes de sa patrie, qui. s'étendent el poussent, et étouffent enfin les pre- miers habitants de cette terre. Alors on se demande en vain ce qui est sorti du sein de la nature et ce que la cul- lure y a introduit ; on ne peut plus établir la distinc- Üôn, et l'on est forcé de se contenter de conjectures. A Sainte-Hélène, le nombre dès plantes introduites et devenues sauvages surpasse, déjà maintenant de beau- coup celui des plantes primitives. A Saint-Michel, lune des Açores, où trouve à présent peu de plantes qui appartiennent originairement à l'île, et qui n'y aient. pas été apportées du Portugal ou du Brésil; et aux Bermudes, ces îles si remarquablement isolées, et dont il serait si intéressant de savoir si la Végé{ation à PU être plus puissamment influencée ou par celle d'Eu- TOP EL d'Afrique, au moyen des vents réguliers d’est, QU par celle d'Amérique , au moyen du grand courant. % A18 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. du golfe mexicain; aux Bermudes, on aurait peine à nommer un petit nombre de plantes qui n'aient pas évidemment suivi les Anglais dans leur établissement. Le même sort attend les îles Canaries et Madère. Les races de plantes disparaîtront toutes entièrement comme les Gouanches, anciens habitants de ces îles. On ne saura plus de quelle espèce , où, et dans quelle sta- tion étaient ces plantes. Dans les îles mêmes, il sera aussi impossible d’avoir un renseignement à ce su- jet, qu'il l'est maintenant d’en avoir sur la langue qu'a pu parler le brave peuple qui, il y a deux siècles, et pendant un siècle entier, défendit ce pays. contre les belliqueux Espagnols. Déjà le magnifique Statice arborea ne croît plus que dans quelques jardins d’Orotava, nulle part peut-être sauvage, et cependant, on ne l’a jamais vu hors de Ténériffe. Le Solanum vespertilio se trouve seulement sur quelques rochers, où il ne paraît pas sauvage non plus. Le Bosea yerva mora ne se rencontre plus que dans les haïes qui entourent les vignes et les champs. Le bel Ærbutus callicarpa, dont on mangeait les fruits et qui faisait autrefois l’un des principaux ornements des bois ; est maintenan si rarement disséminé, que les propriétaires connaissent exactement le nombre de leurs pieds d'arbres; el, lorsqu'on cherche cet arbre, il est quelquefois nécessaire de faire beaucoup de che- min avant de le rencontrer. Un grand arbre, d’un bois précieux et odorant, assez semblable au Ju- _niperus oxycedrus, qui formait jadis des bois entiers, dont les hauteurs étaient couvertes , n’est plus connu à Ténériffe que par quelques pieds oubliés à quinze cents loises d'élévation , au milieu des déserts brûlés au bas du dernier cône du Pic. À Palma, quelques pieds s’en sont Conservés dans la presque inaccessible Caldera. Les Espagnols, quand ils conquirent Ténériffe, trou- FLORE. 119 vèrent trop long d’arracher les arbres de la famille des Conifères, qui couvraient tout l'espace, depuis les pentes jusqu’à la mer, ils les brûlèrent. La plupart des botanistes qui sont venus à Ténériffe n’en ont pas une fois Vu un seul pied; et il était réservé à Chr. Smith de montrer avec évidence que ces bois étaient formés par une espèce très remarquable de Pin. On voit main- tejant les paysans et les bergers, avec une inconce- vable légèreté, brüler et réduire en Charbon les bois d'Erica , sur les hauteurs de Santa-Cruz et Saint-An- dré, pour gagner ainsi quelques acres productifs pen- dant quelques années. On détruit sans prévoyance el sans retour l’alambic du grand atelier de distillation de la nature, d’où se répand sur File Ja fertilité, la beauté, le bien-être: Le Texo (Ærica scoparia) qu'on âéra- cine, est le seul arbre qui vienne sur ces hauteurs. Sous son. abri, et Jà seulement, s'élève et s'étend l£Exacum viscosum doré. Privée de cet abri, celte belle plante disparaîtra et finira par ne plus se trouver que dans les jardins botaniques. Alors peut-être croira- t-on que c'était à tort qu'on en avait fait une plante canarienne, ef, par une raison semblable, on ôtera de la Flore maintes espèces qu’il eût été nécessaire d'y Connaître pour Ja recherche des lois naturelles de leur dissémination. Quelle nouvelle source de confusion dans la détermination de ces lois, quand, trompé par les noms, on pren dra pour une production des Canaries le Phalaris cana: 1ensis, qui croît spontanément dans plus grande partie de l'Europe, et à Ténériffe dans les guérets seulement et à un seul. endroit, ou Je Sida canariensis, qui ne s’écarte jamais des habita- üons, ou les Pelargonium canariense, Quercus cana- riensis W., Hyoscyamus canariensis, plantes qu'on ne VIT jamais sur ces îles ! AVant donc de hasarder quelques considérations sur 120 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. les rapports de la Flore primitive des Canaries, il paraît nécessaire de rechercher l’histoire de la Flore intro- duite, pour établir entre elles une séparation aussi nette qu'il est maintenant encore possible, et pouvoir examiner la première pure et dégagée. De la Flore introduite. Le peu de mots qu’on trouve dans Pline sureles îles Canaries sont les plus anciens documents pré- sentant quelques caractères d'authenticité, que nous ayons sur ces îles. Il ne laissent au moins aucun doute que les îles Fortüunées ne soient identiquement les mêmes que celles auxquelles nous avons donné le nom de Canaries. Quant à la distinction des diverses îles qui com- posent ce groupe, les commentateurs de Pline ne sont nullement d'accord entre eux et émettent chacun une opinion différente. Je n’entreprendrais pas de discuter ces opinions, ou d’en émettre une particulière, parce que je ne possède pas tous les éléments nécessaires à cette recherche, si la détermination exacte des îles n'avait pas une grande influence sur l’histoire de la Flore de ces contrées, et s’il ne me paraissait pas évi- dent qu'avec quelques connaissances des caractères de leurs productions, le passage de Pline est facile à in- terpréter. Pline a tiré sa description des OEuvres du roi Juba, qui, élevé à Rome par les soins de Scipion le Jeune , s’est principalement attaché, à son retour de Mauri- tanie, à l'étude du climat de l'Afrique et des produc- tions de cette contrée. Deux voyageurs avaient été envoyés aux îles For- # tunéeS bar le roi Juba, dans lè but spécial d'obtenir des renseignements sur la situation et là nature de ces îles, Leurs relations doivent donc être précises et FLORE. 24 ne point présenter le vague de célles de navigateurs qui auraient été accidentellement poussés dans ces ré- gions ; et si Pline avait cru devoir reproduire avec plus . de détails qu’il ne l’a fait la description du roi Juba, nous ÿ aurions probablement reconnu les différentes îles avec aussi-peu de difficulté que dans la relation d'un voyage de Borda. as met à Voici le passage de Pline : Lib. vr, cap. 57 : Juba de Fortunaiis ita inquisivit : sub meridié quoque po- Sitas esse propè occasum à Purpurarüs DCX XV mille Passuuim ste ut CCL supra occasum navigetur, deindè Per LX XF mille passuum ortus petatur. Primam vocari Ombrion, nullis œdificiorum vestigiis ; habere in mon- Ous stagnum , arbores similes ferulæ, ex quibus aqua EXprimatur, ex nigris amara, ex candidioribus polui ju- Cunda; alteram insulam Junoniam appelari, in ea œdiculam esse, tantum lapide exstructam. Ab ea in vicino eodem nomine minorem. Deindè Caprariam lacertis grandibus refèrtam. In conspectu earum esse Nivariam, quæ hoc nomen äccepit a perpetua nive ne- bulosam. Proximam eiCanariam vocari a multitudine Canum ingentis magnitudinis , ex quibus perducti sunt Jubæ duo : apparenique ibi vestigia œdificiorum. Cum autem omnes copiæ pomorum el avium omnis ge- neris abundent, hanc et palmetis caryotas ferentibus ac nuce pinea abundare. Esse copiam et mellis. Pa- PYTuUmMm quoque et siluros in amnibus gigni. | D’après le P. Hardoüin , Junonia Magna serait l'ile de Gomera, et Junonia Minor serait probablement recouverte par les éaux de la mer (Jorte jam aquis Obruta ). Capraria serait l’île -de Palma, Nivaria Téné- iffe, Canaria l’île à laquelle nous donnons le nom de + Canarie enfin Ombrios serait l'ile Ferro. Au con- lraife, apres deux -autetrs du pays, le P, Galindo €E Nunez de la Penna, Junonia Magna serait ile de 199 _ DESCRIPTION DES ILES CANARIES. Palma, et Junonia Minor l'ile de Goméra ; mais ils s'accordent également: à dire que Ombrie être l’île Ferro. Il y avait autrefois dans l’île Ferro un til ( Laurus fœtens) gigantesque, dont les feuilles charnues éten- daient au loin leur épais ombrage. Chaque jour, deux ou trois heures après le lever du soleil, Les feuilles de cet arbre commencaient à condenser de l'eau qui , tombant de feuille en feuille comme des gouttes de pluie, se rassemblait au pied de l'arbre en un ruis- seau très pur. Les habitants de l'ile, complètement dépourvus d’eau de sources, venaient vers le milieu du jour puiser cette eau, et rebaihcsenié le soir à leurs habitations avec leurs crüchés pleines. L’arbre regardé comme sacré passait pour une merveille du monde : un gardien établi par les habitants avait soin de ras- sembler l'eau dans des citernes et présidait à ça répar- tition entre {ous ceux qui venaient y puiser. Cet arbre remarquable existait encore en 1689, et était situé à l'est au-dessus de la petite ville de. Valverde; et le P. Galindo qui l’a observé en donne une description détaillée. T1 vécut encore long-temps après cette époque; mais bientôt ses feuilles diminuèrent, et il perdit ses propriétés bienfaisantes. La nécessité força les habi- tants de recourir à une autre source d’eau, et l'arbre fut oublié. Cependant tous les voyageurs qui accourent vers le nouveau continent de l'Amérique n’oublient jamais, malgré le nombre et la diversité des objets qui frappent l’imagination dans ces contrées, de parler de l'arbre de l'ile Ferro : aussi at-il conservé en D ag une grande célébrité, On pensait que cet arbre représentait la Fenila d'où. l'on retirait une Peau poiahie, qui caractérise l’île d’'Om brios. D'autres personnes cherchent ces îles rs près du pourrait FLORE. 125 continent de l'Afrique; Moreri et Eckardt prétendent que Junonia Magna serait Lancerote, et Junonia Minor la petiteîle deGraciosa ; mais d'Anville pense que les îles de Lancerote et de Fuertaventura sont celles connues sous le nom de Purpurariæ, que Canaria serait l’île qui porte encore ce nom, Nivaria Ténériffe, Pluvialia l’île de Fer, Junonia l'ile de Gomera , et Capraria celle de Palma. D'après Malte-Brun, qui‘a comparé et discuté un grand nombre d'opinions différentes, les deux Junonia ne seraient autre chose que les deux petits rochers de Clara et de Lobos, Ombrios serait l'ile de Lancerote, Capraria celle de Fuertaventura, Canaria la Canarie , et Nivaria l'ile de Ténériffe : il suppose que les îles situées plus à l’ouest n'étaient pas connues des anciens. Cependant, les îles situées vis-à-vis les unes des autres ne sonf jamais fort éloignées, et prin- Cipalement celles qui se distingnent par leur hau- teur et par la rapidité de leurs pentes. Dans le voi- sinage de ces îles élevées, Clara, Alegranza et Lobos ne peuvent évidemment paraître, même aux naviga- teurs les moins exercés, que ce qu'elles sont réelle- ment, c'est-à-dire, de simples rochers sortant de‘lamer. Quand on étudie de plus près les places assignées aux différentes îles par Pline, on en trouve parmi elles, deux qui se distinguent par des caractères tout- à-fait Particuliers, inhérents à leur nature et qui ne peuvent en être séparés en aucune manière : Nivaria caractérisée par. la neige et les nuages qui la re- couvrent perpétuellement, et Ombrios par son nom même. La première ne peut être. que Ténériffe : la neige, en effet, reste souvent sur le sommet du Pic … iuSqu'au mois de mai. Dans Ja grande Canarie on ne —"oit-jamais de neige, ou quand il s’en forme dans Quelques années rigoureuses ; mais toujours fort rares, elle ne reste jamais que quelques jours. Dans l’île de 124 DESCRIPTION DES ILES CANARIES, Palma la neige ne parait que quelques semaines dars le mois de janvier. Pendant tout l'été, les nuages s'élèvent chaque jour de la mer et couronnent le som- met du Pic entre huit et neuf heures. L'île: de Téné- riffe, vue de la Canarie où mème de Fuertaventura, semble donc toujours. être recouverte de nuages, et elle mérite ainsi à juste titre le nom: d’ZZe des nuages et des neiges. Certainement il serait impossible d'appliquer ce nom même à l'ile de Palma. Quant aux îles de Ferro, de Lancerote et de Fuertaventura, Ja neige y est aussi inconnue que dans les déserts de la Libie. ; Il est à peine douteux que Ombrios soit la même île que Pline, dans un autre endroit, désigne sous le nom de Pluvialia ; ; nom qui lui aurait été donné parce qu'elle ne fournit aux besoins de ses habitants d'autre. eau que: celle qui provient des pluies : èx Pluvialia non esse aqua rist ex imbribus. C’est le cas à Lance- rote et à Fuertaventura. Dans la première de ces îles, surtout, l’eau que l’on conserve dans des citernes se vend Cher à la fin de l'été, et il n’est pas rare que la disette d’eau force des milliers“d’habitants , dans quelques cas même, la population tout entière , à une prompte retraite vers Canarie ou Ténériffe, ou même n’en détermine à émigrer jusqu'à Buënos-Ayres, où ils. sont reçus & bras ouverts. parce que ce sont des tra- Vailleurs actifs et infatigables. Plus de 5,000 personnes qui habitent les environs de Téguize et de Porto-de- Naos, n’ont vraisemblablementj jamais bu de l’eau d’une source ou d’une fontaine.On se demande avec étonne- ‘ment ce qui peut déterminer des hommes à habiter une ferre si brülée et si repoussante, où un arbre ne À peui subsister sans être abrité du souffle destructeur du ventdemer etabreuvé comme un animal, où le petit.” nombre de plantes croissant SUÉ Un désert desséché , jo 5 CA PRE Mas aasne a auront dt dti ppttis; déb mu mé domain étés FLORE. 125 au lieu de se couvrir de feuilles , se hérissent de lon gues épines? C’est qu'au bout de neuf mois, sous ce ciel brû- lant et constamment sans nuages, la pluie parait enfin à la fin d'octobre et en novembre. Aussitôt la pioche esten travail pour entr’ouvrir le sol endurci én pierre: ce labour est suivi immédiatement, et peut-être le même jour, de la semaille, et quatre jours à peine écoulés, Comme par enchantement, le sol pelé s’est Changé par la germination commençante du biéen une Verle prairie; et là où il n’y à pas de blé, les vallées ét les pentes se couvrent de la Glaciale (4 esembrian- Themum cristallinum ) aux feuilles parsemées de cris- taux brillants. Trois mois plus tard, la terre donne trente ou quarante fois autant de blé qu’on en a em- ployé pour la semence. La Glaciale incinérée pour faire de la potasse ( éarilla) fournit des milliers de quintaux d’un produit lucratif, et un riche superflu de froment se transporte à Ténériffe, Palma et Ferro. Ainsi, c’est cette île privée d’eau et stérile, qui, avec un peu de pluie, devient un riche grenier pour les autres îles couvertes pourtant, pendant toute la durée de l'annéé, des riches productions de la nature. Qu'on ait nommé cette île desséchée Pluvialia, Ormnbrios, Ile .de la Pluie, du nom de cette pluie biénfaisante qui la fait vivre, Cest une étymologie qui plaît et satisfait l'imagination C'est dans cette île d'Ombrios que doivent se retrou- ver les deux, Ferulæ, dont l'une de couleur foncée donne un suc amer au goût, tandis que l’autre plus claire donne un snc:très agréable àboiré. Vierà , qui est né dans ces îles et qui en connaît par- faitement toutes les particularités, se demandait, il ya plus de quarante ans, pourquoi on n'admettrait pas “ Auedes Ferulæ ne sont autre chose que les plantes auxquelles on a donné les noms de Cardon et de Ta- bay ba. Ces plantes sont deux espèces d'euphorbes, l Eu « 126 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. phorbia canariensis et | Euphorbia balsamifera, toutes deux particulières aux Canaries, et qui, d’après les asserlions de Viera, ne se présentent nulle part aussi fré- quemment: et en pieds aussi considérables que dans la partie sud-ouest de Lancerote. Toutes ‘deux croissent simultanément dans les régions chaudes et brûlantes , que je désigne par le nom de régions de nature afri- caine , et atteignent la hauteur de 15 pieds; et même celle des figuiers, dans les parties où le climat leur est assez favorable. Dans l’ile de Ténériffe le climat n’est pas assez chaud pour ces plantes, et l’Euphorbia balsa- mifera n’y est jamais que fort peu développée. À Palma elles se trouvent seulement dans la partie occidentale ; elles sont probablement très rares dans l’île Ferro; et dans l’île de Canarie elles ne se présentent avec la même grosseur qu’à Lancerote, que dans la partie mé- ridionale ; dans les __—— de Arguaneguin et de Mogan. __ Ces deux euphorbes sont remarquables par fabts dance de leur lait, que la plus légère blessure fait sortir et jaillir au loin comme un trait, surtout dans le Za- bayba (E. balsamifera) dont l'écorce gonflée par celait, paraît entièrement blanche et luisante. Celui du Cardon (Æ. dt sn, est caustique , brülant et âcre, et ne pourrait être avalé sans de fâcheuses conséquences. Celui du Zabayba, au contraire, par une propriété bien remarquable ‘et tout-à-fait anomale dans cette plante, est si innocent et doux qu’on ne le craint nul- lement , et les habitants le font épaissir en gelée pour le manger ensuite sous forme de pâte dans l'occasion. C’est pour cette raison même qu'on le nomme 7. abayba W +. dulce, Le bois spongieux du canal médullaire est em-A ployé dans les contrées vignobles pour faire des bou chons aux bouteilles, usage auquel on ne pourrait sans inconvénients faire servir le bois d'aucune autre espèce nu 2 Eh © CO nm D FLÔRE. 127 d'Euphorbe. La plante entière est fort singulière, peu Connue des botanistes » et n’a, pour ainsi dire , Pas en- tore été décrite. La tige s'élève d'abord on se courbe , entièrement dépourvue de branches ; puis elle se par- lage en un grand nombre de branches disposées en cercle , lesquelles se subdivisent en d’autres plus petites et innombrables. 1] ne se montre de feuilles que tout-à- fait à l'extrémité des rameaux’ qu'elles entourent. Elles Sont courtes, étroites , lancéolées, grises et munies à Eur extrémité d’une petite épine. Celles qui sont im- Médiatement situées sous la fleur, sont un peu plus arges, ovales, plus pâles , un peu charnués , et se dé- achent après Ja fleur. Celle-ci est solitaire, jaune , avec. des pétales ronds et il en sort un fruit gros compara- livement à celui des autres espèces de cesiles. La surface de ce fruit est couverte de poils courts. é, Le Cardon appartient plus encore aux formes bi- zarres de la nature. Plusieurs tiges privées tout-à-fait de feuilles s'élèvent ensemble d’une racine commune, se.courbent en demi-cercle sur le Sol, et à quelque distance de leur point d’origine se dressent de nouveau, de telle sorte, dit Viera, qu'elles donnent à l'arbre l'aspect d’un monstrueux Candélabre, avec une grande Juantité de cierges fichés et en feu. Leurs branches considérées à part, ont bien un demi-pied de circon- férence , et sont déc prismes à quatre ou plus commu- _Nément cinq côtés, Les angies sont dans toute teur longueur armés de courtes épines réunies deux à deux. À l'extrémité de ces branches épaisses , anguleuses et Charnues » Poussent les fleurs ééarlates, qui, dans l'éloignement, ressemblent à un charbon ardent, Les # Mieilles branches se Subdivisent plus haut etforment | Fr à Cändélabres plus petits et séparés sur l'appareil { Commun. Tantôt l’arbre se trouve sur le penchant ei? * d'un TOCRSR, d'où les branches. tom bent avecles courbes 198 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. les plus bizarres, pour se redresser ensuite. Tantôt if croît sur une plaine unie, et les branches , appesan- ties sur le sol par leur vieleha ol leur grosseur , ne commencent à se relever qu'à une distance considé- rable du centre , d’où résulte l’aspect singulier d’un petit bois de prismes pentagones. Il n’y a rien là qui puisse rappeler la forme habituelle d’un buisson ou d’un arbre, même les fleurs au sommet des branches ; car, même de près , on les prendrait pour des boutons garnissant ces branches extraordinaires. Les envoyés de Juba ayant pour mission expresse de visiter les îles Canaries, il était tout naturel que leur attention fût plus Difioulrem attirée. par les propriétés si-remarquables et si intéressantes des deux 4 espèces d’Euphorbes. Dans les recits de Mela, ces deux plantes se sont changées en-deux sources différentes, dont l’une contracte les nerfs de la bouche et cause la mort, tandis que l’autre rappelle à la vie. D'après le passage de Pline , au milieu des montagnes de l’île d’'Ombrios se trouvait une lagune. Viera pense que cette lagune se rapporte au marais qui se trouve à Lancerote, à la Gran Marcia plutôt qu'à tout autre localité de ces îles. Cepéndant les éruptions du volcan de 14750 , qui ont ravagé et couvert à peu près le tier$ de toute la surface de l’île, doivent avoir apporté de grandes modifications à l’état de cette surface. Si l'on admet que Ombrios et Nivaria sont deu* points bien déterminés, les autres îles se reconnai- tront avec la plus grande facilité , surtout si nous sup _posons qu’on les ait nommées dans l’ordre où elles s£ psleil: ce qui a lieu généralement. . Juniohä Magna , la deuxième île, doit, d’ après celas être l'île de Fuertaventura. En effet, après PAR : cette île est la plus longue et la plus considérable toutes les Canaries. FLORE. + 135 Juniona Minor serait brès de la précédente et a Servateur placé dans Canarie ; qui est tout- Coup plus petite. Ensuite vient Ca île de Canaria : elle est tout ussi plus petite. Pour un ob- l'ile de Fuertaventura, l'ile de à-fait ronde, doit paraître beau- praria ; cette île ne peut pas se rap- porter à Ténériffe, que nous avons reconnue être Ja Nivaria des anciens : d’après le nom que porte cette- ile, elle ne peut guère être que l'île Ferro ; celle-ci, en effet , s'aperçoit de l’île Canarie, et se trouve après elle dans l’ordre que suivent toutes les îles précédentes. Au temps de Pline ,.on y trouvait de grandes espèces de lézards, lacertis grandibus referta; ces animaux n'existent plus. Toutefois on doit remarquer que Bon- tier, le confesseur du premier conquérant de ces îles, Jean de Béthencourt, dans la description qu’il donne de l’île de Ferro à l’époque où il s’y trouvait, rapporte gros comme des chats, et qu'on y voyait des lézards bien hideux à regarder ; et rien dans tous ses écrits ne peul faire supposer qu’il eût connaissance de Ja des- cription de Pline, Où au moins qu’il l’eût alors sous les yeux. Il ne mentionne rien de semblable dans les autres Canaries. En face de Junonia M Nivaria. Nous avons vu Ténériffe. | | Enfin se présente Canarix, située tout près de Ni- varia , et qui tirait Son nom de la quantité considérable &e grands chiens et des vestiges d'habitations qu’on y trouvait. Ces deux circonstances ne caractérisent pas l'île ;mais cependant celle qui est ainsi désignée ne peut être que Palma, car cette île est trop élevée, trop con- Sidérable et trop facile à observer dans toute son éten ue; de l'ile de Nivaria, ‘pour avoir pu être oubliée où inapercue. ajor et de Capraria se trouve que ce nom n’est applicable qu’à 9 450 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. Pline a évidemment passé sous silence l’une des sept iles principales du groupe des Canaries, €ar il n’en . nomme que six. Un coup d'œil sur la carte de ces con- trées suffit pour montrer que Gomera peut très facile - ment être masquée par l’île de Ténériffe, eta pu échap- per ainsiaux observations des envoÿés du roi Juba, qui probablement n’ont pas parcouru toutes les îles, et se sont bornés à visiter les plus importantes. Gomera est de trois côtés entièrement cachée par lilé élevée de Fénériffe, et du côté-de l’ouest aussi elle se con- fond avec cette île dont elle cac ne former qu'une portion. Je ne puis m niisiens de faire remarquer combien il est surprenant'que , d’après la description de Pline, il n'y eût alors aucun habitant dans ces îles : il n’y mentionne que des vestiges d'habitations , et l'existence d’une race dé chiens , traces certaines du passage d’un peuple qui les avait amenés , Car ces animaux n’ont pu être transportés que de cette manière dans ces îles si éloignées, Ce peuple n'étaient pas les'Gouanches ou Berberen qu’on a trouvés plus tard dans les Canaries, car ceux-ci habitaient des cavernes creusées dans les rochers, et jamais dans des maisons. Quels ont done été ces hommes ? Et quels motifs ont pu les déterminer à abandonner cet heureux climat? Peut-être ces haäbi- tants ne formaient-ils que quelques familles isolées jetées sur .ce rivage et rentrées plus (ard dans s leur patrie. Les. pommes; les.dattes et les pins croissaient autre- fois , dit Pline, en grande quantité sur ces îles. Quand aux pins, nous savons que le Pinus canartensis cou- vrait les rivages des îles les plus grandes , même long- M temps après, Nous reconpaissons les pommes dans les fruils de l’_A{rbutus callicarpa , qui étaient partout man- gés COMMe ceux du pommier. Que les palmiers s'Y FLORE: 474 451 sbient trouvés dès-lors, et même en grand nombre, c’est ce qui est fort remarquable et rend vraisemblable que ces arbres, l’ornement dû désert, trouvèrent d’eux- mêmes leur chemin jusqu’à ces îles , sans y être trans - _ portés par les hommes. Peut-être est-ce la mer qui en charria des fruits. _ ‘Le peu de mots.que nous trouvons dans Pline nous représentent donc avec assez d’exactitude l’état de ces îles au temps du roi Juba ; renseignements d’au- tant,plus précieux, que pendant quatorze siècles en- Suite nous ne trouvons plus sur leur compte un seul témoignage. Dans cet intervalle, s'y était établi un peuple pauvre, sortant sans doute du désert, et Yenant de la côte d'Afrique la plus voisine : il s'était creusé des retraites dans les rochers , Vivait des fruits de l’île, du lait des chèvres qu’il avait amenées avec lui , et des produits d’une faible culture. Ces habitants devaient cul- tiver du froment, puisqu'on dit qu’ils nommaient le fro- ment yricher. Cependant , Cadamosto dit, au contraire, expressément (fiamusio, 1, 98), que sur toutes es Canaries on ne mangeait que de l'orge, et pas du tout de froment, même à Lancerote , “Et il répète qu'à Té- nériffe (qui alors n’était pas conquise) les habitants vivaient d'orge, de la chair et du lait des chèvres, et de quelques fruits, notamment de figues. Il serait Presque permis de croire que le célèbre voyageur se trompe en ce Point, car Bontier nomme en propres termes , le froment parmi les céréales des habitants de la grande Canarie (p: 127). Viera, de son côté, nous apprend que Jean de Béthencourt envoya à la terre ferme d'Afrique, Probablement à Mogador, deux vais. seaux pour en rapporier du blé à Eancerote. Le P. Espinoza , qui écrivit peu de temps après, nie aussi qu'on ÿeuttivât du blé. On pourrait SUpposer que cette céréale y avait postérieurement disparu ; mais cette 9. 152 DESCRIPTION DES ILES CANAËBIES. supposition serait peu admissible, En tous cas, celte culture ne doit avoir été que bien insignifiante ( et bor- née exclusivement à Canaria; car l'expédition Béthen- court prouve assez que dans Lancerote, cette terre du froment, il n'y en avait pas alors en abondance. Il est certain, dit Viera , que les Gouanches connaissaient la vesce et la fève, mais rien de plus. Pendant quatorze siècles de possession, ils n’ont donc eu que peu d’in- fluence sur la Flore des îles ; ils ont introduit peut-être quelque culture de l’orge, peut-être quelques plantes herbacées ; comme’ Æeliotropium plebeïum, ke Buph- talmum aquuaticurn , ou le Teucrium iva , où encore le Chenopodiun ambrosioides, dont on bourrait les mo- mies, et qui, croissant dans la partie Ja plus voisine de ie. ne se rencontre sur les îles qu’au voisi- nage des lieux cultivés ; mais ils n’ont introduit aucun arbre. C’est un phénomène digne de remarque dans l’histoire des hommes, qu'un peuple, qui n’était pas nomade, mais fixé nécessairement sur un lieu borné, ait pu y rester tant de siècles sans faire le moindre pas dans l’agriculture. N’est-il pas surprenant que ces hommes pussent voir ces îles autour d’eux, sans con- cevoir la pensée de creuser les arbres de leurs forêts et de passer d’une île à l’autre sur cette mer trranquille ? L'état différent , le dialecte entièrement distinct de chacune des îles , le peu de part que chacune prenait au sort des autres, montrent suffisamment qu’il n'y avait aucune communauté entre elles, et dans l’histoire de Béthencourt ou de Pierre Viera, nous ne trouvons pas une seule fois la plus légère mention faite d’un canot. Ce qu'a produit l’industrie de ces hommes est du genre le plus grossier et le plus simple. Des fibres végétales, qui n’ont subi aucune préparation, Sont réunies en un tissu lâche. Il ne nous est resté aucun instrument qui indique le plus faible degré d'invention. Et cepen- FLORE. 7: dant, ils ne Mmanquaient pas de cœur, comme le prouve assez leur Courageuse résistance contre les Espagnols à Canarie , à Ténériffe et à Palma. de Une tradition rapporte que, dans le milieu du qua- torzième siècle, des Majorquains vinrent dans la iplus grande des Canaries, mais qu’ils y furent retenus et enfin mis à mort par les habitants, qu'ils avaient des figues sur leurs vaisseaux , et que ce fut par. eux que les figuiers se répandirent sur celte île; c’est ce: qui n'est nullement dépourvu de vraisemblance. Ce ne füt en effet que soixanté ans plus tard, que les Français parurent pour la première fois sur la côte de Canarie, et ils peuvent ainsi avoir appris, par des témoins ocu- laires même, le sort des Majorquains. Les indigènes qui vinrent pour les recevoir sur la côte leur apportèrent des figues. Mais comment le figuier serait-il passé à Té- nériffe, car Cadamosto dit que la figue est la prinei- pale nourriture des habitants de cette-dernière île ? La relation de Bontier, de l’an 1403, nous fournit, depuis Pline, le premier tableau un peu fidèle de ces îles , et nous y apprenons quelques faits très importants pour l’histoire de la Flore. G Après la soumission presque pacifique de Lance- rote, les aventuriers français n’essayèrent pas encore de se saisir des îles plus grandes; mais Gadifer de La Salle alla à l’île Ferro, qui était trop petite pour op- Poser de la résistance. Là il trouva sur la côte un pays Slérile, mais à l’intérieur montueux , beau « et bien délectable » , garni de bois toujours verts, en grande Partie composés du Z#baum ( Laurus fœtens) et d’une Si grande quantité de pins, qu’il estime leur nombre 4 Cent milliers, si gros d’ailleurs que deux hommes ne. POuvaient jes embrasser. Il n’y à plus Maintenant que peu de pins à Ferro, et lg temps n’est peut-être pas bien est ce qu’on trouve sur la rive, riche en sources, de la Rambla, près Orotava à Ténériffe: ce qu'on observe dans la délicieuse vallée d'Yguesta. L'esclavage, avec lequel ce bel arbre fut transporté dans nos iles, en fut heu- reusement banni et renvoyé en Amérique; car la eul- ture du sucre fut bien vite établie à Saint-Domingue, et avec tant de succès el d'avantages, que les plan- teurs des Canaries ne purent plus soutenir la concur rence avec Ceux d'Amérique. Après cent ans, presque toutes ces plantations furent changées en Champs de mais et de froment. Les nègres disparurent; il n’en resta qu'une petite colonie, qui se maintint entière- ment isolée"dans les cavernes des rochers de Tiraxana, FLORE. HAE 159 sur la grande Caparie. [ls y demeurent encore; rare- ment, une seule fois peut-être dans le cours d’une an- née, onen voit descendre un à la ville de Las Palmas, et la présence du noir canarien y réveille un étonne- ment toujours nouveau ; car leur origiñe est entière- ment sortie dela mémoire avec le souvenir de Ja culture du sucre. Maintenant, on cultive encore la canne à l’île de Palma, seulement pour fournir aux eloîtres des re- ligieuses de la ville les matériaux nécessaires pour la confection de leurs confitures. Les vaisseaux revenant d'Amérique ne tardèrent pes à répandre deux plantes, qui se sont maintenant nalu- ralisées dans tout le sud de l'Europe, et appartiennent ; réellement, dans l’état actuel, à la Flore des Canaries, . le Ewvtis opuntia et\ Agave americana. La pre- Mière, qui paraît rechercher de préférence un sol sec et atide: fournit pendant les mois chauds de la fin de l'été, dans son fruit plein de suc , un rafraîchissement précieux aux habitants de la campagne, qui sont obligés d'aller chercher à plus d’un mille l’eau de leur boisson. L’Agave a aussi son utilité. Ses feuilles servent itéquemtnent à la couverture des petites huttes; ses fleurs sont mangées avec délices par les enfants, et les _ fibres des feuilles travaillées forment des tissus va- | riés. Dans l’intérieur de la grande Canarie, les che- Mins sont, des deux côtés, plantés de ces végétaux, dont les feuilles , du milieu de leur lar ge rosace, lancent leurs longs pédoncules , semblables à des candelabres. Beaucoup d'habitants de la ville souterraine d’Ata- laya, où deux mille personnes habitent dans les en- trailles de la terre, sans qu’il existe une seule trace de Maison, recueillent les feuilles, les préparent et en forment-des nattes, des sangles et des cordes, qu'on porte énsuité dans toutes les îles. Elles sont encore redevables, à leurs rapports avec 440 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. l'Amérique, de l'acquisition de Ja patate { Convolvulus batätas), qui n'a pu cependant jamais encore se ré- pandre au loin, car elle demande pour réussir une terre fréquemment arrosée et une température moyenne qui ne s’abaisse jamais au-dessous de 14° R. , deux con- ditions qu'il est rare de pouvoir trouver réunies. Ce n'est qu'à Saint-André de Ténériffe, à Tazacorte de Palma et dans quelques campagnes de Canarie, qu’on cullive ce légûme , et je n’ai pas remarqué que d’autres plantes d'Amérique y aient été transportées avec lui: elles ne pourraient subsister que difficilement, à canse des remuements qu’exige la terre pour la culture des patates. Serait-ce cependant avec elles qu'aurait élé introduit ce singulier Bowlesia ( Drusa) oppositifolia , dont un petit nombre d'espèces analogues s’0bserve seulement au Pérou , et qui ne sé trouve. pas à Téné-… riffe avec les plantes sauvages, mais seulement avec celles des décombres ; genre caractérisé par une forme siparticulière, qu’on se résoudrait difficilement à croire que la nature en eût jeté des espèces diverses sur des points du globe si éloignés entre eux ? | Enfin , et peut-être après toutes les autres plantes, la pomme de terre y fut aussi cultivée. C’est une tra- dition qui s’est conservée, que Don Jean-Baptiste de: Castro lapporta avec lui, en 1622, du Pérou, et la planta dans ses propriétés à Icod el Alto. On Ty cultive encore en très grande abondance et avec beau- coup de soin, et de là elle fut répandue à Canarie, Palma et Ferro; cependant elle ne prospère pas. Quelle terre des Hespérides Ténériffe ne fût pas res- tée, ne fût de plus en plus devenue, si le zèle d’AI- Phonse de Lugo, pour le défrichement de l’île, eût Mieux consulté l’économie de la nature! I] fut lui- même forcé de faire quelques ordonnances poür ré- primer la rage avec laquelle on détruisait les bois: . D : on : a - FLORE. | 141 Mais il eût pu vivre assez pour ne plus apercevoir que de loin les bois qui auparavant fouchaient à sa nou- velle ville de Laguna. Le chevalier Scory (Purchas’ Pilgrims, v. 7, B. 49. cap.) qui s'arrêta, en 1582, à Ténériffe, décrit encore la lagune, dont la ville a tiré son n0M, Comme un grand et charmant lac qui était Couvert d’une grande quantité d'oiseaux aquatiques, au- dessus duquel des faucons sauvages venaient se réunir Chaque soir, et donnaient aux nègres l’occasion d’une chasse amusante. C’est maintenant un petit marais , que Peu de voyageurs voient , et où il ne s’amasse un peu d’eau qu’en hiver. Il ne descend plus de sources , plus _ de ruisseaux des bois des hauteurs pour remplir ce asSin. Quand Édens, en 1713, gravit le sommet du Pic, il.trouva encore , à Cinq ou six mille pieds d’élé- Halion, un bois de pins, dont un arbre, par l'extension ‘de ses branches, ressemblait à un petit vaisseau, et était, pour cette cause nommé l& Caravela. Mainte- nant, toüte la hauteur est dépouillée d’arbres et des- séchée. Autrefois, quand les couches échauffées de l'air et les vapéurs s’élevaient de la zone inférieure de la mer et atteignaient la région supérieure du bois, elles n’y trouvaient pas sur le sol de surface qui pût S'échauffer par l’action du soleil et renvoyer cette Chaleur par le rayonnement. L'humidité devait, au mi- lieu d’une température plus froide, s'arrêter sur ces arbres; les gouttes s’amassaient sur leurs feuilles en- Sore plus froides, tombaient sur la terre et formaient des sources. Maintenant le rayonnement du sol pelé éS{tellement fort, queles nuages en général ne viennent Presque plus sur l’île, et l'humidité que l’abaissement detempérature pourrait produire trouve, dans la grande sécheresse de cette hauteur, de quoi T'absorber et Ja Meutraliser, Cette humidité, qui, produite sur l’île, y “etombait pour la fertiliser , est maintenant emporlée À49 DESCRIPTION DES ILES CANAIES. des hauteurs dans des zones peut-être bien éloignées; ou rejetée sans aucune utilité dans la pleine mer. Ainsi, Ténériffe où, pendant un temps, on admirait un mi- racle de la nature, deviendra comme Santiago, l’une des îles du Cap-Vert, et par suite d’une semblable im- prudence, un rocher aride en mer. Nos Flores rappor- teront quels arbres et quelles plantes couvraient, à une certaine époque; Ténériffe, ef Ja postérité aura me à y ajouter foi. De la Flore primitive. Cinq des îles Canaries s jélaront à des hauteurs assez considérables , pour que, sur le penchant des mon- tagnes, on puisse trouver le climat de régions très différentes. Ce sont Ténériffe, Palma , Canarie, Gomera” 4 et Ferro. Là, sur le rivage de la mer ,; mûrissent les fruits des palmiers, ce qui demañde une chaleur à laquelle.n’atteint pas même la partie nord de Maroe, et, sur les sommets des montagnes , l’Arabis alpina accuse le climat du nord tempéré. Les produits du sol sont analogues à ces climats divers, et.e'est pourquoi la Flore de ces îles. est beaucoup plus riche qu’elle ne le serait, Si, COMME Lancerote etKuertaventura, elles ne pouvaient, en raison d'une moindre élévation, jouir de la température que d'une seule région, fût-ce même la plus chaude. ! | Ïl semble que la végé tation de ces îles peut convena- blement se distribuer en cinq régions qui se distinguent entre elles d’une manière suffisante et même frappante par Ja nature et.le port des plantes qui y eroissent le plus abondamment. 4° La région africaine (de l'Afrique infertropieate}® jusqu'à 4,200 pieds de haut. Région des bananiers et des palmiers: U FLÔRE. Re % La région de la culture européenne (médilerrä- néenne ), jusqu'à 2,600 pieds. Elle renferme les vignes et blés importés, comprend par suite la plupart des plantes qui s’y sont introduites d'Europe, et rappelle par-là, ainsi que par ses plantes aborigènes , la nature de l'Europe méridionale. FÉRPAUS n ë 5° La région des bois, des arbres à feuilles épaisses el persistantes. Laurters, Ardisiées, Mocanera , [lex perado , Olea excelsa et Myrica, faya. Les nuages re- Posent pendant le jour sur cette région, dontles va- peurs entretiennent l'humidité, et c’est à leur ombre que croissent les plantes forestières propres à ces îles : Digitalis Dracocephalum ; Sideritis , Ranunculus Te- neriffæ, Geraniim anemonifolium, Convolvulus cana- TLeNSIs. _ 4° La région des pins, du Prnus canariensis, jusqu’à 5,900 pieds. Presque tous les arbres à grandes feuilles S’arrêtent assez loin au-dessous de ‘cette région, Le Brezo ( Erica arborea ) monte Presque jusqu’à sa plus grande hauteur. | RE RÉCTES 5” La région du Spartium nubigenum (Retama blan- ca:), la Cumbre, jusqu’à 40,580 pieds. Elle commence à peine où disparaît le pin, et couvre de ses fleurs Odoriférantes les champs de ponce et de lave. 1000 pieds au-dessous du sommet du Pie sont én- Üiérement dépourvus de végétation. Les deux dernières régions sont très élevées au- dessus dela limite habituelle des nuages. Elles restent done, à l'exception de peu de mois de l’année, dans un Eat de-sécheresse constant et particulier à ces îles. C’est Pourquoi il n’y a qu'un petit nombre de végétaux qui Puissent s'y maintenir, et, quand la liste des espèces qui Y'eroissent présente une somme de 23 seulement, ce n'est pas Parce qu’on a choisi celles qui s’y rencontrent le plus CoOmmunément , c'est bien réellement la totalité rene" 7" en Sn € À Â44 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. de ce qu'on à rencontré jusqu'ici entre 5,000 et 10,000 pieds. Les conditions extraordinaires dans lesquelles celte station se trouve placée, sont cause que, des 23 espèces, 19 sont entièrement propres à ces îles, et jusqu'à présent n’ont été trouvées nulle autre part: On ne peut en aucune manière Comparer cette Flore à celle des Alpes, plongée dans une perpétuelle hu- midité. Û La somme des plantes phanérogames que nous avons vues dans ces cinq régions, savoir de toutes’ celles qui croissent sans lé secours de l’homme, s'élève à 535 espèces. De ces espèces, 158 sont vraisemblablement importées , de sorte que la Flore propre et originelle des Canaries se compose jusqu'ici de 577 espèces. Il est difficile que des découvertes ultérieures augmentent cette somme d’une quantité notable. Ce nombre aussi petit dans un climat dont les condi- tions sont si favorables et si variées, pourrait étonner beaucoup de personnes, surtout quand on pense que le terrain ingrat et uniforme des environs de Berlin nour- rit 874 plantes phanérogames. Mais ce résultat carac- térise-la nature des îles, où le nombre des plantes diminue en proportion de 1 éloignement des continents, à moins cependant que par leur étendue, elles ne forment un petit continent elles-mêmes. Si nous avions un catalogue.de la Flore primitive des Açores, nous ne le verrions certainement pas atteindre le quart de ce nombre. Le célèbre naturaliste français Du Petit- Thouars ne trouva, sur l'ile de Tristan d’Acugna, située à 37° 21' de latitude australe, et dont les som- mets se perdent dans.les nuages, pas plus de 25 diffé- rentes espèces de plantes phanérogames, dont les unes rappellent la végétation du Cap, les autres celle de l'Amérique, à peu près également distante , et leur nombre à Sainte-Hélène, d'après le catalogue de Rox- FLORE; 145 burgh , ne monte pas à plus de 36 espèces (*). Ainsi, dans celui des plantes canariennes, le voisinage d’un grand continent se fait encore sentir, et il ne devrait étonner que si les Açores pouvaient en PR un plus considérable où seulement égal. Des considérations sur le rapport des espèces entre elles ne peuvent donc servir à déterminer les lois gé- _nérales de végétation, mais seulement le degré de fa- cilité avec lequel ces espèces se sont répandues sur les îles ;-ou bien encore on pourrait au plus en conclure quels sont les-genres qui, sous ce climat, se divisent le plus aisément en espètes distinctes et permanentes. Encore, sous ce point de vue, paraîtrait-il bizarre de réunir ensemble dans de telles considérations l’en- semble des plantes de toutes les ‘régions. Les condi- lions du développement et de la vie sont trop différentes dans chacune d'’elles..Ce serait presque comme si, dans des recherthes sur la Flôre anglaise ; on voulait intro: duire Malte et le Cap, où faire entrer Tranqücbar dans celle du Danemark. Le rapport des plantes de la Flore (proknbienast originelle) dans les diverses régions, se déduit de Ja ne suivante : He ) Beatson (Tracts on, n $1 _Helena , p.299 et suiy. , De Candolle (Dict. des Sc, natur.., 8:,p. 395) et Schouw (Géogr. des pe 494) disént 61 : mais ils n’en ont pas déduit les fougères. - SA D ee ee | 446 DE CRIPTION DES ILES GANARIES. 2e” PLANTES PHANÉROGAMES. | | PLANTES. on. PRET RE RÉGIONS. RAPFORT. RABPORT. À *SHDAAdS4 ‘SANIOROA ‘22LOHV || SAUNH9 ‘ak LODONON *SAHAILTAI *SHNOGWIALONDIA SAULT NIDTNO *SALIDAOULNT ; Subtropicale ME Cr 2. Méditerranéenrie; dx - Des Bois. 4. Dies. Pins, 5 Dé R'Catnbre. a >! jl25olt: 1,465 rie die pr rolifer us F V Here icum cahariense sont comptés dans deux régions à la fois; paree qu'ils s y avancent trop pour qu où puisse lesekelure deF une ou de l'autre. Parmi les. ‘plantes introduites ; nous comprerons celles qui ont été trouvées seülement dans les: ‘champs cultivés ,, etajamais.. hors: de, ces derniers, -ou bien celles: dont l'introduction: est, un fait connu. H:serait possible, à la vérité, que plusieurs. herbes, origi- naires des îles, ne se conservassent plus maintenant que dans les champs , parce qu’elles poussent plus:faz cilement leurs racines dans-une terre remuée et se dessèchent moins promptement. | La disproportion des monocotylédonées aux dico- tylédonées, si remarquable dans la seconde région, peut faire croire avec vraisemblance qu’une vingtaine FLORE. 447 des-herbes qui s’y trouvent pourraient bien appartenir à la Flore primitive, et parmi elles peut-être le Gas- tridium australe, les Milium cœruleum et multi iflorum, ainsi que beaucoup de celles qui croissent aussi dans la première région. Mais des rapports entre des nom bres si bornés ne permettent: que des conclusions fort incertaines. Cependant , quand on pa cette. ni avec celle du pays le plus voisin, et situé à peu près sous le même.climat, qui nous soit connue, celle des-envi- roïs d'Alger que Desfontaines a étudiée avec-tant de soin , -on est conduit à quelques résultats très frap- pants, Desfontaines compte 1,416 ‘espèces distribuées dans 356 genres. La Flore des Canaries contient 377 espèces dans 259 genres; celle de Sainte-Hélène 56 es- pèces das. 24 genres. Le rapport des genres aux espèces est done : . Dans le nord de à Afrique continentale. 1: Do Aux îles Canaries. ET : 1.40 À Sainte-Hélène . RL 1,5%, Voilà dans les iles une étonnante diversité pour té | formes des plantes , et qui frappe le voyageur au pre- mier coup d'œil. De beaucoup de genres, on yÿ trouve une espèce unique. Sur les continents »les individus d'un genre se dispersent fort au loin, et, par la di- Versité des stations , de la nourriture, té sol, forment des variétés qui, à cette distance, n'étant pas croisées Par d’autres variétés et ramenées par là au type pri- mitif, deviennent à la fin des espèces constantes et US L é LE D après le célèbre ouvrage de Histdr: De Distribut. Élañte: rum ; le rapport des genres aux Pres est en France comme 1 4 DES Du sont Comme 1 : 2,93: 10. 148 . DESCRIPTION DES ILES CANARIÉS. particulières. Alors si, par hasard, dans d’autres di- rections , elles viennent à se rencontrer avec une autre variété également altérée dans sa marche, toutes deux sont des espèces fort différentes et non plus suscep- fibles de se mêler. I n'en est pas ainsi dans les îles. Resserrés ordinairement dans d’étroites vallées ou dans l'enceinte d’une zone rétrécie, les individus peuvent se rencontrer , et cette rencontre devra neutraliser la tendance de toute variété à se fixer. C’est à peu près comme les défauts de langage qui, propres aux chefs de familles , se répandent avec elles dans tout un dis- trict. S'il est- séparé et isolé, si des rapports constants avec d’autres ne rendent pas au langage sa pureté pri- milive, de cette déviation naît un dialecte. Que des obstacles naturels, les mœurs ou le gouvernement cir- eonscrivent plus étroitement ce district et l'isolent de ses voisins, le dialecte finit par se fixer el devenir une langue totalement différente. C’est pour cela qu’il est si important de déterminer exactement les localités et d'indiquer quelles sont celles où se trouvent les plantes dans les îles. Elles pré- sentent presque toujours quelque chose de particulier. Un lieu se trouve-t-il isolé par des obstacles naturels ; par des chaînes de montagnes qui établissent une sé- paration plus effective que des espaces considérables de. mer interposés, on peut {oujours s'attendre à y trouver des éspèces de plantes entièrement nouvelles, et ne croissant pas dans les autres parties dé l’île. Un basard favorable a peut- être porté, par üun enchaîne- meut particulier de circonstances , des semences par- dessus les: montag: nes. Abandonnée à elle-même, la variété qui résulte des nouvelles conditions auxquelles elle est soumise, y formera, avec le. cours du temps, une espèce distincte, qui s'éloigne d'autant plus de sa forme primitive, qu’elle reste plus long-temps FLORE, | : #4 dans cette localité isolée, exempte d’autres influences. Dans la région de Ja Cumbre , dont la Flore est presque entièrement formée de plantes particulières aux Ca- paries, il n’y a pas encore un seul genre qui com- prenne deux espèces différentes ; car elle est: ouverte et libre, et chacune de ses parties a des rapports constants avec les autres. Au contraire, quelle diver- sité dans les Pyrethrum, et bopettae en même temps quel air de ressemblance ! Il est tel, qu’en se trouve naturellement porté à cousidérer toutes les espèces de ce genre comme issues d’une:souche commune: Ces espèces diverses ne se trouvent presque nulle part réunies, mais himitées chacune à une vallée ou à un district particulier. La différence des Cineraria n'esl-pas non: plus tellement considérable qu'on me puisse les regarder comme produites sur les diverses îles par la diversité destation, de soi et de climat. Des considérations de cet ordre pourraient bien nous Conduire à là connaissance de la cause qui fait des composées , une portion si considérable de la Flore canarienne. Elles forment en effet plus du septième de la somme. totale .des plgnss originaires. Elles n'entrent pourtant que pour 73 on celle de PA- frique septentrionale. La gédine, à laquelle une aï- Srelle-sert pour ainsi dire d’aile, peut être bien plus aisément (rans portée que la graine moins mobile d'autres espèces. La difficulté du transport pourrait expliquer pourquoi, sur les côtes des îles Cañaries, On n'a encore jamais vuun Zryngtm. quoique la Flore &tlantique e en compte huit espèces, et que même, ; Sur la côte plus voisine de Maroc, croissent quatre espèces & €e genre. Cette même difficulté est peut-être aussi Cause Que, dans la Flore des: Canaries, Ja pr'opor- tion des Jégimineusééhresté tellement 6H arrière. de celle que la nature Semble leur ‘avoir destinée dans } 450 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. ces, climats. Elles y forment à peine plus du tren- tiome de la masse totale ; c'est le PO dans le nord de l'Afrique. : HU Les joubarbes, au contraire, semblent avoir. trouvé dans. ces îles une pairie particulièrement. favorable. Presque chaque vallée peut en montrer une nouvelle espèce ,'et vraisemblablement on ne les aura pas en- core découvertes toutes de long-temps. Les îles Cana- ries fournissent les # des espèces de te genre, et, aux douze qu'on connaissait précédemment, C. Smith a pu.en ajouter huit entièrement nouvelles. Le nombre total des plantes croissant aux Canaries se partage en 27 fougères, 76 monocotylédonges é 458 dicotylédonées. Le rapport des deux dernières classes est done de 4 à 6.- Dans la Flore atlantique, on compte 270 monocotylédonées et 1,137 dicotylé- donées ; leur rapport étant ainsi de 1 à 4. Les plantes introduites’ n’ont pu même, prises en compte, égaliser ces deux proportions. Les graminées manquent à nos îles. | Un. coup d'œil nu sur: la Flore be Canaries indique au reste facilement qu'elle n'appartient pas à celle de l'Europe. Ces îles font réellement partie de l'Afrique: Les genres peu nombreux , qui sontcommuns avec l’Europe méridionale, ont leur point centrai, non en Europe, mais en Syrie, en Égypte et en Barbarie. Aussi , nous voyons manquer ici ce qui, dans la Flore du climat européen, forme les traits principaux. Au- cune prairie ne couvre le sol; car on y rencontre à peine plus-de trois épeces annuelles, toutes les autres sont frutescentes. On n’y rencontre, pas de potentille , pas de renoncule de pré, pas de rose, pas une espèce d'Aieracium , pas même d’œillet. Au contraire les lau- riers des tropiques, à feuilles lafges-et épaisses, jouent “un grand rôle dans l'aspect général de la végétation des à as DrLORE, : c d) 354 Canaries , et les formes singulières et plus profondé= ment caractéristiques des euphorbes ne laissent jamais oublier le Voisinage de l'Afrique. Dans le fait; cette Flore n’a qu'un quart de plantes en commun av ec: celle de la Méditerranée ; 48 de ces es 2 se retrouvent à Madère, et 164 sont restées. jusqu'ici exclusivement propres aux Canaries. Sans doute, la plupart de celles- ci Ont aussi dans l'Atlas , peul- être même dans l'Égypte blancs et translucides. Ceux ci recouvrent une Couche-grise et bleuâtre qui tapisse l'intérieur dés nodules , et qui ce _ Contient “le l'oxyde de cuivre, provenant de l’oxy- 12. 180 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. dation de cuivre natif. Le spath calcaire, décélé sou- vent par l'effervescence de la roche avec les acides, ne : se ‘trouve pas dans les nodules, mais plutôt dans les fissures qui traversent les roches. La masse de ces imygdaloïdes est brune, et, à la loupe, on y recon- naît une quantité considérable-de petits cristaux de feldspath qui soñt beaucoup plus nombreux que les cristaux d’augite. Au milieu de cette roche se trouvent des couches formées d’un tuf basaltique brun et très inégal. Les montagnes de Maca et de Corrizal forment, d’après cela, une sorte d’île basaltique, analogue à l'ile de Madère ou à la partie orientale de l'ile Canarie. Toutes ces couches sont traversées dans toutes les directions par: d'innombrables filons qui s'élèvent à travers les rochers et s’enfoncent dans la profondeur. La plupart sont verticaux , à peu près parallèles, quel- ques-uns 5€ croisent et s'entremêlent les unsles autres. Presque tous paraissent, autant qu’on peut les étudier, être formés de basalte solide, très compact, à grains fins et à fragments anguleux ; généralement ils sont divisés transversalement d’une sallebande à l’autre. Ces montagnes s’étendent,des deux côtés des baran- cos jusqu'à la-mer qui n’est pas fort éloignée, el laelles se terminent en falaises fort élevées: et très abruptes: Les habitants des villages peu nombreux, bâtis: dans cette partie de l'ile, trouvent avec la plus grande peine sur les flancs de ces montagnes quelques place” pour y élever leurs maisons, planter quelques arbres el cultiver les plantes qui leur sont nécessaires: L'églis? de Maea se trouve à 1,700 pieds au-dessus du nivea” de la mer. | | | | Le. baranco de Juan Lopez, qui s'étend tout proche” est également très étroit et très éscarpé; il est sépar° en deux parties par une montagne qui s'élève encore ( 2,502 pieds dehaut.On rencontre alors de déffé étroif de U = SR 5.7 er (Mn ” DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 181 Corrizal. Ce-baranco est creusé dans l'immense cap de Teno , qui forme la pointe nord- ouest de Ténériffe, et qui est de beaucoup le pris élevé de tous ceux qui en- tourent cette île. . La grande et large vallée de séparation de S. PE tombe dans une autre vallée aussi fort Jarge et dont la direction est la même : celle-ci a reçu le nom de «7 Palmar , à cause des palmiers qui apparaissent pour la première fois dans cette partie de l'ile. Au milieu. de cette vallée s'élèvent deux cônes voi: caniques très remarquables qui en occupent toute la largeur. Ïl en est sorti une coulée de lave qui s’avance vers Buenavistà, et qui est composée de masses ayant la forme de grosses écailles et laissant entre elles de nom- breuses cavités: Probablement cettecoulée parvient jus - qu’à la mer. Il est à remarquer que cette lave ne con- tient point de feldspath , mais paraît formée de basalte grenu. Le voisinage. des-rochers basaltiques. de Maca semble donc n’avoir pas été sans Ge Hire influence sûr Ja composition de cetté coulée. La pointe de Buenavista, vers laque! le.se dirige la vallée, offre une surface toto à-fait plane et sans ro- chers : on y voit seulement un cône volcanique? au Pied duquel se trouve probablement une coulée de lave. _ La plage sur la côte est üne des plus étendues de toute l'ile : elle est complètement recouvertetde {uf blane, et la mer ne se trouve dans cette partie limitée sur une grande étendue par aucune falaise. Auprès dé Garachico, il est facile de- rotthetétit e que, sur le côté nord de l'île, le pied du Pic est formé de roches de la mêrhe nature que celles qu'on: observe | Sur Ja montagne de Tigayga, entre Realeio et Icoz. : Un peu avant d'arriver à Icod los Vinos, le chemin | qui se trouve à lPouest est dominé par une muraille® de rochers analogue à.celle de Tigayga. On y remarque 182 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. : aussi dés couches basaltiques qui alternent avec des conglomérats et des tufs d'une couleur brune. Ces couches s’abaissent doucement vers la mer, en sui- vant la pente de la surface extérieure de la contrée. Entre deux montagnes tout-à-fait semblables se trouve resserré le courant de lave qui, en 1706, a détruit la ville de Garachico , et qui a comblé le meilleur, ou plutôt le seul port de l’ile de Ténériffe. La lave sortit de plusieurs cônes volcaniques élevés à plus de 1,000 pieds au-dessus de la-mer et se. répandit, lorsqu'elle eût traversé les passages étroits que laissaient les | couches basaltiques, en cinq coulées différentes qui se dirigèrent vers la mer. De gros blocs stériles , en- tassés les uns sur les autres sur la pente de la mon- tagne, et disposés comme la moraine d'un glacier, recouvrent la surface decette lave. La coulée la plus considérable, et qui était aussi celle qui se trouvait le plus au sud-ouest, s'avance considérablement dans la mer ; c’est cette coulée qui a divisé en deux parties le port déjà fort restreint de Garachico. La partie la plus orientale du courant ne s'est pas étendue jusqu’à la mer, et s’est arrêtée près des maisons les plus élevées de Garachico. La lave qui forme ces coulées est très noire, à grains fins : on y reconnait très facilement la hornblende et le feldspath en longs cristaux, comme dans les laves du Pic; pourtant ces cristaux sont rares. et dispersés. Peut-être sont-ils plus fréquents dans l'intérieur, de la masse. "NS LUS ES Quand on considèré d’un point élevé la surface qui est comprise sur une étendue de deux lieues, entre Icod:los Vinos et Fuente de los Gouanches, on re- connaît au premier coup d'œil que tout cet espace n’esl qu'unvasie champ de lave. Les nombreuses matières scoriacées qui, sous formes de vagues, descendentles DESCRIPTION PocNosrIQUE. … Mit ‘185 unes sur les autres dans toutes les directions, indiquent. aussi qu’un grand nombre de coulées se sont superpo- sées les unes. sur les autres. Onserait, d'après cela, très porté à croire que le volcan qui a vomi toutes ces matières n’est pas très éloigné, mais on le chercherait vainement dans le voisinage. Cependant, tout près de là, s'élève leflanc abrupte et inaccessible du Pie, prin- cipalement vers la partie orientale-de la masse de lave entre Fuente de los Gouanches et Pino Santo; et, à peu de distance, on observe aussi la base escarpée de la montagne.de Chahorra. Cette dernière montagne se réunit au Pic par sa base, et né s’en sépare qué dans les parties élevées. Or, lorsqu'on étudie le pied de ces Montagnes, où reconnäit bientôt, non sans Surprisé , que tous les courants de lavé sortent immédiatement des Parties et de la: base communes aux deux mon- lagnes ; et parmi toutes les coulées qui-s’étendent jus- qu’à Icod, il y en a à peine une seule qui ait pour origine une bouche volcanique située au-dessous de la base du Pic. Ces coulées de lave sont donc en grande partie descendues d’une hauteur de plus de 9,000 pieds, et se sont répandues sur un espace qui est souvent de Près de deux lieues. SR BL be La matière qui compose ces coulées est bien carac- lérisée et fort différente de celle qui constitue les autres laves sorties des bouches'volcaniques ouvertes au pied du Pic. Les laves que nous considérons sont de véri- lables verres ; les parties de lave qui se trouvent près de Pino Santo offrent, quand on'les brise, la Cassure brillante et lergement conchoïde du verre: Ja masse lenferme des pores et des soufflures dirigés dans le sens du Courant, et Ja surface est recouvérte d'écailles étrices d'une manière confuse. À une certaine profondeur dans la coulée l6s soufflures disparaissent, la’ cassure es Moins brillante, Ja! couleur est le brun noirâtré où le S NES. 7 on | pu 184 DEsCRIPTION ÉBS ILES GANARIES. noir : a roche ressemble au pechstein , et dans quel- ques parties, on peut.en effet la confondre avec lui, On y remarque du feldspath vitreux, et se laissant cliver en long; on n'y voit point de hornblende, Plus pro- fondément encore la roche-est brune, fissile, à peine éclatante dans sa cassure qui est seulement un peu brillante : elle ressemble alors au hornstein.YLe feld- spath s’y trouve toujours en même quantité. Ces coulées . \ sont évidemment formées d’obsidienne aussi bien ca- ractérisée que celle qui entoure le sommet du Pic. Probablement, à cette grande distance de la source qui a rejeté ces matières ,:la nature vitreuse de l’obsi- dienne aura été altérée dans les parties situées à. une certaine profondeur, soit par un refroidissement plus lent, soit même par la pression que ces parties avaient à supporter. Alors la matière aura perdu son éclat, sera devénue. plus compacte, et aura formé enfin une nouvelle roche. D'après les remarques de M. Escolar, toutes ces laves -répaudent, quand leur cassure est fraîche , une forte odeur. de bitume, qui se manifeste aussi quand on les humecte. M. Knox ( Phil, trans. , 1825 ) a en-effet ex- trait ce bitume de l’obsidienne pechstein: et les recherches de M. de-Humboldt ( Rel. r, 163), dans les- quelles il avait constaté le boursoufflement qu'éprouve l’obsidienne du Pic, lorsqu'on la soumet à l’action de la chaleur, et la perte de poids qui en résulte, lui avaientaussi fait soupçonner l'existence d’une substance de cette nature. De là vient la cassure vitreuse de à masse, et aussi la transformation de cette: roche en matières ponceuses, Le. courant qui atteint Icod los Vinos contient ane 5 incroyable quantité de. cristaux de feldspath en lame très minces, que ces cristaux paraissent dans les blocs comme des ‘fils blancs disposés les -uns derrière Je5 » DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. à 185 autres : ils Suivent en grande partie tous la même direc- tion. Souvent aussi ils sont groupés autour d’un noyau ou masse solide allongée, qui se sera opposé comme un obstacle à leur mouvement et qui aura diminué leur vitesse. | Ces laves à surface raboteuse et inégale s'étendent jusqu’à la mer : on n’y voit que quelques buissons d’'Eu- phorbia; il n’y croît point d'arbres, à peine peut-on y cultiver la vigne. L'apparition de ces immenses coulées de laves a-dû nécessairement précéder toute tradition ; car il est peu croyable que, pendant la catastrophe qui à produit ces Mässes assez considérables pour couvrir une étendue de plus d’un mille carré, l’île puisse avoir été un lieu habitable. La surface occupée par ce champ d’obsidienne s'étend Sur la plus grande partie du district d’Icod , Sur la tota- lité de ceux de Buen Paso, de Guancha et S. Catalina j et sur une partie considérable de celui de S. Juan de Rambla. La montagne de Tigayga , qui limite le champ d’ob- : Sidienne d’Icod du côté d’Orotava se termine auprès de =S. Juan de Rambla, par de hautes falaises escarpées qui bordent le rivage de la mer. Ces escarpements sont remarquables ; et du chemin qui suit le bord de la mer, on peut y observer de magnifiques colonnades basal- tiques : ces colonnes sont généralement des prismes à cinq pans très réguliers, et le plus souventinclinés Vers l'extérieur. La basalte est grenwr, à grains fins, el con tient un peu de feldspath, D’autres colonnes s'élèvent du sol en divergeant, et relèvent les couches de con- Slomérats qu'elles supportent en une sorte de voûte. À une certaine distance des colonnes balsatiques, ces cou- _ches reprennent leur première direction. Les colonnes ne $ étendent jamais beaucoup plus'en largeur : ce ba- 3 12" 1 En à dit jé ET PAU APT INT CPS Du LE - sé d RNaË . F à , Qi à pré 2 ns r- AM À ue li: dt À Fe mr Le ÉS ee L bd 1 ns LCR F PTE A : nr nes à » dE _ pr sai — s es moe 2 remet D ete Sr RE : 186 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. salte disparaît bientôt. Les couches de tuf de S. Juan de Rambla ont aussi un singulier aspect : elles sont toutes remplies de cavités verticales séparées par des cloisons très minces, de manière que la masse paraît n’être qu'un assemblage de cellules. Ce tufse présente avec les mêmes caractères tant qu’on voit le basalte sortir de dessous en colonnes prismatiques ; on doit supposer que ce basalte est étranger aux couches basaltiques de la montagne, et qu’il s’est fait jour postérieurement à travers ces couches. S PIC. Le Pic est une montagne qui s'élève sur une autre montagne. Lorsqu'on entre dans le cirque par le défilé de Portillo, on est seulement parvenu au pied de cette nouvelle montagne, c'est-à-dire, dans les parties qui lui sont tout-à-fait propres et qui la distinguent des protubérances qui la précèdent. Toutes celles-ci, si hautes qu’elles soient , ne doivent être considérées que comme une enveloppe extérieure qui n'appartient pas essentiellement au Pic. Depuis Portillo, les flancs du cône présentent une si grande quantité de pierres-ponces , que toute la monta- gne paraît de loin être complétement recouverte de neige (PI. VI.) Des coulées d’obsidienne se détachent sur ces ponces, comme de larges rubans noirs qui descendent du sommet quelques-unes s'étendent jusqu'au fond du cirque, d’autres s'arrêtent à moitié de ia hauteur et restent suspendues sur le flanc du cône ; d’autres enfin s'étendent si peu, qu'on ne les distingue sur le sommet du Pic que par leur couleur noire qui con- traste d’une manière si tranchée avec la blancheur de la surface Sur laquelle elles reposent. Cette surface poreuse ne peut recevoir ni arbres ni gazons ; les seuls ES DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 187 buissons qui-puissent encore végéter sur ce sol aride et -desséché sont ceux du Spareiac nubigenum , du Re- tama blanca, dont les racines s'étendent au loin à travers les pores de la surfacé, | Les pierres-ponces ont comblé toutés les fentes et toutes. les crevasses; aussi sur les flancs du cône on ne voit point de baranco$, point de rochers saillants, point de formes brusques et aiguës : ce n’est que vers le pied du cône principal qu'on peut observer de petits Cônes d’éruption ayant un.cratère à leur sommet, et qui Sont.entièrement formés de rapilles noirs. Les pierres - ponces, les rapilles et l’obsidienne sont les seules ma- lières qui, sur le Pic » frappent la vue de l'observateur. On ne Yoit point da pierres-ponces incohérentés à la surface du sol aux environs d’Orotava, non plus que sur. le chemin qui mène au Pic. C’est seulement uand on arrive dans le voisinage du défilé de Por- äillo, peut-être une demi-lieue, avant de parvenir à ce point, qu'on commence à remarquer sur le sol des fragments très petits de ces ponces. Insensiblement elles deviennent plus fréquentes, et, dans le défilé de Por- tillo, elles forment déjà une eouche assez considérable : les fragments deviennent aussi plus gros. Sur la plaine des Spartium,Llano de las Retamas, qui s élève par une Pente douce, il y en a déjà une telle quantité, qu'il est impossible d en apprécier l'épaisseur ; ‘les pierres- Ponces ont pour Ja plupart, dans cette partie -de la montagne, la grosseur du poing. En s'éleyant à plusieurs centaines de pieds. sur la base du Pic, on arrive au Monte de Trigo ou Montagne de Blé ainsinommé parce que les morceaux de pierres Ponces, roulent les uns sur les autres, le long de*la pente dela montagne, comme d'immenses grains de blé, et que cette partie du. cône volcanique paraît comme si elle était tont-à-fait recouverte de blé. É 188 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. Au-dessus de celte montagne se trouve une petite plaine, l’Estancia abaxo , où les voyageurs qui mon- tent au Pic, passent ordinairement la nuit. Cette plaine se trouve à 8,040 pieds au- dessus du niveau de la mer, et déjà à plus de 2,000 pieds au-dessus de Portillo; cette hauteur dépasse de beaucoup les bords les plus élevés du cratère de soulèvement , et au premier abord, ce résultat a lieu de surprendre, parce que jusque-là on s'élève sur une pente douce et unie ; formée par les pierres-ponces qui recouvrent les flancs du: Pic. Mais à partir de là le flanc de la montagne s'élève plus rapidement le long d’un courant d’obsi- dienne : le chemin monte alors en serpentant ; et les pierres-ponces deviennent plus considérables : enfin, vers l’Estancia ariba, à uné hauteur de 8,957 pieds, elles sont grosses comme Ja tête et rarement plus petites ; dans leur cassure , elles présentent des fibres fines et irrégulières, et sont presque toujours très blanches. On y voit rarement du feldspath.. Le chemin suit pen- dant une demi-heure Ja coulée d’obsidienne jusqu’à Altavista, où.on.est forcé de quitter les ponces pour continuer à monter sur l’obsidienne-elle-même ; c’est alors avec la plus grande peine et les plus grandes dif- ficultés qu’on peut se guider à travers les blocs aigus , que leur nature vitreuse et le tranchant de Jeurs angles rendent aussi dangereux que des lames de couteaux. On emploie. plus d'une demi-heure à traverserice champ de verre, et ce n’est pas certainement sans raison que cette partie de chemin a reçu le nom de el Malpays. Au milieu de ce champ d’obsidienne les blocs ont formé en S'entassant les uns sur les autres, une grotte pro- fonde, dont le sol est constamment couvert de glace. Cette grotte, nommée Cueva del Hielo, estextrèmement précieuse, en raison de la glace dont elle approvisionne conslammentles localités situées au pied de lamontagne- DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 189 Au-delà du Malpays s'élève alors le dernier cône, le Piton, qui est singulièrement abrupte, et partout recou- vert de pierres- ponces blanches. Il est fort remarquabie que dans cette partie les fragments de pierres-ponces sont beaucoup plus petits que ceux qui se trouvent auprès de l’Estancia ariba, et on peut à peine {(rouver un morceau qui dans la cassure ne paraisse tout rempli de cristaux de feldspath. Évidemment, ces ponces sont tout-à-fait différentes de celles qu'on observe plus bas, et si la grosseur des morceaux est, ainsi qu’on doit le Supposer, en rapport avec leur proximité de la source qui les a rejetés, la bouche d’éruption qui a projeté les Ponces qu'on observe depuis Portillo jusque dans les parties ‘élevées sur le flanc de la montagne, ne doit pas être cherchée dans le grand cratère sur lé sommet du Pic, et doit, au contraire, se trouver près d’Estancia. Le Malpays s’élève-d’une manière si brusque et si rapide, qu’on peut très bien considérer comme une plaine le petit espace qui sépare ceite partie de la montagne du dernier cône du volcan nommé Priton ou Pain de sucre. Dès qu’on s’est un peu élevé sur le flanc-de ce cône, on voit très bien l’origine de ce vaste champ ‘de lave que F on côtoie depuis l'Estancia infé- rieur. La lave commence au pied du Piton lui-même, el aucune partie de cette matière ne provient du point culminant ou du grand cratère. On n’observe non plus aucune trace du cratère d’éruption qui correspond ordinairement à chaque coulée de lave sortie du volcan. Mais à l’ origine du courant , on voit dans la surface de la montagne, fort pewinelinée en éet endroit, de grandes crevasses entre les blocs. Ces fissures concourent toutes en un point central qui offre une cavité beaucoup plus profonde que les extrémités des crevasses. C’est de ce point qu'est sortie Ja prodigieuse masse de matières qui. s’est répandue au loin à l’est et an sud-est , et ù x AS 1 à ° : Dé + ts et 2 D EAN Pr REP © re ve 190 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. qui en se précipitant sur Ja pénte rapide du cône s’est divisée en plusieurs branches, dont les principales pourtant D ‘atteignent point encore le pied de la mon- tagne, pas même celle qui a accumulé des blocs si con- sidérables pour former la Cueva del Hielo. Cependant la partie de ce courant qui passe devant lEstancia, descend jusqu’au bas du cône ; cette immense coulée s'étend même encore plus loin , et de plusieurs côtés dans l’Atrio du cratère vers le pied des rochers qui entourent le Cirque. Tous ces faits peuvent très bien s’observer du bor d du grand cratère au sommet du Pic. ; | Ces diverses coulées sont toutes composées d’obsi- dienne. A la surface où le courant se précipitait d’une manière plus rapide, la matière vitreuse a la forme de filaments déliés et tressés les uns avec les autres; et sur les côtés sont suspendues de grosses larmes de verre. De là etdes bloes qui se trouvent au pied du Piton, on peut facilement détacher et recueillir de gros fragments gris noirâtres, transparents, brillants, conchoïdes, très faciles à casser, et que l’on pourrait aisément prendre pour du verre à bouteilles, sans les cristaux blancs de feldspath quise distinguent très bien dansla masse avec laquelle ils sont presque tout-à-fait liés. À une certaine profondeur dans le courant, la matière est moins bril- Jante, d’un brun-noir, finementconchoïde, mais toujours très cassante. Elle ressemble à du pechstein très noir, et en morceaux isolés, on le prendrait certainement pour cette roche. Les cristaux de feldspath s’y trouvent en telle quantité qu’on a souvent de là peine à distinguer _ la matière qui empâte ces cristaux" ce feldspath paraît augmenter dans la lave, à mesure qu ’on Considère des parties plus profondes dans le courant, et il y devient tellement abondant que cette lave ressemble souvent xune roche primitive. Dans beaucoup de: points, parti- É, DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 191 tulièrement à la Cueva del Hielo, on voit très distincte- ment comment les cristaux de feldspath , par suite du mouvement inégal de la masse, suivant son plus ou moins d'extension en largeur , se sont divisés en _ lamellés minces, parallèles, qui se sont placées les unes derrière les autres. Souvent les portions des cristaux ainsi divisés sont encore tellement rapprochées, qu'on peut facilement par la pensée les rattacher les unes aux autres dans leurs positions primitives; les autres for- ment des espèces de lames minces parallèles , dont les faces les plus larges sont parallèles à la direction de la coulée, et qui, vues en coupe, ressemblent à dés aiguilles blanches, Les expériences de M. de ‘Drée, dans les- quelles il a fait fondre diverses laves dans un creuset, ont prouvé que dans une telle masse fluide, les cris- Taux de feldspath devaient tendre à se précipiter au fond. &.* HRTDISE A Souvént dans les courants il se trouve de petites cou- ches dans lesquelles la masse principale est plus ou moins brillante ; on voit fréquemment de ces couches de deux ou cinq pieds d'épaisseur ; formées d’une matière matte et presque pulvérulente, et qui empâtent une grande quantité de fragments de pechstein noir. Ce phénomène Peut s’observer-très distinctement à la Cueva del Hielo. L’attention la plus minutieuse ne peut rien faire décou- Vrir autre chose que du feldspath dans ces blocs d’obsi- dienne ; il n’y a aucune trace ni d’augite ni de péridot. A la surface de la coulée sont suspendus un grand nombre de blocs solidement unis avec la masse, mais qui sont filamenteux , poreux et boursoufflés comme des pierres-ponces ; On ne pouvait même Îles en dis- tinguer sans leur couleur. On observe souvent des blocs semblables , dispersés et isolés. Il est évident que cette espèce de ponce provient du boursoufflement de l’obsidienne , et peut-être ces blocs doivent-ils leur téx- 192 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. ture au dégagement du bitume qui colore l’obsidienne. _ Il est extrêmement remarquable que sur le Malpays et sur toute la coulée d’obsidienne, on ne voie aucune trace de pierres-ponces ; si elles existaient, elles se distingueraient par leur couleur blanche qui trancherait d’une manière évidente sur le fond noir dè la lave. Toutes les coulées qui recouvrent le flanc du cône sont donc sorties de la montagne postérieurement aux érup- tions quiont rejeté les ponces ; cependant les deux ma- tières pourraient.encore provenir de la même éruption. On peut en effet supposer, et cette hypothèse est même très vraisemblable, que la transformation de l’ob- sidienne en pierre-ponce s’est effectuée dans l’intérieur du volcan et avant l’éruption, soit par l’action des vapeurs sur la roche , soit par celle de la chaleur. La sortie des ponces aurait ainsi précédé léruption de l’obsidienne. Il existe pourtant des coulées de la même nature qui paraissent se trouver au-dessous des pierres-ponces. Dans un escarpement qui se trouve à peu de distance au-dessous-de l'Estancia inférieur, om voit ainsi un courant d’obsidienne qui se trouve à une grande profondeur au-dessous de la surface. Lorsqu'on monte vers Estancia, sur le Monte de Trigo, ce n’est pas sans surprise qu’on voit au-dessus des pierres-ponces, de gros. blocs d’une couleur noire, formant de véritables petits rochers, et qui sont tout- à-fait étrangers au sol sur lequel ils reposent: On pour- rait croire qu’ils sont sortis du grand cratère du Pic, et qu'ils ont été jetés dans cette position par une érup- tion; mais un cratère pourrait difficilement projeter de telles masses , et on n’a jamais vu les éruptions du Pic produire un tel résultat, qui, d'ailleurs, auraït quelque chose de très invraisemblable, D'ailleurs ; à une petite distance du cône volcanique, dans une partie où sa pente peut très bien être étudiée, 08 LE DESGRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 183 Téconnait bientôt que des masses. nôires tout-à-fait semblables :cOrespondent toujours vers le pied, de Ja montagne àla limite d'un-courant d’obsidienne qui s'est _ arrêté sur des flancs : ces masses ne sont doné autre chose que de grosses larmes de verre qui-se sont déta- chées de la coulée et ont roulé sur: la pente jusqu’au piéd de la montagne. 3. | $ = sas ” "A ge. _: Tous ces phénomènes sont évidemment de nature à exciter au plus-haut degré l'intérêt, en-ratenant sans cesse: nos. idées vers les. grands mouvements: qui se Sônt effectués dans ces points dela surfacé du'globe, et qui les ont recouverts de! nouveaux produits. : -Le Piton; dont-la hauteur ne surpasse pas 800 pieds ; s'élève d’une manière très rapide, 'et lés-petits morceaux _ de pierres-ponces qui recouvrent sa surface ont si peu ‘de consistance, qu'on aurait la plus grande peine à gravir cette pente sans une-arête solide: de rochfts qui paraît. hors dé la surface ; et sur-laquelie on peuts’ap- puÿer pour monter. Ce n’est plis de l’obsidienne , mais une masse grise contenant du féldspath ; et qui n’a nullement l'apparence d’une coulée. On peut observer des rochers tout-à-fait semblables en arrivant au bord du cratère , et par conséquent au sommet le plus élevé delamontagne. Ce trachyte, si bien caractérisé, paraît être "dela même nature que les blocs gi sont tonibés de:-la partie »occidentale de. la crétéldu Pie et: qui ‘Ont couvert l'extérieur du cratère ë il est, formé d’une Masse-principale feuilletée, grise, avec beaucoup de | cavités ; les cristaux. de: feldspath qu’on y observe ne. Sont. pas. disposés ‘ parallélement- lés uns aux autres : Comme dans les laves ; ils se croisent au contraire dans lousles sens , ét dans la cassure des fragments on voit ces cristaux présenter indi stinctement leurs faces larges ou leursfaces-étroites. : — : - | PRE 7 Ces bloës ne forment pas des masses isolées : les roches L2 194 DESCRIPTION DES ILES CANARIES: qui composent LE ‘enveloppe intérieure du cratère sont de la même nature, comMe on peut le voifffar les rochers qui s'élèvent à 50 ou 40 pieds de hauteur vers GhahorTa. Les couches que cette roche paraît former plongent du nord-es$ au sud-ouest ; c’est aussi la pente générale de’ tout dé cratère, Le bord le plus élévé de.ce cratère ést donc au nord-est, et, au contraire, lepoint de la plus grande dépression est au sud-ouest, du côté de Chasna: Depuis ce point le cratère ne s "abaisse presque pas jus- qu'à son centre.. Lä différence de niveau de ces deux points-est en effet tout au plus de 20 pieds. De tous les côtés, excepté seulement de quelques points de la partie occidentale ‘qui . présentent des rochers abruptes , on peut descendre, facilément dans l'intérieur du cratère, sur dés blocs ou masses de rochers formés de trachyte altéré ‘et décomposé par les vapeurs sulfuriques .qui se dégagent du volcan. | | -Nulle part on ne Voit.rien qui puisse ressembler à une coulée de lave ou à de l’obsidienne , et: le quantité de tuf ponceux qu'on peut y. observer est si faible en proportion de la masse énorme-de cette roche qui se trouve sur le flanc de la montagne , que l’on doit évi- demment renoncer tout-à-fait à J' idée _ ces tufs ont été rejetés par ce cratère. : Le cratère mest rien-autre chose qu’une sfitires 6 des vapeurs sulfureuses se dégagent de l'intérieur dans presque toutes lès pañîties et.même jusque sur la crête de la ceinture extérieure du cratère. Ces: vapeurs transforment les roches en‘une argile blanche, pro- bäblément aussi en terre alunifère, et le soufre se dé- _pose dans l’intérieur-des écailles qui se .dètachent de Ja masse, en fort beaux cristaux groûpés en druses. En beaueoup de points le sol est tellement amolli-par ces actions. chimiques, qu'il faut apporter beaucoup de ciréonspection pour ne point enfoncer dans des masses DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. , 195 de matières très échauffées, où l’on sérait dangereuse- ment brûlé. | riun at ere La. circoñférence entière du cratère est au plus d’une demi-lieue, pas au-delà, mais elle n’est aussi guère - moins. de celte étendue. Sa profondeur depuis le point “le:plus élevé est de 160 pieds ; mais au-dessous de Ja plus’ grande partie des bords du cratère, elle n’est:pas. même de 100 pieds. L'intérieur nœ présente . Aucune trace d’autres petits cratères de fentes ou de crevasses ; on n’y observe-pas nonplus de scories. Le cratère pa- tait, depuis des siècles, n'être rien. autre qu’une. sol- a ner Gomme le bord occidental du cralère est un peu plus élevé que le bord oriêntal., il en-résulte que la vue se trouve limitée à l’ouest lorsqu'on arrive au cratère en Partant de l’Estancia , et. par conséquent là nature du _ Îlänc de lamontagne ne peut s’observer que lorsqu’onest parvenu aux rochers qui forment le bord: du. cratère du-côté de l’ouest. Alors on Voit sous ses pieds s'ouvrir un nouveau cratère plus considérable que. celui qui forme lé, sommet du Pic : ce-cratère appartient-à la montagne de Chahorra. Le flanc du Pic est. aussi ex- trêmement rapide de ce côté, mais seulèment sur ! ‘We-hauteur de 2,000. pieds : au pied de cette. pente . se-trouve une plaine recouverte : de, pierres ponces blanches. qui s'étend-à l’ouest en se termin | ant brus- quement à l’immense cratère de Chahorra. _: ass à Du sommet duPie on ne distingue pointde montagne, Tandis que vu d’en-bas Je mont Chahorra pourrait, Sans le voisinage du Pic, être comparé aux volcans les Plus élevés (pl. VIT). Chahorra est resté long-temps Inconnu aux naturalistes > Parce qu'envisitant la mon. -* tagne, à partir de Orotava, on ne. peut le distinguer du Pic qui le couvre en grande partie. M. Cordier.est 4 le premier qui j'ait découvert en 1803 , et qui l'aitfait = re re 2 Le 496 A DESCRIPTION DES ILES .CANARIES: connaître : il avait gravi la montagne en partant de Icod , et, dès qu'en partant de ce point on à dépassé les premières élévations, on aperçoit cetté prodigieuse moftagne , qu’il est alors impossible de confondre avec le Pic. En effet, sans la petite plaine qui les réunit tous les deux ,: et qui n'occupe guère que la huitième * partie du contour de la montagne, Chähorra serait un cône Volcanique complètement isolé, aussi rapide et aussi régulier que lé Pic lui-même; maïs son cratère et les. coulées de lave. qui en proviennent surpassent tellement ceux du Pic, que M. Cordier est porté à croire que,ce n’est point le cratère du Pic, mais celui de Chahorra qu'on. doit considérer comme la bouche principale du volcan. | “I est fort difficile de descendre du Pic: sur la mon- tagne de Chahorra; car. où rencontfe bientôt, ‘à une hauteur plus considérable que sur le flanc du cône qui se trouve du côté des, Estancia, une coulée considérable d’obsidienne qui couvre de blocs immenses toute Ja pente ‘jusqu'au pied du cône. Au-dessous, et entre les deux cratères, on Voit aussi une autre coulée d’obsi- dienne sortir de montagne, tout près dela pente septentrionale. Le vaste gouffre d’où cette masse de matières vitreuses s’est répandue dans toutes les direc- tions ,sfait connaître le. point où l’éruption s’est effec- | tuée. Les diverses branchés du courant se précipitent bientôt dans les parties inférieures, se mêlent à d’autres coulées qui sont descendues des flancs du Pic, ‘ét's'é- tendent sur la surface inférieure du. penchant de la ‘montagne , au-dessus de Icod, jusqu’à la mer:D’autres coulées , peut-être plus considérables . encore, couvrent la pente septentrionale du cône de Chahorra; ce sont les mèmes coulées qui traversent, Icod lui-même. 0% peut les suiyre parfaitement dans tout leur cours» en lés observant d’un point élevé : ces courants” s'at- * DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 197 Têtent dans les-forêts de pins , nommées Pinar, où la pente commence à devenir moins rapide, et elles y forment quelques collines d’un aspect bizarre, qu’on ne peut Mieux comparer qu'à ces immenses amas de laitiers qu'on accumule auprès des hauts fourneaux ou dans les fonderies. Chacun des fragments de ces grändes masses est un verre dont les arêtes sont aigues 2 fort tranchantes. : me: # Il est à rémarquer que les coulées-d’obsidienne qui caractérisent d’une-manière si spéciale le Pic de Teyde, Proviennent seulefänt des.parties élevées de la mon- Tagne :. toutes es Coutées des parties inférieures n’ont Aucune analogie-ni de naturè ni d'aspect avec les masses vitreuses ‘qui constituent les courants d’obsidienne.* La coulée qu’on observe sur la petite surface plane qui réunit le Pic et la,montagne de Chahorra est pro- _Pablement le courant d'obsidienne qui est sorti le plus bas des flanes du volcan ; il se trouve à une très pé- tite profondeur.au-dessous du sommet de Chahorra, peut-être n'est-il pas même au-dessous de ce niveau, et par conséquent sa hauteur au-dessus du. niveau de la mer est de 9,200 pieds. On peut très bien supposer ue la pression que les matières supportent dans les. Parties situées à une certaine profondeur, empêche ‘es Matières de preñdre la texture d'une masse Yi. ireuse, es V6 La hauteur du Pic, d'après Borda, est de 11,424 Pieds ; il en résulte donc que la hauteur du cône au- dessus de la surface des pierres-ponces de Chahorra est de 2,200 pieds. Les morceaux de pierres-ponces qui re- ouvrent cette sorte de plaine sont singulièrement gros, ét leur diamètre est souvent tel, qu'on pourraif croire qu'ils appartiennent au sol." C’est évidemment dans l'étendue de celte surface qu’il faut rechércher les bou-- £hes Volcaniques d’où. ces ponces Ont pu provenir, Les 198 DESCRIPTION DES ILES CANARIES: morceaux de ponces forment une sorte desurface plane qui s'élève jusqu’à la hauteur de Chahorra et, en suivant cétte surface, on se trouve sur le bord d’un immense cratère, sans lavoir en aucune façon soupconné. Ge cratère n’a pas une grande profondeur, elle’ne sur- passe peut-être pas 140 pieds ; mais il faut employer plus: d’une heure pour en faire complétement le tour: À l'extrémité du cratère, vers l’ouest, il se trouve, réuni à un autré petit cratère dont la profondeur est. de près de 300 pieds, et qui présente sur sa pente ex” térieure des escarpements de FOR abruptes et presque verticaux. L'intérieur de ce cratère est formé d'un conglomérat de matières scoriacéés entrelacées les unes avec les autres, et dans la partie supérieure d'ob- sidienne. Vers le-sud, les rochers se composent d’un trachyte brun qui à quelque analogie avec celui qu'on observe dans le cratère du Pic. Tout l'intérieur du’cra- | tère est recouvert de pierres -ponces, qui n'ont pu . provenir que des flancs du Pic. Or, puisque les ponces me recouvrent pas les coulées d’obsidienne sur le Pie, il faut bien que les ponces sorties de Chahorra soient - plus anciennes que ce qui a descendu sur les flancs du * Pic. La partie la plus élevée de Chahorra, le bord méridionsi du cratère, qui se trouve à 9,276 pieds au dessus de la°mer, est aussi recouverte de ponces. Les flancs de la montagne s’abaïissent rapidement de tous les côtés éloignés du Pic; et ce qu'il y a de surprenant’ c'est que les pierres-ponces disparaissent lorsqu’o2 tourne sur la penté de la montagne en descendant du : cratère, et que, dès qu’on perd le Pic de vue, on ne? trouve plus aucunes traces. Lorsqu'on à tourné le cône de Chahoïra de manière à voir reparäître le Pie sur Je côté septentrional, on retrouve aussi les pierres-poñéé | qui recouvrent le flanc de la montagne jusqu’à l'en7” groit où commencent les pins; c'est-à-dire jusqu’à kB DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 199 forêt de Pinar. Il est donc évident que la montagne . de Chahorra, en faisant Voffice d’une sorte d'écran , a empêché les ponces de se répandre également destous côtés ;*tandis que dans les parties où Chahorra ne formait pas de protubérance, il n’y pas non plus eu de digue opposée à la masse des ponces qui sé sont ré- pandues sur le sol. Es F2 AU pied de la montagne de Chahorra, du côté de l’ouest, présque à l'extrémité de la ceinture de rochers ‘ui environnent le cirque, s'élèvent quatre Cônes volca= | “Miques, qui, le 47 juin-1798, rappelèrent aux hâbitants de Ténériffe qu'ils étaient au pied d’un-Volcan, Les Cônes sont tous disposés sur uñe ligne dirigée de la base de Chahorra vers les rochers du cirque. Célte dispo- Sition indique par conséquent la direction de* la ligne de fracture. Les bouches inférieures sont beaucoup au- dessous (peut-être. plüsieurs. centaines de pieds) des. boüches les plus élévées. -Céllés-ci rejetèrent fort peu de lave ; mais de Ja troisième sortit an courant rapide et qui S'étendit au, loin. Il atteignit les rochers du cirque, -et s’étendit dans la pärtie de ce cirque nommée Cazada : Ja, muraille formée par les ro- Chers l'empêcha de ‘descendre plus avant sur là mon lagne el d'arriver: jusqu'aux points habités. Les traintes des habitants de Guia, de. Chio “et d’X- SUaio ;surle flanc occidental de l'ile, de voir cette Tave :Mieindre et détruire leurs plantations, n'étaient done uüllement fondées: Les laves Sur lesquellès ces villages SOnt bâtis ne sont pas sorties de points aussi élevés ; et les cônes volcaniques > dont l’action d’ailléursse di- * _ Tige versie sud, en sont beautoüp trop éloignés. : 24 constitue cette fave est peu différente de celle qui forme Jes couches auprès d'Orotaya, et Celles qu’on remarque à Porlillo. Cette läve ne res- Semble nullement à de l’obsidienne ; elle cst compacte 200 DESCRIPTION DES ILES CANARIES: sans éclat, et contient uné _grande quantité de sers ge as de feldspath. La plus élevée de ces Se. volcaniques se trouve à peine à 7,000 pieds au-dessus de la mer. . Si du sommet du Pic, où mieux-encore des bords du cratère de Chahorra on jette les yeux du côté nord ouest de la montagne, on-voit avec étonnement que toute cette partie du fiane du volcan est couverte d’une infinité de cônes d'éruptions qui s ’élèvent les uns der- rière les autres sur toute la surface. Sur aucun point l'action volcanique n’a été plus intense que dans cette | L pére ét à l'aspect de cette contrée, on reconnail -bientôt pourquoi Îles bords du cratère de soulèvement sont brisés du côté de } fotests et n'existent pas du tout vers le nord. … à : Tout près dun jied du- cône de Chahorra, on ut ‘compter facilement vers le nord-ouest onze grands cônes de rapilles; qui probablement ont donné lieu à äutant de coulées de laves. D’autres .cônes, / qui se trouvent dans la direction de S. Yago,: se recouv renttel- lement l’un dertière l’autre sur Le penchant {rès rapide de la ontagne , qu’on ne peüt plus saisir leur nombre. Plusieurs autres encore, vers Garàchico , ont répandu avec leurs laves, la dévastation sur presque toute la base ou au moins Sur toute Ja région moyenne de la mon- tagne, et sur une si grande étendue, que M. Cordier: en montant qu Pic depuis. Icod, croyait que le nombre . de tous ces cônes volcaniques , très fappr ochés et éle* vés de.2 à 300 pieds mélait: au de quatre-vingts È (Journal de P} iysique ; À. Ya, p. 57). Parmi tous ces volcans, on reconnait celui d’où 'est sortie la coulée qui a détruit Garachico: L'un des cônes se distingue aussi des autrés par sa couleur rouge dé feu, prov® nant de scories rouges qui en sont sorties , el ee sont répandugs sur Je flanc de ce cône. : #7, . 4 48 : DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 201 : Cette grande quantité d’orifices-d’éruptions est hors _ de toute proportion avec lelpetit nombre de ceux qu'on») observe de l’autre, côté du volcan ; il est par consé- quents évident que dans cette partie les matières vol-. caniques ont trouvé moins de. résistance : on conçoit facilement”, d'après la constitution dé la montagne, qu ‘il a dû en être ainsi. En effet, au sud se trouve la masse de roches qui’ forment x cratère de soulève- ment; vers le nord de l'ile on ‘observe sur une lon- gueur considérable des Maseds basalliques : auprès d'Orotava, les flancs des barancos montrent que Ja surface est aussi recouverte de couches de basalte. Au cohtraire , entre Chahorra.et la vallée de S. Yago, ces roches basaltiques ne se font remarquer nulle part. Il . Semble donc que dans cette partie elles ont été entrai- nées à , une époque fort reculée, et qu ainsi elles ont livré un passage plus facile à Loutés les matières qui, dans l’intérieur ; exercent un certain effort pOur se , faire jour au-dehors, Hu e. M : * ILen est de même au Vésave où presque toutes les t laves se trouvent du côté de la mer, tandis qu'il yen a fort peu dans. FAE0, qui sépare -le Vésuve de la Somma. Le Pic et la moniais de Chahorra, doixent être | considérés comme néMibrmant qu’un seul volcan avec _deux sommets : la distinction entre les deux cônes ne devient évidente que parce que le Pics élève à une hauteur plus considérable: Dans le milieu de leur pente les deux montagnes sont tout-à-fait réunies-et ne pré- Sentent aucune disconfinuité. La masse des deux cônes S’élève.avec une pente uniforme et également rapide au-dessus des protubérances avoisinantes, et elle ne forme qu’ un tout unique environné par la ceinture de rochers qui. forment le cratère de soulèvement. La composition. et les produits des deux montagnes sontab- 202 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. solument identiques; tout ce qui appartient à ces mon- tagnes est formé de trachyte, ou de rochers qui dé- rivent immédiatement du. trachyte. IF est done évident "que les deux volcans ne sont rien autre chose qu’un immense dôme de trachyte enveloppé seulement, presque de tous les côtés, comme par un manteau de | - couches basaltiques. La forme de ces cônes et leur si- * tuation peuvent faire supposer , et cette hypothèse est presque une certitude , qu’ils ont été produits par le _ soulèvement d’une masse sollicitée par des forces inté- rieures qui tendaient à se faire jour, et qui, en se frayant un passage au milieu du eratère de soulève- ment, Ont fait prendre à à la masse ce ee AS la forme d une voûte. E C’est alors par cette cheminée:, qui établit une com munication plus facile avec la sutfacé extérieure’, que- s’exercent toutes 16s forces qui agissent dans 1 Mtétienr du volcan; et lorsque l'éboulement des parties supé- rieures et surtout lorsque les masses de lave qui se sont “accumulées vers le sommet, ont fini par intercepter Je passage. et ont rendu la résistance en ce point plus considérable que celle ‘des flancs du cône, alors les vapeurs , les rapilles, les laves se font jour par les points du pourtour de la montagne qui opposent moins d'obstacles à leur. éruption, Ces éruptions ne doivent jamais être considérées comme produites par de nouveaux volcans ; car elles out toujours lieu autour du cône-principal, et ellesnese font jamais en des points fort éloignés du grand cra- tère central. De toutes les éruptions volcaniques du Pic, la plus éloignée du centre est celle de Guimar, cependant en ligne droite elle en est distante à peine d’une lieue. Lasplupart. des cônès d’ éruption qui s'élèvent entre Chahorra et S. Yago , et tous ceux qu’on observe au- dessus de Guüia et de Adexe né sont pas aussi éloignés DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 203 du centre principal du volcan $ que Monterosso pe l’est du sommet de l’Etna. # k ; ——_È—— COULÉE DE GUIMAR. Guimar situé dans la partie sud-est de l’île de T'éné- riffe , se trouve séparé d’Orotava par la Cumbre. Le Chemin-qui y conduit s’élève immédiatement sur la Montagne, à partir de Villa Orotava; et träverse d’abord les coulées anciennes de la Villa, Bientôt après, à l'entrée d’une forêt de lauriers, il se trouve sur des couches de rapilles scoriformes qui alternent. irrégu- liérementavec du basalte solide. À la hauteur de 3,800 pieds ; on observe des masses considérables et élevées, formées par un mélange de fragments grossiers ‘de feldspath, de hornblende et d’augite, qu’on voit aussi dans Ja vallée de VAqua Manza , et au-dessous de S. Ursula. Le feldspath y est eh grande quantité, ét la roche est , ‘au-reste, très poreuse -et remplie dé souf- flures. Plus haut, vers le sommet de la Cumbye, le feldspath devient plus rare: les cristaux se séparent aussi facilement de cette roche, et comme ils tombent dans les parties inférieures , on peut les recueillir en Srande quantité sur le flanc de la montagne; il est très facile de se procurer des fragments parfaitement cris- lallisés. Assez souvent, païmi ces cristaux ,-on en re- Marque quelques-uns de péridot jaune de vin, transparents, enflobés en partie dans la masse solide, ct en partie. par dés éristaux de hornblende. Les formes des cristaux, soit de hornblende , soit d’augite, varient trèspeu : ce sont presque constamment les formes les plus :Simples sous Jesquélles se présentent ces Minéraux, La : hornblende est presque toujours en dodécaèdre (Xaur, 74) avec une hémitropie; l'’augite est en prismes à & 204 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. pans (Æauy , f. 95) qui rarement présentent la tr onca- ture du biseau ( Æauy, f. 105 ). | Cette roche est, recouverte par des rapilles scori- formes rouges, au-dessus désquels se trouve uné cou- che de même ture. mais dont la couleur est jaune:, ces deux, couches sont horizontales et se distinguent même depuis Puerto Orotava, parce qu ’elles reposent sur Une masse basaltique très escarpée et divisée em belles colonnes prismatiques. Cette masse s'étend. au, loin sur le haut de la montagne, et est connue sous le nom de los Organos. Enfin, tout près du sommet de la Cumbre , on observe dm les couches un grand nombre de filons qui s'étendent comme des murailles Sur le flanc de la montagne. Ces filons présentent te fait remarquable que beaucoup d’entre eux paraissent être de la nature du trachyte : en effet, sur la surface gris de cendre des morceaux , on voit se détacher des. longs et déliés cristaux de hornblénde répandus dans la masse comme dans lé trachyte. Intérieurement-la masse est gris foncé , ‘et on n’y-remarque ge peu de. « os TE ee : 1 bserve une autre muraille änalogue très élevée. et de étendue, qui est eomposée d’un mélange de cristaux -de hornblende et d’ augite; on suit ce. filon. bien caractérisé jusqu’aû point le plus En 2 de la. Cumbre. . Cette partie de la trête de la montagne + la conti-. nuation du Perexil, et elle se trouve, auprès de la croix qui marqué le point culminamt du passage, à. 5,974 pieds au-dessus du niveau de la mer. Tout le so] environnant est recouvert de scories brunes , sans aucune cohérence entre elles; il ne:se trouve pourtant là aucun cône d’éruption. Ces scories appartiennent à la partie supérieure des couches de: conglomérais. Bientôtsur la crête Feparat le mélange grossier des éris- DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE: : 205 taux de hornblendeet d’angite. Les premiers, quoique de la même grosseur que les autres (se font cependant plus particulièrement remarquer par leur grande quantité, l'éclat dé leur cassure et.pär l'angle aigu que forment les clivages. Plus loin, la roêhe devient caverneuse, et. On Y Voit paraitre du feldspath en longues aiguilles déliéés. Cette roche fort singulière est en même temps Caractéristique pourcette portion de lle de Ténériffe. Déjà du. sommet de Ja-Cumbre on apércçoit dans le … bas le volcan deGuimar -€’est un grand cône d'éruption d’où sort une coulée de lave. Ce Yolcan's’ouvre au fond v d’un canal étroit, où il est entouré derchaque côté par des murs presque verticaux. Lechemin qui mène au fond de cette crevasse, traverse des couches de‘rapilles ! IF et de scories, dont les fragments recouvrent toute la ? + | pente. Ces couches soût traverséespar un grand nombre | desfilons qui s’entrecroisent dans tousles sens,comme ! "à la Somma. Ces filons sont disposés de manière àcrelier # entre elles les parties très facilement désagrégeables des Couches de conglomérats: ils sont évidemment beaucoup Plus nombreux sur la hauteur, au milieu de la crête, que Vers le pied de la montagne. Les filons paraissent aussi Se retrouver constamment dans. toutes les crevasses PRET étroites que présente la surface, ÉTÉ ., Les. couches de la vallée où se. trouve le volcan, plongent de chaque côté de l'axe decette vallée, et cette disposition , qu'on peut très bien observer de Guimar, æ 206 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. est précisément celle qui serait résultée d’une éruption ou d’un phénomène anälogue, dont l’action aurait été dé briser et de ‘relever les couches supérieures. En bas, au fond du ravin, on voit de nouveau la roche formée de hornblende et: d'augite , dont une partie renferme beaucoup de péridot’; et immédiate- _ment au-dessus de cette roche s'élève le cône d’érup- tion qui se; trou à 2,141 pieds au-dessus de la mer. La crevasse dans laquelle ilest renfermé.est tellément resserrée ,. que le cône en occupe toute la largeur. Le volcan s'élève éncore à 200 pieds de hauteur , etil s'étend considérablement le long de cette vañée: Les rapilles qui sont sorties de ce cratère contiennent les matières qui se trouvent dans les-couches les plus voi- sines ; ainsi on y observe beaucoup de petits fragments brillants et jaunes d’or dé péridot, qui sont mêlés dans la masse. Îl en ést de même de la lave-“qui s’ést préci- pitée du pied du volcan, ef qui s’est pans au loin en plusieurs coulées. Pari toutes les laves de l’île de Ténériffe qui forment des coulées bien caractérisées.et qui évidemment appar-! tiennent au volcan principal du Pic; celle-ci est péut-"4 êtré la seule qui contienné du péridot. C’est aussi ja seule coulée qui ait fait éruption à travers des couches de ‘la nature de celles qüi entourent le cratère. La masse, principale de la lave est un peu brillante, ne contient pas du tout de féldspath, et ; > au contraire ; beaucoup d’augité. “Au point où là vallée s'élargit lé courant parait ’être divisé en trois bränches : F’une.d’elles-s’est pré- dipitée sous forme d’une cascade dans -une gorge €B se dirigeant vers Guiiñar , mais s’est arrêtée ayant : d’être parvenue jusques là; % partie extérieure du cou- rant du côté gauche, ‘a. coulé sur une surface moins inclinée, entre Candelaria et-Guimar elle s’est étendue DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE: 207 sur un espace de deux lieues , mais n° ‘est point par- Yenué pourtant jusqu’au rivage de la mer ; la troisième branche beaucoup plus large, maisänesi moins.étendue en longueur , se trouve entre les deux. Chaque bras du Courant COrrespond à une ouverture particulière. dans le flanc de la montagne ; mais ces ouvertures se-sont produites pendant la même éruption... - Dans le bas, .vers Candelaria, cette lave : recouyre immédiatement la Fosca , qui se irouve. dans cette Sitüatiof à une assez grande hautéur,_ Cette roche est Composée de morceaux de pierres-ponces entrémélés . Comme les briques de Engers, avec lesquelles sont construites toutes les murailles. Le contraste que forme IE blancheur éclatante dé la, Fosca: avée la couleur noire _€t inégale delalave est d’un effet. singulier, Lorsqu'on considère le passage élroit.par lequel cette _$rande masse de Jlaves est sortie, il est évident. que l’éruption qui les à rejetées, a du cu dans l'inté- rieur un vide immense ; -et-pourtant ce-gouffre. ne peut pas s'étendre à une grande profondeur au-dessous de … la Surface, sans quoi les matières qui forment la lave ou qui PASSER n'auraient pas autant d’ana- logie avèc les roches qui Avoisinent la coulée. | -Si cette partie de l’île était soumise à de fréquentes érüptions, ; il est probable que son aspect serait bientôt Complétement changé , mais jusqu'ici cette éruption. eSt.la seule- qui ait eu lieu dans la contrée. On n’y Observe point non plus ces courants plus anciens dont là date est inconnue; qui se présentent aux environs du Cratère de soulèvément- du Pic, et.à la distance d’une Petite Jieue du centre de-éette montagne … La première éruption auprès de Guimar eut lieu, d après les renseignements: recueillis par Viera (Vera, Ur,531), le 34 décembre 1704, dans Llano delos.In- lntes, au-dessus. de Îcoré ; et par conséquent suivant ‘208. DESCRIPTION DES ILES CANARIES. toute probabilité dans les parties basses de la contrée. | Le: courant de lavé avait au plus la longueur d'un æercio di millia , Géorge Glas (p.244) qui ‘eut enire les mains ‘une description des phénomènes de cette CTup- tion s'exprime d’après le manuscrit, de la. manière suivanté : « Déjà le 24 décembré on. avait ressenti: de violentès secousses. ; les commotions se , succédaient avec une telle rapidité qu ‘on en compta 29 dans l’es- pace dé trois - heures ; leur intensité allait , toujouts croissant, lorsque 1e 51 décembre on ‘apérçut au- dessus de ‘Manja, du côté de la montagne blanche: une lumière extrêmement vive. La terre s’enfrou- vrit, et. il sé.forma deux volcans qui rejetèrent un di. ‘grande quantité de fragments que ceux-ci en S ’ac- cumulant, produisirént deux montagnes. )Le 5 ‘janvier 1703, continue Glas, le soleil fut. caché par des” nuages _de vapeurs et de fumées, et avant la nuit tout ce qui se trouvait dans un cercle de trois Leagues, fut éclairé par un couränt incandescent , sorti d’un nouveau volcan; et qui $ était fait jour par trente ouvertures différentes dans un espace d’un demi-mille vers Orotava ( à parti .de Guimar). Les secoussés qui aécompagnäient ces - phénomènes renversaient les, maisons et continuèrent : aussi long-temps que dura l’éruption. Le bruit qui en résulta se faisait entendre à une distance de vingt milles en mer. Le2 février s'ouyrit le volcan, dont la lavé arriva jusqu'à Guimar et détruisit l’église. Les phéno” mènes volcaniques se manifestèrent j jusqu'au 26: février” Le récit que Viera fait de cêtte dernière éruption est éncore plus cireonstancié, Le 5 janvier, dit-il, lé second volcan s’ouvrit à la distance d’une, legua du premier auprès de la Canada de Almerchiga- Là lave se précir . Pita dans le baranco : de-Areza où deFasnia, et combli cé ravin-extrémement, profond ; dans l’étendue d’un° legua.et demie diner manière Sb “complète, -que le fond PESCRERÇION GECGNOSTIQUE. 209 de la vallée $e trouvh ne plus former qu’une seule plaine avec les bords. Le volcan s'éteignit le13 janvier. Probablement nous n’avons pas observé cette coulée de lave. Fasnia se trouve au sud-est de Guimar au-delà d’une série de rochers.escarpés nommés le Ladera de Guimar et du côté deRio; et toute la partie de l’île située entre Rio et Guimar nous est tout-à-fait inconnue. La troisième éruption eut lieu le 2 février, à deux leguas de la précédente, dans une gorge resserrée entre des ro- Chers. La coulée de lave se divisa bientôt en deux bras : l’un d’eux suivit pendant une legua le baranco de Arafe, et se dirigea ensuite vers la mer; l’autre branche. du Courant s’étendit dans Melosar ; se divisa en plusieurs autres parties ets’avança même vers Guimar, jusqu'à une éminence située à peu de distance, qui força la lave de prendre une autre direction. Les commotions SC firent sentir d’une manière si violente dans la con- irée, que la miraculeuse madone de Candellaria fût transportée jusqu’à Laguna. Au-delà de la Cumbre, à Villa Orotova , les secousses étaient encore telles, que es habitants abandonnerent leurs maisons, et qu'on fut même obligé de sortir el santissimo de l'église et de le Porter au milieu des champs. | Depuis la conquête de l’île vers la fin du quinzième Siècle, on n'avait vu, à Ténériffe, aucune éruption; On ne trouve, au moins, aucun document qui fasse “Rention. d'un pareil évènement. L'éruption dont nous venons de parler était donc la première depuis plu: Sieurs: siècles. Ce phénomène est d'autant plus remar- uable, que cette recrudescence dans l’activité du volcan 1e se borna pas seulement à la contrée qui environne Guimar, mais qu’elle se manifesta bientôt aussi de l’au- tre côté du cratère principal. L'éruption qui détruisit Garachico eut lieu le 5 mai 1706, Par Un cratère qui se {rouve si exactement vis-à-vis le Volcan de Guimar, 14 210 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. qu'une ligne qui les joindraittousles deux passerait pat le cône du Pic et serait Même peu-éloïgnée du sommet. est étonnant que cet événement qui a complétement añéanti la partie alors la plus importante del’ile ne soit pas plus connu: Viera rapporte seulément que la lave s'est ouvert un passage dans l’Alto Risco, ets’est dirigée sur la ville. Glas ne dit rien de plus"sur cette éruption. L'éruption qui suivit celle-ci eut lieu le 47 juin 1798. Il s'était écoulé presque un siècle entier entre les deux ; mais cette dernière eut lieu sur le flanc du Pic et dans sa partie supérieure. Il paraît donc évident que les éruptions sont en relation avec le grand cratère du Pic, qui est la principale communication entre l’intérieur et Fatmosphére, et qu’elles ne sont-pas dues à des sources volcaniques indépendantes. Il résulte de là que, pour parler exactement; on ne doit considérer dans l'ile qu'un seul volcan qui-est le dôme trachytique , auquel on a donné le nom de Pic de Feyde. À CUMBRE ENTRE OROTAVA ET LAGUNA. Sur le chemin qui mène d'Orotava à Laguna, on ne voit aucune. roche qui ait quelque analogie avec tés coulées modernes appartenant aux éruptions volca- niques du Pie :-on n’observe non plus sur le flanc de la. montagne aucun cône de rapilles. Au-delà de 5. Ursulä,. toutes les couches sont recouvertes “par la Tosca, et cette roche se prolonge jusqu'à Vitto- ria, située à une hauteur plus considérable au-des- sus de la mer ; cependant la Tosca ne Se continue pas tout-à-fait jusqu'à Matanza qui est encore plus élevé: Près de Vittoria, on voit au-dessous une masse très bul= leuserempliedepéridot. Cette couche présenteles carac- DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 211 tères des coulées provenant d’un point élevé, à un plus haut degré que les couches basaltiques qui , dans les ba rancos, allernent avec les con glomérats. Ces coùlées ont «quelque chose de très particulier ; si évident que soitlétr caractère de fluidité primitive, on ne peut pourtant pas fixer avec certitude la largeur qu’elles occupent : on ne les voit pas non plus se limiter dans un espace res- ireint, tel qu’une Vallée , une crevasse-ou un baranco, comme cela arrive pour les coulées-du Pie.-f] paraîtrait d'après cela que ces matièrés recouvrent tout le flanc dela montagne jusqu’au sommet de la Cumbre. Elles semblent aussi être le résultat de phénomènes tout-à- fait différents et beaucoup plus puissants que de simples éruptions volcaniques. ‘La Cumbre, depuis là céinture qui environne le Pic jusqu’à Laguna, forme sur une longueur de six lieues une arête qui s’abaisse d’une manière constante et Presque insensible de la hauteur de 7,600 pieds qu’elle à à Angostura jusqu’à la plaine de Laguna, qui n’est plus qu'à 4,620 pieds au-dessus dela mer (pl. VID). La largeur de cette crête de la montagne diminue avec plus de rapidité ; auprès du Cirque, cette largeur est d’en- viron une demi-lieue , près du Péréxil cet au-dessus de Guimar, elle est réduite à moins de cent pas ; etentre Viltoria et Candelaria, la crête de’ la montagne est formée par une arête si aiguë, terminée de chaque côté Par des pentes si raides, qu'on peut à peine y trouver Place pour marcher. A cause de cette disposition, cette Partie de la Cumbre a été nommée €! Cuchillo, c’est- À-dire le Couteau. Sur cette hauteur on ne voit Presque rien autre chose que des scories rouges répandues sur {oute a surface et analogues à celles qui se trouvent or- dinäirement à la surface des couches de conglomérats. Seulement. auprès du Péréxil, on voit sur une petite longueur une masse tabulaire composée de feldspath, 14. 212 DESCRIPTION DES ILES CANABIÉS. et oùse trouvent de longs cristaux de hornblende. LÈ feldspath est en larges lames ayant. peu d'éclat ; quel- ques-unes de ces lames lui donnent l'aspect d’un schiste brillant , et, à ce qu’il paraît, on l’a aussi quelque-- fois considéré comme du micaschisie. Peut-être cette masse forme-t-elle un filon à travers les couches ba- saltiques. De là jusque sur el Cuchillo la crête de la montagne s'abaisse d’une manière peu rapide, et les parties arrondies qui se trouvent au-dessus de Vittoria et de Matanza sont recouvertes de scories qui ressemblent encore plus à de simples fragments de conglomérats, et qui. se présentent sur le flanc et sur le sommet de l& montagne en masses fibreuses et tressées , sans qu’on puisse toutefois remarquer ni cône d’éraption ni cratère volcanique. Cependant la montagne qui se trouve au- dessous de Fuente Fria, source située au - dessus du es: d'Esperanza, est élevée de 409 pieds, et paraît ‘êtreabsolument formée que des matières scoriformes peine de rapilles ; ce pourrait être le cône d’érup- tion, auquel appartiendrait la lave basaltique que l’on rencontre sur lé chemin de Eaguna entre Matanza et l'Aqua Garcia. Avant d'atteindre cetle coulée volcanique ; On VOiÉ paraître une masse grenue d’augile qui se présente er roches solides et en grosses boules, comme celles qui 4rès souvent recouvrent les couches de basaltes. On peut surtout observer cette roclie dans:la partie de la montagne, de laquelle on peut apercevoir le village ‘d'Arafo.sur le flanc méridional : elle ee alterner -avec dés--couches de rapiiles. A partir d'Ésperanza, l’arête de la Cumbre dispa- raît tout-à-fait ; elle s'élargit en s’abaissant jusqu’à 1 grande plaine où se trouve Laguna, et sur la pente qu'elle forme s'élèvent de grands cônes qui n’ont entre DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE: 215 eux aucuñe liaison. Ces cônes sont sans doute des eônes d’éruption des volcans isolés, comme on a l'habitude de les appeler , et chacun d’eux est probablement le point de départ d’un courant de lavé. Bien qu'ils s'élèvent jusqu’à plusieurs centaines de pieds de hauteur, il n'y a rien de solide dans les masses qui les composent, ils Sont {ous formés de rapilles et de scories sans cohésion: On observe à leur sommet des cratères bien déterminés. Généralement , on reconnait le côté par lequel la lave à dû s’écouler par l’échancrure des bords du cratère, Qui sont moins élevés de ce côté. | | Le plus élevé et le plus remarquable de ces cônes Voôlcaniques est le Monte Chigita, qui s'élève à 5,400 Pieds au-dessus de la mer. Cette montagne fait éncore partie de la Cumbre elle-même, avec l'arête de laquelle elle n’est pourtant reliée que par des rochers étroits: Ce volean est situé presque au-milieu de la ligne qui réunirait Esperanza et Candellaria ; il se compose, dans toutes ses Parties, de couches de rapilles noirs ou rouges, .à fragments anguleux ou arrondis, n'ayant enire eux aucune liaison. Ces couches suivent: tout autour l'inclinaison des flancs de Ja montagne. et ilest évident, d'après cela , qu'elles ont été relevées versie Point central où sommet du cratère. Vers la base méri- dionale, se montre une masse solide qui appartient à ce Cône d’éruption: probablement elle s'étend-le long des barancos vers. la côte méridionale de lite, où elle *e présente avec les caractères d’une coulée. Celte masseest fort extraordinaire ; depuis Laguna, A montant la crête de la montagne , on ne rencon{re absolument que des roches d’augite, et cependant la lave de Chigita ne contient pas de {races de cetts substance. La masse. principale en est tres poréuse et d'un gris- bleu : on ÿ voit des cristaux d'hornblende et de feld- Spatb ; les premiers de couleur noire les autres “ er dan “à và } à SA % ET SOS 344 DESCRIPTION DES LES CANARIES. jaunes, tous très difficiles à reconnaître, et présen- tant: à peine encore quelques traces de clivage. Ces cristaux sont en quantité tellement considérable , qu'il est évident que cette lave n’est plus de nature basal- tique ,.mais appartient aux trachytes. L'action voi- canique, en brisant les couches basaltiques au-dessous desquelles elle s’exerçait, n’aurait-elle pas pu. amener de l’intérieur ces roches tract aytiques qui paraissent à. la surface ? Plus bas , tout-à-fait isolé et à peu de distance d’Es- peranza, se montre le Monte del Carbonero ; sa hauteur est de plus de 300 pieds, et à son sommet se trouve un cratère bien déterminé , et qui frappe de loin par son aspect. Les scories qui forment ce cône volcanique sans présenter de cohésion, ne sont cependant pas en fragments aussi mobiles les uns sur les autres que celles qui. forment les, cônes de rapilles des coulées modernes. 5 Sur le chemin de Laguna, on. voit un courant de lave formé de basalte très poreux et contenant beau- coup de grains. de péridot. Cette lave appartient pro- bablement à la même coulée que celle qu’on observe en suivant le chemin de Laguna à Matanza. Sur la pente de la montagne du côté du sud ou vers S. Isidoro, s'élèvent deux autres cônes volcaniques ana- logues, et qui se trouvent dans la même direction avec le Monte Carbonero : les flancs qui sont tournés du côté de la mer en sont très escarpés. Le premier de ces cônes est formé de fragments de scories entrelacés. Vers Santa-Cruz , on trouve une masse tout-à-fait semblable à une coukée- moderne ; elle est composée d’une roche à grains fins , contenant quelques cristaux mal caractérisés d’'hornblende et de feldspath , et des grains très visibles de fer oxydulé magnétique. Cette masse $ ’arrêtesur les parties élevées el ne descend point DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE.. 215 dans les barancos dont les côtés sont iei formés, comme cela à lieu généralement, de couches alternatives de basalte et de conglomérats : dans cette partie. de l'île, les coulées de lave ne Peuvent jamais être suivies sur de grandes longueurs. HER USE Il est très remarquable que ces cônes d’éruption se trouvent précisément dans la partie où le sol de l'ile s'élève peu au-dessus du niveau de la mer. Ils y ont produit des éruptions isolées qui, peut-être. ont pré- cédé le soulèvement du Pic lui-même : Car, si ces vob- ans avaient quelque connexité avec le Pie, les coulées de lave qui en proviennent seraient mieux déterminées $ et l'on pourrait les suivre dans le fend des. barancos. Dans les. parties où ces laves atteignent la Tosca celles sont cachées par cette roche qui les recouvre ; or;-les Coulées qui appartiennent au Pic s'étendent toujours au-dessus de la Tosca. . pr s de. + ; PTS LAGUNA, TAGANANA. : Laguna lire son nonr d’un fac peu considérable, qui | actuellement est complétement desséché::5a circonfé- rence pouvait être d'environ deux lieues , et pour eette île où l’on peut à peine trouver une plaine d'un quart de lieue d'étendue, celte surface à quelque ehose de fort remarquable, Cette plaine sépare l’île. de Téné- : riffe en deux parties inégales , mais qui sont parfai- ! lement distinctes. x 526 La Cumbre se termine complétement avant d'arriver Jusqu'à Ja plaine de Laguna, et à environ deux lieues , de distance s’élève-une autre crête fort aiguë, qui se: Co2linue au nord-est jusqu'à Punta de Naga. Laguna est 3x 1,620 pieds au-dessus du niveau de la 216 DESCRIPTION BES ILES CANARIES. mer;et, par conséquent, c’est dans l’île de Ténériffe le point de partage des eaux le moins élevé au- dessus de la surface de la mer. Au nord-est s’élévent encore deux autres crêtes, l’une un peu au nord de la plaine, l'autre au sud : ces deux , montagnes ne sont éloignées l’une de l’autre que d’une demi-lieue; elles s'étendent en se rapprochant, et em- brassent la plaine de Laguna commeé par un immense golfe ; elles se réunissent à une demi-lieue de la ville en une autre crête qui se continue jusqu’à la mer , où elle se termine en forme de promontoires escarpés. Ces deux chaînes de montagnes ont tout-à-fait la même composition ; dans les parties inférieures , on voit partout une couche de tuf sur laquelle repose une masse puissante de basalte. Le tuf est très brun, et se compose d’uñe agglomération de petits fragments ar- rondis et poreux de scories avec des cristaux d’augite. Le basaïite est compact ou à grains très fins, et il ne renferme en grande partie que du"péridot en petits grains très distincts. Ces diverses couches alternent souvent les unes avec les autres : généralement l’épais- seur des masses de basalte ne s'élève pas au-delà de 41) pieds. Si l’on étudie la crête où les deux chaînes se réu- nissent, on y retrouve les mêmes alternances de couches. Seulement la couche de tuf paraît n’être com- posée que de scories , et le basalte est souvent à gros grains, contient peu de péridot, et, au contraire, beaucoup de grains de fer oxydulé magnétique. Depuis Laguna, on ne voit plus de traces ni de lavé ni de cônes volcaniques; mais on observe älors un phénomène très intéressant : les rochers qui forment les flancs des barancos sont traversés par une multi- tüde de filons verticaux , qui s'étendent sur les pentes à travers les rochers dont se composent les diverses __ DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 247 couches ; ils Se prolongent du haut en bas comme de grandes murailles qui se correspondent des deux côtés des barancos , et ils s'élèvent parallèlement les uns aux autres. Ces filons se continuent avec ure constance telle, qu'on peut les observer dans un grand nombre de: barancos, depuis la base de la montagne du côté-de Laguna jusqu’à Taganana, et probablement ils s’éten= dent encore plus loin. La crête la plus élevée de la mon- tagne paraît même n'être rien autre chose que la tête d’un de ces filons. Le chemin qui suit le sommet de. Ja Montagne traverse plusieurs fois le filon qui forme les pointes les plus élevées de la chaîne et les roches. qui sont le plus rapprochées de sa cime. De là résulte vraisemblablement la forme déchiquetée-que présen- tent toutes ces pointes qui offrent l’aspeet des créneaux d’une tour fortifféé, On’ serait presque porté à croire que ce sont ces filons qui conservent à cette petite portion. de lflesla forme d'un toit dont ils seraient Pour ainsi dire la charpente, car les couches elles- mêmes que ces filons traversent ne sont en grande partie composées que de scories ou masses poreuses, n'ayant entre elles aucune cohésion. La masse des filons se compose de fragments {rès anguleux de basalte noir et solide, renfermant des petits cristaux d’augite et un Srand nombre de grains de fer oxydulé magnétique. Les fijons n’ont eux-mêmes que quelques pieds de puis- Sance , et cétle faible épaisseur leur donne un äspect d'autant plus surprenant quand ils s'élèvent isolés au- dessus de la surface du sol. Les flancs de la montagne sur chaque versant s’abais. Sentid'une manière si rapide, que, du sommet , en Croirait de chaque côté voir la mer sous ses pieds. Les flancs des barancos sont aussi formés par desmu- railles presque verticales, et sont souvent tellement fscarpés, qu'ils sonttoui-à-fait inaccessibles: At point 14 Rs à FFC ND GNT 218 DESCRIPTION DES 1LES CANARIES. où viennent aboutir le baranco del Bufadero, le ba- ranco Secco du côté du sud, et le baranco de la Mina du côté du nord, se trouve un rocher qui fait partie d’un fiton solide : ce point, qui est le plus élevé de toute la chaîne, se trouve à 2,868 pieds au-dessus de la mer; et cette hauteur, qui à Santa-Cruz paraît fort considé- rable, serait presque inappréciable dans les environs du Pic. Cette cime de la montagne parait aussi fort éle- vée, lorsqu'on descend sur le versant septentrional vers Taganana. La pente est en effet si rapide et si es- carpée, que c'est avec la plus grande peine qu’on a pu ÿ tracer un chemin. On descend sur un conglomérat Trachyte. formé de gros fragments, puis sur un {uf composé de petites scories brunes en couches horizontales. Le mi- lieu de la pente est occupé par des forêts de lauriers qui masquent les roches dont se compose la montagne ; mais dès qu’on a dépassé ces épaisses forêts, on voit apparaître au nord-ouest une immense muraille de ro- chers taillés à pic, qui forme une des limites du ba- ranco de Taganana, et qui se continue jusqu’à la mer. La partie supérieure est recouverte par des couches hori- zontales de tuf et de conglomérat ; au-dessous se trouve une masse. puissante de trachyte, qui s'élève jusqu’à 16 ou 1,800 pieds au-dessus du niveau de la mer. Plus bas, cette roche se montre à découvert, et elle est alors se DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 219 découpée-en pyramides et en.aiguilles qui lui donnent Un aspect bizarre et très varié : elle se. divise aussi en colonnes verlicales bien déterminées et en écailles re- courbées. ‘Le trachyte se retrouve dans toutes les par- ties avoisinantes du baranco ; au-dessous de l'église de Taganana, on voit s'élever le trachyte à la hauteur de S00 pieds , et sur le côté occidental de la vallée, äl y a un rocher isolé qui se trouve à 1:400 pieds de hauteur et qui se termine brusquement du côté de Ja mer. Le trachyte lui-même est très bien caractérisé, La Masse principale est une pâte feldspathique foncée, gris de fumée, et finement esquilleuse , qui enveloppe une grande quantité de petits cristaux blancs et brillants de feläspath , et quelques longs cristaux de hornblende: On y observe aussi quelquefois des grains ou des do- décaèdres de fer oxydulé magnétique. Lorsque, par Suite de la décomposition , la masse principale a perdu Sa teinte foncée et e$t devenue très blanche, les cristaux “noirs de hornblende sont plus visibles, et les cristaux de feldspath brillent d’un plus grand éclat , parce qu'ils sortent en partie hors de la masse. Souvent on trouve dans la, roche des cristaux transparents, jaune de vin, de titane oxydé. Quelquefois la pâte feldspatique de- Vient si. compacte, ei les cristaux qui y sont englobés Sont si dispersés , que la roche se rapproche des schistes Porphyriques de Bohème. Du côté de la mer, lesTochers de {rachyte sont polis et taillés à pie, et is paraissent se diviser en belles colonnades analogues aux prismes de basalte. Ces colonnes se recourbent. vers le haut, et d'autant. plus.qu’elles sont plus rapprochées de F exté- Tieur de la masse, de telle sorte qu'elles paraissent tendre vers un point central qui serait situé vers la cime des rochers , à peu près comme les prismes basal- tiques qu'on voit sur les escarpements de l’Elbe, au- Près d’ Aussig en Bohême. Il ne parait pas que, jusqu’à 220 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. la surface de la mer, il se présente aucune roche sou ce trachyle ; mais celui-ci est recouvert par un tuf ba- saltique brun , et même par du basalte; c’est ce qu’on peut très bien observer sur les côtés du baranco : il est d’ailleurs d'autant plus probable qu'il en est ainsi, que sur le côté méridional de la montagne, les couches basaltiques s'appuient sur les roches trachytiques, et s'étendent jusqu'au rivage de la mer, en plongeant de 90 degrés au sud. - À Yest du baranco, au point où les rochers verti- caux se terminent , les derniers escarpements , élevés à 600 pieds au-dessus de la mer, paraissent n’être formés de rien autre chose que de evuches solides de trachyte gris, tourmentées dans toutes les directions, et pré- sentant toutes les inclinaisons au milieu de couches de tuf poreux. Ensuile reparaît la roche amygdaloïde, contenant de petits nodules de mésotype, et de gros noyaux et cristaux de hornblende. Toutes les parties en général présentent une grande confusion qui est encore augmentée par les nombreuses crevasses qui traversent cette masse poreuse. L’aspect de l’ensemble général semble devoir faire supposer que toutes ces couches bouleversées sont venues de dessous le tra- chyte; il est évident, au moins; qu’elles sont recou- vertes.par les rachere trachytiques les plus Voisins. Ces dérangements et bouleversements proviendraient alors d’une action intérieure. Le trachyle lui-même s'élève à l’est du baranco de Taganana jusqu’au sommet de la crête de la mentagne, car la rocque de Payba sur la pente &u baranco de S: Andrea est formée de trachyte, et c’est de ce rocher que proviennent tous les blocs qui recouvrent en si grande quantité ce beau vallon jusqu'à son ouverture, à peu de distance de Santa-Cruz, et qui excitent d'autant plus d'intérêt que rien dans les environs ne peut fairé soup- DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 221 fonner l’existence Qu trachyte, On n'a pas cherché à reconnaître si Ce trachyte se présentait encore plus loin vers Punta de Naga. Les montagnes s’abaissent très rapidement du côté de ce cap ; déjà sur le Val Ygueste , la crête de la montagne s'étend en une large plaine, et Punta de Naga même n'est pas élevée à plus de quelques centaines. de pieds. rene mme SANTA-CEUZ. Si on imagine que la petite chaine de montagnes qui s'élève: au nord-est de Laguna se prolonge aussi Vers le sud, de manière à entourer complétement la Plaine de Laguna, et qu'ensuite cette enceinte a été letournée vers la mer, du côté de Santa-Cruz, de ma- nière à couvrir le penchant comme un vaste manteau, on pourra se faire une idée de l'aspect et de la nature de la-pente de cette montagne. Dansie fond des barancos, se trouvent toujours des couches alternantes de basalte, de tuf et de scories; mais on trouve répandue sur toute la surface une masse que l'on ne peut considérer que Comme provenant d’une coulée de lave. On peut en observer le cours dans quelques-unes de ses parties, Mais il est impossible d'étudier ce courant dans tout son ‘BSémble : on ne peut déterminer exactement ni l'ori- Sine ni les dernières limites de cette coulée, cé qw’ilest, AU Contraire, si facile defaire pour les coulées modernes. Les coulées dont il est ici question se composent de Toches basalliques : on y observe:de l'augite: et du pé- ridot en grande quantité, mais: point de feldspath, À la Surface, dans les points où la coulée est mise à nu de quelque manière; la masse est:Composée dé Scories en forme de vagues dirigées. de haut en bas, °u de matières tressées comme des cordes. Dans l’in- } 229 DESCRIPTION DES ILES CANAREIS. térieur on remarqué dans la roche des soufflures allon- gées parallèles entre eïles et à l'inclinaisôn de la lave. On observe un courant de cette nature et bien déter- miné au-dessus de l’étroit baranco Hondo, à l’ouest de Santa-Cruz , on peut le suivre même jusqu’à um cône volcanique qui s'élève au milieu de la pente de la mon” tagne, non loin dés moulins à ventsitués éntre Santa” Cruzet Laguna; cette montagne se nomme MonteUredo. Il est, au contraire, très difficile de remonter ainsi à l’origine des coulées qui s’avancent jusqu’au dessus de la ville même. La chaîne basaltique s'étend jus- qu'auprès dé Santa-Cruz, et atteint même le-rivage de la mer à une faible distance de cette-ville ; or la masse de lave qui recouvre le hasalte s’avance aussi au pied _de ces rochers jusqu’au baranco del Paso alto,’ où elle se termine tout à côté de endroit où | cessent aussi les rochers basaltiques.… ll serait par conséquent très nossibls que la suppo=* sition que cette masse a été jetée sur les flanes dela mon=. tagne comme une immense couverture, fût plus près de la vérité qu'on n’aurait-pu le croire au premier abord: :Si-on imaginait que la Cumbre, au lieu de s'arrêter au-dessus de Fuenta F ria, s’étendit au-delà, en s’abais- sant de la même manière, la Cumbre de la petite île se trouverait presqueexactément dans son: prolongement, et la crête des montagnes s’abaisserait à peu près uni= formément jusqu'à l'extrémité la plus reculée de l'ile: La crête des montagnes se ‘trouve brisée par la plaine où se trouvé Laguna. Or, dans cette plaine on remar” que de grands cônes dérüption et de larges coulées doft onne Voit plus de tracés dans la petite île qui setrouve au nord de Laguna. La pente de Ja montagne jusqu'à la: mer est très unie, et ne présente aucun rocher saillant partout où ces courants de lave se sonf répandus ; il paraît, d’après cela , évident que ce son! DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 2935 des éruptions anciennes, presque tout-à-fait inconnues, qui ont rompu la Cumbre , Qui Sans cela eut dominé la contrée de Laguna jet qui ont couvert de leurs pro- duits tout le‘versant de la montagne. . " - hét P < LL à e ul } NE . Coupe de la plaine de Laguna. : Coupe de La Cumbre de Santa- Cruz +32 Tout au bas de la montagne’, auprès.de Santa. Cruz et à cent pieds au plus au-dessus de la mer, on retrouve le -tuf blanc, connu sous le nom ‘de Tosca ; il forme au-dessus des autres roches une couche peu épaisse. Ce {uf paraît quelquefois se: confondre au se. mêler avec de larges coulées. de lave, mais ilest difficile de supposer qu'on puisse démontrer avec certitude que la lave repose par-dessus. | ; | 3 La présence de la Tosca au-dessus des coulées de lave, les distingue des courants qui proviennent du Pie, et porte à croire qu'elles appartiennent aux éruptions isolées de Laguna. Peut-être ces coulées: sont-elles Je Tsuliat de la tendance que l'action volcanique avait à se développer auprès de Laguna, antérieurement à ‘Époque où elle a réussi à 8e manifester sur. une si lande échelle en produisant le soulèvement du Pic “ dans Ja partie occidentale de l'ile? ré La coupe des montagnes de Santa -Cruz jusqu’à la Mer, auprès de Punta de Naga, présente beaucoup d'intérêt et donne une idée de la véritable COMposition D} QG. Cour A S,. Andrea, Laguna, x B Bufadero. : T Taraconte. T Taganana, 294 DESCRIPTION DES ILES CANARIES-: des masses qui forment la montagne. On y observe qué jes couches s’élèvent et s’abaissent avec. une grande : irrégularité. À une certaine profondeur; et après s'être montré sur üne faible étendue, ces couches dispa- raissent de nouveau. De toutes parts, on voit s'élever à travers les couches des filons basaltiques des formes les plus bizarres ; on croirait voir des rochers qui 5€ sont élevés de intérieur, qui ont disloqué les cou- ches, sans toutefois parvenir jusqu’à la surface exté- ricure. Entre les deux barancôs de Bufadero et de $. Andrea, ces phénomènes se présentent d’une manière si multipliée, qu’il est tout-à-fait impossible de les énumérer tous. À la partie inférieure, près de la mer, on voit ordinairement un conglomérat formé de fragments grossiers , contenant des morceaux de ba- salle gros corme la tête , et des blocs considérables qui paraissent être des débris de couches. Cette roché est très solide, et les parties en sont bien agglomé< rées. Elle renferme assez souvent, comme cela a lieu extre les barancos Secco et Bufadero, des coquilles fossiles, appartenant à la famille des Cônes : ces fossiles qui sont englobés dans la roche se trouvent aussi sut le rivage de la mer. L'aspect de cette roche peut faci- lement induire en erreur, et on pourrait croire qu’elle appaïtient aux couches ‘inférieures qui formént la montagne : elle est cependant le résultat d’une simple agglomération de fragments tombés des parties supé- rieures et que les vagues accumulent journellement au bord de la mer. Généralement, la couche la plus inférieure ést formée d'une roche amygdaloïde de 20 pieds de puissance, et remarquable par de nombreux petits nodules contenant du spath calcaire blanc ef druses. Celles-ci sont formées de rhomboëdres épointés lenticulaires (equiaxes), agglomérés en boules. 02 les observe principalement dans le voisinage de la mef DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 225 et point dans. les nodules des Parties supérieures de la roche. La masse de l’'amygdaloïde. est brune, très tenace , à cassure grenue et inégale: elle contient beaucoup de points bruns clairs et jaunes qui parais- sent n'être que des restes de matières feldspathiques. On observe dans la roche des soufflures allongées parallèles les unes aux autres et qui. suivent l’incli- naison de la couche. Au-dessus se trouve ordinaire- ment une couche très irrégulière de tuf ponceux : cette touche a peu d’étendue et s’interrompt brusquement. Les fragments qui Ja composent sont de la grosseur d’une noix, et ils sont toujours mêlés avec des frag- ments de couleur noire : on voit ensuite un tuf formé . de scories brunes, puis le basalte solide. Toute cette masse est traversée par des filons ; tantôt verticaux, tantôt très Contournés ; il y a aussi de ces filons qui, après s'être élevés verticalement, se divisent et pene- _trent de chaque côté entre les couches ; comme une , nouvelle couche (*), vs Comme de véritables couches : étiraversent toutes les autres couchés » Prenant ainsi uelques autres. qu’on .a long- temps considérés q 1 8 P ! se redressent subitement (Pr Basalte. E Basalre, ss poncenx, Dasalte. à T = 4 D À m Ygsaloi 1h PA 229$ DESERIPTION DES ILES CANARIES. tous les caractères dés filons. Généralement, ja masse dont: ils sont composés est formée de basalte noir, grenu , ne contenant point de péridot. Au contraire, les cristaux de feldspath y sont toujours bien évidents. 2° Les filons s'élèvent souvent hors dés roches qu'ils traversent, comme d'immenses murailles : souvent aussi ils sont complétement isolés, et ils forment dans la mer des écueils très étendus qui se montrent au-dessus de Ja Surface. Près du soupirail de Bufadero , par lequel l'éau de la mer est rejetée sous forme d’une source jailissante , on remarque un filon d’une grande puis- sance , il a vingt lachter (toises) d’épaisseur, et est ésrmé de basalte contenant des cristaux d’augite el _ beaucoup de cavités remplies par une zéolithe quipour- raîitôtre de la stilbite : lamatière concrétionnée, tendre, d'un blanc de néige, qui recouvre les parois des cavités, considérée à la loupe, paraît être formée de fibres, à quatre pars, terminées par une base perpendiculaire. Le filon traverse des couches formées de rapilles rouges et defragments anguleux de tuf. De chaque côté, le long de ce basalte , se trouve ue couche d’ur pied d'épais- seur, composée de fragments scoriformes, qui forme comme une salbande : dans le basalte lui-même il y a des grandes cavités. parallèles, et verticales comme le filon. Ces flons sont les indices et les restes d'une action postérieure à la formation même des couches : caf celles-ci sont tellement bouleversées et brisées qu'on ne peut les suivre que sur une faible étendue ; peut- être que ce résultat n'est-il que la suite de la sortie el du soulèvement de ces filons. “ Les couches qui forment les parties supérieures des roches, paraissent être seulement une agglomération de cristaux de hornblende, qu’il est impossible de mé- connaitre à leur cassure et à leur forme. Entre ces DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 297 cristaux , on Voit une quantité considérable de petites druses de zéolithe d’uné blancheur éclatante, mais qui sont tellement petites, qu'il est impossible, de préciser plus particulièrement leur nature. La masse ‘princi- pale, quand on peut l’observer, paraît d’un gris de cendre et les cristaux de hornblende s’y distinguent de loin par leur éclat : cette roche est d'un fort bel aspect. On remarque une autre roche dans le baranco de los Santos, un peu au-dessus de Santa-Cruz , à l'endroit où les eaux du baranco sont prises pour être amenées à la ville. Elle parait se rapporter tout-à- fait à celle qui se présente auprès de l’Agua Manza, au-dessus d'Orotava et à Perexil : c'est un mélange 8roSsicr de fragments de hornblende » d’augile et de feldspath. Au-dessus se trouve un tüf blanc, puis du basalte compact contenant des petits grains de péridot, très poreux et boursouffié à la surface. Ce basalte appartient aux coulées de lave de Laguna; il est re- couvert par la Tosca. Plus haut, dansie même baranco, on voit sortir du Sol de la vallée de belles colonnes prismaliques de _ basalte, et plus haut encore au point où deux barancos se réunissent en un autre plus considérable, s'élève un rocher basaltique aigu , lequel a soulevé les couches de _tuf qui recouvraient la vallée, de manière que cel'es-ci s'étendent de chaque côté sur les flancs de ce rother. À une certaine distance du basalte , Ces couches re- Prennent leur première inclinaison. Ce phénomèneest, Entre tous ceux de ia même nalure , celui qui se trouve le plus près de Santa-Cruz, et il se présente à fort peu dé distance de la ville. Dans aucuns des nombreux barancos qui se trouvent enire Santa-Cruz et Punta de Naga, on ne voit nulle _ Part le irachyte en place. Les blocs immenses et nom- breux qui recouvrent le baranco de S. Andrea, et 45. 328 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. qu'on'n'observe que dans cette vallée , proviennent de la Rocqüe de Payba, que l’on doit considérer comme appartenant au versant septentrional de la montagne. Dans le dérnier de tous les barancos du côté dela pointe extrème de l’île, dans le beau vallon de Ygueste, dont toute la surface, à la vérité peu étendue, est presque entièrement recouverte par des forêts de bananiers, les rochers inférieurs sont formés à peu près compléte- ment d’augite à gros grains : mais à la partie supé- rieure se trouverft de très puissantes couches de tufs et de conglomérats basaltiques. » DESCRIPTIGX GKOG NOSTIQUE. GRANDE CANARIE. La ville de las Palmas, capitale de l'ile de Gran Canaria, est entourée de rochers qui ont beaucoup d'analogie avec ceux des environs de Naples, et qui, au contraire , ne ressemblent nullement aux r ches qui se Présentent dans le voisinage de Santa-Crurenerite Toutes les collines qui s'élèvent à environ £00 pieds de hauteur, sont composées de tuf formé d’une argile Li blanche terreùse et friable, dans laquelle se trouvent empâtés une grande q uantité de 2TOS fragments de tra- chyte ; assez souvent on y voit aussi de petites pierres- porces jaunâtres, de telle manièré que la masse rap- pelle tout-à-fait le tuf de Pausilipre. Cette roche est disposée en couches horizontales. lnmédiatement au-dessus Fépose un conglomérat formé de blocs considérables qui ont le diameétred’une -Ineule de moulin, el qui souvent ont encore de plus Srandes dimensions. Ces b R q irachytiques contenant de la hornblende en prismes ällongés et de larges lamelles blanches de feldspath : on observe dans cette roche a cun fragment basaltique, ®i aucun bloc qui conti réridet. Enfin, le som- met des montagnes e ‘mé pat un conglomérat irré- ÿuülier composé de petits fragments de trach Je reliés °Bsemble par une pâte argileuse. | En général c'est là la composition de {outes Jes on {agnes qui s'élèvent autour de la ville ct dans son Voisinage, On okserve cependant Œueiques différences n, e composent de mâsses 2350 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. qui tendent à rappeler que les roches dont il est ques- tion sont dues à l’action volcanique. Au nord-ouest, Ja ville est terminée par le Castel del Rey, bâti sur une colline. Derrière ce château, à l'extérieur des murs qui s'étendent là jusqu’au rivage de la mer, le tuf contient une grande quantité d’immenses blocs de trachyle, qui sont tellement considérables que souvent on pourrait les prendre pour des rochers en place. Le trachyte est gris foncé; la masse principale dont il est composé se fendiile en petites écailles et ne ren- ferme que des cristaux de feldspath. Ce trachyte ne se présen{e aimsi que dans une des couches inférieures du tuf; A observe les mêmes blocs aussi loin qu'on peut suivre cette couche. Probablement le trachyte d'où dérivent ces fragments se trouve en place dans le voisinage de. cette couche, à une petite profondeur au-dessous ; mais y ilest caché par les roches qui le recouvrent. Lorsqu'on monte vers le château, on Voit au-dessus du tuf une couche de basalte qui renferme de très beaux cristaux d’augile : on trouve des fragments de cette couche dans le tuf lui-même sur le flanc de la mon- tagne du côté de la ville ; et un peu plus bas se montre un conglomérat formé par des fragments gros comme Ja tête, où on observe lous les états dans lesquels peut se présenter le trachyte, soit sous le rapport de Ia pâte principale, soit sous celui de la fréquence de la cou- leur et de la grosseur des cristaux de feidspath qui Ÿ sont contenus: La couche basaltique ne peut poini être considérée comme une coulée de lave; en effet, ôn la retrouvé sur le flanc opposé de la vallée, absolument à la même hauteur; rien d’ailleurs dans son aspect extérieur n° rappelle la texture d’une masse qui aurait été primitir vement fluide. DESCRIPTION GEOG NOSTIGUEZ. Lorsqu'on s’éleve, au contraire, dans celle même « vallée, derrière le Castel del Rey, on trouve sur le fond une masse basallique qui a évidemment {ous les carac tères d’une coulée, et sur laquelle il est impossible “ se méprendre, À la vérité, il n'est pas possible de fixer exactement le point où celte coulée se termine dans la vallée : mais la masse s’élargit dans les poinls où la vallée “ vient plus large, et elle se resserre quand elle devient plus étroite; elle suit aussi (ous les Contours du sol, et se précipite brusquement lorsque la pente devient plus rapide. Les couches horizontales qui composent les flancs de la vallée suivent une autre allure; elles en atteignent successivement le fond, et disparaissent au-dessous de la surface. On peut observer ce courant dans la partie supérieure jusqu'au-delà de la route qui, sur la hauteur, mène de las Palmas à Arucas: mais il est impossible de le suivre jusqu'à un cratère où à un cône de rapilles. Ce ba- salte constitue donc une coulée ancienne qui à ren- contré sur son passage une vallée dans. laquelle elle s'est étendue. La lave est formée de basalle RL et pesant, rempli de grains brillants de péridot jau de miel et à cassure finement ce cette = Slance se présente même fréquemment dans les frag- ments poreux de la surface. | & Auprès d’une maison de campagne située sur leéôié Sud du chemin qui mène à Arucas, auprès de Tomara- Zeyle, à environ un quart delieue de la villeet lorsqu'on a déjà dépassé le château, on trouve un conglomérat Extrêmement remarquable ; il est peut-être à la hau- teur de 300 ou 400 pieds au-dessus de la mer, re- COUVert par une argile calcaire blanche, et souvent il renfermé de grosses coquilles de Ja nature de celles qui se trouvent sur les riv ages de la mer : parmi ces coquiiles, on dis tingue principalement des Conus, des 1 232 DESCRIPTION DES 1LES CANARIES. Patella et des Turritella, qui paraissent être la Turrt- tella imbricataria, Lam. Les têts de ces coquilles sont remplis de sables provenant de débris de couches et de petits fragments d’autres coquilles, comme cela à lieu au bord de la mer. Ces phénomènes semblent in- ‘diquer que la surface de la mer a été antérieurement à un niveau relatif plus élevé, et, par conséquent, que le soulèvement de l’île a été inègal et périodique. ll se forme actuellement un conglomérat tout-à-fait analogue sur le bord de la mer. Entre la ville et l’Isleta, on voit ce conglomérat, contenant des coquilles, re- poser sur les .sables apportés par les vagues. Lorsque _les fragments sont très petits, il se produit une sort de pierre à filtrer qu'on travaille en forme de vases et qu’on transporte dans toutes les îles. L'eau dépos dans les pores de la pierre toutes les impuretés qu’el! peut renfermer ; ef, contenue dans des vases élégant ornés avec des feuilles d’Adianthum reniformé,, cet “eau $e tient constamment Re , à Cause du suin ternent confinuel qui s'opère à travers les parois, € de l'évaporaltion qui, par suite, à lieu à la surfac du vase. Cette pierre filtrante se forme journellement ; le vez alisé du nord-est, qui souffle constamment avec vio- lence pendant toul Vété, soulève les pe provenant des débris de coquilles, et les grains de trachyte et de basalte arrondis par le frottement des vagues, et les pousse sur la petite lang pe : réunit l'Isleta avec la grande île, où _en formant des dunes de 50 ou 40 Re de haute tout-à-fait semblables aux dunes des contrées sien 17 +, trionales de l'Allemagne. Derrière ces dunes le e vent _nese faif plus sentir sur le rivage 06ppose, où les er tits fragments v remanient incessamment les malières sableuses qu ere. l'eau relie peu à peu en masses solides brisées de nou” 1% pu TRE — 7 er ee RE 640 ‘5 sur ca- TIMALIOT ni à S 3 de coul e la roche fF À # L les, tou! ette s qui hyte urs anglés, don- as Pexistence he. € PE LD l’une coquilie # Bu: dolit lice {rac ont-aonnas Pan LAN KE UARX mme. le ; + Lu vü se forme e ju nord-est. Ce! ee # Pa ü J ant de le al QUE que 3 GEOGNOSTIQUE. ent € £ FA ien d 5 ranch ème pierre { s que} e uverts d’ü fondue avec de ui «LÉ ÉENTIES LEE U J À er, Era ro © (g ie 188 ss à de [on a 1 A (de) & LES 1 Fee sé (æ) CE | cg (2) ee) E y us — °c £ vrau V3 < à À fréquerr €] À n e dep S pour cetie contr ü è Li 2S, à Cause du { ° à Le iqu Das ainsi reco le de be se d ta ferme tr Pavoue q 2. 4 e ractérist se trouve un no Peuvent} er lieu à la lion, cn . Le x roc ôrien Fi pm À 25% DESCRIPTION DES ILES CANARIES. mouvement très continu des débris de coquilles dans une eau très chaude, et je ne doute pas que ce soit le même phénomène qui produise les couches oolithiques des bancs de coraux qui se forment dans les contrées intertropicales. TELDE. À l'est de Palmas , sur le chemin de Telde, on peat observer une belle coupe des diverses couches qui composent la montagne sur une falaise escarpée au bord de la mer. Ces couches paraissent s'étendre d’une manière générale dans toutes ces contrées peu élevées. A la partie supérieure, se {trouve un conglo- mérat tout-à-fait semblable à celui qui forme le sommet des montagnes auprès de la ville. Il se compose seule- ment de blocs trachytiques; on n’y observe point de basalte. Les fragments sont très gros et répartis {rès ir- régulièrement dans la masse. Le conglomérat repose sur une couche sableuse, oolithique à grains fins, analogue à la pierre filtrante qui recouvre l’isthme : cette roche est formée de débris de coquilles , dans lesquels on voit aussi de grosses co- quilles encore entières ; elle est en partie à l’état pulvé- rulent, comme les sables du fond de lamer, et en partie _ à l'état de roche solide. Auprès de Xinamar, on re- connaît dans la couche de grosses coquilles bien con- servées de Conus. Il pourrait très bien se faire que c@ fût la même couche que celle qui $e présente au-dessus du Castel del Rey, sur le chemin de Tomarazeyte : oh voit, en effet, cette couche se continuer très loin ef couvrir une grande surface. Au-dessous se trouve un couche supérieure de pierres-ponces jaunes et de Éris poli terreux et grossier : cette masse , malgré son peu dé La DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 255 cohérence, est fort employée comme pierre à bâtir ; elle contient une grande quantité de fragments trachytiques de la grosseur d’un œuf. Après cette couche vient une masse de {rachyte divisée en grosses écailles entre- lacées , puis une couche fort épaisse de basalte qui, sur les bords, prend la texture amygdaloïde, et dont les cavités sont alors remplies par des cristaux déliés d’Arragonite : dans la masse se trouvent des cristaux d'augite , mais point de feldspath. Au-dessous du ba- Salte on voit reparaître le tuf ponceux. . Lorsqu’en partant de Telde on monte dans la valiée ou dans le baranco vers le Val Sequillo, on voit bientôt à découvert, des deux côtés de la vallée, la couche basal- tique divisée alors en grandes et belles colonnes prisma- tiques à cinq pans, qui rappellent tout-à-fait les prismés basaitiques de la Chaussée des Géants ou de la Tour d'Auvergne : le basalte est en grande partie à gros grains ; la masse principale en est compacte, et con- tient seulement fort peu de très petits cristaux noirs qui ne sont pas de l’augite, mais qui paraissent être de la hornblende. La pâte de la roche se distingue de toutes les autres roches de la contrée par sa grande pesanteur Spécifique. On n'observe point ici les masses scori- formes ni les conglomérais basaltiques qui alternent Si fréquemment avec le basalte à Ténériffe ou dans l’île de Palma. l résulte évidemment de là que dans la formation des parties inférieures de l’île, vers le nord-ouest, le trachyte a de beaucoup prédominé sur le basalte. Le luf blanc, les pierres-ponces se rapprochent beau- d'après les observa- tions de Don Francisco Escolar , se présente aussi en belles masses considérables dans le baranco de Galiega, %u-dessous de Tiraxana. En effet, ce baranco.est fort vea éloigné du premier gisement ; ar le trachyte feld- Spathique se trouve, principalement entre Faürilo et borto Rico c'est-à-dire déjà dans la partie sud de lile. Immé édiatement : au-dessus repose une pelite couche de rack y te gris foncé , contenant du feldspath vitreux n petits cristaux ; et suin le trachyte, qui ordinaire- t Se trouve danse 8 parties élevées de ia montagne. À partir de ED rto Rico, les montagnes s ’éloignent de plus en plus de la côte : la pente de ces FPATENG es devient trüs douce, presque imperceptible , et ce f'ec: qu’à la distance de plus d'un Br dans l'intérieur de lie, qu'elles commencent à former des éMinenees const litau iQ 96% DESCRIPTION DES ILES CANARIES. dérables."Souvent sur cette surface on voit paraître Îles feuillets de la roche schisteuse dont lesol est for mé cette rôthe est analogue à un sthiste porphyrique ; mais, le plus souvent, elle est composée d’une, masse feldspa- thique peu brillante et esquilleuse, qui empâte des cris- taux bruns de feldspath, comme au bord de la mer au- p'ès de Xinamar et de Telde. _ Cette côte méridionale de l'ile ne présente plus rien de basaltique ; on n'y observe ni lave, ni scories, ni rayilles ; on n'y renconire pas non pos de tuf. La. plus fatigante uniformité règne sur fouté la surface qui s’élend depuis Porto Rico jusqu’à Huan Grande, Mas Palomas , et même jusqu’à Corrizal qui déjà se trouve dans la partie est de lle. Entre Huan Grande ef Corrizal, toute x surface est recouverte de blocs qui APÈTÉ devoir provenir d'un éboulement ; n mais Ces deux pointssont éloignés l’un de l'aufre de deux lieues, et on ne voit dans le voisinage aucune éminence qui ait pu donner naissance à ces blocs de trachyte. * Au-delà de-Corrizal, on voit reparaître le tuf blanc, qui se continüe dans les parties basses de la contrée et sur-ke rivage de la mer jusqu'à Telde. “Il est-très remarquable que les bords de la Caldera étant formés de roches basaltiques au-dessus de Santa Lucia, du côté sud du cratère, cette même roche ne se retrouve cependânt pas plus bas, et qu'au contraire le pied des montagnes soit sur la partie sud, cominñe vers le nord, entièrement formé ‘de masses. trachy” tiques. \ TEROR ET MO A. Entre las Palmas-et la: grande valiée de Texeda’ Je fianc de la montagne est encore découpé par plusieurs autres Vallées qui descendent vers les côtes du nord de . DESÜRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 265 de l’île : parmi «es dernières , les plus remarquables Sont les vallées de Teror et de Moja. À partir de la ville de Jas Paimas, le chemin suit _ d’abord jusqu’à Tomarazeyte un tuf dans lequel se trouvent des Îrazyments de trachyte, Vers Feror, on . (trouve une Masse extrêmement considérable de basalte, iws 4 « e s a! EIVISCE en grandes colonnes Prismatiques. Ce basalte est gris, et renferme une grande quantité de petits Cristaux de péridôt et d’augite. Il est recouvert par une Couche épaisse de conglomérat. Plus loin, 6n observe & S ” Un luf brun à grains fins, analogue à un grès; et au delà de la chapelle-de San José de las Larmas, se pré- $ente une masse de trachyte qui s'enfonce très pro- fondément dans la vallée de Feror, laquelle commence en cet endroit. Au-dessous où retrouve le tuf, dans le- Quel on a creusé un grand nombre d'habitations. Le trachyte est gris de cendre foncé, fissile en grosses. esquilles ; ii renferme assez souvent de la hornblende: eristallisée tn longues Jâmelles ; et quelques cristaux peu nombreux de feldspath : mais il contient princi- Palement de l’augite d’un verinoirätre, à cassure con- choïde. Cette composition est fort remarcuable, et Montre combien ce trachyte se rapproche du basalte : °n voit, en outre, dans la roche une grande quantité de grains bien caractérisés de fer oxydulé magnétique. Ce {rachyte se distingue déjà par une couleur gris bleuâire qui lui est peu ordinaire. Par ça décomposi- Bon , Ja roche produit une argile bleue et grasse, em- Ployée comme terretgrässe. SEE Se Teror, auprès de l’église de 1x Madone miraculeuse est à 1,681 pieds de hauteur au-dessus de la mer. Cet endroit est célèbre par üne source d’eau acidule d’au- tant plus remarquable , qu’elle est presque la seule des *OUrCeS Minérales connues sur toute la surface de l'ile. ral à £ PSE $ ° » , ñ à . r * “ele pénurie 4 ceux minérales peut être atfribuce en 266 DESCRIPTION DÉS ILES CANAREIS. partie-au peu d'abondance des pluies qui tombent sur l’île. La quantité d'acide carbonique contenue dans celte eau est très faibie, et il n'en pourrait pas être autre- ment d’après la température élevée de la souree qui, au 42 jüillet, était de 170 R. , température sujette ,-à cause de l'abondance des eaux, à fort peu de va- riations Toutefois, cette température n’a rien d'ex- traordinaire, cest communément celle de toutes les sources situées à cetie hauteur. À l’ouest €e Teror, s'élève une montagne qui sépare celle vallée de celie du baranco Secco : cette montagne nommée le Z’ico dela Virgara, se distingue de toutes eclles qui l'entourent, par gs élévation considérable au-dessus de la mer. Elle a 2,756 pieds de hauteur , et se compose seulement, au moins dans les parties su- péricures qui ont une épaissèur considérable, de ra- piiles rouges, agglomérés entre-eux, tout-à fait sem- blables à ceux qui constituent Îles points culminants de l'ile de Madère, et alternant comme eux avec des cou:hes basaltiques. Ces roches'ne se continuent pas sur .une grande étendue ; elles disparaissent bientôt. pour faire place à du trachyte qui se troûve déjà en place dans le baranco Secco, et.qui s'étend sur la chaîne de Montana de Doramas, vers Moja. | Dans ie fond du baramco, auprès de Moja, ce tra+ chyte paraît tout-à- fait blanc el décomposé, ensuite vient du frachyte bieu, et enfin, dans les parties les plus basses, on Voit une masse de basaite prismatique al- ternant avec es ss hes de congiomérat, On n’observe cependant pas € lairement.dans quel rapport de gise- ment ou de CR il est placé avec le trachyte- Lé basalte est gris-noir, compact, il contient du pé” ridot el de l'augite en petits cristaux. Âu milieu d’un bois formé d'Érica, on trouve defoT* briles sources qui jaillissent du sol entre les racines def DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 267 arbres, et forment des ruisseaux assez considérables. En cet endroit, lé basalte paraît. plus sec au toucher que cela n’alicù Généralement. On y observe des frag- ments noirs poreux , el le péridpt y paraît fracturé et et brisé Comme dans une lave. Cette disposition ne se fait pourtant remarquer que dans les parties infériéures de da rnasse, dans laquelle il est impossible de re- COnhaîlre les caractères d'une matière primitivement fluide. up; HA LPC Eh Plus haut, les roches sont tout-à-fait semblables à du basalte solide et, comme à l'ordinaire, elles sont FeCouverles par des. couches épaisses de conglomérat basallique. à > | Les sources de foja sont à 4,587 pieds de hauteur au-dessus de la surface de la mer. My.0e9 À l'issue de.cetle vallée, les rivagés de la mer ne Soùt plus bordts par une ceinture de rochers basal- tiques, mais par un (uf basaltique blanc, et même par des masses fort élevées de trachyte." Ces’ couches de tuf s'élèvent à plusieurs centaines: de pieds de bau- teur au-dessus de l’attérage ordinaire de la Sardiria, situé au bas de-Galdar.-Le tuf est traversé par des fi: lons de basalte trachylique : la couleur foncée: de la Masse qui les cempose appañtient au basalte, (andisque , les petits cristaux de hornblende qui y sont contenus se rapportent au rachyfe. Au point où se termine la valite de Moja, ès rochers s’élèvent.à la häuteur-de 80 pieds, et-forment une sorte de chaîne qui sg'avance COnsidérablement dans la mer. 1 Plus à l’est, du côlé de-las Palmas, on recofnaî les Traces de quelqueséruptions volcaniques; mais, Ouelles “Ont très anciennes, ou au moins les coulées de lave Sont tout-à.fait masquées. Au nord du chemin de F irgas à Ar UCas, se trouve un cône élevé formé de couches de rapikes incohérents , AU Sominel duquél st ur ere 268 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. tère bien déterminé : les couches de rapilles s’abaissent, à partir de ce cratère, de tous côtés sur les flancs du cène, comme à Vandama. Auprès d'Arucks, et même au-delà, se {rouve üng sorte de conglomérat formé de Tragments, trachyliques, qui pourrait facilement être regardé. comme une coulée; les fragments ne sont en effet jamais terminés par des angles saillants, et J’o8 voit dans cette roche des masses noirés et poreuses, comme des veines horizontales, qui lui donnent tout- à-fait P aspect du Piperno des environs de Naples. Cette roche contient du fetdspath vitreux, de longs cristaux de hornblende, et assez souvent aussi du mica en lables hexagonales. Entre Arucas et las Palmas, one voit rien autre chose que le conglomérat trachytique ; cette roche qui recouvre toutes les péntes des montagnes, y empêche le développement de toute végétation. Dans le fond des barancos seulement, se montre le Rois etau- dessous le trachyte en on : M. Escolar a trouvé dans les couches. de conglo- mérat de los Ardenes , auprès d’Agaete, certains mor- _ceaux.de roche qui ont une composition extrèmement remarquable ; la surface extérieure est formée de cal- _cédoine, et la partie centrale occupée par du spath calcaire en cristaux métastatiques , el par-dessus ces cristaux , Se {rouve deJa barÿte sulfatée’ ‘en tables qui sont groupées.en petiles druses.’ Très probablément cest jusqu'ici la seule loca ilité où l'on ait encore vu de de Ja baryte suliatée dans ces îles volcaniques. Aù hâvre de las Nieves, qui appartient aussi à Agaele, _se-troûvent des morceaux avalogues , dans lesquels 08 Voit de belles druses formées par un grande quantité de gros cristaux de chabasite. Il est, au reste, extrêmement remarquable que ‘ Je spath calcaire se trouve si-rarement dans les amy” DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. : 269 daloïdes de ces îles; quand il se présente dans ces roches, c’esl toujours dans le voisinage de la mer, et jamais dans les parties élevées. Près de la Sardina , les parois intérieures dés nodules sont aussi lapissées de petits rogñons de carbonate de chaux ; dans les no- dules de l'amygdaloïde de Degolada de Tazarte auprès de Mogan, on n'en trouve pas une (race. | Æ: Les fragments de roche, appartenant aux parties voi- Sines de la mer, font aussi effervescence avec les acides, de-Sorie qu’on pourrait souvent supposer que les druses: des zéolithes reposent sur une pélite couche de carbo- nale de chaux ; mais cette matière ne se trouve que dans des petites fissures qui pénètrént jusqu'aux cris - taux de zéolithe; et cette dernière substance est tou- jours la seule qui se soit déposée dans les nodules, soit au commencement, soit à la fin du remplissage de ces cayités. il RE + L + TR à RE a À DESCRIPTION DES ILES CANARIES. IPTION DE L'ILE DE PALMA (‘}. Depuis que les iles Caïaries sont connues, on a tou jours parlé de la grande Caldera de Palma, comme d’une merveille de. la nature. Et ce n’est pas sans raison, car c’est ce qui distingue principalement cette île de toutes les autres et ce qui la rend une des plus remarquables et des plus intéressantes de l'Océan. Au- cune. ne montre aussi bien et aussi clairement la forme avec laquelle les îles basaltiques sont sorties du sein de la terre, el auçune ne permet de pénétrer aussi loin et aussi profondément dans son intérieur. se Cependänt peu de personnes ont vu la grande Cal dera ; car , outre qu’on ne peut l’aborder qu'avec peine et difficulté, on ne peut ï apercevoir‘de loin, si ce n’est des côtés de l’ile-qu'on ne visite que rarement, et*qui sont tout-à-fait éloignés des points de débarquement. C'est ce qui explique pourquoi les descriptions de liîle, et même la carte de Lopéz donnent si peu de rensei- gnemenis Sur cette Caldera, qu'on aurait peine à lui accorder l'étendue et} ee qu’elle possèdËréel- ‘lement. La Caldera repré ‘sente dé centre, le grand axe creux de Palma; les bords de l'ile se dévelo ppent circulai- rement autour de cet axe et fornferaient complétement le cercle, s'il n’y avait du côté méridicnal un prolon- gement, par lequel l'ile se termine peu à peu en pointe. Aussi loin qu’elles entourent la Caldera, les montagne (5 Voir la carte de Palma. * 3 à DESSRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 271 sont notablenient élevées, au point que leurs falaises à L2 du côté de 1à mer sont éncore plus escarpées que les rochers qui environnent le Pic dé Feyde. Dès qu’elies S'éloignent de Ja Caldera, la Cumbre $’abaisse, ét la crête des mon laÿnes ,.du côté de Ja pointe méridionale, n’a plus rien de remarquable par sa hauteur. . SANTA-CRUZ. CUM BRE DE LA LAVANDA. ARGUAL, La capitale, Santa-Cruz, se trouve sur le côlé orien- tal, en face de Ténériffe, et à peu près au point où Ja partie ronde de l'ile com mence,à se détourner pour se terminer én pointé. A peine si. l'on à pu trouver sur cette plage escarpée, l'espace nécessaire pour les mai- Sons. Les rues. et les places sont unies avec art, et S'élèvent pour la plupart en terrasses les unes au-dessus -des autres. Le rivage présente à peu près le même aspect que les rochers de S. Juan de Rambla. Les ro- chers élevés se composent en grande partie de tuf brun basaltique qui, au rocher de S. Elmo, ressemble au Peperino ; de gros blocs de basalle avec de l'augite et du péridot sont engiobés de cette roche ,où l’on voit aussi des fragments plus petits. Au-dessus s'étend une Couché"puissante de basalté, qui se prolonge vers la Partieélevée de la ville :; là se trouve encore un basalfe €ntièrementsemp lable, qui le pius souvent,se présente Sous une forme toul-X-fait singulière et remarquable. On croirait voir.une grande colonne noire el tmôrme de basalle ; qui semble sortir du sein de. la terre à tra- Vers le tuf : elle s'élève près d’une chapèlle Située sur le borq de la: mer, non loin de la ville. De l'autre côté de la ville, vers la pointe Puntallanà, paraissent F des groupes de belles colonnes basaltiques Penlagonales: we TE EE ae EU Re, 2 a A RD 272 DE SÜRIPTION DES ILES. CANARIES. leur masse renferme encore ici du pérido et de l'au- gite en petits cristaux, Au-dessous sont des masses de scories, sur lesquelles repose un tuf brun basaitique formé de rapilles, atfeignant quelquefois une puissante extraordinaire ; au baranco de las Nieves, il s'élève jusqu'à 80 pieds el même davantage. das el La composition de fa partie ihtérieure et dè la partie extérieure de l'ile est donc d'une nature entitrement basaltique, comme céla a généralement lieu dans les îles basaltiques. Ce qui recouvre extérieurenfent les montagnes dans loute l'étendue du passage sur 2 ne vers Ja partie occidentale, est une argile rouge ré isultant de la décomposition des petites scories dont se composé le tyf; et là où des précipices ou des barancos laissent apercevoir l’intérieur, on voit des couches de basalles alternant avec des couches d’un pa- reil tuf. La route monté d’abord rapidement ; sans iu- terruption, l’espace d'une lieue, jusque près de Buena- vista, qui est élevé de 925 pieds. Là les montagnes s'aplanissent; elles ne s'élèvent plus que bien moins rapidement sur une courte étendue, et. deux beaux villages , Brena alta et Brena baxa, utilisent pour tme excéllente culture cette position avantageuse. Jusqu'à cette hauteur, se développe encore une végétation très active. Les pentes sont recouvertes par les fleurs jaunes, par les feuilles rondes et les tiges du Cacttié Tuna, plante qui resle beaucoup au-dessous du Cactus Opun- tia , et des Palmiers $’élèvent encore sur le sonrmet dés collines. Des vignobles recouvrent sans interruption Îles pentes jusqu’à la hauteur de 1,620 pieds, etes forêts seules les empêchent de s'élever encore plus haut. Mais bientôt uh profond baranco sépare ce paysage uni de la crête-stérile qui, des hauteurs entourant Caïdera,. s'étend vers la pointe méridionale de l'ie- Là, toute culture disparaît, et tout est recouver! de-2 DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 275 forêts : à la partie inférieure, et jusqu'à la haüteurde 3,556 pieds, sont des lauriers, le Laurus indica etle Laurus nobilis ; Puis, parmi eux, se trouvent des arbres d'Jlex perado et de Myrica: faya, jusqu'à 53,916 pieds ; enfin, dépuis les lauriers jusqu'au sommet, on ne . Voit plus que des Ærica arborea ; des fleurs et d'innom brables buissons remplissent les intervalles qui séparent leurs troncs. Quelque escarpée que soit la pente, cétte forêt la recouvre tellement bien, qu’il ne paraît presque rien de sa composition intérieure, et à peine voit-on autre chose que des petits morceaux de scories prove- Tant des couches de tufs, répandus çà et lxsur la route. C’est ainsi que le Camino nuevo atteint, après la La- vanda, le sommet de la Cumbre à .4,25% pieds : là, se trouve une arête aiguë , n'ayant que quelques pas de largeur, et bientôt la pente redescend rapidement du Côté de l’ouest. On voit distinctementt que cette crête se relie avec les montagnes de la Caldera, maïs non pas comme un bras qui appartiendrait à ces montagnes : celles-ci sont , en effet , plus élevées de 2,000 pieds et même davantage , de sorte qu'elles paraissent former Une, chaîne particulière et entièrement séparée, Vers le sud aussi, la Cumbre s'abaisse bientôt, laisse un’ STand espace en forme de col qui n’a pas plus de 2,800 pieds d’élévation * Puis changeant de direction, et se déviant vers l'ouest, se relève en deux montagnes Séparées peu étendues , et présentant la forme: d’un Cône aigu ; la dernière et la plus élevée de ces nion- lâgnes est connue sous le nom de Pico de Vergojo où de iguiomo: Un vallon vaste et uni s’étend vers la mer, Cntre ces deux montagnes et la Cumbre aiguë du Pas du 420, A ja partie supérieure du Pas, un peu au-dessous du point culminant, s'élève un immense cône d'érap- : lion formé de rapilles noirs et rouges : ce cône volea_ hique est terminé par un cratère très profond ouvert | 18 274 DESCGRIPHION DES ILES CANARIES- du-côté de la vallée, et un courant considérable, S0r- tant .de.ce.cratère, se précipite comme une véritable casçade-sur le penchant de la montagne : la coulée s'élargit dans les parties.où la vallée devient plus unie, et.elle «e.prolonge jusqu’à la mer, en formant un ruban noir.et stérile-qui permet de la. distinguer nettement , même de loin, de toutes les roches avoisinantes. C'est; sans contredit, un.des plus grands.etides plus anciens courants de laves que cette île-ail. jamais produits; el son existence dans l’ile.de Palma est d'autant plus frap- pante, que celle-ci ne renferme aucun volcan et. gé- néralement très peu de courants.de laves. Viera fixe l'époque de cette éruption, d'après les descriptions da P. Francisco Alonso de Espinosa, qui l'a observée lui-+ même. Elle eut lieule 18 avril 4585. «Vers deux heures de l'après-midi, dit ce Père, la terre fut secouée,si.ef- froyablement dansle district de les Llanos, que ce phé- nomène jeta toute l’île dans uneentière consternation: H se forma.une puissante montagne. Une gorge. s’ouvrit, voraissant du feu , de la fumée et des pierres embrâsées, et enfinil en-sortit trois torrents de feu, éloignés entre eux d’une portée.de fusil, qui se précipitèrent vers la mer sur une.étendue de plus d'une legua. La mer seule mit des.borneg à leur cours, et jusqu’à une distanee de deux milles, on trouva des. poissons morts à lasur- face des.eaux. ». Cette lave est basaltique et renferme du péridot. | É .. Au pied de la Gumbre, à l'entrée du vaste vallon de los Llanos, s'élève, à 2,797. pieds au-dessus de la-mef» et presque à la même hauteur que le cône d’éruption dé la lave, .un grand et beau pin, Pinus canariensis, qui porte une.image miraculeuse de la Vierge Marie, et est nommé e/ Pino Santo. À partir de ce point, les-pente® redeviennent moins rapides, et les Vallons isolés sont très unis. C’est ainsi qu’on atteint bientôt un ii DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 75 d'amandiers, et le Village ie plus élevé de ce côté, el Paso Tacande, qui se trouve à la hauteur de 1,980 Pieds *E bois d’amandiérs deScend vers le vallon ; et est remplitde plusieurs milliers de serins qui font retentir l'air de leurs chants. Des vignes s'étendent en arcs sur le penchant, alternant avec des maisons, et autour d'elles s’élévent-de petits bosquets de figuiers ;! d’oran- SCTS ef de grenadiers. C’est là le Vallon de la Lavanda, _lenommé à juste titre dans l’île. Bientôt on descend la dernière pente, et l'on découvre la plaine et les Plantations de sucre d’Argual. Cette plaine vivante, Semblable à une verte prairie, présente un aspect qui ne se représente nulle part ailleurs dans l'île: dans la partie supérieure s’élévent les beaux ‘bâtiments des taffineries de sucre d’Argual, et dans Ja partie infé- Tieure les maisons de Tazacorte. 2.4 La Tosca à de même ici nivelé le terrain ; elle paraît déjà un: peu au-dessous ‘du Paso Tacande, et avant qu’on ait atteint le Village de los Llanos , c’est-à-dire près de 4,000 pieds au-dessus ‘du niveau de la mer. A'Santa-Cruz on ne la voit pas : ici elle est de na- ture calcaire. Dans une taverne près de los Llanos , des Caux qui suintent à {favers, forment des stalactites et des incrustations de feuilles, ARE rare } CALDERA. Près de Tazacorte, l'œil peut pénétrer dans l'inte.. Tieur de Ja Caldera (PL: VE, 2). C’est le seul endroit où on puisse la voir d’en-bas, et on ne le peut même que sur ne Courte étendue, La Cumbre est'ici fendue, depuis là Caldera jusqu’à la mer; le profond baranco qui en … lsulte se termine près de Tazacorle, et permet ainsi, 18. 10 DESCRIPTION LES ILES CANARIFS- sur l'étendue de sa largeur, d’apercevoir j'inté= rieur. On voit alors avec quelle hardiesse les rochers descendent depuis le sommet jusqu’au fond; on rer connaît que la Cumbre ne forme pas une chaîne conti- nue, mais qu'elle se creuse intérieurement ; on voit enfin les parois intérieures de celte Caldera, plus profonde encore que le baranco lui-même; se présenter avec les caractères des gorges des Alpes, et le vide qu’elles ren- ferment s'étendre jusqu'aux plus profondes cavités de l'ile. Le baranco qui sort de là se nomme, d'après une chapelle de la madone ; Baranco de las Angustias. Argual.se trouve sur son sommet méridional, à 894 pieds au-dessus du fond. | Quand on descend celte pente sur des couches de conglomérat basaitique, on tombe soudain, sans s'y attendre , et d’une manière tout-à-fait extraordinaire, sur une grande quantité de gros blocs qui paraissent comme venir d'une terre étrangère. On croirait être au Saint-Gothard, au milieu des Alpes. D'abord c'est une grande masse de hornblende noire en longs el beaux cristaux, avec du feldspath blanc, éclatant, non altéré, entremèlé de lames de mica et de cristaux de pyrite de fer (roche analogue à celles qui se trouvent si fréquemment en couche dans le schiste micacé) : 02 trouve même ensuite du schiste micacé ; puis des blocs qui paraissent être formés du plus beau granite: cette roche, à gros grains, contient du feldspath blanc jau” nâtre et du mica noir, mais ne renferme que peu de quartz, et en cristaux mal déterminés ; puis enfin on ob” serve d'autres masses , qui paraissent comme arrachét® à des montagnes de siénite. On aperçoit distinctemen! que toutes ces roches sont sorties de l'intérieur. de ja Caldera, et elles attirent toute l'attention de ce côté- _Les alentours du baranco sont d’une structure qui 2° diffère encore en rien de celle d’une île basaltiqu®, # = DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 277 La couche la plus inférieure consisté en basalie, et se maintient jusqu’à la mer. C’est un beau basalte com- pact , très noir, renfermant de gros grains de péridotet de nombreux cristaux d’a ugile. Par-dessus s'étendent des couches de conglomérat de plusieurs centaines de piéds depuissance, en partie composées de gros blocs de rochés basaltiques {rès variées, souvent aussi, formées de frag- ments de basalte renfermant de la hornblende; maisonne {trouve dans ce mélange aucun bloc de roche primitive. La couche solide inférieure renferme trés souvent des boules blanches remplies de mésotype, mcis toujours plus abondamment dans les parties inférieures que dans les Supérieures, comme si 14 compression de celle-ci avait été nécessaire pour déterminer l'apparition de celle zéolithe. Ces couches s'élèvent doucement vers l'intérieur comme vers le sommet de la montagne : mais aux endroits où celle-ci se relève plus rapide- ment, elles se redressent aussi, et l’on voit de nouvelles couches sortir de là terre , ‘de manière qu'à mesure qu'on monte dans le baranco, on voit paraître, les _unes après les autres, les couches inférieures. : Les flancs du baranco sont à pic, comme seraient les parois d’une grande fissure, et ils laissent alor: facilement apercevoir la suite des couches basaltiques, ainsi que leur direction. La même alternance de cou- ches de luf brun avec du baselte solide se montre Péndant longtemps. Des filons paraissent et deviennent Plus fréquents à mesure qu'on remonte le baranco. Ils lraversent également toutes les roches, aussi bien les COnglomérats de.scories , que le basalte plus solide , et SOut pour la plupart fendus transversalement en forme de colonnes ; ils consistent toujours en basalte à grains _ fins et à arêtes aiguës, renfermant des cristaux d’augite en pelit nombre. Bientôt la petite plaine 6e perd dans le fond du baranco ; il ne se trouve plus qu'une mai: osé: | ME oo tanins" * ME lee + th + 278 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. son, la Vigna, à une lieue plus haut sur la pente , puis on ne Voit plus aucune habitation , ni aucune trace de culture, qui, au reste, devient RE Se impossible, car au bas un ruisseau considérable se précipite en écu- mant à travers d'énormes blocs de rochers; et bientôt, les rochers se relevant.en forme de pointes, “ebettont le voyageur de côté et d'autre, en ne lui offrant de toutes parts que des passages dangereux. Les masses, qui se pressent dans celte gorge, sont d’un aspect hardi et majestueux. C'est absolument la nature des montagnes des Alpes. Telle est la vallée de Schôllenen au ue Gothard , ou la Via Mala dans les Grisons. Les filons deviennent toujours de plus en plus fré- quents, et s'étendent à travers les couches de haut en bas dans différentes directions, se traversant et se rejetant de côté ayec les couches elles-mêmes. Souvent la masse solide de la montagne paraît n'être qu'un conglo- mérat renfermé entre ces filons. Enfin, au point où les rochers se rencontrent presque, deux ruisseaux sortis de là Caldera , et coulant dans deux canaux profonds, viennent se réunir : l’ Agua .buena à droite, Agua mala à gauche; ce dernier tire son nom d’une eau légèrément acide qui jaillit à travers les rochers : en cet endroit onest parvenu à la plus grande profon- deur de cette gorge. A partir de là, le fond du baranco se relève rapidement, et l’on remonte vers des couches plus élevées. Les filons s'étendent maintenant comme un vaste réseau sur les rochers, et il n’est plus possible de suivre les couches qu’on avait pu observer dans les parties inférieures. Une roche ne se continue que sur une étendue de quelques pas, puis un filon en amène une nouvelle, et ce qu'on voyait précédemment ne se r€- produit peut-être que plus loin et à une plus grande élévation. Tout est détruit et bouleversé par ces filons ; DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE, 273 et, ici, on comprend enfin comment de pareils boule- versements Onl pu avoir assez d'action sur les mon- tagnes plus anciennes , pour former ces conglormérals et ces grès , qui recouvrent une Si grande partie de la surface du globe. | Depuis longtemps lés couches de basalte ef de con- glomérat ont disparu. Mais les bouleversements que Ja sortie des fitons a opérés dans les coûches qui se pré- Sen{ent actuellement, quelle que soit d'ailleurs Teur na- lure, empêchent complétement de recohnaîl re comment ces roches se superposent , ét de quelle mañitre elles se sucéèdent. Le plus souvent c’est une masse dé diorite , COMposée de belle hornblende noire à gTO0S grains , mêlée de feldspath blanc perlé, en masse et en cristaux, tel qu’on en trouve dans le gneiss. Cette roche est aussi lrès souvent semblable à ces nombreuses roches an phiboliques , ‘qu’on trouve fréquemment dans les Alpes, Supérposées au gneïss : on y observe une grande quantité de fer sulfuré en petits cristaux. Ensuite vient une masse puissante dé trachyté blanc, avec dés éris- faux de feldspath , et des points blancs , très petits et ex- trèmement nombreux, qui, examinés à une forte loüpe, ° Présentent comme dé petités druses rondes formées de très petits rhomboëdres dé chabasite. Dé nombreux débris irréguliers, quelquefois aussi des noyauxéet des nids de spath calcaire traversent cetté roche, &insi que des cristaux non moins nombreux d'épidote dan beau vert d'herbe, par lesquels la masse: entière est Souvent colorée én vert. Du fer sulfuré én cristaux est fréqueriment disséminé dans la roche ainsi que du beau grenat rouge, présentant 14 formé dé Pamphigène, et dont les cristaux sont transparents et presque’ dé là Srosseur d’un pois. Le spath calcaire est en quelques L + Points si puissant et si abondant, qu'on à construit Bb dans ce désert un fourneau, pour utiliser un produit si DRE" 7. x e 4 d w 28) DESCRIPTION DES ILES CANARIES. rare dans cette île, Ici les filons ont évidemment percé les roches primitives, et les ont rejetées confusément les unes à travers les autres. Leur gisement actuel reste toujours caché dans la profondeur , mais elles ne sau- raient être éloignées. Pendant l’espace d’une lieue, on ne Voit plus aucune couche basaltique : c’est une tout autre nature de roche qui se présente à l’observation, et l’on marche sur un terrain entièrement PSE sous le rapport géologique. _ Malheureusement cette disposition ne s'étend pas sur un long espace, et on ne peut pas pénétrer à une plus grande profondeur. L’élévation rapide du baranco, à partir de la jonction des deux ruisseaux, ramène bientôt sur des couches basaltiques, et là sinhnipét s'ouvre la Caldera. L'entrée de cette Caldera est sem- blable à celle d’Urseren par le défilé de Schôllenen; il n’y manque que les villages et la culture, Tout autour, s'élèvent des rochers inaccessibles de plusieurs milliers de pieds d’élévation. Au pied de ces escarpements, où les masses tombées du haut ont formé.en s’accumulant une pente plus douce, se trouvent des forêts de Pins, et plus bas des forêts de lauriers, d’ardisia, d’Zlex per ado et de Myrica faya. Des fougères (Pieris aquilina ) croissent sous leur abri, etrecouvrent le sol de toutes parts. L'in- térieur de ces forêts n’est divisé que par desscollines de quelques centaines de pieds seulement d’élévation, :et l’on voit toujours les rochers des alentours s'élever au-dessus d'elles. Des nuages se dirigent de l’intérieur du baranco vers les gorges ; et se dispersent en rosée sur la terre à l'entrée de la nuit, tandis que F'arête supérieure est toujours sans nuages » nue el dépourvué d'arbres. . Lorsqu'on peut atteindre la roche, € "est toujours une masse énorme de conglomérat, qu’on trouve avant de rencontrer de nouveau les couches de basalte plus DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. | 281 solide; toutefois ce conglomérat est formé des débris de basalte, et non des roches primitives du fond. Mais rien de tout ce qu'on observe ne rappelle ni cône. d’éruption, ni coulées de lave, ni scories, mi rapilles. Ms La Caldera, dit Glas, à deux leguas (de vingt au degré) de diamètre dans chaque sens , et cette évaluation s’é- carte peu de la réalité. Seulement la dimension du nord- est au sud-ouest semble surpasser Un peu iles autres. C’estun circuit énorme, tel que dans aucun autre volcan Onne pourrait trouver un cratère aussi considérable, et que dans aucune autre île il n’existe de cratère de SOulèvement qui, avec une pareille circonférence, at- teigne à une aussi grande profondeur. CUMBRE DE LA CALDERA. Il est entièrement impossible de monter du fond@e la Caldera vers l'arête, ou de descendre de celte crête Vers le fond. On n’atteint le sommet que par la pente du circuit extérieur » Mais alors avec facilité. Quoique eScarpé, le chemin qui y conduit depuis Santa-Cruz n'est que pénible, et nullement dangereux ; maïs ce Au'il permet de voir de Ja composition de l'enceinte est lrès uniforme. Du basalte, avec de l’augite et du Péridot, forme habituellement le recouvrement supé- Tieur des roches; et dans les barancos , par lesquels Passe le chemin, on voit ce même basalte alterner avec des couches puissantes formées de débris grossiers de Scories. Les couches compactes n’ont guères plus de 10 à 45 pieds de puissance, Au-dessus, dans les parties les plus élevées, la surface CORsis{e en couches de Scories rouges et jaunes ; et parmi elles s’élèvent, A a, A g emrrttè 282 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. vers l’arête de la Caldera, de grosses écailles de masses plus solides, anguleuses, et se présentant avec des formes remarquables et singulières. Ces écailles, comme celles des courants de laves , ‘sont partout remplies de beaux cristaux petits et brillants d’augite, et aussi de péridot ; la décomposition qui s’effectue sur ce sol dé- nudé enlève la masse principale, et les cristaux qu elle englobait se trouvent alors isolés à la surface qui est parsemée d’une quantité innombrabie de ces cristaux. Les cri£taux de péridot montrent nettement la forme. de la chrysolithe (Æaüy, p. 70, fig. 132), ce qui est d'autant plus frappant, que par l’aspect des morceaux cassés , on n’accorderait pas du tout à ces AE ar des contours aussi réguliers. On ne s’apercevrait pas de la hatisur infiônse à la- quelle on s’est élevé en montant jusqu’à cette arête, si on n’en avait pas élé averti par la disparution successive des arbres sur la pente, d’abord des palmiers et des opuntia ; puis des vignes et des orangers , ensuite les lauriers, à hauteur de 5,500 pieds ; des Myrica faya, à 5, 930 pieds ; plus tard des Érica arboréea, à la hauteur de 4,160 pieds ; enfin des beaux pins des Canaries, à à 6,500 pieds. L’arête elle-même, au Pico del Cedro , sur le côté sud- est de là Caldera, s'élève jusqu’à 6, 805 pieds. Plus loin, vers le nord, s'élève le Pico de la Cruz, à 7°082 pieds , ét enfin encore une lieue plus loin, et toujours en sui- vant l’arête, se montre le Pico dE los Muchachos, Ja plus haute pointe de l'ile, élévée de 7, 254 pieds au déssus du niveau de la mer. Vue d'en haut, la Caldera présente un coup- d'œil non moins frappant que d’en bas dans son intérieur. son effraÿante profondeur, qu'on peut alors embrasser dans toüt son ensenibte, lui donne l'aspect d’un abime immense , tel qu’il doit s’en présenter rarement à là surface de là terre. Le milieu du fond de la Caldera est ES EPL RSS EE on (D oh hd de DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 285 élevé de 2,257 pieds ; la base des rochers verticaux 6st de très peu plus élevée, en sorte que ces rochers forment jusqu’à leur sommet des escarpements à pic de plus dé 4,000upieds de hauteur, Où pourrait-on trouver rien d'aussi prodigieux 9 Où existe-t-il un entourage de cratère aussi gigantesque, dans lequel les rochers en- vironnants viennent dévoiler à observateur, Sur une Si étonnante hauteur, la nature des masses cachées SOUS le sol qu’il foule à ses pieds? ï Des crêtes isolées ét arides s'élèvent sur les bords de l'enceinte , et par elles on peut facilement juger de la COMposition de l’ensemble. Aussi Join qu'on peut Voir das la Profondeur, ce sont des couches de basalte solide, entremêlées de couches plus püissantes de tuf et de con- Slomérat, formées de scories. En häut, sur le bord , les couches s’inclinent très fortement vers l'extérieur, et loujours de moins en-moins dans la profondeur ; en sorte que sur le côté Septentrional elles plongent vers le nord, et sur le côté méridional, au contraire, vers le sud. Ici on serait encore tenté de croire que les nom- breux filons basaltiques, qui se montrent partout de- Puis le sommet jusque dans la plus grande profon- deur, sont les liens à l’aide desquels les couches formées de masses aussi décomposées sont maintenues dans cette Situation hardie: Ils Sont pour la plupart verticaux, ou S’inclinent dans différentes directions, mais (toujours en S'écartant peu de la verticale, et ils ne se traversent pas aussi fréquemment qu'au fond du baranco, au éon- luent des deux ruisseaux. g La pente extérieure de Ja Caldera est comme faite au tour, depuis le sommet jusqu’au bord dela mer. On ne voit pas l’entaille des barancos, où bien l’on ne voit ue des fentes peu apparentes, et de nouvelles éléva- ‘ions: ne $e-rnontrent nutié part'Sur celte surface ‘qui 284 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. s'abaisse uniformément. Ceci est un phénomène très remarquable, et il le devient encore davantage, lors- qu’on parcourt les barancos.qui s'étendent en quantilé incroyable depuis le sommet jusqu’au pied, ou bien qn'’on les examine seulement sur la carte de l'ile. On peut se trouver très près d'eux sans les voir, et sou- vent On ne les pressent pas du tout avant d’avoir at- teint le dernier sentier sur le bord. Alors il faut des- cendre le long d’un rocher à pic de 4 à 500 pieds, puis remonter à la même hauteur; mais à peine a-t-0n fait un quart de lieue, qu’on trouve un nouveau ba- ranco, aussi profond, et bordé également par des es- _carpements verticaux. Ces ravins se succèdent ainsi de telle sorte, que les habitations trouvent à peine assez de place sur cette surface. Aucune eau ne coule dans ces baranco:, si ce n’est pendant les pluies d'hiver , ou quand la neige fond sur les montagnes. Les chemins, pour arriver à une hauteur un peu considérable au-dessus du niveau dela mer, de- viennent tellement pénibles par suite de ces interrup- tions continuelles, de ces montées et descentes con- sécutives , que les habitants préfèrent en toute saison monter toute la hauteur depuis Santa-Cruz jusqu’à la Caldera , puis redescendre par un grand détour lelong du baranco, plutôt que de prendre le chemin , ‘bief plus direct et plus court, à travers tant de profonds barancos. Ceux-ci partent tous des bords de la Calder4 comme d'un centre ; mais ils ne s'étendent pas plus loi que la Caldera elle-même. Sitôtque la Cumbre s'éloigne du cratère et se retire vers la pointe.méridionale, le$ barancos deviennent rares, et ne-sont st à der que près des bords de la mer. Ces phénomènes s'accordent entre eux Je plus par” failement possible, de manière à être rattachés à Un© DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 283 cause commune, Qu'est-ce en effet que la Caldera, sinon la grande cheminée , le cratère de soulèvement, par le- quel s’est fait jour la force qui a soulevé toute cette île du fond de la mer au-dessus de sa surface. C’estpour cela Que les couches ont la même inclinaison que la pente ex- térieure , plus forte vers le haut que vers le bas , et la surface du cône nouvellement soulevé, a dû éclater sur SON contour en fentes et en. barancos innombra- bles, puisqu'elle s'étend sur un espace. beaucoup plus considérable que celui qu'elle occupait auparavant sur le fond de la mer. De pareilles fentes sont rares loin du cône d’éruption, parce que les mêmes causes de rupture n’y existent plus. S'il avait pu s'élever Un pic au milieu de la Caldera, il. en serait ré- Sulté un volcan, un canal de communication de lin- térieur avec l'atmosphère : mais l'immense masse Soulevée. est retombée au milieu du cratère, et a-re- bouché l’orifice de communication qui avait tenté de s'établir, . RER ET" : Le profond canal qui s'étend depuis le cratère jus- qu'au pied du cône ; le baranco de las Angustias, n’est pas particulier à l'ile de Palma : c’est un phénomène Commun à tous les cratères de soulèvement. Si le bord Supérieur seulement, et non le fond d’un pareil cratère est élevé au-dessus. de la surface de la mer ,; alors il arrive ordinairement que l’eau de la mer s’introduit Par ces sortes de fentes, el, remplissant l’espace inté- rieur, forme une grande baie circulaire. C'est ce qui a lieu pour l'île d'Amsterdam, .au sud de l'Afrique ; pour Barren Island, à l’est des îles Nicobar (PL V1;5), où l’on Croit voir le Picde Ténériffeavec le cirque qui l'entoure, Placé à la surface de la mer, À Gran Canaria les fentes se trouvent dans le profond baranco de Galega, auprès de Mas. Palomas,. vers le côté méridional, Mais dans ‘aucune de ces îles ces rapports remarquables ne sont 286 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. aussi nets, aussi manifestes, et sur une aussi grande échelle que dans l’île de Palma. ÉRUPTION DE FUEN-CALIENTE. On n’a jusqu’à présent examiné aucun cratère de soulèvement, dans le milieu duquel on ait trouvé seulement une trace d’une éruption ou d’un courant de lave. Toutefois ce cas se présente au circuit exté- rieur, mais seulement loin du grand cratère, et ordi- nairement à une très grande profondeur, presqu’au pied de la montagne. Encore ne remarque-t-on pas que ces éruptions se rangent autour du cratère, comme autour d’un centre, et que par suite, elles indiquent là, comme dans les grands volcans, une direction commune. À Palma, il n'y à vraisemblablement nulle part, sur le circuit extérieur du cône qui cache la Caldera, aucun cône d’éruption, ni aucun courant de lave; l’éruption de la Lavanda même, arrivée l’an 1585, est déjà très éloi- _gnée de la Cumbre de la Caldera, C’est encore bien plus loin , et à une grande distance de cette Cumbre, que se trouvent les éruptions les plus récentes, celles de Fuen- Caliente, sur le côté méridional le plus extérieur de l'ile, ét non loin de Ja mer. Viera parle peu de cet événement, Glas pas du tout; mais il se trouve con- ‘signé dans un manuscrit du Hbénise Don Juan Pinto de Guisla, fait à Palma le 17 janvier 4678, qui est encore conservé à Ténériffe, et où toute la suite des phéno” mènes est racontée avec assez de détails. Les premiers signes de l’éruption du volcan, dit Don Juan Pinto, furent des trembléments de terre, qui commencèrent le samedi 43 noYembre 1677, danS DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 287 là partie méridionale de l'ile, éloignée de six leguas de la capitale, là où sortait celle source, qui à cause des Propriétés médicinales de ses eaux élaitnommée Fuernte- anta ; et, COMMe celles-ci jaillissaient chaudes du sein de la terre, tout le district avait recu le nor de Fuen- Caliente. Les tremblements de terre conlinuerent jus- Qu'au 17; puis il se forma, avec un ‘violent bruit Souterrain , plusieurs ouvertures , desquelles il sortait des vapeurs brûlantes accompagnées d’une forte odeur de soufre : Ja plus grande de toutes se fit sur la mon- lagne los Corrales, à une demi-legua de Ja mer. Le même jour, une heure avant le coucher du:s0- leïl, la terre s’ouvrit avec un grand fracas dans la plaine , au-dessus de la Fuente-Santa, sur la Cuesta Canrada. Immédiatement ensuite se formèrent les unes après les autres, dans l’espace d’une heure, sur la Pente de la montagne , dix-sept autres ouvertures , par lesquelles jaillirent des masses épaisses, fluides.et in- Candescentes , qui se réunirent en un courant de feu dirigé vers la mer. Trois nouvelles ouvertures se for- mèrent plus haut, au-dessus .de la montagne, et il en sortit une masse fluide semblable, qui se joignit à celles provenant des autres ouvertures, ef atteignit aVec.elles la mer au Porto Viejo, là où les Espagnols abor- dèrent pour la première fois dans le pays, pour faire la Conquête de l'ile. Un bras se précipila sur la Fuente- Santa, et la: recouvrit d’une telle quantité de débris, Tueémaintenant:on a perdu toute espérance de jamais la “evoir. La destruction de cette source chaude a été une Perte considérable pour l'ile de Palma. . hr 2 ‘Le 21 novembre, la grande ouverture de la mon- lagne (dos Corrales) dégagea beaucoup de fumée ; puis tlle s'agrandit brusquement avec un bruit considé- Table ;des.flammes en sortirent et s’élevèrent jusqu’à lue très grande hauteur ; elles étaient mêlées de pierres 288 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. incandescentes en si grande quantité, que par leur accumulation autour du nouveau cratère, la montagne s’éleva d’une quantité notable, Mais aucun courant ne jaillit de cette ouverture. Plus tard, entre cette montagne et la mer, dans la partie de la contrée qui a été appelée Fenianya, la terre se fendit, et il se forma de nouvelles ouvertures éloignées de plus de cinquante brazas des premières, et il en sortit des courants de laves. Ils se dirigèrent également vers le Puerto Viejo, et, se joignant avec ceux des autres ouvertures, ils formèrent une sorte de Malpays d’une demi-legua de largeur. La mer fut re- poussée de plus de deux cents brazas par ces courants. Dans l’intérieur même de la montagne, on entendait un pétillement continuel, comme de matières enflam- mées, entremêlé de plus fortes détonations qu’on entendait dans toute l’île, et qui ressemblaient tantôt au bruit du tonnerre, tantôt à l’explosion d’une bat- terie. De temps en temps les flammes cessaient de jaillir de la grande ouverture du sommet; mais elles étaient immédiatement suivies par une épaisse fumée, et par une éruption d’une si égorme quantité de sable, que tout le pays environnant en fut recou- vert jusqu’au-delà de la hauteur de huit palmes, et qu'une grande partie du Malpays, près de la mer, formant ün rivage rocailleux, fut changé en une plage sableuse, en une P/1ya. Au milieu de cette fumée épaisse , il se produisait des éclairs si éclatants, qu'on les voyait jusque dans la ville; comme les éclairs des orages , ils étaient suivis de violents coups de tonnerre: Aujourd’hüi, dit le licencié, 18 janvier 1678, tous _ les phénomènes n’ont pas encore cessé. La montagn® dégage toujours de la fumée et des’ vapeurs, et, dan” les environs du nouveau volcan, il y a maintenant des endroits qui émament des exhalaisons si pestilen” DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. ‘ 289 lielles , qu’on y à trouvé un homme asphyxié , ainsi qu'un grand nombre d'oiseaux morts aux environs. Plus tard, vingt-sépt chèvres y périrent en même temps, Pour s’être apprôchées de cet endroit, où les vapeurs émanént de la terre sans famée apparente. Des trem- * blements de terre continuèrent à se succéder, ét ondes ressentit surtout ‘très fortement le 5. janvier, vers cinq heures du matin. Toutefoïs, lé monticule du soin- met resta seul dans un. état d’éruption ; mais de nou- VEaux courants de laves , sortis de quelques où- vertures plus profondes, recouvrirent Compléterñent ‘Plüsiéurs orifices situés encore à de plus grandes Profondeurs, d’où étaient sortis auparavant d’autres Courants. D'après Viera, tous ces phénomènes ces- sèrent comp'étement le 24 janvier. LE D’après cette relation , la suite des phénomènes de cette éruption remarquable est encore conforme à ce. qu’on observe sisouyent dans des volcans: D'abord la terre s'agite, ensuite ilse produit une fente qui, ici, se trouve représentée par dix-huit petits cratères, et cette fissure donne issue à des courants de ‘lave fluide. Puis'un cratère plus élevé répand des pierres, des : cendres et du sable, et enfin des’ mofèttes pestilen- lielles se dégagent du sein de la terre ébranlée, < La masse de la lave sortie du volcan est extrème- ment remarquable. Elle est complétement ‘bâsaltique, renferme des cristaux d’augite et de très gros mor Ceaux de péridot, de la gfosseur d’un citron. Ceux-ci Se trouvent dégagés de la masse, et s'élèvent au-dessus Comme des pointés soutenues par -de petites colonnes de laveë. Lorsqu'ils sont entièrement entourés , ils ne SOnt pourtant pas renfermés solidément dans la masse, mais ilS sont environnés comme d’une bordure de ca- Vités. On ne voit pas du tout de feldspath dans cette “lave : elle dérive certainement de roches basaltiques , ; 19 r a 2 me = Ds. re 2 le a 1 ù si bdd es PRESS < PART APR ERA ; ne 290 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. et vraisemblablement elle provient du basalte de l’en- ceinte la plus Voisine ,: cap, jamais les laves ne pa- raissent. être formées des rÉéro sortiés des pro- fondeurs de la terre. Elles-semblent’ n'être rien autre chose que des portions dé la: roche la plus voisine de la surface, que traversent les vapeurs dégagées de l’in- térieur du volcan: DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 294 DESCRIPTION DE L'ILE LANCEROTE (*). * ERUPTION DE 1530: _ Comme le vaisseau sur lequel je comptais retourner en Angleterre dans l’automne de 4815 » s'arrêta quel Que témps’sur le côté méridiônal de l'ile Lanecrote , au Port.de-Naos | ous més efforts furent dirigés vers ce but, d'étudier de plus près l'éruption qui en-1730° dé: lruisit presque le tiers de l'Île. Elle a quelque chose de singulier, d’ext raordinaire; il n'avait jamais.existé . - à Lancerote un volcan propre , un pie s'élevant à une grande hauteuf et renfermant intérieurement “un cra> tère principal. Encore aujourd’hui, après cette catas- irophe, nous avons , en passant près de l’île, promené: inutilement nos regards de tous..côtés ; pour voir. de uelle hauteur avaient pu provenir cesimasses qui ont Tépandu. partout sur leur Passage la plus désolante dévastation. L'île sémblait partout plate, quand on ve- Maïit de quitter les îles si élevées de Ténériffe, de Palma ; € Canaria, et aueuñe montagne ne se distinguait par liculièrement. du reste du pays"... "tes , À Porto de Naos J'appris avec quelque surprise-que l montagne brülait encore etque Pour cette raison elle tait nommée Montana de Fuégo: Mais on ne savait PaS positivement -où elle était située’, et l’on- m’a- x Es ‘ ©) Voir la carte de Lancerote. 19. une pme UE ses ER ET A ET D dE a LA rot s 292 (DESCRIPTION DES ILES GANARIES: dressa à la capitale Zéguize, éloignée de ge” petits milles, où l'on devaif me l'apprendre plus exactement- Dans le fait , le voisinage d’une éruption se fit bien- tôt reconnaître. À peine à une demi-lieue du port, SUT le chéminide la ville, danssun vallon uni par lequel passe le chemin, parut un courant de lave noire. On le voit venir de l’est entre dés collines , et suivre les for- mes du vallon, comme uñe matière liquide’, tantôt s’élargissant , tantôt se rétrécissant dans les parties plus escarpées. Il se perd dans la mer une lieue au-dessous de Porto de. Naos , et est ici d'autant plus remarquable, qu'il est énvironné de champs de blé , et que sur le sol on né voit ni rapillés ni scories. Cette lave est aride et sans trace de culture, et à peine le chemin y laisse-t-il quelque- marque apparente. Sa masse est très noire ; mais elle ne se laisse pas facilement reconnaître à cause des bulles. Elle ne renferme ici aucune substance mé- langée. Les roches au, contraire, qui forment le rivage _ près dé Porto de Naos, et par dessus lesquekes se dirige le-courant de laves, sont bien moins noires et moins compactes, On voit nettement que c’ést un mélange grenu de cristaux verts et blancs, semblable à une do. lérite à grains, fins ; et effectivement à l'aide’ d’une forte loupe; on'y distingue facilement de l’augite dans les grains verts; mais dans les grains blancs on ne re- connaît pas distinétement du feldspath.# ils m'ont par beaucoup trop, nombreux pour pouvoir être assimilés _ aux prismes hexagonaux de néphéline de Capo di Bovt: Cés masses sont (traversées ‘par un très grand nombre de grandes cavités, un peu-allongées,:el tapis” sées de druses intérieurement. Elles forment, près du port au-dessous du château S. Gabriel, des colonne semblables à des colonries de basalte, de 2 pieds d’épaisseur'et d’une longueur apparente dé 6 à 8 pieds: comme ellés recouvrent tout le pays qui environne Je DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 293 port, on ne peut pas facilement y apercevoir une di- rection de coulée; elles se distinguent encore essentielle- ment des couches basaltiques de ces îles, én ce qu’elles ne constituent pas dés masses distinctes de rochers ,: et nese {rouvent pas en couches alternant avec des amy g- daloïdes et des conglomérats de tufs. ’ sé Au-dessous de l’ancien cône d’éruption de Tayhe du- quel est sortie une coulée delave, cachée même sous des champs de blé; le chemins’élève vers Téguize, et se trouve alors tracé dans du calcaire. Cette roche forme une cowche péu épaisse qui récouvre les colonies de dolérite, Le calcaire est jaune isabelle et blanc jaunâtre, _ à Cassure esquilleuse ou terreuse; en quelques places où célte Couche est la plus épaisse, elle à au plus deux pieds dehautéut; dans d'autres elle ne paraît que comme une stalagrmite déposée sur le sb] et ele a au plus un pouce d'épaisseur. Assez fréquemirent, peut être même partout,ils ytrouve des fossiles qui paraissent appartenir à des débris de coquilles terrestres semblables à des héli- ces, des bulimes et des spirales: Dans toutes les parties de ce calcaire , on observe des fragments de lave ancienne de diverses grosseurs. Quelques-uns sont assez considé- Täbles pour Sarpasser la puissance de la couche et alors is s'élèvent au-dessus de sa surface ; d'autres au con- _lraire sont très petits et entièrement englobés par le Calcäiré, Sur lés flancs de Ia couche, le calcaire devient 0olithique et cette texture ést tellement prononcée, que dans quelques fragments on croirait voir des débris de Couches calcaires de là formation jurassiquesl.c gise- Ment de cette coucheest tout-à-fait singulier" He nese trouve pas dans fes parties profondes’; mais seulement : 4 Sur les benchants unis de lamontagne, ct elle se continue Sans intérruption sur les pentes jusqu'à la hauteur de S00 pieds.et peut-être même davantage On né là re- tr Ouve pas auprès de Porto de Naos, non plus que dans 294 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. toutes les parties méridionale et- orientale de l'ile. de serais fort tenté de croire que cette couche doit son exis- - tence aux vents violents et impétueux qui soufflent du nord-ouest pendant l'hiver, et quitransportant surtoute l'ile les eaux.de la mer sous forme de brouillards , les dépose Sur la montagne.;Les eaux pluviales qui en ré- sultént dissolvent des matièrés salines qu’elles entrai- nentetqu’elles déposent en forme de stalactites calcaires lesquelles englôbent des petits fragments et produisent de l'oolithe, tandis que les gros morceaux de rochessont simplement empâtés à Fétat de congloméraf; il résulte- rait enfin de toute cefte action une couche qui s’éten- drait au loin sur tout le versant de la montagne, À Téguize on me montra de loin vers-le-sud-ouest une série de collines parmi-Jesquelles je devais trouver le volcan ; on m’indiqua auprès Tingdaton comme ‘le point le plus rapproché de cette montagne en- flammée. Dans la large vallée qui sépare ia ville de - Tinguaton, je fus obligé de traverser de nouveau ur bras.de la laye provenant de cette éruption. Cette par- tie.de la coulée s'étend aussi jusqu’à la mer du côté du nord; mais l'ouverture par laquelle elle est venue à la sutfaéo se-trouvait encore cachée par les collines qui s’élevaient. deyant moi. Enfin derrière Tinguaton ja perçus un cône élevé dont les flancs éfaient du haut el bas formés de fragments de rapiülles incohérents. Di vers cônes élévés lesüuns au-dessus des autres se mot iräient dans le lointain; et on voyait des masses de ‘laves semblables à des Dlaciers noirâtres se précipitef de leurd@ommets. vers les parties inférieures, A un lieue plus loin, je parvüis enfin à cette lave qui formail comme un vaste. champ dévasté, La surface noire. el raboteuse de la lave est recouverte de grosses écailles entreélacées y@uguleuses, semblables à d'immenses ya- gues; ellesn’ont que quelques pieds de hauteur, mais elles DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE: 295 Sont si serrées Que plusieurs personnes placées près les unes des autres ne pourraient s’y reconnaître. Vers le haut, ces écaillés sont réunies avec les parties supé- : rieures de la coulée par des vaguesarrondies, visqueuses, dont quelques-unes sont très considérables ét fort étér- dues. Vers le bas elles forment dés escarpements pres- que verticaux, d’imménses voûtes irrégulières sous lesquelles se cachent des masses de Scories, et de grandes Cavilés. La masse qui compose la-lave est peu poreusé , elle estgrenue’et dans les cavités renfermedes cristaux Pien.déterminés , le plus souvent formés d’augite. Elle contient aussi très souvent du péridot en masses aussi belles et aussi considérables que les laves de Weissens- tein auprès de Cassel. Rien de plus surprenant que l’as- Pect de ces masses de péridot qui sortent en partie de la Yoche et se présentent comme des boutons à sa surface. Evidemment le péridot.non fondu a été-empâté et re tenu par la Vistosité de la lave qui s’écoulait vers les parties basses de la montagné; en effet-il est très facile de séparer le péridot de la masse de la lave. Partout'où la surfice de la lave présente des pointes saillantes | _ Celles-ci sont toujours terminées par une pareille masse d péridot, souvent. grosse comme la tête. Ce péri- dot à le plus, souvent conservé sa belle couleur vert- - OliVE et présente des traces évidentes de cassure Jamel- laire : il est mélangé d’aûgite conîime à l'ordinaire. Lorsque l'action de la chaleur sur cette substance a été . Plus intense , Cle devient brune. ou gris de perle Mat, et ld masse de lave s’est introduite entre les fissures des grains qu’elle englobe de toutes parts. J'avais déjà remarqué de semblables masses de péridot dans le$ coulées de Fuente-Caliente à Palma, mais ja- Mais dans aucun volcan et-dans üne véritable coulée 9ù n’en trouvé d'aussi considérables, et hors de-ces îles ° n’en 6bsérve de semblables que dans le Vivarais où Pa. + he PE PE car SR EEE nt 296 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. les coulées se présentent immédiatement sur le gra- nite. Après une montée pénible d’une heure et demie sut le champ de lave, je‘parvins àl’orifice même par le- quel cette matière s’est fait jour pour venirià la surface: C’est une montagne formée de scories et de rapilles qui reposent les uns sur les autrés' en formant uné grande quantité de couchesfort tourmentées. Lecratère de l’intérieur duquel s’est échappée la lave, est terminé de (ous côtés par des murs verticaux. Dans les parties seulement où la laye s’est, frayé un passage, les bords du cratère sont échancrés jusqu’au fond qui à l'origine de la coulée forme une.petite plaine. Je pus ici encore vérifier ce fait constant dans tous les cratères d’érup- tion , € ’ést que du côté où a coulé la lave lés bords. du cratère sont fortement échancrés, souvent. même com- plétement détruits. Ainsi c'est le cas des deux érup= tions volcaniques qui, eñ Auvergne, ont répandu suF un espace de plusieurs millesles coulées de Volvic et.de Talande: On observe la même chose à Ténériffe dans l'éruption de la lâve qui a servi à construire, le hâvre de l'Orotava : il en est de même à la Gran Canaria, au mont Rosso de l'Etna ét dahs toutes les petites éruptions du Vésuve.' A Lancerotemême, je me Suis servi dé cetté observation au cratère de Tayhe et à celui de lérup- tion de Corona pour retrouver le, côté par. lequel là, lavea dû s’écouler, Surdes bérds du Rhin entre Coblentz ‘et Andernach, oùles coùlées de lave sont recouvertes €! masquées par des couches de pierres-ponces, celte T6” marque est du plus grand secours pour reconnaître Jef orifices d’éruption et la direction dé ces coulées. Tout-à-coup sur le bord le plus élevé du cratère, pa raît un nouveau. cratère qui s'enfonce à plus de 500 pieds de profondeur sans présenter cependant ni lave ni OF” fices ; mais au lieu de ces ouvertures on voit de large* DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 297 fissures s'étendre à travers les roches depuis le fond jusque sur les, flancs du cratère. Quand on approche Plus près de ces crevasses, on observe. qu’il s’en dé- Sagedes vapeurs fort échauffées ; dañs lesquelles la température du thermomètre: s’élève rapidement jus= qu'à 145°F (62°, Te.)etilest probable qu'il atteiñndrait, dans les parties inférieures des fissures, la tempé- -rature de l’eau bouillante, s’il était possible d'observer et instrument à cetté profondeur. Ces vapeurs parais- /Sent n'être rien'que de la vapeur d’eau ; ellés se con- densent en gouttelettes qui ruissèlent sur les corps plus froids qu’on approche de ces crevasses. Cependant ces Vapeurs ne peuventêtre de l’eàu pure: en effet, les parois des fissures sont de chaque-côté couvertes d’incrusfa- Üons bjanches, assez singulières, car elles sont compo- sées de gypsé et 6bstruent les fissures presque jusque dans leur milieu. De queiqueé-unes de ces crevasses, on voit aussi s’élever des vapeurs desoufre qui en se dé- posant sur lesscories des environs les recouvrent de cristaux de soufre: mais ces dégägements sont -loin d'être aussi fréquents et aussi intenses que ceux. du cratère du pic de Ténériffe, | | | Ces divers phénomènes ont fait donner à cette mon- lagne ,:le nom de Montana ‘de Fuego' et cependant leurs effets annoncent si peu d'intensité dans les ac- tions-qui les produisent, en comparaison de ce qui a “dà déterminer immense dévastatiôn de Ja contrée aVoisinante , qu’on est fortement porté à croire que ces actions sont Simplement déterminées par l’'oxyda- ion de quelques débris de-matiéres métalliques restées entre les scories dans l’intérieur de la montagne , ef ne résulteñt nullement d’une source püissante et active de Chaleur. 6: | Kays | Un troisième cratère, mais plus petit, se trouve en “ennexité avec le grand cratère, et est creusé dans fa LS _ 298 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. crête la plus élevée‘dela montagne. Ik est d’après des : mesures barométriques, à 655 pieds au-dessus de Tin- guatoh et à 1,578 pieds au-dessus de la mer. Du haut de cette’ montagne, on découvre l'horizon de la mer par-dessus tous les cônes environnants ; il n°y à que l'immense cône d’éruption de Corona sure rivage septentrional de l’île qui s'élève un peu au-dessus de la trace de cet horizon. On ne saurait décrire-l’aspect de désolation que pré-- sente à l'œil de l'observateur toute la contrée qu’ou aperçoit de ces hauteurs. Un espace de plus de trois milles carrés qui s'étend vers l’ouest jusqu ’àa la mer, est entièrement couvert de scories noires au-dessus des- quelles s'élèvent çà et là de petits cônes de rapilles. Au- cune maison, aucun arbre, aucune végétation ne vient rompre la monotonie de cette surface inégale et rabo- teuse ; tant que la vue peut s'étendre, tout estmort et dévasté.. Il était évident que cette immense. masse de lave n'avait pu provenir d’un seul orifice d'éruption el que la Montana de Fuego dont la coulée $’étend vers l'est, n'avait pu contribuerque pour une petite portion, et de ce côté, à cette dévastation de la contrée, Depuis longtemps j'avais par conséquent gherché à reconnaître où pouvaient être placés les autres ‘cônes d’ éruption ; d'oüavaitpuprovenir cetteé énorme quantité de matières: Quel ne fut pas mon étonnement, lorsqu'à la partie supé- rieure de la montagne, je vis se développer devant moi une sérieentière de cônes tous aussi élevés quelaMontaïa de Fuégo elle-même, tous exactement dirigés sur une étendue de plus de deux milles géographiques, suivantJa même ligne, etsi régulièrement disposés, que ces cônes étant pour la:plüpart cachés les uns parlés autres ; 0 n'apercevait que leurs sommets. Depuis le rivage octi- dental jusqu'auprès de Florida, à un demi-mille de Puerto de Naos, j'ai compté douze. grands cônes, . DESCRIPTION GEÉOGNOSTIQUE. 299 parmi lesquels la Montanade-Fuego se trouvait placée la Sixième. En outre On voit une grande quantité d’autres petits cônes placés en parlie.entre les précédents, en par- lie hors de leur direction commune : c'est évidemment la répétition du phénomène de Jorallo, ou de celui des Puys en Auvergne. L'éruption avait aussi probablemént eu lieu tout le long d’une grande faille, qui a-dû se pro- duire avec, d'autant plus de force et de violence, qu’il b'exislait pas auparavant de volcan ou de cheminée CommMuniquant-avec l’intérieur, qui pût atténuer l'in- lensité de l’aétion mise.en jeu lors de cette éruplion. a Jusqu'à Florida, j'ai gravi la plupart de ces cônes 3 {ous sont exactement semblables; ce sont. des agglo- méralions de,5 à 400 pieds de hauteur, formées dé rapilles, grôs comme des fèves, anguleux , _incohé- rénts et poreux, roulant avec bruit les uns. sur les autres, Lés.cralères s'ouvrent généralement vers l’inté- rieur de l'île, oùles-coulées se sont réunies en un im mense champde lave, et plus on àpproche.de l'extrémité de celte chaîne d’éruption vers Sobaco , ‘plus le péridot devient rare dans cette lave, Enfin , Ôn ne trouve plus cetie substance que dispersée , et dans.les. coulées des cônes les plus éloignés, -on ne la voit plus, comme si lle eût été entraînée et dissoute par la matière liquide, Pendan( son mouvement, Cette circonstance et la posi- lion singulière des masses de péridot sur-les-pointes Extrêmes des parlies anguleuses de la lave auprès de Tinguator, sembleraient suffisantes pour prouver la Préexistence dè ce péridot. dans lès, laves , si on-ne sa- Vail pas déjà que cette substance, quand elle. se trouve €n masses aussi considérables et de cette manière » Ca- ractérise principalement certains basaltes particuliers. Au reste, i] n’est pas difficile de trouver ici là roche que l'action du feu a transformée en lave. LaMancha-Blanca, ui estune partie de Tinguaton, estcomposéedecolonnes 500 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. de basalte compact, contenant souvent degros grains très visibles de péridot : cette roche est'tout à fait semblable -au basalte. qui, auprès. de Rio, s’étend sous forme de couche fort étendue sur les couches d’amygdaloïde. Au-dessus de ce basalte colonnaire s’élève la éhaîne des cônes d’éruptions, et par tonséquént cette roche doit avoir été brisée et entraînée, à l’état fluide par jes éruptions. La nature de la masse de la lavé n’a pas ‘non plus dû lui permettre de donner naissance à du péridot ; en effet, il paraît à peu pres prouvé que le péridot ne se trouve point ou {rès rarement ; et seule- ment en petits grains; dans les roches basaltiques , qui tant qu'elles contiennent encore un peu de feldspath, prennent une couleur plus claire, due au ‘mélange grenu de cette matière; ce péridot né se présente noh plus que dans les basaltes dont la texture annonce un mé- lange de diverses substances. Or la lave de Montana de Fuego est grenue commê une dolérite à gräins fins, et ne ressemble aucünement aux masses qui ordinairement empâtent'du péridot. Les | On doit être naturellement curiéux d'apprendre de quelle. manière! se’sont ianifestés les phénomènes qui ontaecompagné cette grande éruption. Les descriptions qu'on en a faites Jusque ici ; nè jettent pas beaucoup de clarté sur ces faits; j'ai cependant trouvé à Santa-CruZ de Térériffe, une relalion manuscrite, faite lors de cèt événement par Don Andrea Lorenza Curbeto, cüré de Yais, endroit très peu éloigné du siége de l'éruption et la Série des phénomènes, tels qu’ils ont été décrits pe cet observateur, me paraît mériter d’être rapportée: Le 1° septembre 1750, dit Don Lofenza Curbeto». “a 9 ét 40 heures du soir, la terre s’entr'ouvrit tout à-coup auprès de Chimanfayaä, à deux lieues de Yaïsà- Dès Ja première nuit, une énorme montagne s'était élevée du sein de la terre, et de son sommet s 'échap— DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE 304 paient des flammes qui continuèrent à brûler pendant dix-neuf jours. Peu de jours après, un nouvél abîme se forma probablement au pied des cônes d’éruption. qui Yenaient de se produire, et un torrent de lave se préci- pita sur Chimanfaya, sur Rodeo et sur une partie de Mancha Blanca, Cette première éruption eut lieu ainsi à l'est de la montana de Fuego, à peu près à moitié chemin, entre cette montagne et Sobaco. La lave s’6- coula sur les villagés, vers le nord, d’abord avec autant de rapidité que l’eau, mais bientôt sa vitesse se ra- lentit et elle ne coula plus qüe comme du miel. Mais le 17 septembre, un rocher considérable se souleva du Sein de la terre, avec un bruit semblable à celui du tonnerre, et par sa pression il força la lave, qui d’abord se dirigeait vers le nord, de changer.de route el dé se porter vers le nord-ouest et l'ouést-nord-ouest. La Masse dé laye atteignit enfin et détruisit en un instant les villages dé Macetas et de Santa-Catalina, situés dans la vallée. ee : RE A L'apparition de ce rocher est un phénomène extré- * mement remarquable, que le curé pouvait parfaitement * bieh ‘observer dé Yaisa, et on n’a aucune raison de ré- Yoquer en doute la vérité de son assertion. Ce. rocher aura été détruit.par une éruption subséquente, car on ne voit rien sortir de la lave qui ressemble à un rocher Solide. Ce fait nôus indique comment des rochers isolés Peuvent s'élever ‘du sein de la nier. Celui-ci n’aurait-il Pas été produit parle relèvement d’üne portion non fon- due de la couverturebasallique supérieure, qui sesérait Soulevée pendant un.certdin temps? ni Le 41: septembre, l'éruption se renouvela avéc plus defôrce, et la lave recommenca à couler. De Santa- Catalina; elle se précipita sur Maso, incendia et recou- Yrit tout ce village, et poursuivit son chemin jusqu’à. la mer ; elle coula pendant Six jours de suite ayec un 302 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. bruit effroyable et en formant de véritables cataractes Une grande quantité de poissons morts surnageaient à. la-surface des eaux de la mer, ou venaient mourir Sur le rivage. Bientôt tout $e calma, ét l’éruplion parut avoir complétement cessé. Malgré l'énorme masse de lave qui s'était étendue de là jusqu’au rivage de la mer, en recouvrant plusieurs villages , il était évident que jusqu'ici l’éruption n’avait eu lieu que par un seul ori- . fice situé à pèu près entre Tinguatonet Tegoyo. Se Mais le 48 octobre, trois nouvelles ouvertures se for- ! mèrent immédiatement au-dessus de Santa-Catalina, qui brülait encore, et de ses orifices s’échappérent des masses d’une fumée épaisse qui s’étendit sur toute l’île; elles étaient-accompagnées d’une grande quantité de rapilles, dé sables et de céndres, qui se répandirent toutautour;et de tous les points on vittomber des gouttes d'eau en forme de pluie, Les coups de tonnerre et les explosions qüi ac compagnèrent ces phénomènes, l'obscurité produite par la masse de cendres et de fumée qui recouvrait l'ile, for- cèrent plus d’une fois les habitans de Yaisa et ‘des lieux «irconvoisins, à prendre la füite, mais ils révenaient bientôt, car ces détonations ne paraissaient accompagnées _d’aucun autre phénomène dé dévastation. Le 28 octobre, l’action volcanique s'était exercée de cètte manière pen" dant dix jours entiers, lorsque tout-à-coup le bétail | tomba mort, asphyxié dans toute la contrée, par un-dé= » gagement devapeurs pestilentielles, qui se condensèrent _et tombèrent sous forme de gouttelettes. Le 30 octobre ; tout redevint tranquille. Cétte éruption paraîtn’avoir été accompagnée d'aucune éjettion de lave. à 74 Mais, deux jours après, le 1° novembre, les fumées, et les cendres recommencèrent à à paraître; et ellès se dé- gagèrent constamment jusqu’au 10 : alors parut uñe nouvelle coulée; toutefois, celle-ci causa peu de dom- mages, Car tout dans les environs était déjà prülé, DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 30% tavagé et couvert de lave. Le 27 , une autre coulée se :Précipita avec Uneincroyable vitesse Yers les bords de la Mer; elle atteignit le rivage le 4° décembre, et forma *u milieu des eaux uné petite ile » tout autour de Jaquelle “0h fouva beaucoup dé poissons Môrts, LS À Le 16 décembre Ja lave qui jusqu'alors s'était préci- Pitée vers la mer, changea de direction, et se défournant Vers le sud-ouest » atteignit Chupadero qui bientôt, le17 , ne fat plus qu’un vaste incendie: Elle ravagea en- Suitela fertile Vegade Ugo, mais ne s’ étenditpas au-delà ; Le 7 janvier 1751, de nouvelles éruptions. vinrent bouleverser toutes les précédentes. Des Courants incan- descents. accompagnés, de fumées _très épaisses, sôr- tirent par deux ouvertures qui s'étaient formées dans la ‘Rontagne. Les nuages de fumée étaient fréquemment traversés par de ‘brillants éclairs d’une lueur bleue et Touge ; suivis. de violents coups. de tonnérre, comme dans les orages, et ce Spectacle était aussi effrayant ‘que nouveau pour les habitants car où ne connaît pas les . Prages dans ces contrées. Le 10 Janvier, on vit se-sout lever une immense Montagne, quile même jours’abîima “ans $on propre cratère avec un fracas épouyantable, Ebéouvrit l'ile de cendres et de pierres. Des coulées de ‘Ve brûlante déscendirent comme des ruisseaux à tra- Vers le Malpays jusqu’à la mer. Le 27 janvier, cette “uption était.terminée. Se €S montagnes qui sé sont formées pendant cette “uption .- existent Probablement encore : plusieurs ‘entre elles » Situées près les unes des autres, et ayant € grands cratères échancrés $ur un Côlé, presque jus- Ta leur fond, appartiennent au Septième groupe et ‘lèvent à l'ouest du côté: de la mer. On m'a assur é, au Vins, Qüe. c'est un cône de 400 pieds de haut, faisant Partie de ce groupe , qui a détruit Ja sTande' et floris- nfe bourgade de Santa-Catalina. D NU 304 … DESCRIPTION DES ILES CANARIES- Le 3 février, un nouveau cône fut soulevé; il brûla le viltage de Rodeo, etaprès.avoir traversé toute la con- trée qui enyironne-ce Village , la lave atteignit les bords de la mer ‘elle continua à couler jusqu’au 28 février. Le 7 mars. s’élevèrent d’autres cônes, et la lave qui ensortit, se dirigéa au nord vers la mér ct atteignit Tingafa, qui fut complétement dévasté. Les cônes S£ disposèrent presque régulièrementsur un mèmealigne ment, de. l’est à l’ouest, comme sitles éruptions pro” duisaient dans intérieur. une immense fracture qui trouvait moins de résistance à s'effectuer: vers l'ouest. De nouveaux cônes , terminés par des cratères , se SOU” levèrent lé 20 mars, à uné demi-lieue plûs loin versJe nord; et par conséquent , faisant toujours partie de Ja même série volcanique : ces cônes furent en éruptio® jusqu'au 5 mars. Le Gavril, ils recommencèrent ayet plus de violence , et réjetèrent un courant incandescent! qui s’étendit obliquement du côté de Yaisà, sure champ de lave ‘déjà formé. -Le 15,.deux montagnes s’affaissé ‘rent. avec un fracas épouvañtable, et Je, 41* mai, cet. incendie volcanique paraissait éteint, mais ilse renouveli Je” mai, à un quart de lieue-plus loin ; une nouvelle” colline se souleva ;. et une coulée de lave vint menace Je village de Yaisa. Le 6 mai, ées phénômènes dvaiclii cessé , et pendant tout le reste du mois, cette tinmensé éruption parut être entièrement terminée; mais le 4 juin trois ouvertures s’ouvrirent à la fois, et-ce-phénomèn® ‘accompagné de violentes secousses et de flammes, qui 5€ dégageaient avécun bruit épouvantable , : vint de noU° veau plonger les habitants de l’île dans la consternati0B Cette éruption. se fit de nouveau auprès dü Tingafaÿ® 1 à peu près dans la partie où s’élève là Montana de Fuég°° Les orifices se réuniren bientôt en un seul cône tres élevé, duquel sortit une lave qui se précipita jusqu'à Ja mer. Le 48 juin, un nouveau cônese souleva entre ceux a DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 505 qui s’élevaient déjà sur les ruines de Mato, de Santa-Ca- lalinaet de Tingafaya ; c’est Vraisemblablement la même Montagne , à laquelle on donne encore acluellement le Nom de volcan, qui a rejeté la lave dirigée vers le nord- Ouest, Un cratère, ouvert sur le flanc de ce cône ; lançait des cendres et des éclairs, et d’une autre mon- lagne située au-dessus de Mazo, se dégagea une va- peur blanche, qu’on n’avait point @ncore observée jusque-là. | | Vers le même temps, à la fin de juin 1751 ; toutes les Plages, et le rivage de la mer, du côté de l’ouest, se cou- Yrirent d’une quantité incroyable de poissons morts, de toutes sortes d'espèces, et quelques-uns de formes qu'on n'avait jamais vues. Vers le nord-ouest, on Voyait, de Yaisa, s'élever du sein de la mer une grande masse de fumée et de flammes, accompagnées de violentes déto - alions , et on observa la même chose sur toute la mer, _ du côté du Rubicon , sur la côte occidentale. | Ces flammes , qui jaillissaient du côté de la mer, pa- raissent surtout avoir jeté l’épouvante dans cette con- …trée, Chaque relation de cette éruption cite la sortie de . ces flammes , en ajoutant qu’elles furent accompagnées tn même femps du soulèvement d’un rocher considé - Table qui s’éleva dans la mer, à une grande distance du TiVage. Le curé d’Yaisa ne parie point de ce rocher qu’il devrait avoir vu, et je ne lai non plus trouyéindiqué Sur aucune carte. ue 50 Si la mer eût été couverte de pierres-ponces, ce fait Cût été très important, et aurait pu faire supposer que les flammes provenaient d'une grande profondeur. Les éruptions qui ont eu lieu par les cônes, n’ont certaine Ment apporté à la surface , aucun fragment de picrres- _Ponces, et aussi loin que j'ai étudié l’ile de Lan- ‘erole , -je n’en ai nulle part trouvé sur les rivages 20 TE ait at ua dr D PTE . 2: su =. dun ESS PP PT à NT 306 DESCRIPTION DES ILES CANAREIS. toutefois, je n'ai vu la côte du Rubicon que du pont du vaisseau. Mais, que pouvaient être ces flammes qui s'élançaient ainsi du sein de l'Océan, et d’une telle profondeur ? Ce phénomène n'a rien d’extraordinaire dans le voisinage de ces îles volcaniques. On a plusieurs fois observé le même fait près de Saint-Michel, dans les îles Azores : s’est manifesté asiavec une grande intensité en janvier 1783, à cinq milles géographiques de Reikianes en Islande en pleine mer. Il est difficile d'admettre que ce puisse ètre de l'hydrogène, car on ne saurait supposer que ce gaz, après avoir traversé une grande masse d’eau. eut encore une température suffisante pour que son inflam- mation eut lieu dès qu’il arrive en contact avec l’atmo- sphère ; on est plus porté à admettre que ce fait est le résultat de la combustion de substances métalliques, telles que du potassium, du sodium, ou quelqu’autre métal terreux , qui sont lancés du sein de la terre, et qui viennent se brûler à la surface de l'Océan. En octobre et en novembre, de nouvelles éruptions vinrent renouvelerles angoisses des habitants de l’île; la position des cônes d’éruption qui se produisirent alors n’est pas déterminée d’une manière précise; mais le 25 décembre 1751, l’île fut ébranlée par le tremblement de terre le plus violent qu'on eut jamais ressenti depuis les deux années désastreuses qui venaient de s’écouier, et le 28 décembre, un courant de lave sortit d’un cône quh s'était soulevé, se dirigea vers Jaretas, incendia le vil. lage, et détruisit la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, au près de Yaisa. Les habitants commencèrent alors à désespérer de voir jamais cesser ces affreux désastres» et ils abandonnèrent l’île avec leur curé, pour se refu- gier à la Grande Canarie. L'action volcanique ne cessà pas de s'exercer de -la même manière, pendant end DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 307 années consécutives, et on ne vit le terme de ces érup- tions que le 16 avril 1756. Pendant cet espacede temps, les éruptions paraissent avoir eu lieu de nouveau par les points où elles avaient d'abord commencé, car la belle vallée de Tomara avait déjà été ravagée, peut-être en 1752 ou 1755, et ensuite les coulées de lave s’éten- dirent de nouveau dans cette vallée, jusqu’à un mille plus bas, tout près de Puerto de Naos. Tel est le récit de Don Andrea Lorenzo Curbeto. Lorsqu'on observe de plus près les phénomènes de Cette terrible éruption , onest fortétonné de voir queles fluides gazeux qui ont été pendant six années consécu= tives en fermentation dans l'intérieur de la terre, etdont l’action était assez puissante pour s’ouvrir violemment Un passage, tantôt d’un côté tantôt de l’autre, n’aient Pas été en état d'établir une communication durable et Permanente avec l'extérieur. Si cette malheureuse île de Lanceroteeut possédé un volcan comme l’île de Téné- riffe, ilest probable qu'aucun de ces nombreux cônes d’éruption ne se serait soulevé , et peut-être aucun des Villages qui couvraïent l’île n’eût été détruit. Les fluides Sazeux sont presque les seules matières qui s'élèvent du foyer mème de l’action volcani que;lessubstancessolides, les laves, les scories , les rapilles, les cendres, n’en pro- viennent en aucune façon; j'ai déjà fait remarquer plu- Sieurs fois , Que la nature des laves, des scories , des ra- " Dilles et des cendres qui en dérivent , participe toujours de celle des roches de la surface, et que ces matières ne * Proviennent quede ces roches. Les laves quisontsorties à travers des couches trachytiques, ne sont jamais basal. liques, et ne renferment jamais de péridot; dans celles, 4U Contraire , qui proviennent de couches de basalte ou d'amygdaoïde on ne remarque point de felspath. T Outes les roches qui, dans l’île de Lancerote > R'appar- iennent pas immédiatement aux cônes d’éruption , 20. “ct … DE le NS A OS Re TT RE + ue. 0 en = CPR Éd: à 6 PE mA PR HT 308 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. forment des couches de véritable basalte compact, d'a- mygdaloïde et de conglomérat tuffeux, comme dans toutes les îles de soulèvement. On reconnaît parfaitement cettecomposition sur les falaises verticales de 1,200 pieds de haut, qui bordent l’île dans sa partie nord, auprès de Rio. On ne voit nulle part Les roches trachytiques qui principalement contiennent du feldspath ; aussi, nè trouve-t-onaucune trace de feldspath dans tous les pro- duits qui, pendant six années, se sont répandus de toutes parts sur l'ile. Siles vapeurs trouvent un orifice pour se dégager , alors aucune roche n’est mise en fu- sion, il ne se produit pas de coulée, la surface exté- rieure n'est pas bouleversée, enfin les champs et les vallées ne se recouvrent pas de cendres et de rapilles. Ces orifices qui laissent un libre passage aux vapeurs, sont généralement ces dômes élevés de trachyte qui proba- blement ont été soulevés de l’intérieur, et que l’on doit. considérer comme les véritables volcans, comme les cheminées particulières destinées à établir une commu- nication constante entre l’atmosphère et le siége des ac- tions volcaniques, qui s’éxercent jusque même à une distance fort considérable. M. de Humboldt a fait re- marquer (dans la deuxième partie de ses voyages), qu’a- près la grande éruption du volcan de Saint-Vincent; qui eutlieu à la suite du violent tremblement de terre de Caracas, en 1810, on ne ressentit plus de secousseÿ dans la contrée de Venezuela. En 1797, après que Puracé, auprès de Popayan, eut cessé de rejeter dé flammes et de la fumée, la vallée de Quito fut au contrair® agitée par de violentes secousses , qui ravagèrent et dé” truisirent Rio -Bamba. Aussi, il est probable que si le Pit était resté constamment ouvert, les Yapeurs n'auraient pas cherché à se faire jour à Lancerote, en brisant 1€5 couches basaltiques, dont la surface de cette ile était Te” «souverte. DESCRIPTION GEOGNOSTIQUE. . 508 On voit par là combien il est nécessaire de distinguer €xactement les éruptions volcaniques d'avec les volcans. Après tant de cônes d'éruption, de cratères et de laves, il n’y a encore à Lancerote aucun volcan et il n’y en a jamais eu. La croûte basallique et le trachyte qu'elle recouvre est Vraisemblablement trop puissante, pour permettre l'existence de canaux: ouverts aû loin au {ravers d’elle, et formant une cheminée de dégagement Pour les produits volcaniques. Il faut qu'un dôme, un bic de trachyte s'élève de l'intérieur, qu’il s'ouvre à Son sommet , et que par les ouvertures ainsi formées il permette aux vapeurs une libre sortie vers l’atmos- phère, Si après un long espace de temps le cratère se comble à son sommet, les vapeurs se font jour par les pentes , et la lave qui auparavant s'élevait se précipite alors sur les flancs; mais l'apparition passagère de ces ouvertures d’éruption sur tout le circuit du grand cône, montre suffisamment que dans celui-ci seulement; con- sistait la liaison principale avec le foyer volcanique. C'est ce que montre aussi très nettement la disposition Si remarquable de ces cônes trachytiques les uns der- rière les autres, qui indique si clairement une fente norme, ouverte sur une partie considérable de la sur- face de la terre. Je citerai seulement comme exemple cette série frappante qui environne tout l'archipel des Molucques ; la série des volcans des iles Kurilles, qui S'étend vers le Kamtschatka, ou celle -qui, dans le loyaume de Guatimala , unit les montagnes de,Darien avec le plateau de Mexico. æ Une pareille liaison ne se manifestera-pas ‘dans les îles d’éruptions , lesquelles paraissent toujours être le résultat de phénomènes moins grands, et agissant. à une moindre profondeur. Par suite aussi, parmi les iles Azores, le Pico seul est un volcan, et nullement l'ile de Saint-Miguel, quoique dans cette ile les phéno- : ; en ner == 7 IN RTE TT j = Are AT 510 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. mènes volcaniques soient très fréquents. De mème les îles de Palma, de Gran Canaria, ne sont pas des volcans, quoiqu'elles aient eu des éruptions de courants de laves et de cendres, L'île de l’Ascension , l’île d'Amsterdam et beaucoup d’autres semblables, ne sont pas des vol- cans quoiqu'’elles renferment des cratères de soulève- menbet des courants de lave. Il leur manque à toutes le pic élévé ‘de trachyte, quicaractérise les centres d’ac- tions volcaniques. Il existe donc trois espèces différentes d'îles, qui paraissent devoir à des forces volcaniques leur élévation au-dessus de la surface de la mer : 1° Les îles basaltiques. Consistant en couches de ro- ches basaltiques , renfermant communément un cratère de soulèvement. 2° Les volcans. Elles sont isolées, renferment des. pics élevés et des dômes de trachyte, presque toujours avec un grand cratère au sommet. _ 5” Les îles d'éruptions qui ne doivent leur existence “qu'à des éruptions isolées; elles existent rarement ‘et même À es ns jopiois, sans îles see RIO. LA CORONA, Plus des trois quarts de l’île, jusqu’à l'angle septen- triotial le plus extérieur, consistent en cônés plus OÙ moins larges, et lors même que l’intérieur de l'île sem” ble se relévér, ce relèvement paraît être dû plutôt au “prolongerhent du pied de ces cônes, qu’à l’élévatio® réelle de tout le pays. Comme ces cônes, ainsi qu äl paräitconsistént en rapilleset en'scories incohérehtes, on serait toujours daüs le doûte sur la nature de Ja masse Solide de File si on n’en voyait que cette portion DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. SIT Mais la pointé qui s'étend vers le nord, et qui se ter- mine avec le Sund de Rio , entre Lancerotè et Graciosa, donne sur ce sujel la sitio la plus complète. Le pays s'élève sans interruption depuis la ville de Teguize, jusqu'immédiatement au-dessus du détroit , puis il re- tombe verticalement de toute la hauteur jusqu’à la mer, et des rochers à pic entourent toute la pointe sépten- trionale. Ils sont dans la plupart des endroits entière- ment inaccessibles, et peut-être n "existe-t-il qu'un seul Chemin qui conduise du sominet à Salinas. Déja avant d'atteindre l’église de la Madona de is Nieves, et même un quart ée lieue auparavant, on voit ‘les couches basaltiques qui forment là couverture su- périeure de cette suite de rochers ; et de Jà on peut les sui- Yre sans interruplion jusqu'à la hauteur de Salinas. C’est un basalte-très caractérisé, compact, noir, avec des grains de péridot très nombreux, petits, transparents , et des cristaux -d’augite, et formant une couche très puissante. Immédiatement au-dessous se trouve , -aïnsi qu'on peut le voir dans les escarpements , uné fôthe amygdaloïde encore plus puissante, où les cavités do- inent presque sur la masse principale; des rognons ärrondis de mésotype recouvrent leur surface inté- rieure. Puis en dessous vient une couche de Conglo - mérat, ou de roches formées de petits morceaux de basalte. Sur Je chemin de Haria à Salinas, on voit Saillir du milieu de ces couches de conglomérat, une Masse informe de morceaux anguleux très poreux , les- Quels se lient avec un conglomérat, sorti évidemment Plus tard à travers les couches, et à côté s'élèvent ver- licalement au milieu du tuf de grandes cavernes vides, absolumentcommeon le voit près de Rambla à Ténériffe. Le terrain de l'ileest par conséquent basaltique , et Cest à {ravers cés couches de basaltes que sont sor(ies les éruptions volcaniques. 512 DESCRIPTION DES ILES. CANARIES. La ligne de rochers, qui, près de Téguize , se dirige d’abord du rivage verse nord, puis seulement ensuite se tourne vers l’est, comme le détroit de Rio, descend doucement du sommet vers la côte orientale, de ma- nière que les vallons se trouvent tout au bord occiden- tal, et traversent cette partie étroite de l'ile dans toute sa largeur. Deux beaux villages, Haria et el Marques » en{ourés de figuiers et de palmiers s'élèvent dans ces vallons. Ces vallons n’ont pas les murs escarpés, ni les entailles profondes des barancos, sans quoi ils condui- raient facilement à cette conséquence que leur direc- tion s’accorderait avec la pente extérieure d’un cra- tère de soulèvement, et que la ligne de :rochers serait le mur intérieur d’un pareil cratère , rait dû retomber dans la met, ris Du milieu des couches basaltiques s'élève, entre Ha- _ ria: et les rochers de Salinas, le grand et hardi volcan de la Corona ; il forme la sommité la plus élevée de l’île, et se voit de loin dans la mer. Il est entièrement isolé, s'élève à 600 pieds au-dessus du sommet des ro- chers, et à 1,750 pieds au-dessus du niveau de la mer. Des petits rapilles noirs recouvrent toute la sarface du sol aux environs, ainsi que la pente, de manière qu’on ne reñcon{re rien autre jusqu’au sommet. Toutefois la pente est tellement escarpée, qu’on ne peut la fran- chir qu'avec beaucoup de peine. Ellene pourrait même s€ maintenir ainsi, s’il n’y avait au bord supérieur, où elle est la plus élevée, une masse de laves qui se dirige versie bas le long de la pente. Par suite aussi ce bord est si exlraordinairement étroit, qu’on peut à peine s’y te nir sur les pieds, et qu'on ne peut s’y maintenir au mi” lieu du vent. Dans son intérieur le cratère est tout aus5} fScarpe, et s'enfonce ainsi presque de 500 pieds ; Mais le bord aussi descend. assez rapidement vers l’est, en- sorie que le courant de lave quitté bientôt ce: côté dont le reste au- DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 513 oriental, pour se diriger dans un vallon vers Rio , Cet là, il se précipite comme une cascade de la hauteur de 900 pieds, comprise entre le sommet et le rivage de la mer. Ce point de vuetést encore aujourd’hui des plus frappants et des plus remarquables. L'œil est frappé de très loin par l'aspect de cette bande aride de lave qui s’étend sur la tranche des couches basaltiques horizontales, et qui porte encore maintenant les ca- racières d’un liquide noir ayant coulé du haut en bas de l’escarpement. La lave s’élargit ‘encore au pied des rochers , et a même notablement éloigné la mer de la base de ces falaises. Getle éruption a encore la nouveauté et la fraîcheur de celles qui ne datent que de quelques siècles; ce- pendant elle remonte bien au-delà de l’époque de la Conquête de l’île, et les produits seuls de cèt évènement en ont conservé le souvenir. La Corona se trouve dans une même direction avec deux autres cônes d’éruption, qui semblent lui être contemporains, l’un vers l’ouest, presqu’immédiate- tement au-dessus du bord des rochers basaltiques, un peu moins élevé, et presqu'aussi vaste que la Corona elle-même, l’autre plus petit, et dans la direction de l’ést. Ils sont tous trois entourés d’une quantité incroyable de petits rapilles noirs. Des couches de Tapilles recouvrentainsi toutes les montagnes, les col- lines et les champs de el Marques et de Haria, et quel- Quefois, mais rarement, l’on voit au-dessous de ces 'apilles un courant de lave presque entièrement caché. La lave ne renferme ici que peu de péridot et aucune trace de feldspath. | | DESCRIPTION DES ILES CANARIES. FUERTAVENTURA. C’est aux recherches de Don Francisco Escolar que nous devons tout ce que l’on connaît sur la constitu- tion géologique de cette île. Il n’a cependant donné que très peu de notions soit sur cette île, soit sur les autres Canaries, et, par suite, ce que l’on peut en dire est très court et.très incomplet. Cette île paraît être une continuation de er , et toutes deux présentent dans-leur aspect extérieur une ressemblance frappante. À Fuertaventura, iln’existe également aucune montagne qui domine le pays envi- ronnant. Des cônes s'élèvent les uns à la suite des autres, et sont séparés entre eux par des plaines : ce sont tous des cônes d’éruption, dont peut-être au- cun n'’atteint la hauteur de la Corona de Lancerote. Les courants de laves et le malpays qui en résulte ne sont pas étrangers à celte île ; seulement on ne connaît aucune éruption qui se soit effectuée depuis la décou- verte de celte contrée. De la chaux carbonatée se trouve entre-les cônes et est exploitée pour les besoins des îles. C’est vrai- semblablement une formation tout-à-fait locale, due à l'accumulation du cron de la mer, transporté loin du rivage par les vents. Ce calcaire, qui est transporté à Majada Blanca , présente une cassure terreuse gro$- sière, et renferme une grande quantité de fissures. On n’y a pas observé de pétrifications. —Dans beaucouP d’endroits ce calcaire est répandu sur les champs comme des stalactites d’un jaune isabelle, et à cassure ter- DESCRIPTION GÉOGNOSTIQUE. 515 reuse. M. Escolar croit cependant qu'on le trouve quel- Quefois au-dessous de la lave. On à trouvé dans quatre ou cinq endroits différents de l’île, du beau gypse lamelleux et fibreux ; mais ce n'est jamais en couches , et ce gypse est très mélangé de sel marin, qui est même visible. Sur la côte sud-ouest de l'ile, se trouve la capitale Santa-Maria de Bethencuria, entourée presque circu- lairement de collines peu élevées. Ces collines sont composées de hornblende en grains allongés avec du feld- Spath blanc, roche semblable à celle du schiste micacé ; ensuite se_(rouve une roche formée d’un mélange de mica et de feldspath, qu’on prendrait au premier abord pour une roche primitive; mais on ne voit point de quartz dans ce mélange. On ne se serait guère attendu à rencontrer de pareilles roches dans des collines si peu élevées. | D Lim Le N AA ne Lt DE LA NATURE DES PHENOMÈNES VOLCANIQUES DANS LES ILES CANARIES, DE LEURS RAPPORTS AVEC LES AUTRES VOLCANS DU GLOBE. PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. ! 319 — NATURE DES PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES DANS LES ILES CANARIES. | comen | Très souvent on donne le nom de volcan aux ouver- tures qui livrent passage à des coulées de laves. On n'entend pas cependant désigner par là le siége de Nouveaux phénomènes Volcaniques, et on ne se sert de ce terme, au lieu de l'expression propre de bouche d’éruption volcanique, que pour abréger le langage. Ainsi, lorsqu'on donne le nom de volcan, soit aux CBocche Nuove» qui, en 1794 » Ont détruit Torre del Greco, soit au Monte Rosso qui a recouvert, en 1669, une grande partie de Catania de produits Volcaniques , on est fort éloigné de penser que ces phénomènes soient autre chose que des éruptions du Vésuve ou de l’Etna. à. Ilen est demême à Ténériffe : les traditions qui parlent des volcans de Guimar, de Garachico , de ceux de Chio ét de S. Iago, ne désignent par ce nom que des érup- lions isolées du Pie. On doit concevoir facilement que Auand il s’agit de la cuve d’un haut fourneau, on ne Peut pas considérer comme des cuves isolées tous les vides qui, produits par la chute d’une brique, donnent Passage à quelques fumarolles. | Il suit de là que le Pic est, de même que tout Volcan principal, le point central autour duquel se font les éruptions; et la disposition de toutes ces érup- tions autour du Pic montre clairement que ce cône est la principale communication entre l’intérieur du voi- fan et la surface du globe. Il n'est peut-être pas aussi évident que la même liai- EX.‘ na © NES mean eme | ner + e : Es Li Que à ï em. 320 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. son existe entre le volcan principal et les éruptions des îles les plus éloignées, et on pourrait considérer comme hasardée l’opinion qui rattacherait au Pic de Ténériffe les éruptions de l’île de Palma et même de Lancerote. Cependant, cette relation devient évidente quand on observe que ces éruptions se présentent avec les mêmes caractères que celles qui entourent le pied du cône principal. | En outre , on n’a jamais eu d'exemple, même dans les îles les plus éloignées de Ténériffe, que plusieurs éruptions se soient effectuées par le même orifice, ni qu’elles se soient comme établies sur la même île, et s'Y soient succédées à divers intervalles. Au contraire, on doit croire que lorsqu'une éruption est terminée, l'ile qu’elle a ravagé peut compter sur une longue période de tranquillité. Généralement , en effet l’éruption sui- vante se manifeste sur une partie située du côté opposé du Pic ou volcan principal; ce qui prouve évidemment que des phénomènes se rattachent constamment à €e centre et se manifestent autour de lui, par-une suite d’oscillations qui s'étendent jusqu'aux parties les plus éloignées. R Les éruptions volcaniques sont très rares dans les îles Canaries, mais le petit nombre de celles qu’on connaît, montrent très clairement ces oscillations autour du volcan principal , et, sous ce point de vue, elles méri tent d’être étudiées de plus près. Les innombrables coulées de lave qui couvrent l'es” pace compris entre Icod et Adexe dans l’île de Ténériffe, les courants de l'Isleta dans la Canarie , les petites masses de lave de Vandama ; enfin, les coulées d'Olivä dans la partie nord-est de Fuertaventura, ont telle” ment les caractères de produits volcaniques moderne” que l’on est autorisé à croire que l’époque à laquelle ces matières se sont répandues à la surface, serait Pair PHENOMÈNES VOLCANIQUES. 521 faitement connue si l'histoire de ces îles remontait au- delà de trois siècles , €tembrassait seulement la moitié de l’espace du temps des traditions dela Métropole, La première éruption qui ait été observée et décrite d’une manière précise , eut lieu le 15 avril 1583 dans la Lavanda de l'ile de Palma : le courant de lave qui en résulla , atteignit la mer, après s'être étendu sur un espace de presque deux lieues. La seconde éruption-eut lieu également dans l'ile de Palma le 47 novembre 1677., et détruisit les bains Chauds de Fuencaliente. | Les . deux éruptions suivantes se succédèrent plus rapidement dans l'ile de Ténériffe : l’une auprès de Guimar s’effectua du 51 décembre 1704 au 5 janvier 1705 ; l'autre, qui, sur le côté opposé du Pic, détruisit Garachico , eut lieu le 5 mai 4706. | ; + Du 4° septembre 1750 jusqu’en 4756, les éruptions se continuèrent presque sans interruption dans ja partie occidentale de l’ile de Lancerote ; et ravagèrent à peu près le tiers de toute 1 surface de cette île. de Le 9 juin 1798 ilse fit une nouvelle éruption au pied de la montagne de Chahorra du côté du sud-ouest. La toulée sortit d’un point dont la hauteur au-dessus de la Mer est de plus de 6,000 pieds; ily.a peu de coulées dans l’île de Ténériffe qui proviennent d’une telle hauteur ; dans toutes les autres îles les orifices d’éruption sont loujours beaucoup moins élevés. Celui de tous qui se trouve à la hauteur la plus considérable , est celui de la Lavanda de Palma, et cette hauteur ne surpasse pas 2,600 pieds au-dessus de la surface des eaux de la mer. Enfin, la dernière éruption eut lieu en novembre 1824, à une lieue au nord-ouest de Puerto de Naos, dans Pile de Lancerote, à peu de distance du cap de los Ancones. Bien que ce petit nombre d’éruptions suffisent pour 21 322 DESCRIPTION DES ILES CANARIES. montrer que le Pic de Teyde est le centre de toutes les actions qui les ont déterminées, on irait cependant trop. loin sion voulait. rattacher toutes ces îles à un tout unique , et ne les considérer que comme les débris d'un grand continent, bouleversé et brisé en diverses par- ties par les actions volcaniques. Chaque île forme en elle-même un tout bien déterminé, auquel il ne manqut rien d’essentiel , chacune d’elle présente en son milieu un cratère de soulèvement d’une étendue considérable, sur les flanes duquel se relèvent de toutes parts des couches basaltiques. Cette disposition est si évidentedan® V'ile de la Grande Canarie, que le contour même formé . par les côtés de l’île indique presque entièrement ja direction et la forme de la Caldera qui en occupe Je milieu ; la forme tout-à-fait cireulaire de l’île est telle- ment frappante , qu’au premier coup d'œil on recon- paît clairement que ce ne sont pas les débris d’un continent : toutes les parties tendent au contraire vers un point central sur lequel s’est exercé la force qui; très probablement , a soulevé l'île entière du fond de la mer. Cette action et ses résultats sont peut-être encoré plus évidents dans l'ile de Palma, parce que l'ile ést plus pote et cependant beaucoup plus élevée, et que pa conséquent la pente,douce des couches qui s’appuien! sur les bords de la, Caldera et forment les flancs ex” térieurs du cratère, échappe moins à l'attention ‘8 l'observateur. À + Les cratères de soulèvement de. Fuertäventura et de. Lancerote, sont moins biens caractérisés. Ces deux îles produites par un soulèvement analogue à une faille ont une forme allongée. On y reconnaît cependant les cratères: daus l’île de Lancerote, le cratère est. fort par la ceinture de rochers presque verticaux PL bordent le canal de Rio, entre l’île et Graciosas dans l'ile de Fuertaventura, c'est la dépression au milieu de | PHÉNOMÈNES VOLCANIQUÉS. 525 laquelle est bâtie la Capilale, Santa-Maria de Bethen- Curia, | r I résulte de là qu’on ne doit considérer les îles Cana- ries , que Comme un groupe d’iles qui ont été isolément soulevées du fond de la mer, par une force qui a du longtemps se concentrer dans le sein de la terre ; avant d'acquérir une intensité suffisante pour vaincre la ré- sistance que les masses supérieures Opposaient à son action. Mais alors, cette forte a brisé les couches de basalte et de eonglomérat qui se trouvaient au fond de la mer, et sur une certaine épaisseur dans l’intérieur ; et les a soulevées jusqu’au dessus de la surface des eaux, sous forme d'immenses cratères. Après le soulèvement d’une masse aussi considérable, une partie au moins retombe sur elle même, et ferme bientôt l'ouverture par laquelle l’action volcanique s'était frayé un passage. De ce'soulèvement il ne résulte donc pas de volcan proprement dit. Mais au milieu d’un de ces cratères de soulèvement, s'élève un dôme immense de trachyte, qui forme le pic: une communication permanente est alors ouverte entre l'atmosphère et l'intérieur de la terre , et par cette ouverture s'échappent incessamment des masses considérables de vapeurs , qui Æ lorsque Quelque nouvel obstacle s’oppose.à leur sortie, peuvent se frayer un passage au pied du volcan ou à une petite distance, en entraînant avec elles des coulées delave, sans qu'il soit nécessaire alors que l'action de ces matières Soit assez puissante pour déterminer un nouveau sou-- lèvement. Le volcan qui ne peut être obstrué que vers son sommet, et jamais dans les parties inférieures, par le refroidissement et la chüte des matières fluides, reste le point central autour duquel se coordonnent tous les phénomènes. fl n’y a donc dans les îles Canaries qu’un seul volcan, le pie de Teyde ; c’est le volcan central. Tous les volcans de la surface de la terre peuvent 24. 32 DESCRIPTION DES ILES CANARIFS. être rangés en deux classes essentiellement différentes : les volcans centraux et les chaînes volcaniques. . Les premiers forment toujours le centre d’un grand nombre d’éruptions, qui ont lieu autour d'eux dans tous Îles sens d’une manière presque régulière. Les volcans qui appartiennent à la seconde classe du aux chaînes volca- niques, se trouvent , le plus souvent, à peu de distance les uns des autres, dans une même direction, comme les cheminées d’une grande faille, et emeffet ils ne sont probablement rien autre chose. On compte parfois vingt, trente et peut être même un plus grand nombre de vol- cans ainsi disposés , et ils occupent souvent une étendue considérable à la surface-de la terre. Quant à leur pos-_ tion à la surface du-globe, elle peut être aussi de deux sortes ; ou bien, ces volcans s'élèvent du fond de la mer sous formes d’iles et comme des cônes isolés, et alors on‘observe g oénéralement à côté et dans la même direc- tion, une chaîne de montagnes primitives, dont la,base semble indiquer la situation des volcans, ou bien Es s’élévent sur la crête même des montagnes primitives et en forment les plus hautes sommités. Ces deux espèces de voléans ne diffèrent pas les uns des autres dans leur composition et leurs produits. Ce sont presque toujours, et à peu-d'exceptions près, des montagnes de trachyte, et les produits solides qui en dérivent,, participent eQure de la nature des roches trachytiques. Si l’on considère les chaîne es de montagnes: comme des masses qui se-sont élevées à travers une grande faille, on comprendra facilement ces deux modes de gisement des voleans. Dans l’un des cas, la masse vol- canique trouve une fissure toute formée, par laquelle elle peut s élever et se répandre à la surface de la terre alors. les volcans forment le sommet de la chaîne Pri- mitive: dans l’autre, les masses primitives qui-recou- PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 325 Vrent.la faille opposent un obstacle trop considérable 4 la sortie des matières volcaniques : le mélaphyre, comme cela arrive. ordinairement, se fait alors jour Par une fissure qu’il détermine au pied de la-chaîne primitive, dans les parties où elle commence à s’éle- ver; la masse volcanique se soulève dans ce cas, au pied de la chaîne primitive. gere on Lorsque les matières, qui cherchent à se faire jour jusqu’à la surface , ne trouventaucune faille par laquelle elles puissent facilement se frayer un passage, où lors- Que la résistance, qüe les masses primitives ‘opposent ‘à-la fracture est irop considérable, Paction volca- nique ainsi comprimée au-dessous de Ja croûte du globe, S’accroit et augmente d'intensité jusqu'à ce qu’elle soit capable de vaincre cette résistance et de briser les masses qui lui font obstacle. Il se forme alors une nouvelle fissure , qui, lorsqu'elle est assez considérable, établit une communication Permanente de l’intérieur de la terre avec l'extérieur. Il s’est produit alors un vol- can central. Toutefois, l’action volcanique produitrare- ment de semblables effets, avant de s’être d’abord frayé un passage, en déterminant la formation d’une île avec un cratère de soulèvement. Cedernier mode de formation ne parait éxiger aucune réunion extraordiuaire de circonstances favorables, ilne demande pas un état particulier de la surface terrestre, Comme, par exemple, la formation d’uné chaîne de Montagnes. L'action volcanique peut done tou jours se Manifester de cette manière, et c’est ce qui paraîlarriver | en effet. Nous avons vusous nos yeux des flessesoulever du fond de la mer, etsi on suit lesnouvelles découvertes desnavigateurs dans la mer du sud, ou si-on étudie Jes descriptions intéressantes que. M. de Chamisso à don--. “nées des îles de cette mer, on ne pourra se refuser deré- connaître qu'il s’est produit, de nos jours, un nombra ea 2 Sin EEE euaar eos, | À it 326 PHÉNOMENES VOLCANIQUES. considérable d'îles nouvelles, qui se sont soulevées jusque près de la surface de la mer, où même jusqu ’au- dessus de cette surface, L'histoire de la mipheies avait déjà conduit à cette conclusion. Tous les différents volcans forment à la surfice de Ja terre divers systèmes, et pour bien apprécier leur nature , des données de géographie physique plus développées et plus exactes seraient d’un grand secours; et d'autant plus intéressantes ; que la forme et la confi- guration des continents ne paraît pas sans infuenée sur les systèmes des volcans. Dans ce qui suit j'ai cherché à énumérer les princi- paux volcans de la surface de la terre. . BOUCHES VOLCANIQUES CENTRALES, E. L'ETNA. - L'Etna est un volcan fort remarquable sous plus d’un rapport. Son étonnante hauteur , qui domine de beaucoup toutes les cimes les plus élevées du reste de la Sicile , et qui surpasse celle de toutes les montagnes d'Italie, a constamment fait l'admiration de ceux qui ont pu l’observer. A cette prodigieuse élévâtion se join une forme si régulière et si frappante, celle d'une cloche ou d’un dôme légèrement aplati au sommet ; qu’on ne peut se refuser à y voir, au premier abord, u” individu, pour ainsi dire , parvenu à sa perfection dès l'instant même de sa naissance. Cette forme ne Pe® -guères , en effet, être le résullat d'un accroissement PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 327 lent etirrégulier, déterminé par des éruptions sueces- sives, car celles-ti auraient produit des protubérances, des rocs, des escarpements visibles dans le contour , ce qui ne s'observe nulle part. Tout-à-fait isolé , on ne sait à quel système de montagnes voléaniques on doit le rattacher. Il est situé à la fin d’une chaîne gra- _hitique ou de montagnes primitives , qui de la Calabre passe en Sicile et sépare Messine des côtes dû nord, et se termine à Taomina, yis-à-vis du volcan. De l’autre côté on le croirait nlagé à l'extrémité d’une immense faille ou erevasse , qui parcourt la Sicile du sud-ouest au nord-est, et qui se manifeste par les roches épygé- niques qu’on observe dans la roche calcaire domivante, surtout les gypses, le sel gemme, les formations de soufre et même par les phénomènes volcaniques ; car la plupart des tremblements de terre se font ressentir dans cette direction, et l’île de Verita ou de Ferdi- nañdea, qui a-paru pendant quelques mois seulement, vis-à-vis -de Sciacca , s’est élevée aussi dans ce même alignement, L'Ætna se distingue également du reste des volcans du globe par les. roches qui le composent. Quoiqu'en apparence le feldspath qui s’y trouve en immense quan- lité, paraisse caractériser ces roches, et par conséquent . Semble les rattacher au trachyte, on doit être surpris que jamais le volcan n’ait présenté la moindre trace d’obsi- dienne ou qu’il n’ait jamais rejetté un seul morceau de bierre-ponce, et ce fait doit d'autant plus exciterl’atten- tion, que ces substances se retrouvent en très grande Quantité aux îles de Lipari. Mais bientôt on s’apercoit que c’est le feldspath labrador qui entre dans la com- position des laves de l’Etua, et que jamais on n’ Y. voit de. feldspath orthoclase ou d’albite. L'amphibole se trouve bien rarement mêlé avec ce labrador, mais le Pyroxène, au contraire , fait cOnslamment partie du 328 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. mélange. La roche de l’Etna , ainsi que celles qui coM- posent ses courants de lave, n’appartiennent donc point au trachyte ; elles rentrent dans les combinaisons de là dolérite, roche dont le basalte estprincipalement formé. Îl n’estdonc pas étonnant que l’obsidienne et les pierres” ponces dont la formation estsi étrangère à ces roches , y manquent entièrement. Le grand escarpement du Val del Bove, qui permet de pénétrer jusque fort avant dan$ l'intérieur dela montagne, ne découvre point d'autre roche, rien qui puisse être comparé aux roches de tra- chyte. Mais la-nature du mélange, la grosseur -du grain, celle des cristaux qui entrent dans ce mélange; variént sans cessé et permeltent de distinguer presque chaque couche ow chaque courant par la composition deses masses. Le val.del Bove rappelle d’une manière frappante l’enfoncement du Val de Taoro au pied du Pic-de Ténériffe, et il est très vraisemblable qu’il doit son origine à une circonstance analogue, c’ést- à-dire à un affaissement du flanc du volean; mais quoique d’une grandeur considérable, cet affaisse” ment ne change que très légèrement le contour général et la forme régulière du volean. L'intérieur des couches mis à découvert dans les escarpements est traversé par une grande quantité de filons, semblables aux fi- ons de la partie basaltique de l'Islande. Évidem- ment, ni les couches ni les filons qui les traversent € peuvent être considérés comme des laves. Ces couches doivent, du moins pour la plus grande partie, leuf origine à des phénomènes volcaniques, antérieurs à l’action du volcan même. En effet, M. Elie de Beau” mont a prouvé, par des observalions précises et exac” tes, faites en septembre 1854 , sur une ‘très grande quantité de courants de lave tout autour de l’Etné” qu'un courant de lave ne peul jamais former une couche régulière et étendue en tous sens ; Que même un cou- PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 329 rant dont l’inclinaison surpasse 6 degrés, ne se compose plus d’une masse cohérente, mais qu’il n’est plus formé que de fragments et de scories séparés , qui jamais ne peuvent s’accimuler à une hauteur sensible. Résultat important, directement coftraire à toute idée d’élé- Yation. du volcan par des courants successifs , qui se seraient étendus du grand cratère comme une enve- loppe autour de son.éône. Dé nombreux Courants qui se jettent du pied du côrre dansle.fond du Val de Bove, attestent.ce fait de da manière la plus évidente et Ja plus positive. Aussi longtemps-que ces coulées se trou- vent sur un penchant incliné de 220 à 540, on croit.vVoir sur ce penchant des stries ;: de légères profubérances en formé de cordés parallèles. Arrivée au pied, toute læ masse. s'étend et semble prendre une autre nature , sans cependant affecter : une forme qui puise rappeler en rien celle d’une couche, - Une autre particularité qui distingue l'Etna, c’est la grande hauteur à laquelle l’action volcanique peut éle- ver les matières dont les courants de lave sont formés. Il est certain que plusieurs de ces courants-se sont fait jour Sur Je bord même du grand eraière. D'autres éruptions, en grand nombre, se sont effectuées à la häuteur de plus de 9,000 pieds autour du dernier cône.du volcan, Quoi- | qu'ilse trouve un.assez grand nombre. de cônes d'érup- ptions fort éloignés de Ja cime, au bas et vers le. pied.de la moniagne, on n’en voit point vers les bords de la mer, dans les parties où la basedela montagnecommence à se Perdre. Les cônes d’ éruptions qui entourent Nicolosi, encore élevé de 2,286 pieds au-dessus .de la mer:, sont Peut-être les plus bas qu’on puisse citer autour del’Etna., Il semble, par conséquent, que la masse solide de l’inté- ticur du volcan est encore assez forte.pour 0pposer une résistance süffisante aux fluides élastiques, ei que ceux- ti ne peuvent réussir à faire crever la montagne pour 330 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES: donner une issue aux courants de lave, qu’à une hauteur déjà très considérable, Le volcan de Bourbon, au COR- traire, n’a jamais d’éruption vers la cime, elles ont presque constammént lieu toutes au pied de la mon- tagne , à peu de hauteur äü-dessus de la mer. M. Carlo Gemellaro , dans un savant mémoire , à fait voir qu’à l’Etna , aussi bien que dans tous les autres volcans , l'effet dés éruptions est de former de grandes crevasses , qui ont toujours unè direction telle, que Si elle était prolongée , elle passerait par la cime du grahd cratère. D’après les observations qui lui sont particu- lières, les premiers cônes d’éruption, qui s'élèvent sur cette crevasse, sont aussi ceux qui se trouvent plus haut vers la cime, et successivement il s’en forme d'autres plus bas jusqu’à ce que Ja violente ducourañt pressé par la masse supérieure , empêche l'ouverture de se boucher et la force de rester ouverte jusqu’à la fin de l’éruption même. La grande éruption de 1669, qui élèva les Monti Rossi près de Nicolosi , s'était faite sur uné crevasse qu'on pouvait suivre jusqu’à dix milles de distance; cette crevasse peut donner une idée exacte de ces grandes fentes sur lesquelles se sont élevées les chaînes de montagnes. é La hauteur de l’Etna a déjà été déterminée avec beau- coup de précision , il y a soixante-deux ans , par Saus- sure, le 5 juillet 1775 ( Foy. rv , 154). La différence de la hauteur du baromètre à‘la cime et à Catania D6 diffère que de 0,08 lignes.de celle trouvéepar M. SchoW le 9 juin 4819 ( Biblioih. univ., Sc. et Arts , Xux, 155; ) La hauteur de la montagne serait, selon ces obser” vations , de 10,540 pieds , ou 4,725 toises, d’après les tables de Oltmans. TS Le capitaine Smith rapporte ( Memoir on Siliey and its lsland, 145 ), qu'il a trouvé pour la hauteur de a : nn, = : } cime, d'après une base mesutée dans la plaine ae PHÉNOMÈNES VOLCANIQUE.S 531 Catane, 10,597 pieds de Paris ; déterminée au moyen du baromètre, cette hauteur s’est élevée au-delà de 11,200 pieds. Il rejette ces deux évaluations, et leur en Préfère une autre qui résulte d'observations faites sur Une base mesurée en mer, et dont la direction avait été Îxée -avec beaucoup d’exactitude au moyen d'objets dont la position était bien déterminée sur la côte ; de tettemanière, on avait trouvé cette hauteur de 10,206 Pieds de Paris, M. J.F. Herschel porta un beau baro- mètre de Troughton sur la cime ét compara la hauteur du mércure avec celles observées en même temps par MM. Carlo et Marco Gemellaro à Catania et à Nicolosi ét par M. Cacciatore à Palerme. Ces observations don- hérent pour résultat 10,502 pieds pour. la hauteur de la cime. M. Cacciatore, enfin’, avait en même temps Observé la hauteur angulaire de l'Etna, vu de l'Obser- Vatoire de Palerme, et supposant l'arc intércepté entre les deux rayons de 10 28’ 1”, il trouva pour la hauteur de la montagne 10,252 pieds. La correspondance de ces trois déterminations , trouvées d’une manière si diffé- tente, est frappante, mais il paraît qu’on doit la regarder Comme accidentelle. IL. LES ILES DE LIPARI. Les îles de Lipari sont situées au milieu de la sphère d’ébranlement de la Méditerranée , d’après les limites que M. de Hoff a assignées avec autant de justesse que de perspicacité (dans la 2” partie de l'Histoire des révo- lutions de la surface du Globe), à cette sphère de Paction volcanique, Dès qu'on a jeté un coup d’œil sur 532 PHÉNOMÈNES - VOLGANIQUES- toute la contrée , on ne peut pas mettre en doute que Stromboli ne soil le volcan-central. de tout le groupe dont:font partie les autres îles, celui duquel dérivent toutes les_éruptions. En effet, ce cône volcanique; d’une forme très régulière et bien déterminée, s'élève de beaucoup au-dessus des autres îles, et en outre il donne une issue à une -éruption constante de gaz enflammés , qui depuis longtemps-lüi ont fait donner par tous les navigateurs le nom de Phare de la Médi- terranée. Il -y. aura peut-être encore. d'autant plus de raisons de le,considérer comme la principale cheminée volcanique, que -déjà, dès la plus haute antiquité Strongyle était connu comme un volcan en pleine activité (ÆZoff. , ., 255 ). Cependant les phénomèn® volcaniques et les éruptions se manifestent si fréquem” ment dans l’île de Volcano, qu’on serait tenté de croir£ que là aussi il y a une communication libre et facile de l’intérieur avec l’atmos; shère. Stromboli est trés bien représenté dans TRES pittoresque de la Sicile, par Houel , tome r, pl. 70 à 74; or, d’après ces dessin on ne peut. s'empêcher de donner à.ce volcan le pre mier rang parmi toutes les montagnes qui, dans lS îles, sont le siége de phénomènes volcaniques. _ La hauteur du mont 2e la crête la plus éle- vée de l’île de Stromboli, , d’après le capitain® Smith, de 2,037 pieds du resé au-dessus de la nef (v, Zach., cor.x, 851). Les îles de Lipari se distinguent de tous les group® volcaniques analogues, en ce qu’elles ne sont pas f0f” mées de roches basaltiques, elen ce que mème jusqu ici on-n’a encore découvert aucune trace de roche amygd#” “loïde dans ces contrées. Toutes les montagnes sont cof” Posées de trachyle, ou de masses qui proviennentde l’altération du trachyte par des influences volcaniques" ++ Fe Fe A —— k 5. A0 Entre tontes les îles ,-la plus remarquable SOUS Le De arr à To a rte dE” PHENOMÈNES VOLCANIQUES. 553 fapport est l’île de Panaria, située entre Lipari et Stromboli ; dans cette île, en effet, aucune éruption paraît avoir Modifié la nature primitive du trachyte. Elle se compose de rochers immenses de formes bi- Zarres et singulières ; qui se divisent en longues co- lonnes de 3 à 5 pouces d'épaisseur. Strombolino est aussi extrêmement remarquable (Houel, 1, PI. 69) ; le trachyte y est bleu-gris, à cassure brillanté, et tontient de beaux cristaux de feldspath blanc et vitreux : Quelquefois, mais rarement, il renferme aussi de longues -aiguilles de hornblende, qui sont également brillantes (Magasin der Berliner Gesellschaft naturf. Ereunde ; 5x jahrg., p. 302. Ferrara, Campi flegrei della Sicilia, Mess. 1816, p. 249); et d'après lui, M, de Hoff., (11, 260), donnent à tort, à ce trachyte, le nom de granite. F- | à Stromboli est l'extrémité d’une chaîne ou faille tra- Chytique, qui commence à Volcano, et qui à Lipari se divisé en deux branches , dont la plus occidentale S'étend sur Salinas, Felicudi et Alicudi, etse termine à Ustica. + | Les îles de Lipari ne sont pas moins remarquables Par les masses de matières gazeuses et de vapeurs IWelles rejettent dans l'atmosphère, et qui, pour la Plupart, ont jusqu'ici échappé à nos investigations et ous soht encore inconnues. Les coulées d’obsidienne Aw'on trouve sur ces îles, sont aussi tres caractéris- tiques. On reconnaît encore, dans ces contrées, que les masses d’obsidienne ne font éruption que dans les Parties où l’intérieur du volcan est à peu de distance au-dessous de la surface extérieure, et jamais dans . les parties qui avoisinent la base d’un volcan élevé, / Les coulées de Lipari sont, d’après les observations du célèbre voyageur M. Ruppel, sorties par sept cra- lères situés sur la Perrera, entre le Monte Rosso et 394 PHÉNONENES VOLCANIQUES. Capo.Bianco, dans la partie est de l’île : elles ont donc été produites par une éruption isolée; et, comme au Pic de Ténériffe , elles ont été précédées par une masse de pierres-ponces assez considérable pour former une montagne entière, le Monte Bianco. Dans le Val de Muria, au sud-ouest de l'ile et un peu à l’ouest de Volcanello di Lipari, M. Ruppel a dé- couvert, au-dessus d’une lave d’un bleu grisâtre €t contenant du feldspath , une couche de tuf traversée dans toutes les directions . par une grande quantité de plantes.marines , probablement la zostera. Cette localité : est actuellement à 300 pieds au-dessus du niveau dedà mer. Le tuf est formé de nombreuses couches paral- lèles , qui s’inclinent doucement vers la mer. Souvenf on voit dans l’intérieur de ces végétaux, et aussi dan de petites fissures, de Ia calcédoine en concrétion el de petits fragments de spath calcaire. Tous ces carac- tères se reconnaissent parfaitement sur les échantitlon$ qui sont conservés dans la collection de la Société de Senckenberg , à Francfort. Ces faits sont certaine ment aussi curieux que nouveaux, et prouvent ‘Ni demment que l'ile .a été soulevée du sein de la mer et repoussent toute idée d’élévation et d’accroisse* ment successifs produits par la superposition d’un grand grand nombre de coulées volcaniques. Les observations et les recherches de M. Frédérit Hofmann dans les îles de Lipari ,. et l'excellente de$” cription qu’il en a donné (Leipzig 4852, et Poggen” -dorf, Annales de Physique ,:xxV1 , septembre 4852) : nous ont fait connaître beaucoup de rapports gd jettent une clarté inattendue sur la relation des volcans d'Italie avec ceux de la Sicile. Quoiqué les iles de Pa” maria et de Barigazzo soient entièrement composées de trachyte, il n’en est pas de même du volcan de-Strom” boli. Toute la série de ses couches ne fait voir qué PHENOMENES VOLCANIQUES. 335 la mème roche dont l’Elna est formé, c’est-à-dire une dolérite à petils grains, un mélange de feldspath la- brador avec du pyroxène. M. Hofmann a observé que tes couches descendent vers la mer, en suivant la pente du cône même ; elles entourent un enfoncement circu- laire et considérable, très bien exprimé dans un dessin (Vol. #, PI. 1), fait par M. Escher ; enfoncement que M. Hofmann nomme, et très justement, un cratère de soulèvement, Le Pic ou le cône du volcan s'élève du milieu de cette enceinte , et renferme à sa cime un cra- tère qui a plus de 2,000 pieds de diamètre du sud-ouest au nord-ouest, et une profondeur de 600 pieds. C’est au fond de cécratère que les éruptions conlinuelles de vapeurs, qui $ê succèdent avec une régularité admi- able, se font jour par de petits cônes, qui souvent changent de placeet de nombre. La description que M.Hofmann fait de ces éruptions est aussi claire qu'animée. Il paraît évident qu'il s’ef- fectue dans l’intérieur un développement continuel de substances gazeuses , qui s'accumulent lentement jus- qu’à ce qu’elles soient en état de forcer la pression de atmosphère : des gerbes de blocs rouges et luisants, et des masses fluides de laves qui débordent, suivent cette éruption gazeuse. On est surpris de Voir que la pression atmosphérique puisse exercer une si grande influence sur ces phénomènes ; on doit l'être bien plus encore, qu'une différence dans la hauteur du baro- mètre puisse être appréciée par la nature et la -vitesse des ballons qui se dégagent de ce grand laboratoire intérieur. Mais depuis des siècles, et vraisemblable- Ment.du temps des Romains, les marins ont jugé de la direction du vent d’après la vitesse et l'intensité des Serbes de feu que le volcan lance dans l'atmosphère. Le vent du sud-ouest, qui déprime la colonne baromé- trique, fait succéder les éruptions avec vitesse , et leur 336 PHÉNONÈNES VOLCANIQUES. donne une splendeur qui surpasse de beaucoup ce.qu'on observe tant que les vents du côté du nord ou de l'est continuent à souffler. Ce fait est tellement connu des marins, qu'un naturaliste qui en douterait exciterait autant de surprise que celui qui voudrait contester le plus simple des mouvements réguliers de la journée: M. Hofmann a trouvé que la hauteur du cône était de 2,775 pieds au-dessus de la mer ; le capitaine smyth n’aÿait donné au mont Schicciola, qu'il dit être la cimela plus élevée de l'ile, que 2,037 pieds de Paris. (Zach. Corresp. astronom., x; 591 ). UD Th ‘Les roches pyroxéniques, ou dolérites, dans lés- quelles le feidspath labrador prédomine; se retrouvent dans une pärtie considérable de l’île de Lipari, et elles tomposent toute l’île de Salina. Elles alternent ici ave des couches de tuf brun, friable , sans ponces , et vrai- semblab'ement composé de détritus de la roche solide. La formation de ces couches est antérieure à celle des trachytes et des éruptions d’obsidienne et de ponces, car M. Hofmann a trouvé que les ponces couvrent tout le côté nord du mont S. Angelo de Lipari, com. posé de ces couthes anciennes , el qu’en général toute la région du tuf brun porte à sa surface une croûte légère et peu épaisse de pierres-ponces, dont on ne voit absolument aucune trace dans les tufs mêmes. Le courant de lave de la Perrera s'étend sur ces tufs. Les fucus qu'on à cru voir dans l’intérieur des couches el dans le vallon de Muria, n’ont pas été observés paf M. Hofmann ; mais il y a trouvé une quantité de feuille” dycotilédones, et d’autres, dans lesquelles il est presque impossible de méconnaitre les feuilles pinnées du dat” tier. C’est un fait très curieux, mais qu'on n’oserait citer comme preuve certaine d’une préexistence d'u partie de l’île même ; car les tufs de Naples contiennent des feuilles de fougères combinées avec des 24ecins \ PHÉNOMENES VOLCANIQUES. | 337 des Autres, des petoncles( Hofmann, p. 54) ; il est done certain que les productions terrestres peuvent être dépo- sées sur le fond de la mer, peut-être même à une assez Srande distance du lieu où elles ont existé, et qu’elles peuvent”être soulevées. dans la suite avec les corps Marins qui Vivaient à la même époque dans Ja mer. Le cratère trachytique de l'ile de Volcano est éga- Jement entouré d’un cratère de soulèvement dans la dolérite, formé par les monts de Colle-Piano et Sare- cenico, et dont la composition est (out-à-fait différente de celle de la partie nord de l’île où sont situés le grand cratère et celui de la presqu'île de Volcanello. On voit parfaitement bien cette disposilion dans les vues qui accompagnent le mémoire de M. Hofmann, La roche de l'enceinte fait singulièrement ressortir les cristaux de pyroxène empâtés dans la masse de labrador, comme les cristaux de feldspath dans le porphyre. Ordinaire- rement d’une couleur très foncée, cette masse se déco- lore par la décomposition. qui s'opère dans l'atmo- sphère; les cristaux de labrador deviennent blancs et très reconnaissables, et les pyroxènes s'élèvent en Saillie sur la surface décomposée. Tous ces petits’ ac- Cidents donnent à la roche un caractère général, qui l'éloigne de beaucoup, même au premier aspect, èdes trachytes et des obsidiennes, ainsi que des pierres- POncCes'qui en résultent, Nous retrouvons donc dans les îles de Lipari, le même phénomène qui se présente si souvent autour des vol- Cans , et qui est si frappant autour du Pie de Ténériff e ; C'est que le basalte et les dolérites s'élèvent en premier lieu, et ordinairement en produisant des cratères de soulèvement, puis ils sont suivis par les trachytes en forme dé cônes placés dans l’intérieur de l'enceinte ba- Saltique, et par lesquels s'établit la communication per- Manente entre atmosphère et l’intérieur de la terre. 22 2 ta + DA CAR à ie a mis re ART | PR 538 , PHÉNOMENES VOLCANIQUES. Les dolérites ont opposé moins de résistance, à Ce qu'il paraît, du côté de l’ouest du groupe entier des îles de Lipari, et les trachytes ont pu s’y frayer un passage jusqu'à la surface; mais plus près des côtes de la terre ferme, la communication volcanique a dù. rester dans les dolérites même, sans pouvoir les forcer et élever LeS trachytes, cachés dans les foyers de l’action intérieure- 1, Etna se trouve de cette manière immédiatement Jié aù Strormboli : et celui-ci se sépare du reste des îles de Lipari , comme appartenant à un autre système, ou du moins à une série d'actions volcaniques tout-à-fait dif- férentes. HI. VÉSUVE ET CHAMPS PHLÉGRÉENS (PL IX ).. est évident qu'il y a entre le Vésuve et-les champs phlégrééns, la mème relation de gisement que celle que les observations de M. Hofmann ont démontrée entre le Stromboli et le reste des îles de Lipari, c’est-à-dire que les trachytes forment une bande extérieure , et que lesroches pyroxéniques se trouvent sur un alignement plus-rapproché des montagnes etdu continent. Celles-ci peuvent encore être regardées comme le bord, et les masses trachytiques, comme l’intérieur des roches soulevées par les forces volcaniques. La roche du Vé- suve et de la Somma est éminemment pyrovénique ; €! quand on y remarque du feldspath en-assez grands cris” taux pour pouvoir les examiner, on trouve que c'es! du feldspath labrador. Cette roche se rattache par c08” séquent aux dolérites de l’Etna et de Stromboli ; m4 les leucites qui s'y présentent constamment lui donnent un caractère particulier, et en forment une roche tOut- _PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES.# 339 ä-fait distincte, le leucütophyre, roche qui s'étend des Plaines de la Campanie jusqu'aux montagnes de la Tos- Cane. “ : Cette belle roche varie autant que la dolérite de l’Etna et de Lipari, tant par la grandeur des cristaux qui Ÿ sont envéloppés que par la plus ou moins grande abon- dance des diverses parties constituantes, tant enfin par la couleur plus où moins foncée, résultant des propor- tions relatives du labrador et des pyroxènes. Ces modi- fications permettent de caractériser la masse des cou- rants de lave de différentes époques, et même. ce qui est fort remarquable, de distinguer, par la nature de leur roche, les couchés de la Somma des couranis du Vésuve. Ceux-ci, en effet, ne contiennent jamais la leucite en très gros cristaux , et cette matière est sou- vent tellement dispersée dans la maëse, qu’on a de la peine à l'ÿ reconraître. Les courants de lave nese trou- vent qu'au Vésuve, et les contours de la Somma n’en ont pas encore présenté la moindre apparence. L'action volcanique du Vésuve se rejette même tellement du côté de la mér, d’où elle dérive, qu'aucune érupfion latérale n'a encore réussi à.percér les flancs de la Somma , et qu’on à toujours régardé cette montagne comme. une barrière insurmontable que ne peuvent franchir les Courants de lave qui destendent du volcan. C’est qu'en effet, la Somma n’est pas un volcan, mais bien un des cratères de soulèvement les mieux déterminés. Les couches dont elie est formée s’inclinent partout, sui- Vant les observations de M. Élie de Beaumont, de plus de 50 degrés ; elles ne peuvent donc pas avoincoulé avec cette inclinaison ; de plus elles conservent leur épaisseur depuis le bord jusqu'au pied de la montagne , et si elles n'entourent pas toujours toute l'enceinte Semi-circu- laire de la montagne, elles s'étendent néanmoins sur Un espace si considérable en largeur qu'elles perdent 98] 340 = PHÉNOMENES VOLCANIQUES. tous les caractères d’un courant. Il suffirait ç le ces con- sidérations. pour 5e convaincre que les couches de la Somyma doivent avoir été formées ddns une position à peu près horiz ontale, et qu’elles ont été élevées posté- rieurément, de manière à former le cirque du cratère; mais une nreuvebien plus frappañte de ce fait se tire de la disposition des tufs autour de la mon{agne. Le tuf de Naples, quoique composé principalement de débris de pierres-poñces et d'obsidienne, est une forma- tion marineettertiaire, à peu prè ès comme lescouches cal- caires de Syracuse et de Palerme. Dans toute son éten- duesur la plaine de la Campanie, on y a trouvé empâtées des coquilles marines, des pétoncles, des huiïtres, deSbaccins, des cérithes, RTS aux espèces encore vivantes. On les a observées aussi bien dans les tufs qui entourent la Somma que dans ceux de Pausilippe, de Baja ou de Caserte ( Voyez Hamilton, Campi Flegrer, pag. 42 et 47, élles collections Âonticelli et Pilla à Naples). Ces couches de tuf sont tout-à-fait horizon- taies dans Îa plaine près d'Aversa, de Caserta, ou même au Pausilippe ; mais en approchant du Vésuve, elles s'élèvent et entourent comme us manteau , jus- qu aun e certaine hauteur, les deux montagnes. tiges au niveau le plus élevé qu "elles puissent atteindre , elles forment.une légère arête qui se voit très bien de toin, ème depuis la ville de Naples , et ee niveau se maintient à la même hauteur tout autour de la montagne, c'est- on à DES de 4,909 pieds au-dessus de la mer, ou à ,200 pieds au-dessus des couches horizontales de la ee Les mêmes coquilles se trouvent enveloppées dans ces couches inchnées , les mêmes pierres-ponces en forment la masse principale; eé ces ponces ne son! certainement pas une production du Vésuve ni de Ja Somma. Le reste du volcan, formé de couches noire » qui contrastent singulièrement avec les couches blan- ches du tuf, s'élève hors de celte enveloppe, comme ul 2 et 0 ER OÉAR 2 ie -seut a Q doi x ST ad VRP 2 EE PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. _ SM fruit mûr qui sortirait de son calice ; c’est effectivement à peu près de celte manière qu’on peut se représenter la Somma percant cette env eloppe de tuf, et l’entraînant jusqu’à une hauteur qui surpasse de beaucoup célle de toutes les autres collines de tuf de la Campanie. Les couches de tuf ont été soulevées par la Somma etnon par le Vésuve, et ce fait résulte évidemmentet de la nature des choses, et de la description que Strabon donne du volcan. Strabon, qui avaitswobservé l'Elna, reconnut des productions volcaniques dans le Vésuve de son temps, quoiqu'il n’eût connaissance d'aucune éruption de ce Volcan; il dit énsuile très expressément que sa cime est tronauée ; et qu’une plaine s'étend sur cette cime. Est-ce bien ainsi qu’un auteur exact auräit pu décrire le Vésuve de Pline, ét l’amphithéâtre de la Somma, s’il les avait vus devant ses ‘yeux, ou s'ils avaient existé alors, lui qui n oublie pas de donnér deux cimes à PEtna, si peu marquantes, en comparai. son de célles du Vésuve? Après Strabon, en lan 19, se fit la grande éruption qui détruisit 1e villes de Ja Campanie. Une grande partie de la montagne fut jetée Gans la mer, dit Pline, el encore de .nos jours, nous Voyons la ville de Pompéü couverte d’une couche de Pierres-vonces mélées avec les productions de la Som- ina, I] est bien certain que le Vésuve lui-même n’a pas Hcjeté ces ponces ; car il n'y a aucun fait avéré qui at Meste qu'il en aït jamais produit un seul fragment, et _les roches dont il est composé s’y refuseraient. Mais l'éruption agissant sur la couverture extérieure de. la Montagne, Sur ces mêmes, (ufs composés de pierres- ponces , dont Ja produétionr est due'aux cratères des champs phlégréens, l’a lancée sur ‘Ja malheureuse ville et ses environs. Un reste très considérable de cette cou- Yérture's’est encore conservé jusqu'à dut jours, et on % l'ebserve presque Sans fhierruntion, depuis la maison 542 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. de l’Eremite sur Resina , le long des hauteurs de Torre del Gréco , et dans, les ravins, au-dessus de Bosco tre Case. Les récits et la nature des choses se combinent donc .de manière à nous donner la pleine conviction que la grande éruption de Pline fut l’origine du volcan; _ il n'existait auparavant point de Vésuve ; le cône, tel que nous le voyons encore, est sorti de l’intérieur ef du milieu du cratère de soulèvement de la Somma, el les parois sud et Sud-ouest de cette grande montagne ont dû céder pour faire place à la nouvelle communica- tion établie entre l’intérieur de l’atmosphère, commu nication qui depuis n’a pas cessé de se manifester comme ur des volcans les plus actifs. Le volcan est sorti tout formé du sein de la terre; il ne s’est poinf élevé par l’écoulement successif des COR de lave , ce qui est démontré impossible depuis les recherches de M. Élie de Beaumont, et, au conlraire, sa hauteur n’a pas, depuis cette époque, cessé de décroître. Dans les siècles passés, iés bords du cratère, aussi bien du côté de la mer que du côté de la Somma, s’élevaient à la même hauteur, et ils se trouvaientau niveau du Palo, actuelle- ment la plus haute sommité de ce cratère, Peu à peu, la partie méridionale s’est tellement abaissée quéle bord opposé parait une montagne fort élevée au-dessus d'elle ;"mais chaque grande éruption a encore enlevé une partie considérable à cette montagne, ou à ce bord élevé, de manière qu’en 1834, il était réduit à un seuls pic dé peu d’étendue et de largeur, et tellement affaibli par les fumarolles qui le traversent intérieurement €% tous sens , qu’on doit s'attendre que, peut-être mêmeë une des éruptions les plus Prochaines, toute celte cime retombera dans l’intérieur, ou sera lancée dans les airs et alors le Vésuve, qui autrefois dominail les cimes € là Somma, sera réduit à la moitié de la hauteur de 50% enceinte, où du cratère de soulèvement générateur: 7 t _PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 545 En 1772, Saussure a trouvé que la hauteur du Vés suve était de 5,659 pieds de Paris; Schuckburgh, qui l'a mesurée en 1776, l’a évaluée à 3,699 pieds : enfin Poli en 1793 l'a portée à 5,640. Il semble toutefois qué ces éva- luations soient trop faibles, car M. Oltmans, après des recherches soignées, donne à la hauteur du Palo 3,751 pieds, d'après une moyenne tirée des observations de M. de Humboldt et de lofd Minto en 1822, et de la mesure trigorométrique de M. Visconti. Du temps de Saussure, il n'existait presque point de différence entre la hauteur des deux bords opposés du cratère du Vésuve ; cette différence n’est devenue sen- sible que depuis la grande érüption de 1794. M. Gay- Lussac, le 29 juillet 4805, a trouvé qu’elle était de 448 : mesurée par M. de Humboldt en 1822, elleétait alors de 492, et eïle s'est à peu près conservée ainsi jusqu’à présent (4835). En 1829, il s'était formé dans l'inté- rieur ducratère un cône d dont la hauteursurpassait même celle du Palo; car d’après une moyennede différentes me- sures, M. Olimans évalueson élévation à 5,880 pieds de Paris (Humboldt, Tableaux de la nature, pag. 290, et MémoOtres de Berlin, pour 1822, p. 30). Cecènes’écrouta entierement le 25 octobre 4822, et le. cratère resta six ass sans monticule; mais en 1828 il s’en forma un nou- Veau, qui d’après les mesures de M. Cappacci de Naples, ävait 291 picds au-dessus du fond du cratère et se trou- vait à 158 pieds au-dessous de la-cime du Palo (Pilla, Spettatore del F'esuvio, 1853, p. 58). Ce cône était en- curé par les murs du Palo comme le Vésuve l’est par es'escarpements de la Somma : M. Pilla assure positi- vement qu'il n'avait pas”été rejeté, mais que sa masse était solide comme celle du Palo même. Lorsque ce cône parut, i} n’avait aucune ouverture; i il n'avait dome pas été élevé par le débordement des laves liquides, Le t Ë 344 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. eratère qui Se {rouve à sa cime, ne s’est ouvert qu'une année après son apparition. Ce phénomène était par conséquent uné ; répétition sur une moindre échelle, de ce qui s’est fait pour tout le Vésuve lui-même, lors du temps de l’éruption de Pline. Toute la masse solide a été soulevée à la fois et d’un jet et n’a pas été successivement formée par la superposi- _tiou des laves. Ce cône a disparu entièrement pendant l’éruption du mois d'août 1854. Tout ce qu’on rapporte decourantsde lave antérieurs à la formation du Vésuve et dont l’existence paraît dé- montrée, à ce qu’on croit, par la nature des pavés etdes murs de Pompéii qui sont formés de ces laves, se fonde sur la supposition erronée que la Somma serait com- posée de laves. Car les pierres de Pompéii a nent à cette montagne et non au Vésuve, comme il es aisé de s’en convaincre par Îles gros crisiqux de sol cite qu’elles renferment. Les tufs ponceux qui entourent la Somma ont une propriété fort remarquable squi jette la plus grande lumière sur l'époqüe de l élévation de cette montagne . C’est que bien qu’ils se rattachent. sans discofifinuité aux couches de tufde la plaine, ils contiennent en assez grand nombre et mêlés avec les ponces, des leucito-. phyres qui appartiennent aux couches de la Somma , tandis qu’on ne voit pas une trace de fragments de cette roche dans les {ufs des environs de la ville de Naples etdes champs phlégréens. I! y a done eu un mou- vement volcanique considérabie dans ce leucitophyre avant la formation des tufs, et par conséquent avant l'élévation de la montagne. Ce fait remarquable est Confirmé par la présence de toutes ces belles substances, qu’on désigne souvent avecassez de légéreté comme des productions rejetées par le Vésuve; telles. sont les Lé a: : LL. Q PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. _. 645 ma rbres, les dolomies, les mica, les idocrases, les amphi- boles les meïonites, les néphélines et tant d’autres miné- Taux rares et Curieux, car ces substances sont encore enveloppées dans les couclies de tufs, et n’ont rien de commun avec la Somma dans son état actuel, et bien moins encore avec le Vésuve. Quand on considèré que‘ta plupart de ces cristaux se trouvent dans l’intérieur des fragments calcaires ou de delomie, et y tapissent | des fissures ou des cavités, on y réconäe ephénomène du contact des roches primitives avec les roches cal- Caires secondaires. L'effet de ce contact-est presque toujours de changer la nature compacte du calcaire et d’en faire sortir un@ foule de cristaux d’une nature analogue ou même identique avec celle des cristaux des tufs de Somma, et qu’on ne trouve plus dès qu’on s’é loigne des points de contact des deux roches. : La montagne de Monzon dans la vallée de L'asse en Tyrol, les environs de Gre/lebeck en Norwège, les car- rières de Querbach près de Darmstadt font ressortir ces relations de gisementavecla plus grande clarté, surtout la première de ces montagñes, dont les substances of- frent les plus grandes analogies avec celles de la Sommà. Îlestdonce vraisemblable que les morceaux des tufs de la Somma ont été arrachés à des roches sur lesquelles les forces volcaniques n’agissent plus immédiatement de- puis longtemps ; et cela par une action antérieure à la Ps 3; P Rcmätion de Ja plupart des coûches qui actuellément composent là montagne. Ces fragments ont été rejetés dans la mer, ce qui prouve encore que dans ce temps aucune montagne n'existait. M. Pilla possède dans sa collection des dolomies déces tufs, dont la surface ex- (érieure est COUV rerte de serpules (spérorbis) comme celles qui vivent encore sur les pierres dans la mèêr , @£ M. le comte de La Marmora, à Turin, en a trouvé d’au- res, conservées à Berlin, qui sontenticrement cot- 546 PHÉNOMEÈNES, VOLCANIQUES. vertes des mêmes coquilles. Elles doivent done avoir été assez longtemps dans la mer, avant d’avoir été en- veloppées par les ponces du tuf. Les champs phlégréens n’ont point de volcan, On n’Y {rouve qu'un amas de petits cratères de soulèvement ef d’éruplions isolées ; mais jamais ces éruptions n’ont eu de rapport direct avec un centre commun. On ne peul se refuser à croire qu’il existe, sous le point de vue volcanique, une communication de ces contrées avec le Vésuve, car lorsque les forces volcaniques ont agi près de Pouzzol, le Vésuve est resté en repos, et au contraire tant que ce dernier continue à être en mouvement, les environs de la baie de Baja sont fort peu agités. Malgré cette communication, les champs phlégréens sont déjà entièrement situés dans la bande trachytique, et n’ap- partiennent plus à la région pyroxénique , plus rappro- chée de Ja chaîne des Apennins. On rencontre le tra- chyte en masse dans plusieurs endroits, surtout entre la solfatare de Pouzzol et la mer ; mais son apparition au milieu du beau cratère de soulèvement de l’Astroni, est du plus grand intérêt eten même temps fort remar- quable. Ce cratère singulier (pl.iX, Set) est entière- ment entouré detcouches de tuf qui, au lieu d’êtrehoriz zontales, s’inclinent ici vers l'extérieur tout autour du cralère même, La tête de ces couches forme à l'intérieur - des escarpements souvent presque perpendiculaires. DU“ milieu du foud s'élève de nouveau une colline en forme de dôme arrondi jusqu’à la hauteur de deux cents pieds, etrcette coHine n’est qu’une masse solide du plus beau trachyte blanc grisâtre à cristaux de feldspath et d’am- phibole nets et brillants. Il est donc clair , Œue les cou- ches de tuf ont été rejetées de côté par le gonflement et ie soulèvement de ce dôme de trachyte, Si les forces volcaniques avaient suffi pour le faire dépasser le bord des tufs du cratère, il se serait formé un Puy-de-Dôme, PHÉNOMENES VOLCANIQUES ‘347 un Chimboraco ; et si ces forces avaient eu assez d’in- tensité pour S'ouvrir une communication par ce dôme et pour former à sa cime un cratère, un véritable vol- can aurait paru dans ces environs, etle Vésuve n’au- rait plus eu d’éruption. Le monte Nuovo, sorti de terre en 1558, n’a pas pu faire paraître le trachyte caché au- dessous de son cratère ; mais le reste est parfaitement semblable à l’Astroni. C’est aussi un cratère de soulève- ment, dont les côtés sont formés de couches de tuf biane, inclinées comme la surface du cône x 1ème. C’est à tort qu’on le croit formé par éruption et de matières incohérentes , de scories et de ponces. Les couches sa- lides de tuf soulevées sont très visibles tout autour du cratère, et il n’y à que la Surface extérieure qui soit composée de scories rejetées. Si donc on était, tenté de douter de l'élévation. des couches de tuf et du dô de trachbyte du cratère d'Astroni, le monte Nuovo sou- ievé sous nos yeux, en donnerait la sers e la plus con- vaincante el la plus certaine. Le mont Epomeo d'Ischia, ma 2igré sa forme etsahau- teur, n’a pas plusété un volcan, qu'aucune des collines des champs phlégréens. On ne voit pas l'apparence de cratère à sa cime, et la grande fave de F’Ars0 sortie en 1502, non plus quecelles des cratères de Montagnone et de Retaro, ne peuvent être regardéesque comme des produits d éruptions isolées, qui peut-être auraient pu faire un Volean de la montagne, si elles avaient eu as- sez de force et d’énergie pour établir une commu- nication permanente par un cratère ouvert à la cime. Le mont Epomeo, d’après l'observation baromé- trique faite le 8 août 1805, s'élève de 2,356 pieds, Le bord du cratère de l’Arso est à 450 pieds am-dessus de - la mer, son fond seulement à 360 pieds. he 548 PHENOMENES VOLCANIQUES. EV. - ISLANDE (PI. Xp. Cette ile considérable est tellement recouverte dans toutes ses parties de bouches volcaniques, qu’on est accoutumé à ne la considérer dans toute son étendue que Comme un vaste volcan. En effet, Ebenezer Hen- derson n’a pas compté moins de vingt-neuf volcans distincts ( Residence in Iceland, 4818, p. 41 ), dont Ja plupart, à la vérité, ne sont que de simples orifices volcaniques, etnullement des cheminées constamment ouvertes. Toutefois la position du cône principal, par lequel les phenomènes d’éruption se manifestent le plus fréquemment , se laisse plus facilement reconnaître qu'on n'aurait pu le supposer au premier abord. Les phénomènes volcaniques sont principalement renfermés dans une large bande qui traverse l’île du sud-ouest au nord-est (off, 11, 330). Cette bande est limitée à l’ouest par le cours du Huitaa, en remon- ‘Tant depuis Faxefiord jusqu’au pied &u Bald Jockuf, puis, dans la même direction, par une ligne qui s'étend jusqu à Eyafiord sur la côte septentrionale et vers le 66° degré de latitude. A l’est, elle est limitée par la base orientale de l'Orafa Jockuls , puis par la grande vallée de Langar Fliot,. depuis son origine auprès de Kiofa Jockul jusqu’à son extrémité qui aboutit à la mer. [l résulte par conséquent de là que cette bande traverse complétement à l’ouést le Westfrdinga Fior - dung, et à l’est la plus grânde partie du Mule Syssel. Ces deux contrées ne sont pas formées par des érup- tions volcaniques, mais entièrement composées de roches basaltiques , analogues à celles du comté d’An- trim en frlande ou des îles Hébrides , et d'après les PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 949 excellentes recherches et descriptions de Sir George Mackensie, et aussi d’après les données exactes et fort importantes de Henderson, ces rapportset ces analogies se reconnaissent parfaitement auprès de Olafsen et de Povelsen. _ La large bande volcanique qui se trouve limitée, ainsi _ Que nous venons dire, est sillonnée dans loutes les directions par d'immenses crevasses et recouverte par des masses de lave , tellement étendues en longueur et En largeur , qu'on n’en trouve d'aussi considérables dans aucune autre contrée volcanique. Une de ces fissures a été produite par l'éruption du Skaptar Jockul qui, en 1785, a recouvert de lave une province entière. Une autre crevasse analogue, qui, Comme à Lancerote, se ma pifes(e par une sérieallongée de petits cratères, s’est cuverte au pied du Tirdafiall et du Blaafell (Æenderson, x, 63). Les éruptions ne se repro- duisent pas par ces ouvertures; les orifices qui établis- sent la, communication continue de l’intérieur avec l'atmosphère, sont bien déterminés et constituent seu lement les. volcans de Krabla, Leirhnukur, Trolla- dyngur au nord , l'Heckla , Eyafñall et Kotligia au sud, etenfin Orofa Jockul à l'est. Par conséquent, ces mon- lagnes sont les seules qu'on puisse considérer comme de véritables volcans. | L'Heckla , isolé comme le Vésuve, mais présentant une masse plus considérable , s'élève, d’après les me- Sures_ trigonométriques de MM. Ohisen et Vetlesen, à 4,795 pieds de Paris, au-dessus du niveau de. la er ; cette hauteur se trouve vérifiée par les obser- tions parométriques de Sir Joseph Banks qui, s'étant élevé sur le sommet de la montagne, à trouvé. pour la hauteur du baromètre 24,722 pouces anglais, Ja température étant de 38 Far. (30,3 c.) (Hooker, Tour in Iceland, p.403). L’Annuaïre du. Bureau des lon- : | æ x 350 PHENOMÈNES VOLCANIQUES. gitudes de 1817 donne seulement 5,118 pieds pour la hauteur de l'Heckla; ee nombre est évidemment beau- coup trop faible. | La belle carte marine de MM. Ohlsen, Friesack et Vetlesen ( Copenh., 1825) offre une vue remarquable de l'Eyafiall ( Ostrefield) , qui en l’année 1822 était en pleine éruption. Lés mêmes auteurs évaluent, d'après des observations barométriques, la hauteur de cette montagne à 5,534 pieds. & La hauteur de lOrafa Jockul , déterminée à l’aide du baromètre par M. Paulson, est de 5,561 pieds (Hender- son, 1,249). On regarde cette montagne comme la plus élevée de toute l'Islande : c'est en effet la plus haute de celles qui ont été mesurées avec quelque exactitude. D'après ce qu’on connait des laves de l'Islande, elles renferment du feldspath, mais point d’augite. Au Kra- bla, on observe une masse considérable d’obsidienne et de pierres-ponces. À une distance de cinq milles alle- - mands , au nord -ouest de l'Heckla , Sir Georges Mac- kensie a observé une immense coulée d’obsidienne recouverte de pierres-ponces ( Zravels, p. 564. ) À la fin du mois de janvier 4783, à cinq milles alle- mands de Reikianes , on vit pendant plusieurs-mois des flammes faire éruption du sein de la mer, elilse forma une nouvelle île qui disparat bientôt, mais dès que les flammes eurent cessé de parañre, commenca la grande éruption de Skapla Jockul. Pendant tout ce temps une grande quantité de pierres-ponces furent continuelle- ment lancées sur la côte de Guldbringe et de Snafialls Syssel ( Mackensie, p. 565). Toutes les matières pro- duites dans ces circonstances se rapprochent de la nature du trachyte, et différént, au contraire, beaucoup des roches basaltiques : les phénomènes n’ont aussi été observés que dans l’intérieur de la bande volcanique dont nous avons fait mention. | Ah nr TE v PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 3S} Cette bandevolcanique est dirigée parallèlement à à côte du Groënland qui se trouve vis-à-vis. Cette disposition montre donc ‘encore dans ce cas que les “'olcans sont généralement en relation avec les conti Ren(s ou les chaînes de montagnes qui les forment. Dans le'prolongement de ja Chaîne volcanique de l'Islande se {rouve l'ile volcanique Jan Mayen que le apitaine W, Scoresby a décrite et fait connaître { Aretie cgions, p.154), Le Beerenberg s'élève sur celte île à 6,448 pieds de Paris, bauteur à laquelle ne s’ Aucun des voleans de l'Islande. | L'étendue de la grande bande trachytique qui tra- Verse l’Eslande du sud-ouest au nord-ouest a été pleine- Mentconfirmée par les recherches de M. Krug de Nidda : il a en outre déterminé ses limites avec une grande Précision et y a ajouté des observations et des considé- lations qui sont du plus grand intérêt Pour toute la théorie des volcans (V. Archives des {Mines de Karsten, XVII, 4854, 426). Les limites de cette bande s'éten- “dent, au couchant, depuis les environs de Reikiavig à l'ouest du volcan de Skialdbroid et du Hofs Jockul jus- Qu'au commencement de l'Oefiard, Vers lorient, cette limite longerait le Langar Fliot, à travers le Sniofell (Me Klofa Jockul, Cette bande occuperait toute l'étendue de l’île dans la même direction, s’il ne Se trouvait trois autres masses détachées de trachyte dans la partie nord-ouest de l'ile, le Snofialls Jockul, levé , d'après M. Baine (John Barrow jun., Zravels Iceland, 275 ) de 4,564 pieds de Paris, le Glama Jockui et le Dranga Jockul près du Cap nord. Là bande principalé est d'une forme très remar- Quable, Ses bords, de part et d'autre, sont formés de dômes arrondis trachytiques, qui suivent tous la direc- tion générale et qui se maintiennent à une hauteur de 000 pieds , d'uxe mer à l'autre. On Pourrait les re- élève 352 PHÉNOMNENES. VOLCANIQUES: garder, dit M. Krug de Nidda, commeformant déux immenses bourrelets qui éneaissent une vallée pro” fonde au milieu ; en s’élevant à des considérations d'un autre ordre, on peut se représenfer cette bande comme une immense voûte de trachyte, comparable à la vallée de Quito, qui aurait percé les couches de basalte et d'amyÿs daloïde , mais-dont la partie moyenne trop élargie s'est affaissée sur elle-même, et est retomhée dans l'abime: C'est précisément à cette vallée du milieu que se trou vent limités tous les phénomènes d’une action volca” nique continue ; c'est là qu'on rencontre les fontaines d'eaux bouillantes, le Geyser, le Stroiti, ete.s c’est là qu'on trouve les solfatares, les sourcés acidulés* les dépôts de soufre. Rien de’tout ceci n’est visible du côté basaltique des bourrelets , et moins encore da5 la partie basaltique même. Plusieurs de ces dômes de trachyte peuvent être regardés comme des cheminées par lesquels une communication de l’intérieur aveu l'atmosphère est constamment maintenue : telles sont: dans la partie méridionale de l'ile, l'Oestre Jockul OÙ Eyafiall dont la belle forme en cloche, qui frappe tous les observateurs, suffirait seule pour réfuter l’opiniof ‘ qu'un pareil volcan pourrait être le résultat de l'aceur mulation de courants de lave superposés ; le Katlogiat connu par ses éruptionsen 1755;le Sida Jockul, enfiis l'Orofa Jockul, la plis haute montagne qu’on ait obsels vée.. Tous ces volcans se trouvent à peu près. dan° le même alignement, qui est celui de toute la bande,” & elle-même, et tous sont siluës vers son hord oriental, # Dans le nord, on trouve principalement le Krabla et le Leirhnukur, qu’on doit regärder comme des co” munications permanentes, par conséquent comme ® vrais volcans ef non comme des éruptions particulière” La plupart de ces volcans n’ont jamais rejeté de cou“ rants de lave, non pius que les cratères des volcans des - Jun jument a EEE —— PHÉNOMENES VOLCANIQUES. 835 Andes; ces laves sortent presque constamment au bied du volcan, et jamais elles ne se font jour à Plusieurs reprises par la même ouverture. Mais ces Courants peuvent toujours être rattachés à’ quelque Volean connu , ou à quelque dôme trachytique, d’où leurs cratères d’éruption émanent comme d’un centre. En effet, les éruptions de lave d'Islande se font ordi- hairement par des bouches volcaniques semblables à la série des petits cratères qui se sont élevés en 1750 dans l'ile de Lancerote. Ces cratères s'ouvrent l'un après l’autre, sur un même alignement, au pied des montagnes et dans les vallées, et vomissent une immense quantité de matière fluide qui s'étend sur la plaine. Ces monticules ne s'élèvent que de quelques Centaines de pieds, et restent sans action après que l'éruption s'est terminée. Or, M. Krug fait voir que leur direction passe {oujours par le centre du volcan, dont On peut croire qu’ils dépendent. C’est ainsi que plusieurs centaines. de monticuüles qui ont ravagé par leurs laves la presqu'île de Reikianess se dirigent vers le majestueux dôme trachytique du Skialdbreid, qui do- Mine les solfatares et les sources jaillissantes de Skalholt; “0 que toutes les éruptions autour du Sneefialls Jockul, éruptions qui s'étendent à plus de dix lieues Vers lorient, se dirigent toujours vers cette haute mon- lagne, et c’estencore la direction des cratères d’éruption des phénomènes volcaniques autour de l’'Oestre Nockul dontl'Heckla même ne paraît être qu’une dépen- dance.C’est le même phénonème surune grande échelle Que celui des monticules qui s'élèvent sur les crevasses dont la direction passe toujours parle centredu volcan, Phénomène qu’on observe avec une si grande facilité à Chaque éruption autour du Vésuve et de l’Etna. Les observations et les remarques de M. Krug de Nidda sur la partie basaltique del’Islande ne sont pas 25 354 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. moins ietéressantes, Les couches de bagale, parallèles les unes aux autres , se succèdent avec une régularité admirable , et s'étendent sur. un plan qui est presque uniforme , sans cimes élevées ét marquantes. Mais elles sont entrecoupées par des canaux à parois perpendicu” laires, qui prennent la forme-de vallées escarpées Sur terre et de golfes, de ftords, dans le voisinage de la mer- Or ces nombreux canaux à fond plat et peu incliné, on! toujours une direction presque perpendieulaire à celle de la bande principale trachytique. Auprès de cette bande même, on ne voit plus ces canaux, ni ces golies à côtes escarpées, qui entrent jusqu'à dix ou quinz£ lieues dans les terres. Ce sont, dit M. Krug, des ere” vasses qui se sont formées lors du soulèvement des cou” ches par le trachyte; et cette opinion prend encore plus deconsistance lorsqu'on remarque que cette loi de dispo- sition est de suite changée dès qu'on arrive à Ja partie" nord-ouest de l'ile, où trois autres petits centres tra | chytiques font naître d’autres directions de crevasses ou de vallons. M. Krug croit pouvoir distinguer dan la partie basaltique de l’île, deux séries de couches basal- tiques et d’amygdaloïdes , en les suivant depuis les plus inférieures jusqu’à celles de la surface. La première et la plus basse est formée par une roche semblable 7 salle de la Chaussée des Géants ou des îles Hébrides”» c'est-à-dire que c’est unbasalte grenu qui contien! beaucoup de pyroxène, mais jamais de péridot. 1} nes! jamais aussi compact, aussi pesant, ni aussi temac” que lcs basaltes de France ou d'Allemagne , qui dan° cet état renferment constamment des cristaux et de grandes masses de péridot combinés avee le pyroxène mais qui ne contiennent point de feldspath labradoï- Ces basaltes grenus alternent avec des couches d’am}£" daloïde,, dont les grandes.cavités sont fapissées par 4° superbes cristaux dela famille des zéolites, C’est encore JMHÉROMÈNES VOLCANIQUES. 555 dans-cette Partie inférieure que se trouvent entre les touches basalliques d'autres couches d'argile et de grès, entièrement composées de détritus basaltiques : celles-ci sont accompagnées de couches d’un lignite, le surturbrand des Islandais, dont la puissance ne s'élève pas au-delà de quelques pouces de hauteur." Tes troncs qui ÿ sont enfouis ont souveñt plus d’un Pied de diamètre, mais la pression les à tellement aplatis qu’ils Sont réduits parfois à n’avoir qu’un seul Pouce de hauteur. On les trouve sans feuilles, sans branches et Sans écorce, ‘dans le même état que les bois flottants, qui, encore actuellement, sont jetés en grande quantité sur les côtes de l'Île. Il est donc-très probable qu'ils ont une origine semblable, car on ne peut admettre. qu'ils se soient formés sur une surface quim’a certaine- "ment pu exister tant que les couches basalliques ont pu setproduire. si 1e La partie supérieure des’ couches basaltiques est formée par une roche qüi ressemble àun porphyre, et dans laquelle les cristaux de feldspath labrador pré- dominent beaucoup ; les pyroxènes s’y trouvent en cristaux isolés , mais n'entrentyplus en si grande abon- dance dans la masse principale ; aussi la couleur des Couches, en général, est moins foncée que celle des’ Couches inférieures ; elles ne contiennent ni amygda- loïdes ni lignites. JR ; ss" Toutes ces couches sont traversées par une immense Quantité de filons basaltiques ; souvent leur abondance est si grande, et ils se présentent de tous côtés sous des formes si bizarres etsiyariées, qu’onserait tenté, comme à Diupavog , dans le fiord de Pene , deëse croire en- _ louré des ruines d’une grande ville détruite, La masse de ces filons ressemble en tout à celles des Couches qu’ils traversent; du moins il est toujours assez facile de dé- Couyrir une couche , dent la nature Correspoñdrait par- 253. mA REC à 356 PHÉNOMENFS VOLCANIQUES:. faitement à celle d’un filon quelconque. Il est done p'o- _ bable qué les couches sont le résultat du débordement d’une grande quantité de filons dont les erevasses 5€ sont ouvertes en même temps, etpar lesquelles Ja masse solide, arrivée à la surface, a pu s'étendre sur un espace très considérable ; la pression de sa propre masse, et sur- tout celle tésaltant du poids d’un océan profond a dû ni- veler la surface nouvelle et former une couche d’égale hauteur jusqu'aux limites de son étendue. De nouveaux filons auront produit de nouvelles couches horizontales comme les précédentes, et recouvrant les substances qui seseront déposées sur lespremières. Ce mode de forma- tion.est bien différent de ce que nous observons dans les Courants de lave, qu'aucune pression ne peut amener “à présenioune surface horizontale. Aussi est-il bien certain qu'aucune espèce de zéolite n’a encore ee il été trouYée dans un véritable courant de lave /nyrai- semblablement parce qu’une forte pression a une condition indispensable pour la formation des zéolites. La présence des zéolites suffirait par conséquent pour distinguer une couche basaltique d’un courant de lave. llest donc tout-à-fait contre nature de vouloir com- parer.le grand couran “du Skapta Jockul en 1783 à les courants qui couvrent la presqu'île de Reikiane avec les couches basaltiques qui, tant defois , alternent dvec une si grande te dans les parties est et ouest de l'il e. | Il n'est peut-être pas hors de propos de que l'élévation des trachytes n’a pas seulement rompü la conlinuité des couches basaltiques dans le milieu de l'île, mais que toutes ces couches doivent encore avoir | été soulevées en même temps du fond jusqu’à leu? bauteur actuelle, quiest ordinairement de 2,500 ieds, mais qui atteint près de 4,000 pieds au-dessus de Ben€” fiord : elles seraient plus inélinées qu’elles né le sont en ._ PHÉNOMÈRES VOLCANIQUES. 357 effet, si ce soulèvement m'avait pas été contemporain. Toutefois; comme l'élévation des trach yLes doit avoir clé postérieure à la formation des lignites , on voit que cette élévation est un des phénomènes géologiques les plus récents du globe terrestre. 2, 1 V. MLES ACÇORES. LePico de l’île du même noms’élève à une hauteur, tellément considérable, que les aufres îles disparaissent pour aïnsi dire, à côté de lui : cette montagne est, dans le groupe des Açores , la principale communication » de l'intérieur avec l'atmosphère , ct on l'a tôtijours COD= .sidérée comme telle. Sa hauteur n’a jamais été connue qu'imparfaitement ; Fleurieu (7% oyage de la Flore, 1, 945) estime; d’après des données approximatives et peu exactes de la distance où ce pic se laisse apercevoir en Mer, que sa hauteur est de 6,588 pieds ; Ferrer (Zach corresp. , novembre 4798, p. 595) porte ce nombre à 7,528 pieds, et Tofino (Humboldt, ,Rel. 1, 93) à7 »561 pièds. Fleurieu ajoute même que d'après Ja hau- Leur qu’il donne à cette montagne, On ne peut l’aperce- Yoir en mer que jusqu’à la distance de 29 milles marins; or il est certain qu’on la Voit encore à 36 et même 37 Milles, ce qui, aïnsi que le remarque M. de Humboldt, Porterait la hauteur de la montagne à 8,586 pieds. . La » mesure de Ferrer doit être celle qui se rapproche le plus de la vérité. 4 nt “+ “Le Corriere de las Antillas, 2° éd., 1895 (Zach. LV, 341) donne pour la hauteur du Pic 7,275 pieds de Paris. Fleurieu donne une vue grossière de ce Pic, qu’il Teprésente en forme de cloche ou dôme, et ce qu’il y | 358 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. a de plus surprenant, c’est ce qu'il dit d’un dessin tout- à-fait semblable fait sur la carte des Açores du dépôt de la marine à Paris, quec’est un dessin fait à plaisir ettrès différent de la Héabisée Ce n’est que dans les premiers écrits de John Webster surles Acores (Descript. of the Island of $. Michael, ete., Boston, 1821, p. 2552), qu’on trouve quelques docu- . ments sur ce Volcan dans le récit d’une ascension au sommet faite par G. Heriot de Fayal : toutefois la rela- tion du Voyage ne porte ni la date de l’année, ni cellede l’époque où il fut entrepris» Après avoir monté pendant cinq heures , on parvient au bord du cratère leplus ancien, qui paraît avoir un milles anglais de circonférence : les bords du cratère “sont mn nord et à l'est, et ne subsistent qu'à l’ouest etauSud : au milieu s'élève un cône très rapides M de:300 pieds de hauteur, qu'il est extrêmement difficile | de gravir; les flancs du cône présentent un grand nombre de fissures par lesquelles se dégagent des vapeurs. Il est entièrement formé d’écailles solides de laves, durés comme du fer , etiqui doivent avoir été primitivement dans un certain état de fluidité. La cime extrèmement “aiguë du cône volcanique n’a que à pas déflongueur et cinq en largeur. Le cratère o vert du côté du nord et un peu au-dessous de la crête de la montagne, a environ vingt pas de diamètre et dé- gage continuellement des masses de vapeurs, bien qu'il soit entièrememtcomblé par des matières solides et dés roches calcinées. Du côté de l’est, le Pic se rattache à un€ arête aiguë sur laquelle se trouvent un grand nombre de cratères d’éruptlions anciennes, mais par lesquels il ne s’échappe.plus de vapeurs. C’est de ce côté qu ’eul lieu l’éruption de 1718, qui détruisit ld plus a" partie des vignobles situés au pied du volean. an L'ile de Pico est allongée du sud-estau no#d-ouesf, ef PRÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 859 Il en est de même de toutes Les autres îles, Saint- Georges, Saint-Michaël, Terceira, et ce qu'il y a de plus À remarquable, C’esbque toutes ees îles jusqu’à Flores et Corvo sont situées l’une derrière Pautre , exactement dans cette même direction. On ne peut s'empêcher de reconnaître dans cette disposition une bandewvolca - nique, analogue à celle qui traverse l'Islande, une sorte d'immense faille , remplie par des roches en partie tachées dans la profondeur de la mer. # Les Acores paraissent être formées presque entière- ment de masses trachytiques ; on n’y voit nulle part de Couches basaltiques , excepté peut-être dans les îles de Corvo et de Flores, que l’on ne connaît pas d'une manière complète, Cette nature de roches se trouve démontrée par la description de Webster et par les relations qui ont été publiées sur les dernières érup- lions de l’île de Saint-Georges. M. Dabneÿ, consul amé- ricain à Fayal, à adressé au président des États- tas (New-Forck , Phil. Trans., 1815, t. 515 sq.) ; description dés phénomères volcaniques de l'île as - Saint-Georges, dans laquelle il s'exprime ainsi : «le 4° Mai 4808, le sol , à trois leagues au nord-est de Vellas, dans la partie nord-ouest de l’île, vis-ä-vis l’île de Pico , s’est entr'ouvert avec un bruit semblable à celui du canon, et ilse forma au milieu des champs cultivés ua immense cratère de 24 acres d’étendue. Dans l'es- bace de deux jours ce cratère rejeta une telle quantité … lescories, de picrres-ponces, que le sole en était recou- vert sur une épaisseur d'un à quatre pieds, dans une ‘tendue de trois leagues de long et une de large. Le 2 Mai, il se forma une autre ouverture, à une league au nord de la précédente et à une distance de deux leagués de. Vellas : on pouvait approcher de cet orifice qui se trouvait formé par une grande quantité de fentes, ayant Souvent six pieds de largeur, traversant Le sol dans d jé ad 2 tt -\ ab RS 560 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. toutes les directions. Cette ouverture avait environ : 150 piéds de, circonférence. Le 5 mai et les jours sui- vants , il se forma dans ce sol ainsiserevassé 42 ou 15 petits cratères , d’où il sortit une grande masse de lave qui se dirigea vers Vellas. Très probablement cette masse était de l obsidienne , car elle avait été précédée d’une éruption de piérres-ponces , et ces deux matières indiquent d’une mani ère évidente la présence du tra- ie dans cettà île. e 14 mai, la lave cessa de couler, et alors. conimenca une née. rs et violente éruption quis effectua par le premier cratère , et de Fayal on vit constamment jus- qu'au 5 juin un courant incandescent descendre suf les flancs de ce cratère etse précipiter dans la mer. Après Cela, tout redevint tranquille. Cet immense cratère est à 4 mille anglais du rivage et est à peu près élevé de 5,900 pieds au-dessus de la mers Avant sa formation * aucune autre partie deVile n'atteignait cette hauteur. Fayal paraît n’être qu’une partie de l’ile de Pico, car Ja direction générale de ces îles et leurs rivages se corres- pondent parfaitement; toutefois, l'ile semble présenter dans sa partie centrale un crätère de soulèyement. Webster dit (p. 259), que sa plus grande élévation est d'environ trois mille pieds; que les flancs de la moñ- iagne s'élèvent par une pente douce jusqu’à une « cal- dera » qui a cinq mille anglais de circonférence et dont le fond est recouvert de 4 à 5 pieds d’eau. Le lieutenant suédois Hebbe (Eyriés Anhang zu Mawes, J’oyages, 1 351), donne à cette caldera une étendue de deux lieues: , Il paraît d’après cela fort douteux que cette caldera 5€ soitformée,comme le rapporte Adanson,dansla dernière éruption de Fayal en 4672. Labat dit seulement aussi que dans cette année, la montagne s'était ouverte sur le flanc occidental, et qu’il en était sorti un courant de lave qui avait ravagé deux cents arpents des meil- PHÉNOMEÈNES VOLCANIQUES. 561 leures terres (Nouv. Relat. de l’Afriq. occid., 1725., v, 505). Malgré les nombreuses observations faités dans Cette Île, on ne connaît pas exactement la composition des roches dont elle est formée. L'ile de Saint-Michaël est fort connue par les îles qui ont à plusieurs reprises tenté de s'élever dans son voisinage du côté de Terceira ou plutôt du côté de Saint- Georges. Le 11 juin 4658 (Hoff.,1r, 287), parutune nou- Yelle Île qui avait deux lieues’et demie de largeur, et plus de 560 pieds de hauteur ( Wicquefort's Mandelslob, r1, 707) ;.le 31 décembre 1719, ils’en forma üne autre qui avait disparu le 17 novembre 1725 ; celle-ci était éloignée de la terre de 12 : milles marins (d’Anville Charte von Africa, 1749, et Fleurieu, Flore, 1, 965). Enfin le même phénomène se reproduisit l’année 1841, Dans cetle année, le fond de la mer se souleva même en deux points différents qui paraissent être peu connus. Déjà pendant les mois de juillet et d'août de l’année 1810 , toute l'ile de Saint-Michaël avait été , à ce que rapporte Webster (p. 139 sq.), ébranlée par un trem- blement de terre. Le 51 janvier 1811, une violente se- Cousse, et une odeur pénétrante de vapeurs sulfureuses annoncèrent une fracture qui venait de s’opérerdans le fond de la mer, à l'extrémité occidentale de l'île, et à deux milles anglais de distance du rivage, vis-à-vis le village de Ginetas. Une masse considérable de fumée, de cendres et d’eau s’élança du sein de la mer , et forma une grande colonne de plusieurs centaines de pieds de hauteur ; les pierres qui accompagnaient cette éruption furent projetées à une hauteur bien plus considérable, et s’élevèrent à près de deux mille pieds. À l'instant où ces pierres sortirent dela mer, elles paraissaient noires, mais à peine eurent-elles dépassé la masse de fumée qu’elles devinrent rougeset incandescentes, phé- Nomène évidemment produit par une combustion dans 562 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. l'atmosphère des matières métalliques dontelies € (aient probablement formées, L'éruption se coutinua ainsi pendant huit jours; quand elle euts cessé, il s était formé dans la mer, un écueil sur lequel.les vagues vVe- paient se briser, dans une partie ou auparavant le fond de la mer élait à soixante ou quatre-vingt brasses de profondeur. Le 45 juin, eut lieu la seconde éruption à deux milles et demi anglais de là première, et à un mille: de distance dela terre, vis-à-visle Pico das Camarinhas; le résultat de cette éruption fut l'île de Sabrina, d’en- viron un mille de circonférence , et de 500 pieds de hauteur. Cetteîle présentait un cratère bien formé, ou- vert vers le sud-ouest et par cet orifice sortait un cou- rant d’eau chaude qui coulait vers la mer ; il était ter- miné par une faille, comme le sont généralement {tous les cratères de soulèvement. Cette ouverture avait 30 pieds de largeur, Le capitaire Tillard, qui a visité le cratère le 4 juillet, et lui a donné le nom de son na- vire, a figuré cette île telle qu’elle se présente du rivage de la mer; il a tracé aussi le plan et la vue de cette île sin- gulière : ces dessins ont été publiés sur une feuille par- ticulière en mai 1812 par Boydell à Londres. Dans une note explicative de cette planche, l’auteur ajoute qu’il a appris du consul anglais M. Read, que vers le mois d'octobre l’île a commencé à s’enfoncer peu à peu, el que vers ja fin de février 4812, on ne voyait plus que des vapeurs se dégager encore de temps en temps de l'endroit de la mer où elle s'était d’abord formée. L'ile remarquable de Porto de Iiheo, auprès de Villa Francça est tout-à-fait analogue à l’île & Sabrina, eta certainement la même origine, Au milieu de cette île, se trouve un cratère où les vaisseaux viennent s’abrite” et qui se termine par une crevasseanalogue à celles qui caractérisent d’ une manière spéciale ces sortes de Ta tères. On trouve des vues de cetteîle dans l Æistory ofthe PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 365 Azores, 1815, p.80 et 82 (Thomas Ashe) et sur la belle Carte de Saint-Michaël, dressée par le consul Read, Londres, 1808. Webster dit (p. 186) que les bords de ce cratère s'élèvent jusqu’à 400 pieds de hauteur et se composent d'un tuf dans lequel se trouvent mélangés des fragments de lave, des scories et des pierres- ponces. Aucune partie des flancs de cratère n’est formée de roches solides. : Bien que les nombreuses sources chaudes de l’île de Saint-Michaël soient des indices non équivoques d’une aclion volcanique constante, cette île ne présente ce- Pendant pas de volcan ; toutefois dans son étendue on reconnaît distinctement trois immenses cratères de sou- lèvement. Celui de ces cratères qui est situé le plus au nord-ouest, est le plus considérable ; il a plus de 2,000 Pieds de hauteur, et la crcqnférence formée par ses bords supérieurs à une étendue de six lieues. Il paraît être tout-à-fait analogue au lac de Laach, près de Co- blentz. L'intérieur du cratère est occupé par deux lacs communiquant l’un avec l’autre, le Lagoa Grande, etle Lagoa Azul. Les flancs de ce cratère sont composés de Pierres-ponces incohérentes au-dessous desquelles se trouve caché le tuf qu’on observe aux bords de la mer. Dans le fond seulement on voit des roches trachytiques contenant du feldspath vitreux et de longs cristaux de hornblende. - : Le second cratère est le Lagoa de Pao , situé au mi- lieu de l’île, et entièrement creusé dans une masse de Pierres-ponces. Au pied du cratère, vers le rivage, dans la partie où se trouve le village Agoa de Pao, on ob- serve une roche en place, dans laquelle prédomine de l'augite; mais bientôt on voit paraître des masses de tonglomérats trachytiques dans les gorges profondes qui Re cr le flanc dela montagne. Au milieu de ces fonglomérais, se trouvent assez souvent des blocs gros 564 PHÉNOMENES VOLCANIQUES. comme deux fois la tête, formés par un mélange de gros cristaux de feldspath et de hornblende, et un peu de fer oxydulé magnétique , analogues à du granite, et probablement tout-à-fait semblables à la roche qu’on trouve à Santa-Maria de Bethencouria, dans l'ile de Fuerlaventura, où dans la Caldera de Palma, On ne trouve nulle part ces blocs en place. La plus grande partie de la montagne autour de la Caldera ,. est entiè- rement formée de pierres-ponces , contenant des cri- taux de feldspath. Sur la crête la plus élevée , On voit cependant sortir des masses de ponces un rocher solide formé de trachyte gris clair, renfermant de pe- titscristaux noirs dehornblendé. Cette roche est en- üèrement semblable au trachyte du Siebengebirge sur Îles bords du Rhin ( Webster, p. 176 ). Ce. rocher nommé la montagne d’Agoa de Pao, est d’après des ob- servations barométriques , élevé de 5,463 pieds de Paris, au-dessus du niveau de la mer. Enfin le dernier cratère de soulèvement, Alagoa das Furnas , au milieu duquel sourdent les eaux chaudes, n’est pas moins considérable que celui de Alagoa Grande , et il est également creusé dans une masse con- sidérable de pierres-ponces incohérentes qui parais- sent former sur une grande étendue la masse princi- pale de toute l’île, dans laquelle les roches basaltiques manquent presque complétement. Sur le côté septen- trional seulement , un peu au nord de Punta de Ajuda, on voit à la marée basse, un rocher divisé en colonnes pentagonales mal formées, et dont la masse principale est compacte et noire comme le basaite de Saxe. L'île éntière est donc probablement une grande faille dans laquelle les roches trachytiques auront été chan, gées en obsidiennes et en pierres-ponces, et dont les parois sont formées par des roches basaltiques qui restent cachées par les eaux de là mer. De Alagoa das * PHÉNOMENES VOLCANIQUES. 365 Furnas, les montagnes de pierres-ponces continuent à S'élever en formant une surface continue , et parvien- ñent jusqu’au Pico de Vara , dont la hauteur au-dessus dela mer peut être évaluée à près de 3,000 pieds. C'est la Seule sommité de l'ile sur laquelle on voie quelque- fois de laneige. La description de ces îles par le capitaine Boyd (Description of the Azores, 1853), contient beaucoup de faits importants pour la connaissance physique de l’archipel. On ne saurait plus douter que tout Cet assemblage dirigé du sud-est au nord-ouest, ne doive être regardé comme une immense crevasse sur laquelle se sont élevés des cratères de soulèvement, qui Souvent se réunissent pour ne former qu’une seule île, car M. Boyd, nous fait connaître même les bords de cette trevasse. L'île de Sainte-Marie, la seule qui soit située hors dela direction générale vers le sud-est, n’est plus Yolcanique. Aucune partie de sa surface ne paraît avoir souffert de l’action de la chaleur ou d’une éruption , postérieure à sa formation (p. 10). Toute l’île est com- posée de couches de schiste, qui affectent une position Presque perpendiculaire et qui forment de grandes fa- laises vers la mer. Du côté du nord-ouest, on voit dans ce schiste, dans un lieu inaccessible, et saillant hors du roc, un immense fémur d’an grand animal. Ce schiste serait-il donc un schiste du lias ? Il est couvert d’une formation calcaire remplie de corps marins; ce cal- Caire dont on exporte la chaux , est vraisemblablement d’une formation très récente. | Peu d'îles présentent des phénomènes: volcaniques aussi variés que l’île de Saïint-Michaël, quoi qu’un Yrai volcan central ne s’y soit jamais ouvert. Après que Gonzalo Velho Cabral , eut réussi à établir une colonie dans l'ile de Sainte-Marie, découverte en 1454, il %bordaen 1444 sur la côte nord-ouest de Saint-Michaël, 366 PHÉNOMÈNES VOLCAINI QUES. et la plaine qu’il vit s'étendre devant ses yeux lui parut si capable d’une haute culture , qu’il retourna de suite à Sainte-Marie pour y préparer une colonisation de la ne nouvellement découverte. Mais quand il aborda de nouveau à cet endroit, en 1445, avec tout ei était nécessaire pour établir sa colonie, quel ne fut pas son étonnement , lorsqu’au lieu d’une plaine il ne trouva plus qu’une énorme montagne, qui s'était élevée au-dessus de cette plaine; un immense cratère descendait de sa cime; des torrents d’eau, de boue; des pierres, des scories et des cendres s’étendaient sur les flancs et dévastaient les alentours. Cette monta- gne qui s'élait formée était le cratère de soulèvement de Alagoa las sete cidades; son fond est occupé mainte- nant par deux lacs. La circonférence de ses bords, est de 45 milles anglais, celle du fond de 9 milles , et sa hauteur au-dessus de-la mer surpasse 2,000 pieds: Depuis cette époque , il n’y a pas eu d'éruption , ni paf ce cratère, ni-sur les flancs. Voila donc un cratère de = soulèvement des plus décidés , formé presque sous n% yeux ; s’il s'était fait jour à travers les flots de la mer; il aurait formé une île aussi grande que celle de Gra- ciosa et peu inférieure à celle de Fayal, Cette montagne n’est donc que le résultat d’une grande action volca- nique qui ne s’esi exercée qu’une seule fois et qui n'a _ point établi de communication continue entre les foyers intérieurs et l'atmosphère. M. Boyd, donne une liste des éruptions de Saint-Mi- chaël, qui mérite d’être rappelée. On y remarquer sans peine que Îles orifices de ces éruptions changent! continuellement et ne se manifestent point autour d’ ui centre commun. Après l'élévation de l’Ælagoa de las sete cidades ; l'île resta tranquille pendant près d’un siècle. En .1522, une éruption lança. en l'air les deux collines de 1 | PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. | 567 Lorical et de Rubacai » El Courrit de débris la ville de Villa Franca, qui fut entièrement détruite. 4,000 habi- lants perdirent la vie sous les décombres. . 1565, il ÿ eut une.éruption du Pico Sapadéiro. UR courant de lave très large se précipita Yers la mer du côtédu nord, près de Rébeira Secca. Onle voit en- core actuellement. | En 1658, une île considérable parut 15 milles Vers Pouest de Saint-Michaël, resta tranquitle perdant Plusieurs années , puis disparut tout-à-coup et laissa à Sa place un abîme sans fond. En 1652, leswæollines Pico do Foro, Romos et Pico do Paya, au nôrd-est du Rosto de Cao près de Punta Delgada, rejettèrent une grande quantité de pierres et de cendres et déyastèrent les environs. E, En 1694, après de très violents tremblements deterre, On vit s'élever plusieurs petits îlots non loin de la côte. En 1719, parut une nouvelle île à 45 lieues ouest en mer, Son diamètre était de 9 milles, elle disparut en 1725 et laissa un fond de 70 brasses. + Le grand tremblement de Lisbonne en 1755, se ma- A nifesta sur l'ile, également par des secousses non sui- Vies d'éruption.& Le 14 d'août 1810 , on ressentit de violents tremble- Mmen{(s de terre. Des flammes étaient sorties des crevas- ses dans la partie nord-est deVile et il y cut une petite éruption du pic de Génétas, dans sa partie sud-ouest. Le 15 juin 1841, parut l'ile de Sabrina , qai disparut au mois d'octobre. Depuis cette année PAPSOUASS, l'île n'a plus été inquiétée._ A L'île de Terceira, contient un cratère de soulève- +254 milles, au nord-ouest de la ville d'Angra; de larges fissures ouvertes sur les flancs en Jaissent émaner d’abondantes vapeurs. Ces fissures se sont formées après un tremblement de terre en 1614, Par 368 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. lequel la ville de Praya a été renversée. Depuis Ce temps €es mouvements ont cessé sur l’île. Le cratère se nomme Furnas d'Euxofre. Il paraît être entouré de collines de pierres-ponces. | “S- M. Boyd, raconte que ces poncess éboulent fréquém- è ment et entraînent dans leur chute des arbres, qui, ensevelis par les décombres, pourraient faire suppo- ser qu’ils ont été entourés lors de l’éruption de ces ponces. Une seulé éruption connue . en 1761, vomit une lave du pic de Bagacina, qui après avoir cou- vert une étendue d’une lieue, se jeta dans la mer. L'île de Saint-Georges, si près de la communication centrale ouverte par le Pico , est aussi. celle qui paraît la plus agitée. Une éruptionten 1580, à une demi-lieue duport de Veihas, dura plusieurs jours, et des nom- breux courants de laves se jetèrent dans la mer, où ils forment à présent une côte extrêmement raboteuse et escarpée. En 1691 , les mouvements se firent en mer. | Beaucoup de petits îlots parurent à la surface, au- d tour des côtes, mais disparurent de nouveau bientôt après. Ce même phénomène s’est répété en 1720, année de l'apparition de File près de Saint-Michael, et en 1757, on vit paraître dix-huit petitessiles à 150 toises de la côle, qui après peu d’années disparurent égale- #. ment. En mai 1808, se fit la grandé éruption, décrite par M. Dabney. Les éruptions du Pic même, se bornent à celle de : 1572 du côté de l’est. Une lave s’échappa de la mor- tagne et entra en mer à six milles dé distance près de la ville de Prainha. Dans ce même siècle deux autrés éruptions furent accompagnées de courants de lave; Yun vers le nord près de Bardéira, l’autre du côté du sud, non loin de Saint Matéo. La dernière éruptioP en 1718, s’est effectuée du côté de l’ouest. : La vue du Pic, que M. Boyd, donne d’après l'amiral # PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 569 Sartorius est aussi belle qu'instructive. M. Boyd assure Positivement, que le courant dé lave qu'on vit sortir en 1672, sur l’île de Fayal , s’est fait jour par les flancs d'un pic non loin de la ville de Praya, et qu'il n’est “Point descendu des côtés du cratère de soulèvement du milieu, où il n’y à point de courants de lave. v 1 7 VL. ILES CANARIES. Les trois cratères de soulèvement des ilesles plus con- … Sidérables du groupe des Canaries, celles de laGran Ca- » naria de Ténériffe et de Palma, se trouvent exactement … placés dans la même direction, sur une ligne qui, à Ja | surface de la terre; s’étend du nord-est au sud-ouest. Cette disposition, qui ne paraît certainément pas être l'effet du hasard, est probablement Je résultat d’une action intérieure, et l'on peut très bien admettre que cetle action est la même que celle qui a déterminé la Sortie du trachyte. Les îles de Lancerote et de Fuerta- Ventura qui se trouvent dans une tout autre direction ne présentent aucune trace de trachyte ; au contraire ; * l'intérieur de la Calderade l'ile-de Palma est entière- Ment composé de trachyte ; cette roche forme toute la Partie du Pic de Ténérifre, qui est'isolée du cratère de … Soulèvement, et dans la grande Canarie elle se pré- sente aussi dans la même direction et forme lés mon- D tignes les plus élevées et les plus considérables de cette Île... # Se de * Si l’île de Madère appartenait au Système volcanique des îles Canaries, il serait intéressant d'étudier, sousce Tapportde connexité, lecalcaire remarquable découvert oo TS «\ ame nn 5 ARS 35 sit PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES par Bowdih, auprès de $. Vicente, dans la partie septen- trionale de celte île (Journal of Science, XXVN, 316). Ce calcaire est tout-à-fait semblable à celui qui se présente vis-à-vis de Lisbonne, sur larive méridionale du Tage, cependant il est un peu plus grenu. Le basalte recouvre | le calcaire et le traverse sous forme de nombreux fi- lons. Cé calcaire se présente en masses extrêmement puissantes , ayant 700 pieds d'épaisseur depuis la partie . inférieure des masses basaltiques qui le recouvrent ju$f qu’à la surface de la mer. Les fossiles qui se trouvent dans un calcaire semblable à Porto Santo, êt qui sont des ampullaria, des pecten multiradiatum et glaber; des turitella, et des conus prouvent. que ce calcaire ‘appartient aux formations les plus récentes, et qu'il à probablement été traversé par les masses de bäsalte. Les fossiles contenus dans le tuf de Tomarazeyte;dans la grande Canarie, pourraient.fort-bien avoir appartentM originairement à un calcaire analogue. L. ÎLES DD CAP-VERT. Smith , qui connaissait parfaitement la différencéf faire entre une île basaltiquetet un volcan , ‘dit positi” vement que l'ile de Fuego est vraisemblablement le seul volcan du groupe -des îles du éap Vert (Tuckey* narrative, p. 246 ). Cette île est plutôt le volcan prie cipal du groupe. L'ile de Fuego s'aperçoit de fort loif» et tous les navigateurs ont été frappés de l’étonnant® hauteur à laquelle elle s’élève au-dessus des autres iles qui l'entourent : l'ile est fort petite, mais le capitaine Sabine pénse qu’elle ne. s'élève pas à moins de 7,4 pieds au-dessus de la mer ( Journal of Science, XX1% A. PHÉNOMÈNES VOLCGANIQUES. 571 69). Ce volcan paraît avoir été autrefois, comme Strom- boli, en éruption continuelle : c’est ainsi qu’en parle Roberts dans l'année 1791 , et il cite aussi des courants de Jave qui auraient descendu sur les flancs de cette "Montagne ( Prevost, F. oyages, 11, 592). pe L'ilede S. Tago est aussi fort élevée; le Pico Anto- hio , le point culminant de celte île a, d’après Smith : environ 5,000 pieds de hauteur : mais le capitaine Sabine rapporte que le capitaine Horsburgh a Évalué Celte hauteur à 6,930 pieds, nombre qui se trouve Confirmé par les mesures angulaires qu’il a lui-nième effectuées. = | ee Cette montagne est le point le plus élevé. d'une Chaîne qui traverse l'ile dans la direction dx nord- Ouest au sud-est. Da côté de l’île de Fuego, c’est-à-dire du côté de l'ouest, 1a montagne se termine d’une MNanière extrèémement rapide, mais du côté du nord-est elle s'étend fort loin, en mamelons arrondis, mais qui s’abaïissent très peu. Smith, aussi loin qu’il a pu Étudier ces montagnes, n'y à jamais vu aucune coulée . de lave; il n'a observé, comme à Madère, que des Couches de tuf et de basalte. …. Les îles de Buenavista ».S. Nicolas , $. Vicente, S. — Antonio, qui font partie d'un chaîne dirigée au nord- Ouest , sont, fort peu élevées au-dessus de la surface de à mer, et il serait très possible que ces îles formassenc: *$ flancs du système volcanique , et qu’elles fussent Même composées de rochés autres que des basaltes. De toutes les îles dispersées dans le sud de l'océan älantique , l'ile de l’Ascensiôn est la seule Qui porte $S traces évidentes d’un volcan en activité. Déjà du temps de Forster ; on avait observé les masses d’opsi- 4 ienne qui se trouvent dans cette ile ; depuis, ce volcan A K L êté étudié avec beaucoup de soins par le célèbre Capi- 512 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES: {aine Basil Hall. Au sud du Cross-Hill, dans la partie nord-ouest de l'île, il découvrit dans une vallée Un courant de lave d’une épaisseur de 10 à 12 yards , qui s'élend sur le fond de cette vallée sur une distance de quatre à cinq milles anglais. La lave paraît venir des montagnes de l’est, mais on ne peut remonter jusqu'au cratère qui lui a donné naissance. La surface de la coulée, vue d’un peu loin, paraît très unie, mais quand on en approche on reconnaît, au contraire » qu’elle est tout-à-fait raboteuse et inégale, et recouverte en beaucoup de points de matières scoriformes. En d'au- tres parties cette surface est, suivant des lignes très étendues, fortement tourmentée et bouleversée, Comme si une grande quantité de bulles gazeuses s’etait fait jour avec violence à travers cette surface déjà refroidie- Du somniet du Cross-Hill, on voit descendre deux autres coulées bien distinctes, mais moins larges que la précés dente : l’une d’elles s'étend même jusqu'au rivage dela mer, Vraisemblablement ces deux courantsproviennen! d'un grand nombre de petits cônes qui s'élèvent sur la. montagne. L'un d’eux, le plus élevé, et qui ordinaire" ment est perdu dans les nuages, est entièrement cou” vert de végétation, ce qui Jui a fait donner le.nom de Green-Mountain, Horsburgh évalue la hauteur de cet" montagne à 2,950 pieds de Paris. F La lave contient. du feldspath vitreux en grand® quantité, et en quelques points on trouve aussi des pierres-ponces (Capit. Basil Hali, Mss.); l’île est pa” conséquent trachylique et nullement basaltique. En juitlet 1822, le capitaine Sabine a déterminé » J'aide du baromètre, la hauteur du Mountain-House, da? l'île de V'Ascension, et il a trouvé que cette hauteur ét? de 2,085 pieds : il croit que le point culminant de lil est à plus de 656 pieds au-dessus , Ce qui dénne pour MN hauteur de cette crête de l'ile 2,740 pieds : cette pauteuf PHÉNOMENES VOLCANIQUES. 575 Surpasse done un peu celle du mont Epomeo dans l'ile d'Ischia. SEA ee. | D'après les mesures trigonométriques du capitaine Campbell , la hauteur du Green-Mountain qui domine Mountain-House, est de 2,645 pieds de Paris ( Edin. Phil. Journ., xxvi » 47). Le pied de la montagne est entouré par quatre coulées qui sont sorties à travers des roches trachytiques. La plus considérable sur le côté Sud du Cross-Hill qui forme une Montagne de 859 Pieds de hauteur, appartient à un cratère considérable Placé à l'origine du courant : à l'est et. au nord on 0bserve deux autres petits cratères ,» formés dans les Coulées qui en dérivent. On Voit par là qu'il s’en faut de très peu que cette île ne soit un Volcan continuellement En activité. L'ile de Ste.-Hélène ne contient, au contraire, aucun. indice de la présence d’un volcan ou de coulées volca- niques. D'après les échantillons rapportés par M. Lich- lenstein, les hauteurs qui entourent ja ville de James- … (own se composent jusqu'au bord le plus élevé d’un basalte gris-noir, dans lequel, à l’aide dela Joupe ou par moyen des acides, on distingue facilement un mélange Srenu de feldspath et d’augite, contenant une quantité incroyable de grains extrêmement fins de fer titané : Je feldspath domine de beaucoup dans le mélange. La Teche contient en outre de gros cristaux d’augite et assez “ouvent aussi du péridot en grains, formés de plusieurs ‘istaux réunis les uns aux autres. On ne trouve Jmais de cristaux de feldspath ni de hornblende dans (€ basalte, Dans l’intérieur de James Valley, le basalte, Alernant avec un tuf rouge, forme des couches qui Sélèvent par une pente douce jusqu'à High Knoll; là ces couches sont coupées à pic et forment un esCar-: Le: lement vertical. Beatson (Tracts O7? St.-Helena, 1816, x), d'après cette disposition des roches ,. suppose : 514 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. qu’ellesappartiennent à un cratère desoulèvement: mais ce-cratère doit plutôt être cherché dans l'immense dé- pression en. forme de cirque à laquelle on a donné le nom de Devils punchbowl. High Knoll, d'après les mesures du _ major Rennel, s'élève à 1,786 pieds de Paris au-dessus de ‘la mer; le point culminant de l’île Diana Peak se trouve à 2,534 pieds de hauteur (Beatson , xrx). Le calcaire | de l’intérieur de l’île, employé souvent à divers usages, est tout-à-fait analogue à celui de Fuertaventura : il est |. terreux dans sa cassure, et-souvent mélangé de fragr | meñts de basalte. H'eontient des coquillés terrestres en | grande quantité, des hélices et des bulimes. Tristan d'Acunha présente encore auplus haut degré les caractères d’un volcan, bien que les dessins de Morier qui sont les plus exacts (Second Journey t0 Persia, p. 9) représentent cette montagne comme une sorte de pointe aiguë qui se perd dans les nuages. Cette vue ne ressemble nullement toutefois à celles qu’on trouve dans l'excellente description de celte île ; publiée par Du Petit Thouars ( Mélanges de Botanique Nu et de Foyages , 1814). Les moindres évaluations por M tent la hauteur de cette montagne à 7,000 pieds ; d'au tres l’estiment à 9,000 pieds. Il y a peu d'îles, parml celles qui sont dispersées dans l'Océan atlantique» surtout dans les îles basaltiques qui atteignent . u2£ hauteur aussi considérable. = Le capitaine Dugald Carmiehael, qui est monté Je À janvier 4817. sur la erête de cette île , la décrit (2477 Soc. Transact,, xxx, Â83) comme un cône effilé abrupte s’élevant du sein de la mer jusqu'à une hauteur d° 3,000 pieds, lequel est ensuite surmonté d’un dôme de 5,000 pieds de hauteur, La partie inférieure de l'ile est formée de couches composées d’une masse bleu-8"17 sätre, solide et d’une grande dureté, dans jaquelle sontempâtés des eristaux de feidspath et de hornblende; PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 575 tes couches alternent avec d’autres couches de scories où de tuf. Souvent elles sont traversées d’une manière fort régulière par des filons qu’on peut suivre très loin . Céjusqu’à une hauteur considérable, Le dôme paraîtêtre . Composé seulement de scories accumulées, -et sur les bentes on observe une coulée de lave, formée d’une Masse qui paraît entièrement semblable à celle qui cons- litue les fildns. Au sommet se frouve un-cratère d’en- Viron un mille anglais de circonférence : les bords du tratère du côté du sud s’élèyent à 2 ou 509 pieds au- dessus des parties qui forment le bord seplentrional, llest difficile de parvenir jusqu’au fond du cratère, occupé par un petit lac -de 450 yards de diamètre Templi d'une eau très pure et bonne à boire, La neige S’accumule en grande quantité dans ce cratère, eten en (ouveune masse plus considérable encore sur les flancs du dôme. Cette circonstance n’a rien de surprenant, car bien que-dans l'hiver, on n’observe que très rare- ment des gelées blanches près des bords de la mer , et Que jamais il n’y tombe de neige, cependant la tempé- lature moyenne des mois d'été ne s'élève jamais au- dessus de 15° 2 R. Quelques cônes isolés , entièrement (euverts de verdure, et qui probablement ont donné lieu à autant de coulées de lave,s’élèventen divers points Ur la surface de l'ile. 1 n’est pas fait mention qu’on dl nulle part trouvé de Pierres-ponces dans cette localité. en rnene VHL. ILES GALLAPAGOS. Ces îles forment un groupée très remarquable de Yolcans en activité ; entre toutes les iles qui composent © groupe, la plus occidentale, File de Narborough- “land est probablement le volcan Principal. D’après 576 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. le capitaine Colnett ( ’oyage to the South Sea, p. 144), elle est aussi la plus élevée. Elle forme comme un pic qui s'élève au milieu de Albemarle et est entourée par cette île comme par un cratère de soulèvement. Cettehypothèsese trouveappuyée et justifiée par les vues intéressantes dessinées par Vancouver dans son atlas de Albemarle. C’est évidemment le Pie de Narborough que dans le courant de janvier de l’année 1825, M. Scouler voyait chaque nuit briller au-dessus de Albemarle (Brew., Edinb. Journ., x, 212). En juin 18%, lord Byron à vu une coulée de lave sortir du cratère d’éruption de ce pic. Les côtés de cette île, vis-à-vis Narborough, sont formés de rochers aigus et de pyra” mides qui s'élèvent de la mer, et qui sont séparés seulement les uns des autres par des gorges profondes et resserrées ; et d’après Colnett ,. les formes bizarres de ces rochers donnent à ce rivage quelque chose de si sauvage et de si repoussant, qu’on ne pourrait trouver à la surface de la terre, même au milieu dés montagnes glacées des mers Australes , aucune contrée d’un aspect plus effrayant et plus inhospitalier. Le % août 1814, le. lieutenant Shiilibeer vit dan l'ile de Narborough deux volcans en pleine éruption? et il donna à cette île un nom par lequel il expri” mait qu’elle était couverte de volcans, c’est-à-dire dé ruptions volcaniques (Schillibeer,the Brston's Poyageñ 1817 , p.32). ES . Abington Island , au nord d’Albemarle, et célèb{® par les expériences que le capitaine Basil Hall y a fail® sur les oscillations du pendule, est décrite par lui comme une île basaltique au milieu de laquelle se sont soul” ° vés un grand nombre de cônes d’éruptions (Jour’4 written on the coast of Chili, etc., 1899, 15, 437)2 sur là côte occidentale de l'ile, formée par une falaise de plus de ” 4,000 pieds de hauteur, on observe les alternances PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES COTE: touches de basalte, de tufetde scories, alternances qui se présentent si généralement dans toutes les îles basalti- ques. Au-dessus de cetescarpements’élève unemontagne d'environ 2,000 pieds de hauteur, qui occupe le tiers de la longueur de l'ile. A partir du sud, les flanes de cette mon- tagne sont de tous côtés recouverts par des cratères d’é- ruption et par des coulées de lave .à surface raboteuse et inégale, qui s'étendent à travers toute la surface de l’île jusqu’à son extrémité la plus reculée vérs le nord. Norfolk, Bindlos, Abington, les îles de Lord Wen- maps et de Lord Culpepers, situées dans la partie sep- tentrionale du groupe , sont disposées l’une derrière l'autre, dans la direction du nord-ouest qui se retrouve si fréquemment dans les groupes volcaniques. Le capi- laine Cowley qui a baptisé ces îles en a aussi dressé une carte, mais qui est .accompagnééed’üne si courte des- cription qu’élle ne peut rien nous apprendre sur l’état des îles'en 1685 (Dampier Anhang , rv, 410). IX. ILES SANDWICH. | Les nombreux Voyages faits aux îles Sandwich par d’habiles naturalistes n’ont pas beaucoup avancé nos Connaissances sur la nature physique de ces îles remar- quables. L'une d’elles, Owaihi est la plus considérable et la plus élevée de toutes les'‘iles de la mer du Sud; d’après Gauss(Zimmèrman, Australien, 1,437), son éten- due est de 216 1/10 milles géographiques car. et par conséquent elle est presque cinq fois aussi grande que Vilé de Ténériffe. Nous ne pouvons dire si la montagne élevée, Mowna Roa, qui s'étend sur une partie considé- Table de l'île estun dôme trachytique, semblable à celui du Chimboraco , cependant cela est très vraisemblable. en S: È , PILENOMENES VOLCANIQUES. Nous ne savons pas non plus si dans les roches qui composent cette île le feldspath prédomine sur l’au- gite; cependant , il est évident que l’île d'Owaihi est la principale du groupe entier , et probablement Je Mowna Wororay qui s'élève sur cetteîle en est le volean central. À partir de ce point les autres îles s'étendent dans la direction ordinaire du nord-ouest, et cette dispo- sition est tellement régulière qu’il est: impossible de ne pas reconnaîlre que ces îles sont autant de {races d’un immense filon analogue aux filons basaltiques qui se prolongent si-souvent sur une étendue de plusieurs milles ; plus. les îles s ’éloignent du point de départ, et moins la hauteur de leurs montagnes est considérable, et cette manière d’être vient encore fortifier l’opinion qui fait régarder Owaihi comme le centre principal de l’action volcaniquê, comme la principale commu- nication de l’intérieur du volean ‘avec l'atmosphère. Les montagnes quis’élèvent sur cette île sont au reste de beaucoup les plus hautes parmi toutes celles qu’on ob-@ servesur les îles situées entre l'Asie et l’ Amérique. Cook etKing , frappés d’étonnement par l’aspect imposant et gigantesque du mont Mowna Roa, pensaient qu’il ne de- vait pas s'élever à moinsde 17, 270 pieds de Paris (Third # voy. 111, 104); mais Fleurieü a calculé » d’après les, données de Marchand , et en prenant pour base la distance à laquelle ceite montagne cesse d’être visible, que Sa hauteur était de 15,588 pieds de. Paris (foyage de Mari chand, 1,428). La moyenne des mesures faites par le g&pitaine Kotzebue , à l’aide des hauteurs angu- laires de Ia montagne et des distances correspon- dantes , prises sur la belle carte dressée par Vancouver, a donné pour la hauteur seulement 14,894 (Enidec- kungsreise , 1, 2 ); ‘enfin par un. moyen analogu® M. Horner a obtenu un nombre encore moins considé- rable (Arusensterns, Reise, x, 215), et il trouve que ns PHENOMENES VOLCANIQUES. 979. celte hauteur n'est qué de 15,924. M. Horner à eu la complaisance de me communiquer le tableau suivant de quelques observations plus exactes encore, Les hauteurs angulaires ont été prises en nier à l’aide du sextant ; les distances ont été relevées sur une esquisse \opagraphique des diverses positions du vaisseau aux époques des différentes observations, : | TR 3 DISTANCES S NUMEROS k ATES: HAUTEURS de! œ c LE el en milles , . es 4 PR PR. RE à : de : obsérvations. ARR angulaire: ; °à , Re 60 au degré. | en toises.|en pieds. 200713 2529,2:8 1519! Sp PA 2504,2 | 15565 4,003 # 2606,6 | 15639 2,30,3 |- A4 4 2068786 12307 2,46,3 h : 2201,4 f:r3208 m4 lo |a148,4 | 12890 2,49,3 À 4: - 2290,3 | 13329 2,50,3 2r41,0 | 12846 3,00,3 | v4 2184,0 | 13104 3,03,3 ü 2169,0 | 13674 2,548 | .l : 2140,0 | 12840 . «| 2,57,3 | 4, 2197,4 | 12544 reel 23005074 2133,5 | -r2801 — Ld Moyenne générale, , ‘2251, | 13510 . D bite a Moyenne des neuf dernières observations, 2165,5 | 12693 Les quatre premières observations sont défectüenses , parce que la détermination des distances n’a pas “été faite très exactement ;-il en résulte donc que 12,695 Pieds de Paris, est probablementla véritable hauteur. La montagne est terminée par un plateau horizontal qui, d’après un dessin à peu près exact, a en largeur, environ les 7/8° de la hauteur de la montagne, c’est-à- dire à peu près 4,900 toises. Il ne serait pas impossible ue ce plateau recelât un immense cratère d’où sorti- PRÉNOMÈNES VOLCANIQUES. raient des coulées de laves : ces matières provien- draient alors de hauteurs bien plus considérables que celles qui paraisse nt appartenir au grand cratère de Kiraueah, observé et décrit par le missionnaire Ellis et par lord Byron ( Poggendorf Annal., IX, 145). De tout ce qui précède, il résulte que le Mowna Roa s'élève à une hauteur beaucoup plus considérable que Je Pic de Ténériffe , et qu'on aurait peine à (rouver sur toute la surface du globe une île dont les montagnes seraient plus élevéés. és + 4 D’après Kotzebue , la hauteur de Mowna Koah est de 15,800 pieds de Paris et celle du volcan central Wororay, de 10,122 pieds de Paris. és Il est parfaitement démontré que-cette dernière mon- _tagne est un volcan depuis le voyage de Turnbull, qui, en 1801, a été lui-même témoin d'une éruption dans laquelle une coulée sortie des flancs dela montagne, . s’est précipitée sür une largeur considérable sur Ja pente du volcan jusqu’au rivage de la mer.. M. de Chamisso a aussi vu et décritcette éruption (Kotzcbue’s Reïse, rt, 142). C’ést au célèbre botaniste Archibald Menzies qu'on. doit la découverte du beau’et grand cratère qui -se trouve au sommet du volcan. Malheureusement il ne l'a point décrit ( Vancouver, Voy., nr ; 14). | D’après Fleurieu, qui a effectué ses caleuls:sur. des bases Llirées des observations de Marchend , la hauteur de l'île Mowee, Voisine de la précédente, est de 8,076 pieds de Paris : mais les mesures de Kotzebue portent celte hauteur à 10,114 pieds de Paris. La hauteur de l'ile d’Alooi, une des dernières du groupe, est, d’après Fleurieu, de 7,296 pieds de Paris. | ans D’après les descriptions de La Peyrouse ef les vues dessinées par Vancouver , il est extrêmement probable que les petites îles sont basaltiques ; Chamisso cite posi- tivement une roche amygdaloïde comme faisant partie ; Mowna. # 1 PHÉNONÈNES VOLCANIQUES. ESS des ‘roches qui composent ces mémoires de Chamisso: nous chacune des îles de ce groupe, d’éruptions et d'immenses co qui sont parfaitement ve publiées par Vancouver, - Depuis la publication du voyage de M. Ellis (Boston, 1825, et extrait dansle PAi/. Masas., t, Lxvur, p. 487 et 252) ; le grand cratère de Kiraueah, à la base du : Moyna Roë, est devenu célèbre, et le but principal des courses d'un grand nombre de navigateurs. C’est une Solfatare immense de 15 316 milles anglais de pourtour. On distingue dans ce cratère plusieurs étages, dont les plus inférieurs sont dans un état surprenant d'activité, -0n.y. voit une grande quantité de petits cènes rejeter : des vapeurs aqueuses ef sulfureuses et souvent les flancs du cratère s’entr’ouvent, et donnent passage à des cou- lées de lave qui s’en échäppent-et coulent vers l'inté- rieur. C’est ainsi que M. David Douglas, trouva qu'au mois de juin 1832, une éruption s'était faite au même . endroit où, en juin 1825, lord Byron, avait dressé ses tentes. La lave s'était écoulée pendant trois. jours de suite de l’orifice qu’elle s'était ouvert, et avait comblé en partieles cratères inférièurs (Journal of the Greograp. Society, 1854, 1v. p. 555), M. Douglas vit dansle fond , une lave en ébullition ettellement en mouvement Vers -lesud , que sa vitesse. étai( de trois milles et un quärtpar heure, quoiqu'il fut tout-à-fait impossible de recon- naître par oùcette lave pouvait $’écouler avec tant d’im- pétuosité. Cet endroit remarquable est élevé de 5,634 pieds de Paris, au-dessus de la mer, la profondeur du cratère est de 1,010 pieds, mais le lac de lave en ébulli- tion était encore à quarante pieds plus bas, M. Douglas a pris la latitude de ce point ; elle est de 190 23: 42", Il raconte qu'une éruption violente de cendres et de va- îles. Les intéressants prouvent aussi que dans il se trouve des cratères. ulées de lave, assertions rifiées par les/ vues de ces îles 382 PHENOMEÈNES VOLCANIQUES: peurs qui-eut lieu par ce cratère en 1787 , avail fait : périr 5,405 personnes qui $’étaient obstinées à {raver” ser la contrée. du côté où les vents alisés devaient né- cessairement emporter ces matières. Le 29 janvier 1854, M: Douglas s est élevésur la cime du Mowna Roa; c’est le premier‘observaleur qui ail réussi dans. cette entreprise. Il était muni de bons inS- truments à l'aide desquels il à pu déterminer la lati- tude de cette sommité remarquable, qu’il a trouvée de{9o, 27’, 4". Sahauteur, mesurée à laide du baromè- tre, s’est trouvée de 12,513-pieds de Paris : ce nombre diffère de 280 pieds de la moyenne des mesures faites en mer, par M. Horner; de 2,481 pieds de celles de M. Kotzebue; de 5,175 pialé de l'évaluation de M. Fleu- rieu,et de 4,857 pieds de la _— estimée par les capitaines Cook et King. La cime de la montagne est formée par un dôme tel- lemeñt étendu, que du milieu on ne voit point d'autre “horizon que celui qui est formé par les ‘bords de ce dôme. Malgré cette confi iguration, on observe du côté de l’est unc cratère-considérable, situé un peu, au - dessous du point culminant. Trois ou quatre pieds- de neige recouvraient ous la cime de la montagne. Mowua Koah , donf la latitude est de 190 50’ nord s'élève à 12,805 pieds de hauteur ; c’est par conséquent la plus haute montagne de toute l'ile. mais elle n’a pas une forme aussi régulière que le cône principal. A 41,946 pieds de hauteur, on trouve un vaste platedu, sur Je- quel s’élevent onze petits pics de quelques centaines de pieds de hauteur. On n’y a point observé de grand era” tère. M. Douglas s'éleva sur has: montagne Je F2 RE vier 4834. DRE Il“est fort remarquable que dans les récits’ de cès äs- censions, ônn’ait jamais fait mention de pierres-ponces; BHÉNOMÈNES VOLGANIQUES. 585 qu'on n'indique pas nôn plus parmi les productions vol- Caniques de celte île. Les montagnes ne seraient-elles Pas formées de trachyte? 7 X. ILES MARQUISES. L'ile Domenica ( Ohiwaua), la plus considérable et la Plus élevée de celles qui composent ce groupe, n’a ja- Mais été jusqu'ici bien étudiée; ‘d'après la description qu'en a donnée Forster (Reïse, 11, 6), il se pourrait que cé ful-un volcan central trachytique contenant an Cra- tère. Toulefois cette île, ne s’élève pas à plus de trois Mille pieds de hauteur. (Forster’s Bemerk, 1783, p. 26), et il paraît résulter des vues dessinées par Vancouver, ainsi que des données recueillies par Forster, que la plus Srande partie des roches qu’on ait encore Vues appar- tiennent à des couches de basalte. On cite même , parmi ces roches, une amygdaloïde contenant une zéolithe (trémolithe). , | XL ILES DE LA SOCIÉTÉ. : La montagne de Tobreonu, . dans l'ile d’Otaheiti est le volcan central de ce groupe: et l'ile d'Otaheiti elle même.en est File principale tant par sa grandeur, que Parce qu’ellé établit par le moyen de son volcan , une Communication permanente de l’intérieur avec l'atmos- bhère, La montagne de Tobreonu s'élève probablement à la même hauteur. que l'Etnä, et peut-être même at- leint-elle une hauteur plus considérable encore. Fors- 584 _ pRÉNOMÈNES VOLCANIQUES ter a déduit l'élévation de la montagne, des mé- sures anguülaires faites par Walés, et de la distance correspondante des observations; il a trouvé ainsi. pour cètte hauteur 8,944 pieds de Paris. D'après lui, la distance ou s'étaient faites les observations, était de sept milles anglais. Mais la, carte de Cook, donne pour cette distance neuf milles, ce qui porte la hauteur 11,502 pieds de Paris (Forsters, Bemerkungen, p. 26). Quoiqu'il en soit, il résulte nécessairement de là, que la hauteur de celte montagne surpasse de beaucoup celle qu'on est accoutumé de trouver pour les îles seu- lement basaltiques. Là rapidité des.pentes ,et le peu d’é- tendue du sommet central, ne doivent guère non plus faire supposer l'existence de couches basaltiques. AD- derson rapporte que lé sommet de la montagne , esf occupé par un lac extrêmement profond, que les habi- fants mettent au rang des merveilles de la nature , etil n'y a personne qui à son retour d’Otaheili, ne soit vi- vement questionné sur ce lac (Cook, third voyage, 146.). C’est évidemment un cratère , et peut-être même je cratère principal de la montagne. La carte de Wilson (in missions voyage) donne à ce cratère une étendue considérable (Zimmermann , Australien, 11,485 ). : Déjà d’après les écrits de Forster, on ne peut dot” ter que cette immense montagne ne soit formée de tra” chyte (Bemerkungen, p. 12.):en éffet il donne aë* roches. qui composent l’intérieur des: vallées , le nom de grandes masses granitiques formées d’un mé- _jange assez grossier, et sous cette dénomination, on pe peut reconnaître que du trachyte. M. de Blosseville qui faisait partie de l'expédition du capitaine Duperreÿ --en l’année 4825 , dit très explicitement que tous les 10” ‘chers de l’île sont formés de trachyte. Des prismes de pasalte s'observent sur le pourtour extérieur'de pile ;, dans le fond des vallées, comme cela à lieu aû Mont- PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 385 Dore (Bull. des Sc. géograph., sept.1824. Hertha, 1, 150). Gauss évalue l’étendue de la grande île d’Otaheitt à vingt milles géographiques carrés et demi : cette île est donc seulement moitié aussi considérable que Téné- riffe, et encore beaucoup plus petite que le Gran-Cana- tia. Elle serait (out-à-fait semblable à Ténériffé même pour la forme , si on ne considérait dans celle-ci que Ja partie où se trouve le cirque, et si on en retranchait par la pensée celle où se trouvent Santa-Cruz et La- guna r ne Les îles Huaheine, Otaba, Ulietea, Borabora et Maurua, dont la surface est fort inégale, et parsemée de rochers élevés, appartiennent au groupe d’Ola- heiti : elles sont disposées les unes derrière les autres, à partir de cette île, suivant une ligne dirigée au nord- Ouest. Ces îles ont été confondues avec les iles Mar- quises , et décrites sous ce nom. D’après les dessins et vues qui en ont été publiés, il paraît que ce sont des îles entièrement basaltiques présentant quelques éruptions volcaniques isolées. XIL. ÎLES DES AMIS. Ces îles sont extrêmement basses, elles s’élévent seu- lement à quelques centaines de pieds au-dessus de la mer, et rarement elles atteignent [à hauteur de 4,000 pieds. I] n’y a guère que le volcan isolé de Tofua qui par- vienne à unehauteur considérable :cette montagne apeut- être 5,000 pieds d'élévation ; on voitcroître jusque sur son sommet des Casuarina (Forster's Bemerk, p. 117). Ce volcan paraît être continuellement en éruption, car 55 386 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. tous les voyageurs qui ont visité ces parages l'ont tou- jours trouvé en activité, Lorsque Bligh visita l'ile, une coulée de lave très considérable s'était avancée du pied ‘ de la montagne jusqu’à la mer et avait répandu la dévastation sur une grande partie de la contrée (foyage; 1792, p.167). Le capitaine Edwards ( de la Pandore) à . aussi trouvé le volcan en pleine éruption. Il est évident, d’après les pierres-ponces qui couvrent le rivage de , Tongatabu et d’Anamoka , que cette montagne est for- mée de trachyte. Dans la-partie septentrionale du groupe et sur l'ile Gardners Island, située le plus au nord par 47° 57’ de latitude S. et 182° 22 39”, long. E. du méridien de Paris, le capitaine Edwards a trouvé aussi, en 4791, les traces d’une éruption très récente, et de toutes les parties du sol il vit s'élever des masses de - fumées. Cette île avait déjà été aperçue en 1781 par Maurelle qui lui avait donné le nom de Amargura (Krusenstern, Æydrographie, p. 159). ILE BOURBON. Quoique cette île présente un volcan bien caractérisé, elle ne fait cependant partie d'aucun groupe; on a beau coup cherché, sans aucun fondement, à la rattacher sui- vant la loi commune, à diverses lignes arbitraires de vol- cans ou d’autres îles balsaltiques, mais sans y parvenir: Le volcan se trouve dans la partie orientale de l'ile et occupe seulement une faible portion de son étendue; au plus même ldféinquième partie de sa surface : toutes les autres portions de l’île sont bien évidemment pasal- PHENOMÈNES VOLCANIQUES. 387 liques et formées de couches alternatives de-{uf, d’a- Mygdaloïde et de basalte solide qui, très souvent, sont {traversées obliquement par des filons basaltiques pro- longés sur de grandes étendues (Bory de Saint-Vincent ; Voyage aux quatre iles d'Afrique, 180%, rrr, p. 119) Le volcan est un des plus considérables de tous ceux qu'on observe à la surface du globe. M. Hubert rap- Porte ( Bory, 1, 520), que- depuis 1785, année où il à commencé à observer ses éruptions , jusqu’en 1801; il est sorti chaque année au moins deux Courants de lave des flanes de la montagne, et huit de ces coulées Se sont étendues jusqu’à la mer. Chaque éruption de lave dans les parties inférieures du volcan, est suivie d’une éruption qui s'effectue un peu plus tard par le Crafère silué au sommet de la montagne {Bory, p. 250). Les coulées sortent rarement de ce cratère supérieur, et même dans ce cas elles sont généralement d’une étendue peu considérable. Sans doutelalave ens’accumulant dans les parties élevées du voican, agit par sa pression surles orifices ouverts à la base, par lesquels s’effectuent alors les éruptions. Les fragments de ces coulées qu’on a pu recueiliir jusqu'ici contiennent beaucoup de feldspath Vitreux en mélange » €t par conséquent les laves sont très probablement de nature trachytique ; le basaite A qui couvre la plus grande partie de l'ile ne renferme pas de feldspath, mais il contient assez fréquemment du Péridot. D’après les mesures barométriques de M. Berth (Bory, 11, 429), le volcan s'élève jusqu’au Pas de Bel- Combe , au pied du cône, à 7,546 pieds de Paris au-des- Sus de la mer; le sommet du cône se trouve à 7,507 Pieds de Paris. La bauteur de la montagne basaltique e Saint-Denis, située vis-à-vis du Cimandef, est, d'après Le Gentil, de 7,200 pieds (7: 0Yages dans Les “ers del'Inde, 1784 , 11). Tl paraît, d'après cela, que 26, 588 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. la hauteur de 10,000 pieds attribuée au Gros Morne ou à la montagne de Salazés a été exagérée. ji semble que dans l’énumération des principaux volcans centraux, on doive comprendre aussi ceux qui se trouvent placés dans l'intérieur des continents, aloï$ même qu'ils ne donnent que des indices peu fréquents deleur activité. Tous ces volcans sont au reste très peu coanus ; ce sont principalement : : 4° Le Demavend, très probablement le point culmi- nant de la chaîne de l’Elburs entre la mer Caspienne _et la plaine de la Perse. Olivier rapporte ( Voyage en Perse, ui, 126) que le sommet de cette montagne s'élève considérablement au-dessus de la chaîne à laquelle il appartient et qu'il est constamment couvert de neige; quelquefois la montagne rejele par so sommet une très grande masse de fumées. De Teherañ jusqu’à celte montagne , Olivier a observé une grande quantité de fragments dispersés de laves. Au tiers de sa ‘hauteur, on observe un immense rocher basaltiques divisé en colonnes prismatiques à peu près régulières ; au-dessus on trouve des roches granitiques : Olivier n’est pas parvenu jusqu’au sommet. Morier a donné une très belle vue de cette singulière montagne (Sec. Journ to Persia , p. 555 ). | ® L'.Ararat. Bien qu’on ne connaisse aucun phén07 mène d’éruption sur ceite montagne, cependant sa for2® particulière, sa hauteur, son isolement, rendent tres vraisemblable la supposition qu’elle recèle dans 50? intérieur un des principaux canaux de communicatio® volcanique : cette hypothèse se trouve appuyée encore par les phénomènes qui se manifestent de {ous côtés à la base de la montagne et qui paraissent en relation PHENOHÈNES VOLCANIQUES. 389 avec elle ; tels sont les tremblements de terre qu’on ressent en Géorgie, auprès dEriyan et de Tauris, et qui sont tout-à-fait analogues à ceux qui ne se mani- festent dans le sud de l'Amérique que dans les contrées Volcaniques (Ker-Porter’s, Travels in Armenia, Per- sta, 1822, 11, 500, 624.). La vue qué Morier donne dé cette montagne (Sec. Journ , p. 558) est assez intc- ressante; on en trouve aussi une, moins Téarquable, dans le voyage en Perse de Moriz de Koizébue. L'Ararat a été mesuré très exactement » à l’aide d'opérations trigonométriques , dans le courant du Mois de septembre 1829, par l'asironome Federou ; il a trouvé que la cime la plus élevée était à 15,551 pieds (2221,8 loises ) au-dessus de la plaine qui s’élend äu pied de la montagne , et comme celle-ci est déjà, d'après M. Parrot, à 2,758 pieds au-dessus de la ter, il ea résulte que la hauteur totale de cette imposante. mon tagne est 16,670 pieds au-dessus du niveau de la mer (Kréderic Parrot, Foyage à l’Ararar, Berlin, 4854, p.162). Quoique M. Parrot ait visité la cime de la Montagne, les notions sur la constitution géologique de la montagne sont encore extrêmement imparfaites. Tout Paraîl composé de trachyte à pelits grains, ei on trouve * la cime même de l’obsidienpe avec de nombreux cris- laux de feldspaih, mais nous ne sommes nullement fixés sur la.question de savoir Si jamais ja montagne à pu être un volcan, si on doit la regarder comme un immense dôme de trachyle sans éruption, ou si elle forme les parois d’us cratère de soulèvement , CE GUüI he Paraît ps vraisemblable. On a fait entrevoir qu’ii y à eu des éruptions particulières du côté du sud, Mäis elles n'ont pas éte décrites. ; 84 | 5° Le Seiban-Dash à Vexirémilé nord du lac \ a. C'est une inontagne immense dont le Somuet est cons- lammest couvert de neige. Son pied est entouré de 590 PHÉNOMÈNES VOLOANIQUES. , coulées de lave sur une étendue considérable ( Jaubert, Foyage en Perse, 1821, p. 125). | 4° Les montagnes de la Tartarie, à l’ouest de la Chine, qui ont été décrites dans les relations sur la Chine d'Abel de Rémusat (477. dés Mines ,.v, 155) © par Klaproth (Hertha, r, 88,212). On peut avec autant de raison ranger aussi au nombre des volcans les mon” tagnes brûlantes qui dégagent du sel ammoniac dan ia Sibérie, à Chatanga dans la partie septentrionale du cours de Jenisey et à l’origme du fleuve Wilui , au- dessus de Jakutsk ( Strahlenberg, Nord-und ostliches Asien, 1730, p. 511, 524, 377). | -M.-de Humboldt a fait connaître un autre volcan da n l'intérieur de l'Asie, c’est F A4ral Soubé, haute montagne conique qui s'élève au milieu du lac d’Ala- koul (F r'agm. de Géologie asiatique, x, 20). Il est situé sur la route de Semipalatinsk au Thibet. Le Pechan où Æchik-bach, volcan actif décrit par | MM. Rémusat et Kiaproth- doit se trouver par 42° 25’ de latitude. | : 5° Il faut encore ranger au nombre des volcans ceB” traux les montagnes volcaniques de Kordofan dont à parlé M. Ruppel dans ses relations sur Dongola. Les phénomènes volcaniques qu’on à observés sui. les îles inhospitalières des Nouvelles Shelland au sud du cap Horn, appartiennent plutôt à des cratères de soulèvements qu'à des volcans. Decepption Island, lat: 65° S. long. 64 O. de Paris, connue par les observä” tions sur la longueur du pendule faites par le capitain® Forster (Kendall. Journ. de la Soc. géogr. de Londres): présente des eaux chaudes qui jaillissent sur les bords comparativement très étroits d’un grand cratère, et Bridgmans Island, latitude 62° S., longitude 59° 20° 0. de Paris, a été observée pendant qu'une fumée s'échaPp- pait par des crevasses Ouvertes entre les rots: Eñe À PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 391 n'est pourtant pas {rès élevée et n’a pas les caractères d’un volcan (Weddel, Voyage tothe Soulrh Sea, p.153). Quand on €onsidère les différences d'état que pré- sentent entre elles les îles de corail dans la mer du Sud , 6n doit s'arrêter très facilement à l’idée ‘qu’elles se forment encore continuellement, et que de nou- velles îles paraîtront sans cesse dans ce vaste océan. La forme circulaire de ces îles, avec une seule issue , comme cela a lieu dans presque lous les cratères de sou- lèvement , a fait présumer qu’elles ne sont autre chose que les bords de cratères de cette nature sur lesquels les coraux ontcommencé leur étonnant travail ;eties dé- couvertesetles réflexions de MM. Quoy et Gaymard sur l’économie de la vie des coraux, ne laisse presque point de doute à cet égard. Le capitaine Beechy , en donnant les détails les plus exacts sur le groupe des îles Gafbier semble avoir voulu apporter des preuves complètes à l'appui de cette opinion , que lui-même déclare partager avec conviction ; car ce groupe est une enceinte d’iles de co’ail, à fleur d’eau, qui renferme dans Pintérieur des montagnes de quelques milliers de pieds de hauteur, tomposées de basalte et de roches particulières aux actions volcaniques. Mais il y 4, en outre, une obser- Vation peu connue encore , dans laquelle la nature semble, pour ainsi dire, avoir été prise sur le fait et qui mérite une attention particulière. Elle estconsignée dans l’intéressant Voyage de M. Pocppig au Chily (tome 1, p. 164). M. Poeppig rencontra en 1826, dans le port de Talcahuano , le capitaine américain Thayer, comman- dant du navire Farkée, Celui Jui permit de faire un extrait de ses journaux, après Jui avoir fait part de Sa découverte ; cette observation mérite donc Quelque Confiance. Le 6 septembre 1895, ce navire aperçut {out &-coup une île par une latitude de 36° 144$. longit, 180° 55 E. de Paris. Une fumée épaisse s'élevait du Sommef de celte île. Les barques envoyées pour prendre s 592 PHENOMÈNES VOLCANIQUES. connaissance de ce phénomène, trouvèrent un roc noir, qui s'élevait à peine au-dessus de la surface dela mer. Il avait la forme d'un grand anneau, dans l’intérieur duquel se trouvait une lagune n’ayant qu’une seule issue vers la mer. Les matelots sautèrent dans l’eau, pour pous- ser les barques par-dessus ces bas-fonds; mais effrayés et brûlés par la chaleur de l’eau, ils cherehèrentau plus vite à regagner leurs embarcations. La fumée s'élevait par de nombreuses crevasses qui traversaient cet anr neau noir. Ën un seul point on put voir un peu de sable, tout le reste était un roc solide. Ce n’était donc pas une éruption, mais certainement un soulèvement. Le Cra- ière avait un diamètre de 800 pas ; son penchant exté- rieur était si raide, qu’à la distance de 400 brasses, on ne pouvait plus trouver de fond. Malgré ce peu d’éten- due,la mer était tellement échauffée, qu’à la distance de À miles on trouva encore sa température de 10°F.(5,5 cent.) supérieure à celle qu’on avait jusqu'alors ob- servée dans les eaux de cette partie de la mer. C’est la première fois qu'on a Vu ces îles basses, qui con tiennent une lagune au milieu , dégager des fumées et des vapeurs. Ces phénomènes volcaniquesdoivent cesser au-bout de peu d'années, et il n’est pas étonnant que le hasard n’amène pas toujours quelque vaisseau dans ces parages. peudant cet intervalle. Il serait difficile de trouver un exemple plus clair et plus décidé , qui pui d'une manière plus évidente faire voir la différence qu! existe enre un cratère de soulévement, actif simplement . pendant la période de son apparition, et un volcan NéEi” table, qui reste en activité pendant des siècleS entiers + Tous les volcans centraux s'élèvent au milieu d'u2° enceinte basaltique , tandis que leurs cônes sont; 4 . contraire, entièrement formés de masses de trachyte- On ne trouve dans ces volcans aucune trace de roches PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 595 äppartenant à d’autres formations , Surtout aucun indice de roches primitives ; c’est te qui a lieu dans les Îles de la mer du Sud, ou bien ces roches primitives Sont fort éloignées , et nullement en connexion immé- diate avec les volcans. Les chaînes volcaniques , au Contraire, ou s'élèvent au milieu des montagnes primi- lives et sortent de leurs crêtes , ou bien le granite et les roches analogues se retrouvent à peu de distance, Ou: recouvrent même les flancs des montagnes volca- niques, lorsque la chaîne des volcans se présente au pied d’une chaîne primitive, ou à la base d’un con- linent. À | I. ILES DË LA GRÈCE (PL X1). Ces îles sont les seules en Europe qu'on puisse: avec quelque certitude classer dans les chaînes volcaniques: mais jusqu'à présent, cles ne sont pour ainsi dire que le résultat des efforts effectués dans l’intérieur pour préduire de véritables volcans ; car ceux-ci ne se sont Pas encore ouverts d’une. manière durable. Cependant lous les phénomènes s'y présentent si bien avec les Ca- racières de ces volcans, que ces îles méritent d’être étu- diées plus spécialement, | Les îles grecques ne sont pas dispersées isolément « dans la mer, elles ne sont pas non plus rassemblées en + * Un groupe; elles paraissent, au contraire, Participer ‘ nlièrement de la nature des écueils de la Suède et de à 594 . PHÉNOVENES VOLCANIQUE*. la Norwège. Les chaînes des montagnes qui traversent le continent se continuent sur ces îles avec la même di- rection et avec la même nature de roches, jusque dans les parties les plus éloignées, et alors même que ces parties ne peuvent plus s'élever au-dessus de la surface dela mer pour former des îles. Les îles ont, d’après cela, absolument, la même constitution géologique que Je continent de la Grèce, et ces relations sont tellement intimes que, guidé par la nature et la composition des roches, on pourrait avec certitude, écrire sur les rochers les plus éloignés de Stampalia : Ceci est encore F'Eu- rope, etnon pas l Asie, et sur ceux situés à est de Cos ef de Callimène: cect est l'Asie , et n'appartient pas à l Eu- rope (Clarke, Travels, , 765.). Le eontinent de la Grèce, depuis le golfe de Saros jusqu’à la pointe de Cerigo, est traversé obliquement dans toute sa longueur par plusieurs chaînes parallèles qui s'étendent d’une manière constante dans la direction du nord-ouest au sud-est. La chaîne principale est for- mée par le Pinde entre l'Épire et la Macédoine; dans les parties supérieures de la vallée d’Aous, elle se compose de roches granitiques (7’oy. Poucqueville) ; la chaîne formée par ces roches ou par des masses de gneiss et de micaschiste se prolonge à travers l’OEta et sur la partie septentrionale du Cephissus et de la mer de Te- polias et enfin à travers VAttique, jusqu’au cap Su- nium. Une autre chaîne semblable traverse la Thessalie et le Negropont. Toutes les deux se continuent dans les Cyclades, La chaîne du Negropont dans les îles de An- dros, de Tyne, de Myconi, et celle de l’Attique dans les îles de Lia, Syra, Paros, Naxia, Amorgos, Stampaliä- Aucüne de ces îles n’est basallique ou volcanique, comme il y en a tant sur les côtes de l’Asie ou de la Macédoine, hors de la direction des deux chaînes primitives, PanS les îles de Naxia et de Paros, on trouve un calcaire — Ta mnt es a are Le ET PRÉNOMENES VOLCANIQUES. 395 grenu tout -à - fait intercailé entre des masses gros- sièrement schisteuses de gneiss dans lesquelles il forme Seulement des Couches subordonnées. A Syra, au-dessus du gneiss, repose du micaschisle contenant beaucoup de petits grenats et quelques couches de serpentine , comme on l’abserve aussi dans l’Hymettus : et il en est de même dans l’île de Zia. Dansl’île de Miconi, on observe des masses d’un très beau gneiss qu’on ne retrouve ainsi que dans l’île de Naxia. Dans l’île de Tyne, reparaissent des couches fréquentes de calcaire, et dans l'ile d'Andros, les roches sent formées de micaschiste, Rhenia, la plus grande des îles Delos, est composée d’un très beau gneiss graniloïde, formé d’écailles de mica, de-cris- taux rouges de feldspath, et de petits zircons rou- geâtres ; la masse de la rache est parsemée de beaucoup de, petits cristaux bruns et brillants de sphène et de cristaux de hornblende. Dans l’île de Delos même, les roches sont formées d’un gneiss très schistoïde, dans lequel le mica se trouve en petites écailles brillantes, d’un blanc d’argent ; le feldspath y est grenu. Au mont Cynthius, qui n’a que quelques centaines de pieds de hauteur , on observe des couches très considérables d’amphibolite dans lesquelles sont empâtés de grands cristaux hémitropes de feldspath, avec un peu de quartz et souvent aussi des cristaux de sphène. Ces notions sur la composition minéralogique de ces diverses îles sont tirées des descriptions et collections du célèbre Albert Paroloni de Bassano. Hi résulte de là, qu'aucune de ces îles n’est isolée éidis- tincte des autres par la nature des roches qui la compo Sent; il est donc évident qu'aucune d’elles, pas même l'île de Delos, n’a pu s'élever isolément du fond de la mer. Au sud de la chaîne du Pinde, s'étend une autre Chaine fort élevée, parfaitement distincte de Ja pre- Mière; elle se compose de calcaires des formations se- condaire s, ef est analogue aux chaînes calcaires qui 5y6 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. accompagnent les roches primitives des Alpes dans la Suisse. et la Bavière, La roche calcaire qui forme celte chaîne est une masse d’un gris pâle , finement esquil- leuse, contenant des couches de silex et une quantité considérable de fossiles (Clarke). La chaine traverse l'Epire , forme les montagnes du Parnasse et de l'Héli- con, et s’abaisse très rapidement auprès de Mégare; enfin elle se perd dans les îles peu élevées de Salamis et d'Ægina, qui en grande partie sont formées par l'oolite calcaire de la formation jurassique. Alofs commence à paraitre la chaîne des îles trachytiques ou volcaniques, mais il est à remarquer que ce n’est qu'au- delà des points où se terminent les moi niagnes calcaires, comme si les couches dont celles-ci se composent eussent été un obstacle à leur soulèvement. La chaîne volcanique touche presque F isthme de Co- rinthe, et elle comprend la presqu’ile de Methone (Hoff, 11, 168), les îles de Poros, de Milo, d’Anti- milo, de Cnéh is et Polino, de Policandro et FA Santo- rin. Toutes ces îles ont dûvtrès probablément briser les couches de schiste argileux, qui, dans la Péotie et au sud de Thèbes, rendsent. au-dessous du. calcaire ; car l’île de Santorin, une des îles les plus remar- quables et les plus intéressantes de tout le globe, a même soulevé le schiste argileux jusqu’à une hauteur considérable. L'ile de Santorin est d'autant plus remarquable qu "ol y trouve à à-la-fois toute l’histoire des cratères de soulè vement et des îles volcaniques. On ne pourrait trouver en aucun point de la surface du globe, un cratère mieux déterminé, plus régulier et plus complet qué celui qui est entouré sur plus de la moitié de son co2= tour, par l’île recourbée de Santorin , et qui est entière” mentcomplété par l'ile de Thérasia. L’enceinte est termi- née par des escarpements très abruples coupés presqu ‘à pie, tant sur l'ile de Santorin que sur celie de Thérasit- Fr x j FO Sp PHENOMENES VOLCANIQUES. 397 Ces falaises verticales sont formées de couches entremèê- lées de conglomérat trachytique et de tuf, recouvertes à la partie supérieure par une masse de pierres ponces. Des partiés les plus élevées , les couches s’abaissent Comme d’un point central, avec une pente plus douce vers l'extérieur, jusqu’à ce qu’elles atteignent la mer. Dañs l’intérieur du cratère, il n’y a presque point de rivage entre le bord de la mer et le pied des falaises , CE cest avec la plus grande difficulté qu’on a pu tracer sur ces escarpements deux chemins auprès d’Apanomeria.et de Phira; il est impossible de descendre en ‘aucun autre point. Les rochers s’abaissent aussi brusquement au - dessous de la surface de la mer ; car, auprès de Scauro, on ne trouve le fond qu'à huit cent quarante pieds , et auprès d’Acroteri, on ne le rencontre pas même à mille pieds. Dans toute celfe suite de rochers, il n’est aucune partie dont la naturé ne rappelle celle d'une masse de trachyte brisée où bouleversée. A la petite montagne d’Elias, au=dessus d’Apanomeria, dans la partie nord de l’île, le trachyte est brun roügeâtre, et traversé dans toutes les directions par de petits cris- aux blancs et vitreux de feldspath. Quand la pâte de la roche devient plus noire, les cristaux de feldspath sont plus rares et les fragments ressemblent beaucoup aux masses qu’on est habitué à trouver dans les laves. MPourtant on ne trouve nulle part ici des coulées de lave. Dans la partie la plus méridionale de l'îte, s'élève le grand Elias, la plus grande montagne de Santorin; cette protubérance détruit la régularité et l’uniformité de l’île et par s0n aspect 6n reconnaît bientôt que sa nature est complétement différente de celle des autres parties : en effet, ses flancs sont recouverts de schiste argileux Que le trachyte a dû vraisemblablement Soulever pour former l’île. Cette roche est gris bleuâtre, très schis- loïde, et s’abaisse de l’intérieur de l'enceinte vers 1a J Fr. « is £ 598 =. PHENOMENES VOLCANIQUES. mer : les couches de schiste s'élèvent jusqu’au milieu de la bauteur de la montagne. Très souvent on y trouve in= tercalées des couches de fer oxydé rouge, qui sont si fré- quentes dans les schistes argileux des anciénnes for- mations. Le sommet de la niontagne est formé paï un calcaire grenu blanc, fortement translucide et ta- cheté de parties rouges de chair : ce calcaire a été em- | ployé en gros blocs pour la construction du temple dont les ruines couvrent encore la pente de la montagne. Il est évident que ces roches ne peuvent pas être tout-à- fait étrangères à la composition du reste de l’île. Les îles de Therasia et d’Aspronisi sont tout-à-fait de la même nature que Santorin : ces deux îles sont exactement situées sur le pourtour de l'enceinte dugrand cratère; et se terminent, à l'intérieur, par des rochers presque verticaux, tandis qu’elle s’abaissent par des pentes moins brusques sur Îles parties extérieures au cratère; elles sont composées aussi de couches peu éten: dues de conglomérat (rachytique et de tuf, recou- vertes.également à ia partie supérieure par des pierres” ponces blanches. Enfin, l’analogie est rendue encore. plus complète , par le fait découvert par M. Joh2, Hawkins, à qui l'on doit une étude complète de ces îles et des collections de leurs produits conservées à Gottingue, à Berlin et à Freyberg. Cet observateur 4 trouvé sur les pentes extérieures de Therasia un schistéW | à aiguiser en feuillets épais d’un gris Verdäire, et u® minerdi de fer rouge jaspé à cassuré conchoïde. Ces roches, dont il a recueilli des échantillons, appartien- nent à des couches subordonnées au schiste argileux et prouvent évidemment que l'ile de Therasia a néces” sairement dû aussi traverser cette formation. Les îles de Santorin, de Therasia et d’Aspronisi son donc Îes parties essentielles d'un même tout, etn onË pas pu paraître l’une après l'autre. L'uniformité de leur à A 158 : À PHENOMESES VOLCANIQUES. 399 ‘Composition montre qu’elles ont dû être le résultat d’une äcfion unique et instantanée, car on ne saurail supposer “Qu'’elles aient pu être produites par des forces aussi irrégulières que le sont des éruptions différentes, sépa- rées les unes des autres par un grand nombre de siècles. Les tentatives de l’action volcanique pour former un Yoiean au centre de ce cratère de soulèvement Paraissent Même s'être succédées d'une mavière non interrompue depuis les temps jusqu'où remontent les traditions, Quatre cent quatre-vingls ans avant la naissance de Jésus-Christ, le milieu du cratère se souleva et produisit la petite le d’Hierara, à laquelle on avait donné le non de Palaio-Kameni (Hoff, rr, 157) ; vWraisemblablement plus tard parurent aussi les nombreux rochers qui se trouvent dans son voisinage. En l’année 1427, cette île S’accrut considérablement, comme l'indique une ins- Cription conservée à Scauro, dans l’île. de Santorin : La petite Kameni se forma, en 1575, au milieu du cratère. et sa production fut accompagnée d’une grande érup- tion de vapeurs et de pierres-ponces; enfin sdei707 à 1709, se souleva la nouvelle Kameni,par laquelle se dé- Sagent constamment des masses de vapeurs sulfureuses. - Toutes ces îles sont formées de (rachyte brun, quel- Quefois semblable à du pechsiein, dans lequel sont dis- nPersés une quantité considérable de ces cristaux vitreux Mude feldspath qui caractérisent si spécialement cette roche; À ur surface supérieure est recouverle de pierres-ponces hoires. Les îles ne présentent point de cratères; les pe- lites ouvertures. qu’on observe sur la petite Kameni, Sont plutôt de simples crevasses que de véritables canaux de communication avee l'intérieur. I en résulte qu'il d'y apoint là de volcan permanent, la communication de ‘intérieur avec l'atmosphère n'ayant pu encore s'établir; Santorin n’est done encore qu’une île de soulèvement, êtne peut pas être comptée au nombre des Volcans actifs. sd oct bé LE di Russia xls ébéiter 209 PHÉNOMENES VOLCANIQUES. L'ile de Milo diffère très peu de Santorin. Ony retrouve aussi un cratère de soulèvement, entouré par des cou- ches de conglomérat et de tuf trachytique; ce cratère s'ouvre sur un de ses flancs, du côté de l’ouest. Les pentes del’ile sontaussi extrèmementrapides vers l’intérieur, €t s’abaissent par une pente douce à l'extérieur du cratère. On n’observe point, dans l’intérieur, de l'ile de Milo» d’autres roches que celles qui appartiennent au fra” chyte, mais sur la pente extérieure et dans les parties élevées Olivier a observé une couche de schiste argi- leux qui, comme il le remarque, n’a pas été exposée à l'action de la chaleur. On trouve done encore ici I preuve que l’île de Milo pour se soulever a dû traversef ! les couches de schiste argileux. : LE - Des parties supérieures de lilé, de la cime-du mont Calamo, se dégagent des vapeurs sulfureuses qui forment une véritable solfatare. Ces vapeurs blanchissent et dé* composent les roches de trachyte et forment une sorte de mare sulfuréuse, cvidemment trachytique et solides mais pourtant quelquefois assez mouvanie, et où Oliviel et Bruguières ont#failli s’enfoncer (Olivier, Voyage & | Turquie, 1, 334). Ses 3 5% Cimolis ou Argentièra, Polino, Policandro sont de : simples rochers de trachyte; ils sont aussi recouverts? en tous les points, de pierres-ponces et de fragmen | trachytiques. 11 pâraît donc résulter de là, qu'ils doi vent tous leur existence à des éruptions isolées (OIiVIé 1, 525. Sir Francis Darwin Thoms., Annales, oct. 1825 p.274). La terre à foulon de Cimolis qui, à prése? comme autrefois, est transportée partoute la Grèce, n'es! rien autre chose qu’un trachyte décomposé et très divis® par l’action des vapeurs qui se dégagent de l'intérieur” cette terre contient toujours des débris de cristaux © feldspath et de hornblende. A la série de ces îles appartient encore l’île de POTO$? PÉNOMÈNES VOLGANIQUES. A0 située tout près du continent, à l'entrée du golfe dE- gine et proche les côtes du PAG nÉe celte île, nom mée autrefois Calauria, n’avait jamais été jusqu'ici observée ni décrite par personne. M. Parolini est le pre- mier qui l’ait étudiée âvec soin, et il résulle de ses ob- servations que- cette île est un chaïînon de la ligne volcanique, lequel relie les phénomènes des îles de Milo et de Santorin, avec ceux qui se présentent sur la presqu'ile de Methone. Poros est formée de couches d’un conglomérat dans lequel se trouvent réunis des fragments de trachyte, de calcaire, et de schiste argileux : on,voit souvent dans la pâte de cette roche, des petites paillettes cristallines de mica, et de la hornblénde, Le conglomérat est recouvert d’une masse de trachyte brun, très tourmenté, dans lequel se trouvent des eris- faux de feldspath vitreux, et fréquemment aussi de la hornblende et du mica. Sur le continent, le schiste ar- gileux est en place, et recouvert dans beaucoup de points par des couches de calcaire. - Ge qui rapproche surtout lesiles grecques des étés volcaniques, et ce qui rend plus complète léur analo- gie avec elles, c’est l'absence complète du basalte et de toutes roches basaltiques dans toute leur étendue. Cette circonstance surtout les distingüe essentiellement des volcans centraux. Le basalte est {tout-à-fait étranger aux roches qui composent les côtes de la Grèce, et on ne l’a jamais rencontré en aucun point : au contraire, il est assez fréquent dans les parties qui s’éloignent de la direction des îles grecques; car le basalte en‘couche se trouve non seulement à Lemnos, mais aussi sur toute l’étendue de Mytiène (Olivier ). Au mont Ida, On voit de belles colonnes prismatiques de basalte, de plus de 410 pieds de hauteur; ce basalte est noïr, compact et pe- sant, et forme des massés qui s'étendéni Comme des 26 402 PHÉNOMÈNES VOLGANIQUES murailles immenses entre Bairanieh et Eivagieh, près de Troie; on observe aussi, près de Pergame et ‘sur le chemin de Smyrne, des laves basaltiques contenant beaucoup de cristaux d’augite, qui sont sorties de quelques cônes d’éruption ( Parolini). L'expédition française en Morée,, et les recherches de MM. Boblaye et Virlet, nous ont appris qu’il fauten- core faire entrer dans la série des îles trachytiques toute la presqu'ile de Méthoñe, et la plus grande partie de celle d' Eginee L'une et l’autre sont fort élevées , et le trachyte s’y présente sous les formes les plus variées. À Egine, il est traversé par de: larges filons d’un calcaire , jauné friable, qui contient dans les. filons mêmes, des Pecten opercularis , et des huîtres très bien conservées. On ne saurait: trouver une preuve plus convainçante du soulèvement de toute la montagne hors dela mer, pos térieurement à la formation du continent, C’est encore à M. Virlet qu’on doit la connaissance d’un des phénomènes les plus curieux et les plus. inté- ressans (Bulletin de la Société géologique de F1 ‘ance, {11 409). Le fond du cratère dé Santorin s'élève peuà peu et il paraît certain qu une. nouvelle île sera dans peu vi- sible à la surface des eaux , près des rochers des Ka- meni. Elle est située entre la petite Kameni et le port de Phira : elle était encore, il y a 25 ans, à 415.brasses an dessous du niveau des eaux. En 1850, on trouva qu’elle n était plus éloignée que de 5; à 4 brasses de ja ‘surface. Elle a 800 mètres de l’est à. “l'ouest, et 500 du nord au sud. Sa Surface s’abaisse graduellement du nord vers l’ouest, depuis 4 brasses jusqu’à 29, et à l’est etat . sud ; jusqu’à 45 brasses. En dehors des limites. de cette île, la mer a une très grande profondeur, D’après le nouvelles les plus récentes (1854), l’île n’était plu” éloignée que de 12 pieds de la surface, Ou ne saurait / PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 403 donc douter que dans cette Situation il n’y ait un dôme trachytique qui s'élève du fond de la mer. Arrivé à Ja Surface, il pourra facilement s’entr’ouvrir, et.donner ainsi une issue permanente aux vapeurs qui ysont ren- fermées, et dont l’action continuelle produit les trem- blements qui renversent les villes et les Montagnes de l’Achaie et du reste de la Morée. Cet événement sera donc de la plus haute importance pour toute la Grèce. IL. | Sen. pe 5 RES CHAINE SITUÉE À HOBEST DE L'AUSTRASIE. Un observateur soigneux ne manquéra pas de rernar- quer que toutes les îles de la mer du sud, depuis le mé- ridien de la Nouvelle Zélande, prennentun caractère {out particulier et très différent de celui des auires îles. Au lieu de présenter la forme ronde êt élevée des mon- lagnes coniques , combinées avec d’autres îles moins élevées el formant avec elles divers groupes isolés les uns des autres , les îles un peu plus loin à l'ouest, pa- raissent étroités et allongées, comme des chaînes de montagnes , et elles se trouvent toutes si exactement dirigées suivant une même ligne, quoiqu’un peu re- courbée, qu’on ne peut se dispenser de les réunir et de les considérer comme les diverses parties d’un tout unique. Ainsi, il est évident que la Nouyelle Zélande , la Nouvelle Caledonie, les Nouvélles Hébrides ; les îles Salomon et de la Louisiade jusqu’à la Nouvelle Guinée ef ele île immense elle-même jusqu'aux îles Moluc- ques , appartiennent à la même chaîne ‘et ces relations de toutes ces îles deviennent surtout plus frappantes , uand on remarque que la courbe formée par cette 26. Re tr ms Te ee EP NT AS 772 404 BHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. chaîne, reproduit presque exactement sur un très long espace, la configuration de la côte de la Nouvelle Galles du sud. A cette différence de forme avec les autres îles de la mer du sud, vient aussi se joindre une différence de composition. Dans la Nouvelle Zélande, on ne trouve presque pas d’îles basaltiques, et les roches primitives se montrent au jour en presque tous les points; on peut même les observer sur l’île de Norfolk (Forster Bemerk. p. 10). Dans la Nouvelle Caledonie, Forster et La Billardière ont reconnu que les montagnes étaient formées d’un micaschiste contenant beaucoup de mica, et de roches serpentineuses. Dans les Hébrides, même à Tanna, Quiroset Forster, ont décrit des roches de mica et de quartz qui ne peuvent appartenir qu’à des montagnes primitives. Sur les îles des Cocos, auprès de la Nouvelle Trlande, le calcaire s'élève à la hauteur de 460 pieds, et au hâvre de Carteret, il forme une longue chaîne de. 4,380 pieds de hauteur, parallèle à une chaîne de mon- tagnes hautes de 6,000 pieds qui s'élèvent dans l’inté- rieur des terres et avec lesquelles par éonséquent ce calcaire est en connexité (La Billardière, rr, 246.) Les volcans ne paraissent plus dans ces contrées comme les points principaux de certains groupes, ils sont au contraire tous placés sur lacrète de cette chaîne australe, toujours dans le voisinage et à peu près cons- tamment au pied des montagnes primitives (40h. der Acad. der Wiss. zu Berlin für 1818, p. 53). 2 Il paraît que le continent de la Nouvelle Zélande , n’est pas äl’abri des influences volcaniques : d’après les documents officiels publiés par M. Hay (Jour- . nai de la Société géographique de Londres, x, 135) la petite île de While Island dans la baïe de Plenty» latit. sud. 37° sud, longit. 483° ouest de Paris, 5 | um volcan très actif; un autre volcan le mont Egmont ns er TS SEE = are are re PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 405 se trouve sur la côte opposée à l'angle nord-ouest du détroit de Cook. | AK 1° Le premier et le plus méridional des voleäns dè cette chaîne, après ceux de la Nouvelle Zélande, est ce- lui de Tanna. Le 3 août 1774, lorsque Cook fit la dé- couverte de cette île il trouva ce volcan en pleine éruption. Il a été décrit par Forster ( Bemerk. p.120); et se trouve sur la côte sud-ouest de l’île, à l’extré- mité d’une série de petites collines derrière laquelle S’élève une chaîne dont la hauteur est au moins deux fois plus considérable, Le sommet du volcan ; formé par un cône très abrupte, complétement nu et sans au- cune trace de végétation, est éloigné de deux lieues du bord de la mer, et s'élève seulement à 430 pieds de hauteur. On a décrit quelques cratères d’éruption analogues à ceux de Lancerote en 1730, mais point de volcan permanent. Et quoique la production de solfatares et de sources chaudes soient des phénomènes très fré- quents , il paraît cependant qu'il faut chercher autre part la principale communication volcanique ouverte sur celte île. | En 1795, d'Entrecasteaux vit aussi le volcan répan- dre dans l'atmosphère d'immenses nuages de fumées (La Billardière, 1x, 180). Lat.19° 30" 5. Long.Paris, 167° 953" E. Ed Es Les autres volcans de cette série sont les suivant(s : 2° Ambrym, à l'est de la grande île del Espiritu santo. Forster a observé sur les montagnes une épaisse fumée blanche, et les habitants affirmentque des ger- bes de flamme s’élancent fréquemment de leur sommet, Le rivage de Mallicollo, vis-à-visle volcan est entière- ment couvert de pierres-ponces. Lat. 16° 15" S. Long. Paris, 165°59 557 E. | S L'ile Volcano, près de Santa-Cruz, découverte 406 PRÉNOMÈNES VOLCANIQUES. par Mendana. Sur le cône du volcan, on ne voit ni arbres ni verdure ; il rejette des gerbes de feu, et lance des pierres dans toutes les directions (Burney 11, 149): En 1767, Carteret a vu des vapeurs sortir de l’intérieur de cette: montagne, et d’après Wilson qui évalué la hauteur de ce cône volcanique à 200 pieds, il vomissait en 1797, des flammes très intenses. Ces flammes paraissaient périodiquement toutes les dix minutes , et leur éruption durait environ une minute (Burney, Discoveries in the South-Sea, x, 176). En 1793 lors de la présence d'Entrecasteaux sur cette île, le vol- can était dans une période de tranquillité (La Billar- dière, 11, 258). Lat. 10° 93’ 55" S. Long. ; Paris, mi 18' 3° (D'Entrecasteaux). | 4° Sesar "ga, au-dessous des îles Salomon, auprès de | Guadalcapar. Mendana, qui a découvert cet île, la dé- rit. comme étant ronde et fort élevée : au milieu se trouve un volcan du sommet duquel s'échappe cons- tamment un courant de vapeur et de fumée (Bur- ney,; 1, 280). Ce volcan n’a pas été retrouvé depuis. D’Entrecasteaux croit qu’on doit le rechercher au nord du détroitIndispensable et de Guadalcanar(F'oy.,1,587); mais Burney pense, avec beaucoup de raison, que ce volcan n’estautre que la montagne à laquelle Shortland a donné le nom de Laramas , qui se trouve à la pointe sud-ouest de Guadalcanar, non loin du cap HensloW Shortland considère cette MoN comme étant plus élevée que le Pic de Ténériffe (Zimmermann Austra lien, 1, 501). D’ Entrecasteaux a vu cette montagne couvertede nuages, etne pût par conséquent reconnaitre si c’était en effet un valran, Lat. # 58' 8. Long. Paris, 158° 1:35". 3” Volcan de la Vote. à l'entrée du canal Saint-George, sur le côté occidental de ce canal. Ce volcan a été observé et dessiné par Dampier (#07: PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 407 1729, 1x1, 208) : il est fort élevé, arrondi, et son sommet, qui est très aigu, donne issue à une masse considérable de fumée. Lar. 5° 1218, Long. Paris, 19° 39: 35”. C’est probablement le même volcan qui a été observé par Carteret, lequel à déterminé avec plus d’exactitude sa position , et l’a placé vis-à-vis Pile Man, un peu à l’ouest du cap Palliser (Hawkesworth , r, 586). Ce volcan a été aussi remarqué par le Capitaine Hunter. is 6° Volcan situé sur la côte orientale de la Nouvelle- Bretagne , à peu de distance du cap Gloster. Il a été aperçu par Dampier en avril 1700 (7 0Yÿ, 11, 218); Son sommet donnait issue à des flammes qui s’élançaient avec bruit et avec des intermittences d’une demi-mi- nute. La plus considérable de ces éruptions donna lieu à une large flamme qui s’éleya, avec un sifflement aigu, à uné hauteur de 20 à 30 yards , et on vit alors un courant incandescent descendre sur le flanc de la mon- tagne, atteindre sa base, et parvenir. même jusqu’au rivage; de ce courant se dégageait dans l’atmosphère une fumée très épaisse. Lat. 1° 55". Long. Paris, 1450 49/ 55" E. (Rossel). Tasman à vu aussi ce volcan (Valentyn, 1, 356). . T° La Billardière rapporte qu’en 1795, le volcan de LARIERE était dans une période de tranquillité , mais qu'au lieu de celui-ci, il y en avait un autre en pleine éruption, à quelques milles de distance au sud, dans une petite île : ce volcan présentait presque les mêmes phénomènes que celui de Dampier. Des colonnes d’uñe fumée très épaisse s’élevaient périodiquement de son sommet, et vers le milieu du jour, on vit un courant de lave'se précipiter sur ses flancs, jusques dans Ia mer, L'eau de la mer s'élevait alors sous forme de Vapeurs blanches ef brillantes , et la fumée, pendant la durée de Véruption, monta jusqu'au-dessus de la hauteur des PT rh 22 5 ee ct SEM ET ME aonmasex Se 408 PHÉ NOMENES VOLCANIQUES. nuages (7/0y., 1, 285). La. 5°, 521, 20” S. Long. Parts, 145° 45" 557. O.) : _. Burney à montré (rv, 421.) que la carte de Dam- pier ne s'accorde pas avec sa description, et qu'évidem- ment le Volcan situê près du cap Gloster dont parle Dampier, est placé dans là partie sud de l’île, et non dans la partie nord , comme l'indique la carte. Il résul- terait de là, que les volcans de Dampier et d’Entrecas- teaux seraient le même. Les fragments de la coulée débit qui se trouve à peu de distance des îles de l’Amirauté , sont employés dans ces. contrées comme instruments tranchants (La Billardière, 1, 255 ). So Volcan de la côte septentrionale de la Nouvelle- Guinée. Lat. , 40 52, S. "Long. Paris, 142° 55' 48r E, Dampier remarque , que bien que toutes les petites îles qui bordent la côte soient fort élevées, cependant, au- cune d’elles n’a une forme aussi arrondie, et un sommet ‘aussi aigu que ce volcan brûlant ( ’oy. -, 1, 225), situé à deux milles de la Côte. So Volcan situé à douze milles du continent, au iniliei de cinq petites îles. Lar, 3° 55°, S. Long. Paris, 14° 55 55, E. Ce volcan a été aperçu par Dampier et plus tard, ain qué le précédent , par Schouten et Le Maire. Ces na- vigateurs ontaussi vu deux autres îles d'ou se dégageaient des masses de fumées; mais ils n’ont pas déterminé leurs positions, el jusqu'ici on ne les a pas retrouvées: 40° Dampier rapporte (ur, 225), que le 47 avril 4700, trois jours après avoir quitté les îles de Schou- ten et de la Providence, il observa, dans l’intérieur des terres, une montagne fort élevée, du sommet de laquelle se dégageait une masse considérable de fumée- Dans l'après-midi, il était en vue de l’île King-Wiliams. Ce Volcan ne peut être situé que sur la pointe à plus occidentale de la Nouveile - Guinée. Zar. 4° 50”, 5: DHÉNOMÈNES VOLGANIQUES. 409 Long. Paris, 1260 , 59, 53”, Æ. Il n’a èté remarqué ni par Forrest, ni par d’Entrecasteaux. Cette chaîne volcanique se rattache à l’ouest de la Nouvelle-Guinée, avec deux autres chaines extrème- ment remarquables, qui se réunissent à elles ,. en for- mänt une sorte de nœud. Ce sont la chaîne des Volcans des Îles de la Sonde à l'ouest, et celle des volcans des îles Phi- lippines et des Molucques au nord. Ces deux séries de Volcans suivent la limite extérieure du continentde l’A- Sie, avec beaucoup plus d'exactitude encore que la chaine précédente ne suivait les côtes de la Nouvelle-Hollande. Les innombrables volcans des îles de la Sonde s’éten- dent jusqu'aux îles les plus éloignées de Sumatra et de Java, et se perdent dans le golfe du Bengale, dans les parties où le continent voisin devient plus considérable et moins dechiqueté. De la même manière, la chaine des Molucques et des Philippines s’élève vers le Japon , et entoure le continent de l'Asie, du côté de l’est. Au contraire, au milieu de ces îles nombreuses qui peuplent la mer de la Chine, on ne trouve que très ra- tement des traces de phénomènes volcaniques, et les Volcans eux-mêmes y sont presque complétement in- connus. Æ L'immense masse oxydée qui forme le continent de VAsie, empêche toute communication de l'intérieur avec Vatmosphère, mais cette communication a pu s'ouvrir Sur Jes bords du continent, en formant une faille con- Sidérable qui l'entoure et sur laquelle se sont établis des Volcans qui servent de canaux pour cette communi - cation. SE Mas Sn 2 20 A M né; D PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES ; XL. CHAINE DES ILES DE LA SONDE (PI XII). Les volcans qui composent ES chaîne sont les suivants. 1° Wawani, dans ri le d’Amboina ; ce Foi situé dans la partie Gétidehisie de la plus grande île, celle d’Hitoe, à deux milles du rivage (Valentyn, 11. Deel., p. 404), ést une montagne très élevée et fort rapid. Le bouillonnement des matières dans l’intérieur ,-sém- blable à celui produit par l’ébullition d’un liquide dans une immense chaudière, avait très souvent fait a ppréhen- der de voir le sommet du volcan livrer passage à des éruptions : en effet, il s’entr’ouvrit en deux différents endroits, pendant l’année 1674, après un tremblement de terre très violent qui ébranla toute l’île d’Amboina : des courants de laves se précipitèrentj jusque dans la mer, et couvrirent une étendue considérable du pays. Le roi d’un village intérieur avait tenté, fort peu de temps au- paravant , une attaque contre les villages de Wawani ef d’Essen, situés plus bas , et avait été repoussé avec béau- coup de peine. L’éruption volcanique détruisit le village supérieur, et fit périr tous ses habitants; ce désastre, qu’on apercevait des parties inférieures par une sorte d’échancrure de la montagne, vint délivrer ses habi- tants de la crainte de voir se renouveler les attaques violentes de leurs ennemis. En 1694, le volcan fit de nouveau éruption (Phil. Trans., xix, 49); mais depuis cette époque, il n'était plus question des mouvements de l’action volcanique. Pourtant, La Billardière rapporte que toute j'ile était fréquemment ébranlée par des {tremblements de terre; PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 411 el qu’on en ressentit Principalement les effets en 1783 (Poy., 1,524). | Dans l'année 1797, le capitaine Tuckey se plaignit beaucoup de l’excessive chaleur et des Vapeurs étouf- fantes provenant d’un volcan brülant, auxquelles il avait été exposé pendant dix mois entiers dans la rade d’Am- boina (Nar/ative of the Congo Exped. xxx). En 1816, il se forma un cratère, et le volcan était de nouveau en pleine éruption dans le cours del’année 1820. Le 18 avril 1824, probablement aussi dans le voisinage de Wawani, il s’ouvrit un nouveau cratère qui brûlait encore le 44 Mai ( Geogr. Ephem., 1824, p. 481. ). Sur la petite Amboina , l'ile de Leytimor, La Billardière a trouvé les montagnes composées de granite à grains fins (Tra- chyte?) (1, 309. ). 20 -Gonung- Api (montagne brûlante), dans l’île de Banda. La vue que Valentyn a donnée (ur, 15) de cette montagne et de l’île avoisinante de Neira , est extrême- ment intéressante, et probablement beaucoup plus exacte que le dessin que William Daniell, d’après les ob- servalions du capitaine Cole, en a publié à Londres en A 1811, en y joignant un plan de l'ile Neira. Le volcan est fort abrupte, mais ne s'élève qu'à 1828 pieds de Paris de hauteur (Tuckey, Marit. Geog., it, 464). Cependant, il paraît que cette montagne est un des principaux orifices de communication avec l’intérieur, car presque jamais on n’a vu le volcan en repos. On avait déjà ob- Servé des éruptions en 1586, puis en 1598 et 1609. : Dans l’année 1615, l’éruption fut si violente que les bâtiments de la flotte du gouverneur d’Amboina eurent la plus grande peine à gagner Neira, à travers la pluie _ de Pierres-ponces qui fut lancée par le volcan. En 1629, l'éruption fut accompagnée d’un grand tremblement de terre : la montagne s’entr’ouvrit encore en 1652, dise TES Re Las RE MR ai u Pt ha sé ne ni. We none A, 412 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. et il en sortit un courant de lave qui se répandit Sur ses flancs : un événement semblable eut lieu en 1685. Le 22 novembre 1694, une grande flamme s’élançca du sommet du volcan : elle était accompagnée d’un bruit épouvantable, semblable à celui d’un violent ouragan. Le fond de la mer fut soulevé presque jusqu’à la surface, et des flammes sortirent du milieu des eaux ; celles-ci furent même tellement échauffées, qu’il était impossible d'y naviguer. Dans le détroit de Neira, élait répandue de tous côtés une odeur sulfureuse insupportable, qui occasiona un grand nombre de maladies (Phil. Trans. XIX, 49 sq. ). D’autres éruptions considérables eurent lieu dans les années 1765, 1775 et 1778 : cette dernière | fut accompagnée d’une coulée de lave qui s’étendif jusqu’à la mer. Le 41 juin 4820, s’effectua une nouvelle : éruption; la montagne s’ouvrit sur le flanc nord-ouest, probablement pour donner passage à un courant delave; mais la plus grande partiede l’éruption eut lieu parle cra- tère supérieur (Baumhauer, -Ænn. de Phys., xv, 450). L'ile de Banda avait auparavant une grande baie suf la côte occidentale : en 1820, après que l’éruption se fut terminée , il se fit dans la mer un soulèvement , et une masse solide, composée de gros blocs semblables à du basalte, vint non seulement remplir et combler cette baie dont la profondenr était de 60 brasses, mais elle forma même , au dessus de la mer , des collines très éle- vées et fort étendues, qui entourent le pied du volca®? et s'appuient contre les flancs de cette montagne. Aucune des matières qui composent cette masse sou” levée, n’a été fondue ou coulante ; tous les blocs étaient crevassés, et dégageaient d’abondantes vapeurs, mais ce soulèvement n’a rejeté ni rapilles, ni cendres, #! pierres-ponces. Les habitans de Banda, dont les maisOn$ se trouvent sur le revers opposé, ne s’aperçurent de ce | PRÉNOMÈNES VOLCANIQUES, AA phénomène remarquable, qu'après que la plus grande partie de ce soulèvement se fut effectué , et lorsqu'ils en eurent été avertis par les vapeurs et par l’échauffement des eaux de la mer. Lorsque M. Reinwardts visita et exa- Mina cette localité en 1821, des vapeurs d’eau etdesoufre se dégageaient encore entre cés blocs entassés. Le môle élevé au milieu de la baie, est formé de couches très épaisses , qui sont inclinées des deux côtés , et dont le Milieu ou la cime est recourbée en dôme. Les couches inférieures sont tout-à-fait compactes ; les couches su- Périeures, au contraire, sont poreuses { Boon-mesch. P. 88 ). Ilsemble que ce soit la répétition des effets du soulèvement du cône même d’un volcan ; et par cet évé- nement on peut se faire une idée de la possibilité de Pé- lévation des grandes masses solides qui ont produit les Obélisques d'Auvergne, et les murs basaltiques saillants Qui terminent les filons de basalte. 3 Sorea. Lat. 60° 50°S. Long. Paris, 198 29 55” E. Les relations de Wittsen , bourguemestre d’Ams- | terdam, sur l’île d’Amboina, apprennent que le 4 juin 1695, le volcan de Sorea rejeta une grande quantité de Yapeurs enflammées , et qu’il en sortit un courant in- Candescent ; la montagne s’écroula en partie dans cette éruption , et il se forma un lac de matières incandes- centes, quiaugmentant sans cesse, forcèrentles habitants d'Hislo à se réfugier sur la mer. Avant cette éruplion, l'ile était constamment ébranlée par des secousses vio- lentes qui ne se renouvelèrent plus depuis. Cependant, Par l’éboulement continu de la montagne, le lac de feu S’'étendait de plus en plus du côté du village de Woroe, dont les habitants se virent bientôt contraints de Prendre la fuite. Ils abandonnèrent même l'ile, et Se retirèrent à Amboina, où ils arrivèrent le 48 juillet 1695 (Philos. Trans., xx, 49). Valentyn ne Parle pas de cet événement. Il donne à cette Île le nom de M4 PRÉNOMÈNES VOLCANIQUES. Cerœwa, ‘etil dit qu’elle est ronde et a environ quatre milles en longueur et en largeur. Mais après lerécit du de tremblement deterre de‘Banda en 1685, ilajoute qu'il s'était fait sentir jusqu’à Cerœæwa à quarante milles de Banda. On affirme quela moitié de l’île ayant été englou- tie , les habitants ,ont été forcés de chercher un refuge à Banda (1x, 17). L'île Nila, voisine de la précédente, contient une solfatare, et par conséquent aussi un cra- tère ; elle fort élevée. 4o Damme. T° £ $., à l’ouest de Timorlant, Cette île renfermeun volcan considérable (Valentyn, mx, 245). D Gonung-Api. Volean situé à 6° 56’ S. Dampier cite cette île comme fort élevée, mais petite ets ’éle- vant au-dessus de la mer par une pente douce. Le sommet se divise en deux pics, et par l'intervalle qu’ils laissent entre eux , se dégage une telle quantité de famées qu’on n’en à jamais vu des masses aussi con Sidérables sortir d'aucun autre volcan (xx ÿ 480) Valentyn donne à cette île un millé de circonférence: G Pontare. Sur cette île s’élèvent trois pics considé: rables, dont l'un est un volcan actif. Tuckey, mx, 382): 7° Eombatta. Ce volcan est un pic très élevé et ter- miné en pointe , situé vers le détroit de Pontare. Dam: pier a vu des vapeurs se dégager de son sommet (1 525). Bligh a remarqué le même phénomène cent a plus tard (Foy., p. 255 ). Sur le bras oriental de Fils s'élève aussi un pic isolé et très haut. 8. Mangeray où Flores contient deux volcans élewés qui paraissent être entièrement semblables. Bligh cite celui situé à l’ouest, au tiers de la longueur de File, comme un véritable volcan (oy., 1792, p. 246). Maÿ Tuckey qui connaît particulièrement ces îles, donne! la montagne, située à l’est, le nom de Lobetobie dit que c’est aussi un role Maria Greog., 11, 9 D’après Tuckey, Sandelbos , à F extrémité ue À 4 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. A5 occidentale de l'ile doit renfermer un volcan qu’on Yoit à la distance de vingt milles en mer. 5 100 Gonung Api. Ce sont deux Pics aigus, éloignés au plus de Vingt milles de la pointe nord-est de Sumbaya (Tuekey) : Bligh les à aussi indiqués sur sa carte. 119 Zomboro dans l'ile de Sumbava. Ce volcan s’est Manifesté en 1815 par une violente éruption. D’après les observations du capitaine Eatwell, commandant du Benarès, lesommet duvolcan est,situé sous latit. 80 20,5. Longit. Paris, 1180 39 35” E, Sa circonférence est très Considérable , et sa hauteur comprise entre 5 et 7,000 pieds. La mer baigne le pied du Yolcan sur le quart de Son pourtour (G. A. Stewart, ên Bombay Lit. Soc: Transact, , 11, 104). Déjà, en 1814, la montagne avait donné des indices certâins de l’action volcanique. Du Vaisseau le Ternate, on avait vu en décembre, des masses de vapeurs et de fumées se dégager de son sommet. Au 5 avril 4815 , cette éruption durait encore; le 40 la fumée noire et les cendres rejetées étaient si épaisses que le ciel en était obscurci , et que jusqu’au 42, on fut À une grande distance plongé dans une nuit profonde, Îl en fut de même à Surabaya dans l’île de Java et à Samanap dans l'ile de Madura » Où les nuages de tendres furent poussés par le vent d'est, comme elles le furent aussi à Macassar par le vent du sud, La cendre fut-portée jusqu’à Batavia etMinto Island près de Banca, et même jusqu’à Bencoolen et Sumatra, qui cepeñdant | Sont aussi éloignés de ce volcan que Hambourg l’est de l'Etna. La mer Charria comme des îles de pierres-pon- tes jusqu’à Macassar. VE = Trois coulées de lave coulèrent sur les flancs de là Montagne; cette lave est entièrement formée d’obsi- dienne, comme devait le faire supposer l'immense quan- té de pierres-ponces rejetées par le volcan, Onne Fa £ M M nd à ao oo CRE A R TEA 416 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. ressentait point de vénts ni sur la montagne ni dans le voisinage, et cependant la mer était tellement agitée, que les vagues renversèrent beaucoup de maisons sur le rivage. Le 11, on entendait parfaitement les explo- sions du vaisseau le Ternate , qui cependant était aussi éloigné de la montagne que Madrid l’est de Francfort; toutefois on ne vit de Ce navire ni cendres ni mème aucun nuage dans le ciel” : 42° ZLombock, sur laquelle s'élève un pie isolé, de 7,500 pieds de hauteur (Tuckey). 15°. Kara Asam, dans l’île de Bali; ce volcan s’est fait connaître par une éruption qui eut lieu en l année 1808 (Hoff. , 11, moe L'ile de Java est fort remarquable et très intéressante à étudier. Les volcans sont accumulés en quantité in- croyable dans cette île; maisils sont encore plus exac- tement tous dans la même direction que ceux qui se trouvent sur la crête extérieure des îles de la mer de Chine. Toutefois dans cette direction, qui est aussi selle de l'ile de Java, on reconnaît une faille isolée, un peu oblique, mais qui ne s'étend pas au-delà des limites de l'ile. Nous devons principalement la connaissance de ces volcans aux travaux de l’ancien gouverneur Raffles , 4 l'excellente carte qu'il a dressé de ces contrées, et au* détails donnés par le docteur Horsfeld , et contend dans les petites cartes minéralogiques annexées à grande carte de Java. L'action volcanique parait ici s'exercer tellement près de la surface, que très souvent les matières ne suivent pas pour se répandre au dehors leur route habituelle, etse frayent un passage par de nouvelles montagnes. Il est par conséquent extrême” ment difficile, sans l'attention la'plus scrupuleuse ; de PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. _ MT reconnaître et de distinguer les simples orifices d’érup- tion, des-canaux permanents qui établissent la commu nication de l'intérieur avec l'atmosphère. Les volcans se trouvent presque tous_suivant l’axe allongé de l'ile, il y en a fort peu sur les côtes. D’après la carte de Horsfield ; les montagnes , aussi bien celles qui se présentent au nord que celles qui s'étendent au sud de l’île, sont toutes formées de rochers calcaires très escarpés : ce-calcaire a été très probablement traversé par les Yolcans qui auront déterminé son soulèvement, Une. série tout-à-fait semblable de: collines calcaires traverse Madurà près de la côte septentrionale et se prolonge dans l’île de Java, en conservant Ja même direction jusqu’auprès de Samarang. Cette chaîne cal- caire est parfaitement analogue à celle qu'a décrite M.de Humboldt, et qui s'étend de Trinidad sur la côte nord du Golfo Triste, jusqu’au golfe de Cariapo auprès de Cumana. D'autres chaînes se font remarquer sur la côte méridionale de la province de Sukapura au sud de Batavias on en voit aussi une autre à peu de milles de Batavia même vis-à-vis les montagnes. Ce calcaire est très blanc, presque terreux dans sa cassure , et appartient probablement aux couches compactes de la formation jurassique. .… L'intérieur de l’île, avänt qu’on n’atteigne même die volcans , paraît sur le côté du nord être entièrement basaltique. Le capitaine Basil. Hall (Msept. ) qui a _étudié l’intérieur depuis Samarang , n’a rien vu que du basalte à grains fins comme celui de Staffa, et contenant de l’augite, mais point de péridot ; nulle part il n’a observé de roche qui contint du feldspath, Horsfield cite aussi les couches basaltiques qui for- ment les côtes, de Ja mer à l’est de Japara, à peu de distance de Samarang; vis-à-vis de Madura, sur la côte méridionale de l’île, se présente ensuite une chaîne 27 | / 418 | | PTÉNONENES VOLGANTQUES. “autdsenhé séparée de la Série des voléans par la grande vallée dé Kédiri, et dans laquelle les coûchés de basalte alternent avec dés couches calcaires. Au sud du Yolcan de Papandayang, setrouvent des masses auséi fort étendues de basalte , de conglomérat et d’'amygdaloïde ; on ÿ voit aussi de l’agathe et du quartz qui probäble- ment remplissent les nodules de cétte dernière roche. ‘Le trachyte serait par conséquent présque limité à seule ligne des volcans: il est aussi très sufprenant que dans es rébite" dés éruptions de ces volcans , ‘il ñe | soit fait aucune mention de pierres-ponees. -Horsfield na jämais non Hans No de ce mot dans ses descrip- tions. . Les rochés primitives se _Prése entén EReOPE moins dans l'ile de Java. D'après les fééhefclics de M. ReinWärdts dé Ééyd, | qui a visité fa plüpart des volcans de Java, le trachyté est effectivement trés rare, mênrée dans l’intérieur de l’île, ét il n’y à que le volcan de Tilo qui en soit entièrement composé. Le trâchyte est un mélange de feldspath vitreux blanc ét de cristaux de hornbléndé noire: fa ‘pesanteur spécifique de la roche est de 2,474 (V. A. H. Van der Boon Méseh, de incendiis mortiun insulæ - Java, 1826, 99). | sA°tSS "M. Reinwärdts a lai-même publié bekteÿtp de ses ôbservations sur ces volcans dans un mémoire inséré parmi ceux dé la société des Sciences de Batavia (7. rx, 1823). M. Boon Mesch n’a pas seulément donné des extraits de €e mémoire intéressant, maïs il à mentionfé ‘aussi beaucoup de remarques particulièrés que M. Rein- wardts n'avait pas encore publiées et qu’il lui à commuüni- quées. H résulte de ces observations que l’obsidienne, el pal Conséquent aussi les pierres- ponces, sont aussi rares à Java que le trach yte lui-même. On ne trouve l obsidi jerne “qu'entre Lellés et Tjinkälinka, au nérd au File’, où elle PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 49 forme un petit monlicule, Un autre fait, aussi curieux que singulier, c’est l'absence absolue de toute coulée de lave dans cette île volcanique. M. Réinwardts dit expressément qu'on n'à jamais eu d’exemplé que l'éruption la plus violente et Ja plus dévastatrice ait êté accompagnée de lavé : il âvait lui-même 6bsérvé un grand nombre de ces éruptions. On attribue l’absence des coulées dans les Andes à l’excessive élévation dé ces montagnes qui ne permet pas à la matière liquide des laves de s’extravaser par leur sommet; mais les Yol- cans de Java ne s'élèvent jamais au-delà de 6,000 pieds : ils restent donc pour la hauteur bien au-dessous del’Etna. 1% Le volcan le plus oriental de l’île de Java, est le Taschem (d’après Raffles )3 cette montagne a été décrite par le célèbre naturaliste M. Leschenault qui accompagnait Baudin dans son voyage de découvertes (A4nnal. du Musée, vol. 18, p. 425). Ce volcan s'élève à une distante de 12 lieués äu' sud de Panärukan, dans la province de Banya-Vagni : il a environ 6,000 piéds de hauteur ; son cratère, dont les flancs sont en beaucoup de points presque verticaux, et dont Leschenault a dessiné üne vué , a 400 pieds de profondeur ; $on dia- _iètre supérieur est de 3,000 pieds, son diamètre infé- rieur ; environ la moitié de ce nombre. Les rochers qui forment l’encéinte du cratère sont dentelés et très blañes : le fond du cratère est occupé par un lac d'acide sulfurique qui peut avoir encore 1,200 pieds de lon- gueur. L'eau de ce lac s’écoule par le Songi Pahete (rivière acide ) jusqu’au Songi Poutiou { rivière blanche), et se réunit à cette dernière elle se jette dans la mer un peu vers le nord. Cet acide sulfurique s'Oppose au developpement de la vie animale partout où il passe, et ce n’est que fort au-dessous qu confluent de lvrivière acide, que lés poissons peuvent exister. Les- Chenault a observé une lave qui provenait de cé cratère, 27. 420 _ PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. et Horsfield rapporte que la dernière éruption de ce volcan eut lieu en 1796. Leschenault lui avait donné le nom de Mont Idienne , et Horsfeld , adoptant la même dénomination, l’avait désigné par celui de Idjengsche Gebergte ( Batar. Soc., 1814, vol. vu). Quand M. Reinwardits visita en 1821 le volcan d’Idjen, il le trouva fort différent de celui que M. Leschenault avait décrit. Une éruption qui eut lieu en 14817 avait _inondé d’eaux acidules toute la contrée environnante, et la végétation y avait été complétement détruite par l'effet corrodant et pernicieux de ces eaux. Le fond d’un immense cratère était occupé par des eaux dont la surface était, perpétuellement agitée par le dégage- ment de nombreuses fumarolles de soufre. Les crevasses des bords du cratère, laissaient apercevoir des flammes rougeâtres qui en sortaient en quelques endroits. Mais cet immense cratère n’était ni celui que M. Leschenault avait observé, ni celui d’où les eaux dévastatrices s'étaient répandues dans les environs : ce dernier était complétement à sec et presque comblé. 45 Ringgit sur le rivage septentrional. Valentyn et d'après lui d’autres naturalistes rapportent qu’en 1586 cette montagne -a été bouleversée par l’action volcani- que, et Horsfield (Z. c.) dit que les traces de cet évé- nement sont encore très apparentes. 16° Lamongan. En 1806 une éruption s’effectua sur le flane méridional de cette montagne. Du 17 au 13 avril, des masses de fumée et des flammes s'échap- pèrent de son sommet, tandis que la contrée environ- nante était agitée par de violentes secousses. Le-8 décembre 1808 , toute l’île fut ébranlée par un violent tremblement de terre, et peu après le Lamongan fit une éruption terrible (Boon Mesch. ; p. 19). 17° Dasar. Ce volcan a été observé en 1806 par Horsfield. PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES . _:..491 Ces diverses montagnes sont décrites avec plus de détails dans un mémoire de Horsfield sur la Solo rivier (7rans. of the Batavian, Soc. Batavia, 1814, vu). Le Tingertsche Gebergte est situé à six Éeiés de Passoeroevang. : Le cratère qui se trouve au milieu du HT de Dasar s'étend de l’est à l’ouest, et était principalement en éruption en septembre 1804. Des graines d’ Europe ont été plantées sur cette montagne qui est actuellement couverte de plantes herbacées de nos climats. En juillet 1804, il s’est formé dans la contrée habitée de Dasar de la glace qui avait l’épaisseur d’un ducat. 18° Le Mont Smeero,que les Malais nomment Haha meero (et auquel Raffles donne le nom de Sermiru), est: peut-être la montagne la Plus élevée de toute l'ile de Java. D’après Raffles , elle est beaücoup plus haute que le Tegal. C’est aussi un volcan, ‘qui se trouve placé entre Madjang et Matarang, et qui est réuni vers le nord avec le Tingertsche Gebergte. Le sommet de ce volcan est entièrement pelé , et ne porte aucune trace de végéta- tion ; cependant il n’est jamais plus recouvert de neige qu'aucune autre montagne de l’île de Java. 19° Arjuna. Raffles , d’après des mesures exactes, évalue sa hauteur au- Fa de la mer à 9,986 pieds de Paris (1, 11). Il se dégage continuellement de ce volcan une grande masse de fumée. 20. Ælut qui fit éruption en 1783. Il avait dü déjà s'effectuer par ce volcan une éruption en 4019 (Hoff, 11, 440). , 910 Le volcan de Wilis n’a pas élé étudié. _ 290, Lawu ( Loewoe d’après Valentyn). Cette mon- tagne est terminée par un cratère , d’où se dégagent des vapeurs sulfureuses très échauffées. 230 Merapi. Ce volcan fit éruption en 1701 et le 29 décembre 1822. La moitié de la hauteur de la mon- "e ER La vs LP RE ge ren gun... nano à _ ‘ ere y ns huod x Ar ë 72 ES ot : . nié: re à —— “ .e = = E Es . ai Le - D. Si LS " à RE per ws - Vue d —«" Donne à . oo on tot, Oh ds, En ; à n RÉ Cm ne en a 422 j; PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. {agne est environnée d’une coulée de lave ( Moja ou Buah) (Journ. de Phys., vol. 96, 80). 240 Merbabu. Un peu au nord du précédent. 250 Ungarang. Situé au sud de Samarang. Entre l’'Ungarang et le Tegal près du mont Sindoro, se trouve un cratère, une solfatare éteinte , nommée Guevo Upas ou Vallée du poison. Elle est située à 3 milles de Batur sur la route de Djung , ‘et est un objet de crainte et de terreur pour les habitants de la con- trée; tout, être vivant qui pénètre dans cette vallée, y est asphyxié et tombe, mort sur-le-champ. Le sol.est couvert de carcasses de tigres, dechevreuils, de cerfs, d'oiseaux , et même. d’ossements d'êtres humains, frappés de mort dans ce triste et terrible endroit. Ce développement si abondant de gaz acide carbonique est un des phénomènes les plus dignes d'attention. M. Bischof croit avoir remarqué que dans les éma- nations gazeuses des volcans, il s'opère une sorte de séparation à mesure que l'intensité des forces volca- niques diminue ; que d’ abord , le chlore domine dans les produits gazeux; puis viennent les fumarolles sulfureuses, et enfin arrivent en dernier lieu les déga- gements d'acide carbonique qui se continuent pendant des. siècles entiers. On rapporte expressément que dans tous les enyi- rons de Guevo Upas, il n "y a pas la moindre odeur ou apparence de soufre ; 0» devrait donc. supposer que cétte vallée est à quelque distance des foyers volca- niques ‘actuels : cependant on observe auprès de Djung deux cratères qui fument constamment et qui rappel- lent tout-à-fait des montagnes volcaniques (A.Loudon, Journal de la Soc. géograph. de Londres, 1, GRR 260 Gede ou Tegal, après le Smeero , la plus haute montagne de l’île ; elles élève à beaucoup plus de 10,000 pieds : c'est un ‘des volcans les mieux connus. PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 493 27° Chermaiï auprès de Cheribon. Ce volcan était en éruption dans l’année 1805. Le reste des volcans de l’île de Java se divise and lement d’une manière bièn évidente en deux chaînes parallèles ; la plus courte au nord de l’île, Ja plus longue dans la partie méridionale. Toute la vallée somprise par les deux chaînes ne paraît autre Chose qu’une immense crevasse, une sorte de voute au-dessous de laquelle l’action volcanique se développe avec . une grande activité dans un espace qui s'étend. sur une longueur de près de 40 lieues et sur 15 ou 16 lieuesen largeur. H n’y a dans toute cette surface aucune Mmon- tagne, aucun point culminant qui puisse faire appré- hender une éruption , malgré les hautes montagnes volcaniques qui l’environnent et d’où s ‘exhnieni inces- samment des gaz et des vapeurs. . A Ja première série des volcans appartiennent prin- cipalement : | 280 Talaga Dour: Sa beton: est de. 3, 4151 pieds de Paris. M. Reinwardts a donné une carte de ce vol- canetune vue de son cratère (Boon Mesch. ; p. 50 ), dont le fond est occupé par un lac de 2,000 sd de diamètre. Des sources chaudes jaillissent de tous côtés et se combinant avec des fumarolles sulfureuses , dissol- vent une partiede Ja roche basaltique des alentours, et la changent en une argile blanche très friable. Le soufre se dépose sur les pierres, ety forme en quel- ques points des couches assez épaisses et assez étendues. Vers le côté nord-ouest de la montagne se trouve une autre solfatare, en apparence de même nature, mais _elle est entourée de cadavres de tigres, d'oiseaux et surtout d’une immense quantité d’ insectes tués Par les exhalaisons : les parties molles de ces: animaux , telles que les fibres, les muscles , les ‘ongles, les slt etla , _ Péau sont très bien conservées ; mais les os ont êté telle- 494 PHÈNOMÈNES VOLCANIQUES. ment corrodés qu'on n’en trouve plus de vestiges : CES phénomènes ont été observés en 1818 par M. Rein- wardts. Fe ' | | * 29° Tankuban-prahu dont le sommet est occupé par un cratère d’un mille anglais et demi de circonférence. _3° Galung-Gung un peu au sud de Talaga Bodas et au milieu de la vallée entre les deux chaînes de volcans. L'éruption de ce volcan en 1822 , est fort inté- ressante, tant pour la connaissance des phénomènes volcaniques tels qu’ils s’exercent sur l'île , que pour la _théoriedes volcans en général, et mérite par conséquent une attention particulière. Déjà pendant le courant du mois de juin 1822, les eaux de la rivière Chikunir, qui descend de la montagne alors très cultivée et peuplée, s'étaient troublées ; elles déposaient une poudre blan- che, exhalaient une odeur sulfureuse, devenaient acides etcommencaient à s’échauffer considérablement, trahis- sant ainsi le grand mouvement de dissolution qui se dé- véloppait dans l’intérieur. Le 8 d'octobre, à une heure après-midi, des mugissements horribles se firent en- tendre ; la montagne se couvrit immédiatement d'une fumée épaisse , et des eaux chaudes, sulfureuses et li- moneuses se précipitèrent de tous côtés sur ses flancs, en dévastant et emportant tous ce qu’elles rencontraient sur leur passage. On vit avec étonnement , à Badang, la rivière de Chiwulan charrier ver#la mer un . nombre immense de cadavres d'hommes, de bestiaux, de rhinocéros, dé tigres , de cerfs, et même jusqu’à des maisons entières. Cette éruption d’eau chaude limo- neuse, continua pendant deux heures, qui suffirent pour consommer la ruine et la dévastation de toute une pro- Yince, À trois heures elle avait cessé , mais il tomba alors une pluie épaisse de cendres et de rapilles qui acbe- vèrent de brûler les arbres et les champs épargne jusqu'alors. A cinq heures , la tranquillité était parfai- f| Ë PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 495 tement rétablie , et la montagne se découvrit. Mais ce peu de temps avait Suffi pour couvrir de limon tous les villages , toutes les habitations jusqu’à plusieurs lieues de distance. Le 12 d'octobre , à Sept heures du soir, ces horribles phénomènes se renouvelèrent, Un trem- » blement de terre général fut suivi par une éruption, dont on entendit le bruit pendant toute la nuit. De nou- veaux torrents d’une eau boueuse et chargée de limon, se précipitant vers la vallée, entraînèrent avec eux des rochers et des forêts entières, de manière que des col- lines furent élevées dans les parties où peu de moments auparavant il n’y avait qu’une plaine. Il fut bientôt impossible de reconnaître cette vallée auparavant si fertile et si peuplée. Tous les habitants, sans pouvoir seulement songer à la fuite, furent enterrés sous ces li- mons, et l’on pense que pendant cette nuit plus de deux Mille personnes ont perdu la vie dans le seul district de Singaparnaaunord decette terriblemontagne. Le volcan avait considérablement changé de forme pendant ce laps de temps; il avait diminué de hauteur et était tron- qué ; depuis cette éruption, il resta en mouvement’; il fumait encore le 12 novembre et lançait en l’air des huées de vapeurs. M. Payen, naturaliste et peintre, qui S'approcha de la montagne peu de jours après l’érup- lion, et qui l’a décrite dans une lettre à M. Reinwardts, ne put avancer vers le volcan. Le limon et des crevasses nombreuses l’en empêchèrent, et les mêmes difficultés se réprésentèrent pendant tout le mois de novembre (Boon Mesch, p.47). M. Blume , botaniste, a examiné Sur les lieux , ce limon dévastateur. Il était d’une cou- ‘leur brune jaunâtré , terreux, friable , exhalait une odeur sulfureuse et brûlait sans difficulté. H n’y à point de doute qu’il ne fût en grande partie composé de _Soufre. Les Malais nomment ce limon Buah, c'est-à- dire pâte , et il'est évident que cette matière est ana- 426 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. logue à la Moja de Quito, qui, en 1798, couvrit la malheureuse ville de Riobamba. - I semble donc que l’effet de l'action volcanique dan l'ile de Java, serait de développer en même temps une immense quantité de Vapeurs sulfureuses et aqueuse, quis’emparant de la roche dont l’intérieur de la mon tagne est composée, la décomposent; jusqu’à en faire une pâle, un Buah,etenfn, quand la masse solide est détruite de manière à ne pouvoir plus opposer assez de résis lance, les vapeurs se font jour au-dehors, et la matière laide. s’échappe par les-erevasses, non comme un cou: rant de lave visqueuse, mais comme des torrents d’eau qui jaillissent par chaque petite ouverture -qu’elles peuvent atteindre. On ne peut donc regarder toutes ces eaux que comme des eaux distillées , et il faut eroire. qu'ilenest de même de celles de ces deux rivières qui sortent du cratère du volcan d’Idjen ; car ce craière se trouve presque à la cime d’une monfagne isolée, qui n’est dominée par au- cune autre montagne avoisinante, 5lo Gunung Guntur, un des volcans les plus actifs de l'île. 11 est situé au milieu de la grande vallée qui forme le foyer principal des volcans , sur une série de mon{agnes qui établit une communication entre les deux chaînes. H se trouve au nord du volcan de Tilo composé detrachyte, et peu éloigné de la colline d’obsidienne de Lelles: D'après cette situation, on doit s'attendre à Je voir agir sur des trachytes, et alors il s’en suivrait que les volcans auraient réussi à percer dans cette partie les basaltes sur une assez grande étendue pour faire arri- ver à la surface le trachyte, caché sous le reste des volcans de Java. Le Gunung Guntur est élevé de 5,740 pieds de Paris, selon M. Reinwardts qui l’a visité pen dant une éruption , le 21 octobre 4818, C'est le Seul volcan: selon lui , auquel on serait tenté d'attribuer PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 497 des courants de lave ; il croit en avoir vu cinq diffé- ‘Tents, dont le dernier est supposé être sorti en 1800. Toute la montagne paraît d’une formation assez récente. Depuis 1800 jusqu’en 1807, elle n’a pas discontinué de mugir, d’où-lui est venu $on nom, Montagne du Tonnerre, et de jeter des pierres et des cendres. À peu de distance de ce volcan se trouve la solfatare nommée Mont Kiamis, lieu horrible, où une quantité fe petits monticules , rejettent sans cesse un limon bouillant avec une force et une violence étonnante. Tout le fond ést couvert d’une couche sulfureuse et Saline. Les eaux presque bouillantes se réunissent en Sortant du cratère, pour former deux rivières qui se jettent dans celle de Chikaro. Un plan de ce lieu remarquable à été publié par M. Reinwardts (Boon Mesch, p. 27 , 57, 41 ). 32° Parmi les nnbaeus cônes qui composent la chaîne du sud, celui de Papandayang mérite d’être mentionné. Une éruption qui eut lieu par cette mon- tagne le 12 août 1772, boulevérsa une partie.de la contrée sur une étendue de trois milles allemands en longueur et un mille un quart en largeur. Quarante Villages furent détruitspar cette éruption. On connait dans cette série de volcans , quelques autres cônes qui Paraissent cependant n’être que dés cônes avr 3 te sont principalement : 55° Chikura , le plus méridional de tous , élevé dé 3,768 pieds de Paris, d’après M. Reinvvardis. 549 Wyahan. 350 Malawar, qui s'élève à 6, 211 pieds de Paris. 360 Sumbung de 5,241 pieds de Paris de hauteur, il est situé plus au nord que ne penni la carte de | M. Raffles. ; | 87° Zilo, élevé de5, 691 Éiois. 38° Buoe ou Patacka, selon M. Reinwardts ; ce Volcan de.6,950 pieds de hauteur, est situé au couchant 498 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. du Tilo, mais beaucoup plus au sud qu'il n'y est placé dans Ja carte de Rafflés. Le Baduwa de Raffles se nomme Tombach Rujong. Le cratère qui s'ouvre à la cime du Patacka est couvert de plantes et de verdure, mais à 600 pieds plus bas, on trouve un autre cratère dont le fond est rempli d’une eau extrèmement acide. Le soufre en tapisse les parois et se dépose encore actuellement paf l'effet des fumarolles qui sortent du côté de l ouest. Ces émanations sulfureuses paraissent donner aux volcans de Java un caractère tout particulier qui n’ap- | partient certainement pas avec le même degré d’inten- ||. sité et de fréquence à la plupart des autres volcans de la surface du globe. 390 Gedé, élevé de 8,514 pieds , d’ après M. Rein- wardis. 40° Salak , haut de 6, 729 pieds: Ce.volcan est je plus rapproché de Batavia vers le sud; sa dernios éruption eut lieu en 1764. | s- 41° Gagak, dont le cratère montre quelquefois des indices d’éruption. k Après un certain intervalle pis considérable que ceux qui ordinairement séparent les divers volcans sur cette île, on trouve toujours dans la même direc* tion, Jes volcans suivants : | .42 Le Gunung Keram dans le Bantam, élevé de 4,940 pieds (Raffles). Ce volcan a été étudié et décrit e® 1816, par le docteur Abel { J ourney to China, p. 28). Le cratère qui se trouve à son sommet à environ 300 pieds de profondeur, et on ne peut pas y parvenir san$ échelles. Les bords supérieurs sont couverts de buis- sons épais ; le fond, au contraire, est pelé et couvert de soufre, et des vapeurs s ‘échappent de tous les côtés F par de nombreuses fissures. | En quittant l’île de Java, on observe les voleans suivants : 45 Cracatoa dans le détroit de Ja Sonde. PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 429 . Vogel raconte (Ostindische Reisebesch ‘eibung, Al- tenb., 1704) qu'ayant autrefois visité cette île, qui lui avait paru couverte d'arbres et de verdure, il fut fort étonné de ne plus retrouver, le 4° février 1681 j qu’ un sol Calciné et dévasté, en quelques points duquel s’élevaient même de grandes masses de flammes. Le capitaine de son havire lui apprit alors qu’en mai 1680, l’île s'était entr” ou- Yerte avec un bruit semblable à celui du tonnerre, peu après un tremblement de terre qui s'était fait ressentir jusquesur les vaisseaux en pleine mer. On fut en même temps suffoqué par une forte odeur de soufre , et les Matelots retiraient avec des sceaux les pierres-ponces qui couyraient la surface de la mer, et dont quelques- Unes avaient la grosseur du poing. Ce récit est du plus haut intérêt, car il semble d’abord résulter de cette des- Cription que le volcan de Cracatoa est comme une sorte d’anneau qui réunit les volcans de Java avec ceux de Su- | matra. Il est en outre fort remarquable de trouver dans les produits de ce volcan des pierres-ponces qui parais- Sent être si rares dans l’île de Java , et dont la présence doit faire supposer l'existence du trachyte dans l'inté- tieur du volcan. Des sources chaudes jaillissent de toutes Parts sur le côté occidental de l’île, et souvent on en lire parti (Æing in Cooks dritter Reise, 11, 5923). À mesure que la chaîne des volcans s’approche du Continent de l'Asie, on commence à apercevoir de plus en plus les roches qui sont tout-à-fait cachées au- dessous de la surface de la mer à Java. Les parties 0ccidentales des îles sont encore formées par des cou- Ches de basalte , d’amygdaloïde et de conglomérat basaltique qui s'étendent en chaînes de montagnes très ällongées, mais dans l’intérieur on voit paraître le Sranite, et: les volcans ne semblent plus reposer sur une chaîne. basaltique. Cette disposition des roches a été décrite dans un mémoire du docteur Jack sur Ja DR 450 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. géologie de Sumatra (Geolog. Trans. Sec. ser. 1, 597). A4 Guñong-D'empo, Situé âu nord-est de Bencoolen, à soixante milles anglais dé distance et prune latitude de 5° 492$. Cétte montagne isurpasse de beäucoup én hau- téur toutes celles de cetté partie dé l'ile. On l’apercoit du rivage ; il s’en dégage présque constamment dé H fumée et souvent des massés de matières gazeuses enflammées ( Heyne, Zracts on India ; p. 597. Charles Miller, Phios, Trans. , 1xv , 165 ). té docteur Jack. évalue lahauteur dé cette tnéitägie: à 11,260 pieds dé Paris. De toutes parts, au pied de la montagne, se pré- sentent des sources chaudes et d’autres phénomènes volcaniques. Toute là chaîne qui sépare le voléan dû rivage, et qui s'élève à près de 4,000 pieds, est formée, de Béhcoolen jusqu'é à Cawoot, de roches basaltiques; il en est de même du remarquable pain de sucre le Gu- nong Bungko qui s'élève auprès de Bencoolen. 450 Gurong Apt de Penkalan Jambi. Marsden 18 cite pas ce voléan. Il est Situé à soixante milles anglais au nord-est de là pointe d'Indrapore, à l’origine d'uÿ torrent Qui $e,décharge dans un grand lac. Larit. LS 50" 8. (Jack, p. 401). . | | 460 Bérapt. Ce volcan est situé. presque de | sous la Ligne, dans la vallée dé Tigablas, à l’origine du grand lac Sophia. Ce volcan fume constamment, À | d’après des mesures angulaires faites en mér, sa Hat tèur est d'environ 12,200 pieds dé Paris, Des $otrées ‘chaudes jäillissént en grand nombre dans là vallée au iilieu de laquelle if se trouve. Les deux rives du lac sont composées de roches dé grahite, quelquefois de micachiste avec des cou” ches calcaires. Par-dessus se trouvent des couches de Päsalte qui sé prolongent sur une grande étendue dans ‘4 la vallée de Tigablas. On observe assez fréqueniment des coulées de läve, de l'obsidienne et des pierres-poncés. PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 451 Au nord et à l’est, le Berapi est réuni au Gunung Kasumbra, montagne immense que Sir Stamford Raffles a le premier découverte dans son voyage de 1818. Sa hauteur est de 14,080 pieds et par conséquent e’est la nfontagne la plus élévée de: l'ile de Sumatra. Plus près de la côle vers l’ouest, s'élève le Gunong- Pasaman connu dans lés cartes marines sous le nom de Mount Ophir: sa hauteur est de 12,950 pieds de Paris, et sa latitude 0°6 N. Auprès de Ayer Bangy, tout Près du rivage paraissent pour la première fois les re- thes de granite. L'intérieur de l'ile est composé de Montagnes basaltiques et les rochers de Padang sonten- core même formés d’une roche amygdaloïde dont les Rodules contiennent de la caälcédoïne et des cristaux de quartz. ce see 47°. Gunong Allas, à Vouest de Deli dans l'intériéur des terres. Zat: 3050'-N. Marsden j'a indiqué sur sa _ arte, Mais ne l'a pas autrement décrit: LOT E bee 48° Barrén Island. C’est le dernier voléan connu de cette chaîne volcanique : il est sitüé. dans Le golfe du Bengale à quinze milles marins à l'est de la grande île Andaman. Lar. 4% 15! N. Le volcan s'élève au milieu d'ün cirque dont les bords sont au même niveau que Son sommet ( PI. VE, 5). Uné ouverture analogue à celle de tous les cratères dé soulèvement conduit dans l'inté- rieur du cratère. La mer pénètre par cette crevasse jusque dans le cirque du volcan. La hauteur du-côneest de 1,690 pieds de Paris, sa pente est de 32°. 47". Lors- Qu'on en fit la découverte em 1792 ; on le trouva eh Pleine éruption ; il rejétait alors d’imménses nuägés de fumée et des pierres incandescentes (Æsiat. Rescarches, à..6.2 RE de + | rene 432 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. IV. CHAINE DES ÎLES MOLUCQUES ET DES ILES PHILIPPINES- | (PI, XIT ). D’après la densipis de Tuckey, l'aspect des îles Phi- lippines est fort effrayant ( Marit, Geogr., 1x1, 407). Les montagnes qui traversent ces îles Fa toutes les direc- tions cachent leur sommet dans les nuages , tandis que leurs flancs sont recouverts de scories et de lafes qui on! repandu partout la dévastation et la stérilité. Des sources chaudes jaillissent de toutes parts, et en beaucoup de points se trouvent des solfatares ou des masses de soufre en combustion. Ainsi qu’à Java, la série des volcans o€- -cupe les îles dans toute leur largeur : ja partie orientale etla plus considérable de Mindanao, l’île entière de Gi- lolo, paraissent être complétement volcaniques , il n'ÿ a que quelques lambeaux de ces îles qui, sur une court* étendue, s’éloignent de la chaîne volcanique. Les vol cans bien déterminés de cette série ob -ite sont les suivants à partir d’Amboina. 4° Machian, la plus méridionale des petites Moluc- ques. Forrest a donné une vue de ce volcan ( Ve# Guinea, p. 59, PL. 1). Le cratère du sommet del montagne est fort grand, et s ’aperçoit de très loin ; un éruption qui eut lieu en 1646 a beaucoup. augmenté P cratère et a déterminé d'immenses crevasses dans Ja montagne ( Valentyn, 1, 290 ).… | 20 Motir, également avec un robes qui en 1778 | lança des pierres par son cratère (Forrest). % Tidore. Ce volcan est un pic élévé; situé dans la -partie méridionale de l’île. Forrest en a donné une yué- I a le même aspect que le pie de Fersen, et rem être aussi la même hauteur. | 4 Ternate. Le cratère de ce volcan se voit très bien de la base de la montagne: ilest situé un peu au-dessous PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 455 du sommet; mais le dessin qu’on en a souvent donné, d’après Valentyn, est peu satisfaisant. Valentyn rapporte (x, 2, 5), quela montagne a été mesurée, et que sa hau- teur a été (rouvée de 567 Ruthén 2 pieds, mesüre d'Ams- terdam, ce qui équivaut à 3,840 pieds de Paris. Les éruptions de ce volcan étaient autrefois beaucoup plus fréquentes. On en a observé en 1608, 1635, 1655 et le 12 août 4675. I] rejetait beaucoup de pierres-ponces, circonstance qui mérite d'être remarquée, et les ya beurs qui se dégageaient de son cratère, causèrent la Mort d’un grand nombre de personnes. Un phénomène comparable à celui de Banda (p. 412), s’est manifesté au pied du volcan de Ternate, Le fond de la mer s’est élevé vers la montagne jusqu’à une hau- leur considérable, et forme actuellement une digue très haute et très large, adossée contre le volcan. Elle paraît Avoir été formée par un filon sous-marin, soulevé dans une direction tortueuse et en serpentant Contre le pen- chant de la montagne. Ces masses soulevées sont {ou- jours très différentes des produits rejetés par les cra - téres : elles ne présentent jamais les Caracières d’une masse fluide, ni la porosité des scories (Reinwardts ). > Auprès de Gammacanore , sur la côte occiden- tale de Gilolo, le 20 mai 4675, une montagne se souleya avec fracas ; ce soulèvement fut accompagné d’un vio- lent tremblement de terre. La montagne est vis-à-vis _Ternate. Là mer fut élévée à une Srande hauteur au- dessus du rivage, et le volcan ainsi produit rejeta une masse considérable de pierres-ponces (Valentyn, de, 2,90, 94, 551 ). ee 6° Tolo, sur l’île de Morety ou Moretay siluée à Ja pointe septentrionale de Gilolo, était dans les siècles Précédents un volcan très actif ( Välentyn » 1, 2,95 ). 710 Kemas ou tes Frères, montagne Siluée dans-le district de Manado, dans la partie nord-est de l'île de 28 454 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. Célèbes, Ce volcan s’estsouleyé en 1680, à la suile d'uü violent tremblement de terre qui se fit sentir principa- lement à Ternale, Ce soulèvement fut accompagné d’une éruption épouyantable qui plongea tous les en- virons dans la plus profonde obscurité (Phil. Transact., xx, n°7). Toute la partie extrêmement large de l’île, entre Boelan et Gorontale, fut détruite et ravagée par cette éruption (Valentyn, 1, 2,64). : 8° Siao. Petite île entre Célèbes et Mindanao, sur Jaquelle s'élève un pic très haut qui à souvent donné des indices de sa nature volcanique. Le 16 janvier 1712, les fianes de la’ montagne s'entr'ouvriren(; dans le récit de cet événement relaté dans les Phil. T' rans, cette île est nomiée Chiaus. Valentyn rapporte que ce volcan était continuellement en éruption, mais que l’action Volca- nique prenait ordinairement une plus que intensité dans les mois de janvier et de février (1, 2, 58 ). 9 Aboe, à la pointe septentrionale de l'ile de Sau- guir. Une éruption qui eut lieu du 40 au 16 décembre 4741, couvrit de cendres un grand nombre de villages et causa la mort de beaucoup de personnes. Cet événe- ent a rendu le volcan l’objet de la terreur des habitants. 40° Sanguil. Situé dans la partie méridionale de l’île de Mitidan ao , à l’ouest des lacs de Liguassin et de tué Joan. On le Connaît généralement sous le nom de volcan de Mindanto, mais sa position n’est pas déterminée d’une manière précise. Îl est impossible qu’il soit placé aussi près de la côte sud, que J’indiquent quelques cartes. Forrest (Vew TEA Voy.), non plus que Dampier, n'ont jamais remarqué de montagne élevée sur cette côte. Au contraire, Forrest rapporte ( New Guinea, p. 271) que dans le district de Kalagan , au nord du Cap Saint-Augustin et un peu à l’ouest de Pandagitan, se trouve une Montagne immense qui rejette de la flamme, de la fumée et des pierres-POnCes; PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 455 et quoique les éruptions ne se soient pas mahifestées depuis quelque temps, on ne cesse pas de faire pour les prévenir des sacrifices expiatoires, On peut suppo- ser d’après cela que c’est à cette Montagne que Forrest a donné le. nom de Gonong Salatan. Lat, 6° 45° N\, Long. Paris, 120 9 55" Æ., à l'est de Leno, En 1640, ut lieu par ce volcan une éruption, dont le bruit se fit entendre sur toutes les îles de cette mer. M.Berghaus, dans sonsavant Mémoire sur Les Philip- pines et les Molucques (Gotha, 1832 ,.r, 62), est. d'avis que le volcan de. Sanguil est le même .que celui que Carieret a vu dans là partie sud de Mindanao, et qui a été observé aussi, à ce qu'il paraît, par Sonnerat sous unelat.de 5° 42 N, long. 125°E. de Paris. Il paraît donc certain que le volcan dont Forrest fait mention, près du Cap Saint#Augustin ,.est différent de Sanguil dont Ja lat, est de6°52 N., long, 123: 25, E. de Paris. Le volcan de Mindanao se trouve vraisemblablementau nord de la ville, près du lac de Lano, lat. 7° 35,, long. 122° E, de Paris , où le nom de Gunung Api désigne suffisamment sa présence. Ride dr 11° Fuego, où Siquihor du nom de la villesituée sur l’île qui se trouve entre Mindanao et Isla de los Negros. 420:Mayon, à l'extrémité sud-est de la langue de terre de l’île Luçon , dans la province d’Albay : c’est un pic fort élevé , qui indique aux galères d’Acapulco l’en- trée du détroit. Lar. 150 40’ N. Le 20 juillet 1766, un courant de lave se fit:jour par un des flancs de la mon- tagne; cette lave eoula sur le penchant comme. de l'eau pendant deux mois entiers. ( Le Gentil, oyage dans les mers de l'Inde , 1, 15). En octobre 1800, et au commencement de février 1814, eurent encore lieu deux autres éruptions de ce volcan (Hoff., 11, 425). Le navire prussien , Ja Princesse Louise à rapporté 28. nd en e« — L 7e igh 456 PRÉNOMÈNES VOLCANIQUES de Manille en 1829, des cartes très exactes des Phi- lippines, dressées sous la direction du colonel Don tidefonso de Aragon, et publiées à Manille de 1818 à 4824. Ges cartes presque inconnues en Europe ont servi à M. Berghaus pour la construction de la belle carte des Philippines qu'il a publiée à Gotha en 1832. On y remarque pour la première fois une série de volcans inconnus jusqu'ici , qui longe toute la côte orientale de la grande presqu'ile des Camarines. On doit ja connaissance deces volcans aux travaux de l’aide-de- camp Don Antonio Siguenza , auteur de là feuille des cartes qui représente la presqu'île. Les volcans, quoi- que dans un même alignement le long du pied des montagnes , paraissent néanmoins isolés comme les volcans de Guatimala et souvent même ils sont séparés les uns des autres par un golfe ou un bras de mer. Is se présentent du sud au nord dans l’ordre suivant : 4. Volcan de Bulusan, lat. 12° 47° N.; long. 124°. 47 42” E. de Paris. ii D 25h 9 Volcan d'Albay, lat. 15° 26° N.; long. 124° 27’ 88” E. de Paris. | 3. Volcan de Masaraga , lat. 13° 51° 50° N.; long. 194 93° E. de Paris. 4. Volean de Buji, lat. 45° 55° 50” N.; long. 124° 20 E. deParis. die ET & 5. Volcan de riga, lat. 15° 54 N. long. 121° 11 15’ E. de Paris. : L:Hot a 6. Volcan d’Isaroy s qui parait le plus élevé, lat. 15 57 N.; long. 121° 41 45” E. de Paris. :: 7 Volcan de Colasi, lat.15° 58 507 N. ; long. 120° #0 E. de Paris. | | 8. Volcan de Lobo , lat. 14 40° 05” N.; long- 420° 32 33” E. de Paris. xs. 20 9. Volean de Pacacass, lat, 44 48 20” N.3 long. . 490° 32’ 10° E. de Paris. M TT UE _ os PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 457 10. Volcan de Ponotan, lat. 14° 27 25" N.; long. 120224 50” E. de Paris. 11. Volcan de Banajan, lat. 1% 4 N.; : long. 4190 24° E. de Paris. | Ce dernier est une montagne isolée , séparée de la série des Camarines par le golfe de Lamon. 15° Ambil. Au nord de Mindoro, à l’entrée de la Manilla Bai. Les flammes qui s échappent du sommet de ce volcan indiquent aux navires la route de Ma- uille (Plants Polynesien, 1, 655). 14 Tüual. Une vue très remarquable et très intéres- sante de ce Voiian, faite par M. de Chamisso, se trouve dans Choris (7oy. pit., 1820, vu, tab. 5). Le cône du volcan est beaucoup moins haut que les bords ducirque qui l’entoure ; il. ne s'élève qu’à quelques centaines de pieds. L’espaceintérieur compris entre le pic et le cirque est occupé par un Jac. Le cratère est extrêmementgrand, et le fond, sur lequel s’élèvent çà et là de petites col- lines , est couvert par une mare de soufre en ébullition. Les fragments qui recouvrent les flancs du pic prou- _ vent évidemment que le-cratère s’est formé dans le trachyte. La pâte principale de la roche est brun foncé, peu brillante , finement esquilleuse ; Comme sur la nouvelle Kameni de Santorin. Un grand nombre de petits cristaux de feldspath , en partie jaunâtres , sont empâtés dans cette roche, dont tous les fragments ont été blanchis, même décomposés en grande partie par l'action des vapeurs sulfureuses. La principale éruption bien connue qui ait eu lieu par le volcan de Taal, s’ef- fectua le 12 décembre 1754. C'était la première de- puis 4716.La montagne avait commencé à rejeler de la fumée dès le mois d'août ; le 7-on vit paraître des gerbes de flamme. Depuis le 3 novembre le-volcan rejetta avec - fracas une grande quantité de cendres ; il s’entr’ ouvrit P. 46. Cook; 3° voyage ; 11, 468). 24° Alaït, un peu à l’est en dehors de la chaîne vol- Canique ; après une longue période de tranquillité, on AG ‘ PHÉNOMÈNES VOLCGANIQUES. vit ,en:1970, de la fumée se dégager de nouveau par le sommet de ce volcan, En février 1793, il fit une vio- lente éruption (Sauer, 304). Ce volcan est une montagne conique fort élévée qu’on aperçoit de très loin, et qui, le L) septembre 1802, était déjà couverte de neige (Ghwos- tow ‘S Reise, p. 158. Steller, p.4, ) VI. VOLCANS DU KAMTSCHATKA; { PL. XII, 3 | . La plus plie partie de la presqu'ile. du Kamtschatka est traversée , dans toute sa longueur, par deux chaînes de montagnes , qui différent beaucoup, et dans leur as- pect, et dans leur composition, La chaîne du côté de l'ouest s'élève peu au-dessus de Ja limite desarbres. Elle ne présente point de pics marquants, point de voleans, | et conserve presque partout la même hauteur, avecdes pentes assez douces vers. les côtes de l’ouest. La chaîne orientale, au contraire, celle qui regarde l'Amérique ; n’ ‘est formée, que de cônes et de pics gigantesques, sou— % vent sansliaison entre eux, mais dont la plupart sont des _ Yolcansactifs ; d’ autres présentent tout-à-fait les carac- | ières des dômes . volcaniques » ils se rapprochent de Ja mer, et y forment des côtes escarpées., On saisit admi- rablement cette. série de pics et Jeurs formes particu- lières, dans les belles vues qu’en à donné l’amiral Kru- _senstern dans l’atlas de son voyage ; ils ressemblent parfaitement à de grandes cheminées ouvertes-aux vapeurs sur l’immense crevasse qui PAFCORES l’intérieur de cette partie du globe. Les volcans qui constituent cetté chaine senti ñ 40 Opalinskaja Sopka, ou Pic Koscheleff (Krusens- tern). £af, 5o 21” Long. 1549 59° E, de Paris. Le caprs PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 447 laine Chwostow croit que sa hauteur doit surpasser celle du pic de Ténériffe. Il a fait de grandes éruptions à la fin du siècle passé, Son nom, au reste. (montagne brûlante) , indique assez sa nature. PS 20 Second pic. Le. 51° 52; long. de Paris. 154° 5° {1odutka Sopkal (Postels), Lar. 310 55’; long, de Paris, 155 14 E. on 2liis: 1100 ER ani 4 Æssaïschinskaja Sopka. Lat, 52 2 long. de Paris, 155" 52° ,.E. Ce.volcan. a rejeté une telle quantité de cendres en juin 1828, que le vent du sud-ouest a pu:en transporter jusqu’à Petropawlowsk ; à une distance de plus de quarante lieues (A. Pôstels, sur Les volcans du Kamischatka , Mémoires présentés à l’Académie de Pétersbourg, 11. 1835). | sd - D Pie Poworotnoï, Flat Mountain du Capitaine Beechy ;. selon lui, élevé de 7,442 pieds de Paris, au- dessus de la mer. Las. 59% 29. long. de Paris, 4530 MR init nt ob «ic-ontaét oi re G'Wiliutschinskaya ou Paratunka Sopka,au suddela baie d’Awatscha. Lai 520 59; long, de Paris A5G° 4 B. La mesure trigonométrique du capitaine Beechy, faite à terre, lui donne 6,M8 pieds de Paris de hauteur. M. Horner avait déterminé cette hauteur, sur mer, et à vingt-deux milles de distance ; la hauteur angulaire étant alors de 2: 47°, d’après ses observations, cette hauteur serait de 6,444 pieds de Paris. DIE 7° Volean d’{watscha ou Grorelaja Sopka.Lai:53°4T ; ce volcan a, par ses éruptions excité les alarmes des habitants de Petropawlowsk. Les Russes l'ont toujours nommé Volcan d'Awafscha. Les Anglais au contraire, depuis Cook, ont la coutume de nommer Volcan q'A- Watscha, le pic beaucoup plus élevé , situé un peu plus Yers le nord, et en même temps. vers l’ouest, de ma- hière qu'on le voit à gauche du pic de Gorelaja c'est nn ee 448 PHÉNOMENES VOLCANIQUES. le pic Streloschnoÿ des Russes. 11 semble plus naturel de se conformer à la dénomination usitée dans le pays. MM. Mongez, Bernizet et Receveur sont les prerniers qui ont eu le courage de visiter son cratère, et d’ y ob- server le baromètre, en septembre 1787. Céfle obser- valion lui assigna une hauteur de 8,199 pieds de Paris. Il leur avait fallu trois jours entiers pour franchir les neiges qui couvraient la montagne (7oyage de la 1 Pey- rouse , IH, 155). ‘M. Ernest Hoffmann ée l'expédition de M. de Kotzebue, y monta en juillet 1824 ; enfin MM. Postels et Lenz, qui accompagnaient le capitaine Lutké, firent deux exeursions vers ce volcan le 25 sep- tembre 1827, et en juin 1898. Sa base est composée de schistes de transition en couches fortement inclinées ; qui alterneñt avec des grauwackes, et souvent avec des masses informes de diorite. Les couches se dirigent du nord ouest au sud- est, et plongent de 50 degrés vers le sud-ouest. Elles se prolongent jusqu’à une hauteur assez considérable, c’est-à-dire jusque près de la limite des arbres. Des blocs énormes de trachyte se présentent bientôt après , et couvrent le penchant j jusqu’à ce qu’on ait atteint une espèce de plaine située au pied du dernier cône, et dont l’aspect est des plus singuliers: Le sol de cette plaine est composé d'une couche épaisse de cen- dres, dans laquelle on enfonce jusqu'aux genoux. Suf cette surface S’élèvent, à péu de distance les uns des autres, une très grande quantité de cônes de douze pieds de hauteur et de trente pieds de circonférence ; et chacun d'eux donne issue par son sommet à une fumarole, qui exhale une forte odeur d'hydrogène sul- furé. Cette disposition singulière, dontM. Postels donne une vue, rappelle les Hornitos du Volcan de Jorullo décrits par M. de Humboldt. Depuis cet endroit, juste- ment nommé Gorelaja Ratschka, lé champ brûlé , on s'élève le long d’un mur de trachyte qui contient en PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 449 abondance du feldspath vitreux ; mais le cône devient si escarpé , qu'on parvient rarement à atteindre le bord du cratère même. De là vient, Sans doute , que les me- sures barométriques de cette montagne sont {toujours fort au-dessous des déterminations (rigonométriques. Le cratère de la cime doit être immense, et ne peutguère être restreint à quelques centaines de pieds, comme le veulent quelques récits. Une vapeur dense s’en élève continuellement , produite. par les fumaroles qui se dégagent des crevasses ouvertes d etoutes paris sur les penchants. M. le capitaine Lutké a trouvé pour la. hau- teur du bord au-dessus de la mér, 8,580 pieds de Paris. Le capitaine Beechy,quinomme le volcan Pic Koselskoi, lui donne, d’après un relevé sur terre 8,499 pieds de Paris de hauteur, ce qui effectivement paraît assez vraisemblable, et qui s'accorde mieux que les autres déterminations avec la mesure des naturalistes francais. M. Hoffman avait trouvé 7,664 pieds, M. Lenz 7, 705 pieds, non pas certainement pour la cime même. Le volcan avait fait une éruption terrible le 27 , ét surtout le 29 juillet 1827. Le grand cratère avait yomi une quantité immense de blocs et de cendres. Peu après, on vit pendant huit jours de suite, du côté du sud-ouest, descendre un courant de laves incandescen tes,‘ qui s’élait fait jour par le flanc de la montagne. 7 8° Volcan Stréloschnoï ou Æoratskaja. Sopka, le volcan d'Awatscha des Anglais, Lat, 530 19; long. de Paris 1560 90° E. Pic très effilé. qu’on voit jusqu’à 120 Tilles en mer. Aussi, la moyenne de {rois mesures trie Sonométriques du capitaine Beechy, lui donne-t-clle 10,747 pieds de Paris d’élévation au-dessus de la mer. M. Horner , du voyage de l'amiral Krusenstern, avait trouvé pour cette hauteur 10,704pieds, M. Lutké 411,576 Pieds. 11 fume peu du côté dü nord, et on n’en connaît Point d’éruptions remarquables. fl doit en avoir eu de 29 450 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. très considérables, car les obsidiennes sont fréquentes sur ses flanes. M. Hoffman, qui a étudié les roches dont ilse compose jusqu’à la hauteur de près de 5,000 pieds, a vu le trachyte descendre jusqu’au pied même de la montagne. Des roches basaltiques se présentent, sur une assez grande étendue , à quelques lieues du volcan, vers Natschika , et plus bas, vers les côtes occidentales, on voit paraître le Schiste micacé. (-#rchives des Mines de Karsten , 1,273.) + Pa : go Schupanowskaja Sopka. Lat. 530 55" 507. Chappe, Sauer et Postels pensent qu’il doit être cité parmi les “Volcans, quoiqu’on n’en connaisse point d’éruptions. 400 AronotzkajaSopka. Lat. 54 &, volcan imposant, situé sur le bord oriental d’un grand lac, et à peu de distance de là mer. Deux mesures de.M. Lutké lui assi- gnent 10,574 pieds de hauteur. Le cratère à la cime jaïsse constamment échapper une très grande quantité _ de vapeurs, | “44° Tolbatschinskaja Sopka, volcan qui semble re- céler un immense cratère. Il est situé dans la vallée du Kamfschatka, s'élève de 7,410 pieds, d’après les calculs de M. Adolphe Erman , fume encore, quoique son, activité ait beaucoup diminué. Kraschenini koff et Steller avaient cru que cette montagne était un des volcans les plus terribles, surtout en#739., 12° Volcan de Ælutschew, le plus grand et le plus ac- | tif de tous les volcans de Ja presqu'île. Il doit même être | rangé parmi les plus hautes montagnes du globe, car il | y en a bien peu, qui comme lui, s’élancent d’un jet pres” que depuis la surface de la mer jusqu'à l'étonnante hauteur de sa cime; aussi les navigateurs en parlent constammient avec admiratiôn , et ils prétendent qu’il l'est visible jusqu'aux côtes de l'île. de Behring, à une distance qui surpasserait celle de Palerme à Naples. : M {sauer, Poyage de Pillings ; p. 506). Sa hauteur à 6lé PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. _ 45 déterminée en septembre 1829, au moyen d'obserya- tions astronomiques très délicates et très soignées, -paï M. Adolphe Erman de Berlin ; la différence de position de deux points, Kliutschu et Kosuirewsk, situés au pied de la montagne, déterminée avec une grande exac- tilude à l’aide de chronomètreset par des observations azimutales et solaires, lui a servi de base. D'après ces recherches, le bord du cratère s’est trouvé en Las, 5Go 3’ 57”, êt Long. de Paris 4580 23 48” E,, et Sa-hau. teur au-dessus de la mer, 14,656 pieds de Paris. M. Lutké | avait cru, d’après une mesure faite à 40 lieues. ma rines de distance d que cette hauteur pourrait atteindre | 2,585 loises on 15,510 pieds, M, Erman a yu ce volcan en pleine activité : un courant de laves, qui brillait la nuit avec une lumière rouge très yive, sortait d’un point situé à peu près à 700 pieds au-dessous de la cime, | ets éçoulait du côté du nord-ouest, vers le pied du cône. Les vapeurs, qui apparemment s’élevaient du cratère de la cime, se condensaient dans la journée et formaient un nuage épais et fort étendu sur la montagne, La nuit, on obseryait que le cralère jetait encore des pierres, en apparence enflammées. La largeur angulaire de celte -gime donne,pour le diamètre du cratère,une étenduede 2,220.pieds de Paris, vers lecôté du nord-est. M.Erman observades roches qui entouraient un vallon profond, et qui , quoique volcaniques, avaient plutôt l'apparence de former le corps de la montagne, que d’avoir fait partie d’un courant de laves. Ces roches étaient com- posées de labrador et de pyroxène ;.le premier .en cristaux d’une longueur qui surpassait souyent celle d’un pouce. C'était donc une dolériteet par cette singu- Jarité, le volean de Klutschew serait analogue à l'Etna et différerait considérablement du reste des volcans du Kamtschatka. M. Postels a donné une belle vue de cette montagne remarquable ; une autre vue qui, quoiqu’ex- Li 2 RER QE renrerreé Nr be L à Re SSSR no RE as d à amet hrs 3 ' F T7 ————— ' ? ++ onétt PER nn 452 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. | trêmemenñt bizarre, n’est pas tout-à-fait dénuée d'in- - térêt, se trouve dans les Mémoires de la société d’His- toire N aturelle de Moscou , 11 , 190. Elle à étédessinée par üun employé des mines, Daniel Haus. On y voit as- sez bien les limites des bouleaux , puis celle des aulnes (alnus incana), que M. Erman place à 2,957 pieds , et on peut se faire une idée de la hauteur de la cime au-dessus de eette limite. Il paraît que Haus a été jus- qu’au cratère, car il dit qu'il a un werst de diamètre, et que dans le fond on voit deux ouvertures à côté d’une troisième plus large, d'où des vapeurs sulfureuses et suffocantes s'élèvent continuellement. Des courants de laves , extrêmement fréquents, se précipitent sur les glaces de la montagne composant, à ce qu’il paraît, un véritable glacier, qui, pendant quelque temps au moins, | oppose une digue à lalave. Mais bientôt cette digue est | rompue par la chaleur etpar la pression dela masse in- candescente, et le tout se précipite enfin du sommet dela montagne avec un bruit si effroyable, qu'il se fait enten- dre jusqu’àplus de cent wersts de distance. Les fumaroles _ déposent du soufre en abondance sur la neige; quand celle - ci fond, elle entraîne le soufre, qui se dépose au bord des ruisseaux, lorsque ceux-ci sont parvenusau pied du volcan. C’est alors que les habitants le recueillent. Le volcan dé Klutschew se rattache du côté du S. S.-0., à un autre dôme volcanique, qui frappe beaucoup par sa forme en cloche régulière et par son excessive hauteur ; M. Erman croit qu’elle ne peut guère être moindre que de 15,000 pieds. Un courant de laves s’en échappe vers le village de Kosuirewsk, mais on n’en connaît point d’éruption. C’est l’Uschkinskaja Sopka. Les deux volcans forment une arête dirigée du S. 60 ouest, vers pe nord-est, de manière que, continuée, elle passerait à dix Votes à l’ouest de Schewélutsch. Quoique cette dE ne se prolonge pas aussi loin, on peut néan- PHENOMÈNES VOLCANIQUES. 453 moins encore la poursuivre de six lieues au nord - est du Kliutschu, et d'autant au sud-ouest de l’Uschkinskaja Sopka. Cette configuration est très. remarquable, car d'un côté elle rappelle la formation d’un grand filon , et de l’autre , celle des chaînes de montagnes. | 15 Schewélutsch,, volcan qui était presque inconnu avant le voyage de M. Adolphe Erman. Kraschenini- koff ( Description du Kamischatka, 1766, p. 87) et Sauer (Æxpédition de Billings , 1802, p. 306) ,-en ont parlé vaguement , et eux-mêmes ne savaient pas trop bien oùle placer. M. Erman n’a pas seulement dé- terminé cette position avee une très grande précision, mais il s’est encore élevé sur la montagne même jusqu’à une très grande hauteur , et il en a rapporté une quan- lité d'observations intéressantes et curieuses. La mon- lagne forme une pelite chaîne, où une immense arête, parallèle à celle du Kliutschu » Sur laquelle s’élévent plusieurs pics; le plus haut de ceux-ci, et en même temps celui qui s’avance le plus vers le nord, est situé sous une latitude de 56° 39° 54”, et Sous une longitude de 159° 9° 19” E. de Paris. Sa hauteur est de 9,904 pieds; M. Érman n’y a pas vu de cratère; mais on se rappelle très bien d'en avoir vu sortir des vapeurs et de la fumée. Le roc est ici plus visible et plus éxposé que dans le Volcan de Klutschew où les cendres et les rapilles couvrent tous les penchants , et cachent les arêtes sail- lantes. C’est un mélange à petits grains d’albite vitreux, et de longs cristaux noirs et brillants d'ämphibole, em- patés dans une masse compacte, tantôt grise, tantôt Touge de brique, mélange qui serait par conséquent une andésite, comme dans les volcans de l'Amérique. La vallée de la Jelowka au pied du Schewélutsch qui est une continuation de:la grande vallée du Kamtschatka , met un terme à cette roche volcanique, Les collines qui l'entourent sont formées de schiste ‘argileux, et de 454 __ PHÉNOMEÈNES VOLCANIQUES. schiste talqueux, avec une grande quantité de couches de quartz, puis de diorite, et de serpentine, le tout en cou” ches extrêmement inclinées et parfaitement semblables à cellesqu’on voit entre Petropawlowsk et Bolscheresk et apparemment aussi fout le long de la vallée du Kamt- schatka. Les’ granits, s’il y en a, paraissent être tout- à-fait restréints à la partie occidéntale du pays , partie qui W’à pas encore été visitée par les naturalistes. M. Erman s'était rendu au volcan de Schewélufsch, en débarquant à l'embouchure du Tigill, sous 58° de latitude, Il nous a fait connaître par là la composition intérieure de la presqu'ile dans sa partie la plus reculée vérs le nord. Les roches schistousés ne passent point la vallée de le Jelowka. Les hauteurs ; qui forment le par- tage des caux-entre lés deux mers; sont composées de do- lérites, qui seprésententsous la forine de beaux prismes, rangés ét visibles sur une très grande longueur. C’est de cette disposition de la roche que lé passage même Stolbowaji Tundra (Hauteur des piliers}, a tiré son nom, En descendant de ces hauteurs, élevées de 4,896 pieds au-dessus de la rer, et en se: rapprochänt des côtes de l’ouest, on sé voit entouré dé müurs-escarpés de roches trachitiques ; d’uné hauleur de 800 à 1,000 pieds, qui entourent, en denii cercle, unie plaine dont le fondest occupé par un petit lac. C’est ici, qué M. Ermañ a cruremarquer de véritables coürants de lavé couverts’ de scories, ainsi que des éruptions particulières, à cé qu'il paraît, ear on ne voit nullé part aucun volean au- quel on pourrait les rapporter. Lés fiontagres de Wa- jompol; vers le nord, élevées de 3,500 piéds de hau- teur, quoique ‘de nature trachytique , ne sont pas des volcans. La chaîne occidentaié du Kamtschatka , s'esl dont déjà terminée sous le 570 de latitude, et les roches volcaniqües n’ont pu traverver jusqu'aux plainés de Vuest. En effet, le petit endroit de Sedanka, assez éloi- PHÉNOMENES VOLCANIQUES. 455 gné de lamer, est entouré de couches tertiaires, formées d’un grès noirâtre , dans lequel se trouvent empâtées une foule de coquilles identiques avéccelles qu'on trouve encore vivantes dans les mers adjacentes, des tellines qui paraissent ne point différer de la Zelina lactea, - des natices à spire surbaissée, Nucula rostrata ét des bivalves solénacées. Cette formation se maintient jus- ‘qu'au dessous de Tigilsk, et jusqu'aux bords de la mer. Des couches de lignite à à Jelowka, qui contiennent beau- coup de morceaux de suecin, appartientient encore à cette même formation. Elle n rest interrompue | que quel- ques lieues au-dessus de Tigilsk, par une chaîne de col- lines composées d’une dolérite en forme d’amygdaloïde très prononcée , dont les cavités sont remplies par des calcédoines ét des cristaux de quartz. C’est donc une formation qui s'éloigne déjà beaucoup des vérita- bles productions des volcans ; il semble qu’elle occupe une grande partie du nord du pays, car on voit les col- lines se poursuivre fort loin dans cette direction , et la plaine tertiaire s’y fait moins remarquer. On doit donc s’ättéendre à voir des basaltes de ce côté, comme M. Hoffman les observés au-dessus de POBCAERESE. VIL. CHAINE DES ILES S ALEUTIENNES. œ XHE, 4.) M. de Hoff fait remarquer avec bug de justesse que la série volcanique du Kamtschatka ne commence, pour s'étendre ensuite versle sud, que dans les parties où cessent les îles Aleutiennes, ou plutôt les iles de Bebñing qui en sont la continuation (ur, 445). Cepen- 456 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES dant les volcans des îles Aleutiennes sont déjà depuis longtémps cachés au-dessous de la surface avant d’atteindre les côtes de l'Asie. F? 49 Semi. Soposchna. Latitude 52; A0’, long. de Paris. 176° 9-35” E. C’est le premier volcan de cette chaîne qu’on connaisse à l’ouest. Les vues dessinées par Sauer (p.277) montrent que la montagne se termine en _poinie , mais qu’elle est peu élevée ; elle est située dans la partie sud de l’île. D’autres parties brülantes peu- vent être considérées comme descônes d’éruption. 2°. Goreloi, à l'ouest de Tanaga ( qu'il ne ‘faut pas confondre avec l’île de Goreloi, située à l’est ):c’est un volcan très haut et très rapide, qui s'élève par une pente uniforme depuis la mer jusqu’à son sommet ( Sauer, . 8° Zanaga. Volcan situé dans Ja partie nord-ouest de l'île , c’est peut-être le plus grand et le plus beau : volcan de la chaîne. Le pourtour de ce cône trèsabrupte, est de près de dix milles géographiques, c’est-à-dire presque aussi considérable que celui de l’Etna. Lé som- met se divise en plusieurs pointes, dont la plus élevée fume constamment. Une neige perpétuelle séjournesur cette sommité jusqu'au milieu de sa hauteur qui est souvent recouverte de cendres ( Sauer , p. 221, avec !/ un fort beau dessin représentant cette montagne }, 4 Kanaga. Ce volcan est entouré par une grande quantité de sourcés chaudes qui jaillissent- près des bords de la mer. Autrefois les habitants de la contrée recueillaient dans le cratère de cet immense volcan un , quantité assez considérable de soufre (Lasarew, Rela- tions de Schlozer sur les iles nouvellement découvertes entre l’Asie et l'Amérique. Hamb. 1776 , p. 65. Sauer, 5° Amuchta. ( Relat, de Schlozer, p.167), = 6% Ümnack. Les volcans, de cette île sont dans un ÿ PHENOMÈNES VOLCANIQUES. 457 éfat particulier d'activité ( Chamisso, p. 166). Elle a souvent été confondue avec Unimak, La meilleure et la plus exacte description du soulèvement de l'île qui s’est formée dans son voisinage, est sans contredit la relation du capitaine Kotzebue (EntdeckungsReise , 1, 106). Le 7 (18? ) mai 1796, M. Kriukoff, agent de la Compagnie Russo-Américaine ,: se trouvait sur Ja pointe septentrionale d'Umnack : un violent-ouragan, vénu.du N.0, avait obscurci la surface de la mer. Le 8, le temps s’éclaircit, et à quelques milles de distance de la terre, il vit une.colonne de fumée s'élever du sein de la mer; puis; vers lesoir , parut quelque chose de noir, qui servant de base à la colonne de fumée , s'élevait un peu au-dessus de la surface des eaux. Pendant la nuit des gerbes de flammes s’élancèrent de ce point, quelquefois avec tant d'intensité, que l’on pouvait reconnaître les contrées avoisinantes de l'ile jusqu’à dix milles de distance. L'ile fut alors ébranlée par un violent tremblement de terre, et un bruit effrayant se fit entendre dans la montagne dans la direction du sud. L'ile qui s'était soulevée lançait des pierres jusque sur l'île d’Umnack. Au lever dussoleil, les secousses ces- sèrent, le feu diminua, et l’on vit cette île paraître sous la forme d’un bonnet noir pointu. Un mois plus lard d M. Kriukoff Ja trouva considérablement agrandie ; elle n'avait pas ‘cessé pendant tout cet intervalle de rejeter de la flamme. Mais dès qu’elle eût encore augmenté en hauteur et en étendue, les flammes cessèrent presque complétement, et on ne vit plus sortir de ce volcan que des vapeurs.et de la fumée. Quatre ans après, on ne Woyait même plus de fumée ; et au bout de huit ans (en 1804) des chasseurs allèrent en explorer la surface, Ils trouvèrent l’eau encore fort échauffée , et le so] était encore si chaud , qu’en quelques endroits on ne pou- Vait pas y marcher, 458. PHÉNOMENES VOLCANIQUES. Au bout d’un certain laps de temps, l'ile avait pris un nouvel accroissemént en longueur et en hauteur. Un Russe, dont les descriptions méritent toute confiance, évalue sa circonférerice à deux milles et demi, et sa hau- teur. à: 550 pieds. Jusqu’i à üne distance dé trois milles, toute la surface de la mer était recouverte de pierres. Dépuis le milieu jusqu’à la pointe, l’ile était fort échauf- fée, et les vapeur£ qui se dégagaient dé son cratère , lui parareit odoriférantes , probablement à cause de l'odeur de l'huile de Naphte. A quelques centaines de brasses, aunord de cette îlé, se trouve une colonne de rochers d’une hauteur considérable | observée d’ abord pa Cook et ensuite par l'amiral Sarytschew.. “La häuteur assignée pour ce volcan est probablement trop petite et son étendue pourrait fort bien faire Sup poser que s4 hauteur est de quelques mille pieds, comme cela résulterait dé la vue dessinée et publiée par Langsdorf , dans laquelle il indique qu'il à donné ë à la : montagne uné hauteur approchant dé la moyenne. Lorsque le 48 août 1806, il se trouva en vue de ce vol- can, On apércevait du côté du mord-ouest, quatre cônes qui S’éleväient en gradins jusqu’à la montagne centralé qui était la plus élevée, et qui de tous les au- tres: côtés se présentait comme une sorte de colonne . s'élevant. presque verticalement (Bängsdorfr ; te À x, 209). Te En avril 1806, l'île pouvait = 'apérce Voir de Unalas- chka ; elle est située à la pointe septentrionale de Unalaschika ; un peu à louèst ét à la distance de 4. wersts. ‘On emploie six héures de temps pour en, _.. faire le tour dans une barqué, etil en faut'un eu plüs de cinq pour parvenir en ligne droite du ri. Vage à soh sommet. Le côté dû nord est encore en combustion ; ‘et uné lave,” une sorte de matière molle, S’étend depuis la crête jusqu'aurivagé de hauteur, car elle n’atteint pas la hauteur du pic de + PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 459 la mer. Du côté du sud , le sol est froid’et assez uni. Sur les penchants de la montagne, on voit un gränd nombre de cavités et de fissures par leésquellés se déga- gent d’abondantes vapeurs, et où se dépose du soufre. À cette époque encore (1806) il était bien évident que Vile croissait en étendue et le pic en hauteur. I ya certainement peu de phénomènes géologiques aussi remarquables et d’une application aussi directe et aussi générale que celui que nous venons de décrire. 1 Pie Mahuschkin , dansla partie nord -d'Una- laschhas c’est la montagne: la plus élevée de toute Pile ; elle n’a pas cependant beaucoup plus de 5,000 pieds té Unimak. Cette montagne disais constamment de la fumée et on va recueillir du soüfre dans l’intérieur de soh cra- tère. Elle est tout-à-fait différente des autrés mon- tagnes de l’île. Celles-ci se composent en grande partie de granite à grains fins , contenant du mica noir isolé ; plus près du volcan, vers la côte, cette roche se chänge en un porphyre noir, très feldspathique , et enfin dans le voisinage des sources chaudes en un véritable lrachyte avec dès prismes de hornblende et du feldspath jaune. T out près du pied du volcan des sources chaudes jaillissent d’ un conglomérat porphyrique. On trouvé- Tait probablement des laves. sur le volcan lui-même, mais il ne paraît pas qu’on ait nulle part observé de pierres-ponces pen in Kotzebue pere. 85 ui ; 165. Jihomoliy * 8° Akutan, entre Unalaschh et Unimak (Retat Mscktozer, p. 167. Sauer, p: 463). : 9° Agaiedan sur File d'Uniak “ce volan ést la partie moyenne de trois montagnes élevées qui s ’apér- goivent de loin :e’est un cône régulier par le. sommet duquel s échappe une grande masse dé fumée (Sauér, 4 CL | F l [el i à : L 5 fi 14 À d 4 d 4 : > |. -H x 4 15 1 + \ E : \ à CAP ! 1 À! 1 4 11 1 | A : É, | À à. ra % + æ " / È fhé de es CS 0020 =: 2 à és tn Ludss 460 PHÉNOMENES VOLCANIQUES. p.164). Kotzebue ‘évalue sa hauteur à 5,167 pieds de Paris. En octobre 1826 , ilse fit dos l’île d’ Unimak , dans un vallon situé entre les montagnes, une terrible érup- tion de cendres qui obscurcit l'air à un tel point que les habitants furent obligés de se renfermer dans leurs _yourtes avec de la lumière; sur l’île de Tschemo Bouri ces cendres firent périr tous les bestiaux de la Com-. pagnie. L’éruption dura jusqu’à la fin de décembre. Elle se renouvela en janvier 1827 , et en mai, le volcan Chilchaldinsk se fraya un nouvess: passage ; un peu plus à l’est du grand cratère. Le volcan s’élève en forme de cône régulier à 7,578 pieds de Paris: La hauteur du Makuschkin sur Unalaschka est seulement de 5,148 pieds et celle du volcan d’Akutan de 5,132 pieds 74 déric Lutké, 7 cage autour du Monde, 1855, 1,p. 2 et 250 ). 10° Alaska. Les : montagnés de granite forment actuellement une crête aiguë et fort élevée qui s'étend à travers la presqu'île d’Alaska jusqu’à l’origine du Cooksinlet. . Elles sont. precédées de montagnes de schiste argileux , et les volcans ne se présentent plus à la base , mais au milieu même de ces montagnes. Les deux, pics qui terminent Alaska sont d’ une hauteur prodigieuse. Le premier au nord-est, qui, par suite d’une éruption en 1786; s’affaissa sur lui-même, paraît cependant encore avee son sommet tronqué être Je plus haut et s'élever considérablement au-dessus du pie d, imak. La neige recouvre non seulement le cône du volCan, mais encore les deux tiers de la base sur mn y : QE il s'élève (Chamisso , p.165). SO {vw LA à 11° Volcan sur le côté-nord du à Cooksinlet, avec un grand cratère sur le penchant tourné vers le fleuve; il estsitué à la partie supérieure des montagnes etest pro- bablement plus hautencore que le volcand’Alaska (Cook, PRÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 461 Troisième Voyage, 1, 208). Malgré son étonnante hauteur, cette chaîne de montagnes est singulièrement étroite, elle n’a pas plus de six milles géographiques de largeur. Le volcan est situé dans la partie où le détroit de Cook vient traverser celte Chaîne qui est entièrement brisée par le Sand du prince Williams. Elle se continue pourtant avec d'immenses précipices et des glaciers fort étendus vers la mer, el peu élevés au-dessus de sa surface » el sa hauteur reste constam ment entre 6,000 et 9,000 pieds. , Au-dessus de cette chaîne s'élèvent deux pies que les navigateurs ont avec beaucoup de vraisemblance corsi- dérés comme des volcans, et tous les deux atteignent une hauteur qu’on n’est guères accoutumé à trouver que dans les Andes. L'un de ces pics est le mont St.-Elias, dont Vancouver a donné une très belle vue (Foy. nr, 20%); lat: 60°17° 50”; long. Par. 138° 30° 33° O. Sa hau- teur d’après Malaspina , est de 16,758 pieds de Paris (Humboldtw Nouv, Méx. ,1, 238. 11, AS. Krusenstern Hydrogr., 227 ). L'Annuaire du bureau des Long, de 1817 donne pour cette hauteur 16,971 pieds de Paris. L'autre montagne est le Cerro de Buen Tiempo (Mount fair FF. eather), Lat, 58° 45 long. Par. 154° 54 33” O. Sa hauteur est de 15,819 pieds de Paris (Humboldt, Mex. » 87). L'Annuaire de 1847 donne 44,005 Pieds. Ces montagnes se terminent au Cross Sund , lait. 97° 45’ (La Peyrouse, 11, 29). À Le mont Edgecumbe , Zat. 57° 5 N., longit. 157°58 O.de Paris, a été reconnu comme un volcan par le capi- laine Lisiansky qui , en 1796, l’a vu brûler et-dégager - d’abondantes fumées. Il s’éleva sur sà cime et trouva que “a hauteur était de 2,800 pieds. D’après M. Er nest Hoff- Man, qui l’a déterminée en 1825, cette hauteür serait de2,855 pieds. Selon ce dernier, la montagne Seraitcom- Posée de porphyre basaltique, à cristaux de feldspath, 462 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES- et les flancs, seraient recouverts de pechstein et de pierres-ponces (Arch.des Mines de Karsten, 1829, 257). 1 VITE + CHAINE DES ILES MARTANES. Il est évident d’après la situation de ces îles, qu’elles appartiennent à une même chaîne, et Chamisso dit expressément (p.77) que cette chaine est volcanique. loutefois les volcans qui la composent sont totalement inconnus. Dañs l'ile de Guaham , on ne voit guères que | des madrépores calcaires; mais comme cette île est fort élevée, il est probable qu'il y a dans l’intérieur d’autres roches. Es ds | On ne connaît comme volcan actif que l’île de l’As- somption { Lut. 19° 45", long. Paris, 1584 55° E.) D'après La Peyrouse, elle a 5 milles de circuit et 1200 pieds de hauteur. Aucune production volcanique ne présente un plus terrible aspect que cette île ; c’est un, cône parfait, qui jusqu'à 200 pieds au-dessus de Ià | mér, parait entièrement noir. L'odeur sulfureuse qui s'en exhale, et qui s'étend à un demi-mille au loin sur la mer, ne peut laisser aucun doute sur l'activité de ce volean, etle courant de lave qu'on yoit sur le milieu de la montagne paraît avoir été rejeté depuis fort peu HP LR RREEEs | 8 eR2 4 Les volcans situés plus au nord sont si peu connus étJeurs positions sont si mal déterminées que ni ATTOWS- mith pi Krusenstern ne les ont indiqués sur leurs cartes. (Foy. Krusenstern$ Reise, : , 144). D'après une carte de Monterey que La peyrouse à fait connaître dans PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 465 son voyage, ces Volcans se trouvent au nombre de sept, dans un alignement qui n’est évidemment pas l'effet du hasard, et cette chaîne se prolonge jusqu’auprès des côtes da Japon. La seule île bien dé- terminée est celle que lé capitaine King a vue et décrite sous le nom de £/e de soufre et qui dans les cartes espa- gnoles est nommée folcanos. Lat. 24 48° N, , long. Paris, 1580 59 55” (Krusenstern, Hydrogr, p.109). On y distingue un cratère bien caractérisé, et la mer dans le voisinage et jusqu’à une distance considérable, a été vue couverte de pierres-ponces. Vers le nord, l'île apparaît comme un pic fort élevé ( King, dans le troi- sième Voyage de Cook, 11, 478). South Island, au sud de Pile du Soufre. (Lat. 420 12), est d’après les observations de M. Hornér , élevée de 5,124 pieds de Paris. Cette série volcanique est isolée et ne peut se ralta- cher à aucune côte du continent. : Quoique fréquemment interrompues et même sur des longueurs considérables , les séries des Volcans de PAmérique peuvent cependant toujours se rattacher aux chaînes de montagnes qui s'élèvent sur le conti nent. Elles ont même, sous quelques rapports, de grandes ressemblances avec la série des. volcans de l’Austrasie et des îles Molucques. En effet, cette chaîne se recourbe vers le nord-ouést, et se divise. en deux autres chaînes qui entourent le golfe du Mexique, de la même manière que les volcans des Molucques dans la mer de Chine, et de même que ceux- -ci finissent par se perdre daus = parties où le continent de l'Asie de- Vient plus considérable et plus étendu , de même les Volcans de l'Amérique disparaissent dès que l'Amérique AGk PÉNOMENES VOLCANIQUES. septentrionale a pris une grande gui à et une grande extension. Toutefois ces du systèmes principaux de volcans à la surface de la terre, présentent -une différence essentielle qui ne peut pas être passée sous silence; c’est que la chaîne de l’Austrasie s’étend le long de la partie convexe du continent , tandis qu’au contraire la chaîne de l'Amérique est en connexité avec Ja partie concave de cette pérue du globe. | IX. : CHAINE DU CHILI. La plupart des volcans de la chaîne du Chili, quoique très élevés, et souvent dans une très grande activité , nous sont encore absolument inconnus. ON les trouve nommés, sans description ,! dans la Æistorica Rela- zione del Regno di Cile di Alonso d’Ovaglia (Roma, 1646 , page 16), et la grande carte de la Cri uz de Ol- medilla, répète ces mêmes noms.-Il est à présumer _qué plusieurs de ces montagnes ne sont que des dômes ou des pics d'andésite, ou de trachyte , élevés par des forces volcaniques qui pourtant n’ont pas eu assez d'intensité pour continuer à se manifester, soit par Ja cime , soit par le pied de ces sortes de volcans. Il existe, au nord du cap Horn, lat. 550 5 S. Long. 700 50’, O. de Paris, un volcan vu par le capitaine Cle-_ meuse, en 4712, et par le dpeterE Hall, en 4822. (Weddel, 7’oy.-p. 188). F Les autres volcans du Chili, d’après la carte de la Cruz, eopiée par Bruë, sont disposés dans l’ordre suivant : PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 465 40 Volcan de:$. Clemente, lat. 460 S.: slong. ua To 40° 9” O. au sud des îles. de Chiloë. 2% Volcan Medielana, où de Huëÿteba, lat. 44090 S:; long. 7350 30° O0. : 3° Minihimalapa, lat. 420 45? ; Pong. LES 20 2 270”, vis-à-vis des îles de Chiloë. - 4° Volean de Quechucabr, lat. 4 10: long 15050. 27” O0. 50 Volcan de Guanegue, lat. 40c 50’; long. to sie O. de Paris. Go Volean de Osorno, lat, 40° 55 shoige 740 102 7.0 _ToVolcan de Ranco, lat.400 15; long. 73° 46° 27” O 80 Volcan de ait, lat. 59 55 ; long. 750 38 27”, 9 Volcan de Villarica, lat. 59 30’; des 78 30’ 277, 10° Volcan de FPotuco, lat. 390 2)’; doigt 720 53 277, en dehors de la ‘chaîne principale, sur une branche des montagnes, vers Test. C’est un cône en forme de pain de sucre, qui rejette tant de cendres et dé vapeurs, que don Diego Ordonnéer de Savallos, lib. il., Ch. 48 deson J’zaggio: universal del mundo , raconté, ‘d'après Molina (Dese. du Chili) que rien ne peut croître x qu'à 4 ou 5 lieues de distance. * 44° Volcan de Chinale, la. ess 40’ ; cs 2e 720 sd 27”, - 420 Volean de Cällaqué, “4 58; Long T2 25" 27/’. 43° Volcan de :{ntoio ou | Antueo , dar: ms 40; 1ong 720 20 27”. | M. Edouard Poeppig, qui à séjourné près” avi an au pied de ce volcan, et qui s’est élevé jusqu’à sa cime, en a donné une excellente description (F7 oyage au Chili et au Pérou, Leipzig , 1835) accompagnée de vues non moins instructives que curieuses. Le port le plus voisin, celui de Talcahüuano, près de l’ancienne ville 50 466 PHÉNOMÈNES, VOLCANIQUES. .de la Conception, est entouré de couches de grès , qui renferment des couches de houille: M: Duperrey dit -que deux rochers-qui se montrent à fleur d’eau, ‘à l'en- trée du port, sont composés de granite. On m'a pas vu ce granite sur la côte: Les: grès forment des collines assez élevées, et se continuent fort avant dans lesterres, _jusqu'au pied dela chaîne des Cordillières, Après avoir monté considérablement , , depuis Îe vil- Jage d'Antuco, on sé:trouve entouré ds montagnes el d’escarpements basaltiques ; le basalté en prismes su- perbes est trayersé par le torrent Tvun Leuvu quisbaigne Je pied d’un fort du même nom, Ces basaites sont com- ‘posés d’une, masse (tout- à - fait compacte.et dense , el né contiennent point ( de feldspath. On les suit jusqu'à ‘une immense. hauteur: el même jusque près.de. Ja haute montagne de.la, Silla Veluda: (volcan: de: Lucapel , do- vaglia et des Cartes ). Mais cette montaghe.est placée sur la.crête ou sur la .cumbre ‘de. la chaîne, au nord du, volcan d'’Antuco et elle, est entourée de neige.et sde glaces. I: parait done , dit M. Pæppig que le volcan s'élève au milieu d'un. cirque basaltique, ou d’un im- mense : cratère, de soulèvement; phénomène: très eu rieux, qui ne $ s’est point encore .obseérvé:sur une ‘aussit grande échelle autour. d'aucun autre volcan, mais qui certainement a de l'analogie avec ce qu’on ‘observe en. Islande , où la. bande volcanique ‘est bornée des. deux côtés par des. amygdaloïdes et des. _ basaltes en prismes. Les effets de l'action volcañique se manifestent de suite, dès qu’ on est entré dans ce cirque basaltique..D'immenses courants de lave se pré- cipitent des. flancs escarpés ; ; et séparés en différentes “branches, ils se réunissent vers le-cône:du volean: On les dirait composés. de scories de hauts fourneaux; car jilsu’ontpoint decohérence, et toute la massesemblebri- sée elséparéeen morceaux aigus et raboteux. Arrivé au PHÉNOMÈNES VOLGANIQUES: À467 haut de la vallée d’Antuco, dans laquelle coule la rivière de la Laxa, on se trouve environné de très grands ro- chers de cette lave, Elle n’est pas basaltique;, mais elle con- tientenabondance des pyroxènes et des cristaux blancs rhomboïdaux de feldspath ou plus vraisemblablement d’albite. La lave serait donc formée ou d’üne-dolérite ou d’une andésite, Toutes les branches réunies de ces cou- rants paraissent être sorties non loin du plateau qu'on atteint au haut de la-Yallée. C’est là qu'on rencontre un grand lac de cinq à six lieues d’étendue, qui baigne le pied du cône du volcan même placé sur son bord mé: ridional. Le. cône, enfin, s’élance fort avant dans la région des neiges perpétuelles , et il est d’un accès très difficile. la cime, on lrouve un cratère de 730 pieds de l’est à l’ouest, de 550 pieds du nord au sud, et de 50. toises de profondeur. Plusieurs grandes ouver- tures y dégagent des vapeurs acides et suffocantes , et du soufre se dépose sur leurs parois. D'autres crevasses vornissent des vapeurs noirés-et également suffocantes, puis, après quelques moments de repos , ils’en élance,. avec un sifflement terrible, des vapeurs blanches qui rejettent fort loïn , et à une très grande hauteur, du sable, des- pierres et assez souvent même d'immenses blocs, .arrachés de l'intérieur. Ces vapeurs blanches disparaissent bientot, mais les noires s’élèvent jusqu’à une très grande hauteur, et couvrent souvent toute la cime même. Jamais un courant de. ve ne s rest jan de cette cime ; on les voit toujours sortir du pied du cône, et de là ; se précipiter dans le fond des vallons. En 1898 , un très fort courant s’écoulait continuellement du côté du nord par de grandes ouvertures, et répandait la nuit une lueur qu’on pouvait apercevoir à 40 lieues de dis- tance. On ne rencontre ni verres volcaniques ni pierres - ponces aütour de-ce volcan : ; Ce qui certaine- < 50. 468 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. mént est une preuve que le trachyte n’entre pas dans sa composition. Mais les courants de lave lui donnent un caractère remarquable, car il y a peu de volcans dans la chaîne des Andes qui en aient offert, et jamais on n’en a vu autour des volcans de Quito. Le volcan d’Antuco doit 2 re une nee d’au moins 16,000 pieds. 449 Volcan de Chillan. Lat. 360 5 s: psg: 745 40 27”, ouest de Paris. La Cordillière, apr és une dépres- sion considérable, se relève pour former un platéau de 44,000 pieds d’élévation ( Pæppig), qui s'étend sur près de 16 lieues vers le nord. Le Lire de md termine cette plaine. | 450 Une autre chaîne paraît se détacher à an gle droit de la chaîne principale , au sud du Chillan, et elle s’a- vance considérablement vers l'est, On est obligé de Ja tra- verser en passant du volcan d’Anfuco à Mendoza; cette route à été suivie et décrite par le missionnaire alle- mand Havestadt, dans un ouvrage publié à Münster, en 1777, sous le titre de Chilidugu (p. 955). Ce récit S apcéstié parfaitement avec | itinéraire du Père Gil, publié par M. Pœppig (Voyage, 1., 454). Après avoir passé la grande rivière de Nudquen , queles cartes nom- ment Rio del Diamanto , à l’est de la grande chaîne, on commence à gravir la-chaîne latérale, qui à ici une lar- geur de quatorze lieues. Le village de Puturimallin se trouve sur sa hauteur. À deux lieues plusloin, on ärrive à Tomen, village situé près d’un lac, et entre deux vol- _Cans remarquables , nonimés Pomahvida, dont l'un est aussi actif que celui d'Antuco. La quantité de rapilles et de scories que ces volcans ont: amoncelés autour de leur base, est si considérable ,: qu’on est obligé d'em- ployer toute une journée pour les traverser. Les bes= tiaux ÿ enfoncent si profondément, qu'ils finissent par y perdre les ongles des pieds. Le sel que les eaux €M- ge: PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. .. 469 portent des montagnes avoisinan(es, et qui cristallise dans la plaine, est exporté en grande abondance par les Indiens, à travers la chaîne, vers les côtes de la mer. - ie M. Pœppig dit (p.429) qu’ila vu de la cime de }'Antuco un autre volcan actif situé vers l’est et dans l’intérieur des Andes inconnues de la Patagonie, et avec lui une très grande quantité de dômes et de pics, en apparence de trachyte. Il paraïîtrait, d'après cela, qu’il y aurait, eneffet, deux chaînes de volcans assez éloignées l’une de l’autre, etsituées entre 55° et 580 S. de latitude. Les volcans de Pomahvida se trouvent à peu près en lat. 35° 30°S. , et long. 700 25’, O. de Paris. Le Père Havestadt distingue , sur sa carie, le volcan de Longavi, ét de celui de Chillan, et du volcan de, Peteroa; c’est le Descabesado (Decapitato) de Molina, qui , d’ FAR cet auteur, serait la montagne Ja pus éle- vée du Chili : ce D ot 5 NE SUN VA 16° Volcan de Peteroa, ou volcan d’ Azufre. 3 La. “55e 97 15”. Long. T19 40° 27”. Nolcan très actif, et qui s’est principalement fait conuaïtre par une grande érup- tion latérale, qui eut lieu le 5 décembre 1762 (Molina, seconde édition, p.59). M. Gay l'a visilé en 1854. Les montagnes, au-dessus de S. Fernando, ont été étudiées par le docteur Meyen de Berlin, ( F’oyage autour du monde, 1, 315). 11 a trouvé que la cime du mont Impossible, sur le faite de la grande chaine , était composée d’une andésite, de couleur très foncée, gris verdâtre, à cassure esquilleuse , contenant en grande quantifé de longs cristaux d’amphibole, et des petits cristaux: d’albite. La même roche forme Ia Sierra de Gualalta et les montagnes qui s'élèvent autour de S. Fernando. Elle se distingue de l’andésite des volcans par sa couleur foncée , et paraît se rapprocher par cette D a. Lie A ÉRS t Ég o0 R le sn” ant rm om RE hide mnt 2 $ e v cs + er tu ins nl tr 4 " a she re" À D 1 is. es un‘ Vous Deer ur = 470 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES prépondérance de l’amphibole de quelques diorites. En éffet , elle renferme des couches d’amygdaloïdes, dont les nodules contiennent des cristaux de quartz et de stilbite. 476 Volcan de Rancagua. Lat. 34° 15 S., au nôrd de San Fernando, mais au pied de la chaîne, à l'entrée des montagnes. M. Meyen a vu, chaque nuit, des jets de lumière s’élancer de son cratère ; ces éruptions se continuent presque périodiquement, comme celles de Stromboli. On a aussi observé des éruptions de cendres. C’est le volear de Rapel de Molina et de Vidaure. 480 Volcan de Maypo. Lat. 55° 53° S., Long. 720 17 27” O. de Paris. M. Meyen en a donné ‘éñé deserip= tién fort exacte, qui est extrêmement intéressante el curieuse ( 7’oyage autour du monde, x, 324sq.). La base de la chaîne des Andes, ou les colines des côtes, aux environs de Valparaiso, sont formées d’une syénite ou plutot d’un granite blanc à petit grain, composé de feldspath blanc, d'amphibole, de mica et de peu de quartz. Cette roche est fréquemment traversée par des filons d’un autre granite à plus gros grains et à feld- spath rouge. Une espèce de porphyre sans quartz lui suc- cède;puison voit paraître desagglomérats de porphyres et de granite, qui bordent la plaine de 8. Yago. Les syé- nites recommencent à l'entrée des montagnes, au des- sous de Maypo. Mais, ce qui est-très curieux, c’est que, près du village de Tollo, la route traverse une col- line de 300 pieds de hauteur, entièrement composée de de pierres-ponces. Les morceaux roulent les uns Sur les autres , eton y enfonce considérablement. Ces ponces contiennent du feldspath vitreux et des cristaux bruns de mica. On y trouve aussi assez cÉrigens des petite Sd ceaux d’obsidienne. Le volcan est encore éloigné de deux jai de ce n) PHÉNOMENES VOLCANIQUES. AT point, et jamais il n’a rejeté dé ponces. C’est donc üng éruption trachytique isolée, tout au’ pied dés Andes et près de la plaine. Plus avant, la näture des roches change et celles-ci prennent tout-à-faîtles caractèrés de’ celles qui forméntlesenvirons deS. Fernando étdu mont Impossible, c'est-à-dire d’une diorite composée de peu d’albite et de beaucoup d’amphibole’ Elle se distiheues principalement de l'andésité, par sà couleur foncée, provenant de ce que la partie amphibolique qui entré dans sa composition y est dominante. Après s'être élevé fort haut vers le volcan et sur dés penchants très es= carpés, on rencontre tout-à-coup des couches immenses presque verticales de pierre calcaire, qui contiennent une quantité prodigieuse dé pétrificattôns. On y'est déjà parvenu à là hauteur de 9,000 pieds, mais ces couches calcaires se continuent encore beaucoup plus haut et s'élevént considérablèment dans la région dés neiges-\ perpétuêlles. M. Meÿyén y à remarqué fréquemment des anmmonites de plus de trois pieds de diadinètre. D'aûtrés pétrifications recueillies à ces hauteurs et déposées par lui au cabinet royal de Berlin, peuyent presqu'avec cértitude servir à déterminer à quelles formations ces éouchés remarquables doivent être rapportées. Ces fos= silles caractéristiques sont principalement lExosyræ Couloni, Lam. , absolument semblable à celle du Jara et du Midi de la Fée, figurée par Goldfus , & 87, f. 5; la Trigonia costata, le Pecten striatus, SOW.,t. 594, nine à-fait sernblables à ceux qui $e trouvent dans lés couches supérieures du Jura, près de Hildesheim en Allemagne: uné Cucullée correspondante pour la forme à la Cu= culléa longirostri is si fréquente dans es couches juras- siqués Supérieures de la Westphalie ; des ammonites de à . section dés planulites, Ainmonites biplex. Il parait, d’après cela, que ces couches forment le passage" du | cdledité du Jura à la craie, et sont añalogués AU der ae : mi upon eg Se hummm s-n— A Fm Se vers » a " Hé: 2 El kde CE Mes «à Rem ent % RE ti a SET ne LA ds test NE 6 4 ge rh D GRR TS de pe TRE 472 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES nières couches jurassiques qui forment les plaines de Ja Suisse ; et c’est la première fois qu’une identité sem- blable à été établie entre les productions organiques, des Andes et celles de l’Europe. La même analogie se déduit des pélrifications que M. Pentland a rapportés du Pont de Inca, au pied du passage de Mendoza. On y reconnaît un giéid nombre de moules de trigonies, qui pour la forme ressemblent assez à la 77. costata. On y voit une Pholadomye ai- longée à côtes fines et nombreuses, semblable à celle que M. Dufresnoy atrouvée E près d’ Alençon; enfin, l’/so- cardia excentrica (Noltz), identique avec celle du Jura. Ce n’est pas seulement autour et au pied du cône qu’on remarque ces calcaires, mais encore sur le flanc même de ce cône, où ilssont recouverts d’une couche de glace et de cendresrejetées. Il est doncclair quele volcan, en s’é- levant, n'a pas simplement rejeté de côté les couches supérieures, mais qu’il les a élevées avec la masse même qui le compose. Avant d’ atteindre ce cône, on traverse une valléeétroite, coupée à pic, et qui est ar " rement ereusée dans des bancs énormes de gypse de 700 à 800 pieds de hauteur. Des dolomies s’ y trouvent encaissées du côté du nord-ouest sous la couverture générale de neige, et une source salée s'en écoule vers les vallées inférieures. On est assez préparé par les phé- nomènes géologiques de la Sicile à voir les gypses , les dolomies et le sel gemme en relation avec les volcans, mais on n'aurait certainement pas dû s’attendre à voir ces roches entourer en si grande masse le dernier cône, € ’est-à-dire presque la cime même du volcan. Les glaces du cône sont interrompues par un grand mur formé de prismes très réguliers, de 200 à 300 pieds.de long, de 50 à 60. pieds dé largeur, et de 15 à 20. pieds de hauteur, C’est un trachyte formé d'un mélange de feldspath à très petits grains , et de cristaux bruns de PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 473 mica; c'est donc là, à cequ’il paraît, la masse consti- tuante du volcan ; en effet les blocs rejetés. et dispersés en grand nombre sur ses flancs, ne font apercevoir que des trachytes composés de feldspath vitreux, mêlé quelquefois d’amphibole en petits cristaux. Une masse immense de glaces, qui s'étend autour de la cime, empêched’atteindrele bord du cratère. Il doit avoir une grande circonférence et être dans une grande activité , car on ne.cesse d'y apercevoir pendant la nuit une vive lumière et une fumée épaisse et quelquefois même des flammes s’en échappent pendant le jour. Aucun courant de lave ne se fait remarquer, ni sur le flanc du cône, ni dans l’intérieur des vallons. M. Meyen a donné une vue du dernier cône de ce volcan, qui rappelle la forme du cône de l’Etna, et qui éithion ressortir les murs de Lupes irachy se de ses flancs. 19% Volcan de S. Yago, sur la Cordillière, précisé- ment à l'est dela Capitale. Volcan très peu connu. M. Miers lenomme Pic de Tupungato ; sa hauteur, au-dessus de la mer, doit atteindre près de 15,000 pieds. On y ren- contre encore les gypses à une hauteur étonnante, et même jusqu’au pic d'Acongada (Miers, 1, 915 ; 554). Peut-être est-ce lui qui a rejeté les cendres par les- quelles le docteur Gillies s’est trouvé enveloppé, lorsqu'il passait la Cordillière le 1°” mars 1824. Il raconte que ce volcan n’a cessé d’être en activité depuis le grand rene deterre de 1822 (Brewster, Edinb.Journ., 976.) M8 ee et Espinaza. ont déterminé, en 1784, à l’aide d'observations barométriques, la hauteur du pas- sage situé entre Mendoza etS. Yago; elle serait selon eux de 11 924 pieds de Paris à la Casa de la Cumbre , hau- teur qui. surpasse celle du pic de Ténériffe. Mais ils trouvent pour la ville de S. Yago une hauteur de 2,458 « h. ’ ie pig À ve h à did. dia PR Ve RE ee hi) nd KA 2 VER PES à PT : RE Er ea Pam x ; Re ; - RG 2 CS A Sc VS SPA nn SR à 6 qe es AT PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. pieds de Paris au-dessus de là mer : c’est évidemment beaucoup trop. Les mesures immédiates ont donné à M. Pentland uñe hauteur de 557 mètres où de 1,655 pieds de Paris ; la hauteur moyenne du baromètre à $. Yago dotiiorait 1,592 pieds. La mesure immédiate pa- raissant mériter plus de confiance, en raison de lanature des instruments employés, ilfaudrait donc déduire 805 pieds des haüteurs de MM. Baux et Espinoza, ce qui réduirait là hauteur de la Cumbre à 11,449 pieds. Mendoza, au pied oriental de la ‘chaîne, serait élevé de 3,395 pieds de Paris , au-dessus du niveau de la mer. 20° Volcan d’Aconcagna , au nord, et peu éloigné du passage de la Cumbre. M. Miers ( 4 oyage àu Chili, 1, 285) prétend que ce n’est que sa forme et son élé- vation qui lui ont valu la dénomination de voléan, mais que ni aucune éruption connue , ni les productions qui l'entourent ne viennent cokéséer cette opinion. De Valparaiso il se présente avec beaucoup de Lys rc sur lé haut dé la Cordillière. _—. 2%o Volcan dé Ligua. Lat. 52% 1® $. I] pourrait bien être le même que celui d’ pis es : | 220 Volcan de Choapa. Lat. 51° 50° S 259 Volcan de Limart. Lat. 3105. 24° Volcan de Coguimibo. LB. 30° 5. Très pti volcan, quoique situé sur la crête de Ja l chaîne ( Meyen, Voyage, 1, 385). | M. Meyen assure qu’il n'existe point de volcan de Copiapo, quoique depuis Ovaglia on l'ait constamment indiqué sur les cartes et dans les catalogues de vol- cans. Il présume même que c’est précisément l'ab- sence de volcans dans cette partie de la chaîne qui fait naître les tremblements de terre, dont le: pays est tourmenté d’une manière si cvristanté et si terrible. En effet, ll ÿ a peu de contrée sûr la surface du globe qui soient agitées avec plus de violence et de con- PRÉNOMÈNES VOLGANIQU ES. 475 tinuité que lès provinces du Chili, et ce qui est rerar- quable , ces mouvéments se font'sentir principalement du côté occidental de la chaîne;-et peu où peut-être même pas du tout, vers l’intérieur ou sur le penchant oriental dés montagnes, Aussi crainit-on beaucoup plus sur les côtes, à ce que dit M. Poeppig ( l’oy age, 1, 464), les tremblements qui arrivent du côté-de la mer que ceux qui suivent une direction différente. Le mêmé phénomène s’observe à Lima, près de Guayaquil et jus- qu'aux côtés du Mexique. Le capitaine Basil Hall:à été témoin des dévastations du tremblement qui à détruit là ville de Copiapo , le # avril 4819 (Jour- nal written ‘on the coast of Chili, xx , 25}. Les murs et les tours n'avaient pas été jetés à-bas , mais toutes leurs parties étaient disjointes, et placées dans la plus grande confusion possible. Les secousses qui les avaient ainsi disloqués neprovenaient pas d’un mou- vement ondulatoire où d’un soulèvement subit ; earda terre avait continué pendant un quart d’héure dé faire avec grande Vitesse des vibrations en tous sens. Néan- moins, la partie de la villé nommée Chimba, n’avait rien souffert ; fait très remarquable, qui prouve que cé phénomène ne s’exerçait que sur peu dé largeur, él vraisemblablement, comme le remarque judicieuse- ment M. Hall, cette action ne s’était fait sentir quele long d’une immense crevasse. La ville de Copiapo a été dévastée régulièrement par ce terrible fleau tous les vingt-trois ans, el lès tremblements de terre des années 4773, 1796 et 1819 sont pere ae dans le souvenir dés habitants. Ce que Madame Graham raconte du. bn btetirent de terre, qui, au mois de’ novembre 1822, détruisit presqu'entièrement les villes de Valparaiso , Mellipila; Quillota et Casa Blanca, mérite encore plus d’atten- tion ({Géolog. Soc. Transe. Sec. S. 1, 434): 22 no- 476 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. vembre, on entendit de fortes explosions, et chacune d’elle était suivie par une secousse violente. La terre en était tellement fendillée dans toutes les directions, que les bords du lac de Quintero paraissaient être formés d’une éponge. Le cap de Quintero, formé de granite, laissait apercevoir de larges erevasses qu’on pouvait suivre jusqu’à un mille anglais et demi de distance. Bientôt on s’aperçut avec une grande surprise que toute la côte sur quarante lieues de distance avait été élevée, de 5 pieds à Valparaiso, de 4 pieds à Quintero; des rochers, auparavant couverts par les eaux de la mer, avaient paru au-dessus de la surface , et les huîtres et d’autres coquilles , attachées à ces : réchers couvraient en abondance un sol qui ne pouvait plus être atteint par leur élément naturel. Ce fait si remarquable et si instructif a été révoqué en doute ; mais ii a été plei- nement Confirmé par les observations et par les re- cherches de M. Meyen, qui a porté dans cette étude une attention particulière (7oy., 1, 215 et 221). Les ro- chers situésaunorddeValparaiso, fort avant dans la mer, étaient encore tapissés de toutes parts par ces nombreu- ses productions marines qui s'étendent sur tousles fonds recouverts par les eaux. Mais cette immense quantité de corps organisés n’était plus en vie ; car depuis le tremblement et le soulèvement qui en avait.été la suite, ces créatures se trouvaient au-dessus des eaux dans un milieu où il leur était impossible d'exister. Partout sur la côte, les marques de cet abaissement étaient égale- ment visibles. M. Meyen a répété encore ses impor-_ tantes observations dans les ports de Coquimbo et de Copiapo , et il a acquis DE certitude que ce phénomène était général pour toute cette étendue de la côte. Mais si la Côte s’est élevée, tout le pays, les montagnes même doivent aVoir suivi ce mouvement. Il'est du plus haut intérêt de voir confirmer de cette PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 477 manière., par une observation immédiate , l'élévation périodique des îles et des continents, prouvée déjà où au moins rendue vraisemblable ie tant de faits remar- quables. X. VOLCANS DE BOLIVIA ET DU HAUT-PÉROU. (PI. X, 3. }. La série des volcans, si continue depuis la pointe méridionale de l Amérique se termine tout-à-coup avec le volean du Coquimbo, et il reste un espace de plus de 160 lieues marines, où de plus de 8 degrés de lati- tude, sans aucune trace d’actions volcaniques. I est vrai que c’est eh même re la partie la moins connue de la Péninsule. - 4° Volean d’Alacama. La. 210 36’. C’est le premier volcan de la chaîne de Bolivia, mais sa position est bien peu connue. Il doit se trouver au nord de S. Francisco de Alacama, par conséquent au nord de la route qui du port du-Cobija mène à Potosii mais cette route est tracée sur les cartes d’une manière tellement inexacte, que même les plus récentes placent Calama, où passe la route au pied des Andes, à près de vingt lieues au sud-. est de Cobija, quoiqu'il paraisse que cet éndroit doive. effectivement setrouver à 45 ou 16 lieues au nord-est de cette vi ille, comme les anciennes cartes et __ ns Brué l'avaient indiqué. {® Les Andes forment dat ‘ces latitudes un immense plateau , dont le célèbre lac de Titicaca et la vallée du Desaguadero occupent une partie. Ce plateau est bordé par deux chaînes également élevées, dont l’une occiden- Tale présente une série non interrompue de volcans oude FAP as M : F j RE nn te NE 2 2 le SR ia mod LL: JE ' PRE RAR nn COR AP GREEN TELE SES LA LFER SE mod AE AC Ne PCE-ah A it ar De es EE" RARES \ 478 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. pics élancés formés de trachyte ; l'autre ; au contraire; orientale, ou intérieure n’est formée que de roches de natureschisteuse ou arénacée, de schistes à Productus, et de grauwacke. Cette configuration paraît se poursuivre avecune constance admirable le long d’une grande partie de l'Amérique méridionale, car M. Miers a décrit une chaîne de montagnes, nommée par lui Paramillo de Uspallata, qui est composée principalement de schiste argileux et de schiste talqueux , et qui s’étend entre la plaine des Pampas ; ou entré Mendoza'et la Chaîne cen- trale des Andes, dont elle est séparée par une large vaHée: Or, cette plaine entre les deux-chaînes a. été suiviesur une étendue de 500 lieues. Les Incas y avaient tracé une route , dont. ils: se servaient pour descendre du Haut-Pérou vers la province d’Aconcagua du Chili. ( Miers, 1 ; 279)1 Les montagnes des Andes entre Men- dozaet, la mer ne sont composées que .de irachyte ou d’andésite et de roches syénitiques vers l'issue octiden: tale-des vallées, mais les schistes. et les serpentines ne s’y trouvent plus. C'est. donc constamment presque: la même composition intérieure que celles des contrées où-se.trouvent le lac et. la vallée de Titicaca., et qui nous est devenue si.familière par les belles recherches de-M;»Pentland, Mais, cette-composition ne se borne pas'à ces:montagnes , on peut: observer encore bien plus: loin. et bien au-delà de Turco. Ne serait-ce pas le bord'de l'immense fente sur laquelle | se sont élevés cette-étonnante quantité de volcans ou de pies ? et ne ne doit-on pas voir: dans ces schistes de. transition et ces grauwakes la roche originaire , qui;a été rompué et: ei de côté, por ja chaîne. centrale des Andes? nr s élève nardénsnt d'un Snisgu composé d’un . qui-contient du minerai de cuivre. C’est une pyrà- mide extrêmement imposante, qui s'élève beaucoup PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 479 au-dessus de Ja région des neiges perpétuelles. Sa cime tronquée doit y faire supposer l'existence d’un grand cratère ; il s'en élève constamment beaucoup de fumée et de vapeurs, etles Indiens pr étendent même en avoir vu sortir des fammes, M. Levasseur le nomme Saca: ma, et dit qu'il.estencore visible à Andamarca, à 46 lieues de distance ( Bulletin de la Société 8 séogrphig, de France, 1828 , février, 84, 2 s 2 Yolcan de rs Bsntr Lat, 180 10°. Ce volcan est formé de deux pis: , qui, s'élèvent sur. la crête de. la Cordillière jusqu'à la région des neiges perpétuelles, Le Chungara est un cône tr onqué avec un cratère, Je Parina- cota ressemble plus à un dôme sans craière. Hs. sont composés de trachyte ou d'andésite.et de masses d'ag- glomérats de.ces roches ( Pentland ,. sur Les volcans de Bolivia , publié par. M. Humboldt dans le journal Her tha , 1899, XL, el surtout Pentland, London £e0- | graphiçal jourual, 4835 5") 4° Yolcan de Chipicana, de 12, 74 pieds de hauteur (Peniland). Un cratères’ouvre du côté de l'est, et à peu de distance se trouve une solfatare d'où s ‘écoule ui ruisseau d’eau acide, La chaîne des volcans n'a pas détruit ou fepoussé toutes les roches qui s ’apposaient. à leur soulèvement. Le plateau est formé de roches très différentes de celles qui composent.les pies des volcans. même, Qu, des Nevados, cimes élancées dans la région des neiges , et qui s 'élèvent ‘en grand nombre. sur là crête dela Cor- dillière. M, Meyen. a .yu, des couches, calcaires, en montant de Tacna vers Tacora, et.sur le haut. du pla- teau. il a obseryé un po: phyres. qui évidemment xépond au porphyre rouge quartzifère , mais qui, ;sur ces hauteurs, -estiellement altéréet blanchi, qu’on le pren- drait pour un,trachyte : les volcans n’en SOnt pas com- posés, La masse est blanche, mais ellecontient beaucoup k de 80 ci DÉid di diné. e Dr date st 24} mr .— de cs * TS PR D / té AA MAR A cu ces DR a 20 and int ac alé SU A Sd 5 cit NE ss CE An e Der er. Mn rom sis me épi. te RU gl * tn Trier he te ss a md 480 PRÉNOMENES VOLCANIQUES. de cristaux de feldspath, peu de mica, et partout des dodécaèdres transparents de quartz. Ce n’est pas une modification de roche accidentelle ; elle paraît, au contraire, former une grande partie de la couche exté- rieure de la chaîne occidentale des Andes dans ces Jatitudes. On la retrouve partout sur les altos de Toledo, entre Puno ou entre le lac de Titicaca et Arequipa, et dans le voisinage de cette dernière ville même. Le grès rouge , si souvent associé à ces porphyres, s ‘observe de suite dès qu’on descend de la plaine vers le lac et près de Pisacoma ; il en forme les bords, en rochers singu- liérs et bizarres. qui ressemblént à des tours ou à des bastions de châteaux gothiques. Un grand mur de dolo- mie dirigé du sud - ouest au nord-est, s'élève au - dessus ,.près de S. Francisco. Le calcaire serait donc vraisemblablement d’une formation plus ancienne que celle qui se montre autour du volcan de Maypo. 3° Volcan Pi iejo. Lat, 16° 55’, entre Tacora et Pisa- coma. Cône qui s'élève de 5 à 4,000 pieds au- -dessus du plateau , et qui s'élève au-dessus de la région des neiges perpétuelles. Il renferme, à sa cime , une im- mense cratère , et des laves avec des ponces ont coulé vers sa base. Elles sont composées d’andésite, c’est- à-dire d’un mélange de cristaux blancs d’albite et de cristaux bien prononcés et luisants d’amphibole et de mica. 1 n’y à donc point de feldspath , | comme dans les porphyres quartzifères. | 6° Volcan d'Omato. Lat. 16° 50’. Non loin du ver- sant tourné vers la mer ( carte de M. Meyen). Il est à 40 lieues de celui d'Arequipa, et en 1667 , il fit une violente éruption (Curzon, Ann. des V. cages: "1844, _ 24, 189). ‘Te Volcan d’Uvinas, ou Uvillas, au Fan d’Apo; à son sommet s'ouvre un grand cratère du côté de l’est. Les montagnes qui entourent son pied sont encore formées PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. 481 de porphyre quartzifère ; et le plateau même est cou- vert de couches de grès rouge (Meyen, Voyag., 1,15). 8° Volcan de Pichu- Pichu: Un peu au sud de celui d’Arequipa ; élevé au-dessus de la mer, se!on M. Pent- land , de 17,555 pieds de Paris. £ 3 % Volcan d’Ærequipa. Étonnante masse qui domine la ville d'Arequipa. Cette ville est élevée de 7,256 pieds __deParis au-dessus de la mer, d’après les observations de MM. Pentland et Rivero (Meyen, 11,5 ). M. Alphonse de Moges , capitaine de vaisseau, rapporte. ( Mnscpt.) qu’un. officier francais fort instruit, M. Dolley à mesuré une base Sur les murs de la ville ; et qu'ayaht - pris les angles d’élévation du volcan aux extrémités de cette base, ilen a déduit sa hauteur , qu’il a trouvée de 10,548 pieds de Paris, au-dessus de la ville , Ce qui ferait 17,804 pieds de Paris (29,673 toises ) au-dessus de la mer. RS EE et Le porphyre quartzifére forme encore la base: de cette montagne, et le grès rouxe lui succède. ‘Mais au”haut du plateau, à l’alto de los Suésos élevé à 12,497 pieds de hauteur , on ne voit que des blocs provenant du volcan et composés ou d’andésite avec amphibole; ou d’obsidienne qui contient également une grande quantité de cristaux d’albite et d’amphibole. M. Meyen s'étant élevé fort haut vers la cime du cône extrèmement escarpé etcouvert de glaces, en a rapporté comme formant ses flancs, une andésite d’un brun rougeâtre, dont les cristaux d’albite sont très petits , inais très décidés ; es cristaux d’amphibolé d’un brun noirâtre sy trouvent avec leur forme parfaite ment conservée. M. Samuel Curzon, Américäin, a réussi à atteindre la cime même le 51 octobre 1811 , et à pu y observer le cratère (Boston Journal ofphilosop. , NOŸ. 1825 , et Malte-Brun, Nous, Annales des Voy., xiv, 289), Des rochers à pie de 390 à 450 pieds de hauteur 51 482 PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES. le bordent du côté de l’ouest, mais ils s’abaissent consi- dérablement. vers le sud, L'étendue de cette ouverture paraissait être del ;800 pieds du sud-est au nord-ouest, et de 800 pieds du sud- ouest au nord-est. Le penchant |: du cône est couvert de pierres- ponces et de morceaux d'obsidienne provenant. des éruptions du cratère. Il paraîl donc _que l'andésite. peut aussi bien que le tra- chyte être tranformée en ces deux substances. Le bolanisle Hancke. était dejà. monté à cette cime en 1796 et y avait. trouvé une croix , élevée en 1784. D’ après Curzon, il aurait soigneusement mesuré la hau- teur de la montagne par des observations angulaires faites près de la ville, etilayait trouvé ainsi la hau- teur de la crête où est plantée la croix, de 5,180 toises où de 49,080 pieds de Paris, au-dessus de la mer; hau- teur trop forte, à. S x à Volcan de Wavwani, p. id. — Gonung Api, p.411. — Sorea, p. 413, Damme, Gonung Api, Pontare, Lombatta, Mangeray , Sandelbos, p. 414. — Gonung Api, Tomboro, p. 415. — Lom- bock, Kara Asam,p. 416. -— Volcans de Java, p. id. — Cracatoa, p. 428. — Gunong Dempo , Gunong Api de Pen- kalan Jambi, Berapi , p. 430. — Gunong Allas, Barren Island, p. 431. IV. CHAINE Des 1LEs Morvcques rt Des Pnicippines ge ou Me Volcans de Machian , Motir , Tidore, T'ernate » Pe 432. — Volcan de Tolo, Kemas, p. 433. — Siao , Aboe > Sanguil, p. 434. — Fuego , Mayon, p. 435. — Volcans de la presqu'ile des Ca- marines, p. 436. —Ambil, Taal, 437. —Aringuay, Camiguin, Babujan , p. 438. LE CHAINE Du JAPON ET DES ILES Kurizes . . Tanega Sima, Valcanus, p. éd. — Aso, Unsen, Pe 440. —Firando, Faisisio. Fusi, p. 44r.— Alamo, p.442. — Pic Tilesius, Kosi- ma, volcan de l'ile Matsmai, volcan de Chacodade, p. 443.-—Vol. can d’Iturup, Tschirpoi, p. 444. — PicPeyrouse, Uschischir, Matua , Raschkoke, Ikarma » Onekotan , Paramusir ,? Alait; p. 445. VE. CHane pes voLcaws pu KAmTrSGmaTka à - . 446! Opalinskaja Sopka, p. id. — Hodutka Sopka , Assatschinskaja Sopka ; Pic Poworotnoï, Wiliutschinskaja Sopka, Awatsoha So- pka, p. 447 — Koratskaja Sopka , 449. —_— Schupanowskaja Sopka, Kronotzkaja Sopka, Tolbatschinskaja Sopkas Klutschew, p. 450, — Schewélutsch, p. 453. : D LT 4 | 4 | DR D DR et DEC ee Lg 324 TABLE Page MIE. Goane nés ÎLES AREUTIENNES |. us en Loyer: 485 Semi Soposchna, Goreloi, Tanaga , Kanaga , Amuchta, Umnack, p. 456. — Pic Makuschkin, Akutan , Agaïedan , p. 459. — Alaska, p. 460. — Mont S. Elias, Cerro de Buen Tiempo, Mont Edgecumbe , p. 461. VIII. CHAINE pes 12E8 MARIANNES . . . OR | IX. Cane ou Cm ; je lee met Ces RE Volcans de S. Clemente, Mediélana, Minchimadava, Quechueabi , Ganegue, Osorno, Ranco, Chignal, Villarica, Votuco, Chinale, Callaqui, Antoio, p. 465. — Chillan, p. 468. — Peteroa, p. 469. —Rancagua,Maypo, p. 470. —Volcan de S. Yago, p. 473. Volcans d’Aconcagua, de Ligua, Choapa , Limari, Coquimbo , pe 474. | X. Craie pxs Vorcans ne Boris . . «+ . + . 477 Alacama, p. id. —Gualatieri, p. 476. — Chungara, Chipicana , p. 479. — Viejo , Omato, Uvinas ; p. 480. — Pichu-Pichu , Arequipa , p. 481. — Charcani, p. 482. XI. Cave Des Vorcaxs DE Quiro Sangay , p. 485. — Tunguragua , Carguairazo , p. 486. — Coto- paxi,p. 487. — Sinchulagu , Guachamayo, Antisana, Pi- chincha , Imbaburu, Chiles, Cumbal, p. 488. — Azufral, Pasto, p. 489. — Sotara , Puracé, Tolima, p. 490. —- Rio Fragua, p: 491. XII, CHaine pes Vozcans Des ANTILLES . . . . , . {92 Granada, Saint-.Vincent,p. 496. —- Sainte-Lucie, la Martinique, p. 497. — La Dominique , la Guadeloupe , p. 498. — Mont- serrat , Nevis, Saint-Christophe , p. 499. — Saïnt-Eustache , p. 5oo. XIII. Caine DE GUATIMALA, à Barua, Cartago, Vilia Vieja, Votos, Zapanzas, p. 502.==Seropelas, Tenorio, p. 503. — Mirabales , Papagayo, Ometep,fp. 504. — Bomhacho , Masaya, p, 505. — Leon Mamotombo, p. 506. — Telica, Viejo, Cosiguina, p. 507. — Guanacaure, Bosotlan, S. Vincente, p. 509. — S. Salvador, Isalco , Pacaya , 9. 5re. ET piano drag D ae Mb np rm D pe DES MATIÈRES. 525 Pages — Volcans de Guatimala , p. 5tr. — Atitlan, Tajamulco, p. 513. — Sapotitlan , Amilpas , Soconusco , p. 514. XIV. CHaine DEs VoLCANs DU MEXIQUE 4 . 4 , . . 5ré Tuxila, Orizaba , p. 515, — Popocatepetl, Iztaccihuatl , Jorullo, p. 516. Colima, p. 519. CHAINE DE L'ARABIE , $ . 518 ’ FIN DE LA TABLE, ! Carb: [e) idge University Library, * permanent deposit from ths Eotany. Schoof ERRATA. Pages, Lignes, , 5 2 21, au lieu de Realajo, lisez Realejo. 8 4 en remontant, au lieu de : gazelles. Ces , lisez : gazelles. Ses. 14 27, au lieu de : vue des toits , lisez : vu des toits, 20 14, au lieu de : or en voi pas, lisez : on n’en voit pas, 21 7, au lieu de : nees, lisez : JVees. 25 25, au lieu de : le Canada, lisez : et le Canada. F 29 15, au lieu de : Pleris, lisez: Ptéris. 8, au lieu de: T'erro, lisez : Fierro. au lieu de : albreu, lisez + abreu. au lieu de : naturelles de l’fle : dont les, lisez : naturelles de lle, dont les. au lieu de : o{lmans, lisez : oltmans. au lieu de : La comrée Santa Crux, lisez : la contrée de Santa Crux. | au lieu de : Le vent, lisez : ce vent. 11, au lieu de : W'alhenberg, lisez : W'ahlenberg. 2 en remontant, au lieu de : Realaxa, lisez : Realero. 21, au lieu de : La empérature, lisez : la température. ER eme 19, äu lieu de : à 200 pieds, lisez: à 1,200 pieds. 1 en remontant, au lieu de : buisson, lisez : festons. 7, au lieu de : baracos, lisez : barancos. 11, au lieu de : de la chaux carbonatée perlee, lisez : des concrétions siliceuses. 27, au lieu de : Grandilla , lisez : Granadilla. 20, au lieu de : tuf pouceux, lisez : pierres-ponces. 23, au liéu de : ces tufs, lisez : pierres-ponces. au lieu de : tercio di millia, George Glas, lisez :ter- cio di millia, George. au lieu de : d'éruption de volcans isolés , lisez : d’érup- tion , de volcans isolés, au lieu de : salbande, lisez : sallebande. au lieu de : couleur noir, lisez : couleur noire. au lieu de : 300 pieds, lisez : 3,000 pieds. an lieu de : et de ses orifices, lisez : et de ces orifices. au lieu de : qu’elle a ravagé, lisez : qu'elle à ravagée. au lieu de : p. 302. Ferrara Campé flegrei della Sicilia, Mess, 1810, p. 249) ; et d'après lui, lisez : p, 302). Ferrara (Campi flegrei della Sicita, Mess. 1810 PF. 249) et d'après lui, au lieu de : de l'atmosphère, lisez : et l'atmosphère, au lieu de : skialdbroid , lisez : skialdbreid. au lieu de oefiard, lisez : oeford. au lieu de : sources audules , lisez aa lieu de : Bene, lisez : Beru. au lieu de : Bene, lisez : Beru, au lieu de : et il donna, lisez : et il dit que cette fle était entièrement couverte de volcans c'est-à-dire de cônes d'éruptions volcaniques. {Shilliber. The PBritons voyagen). eee rise L'HÉeNnSS : sources acidules, au lieu de : the PBrston's voyages , | voyage. | au lieu de : Krusensterns , Beis Reise, ï isez : the Briton's e, lisez :. Krusensterns au lieu de : s’entr’ouvrent, lisez : s'enlrouvrent, au lieu de : ces fes ont été confondues... ressemblent aux fles Harg: celles-ci... au lieu de : dErivan, lisez : d'Erivan. au lieu de : da n, lisez : dans. j au lieu de : Nouvelle Shelland, lisez : Nouvelle Shetland. au lieu de: Sir Francis Darwin Thoms., , lisez : ces fles ‘ises et sont décrites comme Annales. Üisez : Sir Francis Darwin, Thoms* Annales. * au lieu de : Chacodade in Golownius > lisez : Chaco- cade ir Golownins. Dans une lettre à M. Arago (cumpte-rendu ne 19. 1836.470.), M. Erman a un pea modifié la déter- mination du volcan de Æliulschew, I1 les croit ainsi : Long. Orient. de Paris: 580 10° 58°: Lar. 36° 4°28”. Hauteur: 14,590 pieds. 2,465 toises. 6, en remontant, au lieu de : Grauwakes, lisez : Grau- wackes. 17, au lieu de : celle qui se montre, lisez : celui qui se mon- tre. OUVRAGES: be Géologie Minéralogie{etc., etc. 13, Qui se trouvent chez le méme libraire. ARRETE = Li Agicm (IL) Vurs illustratives de quelques phénomènes géologique prises sur le Vésuve et lEiria en 1833 et r834. AUas de ro pl. in-folio, avec explication. GES mn BeaumonT.(l. Elie de), Exrrair d'une série de recherches sur quel ques-unes des révolutions de la surface du plobe , in-$, ‘3f, 5oc. BEAUMONT (L. Elie de). Cour n’oeir suk LES MINES ; 1 vol. in-8, avée planches. EE | 8-fr, 50€. BouÉ (A.) Guine du géologue:voyageur , 2 vol. in-12. … 12 fe BrARD (C. P.), ÉLÉMENS PRATIQUES D'EXPLOYTATION DES MINES, cOf=. .… tenant tout ce qui est relatif à l’art d’explorer la surface des terrains, d'y faire des travaux de recherche , et d’y établir des exploitations ré- glées; la description des moyens employés pour l'extraction et le trans- _ port souterrain des minerais et des comibustibles; les divérses methodes de boïser, murailler , aëérer et assécher les mines ; les secours à donner aux moyés, asphyxiés et brülés; des notions sur l'administration, 1 comptabilité ,ete,; 1 vol.in-8 , avec 3a planches. Fes 12 fr BRARD ( C. Ps). MINÉRALOGIE APPLIQUÉE AUX ARTS, où Histoire des mi- néraux qui sont employés dans l'agriculture , l'économie domestiqu médecine , la fabrication dés sels , des combustibles et des métaux, l’ar . chitecture et la décoration; la peinture ete dessin, les artsmécaniques, Ja-bijouterie et la joaillerie ; ouvrage destiné aux artistes, fabricants et entrepreneurs ; 3 forts vol. in-8, avec 15 planches. ‘ Li : BRONGNIART (Alex.). TABLEAU Des rErRAINS qui composent l'écorce du. globe ; on Essai sur la structure de la partie connue de la terre, 1n-8,. contenant un grand nombre de tableaux. ; RTE RE BRONGNIART (Alex.). Taszeau théorique de la succession et dela dis: position la plus générale en Europe des terrains et roches quicomposent l'écorce de la terre. En noir: Re ; 3 fe * En couleur. NOT JS 5 fr BYLANDT PALSTERCAMP {Comic À. de). TéomenEs vo.chns; 3 vol | te SR DESKHAYES de Paris traduction française, rey X T DE Vittiers. membre de l’acadé inspecteur-général des mines, etc. ; à Vol, in ee | PRE à NECRER. (L. A.) LE règne minéral ramené anx méthodes de l naturelle, à vol. in:S. Us NE. € Imprimerie d'HIPPOLYTE TILLTARD | roc Saidt-Tyadinthe Saint-Michel , N° 50. ra Le ie Î LS . À Be Lu MDP PRRNIES PARIS MMS PÉTER DES SLT TMS rangé tait af der Tr ï we R 4 4