- M CS toi E Wy hrec for Lan NS ie Melo on е EUX А vos Tm Atos ж e E = ad Е: E be Кал E 3 aere cir reinig ey = Ss б "i arts MEA CM e га ^ x € AT Tate i^ & 2—6 d t an HR a 4 << «ЗУУ; Iu s 2 n Hy 31. HE Fas eG <, к PSP PE i2 (e S eC p yy ЛУ ре ө М Pre ao 6A Ra ^7 КО, RP D im T v Fi i used Eb, “= TAN RUN. ox et “ah REM УРАИМ к T ^ č ating ААИ mrt ut per À v ^U ENT пона, ai 4 Аса FES уй». à 3 | TI TE n. MEGANISME DE LÀ PHYSIONOMIE HUMAINE | | | | | | | | Paris. — Imprimerie де L, MARTINET, rue Mignon, 2. MEDIUS nmn ELECTRO-PHYSIOLOGIE PHOTOGRAPHIQUE. DUCHENNE (de Boulogne), phot. SPECIMEN D'UNE EXPÉRIENCE ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUE Faite par V Auteur. MECANISME ae DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE OÙ ANALYSE ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUE DE L'EXPRESSION DES PASSIONS PAR LE DOCTEUR G-B. DUCHENNE (de Boulogne) Lauréat de l'Institut de France et de l'Académie de médecine de Paris (prix Itard), Lauréat du concours Napoléon III sur l'électricité appliquée, Membre titulaire de la Société de médecine de Paris, Membre correspondant des Académies, Universités et Sociétés de médecine de Dresde, Florence, Gand, Genève, Kieff, Leipzig, Madrid, Moscou, Naples, Rome, Saint-Pétersbourg , Stockholm, Vienne, Wurtzbourg, etc. Chevalier de la Légion d'honneur. AVEC UN ATLAS Composé de 74 figures électro-physiologiques photographiées PARIS CHEZ үх JULES RENOUARD, LIBRAIRE RUE DE TOURNON, 6, FAUBOURG SAINT-GERMAIN. 1862 Tous droits réservés, ————— PREFACE « Lorsque l'àme est agitée, la face humaine devient un tableau vivant oü les passions sont rendues avec autant de délicatesse que d'énergie, où chaque mou- vement de l'àme est exprimé par un trait, chaque action par un caractére dont l'impression vive el prompte devance la volonté, nous décèle et rend au dehors, par des signes pathétiques, les images de nos plus secrétes agitations. » (Buffon, Histoire de l'homme.) L'âme est donc la source de l'expression; c'est elle qui met en jeu les muscles et qui leur fait peindre sur la face, en traits caractéristiques, l'image de nos pas- sions. En conséquence, les lois qui régissent l'expres- sion de la physionomie humaine peuvent étre recher- chées par l'étude de l'action musculaire. C'est un probléme dont je cherche la solution de- puis bien des années, provoquant, à l'aide de courants électriques, la contraction des muscles de la face, pour VI PRÉFACE. leur faire parler le langage des passions et des senti- ments. « L'expérience, dit Bacon, est une sorte de question appliquée à la nature pour la faire parler. » Cette étude attentive de l’action musculaire partielle m'a révélé 1а raison d’être des lignes, des rides et des plis de la face en mouvement. Or, ces lignes et ces plis sont justement les signes qui, par leurs combinaisons variées, servent à l'expression de la physionomie. II m'a donc été possible, en remontant du muscle expressif à l'àme qui le met en action, d'étudier et de découvrir le mécanisme, les lois de la physionomie humaine. Je ne me bornerai pas à formuler ces lois; je repré- senterai par la photographie les lignes expressives de la face pendant la contraction électrique de ses muscles. En résumé, je ferai connaitre par l'analyse électro- physiologique, et à l'aide de la photographie, l'art de peindre correctement les lignes expressives de la face humaine, et que l'on pourrait appeler orthographe de la physionomie en mouvement. DUCHENNE (рк BouLocxe). Paris, le 4° janvier 1862. TRAVAUX DE L'AUTEUR De l'art de limiter l'excitation électrique dans les organes sans piquer ni inciser la peau, nouvelle méthode d'électrisation, appelée électrisation localisée, et dont les principes, résumés dans une note adressée en 1847 à l'Académie des sciences, ont été déveleppés et publiés dans les Archives générales de médecine, en juillet et aoüt 1850, et février et mars 1851. Description de l'appareil volta-faradique à double courant du docteur Duchenne (de Boulogne). Mémoire et appareil présentés par M. Despretz à l'Académie des sciences en 1848. Recherches électro-physiologiques, pathologiques et thérapeutiques, ou série de mé- moires adressés à l'Académie des sciences le 24 mai 1849, couronnés par l’Institut, développés et publiés en partie dans les Archives générales de médecine. L'un de ces mémoires traitait de l'atrophie musculaire avec transformation graisseuse et des 'paralysies atrophiques de cause traumatique et saturnine. Recherches sur l'état de la contractilité et de la sensibilité électro-musculaires dans les paralysies du membre supérieur, étudiées à l'aide de l'électrisation localisée. Mémoire présenté à l'Académie des sciences et à l'Académie de médecine, Janvier 1850. Recherches électro-physiologiques sur les fonctions des muscles de la face. Mémoire adressé à l'Académie de médecine et à l'Académie des sciences, le 14 mars 1850. — Rapport de M. Bérard. Recherches électro-physiologiques et pathologiques sur les propriétés de la corde du tympan. Mémoire présenté à l'Académie des sciences et à l'Académie de médecine (Arch. gén. de méd., décembre 1850). Du choix des appareils d'induction au point de vue de leur application à la thérapeu- | tique et à l'étude de certains phénoménes électro-physiologiques et pathologiques. n Mémoire présenté à l'Académie de médecine en 1851. — Rapport de M. Soubeiran. | Recherches sur les propriétés physiologiques et thérapeutiques de l'électricité de frottement, de l'électricité de contact et de l'électricité d’induction (Arch. gén. de méd., mai 1851). Recherches électro-physiologiques et pathologiques sur les muscles qui meuvent l'épaule sur le tronc et le bras sur l'épaule. Mémoire présenté à l'Académie de : médecine le 24 aoüt 1852. f Recherches électro-physiologiques et pathologiques sur l'action particulière et les usages des muscles qui meuvent le pouce et les doigts de la main. Mémoire pré- senté à l’Académie des sciences et à l’Académie de médecine en février 1854 (Arch. gén. de méd., mars, avril et juillet 1852). —— | Etude comparée des lésions anatomiques dans l'atrophie musculaire graisseuse pro- T gressive et dans la paralysie générale (Union médicale, 1852). i Note sur l'influeuce thérapeutique de l'excitation électro-cutanée dans l'angine de | poitrine (Bull. дёп. de thérap., 1853, p. 241). De la valeur de l'électrisation localisée comme traitement de l'atrophie musculaire progressive (Bull. gén. de thérap., 1853, p. 295, 407 et 438). De l’action spéciale de l'électricité d'induction sur la force tonique des muscles (Bull. gen, de thérap., 1853, p. 337). Recherches électro-physiologiques, pathologiques et thérapeutiques sur le diaphragme (Union médicale, 1853, поз 404, 105, 109, 149, 155, 162, 166 et 173). Recherches sur une nouvelle propriété démontrée par la pathologie, l’aptitude motrice indépendante de la vue, appelée par l'auteur conscience musculaire. Méinoire adressé à l'Académie des sciences et à l'Académie de médecine le 20 dé- | cembre 1853. | De l’action thérapeutique de l'électrisation localisée dans le traitement des para~ lysies consécutives à Vhémorrhagie cérébrale (Bull. gén. de thérap., 1854, pua et 597 De l'influence de l'électrisation localisée sur l'hémiplégie faciale, et de la contracture comme terminaison fréquente de cette maladie (Gaz. hebdom., 1854). Paralysie atrophique graisseuse de l'enfance; son diagnostic, son pronostic et son traitement par l’électrisation localisée. Mémoire adressé à l'Académie de méde- cine le 5 septembre 1854 (Gaz. hebdom., 1855). Note sur l'influence de la respiration artificielle par la faradisation des nerfs phré- niques dans l’intoxication par le chloroforme , adressée à la Société médicale d'émulation (Union médicale, 1855, p. 150 et 154). Recherches sur le second temps de la marche, d’après l'observation pathologique ; déduetions pratiques. Mémoire adressé à l'Académie des sciences (Union médicale, 1855, p. 436 et 442). L'irritabilité n'est pas nécessaire à la motilité, ou l'intégrité de la contractilité électro- musculaire n'est pas nécessaire à l'exercice des mouvements volontaires. Mémoire adressé à l'Académie des sciences en 1856, reproduit dans la précédente édition (deuxième partie, chap. V, art. 1%). Recherches électro-physiologiques et pathologiques sur les muscles qui meuvent le pied sur la jambe. Mémoire présenté à l'Académie de médecine et à l'Académie des sciences (Arch. gén. de méd., n°5 de juin, juillet, décembre 1856 et de février 1857). Orthopédie physiologique, ou déductions pratiques de mes recherches électro-physio- logiques et pathologiques sur les mouvements dela main (Bull. de thérap., 1857). Note sur quelques nouvelles propriétés différentielles des courants d'induction de premier ordre et de second ordre, adressée à l'Académie de médecine le 18 mars 1858. De la valeur de la faradisation de la corde du tympan et des muscles moteurs des osselets appliquée au traitement de la surdité nerveuse (Bull. de (hérap., 1858). Note sur le spasme fonctionnel et sur la paralysie fonctionnelle (Bull. de thérap., 1858). Recherches sur Pataxie locomotrice, maladie caractérisée spécialement par des trou- bles généraux de la coordination des mouvements. Mémoire adressé à l'Académie des sciences et à l'Académie de médecine (Arch, gén. de méd., décembre 1858 et janvier, février, avril 1859). De la genése du pied plat valgus par la paralysie du long péronier latéral, et du pied creux valgus par contracture du long péronier latéral. Mémoire adressé à la Société de chirurgie en 1860. Paralysie musculaire progressive de la langue, du voile du palais et des lévres, ma- ladie non encore décrite. Mémoire adressé à l'Académie de médecine et à l'Aca- démie des sciences (Arch. gén. de méd., septembre et octobre 1860). Prothèse musculaire physiologique des membres inférieurs (Bull. de thérap., 1861). De la curabilité et du diagnostic de la surdi-mutité nerveuse par la faradisation de la corde du tympan et des muscles moteurs des osselets (Bull. de thérap., 1861). De Vélectrisation localisée et de son application à la pathologie et à la thérapeutique, 2* édition, Paris, 1861, in-8. Sous presse : Électro-physiologie musculaire, 4 vol. in-8. MÉCANISME | DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE Ф CONSIDERATIONS GENERALES CHAPITRE PREMIER. REVUE DES TRAVAUX ANTÉRIEURS SUR L'ACTION MUSCULAIRE DANS LE JEU DE LA PHYSIONOMIE EN MOUVEMENT. Je ne confondrai pas dans cette revue les auteurs qui se sont spécialement occupés de la physionomie en mouvement (la symptomatologie des passions), avec ceux qui se sont livrés spécialement à l'examen des signes des penchants et des habitudes, à l'étude de la physionomie au repos (la physio- nomie proprement dite). Parmi les premiers, les uns, entre autres le célèbre peintre 1 F de AS 2 УТУ үч... ыл. ey ЕТУ таныды з ы. ес ыз T 2 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Lebrun (1), ont seulement représenté les aspects divers de la physionomie produits par les passions, sans se préoccu- per de ses lois motrices, et il en est d'autres qui ont essayé d'analyser les mouvements expressifs de la face en recher- chant quelle était alors l'action propre des muscles de cette région. Je vais rappeler seulement les travaux de ces der- niers auteurs, afin de faire connaitre en quoi mes recherches different des leurs; je ne parlerai toutefois que des princi- paux d'entre. eux. I. COUP D'OEIL HISTORIQUE. De tout temps les anatomistes ont reconnu que les muscles de la face président à l'expression symptomatique des pas- sions ; mais c'est. seulement vers la fin du siécle dernier et au commencement de celui-ci que l'on a étudié d'une manière spéciale comment ou dans quelles circonstances chacun d'eux se contracte sous l'influence des émotions de l’Ame. А. En 1792, le savant auteur de la Dissertation sur les variétés naturelles qui caractérisent la physionomie des hommes des divers climats et des différents áges, Camper, — qui cultivait aussi la peinture avec talent, — a essayé de (1) Lebrun a fait connaitre une méthode pour apprendre à dessiner les passions, dans un discours prononcé dans l'Académie royale de peinture et de sculpture. j CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. + déterminer la part exacte qui revient aux muscles de la face dans le jeu des passions (1); il y a moins étudié l'action propre des muscles que l'influence des nerfs sur là physionomie. П n'a pas été aussi heureux dans ce genre de recherches que dans ses autres travaux. Attribuant en effet à la cin- quiéme paire une action motrice semblable à celle de la septième paire, il a placé les mouvements expressifs de la face sous la dépendance tantót de l'un et tantót de l'autre de ces nerfs. « Dans la tristesse absolue, dit-il, c’est la cinquième paire qui agit.... » Lorsquun homme est joyeux, les seules parties qui entrent en action sont celles qui dépendent immédiatement de la septiéme paire des nerfs... » Lorsqu'on pleure, la 'seule différence consiste en ce que tous les muscles qui sont mus par la cinquième paire de nerfs sont encore plus fortement agités.... » La septième paire nous fait rougir et pálir, et en fait connaitre le comment..... » A l'époque où écrivait Camper, les propriétés spéciales de la septième paire et de la cinquième paire étaient encore ignorées. Aujourd'hui, on sait que les mouvements des muscles de la face sont sous la dépendance du premier de ces nerfs, et que le second seul préside à sa. sensibilité ; que la paralysie de celui-ci ne trouble ni les mouvements (1) Р. Camper, Discours sur les moyens de représenter d'une m (dere sûre les diverses passions qui se manifestent sur le visuge, 1792. a eS nnn mmm mmn ar йыш. a gu Doom RE ERT "eem TOR WE TEENS UE Form rm | — —— zr s iv ES ee ж. Ж. шд. (ae h MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. volontaires de la face, ni ses mouvements expressifs, tandis que la paralysie de la septième paire est nécessairement suivie de l'abolition de sa motilité. On trouve dans le discours de Camper une seule proposi- tion importante. « Les plis du visage, dit-il, doivent nécessairement cou- per à angles droits le cours ou la direction des fibres mus- culaires. » C'est le premier auteur qui ait fait cette remarque, mais il ne l'a pas démontrée; je prouverai méme qu'elle n'est applicable qu'à un certain nombre de muscles, et qu'il serait impossible d'expliquer, de cette maniére, la formation de quelques plis ou rides qui se produisent pendant le jeu de la physionomie. B. Lavater, on le sait, s'était livré à l'étude de la physio- nomie au repos, de la phystognomonie proprement dite; ses recherches reposaient sur la différence et sur la combinaison des contours et des lignes, des profils et des silhouettes. Il n'aurait certainement pas autant négligé l'observation. de la physionomie en mouvement, qui devrait servir de base à l'examen de la physionomie au repos, s'il avait été, ou anatomiste, ou physiologiste, ou médecin, ou méme natura- liste. Les savants qui s'étaient imposé la tâche difficile de réunir les différentes recherches que ce grand observateur avait publiées sous le titre de Fragments, avaient compris э CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. 5 que l'étude de la physionomie en mouvement, entierement omise par Lavater, devait précéder celle de la physionomie aul repos. de médecine de Paris, et l'un des principaux collaborateurs du grand Traité de la physiognomonie de Làvater, a com= . posé pour son ouvrage un arlicle important sur la structure, les usages et les caractères de différentes parties de la face de l'homme (A). Il s'en est incontestablement acquitté avec talent; il s'est livré à l'examen particulier et détaillé de l'usage et des effets physionomiques de chaque muscle; il est entré, à cette occa- sion, dans des développements physiologiques dont, selon cet auteur (et c'est aussi mon opinion), on ne trouve pas méme l'indication dans les meilleurs traités d'anatomie et de physiologie qui avaient été publiés avant lui. C. Un physiologiste anglais qui a illustré son nom par de très belles recherches sur le système nerveux, Charles Bell, a publié un livre intitulé The Anatomy and Philosophy of expression. S'il avait livré ce livre à la publicité avant le travail de Moreau (de la Sarthe), la physiologie des muscles de la face lui devrait certainement un progrès ; Ses idées sur l'action propre de ces muscles et sur la ma- (1) L'art de connaitre les hommes par la physionomie, par Gaspard Lavater, 4° édit., 1820, t. IV, art. 3. rem coire Sai m | 4 1 2 " | 3 | 4 И 1 : f { 1 f} | At > p | LE VI a E | Sal 3 | 4 `В A! EU t b { j | 27 ^ wg {| || U f > ү a | E 1 EFI [ Е { Ё hei | EI | E RENS mee ea HN URSI Sn ? "E = ы 243. з 6 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. niére dont ils se combinent pour exprimer les passions, sont: à peu prés les mêmes que celles de l'anatomiste francais. IL est permis de supposer cependant qu'il n'avait pas connais = sance alors de la publication du grand ouvrage de Lavater, édité l'année précédente à Paris. Un livre écrit par l’homme dont les investigations expéri- mentales devaient, quelques années plus tard, jeter une si vive lumiére sur certaines parties du systéme nerveux, ne pouvait être une œuvre ordinaire, bien qu'il n'offrit pas un grand intérêt de nouveauté. La science profonde de lau- leur, unie à ses connaissances pratiques du dessin et de la peinture, et surtout à son amour pour les beaux-arts, rend la lecture de ce livre, richement édité, autant instructive qu'agréable (1). D. la plupart des auteurs qui, aprés les travaux que je viens de rappeler, ont traité la même question, n'ont fait que reproduire les opinions de Moreau et de Charles Bell. Je dois toutefois mentionner ici un mémoire de Sarlandiére (2) : l'auteur parait avoir étudié un peu plus spécialement que ces prédécesseurs l’action propre des muscles de la face; mais les faits historiques qui précédent, démontrent qu'il a eu (^) Charles Bell, qui depuis son enfance cultivait avec amour l'art du dessin, avait un talent d'artiste. On en trouve la preuve dans des figures qu'il a dessinées à la plume, et qu'il a fait reproduire, par la gravure, dans son traité des grandes opérations chirurgicales (Illustrations of the operations of surgery, in-fol., 20 pl. color., London, 1821). (2) Physiologie de l'action musculaire appliquée aux arts d'imitation. CONSIDERATIONS GENERALES. 7 tort d'écrire dans sa préface : « Aucun de nos auteurs (ceux qui l'ont précédé) n'a examiné comment chaque muscle se contracte en particulier, soit sous l'influence des passions, soit sous celle de la volonté, ou indépendamment de cette volonté, pour produire, par ces mouvements par- tiels ou d'ensemble, l'expression ou les gestes. » Sarlan- diére a attribué aux muscles auriculaires une influence sur l'expression ! C'était assurément une idée nouvelle; malheu- reusement le rôle qu'il leur fait jouer dans ce cas est impos- sible. Je n'ai pas l'intention d'exposer actuellement une analyse compléte des travaux que je viens de mentionner; il sera plus opportun de revenir sur ce sujet à l'occasion de l'étude des faits particuliers. П me sera facile alors de démontrer que les auteurs de ces travaux, dont plusieurs ont acquis une grande célébrité, ont commis de nombreuses erreurs; il ne pouvait en étre autrement, ainsi que je vais essayer de l'expliquer. Hc CONSIDERATIONS CRITIQUES SUR LES DIVERS MODES D'INVESTIGATION EN USAGE DANS L'ÉTUDE DE LA MYOLOGIE. Les traités de myologie nous offrent, après la description de chaque muscle, un expos? plus ou moins étendu de leurs usages. Plusieurs méthodes avaient été employees pour arri- & т SE ж NT. анине ra tat trate. att ает e i ET nemen ч 7 pate 8 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. ver à déterminer l'action des parties contractiles; les voici, d'aprés le professeur Bérard : « 1* Tantót le relief des muscles, pendant la production de certaius mouvements, trahissait l'aspect qu'ils y pre- naient. Le biceps et le brachial antérieur se tuméfient pendant que l'avant-bras se fléchit; évidemment ils sont fléchisseurs de cette partie. Ma tempe se gonfle pendant que mes machoires se rapprochent; sans aucun doute, le temporal tire en haut l'apophyse coronoide. » 2° Tantôt la configuration des surfaces articulaires indi- quait les usages des muscles voisins. Jamais un muscle pas- sant sur une articulation ginglymoidale n’y déterminera des mouvements latéraux ; il sera fléchisseur ou extenseur, sui- vant qu'il se rapprochera davantage d'un des plans opposés dans lesquels se font les mouvements. » 9° Plus souvent encore, on avait recours à l'excellent critérium que je vais indiquer, à la véritable pierre de touche de l’action musculaire. » Étant donnée la notion qu'un muscle se raccourcit pen- dant son action, ou plutót que ses fibres se raccourcissent (ce qui n'est pas tout à fait la méme chose), disséquez un muscle sur le cadavre, imprimez différents mouvements à la. partie, observez le moment où les fibres se tendent et celui où elles se relachent, vous pourrez prononcer, presque à coup sür, que, sur le vivant, le muscle contribue à amener la position dans laquelle vous voyez ses fibres relàchées sur le cadavre. Ce moyen si simple, si fécond, je ne saurais dire qui l'a CONSIDERATIONS GENERALKS. 9 inventé, ni méme qui me l'a appris; il a dû se présenter au premier anatomiste qui vit un muscle se raccourcir pen- dant sa contraction. » h° Enfin, lorsque de vives controverses s'élevaient sur l'action de certains muscles, il n'était pas rare qu'on en appelàt aux vivisections pour le jugement du débat. » Ces modes d'exploration sont tous parfaitement applicables à la myologie des membres et du trono, et je reconnais, avec Bérard, que, gráce à eux, on était déjà assez avancé dans la connaissance des usages particuliers de chaque muscle ; mais je ne pense pas comme lui, cependant, que, pour ce qui regarde la myologie des membres, il restait seulement quel- ques parties à compléter, quelques opinions à rectifier (1). Sans étre injuste envers mes devanciers, sans sacrifier toute l'antiquité pour la plus grande gloire des progrés mo- dernes, on peut affirmer aujourd'hui qu'avant mes recherches électro-physiologiques, on possédait sur l’action propre des muscles de la main des notions tellement incomplétes, qu'il était impossible d'expliquer le mécanisme des moindres mou- vements de la main. Comment, par exeinple, était-il possible de mouvoir les phalanges en sens inverse, comme dans tous les usages de la main, comme lorsqu'on écrit, etc.? C'est ce que l'on ignorait. (4) A l’époque où Bérard écrivait ces lignes, mes Recherches électro- physiologiques sur la main, l'épaule, le pied, le diaphragme, n'étaient pas encore publiées. Il a reconnu plus tard que Іа physiologie musculaire laissait beaucoup à désirer. 10 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. — Les notions physiologiques étaient également insuffisantes pour les muscles qui meuvent le pied et pour ceux de quel- ques autres régions. — Il en sera probablement de méme de celles quil me reste à explorer. Si done, malgré l'emploi des divers modes d'investigation p , généralement en usage dans l'étude de la myologie, il n’a pas été possible de déterminer, pour les membres, l'action indi- viduelle et les fonctions d'un grand nombre de muscles, la difficulté est bien plus grande encore à la face, ou ces modes d'investigation ne sont pas pour la plupart applicables. Ainsi : 1° à la face, il est peu de muscles dont on puisse reconnaitre l'action par leur gonflement ou leur saillie; 9* dans cette région, point de surfaces articulaires dont la configura- lion indique les usages des muscles voisins; 3* cette véritable pierre de touche de l’action musculaire, qui consiste à rap- procher les deux extrémités d'un muscle de manière à le mettre dans le reláchement (ce qui permet d'en déduire à coup sür que ce muscle contribue à ramener la position dans laquelle on voit ses fibres relachées sur le cadavre), n'est pas appli- cable à la myologie de la face. De quelle utilité peuvent étre de tels modes d'exploration pour arriver à connaitre l'action propre des muscles de la face, les rides, les plis, les reliefs nombreux et infiniment variés que chacun d'eux imprime à la peau? Ils ne pourraient, en un mot, montrer l'influence que ces muscles exercent sur l'expression. On doit vraiment admirer le talent d'observation de ceux qui ont pu deviner, pour ainsi dire, l'action expressive de CONSIDERATIONS GENERALES. 44 certains muscles de la face, quoiqu’ils aient été prives de tout moyen d'expérimentation ou de contrôle. Toutefois les opinions qu'ils ont émises à cet égard ne sont que des asser- lions qui avaient besoin d'étre démontrées par l'expérimen- tation directe. On comprend aussi que ces observateurs ont dü com- mettre d'autant plus d'erreurs, qu'ils ont eu, sans qu'ils s'en doutassent, des illusions d'optique exercées par des mouve- ments limités à certains points de la face. Je vais bientót démontrer, en effet, qu'à la vue des mouvements de certains muscles du sourcil, on éprouve une sorte de mirage qui fait croire à un état de contraction générale de la face. Les vivisections, fussent-elles praticables sur l'homme, ne pourraient certes aider à résoudre le probléme en question, car il faudrait, pour cela, sacrifier la peau sur laquelle se dessinent les signes du langage expressif de la physionomie. C'est ici le lieu d'examiner la valeur du critérium, recom- mandé par Camper. Selon ce célébre observateur, les plis, les rides du visage, sont nécessairement perpendiculaires à la direction des mus- cles. S'ensuit-il donc que dans tout mouvement expressif on peut reconnaitre les muscles en action par la direction des rides? En d'autres termes, étant donnée une ride produite par un mouvement expressif, le muscle qui croise la direction de cette ride se trouve-t-il nécessairement en contraction? Telle semble être l'opinion de Camper; tel а été aussi le procédé employé aprés lui par les auteurs pour arriver à.re- — eine RE ч a "нии E ET ue dé a E 42 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, connaître les agents moteurs qui président à telle ou telle expression. Eh bien! rien n'est plus incertain, ou plutót rien n'est plus trompeur que ce moyen d'observation. Pour le prouver, je vais me servir d'une comparaison. Si l'on exerce une traction verticale ou oblique, de bas en haut, sur un point de la surface du rideau, on voit, suivant la sou- plesse et l'ancienneté de l'étoffe, des plis se former dans des directions variées et quelquefois sur différents points de cette surface. De même, sous l'influence d'une simple traction exercée sur la peau de la face, on voit naitre à sa surface des rides, des sillons, dans des directions diverses et dans des lieux plus ou moins éloignés les uns des autres; de plus, cette sur- face cutanée n'est pas unie; elle offre, à l'état de repos, des sillons et des reliefs dus à la prédominance tonique de tel ou tel muscle de cette région, prédominance qui varie à l'infini, selon l'àge du sujet et le jeu des passions habituelles, ce qui constitue la physionomie individuelle. Eh bien! toute traction limitée à un point de la face mo- difie ces sillons et ces reliefs, soit en les exagérant, soit en les effacant, soit en changeant leur direction. Un exemple pour mieux développer ma pensée. Que lon ` suppose une force agissant dans la direction de la commis- sure des lévres, au cóté externe de la pommette (comme le grand zygomatique) ; alors le sillon naso-labial se creuse, sa courbe devient sinueuse, et des rides rayonnantes apparais- sent, dans la plupart des cas, au pourtour de l'angle externe de l'œil. CONSIDERATIONS GENERALES. 43 Voici comment on devrait expliquer ces mouvements, sui- vant cette assertion de Camper, à savoir : que les plis et les rides du visage sont nécessairement perpendiculaires à la direction des muscles. La commissure a été mise en mouve- ment par le grand zygomatique; le sillon naso-labial s'est creusé sous l'influence de l'élévateur propre de la lèvre supé- rieure et du nez; les rides rayonnantes voisines de l'angle externe de l'oeil sont dues à l'action du sphincter des pau- pières. Je me réserve de démontrer expérimentalement que cette théorie est complétement erronée, et que le grand zygomatique seul produit toutes ces rides et tous ces sillons. Ce que je viens de dire du grand zygomatique est applicable à la plupart des muscles expressifs de la face. Ш. ORIGINE DE MES RECHERCHES ELECTRO-PHYSIOLOGIQUES SUR LA PHYSIONOMIE EN MOUVEMENT. Tout mouvement volontaire ou instinctif résulte de la con- traction simultanée (synergique) d'un plus ou moins grand nombre de muscles. La nature n'a pas donné à l'homme le pouvoir de localiser l'action du fluide nerveux dans tel ou tel muscle, de maniére à en provoquer la contraction isolée. Ce pouvoir, qui eüt été sans utilité pour l'exercice de ses fonc- lions, l'aurait exposé à des accidents ou à des déformations, ainsi que je l'ai déjà démontré ailleurs (1). (1) De Pélectrisation localisée et de son application à la physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique. Paris, 4855 ; 2° édit., 1861. MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, Puisqu'il ne jouit pas de la faculté de décomposer ses mou- vements et d'analyser ainsi l'action individuelle de ses mus- cles, comment done les analyser, comment arriver à con- naître exactement l’action propre de ses muscles? S'il était possible de maîtriser le courant électrique, cet agent qui a tant d'analogie avec le fluide nerveux, el d'en limiter l'action dans chacun des organes, on mettrait à coup sür en lumiére certaines de leurs propriétés locales. Alors, pour la face en particulier, avec quelle facilité on détermi-- nerait l'action propre de ses muscles ! Armé de rhéophores, on pourrait, comme la nature elle-méme, peindre sur le visage de l'homme les lignes expressives des émotions de l'àme. Quelle source d'observations nouvelles! Telle a été, il y a une douzaine d'années, l'idée mére de mes recherches électro-physiologiques, idée riche d'avenir qui enflamma mon imagination. Ce n'est point ici le lieu de rapporter Ja longue série de travaux physiques et anatomiques par lesquels j'ai dû passer, et les difficultés que j'ai eu à surmonter avant d'arriver à la réalisation de mon idée. Aprés plusieurs années d'expériences, il m'a été possible d’arréter à mon gré la puissance électrique à la surface du corps, et puis, lui faisant traverser la peau sans l'ntéresser et sans l'exciser, de concentrer son action dans un muscle ou dans un faisceau musculaire, dans un tronc ou dans un filet nerveux. ‚ C'est à l'étude de la face que је fis la première application de la méthode d'électrisation que je venais de créer, L’électri- CONSIDERATIONS GENERALES. 15 sation localisée m'a aidé à résoudre le probléme, à la fois si difficile et si intéressant, qui fait le sujet du paragraphe pré- cédent ; elle m'a permis de voir se dessiner sous l'instrument les plus petites radiations des muscles. Leur contraction révèle. leur direction et leur situation mieux que ne pourrait faire le scalpel de l'anatomiste; c'est du moins ce que l'on observe au visage, ou l'on sacrifie inévitablement, dans la préparation anatomique, les portions terminales des fibres qui vont s'in- sérer à la face interne du derme. C'est là une nouvelle sorte d'anatomie à laquelle on pour- rait appliquer les deux mots par lesquels Haller voulait qu'on désignàt la physiologie : c'est l'anatomie animée — anatome animata ; — c'est ce que Sæmmerring eût sans doute appelé contemplatio musculi vivi, | De mes expériences électro-physiologiques , il ressortit bientót des faits qui me parurent assez nouveaux pour me décider à présenter, dans le cours de l'année 1850, aux Académies des sciences et de médecine de Paris, une série de mémoires intitulés : Fonctions des muscles de la face démon- trées par l'électrisabion localisée. Ces travaux provoquèrent, en 1851, le brillant rapport du professeur Bérard, membre de l'Académie de médecine (1). Il m'est permis d'affirmer que ce mode d'exploration élec- tro-musculaire n'a pas été appliqué avant mes recherches expérimentales. (4) Séance du 18 mars 4851 (Bulletin de l'Académie de médecine, t. XVI, p. 609). 16 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. П n'est venu certes à l'idée de personne d'attribuer à un but d'étude de myologie ces expériences grossiéres d'un phy- sicien qui, à l'origine de l'électricité, provoquait par des dé- charges électriques des convulsions sur des tétes de suppliciés. On avait avancé que C. Bell et Sarlandière avaient essayé d'étudier l’action propre des muscles de la face au moyen de la galvanisation. Ces auteurs n'en disent rien dans leurs écrits; d'ailleurs, s'ils avaient employé ce mode d'exploration, ils n'auraient certainement pas commis les erreurs que j'ai à rectifier. On reconnaîtra, j'espère, que l'honneur d'expliquer le mécanisme de la physionomie, cette espèce d'analyse anato- mique des passions, était réservé à la méthode d'électrisa- lion, qui seule permet de déterminer exactement l'action propre des muscles et de décomposer les mouvements. Ces premières recherches n'étaient cependant et ne pou- vaient être qu'une ébauche. Les faits électro-physiologiques que j'avais observés ne me rendaient pas complétement compte des mouvements physiologiques de la face. Et puis, quelle part fallait-il faire à chacun des muscles de la face pour l'in- fluence qu'ils exercent sur le jeu de la physionomie? J'étais loin d'étre bien fixé sur ces questions complexes et difficiles, je les avais à peine effleurées. Aujourd'hui, appuyé sur une expérimentation longue et continue, je crois pouvoir livrer à la publicité mes recher- ches, qui, je l'espère, jettercnt un grand jour sur ces études. CHAPITRE 1I. FAITS GÉNÉRAUX PRINCIPAUX QUI RESSORTENT DE MES EXPÉRIENCES ELECTRO-PHYSIOLOGIQUES. Pour connaiire et juger le degré d'influence exercée sur l'expression par les muscles de la face, j'ai provoqué la con- traction de ces derniers à l'aide de courants électriques, au moment ou la physionomie était au repos, où elle annoncait le calme intérieur; le regard du sujet était alors fixe et dirigé devant lui. B Jai d'abord mis chacun des muscles partiellement en action, tantôt d'un seul côté, tantôt des deux côtés à la fois ; puis, allant du simple au composé, j'ai essayé de combiner ces contractions musculaires partielles, en les variant au- tant que possible, c’est-a-dire en faisant contracter les muscles de noms différents, deux par deux, trois par trois. Je vais exposer sommairement, dans les paragraphes sui- vants, les faits généraux principaux qui ont été mis en lu- mière par ces contractions partielles et par ces contractions combinées des muscles de la face. MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. CONTRACTIONS PARTIELLES DES MUSCLES DE LA FACE. L'étude expérimentale des contractions partielles des muscles de la face apprend qu'elles sont, ou complétement expressives, ou tncomplélement eæpressives, ou eæpressives complémentaires, ou ineæpressives. A. — Contractions partielles complétement cxpressives. Il est des muscles qui jouissent du privilége exclusif de peindre complétement, par leur action isolée, une expression qui leur est propre. Au premier abord, cette assertion parait paradoxale ; car, bien que l'on ait accordé à un petit nombre de muscles une influence spéciale sur la physionomie, on n'en a pas moins professé que toute expression exige le concours, la synergie d'autres muscles. , ES " J'ai partagé, je l'avoue, cette opinion, que j'ai cru méme = ае un instant confirmée par l’expérimentation électro-physio- logique. +9 Dés le début de mes recherches, en effet, j'avais remarqué Sung <= EU que le mouvement partiel de l'un des muscles moteurs du sourcil produisait toujours une expression complète sur la face humaine. Il est, par exemple, un muscle qui représente la souffrance. Eh bien! sitót que j'en provoquais la contraction CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. 19 électrique, non-seulement le sourcil prenait la forme qui ca- ractérise celte expression de souffrance, mais les autres par- ties ou traits du visage, principalement la bouche et la ligne naso-labiale, semblaient également subir une modification profonde, pour s'harmoniser avec le sourcil, et peindre, comme lui, cet état pénible de l'àme. Dans cette expérience, la région sourcilière seule avait été le siége d’une contraction très évidente, et je n’avais pu con- -stater le plus léger mouvement sur les autres points de la face. Cependant j'étais forcé de convenir que cette modifi- cation générale des traits que l'on observait alors, paraissait être produite par la contraction synergique d'un plus ou moins grand nombre de muscles, quoique je n'en eusse excité qu'un seul. C'était aussi l'avis des personnes devant lesquelles je répétais mes expériences. Quel était donc le mécanisme de ce mouvement général apparent de la face? était-il dû à une action réflexe? Quelle que fût l'explication de ce phénomène, il semblait en res- sortir, pour tout le monde, que la localisation de l'électrisa- tion musculaire n'était pas réalisable à la face. | Je n’attendais plus rien de ces expériences électro-physio- logiques, lorsqu'un hasard heureux vint me révéler que J'a- vais été le jouet d'une illusion. Un jour que j’excitais le muscle de la souffrance, et au moment où tous les traits paraissaient s'étre contractés dou- loureusement, le sourcil et le front furent tout à coup mas- qués accidentellement (le voile de la personne sur laquelle je 20 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, faisais cette expérience, s'était abaissé sur ses yeux). Quelle fut alors ma surprise en voyant que la partie inférieure du visage n'éprouvait plus la moindre apparence de con- traction! Je renouvelai plusieurs fois cette expérience, couvrant et découvrant alternativement le front et le sourcil ; je la répétai sur d'autres sujets, et même sur le cadavre encore irritable, et toujours elle donna des résultats identiques, c'est-à-dire que je remarquai sur la partie du visage placée au-dessous du sourcil la méme immobilité compléte des traits; mais à l'instant où les sourcils et le front étaient découverts, de maniére à laisser voir l'ensemble de la physionomie, les lignes expressives de la partie inférieure de la face semblaient s'animer douloureusement. Ce fut un trait de lumière ; car il était de toute évidence que cette contraction apparente et générale de la face n'était qu'une illusion produite par l'influence des lignes du sourcil sur les autres traits du visage. Il est certainement impossible de ne pas se laisser tromper par cette illusion, qui est, comme je lait dit précédem - ment, une espèce de mirage exercé par les mouvements partiels du sourcil, si l'expérimentation directe ne vient pas la dissiper. Toute proposition qui blesse l'opinion générale ou qui res- semble à une hérésie physiologique, devrait étre démontrée immédiatement. Н importerait donc de faire connaitre main- tenant les faits qui sont la preuve physique et compléte des CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. 21 assertions précédentes; mais il me faudrait alors intervertir l'ordre que je suis forcé de suivre dans l'exposition de mes recherches. Il convient seulement, dans ces considérations générales et préliminaires, de ne mettre en relief que les faits prineipaux qui donnent une idée de l'importance et du but de mes recherches expérimentales sur la physionomie en mouvement. En vertu de quelle loi un mouvement circonserit dans un point de la partie supérieure de Ja face peut-il imprimer, en apparence, une telle modification aux autres traits de cette région ? | C'est ici le lieu de comparer à ce phénomène les effets d'illusion exercés sur l'organe visuel par le rapprochement de certaines teintes. M. Chevreul, directeur de la manufacture des Gobelins, et membre de l'Institut, a publié sur ce sujet un ouvrage d'un trés grand mérite, et surtout d'une grande utilité dans la pratique de la peinture (1). Ce savant a dé- montré que des couleurs, et même seulement des nuances placées les unes à côté des autres, se modifient tellement et de telle manière, que l'œil les voit tout autres qu'elles ne sont en réalité, Mettez, par exemple, une couche de cou- leur orangéeà cóté d'une teinte grise : si le gris est bleuátre, il paraîtra bien pale; s'il tire sur le jaune, il paraítra ver- Паге. (1) Traité du contraste simultané des couleurs, == нч = LS on en meen аламан о SEG СОЛУЙ" aa T ена а re UE rale c Fi ond Mitre tre ө Pp qm Vu SS be IET er rs y ~: TES —M к = —— ax ~ qe е SEE ET 277 t : ST = ==: ; = = P; me | | | | 22 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Cette espèce illusion d'optique exercée par le contraste simultané de couleurs échappe à toute espéce d’explication scientifique. Il en est de méme de cette sorte de mirage que nous font éprouver certains mouvements circonscrits de la face. Quoi qu'il en soit, l'utilité de l'illusion produite par certains traits de visage ne saurait étre méconnue. En voici, je crois, les principaux avantages : 1* Si pour peindre chaque passion ou chaque sentiment, il eüt été nécessaire de mettre tous les muscles simultané- ment en jeu, afin de modifier les traits de la face d'une maniere générale, l'action nerveuse eüt été beaucoup plus compliquée. 2» Les traits qui représentent l'image d'une passion étant réduits à un muscle ou à un petit nombre, et dans un point limité de la face, leur signification devenait plus facile à saisir. 9" Ces traits, quoique circonscrits, devaient impressionner davantage en exerçant une influence générale; mais les pas- sions à exprimer étant assez nombreuses, il ne fallait pas trop multiplier les contractions des muscles qui servent à en tracer les signes et dont le nombre est limité, Reconnaissons ici que l'ingénieux artifice employé par la nature pour arriver à ses fins est digne de notre admiration. Si, en effet, à la vue d'un mouvement aussi limité et qui nous fait reconnaitre l'image parfaite d'une émotion, il nous Ее CONSIDERATIONS GENERALES. 23 semble que la face s'est modifiée d'une manière générale, si nous subissons de telles illusions, c'est uniquement en vertu de notre organisation, en vertu d'une faculté que nous possé- dons en naissant. B, — Contractions partielles incomplé(ement expressives, Parmi les muscles qui sont situés au-dessous du sourcil, il en est qui, de même que ceux de l'ordre précédent, jouissent d'une expression propre, et réagissent d'une manière géné- rale sur la physionomie; mais alors cette expression est in- complete. Ces muscles sont éminemment expressifs ; leur action indi- viduelle trahit un mouvement particulier de l'àme; chacun d'eux, en un mot, est le représentant unique d'une émotion. Qu'on les mette en effet successivement en jeu, et l'on verra tour à tour apparaitre les lignes expressives de la joie, depuis le simple eontentement jusqu'au rire fou, de la tristesse, du chagrin, du pleurer, etc. C'est la première impression que l'on reçoit toujours, à la vue de ces contractions partielles ; néanmoins on ne tarde pas à sentir que l'expression n'est pas naturelle, qu'elle est comme factice, qui lui manque enfin quelque chose. Quel est donc le trait qui fait alors défaut et qui devrait compléter l'expression ? C'est ce qu'il n'est pas toujours facile de trouver, si j'en juge toutefois par les opinions que j'ai ————MM M————————— ÀÁ——— 2h MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. entendu émettre par les personnes qui assistaient à mes expériences. L'expérimentation m'a quelquefois appris quels muscles doivent alors entrer synergiquement en contraction pour compléter Рехргеѕѕіоп. Je reviendrai bientôt sur ce sujet important. €. — Contractions partielles expressives complémentaires, Isolément, quelques muscles situés au-dessous du sourcil n'expriment absolument rien par eux-mémes, quoiqu'ils acquierent la propriété de représenter spécialement des pas- sions en se combinant avec d'autres muscles, et qu'ils soient destinés à venir en aide à certaines expressions, soit pour les compléter, soit pour leur imprimer un autre caractère, J'en citerai un exemple. Il est un muscle qui attire obli- quement en bas et en dehors tous les téguments de la partie inférieure de-la face, et gonfle la moitié antérieure du cou, sans tracer le moindre signe physionomique qui décéle une expression quelconque. Ce muscle produit seulement une déformation des traits. Mais, dés l'instant que l'on marie l'ac- tion de ce muscle avec celle de tel ou tel autre, on fait appa- raitre à volonté sur la figure, et avec une vérité saisissante, l'image des passions les plus violentes : la frayeur, l'épouvante, l'effroi, la torture, etc. : | CONSIDERATIONS GENERALES. 25 JP». — Contractions partielles inexpressives. Il n'est pas un seul des muscles de la face qui ne soit mis synergiquement en action par une passion; mais quelques- uns d'entre eux (en trés petit nombre) ne produisent aucune ligne expressive apparente, bien que leur contraction par- tielle produise un mouvement très appréciable. Au point de vue physionomique, ces muscles doivent donc être considérés comme inexpressifs. п; CONTRACTIONS COMBINEES DES MUSCLES DE LA FACE. Les combinaisons musculaires de la face s'obtiennent en excitant simultanément plusieurs muscles de noms différents, d'un côté ou des deux côtés à la fois. Ces contractions com- binées sont, ou expressives, OU inewpressives, ou expressives discordantes. A. — Contractions eombinées expressives. L'étude expérimentale des contractions musculaires par~ lielles de la face m'a révélé, ainsi que cela ressort des consi- dérations exposées dans le paragraphe précédent, l'origine NITE Tr AN ane Te RE —— mmm EE ——— € 26 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. d'un grand nombre d'expressions physionomiques. Quelques- unes de ces expressions originelles, on l'a vu, sont parfaite- ment dessinées par les contraetions partielles de certains muscles, tandis que d'autres expressions originelles, qui indi- viduellement sont aussi représentées spécialement par un muscle, ont besoin cependant, pour étre complétes, du con- cours d'un ou de plusieurs autres muscles. J'ai fait contracter tour à tour chacun des muscles de la face, conjointement avec les muscles incomplétement expres- sifs. Ces combinaisons musculaires m'ont fait connaitre les muscles complémentaires de ces derniers; elles m'ont appris qu'un muscle expressif complémentaire ne peut étre suppléé par aucun autre muscle, et qu'il est toujours l'auxiliaire né- cessaire de tel ou tel muscle incomplétement expressif. Elles m'ont enseigné enfin que, pour le mécanisme de l'expression de la physionomie, la nature procède, comme toujours, avec simplicité. Il est rare, en effet, que, dans ces combinaisons musculaires expressives, il m'ait fallu mettre plus de deux muscles simultanément en action, lorsque j'ai voulu repro- duire d'une maniére compléte une des expressions que l'homme a la faculté de peindre sur sa face. Les expressions originelles de la face (qu'elles aient été produites par des contractions partielles complétement ex- pressives, ou par la combinaison des muscles incomplétement expressifs avec les muscles expressifs complémentaires) sont primordiales; car elles peuvent, en s'associant, produire un ensemble harmonieux et donner naissance à d'autres expres- de” LU CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 37 sions dont la signification est plus étendue, à des expressions complexes. Un exemple pour expliquer ma pensée. L'attention qui est produite par la contraction partielle du frontal, et la joie qui est due à la synergie du grand zygomatique et de l'orbicu— laire inférieur (Pun des muscles moteurs de la paupière infé- rieure), sont des expressions primordiales. Vient-on à les ma- . rier ensemble, la physionomie annoncera que ате est sous la vive impression d'une heureuse nouvelle, d'un bonheur inattendu : c'est une expression complexe. Si à ces deux expressions primordiales on joint celle de la lasciveté ou de la lubricité, en faisant contracter synergiquement avec les muscles précédents le transverse du nez, les traits sensuels propres à cette dernière passion montreront le caractère spé- cial de l'attention attirée par une cause qui excite la lubri- cilé, et peindront parfaitement, par exemple, la situation des vieillards impudiques de la chaste Suzanne. On voit done, par cet exemple, que la combinaison des expressions primordiales produit des expressions plus ou moins complexes, et que dans leur progression elles se complétent par l'apparition successive des lignes propres à chaque expres- sion primordiale, Est-il besoin de dire enfin que les combinaisons des ex- pressions primordiales ne donnent origine à des expressions parfaites qu'à la condition d'étre faites conformément aux lois de la nature? MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, B. — Contractions combinées inexpressives. П est rationnel de penser que les muscles qui sont les re- - presentants directs de passions contraires ne peuvent sym- pathiser ensemble, et que leur action combinée ne doit pro- duire que des contractions inexpressives. En effet, il ne m'a pas été possible, en général, d'obtenir un ensemble naturel, harmonieux, de la réunion de deux expressions qui répon- daient à des passions ou à des affections opposées, surtout lorsqu'elles étaient trés accentuées. Non-seulement alors la physionomie était plus ou moins grimacante, mais encore elle laissait l'esprit du spectateur dans une grande incertitude sur sa signification réelle. Ainsi l'association des mouvements qui sont propres à l'ex- pression de la joie et de la douleur donne une physionomie étrange, qui s'éloigne d'autant plus de la vérité que ces mou- vements expressifs sont plus énergiques. Il en est de méme d'autres expressions contraires, dont l'union artificiellement provoquée fausse la physionomie, au point qu'il est difficile, quelquefois méme impossible de l'interpréter d'une manière quelconque. П arrive souvent, dans ces expériences délicates, que l'ex- citateur rencontre un nerf qui anime un plus ou moins grand nombre de muscles. La contraction en masse qui en résulte ne produit jamais qu'une grimace qui ne rappelle aucune expression. Cette contraction en masse ressemble aux spasmes CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. 29 convulsifs que l'on observe dans une affection nerveuse con- nue sous le nom de tic indolent de la face. €. — Contractions combinées expressives discordantes. Il ne faudrait pas conclure des faits précédents quil y a toujours antagonisme absolu entre les expressions primor- diales contraires. | Jai vu en effet les lignes qui trahissent la Joie s'associer merveilleusement à celles de la douleur, pourvu que le mou- vement füt modéré ; je reconnaissais alors l'image du sourire mélancolique. C'était un éclair de contentement, de joie, qui ne pouvait cependant dissiper les traces d'une douleur récente ou les signes d'un chagrin habituel : ainsi je me représente une mere souriant à son enfant au moment où elle pleure la perte d'un étre chéri, d'un époux. Le mouvement du sourire n'indique pas seulement un con- lentement intérieur, il annonce aussi la bienveillance , cette heureuse disposition de l'âme qui fait compatir aux peines d'autrui quelquefois jusqu'à l'attendrissement. Unit-on, par exemple, le sourire au pleurer modéré, et encore mieux à la contraction légére du muscle de la souffrance, on obtient une admirable expression de compassion, une expression des plus sympathiques. Ces contractions composées, au fond, par des expressions con- traires, et qui peignent un sentiment pour ainsi dire forcé, je- les appellerai contractions combinées expressives discordantes. iai Li Ag ы d na ne a a ERE Tag eee MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Ш. DE LA SYNERGIE MUSCULAIRE DES MOUVEMENTS EXPRESSIFS DE LA FACE. Les faits exposés dans les deux paragraphes précédents donnent lieu à une remarque qui, sans doute, n'échappe à personne : c'est que la synergie musculaire qui produit les mouvements physiologiques des membres et du tronc n'est nullement comparable à celle des mouvements expressifs de la face. Cette proposition exige quelques développements. П n'est pas un mouvement physiologique du tronc ou des membres qui ne soit le résultat de la contraction synergique d'un plus ou moins grand nombre de muscles. Ainsi l'éléva- tion volontaire du bras (de l'humérus) est produite par la contraction d'un muscle (le deltoïde); nous le sentons durcir sous notre main pendant ce mouvement, et nous croyons qu'il est alors le seul qui entre en action, parce que nous n'avons pas la conscience d'autres contractions musculaires. Il n'en est cependant pas ainsi; car, si l'on fait contracter le del- toide partiellement, à l'aide d'un courant électrique, on voit le scapulum se détacher du tronc, à la manière d'une aile. Jai expliqué ailleurs le mécanisme de cette difformité (1). Je rappellerai seulement que, pour l'empécher, la nature fait entrer synergiquement en action, pendant la contraction (4) Electrisation localisée appliquée à la physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique, 2° partie, chap. Il, art. 4 et 5, 17° édit. a. à ё, CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. 31 volontaire du deltoïde, un autre muscle (le grand dentelé), qui fixe puissamment le bord spinal du scapulum contre le thorax, sans que nous ayons la conscience de ce mouvement et sans qu'il nous soit donné de l'empêcher. Je pourrais choisir bien d'autres exemples aussi probants, surtout parmi les mouvements synergiques de la main el du pied, mouvements qui sont des merveilles de combinaisons mécaniques. Ces contractions synergiques sont nécessitées par les lois de la mécanique. Tout le monde le comprend; il serait inutile de développer cette proposition, qui, au besoin, est démon- trée par l'observation pathologique. Раі d'ailleurs longue- ment étudié cette importante question (1). Est-il nécessaire de dire que les mémes raisons d'é uilibre n'existent pas pour pas p les mouvements expressifs de la face ? Le Créateur n'a done pas eu à se préoccuper ici des besoins de la mécanique; il a pu, selon sa sagesse, ou — que l'on me | pardonne. cette maniére de parler — par une divine fantaisie, mettre en action tel ou tel muscle, un seul ou plusieurs muscles à la fois, lorsqu'il a voulu que les signes caractéris- liques des passions, méme les plus fugaces, fussent écrits pas- sagérement sur la face de l'homme Се langage de la phy- sionomie une fois créé, il lui a suffi, pour le rendre universel et immuable, de donner à tout étre humain la faculté instinc- live d'exprimer toujours ses sentiments par la contraction des mêmes muscles. 2’ (1) Loc. cit., 2° partie, See Say a's сы Ч а b one алтоо Яз 0) a etna en ae элчи e E a aa ~ art ВРСТЕ M. | $ | LS | || am 32 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Il était certainement possible de doubler le nombre des signes expressifs de la physionomie; il fallait, pour cela, que chaque sentiment ne mit en jeu qu'un seul cóté de la face, ainsi qu'on me le voit faire dans mes expériences. Mais on sent combien un tel langage eüt été disgracieux; c'est pro- bablement dans le but de le rendre harmonieux que la nature a mis au service de chaque passion les muscles homologues (de méme nom), en nous privant de la faculté de les faire jouer isolément. CHAPITRE HI. CERTITUDE DE CES RECHERCHES. ll importe de prévenir quelques objections qui, si elles étaient fondées, diminueraient et annuleraient même la valeur ‚Че mes expériences. Ce n'est point pour me donner le plaisir de les réfuter que je souléve ces objections, elles m'ont été faites sérieusement. La sensibilité de la face est telle, que l'on ne peut épargner aux sujets soumis à ce genre d'expériences une sensation dés agréable et quelquefois un peu douloureuse. Or cette sensa- lion peut oecasionner des mouvements involontaires. Com- ment distinguer alors ces derniers mouvements de ceux qui appartiennent à l'action propre du muscle excité ? En général, ces mouvements involontaires n'ont lieu qu'à la premiére application des rhéophores, et ne se reproduisent plus chez les individus habitués à la sensation électrique. D'ailleurs, on verra par la suite que, dans le but de dissiper les doutes qui pourraient surgir de cette objection, j'ai choisi, - pour sujet prineipal de mes expériences, un homme chez - lequel la sensibilité de la face était peu développée; et enfin ces mémes expériences, répétées sur le cadavre encore irri- table, ont donné des résultats parfaitement identiques. La contraction partielle d’un muscle qui préside à une expression ne pourrait-elle pas réagir sur l'àme, et produire 3 AE БИ MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, sympathiquement une impression intérieure qui provoquerait d'autres contractions involontaires? La face, par exemple, met toujours en mouvement deux muscles, dont l'un dessine les lignes fondamentales d'un sentiment, tandis que l'autre en complete l'expression (c'est ce que je me réserve de démontrer eu temps opportun). Eh bien ! l'excitation artificielle du pre- mier muscle ne fait-elle pas naitre une impression inté- rieure, et celte impression ne provoque-t-elle pas, à son tour, la contraction du second muscle ? C'est ce qu'on appel- lerait un phénoméne sympathique en physiologie. Il en résul- terait que l'on ne pourrait mettre un muscle expressif isolé- ment en contraction, sans provoquer l'action synergique d'autres muscles, satellites habituels de la passion dont il est le principal représentant. Cet argument, comme le précédent, est assez spécieux; il tombe cependant en présence des nombreuses expériences que j'ai faites sur des sujets récemment morts, chez lesquels la contraction des muscles de la face a produit des mou- vements expressifs, absolument semblables à ceux que l'on observe chez les vivants. On a méme été jusqu'à admettre la possibilité de contrac- tions dites réflexes, provoquées par toute excitation périphé- rique, de telle sorte que l’électrisation musculaire localisée ne serait qu'une illusion. | Il n'est peut-être pas inutile de rappeler ici une des condi- tions dans lesquelles se produit le phénomène appelé contrac- lion musculaire véflexe. Lorsqu'on pique une des extrémités CERTITUDE DE CES RECHERCHES. 85 d'un animal dont la téte vient d'étre séparée du tronc, on observe des mouvements qui produisent la flexion des diffé- rents segments du membre excité les uns sur les autres. C'est cette stimulation périphérique qui remonte par les nerfs sen- sibles jusqu'à un point de la moelle correspondant à l'origine des nerfs moteurs du membre excité, de manière à réagir sur certains muscles qui alors entrent en contraction. On voit done . que ces contractions, auxquelles la volonté reste entièrement étrangére, et qui se produisent dans la région dont on excite la sensibilité, ont évidemment lieu en vertu d'une action jus- tement appelée réflexe. | Ne se pourrait-il pas (me disait-on) que l'expression qui se Produit pendant l'excitation électrique d'un muscle queleonque fat le résultat d'un ensemble de contractions réflexes analogues a celles dont il vient d’étre question, et non le produit d'une con- traction musculaire partielle ? Ye compris que cette objection jetait un grand doute surla valeur de mes recherches électro- physiologiques, pour ce qui a trait à l'action propre des muscles non-seulement de la face, mais aussi des membres. Elle fut bientôt réfutée par de nombreuses expériences que j'ai longuement exposées ailleurs (1), et que je ne ferai que résumer ici. Jai démontré que ce phénomène réflexe qui se développe dans certaines conditions pathologiques (de maladie) ne pou- vait se produire à l'état normal. J'ai fait en outre contracter (1) Loc. cit., 17° édit., 1855, p. 30, et 2° édit., 1862, p. 34. 36 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. isolément des muscles humains, mis à nu sur certains mem- bres nouvellement amputés, et jai prouvé que les mouve- ments étaient absolument les mémes que lorsque j’excitais les muscles homologues des membres non séparés du tronc. J'ai fait aussi des expériences sur les animaux dont J excitai les muscles de la face, et les mouvements ont été absolument identiques, que la téte fat ou non séparée du tronc. De l'ensemble de ces faits, il ressort donc évidemment que, daus mes expériences faites sur des sujets sains, l'électrisa- tion musculaire localisée ne provoque pas de contractions réflexes qui viennent compliquer l'action musculaire par- tielle. CHAPITRE IV. UTILITÉ DE CES RECHERCHES. Personne, assurément, ne contestera la nouveauté des faits qui ressortent de mes expériences électro-physiologiques sur l'expression de la physionomie, Je vais essayer d'en démon- trer aussi brièvement que possible l'utilité, au point de vue anatomique, physiologique et psychologique, et indiquer les heureuses applications que l'on peut en faire à l'étude des beaux-arts. AU POINT DE VUE DE L'APPLICATION A L'ANATOMIE ET A LA PHYSIOLOGIE, А. La plupart des muscles de la face semblent se conti- nuer les uns dans les autres, surtout lorsqu'on les étudie par leur face interne. M. le professeur Cruveilhier a eu l'obli- geance de me montrer des figures dessinées d'aprés des préparations anatomiques qu'il avait faites dans le but d'étu- dier les muscles par leur face postérieure, aprés avoir dé- taché des os, en masse, les parties molles du visage, On ET Y | i ti mu 1! * Sr rs vt tm Tum ce 38 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. voit, dans ces préparations, que toutes les fibres musculaires semblent se continuer les unes dans les autres, à tel point qu'on ne saurait assigner les limites exactes du plus grand nombre des muscles de la face. Si cette continuité fibrillaire des muscles de la face était réelle, leur indépendance serait trés compromise, sinon annulée. Comment concevoir, en effet, qu'un muscle puisse se contracter dans une portion de sa longueur ou de sa con- пие? Et, dans ce cas, où placerait-on le point fixe? En un mot, avec cette doctrine de la continuité fibrillaire (1) qui convertit, pour ainsi dire, en un masque tous les muscles de la face, on ne peut s'expliquer le mécanisme de cette foule de petits mouvements indépendants, qui écrivent sur la figure les impressions si nombreuses de l'àme en caractéres toujours identiques. | L'anatomie morte, dont la principale mission est de nous guider dans nos recherches sur les mystéres de la vie, en nous aidant à connaitre les fonctions des organes , semblait au contraire s'attacher ici à nous égarer. Il était réservé à l'exploration électro-musculaire, véritable anatomie vivante, de démontrer que cette continuité fibrillaire n'est qu'une illusion. Sans anticiper sur ce que j'ai à exposer par la suite, je puis dire déjà que, par ce moyen, j'ai découvert les limites (1) Cette doctrine de la continuité fibrillaire reconnait pour chef Bellingeri, célébre anatomiste italien. UTILITE DE CES RECHERCHES. 39 de quelques muscles que l'on croyait se continuer les uns | dans les autres, ce qui, depuis lors, a été confirmé pour un | muscle (le pyramidal du nez) à l'aide du scalpel. B. L'électro-physiologie démontre l'existence, à la face, de muscles qui ne.sont ni classés ni dénommés. J'en vais citer plusieurs exemples. | i Un rhéophore, placé sur l'aile du nez, dilate la narine comme le fait la nature dans les grandes émotions. L'ana- tomie morte en est encore à trouver un muscle qui puisse expliquer ce mouvement : elle va même jusqu'à nier l'exis- tence de fibres musculaires dans Vaile du nez (1). J'es- père pouvoir montrer que ce muscle a été confondu avec un autre muscle connu sous le nom de myrlforme, com- posé lui-méme de plusieurs muscles dont les fonctions sont Opposées. : L'anatomie morte a confondu dans une méme dénomi- nation des muscles qui possèdent une action indépendante, sous l'influence de l'excitation électrique, comme pour les mouvements volontaires et instinctifs, des muscles enfin qui sont destinés à des fonctions essentiellement différentes. Dans le muscle dit sphincter des paupiéres, par exemple, dont on a fait un seul muscle, on trouve quatre muscles indépendants qui président à des expressions diverses. Il est évident pour tout le monde que la physiologie doit (1) Voy. Sappey, Traité d'anatomie descriptive, p. 627, gianna да h0 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. commander l'anatomie, et que, sous prétexte de simplifier les études classiques, on aurait tort de continuer à embrouiller ainsi la science de la vie, et surtout l'étude de l'expression de la physionomie. Mes recherches expérimentales redresseront aussi les erreurs physiologiques que l'on avait commises en attribuant - à des muscles des mouvements auxquels ils étaient étrangers, et en méconnaissant ceux qui leur appartenaient. Il en était résulté qu'on s'était également trompé sur le rôle qu'ils jouent dans l'expression. C'est ainsi que l'on faisait concourir le petit zygomatique au mouvement de la joie, tandis que l'expérimentation fait voir qu'il est le seul représentant du chagrin, du pleurer mo- déré, C'est ainsi que le peaucier, qui jusqu'ici a été oublié ou mal étudié comme muscle expressif, concourt spécia- lement à peindre avec une vérité ‘saisissante les mouve- ments les plus violents de l'àme : la terreur, la colére, la torture, etc. J'en pourrais dire autant de quelques autres muscles presque méconnus, de ceux principalement qui meuvent le sourcil, et qui jouent le róle le plus important dans l'ex- pression de la physionomie en mouvement, comme on le verra bientôt. UTILITE DE CES RECHERCHES. A1 "n. AU POINT DE VUE DE L'APPLICATION A LA PSYCHOLOGIE. La physiologie musculaire de la face humaine est intime- ment liée à la psychologie ; on ne saurait certes le nier, lors- qu'on me voit, pour ainsi dire, appeler successivement sur la face du cadavre l'image fidéle de la plupart des passions dénombrées et classées par les philosophes. C'est ce que je vais démontrer dans les considérations suivantes : A. — Dénombrement des muscies expressifs et des expressions obtenues dans mes expérienees électro=physiologiques. a. ЇЇ est démontré par les faits exposés précédemment (article II) qu'il existe une sorte de hiérarchie pour les mus- cles expressifs de la face humaine, c'est-à-dire que ceux-ci n’ont pas tous le même degré d'importance dans le jeu de la physionomie. On peut en effet ranger dans un premier ordre les mus- cles qui, en se contractant partiellement, possèdent le pri- vilége d'exprimer, de la manière la plus compléte, des pas- sions ou des états divers de l'esprit. Un deuxième ordre se compose des muscles qui, de méme que ceux du premier ordre, dessinent les lignes expressives ame == —— a ~ OR RRQ PN qm pn me, x | | A2 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, Sa a NN a d'une passion dont ils sont les uniques représentants, mais qu'ils ne sauraient peindre complétement. Dans un troisième ordre, enfin, on trouve les muscles qui sont destinés, en s'associant avec d'autres muscles, à ex- primer spécialement certaines passions ou à les compléter, bien que, partiellement, ils soient inexpressifs. ОЕ Pl PO epee pe oe Voici, dans la table synoptique suivante, la liste de ces mt muscles expressifs, rangés d'aprés ces différents ordres : pM TABLE SYNOPTIQUE. эттуу рн нүү И" урааа аваа 1° Muscles complétement expressifs. RTS а Pls ig FRONTAL . . . « Muscle de l'attention. ORBICULAIRE PALPEBRAL SUPÉ- . . . Muscle de la réflexion. ү | i { || $ Muscle de la douleur. PYRAMIDAL DU NEZ....... Muscle de l'agression. кен ay Ape ms. A 2° Muscles incomplétement expressifs et expressifs complémentaires. GRAND ZYGOMATIQUE Muscle de la joie. PETIT ZYGOMATIQUE Muscle du pleurer modéré. ÉLÉVATEUR PROPRE DE LA LÈVRE SUPÉRIEURE . . Muscle du pleurer. ÉLÉVATEUR COMMUN DE L'AILE DU NEZ ET DE LA LEVRE SUPE- RIEURE . . «+ +» « Muscle du pleurer à chaudes larmes TRANSVERSE DU NEZ. .. .. . . Muscle de la lubricité. BUCCINATEUR . ...... . . . Muscle de l'ironie. UTILITE DE CES RECHERCHES. АЗ TRIANGULATRE DES LÈVRES. . e . Muscle de la tristesse, du dégoût, et complémentaire des expressions agressives. MUSCLE DE LA HOUPPE DU MENTON. Muscle du dédain et du doute. PrAUCER. .. 2. eee e + Muscle de la frayeur, de l'effroi, de la torture, et complémentaire de la colère. CARRE DU MENTON. . « « «4 . . Muscle complémentaire de l'ironie | et des passions agressives. DILATATEUR DES NARINES. . . . . Muscle complémentaire des passions | violentes. E Massive. .. s. . Muscle complémentaire de la co- lere, de la fureur. PALPÉBRAUX. н Muscle du mépris et complémen- taire du pleurer. ORBICULAIRE PALPEBRAL, INFÉ- i am... анын so aleda lé dU GENERADOR Pe ARS \ plémentaire де la joie franche. FIBRES EXCENTRIQUES DE L'ORBI- CULAIRE DES LÈVRES. . . . . . Muscle complémentaire du doute З et du dédain. FIBRES CONCENTRIQUES DE L'OR- . BICULATRE DES LÈVRES. . . . . Muscle complémentaire des passions agressives ou méchantes. REGARD EN HAUT . . oso Mouvement complémentaire du sou- venir. REGARD OBLIQUE EN HAUT ET LA- TÉRALEMENT. . . . . ~~.» . Mouvement complémentaire de l'ex- | - tase et du délire sensuel. REGARD OBLIQUE EN BAS ET LATÉ- RALEMENT. . э + + а» .... Mouvement complémentaire de la défiance ou de la frayeur. REGARD EN BAS... . + + . . + Mouvement complémentaire de la tristesse, de l'humilité. ! rpm hh MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. On pourrait former un dernier ordre avec les muscles qui, sans aucun doute, sont mis en action par quelques passions, mais qui ne produisent sur la physionomie aucune ligne expressive apparente : ce sont les muscles auriculaires et les muscles du pavillon. Je rangerai aussi dans cet ordre un muscle quil ne m'a pas été possible de faire contracter partiellement, et dont je ne puis en conséquence décrire exactement l’action propre : c'est le muscle canin. b. Il est également ressorti des faits électro-physiologiques et des considérations exposées précédemment que les ex- pressions peuvent étre partagées en deux classes : en expres- sions primordiales et en expressions complexes. Les expressions primordiales sont produites par les con- tractions partielles des muscles complétement expressifs ou par la combinaison des muscles incomplétement expressifs avec des muscles expressifs complémentaires. Les expressions complexes résultent de l'association des expressions primordiales. Je vais exposer le dénombrement des expressions primor- diales et des expressions complexes que J'ai pu obtenir par l'expérimentation électro-physiologique. TABLEAU SYNOPTIQUE. EXPRESSIONS PRIMORDIALES. MUSCLES QUI LES PRODUISENT. 4° Par la contraction partielle des muscles complétement ex- pressifs, СОЮ e ooe ani R&FLEXION.. . . . . . MÉDITATION. . ... CONTENTION. . . .. POUR L4 nv à AGRESSION, méclian- LITRES WIPE 2° Par la contraction combinée des muscles incomplétement expressifs et des muscles ex- pressifs complémentaires. PLEURER à chaudes MM FS VE PLEURER modéré . . . Jore.. Bin. us * € JOIE FAUSSE, sourire mentet 6 a Ironie, rire ironique. Tristesse, abattement. DÉDAIN, nÉGOUT. . DourE... Mepris.. . as * € Frontal. Orbiculaire palpébral supérieur (portion du muscle dit sphineter des pau- pières); contraction modérée. Méme muscle ; contraction forte. Méme muscle ; contraction trés forte. Sourcilier. Pyramidal du nez. Élévateur commun de l'aile du nez et de la lévre supérieure, palpébraux. Petit zygomatique et palpébraux. Grand zygomatique et orbiculaire palpé- - bral inférieur ; contraction modérée. Mémes muscles et palpébraux. Grand zygomatique seul. Duccinateur, carré du mentou. Triangulaire des lèvres ; constricteur des narines et abaissement du regard. Houppe du menton, triangulaire des lè- vres et palpébraux. Houppe du menton, fibres excentriques - de l’orbiculaire des lèvres, soit de la moitié inférieure, soit des deux moi- tiés à la fois, et frontal. Palpébraux, carré du menton, trans- verse du nez, et élévatenr commun de Vaile du nez et de la lévre supérieure. SSS es —— —— Mem me an TABLEAU SYNOPTIQUE. EXPRESSIONS COMPLEXES PAR LA COMBINAISON des EXPRESSIONS PRIMORDIALES. MUSCLES QUI LES PRODUISENT. SURPRISE... . ETONNEMENT. . STUPÉFACTION. ADMIRATION, surprise sor able. ... FRAYEUR à 22 o. EFFROI . .. Errror avec douleur, OPULO: « 4 vie COLERE CONCENTRÉE . . COLÈRE FÉROCE avec emportement.. .. RÉFLEXION triste. . . RÉFLEXION agréable. JOIE FÉROCE. . . PLAISIR. LUBRIQUE . Frontal et abaisseurs de la mâchoire inférieure, à un degré modéré de con- traction. Méme combinaison musculaire et abais- seurs de la máchoire inférieure, à un plus haut degré de contraction. Méme combinaison musculaire, au maxi- mum de contraction. Muscles de l'étonnement associés à ceux de la joie. Frontal et peaucier. Frontal, peaucier et abaisseurs de la mà- choire inférieure, au maximum de contraction. Sourcilier, peaucier et abaisseurs de la machoire inférieure. Orbiculaire palpébral supérieur, mas- séter, buccinateur, carré de la lèvre inférieure et peaucier. Pyramidal du nez, peaucier et abaisse- ment du maxillaire inférieur, au maxi- mum de contraction. Orbiculaire palpébral supérieur et trian- gulaire des lèvres. Orbiculaire palpébral supérieur et grand zygomatique. Pyramidal du nez, grand zygomatique et carré du menton. Transverse du nez et grand zygomatique, UTILITÉ DE CES RECHERCHES. 47 EXPRESSIONS COMPLEXES PAR LA COMBINAISON MUSCLES des QUI LES PRODUISENT. EXPRESSIONS PRIMORDIALES. DELIRE SENSUEL.. . . | Mêmes muscles que ci-dessus, regard tourné en haut et latéralement, et spasme des paupières, dont la supé- rieure recouvre une partie de l'iris. EXTASE. .... . . . | Mème combinaison musculaire que dans le délire lubrique, mais sans trans- verse du nez. GRANDE DOULEUR avec larmes, affliction. . | Sourcilier et petit zygomatique. DouLEUR avec abatte- ment, désespoir. . . | Sourcilier et triangulaire des lèvres. On remarque, dans le tableau précédent, qu'en général | plus les muscles de la face sont situés supérieurement, plus | leur pouvoir expressif est grand, complet, lorsqu'ils se con- tractent partiellement, On voit aussi que ces muscles ne sont pas seulement des- linés à représenter l'image des passions, des sentiments et des affections ; que certains actes de l'entendement peuvent méme se réfléchir sur la face : c'est ainsi, par exemple, que s'écri- vent avec la plus grande facilité sur la physionomie de l'homme, — et cela seulement par la contraction partielle de l'un des muscles moteurs du sourcil! — la réflexion, le plus important, le plus noble état de l'esprit, celui qui pa- гай le plus abstrait, et la méditation, qui est la mere des Eam t^ ^а = E TR RE SERE - е ely to nga —————— ——— REP И i d ү | | | d | en soe Ee dd 48 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. grandes conceptions, qui, chez certains hommes, est, pour ainsi dire, la passion dominante. Je n'ai classé dans le tableau ci-dessus que les expressions qui ont pu étre obtenues artificiellement, et fixées, pour la plupart, à l'aide de la photographie. J'en pourrai certaine- ment augmenter le nombre par la suite, en produisant les nuances ou les degrés de ces expressions principales. Quoi qu'il en soit, on trouvera sans doute que les expres- sions qu'il m'a été possible d'analyser par l'expérimentation électro-physique sont déjà assez nombreuses. Il n'est pas donné à l'homme d'exprimer toutes ses passions sur sa physionomie, surtout sil'on considére comme autant de passions différentes toutes celles qui ont été dénommées et classées arbitrairement par les philosophes (1). (1) Rien de plus varié, selon M. Lélut, de plus multiple, de plus complexe, de plus difficile à saisir sous la diversité des désignations, que les passions. « Qu'on se reporte, dit-il, à cet égard, à la liste suivante, dont les élé- ments, nous n'avons pas besoin de le dire, sont empruntés aux meilleures sources, à Platon, à Aristote, à Cicéron, à Descartes, à Hobbes, etc., liste qui eüt pu étre encore plus longue, et que nous avons laissée tout d'abord dans le péle-méle de l'ordre alphabétique. Admiration (la premiére Abjection. Désespoir. des passions, d'aprés — Dassesse. Deuil. Descartes). Colére. Défiance. Amour-propre. Cupidité. Dureté (agression). Amour. Chagrin. Discorde. Avidité. Crainte. Douleur. Angoisse. Courage. Désir. Avarice. Curiosité, Dédain. Allégresse. Charité. Désolation. Audace. Confiance. Dégoût. UTILITÉ DE CES RECHERCHES, | A9 On ne m'aceusera pas de les avoir dénombrees arbitraire- ment, car elles sont la reproduction de celles que ame elle- méme peint sur la face de Fhomme. Un jour peut-étre ces études électro-physiologiques sur les différents modes d'ex- pression de la physionomie humaine serviront ala formation d'une bonne classification fondée sur l'observation de la nature. E. — Physionomic cm mouvement, L'étude de la physionomie en mouvement est cette partie de la psychologie qui tr aite des différentes manieres dont l'homme manifeste ses émotions par les mouvements de sa face. Estime. Hardiesse. Remords. Espérance. Honte. Repentir. Emulation. Indignation. Reconnaissance. Enthousiasme. Irrésolution. Regret. Epouvante. — ]nimitié. - Rire. Envie. Ivrognerie, Sécurité. Emportement. Jalousie. Satisfaction de soi- Effroi. Joie. méme. Ennui. Lácheté. Saisissement. Faveur. Luxure. Souci. Fureur. Lamentation. Sensualité. Générosité. Mépris. Témérité. Gloire. Moquerie. Tristesse. Grandeur d'âme. Malignité. Timidité. Gourmandise. Orgueil. . Vénération. Gloutonnerie. Pitié. Vanité. Humilité. Pleurs. Vengeance. Haine. air i ir Pusillaninuté. D um om RR SED ere: sens mms ae MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Si l'homme possede le don de révéler ses passions par cette sorte de transfiguration de l'àme, ne doit-il pas également jouir de lafaculté de comprendre les expressions extrémement variées qui viennent se peindre suecessivement sur la face de ses semblables? Quelle serait donc l'utilité d'un langage qui ne serait pas compris? Exprimer et sentir les signes de la physionomie en mouvement me semblent des facultés inséparables que l’homme doit posséder en naissant. L'édu- cation et la civilisation ne font que les développer ou les modérer. C'est la réunion de ces deux facultés qui fait du jeu de la physionomie un langage uuiversel. Pour étre universel, ce langage devait se composer toujours des mémes signes, ou, en d'autres termes, devait étre placé sous la dépendance de contractions musculaires toujours identiques. Ce que le raisonnement seul avait fait pressentir, ressort clairement de mes recherches. J'ai en effet constaté, dans toutes mes expériences, ainsi que je l'ai déjà démontré, que c’est toujours un seul muscle qui exécute le mouvement fon- damental, représentant un mouvement donné de l'àine. Cette loi est tellement rigoureuse, que l'homme a été privé du pouvoir de la changer et méme de la modifier. On pré- voit ce qui serait infailliblement arrivé s'il en eût été autre- ment; le langage de la physionomie aurait eu le sort du langage parlé, créé par l'homme : chaque contrée, chaque province, aurait eu sa manière de peindre les passions sur la figure ; peut-être aussi le caprice aurait-il fait varier à l'infini UTILITE DE CES RECHERCHES. 91 l'expression physionomique dans chaque ville, chez chaque individu. Il fallait que ce langage de la physionomie fût immuable, condition sans laquelle il ne pouvait étre universel. C'est pour cela que le Créateur a placé là physionomie sous la dépendance des contractions musculaires inslinctives ou réflexes. On sait avec quelle régularité tous les mouvements instinc- tfs s’exécutent. Je ne citerai, comparativement et comme | exemple, que ceux de la marche, pendant laquelle l'enfant méme résout les problèmes de mécanique les plus compliqués, avec une facilité et une précision que la volonté ne saurait jamais égaler. On comprend donc comment chaque passion est toujours dessinée sur la figure par les mêmes contractions musculaires, sans que ni la mode ni le caprice puissent les faire varier. « Généralement, dit Descartes, toutes les actions tant du visage que des yeux peuvent être changées par l'âme, lorsque, voulant cacher sa passion, elle en imagine fortement une contraire, eu sorte qu'on s'en peut aussi bien servir à dissi- muler ses passions qu'à les déclarer (1). » Il est trés vrai que certaines personnes, les comédiens par-dessus tous, possèdent l'art de feindre merveilleusement des passions qui n'existent réellement que sur leur physionomie ou sur leurs lèvres. En se créant une situation imaginaire, ils peuvent, en vertu (1) Les passions de Гате, 2° part., art. 113. 52 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. d'une aplitude spéciale, faire appel à ces émotions arti- ficielles. Cependant il me sera facile de démontrer qu'il n'est pas donné à l'homme de simuler ou de peindre sur sa face certaines émotions, et que l'observateur attentif peut toujours, par exemple, découvrir et confondre un sourire menteur. Quoi qu'il en soit, les caractères de l'expression de la face humaine, qu’onles simule ou qu’ils soient produits réellement par un mouvement de l'àme, ne peuvent être changés ; ils sont les mêmes chez tous les peuples, chez les sauvages comme chez les nations civilisées, ne différant, chez ces dernières, que par leur modération ou par la distinction des traits. €. — Physionomie au repos, Pendant le repos musculaire, c'est-à-dire dans l'intervalle des mouvements déterminés par l'action nerveuse, volontaire ou instinctive, les muscles possédent encore une force qui ne sommeille jamais, qui ne se perd qu'avec la vie. Cette force mera est appelée tonicité. C'est en vertu de cette force tonique C пуа que les extrémités libres d’un muscle coupé, chez le vivant s'éloignent lune de lautre en se rétractant. Les muscles sont done des espèces de ressorts qui, dans oe ЫЫ 7 l'intervalle des contractions, se font plus ou moins équilibre. C'est ainsi qu'à la face, les tissus, et principalement la peau, TL — - AR sont entrainés dans le sens des plus forts. Bertram ра ci a E UTILITE DE CES RECHERCHES. 53 Chez le nouveau-né, l'âme est encore vierge de toute émo- tion, la physionomie au repos est absolument négative ; elle exprime l'absence complete de toute émotion; mais, dès qu'il vient à être excité par les sensations, et qu'il commence à ressentir l'influence des passions, les muscles de sa face entrent en action pour les peindre sur son visage. Ceux de ses muscles qui sont le plus souvent exercés par ` cette sorte de gymnastique de l'àme prennent plus de développement, et leur force tonique s'accroit proportion- nellement. Est-il besoin. de dire que la physionomie au repos subit nécessairement l'influence des modifications éprouvées par la force tonique de ses muscles, ou, suivant une compa- raison triviale que j'ai déjà faite, par la force des res- sorts qui la maintenaient en équilibre? C'est ainsi que se forme la physionomie au repos, physionomie individuelle qui doit étre conséquemment l'image de nos sentiments habituels, le facies de nos passions. (Je ne fais que déve- lopper ici scientifiquement un fait bien connu et générale- ment admis.) Cependant un philosophe célèbre, Diderot, semble y avoir apporté de grandes restrictions. « On se fait (dit-il) à soi- méme quelquefois sa physionomie. Le visage, accoutumé à prendre le caractére de la passion dominante, la garde; quelquefois aussi on la recoit de la nature, et il faut bien la garder comme on l'a reçue. 7/ lui a plu de nous faire bons, et de nous donner le visage du méchant, ou de nous 5h MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. faire méchants, et de nous donner le visage de la bonté (4). » S'il était vrai que la bonté put être masquée par les dehors physionomiques de la méchanceté, il faudrait beaucoup en rabattre de l'admiration que nous devons à ce chef-d’ceuvre de la nature, l'expression. L’assertion de Diderot n'est heureusement pas exacte. Si l'on observe les nouveau-nés à ce point de vue, on leur trou- vera toujours une expression identique, négative, comme je l'ai dit. précédemment. C'est seulement avec le temps que l'on voit se former leur physionomie individuelle, bonne ou méchante, suivant la prédominance ou de leurs bonnes ou de leurs mauvaises passions. En admettant méme qu'un homme bon püt naitre avec une figure méchante, cette espèce de monstruosité serait tôt ou tard effacée par les mouvements incessants d'une belle ame. Toutefois il est des affections locales de la face (contrac- tures, paralysies partielles, tics) qui, à la longue, altérent à tout jamais les traits naturels de la physionomie individuelle. Il est bien entendu que l'on doit tenir compte de cette cause d'erreur. (1) Œuvres complètes de Diderot : Essai sur la peinture, p. 500. UTILITE DE CES RECHERCHES. 55 Ш. AU POINT DE VUE DE L'APPLICATION AUX ARTS PLASTIQUES. L'analyse anatomique el électro-physiologique des diffé- rents modes d'expression de la face, cette étude sur le méca- nisme de la physionomie humaine, qui fait connaitre la rai- son d'être des lignes, des rides, des saillies, des creux du visage, est d’une grande utilité dans la pratique des arts plas- tiques. C'est ce que je vais essayer de faire ressortir dans les considérations suivantes. A.—Examen comparatif de l'utilité de l'anatomie morte et de l'anatomie vivante, au poiné de vue des arts plastiques. L'étude expérimentale du mécanisme de la physionomie en mouvement exige des notions analomiques exactes sur la musculation et sur l'innervation de la face. Quiconque voudra répéter mes expériences ; ой seulement satisfaire sa curiosité scientifique sur ce mécanisme de la physionomie, devra cer- tainement posséder ces notions anatomiques spéciales. Cependant l'artiste pourrait, à la rigueur, les négliger en- tièrement; il lui suffirait, pour la pratiquer, de connaitre exactement les lois des mouvements expressifs, qui découlent de mes recherches. 56 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Afin de justifier cette opinion, que l'on me permette de dire ici mon sentiment sur le degré d'utilité des connaissances anatomiques en général, pour ce qui intéresse la pratique des arts plastiques. Dans l'antiquité, l'étude de l'anatomie se composait de deux parties essentiellement distinetes, que l'on appelait anatomie morte et anatomie vivante. La premiére, qui s'oc- cupe spécialement de la conformation des organes, étail inséparable de la seconde, qui traite de leurs fonetions; en d'autres termes, l'étude de l'anatomie morte n'était qu'une préparation à l'étude des organes en action (1). On en trouve la preuve dans un livre intitulé De l'usage des parties, ma- gnifique monument, élevé par Galien à la physiologie expéri- mentale des anciens (2). On ne saurait contester l'utilité de l'anatomie morte appli- quée à la peinture et à la sculpture. Les plus grands maitres de la renaissance, Léonard de Vinci, Michel-Ange (à qui l'on pourrait reprocher d'en avoir abusé), et tant d'autres dont le génie était rehaussé par la science, nous montrent, dans leurs œuvres magnifiques, tout le parti que l'on peut tirer des con- naissances anatomiques. Je ne crois pas cependant que ces études faites sur le (1) C'est ce qu'on appelle de nos jours vivisection, mode d'expérimen- tation remis en usage par la physiologie moderne, à l'imitation des anciens, que nous n'avons pas tonjours égalés dans cette voie de recherches, (2) Œuvres anatomiques, physiologiques et médicales de Galien, trad. par Ch. Daremberg, 4354, t. I, UTILITE DE CES RECHERCHES. 51 cadavre soient absolument indispensables à la pratique de l'art. П parait, en effet, bien démontré que, chez les Grecs, l'anatomie humaine était ignorée. Elle eût blessé leur religion et leurs mœurs. Du temps de Galien méme, les dissections humaines eussent été consi- dérées comme un sacrilége. Aussi ce grand anatomiste, à l'exemple de ses prédécesseurs, n'a-t-il jamais disséqué que des singes. Et il a conclu de cet animal à l'homme! De telles connaissances ne pouvaient évidemment pas servir à l'étude des formes de l'homme; conséquemment elles n'étaient pas applicables à la pratique des arts plas- tiques. De quelle école sont donc sortis ces magnifiques chefs- d'oeuvre de la statuaire antique dont nous ne pouvons admi- rer aujourd'hui que les débris? Si l'on ne savait le contraire, on ne manquerait pas de supposer une science anatomique profonde aux maîtres qui les ont produits. C'est que chez les Grecs l'étude du nu était singuliérement favorisée par les moeurs; c'est que l'artiste avait de fréquentes occasions d'étudier le jeu des muscles sur des sujets qui pos- sédaient à la fois la force, l'adresse et la beauté des formes, toutes qualités alors en honneur. Aussi avec quelle sévérité et avec quelle sagesse savaient-ils accuser les reliefs et les dépressions qui trahissent le mouvement et donnent la vie aux membres! Cette science précieuse, indispensable chez tout artiste, la science du modelé vivant, née seulement de l'observation de [i AM t H eet PT 2h i ч ETS chet rm. rii ре — eteet 98 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. l'homme en mouvement, était elle-méme une véritable étude d'anatomie vivante, sans laquelle la connaissance de l'ana- tomie morte n'aurait pu produire que des écorchés ou des difformités. C'est du moins ce que l'expérience apprit plus tard. L'exagération de la science anatomique ne fut-elle pas en effet une des principales causes de la décadence de l'art? En résumé, bien que l'étude de l'anatomie morle soit incontestablement utile, bien qu'elle aide à comprendre la raison des reliefs musculaires des membres et du trone, il ressort des considérations précédentes : 4° qu'elle n'est pas absolument indispensable; 2° que l'étude des formes extérieures, surtout à l'état de mouvement, doit étre cul- tivée beaucoup plus spécialement dans la pratique des arts plastiques. S'il est permis de douter que l'étude de l'anatomie morte soit absolument nécessaire aux arts plastiques, pour ce qui a irait aux mouvements des membres et du tronc, on peut affir- mer qu'elle est bien moins utile encore à la face, où, à peu d'exceptions prés, les muscles en contraction ne font aucun relief sous la peau. Peu importe, en effet, à l'artiste, de connaitre la situation | la forme et la direction des muscles de la face, de savoir que tel ou tel de ces muscles préside à l'expression de la joie, du chagrin, de Ja colère, etc., si pour peindre exactement ces passions diverses, il lui suffit d'observer l'homme agilé par elles dans les conditions normales de la vie. Oe рн UTILITE DE CES RECHERCHES. 59 E. — Impossibilité d'étudier les mouvements expressifs de la face de la méme manière que les mouvements voloníaires des membres. Les mouvements expressifs de la physiouomie ne sont pas, comme ceux des membres et du trone, soumis à l'influence de la volonté; car l'âme seule jouit, en général, de la faculté de les produire avec fidélité. Is sont alors tellement fugaces, qu'il n'a pas toujours été possible aux plus grands maîtres de saisir, comme pour les mouvements des autres régions, l'ensemble de tous leurs traits distinctifs. J’aurai l’occasion d'en fournir la preuve, en prenant pour exemple quelques-uns des antiques célèbres. Que l'on me pardonne ces hardiesses ; je m'engage à les justifier plus tard par une analyse scientifique et rigou- reuse. | Les régles des lignes expressives de la face en mouvement, ce que je voudrais appeler orthographe de la physionomie, n'ont pas été réellement formulées jusqu'à ce jour, quoique depuis longtemps on ait essayé d'exposer l'ensemble des traits qui constituent telle ou telle expression. Ce n'est pas que le talent ait fait défaut dans ce genre d'étude; car parmi les auteurs qui ont traité spécialement de ce sujet important, on en compte plusieurs dont le nom est illustre dans l'histoire des beaux-arts (je rappellerai encore ici le nom du célèbre peintre Lebrun). C'est que, ne connais- sant pas un critérium certain, chacun d'eux a plutòt consulté ses propres inspirations que l'observation exacte de la nature. AL Agi NBN, De) i ri, JA eem e rm em rem ante ee La La. “ймы. яры a a oe cette Gen ooa а — н = - en r 2 60 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Heureux l'artiste qui, ne prenant que son génie et son inspi- ration pour guides, n'est pas tombé dans quelques écarts, sans pouvoir en trouver la raison ! Étudiant à ce point de vue les chefs-d'œuvre des grands maitres, j'ai fait des remarques qui ne sont pas ici saus in- térêt et que je vais exposer brièvement. Les traits propres à tel ou tel mouvement expressif se com- posent de lignes fondamentales, qui en sont les signes patho- gnomoniques, et de lignes que j'appellerai secondaires. Celles- ci peuvent manquer dans certaines conditions ; mais, dès qu'elles apparaissent, ce n’est jamais que comme satellites de celles-là, pour ajouter à leur signifieation, pour douner une idée approximative du degré de la passion, de l'âge du sujet, etc. Les maitres de l'art n'ont pas toujours su trouver ces lignes fondamentales : tantôt, après les avoir instinctivement des- sinées avec une grande vérité dans une esquisse, ils les ont perdues en finissant leur travail, sans pouvoir les retrouver ; d'autres fois il ont su les exprimer seulement d’un côté de la face. Je citerai des exemples à l'appui de ces assertions; je démontrerai que ces fautes ne doivent être attribuées qu'au défaut de connaissances suffisantes sur les lois du mécanisme de la physionomie en mouvement. J'ai constaté cependant avec admiration que ces hommes de génie ont, en général, merveilleusement senti les lignes fondamentales de l'expression. Quand il leur est arrivé de s'égarer dans la peinture d'une passion. c'est presque tou~ Fa) ; ; UTILITE DE CES RECHERCHES. 61 jours à l'oecasion des lignes expressives secondaires. Ainsi, quand je me suis trouvé en présence de leurs chefs- d'oeuvre, j'ai quelquefois été surpris de voir des lignes secondaires, compagnes habituelles des passions les plus | sympathiques, les plus touchantes, figurer à cóté de lignes fondamentales représentant les plus mauvaises passions, bien que la nature ait rendu de telles associations mécaniquement impossibles. Les lignes secondaires expressives ne seraient-elles qu'une sorte d'ornement dont le Créateur se serait plu à décorer les lignes fondamentales, qu'elles n'en seraient pas moins sacrées. Cette seule considération suffirait pour défendre à l'artiste de les effacer capricieusement, quelle que soit la hauteur de son génie. Mais il faut que l'on sache qu'elles ne sont pas un simple ornement, une fantaisie de la nature. Jai dit, et je démontrerai qu'elles enrichissent les lignes fondamentales en fournissant certains renseignements im- portants. | | Eh bien! malgré l'utilité incontestable de ces lignes secon- daires, on n'a pas craint quelquefois, dans les arts plastiques, de les oublier ou de les effacer. Ainsi j'aurai plus tard à examiner si les anciens arlistes grecs qui imitaient rarement les détails n'ont pas trop sacrifié aux convenances de la beauté plastique, en négligeant les traits secondaires, et si les modernes, à leur exemple, ne se sont pas de méme laissé trop souvent égarer par un faux goüt. Peut-étre aussi n'ont-ils pas reconnu l'importance de m — уат ot m t dee iR Cra AU ——« HÀ oer ———— фе, a тыа уы LC } nn " е 1} | | | | | PR а а n et TN AI ~- AE Ч аи 62 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. ces lignes, par le seul fait de la difficulté d'observer les mou- vements expressifs de la face. En somme, il ressort des considérations critiques précé- dentes que, dans l'étude des lignes expressives de la face, l'ar- liste a manqué jusqu'à ce jour d'un critérium certain. €. — Les régles du mécanisme de la physionomie, déduites de lex- périmentation électro=musculaire éclairent Vartiste, sans enchainer la liberté de son génie. L'électrisation localisée, qui fixe les traits de la face et fait connaitre exactement la cause physique de tous ses plis, de toutes ses rides, en provoquant la contraction de ses muscles partiellement ou par groupes, est destinée à représenter les expressions primitives ou les expressions complexes. Celle méthode d'exploration permet done de formuler à coup sür les règles qui doivent guider l'artiste dans la peinture fidèle et complete des mouvements de l'àme, les régles de l'orthographe de la physionomie en mouvement. Que l'on ne craigne pas que ces régles puissent menacer la liberté de l'art, étouffer les inspirations du génie ; elles ne leur apporteront pas plus d'entraves que les règles de la perspec- tive, par exemple. Que l'on ne croie pas non plus que chaque expression aille sortir, pour ainsi dire, d'un moule unique ; le jeu de la physionomie ne peut étre ni aussi simple, ni d'une monotonie aussi affligeante. UTILITE DE CES RECHERCHES. 63 N’est-il pas, en effet, établi par mes expériences, que le degré d'accentuation et de développement des traits fonda- mentaux et secondaires de la physionomie en mouvement, non-seulement est en raison directe du degré de contraction musculaire (ce qui signifie : selon le degré de la passion qui la provoque), mais aussi suivant une foule d'autres con- ditions ? | | Voici, en résumé, quelques-unes de ces conditions. Les traits fondamentaux qui, à la naissance, apparaissent pendant les mouvements de la physionomie, s'accentuent, se creusent et s'étendent avec l'âge et par le jeu des passions; ce n'est en général qu'à une certaine époque de la vie que l'on voit poindre et se développer les traits secondaires, satellites des lignes fondamentales. Ajoutons que tous ces phénomènes sont encore subordonnés au degré d'embonpoint ou de maigreur du sujet, el que le sexe exerce aussi sur leur mode de production une certaine influence. | Ce n’est pas tout encore: le fond sur lequel se peignent ou s'écrivent tous ces signes du langage muet de l'àme n'est jamais le même ; en d'autres termes, la physionomie indivi- duelle doit conserver son cachet propre au milieu de ces trans- figurations passagères que lui font subir les agitations inces- santes des passions. Or cette physionomie individuelle n’est pas seulement sous la dépendance des contours du visage, sur lesquels on sait que Lavater a fondé sa doctrine; elle est aussi constituée par la permanence des traits propres ü i i ii 64 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. aux sentiments habituels du sujet, à ses passions violentes, et cela en vertu de la prédominance des muscles les plus exercés par ce que l'on peut appeler gymnastique des passions. En voilà certes assez, je pense, pour faire varier à l'infini les traits d'une méme passion, d'une méme affection. L'observance des régles déduites de l'étude du mécanisme de l'expression exige, chez l'artiste, une grande finesse d'ob- servation. Ces regles évidemment ne peuvent suppléer au génie; mais, en enseignant l'art de peindre correctement les mouvements dela physionomie humaine et en faisant connaitre l'harmonie naturelle de ses ligues expressives, elles peuvent empécher ou modérer les écarts de l'imagination. PLAN QUE JAI ADOPTÉ POUR L'EXPOSITION DE CES RECHERCHES. Les faits qui ressortent de mes expériences électro-physiolo- giques sur le mécanisme de la physionomie en mouvement sont de ceux qui ne peuvent étre jugés que par la vue. J'ai répété ces expériences des centaines de fois en présence de nombreux témoins, et toujours elles ont porté la convic- tion dans les esprits. Des artistes habiles ont vainement essayé de les représenter; car les contractions provoquées par le courant électrique sont de trop courte durée pour que le dessin ou la peinture puisse —————— TM TI petit rco iR | | UTILITÉ DE CES RECHERCHES. 65. reproduire exactement les lignes expressives qui se dévelop- pent alors sur la face. La photographie seule, aussi fidèle que le miroir, pouvait atteindre la perfection désirable; elle m'a permis de com- poser, d'aprés nature, un album de figures qui feront, pour ainsi dire, assister mes lecteurs aux expériences électro-phy- siologiques que j'ai faites sur la face de l'homme. Un écrivain spirituel, Tôpffer, a démontré d'une manière trés originale l'existence d'une nouvelle espece de littérature qu'il a appelée littérature en estampes. « On peut écrire, dit-il dans son Essai de la physiogno- monie, des histoires avec des chapitres, des lignes, des mots: c'est de la littérature proprement dite. On peut écrire des histoires avec des successions de scenes représentées graphi- quement : c'est de la littérature en estampes. . . . . • ++ » La littérature en estampes a ses avantages propres : elle admet, avec la richesse des détails, une extréme concision relative; car un, deux volumes écrits par Richardson lui- même, équivaudraient difficilement, pour dire avec autant de puissance les mémes choses, a ces dix ou douze planches d'Hogarth, qui, sous le titre d'Un mariage à la mode, nous fait assister à la triste destinée et à la misérable fin. d'un dissipateur sereine ab een qe] FRONS CON » Elle a aussi cet avantage propre, d'être d'intuition en quelque sorte, et partant d'une extrême clarté relative. » Enfin il y a bien plus de gens qui regardent que de gens qui lisent. » Or 2 ж LE ue re ru uu e PR EIQUE vx eut nato m mt o E t i | | J% { | té 1 i | i H | f IHE | il Hl NW { 1 Y i - f rt gi f 1 : + t} eS { I x H $ 1 tis | i 5 «i у М uc I ! 1 А f { r К pa It À $ d i RI f 14 | HA i À t ^ Ff i AA Hr { LE y | I F к | ay f es i anita a MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Les remarques judicieuses de Tépffer sont parfaitement ap- plicables au sujet scientifique et artistique dont j'ai à traiter. La vue de figures photographiées, qui représentent, comme la nature, les traits expressifs propres aux muscles interprétes des passions, en apprend mille fois plus que les considérations et les descriptions les plus étendues. П me suffirait, pour montrer l'exactitude des propositions neuves et importantes qui ont été exposées dans ces consi- dérations générales, de publier l'album composé de ces pho~ tographies électro-physiologiques de la face, avec quelques notes explicatives, Ma tâche serait plus facile; mais la dé- monstration scientifique de tous les faits mis en lumiére par mes expériences m'oblige d'entrer dans des considérations anatomiques et physiologiques qui ne sauraient trouver place dans-l'explication des figures d'un album. Ces considérations d'ailleurs seront nécessaires à ceux qui voudront répéter mes expériences ou qui auraient à en faire l'application à la pra- tique des aris plastiques. J'ai donc composé un album de figures photographiées d'aprés nature, destinées à représenter mes expériences élec- tro-physiologiques sur le mécanisme de la physionomie, et, daus l'explication des légendes de ces figures, J'ai résumé les principaux faits qui découlent de ces expériences. Je publierai ensuite uu travail dont cet album sera Гааз, et dans lequel je me propose : 4° d'exposer quelques consi- dérations anatomiques sur ehacun des muscles qui concou- rent à l'expression; 2° de décrire leur action partielle, les UTILITE DE CES RECHERCHES. 67 reliefs, les creux, les sillons, les plis, les rides, en un mot les mouvements variables auxquels ils donnent naissance, suivant leur degré de contraction, selon l’âge du sujet et cer- taines conditions anatomiques; 3* de démontrer la part qu'ils prennent à telle ou telle expression, soit par leur action par- tielle, soit par leurs combinaisons diverses ; 4° enfin d'en dé- duire les lois ou plutôt les règles du mécanisme de la phy- sionomie. TABLE DES MATIERES RE RER UT LI RP ИЙ eS od Travaux de Тай еш куз seve cece шетк кс лес б» eee nes ает Eee? CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. .................s..e.sssstee CHAPITRE PREMIER. — Revue des travaux antérieurs sur l'ac- tion musculaire dans le jeu de la physionomie....- 1. — COUP D'ŒIL HISTORIQUE. о... I DEBATES, EE о аар Ва B. Lavater, Moreau (де la Sarthe)....................e... C. ae BPERTRUF CERERI LL CLP deii f ЗАПАО шс. с-з eds aves ves eee eee ee eee ees RN П. — CONSIDERATIONS CRITIQUES SUR LES DIVERS MODES D’ INVESTIGATION EN USAGE DANS L'ÉTUDE DE LA MYOLOGIE.... ee ee eee nnt nnn Ш. — ORIGINE DE MES RECHERCHES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES SUR LA PHYSIONOMIE EN MOUVEMENT... eee enhn nn ng CHAPITRE II. — Faits généraux principaux qui ressortent de mes expériences électro-physiologiques.....: 77 1. — CONTRACTIONS PARTIELLES DES MUSCLES DE LA FACE... «eei? A. Contractions partielles complétement expressives... «eee B. Contractions partielles incomplétement expressives.......... C. Contractions partielles expressives complémentaires. ....... D. Contractions partielles inexpressives . .......-+-.s+s+sse. у Vil 1 D oe 09 1 ins allo m ex T eene nne rece ATA „=т=т 10 TABLE DES MATIÈRES. П. — CONTRACTIONS COMBINÉES DES MUSCLES DE LA BAG. A. Contractions combinées expressives........ B. Contractions combinées inexpressives........... C. Contractions combinées expressives discordantes III. — DE LA SYNERGIE MUSCULAIRE DES MOUVEMENTS EXPRESSIFS DE LA FACE ETE EM: CHAPITRE IV, — Utilité de ces recherches.................. Т. — AU POINT DE VUE DE L'APPLICATION A L'ANATOMIE ET A LA PHY- SCS | vais EVE II. — AU POINT DE VUE DE L'APPLICATION A LA PSYCHOLOGIE........ A. Dénombrement des muscles expressifs et des expressions obte- nues dans mes expériences électro-physiologiques........... B. Physionomie en mouvement .... C. Physionomie au repos Ш. — AU POINT DE VUE DE L'APPLICATION AUX ARTS PLASTIQUES...... À. Examen comparatif de l'utilité de l'anatomie morte et de l'ana- tomie vivante, au point de vue des arts plastiques. . . D. Impossibilité d'étudier les mouvements expressifs de la face de la méme maniére que les mouvements volontaires des mem- C. Les régles du mécanisme de la physionomie, déduites de l'ex- périmentation électro-musculaire, éclairent l'artiste sans en- chainer la liberté de son génie vx di ocv eo eR à Plan que jai adopté pour l'exposition de ces recherches. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES, TR ene ic t e зана e- = nant nn ga —— Р Я =- ~ DERE кыыл — ЕЕЕ TK —— — ——— —— ——— —— ы zm 9 ME M CS = ae - E SERE ишш. tee VAS à PARTIE SCIENTIFIQUE " AVERTISSEMENT Les faits mis en lumière par mes recherches électro-physiologiques sur le mécanisme de la physionomie humaine ont une si grande impor- tance; ils sont, en général, tellement inattendus, ou en opposition avee certains préjugés et lopi- nion générale, que la démonstration expérimen- tale seule peut les faire accepter dans la science. La photographie, aussi fidèle que le miroir, va permettre aux lecteurs d'assister, pour ainsi dire, à mes expériences électro-physiologiques, et de juger la valeur des déductions que j'en ai tirées. Dès 1852, convaincu de l'impossibilité de vul- (4) Cette partie scientifique de l'album est suivie d'une partie esthétique, composée d'un petit nombre de figures. La premiére série de ces figures est sous presse. VI | AVERTISSEMENT. gariser et méme de publier ces recherches sans l'aide de la photographie, je me suis adressé à des artistes de talent. Ces premiers essais n'ont pas réussi et ne pouvaient réussir. En photographie, comme en peinture ou en sculpture, on ne rend bien que ce que l'on sentbien. L'art ne réside pas seulement dans une habitude de manipulation. Pour ce qui a trait à mes recherches, il faut, au moyen d'une sage distribution de la lumière, savoir mettre en relief telle ou telle ligne expres- sive. C'est ce que ne pouvait faire seul l'artiste le plus habile ; il ne comprenait pas les faits phy- siologiques à démontrer. J'ai dù, en conséquence, m'initier dans l'art de la photographie. Jai photographié moi-même la plupart des 12 figures qui composent la partie scientifique de cet album, ou présidé à leur exécution (1); afin de ne laisser aucun doute sur lexactitude des faits 5 qu elles représentent, j'ai voulu que l'on n'y fit aucune retouche. (4) M. Adrien Tournachon, photographe dont tout le monde connait l'habileté, а bien voulu me prêter le concours de son talent pour l'exécution de quelques clichés de cette partie scientifique. 1 | oe pute © AVERTISSEMENT. fece. | EX m au зба de vue photographique, ‹ elles lais- | a sent quelquefois. à désirer, on me tiendra compte, | b. d j'espère, des difficultés que pré ésente ce genre КУ | Koyi d ‘opérations. Je vais en. signaler la principale. - quu p^ Ee. - “Bien que mon appareil d'induction. soit d'une | —— - grande précision et approprié. à ces expériences : Кер iy : a eas électro-physiologiques il est. cependant impos- | Ee sible de maintenir longtemps au méme degré de S о P contraction. le muscle, dont Tirritabilite , après — i quelques secondes d’ action continue, semble: s'af- з =~ faiblir sous l'influence. d'un courant à intermit- E t * Ж E i г Ww tences très rapprochées. De là vient la nécessité . de photographier rapidement les expressions pro- | à n par l'expérimentation. électro - physiolo- FPE | s 4 | | c. à l'époque où ла: plupart de: mes. “clichés с CN E | ont été obtenus (de 1852 à 1836), les appareils RE E | photographiques en usage étaient moins perfec- E r | tionnés qu ‘aujourd’ hui. J'ai dù me servir alors d' objectifs allemands, qui seuls pouvaient opérer avec assez de rapidité. Malheureusement ces 2 Je 4 Lu a appareils produisaient des déformations légères, ac Sed | 1 {| et manquaient tellement de profondeur, que si, par exemple, TN était. mis au point, le nez et Soe eS | | IE EMI IE NI a a FN E 534 a i | {| E HT li үш AVERTISSEMENT. l'oreille n'y étaient plus. П en est résulté souvent que, s'il me fallait mettre en relief certains traits expressifs et les montrer avec netteté, ] étais forcé de sacrifier les autres, qui, en termes de photo- graphie, étaient flows; ou bien si, dans le but d'obtenir plus d'ensemble, je prenais un point. intermédiaire, aucun trait de l'image photogra- phique ne se voyait nettement. Avec les appareils que nous possédons aujour- d'hui, il me serait facile d'éviter ces légères . déformations (1). Mais ce serait grand dommage que ces photographies fussent sacrifiées, pour quelques imperfections ; car elles présentent toutes un intérét scientifique et artistique. | En effet, ces imperfections photographiques ne nuisent pas à la vérité et à la netteté des lignes expressives. | sapit | De plus, on remarquera qu'en général la dis- tribution de la lumière est parfaitement harmo- nisée avee les passions que ces lignes expressives représentent. Ainsi les figures qui peignent les passions sombres, concentriques : l'agression, la (4) J'opére avec un objectif de M. Dérosier, à court foyer, extré- mement rapide et d’une grande profondeur. ANERTISSENENT. B ш j méchanceté, la souffrance, la douleur, la frayeur, la torture mêlée d'effroi, gagnent singulièrement we x en énergie, sous l'influence du clair-obscur ; elles | rappellent la manière de Rembrandt (voyez les figures 18, 20, 60, 65). D'autres figures tirées en . plein soleil, la pose devant être très courte, offrent cependant des détails fins, des ombres bien fouil- ё | 1ёез; ce sont. encore des clairs-obscurs, mais à la manière : де Ribera (voyez. entre autres, les | figures 29, A0, 41, 42). On trouvera enfin quel- ques - photographies. trés lumineuses, éclairées | d une manière générale : ce sont surtout celles qui peignent l'étonnement, Tébahissement, , l'ad- | _miration, la gaieté (voyez les figures M, 31, ЗА, 33, 56, 87). | Toutes les figures de І Араа sont assez grandes pour que l'on voie trés distinctement les lignes expressives : elles sont d'un quart environ de la grandeur naturelle. . Comme ces détails échappent à une certaine а, jai pensé qu "il était utile, surtout pour l'enseignement, de grandir les tétes qui peuvent servir à la démonstration des principes fondamen- taux de la doctrine physionomique . que jal à = eee ne nv —————————' à ee ses = ———— P —— i MÀ te gn ты е meee ОЕА = = Mts mg >=”. NRI EE ne - ш х + .- AVERTISSEMENT. établir. Ces têtes, grandes à peu prés comme nature, sont au nombre de cinquante (1). | L'Album complet se compose de soixante-douze figures photographiées. Elles sont consacrées à l'étude expérimentale des muscles de l'attention (le frontal), de la réflexion (l'orbiculaire pal- pébral supérieur), de l'agression (le pyramidal), de la douleur (le sourcilier) , de la joie (le grand zygomatique), de la bienveillance (Vorbiculaire palpébral inférieur), du mépris (les palpébraux), . de la lasciveté (le transverse du nez), de la tris- tesse (le triangulaire des lèvres), du pleurer (le petit zygomatique et l'élévateur propre de la lèvre supérieure), du pleurnicher (l'élévateur commun de l'aile du nez et de la lèvre supérieure), enfin des muscles complémentaires de la surprise ou de l'étonnement (les abaisseurs de la lèvre infé- rieure), et complémentaire de la frayeur, de l'effroi (le peaucier). | L'étude des muscles de la face dont il m'a été (1) De 1856 à 1857, j'ai obtenu par transparence ces clichés négatifs, d’après des positifs intermédiaires grossis, qui eux-mêmes avaient été faits sur mes négatifs primitifs d'un quart de nature. Je ne sache pas que ce genre de photographie ait été fait avant moi. : ANERTISSENENT.. ! -e impossible de représenter photographiquement 2 . Faction. indiv iduelle, sera exposée dans le texte de. l'ouvrage. Ils sont d. ailleurs en petit nombre. E à al fait connaitre sommairement , dans des ` légendes, les études électro-physiologiques. aux- E: d | quelles. les figures de. cet Album sont destinées. : Mais la lecture de ces légendes eüt été trop aride, _ sije ne les avais. fait suivre de quelques déve- ` loppements qui rappellent les principes démon- | trés par les faits représentés dans ces figures, | principes. qui forment la base de mes recherches p sur rle mécanisme. de la physionomie humaine. "© » A х si nae ^ a E em + ee kt: > ч em od Do mela T3 TNI Un зае ma tom an си " DÀ T SEE CNE Lon | | i i i | 1 | M | ETUDES ELECTRO-PHY STOLOGIOUES | | SUR LE MECANISME | | PHYSIONOMIE HUMAINE Шар am те PREPARATIONS ANATOMIQUES ET PORTRAITS | ES | DE SUJETS SOUMIS A DES EXPÉRIENCES ÉLECTRO - PHYSIOLOGIQUES. Figures 4, 2, 3, 4, 5, 6. | | . 3 ү R | | Wi. Fic. 1. — Préparation anatomique des muscles de la face. — aM Я Н LE A. Frontal, muscle de l'attention. — B. Orbiculaire palpé- aM bral supérieur, muscle de la réflexion. — б, D. Palpébraux L pot ° Na r . , | | ‘4 supérieur et inférieur, muscle du mépris et complémen- hh 4 | "n . ¥ К | | | | a 4 N | LS | г À il 4 S e ii | MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. taire du pleurer. — E. Orbiculaire palpébral inférieur, : muscle de la bienveillance et complémentaire de la joie franche. — К. Petit zygomatique, muscle du pleurer modéré et du chagrin. — G. Élévateur propre de la lévre supérieure, muscle du pleurer. — Н. Elévateur commun E cm ) a \ \ | eme | | — RE oi - de la lèvre supérieure et de Vaile du nez, muscle du pleur- nicher. — Y. Grand zygomatique, muscle de la jote. K. Masséter. — L. Orbiculaire des lévres. — M. Triangu- | | | у RE | IL À 3 | À 15 p laire des lèvres, muscle de la éristesse et complémentaire des passions agressives. — N. Houppe du menton. — О. Sourcilier, muscle de la douleur. — P. Pyramidal du nez, muscle de l'agresston. — Q. Transverse du nez, muscle de la lasciveté, de la lubricité. — R. Dilatateur des ailes Se анаа толу лә ошо е smi EES PREPARATIONS ANATOMIQUES ET PORTRAITS. 3 du nez, muscle complémentaire des expressions passion- | nées. — U. Buccinateur, muscle de lironie. — V. Fibres | | profondes de Yorbiculaire des lévres se continuant avec le | | buccinateur. — X. Carré du menton, muscle complémen- | | | taire de Pironie et des passions agressives. — Y. Peaucier, | i in muscle de la frayeur, de l'effroi et complémentaire de la | | [ colére. | | i | | Fic. 2 | | | it wBESCHEREREC. | | ‘oh | | = Fie, 9. — Préparation anatomique des nerfs moteurs de la | face (de la septième paire). — H. Filet moteur du frontal. — 1. Filet moteur du sourcilier. — I. Filet moteur de l'or- | biculaire palpébral supérieur. — J. Filet moteur du pal- | pébral supérieur. __J, Filet moteur du palpébral inférieur. — K. Filet moteur de l'orbiculaire palpébral inférieur. — me am = — RR {| al? i ү n a 1 \ А (і! { Y ai С n | 41 ү 1 ra 7914. RN M ii rl n tl A 14 2 HII 3 I MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. 6. Filet moteur du grand zygomatique. — c. Filet moteur du petit zygomatique. — Q. Filet moteur de l'élévateur propre de la lévre supérieure. — M. Filet moteur du transverse du nez. — L. Filet moteur de l'élévateur commun de la lévre supérieure et de l'aile du nez. — N. O. Filets moteurs de l'orbieulaire des lèvres. — R. Filet moteur du carré du menton. — P. Filet moteur de la houppe du menton.— — F. Filet moteur du peaucier. — D'. Tronc du facial à sa sortie de l'aquedue de Fallope. — G. Branche temporo- faciale. — E. Branche cervico-faciale. — A. B. Filets mo- teurs des muscles auriculaires postérieur et supérieur. — C. Filet moteur du muscle occipital. — S. Branche au- riculo-temporal de la cinquiéme paire. — T. Rameau mo- teur des muscles orbiculaire inférieur des lévres, carré du menton, houppe du menton et triangulaire des lévres. . 9. — Physionomie photographiée, au repos, d'un vieillard qui doit servir à de nombreuses expériences électro-physio- logiques, représentées parla photographie dans cet album. . 4, — Physionomie photographiée, au repos, d'un jeune homme, d'aprés lequel plusieurs expressions électro-physio- logiques et naturelles seront reproduites par la photographie. . 9. — Photographie d'une petite fille froncant les sourcils, et sur laquelle seront faites plusieurs expériences électro- physiologiques. PREPARATIONS ANATOMIQUES ET PORTRAITS. 5 Fic. 6. — Destinée à montrer que lorsque le rhéophore est en rapport avec un rameau -nerveux qui anime plusieurs muscles, l'électrisation musculaire de la face ne produit qu'une grimace. | Électrisation du rameau temporo- -facial; contraction de tous les muscles animés par lui; grimace semblable à celle qui est produite par le tic de la face. Fic. 2 bis. Appareil volta-faradique 3 double courant du docteur Duchenne (de Boulogne). La description de cet appareil et la manière de le mettre en action ont été exposées dans mon livre intitulé : De Velectrisation localisée et de son application à la pathologie et à la thérapeutique, chap. IV, art, 18, $ 4, 2° édition. MW ML йи gl - + Se SS a ee 5 LCD а ER D M 4 dude Te" M, La Rim n e ы — чө : ACCORD TE NUI eMe thi | | {ү b ! A I К ү ome ЧИР a T A O SAN en EXPLICATION DE LA LÉGENDE. L'individu que j'ai choisi comme sujet principal des expé- riences représentées par la photographie dans cet album, est un vieillard édenté, à la face maigre, dont les traits, sans étre absolument laids, approchent de la trivialité, dont la physionomie est en parfaite concordance avec son carac- tere inoffensif et son intelligence assez bornée. Voici les raisons qui ont déterminé ce choix : 1° Dans la vieillesse, on voit, sous l'influence des con- tractions musculaires, se dessiner toutes les lignes expressives de la face (les lignes fondamentales et secondaires). 2° La maigreur de mon sujet favorise le développement de ces lignes expressives, et facilite en méme temps l’élec- irisalion partielle des muscles de la face. 3° A cette figure triviale je n'ai pas préféré des traits nobles et beaux. Ce n'est pas que l'on doive représenter la nature dans ses imperfections, pour la représenter exacte- ment; j'ai voulu seulement démontrer qu'en l'absence de. beauté plastique, malgré les défauts de la forme, toute figure humaine peut devenir moralement belle, par la peinture fidele des émotions de l'àme. On verra que l'on arrive à ce résultat en excitant partiellement les organes moteurs de la face dont la principale fonetion est de peindre nos passions. c n ec PRÉPARATIONS ANATOMIQUES ET PORTRAITS. 1 д" Enfin, cet homme présentait une condition trés favo- rable que je n'ai pas rencontrée chez d'autres sujets. — Il est peu de personnes qui consentent à se soumettre à ce genre d'expériences, parce que, sans étre trés douloureuse, l'élec- trisation des muscles de la face provoque souvent des mou- vements involontaires, la contorsion des traits du visage. — Ce sujet, lui, était peu sensible. Il était atteint d'une affec- tion compliquée d'anesthésie de la face (4). Je pouvais expé- rimenter sur cette région sans qu'il en éprouvat de la dou- leur, au point que je faisais contracter partiellement ses muscles avec autant de précision et de süreté que sur le cadavre encore irritable. = J'aurais pu choisir, à l'exemple des artistes, en général, des modèles dont la physionomie se trouvat en harmonie avec telle ou telle expression. En renonçant à ces avantages, je me suis privé d'un puissant moyen d'augmenter l'intérêt de mes expériences; bien plus, ne voulant pas faire con- courir le geste à Pexpression de mes figures, j'ai donné à tous mes sujets la même attitude. Malgré ces conditions désavantageuses, et quoique la pré- sence des rhéophores et des mains qui les tiennent, nuise à l'effet de mes figures, les expressions artificielles que j'ai photographiées n'en sont pas moins saisissantes de vérité. (1) Il était affecté d'un spasme des muscles rotateurs droits de la téte, spasme qui se montrait seulement alors qu'il voulait iravailler de son état de cordonnier (j'ai décrit cette maladie sous le nom de spasme musculaire fonc- tionnel). Je l'en ai guéri par l'électrisation des muscles antagonistes. ер d eR T ET ERIT : — t 2 rr i =н un MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Jaurai cependant à reproduire quelques expressions sur d'autres individus; je saisirai alors cette occasion pour réunir autant que possible l'ensemble des conditions qui consti- tuent le beau, au point de vue plastique. J’expérimenterai aussi sur des sujets de différents ages : sur un enfant (voy. fig. 5, 10, 28, 29), sur un jeune homme (voy. fig. 4, 15, 16, 27, 24, 95), sur une jeune femme (voy. fig. 55, 36), et enfin sur une femme plus âgée et dont la peau est brülée par le soleil (voy. fig. 11, 26, 27). La démonstration des faits mis en lumière par l'expéri- mentation électro-physiologique ne pouvait être complète, sans que les mouvements expressifs naturels fussent repré- sentés par la photographie, comparativement à ceux qui sont produits par l'électrisation localisée. Les moteurs du sourcil | sont, de tous les muscles expressifs, ceux qui obéissent le moins à la volonté; en général, l'émotion de l'àme seule a le pouvoir de les mettre partiellement en mouvement. Or, on le sait, le vieillard dont il a été question plus haut (voy. la fig. 3) est trop peu intelligent ou trop peu impressionnable pour rendre lui-méme les expressions que je produis artifi- ciellement sur sa face. Un hasard heureux m'a fait rencontrer un sujet qui, aprés un long exercice, en est arrivé à posséder un grand empire sur les mouvements de ses sourcils. C'est un artiste detalent et en méme temps un anatomiste qui a eu la curiosité de faire cette étude sur lui-méme. En faisant appel à ses sen- аана PREPARATIONS ANATOMIQUES ET PORTRAITS. 9 timents, il rend souvent avec une parfaite vérité la plupart des expressions propres à chacun des muscles du sourcil. Il a eu l'obligeance de se prêter à une expérience, en m'auto- risant à en représenter les résultats par la photographie. On voit, dans la figure 4, sa physionomie au repos. J'ai aussi fait mouvoir individuellement, parla faradisation, les muscles moteurs de son sourcil, et j'ai constaté que les mouvements artificiels étaient semblables aux mouvements expressifs que provoquaient ses sentiments. J'aurais pu repré- senter ces mouvements électro-musculaires ; mais c'eüt été multiplier sans nécessité les figures, dont je suis forcé de restreindre le nombre. Je me suis donc borné à photogra- phier, quand cela a été nécessaire, quelques-uns des mouve- ments expressifs du sourcil qu'il peut produire lui-méme. Un seul des muscles du sourcil échappe à son pouvoir ; j'en représenterai l'action partielle obtenue par l'électrisation. Comme ce sujet est jeune, ces figures me serviront a montrer les différences qui existent entre les mouvements expressifs, chez le jeune homme et chez le vieillard. Enfin, il répond aux exigences de la plastique; on voit, en effet, sur son portrait (fig. 4), où sa physionomie est au repos, que ses traits sont beaux et réguliers. La figure photographiée placée en tête de ces recherches, - comme spécimen de mes expériences électro-physiclogiques, donne une idée du mode d'electrisation que j'ai employé pour obtenir la contraction partielle des muscles de la face. re sse Phenom etae 7 К. anneal — M НОНО rm „оаа nee: PRO RENE VOIE c tr om permet - 808 — | ГА a m P EVES i Un à К ; H LE N d i À HI ta all | HER Be} Bu dui "218! f H | Í nM u | Qu | HE HES | | ‘1 1! b Ki 1 \ m | х 4 p 4! і! i} À | 4 {| 1! í t 1 | UN à ) H ) = n j | Ro mt om 10 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. On remarque que les rhéophores, tenus par ma main droite, communiquent avec mon appareil d'induetion (1) par l'inter- médiaire des fils conducteurs du courant et sont posés au ni- veau des muscles de la joie (Т, fig. 1). — Les lignes expres- sives de la joie se seraient montrées incomplètes sur la face du sujet, telles qu'elles peuvent être produites sous l'im- fluence de l'action partielle de ces muscles, si je leur avais envoyé le courant de mon appareil. Mais je dois dire qu'ici le rire est naturel, et que j'ai seulement voulu montrer, dans son ensemble, le simulacre d'une de mes expériences électro- е - physiologiques. La pratique de ces expériences n’est pas aussi facile que l'on pourrait le supposer, à la vue de cette figure. Elle exige la connaissance parfaite de la méthode que j'ai inventée afin de limiter l'excitation électrique dans chacun des organes. Il est nécessaire d'eu rappeler ici les principes, en résumé, pour ce qui a trait à l’électrisation musculaire de la face (2), (1) Cet appareil de précision, celui que j'ai préféré pour ces expériences, est mieux représenté dans la figure 2 bis placée au bas de la page 5. (2) L'électrieité d’induction est la seule qui soit applicable à ce genre d'expériences; је l'ai appelée faradisme, et son emploi faradisation. Voic comment j'ai justifié ces nouvelles dénominations. « Le mot électrisation ne devrait étre employé que d'une maniére générale. » L'application de l'électricité de frottement pourrait être appelée électri- sation statique, et celle de l'électricité de contact conserverait le nom de galvanisation. Mais sous cette dernière dénomination on a, en général, désigné indifféremment, dans la pratique médicale, l'emploi de l'électricité de contact et de l'électricité d'induction. On comprend les conséquences facheuses d'une telle confusion, aprés les considérations éle ctro-physiolo- giques et thérapeutiques que j'ai exposées dans ce travail. » Puisqu'il est nécessaire de créer un mot qui désigne exactement l'élec- PREPARATIONS ANATOMIQUES ET PORTRAITS. 14 afin que Гоп comprenne mieux les photographies électro- physiologiques qui composent cet album. 4° Un appareil d'induetion convient à ce genre d'expé- riences; les intermittences de son courant doivent étre assez rapides et égales pour éviter le tremblement du muscle pen- dant qu'il est mis en contraction ; la gradation du courant doit étre d'une grande précision et s'approprier au degré Vexcitabilité différent de chacun des muscles de la face. 9» Les rhéophores, aussi petits que possible, afin de ne pas masquer les traits de la face, sont recouverts d'une peau humide, et placés sur les points d'élection. Ces points d'élec- tion sont, pour l'expérimentation électro-physiologique pra- tiquée à la face, les points d'immersion des nerfs moteurs de la face. — On les voit sur la figure 2, où les filets nerveux moteurs des muscles de la face ont été disséqués avec le plus grand soin, et dans laquelle les nerfs sensibles (provenant de la cinquième paire) ont été coupés. — J'indiquerai ces points d'élection dans l'explication des figures qui repré- senteront les expériences électro-physiologiques. tricité d'induction ou son application, n'est-il pas permis de le tirer du nom du savant qui a découvert cette espéce d'électricité ? Ainsi, de méme que Gal- vani a laissé son nom à l'électricité de contact, de même aussi on peut, selon moi, donner à l'électricité d'induetion le nom de Faraday. En conséquence, cette électricité serait appelée faradisme, et son application désignée par le mot faradisation. Cette dénomination me parait d'autant plus heureuse, qu'elle établit une distinction bien tranchée entre l'électricité d'induction et l'électricité de contact, en même temps qu'elle consacre le nom d'un savant à qui la médecine doit une découverte bien plus précieuse pour la thérapeu- tique que celle de Galvani (aujourd’hui cette dénomination est universelle- ment employée dans la pratique médicale). » (Loc. cit., р. 38.) z = ЕЕ tae E. = А damn na -- à RE ES n lere ue TT SS, TO „ырен Tem eed oe Sa il a ne тта MUT on eet eens 12 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Ceux qui voudront contróler mes recherches expérimen- tales, trouveront ces données insuffisantes. Il me faudrait, pour les initier complétement à cet art de localiser le cou- rant électrique dans les muscles de la face, exposer des dé- tails anatomiques et pratiques qui ne peuvent trouver place dans ce développement des légendes (1). Ce genre d'expé- riences exige, en outre, une grande habitude ; car il est dif- ficile de trouver les points d'élection à travers la peau. L'expérience représentée par la figure 6 en est une preuve frappante. Le rhéophore placé au niveau du grand zygoma- tique aurait dû produire la contraction isolée de ce muscle, ainsi qu'on l'observera dans la figure 30; mais le courant, trop intense, ayant pénétré profondément jusqu'à la branche temporo-faciale de la septiéme paire (voy. G, fig. 2), a pro- voqué la contraction en masse des muscles animés par ce tronc nerveux, et n'a pu produire qu'une grimace. (1) Ces détails sont exposés dans ma Monographie sur les muscles de la face et dans mon Traité de l'électrisation localisée. il MUSCLE DE LATTENTION (FRONTAL, A, fig. 1). Figures 7, 8, 9, 40, 44. LEGENDE. | (Regarder alternativement et comparativement Pun des côtés des figures tt, 11, et en masquer le cóté opposé.) Fig. 7, — Destinée à l'étude du mécanisme et de l'expression du muscle frontal chez un vieillard (voy. son portrait pho- tographié, fig. 9). A droite, excitation électrique, 4 un degré modéré, du muscle frontal; lignes fondamentales (élévation et courbe du sourcil) et lignes secondaires (plis frontaux, curvilignes, et concentriques à l'arc du sourcil) : attention. A gauche, repos de la physionomie. Fic. 8. — Destinée à montrer comment les lignes secondaires expressives de l'attention se réunissent et se continuent sur la ligne médiane pendant la contraction des deux muscles frontaux. Excitation électrique modérée des deux frontaux : altention. 2 рентата ie a i EI E IP q n я ee t 44 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Fic. 9. — Destinée à l'étude expressive du muscle frontal, au maximum de contraction. A droite, excitation électrique, au maximum, des muscles frontaux : grande attention. A gauche, repos de la physionomie. . 10. — Destinée à l'étude des lignes expressives du muscle frontal chez une petite fille (voy. son portrait, fig. 5). A droite, électrisation du frontal, développement de la ligne fondamentale (élévation et courbe du sourcil, sans plis frontaux) : attention. A gauche, abaissement du sourcil, occasionné par l'im- pression d'une lumiére trop vive. Fic. 11. — Destinée à l'étude des lignes secondaires (rides fron- EM tales, irréguliéres et nombreuses) produites par l'excitation t M Kk électrique forte du frontal, chez une femme âgée de qua- x rante et un ans et dont la peau a été brülée par le soleil. A droite, électrisation du frontal; élévation et courbe du sourcil, rides frontales, nombreuses et irréguliéres : attention. A gauche, repos de la physionomie. nt om rre tt. me EE ERN EXPLICATION DE LA LÉGENDE. A. — Mécanisme. L’électrisation localisée du muscle frontal (A, fig. 1) se pratique en posant Pun des rhéophores au niveau du point d'immersion de son filet moteur (H, fig. 2), comme dans les figures 7, 8, 9, 10, 11. Dans la figure 7, 16 muscle frontal droit a été excité "s rément, рагі intermédiaire de son nerf moteur (H, fig. 2), au moment oü la physionomie était au repos. On voit, du cóté excité (à droite): 1° que non-seulement ce muscle élève considérablement le sourcil, mais qu iL lui fait aussi décrire une ligne courbe plus prononcée que du côté où le sourcil a conservé sa position et sa forme normales ; 9? que le front s'est sillonné de plis curvilignes, concentriques à la courbe du sourcil. | La figure 8 montre la contraction électrique, à un degré modéré, des deux muscles frontaux. Les rides frontales, on le voit, s'étendent sur toute la largeur du front. De chaque cóté elles décrivent des courbes à concavité inférieure, qui, en se — Rs Ору canc Lee — SSSR теры = i riim coo rri. cata TT ee a lee €—————————— 16 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. réunissant sur la ligne médiane, forment une nouvelle courbe à concavité supérieure, dont la corde et la fléche sont plus petites que celles des courbes précédentes. — Dans cette figure on remarque que les rides frontales sont moins nom- breuses et moins prononcées à droite qu'à gauche; cela dépend de l'excitation un peu moins forte produite par l'un des pôles (le pôle positif) du courant. Dans la figure 9, ott le muscle frontal est représenté au maximum de contraction, le sourcil et les rides frontales ne décrivent plus des courbes aussi régulières que dans les figures 7 et 8; ils sont plus fortement tirés en haut du côté externe. L'agrandissement de l'ouverture palpébrale, du côté excité, montre que la contraction du frontal exerce une action notable sur l'élévation de la paupière supérieure. La petite fille sur laquelle j'ai fait contracter modérément (fig. 10) le muscle frontal était âgée de neuf ans. On con- state que son sourcil s’est élevé sans produire le plus léger pli sur son front; — c'est le privilége de l'enfance et de l'adolescence de ne dessiner que les lignes expressives fon- damentales, pendant le jeu de la physionomie. Toutefois, au maximum de contraction du frontal, j'ai vu naitre sur ce jeune front une ou deux rides frontales, qui sont les lignes secondaires expressives, produites par le muscle frontal. MUSCLE DE L’ATTENTION. ' 17 B. — Expression. Masquez le cóté droit de la figure 7 ou de la figure 9 avec un diaphragme de carton, de maniére à ne laisser à décou- vert que le cóté gauche de la face, vous remarquerez d'abord l'obscurité profonde qui enveloppe l'œil et l'orbite de ce côté, obscurité qui se répand sur la joue entiere. Faites ensuite glisser rapidement le diaphragme de droite à gauche, de maniére qu'à partir de l'extrémité interne des rides frontales artificielles, le front et la joue droite restent à découvert; alors quel contraste surprenant entre ces deux côtés de la face! A droite, l'orbite est illuminée, la prunelle étincelle de lumière, surtout dans la figure 9, où la contraction est à son maximum. | Et puis voyez la différence qui existe entre la joue droite et la joue gauche. Ici, l'obscurité, la lourdeur des traits et du modelé, le calme intérieur, l'indifférence la plus complète. La, au contraire, la lumière qui éclaire l'œil et l'orbite, rayonne aussi sur toute la joue, dont les traits paraissent allongés et le modelé modifié. Et quelle merveilleuse trans- formation de la physionomie! C'est le réveil de l'esprit. On a certes beaucoup exagéré en disant que, sous l'in- fluence d'une ardente passion, d'œil brille de son propre feu ; l'expérience précédente est la preuve incontestable de mon assertion. A voir, en effet, cet éclat de l'oeil droit, ce point * EUR rar a Ae BI бынын A e c н MERE nete ee фы: Е: ac’ { | i d р IE H i E e 1 jet $ j 5 iz 1.1 т $ Ah F Fa i E } . AM BUE m | n | {ИЧ 4 ВРЕ } Г Н Г | Mal | tih Bit IT» JOUER | | ` i r Al \ f j i a 531 4 | ET m + i i À E p TA adl 21 7 " " È | i" Ё! ti || Hi И iE | man ae i Hi ? t { Чү к } Я ha AL - | au | | M at ni main ms m - MÀ eR A калаа ан 18 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. lumineux qui étincelle sur la prunelle, vous pourriez croire que cet oeil a subi une profonde modification organique, sous l'influence d'un mouvement psychique, d'une passion vio- lente. Mais dés que vous reportez votre regard sur le cóté gauche de la face, vous n'y rencontrez plus qu'un ceil terne, qui représente l'état réel de l'âme du sujet. Il est donc de toute évidence que, dans notre expérience, cet éclat de l'oeil, ce feu du regard, sont sous la dépendance d'un mouvement spécial du sourcil. Si maintenant vous comparez entre elles les figures 7 et 9, vous voyez que tout en exprimant, au fond, un état de l'esprit semblable, elles impressionnent cependant le specta- teur d'une maniére différente. Ainsi, comme je l'ai déjà dé- montré, elles annoncent (du cóté droit) que l'esprit est tenu en éveil par une cause extérieure ; elles expriment l'attention. Mais on sent que le sujet éprouve une émotion évidemment plus grande dans la figure 9 que dans la figure 7. La pre- mière (fig.. 9) le montre prêtant une attention trés grande qui le captive et va presque jusqu'à la surprise, l'admiration, dans la seconde (fig. 7), la physionomie est plus tranquille; le sujet est seulement attentif. ! Ш MUSCLE DE LA REFLEXION (ORBICULAIRE PALPEBRAL SUPERIEUR, portion du muscle dit sphincter des paupières, B, fig. 1). Figures 12, 13, 14, 15. LÉGENDE. ( Regarder alternativement et comparativement chacun des côtés des figures 12, 14, et en masquer le cóté opposé.) Fic. 19. — Destinée, ainsi que la figure 18, à l'étude du méca- nisme et de l'expression du muscle orbiculaire palpébral supérieur (B, fig. 1), chez un vieillard ( représenté dans les fig. 3, 7, 8, 9). A droite, électrisation modérée de l'orbiculaire palpebral | supérieur: réflexion. A gauche, attention. Fic. 13. — Electrisation plus forte des orbiculaires palpébraux supérieurs, avec abaissement léger des commissures labiales : méditation, contention. NAAN EE H en Е N “we gre s И {ү t ik f v LN \ (M | | i 1 | ЖИРНЕН lit td ^ 20 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Fic. 14. — Destinée à montrer comparativement, chez le méme individu, la contraction au maximum de l'orbiculaire pal- pébral supérieur et du sourcilier. A gauche, électrisation très forte de l'orbiculaire palpé- bral supérieur : mécontentement, pensée sombre. A droite, électrisation du sourcilier. Fig. 15. — Destinée à démontrer que le mécanisme de la con- traction volontaire de l'orbiculaire palpébral supérieur est identiquement le méme que sous l'influence du courant électrique. Contraction volontaire, forte, des orbiculaires palpé- braux supérieurs, chez un jeune sujet (voy. son portrait photographié, fig. 4): méditation, contention. EXPLICATION DE LA LEGENDE. A. — Mécanisme. Au moment où l’ expérience photographiée dans la figure 42 a été faite, le sujet regardait un objet situé en face de lui et sur lequel j'avais fortement attiré son attention ; son sourcil s'était relevé ; son front s'était ridé transversalement, dans toute sa largeur ; son muscle frontal, en un mot, était lége - rement en action et exprimait l'état de son esprit : l'attention. Masquez, en effet, le côté droit de cette figure, et du côté opposé vous reconnaitrez, dans son regard et sur son front, les signes caractéristiques de ce mouvement expressif; signes qui ont été exposés page ?, figures 7 et 8. - Si ensuite vous découvrez le côté droit, où l’orbiculaire palpébral supérieur est mis en contraction, vous observez : 1* que le sourcil s'est abaissé en masse, en effacant les rides frontales; 2° qu'il est devenu rectiligne ; 3° qu'il a exécuté un mouvement de corrugation, en vertu duquel les poils couchés obliquement de dedans en dehors et de haut en bas se sont redressés. Tel est l'ensemble des mouvements du sourcil, toujours produits par la contraction partielle et modérée du frontal. 22 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. La ligne verticale que l'on voit sur la figure 12, en dedans de la téte du sourcil droit, existe méme quand la physionomie de ce sujet est au repos, ainsi qu'on le constate sur son por- | trait, fig. 3 (j'ai expliqué ailleurs la raison de cette anomalie). Cette ligne verticale n'aurait dû apparaitre qu'avec un mou- vement trés prononcé de corrugation du sourcil, mouve- ment qui avait à peine commencé dans l'expérience précé- dente, parce que je n'avais provoqué qu'une contraction modérée de l’orbiculaire palpébral supérieur. Sur la figure 13, l'orbieulaire palpébral supérieur a été mis en contraction de chaque cóté plus énergiquement que sur là figure 12. Le mouvement de corrugation était très prononcé; aussi deux lignes verticales profondes se sont- elles dessinées en dedans de la téte du sourcil. — Je dois faire remarquer que notre vieillard est peu favorable à l'étude de ces lignes verticales, qui sont un des signes caractéristiques d'une action plus violente de l'esprit, de la méditation. On les voit ordinairement se développer belles et pures dans l'espace intersourcilier, dont la surface cutanée, pendant le repos musculaire, est unie, comme on l'observe à un âge moins avancé. Ces lignes verticales intersourciliéres sont bien rendues sur la face d'un homme jeune que j'ai photographié (voyez la fig. 15) au moment ou il se livrait à de grands efforts de méditation. Ce mouvement expressif du sourcil, alors qu'il est produit par la méditation et qu'il vient de l'àme, est abso- lument le méme que celui qui, dans l'expérience précé- PAINT etr cmi Fe 4 MUSCLE DE ТА REFLEXION. 23 dente (voyez la fig. 13), a été produit par la contraction Mm E MET т Nags he = électrique des orbiculaires palpébraux supérieurs. TEM —T à Les différences que l'on observe entre ces deux figures dépendent uniquement des conditions individuelles des deux | sujets qu'elles représentent, parmi lesquelles il faut mettre I | en premiere ligne la différence d'âge. L'un est vieux et laid À | ! (voyez son portrait, fig. 3); l'autre est jeune et beau (voyez | | | son portrait, fig. 4); la peau de son front et de son espace 4 T HW intersourcilier est parfaitement unie, — privilége de la jeu- | nesse; — son sourcil est haut, la courbe en est assez pro- noneée et tend à devenir rectiligne ; ce qui annonce l'habi- tude de la réflexion. Ainsi dono, le portrait de ce jeune homme est bien différent de celui du vieillard (fig. 3). Cependant, de méme que chez ce dernier, ses sourcils se sont abaissés, sont devenus rectilignes et ont ombragé son œil, sous l'influence de la contraction de Vorbiculaire palpé- |j i bral supérieur, que cette contraction ait été provoquée par un courant électrique ou par l'exeitation venant de lame, la volonté. Enfin, dans son espace intersourcilier, deux belles lignes verticales ont été creusées par les efforts dela méditation. Lorsque la contraction de l'orbiculaire palpébral supérieur | n est à son maximum, le mouvement de corrugation est tel, { que, chez certains individus âgés et maigres, on voit quel- ques plis verticaux de la peau se former au-dessus de la por- tion interne du sourcil : c'est ce que l'on observe sur le côté _ gauche de la figure 14, où j'ai fait contracter énergiquement А l'orbieulaire supérieur. Le MM iae E 7e о ыы аа-а — o a E —— =. S MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, EB. — Expression. Revenons à l'expérience représentée dans la figure 12, à l'occasion de l'étude du mécanisme des mouvements de l'or- biculaire palpébral supérieur. Regardons alternativement et comparativement chacune des moitiés de la face. Quelles impressions éprouvons-nous à la vue de ces deux physio- nomies différentes? On voit qu'à droite, l'attention du sujet vient d’être attirée par une cause extérieure. Tel était l'état de son esprit au moment de l'expérience, ainsi que je l'ai déjà dit. — A gau- che, il parait rassembler les forces de sa pensée, se concentrer en lui-même, pour réfléchir sur la cause qui, du côté opposé de la face, avait attiré son attention : c’est l'image de la ré- flexion sans efforts. La présence d'un rhéophore nous ap- prend que son esprit n'y est pour rien; qu'ici tout est arti- ficiel ; que le courant électrique seul a fait contracter le muscle qui représente la réflexion, la pensée. Le vieillard dont le portrait est photographié, fig. 3, est, on le sait, d'un esprit assez borné, Cependant, en regardant seu- lement le côté droit de la figure 12, on lit dans son regard une pensée profonde qui métamorphose et ennoblit tous les traits de sa face, ils paraissent fins et spirituels. A voir cet air si réfléchi, on accorderait à cet homme une grande intelli- gence. Tel est l'effet magique de ce mouvement imprimé au sourcil par l'orbieulaire palpébral supérieur. MUSCLE DE LA REFLEXION. E. On pourrait objecter que le sourcil naturellement peu élevé du sujet soumis à ces expériences favorise singulière- ment l'expression de la réflexion. Cette observation parait juste; car il serait évidemment impossible d'exprimer la réflexion, la méditation à un aussi haut degré, avec un sourcil trés haut et dont l'orbiculaire palpébral supérieur serait trés peu développé. Cependant, dans les cas méme ou j'ai ren- contré ces conditions peu favorables au développement de cette expression, j'ai toujours vu la contraction modérée de ce muscle imprimer sur la face le cachet de la réflexion. Il m'eüt été facile d'en fournir la preuve, méme en choisis- sant pour modéle une de ces figures dont les sourcils déme- surément élevés trahissent la légéreté ou l'étourderie. On aurait vu le muscle de la réflexion, obéissant à mes rhéophores, fixer, pour ainsi dire, la pensée habituellement vagabonde, et répandre sur la physionomie une expression sérieuse ei réfléchie. Cet état artificiel de l'un des côtés de la face aurait contrasté d'une maniére frappante avec l'état habituel du côté opposé, où j'aurais laissé en liberté Vorbiculaire pal- pébral. Que l'on compare la figure 13 à la figure 12. Ces deux figures représentent le même muscle en contraction chez le même individu, mais à des degrés différents. — L'une (fig. 19), comme je viens de le démontrer, peint. la réflexion calme, parce que la contraction musculaire est modérée. — Dans l'autre (fig. 13), on reconnait la méditation, mais avec effort. Ces sourcils fortement abaissés, rectilignes, froncés, i H it i у HM Nt | B gm iM n H 4! uM) Mp чит" ere e or 26 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. portés en dedans, faisant pour ainsi dire la nuit autour de Гову, ces sourcils dont la tête se gonfle, dont l'espace inter- sourcilier est creusé de ligues verticales; ces sourcils, en un mot, tourmentés par la pensée, annoncent un travail labo- rieux de l'esprit. Fie. rique, que le pyramidal du nez se termine supéricurement | Ес. Fic. IV MUSCLE DE L'AGRESSION (PYRAMIDAL DU NEZ, P, fig. 1). Figures 16, 17, 18. LEGENDE. 16. — Destinée à démontrer, par l'expérimentation élec- dans la peau, au niveau de Ја tête du sourcil. Contraction électrique des pyramidaux chez un jeune homme d'un caractére doux (voy. son portrait, fig. 4): expression de dureté. 17. — Destinée, ainsi que la figure 18, à l'étude du méca- nisme et de l'action expressive du pyramidal du nez chez un vieillard (représenté fig. 3, 7, 8, 9, 49, 13, 14). A droite, électrisation du pyramidal du nez: dureté, agression. A gauche, attention. 18. — Electrisation forte des deux pyramidaux ; agression, méchanceté. 21 i | | | | il —— etd er $ h fl! Viti df ҮШ iE MM MÀ tdt VLL EXPLICATION DE LA LÉGENDE. A. — Mécanisme. L'expérience représentée dans la figure 16 met en lumière un fait anatomique, ignoré jusqu'alors : la terminaison supé- rieure du pyramidal du nez (P, fig. 1) dans la peau de l'espace intersourcilier, au niveau de la téle des sourcils, et consé- quemment la compléte indépendance de ce muscle. En effet, les rhéophores ayant été posés sur la racine du nez, on voit que, chez notre sujet, la peau de l'espace intersourcilier a été attirée de haut en bas, et qu'un sillon transversal s'est creusé au niveau de la tête du sourcil, sous l'influence de la contrac- lion musculaire électrique. — Ce sillon n'existe pas dans la figure 4, qui représente la physionomie au repos du méme individu. Dans le point correspondant à ce sillon transversal, les rhéophores n'ont produit aucun mouvement, en d'autres termes, aucune contraction musculaire; c'est une nouvelle preuve que ce point neutre marque la terminaison réelle du pyramidal du nez. Immédiatement au-dessous de la ligne tracée par ce sillon transversal intersourcilier, les rhéophores ont tiré la MUSCLE DE L’AGRESSION. 29 peau de bas en haut, en sens inverse du pyramidal; ce qui démontre que ce dernier muscle est non-seulement indépen- dant du frontal, mais qu'il est aussi son antagoniste. Pour faire comprendre toute l'importance des faits pré- cédents, je rappellerai ici que les anatomistes avaient professé jusqu'à ce jour que les pyramidaux sont la continuation du frontal, dont ils constituent les piliers. M. Ludovic Hirschfeld, | guidé par mes expériences, a constaté par la. dissection, que | le point de séparation du pyramidal et du frontal, dont la | découverte est due à l'exploration électro-musculaire, et que | jai appelé point neutre, est constitué par une intersection | aponévrotique. Elle est indiquée dans la figure 6. Lorsque la peau du front située au-dessus de l'espace inter- sourcilier cède facilement à l'action du pyramidal, on ne voit plus le sillon transversal qui indique la terminaison supé- rieure et cutanée de ce muscle se dessiner dune manière aussi prononcée que chez le sujet de la figure 16. Ainsi, chezle vieillard représenté dans les figures 17 et 18, la peau du front, qui est très mobile, a été considérablement abaissée par la contraction électrique de ses pyramidaux, et la peau de la racine du nez, refoulée en bas, s’est sillonnée de plusieurs plis transversaux. On remarque enfin, sur les figures 16, 17 et 18, que la tête du sourcil est d'autant plusattirée en bas par le pyramidal, que la peau du front a obéi davantage à l'action de ce dernier. 11 en résulte que le sourcil ne décrit plus alors sa courbe natu- relle ; que sa moitié interne а une direction oblique de dehors аә o vem oen ad a RN ir — 7 M EA T о ноне Мае ot ge em t 7 4 OT sd TIT Vm tilt e d : meme 39 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. en dedans et de haut en bas, et enfin que la peau de la partie médiane du front est nécessairement tendue et lisse. BB. — Expression, Si faiblement que le pyramidal du nez exerce son action sur la téte du sourcil et sur l'espace intersourcilier, on le voit toujours donner de la dureté au regard le plus doux et annoncer l'agression. On observe ce phénomène expressif dans la figure 16. Les muscles pyramidaux y sont mis en effet énergiquement en contraction, et cependant on observe que l'abaissement de la téte du soureil est modéré, de méme que le gonflement de l'espace intersourcilier. J'ai déjà fait remarquer que, chez ce sujet, la peau de la partie médiane du front résiste à l'action des pyramidaux, au point que leurs fibres terminales supérieures ont creusé un sillon profond dans l'espace intersourcilier. — On voit que malgré la douceur habituelle de son regard (voyez son por- trait à l'état de repos, fig. 4), sa physionomie a pris une expression de dureté, sinon de méchanceté, par le fait seul d'une légére action du pyramidal sur son sourcil. Mais là s'est arrété le pouvoir du pyramidal chez ce sujet. De quelque manière que je m'y sois pris, en tourmentant ses muscles, je n'ai pu appeler sur sa physionomie une expression com- plete de méchanceté, de haine, comme je l'obtiens, en MUSCLE DE L'AGRESSION. E général, facilement par la contraction énergique des pyra- midaux. Je mentionnerai ici un autre fait curieux et qui explique le précédent. J'ai déjà dit précédemment que le sujet dont il est ici question s'est exercé à mouvoir les muscles de ses sourcils. Il en est tellement maitre, que non-seulement il donne à son œil desexpressions variées, mais qu'il peutles mouvoir en sens contraire. Cependant, malgré son empire sur les muscles moteurs de son sourcil, sa volonté n'exerce pas la moindre action sur ses pyramidaux. Quoi qu'il fasse, il ne peut donner / à sa physionomie l'expression de la dureté, de l'agression, de la méchanceté. Ce fait s'explique par le peu de dévelop- pement des muscles qui д ésentent cette passion, muscles qui, chez lui, n'obéissent qu'aux rhéophores, ai ainsi que l'ex- périence l'a précédemment établi. Pour compléter l'obser vation de ces phénomènes, j'ajouterai que ce jeune homme est d'un caractère très doux, et que pro- bablement, si les mauvaises passions venaient a le dominer, leur gymnastique répétée aurait bien vite développé ses pyra- midaux et changé l'expression habituelle de son regard. Revenons à notre vieillard (le sujet habituel de nos expé- riences), dont le caractère doux et inoffensif se reconnait dans son portrait, fig. 8. On sait que son sourcil est tres mobile en tout sens et obéit facilement à ses muscles moteurs. On a vu dans le paragraphe précédent avec quelle puissance ce sourcil s'est abaissé en masse, comme il s'est gonflé et ridé de chaque cóté, en méme temps que deux lignes verticales et — t. vem ЧИ RE ESS илк TP MN RARE rrt Pm aa m o S ji Se БА ысу roms PF PREM PRR с S ve» жым» PTT TE ы e. mr oo comm — AA 7 N DN: ar m Pa pg e gem e UE QUU cna ee Es lee s ө tcu A x PR i nempe i gn cmn naci D { \ | ү {| | 4 À y | Kil 29 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. profondes se creusaient en dedans de sa têle. Cet ensemble de mouvements et de lignes résultait de la contraction énergique ‚ de Vorbiculaire palpébral supérieur. A l'appel de ce muscle, оп a vu apparaitre, à l'aide d'une forte excitation sur la physionomie, l'expression d'une pensée sombre (fig. 13), sans traces de méchanceté. Mais à l'instant où je mets le pyramidal du nez puissam- ment en action, son regard devient méchant ou menacant. Le cóté droit de la figure 17 peut servir à l'analyse de l'influence expressive et générale du pyramidal sur la physio- nomie, quoique l'expression de ce muscle, qui n'a été mis en action que d'un côté, soit moins complète que lorsque les deux pyramidaux sont excités simultanément. Si l'on cache alternativement chacun des cótés de cette figure, on est frappé du contraste qui existe entre leurs expres- sions. A droite, ou par le fait de la contraction du pyramidal l'extrémité interne du sourcil est abaissée , où le grand angle de l'oeil est plus aigu et cache la caroncule lacrymale, où la racine du nez est sillonnée de plusieurs plis transversaux, on remarque que le regard a pris une expression de dureté, et celte expression modifie les autres traits du visage. La démonstration de ce phénoméne se fait en couvrant et en découvrant alternativement l'oil de ce cóté. — Chez cet homme, l'expression habituelle de la bouche est bonne (voy. la fig. 8), ce que du reste on constate dans la figure 17, lorsque l'aeil droit est caché: mais à l'instant où celui-ci est découvert, les lévres semblent se pincer sous l'influence d'une MUSCLE DE L’AGRESSION. 33 pensée méchante (1). À gauche, au contraire, la physionomie est calme. | La figure 18, où les deux pyramidaux du même sujet sont mis simultanément et énergiquement en contraction, nous montre une expression de méchanceté, de haine, qui inspire de la répulsion. On a tout à craindre de ce regard; il n’y a qu'une nature cruelle et féroce qui puisse lui donner une _tellé expression. Je dois m'arréter un instant sur un accident qui s'est. pro- duit pendant cette expérience. On observe, sur cette figure 18, que les commissures des lèvres sont très abaissées, ce qui ajoute à l'expression propre des pyramidaux. Voici ce qui est arrivé. Les commissures de cet individu tombent naturellement (voy. fig. 8), comme chez les vieillards, en général. Abandonné à lui-méme, cet abaissement est porté quelquefois trés loin, comme dans cette figure 18. Ce trait habituel qui se trouve en har- monie avec sa physionomie de vieillard, ne fait que le (1) Il est difficile de limiter trés exactement dans un seul côté l'action propre d'un muscle aussi petit que le pyramidal. C'est pourquoi on remarque sur cette figure que l'espace intersourcilier du cóté gauche est déformé par la contraction du pyramidal du cóté droit. Par la méme raison aussi, les lignes transversales de la racine du nez s'étendent un peu à gauche ; les rides du front du côté gauche, et surtout la premiére, sont atti- rées un peu en bas et en dedans. Si donc, sur cette figure, on veut connaitre exactement l'expression normale du sujet, on doit cacher ces déforma- tions en couvrant le cóté droit de sa face, jusqu'à la naissance du sourcil gauche. Ces précautions prises, on voit que, de ce cóté gauche, sa physio- nomie n'annonce aucune agitation intérieure, et que son regard n'a rien de dur, malgré l'épaisseur de son sourcil. | | ү FA ч і" E fl { ( ji À 4 | ( | it { | || | {| — oe ae ee 3h MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. rendre plus vieux. Lorsque sa physionomie est au repos, je suis souvent forcé, pour empécher cette chute exagérée des commissures, de réveiller son attention, ou de lui faire ouvrir et fermer alternativement la bouche avant de le photographier. J'avais négligé de prendre cette précaution pendant cette dernière expérience; il en est résulté que ses commissures se sont trouvées plus abaissées que dans les autres figures. L'expression de cette figure 18 étant bien caractérisée, j'en ai conservé la photographie. Elle est utile, d'ailleurs, à l'étude des contractions concordantes, pour ce qui a trait à la contraction combinée du pyramidal et du triangulaire des lévres. Ce dernier muscle (je puis le dire par anticipa- tion) n'exprime par lui-méme que la tristesse ; mais on voit, sur cette figure, que la chute des commissures des lèvres, associée à l'action des pyramidaux, ajoute à l'expression de méchanceté propre à l'action partielle du pyramidal. Quoi qu'il en soit, malgré l'accident qui est venu compli- quer cette expérience, on peut encore, sur cette même fieure, analyser l'influence expressive du pyramidal, en cachant la partie inférieure de la face, à partir de la lèvre supérieure. Est-il possible de voir un regard plus méchant ? Il annonce un instinct féroce : c'est l'oeil du tigre. | ү MUSCLE DE LA DOULEUR - (SOURCILIER, 0, fig. 1). Figures 19, 20, 24, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, LEGENDE. (Regarder allernativement et comparativement l'un des côtés des figures 19, 21, 22, 24, 27 et 28 et masquer le cóté opposé.) Fic. 19. — Destinée, ainsi que la figure 20, à l'étude des lignes expressives, fondamentales et secondaires, produites par la contraction électrique modérée du sourcilier, chez un vieillard (représenté dans les figures 3, 6, 7, 8, 9, 19, 13, 1л, 17 et 18). A droite, contraction électrique du sourcilier à un degré moyen : souffrance. | A gauche, physionomie au rep cóté opposé était dans cet état au moment d os, avec regard perdu (le e l'expérience). Fig. 20. — Contraction électrique, à un degré moyen, des sour- ciliers : souffrance profonde, avec résignation. tait au repos au moment de l'expé- (La physionomie é 5 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. rience, comme dans la figure précédente ; mais la face a été éclairée de maniére à jeter une ombre forte sur sa moitié inférieure.) 21. — Destinée principalement à démontrer l'antagonisme du sourcilier et du frontal, chez le méme individu. (Au moment de l'expérience, le regard du sujet était dirigé en haut, et son front était sillonné de rides trans- versales dans toute sa longueur, comme du cóté gauche de cette figure 21). A droite, contraction électrique modérée du sourcilier et regard en haut : souvenir douloureux. À gauche, contraction volontaire du frontal et regard en haut : souvenir et appel à la mémoire. . 22, — Destinée à démontrer, chez le méme sujet, qu'au delà d'un certain degré de contraction, et dans certaines conditions, le sourcilier n'est plus expressif. A gauche, contraction électrique au maximum du sour- cilier : pas d'expression douloureuse; apparence seule- ment d'un spasme du sourcilier, sous l'influence d'une vive lumiére. | A droite, repos de la physionomie (photographiée en plein soleil). . 23. — Destinée à l'étude des lignes expressives propres à l'aclion du sourcilier à un degré modéré, chez un jeune sujet (représenté dans les figures 4, 15 et 16), MUSCLE DE LA DOULEUR. | 37 Contraction volontaire, 4 un degré moyen, des sourci- liers et regard en haut : souvenir douloureux ou pensée douloureuse. Fig. 2h. — Destinée à l'étude de la contraction volontaire à un degré plus fort que dans la figure 23, chez le méme sujet vu de face, et dont l'œil est tourné obliquement en haut et de côté, comparativement à la contraction du frontal, avec le même mouvement de l'œil. A gauche, contraction volontaire du sourcilier à un degré plus fort que dans la figure 23; regard en haut et en dehors, bouche entr’ouverte : douleur extrême jusqu'à l'épuisement ; le sujet paraît succomber à la souffrance : tête de Christ. A droite, contraction volontaire du frontal, avec regard Ld un peu oblique en haut et en dedans et avec bouche un peu entr'ouverte : souvenir d'amour ou regard extatique. ртс. 25, — Destinée à montrer, chez le méme sujet vu de profil, la contraction spasmodique du sourcilier. Contraction spasmodique trés forte des sourciliers, pro- duite par l'impression d'une vive lumière : pas d'expression douloureuse. Fic. 26. — Destinée, ainsi que la figure suivante, à l'étude des rides frontales médianes qui sont produites par la con- traction du sourcilier, chez une femme âgée de cinquante- deux ans, représentée dans la figure 11, et dont la peau est fine ou brilée par l'air et par le soleil. | À | | | И 2. MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. A droite, contraction électrique moyenne du sourcilier, avec regard latéral; expression d’attention douloureuse. A gauche, contraction volontaire et légére du frontal, avec regard un peu latéral : attention, regard attentif. . 27. — Mème expérience que dans Ја figure précédente ; mais, dans celle-ci, la contraction électrique du sourcilier gauche est plus forte et lexpression est proportionnelle- gn mou ecc P ah ye aret ment plus douloureuse. =e oe Iye ~~ 28. — Destinée à l'étude des lignes expressives fondamen- tales, produites par la contraction légére du sourcilier, chez une pelite fille ágée de six ans (représentée antérieure- | } | ( | 1 bi f 11 | os ment dans les fig. 5 et 10). A droite, contraction électrique légére du sourcilier : douleur. A gauche, abaissement spasmodique du sourcil en masse, occasionné par l'impression de la lumiére. г ttr. aam . 29. — Contraction électrique plus forte du sourcilier, avec regard en haut, chez une petite fille âgée de huit ans : souvenir douloureux, expression peu naturelle à cet âge. EXPLICATION DE LA LÉGENDE. | (L'action du sourcilier est si peu connue, се muscle joue un róle si important dans l'expression de la physionomie, l'application pratique des notions nouvelles qui sont mises en lumière par son étude électro-physiologique est telle- ment importante, que j'ai dû consacrer à l'étude de ce muscle un plus grand nombre de figures que pour celle des muscles moteurs du sourcil.) A. — Mécanisme. Le sourcilier (O, fig. 1), recouvert par l'orbiculaire supé- rieur, ne peut étre excité que par l'intermédiaire de son filet moteur, en dehors des fibres les plus excentriques de l'orbicu- laire supérieur, filet qui vient du palpébral supérieur, et qui est sous-cutané dans deux points (voy. I, fig. 2). On voit que le rhéophore est appliqué au niveau du premier point dans les figures 19, 20, 21, 22, et au niveau du second dans les _ figures 26, 27, 28, 29. _ 788 ~ i {| MI | Hi |! HA it { ay | i h0 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. La figure 28 représente le premier degré de contraction du sourcilier droit chez une petite fille âgée de six ans. On remarque que la tête de son sourcil s'est gonflée et s'est élevée légèrement. Chez l'adulte, ce mouvement est le méme, mais un peu plus accentué, Sur la figure 19, le sourcilier droit est mis énergiquement en action chez le vieillard qui sert habituellement & mes expé- riences (voy. son portrait, fig. 3). De ce cóté on remarque: 1° que la téte du sourcil s'est gonflée et s'est élevée davan- tage en formant un relief qui se prolonge un peu sur le front ; 2° que ce sourcil est devenu oblique de baut en bas, et de dedans en dehors, en décrivant une ligne sineuuse composée de deux courbes, l'une interne, à concavité supé- rieure, et l'autre externe, à concavité inférieure; 3* qu'il s'est développé plusieurs plis cutanés transversaux sur la partie médiane du front, du cóté électrisé, et qu'en dehors de ces plis, la peau s'est tendue au-dessus de la moitié interne du sourcil; 4° enfin qu'au-dessous du sourcil, la peau est tendue au niveau de la téte du sourcil et dans l'espace intersourci- lier, tandis qu'elle est refoulée en bas dans la partie qui cor- respond à ses deux tiers externes. Ces lignes, ces reliefs et ces méplats sont plus réguliers et mieux accentués dans la figure 20, où le sourcilier est mis en MUSCLE DE LA DOULEUR. 41 contraction de chaque cóté. Ici les sillons médians du front oignent, et décrivent au centre une petite courbe à e; enfin ils se terminent, en dehors, au se rej concavité supérieur niveau d'une ligne fictive verticale, qui tomberait sur la réunion du tiers interne du sourcil avec son tiers moyen. Ces sillons sont au nombre de quatre sur la figure 20; mais chez la femme qui est représentée dans les figures 26, 27, les lignes médianes du front sont plus nombreuses. — lorsque j'ai fait contracter J'en ai compté jusqu'à huit à dix, à la fois. C'est ce qui énergiquement ses deux sourciliers arrive chez les sujets âgés dont la peau est trés insolation, comme fine ou a été exposée longtemps à l'air et à l chez la femme dont il vient d'être question (elle est Ro- maine, et elle a séjourné longtemps à Naples). Dans ce cas, on le concoit, ces lignes médianes du front sont plus rapprochées les unes des autres, et sont entrecou- pées souvent par des petites rides qui vont obliquement de l'une à l'autre. Pendant le repos musculaire, le front, chez cette femme, est sillonné dans toute sa largeur par des rides ne se sont pas effacées entièrement ont, bien que le sourcilier ait été On remarque aussi si nombreuses, qu'elles sur la partie externe du fr excité très fortement (voyez la fig. 97). sur la figure 26, où la contraction du sourcilier rides frontales sont conservées. est moins énergique, que ces Je dois faire observer que les petites rides verticales que SUI OUR qo cy t pec 2 S PP un Pct a een ptg e ptt air = ye UI A9 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. l'on observe au-dessous de l'excitateur, dans les figures 26 et 27, n'existeralent pas, si la localisation du courant avait été limitée exactement dans le filet nerveux moteur du sour- cilier. Le rhéophore a touché quelques-unes des fibres les plus externes de l'orbiculaire palpébral supérieur, qui se sont contractées et ont produit ces rides. Les figures 23, 24 et 25 nous montrent que chez l'adulte, encore jeune, les sillons médians du front produits par le sourcilier sont moins nombreux que les lignes n'en sont pas interrompues par de petites brisures ou rides, comme dans les figures 19 et 20, Il en existe deux sur la figure 23, où le sourcil s'est modérément contracté; et dans les figures 24 et 25 on en dislingue une troisiéme, mais trés peu marquée, parce que la contraction de ce muscle y est plus forte. — La courbe de ces lignes médianes du front est gracieuse et plus prononcée que sur la figure 20. Les reliefs cutanés placés entre ces lignes sont plus pleins, plus arrondis, et forment avec ces lignes une sorte d'ondulation. Chez deux petites filles àgées de six à huit ans, et repré- sentées dans les figures 28 et 29, la contraction moyenne du sourcilier n'a pas produit de ligne médiane sur le front. Le maximum d'excitation a fait paraitre chez la plus âgée un léger pli médian, que l'on verrait dans la figure 29, si elle avait été photographiée de face. MUSCLE DE LA DOULEUR. 13 Dans toutes les figures précédentes, la direction du sourcil a été d'autant, plus oblique que la contraction du soureilier a été plus forte. On remarque, en effet, que le sourcil est plus oblique dans la figure 22 que dans les figures 19 et 20, dans la figure 25 que dans les figures 93 et 25, dans la figure 27 que dans la figure 26, enfin dans la figure 29 que dans la figure 28, et cela en raison du degré de contraction plus ou moins énergique du sourcilier. Il est cependant des sujets chez lesquels le sourcilier, même à son maximum de con- traction, ne donne pas une grande obliquité au sourcil, parce que la téte de ce dernier est retenue par un muscle pyra- . midal puissant. Il est ressorti des considérations exposées ailleurs, que les - dispositions anatomiques du sourcilier expliquent parfaite- ment le mécanisme des mouvements imprimés par ce muscle au sourcil, des reliefs, des méplats et des lignes qui se dé- veloppent sous son influence. | On a vu que ses fibres agissent dans des directions к rentes; que les unes attirent de bas en haut la iéte du sourcil, et que les autres meuvent obliquement de dehors. en dedans et de haut en bas les deux tiers externes du sourcil. D'autre part, on se rappelle que l'orbieulaire palpébral supérieur abaisse le sourcil en masse, et tend toute la peau du front placée au-dessus de lui, c'est-à-dire qu'il agit sur la téte du sourcil en sens contraire du sourcilier, tandis —— ' PS ow gage ae г, Puncta tibia P oim HÀ эе iT E E Ep "ul M ^ MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. qu'il est congénere de ce dernier muscle pour les deux tiers externes du sourcil. Il a été établi que le sourcilier est antagoniste du pyramidal du nez et de l'orbiculaire supérieur, pour la téte du sourcil. Enfin, l'expérience démontre que ce muscle est également antagoniste du frontal pour le tiers externe du soureil, et qu'il en est le congénére pour le tiers interne. J'ai engagé mon sujet à plisser fortement la peau de son front, ce qu'il n'a pu faire sans regarder en haut; puis au moment oü le frontal avait élevé ses deux sourcils en masse et plissé son front dans toute sa largeur, j'ai fait contracter son sourcilier droit. A une excitation modérée de ce muscle, le modelé du sourcil et du front n'a pas changé ; mais à un haut degré d'intensité du courant, la contraction du sour- cilier l'a emporté sur celle du frontal, et j'ai vu se produire à l'instant les mouvements propres à l'action du premier de ces muscles. On voit dans la figure 24, les résultats de cette expérience. A gauche, son sourcil est élevé en masse, et la peau de son front est sillonnée de rides dans toute sa largeur par le muscle frontal. — Ce mouvement était exécuté par là volonté du sujet, et s'était produit, en conséquence, synergiquement des deux cótés. — Mais on observe, à droite, où j'ai provoqué la contraction plus énergique du sourcilier, que l'arc du sourcil est remplacé par une courbe sinueuse et oblique de haut en bas et de деЈап en dehors ; que la peau est sillonnée seule- ment sur la partie médiane, tandis qu'en se tendant en MUSCLE DE LA DOULEUR. h5 dehors, elle à fait disparaitre les longues rides transversales propres à l'action du muscle frontal. En résumé, il est démontré, d'une part, par cette derniere expérience, que des rides qui s'étendent sur toute la largeur du front ne peuvent coexister avec la direction oblique de haut en bas et de dedans en dehors, ni avec un mouvement sinueux du sourcil ; d'autre part, que l'élévation en masse de ce dernier, avec la courbe en arc décrite par lui, ne peut produire des rides limitées à la partie médiane du front. В. — Expression. La plus légére contraction du sourcilier, dans l'enfance, donne à la physionomie une expression de souffrance qui impressionne toujours vivement. Aussi ne peut-on regarder le côté droit de la figure 28, où ce muscle est excité faible- ment chez une petite fille, sans étre touché de la douleur qu'elle semble éprouver. Pour bien sentir l'expression que j'ai développée sur cette figure, il faut avoir soin d'en mas- quer le cóté gauche. — Les sourcils de cette enfant décri- vent habituellement une belle courbe, pendant le repos mus- culaire, à peu prés comme du côté gauche de la figure 10, où le sourcil droit est cependant plus élevé qu'à l'état normal, par l'exeitation électrique du frontal. Cette courbe, qui refléte l'innocence et le calme intérieur, existait au moment où j'ai commencé mon expérience, et contrastait avec le mouvement douloureux du sourcil droit. Malheureu- —22 == VENUE OEC NE E % id ч”. „ “ Due е m ^ € 7 д Айра... : — -= - M RI - — RE Ua ee RE ne E m ты ш - SS = —с—-—-—-—————— h6 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. sement mon petit modéle, ne pouvant supporter longtemps la vive lumiére de l'atelier, a froncé ses sourcils (comme on le voit sur son portrait, fig. 5, et du cóté droit de la fig. 10) lorsqu'il a été photographiée, sans pouvoir modifier toute- fois le mouvement sinueux et douloureux que j'avais donné à son sourcil droit. Mais l'enfant oublie vite le mal; pour lui la souffrance morale n'existe pas. L'expression de la figure 29, qui peint un souvenir douloureux, une peine de l’âme, touche beau- coup moins que celle de la figure 28. C'est que l'expression de la souffrance morale n'est pas naturelle à cet âge. Elle a été obtenue, on le voit, chez une autre petite fille, par l'associa- tion du sourcilier avec les élévateurs du globe oculaire. On reconnait encore un souvenir pénible, une pensée pleine d'amertume, sur la figure 93, Cette expression est vraie, naturelle, chez ce jeune homme. Son regard douloureux, si constamment, tourné vers le ciel, peut également indiquer que, dans sa souffrance ou dans son malheur, son âme s'élève vers Dieu, dont il implore le secours. Sa peine est bien plus vive encore dans la figure 2h, où l'on voit que sous l'influence de la contraction plus énergique du muscle sourcilier, son sourcil est devenu sinueux et plus oblique, ou les reliefs et les méplats sont plus accentués, L'association de cette contraction puissante du sourcilier avec le regard un peu oblique en haut a donné naissance à une expression de douleur extréme et aiguë ; mais on remarque MUSCLE DE LA DOULEUR. | 47 que ce mouvement expressif n'a eu lieu que du côté gauche, et cela sans l'intervention de l'excitation électrique. Une explication qui fasse connaître la raison de cet étrange phénomène est ici nécessaire. Vai dit, je le rappelle, que ce jeune homme, représenté dans les figures 23 et 24, et dont le portrait est photographié, figure 4, s'est exercé à contracter individuellement les muscles de son sourcil, de telle sorte qu'il peut mouvoir ses sourcils en sens contraire. C'est ainsi qu'il a pu contracter d'un côté le frontal, et de l'autre le sourcilier, comme on le voit dans la figure 24. — La figure 23 prouve qu'il peut tout aussi bien faire mouvoir synergiquement ses deux sourciliers. — J'ai répété cette expérience artificiellement, c'est-à-dire qu'avec un courant électrique j'ai mis ces mémes muscles en action ; jai vu alors se reproduire exactement les mouvements, les lignes et les reliefs que l'on observe dans la figure 24. Apres cette explication, on comprend pourquoi et comment chacun des sourcils de cette derniére figure a exécuté un mouvement différent. Est-il besoin d'ajouter que pour bien juger l'influence douloureuse du sourcilier dans cette figure 24, il est néces- saire de masquer l'oeil droit? Les figures 26 et 27, qui, ainsi que je l'ai exposé plus haut, ont été photographiées spécialement pour l'étude des lignes ou rides médianes douloureuses du front, chez un sujet d'un certain âge et dont la peau est très fine ou brülée par une 48 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. longue exposition à l'air et à l'insolation, ces deux figures, dis-je, nous montrent une autre nuance de la douleur. La direction du regard de la femme qu'elles représentent, indique que son esprit est impressionné par une cause extérieure, Au moment oü j'ai exécuté ces photographies, j'avais fixé son attention sur un point qui était placé en avant et un peu latéralement. On peut en effet constater, en masquant le cóté électrisé de ces figures, que la physionomie naturelle de cette lemme exprimait l'attention. Si ensuite on laisse à découvert le côté excité, on voit que l'expression de ce côté est doulou- reuse ; il semble que l'objet qui a attiré l'attention de cette femme l'a péniblement affectée. Ces deux figures ne different VA AERE T a mas : ET es ' . Dedi dieci cu FEN тт : Я ~ — P — 4 M — e - = — + r „ - - T - — on : я : Le - е e ON | | entre elles que par le degré de douleur qu’elles expriment, par la direction du regard et par la manière dont elles sont | I | | éclairées. Ainsi, dans la figure 26, ой l'excitation électrique du sourcilier est beaucoup moins forte que dans la figure 27, l'expression est proportionnellement moins douloureuse. M iM De sei. an Jai fait contracter les deux sourcils de l'homme âgé représenté dans la figure 20, alors que sa physionomie était au repos complet, comme dans son portrait (fig. 3). On re- marque que celui-ci est plus éclairé. J'ai employé le clair ARE x s = ХЖ СЕРТІ PM TERRE TEE , obscur sur cette figure 20, afin de mettre plus en lumiére et en relief la région sur laquelle j expérimentais. П en est résulté que les deux tiers inférieurs de l'ovale facial ont été plongés dans l'ombre, sans que, pour cela, sa physionomie en ait éprouvé de modification; elle était restée aussi calme, MUSCLE DE LA DOULEUR. h9 aussi indifférente que dans la figure 3. On peut s’en assurer, du reste, en couvrant le front et les sourcils de cette figure. Mais à l'instant où j'ai provoqué la contraction de ses sourciliers, elle a pris une expression de souffrance d'autant plus pro- noncée, que l'excitation a été plus forte. On constate ce fait en regardant l'ensemble de la figure 20, où la contraction des sourciliers est assez énergique. | C'est bien là en effet l'expression d'une douleur profonde. On sent, à la vue de cette figure, que cet homme est très malheureux. Son cœur est-il ulcéré? est-il tourmenté par une peine de l'àme ou par une douleur physique? C'est ce que cette expression ne peut dire. Quoi qu'il en soit, et bien que tous ses traits semblent eontractés par la douleur, on voit qu'il souffre avec résignation. C'est ici le lieu de montrer expérimentalement l'influence générale et spéciale du sourcilier sur les traits de la face. J'ai soulevé, dans les considérations générales dont j'ai fait précéder l'étude des muscles expressifs de la face, une question qui me parait intéresser au plus haut degré l'étude de expression de la physionomie. « Il est des muscles, ai-je écrit, qui jouissent exclusivement du privilége de dépeindre complétement, par leur action partielle, une expression qui leur est propre: ce sont les muscles moteurs du sourcil. » Il n'y avait que l'analyse anatomique et physiologique des muscles de la face qui püt mettre en lumière un fait aussi imprévu; son exactitude est déjà ressortie des expériences + | EN | | J Fig Ti | H FE к. "a LN a < À ' x р Hl 1! 1" { ү m ra | { EB ui 1 i { f 1 E à | ! + fi |! 4 Y ў \ ' j H IS NES À | ] 1 і I I | M I! } f | 4 | n NM SEINE j HE * | | К 1 iN] It b 1 ДИП I IH In I Se Ше" De ri a ol um SNAM: TRE EE ze 50 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. électro-physiologiques représentées dans les figures destinées à l'étude des autres muscles moteurs des sourcils. Il me reste à en compléter la démonstration à l'aide des figures sui- vantes, pour ce qui a trait au muscle de la douleur, le sourcilier. 3 Si l'on cache le front de la figure 20 jusqu’au-dessous du sourcil, on observe que l'expression en est nulle ou marque le repos musculaire de la physionomie, et qu'il n'existe point de différence entre les deux cótés de la face. Si ensuite ou recouvre la moitié de celte méme figure, il semble que tous les traits de l'autre moitié (la bouche, la ligne naso-labiale) se sont contractés douloureusement, pour se mettre en har- monie avec le sourcil et le front. Ce mouvement général, qui s'opère, en apparence, dans les parties situées en dessous du sourcil, est plus facile encore à mettre en évidence dans la figure 21, où le muscle de Ja douleur à été excité des deux côtés à la fois. J'ai déjà dit que la physionomie du sujet soumis à ces expériences était au repos absolu au moment où elles ont été faites ; ce que l’on a constalé en recouvrant son front et ses sourcils. Puis on a vu qu à l'instant où le front et les sourcils de cette figure ont été mis à découvert, où l'on a pu, en un mot, l'examiner dans son ensemble, tous les traits de la face ont semblé s'agiter douloureusement. Toutes les fois que j'ai répété publiquement cette expé- rience sur ce sujet, l'illusion a été telle, qu'il ne m'a pas été possible de convaincre les spectateurs qu'un mouvement MUSCLE DE LA DOULEUR. 54 général ne s'était pas opéré dans la face, en méme temps que dans le sourcil. Mais ici, sur cette figure photographiée d'aprés nature, le doute n’est pas possible; car il serait absurde de dire que les traits peuvent ainsi se modifier sur le papier. Ces faits deviennent encore plus évidents, lorsque l'on recouvre le front de cette móme figure, apres l'avoir consi- dérée quelque temps à découvert. J'ai fait cette expérience un trés grand nombre de fois, en présence d'artistes distingués. Pour ne pas influencer leur impression, je me gardais d'en expliquer le but. En voyant ce visage dans son ensemble, ils attribuaient son expression de souffrance à une contraction générale des traits de la face. La bouche et la ligne naso-labiale attiraient avant tout leur attention. «Que cette bouche est souffrante et a la fois rési- gnée, me disaient-ils! Et cette ligne naso-labiale, comme elle semble tirée par la douleur!...» Leur surprise était bien grande, lorsqu'il me suffisait de leur cacher les sourcils de mon sujet pour faire retomber tous ces traits dans un calme plat. | Cette expérience leur démontrait done qu'ils avaient été dupes d’une apparence trompeuse, d'une erreur des sens. ЇЇ n'était alors facile de leur prouver que, dans cette expé- rience, le mouvement du sourcil seul avait troublé la tran- quillité générale des traits de la face. En résumé, sous l'influence des mouvements expressifs propres au muscle de la douleur, nous éprouvous une illu- Б ә {5 M |i | ( { T IT j LES | HE HET T HE m | | ap | f \ [i { { ti { | Р } | (1 [ HT i { al | {| EM | 1 Ч f " B ESAE | t | IN МИГ | {| | } А LEM K J € MÀ Ачи =ч е an 59 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. sion qui tient à notre organisation, et dont j'ai essayé d'expli- quer l'utilité, dans les considérations générales qui précédent l'étude partielle des muscles moteurs de la face. La méme expérience, faite sur les autres figures oü le muscle de Ja douleur a été excité partiellement, de maniére à produire l'expression de la douleur, donne des résultats identiques.. On peut encore la faire d'une autre maniére: que l'on recouvre alternativement et comparativement chaque ceil, et l'on verra, du cóté ou le sourcilier est mis en contraction, tous les traits de la face se contracter douloureusement, en apparence. Les figures 22 et25 prouvent qu'il est un degré de contrac- tion au delà duquel le sourcilier perd, dans certaines circon— stances, sa propriété expressive. Ce n'est plus alors qu'un violent spasme de ce muscle, produit, par exemple, par une vive lumière. Le sujet de la figure 22 a été photographié en plein soleil; son ceil n'en paraissait pas incommodé (voy. le côté droit de cette figure 22). Si l'on en regarde le côté gauche, aprés avoir masqué le cóté opposé, on n'y retrouve pas l'expression de la douleur, bien que son sourcilier soit électrisé partiellement. C'est ce que Jai toujours observé, lorsque la contraction de ce muscle était forcée, comme dans celte figure, et qu'en méme temps l'œil et le front étaient très éclairés, — On observe fréquemment ce spasme du sourcilier sur les MUSCLE DE LA DOULEUR. 53 personnes qui sont génées par une trop vive lumière. J'ai voulu représenter cette contraction spasmodique naturelle, dans la figure 25. J'avais dirigé le regard de mon sujet sur un mur éclairé par le soleil, et qui réfléchissait une lumière très vive; alors il a contracté fortement et involontairement ses sourciliers, sans qu'il рїї l'empêcher : c'est daus cet état que je l'ai photographié. Comparez cette figure aux figures 23 et 24, et vous verrez qu’elle n’exprime pas la douleur, comme ces dernieres; on reconnait seulement que les sourciliers sont contractés spasmodiquement. |. ES А Mc moo cmt кр" ут" — Seen eer БЕРЕ PTE PRSE = н ^ м remet ЕЕЕ ae niente кальб РРР: “ес - ~ RD Ee re Ж Te „жей — an rH — UP Ln s ait or ae ravine Rare es ae z r mra met... er tnmen, г быаны АДА ынды дырлар мра R Y m аа —————ÁM—MÓ— ts i 14 t1 {! | VI MUSCLES DE | LA JOIE ET DE LA BIENVEILLANCE (GRAND ZYGOMATIQUE ET ORBICULAIRE PALPÉBRAL INFÉRIEUR, I et E, fig. 1.) Figures 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36. LÉGENDE. (Regarder alternativement et comparativement l'un des cótés des figures 30, 35 et 36, et en masquer le cóté opposé.) Fig. 30. — Destinée, ainsi que la figure 31, à l'étude des lignes expressives fondamentales et secondaires, produites par la contraction du grand zygomatique chez un vieillard (re- 3, 14, 17, 18, présenté dans les figures 3, 6, 7, 8, 9, 12,1 49, 20, 21 et 22). | A droite, excitation électrique, forle parfaitement limitée , dans le grand zygomatique ; développement des lignes —— | fondamentales et des lignes secondaires du grand zygoma- Al À . . j i tique : rire faux. A gauche, repos de la physionomie. | 6 | — gu o PI titt T^t r | \ il n Tig А Mr ————M RIP men À ER „д ые. à чл = - coi wo 1 \ 56 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Fic. 81. — Excitation électrique un peu plus forte des deux grands zygomatiques; développement des mémes lignes fondamentales et secondaires de la joie, avec légère con- traction de quelques fibres du muscle dit sphincter des paupières : rire faux. 52. — Destinée à montrer, chez le méme sujet, compara- tivement aux figures 30 et 31, que le rire naturel vrai est constitué par l'association des grands zygomatiques et de l'orbiculaire palpébral inférieur. Rire naturel, par la contraction volontaire des deux grands zygomatiques et de l'orbiculaire palpébralinférieur. . 88. — Destinée à démontrer, chez le méme sujet, que les rides rayonnantes de l'angle externe des paupiéres , dues à l'action du grand zygomatique, s'effacent lorsque, en même temps que celui-ci, on fait contracter le frontal. Électrisation, au maximum, des grands zygomatiques et des frontaux : expression incomplète, fausse, de la sur- prise agréable, de l'admiration. 4 94. — Destinée à montrer, chez le même sujet, que la combinaison du muscle de la joie et de la douleur, à un certain degré de contraction, est inexpressive ou ne pro- duit qu’une grimace. Contraction électrique forte des grands zygomatiques et des sourciliers : grimace. [ Fic. MUSCLES DE LA JOIE ET DE LA BIENVEILLANCE. 57 35. — Destinée à l'étude des lignes expressives produites par la contraction forte et partielle du grand zygomatique - chez une jeune femme. (Cette femme était triste et abattue au moment de l'expérience, ce que l'on reconnait à l'abais- sement léger de la commissure de la lévre du cóté gauche). A droite, excitation électrique assez forte du grand zygo- matique avec excitation légère des palpébraux ; développe- ment des lignes fondamentales propres à l'action du muscle de la joie : rire faux. 36. — Destinée à l'étude expressive de l'association du grand zygomatique ou du triangulaire des lèvres, son antagoniste, avec les palpébraux. (Gette femme était génée par une trop vive lumière au moment de l'expérience, et- avait contracté spasmodiquement ses palpébraux.) A droite, électrisation du grand zygomatique associée А la contraction volontaire, légère des palpébraux : rire méprisant. pod À gauche, excitation électrique forte du triangulaire des lèvres, associée à la contraction volontaire et modérée des palpébraux : mépris, dégoût. yo or voit wo or na LARA nae ti S a tei arre Е реН ОРИ p mm ST — nr = , NEZ = - crt == = means an ei - : = = A E ————————— a EXPLICATION DE LA LÉGENDE. A. — Mécanisme. L'immersion du filet moteur (6, fig. 2) du grand zygoma- tique se fait un peu au-dessous de l'attache supérieure de ce muscle, c'est-à-dire 2 centimètres et demi à 3 centimétres en dehors et au-dessous de l'angle externe de l'œil. C'est à peu prés vers ce point que mes rhéophores ont été placés dans toutes les expériences électro-physiologiques que j'ai faites sur le grand zygomatique (voy. les fig. 30, 31, 33, 34, 35, 36).—Du côté gauche de la figure 30, où les deux grands zygomatiques sont mis simultanément en action, le rhéophore correspondant au póle négatif, qui est plus excitant que le póle —— D | А 1 p 3 um K) P : Ml Iu 4 E à a HI n } М À $ je 4 H 3 à s 1 | À À | 1 RJ | | € ] { {| | t | I d i 17 Е E | | Hi | И | i a 4 : I j Fiy Hiky | Way LEUR | LABS | 4 f IB | FR И! ! B | | | | | ШИН? LIH | | {| 1174 positif, а été posé au-dessous du point d’immersion du filet NI m moteur du grand zygomatique, afin que la contraction mus- culaire soit égale de chaque cóté. I] m'est arrivé quelquefois de localiser exactement l’exci— а ar * tation dans ce muscle, comme dans le cóté droit de la figure 30. Cette localisation exacte est assez difficile; car le courant électrique rencontre souvent un ou deux filets mo- teurs qui se rendent à un faisceau musculaire voisin, lors- ———M ~ MUSCLES DE LA JOIE ET DE LA BIENVEILLANCE. 59 qu’il est un peu trop intense ou qu'il existe une anomalie, ce qui n'est pas rare. On en voit un exemple dans le cóté droit de la figure 35, où le courant a excité légèrement les palpé- braux, en méme temps que le grand zygomatique. La figure 30, où l'excitation électrique est parfaitement localisée dans le grand zygomatique, montre l'ensemble des lignes fondamentales et des lignes secondaires, qui, à un âge avancé, se développent sous l'influence de la contraction énergique de ce muscle. Jai dit ailleurs : 4° que ces lignes fondamentales, qui se développent a tous les âges, chez le vieillard comme chez l'adulie, sont constituées par le mouvement oblique en dehors et en haut de la commissure labiale, par une courbe légere, à convexité inférieure, de la ligne naso-labiale, par le gonflement de la pommette, enfin par l'élévation légère de la paupiere inférieure; 2° que les lignes secondaires sont for- mées par les rides rayonnantes de l'angle externe des pau- pières. Ces dernières apparaissent que chez l'adulte, d'autant plus nombreuses et plus profondes, qu'il est plus avancé en Age et que sa peau a été plus brülée par le soleil. Les lignes et les reliefs produits par le grand zygoma- tique sont complétement représentés sur la figure 31. Cette figure 31, où excitation pratiquée des deux cótés à la fois est plus forte que dans la figure 30, montre les rides rayonnantes de l'angle externe de l'œil plus profondes et la convexité de la courbe naso-labiale plus prononcée. Du cóté droit des figures 35 et 36, ou le grand zygomatique rt M RE rper eer mers ээ Е н m À—— —À a aa Dm = — € HG TR PT ш ОУ = a RE e = AN id Se ga "^ s = “ ec = a J 60 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, est mis aussi fortement en contraction que dans la figure 30, on voit que les lignes secondaires de l'angle externe des pau- piéres ne se sont pas montrées. C'est que la femme qui était soumise à ces expériences n'était pas encore arrivée à l’âge où ces lignes apparaissent habituellement sous notre climat. La première ride se voit d'abord au niveau de l'angle externe de l'œil, et les autres augmentent progressivement en nombre, en longueur et en profondeur, en raison directe de l’âge, du degré de maigreur et d'autres conditions que j'ai signalées. Chez le vieillard photographié dans les figures 30 et 51, six on sept rides rayonnantes existent de chaque cóté. Реп ai compté un plus grand nombre chez d'autres sujets. Les attaches et la direction du grand zygomatique, les conditions anatomiques de la peau, rendent parfaitement compte de la formation des lignes fondamentales et secon- daires qui règnent dans les figures 30, 31 et 33. En effet, du tiraillement de la commissure labiale oblique de bas en haut et de dedans en dehors, il résulte : 1° que l'action exercée sur la partie inférieure du sillon naso-labial fait décrire à ce dernier une légére courbe à convexité infé- rieure ; 2° que la peau refoulée en haut et en dehors forme un relief plus considérable au niveau de la pommette, et élève un peu la paupière inférieure; 3* qu'au niveau de l'angle externe des paupiéres, la peau, trés fine, se plisse et se ride à la longue, plus rapidement encore, lorsqu'elle est brülée par l'air ou par le soleil, et lorsque le muscle est fré- quemment exercé par la gaieté habituelle. MUSCLES DE LA JOIE ET DE LA BIENVEILLANCE. 61 E. — Expression. Le grand zygomatique est le seul muscle qui exprime complétement la joie, à tous ses degrés et dans toutes ses nuances, depuis le simple sourire jusqu'au rire le plus fou. — ЇЇ ne rend aucune autre expression. | La meilleure dénomination que l'on puisse tirer de son action expressive , est done celle de muscle de la joie, bien qu'il ne la justifie pas complétement, lorsqu'il est mis par- tiellement en action. Voyez le sujet représenté dans les figures 30 et 91 : ses grands zygomatiques sont au maximum de contraction. Au premier abord, il parait s'abandonner au rire le plus franc, mais un moment d'attention vous fait découvrir que sa gaieté est factice; plus vous regardez cette bouche riante, plus elle vous blesse par sa fausseté. N'en accusez pas l'exagération de ce rire; car si je vous représentais le sujet souriant, la con- traction partielle de ses grands zygomatiques serait aussi peu sympathique. N'en accusez pas uon plus la laideur de cette face; la méme expérience faite sur la figure la plus belle vous blesserait tout autant et exciterait votre défiance. Si vous comparez ces figures 80 et 31, dont le rire est faux et menteur, à la figure 32 du méme individu photographié au moment où j'avais excité sa gaieté, vous sentez qu’ici son rire est franc et communicatif. On remarque cependant, dans toutes ces figures, la méme ligne courbe qui sépare les lévres, la méme sinuosité des sillons naso-labiaux, la même saillie 62 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. des pommettes, les mémes rides rayonnantes qui partent de l'angle externe de l'oeil, C'est uniquement d'un mouvement particulier de la paupière inférieure que dépend 1a différence expressive de ces figures. En effet, cachez- en la partie supé- rieure jusqu'au niveau du bord inférieur de l'orbite, alors vous verrez qu'elles rient tout aussi bien les unes que les autres, et méme que la figure 31 exprime la gaieté la plus folle. Mais à l'instant où l'œil est découvert, vous constatez, dans la figure 32, qu'il s'est mis en parfaite harmonie avec le mouve- ment des commissures labiales, pour compléter l'expression du plaisir et de la gaieté, tandis que dans les figures 30 et 31, surtout dans la première, l'indifférence de Ро] contraste, d'une maniére choquante, avec le grand mouvement d'ex- pansion joyeuse et gaie de la partie inférieure du visage. Ce mouvement de la paupiére inférieure, sans lequel toute joie ne saurait se peindre sur la face avec vérité, a besoin d'étre étudié avec soin. On remarque dans la figure 32, qu'il s'est formé, à 4 millimètres du bord libre des paupiéres infé- rieures, une dépression transversale, à concavité supérieure, et qu'au-dessous de cette dépression la peau de la paupiére est légèrement gonflée et fait relief, tandis qu’au-dessous de lui elle est tendue. L'expérimentation, unie à l'observation. des mouvements nalurels expressifs, m'a démontré que ce modelé parti- culier des paupières inférieures naît sous l'influence des impressions qui affectent Раше agréablement, et qu'il com- plete l'expression du sourire et du rire. MUSCLES DE LA JOIE ET DE LA BIENVEILLANCE. 63 Le muscle qui produit ce relief de la paupiére inférieure n'obéit pas à la volonté; il n'est mis en jeu que par une affection vraie, par une émotion agréable de l'àme. Son inertie, dans le sourire, démasque un faux ami. La volonté peut à peine dissimuler son action, quand celle-ci est éveillée par un mouvement du cœur. Non-seulement il égaye l'œil, et à ce titre il est le muscle complémentaire du grand zygomatique, pour l'expression du sourire ou du rire, mais encore, dans certaines circon- stances, il se contracte partiellement, sous l'influence des sentiments affectueux. Il rend alors le regard bienveillant; aussi peut-on l'appeler muscle de la bienveillance. Anatomiquement, je Vai appelé orbiculaire palpébral infé- rieur (voy. E, fig. 1); il est séparé latéralement de l'orbicu- laire palpébral supérieur par une intersection aponévrotique. Tous ces faits ont été développés et démontrés dans l'ar- ticle consacré à l'étude de ce muscle; j'ai dû, en raison de leur importance, les rappeler ici à l'oecasion des figures pré- cédentes. | L'orbiculaire palpébral inférieur est si difficile à élec- triser partiellement, que je n'ai pu le maintenir assez longtemps contracté isolément pour photographier cette expérience. Il m'est arrivé de rencontrer son filet nerveux (K, fig. 2) en excitant le grand zygomatique, comme du cote gauche de la figure 34, où l'on voit que ce muscle est con- tracté légèrement, ce qui donne à ce cóté un rire un peu moins faux que du cóté opposé. Ce muscle ne peut étre sup- 6* n diii нөк 64 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. pléé, pour sa fonction expressive, par les palpébraux; la figure 35 et mieux la figure 36 en fournissent la preuve. Dans la premiére (fig. 35), le rhéophore a été posé au niveau de la partie supérieure du grand zygomatique, sur le point ott doit simmerger le nerf moteur de ce muscle ; ce dernier s’est contracté en produisant les sillons et les reliefs fondamentaux qui lui appartiennent, sans lignes se- condaires, ainsi qu'on l'observe ordinairement chez les sujets de cet age et dans les mémes conditions. Mais on voit, en comparant les ouvertures palpébrales entre elles, que du côté droit, où l'expérience est faite, la paupiére supérieure s'est abaissée et que l'inférieure s'est au contraire élevée. Or, ce dernier mouvement indique que les muscles palpé- braux se sont contractés; ce qui ne peut avoir lieu que par excitation du filet moteur de ces muscles. ll m'eüt été facile d'éviter ce filet nerveux et de localiser l'excitation électrique dans le grand Zygomatique, comme du côté droit de la figure 30, en déplacant le rhéophore ou en diminuant lin- tensité du courant; mais j'ai préféré photographier cette combinaison du grand zygomatique avec les palpébraux, com- binaison qui a produit le rire méprisant. Cette expression est mieux rendue encore dans la figure 36, parce que la contraction des palpébraux produite, on le sait, par le spasme des paupiéres, y est plus forte. Fig. Fic. Fic. Vil MUSCLE DE LA LASCIVETE (TRANSVERSE DU NEZ, Q, fig. 1). Figures 37, 38, 39, iy, 1, 92. LÉGENDE. 37. — Portrait du vieillard vu de profil (représenté dans les figures 3, 6,7, 8,9, 12, 13, 14, 17,18, 19, 20, 21, 22, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36). Comparer cette figure aux figures 38 et 39. 38. — Destinée à l'étude de la contraction partielle du transverse du nez, chez le méme sujet. Contraction du transverse du nez; ne se produisant pas partiellement pendant les mouvements expressifs naturels ; représentant, en général, l'attitude du nez, chez les su- jets d'un tempérament lascif ou aux habitudes lubriques. (Il existe des variétés individuelles qui dépendent de la forme du nez.) 39. — Destinée à l'étude de la contraction combinée du transverse du nez et du grand zygomatique , chez le méme individu. = cute Me piene s MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Contraction combinée du transverse du nez, du grand zygomatique et du frontal : attention attirée par un sujet qui provoque des idées ou des désirs lascifs. Fig. 40. — Portrait, vu de profil, d'un homme ágé de quarante- deux ans, abruti par l'abus des boissons alcooliques ; le nez de ce sujet est aquilin. П doit servir, comme le précident, à l'étude expressive du transverse du nez. Comparez cette figure aux figures A1 et A2. Fic. 41. — Destinée à montrer, chez le méme sujet, le mouve- ment imprimé aux ailes du nez par le transverse du nez, et la forme que prend alors ce dernier, quand il est aquilin; destinée également à l'étude de l'expression qu'il rena Ph any NE mi ne Se = atm LO an =< = » donne à la physionomie, lorsqu'il s'associe aux palpébraux. Contraction électrique du transverse du nez et contrac- tion volontaire, légére des palpébraux, de maniére à main- tenir les paupières entr'ouvertes : mauvaise humeur, mé- contentement. Fic. 42. — Destinée à montrer la grossiéreté et le cynisme de l'expression lubrique, chez le méme individu, dont le trans- verse du nez est trés développé. Contraction électrique combinée du transverse du nez et du grand zygomatique : gaieté exprimée par des idées lubriques, cynisme, paillardise. EXPLICATION DE LA LEGENDE. 4. — Mécanisme. Lélectrisation partielle du transverse du nez (Q, fig. 1) s'obtient en plaçant les rhéophores au niveau du corps charnu de ce muscle, comme dans les figures 38, 39, 11 et 42. La disposition anatomique de ce muscle rend cette expérience facile. р Les figures 38 et 41 montrent l'ensemble des lignes expres- sives, fondamentales et secondaires, produites par la contrac- tion énergique du transverse du nez chez deux sujets dont la peau des parties latérales du nez se plisse ou se ride facilement. On voit que Vaile du nez est attirée obliquement en haut et en avant ; que la portion supérieure du sillon naso-labial a suivi la méme direction ; que la narine, en s'élevant, s'est pour ainsi dire retroussée de telle sorte, que son orifice regarde en dehors, au lieu de s'ouvrir en bas ; que le sillon cutané qui у arrière est plus accentué ; enfin que ez s'est plissée parallèlement contourne la narine et la peau des parties latérales du n à la direction de l'épine nasale. La forme général par le transverse du nez; elle est caractéristique. Pour bien e du nez est considérablement modifiée TB) erp ЦИ A mm s i me ne ee 68 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. comprendre l'exactitude de la description précédente, il suffit de comparer la forme du nez au repos des figures 37 et 40, au nez mis en mouvement par le transverse du nez, dans les figures 38, 39, /1 et 42. La partie postérieure du nez où se termine inférieurement le transverse du nez, еі qui est mobile, est nécessairement attirée vers l'épine c qui est le point fixe de ce muscle. Tout le monde comprend pourquoi la peau des parties laté- rales du nez, refoulée en haut et en avant, s'est couverte de petites rides parallèles à la direction de l'épine nasale, Le mouvement de l'aile du nez, les lignes et les reliefs qui en sont la cause, sont beaucoup plus prononcés dans les figures 41 et 42 que dans les figures 38 et 39, B. — Expression. La figure 38 fait voir que la contraction partielle du grand zygomatique donne à la physionomie une expression de mau- vaise humeur qui annonce l'hostilité; mais jamais ce muscle ne se contracte partiellement, et pour rendre cette expression de mécontentement, il agit de concert avec q’ autres muscles, L'expression de la figure 41, o1 le transverse du nez a été mis en action pendant que les paupiéres étaient un peu rap- prochées (par les palpébraux), et alors que les commissures labiales étaient abaissées (par les triangulaires des lévres), cette MUSGLE DE LA LASCIVETÉ, 69 expression, dis-je, offre un mélange de mécontentement et de mépris. | L'homme qui est représenté dans cette derniére figure était un ouvrier intelligent, âgé de quarante-deux ans, mais qui avait tant abusé des boissons alcooliques, qu'il était tombé dans un délire crapuleux (delirium tremens). V avait été conduit à l'hôpital, où il avait été traité avec succès par l'opium à haute dose (il avait pris un gramme d'extrait gommeux d'opium). Lorsque je fis des expériences électro-physiologiques sur sa face, il était encore sous l'influence de ce narcotique. Aussi remarquait-on, au lieu de sa gaieté habituelle, que ses traits exprimaient l'abattement ; ses commissures labiales tombaient, et pour qu'il ouvrit les yeux, il me fallait réveiller fortement son attention, comme on le voit dans la figure 40 (1). J'ai profité de cet affaissement des traits produit par Vopium, et surtout de l'abaissement de ses commissures labiales, pour étudier l'effet expressif de la combinaison du transverse du nez avec le triangulaire des lèvres. Les signes du mécontentement se sont alors dessinés beaucoup mieux que sur la figure 38; mais cette expression n'était pas encore l'imi- tation exacte dela nature. Je lui fis ensuite rapprocher les pau- piéres, comme s'il était géné par la lumiére, et je répétai l'expérience précédente ; alors je vis apparaitre sur sa physio- nomie, avec une parfaite vérité, un mélange de méconten- — — tement et de mépris : c'est cette expression électro -physio- logique que j'ai photographiée dans la figure 41. (1) Il a succombé au delirium tremens, dix jours aprés cette expérience. А оС Se ; p р MAI Re e RT m RT 2 " ич vas тее - сйнген эл” : ementi; RITIENI A SC TCU, У. vtri one we MÀ M —— ——À p } ao treat si ttr ааа ыыы == " = riy ea a pem VIS. Fn ni к-С СС s MR ie UNUS à » CES A = ee а Me > z CT —— ROLE S ENS 70 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Le transverse du nez s'associe aussi avec l'élévateur commun de l'aile du nez et de la lèvre supérieure pour peindre une nuance de la méme expression. J'y reviendrai à l'occasion de l'étude expressive de ce dernier muscle. Les expériences photographiées dans les figures 39 et 42 démontrent que la combinaison du transverse du nez avec le muscle de la joie (le grand zygomatique) produit l'expression du plaisir lascif, de la gaieté lubrique. C'est la fonction la plus importante du transverse du nez; aussi l’ai-je appelé muscle de la lascivelé, de la lubricité. Le vieillard représenté dans la figure 39 n'est rien moins que lascif; il est au contraire d'un tempérament si froid, qu'il avoue que les femmes ne lui ont jamais inspiréle moindre désir: il est méme fier d'avoir conservé son innocence. D'ailleurs, à l'abaissement de ses narines et à leur aplatissement, on reconnait dans son portrait photographié (fig. 3 et 37), que le muscle expressif des plaisirs lascifs est chez lui peu développé. Malgré ces conditions défavorables, on voit dans la figure 39 que, par l'excitation électrique de son transverse du nez, unie à celle de son grand zygomatique, il m'a été possible de peindre sur sa face une expression de plaisir lascif que la nature lui a refusée. On remarquera que j'ai mis en même temps son frontal en contraction, voulant indiquer par là que celte passion vient d'étre éveillée par une cause exté- rieure, qu'une nudité, par exemple, attire son attention las- cive. J'avais l'intention de le représenter dans une situation À 4. MUSCLE DE LA LASCIVETÉ. 71 | analogue à celle des vieillards impudiques de Ja chaste Suzanne; mais il m’a été impossible de lui donner, pour cela, un air assez lubrique, parce que le muscle qui représente cette passion n’était pas chez lui assez développé. Quoi qu'il en soit, ce rire gaillard et cet air égrillard contrastent singulièrement avec son rire simple habituel. | La figure {2 nous montre la gaieté lubrique sous son aspect | .. ]le plus grossier. Cet homme, avant que ses traits fussent | affaissés parl'opium, avait une physionomie toute différente de | celle que l'on voit dans la figure ЦО; car ses traits annoncaient une gaieté habituelle, et la forme, l'attitude de ses narines | décelaient un tempérament trés lascif.— Les renseignements | А qui m'ont été donnés sur ce point m'ont appris que je nem é- tais pas trompé.— L'expérience représentée dans la figure 42 prouve que le muscle de la lubricité était trés développé chez cet homme. C'est ce qui m’a permis de гарре:ег sur sa face les traits de cette passion brutale, traits qui avaient été momen- tanément effacés par le narcotisme. —ENRÜ€ „о Ape mnm TE У s Ls M ——€— ia — Uu Eg e M былкы. РЕ. 0 7 re une ai e i Fic. Fic. Vill MUSCLE DE LA TRISTESSE (TRIANGULAIRE DES LÈVRES, M, fig. 1). Figures 43, 44, 45. LÉGENDE. h3. — Destinée à l'étude des mouvements, des reliefs et des plis cutanés, occasionnés par l'action partielle du triangu- laire des lèvres, comparativement avec le côté opposé qui est à l'état de repos, chez un vieillard (représenté dans les figures 3, 7, 8, 9, 12, 13, 1h, 17, 18, 19, 20, 51,99, 80, 94, 32, 33, 34, 37, 38, 39). | - A droite, contraction électrique forte du triangulaire des - lèvres : dégoût. A gauche, repos de la physionomie. hA. — Destinée à l'étude expressive des triangulaires des Jévres, au maximum de contraction, chez le méme sujet. Contraction électrique trés forte des triangulaires des lèvres : dégoût. oe т, s crm or ^ ис ЧР чур ^ dnb a MENT Трен ss apis. HN AMOR oeae re + à m — E: = = —— XS DANN om Ц x SES to Or a Ve De Mo ooh iia on АВ = SORE | 74 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Fic. 45. — Destinée à l'étude de la contraction combinée, expressive, du triangulaire des lévres et du sourcilier, chez le méme individu. Contraction électrique forte des triangulaires des lévres et des sourciliers : douleur et désespoir. EXPLICATION DE LA LÉGENDE. A. — Mécanisme. L'électrisation partielle du triangulaire des lèvres (M, fig. 1) se pratique en posant les rhéophores, comme dansles figures ha, hh, 45, au niveau de leur surface (2 centimetres au- -dessous et 1 centimetre en dehors des commissures labiales). Le courant ne doit pas étre assez intense pour traverser l'épais- seur du muscle; car il arriverait jusqu'au rameau nerveux moteur qui anime les muscles de la houppe du menton, le carré du menton, l'orbiculaire des lèvres, et conséquemment ferait contracter tous ces muscles à la fois. Les triangulaires des lèvres tirent les commissures oblique- ment en bas et en dehors. Les figures 44 et д5 montrent, en outre, qu'au. maximum de contraction , le sillon interlabial décrit une courbe à concavité inférieure ; que la lévre infé- rieure est un peu attirée en avant, et que la ligne naso-labiale est allongée, tend à devenir rectiligne et se rapproche davan- tage de la verticale; que la moitié de la lévre supérieure qui correspond au triangulaire excité, est attirée obliquement en bas et en dehors ; enfin que la narine est abaissée el un peu moins ouverte, Ce dernier fait est mis plus en évidence par la ET n DR D nmm СА ә “A INI a zimmer ee ee a бос чш rne nt — ie Р PEAR А Pom e e 76 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. figure 43, où lon voit que, du côté de la face qui est restée au repos, la narine est un peu plus élevée que celle du côté excité. On remarque enfin, au-dessous des commissures la- biales de ces figures, des reliefs et des plis occasionnés par le refoulement de la peau, et qui sont d'autant plus prononcés et plus nombreux, quele sujet est plus avancé en âge. B. — Expression. On sait que les commissures labiales du sujet sur lequel la plupart de mes expériences électro-physiologiques ont été faites, sont naturellement abaissées, lorsque sa physionomie est au repos; on peut le voir, du reste, dans son portrait (fig. 3). Cette chute des commissures labiales se montre, en général, dans la vieillesse, indépendamment de toute cause morale. Mais, dans la jeunesse, le moindre abattement des commis- sures labiales a lieu sous l'influence de la contraction des triangulaires des lèvres, et alors cet abaissement des coins de la bouche donne à la physionomie, si elle est au repos, une expression de tristesse et d'abattement. Оп en voit un exemple sur la moitié gauche de la figure 35. Chez Ja jeune femme que cette dernière figure représente, les commissures de la bouche étaient habituellement relevées et donnaient de la gaieté à la physionomie ; mais son caractère était très mobile, et le jour où j'ai photographié l'expérience reproduite sur le côté droit de sa face, elle était triste et abattue. Cette dernière MUSCLE DE LA TRISTESSE. 11 expression se voit sur la moitié gauche de la figure 35, et l'on constate qu'elle est due seulement à un léger abaissement de sa commissure labiale gauche; en d'autres termes, à une faible contraction du triangulaire des lévres de ce cóté. On peut comparer entré eux, sur cette figure 35, les mou- vements contraires, exécutés par les commissures labiales, et apprécier l'influence énorme qu'ils exercent sur la physio- nomie. En effet, au moment où la tristesse de cette femme réagissait sur son triangulaire, et, par leur intermédiaire , abaissait ses commissures labiales, j'ai relevé, du côté droit, le coin de sa bouche, en excitant l'antagoniste du triangulaire droit (le grand zygomatique), et alors la joie a été rappelée arti- ficiellement sur cette moitié de sa face. J'ai fait l'expérience opposée chez cette méme femme, alors qu’elle était dans ses jours de bonne humeur : ainsi sa - bouche étant souriante, j'ai fait contracter légèrement un de ses triangulaires, et à l'instant l'abaissement de la commissure correspondante, quelque faible qu'il füt, venait altérer la physionomie de ce cóté. | Cependant il est démontré par l'expérience représentée sur le côté droit de la figure 36, qu'au plus haut degré de con- traction, l'action expressive du triangulaire des lévres change complétement; qu'elle exprime alors le dégoût. Mais le spasme des paupiéres qui se combine avec cette expression, l'a mo- difiée un peu; j'y reviendrai bientót. La figure 44, ou la contraction au maximum du trian- gulaire des lévres est parfaitement limitée, convient mieux at "ичет: À ИУ ucro не АС ton cen ` pe PTT UT ot ar —$ —9 m “4 78 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. à la démonstration du fait en question. Cette physionomie exprime, en effet, un profond dégoût qui soulève le cœur ou qui indique une grande aversion, D'autres figures exposées dans cet album démontrent, ainsi qu'on va le voir, que diverses associations de certains muscles avec le triangulaire des lèvres modifient ou changent l'action expressive de ce dernier, Le moindre abaissement des commissures labiales (par une faible contraction des triangulaires), associé à un léger rappro- chement des paupiéres (par les palpébraux), comme lorsqu'on est gêné par la lumière, donne au regard une expression de mépris, Cette expression est rendue sur la moitié gauche de la figure 36. La contraction extrême (peut-être un peu exagérée et grimacante) du triangulaire des lèvres peint cette expres- sion à son plus haut degré et sous la forme la plus grossière ; elle nous montre un mélange de mépris et de dégoût. La chute des commissures labiales, qui, chez le sujet dont la figure 3 représente la physionomie au repos, n'est qu'un indice de vieillesse, augmente l'énergie ou étend lesens des expressions dela plupart des mouvements de son sourcil, avec lesquels elle se combine. En voici des exemples. L'abaissement léger de ses commissures labiales rend plus sérieuse la réflexion exprimée par l'orbiculaire palpébral supérieur, sur la moitié droite de la figure 12, et s'il était à son maximum, comme dans la figure 45, cet état de l'esprit prendrait un caractère de tristesse et d’abattement. MUSCLE DE LA TRISTESSE. 79 La contention d'esprit, exprimée dans la figure 13 par la contraction assez forte de l'orbiculaire palpébral supérieur, devient, dans la figure 1h, une expression de pensée sombre par la méme contraction au maximum de l’orbiculaire palpé- bral supérieur gauche, combinée avec un léger abaissement des commissures labiales. C'est surtout dans la figure 18 que la chute considérable des commissures ajoute à la dureté du regard, produite par la contraction du pyramidal du nez, muscle de l'agression. Il est vrai que sous la seule influence de la contraction partielle du pyramidal du nez, le regard est déjà méchant, ce dont on peut s'assurer en masquant la bouche de cette figure. Quoi qu'il en soit, l'association de cet abaissement des commissures labiales avec les pyramidaux donne à cette figure un air plus dur et plus menacant. e Le faible abaissement des commissures labiales que l'on observe dans la figure 20 donne au sujet un air de tristesse qui sied bien à l'expression de souffrance produite par la contraction des sourciliers. La méme combinaison musculaire, représentée dans la figure 45, exprime à la fois la douleur et l'abattement : c'est _ l'image du désespoir. IX MUSCLES DU PLEURER ET DU PLEURNICHER (PETIT ZYGOMATIQUE ET ÉLÉVATEUE PROPRE DE LA LEVRE SUPÉRIEURE, F, H, fig. 1). Figures 46, 47, 8, 49, 50, 54, 52, 53. LÉGENDE. (Regarder alternativement et comparativement chacun des côtés des figures 46, 47, 48, 49, 50 et 51, et en masquer le cóté opposé.) рус, 46. — Destinée à l'étude des lignes qui caractérisent le pleurer avec attendrissement, chez un vieillard (représenté dans les figures 3, 6, 7, 8, 12, 43, 14, 17, 48, 19, 20, 21, 22, 30, 31, 32, 33, 34, 37, 38, 39, 43, AA, 45). Excitation électrique assez forte du petit zygomatique gauche : pleurer, larmes d'attendrissement. Fic. 47. — Destinée à étudier l'action différentielle du petit zygomatique et de l'élévateur propre dela lévre supérieure, chez le méme sujet. A gauche, excitation électrique du petit zygomatique et contraction volontaire du sphincter des paupières : pleurer franc, à chaudes larmes. ТЕ M Ё MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. A droite, excitation électrique de l'élévateur propre de la lévre supérieure et contraction volontaire des paupiéres : nuance du méme pleurer. . 48.— Destinée à l'étude comparative des lignes expressives différentielles du petit zygomatique et du grand zygoma- tique, chez le méme sujet vu de face. - À gauche, contraction électrique du реш zygomatique : pleurer modéré, attendrissement. À droite, contraction électrique modérée du grand zygomatique : rire faux, incomplet. . 49. — Destinée à l'étude de l'association du petit zygoma- tique et du sourcilier, chez le màme sujet. À gauche, excitation électrique du petit zygomatique et du sourcilier : pleurer douloureux. À droite, physionomie au repos, avec regard fixe en avant. . 50. — Destinée à l'étude expressive du petit zygomatique, chez une femme jeune (représentée dans les fig. 35 et 36). À droite, excitation électrique du petit zygomatique et du sphincter des paupières : pleurer grimacant. À gauche, physionomie au repos. 91. — Destinée à l'étude de l'action partielle de l’élévateur commun de Paile du nez et de la lévre supérieure. À droite, contraction partielle de l'élévateur commun de Vaile du nez et de la lévre supérieure : mécontentement, mauvaise humeur. À gauche, repos de la physionomie. MUSCLES DU PLEURER ET DU PLEURNICHER. 83 рус. 52. — Destinée à montrer l'action expressive des élévateurs communs de l'aile du nez et de la lévre supérieure, associée à l'abaissement de la Jévre inférieure par les muscles carrés du menton. | Contraction électrique des élévateurs communs de l'aile du nez et de la lévre supérieure, et abaissement volontaire dela lévre inférieure ; méme expression que sur le côté gauche de la figure 51, mais plus prononcée. Fic. 53. — Destinée à montrer, d'un cóté, l'action expressive de l'élévateur commun de Vaile du nez et de la lévre supé- rieure, combinée avec celle des palpébraux , comparative- ment à l'expression du grand zygomatique, du côté opposé, A gauche, contraction électrique de l'élévateur commun de Vaile du nez et de la lèvre supérieure, et des palpé- braux : pleurnicher. A droite, contraction du grand zygomatique : rire faux. | 4 | oe тене Mtr өч Ser түр APT —— — S SS eres aN E am f EXPLICATION DE LA LÉGENDE. A. — Mécanisme. Je ferai d'abord remarquer que sur toutes les figures con- sacrées à l'étude du petit zygomatique, le rhéophore est appliqué au-dessus des fibres les plus externes de l'orbiculaire inférieur, c'est-à-dire 2 centimètres et demi environ au- dessous du bord libre de la paupière inférieure et au niveau d'uneligne verticale abaissée de l'angle externe des pau- pières. C'est justement là que se trouve la portion supérieure du pelit zygomatique (voy. F, fig. 1) qui s'attache en haut, à la face externe de l'os malaire; c’est également là que s'im- merge le filet moteur de ce muscle (voy. K, fig. 2). | Du cóté droit de la figure 47, le rhéophore est placé à la méme hauteur, plus en dedans, au niveau d'une ligne verti- cale fictive, qui passerait par la partie moyenne de la paupière inférieure. Dans cette région, une partie de la portion supé- rieure de l'élévateur propre de la lèvre supérieure (voy. G, fig. 2), et le filet moteur (voy. L, fig. 9) de ce muscle, sont sous-cutanés. 1 n'est pas toujours facile ni méme possible de localiser exactement l'exeitation électrique dans le petit zygomatique : l'expérience photographiée, figure 50, en est une preuve. Chez = MUSCLES DU PLEURER ET DU PLEURNICHER. 85 la femme que cette figure représente, il m'a été impossible de contracter le petit zygomatique, sans produire l'oeclusion de l'œil par l'excitation da sphincter des paupieres, bien que le rhéophore ait été, comme on le voit, placé trés bas, loin de ce dernier muscle. En voici la raison anatomique : «Le petit zygomatique nait aussi, dit le professeur Cruveilhier, par plusieurs racines dont l'une est souvent constituée par les fibres externes du muscle orbiculaire des paupières. Dans quelques cas, le petit zygoma- tique est exclusivement formé par des fibres détachées de ce muscle. Dans d'autres cas, ce muscle extrémement gréle nait de l'os malaire par deux faisceaux, dont l'un va former le faisceau inférieur de l'orbiculaire des paupières. Le plus ordi- nairement ce petit muscle nait de l'os malaire.... » (1). On concoit done qu'il existe une connexion intime entre le petit zygomatique et le muscle dit sphincter des paupières, et qu'il soit impossible d’exciter le premier indépendamment du second. Et puis il y a des variétés dans la disposition et le trajet des filets nerveux qui animent ces muscles, de telle sorte que le courant dirigé sur la partie supérieure du petit zygomatique peut rencontrer le filet nerveux qui se rend au sphincter des paupieres. 11 est impossible de dire laquelle de toutes ces conditions anatomiques s'opposait à l'électrisation partielle du petit zygomatique, chez la femme représentée dans la figure 50. (^) Traité d'anatomie descriptive, 3° édition, t. П, p. 225. 11 | | | | — Ls 86 .MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. La figure 46 montre, du côté gauche, l'action individuelle du petit zygomatique : on voit que l'action de ce muscle a lieu obliquement de bas en haut et de dedans en dehors, et TT тт vers son attache à la face externe de los malaire, et qu'elle › ед s'exerce sur la partie médiane de la lèvre supérieure et de la ligne naso-labiale. Il en est résulté qu'à ce deeré de con- 3 S traction, la portion du bord libre des lèvres et le sillon naso-labiale, qui correspondent au muscle excité, ont décrit une légére courbe à concavité inférieure; que le refoulement dans la méme direction, des tissus placés au-dessus de la ligne naso-labiale, a produit un gonflement de la pommette et l'élévation de la paupière inférieure qui s'est un peu rap- prochée de la paupiére supérieure. Sur le cóté gauche des figures 47 et 18, où le petit zygo- matique est un peu moins fortement excité, la courbe décrite par le bord libre des lévres et par la ligne naso-labiale est un peu moins prononcée que dans la figure 46. Chez ce vieillard, on voit sur la peau de la lèvre supérieure de petites rides obliques en haut et en dehors, et sur la paupiére inférieure de petits plis cutanés transversaux. Ces rides secondaires n'existent pas dans la jeunesse; on peut constater ce fait sur la figure 50. Chez cette jeune femme, en effet, le petit Zygomalique droit a non-seulement élevé la partie moyenne de la moitié droite de la lévre supérieure, en lui faisant décrire une courbe à concavité inférieure, mais en méme temps il a, pour ainsi dire, retroussé cette moitié de Ја lèvre supérieure, de manière à mettre à découvert une pe ee «€ = Д ee атан 7 MUSCLES DU PLEURER ЕТ DU PLEURNICHER. 87 plus grande surface de la muqueuse labiale. — Les dents avaient été également couvertes; ce que l'on ne peut voir sur cette photographie, parce qu’elles étaient dans lombre. — Le mécanisme de ce mouvement est par- faitement expliqué par le mode de terminaison labiale du petit zygomatique. Je rappellerai ici cette disposition anatomique. Dés que ce muscle à atteint la lèvre supérieure et le cóté externe de l'élévateur propre, ses fibres charnues deviennent pales et cessent Létre contractiles par l'excitation électrique. Puis croisant la direction de Vorbiculaire des lèvres qu'elles recouvrent, elles se continuent avec celles de l'élévateur propre presque jusqu'au bord libre des lèvres et se terminent dans la peau. On conçoit donc que Vattache inférieure mobile du petit zygomatique se faisant au bord libre de la peau de la lèvre supérieure, се muscle ait une tendance à retrousser celle-ci en l'élevant. Pour que ce retroussement ait lieu, les lèvres ne doivent pas être minces, comme chez le vieillard représenté dans les figures A6, h7, 48, 49. Chez lui, au con- traire, elles ont une tendance à se retrousser en dedans, par le fait de l'absence des dents. Il faut que les lévres aient une certaine épaisseur, ainsi qu'on l'observe chez les enfants en général; leurs levres, on le sait, se renversent en avant | et se retroussent pendant le pleurer. La figure 50 ne donne pas une idée parfaite de ce mouve- | meut particulier des levres, que jai trés souvent obtenu en faisant contracter le petit zygomatique sur de jeunes sujets e ——— Ron =~ M I Tila ee — = " bas 88 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. et méme sur des adultes, que je regrette de n'avoir pu réussir à photographier exactement. Le côté droit de la figure 47, où l'élévateur propre de la lévre supérieure est excité, montre que l'action de ce muscle est à peu prés la méme que celle du petit zygomatique; seu- lement on observe que l'action qu'il exerce sur la lévre supé- rieure et sur la ligne naso-labiale a une direction moins obli- que en dehors, et qu'il élève un peu la narine de son côté, mais sans en agrandir l'ouverture. Chez les sujets jeunes et aux lévres épaisses, ce muscle retrousse aussi la lèvre supérieure. Le mécanisme de cette action de l'élévateur de la lèvre supérieure s'explique par- faitement par la disposition anatomique de ce muscle que j'ai rappelée ci-dessus, en exposant celle du petit zygomatique. Daus les expériences représentées sur les figures 51, 52 et 53, le rhéophore a été appliqué au niveau de Ja portion supérieure de l'élévateur commun de l'aile du nez et de la lévre supérieure (H, fig. 1), vers le point d'immersion du filet moteur (L, fig. 9) de ce muscle. On voit que l'aile du nez s'est élevée et a entrainé avec elle l'extrémité supérieure de la ligne naso-labiale, qui s'est al- longée en devenant moius oblique, et que la portion externe de la lévre supérieure a été attirée en haut, suivant la direc- tion de l'élévateur commun de Vaile du nez et de la lévre supérieure. Sur le cóté droit de la figure 51, lélectrisation est parfaite- ment localisée dans ce dernier muscle. Aussi n y voil-on pas MUSCLES DU PLEURER ET DU PLEURNICHER. - 89 les plis cutanés qui se sont formés sur la partie gauche du nez des figures 52 et 53, où le courant électrique, plus fort, a excité à la fois le filet nerveux du transverse du nez et celui de l'élévateur commun de l'aile du nez et de la lévre supé- rieure. в. — Expression. Les expériences électro-physiologiques représentées par les figures photographies dont on a lu précédemment la légende | démontrent toutes que le petit zygomatique dont on avait fait jusqu'à ce jour l'auxiliaire ou le congénére du grand zygo- matique, pour l'expression dela joie et du rire, est au con- iraire un muscle du pleurer. La contraction bien isolée de ce muscle, telle que je l'ai obtenue du cóté gauche de la figure 46, trahit une émotion qui produit la sécrétion des larmes; du moins, je n'ai jamais vu ! de larmes couler par une cause morale, sans que ce muscle | entrât en action. Cette expression d’attendrissement contraste avec la fermeté des traits et du regard du côté opposé. — J'avais provoqué cet air de résolution chez le sujet, en fixant son regard en face de lui et en lui faisant écarter lar- gement ses paupières. On sent cependant, à la vue du cóté gauche de cette figure, que les larmes, qui semblent pro- duites par une émotion, ne doivent pas encore couler abondamment, qu'elles ne font qu'humecter les paupieres. Telle est l'expression d’attendrissement que l'on observe au théâtre sur des spectateurs émus par une scene pathétique. ANN „Ам P ——— Bá "S sm ӘС. ата рт sg om i Si ggg di d: D PIN — re + " 3 E ` LA —— Ss h ү ы err ore C E uec trt " i à 7. 4 7 ET re nr р 2 = Lu 90 ‚ MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. ‘On remarque que sur la moitié gauche des figures 16 et 47 la méme expression. d'attendrissement augmente graduelle- ment : les larmes, qui dans la figure 46 paraissent contenues, coulent de plus en plus abondamment dans la figure 47. Ici le sujet pleure franchement. Ce n'est pas que la con- traction du petit zygomatique y soit plus forte, j'ai déjà dit au contraire qu'elle était moindre que dans la figure 46; c'est parce que la contraction du sphincter des paupiéres y est associée à celle du petit zygomatique. J'ai fréquemment suivi avec attention, chez un méme indi- vidu et surtout chez l'enfant, cette gradation de l'expression du pleurer; j'ai toujours vu les larmes s'annoncer par l’action partielle du petit zygomatique, et-le pleurer franc se montrer avecl'association de ce muscle et du sphincter des paupières. Du côté droit de la figure 47, où l'élévateur propre de la lèvre supérieure est contracté en même temps que le sphincter des paupières, le sujet semble s'abandonner plus entièrement à son émotion ; il pleure plus franchement que du côté gauche. Quoi qu’il en soit, on voit que les lignes expressives (la courbe de la ligne naso-labiale, le mouvement de la lèvre supérieure et le relief de la pommette) produites par ces deux muscles (l'élévateur de la lèvre supérieure et le petit zygomatique) ont entre elles beaucoup de ressemblance. — J'ai dit précédem- ment, en traitant du mécanisme de ces mouvements, en quoi ces lignes différaient entre elles. Enfin le côté gauche de la figure 53 nous montre le plus disgracieux de tous les pleurers : le pleurer à chaudes larmes i MUSCLES DU PLEURER ET DU PLEURNICHER. 91 le pleurnicher. Ce pleurer est ridicule chez l'adulte, aussi n'ose-t-il s'y abandonner entiérement. C'est le pleurnicher des enfants, celui qu'ils emploient lorsqu'ils veulent que l'on s'attendrisse ou qu'on leur cède. Le muscle qui produit le pleurer à chaudes larmes, le pleur- nicher, est l'élévateur de la lèvre supérieure et de Vaile du nez (voy. H, fig. 1); mais on n'obtient cette expression qu'en le faisant contracter synergiquement avec le sphincter des | paupières, comme dans le côté gauche de la figure 53. =| Les figures 51 et 52 prouvent que partiellement, ou sans le | concours du sphincter des paupières, l'élévateur commun de Vaile du nez et de la lèvre supérieure ne posséde plus le pouvoir d'exprimer le pleurer à chaudes larmes. ЇЇ offre alors les traits { du mécontentement. Le côté droit de la figure dt, ou ce muscle est mis partiellement en action, peint l'expression de la mau- | vaisehumeur, représente un facheux qui trouve tout mauvais. 1 Le plus haut degré de cet état désagréable d'un esprit har- gneux se peint mieux encore dans la figure 52, où l'action de Vélévateur commun de l'aile du nez est combinée avec celle du carré des lèvres (voy. X, fig. 1), qui tire la lèvre infé- | rieure en bas et en dehors, en la renversant. Les différents degrés ou nuances du pleurer, exprimés par les figures 46, 47 et 48, sont en général l'indice du chagrin ou de l'affliction ; mais ces figures peignent également une expression (айе drissement provoqué, ainsi que je l'ai dit, par une scène pathétique : les larmes qui coulent alors ne | sont certes pas des larmes de douleur. Elles sont méme 92 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. produites, dans certaines circonstances, par l'émotion du plaisir. Ne sait-on pas, en effet, que la nouvelle d'un grand bonheur peut faire couler les larmes, et ne dit-on pas que l'on pleure de joie? Ces larmes faciles annoncent une grande faiblesse de caractére. On les observe aussi à la suite de certaines affections du cerveau: dans ce cas, les larmes et tous les degrés du pleurer sont excités indifféremment par la plus légére impression de plaisir ou de peine, alors méme que Pin- telligence est restée intacte. Tout récemment encore, je donnais des soins à un homme d'une grande intelligence, fondateur et directeur d'une usine considérable: il avait été frappé d'une apoplexie trés légère; ses facultés intellectuelles étaient restées intactes, mais son caractère, jadis trés ferme, s'était tellement affaibli, qu'il pleurait à tout propos, lorsqu'il éprouvait des sensations agréables, comme sous l'influence. d'impressions contraires. A la vue d'un ami ou d’une personne qui lui plaisait, sa bouche et son oeil souriaient d'abord ; mais aussitót la cour- bure de la ligne naso-labiale donnait à sa physionomie l'ex- pression du pleurer, la contraction du petit zyzomatique avait remplacé celle du grand zygomatique. et ensuite ses yeux se remplissaient de larmes. Il en sentait le ridicule, et, malgré tous ses efforts, il en venait à pleurer à chaudes larmes, comme dans le cóté gauche de la figure 53, aprés avoir passé par tous les degrés du pleurer, que j'ai représentés dans les figures 46 et 47. MUSCLES DU PLEURER ET DU PLEURNICHER. 93 Ces expressions du pleurer provoquent souvent le rire, tant elles donnent à l'homme un air niais et ridicule. Cependant on ne saurait se défendre d'un mouvement de compassion à la vue de l'affliction exprimée sur le côté gauche de la figure 49, parce qu'ici on sent que le sujet doit étre tourmenté par une douleur aigué et profonde qui lui arrache des larmes. C'est ainsi que l'homme pleure l'être aimé qu'il a perdu : une mere, un enfant; — c'est ainsi que pleure le Laocoon (de Rome). — J'ai produit cette expression du pleurer douloureux sur la figure h9, par la combinaison du petit zygomatique avec le sourcilier, expression qui contraste avec la fermeté des traits du côté opposé. MUSCLES COMPL ÉMENTAIRES DE LA SURPRISE. 39 justes que dans ces figures 56 el 57, il faut qu'il y ait un rapport parfait entre le degré d'ouverture de la bouche et d'élévation des sourcils. | Le sujet d'aprés lequel j'ai photographié ces expériences électro-physiologiques n'a pas su lui-méme imiter ces ex- pressions, parce qu'il ne les sentait pas. — On sait que son intelligence est bornée. — Je l'avais engagé à exprimer la surprise et l'étonnement de la méme maniére que dans les figures photographiées que je venais de produire artificiel- lement. Il ouvrit simplement la bouche, comme sil allait bâiller (voyez la fig. 55). J'eus beau le stimuler, lui faisant écarter plus largement les mâchoires et l'engageant à élever _ ses sourcils autant que possible, je ne pus en tirer que l'ex- pression niaise et ridicule reproduite par la photographie, dans la figure 56. La bouche était ouverte d'une manière exagérée, comparativement à la mollesse des mouvements de ses sourcils et de ses paupières. Aussi a-t-il plutôt Pair de chanter que d'éprouver une émotion occasionnée par l'étonnement. 10° E /— MUSCLES COMPLÉMENTAIRES DE LA SURPRISE (ABAISSEURS DU MAXILLAIRE INFÉRIEUR). Figures 54, 55, 56, 57. d | LÉGENDE. Fie. 54. — Destinée à l'étude des lignes, des reliefs cutanés et du modelé, produits par les abaisseurs du maxillaire infé- rieur, chez le vieillard (représenté dans les fig. 392, 8.08 | 12, 13, 14, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 30, 31, 32, 33, 3h, 37, | | 38, 39, A3, Ali, 45, A6, 47, 48, А9, 51, 52, 53). | | Abaissement volontaire de la máchoire inférieure, ou des | téguments de la partie inférieure de la face; mouvement inexpressif. Fic. 55. — Destinée à montrer qu'il ne suffit pas d'ouvrir la bouche et d'élever les sourcils pour peindre l'étonnement, oit exister entre ces divers mais qu'un rapport parfait d mouvements, sous peine de ne faire qu'une grimace. Abaissement volontaire, au maximum, de la máchoire 10 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. inférieure, avec élévation volontaire et modérée des sour- cils : étonnement mal rendu par le sujet; expression ridi- cule et niaise. Omelet, Fic. 56. — Destinée à l'étude de la contraction combinée, à un degré modéré, du frontal et des abaisseurs du maxillaire inférieur. T ——— HERR М - he e eiiim arc Abaissement volontaire et modéré de la mâchoire infé- rieure, et contraction électrique proportionnelle des fron- taux : surprise. 97. — Destinée à l'étude de la contraction combinée, au maximum, des frontaux et des abaisseurs du maxillaire inférieur. Abaissement volontaire, au maximum, de la mâchoire inférieure, et contraction électrique énergique des fron- taux : étonnement, stupéfaction, ébahissement. EXPLICATION DE LA LÉGENDE. a A. — Mécanisme. Les abaisseurs de la mâchoire inférieure et leurs filets nerveux moteurs, étant recouverts par le peaucier, ne peu- vent être électrisés sans que се dernier muscle se contracte en même temps ; leur excitation partielle est possible seule- ment lorsque le peaucier est atrophié ou lorsqu’il a perdu son irritabilité. Aussi ai-je dû engager les sujets sur lesquels j'ai fait les expériences reproduites ci-dessus par la photo- graphie, à ouvrir leur bouche plus où moins largement. On remarque, dans les figures 5h et 56, qu'à l'instant oula bouche s'ouvre, les traits dela moitié inférieure de la face sont attirés directement en bas et s'allongent ; que les lèvres décrivent deux arcs de courbes en sens inverse, à peu prés égaux, et dont la corde commune passe par les. commissures labiales. Ces figures 54 et 56 montrent cet allongement des traits, et ces courbes labiales qui augmentent proportionnellement au degré d'abaissement de la inàchoire inférieure. On voit aussi dans toutes ces figures qu'un relief transversal s'est. déve- loppé sur la peau située au-dessous de la máchoire infé- 98 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. rieure, et que ce relief est limité en avant par un sillon à concavité supérieure, qui, naissant 2 centimètres et demi en arrière du menton, remonte sur les côtés des joues, et par un second sillon moins profond, moins étendu, et situé un centimetre et demi en arriére du premier. Je ferai remarquer enfin que le modelé du cou n'a pas éprouvé la moindre mo- dification, quel que füt le degré d'abaissement de la máchoire inférieure. B. — Expression. La figure 55, où la mâchoire inférieure est seulement abaissée, n'exprime assurément aucune émotion de lame. Mais on sent, à la vue de la figure 56, que le sujet qu'elle re- présente vient d'apprendre une nouvelle inattendue ou qu'il apercoit un objet qui le surprend. C'est l'expression de la sur- prise que j'ai obtenue en combinant l'abaissement volontaire de la mâchoire inférieure avec la contraction électrique du frontal. La méme combinaison musculaire au maximum de con- traction peint, dans la figure 57, une émotion analogue, mais à son plus haut degré de manifestation. L'impression y est plus forte et l'ébranlement plus grand. Cet homme con- temple une chose avec la plus grande surprise; il a peine à y Croire, comme s'il tombait des nues ; il est fortement ёти; il est étonné, il est ébahi, il demeure stupide (Corneille). Pour exprimer expérimentalement des expressions aussi XI MUSCLE DE LA FRAYEUR, DE L'EFFROI (PEAUCIER, Y, fig. 1). Figures 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65. LÉGENDE. Fic, 58 et 59. — Destinées à l'étude du mécanisme de l'action partielle du peaucier, chez le vieillard (représenté dans les fig. 3, 7, 8, 9, 12, 13, 1л, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 30, 51, 39, 33, 34, 37, 38, 39, 43, ДД, 45, 46, A7, 48, 49, 51, 52, 58, 5h, 55, 56, 57). Dans la premiére, contraction électrique du peaucier gauche; dans la seconde, contraction des deux peauciers : cette contraction partielle du peaucter est inexpressive. Fic. 60. — Destinée à l'étude de la contraction combinée, expres- sive, des peauciers et des frontaux, chez le méme sujet. Contraction électrique combinée des peauciers et des frontaux : frayeur. 11 ER Re eO UTI ud E : 102 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Fig. 61 et 62. — Destinées à l'étude de la contraction électrique combinée du peaucier et du frontal, associée à l'abaisse- ment de la máchoire inférieure, chez le méme sujet. Contraction électrique des peauciers, des frontaux, avec abaissement volontaire de la mâchoire inférieure : effroi, vu de face dans la figure 61, et de profil dans la figure 62. . 63, — Destinée à montrer que l'expression de l'effroi peut étre rendue avec vérité et énergie, alors méme que les pau- piéres sont rapprochées, chez le méme sujet. Méme combinaison musculaire que dans les figures 61 et 62, et de plus abaissement de la paupière supérieure et regard en bas: expression d effroi. Fra. 64 et 65. — Destinées à l'étude de la contraction électrique combinée des peauciers et des sourciliers, associée à l'abais- sement de la máchoire inférieure, chez le méme sujet. Contraction combinée des peauciers et des sourciliers, avec abaissement volontaire de la mâchoire inférieure : effroi mélé de douleur, torture. Dans la figure 64, la contraction du peaucier est plus énergique à gauche qu'à droite; en regardant successive- ment chacune des moitiés de cette figure, on voitl'augmen- tation graduelle de la douleur et de l'effroi. UT, D OO EXPLICATION DE LA LÉGENDE. A, — Mécanisme. La contraction partielle de l'un des peauciers, photogra- phiée figure 98, établit que ce muscle tire obliquement en dehors et en bas les tissus de la partie inférieure de la face. Cependant il est démontré par les expériences représentées dans les figures 99, 60, 61, 62, 64 et 65, que ce renverse- ment de la lévre inférieure en avant n'a plus lieu lorsque les deux peauciers sont simultanément excités. Ces dernières figures montrent également l'action oblique en bas et en dehors des deux peauciers sur lous les traits de la face, et font comprendre comment ces muscles soulevent et tendent la peau de la moitié antérieure du cou, à la ma- nière d'un rideau derrière lequel disparaissent les reliefs des sterno-mastoidiens. Il ressort de l'expérience photographiée, figure 60, que les peauciers exercent une action trés faible sur la machoire inférieure. La bouche du sujet était en effet fermée lorsque j'ai fait contracter énergiquement сез muscles, et bien que je lui eusse recommandé de n'opposer aucune résistance C'est ? UT EG 104 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. à peine si la máchoire inférieure s'est abaissée de 9 à à milli- mètres ; la lèvre inférieure seule s'est écartée de la lèvre supé- rieure de 2 centimètres environ. Pour les expressions représentées par les figures 61, 62, 63, 65, l'ai dû faire ouvrir plus ou moins la bouche, et ensuite électriser les peauciers; alors la forme et le modelé des lèvres, qui avaient été produits par le simple abaissement de la mâchoire inférieure (voyez les figures 54, 55, 56, 57), changèrent complétement, et offrirent les caractères spéciaux qui sont propres à l’action combinée des peauciers et aux abaisseurs de la mâchoire inférieure. Pour bien comprendre le mécanisme des mouvements des lignes et des reliefs produits par le peaucier et l'importance de son rôle dans le jeu de la physionomie, il importe de se rappeler les dispositions anatomiques du peaucier (voy. Y, Hg. 1a Le peaucier, placé sous la peau, dont il est difficile de le séparer par le scalpel, et dans laquelle il se termine, supérieu- rement, à la partie inférieure et latérale de la joue, et infé— rieurement, au niveau de la partie supérieure du thorax, dont il suit enfin les contours à la face et au cou; ce muscle, dis-je, attire en bas et en dehors la lèvre inférieure, les tissus de la région inférieure des joues et les ailes du nez. Et puis, comme en se contractant ses fibres deviennent recti- lignes, il souléve nécessairement la peau qui le recouvre, c'est-à-dire la moitié antérieure du cou. Enfin, au maximum de contraction, un grand nombre de fibres de ce muscle ee MUSCLE DE LA FRAYEUR, DE L'EFFROI. 105 forment, à la surface de la région antérieure du cou, des cordes trés apparentes, et qui indiquent leur direction. C'est ce qui est parfaitement distinet sur la plupart des figures précédentes, et principalement sur la figure 63. B, — Expression. La contraction partielle du peaucier est inexpressive ; la figure 58, où de chaque côté ce muscle est mis isolément en action, en donne la démonstration. J'ai fait ouvrir la bouche au sujet, au moment ou ses peauciers ont été électrisés; et quel que fût alors le degré d’abaissement de sa mâchoire inférieure, je n’ai pu produire, on le voit, qu'une grimace ou une déformation analogue à celle des cicatrices de brülure situées à la région cervicale ou thoracique. Les figures 60, 61, 62, 63, 64 et 65 prouvent cependant que le peaucier devient éminemment expressif, dès qu ‘il s'est associé à certains muscles, et que sans lui, plusieurs émo- tions de l'àme qui produisent un gonflement spasmodique du cou et tirent les traits de la face, ne sauraient se peindre sur le visage de l'homme. On a vu que les figures 56 et 57 expriment avec une grande vérité la surprise, l'étonnement, l'ébahissement, par la con- traction combinée des abaisseurs de la mâchoire inférieure et des frontaux ; mais cette combinaison musculaire qui produit des mouvements, des lignes et des reliefs analogues, au pre- SERA PE OR PTE е За чт" ý ^ z e^ ^v — п + Re Klas VAE r с т Р 106 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. mier abord, à ceux qui peignent la frayeur, l'effroi, ne peut cependant produire ces dernières expressions. Il suffit, pour les faire apparaitre, d’associer le peaucier à l'un des muscles moteurs du sourcil. En voici là preuve expérimentale. La figure 60 est l'image de la frayeur; c'est, on le voit, en combinant l'action du frontal avec celle du peaucier, que cette expression s'est dessinée sur la face de mon sujet. Sa physio- nomie était au repos, son regard calme et indifférent, bien quil füt dirigé latéralement. Son muscle frontal étant mis d'abord énergiquement en contraction, son ceil est devenu attentif, tel qu’ila été photographié dans la figure 9. C'est alors que les peauciers ont été électrisés, et à l'instant, sans que sa mâchoire inférieure s'abaissàt d'une manière appréciable, mais seulement par le tiraillement oblique en bas et en dehors et tout. particulier des traits de sa face, par le soulé- vement cutané, enfin, de la moitié antérieure de son cou, les traits de la frayeur se sont dessinés sur sa physionomie avec une vérité admirable. La direction un peu oblique de son regard donne à son œil une expression d'inquiétude, de crainte, en méme temps qu'elle indique le point d’où vient le péril ou le danger dont il se croit menacé. A la vue de la figure 60, on sent que cet homme éprouve le frisson de la peur: ses muscles cutanés, le peaucier (du cou) et le frontal (peaucier du front) sont contractés spas- modiquement par la frayeur. — Il en est de méme chez les quadrupèdes; leur pannicule, qui est l'analogue des muscles с ——————=—=== ——————ÉÀ MUSCLE DE LA FRAYEUR, DE L'EFFROI. 107 cutanés précédents de l'homme, hérisse les poils sous l'in- fluence de la frayeur. Cette émotion pénible de l'àne parait produite par l'idée d'un danger, par une apparence, par un jeu de l'imagination abusée. On ne voit pas du moins, sur sa physionomie, que cet individu soit réellement en danger; on sent plutót qu'il le redoute. Mais en présence des figures 61, 62, 63, le doute n'est plus possible : cet homme est glacé par l'effroi, frappé de stupeur; sa face exprime une erainte mélée d'horreur, à la vue ou à la nouvelle d'un danger qui met sa vie en péril, ou d'un supplice inévitable. — Avant l'emploi du chloroforme, le premier temps des opérations chirurgicales faisait naître ordinairement cette expression d'effroi et d'horreur. On voit que, dans toutes ces figures qui peignent si fidèle- ment l'effroi, l'abaissement de la mâchoire inférieure est com- biné avec les autres mouvements qui, dans la figure 60, ont représenté la frayeur. Cette expression d'effroi ne vient en effet parfaitement que par l'association des peauciers et des frontaux avec les abaisseurs du maxillaire inférieur. | Les figures 56 et 57 ont déjà démontré que la contraction combinée des frontaux et des abaisseurs de la mâchoire infé- rieure rend parfaitement l'étonnement et l'ébahissement, sans pouvoir exprimer la frayeur et l'effroi; il est opportun de le rappeler ici, afin que par la comparaison de ces figures | avec les figures 60, 61, 62 et 63, on étudie mieux les caractères distinctifs de ces différentes expressions, carac- 108 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. leres trop souvent méconnus ou confondus dans les arts plastiques. L'agrandissement de l'ouverture palpébrale et le regard hagard que l'on observe sur la plupart de ces figures ajoutent certainement à l'effet de leur expression. On sait d'ailleurs que, dans l'effroi, la stupeur est telle, que le globe oculaire parait chassé hors de l'orbite. — La figure 62 prouve cepen- dant que l'écartement des paupières n'est pas nécessaire à l'expression de l'effroi. On voit, en effet, malgré l'abaisse- ment de la paupiére supérieure, la contraction combinée des peauciers, des frontaux et des abaisseurs de la mâchoire infé- rieure, dépeindre sur cette figure une expression de crainte mélée d'horreur, l'effroi, avec autant de vérité que sur les figures 61 et 62. Ce regard terrifié et cloué aw sol montre seulement d'oü vient le danger qui menace cet homme. П est prouvé par les figures 64 et 65 que la contraction combinée des peauciers, des abaisseurs de la mâchoire infé- rieure et des sourciliers, produit une expression d'effroi mélé de douleur extréme. Les figures 61, 62, 63, nous le monirent, par exemple, terrifié par l'idée, soit d'un danger de mort prochaine, soit d'une torture à laquelle il a été condamné ou qui va lui étre appliquée; mais ici, figures 64 et 65, à l'expression de cette terrible émotion de l'àme s'ajoute celle de la douleur horrible de son supplice. — Cette expression doit étre celle du damné. XU |. ÉTUDE CRITIQUE DE QUELQUES ANTIQUES AU POINT DE VUE DES MOUVEMENTS EXPRESSIFS DU SOURCIL ET DU FRONT. Figures 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73. | LEGENDE. Fr. 66 et 67. — Tôte de l'Arrotino (l'Espion, le Rémouleur, etc.) y T Wee чи ч: x ч У ^ ч СР. vue de face et de côté. Les lignes frontales transversales qui s'étendent sur toute Ја largeur du front ne peuvent coexister, ni avec l'obliquité, 2. Ax Las " тч ni avec la sinuosité du sourcil, parce qu'il y а antago- nisme entre le frontal et le sourcilier, muscles qui produi- sent, le premier, ces lignes transversales du front, et le к. Ct ac " " LLL, entem agi tti ia ы A: UT TESI vd ] RE second, ce mouvement oblique et sinueux du sourcil. Fic. 68. — Méme téte, dont la courbe du sourcil est mise en harmonie avec les lignes frontales, telle qu'on l'observe sous l'influence du muscle frontal (voy. fig. 7 et 8). 12 110 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, Fic. 69, — Même tête, dont les lignes frontales et le modelé des parties latérales du front sont mis en harmonie avec l'obli- quité et la sinuosité du sourcil, comme sous l'influence du sourcilier (voy. fig. 19, 20, 24, 25). . 70. — Téte du Laocoon de Rome. Les lignes médianes du front sont en parfait accord avec le mouvement oblique et sinueux imprimé au sourcil par la contraction du sourcilier ; mais le modelé des parties latérales du front est impossible. . 71. — Méme téte, dont la partie latérale du front est modelée comme dans la nature, et comme elle devrait l'étre dans la figure 70. Fic. 72. — Tête du Laocoon de Bruxelles (appartenant au prince d'Aremberg), copie du Laocoon de Rome, mais dont l'ex- pression modifiée peint la douleur physique et les convul- sions de l'agonie, Même modelé défectueux que dans Pori- einal, fig. 70. . 73. — Téte de la Niobé, dont le front plat et le sourcil uni n'offrent pas le modelé produit par le mouvement de la douleur. EXPLICATION DE LA LEGENDE, Je prévois qu'au premier abord les légendes des figures 66, 67, 70, 73, blesseront l'opinion générale. Les corrections que l'on voit sur les figures 68, 69, 71, et que j'ai eu la hardiesse de faire à des chefs-d'œuvre justement admirés de tout temps, seront considérées peut-être comme une profanation. Quiconque est bien pénétré des principes mis en lumière par les expériences représentées sur les figures consacrées i l'étude des muscles moteurs du sourcil, ne tardera pas à reconnaitre que mes observations critiques sont fondées, et il me sera facile, du reste, de les justifier. A.— Mécanisme. T Becherchons d'abord si les lignes, les reliefs et les mo- delés qui existent sur le front et sur les sourcils de ces anti- ques, peuvent s'expliquer par le mécanisme des muscles mo- m css iin cicli) io PM - г. - : "ETRAS D T" x demas ‚ - k 26 —— idi ~ means AP IMPONIT cort тир = teurs du sourcil. “Évidemment, d'une part, les lignes frontales de Y Arrotine 3 (fig. 66 et 67), d'autre part, la forme et la direction de son E sourcil, examinées séparément, sont bien modelées; mais Fob- | 4 servation de la nature et l'expérimentation électro- physio- | Е | | Е Е E 4 112 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. logique démontrent, de la manière la plus irrécusable, qu'elles s'excluent mutuellement, qu'elles ne peuvent exister ensenible sur le méme front. Que l'on regarde toutes les figures destinées à l'étude électro-physiologique du frontal et du sourcilier (voy. П et V), qu'on relise les considératious exposées dans les expli- cations des légendes de ces figures, surtout ce qui a trait à l'antagonisme de ces muscles, et l'on verra que mon asser- tion est fondée sur une expérimentation rigoureuse. En outre, l'observation de la nature se trouve en parfait accord avec l'expérimentation électro-ph ysiologique ; jamais, en effet, je n'ai vu les sillons régner sur toute la largeur du front, comme chez l'Arrolino (fig. 66 et 67), sans que le sourcil déerivit une courbe concentrique à ces sillons; et jamais je n'ai vu une contraction volontaire ou expressive donner au sourcil une direction oblique, comme dans ces mémes figures 66, 67, sans que les sillons cutanés fussent limités à la partie médiane du front, sans que, sur les parties latérales de ce dernier, il se format des méplats semblables à ceux qui existent sur les figures 23, 24 et 95. — On sait que ces dernières figures représentent un jeune homme con- tractant volontairement ses sourciliers. Comment done rétablir les rapports de concordance qui, normalement, devraient exister entre les lignes frontales de l'Arrotino et le mouvement de son sourcil, et vice versd ? Si les lignes qui sillonnent transversalement son front, dans toute sa largeur, sont conservées, il faut changer la e ÉTUDE CRITIQUE DE QUELQUES ANTIQUES. 113 forme et la direction de son sourcil; il faut que ce dermer décrive une .courbe concentrique à ces lignes frontales, comme cela s'observe sous l'influence de la contraction éner- gique du muscle frontal, chez un adulte (voy. I, les figures consacrées à l'étude électro -physiologique de ce muscle). Veut-on, au contraire, laisser son sourcil intact, les rides ne doivent exister que sur la partie moyenne du front, tandis que, sur les parties latérales de cette région, la peau est nécessairement tendue et forme un méplat, ainsi qu'on l'observe, lorsque le sourcilier se contracte trés énergique- ment, chez un adulte (voy. V, les figures consacrées à l'étude du sourcilier). | Ce que je propose ici, je l'ai exécuté moi-méme. Ayant obtenu de la Direction du Musée de faire mouler la téte de PArrotino, dont nous avons une belle copie en bronze dans le jardin des Tuileries, j'ai essayé d'harmoniser sur des platres les mouvements des sourcils et le modelé du front, en imi- tant les lignes, les reliefs et les méplats qui se produisent pendant la contraction énergique, soit du frontal, soit du courcilier. Les figures 68 et 69 ont été photographiées d'aprés ces platres. | Vu de profil, le front. de l'Arrotino corrigé, — que Гоп me pardonne ce mot, — présente un méplat analogue à celui de la figure 25. J'examinerai bientôt l'influence modificatrice que ces cor- rections exercent sur l'expression de la physionomie. 114 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Ces observations critiques sont, pour la plupart, appli- cables au Laocoon de Rome. Le modelé des parties latérales de son front est une fantaisie de l'artiste Agésandre ; il est impossible, car aucune contraction musculaire, partielle ou combinée, ne saurait le produire. Les sillons et les reliefs qui régnent sur ce front devraient, pour étre naturels, se con- tinuer avec ceux de la partie médiane, comme dans la figure 8, sous l'influence du muscle frontal, ei tant d'autres figures où ce muscle a été mis en action. Mais alors, de méme que dans l'4rrotino (fig. 66 et 67), elles ne pourraient coexister avec le mouvement sinueux du sourcil. On voit sur la figure 71 que j'ai essayé de faire concorder le modelé du front du Laocoon avec le mouvement de son sourcil, conformément aux règles établies par mes expé- riences électro-physiologiques. Ces corrections auraient certainement laissé moins à désirer, si elles avaient été exécutées par un artiste. Mais j'ai pensé qu'une main profane, seule, pouvait se permettre cette hardiesse. Quoi qu'il en soit, Je suis convaincu que les lignes expressives modelées sur les figures 68, 69, 71, sont telles qu'on les observe dans la nature; tandis que le front de I'4rrotino et celui du Laocoon, tels qu'ils sont dans les originaux et qu'on les voit photographiés dans les figures 66, 67 et 70, sont physiologiquement impossibles avec le modelé et la forme du sourcil. ETUDE CRITIQUE DE QUELQUES ANT IQUES. 145. в. — Expression. La discordance qui existe entre les mouvements du front et du sourcil de l Arrotino donne de l'incertitude à l'expres- sion de sà physionomie, parce que les lignes et les reliefs produits par ces mouvements appartiennent à plusieurs expressions et s excluent mutuellement. On ne peut mettre de la concordance entre le front et le sourcil de cette figure, sans en modifier profondément l'ex- pression. Ainsi fait-on décrire au sourcilier une courbe concen- trique aux rides frontales, comme dans la figure 68, la phy- sionomie de l'Arrotino exprime l'attention, la curiosité. — Son sourcil reste-t-il oblique, et rétablit-on alors les rapports naturels entre ce sourcil et le front, en modelant celui-ci de la méme manière que dans la figure 69, son ceil devient douloureux, ou paraît gèné par une trop vive lumière, qui semble avoir produit un spasme du muscle sourcilier. Laquelle de ces expressions diverses convient-il de donner à l'Arrotino ? Pour résoudre cette question, il faudrait être fixé sur l'histoire de cette antique. Or, à cet égard, regne la. plus grande obscurité. | «Les Italiens, dit M. Viardot, l'appellent P Arrotino ; mais nous lui avons donné plusieurs noms, le Rémouleur, le Ro- tateur, et aussi l'Espion, parce que sa téte tournée et son regard en l'air semblent exprimer que son altention se porte з. ee 2.7 жаа m — — ^S e - intense = » а та MD ren e recti а а зана даь BN d aa a TY à e 116 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. sur tout autre chose que son action manuelle. Les uns ont vu dans cette figure un Cincinnatus, d'autres un Manlius Capitolinus, d'autres Milicus ou Accius Navius; ceux-là pré- tendent que c'est l'esclave qui surprit la conjuration de Catilina. Mais toutes ces suppositions sont tombées devant l'évidence. Parmi les pierres gravées de la collection actuelle du roi de Prusse, il en est une, décrite par W inckelmann, qui représente le supplice de Marsyas. Devant le condamné, déjà lié à l'arbre, se trouve la figure, exactement semblable al Arrotino, du Scythe qui fut chargé d'écorcher le malheu- reux rival d'Apollon. On retrouve le méme personnage, ayant la méme attitude, dans toutes les représentatious de l'histoire de Marsyas, dans un bas-relief de la galerie Bor- ghése, et sur le revers de plusieurs médailles antiques. I] est hors de doute, comme affirme l'antiquaire Zannoni, dans ses Illustrazioni de la galerie de Florence, que le Ré- mouleur, le Rotateur, l'Espion, le Cincinnatus, l'esclave sur— prenant le secret des conjurations, tous ces personnages enfin ne sont autres que le Scythe qui écorcha Marsyas (4). » Si l'Avrotino est réellement un esclave qui surprend le secret d'une conjuration, l'expression d'attention, de curio- sité, chez cet homme qui regarde ou écoute autour de lui, tout en ayant l'air d’aiguiser un couteau sur une pierre. de- vant laquelle il se tient accroupi, cette expression d'attention qui est. photographiée d'après la correction que J'ai essayé (1) Musées d'Italie. Paris, 1852, p. 150, ETUDE CRITIQUE DE QUELQUES ANTIQUES. 117 de faire sur un plâtre de l'original dans la figure 68, peint parfaitement la situation du sujet. Mais l'artiste, comme l'affirme Zannoni, et ainsi que cela parait être plus vraisemblable à M. Viardot, a-t-il voulu représenter le Scythe chargé par Apollon d'écorcher Marsyas, l'expression de douleur produite par la contraction du sourci - lier, telle qu'elle est photographiée dans la figure 69, est peut- être plus juste. N'est-il pas possible, en effet, que le statuaire ait voulu nous montrer le Scythe saisi de douleur, de com- passion, à la vue du malheureux dont il est chargé d’exécuter le supplice d'une manière aussi cruelle et pour un motif aussi frivole. — On sait en effet que c'est pour avoir osé défier Apollon à qui chanterait le mieux, que ce rival jaloux le fait écorcher tout vif (1). Mais le cœur de cet homme, au visage commun et grossier, au front déprimé, peut-il étre accessible à de tels sentiments? Le statuaire a-t-il voulu simplement montrer cette espèce de sauvage interrompant les préparatifs du supplice pour surveiller la victime qui vient d’être liée et attachée à un arbre? Dans ce cas, le Scythe, en élevant son regard, est gèné par la lumière et contracte spasmodiquement son sourcil, comme dans les figures 22 et 25, ou la contraction des sour- ciliers est à son maximum. De toutes ces hypotheses en d i une seule qui soit par- faitement vraie ? (1) Les nymphes, dit-on, le pleurérent tant, qu'un fleuve de Phrygie fut grossi de leurs larmes et appelé du nom de се satyre. 118 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Le groupe du Laocoon est, à coup sür, un des plus beaux que nous ait légués l'antiquité. Winckelmann en fait remonter l'origine au siècle d'Alexandre; mais le savant Lessing a démontré qu'il est un produit de l'art déjà bien affaibli et dégénéré des statuaires. Le grand prétre d'Apollon (4), surpris par deux énormes serpents au moment du sacrifice, se réfugie avec ses deux en- fants sur l'autel, où il croit sa personne sacrée. Mais poursuivi par la vengeance de Minerve, il n'en est pas moins atteint et enveloppé, ainsi que ses enfants, par les replis de ces monstres, et son flanc est déjà affreusement déchiré par une profonde morsure. Son corps et ses membres, agités par des efforts convulsifs, trahissent seuls sa douleur physique. On ne voit sur sa face aucun mouvement convulsif ou spas- modique qui annonce l'horrible douleur que doit causer la morsure du monstre. La courbe décrite par les lignes naso-labiales et le renver- sement des lévres en avant (mouvements produits par le petit zygomatique et par les fibres excentriques de l'orbieulaire des lévres) indiquent que Laocoon pleure. L'obliquité, la sinuosité (1) Que l'on me permette de rappeler ici la légende du groupe de Lao- coon. La veille de la ruine de Troyes, Laocoon, fils de Priam et d'Hécube, s'opposa à ce que le cheval de bois construit par les Grecs fat introduit dans les murs, et méme il le frappa d'un javelot. Le jour méme, pendant qu'il faisait un sacrifice, il fut étouffé, avec ses deux enfants, par deux énormes serpents. Cette fin tragique passa pour une vengeance de Minerve, à qui le cheval de bois était consacré. — La mort affreuse de Laocoon a fourni à Virgile le sujet d'un des plus béaux passages de l'Enéide (liv. H, 201- 227). ETUDE CRITIQUE DE QUELQUES ANTIQUES. 119 de ses sourcils et le gonflement de la tête de ces derniers donnent à son pleurer un caractére de douleur extréme. Enfin sa bouche entr'ouverte et son regard tourné vers le ciel, montrent que, dans son désespoir, il invoque le secours des dieux. Cette expression, qui est l'idéal de l'amour paternel, ne se retrouve pas sur un buste antique du Laocoon que l'on voit à Bruxelles, chez le prince d'Aremberg. — Le modelé du front et du sourcil est absolument le méme sur le Laocoon de Bruxelles (voy. la fig. 72) quesur le Laocoon de Rome; mais le premier diffère du second par ses prunelles qui sont dirigées convulsivement en dedans (strabisme con- vergent), par l'ouverture plus grande de la bouche, et enfin par la forme des lèvres, dont l'inférieure et les commissures sont tirées obliquement en bas et en dehors. On reconnait certainement, sur la face du Laocoon de Bruxelles, les signes de la douleur; mais le mouvement convulsif de sa bouche et de ses lèvres lui donne le caractère d'une douleur physique, et la convergence de ses yeux nous le montre suecombant à une mort violente et horriblement douloureuse. Cette expression est saisissante de fidélité et impressionne vivement; aussi quelques personnes soutiennent-elles que ce buste est l'original du £aocoon. Cette question, sur laquelle les documents historiques font entièrement défaut, me paraît difficilement soutenable pour les raisons suivantes. 130 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, La téte du Laocoon de Bruxelles ne saurait convenir au groupe du Laocoon de Rome. En effet, sa physionomie repré- sente l'agonie, et l'on ne comprend pas que, dans cet état d'asphyxie et voisin de la mort, un homme puisse lutter encore avec les serpents et se maintenir assis sur le bord de l'autel, dans une attitude où l'équilibre est difficile à conserver. Le statuaire nous l'aurait, dans ce cas, montré s'affaissaut sur lui-méme ou terrassé par les serpents. A coup stir, le buste du Laocoon de Bruxelles est une copie du Laocoon de Rome, et l'artiste s’est permis de modifier l'expression de l'original. Cette image de l'agonie, cette bouche convulsivement ouverte pour faire entendre le rále d'un mourant, peuvent-elles étre comparées à la noblesse de l'expression du Laocoon de Rome, à cet idéal de l'amour paternel qui a excité l'admiration générale et particuliére- ment l'enthousiasme de Winckelmann. « Laocoon, dit-il, nous offre l'intéressant spectacle de la nature humaine livrée à la plus. grande douleur dont elle soit susceplible, sous l'image d'un homme qui rassemble contre elle toute Ја force de l'âme. Tandis que l'excès de la souffrance enfle ses muscles et tire violemment tous ses nerfs, on voit la sérénité de son esprit briller sur son front gonflé, et sa poitrine, oppressée par la respiration et génée par la contrainte cruelle, s'éléve avec effort pour ren- fermer et concentrer le tourment qui l'agite. Les soupirs qu'il n'ose exhaler, et son haleine qu'il retient, lui compri- ment l'abdomen et lui creusent les flancs, de manière à ? ETUDE CRITIQUE DE QUELQUES ANTIQUES. 121 » nous faire juger du mouvement de ses viscères. Cependant » ses propres souffrances paraissent moins l'affecter que celles » de ses enfants, qui ont les yeux fixés sur leur père, et qui » implorent son secours. La tendresse paternelle de Laocoon se » manifeste dans ses regards languissants, el la compassion » semble nager dans ses yeux comme une vapeur sombre. Sa » physionomie eaprime les plaintes et non pas les cris ; ses yeux » dirigés vers le ciel implorent l'assistance supréme (1). » Je regrette de venir troubler ce concert d'admiration gé- nérale, — admiration que Je partage, — par la critique du Laocoon, dont le front, ai-je dit, est physiologiquement impos- sible. Cette critique, — je l'ai démontré, — découle de l'expé- rimentation électro-physiologique; elle est confirmée par l'observation rigoureuse de la nature. Je me hate de dire toutefois que cette faute ne modifie en rien l'expression de douleur morale chez le Laocoon, parce que le mouvement du soureil qui seul produit la ligne fonda- mentale de cette expression est merveilleusement rendu et modelé. — J'ai assez longuement insisté, dans les considéra- tions générales et en traitant spécialement de l'étude expres- sive du muscle sourcilier, sur la valeur différentielle des lignes expressives fondamentales et des lignes expressives secondaires. — Je me borne à rappeler ici ce fait important, qui explique comment le front du Laocoon а pu être modelé (1) Hist. de l'art chez les anciens, Paris, 1802, t. П, livre vi, chap. 3, p. 293. RU “Ж а © TEC | à 141 Ei - ‘ne on LE : ЖЕ ER 14 d ү ү) ayeti MH D, на vw * ipis : Лаа ve 122 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. aussi incorrectement, sans que l'expression principale en ait élé profondément altérée. Mais cette faute fait tache, et contraste avec la perfec- tion et la justesse des autres lignes expressives et à la fois si complexes de la physionomie du Laocoon. On voit dans la figure 71, oü jai essayé de rétablir les rapports naturels des lignes médianes du front et du méplat de ses parties latérales avec l'obliquité et la sinuosité du sourcil, combien l'expression aurait gagné en beauté, et sur- tout en vérité, si le front du Zaocoon avait été modelé par le statuaire Agésandre conformément aux régles immuables établies par la nature. Jusqu'iei ma critique n'a porté que sur des chefs-d'œuvre dont l'origine ne remonte pas à la plus haute antiquité. L'4r- rotino et méme le Laocoon datent, en effet, d'une époque ou, depuis longtemps déjà, l'art grec avait été chassé de ses tem- ples par la conquéte romaine; ceux qui le cultivaient alors avaient, pour la plupart, été trainés en esclavage à Rome, ou avaient dà y chercher un asile. Mais la Niobé, la critique a-t-elle jamais osé l'effleurer ? Je veux aussi lui rendre hommage, comme à l'une des plus nobles et des plus sublimes beautés de l'art antique. Elle est des plus nobles par son origine, car sa naissance date du moment où l'art de la statuaire était à son apogée : elle est sortie des mains de Praxitéle; selon quelques auteurs méme, Phidias y aurait travaillé. ETUDE CRITIQUE DE QUELQUES. ANTIQUES. 123 Chez les Grecs, on le sait, la beauté plastique était presque seule en honneur, et le culte de la forme était poussé si loin, que les signes expressifs des émotions de l'àme lui étaient presque toujours sacrifiés. Dans la crainte de nuire à là per- fection et à la tranquillité des lignes, les artistes faisaient taire les passions, et représentaient, en général, la physionomie dans son calme le plus parfait. Aussi ne peut-on admirer, sur la plupart de leurs statues, que la beauté matérielle, celle qui parle seulement aux sens. N'en demandez pas davanfage à leurs innombrables Vénus; elles nont ni cœur, ni esprit. Telle n'est pas la Wiobé. Dans l'exécution de ce chef- d'oeuvre, Praxiléle a su marier la perfection de la forme à la beauté de l'expression. — C’est la réunion de ces conditions qui doit constituer le beau idéal. Voilà pourquoi j'ai dit que la Niobé est la plus sublime des beautés antiques. Mais, hélas! mon admiration est ici encore modérée par quelques desiderata, ou incorrections mises en lumiére par mes recherches électro-physiologiques, et confirmées par une observation plus exacte de la nature. L'artiste avait à peindre la vive affliction, le désespoir d'une mère qui voit massacrer ses enfants. — Praxitéle nous montre cette mére éplorée serrant convul- sivement contre son sein la dernière de ses filles que la ven- geance de Diane vient de frapper mortellement. En présence de ce chef-d'œuvre de l'un des plus grands maitres de l'art antique, on reste frappé d'une douloureuse admiration, tant cette scone est dramatique. Telle est du moins la première D pr ERU TUNE pee E ata ч " * ү | | [| 12h MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, impression que j'ai ressentie eu entrant dans la salle des Viobés de la galerie de Florence. Mais en regardant plus attentivement la physionomie de Niobé, j'ai bientót été étonné de la tranquillité de ses traits, tranquillité contrastant avec le mouvement extraordinaire que Praxitéle a su donner à son geste et à son attitude, qui trahissent l’agitation de son âme. Pour exprimer sur la face de cette mère la douleur qui produit cette agitation générale, l'artiste a donné à son sourcil une direction oblique de bas en haut et de dehors en dedans. — Il a ennobli cette expression douloureuse en tour- nant son regard vers le ciel. Assurément cette obliquité plus ou moins grande du sourcil s'observe dans la douleur; mais elle ne saurait suffire à expri- mer cette passion. Telle est, en effet, chez un assez grand nombre de personnes, la forme naturelle du sourcil à l'état de repos, c'est-à-dire alors méme qu'elles n'éprouvent aucune émotion de l'àme. Le mouvement douloureux du sourcil, — en d'autres ter— mes, l'action du muscle qui produit ce mouvement (du sour- cilier), — est caractérisé par un ensemble de lignes et de reliefs inséparables, à savoir : l'obliquité du sourcil, le gonflement | de sa téte et les sillons frontaux médians. Un fait d'une telle importance, — qui est démontré par expérimentation électro-physiologique (voyez les figures consacrées à l'étude du muscle sourcilier), — aurait-il échappé au génie d'observation de Praxitéle? ou bien a-t-il Г. E à ` І 14 | à | ETUDE CRITIQUE DE QUELQUES ANTIQUES. 125 | b craint de troubler l'harmonie des belles lignes de sa Niobé par Я une imitation trop servile de la nature? ) Mais Niobé eüt-elle donc été moins belle, si l'émotion terrible | de son Ame avait, commele fait la natare, gonflé la téte de son | sourcil oblique, si quelques plis douloureux avaient sillonné ү 1а partie médiane de son front? Rien n'est au contraire plus i émouvant et plus sympathique que la douleur qui s'écrit ainsi 1 sur un front jeune et habituellement uni pendant le repos de | l'àme. П. Ш. IV. ү, VI. TABLE DES MATIERES. AVERTISSEMENT. . dicii nt d E PRE et eer Préparations anatomiques et portraits de sujets soumis à des expériences wc sur les muscles de la - bosses Qu ipe. 2, 2 bis, 3, 4, 5, 6... перац Д. ExPLICATION DE LA LÉGENDE. e e s + «+ + + + + + RU TE Muscle de l'attention (frontal). . + . + <- + + + + + + +. LÉGENDE des figures 7, 8, 9, 10, (95,24 asia quisi jab, EXPLICATION DE LA LÉGENDE. . + + « + + + uiui aab ado QW a oa on oe Soe he - B. Expression. . C ы кк з-й ж» Эжэ wm oo c DUBEMIBOSE. ie Muscle de Іа réflexion (orbiculaire palpébral supérieur ; - portion du muscle dit sphineter des — Q^ ando at i L£cENDE des figures 12,13, 14, ii. ge pA Aes EXPLICATION: DE LA LÉGENDE. , +. «+++ A. Mécanisme . . 4 oo ++ t n pay Al 3G. rps В. Hapreselee eere nee nee mme mtn n EN a Muscle de l'agression (pyramidal du ull... cu i LÉGENDE des figures 16, 17, [aob, quisjasepsjqmps лір d EXPLICATION DE LA LÉGENDE, . . «entr + + * A. Mécanisme . « . + + « . · SN CS ,80 sow yl. cab apod Be Rapréssiélk, е ос vers terene ее ATG PRES FASE IS Muscle de la douleur (sourcilier). "hee RC RTE Ses LacENDE des figures 19, 20, 24, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29. EXPLICATION DE LA LÉGENDE. . + + «+ + * t 7 pitis тьми DE ^o Mauri а ET et Ыы pu. "(BS EKxpresiemit tte es cif AAG 2. Museles de la joie et de la bienveillanee (grand zygoma- tique et orbiculaire palpébral ини» iine du muscle dit ‘sphincter des paupières). « + + «^ * Pita NT AS LÉGENDE des figures 30, 31, 39, 33, 34, 35, 36. . . . . .. ExPLICATION DE ТА LÉGENDE. |. ses es + +++ ss A. Mécunicue, баар EI DIRE he 0. e + + + + E DENEN ee ee 28 б ^. i lta i am dej д «ен == еы Мады, у ee ee TABLE DES MATIERES. . Muscle де la lasciveté (transverse du nez). . . LÉGENDE des figures 37, 38, 39, 40, 41, 42... EXPLICATION DE LA LÉGENDE. . A. Mécanisme... D. Expression. Muscle de la tristesse (triangulaire des lévres). LÉGENDE des figures 43, 44, 45. . . . EXPLICATION DE LA LÉGENDE.. А. Mécanisme. ... .:,.-.:,-, B, Варвон... 2.6, P oui f. e, Muscles du pleurer et du pleurnicher (petit zygomatique, élévateur propre de la lévre supérieure, et élévateur commun de la lévre supérieure et de l'aile du nez). LÉGENDE des figures 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53... . EXPLICATION DE LA LÉGENDE A, Mécanisme. . , . , В. Expression. . . . Muscles complémentaires de la surprise (abaisseurs du maxillaire inférieur) LÉGENDE des figures 54, 55, 56, 57... . EXPLICATION DE LA LÉGENDE A. Mécanisme.. е ШАРЕН Da. 2 pu €. Muscle complémentaire de la frayeur et de Veffroi (peaucier] LÉGENDE des figures 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65... . . . EXPLICATION DE LA LÉGENDE A. Mécanisme. . . . By Expression: -se . Étude critique de quelques antiques, au point de vue des mouvements expressifs du sourcil et du front (l’Arrotino, le Laocoon, la Niobé). . LÉGENDE des figures 66, 67, 68, 69, 70, 74, 72, 73... . . EXPLICATION DE LA LÉGENDE. ......... A. Mécanisme... . D. Expression... . . . FIN DE LA TABLE DES MATIERES, PARTIE ESTHETIQUE AVERTISSEMENT La tàche que je m'étais imposée pouvait étre considérée comme terminée avec la partie scien- tifique de cet album. On a vu, en effet, dans les figures dont elle se compose, la démonstration expérimentale et la plus compléte des faits prin- cipaux qui forment la base de la grammaire et de Torthographe de la physionomie humaine. Ces figures ont été photographićes d'après six sujets d'àge et de sexe différents. Chez plusieurs d'entre eux, la physionomie était belle. Néanmoins l'impression peu agréable que certaines de ces figures ont pu occasionner, en général, a dù agir défavorablement sur quelques esprits. 13 130 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Le vieillard d'après lequel ont été photogra- phiées la plupart de mes expériences électro-phy- siologiques avait, en effet, des traits laids et vul- gaires. Un pareil choix devait paraître étrange à des hommes de goüt. Des artistes. et des ama- teurs éminents, croyant que cette partie de mon album avait été composée au point de vue esthé- tique, m'ont dit, en la parcourant : Pourquoi done cette vilaine figure, dans une question d'art? J'aurais certes désiré ne montrer que des figures jeunes et belles; mais il me fallait avant tout exposer scientifiquement la raison des lignes expressives de la face, et un Adonis aurait bien moms eonvenu que mon vieux et laid modéle à cette étude électro-physiologique. Que l'on veuille bien se rappeler les motifs qui ont déterminé mon choix. « A cette figure triviale, ai-je écrit, je n'ai pas préféré des traits nobles et beaux. Ce n'est pas que l'on doive montrer la nature dans ses imper- fections, pour la représenter exactement: jai voulu seulement démontrer qu’en l'absence de beauté plastique, malgré les défauts de la forme, toute figure humaine peut devenir moralement PARTIE ESTHÉTIQUE. — AVERTISSEMENT. 131 belle par la peinture fidèle des émotions de lame. » (Texte de l'album, page 6.) J'avais encore, on le sait, d'autres raisons pour donner la préférence à ce sujet; les voici en quel- ques mots. Sa face était insensible, ce qui me permettait d'étudier l'action individuelle des mus- cles avec autant de süreté que sur le cadavre ; — sa vieillesse avait développé toutes les lignes pro- duites par les muscles expressifs, lignes que j'ai divisées en lignes fondamentales, qui constituent lexpression, et en lignes secondaires, qui indi- quent làge du sujet et les différents degrés du mouvement expressif ; — quoiqu'il fût peu intelli- gent, sa physionomie subissait de nombreuses transformations : sous l'influence de mes rhéo- phores, on la voyait ennoblie par les signes de la pensée (l'attention, la réflexion), ou animée par des passions diverses. | Je pouvais opter, il est vrai, entre cet homme et la face du cadavre que j'avais souvent l'occa- sion, dans nos hópitaux, d'animer devant de nom- breux témoins, en localisant l'excitation électrique - dans chacun de ses muscles, et sur laquelle je pei- enais les passions avec autant de vérité que sur le — Ma t ii а ne a. IFR — e aa. RR 132 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. vivant. Mais rien n'est hideux et repoussant comme un tel spectacle! Malgré ma longue habi- tude de me trouver en présence de la mort, je dé- clare que j'en ai toujours été vivement impres- sionné, et il m'aurait répugné de livrer de telles expériences à la publicité. Mon vieux modéle convenait done à la dé- monstration des faits physiologiques quej'avais eu à établir. Toutefois je sens que ce type vulgaire ne ré- pond pas à toutes les exigences de l'esthétique. Bien qu'à l'aide de mes rhéophores j'aie pu tracer les lignes des sentiments les plus élevés et des pensées les plus profondes sur cette face com- mune et triviale, sur ce front peu intelligent, je ne veux cependant pas qu'un pareil type serve à traduire les grandes et nobles actions. Ainsi, tout en admirant la science du clair-obseur du Cara- vage, Je ne puis aimer ce maitre célèbre allant toujours chercher ses modéles dans les tripots et les cabarets, alors méme qu'il veut représenter les scènes les plus élevées de la religion. Et puis n'avais-je pas écrit précédemment (page 8) : « J'aurai à reproduire quelques expres- PARTIE ESTHÉTIQUE. — AVERTISSEMENT. 133 sions sur d'autres individus; je saisirai alors cette occasion pour réunir, autant que possible, l'en- semble des conditions qui constituent le beau, au point de vue plastique. » Je viens donc aujourd'hui remplir cet engage- ment et répondre aux desiderata de Vart. M'efforçant de satisfaire ceux qui possèdent le sentiment du beau, et désirant plaire en instrui- sant, jai fait quelques nouvelles études électro- physiologiques dans lesquelles on. trouvera rem- plies autant que possible, j'espere, les principales conditions exigées par l'esthétique : beauté de la forme , associée à la vérité de l'expression phy- sionomique, de l'attitude et du geste. Les études esthétiques pourraient étre multi- pliées et diversifiées indéfiniment; mais l'extension considérable que j'ai dà donner à la partie scien- tifique de l'album me force à limiter le nombre des figures consacrées à ва partie esthétique. Du reste, en publiant ces études esthétiques, j'ai voulu seulement montrer un spécimen de ce que l'on pourrait obtenir, au point de vue de l'art et du beau, à l'aide de mes expériences électro-physiolo- eiques sur L expression de la physionomie humaine. D Vli hadi lin cata ni рсн ы 134 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Les figures de la partie esthétique ont été pho- tographiées par moi-méme (1). Leur exécution est bien autrement difficile que celle de la partie scientifique, oü j'ai sacrifié tout à la démonstra- tion des lignes expressives et à la vérité de l'expres- Sion; pourvu que les lignes expressives de ces , ca, i derniéres figures fussent parfaitement au point et mises en relief, le reste était secondaire. П n'en peut être de méme des figures esthéti- ques, dans lesquelles le geste et l'attitude concou- rant puissamment à l'expression, le tronc et les membres doivent étre photographiés avee autant (1) Ces figures, ai-je dit, ne peuvent être bien photographiées que par l'espérimentateur ; j'en ai exposé la raison dans la partie scien- tifique (page 20). Voiei comment on peut à la fois faire une expé- rience électro-physiologique et la photographier. Aprés avoir fait prendre au sujet l'attitude en harmonie avec la scéne à représenter, et aprés avoir fixé sa téte (à l'aide d'un appui-téte), l'expérimen- tateur l'éclaire de manière à mettre en relief les lignes expressives qu'il veut peindre par l'excitation électrique ; ensuite il procède à la mise au point. Pendant ce temps de l'opération, — qui exige un grand sentiment artistique, — la plaque est collodionnée et sensi- bilisée par un aide. Avant de placer cette plaque dans l'appareil, l'expérimentateur se fait mettre au point par son aide, dans la po- sition qu'il doit occuper, sans déranger le sujet qu'il a déjà mis lui- méme au point. Pour cela, il avance plus ou moins la main qui tient les rhéophores, et puis sa téte et son corps, s'il ne peut éviter de se trouver dans le champ de la plaque. Enfin, par un signe convenu, il indique à l'aide le moment où il doit ouvrir et fermer l'objectif; ensuite l'expérimentateur procéde lui-méme au développement. PARTIE ESTHÉTIQUE. — AVERTISSEMENT. 135 de soin que la face, afin de former un ensemble harmonieux. Malheureusement la tête mal photographiée de r expérimentateur vient quelquefois nuire aux scenes que ces figures représentent. A ce sujet, un mot d'explication. П m'est quelquefois arrivé dene pouvoir me tenir assez éloigné de mon sujet pour ne pas être pris dans le champ de la plaque, de telle facon qu'il m'était impossible de me placer au point de Г appareil photographique. Dans une seule figure (fig. 75), je me suis trouvé parfaite- ment au point. | Quoi qu'il en soit, malgré les difficultés d'exéeu- tion que m'ont présentées ces photographies esthé- tiques, on les trouvera, je n'en doute pas, infini- ment supérieures à celles qui composent la partie scientifique, et qui datent pour la plupart de 1856. C'est que depuis cette époque les instruments ont été perfectionnés, et que l'art de la photographie a fait de grands progres. ” a SV адь. аайы. aa i AL M үнө ч ve a T NN i oil pitt acl La fe nc À LU "fms, mem " Vc ам ETUDES D'ESTHÉTIQUE ELECTRO-PHYSTOLOGIOUE SUR LE MÉCANISME PHYSIONOMIE HUMAINE PREMIERE SERIE Figures 74, 75, 76, 77, 78. partie esthétique seront encore, à la premiére vue, Les figures de la pas la clef de mes expériences. des grimaces, pour ceux qui ne posséderont Aussi je crois devoir répéter que la contraction électrique partielle des mus- cles qui produisent des expressions différentes, de chaque cóté d'une face, ne peut montrer en effet qu'une grimace, si l'on regarde simultanément les deux côtés de cette face. On aura donc soin, co ele partie de chacune de ces figures, pen- mme je l'indiquerai dans les légendes, de cacher telle ou t dant que l'on en regardera lec physionomie se dessiner comp óté opposé ; alors on verra l'expression de la létement et devenir souvent d'une grande beauté. eR pw» 1^ —— eee pen Wr ны Г: „, т ете т ам НҮҮ, prm inicial... c A minuit Si he mc LÉGENDE. Fie. 74. — Portrait, au repos, de la jeune fille d'aprés laquelle ont été photographiées les expressions diverses représentées dans les figures 75, 76, 77:78. Ета. 75. — Vue dans son ensemble : Religieuse prononcant ses vœux, avec douleur résignée à gauche, et seulement avec tristesse a droite (1). Priére douloureuse, mais avec résignation, en cachant l'eil, le sourcil et le front du côté droit; — prière un peu triste, en cachant les mêmes parties du côté gauche. La tête vue isolément: — souvenir douloureux, en ca- chant l'oeil, le sourcil et le front, du côté droit; — souvenir un peu triste, en cachant les mêmes parties du côté opposé. Electrisation. du muscle de la douleur (du sourcilier, voy. o, fig. 1), à gauche: regard tourné en haut et léger abaisssement des commissures labiales. Fra. 76. -— Vue dans son ensemble : Méme prise de voile, avec douleur profonde à gauche, et avec bonheur divin, exta- lique, à droite. (1) Il est convenu que, dans toutes ces légendes, je veux indiquer le cóté des figures, et non celui du lecteur. PARTIE ESTHÉTIQUE. — PREMIÈRE SÉRIE. 139 Prière dans l'extréme douleur, en cachant l'œil, le sourcil et le front, du cóté droit; — priére extatique, avec saints transports d'une pureté virginale, en cachant l'oeil, le sourcil et le front, du côté gauche. La téte vue isolément: — douleur extréme, sans carac- tére religieux, en cachant comme précédemment le cóté droit; — admiration jusqu'à l’extase, en cachant de la méme maniére le cóté opposé. Électrisation du muscle de la douleur (le sourcilier), à gauche; — regard tourné en haut et bouche entr'ouverte. Fig. 77. — Amour terrestre à droite, et amour céleste à gauche 5 Extase de l'amour humain, en cachant la moitié gauche de la face; — doux ravissement de l'amour divin (extase de sainte Thérèse), en cachant la moitié opposée. Électrisation modérée du muscle de la lasciveté (trans- verse du nez, voy. Q, fig. 1), du côté droit; mouvement du globe oculaire oblique en haut et un peu latéralement. 1 | Fig. 78. — Scène de coquetterie, avec expressions différentes, à droite et à gauche. Air offensé, en cachant la partie de la face située au- dessous du nez; — regard dédaigneux, en cachant le côté gauche de la moitié inférieure de la face ; — sourire moqueur, en cachant le cóté droit de Ja moitié inférieure de la face. eae us NETTE dcos cai a o Cf sa A ns St = hit, ттер жы, л П а еЗ pamm TS. yu "t mee MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, А droite, électrisation du triangulaire des lèvres (voy. X, fig. 1); à gauche, électrisation du grand zygomatique 1 (voy. L fig. 1); — paupiéres légérement rapprochées et regard dirigé un peu latéralement; — attitude maniérée et poitrine trop nue. EXPLICATION DE LA LÉGENDE. 1. ү La personne qui est représentée dans la figure 74, et que j'ai choisie pour modèle dans cette étude électro-physiolo- gique et esthétique de la physionomie, n'est ni jolie, ni laide, mais ses traits sont réguliers; sa physionomie n'est pas trés expressive, cependant on verra dans les figures suivantes qu'elle s'est complétement transformée sous l'influence des expressions diverses que je lui ai données, et qu’elle à méme gagné en beauté. C’est une jeune fille presque aveugle (depuis plusieurs années, elle est affectée d'une atrophie double de la papille du nerf optique). Comme j'essaye d'améliorer son état par l'électrisation, et qu'elle s'est habituée à la sensation dés- agréable produite par ce traitement, elle s’est prétée mer- veilleusement à mes expériences électro-physiologiques. Elle est grande , assez bien faite, elle convient à l'étude plastique du corps; mais elle ne peut voir ni les gestes ni les attitudes que je lui indique, et je suis forcé de la poser et de la draper, de méme que si j'agissais sur un mannequin. Afin que l'on juge mieux la valeur des études expres- | sives et esthétiques que Гоп verra photographiées d'après 142 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. сейе jeune fille dans les figures suivantes, je donnerai l'ex- plication des scénes diverses que j'ai composées pour cha- cune d'elles. Il est bien entendu que les mémes expressions conviendraient à d'autres scénes ou situations que pourrait inspirer la vue de ces figures. Dans la plupart de ces études, on remarquera sur la méme figure deux expressions différentes destinées, chacune à l'une de ses moitiés. En agissant ainsi, j'ai voulu rendre plus évi- dente l'influence modificatrice générale d'un seul muscle expressif sur tous les autres traits de la face. — Souvent aussi J ai composé une expression volontaire sur l'un des cótés de la face, comparativement à une expression artificielle pro- duite, du cóté opposé, par l’excitation électrique. Aux personnes qui voudraient les répéter ou les pour- suivre, je vais dire comment je procède dans ces études d'esthétique électro-physiologique. — Je donne à mon sujet la pose et le geste en harmonie avec les expressions physio- nomiques que j'ai à produire; je l'engage ensuite à exécuter volontairement les mouvements faciaux qui sont propres à ces expressions. — Ayant étudié et connaissant les combi- naisons musculaires ou les mouvements qui conviennent à chaque expression, je me garde bien, dans ces. circonstances, de faire intervenir les sentiments de mon modèle; je fais uniquement appel à mon jugement et à mon sentiment artis- tique. Ainsi, je donne telle ou telle attitude à sa tête; je lui fais tourner le regard dans telle ou telle direction, fermer ou écarter les paupiéres, ouvrir plus ou nioins la bouche, PARTIE ESTHÉTIQUE. — PREMIERE SÉRIE. 143 rire ou sourire, ete. J'obtiens ainsi l'expression telle que је la veux, comme je la sens. -— Toutes les expressions ne peu- vent étre, on doit le comprendre, produites de cette manière, puisqu'il est des muscles qui n'obéissent pas partiellement àla volonté, et qui se contractent seulement par l’excitation réflexe des passions, ou sous l'influence de l'électrisation localisée. == C'est au moment où l'expression. produite par les. mouvements volontaires est bien venue ef se dessine avec ses traits caractéristiques sur foute la face, que je pro- voque, d'un cóté ou des deux côtés x la fois, la contraction électrique d'un ou de plusieurs muscles dont l'action expres- sive spéciale, vient ишене, ou changer н l'ex- pression volontaire. | Tout le monde prévoit quelles difficultés doivent ren- contrer de telles expériences, dont l'exécution parfaite exige- rait, outre une grande précision, un sentiment artistique assez développe, sentiment que la direction de mes travaux habi- tuels ne m'a pas permis, je l'avoue, de développer assez pour une tâche aussi importante. — Armé de mes rhéophores, il ne me suffit pas d’exciter exactement les muscles dont l'action individuelle produit les lignes, les reliefs et le modelé caractéristiques de la passion ou de l'état intellectuel que j'ai à rendre; je dois, de plus, en faire sentir les différents degrés et en accentuer les nuances infiniment variées, sans tomber dans l'exagération ou la grimace. On ne doit pas exiger que les expressions produites alors artificiellement soient toutes complétement irréprochables. os abl eC e cc cam oie pre CNET Ti ds Д 14^ MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. ^ Elles ne peuvent l'étre; car, en procédant de la sorte, je ue saurais avoir la prétention de les traduire toujours aussi exactement que les émotions de l'âme. Lorsque j'expérimente, je ne fais découvrir l'objectit qu'au moment ou le muscle électrisé est arrivé juste au degré de contraction nécessaire à la vérité parfaite de l'expression que je veux peindre. Mais cette contraction ne se maintient pas toujours assez longtemps à ce degré, pendant tout le temps de la pose, parce que le courant galvanique qui anime l'appareil d'induction n'est pas, de sa nature, parfaitement constant. — De plus, lorsque la pose est un peu trop longue, l'irritabilité du muscle excité s'affaiblit par le fait du passage continu du courant. — Enfin, comme je l'ai dit ci-dessus, la photographie de ces études d'esthétique électro-physiolo- gique présente d'assez grandes difficultés. II. Dans la figure 75, le mouvement expressif de la physio- nomie est semblable à celui que l'on a vu photographié chez le vieillard de la figure 40 (partie scientifique). Dans les deux cas, j'avais fait porter le regard directement en haut (mouvement produit par l'action synergique des muscles droits supérieurs de l'œil et frontaux). De chaque côté, la courbe du sourcil avait augmenté en s'élevant, et le front s'était creusé, chez le vieillard, de sillons transversaux et paralléles à la courbe des sourcils, comme on l'observe à un age avancé (voyez le côté gauche de la figure 40), tandis qu'il E pi е © ? PARTIE ESTHETIQUE, — PREMIERE SERIE. 145 était resté uni chez la jeune fille (voyez le côté droit de la figure 75). Au méme instant, j'ai électrisé le muscle sourcilier gauche; les lignes et le modelé dus à l’action de ce muscle se sont dessinés, de ce côté, avec les caractères qui distinguent la différence d'âge des deux sujets (voyez, pour la description des lignes expressives du muscle de la douleur, le chapitre V, partie scientifique). Si l'on regarde la figure de la jeune fille isolément, c'est- i-dire en recouvrant tout ce qui se trouve au-dessous du cou, on constate que son expression est à peu prés la méme que celle du vieillard (fig. 40). Chez les deux on reconnait, d'un cóté (à droite, fig. 75, et à gauche, fig. 40), l'expres- sion du souvenir qui, du cóté opposé (à gauche, fig. 7h; à droite, fig. 40), devient douloureux. Il faut noter toutefois e l'abaissement un peu léger des commissures labiales qu e et l'inclinaison latérale de sa tête ajoutent de la jeune fill un peu dabattement et de découragement à sa douleur. Le vieillard montre plus de termeté dans l'expression de sa douleur. Mais voyez la figure 76, dans son ge complétement. Ce regard tourné vers leciel, souvenir, ne vous dit-il pas que l'àne de la jeune fille s'élève à Dieu avec une foi ardente? De plus, son voile blanc et sa robe de bure ne signifient-ils pas qu'elle qu'elle va renoncer au monde? Si ensemble: la scène grandit et chan au lieu d'annoncer le accomplit un grand acte; vous cachez l'oeil et le front du cóté gauche, vous sentez, à 1 pere i aim i ac ai t usi CES РА sai acti cll 146 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. la tristesse répandue sur ses traits ( par le faible abaisse- ment de ses commissures labiales), qu'elle ne laisse pas sans quelques regrets ses affections les plus chères. — Mais si, au contraire, vous couvrez l'oeil et le front du cóté opposé, vous voyez que son sacrifice est douloureux ; vous seniez que le cœur de la religieuse, qui peut-être se sépare d'une mère, d'une famille qu'elle doit aimer, n’est pas encore desséché par l'exaltation des sentiments religieux. Ш. La figure 76, vue dans son entier, représente Іа méme ѕсёпе que la précédente: la prise du voile; mais l'émotion de la jeune fille y est si grande, que sa physionomie en est devenue plus touchante et plus belle. Elle se tient assise, les mains jointes, le tronc penché en avant, le dos un peu voüté, la téte renversée en arriére et tournée vers le ciel: cet ensemble trés mouvementé montre déjà qu'elle prie ardemment. Cache-t-on alors, à droite, son ceil et son front, on voit que sa figure est illuminée par un saint transport, et que son âme absorbée s'unit à Dieu en f | ii D , 1 | l'adorant : c’est l'extase religieuse. Mais dés que l’on découvre le côté gauche, après avoir mas- qué l'œil et le front du côté droit, tous les traits de cette fille, qui tantót respiraient un bonheur divin, semblent s'étre con- tractés douloureusement; sa bouche entr'ouverte ne laisse plus échapper que des gémissements; son regard, tantót exta- PARTIE ESTHETIQUE. — PREMIERE SERIE. 147 tique, peint maintenant la plus vive douleur.— Serait-elle vic- time d’une violence? Aurait-elle été arrachée à celui qu'elle aime? Accablée de désespoir, implore-t-elle l'aide de Dieu?... Telles sont les pensées qui viennent à l'esprit, en regardant cette figure dans son ensemble. La téte de cette méme figure 76, vue isolément (recouvrir les parties situées au-dessous du cou), inspire des sentiments analogues. La sainte extase exprimée par le cóté droit de la moitié droite de la face est pure, virginale et d'une grande beauté ; c'est celle d'une madone. — La moitié opposée pour- rait représenter une Mater dolorosa. J'avais prouvé surabondamment et expérimentalement, dans un assez grand nombre de figures, que chacun des mouvements du sourcil, surtout ceux du muscle sourcilier (voyez les figures 19, 20, Mig, Dig! 28. et 29), modifient | profondément l'expression de tous les traits de la face; la figure 76 est une démonstration nouvelle et encore plus écla- tante de cette importante proposition. Il suffit en effet de changer la direction et le modelé du sourcil, ainsi qu'on le voit sur le sourcil gauche de la figure 76, c'est-à-dire de le | rendre sinueux et oblique de dedans en dehors et de haut en bas, et d'en gonfler la tête, pour répandre la douleur sur tous les traits, qui, par leur ensemble, peignaient auparavant le фаба х Nt B BK NA RA man t à Fin tune in ‚ а mr à С ESO А. comble du bonheur Je plus pur, le plus saint, une extase divine. Comparant entre elles les figures 75 et 76, il est intéres- | sant d'examiner comment je suis parvenu à leur faire rendre deux nuances ou degrés de la méme passion, de la douleur. aai aai dio mem Li di M a a Ciao ie 6 " MAN ^ MÀ MÀ | | | учат: ir as me анаа Санд: ну err а. Ари АЙЫН © лө E E RÀ E ae — n: > —— 148 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. La premiére exprime une douleur résignée; la seconde, au contraire, montre la plus vive affliction. Chez toutes deux, cependant, le sourcil décrit la méme sinuosité, et la téte est également gonflée, les lignes frontales médianes sont sem- blables (1), et enfin le regard est tourné vers le ciel. C'est la forme de la bouche et des lévres qui établit une diffé- rence entre les expressions de ces deux figures. — Dans la figure 75, en effet, la bouche, la ligne naso-labiale et les commissures labiales sont au repos; ce qui donne a son expression de douleur de la tranquillité, de la résignation et un air de souffrance analogue a celui des figures 20 et 21. L'abaissement léger des commissures labiales, qui est naturel à mon modéle (voyez son portrait, fig. 74), ajoute seulement un peu de tristesse à cette expression. — La bouche entr'ou- verte, combinée avec la contraction du sourcilier, dans la figure 76, donne un caractère de douleur aiguë à l'expression de la religieuse qui y est représentée. A la voir ainsi dans cette attitude, il me semble l'entendre se lamenter. La figure 76 prouve que rien ne saurait remplacer, pour l'expression de la douleur, la forme que prend le sourcil sous l'influence du muscle sourcilier. On a cependant. essayé quel- quefois de peindre cette expression, en conservant et méme en augmentant la courbe du sourcil. (1) Les lignes médianes de la figure 76 sont moins visibles que dans la figure 75, parce que l'attitude renversée de la téte en arriére les rend moins apparentes. PARTIE ESTHÉTIQUE. — PREMIERE SERIE. 149 Je citerai, comme exemple, la Clécpâtre du Guide, au musée de Florence. Cette reine déchue est représentée au moment ou, de désespoir, elle se donne la mort par la pi- qüre d'un aspic. A la vue de ce beau tableau, que tout le monde connait, on sent que Cléopâtre doit souffrir d'une vive douleur morale et physique; mais loin d'en trouver les signes sur sa face, оп у lit plutót un bonheur extatique, analogue à celui qui esl exprimé sur la moitié droite de la figure 76. ( Pour mieux reconnaitre la justesse de cette remarque, on fera bien de regarder isolément la téte de la Cléopatre. ) J'ai observé au musée du Capitole (à Rome) une esquisse du même tableau, où les sourcils, dessinés obliquement, don- nent à la Cléopátre une belle expression de douleur. Pour- quoi donc le Guide, à qui l’on attribue cette esquisse, n'a-t-il pas reproduit cette méme expression chez la Cléopatre de Florence? L'aurait-il perdue sans pouvoir la retrouver, en finis- sant son tableau, comme cela lui est arrivé dans son Ессе Homo que j'ai admiré dans la galerie Colona, à Rome? En examinant séparément chacune des moitiés de cette belle figure, on remarque, en effet, une expression de profonde douleur à droite, et un regard extatique du cóté opposé. Encore une remarque critique qui m'est suggérée par la figure 76. Гаі dit que l'expression douloureuse est incom- pléte dans la Niobe, et que la téte de son sourcil devrait {re gonflée. Telle est, à tous les âges, l’action du muscle dit à A ie RNS QE © Rah weve dis mur мата a a „абаасы á Bonn ide - — - — 4 3 е le ae cda - - Е —— 44 - LA ——— dm баай! a Ашы: a a oa a ас CU aa OO GER \ а er б : ^ тб A ve E come 150 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. de la douleur, du sourcilier (voyez toutes les figures consa- crées à l'étude de ce muscle), et ce fait est des plus évidents dans le sourcil gauche des figures 75 et 76. « Niobé, ai-je écrit précédemment (page 195, partie scientifique), eût-elle donc été moins belle, si l'émotion terrible de son âme avait, comme le fait la nature, gonflé la tête de son sourcil oblique, si quelques plis douloureux avaient sillonné la partie médiane de son front?» La réponse à cette question est écrite dans les figures 75 et 76, où l’on voit que ce relief du sourcilier et ces lignes frontales, dessinés par la contraction du muscle de la douleur sur un front bien plus jeune que celui de la Niobé, ne nuisent en rien à la beauté de la physionomie, tout en rendant celle-ci plus vraie, plus naturelle et plus sym - pathique (4). IV. Plusieurs figures de la partie scientifique de l'album ont été déjà consacrées à l'étude du muscle de la lasciveté, le- (1) Que l'on me permette de renouveler ici une déclaration de principes, en réponse à des objections qui m'ont été adressées à l’occasion d'un essai critique de quelques antiques, que j'ai exposé dans la partie scientifique de l'album, essai critique qui n'est qu'une déduction pratique de mes recherches électro-physiologiques. Les journaux scientifiques ont porté sur mon travail un jugement très favorable ; ils y voient une nouvelle conquête de la physiologie et son heu- reuse intervention dans le domaine de la psychologie et des arts plastiques. Cependant un des organes les plus éminents et les plus autorisés de la presse médicale, M. A. Latour, a, dans un article des plus bienveillants d’ailleurs et fort bien écrit, fait quelques réserves sur l'utilité pratique de mes recherches, pour ce qui a trait à l'esthétique. « On reprochera, dit-il, à M. Duchenne de dépouiller l'art de tout idéal, pour le réduire à un réalisme anatomique tout PARTIE ESTHETIQUE. — PREMIERE SERIE. 154 quel entre en action sous l'influence de l'excitation aux plaisirs de l'amour. Ce sont des figures d'hommes (voyez les fig. 39, h2, partie scientifique) dont l'expression est grossiére et méme cynique, ainsi qu'on l'observe sur la figure des satyres et des faunes. Ce muscle transverse du nez donne une expression las- cive à la physionomie de la femme. Ainsi j'ai métamor- phosé le sourire le plus pur, le plus angélique, et l'extase la plus sainte, que lon admire dans la figure 76, en expres- sions d'une lubricité provocante, par l'association de la con- traction forte de ce muscle aux autres traits; j'ai ainsi trans- formé des figures de vierges en figures de bacchantes. Mais lorsque sa contraction est modérée, ce musele peint, dans certaines circonstances, Sur la physionomie de la femme, une expression charmante de plaisir. L'expérience photo- graphiée dans la figure 77 en est un bel exemple. En effet, avec son cil un peu voilé et obliquement tourné en haut et à fait dans les tendances d'une certaine école moderne. Et de fait, les essais qu'il a tentés sur trois célèbres antiques, l’Arrotino, le Laocoon, et la Niobe, dont ila, ditil, corrigé les fautes d'orthographe, paraitront une application un peu brutale peut-être aux amoureux de Vidéal..... » Voici, en résumé, la réponse que jai faite à ces objections de mon ami M. A. Latour (voyez l'Union médicale des 26 aoüt, 2 septembre et 2 octobre 1862): « Si tel devait étre le résultat de mes recherches, les hommes de goût, qui suivent les traditions de l'art, auraient droit et raison de me chasser du temple. Mais, que l'on se rassure: loin de conduire à ce réalisme moderne qui ne sait nous montrer Ja nature qu'avec ses imperfections, avec ses dé- fauts et méme avec ses difformités, qui ne parait aimer que le laid, le com- mun ou le trivial, bien au contraire, les principes qui découlent de mes ali tmr i a oi m 152 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. latéralement, avec son sourire et sa bouche entr'ouverte, avec sa téte et son corps légèrement renversés en arrière, avec ses mains croisées sur sa poitrine, et sa petite croix attachée à son cou; grace à tout cet ensemble, j'avais pu photogra- recherches expérimentales permettent à l’art d'atteindre l'idéal de l'expres- sion faciale, en enseignant à peindre correctement et avec une parfaite vé- rité, comme la nature elle-méme, le langage des passions et méme certains actes de l'intelligence. » De méme l'art antique a su nous faire connaitre la beauté plastique, la beauté matérielle, en copiant exactement la nature. Mais , contrairement au réalisme moderne, il l'a imitée dans ce qu'elle a créé de plus beau, de plus noble et de plus parfait. » J'ai ensuite prouvé, par l'histoire, que, dans l'antiquité, les statuaires grecs excitaient l'admiration générale, principalement parce qu'ils étaient, selon l'expression de Galien, les fidéles imitateurs de la nature. » Il est ressorti, en résumé, de l'étude physiologique approfondie des chefs- d'oeuvre qu'ils nous ont légués, que si les statuaires grecs ont pu s'élever, pour la symétrie et la forme du corps, jusqu'au beau idéal, c'est principa- lement par l'imitation de la belle nature; qu'ils ont, en d'autres termes, fait du naturalisme idéal, — deux mots dont la réunion peut choquer au premier abord, mais qui expriment parfaitement ma pensée. » Je crois avoir également démontré qu'ils n'ont pas craint d'enchainer leur liberté et leur spontanéité, en se sonmettant aux régles sévéres instituées par les maitres de l'art, dans l'étude, soit de la proportionnalité du corps humain, soit des reliefs musculaires produits par les mouvements et par les attitudes. Que l'on n'aile pas conclure de ce qui précéde, qu'il suffise de copier exactement la nature, méme dans ses œuvres les plus parfaites, pour s'élever jusqu'au beau dans l'art. Il n'est pas besoin de dire qu'il faut de plus à l'ar- tiste le génie qui crée. Je ne dirai donc pas avec Boileau : « Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable. » Modifiant la pensée du grand poéte , j'écrirai : Rien n'est beau sans le vrai... . PARTIE ESTHÉTIQUE. — PREMIERE SÉRIE. - 153 phier le plaisir pur d'une ame dévouée à Dieu. — On voit cette expression en couvrant le cóté droit de cette figure 77 jusqu'à la partie moyenne de l'espace intersourcilier et de la bouche. Le cóté gauche montre ainsi une jolie expression de ravis- sement qui rappelle les extases de sainte Thérése. — C'est dans ce moment que j'ai fait contracter légèrement, à droite, le muscle de la lasciveté (le transverse du nez), et alors l'ex- tase à pris, de ce côté seulement, un caractère charmant de plaisir sensuel que l'on reconnait en masquant le cóté gauche de la figure 77. Cet état de ravissement n'offre plus rien de mystique chez cette jeune fille; on sent qu'il n'est pas seule- ment produit par les délices de l'amour divin, mais que l'image ou le souvenir de celui qu'elle aime, exalte son imagination et ses sens. C'est la poésie idéale de l'amour humain. Entre les expressions d'extase de l'amour céleste et de l'amour terrestre, il n'existe qu'une nuance trés légere. C'est ce que, du moins, j'ai voulu montrer dans les figures 76 et 77, et principalement dans la dernière; c'est ce que les artistes n'ont pas toujours bien senti. Les saints et méme les vierges qu'ils ont peints dans leur béatitude, dans leurs doux ravissements, et dont les traits devraient toujours respirer l'innocence et la pureté, ont trop souvent expression du plaisir des sens. — Le groupe du Bernin, que l'on voit dans la basilique de Saint-Pierre, à Rome, en est un exemple frap- pant. Ce marbre représente un ravissement de sainte Thérése. Un bel ange armé d'une lance lui apparait, et tout, dans la phy- sionomie de la sainte, respire la béatitude la plus voluptueuse. ‹ en 1 i i | B À Ф I < "o n | mU aL Y VA | | t i Fut Ni} BA À BEI a ‘iF Е! | dE Г 1 n { 7 Y Í A | B |} | V 13 10 (el x Ure "74 4 1r ul H pf 31. t t i t > M | |. j —— ^ — 87 ы ~ Ra Bore ira е it au T DI n ap IRI Op m ани Jn t t ET e RR Sr лш — — n =ч >= = мч a "Бай vee - -— MÀ Vig co rm rame Due e tr rto Des Mei азайа Lab 154 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Autant le ravissement de l'amour humain, tel qu'il est représenté dans le cóté gauche de la figure 77, embellit la physionomie, autant l'extase lubrique l'enlaidit. Pour donner cette expression cynique à la figure 77, il m'a. suffi de faire contracter plus énergiquement le muscle de la lasciveté (le transverse du nez). On comprendra qu'une expression semblable ne doive pas entrer dans la compo- sition d'une cuvre esthétique. Il serait cependant utile que Partiste la connüt. Il doit savoir, en outre, quentre le maximum de l'extase cynique et la charmante expression d'amour humain, photographiée dans la figure 77, il existe plusieurs degrés intermédiaires. V. J'ai voulu représenter dans la figure 78 une petite comédie, une scene de coquetterie. — Un galant surprend à sa toilette une jeune femme dont l'attitude et le regard deviennent, à son apparition, peu encourageants (cacher la moitié infé- rieure de la face). — Cependant sa nudité, qu'elle semble montrer avec une certaine affectation, au lieu de la voiler, et la pose maniérée de sa main qui soutient une gorge un peu trop découverte, tout trahit le jeu d'une coquette. Le galant en devient plus audacieux ; mais le mot: «Sortez! » prononcé dédaigneusement par la belle, l'arréte dans son entreprise (cacher seulement le cóté gauche de la moitié inférieure de la face). — Au rire moqueur dont elle accompagne l'amou- reux éconduit (cacher le cóté droit de la moitié inférieure —g PARTIE ESTHÉTIQUE. — PREMIERE SÉRIE. 155 de la face), on croit l'entendre s'écrier : «Le fat!» Peut-être aussi dit-elle bien bas : « Le sot! s'il avait osé...» C'est ce que, du moins, il est permis de supposer à son air peu irrité. J'avais déjà exposé (fig. 86, partie scientifique) une étude н physiologique analogue à celle de la figure 79. Voici les dif- ү férences qui distinguent ces deux figures. JM 1° La première (fig. 36) avait légèrement contracté spas- | modiquement ses paupières, parce qu'elle était génée par II ÉL ep la lumière de l'atelier; à ma demande, la seconde (fig. 79) les avait un peu rapprochées volontairement et avait pris l'at- | titude que je lui avais donnée. Ce rapprochement des pau- — piéres indiquait que celle-ci était offensée ; — tandis que, + ne chez l'autre, qui était assise et au repos, ce même rapproche- 11 | EUER. ment des paupières n'avait aucune signification expressive. до La contraction du triangulaire de la figure 36 est tres forte et peut paraitre exagérée pour l'expression du mépris; ЧИА cependant je l'ai vue agir ainsi chez des gens du peuple qui, en s'injuriant, voulaient exprimer un mépris profond allant 14 jusqu'au dégoüt. Mais alors l'expression est commune. — | Dans Ја figure 76, au contraire, ou la contraction du trian- 114 gulaire est modérée, on est frappé par la distinction et la vérité de expression de dédain. Peut-être aussi trouvera-t-on ici que l'abaissement du coin de la bouche est un peu fort, et 11 At ee que cette expression serait plus naturelle sil était un peu moindre. Je répondrai que c'est avec intention que j'ai légé- It : Ib . . ; E X f 3 i rement exagéré la contraction du triangulaire des lévres, | voulant indiquer par la que cette coquette feignait l'indigna- E | РА dé " Ре TES 3 28 = eet ee 156 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. tion, et qu'au fond elle était, au contraire, flattée par l'entre- prise de son audacieux amoureux. Il m'eüt été facile d'ailleurs de diminuer le degré d'excitation électrique du triangulaire. 3° Chez ces deux femmes, l'expression de rire moqueur est irés fine et nofi moins vraie ; cependant elles se distinguent entre elles par une légére nuance : l'une (fig. 30) sourit, et l'autre, sans rire aux éclats, a plus de gaieté moqueuse. h° Tout le monde remarque que la figure 78 l'emporte sur la figure 36 par la beauté et la distinction des traits. 5° Enfin ces deux figures montrent l'influence considérable de l'attitude, du geste, de l'action, en un mot, sur l'expression. Pourquoi, en effet, cet air dédaigneux d'un cóté, et ce rire moqueur de l'autre? A cette question la figure 36 ne répond us “thus. = absolument rien; mais il n’en est pas ainsi de la belle co- Tbe quette représentée dans la figure 78. Elle semble dire elle- ia Bl ) Dn € £! J même la petite scène que jai racontée ci-dessus. En effet, son négligé, ses cheveux en désordre, montrent assez qu'elle est à sa toilette ; sa tôle un peu tournée à gauche et son regard blessé, dirigé du même côté, indiquent clairement la présence inattendue d'un témoin indiscret; mais le peu de soin qu'elle met à couvrir ses charmes, ce qui contraste avec ce semblant de pudeur alarmée, et puis cette pose maniérée, tout cet ensemble, enfin, trahit une coquette qui joue l'indignée avec l'amoureux dont elle se rit. DEUXIÈME SÉRIE Figures 79, 80, 81, 82, 83 et 84. Nora. — La méme jeune fille a servi aux expériences représentées dans la première et la deuxième série. LÉGENDE. Fic. 79. — Bonheur maternel mêlé de douleur, ou étude psy- chique et esthétique de l'expression combinée discordante de la joie et du pleurer. En cachant l’œil gauche, joie d'une mére qui voit son enfant échapper à une maladie mortelle; — en cachant l'œil droit, méme joie maternelle, unie à la douleur pro- duite par la mort d'un autre enfant. Contraction électrique moyenne du muscle sourcilier, associée à l'expression naturelle de la joie. Fic. 80. — Sourire compatissant de la charité. Sourire bienveillant, en cachant la moitié droite de la face ; — sourire d'attendrissement, en cachant la moitié gauche de la face. | Contraction électrique légére du petit zygomatique, asso- ciée au sourire naturel. 14 ocu me NN ESI I ee SI —— a E —— ыз с CD = хл g E MR i NETT XUL arenis RS RE ABK —— M ai iif a NITORE M S => n a i i } H 4; j rd i ; i [4 | Ё 158 Fic. MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. 81. — Lady Macbeth : « S'il n'avait ressemblé à mon père endormi, j'aurais fait le coup (1). » Expression modérée de cruauté. Contraction électrique faible du pyramidal du nez (P, he, Ту, 82. — Lady Macbeth : « Venez, venez, esprits infernauz, du crâne au talon, remplissez-moi toute de la plus atroce cruauté (2). » Expression forte de cruauté. Contraction électrique moyenne du pyramidal du nez. . 88. — Lady Macbeth au moment d'assassiner le roi Duncan. Expression de cruauté féroce. Contraction électrique, au maximum, du pyramidal du Nez. . 84. — Lady Macbeth reçoit le rot Duncan avec un sourire per fide. Sourire faux à gauche, en cachant la moitié droite de la bouche; — air froid et mécontent à droite, en cachant la moitié gauche de la bouche. Contraction électrique faible du grand zygomatique gauche, au moment où la physionomie exprimait le mécontentement. (^) Macbeth, trad. de Е. Victor Hugo, acte Il, scène ii. (2) Ibid., acte Ш, scène it. ntn ам — ж зората туонна рена EXPLICATION DE LA LEGENDE. | L Voici la scène que j'ai voulu peindre dans la figure 79. Une mère vient de perdre lun de ses enfants. Un autre enfant, — le seul qui lui reste, — est égale- ment atteint d'une maladie mortelle ; il est sur le point d'y | succomber. — Assise au pied de son berceau, la malheureuse mere s'abandonne à la plus grande affliction. — Cependant un dernier espoir lui а été laissé: une crise peut le sauver! Suspendue à la vie de son pauvre enfant, elle suit avec anxiété la marche de la maladie, et découvrant sur ses traits les premiers signes de cette heureuse crise, elle s'écrie : « ll est sauvé ! » Telle est l'émotion de douleur et de joie maternelles que j'ai essayé d'exprimer, du cóté gauche, sur la figure de la jeune femme photographiée dans la figure 79. Rien assurément ne serait plus facile à peindre que la joie d'une mère qui sent revenir son enfant à la vie. — On constate que cette expression est assez bien rendue sur la figure 79, si l'on en cache l'oeil gauche. Mais, dans la scene qui fait le sujet principal dela figure 79, р NX NS ce D 1 | | | | NS 160 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. l'expression est complexe. En effet, le bonheur de cette mere dont le dernier enfant vient d'échapper à la mort ne peut lui avoir fait oublier sitôt celui qui vient d'expirer. Son cœur maternel est donc saisi à la fois par deux émotions contraires : la joie et la douleur. — C'est ce qui est exprimé sur la moitié gauche de la figure 79, quand l'oeil droit en est masqué. Pour obtenir cette expression, j'ai procédé de la maniere suivante. Ce jour-là, mon modèle était d'une grande tris- tesse et ne pouvait rire que des lévres. Afin d'appeler sur sa face les signes vrais de la joie, j'ai dà exciter sa gaieté en agissant sur son moral. — Aprés lui avoir fait ouvrir légèrement la bouche, j'ai provoqué sa joie naturelle. — Dés que l'expression de la vraie joie mêlée d'un peu de sur- prise fut arrivée au degré qui convenait à l'émotion que javais à peindre, je développai modérément, à gauche, les lignes expressives de la douleur, en électrisant le sourcilier de ce côté, et puis, par la combinaison de ces deux expres- sions primordiales et contraires, je produisis, de ce cóté, celte expression touchante de joie mélée de douleur. — Pour la compléter, il m’edt fallu rendre son ceil humide et faire couler ses larmes, car une mére qui vient de perdre son enfant pleure abondamment. Mais on comprend que cela n'était pas au pouvoir de l'électricité. Il sera du reste facile au lecteur de suppléer à ce desideratum. J'ai déjà traité précédemment de ce genre d'expression composé de contractions musculaires contraires. C'est ici PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIEME SÉRIE. 161 qu'il convient de rappeler les termes dans lesquels j'en ai parlé (1): « П ne faudrait pas conclure des faits précédents qu'il x y a toujours antagonisme absolu entre les expressions pri- » mordiales contraires. | » J'ai vu en effet les lignes qui trahissent la joie s'associer » merveilleusement à celles de la douleur, pourvu que le mou- » vement en füt modéré; je reconnaissais alors l'image ‘du » sourire mélancolique. C'était un éclair de contentement, de » joie, qui ne pouvait cependant dissiper les traces d'une dou- » leur récente ou les signes d'un chagrin habituel. Ainsi је » me représente une mère souriant à son enfant, au moment » où elle pleure la perte d'un être chéri, d'un époux......... » Ces contractions composées, au fond, par des expressions » contraires et qui peignent un sentiment pour ainsi dire forcé, je les appellerai contractions combinées expressives | x » discordantes. » Lorsque j'écrivais ces lignes, javais oublié que le plus grand poéte de l'antiquité, Homère, avait créé une situation analogue, et que pour peindre l'image produite par cette émotion de l'àme, il avait composé une expression des plus harmonieuses : дожробву ү\0060, expression que je serais tenté de traduire : . riant avec des larmes doulowreuses. Voici une traduction du passage de l'Iliade où Homère décrit les adieux d'Hector et d'Andromaque : « Ayant ainsi parlé, il (4) Mécanisme de la physionomie humaine, 1** fascicule, p. 29. T pq ——— ТНТ ca 2... а 2а ENEMY NN TRE TANE == ae” rom i 162 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. (Hector) met son fils dans les mains d'Andromaque. Celle-ci le reçoit sur son sein parfumé avec un sourire mélé de larmes (Л). » Je démontrerai, par la suite, que cette traduction ne rend pas exactement la situation créée par Homére. Que de fois et en combien de circonstances cette sorte de conflit entre la douleur et la joie, d’où résulte la combi- naison de contractions expressives que j'ai appelées discor— dantes, doit se peindre sur le visage humain! Comment se fait-il done que l'on en trouve si peu d'exemples dans les chefs-d’ceuvre de l'art? Je n’en puis citer qu’un trés petit nombre, dans les tableaux suivants : la Résurrection d'une jeune fille japonaise, du Poussin (galerie du Louvre, n° 434); les Israélites recueil- lant la manne (galerie du Louvre, n° 420); la Naissance de Louis XIII, de Rubens (galerie du Louvre, n°444); le Martyre de sainte Agnès, du Dominicain (à Bologne). — П en existe aussi de rares exemples parmi les œuvres contemporaines ; mais je veux m'abstenir de les examiner au point de vue critique, Le Poussin, dans son tableau du Louvre, n° 434, nous fait assister à la résurrection, par saint Francois Xavier, d’une jeune fille étendue sur son lit de mort. — Au moment où les (1) Chant VI de l iade, traduction de madame Dacier, revue par M.Trianon. Voici le texte grec de ce passage : Ge ein y &doyoto plins èy xepaly ZOynxev maid’? у‘ у" &29 puy xnwdet дг ато x0À ro Saxpudev ує)йтжт. PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIEME SÉRIE. 163 priéres du saint commencent à rappeler le souffle de la vie sur les lévres dela morte, on voit se détacher d'un groupe de Japonais sa mère, qui se précipite sur elle en lui tendant les bras, avec une expression de grande joie mélée de douleur. Ici cette rencontre entre la joie et la douleur, combinaison qui constitue une expression discordante, ne saurait étre long- temps soutenue sans blesser le sentiment. Cette expression discordante doit rapidement se résoudre par l'accord parfait de toutes les lignes expressives du bonheur. — Elle différe essentiellement de la figure 79, qui, on se le rappelle, repré- sente une mére dont le bonheur de voir son dernier enfant échapper à un danger de mort ne peut effacer la douleur pro- fonde produite par la perte récente de son autre enfant. — Chez la Japonaise, en effet, le bonheur est si complet, qu'à sa première apparition sur la physionomie, les lignes de la douleur doivent avoir déjà disparu, en grande partie, pour faire place au rayonnement de la joie maternelle. De méme, aprés l'orage, apparait dans toute sa splendeur le soleil chassant les nuages qui fuient à l'horizon. Le Poussin me paraît ne pas avoir senti cette nuance ou cette forme de l'expression de la joie mélée de la douleur. Loin de là, il a peint le sourcil à son maximum de contrac- tion douloureuse; ce qui contraste d'une maniére choquante + . • + Е " 2 + P . i avec l'expression de joie extrême qu ila donnée à son sujet (1). (1) On me permettra encore de faire observer que dans l'expression dou- loureuse peinte par ce maitre illustre, il n'y a pas de rapport entre le modelé du sourcil et celui du front: la peau du front devrait offrir quelques rides eem pne rM UR RE D Res pare ——— == — s Rd m aeu ERO RE. apr rtr tta T rye siat - — сз RCE v TRU AP mus etiem nn re te à — " т сенат. nin 4" ee qo i t o aen м ЕЕРЕЕ I en s HEBR - d ion — QR m RN —e— ж Se 1 4 y Zz A j | / — ә um ni Ho o o t EE m a RR 1 : —- n са и = 164 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE, J'ai produit expérimentalement, dans la figure 30, partie scientifique, une expression aussi grimacante que celle que je viens de critiquer chez le Poussin, en électrisant simulta- nément au maximum le muscle de la douleur (le sourcilier) et le muscle de la joie (le grand zygomatique). La joie mélée de douleur se montre, à des degrés divers, sur la physionomie. — Dans les deux nuances que je viens d'ana- lyser, à l'occasion de la figure 79 de l'album et du tableau du Poussin, n° 436, la joie va presque jusqu'à l'extase. Je vais, comme exemple, faire connaitre l'une des circon- stances dans lesquelles on voit cette expression discordante se peindre, d'une maniére touchante, à son plus faible degré, sur la physionomie de la mére qui vient de donner le jour à un enfant. La douleur de l'enfantement cesse, en général, sitót aprés la naissance de l'enfant. Ce passage subit de la douleur la plus atroce au calme parfait est pour la mére un moment de bien-être indicible. Brisée de fatigue, elle s'abandonnerait à un sommeil réparateur, si alors elle n'était tourmentée par le besoin le plus impérieux d'embrasser son enfant. Tl faut sur sa partie moyenne, et étre modelée d'une maniére particuliére sur ses parties latérales, ainsi que je l'ai montré dans toutes les expériences qui ont été faites sur ce muscle (voyez toutes les figures du chapitre X, partie scienti- fique). Or, chez la Japonaise du Poussin, qui est maigre et assez ágée, le front est resté uni, malgré l'énergique contraction douloureuse du sourcil. Le Poussin a commis la méme faute chez une autre femme que l'on voit au milieu du groupe de Japonais, et qui pleure en méme temps qu'elle con- tracte douloureusement son sourcil. Partout oü il a voulu peindre énergi- quement la douleur, on remarque la méme absence de modelé du front. + 9 + PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIEME SÉRIE. 165 voir avec quel bonheur elle lui sourit, lorsqu'on le lui pré- sente; son regard est alors tout à la fois caressant et lan- guissant. — Celte douce expression de bonheur maternel est bien rendue dans la Jeanne d'Albret du tableau de Devéria : la Naissance de Henri I У (galerie du Luxembourg, n° ДӘ). Mais quelquefois, surtout après un accouchement laborieux, les douleurs ne disparaissent pas entièrement; les signes s’en traduisent sur la figure de la mère par une expression d'abat- tement et de douleur. — Le désir de donner un premier baiser à son. enfant n'en est pas moins vif, quoiqu'elle en ait à peine la force. Elle lui sourit alors et s'attendrit; mais son bonheur est si grand, qu'elle conserve à peine sur sa physionomie les traces de sa douleur physique. — Marie de Médicis, dans la /Vaissance de Louis XIII, de Rubens (galerie du Louvre, n° 444), offre un admirable exemple de cette expression discordante de douce joie maternelle, unie à une faible douleur physique. — La courbe de son sourcil est interrompue, vers son extrémité interne, par un peu d'élévation et de relief de la téte de ce sourcil. — Le modelé de sa bouche et de sa paupiére inférieure montre l'émotion profonde de sa joie maternelle, émotion qui lai- tendrit presque jusqu'aux larmes, comme l'indique un peu de concavité en bas de la ligne naso-labiale. En somme, de cette combinaison de lignes trés légérement accentuées et produites à la fois par la joie, par l'attendrisse- ment et par la douleur physique, résulte un ensemble harmo- BE i For 4 UE Y A ili li e Hier, i Hat Pss Po Ho „ы AOS d — = WP. Tm i aa a ee ce ann Е anae ilico sio tt cds QA ÜBER AP AQ c i PP s PP c BRAUN A a AEP SERENA NE NE WELL T " z S z T em ма ae Ууган eI Hie as = =. A ES a BE eoa а ne rir eg P" i » E ~ 166 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. nieux, une expression discordante, à son degré le plus faible, du sourire mélé de douleur physique, expression des plus gracieuses et des plus touchantes (1) II. J'ai écrit précédemment : « Le mouvement du sourcil n'in- » dique pas seulement un contentement intérieur; il annonce » aussi la bienveillance, cette heureuse disposition de ате » qui fait compatir aux peines d'autrui, quelquefois jusqu'à »l'attendrissement. Unit-on, par exemple, le sourire au » pleurer modéré, et encore mieux à la contraction légére du (^) Cette expression excite l'admiration générale. J'ai cependant à signaler une incorrection qui nuit à son ensemble. — Le modelé qui donne au regard de Marie de Médicis une légére nuance de douleur physique n'existe pas du côté gauche. En effet, le sourcil gauche décrit une ligne courbe; sa tête n'offre pas le relief qui, du cóté opposé, donne à la portion interne de ce sourcil une forme un peu sinueuse. П en résulte qu'en cachant l'oeil droit, sa physionomie peint la joie maternelle pure, sans mélange d'aucune dou- leur, douce expression qui rappelle celle de Jeanne d'Albret, dans la Nais- sance de Henri IV par Devéria, dont il a été question ci-dessus, page 165. La téte de Marie de Médicis a donc une expression double qui jette un peu d'indécision sur celle de sa douleur physique. — Cette expression double est analogue à celle que j'ai produite expérimentalement dans les figures 26 et 27, où le muscle sourcilier droit est électrisé isolément (voy. l'étude ex- pressive de cette figure, à la page 35, partie scientifique). — L'incorrection commise par Rubens échappe, de prime abord, à l'observation, parce que la contraction douloureuse du sourcil droit, qui est trés faible, contraste peu avec le sourcil opposé, qui n'est pas douloureux, et parce que la téte, vue de trois quarts, étant tournée de droite à gauche, le cóté gauche de la face est peu apparent. — Le Guide a commis la méme faute dans son Ecce Homo du musée Colona, à Rome. J'en ai fait l'observation critique dans la partie scientifique de l'album, page 300. PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIEME SÉRIE. 161 | » muscle de la souffrance, on obtient une admirable expres- » sion de compassion, expression des plus sympathiques (1). » La figure 80 est destinée à peindre une scène analogue. — La jeune femme photographiée dans cette figure est repré- sentée visitant une famille pauvre; on reconnaît, à son sou- rire compatissant (cachez la moitié gauche de la face), ou à son sourire bienveillant (cachez la moitié droite de sa face), qu'elle est touchée de la misère et des souffrances de cette malheureuse famille, et que ce sentiment lui a inspiré un acte de charité. L'expression de la compassion est l'objet de cette étude ; il importe d'en faire bien connaitre ici le mécanisme. J'ai démontré déjà que, sous l'influence de la contraction du grand zygomatique, on voit la commissure des lévres se mouvoir obliquement en dehors et en haut, la ligne naso- labiale former une courbe à convexité inférieure et la pom- mette se gonfler. — Toutes les figures de la partie scienti- - fique de l'album, où le muscle de la joie est montré dans un état de contraction électrique, ont mis ces faits en évidence E | (voyez les figures 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36 et 37). On con- state aussi que, du cóté gauche de la figure 84, le rire na- turel a agi de la méme maniere sur la commissure des lévres et sur le sillon naso-labial. Telles sont, à tous les âges, les lignes fondamentales expressives de la joie. (1) Loc. cit., p. 29. 168 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Que l'on veuille maintenant rappeler une des lignes fon- damentales développées par le muscle du pleurer (le petit zygomatique), sous l'influence de l'électrisation localisée de ce muscle : la ligne naso-labiale, ai-je dit, décrit une courbe à concavité inférieure. Eh bien! lorsque, par l'électrisation du grand zygoma- tique, les lignes fondamentales du sourire s'étant développées, jai mis en action le petit zygomatique (muscle du pleurer) j'ai toujours vu le sillon naso-labial devenir concave en bas el se creuser un peu. En méme temps, la forme de la lévre supérieure de ce cóté est légérement relevée ou retroussée, au niveau de l'attache inférieure du petit zygomatique. Pour obtenir une expression juste et harmonieuse par la combinaison des muscles du pleurer avec le muscle de la joie, il faut, comme dans le sourire mélé de douleur, que la con- traction de ces muscles ne dépasse pas certaines limites, au-delà desquelles l'expression devient grimacante. Cette expérience m'a quelquefois réussi complétement. Elle est trés difficile, et je n'ai jamais pu maintenir assez long- temps la contraction juste au degré convenable pour la repro- duire par la photographie. Le procédé que j'ai employé dans la figure 80 est plus simple. J'ai appelé le sourire bienveil- lant sur la physionomie de mon modèle en agissant sur son moral (voyez la moitié gauche de la figure 80), et puis j'ai excité modérément, du côté opposé, le muscle du pleurer (voyez la moitié droite de la figure 80), Alors le sillon naso- labial et la forme de la lévre supérieure se sont modifiés à PARTIE ESTHETIQUE. — DEUXIEME SERIE. 169 droite, ainsi que je l'ai décrit plus haut en rappelant l'action propre de ce muscle, quoique la lèvre inférieure eût con- servé Ja forme qu'elle affecte dans le sourire. On peut s'en assurer en cachant les parties de cette figure situées immé- diatement au-dessus de la lèvre inférieure. Il en est résulté un sourire bienveillant qui fait verser des larmes, ou, en d'autres termes, un sourire d’attendrissement. Personne ne confondra cette espèce de sourire mêlé de larmes avec le sourire mélé de douleur, représenté sur le côté gauche de la figure 79. — Ce n'est pas non plus ce même sourire qu'Homère a si admirablement décrit dans les adieux d'Andromaque et d'Hector. Les larmes que le grand poëte fait verser à cette princesse qui se sépare de son époux avec de noirs pressentiments, sont des larmes de douleur. En traduisant donc l'expression composée duveudev yerdcaca, par laquelle il a voulu peindre cette émotion de lame; en tra- duisant, dis-je, trop littéralement cette expression par les mots : un rire mélé de larmes (lacrymabundum ridens), les auteurs n'ont pas exactement rendu la pensée d'Homère, puisque la compassion fait verser des larmes, et que, bien plus, on pleure de bonheur. Ш. Les figures 81, 89 et 83 sont destinées à reproduire des expériences électro- physiologiques que jai faites, au point de vue esthétique, à différents degrés, sur le muscle qui аА eT ee ee ee АНАША ААА = -—— ——À MÀ ` те 110 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. met en relief les signes caractéristiques des passions agres- sives (sur le pyramidal du nez, P, fig. 1). Ce muscle est tellement développé chez la jeune fille qui s'est prêtée à ces expériences, que de sa tête, sur laquelle je viens de peindre l'image des émotions les plus douces et les plus touchantes, j'ai pu faire une téte de Méduse, de furie, etc. J'ai aussi rappelé sur sa face les traits de femmes célèbres dans l'histoire par leur cruauté. C'est ainsi que, m'étant inspiré de la tragédie de Macbeth, — l'une des plus belles de Shakspeare, — j'ai essayé de représenter, dans la figure 81, l'expression que doit avoir lady Macbeth, quand, apréss' étre assurée que Duncan et ses gardes, auxquels elle avait fait verser un breuvage narcotique, sont profondément endormis, et aprés avoir donné à Macbeth le signal du meurtre, elle attend qu'ilait égorgé le roi, son hóte et son bienfaiteur. Je vais rappeler cette scéne, tirée du drame en vers de J. Lacroix. LADY MACBETH, Ce qui les enivra m’exalte ! Ce breuvage Qui les éteint, m’embrase!... il double mon courage ! Un cri... (Ecoutant.) C’est le hibou, lamentable veilleur, Qui leur jette un bonsoir lugubrement railleur! (Écartant le rideau.) La porte ouverte!... Il est à l’œuvre, il y doit étre!... Les gardiens pesamment dorment prés de leur maitre : J'ai si bien mélangé leur breuvage du soir, Que la vie et la mort contestent pour savoir S'ils sont morts ou vivants... C'est un sommeil de tombe ! 1 | | | a чыз PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIEME SÉRIE. 171 MACBETH, du fond de la galerie. Qui va 14%... qui done?... Ah! LADY MACBETH. Tout mon courage tombe!... S’ils allaient s'éveiller au milieu du forfait! J'avais mis leurs poignards prés du lit!... Anathéme! Il devait les trouver..... J'aurais frappé moi-même, Si je n'avais cru voir mon vieux père endormi (1). C'est au moment où lady Macbeth exprime cette dernière pensée que j'ai voulu, dans la figure 81, peindre son ex- pression. — On ne remarque pas sur sa physionomie l'air terrible que je lui donnerai bientôt, lorsque je la mon- irerai se laissant emporter par sa fureur jalouse et homicide. Ici la ressemblance de sa royale victime avec son pére en- dormi lui a causé une telle émotion, que ses forces l'ont aban- donnée. Aussi l'ai-je représentée tombant assise et compri- mant fortement les battements de son cœur. — Mais ce cceur est de bronze; on le reconnait au regard dur et à l'attitude menacante qu'elle conserve encore. — Elle veut être reine, méme au prix du sang de son roi! — Le courage lui ayant fait défaut, elle a laissé à son époux, dont elle est le mauvais génie et à qui elle a communiqué les instincts cruels de sa rage ambitieuse, la charge de ce meurtre, et elle attend, le bras armé d'un poignard, qu'il ait achevé son œuvre, préte encore à lui venir en aide, s'il venait à faiblir. (1) Acte II, scène үш, ae c ns eer orm rmm I ani TNT 5+. > FOO en — 172 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. La Macbeth de Shakspeare m'a impressionné tout autre- ment que M. Guizot. — Suivant ce savant traducteur du tra- eique anglais, le fond de sa nature n'était pas la cruauté ; lady Macbeth n'était qu'ambitieuse. Elle n'aurait vu dans la mort de Duncan que le plaisir d'étre reine. — Mais doit- elle étre cruelle la femme à qui Shakspeare a fait dire: «J'ai allaité, et je sais combien j'aime tendrement le petit » qui me tette. Eh bien! au moment ou il souriait à ma face, » j'aurais arraché le bout de mon sein de ses gencives sans os, » et je lui aurais fait jaillir la cervelle, si je l'avais juré (1). » — L'amour maternel n'exclut pas la cruauté : lady Macbeth aimait ses enfants comme la louve aime ses petits. Dans une autre étude électro-physiologique sur la méme scene (fig. 82), j'ai essayé de marquer plus fortement le front de lady Macbeth du sceau de la cruauté. Son regard y est terrible; — mais ce regard ne peut étre celui d'une femme chez laquelle un sentiment de piété filiale vient se mêler à des pensées de meurtre et en modérer l'empor- tement. Cette expression de cruauté (fig. 82) peindrait bien la Macbeth qui vient de recevoir avec une joie sinistre la nou- velle de l'arrivée du roi Duncan à Inverness, et qui, en apprenant qu'il a dessein de passer la nuit dans son cháteau, conçoit le projet de assassiner. Elle conviendrait mieux à la (1) Loc. cit., scéne vir, F. Victor Hugo. os ОА >_> PARTIE ESTHETIQUE, — DEUXIEME SERIE. 173 scene ou elle fait appel à ses instincts féroces, dans cette invocation sauvage : « Venez, venez, esprits qui escortez les » pensées de mort! Désexez-moi, el du crâne au talon rem- » plissez-moi toute de la plus atroce cruauté! épaississez mon » sang... Fermez en moi tout accès, tout passage au remords... » Que mon couteau aigu ne voie pas la blessure qu'il va » faire (1) i» Duncan! le corbeau nous signale Par ses croassements ton approche fatale! Démons, changez mon sexe! Accourez, noir essaim, Et de férocité remplissez tout mon sein | Épaississez mon sang, et que ce cœur ne laisse Nul passage au remords! Venez à moi, du meurtre invisibles ministres! Venez tous, ennemis de la terre et du ciel! Soufflez-moi vos poisons ! que mon lait tourne en fiel (2)! Un muscle destiné à mettre en évidence les signes des plus mauvaises passions (le pyramidal du nez) ne doit certes pas embellir la physionomie. — Les traits qui accusent son action ne sauraient non plus étre sympathiques. Cependant la terrible Macbeth que lon voit, dans la (1) Œuvres complètes de SHAKSPEARE : Macbeth, scène v, traduction de F. Victor Hugo. (2) Macbeth, drame en vers de F. Lacroix, acte II, scène I. Si la figure 82 avait été primitivement destinée à représenter cette scéne, j'aurais fait prendre à mon modéle un costume en rapport avec la circon- stance. — On sait que, dans cette scéne, lady Macbeth devait étre préte à recevoir la visite du roi Duncan dont on lui avait annoncé l'arrivée pro- chaine, PRE PRE ET РАО а ный ac. Я че м mee à == i уы Шу Кане T rrr re лу * SE ДЕ gS Ча idporta 17h MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. figure 81, dominée par la volonté de tuer le roi, n'a rien perdu de sa beauté ! — C'est qu'ici le pyramidal du nez avait été trés légérement excité. (On se rappelle que j'avais à montrer que la fureur homicide de lady Macbeth était mo- dérée par le sentiment de piété filiale qui était venu tra- verser son esprit, à l'instant ou elle avait trouvé une ressem- blance entre Duncan et son pére endormi.) Au delà de ce degré d’excitation, le pyramidal du nez a, dans la figure 82, altéré la beauté de mon modèle, bien que ce muscle n'ait été électrisé que modérément. La physionomie de cette jeune fille a pu devenir plus terrible et plus enlaidie encore que dans la figure 82, par la contraction au maximum de ce petit muscle, que l'on doit considérer comme l'agent principal et fidéle des passions agressives et méchantes, de la haine, de la jalousie, des instincts cruels. La figure 83, où le pyramidal du nez a été mis à son maximum de contraction, en est une preuve frappante. Qui reconnaitra, dans cette figure, la jeune personne dont la physionomie s'est transfigurée d'une maniére si ravissante, sous l'influence des lignes expressives de l'amour divin ou humain, et d'une émotion qui excite toujours la svmpathie , J ymp , l'émotion de la douleur? — Je me suis figuré la Macbeth se précipitant sur Duncan, le poignard à la main, avec cet air féroce que j'ai photographié dans cette figure 83. On voit que ses traits assombris sont singuliérement enlaidis. — J'ai supposé aussi qu'alors lady Macbeth, en reconnaissant une PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIEME SERIE. 115 ressemblance entre le roi Duncan et son pére endormi, n'ose le frapper et tombe en s'affaissant sur un siége. (Cette scene n'a pas été rendue par Shakspeare.) En somme, un enseignement important, au point de vue de l'influence défavorable exercée par la contraction plus ou moins forte du pyramidal du nez sur la beauté des traits, ressort du rapprochement comparatif des fig. 81, 82 et 83, Tous les sujets ne conviennent pas également à l'étude électro-physiologique des lignes expressives produites par les passions agressives; en d'autres termes, le prineipal muscle expressif qui est mis en aclion par ces mauvalses passions n'exerce pas toujours le méme degré de puissance sur le sourcil. Ce fait a été démontré expérimentalement dans la partie scientifique de cet album. On se rappelle, en effet, qu'aprés avoir peint sur la face d'un vieillard débonnaire (voyez son portrait, fig. 3) une expression de méchanceté et méme de cruauté (voyez fig. 8), par la contraction du pyramidal du nez, j'ai trouvé ce muscle si faible ou si peu développé chez un homme jeune (voyez son portrait, fig. 4), que j'ai pu à peine, malgré une forte excitation de ce muscle, abaisser la tète de son sourcil (voyez la fig. 9). La physionomie de ce dernier sujet prit alors, il est vrai, une expression de dureté ; mais il m'eüt été certainement impossible de tracer sur sa face les traits cruels d'un assassin. Tel n'est pas l’état dynamique des muscles moteurs du M nra tm a gn p- А с RE rm. оеро ное 176 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. sourcil, chez la jeune fille que j’ai choisie pour modèle dans les études de la partie esthétique de l’album. Les abaisseurs de son sourcil (le pyramidal du nez et l'orbiculaire supérieur, P et B, fig. 1) l'emportent sur les élévateurs, le frontal et le sourcilier (A et O, fig. 1). Ce dernier muscle est méme si faible, que pour le mettre en action, dans les figures 75 et 76 (partie scientifique), j'ai dû employer un courant intense, tandis qu'une excitation comparativement beaucoup plus faible du pyramidal du nez a pu donner à cette jeune fille les traits d'une furie. Pour compléter l'expression des passions agressives, il faut associer à l'abaissement de la téte du sourcil l'abaissement des commissures labiales. — Ces mouvements s'obtiennent électro-physiologiquement, par la contraction combinée du pyramidal du nez et du triangulaire des lèvres. — Or, comme chez mon modéle, les coins de la bouche sont abaissés natu- rellement (voyez son portrait, fig. 74), 1 n’a suffi, pour pro- duire les expériences photographiées dans les figures 81, 82 et 83, de faire contracter son muscle pyramidal du nez. (On appréciera bien sur ces figures l'influence réciproque de la bouche et de l'œil, en cachant alternativement l'une ou l'autre de ces parties de la face.) De tout temps le trait physiognomonique fondamental de la méchanceté et des instincts cruels (la direction oblique du sourcil de dehors en dedans et de haut en bas, par le fait de l'abaissement de la tête du sourcil) a été parfaite- PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIÈME SÉRIE. - 177 ment senti. C'est en effet avec cette ‘obliquité du sourcil, et en l'exagérant, que l'on a représenté le génie du mal, le démon. ! Ce signe de la méchanceté se reconnait aussi sur la physio- nomie des hommes qui instinctivement font le mal pour le mal, qu'ils sarment de la plume ou du poignard; les tyrans dont la vie n'a été qu'une longue suite de cruauté en portent généralement le stigmate ineffacable. Voyez, par exemple, le portrait de Néron : la physionomie est au repos; les traits de la méchanceté ou de Ја cruauté qui la distinguent, y sont dus à la prédominance de force tonique du pyramidal du nez, développée par l'exercice fréquent de ces mauvaises passions. L’expression des passions agressives et cruelles en mouve- ment a presque toujours été également bien sentie. J'en ai admiré un exemple remarquable dans la Conjuration de Catilina par Salvator Rosa (Florence, palais Pitti). Les conjurés, que leur physionomie soit au repos ou en mou- vement, ont une expression de méchanceté et de férocité parfaitement caractérisée, à des degrés divers, par labais- sement et le gonflement de la téte du sourcil, par le plisse- ment transversal et cutané de la racine du nez, enfin par la direction oblique du sourcil de dehors en dedans et de hauten bas. Salvator Rosa avait, sans aucun doute, choisi ses modeles parmi les bandits dont il faisait ses compagnons habituels ; il a montré, dans son tableau, des types que l'on trouve en grand nombre dans les bagnes. Ld + À € Й атама Fee 178 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Il est arrivé cependant que, s'écartant de la nature, les artistes ont commis des erreurs de détail, nuisibles à l'effet de l'expression, erreurs qu'ils auraient certainement évitées, s'ils avaient connu le mécanisme de l'action propre du pyra- midal du nez. Bien que ce mécanisme ait été exposé déjà dans la partie scientifique de l'album, il me parait utile de le rappeler sommairement de nouveau. J'ai démontré que le point fixe de ce muscle est toujours en bas, et conséquemment que sa lerminaison supérieure étant mobile et se faisant à]a peau, dans l'espace intersourcilier, au niveau de la téte des sourcils, sa contraction doit nécessairement. tirer la peau de haut en bas, de telle sorte qu'elle la plisse plus ou moins, surtout à un certain âge, sur la racine du nez, tandis qu’elle la tend sur la partie médiane du front. Ces faits ressortent des ex- périences représentées sur les figures 81, 82 et 83, comme ils avaient été démontrés dans la partie scientifique (voyez les fig. 19, 20, 21, 22, 25, 211 et 25). Une observation longue et attentive m'a convaincu que, sur tous ces faits, la nature est en parfait accord avec l'expé- rimentation ; trop souvent cependant ils ont été méconnus dans la pratique de l'art. — Je regrette d'avoir à constater, par exemple, que l'un des maitres les plus illustres de l'art contemporain, Paul Delaroche, a commis une faute grave dans son tableau de l Assassinat du président Duranti, el qu'il s'est écarté des principes qui découlent nécessaire- ment des observations que je viens d'exposer. — Avant PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIEME SÉRIE. 179 de le démontrer, je rappellerai la légende de ce beau tableau. Duranti, président du parlement de Toulouse, fut opposé à la Ligue, et tenta inutilement de calmer le peuple sourde- ment agité à l’occasion de la mort du duc de Guise. Forcé de se réfugier dans un couvent avec sa femme et ses deux en- fants, Duranti est découvert par la populace, qui, malgré l'op- position des moines, des prétres et de sa famille, l'entraine hors du couvent et l'assassine. L'artiste a choisi le moment où la populace fait irruption dans l'asile où Duranti s'est réfugié avec sa femme et ses enfants. On voit le chef de cette bande menacer du poing le président Duranti, dont la noble physionomie reste calme. Les cheveux de cet homme sont roux; ses traits grossiers et durs inspirent de la répulsion. Delaroche lui a donné une expression de haine féroce en abaissant obliquement de de- hors en dedans son sourcil épais, et en lui plissant trans- versalement la peau de la racine du nez. — Ce mouvement expressif démontre au physiologiste que le pyramidal du nez est puissamment contracté, et que la peau de la partie mé- diane du front doit être attirée en bas et nécessairement tendue. Delaroche, au contraire, a plissé transversalement “la peau de cette région du front, comme on l'observe sous l'influence du sourcilier, muscle de la douleur (voyez toutes les figures consacrées à l'étude de ce muscle), qui, antago- niste du pyramidal, élève la téte du sourcil. Il est donc incontestable que mécaniquement le modelé du front de cet 480 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. homme ne peut coexister avec le mouvement imprimé à son sourcil. C'est plus qu'une faute d'orthographe ; car bien que les lignes expressives fondamentales de la haine et de la cruauté (l'obliquité du sourcil, le relief et les rides trans- versales de la racine du nez) soient exactement rendues, la présence des rides transversales médianes qui constituent les lignes secondaires de la douleur, expression toujours sympathique, diminue considérablement l'effet de l'expres- sion de méchanceté que Delaroche a voulu donner à ce chef de bande. Le pyramidal du nez étant le seul muscle qui abaisse la téte du sourcil pour peindre les instincts cruels, de méme que le muscle sourcilier en éléve la téte pour exprimer la douleur, on ne doit pas s'étonner qu'il puisse, comme ce der- nier muscle, se contracter isolément sous l'influence de cer- taines émotions. Ordinairement, toutefois, il se contracte avec Vorbiculaire supérieur (О, fig. 1); alors le sourcil est abaissé en masse, tout en conservant sa direction oblique de dehors en dedans et de haut en bas, si l'individu se laisse em- porter par des instincts méchants ou cruels. En appelant le pyramidal du nez, muscle des passions agressives, j'ai voulu donner à entendre qu'il n'était pas seu- lement au service de certaines mauvaises passions, comme la méchanceté et les instincts cruels. П est en effet des sentiments légitimes et méme louables qui nous portent à devenir agressifs envers nos ennemis. nc rs PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIEME SÉRIE. 181 Ainsi l'honneur offensé excite la colère et demande ven- geance 5 l'homme s'arme pour la liberté et contre ses | е oppresseurs. Dans toutes ces conditions, l'homme peut devenir agressif; l'expression s'en traduit par le fronce- E ment des sourcils et par leur abaissement en masse (sous l'influence de l'action combinée du pyramidal du nez et de ust. РРР nm l'orbiculaire supérieur). Alors, on le concoit, si dans l'empor- cti at tement de la passion, l'instinct de la cruauté ne prédomine pas, l'abaissement de la tête du sourcil ne sera pas très pro- noncé; cet abaissement ne sera pas méme appréciable, si le muscle qui représente cette passion est aussi peu développé que chez le sujet représenté dans les figures 4 et 9. Ces nuances diverses de l’expression agressive ont été généralement bien rendues dans les arts plastiques. Pour les faire mieux comprendre, je puis en montrer un exemple A dans le tableau de Prudhon, intitulé : la Justice et la Ven- geance divine poursuivant le Crime (galerie du Louvre, n° 459). il on SMS o Ci Ch aiti Pp d аа Т УК" ТЕ ент siti t (t \ a А di. dl D Tnm zx. м trs EE мөт” - =. mee ] Je dois rappeler la légende de cette belle composition. | «A gauche, dans un lieu désert, hérissé de rochers, éclairé j| I par la lune, un homme, un poignard à la main, vétu d'une ( tunique et d'un manteau, s'éloigne rapidement. A droite, est élendu par terre le corps d'un jeune homme assassiné. Au- | dessus de la victime, volent dans les airs la Vengeance tenant 1 une torche, préle à saisir le meurtrier, et la Justice, personnifiée par les balances et le glaive. » (Notice sur les tableaux du Louvre, F. Villot) agn ae 182 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. La figure échevelée de la Vengeance, dont la main crispée va saisir le meurtrier, a une expression d'indignation et de colére; son regard est menacant et terrible, mais sans étre cruel; ses sourcils froncés ont une direction horizontale. — Cain, poursuivi par la Justice et la Vengeance divine, fuit épouvanté; mais l'oeil du fratricide est cruel et féroce. Cette ec pression est produite par l'abaissement de la téte du sourcil (dont la direction est conséquemment oblique en bas et de dehors en dedans), par le gonflement de l'espace intersour- cilier. — Les traits grossiers de Cain et ses membres trapus ne font qu'ajouter à l'énergie de cette expression farouche et à la répulsion qu'il inspire. La jeune fille dont le muscle des passions agréssives est puissant au point de tracer, par sa contraction électrique isolée, les signes de la méchanceté et des instincts les plus cruels, ne peut cependant exprimer volontairement ces mêmes passions. — J'ai constaté ce même phénomène sur un grand nombre de sujets. — N'est-il pas permis d'en con- clure que le muscle agressif, de la méchanceté, etc., est un de ceux qui obéissent le moins à la volonté, et que le plus ordinairement il est mis en jeu seulement par l'instinct ou par la passion dont il est l'agent expressif essentiel ? On remarque que le muscle qui exprime un sentiment con- iraire au muscle de l'agression, le muscle de la bienveillance (l'orbiculaire inférieur, E, fig. 1), est également rebelle à la volonté, et n'obéit qu'à ce doux mouvement de l'àme qui rend le regard sympathique, comme sur la moitié gauche PARTIE ESTHETIQUE. — DEUXIEME SERIE. 183 | de la figure 80. — J'y vois une prévoyance de la nature, qui n’a pas permis que l'on put facilement dissimuler ou feindre les lignes expressives à l'aide desquelles l'homme peut dis- tinguer ses amis de ses ennemis. КЕЧ IN om 15 tiic r TI RI T 3 | «Tl me sera facile de démontrer qu'il n'est pas donné à » l'homme de simuler sur sa face certaines émotions, et que » l'observateur attentif peut toujours confondre un sourire » menteur. » Cette proposition que jai formulée précédem- ment (4), en protestant contre l'assertion d'un grand philo- | sophe, Descartes, qui prétendait qu'on peut aussi bien se | servir des actions du visage et des yeux pour dissimuler ses 1 passions que pour les déclarer (2); cette proposition, dis-je, | ressort des faits et des considérations exposés dans le cha- pitre VI de la partie scientifique de l'album. J'ai dit, en effet, que l'émotion de la joie franche s'exprime sur la face par la contraction. combinée du grand zygoma- | 4 tique (I, fig. 1) et de l'orbiculaire inférieur (E, fig. 1); que le | | premier obéit à la volonté, mais que le second (muscle de la №. bienveillance, de l'amitié et des impressions agréables) est seulement mis en jeu par les douces émotions de lame; enfin, que la joie fausse, le rire menteur, ne sauraient pro- voquer la contraction de ce dernier muscle. (1) Loc. cit., 1" fascicule, p. 92. (2) Les passions de Гате, 2° partie, art. 145. gm 2 Ж 14 d | А | | 184 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. On a vu, dans les figures 30 et 32 (partie scientifique), les signes différentiels de la joie vraie et de la joie fausse, signes caractérisés, pour la premiére, par une dépression horizon- (ale, située au-dessous de la paupière inférieure (voy. la figure 30 qui représente le rire naturel), et pour la seconde, par l'absence de cette dépression (voy. la figure 34, oü le muscle grand zygomatique est électrisé isolément, du cóté droit). — Personne n'a pu confondre ces deux sortes de rire, parce qu'ils sont à leur maximum. Le rire faux de la moitié droite de la figure 30 contraste en effet avec son regard im- passible. Qui prendrait cette espéce de rire convulsif, désa- agréable, pour celui de la gaieté ? Le sourire faux, produit par l'action isolée du grand zygo- matique, à un faible degré de contraction, est, de prime abord, plus trompeur que le rire précédent, bien qu'un observateur attentif s'y laisserait prendre difficilement. L'étude expérimentale de cette expression est représentée sur la figure 48. — Lady Macbeth m'en a fourni le sujet. Apprenant l'arrivée du roi Duncan, elle a concu et arrété le projet de l'assassiner; elle a réveillé ses instincts cruels et appelé à son aide les esprits infernaux ; — et cependant elle l'accueille, le sourire sur les lévres, en protestant de son affection ! LADY MACBETH. Ah! pour tant de bienfaits et de faveurs si grandes, Nos priéres encor sont de pauvres offrandes. TU с ФФ wm C 4 " an a жу” - PARTIE ESTHÉTIQUE. — DEUXIEME SERIE. 185 guum a m iE. ant oou o tin ВЕ ——— — s LE ROI. Oh! quel site enchanteur! ma poitrine s'enivre D'un air doux et léger, d'un air qui fait revivre: On oublie à la fois, et le sceptre qui pése, Et la fourbe de ceux qu'on aimait ! On s’endort Loin des complots ingrats d'un perfide Cawdor. MACBETH, tressaillant. RAS Cawdor ! LE ROI, avec un soupir. | Si l'on pouvait lire sur son visage... | LADY MACBETH. | | Sire, quelle tristesse? Eh quoil... ү LE ROI. | : | E | е К. | C’est un nuage. | | LADY MACBETH. E. | Une si longue route a dû vous épuiser.. ... Venez vous mettre à table et puis vous reposer, | | Cher seigneur! (1)..... C'est au moment ot elle a prononcé cette parole affectueuse, cher seigneur ! que j ‘ai voulu représenter lady Macbeth dans la figure 81. On a vu, dans la figure 82, l'expression de cruauté que je | lui ai donnée, sous l'impression de son horrible invocation. (4) Loc. cil. ; acte Il, scène IV: 185 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. Mais trés habile dans l'art de la dissimulation, lady Macbeth, en allant recevoir son roi, a déjà fait disparaître les dernières traces de son emportement furieux, et sa bouche veut se composer un sourire trompeur, comme elle a su faire entendre des paroles affectueuses et menteuses. Là heureusement s'arréte son pouvoir sur sa physionomie. Il ne lui est pas donné d'imposer à son regard une expression sympathique, en harmonie avec son sourire. L'attitude et le geste que j'ai donnés à mon modèle sont bien en rapport avec cette invitation faite au roi par lady Macbeth : Venez vous mettre à table et puis vous reposer. Sa bouche est souriante en disant : cher seigneur. — Mais quel sourire (cachez la moitié droite de la bouche et de la joue)! voyez comme l'oeil est froid et glace ce sou- rire ! — C'est un sourire qui tue, et Duncan, qui, au souvenir de la trahison de Cawdor, s'écrie tristement : « Si l'on pou- vait lire sur le visage », ne se laisserait certainement pas tromper par cette expression menteuse, s'il n'était pas aveuglé par la bonté de son cœur. Il ne faut pas, toutefois, exagérer la signification de cette espéce de sourire, qui souvent n'est qu'un simple sourire de politesse, de méme qu'il peut cacher une trahison. — Chez lady Macbeth, il devait exciter la défiance de Duncan, parce qu'il était en désaccord avec ses protestations d'amour, PARTIE ESTHETIQUE. — DEUXIEME SERIE, 187 tandis que, dans d'autres circonstances et dans les simples rapports avec la société, on sourit poliment des lévres, alors mème que l'on est mécontent ou que l'âme est dans la tris- tesse. — Lorsque j'ai fait l'expérience qui est le sujet de la figure 84, mon modéle était de trés mauvaise humeur; son regard était froid et les coins de sa bouche un peu abaissés (cachez, du côté gauche, la moitié de la bouche et la partie inférieure de la joue). Dès que j'eus produit la contraction légère du grand zygomatique gauche (cachez les parties sem- blables du côté opposé), le sourire faux de lady Macbeth, dans la scène ci-dessus décrite, se peignit sur sa physio- nomie. L'électrisation, dans cette expérience, a été parfaitement limitée au grand zygomatique droit; aussi les paupiéres de ce cóté sont-elles restées immobiles, comme du cóté opposé. J'ajouterai que l'excitation électrique au maximum peut étre également bien localisée dans le grand zygoma- tique de cette jeune fille, et que ses paupières n'en éprouvent aucun mouvement, et que Yon ne voit pas, chez elle, de rides rayonnantes se former au niveau de l'angle externe de l'œil, comme chez le vieillard des figures 30, 32, parce que ces rides sont des lignes ex pressives secondaires qui n'ap- paraissent qu'à un certain áge ou chez des sujets trés amaigris. Cette électrisation exacte du grand zygomatique permet ici d'exposer l'étude de l'influence expressive réciproque de at tia atin AM Uh ai зене еар e Ie unes qe MITT PN PPP PP NS DINI Rh p rtt QM CONNER T d a ok ge -— S сы» toon ТО gemere A pe е EEE SEDET IUE Se ^ a сәд) 3 188 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. l'œil au repos et du mouvement modéré des commissures labiales propre au sourire, étude qui a déjà été faite, dans la partie scientifique, à l’occasion de la contraction au maxi- mum du graud zygomatique (voy. les figures 30 et 32). — Si la partie du visage située au-dessous du nez est couverte, le regard de la figure 84 parait froid et sec; — mais dés que du côté gauche la moitié droite de la lèvre est démasquée, l'œil semble s'égayer et les traits s'épanouir un peu, bien que la contraction du grand zygomatique soit très légère. Cette illu- sion, quelque faible qu'elle soit , en impose au premier abord, sans toutefois provoquer la sympathie. Mais qu'au sourire des lévres vienne se joindre le doux regard que l'on voit sur la moitié gauche de la figure 80, à l'instant on se sent attiré irrésistiblement par la sympathie. Ici la paupiére inférieure a été creusée transversalement, à une certaine distance de son bord libre, par le muscle de la bienveillance (orbiculaire inférieur), dont l'étude expressive a été exposée déjà dans le chapitre VI. Je lerminerai ce paragraphe en rappelant ce que j'ai dit de ce muscle à la page 63 dela partie scientifique de l'album : « Le muscle qui produit ce relief de la paupiére inférieure » n'obéit pas à la volonté, il n'est mis en jeu que par une » affection vraie, par une émotion agréable de l'âme; son » abstention dans le sourire démasque uu rire faux. » TABLEAUX SYNOPTIQUES | | | DES FIGURES DE L'ALBUM P ct кзз AML ASN, NAR RCT RE IE че d ee site s.c оед see м nq Jai réuni dans neuf tableaux synoptiques, sous forme de petits médaillons, les tétes des 82 figures qui composent la partie scientifique el la partie esthétique de l'album du Mécanisme de la physionomie humaine. — Certaines de ces têtes sont répétées de maniére à ne montrer qu'une moitié des figures sur lesquelles j'ai produit une expression différente, de chaque cóté de la face. Il en résulte que ces tableaux synoptiques se composent de 102 tétes. En voici l'utilité : 1° J'ai indiqué, dans les légendes des figures, comment — on doit cacher alternativement, pour en faire l'étude compa- i \ || к Hi ү Н rative, les traits divers des figures qui ont une expression double. Les tableaux synopliques représentent ces expé- riences toutes faites, et rendent ainsi plus facile et plus évi- dente l'analyse des lignes expressives de la physionomie humaine. Is suffisent, à la rigueur, pour faire comprendre les développements exposés dans le texte de l'ouvrage. > L'influence modificatrice de certaines lignes expressives sur les autres traits du visage est assurement, au point de vue | 16 SS PT > | 7777 77 y^ DEEST © | = Я Ст RTS RR OE > CRE d a a a — + ae a I ae Ai 190 MÉCANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. de la pratique des arts plastiques, un des faits les plus im- portants qui aient été mis en lumière par les expériences électro-physiologiques exposées dans le cours de mon ouvrage sur le mécanisme de la physionomie humaine. Or les tableaux synoptiques facilitent l'étude de ce phénomène; que j'appel- lerai contraste simultané des lignes eæpressives de la face (1). Lorsque l’on regarde alternativement, en employant le procédé indiqué dans les légendes, chaque côté des figures dont l'expression est double, on reconnaît bien les différences qui existent entre les deux cótés de la face. Cependant le temps que l'on a mis à cacher l'un de ces cótés, faisant perdre en partie le souvenir des traits auxquels on veut com- parer ceux que l'on regarde, on conçoit combien il est préfé- rable d'avoir constamment sous les yeux chacune des moitiés de la face; alors leurs caractères distinctifs deviennent plus frappants et la démonstration du probléme à résoudre est plus facile. Prenons seulement pour exemple les quatre figures 78 du tableau ҮШ. La première de ces figures (78) montre l'expé- rience telle qu'elle a été faite des deux cótés à la fois; vue dans son ensemble, ce n'est qu'une expression grimacante, car, de chaque cóté de la face, un muscle différent est mis (^) Ce phénoméne me semble pouvoir étre ainsi dénommé, en raison de son analogie, comme је l'ai déjà fait observer (1° fascicule, p. 26), avec l'illusion produite sur la vue par des couleurs ou des teintes différentes rap- prochées les unes des autres; ce que M. Chevreul a appelé contraste simul- tané des couleurs. (Voyez son livre : De la loi du contraste simultané des couleurs, et de l'assortiment des objets colorés.) TABLEAUX SYNOPTIQUES. 191 isolement en action. — Deux autres figures ("78 et Mii laissent voir seulement l'une des moitiés de la bouche, de telle sorte que leur comparaison devient facile et des plus concluantes. Ainsi l'œil parait froid et dédaigneux dans la figure "78, tandis qu'il est gai et moqueur dans la figure 78, Cependant il n’existe, en réalité, aucune différence entre ces yeux; car lorbieulaire des paupières se contracte exacte- ment de la méme maniere, de chaque côté; ce dont on est parfaitement convaincu, lorsque l'on cache les parties situées au-dessous du nez, comme daus la figure uw Cette modification apparente du regard résulte de l'in- fluence exercée sur l'œil par la forme de la bouche. L'es- pèce d'illusion que l'on éprouve alors, est bien plus grande, lorsque l'on a comparativement sous les yeux les expériences représentées dans les deux figures "18 et "78, que lorsque l'on cache alternativement l'un des côtés de la figure '78, ainsi que je l'ai indiqué dans le texte de l'album. Ces considérations, applicables à toutes les figures à double expression de la partie scientifique et de la partie esthétique, démontrent l'utilité des tableaux synoptiques pour l'étude du contraste des lignes expressives de la face. 3° J'ai également fait entrer dans ces tableaux synoptiques les tètes dont l'expression n'est pas double, afin qu'en pré- sentant ainsi l'ensemble de toutes les figures qui composent l'album, on pulsse facilement les étudier comparativement. Les tétes de la partie scientifique ont dû lêtre réduites des Hátt килин: = — N it i | E. IERI |, turpis eoque MR y Eva tato LUS 492 MECANISME DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE. deux tiers, pour faire partie des tableaux synoptiques, com- posés chacun de 16 figures. Conséquemment, les lignes ex- pressives sont moins apparentes et moins faciles à étudier dans tous leurs détails. — D'un autre cóté, ces tableaux synoptiques ne présentent pas l'attitude et le geste, qui, sur les figures entiéres de la partie esthétique, viennent en aide à l'expression de la physionomie et lui donnent une signi- fication plus grande et quelquefois spéciale. En somme, si les tableaux synoptiques ne sauraient sup- pléer les figures isolées de l'album, dont ils sont le com- plément, ils ont l'avantage de montrer réuni ce qu'on a vu séparé; ils permettent d'embrasser d'un coup d'œil ce qui west apparu qu’isolé; ils forment enfin le résumé des déve- loppements, la synthése des principes qui constituent la grammaire et l'orthographe de la physionomie humaine. TABLE DES MATIERES DE LA PARTIE ESTHETIOUE ОВОМЕ. „Е ve + Xe MET Études électro-physiologiques sur le mécanisme de la physio- Pet i EE | PREMIERE SÉRIE, fig. 74, 75, 76, 77, 78. . AGEN. с К ьш co «Der ENSE. voe EXPLICATION DE LA LÉGENDE. . . s + «+ « + + + + + + + + + te I. Considérations sur la figure 74, qui représente le portrait du mo- Hm NU ox a MEE e dr ps а rs II. Considérations sur la figure 75, qui représente la prière douloureuse, avec résignation, du côté gauche de la face, et la prière avec un peu de tristesse, Fee CONCLUE. o Lael vo III. Considérations sur la figure 76, qui représente la prière avec dou- leur extreme, du côté gauche de la face, et la prière extalique, D c dE. Eso e rct EE е В IV. Considérations sur la figure 77, qui représente l'amour céleste, du côté gauche, et l'amour terrestre, du cóté droit de la face. . . ү, Considérations sur la figure 78, qui représente une scéne de coquet- terie, avec sourire moqueur, du cóté gauche de la face, et avec regard dédaigneux, "IE Um oL nr ES е у Fix DEUXIÈME SÉRIE, fig. 79, 80, 81, 82, 83, 84. . . . . DE Eo. Pu Е it roro с. et s EXPLICATION DE LA LÉGENDE, . , . eee > WP 144 ЛАА 194 TABLE DES MATIÈRES DE LA PARTIE ESTHÉTIQUE. I. Considérations sur la figure 79, qui représente la joie maternelle mélde de douleur (rire mélé de larmes douloureuses), du côté gauche de la face, et la joie maternelle compléte, du cóté droit. II. Considérations sur la figure 80, qui représente la charité avec sou- rire bienveillant, du côté gauche de la face, et avec attendris- sement (sourire mélé de larmes), du cóté droit. . Ill. Considérations sur les figures 81, 89, 83, qui représentent lady Macbeth (tragédie de Shakspeare), avec une expression de cruauté, à trois degrés différents . IV. Considérations sur la figure 84, qui représente lady Macbeth rece- vant le roi Duncan avec un sourire faux. . Tableaux synoptiques des figures de lalbum, au nombre de neuf, composés de 102 tétes. — Leur utilité. . . FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES, ^ x i a E a E Gu TRUM ntn tM Nn tm és cs crier ar UIT z — E с - = REE RT TT TD T s ee 45 ~ : 74 т 4 а РУЧА a o i erar " ми: ELECTRO-PHYSIOLOGIE PHOTOGRAPHIQUE. — _—_———--— DUCHENNE (de Boulogne), phot. ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE PHOTOGRAPHIQUE. Ducaënne (de Boulogne, phot. DucHENNE (de Boulogne), phot. ELECTRO-PHYSIOLOGTE PHOTOGRAPHIQUE. Ce (de Boulogne), phot. DUCHENNE | ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE PHOTOGRAPHIQUE. P1.5. DucugNNE de Boulogne), phot 1 ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE PHOTOGRAPHIQUE. TI. 5. DUCHENNE ,de Boulogne), phot. ZI DC WO ELECTRO-PHYSIOLOGIE PHOTOGRAPHIQUE. hot. ne) (P © DUCHENNE (de Boulog i | | ELECTRO-PHYSIOLOGIE PHOTOGRAPHIQUE. PL.&. a phot. n (de Boulogue DUCHENNE EZ) j, * n ————— — HIP тс; У : wy nn € ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE PHOTOGRAPHIQUE. PELO. DucHENNE (de Boulogne), phot, MÉCANISME — DE LA | OÙ "S SIONOY EIE ANALYSE ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUE DE L'EXPRESSION DES PASSIONS APPLICABLE A LA PRATIQUE DES ARIS PLASTIQUES PAR LE DOCTEUR G.B. DUCHENNE (de Boulogne) Lauréat de 1’ Institut de France, de I ide de médecine de Paris ae Itar ORE ete. Médaille d honneur Et Chevalier de la Légion ru honneur en 1858 au eoncours Napoléon Ш sur x l'ileiriit «ий e. Membre titulaire de la Société de médecine de Paris, і E EU Membre pue des Académies, Universités et Sociétés de médecine de Dresde, Florènce, Gand, Genève, Kieil, Leipzig, Madrid, Moscou, Naples, Rome, 5 Saint-Pé stersbou rg, Stockholm, Vienne, Wurtzboure, ete. de SEU M ag AVEC 9 PLANC HES dii COMPRENANT 544 FIGURES PHOTOGRAPHIES р” APRÈS NATURE. | PARIS \ JULES RENOUARD, LIBRAIRE 6, REE DE TOURNON, Or 1862 = D ro en aiea н кыыс ^ se vc ran © ue = Librairie Ve JULES RENOUARD, 6, rue de Tournon Mécanisme de la UN ar Due ou ae électro. physiologique de l'ex- s plastiques ," par M, x 1 je doc teur DUCHENNE (de Boulogne), yr édit exte et album composé ГА de 84 photographies et 9 tableaux utm 144 es photographiées: : et OSE. Petite édition, in-8, avec 264 pages de texte et 9 tableaux contenant 147 photo- graphiées ... . Edition de luxe, format in-4°, à 400 exemplaires seulement, composée de 84 figures tirées d’après les clichés primitifs dont 74 sur plaques normales, et représentant l'en- semble des expériences éleetro- phy: siglogiques. . А Р ict. CV OUR Les 50 principales figures ont été grandies comme nature. — Prix de la collection des 50 grandes figures ........... Pour faciliter l'enseignement nous vendons séparément chacune dd principales figures, э f Ө grandes comme natare, coliées sur Distal. ice comes UE CENE 14. of. OUVRAGES DU MEME AUTEUR. De Vélectrisation localisée et de son application à la pathologie et й la thérapeutique. Deuxième édition, entièrement refondue. Paris, 1862, in- $ de 1046 pages avec 179 fig. et 4 pl. lith. et coloriée. ...:..:.:. i : o Der e Ча fr. Album de photographies path iologiques, cómpl lémentaire d live intitulé : De l'élec- trisation localisée. Paris, 1862, gr. in-8, 40 p. avec 17 photographies doses + Physiologie des mouvements, démontrée à l'aide de l'expérimentation électrique et de l'observation clinique. Paris, 1865, in-8 de 500 pages avec 50 fig. (Sous presse.) Anatomie microscopique du système nerveux, à l'aile de la photo-autographie, publiée par fascicules , gr. in-8. (Sous presse. ) Paris, — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. WAS uen ыў" «аиша ыш элш TA, LS a