DES INSECTES. é _. TOME IX. M - 4 ‘ . k” e ‘ : ; pts noeud jui ins Ut fo à D T1 - # x 9 è . È _ Suite du Catalogue de Manuels. ë Le Le Manuel de Mathématiques amusantes, ou nouvelles Récréations mathématiques, par M. Richard, Un Bros vol, orné defig. 3 fr. Manuel complet de Mécanique, ou Principes élémentaires de cet art." par M. Terquem, professeur aux écoles royales, Unv. 3fr, Soc.” Manuel de Médecine et de Chirurgie domestiques ; par M. Mo rin, Deuxième édition. Un vol. 3 fr. hoc." Manuel du Menuisier ex Bétimens et en Meubles , suivide ” l'Arc de l'Ebéniste ; par M. Nosban: 2 vol. ornés de planches. Gfr.« - Manuel de Minéralogie. Deuxième édition. Par MM. D. e1" Julfa-Fontenelle, Un vol. : 3 fr. 5o c.W “Atlas de Minéralogie, composé de 40 planches, représentant law plipart des Minéraux décrits dans l'ouvrage ci-dessus, prix, figures noires, Gfre . Figures coloriées. ” 1afr. - Manuel de Miniature ct de Gouache » suivi du Manuel du Lavis h la Seppia , et de l'Aquarelle, par MM, Constant-Viguier et de Lon- * gueville. Un vol. orné de figures. 3 fr. 0 Manuel du Naturaliste préparateur, par M. l'oitaril. Un. A4f. Soc, Manuel d'Ornithologie, on Vistoire naturelle des Oiseaux, par M. Lesson. Deux volumes. 1 fr. Atlas d'Ornithologie | composé de 12Q planches, représentant les oiseaux décrits dans l’onvrage ci-dessus, Fignres noires. 20 fr. Fignres colorices. 4o Ce, Manuel du Parfumeur, par mad. Gacun-Dutour. Un vol. a fr. 500, à Manuel du Pétissier et de la Pâtissière, par la même. Un vol, 2 fr. Soc, # Manuel} du Pécheur fr ançaïs , ou Traité général de toutes sortes de Pèches ; par M. Pesson-Maisonneuve. Un vol. 3 fr. Manuel du Peintre en bêtimens , du Doreur et du Vernisseur, par M. Riffault. Troisième edition, Un vol. 2.506, Manuel de Perspective, du Dessinateur et du Peintre, par M. Vorgonnd, Deuxième édition. Un vol. ES Manuel de Physique, par M. Bailly. Quatrième édition, Un vol. a fr. 5o €, Manuel de Physique amusante, où Nonvelles Récréations phy» siques, par ML. Julin-Fontenelle, Un vol. 2e édition, 3 fr, Ë 1g7 Mel, du Poëlier-Tumiste, où Traité complet er simplifié M ecetArt, par M. Ardenni. x vol. orné de planches. 8 (r. Manuel"lu Porcelainier, du Faïencier et du Potier de terre, © par M. Boyer. à vol. Gr. Manuel pratique des Poids et Mesures, des Monnaies et du Calcul décimal: par NL. Tarbé. 13° édit. 1 vol. 3 fr, 4 Manuel du Praticien, où Traité de la Science du Dicit; par M - M. D....avocat, Deuxième édition. Un vol. 3 fr. foe. ManuelMdu Propriétaire et du Locataire où Sons-Locntaire, tant de biens de ville que de biens ruraux ; par M. Sergent. 1 v. 2 [. fo : . . à ” s : + “ | Ur, HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES, COMPOSÉE LT D'APRÈS RÉAUMUR, GEOFFROY, DEGÉER ” ROESEL,, LINNÉ, FABRICIUS, Et les meilleurs Ouvrages qui ont paru sur cette partie ; RÉDIGÉE SULVANT LA MÉTHODE D'OLIVIER ,- ET ORNÉE DE FIGURES DESSINÉES D'APRÈS NATURE: PAR F, M. G. T. DE TIGN Y, Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris. TROISIÈME ÉDITION, Revue, augmentée et mise au niveau des connaissances actuelles , PAR M. F. E. GUÉRIN, Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris et de plusieurs autres Snciétés savantes, TOME NEUVIÈME. De 9 PARIS, RORET, LIBRAIRE , RUE HAUTEFEUILLE, AU COIN DE CELLE DU BATTOIR. 1828. RAR x bia . p . HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES. Es ORDRE PREMIER. LES LÉPIDOPTÈRES. * PREMIER GENRE. PAPILLON. Caractères génériques. Antennes filiformes, termi- nées par un bouton en forme de massue, — Deux antennules couïtes, égales, comprimées, velues et recourbées. — Trompe longue, divisée*en deux, roulée en spirale, et cachée entre les antennules. Lys papillons ont quatre ailes membra- neuses, recouvertes d’une poussière écail- leuse; ils volent pendant le jour, les uns dans les jardins, les autres dans les bois et les prairies : dans l’état de repos, ils portent leurs. ailes élevées au-dessus du corps, et IX: 1 ë D = 2 métlé. : agi À. 7 a? À. -. … HISTOIRE NATURELLE - perpendiculaires au plan de leur position , les Shpérieures appliquées l’une contre l’autre. Leurs antennes sont filiformes , d’égale grosseur jusque vers l'extrémité, qui est terminée par un bouton en forme de massue; articulées dans toute leur longueur, et mo- - biles à la volonté de l’insecte. d Ils ont deux antennnules, que Réaumur ” à appelées cloison barbue ou barbes du pa- : pillon. * Leur trompe est longue, divisée en deux, " roulée en spirale lorsqu'ils n’en font point usage pour prendre leur nourriture, et ca- chée entre les antennules: Les papillons, ainsi que le plus grand nombre des insectes, ont six pates; mais quelques espèces ne font usage, pour mar- cher et se fixer, que des quatrepostérieures , dont les tarsés sont articulés et terminés par deux crochets; le plus ordinairement ils portent les deux premières, dont les tarses sont velus, appliquées contre leur corps, où elles sont cachées par de longs poils. » Les papillons viennent de chenilles à _ seize pates, dont les unes ont sur le corps fi ” 7 7 **« F7. DES PAPILLONS. FL & des épines et quelques poils courts, de autres sont lisses , c’est-à-dire.sans poils ni épines. ; Toutes les chenilles qui donnentles pa- pillons se nourrissent de végétaux ; plusieurs ne sont que trop connues des jardiniers, par # les ravages qu’elles font dans les potagers ; | de ce nombre sont celles qui donnent les pa-. pillons blancs qu'on voit voler en si grande quantité, pendant l’été, dans les jardins, où ils vont déposer leurs œufs sur les choux et autres plantes potagères. Le nombre de ces chenilles est quelquefois si considérable, qu’en peu de temps une plantation de choux est dévorée ; elles échappent aux recherches du cultivateur, en restant, pendant la cha- leur du jour, cachées sous terre, d'où elles sortent le soir pour manger. C’est au prin- temps que commencent à paraître les che- nilles des papillons; c’est à cette époque que se développe le germe contenu dans l'œuf que la femelle a déposé l’année précédente sur la plante qui doit servir de nourriture à sa postérité : la chenille nouvellement née y fixe son domicile, y reste jusqu'au moment ” * ” P HISTOIRE NATURELLE -où elle doit changer d'état, si la plante suffit À son existence; dans le cas contraire, elle l’abandonne pour chercher ailleurs de quoi satisfaire son appétit. Toutes ces che- nilles changent plusieurs fois de peau ; c’est - ordinairement huit ou dix jours après leur naissance qu’elles quittent la première pour en prendre une nouvelle; aux mouvemens convulsifs qu’elles se donnent pendant cette opération, qui dure une ou deux minu- tes, on juge qu’elle est très pénible pour - elles; plusieurs y perdent la vie. Lorsque les chenilles sont parvenues au termeoùelles doivent se changer en chrysalides, souvent elles s'éloignent des lieux où elles ont vécu pendant leur jeune âge, pour chercher un endroit convenable à la métamorphose qu'elles doivent subir. C’est dans des trous de mur, sous des entablemens d’édifice, contre de petites branches peu exposées à la vue, que ces espèces de chenilles, aux- quelles la nature n’a pas donné l'industrie . de se construire une coque, se changent en ” chrysalides: les unes se suspendent vertica- : lement la tète en bas, et attachent seule- » DES PAPILLONS. L2 ment l’extrémité de leur ventre contre quel= que corps élevé ; d’autres s’attachent contre des murs, ayant la tête plus haute que l’ex- trémité du corps : ces dernières ont en outre une ceinture qui les soutient; elle est com- posée de plusieurs fils de soie, très rappro- chés les uns des autres; d’autres se placent horizontalement le ventre appliqué contre quelque corps saillant; ces chenilles em- ploient, pour se suspendre, la soie contenue dans leur filière, et l’appliquent avec plus ou moins d'industrie dans les endroits où elles veulent se fixer. Celles qui se suspen- dent verticalement forment une espèce de petit montieule, composé de petits brins croisés en tous sens; elles s’y attachent par les pates postérieures, et restent dans cette position jusqu’à ce qu’elles soient parvenues à se débarrasser de leur peau; elles y arri- vent en saisissant une portion de leur dé- pouille entre deux de leurs anneaux encore flexibles ; ce point d'appui leur donne la fa- cilité de dégager leur partie postérieure de la peau qui la contient, et de l'aecrocher sur ce même monticule, où reste encore .. La “ “ 6 HISTOIRE NATURELLE fixée la dépouille qu’ellé vient de quitter ; alors, des mouvemens accélérés font tomber cette peau, et la chrysalide reste suspendue où la chenille l'était le moment précédent. Les chrysalides des papillons sont de forme angulaire, et la tête de quelques unes est terminée par deux espèces de cornes ; celle des autres, par une seule partie pointue. Le nom de chrysalide leur a été donné à cause des riches couleurs qu’on voit - briller sur quelques espèces, qui semblent es .% 4 m plus ou moins couvertes d’or, tant qu’elles renferment le papillon; mais ces couleurs disparaissent lorsqu'il en est sorti. Réaumur nous apprend qu’elles sont produites par une matière ou seconde peau qui se trouve apphquée sous celle de la chrysalide, et dont la couleur, d’un blanc argenté et poli, a la propriété, lorsqu'elle est humide, de faire briller la première peau, qui fait, sur cette matière, l'effet d’un vernis : exposée à l’air, cette matière perd sa propriété, que Réaumur lui à rendue en la mouillant, ! : J'ai dans ma collection de ces chrysalides qui sont encore dorées, quoiqu'elles soient vides : il est L” É 47 DES PAPILLONS. 7 Parmi les chrysa ides qui ont un vêtement plus simple que celles-ci , on distingue celle qui vit sur les feuilles de la carotte et une de celles qui vivent sur le chou; la couleur de la première est d’un beau vert, celle de l'autre est d’un jaune pâle, avec des lignes et des taches noires. Les chenilles qui se changent en chrysalides au printemps et pendant l'été, restent sous cette forme , les unes quinze jours, les autres vingt; mais celles qui se changent au mois d'octobre, ne paraissent sous la forme de papillons que le printemps. suivant‘. D’après les expé- riences de Réaumur , qui a retardé à volonté la naissance de quelques papillons, en met- tant des chrysalides dans une glacière on. doit croire que c’est le froid qui se fait À vrai qu’au lieu de papillons que j'en attendais, il pa est sorti des mouches. J'ignore si cette circonstance É peët influer sur la couleur de la peau des chrysas lides. ; : La nature ne suit pas toujours une marche aussi uniforme ; elle s’en écarte quelquefois, Jai élevé plusieurs chenilles de papillon : il est arrivé que, parmi celles qui se changeaïenten chrysalides dans. «0 = 8 HISTOYRE NATURELLE tir dans cette saison qui empéche le déve- loppement des parties de ceux-ci, Dès que le papillon est parvenu à l'épo- que où il doit paraître sous la forme d’in- secte ailé, il rompt son enveloppe. Lorsqu'il en sort, toutes ses parties sont humides, ses ailes sont épaisses, et n’ont pas la longueur qu'elles doivent avoir ; mais quelques instans suffisent pour qu’elles acquièrent la forme et la solidité dont elles sont susceptibles : alors il les agite; dès qu’elles peuvent le soutenir, il prend Pessor, et va chercher sa nourriture sur les fleurs, dont il pompe le suc en y plongeant sa trompe à plusieurs reprises; cette légère nourriture suffit à son existence, qui est de peu de durée sous cette forme, et dont il emploie une partie à à y la belle saison, le même jour ou à quelques jours d'intervalle, les papillons des unes en sont sortis à l'époque ordinaire, tandis que quelques autres n’ont paru que l’année suivante, Dans ce cas, on ne peut, comme dans le cas précédent, supposer que ce soit la rigueur de la saison qui empêche le développe ment des parties du papillon. Il existe souvent une autre cause qui ne nous est pas connue. DES PAPILONS. CA travailler à la propagation de son espèce et à pondre. La forme des œufs des papillons n’est pas la même dans toutes les espèces : ceux du grand et du petit papillon du chou ont la figure d’une pyramide, dont la base est collée sur une feuille; cette pyramide a trois ou quatre fois la hauteur du diamètre de sa base. Les œufs sont ordinairement formés par huit côtes arrondies , MS par autant de cannelures, qui du sommet vont au gros bout. On voit sur chacune de ces côtes une infinité de cannelures paral- lèles à la base. Ceux du papillon la grande + tortue sont sphériques; ils ont moins de dia- mètre à leur base, ou partie par laquelle ils tiennent sur la plante , qu’à leur sommet, où sont huit arêtes également espacées, qui descendent le long du corps de l'œuf, où elles forment des côtes qui diminuent insen- siblement de hauteur, et qui disparaissent avant d'être arrivées à l'extrémité; le corps de l'œuf est en outre entouré d’une infinité de petites cannelures parallèles à la base. Lorsque le papillon a satisfait aux devoirs que la nature lui impose, il meurt, 14 10 HISTOIRES NATURELLE Ce genre renferme près de cinq cents es- pèces; on en trouve beaucoup aux-environs de Paris. û Le Papillon Priam, Papilio Priamus. ( Papillon proprement S > Larr. ) Ce papillon est placé Der les chevaliers troyens de Linné : c’est le plusgr and connu; son envergure est de près de huit pouces; il a la tête noire, le corselet de même cou- leur, sur les côtés duquel sont des lignes transversales d’un jaune rouge de diffé- rentes nuances ; ; l'abdomen jaune; les ailes d’un bleu verdâtre soyeux : les supérieures ont plusieurs taches noires et une jaunâtre ; . les inférieures en ont sept, quatre noires et trois jaunâtres. i Ce papillon, un des plus beaux et des plus grands de ce genre, habite Amboïine ; ses habitudes, tant sous l'état de chenille que d’insecte parfait, nous sont inconnues, Insectes , PLE" SR CE. À à: PRIT um | per Pereve del. Le fülain. Jeup. 1. Priam. £ ; s an 2. Leytus. j DES PAPILLONS. 11 Le Papillon Leïlus, Papilio Leilus. G. Uranie. Lan. ‘ble Ce papillon a été placé par Linné dans ses chevaliers grecs ; il est d’un noir vélouté ; il a sur le corselet, l'abdomen et les ailes si supérieures, des lignes d’un vert brillant, avec une large bande de même couleur sur les ailes; les inférieures ont de larges taches qui forment des bandes de méme couleur que celle des ailes supérieures; elles ont un long appendice blanc qui leur forme deux espèces de queues ; sa frange de ces ailes est: blanche : le dessous du corps et des quatre ailes diffère peu du dessus. Ce beau papil- lon habite Surinam; il a le vol très rapide, et s'élève très haut. Sa chenille vit sur l’oranger; elle est verte; sa tête est bleue; son corps est cou- vert de longs poils très durs. Elle se change en chrysalide les premiers jours d’août , et en sort sous la forme d’insecte parfait en- viron quinze jours après. RL | 12 HISTOIRE NATURELLE Le Papillon du fenouil , Papilio ma- chaon. (Papillon proprement dit, Larr.) Ce papillon est de la même famille que le précédent ; il est du nombre de ceux qui font usage de leurs six pates : il a Les ailes Jaunes, avec les nervures noires; les su- périeures ont , à la base et le long du bord extérieur, plusieurs taches d’un beau noir , et deux bandes transversales de méme cou- leur près de l'extrémité; les inférieures ont s un peu au-dessous de leur milieu, une large bande d’un noir bleuâtre, et à langle près de l'abdomen une tache ronde d’un rouge brun : ses ailes ont un appendice en forme de queue; le dessous des ailes est d’une couleur moins foncée que le dessus. Il est assez commun aux environs de Paris. Sa chenille est de grandeur médiocre : le fenouil est de toutes les plantes celle qu’elle paraît aimer le mieux ; elle aime les plantes ombellifères ; on peut la nourrir de feuilles DES PAPILLONS. Re ,dé carottes lorsque le fenouil manque. Elle est lisse, de couleur verte; elle a sur chaque anneau une raie transversale de couleur noire; chaque raie est coupée par des taches d’un rouge orangé. Cette chenille se donne peu de mouvement; souvent elle tient sa tête presque retirée sous son premier an- neau. Ce qu’elle a de plus remarquable, c’est une corne à deux branches réunies à la base, placée près de la tête, sur le premier anneau. La forme de cette corne n’est pas constante; mais celle qui lui est plus ordi-: naire est celle d'un Y : elle est de couleur rouge et de substance charnue, capable à peu près des mêmes mouvemens que celles des limaçons. La chenille porte ces deux branches assez haut, mais elle tient souvent cette corne cachée pendant des heures en- tières; quand on la touche, on la détermine quelquefois à la faire sortir : c’est lorsqu'elle la montre entièrement qu’on lui voit la forme d’un Y, et non quand elle allonge chaque branche séparément. Les branches et la tige de cette corne sont creuses comme IX: à 14 HISTOIRE NATURELLÉ celles des limaçons; lorsque la chenille les fait sortir, il se. forme une longue et large ouverture près du bord antérieur du pre- mier anneau : cette ouverture disparaît lorsque la corne est rentrée. Cette chenille est une de celles qui se métamorphosent dans une position horizon- tale, accrochées par l'extrémité du corps, etattachées par le milieu avec un fil. . La chrysalide dans laquelle cette chenille se transforme a au-devant de la tête deux éminences angulaires où deux espèces de " cornes; sa couleur est verte; son ventre a une espèce de saillie, il est plus gros que celui des autres chrysalides. Lorsque la chenille de ce papillon se métamorphose en automne, la chrysalide passe l'hiver, le papillon f’en sort que le printemps suivant; mais celle qui se change les premiers jours de juillet ne reste sous cet état qu'environ quinze jours. Ainsi, il y a des papillons de ette espèce qui ne vivent que quinze jours sous cette forme, tandis que d’autres vivent neuf mois. v DES PAPILLONS, 15 : La Papillon flambé, Papilio poda- lirius . ( Papillon proprement dit, Larn.) Ses ailes sont d’un jaune pâle; les supé- rieures ont sept bandes noires transverses assez semblables à des flammes; les infé- rieures ont trois bandes noires, faisant suite aux trois bandes antérieures des premières ailes. La partie postérieure de ces ailes est " noire, avec une rangée de six lunules mar- ginales, dont les deux extérieures d’un jaune obscur et très étroites, et les quatre autres bleues, un peu plus grandes ; l'angle anal offre une tache ocellée, très noire, marquée d’une lunule bleue, et bordé du côté de la base par une tache KE | semi-lunaire; le bord postérieur de ces ailes a des dents obtuses, avec une queue noire ; le dessous des ailes ressemble presque entièrement au dessus, si ce mestque les bandes noires sont moins foncées. Le corps est d’un jaune pâle, avec une bande noire le long du dos et un rang de points de cette couleur sur chaque côté du ventre. À 4 V9 Éd AA ai . 16 HISTOIRE NATURELLE 4 Ce papillon est commun aux environs de Paris; sa chenille est lisse, renflée sur le devant, atténuée sur le derrière; son corps est d’un vert gai, avec une ligne blanchâtre le long du dos et deux autres de cette cou- leur au-dessus des pates; il y a, en outre, sur chaque côté, des lignes obliques moins apparentes,commençant au second anneau, ponctuées de rouge, à l'exception de celles . de chaque extrémité; la tête est orbicu- aire, presque cachée, et le col a un tenta- cule fourchu , d’un rouge tirant sur le jaune. » Elle vit solitaire sur l’épine-vinctte, les pru- niers sauvage et domestique, le pommier, le pécher et l’amandier, Le Papillon du ricin, Papilio ricini. G. Héliconie. Lara. Il est d’un brun noir; ses ailes supé- rieures ont deux larges bandes d’un jaune - de soufre; les inférieures sont d’un jaune de safran, terminées par une large bande noire. Ce papillon a environ deux pouces d’en- vergure ; il habite Surinam. Sa chenille est verdâtre, couverte de . . Inrecter. PLTE 4 Deseve del. ñ se" Le Fun Jeu. | 1. Du l'enouil. 5. Apollon. 2. Du Ricin. 4.Sa Chenille. | DES PAPILLONS. 17% longs poils blanes : lorsqu'elle véut se chan- ger en chrysalide , élle s'attache par lextré- mité du corps à la semence-du ricin ou palma-christi, dont elle mange les feuilles. Elle reste environ quinze jours sous cette forme; le papillon.en sort vers le milieu du mois de mai. Le Papillon Apollon, Papikio Apolio. G. Parnassien. Lama. Ce papillon a de deux à trois pouces d'envergure; il a les ailes d’un blanc jau- nâtre : les supérieüres sont transparentes à l'extrémité; elles ont cinq grandes taches noires vers le milieu, et une bande trans- versale d’un gris noirâtre près l'extrémité ; les inférieures ont quatre taches en forme d’yeux, rouges, entourées de noir, avec un point blanc sur le milieu, et deux petites taches noires réunies, sur lesquelles on voit un peu de rouge ; elles sont placées près du bord intérieur, Le dessous des quatre ailes est semblable au dessus ; on voit seulement à la base des ailes inféricures plusieurs 18 HISTOIRE NATURELLE taches rouges près du corselet, qui ne se trouvent point en dessus. Ce papillon habite les Alpes et les Py- rénées; on en voit quelquefois une grande quantité dans les campagnes et les jardins des environs d'Upsal. Suivant Degéer, ces papillons ont le vol lourd, et se laissent attraper aisément ! : On Jes trouve au mois de mai. | Sa chenille vit sur l’orpin ou joubarbe, nommée sedum foliis planiusculis serratis corymbo-terminatis, Lan. et sur la saxifrage cotylédon. Lorsque. cette chenille étend le corps; elle a près de deux pouces de lon- gueur et quatre lignes de diamètre ; elle est d'un très beau noir velouté, avec deux rangs de taches rougeätres , placées de cha- que côté du dos, alternativement grandes et petites. Elle a sur le corps plusieurs tubercules * hémisphériques , garnis de poils noirs, courts et roides, qui, vus à la loupe, pa- raissent tronqués. £ : Dans les Pyrénées, ils volent au contraire avec la plus grande rapidité. Re æ rai : 1. DES PAPILLONS. 19. Cette chenille a, aïnsi que celle du fe- nouil , une corne charnue à deux branches, qu’elle tient ordinairement cachée dans le premier anneau près de la tête; elle l’al- longe, à volonté, de la longueur d’environ deux lignes; la structure de cette corne, qui est grise, est en tout semblable à celle de la chenille du fenouil. Sa tête est petite; lorsqu'elle se tient en repos, elle la baisse en dessous et la tient cachée dans le premier anneau. Ces chenilles ne se suspendent point pour se changer en chrysalide ; elles s’enferment ; lorsqu'elles veulent se métamorphoser, dans des feuilles qu’elles lient avec quelques fils de soie, Degéer croit qu'elles sortent de l'œuf en automne, et passent l'hiver sous la forme &e chenille. La chrysalide de ce papillon diffère de celle des autres de ce genre; elle est de figure conique; elle a de chaque côté du corselet une bosse élevée, arrondie, qui donne à la partie antérieure du corps un air carré; la partie postérieure est un peu renflée ; l'extrémité de l'abdomen, qui est 20 HISTOIRE NATURELLE arrondie, est toujours-courbée en dessous ; et ordinairement la dépouille de là che- nille y reste attachée. - Le Papillon du chou, Papilio brassicæ. G. Picride. LarT. Il a plus de deux pouces d'envergure ; les deux sexes sont blancs en dessus, avec le sommet, et une partie du bord postérieur des premières ailes, noirâtres; la femelle a en outre, sur ces mêmes ailes, troïs taches noires, dont deux presque rondes, dispo- sées sur une ligne transverse entre le milieu de la surface et le bord postérieur; la troi- sième en forme de raie, placée longitudina- lement sur le bord interne, au bas des deux précédentes ; les secondes ailes du mâle et dé la femelle offrent, sur le milieu du bord antérieur, une tache plus ou moins pronon- cée; le dessous des ailes supérieures est blanc comme le dessus, avec le sommet - d’un jaune d’ocre pâle, et les deux taches noires arrondies dont nous avons parlé. Ces taches sont constantes dans chaque sexe. . E é. DES PAPILLONS. 21 Ledessous des ailes inférieures est d’un jaune d’ocre pâle, pointillé demoirâtre, avec Fori- pale, p » gine de la côte un peu safranée; le corps et les antennes sont noirs ; celles-ci sont fine- L ment annelées de blanc , et jaunâtres au bout: de la masse. Geoffroy a pris la femelle pour le mâle, et réciproquement; cette erreur peut: pro- venir de ce que l’on rencontre quelquefois des mâles qui sont tachetés de noir en des- sus de même qu’en dessous. Cette espèce est très commune aux envi- rons de Paris et dans toute l'Europe; elle paraît pour la première fois en mai et juin, et ‘pour la seconde dans le courant de l’au- tomne. La chenille est très vorace, et con- somme par jour plus du double de son poids; elle vit en société sur le chou cul- tivé (brassica oleracea), et sur plusieurs autres crucifères ; elle est d’un cendré bleuä- tre, avec trois raies jaunes longitudinales ; savoir, une sur le dos, et une sur chaque côté du ventre; entre ces raies sont des points noirs, tuberculeux, du. centre de chacun desquels sort un poil. Cette che- L: . 22 HISTOIRE NATURELLE nille est si multipliée dans certaines années, qu'elle détruit quelquefois tous les choux des potagers ; elle a pour ennemis plusieurs espèces d’ichneumos ; elle cherche un ré- duit, ordinairement assez éloigné de l’en- droit où elle a vécu, pour se métamorpho- ser; elle s'attache par l'extrémité posté- rieure, et par le milieu du corps, et se change en une chrysalide verdâtre aveë des points noirs; lorsqu'elle n’a pu subir la métamorphose avant l'hiver, elle s’abrite pour passer cette saison, et se met en chry- salide au printemps suivant. Le Papillon de la rave, Papilio rapæ. G. Piéride. Latr. Cette espèce a les plus grands rapports avec les précédentes: ce qui l’en distingue, c'est qu’elle est constamment plus petite, qu’elle a moins de noir au sommet des pre- mières ailes, et que le mâle offre souvent un ou deux points noirs sur le sommet de ces ailes. Ge papillon est aussi commun que celui du chou; il paraît en même temps. DES PAPILLONS. 23 Sa chenille se nourrit de la grosse rave, où variété du navet (brassica rapa), et sur plusieurs autres plantes de la même famille s elle est solitaire, et s’'introduit dans l’inté- rieur de ces plantes, ce qui lui a valu le nom de ver de cœur ; elle est rose, verte, avec trois raies blanchâtres, dont deux latérales, et souvent pointillées de jaune ; sa chrysalide ne diffère de celle du chou que parce qu’elle est plus petite ; et qu’elle n’est sensiblement tachetée de noir que sur l'aréte et les côtés du‘dos: elle s'attache de la même manière: Le Papillon du navet, Papilio napi. G. Piéride. Lan. Ce papillon a À peu près vingt lignes | d'envergure; dans les deux sexes le dessus est blanc, avec un point noir vers l'extrémité du bord antérieur des secondes ailes, et un semblable entre le milieu et le bord termi- nal des premières ; celles-ci ont en outre le sommet noirâtre ; le dessous des ailes su= périeures est blanc, avec des nervures noï- 24 HISTOIRE NATURELLE râtres; le sommet d’un jaune pâle , et deux points noirs; le dessous des ailes infé- rieures est d’un jaune pâle, avec des veines d'un noir verdâtre, assez larges, et for- _mées par des atomes; le corps et les an- tennes sont comme dans les deux espèces précédentes; dans quelques femelles, le dessus des premières ailes offre deux points noirs au lieu d’un. On trouve ce papillon dans les bois et dans les prairies : au printemps et en été; il est commun : sa chenille est d’un vert obscur, mais plus clair sur les çôtés, avec les stigmates fauves, de petites ver- rues blanchâtres, des points noirs et un lé- ger duvet; elle se trouve sur le navet (brassica napus), sur la tourrette glabre, ou arabette perfoliée, et sur plusieurs es- pèces de résédas ; sa chrysalide est plus épaisse que celle du papillon de la rave; elle est d’un vert jiunâtre, et se fixe de la même manière, DES PAPILLONS. 25 Le Papillon gazé , Papilio crategi. G. Picride. Lan. Il a près de deux pouces et demi d'enver= gure;sa couleur estblanche de partetd’autre, avec des nervures noires qui s’élargissent un peu à l'extrémité des premières ailes ; le dessous est pareil au dessus. Ce papillon paraît en juillet, dans les plaines et les jar- dins des environs de Paris et de toute l’'Eu- rope ; il est si commun dans certaines con- trées, que Pallas, dans le premier volume de ses voyages , rapporte qu’il en vit voler en si grande quantité près de Winofka, qu'il crut d’abord que c'étment des flocons de neige. Vers le coucher du soleil, il se fixe sur les fleurs, et on peut le prendre à la main. La chenille, qui vit en société sous une toile soyeuse, s’y pratique de petites cases pour se mettre à l'abri des rigueurs de l'hiver; ce n’est qu'au printemps qu’elle rompt cette toile pour aller chercher sa nourriture, qui consiste dans les bourgeons IX: 3 « 26 HISTOIRE NATURELLE des arbres, auxquels elle fait beaucoup de tort ; chaque soir elle revient à sa demeure; elle ne la quitte même pas pendant les jours pluvieux ; elle se nourrit des bourgeons et des feuilles de plusieurs arbres, tels que l’aubépine, le prunier sauvage, le cerisier odorant, et presque tous les arbres frui- tiers de nos campagnes, qu’elle endommage beaucoup; c’est pour cette raison que Linné l’a appelée le fléau des jardins. Cette chenille est noire dans le premier âge ; elle se garnit ensuite de poils jaunes; la chrysalide est jaune ou blanche, avec de petites raies et des points noirs; l’insecte parfait en sort au bout de trois semaines. Le Papillon de la moutarde, Papilio sinapis. G. Piéride, Lan. « Cette espèce est la plus petite des piérides d'Europe; son envergure est d'environ seize lignes; ses ailes sont ovales, entières , et minces ; elles sont, en dessus, d’un blanc de lait, avec une tache noirâtre, et ar- . DES PAPILLONS. 27 rondie au sommet des supérieures ; le des- sous de ces dernières est de la couleur du dessus; mais le sommet est d’une teinte verdâtre pâle, et la côte est largement par- semée d’atomes obscurs, depuis son origine jusque vers son milieu; le dessous des ailes inférieures est blanc, ou d’une teinte ver- dâtre, suivant le sexe, avec deux raies ob- seures parallèles, se dirigeant du bord in- terne vers le hord postérieur ; le corps et les antennes n’offrent rien de remarquable. On trouve ce papillon aux environs de Paris et- dans toute l'Europe, dans les bois ; il paraît au printemps et en été : sa chenille est verte, avec une ligne d’un jaune foncé le long de chaque côté du corps ; elle vit sur le lotier corniculé (Lotus corniculatus ), la gesse des prés, etc.; sa chrysalide est d’un jaune pâle , avec les stigmates blancs et des. traits fauves sur l'enveloppe des ailes. . | 28 . HISTOIRE NATURELLE Le Papillon Daplidice, Papilio ‘ Daplidice. G. Pidride, Lan. Ce papillon a près de deux pouces d'en- vergure; le dessus des quatre ailes est blanc; les supérieures ont, vers le milieu de leur bord antérieur, une tache noire, presque carrée, divisée par un trait blanchâtre en 2igzag ; le sommet est noir, avec une rangée transverse de quatre points blancs, Dans la femelle, il y a en outre une rangéé trans- verse de quatre taches noires près de l'angle interne : les secondes ailes sont sans taches dans les mâles ; elles ont une bordure noire dans les femelles ; le dessous des ailes supé- rieures offre le même dessin que le dessus ; mais la tache du milieu et le sommet sont en grande partie verdâtres, et la tache noire de l'angle interne existe ici dans les deux | sexes ; le dessus des ailes inférieures est d’un vert jaunâtre piqué de noir, avee neuf tuches blanches, dont trois groupées vers la base; les six autres alignées le long du bord | MERE | F x pi PAL Insectes, Py, 7: | | Dereve del. F _Le 7772 Jeu. 1. Aurore M, 2. Souci, 1. Aurore F, 5.De la Casse. DES VPAPILLONS, 29 postérieur, et séparées des précédentes par une bande également blanche, .transverse et angulaire, Cette espèce est très commune dans les bois et les prairies des environs de Paris et de toute l’Europe; elle paraît au printemps et en été. Sa chenille est d’un bleu obscur, avec un liséré jaune, des points noirs, et la tête verte; elle vit sur plusieurs espèces de choux, sur la gaude et le thlaspi sau- vage. La chrysalide est verdâtre-cendrée. Le Papillon aurore, Papilio carda- mines. LS G! Piéride. LATR. Ce papillon a les ailes blanches ; les su- périeures ont, depuis leur milieu jusqu'à l'extrémité, une grande tache d’une belle couleur aurore sur la partie antérieure de laquelle est un point noir, et à l’angle exté- rieur une tache d’un noir verdâtre ; le des" sous des ailes supérieures diffère peu du dessus ; le dessous des inférieures est pres- que entièrement couvert de grandes taches 3 30 HISTOIRE NATURELLE : irrégulières d’un vert foncé nuancé de jaune, qui font paraître ces ailes comme pana- chées. La femelle diffère du mâle, en ce que ses ailes supérieures sont blanches, avec une petite tache noire sur le milieu; ses ailes inférieures sont en dessous semblables à celles du mâle. Ce papillon est très commun au prin- temps et en été, dans les prairies aux en- virons de Paris. Sa chenille est verte, et ressemble un peu à celle du petit papillon du chou ; on la trouve , en juin et en juillet, sur le cres- son sauvage, et sur le thlaspi ou tabouret, où elle vit, tantôt solitaire, tantôt en so- ciété. La forme de sa chrysalide diffère de celle des autres papillons ; elle est renflée dans le milieu, et ses deux bouts se terminent en fuseau; sa couleur varie du brun, ou vert, au jaune pâle : elle passe l'hiver sous cette forme, et donne son papillon au printemps. « + DES PAPILLONS. 3x Le Papillon aurore de Provence, Papilio eupheno. G. Piéride. LaTr. Il ressemble beaucoup au précédent , tant par la taille que par la disposition des cou- leurs; mais le mâle a le fond des quatre ailes d’un beau jaune de part et d’autre; la partie aurore des supérieures est plus vive et unpeu moins large ; le dessous des ailes inférieures offre deux raies vertes , transversales, dont l’'antérieure est presque droite et un peu bifide à son origine, et l’autre fortement en zigzag, et plus longue. La femelle est d’un blanc jaunâtre ; le dessous des ailes inférieures est comme chez le mâle. On trouve communément cette jolie es- pèce dans les départemens méridionaux de | la France : sa chenille vit , selon de Villers, sur le béscutella didyma. A | 32 HISTOIRE NATURELLE : Le Papillon citron, Papilio rhamni. G. Coliade. Lure. Cette espèce a environ deux pouces ct demi d'envergure ; ses premières ailes ont le sommet aigu et prolongé ; lesinférieures ont Je bord interne anguleux dans son milieu ; le dessus du mâle est d’un jaune citron; le dessus de la femelle d’un blanc verdâtre ; avec un point orangé vers le milieu de chaque aile et des points ferrugineux très petits sur leur bord postérieur ; le dessous du mâle est un peu moins jaune que le des- sus : dans les deux sexes le point central de chaque aile est ferrugineux et presque ar- genté dans son milieu; le corps est jaune, ou d’un blanc verdâtre, suivant les sexes : avec le dos noirâtre; les antennes sont rou- geâtres. Ce papillon est extrémement commun ; on le voit toute l’année : on en rencontre même dans les premiers jours de février : mais cesindividus étaient éclos en automne h . et ont passé l'hiver à l'abri du froid : Ja DES PAPILLONS, 33 chenille est verte, avec une ligne plus päle le long de ue côté du corps, et de petits points noirs sur le dos : elle vit sur le nerprun purgatif où bourg-épine, sur la bourdaine ou bourgène, et probable- ment sur plusieurs autres plantes. La chrysa- lide est verdâtre où jaunâtre , avec une ligne plus claire et une tache rougeñtre sur cha- que côté. L Le Papillon Cléopâtre, Papilio Cleo- patra. G. Coliade. Lan. Cette espèce ne diffère de la précédente que par la tache orangée qui couvre la majeure partie des ailes supérieures des mâles. Ce papillon est aussi commun que le pré- cédent, et le remplace dans le midi de la France. Le Papillon soufre , Papilio hyale. G. Coliade. Lara. Ce papillon est de la même famille que le précédent ; il a les ailes jaunes ; les supé- le À: dm ii Le cités à hd 34 HISTOIRE NATURELLE rieures ont sur le milieu une petite tache ronde, noire, et une large bandede même couleur à l'extrémité, coupée dans son milieu par plusieurs taches jaunes ; les inférieures ont sur le milieu une tache ronde, couleur de souci, cet près de l'extrémité une bande noire étroite ; les supérieures ont en dessous comme en dessus, une tache noire sur le milieu , et une rangée de petits points bruns près de l'extrémité; les inférieures sont d’un jaune foncé; elles ont deux taches, l’une brune près du bord extérieur, l’autre sur le milieu, d’un blanc de nacre, entourée d’un cercle rouge, et une rangée de petits points bruns près de l'extrémité. ; Les pates et les antennes sont d’un rouge fauve. On le trouve aux environs de Paris, au Printemps et en été, dans les prairies. Sa chenille est d’un vert velouté, avec deux lignes jaunes latérales et des points noirs aux anneaux : elle vit sur la coronille bigarrée. és Hi ARR, SA » L= : “ DES PAPILLONS. 2” L] Le Papillon souci, Papilio edusa. G.Coliade. Late. Il a près de deux pouces d'envergure; le dessus de ses ailes est d’un jaune souci ; mais le fond des inférieures est mélangé de verdâtre, ce qui fait ressortir une tache orangée qu’elles ont sur le disque ou centre; les supérieures offrent, vers le milieu de leur bord d’en haut, un gros point d’un noir foncé : à l’extrémité des unes et des autres est une bande noire , large, sinuée sur le côté interne, continue dans le mâle, divisée, dans la femelle, par des taches jaunes, au nombre de sept sur les premières ailes, et de cinq sur les inférieures : le dessous des premières ailes diffère du dessus, en ce qu'il est noir foncé , et que toute la partie correspondante à la bande terminale est d’une teinte verdâtre, avec une ligne trans- verse de points, dont les trois ou quatre inférieurs noirs et plus gros , et les autres ferrugineux ; le dessous des secondes ailes est entièrement d’un jaune verdâtre , avec Aù c'en ” ER "4 - D . A rt IISTOIRE NATURELLE une igne courbe et postérieure de points - ferrugineux, plus, deux points discoïdaux argentés, dont l'extérieur. moins gros ; le corps et les antennes sont comme dans le précédent. On trouve ce papillon dans les mêmes localités et aux mêmes époques que le pré- cédent : sa chenille est d’un vert foncé, ‘âvec une raie blanche entrecoupée de fauve, - et ponctuée de bleu; elle vit sur plusieurs espèces de trèfles : la chrysalide est jaune, avec une ligne jaune sur chaque côté, et des taches noires sur l'enveloppe des ailes. Le Papillon Adonis, Papilio Adonis. G. Nymphale. Larr. Ce magnifique papillon a près de quatre . pouces d'envergure. Le mâle surtout , lors- qu’on le voit de face, a le dessus des ailes du bleu azuré le plus brillant , avec tout le contour extérieur des premières, et le prolongement anal des secondes , noirs : ses premières ailes offrent, vers le bout de la côte, deux petites taches blanches, dont cJ DES ravitnons l'antérieure ibhgitudiales -la pos rieu orbiculaire, et placée un peu plus bas. La femelle a le dessus d’un bleu moins vif que le mâle, avec le limbe postérieur largement noir,. ct chargé de deux rangs de taches Déobus aux ailes supérieures, et d’un seul aux inférieures; le dessous des deux sexes est d’un gris lavé de brun, avec. six bandes transverses plus claires , et des. yeux jaunes à prunelle blanche et à iris noir. LA Ce beau papillon est assez commun au Brésil et à Cayenne. Le Papillon de la casse, Papilio cas- siæ , Linx. G. Nymphale. Larr. à Il a plus de trois pouces d'envergure ; ses ailes sont brunes ; les supérieures ont, vers le milieu, une large bande d’un rouge fer- rugineux , séparée en deux près du bord : extérieur, et quelques petites taches de même couleur près de l'extrémité ; les in- férieures ont, près de l'extrémité, une bande ma A F 0 | à A 38 HISTOIRE NATURELLE ondée de même couleur que celle des su- périeures; le dessous des deux ailes est de “couleur cendrée ; elles ont deux yeux placés l’un près du bord intérieur, l’autre près du bord extérieur. Ce papillon habite Surinam. Sa chenille est verte, avec des raïes cou- leur de rose; elle a deux épines sur la tête, et deux à l'extrémité du corps, qui forment une espèce de corne bifide. Elle vit sur le cassia americana fetida ; sa chrysalide est de couleur rousse, avec des taches argen- tées. Ce papillon reste environ quinze jours sous la forme de chrysalide, d’où il sort les premiers jours de juin. Le Papillon ermite, Papilio Briseis. G. Nymphale. Larn. Il a à peu près deux pouces d'envergure ; les ailes supérieures sont légèrement den- tées; les inférieures le sont davantage, sur- tout dans la femelle ; le dessus des quatre est d’un brun noirâtre , à reflet verdâtre, avec une bande oblique d’un blanc sale; la - M de cs" Date) hé, ni LS … ii 7. ! DES PAPILLONS. … 39 bande des premières ailes est partagée en six ou sept taches longitudinales, dont l’an- térieure et la quatrième chargées chacune d’un œil noir à prunelle blanche, mais moins prononcé dans le mâle que dans la femelle , surtout le postérieur; la côte de ces ailes est blanchâtre jusqu’auprès du som- met; la bande des secondes ailes est con- tinue, un peu sinute et dilatée dans son milieu ; le dessous des premières ailes est moins foncé que le dessus ; la bande blanche y est plus large, moins interrompue, teintée de roussâtre sur le côté externe; le dessous des secondes ailes est cendré à la base, avec deux taches noirâtres dans le mâle, sans taches dans la femelle ; blanchâtre, ou plus clair sur la partie qui correspond à la bande du dessus; puis d’un brun obscur, avec deux ou trois points blancs, dont le posté- rieur ocellé; enfin, terminé par une bande blanchâtre ou cendrée, qui a le côté interne sinué; les deux surfaces du corps sont de la couleur des ailes. ÿ On trouve ce papillon dans toute l’Eu- rope; il paraît en juillet et août, dans les à … 4o , HISTOIRE NATURELLE endroits pierreux, à Aunay, près Paris, Sa chenille est inconnue. Le Papillon agreste, Papilio Semele. G. Nymphale. Lan. Il a un peu plus de deux pouces d’en- vergure; ses ailes sont en dessus d’un brun obscur, depuis la base jusqu’au-delà du milieu ; ensuite , noirâtres jusqu'au bout, avec une ligne anguleuse et interrompue d’un jaune plus ou moins fauve; la bande des premières ailes offre, à une certaine dis- tance l’une de l’autre, deux yeex noirs à prunelle blanche; la bande des secondes ailes est terminée inférieurement par un œil semblable ; le dessous des ailes supé- rieurés se distingue du dessus, en ce que le milieu est fauve, et en ce que la bande jaune est plus pâle, presque continue , et marquetée de gris-blanc près de la côte ; le dessous des inférieures est cendré, aspergé de noirâtre, avec une bande anguleuse , comme celle du dessus, mais blanchâtre, et moins prononcée dans les femelles que dans LÉ: a VOTES CT TT L 4, DES PAPILLONS. | Lx les mâles : cette bande se termine aussi par un petit œil; le corps est de la couleur des ailes. j Ce papillon paraît dans les mois de juillet et d'août : on le trouve très communément dans toutes les parties arides des environs de Paris ; il suce la séve des arbres qui süin- tent, et alors il est facile de le prendre. Le Papillon Faune, Papilio Fauna. G. Nymphale, Lamn. Il a près de deux pouces d'envergure; le dessus du mâle est d’un brun noirâtre; le dessus de la femelle est d’un brun plus clair, avec un léger reflet verdâtre. Non loin de l'extrémité des premières ailés, sont deux gros points noirs, placés transversa- lement, et séparés l’un de l'autre par un groupe de deux points blancs ; les secondes ailes sont longées parallèlement au bord ter- minal, par une série de quatre à cinq pe- tits points blanchâtres, dont le postérieur est oculaire ou cerclé de noir; le dessous des premières ailes ressemble au dessuss SL ren à à À À” 42 HISTOIRE NATURELLE mais les deux points noirs ont un iris jaune qu’on aperçoit du côté opposé dans lafemelle; le dessous des secondes ailes est cendré, fine- ment piqué dé brun obscur, et traversé dans son milieu par une bande blanchâtre, que borde, du côté de la base , la plus longue des deux lignes flexueuses noires : cette bande est plus prononcée dans les individus du midi de l'Europe que dans ceux du nord : cette différence a donné lieu à quelques auteurs de faire deux espèces pour ces individus. Ce papillon est très commun aux environs de Paris, et particulièrement au bois de Boulogne ; il paraît dans le courant du mois d'août. Sa chenille est inconnue. - Le Papillon Myrtile, Papilio Janira. G. Nymphale. Law. Ce papillon a deux pouces d'envergure ; le dessus des ailes est d’un beau brun noiï- râtre, légèrement chatoyant : les premières, dont le bord terminal est entiér, ont, vis- à-vis du sommet, un œil noir à prunelle . blanche ; dans le mâle, cet œil est petit et x, DES PAPILLONS. 43 entouré d’un cercle roussâtre ; dans la fe- melle, au contraire, il est grand et placé sur une bande fauve , transversale, un peu bifide antérieurement, coupée, dans toute sa longueur, par des nervures du même brun que le fond, et adhérent, par son côté interne, à un espace discoïdal également fauve : les secondes ailes sont dentées; le dessus est sans taches dans le mâle, mais dans la femelle on voit ordinairement un point fauve vers le milieu de sa surface; le dessous des ailes supérieures est fauve, avec. les bords cendrés, et un œil comme du côté opposé ; le dessous des inférieures est d’un cendré jaunâtre, et traversé obliquement . au-delà du milieu par une bande plus claire, large, sinuée intérieurement , sans taches, ou avec un seul point noir ocellé dans la femelle , offrant dans le mâle deux points semblables, très éloignés l'un de l'autre, et parfois un troisième plus petit et moins distinct, situé entre le postérieur et l’angle de l'anus ; le corps est de la cou- leur du fond des ailes. Linné a donné le mâle de ce papillon sl ù Léistési "RAC dE, 4 due ps D ne À bé Jde. à : 44 HISTOIRE NATURELLE sous le nom de janira, et la femelle, pri- mitivement sous celui de coridon, et ensuite de Jurtina. Plusieurs auteurs ont fait de même. En général , cette espèce varie beau- coup selon les climats, et même, dans les environs de Paris, on en observe diverses variétés. Il paraît dans le commencement de juillet, et on le trouve en grande abondance dans les prairies humides*des environs de Paris, à Gentilly surtout. Sa chenille a l'anus ter- miné par une pointe bifide; son corps est vert, avec une ligne blanche longitudinale, placée de chaque côté au-dessus des pates. Elle vit sur le paturin des prés (poa pra- tensis ), et sur quelques autres graminées : la chrysalide est verdâtre, rayée de brun sur l'enveloppe des ailes. Le Papillon Satyre, Papilio Meæra. # G. Nynphale. Larr. Ce papillon a près de deux pouces d’en- vergure; ses quatre ailes sont faiblement dentées, d’un brun obscur en dessus , avec + DES PAPILLONS+ 4 des sinus blanchâtres; les premières ont 2 vers le bout, une bande fauve transversale , plus ou moins coupée par des nervures , sinuée sur le côté interne, rétrécie à sa partie inférieure, et chargée à sa partie supérieure de deux yeux noirs, dont l'extérieur très petit, l’autre grand et pourvu le plus sou vent d’une double prunelle blanche ; le mi- lieu de la surface de ces’ailes est en oùtre fauve , avec une raie noirâtre, large et obli- que dans les mâles, étroite eten zigzag dans les femelles ; les secondes ailes ont une bande fauve, courbe et maculaire, sur la= quelle il y a trois ou quatre yeux, dont deux, le second et le troisièmes, à partir d’en haut, plus grands; le dessous des ailes supérieures ne diffère du dessus que parce qu'il est généralement plus pâle ; le dessous des inférieures est gris, avec deux lignes brunes, transverses, ondulées, parallèles ; et presque discoïdales , à la suite desquelles, vient une rangée courbe de six yeux noirs, dont l’antérieur, le quatrième et le cin- quième plus gros, l’anal double : ces yeux ont tous une prunelle blanche ét deux iris 46 HISTOIRE NATURELLE jaunûtres, entourés chacun d’un cercle noi- râtre : il y a en outre une ligne ondulée de cette couleur le long du bord terminal de chaque aile; le corps est brun en dessus, gris en dessous; les antennes sont annelées de blanc et de noir. Ce papillon varie selon les climats; ceux du Midi sont moins fauves que ceux du Nord, Il paraît pour la première fois en mai, et pour la seconde en juillet et août. Il aime à se poser sur les murs et sur les tas de pierres : on le rencontre partout. Sa chenille est pubescente ou légèrement velue, d’un vert tendre, avec l’anus terminé en pointe bifide; elle vit sur plusieurs espèces de graminées, telles que le paturin annuel , la fétuque flottante , etc. : sa chrysalide est verdâtre ou noirâtre, suivant l’âge , avec | A rangs parallèles de points blancs tu- erculeux sur la partie postérieure du dos, ét une tache noire à la sommité du corselet; elle est suspendue par la queue. DES PAPILLONS. +47 Le Papillon demi-deuil, Papilio # Galathea. G. Nymphale. Latr. + Ce papillon a environ deux pouces d’en- vergure; ses ailes sont dentelées, d'un blanc jaunâtre , avec la base et l'extrémité noirés en dessus, et tachetées de blanc; la tache de la base des quatre ailes est presque ovale: le blanc domine bien plus en dessous , sur- tout aux ailes inférieures, qui n’ont qu'une bande noire près de la base, et une ligne : d’yeux noirs à peine visibles en dessus. Ce papillon est très commun, au mois de juillet, dans tous les bois des environs de Paris; il voltige sur les buissons, où il y a des ronces en fleur. Sa chenille es verte ou jaunâtre, avec trois lignes longitudinaless plus obscures ; sa tête est ferrugineuse , eb la pointe de l'anus offre deux petites épines” rouges. Elle vit sur la fléole des prés. La chrysalide est ovoïde, d’un blanc jaunâtre, avec des bandes brunes longitudinales; sa tête est bifide ou en croissant. 18 HISTOIRE NATURELLE 7” #. Le Papillon Bacchante , Papilio Deja- rire. G. Mymphale. Larn. nid Ce papillon a plus de deux pouces d’en-, vergure ; le dessus deses ailes est d’un brun obscur, avec une rangée ‘courbe et trans- vérse de cinq yeux noirs À iris jaunâtre vers le bout des premières, et trois à quatre yeux semblables, mais dont les deux postérieurs plus grands, vers le bout des secondes; le dessus est plus clair, et les yeux ont une prunelle blanche; ceux des premières ailes sont précédés intérieurement d’une bande jaunâtre, transverse et flexueuse ; ceux des secondes sont placés sur une bande large et blanche, également flexueuse; ils sont au -nombre de six; les antennes sont annelées de blanc, leur massue est grêle et en fu- seau, Ce papillon paraît dans la première quin- zaine de juin ; son vol a lieu en sautillant, ou par saccades, ce qui lui a valu le nom qu'il porte, et ce qui le rend très difficile DES PAPILLONS. 49 à prendre. On le trouve à Meudon, à Vin- cennes, Bondy, etc. ; il êst assez commun dans toutes les forêts du nord de la France. Sa chenille est pubescente, verte, avec des lignes longitudinales plus foncées : elle \ vit sur l’ivraie annuelle. à Le Papillon Tristan, Papilio Hype- r'anius . G. Nymphale. LArr. Ce papillon a plus d’un pouce et demi d'envergure; il est entièrement brun : on voit seulement à l’extrémité de sessailes une petite bordure d’un blanc jaunâtre ; le des- sous est de même couleur; les ailes supé- rieures ont trois pétits yeux , les inférieures cinq; ces yeux sont noirs, entourés d’un cercle jaune, avec un petit point blanc sur le milieu. On le trouve aux environs de Paris. Sa chenille vit sur le poa annua , et les autres graminées; on la trouve dans les bois, à la fin de mai et au commencement de juin; elle est velue, de couleur grise , IX. 5 bo HISTOIRE NATURELLE très difficile à trouver, parce qu’elle se laisse tomber dès qu’on ‘touche la plante sur la- quelle elle setient : alors elle échappe à la . vue, à cause de sa couleur, qui ressemble à cellerde la terre; elle se suspend comme les . chenilles épineuses pour se transformer en chrysalide ; elle reste sous cet état jusqu’au mois de juillet, où paraît le papillon. Le Papillon Céphale, Papilio Arcanius. G. Nymphale, Larn. Ce petit papillon a de seize À dix-huit lignes d'envergure; ses ailes supérieures sont fauves de part et d'autre, avec le bord ter- minal d’un brun noirâtre en dessus, mais moins foncé en dessous , où l’on voit vis-à- - vis du sommet un petit œil noir à prunelle blanche et à iris jaunâtre ; le dessus des ailes inférieures est d’un brun obscur, avec une petite tache jaunâtre placée à l'angle de l'anus, et surmontant un arc fauve; leur dessous est roussâtre , avec la base teintée de verdâtre; le milieu traversé obliquement pär une bande blanche, anguleuse, laquelle DES PAPILLONS, 5x offre, à l'origine de son côté interne, un œil noir À prunelle d’un blanc vif, et sur son côté. externe; quatre ou cinq yeux sem- blables, dont les yeux antérieurs et Panal, lorsqu'il existe, plus petits; il y a, emoutre, une ligne argentée, courbe, le long du bord postérieur ; les antennes sont anne- lées de blanc et de noir. Ce joli papillon paraît en mai et juillet; on le trouve très abondamment dans les bois des environs de Paris ; mais il ne s’é- tend guère à plus de vingt-cinq lieues vers le Nord. Sa chenille est verte, avec des lignes dorsales plus foncées, et des raies la= térales jaunes : elle vit sur la mélique ciliéez sa chrysalide est ramassée, obtuse et rou-. geûtre. Le Papillon Paon du jour, Papilio Lo. ri G. Nymphale. Larr. Ce papillon à les quatre ailes anguleuses d’un beau brun fauve en dessus, avec un œil sur chacune; les supérieures ont, le long du bord inférieur ; deux taches noires et une jaune ; au-dessous de la: plus grande ETS à Ÿ N + b e ba HISTOIRE NATURELLE on voit une tache jaune qui entoure l'œil, dontle milieu est brun et la partie infé- rieure d’un blanc changeant, et près de l’ex- trémité de l'aile cinq petites taches blan- Chés ? œil des inférieures est d’un bleu noi- râtre entouré de gris; l'extrémité de ces deux ailes est brune; le dessous des quatre ailes est d’un brun noir. Il est commun aux environs de Paris. Les chenilles qui donnent cette espèce de papillon vivent en société : on les trouve, en été, sur la grande ortie et sur le houblon, dont elles se nourrissent; elles sont épi- neuses, d’un noir foncé, piqué de petits points blancs ; les chenilles changent de peau dans des toiles qu’elles filent en commun : elles sont du nombre de celles qui se sus- pendent verticalement la tête en bas pour se changer en chrysalide, Le papillon en sort environ vingt jours après sa métamor- phose; on le voit voler vers le milieu de l'été ; il est du nombre de ceux qui ne font usage que de leurs quatre pates postérieures, et dont les deux premières sont courtes et ont les tarses couverts de poils, 4 tra 61 + D ON ME TAPER TOO DT Insectes. PURE | Deseve del Le flan Jiutp. 1. l'ristan. 2. Mars. Es PAPILLONS. 53.4 Le Mars de Geoffroy, Papilio Iris. G. Nymphale. Larn. Ce papillon est un des plus beaux des environs de Paris : il est de la même famille que le précédent; le dessus de ses ailes est d’une couleur changeante, vu à un certain jour ; l’une paraît brune et l’autre d’un beau violet changeant; les supérieures ont quel- ques taches jaunes et blanches; les infé- ” rieures ont deux bandes jaunes, l’une sur le milieu, l’autre vers l'extrémité ; les supé- rieures ont un œil noir entouré de jaune un peu au-dessous de leur milieu ; les inférieures en ont deux près de l'angle, également noirs, entourés de jaune, l'un grand , l’autre très petit; le dessous des ailes est d’un brun clair sans reflet : on y voit les mêmes taches qu’en dessus. On trouve ce papillonen été dans les bois aux environs de Paris. Il a le vol très ra- pide : on le voit souvent dans les chemins, posé sur les bouses de vache. 11 fait usage de ses six pates. É. > . Et 2 a *. d 54 ” HISTOIRE NATURELLE Sa chenille est verte, avec des lignes obli- ques blanches; elle a sur le corps des aspé- rités, et sur la tête deux épines : elle vit "sur le chêne, le saule et le frêne. Sa chrysalide est verte ,elle a deux cornes, et elle est comprimée. Le Papillon du médicinier, Papilio iatrophæ. G. Nymphale. Lars. Ce papillon a deux pouces et demi d’en- vergure; il a les ailes presque transparentes, de couleur blanche, avec des taches d’un jaune brun; les ailes supérieures ont près de leur milieu une tache ronde d’un brun foncé; les inférieures en ont deux; le des- sous est semblable au dessus. Ce papillon habite Surinam : il est très commun. Sa chenille vit sur le manihot, dont elle mange les feuilles. Elle est velue, de couleur brune ; elle se change en chrysalide vers le milieu de mai, et paraît sous la forme d’insecte parfait les premiers jours de juin. Inivectes, Pb, 9, Fire AP NN PET ir DPeseve dal Caguet Jeulr 1. Le Paon a, De la Cassave. du jour + 5, Momo. DES AAPLLEONN LOS Le Papillon Morio, Papilié ‘Antiopa G. Nymplale. Lin. Ce papillon, un des plus grands de ceux qu'on trouve aux environs de Paris, a en= viron trois pouces d'envergure. Il est d’un beau noir velouté en dessus et en dessous, On voit le long du bord exté- rieur de ses ailes supérieures deux petites” taches jaunes ; l'extrémité de ses quatre ailes est terminée par une large bordure jaune, au-dessus de laquelle est une rangée de pe- tites taches d’un beau bleu : ces taches bleues ne se trouvent point sur le dessous des ailes, qui, du reste, est semblable au dessus. Il est commun aux environs de Paris : on le trouve aussi en Amérique. Sa chenille est épineuse, noire, avec des taches forrugineuses sur le dos; elle est du nombre de celles qui se suspendent verticn- lement. Elle vit en société: on la trouve, em été, sur le saule et le bouleau, dont elle.se nourrit, ” Sa chrysalide est dentée , de couleur noire, avec quelques taches rougeûtres. L.. 56 " HISTOIRE NATURELLE Ce papillon reste environ quinze jours sous la forme de chrysalide. On trouve, au commencement du prin- - temps, de ces papillons qui ont passé l'hiver cachés dans des trous d’arbre ou à l'abri le long de quelque mur; la bordure de leurs ailes est alors blanche au lieu d’être jaune. Cette espèce ne fait usage que des quatre pates postérieures : les deux premières ont , les tarses couverts de poils. Le Papillon Hypsipile, Papilio à Hypsipile. L G. Thaïis. Lare. Ce papillon , une des plus jolies espèces de * notre pays, a environ deux pouces d’enver- gure ; ses ailes sont d’un beau jaune, variées de taches noires, rouges et bleues; le des- sous des supérieures est d’un gris blanchâtre, be avec les nervures noires : on y voit plusieurs … destaches qui sont en dessus ; le dessous des s inférieures est blanc, avec des taches noires, rouges, bleues et jaunes. Ce papillon varie pour la grandeur : son £ 3 DES PAPILLONS. 57 vol est lourd, on le prend facilement. Il pa- raît vers le milieu de l'été aux environs de Vienne et de Ratisbonne; il est décrit dans le catalogue systématique des papillons des environs de Vienne en Autriche, sous le nom de polixena. On le trouve aussi dans le midi de la France, Sa chenille vit sur l’aristoloche clématite; » elle est d’un beau jaune citron; elle a de chaque côté deux bandes rouges terminées par un point noir, et sur le dos une excrois- sance rouge terminée par un point noir ; elle est entourée de longs poils grisâtres.: lors, qu’elle veut se changer en chrysalide, elle couvre de soie une petite surface, s’y cram- ponne avec ses pates antérieures , et Se SUS- pend par le milieu du corps avec un fil très fort. Sa chrysalide est d’un blanc jaunâtre tra- versé de beaucoup de raies noirâtres , les unes perpendiculaires, les autres horizon- tales. Elle passe l'hiver sous cette forme, et | le papillon paraît au printemps suivant. 58 HISTOIRE NATURELLE Le petit Sylvain, Papilio Sibylla. G. Nymphale. Larr. Ce papillon est un peu plus grand que le précédent; ses ailes sont brunes, avec chacune une large bande blanche sur le mi- lieu; celle des ailes supérieures est formée par des taches irrégulières; les inférieures ont près de l’angle une petite tache d’un jaune souci ; le dessous des quatre ailes est jaune fauve, avec des bandes, des taches blanches et des points bruns. On le trouve aux environs de Paris et en Allemagne ; il est du nombre de ceux qui font usage de leurs six pates. Sa chenille est verte, avec des épines roses. Le Sylvain azuré, Papilio Camilla. # G. Nymphale. Late. Ce papillon ressemble beaucoup au pré- cédent, dont il ne diffère que par les carac- tères suivans : le dessus de ses quatre ailes, ee —_ né DES PAPILLONS. 59 au lieu d’être d’un brun noïirâtre, est d’un bleu foncé chatoyant et un peu verdâtre, avec une ligne. transverse et presque ter- minale de points d’un bleu plus clair ; en ce que leur dessous n’a qu’une rangée posté- rieure de points noirs, lesquels sont entou- rés de brun cendré aux secondes ailéss et. en ce que ces dernières ailes ont la base sans taches. On trouve cette espèce, en juillet et août, dansl’Asie mineure, l'Italie, l'Autriche ete., et dans le midi et le centre de la France. Le grand Sylvain , Papilio populi. G. Nymphale. Larr. Il à trois pouces et demi d’envergure; ses ailes sont dentées, d’un brun noir en des- sus, et traversées dans les femelles par une bande maculaire blanche , et par une ligne de taches fauves , près du bord postérieur ; il y a deux rangées de taches bleues près de ce bord sur les inférieures ; le dessous des quatre ailes esb d’un fauve jaunâtre, avec des taches d’un blanc bleuâtre, dispo- ÿ ot él cabitettié À | 60 HISTOIRE NATURELLE sées en une bande interrompue sur les su- + périeures, et des taches bleuâtres entre- ‘coupées de points noirs le long du bord postérieur. ! On trouve ce beau papillon dans les grands boïs du nord de l’Europe; il vient se poser sur les fientes des bestiaux dans les chemins battus : on le trouve rarement aux environs de Paris; cependant on en a pris quelques individus dans les forêts de Com- piègne, de Senlis, Fontainebleau, Armain- villiers, Senart et Saint-Germain. C'est » Ænitre le 1o et 20 juin qu’il donne. Sa che- nille est verte, nuancée de brun, avec: la tête et l'anus fauves ou rougeâtres; l'anus est un peu fourchu, et le dos offre des éminences charnues et épineuses : elle vit sur le tremble et sur le peuplier. Le Papillon tabac d’Espagne , Papilio Paphia. G. Nymphale. Late. Il a plus de deux pouces et demi de lar- geur ; ses ailes sont d'un fauve jaunâtre en “hall. 4, À 0 ”: : À LES PAPILLONS. _ 6x dessus, avec quelqués raies, et. plusieurs rangées de taches rondes, noires ; les pos- térieures sont glacées en dessous d’une teinte de vert, avec des lignes nacrées , ou argentées. On trouve ce papillon aux environs de Paris, au mois de juillet et d'août; il n’est pas rare dans les forêts de Saint-Germain et de Bondy. Le Papillon grand Nacré, Papilio Aglaia. G. Nymphale. Lars. Re Il est de la taille du précédent ; ses ailes sont arrondies , peu dentées, fauves, tache- tées de noir en dessus, fauves en dessous, avec vingt-trois taches argentées, êt un cor= don de taches rougeâtres ayant un point nacré. Commun dans les mêmes localités que le précédent. ixe 6 62 HISTOIRE NATURELLE L à ' Le petit Nacré, Papilio Lathonia. G. Nymphale. Lawr. + Il a près de deux pouces d'envergure; ses ailes sont d’un jaune fauve en dessus , avec des taches brunes séparées les’ unes des autres ; les supérieures sont d’un jaune pâle en dessous, elles ont plusieurs taches noires, et près de l'angle extérieur plu- sieurs petites taches nacrées ; les inférieures sont de même couleur , mais elles sont pres- que entièrement couvertes de grandes et de petites taches nacrées très brillantes. On trouve ce papillon danses mois de . juillet et d'août aux environs de Paris et dans d’autres parties de l'Europe; il est de la même famille que les précédens; ses pates antérieures ont leurs tarses couvents de poils: Nous ne connaissons point les mœurs de sa chenille; Rœsel la représente de couleur brune, avec une bande jaune de chaque côté. 1nreetes. Deseve del. …_ (Caguel dub. 1. Hypsile , 2, Sa Chenille. 2. Deuil. 5. Peut Nacre. à; DES PAPILLONS. 63 Le Papillon collier argenté, Papilio Euphrosyne. G. Nymphale. Lazr. Ê | Il est de la grandeur du précédent; ses ailes sont fauves, tachetées de noir, et ornées en dessus d’une double bordure noire, avec des taches jaunes; les ailes pos- térieures sont d’un fauve vif en dessous, marquées d’une tache argentée à la base, d’une bande jaune vers le milieu, ayant. une autre tache argentée ; une bande plus claire, avec cinq points presque ocellés, rougeâtres , et sept taches ArpenE Re le long du bord postérieur, Cette espèce est commune aux environs de Paris, dans les bois. La petite Violette, Papilio Dia. G. Nymphale, Late. Il est un peu plus petit que le précédent; ses aïles sont fauves, très tachetées denoir; les inférieures sont d’un pourpre foncé en . ét * 64 | HISTOIRE NATURELLE dessous, avec des taches argentées et des taches jaunes, une bande plus claire, et "+ ‘une ligne d’yeux argentés; il y a une petite % série de taches argentées au bord postérieur. On le trouve dans les mêmes localités que les précédens. Le Papillon damier, Papilio Cinxia. G. Nymphale. Larr. $ Ilest un peu plus grand que le précé- dent; ses ailes sont d’un fauve jaunâtre en dessus, tachées de noir; elles ont deux bandes transverses fauves, et de petites taches noires en dessous des postérieures : on voit une rangée de lunules blanches, bordées de noir, située au bord postérieur de chaque aile, tant en‘dessus qu’en dessous. Cette espèce est très commune dans toute l’Europe et aux environs de Paris. Le Robert-le-Diable, Papilio gamma. G. Nyniphale. Larn. Il a plus de deux pouces d'envergure ; ses ailes sont très anguleuses, fauves en PT! bé , Sn ne ‘: sh ni] ; , DES PAPILLONS. 65 dessus, avec des, taches noires, dont quel- ques'unes sont réunies, brunâtres et nuan- cées de bleu en dessous : on voit une tache blanche en forme de C ou de G en dessous des ailes inférieures. | Ce papillon est très commun aux envi- rons de Paris, dans les prairies bordées de saules, Le Papillon grande Tortue, Papilio polychloros. G. Nymphale. Lara. €e papillon a plus de deux pouces et demi de largeur ; ses ailes sont anguleuses, fauves en dessus, avec une bordure noire, interrompue par de petites lignes jaunes et une rangée de taches blanchâtres; il y a trois taches noires sur les supérieures près de la côte, et quatre plus petites en dessous. Il est très commun aux environs'dé Paris, dans les mêmes lieux que le précédent. ++ , "7 " tt 1 2 bé. da. D PT 66 HISTOIRE NATURELLE La petite Tortue, Papilio urticæ. G. Nymphale. Larr. Cette espèce est plus petite que la précé- dente ; ses ailes sont anguleuses , fauves : les antérieures ont trois taches noires sur leur disque supérieur, et une petite tache blan- che près de leur extrémité. Ce papillon est très commun aux environs de Paris. Le Papillon Vulcain, Papilio Ata- lanta. G. Nymphale. Lars. Ses ailes sont un peu dentées, noires en dessus, avec une bande transverse couleur de feu; celle des supérieures discoïdale, courbe, interrompue dans son milieu; celle des inférieures marginale : celles-ci arron- dies, celles-là un peu concaves, On le trouve aux environs de Paris, où il est très commun. 4 LE dE à DES PAPILLONS. 67 La Belle-Dame, Papiliô cardu. G. Nymphale. Lara. Il a environ deux pouces et demi d’ens vergure; ses ailes sont dentées : les supé- rieures sont noires, avec deux taches, dont une d’un fauve cerise vers la base, et quél- ques petites taches blanches apicales; le dessus des inférieures est brun à la base, fauve ensuite , avec des taches noires et une ou deux taches blanches bordées de noir près de l'angle de l'anus; le dessous de ces ailes est marbré de gris, de jaune et de brun, avec cinq taches en forme d’yeux alignés. , On trouve cette espèce aux environs de Paris, où elle est très commune; elle n’est pas plus rare en Amérique et en Afrique. Le Papillon Cupidon, Papilio Cupido. G. Polyommate. Larr. Ce papillon, qui a un pouce et demi d’en- vergure, est un des plus beaux de ce genre ; ”, : + Lé. + 2% 68 HISTOIRE NATURELLE ilest d’un blanc jaunâtre; ses ailes inférieures On six dentelures en forme de queues , dont une beaucoup plus longue que les autres; le dessous de ces ailes a des taches dorées et argeritées; ses antennes sont noires. Il habite l'Amérique. Sa chenille vit sur le cotonnier; elle est blanche, avec des points noirs. L. Le Porte-Queue bleu strié, Papilio Beæticus. G. Polyommate. Lan. Ce papillon a quinze à dix-sept lignes d'envergure; ses ailes sont brunes en dessus; couvertes d’une poussière d’un bleu chan- geant sur le milieu; les inférieures ont près de l'angle un petit appendice très délié en forme de queue : on voit près de la bordure de ces ailes , au-dessus de l' appendice, quel- ques petites taches rondes d’un bleu foncé; les ailes sont en dessous d’un gris jaunâtre, avec des striés blanches; les inférieures ont à l’angle deux petits yeux noirs, dont le Insectes Pre. Deseve: dd. Caguot. Veutp.| 1.1. Porte-queue . 2.2. Niroir, bleu Stmie. d ” = sd 7, ,” L CACRE DES PABILLONS. 69 haut est entouré de jaune, et le bas d'un M vert qui paraît métallique. _ L On trouve ce papillon aux environs de Paris, dans les jardins, vers le milieude l'été : il fait usage de ses six pates. * Sa chenille est du nombre de celles que Réaumur appelle cloporte, à cause de leur forme arrondie ; elle a seize pates, ainsi que les autres de ce genre. Elle vit dans l’inté- rieur des siliques du baguenaudier (colutea arborea ) et autres plantes légumineuses, dont elle mange le fruit; elle y reste cachée, et n’en sort que lorsqu'elle veut se changer en chrysalide, C’est ordinairement vers les premiers jours de juin qu’elle cherche une feuille où elle s'attache par le milieu du corps : on voit paraitre le papillon environ vingt jours après sa métamorphose. . Le Papillon du bouleau, Papilio betulæ. G. Polyommate. Larn, Ce papillon a de seize à dix-huit lignes d'envergure ; le dessus des ailes est d’un 70 HISTOIRE NATURELLE brun noirâtre, avec l'angle interne et le milieu de la queue des inférieures fauves. Dans la femelle, il y a en outre une bande fauve, transverse, courbe, et plus ou moins prononcée vers le bout des supérieures. Le dessous de ces ailes est d’un fauve jaunâtre, avec un trait noirâtre bordé de blanc, trans- verse, et presque central; puis deux lignes blanches ondulées, partant de la côte et tendant à se réunir à leur extrémité infé- rieure. Le dessous des secondes ailes est de la couleur des premières, avec deux lignes blanches , transverses, flexueuses, dont l’in- térieure plus courte , et une bande terminale d’un roux vif. Les deux lignes blanches sont bordées de brun du côté par où elles se re- gardent, et l’espace qui les sépare est de la même nuance de roux que la bande termi- nale dont nous avons parlé. On trouve cette espèce dans les baïs et le long des haies; elle n’est pas commune, mais elle se trouve À Paris et dans toute la France. Ce papillon paraît depuis la fin de juin jusqu’à la mi-septembre. Sa chenille est verte, avec plusieurs raies jaunes, lon- a. = DES PAPILLONS. - 7 gitudinales, et des raies transverses, un peu moins foncées sur chacun des côtés : elle vit sur le bouleau blanc, le prunier domes- tique et le prünellier; sa chrysalide est lisse, brune’, avec des raies plus claires. Le Papillon du prunier, Papilio pruni. G. Polyommate. Larr. Il a environ quinze lignes d'envergure ; le dessus des deux sexes est d’un brun noirûtre, ‘avec une bande postérieure de taches fauves: cette bande manque assez souvent aux ailes supérieures du mâle; le dessous est d'un brun jaunâtre, avec une ligne blanche in- terrompue, placée transversalement derrière le milieu, et suivie d’une bande fauve con- tinue, dont les deux côtés sont bordés par des points noirs. On le trouve, en juin, aux environs de Paris, dans la forêt de Bondy. a + se de à - Cod Cr cdi. “LC a " CA ol EE ge cr. M AE, CR De, 72 HISTOIRE NATURELLE Le Papillon du chêne, Papilio quercüs. : G. Polyommate. Larr. Il a près d’un pouce et demi d’enyer- gure; le dessus des ailes est d’un brun noï- râtre, glacé de violet dans le mâle, avec a ure tache bifide bleue à la base des ailes 4 supérieur es dans la femelle; le dessous est . d’un gris satiné, avec une ligne blanche, transverse et ondulée; puis deux taches fauves, anales. * Il est très commun aux environs de Pari 15. Le Papillon Xanthé, Papilio Xanthe. G. Polyommate. Lan. Il est de la taille du précédent ; ses ailes sont presque entièrement d’un brun cha- toyant en dessus, avec des taches noires ; leur dessous est d’un jaune verdâtre pâle, avéc des points oculaires noirs: elles ont une bande marginale fauve sur leurs deux surfaces. Il est très commun aux environs de Paris. jou. Giles 77 DES PAPILLONS. + 73 Le Papillon de la verge d’or, Papilio virgaureæ. G. Polyommate. Lan. Il est de la taille du précédent ; le dessus de ses ailes est fauve, bordé de noir, et sans taches dans le mâle, ou avec plusieurs taches dans la femelle; le dessous des infé- rieures est d’un jaune fauve pâle, avec des | points noirs faiblement ocellés , et une ligne transverse de taches blanches. Il se trouve en France : il est rare aux environs de Paris. Le Papillon bronzé, Papilio phlæas. G. Polyommate. Lave. Ce papillon est de la grandeur des précé- dens ; ses ailes supérieures sont d’un fauve cuivreux , avec des taches noires ; le dessus des inférieures est d’un brun noirâtre, avec. une bande fauve crénelée; leur dessous est d’un cendré brunâtre , avec des points noirâtres, et une ligne flexueuse d’un rouge brique. IX. _ ébnféai Nu “ét 7h * HISTOIRE NATURELLE , Cet insecte est très commun dans leg prairies de toute la France. Le Papillon de la ronce, Papilio rubi. G, Polyommate. Larr. Il est de la grandeur des précédens; ses ailes sont dentelées, d’un brun noirâtre lui- sant en dessus; leur dessous est vert, avec un liséré ferrugineux, et une rangée trans- versale de points blancs. fl se trouve dans les bois de l’Europe, depuis la mi-avril jusqu’à la mi-mai; il se repose sur les épines en fleur. Le Papillon Adonis, Papilio Adonis. G. Polyommate. Ian. 11 a quatorze lignes d'envergure; ses ailes sont entières; leur dessus est d'un bleu azuré un peu viclâtre chez le mâle: d'un brun noirâtre chez la femelle, avec une frange panachée; leur dessous est brunâtre, avec la base verdâtre , une mul- titude de points ocellés, et une bande mar- ginale de lunules fauves. DES PAPILLONS. 75 Il est commun dans les prairies , et les clairières des bois de l’Europe. Le Papillon Alexis, Papilio Alexis. G. Polyommate. Lan. : Il est de la taille du précédent ; ses ailes sont entières, d’un bleu violet en dessus chez les mâles, et d’un brun noirâtre chez les femelles, avec une frange blanche ; leur dessous est cendré, avec la base ver- dâtre, une multitude de points ocellés, et une bande marginale de taches fauves. Il est commun dans toute l’Europe, dans les prairies. Le Papillon Ægon, Papilio Ægon. LI G. Polyommate. Law. ? 4 Il a environ dix à onze lignes d’enver- gure; ses ailes sont entières, d’un bleu violet en dessus chez le mâle, avec une large bordure brune et une frange blan- che; d’un brun noirâtre chez la femelle; leur dessous est d’un cendré obscur ét -# 76 HISTOIRE . NATURELLE ocellé de noir ; celui des inférieures a une bande fauve smuée, et chargée d’un rang de points argentés. Il est assez commun aux environs de Paris. A7" ? &.1 M } Le Papillon Hylas, Papilio Hylas. | G. Polÿommate. Lan. Il a environ un pouce d'envergure; ses ailes sont entières, d’un bleu violet pâle en dessus (sommet des quatre brun chez la femelle), avec une lunule centrale noire, et une frange panachée; le dessous est d’un cendré blanchâtre, avec une multitude de points noirs ocellés ; celui des inférieures offre une bande de cinq lunules fauves. Il est assez commun dans les bois des environs de Paris. Le Papillon Acis, Papilio Acis. G. Polyommate. Larr. Il est de la taille du précédent; le des- sus du mâle est d’un violet bleuâtre, avec PT QU au OL DES PAPILLONS. a. une bordure noire; celui de la femelle est d’un brun noïrâtre; le dessous est d’un cendré obscur, avec une lunule centrale , et une rangée de points oculaires noirs. IL n’est pas rare dans les bois des envi- rons de Paris. Le Papillon Corydon, Papilio Co- rydon. G. Polyommate. Lan. Il à quinze à seize lignes d'envergure ; ses aïles sont entières, avec le dessus ar- genté et chatoyant en verdâtre, une bor- dure ocellée et une frange panachée; le dessous est cendré, avec une multitude de points oculaires; celui des inférieures est verdâtre À la base, et offre à l'extrémité une série de lunules fauves. ; On le trouve aux environs de Paris, dans les bois. ‘ou 78 HISTOIRE NATURELLE Le Papillon Argus, Papilio Argus. G. Polyommate. Larr. Il a treize lignes d'envergure; ses ailes sont entières, d’un bleu violet en dessus , avec une large bordure brune et une frange blanche ; leur dessous est d’un cendré blan- châtre et ocellé de noir ; celui des inférieures a une bande fauve sinuée, et chargée d’un rang de points argentés. Il est commun dans toute la France : on letrouve danses prairies et dans les champs. DES HESPÉRIES. 79 Il GENRE. HESPÉRIE. Caractères génériques. Antennes filiformes, avec une masse oblongue , souvent terminées par une pointe qui forme le crochet. — Deux antennules courtes, égales, velues et comprimées à la base, nues et cylindriques au sommet. — Trompe longue, divisée en deux, roulée en spirale, ca- chée par les antennules, Les espèces qui forment ce genre ont été séparées du genre papillon, par M. Fabricius. Les hespéries diffèrent des papillons par la manière dont elles portent leurs ailes; dans l’état de repos, elles ont les deux su- périeures relevées, sans qu’elles se touchent et sans qu’elles soient perpendiculaires, tandis que les inférieures sont presque paral- lèles au plan de position. Leurs antennes sont filiformes, terminées par une masse oblongue, dont l'extrémité est en pointe, qui souvent forme le crochet. Leurs antennules sont velues, et compri- n. *. $ 80 HISTOIRE NATURELLE "+ mées à la base, nues et cylindriques auf sommet. Leur trompe est longue, divisée en deux; elles s’en servent pour prendre leur nour- _riture. Les hespéries ont six pates, et, comme plusieurs espèces de papillons , elles font usage des six pour marcher et se fixer. Les hespéries viennent, ainsi que les pa- pillons, de chenilles à seize pates ; nous n'en connaissons aucune qui soit épineuse ; leur manière de vivre diffère peu de celle des papillons ; cependant, celle qui donne lhespérie de la mauve, kesperia mabæ, » s'enferme dans la feuille qu’elle veut man- ger, et la lie avec plusieurs brins de soie : … lorsqu'elle est prête à se changer en chrysa- lide, elle forme de celle dars laquelle elle se trouve, une espèce de petite boîte ovale, où elle file une coque mince, qui sert d’en- veloppe à sa chrysalide, qui est brune , re- couverte d’une poussière légère , de couleur blanche, d’où le papillon sort les premiers jours d’août. Ve EC à Insectes, à PL, 2. Deere del. Caguet deutp. 1. Cupidon. 2. Vergete à 1] DES HESPÉRIES. 8x Ce genre renferme à peu près trois cent cinquante espèces, dont on ne trouve que six ou huit aux environs de Paris : on les voit voler, les unes au printemps, les autres en automne, dans les prairies; toutes les es- pèces sont petites : nous en ferons connaître quelques unes. L’Hespérie vergetée, ÆZesperia comma. ? Cette hespérie a quatorze à quinze lignes d'envergure ; ses ailes sont d’un jaune fauve, brunes vers l'extrémité; les supérieures ont, près des deux tiers, plusieurs taches jaunes qui forment une espèce de bande, et au-dessus quelques taches de même cou- leur; les inférieures ont également une bande formée par plusieurs taches jaunes; le des- sous des ailes est de couleur moins foncée que le dessus; elles ont une teinte ver- dâtre; on y voit les mêmes taches, mais plus pâles. On trouve fréquemment cette hespérie, en automne, dans les prairies aux environs de Paris. 82 HISTOIRE NATURELLE Sa chenille est d’un rouge brillant; sa tête est noire , auprès est une strie blanche. Sa chrysalide est brune, allongée, de forme cylindrique. L’Hespérie miroir, /lesperia Ara- cynthus. Cette espèce a de quinze à dix-sept lignes d'envergure; ses ailes sont d’un brun foncé; les supérieures ont, près de l’extrémité, trois petites taches jaunes, inégales, dont la plus grande est placée le long du bord extérieur ; on voit, en dessous de ses ailes, plusieurs taches jaunes, près de l'extrémité; le dessous des inférieures est jaune , et pres- que entièrement couvertde taches oblongues d’un blanc jaunâtre, qui forment trois bandes transversales. On trouve cette hespérie dans les bois, aux environs de Paris, en Autriche et en Sibérie. Nous ne connaissons pas sa chenille, DES HESPÉRIES. 83 L'Hespérie échiquier, Æesperia paniscus. Cette hespérie a plus d’un pouce d’enver- gure ; le dessus de ses ailes est d’un brun noirâtre , à reflet vineux , avec beaucoup de taches fauves, dont les intérieures plus grandes et éparses ; les extérieures for- ment une rangée parallèle au bord ; le des- sous des premières ailes est fauve , avec des taches et l’extrémité des nervures noïres; le dessous des secondes est d’un brun jaunâtre, avec treize taches blanchâtres, inégales , et légèrement bordées de noirâtre. Cette espèce habite les parties maréca- geuses des bois : elle paraît au commence ment de mai. L’Hespérie bande noire, Æesperia linea. Elle est de la grandeur de la précédente; le dessus des deux sexes est fauve, avec les bords et les nervures d’un brun noirâtre ; le mâle a en outre, vers le milieu des pre- ne Ld à | M , LA 84 HISTOIRE NATURELLE mières ailes, une ligne noire, oblique et étroite ; le dessous de ces ailes est fauve, avec la base noirâtre, et l'extrémité d’un cendré jaunâtre ; le même côté des secondes ailes est d’un cendré jaunâtre, avec l’angle interne largement fauve. Cette espèce est commune à la fin de juillet , ou au commencement d’août. L’Hespérie Sylvain, Æesperia Syl- vanus. Elle est un peu plus grande que la précé- dente, à laquelle elle ressemble beaucoup ; ses antennes ont l’extrémité crochue ; le fauve du dessus de ses ailes, surtout dans la femelle, est divisé en manière de taches par du brun noïrâtre, et approche moins du bord postérieur; la ligne noire du milieu des ailes supérieures du mâle est plus large ; le dessous des ailes inférieures des deux sexes est d’un jaune verdâtre, avec une rangée courbe et transverse de quatre à cinq taches d’un jaune un peu plus clair. Cette espèce est assez commune en mai et juin, dans les clairières des bois. Inwectew, PL, 13. ne ana tt Penae Men s MT — Desepe: del, we Letellier eur. 1. Tèle de Mort. 8. Du Troëne . 2 . Sa Chenille,. L 1 DES HESPÉNIES. 85 L'Hespérie plain-chant, Æesperia tesselum. Cette hespérie a environ quinze lignes d'envergure; le dessus de ses ailes est d’un brun noirâtre tirant sur le cendré , avec une frange blanche coupée de noir. Entre le milieu de la surface et le bord terminal s les premières ailes ont une douzaine de pe- tites taches blanches, carrées , dont les pos- térieures forment une ligne flexueuse qui descend de la côte jusqu’auprès du bord interne ; les secondes ailes ont deux rangées courbes de taches semblables ; mais celles de la rangée intérieure sont souvent moins prononcées ; le dessous des ailes supérieures est d’un gris noirâtre, avec des taches blan- ches correspondant à celles du dessus ; les inférieures ont le même côté plus ou moins verdâtre, avec trois bandes blanches trans- verses et interrompues, dont l'intermédiaire plus large. Cette hespérie est assez commune dans les bois, les prés, etc., au printemps et en été. IX, 8 - + 86 HISTOIRE NATURELLE L’Hespérie du chardon, #esperia cardui. Cette hespérie ne diffère de la précé- dente que parce qu’elle est toujours plus petite, plus noirâtre en dessus, et parce qu’elle a moins de taches sur les deux sur- faces des secondes ailes. Elle est très commune au printemps et en été; elle aime à se poser sur le chardon à bonnetier. L’Hespérie grisette, /Z esperia tages. Cette hespérie a près de quatorze lignes d’envergure ; ses ailes ont le dessus d’un brun presque noirâtre; le dessous d’un brun plus clair, avec des points blanchâtres très petits, et disposés sur deux lignes trans- verses, dont l’extérieure courbe et appuyée contre la frange, et l’intérieure flexneuse et moins distincte. Cette espèce se rencontre communément dans tous les environs de Paris, en avril ct vers la fin de juillet. DES HESPÉRIES. | 87 Sa chenille est d’un vert clair , avec une ligne jaune, ponctuée de noir le long du dos, et des lignes semblables sur les côtés ; sa tête est brune. Elle vit sur le chardon. Roland (eryngium campestre ). Sa chrysa- lide a l'enveloppe des ailes d’un vert foncé , et la partie postérieure du corps rougeitre. L’Hespérie de la mauve, Æesperia malvæ. Elle a de quatorze à seize lignes d’enver- gure;ses quatre ailessont dentelées, d’un brun olivätre en dessus, avec une tache et deux raies transverses , d’un gris rougeâtre dans le mâle, d’un gris bleuâtre dans la femelle : les premières ailes ont, en outre, six petites taches transparentes ; le dessous des quatre ailes est un peu plus pâle que le dessus, et celui des inférieures offre des points blancs, dont l’antérieur solitaire, les autres formant deux rangées courbes et transversales, L'hespérie de la mauve est commune à Paris, et dans toute l'Europe : on la trouve en mai et juillet, dans les bois, les prés , les jardins , etc. 88 HISTOIRE NATURELLE d Sa chenille est pubescente , d’un gris cen- dré, avec la tête noire, et quatre points jaunes sur le premier anneau. Elle vit sur la mauve sauvage , la passe-rose, ou rose- trémière ( alcea rosea ), etc. Lorsqu'elle n’a point subi sa métamorphose avant l'hiver, elle s’enferme dans la tige de la bardane ou de quelque chardon, et elle y reste en- gourdie jusqu’au printemps. Sa chrysalide est d’un cendré bleuätre. III GENRE. SPHINX. Caractères génériques. Antennes filiformes, prisma- tiques, terminées en pointe mousse. — Denx an- tennules égales, comprimées, obtuses, très velues et recourbées. — Trompe très longue, divisée en deux, roulée et cachée entre les antennules. Læs sphinx ont, comme les papillons, quatre ailes membraneuses , recouvertes d’une poussière écailleuse ; mais les supé- rieures sont proportionnellement beaucoup plus longues que celles des papillons; les in- férieures très petites, par rapport aux su- DES SPHINX. 89 périeures,, qui sont étroites, allongées , d’une figure triangulaire , dont le côté inté- rieur est plus court que le côté extérieur : dans quelques espèces l'extrémité est unie ; dans d’autres, elle est plus ou moins décou- pée. Lorsque les sphinx sont en repos , ils portent leurs ailes un peu penchées vers le ‘plan de position , de sorte qu’elles ne sont pas tout-à-fait horizontales, et qu’elles lais- sént leur corps à découvert. Les antennes des sphinx grossissent im- médiatement au-dessus de leur base, et con- servent cette grosseur jusque vers leur som- met, où elles se contournent un peu, et se terminent en pointe; dans la plus grande partie de leur étendue, ces antennes for- ment une espèce de prisme; on voit sur chacune des deux surfaces planes de celles du mâle , une suite de lames transversales, formées par des poils très fins, un peu fri- sés ; les antennes de la femelle sont lisses et unies. La plupart ont la trompe très longue ; dans quelques espèces , elle a plus de lon- gueur que le corps; dans d’autres , elle est sn hé À it lot tt fs Le. à 90 HISTOIRE NATURELLE très courte; elle est divisée en deux, ordi- nairement roulée en spirale et cachée entre les antennules. Les sphinx ont six pates longues, les cuisses des deux postérieures sont armées * chacune de quatre épines , celles des inter- - nédiaires de deux, mais les antérieures en “sont dépourvues : ils se servent de toutes 4 les pates pour marcher et se fixer. Le corps des sphinx est gros et massif; Je corselet et l'abdomen sont couverts de poils courts, fins et serrés : dans quelques ‘espèces, l'abdomen du mâle se termine en pointe assez aiguë. Ils ont le vol très fort et très rapide ; en volant ils font, avec leurs ailes, un bruit qu’on entend d’assez loin. C'est ordinaire- . ment au coucher du soleil qu’on les voit chercher leur nourriture dans le calice des fleurs, autour desquelles ils voltigent con- tinuellement , sans se poser, pendant qu'ils en pompent le suc avec leur longue trompe. Les sphinx viennent de chenilles à seize pates, qui n'ont ni poils ni épines ; les unes ont la peau lisse, les autres l'ont cou- ds ut Ds. dédie. : trié mu. à : DES SPHINX, g1 verte de petits grains écailleux ; toutes por- tent , sur le onzième anneau, qui est l’avant- dernier, une corne plus ou moins recourbée en arrière , dure, écailleuse , qui ne paraît point destinée à leur servir de défense, et dont l’usage est inconnu. La forme de la tête de ces chenilles varies nn. dans quelques espèces , elle est arrondie « ou ovale, un peu aplatie; dans d’autres, elle 34 est triangulaire, plate par-devant , REA dans une situation perpendiculaire au corps. Parmi ces chenilles, nous en connaissons une qui, lorsqu'elle ne mange point, ou qu'elle est en repos, a une attitude singu= lière ; elle se tient ordinairement sur une branche, qu'elle serre avec ses pates mem- braneuses; elle élève en même temps la partie antérieure de son corps, de manière qu'elle se trouve presque perpendiculaire à la portion qui est parallèle à la branche ; elle a, en outre, la tête baïssée et les pates écailleuses appliquées contre le corps; comme dans cette position, où elle reste souvent des heures entières, elle a un peu de res- semblance avec l'animal de la fable nommé 92 HISTOIRE NATURELLE sphinx, on lui en a donné le nom, qu’elle a communiqué à toutes eelles de ce genre. C'est vers le milieü de l'été qu’on voit paraître ces chenilles : toutes celles que nous connaissons sont fort belles ; la plupart . sont d’un beau vert, et sur quelques es- pèces, on voit des raies et des taches de … différentes couleurs ; mais lorsque ces che- nilles approchent du moment où elles doi- " vent se changer en chrysalides, toutes ces couleurs se ternissent, deviennent sombres ; la chenille paraît malade, elle reste plu- sieurs jours sans manger, et cherche un en- _ droit où elle puisse se métamorphoser, C'est ordinairement dans la terre que ces che- nilles subissent cette métamorphose ; elles y filent une espèce de coque, si toutefois on peut donner ce nom à quelques brins de soie liés avec un peu de terre, dont elles s’entourent , et avec lesquels elles fortifient la terre qui les environne. C’est vers la fin .. de l'été, ou au commencement de l’au- tomne , que ces chenilles se changent en chrysalides : quelques unes passent l'hiver sous cette forme; l’insecte parfait sort l'été DES SPHINX. 93 suivant !; d’autres ne restent que deux ou trois mois en chrysalide. Leurs chrysalides sont de figure conique, le plus ordinairement d’un brun foncé; elles ont une pointe dure, raboteuse, un Fr eu courbée À l'extrémité, dont elles font + P ; usage pour changer de position; la manière. elles commencent par s'appuyer sur cette dont elles s’y prennent est assez singulière # $ pointe, et sur la tête; elles élèvent un peu le milieu du corps, et lorsqu'elles sont dans cette attitude, elles font plusieurs tours sur elles-mêmes avec beaucoup de célérité; en- suite, elles s’allongent sur le côté opposé à celui où elles étaient avant cette manœuvre. Plusieurs de ces chrysalides ont un appen- dice en forme de nez, recourbé sur la poi- trine, qui sert d’enveloppe à une partie de la trompe du sphinx : nous décrirons quel- : J'ai élevé dans la même année trois chenilles du sphinx du tithymale; de l’une de ces chenilles, qui se sont changées en chrysalides à peu près au même temps, il en est sorti un sphinx le dix-septième jour après sa métamorphose : les deux autres n’ont paru que l'été suivant. } 94 HISTOIRE NATURELLE ques espèces de ce genre , qui offrent des particularités remarquables ; il est composé de près de cent espèces, dont huit habitent les environs de Paris. Le Sphinx tête de mort, Sphinx Atropos. Ce sphinx a environ quatre pouces et demi d’envergure; sa trompe est courte, elle fait au plus’ deux tours de spirale ; la tête noire; les ailes supérieures d’un brun foncé, tachées de jaune brun et de jaune clair; les ailes inférieures jaunes, avec deux bandes transversales brunes : l’une sur le milieu, l’autre vers l’extrémité ; le dessous des ailes jaune, avec des taches et des bandes brunes; le milieu de l'abdomen d’un gris bleuâtre ; les côtés jaunes, et sur chaque anneau une bande transversale noire : ce que cet insecte a de plus remarquable dans ses couleurs, c’est que sur son corselet, qui est noir, on voit une large tache jaune qui représente une tête de mort. On trouve ce sphinx aux environs de ve ur du) DES SPHINX. 95. Paris, dans une grande partie de l’Europe, et en Egypte, où il est du double plus grand qu’en Europe, vers la fin de septembre ou au commencement d'octobre; il vient quel- quefois voler, le soir, dans les appartemens où il voit de la lumière. Dans une année où il régnait des maladies épidémiques dans la Bretagne, ce sphinx a jeté l’épouvante parmi ses habitans, qui croyaient que sa présence occasionnait ces maladies, et que la figure bizarre de son corselet annonçait la morta- lité. Ce qui pouvait encore contribuer à augmenter leur frayeur, c’est un bruit ou cri plaintif que fait entendre cet insecte, en frottant ses antennules sur sa trompe lors- qu’elle est roulée; ce bruit, cependant, comme on voit ; n’a rien que de très naturel, et ne peut.alarmer que des êtres ignorans et superstitieux. Sa chenille vit sur la pomme de terre; elle est d’un jaune foncé ; avec des taches d’un vert clair et d’un vert foncé ; sa corne n’est point recourbée comme celle des autres chenilles de ce genre; elle se tortille vers le dessus de son corps, comme la queue de , DE LEON de. " DRE _ 06 HISTOIRE NATURELLE quelques chiens. Cette ‘hénille s'enfonce dans la terre vers le milieu de l'été, pour se changer en chrysalide, et paraît sous la * forme d’insecte parfait les premiers jours d'automne. Le Sphinx du laurier-rose, Sphinx ner. Ce superbe sphinx a environ quatre pouces et demi d'envergure ; ses ailes sont diver- sement nuancées de vert en dessus : les pre- mières ont, à l’origine du bord antérieur, une tache blanchâtre, arrondie, sur laquélie” il y a un gros point et une petite ligne transverse d’un vert olivâtre ; viennent en- suite trois lignes blanchâtres, transverses et sinuées, se confondant à leur partie infé- rieure avec une bande rosée qui descend obliquement de la côte du bord opposé. Derrière cette bande est un espace violâtre, - longitudinal, appuyé à son extrémité in- terne sur une ligne blanchâtre en zigzag, Let surmonté à son extrémité externe d’une bande également blanchâtre, qui s'élargit er SPHINX, & k dans le haut, et qui est précédée en détiôfs 3 d’une ligne de sa couleur. En face du som- met est une. ligne blanchâtre en forme d’Y renversé. Le dessus des secondes ailes est noirâtre depuis la base jusque vers le milieu , ensuite verdâtre jusqu’au bord pos- térieur; ces deux nuances sont séparées par une raie blanchâtre et sinueuse, Le dessous des quatre ailes est verdâtre , avec quelques nuances roussätres et une ligne blanche commençant au sommet des supérieures et finissant à l’angle anal des inférieures. Le corselet, d’un vert foncé, a un collier gris lilas et une grande tache triangulaire d’un gris verdâtre sur le milieu; l'abdomen est vert, avec les premier et troisième anneaux blancs et des bandelettes olivâtres sur les autres; les antennes sont blanchâtres en dessus, ferrugineuses en dessous; la trompe est d’un brun jaunâtre ; les pates sont grises. On trouve ce sphinx dans le midi de la France, en Italie et en Espagne : on Laits # trouvé quelquefois à Paris; mais ce n'est «) que très rarement, et il paraît qu'il y avait - à été apporté ere IX, 9 _ 98 HISTOIRE NATURELLE Sa chenille vit sur le laurier-rose commun nertum oleander ); elle est extrêmement vorace. Sa couleur générale est d’un vert grisâtre ; elle est pointillée de blanc, et ses quatre anneaux antérieurs sont d’un jaune pâle. Elle a de chaque côté ün grand œil bleu à double prunelle blanche et à iris noir, puis une bande d’un blanc bleuâtre, allant du quatrième anneau à l’origine de la corne : cette dernière est un peu arquée, jaunâtre, et assez courte; la tête est verte. Cette chenille est du nombre de celles qu'on appelle vulgairement cochonnes, où qui, dans l'inaction, retirent leur tête sous le troisième anneau du corps. Quand elle est . prête à se métamorphoser, ses quatre an- néaux antérieurs et le postérieur prennent une couleur: de jaune d’ocre foncé, et le reste de son corps devient noirâtre. Elle se fabrique une coque avec des feuilles, qu’elle réunit au moyen de quelques fils de soie; elle se métamorphose en juillet, Sa chrysalide est très allongée, presque également grosse dans toute sa longueur, et d'un brun jaunâtre. Le papillon éelot au “. DES SPHINX. 99 mois de septembre de la même année ;ou > si la chenille ne s’est pas transformée de bonne heure, il ne sort qu’au mois de j juin de l’année suivante. : Le Sphinx du troëne, Sphinx ligustri. Ce sphinx a quatre pouces d’envergure ; ses ailes supérieures sont veinées de brun, de noir, de blanc, et d’un gris rosé; les in- férieures roses, avec deux bandes noires; le dessous des quatre ailes d’un gris vineux : les supérieures ont quelques bandes brunes, les inférieures des bandes brunes et une bande blanche; le dessus du corselet est noir ; l'abdomen a alternativement des bandes noires et roses, coupées dans leur milieu par une bande longitudinale rougeûtre. On trouve ce sphinx en Europe; il vole le soir, dans les jardins, autour des lilas , des chèvrefeuilles et autres arbustes ; il vol: tige continuellement autour des fleurs, pen- dant qu’il en pompe le suc. La 100 HISTOIRE NATURELLE, Sa chenille, une des plus belles de ce genre, est celle qui se tient le plus ordinai- rement dans l'attitude dont nous avons parlé plus haut : elle est d’un beau vert pomme; elle a sur les côtés sept bandes obliques en forme de boutonnière ; chaque bande est composée de deux raies , l’une de couleur lilas, l’autre blanche. Elle se nourrit de feuilles de troëne et de lilas; on la trouve vers le milieu de l'été; elle s'enfonce dans la terre les premiers jours d'automne pour se changer en chrysalide, et elle reste sous cette forme jusqu’au commencement de l'été suivant. ? : Les chenilles de cette espèce ont parmi leurs ennemis le plus grand des ichneumons des environs de Paris. J'ai dans ma collection un de ces ichneu- mons qui est sorti d’une chrysalide de cette chenille, à peu près à l’époque où le sphinx devait paraître. DES SPHINX. 1017 Le Sphinx à cornes de bœuf, Sphinx convolyuli. j Ce sphinx a plus de quatre pouces d’en- vergure ; ses premières ailes sont en dessus d'un gris cendré finement fouetté de brun, avec deux petites veines noires sur le milieu et un léger bouquet de poils de cette cou- leur à l’origine du bord interne. Dans le mâle, le milieu est, en outre, chargé de brun, non seulement entre ces veines ; Mais en deux endroits de Ja côte; les secondes ailes sont d’un gris luisant, avec trois bandes noirâtres. Le dessous des quatre ailes est d’un gris cendré, avec une double bande brunâtre, commune, ordinairement plus distincte aux inférieures. Le corselet est de la couleur des premières ailes, avec deux chevrons noirâtres, obtus, dont l’antérieur très grand et embrassant le postérieur. Le dessus de l'abdomen est alternativement annelé de noir et de rouge, et offre, le long du dos, une bande grise, divisée par une 102 HISTOIRE NATURELLE ligne noire. Les antennes sont blanchâtres en dessus, cendrées en dessous; la trompe est longue de près de trois pouces. Ce sphinx paraît au commencement de juin et de septembre; il répand une odeur d’ambre : il butine ordinairement sur les fleurs en entonnoir, et fait entendre un bourdornement assez fort. Il n’est pas rare en France et dans les environs de Paris : on le trouve assez fré- quemment du côté de Romainville. Les chenilles varient beaucoup; il y en a de vertes, avec six rangs longitudinaux de taches noires-et une multitude de lignes noires et transverses : d’autres sont aussi vertes, mais elles ont deux rangs de points noirs le long du dos et sept bandes blanches et obliques sur chacun des côtés; d’autres sont d’un vert foncé , avec deux raies noires le long du dos et des bandes obliques de la même couleur sur les côtés. Il y en à d’un brun clair, avec des raies obliques plus fon- cées; leurs‘trois derniers anneaux sont rayés longitudinalement de taches blanchâtres, et 7 RE, ” ne. à bo er, CO ‘ DES SPHINX. 103 il y a sur chaque anneau deux points blancs. Enfin, on en trouve une variété entièrement brune, avec le dos plus foncé. Ces chenilles vivent sur le liseron pour- pre ou volubilis, le liseron des champs, la belle-de-jour et l’ipomée écarlate; nous en avons trouvé quelquefois sur les feuilles du jasmin commun. Pour se métamorphoser, elle s’enterre; c’est vers la fin de juillet qu’elle se change en chrysalide : cette der- nière est d’un brun marron, avec la gaîne de la trompe saillante. Le Sphinx du pin, Sphinx pr Lainn., Larn. Ce sphinx a trois pouces d'envergure; ses ailes supérieures sont d’un gris blan- châtre, avec un groupe de trois petites lignes longitudinales noires sur le disque et un trait longitudinal brun au sommet; le dessus des secondes est d’un brun cendré luisant, sans aucune tache. Les quatre ailes ont la frange du bord postérieur entre- LE de es DS "ni RP rt. Mn - d 104 HISTOIRE NATURELLE coupée de blanc de part et d'autre; leur dessous est cendré, avec l'extrémité fine- ment saupoudrée de blanchâtre. Le corselet 3m gris, avec deux bandes noires longitudi- nales et en forme de croissant; le dessus de l'abdomen est alternativement annelé de blanc et de noir; il offre, le long du dos, une bande grise, divisée par une ligne noire. Les antennes sont blanches en dessus et cendrées en dessous. Ce sphinx est très commun à Valen- ciennes : on le trouve à Fontainebleau dans le mois de juin. Sa chenille vit sur le pin de Corse ( pénus pinaster) ; avant les premières mues, elle est verte, avec le dos brun et trois lignes lon- gitudinales d’un jaune citron sur chacun des côtés. Dans le premier âge, elle est presque toute jaune ; elle s’enterre, vers la fin de juillet, au pied de l'arbre qui l’a nourrie, pour se métamorphoser en une chrysalide d’un brun marron , avec la gaîne de la trompe saillante et recourbée sur elle- même. DES SPHINX, 105 Le Sphinx du tithymale, Sphinx eu- phorbiæ, Linn., Lan. Il a un peu plus de deux pouces, d’en- vergure; le dessus des ailes supérieures est d’un gris rougeâtre, avec trois taches et une large bande vertes; le dessus des in- férieures est rouge, avec une bande noire et une tache blanche; les antennes sont blanches ; le dessus. du corps est d’un,vert olive; l'abdomen est conique, très pointu, avec cinq. bandes blanches transverses sur les côtés ; tout le dessous du corps et des ailes est d’un rouge pâle. On trouve sa chenille dans toute l’Eu- rope: les avenues du boïs de Boulogne, de Vincennes, du Vaisinet et le Calvaire, sont les meilleures localités des environs de Paris pour la trouver. Le sphinx paraît au com- mencement de septembre. Cette chenille ést noire, avec des points et des taches jaunes, une ligne sur le dos, la queue et les pieds rouges, 106 HISTOIRE NATURELLE Le Sphinx de la vigne , Sphinx elpenor, Linn., Lan. Ce sphinx a plus de deux pouces et demi d’envergure ; ses ailes supérieures sont d’un vert olive, avec des bandes d’un rouge pourpre; les ailes inférieures noires à la base, pourpres à l'extrémité; les quatre ailes sont d’un vert jaune en dessous, avec des bandes pourpres; le dessus dé la tête, du corselet et de l’ahdomen, est vert , avec quelques lignes longitudinales pourpres; le dessous est entièrement de cette dernière couleur. Ce sphinx est assez raré aux environs de Paris; il se trouve depuis la fin de juillet jusqu’à la mi-septembré; on l’a pris à Ar- ceuil, à Marly, et à la mare de Ville-d’A- Vray. Sa chenille vit sur l’épilobium à feuilles étroites, la balsamine zmpatiens et la vigne; elle est d’un vert noirâtre velouté; elle a, sur chaque côté des deux premiers anneaux, une grande tache ondée, d’un bleu foncé ; Insectes, Pr: 14. LN Darmis de. Zétallier Pin: 1. De la Vigne. 8. Sa Chrysahide. 2. Sa Chenille. idem d és «hmtiisé" là |, DES SPHINX. : 107 le devant de son corps est gros, renflé; l'extrémité de sa tête est mince, allongée : ce qui lui donne un peu de ressemblance avec le groin d’un cochon. On la trouve vers le milieu de l'été; elle s'enfonce dans la terre pour se changer en chrysalide, d’où elle sort pendant l'automne sous la forme d’insecte parfait. Le Sphinx petit Pourceau, Sphinx Porcellus, Linn., Lan. Ge joli sphiox a près de vingt lignes d’en- vergure; le dessus de ses premières ailes est d’un rose plus ou moins foncé, avec trois bandes transverses et sinuées, vertes; le dessus des secondes aïles est noirâtre au bord d'en haut, jaunâtre au milieu, et rose à l'extrémité, avec le bord terminal entrecoupé de blanc de part et d’autre; le dessous des quatre ailes est rose, avec le milieu traversé par une bande jaunâtre, sinuée en arrière; la base des supérieures est d’une teinte noirâtre; le corps est d’un rose foncé ; la tête, le milieu du corselet et «3 * 108 p zsromr NATURELLE |. le dos, sont lavés de verdâtre, et les côtés du ventre sont longés par deux lignes de points d’un blanc un peu jaunâtre. Ce papillon paraît au mois de juillet. On le trouve aux environs de Paris, mais il est très rare dans le midi de la France. Sa chenille est brune ou verte, mais plus souvent brune : elle a de chaque côté, sur le devant du corps, trois taches ocu- laires noires, à prunelle blanche et à iris roussätre ; sa corne est courte. Elle vit sur le caille-lait jaune et l’épilobe à feuilles étroites : on la trouve assez fré- quemment au bois de Boulogne, sur le bord des chemins, et à Bondy, près du canal de lOurcq. Sa chrysalide a le dessous des anneaux plus fortement épineux que dans celle du sphinx de la vigne, à laquelle elle ressemble beaucoup. Le Sphinx fuciforme, Sphinx fucifor- + mis, Linn., Larr. Ce sphinx est large de quinze à dix-huit lignes ; ses quatre ailes sont transparentes , DES SPHINX. 109 avec les nervures , une bande terminale et une tache près du milieu de la côte des su- périeures, d’un ferrugineux pourpré 5 le dessus du corps est d’un vert d'olive, avec les derniers anneaux un peu plus clairs, et bordés latéralement par des poils d’un jaune pâle ; le milieu de l'abdomen est traversé de part et d'autre par une large bande du même ferrugineux que la bordure des ailes, et la brosse, dont le dessous est aussi fer- rugineux, a les côtés noirs. Il paraît au commencement de mai et dans le courant de juillet ; il butine de pré- férence sur les fleurs bleues de la sauge des prés, dans les berges du canal de l'Ourcq, près de Pantin, la grande avenue du bois de Vincennes , et la partie basse du bois de Meudon. Sa chenille est chagrinée, d’un vert pâle, avec toutes les pates , le dessous du corps, le pourtour des stigmates et la corne, d’un rouge brun, Elle se nourrit des feuilles du chèvrefeuille et du caille-lait jaune. 1Xe 1Q 110 HISTOIRE NATURBLLE Le Moro Sphinx, Sphinx stellatarum , Linn., Lan. Ce sphinx à vingt à vingt-deux lignes d'envergure; ses antennes sont grosses , brunes en dessus , blanchätres en dessous ; ses ailes supérieures sont brunes , avec deux lignes transversales ondées d’un brun foncé ; les inférieures très courtes, d’un jaune souci, avec l'extrémité brune; l'abdomen brun sur le milieu, avec des poils gris et blancs sur les côtés ; l'extrémité est terminée par des poils d’un brun foncé. On le trouve dans les jardins, en été et en automne ; aux environs de Paris ; il vole avec une très grande vitesse. Sa chenille est verte , chagrinée ; sa corne est bleue à la base et rouge au sommet. Elle vit sur le caille-lait, la garance, et autres plantes étoilées. Inréctes. PL 15. (Desene del. L etelher loup. 1. Moro - Sphinx Hi + ‘2. Chenille . 1. Sa Chenille . Tete de mort. sl LL Lg” , DES SPHINX. si D Le Sphinx du peuplier, Sphinx po> puli, Lun. d G. Smérinthe. Lam. Ce sphinx a plus de trois pouces d’en- vergure; il est d’un gris rougeûtre ; les an- tennes sont blanchâtres en dessus, fauves en dessous; le corselet et l'abdomen sont gris, velus; les ailes supérieures ont, vers le milieu, une large bande brune, sur laquelle est une tache blanche, plus ou moins marquée dans quelques individus , quelques petites lignes ondées, et une large tache de même couleur à l'extrémité; les in- férieures sont de même couleur que les su- périeures, elles ont à leur base une large tache ferrugineuse ; les quatre ailes sont den- tées; le dessous diffère peu du dessus. Sa chenille est verte, chagrinée, avecsept bandes obliques rougeûtres : on la trouve sur le peuplier; elle s'enfonce dans la terre pour se changer en chrysalide, passe l'hiver sous cette forme, et l’insecte parfait paraît au commencement de l’été suivant. 112 y HISTOIRE NATURELLE v Il habite l’Europe : il est assez commun aux environs de Paris. … Le Sphinx du tilleul, Sphinx tiliæ, Lin. G. Smérinthe., Late. Ce sphinx a trente ou trente-trois lignes d'envergure; le dessus des premières ailes est couleur ventre de biche, avec toute l’ex- trémité olivâtre et lisérée de ferrugineux. Vers le milieu de la surface sont placées, l’une au-dessus de l’autre, deux taches d’un vert olive foncé, dont la supérieure irré- gulière et plus grande; le dessus des se- condes ailes est d’un fauve terreux, avec une bande brune peu prononcée , et allant de l’extrémité du bord d’en haut à l’angle anal, où elle à une teinte verdâtre; le des- sous est plus pâle, et ressemble assez au dessus; le corps est d’un gris verdâtre, Ce papillon varie beaucoup; on en trouve qui ont le dessus des aïles supérieures d’un gris blanchâtre, denté d’un gris lilas ; plusieurs ont les ailes d’un fauve incarnat, ÉD ER. ©: : ._ DRS SPHINX. ei 0e d’un rouge briqueté. Enfin, dans quelques individus les deux taches du milieu des ailes sont réunies et forment une bande. 2 On trouve ce sphinx depuis le commen- cement de mai jusqu’à la fin de juin : il est extrêmement commun sur les ormes des boulevarts de Paris. La chenille est chagrinée, d’un vert pâle; elle a sept lignes blanchätres sur les-côtés du corps : elle vit sur l’orme et le tilleul. La chrysalide est d’un brun obscur. Le Sphinx demi-paon, Sphinx ocel. lata , Lan. G. Smérinthe. Lan. C'est un des plus beaux sphinx des en- virons de Paris; il a plus de trois pouces d'envergure ; ses premières ailes sont tantôt d’un gris rougeâtre , tantôt d’un gris vio- lâtre , avec des ondes légèrement obscures ; les secondes ailes sont d’un beau rouge carmin plus où moins vif, avec l'extrémité lavée de brun, et le milieu marqué d’un grand œil bleu à prunelle et iris noirs : cet Lé LA dns DS. | _Jei ELA à HISTOIRE NATURELLE œil se lie à l’angle anal par un croissant un peu moins noir que l'iris; le dessous des premières ailes est d’un carmin pâle jus- qu’au milieu, brun jusqu’au bout; le des- sous des secondes est brun, traversé par des lignes grisâtres; le corselet et l’abdomen sont d’un brun grisâtre. Cette espèce paraît en juin et août : on la trouve aux environs de Paris. Sa chenille vit sur le saule, l’osier, le pêcher, le pommier et lamandier. Elle est commune dans les pépinières de Villejuif et de Montreuil, près Paris. Elle ressemble beaucoup à celle du sphinx du tilleul, dont elle ne diffère que par sa queue, qui est bleue, tandis qu’elle est rouge dans l’autre. DES SÉSIES. 135 IVe GENRE. SÉSIE. Caractères génériques. Antennes cylindriques, un peu xenflées vers le bout, terminées en pointe mousse. — Deux antennules égales, aiguës, com- primées et velues. — Trompe longue, filiforme, divisée en deux, roulée et cachée entre les anten- nules. Les sésies diffèrent des sphinx par la forme de leurs antennes, qui sont cylin- driques , et terminées par un petit bouquet de poils ; Par la forme de l’abdomen, dont l’ex- trémité est terminée par une houppe de poils fins et serrés. Leur trompe est aussi proportionnelle- ment moins longue. : Elles diffèrent encore des sphinx par la grandeur ; la plwpart sont petites, et ont quelque ressemblance avec les insectes des autres ordres dont elles portent le nom. C’est vers la fin de l'été, pendant la cha- leur du soleil, que les sésies volent autour rh i mini ee , à ER Ré L 116 HISTOIRE NATURELLE des fleurs; on les voit passer de l’une à Pautre avec encore plus. de rapidité que les sphinx, et, comme eux, elles planent au- dessus sans s’y poser pendant qu’elles en pompent le suc. Leurs chenilles rongent l’intérieur des tiges, ou des racines des végétaux, à la ma- nière de celles des hépiales, des cossus, et s’y métamorphosent, en employant dans la construction de leurs coques les débris des matières dont elles se sont nourries. Ce genre contient vingt-quatre à trente espèces, dont dix ou douze habitent les environs de Paris. La Sésie apiforme , Sesia apiformis, Lan. Cette sésie, longue de plus d’un pouce, ressemble à une guépe; elle a les an- tennes brunes ; sur la tête, entre les deux antennes, des. poils d’un jaune citron; le corselet brun, sur chaque côté duquel est une tache formée par des poils jaunes; l’ab- domen brun, avec une bande transversale PL, 16. Insectes . de DO COU .(4[20/, M OUE 3 Leleler_ Fa 4.Sa Coque. ER Turquoise ; . [Pereve del. 1 Apiforme j . De la lilipendule . 3, Sa Chenille. L cle nn md. dé nd" E. Aa. DES SÉSIRS. T7 jaune sur chaque anneau ; les ailes transpa- rentes, bordées de brun tout autour; les. pates longues et jaunes. Elle habite l’Europe : on la trouve en été dans les jardins aux environs de Paris. J’aitrouvé cette sésie au Jardin des Plantes, et de jeunes botanistes ont trouvé plus de trente chrysalides de cette espèce au pied des saules dans l’école. Sa chenille est difficile à trouver, parce qu’elle reste le plus ordinairement cachée dans la terre au pied des saules, dont elle mange la racine, pour se changer en chry- salide; elle file une coque d’un tissu très serré, qu'elle recouvre d’écorce et de sciure de boïs; elle est allongée et de couleur brune. Sa chrysalide est d’un brun foncé; cha- cun de ses anneaux est terminé par de petites pointes aiguës; elle passe l’hiver sous cette forme. La Sésie asiliforme, Sesia asiliformis , Lan. Cette espèce est moins grande que la pré- pr vi L . 118 HISTOIRE NATURELLE cédente; son corps est d’un beau noir bleu , avec un collier, plusieurs taches sur le corselet, et trois bandes sur l'abdomen , jaunes : ses ailes supérieures sont opaques , brunes, avec la côte et les nervures bleuä- tres; les inférieures sont transparentes , avec les bords et un petit arc près du milieu, bruns ; le mâle a l'abdomen pourvu de cinq anneaux jaunes ; il est plus petit, et ses an- tennes sont dentées en scie. Cette sésie se trouve en juin et juillet, sur les fleurs du seringat odorant et du troëne commun; on la trouve dans les jar- dins, les chantiers de Paris, et les prés de Gentilly; sa chenille vit dans le tronc du bouleau et du peuplier d'Italie. On trouve souvent l’insecte parfait au pied de cet arbre. La Sésie culiciforme, Sesia culicifor- mis, Lan. Ÿ Elle est longue de six lignes; son corps est d’un noir bleu luisant, excepté les côtés de la poitrine, et un large anneau au mi- DES SÉSIES. 119 lieu de l'abdomen, qui sont d’un rouge orangé vif; la brosse de l'anus est large et d’un noir bleu très luisant; les ailes supé- rieures sont transparentes; la côte est noire, ainsi que l'extrémité; elles ont en face de l’angle externe une lunule de la même couleur ; les inférieures sont transparentes, bordées de noir, avec une petite tache au milieu du bord antérieur : sa chenille est légèrement pubescente, d’un blanc sale, avec la tête brunûâtre ; elle vit dans l'écorce du prunier domestique et du pommier com- mun. On trouve l’insecte parfait en mai et juin, sur les fleurs du seringat odorant et la bourdaine ou bourgène : il n’est pas rare aux environs de Paris. * | 120 HISTOIRE NATURELLE V° GENRE. ZYGÈNE. Caractères génériques. Antennes filiformes À leur base, renflées versle bout, et terminées en pointe. — Deux antennules égales, comprimées et velues. — Trompe de moyenne grandeur, sétacée, divi- sée en deux, cachée entre les antennules. Ox distingue facilement les zygènes des sésies par la forme de leurs antennes , qui sont minces à la base, et qui vont en gros- sissant jusque près du sommet, où elles forment une masse qui se courbe dans son milieu , et se termine en pointe ; elles n’ont point de houppes de poils au bout des an- tennes. On les distingue encore par la forme des ailes , dont les supérieures sont plus arron- dies dans les zygènes, et par la manière dont elles les portent ; dans l’état de repos, elles sont rapprochées l’une de l’autre, ayant le bord extérieur un peu penché, le bord intérieur un peu élevé au-dessus de l’abdo- RO ÉO dans dés, ou 16h ie n'as nel. dub : à 319 ° : C2 L DES ZYGÈNES. 127 men, de manière qu’elles le couvrent entiè- rement, et forment au-dessus de lui une espèce de toit. Les espèces de ce genre que nous connaissons volent peu; elles restent ordinairement sur les plantes ; elles sont lourdes, paresseuses, et paraissent en- gourdies ; c’est vers le milieu de l’été qu’on les trouve. Les chenilles qui donnent les zygènes ont seize pates; elles sont lisses ou velues, et n’ont point, comme celles des sphinx, de corne sur le onzième anneau; elles ne se mé= tamorphosent point dans la terre; lors- qu’elles veulent se changer en chrysalides , elles filent une coque assez solide, le long d’une branche ou d’une feuille, s’y enfer- ment, et y restent peu de temps avant de passer à l’état d’insecté parfait. Ce genre est assez nombreux en espèces : on en trouve trois Ou quatre aux environs de Paris. ! * M. Latreille (Règne animal) a détaché des zy- gènes un certain nombre d'espèces chez lesquelles les antennes, jamais terminées par une houppe, sont en peigne , soit dans les mâles seulement, soit 1X. 11 122 HISTOIRE NATURELLE La Zygène de la filipendule, Zygæna filipendulæ, Larn. . Elle a un pouce et demi d'envergure ; sa tête, ses antennes et son corps sont d’un vert noir ou bleuâtre; les ailes supérieures d’un vert changeant, soyeux, avec plu- sieurs taches d’un beau rouge; les infé- rieures de même couleur que les taches des supérieures ; les pates longues, noires. On trouve cette zygène vers le milieu de l'été, dans les prairies. Sa chenille est jaune, un peu velue; elle a sur le milieu du corps deux rangées de ‘taches noires qui forment des espèces de raies, et une autre raie sur chaque côté, formée également par des taches ; cette che- nille file une coque d’un tissu très serré, d’un jaune brillant, de forme allongée; elle l’attache sur une branche ou sur une feuille, et y reste renfermée environ quarante jours, au bout desquels elle paraît sous la forme d’insecte parfait. dans les denx sexes; il a formé avec ces espèces le genre Graucorrne ( Glaucopis). + DES ZYGÈNES. 123 La Zygène du peucédan, Zygæna peucedani, Larn. Elle est ün peu plus petite que la précé- dente; ses premières ailes sont d’un vert luisant doré, avec sept taches rouges ; les secondes sont rouges, avec une bordure bleue, large et sinuée À son: côté interne ; le corps est d’un vert ou d’un bleu foncé, avec le cinquième anneautde l'abdomen or- dinairement rouge. À On trouve cette zygène aux environs de Paris, dans les parties basses du bois de Meudon, et sur les bords du canal de l'Ourcq, depuis le 15 juin jusqu’à la fin d'août. La Zygène turquoise, Zygæna statices. G. Glaucopide, Law. Cette jolie espèce a environ neuf à dix lignes d'envergure ; elle est de couleur verte; les antennes du mäle sont plus courtes que celles de la femelle; il sort de chaque 124 HISTOIRE NATURELLE : article un filet latéral assez gros, qui fait paraître les antennes pectinées ; les filets dif- fèrent des barbes des antennes des bombyx et ge phalènes, qu'on peut regarder comme dés poils, au lièu que ceux-ci semblent être de même nature que l’antenne, de laquelle ils s’écartent peu ; les antennes des femelles sont un peutriangulaires à leur extrémité; les ailes supérieures sont d’un beau vert de turquoise ; les inférieures d’un gris presque noir, ainsi que le dessous des quatre ailes ; le gorps est d’un vert métallique très brillant; les pates et les antennes sont d’un vert noi- râtre brillant. Elle habite l’Europe : on la trouve en été dans les bois , aux environs de Paris. Sa chenille est noire, avec deux lignes blanches sur le corps : elle vit sur la pa- tience et l’oscille. de us doû TRE |: De ee” “} DES BOMBYX. 12h VI GENRE. BOMBYX. Caractères génériques. Antennes filiformes, pecti- nées; articles courts et grenus. — Deux anten- nules égales, comprimées et velues. — Trompe courte, membraneuse, filiforme, divisée en deux, et cachée entre les antennules, Les bombyx, ou phalènes fileuses, sont de la famille des phalènes ou papillons qui volent peu pendant le jour ; ils diffèrent des espèces qui composent les autres genres des lépidoptères, par les antennes, les anten- nules et la trompe. Les antennes des mâles des bombyx sont ordinairement très pectinées; celles des fe- melles le sont peu; elles sont composées d’un très grand nombre d’articles de chacun des- quels partent des filets assezsemblables aux barbilles des plumes, ce qui leur a fait donner, par quelques auteurs, le nom de phalènes à antennes à barbes de plumes; quelques espèces, cependant, les ont fili- formes. . 126 HISTOIRE NATURELLE Parmi les bombyx, les uns ont une trompe très courte, peu visible; d’autres en ont une longue, divisée en deux, et roulée en spirale. Leur corselet est court, large et couvert de poils assez longs ; leur abdomen, et sur- tout celui des femelles, est gros et couvert de poils. Leurs pates sont de longueur moyenne ; leurs cuisses très velues; leurs tarses arti- culés et terminés par deux crochets. La manière dont ils s’accouplent n’a rien de particulier, et elle est la même que celle des autres lépidoptères. Le plus grand nombre des chenilles des bombyx ont seize pates, quelques unes n’en ont que quatorze, d’autres douze; elles sont lisses ou velues , ou elles ont des tubercules d’où sortent de longs poils. Parmi les che- nilles velues on en voit dont les poils sont réunis en faisceaux sur leur corps, et dont l’arrangement imite parfaitement la figure d’une brosse; ces chenilles à brosse ont en outre, de chaque côté de la tête, une houppe de poils dirigée en avant, et une surle dernier mé. À és. Li: sd 2. Vo DES BOMBYX. 127 anneau, dirigée en arrière, de sorte qu’elles paraissent avoir des antennes ét une queue. Plusieurs chenilles rases ont des formes plus singulières encore que celles que nous offre la position des poils des chenilles velues,; les unes ont de longs appendices en forme de queue à l'extrémité du dernier anneau; d’autres ont, sur le corps, des éminences de figure bizarre, Nous ferons connaître plus particulièrement ces chenilles, en parlant des bombyx qu’elles donnent. Toutes ces chenilles ont deux mâchoires, qui leur servent À couper les feuilles dont elles se nourrissent ; mais, parmi les espèces de ce genre, quelques unes les ont très fortes, ce sont celles qui vivent dans le tronc des arbres, On trouve les chenilles des bombyx, les unes au printemps, ce sont celles dont l’in- secte parfait doit paraître vers le milieu de l'été; les autres en automne, ce sont celles qui doivent passer l'hiver ou sous la forme de chenilles, ou sous la forme de chrysa- lides. Parmi les chenilles qui passent l'hiver, il s'en trouve qui, en automne , ont acquis “rod te the Chi ; D om. dd die. dé. S hüul —, AL 128 HISTOIRE NATURELLE toute la grosseur qu'elles doivent avoir, tandis que d’autres sont très petites. Ces che- nilles restent engourdies, cachées sous des feuilles, dans des troncs d’arbre, ou sous des pierres, tant que dure le froid; mais, dès que la chaleur du soleil se fait sentir, elles sortent de leur retraite, les unes pour chercher la plante qui doit servir à réparer leurs forces épuisées par un jeûne aussi long , les autres pour chercher un endroit commode pour subir leur métamorphose. * Le chêne, l’orme, le bouleau, le saule, nourrissent un grand nombre de ces che- nilles, dont les unes vivent solitaires, les autresien société ; les unes seulement jusqu’à leur première mue , les autres toute leur vie, sous des toiles qu’elles filent en commun, où elles sont à l'abri des intempéries de l'air . # J'ai gardé pendant l'hiver, sur ma fenêtre ; des chenilles du bombyx de la ronce cachées sous des feuilles de chène, avec lesquelles je les ai nourries en automne; au printemps, elles se sont changées en Hnyaalid es sans avoir mangé. Le bombyx est sorti de la chrysalide environ vingt jours après su métamorphose. é ni | ssh. dé. AS Tr LIFE QI LP Le ni tite DES BOMBYX. 129 et de la voracité des oiseaux; le nombre de ces chenilles réunies est quelquefois de six à sept cents ( celles du bombyx his bombyx lanestris, et celles du bombyx chrÿ= sorrhée, bombyx chrysorrhæa) ; ces chenilles « restent sous les toiles jusqu’au moment où " elles doivent se changer en chrysalides ; alorsellesse séparent, et chacune va chercher un endroit où elle puisse se métamorphôser sans être troublée dans cette opération. Presque toutes les chenilles des bombyx construisent une coque plus ou moins so- lide ; celles qui sont pourvues d’une assez grande quantité de soie, n’emploient pas d’autres matériaux dans sa fabrication; mais celles à qui la nature n’en a pas accordé suffisamment, la remplacent, les chenilles velues, en y faisant entrer les poils dont elles sont couvertes, celles qui sont rases , en , se servant de terre ou d’écorce d'arbre. La chenille du bombyx de l’alisier, bombyæ cra- tægi, construit la sienne avec beaucoup de soin et d’indüstrie; elle commence par ap- pliquer des fils de soie sur une feuille, ce sont les fondemens de son édifice; ensuite | bd TR 130 HISTOIRE NATURELLE ellé en ajoute d’autres, et donne à sa coque une forme oblongue; lorsqu'elle juge son trayail assez avancé , elle va chercher de la terre qu’elle apporte à plusieurs reprises dans » sa coque, jusqu’à ce qu’elle trouve sa pro- * vision suffisante pour achever de construire le logement dans lequel elle doit s’enfermer, et dont elle ne doit sortir que sous la forme dé bombyx; lorsqu'elle croit donc en avoir assez, elle achève de fermer sa coque de soie; elle prend alors un peu de la terre dont elle a fait provision, elle l’humecte avec une liqueur qu’elle fait sortir de sa bouche, elle applique cette terre très ra- mollie contre les parois intérieures de sa coque; la terre délayée, qui a la consi- stance d’une boue très liquide, passe au tra- vers du réseau de soie contre lequel elle est pressée, arrive sur la surface extérieure, s’y étend et y prend l’uni et le poli qu’on re- marque sur cette coque. Lorsque nous dé- crirons le bombyx du mürier, nous verrons les moyens que sa chenille emploie pour construire sa coque, dont les hommes sa- vent tirer un parti si avantageux : nous EXa- 4 w 4 - Lo qe Tr # " FE. 4 Galbi tete "M AE TE Bom , atlas. LS 4 * DES BOMBYX. 131 minerons aussi l'industrie de quelques autres espèces. Le Bombyx Atlas, Bombyx Atlas. Ce bombyx est un des plus grands noc- turnes connus; il a les antennes pectinées ; les ailes supérieures recourbées en forme de faux, sur lesquelles sont des taches et des bandes blanches, grises, fauves et ferrugi- neuses; elles ont sur leur milieu une tache transparente , sans couleur , de forme trian- gulaire, et quelquefois une autre tache plus petite, oblongue, transparente et sans cou- leur, placée vers le bord extérieur; les ailes inférieures diffèrent peu des supérieures, elles ont également une tache transparente sur lemilieu; le dessous des quatre ailes dif- fère peu du dessus. La femelle est d’une couleur plus pâle que lemäle ; elle a ordinairement, lorsqu'elle a les ailes étendues, huit à dix pouces de largeur. On trouve ce bombyx en Chine et aux îles Moluques. Sa chenille se nourrit de feuilles d’oran- #4 ? 132 HISTOIRE NATURELLE ger; elle & sur le corps une raie de couleur jaune, et sur la jointure de chacun de ses anneaux quatre tubercules de couleur oran- gée, environnés de petits poils. Au milieu de l'hiver, cette chenille file une coque de soie jaune, s’y change en chrysalide, d’où l'insecte parfait sort environ un mois et demi après. On voit trois générations de cette es- pèce dans une année. FE . Le Bombyx grand Paon , Bombyx Pavonia major, Lan. Ce bombyx est le plus grand de ceux qui habitent l’Europe; il a cinq pouces d’enver- gure; ses antennes sont pectinées; le corse- let brun , avec une large bande blanche sur sa partie antérieure; les ailes brunes, cou- vertes d’une poussière grise, avec des taches et des bandes brunes de différentes nuances et une tache en forme d’yeux, brune , en- tourée de gris, de rouge et de noir, sur le milieu des quatre ailes; le dessous est de la même couleur que le dessus, mais un peu moins foncé. Insectes, £ | PL18" 1 » Deveve del. 7 ren Féllain deutp. 1. Box. prrand Paon. 5.Sa Coque. 2.$Sa Chouille. 4. Sa Chrysalide . ds : LÉ lisent dre DES BOMBYX. 133 Sa chenille a seize pates; elle vit sur l’orme, le poirier, l’abricotier, et autres ar- bres fruitiers ; c’est cette chenille que Réau- mur a nommée chenélle à tubercules du poi- rier. Elle est d’un très beau vert; elle a sur chaque anneau huit tubercules d’une belle couleur bleue garnis de piquans et de longs poils filiformes, terminés par une espèce de petite masse. Elle est lourde, et se remue peu. C’est ordinairement vers la fin de l’été qu’elle file, sur l'arbre où elle à vécu, ou dans un endroit peu éloigné, une coque très solide, de couleur brune, dont la soie est très forte et très gommée; cette coque est de forme ovale, terminée un peu en pointe par une de ses extrémités; elle s’y enferme pour se changer en chrysalide, et le bombyx en sort le printemps suivant : il arrive ce- pendant quelquefois que ce bombyx reste enfermé dans cette coque un ou deux ans. Malgré la grosseur et la force des fils dont sa coque est composée, ce bombyx trouve peu de difficulté pour en sortir, au moyen d’une ouverture qu'il y a ménagée en la construisant, Cette ouverture n’est point IX. su] L 4 nas nc pi bit 134 HISTOIRE NATURELLE sensible sur la véritable coque, elle ne l’est que sur la masse de soie qui la recouvre; - mais lorsqu'on regarde avec attention l'ex- trémité pointue, on y voit des poils fins, qui ne sont pas couchés comme ils le sont ailleurs. Si on se contente de regarder gros- sièrement ce bout de coque, on juge que le fil n’y est pas dévidé, qu'il y forme une masse cotonneuse; mais en regardant plus attentivement, on observe que tous ces fils qui ne sont pas adhérens les uns aux autres, se dirigent vers un même point pour former une espèce d’entonnoir qui est le bout de la coque, et c’est par celle espèce d’entonnoir que sort le bombyx. 11 habite les environs de Paris, le midi dé l’Europe et l'Allemagne : il paraît en mai et en septembre. Le Bombyx moyen Paon, Bombyx Pavonia media, LaArr. Cette espèce a environ trois pouces d'en- vergure; le mäle et la femelle sont très semblables entre eux, et se rapprochent du DES BOMBYX. 135 grand paon; ce bombyx diffère de celui-ci parce qu'il est d'un brun cendré, avec le milieu des ailes blanchâtre; le demi-cercle rouge des yeux, ou taches oculaires, est placé ” contre l'iris, au lieu d’être avant l'arc blanc; la ligne en zigzag de l'extrémité a les angles plus arrondis et moins saillans; la bordure est plus distinctement coupée par les nervures, et par conséquent plus sinuée à son côté interne. Ce bombyx paraît en avril. Il est assez commun en Hongrie, en Au- triche, et dans le midi de la Russie : on l’a rencontré aussi aux environs de Lyon. La chenille de cette espèce est noire ou d’un brun noirâtre, avec les tubercules, leurs poils et le chaperon qui recouvre l’anus, d’un jaune orangé. Avant la première mue, ses tubercules sont d’un bleu pâle, avec les poils jaunâtres. Cette chenille subie sa transformation vers la fin de juillet ou au commencement d’août. Elle vit sur le prunier épineux et le pommier sauvage; sa coque est à peu près de la même forme et de la même consistance que celle du grand Cr LAN de AR Li L Lis. 136 HISTOIRE NATURELLE paon; mais elle est plus petite et moins foncée. Sa chrysalide est d’un brun marron, avec ‘une ligne noirâtre le long du dos, et un bouquet de poils roides à l’anus. Le Bombyx petit Paon, Bombyx Pavonia minor, Larr. Il a près de trois pouces d'envergure ; le mâle est un peu plus petit; le dessus des premières ailes est d’un brun nébuleux, avec un œil placé dans une tache oblongue blanchâtre, et entre deux lignes sinueuses de la méme couleur, dont l'antérieure, ou celle qui est près du bord externe, est rou- geätre inférieurement; le dessous est jau- nâtre ; les secondes ailes sont jaunes, avec une bande vineuse au bord externe, une bande de la même largeur, et parallèle.à la première, brune, un œil dans leur milieu, et enfin la base plus obscure; leur dessous est d’un rouge vineux. La femelle, qui est d’un gris cendré ou rosé, pourrait être confondue avec celle du CT UT EE D DES BOMBYX. 137 moyen paon; mais ses antennes sont plus. étroites, et elles ont tous les articles sim- plement dentés de chaque côté. Les ailes supérieures ont le côté interne de la bor- dure à peine sinué; la ligne oblique de leur base est brisée, et la ligne anguleuse de leur extrémité aboutit toujours vis-à-vis du milieu de l’œil des inférieures. Dans beau- coup de mâles, et quelquefois aussi dans les femelles, la bordure des secondes ailes est lavée de rouge. La chenille vit en société jusqu’à la se- conde mue; alors elle est d’un noir brun, avec une ligne orangée latérale; plus tard elle devient verte, elle a sur chaque anneau une bande transverse noire, veloutée, offrant des tubercules tantôt roses, tantôt oranges, d'où partent sept poils noirs et inégaux : ces tubereules laissent échapper, lorsqu'on les touche, des gouttes d’une liqueur claire et fétide. Cette chenille vit sur le saule, losier, le charme, le frêne, le bouleau, le hêtre, la ronce, l’épine, le prunellier, le chêne et l’orme. On la trouve quelquefois sur le genèt et sur la bruyère; mais c’est 1 À ” Le. an ou É sitimeuat 2 à ss Ré. nd di ds + 138 HISTOIRE NATURELLE lorsqu'elle approche du terme ‘de sa crois- sance. Elle file, vers la fin de juillet et sur les arbres où elle a vécu, une coque plus ou moins blanchâtre, ayant les plus grands rapports avec celle du grand paon, mais plus petite. Le papillon éclot vers la fin de mars où au commencement d'avril. Il se trouve dans toute la France. Le Bombyx tau, Bombyx tau, Lan. Ce bombyx a plus de deux pouces et demi d'envergure; il est jaune en dessus, et ses quatre ailes sont coupées vers le bord externe par une ligne noire, très nette en dedans, et adoucie à l’extérieur; on voit au milieu de chaque aile un œil noir chatoyant en bleu, dans lequel est une petite figure blanche représentant le reû ou T grec. La femelle est d’un jaune beaucoup plus pâle; les lignes du bord des ailes sont très peu sensibles et grises; dans les deux sexes, le dessous des premières ailes ressemble au dessus, mais il est plus pâle ; le dessous des secondes est d’un gris brunâtre plus clair au DES BOMBYX. 139 sommet, ainsi qu’à l’origine des bords anté- rieur et interne, avec deux lignes blan- châtres parallèles au bord postérieur, et une bande ferrugineuse discoïdale et sinuée, au centre de laquelle il y a un T blanc qui n’est que la répétition de la prunelle de l'œil de dessus. Le tau est commun dans les forèts peu- plées de hètres et de charmes; le mâle vole en plein jour, et avec une telle rapidité, qu’on a bien de la peine à le prendre : il paraît dans le mois d'avril. Sa chenille est verte, un peu chagrinée, avec les anneaux du dos relevés en bosse, et des lignes blanches et obliques sur chacun des côtés. Cette chenille vit sur le chêne, le hêtre, le charme, le bouleau, le tilleul, le poirier, etc.; elle se construit une coque avec de la soie et des molécules de terre. La chrysalide est d’un brun marron sau- poudré de gris. 140 HISTOIRE NATURELLE Le Bombyx feuille de chêne, Bombyx quercifolia. Ce bombyx a près de trois pouces d’en- vergure; ses antennes sont pectinées ; sa couleur et la forme de ses ailes lui ont fait donner par Réaumur le nom de paquet de feuilles mortes ; il est d’un brun ferrugineux ; ses ailes sont dentées à l’extrémité ; elles ont plusieurs lignes transversales d’un brun foncé; le dessous est de même couleur que le dessus. Sa chenille a seize pates, de couleur grise, couvertes de poils gris, courts et serrés. Elle a derrière la tête une tache jaune; sur le deuxième et le troisième an- neau une tache bleue; sur le onzième une petite éminence dirigée en arrière comme les chenilles des sphinx, et de chaque côté du corps, des appendices d’où sortent des poils assez longs de couleur rousse. On la trouve en été, dans les jardins , collée sur une branche ; elle se nourrit avec les feuilles des arbres fruitiers, auxquels elle Înrectes. PL 19. Deveve del Le fülun deutp.| 1. Bom. du Chêne. 5. Bom.quene fourchue . 2.Sa Chenille . 4. Sa Chenille. : 1e Tes IQILIEN A4 ALT ErIL *Tfl l PARIS PET IR CO RE. Oe- Lé: sd DES BOMBYX. 141 fait beaucoup de tort; elle mange le plus ordinairement pendant la nuit: le jourilest assez difficile de la trouver, quoïqu’elle soit fort grosse, à cause de sa couleur, qui ap- proche de celle de l’écorce des arbres. Elle file une coque peu solide , dans laquelle elle faitentrer ses poils; elle s’y changeen chry- salide : le bombyx en sort environ vingt jours après. Le Bombyx feuille de peuplier, Bom- byx populifolia, Larn. Il est de la grandeur du précédent; le dessus des ailes est d’un jaune fauve , avec l'extrémité glacée de gris violâtre et de trois lignes noirâtres , transverses et ondulées , comme dans le précédent , mais maculaires au lieu d’être continues ; le dessous est plus pâle, La chenille ressemble à celle du bombyx feuille de chêne. Elle vit sur le peuplier d'Italie, le saule et le frêne. Le papillon paraît vers la fin de juin ou au commence- ment de juillet. 142 : HISTOIRE NATURELLE Le Bombyx du prunier, Bombyx pruni, Larn. Il a de deux pouces à deux pouces et demi d’envergure ; le dessus de ses pre- mières ailes est d’un jaune fauve , avec deux lignes transverses, et le bord terminal ferru- gineux; la ligne antérieure est très arquée , la ligne postérieure flexueuse, et il y a, entre lune et l’autre , un gros point blanc pres- que central, puis une ligne noirâtre un peu courbe, et descendant obliquement de la côte au bord interne, bord dont le milieu est glacé de violâtre jusqu'à la troisième nervure ; le dessus des secondes ailes est d’un rouge briqueté clair, avec le tiers an- térieur noir, le bord plus pâle; le dessous des quatre ailes est d’un jaune rougeñtre sale , avec deux lignes communes et le bord postérieur d’un brun obscur, Cette espèce se trouve dans les jardins fruitiers, les pépinières, ou les endroits plantés d’ormes. On le trouve dans le commencement du DES BOMBYX. 143 mois de juin, sur les nouveaux boulevarts” de Paris, et dans les avenues du Champ- de-Mars. La chenille est d’un gris cendré ou rou- geâtre, avec le dos longé par deux raies bleuâtres, et bordées de jaune obscur. Elle vit sur différens arbres fruitiers, et sur l’orme, le bouleau, etc. Elle fait sa coque entre des feuilles sèches; celle-ci est com- posée de soie d’un jaune pâle. Le Bombyx du chêne, Bombyx quercüs. Ce bombyx, vulgairement connu sous le nom de minime à bande, a près de troïs pouces d'envergure; les quatre ailes du mâle sont d’un ferrugineux foncé, où d’un brun mi- nime, avec une bande commune, jaune et arquée, vers le tiers extérieur des ailes, et une petite tache blanche au milieu des an- térieures et près de la côte. La femelle est communément d’un beau jaune de paille, avec les mêmes dessins que le mâle, mais en jaune plus clair; le point blane des ailes supérieures est remplacé par un noir. 144 HISTOIRE NATURELLE Les mâles de ce bombyx sentent la fe- melle de très loin, et la recherchent avec une ardeur étonnante, Si l’on a chez soi une femelle, on les voit arriver de tous les côtés, et l’on peut en très peu de temps en prendre un grand nombre. La chenille est couverte de poils d’un gris brun, serrés et médiocrement longs , et elle a de chaque côté une bande blanche maculaire disposée longitudinalement au- dessus des stigmates , qui sont également blancs. Cette chenille passe l'hiver , et se transforme au mois de juin : elle vit sur le chêne, l’orme, l’épine, le genêt et sur plu- sieurs arbres fruitiers. La coque est cylin- drique, un peu concaveinférieurement ; elle est d’un tissu serré et gommé, d’un brun noirâtre en dehors, et d’un gris jaunâtre en dedans. Le papillon éclot en juillet ; il est commun dans toute l’Europe. Le Bombyx du peuplier, Bombyx populi, Larn. Il a près d’un pouce et demi d’enver- gure; le dessus des ailes est, dans les deux DES BOMEYX, 145 sexes ,.d’un brun noirâtre pâle et ur peu transparent, avec une raie blanchâtre , transverse, presque centrale , flexueusé, aux premières ailes, à peine sinuée aux se- condes , où elle est plus large; les premières ailes ont, en outre, à la base, une tache blanchâtre souillée de brun ; le dessous ne diffère du dessus que parce que les ailes supérieures n'ont pas de tache à la base ; et parce que la raïe de leur milieu-est moins étroite et moins flexueuse. Ce bombyx paraît vers la fin de septém- bre, ou dans le courant d'octobre, et même plus tard. Sa chenille est d’un gris plus ou moins blanchâtre, pointillé et moucheté de noir, avec le dos tacheté de fauve pâle, depuis le troisième -anneau jusqu'au onzième in- clusivement ; le premier anneau offre un croissant ferrugineux plus prononcé dans certains individus que dans d’autres. Elle vit sur le peuplier, le bouleau commun, le tremble, et plusieurs autres arbres de nos bois. Sa coque est très dure, grisâtre et ovale, : IX. 13 e LPC De 146 HISTOIRE NATURELLE Le Bombyx de la ronce, Bombyx rubi. Il a plus de deux pouces d'envergure; les quatre ailes du mâle sont d’un brun tanné, plus intense à l’extrémité ; les supérieures ont deux lignes centrales, transverses, lé- gèrement sinuées’, et d’un jaune pâle. La femelle ressemble entièrement au mäle, mais elle est plus pâle. Ce bombyx éclot dans la première quin- zaïne de mai. Le mâle vole en plein jour , avec une extréme rapidité. Il est assez com- mun en France. Sa chenille est noire, très velue, avec les poils du dos d’un roux foncé, et ceux des flancs grisâtres. Elle est connue dans certains cantons sous le nom d’arneau du diable, parce qu'elle est très vélue, et qu’elle se met en anneau dès qu’on la trou- ble. Elle vit sur la ronce commune, le petit trèfle et la quinte-feuille, Elle se métamor- phose dans une coque ovale, allongée, un peu concave en dessus, molle, et d’un gris tirant sur le jaunâtre. La chrysalidé est mnt: “til A: in LL bah ins Eu À ” DES BOMBYX. : 147 d’un noir bleuâtre, avec les premières inci- sions du ventre jaunâtres. ù < Le Bombyx queue fourchue, Bombyx vinula. Ce bombyx a environ deux pouces" et demi d’envergure; ses antennes sont pec- tinées, brunes; il est d’un gris cendré; ses ailes supérieures sont un peu transparentes ; elles ont les nervures brunes et quelques lignes et des points d’un brun foncé ; les ir- férieures sont grises; le dessous est de même couleur que le dessus, mais moins foncé ; son corselet est gris, avec quelques points noirs. Sa chenille vit sur le peuplier et le bou- leau; sa forme est très remarquable ; elle est d’un très beau vert sur les côtés, d’un gris rougeâtre sur le dos; elle a deux lignes blanches qui s'étendent depuis la tête jus- qu’à l'extrémité du corps, de chaque côté duquel elles forment plusieurs angles, et quelques taches rouges autour de la tête; sa tête est très petite, le plus ordinairement a 148 . HISTOIRE NATURELLE elle est suce sous le premier anneau de son corps. Son corps ést gros antérieure- ment, et diminue de-grosseur jusqu’à l’ex- trémité, qui se termine par deux appendices en forme de queue qui renferment deux corps .charnus que la chenille fait sortir à Volonté, et dont Réaumur en a vu une se servir comme d’un fouet pour chasser une mouche qui cherchait à déposer ses œufs sur son corps '. Degéer a observé, sur une de ces chenilles, une particularité re- marquable c’est une liqueur dont il ignore la propriété, et dont il a reçu dans l'œil quelques gouttes que cette chenille lui a lancées pendant qu’il la touchait. Cette li- £ queur lui a paru claire , et sortir d’auprès de la tête; mais quelques tentatives qu'il ait faites depuis pour s’en assurer , il n’a pu y réussir ; aucune des chenilles qu'il a exa- * Il paraît que ces chenilles ne sont pas tonjours assez heureuses pour y réussir; car il ne m'est ja- mais arrivé d’en nourrir sans qu'il s'en soit trouvé parmi elles quelques unes qui eussent dans le corps des larves, soit de mouche, soit d’ichneumon, et auxquelles elles servaient de nourriture. PE f nn de» . j'érs: Si Re + Re: h ". DES BOMBYX. +3 * 149. minées n'en a fait usage. Lorsque cette che- nille doit se changer en chrysalide ,ses COU- leurs s’altèrent, elle devient d’un brun rou- geâtre, elle est dans une agitation conti- nuelle, elle cherche des matériaux avec les- quels elle puisse construire sa coque; elle s'empare de tout ce qu'elle trouve , soit bois ou autre substance ', qu’elle divise en* très petites parcelles, et avec lesquelles elle fait une coque d’un tissu très serré ct ex- trêmement dur. Il ne paraît pas qu’elle ems ploie de soie dans sa construction, maïs la matière de la soie liquide. C’est vers le mi- lieu de l’été que cette chenille se change en chrysalide , d’où le bombyxssort le prins temps suivant. Lorsque cet insecte veut sortir de sa coque, il frappe à coups re- ë d € ‘ Une de ces chenilles prête à faire sa coque, qu'on avait laissée le soir dans un carton sur une table à jouer, y commenca son travail. Lorsque ÿ le lendemain , on voulut enlever la boîte, on la t'onya attachée au tapis de la table ; elle avait eoupé le carton, une partie du tapis, et en avait construit sa coque, qui fut dérangée par le mouvement qu'on fit en l'enlevant. NÉ. » s x. ? 0 ET LAS k La 4 L , oct ed Ai State: ft 150 HISTOIRE NATURELLE _ doublés ayec sa tête l'endroit où elle se - trouve placée, jusqu’à ce qu'il soit parvenu à y faire"une ouverture. Il habite les environs de Paris, et une grande partie de l’Europe. Le Bombyx processionnaire, Bombyx processionea, LarTr. « Ce bombyx a de quatorze à dix-sept lignes ti: » d'envergure; ses antennes sont pectinées; il bu, est d’un gris cendré ; ses ailes ont en dessus quelques lignes transversales brunes, peu marquées ; le dessous.est entièrement gris. Il habite l'Europe , et est très commun. - Sa chenille a seize pates, elle est velue , de couleur grise; la partie supérieure de son corps est noirâtre, avec quelques tuber- cules jaunes. Elle vitsur le chêne. Les chenilles qui donnent cette espèce vivent en société ; dans leur jeunesse , elles n’ont point d'établissement fixe ; elles filent des'toiles en commun, où elles restent jus- qu'à ce qu’elles changent de peau. C'est vers le commencement de juin qu'elles se RE] PI. 30. Deveve del. Mowthey (2 1. Processonnave. 5. Sa Chenille. 2. Chrysorrhee . FT re CRE 4 Le . 15€ | DES BOMBYX, font le nid qu’elles ne doivent plus quitté On voit de ces nids qui ont jusqu’à dix-huit à vingt pouces de longueur, cinq à six de largeur , et dont le milieu s’élève d'environ quatre pouces au-dessus du tronc ou de la branche où ils sont attachés. Plusieurs cou- ches de toile appliquées les unes sur les autres en forment les parois ; c’est dans la cavité de ce nid que ces chenilles se ren- ferment; une seule petite ouverture sert d'entrée. On trouve ordinairement ces nids. sur les grands chênes ; ils sont de couleur grisâtre. C’est après le coucher du soleil \ que ces chenilles quittent leur nid pour aller chercher leur nourriture; pendant la chaleur du jour, elles y restent renfermées , ou si elles en sortent, elles se collent. les unes contre les autres sur une branche. Mais ce que ces chenilles ont de plus sin- gulier, c’est l’ordre qu'elles suivent dans leur marche, et qui leur a fait donner, par Réaumur, le nom de processionnaires, On w dirait qu’elles ont un chef dont elles suivent tous les mouvemens. La première qui sort du nid semble avoir donné le signal à toutes - Lie. ad LA dd 0 ADS SR, re bé, à 52 _ HISTOIRE NATURELLE les autres, elle est immédiatement suivie d’une seconde qui se place derrière elle , sans laisser aucun intervalle entre elles deux: ensuite , d’une troisième , d’une quatrième ; la file se double, se triple, et la dernière ligne finit quelquefois par être de huit '. Dans leur nid, les chenilles sont couchées les unes sur les autres, ou très rapprochées ; mais lorsqu'elles sont arrivées au moment où elles doivent se changer en chrysalides, elles se filent chacune en particulier une coque dans laquelle elles font entrer tous leurs poils, qu’elles joignent à la soie qu’elles y emploient. Ces coques sont appliquées les. unes contre les autres dans une position pa- rallèle; elles s’y enferment, et y subissent leur métamorphose. Elles restent sous la forme de chrysalide environ un mois. C’est vers la fin de l'été qu’en sort l’insecte par- fait. ! Ces chenilles ont pour ennemis plusieurs es- pèces d'ichneumons; maïs le plus redoutable est la larve des calosomes (calosoma sycophanta et inqui- sitor), qui vit dans leur nid, et en mange plusieurs dans la même journée, ! Deseve del, 1. Bom. à Soie. 2,Sa Chenille 8.Sa Coque. 4: Sa Chrysalide. 6.Ses Œufs. Le Tillain, Jeup DES BOMEYX. 253 On ne saurait toucher”avec trop de pré- caution aux nids de ces chenilles ; lorsqu'on les remue, il s’en élève des poils qui s’at- ; q . tachent sur la peau, et causent des déman- geaisons très cuisantes et de l’inflammation. Le Bombyx à soie, Bombyx mori. Ce bombyx a les antennes pectinées, brunes, les ailes blanches ; les supérieures sont un peu recourbées en faucille; elles ont, ainsi que les inférieures, quelques lignes transversales brunes : le dessous est semblable au dessus. Il habite la Chine et les climats un peu chauds de l'Asie. Sa chenille a seize pates; elle est lisse, d’un blanc jaunâtre; elle a derrière la tête quelques rides formées par la peau, et sur le dernier anneau une petite chaîne dirigée en arrière, Parvenue à sa grosseur, elle file une coque de forme ovale, d’un tissu très serré, dont la soie est de couleur jaune ou blanche ; elle s'enfermedans,cette coque, y reste quinze à vingt jours, au bout desquels en sort l'insecte parfait, "3 pp ’ : M da AE, is | ol ad Re — Ad 24 154 HISTOIRE NATURELLE Cette chenille est originaire de la Chine, du Thibet et du Mogol, d’où elle a été ap- portée en Europe !. On l'élève depuis long- temps en Italie, en Espagne, et dans les ! D’après M. Latreille ( Règne animal, tome 117, P: 566), la ville de Turfau , dans la petite Bucharie, fatlong-temps le rendez-vous des caravanes venant . de l’ouest, et l’entrepôt principal des soieries de la ” Chine. Elle était la métropole des Sères de l’Asie su- périeure ou de la Sérique de Ptolémée. Expalsés de leur pays par les Hans, les Sères s’établirent dans la grande Bucharie et dans l'Inde. C'est d’une de leurs colonies du Sérind (Serindi) que les missionnaires grecs transportèrent, du temps de Justinien, les œufs du ver à soie à Constantinople. Sa culture passa, à l’époque des premières croisades, de la Morée en Sicile, au royaume de Naples, et plu- sieurs siècles après, sous Sully particulièrement, dans notre pays. Mais les anciens tiraient encore leurs soieries, soit par mer soit par terre, des - royaumes de Pégu et d'Ava, on des Sères orien- taux, ceux qui sont le plus généralement men- tionnés dans les écrits des premiers géographes, Une partie des Sères septentrionaux , réfugiés dans la grandé Bucharie, en faisaient même le commerce, ainsi que semble l'indiquer un passage de Denis-le- Périégète, On sait que la soie se vendait ancienne- ment au poids de l'or, et qu'elle est aujourd’hui pour la France une source importante de richesses. LI . x ee DES m4 155 départemens méridionaux de la France : elle file, sur le mûrier, une coque dont la beauté de la soie est assez connûe pour que nous nous dispensions d’en parler. C’est vers la fin du printemps que cette chenille se change en chrysalide; elle se prépare à cette métamorphose en restant plusieurs jours sans manger. Lorsqu'elle, s’est vidée de ses excrémens , elle se met à construire sa coque, qu’elle commence en étendant en différens sens des fils d’une soie grossière, au Milieu desquels elle file sa véritable coque : elle donne à cette coque une figure ovale et régulière, et elle tire de sa filière la soie qu’elle ÿ emploie: Pendant ce travail, elle est appuyée sur ses pates membraneuses, et porte sa tête dans les endroits où elle veut appliquer chaque fil, qui, au moyen d’un gluten raturel, s'y colle à l'instant; chacun de ces fils n’entoure pas la circonférence entière de la coque, il y forme des espèces de zigzags. Malpighi prétend qu’on distingue sur chacune de ces. w coques six couches de soie, et que la lon- gueur dé la totalité que la chenille file est soadif LL. + De LS dde ne à ie à de ns LA La L « + 156 HISTOIRE NATURELLE de neuf cent trente pieds, mesure de Bo- logne. Réaumur, après Leuwenhock, a ob- servé que cette soie est composée de deux brins qui se collent ensemble, en sortant des réservoirs, avant de passer par la fi- lière ; ce qui fait qu’on voit sur cette soie . une espèce de gouttière. La soie que la chenille emploie n’existe pas dans ces ré- servoirs telle que nous la voyons ; elle y est renfermée sous la forme d’un fluide qui s’épaissit et prend de la consistance dès qu'on l’expose à l’air. On peut se procurer cette matière en enlevant à la chenille les réservoirs qui la contiennent lorsqu'elle se prépare à filer; c’est ce qu’a fait le neveu du célèbre abbé Chappe, qui, avec cette substance, et par des procédés très ingé- nieux, est parvenu à construire un tissu transparent , avec lequel il a fait de petits aérostats. (Annales de Chimie, t. 11, p.118.) Les naturalistes ne sont pas d’accord sur la manière dont chaque brin de soie se colle Lun sur l’autre ; les uns croient que, lorsque ces fils sortent de la filières, ils conservent assez d'humidité pour se coller par leur --Bls s £ . + DES BOMBYX. 157 glaten naturel, sans qu'il soit nécessaire que la chenille y applique une autre"sub- stance. Mais M. Olivier présume ( Ercyclo- pédie, art. Bousyx ) que la chenille se sért d’une matière gommeuse qu’elle faitsortir en même temps que la soie, et il cite un fait à l'appui : c’est que, lorsqu'on veut dé- vider la soie de dessus les cocons ; on les met tremper dans l’eau bouillante, et que l'eau qui a servi à cette opération reste chargée d’une matière colorée qui doit, suivant lui, être étrangère à la soie, puisque la soie est insoluble dans l’eau; si ces deux matières existent, il ignore si elles sont contenues dans les mêmes réservoirs, ou si ce qu'il appelle la matière gommeuse est ren- fermé dans des réservoirs qui ont échappé aux observations. Le Bombyx versicolore, Bombyx versicolora, Larr. Il à deux pouces à deux pouces et demi d'envergure; les premières ailes du mâle sont ferrugineuses, avec deux lignes trans- verses, noirâtres, sinueuses, et bordées IX. 4 14 À “ | RL. 158 HISTOIRE NATURELLE “extérieurement de blanc , et une série de tachés blanches placées entre la ligne la plus extérieure et le bord de l’aile. Sur le milieu, entre les deux lignes noirâtres et vers la côte, est un petit trait de la même couleur brune, en forme de croissant ou- vert, et dont la concavité est tournée vers l'extrémité de l'aile. Les inférieures sont d'un ferrugineux plus clair, avec une petite bande noire au milieu et une tache blanche vers le sommet : le dessous est beaucoup plus pâle. La femelle est d’un blanc ferrugineux, terne, avec les mêmes dessins que le mâle, ét le bout des ailes supérieures, leur base et quelques taches, d’un ferrugineux pareil à celui du mâle. La chenille ressemble beaucoup à celle de certains sphiox; elle a sur le dernier anneau une éminence pyramidale ; son corps est atténué en avant, d'un vert pâle, avec sept lignes obliques et blanches de chaque côté. Elle vit sur le bouleau, l’aune, le til- leul, le marseau, etc.; elle se file en terre une coque légère de soie brune. DES BOMBYX. 159 Le papillon éclot à la fin de mai de l’an- née suivante; le mâle vole, en plein jour, avec une grande rapidité. On irouve ce papillon, dans les bois, à Meudon, Verrières, Saint-Germain, Bon- dy, etc. : il se trouve dans toute la France. Le Bombyx laineux, Bombyxdanestris. Il a environ un pouce et demi de largeur lorsque ses ailes sont étendues; il a les an tennes peu pectinées, rousses, avec quelques poils blancs à la base; tout le corps d'un brun rougeître ; les ailes supérieures de même couleur, avec trois taches blanches : la première à la base, la seconde vers de milieu, et la troisième.vers les deux tiers, où commence une ligné transversale de même couleur, peu marquée; les ailes infé- rieures sont moins foncées; elles ont, vers les deux tiers, une ligne transversale blan- che, et le bord extérieur de même couleur; le dessous des quatre ailes est semblable au dessus ; les pates sont rousses. ? 160 HISTOIRE, NATURELLE Sa chenille est un peu velue, d’un brun violet foncé ; elle a, de chaque côté du mi- lieu du corps ét sur chaque anneau, une _ espèce de tubercule peu élevé , d’où sortent des faisceaux de poils courts de couleur rousse, entourés par une ligne demi-circu- laire jaune ; entre ces lignes, el de chaque côté du corps, au-dessous des stigmates, une petite ligne de même couleur ; les pates sont brunes; les membraneuses ont une frande tache d’un jaune roux. Ces chenilles vivent en société : on les trouve , au commencement du printemps , sur l’aubépine et le prunier sauvage ; quel- quefois au nombre de deux ou trois cents, renfermées sous des toiles qu’elles filent en commun , et dont elles entourent l'extrémité des branches ; elles y restent cachées pen- dant la nuit, et en sortent le jour pour prendre leur nourriture. Parvenues au terme de leur accroissement, elles se séparent, et construisent use coque ovale, blanchâtre, d'un tissu serré, qu’elles attachent le long d'une branche, et dans laquelle elles se DES BOMBYX. 165 LL changents en chrysalides ; elles y passent l'hiver, et en sortent sous la forme di insecte parfait le printemps suivant. Il habite l’Europe : on le trouve aux en- virons de Paris. Le Bombyx à livrée, Bombyx neustria. Il a environ un pouce et demi de largeur lorsque ses ailes sont étendues; les antennes sont peu pectinées ; le corps est d’un gris Jaunâtre ou d’un brun rougeâtre; les ailes sont de même couleur que le corps; les su- périeures ont sur le milieu deux lignes transversales brunes; les inférieures n’en ont qu’une de même couleur : le dessous du corps et des ailes est semblable au dessus. Sa chenille est un peu velue; elle a sur le milieu du corps une ligne longitudinale blanche; de chaque côté, deux lignes d’un Jaune orangé ; entre lesquelles il y en a une bleue : c’est l’arrangement de ces lignes qui à fait donner à cette chenille, par Réaumur, le nom de chenille à livrée. Elle vit en so- ciclé , et cause souvent beaucoup de dom- mage aux arbres sur lesquels elle vit. ES ne Das ct he = Dé. Li sé li di Bd Fr OS | és 162 HISTOIRE NATURELLE On la trouve au printemps sur tous les + arbres fruitiers, et sur le chêne, le saule, Vorme et l’aubépine. Parvenue au terme de son accroissement, vers la fin du printemps, Le file entre deux feuilles une coque de soie blanche allongée , d’un tissu peu serré; elle la recouvre d’une poussière jaunâtre , et S'ÿ change en chrysalide. Environ vingt jours après, elle en sort sous la forme d'insecte _ parfait. La femelle dépose ses œufs sur une petite branche , autour de laquelle ils forment une espèce d’anneau ; on trouve ordinairement quinze ou vingt de ces anneaux les uns à côté des autres en forme de spirale. 11 habite l’Europe : il est très commun aux environs de Paris. Le Bombyx Cossus, Bombyx Cos- sus , Linn. Cossus ligniperda, Lawr. Ce bombyx a près de trois pouces d’en- vergure; ses antennes sont peu pectinées ; ses ailes sont grises, avec des taches brunes DÉS-BOMBYX. 163. et de pelites lignes noires; le dessous est semblable au dessus. & On lé trouve dans toute l’Europe. Sa chenille a seize pates; elle est lisse, de» couleur rougeâtre ; sa tête est noire; sa bouche est armée de fortes mâchoires. Elle se nourrit du bois de saule, de peuplie” et de l'orme; elle commence par en ronger l'écorce, ensuite elle se fait des routestdans l'intérieur : elle hache le bois, et mange une partie de la sciure. Elle passe l'hiver sous l'état de chenille, se change en chrysalide dans l’intérieur de l'arbre, où elle file une coque d’un tissu très lâche ; elle mêle de la sciure de bois au peu de soie qu’elle em- ploie : elle reste sous la forme de chrysalide environ quarante jours. Cette chenille a une odeur forte et dés* agréable, occasionnée par une liqueur hui- leuse qui sort de sa bouche; on présume que cette liqueur lui sert à humecter le bois, qui devient ensuite plus facile à couper et à digérer. On sait que les Romains mangeaient un ver qu'ils regardaient comme un mets très dhiei Cds es ét. ns nt, … à 164 HISTOIRE NATURELLE délicat, et que Pline nomme Je cossus."Les . naturalistes, qui ignorent quel est ce ver, * ont cru, Linné particulièrement, que c'était la chenille que nous venons de décrire. M. Geoffroy pense que c'était la larve du charanson palmiste ; mais M: Olivier rejette cd opinions, en faisant observer que le cossus des Romains se nourrissait unique- ment du bois de chéne, sur lequel notre cossus ne se trouve jamais !, et que la larve du charanson palmiste vit sur le palmier, qui ne croît point en Italie; il ajoute que quelques auteurs pensent, avec plus de raison, que le cossus des Romains était la … larve du lucane cerf-volant, {ucanus cervus. ! Un naturaliste de Paris, en qui on pent avoir confiance, m'a assuré avoir nourri deux de ces che- nilles avec du chêne; qu’elles ont parfaitement réussi, et que les bombyx qu’elles ont donnés étaient eMtout semblables à celui dont la chenille vit sur l'orme, LU M 44: NÉ D. 2° NE, à) rs à r « ' DES BOMBYX. 165 Le Cossus du marronnier, Cossus æsculi, Lan. t Cette jolie espèce a reçu d’Engramelle le nom de coquette ; son envergure est de plus de deux pouces; ses ailes sont blanches de 3 part et d'autre, avec une multitude depoints. d’un noir bleu aux supérieures ; et de pétits points noirâtres aux inférieures ; le corps est blane, avec les pates, les anneaux de l'abdomen, et six points sur le corselet, bleus ; les antennes du mâle sont à moitié pectinées; elles sont simples dans les fe- melles. M. Latreille a formé avec cette es- pèce un genre propre qu'il anommé ZEUzZÈRE , zeuzera. ; Sa chenille est d’un jaune pâle, avec la tête et des points noirs ; elle vit dans linté- rieur des tiges et des racines du marronnièr d'Inde , de l’orme, du tilleul, du pommiét, du sorbier des oiseaux, etc. L'insecté par- 7 fait éclot.entre la mi-juillet et la mi-août, On le prend sur les boulevarts de Paris , et plus particulièrement dans le jardin du Luxembourg, 166 HISTOIRE NATURELLE. Le Bombyx disparate, Bombyx dispar. Le mâle a un pouce et demi d'envergure ; la femelle a deux pouces un quart. Les deux sexes de ce bombyx diffèrent par la gran- deur et la couleur : le mâle a les antennes pectinées ; il est d’un brun jaunâtre; ses ailes supérieures ont plusieurs lignes trans- versales d’un brun foncé ; les inférieures n’en ont qu’une ; le dessous des ailes est d’un brun jaunâtre moins foncé que le dessus. La femelle est plus grosse que le mâle ; elle est blanche ; ses ailes supérieures ont quel- ques-lignes transversales, ondées de cou- leur brune ; le dessous des ailes est blanc; on voit à l'extrémité quelques points bruns. On trouve cette espèce dans presque toute l’Europe. Sa chenille, qui est une des plus com- munes, a seize pates; elle est velue, de couleur brune, avec quelques lignes longi- tudinales, jaunes et grises, peu marquées ; elle a, sur chaque anneau, quatre tuber- culés d’un brun rouge; elle se nourrit des féuilles de chêne, d’orme, de tilleul, de poi- Desepe del. Mothey Jeutp | HER E ; ARACOUE 1. Disparate M. 3 . Œuls. 2. Disparale K, 4. Sa Chenille, PE Ur TUE LT . 7. DES BOMBYX. 167 rier, de. pommier, et de tous les arbres frui- tiers auxquels elle fait beaucoup de tort ; vers la fin de juin elle fait, entre deux feuilles, ou sous l’écorce des arbres, une coque d’un tissu peu serré, dans laquelle elle se change en chrysalide ; l’insecte parfait sort environ un mois après. La femelle dépose ses œufs sur l’écorce des arbres, et les couvre avec des poils qu'elle a à l’extrémité de l’abdomen; ces œufs passent l'hiver à l'abri du froid sous cette couverture; ils éclosent le printemps suivant. Le Bombyx moine, Bombyx monaca. Cette espèce a environ deux pouces d’en- wergure; le dessus des premières ailes des deux sexes est d’un blanc grisâtre, avec des points et quatre lignes transversalés en zig- zag noirs; le dessus des secondes ailes est d’un gris cendré pâle, avec l'extrémité blan- châtre , et divisée transversalement par une bande plus ou moins obscure, derrière la- quelle il y a une série de points noirs pla- Ce _168 HISTOIRE NATURELLE D OR OT RES ET * tin "SE y | D ” cés derrière la frange ; le dessous des quatre «iles est blanchâtre, avec des bandes trans- verses ondulées, et des points marginaux d’un brun noirâtre; la côte des premières ailes est en outre jaunâtre, et marquée de trois gros points noirs successifs ; le corselet est blanc, avec le front jaunâtre, et trois taches noires ; l'abdomen est rose, avec la base blanchâtre et les incisions noires. Ce bombyx est rare aux environs de Pa- “ris; il ne paraît que vers le milieu d’août. "Sa chenille est d’un brun obscur, avec des tubercules de la même couleur, d’où s’élè- vent, par verticilles, des points grisâtres; ses côtés sont variés de blanchâtre et de verdâtre, et elle a sur le milieu du second anneau une tache noire en forme de cœur, suivie de deux taches blanches. Cette che- nille vit sur le pin forestier , le bouleau, le chêne, le poirier; elle est si commune en Allemagne, qu’elle dépouille entièrement les pins de leur feuillage. Elle se métamor- phose dans un léger réseau de soie blan- châtre. vu RL à EL ttéé | As. LS DES BOMBYX. 16 |! É 4 « 9 . Le Bombyx chrÿsorrhée , Bombyx - chrysorrhæa. Ce bombyx a près d’un pouce et demi d'envergure ; ses antennes sont pectinées , brunes ; ses ailes blanches; les ailes supé- rieures du mâle ont, à l'angle près de l’ab- domen, quelques petits points noirs; en dessous, elles sont bordées antérieurement par une ligne brune; le dessus de l’abdo- men est brun, terminé par des poils de couleur jaune, La femelle est entièrement bianche,e à l'exception de son abdomen qui est brun, terminé par une touffe de poils de même couleur. Les femelles de cette espèce sont lourdes et volent peu; elles déposent. leurs œufs sur des branches, sur des feuilles ou des troncs-d’arbre; elles les recouvrent ensuite, séparément et en masse, avec les poils de leur abdomen, qu’elles arrachent successi- vement, en commençant par ceux de l’ex- trémité ; elles se servent pour cette opéra- tion d’une espèce de pince formée par deux IX, 15 Lies 7 ARE | NÉ ira ie étés à D 190 HISTOIRE NATURELLE lames qu’elles ont près de l'anus, et avec laquelle elles placent les poils sur leurs œufs ; ces œufs, ainsi recouverts, forment une petite masse de figure oblongue, aplatie sur les bords, de couleur jaune, que l’ar- rangement des poils, qui sont tous dirigés du méme côté, et couchés les uns sur les autres, fait paraître satinée. Ces femelles emploient environ vingt-quatre heures à pondre; leurs œufs sont de couleur de nacre ; ils éclosent vers le milieu de l'été, dix-huit ou vingt jours après avoir été pondus : les jeunes chenilles vivent en s0- ciété jusqu’à la dernière mue; sous une toile blanchâtre assez forte qu’elles filent en commun, La chenille de ce bombyx a seize pates; elle est velue, de couleur brune, avec une rangée de taches blanches de chaque côté du corps, et deux de taches de couleur rouge sur le milieu; vers le milieu de l'été, elle file une coquemince entre deux feuilles, s'y change en chrysalide , d’où l’insecte par- fait sort environ quinze jours après. Elle vit sur les-aibres fruitiers, et sur la plu- jun Hi des. pos ‘ - à * d DES BOMBYX. 171 part des autres arbres indistinctement : cette espèce est quelquefois si abondante, qu’elle fait beaucoup de tort aux arbres. Le Bombyx bucéphale, Bombyx bucephala ; Larr. Il a environ un pouce et demi de lar- geur lorsque les ailes sont étendues; les antennes du mâle sont peu pectinées, rousses ; la tête et la partie antérieure du corselet sont d’un jaune citron; cette couleur est | terminée par une raie brune ; la partie pos- térieure du corselet est grise; l'abdomen est jaunâtre, velu; les ailes supérieures sont grises, couvertes d’une poussière brune, avec plusieurs petites lignes transversales de cette couleur, dont deux près de la base, très foncées, et deux vers les deux tiers, au-dessous desquelles est une grande tache jaune qui termine le bord extérieur de l’aile; les inférieures sont jaunâtres; le dessous des quatre ailes est jaunâtre; les supérieures ont. quelques taches brunes à l'extrémité , les inférieures une vers le milieu. 1 | dr DOM FOUT 77 VUS S < de à Pre 0.2 172 ' UISTOIRE NATURELLE & Sa chenille estun peu velue, jaune; elle a; sur la totalité du corps, des lignes longi- tudinales interrompues, noires. On la trouve sur tous les arbres des forêts, où elle vit en société jusqu'à sa dernière mue; elle s’en- fonce dans la terre, où elle fait une coque dans laquelle elle se change en chrysalide, y passe l'hiver, et en sort le printemps sui- vaut sous Ja forme d’insecte parfait. Il habite l’Europe : on le trouve aux en- virons de Paris. Le Bombyx dromadaire, Bombyx dromaderius. Il à environ un pouce et demi de largeur lorsque les ailes sont étendues ; il a les an- tennes peu pectinées, brunes; la tête, le corselet et le corps d’un brun rougeûtre foncé ; les ailes supérieures de même cou- leur, avec plusieurs petites lignes longitudi- nales et transversales ferrugineuses, les unes à la base, lesautres près de l'extrémité, et quatre taches blanchätres , une à la base, deux sur le milieu, et une vers les deux LI Insectes PL, 24. Durere del. Moithey wJeulp' ; . IF EURE 1. Carman. 4. Etoile F. 2. Sa Chenille. 5.$a Chemlle. 3.Etoie M, 6, Sa Coque . æ, es POMETR “r78 tiers ; lé dessus des inférieures et le déssous des quatre ailes est d’une couleur moins foncée que le dessus des supérieures; ‘on y voit quelques taches obscures. Sa chenille est rase, verte, avec une ligne- longitudinale ferrugineuse sur la partie an- térieure du corps, qui.se termine vers le milieu, une de chaque côté, au-dessus des pates , de même couleur; mais ce que cette chenille à de remarquable, c’est une éléva- tion charnue sur les quatrième, cinquième, sixième, septième et avant-dernier anneaux, qui lui donne une forme singulière, Elle vit sur le peuplier, le saule et le bouleau : on la trouve en été ; elle s’enfonce dans la terre pour se changer en chrysalide ; elle en sort au commencement de l’été suivant. , On la trouve en Allemagne et aux envi- rons de Paris. Le Bombyx carmin , Bombyx jacobeæ. G. Callimorphe. Larr. Ce bombyx a les antennes filiformes , noires; les ailes supérieures brunes, avec: 174 mISTOI à NATURELLE Là une ligne longitudinale couleur de car | min près du bord extérieur, et deux points de même couleur à l'extrémité ; les ailes in- férieures sont de même couleur que les taches; le dessous est semblable au dessus. Il habite l'Europe; il est commun aux environs de Paris, dans les jardins. Sa chenille vit sur le seneçon et la jaco-- bée ; elle a seize pates; elle est peu velue, de couleur jaune, avec une bande noire sur chaque anneau; dès qu’on touche à la plante sur laquelle elle se trouve, elle se laisse tomber , et reste roulée, Cette chenille file une coque mince entre des feuilles, dans laquelle elle se renferme ; elle se change en chrysalide vers le milieu de l'été, et l’insecte parfait en sort l’été suivant. + Le Bombyx collier rouge, Bombyx rubricollis. G. Lithosie. Larn. : Cette espèce a quinze à seize lignes d’en- vergure; elle est noire de part et d’autre, avec un collier d’un rouge sanguin ; les trois derniers segmens.du dos * presque tout le ventre; d’un jaune orangé. « Sa chenille est noirâtre, avec des bandes plus foncées et la tête luisanteg elle a. des aigrettes de poils courts. Elle vit sur diverses espèces de lichens. Onttrouve l’insecte parfait, dans les bois, à la fin de juillet ; il n’est pas rare à Paris. Le Bombyx crible, Bombyx cribrum. G. Lithosie, Lame. Cette jolie petite espèce a quinze àseize lignes d'envergure; le dessus de ses pre- mières ailes est d’un blanc bleuâtre, avec des points noirs; le dessus des secondes ailes est d’un cendré plus ou moins foncé , avecla frangeblanche; le dessous des quatre ailes est d’umcendré luisant, avec la frange blan- che ; le corps est blanc, avec trois séries à points noirs. On trouve cette espèce vers la Saint Jean, sur le chardon acanthin. Elle n’est pas rare aux environs de Paris. Sa chenille est d’un noir brun, avec des CL: L. à ne ed Et ne nt _ DES BOMBYX. s l'A90 \ sc PUR SSSR ae. à Là 27 1 Sté dE LÉ, “té FR * te ‘ LL é ES . HISTOIRE NATURELLE Ct sur la mo- relle velue; elle est velue, d’un gris pâle, avec des lignes dorsales blanches. 198 « HISTOIRE NATURELLE Le papillon est très commun dans le midi de la France : il se trouve aussi, mais rare- ment, aux environs de Paris, Cette espèce é trouve en Asie, aux îles Marianes et en Afrique. La Noctuelle Héra, Noctua Hera. G. Callimorphe. Larr. Elle a plus de deux pouces d'envergure ; ses premières ailes sont d’un beau noir glacé de vert, avec deux traits basilaires, deux bandes obliques, une liture costale, et tout le bord interne d’un jaune paille; le dessus des secondes ailes est d’un rouge écarlate, avec la frange jaunâtre, et quatre taches noires; le dessous des ailes supé- rieures est rouge depuis la base jusqu’au milieu; il est d’un jaune roussâtre à l’extré- mité, avec des taches blanches; le dessous des inférieures ressemble au dessus, mais ik est plus pâle; dans quelques variétés les ailes inférieures sont jaunes. Cette noctuelle donne dans la canicule; elle vole rapide- ment en plein soleil, et butine sur les fleurs, de chardon et d’eupatoire commun. 7 | di" "e | és ibiduide « c'e États fé : DES NOGTUELLES. s ‘100 On la trouve dans toute la France. La chenille est d’un brun noirâtre, avec des tubercules roux, sur lesquels sont im- plantés des poils grisâtres ; elle a trois bandes maculaires et longitudinales, dont une fauve sur le dos, et une jaune päle sur chacun des côtés. Elle vit sur le chêne, le hêtre, le genêt à balais, etc. Sa chrysalide est enveloppée d’un léger réseau grisâtre. La Noctuelle Dominula, Noctua Dominula. G. Callimorphe. Lan. Elle a un peu plus de deux pouces d'en- vergure; ses premières ailes sont d’un vert noir brillant, avec une douzaine de taches inégales, dont une oblongue et constamment jaune près de l’origine du bord interne; les secondes ailes sont d’un beau rouge cra- moisi de part et d'autre, avec trois taches noires irrégulières. On connaît deux variétés de cette espèce, dont l’une à les ailes infé- rieures jaunes, et l’autre les a d’un brun obseur. be Hs TES NT PRET Fat - L 200 A HISTOIRE NATURELLE » Cette noctuelle aime les lieux humides ; elle est assez commune ; dans le commence- ment de juillet, à Essonne. Sa chenille est velue, noire, avec trois bandes maculaires d’un jaune citron. Elle mange les feuilles et les jeunes pousses de cynoglosse, de buglosse et de bourrache; elle aime aussi les feuilles de lamium à fleurs blanches, et celles de saule commun. La Noctuelle arrosée, Noctua irrorata. G. Eallimorphe. Law. Elle a un pouce et demi d'envergure; ses ailes supérieures sont d’un jaune fauve en dessus, avec trois séries transverses de points noirs; les secondes ailes sont d’un jaune fauve pâle, avec quelques taches noires près de l’angle du sommet. Cette espèce se trouve dans les bois secs, vers l’époque de la Saint-Jean; elle est géné- ralement plus petite aux environs de Paris. Sa chenille est velue, noire, avec des losanges jaunes sur le dos, et des taches oblongues pareillement jaunes sur les côtés; elle vit sur plusieurs lichens. ‘ | DES NOCTUELLES. 201 La Noctuelle maure, Voctua maura. Cette noctuelle a environ deux pouces et demi d’envergure; le dessus des premières ailes est d’un gris obscur à la base, et sur la côte, jusqu’au-delà du milieu, avec des mouchetures noirâtres; puis noirâtre jus- qu’au bout, avec deux bandes grises trans- verses et flexueuses, dont l’antérieure divi- sée longitudinalement près de son côté interne par une ligne noirâtre; le dessus des secondes ailes est noirâtre, avec deux bandes grises transverses; le corps est d’un gris obscur; la femelle est moins colorée que le mâle. Cette espèce se trouve depuis la fin de juillet jusqu’à la fin de septembre; elle ha- bite toute la France, l'Italie, l'Espagne, ete. ; on l’a prise quelquefois à Paris contre les murs des quais. . Sa chenille est d’un brun noirâtre sur le dos, d’un gris cendré sur les côtés et sur le ventre, avec une petite éminence bifide sur le milieu du onzième segment. Elle vit sur l’aubépine, le prunier, ete. PEENET" D . » 202% HISTOIRE NATURELLE La Noctuelle batis, Voctua batis. Les ailes de cette noctuelle sont d’un brun verdâtre; les supérieures ont cinq taches, dont trois sont entièrement roses, et deux brunes entourées de rose; les infé- rieures sont sans taches; le dessous des quatre ailes est plus pâle que le dessus. Sa chenille se nourrit des feuilles de la ronce, sur laquelle on la trouve en au- tomne; elle est lisse; sa couleur est d’un brun de différentes nuances, en plusieurs endroits couleur de suie ou jaunâtres. Cette chenille est remarquable par la construction de ses anneaux : la partie supérieure du premier, et des quatre où sont attachées les pates intermédiaires, s'élève au-dessus du corps, en s’inclinant vers la tête, et forme une espèce de pyramide à quatre faces; celle du premier anneau est fourchue à son sommet, ce qui fait que cette chenille paraît avoir deux cornes un peu éloignées de la tête; les premiers jours d'automne elle file une coque légère, d’un jaune brun, dans laquelle elle s’enferme , y passe l'hiver, bus ti 2 Vr 1 $ 11) 00 * WPQR ri PHRAIA . som “ri A AR TES Insectes. PL, 27. Deseve- del. Letellier Seat. 1. Du Chêne. 2. Sa Chenille. “= 5. Sa Chrysahde. DES NOCTUELLES. _ 203 ñ et en sort sous Ja forme d’insecte parfait, à la fin du printemps suivant. Cette espèce est rare aux environs de Paris. La Noctuelle likenée du chêne , Noctua sponsa. Cette noctuelle a près de trois pouces d'envergure; ses ailes supérieures sont brunes, avec des lignes d’un brun presque noïr et des taches jaunes, vers le milieu une tache d’un blanc jaune, sur laquelle sont de petites lignes et des taches noires ; les ailes inférieures rouges, avec une bande ondée d’un noir velouté sur le milieu, et une large tache également noire À l’extré- mité; le dessus des supérieures est gris, avec des bandes brunes; le dessous des inférieures diffère peu du dessus. Elle habite l'Europe : on la trouve dans les bois aux environs de Paris. La chenille se nourrit des feuilles du chêne; elle est de couleur grise, semblable au lichen qui souvent couvre la tige de ces arbres, sur laquelle elle se tient lorsqu'elle 204 HISTOIRE NATURELLE ne mange point : cette couleur a valu le nom vulgaire de Ækenée à la noctuelle qui en éclot. Sa-démarche est celle d’une arpen- teuse ; quoïqu’elle ait seize pates, lorsqu'elle veut marcher elle se forme une bosse en élevant les deux anneaux qui sont entre les pates écaïlleuses et les intermédiaires. Elle a de chaque côté une espèce de frange for- mée par de petits corps charnus découpés en crête de coq. À la fin du printemps, elle file une coque d’un tissu léger dans laquelle elle s’enferme; la noctuelle en sort vers le milieu de l'été. La Noctuelle mariée, Noctua nupta. Elle a de deux pouces et demi à trois pouces d'envergure; les ailes supérieures sont cendrées, marquées de raies noirâtres, ondées d’une tache peu marquée, en crois- sant, au milieu, et d’une autre moins appa- rente à côté; les ailes inférieures sont rouges, avec deux bandes noires, dont la première n’atteint pas le bord interne : le bord pos- térieur est gris. Rs re À Ass ÀT . , Deseve. del. Letelher Sue. 1. Bas. 2, Sa Chemlle, 5. Sa Chrysalide 4. Du Frêne, LI a . DES NOCTUELLES. 5 + La chenille a le corps atténué aux deux extrémités; elle est d’un gris plus ou moins * 2 blanchâtre , et jaspée de brun obscur, avec deux rangées de petits boutons tuberculeux le long du dos, et une élévation en forme de caroncule sur le dernier segment; son ventre est verdâtre, avec une série longitu- dinale de points noirs. Elle vit sur le peu- plier, le saule, et quelquefois sur l’orme; elle file un cocon lâche entre des feuilles. On trouve cette noctuelle depuis le 15 juillet jusqu’à la fin de septembre : elle est très commune aux environs de Paris, sur le tronc des saules et des autres arbres. La Noctuelle du frêne, Noctua fraxini. Cette espèce est la plus grande de celles qu'on trouve aux environs de Paris; lors- qu'elle a les ailes étendues, elle a un déci- mètre ou trois pouces et demi de largeur; elle a le dessus du corselet et des ailes su- périeures d’un gris blanchâtre, avec plu- sieurs lignes transversales ondées d’un gris foncé ; les ailes inférieures noires, avec une 1x. 18 Le LL F4 # 206 HISTOIRE NATURELLE large bande d’un bleu pâle sur le milieu et l'extrémité blanchitre, avec une ligne ondée grise; le dessous des ailes supérieures est blanc, avec des bandes noires; le dessous des inférieures d’un blanc bleuâtre, avec des bandes noires : le dessus de l'abdomen est gris foncé, le dessous blanc. Cette belle espèce éclot ordinairement dans la première quinzaine d’août : elle se trouve dans toute la France, mais particu- lièrement dans les contrées septentrionales. On la trouve aux environs de Paris, sur | le piédestal des statues du pare de Ver- sailles , sur les trembles des avenues, dans les forêts de Saint-Germain et de Montmo- rency : elle n’est pas commune, Sa chenille vit sur le fréne et le peuplier; elle est d’un gris cendré couvert d'une pons- sière noire : sa chrysalide est brune, avec les stigmates noirs. La Noctuelle découpée, Noctua liba- trix. Cette noctuelle a l’extrémité des ailes découpée ; le mâle a les antennes un peu Insectes, PL. 28. LDareve del. *, Letlhier deubp. ! ! à < , 1. Decoupee. 2. Sa Chenille. 5. Sa Chrysalide, 11 NC à Ar | . - Vs l Fe ft CINE #0 W74 ä ty fes NE 1,2 air A DES NOCTUELLES. 207 pectinées; elle est de couleur rousse; ses ailes supérieures ont plusieurs lignes trans- versales blanches le long du bord, et sur l’angle extérieur des taches de même cou- leur ; depuis la base jusque vers le milieu , une tache jaune sur laquelle on voit deux petits points blancs; les ailes inférieures sont plus pâles que les supérieures ; le des- sous des quatre ailes est de même couleur que le dessus : on y voit quelques taches brunes. Les pates sont d’un brun roux ; les jambes ont un petit point blanc formé par des poils ; les tarses sont blancs, avec des an- neaux bruns. On la trouve aux environs de Paris, Sa chenille vit sur le lierre terrestre, le saule et le rosier; elle est de couleur verte, avec des lignes jaunes et brunes : elle a les stigmates rouges; sa chrysalide est noire. La Noctuelle ansée, Voctua plecta. Elle est d’un brun rouge en dessus; ses ailes supérieures sont bordées extérieure- 208 HISTOIRE NATURELLE ment depuis la base jusque vers les deux tiers par une large bande d’un blanc jau- nâtre , à côté de laquelle sont deux petites taches, l’une ronde, l’autre réniforme, de couleur brune, entourées de blanc; les in- férieures sont blanches en dessus et en des- sous : le dessous des supérieures est sans tache, de même couleur que le dessus. Elle habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris. Sa chenille est verte, avec la tête brune: La Noctuelle sulfurée, Noctua sulphurago. Cette noctuelle a les ailes supérieures d’un jaune de soufre, avec trois grandes taches et quelques petites d’un brun foncé, et quelques lignes de même couleur plus päles; les ailes inférieures sont blanches ; le dessous des supérieures est plus pâle que le dessus, On la trouve aux environs de Paris et en Allemagne. Sa chenille est lisse, de couleur blanche, avec la tête jaune. Insectew. PL. 29. [Peweve del. lé ahdeu. deudo | 1. Ansce. 3.3. Vert-dorc. 2. Sulfnrée . 4. De la Festuque . s | DES NOCTUELLES. _ 209 La Noctuelle dorée, Noctua chrysitis. Elle a un peu plus d’un pouce et quart d'envergure ; ses ailes supérieures sont d’un brun fauve, avec des taches d’un brun plus foncé, et deux bandes transversales d’un vert doré très brillant sur le milieu ; les in- férieures sont d’un gris foncé ; le dessous des quatre ailes est d’un gris jaunâtre. Elle habite l’Europe : on la trouve. aux environs de Paris. Sa chenille est demi-arpenteuse ; elle est verte, avec une ligne blanche de chaque côté ; elle vit sur l’ortie et le chardon; elle file entre deux feuilles une coque de couleur brune. : La Noctuelle du chou, Voctua brassiceæ. Elle a un pouce et demi environ d’en- vergure; ses ailes supérieures sont d’un gris obscur mélangé de noirâtre. On distingue un crochet noir derrière la première des deux taches ordinaires, et un peu de blane D + sl nf. cer “ie A CP 7 ! “ 210 HISTOIRE NATURELLE au-dessus de la seconde; vers le bord, il y a une raie ondée blanchâtre qui pose en partie sur du noir, et près du bord une autre ligne blanchâtre en zigzag; les ailes inférieures sont d’un gris obscur. Sa chenille vit sur le chou; elle est rase, d’un vert obseur ou brun en dessus, d’un vert clair en dessous, avec une ligne plus foncée sur le dos et une jaune qui sépare sur les côtés le vert clair du brun. Ce papillon est très commun partout. . La Noctuelle alchimiste, Noctua ; alchimista. Elle a vingt à vingt-deux lignes d’enver- gure; le dessus de ses premières ailes est d’un noir grisâtre, avec cinq lignes trans- verses plus noires ; la ligne postérieure est précédée d’une raie ou bande blanche plus ou moins souillée de brun, et projetant , vers le bas de son côté interne, trois petites dents inégales; les secoudes ailes sont d’un noir luisant, avec une grande tache basilaire et la frange d’un blanc vif et satiné. ? RE lc LD dl. ts Là ee _ DES NOCGTUELIES: 211 Sa chenille n’est pas bien connue; on dit qu’elle vit sur l’orme et sur le chêne. L'in- secte parfait paraît dans le courant du mois de juin. Il se trouve dans toute la France, mais n’est pas commun. - La Noctuelle de la fétuque, Noctua Jestacæ. Elle est de la même grandeur que la pré- cédente; ses ailes supérieures sont brunes, avec quelques taches jaunes et de grandes taches argentées très brillantes à la base, sur le milieu et à l’angle extérieur; les infé-" rieures d’un gris brun; le dessous des quatre” ailes est d’un gris rougeâtre. des, Elle habite les environs de Paris. Sa chenille vit sur la fétuque flottante et sur l’absinthe; elle est lisse, de couleur verte. a. 4 212 HISTOIRE NATURELLE La Noctuelle du bouillon blane, Noctua verbasci. Cette noctuelle est de forme allongée dans l’état de repos; ses ailes lui envelop- pent le corps ; elle a les supérieures dentées à l’extrémité : leur couleur est d’un gris rougeâtre sur le milieu, avec deux bandes longitudinales d’un brun foncé : l’une très large au bord extérieur, l’autre plus étroite le long du bord intérieur, Le dessous des quatre ailes est d’un gris rougeître; le cor- selet a une huppe très élevée; sur chacun des quatre premiers anneaux de l'abdomen, on voit une élévation formée par une masse , de joils de couleur brune. sé AA la trouve aux environs de Paris. Sa chenille vit sur le bouillon blanc et la scrofulaire; elle est lisse, de couleur jaune, avec des points noirs; elle file une coque de soie très lâche, dans laquelle elle fait entrer de la terre pour se changer en chrysalide; elle se cache dans la terre, où elle passe l'hiver, et paraît sous la forme d’insecte parfait le printemps suivant. PL, 3 Insectes . Deseve del, FLandeu Jeufp. 1. Du Bouillon blanc. 2. Sa Chenille. 3. Sa Coque. 4: Sa Chrysalide. ni (1 Cieb % FE 227 k:1! te pate | 485] SP ANT tALÉ hf DES NOCTUELLES. 213 Sa chrysalide est brune; elle a un long apperdice entre le relief qui renferme les deux ailes. La Noctuelle badaude, Noctua stolida. Elle a près de quinze lignes d'envergure; le dessus des premières ailes est d’un brun noirâtre chatoyant depuis la base jusqu'au- delà du milieu, avec deux bandes trans- verses blanches ou un peu jaunâtres, dont l’antérieure linéaire, la postérieure uniden= tée à son côté interne, et largement bordée de roussätre À som côté externe, Vient en= suite une bande grisâtre sinuée, peu appa= rente, et terminée par une liture blanchätre vis-à-vis du sommet, lequel est lui-même bordé par une double ligne blanche qui va en s'affaiblissant jusqu'à l'angle interne. Le dessus des secondes ailes est d’un brun noirâtre luisant, avec une bande transverse, un point anal et la frange blancs. Cette espèce habite le midi de la France : suivant Fabricius, elle se trouve aussi dans l'Inde, 214 HISTOIRE NATURELLE La Noctuelle Hibou, Noctua Pronuba. Cette espèce a un peu plus de deux pouces d'envergure; la couleur du dessus de ses premières ailes varie beaucoup; elle est quelquefois d’un ferrugineux foncé, d’un brun de feuille morte clair, d’un brun som- bre plus ou moins nuancé de gris ou de bleuâtre : vers le milieu de la surface sont deux taches, dont l’antérieure , toute ronde, est le plus souvent grise ; la postérieure ré- niforme, obscure, bordée de gris et un peu chatoyante ; le dessus des secondes ailes est toujours d’un jaune fauve, chatoyant, avec une bande noire, sinuée, médiocrement large, et placée un peu avant le bord pos- térieur ; le corselet est de la couleur des ailes supérieures; l'abdomen est d’un fauve plus ou moins sale, Ce papillon donne vers le commencement de juin : on le trouve dans toute la France et à Paris, principalement au pied des ormes qui bordent les routes. Sa chenille est assez grosse, tantôt d’un Insectes. PL Bo bis. Barrois seulp. 1. Noctuelle du Sparganium. 2.Sa Chenille. : DES NOCTUELLES. 215 vert jaunâtre, tantôt d’un vert obscur à re- Îlets cuivreux, avec deux raies noires macu- laires le long du dos; elle se nourrit de plu- sieurs crucifères, et on la trouve principa- lement sur le thlaspi ou tabouret , la bourse à pasteur et le seneçon. La Noctuelle du sparganium , Noctua , sparganit. Elle a à peu près un pouce d’envergure; ses ailes supérieures sont en dessus d’un jaune roussâtre, avec une ligne de sept points noirs au bord extérieur, et un groupe de taches noires sur leur milieu; les ailes inférieures sont de la couleur des premières, mais beaucoup plus pâles, et sans taches; le corps est aussi de la même couleur, plus ou moins foncée; le dessous des ailes supé- rieures est rougeâtre, avec la base lavée de brunâtre; celui des inférieures est comme en dessus. La chenille de cette noctuelle est verte: elle vit dans l’intérieur des tiges du sparga= nium. à HU Ré dt De D cé AU ee » pt RE 216 HISTOIRE NATURELLE " On trouve cette noctuelle aux environs de Paris. Ù IX° GENRE. PHALÈNE. Caractères génériques. Antennes filiformes, souvent pectinées dans les mâles; articles égaux, à peine distincts. — Deux palpes égaux, comprimés, membraneux , cylindriques, presque nus, — Trompe membraneuse, divisée en deux, roulée … - en spirale et cachée par les antennules. CE genre renferme une grande quantité d'espèces; les mâles de plusieurs ont, ainsi que ceux des bombyx, les antennes pecti- nées, mais il est très facile de les distinguer par leurs antennules, qui sont cylindriques, … presque nues, et dont la longueur, dans ” quelques espèces, semble les rapprocher desteignes; leur trompe est aussi plus longue, elle forme plusieurs tours de spirale, En gé- néral leur corps est moins gros et moins » velu. Les phalènes ont les pates d@ longueur DES VHALÈNES, 217 moÿenne ; les intermédiaires et les pôsté- rieures sont armées d’épines. Dans l’état de repos, ces insectes portent ordinairement leurs ailes étendues horizon- talement. Nous n’en connaissons qu'une es- pèce qui les tient élevées au-dessus du corps à la manière des papillons. Quelques fe- melles les ont si courtes, qu’elles en parais- sent dépourvues. Ces ailes ne peuvent leur être d’aucune utilité. Ces femelles ne s’éloi- gnent point de leur coque , elles y attendent le mâle. Le plus grand nombre des pha- lènes volent, ainsi que les bombyx et les noctuelles, après le coucher du soleil, plus légèrement que les premiers, mais moins que les dernières. Pendant le jour elles res- tent cachées sous des feuilles ou appliquées le long des branches ou des troncs d'arbre ; elles en sortent pour chercher leur nourri- ture où un individu de leur espèce avec le= quel elles puissent se reproduire, etmeurent immédiatement après la ponte. Les phalènes viennent des chenilles qui ont dix, douze, quatorze ou seize pates. Ce sont celles qu’on nomme intermédiaires, 4 1x. 19 218 HISTOIRE NATURELLE et qui sont placées entre les écailleuses et La dernière paie ou les postérieures, que les chenilles ont en plus ou moins grande quan- tité. Celles qui en ont le plus grand nombre en ont huit; quatre de leurs anneaux en sont dépourvus, deux entre les pates écail- leuses et les intermédiaires, et deux entre celles-ci et les postérieures. Ces chenilles à seize pates marchent à petits pas, et leur corps forme des ondulations. Celles qui n'ont pas autant de pates intermédiaires marchent différemment : ces chenilles en marchant rapprochent leurs pates intermé- diaires des écailleuses; comme la partie de leur corps qui se trouve entre ces pates est d'autant plus longue qu'elles en ont moins d'intermédiaires , le mouvement qu’elles font les force à élever cette partie qui forme en l'air une espèce de boucle, tant que leurs pates sont près les unes des autres ; mais dès que la chenille les éloigne pour former un autre pas, cette partie s’abaisseet s’allonge. La chenille répète cette manœuvre chaque fois qu'elle veut changer de place, et comme elle semble alors mesurer le terrain DÉS PHALÈNES. 219 qu'elle parcourt, on a donné aux chenilles de cette espèce le nom d’arpenteuses où géo- mètres. L’arrangement des pates des chenilles offre encore une autre variété; on en trouve qui ont quatorze pates, dont huit intermé- diaires, ét point de postérieures. L’extré- mité du corps de celles-ci est terminée en pointe. Les chenilles arpenteuses ne sont pas re- marquäbles seulement par la manière dont elles marchent, elles le sont encore par leurs attitudes, qui nous prouvent que ces insectes ont une force étonnante dans les muscles. Les unes ont lés pates postérieures et les in- térmédiaires cramponnées sur de petites branches, le corps élevé verticalement, et restent iminobiles datis cette position des demi-heures entières. Les autres tiennent aussi leur corps dans une infinité d’attitudes qui demandent incomparablement plus de force. Elles peuvent placer le corps en l'air dans toutes les positions qui sont entre la verticale et l'horizontale. On prend souvent ces sortes de chenilles pour de petits mor- PL 220 HISTOIRE NATURELLE ceaux de bois sec, aussi a-t-on donné à celles-ci le nom d’arpenteuses en bäton. Toutes les arpenteuses vivent solitaires ; elles sont très nombreuses, Les plus grandes qui habitent les environs de Paris n’ont pas beaucoup plus d’un pouce de longueur; leur corps a peu de diamètre et ne paraît pas fait sur les proportions des autres chenilles. Les arpenteuses en bâton sont celles qui en diffèrent le plus ; elles sont lisses, et leurs anneaux ne sont point sensibles. Parmi les arpenteuses , les unes ont des tubérosités qui leur donnent une sorte de ressemblance avec de petits bâtons raboteux; les autres ont sur le corps plusieurs tubercules qui leur forment des espèces de bosses, sur un ou plusieurs anneaux qui figurent les nœuds et les bourgeons d’une petite branche. La plupart des arpenteuses se laissent tomber lorsqu'on touche à la feuille sur la- quelle elles sont ; cependant elles ne tombent pas jusqu’à terre, elles ont une corde prête à les soutenir en l’air, qu’elles peuvent al- longer à volonté, Cette corde est un fil très fin qui a assez de force pour les porter. Les T7. ET si MR LE haie À nn DES PHALÈNES. 221, arpenteuses ne marchent jamais sans laisser sur le terrain qu’elles ont parcouru un fil qu'elles y attachent à chaque pas; ce fil se dévide de la filière , d’une longueur égale à celle du. mouvement qu’a fait la tête de la chenille en marchant. Il est toujours attaché près de l'endroit où elle se trouve, et par son autre bout tient à la filière ; il lui sert, lorsqu'un événement quelconque la fait tom- ber, à la soutenir en l'air et à l’aider à re- monter : c'est par le moyen de cette soie qu’elle descend des plus grands arbres jus- qu'à terre, et qu'elle y remonte sans faire usage de ses pates, manœuvre qu’elle exé- cute assez promptement en saisissant ce fil entre ses deux dents le plus haut, qu’elle peut, et l’entortillant autour de ses pates membraneuses avec beaucoup d’adresse. Arrivée à l'endroit où elle voulait aller, € elle en débarrasse ses pates, et lorsqu'elle se re- met à marcher, elle file de nouveau. On trouve des arpenteuses dans toutes les saisons de l’année, Mais il n’y a aucun temps où l’on en trouve en aussi grande quantité qu’au printemps; alors les chênes, les ormes, RS al dt 7, Ai Ep + © 0 =. “ a vs 2 HISTOIRE NATURELLE les érables, les peupliers et les chArires en « æ sont peuplés. Il y a des espèces qui sont ÿ à particulières à quelques arbres, d’autres ” qui sont communes à plusieurs. Lorsque le = printemps est doux, toutes ces chenilles dis- paraissent vers la fin de cette saison ; elles sont alors parvenues à leur parfait accrois- D sement, et elles sont déjà transformées ent chrysalides. | Le plus grand nombre des arpenteuses entrent en terre pour s’y faire une coque : ces coques n'ont rien de patticuliéy ; elles sont composées de différens grains de terre liés par des fils de soie; d’autres se font des coques dans des feuilles pliées ou rassem- blées en paquet. Quelques unes filent dans > Ja cavité d’üne feuille quelques fils qui suf- fisent pour empêcher la chrysalide de tom- bef, On voit quelques arpenteuses qui s'écar- tent de la règle générale, en s’acerochant par l'extrémité et s’attachant par le miliett du corps pour se changer en chrysalides, comme fotit certains papillons. La forme de ces chrysalides est un peu angulaire, Une grande partie des chenilles qui donnent les 40h Ebigisétee à AMIE ‘LÉ RARE _Deseve del. lelardieu dub. 1. Printamere. 2 En Fauaille. ” ». Soufrce. LE Jaspée. ‘ DES PHALÈNES, 203 espèces. de ce genre, passent l’hiver sous la forme de chrysalides, d’où sortent les pha= lènes le printemps suivant. M. Hubner a figuré plus de quatre cents espèces de pha- lènes européennes; beaucoup de lépido- ptères nocturnes sont rapportés à.ce genn On en trouve une grande quantité aux eh= virons de Paris ; nous en décrironis quelques unes, et nous suivrons l’usage reçu de prendre la terminaison aria pour le nom des espèces à antennes pectinées dans les mâles, et ata pour les espèces À antennes simples dans les deux sexes. La Phalène printanière, Phalæna vernaria. Le mâle de cette phalène a les antennes pectinées depuis la base jusque vers les deux tiers, filiformes à l'extrémité ; elle est entiè- rement d’un bleu pâle, brillant, soyeux; elle à sur les ailes deux lignes transversales blanches; le dessous est plus pâle que le dessus. - Elle habite les environs de Paris. + si is opté oi et AU és "224 HISTOIRE NATURELLE S Sa chenille vit sur la ronce et le chéne; elle est de couleur verte, avec une tache rouge sur le milieu de chaque anneau; sa tête est très fendue. Elle se change en chry- salide vers le commencement de l’automne , passe l’hiver sous cette forme, et l’insecte parfait en sort le printemps suivant. Cette chenille est une de celles qui attachent leur chrysalide par l’extrémité à la manière des papillons. Sa chrysalide est échancrée du côté dela tête; elle est de couleur pâle. Lu. À su La Phalène en faucille, Phalæna Jfalcataria. “= Elle a les antennes pectinées jusqu'aux deux tiers, filiformes à l’extrémité; elle est d’un brun jaunâtre en dessus; l'angle de ses ailes supérieures est recourbé en faucille; ces ailes ont une raie d’un brun obscur qui - prend son origine à l’angle extérieur et tra- verse l’aile dans toute sa largeur; elles ont en outre, ainsi que les inférieures, plusieurs autres petites lignes transversales de même DES PHALÈNES. 225 couleur; le dessous des ailes est jaune, avec quelques points noirs. On la trouve aux environs de Paris. Sa chenille vit sur l’aune; elle a quatorze pates, dont six écailleuses et huit intermé- diaires, et point de postérieures. Ses trois" derniers anneaux diminuent insensiblement de grosseur; le dernier est terminé par une partie écailleuse, en forme de pointe tron- quée. Cette chenille porte ordinairement l'extrémité de son corps un peu élevée; sa couleur est, en dessus, d’un brun rouge mêlé de vert; en dessous d’un vert clair, et quel- ques raies transversales brunes sur la tête; elle a sur le corps six tubercules d’un brun jaunâtre, placés par paire sur les 2€, 3° et 5e anneaux..Ælle se tient dans la cavité d’une feuille, au milieu de quelques brins de soie, auxquels ses pates membraneuses sont atta-" chées. Vers les premiers jours d'automne, elle file dans une feuille qu’elle ploie, une coque d’un tissu très mince, dans laquelle elle s’enferme pour en sortir sous la forme d’insecte parfait l’été suivant, Sa chrysalide est d’abord de couleur 226 HISTOIRE NATURELLE verte, ensuite devient brune , à l'exception des fourreaux des ailes, etla pièce de la poi- trine qui reste verte. Ce que cette chrysalide a de plus remarquable , ce sont deux petites pointes en forme de pyramide au-devant de la tête. La Phalène soufrée, Phalæna sam- bucata. Cette phalène est la plus grande de celles qu'on trouve aux environs de Paris; son - envergure est de vingt-quatre à vingt-huit lignes ; elle porte ses ailes étendues et pa- rallèles au plan de position; elle est d’un jaune couleur de soufre, tant en dessus qu’en dessous ; les ailes supérieures ont deux lignes d’un jaune foncé, entre ces deux lignes le commencement d’une troi- “sième ; les ailes inférieures n’en ont qu’une : elles ont à l'extrémité un angle saillant en forme de queue, avec deux petites taches d’un rouge orangé bordé de brun: Elle habite l’Europe; elle n’est pas rate aux environs de Paris pendant le mois de juillet, * EL DES PHALÈNES. 227 Sa chenille vit sur le rosier et le sureau ; elle a sur le corps quelques tubercules fort longs et minces; dans l’état de repos, elle ressemble à un petit morceau de bois sec; elle passe l'hiver sans prendre de nourri- ture, et ne mange qu'au printemps, vers la fin duquel elle se change en chrysalide dans une coque composée de quelques brins de soie qu’elle file entre deux feuilles ; la pha- lène sort au commencement de l'été; sa chrysalide est brune. La Phalène jaspée, Phalæna syrin- garia. Cette phalène à quinze à dix-huit lignes d'envergure; ses ailes sont marbrées de couleurs composées de jaunâtre, de brun et de rougeâtre, plus marquées vers le bord extérieur que vers l’intérieur; le des- sus des ailes est semblable au dessous, mais plus obscur, et chaque aile a dans son mi- lieu un point noir. Elle habite les environs de Paris. Sa chenille vit sur le lilas et le jasmin L 4 US 208 _ HISTOIRE NATURELLE sa couleur réssemble un peu à celle de l'insecte parfait; elle a sur le dos quatre gros tubercules élevés et plusieurs petits, et une longue corne sur le huitième anneau. Sa chrysalide est brune, fort courte, en- veloppée de soie en mailles à jour, et fixée aux branches des arbres. La Phalène verte, Phalæna viridata. Cette phalène a les aïles anguleuses, de couleur verte en dessus et en dessous , avec dés stries pâles. Sa chenille est couleur de chair ; elle a une ligne obscure sur le milieu du corps, et deux espèces de cornes sur la tête : elle vit sur le chêne. La Phalène brodée, Phalæna miata. Cette phalène a le dessus des ailes supé- rieures d’un vert foncé, avec des lignes transversales d’un vert presque noir, et quelques lignes blanches ; toutes ces lignes forment, sur les ailes, une espèce de point de Hongrie; les ailes inférieures sont grises ; » de. “ sd: ” « DES PHALÈNESy 229 le dessous des quatre ailes est d’un blanc verdâtre, avec quelques taches obscures. On la trouve aux environs de Paris. Sa chenille vit sur le frêne et le prunier épineux ; le devant de sa tête est presque plat; son dernier anneau se termine par une espèce de fourche, formée par deux cornes presque charnues, dirigées ordinai- rement dans la ligne de la longueur du corps; elles servent à la chenille pour se cramponner. Cette chenille est une de celles qui soutiennent horizontalement, pendant un certain temps, la partie de leur corps depuis la tête jusqu'aux jambes intermé- diaires; sa couleur est d’un jaune citron, avec une raie rouge de chaque côté, et quelques taches rouges auprès de la tête et des premières pates ; vers la fin de l'été elle file quelques brins de soie dans la cavité d’une feuille qu’elle roule, s’y change en chrysalide, et l’insecte parfait en sort à la fin de l’automne. IX, 20 rt * O4 - LM _— * 2 ‘ L2 230 HISTOIRE NATURELLE PR ï < La Phalène du stratiote, Phalæna stratiolata. G. Botys. Lame. Le mâle de cette espèceéest d’un gris jau- nâtre ; les ailes supérieures ontdés taches d'un gris obscur et d’un brun clair, des li- gnes transversales ondées , blanches , sur le milieu une petite tache blanche bordée de noir, et près du corselet deux petites taches noires; les ailes inférieures sont blanches, avec deux!lignes transversales noirâtres ; le dessous des ailes est blanc, avec quelques nuances d’un gris noirâtre. Les ailes supérieures de la femelle sont d’un brun clair, avec une ligne d’un brun obscur, et une petite tache d’un gris blane sur le milieu, On la trouve aux environs de Paris. Sa chenille est aquatique ; elle a seize pates; elle se tient ordinairement dans l’eau ë placée dans la cavité d’une des feuilles de la plante nommée par Linné srratiotes ; elle se couvre d’une portion de la même feuille, Insectes. É PL, 32. TERRE & PE ep! | 6. Deseve del. Se ze 2° ordieu Véufp.] 1. : Verte. 4. Du Stratote, 2, Sa Chemille. 5. Mouchetce, 3. Sa Clnysalide. G. à Bande à l'envers. : < : * DES PHALÈNES. 23: qu’elle coupe et qu’elle attache ensuite avec quelques brins de soie; les deux portions de feuille, ainsi appliquées l’une contre l'autre, laissent un libre passage à l’eau, de sorte que la chenille en est entièrement couverte; placée de cette manière, elle mange la substance supérieure de la feuille, qui, étant grasse et épaisse, fournit un certain temps à sa subsistance. La couleur de cette chenille est d’un vert clair, blanchâtre, transparent ; sa tête est petite ; elle la tient ordinairement enfoncée en partie sous son premier anneau; elle a deux antennes coniques , articulées, termi- nées en pointe; elle paraît velue; mais Degéer à remarqué que ce qui semble être des poils, sont des parties très déliées de même nature que celles qu’on voit aux lar- .ves de mouches et d’éphémères ; il présume qu'elles servent à la respiration de ces che- nillés; aussi il regarde ces parties come des espèces d’ouiés analogues à celles des poissons ; elles sont placées, par touffes, de chaque côté de son corps; elles sont blan- ches, transparentes ; leur nombre sur cha- x: 232 HISTOIRE NATURELLE que anneau n’est pas fixe, le premier an- neau en est entièrement dépourvu; ces espèces d’ouïes sont membraneuses et flexi- bles, leur extrémité est arrondie ; chaque portion renferme un vaisseau cylindrique, qui communique à deux vaisseaux qui s’éten- dent depuis la tête de la chenille jusqu’à sa païtie postérieure : Degéer croit que ces deux vaisseaux sont les principales trachées de l’insecte : de là il conclut que ces sortes d’ouies sont des vaisseaux à air, ou ramifi- cations de trachées placées en dehors du corps de la chenille, auxquelles elle paraît ne pouvoir donner de mouvement, ainsi que les larves d’éphémères en donnent aux leurs. Outre ces vaisseaux à air, ces che- nilles ont le même nombre de stigmates que les chenilles terrestres; ils sont plus appa- rens et plus marqués , lorsque la chenille est prête à se changer en chrysalide, que dans son jeune âge; ceux des cinquième, sixième et septième anneaux, sont beau- coup plus grands que ceux des autres, un peu élevés, et paraissent composés de plu- sieurs anneaux de forme ovale; les autres DES PHALÈNES. 233 sont très petits. L'huile qui fait mourir les chenilles, lorsqu'on les y plonge, ou seule- ment lorsqu'on bouche leurs stigmates avec cette substance, parce qu’elle leur ôte la respiration, ne produit aucun effet sur cette espèce; ces chenilles vivent dans l'huile comme dans l’eau; Degéer en a vu une y vivre pendant plus de huit jours, ce qui lui fait croire qu’elles respirent l'air qui est renfermé dans l’huile, de même qu’elles res- pirent l'air dont l’eau commune est chargée. Ces chenilles passent l’hiver et mangent pendant cette saison, au lieu que les che- nilles terrestres restent engourdies ; au com- mencement de l'été, elles se changent én chrysalides sans sortir de l’eau; elles filent entre deux feuilles une coque allongée, d’une soie très blanche, placée dans une enveloppe de soie de couleur grise, qui s'étend beaucoup au-delà des deux bouts de la coque; la chenille ménage une ouverture à cette enveloppe, du côté où la phalène doit sortir; quoique sa coque soit exacte- ment fermée, on remarque sur la chrysalide six grands stigmates en relief, au moyen 234 HISTOIRE NATURELLE desquels elle respire l’air qu’elle trouve dans sa coque de soie, qui, bien que placée dans l'eau, n’en contient point ; elle est au con- traire remplie d’air, et la chrysalide y est à sec. Ces chrysalides ne sont pas aussi aqua- tiques que le sont leurs chenilles ; si on les plonge dans l’eau après les avoir retirées de leurs coques, on les fait mourir ; mais il est essentiel à leur existénce que les coques dans lesquelles elles sont renfermées soient dans l’eau ; si on les en retire, les chrysa- lides se dessèchent , et ne peuvent parvenir à l’état d'insectes parfaits. C’est ordinairement vingt où vingt-cinq jours après que la che- nille s’est changée en chrysalide, que la phalène paraît; dès qu’elle est sortie de sôn enveloppe, elle traverse l’eau, sé rend à sa sutface pour chercher un endroit sec. Les œufs de ces phalènes sont ovales, de couleur verte ; les femelles les placent les uns à côté des autres, sur des feuilles qui nagent sur l’eau : ils éclosent environ huit jours après la ponte. DES PHALÈNES. : 235 La Phalène de la graisse, Phalæna pinguinalis. G. Botys. Larr. Cette espèce est plus petite que la précé- dente; ses ailes sont d’un gris d’agate, avec des raies et des taches brunes. | On la trouve dans nos maisons, sur les murs. Sa chenille est rase , d’un brun noirâtre luisant; elle se nourrit de matières buti- reuses ou graisseuses ; Réaumur la nomme J'ausse teione des Cuërs , parce qu’elle ronge aussi ces matières, de même que les cou- vertures des livres, et les insectes morts. Elle se construit un fourneau, en forme de long tuyau, qu’elle applique centre les corps dont elle se nourrit, et qu’elle recouvre de grains, composés en majeure partie de ses excrémens. Suivant Linné, on la trouve aussi, mais rarement, dans l'estomac de l’homme, où elle produit des effets plus alarmans que ceux qu'occasionnent les vers intestinaux. &* DOS, ee CT ls. éd te nn né. _ dt 236 HISTOIRE NATURELLE La Phalène mouchetée, Phalæna ” grossulariata. Cette phalène a les ailes d’un blanc jau- nâtre ; les supérieures ont plusieurs bandes transversales noires, formées par des taches, et deux bandes transversales jaunes, la pre- mière à la base , l’autre sur le milieu ; les in- férieures ont deux rangées de taches noires, et un point de même couleur sur le milieu; le dessous des ailes est blanc, avec les mêmes taches noires qu’en dessus; tout le corps est . noir, avec des taches noires en dessus et en dessous. Elle habite l’Europe : on la trouve aux “environs de Paris. Sa chenille vit sur le groseiller ; elle est blanche, avec des taches rouges et noires ; vers le milieu de l'été, elle file une coque mince entre deux feuilles, d’où la phalène sort environ un mois après. DES PHALÈNES. 237 La Phalène à bande esquissée, Pha- læna forficalis. G. Botys. Larr. L] Cette phalène est jaunâtre; ses ailes su- périeures ont trois lignes obliques , peu mar- quées, de couleur jaune fauve, et une tache brune sur le milieu; les inférieures n’en ont que deux ; le dessous des quatre ailes est d’une couleur moins foncée que le dessus. Elle habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris. Sa chenille a seize pates; elle est de cou- ve, © leur jaune , un peu verte , avec six rangées longitudinales de petits points noirs, et” quelques poils; elle vit sur le chou, dont elle mange les feuilles. La Phalène à bande à l'envers, Pha- læna verticalis. G. Botys. Larn. Cette phalène est d’un blanc jaunâtre; ses ailes sont brillantes; vues à un certain LA e 238 HISTOIRE NATURELLE jour, elles ont un reflet d’un violet pâle ; chacune des quatre ailés à trois lignes trans- versales ondées, formées par de petites ta- ches de couleur brune; le dessous diffère . peu du dessus. Elle habite l’Europe : on la trouvée aux environs de Paris. Sa chenille vit sur l’ortie; elle a seize jambes ; elle est d’un vert transparent; elle a quelques poils courts et blancs; vers le milieu de l'été, elle file une coque qu’elle recouvre de feuilles d’ortie, s’y change en chrysalide , et paraît sous la forme d’insecte parfait un mois après. | La Phalène précoce , Phalæna pro- dromaria. Elle a un pouce et demi d’envergure ; le fond de ses quatre ailes est blanc, chargé de points noirs; les supérieures ont deux bandes brunes, irrégulières, bordées de noir ; les inférieures en ont une seule ; le dessous est semblable au dessus. La chenille de cette phalène est d’un brun # DES PHALÈNES. * 239 roussâtre, avec des tubercules rougeâtres et quelques points blancs. Elle subit sa méta- morphose en terre. L’insecte parfait est assez commun aux environs de Paris : on le trouve en mars. La Phalène à plumet, Phalæna plumistaria. Son envergure est d’un pouce et plus; les bords extérieur et postérieur de chaque aile sont noirs ; les supérieures ont le fond blanc, marqué de teintes d’un fauve pâle, tacheté de points noirs; les ailes inférieures sont d’un fauve vif, tachetées de petits points noirs, avec un gros point vers le milieu, et” une ligné ondée, de la même couleur au- dessous. Les antennes de la femelle sont den- tées en scie; celles du mâle sont extrême- ment pectinées. Cette espèce se trouve dans le midi de la France ; elle y est assez commune. nu 240 : HISTOIRE NATURELLE La Phalène du bouleau, Phalæna betularia. Elle a plus d’un pouce et demi d’en- vergure; ses antennes sont noires, annelées de blanc; le corps est grisâtre, mêlé de noir ; les ailes ont le fond blanc chargé d’atomes, de points et de petites lignes de couleur noire. Elle se trouve aux environs de Paris. Sa chenille est d’un brun grisâtre, quel- quefois verdâtre; sa tête est aplatie en de- vant, et comme refendue dans sa partie supérieure en deux pointes coniques; son corps est chargé de quelques éminences ra- boteuses. Elle vit sur le bouleau et le saule. Elle se métamorphose en terre. La Phalène purpurine, Phalæna purpuraria. Elle a six à sept lignées d’envergure ; ses ailes supérieures sont brunes ou jaunâtres , frangées de rose, avec deux bandes de la = même couleur; les inférieures sont d’un DES PHALÈNES. 241 fauve vif, avec le bord inférieur plus où moins brun; leur dessous est marqué d’une bande rose transversale; les supérieures n’ont qu’un petit trait de cette couleur placé près du bout. La chenille est verte, avec une ligne dor- sale d’un jaune pâle, et quelques traits de la même couleur sur les côtés; elle est très commune aux environs de Paris, sur les luzernes, et dans les prairies artificielles , où l’on trouve aussi linsecte parfait. La Phalène de l’alisier, Phalæna cratægata. Cette jolie espèce a près d’un pouce d’en- vergure; ses ailes sont jaunes, tant en dessus qu’en dessous ; elles portent des points grisâtres, plus ou moins disposés en ligne ; les supérieures ont une tache fer- rugineuse qui occupe la moitié de leur angle supérieur et touche au bord antérieur, le- quel porte encore quelques taches de même couleur, dont une plus remarquable à la base de l'aile; on voit une tache blanche 1X. 21 Ed , 242 HISTOIRE NATURELLE : entourée de brun près de ce même bord ; les ailes inférieures ont un point noir dis-. coïdal tant en dessus qu'au-dessous. Cette phalène est commune aux environs de Paris, dans les bois et les jardins : on la voit tout l'été, et elle vole dans le jour. Sa chenille est souvent brune, mais très variable par la couleur. Elle vit sur l’au- bépine et sur l’alisier. La Phalène à six ailes, Phalæna sexalata. Elle a environ huit lignes d'envergure ; ses ailes sont d’un gris brun ; les supérieures ont trois bandes blanchâtres, portant cha- oune une ligne d’un jaune foncé tirant sur l’olive; le bord extérieur est d’un gris plus clair, avec une petite ligne ondée blan- châtre, et peu distincte; les ailes inférieures sont moins foncées que les autres; le des- sous des quatre est gris, avec des lignes ondées brunes et un point noir discoïdal. Le mâle porte un appendice en forme de petite aile ovale, garni tout autour d’une — TT DT UT POUR S DES PIRALÈNES. 243 Fnge de poils, inséré vers la base du bord intérieur des secondes ailes, plié en double, couché, dans le repos, entre celles-ci et les supérieures , et se développant dans le vol. Cette espèce extraordinaire se trouve en # Europe. Sa chenille est d’un vert pâle, rayé de blanc ; la tête est fendue antérieurement ; elle porte deux pointes horizontales sur ie second segment du corps. Elle vit sur le saule, et subit sa métamorphose en terre. La Phalène à barreaux, Phalæna chlatrata. Cette phalène à un pouce d'envergure ; le fond de ses quatre ailes est blanc, chargé d’atomes bruns, et de lignes irrégulières qui sé croisent presque toutes À angles droits ; lé dessous est pareil au dessus; la frange est entrecoupée de brun et de blanc. Dans le mâle, le fond des ailes est jaunâtre. Cette espèce est extrémement commune aux environs de Paris, dans les prairies. 244 msrome NAF0ELLE à Phalène du prunier, Phalæna w prunaria. Elle a deux pouces d’envergure; ses ailes sont jaunes , semées de petits traits bruns, et ayant chacune, sur le disque, une ligne courbe owlunule noire; le dessous est sem- blable au dessus. Dans les mâles, la cou- leur du fond des ailes tire un peu sur l’au- rore. Cette espèce se trouve dans les bois et dans les jardins des environs de Paris. Sa chenille est de couleur très variable, brune, grise, ferrugineuse , portant à la partie antérieure de son cinquième anneau une petite épine dorsale; à la partie posté- rieure du neuvième est une épine un peu plus forte, et sur l’avant-dernier un tuber- cule. Elle subit sa métamorphose en terre. La Phalène Wau, Phalæna Wavaria. Elle a dix lignes d'envergure; ses ailes sont grises, avec le bord extérieur brun: du bord antérieur des supérieures partent ‘ » DES PHALÈNES. 245 quelques: bandes courtes , d’un br un MmoI- râtre, dont la seconde , à partir dela ba est fléchie à angle droit, de manière à former | Pr une espèce de V; dessous ce V, on voit au bord interne une petite tache brune pres- que carrée; les ailes inférieures ont un point noir discoïdal; le dessous des quatre ailes est parsemé d’atomes d’un brun roussâtre. Cette espèce se trouve en France et aux environs de Paris, dans les bois. Sa chenille est verte ou brune, avec des tubercules noirs, portant chacun un poil de même couleur, avec une ligne dorsale et une autre latérale, de couleur jaune. Elle vit sur le groseiller. La Phalène Papillon, PAalæna Papilionaria. Elle a deux pouces d'envergure; les ailes sont d’un vert bleuâtre, avec quelques li- gnes ondées blanchâtres , peu distinctes; le dessous est pareil au dessus, les lignes sont à peine apparentes : le mâle est d’un vert plus pur, et ses lignes blanchâtres sont mieux prononcées. LA ai 246 HISTOIRE NATURELLE 7 On trouve cette espèce dans lés bois des environs de Paris. Sa chenille est verte; elle porte sur le dos des tubercules pointus. Elle vit sur le bou- leau ; sa chrysalide est verte et jaune. X° GENRE. PYRALE. Caractères génériques. Antennes filiformes, simples; articles courts et égaux. — Deux antennules égales, nues, cylindriques à leur base, dilatées à £ leur milieu, sétacées à leur pointe. — Trompe membraneuse, sétacée, divisée en deux, roulée * en spirale et cachée par les antennules. Les pyrales ont les antennes presque d’égale grosseur dans toute leur longueur, composées d’un grand nombre d’articles égaux, distincts. Leurs ailes sont de longueur moyenne, larges, arrondies à la base, où elles forment à l’insecte des espèces d’épaules; elles vont en diminuant depuis les deux tiers du bord extérieur jusqu’à l'extrémité; dans l’état de repos, elles les portent en toit, le bord D D LA DES PYRALES. 247 intérieur élevé au-dessus du corps, le bord 3 extérieur penché. Les pyrales ont les pates de longueur moyenne; les intermédiaires et les posté- rieures sont armées d’épines: Les chenilles qui donnent les pyrales ont seize pates; elles sont rases; la plupart se tiennent renfermées dans les feuilles dont elles se nourrissent; elles les roulent de différentes manières, ou les attachent les unes contre les autres, avec quelques brins de soie; d’autres vivent dans l’intérieur des fruits. Une partie de ces chenilles filent des coques d’une forme particulière; ce sont celles que Réaumur a désignées sous le nom de coques en bateau. On trouve ces chenilles pendant toute la belle saison; quelques unes passent l'hiver sous la forme de chrysalide, d’où sort l’in- secte parfait le printemps suivant. Ce genre renferme près de deux cents espèces dont on trouve une assez grande quantité aux environs de Paris : nous en « décrirons quelques unes des plus remar- quables. + ge ns Mini Snl iii ail 248 HISTOIRE *NATURELLE 3 La Pyrale du hêtre, Pyralis prasi- nana. Elle à onze lignes d’envergure; les an- tennes des femelles sont rougeñtres, les palpes courts; la tête, et le corselet sont verts, et les parties de la bouche rougeâtres; les ailes supérieures sont vertes, avec trois lignes blanchâtres, obliques, bordées d’un ” vert plus intense, et les bords extérieur et “postérieur jaunes ou rougeâtres ; le dessus des inférieures est d’un blanc jaunâtre; l'abdomen, le dessous du corps et des ailes sont d’un vert blanchâtre; les pates sont d’un jaune rougeître. Dans le mäle, les nuances jaunes et rou- geâtres sont plus prononcées. La chenille est d’un beau vert, avec une - ligne latérale jaune qui commence au pre- mier segment, et va jusqu’à l’anus; elle a en outre une ligne dorsale jaune, accompa- - gnée de traits obliques et de points de même couleur. Elle vit sur le hêtre; sa coque: est semblable à celle de la pyrale verte à ‘bandes, mais de couleur feuille morte. er PT , étre À [ru . PL: 4} MARI ec ps 7 114 HE Fe : Fe prie Het wat LS Ibis tee re) N PAL La NS à Fi ON TE & + ”H = CA » petit s ? dent HF Den sh Pa NI RQ Jai *i Ansectes, Derrne del. Caguet up. 4.Des Pommes, ” 6. Sa Chenille. 6.Sa Chrysalide. + \ 1. Verte à bande. 2.Sa Chenille . 8.Sa Coque. ‘4 s DES PYRALES. "A A e # Cette pyrale se trouve aux environs Paris, dans les bois. La Pyrale verte à bande, Pyralis quercana. re Elle a environ quinze lignes d'envergure ;° sa tête, son corselet, et le dessus des ailes supérieures, sont d’un beau vert; on voit sur les ailes deux lignes obliques blanches ; elles sont bordées antérieurement et posté- rieurement par une ligne de même cou- leur ; le dessous des quatre ailes et le dessus des inférieures est d’un vert blanchâtre. On la trouve aux environs de Paris. Sa chenille vit sure chène et l’aune; elle est de couleur verte, avec quelques aies obliques d’un vert jaunâtre; sa partie postérieure est plus mince que sa partie antérieure ; elle porte souvent sa tête retirée sous les premiers anneaux , ce qui lui donne une sorte de ressemblance avec un poisson. Vers le milieu du printemps, cette chenille file une coque de soie jaune, mais elle s’y prend d'une autre manière que celle dont D. 250 HISTOIRE NATURELLE nous avons parlé; elle commence par faire deux espèces de coquilles de soie qu’elle pose chacune sur le côté, et dans lesquelles elle se place; ces deux coquilles sont liées ensemble par un de leurs bouts, l’autre est ouvert. Ce premier ouvrage fait, la chenille travaille avec activité à élever le bord d’une de ces coquilles, sur lequel elle file des mailles de soie très petites et très serrées les unes auprès des autres; elle quitte en- suite cette coquille pour en faire autant à l’autre; ce travail exige qu’elle prenne dif- férentes attitudes; cette coque, qui est mince, cède à tous ces mouvemens, de manière qu’elle paraît composée de déux pièces informes, mais la chenille sait les redresser et les fortifier ; le bord de chacune est attaché sur le plan contre lequel il est posé : ses deux bords sont distans l’un de l’autre dans une grande partie de leur lon- gueur, Les deux coquilles, comme nous l'avons dit, ne se touchent que par un de leurs bouts; la chenille lie pour un instant une portion du bord supérieur de chacune près du bout où elles se touchent, et rompt DES PYRALES. 251 les fils avec lesquels elle les a attachés ; lors- qu’elle a suffisamment fortifié ces coquilles, elle ne leur permet plus ensuite de se tou- cher que vers la partie inférieure d’un de leurs bouts; elle écarte les bords supérieurs l’un de l’autre, entre lesquels elle fait un tissu semblable à celui des deux coquilles; elle change de position pour faire prendre à sa coque la forme qu’elle veut lui donner; son corps est le moule dont elle se sert pour cette opération; elle commence par placer sa tête à plat vers le bout qui doit rester bas, ensuite elle élève et courbe sa partie postérieure, de manière qu’elle lui fait faire un angle presque droit avec ses jambes postérieures ; elle force ainsi le second bout de la coque à s'élever. C’est au moyen de différentes manœuvres et de différentes in- flexions qu’elle parvient à façonner sa coque, qu’elle affermit ensuite avec plu- sieurs couches de soie dont elle tapisse l’in- térieur; la pyrale reste environ uu mois dans cette coque sous la forme de chrysa- lide : elle en sort par le bout le plus élevé. Sa chrysalide est verte. LA ne, Loc i 252 HISTOIRE NATURELLE La'Pyrale chlorane # Pyralis chlorana. » Cette pyrale a sept lignes d'envergure; le corselet et les ailes supérieures sont d’un vert tendre; il est, ainsi que les ailes, bordé tout autour d’une raie blanche; les ailes inférieures sont d’un blanc argenté, tant en dessus qu’en dessous ; le dessous des supé- rieures est d’un blanc verdâtre cendré. Cette pyrale est très vive. Elle habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris. Sa chenille vit sur le saule; elle se tient ordinairement dans un paquet qu’elle fait avec les feuilles du bout des tiges qu’elle lie avec un fil; son corps, comme celui de la précédente, est moins gros postéricure- ment qu'antérieurement. Cette chenille n’a point la vivacité des autres chenilles rou-. leuses , elle marche lentement; lorsqu'on la touche, elle contracte son corps et reste immobile. Le fond de sa couleur est un blanc ver- dâtre, avec des nuances brunes de chaque DES PYRALES, 253 côté, qui forment une large bande irrégu- lière. Elle a sur chaque anneau plusieurs tubercules, de chacun desquels part un elle retire sa tête sous le premier anneau. . Vers le milieu de l'été, elle file une coque de soie blanche en forme de bateau, et elle emploie les mêmes moyens que la pyrale verte à bande; c’est aussi par le gros bout qu'elle en sort; il s’y trouve une ouverture ou fente perpendiculaire qu’elle y a ménagée. Les coques en bateau paraissent fermées de toutes parts, mais en frottant un peu avec la pointe d’un couteau l’arête saillante qui est au gros bout depuis le haut jusqu’en bas, on parvient à en ôter une soie lâche qui recouvre son extérieur, et qui laisse voir l'ouverture; de sorte que la pyrale n’a autre - chose à faire pour sortir de sa coque que d’en écarter les parois. Cette chenille passe l'hiver sous la forme de chrysalide, d’où l'insecte parfait sort l’été suivant. Sa chrysalide est d’un brun jaunâtre, poudrée d’une matière farineuse, 1X. 22 dE PAT TT TT TR SN RE) IN SR ñ F : » LÉ s° poil noir; sa peau est inégale et raboteuise ; 254 HISTOIRE NATURELLE La Pyrale du xylosteon, Pyralis xy losteana. Cette pyrale a le corselet d’un brun foncé ; les ailes supérieures sont de même couleur, un peu plus foncée à la base, et traversées dans leur milieu par une large bande d’un “brun obscur; elles ont sur la totalité, de petites lignes transversales obscures; le. dessus des inférieures est noir; le dessous des quatre ailes est d’un brun grisâtre. Ces pyrales se tiennent en repos pendant le jour, appliquées sous des feuilles; elles ne commencent à voler que lorsque le soleil est couché ; c’est pendant la nuit qu’elles s’ac- couplent, et que les femelles pondent leurs œufs. Elle habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris. Sa chenille est de couleur verte; elle vit sur le lilas; elle se tient ordinairement ren- fermée dans une des feuilles dont elle forme un rouleau, tantôt à l'extrémité, tantôt à l'un des côtés; elle attache ce rouleau sur la feuille avec plusieurs brins de soie. DES PYRALES. 255 Cette chenille est très vive; lorsqu'on la touche, elle marche à reculons, en faisant faire à son corps des ondulations de côté et d’autre; si on touche un peu fort à la feuille sur laquelle elle se tient, elle sort de son rouleau par un des bouts qu’elle laisse or- dinairement ouvert, se laisse descendre sur un fil, et lorsqu'elle croit le danger passé, elle remonte dans sa feuille à l’aide de ce fil. Elle mange tout l’intérieur de son rouleau, mais ne touche point à son dernier tour de. spirale, Au commencement de l’été, cette chenille se change en chrysalide dans le même rou- leau où elle a vécu; elle en tapisse l’inté- rieur d’une couche de soie. La chrysalide est brune en dessus, d’un brun verdâtre en dessous; lorsqu'on la touche, elle remue fortement le ventre de tous côtés ; l’insecte parfait en sort environ un mois après la transformation. Lorsque cette pyrale aïnsi que toutes celles qui viennent de chenilles rouleuses, veulent sortir de la chrysalide, elles com- mencent par briser leur enveloppe et à s’en ; 256 HISTOIRE NATURELLE tirer; elles avancent vers l’un des bouts dæ rouleau; c’est dans l’ouverture même de ce bout qu’elles achèvent de sortir de leur fourreau; les frottemens du contour de cette ouverture contre le fourreau l’arrétent, et donnent plus de facilité à l’insecte pour s’en dégager et le laisser en arrière. La Pyrale des pommes, Pyralis pomana. Cette pyrale a environ huit lignes d’en- wergure ; elle est d’un gris cendré; ses ailes supérieures ont à l'extrémité une large tache brune, sur laquelle on voit plusieurs points et taches d’or, et sur la totalité des ailes de petites lignes transversales brunes et jau- nâtres ; le dessous des quatre ailes est gris. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. Sa chenille est de couleur rouge; elle se nourrit de pommes; renfermée dans l’inté- rieur de ce fruit, elle y passe sa vie à manger, rejeter ses'excrémens et filer. Elle paraît ne filer que pour lier ensemble les Liga d . É PES lhSS àPa s à d t … | 4 ; F L" DES PYRALES. "269 ‘ grains de ses excrémens, et les assujettir les uns auprès des autres contre le fruit, afin de n’en pas être incommodée. Parvenue à son accroissement, elle s'ouvre un chemin du centre de la pomme à sa circonférence; elle l’entretient ouvert, et vient, pendant plusieurs jours de suite, jeter ses excrémens à l'endroit où il se termine; c’est par cette ouverture qu’elle sort pour aller chercher un endroit où elle puisse se changer en» chrysalide. Il paraît que c’est sous les écorces des arbres qu’elle file sa coque, dans la construction de laquelle elle fait entrer L la substance qu’elle y trouve; c’est ordinai= rement lorsque la pomme verreuse tombe ou est prête à tomber, que la chenille en sort pour subir sa métamorphose, et vers la fin de l’été on voit paraître l’insecte par- fait. L La femelle dépose un œuf sur la pomme, avant que les pétales de la fleur soient tom- bés; la chenille, qui n’est pas long-temps À éclore, trouve un fruit tendre qu'elle perce aisément, s’introduit dans son intérieur; l'endroit par où-elle est entrée se referme .. "4 LA A LE, LA, PP ET OR TT COR OP PRE 258 HISTOIRE NATURELLE quelquefois, de façon qu'il est difficile de trouver le trou qui lui a donné passage. Redi à fait une remarque par rapport aux vers des cerises : c’est que, dans chaque fruit, on ne trouve jamais ou presque jamais qu'une chenille. Réaumur a trouvé quel- quefois, dans un même gland , deux larves ; mais l’une était une chenille, et l’autre un ver, La Pyrale Cynosbane, Pyralis Cynosbana. Cette pyrale porte ses ailes appliquées contre les deux côtés du corps, et elles forment sur son dos un toit arrondi; la tête, le corselet et la partie antérieure des ailes supérieures sont d’un brun presque noir; l'extrémité est blanche, terminée par des points noirs. On voit sur la partie antérieure quelques lignes brunes; le dessus des quatre ailes est gris. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. Sa chenille est de couleur brune; elle a PTS CT? + cube fl Dés 9-2 bn, anÉ Le © de L DES PYRALES. M/259 la tête noire. Elle vit dans les jeunes pousses des branches de rosier ; elle creuse l’inté- rieur du bouton, mange toute la substance qu’il renferme, et va ensuite en chercher un autre pour s’y établir; elle attaque aussi les feuilles nouvellement développées, et s’y forme un logement, en les attachant en- semble avec plusieurs brins de soie. Cette chenille se décèle, en jetant dehors ses ex- crémens, Vers le milieu du printemps, elle file une coque ovale d’une soie très blanche, s’y change en chrysalide, et paraît sous la forme d’insecte parfait environ quinze jours après. Sa chrysalide est brune. La Pyrale verdâtre, Pyralis viridana. Eile a six lignes d'envergure; ses an- tennes sont grises, ses palpes droits, de longueur moyenne; la tête est jaunâtre, avec le corselet vert. Les ailes supérieures sont de la même couleur, les inférieures sont d’un gris cendré; la bordure des quatre ailes est blanchâtre ; le dessus du corps et ET fin ét 2 À : di L 260 M HISTOIRE NATURELLE des ailes, ainsi que les pates, sont d’utt blanc argenté. On trouve cette espèce dans les bois des environs de Paris : elle est assez commune. Sa chenille est verte, avec des tubercules noirs portant chacun un poil de cette cou- leur; les pates postérieures sont jaunes. La chrysalide est brune; son extrémité postérieure est terminée par deux petites pointes : elle vit sur différens arbres ‘tels que le chêne, le lilas , etc. La Pyrale de Lech, Pyralis Lecheana. Elle a dix lignes d’envergure; ses an- tennes, sa tête et son corselet sont bru- nâtres, avec quelques écailles argentées, brillantes. Le dessus des ailes supérieures est d’un brun testacé, avec deux lignes ar- gentées qui paraissent représenter les lettres JL, et quelques points de la même couleur sur chaque; les ailes inférieures sont brunes, On la trouve sur le bois de Sainte-Lucie (prunus padus), dans toute l’Europe: PE TT, . 0e DES PYRALES, La Pyrale de la résine, Pyralis resinana. Cette pyrale a les ailes supérieures d’un gris blanchâtre, avec des taches d’un rouge orangé qui , dans quelques endroits, forment des bandes transversales ; le dessous! ‘des quatre ailes est gris. On la trouve aux environs de Paris. Sa chenille est d’un brun jaunâtre ; elle a le premier et le deuxième anneau d’un brun obscur; elle vit dans l’intérieur des boules résineuses qu’on trouve sur les jeunes branches du pin, ou le plus ordinairement sur les petits buissons de cet arbre. Degéer regarde cette résine comme de véritables galles dans lesquelles, lorsqu'on les ouvre en automne, on trouve les che- nilles placées la tête en bas, immobiles , dans un état d’engourdissement, enfermées dans des coques de soie très minces, où elles passent l'hiver. Au printemps suivant, elles se raniment, mangent de nouveau ; elles ont alors la tête placée vers le haut de la galle; au milieu de cette saison, elles se 262 HISTOIRE NATURELLE changent en chrysalides, et au commence- ment de l’été on voit paraître l’insecte par- fait. Ces chenilles ont la propriété de suppor- ter l’odeur d’huile de térébenthine, qui est un poison mortel pour d’autres insectes. Degéer a renfermé de ces chenilles dans un verre où il y avait assez de cette huile pour que leur corps en fût couvert; elles n’ont pas paru en souffrir, tandis qu’une chenille d’une autre espèce mourut en moins de deux minutes, et une mouche au bout d’une demi-heure; ce qui fait croire à cet obser- vateur que les stigmates et les trachées de ces chenilles sont d’une structure différente de celle des autres. La Pyrale de la berce, Pyralis hera- cleana. Cette pyrale a les ailes supérieures d’un gris brun, avec des petites taches et des raies noirâtres , et deux petits points blancs bordés de noir, au-dessus desquels est un petit trait noir; le dessus des inférieures et DES PYRALES. 263 le dessous des quatre ailes sont d’un gris blanchâtre ; son envergure est de six ou huit lignes. On la trouve aux environs de Paris. Sa chenille est de couleur verte; elle a trois lignes longitudinales d’un vert foncé, dont une sur le milieu du corps et une de chaque côté, et deux points noirs sur cha- que anneau. Les chenilles de cette espèce sont très vives; on les trouve sur le cerfeuil sauvage, dont elles roulent les feuilles; elles y par- viennent en commençant par filer un grand nombre de fils qu’elles attachent aux deux bords opposés de la feuille ; à chaque nou- veau fil que la chenille tend, les deux bords se rapprochent, et le dernier filé est tou- jours plus tendu que les précédens, qui paraissent lâches et flottans. Enfin, ces che- nilles parviennent à donner de la courbure à la feuille, en saisissant avec leurs pates écailleuses le premier fil, qu’elles tirent à elles avec leurs crochets, et ne l’abandon- nent qu'après en avoir filé un second; elles continuent cette manœuvre avec beaucoup 264 HISTOIRE, NATURELLE : de vitesse, jusqu’à ce ns elles aient forcé la feuille à se courber dans toute son étendue. Ces fils forment ensemble une toile mince dans laquelle elles se renferment; elles mangent peu à peu les parois de leur habi- tation ; et lorsqu'elles l’ont consommée, elles vont s'établir ailleurs. Pour peu qu’on tou- che à la feuille où elles sont cachées, elles se laissent tomber à terre par une des deux ouvertures qu’elles ménagent à chaque bout; c’est ainsi qu’elles échappent aux poursuites d’un ennemi redoutable pour elles. Cet en- nemi est une guépe solitaire, qui les enlève et les porte dans son nid. Au commence- ment de l'été, ces chenilles quittent leur retraite ; elles s’enfoncent dans la terre, où elles se font une coque ovale de quelques grains de terre légèrement filés avec unwpeu de soie; elles restent environ un moïs sous la forme de chrysalide : au bout de ce temps paraît l’insecte parfait. XI° GENRE. TEIGNE. “Æaractères génériques. Antennes sétacées, simples; articles égaux et très courts. — Quatre antennules inégales; les deux antérieures plus longues, droites et dirigées en avant: — Trompe membra- neuse, divisée en deux, roulée et cachée entre les antennules inférieures. Les teignes sont de petits insectes, dont quelques espèces ne sont que trop connues par les ravages qu'elles font sous l'état de larve. Leurs antennes sont de grandeur médio- cre, composées d’un grand nombre d'articles égaux et distincts. ; Leurs pates sont nues, assez longues. Elles portent leurs ailes, dans l'état de repos, ou roulées autour du corps ou en toit élevé , le bord extérieur penché le long du corps ; dans quelques espèces, l'extrémité est relevée en queue de coq. Les teignes sont les lépidoptères les plus richement vé- IX. 23 JD: LS El. pt PTE PONTS NN 7 +. 266 HISTOIRE NATURELLE tus; un très grand nombre ont les ailes couvertes d’or et d'argent de différentes couleurs. Les teignes viennent de chenilles dont le nombre des pates varie depuis seize jusqu’à huit. Réaumur a donné le nom de teignes aux chenilles qui s’enferment dans des four- reaux qu’elles se font, les unes avec la substance qui sert à les nourrir, les autres avec des tiges de plante ou des matériaux de toute espèce. Enfin, d’autres, ce sont les plus petites, savent trouver un logement spacieux dans l'intérieur des feuilles même les plus minces; elles minent dans la sub- stance charnue de la feuille, en détachant le parenchyme, qu’elles mangent à mesure qu’elles agrandissent leur domicile. On trouve de ces mineuses sur presque tous les arbres; les unes se changent en chrysa= lides pendant l'été, mais c’est en automne que le plus grand nombre subit cette mé— tamorphose ; une partie de ces chrysalides passent l'hiver, et l'insecte parfait ep sort au printemps. Les plus petites teignes sont celles dont les ailes sont les plus ornées; DT RE NS SO TR 7 NT: + NOT CS ce : AE D nes TEIGNES. ; 267 quelques unes paraissent être entièrement de drap d’or ou d’argent. Ces espèces ne causent pas autant de ravages que celles qui habitent près de nous, et qu’on pourrait appeler eignes domestiques, parce qu’on les trouve dans toutes les maisons ; elles dé- truisent tout ce qu’elles trouvent, laines, pelleteries, collections : elles n’épargnent rien. Elles vivent et s’habillent à nos dépens; elles s’enferment dans des fourreaux qu’elles font , et les transportent partout avec elles; elles n’en changent jamais : lorsqu'ils de- viennent trop courts ou trop étroits, elles les allongent ou les élargissent. Celles qui se nourrissent des feuilles des arbres sont moins connues, quoiqu'elles prennent peu de soin pour se cacher ; «elles ne nous font pas voir moins d'industrie que celles-ci dans la manière de construire leur vêtement, et la membrane d’une feuille leur suffit. Ces teignes suspendent leur fourreau au-dessous d’une feuille, en y fixant l’ou- verture par où sort leur tête ; elles attachent cette ouverture avec de la soie ou la matière propre à la faire; elles mangent la feuille à + «ÜTRAL sv. PTIT 7 né ne sosie in 268 MISTOIRE NATURELLE | l'endroit où elles se trouvent placées, sans jamais la percer d’outre en outre; mais elles avancent entre les deux membranes pour manger le parenchyme, et rentrent dans leur fourreau lorsqu'elles sont rassasiées. Nous allons voir comment elles s’y prennent pour faire leur fourreau, en suivant une espèce qui vit sur l'orme dans les procédés qu’elle emploie pour faire le sien. On sait qu’une feuille est composée de deux membranes ; l’une en forme le dessus, l'autre le dessous : entre ces deux membranes est renférmé le parenchyme , qui est la seule partie de la feuille que ces chenilles man- gent. C'est en mangeant que cette chenille prépare l’étoffe dont elle a besoin ; elle com- mence par miner entre les deux mem- branes ; elle en détache la substance charnue qu’elle dévore à mesure ; elle se fait, par ce moyen, une place capable de contenir la partie de son corps qui doit y entrer ; alors la feuille devient transparente, et sa couleur verte disparaît. La chenille ayant ainsi préparé son étoffe , coupe deux mor- ceaux dont elle a besoin; ses dents font l'of- . * . DES TEIGNES. 269 fice de ciseaux ; elle va assez vite dans cette opération, puisque en moins de douze heures , elle prépare ses matériaux et fait son habit. Chaque pièce qu’elle emploie a ses contours irréguliers ; ces formes sont nécessaires à celle qw’elle veut donner à son fourreau. La grandeur de ce fourreau n’est pas proportionnée à celle de la chenille , mais aux mouvemens qu'elle fera lorsqu’elle y sera renfermée. Dès que la chenille a coupé son habit, elle joint les deux morceaux en- semble dans différens endroits de leur lon- gueur, assez éloignés les uns des autres; elle attend à les assujettir fixement , jusqu’à ce qu'elle leur ait fait prendre la courbure qu'ils doivent avoir ; c’est en se retournant, en se mettant dans toutes les positions où par la suite elle aura besoin d’être , qu’elle les écarte l’un de l’autre, et qu’elle leur donne de la convexité. La partie antérieure de ce fourreau est arrondie, la postérieure aplatie ; les deux membranes appliquées l’une contre l’autre, donnent à cette dernière une sorte de res- semblance avec la queue d’un poisson ; les LI 270 HISTOIRE NATURELLE deux pièces n’y sontpoint assemblées parce qu’elles doivent se séparer l’une de l’autre toutes les fois que l’insecte a des excrémens à rejeter; il va alors à reculons , force l’ex- trémité de son fourreau à s'ouvrir, et pousse un petit grain noir en dehors; cette opéra- tion finie, il revient à l’autre bout et l’ou- verture se referme. Jusqu'ici nous avons vu la chenille faire usage de son adresse , ac- tuellement il lui reste un travail à faire qui exige qu’elle emploie de la force. C’est de retirer son fourreau de la place où elle l’a fabriqué. Elle commence par faire sortir sa tête, et ses pates qui en sont les plus pro- ches, par l'ouverture ; elle accrocheses pates à quelque portion de la feuille sur laquelle elle s’avance et tire en même temps son fourreau, en le saisissant intérieurement avec les crochets deses pates membraneuses. Lors- que la chenille est parvenue à se dégager, elle va s'appliquer sur quelque autre feuille, et la perce pour en tirer sa nourriture. Ces teignes fortifient l’intérieur de leur vêtement avec de la soie; quand il devient trop pelit pour les contenir, elles en font un neuf, ce l DES TLIGNES. 47% qui leur arrive deux ou trois fois pendant - leur vie. * Les fourreaux des teignes ne sont pas tous faits sur le même modèle, on en voit de différentes formes et de différentes couleurs ; l'espèce qui mange le parenchymedes feuilles de l’astragale, s’en fait un qui a la forme d’un cornet recourbé, très évasé par un bout, pointu par l’autre; il est d’un blanc sale , avec des morceaux de plusieurs cou- leurs , arrangés par étages les uns au-dessus des autres , et un peu flottans ; il paraît que cette espèce de chenille ajoute un étage à son fourreau, lorsqu'il devient trop court. Quelques espèces se couvrent avec de petits filamens de bois, ou des tiges de gramen, qu’elles arrangent parallèlement les uns aux autres. Réaumur a eu une femelle sortie d’une chenille ainsi vêtue, qui était sans ailes; cette femelle a déposé ses œufs dans le fourreau où elle avait vécu sous la forme de chenille. Parmi les teignes, cette espèce n’est pas la seule dont les femelles soient aptères, on en trouve une autre sur les mu- railles où il y a du lichen; sa chenille se 272 HISTOIRE NATURELLE nourrit de cette substance et en construit son fourreau, auquel elle donne la forme d’un cône un peu recourbé. Ces femelles ont une espèce de frange de longues écailles , qui leur entoure l’extrémité de l’abdomen , duquelelles font sortir quelquefois une partie charnue; cette partie est aussi longue que la totalité de leur corps; elle est composée de trois tuyaux qui peuvent rentrer les uns dans les autres ; elle sert à l’insecte à dé- poser ses œufs. Toutes les teignes n’emploient pas des matériaux étrangers pour faire leurs vête- mens; plusieurs espèces trouvent dans leur soie une provision suffisante pour construire le leur ; la forme qu’elles lui donnent le plus ordinairement est celle d’une crosse, mais quelques espèces y ajoutent un ornement qui le recouvre tant en dessus qu’en dessous ; c’est une espèce de manteau qui est com- posé de deux parties égales, sous lequel est caché le fourreau qui est le véritable habit. Les pièces qui composent le manteau sont un peu convexes en dessus et renflées sur les côtés, de sorte qu’elles ressemblent à #. DES TEIGNES. 273 une coquille bivalve; elles sont, ainsi que la crosse , d’une structure singulière ; elles paraissent faites d’une infinité de petites écailles transparentes, à peu près comme celles des poissons. Ces teignes , à fourreau de soie, ne chan- gent point leur habit lorsqu'il devient trop court; elles sont plus économes de la ma- tière qu’elles tirent de leur propre fonds , elles se contentent de l’agrandir dans toutes ses dimensions. Réaumur nous apprend que lorsque la chenille veut ajouter à son four- reau, on la voit appliquer le dessous de sa tête contre le bord d’une portion de sa sur- face intérieure, la frotter alternativement en sens contraire, et bientôt le bord de cette partie excède le reste; tous ces mou- vemens alternatifs produisent des fils qui, à mesure qu'ils sortent de la filière, se collent les uns à côté des autres; la teigne continue à coucher des fils au bord de la partie voisine de celle où est le commence- | ment de la nouvelle bande; elle allonge de la sorte successivement tout le contour du bout de son fourreau , et cette bande reste 274 HISTOIRE NATURELLE ouverte en dessus : le premier anneau fini, la teigne y en ajoute un autre, et ainsi de suite , jusqu’à ce qu’elle le trouve suffisam- ment long. Elle travaille ensuite à l’élargir ; elle commence par en fendre une petite portion ; à chaque partie qu’elle a séparée, elle ajoute également une nouvelle bande ; elle en fait de même dans toute la longueur , et la réunit ensuite. C’est À quoi se réduit ‘le travail des teignes en crosses. On peut ajouter au nombre des teignes destructives , celles qui vivent dans l'inté- riéur des ruches, où elles se nourrissent de cire ; elles ne se font point de fourreaux portatifs. Nous verrons les moyens qu’elles emploient pour se soustraire à la vengeance des abeilles dont elles détruisent les ya- teaux. C’est ordinairement pendant la belle sai- son que les chenilles qui donnent les teignes paraissent sous la forme d’insecte parfait; les unes volent pendant le jour, les autres au coucher du soleil. On voit les teignes do- mestiques voler le soir autour de la lumière ; c’est le moment où elles cherchent à s’accou- Insectes Deveve del. — A LE Caguet Joufp. 1...De la Cire. 2a. Sa Chemille, 5b.Sa Coque. 4c. Sa Chrvsahide. *k DES TEIONES. 275 pler ou à déposer leurs œufs. La durée de leur vie est courte, elles meurent immédia- tement après la ponte. s Quoique ce genre renferme environ deux cents espèces , on peut croire qu'il en existe encore beaucoup d’autres qui nous sont in- connues, parce que leur petitesse extrême les cache à nos yeux; ce n’est que le hasard qui peut les faire rencontrer. Nous décri- rons quelques espèces de celles qu'il nous importe le plus de connaître. La Teigne de la cire, Z'inea cereana. G. Galleria. LaTR. Cette teigne est la plus grande de celles qui habitent les environs de Paris ; elle a plus de quinze lignes d’envergure; ses ailes supérieures sont d’un gris brun, avec quel ques taches grises, et d’un brun foncé sur le milieu; le dessous des quatre ailes est plus clair, ainsi que le dessus des ailes infé- ricures. On la trouve aux environs de Paris. Sa chenille est blanchître; elle a quel- he 276 # HISTOIRR NATURELLE qu SI "poils noirs ; sa tête est brune ; elle vit dans l’intérieur des ruches, où AUS se nourrit de cire. Ces chenilles semblent destin à à passer toute leur vie au milieu des plus grands pé- rils, elles ont à vivre au milieu d’un petit peuple guerrier bien armé ; c’est à ses dé- pens qu’elles doivent se nourrir; elles sont obligées de couper, de hacher des ouvrages qu’il fait avec tant de soin et tant d’art; les abeïlles ne sont pas d’humeur à se laisser faire tant de mal impunément. C’est néan- moins au milieu d’elles que ces chenilles doi- vent croître , faire leurs coques, et se trans- former en insecte ailé. Cependant elles ne sont couvertes que d’une peau tendre : des vétemens semblent leur être plus nécessaires qu’à tout autre insecte. Si la nature ne leur a pas appris à se faire des habits portatifs , _elle leur a enseigné à se faire des tuyaux Cÿlindriques, qui servent à les vétir et à les j loger; ces tuyaux sont fixés. Ce sont des espèces de galeries; chaque teigne a la sienne, dans laquelle elle se tient constamment; elle l’allonge à mesure qu’elle veut avancer, afin DES TEIGNES, Fi de marcher toujours à chemin couva y a telle de ces galeries qui a près d’un pied de longueur ; mais celles qu’on voit le plus communément, ne sont longues que de cinq à six pouces. : Tout l’intérieur du tuyau est un tissu de soie blanche , assez serré et poli ; il est re- couvert extérieurement d’une couche de pe- tits grains de cire, ou d’excrémens, quel- quefois si pressés les uns contre les autres, qu'ils cachent parfaitement la soie dans la- quelle ils sont engagés ; ils dérobent les che- nilles aux yeux des abeilles, comme ils les dérobent aux nôtres. Dès que ces chenilles sont nées, elles se mettent à filer pour faire un tuyau d’un diamètre proportionné à celui de leur corpse Aussitôt que la nourriture cesse d’être à portée du bout de ce tuyau vers lequel leur tête est tournée, elles l’allongent ; mesure qu’elles croissent, elles donnent p plus ë 5 k + de diamètre à la portion qu’elles forte 5 Ordinairement la chenille commence sa ga= lerie près du bord supérieur d’une cellule, - vers le fond de laquelle elle le dirige; elle IX. 24 L 278 | HISTOIRE NATURELLE ferme son bout supérieur, l’autre reste ou- vert; c'est par là qu’elle doit l’allonger : quand elle l’a conduit près du fond de la cellule, elle perce en cet endroit la cloison contre laquelle il est appliqué, elle pénètre dans une autre cellule, et successivement jusqu’à ce qu’elle soit parvenue à l'endroit où elle veut aller. C’est avec ses mâchoires, dont la chenille se sert comme de ciseaux, qu’elle coupe la cire par petites parcelles de la grosseur d’un grain de sable; elle laisse tomber chaque grain après l’avoir un peu arrondi; tous les grains détachés forment insensiblement une masse près du bout du tuyau; la che- nille les prend l’un après l’autre avec ses mâchoires, avance sa tête, la courbe vers la surface extérieure de sa galerie, contre laquelle elle les applique successivement, jusqu’à ce qu’elle l’ait entièrement couverte. Ce travail se fait assez vite pour qu’en vingt- quatre heures une galerie qui traverse cinq À six cellules, soit achevée. Ces chenilles n’emploient pas toujours de la cire pour cette opération; quand elles n’ont pas de > DES TEIGNES. 279 grands gâteaux de cire à manger, elles y emploient leurs excrémens , qu’elles jettent ordinairement hors de leur tuyau. Nos mangeuses de cire s’accommodent fort bien d’autres alimens , lorsque cette substance leur manque ; alors elles abandon- nent leur tuyau, qu’elles ne quittent jamais qu’en cas de disette, Réaumur, qui a élevé de ces chenilles pendant plusieurs années, ne les ayant pas pourvues d’une assez grande quantité de cire, elles se dispersèrent et rongèrent tout ce qu’elles purent trouver, papier, couverture de livres, feuilles sè- ches, étoffes de laine, et se servirent de leurs excrémens pour recouvrir leurs tuyaux. Ces excrémens, ainsi que ceux de l'espèce qui se nourrit de laine, conservent les couleurs des substances que les chenilles ont mangées. Le changement de nourriture n’influe point d’une manière sensible sur leur existence. Ces chenilles se changent en chrysalides , comme si elles eussent vécu dans l'abondance au milieu d’une ruche. Enfin lorsque ces teignes ont crû aux dé- pens de la cire des abeilles, elles travaillent .280 HISTOIRE NATURELLE à se faire une coque : cette coque est de soie blanche d’un tissu serré, recouvert exté- rieurement de petits grains de cire ou d’ex- crémens; les chenilles s’y changent en chry- salides, d’où la teigne sort au commence- ment de l’été. Les ruches renferment encore une autre espèce de chenille dont les mœurs sont sem- blables à celles de la teigne de la cire; elle se nourrit de la même substance, et con- struit un tuyau de même forme. Ainsi que la précédente , elle ne touche jamais au miel ni même aux gâteaux qui en contiennent. Ces deux sortes de chenilles ne détruisent que les gâteaux dont les cellules sont desti- nées à recevoir du miel, ou quand les abeilles ont mangé celui qu’elles y avaient mis en provision. La Teigne du miel, Zinea melonella. G. Galleria. Larr. Le nom de cette teigne semble indiquer qu’elle se nourrit de miel, cependant nous avons vu qu’elle ne mange que de la cire; il nr idhbafhe hs. dE ‘à 2» Insectes : 143 36, Deseve del. 5 Caguet Jéupo.] 1 ripierer $a.Sa Chenille. 2 a. Sa Chemlle, 5b,Sa Chrysahde. 4...Des Pelleteries. 6b. Son Foureau, 7c.Sa Chryvsalide. ‘ DES TEIGNES. ._ 8 paraît que ce nom lui a été donné pour faire connaître qu’elle vit dans l’intérieur des ruches, et pour la distinguer de la précé- dente, dont elle diffère par la taille et les couleurs. Elle est d’un gris cendré ; le devant de sa tête est couvert de poils jaunâtres ; ses yeux sont d’un rouge éclatant : elle marche extrémement vite, et vole peu. Elle habite les environs de Paris. La Teigne fripière, Z'inea sarcitella. Cette petite teigne vole souvent dans les appartemens; elle est de couleur cendrée, brillante ; elle a un point noir de chaque côté du corselet. Elle habite l’Europe et les environs de Paris. Sa chenille a seize pates; elle est une de rue ce font un fourreau portatif, et elle le, construit avec beaucoup d'industrie. , On ne voit point sur son habit divers orne- mens comme plusieurs espèces en ajoutent au “leur; il est simple, sa forme est cylindrique, creux dans son milieu, percé par les deux .. #4 282 HISTOIRE NATURELLE bouts : l’extérieur de ce fourreau est une sorte de tissu de laine de la couleur de l’étoffe que la chenille a employée à sa fa- brication, doublé intérieurement d’une soie grise. . Dès que ces chenilles sont nées, elles tra- vaillent à se vêtir. Elles se font un habit beaucoup plus large que la grosseur de leur corps ne semble l’exiger, on croirait qu’elles ont le sentiment que bientôt cet habit, dans lequel elles se tournent si facilement, de- viendra trop étroit, et c’est vraisemblable- ment pour s’éviter la peine de lélargir promptement qu’elles le font aussi ample : cependant il arrive un moment où. il n’a plus assez de longueur pour couvrir entière- ment la chenille, et il presse son corps de tous côtés; alors elle se détermine à l’agran- dir. Lorsqu'une chenille se met à cet ou- vrage , elle commence par sortir sa tête hors de son fourreau, et cherche avec vivacité à droite et à gauche les brins de laine les plus convenables; elle change de place conti- nuellement, et si les poils qui sont près d'elle ne sont pas tels qu’elle les désire, elle ” 4 DES TEIGNES« 283 en va chercher plus loin; dès qu'elle en a trouvé, elle les saisit un à un, avec ses mâ- choires, les arrache après des efforts redou- blés, et les apporte au bout de son fourreau, contre lequel elle les attache; la chenille con- tinue cette manœuvre jusqu’à ce qu’elle l'ait suffisamment allongé de ce côté ; ensuite elle se retourne, et va en faire autant à l’autre bout. Dès que la chenille a allongé son four- reau, elle travaille à l'élargir; elle y parvient eu l’ouvrant jusque vers la moitié de sa lon- gueur, pour y ajouter des brins de laine, comme elle a fait aux deux extrémités; dès que cette partie est finie, elle en fait autant à l’autre : ainsi, à force de travail, elle se trouve logée et vêtue à l'aise. Ces procédés sont ceux d’une vieille chenille que la néces- sité a forcée de donner plus de volume à son habit; mais une chenille nouvellement née commence par faire un fourreau de soie qu’elle recouvre ensuite de brins de laine couchés parallèlement les uns auprès des autres, et sur lesquels elle en ajoute qu’elle croise en différens sens. Les laines de nos étoffes servent non seu- PNR. Mit La. cd hi D data ire : | Be, 1 284 HISTOIRE NATURELLE , lement. à var ces chenilles maïs encore à les nourrir; elles les mangent et les digèrent; Jeur estomac, qui les dissout, n’altère point les couleurs dont elles ont été teintes, car leurs excrémens sont de la même couleur «que les laines qu’elles ont mangées. Ce n’est pas pendant l'hiver que ces chenilles détrui- sent nos meubles et nos habits; elles sont alors dans l’inaction, renfermées dans leur fourreau, qu’elles ont attaché par les deux bouts sur l’étoffe qu’elles ont rongée. _ Enfin lorsque ces teignes industrieuses , mais nuisibles pour nous, sont parvenues à leur accroissement, souvent elles abandon- nent les étoffes qui les ont nourries ; elles vont s'établir dans les angles des murs, ou au plancher; elles y attachent leur fourreau, qu’elles ferment par les deux bouts, ensuite elles se changent én chrysalides , et restent sous cette forme environ vingt jours, au bout desquels paraît l'insecte parfait. Dès que les teignes sont sorties de leurs chrysalides, elles volent et cherchent un in- dividu de leur espèce, avec lequel elles puissent s’accoupler ; après l’accouplement, per | dites : A L DES TEIGNES. W 285 qui dure sept à huit heures de suite, la fe- melle va déposer ses œufs et meurt : les œufs éclosent environ quinze jours après | avoir été pondus. Réaumur ne s’est pas contenté d'observer les teignes, il a encore cherché les moyens: de nous préserver de leurs ravages. Après différens essais infructueux, il a enfin dé- couvert que l'huile de térébenthine, l'esprit de vin et le tabac sont autant de poisons pour leurs chenilles. Il en a eu la preuve en les enfermant avec des étoffes imprégnées de ces substances ; celles qu’il a enfermées avec l'huile de térébenthine sont mortes en peu de temps, de mort violente, après des mouve- mens convulsifs ; toutes les chenilles étaient sorties de leurs fourreaux, qu’elles n’aban- donnent jamais; l’huile de térébenthine étant la substance qui a le plus d'action sur ces chenilles, on peut en frotter les étoffes qu'on veut conserver, sans craindre de les gâter, cette huile ne fait point de taches , ou bien en imbiber des morceaux d’étoffe ou des papiers, qu’on enferme dans les ar- moires qui contiennent les meubles où les L 286 HISTOIRE NATURELLE habits. Comme l’odeur de cette huile est très forte et peut répugner, et que les étoffes où il y a de l'argent , et celles dont les couleurs sont tendres , pourraient en être altérées, on peut, dans ces cas, faire usage de ia fumée de tabac. Pour parfu- mer les étoffes, on les enferme dans un en- droit clos; si c’est une armoire, on y place un réchaud , dans lequel on a mis des char- bons allumés; on jette le tabac dessus, et on referme l’armoire; si cest dans une chambre, on bouche les croisées et la che- minée, et on a soin d’arranger les meubles et les étoffes de manière que la fumée puisse les pénétrer de tous les côtés; l'esprit de vin tue les chenilles aussi promptement que l'huile de térébenthine et le tabac: mais comme il s'évapore facilement, les étoffes doivent être renfermées dans des en- droits extrémement clos, autrement il pro- duit peu d’effet. Réaumur nous indique un quatrième moyen ; c’est de frotter les meubles et les étoffes avec une toison grasse, ou de faire bouillir une toison, de tremper des brosses DES TEIGNES. « 287 dans l’eau où elle aura bouilli, et d’en frot- ter les meubles; par ce procédé, qui n’est qu’un préservatif, on empéche les chenilles d'approcher des étoffes qui ont été frottées. Réaumur a renfermé des chenilles de tei- gnes avec des étoffes auxquelles il avait fait cette opération; elles n’y ont pas touché ; elles ont préféré manger le dessus de leurs fourreaux, qu’elles ont ensuite recouvert avec leurs excrémenis. Par ces procédés, on peut, dans toutes les saisons, faire périr les teignes; cepen- dant la fin de l'été est la plus favorable, parce qu’à cette époque toutes les teignes sont nées. Réaumur croit que la peinture pourrait tiver quelque avantage des excrémens des teignes, parce qu'ils conservent la couleur des étoffes qu’elles ont mangées, et qu'ils ont la propriété de se laisser broyer à l’eau ; c’est par l'expérience qu’on peut s’en assurer. Grâce aux recherches de Réaumur, nous pouvons facilement et à peu de frais garan- tir nos habits et nos meubles des dents des teignes. Quelques naturalistes anciens et 288 HISTOIRE NATURELLE modernes n’ont pas négligé de nous ensei- gner des secrets pour le même butx parmi ces secrets, nous ne pouvons, de même que Réaumur, passer sous silence ceux que nous ont appris Pline et Rasis, pour faire voir à quel point les hommes, même les plus instruits, sont quelquefois amis du merveilleux, et pour prévenir les lecteurs d’être en garde, et de ne passe laisser séduire par la réputation qu’un homme a méritée d’ailleurs, lorsque ce même homme avance des'choses qui répugnent à la raison. Pline , immédiatement après avoir dit que ceux qui ont été piqués par un scorpion n’ont plus rien à craindre des piqüres des guépes, des mouches à miel, et des frelons, ajoute qu’on s’étonnera moins de cette mer- veille, lorsqu'on saura qu’un habit mis sur un cercueil est pour toujours à l’abri des dents des teignes. Très certainement ce n’est pas avec un secret semblable que les Ro- mains ont conservé les habits de Servilius Tullius jusqu’après la mort de Séjan, c’est- à-dire pendant plus de cinq cents ans, ainsi que le rapporte Moufet, pour prouver que ni y" DES TEIGNES. 289 les anciens avaient des secrets pour préser- ver leurs habits. Quant à Rasis, après avoir dit que des cantharides suspendues dans une. maison en éloignent les teignes, il ajoute que des habits, renfermés dans la peau d’un lion, n’ont rien à craindre de ces insectes. On ne peut pas se persuader que des hom- mes instruits aient cru des absurdités sem- blables. La Teigne des pelleteries, Zinea pellionella. e On voit cette teigne, ainsi que la précé- dente , voler dans les appartemens ; sa cou- leur est d’un gris plombé brillant ; elle a un petit point noir sur le milieu des ailes su- périeures. La chenille de cette teigne est semblable à celle de la précédente; elle se fait un fourreau de même formeetemploie lesmêmes procédés; mais ordinairement la nature de la matière diffère ; c’est avec des poils que cette chenille construit le sien. Les ra- vages qu’elle fait sont bien plus considéra- IX. 25 290 HISTOIRE NATURELLE bles, ét plus prompts que ceux que les au- tres chenilles font dans les étoffes de laine; elle ne se contente pas de couper ce qui est seulement nécessaire pour la nourrir et la vêtir, elle coupe et arrache tous ceux qu’elle trouve sur son chemin, de manière qu'il n’en reste aucun sur la peau où elle a passé. Quoique cette chenille se nourrisse et se vétisse ordinairement avec des poils, lorsque quelques unes d’elles n’en trouvent pas, elles savent fort bien s’en passer ; elles se ‘contentent, dans ce cas, d’étoffes de laine, de crins, ou autres substances ani- males. Réaumur en a trouvé que le hasard avait conduites dans des boîtes qui ren- fermaient des papillons morts ; elles s’y sont fait de fort jolis habits avec les poils et les morceaux d'ailes de ces papillons, et ont vécu avec leurs corps desséchés. On voit rarement paraître au grand jour cette chenille, ainsi que la précédente : sem- blables aux filous qui fuient les réverbères, elles fuient la lumière; c’est dans des en- droits peu éclairés qu’elles se retirent; c’est là que, tranquilles, elles font tout le mal Insectes. P1,36, de 0) 4da: L 4 4 |nerere. del, E Cryuet dub. 1. Du l'usan. 4a.Sa Chenille. 2.Coques. 5b.Son lFoureau. 5.Des Tapisseries : Gc.Sa Chrysalide. : '. . DES TEIGNES,. 201 qu'il est en leur pouvoir de nous faire. Cette chenille se change en chrysalide, et paraît sous la forme d’insecte parfait dans le même temps que celle des laines. La Teigne du fusain, Tina evo- nymella. G. Yponomeute. La. Cette teigne a les ailes roulées autour du corps; elle est très vive; ses ailes supé- rieures sont d’un beau blanc mat, avec plu- sieurs petits points noirs; ses inférieures sont grises. Elle habite l’Europe; on la trouve en été dans les jardins aux environs de Paris. Sa chenille est rase, d’un blanc jaunâtre, avec des points noirs; elle se nourrit de fusain, evonymus ; elle est du nombre de celles qui vivent en société. Ces chenilles sont quelquefois au nombre de deux cents, dans des nids où elles ne se tiennent ni constamment ni long-temps ; elles en'construisent plusieurs pendant leur vie; elles y mangent les feuilles qu'elles . s" 292 HISTOIRE NATURELLE peuvent atteindre, et y rentrent entière- ment pour s’y reposer. Ces nids ne parais- sent qu’un amas confus et de forme irrégu- lière de toiles transparentes. Pendant toute leur vie, ces chenilles ne mangent que le parenchyme, que la sub- stance de la partie supérieure de la feuille ; mais ce qui leur est particulier, c’est que leur corps n’y touche aucunement; leur nid s'étend jusqu’au-dessus ; elles sont couchées dans ce nid, au-delà duquel elles allongent leur tête. Quand elles sont en repos, elles forment ensemble une masse régulière, Ces chenilles mangent toutes ensemble , aux mêmes heures, et quoique leurs têtes soient inclinées vers différentes parties de la sur- face de la feuille , leurs corps sont presque parallèles entre eux, d’où il s'ensuit que les toiles sont tellement disposées, qu’elles laissent entre elles des sentiers de tous les côtés. Ce nid a son origine à certaines feuilles , et finit à d’autres qui en sont éloignées de trois à quatre pouces ; il sert aux chenilles, tant que le dessus de quelques unes des DES TEIGNES. 293 feuilles auxquelles il tient n’a point été en- tièrement rongé; mais quand elles ont en- levé à ces feuilles leur parenchyme supé- rieur, elles abandonnent le nid , et vont tra- vailler à en faire un nouveau sur une touffe de feuilles fraîches, à peu de distance du premier, et elles y travaillent en commun. Ces chenilles font au moins sept à huit nids, et souvent davantage pendant leur vie. C’est dans leur nid que ces chenilles jet- tent les excrémens; ils sont ordinairement vers un des bouts; ils restent entre des toiles; enfin, c’est à un des bouts de leur dernier nid qu’elles se construisent chacune une coque d’une soie très blanche, dans laquelle elles se changent en chrysalides. Ces coques sont de figure oblongue, ren- flées dans le milieu, un peu pointues aux deux bouts; elles sont arrangées à peu près parallèlement les unes aux autres; elles composent ensemble un seul et même pa- quet. On trouve ces chenilles au printemps ; elles se changent en chrysalides vers le milieu de cette saison. Cette chrysalide est + LL 294 HISTOIRE NATURELLE d’un blanc verdâtre : au commencement de l'été , on voit paraître l’insecte parfait. ; P La Teigne des tapisseries, Zinea lapezana. Cette teigne a les ailes supérieures brunes à la base, le reste est d’un blanc jaunâtre ; sa tête est blanche, son corselet brun; elle porte ses ailes appliquées contre le corps; elles sont un peu relevées en queue de coq. On la voit voler en été; elle cherche des étoffes de laine d’un tissu serré pour y dé- poser ses œufs. Sa chenille est encore une de celles qui se nourrissent de laine. La jeune chenille commence par ronger le drap; elle file en- suite, au-dessus de son corps, une espèce de berceau de soie qu’elle recouvre d’une partie des flocons de laine qu’elle a arrachés, et mange l’autre; elle creuse une espèce de fossé dans le drap, et s’y tient cachée; il est plus difficile de la découvrir que celles des pelleteries, qui se tiennent em dehors ; parce que son logement ne paraît être qu'un mor- DES DTEIGNES. 29) ceau de drap mal fabriqué, et dont on ne peut la faire sortir qu'en le frottant assez fort. Cette chenille passe l'hiver, et l’insecte . A sr, parfait paraît au commencement de lété, suivant. La Teigne Mérianelle, Tinea Me- rianella. G. Alucite. Larn. Cette teigne , qui est très petite, est extré- mement jolie; ses ailes, qu’elle porte appli- quées contre son corps, ont une frange très longue à l'extrémité, qui est un peu relevée en queue de coq : vues à la loupe, elles paraissent être entièrement faites de l’or le plus brillant. On la trouve, en été, auprès des ormes. Elle habite les environs de Paris. Sa chenille est une des mineuses des feuilles de l’orme; on peut voir la manière dont elle se nourrit et fait son fourreau, dans les généralités de ce genre, où nous avons parlé des chenilles qui minent les feuilles de cet arbre. 296 ‘ HISTOIRE NATURELLE La Teigne de Raï, Zinea Rajella. G. Alucite. Lara. Cette teigne, qui est très petite, égale en beauté la précédente; ses ailes paraïssent être de l'or le plus brillant, avec sept taches argentées dessus. On la trouve dans les jardins, autour des rosiers, où la femelle va déposer ses œufs sur leurs feuilles. Sa chenille est d’un jaune orangé; sa tête est brune; son corps se termine un peu en pointe; elle mine les feuilles du rosier, ‘où elle fait des espèces de galeries. 11 arrive quelquefois que trois chenilles habitent la même feuille, mais le plus ordinairement il n’y en à qu'une; ces chenilles minent les feuilles en différens sens, et, à mesure qu’elles avancent, elles mangent la substance charnue qu’elles en détachent. Une partie de la galerie est remplie de leurs excrémens, qui sont contigus et ne font ensemble qu’un seul corps en forme de filet ; ce qui suppose que la chenille, dans son jeune âge, fait des excrémens liquides, et par la suite des DES TEIGNES. 297 grains qui ont de la solidité, puisqu'on en trouve dans une partie de la galerie. Vers le milieu de l'automne, ces chenilles abandonnent leurs feuilles; eltes percent la membrane supérieure pour en sortir, et vont chercher un endroit pour faire leurs coques : c’est ordinairement dans quelque cavité ou fente de branche qu’elles filent; leurs coques sont ovales, de couleur blanche ou jaunâtre, d’un tissu très fort et très serré; elles sy changent en chrysalides, pour n’en sortir que l'été suivant sous la forme d’insecte parfait. On pourrait croire que des chenilles, logées entre les deux membranes d’une feuille, n’ont rien à craindre de leurs enne- mis; qu’elles sont cachées de manière à éviter leurs atteintes : cependant les ichneu- mons, ennemis déclarés des chenilles, savent les y trouver; les femelles de ces insectes parasites, au moyen de leur tarière, per- cent la membrane de la feuille, et déposent leurs œufs dans le corps de la chenille, qui sert de nourriture et de berceau aux larves qui en sortent, Ld ‘298 HISTOIRE NATURELLE La Teigne des grains, 7'inea granella. Cette teigne porte ses ailes en toit ar- rondi; elles ont leur extrémité élevée en queue de coq; les supérieures sont d’un gris » blanc, avec des taches brunes irrégulières ; le dessous des quatre ailes et le dessus des inférieures est d’un gris blanchâtre : elle à la partie antérieure de la tête couverte d’une touffe de poils serrés. On la trouve fréquemment dans les mai- sons en Europe. Sa chenille a seize pates; elle est rase, de couleur blanche: quoiqu’elle soit petite, elle nous fait plus de mal que celles des fourrures et des laines , puisque ce sont nos grains qu’elle attaque, surtout le froment et le seigle. Elle lie ensemble plusieurs de ces grains avec des fils de soie; dans l’espace qu'elle laisse entre eux, elle se file un tuyau de soie blanche, d’où elle sort pour manger; la précaution qu'elle a eue de lier plu- sieurs grains ensemble fait qu’elle n’a point à craindre la disette; elle porte avec elle Insectes . | PL 37. ee & 4c 1 3 8 ne MT < 24 Deseve del. Letellir Seuky . 1...Al. des gr ains. & .Sa Chrysalide. 2a.ÿa Chenille, 4. Al. de Degcer. 3b. Paquels de grains. el Ca \ +] » ru LA DES NTRIGNES. 299 sa provision. Parvenue à sonaceroissement, elle se change en chrysalide, et paraît sous -la forme d’insecte parfait à la fin du prin- temps. XII GENRE. ALUCITE Caractères génériques. Antennes sétacées, simples; articles très courts, très nombreux, un peu gre- nus, À peine distincts. — Bouche munie d’une trompe, on langue sétacée, membranense, courte, divisée en deux. — Deux antennules allongées, presque bifides; la division supérieure pointue, recourbée ; l'inférieure garnie de poils, plus courte que la supérieure. Les alucites ont beaucoup de ressem- blance avec les teignes, par leur manière de vivre et par leur forme; les unes por- tent leurs ailes en toit arrondi, réunies par leurs bords internes , les autres.les ont pen- chées, leurs bords internes réunis et l’ex- trémité relevée en queue de coq; les cou- leurs de la plupart des ailes des alucites sont aussi brillantes que celles des teignes; Ds. À re à - PEUT (TS . 300 HISTOIRE NATURELLE elles viennent, des chenilles à seize pates dont le corps est lisse ou sans poils. Réau- mur les a nommées fausses teignes, parce qu’elles ne se font point de vétemens por- tatifs, mais des logemens, des espèces de maisons, ou des galeries dans lesquelles elles restent cachées, tant qu’elles y trou- vent leur subsistance; ce sont ordinaire- ment les feuilles des plantes qu’elles lient ensemble , et qu’elles plient de différentes manières pour se mettre à l’abri. Ces che- nilles percent la membrane du côté où elles se sont placées, sans entamer l’autre; de même que les chenilles de plusieurs tei- gnes, elles ne mangent que le parenchyme des feuilles. Parmi les chenilles des alu- cites, il s’en trouve deux espèces qui vi- vent encore’ à nos dépens ; celles-ci n’atta- quent point nos vétemens, mais nos grains; quoique chacune d’elles en mange peu, elles ne laissent pas d’en consommer beaucoup, parce que leur espèce est assez nombreuse ; en les décrivant, nous verrons la manière dont elles parviennent à pénétrer dans le grain. LA OS A … OUT | TENTE PTS DESVALUCITES. 3o1 Ce genre ne renferme pas un grand nom- bre d'espèces; on en trouve plusieurs aux. environs de Paris; nous en décrirons quel- ques unes de celles qui offrent le plus d’in- térêt, ( L’Alucite des céréales, Ælucita cerealella. Cette espèce porte ses ailes parallèles au plan de position ; les supérieures sont d’une couleur rougeâtre, briquetée et bril- lante; le dessous des quatre ailes et le dessus des inférioures est d’un gris blan- châtre. Ces dernières ont une frange très longue à leur bord intérieur. On la trouve au midi de l'Europe. Sa chenille est rase, de couleur blanche, avec la tête brune ; elle a seize pates ; elle vit dans l’intérieur d’un grain d'orge ou de blé ; il contient la juste provision d'ali- mens nécessaires pour la faire vivre et croître depuis sa naissance jusqu’à sa trans- formation ; c’est dans ce grain même qu'elle devient chrysalide, et n’en sort que sous la IX 26 . 302 HISTOIRE NATURELLE forme d’insecte parfait ; ceux dans lesquels ces chenilles sont logées, et dont elles ont mangé toute la substance , paraissent tels que les autres ; ils n’en diffèrent point À l’exté- rieur, parce qu’elles en ont épargné l'écorce; mais qu’on presse entre deux doigts plu- sieurs grains, on distinguera aisément ceux qui sont habités, de ceux qui ne le sont pas; on reconnaîtra même, jusqu’à un cer- tain point, l’âge de la chenille: si le grain cède de toutes parts sous les doigts qui le pressent, il renferme une chenille qui a pris tout son accroissement, ou la chrysalide de cette chenille; s’il y a seulement quelque endroit qui se laisse aplatir, la chenille n’a pas encore mangé toute la substance inté- rieure ; elle a encore à croître; si l’on en ou- vre un qui renferme une des ces chenilles prête à se métamorphoser, on voit qu’il n’a plus précisément que l'écorce; toute la substance farineuse a été mangée. Lorsque la chenille a consommé toute la substance de son grain, elle travaille à se filer une coque de soie blanche ; les pa- rois intérieures servent à soutenir cette co- DES ALUCITES, 303 que, qui semble n'être faite que pour les tapisser ; sa toile mince, mais serrée, ne suit pas tous les contours de la cavité; elle se soutient seule vers un des côtés; là, il y a un petit retranchement qui partage la ca- vité , selon la longueur du grain , en deux parties inégales ; la plus petite partie est destinée à contenir les excrémens; c’est là que la chenille les a tous poussés ; on dis- tingue mieux cette partie dans les grains de froment que dans ceux d'orge, parce que le long de chaque grain, il y a une rai- nure, une espèce de gouttière; la cloison de soie, qui divise le grain en deux, y est attachée ; la plus grande pièce est occupée par la chenille où la chrysalide, Fantré contient les excrémens. Lorsque la chenille est parvenue au mo- ment de se métamorphoser, elle a une opéra- tion à faire avant de travailler à sa coque. Comme l’insecte parfait ne pourrait percer la peau du grain, elle se sert de ses mâ- choires pour la couper cireulairement sans en détacher le morceau, qui y tient encore par une petite portion ; de sorte que quand 304 HISTOIRE NATURELLE l’alucite veut sortir, elle n’a qu’à pousser cette pièce , qui s'ouvre facilement. Nous trouvons dans l’Ærcyclopédie que les alucites se montrent communément dans deux saisons ; les unes au printemps, dès que le blé commence à paraître en épi, ce sont celles dont les chenilles ont passé l’hi- ver dans le grain; les autres paraissent en été, aux environs de la moisson; celles-ci proviennent des œufs des premières, et don- nent naissance aux. chenilles qui doivent produire les alucites de l’année suivante ; mais ce qui paraît à l’auteur digne de re- marque , c’est que les papillons qui sortent au mois de mai des grains renfermés dans les greniers, se hâtent de sortir par les fe- nêtres et de gagner la campagne, au lieu que ceux qui sortent immédiatement après la moisson ne font aucune tentative pour s'échapper ; il semble que leur instinct les avertisse qu'ils ne trouveraient plus alors dans la campagne de quoi pourvoir au bien-être de leur postérité. à L DES ALUCITES. 305 L'Alucite de la julienne, Ælucita julianella. Cette alucite porte ses ailes appliquées le long de son corps; leur extrémité est relevée en queue de coq; les supérieures sont d’un blanc gris, avec des raies longi- tudinales, et quelques taches brunes; le dessous des quatre ailes et le dessus des inférieures est de couleur grise. i On la trouve en été dans les jardins aux environs de Paris. La chenille de cette alucite vit sur la ju- lienne ; elle attache ensemble, au moyen de plusieurs fils de soie, les jeunes feuilles du cœur de la plante, au milieu desquelles elle se tient cachée; sa couleur est d’un vert clair; elle a quelques tubercules peu vi- : sibles, d’où sortent des poils. Les chenilles de cette espèce ne marchent pas vite ; lors- qu’on touche à la feuille sur laquelle elles sont, elles se laissent descendre sur une soie qu’elles filent en descendant, et arrivent ainsi jusqu’à terre; cest par ce moyen qu’elles échappent aux recherches de l’ama- 1’ 306 HISTOIRE NATURELLE teur de cette plante; lorsqu'elles croient le danger passé, elles remontent sur le même fil, qu’elles tiennent toujours prêt; elles ne marchent jamais sans dévider un fil qu’elles attachent contre le plan de position, à me- sure qu’elles avancent; ces chenilles man- gent de préférence les jeunes feuilles du cœur de la plante, où elles sont assez sou- vent réunies quatre où cinq, et y vivent comme en société. Au commencement du printemps, elles s’enferment dans des co- ques pour se changer en chrysalides ; leurs coques sont très jolies; elles sont faites d’une couche de soie peu garnie de fils noués ou xapprochés à une certaine distance les uns des autres, et forment des mailles qui res- semblent aux points du fond d’une den- telle. Les chrysalides sont d’abord de cou- leur verte mélée de brun, et ensuite de- viennent obscures. Ces chenilles ne chan- gent de forme que quatre ou cinq jours après être enfermées dans leur coque ; l’in- secte parfait sort de la chrysalide au com- mencement de l’été. DES ALUCITES. 307 L'Alucite de Degéer, Alucita Degee- rella. Cette espèce est très jolie; elle à les. antennes extrêmement longues, noires à la base, blanches dans le reste deleur étendue; ses ailes supérieures sont d’un jaune brun, brillant comme l'or le mieux poli, avec des raies longitudinales noires, et vers le milieu une bande transversale d’un jaune doré, bordée de chaque côté d’une ligne qui paraît noire ou violette suivant le jour où on la regarde ; les inférieures sont noires; le dessous des quatre ailes est couleur de bronze obscur. à On trouve communément cette alucite dans les bois, en Europe : elle habite les en- virons de Paris. L'Alucite de.Réaumur, Alucita Reaumurella. Cette espèce ressemble à la précédente, par la forme et la longueur de ses antennes ; elle est couleur d’un beau violet foncé; ses L 308. HISTOIRE NATURELLE ailes supérieures sont entièrement dorées, très brillantes; les inférieures violettes, bor- dées presque tout autour de longs poils qui paraissent dorés; ses pates sont dorées, cou- vertes de poils bruns. Elle habite l’Europe; on la voit voler en troupe dans les bois, près des arbres : on la trouve en été aux environs de Paris. Sa chenille vit sur le saule et le bouleau. Ce genre renferme. plusieurs espèces, dont les mâles ont les antennes très longues, mais celles de leurs femelles sont plus courtes . à peu près de la moitié : les deux que nous . avons décrites sont de ce nombre, x f L'Enmlgells 24 Dose 4 L Ana s nn = EL... ent À Le Hire ME VS Zn » = _ L .