Historié, archivée! document Do not assume content reflects current scientific knowledge, policies, or practices. ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ÉÉ ( à 1 JOURNAL DE LA BELGIQUE DE L’HORTICULTURE BELGE ET ÉTRANGÈRE, publié avec le concours OfcS AMAIEl'RS, BES HÜRTICILTEI RS KT BES ERÉSIBEIV IS BB SOCIÉTÉS B BORTICTllTRE lES PLUS CONfitlS EN BELGIQUE ET A L ÉTRANGER: SOUS U DIRFXTIOS ht 11 . Directeur du Jardin Eoyal de Zoologie et d’Horticulture de Bruxelles ancien professeur de botanique et de zoologie à l’Athénée Royal de Luxembourg ex— voyageur naturaliste du gouvernement belge, membre de plusieurs sociétés savantes et secrétaire-adjoiDt de la Société Royale de Flore de EruxeUes. Cinquième année Juillet PARIS. CHLZ A. GOIN, ÉDITEUR ‘i T, quai des Or. AugiisliU', BRUXELLES. PARENT & FILS, ÉDITEURS , ^ '7, iiionlape de Siou. TRAVAUX DU MOIS. Jardfn fruitier. — On commencera à écussonner k œil poussant les arbres qui restent en sève jusqu’aux gelées, et à œil dormant ceux dont la végétation se termine plus tôt ; il est toutefois préférable d’attendre le mois d’août pour ces derniers. Les travaux de la pépinière consisteront en ébourgeonnements pour former des quenouilles; les binages et les sarclages ne seront pas épargnés. Les pêchers réclament toujours une surveillance active si on veut les conserver en bon état; on palissera les branches qui s’emportent et on avancera celles qui sont trop faibles ou qui ne poussent pas avec assez de vigueur. Par des temps secs et chauds on fera bien d’arroser non-seulement les racines de ces arbres, mais encore le feuillage et les fruits. C'esI habituellement vers cette époque que se déclare la maladie de la vigne ; on devra, pour l’éviter, soufrer la plante sur toute sa surface. Jardin d’agrément. — Les principaux travaux de ce mois consistent dans la tonte des haies et des arbustes, des arrosements, des binages et des sarclages. On continuera la fauchaison des pelouses et on les roulera fréquemment afin d’ob- tenir du gazon court et serré. Vers la fin du mois on commencera le marcottage des œillets et on récoltera les graines de plantes annuelles d’une maturité pré- coce . On donnera de bons tuteurs aux plantes vivaces ainsi qu’aux Dahlia et aux jeunes arbustes afin que les bourrasques ne les brisent pas. Couches. — On donnera beaucoup d’ombre, d’air et d’humidité aux plantes que l’on conserve encore en couches. Les Ananas qui ont donné fruit seront replantés sur de nouvelles couches. On surveillera les boutures faites sur couches et on les mettra en pots lors- qu’elles seront bien reprises. Serres chaudes. — On continuera à entretenir la végétation des plantes de serres chaudes par des arrosements fréquents et des seringuages abondants; les sentiers seront remplis d’eau plusieurs fois par jour; enfin on donnera de l’air et on ombrera soigneusement Les Gloxinia, Gesneria, Tydea, Achimenes, sont actuellement en pleine florai- son ; on s’attachera à favoriser et à prolonger cette floraison le plus longtemps possible en diminuant la chaleur. On continuera la multiplication de beaucoup d’espèces de serre chaude, particu- lièrement de celles qui réclament beaucoup de chaleur pour former des racines. Serres froides et orangeries. — On soignera la floraison des collections de Fuchsia et de Pélargonium , et on leur donnera de temps à autre un peu d’en- grais liquide. On rempotera au fur et à mesure de leurs besoins les plantes de serre froide d’une croissance vigoureuse en ayant soin de les garantir du soleil pendant les premiers jours. Les arrosements se donneront le matin de bonne heure ou le soir après le coucher du soleil. Si les pucerons se montraient on ferait bien de seringuer les plantes qui en sont infectées avec une décoction de tabac. — 145 — PLANTES FIGURÉES. BEGONIA IMPERIALIS, Ch. Lbm., llliist. hort., VIII, v. 2, liv. pl. 274. — Famille des Begoniacées, Monœcie Polyandrie. Planche XII. Ce que nous avons dit, dans la précédente livraison, du Bégonia dœdalea, nous pourrions le répéter pour l’espèce en question que, d’après notre promesse, nous présentons aujourd’hui à l’appréciation des connaisseurs. — Ces deux plantes portent un cachet de distinction si rare qu’il nous serait difficile de dire à laquelle nous décernerions la palme. L’opinion publique en décidera; mais toujours est-il que si les avis sont partagés sur leur mérite respectif, l’on ne pourra se décider à cultiver l’une à l’exclusion de l’aulre. Ce sont de ces sortes de plantes qui demandent à ne pas être séparées. Voici ce que dit M. Ch. Lemaire à propos de l’espèce figurée ci- contre ainsi que d’un autre Bégonia dont nous avons déjà parlé anté- rieurement, c’est-à-dire de celui qu’il intitule B, imperialisy var. sma- ragdina : « Que la première soit l’espèce type ou vice-versa, c’est ce qu’il nous est impossible de décider. Elles sont rampantes, entièrement hérissées de poils courts, à feuilles ovées-arrondies, inégalement cordiforrnes à la base et brièvement acuminées au sommet; la face supérieure, héris- sée ou criblée plutôt de petites gibbosités coniques très-rapprochées, fait absolument l’effet de cette sorte de velours qu’on appelle épinglé; elle est d’un vert pomme ou d’un vert émeraude uniforme chez l’une tandis que chez l’autre (celle ici figurée), la plus grande partie de la feuille est occupée par une teinte d’un riche brun rougeâtre. » Nous ajouterons à cette description^ que nous nous sommes permis d’abréger tant soit peu, que la teinte verte qui en occupe encore le centre, et qui se ramifie élégamment le long des nervures secondaires et tertiaires, est non-seulement d’un effet des plus attrayants, mais que de prime abord elle semble plutôt constituer la macule que la teinte fondamentale. .Juillet i8(H. 15 146 — Tout en appréciant le mérite hors ligne de ce nouveau Bégonia, nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer que, la nature procédant toujours par les formes les plus simples, nous eussions choisi d’emblée la variété à teinte uniforme comme type de l’espèce et nous eussions fait de celle-ci une simple variété. En effet, le B. impe- 7'ialis , var. smaragdina, de M. Lemaire, nous paraît être la plus simple expression de ce Bégonia , et doit naturellement avoir le pas , comme type spécifique, sur Findividu ici présent. Pour rester fidèle à cette manière de voir, nous dirons aussi que le Bégonia Rex lui-même nous semble encore n’être qu’une variété d’une espèce dont le type nous est encore inconnu. Il est positif qu’il est très-voisin du type xanthina auquel sir W. Hooker a rapporté, avec raison, les B. La- zuli , Victoria, argentea et pictifolia, 11 n’en diffère réellement que par ses fleurs plus grandes, blanches et roses, au lieu d’être jaunes, et par la texture plus solide de ses feuilles. M. Lemaire nous annonce encore une autre variété de l’espèce impe- rialis dans laquelle le brun rouge foncé, à peine interrompu sur la face supérieure de celle-ci par une bordure ondulée vert foncé qui accompagne les nervures de dessus, se mêle à peu près également au vert d’émeraude et en offre ainsi le double aurait réuni. Nous avons déjà dit ailleurs que ces Bégonia nouveaux sont dus aux recherches de M. Ghiesbreght. CRÊTE DE COQ ÉCARLATE; ÏL. MAG. , «0 XIII. CELOSIA CRISTATA COCCINEA. Planche XIII. Cette variété n’est sûrement pas d’une grande importance horticole, mais la vivacité de ses couleurs, son port plus élégant et plus dégagé que celui des espèces que nous cullivons depuis longtemps dans nos jardins et l’effet qu’elle produit plantée en pois, en massifs ou en plates- bandes , nous ont engagé à la faire connaîire aux amaleurs de plantes de pleine terre, tout en leur en recommandant la culture. Elle a été trouvée en Chine par M. Veitch fils, de Londres, pendant son court séjour à Sanghai , et importée de graines dans l’établisse- — 147 — ment de son père, à Chelsea où elle est traitée et recommandée comme une espèce de mérite. C’est une plante annuelle qui diffère sensiblement des variétés de Celosia, que nous aimons à voir figurer dans nos jardins, à cause de l’effet qu’elles produisent par leurs cmieuses fasciations colorées. Son port est grêle, gracieux; ses nombreuses fleurs écarlates, disposées en forme de panache et librement développées, sa taille peu élevée, son habitus délié, à nombreuses ramifications, en font une plante qui sera recherchée. Le type de l’espèce, le Celosia cristata, est très-commun dans les Indes Orientales où on le rencontre sous les formes les plus variées et il est fort probable, dit M. Moore, que notre Crête de Coq, avec sa tige simple et raccourcie et son inflorescence exagérée, est un produit mixte de ces variétés et de celle ici figurée. Toujours est-il que celle-ci l’emporte en élégance sur cet autre mon- strueux produit, tombé aujourd’hui dans les vulgarités les plus ordi- naires. La culture des Celosia est en général, la même pour toutes. Elles croissent indistinctement partout. REVUE DES PLANTES NOUVELLES ET RARES. BOTA.NIGAL MAGAZINE. i>arftium ciatnni, DoN, Gard. Dict., V. I, p. 485; Rich., fl. de Cuba, V. I, p. 146. — Hibiscus elatus, Sw. fl. des Ind. occid., p. 1218. — Bot. Mag., t. 5245. — Fam. des Malvacées. — Monadelphie Po- lyandrie. — Serre chaude. Noble plante arborescente à grandes feuilles cordées-arrondies et à larges fleurs d’un rouge de feu très-brillant dont aucune figure n’avait encore été donnée, sauf celle fort incomplète de Sloane (l. c.), ne re- présentant qu’une fleur et une feuille et que Swarlz supposait être le P. tiliaceiim. Cette dernière espèce est toutefois très-différente de l’autre et fournit une qualité de fibre textile d’une meilleure qualité. Le D** Fadyen, qui s’est beaucoup occupé de l’utilité des plantes, nous apprend que le P. elatiim fournit un beau bois d’ébenisterie qui, lors- — 148 qu’il est poli, ne diffère du bois d’ébène que par ses teintes variées de vert sombre. Nous considérons cette espèce comme éminemment ornementale à cause de son beau et ample feuillage et de ses grandes fleurs dont la teinte, d’un rouge brillant, est encore rehaussée par des reflets oranges. Malortiea simplex, HeRM. WeNDLAND, Bot, Zeit., n<^ 1, 1859. — - Bot. Mag.y t. 5247. — Fam. des Palmiers. — Monœcie Hex-Dodécan- drie. — Serre tempérée. Très-gracieux palmier nain, originaire de Costa Rica, et sur lequel sir W. Hooker hésite à formuler une opinion définitive en présence de la diagnose peu étendue donnée par M. Wendland, et qu’il semble con- fondre avec le M. gracilis^ c’est-à-dire avec son synonyme connu dans le commerce sous le nom de Chamœdorea fenestrata, Chamœrops fenestrata ou Geonoma fenestra, (Hort. Mackoy.) Nous nous permettrons de faire remarquer que ces deux espèces, le M, simplex et le M, fenestrata (probablement le M, gracilis), sont des espèces bien dislincles quoique d’un habitus identique. Le premier a les feuilles bifides au sommet seulement, les bords profondément den- lelés ou incisés et à limbe intègre inlérieurement, tandis que le second, nommé Geonoma ou Chamœdorea fenestrata, par M. J- Linden et non par M. Jacob Makoy, a les feuilles profondément bifides et se caractérise surtout par deux rangées de solution de continuité dans la partie infé- rieure du limbe, simulant de petites ouvertures symétriquement placées les unes au dessus des autres. Ces deux palmiers ne dépassent pas un mètre de hauleur totale et donnent de nombreux jeunes du pied. Leur tige est Irès-mince, recouverle dans leur jeunesse de bractées engai- nantes d’un brun jaunâtre. Le Malor tiea fenestrata a été introduit par nous, en 1840, du Mexique, où il croît dans les forêts de la province de Chia})as, à environ 2-5000 pieds d’altitude supra marine. oracæna bicoior, W. HooK, Bot. Mag., t. 5248. — Fam. des Aspa- raginées. — Hexandrie Monogynie. — Serre chaude. Cette plante est une des nouvelles introductions de M. G. Man, le nou- veau voyageur de la Société d’horticulture de Londres, et un produit de l’île de Fernando Pô, récemment explorée par ce naturaliste voyageur. Elle se rapproche le plus du D, ovata, de Gawler {Bot. Mag., 1 . 1179), mais elle en diffère parles nervures parallèlesdes feuilles plus fortement — 149 — marquées et son épi floral plus couri, à fleurs d’un rose pâle. Sa tige, de la grosseur d’un doigt, est garnie, vers le sommet, de feuilles de 6 pouces de longueur, engainantes, à peine pétiolées, largement ovales, entières, un peu ondulées sur les bords et légèrement acuminées et mucronées. Les fleurs, entourées de bractées pourpres, sont blanches, à peine teintées de rose au sommet des pétales. Dendrobium ling^uæforme, LiNDL., Gen. etSp,y Orch., p. 85. — Bot. Mag.y t. 5249. — Fam. des Orchidées. — Gynandrie monogynie. — Serre chaude. Orchidée très-rare et très-curieuse, découverte en premier lieu par sir J. Banks, pendant le voyage du capitaine Cook, dans les îles du Paciflque, retrouvée plus tard, aux environs du Port Jackson, à la Nou- velle-Hollande, par M. Brown, et enfin introduite vivante, il y a peu de temps, de Moreton-Bay, par M. Hill. Cette plante n’est ni brillante ni même belle et ne sera guère re- cherchée par les amateurs qui tiennent à ces deux qualités, mais d’un autre côté, elle nous paraît d’autant plus curieuse que par son port et ses fleurs, elle semble de prime abord n’avoir rien de commun avec le genre Dendrobiim. D'une cylindrique, rampante, noueuse, naissent des feuilles courtes, très-épaisses, elliptiques, semis-appliquées, à peu près comme celles du Sophronitis grandiflora; les hampes, de 5-6 pouces de longueur, sont couvertes de nombreuses fleurs blanches à pétales et sépales lancéolés-linéaires , à éperon jaunâtre. — 150 — REVUE DE L HORTICULTURE FRANÇAISE. Sommaire. — Progrès de rarboricuKure. — Projet de créalion d’une Société cen- trale d’arboriculture et de pomologie. — Rapports de MM. Mulot et Collu sur le pincement. — Procédés opératoires de MM. Grin, Gougis, Picot-Amelle. — Bourgeons anticipés. — Moyen de les rendre très-productifs. — Maladie des poiriers. — Influence attribuée à la sabine. — Maladie des pommes de terre.— Essais de régénération de ce tubercule. — Pommes de terre de Sainte-Marthe et d’Australie. — Nouveau mode de plantation des bâtâtes. — Greffe des grands arbres forestiers et d’avenue. Ainsi que nous le disions dans notre dernière revue, un grand mouvement s’est opéré dans l’arboriculture. Les cours publics de MM. Du Breuil et Hardy, la publication des ouvrages pomologiques de MM. Decaisne et Liron d’Airoles, les travaux du congrès pomologique de Lyon, (elles sont, sinon les seules, du moins les principales causes de ce mouvement, qui ne paraît pas devoir s’arrêter là. M. Charles Ballet propose aujourd’hui de créer à Paris une société centrale d’ar- boriculture et de pomologie, dont les principaux travaux seraient : une publication illustrée, un jardin d’essai, des leçons théoriques et pratiques, le partage entre les sociétaires des greffes et des boutures, des conférences, des congrès, la mise au concours de questions utiles, l’encouragement des travailleurs, écrivains et producteurs. Ce cadre est vaste, comme on voit, et peut-être son étendue serait- elle un obstacle à la réalisation de ce plan. Pour atteindre ce but, la société aurait, d’après M. Ballet, un nombre restreint de membres ré- sidents, un nombre illimité de membres associés et correspondants, le droit de contrôle sur la mise en vente et la dénomination des nou- veaux gains. Cet ensemble de mesures serait complété par la formation d’un comité correspondant dans toutes les sociétés horticoles des dé- partements. Sauf l’épigramme, à l’adresse de la Société d’acclimatation, qui n’est pour rien dans cette affaire, la lettre de M. Ballet, à la Revue horticole, nous paraît mériter d’être prise en sérieuse considération. Dans les sciences comme dans l’industrie, la division du travail est la condition indispensable du progrès. Les sciences prennent peu à peu un tel dé- veloppement qu’il devient de plus en plus difficile d’en embrasser l’ensemble. L’horticulture a longtemps été confondue avec l’agricul- — IM tare, et c’est à une époque relaûvement assez récenle qu’elle s’en est détachée pour vivre de sa vie propre, et alors elle a pris à son tour un grand accroissement. Le moment est-il venu où l’arboriculture est aussi assez développée pour recevoir une existence individuelle? Nous ne sommes pas éloigné de le croire, et nous ne pourrions qu’applaudir, pour notre part, à la formation de la noiivelie société. La Société centrale d’horticulture elle-même n’y perdrait pas autant qu’on pourrait le croire de prime abord. L’horticulture toute entière serait toujours son domaine. La floriculture et la culture maraîchère lui offriraient des éléments suffisants de vie et de travail. Il n’est nulle- ment question d’ailleurs d’enlever les arbres fruitiers du cercle de ses attributions, mais bien (qu’on nous passe cette comparaison, nullement déplacée dans ce sujet), de traiter une branche qui pourrait se déve- lopper au détriment des autres, d’empêcher qu’elle n’absorbe à elle seule toute la sève de l’arbre. A Dieu ne plaise qu’on nous attribue l’intention de blâmer ce qui se fait en arboriculture à la Société centrale. Dans l’état actuel des choses, elle est toujours le premier corps spécial auquel revient de droit l’exa- men de toutes ces questions. Ainsi on a, dans ces derniers temps, beaucoup parlé, beaucoup écrit, pour ou contre le pincement, que l’on propose de substituer à l’ancien mode de taille des arbres fruitiers. La Société centrale ne pouvait rester étrangère à cette discussion ; aussi a-t-elle nommé une commission, composée de ses arboriculteurs les plus distingués. Un premier rapport a été présenté par M. Malot, en 1857; il est d’une date déjà trop ancienne pour que nous ayons à nous en occuper. Un second rapport, dont les éléments avaient été pré- parés par cet habile arboriculteur, a été terminé par M. Cottu et soumis à l’appréciation de la Société, qui en a ratifié les conclusions. Il est bien reconnu aujourd’hui que le pincement n’est pas chose nouvelle. Toutefois, on ne saurait refuser à M. Grin, de Chartres, le mérite d’avoir remis en vigueur une pratique à peu près complètement oubliée, et de l’avoir fait dans le but très-louable de simplifier la cul- ture, jusqu’alors très-compliquée, du pêcher et de la mettre à la portée de tous. M. Du Breuil, dont le nom fait justement autorité en arbori- culture, a hautement proclamé les avantages de la nouvelle méthode, combinée avec celle des plantations en cordons obliques rapprochés. L’ancienne école, à qui les palmettes palissées de Montreuil ont fait une si grande célébrité, s’est montrée beaucoup moins empressée, et a ern (ievoir signaler dniîs le mode du [dncemenl des inconvénienls graves et nombreux. On a reproché surtout au système de M. Grin de refouler violem- ment la sève, au point de faire sortir en bourgeons anticipés tous les yeux de la base. M. Grin répond victorieusement à cette objection, en indiquant le moyen de rendre le bourgeon anticipé aussi productif que la meilleure branche coursonne. Pour cela, dès que ce bourgeon a atteint la longueur de 0™,02, à 0“,05, il pratique à la base une incision assez profonde pour trancher les faisceaux fibreux qui le tiennent atta- ché au rameau. Au bout de quelques jours, la plaie se cicalrice; le bourgeon, un moment arrêté dans sa végétation, se développe de nou- veau; alors il est pincé au-dessus de la deuxième feuille. Les deux yeux slipulaires repoussent à leur tour; mais ils sont aussi pinces à la même hauteur. Il se forme ainsi un gros bourrelet qui se couvre de feuilles et de fleurs au printemps suivant. Depuis quatre ans, les mêmes bourgeons ainsi traités par M. Grin, ont donné des fruits sans se pro- longer d’un centimètre. Le procédé deM. Paul Gougis, auquel la Commission donne le nom de pincement mixte, diffère de celui de M. Grin, en ce que le pincement se fait plus tard , à une plus grande longueur, et qu’il est moins fré- quemment répété. Tout en nous associant aux éloges donnés à l’habile jardinier, nous pensons que la Commission s’est montrée trop sévère pour M. Grin, en proscrivant son procédé d’une manière absolue. Il est encore un nom que nous avons regretté de ne pas trouver dans le rapport ; c’est celui de M. Picot-Amelte, dont le mode opératoire diffère peu de celui de M. Gougis, auquel il est d’ailleurs antérieur. Nous reconnaissons hautement fout le mérite du rapport fait à la Société centrale, le soin et la conscience qui ont présidé à sa rédaction. Nous ne croyons pas toutefois que ce soit le dernier mot sur une ques- tion qui demande à êire encore étudiée. Mais les limites de cette Revue ne nous permettent pas de nous y arrêter plus longtemps pour le moment. Un autre sujet est venu occuper les arboriculteurs. Dans plusieurs localités, notamment en Normandie, les poiriers ont été atteints d’une affection déjà ancienne, mais qui, depuis deux ou trois ans, s’est mon- trée avec une intensité alarmante. Les feuilles, criblées de nombreux individus d’un champignon microscopique [Æcidium cancellatum) se dessèchent; par suite la récolte des fruits est perdue, et l’arbre lui- 1S5 - même finit par snccomber. MM. Blais et Massé regardent ce cryptogame comme provenant de la transformation d’une autre urédinée, apparte- nant à un genre différent {Gymnosporangium fiiscum), qui se déve- loppe sur la Sabine. Celle opinion, qui se base sur une transmutation d’espèces, a rencontré d’abord beaucoup d’incrédules. Néanmoins MM. Blais et Massé ont réussi è faire partager la conviction profonde dont ils étaient pénétrés, surtout lorsque deux savants botanistes, MM. Clos et Lecoq, ont fait remarquer que cette opinion ne devait pas être repoussée systématiquement, mais qu’elle méritait un examen sé- rieux. S’il était bien démontré que la maladie des poiriers est causée par le voisinage de la sabine, le remède serait bien facile à trouver; et plût au ciel que l’on pût guéi*ir d’une manière aussi simple les autres épidémies végétales. La pomme de terre, par exemple, est toujours en proie aux atteintes d’une maladie qui a déjoué jusqu’à ce jour tous les efforts de la science et de la pratique. Parmi les nombreux remèdes essayés, il en est un qui paraît, jusqu’à ce jour, avoir seul donné des résultats satisfaisants. La société d’acclimatation a fait venir d’Amérique des tubercules à peu près sauvages, vierges de toute culture, venus naturellement et n'ayant pas été soumis par conséquent aux causes de dégénérescence qui attei- gnent nos variétés cultivées. Ces pommes de terre, dites de Sainte- Marthe^ plantées au milieu d’autres sur lesquelles sévissait la maladie, n’en ont présenté que des traces insignifiantes. Le rendement a été assez considérable, et la qualité excellente ; toutefois la pomme de terre de Sainte-Marthe présente une particularitéqui la fera difficilement ac- cepter des consommateurs; ce sont les marbrures violettes dont sa chair est parsemée, et qui nuisent à son aspect, sans diminuer en rien son mérite intrinsèque. Cette variété a des tubercules qui naissent à fieur de terre et sont par conséquent d’un arrachage facile; mais par contre, elle devra être fortement buttée. La peau, qui était rugueuse dans les premiers temps, devient de plus en plus fine, indice certain d’amélioration. La pomme de terre d’Australie mérite aussi d’être recommandée. Elle produit en abondance de beaux et bons tubercules qui ont, jusqu’à ce jour échappé aux atteintes de la maladie, malgré le voisinage d’autres variétés complètement infestées. Elle a aussi l’avantage de se conserver jusqu’à une époque plus avancée que la plupart des autres pommes de terre. 154 — Les essais (enfés pour régénérer la précieuse solanée ne font pas négliger ceux qu’on a entrepris depuis quelque temps, dans le but de lui trouver des succédanées. La culture de l’Igname et de la Balaie gagne (ous les jours du terrain. Un habile et modeste jardinier d’Ar- genteuil, M. A. Robichon, a donné ses soins à celle dernière plante. Il a fait connaître tout récemment à la Société centrale d’horticulture un mode de plantation qu’il a employé cette année pour la première fois.. Les bâtâtes ont été plantées, pendant la première quinzaine de juin, sous les châssis qui abritaient ses melons les plus hâtifs; chaque châssis en a reçu trois pieds. Or, les melons n’ont été nullement gênés par ce voisinage, puisqu’ils étaient, la plupart du moins, parvenus à maturité, lorsque les Balaies ont commencé à prendre un accroisse- ment notable. Celles-ci, de leur côté, sont très-bien venues, puisque six châssis, garnis comme il vient d’étre dit, ont donné un produit su- périeur d’un tiers à celui qu’on a obtenu de trente pieds mis sous cloche, suivant la méthode ordinaire. La plupart des grands arbres forestiers servent aussi à la décoration des parcs et des jardins, et surtout à la formation des avenues. On s’attache particulièrement à certaines variétés panachées ou autres, qui ne peuvent guère se propager que par la greffe. Mais plusieurs genres, tels que les Bouleaux, les Érables et les Tilleuls, se montrent souvent rebelles à cette opération. M. Desportes explique cette anomalie par la puissante végétation et l’abondance de la sève chez ces arbres, qui font que l’écusson, placé entre l’écorce et le bois, se trouve noyé dans un fluide surabondant. Pour remédier à cet inconvénient, le meilleur moyen est d’écussonner les arbres au moment où la sève, cessant d’étre en pleine activité, on ne peut plus soulever l’écorce sans la déchirer un peu. La greffe posée à cette époque réussit presque toujours à coup sûr, et l’opération ne présente plus d’ailleurs la moindre difficulté. II y a là le germe d’une application importante pour la propagation de va- riétés rares ou précieuses. A. Delort. MISCELLANÉES. FRAISE MARGUERITE (Lebreton). Fruit très-gros du poids moyen de 15-20 gr. et exceptionnellement de 40 à 45 gr. Selon MM. Lebreton, Nicaise et Gloede, de belle forme, le plus souvent en cône allongé, rouge vernissé même au sommet. Akènes (graines des jardiniers) petits, nombreux, jaunes, presqu’à la surface. Chair orange vif à la circonférence, blanche au centre, pleine, juteuse, sucrée, parfumée, mèche nulle ou molle. de grandeur moyenne de 20 à 15 millimètres, pétales ronds, très-réguliers, étamines petites, stigmates jaune vif. Calicule et calice à 10-14 et jusqu’à 18 divisions, allongées, étroites, bordées et couvertes à l’extérieur de poils blanchâtres nombreux. Hampe vigoureuse chargée de poils nombreux, mous, blanchâtres, étalés horizontalement. Coulants vigoureux, très-nombreux, rougeâtres, couverts de poils mous, étalés ou appliqués. Feuilles allongées, élégantes, à pétiole canaliculé, couvert de poils en désordre et ponctué parfois. Folioles d’un vert gai en dessus , gris cendré en dessous avec poils sur les nervures, très-allongées, cunéi- formes à leur base, à crénelures larges, régulières et naissant vers le milieu des folioles. Plante vigoureuse, rustique, au moins fertile (docteur Nicaise), hâtive, se forçant très-bien. Cette fraise à laquelle, avec la plus mauvaise volonté, je ne saurais^ pour le moment, trouver un seul défaut, est issue de sir Harry^ fécondé par une variété dont le nom reste à ce qu’il paraît, le secret de l’obtenteur. Elle provient d’un semis effectué à Châlons-sur-Marne en juillet 1858 par M. Lebreton qui s’adonne avec prédilection à la culture du genre Fraisier. Elle fructifia chez lui en 1859. En juillet de la même année, il en offrit quelques coulants â M. Nicaise et à deux personnes des en- virons. En juillet 1860, M. Lebreton céda par arrangement plusieurs — lo6 — cenlaiiies de jeunes pieds de son fraisier à M. Gloede qui le mit, dans le commerce dès l’auto mne. Un lot, de 50 Fraisiers forcés exposé en mai dernier (lors du concours régional de Châlons) — par M. Deffaut, jardinier de M. Haudos, député, — à Loisy-siir- Marne, renfermait au moins 20 pieds de Marguerite chargés de fruits magnifiques, qui ont été fort remarqués et du jury et du public. M. le docteur Nicaise qui avait lui aussi des fruits mûrs de cette variété au 9 mai, n’a pas jugé à propos d’exposer. J’ai été les admirer chez lui. Il m’écrivait au juin ; u Les pieds que vous avez vus en » pots, sous châssis dans mon jardin et en fruits mûrs, ont encore i» fleuri depuis, et commencent à nouer. » — Il ajoutait : «Il esta » constater que les fruits de la Marguerite diminuent moins de gros- » seur du premier au dernier de chaque hampe, que chez la plupart » des autres variétés. » Le 28 mai 1861, M. Gloede avait des fruits mûrs sur des pieds de pleine terre. M. Lehreton récoltait les premiers le 4 juin en même temps que Princesse Royale (Pel vilain) et Marquise de Latour-Mau- bourg (Jamin et Durand). M. Gloede pense que le règne de Princesse Royale^ dont la durée a été longue, est au moment de finir, que Marguerite sera appelée à lui succéder. Je ne crains pas de porter le même jugement. M"™® Élisa Vil- morin, dont l’opinion doit toujours être citée quand on traite du Frai- sier, s’exprime ainsi au sujet de la Prmcesse Royale, dans le jardin fruitier du Muséum (22« livr.) : « Si la Princesse Royale était plus sa- » voureuse, plus sucrée, qu’elle n’eut pas sa mèche ligneuse qui en fait un fruit grossier, aucune fraise ne l’égalerait, car elle joint à une » grande beauté toutes les qualités qui peuvent être requises d’un fruit destiné à être cultivé sur une grande échelle. » La Marguerite partage au moins au même degré toutes les qualités de la Princesse, mais elle n’a aucun de ses défauts. Elle est savou- reuse, sucrée et on ne peut lui reprocher cette mèche coriace que signale si justement M™® Vilmorin. Nous croyons donc aux belles destinées de la Marguerite et nous invitons, nous supplions même tous les propriétaires qui ne la possè- dent pas déjà, de se la procurer sans retard. Ils n’auront pas à me blâmer de leur en avoir donné le conseil. On la trouve chez M. Ferd. Gloede, aux sablons par Moret-sur-Loing — 457 — ( Seine-el-Marne) et chez M. Barba, horticulteur à Vitry-le-Français (Marne). Léonce de Lambertye. Chaltrait (Marne), 11 juin 1861. VÉGÉTATION DU JAPON, d’après UNE TRADUCTION DU BULLETIN DE L’ACADÉMIE DE GAND. (Suite. — Voir p. 133.) » 6. Youkouhamâ, près de Kanagawa, 2 septembre 1860. Comme je vous en ai informé dans ma dernière leKre, j’ai quitté Nangasaki le 25 dernier, sur le steamer de guerre de Sa Majesté, le Bérénice. Nous avons eu une belle traversée, sauf que nous avons été contraints de rester à l’ancre pendant un jour et demi, tandis que le typhon fesait rage. Notre voyage à travers la mer du milieu [Inland Sea) a été très-beau ; nous côtoyâmes plusieurs îles et arrivâmes ici le 54 dernier. J’ai eu le bonheur d’obtenir de résider chez M. Keswick, représentant de MM. Jordine et C®, à qui j’apportai une lettre d’introduction de leur maison en Chine. A mon arrivée, j’appris que M. Alcock devait arriver de Jédo aujourd’hui même (2 sept.), avec l’intention de partir pour la grande montagne japonaise Fusi-Yama, le matin du 5 courant. Je passai chez le consul d’ici et le priai d’informer M. Alcock de mon arrivée ; j’ai eu le vif plaisir, la nuit dernière, de recevoir de ce gent- leman une invitation pour l’accompagner, et d’être prêt le lendemain matin au point du jour. Vous pouvez vous imaginer combien je me réjouis de la permission. » Nous devons faire le voyage sur des poneys japonais, et je pense qu’il nous prendra une quinzaine aller et retour. » Cette montagne est, dit-on, haute de 44,000 pieds, et les Japonais la regardent comme sacrée. Des milliers de pèlerins s’y rendent tous les ans, et une année sur soixante on en permet le voyage aux femmes ; celle-ci est justement la soixantième... {sic!). Nous étions vingt-huit en tout, huit Européens et vingt serviteurs ou interprètes japonais... Nous serons les premiers étrangers auxquels il aura été permis de pénétrer dans l’intérieur et de gravir la montagne. Je vous raconlerai tout en détail à mon retour ici. Les Japonais ne permettant à personne 158 d’y aller, s’il n’est attaché à la Légation, j’ai donc de très-sincères remercîments à adresser à M. Alcock, pour avoir eu la bonté de me désigner, comme botaniste de Sa Majesté britannique, faisant partie de la Légation h Jédo ; ainsi que vous pouvez vous le figurer, une telle qualification me fit grandir de six pouces. D’après ce que j’ai vu des alentours, je serai à même de collecter de belles choses et, je l’espère, une bonne quantité de graines. » Les Japonais sont de grands amateurs d’arbrisseaux et de fleurs; je trouve une quantité de plantes, cultivées par eux dans leurs jardins, que je ne vois jamais à l’état sauvage sans pouvoir m’assurer où l’on pourrait se les procurer en cet état. On peut donc rassembler, dans les villes elles-mêmes, d’innombrables variétés de plantes; j’en trouve- rai d’autres encore chez les indigènes pendant ma route. Les Conifères, dont je suis le plus désireux de me procurer beaucoup d’espèces, me paraissent très-rares ; un ou deux Pins, semblables à notre Pin d’Ecosse, croissent partout, ainsi que le Cryptomeria japonica ; mais les espèces plus rares sont plus éparses et en apparence peu communes. 7. oc Youkoühama, près de Kanagawa^ 22 septembre 1860. Le 19 cou- rant, j’ai reçu votre lettre du 9 juillet dernier, et j’ai été fort sensible à vos expressions aimables au sujet de mes pertes, lors du naufrage du Malabar. J’ai pu très-bien jusqu’ici m’en passer en vérité ; les seuls objets qui me fissent réellement faute sont les instruments de Negretti et de Zambra. Je serais content de recevoir le plus tôt possible la caisse que vous avez la bonté de m’envoyer, et qui contient une autre collec- tion de ces instruments; ce n’est qu’après son arrivée que je serai tout à fait tranquille à ce sujet. ï» Ma lettre du 2 septembre courant vous aura appris mon arrivée dans la capitale du Japon, et mon projet de voyage au Mont Fusi-Yama. M. Alcock, arrivé ici de Jédo, dans la soirée du 5, nous partîmes le matin, au point du jour, le 4, et revînmes le 46. Au lieu de vous donner un long récit de ce voyage dans une lettre, je me propose de vous envoyer un extrait de mon journal, et quelques détails sur ce que nous avons vu. Je regrette toutefois de dire que je n’ai pas le temps de compléter le journal que je me propose de vous envoyer par cette malle ; j’espère cependant le tenir prêt pour la pro- chaine occasion, mais je vous envoie ci-inclus quelques notes sur la végétation de la contrée que nous traversons, ainsi qu’une carte ja- ponaise de la montagne. — 159 i> J’ai collecté des graines des Pins du Fusi-Yama, etc., ensemble environ vingt-cinq espèces, que je fais sécher en ce moment. Mes faci- lités pour cela ne furent pas nombreuses; je ne pouvais recueillir et mettre dans ma boîte que celles que je trouvais le long de ma route; il ne nous était pas permis de quitter la grande route, et vous pouvez vous imaginer que je ne pouvais faire beaucoup à la fois en prenant des notes et en récoltant. » Depuis mon retour ici, je me suis occupé surtout à recueillir des graines; le paquet ci-inclus de celles du Sciadopitys verticillata est une partie de mes découvertes. Les graines envoyées sont le produit d’un seul cône; ce sont les premières qui aient mûri. C’est une très- belle chose; son port est parfaitement pyramidal. Je suis sûr qu’il réussira en Europe. Je serai charmé d’apprendre que vous les ayez reçues en bon état. » Mes mouvements sont en ce moment ainsi réglés : M. Alcock, qui prend actuellement des bains dans le pays, m’a bienveillamment invité à rester avec lui jusqu’à son retour à Jédo, qui aura lieu vers la mi- octobre. Je vais maintenant partir pour Hakodadi, port le plus sep- tentrional du Japon, ouvert aux étrangers de la manière accoutumée. Les occasions d’y aller sont très-rares; une fois là, il peut se passer des mois avant que je puisse en revenir. Une excellente occasion m’est offerfe cependant en ce moment par le plus grand des hasards, et selon les circonstances, je me déciderai à y aller. Un steamer part lundi, et s’y dirige tout droit; j’y reste quatre ou six jours et je reviens directement ici. De cette manière, je pourrai, je l’espère, recueillir un grand nombre de graines, prendre à la hâte une idée (view) de la végétation générale des alentours d’Hakodadi, et retourner à temps pour visiter M. Alcock. » Pour ne pas perdre de temps pendant mon absence, j’ai envoyé quatre hommes dans le pays pour y récolter des graines. » 8. « Yoükouhama, près de Kanagawa^ le 12 octobre 1860. Dans ma lettre du 22 septembre dernier, je vous ai informé que je me disposais à partir pour Hakodadi, port japonais le plus seplentrional ouvert; ce qui eut lieu le 24; je regrette beaucoup la brièveté du stationnement en cet endroit du navire (huit jours), obligé que je suis de m’y rembar- quer pour revenir ici afin de ne pas manquer M. Alcock à Jédo. » J’ai trouvé ici une grande variété d’arbres et d’arbrisseaux, mais je n’y ai observé que trois ou quatre espèces de Conifères, dont voici les noms : Cryptomeria japonicuy Pinus cembra, Thuiopsis dolahrata, — 160 — une espèce de TaxuSp semblable au baccata , et un AbieSy probable- ment nouveau. J’ai récolté des graines du Thuiopsis et de VAbîes, ainsi que celles d’environ quarante espèces d’arbrisseaux. Le Thuiopsis pa- raît préférer des situations ombragées ; le feuillage en étant alors beaucoup plus luxuriant que quand il est exposé en plein aux rayons du soleil. On peut cependant le garantir comme parfaitement rustique. Il croît où la neige couvre le. sol pendant cinq mois entiers, et où le thermomètre descend sous zéro. VAbies sera probablement nouveau; il n’est ni décrit, ni mentionné par Thunberg ou Siebold, autant que je puisse m’en assurer. Son feuillage ressemble au Spruce {Abies picea) pour la couleur; mais les feuilles en sont aussi grandes que celles de 1’-^. amabilis, et entièrement d’un blanc d’argent en dessous; j’en ai vu bon nombre d’individus, mais n’en ai Irouvé que deux avec des cônes; vous n’en recevrez donc que peu de graines. » Parmi les arbrisseaux sont deux espèces de ViburnuMy trois es- pèces d'Aralia, un Rhododendron^ un Châtaignier, un Berberis, plu- sieurs arbrisseaux grimpants et autres, et quatre ou cinq Fougères. Le Sciadopitys verticillata et le Cryptomeria japonica sont certaine- ment les plus belles Conifères que j’aie rencontrées. Le premier me paraît très-rare; j’en ai cependant trouvé dix ou douze dans les envi- rons. Il affecte un port pyramidal pendant sa jeunesse, et conserve la même forme quand il a atteint 100 à 150 pieds de hauteur, et reste ramifié jusqu’à la base. Cet arbre sera certainement estimé en Angle- terre, et s’y montrera sans doute rustique. Le second [Cryptomeria) est ici un arbre splendide, comme vous pourrez vous l’imaginer, en lisant le récit que j’en ai fait pendant notre excursion à Fusi-Yama. Toutes les situations, tous les sols lui sont bons; on le trouve dans des vallées profondes et humides , ainsi que sur le sommet des mon- tagnes. Il est probable que nos étés sont rarement assez chauds pour en mûrir le bois, et, selon moi, on devra le planter dans les endroits ouverts, où le soleil darde librement, et où il ne soit pas entouré d'au- tres arbres. Plus d’une fois j’ai fait un long bout de chemin pour at- teindre un groupe {clump!) de ces jeunes arbres, qui de loin me fai- saient l’effet de jeunes Wellingtonia. » Les Camellias et les Azalees croissent partout avec luxuriance, et même à Hakodadi ; on trouve ici cinq ou six variétés des dernières , dont le feuillage est très-distinc(. VAzalea indica alba et une variété semblable à la crispiflora y sont les plus communes. — 161 » Lors de ma première arrivée à Kanagawa , M. Alcock m’informa qu’il avait reçu les graines de plantes que vous lui aviez envoyées; je pars pour rester avec lui à Jédo, à peu près une semaine à compter d’aujourd’hui. Deux caisses vitrées seront remplies, l’une pour S. M., l’autre pour Kew ; un jardin potager va être organisé, où les graines pour d’Exeter feront l’objet de la première récolte. » Je continue à trouver les plus basses classes du peuple extrême- ment aimables et polies, et disposées à nous donner toute assistance possible, en tout ce qui ne porte pas ombrage à lautorité; or, sous ce rapport, on ne sait et on ne pourrait s’imaginer en Europe, à quel contrôle elles sont assujetties. Un marchand n’ose vendre ni acheter un objet, ni même porter chez vous un échantillon de ses marchan- dises, quand cela lui est défendu par les officiers du Gouvernement, Dans une vente à l’enchère, un homme n’ose pas acheter un objet, si un officier est présent et veut acheter lui-méme; ordinairement les officiers du Gouvernement achètent les marchandises pour les revendre à leur profit sur les lieux. C’est de la sorte que ces officiers causent tous les troubles et tous les obstacles au commerce dans le pays. » Je vous ai envoyé par celte malle, viâ Southampton, un petit paquet contenant le journal de mon excursion à Fusi-Yama; j’espère que vous la trouverez intéressante. 9. «c Youkoühama, 20 octobre 1860. J’ai le plaisir de vous accuser réception de votre lettre, n° 8 du 10 août. Depuis ma dernière du 12 courant, il ne m’est arrivé rien de bien important et digne de vous être rapporté. En conséquence, celte lettre sera courte, et son principal objet est de vous informer que j’ai fait embarquer sur le même navire, qui porte celte lettre à Hong-Kong, deux caisses de graines qui j’espère vous arriveront en bon étal. La lettre ci-incluse vous donnera tous les détails particuliers. » M. Hodgson, dernier consul anglais à Hakodadi, est ici en ce mo- ment, en route pour l’Angleterre. H emporte avec lui trois caisses de plantes pour Kew, que je viens de préparer. » J’ai aussi préparé une caisse pour le ministre français, en destina- tion de Paris, et une de plants de Thé, pour le capitaine du vaisseau de S. M., le Bérénice, en destinalion de Bombay. Ces pelits emballages m’ont pris beaucoup de temps ; mais ayant reçu beaucoup de services, je suis désireux et bien aise de montrer autant de gratitude qu’il m’est possible de le faire. Juillet i86i. 44 ~ 162 — » Je vais à Jédo le 22 du mois et y resterai un mois. C’est une grande faveur, car. personne n’y peut aller que par la protection du ministre. J’espère y trouver de belles plantes. 10. Marica cærulea. OrchidéeiS. Anguloa Clowesi. — Calanthe vestita. — Brassavola glauca. — Brassia bra- cbyata. — Cattleya bulbosa. — C. Leopoldi. — G. Mossiæ. — Gbysis Limmingbii. — Cypripedium barbatum. — C. villosum. — Dendrobium chrysanthuni. — Dendrochilum filiforme. — Lælia purpurata. — Lycaste macropbylla. — Odonto- glossum nævium. — 0. citrosmum. — 0. cordatum. — Sobralia macrantba. — Uropedium Lindeni. Catalog^ues. Vilmorin- Andrieuœ et G'®, quai de la Mégisserie, 30, à Paris. — - Immense choix de graines de toutes espèces et de toutes catégories de fleurs, arbres, arbrisseaux, arbres verts, etc. Nous recommandons surtout son catalogue de graines reçues récemment du Mexique, récoltées par M. Roezl , et qui se recommande par un grand nombre d’espèces nouvelles et intéressantes. Armand Adelbert, 4, rue des Postes, à Lille, section de Wazemmes. — Cultures spéciales de Dahlia, Géranium, Rosiers, Fuchsia, Chrysanlbèmes, Pblox, Œillets flamands, allemands et de fantaisie ; arbustes de pleine terre , etc. //. de Bück fils, horticulteur et architecte de jardins, rue Notre-Dame aux Dominicains à Louvain (Belgique). — Plantes de serre chaude, serre froide et pleine terre. Pélé, rue de Chatillon, 20, à Paris — Beau choix de plantes de serre froide et tempérée; spécialité de Calcéolaires ligneux, Bouvardia, Chrysanthèmes Pom- pons et autres, Cannas, Dahlia, Fuchsia, Géranium zonal es, Glayeuls, Lcmtoa, Penslemon, Pétunia, V'woïnes, Pblox, Rosiers, Verveines, et Fraisiers. Jacquemet-Bonnefont, père et fils, à Lyon, place Belle-Cour, 3. — Arbres, ar- brisseaux et arbustes de pleine terre, forestiers et d’ornement; ognons et tuber- cules, plantes vivaces de pleine terre; plantes d’orangerie et graines de plantes potagères et fourragères. Ad. Pélé fils, 151, rue de Lourcine, à Paris. — Nouveautés diverses en Chry- santhèmes, Pivoines , Fraisiers, Phlox et autres espèces de plantes à fleurs de serre froide et de pleine terre. Léon Berniauæ, rue du Coq-Saint-Marceau, 51, Quai des Augustin.s, à Orléans. — Nouveaux Fuchsia, Pélargonium zonales, et autres. Veronica azurea nana et Syringa Prince Albert ; collections spéciales de toutes espèces de plantes à fleurs de serre froide, pleine terre. Bégonia, Achimènes, Fougères et Gloxinia. Sommaire du ]W° 9. Juillet 4SG1. Plamtes figurées, — Bégonia imperialis . 14b Crête de Coq écarlate (Ce^osia on'stafa) . 146 Revue des plantes nouvelles et rares. — Partitium elalum. — Maloriiea simplex. — Dracæna bicolor. — Dendrobium linguæforme 147-149 Revue DE l’horticulture FRANÇAISE . . . IbO Miscellanées . — Fraise Marguerite (Lebreton) 1 b5 Végétation du Japon, d’après une traduc- tion du bulletin de l’Académie de Gand. (Suite.) ib7 Conseils aux propriétaires pour avoir dans leurs jardins de jolies corbeillesdefleurs. 1 65 Des Bambous et de leur culture . . .168 GRAVURES. PI. XII. Bégonia imperialis. — PI. XIII. Celosia cristata. EXPOSITIONS. Namur 7 juillet. Bruxelles. — Société royale de Flore 14-16 juillet. — — Linnéenne 23-27 septembre. Liège. — royale d’horticulture 30 juin. Anvers . . . 18 août. Gand. . . ? Paris. — Société impériale et centrale d'horticulture. . . 21-24 septembre. EN VENTE : A Bruxelles, chez V' Parent et Fils. — A Paris, chez A. Goin, MANUEL THÉORIQUE ET PRATIQUE DE LA CUIaTURE: forcée ntus ilRRRF^ FT ARRRIiSISFitElliL FRCIVIFRj^ Comprenant tout ce qui concerne Part de faire mûrir leurs fruits hors de saison et les moyens de faire de cette culture une spéculation lucrative, avec figures intercalées "lans le texte et représentant les meilleurs modèles de serres à forcer telles qu’elles sont construites dans les forceries de l’Angleterre, de l’Allemagne, delà France et de la Belgique, l*ar É. Pywakrt, Architecte de jardins, ancien élève de l’institut royal d’horticulture de Gand, etc., etc. Pinx : 5 francs. Fn vente cliez les mêmes libraires : DIGTIONNAIRE RAISONNÉ OU RÉPERTOIRE COMPLET DE TOUTES LES PLANTES UTILES OU VÉNÉNEUSES DU GLOBE, par le docteur G. A. Duchesne, chevalier de la Légion d'Honneur, etc. — Deux magnifiques volumes, grand iii- 80 , papier Jésus superflu, 500 p., 1 ,000 colonnes, 1 vol. Prix : 6 fr. Gravures : 128 planches, 750 dessins, 1 vol. Prix : 10 fr. LE JARDINIER PRATIQUE, ou Traité usuel des plantes utiles, des plantes, arbres et arbustes d'agrément, précédé de l’Almanach de Flore, du Calendrier des travaux de jardinage, de notions sur la composition et le mélange des terres, sur les irrigations, les abris el les couches, les inslrumenls de Jardinage, la deslruction des animaux et insectes nuisibles, la multiplication des plantes, la greffe, etc., par E. Hocquart et L. Noisette. Édition augmentée de la Culture maraîchère, par Moreau et Daverne, et de la Taille des arbres fruitiers, par le comte Lelieur. Huit planches gravées et de nombreux dessins sur bois. Prix : 2 fr. 50 c. lmp. deV^’ PARENT A FILS, à Bruxelles.