3 th s,? AUTH ne , fn " £S É FE FA) : ie nie SAS Lt “È es lite, 3 W, LT Ke L D ta *, ce ah tas Sr à; ne, w ; AÉLSÉPSS LE 6 Non it Date tagtente de Sante lits OH, LS SUS RS ANS, ds HS Mes HNENS SAS ons ù N St té MINE 4 ui 4. va, au ue Me EM, SES vi de, eh SA Re ne wi: ELLES F4 /. Hi 4 ES LR ÉÉIISÉST. OS EI Net SUR Me OS TS LUS IN DUC à tn the ar [ES [NII ns CARE jte “es Les D ME He SUN Mt HORS aan DE ue Re Lt RAS us RES, A Re dt CROSS ra Nitstste TS Fran CARE HN DR Pare A tan rw, os +, me wi, OR À ste Le M Te D Prog Non a Rs RASE Lee? + GA Les 4, UE ses Hs ME RE TR AUS ne : es CEE Le Ke . PART TERS we trs sn, #: te MONS SEAT NeN HIDE k, HAE Ne LE 2. 4 NES Et à HOUS on, OL EME êtes, à 4 Li ke LP n Cdt eh must is ls à; L EE À: CARRIÈRE | CHEF DES répinines AU MUSEUN D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS La stabilité tes dans un group ë qu végétaux, est, en général, en raison inverse du n es. pèces qu'il contient, ainsi que de leur is de domestication | : PARIS (CHEZ L'AUTEUR. RUE DE BUFFON, 53 DES VARIÉTÉS DANS LES VÉGÉTAUX. subit sie daés td : fr DES DR mom mean vomi tén > #h *! 4 | à k : Le ï k | 4 il (à 4 4 La dé “ 1 Bt | ps] E= 2 CA < N 2 E A = = = el = Es] «A & A Es] Le] < Fa LA E E / © = PR ED AO OP VS ES PRODUCTION ET FIXATION + - DANS LES VÉGÉTAUX PAR E. À. CARRIÈRE Chef des pépinières au Muséum d'histoire naturelle de Paris. La stabilité des formes, dans un groupe quelconque de DES VARIÉTÉ r végétaux, est, en général, en raison inverse du nombre d’es- pèces qu’il contient, ainsi que de leur degré de domestication. PARIS CHEZ L'AUTEUR, RUE DE BUFFON, 99 LIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE 26, RUE JACOB, 26 Se me | 4 |. ; Î b 0! | # D! 1 | + mi 4 ls El HN : E De |! | et | #2 | Em | | 4! mt ! hi Ë Ë & | ete no .. LC ; , e h . …. £ Lx Es Le . so. + , pv YA , x : QL $ , 555 E \ 2 À s - A ART - ) A st . L : A : # f À . = a à + ! Le “0, LS . ES AR Î £ 4 ! DADUE ss JE 6 4 , PTS L 0 | et ° oi W, + À , LA 'e fl ROCATTSÈES { “ , É 2 Li - L r ! 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La Société impériale et centrale d’Horticulture du département de la Seine, persuadée, d’une part, que la culture des plantes ornementales, quant à ce qui concerne les variétés qu’on emploie, manque de guide, que, sous ce rapport, tout, pour ainsi dire, est livré au hasard, ct, d'une autre part, voulant remédier à cet élat de choses, décida qu'un concours serait ouvert dans ce but, et que les can- didats qui y prendraient part, devraient, sur son indication, traiter divers suj ets qui se rattachent à cette question, et poser certaines règles propres à fixer les principes et à faire reposer les procédés dont ils découlent sur des bases solides, à la fois pratiques et théoriques. Ayant pris part à ce concours, la brochure que nous publions aujourd'hui est en partie la reproduction du Mémoire que nous avons adressé au secrétariat de la Société au commencement de l'automne 4862. Nous disons qu'il est en partie le même ; on verra plus loin pourquoi. Le programme dressé par la Société impériale el centrale d'Horticulture, en même temps qu'il indiquait les divers sujets que les candidats devaient traiter, disait que le mémoire couronné serait, seul, reproduit dans les Annales de la So- ciété; notre Mémoire n’ayant obtenu qu'un deuxième prix, il ne devait point paraître. Néanmoins, à cause de certains faits nouveaux, inédits ou peu connus, qu’il contient, nous avons cru qu'il pouvait rendre quelques services; c'est là ce qui nous a engagé à le publier. La commission chargée d’examiner notre travail a trouvé que, bien que rem- fermant des faits intéressants, la division en était confuse, et que la rédaction n'en était pas toujours irréprochable, surtout au point de vue de l'ordre et de la netteté. D'une autre part, celte commission, par l'organe de son rapporteur, nous fait le reproche : « de ne point conclure et de ne pas nous résumer. » Ce reproche, selon nous, porte à faux, car pour conclure et nous résumer, 1l aurait fallu nous répéter, et alors, tout en augmentant la confusion et le manque d'ordre, la répétition n’aurait pu rétablir la netteté, qui, d’après le rapport, man- quait à notre Mémoire. NT TR Re à Re eme tente mme me EU UU 7 ee Se DRE UE LEE = Re Le PES Le AE bee PRÉFACE. Nous ne comprenons pas non plus cet autre reproche que la commission fait à notre opuscule: d’être composé « de notes recueillies dans les Jardins et dans les livres pendant plusieurs années … (1) » Sans contester ces faits, qui sufliraient presque à faire notre éloge, nous trouvons néanmoins étrange l'observation, pres- que le reproche qu’on nous adresse; car, puisqu'il s'agissait de choses-relatives ax jardinage, où fallait-il aller chercher des exemples si ce n’est dans les jardins ? Mais nous rejetons comme faux le reproche « d’avoir recueilli des notes dans les livres », bien que, d’après l’esprit du programme, nous en eussions le droit. Nous sommes d'autant plus surpris de ce reproche que le mémoire couronné est com- posé en partie de citations puisées dans différents ouvrages, dont l'auteur s’est servi pour tirer des conséquences et appuyer son dire. Devons-nous ajouter que sur la médaille qu'on nous à décernée pour notre Mé- moire On à fait graver le mot Hybridation, chose dont il n’était pas question .dans le programme ct dont le apport n'a pas parlé? Ce fait pourra paraitre quelque peu singulier; car, si la commission a trouvé que la partie du Mémoire qui traite de l’hyÿbridation a une certaine valeur (ce que semble indiquer la légende qui se trouve sur la médaille), comment se fait-il que le rapport n’en parle pas? Quoi qu'il en soit, nous admettons comme vrais et mérités les reproches que la commission nous a adressés, et nous ajoutons que, selon nous, per- sonne n'en sera surpris lorsqu'on saura que ce travail est entièrement de notre rédaction, et que personne autre que nous n’y a mis la main. D'une auire part aussi, nous devons dire que nous avons mieux aimé être long et nous répéter, sauf à être lourd, que de rester incompris faute de détails suffisants. Toutefois, nous aimons à croire que la commission a bien jugé, et surtout qu'elle à agi avec impartialité. Du reste, nous n'avons rien à voir à sa déci- sion, ct la brochure que nous publions aujourd’hui, et qui n’est pas une pro- testation confre cette décision, ne doit pas non plus être mise en concurrence avec le Mémoire que là commission a couronné. | En livrant cette brochure au public, nous le répétons, nous n’avons d'autre but que de faire connaître certains faits ignorés ou peu connus, qui nous ont paru dignes d'intérêt, tant au point de vue pratique qu’au point de vue scien- tüfique. En recopiant notre manuscrit, qui est déposé à la bibliothèque de la Société impériale et centrale d'Horticulture, nous avons remarqué certaines répétitions tellement saillantes et rapprochées l’une de l’autre qu’on n'aurait même pas dû en tenir compt>; nous ne les avons pas reproduites. Du reste, ces répétitions n’alté- raient ni ne changeaient en rien le sens des idées; peut-être les rendaient-elles un peu moins claires, c’est tout. 1 « Pour exprimer toute notre pensée à cet égard, nous dirons que c’est peut-être moins un mémoire qu'une réunion par chapitres, enchaînés pius où moins logiquement, de notes recueillies dans les jardins et dans les livres pendant plusieurs années d’une existence consacrée à la pratique intelligente et raisonnée de lhorticulture..… » Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture de la Seine, 1864, page 228, en PRÉFACE. en. Quelques passages, se rapportant à des faits que nous n’avions pu suffisam- ment étudier, mais que néanmoins nous avions Cru devoir rapporter à cause de l'intérêt qu’ils semblaient présenter, ont été supprimés comme ne nous paraissant par offrir de garanties suffisantes; mais par contre, comme depuis que notre Mémoire a été déposé jusqu'au jour où il a été examiné, il s’est passé presque deux ans, nous avons pu faire de nouvelles observations que nous avons cru de- voir ajouter, ainsi que des notes, lorsque cela nous a paru nécessaire. D'une autre part encore, profitant de la critique faite par le rapporteur de la commission d’éxamen qui dit : Que delongues notes ajoutées dans le texte viennent encore contribuer à le rendre plus confus, nous avons rejeté ces notes à la fin de l'ouvrage, où on les trouvera sous un numéro d'ordre correspondant à un numéro semblable placé dans le texte. Enfin, pour mieux fixer les idées et faire res- sorür certains faits de végétation qui, d’après nous, ont une grande importance, nous avons jugé nécessaire de les accompagner de dessins, de manière à appuyer notre dire et à donner au travail que nous publions, un double intérêt : de le ren- dre à la fois utile à la science et à la pratique; en d’autres termes, de le faire par- ler aux veux en même temps qu’à l'esprit. _ Mai 1865. | | | } è À À $ Î rar ere PORT EE ECTS notera rer "0 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS DANS LES VÉGÉTAUX En 1869, la Société impériale et cen- Wale d'Horticulture de la Seine a proposé €t mis au concours la question sui- vante : Sa « Exposer, en se basant soit sur des < expériences nouvelles, soit sur des faits « connus, mais bien établis, les circon- € stances qui déterminent la production «et la fixation des variétés dans les € plantes d'ornement. » Cette question est três-complexe ; pour la bien comprendre et la traiter conve- nablement, il faut d’abord la simplifier, 4 décomposer, pourrait-on dire, afin de dégager les uns des autres tous les faits Qui, bien qu’ils sy rattachent trés-étroi- lement, n’en sont cependant que des Corollaires qui peuvent être traités à Part. En effet, il est facile de reconnaître u'on peut décomposer la question Comme il suit : 1° Comment se forment les variétés? ° Peut-on en provoquer l'apparition? 39 Peut-on, lorsqu'elles sontproduites, € conserver, et alors comment? ais comme dans la nature rien n’est isolé, qu’au contraire tout s’enchaîne, et Cela d'autant plus étroitement que la Partie qu’on étudie est plus circonscrite, Al s’ensuit que la question proposée tou- La stabilité des formes, dans un groupe quelconque de Végélaux, est en raison inverse du nombre d'espèces qu’il contient, É che à beaucoup d’autres, auxquelles même elle est intimement liée. Aussi les divisions que nous venons d’établir sont-elles elles-mêmes tellement com- plexes qu’on reconnait tout de suite que, comme conséquences, elles nécessitent de nouveaux développements qui em- brassent plusieurs ordres de faits. Malgré cela encore, en suivant cette voie, et quelles que soient les divisions et sous- divisions qu’on puisse établir, on con- State que, en définitive, il n’y a là que des effets divers d’une même cause. Cette cause, c’est ce que, dans les scien- ces naturelles, on est convenu d’appeler une espèce; c’est donc par celle-ci qu’il faut commencer. : Or, qu'est-ce que l'espèce? Dans son acception la plus rigou- reuse, le mot espèce signifie type, c’est- à-dire principe fondamental, origine; d’où il résulte que, commeilne nous sera jamais donné de connaître l’origine des choses d’une manière absolue, l'espèce, quelle qu’elle soit, ne peut être que re- lative, et plus ou moins conventionnelle. Mais comme en tout il faut partir d’un principe, et que, à défaut de base ab- solue, on est forcé, lorsqu'on traite un sujet, de partir d’un point connu, qui devient alors l’origine (relative, bien en- D ER EE 6 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS tendu) du sujet qu’on traite, on a dù aussi, afin de s'entendre sur la valeur du mot espèce, fixer des bases à ce terme, en donner une formule qui, en matérialisant, pour ainsi dire, l’idée, la rendit compréhensible tout en facilitant son application. Les diverses définitions qu’on a don- nées de l'espèce, et qui, on peut le dire, varient suivant leur auteur, suffiraient déjà pour prouver que, comme nous avons dit, l'espèce est quelque chose d'indéfini, uné sorte de concept relatif. Voici notre définition : On nomme ESPÈCE un type complexe, représenté par un ensemble de carac- tères pouvant s'appliquer à un nombre plus ou moins grand d'individus qu'ils relient, en revêtant chacun d'eux d’un cachet spécial qui lui donne un œr de parenté, et qui permet alors de le rapprocher de certains autres avec les- quels il constitue un groupe particulier qu'on nomme GENRE. Les caractères auxquels nous venons de faire allusion, qui s’appliquent à l’es- pèce, et que pour cette raison on nomme caractères spécifiques, sont permanents et transmissibles par voie de génération; ils peuvent se perpétuer tant que des influences d’un ordre supérieurne vien- nent pas ou les modifier plus ou moins profondément, ou même les faire dis- paraître, et par conséquent anéantir l'espèce. Mais, d'autre part, ce que nous venons de dire de l’espèce,nous pouvons le dire de presque tous les individus qu'elle comprend; car, bien que ceux-ci pré- sentent un certain nombre de caractères qui les relient au type commun et les spécialisent, ils en présentent néanmoins d’autres qui leur sont propres et qui les individualisent. Ce sont ces derniers qui constituent les variétés ‘, les sous- variétés, les races, les sous-races, etc. D'autre part encore, ces caractères de second ordre pouvant aussi, dans beau- coup de cas, devenir permanents et trans- missibles, il s'ensuit que certaines va- riétés peuvent se fixer, devenir à leur tour le point de départ de nouvelles sé. D'une manière générale, on nomme varlété tout individu qui, par quelque caractère que ce soit, se distingue d’un ou de plusieurs autres avec lesquels onle compare et qu’on considère comme apparte- nant à un même type spécifique. ries, et donner naissance à des individus qui leur ressemblent, et qui forment alors des groupes particuliers qui gra- vitent autour des premiers auxquels ils se relient. C’est ce qu'on nomme des races. Les termes variétés, races, sous-races, etc.,sont donc eux-mêmes complexes; ils peuvent aussi, par suite de leur exten- sion, former des sortes de cadres ou de sous-genres dans lesquels viendront éga- lement se ranger un nombre plus ou moins grand d'individus, de sorte qu’on peut encore, pour matérialiser cette idée afin de la rendre plus saisissable, com- parer l'espèce, la variété, la race, la sous- race, etc., à des sortes de boîtes qui en contiendraient d’autres à peu près sem- blables quant à la forme générale, et qui n'en différeraient que par les dimen- sions. Pour résumer ce qui précède et pour en faciliter la compréhension, nous al- lons tâcher d’en faire l'application, de l’'appuyer de quelques exemples pris parmi des plantes bien connues, telles que Pelargonium, Reine-Murguerite, Delphi- nium, Giroflée, Pivoine, ete. Ainsi, dans le genre Pelargonium, nous citerons comme espèce, les P. granchflorum, 20- nale,peltatum, etc. Ge dernier, n'ayant jamais guère été multiplié que par bou- tures, a produit, par dimorphisme (note 1) une variété à feuilles panachées. Le Pelargonium grandiflorum, en rai- son des nombreux semis qu’on a faits de ses graines, a produit une quantité con- sidérable de variétés, dont certaines se sont fixées et ont constitué des sortes de sous-types qui, à leur tour, comprennent un plus ou moins grand nombre d’indivi- dus qui sont autant de variétés. Ainsi par la culture, à l’aide de soins particuliers, on a obtenu, comme sous-races, des Pé- largoniums à GRANDES FLEURS proprement dits, les P.dits FANTAISIE, puis les P. dits à cing macules où ÜDIERS, qui compren- nent chacune un nombre illimité d’indi- vidus. Le Pelargonium zonale, qui est éga- lement devenu tête de série, a aussi produit un nombre considérable de va- riétés, qui, tout en conservant les carac- tères principaux du type, en ont revêtu qui leur sont propres et qui les groupent autour de lui. Le genre Reine-Marguerite (Galliste- è ë DANS LES VÉGÉTAUX. + 7 phus) ne renferme qu’une seule espèce, qui, par les nombreux semis qu’on a faits de ses graines, a produit les variétés dites Pyramidales, pivoines, à tuyaux, naines, grandes, etc., qui se sont fixées et ont constitué des races dans lesquelles on trouve des sous-races qui renferment un certain nombre de plantes distinctes, soit par les formes, soit par les couleurs, et qui, à leur tour aussi, tendent à former de nouveaux groupes. Il en est à peu près de même du'genre Balsamine, vrai, qui ne renferme non plus qu’une seule espèce, la Balsamina hortensis. Gette espèce a également donné naissance à des variétés qui se sont fixées et ont formé des races diffé- rant les unes des autres, soit par la hauteur des plantes, soit par leur port Ou facies, soit par les couleurs des fleurs, etc., desquelles aussi sont sorties des sous-races qui se distinguent égale- ment par des caractères particuliers, et Qui se reproduisent presque identique- ment par graines. Le genre Camellia ne renferme guêre qu’une espèce, le C. Japonica. Les va- riétés qu'il a produites sont innombra- bles, mais aucune d’elles n’a encore formé de races; les différences qu’elles présentent sont toutes individuelles; elles portent soit sur la forme, soit sur la couleur des fleurs, soit sur ces deux choses, soit enfin sur la forme et sur les dimensions des feuilles. Ces différences ne se transmettent pas par semis. Le genre Delphinium comprend un assez grand nombre d’espèces, la plu- part vivaces; quelques-unes sont an- nuelles, Parmi les premières, il en est une, le D). elatum, qui, dans les cultures et d’après les nombreux semis qu’on a faits de ses graines, s’est tellement mo- difiée qu'aujourd'hui il est à peu près impossible de reconnaître le type. Une espèce annuelle de ce même genre, le Delphinium Ajacis, tout en nous fournissant l'exemple d’une exces- sive plasticité, nous donne aussi celui de la formation de races et de sous-races qui, toutes, se reproduisent à peu près identiquement par leurs graines. Ajou- tons que, toutes, indépendamment du port des plantes, de leurs dimensions, ainsi que des coloris si divers et si con- stantsque présentent leurs fleurs, celles- el sont tellement modifiées que, dans certains cas, c’est à peine si on en ren» contre à fleurs simples. Il en est à peu près du Pied d’alouette des champs, (Delphinium Consolida), comme du 1). Ajacis. Dès son introduc- tion, pour ainsi dire, dans nos cultures, il a donné naissance à de nombreuses variétés, qui bientôt se sont fixées et ont constitué des races très-différentes par leurs fleurs, et dont les caractères se reproduisent parfaitement à l’aide de graines. Toutes ces variétés sont à fleurs doubles (dans le sens horticole). La Giroflée commune (Cheiranthus Cheiri), qui croît si fréquemment sur nos murs, à produit aussi un grand nombre de variétés qui se distinguent par la couleur et par la grandeur des fleurs, et quelques autres aussi dont les fleurs. très-pleines sont également de couleurs diverses. Le genre Mathiola, qui comprend les plantes connues sous les dénominations horticoles de Quarantaine, de Giroflée quarantaine, de Cocardeau,etc.,ne ren- ferme que deux espèces, qui ont pro- duit un très-grand nombre de variétés; celles-ci une fois fixées ont constitué des races qui, à leur tour,ont formé des sous- races, parmi lesquelles on trouve égale- ment des sous-variétés de toutes dimen- sions, d’aspect, de port et de coloris très- divers, qui se reproduisent à peu près identiquement par graines, et qui par conséquent équivalent à des sous-races. Le genre Pivoine renferme quatre es- pèces ou types; ce sont : le Pæonia pa- paveracea (d’où sont sorties toutes les Pivoines en arbre ou Moutan), le Pæo- nia officinalis, le P. Sinensis et le P. te- nuifolia. Les trois premières espèces ont produit un nombre considérable de variétés à fleurs pleines, semi-pleines, doubles, simples, etc., de formes et de couleurs très-variées. Tout ce qui vient d’être dit des végé- taux herbacés peut également s’appli- quer aux végétaux ligneux; en voiciquel- ques exemples pris parmi des plantes communes et bien connues. Afin d’abré- ger, nous ne ferons que citer les noms. Le Lilas commun à produit des varié- tés à fleurs blanches, rouges, violacées, semi-pleines, etc. À gas Une espèce du genre Cytise, le Cytisus Laburnum, a produit les variélès quer- | cifolium, bullatum, monsirosum, etc. tte PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS Dans les genres Rosier, Azalée,Rhodo- dendron, etc., les variétes sont innom- brables. Parmi les essences forestières, le Ro- binier commun, l’Orme, le Frêne, les Chênes, les Saules, les Pins, ete., nous présentent également une quantité con- Sidérable de variétés. Mais c’est princi- palement chez certains de nos arbres fruitiers, tels que: Poiriers, Pommiers, Vignes, etc., que les variétés sont nom- breuses; elles sont incalculables. Après ces explications, qui, bien que resireintes, peuvent Cependant donner une idée de ce qu’on doit entendre par espèces, variétés, races, elc., nous devons encore, afin d’être compris lorsque plus tard nous entrerons dans les détails d'application, faire ressortir certaines particularités très-importantes. Constatons d’abord ceci : que, puisque ce sont les mêmes sucs séveux qui, en se modifiant diversement sous les lois de la vie, constituent les herbes, les bois, les feuilles, les fleurs, les fruits, etc al suffira que les modifications s’opèrent d'une manière différente, ou avec plus ou moins d'intensité dans tel ou tel Cas, pour donner naissance à des produits de nature et d'aspect trés-variés. D'autre part, il ne faut pas oublier que la nature des plantes, quoiqu’en apparence sim- ple, est extrêmement complexe, à tel point qu’on peut dire d’un végétal qu’il n'est pas un, mais bien une infinité de végétaux. En effet, chacune de ses par- ties, lorsqu’elle est détachée et placée dans des conditions appropriées à sa na- ture, peut produire une plante sembla- ble à celle dont elle a été détachée ; d’où il résulte que, puisque chacune de ces parties a une existence particulière, qu’elle peut vivre de son propre fonds, et que, tout en possédant les propriétés générales de la plante dont elle sort, elle en à aussi qui lui sont particulières, qui Peuvent se stabiliser et quelquefois même se transmettre, un végétal pourra pré- senter sur l’une ou sur l’autre de ses parties certains caractères exceplionnels, et qu’alors, si l’on détache, qu’on greffe où qu'on bouture ces parties elles pour- ront consituer des plantes nouvelles, parfois très-différentes ou même complé- tement différentes de celles dont elies proviennent. Ce sont ces sortes de faits, auxquels, en horticulture, on a donné le nom d'accidents, que nous nommons Soit dichroïisme, soit dimorphisme (note 1). Nous devons encore, afin de distinguer l’une de l’autre les diverses phases de la végétation, après avoir indiqué et donné quelques exemples de ce qu'on doit en- tendre par variétés, dire aussi en quel- ques mots ce qu’on doit entendre par varialion. On nomme variations des phéno- mênes qui se montrent parfois sur cer- taines plantes, mais qui sont tellement fugaces qu’il est impossible de les stabi- liser; tels sont, par exemple, ceux qui se montrentsur les Tulipes, chez lesquelles, dans les plantes très-modifiées par la culture, les couleurs paraissent être constamment en voie de modification (note 9). On trouve des faits sinon semblables, du moins analogues, sur certaines varié- tés de Dahlias panachés, chez lesquels il n’est pas rare de rencontrer, çà et là, sur une même plante, des capitules ou inflorescences unicolores, mélangés à d’autres qui sont plus ou moins et diver- sement panachés. Tous ces faits sont des variations, non des variétés; celles- ci peuvent se stabiliser et constituer des individualités permanentes ; celles-là, non. Ge sont des phénomènes qui ap- paraissent sans qu’on en connaisse la cause, ni qu’on puisse en fixer les effets. Nous croyons aussi devoir indiquer ce qu'il faut entendre par le terme fixé, si souvent employé en horticulture, On ne doit se servir de ce mot qu’en par- lant de végétaux issus de graines, qui, ayant revêtu des caractères particuliers, les reproduisent lorsqu'on les multiplie à l’aide de graines; on doit donc, sous ce rapport, comme valeur organique, le distinguer du mot dimorphisme, qui, au point de vue pratique, sert à caractériser ces accidents ou ces faits exceptionnels qui, tout à coup et sans cause apparente, se montrent Sur un végétal quelconque, et qu'en suite on perpétue à l’aide soit du bouturage, soit du greffage. Ainsi, pour en citer un exemple, supposons que, Sur une plante dont les feuilles Sont vertes, 1l se soit développé une bran- che dont les feuilles soient panachées ; si on prend cette branche et qu’on la bou- ture ou qu’on la greffe, cet accident pourra se maintenir; mais si la plante résultant de cet accident produit des DANS LES VÉGÉTAUX. 9 graines et qu'on les sème, on verra pres- quetoujoursdisparaitre ce caractère, qui, comme son nom l'indique, n’était qu'ac- cidentel. 11 n’y avait donc là rien de fité, il y avait tout simplement un fait excep- tionnel, stabilisé et rendu permanent par un mode particulier de multiplica- tion. Faisons encore, relativement au mot firé, l'observation suivante : qu'une va- riété ou une race quelconque pourra être fixée quant à ses caractères géne- raux, sans pour cela l'être quant a ses ca- ractères particuliers, c’est-à-dire quant à certains détails quitiennent à sa descen- dance. Par exemple, cette variété pourra produire constamment des plantes d’une même forme, ayant un même facies, mais qui, néanmoins, différeront par des ca- ractères particuliers, soit par la couleur, soit par les dimensions des fleurs, etc. Dans ce cas, c’est le port ou aspect qui est fixé et qui constitue la race; mais les couleurs ou les dimensions des fleurs wont rien d’absolu; elles sont propres aux individus qu'elles caractérisent. D’autres fois, au contraire, c’est la cou- leur qui faitle fonds ou le caractère essen- tiel de la variété; l’aspect, la forme, etc., caractérisent les individus. Faisons aussi remarquer que les di- verses combinaisons faites pour perpé- tuer les variétés, ou pour en obtenir de nouvelles, reposent sur cette loi générale que, dans la nature, tout tend à se re- produire et même à s'étendre, que par conséquent les modifications peu- ventnon-seulement devenir héréditaires, mais qu’elles peuvent encore servir de moyen pour arriver à d’autres modifica- tions, à étendre et à multiplier de plus en plus les séries typiques. Aprés cette sorte de préambule, qui peut-être pourra paraître un peu en de- hors du sujet, mais qui cependant nous a paru nécessaire afin de bien détermi- ner la valeur des termes, de manière à donner une idée nette et bien arrêtée du sens que nous y aftachons, nous al- lons aborder la question au point de vue pratique, c’est-à-dire tirer les consé- quences des divers faits que nous avons tâché de faire ressortir. .Constatons d’abord que, d’une ma- hière générale, nous pouvons partager les variétés en deux grands groupes: l’un qui comprendra celles à la production desquelles nous prenons une part plus ou moins grande; l’autre, au contraire, qui comprendra les variétés pour les- quelles nous ne pouvons rien ou à peu près, quant à leur apparition, qui sont le produit de faits auxquels nous sommes tout à fait étrangers, et que par consé- quent nous devons saisir lorsqu'ils se présentent afin d'en tirerle meilleur parti possible. Le premier groupe se rattache exclusivement aux semis; le deuxième a rapport aux accidents. Dans la pratique, les semis peuvent aussi se diviser en deux groupes princi- paux : l’un dans lequel, en combinant les opérations préliminaires qui s’y rat- tachent de manière à obtenir certains résultats, on laisse néanmoins agir la na- ture en ce qui concerne la fécondation; l'autre dans lequel, indépendamment des combinaisons particulières, on prend une part importante, en intervenant d’une manière directe, pour en quelque sorte contraindre la nature à donner des produits qui paraissent être un peu en dehors de ses lois, c’est-à-dire à suivre une marche différente de celle qu’elle aurait suivie si on l’eût aban- donnée à elle-même. On obtient ce ré- sultat à l’aide de certaines combinaisons, et tout particulièrement en pratiquant la fécondation artificielle. D'une autre part, comme il y a diver- ses séries de variétés, les moyens, soit de les provoquer, soit de les conserver, sont toujours relatifs et subordonnés à la nature des variétés qu’on veut obtenir. Ces séries, que nous examinerons suc- cessivement, peuvent être portées au nombre de six principales, ainsi ré- parties : La première comprendra tout ce qui a rapport aux dimensions soit des plan- tes, soit seulement des fleurs; La deuxième comprendra ce qui se rattache soit à la précocité, soit à la tar- diveté; La troisième comprendra ce qui se rapporte aux couleurs; | La quatrième comprendra ce qui se rapporte aux panachures; s La cinquième comprendra ce qui a rapport aux formes; Enfin la sixième comprendra les plan- tes à fleurs dites doubles. Comme dans la suite nous aurons sou- vent à parler des porte-graines, nous A0 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS croyons devoir, en quelques lignes, dire ce qu'on entend par cette expression. On nomme porte-graines tout végé- tal qui, quelle que soit sa forme ou sa nature, est particulièrement destiné à la production des graines. Ces considérations générales étant éta- blies, nous allons entrer dans les détails d'application, en suivant l’ordre des sé- ries indiqué ci-dessus. Aer GROUPE. — Are SECTION. Semis naturel, c’est-à-dire semis opéré sans qu'il y ait eu fécondation artificielle des fleurs, mais fait avec combinaisons préalables, relativement aux porte-grai- nes, dans le but d'obtenir des variétés. Série A4, — Dimensions. Lorsqu'on vise à obtenir des variétés soit naines, soit grandes, on doit, dans le premier cas, choisir pour porte-graines les individus qui présentent les plus pe- ttes dimensions possibles, sans toutefois offrir rien de disgracieux ni de contraire au but que l’on veut atteindre. Dans le deuxième cas, au contraire, on choisit les individus qui ont une tendance à s’é- lancer et à dépasser les dimensions ordi- naires, tout en conservant, bien entendu encore, l'aspect général qu’on désire ob- tenir; en un mot, dans l’un comme dans autre cas, on doit récolter les graines sur les individus qui présentent au plus haut degré les caractères que l’on re- cherche. Si, au lieu de viser aux dimen- sions des plantes, on visait à celles des fleurs, on agirait absolument ainsi qu’il vient d’être dit, mais alors en prenant pour guide, c’est-à-dire comme point de mire, les fleurs au lieu des plantes. C'est en partant de ces principes, et en les mettant en pratique à chaque géné- ration, qu’on arrive à créer des variétés ou même des races, c'est-à-dire à obte- nir des plantes qui, parfois, par leur Stabilité, présentent sous ce rapport le caractère d'espèces. En voici quelques exemples : VARIÉTÉS NAINES OBTENUES ET FIXÉES PAR LES SEMIS. Ageratum cœlestinum nanum ; Agroslis cœli rosea nana : Balsamina hortensis nana (variétés nom- breuses) ; Calceolaria Yunghii nana ; Callirrhoe pedata nana : Clarkia pulchella nana ; Coreopsis tinctoria nana (2 variétés); Delphinium Ajacis nana (variétés nom- breuses) ; Dianthus Sinensis nana: Giroflies quarantaines (variétés très- nombreuses) ; Helianthus annuus nanus; Helichrysum bracteatum nanum : Leptosiphon densiflorum nanum ; Lobelin gracilis erecta nana: Lupinus (plusieurs varlélés) ; lemesia elegans nana: Œnothera Drummondii nana ; Papaver somniferum nanum (plusicurs variétés) ; Phaseolus coccineus nanus : Polygonum orientale nanum : Reines-Marguerites naines (variétés nom- breuses) ; Salpiglossis sinuata nana; Salvia coccinea punicea nana ; Scabiosa alropurpurea nana (plusieurs variétés) ; Senecio eleguns (plusieurs variétés) : Tagetes erecta nana; palula nana ; signala nana ; Tropæolum majus nanum (plusieurs va- riétés); Viscaria oculata nana. _— __— Quant aux variétés grandes ou géantes, nous ne Îles indiquons pas; il y en a peu, du reste, par cette raison qu’en cherche plutôt à diminuer qu’à augmenter les dimensions des plantes. Toutefois, si l’on voulait en obtenir, on agirait ainsi qu’il a été dit précédemment, mais en suivant une marche tout à fait opposée à celle qu’on devrait suivre si l’on voulait ob- tenir des plantes naines. Nous faisons les mêmes observations relativement aux fleurs. Série B.— Précocité et Tardiveté. Les bases posées dans la série précé- dente relativement au mode d'opérer étant semblables pour cette série et pour les séries suivantes, iln’y a donc, dans chacun des cas, qu’à en faire di- versement lapplication, c’est-à-dire à se conformer, dans la pratique des opé- rations, ainsi que pour le choix que me ne gg are me DANS LES VÉGÉTAUX. 11 l’on fait des porte-graines, au but que Von veut obtenir. | Ainsi, lorsqu'on désire avoir des varié- tés hâtives, on doit surveiller avec soin la floraison des plantes afin de remarquer celles qui présentent les qualités qu’on recherche et qu’on désire améliorer, puis choisir parmi celles-ci les individus qui fleurissent les premiers, en récolter et semer les graines, puis choisir de nou- veau, parmi les individus qui résultent de ce semis, ceux qui, tout en fleurissant 1es premiers, ont cependant aussi con- servé les autres caractères auxquels on tient également. Dans un grand nombre de cas on se trouvera bien aussi de ré- colter les graines provenant des fleurs qui se sont épanouiesles premières et de les semer à part; celles-ci ont parfois une tendance à donner des plantes en- core plus hâtives. Lorsque, au contraire, on désire obte- nir des variétés tardives, on agit absolu- ment comme il vient d’être dit, quant à la manière générale de procéder, mais dans un sens inverse, c’est-à-dire en prenant pour porte-graines, à chaque génération, les individus dont la florai- son est la plus tardive. Comme exemple de hâtiveté nous ci- terons particulièrement le Pyrethrum Sinense præcox (note 3). Série €. — Variétés portant sur les couleurs des fleurs, obtenues et fixées par les semis. Lorsqu'on veut fixer des variétés qui drésentent une couleur déterminée, on choisit, parmi les plantes sur lesquelles on porte particulièrement son attention, les individus qui, avec un port et un feuillage convenables, se rapprochent le plus, par leurs fleurs, de celles qu’on désire obtenir. Ainsi, par exemple, si on tient à avoir des fleurs rouges, on prend pour porle-graines les individus dont les fleurs sont les plus voisines de cette couleur; si lon désire obtenir des fleurs blanches, on choisit ceux chez les- quels la couleur est la plus atténuée. Si, au contraire, on désire obtenir desfleurs jaunes, on doit, tout en prenant pour porte-graines des individus dont les fleurs soient très-pâles, tâcher, s'il est possible, que cette teinte tire déjà un peu sur le jaune (note 4). Enfin, et quelle que soit.la couleur qu’on désire, on doit s'appuyer sur les principes que nous venons d'indiquer et choisir ses porte- graines en conséquence. En général on remarque que, pour qu'il y ait chance d'obtenir des fleurs jaunes, ilfaut que Patténuation provienne de l’affaiblissement de couleurs plus ou moins foncées, parexemple, soitdu violet, soit du lilas. Pourtant ici encore on ren- contre de remarquables exceptions, ainsi que le démontre lanote 4. En général encore on remarque aussi que le blanc (note 5) et le jaune sont les couleurs qui se modifient le plus difficilement. On a d’autant plus de chances d’obtenir de nouveaux coloris que les éléments de ceux-ci se trouvent déjà dans les types que l’on veut modifier. Ainsi, dans les Pensées, par exemple, où l’on trouve dans le type sauvage ( Viola arvensis) du jaune uni à du violet velouté, on pouvait être à peu près certain qu’en choisissant ses porte-craines avec discernement on arriverait à faire dominer telle ou telle de ces couleurs, à avoir des variétés à fleurs jaunes, lilas, violet plus ou moins foncé, ou même à peu près complétement noires, et telle est la variété qu’on nomme Faust (note 6). La Giroflée dite Quarantaine grecque (Cheiranthus Grœca) semble contredire ce que nous venons de dire relativement à l’atténuation des couleurs; en effet, bien qu’à fleurs blanches, elle n’en à pas moins produit des variétés à fleurs roses, violettes,lilas,etc.,et même jaunes. Cette contradiction n’est qu’apparenté; en regardant avec attention, on reconnaît que les fleurs, loin d’être blanches, sont jaunes, ou à peu près, avant l’ouverture du bouton,etque, même lorsqu’elles sont épanouies, elles conservent la couleur jaune dans toute la partie inférieure des pétales. Du reste, la nature ne se prète point servilement à nos calculs, et il peut bien y avoir des cas où les faits contredi- sent nos théories et semblent se trouver en opposition avec la gamme chromati- que des couleurs que nous avons établie; car, les couleurs résultant d’une combi- naison particulière des principes colo- ranis, ces derniers ne peuvent-ils pas, d’après des lois que nous ne pouvons comprendre, se séparer et se grouper “suivant une marche opposée à celle que nous considérons comme normale? Mais, d'autre part, rien ne nous prouve que PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS la Quarantaine grecque blanche soit un type spécifique ; le contraire même est trés-probable, puisqu'il n’y a pas encore trés-longtemps (c'était vers 4 835) qu’elle a fait son apparition dans les cultures, et qu'à cette même époque il y avait déjà d’autres variétés de Quarantaine grecque à fleurs de couleurs diverses, dont elle sort. Elle n’est donc qu'une variété fixée. Toutefois, et quelle qu’en soit 1 cause, Consiatons que, toutes circonstances égales d’ailleurs, il est certaines espèces extrêmement plastiques qui semblent pouvoir revêtir les formes et les cou- leurs les plus diverses, tandis qu'il en est d’autres au contraire qui, bien que cultivées en très-grande quan- tité et depuis longtemps, n’ont encore, pour ainsi dire, produit aucune variété : tels sont le Datura ceralocaula, le Re- seda, l'Eutoca viscida, le Cosmos bipin- nata, le RhodanteManglesi, ete. Comme exemples contraires nous pouvons citer le Dahlia, la Reine-Marguerite, la Bal- samine des jardins, la Rose trémière, les Rosiers, l’'Œillet des fleuristes, le Camellia, les Azalées, etc., les Rhodo- dendrons, etc., etc. Variétés à fleurs rouges, obtenues et fitées par les semis. Agrostemma cœli rosa purpurea ; Amygdalus rubra plena: Althæa rosea rubra ; — Sinensis rubra; Balsamina hortensis (plusieurs varié- tés); Celosia cristata rubra; Centranthus ruberrimus ; Cosmos bipinnata purpurea;: , Giroflée quarantaine (plusieurs variétés); Helichrysum macranthum rubrum ; Tpomea purpurea Kermesiana Lathyrus odoratus rubra; Martynia fragrans rubra ; Mathiola annua rubra; — ncana rubra; Papaver somniferum rubrum ; Pentsiemon gentianoides purpureum ; Portulacca Thellussonii ; Reine-Marquerite (plusieurs variétés) ; Scabiosa atropurpurea ; Silene armeria rubra ; Verbena incisa rubra ; Zinnia elegans coccinea ; — Mulhflora rubra. Variétés à fleurs roses, obtenues et fixées par les se- mis. Agrostemma coronaria rosea : Anagallis grandiflora rosea é Balsanina hortensis ( Plusieurs variétés): Celosia cristata rosea $ S Clarkia elegans rosea ; Delphinium Ajacis (plusieurs variétés) ; ere consolida (idem); Digitalis purpurea rosea; Gilia tricolor rosea; Giroflée quarantaine (variétés nom breuses) ; Godetia amæna rosea à Gomphrena globosa rosea - Tpomea purpurea rosea : Lobelia erinus Lindleyana, — TAmosa rosea ; Lupinus hirsutus roseus : Lychnis Chalcedonica rosea j Lymnanthes Douglasii rosea " Maurandia Barcleyana rosea : Mimulus cardinalis Hudson ; Papaver somniferum TOSeEUM ; Pentstemon gentianoides rosea “ Reine-Marquerite (varictés nombreuses): Scabiosa atropurpurea nana rosea ; Senecio elegans rosea. Variétés à fleurs lilas ou violacées, obtenues et fixées par les semis. Balsamina hortensis (plusieurs variétés); Campanula speculum lilaceum ; Celosia cristata violacea > Delphinium Ajacis (plusieurs variétés) ; — consolida violacea ; Girofléequarantaine (plusieurs variétés) : Jberis umbellata violacea ; Mirabilis longiflora violacea ; Papaver somniferum vrolaceum ; Reine-Marquerite (plusieurs variétés); Senecio elegans violacea; Verbena Drummondii ; Zinnia elegans violacea. Variétés à fleurs jaunes, obtenues et fixées par les: semis. Antrrhinum majus Luteum ; Amaranthus caudatus luteus ; Celosia aurea pyramidalis; cristata aurea ; Chrysanthemum carinatum aureum ; Emilia sonchifolia aurea ; Escholtzia Californica crocea ; Giroflée quarantaine (plusieurs varié- tés). : DANS LES VÉGÉTAUX. 13 * Tpomea coccinea aurea ; Leptosiphon androsaceum aureum ; luteum ; os re Lotus Jacobeus luteus ‘ Portulacca grandiflora aurea ; aurantiaca ; Rose trémière (plusieurs variétés) ; Salpiglossis sulfurea ; Thunbergia alata aurantiaca(orangema- culé) ; Thunbergia alata Fryeri (orange sans macule). Thunbergia alata lutea immaculaia ; Tropæolum majus (plusieurs variétés) ; Zinnia elegans simplex aurea ; flore pleno luteo. a ——_— En es Variétés à fleurs blanches, obtenues et fixées par les semis. Agrostemma coronaria alba ; cœli rosa alba, Argemone Mexicana alba ; Balsamina hortensis (plusieurs variétés); Brachycome iberidifolia alba; | Browallia alata alba ; Calceolaria Yunghii alba; Catananche cœrulea alba : Campanula pyramidalis alba ; Speculum album ; media alba; Boccont alba ; Loreyi alba ; pentagona alba ; Centaurea moschata alba; Centranthus ruber alba; Clintonia pulchella alba ; Crepis rosea alba ; Daiura fastuosa alba; Delphinium grandiflorum album ; Ajacis album : Consolida alba; Dianthus Sinensis alba ; Dictamnus albus ; Digitalis purpurea alba; Escholtzia Californica alba; Galega officinalis alba; Gilia capitata alba; tricolor alba ; Giroflée quarantaine (plusieurs variétés); Godetia rubicunda alba ; Gomphrena globosa alba; edysarum coronarium album; Hesperis matronalis candidissima; maritima alba; Impatiens glandulosa alba ; Tonopsidium acaule album ; Tpomea Quamoclit alba ; — —— —— — —— ——— Lathyrus latifolius albus ; Lavatera trimestris alba: Lobelia syphilitica alba ; Lychnis Chalcedonica alba ; Lymnanthes Douglasi alba; Mathiola annua alba ; incana alba; Malcolmia maritima alba ; Malope trifida alba; | Maurandia antirrhiniflora alba ; Mesembrianthemum tricolorum album; Mirabilis Jalapa alba; Myosotis Alpestris alba; . intermedia alba; Nemophila insignis alba; Nolana grandiflora alba; Papaver somniferum album ; rhœas album ; Pentistemon gentianoides album; Persica Sinensis alba; vulgaris alba ; Phaseolus coccineus albus; Platycodon grandiflora alba ; Podolepis gracilis alba; Polemonium cœæruleum album ; Polygonum orientale album; Primula Sinensis alba; Reine-Marquerite (plusieurs variétés); Rhodante Manglesii alba; Rose trémière (plusieurs variétés) ; Saponaria Calabrica alba ; Scabiosa atropurpurea alba ; Schizanthus retusus albus; Senecio elegans alba ; Silene Armeria alba ; —* pendula alba; # Thunbergia alata alba; Trachelium cœruleum album’; Vinca rosea alba; Viola odorata alba ; Viscaria oculata alba; Xeranthemum annuum album ; compactum album ; bracteatum album. rs —— —— ee a Série M. — Variétés à fleurs ou à feuilles pana- chées, oblenues et fixées par les semis. Les plantes constamment panachées sont relativement rares; la raison en est que la plupart des panachures sont des faits anormaux, qu’elles résultent le plus souvent d'accidents, et qu'on en obtient peu par les semis. Cependant si, comme tout semble le faire croire, les | panachures sont dues à des sortes de ma- ladies (note 7)nepourra-t-il pas arriver que ER er oo or 44 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS celles-ci soient assez intenses pour affec- ter l’organisme , pour, ainsi qu’on le dit en termes vulgaires, passer dans le sang et alors devenir héréditaires, trans- missibles par les graines? Sans avoir recours aux hypothèses pour expliquer la cause des panachures, aous admettons que, dans le plus grand nombre de cas, les plantes panachées doivent cet état particulier à unedépla- cement des éléments colorants, déplace- ment qui, étant le résultat de perturba- tions organiques, n’a rien de rigoureuse- ment fixe; ce qui explique pourquoi l’on voit si souvent les panachures s’ef- facer, les parties qui les présentaient reprendre la couleur dont les éléments dominent, et alors des fleurs ou des feuilles unicolores se montrer parmi d’autres plus ou moins panachées. Les panachures ne sont pas exclusive- ment propres aux fleurs; le plus souvent même elles affectent les feuilles, parfois aussi les rameaux, quelquefois même elles se montrent sur les fruits (note 8). Mais, quelles que soient Fes parties sur lesquelles elles se montrent, on con- state qu’elles sont d'autant plus stables qu’elles circonscrivent plus compléte- ment l'organe qu’elles affectent, ou, ce qui revient au même, que, sans les cir- conscrire, elles sont disposées en forme de cercle dans toutes ses parties, qu’elles sont, comme on dit, zonées (Pelargonium zonale, certains Oxalis), etc. Toutes les fois, au contraire, que les panachures sont disposées par macules, et surtout par stries ou bandes longitudinales, c’est-à- dire dans le sensde l’axe, ilest assezrare qu’elles soient constantes, à moins pour- tant que les individus qui les présentent appartiennent au groupe des végétaux monocolylédonés. On connaît pourtant quelques excep- tions à la règle générale que nous venons dénoncer relativement à la fixité des panachures; une très-remarquable est fournie par le Chardon-Marie, qui, mar- qué sur toutes ses parties de nom- breuses et belles macules blanches très- régulières, se reproduit identiquement par ses graines. Reconnaissons toutefois que, en gé- néral, les panachures sont beaucoup plus constantes sur les feuilles que sur les fleurs, que, dans quelques cas même, par exemple chez certains Bégonias, de même que chez beaucoup de Caladium, les panachures sont tellement constan- tes que non-seulement elles se repro- duisent par le moyen des graines, mais encore que les plantes qui les por- tent sont trés-vigoureuses, ce qui a rarement lieu lorsque les panachures sont placées sur les fleurs. Dans ce der- nier cas, en effet, les plantes sont généra- lement délicates; c’est un véritable signe d’affaiblissement; d’où l’on pourrait con- clure que, en général, on aura d’autant plus de chances de conserver cet état particulier que les porte-graines seront plus souffreteux, qu’on les laissera un peu pâtir. Pour arriver à fixer les plantes à feuil- les ou à fleurs panachées on se fonde sur les mêmes principes. que ceux que nous avons indiqués ci-dessus, en trai- tant d’autres séries, c’est-à-dire qu’on choisit pour porte-graines les individus chez lesquels les panachures sont les plus prononcées, et dont la végétation, sans être trop vigoureuse, estnéanmoins assez bonne; car ce caractère n’étant, dans beaucoup de cas, que le résultat d’un affaiblissement organique, il peut disparaître, en grande partie du moïns, lorsque les plantes sont trés-vigoureuses. De même aussi, en se fondant sur les mêmes principes, il faut éviter de pren- dre pour porte-graines des individus qui soient trop affaiblis, car alors on pour- rait n’obtenir que des plantes chétives. Plantes à fleurs panachées obtenues etfixées par les semis. Aquilegia vulgaris variegata ; Balsamina hortensis (plusieurs variétés); Centaurea cyanus variegata; Convolvulus tricolor variegata ; Delphinium Ajacis (plusieurs variétés) — Consolida variegata ; Ipomea purpurea variegata; Lathyrus odoratus (plusieurs variétés) : Lobelia Eriñus marmorata; | Lupinus mutabilis Cruiksankii Malcolmia maritima bicolor ; Mirabilis Jalapa variegata ; Nemophila insignis alba variegata ; Phaseolus coccineus bicolor ; Phlox Drummondit Raditwitzt ; Portulacca grandaflora alba striata ; Primula Sinensis.variegata ; Reine-Marguerite (plusieurs variétés); ) D ue 2 RE + ed oo DANS LES VÉGÉTAUX. 15 Tropæolum majus variegatum ; Série E. — Variétés à fleurs dites doubles (note 9), obtenues et fixées par les semis. Anemone coronaria (variétés nombreu- ses); Aquilegia vulgaris (variétés nombreu- ses); | Calendula Bungei (note 10); — — hortensis; Campanula media; sr a Centaurea cyanus ; Chrysanthemum coronarium (plusieurs variétés) ; Chysanthemum (Pyreihrum) Indicum (variétés nombreuses) ; Clarkia pulchella alba ; — elegans; Convolvulus tricolor ; Datura fastuosa; — violacea; — alba; — lutea; Delphinium Ajacis (variétés nombreu- ses); Delphinium Consolida (variétés nom- breuses); Dianthus Sinensis (variétés nombreuses) (note 11); | Dianthus barbatus (variétésnombreuses); Giroflées diverses (idem); Helianthus annuus; es Californicus ; Helichrysum annuum ; — bracteatum ; | Matricaria parthenium (note 10); Papaver somniferum (variétés nom- breuses); Papaver rhœas (variétés nombreuses); Persica Sinensis alba; | rubra ; vulgaris ; Petunia (variétés nombreuses); Ranunculus Asiaticus (variétés nombreu- ses); Rose trémière (variétés nombreuses) ; Senecio elegans (note 10 ) (plusieurs va- riétés) ; ns Zinnia elegans (plusieurs variétés) . — — ss Il ést inutile de dire que, dans la liste qui précède, toutes les fois qu’on cite le nom de l’une ou de l’autre des variétés, il faut ajouter à ce nom le qualificatif de flore pleno, que nous n’avons pas mis afin d'éviter les répétitions. En horticuliure on donne au mot dou- ble une signification sinon fausse, du moins différente de celle qu’il a réelle- ment. En effet, dans le sens vrai, double signifie deux, c’est-à-dire deux fois l’u- nité, ce qui, logiquement, conduit à ceci que semi-double, étant la moitié de dou- ble, signifie simple. Ce n’est pas ainsi qu’on l'entend en horticulture en ce qui concerne la duplicature des fleurs; dans cette circonstance double, en parlant d’une fleur, signifie qu’elle a un plus grand nombre de pétales que, celuiqu’elle doit avoir normalement, mais sans indiquer ce nombre, ni la nature, non plus que l’origine de ces organes, Se- mi-double, en parlant d’une fleur, indi- que également qu’elle a un nombre de pétales plus considérable que celui qu’elle devrait avoir normalement, bien que ce nombre soit toujours moindre que celui dont le mot double donne l’idée. Toutefois ces deux termes n’ont rien d’absolu ; ils se prennent toujours d’une manière relative. La duplicature des fleurs peut être dé- terminée par des causes diverses, soit, par exemple, par la multiplicité résul- tant de l’augmentation ou du dédou- blement des pièces florales (sorte de bourgeonnement) (Pivoine, Pavot); soit par la transformation des organes se- xuels. Dans le premier cas les fleurs peuvent encore donner desgraines; elles ne le peuvent plus dans le second, si la transformation est complète. Les fleurs tout à fait doubles, dans le sens qu’en horticulture on attache à ce mot, qui sont ce qu’on doit nommer des fleurs pleines, sont touiours stériles. Nous n’avons donc pas à nous en occu- per, puisque les plantes qui les portent ne peuvent être propagées que par la division ou par la séparation de leurs parties, soit par boutures, couchages, greffes, etc. Cependant, dans certains cas, elles paraissent exercer une cer- taine influence (note 41). PR Les fleurs semi-pleines ou plus ou moins pleines peuvént au contraire don- ner des graines, ce qui permet de multi- plier à l’aide des semis les plantes qui présentent ce caractère. Constatons tou- tefois que le point de départ des fleurs doubles est en dehors de notre puissance comme de nos calculs; nous ne pouvons rien, ou à peu près rien, sur le fait ini- ent Dern SRE 16 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS tial ; nous ne pouvons que le saisir lors- qu'il se présente; nous ne pouvons pas le provoquer; c’est un effet dont la cause nous est inconnue (note 12). Lors donc que, par une circonstance quelconque, il se présente un de ces faits, il faut le sur- veiller avec soin, éloigner même du con- tact ou du voisinage des autres la plante qui le présente, soit en l’enlevant de l’en- droit où elle est, soit, si cet enlèvement n’est pas possible ou qu’il présente quel- que inconvénient, en détruisant toutes lesplantes qui l'entourent lorsque celles- ci sont de nature à influencer la fécon- dation. On en récolte les graines, on les sème à part, et on observe avec soin les individus qui en proviennent, pour, plus tard encore, choisir parmi eux ceux qui auront le mieux conservé les caractères qu'on cherche à fixer, et qu'on prend à leurtour pour en faire desporte-graines; ce qui ne doit pas empêcher de recueillir et de semer les graines qui proviennent du premier pied-mère, car il est toujours bon de multiplier les chances. Cest en agissant ainsi qu’on a obtenu les variétés de Potentille du Népaul à Îleurs très-grandes et presque complé- tement pleines. On en a obtenu d’abord une à fleurs semi-pleines, jaunes, dont les graines ont donnédes variétés àfleurs jaune clair ou plus ou moins foncé, jaune. mordoré, rouge, rouge-orangé, etc. C’est également de cette manière qu'ont êté produites toutes les variétés de Pétu- nas à grandes fleurs (note 13), les unes complétement pleines, qui par consé- quent ne donnent plus de graines et qu'il faut multiplier par bouture; d’au- tres à fleurs semi-pleines, qui donnent quelques graines à l’aide desquelles on les multiplie et dont on obtient de nou- velles variétés. Comme dans les fleurs dites doubles il y à presque toujours quelques organes sexuels dont la transformation est in- complète, on doit, pour augmenter les chances de succès relatives à la produc- tion des graines, rapprocher ces organes les uns des autres, de manière à ce qu’ils puissent se féconder entre eux; on doit même au besoin faciliter leur rappro- chement en écartant les difficultés. Mais, s’il arrivait que les étamines fissent complétement défaut, on prendrait alors sur d’autres fleurs de la même espèce, et, autant que possible, de couleur con- venable pour atteindre le but qu’on se propose, du pollen qu’on apporterait sur le stigmate de la fleur double afin d’en assurer la fécondation. Dans cette circonstance On a cru remarquer qué l'influence de l'organe mâle est considé- rable, que l'opération est plus satisfai- sante, quant à l'obtention des fleurs doubles, lorsqu'on prend ces dernières pour pères, c’est-à-dire quand en enlève les étamines pour féconder serait-ce même des fleurs simples de plantes appartenant soit à la même espèce, soit à une autre espèce du même genre. Nous ferons aussi observer que les fleurs doubles ne se rencontrent guère que dans les plantes cultivées; elles pa- raissent être la conséquence d’une modi- fication de tempérament due à la domes- tication, parfois au traitement ; aussi ne les rencontre-t-on que très-rarement à l’état de nature, si ce n’est accidentel- lement, pour ainsi dire. « Faisons aussi remarquer que, la du- plicature des fleurs étant déterminée par une modification organique des in- dividus qui les portent, il s’ensuit que, suivant la nature ou suivant l'intensité de cette modification, la plénitude ou duplicature est aussi plus ou moins te- nace; elle peut même devenir perma- nente, ce qui explique pourquoi, lorsque certaines espèces se mettent à doubler, c’est parfois avec une telle rapidité que, au bout de peu de temps, il est difficile de conserver les types à fleurs simples (note 11). Pour donner une idée de cette rapi- dité, nous allons citer quelques exemples de date assez récente. Ainsi le premier pied de Petunia à fleurs doubles, dont la couleur était d’un blanc sale ou verdä- tre, parut à l'exposition universelle en 1855. Ce Pétunia, qui appartient à une race mixte (note 13), fut trouvé dans un semis de graines de Pétunia ordinaire fait par un employé de la Banque de Lyon. Malgré le peu d'années écoulées, le nombre des variétés produites par l'influence de ce pied unique est auJour- d’hui considérable. On en trouve de cou- leurs très-diverses ; il en est même beau- coup dont les fleurs panachées sont très-jolies. Le Zinnia elegans à fleurs doubles, introduit dans nos cultures vers 1858 (nous l’avions remarqué en 1854 chez mo RS DANS LES VÉGÉTAUX. MM. Audibert, horticulteurs à Tarascon, qui en avaient reçu des graines du Mexi- que), a déjà produit une grande quan- üité de variétés également à fleurs dou- bles, de couleurs très-diverses; plusieurs tendent à se fixer et à former des sous- races. Le genre Fuchsia nous offre aussi un exemple très-remarquable de cette faci- lité doubler. Les premiers pieds à fleurs doubles ont apparu vers 1854. Bien que cette époque soit très-rapprochée, on en possède aujourd'hui une telle quan- tité qu’il est à peu prés impossible de “les énumérer. Il arrive parfois que, dans les semis qu’on fait de graines de Fuch- sias récoltées sur des pieds à fleurs dou- bles, les trois quarts des individus qui en sortent ont conservé les mêmes ca- ractères (note 14). On ne peut nier du reste que, par la culture ou par la domestication, le tempé- rament des plantes ne soit plus ou moins modifié, que celles-ci ne perdent peu à peu leurs caractères primitifs pour en prendre d’autres en rapport avec le cli- mat, le milieu, en un mot, avec les con- ditions dans lesquelles elles sont placées, et constituent alors des races particu- lières; nos plantes soit d’ornement, soit potagères, en offrent de nombreux et très-remarquables exemples. Comme exemples, à l'appui de notre dire, nous pourrions citer les Reines- Marguerites, la Balsamine des jardins, le Pied d’alouette, les Dahlias surtout, qui, lors de leur introduction, et même très-longtemps encore après celle-ci, ne donnaient que très-rarement des plantes à fleurs doubles, tandis qu’au- jourd’hui c’est le contraire qui a lieu, et que c’est à peine si l’on en obtient à fleurs simples. | Les plantes à fleurs dites doubles exer- cent-elles sur leurs congénères une in- fluence susceptible de modifier le pro- duit de ces dernières? Bien que cette question puisse peut- être paraître oiseuse si on l’envisage au point de vue scientifique, nous devons néanmoins en parler, parce que l’obser- vation d’une part, les faits d'une autre, semblent pencher vers l’affirmative. En effet que voyons-nous dans l'ordre ordinaire des choses? Une espèce est cultivée et multipliée par graines pendant très-longtemps sans varier au- 17 trement que par les couleurs, par les formes, par les dimensions,soit destiges, soit des fleurs. Vient-elle à produire un individu à fleurs doubles : on constate que,en général, trés-peu de temps aprés, on en voit apparaître d’autres également à fleurs doubles, parfois même en grande quantité; c’est ce qui s’est produit chez les Pétunias, les Fuchsias, les Œillets de Chine, les Œillets de poëte, etc. (notes 11, 13, 14). j Du reste ce fait, loin d’être en oppo- sition avec la loi fondamentale d’évolu- tion, y est au contraire parfaitement con- forme; il confirme de tous points ce que nous avons déjà dit plusieurs fois, et que nous répéterons probablement en- core, que, dans la nature, tout individu a une tendance à reproduire ses carac- tères, tendance d'autant plus grande que sa puissance vitale est plus considé- rable, et, sous ce rapport, les plantes à fleurs doubles, en général, sont bien partagées. Ilest bien clair toutefois que, dans cette circonstance, nous considérons comme à peu près dépourvues d’in- fluence fécondatrice lesfleursentièrement pleines, c’est-à-dire celles chez lesquelles la transformation des organes sexuels est complète. Celles-ci sont des sortes d’eunuques végétaux. Mais, lorsqu’aucon- traire la duplicature est incomplète, qu’il reste quelques organes sexuels assez bien conformés pour être aptes à la fécon- dation, il est hors de doute que les plantes qui présentent ce caractère sont propres à donner des individus à fleurs doubles. Cependant, comme il pourrait se faire que, par suite de la multiplicité des pétales, ces organes ne pourraient que difficilement exercer leur influence, on devra, dans certains cas, venir en aide à la nature en facilitant le rapproche- ment des sexes (note 19). De ce qui précède il résulte que, tou- tes les fois que dans un semis quelcon- que il se trouvera un ou plusieurs in- dividus à fleurs doubles, on devra les surveiller avec soin, et faire en sorte que, au moment de-la floraison, ils puis- sent être rapprochés d’autres auxquels on voudrait transmettre leurs caractères. Quelques mots aussi au sujet des va- riétés qui présentent des formes parti- culières pourindiquer la marche à suivre pour les fixer. PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS Par le mot forme il faut entendre l'aspect, la tenue, en un mot le facies, ou, comme on le dit encore, le cachet ou le port d’un végétal quelconque ; ainsi il y a les formes pyramidale, buis- sonneuse, lombante, etc. Les principes sur lesquels on se fonde pour obtenir * ces sortes de variétés sont exactement les mêmes que ceux que nous avons in- diqués pour les séries précédentes, c’est- à-dire qu’on doit choisir, comme porte- graines, les individus qui présentent au plus baut degré les caractères que l’on cherche à reproduire, et,demémeencore que nous l'avons dit lorsque nous nous : sommes occupé des autres séries, il faut - avoir soin d'isoler au besoin ces plantes, de manière à empêcher que, lors de leur floraison, elles jouent avec d’autres qui ne présenteraient pas les mêmes carac- tères. Ces variétés de formes diverses, obtenues et fixées par les semis, sont assez nombreuses; on les rencontre chez les Reines-Marguerites, les Balsa- mines, les Quarantaines, les Tagètes ou Œillets d'Inde, etc. La grande Capucine (Tropæolum ma- jus) nous en fournit surtout un exemple remarquable dans sa forme naine, qui, au lieu de produire une tige qui s’al- longe et grimpe comme sa mére, en pro- duit une pour ainsi dire nulle , de sorte que la plante forme une sorte de petit buisson compacte. Nous avons des exemples analogues dans le Pois nain, dans la Tomate naine et dans le Pécher nain, tandis que le Pêcher pleureur nous fournit un exemple contraire; chez celui- ci, qui se reproduittrès-bien par noyaux, les branches retombent jusqu’au sol, sur lequel elles traînent. : Nous allons terminer ‘cette série par l'énumération de quelques variétés re- Mmarquables par la forme ou par la cou- leur deleur feuillage, qui se reproduisent par semis, soit en tout, soiten partie seu- lement; puis nous en indiquerons quel- ques autres quiprésentent des caractères anormaux (des monstruosités), qui se reproduisent également par graines. VARIÉTÉS A FEUILLES DÉCOUPÉES OU LA- CINIÉES SE REPRODUISANT PAR GRAINES. Juglans regia heterophylla (partim); Rubus fruticosus laciniatus ; Sambucus regia cannabifolia (par- tim). VARIÉTÉS A FEUILLES COLORÉES SE RE- PRODUISANT PAR SEMIS. Hêtre à feuilles Epine-Vinette à (partim). pourpres (partim); feuilles pourpres VARIÉTÉS MONSTRUEUSES SE REPRODUI- SANT PAR SEMIS. Papaver somniferum monstrosum ; Scolopendrium officinale monstro- sum (note 16). 1er GROUPE (2e section). SEMIS FAIT APRÈS AVOIR OPÉRÉ LA FÉ- CONDATION ARTIFICIELLE avec combi- NASON, DANS LE BUT D'OBTENIR DES VARIÉTÉS. Précisons d’abord et indiquons ce qu’on doitentendre par fécondation; puis nous indiquerons ce qu’il faut entendre par fécondation artificielle. Sans entrer ici dans de grands détails, nous croyons cependant devoir dire quelques mots sur ce sujet, et rappeler, ne füt-ce que très-somrmairement, quels sont les organes qui concourent à l’accomplissement de ces importants actes de la vie végétale. Ceci nous paraît d'autant plus nécessaire qu’on ne peut pratiquer cette opération avec fruit que si lon connaît bien les organes à l’aide desquels elle s'effectue, et même, jusqu’à un certain point, le rôle qu’ils jouent. La fécondation des végétaux, de même que celle des animaux, s’accomplit à l'aide d'organes particuliers que, d’une manière générale, on nomme organes sexuels où organes de la génération. Chez les végétaux, les seuls qui doivent nous occuper, ces organes sont contenus dans les fleurs, ou plutôt ils en font partie ; dans le plus grand nombre de cas ils en occupent le centre. De même encore que chez les ani- maux, ces organes, dans les végétaux, sont de deux sortes, mâles et femelles: ceux-ci portent le nom de pistils; on donne à ceux-là le nom d'étamines. L’organe femelle ou pistil, lorsqu'il est complet, se compose de trois parties principales, qui sont, en allant de bas en haut, l'ovaire, lestyle, etenfinle stigmate. L'ovaire est la partie renflée, ‘creuse à l’intérieur, dans laquelle sont placés DANS LES VÉGÉTAUX. s 19 de petits corps nommés ovules (très- jeunes graines non fécondées). Le style est la petite colonne qui ré- sulte du prolongement, du rétrécisse- ment et de la soudure des pièces qui, réunies, constituent l'ovaire; il est creux, plus ou moins allongé, et se termine le plus souvent par une partie renflée sus- ceptible de prendre des formes très- diverses. C’est à cette dernière qu'on à donné le nom de stigmate, qui, toujours dépourvu d’épiderme, laisse ordinaire- ment, à une certaine époque de son dé- veloppement, éranssuder une sorte de 0 . ° liqueur épaisse, sirupeuse ou visqueuse. De ces trois parties, qui le plus ordinai- rement composent le pistil, deux, l'o- vaire et le stigmate, sont indispensables; quant à la troisième (le style), elle peut manquer sans que cela nuise à la fécon- dation. L'étamine se compose également de trois parties qui sont : le petit pied ou support, qui ordinairement s’insére sur le réceptacle ou fond de la fleur : on le nomme filet ; il est surmonté d’une par- tie renflée ou sorte de sac : c’est l'an- thère, qui, creuse à Pintérieur, renferme le pollen, qui, à cause de ses propriétés, de sa nature et de son aspect les plus ordinaires, est souvent aussi nommé poussière fécondante. : Le filet, qui est plus où moins al- longé, ténu (d’où son nom fil), n'est pas non plus indispensable; de même que le style, il peut manquer sans que pour cela la fécondation ne puisse s’o- pérer. Pour qu'il y ait fécondation il faut non-seulement qu'il y ait contact du pollen et du stigmate, maïs il faut encore que ces organes se trouvent dans des conditions particulières que nous indi- querons plus loin. Lorsque lerapprochement des sexes se fait naturellement, le phénomène, quelle que soit la manière dont il s’accomplit, est désigné par le nom de fécondation, parfois de fécondation naturelle; lors- qu’au contraire. l’homme intervient soit pour assurer purement et simplement la fécondation, soit, en opérant à l’aide de combinaisons particulières, dans le but d'obtenir des résultats en quelque sorte prévus, le phénomène, par oppo- ll prend le nom de fécondation arti- cielle. Dans l’acception la plus rigoureuse, en parlant de la fécondation naturelle, on la dit directe ou immédiatelorsqu’elle a lieu entre les organes d’une même fleur, indirecte ou médiale lorsque, s’opérant également d'elle-même, elle a lieu ,soitentre des fleurs différentes pla- cées sur la même plante, soit entre des. plantes différentes, avec le secours du vent ou avec l’aide des insectes. La fécondation naturelle directe ne peut donc s’opérer que chez les plantes dont les fleurs sont pourvues des deux sortes d'organes sexuels, par conséquent chez les fleurs hermaphrodites. Quant à la fécondation naturelle indirecte, elle peut présenter une foule de particula- rités dont nous n’avons pas à NOUS OCCU- per ici, telles que la fécondation entre espèces diverses, entre des plantes à fleurs monoïques, dioiques, etc. Indépendamment de ce qui vient d’ê- tre dit, les fécondations, soit naturelles, directes ou indirectes, soit artificielles, peuvent parfois s’opérer entre des plan- tes qui occupent différents degrés dans la série végétale, d’où il résulte des 1n- dividus hybrides, des métis, etc., à di- vers degrés. Après avoir fait connaître les organes : sexuels, disons quelques mots de l’en- semble des fleurs. | Considérées d’une manière générale, les fleurs, quant à leur conformation, présentent, lorsqu'elles sont complètes, quatre séries distinctes d'organes, qui sont, en allant de la circonférence au cenire : 4o Le calice, qui est le plus généra- lement vert, de nature foliacée ; 90 La corolle, qui est la partie la plus brillante de la fleur, et qui est aussi très- diversement colorée; elle se compose soit d’une, soit de plusieurs pièces ; 30 Les étamines ; 4 Le pistil. Le calice, de même que la corolle, peuvent présenter des différences nota- bles, soit de forme, de couleur, ou de nature, etc.; ils peuvent aussi être formés d'une seule pièce, comme ils peuvent l'être de plusieurs. Dans Île premier cas on les dit monosépales s’il s'agit du calice, monopétales s’il s’agit de la corolle; dans le deuxléme cas on les dit polysépales S'il s’agit du calice, | polypétales lorsqu'on à affaire à la corolle. PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS Toutesles fleurs ne sont cependant pas pourvues de ces divers organes: chez un grand nombre certains n'existent pas: il est même des plantes dontiles fleurs sont réduites à un seul organe sexuel, chez les Conifères par exemple. Quelquefois aussi les organes floraux sont profondément modifiés, et présen- tent, soit dans leurs formes, soit dans leurs dimensions, les différences les plus grandes; d’autres fois encore la corolle, au lieu d’avoir l'ampleur et l'éclat qu’elle présentele plusordinairement,estréduite à des rudiments ou sortes d’appendices peu apparents, de sorte que, pour la re- connaître, il faut avoir une certaine ha- bitude d'observation, et dans quelques cas même !l faut l'œil exercé d’un bota- niste. Ce sont là toutefois des exceptions dont nous n’avons pas à nous occuper ici. Considérées sous le rapport des Orga- nes sexuels, toutes les fleurs ne sont pas non plus conformées de la même ma- nière; ainsi il en est qui ne renferment que des étamines, tandis que d’autres ne renferment que des pistils : les unes comme les autres sont dites uniseruées ; celles qui ne renferment que des étami- nes sont appelées fleurs mâles, ou fleurs Staminées, par opposition à celles qui ne renferment que des pistils, qu’on nomme fleurs femelles ou fleurs pistillées. Les fleurs qui renferment ces deux sortes d'organes sont dites ou hermaphrodites Ou bisexuées. Il est aussi des espèces de plantes qui, sur un même pied, ne produisent des fleurs que d’une seule sorte, soit mâles, soit femelles : on les nomme fleurs diniques; tels sont le Chanvre, le Pistachier, le Dattier, le Dioscorea Bataias, V'Akebia quinata, ete. I est au contraire d’autres espèces qui sur le même individu portent les deux sortes de fleurs unisexuées : on les nomme monoiques ; tels sont les Noyers, les Ché- nes, les Châtaigniers, le Maïs, les Me- lons, les Potirons, les Concombres, les Typhas, les Arum. Il est facile de comprendre que, pour toutes ces plantes dont les sexes sont séparés et placés à des distances plus ou moins grandes les unes des autres, s’il n'y avait point d’intermédiaires, il ar- riverait fréquemment que la féconda- tion ne pourrait s’opérer. C’est ce qui explique pourquoi les Melons, de même que la plupart des autres Cucurbitacées qu'on cultive comme primeurs, ont par- fois tant de difficulté à nouer leurs fruits, ou, comme on le dit dans la pratique, à. arrêler, fait qui résulte de ce que, quand les plantes sont en fleurs, il fait souvent. tellement froid qu’on ne leur donne que peu ou point d’air, de sorte que, les fleurs n'étant pas agitées, la dissémina- tion du pollen n’a pas lieu, et qu’il n’en arrive pas aux fleurs femelles. Dans ce cas encore la cause d’insuccès est aug- mentée par cette raison que les insec- tes, qui dans la fécondation jouent un rôle important en allant butiner dans les fleurs, ne le peuvent pas, les coffres étant presque constamment fermés. On pourrait Jusqu'à un certain point remé- dier à cet inconvénient en pratiquant la fécondation artificielle (note 17). Nous avons cru devoir entrer dans tous ces détails afin de mettre le lecteur au Courant de certains faits qui, bien que généralement connus, sont encore ignorés de plusieurs, de manière que, connaissant bien ces particularités, il puisse, guidé par ces explications, se rendre bien compte de la fécondation arüificielle, et au besoin l'appliquer avec succés. Voyons maintenant quelles sont les conditions les plus favorables pour pra- tiquer avec succès la fécondation artif- cielle. Deux conditions sont indispensa- bles : la première, c’est que les organes sexuels soient en bon état, c’est-à-dire dans des conditions parfaites de déve- loppement, et que les anthères puissent s'ouvrir pour donner passage au pollen, qui doit être bien conformé. Il faut, en ouire, que le stigmate soit également dans de bonnes conditions pour rece- voir ce dernier, c’est-à-dire qu’il sé- crête cette sorte de viscosité dont nous avons parlé plus haut (note 18). La deuxième condition, qui n’est ni moins nécessaire ni moins importante que la première, c’est que les plantes qu'on veut féconder soient parenltes , qu’elles appartiennent à la même es- péce, ou tout au moins au même genre (note 19). | On a beaucoup discuté aussi sur le point de savoir quel est le moment le plus favorable pour pratiquer la fécon- dation. Ce moment ne peut être précisé L + 2 DANS LES VÉGÉTAUX, 21 d’une manière absolue; on ne peut que l'indiquer d’une manière générale, et dire que c’estdepuis huitheures du matin jusqu’à environ midi, lorsque la chaleur solaire a déjà réchauffé les organes et distendu leurs tissus (note 20). Toute- fois ce n’est là qu’une indication rela- tive, car il ne peut être douteux que le moment le plus avantageux d’opérer varie suivant les conditions dans les- quelles sont placés les individus, sui- vant la nature de ceux-ci, et probable- ment aussi suivant l’état d’épanouisse- ment des fleurs; car, puisque, sur la plupart des plantes, les fleurs s’épa- nouissent continuellement, leur état de développement, amoureux, pourrait-on‘ dire, doit être différent pour chacune d'elles. : Le moment précis qui convient pour féconder les végétaux est peut-être ce qu’il y a de plus difficile à saisir, et c’est même peut-être à cause de cela qu’on échoue si souvent lorsqu'on pratique la fécondation artificielle. Disons encore qu’un certain degré de température est nécessaire, mais que ce degré, variable suivant les individus, est très-difficile à apprécier. Nous pouvons admettre qu’au dessous de 0° degré la fécondation ne peut s’opérer, mais qu’à partir de là la température pourra, suivant les plantes, s'élever jusqu’à 40 degrés et peut-être même au delà. D'une autre part encore, il est bien clair que le moment le plus convenable d'opérer la fécondation devra en outre varier suivant que l’épanouisse- ment des fleurs aura lieu soit le jour, soit la nuit, soit à telle ou à telle heure de la Journée. Il est hors de doute, par exem- ple, qu’on ne pourrait féconder le Cereus grandiflorus le jour, puisqu'il ne fleu- rit que la nuit; que la Belle de nuit, qui épanouit ses fleurs vers le soir pour les fermer le matin, ne pour- rait non plus être fécondée dans le milieu _de la journée. Il en est de même encore pour les Zpomea, les Calystegia, etc., qui présentent les mêmes particula- rités. Jusqu'ici il n’y a rien de précis; c’est par suite de tâtonnements et par des observations attentives qu’on parvien- dra à découvrir, pour une plante don- née, quel est le moment le plus favorable pour opérer la fécondation de ses fleurs; ainsi, pour la Vanille, ce moment est vers dix heures du matin, moment qui, du reste, paraît être le plus convenable pour la plus grande partie des végé- taux. Toutefois l’état de l'atmosphère (clair ou nuageux), une température éle- vée ou basse pourront encore détermi- ner des modifications dans l'heure d'opérer. Revenant aux conditions générales les plus avantageuses pour pratiquer la fé- condation artificielle, nous ajouterons à ce qui à été dit ci-dessus qu'il faut aussi, toutes circonstances égales d’ailleurs, lorsqu'on veut opérer, qu'il fasse sec et chaud, de manière que les organes soient dépourvus d'humidité et que leur action soit plus énergique (note 21). D'une autre part, comme la féconda- tion artificielle se pratique presque tou- jours en vue d'obtenir un résultat prévu, il faut, pour obtenir ce résultat, prendre certaines précautions pour que rien ne vienne déranger les combinaisons qu’on a faites. Pour cela, si la plante est hermaphrodite, on doit, avant que les anthères s'ouvrent, enlever avec précau- tion les étamines (les anthères surtout) des fleurs qu’on veut féconder; après quoi l’on attend, pour agir, que l'organe femelle soit arrivé à un état convenable de développement. | Mais, comme il existe un certain nom- bre de plantes chez lesquelles la fécon- dation est antéflorale, c’est-à-dire chez lesquelles la fécondation se fait avant l'épanouissement des fleurs, on doit dans ce cas, pour obtenir un bon résultat, opérer la suppression des étamines avant que cet épanouissement ait lieu. Nous pouvons citer comme présentant cette particularité les Gloxinias; cet exem- ple est d'autant meilleur qu'il est bien constaté, et que les nombreuses varié- tés de ce genre que l’on possède aujour- d’hui ne datent que d’un petit nombre d'années, précisément de l’époque où, ayant eu connaissance de ce fait, on a agi en conséquence. Bien longtemps auparavant, on avait | essayé de pratiquer la fécondation arti- | ficielle de ces plantes, mais toujours | sans aucun succès; on obtenait bien des graines en quantité, mais celles-ci ne produisaient jamais que des plantes à peu près semblables à celles dont elles provenaient. Il ne pouvait du reste en être autrement, puisque, lors- qu’on opérait la fécondation artificielle, 99 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS fécondation naturelle, directe, était opérée par les propres organes des fleurs. Toutefois, relativement au moment où les organes sexuels semblent être dis- posés à exercer leur action, il peut dans certains cas se montrer des différences assez grandes, des sortes d'anomalies apparentes. (Voir plus loin comment une température et des conditions de milieu différentes peuvent, au point de vue de l'époque de développement des organes sexuels, déterminer de profondes modifi- cations.) Pour les plantes dont la floraison est antéflorale, voici comment il faut opérer : Lorsque le bouton est déjà trés-gros on le fend longitudinalement sur l’un des côtés avec la lame d’un canif; puis on ouvre un peu la fente pour y intro- duire une petite pince à l’aide de la- quelle on enlève les étamines, bien en- tendu avant l'ouverture des anthères. On laisse ensuite les choses en cet état jusqu’à ce que le stigmate soit bien développé ; alors on apporte sur ce der- nier du pollen de la plante qu’on a choïsie pour père et dont on veut pro- pager les caractères. Certains auteurs ont conseillé l'emploi d'un pinceau pour recueillir le pollen ; cest là, suivant nous, un système grossier, très-bon lorsqu'il ne s’agit que d'assurer la fécondation simple, c'est-à-dire la production de graines telles quelles, mais insuffisant si l’on voulait opérer avec précision, par suite de combinaisons, afin d'obtenir un résul- tat prévu. En effet, il est facile de com- prendre que, quelque soin que lon prenne, il restera presque toujours dans le pinceau un certain nombre de grains de pollen; or, comme ce pollen, qui provient de diverses plantes, peut occasionner une confusion, qui exclut toute cerlitude, qui vient déranger les calculs et en rendre le résultat douteux, il faudrait donc, pour éviter cet inconvé- nient, se servir d'autant de pinceaux que l’on voudrait pratiquer de féconda- tions diverses. Ce qu’il y a de mieux à faire, lorsque la chose est possible et qu'on tient à avoir un résultat certain et précis, c’est de prendre les étamines par le filet, soit avec les doigts, soit à l’aide d’une petite pince, et d'appliquer l’anthère sur le stigmate. Si, au lieu d’être hermaphrodites, les fleurs qu’on veut féconder étaient soit monoiques, soit dioiques, on veillerait à ce que les fleurs femelles ne soient point fécondées par d’autres que par les fleurs mâles des plantes dont on veut repro- duire le caractère. | Lorsqu'on pratique la fécondation arüficielle des fleurs en vue d’en obtenir des variétés nouvelles, on se fonde sur cette idée, vraie en principe, que, dans l'acte de la génération, tout être, en rai- son de la tendance qu’il a à reproduire ses caractères, peut aussi, en ralson de cette même loi, en communiquer une partie plus ou moins grande à l’individu avec lequel il est mis en contact, d’où peuvent résulter et .résultent très-sou- vent des intermédiaires qui participent à la fois des caractères que présentent les deux individus dont ils proviennent. Nous pourrions, à l'appui de notre dire, citer un nombre considérable de plantes qui, en effet, tiennent le milieu entre d’autres dont elles sont issues; nous citerons seulement les suivantes : Rhododendron Princesse Royale, pro- duit du Rh. Javanicum, Weïtch, avec le Rh. jasminiflorum ; 1 est intermé- diaire entre ces deux plantes; ses feuilles rappellent le Rh. Javanicum, tandis que ses fleurs sont semblables à celles du Rh. jasminiflorum, mais un peu plus grandes. Gatleya Dominiana, produit du €. amethystina et du C. labiata; il tient de ce dernier par la forme et la gran- deur des fleurs, et du C. amethystina par son faciès général. Le BegoniaDregei, plante caulescente, fécondé par une variété du B. rex, a pro- duit le B. Dregei à feuilles panachées, plante entièrement semblable à la mère par le port, au père par les panachures. Le Begonia discolor, fécondé par le B. rex ou par l’une de ses variétés a pro- duit en très-grande quantité des plantes semblables entre elles, qui ne différent du B. discolor que par les feuilles, qui, au lieu d’être rouge brun, sont complé- tement panachées. Dans cette circons- tance, de même que dans les exemples précédents, la mère a conservé tous ses caractères comme végétation, le père a donné l’habit (les panachures). Le Begoma discolor, fécondé par le B. splendida, a produit en très-grande or om ts R n< MdShh" ots DANS LES VÉGÉTAUX. 23 quantité des graines qui, semées, ont donné un très-grand nombre d’indi- vidus tout à fait intermédiaires entre les deux parents, mais tellement semblables entre eux qu'on n’en pouvait guère faire qu’une variété. Au lieu d’être glabres comme l’est le B. discolor, ces intermédiaires sont couverts de poils, sur toutes leurs parties; mais ces poils au lieu d’être rouges et très-serrés, comme ils le sont chez le B. splendida, sont roux et moins denses. Le Magnolia Soulangeana, résultat d’une fécondation artificielle du Magno- lia purpurea et du M. Yu-lan, est in- termédiaire entre ces deux espèces. Amaryllis formosissima hybrida. Les plantes qui proviennent de ce semis, quoique très-âgées, n’ont pas en- core fleuri; elles proviennent de l’A- maryllis formosissima (père) et de A. longifolia (mère); par le port elles sont intermédiaires entre les deux pa- rents. Pourtant elles sont plus vigou- reuses et plus fortes dans toutes leurs parties que l'A. formosissima, elles sont moins fortes que l'A. longifolia, mais, de plus, elles tiennent du pêre par leur mode de végétation; elles donnent beaucoup de caïeux, tandis que leur mère, l'A. longifolia, n’en donne pour ainsi dire jamais. Anemone Japonica hybrida. Anemone elegans. Issue de la fécondation de l’Anemone Japonica et de VA. vitifoliu, cette plante estintermédiaire entre ces deux espèces. Toutefois elle se rapproche beaucoup plus de celle-là que de celle-ci. Crinum Meldense. Amaryllis Meldensis. Cette plante, obtenue en fécondant l'Amaryllis longifolia par le Crinum Taitense, tient exactement le milieu entre ces deux espèces; mais, tout en conservant les caractères généraux des deux parents, elle a néanmoins CONservé le tempérament de la mère, c’est-à-dire sa rusticité. Dianthus hybridus Quetierit. Issue du D. Hedwigiüi et de lŒillet Flon, cette plante est caulescente, très- ramifiée; ses fouilles sont longues, rai- des, longuement aiguës. La tige ainsi que les ramifications sont noueuses. L'aspect glaucescent bleuâtre de toute la plante rappelle le D. Hedwigii, dont il a con- servé les fleurs. Dianthus barbato-superbus. Cette plante, issue du Dianthus barba- tus et du D. superbus, est intermédiaire entre ces deux espèces; ses tiges, plus ramifiées, sont plus dressées; les fleurs sont très-largement fimbriées. Elle est subvivace. Dianthus Hedwigi barbatus. Obtenus en fécondant le Dianthus Hedwigi par le D. barbatus, ces hybri- des sont tout à fait intermédiaires entre les deux parents; leurs fleurs, un peu plus petites que celles du D. Hedwigü, sont plus grandes que celles du D. bar-. batus. Quelques pieds sont à fleurs . doubles. Spiræa Billiardir. Provenant de la fécondation du Spiræaæ salicifolia et du S. Douglasü, le S. Bil- liardii est intermédiaire entre ces deux espèces ; ses feuilles, un peu plus longues et plus acuminées que celles du $S. Dou- glasii, ne sont pas glauques comme celles de ce dernier ; l’inflorescence est intermédiaire; les fleurs sont d’un beau rose foncé. Papaver hybridum Meldense. Cette plante, très-curieuse, est issue du Papaver bracteatum fécondé par une variété à fleurs doubles du P. rhœas; elle est haine, très-rameuse; ses feuilles rappellent celles du P. rhœas, un peu plus fortes toutefois ; ses boutons rappel- lent ceux des Coquelicots; ses fleurs, un peu plus grandes que celles de ce der- nier, sont moins grandes que celles du P. bracteatum dont elles ont l'aspect général. Papaver somniferum bracteatum. Rien de plus curieux que la série de plantes que nous comprenons sous ce nom; elles proviennent du Papaver som- niferum fécondé par du pollen pris sur des hybrides issues de la fécondation du P, bracteatum par le P. sommiferum. Aussi tous les individus résultant de cette deuxième fécondation étaient-ils à peu près stériles. Le caractère de faciès do- minant était celui du Papaver somnife- rum; néanmoins on pouvait partager à pe Hi 24 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS toutes ces plantes en deux groupes : l’un contenait celles dont le faciés rappelait le P. somniferum, mais avec cette diffé- rence que les tiges, au lieu d’être ra- mifiées comme chez ce dernier, étaient simples et uniflores. Il partait du collet de ces plantes des bourgeons qui sem- blaient faire présager qu’elles seraient vivaces. Les plantes de l’autre groupe, beaucoup moins nombreuses, sem- blaient, par leur aspect général, se rap- procher davantage du Papaver bractea- tum ; leur ovaire, au lieu d’être renflé etrond comme chez les précédents, était três-atténué à la base, qui se confondait avec le pédoncule; les ramifications, au lieu de partir du pied, sortaient de la tige, de sorte que, sous ce rapport, il y avait renversement des caractères. _Le fait le plus curieux dans cette circonstance, c’est d’abord que tous ces individus, bien que provenant de graines d’une plante annuelle, paraissaient être vivaces; de plus ils étaient rustiques. Ainsi, malgré un hiver rigoureux (celui de 1863-64), ils n’ont aucunement sout- fert, tandis qu'à côté des plantes pro- venant de diverses variétés du P. som- niferum, placées dans les mêmes condi- tions, ont élé complétement détruites. Gesneria Donkelariana. Cette plante, issue par fécondation artificielle du Gesneria discolor et du Gloxinia caulescens, a tous les carac- tres extérieurs du Gesneria discolor; seulement ses fleurs sont plus gran- des. Mais cet hybride, ainsi que les deux suivants, dont l’origine est la même, présente dans sa végétation la particu- arité suivante : lorsqu'on le muliplie par boutures de feuilles, ces boutures produisent des bulbilles; mais ces der- nières, bien qu’elles ne produisent jamais de parties foliacées, n’en continuent pas moins à végéter ; elles acquièrent même, avec les années, d’assez grandes dimen- sions. Gesneria Miellezii. Issu, comme le précédent, du Gesne- neria discolor et du Gloxinia caulescens, le G. Miellezi est beaucoup plus rappro- ché du Gloxinia que du Gesneria: ses Îleurs sont plus petites que celles de ce dernier ; mais, au lieu d’être penchées, elles sont droites. Gesneria pyramidalis. De même que les deux précédents, celui-ci est issu de la fécondation artifi- cielle du Gesneria discolor et du Gloxi- nia caulescens ; son port rappelle un peu le G. Miellezii, mais ses fleurs sont sem- blables à celles des Gloxinias; elles sont aussi plus ou moins penchées. Nous ferons remarquer que, lorsqu’on s’y prend à temps, on peut croiser entre elles presque toutes les plantes du groupe des Gesnériacées; aussi n'est-il pour ainsi dire plus possible d’assigner des caractères solides à aucun des genres qu'il renferme, et presque tous, aujour- d’hui, ont des caractères communs. Du pollen et de sa conservation. Le pollen pouvant conserver ses facul- tés fécondatrices pendant un temps plus ou moins long, une année et même plus (note 22), on peut facilement le transporter à d'assez grandes distances. Pour conserver le pollen ondoit le re- cueillir par un temps sec et lorsqu'il est dans de bonnes conditions de dévelop- pement, c’est-à-dire lorsque les anthères commencent à s'ouvrir ; puis l’envelop- per dans un peu de papier de soie qu’on renferme dans une petite boîte de car- ton. Si l’on doit s’en servir au bout de peu de temps il suffit de placer cette boîte dans un lieu sec, à l'abri du soleil, et, autant que possible, d’une trés-forte chaleur. Si, au contraire, on veut conser- ver le pollen pendant longtemps, le faire voyager, par exemple, il faut, avant de le renfermer, le laisser ressuyer entre deux papiers; puis, lorsqu'il est bien sec et arrangé comme ïil vient d'être dit, renfermer le tout dans une petite boîte en carton qu’on place dans une boîte en bois. Quelle que soit la nature de l’enve- Zloppe dont on s’est servi pour conserver PP le pollen, on doit toujours le préserver avec le plus grand soin de l'humidité. Il faut aussi éviter de faire usage de boîtes métalliques; elles ont l'inconvénient de s’échauffer fortement, de sorte qu’elles pourraient faire subir au pollen une sorte de fermentation qui lui enlèverait, plus ou moins, ses propriétés fécon- dantes. La fermentation, toutes choses égales d’ailleurs, est d'autant plus dan- gereusequ'elle s’éxerce dans un endroit plus hermétiquement fermé; dans ce: DANS LES VÉGÉTAUX. 95 PE Een Smshi ete RE EE. œ RE PES . ns à 5. à " _ 5 DANS LES VÉGÉTAUX. 58 Accident produit par le Sambucus nigra, ana- logue à l'Evonymus Japonica fasciata qui est aussi un accident de l’Évonymus Japonica. Ses fleurs sont égale- ment monstrueu- ses, et, jusqu'à ce jour, les grai- nes qu'il à pro- duites ont tou- jours été mau- vaises. Sol ra ur xm duilcamara variegaiuen Sola mn u rm tuberosuma variegatun — Cette variété, très - remarqua- ble par ses feuil- les et ses tiges panachées de jaune, est an fait de dichroïsme ; elle provient d’une Pomme de terre qui, l'année qui à précédé celle où s’est montré lacci- dent, ne présen- tait aucune ano- male dans sa vé- gétation. C’est un accident qui s'est développé spontanément. Spirea Ul- maria va- riegata. Symphi- Verjus à grains ovales (orav. 19). — (Cette variété s’est développée acciden- tellement, sur un sarment de Verjus qui portait deux grap- pes dont, l’une dont on voit un grapillon (grav. 13), était à grains ronds. (Voir ci-après au mot Vigne. Voir aussi Pré- coce de Malin- gre.) Viburnuem Opulus ste- rilis Ou Boule de neige. Cette variété est le ré- sultat d'un fait de dimorphisme ; c'est une forme accidentelle du Viburnum Opu- lus. Vibaæranem Gpulus ste- rilis varie- ER AATR ILE Viburmum macroce- phaluwem. — Cest une forme accidentelle, sté- rile, du Vibur- num Keteleérü tout à fait ana- logue à celle qu’a produite le y, tum offici- Grav. 42, — Vorjus à grains ovales. — Forme accidentelle qui opulus. e s’ést développée sur un sarment de Vérjus ordinaire à grains Viburnum nale varie- Fat _ gai. tinus varie- Sympho- Saiumn. ricarpes Viola Ro- vulgaris va- thomagen- riegata. sis pallida. Thuiopsis — Cette variété, æ dont les deux pé- PONT tales supérieurs variegaia, — Cette variété, dont les feuilles sont panachées de blanc, est re- marquable par sa vigueur et par sa grande facilité à | ps. former des têtes lorsqu'on la multiplie de bou- tures. Ulmwus campestris variegain, argenien, auren picta,. etc. Les variétés à feuilles panachées, de l’Orme commun, produites par accidents, sont nom- breuses; elles se distinguent par la couleur et par la forme des panachures. Grav. 43. — Raisin verjus, sont lilacés pâle et mouchetés, tandis que les trois autres sont blanc-jaunâtre lé- gérement striés. est le résultat d’un fait de di- | chroïsme lent (note 1) qui s'est produit au | Muséum (note 45). Vigandia Caracassana varie Sata. — Distincte par ses feuilles, et même par ses branches panachées de blanc, cette va- riété s’est développée accidentellement, en 1862, sur une plante qui, mise en pleine terre au commencement de cette même année, ne RES PET RS SE EEE PE 1 EN CP NT CN EP Lies a RE use es 56 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS présentait alors d’autres caractères que ceux que celte espèce présente à l’état normal. Vigne. — Les faits, soit dé dimorphisme, soit de dichroïsme, que présentent les vignes, sont relativement nombreux. Ceci se comprend d'autant mieux que la Vigne est un des plus anciens végétaux, et aussi un de ceux qui ont _été le plus cultivés, et, d'autre part aussi, comme on ne l’a jamais guère multipliée que de bouture, et que c’est par millions que chaque année on a fait de celles-ci, il a donc sufli que quelques accidents se produisissent pour qu’en - peu de temps ils se répandissent dans beaucoup de pays. Il arrive encore assez fréquemment que, sur un cep, certains sarments donnent des Raïsins soit de forme, soit de couleur différentes de ceux que présentent les autres, sarments de ce même cep (grav.12-13);, ajoutons que, presque toujours aussi, ces Raisins offrent des qualités ui leur sont propres. Voici quelques exemples e ces accidents. - Sur un pied de Raisin muscat à fruits noirs nous avons, pendant plusieurs années, remarqué que certains sarments produisaient des Raisins muscats à fruits blancs. Le Raisin Corinthe blanc, sans pepins, est un fait de dimorphisme d’une variété de Vigne dont les grains, beaucoup plus gros que ceux du Corinthe, contiennent des pepins. C’est un fait que nous asens constaté plusieurs fois sur des grappes où quelques grains s'étaient dé- veloppés outre mesure: ces grains renfermaient des pepins. ‘© Le Corinthe blanc est l’analogue du Chasse- las de Demoïiselles ; comme lui il est le résultat de l’infécondation des fleurs. Se Un des grands propriétaires de Vignes du midi de la France, feu Cazalis Allut, écrivait il y a quelques années : « Un cep de Téret produit chez moi, depuis plusieurs années, des Raisins noirs sur les coursons de deux de ses bras, et des Raisins gris sur les coursons des autres bras. « Un cep d'Epiran gris, taillé en cordons, a aujourd’hui environ 12 mètres de longueur. Les six premiers mètres produisent constamment des Raisin gris, et le reste du cep, jusqu’à son extrémité, produit des Raisins blanes. . « Je possède dans un enclos un cep d'Epiran noir ayant plusieurs bras; les coursons de l’un d'eux donnent des Raisins dont les grains sont presque du double de grosseur de ceux des coursons des autres bras...» | Un autre propriétaire du Midi, M. Henri Bouschet, de Montpellier, écrivait tout récem- ment : « J’ai eu l’occasion, pendant plusieurs années, de voir . ma collection du Lot-et- Garonne, uu cep dè Prunella gris, qui tantôt sur une tige, tantôt sur deux, portait des rai- sins noirs tandis que tous les autres coursons ne donnaient que des raisins gris. « J'ai eu l’occasion, depuis deux ans, de re- marquer dans ma collection de vignes, .à la Cal- melte un fait des plus curieux, sur 8 greffes d’une variété espagnole qui m’est venue de la collection du Luxembourg ou elle porte le nom Parrel del Reyno de Lorca et que j'ai reconnue pour être notre Morastel noir, un des trois ceps greffés a-porté; à ma grande surprise, des raisins uoirs d'un eôté tout à fait semblables à ceux de Morastel, et sur un courson opposé, et toujours le même, des grappes blanches ayant un aspect {out autre que celui qu’aurait pu pro- duire un Morastel à grainsblanes, et un feuillage de forme et de couleur très-différentes, qui m'a paru identique avec celui de l’oyo de Rey de Morada, dont les feuilles d’un vert jaune clair, présentent des lobes très-peu marqués, et arrondis, ainsi que des dents, tandis que la feuille du Morastel est d’un vert foncé avec de profondes divisions, des lobes aigus, et des dents bien détachées et terminées en pointe. » Un passage que nous trouvons dans le Parfait Vigneron (édition de 1811) semble confirmer de tous points lopi- nion que nous émettons 101 au sujet des modifications qui s’accomplissent dans les variétés de Vigne; le voici : « Les citoyens Vilmorin et Jumilhac ont vu, le premier, un cep de Meunaer porter, sur dessarments particuliers, des feuilles et des fruits du Maurillon précoce. Le citoyen Jumilhac a vu de même le Meunier devenir Maurillon. » D'où il résulte quela variété de Vigne, appelée Madeleine, Juillet, Maurillon hätif, etc., n’est qu'un accident de la variété appelée Meunier, ce qui démon- tre, ainsi que nous l'avons dit ci-dessus, que les variétés issues d'accidents peu- vent présenter des qualités différentes de celles qu'offrent les variétés dont elles sortent. Sur un pied de Pinot gris il s’est développé en 1863, au Muséum, un sarment dont les feuilles sont bien pana- chées ou largement rubanées de jaune; il produit duraisin à peu près semblable à la variété dont il sort; néanmoins il paraît être beaucoup moins fertile. - En 1863, nous avons observé deux autres faits très-remarquables sur la vigne; l’un porte sur la variété Précoce Malingre, l'autre sur celle désignée par le nom de Verjus. Ces accidents, dus à un même phénomène, présentent entre eux des conséquences tout à fait con-. traires. Ainsi, tandis que la Précoce Ma- lingre alesgrains longuement ovales, dis- tants, etquelesarmentquis’estdéveloppé accidentellement sur elle avait les grains ronds, très-serrés, plus gros que ceux du type, la variété dite Verjus, dont les grains sont légèrement oblongs ou presque ronds (grav. 13), nous a donné sur un sarment des grappes dont les grains étaient longuement ovales etatté- nuésauxdeux bouts(gravure12.)Deplus, l'accident Verjus à gruins longs nous à —# présenté celte autre particularité, d’être un peu plus tardif que le type sur lequel il s’est développé. Pour quelques autres accidents pro- pres à la Vigne, Voir ci-dessus les mots Chasselas gros Coulard. Ch. de Demoi- selles, elc., etc. Nous aurions pu de beaucoup aug- menter cette énumération de faits de di- morphisme ou d'accidents; nous ne l'avons pas jugé nécessaire parce que, indépendamment de ce que cela nous aurait entraîné trop loin, l'intérêt réel du sujet n’y eut rien gagné. Nous avons donc eru devoir nous arrêter, et mettre des bornes à ce qui, disons-le, n’en à pas. Cependant, et maloré la lon- gueur de cette énumération, il est en- core certains faits qui, à cause de l’in- térêt particulier qu'ils présentent, nous paraissent dignes d’être cités; ils ont rapport aux Jacinthes; les voici: La Jacinthe double bleue ou Globe terrestre est un accident de la Jacinthe double blancheou Sultan Achmet. — La Jacinthe double blanche à cœur bleu ou Sphœra Mundi est un aceident de la Jacinthe double blanche.— La Jacinthe rouge simple, nommée Acteur, cultivée pendant très-longtemps sans varier, a produit par dimorphisme, à Hemstede, près de Harlem, une variété àfleurs rou- ges, doubles, imbriquées.— LaJacinthe l’Ami du cœur, à fleurs bleues, simples, également cultivée pendant très-long- temps sans varier, a produit, d’un même oignon, deux hampes dont l’une portait des fleurs de couleur lie de vin, tandis que sur l’autre les fleurs étaient de cou- leur rose carné tendre. Ces faits, quelque étranges qu’ils puissent paraître, n’ont rien qui nous étonne ; nous en connaissons d’analogues chez d’autres plantes bulbeuses, notam- ment chez les Tulipes, et tout particuliè- rement chez les Zris Xyphium et I. xyphioides (note 9). Pour clore cette série d’accidents, rappelons le fait de dimorphisme que présente le Cytisus Adami. Quelle que soit l’origine de celte plante, que ce soit un hybride, ainsi qu’on le croit gé- néralement, ou que ce soit une forme particulière, nous n'avons pas à nous en. occuper Ici; ce qui nous importe, c'est de constater cette singulière particularité qu'il présente, de déve- lopper.très-fréquemment, et pour ainsi DANS LES VÉGÉTAUX. 7 dire normalement, des rameaux de Cytisus Laburnum et aussi d’autres appartenant au Cylisus purpureus. Lorsqu'on greffe séparément ces deux sortes de rameaux, ces espèces. restent invariables, quoique les greffons aient été pris sur le Cytisus Adami. En terminant ce qui a rapport aux faits de dimorphisme, faisons observer que, en général du moins, ces faits ne se montrent que sur des plantes dont: les caractères fondamentaux paraissent: avoir été plus ou moins ébranlés, par conséquent sur celles depuis longtemps à la culture, ont été modifiées dans leur tempérament, ou bien qui ont subi l'influence d’autres plantes analogues. D'où, comme consé- quence, nous irons cet aphorisme : LA STABILITÉ DES FORMES DANS UN GROUPE QUELCONQUE DE VÉGÉTAUX EST, EN GÉNÉ- RAL, EN RAISON INVERSE DU NOMBRE D’ES- PÈCES QU'IL CONTIENT, AINSI QUE DE LEUR DEGRÉ DE DOMESTICATION. | Faisons cette dernière observation que, dans tous ces faits de dimorphisme, il arrive fréquemment que les parties qui en sont la conséquence ne diffèrent pas seulement des plantes dont elles sortent par leurs caractères physiques ou externes, tels que la couleur, la forme, les dimensions, cte., mais qu’elles ont souvent un tempérament différent;. leurs fruits peuvent également présenter des différences considérables dans leur äspect, dans leur forme, dans leurs qua- lités, dans leurs dimensions, dans leur couleur, être hâtifs, tardifs, etc., etc. Il en est de même des fleurs, et sous ce rapport nous avons de nombreux exemples de plantes à fleurs rouges qui ont développé des rameaux portant des fleurs blanches, et vice versà. Ges faits, dans certains cas, peuvent donc embarrasser les botanistes. En effet, comment pouvoir assigner une patrie à ces plantes si l’on ignore comment elles se sont produites ? etcom- ment aussi en faire le rapprochement et supposer qu’elles : sortent d'individus avec lesquels elles n’ont parfois plus rien - de commun? Ces faits produits, soit du dimor- phisme, soit du dichroïsme, si remar- quables et même si surprenants qu'ils soient, doivent-ils étonner lorsqu'on ré- fléchit qu'ils sont dus à un phénomène naturel qui détermine une transforma- qui, soumises | 58 PRODUCTION ET FIXATION DES. VARIÉTÉS tion organique lente, mais incessante ! Mais, d’une autre part, ne peut-il pas se faire que cette modification se passe sans secousse, sans que son eflet devienne brusquement sensible, et alors que, comme par une sorte d’incubation, elle modifie insensiblement l’organisa- tion des individus jusqu’à produire, sous un aspect presque semblable, des indi- vidus qui présentent des propriétés autres que celles qu’ils présentaient na- guère ? C’est ce que semblent démontrer certains faits observés sur des Vignes. Ainsi nous connaissons des champs plantés exclusivement en Pinot noir, dans lesquels, néanmoins, chaque année on arrache un certain nombre de ceps dont les Raisins sont gris. Comme toujours, le fait est en rapport avec les conditions dans lesquelles 11 sc passe ; il est donc local, de sorte que, dans des vignes voisines le fait est plus rare, et que même dans d’autres pla- cées dans des conditions en apparence identiques, on ne le remarque pas. Ce phénomène, du reste, a son analogue, ou plutôt son équivalent, dans celui que présente le Âosier Capucine ponceau (voir à l’énumération des faits de dimor- phisme, page 54. Voir aussi au mot Rosa Eglanteria punicea); il se trouve égale- ment dans la transformafion de l{ris spectabilis (note 2) et dans celui du viola Rothomagensis pallida page 55 ct note 45. Toutes ces modifications sont la con- séquence de ce grand principe en vertu duquel tout se meut et se transforme continuellement afin de s’harmoniser et de satisfaire à de nouveaux besoins. C’est, en un mot, le résultat de l'extension de la vie, ce qui n’a rien que de natu- rel; etsi nous regardons ces faits comme des accidents, c’est que, oubliant notre nature et intervertissant les rôles, nous prenons nos décisions pour des règles absolues, et qu’alors tout ce qui s’en. écarte est considéré par nous comme des déviations à l’ordre universel! Les différents faits que nous venons de signaler nous paraissent de nature à modifier les idées si absolues que beaucoup de naturalistes se sont faites sur la constitution des êtres, .et à élargir les idées, en général si étroites, que nous avons de la puissance du Créateur. L'observation de.ces faits pourrait peut- être être d’un haut enseignement pour ceux quise livrent à l’étude des Sciences naturelles, en leur faisantreconnaitre que d’une variété à une autre il n’y a qu'un pas, de même que de ce qu’on nomme espèce à une autre espèce la distance ne peut être appréciée. Si l’on refléchit, en effet, ainsi que nous l’avons démontré, que sur un même arbre la nature fait naître des rameaux velus et des rameaux glabres, des fleurs rouges et des fleurs blanches, des fleurs jaunes et des fleurs rouges, des feuilles entières et des feuilles très-profondément dentées, des fruits noirs et des fruits blancs, à peau lisse ou à peau velue, hâtifs ou tardifs ete, etc; pourquoi ne pourrait-elle pas aller plus loin, ou bien un peu différem- ment et dans un autre sens, par exemple faire une étamine, un pétale, un sépale, etc., de plus, ou les faire d’une autre forme? Et n'est-ce pas presque toujours d’après ces caractères qu'on établit ce qu’on nomme une espèce et même un genre? N'oublions jamais que des unes aux autres de ces choses il n’y a qu'un très-petit pas ; et ce pas, qui donc serait assez insensé ou plutôt assez téméraire pour dire que la nature ne peut le faire ? Soutenir cette idée, ce serait soutenir : que Gelui qui a fait le tout ne peut faire la partie. Mais, d'autre part, comme, en défini- tive, une modification externe n’est, ainsi quenousne pourrions trople répéter, que la conséquence d’une modification in- terne, ne peut-il pas se faire que cette mo- dificationsoitassez profonde pour devenir : héréditaire et constituer, par sa descen- dance, une variété permanente? Comme d’une autre part encore, on sait aussi que les variétés, suivant les lieux ou les conditions particulières dans les- quels elles sont placées, peuvent acqué- rir des caractères solides, qui, avec le temps, peuvent encore s’accroitre, il en résulte que ce qui d’abord n’était qu’ac- cidentel, peut devenir permanent et constituer ce que plus tard on considé- rera comme une espèce. On en connait quelques exemples très-remarquables ; mais parce qu'ils sont rares, en ont-ils moins de valeur? Mais si ces faits nous paraissent aussi rares, n'est-pas la faute de notre imperfection, et est-il raisonna- ble de mesurer la puissance du Créateur à celle de nos moyens d'investigation? Nous ne le pensons pas. Aussi, comme conclusion sur le di- DANS LES VÉGÉTAUX. 59 morphisme, nous disons : Si dans tous ces faits on persiste à voir des accidents, il faut donner à ce motune autre signifi- cation que celle qu’on lui reconnaît gé- néralement, ilfautle prendre comme in- diquant un simple écart à ce que, dans notre 1gnorance dé la fin des choses, nous considérons comme devant être éternel, et non comme une chose calamiteuse, ainsi que le mot semble l'indiquer. Ce que nous disons setrouve du reste com- plétement justifié parles faitseux-mêmes; en effet l’examen de ces phénomènes nous montre qu'ils sont pour nous un bien, la source de nouvelles jouissances physiques et morales. Dans les uns nous irouvons de nouveaux moyens d’orner nos jardins ; dans les autres nous trou- vons de nouveaux. aliments; dans les deux cas, ils varient nos jouissances ; ce qui, disons-le en passant, est peut-être le seul moyen d'augmenter ces Jouissances, puisqu'elles ne sont telles qu’à la condi- tion de se présenter à nous sous des for- mes irès-diverses, de se modifier sans cesse afin de s’harmoniser et de satisfaire à nos facultés si complexes, ainsi qu’à nos goûls essentiellement mobiles. Deux mots sur les accidents au point de vue de leur conservation Les faits de dimorphisme, ou les acci- dents, qui se montrent sur certains vé- gétaux, étant le résultat de caractères exceptionnels produits sous l'empire de circonstances particulières dont la cause nous échappe, il est rare qu’ils se perpé- tuent par graines ; 1l faut donc, pour les conserver, avoir recours aux boutures ou aux greffes. Mais alors il faut choisir les parties les plus convenables eu égard au but qu’on se propose d'atteindre, et prendre celles qui présentent au plus haut degré les caractères qu’on tient à conserver, en observant, s’il s’agit de panachures, que le meilleur moyen de les maintenir est d'employer la greffe, parce que, en général encore, les bou- tures produisant des individus relative- ment vigoureux, ces individus ont plus de tendance à reprendre la couleur verte, ou bien la forme normale si l’ac- cident est une déviation de celle-ci. Toutefois dans œæ cas on doit, sil s’agit de panachure, prendre pour la multiplication les parties sur lesquelles ces panachures Sont très-franches, sans cependant prendre celles sur lesquelles elles sont trop intenses, car alors les plantes qui en résulteraient pourraient rester faibles et chétives; et, d’une autre part aussi, lorsque sur le même arbre il y aura des parties dont les panachures circonscriront le limbe des feuilles, on devra prendre de préfé- rence les parties qui présentent ce ca- ractère ; elles auront beaucoup plus de chances de se stabiliser. Si au lieu de panachures il s'agissait de monstruosités, on prendrait les boutures sur les parties où elles sont le mieux prononcées. Boyen d’obtenir des variétés par le choix des parties employées pour la multiplication. Bien que ce procédé semble ne pré- senter que peu d'intérêt, nous croyons néanmoins devoir en dire: quelques mots, parce que, d’une part, il peut pré- senter certains avantages pratiques, de l’autre, parce qu’iltouche à certains faits qui, tout en venant jeter quelque lu- mière sur la physiologie végétale et en confirmant certaines théories pratiques, démontrent la justesse des prévisions qu’avaient fait naître ces dernières. Toutefois, pour les bien faire compren- dre, nous devons entrer dans quelques détails afin de faire ressortir certaines particularités dont la connaissance est sinon indispensable, du moins très- utile ; car si, comme nous l'avons dit précédemment, ilest beaucoup de va- riétés à la production desquelles nous ne pouvons à peu près rien,iln’en est pas de même de celles dont nous allons parler. Au contraire, en ce qui con- cerne celles-ci, nous avons la plus large part, ou plutôt tout nous revient, pour ainsi dire, puisque le succès n’est dù qu’au choix des parties dont on fait usage pour opérer la multiplication. Pour se rendre compte de la forma- tion, nous dirions presque de la création des variétés que comprend la nouvelle série dont nous allons parler, il faut se rappeler que chaque végétal est une sorte de laboraloire vivant, qui, sous l'influence de ce principe mystérieux qu'on nomme force vitale, fabr que, on peut le dire de toutes pièces les suk- stances les plus variées. En effet, si l'on analyseunegraine, par exemple, on con- state que, en général, elle se compose d'oxygène, d'hydrogène, de carbone, et très-souvent aussi d'azote ren 60 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS Néanmoins si on place cette graine dans un sol dont on a enlevé tous les principes organiques, et qu’on ne l’ar- rose qu'avec de l’eau. soigneusement distillée, on pourra constater que, avec des éléments si simples et si peu nom- breux, cette graine n’en a pas moins fabriqué des substances très-complexes, renfermant des éléments que, primitive- ment, elle ne contenait pas. Mais outre cela, comme effet physique dépendant de causes organiques, on remarque, à mesure qu'a lieu le développement des plantes, et quelles que soient les condi- tions dans lesquelles elles sont placées, que, à partir de leur base, les modifica- tons, qui deviennent de plus en plus profondes, donnent aussi aux divers or- ganes un aspect différent en rapport avec la place qu’ils occupent. On remar- que d’abord que toutes les parties pla- cées à la base d’un végétal, toutes cir- constances égales d’ailleurs, sont beau- coup plus résistantes que les supérieures; que celles-ci, de moins en moins solides, sont même tout à fait herbacées à leur sommet; onremarque de plus que toutes les parties sont aussi d'autant plus diffé- rentes d'aspect qu’on s'élève davantage, et que, en ce qui concerne les organes foliacés par exemple, on les voit se modifier, diminuer de grandeur, chan- ger de forme, de nature, ainsi que de couleur pour arriver à constituer ces parties si brillantes qu’on nomme fleurs. Là ne s'arrête point encore la transfor- mation, certaines parties des fleurs, par suite de modifications analogues à celles dont nous venons de parler, constituent, au centre des fleurs, les organes sexuels; puis, que deux parties très-importantes, _ l'ovaire et les ovules, suivant les cas, prennent aussi les formes les plus va- riées ; ce sont ces dernières parties qui, plus tard, reçoivent le nom de fruits. Puis donc que ce sont les mêmes sucs séveux qui, par suite de modifications successives, forment les tiges, les bran- ches, les fleurs, les feuilles, puis enfin les fruits, ces derniers, de même que les graines qu’ils renferment, ne sont donc que de la séve très-élaborée; d’où l'on peut, comme conséquence, tirer cette conclusion: que les sucs séveux, dans une partie quelconque d’un végé- tal, étant d'autant plus modifiés qu’on s'éloigne davantage de leur point de départ, les modifications seront aussi d'autant plus considérables que sur l'une d'elles, on prendra pour en opé- rer la multiplication, des yeux placés le plus près possible du sommet (note 43). Cela est vrai, en général, pour tous les végétaux, bien que chez beaucoup d'espèces les différences soient à peine appréciables; il en est au contraire d’au- tres chez lesquels ces différences sont assez sensibles; tels sont particulière- ment les Rosiers, lorsqu'on les multi- plie par la greffe en écusson. Ainsi, si pour ceux-ci et pour exécuter cette greffe on prend des yeux sur un très- long rameau, comme il s’en trouve pres- que toujours, qui ne fleurisse point, on en obtiendra des plantes peu flori- bondes, qui, si elles appartiennent à une sorte dite remonlante, pourront même ñne plus remonter. Si, au contraire, et,sur lamême plante, on prend les yeux sur des rameaux courts qui ont fleuri, on obtiendra en général des plantes plus franches, dont les rameaux s’allongc- ront moins pour produire leurs fleurs. On peut donc, en choisissant les ra- meaux avec soin, constituer ou des in- invidus très-floribonds, ou d’autres peu floribonds; on pourrait même, en pous- sant assez loin les choses, en obtenir qui ne fleuriraient plus du tout, ou du moins qui ne fleuriraient que excep- tionnellement, et cela tout en prenant les parties àmultiplier sur lemême individu. Par contre et par les mêmes raisons, mais en agissant d’une: manière con- traire, on pourrait obtenir soit des va- riétés à rameaux florifères très-courts, soit des variétés chez lesquelles ces ra- meaux seraient très-allongés. En règle générale, lorsqu'il s’agit de Rosiers à greffer en écusson, plus on prend les yeux près des fleurs, moins les bourgeons qui en résultent s’allon- gent et plus au contraire ils fleurissent ; aussi les yeux qui sont placés dans le voisinage des fleurs sont-ils ceux qu’on doit préférer lorsqu’on veut avoir des plantes floribondes. Dans ce cas encore on doit toujours, autant qu’on le peut, prendre les écussons sur des rameaux terminés par des fleurs, qui eux-mêmes étaient poussés sur des rameaux qui. avaient fleuri. De ce qui précède on peut tirer cette conclusion que, si lon veutavoir des Rosiers vigoureux, on de- vra prendre les écussons sur des ra- meaux qui présentent ce caractère. - DANS LES VÉGÉTAUX. . 61 Mais, d’une autre part, comme la nature est simple, une peut-être dans sa cause, bien que multipleou plutôt infinie dans ses effets, il s’ensuit que, ce que nous venons de dire des Rosiers, nous pouvons peut-être le dire de tous les végétaux ; il est donc très-probable qu’on pourrait, de ces principes, tirer des con- séquences avantageuses si on les appli- quait soit aux arbres d'ornement; soit aux arbres fruitiers. Ne voit-on pas, en effet, pour une même sorte, des indi- vidus qui donnent, ceux-ci de plus beaux, ceux-là de meilleurs fruits, les uns hâtifs, les autres tardifs, les uns sujets à telle maladie, tandis que cer- tains autres n’en sont jamais ou n’en sont que três-rarement atteints, les uns fleurissant peu, les autres fleurissant beaucoup ? a Ne remarque-t-on pas parfois aussi des différences analoguessur les diverses branches d’unmêmearbre, que certaines de celles-ci se couvrent de fleurs, puis de fruits, tandis qu’à côté, d’autres en donnent à peine ? = Ne voit-on pas aussi dans la Vigne certains pieds dont les raisins coulent presque toujours tandis que d’autres ne coulent presque jamais? Nous pourrions, à l'appui de ce qui précède, rappeler le fait des diverses variétés de Cerisiers dont nous avons déjà parlé, sur lesquels on trouve par- fois, sur un même individu, des branches qui donnent des fruits hâtuifs et d’autres quiendonnent de tardifs, lesuns colorés, : dépourvus de: les autres presque couleur. pers Citons comme exemple analogue à celui qui précède le fait suivant. Deux Negundo fraxinifolium issus du même semis, placés près l’un de l’autre dans des conditions identiques, présentent néanmoins cette différence que l’un se couvre annuellement de fleurs, puis de fruits, tandis quel’autre n’en produitpas, si ce n’est que très-exceptionnellement et encore très-peu. Les exemples de ce genre abondent; il n’est pour ainsi dire personne qui n’en connaisse. Tous ces faits démontrent l’impor- tante nécessité qu’il y a à bien choisir les parties lorsqu'il s’agit de multiplier un végétal, et que ce choix devra se faire en raison du but qu'on cherche à atteindre. Ainsi il est bien clair que, si on voulait obtenir des plantes pour mères comme porle-graine on devrait choisir les boutures ou les greffons sur des individus trés-fertiles, et que si, au contraire, on voulait des sujets très-vi- goureux, on devrait les prendre sur des individus qui présentent ces caractè- res, efc., etc. - En culture on ne doit rien négliger, on doit, au contraire, observer beaucoup et tirer parti de tout ; car là, peut-être plus que partout ailleurs, de très-petites causes peuvent parfois produire de très- grands effets. “a | -Résumant ce qui précède nous di- sons : Lorsqu'il s'agira d'arbres dits d'ornement, on devra, pour les multi- plier, choisir les rameaux sur les indi- vidus les plus floribonds, dont les fleurs plus parfaites, ou plus grandes, s’épa- nouissent le mieux, etc.,etc.; si, au con- traire, il s’agit d'arbres fruiüers, il faut prendre les greffons sur les branches qui sont les plus hâtives, les plus tardives, les plus ou les moins vigoureuses, dont lesfruits sontles plus beaux, les plus gros, ou enfin les meilleurs, etc., etc., suivant le but qu’on veut atteindre. Mais on ne devra jamais, à moins d’y être absolu- ment forcé, prendre pour greffons ces gros rameaux qu’on nomme gourmands, dont les yeux sont mal constitués, et qui, gorgés de sucs séveux peu élaborés, ont une grande tendance à pousser beaucoup de bois, et pour cette raison à ne pro- duire que peu de fleurs. Les rameaux très-faibles pouvant avoir l'inconvénient contraire «oivent également êtrerejetés; le mieux est done de choisir, parmi les rameaux de moyenne vigueur, ceux qui ont les yeux assez rapprochés, dont le bois, sans être très-gros, est, comme on dit dans la pratique, bien nourri; en outre, et autant que possible encore, il faut les prendre sur des individus sains, francs (qui produisent beaucoup}, et exempts de certains caractères qu’on n'aurait pas intérêt à propager. OBSERVATIONS ET PARTICULARITÉS. Sous cette rubrique, nous nous pro- posons d'appeler l'attention sur certains faits qui, bien que pouvantpeut-être pa- raitre un peu en dehors de notre sujet, s’y rattachent néanmoins assez étroite- ment, et qui l’éclairent même sur plu- sieurs points. Le premier de ces faits se rapporte à ce qui à été dit précédemment, qu'il 62 PRODUCTION ET FIXATION DES VARIÉTÉS confirme même, savoir : que toutes les propriétés que possède une plante ten- dent à se reproduire et même à s’aug- menter dans une certaine mesure, en un mot, que, de même que tous les autres êtres, les plantes semblent pouvoir con- tracter certaines habitudes, acquérir des propriétés particulières qu’elles peuvent transmettre, mais qu’elles peuvent éga- lement perdre si on ne les cultive pas. Ainsi, par exemple, des plantes mul- tipliées constamment par tout autre moyen que par graines, auxquelles même on n’en laisse jamais produire, 4 avec le temps, devenir stériles. ais, par contre, on remarque que celles qui sont constamment multipliées par graines tendent au contraire à devenir de plus en plus fécondes. À l'appui de ceci, nous pouvons citer le Pentstemon gentianoides, les Verbena pulchella, melindres, teucrioides, le Die- lytra spectabilis, les Phlox suffruticosa et decussata, le Gaura Lindhemeri, et même le Petunia phœnicea, ete., qui, lors de leur introduction dans nos cul- tures, et même quelques années’encore après cette introduction, ne donnaient, certaines d’entreelles, surtout, que rarc- ment et encore peu de graines, tandis qu'aujourd'hui ces plantes en produi- sent en grande quantité. Que conclure de ces faits? Ceci : que lorsqu'une plante ne donne point de graines (mais que, bien entendu, Îles organes sexuels des fleurs sont bien conformés), on doit faire tous ses efforts pour lui en faire produire, ne serait-ce que quelques-unes, dût-on même, pour y parvenir, faire intervenir la féconda- tion artificielle. Une fois qu’on a obtenu des graines, on remarque, si on les sème, que les plantes qui résultent de ce semis sont déjà plus fécondes que celles dont elles proviennent; de sorte que, si l’on suit celte marche pendant plusieurs générations, on peut. arriver à avoir des plantes qui donnent beau- coup de graines, bien qu’elles provien- nent d’autres qui n’en donnaient que très-peu et cela même rarement. Nous pourrions, à l'appui de ee que nous venons d'avancer, eiter un fait qui le confirme de tous points; nous le pouvons d'autant mieux que ce fait nous est particulier : il a rapport au Ligus- trum ovalifolium. Tous les horticulteurs savent que celte espèce, qu'on multiplie toujours par bouture, qui fleurit considérable- ment et dont les fleurs, au point de vue . de la génération, sont bien conformées, ne produit cependant que peu et même rarement de graines; pourtant, au Mu- séum, cette plante est devenue très-f6- conde, aussi féconde même que l’est l'espèce commune, le L. vulgare. Voici comment lui est venue sa fécondité. Ayant récolté quelques graines de cette espèce vers 1854 et les avant se- mées, nous avons obtenu, parmi un cer- tainnombre de pieds,une quinzaine, qui, chaque année, se couvrent plus ou moins de graines. Nous disons plus ou moins, parce qu’en effet toutes n’en produisent pas également; il en est qui en donnent en très-grande quantité, tandis que d’au- tres en donnent beaucoup moins. De plus, les unes sont hâtives, les autres relativement très-tardives. Dans cette circonstance, il faut donc choisir comme mères les plantes les plus productives, et comme d’une autre part la maturité des graines a lieu assez tardivement, 1l fau- drait aussi donner la préférence aux pieds les plus hâtifs. Le deuxième fait sur lequel nous voulons appeler l'attention est relatif à la conservation des types. À ce sujet nous ferons d’abord remarquer qu'il est une chose très-importante que cepen- dant on pratique peu, presque pas même, en horticulture proprement dite, bien qu’on l’observe très-fréquemment dans la culture maraîchère ainsi qu’en agriculture : c’est de changer de temps à autre ses graines, c’est-à-dire de les renouveler en les faisant venir de lo- calités différant par le sol et par le climat, des conditions dans lesquelles on se trouve placé, dans lesquelles par conséquent les végétaux acquièrent ou du moins conservent des propriétés particulières tandis qu’ils les perdent dans d’autres (note 44). | Cest ce fait que, dans le langage vulgaire, on rend pas cette expression impropre peut-être quoique bien signi- ficative : « que les plantes se retrem- pent », ou, comme on le dit encore : « qu’elles font un nouvau sang. » Mais s’il en est ainsi des graines des plantes, il pourait bien en être de même des parties de celles-ci; par conséquent, on devrait de temps à autre, lorsque le besoin s’en fait sentir, DANS LES VÉGÉTAUX. 63 tirer soit les greffons, soit les boutures, des localités où les végétaux que l’on veut multiplier, semblent acquérir la plénitude des propriétés que l’on re- cherche. Nous ferons encore observer que, puisqu'il est dans l’ordre général que toute chose, lorsqu'elle a acquis son apogée de développement, aille cons- tamment en s'aflaiblissant, plus ou moins vite suivant sa nature, il en ré- sulte ce fait que, quoiqu’on fasse, un type ou une variété quelconque perd peu à peu les propriétés qui primitivement les faisaient rechercher ; en d’autres ter- mes, qu'ils s’usent. On remarque de plus que cet affaiblissement, en général, est d’autant plus grand que les végétaux sur lesquels il se fait sentir sont cultivés depuis plus longtemps, ou bien qu’ils ont été multipliés en plus grande quan- tité, ou bien encore qu'il appartiennent à une espèce plus améliorée, nous di- rions même plus domestiqué. Par con- séquent il est bon, ainsi qu'on le dit avec raison, de rajeunir de temps à autre les types dont l’affaiblisement s'annonce par une végétation plus faible des individus ainsi que par une tendance à être attaqués par des maladies particu- lières contre lesquelles il est souvent im- possible de lutter, sinon avec désavan- tage. Il n’y a pas à balancer, il n’y a qu'un moyen : c’est de recourir aux semis, parce quealors même que les indi- vidus qui naissent de ces semis parai- traient à peu près semblables à ceux dont ils proviennent, ils n’en conslitue- raient pas moins des individualités par- ticulières qui, par conséquent, auraient un tempérament ainsi que des propriétés spéciales. (Note 33). ia Toutefois, on remarque dans cette sorte de dégénérescence ou d’affaiblis- sement organique des différences très- grandes dans les résultats ; par exem- ple, que certaines variétés durent très- longtemps tandis que d’autres passent très-vite. On constate de plus qu'il n’y a pas de marche régulière, par exemple que telle variété suse plus vite que telle autre ; de plus encore que, lorsqu'elle ne vient plus dans un endroit, elle vient encore très-bien dans un autre. Pourtant ce ne sont là que des inci- dents, pourrait-on dire : le cercle du mal va toujours en s’agrandissant, et, conformément à cette grande et univer- selle loi qui veut que tout ce qui a commencé finisse, les espèces, de même que les variétés qui en sortent, doivent disparaître! (C’est une question de temps. Le besoin d'éclairer les diverses ques- tions que nous avons successivement traitées nous a fait entrer dans des dé- tails plus étendus peut-être que ceux dans lesquels, d’après le programme, nous eussions dû nous renfermer ; mais cet écart, dans cette circonstance, était peut-être inévitable, car tout sujet com- plexe ne peut être traité simplement, et celui qui nous occupe l’est au plus haut degré. En effet, ses conséquences sont infinies, et le champ dans lequel elles s’accomplissent est tellement vaste, les parties qu'il comprend sont tellement enlacées qu’il n’était guère possible de toucher aux unes sans remuer quelque peu les autres. D’une autre part il est certaines questionsquenous devions trai- ter, qui, bien que très-importantes, ne sont que la conséquence d’autres, et qui par cette raison ne pouvaient être abordées qu'après que celles-ci avaient été expliquées. Nous avons pensé du reste que, dans une question de la nature de celle dont nous nous occupons, il va- lait mieux augmenter que restreindre les faits, et pécher plutôt par l’abon- dance que par l'insuffisance des détails. Avons-nous eu tort? RÉSUMÉ. Les conclusions, que l’on peut tirer de notre Mémoire intitulé Production et fixation des variélés dans les végétaux, sont de deux sortes; les unes se rapportent à la science, les autres, tout en s’appuyant sur celle-ci, sont plus particulières à la pratique, à laquelle elles Le peuvent servir de guide. Au point de vue scientifique, les faits que nous avons rapportés démontrent que les phé- nomènes vitaux se développent d’une part en raison des milieux dans lesquels ils s’exer- ge ne RE ge F Ge v TNT DT RAT 64 RÉSUMÉ. cent et, de l’autre, qu’étant en rapport avec les traitements auxquels on soumet les végé- taux, il peut, sous cette double influence, se manifester des phénomènes très-divers, de sorte que lesindividus qui y sont soumis peuvent parfois présenter les caractères les plus étranges sion les compare à ceux que présententceux dont ils proviennent. Non-seulementleur facies peut être différent, mais leur organisation même peut être sensiblement modifie. On a pu voir, aussi que tous les végétaux sont plus ou moins plastiques, que les formes, la plupart, trañsiloires et locales, ne sont que des modes, que prennent les individualités végétales, pour,se mettre en harmonie avec les conditions dans lesquelles elles croissent. De ces faits découle cette conséquence qu’il est tout à fait impossible de fixer d’une ma- nière absolue ce qu'on nomme ESPÈCE. On savait dejà qu’une plante quelconque étant donnée, on pouvait, à l’aide de ses graines el sans qu'il y aiteu d'autre fécondation que celle qui s’est faite entre ses fleurs, obtenir des variétés, mais on croyait que les limites des variations étaient très-bornées, ce qui n’est pas, tant s’en faut. Mais ce qu’on ne savait peut-être pas assez, c’est qu'un végétal peut, sur ses diverses parties, émettre des productions très-différentes de celles qu’il présente normalement, et, comme d’une autre part, ces productions peuvent se multiplier et conser- ver les caractères exceptionnels qui se sont montrés, on peut, par le seul fait du sectionne- ment, obtenir des individus qui présentent des particularités parfois très-différentes de celles qu’offrent les individus dont ils proviennent. Ces faits, nombreux, sont aujourd’hui hors de doute. Si De. Quant aux conséquences que la pratique horticole peut tirer des faits que nous avons rapportés, elles sont très-importantes. En suivant la marche que nous avons indiquée pour les différentes opérations, si l’horticulteur ne peut, à sa volonté, faire naître les variétés, il peut du moins en provoquer l’apparition, et conserver ces variétés lorsqu'elles se sont produites. Mais une fois qu’un ébranlement spécifique a eu lieu, qu'un affolement s’est produit, l’horticulteur pourra, en s’emparant de ce mouvement, le diriger dans le sens le plus propre à satisfaire ses vues, et obtenir, pour ainsi dire à sa volonté, telle ou telle forme qu’il désire. ; À l’aide des données que nous avons indiquées, l'horticulteur pourra aussi, dans cer- tains cas, distinguer les variétés dont, très probablement, il n’a plus rien à attendre et en même temps apprécier celles sur lesquelles il doit tout particulièrement porter son atten- tion. D'une autre part encore, en se basant sur les principes que nous avons indiqués, il pourra, à l’aide de la fécondation artificielle, modifier les individus, extérieurement et in- térieurement, de manière à les approprier à ses besoins. Nous osons donc croire que nofre opuscule sera doublement utile, d’abord à cause des faits qu’il renferme, ensuite et surtout, à cause de la nouvelle voie qu’il ouvre aux inves- tigations, et des recherches qu’il provoque. : Le champ est vaste, nous avons essayé de le déblayer et d’y planter quelques jalons, es- pérant que de hardis explorateurs ne craindront pas de s’y aventurer. Les fruits qu'ils en retireront pourront avoir l'écorce dure et amère, mais les sucs que contiendront ces fruits, succulents et doux, procureront la force et la santé au corps, le calme et la jouis- sance à l’âme ! but que doit avoir tout travail humain, conformément à cette belle parole du Christ : « L'homme ne vit pas seulement de pain. » ss NOTES. Note 4. — Nous nommons dimorphisme : 1° le phénomène qui fait que, sans cause connue, il se développe sur l’une ou sur l’autre partie d’un végétal un bourgeon dont la forme et l'aspect diffèrent de ceux que porte ce végétal. Ainsi le Hêtre commun produisant un rameau à feuilles laciniées, le Podo- carpus Koraiana produisant une branche dont les ramifications sont verticillées et étalées, au iieu d’être éparses, et dont les feuilles sont distiques au lieu d’être disposéesalternativement autour des bran- ches, ainsi qu’elles le sont normalement, sont des faits de dimorphisme. 2 Nous nommons également dimorphisme tout changement qui se produit sur un végétal, quel que soit le temps qu’ilmette à s'accom- plir. Ainsi des Pommes de terre longues, produisent des pommes de terre ronde :ou bien des longues en produisant des rondes, ef vice versé; des Haricots longs, cylindriques, produisant soit des Haricots plats, soit des Haricots subsphériques et vice versd; des Haricots nains produisant des Haricots volubiles, sont des faits de dimorphisme. D’une manière générale, dimorphisme signifie forme différente sur un même individu, que le changement de forme soit complet ou partiel. , Pris dans son sens le plus absolu et considéré dans l'ensemble de tous ses caractères, le dimorphisme peut, d’après les particularités qu’il présente, être partagé en deux sections, l’une qui comprend tous a a NOTES. les faits qui se manifestent brusquement : c’est le cas du étre à feuilles de Fougére, du Rosier à feuilles de Chanvre, du Cerisier anglais à feuilles de Saule, du Verjus à grains longs, etc., ete. ; l'autre qui comprend toutes les transformations lentes : c’est le fait du Rosa eglanteria, des Tulipes, des Iris Xiphium. (Note 2), du Viola Kothomägensis pailida (note 45). etc. A la rigueur on pourrait établir une troisième section qui comprendrait toutes les transformations dues à l’âge des individus, qui sont les conséquences de leur adullilité. Toutefois, cette dernière série de phénomènes ne se montre que chez les espèces polymorphes, qui changent d'aspect, de formeet de nature lorsquelles vieillissent, etsurtoutlorsqu’ellesfructifient ; telles sont les Lierres, le Ficus stipularis ou scandens, les Eucalyptus, ete. etc. L’horticulture profite souvent de cette propriété propre aux végétaux, et, multipliant à part les par- ties qui présentent ces caractères exceptionnels, elle obtient alors des individus qui présentent un aspect tout autre que celui des individus dont ils proviennent. Les végétaux ne sont pas les seuls qui nous four- nissent des faits de dichroïsme; ils abondent chez les animaux. Mais ici ce sont, dit-on, des faits dûs à l’âge. Nous l’admettons pour beaucoup de cas, mais il n’y en at-il pas aussi qui sont le résultat d’une modification organique, l’analogue de ce que nous nommons accident ? L'exemple suivant semble le démontrer. Voici : Un jeune Bouvreuil pris au trébnchet, fut mis en cage; il resta deux ans rouge comme le sont les Bouvreuils. La troisiemè année, il devint noir, et aujourd'hui il est d’un noir très-foncé partout. C'est un mäle; il chante. Supposons, ce qui est très-possible, que le fait se soit passé à l’état libre, ne pourrait-il pas arriver que, en raison de cette grande loi, qui fait que tout tend à se reproduire, qu’il se forme une race noire. Le cas étant, supposons qu’un natura- liste découvre cette race, il est très-probable qu'il n’hésiterait pas à en faire une espèce. Aurait-il tort! Nous n’oserions le dire. Nous nommons dichroïsme un phénomène exacte- ment analogue au précédent par le fond, mais qui, au lieu de porter sur la forme des objets, porte sur leur couleur. Ainsi l’Œillet Flon, qui est à fleurs rou- ges, développant un rameau d’aspect ét de forme semblables, mais donnant des fleurs blanches, le Troëne à feuilles ovales, le Fusain du Japon produisant des bourgeons portant des feuilles panachées, au lieu de feuilles vertes; des Haricots blancs en produisant des noÿrs, el vice versé, sont des faits de dichrceisme. En horticulture les divers phénomènes, soit de dimorphisme, soit de dichroïsme, sont désignés par le nom général d'accidents. Note 2. — Le fait de modifications permanentes des Tulipes, qui n’est guère connu que des véritables amateurs de ces plantes, ou bien de ceux qui en ont fait une étude spéciale, est des plus curieux. En effet, toutes ces nuances si délicates, toutes ces cou- leurs si brillantes qu'on remarque dans la plupart des fleurs de Tulipes, ne ‘sont que passagères; ces plantes sont constamment en voie de changement. De sorte que les fleurs qui sortent d’un oignon quel- conque de Tulipes diffèrent presque toujours, plus ou moins, de celles qui en sont sorties les années précé- dentes ou qui en sortiront les années suivantes. Ce phénomène, dans beaucoup de cas, se continue jusqu’à ce que les fleurs soient revenues à l’unicolo- rité, ou du moins jusqu’à ce qu’elles ne présentent plus que des couleurs: plus sombres ou moins com- lexes. Toutefois l’on constate que la constance ou a ténacité des couleurs est très-différente suivant les variétés qu’on observe; que, fugace, pour ainsi dire, . chez certaines, celle est relativement fixe chez d’au- tres. Les Jris Xiphium et xyphioïdes nous offrent des phénomènes absolument semblables à ceux que pré- sentent les Tulipes; toutes ces couleurs si délicates que l’on remarque chez certaines variétés ne sont que passagères; elles se modifient continuellement, de sorte que, en plantant les caïeux de telle vu telle | 65 variété, on n’est pas sûr d'obtenir la même variété, souvent même on obtient des plantes à fleurs com- plétement différentes. Un exemple très-remar- quable nous est fourni par l’Jris spectabilis, Spach. Cette plante, très-ornementale, dont les fleurs sont d’un violet bronzé, est un accident de l’/ris Xiphium à fleurs bleues, à laquelle elle revient très-vite, fait des plus faciles à vérifier en plantant séparément les caïeux qui en sortent et en en surveillant avec soin le développement, afin qu'il n’y ait pas de mé- lange. Cette prétendue espèce n’est “pas seulement différente de lJris Xiphium par la couleur de ses fleurs, celles-ci sont beaucoup plus grandes, la forme en est légèrement différente, et la plante, plus forte dans toutes ses parties, devient aussi beaucoup plus grande. On constate des faits analogues dans les /ris æypldoides, et on remarque aussi que les modifica- tions sont d’autant plus rapides que les fleurs pré- sentent des couleurs plus variées et plus tendres, ou- comme on dit, plus fondues. : Toutefois, il n’y a rien de fixe; comme chez les Tulipes, on remarque chez les Jris Xiphium et æi- phioides des variétés plus constantes les unes que autres, et que les changements, qui n’ont non plus rien de fixe, montrent les plus grandes dissemblan- ces dans leur apparition. Toutes ces modifications, loin d’être des anoma- lies, sont conformes à celles qui se passent chez beaucoup d’autres plantes. Pour le comprendre il suffit de se rappeler que la multiplication des Tuli- pes, de même que celle des Zris Xiphium et æyphioi- des, est une sorte de bouturage; car un caïeu n’est autre qu'un bôurgeon caduc qui se détache d’une plante mère, et qui, par conséquent, peut différer de celle-ci, de même que cela arrive fréquemment surles bourgeons de certaines plantes, soit ligneuses..soit herbacées, Lels que Chrysanthèmes, Rosiers, OŒillets, etc., Ces faits qui n’ont rien de forcé, expliquent * commentdesJacinthes à fleurs blanches, ont pu donner des fleurs bleues, et vice versa, et comment aussi un même bnlbe à pu produire à la fois deux hampes dont les fleurs, sur chacune, étaient de couleur différente. .Note 3. — Un exemple de hélivelé est l'appa- rition spontanée des Chrysanthèmes de Chine pré- coces. Aussi, relativement à ces dernières, qui forment une race particulière, on pourrait même presque dire une espèce tout à fait distincte, croyons-nous devoir entrer dans quelques détails sur leur origine. La première cause d'apparition de cette race est et sera toujours inconnue. Pourquoi est-elle venue? Nous n’en savons et n’en saurons jamais rien. Ce que nous pouvons, c'est constater son apparition, prendre la plante là ou elle s’est montrée, puis la suivre dans sa marche. $ Voici comment les faits se sont passés. Vers 1844, époque où l’on ne possédait encore, en fait de Chrysanthèmes de Chine, que des plantes à flo- raison tardive (qui fleurissaient en novembre), un horticulteur, qui alors s’occupait tout particulière ment de ces plantes, remarqua, dans un semis qu'il avait fait, un pied qui fleurit dès le commencement d’aout. Les graines que donna cette plante, qui était si précoce etpresque naine, récoltéeset semées avec soin, produisirent, entre autres, un individu dont la floraison fut encore plus hâtive que la variété dont il sortait. L’ébranlement était donc produit; aussi, à partir de cette époque, en récol- tant constamment des graines sur ces individus à floraison hâtive, est-on parvenu à avoir une race de plantes tellement précoces que certaines variétés qu'elle comprend fleurissent en juillet; on pourrait même, en les soumettant à une culture particulière et raisonnée, avoir des plantes en fleurs presque toute l’année. Elles sont remontantes. De même que chez le type, on trouve dans cette race des plantes à fleurs blanches, jaunes, roses, lilas, etc., toutes de grandeur moyenne, c’est-à-dire intermédiaires entre celles qu'on nomme pompons et les anciennes, qu’on dit à grandes fleurs. Notons que cette précocité semble acquise aux dépens de Éd ma TT 66 à NOTES. la rusticité ; que toutes ces plantes précoces sont plus délicates et surtout plus sensibles au froid que ne sont les anciennes, ce qui, du reste, s'explique faci- lement par cette raison qu’elles sont presque tou- Jours en végétation, Ajoutons que cette race se re- produit de graines: Note &.— Le fait assez singulier qui se montre chez certaines variétés de Giroflées Quarantaines, re- lativement à la couleur de leurs fleurs, semble dé- montrer que,-dans quelques cas du moins, du Jaune au blanc il n’y a qu'un pas. En effet on possède aujourd’hui diverses variétés de Quaran- taines à fleurs jaunes doubles, et jusqu’à présent on n’a pas encore eu de Quarantaines à fleurs jaunes simples. Toutes ces variétés à îleurs jaunes, doubles, sont produites par des Quarantaines à fleurs simples, à peu près complélement blanches , si ce n’est onglet des pétales, qui est d’un blanc verdâtre ou très-légèrement jaunâtre. Note 5.-— La couleur blanche semble être le dernier degré d'atténuation; c’est une sorte d’albi- nisme, un affaiblissement organique, On part, en effet, de toutes les autres couleurs pour arriver à celle-là; mais, lorsqu'on y est arrivé, on n’en sort en général que difficilement, ce qui, pourtant, ne veut pas dire qu’on ne peut y parvenir, mais seu- lement que la chose est relativement rare. L'observation pratique, en établissant ce fait, semblerait démontrer que la plupart des plantes à fleurs blanches sont des provenances de types ana- logues à fleurs colorées. I1 est, en effet, bien peu de types qui n’aient pas fourni quelques variétés à fleurs blanches. Voici, en général, comment s’effectue la marche dans l’atténuation des couleurs. Sur une plante à fleurs unicolores rouges, roses, lilas, etc., on voit parfois apparaître, dans ces fleurs, de petites stries ou lisérés blancs. Lorsque ce fait se présente, c’est un signe à peu près certain que, si ces fleurs donnaient des graines et qu’on les semäât, on en obtiendrait des plantes à fleurs complétemeut blanches, et que, d'autre part encore, lorsque ce fait se montre sur des plantes très-améliorées par la culture (très-domestiquées), on peut également être assuré que non-seulement on obtiendra bientôt du blanc, mais encore que la race qui la produit tend à disparaître. Cest ce que nous démontrent Particulièrement les Reines-Marguerites. Dans ces dernières la marche d’atténuation chromatique , pour arriver au blanc, s'effectue ainsi : partant des fleurs violet foncé par exemple (ce qui est le cas le plus fréquent), on remarque que les graines qui en proviennent donnent principalement des plantes à fleurs rouges, que celles-ci en donnent soit à fleurs roses, soit à fleurs lilas où gris de lin, qui, très-souvent, se reproduisent à peu près identique- ment pendant plusieurs années. Puis on voit les fleurs se strier ou se lisérer de blanc, puis la cou- leur carnée, très-souvent même la blanche, appa- raît. Quelquefois cependant on passe brusquement soit de la couleur violette, soit de la couleur rouge plus ou moins foncé, à la couleur blanche. Lorsque des stries blanches se montrent sur des fleurs de végétaux ligneux, il arrige souvent qu’elles se fixent et donnent lieu à un fait de dichroïsme qui, stabilisé paï la multiplication, constitue une va- riété particulière. Le plus grand nombre des Azalées à fleurs panachées qu'on cultive aujourd’hui, n’a pas d'autre origine. (Voir à l'énumération des faits de dimorphisme, page 43.) Note 6. — Plusieurs fois nous avons fait l’ex- périence, nous avons transformé à peu près com- plétement la Pensée des champs (Viola arvensis), nous en avons, par le seul fait de la culture, telle- ment modifié les feuilles, les fleurs, en'un mot l’as- pect général, qu’elle ne différait pour ainsi dire plus des Pensées cultivées pour l’ornement des jar- dins. Trois, parfois quatre générations ont suffi pour obtenir ce résultat, en opérant ainsi que nous l'avons dit précédemment, c’est-à-dire en choisis- sant avec soin nos porte-graines, en prenant pour tels, à chaque génération, les individus les plus modifiés. : Note 7. — Les plantes panachées provenant de graines sont relativement très-rares; en général aussi elles sont délicates et poussent peu. Lorsque les panachures sont très-prononcées, il arrive même fréquemment qu’elles ne peuvent vivre. Il y a pour- tant à cela quelques exceptions; elles sont fournies par certains Begonia, par l’Aucuba Japonica, par le larfugium grande, par le Chardon-Marie, etc. Ce dernier, si élégamment et si régulièrement mar- qué de taches blanches, est d’une très-grande vi- gueur, en même temps qu’il est très-constant dans sa panachure. On ne connaît même pas de type à feuilles vertes. Note 8. — Un fait digne de remarque relative- ment aux panachures, c’est que, lorsqu'elles se montrent sur l’écorce, elles portent également sur les fruits, et dans ce cas il est rare que les feuilles soient panachées. Nous en avons des exemples dans les arbres fruitiers à fruits panachés, tels que lA- manlis panaché, la Duchesse d’Angouléme panachée; le Saint-Germain panaché, la Culotte de Suisse, la Bergamotte d'automne, la Madeleine ou Guenette pa- nachées, etc.,en fournissent d’autres exemples. Nous connaissons même une variété d’Amnanlis dont l’é- corce est entièrement jaune, légèrement strié, et dont les feuilles sont complétement vertes; elle provient d’un accident. Note 9. — Les fleurs complétement doubles, c’est-à-dire pleines, sont rares; on en voit, en effet, bien peu qui n'aient pas conservé quelques éta- mines, ou bien un pisiil, ou, tout au moins, des rudiments de ces organes; et dans ce cas, bien qu'incomplets ou plus ou moins modifiés, ces or- ganes ne sont souvent pas tellement transformés qu'ils ne puissent encore concourir à la féconda- tion. Mais, lors même que les fleurs sont compléte- ment pleines, il ne faut pas désespérer d’avoir des graines; car il arrive parfois que certains individus, vers la fin de la saison florale, et lorsqu'ils sont affaiblis par la végétation, produisent des fleurs semi-pleines qui alors donnent des graines. C'est pour ces raisons et de cette manière que les Camel- lia alba plena, incarnala, etc., ont produit des grai- nes avec lesquelles on a obtenu de très-belles va- riétés. é Des effets particuliers de végétation dus à des circonstances soit locales, soit atmosphériques, pouvant.aussi déterminer de notables différences üans la duplicature des fleurs. C’est ainsi que dans certaines années, nous avons vu le Prunus Sspinosa flore pleno, dont les fleurs sont ordinairement très- pleines, se couvrir de fruits qui atteignent toute leur grosseur. Note 40.—La duplicature des Soucis, de même que celle de toutes les plantes du groupe des Com- posées, telles que Dahlia, Zinnia, Helianthus, Ta- geiès, Matricaria, Seneçon, Helichrysum , Soleil, Reines-Marguerites, Chrysanthèmes, etc., etc., n’est pas due à la transformation des organes sexuels, mais simplement à la métamorphose des fleurs cen- trales tubulées en fleurs ligulées pétaloïdes. Aussi ces fleurs, quoique souvent très-grosses (très-dou- bles), sont-elles toujours plus ou moins fertiles. Note 44.— Le Dianthus Sinensis nous fournit encore un exemple de ce que nous ayons déjà rap- porté, que, lorsque dans certaines espèces de plantes | il se montre un individu à fleurs semi-doubles ou | presque complétement doubles, il ne tarde pas à “exercer son influence et à déterminer des duplica- | tures plus où moins nombreuses pour le péu qu'on | laisse cet individu fleurir près d’autres de la même espèce, dont les fleurs sont simples. En effet, par- tout aujourd’hui où l’on cultive l’OEillet de Chine à fleurs doubles, il est assez rare qu’on trouve le type à fleurs simples. L'OŒillet de Poëte et les Pétunias à fleurs doubles NOTES. 67 nous fournissent aussi un exemple de l'influence que peut exercer sur ses congénères une plante à fleurs doubles. Note 12. — On pourrait admettre, comme une hypothèse toutefois, que la première cause de du- plicature résulte d’un trouble apporté dans les fonc- tions des organes sexuels. Le fait suivant semble le démontrer. Eu 1862 nous avons pris comme mère un OËillet hybride, le Dianthus barbato-superbus, issu du croi- sement des D. barbatus et D. superbus. Get hy- bride, dont les tiges florales, peu nombreuses, très- ramifiées, dressées, et dont les pétales roses sont profondément fimbriés, a été notre point de départ. Des graines qu’il nous a données, nous avons obtenu un certain nombre de plantes dont quelques-unes avaient conservé le caractère de lhybride, leur mère; mais les autres, beaucoup plus nombreuses, étaient à fleurs doubles, et leur faciès était complé- tement changé. Ces nouveaux produits, par l’en- semble de leurs caractères, constituaient un type particulier différent des plantes dont il était issu. y avait aussi parmi ces plantes des individus très- ramifiés de la souche, de laquelle partait une très- grande quantité de tiges florales. Il est à remarquer que les plantes qui présentaient ce dernier carac- tère fleurissent beaucoup plus tardivement; certaines n’épanouissent leurs fleurs que dans la dernière quinzaine d'août, de sorte qu'avec toutes ces plantes hybrides on peut obtenir des fleurs pendant plus de trois mois. Un fait qui semble justifier l'hypothèse que nous avons émise en tête de cette note : « Que la pre- mière cause de duplicature des fleurs pourrait bien ètre due à wn trouble apporté dans les organes sexuels »,est fourni par la fécondation, soit des Dianthus Sinenñsis, soit des Dianthus Hedwigü entra eux, ou bien avec D. barbatus, fécondation de laquelle sont sorties plusieurs variétés à fleurs doubles. Note 43. — Les Pétunias à fleurs doubles que l’on cultive actuellement wappartiennent à aucune des deux: espèces anciennes, (Petunia violacea et P. nyclaginiflora); ls appartiennent à cette race de création récente qu’on nomme mnities ou 'à grandes fleurs, qui s'est montrée spontanément dans les cul- tures. Toutes les variétés qui en sortent diffèrent des deux types indiqués ci-dessus par l’ampleur et par la consistance particulière de leurs feuilles et de leurs fleurs, par la grosseur de leur tige, qui est charnue, de même que par leurs feuilles, qui sont épaisses, comme grasses. C’est en un mot une race tout à fait différente. Toutes ces plantes ont un as- pect particulier et un caractère de végétation qui leur est propre; elles s’allongent moins, sont en genéral plus délicates et ne vivent pas aussi bien en pleine terre que les P. violacea et nyctaginiflora. Note 44%. — Les Fuchia à fleurs doubles, offrent souvent ce singulier phénomène : qu'ils présentent des sortes d’intermittences pendant les- quelles ils donnent des fleurs doubles, et d’autres pendant lesquelles ils donnent des fleurs semi- doubles ou même presque simples. Mais, quelle que soit la duplicature, il est rare qu’elle entraîne la stérilité. Aussi ces plantes, en général, donnent- elles beaucoup de graines, Note 45. — Nous pouvons tout particulière- ment citer comme exemple d’infertilité plus ou moins grande, parfois même presque complète, occa- sionnée par la duplicature des fleurs, les Reines- Marguerites à fleurs très-grosses, particulièrement celles dites Pivoines. Dans celles-ci il est rare qu’on obtienne des graines ailleurs qu’au centre des fleurs, précisément là où la transformation des fleurs est moins grande, mais aussi où les organes sexuels sont moins bien conformés, ce qui explique pourquoi on obtient peu de graines et pourquoi aussi ces graines sont si mauvaises. Il faudrait, pour rendre ces plantes fertiles, couper avec précaution, avec de petits ciseaux, la plupart des fleurs centrales (ligules), de manière à dégager les organes sexuels qui s’y trouvent, et à favoriser ainsi leur rapproche- ment. Note 46. — Les monstruosités se reproduisant par graines, comme cela arrive chez certaines plan- tes, démontrent, de la manière la plus nette, la vé- rité de ce que nous avons dit au commencement de ce livre : « Qu'un végétal est un être très-complexe, qui non-seulement peut se multiplier, en tant qu’è- tre, tout en reproduisant ses caractères essentiels, mais que toutes ses parties, susceptibles d'acquérir des propriétés spéciales, peuvent aussi, étant mul- _tipliées à part reproduire à leur tour les particul:- rités qu'elles présentent.» Le Scolopendrium officinale monstrosum nous en offre un exemple bien remar- quable. Cette plante qui, sur un même pied, pré- sente des parties normales et d’autres qui sont anor- males ou monstrueuses, peut, suivant qu’on récolte les sporules (sortes de graines propres aux végétaux cryptogames) sur les unes ou sur les autres de ces parties, produire des plantes normales ou des plantes monstrueuses. Ce fait des plus importants vaut toute une théo- rie ; il démontre, lorsqu'il s’agit de végétaux, com bien il faut apporter de soins dans le choix des parties qu’on prend pour les multiplier, puisque de ce choix dépendent les résultats, qui seront bons où mauvais suivant qu’on aura bien ou mal choisi. Mais, comme d’une autre part aussi ce choix nous démontre que dans certaihs cas tout peut devenir héréditaire (même les monstruosités), il peut expli- quer la transmission de certaines particularités soit normales soit anormales, et comment, de simples accidents peuvent devenir permanents, se transmettre même et caractériser des races. Les exemples ne manquent pas dans les végétaux ; ils abondent dans les animaux. Note 47.— Si, lorsqu'on cultive soit des Melons, soit des Concombres de primeur, on pratiquait la fécondation artificielle aussitôt que les fleurs des deux sexesapparaissent, on n'aurait pas,comme on l’a si souvent, l'inconvénient d'être très-longtemps sans obtenir de fruits ; on en obtiendrait, au contraire, de très-bonne heure, et assez près du pied, au lieu de les avoir tardivement, et souvent aussi à lextré- mité des branches. Il ne peut guère être douteux non plus qu'en pratiquant la même opération sur les différents végétaux qu’on force dans le but den obtenir des fruits on en retirerait de grands avanta- ges, car si, en général, ils donnent peu de fiuits; c'est parce que la plupart des fleurs ne sont pas fécondées. Note 48. — Les différents états favorables à la fécondation ne présentent pas toujours les mêmes caractères physiques externes ; îl est même un cer- tain nombre de plantes chez lesquelles ces carac- tères favorables ne peuvent être appréciés à Ja sim- ple vue et qui présentent des particularités qui semblent déroger à la loi générale et être en oppo- sition avec certains principes que nous avons poses, Tels sont les Noyers, et tout particulièrement les Noisetiers. Chez ceux-ci, en eflet, les fleurs mâles apparaissent bien longtemps (quelquefois deux mois) avant qu’on ne puisse apercevoir les fleurs femelles, de sorte que lorsque celles-ci apparaissent, celles-là sont passées il y a déjà longtemps. Malgré cela la fécondation s'opère très-bien; il ÿ à production de fruits. Note 49. — Comme il est toujours très-difficile, ou plutôt qu’il est impossible, de fixer ladélimitation d'une espèce, et que par conséquent on ne peut préciser le dernier point d'analogie entre deux indi- vidus donnés où la fécondation entre eux cesse d’être possible, on doit, lorsqu'on a une plante à féconder et que parmi celles qu'on possède il n'en est aucune que la science indique comme pouvant organiquement s’unir à elle, on doit néanmoins, disons-nous, essayer et choisir, dans ces derniéres, celle qui paraît avoir le plus d’analogie avec celle qu’on veut féconder; en un mot, on doit läter. Sou- vent l'expérience a démontré possibles des faits dont la science avait douté, qu’elle avait parfois niés. 68 : NOTES. Si, dans ces circonstances, on doit, sans aucun doute, s'appuyer sur la science, il ne faut cependant pas oublier que celle-ci n’est point infaillible, qu’é- tant le résultat d'observations traduites en règles elle ne peut être absolument vraie, que la nature, qui nous montre son travail, nous cache beaucoup de secrets, secrets que, sans les dévoiler ouverte- ment, elle laisse parfois entrevoir à ceux qui la cul- _tiventet vivent avec elle. On ne peut, du reste, nier que, dans ce qu’on nomme une espèce, il y a des individus qui ont plus de tendance à s’unir, entre lesquels il semble qu’il y a plus de sympathie, pourrait-on presque dire. Toujours on remarque des affinités dont la science ne peut rendre compte, qu’elle ne peut que con- stater. Après tout, pourquoi n'en serait-il pas ainsi? Les végétaux ne sont-ils pas des êtres qui, comme tels, doivent éprouver une sorte d'attraction ou de répul- sion en rapport avec leur nature organique intime que nous ne connaîtrons jamais? N'oublions pas que, dans cette circonstance peut-être plus que dans toute autre, la science ne doit intervenir que Comme un point d'appui, comme une sorte de flam- beau à la lumière duquel on doit marcher et tâcher de pénétrer dans ce sanctuaire où les mystères s’en- chaînent, ou plutôt où tout est mystère ! Mais, d’une autre part, ne peut-il pas se faire que le climat, les conditions dans lesquelles sont placés les individus, et surtout les traitements auxquels on les soumet, puissent modifier les lois d’analogie or- ganique, et faire que, dans certaines conditions, telles ou telles alliances soient possibles qui ne l’étaient pas dans certaines autres (Note 27). C’est là une hypothèse, sans doute, mais qui pourtant semble n'avoir rien d’impossible, qui, au contraire, paraît s’accorder avec certains faits. Nous voyons, en effet, dans la pratique des grefles, se montrer des faits Sinon semblables, du moins analogues à ceux que nous venons de rapporter ; par exemple, que dans tel pays, parfois même dans telle localité particu- lière, on peut greffer avec succès telle espèce sur telle autre, tandis qu'on ne peut le faire dans des conditions différentes; qu'ici on peut, même avce avantage, employer tel mode de greffe, lorsque là ce mode ne réussit pas, ou qu'il ne donne que de très-mauvais résultats. Ces particularités sont fréquentes. Note 20. — I] ne peut y avoir rien d’abcolu quand il s’agit d'indiquer le moment le plus favora- ble pour opérer la fécondation des fleurs, ce moment étant subordonné à la nature et au tempérament des individus, ainsi qu'aux conditions dans les- quelles ils sont placés. Ainsi, par exemple, pour les Yuccas (sous notre climat du moins), l'observation a démontré que, généralement, les fleurs s’ouvrent vers le soir, et que le moment le plus favorable pour en opérer la fécondation est, suivant la tempé- rature, depuis 5 heures jusqu'à environ 8 heures du matin. [l est bien entendu, dans cette circon- Stance, que nous parlons de la floraison qui a lieu pendant le printemps ou le commencement de l'été. Pour favoriser la fécondation des Yuccas on se trouve bien de les fenir à l’eau, c’est-à-dire de bien tremper la terre dans laquelle ils sont plantés, quel- que temps avant l'épanouissement des fleurs, et même de maintenir cette humidité pendant tout le temps de la grossification des fruits. Note 21. — En général on se trouve bien, quelques jours avant de pratiquer la fécondation, d'activer un peu la végétation de la plante qu’on veut féconder, d’exciter ses fonctions vitales, ce à quoi l’on parvient soit à l’aide de copieux arrose- ments si la plante est vigoureuse, soit, si la plante est délicate et qu’elle soit en pots, en la plaçant pendant quelque temps dans une serre dont on pourra au besoin élever la température. Si, au con- taire, les plantes étaient en pleine terre et qu’elles aient à redouter l'humidité, on les garantirait à l'aide d’abris. Note 22. — En ce qui a rapport à la vitalité du pollen, c’est-à-dire au temps pendant lequel il peut conserver ses propriétés génératrices, on est loin d'être suffisamment éclairé; on peut, en effet, se demander si la nature du pollen n’est pas en rap- port avec la plante sur laquelle il a été recueilli, et si par conséquent les diverses sortes récoltées sur des espèces appartenant soit à un même genre, soit à des genres différents, soit à une même famille, soit à des familles différentes, 6nt une durée vitale semblable, ou bien si, sous ce rapport, ils ne pré- sentent pas de très-grandes différences. Cette der- nière supposition nous paraît certaine, bien que jusqu'ici nous ne puissions rien affirmer. Quoi qu'il en soit, l'exemple suivant démontre que le pollen de certaines espèces peut conser- ver pendant longtemps ses facultés fécondantes; ainsi, du pollen de Ceratozamia Mexicana, récolté de- puis trois ans, ayant été employé pour féconder les fleurs femelles d’une autre espèce de Ceralozamia, a donné de très-bons résultats. Tous les ovules se sont bien développés; les jeunes plantes qu'ils ont produites ne laissent rien à désirer. Il nous est ar- rivé aussi de nous servir de pollen de diverses espè- ces de Gesnériacées récolté depuis deux ans pour féconder d’autres espèces de ce même groupe ; le résultat à également été des plus satisfaisants. Les résultats obtenus dans ces expériences prou- vent que le pollen conservé n’avait nullement perdu de sa vitalité; ils autorisent à croire que celle-ci n’était même pas affaiblie. Note 23. — Dans le cas où l’on voudrait tenter des expériences sur la fécondation des arbres frui- tiers en vue de modifier les produits, il faudrait agir diversement et combiner les opérations de ma- nière à atteindre le but qu’on se propose ; ainsi, si l’on voulait modifier la forme ou Paspect tout en conservant la qualité des fruits, il faudrait prendre du pollen sur les fleurs d’une variété dont les fruits soient très-beaux (lors même qu'ils seraient d’une qualité inférieure), sur la Belle Angevine, par exem- ple, et le porter sur le stigmate des fleurs d’une va- riété dont les fruits pourraient même être petits, pourvu qu’ils fussent de bonne qualité. On pourrait aussi, afin de multiplier les chances, faire en même temps l'opération inverse, c’est-à-dire prendre du pollen sur les fleurs de la variété dont les fruits. sont de bonne qualité et le porter sur le stigmate des fleurs de la variété dont les fruits n’ont guère d'autre mérite que d’être beaux et gros. Il est sou- vent bon de faire le croisement d’une manière in- verse, paree que l'expérience a démontré que dans certains cas une plante pouvait en féconder une autre, mais qu’elle ne pouvait pas être fécondce par elle, ef vice versa. (Noir, page 29, l'observation relative aux croisements.) Peut-être aussi qu’en prenant du pollen sur les fleurs de variétés soit hâtives, soit tardives, et en appliquant sur les fleurs de variétés qui présentent des qualités con- traires, on arriverait à modifier les époques de ma- turité par exemple, à reporter sur des variétés tardives les qualités que présentent certaines varié- tés hâtives. Tout ceci n’a rien d'improbable, au contraire; aussi engageons-nous fortement tous ceux qui s'intéressent à ces sortes de questions, à tenter des expériences dans ce sens. Note 2%. — Une comparaison que nous croyons devoir faire quoiqu’elle soit bien triviale, parce qu’elle rend bien notre pensée, est la suivante : sup- posons qu'une paysanne très-vigoureuse et forte mais mal vélue soit unie à un homme très-bien couvert, à ce qu’on nomme un dandy, d’un tempéram- ment délicat et faible. Les enfants qui naîtraient de ce rapprochement, d’après notre théorie (et en écartant toute comparaison analogique, bien en- tendu), devraient avoir un extérieur (un facies), sinon très-beau mais au moins convenable, ct de plus, être vigoureux et robustes. Note 25. — Longtemps avant cette époque, c’est-à-dire avant 1854, on avait opéré des croi- sements entre les Gladiolus ramosus, cardinalis, floribundus, NOTES. 69 etc., croisements desquels étaient sorties des variétés très-remarquables par la gran- deur, par la forme et par le coloris des fleurs ; - mais aucune de ces variétés n’était modifiée sous - le rapport du tempérament ; toutes étaient sensibles au froid, — ce qui devait être, — les deux parents présentant ce caractère. Note 26.— On pourrait, de ces faits et de beau- coup d’autres analogues que nous pourrions citer, tirer cette conclusion que plus une plante est flori- bonde, plus elle est délicate (relativement, bien en- tendu) et que la floribondité est le fait d’une modi- fication organique qui tend à affaiblir letempérament; en d’autres termes, que la floribondité s'exerce aux dépens de la rusticité. On en a unexemple dans les Chrysanthêmes de Chine précoces. (Note 3.) Note 27. — Nous pourrions, à l'appui des mo- - difications de tempérament des végétaux déterminées par le croisement, citer le fait d’accouplement de l’ânesse avec le cheval ou celui de l’âne avec la ju- ment. Si l’on nous objectait que pour obtenir, ce résultat, et pour faciliter cesrapprochements, on est obligé de soumettre les individus qu’on veut faire unir à un traitement particulier qui modifie leur tempérament, nous répondrions que c’est précisé- ment le cas dans lequel se trouvent les végétaux d'ornement, et que, par suite des traitements aux- quels on les soumet, de la nourriture abondante, substantielle et variée, qu’on leur donrie, ainsi que des conditions toutes spéciales dans lesquelles on les place, on est arrivé à modifier très-notablement leur nature intime, ce qui par suite peut les ame- ner à s'unir à d’autres végétaux qui ont des carac- tères et un tempérament particuliers différents des leurs, et avec lesquels, primitivement, il n’y aurait pas eu de rapprochement possible. On remarque, en effet, en général que les plantes s’hybrident d'autant plus difficilement qu’elles sont moins do- mestiquées et surtout qu’elles sont représentées par un plus petit uombre d'individus. On remarque très- souvent aussi que les individus qui naissent de ces fécondations paraissent non-seulement très-disposés à s’allier à d’autres qui ne pouvaient s’unir avec . ceux dont ils proviennent. Il semble que les en- fants soient destinés à resserrer les liens et à com- bler les lacunes laissées par leurs parents. Métapho- riquement, on pourrait dire que les parents étaient ennemis mais que les enfants sont amis. L'état de domesticité, disons nous, peut, sinon intervertir les gouts et les attractions naturelles mais il peut les modifier par suite du changement de vie et d'habitude que contractent les êtres soumis à ce régime de sequestration, et, par suite, rendre possible des rapprochements jusqu’à les regardés comme impossibles. Par exemple il est douteux que le Tigre et le Lion s’unissent à l’état de liberté; à Pétat domestique le fait a eu lieu plusieurs fois. Ainsi, à Nancy en 1841 un Lion et une Tigresse se sont accouplés; ce n’était pas la première fois - puisqu'ils avaient déjà produits : leurs petits étaient auprès d'eux, déjà forts. Que sont-ils devenus ? - Il en est à peu près de mème des Poules com- munes et des Faisans comme du tigre et du lion; on peut douter qu’a l’état de liberté, ils s'unissent. À l’état de domesticité le fait est certain; nous en connaissons de très-beauxet de nombreux exemples. Dans cette circonstance nous avons pu aussi cons- tater que la théorie que nous avons émise de l’in- fluence particulière des sexes, s’est réalisée. Les in- dividus issus de ce rapprochement, sont très- allongés, élancés, et d’une forme qui rappelle com- plétement celle des faisans, qui étaient les pères, mais en même temps ils sont beaucoup plus rus- tiques, d’un tempéramment beaucoup plus robuste que ne sont les Faisans; ils sont aussi beaucoup plus faciles à élever. Tous ces avantages ils les te- naient des Poules, leurs mères. Quant à la chair, celle était à peu près celle ‘du Faisan. Qu’y aurait-il donc d’étonnantque, unis à d’autres racesces sortes de méti$puissentleur communiqner certaines qualités ou en recevoir d'elles certaines autres, d’ou naîtraient de nouvelles séries d'individus ? Note 28. — Pour arriver à créer des races par- ticulières à l’aide de lhybridation il faut tâcher d’affaiblir, d'annuler, autant qu’on le peut, la force d'atavisme des deux types que l’on hybride. On à chance d’y parvenir en fécondant les enfants d’hy- brides par des espèces autres que celles dont ils proviennent, ou bien en recourant de temps à autre à celui des deux types qui semble perdre en importance, de manière à rétablir l'équilibre mixte que l’on tient à conserver. Si les exemples des races mixles, c’est-à-dire de races obtenues en fécondant l’un par l’autre deux types spécifiques, ne sont pas encore bien connus, on ne peutguère douter qu’il y en ait; on en recon- naîtra, on en créera même, lorsque, observant avec attention la vie des êtres. on connaîtra mieux leur tempérament, leurs sympathies osons-nous dire, et qu’alors on saisira le moment où l'attraction l’em- porte sur la répulsion, ou bien que par des traite- ments particuliers on affaiblira celle-ci au profit de celle-là. 1 (Voirla note précédente), Note 29.— On doit comprendre que, pour que des changements aussiconsidérables dans le dévelop- pement des organes sexuels puissent se pro- duire, il faut que la température sous laquelle ils s’exercent se maintienne à un certain degré pen- dant quelque jours, afin que le travail organique se fasse, que les tissus se distendent et se modifient, toutes choses qui ne peuvent s’accomplir lorsque la température est très-variable; car dans ce cas le dé- veloppement, au lieu d’être uniforme et progressif, est irrégulier, de sorte que les modifications sou- mises à cette variabilité ne présentent rien de constant dans leur apparition. Note 30.— Rien, si ce n’est l'expérience, n’in- dique si telle ou telle plante est facile à s’hybrider avec telle ou telle autre ; sous ce rapport on voit parfois, dans une même famille, des différences considérables. Nous en citerons deux exemples pris parmi les Cucurbitacées et les Crucifères. Ainsi les Melons etles Concombres, si voisins l’un de l’autre par leurs caractères, ne s’hybrident pas, tandis que les diverses races de ces plantes, si différentes parfois l’une de l’autre, se fécondent avec la plus grande facilité, Il en est absolument de même des Courges, des Choux, des Navets. Les Giroflées dites Quarantaines, Cocardeaux, etc., bien qu’appartenant à cette même famille des Crucifères, ne se fécondent pas ou ne se fécondent que très-rarement entre elles ; aussi peut-on cul- tiver près l’une de l'autre les diverses races ou _Sous-races de ces plantes, sans qu’elles éprouvent de ce contact aucune modification. A côté de cela nous voyons dans d’autres familles des variétés très-constantes dans leur reproduction, et cela quelles que soient les conditions dans lesquelles elles sont placées. Ainsi, parmi les plantes de la famille des Rosacées, dont les fleurs sont si abondamment pourvues d'organes sexuels, nous trouvons des faits de fixité, de ténacité, on pourrait “dire, des plus étonnants : chez les Péchers, par exemple. Ainsi les Pêchers à chair et à fruits blancs, bien que cultivés au milieu de variétés qui fleurissent à la même époque, dont les fleurs roses et même rouge foncé, sont suivies de fruits de couleur et de nature si variées, ne varient ni par leurs fleurs ni par leurs fruits, de sorte que, lorsqu'on sème leurs noyaux, on obtient à peu près les mêmes variétés. Il en est absolument de même du Pécher nain et du Pécher pleureur; ïls se reproduisent de noyaux jusque dans leurs moindres caractères. Note 31. — La nature du sol, celle du climat, et surtout celle du milieu dans lesquels sont placés les porte-graines, exercent sur le produit de ceux-ci une influence souvent considérable. Ainsi, dans certains terrains riches et substantiels, Ja où les plantes sont très-vigoureuses, on remarque, pour certaines espèces qu’on y cultive, que les graines 4 Nous avons dans le Chabin (hybride de la Chèvre et du Mouton) l’exemple d’une race mixte fertile. ne oo 70 qu’elles produisent ne donnent en général que des individus à fleurs simples, tandis que d’autres plantes de cette même espèce cultivées en pots ne pro- duisent presque que des individus à fleurs doubles. C’est un fait que, dans quelques endroits, on met \ à profit pour certaines espèces de plantes, notamment pour les Giroflées-Quarantaines. Pour celles-ci, on | remarque parfois que, dans des conditions iden- | tiques, les mêmes variétés cultivées en pots pro- | duisent des graines qui, semées, dofnent presque | toutes plantes à fleurs doubles, tandis que cultivées | en pleine terre les graines qu’elles produisent ne | donnent que des individus à fleurs simples. Note 32.— Les faits de dégénérescence du Pé- largonium Reine des fantaisies et du P. Reine Hor- tense présentent, dans la manière dont ils se compor- tent, une marche tout à fait opposée et donnent lieu à un phénomène entièrement inverse. Ainsi, tandis que chez le premier les fleurs diminuent de gran- deur tout en se régularisant et que leur couleur change, chez le deuxième (P. Reine Hortense) les fleurs deviennent au contraire irrégulières, et les pétales, au lieu de rester entiers se découpent très- ‘profondément (se lacinient). De plus ces fleurs de- viennent monstrueuses ; le nombre des pièces du calice et de la corolle, au lieu d’être de cing, est de Si. À Une chose que nous devons encore faire remar- \ quer relativement à cette dernière variété, c’est la promptitude avec laquelle Ia transformation s’est l’opérée. Comme exemple de cette proraptitude nous pourrions citer un cultivateur des plus habiles qui, sachant que cette variété était très-avantageuse pour le commerce, en fit en 1863 un très-grand nombrede boutures, qui, bien que prises sur des individus qui paraissaienttrès-francs, n’en présentèrent pas moins, lorsqu'elles fleurirent l’année suivante, les carac- tères de dégénérescence que nous avons indiqués ci-dessus. : : Les exemples de dégénérescence ou de modifi- cations que nous venons de rappeler, de même que tant d’autres analogues que nous pourrions faire connaître, ne suivent pas une marche uniforme; mon-seulement ils peuvent se manifester chez un cultivateur bien longtemps auparavant que de se | montrer chez un autre, mais ils peuvent présenter |! entre eux des différences et des variations plus ou {}moins grandes, en rapport avec les conditions dans lesquelles elles se montrent : ici d'une mauiére, là | | d’une autre, ailleurs encore d’une autre. Note 33.— On ne saurait trop se bien pénétrer de cette idée que chaque plante, chaque graine (on pourrait peut-être dire chaque œil),quelque semblable qu’ellesoit avec une autre,n’en n’est pas Moins orga- niquement distincte; c'est une individualité qui présente des qualités particulières, des caractères qui lui sont propres. Mais, ces qualités étant organiques, rien parfois ne les indique; elles ressortent de l'expérience ; d’où il suit que, lorsqu'on a fait un se- mis, si l’on a beaucoup de terrain, ilne faut pas se presser de jeter les individus qui en proviennent ; car parmi ceux-ci il peut s’en trouver qui, comme on dit dans la pratique, aient de l'avenir, soit par eux-mêmes, soit comme mères, et qui pourraient par la suite, produire des plantes très-intéressantes à divers points de vue. Le Dianthus barbato-superbus (note 12) nous en offre un exemple bien remar- quable. : Cette plante, qui, lors de l’épure, avait été arra- chée et jetée comme n'étant pas franche (elle avait joué avec des OEillets de Poëte), ramassée, plantée et soignée par nous, nous à donné les résultats remar- quables que nous avons rapportés dans la’note 12. Deux faits, sinon semblables, du moins analogues aux précédents, qui nous sont particuliers, sont les suivants. En 41847, ayant récolté des graines sur deux pieds de Balsamine Camellia à fleurs doubles, ponctuées et en apparence tout à fait identiques, nous avons semé ces graines à part. De chacun des lots nous avons choisi 120 plantes qui nous ont donné: le n° 1,13 Balsamines ponctuées à peinesemi- NOTES. doubles ; toutes les autres étaient à fleurs simples de diverses couleurs. Dans les 120 plantes du lot no 2, 95 donnèrent des fleurs ponctuées, très-pleines, 17 furent à fleurs semi-doubles également ponc- tuées, les autres étaient à fleurs simples de couleurs diverses. Une expérience de même nature que nous fimes sur 2 pieds d’une variété de Quarantaines nous donna des résultats encore plus remarquables : 85 plantes provenant de l’un des pieds furent toutes à fleurs très-doubles, tandis qu'un même nombre de pieds provenant de l’autre plante, qui avait été cultivée dans des conditions tout à fait semblables à la précédente, dont elle ne différait pas, ne don- nèrent que des fleurs simples. Note 34.—Ilne faudrait pas croire que tous les Rosiers mousseux qu’on rencontre aujourd’hui dans lc commerce sont le résultat d'accidents. La plus grande partie, au contraire, provient de graines. C’est une race qui tend à se eréer, et déjà des graines qu'on recueille sur les Rosiers Mousseux on: obtient, lorsqu'on les sème, un certain nombre din- dividus qui ont conservé les caractères généraux, des plantes dont ils proviennent ; ils sont plus ou; moins mousseux. Constatons toutefois que ce carac< tère mousseux n’est particulier à aucune section de Rosiers et qu’on le retrouve au contraire à peu près dans toutes ; en effet, les Cent-Feuilles, les Quatre- Saisons, les Hybrides remontants, etc, en fournis- sent des exemples. Le fait de la reproduction de la mousse des Rosiers à l’aide de graines,prouve une fois de plus, ainsi que nous l’avons déjà dit plusieurs fois , que tout, dans un végétal, tend à se reproduire, et que les particularités, les propriétés, les monstruosités même peuvent devenir héréditaires (note 16). Note 35. — Le Rosier Mousseuse Zoé est un des accidents les plus remarquables qu’ait produits le Rosier Cent-Feuilles ordinaire. Cette variété, au lieu d’être mousseuse soit sur le pédoncule, soit sur les feuilles calicinales, ainsi que sont la plu- part des autres variétés de ce groupe, est mous- seuse sur toutes ses parties, d’où sa qualification de: Mousseuse partout. L'accident Moussèuse Zoé s’est reproduit de nou- veau l’année dernière (1864), chez M. Jamain, horti- culteur, rue de la Glacière, à Paris, où nous avons pu en suivre le développement. Ce que nous avons pu constater aussi chez cet horticulteur, c’est que, dans deux planches plantées en Rosiers mousseux ordinaires, indépendamment de l'accident Mousseuse Zoé, il y avait plusieurs pieds qui tendaïent égale- ment à se modifier, quelques-uns par leurs feuilles, d’autres par leurs fleurs. Note 36.—- Il arrive parfois que le Rosier Pana- chée d’Urléans donne des rameaux gros, vigoureux, assez fortement épineux, un peu moins pourtant que ceux du R. Baronne Prévost, dont il sort; ses fleurs aussi, bien que ressemblant beaucoup à celles de ce dernier, en différent néanmoins. C’est encore un intermédiaire produit par le seul fait de la végé- tation. Note 37.— Dans toutes ces circonstances, il ne faut pas oublier que toutes les plantes ne sont pas également modifiables, et que les conditions dans lesquelles elles sont placées exercent sur elles des influences très-diverses. Aïnsi, tandis que dans certains sols et sur la même variété, les modifications sont à peine sensibles, dans d’autres au contraire elles sont considérables. Quelquefois ces faits se montrent dans le même terrain et dans des condi- tions identiques, de sorte que, dans deux planches contiguës plantées avec la même variété de plante il pourra se faire que l'une présente de nombreux accidents, tandis que l’autre n’en présentera pas un seul. D'où il résulte que, de ce que sur certaines plantes qu’on cultive on n’obtient pas de modifica- tions on n’est pasen droit d'en conclure que ces modifications sont ‘impossibles. Tous ces faits sont complexes, et dépendent de causes qui nous sont inconnues. fr ! { Î 14 | | | Î ht mt mm nhemies EE NOTES. 74 Il en est de même des quantités: ainsi, dans cer- tains cas, on pourra parfois, a’un très-petit nombre de plantes, obtenir des modifications ou des trans- formations relativement considérables, tandis que dans d’autres, et sur des milliers d'individus, on pourra n’obtenir aucun changement appréciable. Tous ces faits démontrent, ainsi que nons l’avons déjà dit (note 33), que chaque graine est une in- dividualité particulière, qui, bien que provenant des mêmes parents que d’autres avec lesquelles elle était, peut présenter des caractères différents, non- eulement de celles-ci, mais même de leur mère commune. Elle est parente, à des degrés plus ou moins rapprochés, mais elle n’est pas eux. Mais, d’une autre part, qu’arriverait-il si chacun ne croyait que ce qu'il a constaté? Qu’on pourrait nier à peu près tout, car, ce qu’on à vu, un autre ne l’a parfois jamais observé, et certains faits très- communs pour l’un sont souvent complétement in- connus à d’autres. Ainsi, par exemple, le Podoearpus Koraiana, produisant des branches verticillées et des feuilles distiques, est un fait que peut-être seul, jusqu’à ce jour, nous avons constaté. Malgré cela on ne peut le nier. Ilen est de même de beaucoup d’autres accidents ; ainsi , il est tel Rosiériste qui a cultivé par milliers des Rosiers Baronne Prévost sans jamais avoir remarqué la moindre variation ; pourtant il n’est pas en droit de nier que certains de ses confrères ont obtenu de ce Rosier quelques accidents, Ce que nons avons dit du P. Koraiana,. ce que nous disons des Rosiers, nous pouvons le dire d’un trés-grand nombre de végétaux, soit ligneux, soit herbacés, ce qui, du reste, ressort clairement de Fénoncé des faits de dimorphisme dont nous don- nons l’'énumération. Ceux-ci, pour la plupart, sor- tent de plantes cultivées en grande quantité par beaucoup d’horticulteurs qui n’ont jamais eu l’occa- sion de les remarquer. Pourtant ils ne peuvent les nier. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de dire qu’ils n'ont jamais vu ces faits. Note 38. — Four expliquer toutes ces variations, on a cherchc à faire rentrer le phénomène qui les pro- duit dans la formule ordinaire, qui, si elle n’explique rien, à au moins cet avantage qu’elle tient lieu de toute explication; on a dit, par exemple, qu’elles sont dues à des fécondations faites entre diverses variétés. Mais il suffit d’y réfléchir pour se con- vaincre que cette hypothèse est tout à fait gratuite; car, une tige de Haricot étant le fait d’un seul ovule, dès l’instant où elle produit des fruits de forme, de couleur et de qualités diverses, et de plus que cette tige est volubile bien qu’elle provienne d’une plante non volubile, il faudrait admettre que cet ovule a été tout à la fois fecondé par plusieurs grains de pollen appartenant à des variétés très- diverses, qui présentent des qualités et des carac- tères les plus opposés. Mais encore ici le fait n’est “guère admissible, car dans les Haricots de même que dans la plupart des légumineuses la fécondation directe (voir pag. 19), seule, est à peu près possible (Il est même plus que probable que la fécondation est anteflorale.) — Pour vouloir expliquer un phénomène inexplica- ble on est obligé d'admettre comme vraies des hypo- thèses que la raison condamne, et qui sont en même temps contraires à certaines lois scientfi- ques admises. Note 39.— Les faits, soit de dimorphisme, soit de dichroïsme, que présentent les Pommes de terre nous démontrent que leur cause d’apparitiôn n’est pas due, ainsi qu'on le croit généralement à des croisements, c’est-à-dire aux fécondations des fleurs, puisque la fécondation ne peut agir que sur les graines, et que ce n’est que très-rarement et pour ainsi dire exceptionnellement qu'on multiplie les Pommes de terre par ce procédé, bien que ce soit par centaines qu’on compte les variétés, Mais il ya plus, et il arrive parfois que les rameaux aériens, lorsqu'on les bouture, produisent des variétés diflé- rentes de celles de pieds dont ils proviennent. Du reste les variétés nombreuses de certaines plantes qu'on cultive, provenant d'espèces qui ne donnent jamais de graines prouvent, surabondamment que, en dehors de la fécondation, il y à d’autres causes qui poussent à la diversité. Note 40. — On nomme broussin la réunion de nombreux petits bourgeons qui naissent soit sur des tiges, soit sur de grosses branches d’arbres où ils constituent des aggloméra tions parfois considéra bles que de loin on pourrait prendre pour des Guis. Ces productions, qui prennent rarement un grand développement, conservent leurs caractères particu- hiers, de sorte que, si on les multiplie, elles forment des plantes buissonneuses, souvent très-différentes de celles sur lesquelles elles se sont montrées. Dans certains cas, cependant ces plantes peuvent acqué- rir de plus grandes dimensions, et. bien qu’en con- servant leurs caractères particuliers et constituant des formes bien distinctes, elles peuvent, par leurs propriétés spéciales, rendre d'importants services. Note #1.— Bien que, à l'exemple detous les bota- nistes, nous considérions ici le Robinia hispida comme type, nous n’oserions garantir que c’est uue espèce ; nous pensons même le contraire, Nous appuyons nos doutes, d’abord sur ce fait que nulle part on ne la encore rencontré, si ce n’est cultivé, et, d’une autre part encore, que, partout en Europe, où cette plante est très-fréquemment cultivée pour Pornement, de même qu'en Amérique où elle est très-employée au même usage, elle ne donne jamais de graines. Note 42. — Nous pouvons, afin de nous repré- senter le double effet (l'effet lent et l'effet brusque) sous lequel se montre le dimorphisme, supposer une horloge à secondes dont on ne verrait que le cadran. Dans ce cas l'effet continu, mais lent,nous serait représenté par le balancier, qui, bien que- nous ne le voyions pas,ne s’arrête cependant ja- mais, et l'effet brusque ou intermittent, par cha- que saut que feraient les aiguilles, saut qui est la résultante d’une action incessante tellement lente, qu’elle n’est point appréciable à nos sens, et qui ne se manifeste d’une manière sensible que lorsqu'il y a une certainequantité de force acumulée. ; Note 43. — Cette hypothèse, loin d’être con- traire aux règles soit de la physiologie, soit de la pratique, ÿ est conforme; elle s'appuie sur ce fait que, aucune partie d’un végétal quelconque ne pouvant être exactement semblable à aucune autre, mais que possédant, au contraire, ses pro priétés particulières, il peut en résulter que, bien qu'on ait pris, soit des boutures, soit des greffons sur un même individu, on pourra parfois, de ces parties, obtenir des individus qui présenteront des caractères différents de celui dont ils sortent (Le Cerisier anglais et certains autres arbres fruitiers dont nous avons parlé en fournissent des exemples). Nous ne sommes même pas éloigné de croire qu'un certain nombre de nos variétés d'arbres fruitiers n’ont pas d'autre origine; cela paraît d’au- tant plus probable que jamais, ou presque jamais, on ne conserve les arbres types; que presque toujours, au contraire, on prend les parties à multiplier sur des individus de %, de 8° génération, 1 parfois même plus, qui ont été placés dans des milieux très-différents, où, à leur tour, ils ont pu acquérir des qualités spéciales. Or, comme nous savons que toutes les propriétés que possède un végétal sont susceptibles de pouvoir se transmettre, il peut en résulter qu’au bout d’un certain temps on puisse parfois trouver sous un même nom des arbres fruitiers différant les uns des autres, bien qu'origi- nairement ils proviennent d’un même arbre. Pour le Pêcher le fait ne nous paraît pas douteux. Nous pourrions même l’appuyer par des exemples. Ainsi, cette année, sur un Pêcher à grandes fleurs roses 4 Le mot génération dont nous nous servons ici doit être pris comme indiquant un sujet ou une série de sujets provenant d’une partie qui avait été prise sur un individu qui lui-même provenait d’un autre que le pied mère, Pour nous faire comprendre, supposons une plante-mère À de laquelle ——— re mm * TRES TE Ne 7 Ed ee 3 Eu à ee RE ann IT CP EP SES eRRRF NS MER ES ms ge ares re ie 5 72 NOTES. très-foncé, nous avons trouvé des fleurs rose”carné très pâles et d’autres presque blanches. Sur le même arbre il Y avait aussi des branches dont toutes les fleurs étaient mouchetées absolument comme le sont celles de la variété de Rosier qu’on nomme Reine à fleurs panachées. | Si l’on réfléchit, qu'une modificatien externe est toujours la conséquence d’une modification interne, et que d’autre part, chaque œil, chaque bourgeon peut être considéré comme un végétal qui a ses caractères propres, on, comprendra facilement come, ment, dans certains cas, en prenant des bour- geons sur un même arbre on peut obtenir des ré- sultats différents. Le. Toutes ces modifications, parfois si. profondes, qui se montrent sur des végétaux qui ont été pro- duits par bouture, par couchage, par greffe, etc., en un mot par division de leurs parties, démontrent de la manière la plus nette que l’idée qu’on à géné- ralement que, par ces procédés, on multiplie indé- finiment le même individu avec ses particularités, n’est vraie, non plus, que relativement, et qu’en ceci comme en toute autre chose la nature ne se prête pas servilement à nos combinaisons pour justi- fier nos théories. Si parfois nous le croyons, c’est parce que nous ne voyons jamais au delà d’un cer- tain horizon qui limite et indique la mesure de nos connaissances, parfois même celle de notre in- térèt, mais presque toujours celle de notre amour- propre. Note 44%. — Comme preuve de ce fait, que les plantes peuvent conserver, acquérir ou même perdre certaines propriétés particulières en rapport avec le milieu dans lequel elles vivent, nous pou- vons citer d’abord l’Epine-Vinette à feuilles pourpres, qui dans les terres fortes, argileuses, là surtout où l'air est vif, conserve ses feuilles rouge foncé et se reproduit à peu près telle par ses graines, tandis q'uà Paris, au Muséum, par exemple. dans des ter- on a détaché une branche avec laquelle on a fait un individu B; c'est la première génération. Si nous supposons encore que de ce dernier on a pris une branche dont on a fait un indi- vidu C, nous aurons, dans celui-ci, un exemple de deuxième génération, rains Calcaires et secs, non-seulement cette variété ne se reproduit pas par graines, mais elle en conserve même pas ses caractères; la couleur rouge va Constamment en diminuant de sorte, qu’en quelques années cette plante a repris les carac- tères du type ; elle est revenue à feuilles vertes. .Nous pourrions encore, à l'appui de notre dire: citer la plupart de nos plantes potagères dont il faut renouveler si souvent les graines, en les ti- rant des localités ou elles conservent les qualités qui les font rechercher. | Le Hêtre à feuilles pourpres présente, au point. de vue de Sa multiplication par graines, un fait ana- logue à celui que nous venons de rapporter. Ainsi, à Ris-Orangis, où cette variété vient pourtant très- bien, où ses feuilles sont d’un pourpre très-foncé, presque noir, les graines qu’on y récolte ne don- nent néanmoins que très-rarement et pour aïnsi dire exceptionnellement (parfois 4 à 8 pour 100} | de plantes à feuilles pourpres, tandisque les graines. | de cette même variété récoltées dans différents: endroîts, notamment à Mortefontaine, donnent 50, parfois 75 pour 100 d'individus à feuilles. pourpres. Note 45. — Nous avons dit ailleurs (Note 1), que les faits soit de dimorphisme, soit de dichroïsme: pourraient être partagés en deux catégories : ceux qui se manifestestent brusquement et ceux dont l’appa- rition est lente. Le Viola Rothomagensis pallidæ rentre dans cette dernière catégorie, Voici le fait: En 1863 nous avons fait venir des coteaux de Vernon, un certain nombre de pieds de Viola Rotho- magensis. Plantés au Muséum ils conservèrent à peu près tous leurs caractères sauf toutefois la villosité qui disparut en grande partie dès la première année. Pendant cette année 1863 et toute l’année 1864, ils donnèrent abondamment des fleurs bleues. Dans l'hiver de 4864 à 1865 tous les pieds, excepté un, périrent, le pied qui resta, au lieu de se couvrir de fleurs d’un beau bleu ainsi qu'il avait fait les deux années précédentes, produisit des fleurs presque blanches. Cette couleur se maïntiendra- t-elle? Ily aura-til formation d’une race jardi- nique? C’est ce que l'avenir nous apprendra. MONTEREAU. —— IMPRIMERIE DE L. ZANOTE, OUVRAGES DU MÊME AUTEUR QUI SE TROUVENT À LA LIBRAIRIE ASRICOLE. DE LA MAISON RUSTIQUE TRAITÉ DES PÉPINIÈRES In-18 accompagné de 39 figures explicatives intercalées. dans le texte, Deuxième édUOone : PE ET DU Re Er re te Me Mt PR PS le GUIDE DU JARDINIER MULTIPLICATEUR Ou Art de propager les Végétaux par semis, boutures, greffes, etc. In-18 de 272 pages 3 fe, 50 La deuxième édition revue, corrigée et considérablement augmentée, avec un grand nombre de gravures, est sous presse. TRAITÉ GÉNÉRAL DES CONIFÈRES Ouvrage honoré d’une -médaille d’or par la Société impériale et centrale d'Hor- ticulture de la Seine, et d’une médaille de vermeil par la Société impériale et ceütrale d'Horticulture de la Seine-Inférieure. 1 vol. in-8 de 600 pages. Epuisé. LES HOMMES ET LES CHOSES Où Vavenir par le passé. 1 volume grand in-8 de 416 pages ENTRETIENS FAMILIERS SUR L'HORTICULTURE Ouvrage honoré d’une: médaille d’or par la Société impériale et centrale d'Horti- culture. de la Seine. 4 volume in-18 de 396 pagesg. .. 3 fr. 50 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ESPÈCE Brochure grand in-8. Epuisé. NOMENCLATURE DES PÊCHES ET DES BRUGNONS Brochure in-8 Yn-18 de 558 pages Brochure grand in-8 LA VIGNE . 4 Volume in-19 de 380 pages et 120 gravures : Montereau, —— Imprimerie de L. ZANOTE. 7 1 a,