1 Sattn tests r'f) PTE) Lies Mate dv CHU ne CHERE AM Se NN MORIN Labs tnt ste \ Hifsntiensat NMUNEREN CUS rh Ve wÈ o D ONE DE L'ESPÈCE ET DES RACES DANS LES ÊTRES ORGANISÉS ET SPÉCIALEMENT DE L'UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE PAR D. A. GODRON Docteur en médecine, Docteur ès sciences, _ Doyen de la Faculté des Sciences de Nancy, Professeur d'Histoire naturelle à la même Faculté, Directeur du Jardin des plantes, Chevalier de la Légion d'honneur, Correspondant du Ministère de l'Instruction publique, ancien Directeur de l'Ecole de Médecine de Nancy, ancien Recteur d'Académie à Montpellier et à Besançon, etc. cs : “TOME SECOND. PARIS J. B. BAILLIÈRE er FILS, LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE; Rue Hautefeuille, 19. LONDRES ; NEW-KORK ip. AILLIÈRE, 219, REGENT-STREET, | BAILLIÈRE BROTHERS, 440, BROADWAY. MADRID, C. BAILLY-BAILLIÈRE, CALLE DEL PRINCIPE, 11. 1859. L'auteur et les éditeurs se réservent le droit de traduction. “noiy 41048 mod où 9jjo ojponber sues jeyra 91PI0,P UOHIPUO9 es 760 -nied u9 uorentuisse | ‘uonrquu PT ‘o9stuero 99uejsqns ej }mol juop uosreu 9p 9799 onbruigo uorrpuos inod 19 ‘SCUISOpu9 p onbrsÂqd a19rtdoid er -SIX,p UOnIpuo9 anod ‘e 9j * UOSIEUIQUOP9P 9p 19 uosreurquo ap Jon 9[qn0op np noi ue sodrourid sino] op sun-sonbjonb sp JUSUIYAQUO NO HOT Jed Juesrey umtuoyo S92HIPOU JUOS SNSST SO TUOSI9AEI no quaou9d mb s: soouejsqns so7 6nb ‘1re7 09 ed 99sH9ovie9 nssn op a1911doid oùn 350 uorduos! ‘U0119499$ 9D 0 UO1d105Q0,p Saffo9 op jo ‘sasodwio0 quos sfr 1uop si Ne SOJUOIQUE SOJEITA Sponidoid sop pioqe p juossmol snssn SOT ‘na no -DB40 o4p40,p Sp9ndoid sop ‘orjno ue ‘quopassod snssr s07 ‘uouoddopoa9p 1 JODU9 AND, J9A8 TOT IUEJSOJIUEUE ©$ stetu ‘sonbiuioqeue SUP SOj suep so91pn suoaë snou onb s9j94 &nb sougu 507 quos 99 : onbrsAuyd 9IPAO,P Ju0s soun 9p s229t4doud 9P OU 9j JUaJIOd snssr} soj 4ed srydur099e s919v SIT ‘VF 0% ‘eu sud s99p ‘ogm8y no à “29SIULSIO JJULISQNS EP] R SJUDIJŒUI SOACIUIUIIS S9J98 SP SJU9I9IP 79 ‘ortu op soried op soipaio sarqne sot 164 sa1sayruetu s919e s0p UONIUT9P PJ HOUUOP 9F RO 399 9p soraed soxne sop oouoBIOUL] anod ‘quotoponjoe OHESSIIQU ! 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Naney, imprimerie de Grimblot, veuve Raybois et Comp. DE L'ESPÉCE ET DES RACES DANS LES ÈTRES ORGANISÉS ET SPÉCIALEMENT DE L'UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE PAR D. A. GODRON Docteur en médecine, Docteur ès sciences, Doyen de la Faculté des Sciences de Nancy, Professeur d'Histoire naturelle à la même Faculté, Directeur du Jardin des plantes, Chevalier de la Légion d'honneur, Correspondant du Ministère de l’Instruction publique, ancien Directeur de l'École de Médecine de Nancy, ancien Recteur d'Académie à Montpellier ct à Besançon, etc. TOME SECOND. PARIS J. B. BAILLIÈRE er FILS, LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE, Rue Hautefeuille, 19. LONDRES NEW-YONKR HIPP. BAILLIÈRE, 219, REGENI-STREET. | BAILLIÈRE BROTHERS, 440, BROADWAY. MADRID, C. BAILLY-BAILLIÈRE, CALLE DEL PRINCIPE, 11. 1859. L'auteur et les éditeurs se réservent le droit de traduction. LId499Y WALYVOAI z x È <| [en D O\Pe | : OE se < Ù E < En DE L'ESPÈCE ET DES RACES DANS LES ÊTRES ORGANISÉS, ET SPÉCIALEMENT DE L'UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. ne LIVRE DEUXIÈME. (SUITE. ) Sean CHAPITRE DEUXIÈME. THÉORIE DES VARIATIONS OBSERVÉES CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES, ET CRÉATION DES RACES. Nous nous sommes étendu, dans le chapitre précédent, sur les modifications principales que chacune de nos espèces domestiques a subies, et nous n’ayons pas cru pouvoir aceumuler trop de preuves pour démontrer la réalité et l'importance de ces variations. Mais les faits ont été jusqu'ici considérés par nous pour ainsi dire isolé- ment; il importe tout d’abord de les grouper, de les I. 1 9 MODIFICATIONS DES ANIMAUX DOMESTIQUES. étudier dans leur ensemble, et de faire ressortir ainsi leur signification zoologique; il est utile également de remonter aux causes qui ont pu déterminer les phéno- mèênes constatés et de rechercher si l’âction des agents physiques peut seule, comme plusieurs physiologistes l'ont pensé, produire les changements nombreux et im portants que nous avons observés chez les animaux sou- mis au pouvoir de l'Homme ; d'établir comment les races se sont formées et comment il faut procéder pour en créer de nouvelles ; d'examiner enfin si la varialion n’a pas atteint les caractères spécifiques eux-mêmes, et si les races ne sont pas devenues de nouveaux types orga- niques, de nouvelles espèces, en un mot. Telles sont les graves et délicates questions que nous allons successive- ment aborder. | Le premier indice de variation qui se manifeste chez les animaux dont la domestication est récente, est le changement de la couleur des parties cornées qui re— couvrent et protègent la peau, telles que les poils, les " plumes, les écailles. Mais, avec le temps, les teintes se multiplient et nous montrent la plus grande diversité. Dans l'état sauvage, co mme nous l'avons vu, ces changements de couleur sont infiniment plus rares et purement acci- dentels; ils ne se propagent guère au delà de la deuxième ou de la troisième génération, ou même ne se propagent pas du tout. Chez les animaux domestiques, au con- traire, l'intervention de l'Homme dans leurs unions rend facilement permanents, ou à peu près, les caractères de coloration, et toutes nos espèces domestiques nous en offrent de fréquents exemples. La peau, dans les espèces anciennement asservies, MODIFICATIONS DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 3 Subit la même influence que le pelage ou le plumage ; elle se modifie du blane au noir en passant par les teintes les plus variées, soit dans sa totalité, soit seulement sur les parties nues, telles que le museau, la plante des Pieds, etc., où les différences sont souvent extrémement tranchées. Le mélanisme, l’érythrisme, l’albinisme, qu'on observe de loin en loin sur les animaux sauvages, sont très-fréquents et deviennent facilement permanents chez les animaux domestiques et expliquent l'existence chez eux des couleurs les plus opposées. La peau n’a pas tou- jours la même épaisseur dans les diverses races d’une même espèce. Les poils varient par leur nature, par leur finesse, par leur longueur, par leur disposition. Beaucoup de Mam- Miféres ont, en effet, deux sortes de poils, les uns courts, fins et laineux couvrent immédiatement la peau, tandis que les autres sont durs, longs et colorent l'animal. Tantôt la laine légère et chaude s’oblitère, et le poil dur Persisie seul, et peut même devenir court et ras ; (tantôt, au contraire, le poil laineux devient prédominant et 'emplace plus ou moins complétement le poil jarreux. Enfin les deux sortes de poils peuvent manquer, et la Peau reste nue. Chez les Oiseaux, les plumes se modi- fient quelquefois beaucoup dans leur consistance et dans leur direction ; elles peuvent même s’oblitérer, et sont alors remplacées par le duvet fin qui couvre la peau et Qui devient plus abondant. La couleur de l'iris n’est pas toujours constante dans une seule et même espèce. domestique ; l'œil présente des teintes souvent très-diverses, et on observe même accidentellement une coloration différente des deux yeux L MODIFICATIONS DES ANIMAUX DOMESTIQUES. sur un même animal, sans que l’un de ces organes soit malade ; j'ai constaté ce fait assez remarquable sur des Chiens et sur des Chats. La taille est une des circonstances qui varient le plus, ce qui doit peu nous étonner, puisque, dans l’état de nature, les individus d’une même espèce nous présentent, sous ce rapport, des différences, mais, il faut l'avouer, restreintes dans des limites fort étroites. Il n’en est pas ainsi des animaux asservis à l'Homme; non-seulement la taille se modifie toujours chez eux, mais souvent dans d'énormes proportions. Chez les Ruminants, les cornes peuvent manquer, ou bien elles se multiplient au delà du chiffre normal. Tous les types primitifs connus de nos Mammifères domestiques ont les oreilles dressées et mobiles, et l’on pourrait même dire qu’il en est ainsi de toutes les espèces sauvages de cette classe, si les Eléphants ne nous pré- sentaient à cet égard une exception, il est vrai, unique. Mais la plupart de nos Mammifères, depuis longtemps réduits en domesticité, nous offrent, du moins dans quel- ques-unes de leurs races, des oreilles élargies, pendantes et qui semblent soustraites à l’action des nerfs. moteurs. Cest là, suivant Buffon (1), le cachet d’une profonde servitude. Les proportions du corps et des membres nous mon trent des changements encore plus importants. Dans toutes nos espèces qui, de temps immémorial, vivent sous la tutelle de l'Homme, il y a des races à corps trapu (4) Buffon, Histoire naturelle générale et particulière. Ed. l’'impr. roy. in-40, T. IV, p. 424, et T. XIV, p. 525. MODIFICATIONS DES ANIMAUX DOMESTIQUES. Où svelte, à membres allongés ou raccourcis et quelque- fois même tors. Le squelette nous offre des différences étonnantes dans le volume, la longueur et la densité des 0, dans la conformation du bassin, dans le nombre des Yertèbres caudales, dans le nombre des doigts. Mais les modifications les plus générales et les plus remarquables Sont celles que nous présente la conformation de la tète °Sseuse et spécialement le crâne; les Chiens, les Che- Vaux, les Porcs, les Bœufs, les Moutons, les Chèvres, les Coqs, les Pigeons, etc., nous en fournissent les exemples les plus variés et les plus saillants. Certaines fonctions peuvent être exagérées dans leur exercice physiologique. La sécrétion de la graisse est, dans certaines races, extrémement active, au point que tous les organes sont, pour ainsi dire, ensevelis dans ce produit, ou bien cet excès de sécrétion se localise sur une partie du corps, y forme un dépôt circonscrit qui alière singulièrement les formes extérieures de l'animal. La sécrétion du lait devient presque continue dans cer— lines espèces domestiques. La fécondité s’accroit assez Sénéralement et quant au nombre des portées et quant au nombre des petits, qui dépasse souvent celui des ma- Melles. Les animaux sauvages de même espèce ne se distinguent pas les uns des autres par le tempérament, ni par le caractère. Il n’en est pas ainsi chez les animaux domestiques ; les tempéraments différents se dessinent dans les individus d'une même espèce. Les uns ont, en Outre, le caractère doux et docile, les autres l’ont hargneux € méchant, gai ou calme. Les organes locomoteurs peu- _ Vent s’affaiblir de façon à rendre lourds et lents des ani- Maux naturellement agiles, à supprimer même plus ou G AGENTS MODIFICATEURS. moins complétement certain mode de progression, telle que la locomotion aérienne. Certains organes des sens se perfectionnent ou perdent, au contraire, une partie de leur sensibilité. Enfin l'intelligence est plus ou moins développée dans les différentes races d’une même espèce ; des habitudes et des instincts naturels sont annihilés, et des habitudes, des facultés étrangères à l'animal sauvage sont développées. En un mot, les animaux domestiques semblent avoir été pétris de nouveau par la main de l'Homme, qui les a façonnés de mille manières, tant au physique qu’au moral, s’il m'est permis de me servir de cette dernière expression. Sans aucun doute, c’est l’action de l'Homme, c’est la domesticité qui ont créé ces étonnantes transformations; mais à quelles causes spéciales faut-il rapporter chacun de ces changements ? Est-il même possible dans ce pro- blème si complexe, où l’organisation et la vie sont en jeu, de reconnaitre les relations de causes à effets ? C'est ce que nous allons rechercher. Le Climat. — On à attribué au climat un rôle fort important dans la question qui nous occupe, mais on a beaucoup exagéré, comme nous l’établirons, sa puissance comme agent modificateur. Les animaux domestiques ont, il est vrai, suivi l'Homme sous presque toutes les latitudes et sont devenus avec lui véritablement cosmo- polites. Or, si le climat a une action marquée sur leur conformation, la domesticité les a placés, sous ce rap- port, et cela depuis bien des siècles, dans les conditions les plus variées et les plus exceptionnelles. Cette cause a pu agir sur eux avec toute l'énergie dont elle est suscep- LE CLIMAT. 7 üible, et néanmoins elle n’a pas déterminé, directement du Moins, de changements bien importants. Toutefois, il est un fait bien constaté, c'est que, dans les pays froids, la fourrure et le plumage deviennent plus chauds et plus fournis, non-seulement dans les animaux sau- Vages; mais aussi chez les animaux domestiques, pro- légés cependant dans des habitations contre les intem- Péries des saisons. C'est ainsi que les Chevaux de la Norwège et de la Laponie ont un poil crépu et laineux, Somme une toison de Brebis (1). Les jeunes Veaux qui Ont passé six mois dans les pacages élevés de l'Auvergne Sont couverts, lorsqu'ils descendent des montagnes vers le milieu d'octobre, d'une bourre longue, frisée, coton- neuse et bien différente de celle que portent les Veaux Nourris dans les bas pays, et s’en distinguent au premier coup d'œil (2). D'après l'évêque anglican Heber (3), les Chiens et les Chevaux conduits de l'Inde dans les mon- lagnes de Cachemire sont bientôt couverts de laine. Dans les pays intertropicaux, au contraire, le poil des Mammifères domestiques devient plus rare et plus court. Nos Moutons européens, transportés en Guinée (4), au . Pérou et au Chili (5), dans la vallée de la Magdeleine (1) Dureau de la Malle, Considérations générales sur la do- Méstication des animaux, dansles Annales des sciences naturelles, Sér. 4, T. XXVIL, p. 5. (2) Grognier, Mémoires publiés par la Société royale et centrale dagriculture, 1851, p- 345. (5) Heber, Narrative of u journey through the upper provinces Of India, éd. 2. London, 1828, T. IL, p. 219. (4) Smith, New voyage to Guinea. London, A74S, p. 147. (5) J. Müller, Manuel de physiologie, trad. franc. Paris, 1851, in-8o, T, IL, p. 765. 8 LE CLIMAT. en Amérique (1), ont perdu leur laine et sont aujour- d'hui couverts d’un poil peu abondant. Il en a été ainsi également des Mérinos que les Anglais ont transportés dans quelques iles de la Mer du Sud (2). On a même observé, dans des pays très-chauds la perte complète des poils, et nous en trouvons des exemples dans le Chien de Guinée, dans certains Bœufs de l'Amérique méridio- nale, etc. Cependant tous nos animaux domestiques, im- portés sous des latitudes équatoriales, n’éprouvent pas un effet aussi complet de l’action du climat, et, d’une autre part, ces races à peau nue, transportées dans des pays tempérés ou froids, ne retrouvent pas, par l'effet des causes inverses, même après plusieurs générations, le vêtement dont la nature les avait primitivement pour- vus, ce qui prouve que, dans certains cas, l'influence du climat n’est pas toujours immédiate et absolue. Cette cause aurait-elle une action plus directe sur la coloration des poils, des plumes, des écailles, et sur la coloration de la peau elle-même? Sous ce rapport, le principe appliqué à l'Homme par Buffon (3), principe que nous discuterons plus loin, et en vertu duquel les diverses races humaines seraient teintes de la couleur du climat, est-il applicable aux animaux domestiques ? L'observation ne démontre rien de semblable : toutes les différences de couleur, qui se manifestent sur les 4 individus appartenant à une seule et même espèce, se (4) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, trad. franc. Paris, 1845, in-80, T. [, p. 50. (2) S. Müller, Manuel de physiologie, trad. franc., T. IE, p. 789. (5) Buffon, Histoire naturelle, T. IX, p. 2. LE CLIMAT. 9 produisent également sous toutes les latitudes ; ceux qui dans nos climats ont habituellement la peau blanche, conservent cette coloration sous la zone torride (1). Le mélanisme et J’albinisme impriment leur stigmate indif- féremment sur les animaux domestiques des climats les plus extrêmes. Ne voyons-nous pas l’une et l’autre de ces deux dispositions organiques se montrer à la fois : dans le même troupeau, dans la même portée, et quel- quefois sur un seul et même individu? Or, ici, aucun des agents extérieurs ne peut rendre raison de semblables faits, qui procèdent évidemment de causes internes, inhérentes aux individus eux-mêmes. La taille des animaux, anciennement asservis, varie énormément et l’on serait, au premier abord, tenté d’at- tribuer les différences, qu'on observe, sous ce rapport, à l'influence des agents météorologiques, lorsqu'on con- sidère que, dans l'Amérique méridionale, presque tous nos animaux d'Europe ont diminué de taille, qu'il en est de même de ceux qui habitent les régions les plus chaudes de l'Inde et de l'Afrique. Mais un examen plus Complet vient démontrer qu'il existe, à cet égard, des exceptions nombreuses. Si l’Ane, par exemple, s’est ra- petissé dans l'Inde tropicale, il en a été de même dans un pays tempéré comme la France et dans tout le nord de l'Europe; d’une autre part, le même animal a une taille élevée en Perse, en Syrie, en Arabie, en Espagne, etc. Le Cheval, devenu si petit à Célèbes, à Java, à Ti- (4) Zimmermann, Specimen zoologiæ, geographice, quadru- Pedum domicilia et migrationes sistens. Lugduni-Batavorum, 1777, in-40, p. 259 et 526. relient — DRE 10 LE CLIMAT. mor, dans certaines parties du centre de l'Afrique, n’est pas plus grand en Corse, dans quelques contrées du nord de l'Écosse, en Norwége, aux Hébrides, aux Orcades, en Islande, etc. Enfin, des Chevaux à stature élevée habitent souvent des provinces limitrophes de celle qui nourrissent ces nains de l'espèce chevaline ; nous pour rions citer comme exemple les Chevaux de la Scan- dinavie, qui ont une taille assez haute et qui fait contraste avec celle des Chevaux de Norwége. Sur le sol si res- treint de l’Angleterre, où l’on trouve des races de Mou.- tons magnifiques, on rencontre aussi, notamment dans une partie du pays de Galles, des Moutons très-petits et presque sans valeur économique (1). Enfin, nous trou- vons, sous les tropiques, le petit Coq de Java et les énormes Coqs cochinchinois et Bramapoutra. Malgré ces faits, qui semblent si concluants, nous ne voudrions ce— pendant pas nier complétement l'intervention du climat dans les variations de la taille, mais nous verrons plus loin qu’elle n’est qu'’indirecte et qu’un autre agent mo- dificateur exerce ici l’action prépondérante. Quant aux changements bien plus importants que nous montrent les membres, le squelette, le crâne, les habitudes et les fonctions physiologiques des animaux domestiques, nous ne pouvons pas saisir entre eux et le climat les moindres rapports de causalité et d'effets. Cela est si vrai que certaines races d'animaux domesti- ques, comme le fait remarquer avee beaucoup de raison (1) David Low, Histoire naturelle agricole des animaux do- mestiques, trad. franc. Paris, 1842, in-40, préface, p. viij. LA NOURRITURE. È 41 W. Edwards (1), restent côte à côte dans le même pays, €t persistent néanmoins indéfiniment sans se modifier. La nourriture. — La quantité et la qualité de la nour- riture ont, sur la taille et sur la constitution des animaux domestiques, une influence qui ne peut pas être mise en doute. Des faits nombreux viennent à l’appui de cette Manière de voir, et ce n’est pas de nos jours seulement Que l'observation a conduit à admettre cette opinion ; elle était déjà celle de notre célèbre agriculteur Olivier de Serres (2), et aujourd’hui tous les hommes pratiques les plus connus sont unanimes pour proclamer cette vérité. Elle s’appuie, en effet, sur des observations nom- breuses, et on pourrait même dire générales. Si deux races de mêmé espèce, l’une petite et l’autre de grande taille, habitent des cantons contigus, on peut être certain que la première est nourrie avec parcimonie et que la seconde est soumise à un régime alimentaire abondant et nutritif. C'est ce que-l’on constate, dans l'espèce bovine, entre la belle race de Salers et les Bœufs chétifs de Murat (3). Les Iles britanniques nous présentent de tels extrêmes de fertilité et de stérilité, que cela nous met à même d'observer la constance de cette loi, beau- Coup mieux peut-être que partout ailleurs. Dans les (4) W. Edwards, Des caractères physiologiques des races hu- Muines. Paris, 1829, in-80, p. 11. (2) Olivier de Serres, Le théatre d'agriculture et mesnage des Champs. Paris, an XIE, in-40, T. I, p. 555. (5) Grognier, dans la Maison rustique du XIX° siècle. Paris, 1837, in-8o, T. IL, p. 461. 12 | LA NOURRITURE. parties élevées du pays, où les Bruyères, les Carex et les Joncs forment le fond des herbages, les Bœufs sont de petite stature ; là où les Graminées et les Légumineuses abondent dans les pâturages, leur taille s'agrandit; l’aug- Mentation est plus sensible encore si l’on ajoute au ré gime une nourriture artificielle ; enfin, dans les plaines les plus riches, où les produits naturels du sol sont habi- tuellement combinés avec les ressources d’une culture alterne, ces animaux acquièrent le maximum de leur développement. Ainsi, le Bœuf des vallées de Sutherland et le Bœuf des vallées du Yorkshire présentent à l'œil une telle diversité de taille et d'aspect qu’on pourrait presque les prendre pour deux espèces istinctes, si nous ne savions que ces extrêmes sont liés par toutes les nuances intermédiaires de taille, et que d’ailleurs tous leurs caractères spécifiques sont identiquement les mé- mes (1). Dans le nord de l'Afrique, où les terrains sont secs, les prairies maigres et bientôt brülées par le soleil, les Bœufs sont petits, les Vaches donnent peu de lait, et souvent le perdent avec leur Veau (2); il en est de même et pour des causes identiques, en Caramanie (5), dans la basse Ethiopie (4), en Guinée (5), où l'espèce (1) David Low, Histoire naturelle agricole des animaux do- mestiques. Le Bœuf, p. 55. (2) Shaw, Voyage dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant, trad. franç. Lahaye, 1743, in-40, T. EL p. 313. (5) Ambassade de Silva Figueroa. Paris, 1667, p. 62. (4) Marmol, L'Afrique, trad. franç. Paris, 1667, in-40, T. II, p. 66. (5) Bosman, Voyage en Guinée, trad. franç.. Utrecht, 1705, in-12, p. 256. LA NOURRITURE. © bovine est petite et peu recommandable par ses qualités lactiféres. Au contraire, dans les contrées fertiles, telles que le pays des Kalmouks (1), l'Ukraine (2), la riche vallée du Danube et une partie du Danemarck (3), la Hollande, le Holstein et la Frise orientale (4), l'Abyssi- Die (5), les Bœufs sont d'une prodigieuse grosseur. Les Bœufs, nourris pendant tout l'été sur les vertes monta- 8nes de la Savoie et de la Suisse, acquièrent le double de volume de celui des Bœufs des plaines de France, et Néanmoins ces animaux de montagne sont, comme les nôtres, enfermés dans l'étable pendant l'hiver; mais ce qui fait cette grande différence, c’est que, dans les Alpes, on les met en pleine pâture dès que les neiges sont fon- dues, au lieu que, chez nous, on leur interdit l'entrée des prairies jusqu’à la récolte du foin (6). On peut à volonté augmenter ou diminuer la taille des races bovines, en les transportant dans de riches ou dans de maigres pâturages, comme le prouvent les faits Suivants : les Vaches de la Sologne, abandonnées dans de misérables landes, n’y trouvent qu'une nourriture Mauvaise et insuffisante ; aussi sont-elles petites et pres- ‘ Que sans valeur ; mais, introduites dans la vallée de la (1) Relation de la grande Tartarie. Amsterdam, 4737, in-18, PTE : (2) Buffon, Histoire naturelle, T. IX, p. 309. (5) David Low, Ibidem. Le Bœuf, p. 55. (4) 3 Müller, Manuel de physiologie, trad. franc., T. Il, p. 788. (5) Le Père Lobo, Voyage d’Abyssinie. Amsterdam, 1798, T. E, p. 57. (6) Buffon, Histoire naturelle, T. XIV, p. 520. , r bai A A - à. < qe « pe np — ue en à re gore. ere Shirt e AE Ge greient mnt re rater Lies ce A RS AE _ F7 414 LA NOURRITURE. Loire, où les pâturages sont bien plus abondants, elles ÿ acquièrent, en deux générations, de la taille et de la qualité (1). Après une désastreuse épizootie, qui, de 1769 à 1771, enleva presque tout le bétail de la Frise, on fit venir du Jutland des bêtes à cornes qui n'étaient comparativement que des nains ; sans croisements et dès la troisième ou la quatrième génération elles avaient atteint l'énorme taille que nous leur connaissons aujour- d'hui (2): D'une autre part, des Chevaux, transportés dans quelques lieux élevés et peu fertiles de Ja Colombie, y ont perdu de leur stature (5) Les Bœufs des zones tempérées de l'Europe, par exemple, de la Hollande et de l'Angleterre, deviennent beaucoup plus petits lors- qu'on les transporte aux Indes orientales (4), où les prairies sont, pendant une grande partie de l’année, desséchées par la température ardente du climat. Les Moutons donnent lieu à des observations de tous points semblables à celles dont le Bœuf a été l’objet. Les Moutons pains qui habitent les montagnes du pays de Galles, celles de Dartmoor et d'Exmoor, dans les Iles britanniques, ne paissent que de pauvres pâturages ; mais si on les naturalise dans des lieux moins élevés et (1) De Morogues, Cours complet d'agriculture, ou Nouveau dictionnaire d'agriculture. Paris, 1834, in-8°, T. IIL, p. 518. (2) F. Villeroy, L’Eleveur de bêtes à cornes, éd. 2. Paris, in-18, p. 91. () Prichard, Histoire naturelle de l'Homme ; trad. franc. Paris, 1845, in-8o, T. I, p. 49. (4) Sturm, Ueber Racen Kreuzung und Veredlung der land- wirthschaftlichen Hausthiere. Elberfeld, 1825, p. 51, LA NOURRITURE. 15. riches en herbages nutritifs, ils acquièrent une taille plus élevée (1). Les Moutons des Kirghuis, que Pallas croyait invaria— bles, perdent leur grosse queue dans les pâturages secs et amers des steppes de la Sibérie ; on la voit disparaitre également dans les plaines d'Orenbourg, au bout d’un Petit nombre de générations (2). Sans nier cette obser- Yation, il ne me semble cependant pas possible de con- Sidérer ce. grand développement du tissu graisseux qui surcharge la queue de ces animaux, comme le résultat, Soit de l’abondance, soit de la qualité de la nourriture. Cette race de Moutons, ainsi que celle qui offre deux loupes adipeuses sur la chute des reins, sont répandues à la surface du globe dans une étendue immense, et habitent des régions dont les pâturages présentent toutes les variations possibles, et notamment beaucoup de mai- gres prairies. Nous pouvons en dire autant des Zébus, dont la taille, quelquefois si petite, peut être en rapport avec la pénurie ou l'abondance de la nourriture, mais Qui ne perdent pas, même dans les pays les plus stériles, la loupe graisseuse qu'ils portent sur le garrot. | Les Chameaux Turkmans sont plus grands et plus étoffés que les Chameaux Arabes. Mais les premiers vi- Vent dans des contrées bien plus riches en pâturages que les déserts de l'Arabie (3). (1) David Low, Histoire naturelle agricole des animaux do- Mestiques. Le Mouton, p. 21. (2) Prichard, Histoire naturelle de l’ Homme, trad. franc., T. I, P. 59 et 60. (5) Volney; Voyage en Egypte et en Syrie. ee 1895, in-8o, TL, p. 549, en note. 16 LA NOURRITURE. La taille du Cheval se rapetisse, comme nous l'avons vu, dans des climats bien différents, mais qui se ressem- blent néanmoins à un point de vue, l'insuffisance de la nourriture qu'ils lui fournissent. Les pays couverts de bruyères et d'herbes peu nutritives, tels que l'Islande, la Norwége, les Hébrides et le nord de l’Ecosse nourris sent des Chevaux remarquables par l’exiguité de leur taille ; l'Afrique intertropicale, l'Inde, Java, Célèbes ne pos- sèdent aussi que des Chevaux nains; mais, dans ces pays brülants, l'herbe manque une grande partie de l’année et ne parait que momentanément à l’époque incertaine des pluies et sur le bord immédiat des cours d’eau. Le Cheval de la Camargue, qui ne broute qu’une herbe rare et les plantes propres aux marais salants, n’a pas une taille plus élevée. ; Il est vrai que les Chevaux arabes et les Chevaux bardes du nord de l'Afrique n’habitent pas des contrées aux gras päturages et conservent néanmoins une stature moyenne ; mais ils sont sveltes, légers, peuvent se con- tenter d’une nourriture peu abondante, à laquelle on supplée, du reste, par des rations d'orge; et puis ces coursiers si énergiques sont complétement appropriés par leur organisation à l'alimentation peu copieuse, mais nutritive, à laquelle ils sont habitués. Le Cheval lourd de l'Angleterre et des plaines de l'Allemagne ne peut plus vivre des herbes rares qui croissent sur les sables de Ja régence de Tunis; sa conformation est en rapport avec les lieux qu'il habite (1). Cela est si vrai, que des PRET Er D var nt sa ent | } Î : En pe (L) David Low, Histoire naturelle agricole des animaux do- mestiques. Le Cheval, p. 18. pr ! Fe on RG PE RSS ramasse = Gp er Se Be made Re TS LA NOURRITURE. 17 Chevaux ar abes, bien nourris depuis leur naissance, ont fini par do ner une postérité qui est devenue apte à re Monter l'arme des carabiniers. Des expériences sem blables, faites sur des Chevaux de la Camargue, ont donné des résultats presque analogues (1). L’élévation de la taille, l'augmentation de volume des animaux ne Se Sont-elles pas, du reste, manifestées partout où l’a- Sriculture s’est améliorée par l'extension des cultures fourragères (2)? Rien n’est plus facile que de grandir la taille des Poissons qu'on élève dans les viviers, en leur donnant à Profusion une nourriture qui leur convienne. L'influence d’une alimentation abondante sur la taille a été même observée sur une espèce de Mollusque. On sait combien les Romains estimaient les Escargots, qui étaient pour eux un met délicat et très-recherché. Aussi en faisaient- ils élever et #igner dans des parcs destinés à cet usage et où on les nourrissait avec beaucoup de soins. Ils finis- Saient par y acquérir un volume très-considérable (5). Non-seulement la quanuté et la qualité de la nourri- ture exercent sur la taille et même sur l'ensemble des formes une influence marquée ; mais, si l’on vient à Changer de tous points le régime auquel chaque espèce fStnaturellementsoumise, si d’animale on rend l’alimen (1) Richard du Cantal, dans le Bulletin de la Société d’acclima- tation, T. IV, p. 321 et 322. (2) Magne, Traité d'hygiène vétérinaire appliquée. Paris, 1844, in-80, T. I, p. 187. (5) Ach. Richard, Eléments d'histoire naturelle médicale, éd. 4, T. I, p. 297. % | 2 : 2 MODIFICATIONS DES ANIMAUX DOMESTIQUES. sur un même animal, sans que l’un de ces organes soit malade ; j'ai constaté ce fait assez remarquable sur des Chiens et sur des Chats. La taille est une des circonstances qui varient le plus, ce qui doit peu nous étonner, puisque, dans l’état de nature, les individus d’une même espèce nous présentent, sous ce rapport, des différences, mais, il faut l'avouer, restreintes dans des limites fort étroites. Il n’en est pas ainsi des animaux asservis à l'Homme: non-seulement Ja taille se modifie toujours chez eux, mais souvent dans d'énormes proportions. Chez les Ruminants, les cornes peuvent manquer, ou bien elles se multiplient au delà du chiffre normal. Tous les types primitifs connus de nos Mammiféres domestiques ont les oreilles dressées et mobiles, et l’on pourrait même dire qu’il en est ainsi de toutes les espèces sauvages de cette classe, si les Eléphants ne nous pré- sentaient à cet égard une exception, il est vrai, unique. Mais la plupart de nos Mammiféres, depuis longtemps réduits en domesticité, nous offrent, du moins dans quel- ques-unes de leurs races, des oreilles élargies, pendantes et qui semblent soustraites à l’action des nerfs. moteurs. Cest là, suivant Buffon (1), le cachet d’une profonde servitude. Les proportions du corps et des membres nous mon- trent des changements encore plus importants. Dans toutes nos espèces qui, de temps immémorial, vivent sous la tutelle de l'Homme, il y a des races à corps tapu (4) Buffon, Histoire naturelle générale et particulière. Ed. l'impr. roy. in-40, T. IV, p. 424, et T. XIV, p. 393. RS ST — MODIFICATIONS DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 4 Ou svelte, à membres allongés ou raccourcis et quelque- lois même tors. Le squelette nous offre des différences étonnantes dans le volume, la longueur et la densité des oS, dans Ia conformation du bassin, dans le nombre des vertèbres caudales, dans le nombre des doigts. Mais les Modifications les plus générales et les plus remarquables Sont celles que nous présente la conformation de la tête OSseuse et spécialement le crâne; les Chiens, les Che- Vaux, les Porcs, les Bœufs, les Moutons, les Chèvres, les Coqs, les Pigeons, ete., nous en fournissent les exemples les plus variés et les plus saillants, Certaines fonctions peuvent être exagérées dans leur exercice physiologique. La sécrétion de la graisse est, dans certaines races, extrêmement active, au point que tous les organes sont, pour ainsi dire, ensevelis dans ce produit, ou bien cet excès de sécrétion se localise sur une partie du corps, y forme un dépôt circonscrit qui alère singulièrement les formes extérieures de l'animal. La sécrétion du lait devient presque continue dans cer- laines espèces domestiques. La fécondité s’accroit assez Sénéralement et quant au nombre des portées et quant au nombre des petits, qui dépasse souvent celui des ma- Melles. Les animaux sauvages de même espèce ne se distinguent pas les uns des autres par le tempérament, ME par le caractère. Il n’en est pas ainsi chez les animaux domestiques : les tempéraments différents se dessinent dans les individus d'une même espèce. Les uns ont, en Outre, le caractère doux et docile, les autres l’ont hargneux ét méchant, gai ou calme. Les organes locomoteurs peu- Vent s’affaiblir de façon à rendre lourds et lents des ani- Maux naturellement agiles, à supprimer même plus ou Ro 7 _ se Sn in AE LE à dopétipeas = _ RARE x ner J DR ca ere se ten ESS | re CS >. me — ae D érapoae mrdpier 2. D D DT né RE 7 ne 5\: LA STABULATION. ont été soumis à la même alimentation pendant un nombre plus ou moins grand de générations, et cela est vrai, surtout pour les animaux herbivores. Comme dans chaque province il y a généralement une grande uniformité dans la nature des pâturages et dans les soins qu'on donne aux animaux, on s'explique, d’une part, l'analogie qui existe dans les formes du bétail d’une même contrée, et les différences qui se voient d’une pro- vince à une province voisine. Aussi chaque circonscerip- tion agricole naturelle a-t-elle ses races spéciales d’ani- maux domestiques, et si l’on vient à y mêler quelques types étrangers, au bout d'un temps plus ou moins long, même sans croisements, ils rentrent dans la race du pays. C'est ainsi que l’on n’a pu Jusqu'ici, malgré des tentatives nombreuses et continuées pendant de longues années, conserver intacts, hors de leur pays natal, les Chevaux des races barde ou arabe. La nourriture n’aurait-elle pas quelque action sur la couleur des animaux? On a cité à l'appui de cette opi- nion l'exemple des Bouvreuils, des Moineaux, des Geais, des Allouettes, qui, nourris exelusivement de chènevis, ont pris une teinte très-foncée et même noire (1). Mais c’est là une variation purement individuele, qui est loin d’être constante et qui doit disparaître avec la cause qui l'a produite. Du reste, si l’on excepte ce fait, on ne trouve plus aucun lien qui rattache la coloration des animaux au genre de nourriture dont ils font usage. La stabulation. — La stabulation est un des agents les (4) Blumenbach, De generis humani varietate nativa. Gülin- gen, 1790, in-12, p. 94. LA STABULATION. 91 plus actifs que l'Homme ait mis en œuvre pour dompter les animaux Sauvages, pour faire disparaître leur carac- tère farouche, pour Jes habituer à notre présence et aux Soins que nous leur donnons, pour les soumettre à sa volonté, en un mot, pour les réduire à une servitude complète. Mais cette condition d'existence, si différente de la liberté que leur donnait l’état de nature, devait nécessairement produire des modifications importantes dans leur économie. Le repos prolongé dans les étables tend à leur faire perdre leur activité naturelle et à les rendre lourds et lents. L'influence de l'air chaud et très- Souvent humide qu'ils y respirent, produit chez eux une Prédominance lymphatique, qui se manifeste par leur Constitution molle, sans ressort, sans élasticité ; les sabots Ont un tissu moins résistant; la peau devient mince et souple, les poils qui la recouvrent plus fins et plus flexi- bles ; ils perdent en vigueur ce qu'ils gagnent en dispo- Sition à engraisser. Ceux d’entre eux qui vivent une Partie de l’année dans les pâturages, ou qui travaillent aU grand air, ont plus d’agilité, plus de nerf, plus de Yigueur. Ceux, enfin, qu’on laisse vivre à l'air et presque en liberté pendant toute l’année, et qui sont exposés à la pluie, à Ja neige, à toutes les variations atmosphéri- ques, tels que les Bœufs et les Chevaux de la Camargue, les Moutons des Schetlands et des Orcades, sont plus trapus, plus robustes, quoique souvent de petite taille, €& ont toute la vivacité et l’activité que la nature a dé- Parties à leur espèce; une peau rude et notablement Plus épaisse les protége contre les intempéries des sai- Sons ; les bulbes des poils sont plus gros et le pelage est Plus fourni. Enfin tous ces caractères s'exagèrent encore te me M pement rep mad D te DO ES TS ve SR gene CITES pes À 29 LES CONDITIOXS TOPOGRAPHIQUES. $ dans les animaux domestiques redevenus sauvages, et rendent plus saillants les changements dont nos races domestiques sont redevables aux soins que l'Homme prend de les abriter et de pourvoir à tous leurs be soins. Les conditions topographiques. — La nature chimique ou géologique du sol ne paraît pas avoir par elle-même d'action marquée sur la conformation des animaux do- mestiques ; mais il n’en est pas de même de son état d'humidité ou de sécheresse et de son élévation plus ou moins grande au-dessus du niveau de la mer. C'est un fait qui parait positivement établi, que, dans les plaines marécageuses, on ne peut pas conserver, sans altération, les races de Moutons à laine superfine ; ils perdent, dès les premières générations, les avantages précieux qui les font rechercher, c’est-à-dire, leur toisor soyeuse (1). Il en est de même des Chevaux fins, qui, dans de semblables conditions, ne conservent pas leur taille svelte, leurs crins fins, leurs pieds petits ; leurs sabots s’épatent, s’élargissent et sont moins durs (2). Ils de- viennent plus mous et moins aptes au travail (3). Il n'en est pas ainsi des Chevaux qui habitent des pays secs et chauds, comme l'Arabie, la Perse, l'Egypte, l'Algérie et l'Espagne ; ils conservent indéfiniment les (1) Magne, Traité d'hygiène vétérinaire appliquée, T. I, p. 9. (2) Magne, Ibidem. ” (5) De Morogues, Cours complet d'agriculture, etc., T. II, p. 213. | LES CONDITIONS TOPOGRAPHIQUES. 23 qualités physiques et physiologiques qui les distinguent, et ces climats paraissent leur être naturels, à ce point qu'à mesure qu'ils s’en éloignent, ils dégénèrent de plus en plus. Buffon (1) avait déjà fait observer que les haras établis dans des terrains secs et légers produisent des Chevaux sobres, légers et vigoureux, ayant la jambe Nerveuse et la corne dure, tandis que, dans les lieux humides et dans les pâturages les plus gras, ils ont Presque tous la tête grosse et pesante, le corps épais, les jambes chargées, la corne mauvaise et les pieds plats. Cependant les Chevaux de course de la brumeuse Angle- terre conservent leurs caractères, mais, comme nous le verrons plus loin, ce n’est que par les soins assidus qu'on leur prodigue, par l'alimentation de choix dont ils font usage, en un mot, par un régime qu’on pourrait appeler artificiel. Les Anes de belle race ne se maintiennent tels que dans les pays secs, comme dans certaines parties de la Perse, de l’Arabie, du Saïd (Egypte), tandis qu'ils de- Viennent petits, lourds et mal faits dans certaines con- W'ées humides et chaudes de l'Inde, de l'Arabie, de la Nubié, de la Thébaïde et dans le delta du Nil (2). Des observations analogues ont été faites relativement aux espèces bovine et porcine. L'élévation plus ou moins grande au-dessus du niveau de la mer parait aussi agir sur la taille. C’est dans les Plaines que le Cochon acquiert ses plus grandes dimen- (1) Buffon, Histoire naturelle, T. IV, p. 27. (2) Sonnini, Foyage dans la haute et dans la basse Egypte. Paris, an VIL, in-80, T. II, p. 259. sr 24 L'EXERCICE DES ORGANES. sions; plus son habitation est élevée, plus il devient petit et trapu, son col est court, son train .de derrière arrondi (1). Les plus belles races de Bœufs des monta- gnes de la Suisse, transportées dans les plaines de la Lombardie, et sans se mélanger avec les races du pays, perdent, au bout d’un petit nombre de générations, les caractères qui les distinguent (2). Les Chevaux de mon- tagne sont construits d’une toute autre manière que les Chevaux de plaine, et sont surtout remarquables par la solidité de leurs pieds (3) ; ils ont toujours bien plus de force et de vigueur (4). | L'exercice des organes. — C'est un fait physiologique bien connu, que les organes le plus fréquemment exercés sont ceux qui se développent le plus, et acquièrent la plus grande énergie. Or, dans les différents exercices auxquels l'Homme condamne les animaux domestiques, le Cheval, par exemple, pour en obtenir des services variés, ce ne sont pas les mêmes muscles qui sont prin- cipalement en action ; de là une différence en excès, qui, en raison des rapports étroits qui unissent les muscles et le squelette, entraine des modifications qui se mani- festent dans les formes extérieures de l'animal. Les muscles, au contraire, qui, pendant un grand nombre (1) Sturm, Ueber Racen Kreuzung und Voredlung der land- wirthschaftlichen Hausthiere. Elberfeld, 1895, Pr fe (2) Huzard, De quelques questions relatives au métissage dans les races d'animaux domestiques, 1831, p. 6. (5) F. Villeroy, L’éleveur de bêtes à cornes, éd. 2, p. 93. (4) Magne, Traité d'hygiène vétérinaire appliquée, T. L, p. 193. L'EXERCICE DES ORGANES. 25 de générations, ont cessé d’être exercés, se rapetissent, et un effet analogue se produit sur la partie du squelette que ces muscles mettent en mouvement. C'est ainsi que les Poules cochinchinoises et Bramapoutras, ayant été mises, pendant une longue suite d'années dans l’impos- Sibilité d'exercer le système musculaire qui meut les ailes, les muscles pectoraux sont devenus moins gros et Moins acüfs, les ailes se sont raccourcies, et ces Oiseaux On définitivement perdu la faculté de voler, et d'autant plus que, conformément à la loi de balancement des Organes, les membres inférieurs ont acquis un dévelop- Pement exagéré. Dans le Cheval de selle, habitude de porter un. ca- Yalier allonge le corps et rend la croupe horizontale, Mais, si le fardeau est trop lourd, il rend les animaux ensellés. Dans le Cheval de trait, au contraire, le tirage raccourcit le tronc, rend les lombes larges et droites, la troupe est courte et oblique (1). L’action de traire un animal, même au delà du terme fixé pour la lactation, excite les organes mammaires; SEux-ci s’accroissent quelquefois d'une manière prodi- Sieuse, leur action physiologique s’exagère, la sécrétion du Jait devient une fonction presque continue. Si, au Contraire, on néglige, pendant plusieurs générations, de traire.Jes animaux chez lesquels la propriété lactifère St le plus développée, leur pis perd son ampleur, la Sécrétion est diminuée et cesse complétement dès que le Veau peut broutier l’herbe. C’est ce qu’on a observé ()F. Villeroy, L’éteveur des bêtes à cornes, éd. 2, p. 93; °8ne, Traité d'hygiène vétérinaire appliquée, T. I, p. 195. Re et AE Een sache = PU Ga Em PRE Er gén ES en STRESS Re 26 L'ÉDUCATION. dans certaines fermes de l'Amérique, et également chez les Vaches et les Chèvres redevenues sauvages. L'éducation. — Certaines habitudes, qui ne sont pas naturelles à une espèce animale, peuvent lui être impo— sées par la volonté de l'Homme : telle est celle de mar- cher l’amble ou le pas relevé chez le Cheval, celle d’ar- rêter et de rapporter chez certaines races de Chiens, ete. Ces habitudes acquises, comme nous l'avons vu, peuvent : devenir héréditaires, mais, dans tous les cas, elles sont en général plus faciles à imposer par l'éducation aux descendants des animaux qui déjà y ont été soumis. D'une autre part, il est des animaux domestiques qui ont perdu des habitudes naturelles à leur type sauvage, et qui n'en laissent plus de traces dans les races civilisées : telle est celle de creuser des terriers qu’on n’observe plus chez les Lapins de clapier, ni chez les Chiens com plétement domestiqués. I y a plus, le degré de domestication des animaux, et même leur intelligence, sont en rapport avec le degré de civilisation des peuples qui les élèvent. Chez les na- tions sauvages ou qui se sont à peine dépouillées des langes qui enveloppent l'enfance des peuples primitifs, les animaux domestiques présentent entre eux peu de variations, et, par leur conformation physique comme par leurs caractères psychologiques, ils se rapprochent davantage du type sauvage (1). C'est ainsi que les (1) F. Cuvier, Dictionnaire des sciences naturelles de Le- vrault, T. VIN, p. 533; I. Geoffroy-Saint-Hilaire, Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, T. XXX, p. 592. LES CAUSES INTERNES. 7 Chiens des iles de la Mer du Sud sont presque uniformes et, Comme nous l'avons vu, ils sont stupides. Il en est de même des Chiens des Esquimaux et de ceux des Peuples hyperboréens qui habitent l'Europe et l'Asie, Mais aussi les Polynésiens ne demandent à ces animaux aucun service, et les élèvent uniquement pour les man- ser dans leurs fêtes religieuses. Les nations polaires ne les Cmploient que comme hôtes de trait. Chez les peu- bles civilisés, au contraire, les Chiens présentent une Yariété infinie de races, qui s’éloignent beaucoup des précédentes, et dont plusieurs, devenues de la part de l'Homme l'objet de soins éclairés, et je dirai même af- fectueux, se distinguent par leur intelligence et par leurs qualités affectives. Mais aussi nous leur demandons des Services extrêmement variés, nous les soumettons à des régimes très-divers, et nous multiplions ainsi les causes de variations (1). Les causes internes. — Si les causes dont nous venons d'étudier l’action ont produit certaines variations chez les animaux domestiques, il est un grand nombre de Changements qui ne peuvent être rapportés à aucun des agents modificateurs connus. Tels sont ceux, par ‘Xemple, qui affectent un seul animal dans un troupeau nombreux, et quelquefois dans une seule et même por-- tée. Ici la variation est tout à fait indépendante des agents extérieurs, elle est inhérente à l'individu et doit être par conséquent subordonnée à des causes organi- (Œ)I. Geoffroy-Saint-Hilaire, Essais de zoologie générale. Paris, 1841, in-8o, p. 304. 928 L'HÉRÉDITÉ. ques, dont la nature et le mode d'action échappent à nos investigations. u Chaque espèce, dit J. Müller, ren " ferme en elle-même, et indépendamment de toute in " fluence extérieure, un certain cercle de variations. " Cest à cette circonstance que tiennent toutes les for " mes différentes, qui peuvent procéder d’un seul et " même acte générateur (1). n Comment expliquer, en effet, par les causes exté- rieures, non-seulement les différences de coloration, l’albinisme, le mélanisme, l'érythrisme, mais aussi l'ori- gine des races à longues jambes ou à jambes courtes et torses, l'absence ou la multiplicité des cornes chez cer tains Ruminants, l'augmentation du nombre des doigts, l'avortement habituel de la crête ou du croupion chez cer- taines Poules, les différences dans la forme du crâne, ete.? L'hérédité. — Quelle que soit la cause des variations, qu’elles soient Île résultat des conditions physiques dans lesquelles on place les animaux, ou bien qu'elles dérivent de cette faculté latente de l'organisme que Blumenbach nommait Bildungstribe ou Nisus formativus, elles ont de la tendance à se reproduire par la génération, et Galien (2) déjà avait été conduit par l’observation à admettre ce fait comme démontré. u La question de u l'hérédité des modifications acquises, dit M. Flou- “ rens (5), est une des plus importantes de la physio- (1) J. Müller, Manuel de Physiologie, trad. franc. Paris, 1851, in-80, T. II, p. 786. (2) Galenus, De semine lib. IL, cap. 1. (5) Flourens, De L'Instinct et de l’Intelligence des animaux, éd. 3. Paris, 1851, in-18, p. 124. L'HÉRÉDITÉ. 29 logie générale. n L'hérédité a plus d’empire sur la Constitution, sur les aptitudes, sur les inclinations et les penchants, que toutes les influences venues du dehors, bien qu'il soit établi cependant que cet empire ne soit Pas absolu, qu'il se rencontre des faits exceptionnels et qu'il existe jusqu'à un certain point une sorte d'antago- nisme entre la tendance à des variations nouvelles et la Conservation par voie de reproduction des caractères ACquis, mais cette seconde disposition l'emporte toujours Sur la premicre. Ce qui se transmet tout d’abord par voie d’hérédité, c’est le caractère physique, la conformation extérieure, la physionomie, la taille, la nature du poil et même la couleur. Sur 216 couples de Chevaux de même poil, 205 ont donné des poulains de couleur semblable à celle des parents, et 11 seulement des poulains d’une robe différente (1). Comme l’a démontré Hofacker (2), les Caractères spéciaux de la charpente osseuse, de la force ou de l'adresse musculaire se reproduisent non-seule- ment dans leur ensemble, mais le plus souvent dans leurs moindres détails, par exemple, dans les Chevaux, dont les uns conservent ainsi l'aptitude au trait, les autres les qualités nécessaires à la course qui distin- guaient leurs ascendants. Il en est également ainsi des différences dans la proportion des membres et des autres Particularités d'organisation que nous ayons signalées. (4) Hofatker, Ueber die Eingenschaften, welche sich bei Men- schen und Thieren von den Eltern auf die Nachkommen vererben, p. 10. (2) Hofacker, fbidem,p. 25. 4 M PAR ri Sanaa mans À on RG tee 50 L'HÉRÉDITÉ, La rapidité du développement, la tendance à engraisser, si prononcées dans certaines racés anglaises d'animaux domestiques, si peu, au contraire, dans la plupart de nos races françaises, se maintiennent très-bien par hérédité. Il y a dans l’espèce bovine des races bonnes ou mau- vaises laitières, et, chose remarquable, la faculté de donner beaucoup de lait est transmissible par le mâle qui ne la possède pas. Aussi beaucoup d'agriculteurs ont-ils som de choisir ‘pour la monte les Taureaux qui proviennent d’une bonne Vache laitière (L), et, suivant Girou de Buzareingues (2), il est encore plus important pour l'établissement d'une vacherie de faire un bon choix des Taureaux que des Genisses : car la propriété lactifère se transmet plus sûrement par le mâle. I est aussi à noter que les qualités laitières des Vaches sont, le plus souvent du moins, en rapport inverse avec la tendance à produire un grand développement des muscles et de la graisse. Aussi existe-t-il des races de boucheries et des races laitières, qui chacune Conser- vent, en général, par la reproduction, leurs facultés spéciales. Il y à aussi presque toujours dans les races de Moutons une sorte d’antagonisme entre la production d’une laine fine et abondante et les qualités qu’on re- cherche dans les animaux de boucherie. Certaines habitudes imposées par l'Homme peuvent (1) Burdach, Traité de Physiologie considérée comme science d’observation,trad. franc. Paris, 1858, in-80, T, II, DA (2) Girou de Buzareingues, De [a génération. Paris, 1828, in-8o, p. 127. L'HÉRÉDITÉ. 51 aussi quelquefois, comme nous l'avons vu, se transmettre héréditairement. Il en est encore ainsi très-souvent des instincts et des facultés intellectuelles ou affectives. L'hérédité nous offre aussi quelquefois un fait digne d'attention, c’est la reproduction chez un animal, quel- quelois au bout de plusieurs générations, d’un ou de Plusieurs caractères spéciaux que présentait un des as- cendants et qui semblaient avoir disparu définitivement. Columelle (1) en a déjà signalé des exemples dans l'espèce de l’Ane ; on en a observé depuis dans toutes nos espèces domestiques. On a nommé atavisme (2) ce phénomène Qui prouve la tenacité avec laquelle agit quelquefois l'hérédité. S : Il est à noter, en outre, que les races les plus an- ciennes et les mieux earactérisées sont celles qui se modifient le moins facilement, et qui résistent le plus longtemps aux variations lorsqu'on les place dans des Conditions nouvelles d’existence. C'est sur cette tendance à la transmission des carac- tères acquis que repose la théorie de la formation des races ; elle est l'élément essentiel de leur production. L'idée de race emporte celle de variation et celle de Permanence des modifications obtenues, par conséquent celle d’'hérédité? uw Les races dans chaque espèce, dit " Buffon (3), ne sont que des variétés constantes, qui " Se perpétuent par la génération. " (1) L.-J.-M. Columella, De re rusticé lib. VIL, cap. 3. (2) Les Allemands nomment ce phénomène Ruckschlag (un coup CA arrière, un pas rétrograde). (8) Buffon, Histoire naturelle, supplément, T. IX, p. 364. 32 THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. Ces faits établis, examinons comment il est possible de procréer des races nouvelles appropriées aux services ou à la formation des produits qu’on se propose d'ob- tenir d'elles. “ On est toujours sûr, dit F. Cuvier (D), de former y des races, lorsqu'on prend le soin d’accoupler con- “ stamment des individus pourvus des particularités d’or- » ganisation dont on veut faire des caractères de ces v races. Ces caractères, produits d'abord accidentelle " ment, se Seront si fortement enracinés après quelques " générations, qu’ils ne pourront plus être que difficile- “ ment détruits; et les qualités qui tiennent à l’intelli- " gence s’aflermissent comme les qualités physiques. n C'étaient là également les idées de Buffon : u De deux "individus singuliers, dit-il (2), que la nature aura “ produits comme par hasard, l'Homme en fera une race " constante et perpétuelle, et de laquelle il tirera plu- n sieurs autres races qui, sans ses soins, n'auraient “ jamais vu le jour. n Des expériences pratiques vien nent confirmer ces idées, et il nous suffira, parmi un grand nombre de faits connus, d’en citer quelques-uns. Je rappelerai d’abord celui de ce Taureau sans cornes, dont nous avons déjà parlé (3) qui naquit, il y a moins d’un siècle en Amérique, dans un troupeau de Bœufs appartenant, Comme {ous ceux qu’on avait vu jusque-là sur cet immense continent, à la race cornue. Sans qu’on (1) F. Cuvier, Dictionnaire des sciences naturelles de Levrault, T. VIN, p. 551. (2) Buffon, Histoire naturelle des Oiseaux, T. IL, p. 497. (5) Voy. le tome premier de cet ouvrage, p. 493. THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. 33 ait le moins du monde cherché à propager ce caractère, il s’est Perpétué, et ce Taureau est devenu la souche une race sans cornes, celle du Bœuf Mocho, qui s’est répandue sur des provinces entières (1). Il est à remar- Mer Que, dans ce cas, la prépondérance du mâle a Maintenu dans les produits l'absence de ces organes, bien que les femelles en fussent pourvues. En 1791 , dans le Massachusets, au milieu de Moutons de race anglaise, il se produisit un Bélier remarquable Par la longueur de son corps, ses pattes courtes et torses Comme celles d’un Chien-Basset, et cette conformation SMgulière fixa l'attention, surtout en ce qu’elle s’oppo- Sait à ce que cet individu püt franchir les clôtures. Il ÿ avait donc utilité à obtenir une race de Moutons ainsi tonformée et qui rendrait bien plus facile la garde des troupeaux. Ici l'Homme intervint, et, par des croisements habilement ménagés, ces Moutons, précieux pour les fermiers américains, se sont multipliés et ont formé la Tace Loutre (2). | On sait les tentatives dispendieuses, faites depuis Colbert, pour naturaliser en France les Mérinos, et qui n Eurent aueun succès, bien qu’elles aient été continuées de 1666 à 1766, c’est-à-dire, pendant un siècle. Dau- “NON est parvenu, avec des Brebis bourguignonnes et des Béliers du Roussillon, à créer, dans la terre de () Don Felix de Azara, Voyage dans l’Amérique méridionale, TL p. 578. (2) Transactions philosophiques, 1815, p. 58; Warden, Des- iption des Etats- Unis de l’ Amérique septentrionale, trad. franc. Paris, 1820, in-80, T. I, p. 30. I, 6 . amas san, , Li ES … L ER Er dut es Cr ex. a AR DR GE Rp eh mens à ds > rs ee pe 34 THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. Montbar, une race de Moutons analogue aux plus belles races espagnoles. Pour cela, il a constamment choisi, comme reproducteurs, parmi les métis provenant de cette union, ceux qui présentaient la laine la plus fine et la plus longue; il a vu, à chaque génération, la toison s'améliorer, et avec des Béliers dont la laine mesurait 5 pouces et des Brebis à laine de 3 pouces, il est arrivé, après dix annces de soins, à procréer des Mérinos à laines fines et longues de 22 pouces (60 centimètres) (1). Ainsi, avec des races françaises, c’est-à-dire, acclimatées, Daubenton a obtenu des Mérinos. Mais on peut suivre un procédé plus rapide pour arriver au but que s'était proposé le célèbre collabora- teur de Buffon, et qui a été expérimenté avec succès en Angleterre. En effet, l'amélioration de la toison des Mou- tons dépend du mâle, et il est démontré qu'en em- ployant constamment des Béliers Mérinos, on peut re- tir les Brebis anglaises, dans le cours de quatre ou cinq générations, d’une laine qui rivalise avec celle d'Espagne (2). La création de:la race Mérine de Mauchamp remonte à 1828; elle a eu aussi pour origine un Bélier mons- trueux, qui avait une conformation très-fâcheuse pour le service de la boucherie; mais il offrait une laine tout à fait spéciale, droite, lisse, soyeuse, très-peu élastique et surtout très-douce. Il s'agissait de donner à tout le trou- (1) Daubenton, /nstructions pour les bergers et pour les pro- Priélaires de troupeaux. Paris, an X, in-8°, p. 409. (2) John Sinclair, L'agriculture pratique et raisonnée, trad. par M. de Dombasle. Metz, 1825, in-80, T, I, p. 196. a THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. 35 un des. peau de cette exploitation, composé de cinq à six cents tnimaux, une laine semblable à celle du Bélier, dont il est. ICI Question, et cependant de conserver à ce troupeau la conformation du corps de l’anciennerace. Ce Bélier servit à la monte d'un certain nombre de Brebis, et parmi les Produits obtenus, il y en eut deux ou trois qui conser- *erent les caractères de la toison de leur père et la con- formation de leur mère. Ceux-ci furent croisés entre eux, Et en écartant toujours du troupeau les individus qui S'éloignaient du type qu’on voulait produire, les résul- lats désirés élaient obtenus, en 1848, par les soins PErsévérants de M. Graux (1). Une race nouvelle per- Manente était créée. | Le Cheval de course anglais est dû, non au dévelop- Pement accidentel de caractères spéciaux, mais il a été Peu à peu et successivement créé par l'Homme, Son histoire physiologique est d'autant plus instructive, qu'on COnnait sa généalogie authentique, consignée dans un livre qui aujourd’hui fait loi en Angleterre et qui à pour titre : The general Slud-book containing pediegrees of Race horses, et qui établit, comme ne l'a fait aucun *Utre document, la régularité et la fidélité avec lesquelles les formes et les qualités sont transmises d’un animal à Un autre, même chez les descendants les plus éloignés. On S ait que cette race a été produite par le mélange d'an C iens Chevaux du pays avec des Chevaux bardes, Persans, tures et arabes, en choisissant des reproducteurs qui Présentaient, à un degré plus ou moins marqué et une Manière progressive, les caractères d’où dépen- (1) Bulletin de La Société d’acclimatation, T. IE, p. 151. = D motor pet | | | | | Î À 56 THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. dent la légèreté, l'énergie et la rapidité de la course. Or, ces caractères sont un corps élancé, une poitrine longue et étroite; des membres un peu plus longs que dans les Chevaux ordinaires, musculeux jusqu'aux jar- rets, mais secs, tendineux et grêles en dessous ; des épaules bien faites et obliques ; un Cou un peu long, droit et mince ; une tête de moyenne grosseur, à front large, à yeux grands et vifs, à oreilles délicates, à lèvres minces, à naseaux bien ouverts. On est ainsi parvenu, par des croisements rationnels, à approprier la confor- mation du Cheval de course au développement des qua- lités spéciales qu’on recherchait en lui. Mais on y a aidé en dirigeant vers le même but son traitement, sa nour- riture, son éducation, et c’est par la continuation des mêmes soins qu'on est parvenu à conserver et à fixer cette race. David Low (1) nous fait connaitre, dans les termes suivants, le genre de vie et le régime auxquels le Cheval anglais est soumis. n Dès sa plus tendre en- » fance, il est placé dans des conditions qu’on pourrait “ appeler artificielles, sous le rapport de la nourriture # et de l'exercice. Il est à peine séparé de sa mère, » qu'on le revêt de couvertures et on le place dans une » écurie bien chauffée. Mis au régime d’une nourriture s sèche et exercé selon les règles, on le conduit sur le y terrain de l'Hippodrome dès l’âge de trois ans et quel- » quefois plus tôt. On le maintient dans de bonnes con- w ditions en lui donnant une nourriture sèche et nutri- a tive; on le maintient dans une température élevée en (4) David Low, Histoire naturelle agricole des animaux do: mestiques. Le Cheval, p. 55. THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. 37 v chauffant l'écurie, en le tenant constamment enveloppé " de couvertures et en ne l'exposant que rarement à l'air " Sans Ce vêtement. Par ce système, la sécrétion de la " graisse est interrompue ; les organes de la respiration ” SONt dans un état continuel d'activité, et les fibres " Müsculaires acquièrent une tension qui rend l'animal ” Gpable de déployer ses facultés au plus haut degré. " Ce que la chaleur et l’aridité du sol produisent chez le " Cheval arabe du désert, un régime artificiel le donne "au Cheval de course anglais, mais en surexcitant le " Système général. n | Dans l'espèce bovine, des merveilles plus étonnantes “NCore ont été produites de nos jours, surtout dans les Taces de boucherie. Le problème à résoudre était celui-ci : obtenir des Bœufs à croissance rapide, doués d’une ap- litude prononcée à la sécrétion de la graisse, et dont les Parties qui se mangent soient, après la mort, d’un poids Qui approche le plus possible de celui de l'animal en vie, de telle sorte que les issues ou parties de peu de valeur Soient, aussi peu considérables que possible. Ce pro- Stamme a été réalisé, pour ne pas dire dépassé, par Robert Bakwell et par plusieurs autres éleveurs an- Slais. C'est en procédant d'une manière analogue à celle qui à ét suivie pour obtenir le Cheval de course, mais en Unissant souvent les animaux de parenté la plus rappro- Chée, par exemple, les pères et mères avec leurs enfants, 68 frères avec les sœurs, que Bakwell est parvenu non- Seulement à conserver plus sûrement, mais aussi à développer les formes et les qualités désirées. Cette mé- lhode, que les Anglais appellent propager la race en PT TT, w rs) | TL 0 en RER OS RRQ Dette à à 2 ee . 98 THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. dedans (/n-and-in), et les Allemands /nzucht, parait être avantageuse pour fixer une variété qu'on regarde comme précieuse, mais elle ne doit pas être poussée trop loin, et il est bon de conserver deux ou trois lignées distinctes dans la race, afin d'éviter les accouplements nombreux à des degrés trop rapprochés de parenté. Sans cette précaution, la race s’affaiblit et dégénère, comme le prouvent les expériences de l’éleveur Prin seps (1). C'est par le procédé de la propagation en dedans que Bakwell a produit le Bœuf Dishley, à grand corps cylindrique, à tête petite, à cou mince et court, à extrémités grêles et très-peu élevées, à squelette réduit de moitié dans l’épaisseur des os, et qui présente, en outre, des épaules petites, mais un développement pro- portionnel très-remarquable des parties musculeuses qui ont la plus grande valeur commerciale et qui sont le plus appréciées des gourmets, telles que les muscles lom-— baires, les psoas et les quartiers de derrière (2). Le bétail à courtes cornes des marais de Lincoln, en Angleterre, est de grande taille, mais de conformation grossière et bien inférieure, sous ce rapport, à la race d'où l'industrie de Bakwell tira le Bœuf Dishley ; mais elle se fait remarquer par la bonté de sa chair et par l'aptitude des Vaches à donner du lait. Cette race de Lincoln, améliorée d’abord par Milbank et par Bobinson, a été portée à son plus haut degré de perfection par les € ge | | | | 14 | ei | 4 (1) John Sinclair, L'agriculture pratique et raisonnée, trad. par M. de Dombasle, T. I, p. 189. (2) David Low, Histoire naturelle agricole des animaux domes- tiques. Le Bœuf, p. 148. Tire dote md -— PS re cafe on PROCESS Ten: 4e THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. 39 frères Colling de Darlington, et c'est ainsi qu’ils créérent le Durham (1). US pourrions citer encore, dans l'espèce bovine, orme race de Héréford, si justement estimée, et que nous devons aux soins de l’éleveur Tomkins. | Ces trois races, les plus-belles du monde, si on les considère exclusivement au point de vue des usages Pour lesquels elles ont été formées, peuvent être con- Sidérées comme véritablement artificielles. Elles ont Conservé cependant, tant l'empire de l'hérédité est Sand, le cachet de la race originaire dont elles sont descendues, mais elles doivent à l’art des éleveurs les Caractères précieux qui les rendent recommandables. Dans l'espèce ovine, nous devons aussi à Bakwell une lace de Moutons très-estimée et obtenue par les mêmes Procédés, c'est la race Dishley ou Longwoods (2). Dans l'espèce porcine, on a obtenu également des races re- Marquables par le grand développement des muscles et du lard, et par la diminution des issues et du système °sseux. John Sebright a formé diverses races bien ca- lactérisées de Chiens, de Poules et de Pigeons (3); le docteur Dannecy un grand nombre de variétés et de Faces dans l'espèce du Lapin (4). La race de Vers à soie de Loriol a été créée aussi, par des procédés analogues, l’'én ee RSR she. CS . () David Low, Zéidem. Le Bof, p. 157. (2) David Low, Jbidem. Le Mouton, p. 145. (3) John Sinclair, L'agriculture pratique et raisonnée, trad. Par M. de Dombasle, T. I, p. 498. (4) P. Lucas, Traité philosophique et physiologique de l’héré- dite naturelle, elc. Paris, 1847, in-80, T. I, p. 203. br god de Ag + — nn. GRR ter. 0 PO EE — pers ne nv Los GT ne rs Ve 0 Dig SO SE ©] “A f 1e ft: Ne Le Re ere 2 2 age 40 THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. par M. D’Arbalestrier (1). Nous aurions pu multiplier facilement ces faits, mais ils suffisent pour expliquer comment nos races anciennes Ont pu se produire, et comment on peut, à volonté, en créer de nouvelles parfaitement adaptées au genre de services qu’on veut obtenir d’elles. 2 | Mais il est un autre procédé, plus rapide dans ses ré- sultats que celui que nous venons d'exposer, et qui con- siste dans le croisement de deux races anciennes dans le but d'en obtenir une race intermédiaire. Les produits, d’abord un peu variables, finissent par se fixer après quelques générations, si on n'allie entre eux que les métis du même degré. Toutes nos races de Chevaux, de Chiens, de Moutons, etc., peuvent, par leur union, donner naissance à des races nouvelles. Presque toutes les contrées de l’Europe possèdent des races particulières qui sont dues à cette cause. Pour ne citer que des faits récents, et sans sortir de France, nous pouvons signaler la race des Moutons Charmoises, que M. Malingié a obtenue par une suite de croisements ménagés avec dis- cernement, d’abord entre les races béfichonne et tou- rangelle, puis entre les métis de ces derniers et des Bé- liers Mérimos et New-Kents. En quelques années, cette race a été suffisamment assise pour exercer à son tour une influence modificatrice des plus heureuses. Ses Béliers, unis aux chétives Brebis du Haut-Limousin, ont donné des produits d’une valeur double de celle des mères, et qui sont aujourd'hui recherchés jusqu’en Angle- (1) Robinet, Manuel de l’éducateur de Vers à soie. Paris, 1848, in-80, p. 314. THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. 41 terre (1). Les Pores de Boulogne et de Montreuil sont aussi une création moderne. Ils proviennent d’une race locale profondément abâtardie, qu'on a relevée par le croisement avec les York-Shires et les New-Leicesters. Les métis ainsi obtenus ont été mariés ensemble, et il S'est ainsi formé sur place une race supérieure (2). Ce Procédé réussit également, même chez les animaux in- Vertébrés, chez les Vers à soie, par exemple; on sait que là race Cora a été formée par le métissage des races de urin et.de Loudun (3). Nous pouvons donc, par ce Moyen, multiplier à l'infini nos races d'animaux domes- ques, Mais, pour que ces races hybrides, une fois obtenues, se Conservent pures, il faut éviter avec le plus grand Soin les croisements étrangers. Sans cette précaution in- dispensable, la race nouvelle se perd bientôt et retourne à la variété qui domine dans le pays, ou bien, si plu- Sieurs races anciennes sont en présence, il survient une Véritable confusion de variétés sans nombre, comme on l'observe en Algérie dans les Moutons et dans l'espèce Ovine. Mais la reproduction de ces deux animaux do- Mestiques y est livrée au hasard, et il y a mélange des pes de toutes les provenances. Aussi, dans le même Woupeau et dans le même pays, on voit des sujets de loutes les nuances de robes, de toute conformation et de taille différente ; on n'y observe pas des races différentes (1) De Quatrefages, d’après des renseignements fournis par M. Lavergne, Revue des deux mondes, pér. 2, T. VIIL p. 161. (2) De Quatrefages, 16idem. (5) Robinet, Manuel de l'éducateur de Vers à soie, p. 312. RE ee qui agi 1 | cs er RS ARE AA CONTES PC LR Ep AA re SR ER LEE Er Le A LTD piments 42 THÉORIE DE LA FORMATION DES RACES. suivant Îles lieux comme en France, et il serait même difficile d’en distinguer, tant le mélange est profond et général (1). Il y a plus, il est en outre nécessaire, si l’on veut maintenir une race, Soit ancienne, soit hybride, d'éloigner du troupeau et de livrer à la consommation les individus qui n’ont pas les qualités requises pour la monte, ceux que l’âge, les infirmités ou la conformation vicieuse rendent peu propres à la reproduction. En Espagne, par exemple, on ne conserve les bonnes races de Mérinos que par le choix intelligent des Béliers (2). Mais ces changements si importants et si variés que les animaux domestiques présentent dans leurs carac- tères physiques et physiologiques, dans leurs habitudes, dans leurs instincts, etc., ne sont-ils pas de nature à faire disparaître les caractères spécifiques, qui les sépa- rent des espèces voisines, et à constituer dans une seule et même espèce primitive des types organiques nouveaux: et séparés les uns des autres par des caractères aussi importants, plus importants même, que ceux qui diffé - rencient très-souvent des espèces, que les naturalistes n'hésitent pas à considérer comme nettement et origi- nairement distinctes ? Sur le premier point, la réponse est facile. Nos espèces domestiques, malgré leurs variations innombrables, ne se sontnulle part confondues avec les espèces voisines. Notre Bœuf domestique, à quelque race qu'il appartienne, est (4) Richard du Cantal, dansle Bulletin de La Société d’acclima- tation, T. IV, p. 566, 367 et 417. (2) Mémoires de la Société d'agriculture du département de La Seine, T. IL, p. 264. LES RACES NE CONSTITUENT PAS DE NOUVELLES ESPÈCES. 43 û 18norant ne le confondra ni avec le Buffle, ni avec l’Au- rochs, ni avec le Bison. Les caractères spécifiques qui le Séparent de ces trois espèces n'ont pas disparu au milieu des métamorphoses que la domesticité a fait subir à Presque tous ses organes; ces caractères persistent Comme des témoins irrécusables d’une origine distincte. Le Cheval et l’Ane, si voisins l’un de l’autre par leur Organisation et tous deux domestiques, ne se sont jamais Tapprochés, ni confondus par suite des changements COnsidérables qu’une très-ancienne domestication leur a Imprimés ; ils restent toujours à égale distance l’un de l'autre, et leur distinction ne présente aueune difficulté. l'en est de même de tous nos autres animaux domes- tiques, | Mais les races, et surtout les races anciennes, nous Offrent aussi dans leurs caractères une permanence qui n'est pas moins remarquable que celle qu'on observe Chez les espèces sauvages. Ne peut-on pas dès lors con- Sidérer les races comme des types organiques distincts, Comme de véritables espèces, dont elles semblent avoir acquis les attributs, c'est-à-dire, la ressemblance -des individus qui composent chacune d'elles, etla continuité Par voie de reproduction ? Si l’on compare entre elles deux races très-disparates, le Mouton morvan, par exemple, etle Mérinos d'Espagne, On est frappé des différences énormes que l'œil saisit immédiatement entre ces deux animaux : la taille, la Proportion des membres, la forme générale du corps, du chanfrein, des oreilles, et surtout la différence du Poil, qui frappe tout d'abord, semblent indiquer deux reconnu au premier coup d'œil, et l'Homme le plus PESTE ae PP re LE LA LES RACES NE CONSTITUENT PAS DE NOUVELLES ESPÈCES. types spécifiques, et néanmoins nous avons vu qu'ils ont une origine commune. Mais si nous leur comparons toutes les autres variétés de l’espèce ovine, nous voyons qu'il existe des passages innombrables d’une variété à l'autre ; que les caractères, qui d'abord semblent si tran- chés, se modifient graduellement, lient si étroitement toutes les races d'une même espèce entre elles, qu'il n’est pas possible de tracer la ligne de démarcation qui les sépare. Aussi ce serait en vain qu’on chercherait à limiter les races, comme on le fait des espèces, par des caractères rigoureux. On peut bien, dans chaque espèce domestique, établir un certain nombre de groupes et en indiquer les signes distinctifs ; mais cette division en groupes ou races restera incomplète et sera purement arüficielle. Car, en dehors des groupes établis, il se ren- contrera une foule d'individus de la même espèce, qui ne rentreront dans aucun d’eux, qui tiendront de deux et quelquefois de plusieurs races, qui seront intermé- diaires, en un mot, et les réuniront toutes par des nuances insensibles. Si, du reste, on étudie comment les races se sont formées, on constate que ce n’est pas d’une manière brusque; que les modifications ont été graduelles ; qu’elles lient une génération à l’autre, et que, s’opérant souvent dans une direction différente ou même opposée dans plusieurs lignées parallèles, mais sorties d’une même souche, on arrive avec le temps à constater des différences prodigieuses, mais qui tiennent à la souche originelle par toutes les différences partielles obtenues d'une génération à l’autre. Nous savons aussi, et nous en avons cité plusieurs .— EE npocn ee de ET ee LE ae SE : re ESA Le Canet ee Dee a - ss LES RACES NE CONSTITUENT PAS DE NOUVELLES ESPÈCES. 4D exemples authentiques, que des animaux profondément Modifiés par la servitude, ont reconquis leur liberté, ont repris le genre de vie de leurs premiers parents, se Sont peu à peu rapprochés de leur type sauvage et ont fini par se confondre plus ou moins avec lui. Mais pour Cela ils ont nécessairement passé par toutes les nuances de variations qu'ils avaient parcourues primitivement €R devenant domestiques, mais ces variations se sont Succédées en sens inverse. Enfin l'hybridité entre races d’une même espèce suf- firait seule pour établir toutes les transitions possibles et Pour les agglomérer en un groupe REA indivisible, Qui est le type spécifique. Toutes les variétés, toutes les races d’une même es- Pêce sont donc réunies à leur type primitif et liées éntre elles par des intermédiaires nombreux, qui ne permettent Pas d'établir entre elles de distinction absolue ; car les Caractères se croisent et s’enchevétrent d’une manière Pour ainsi dire inextricable. Il n’est donc pas possible de circonscrire les races, de tracer les limites qui les Séparent, et par conséquent de les considérer comme des types distincts. Nous ajouterons, enfin, que les races d’une même espèce, en s’alliant entre elles, donnent des produits doués de la fécondité continue. u Le croisement des " races, comme le fait remarquer M. Flourens (1), ‘ donne toujours des races nouvelles ; le croisement des " espèces ne donne jamais d'espèces nouvelles, n eri- (4) Flourens, De L'Instinct et de l’Intelligence des animaux, éd. 3, p. 427. nat er À or mens, set Se one 0 PRLTE ATARI 2. 46 CONCLUSIONS. térium précieux qui vient nous fournir un nouveau moyen de distinguer les races des véritables espèces. De toutes les considérations qui précèdent, on peut déduire les propositions suivantes : 1° Chez les animaux domestiques, les variations sont beaucoup plus fréquentes et surtout plus profondes que chez les animaux sauvages ; 2° Elles peuvent atteindre des caractères importants ; 5° Elles deviennent facilement héréditaires, et se dé- veloppent davantage par des croisements rationnels et avec l’aide d’un régime et d’un genre de vie appropriés à la conservation et au perfectionnement des caractères ACQUIS ; ere tra = Ë er is = _ D EEE # Elles ne détruisent pas les caractères qui sépa- rent l'espèce, à laquelle ils appartiennent, des espèces voisines ; VERSESE ES Ë Î 12 ñ F ii 5° Les races d'une même espèce peuvent toujours être rapportées à l’unité de type par les variétés qui les unissent et les confondent ; 6° Il n’est pas possible de distinguer des races d’une même espèce par des caractères précis et constants ; 7° Le métissage fournit toujours un car LS PS Re actère rigou— reux pour distinguer les races des espèces légitimes ; 8° Les races ne constituent pas des types spécifiques NOUVEAUX ; EE _ ue 4e a A - EE 9° L'espèce, au milieu de ses variations, n’en reste pas moins un iype qui conserve d’une manière indélébile ses caractères les plus importants et les plus exclusifs. 10° Enfin on peut conclure que si Dieu a fait l'espèce, les races ou variétés permanentes sont le produit de l'industrie de l'Homme. A CHAPITRE TROISIÈME. E) 3 XAMEN DES VARIATIONS QU ONT SUBIES LES PLANTES CULTIVÉES, ET FORMATION DES RACES VÉGÉTALES. Si les animaux soumis à la domesticité et placés ainsi dans des conditions d'existence nouvelles et extrémement Yariées, se sont modifiés dans quelques-uns de leurs. Caractères ; s'il en est résulté beaucoup de variétés et Même des races, l’analogie conduit à penser qu'il a dû ‘ tre de même des végétaux, que l'Homme a soustraits AUSsi à l’état sauvage, qu'il a confiés à un sol abondant A Matériaux nutritifs et préparé pour les recevoir, qu'il “Moure enfin des soins les plus assidus et les plus intel- ‘Sents. C’est, en effet, ce que l’expérience a démontré depuis longtemps. Les modifications acquises ont été d'autant plus nombreuses et d'autant plus saillantes, Chezles plantes, comme chez les animaux, que ces êtres Sanisés ont été, depuis une époque plus ancienne, Soumis à un régime exceptionnel. Mais la question des l'aces végétales a été beaucoup moins étudiée (1) que () P. de Candolle s’en plaignait déjà dans son rapport sur un YOYage botanique et agronomique dans les départements de POuest Mémoires de la Société d'agriculture du département de la Seine, T. X, p. 270), et s’exprime ainsi : « L’histoire des légumes * à été encore moins étudiée que celle des fruits; et tandis qu’il LP EPS detre Æ u 252 se nom me és à ess 3 AO MN PR MF om Me - ‘1e DE ee VADURR DR pe 48 PLANTES POTAGÈRES. celle des races animales, et il semblerait même que les plantes les plus utiles à l'Homme, celles qui le nourris- sent depuis un temps immémorial, sont précisément celles dont les botanistes ont le plus négligé l'étude ; et cependant c’est, en outre, un problème physiologique d’un grand intérêt, sous le rapport scientifique et dont la solution peut conduire aussi à des résultats pratiques, que celui qui aurait pour but d'établir une théorie ra- tionnelle de la production des variétés et des races chez les plantes cultivées. Dans l'examen que nous allons faire des végétaux de nos cultures, qui méritent autant que les animaux de nos étables le nom de domestiques (1), nous commen - cerons par l'étude des espèces potagères. Le Raphanus sativus L, dont la patrie n'est pas positi- vement connue, mais qu'on suppose originaire de la Chine, est cultivé de temps immémorial comme plante po- tagère, dans toute l'Asie comme en Europe, et nous présente deux races principales caractérisées par le volume de Ia racine, par sa consistance et par sa saveur; ce sont les Radis et les Raves proprement dites. Chacune de ces deux races est la souche de plusieurs races se- condaires. La première comprend le Radis rond (Ra- phanus Radiculus Pers.) et le Radis allongé (Raphanus » existe partout des jardins botaniques pour les plantes rares, des » pépinières pour les arbres fruitiers, une foule de jardins parti- » culiers pour les plantes d'ornement, nulle part on ne trouve de » jardins potagers destinés à l'étude des divers légumes. » (1) Gouan (Flora monspeliaca, proæmium, p. ix) nomme ces plantes Cicures, apprivoisées, domestiques. PLANTES POTAGÈRES. 49 Sahivus Mill); elles varient beaucoup l’une et l’autre Par la couleur qui est blanche, jaunâtre, rose ou vio- lette ; de Candolie (1) a, en outre, signalé une troisième forme, la Rave tortillée du Mans, remarquable par sa racine tordue irrégulièrement en tire-bouchon. La se- Conde race principale ou Rave proprement dite présente la Rave noire (Raphanus niger Lob.) et la Rave blanche Raphanus rotundus Mill.). La racine charnue, qui distingue toutes ces races, parait être un caractère déve- 0PPÉ par la culture et qui n’a pas dû appartenir au type Sauvage de cette espèce. Ce qui nous porte à le penser, C'est d’abord qu'il en est ainsi des racines de plusieurs ë nos plantes potagères, comme nous le verrons plus 9N, et nous savons en outre qu’on connait en Chine et *U Japon (2) une plante qui ne diffère de nos Radis que Par sa racine grêle dans toute sa longueur, c'est le Ra- Planus sativus Chinensis ALIT., qui parait être très- Voisin du type sauvage, s'il ne le représente pas com- Plétement : enfin, il est démontré par l'expérience que ‘squ'on sème des graines de Rave dans un sol aride € peu arrosé, les racines de nos variétés deviennent Petites, dures et filandreuses, et la plante monte en tige dès la première année. Le fruit lui-même se modifie 4nS sa longueur, dans sa direction et surtout dans son ficle inférieur qui est asperme, monosperme, plus (1) P. de Candolle, Mémoires de la Société d'agriculture du département de la Seine, T. X, p. 270. (2) On à, depuis longtemps, introduit cette variété en Italie, comme plante oléagineuse, mais sa culture ne s’y est jamais étendue, et M. Vilmorin en a conseillé la culture en France. IL. 4 ni F2 M RÉ D Lt mm Sa ee DS DR TR a. 50 PLANTES POTAGÈRES. rarement disperme, où qui même s’oblitére et dis- parait. Mais ces modifications de la silique n’ont rien de stable; elles se montrent dans toutes les races et ne constituent pas même des variétés individuelles, puis- qu'on les rencontre quelquefois réunies sur un seul et. même individu. Mais on se demande si les races que nous avons indiquées proviennent réellement d’un type originel unique? Si on en exeepte la racine, qui seule présente des caractères assez constants, tous les autres organes se ressemblent, à ce point, dans les diverses variétés de Rave, qu'ils semblent appartenir à une espèce identique. De plus les différences tirées de la racine dis- paraissent lorsqu'on abandonne ces plantes sans culture, et on ne peut plus alors les distinguer les unes des au- tres. Mais ce qui vient donner de l'appui à ce premier fait, c’est une observation de Duhamel, qui mérite d'être rapportée : ü Nous eultivons, dit-il (4), dans nos pota- “ gers la Rave corail, qui est cette Rave rouge qu'on n élève aux environs de Paris ; nous cultivons aussi une » Rave blanche et moins délicate qu’on appelle Raifort à “ Orléans ; ‘enfin des Radis blancs et des Radis gris. “ Quand nous semons des graines de ces plantes, que “ nous tirons des pays où elles sont communément cul- “ tivées, nous recueillons ces racines très-parfaites cha- “ cune dans leur espèce. Mais comme nous avons sou- “ vent remarqué que les semences que nous recueillons / \ dans nos potagers nous donnaient des métis qui te- | “ naient plus ou moins de ces différentes racines, nous | (4) Duhamel, PAysique des arbres. Paris, 1758, in-40, TR . 298. FR Mi RTE Me gene ge Sr SR EUNSS à 4 a: CERN Be EE 70e Er PLANTES POTAGÈRES. "avons pris le parti de planter fort éloignés les uns des "autres les pieds que nous destinons à fournir de Ja " Sraine ; au moyen de quoi nos espèces se conservent " plus Constamment les mêmes. n Ce fait est d'autant plus IMportarit qu’on ne connaît jusqu'ici aucune plante hybride Provenant de deux espèces distinctes de Cruci- ières, et Comme nous l'avons vu, c’est en vain qu’on à tenté d'en obtenir par la fécondation artificielle. Or, s’il S En produit avec facilité entre les diverses formes de ves Cultivées dans nos Jardins, c’est qu'elles appar- lennent à une seule et même espèce, et que ces formes COnslituent, par conséquent, de véritables races. Presque tous les botanistes sont unanimes pour con- Sidérer Les diverses formes de Choux, que tous les peu- Ples de l’Europe eultivent, depuis la plus haute antiquité, Comme des races du Brassica oleracea L. Nous con- Daissons cette plante à l’état sauvage; elle croit même SPontanément sur les côtes de France et d'Angleterre, Mais En comparant cette plante sauvage, à tige grêle, à Cuilles Petites et écartées les unes des autres, il semble, “A premier abord, difficile d'admettre qu’elle soit à la is la souche de nos Choux verts, de nos Choux de Mi fn, de nos Choux-Cabus, de nos Choux-Raves, de nos Choux-Brocolis, de nos Choux-Fleurs, etc. Ces for- + Principales ont fourni beaucoup des races secon- aires différant les unes des autres par des feuilles lisses, ullées, ou frisées, vertes, glauques ou même d'unrouge Volet intense. 1] y a même des variétés particulières à Certains Cantons, et les modifications sont telles dans les “aces secondaires qu'il serait souvent difficile de rap- Porter certaines d'entre elles à l’une plutôt qu'à l'autre Mae 2 ge Ë az ne < - pa _D es ce CE 2 “ cotes" = rie ee < pme PAR évité L A Re me et. OR n dad NUREE d P TR VERT née oi TT AT RE DD EE, 52 PLANTES POTAGÈRES. des races principales. Il existe aussi des variétés de Choux qu’on ne cultive avec succès qu’en les semant au printemps, et d’autres qu’en les confiant à la terre en automne. lei les différences ont porté tantôt sur la tige, qui s'est raccourcie en s’épaississant et: en devenant dure, ce qui a produit le rapprochement et le dévelop- pement des feuilles ; tantôt sur la racine, qui s’est gon- flée et qui est devenue charnue; tantôt sur les feuilles seulement; tantôt enfin sur les rameaux, qui se sont multipliés, raccourcis et fasciés. Cette dernière modifi- cation est une véritable monstruosité, qui, néanmoins, sous l'influence de la culture, est devenue héréditaire dans les Choux- Fleurs. Mais si l'on examine ces plantes fleuries ou à l’état de fructification, elles montrent toutes des fleurs et une inflorescence identiques ; on observe dans toutes des sépales et des étamines dressées, des pétales à limbe et à onglet de même forme et de mêmes proportions ; dans toutes on trouve des siliques bosselées, des graines lisses; en un mot, il ne manque aucun des caractères spécifiques qui les rapprochent entre elles et qui les éloignent des espèces congénères. Toutefois ce qui étonne, ce qui semble difficile à admettre, c’est la possibilité de la transformation du Chou sauvage en Chou pommé. Mais, d'une part, le Chou pommé, soumis à des influences nouvelles, perd quelquefois la propriété de se développer en boule. Ainsi M. de Cas- telnau (1) a observé qu'à Tarija, en Bolivie, ce Chou (4) F. de Castelnau, Expédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud: Histoire du voyage. Paris, 1850, in-80, T.VE, p. 185. PLANTES POTAGÈRES. 53 "Ep omme pas. Il en est de même à Saint-Domingue, où nos Choux montent en graines avec une rapidité extrême et perdent ainsi les qualités alimentaires que la culture leur a données en Europe. u Un jardinier de " Naples, dit J. Müller (2), fit venir d'Allemagne, à plu- " Sieurs reprises, des graines de Choux-Cabus ; mais il " NE put réussir à propager cette variété, 1l obtint ou " des Choux-Cavaliers ou des Choux-Fleurs. n M. Vil- Morin (2) a constaté qu'une année où l'automne fut “Xtraordinairement chaud et humide, tous les Choux Yore des marais de Bercy et du faubourg Saint-An- Üine montérent au lieu de pommer, ce qui occasionna ‘ne perte considérable pour les jardiniers (5): D'une utre part, les expériences de Pépin sur une plante du Même genre, le Choux Pé-tsaie (Brassica sinensis L.), ?0US montre une transformation semblable à celle du hou sauvage des côtes de France en Chou pommé. espèce de Chine, semée au printemps dans nos jardins, “eloppe une tige simple et gréle, de 3 à 3 décimètres s () 7. Müller, Manuel de Physiologie, wad, franc. Paris, 4851, M8, T, IL, p. 789. (2) Ce fait est rapporté par M. Chevreuil dans son rapport sur "Ouvrage intitulé Ampélographie, par M. Odart. Paris, 1846, in-8°, 70. (5) M. Alex. de Humboldt (Essai politique sur le royaume de la Vouvelle-Espagne, éd. 2. Paris, 4895, in-8, T. IL, p« 477) dit Je les Choux cultivés sont devenus sauvages à la Nouvelle-Zélande. 1 Sait, du reste, que Îles premiers navigateurs qui ont abordé dans ous Îles, Y répandirent les graines de nos plantes d'Europe. Il serait ‘ürieux de savoir quels sont les caractères qui distinguent ces.Choux. r devenus sauvages. cer Zosputent EE Dee = ER £ 2 2e > = srinrs _ — pe D Ge on ent ve reg Po nn ET “2 rue rs Ppnretei guise pere PARTS 7 nn EE at sont cine sp TEE l Faro ; 121 £ ; nd ee D moe PCR SR PT mL 54 PLANTES POTAGÈRES. de haut, munie de 4 à 6 feuilles écartées, et fleurit de ‘très-bonne heure. Mais en semant ses graines au milieu de l'été, l'habile horticulteur que nous venons de nom- mer a obtenu des individus qui n’ont pas monté et ont produit des feuilles nombreuses, larges et serrées ; quel- ques-uns de ces Choux, devenus pommés, pesaient, à l'automne, 2 et même 5 kilog. et 1/2 ; l’année suivante, ils ont produit une tige ramifiée, robuste et de plus d’un mètre de hauteur (1). On voit donc ici l'époque du semis modifier considérablement et rapidement la plante ; nous aurons à citer plus loin un exemple analogue. Le Brassica Rapa Koch présente deux races distinc- tes; l’une à racine rameuse, grêle et fibreuse, qui est cultivée sous le nom de Navette, et fournit au commerce une huile grasse abondante ; l’autre à racine épaissie et charnue, qui, sous le nom de Navet, fait partie de nos : plantes potagères. Cette dernière donne des races secon- daires caractérisées par la forme, par la couleur et par les qualités alimentaires de leur racine. Or, la Navette et le Navet ne peuvent être séparés spécifiquement, non- seulement parce que ces deux plantes sont identiques par les caractères de la fleur et du fruit, qu’elles se res- semblent par leur tige, par leurs feuilles radicales hé- rissées, mais aussi parce que le Navet, lorsqu'il se re- sème naturellement dans un sol inculte, perd sa racine charnue pour prendre celle de la Navette, comme Koch (2) l'a observé et comme nous avons eu nous- (4) Pépin, Sur la culture du Choux Pé-tsaie, Brassica sinensis L. Paris, 14840, in-8°. EX (2) Koch, Synopsis Floræ Germanicæ et Helvelicæ, ed. 2, Francofurti ad Manum, 1845, in-8°, p. 59. 3 3 ’ VI LS PLANTES POTAGÈRES. 29 Fo Occasion de le constater plusieurs fois. Transporté dans les pays chauds, le Navet perd aussi complétement Navette à une culture soignée, a reproduit le Navet. 1e peut donc rester aucun doute sur l'origine commune de ces deux plantes ; elles constituent deux races dans loute l'étendue de cette expression. Le Brassica Napus Koch nous offre aussi deux races Plincipales, le Brassica Napus oleifera ou Colza et le l'assica Napus esculenta ou Chou-Rutabaga. La se- tonde ne diffère de la première que par sa racine qui. épaissit en un gros tubercule charnu, fusiforme, ou %oïde, ou oblong, et qui varie quant à sa couleur du Planc au jaune ou au violet. Le Brassica Napus parait “re une plante naturellement bisannuelle, en ce sens, U'à la maturité des siliques, les graines tombent d’el- les-mêmes sur le sol, germent immédiatement et la Plante fleurit au printemps suivant. Les choses se passent ainsi, par les soins de l'Homme, pour le Colza d'hiver, Qui se sème à l'automne. Mais il existe aussi un Colza de Printemps, qui est confié à la terre en mars et fleurit dans le cours du même été. Cependant ces deux plantes | 1€ différent l’une de l’autre par aucun caractère organi- ue, mais seulement par cette circonstance que le Colza_ de Printemps a la propriété de monter plus promptement (0 graines (2). Ainsi, cette plante, forcée par la volonté (1) Metzger, Systematische Beschreibung der kultivirten Kohl- Wen, ete. Heidelberg, 1855, in-80, p. 51. (2) Mathieu de Dombasle, dans les Mémoires de la Société lOyale et centrale d'agricullure, 1822, part. À, p. 354 et suiv. ê Sa racine charnue. Enfin Metzger (1), en soumettant la ! À \ È k a pi mms : = = er 7 — _ D DONS D S 2 RRT : pme von Er x ges Re — IT ” HEART nr CIN ET Ans 56 PLANTES POTAGÈRES, de l'Homme à germer dans une saison anormale, a néanmoins continué à vivre et à se propager, mais elle a pour cela modifié ses habitudes, à ce point qu'elles sont devenues inhérentes à son être et que ce ne serait pas sans inconvénient pour la récolte qu’on romprait brus- quement avec elles, en semant cette plante en automne, et le Colza d'hiver au printemps. En parlant de nos céréales, nous constaterons, du reste, des faits absolu- ment semblables. Le Cresson alénois (Lepidium sativum L.) a fourni une race à feuilles irrégulièrement laciniées, plus ow moins ondulées et crépues. Ici la variation a porté sur les divi- sions des feuilles, et on ne peut saisir aucune autre dif- férence avec la plante ordinaire. Mais ce qui prouve que le Cresson alénois crépu ne constitue pas une espèce distincte, mais une race, c’est que les semences repro- duisent quelquefois la forme typique de l'espèce. Les Pois (Pisum sativum L.), cultivés de temps im- mémorial, présentent aussi des formes assez nombreuses. Mais elles ont été bien peu étudiées, au point de vue des distinctions spécifiques, et il serait difficile, dans Pétat actuel de la science, de savoir si elles procèdent d’une seule ou de plusieurs souches orisinelles. Elles différent singulièrement par la taille qui, dans le Pois nain de Bretagne, ne s'élève qu'à 5 ou 6 pouces, et dans le Pois géant atteint 5 à 6 pieds; les pédoncules sont uniflores, biflores et même pluriflores (Pisum umbella- tum Mill.) ; les semences encore vertes sont plus ou moins sucrées. Mais un caractère différentiel plus im- portant, qui pourrait bien être spécifique, c’est la con- sistance de l’endocarpe, tantôt charnu comme dans les PLANTES POTAGÈRES. 57 Pois-Mange-tout, Goulus où Gourmands, tantôt de nature Coriaceet parcheminée, comme dans les Pois à écosser, * Ce qui semblerait confirmer cette manière de voir, que nous produisons avec doute, c'est que ces deux lormes Principales donnent naissance à des races qu’on Pourrait appeler parallèles et dont nous citerons plus loin des exemples qui nous seront fournis par des espèces distinctes du même genre. Ainsi, dans l’une et dans utre, nous trouvons des races naines et des races à lames, des races à fleurs blanches ou à fleurs violettes, $S races à graines globuleuses ou à graines cubiques. Les Haricots cultivés ont été mieux étudiés, et nous ÉVOns à Gaetano Savi (4) un excellent mémoire sur le Stnre PAaseolus. Il résulte du travail du savant profes- Seur de l'Université de Pise, que tous les Haricots culti- és APpartiennent à huit espèces distinctes. Ces espèces Présentent aussi des races naines et des races volubiles, “enfin des races à fleurs et à graines de couleurs Variées. | . La Carotte (Daucus Carota L.) est cultivée de temps Mémorial ; aussi a-t-elle dû varier, et nous pouvons Autant mieux apprécier les modifications acquises, Au'elle croit sauvage dans toute l'Europe, dans le nord 2 l'Afrique, ainsi qu’en Orient. La variation s’est mani- stée principalement sur la racine, qui est devenue : Anue, tendre, savoureuse, également propre à la lourriture de l'Homme et des animaux, c’est-à-dire, ‘En différente de la racine extrémement gréle, dure et () G. Savi, Osservazioni sopra à generi Phaseolus e Dolichos. EMoria 5. Pisa, 1822, in-80. rpm ES runs D | ques ÉRES ee ant ee, A = a EE an dm og our Pot Ru À a PET so L br en Te ne | 7. CU Des cat ES danrennnhecmeret PTT PE A ER a ., : LE TE tr rem ee DS DR TE EE ES re RS ee RP RS rene RÉ pen FE SRE | | j Î DRE ES om a ROAD mL * NU 58 PLANTES POTAGÈRES. filandreuse de la plante sauvage. On en connait plu- sieurs races secondaires, qui se distinguent par leur couleur blanche, jaune, orangée, rouge et même vio- lette, On ne peut pas douter que ces races n’appartien- nent à la même espèce, puisqu'elles ne diffèrent les unes des autres que par la couleur, la saveur et la grosseur de la racine, et sont identiques en ce qui concerne tous : les autres caractères. Du reste, suivant Mustel (1), cés variétés s’hybrident facilement les unes par les autres lorsqu'on les sème dans deux plates-bandes contiguës, et ce fait est d'autant plus remarquable qu’on ne connaît | pas d’hybrides entre espèces distinctes dans la famille | des Ombellifères. Il est certain aussi que le développe- ment de leur racine charnue est dù à la culture et qu’elles ont pour origine la Carotte sauvage. Car, aban- ” donnée à elle-même dans un mauvais terrain, la Carotte cultivée perd peu à peu les qualités qui la rendent pré- cieuse comme aliment; sa racine diminue de volume, et, au bout de plusieurs générations, elle devient grêle, sèche et fibreuse. Mais, pour compléter la démonstration, il était utile de faire l'expérience contraire. Elle a été d’abord tentée par Ph. Miller (2), qui, semant les graines de la Carotte sauvage au printemps, ne parvint pas modifier sa racine. M. Vilmorin (3), de son côté, a con- (4) Mustel, Traité théorique et pratique de La végétation. Paris, 1784, in-80, T. IL, p. 295. (2) Ph. Miller, Dictionnaire des jardiniers. Paris, 1785, in-4°, T. HE, p. 20. (3) Vilmorin, Bulletin des séances de la Société royale et cen* trale d'agriculture, sér. 2, T. IH, p. 540, LI ivre s CRE ; 5g PLANTES POTAGÉRES. J Staté qu'en procédant comme l'avait fait avant lui Miller, 6 reproduit des individus identiques à la plante spon- lanée, et le pincement de la tige à diverses époques de son développement n’amène non plus aucun changement notable dans la racine. Mais en semant les graines sau- ‘ages au milieu de l'été, il a obtenu un certain nombre d'individus dont la tige n’a pas monté, et ceux-ci, à la fin de l'automne, ont déjà présenté des racines modifiées. au Printemps suivant, ces individus ont été repiqués ; ils ont fleuri et fructifié: En semant de la même manière es graines des pieds dont la racine avait le plus varié, il léproduisit, au bout d'un petit nombre de générations, % Variétés blanche et jaune-citron de la Carotte cultivée. | 0btint également, dès la seconde génération, des indi- Vidus à racine jaune-orangée, qui furent négligés et qui Sans doute eussent aussi reproduit la Carotte rouge de 00$ jardins (4). Cette observation démontre la puissance une culture raisonnée dans la recherche des causes “apables de modifier les végétaux, et de nouvelles expé- llences du même genre permettront sans doute de re- Connaitre, avec certitude, quels sont les types sauvages #8 N0S autres espèces cultivées, et nous fourniront peut- . cle les moyens de transformer d’autres végétaux sau— Yages en plantes potagères. Les Italiens ont été les premiers qui aient tiré des () II ne faudrait pas croire cependant, d’après celte expérience é M. Vilmorin, que toules les plantes, même cultivées, puissent S'accommoder du changement d’époque dans le semis. Le Chæro- Dhyltum bulbosum L., excellént légume, trop peu connu, ne germe PAS si on ne Je sème pas en automne. RU CS ——— TE 7 al taper rer e— ses = BR TNT - Re LR RARNNAMIMENRSRE 7. | {l | À nee, Re : EE RE — ne : RS np Va a — AT Car nur rule catt Hadt tte RAS FF ERREUR dt ra ee 60 PLANTES POTAGÈRES. marais le Céleri (Apium graveolens L.) pour le trans- former en plante alimentaire. Gelui de nos jardins pré- sente aussi une racine charnue énorme, en comparaison de celle que possède la plante sauvage, à laquelle les botanistes ont attribué son origine. La race cultivée se perpétue de graines dans nos potagers ; mais ses graines s’échappent-elles de nos jardins, sont-elles transportées sur le bord de nos rivières, la plante s’y établit; alors, sa taille diminue beaucoup ; ses feuilles n’ont plus la même ampleur, et les pétioles deviennent grêles; enfin la ra- cine perd tout à fait son développement anormal et rivalise bientôt par sa petitesse avec celle du Céleri sau- | vage. J'en ai observé plusieurs fois dans les prairies des bords de la Meurthe qui représentaient complétement l’état sauvage de cette espèce, qui ne se rencontre pas à l'état spontané en Lorraine, pas même dans nos marais salants. Le Persil (Apium Petroselinum L.) se trouve encore à l’état sauvage sur quelques points de l’Europe méri- dionale. On en a obtenu par la culture une race à feuilles crépues (Apium crispum Mill.) ; bien qu'elle se propage de semis et malgré l’épuration la plus rigoureuse qu'on puisse faire des graines, on voit quelquefois dans les semis des pieds qui reproduisent le type à feuilles non crépues, et Vilmorin assure que ce fait est général pour toutes nos plantes potagères à feuilles frisées. La Laitue cultivée (Lactuca sativa L.) n’est pas con- nue à l’état spontané, et sa culture remonte à l'antiquité la plus reculée. Elle offre des races distinctes ; les prin- cipales sont : la Laitue pommée, dont les feuilles infé- rieures, nombreuses et rapprochées, forment une tête: PLANTES POTAGÈRES. 6I Wrondie et serrée; la Laitue frisée, dont les feuilles, plus ou moins découpées et crépues, ne sont point rap— Prochées en tête; la Laitue romaine à feuilles dressées, non bosselées, ni crépues, en tête allongée et peu OMpacte ; la Laitue-Chicorée à feuilles sinuées-lobées et 20n disposées en tête. La variation affecte ici exclusi- Yement les feuilles inférieures, et ces quatre races se “essemblent complétement par tous les autres organes ; il St donc vraisemblable qu’elles proviennent toutes d’une Même souche originelle. La faculté de pommer que Possède cette plante, dans nos jardins, paraît être une Propriété acquise; à Saint-Domingue, nos variétés Cullivées montent rapidement en graines et leurs feuilles SON éparses. Le Cichorium Endivia L. nous a donné aussi l’En- ive, la Chicorée frisée, V Escarolle. Le Cardon (Cynara Cardunculus L.) croît spontané- Ment dans les contrées voisines de la Méditerranée. On ‘A connait deux races ; l’une à feuilles très-épineuses et qui ne diffère pas du type sauvage, c’est le Cardon de Ours ; l’autre, qui s'est presque dépouillé de ses épines, Cest le Cardon d’Espagne. L’Artichaux (Cynara Sco- YMus L.), qui varie, du reste, par la grosseur et aussi Un peu par la forme de ses capitules et par la couleur € leurs écailles, parait ne pas différer spécifiquement U Cardon, et serait, suivant la plupart des auteurs, le ardon inerme plus développé. Olivier de Serres (1), QU ne connaissait pas le Cardon d'Espagne, combat (1) Olivier de Serres, Le théatre d'agricullure et mesnage des Champs. Paris, an XI, in-4°, T. Il, p. 234. mot PRIE cogne 2e 12 æs - 62 YLANTES POTAGÈRES. cette manière de voir en ces termes : u Ne se pouvans perdre les piquerons de la Carde (Cardon), manifesté v clairement ce estre une espèce de fruiet séparé, non uw l'Artichau sauvaige, comme aucuns estiment, Car “ contre ce qu’on void ès pommiers, poiriers, pruniers “ et autres arbres sauvaiges, lesquels par exquise cul- “ ture s'aprivoisent, la Garde comment qu’on la manie, “ demeure tous-jours ‘en son estat, garnie de forts et “aigus piquerons. » Mais il résulte d’un passage de Palladius (1) que lArtichaut avait, de son temps, des épines, et on connaissait aussi la variété inerme. Selon lui, on obtenait même cette dernière en cassant la pointe de la graine avant de la semer; mais nous n’affirmons pas que l'avortement des épines ait été produit par la pratique indiquée par lagriculteur romain. Le Melon (Cucumis Melo L.), cultivé de temps immé- morial dans une grande partie de l'Asie, n’est devenu commun en Europe que depuis l'invasion des Arabes. Plante annuelle, elle compte autant de générations que d'années de culture, circonstance favorable à des modi- fications profondes ; aussi est-elle l’une des plantes po- tagères qui ont le plus varié, mais exclusivement dans son fruit. On a classé les Melons en trois races princi- pales, savoir : Îles Melons communs ou brodés, les Melons Cantaloups, les Melons à écorce lisse. Chacune de ces races a produit beaucoup de variétés qui se dis- tinguent par la forme du fruit, par la couleur de sa chair, par la grandeur et la couleur des graines. Ces variétés se sont multipliées encore par le croisement 2 1 Î | is 1e = A = a e RFI D TR ETS er L î dE || | | il jÉ ET eee Le Der rent rite sente ne pt Lacs smarasr mme 2e pt RES TA (4) B.T. Æ. Palladius, De re rusticä lib. IV, cap. 9. penis Re NE = ÉD mn Ed o d ” 7 ee a m- tre PLANTES POTAGÈRES. 65 ant accidentel qu'aidé par l'art, et cet effet parait s’être Produit tout aussi bien entre les trois races principales u'entre leurs variétés, d’où est résultée une véritable confusion. C'est, du reste, un fait bien constaté par tous les horticulteurs , qu'il est fort difficile de conserver Pures ces formes de Melons lorsqu'on les cultive les unes à côté des autres ; la fécondation réciproque, par l'inter- \ention des Abeilles, qui butinent avec avidité dans US corolles, est d'autant plus facile que le Melon est ‘ne plante monoïque. D'une autre part, il résulte des fombreuses expériences de Sageret (1), que les Melons 1e peuvent pas être hybridés par le pollen d’une autre fSpêce du même genre, et notamment par le Cucumis Salivus L., qu'on cultive avec lui dans nos potagers ; on 1e peut pas même opérer ce mariage par la fécondation Müificielle, Cette impossibilité de croisements entre es- Pèces distinctes est même un fait général dans la famille Cucurbitacées, qui nous permet de conclure que les Verses races et variétés de Melons appartiennent toutes : Une même souche originelle. On pouvait déjà le penser, à pe Considérant que, dans toutes ces variétés, quelque ilférentes qu’elles soient entre elles par leur fruit, les } Organes de la végétation et les fleurs sont dans toutes dentiques. Bien que nous ne connaissions pas le type “alvage du Melon, on peut assurer qu’il n’est peut-être *ucune autre espèce végétale, sur laquelle l’action mo- . dificatrice de la culture soit plus évidente et plus pro- «es l () Sageret, Mémoires publiés par la Société royale et centrale Vagricutture, 1895, p. 458. F nus LES RTE = A RS PT D RS RTE SRE LE emo re ep CA TT Te re is Fa EE PP es Puis CLR | dépourvus de ces saillies ; elles ont également des races 64 PLANTES POTAGÈRES. fonde. Sageret (1) va même jusqu'à affirmer l'existence accidentelle de deux fruits absolument différents sur un seul et même pied de Melon. Le Pepo Citrullus Sag. a fourni au même expéri- mentateur (2) des faits complétement semblables, qui démontrent également les métamorphoses étonnantes que le fruit de cette espèce a subies sous l'influence de la culture. Enfin il résulte des expériences de M. Naudin (3) sur les Cucurbita Pepo L., moschata Buch. etmelanosperma Alex. Braun, qui forment trois espèces distinctes, qu'elles ont chacune des races à fruits globuleux, globuleux-dé- primé, en turban, ovoïdes ou oblongs, en serpent, en mas- sue, en gourde, et dont les uns sont à côtes et les autres | à péricarpe lisse ou tubereuleux, etc. En un mot, ces np ARE PAT RSR RL Nr $ 1 Ë { trois espèces de Courges offrent des races parallèles, et | cependant, au milieu de toutes les variations du fruit, les tiges, les feuilles, les calices, les corolles, les étami- « Î 1» Î , nes restent invariables dans chacune” d'elles! C'est en, vain que M. Naudin a tenté de féconder artificiellement ! ces trois espèces l’une par l’autre ; mais les races et les variétés se croisent avec une facilité surprenante, et sou- vent les ovules d’un même ovaire, ayant été fécondés par le pollen de variétés différentes, le même fruit donne (1) Sageret, Annales des sciences naturelles, sér. 1, 1898, T. VIIL, p. 509. (2) Sageret, Ibidem, p. 307. (8) Nauin, Annales des sciences naturelles, sér. 4, 4856, T PV, p. B et 65. te TT RE CRE | | Se SEE RE. OESRRR po dsa a neo mtes- me CREER PERRET SEEN TS EEE : PLANTES POTAGÈRES. 65 des graines qui reproduisent en plus où moins grand. nombre des pieds de chacune de ces variétés (D). Ces faits si intéressants, dont nous devons la connais- sance aux recherches intelligentes de Sageret et de M. Naudin, prouvent jusqu’à l'évidence que la culture a Produit, dans les Cucurbitacées de nos jardins, de-véri- tables races et des sous-races, en donnant à ces termes * Même signification que chez les animaux domestiques. ls démontrent, en outre, qu'au milieu des variations les Pins nombreuses et en apparence les plus profondes, M semblent rendre inextricable leur filiation, il y a “pendant des moyens d'arriver avec. certitude à re- COnnaïtre ce qui constitue l'espèce et ce qui n’est que Modifications acquises. Re La Pomme de terre (Solanum tuberosum L.) est ori- Sinaire de Ja Cordillière des Andes, où Dombey l’a trouvée à l'état sauvage (2) ; Joseph Pavon l’a vue depuis cerois- Sant SPontanément près de Lima; elle a été aussi ‘Encontrée dans les forêts de Santa-Fé de Bogota (3). (1) faire M. Naudin a bien voulu, avec une obligeance extrême, me YOir les résultats de ses expériences, avant même de les avoir ublié : À d + >: : RUE 2 bliées ; Je Suis heureux de trouver ici l’occasion de lui en témoigner Ma v: à À Vive reconnaissance. ta Il est vrai que MM. de Humboldt et Bompland (Essai politique ” ‘€ Toyaume de La Nouvelle-Espagne, éd. 2. Paris, 1895, in-80, ‘I, P- 455) ont cherché en vain la Pomme de terre sauvage sur FN Orientale et sur le dos des Andes, depuis le 5e degré de 6 nord jusqu’au 12€ de latitude sud. Mais cela ne prouve pas Ju'elle n'existe pas sauvage sur l’autre versant et dans les plaines TU s’étendent jusqu’à l'Océan pacifique. . Loiseleur Deslongchamps, Dictionnaire des sciences naturel- € Levrauit, T. XXXII, p. 525. I, 5 KZ e ee ee 66 PLANTES POTAGÈRES, Enfin, M. CI. Gay (1) l’a recueillie tout à fait sauvage dans la partie centrale des Gordillières, à Talcaregoué et à Cauquenes, et M. Bacie dans la Banda orientale. Du reste, Molina (2) avait observé, avant eux, qu'elle se trouve dans les plaines du Chili, et il ajoute même que les sauvages distinguent très-bien la Pomme de terre spontanée, dont les tubereules sont petits et un peu amers, de celle qui est cultivée depuis une longue suite de siècles. On sait, en effet, que les indigènes de cette partie de l'Amérique la plantaient avant la découverte du Nouveau-Monde, et ce fait prouve qu’elle avait déjà varié entre leurs mains. Le premier auteur qui parle de cette plante est L'Ecluse (3), et il assure que, de son temps, elle était déjà cultivée en Italie, où, sans doute, elle avait été apportée du Pérou par les Espagnols (4). Mais ce n’est guère qu'à la fin du siècle dernier que (4) Dunal, dans le Prodromus systematis naturalis regni vege- tabilis de de Candolle, T. XII, part. 1, p. 51. (2) G. Ign. Molina, Saggio sulla storia naturale del Chile. Bologna, 1782, in-8°, p. 102. (5) Clusius, Rariorum plantarum historia. Antwerpiæ, 1601, in-fo, lib. LV, p. Ixxix. AE (4) Ce n’est pas au célèbre navigateur anglais Walier Raleigh qu'il faut attribuer son introduction en Europe, en 1585, comme on l'a affirmé. Car c’est à la baie de la Roénoque, qui fait aujourd’hui partie de la Caroline, qu’il aborda en Amérique, et la Pomme de : terre n’est pas originaire de cette partie du continent (Alex. de Humboldt, Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espa- gne, T. I, p. 455). Elle était mème inconnue au Mexique et aux Antilles au moment de la conquête de ces pays par les Espagnols (Alex. de Humboldt, Voyage aux régions équinoxiales du Nou- veau-Continent, T. LL, p. 77). PLANTES POTAGÈRES. 67 ce + ’ elte plante précieuse, dont les tubercules nourrissants “ SaVoureux sont devenus pour tous les peuples de Europe un produit de première nécessité, a été géné- lalement cultivée, même en France (1). La routine de *sriculture, qu'on décore trop souvent du nom de Pratique, comme si c'était là le premier et le dernier OL de cette science qui nourrit l'Homme, en a repoussé .* Culture dans une grande partie de la France, pendant eux siècles, et cependant nous en possédons déjà un S'and nombre de races et de variétés. lei les modifica- u , £ ! 9nS ont porté non-seulement sur la couleur des fleurs, | Sont blanches ou violettes, mais principalement sur ! qui “l0rme et la couleur du tubercule. Les semis qu'a Provoqués la maladie qui, dans les dix dernières années, \ tausé de sérieuses inquiétudes sur la conservation © Cite plante alimentaire, ont, à notre connaissance et e : re : s Lorraine seulement, donné naissance à plusieurs A rs, 2 . } "étés nouvelles. IL n’est pas possiblé cependant de 0 I A 9 4 À ‘ler que toutes ces variétés n appartiennent à une “eule et même espèce, puisque tous les caractères tirés Ientiques : ] ; es À : le tubercule seul s’est modifié. À Ne Bette commune (Beta magarss L.) est, suivant les org: TS, originaire _ midi de 1 ses dt ME pi és nelle ne peut pas être, comme Linné (2) l’a supposé, loutefois l’affirmer, le Beta maritima L., qui est “Mmun sur les côtes de la Méditerranée ; car ses tiges (1) Elle l'était cependant dès la fin du XVI° siècle en Lorraine, en ‘anche-Comté et en Bourgogne. @) c. Linnæus, Species plantarum, p. 322. 0 For . . ° , ." l'acines, tiges, feuilles, fleurs et fruits sont restés: Lau pre au ad vai ratndés à à LE ge 2" ag or RU PSP 2 100 À nt se pour EEE 68 PLANTES POTAGÈRES. sont toujours couchées et sa racine est vivace. Il est plus vraisemblable qu’elle provient du Beta maritima Bieb. (non L.), qui croit en Corse, en Algérie, en Egypte et dans les provinces caueasiennes. Quoi qu'il en soit, on connaît deux races cultivées principales de la Bette commune : l'une a les racines dures. et cylindriques, c’est la Bette-Poirée (Beta vulgaris Cicla L.); autre, à racine grosse, charnue et plus ou moins sucrée, est la Betterave, qui de nos jours a conquis une si grande importance en agriculture. On connait aujourd’hui un assez grand nombre de races secondaires de ces deux plantes, mais surtout de la seconde ; elles se distinguent par la grosseur, par la forme, par la couleur extérieure et intérieure de la racine et aussi par la couleur des, feuilles, qui est en rapport avec celle du corps radieu- laire. Le développement de la racine de la Betterave parait être un effet de la culture, comme nous l'avons vu pour le Navet, la Carotte, le Céleri. Une observation; faite en Egypte par Clot-Bey, semble, en effet, démontrer que la turgescence de cet organe n'est pas un phéno- mène permanent, mais une propriété acquise : u Les » graines de Betterave d'Europe, dit-il (1), donnent; v la première année, une récolte-prodigieuse, et le pro- “ duit est très-sucré ; mais, la deuxième année, la plante » présente une végétation vigoureuse avec une racine | v presque nulle et peu sucrée. n On sait, du reste, que» depuis qu'on cultive cette plante en Europe, pour se propriétés saccharifères, on est parvenu à développef. (4) Clot-Bey, Aperçu général sur l'Egypte. Paris, 1840, in-8°» Lier PLANTES POTAGÈRES. 69 “inguliérement sa racine et à la rendre presque mons- l'ueuse. On à obtenu ce résultat par une bonne culture ét des engrais suffisants. Mais on ne s’en est pas tenu là Par une autre série d'expériences, on a eu pour but augmenter le principe sucré de sa racine. C’est ainsi qu'en Allemagne, M. Schuzenbach (1) choisit toujours les Betteraves les plus sucrées pour porte-graines, et il ‘S reconnait, sans les altérer, en plongeant leur racine AS l’eau salée à divers degrés; il conserve pour la 'éproduction celles qui vont au fond de l'eau la plus Salée et qui sont par conséquent les plus denses. En “Mployant un procédé d'exploration différent et plus ÉXact, M, Vilmorin (2) a reconnu, avec une précision Plus rigoureuse, la proportion de matière sucrée ; ayant Pendant plusieurs générations fait fructifier les individus Ont les propriétés saccharifères étaient le plus déve- | _“Ppées, il est parvenu à créer une nouvelle race de “lierave, qui donne 16 et même jusqu’à 20 p. 0/0 de Sucre, proportion énorme, en comparaison de ce qu’on ODtenait jusqu'ici. Cette expérience est très-importante AU point de vue physiologique ; on y voit, de la manière à plus manifeste, l'influence de l’hérédité dans la for: Mation des races végétales ; elle nous enseigne également Île, sous ce rapport, les plantes cultivées ne diffèrent Das des animaux domestiques, et que la théorie de la mation des races est la même dans les deux rêgnes. (1) Schuzenbach, dans le Bulletin de la Société impériale et entre d’agricullure, sér. 25 Le Xp. 46, (2) Vilmorin, Comptes rendus de l’Académie des sciences de “ris, T, XLIIE, p. 871. 70 CÉRÉALES. L'Oignon (Allium Cepa L.) varie beaucoup, relative- ment à la couleur du bulbe ; il y a des races blanches, jaunâtres, d'un rouge pâle, ou d’un rouge foncé. La forme du bulbe est plus ou moins déprimée ou oblongue. Sa saveur est âcre et piquante dans certaines variétés, très-douce et sucrée dans les autres. De nos jours en- core les Oignons d'Egypte, que regrettaient tant Îles Hébreux, sont doux et n’excitent pas le larmoiement quand on les coupe. Il n’est pas possible cependant, de ” douter que ces diverses races n’appartiennent toutes à | une même espèce; car si on excepte le bulbe, on ne | trouve plus entre elles aucune différence appréciable. ” Les céréales méritent également de fixer notre atten- tion. Le Blé (Triticum vulgare Vil.) a été cultivé de toute antiquité en Asie et aussi en Egypte. On trouve, en effet, ses graines assez fréquemment dans les hypogées de ce dernier pays, et ses épis sont figurés dans les scènes d'agriculture représentées sur les monuments construits par les Pharaons. Ce n’est que plus tard qu'il parait avoir été introduit en Grèce, en Italie et dans tout l'ouest de l’Europe. On s’est beaucoup occupé de l'origine et de la patrie du Blé. Quelques auteurs le considèrent eomme une véritable création de l'Homme. « Le Blé, » dit Buffon (1), est une plante que l'Homme a changé # au point qu'elle n'existe nulle part à l'état de nature ; “ on voit bien qu'il a quelques rapports avec l'Ivraie; y avec les Graminées, les Chiendents et autres herbes _n des prairies... et comme il se renouvelle tous Îles (4) Buffon, Histoire naturelle générale el parlicukière. Paris impr. roy., in-40, T. IV, p. 195. : CÉRÉALES. “14 ” ans et que, servant de nourriture à l'Homme, il est " de toutes les plantes celle qu'il a le plus travaillée, il " est aussi de toutes celle dont la nature est le plus " altérée. n C'est exagérer évidemment les effets possi- bles de l'action modificatrice de la culture. Aussi La- Marck, grand partisan cependant de la variabilité des Sspèces, se refuse à admettre cette opinion et la combat YiCtorieusement dans un passage (1) que nous avons Gt plus haut. Nous avons aussi, dans un autre chapitre £ cet ouvrage, fait voir que le Blé n’a pas pour souche 0riginelle l'Ægilops ovala, comme quelques auteurs l'ont pensé et comme l’admettent même traditionnelle- Ment les peuples de l'Orient. Sans parler des auteurs anciens et même des voya- 8eurs du siècle dernier, qui ont cru retrouver le Blé SPontané dans diverses parties de l'Asie, et dont les” Sbservations, suivant Link (2) et son illustre élève, Alex. de Humboldt (3), laissent subsister une grande Mncertitude, il est constant que plusieurs voyageurs ont, de nos jours, rencontré le Blé sauvage dans différentes tontrées de l'Orient, et M. de Humboldt lui-même (4), erborisant en société de M. Ehrenberg, sur les bords (1) Lamarck, Encyclopédie méthodique. Botanique. Paris, 1786, DT, IL, p. 557. (2) Link, Abhandlungen der Berlinischen Akademie, 1816, P. 195, | (3) Alex. de Humboldt, Essai sur La géographie des plantes, ®lc. Paris, 4805, in-4°, p. 28. | (4) Alex. de Humboldt, Tableaux de la nature, trad. franc. Paris, 1854, in-18, T. 1, p. 201. Le D — RÉ LD PRE RS 00 Pt Ve mari ES Se merde D ARE. LR A 2 hf nt | | PE ne sTeUR Esnste 79 CÉRÉALES, de la Samara, a été fort surpris du grand nombre d’épis de -Froment qu'il y rencontra sur un sol non eultivé, et ce Blé ne différait pas spécifiquement du Triticum vul- gare. On assure aussi l'avoir rencontré en Asie-Mineure, en Syrie, en Arabie, en Perse (1). Mais ces observations ne tranchent pas, ce nous semble, la question de la patrie du Blé, et l’on se demande s’il est, en effet, origi- naire des lieux où il a été rencontré, ou bien ne serait-ce pas du Blé anciennement cultivé qui serait redevenu sauvage ? C’est là une difficulté qui rendra peut-être impossible la solution de cette question. Mais cela im- porte peu au sujet qui nous occupe. Car, dans l'une ou dans l’autre supposition, le Blé a dû conserver ses caractères primitifs s’il est réellement indigène; ou bien s’il provient d'anciennes cultures, l'état sauvage a dû le ramener à son type originel, comme toutes les variétés de nos plantes cultivées abandonnées à elles- mêmes et privées des soins de l'Homme. Quoi qu'il en soit, le Blé, étant cultivé depuis un temps immémorial, n’a pas pu se soustraire aux in- fluences modificatrices qui ont atteint toutes les plantes soumises à une culture extrêmement ancienne, et si lon doit s'étonner d’une chose, &’est que les diverses formes de cette céréale que les botanistes rapportent au Tri- ticum vulgare, ne nous offrent pas des modifications plus profondes. Les variétés sont, il est vrai, nombreuses; (1) Dureau de la Malle (Annales des sciences naturelles, sér. 1, T. IX, p. 64 et suiv.) a été conduit par un tout autre ordre de r€- cherches à conclure que le Blé est vraisemblablement, originaire de la Syrie. ep CÉRÉALES, 7 elles l'étaient déjà du temps d'Olivier de Serres (#), qui dit à ce sujet : à Quant à leurs noms, et les anciens el " les modernes leur en ont tant donné, que qui voudroit " S'y arrester n y treuveroit que confusion ; estans autant " diversifiés les uns des autres, comme il ya de terres ” Qui les produisent. v Elles se distinguent principale | Ment par la présence ou par l'absence des barbes, par | à grosseur du grain, par l'épi plus ou moins long, plus ou Moins épais, plus ou moins dense, jaunâtre, vert où Slauque, glabre ou velu. La présence ou l'absence des arbes n'a rien qui doive étonner, et on ne peut pas l'ouver là un caractère spécifique; car on rencontre l'avortement des arêtes, même dans les Graminées sau- Vages et plus souvent encore dans celles qui, mélées habituellement aux céréales, participent aux effets de la Culture, comme nous le montrent les variétés du Bromus fécalinus L. et celles du Lolium temulentum L. 2} Le Blé, abandonné à lui-même, perd ses graines en “Utomne ; elles tombent sur le sol et germent immédia- lement pour fleurir et fructifier l'été suivant. Il est donc dans sa nature de se comporter ainsi. Mais si, par la Volonté de l'Homme, ses semences ne sont confiées au Sol qu’au premier printemps et que cette pratique se Continue pendant plusieurs générations, il finit par s’ac- (1) Olivier de Serres, Le théatre d'agriculture et mesnage des hamps, T. E, p. 154. (2) M. Duval-Jouve (Annotations à la Flore de France et d’Alle- “agne, par Billot, p. 11), ayant semé dans un jardin du Lolium lenutentum aristé, a oblenu dans son semis quelques pieds à épi dépourvu d’arêtes. ci - C4. — sert a LOT u EE ous à dote À 6 LOS. TRE 2 F7; et - ue CU ous E FF sac NTI APPRENTI EST 74 CÉRÉALES. commoder à ces circonstances inaccoutumées ; il prend des habitudes nouvelles, à ce point qu’il Jui faut plusieurs années pour les perdre complétement. On sait, en effet, qu’il existe des Blés d'hiver et des Blés de mars. Or, il résulte d'expériences faites par M. Monnier, président de la Société centrale d'agriculture de Nancy, qu’en se- mant au printemps du Froment d'hiver, sur 100 pieds qui ont levé, 10 environ arrivaient à former leur épi et 4 seulement à donner des graines müres ; les autres ne montent pas en tige. Les graines müres obtenues ayant été semées au printemps de l’année suivante, 50 pieds pour 100 ont müri, et l’autre moitié n’a pas parcouru toutes les phases de la végétation. A la troisième année, tous les pieds ont donné des graines, et le Froment d'hiver s’est trouvé dès lors transformé en Blé de prin- temps. Le même obsérvateur, ayant semé en automne du Blé de mars, la plupart des pieds ont gelé pendant la saison froide; les individus, en petit nombre, qui ont résisté, ont donné des graines; celles-ci, semées de nouveau avant l'hiver, ont fourni une meilleure récolte, et, en trois années, le Blé de printemps est devenu un Blé d'hiver. Tessier et Cels (1) avaient antérieurement fait des expériences analogues, mais beaucoup moins précises ; elles ont donné des résultats semblables.(2). (4) Dictionnaire des sciences naturelles de Levrault, T. XVII p. 428. (2) De son côté, Lamarck (Encyclopédie méthodique. Botani* _ que, T. IE, p. 558), sans avoir fait d'expériences, soupçonnait qu'il devait en être ainsi. 1° CÉRÉALES. 7 Il faut done abandonner l'idée que le Blé d'hiver con- Sutue une espèce distincte du Blé de mars; ces deux Plantes ne sont que des modifications physiologiques d'une seule et même espèce. Le Triticum turgidum L., nous offre aussi des races *SSez nombreuses et exactement parallèles à celles de l'espèce précédente. Il eñ”éstüne toutefois qui lui est spé- clale, c’est celle à épi rameux, connue sous le nom de Blé de miracle (1), dont on a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, sous lé nom de Blé Drouillard (2};'ét u'on à signalée comme provenant de graines trouvées dans les tombeaux égyptiens. Toutefois, nous devons dire que ce n’est pas cette race qui est figurée sur les anciens: Monuments de l'Egypte et qu’elle n’est pas cultivée au- Jourd’hui dans ce pays. Le Triticum durum Desf. présente aussi des races à épis barbus ou dépourvus de barbes, glabres, ou velus, blanchätres, verts ou roux ; enfin il offre aussi des races d'automne et de printemps. Les Triticum Spelta L. et monococcum L., moins fré- ‘Iuemment cultivés, ont subi moins de variations, mais elles sont analogues à celles des espèces précédentes. Leurs races S6nt moins nombréuses;"cé qui est conforme À la théorie. (4) Linné appelait cette variété Triticum compositum; elle fut Onnue dans l'antiquité, et Pline (Historiæ naturalis lib. XVII, ap. 10) l'appelle fertilissimum tritici genus ramosum aut quod | “ntigranum vocant. 2) Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, 1857, T, XLIV, p. 475. 76 CÉRÉALES, Le Seigle (Secale cereale L.) est aussi une céréale importante. Nous ne connaissons pas sa patrie, bien que plusieurs naturalistes aient éru avoir retrouvé le Seigle primitif, Ainsi Marschall de Bieberstein (1) assure l'avoir recueilli dans les steppes de la Crimée; mais cet auteur lui-même (2) à reconnu depuis qu'il avait pris pour lui une autre espèce, le Secale fragile Rchb. Sieber (5), il est vrai, l'a rapporté de Crête, mais 1l est cultivé à très- peu de distance de la localité, où il a cru le rencontrer sauvage. Depuis, le docteur Ch. Koch (4) affirme aussi l'avoir découvert sur les montagnes de l’ancien royaume du Pont, à 5000 ou 6000 pieds d’élévation, où, de mé- moire d'homme, cette espèce n'avait jamais été cultivée. Mais Ledebour (5) élève des doutes sur l'identité de la plante trouvée en Asie-Mineure avec notre Seigle cultivé. On ignore l’époque où cette plante a pris rang parmi les céréales ; mais sa culture ne semble pas remonter à une haute antiquité; aussi n’a-t-elle produit qu'un petit nombre de races. M. Seringe (6) n’en signale que trois : 1° le Seigle à épi simple ou Seigle ordinaire ; 2° le Seigle de Vierland, à épi très-ramassé, compact; 3° le Seigle à (1) M. von Bieberstein, Floru taurico-caucasica. Lipsiæ, 1808, in-8°, T. 1, p. 84. (2) M. von Bicbersiein, Zbidem, supplementum, T. I, p. 93. (8) Sieber, Reise nach der Insel Creta, etc. Leipzig, 1895, in-80, T. [, p. 147. (4) Ch. Koch, Beiträge zur Flora des Orients, p. 159. (5) Ledebour, Flora rossica. Stuttgartiæ, 14853, in-80, T. IV, .p. 535. (6) Seringe, Descriptions et figures des céréales européennes; etc., éd. 2. Paris, 1841-1847, in-80. RE Ru EE 2 Eu à PT ARTS ; ._# CÉRÉALES. ra €p1 rameux. On distingue aussi des Seigles d'automne et de printemps. | L'Orge commune (Hordeum vulgare L.) a fourni des races à épi jaune pâle, bleuâtre ou noir, et une race à arête tordue. Ë L'Orge Pamelle (Hordeum distichon L.) nous montre *USSi une race à épi jaunâtre et une à épi noirâtre. Il ést, : n Outre, des variétés à épi lâche ou dense, et l’on en Onnait une à épi rameux. Cette céréale semble allonger OU raccourcir la période de sa vie végétale d'après la : durée des étés ; dans la Laponie méridionale et à Olek- ! Minsk, en Sibérie, elle mürit en sept à huit semaines, : malgré cette rapidité de croissance, l'hiver la sur Prend quelquefois (1). C'est la seule de nos espèces Orge cultivées qu'on ait jusqu'ici observée à l'état sau— Yage. On l'a rencontrée dans les montagnes du Caucase, Sur les bords de la mer Caspienne et en Perse (2); elle 2€ diffère nüllement par la forme de ses organes de l'Orge distique cultivée, mais par un caractère remar- Iuable, la fragilité de l'axe de l'épi. Mais Ledebour (5) À Vu plusieurs fois, au milieu des champs d'Orge disti- : ue, des pieds dont l’épi se brisait spontanément avec facilité. Or, s'il en est ainsi, il faudra bien admettre que R culture a fait perdre à cette céréale la disposition or-- Sanique qui, dans la plante sauvage, rend l'épi fragile. La rupture de cet organe’est naturelle à toutes nos autres () Georgi, Description de la Russie, T. I, p. 716. (2) Kotschy l’a publiée dans sa collection de plantes sèches de la Perse méridionale, sous le n° 290. (5) Ledebour, Flora rossica, T. IV, p. 327. fl 3 | | A4 4 78 CÉRÉALES. espèces d'Orges sauvages et permet aux graines de se répandre sur le sol, et aux plantes qui en naissent de croitre isolées. On sait, en effet, que, dans le genre Hordeum, les caryops sont adhérents aux glumelles et _ne s’en séparent pas à la maturité. Cette considération rend peut-être très-vraisemblable cette idée, que nos Orges cultivées avaient toutes primitivement l'épi cas- sant; s’il en était autrement, ce serait une exception à la loi générale qui régit la dissémination des graines. On comprend, en outre, que, si la culture a réellement, dans l’origine, fait perdre à quelques pieds ce caractère de fragilité, on a dü chercher à les propager pour l'usage agricole (1). ; Lés Hordeum hexasticum L. et cœleste P. de B. nous présentent aussi des races parallèles à celles des deux espèces précédentes. Les deux espèces d’Avoine que nous cultivons (Avena sativa L. et orientalis Schreb.) varient quant à la cou- leur du grain, qui est blanche, jaune, grise, noire, brune ou rousse, Ces deux espèces ont aussi des variétés au - tomnales et printannières. (1) I serait intéressant de rendre l’'Orge cultivée à son état de nature; mais malheureusement, sous notre climat, cette plante, de même que nos autres céréales, ne se propage sans culture que pen- dant deux ou trois générations, puis elle périt. Mais une expérience inverse pourrait être faite sur nos Orges sauvages (Hordeum seca- linum Trin., H. murinum L. et H. bulbosum L.); il serait utile de s’assurer si, par une culture prolongée, l’épi perdrait sa fragilité naturelle. Si expérience réussissait sur la dernière de ces espèces, : elle nous fournirait une céréale vivace. CÉRÉALES. 79 Le Riz (Oryza sativa L.), cultivé de temps immémo- ol dans l'extrême Orient, offre des ressources alimen- laires aussi abondantes aux contrées si populeuses de l'Inde, de Ia Chine et du Japon, que le Blé et le Seigle *UX habitants de l'Europe. Aussi cette précieuse céréale “telle été importée dans presque tous les pays, où le ‘limat et le sol lui permettent de prospérer. Les races ‘U on en cultive paraissent être extrêmement nombreu- “8. D’après le témoignage de Roxburg, on en compte Plus de 50 dans l'Inde seule. Les différences qu'elles | Présentent se trouvent dans la panieule tantôt serrée, antôt plus ou moins lâche ; dans les glumelles, qui sont Rünâtres, roussâtres ou noirâtres, pourvues ou dépour- Vues d’arête ; dans la couleur de l’albumen, qui est blanc, lougeñtre, brun ou noirâtre. Ces variations n'ont rien ui doive surprendre et ne peuvent, dans une. plante “llivée, constituer des caractères spécifiques. Si elles se Montraient seules, on pourrait croire qu'il n'existe qu’une Seule espèce de Riz; mais il y-en a de plus importantës 4nS Ja forme du grain, qui tantôt est comprimé et tantôt | “rondi ; on connait même un Riz vivace et qui se pro- Page par drageons. Il est dès lors très-vraisemblable il en existe plusieurs espèces ; mais jusqu'ici on n’a Pas étudié les variétés de Riz au point de vue qui nous eupe. Quoi qu’il en soit, on trouve encore le Riz sau- Yage dans l'Inde ; il y est même assez commun, et tou Jours il est barbu, ce qui semble démontrer que les races Mütiques constituent une modification acquise. Le Maïs (Zea Mays L.) est certainement une plante Miginaire d'Amérique, et, bien avant la découverte du Uveau-Monde, elle était cultivée au Pérou, au Chili, PRE A htc TT MO RE mr means de peer 80 CÉRÉALES, dans le Guatimala et au Mexique (1) ; elle formait la base de l'alimentation des indigènes de ces contrées. On trouve même cette Graminée figurée d’une manière fort distincte sur les monuments américains, dont la con- struction est de beaucoup antérieure à la découverte qu’on doit au génie de Christophe Colomb et notamment sur ceux de Palenqué. La Gérès mexicaine y est repré- sentée un épi de Maïs à la main, de même que l'Isis des gyptiens et la Cérès des Grecs avaient pour attribut un épi de Blé ; e est un fait qu'il est facile de constater dans les salles du Louvre consacrées aux antiquités améri- caines (2). Le Maïs était cultivé en France dès le règne de Henri IL, et du temps d'Olivier de Serres (3) on en connaissait déjà un certain nombre de races. Aujour- d'hui cette céréale fait partie des cultures de toutes les contrées chaudes et tempérées du globe. Comme toutes les plantes qui sont depuis longtemps cultivées, le Mais a éprouvé, sous la main de l'Homme, des modifications nombreuses. On possède des races qui diffèrent entre elles par la taille de la plante, par le nombre et la gros- _seur des grains, mais surtout par leur couleur, qui est *. blanche, jaune pâle, orangée, rouge, violette, noirâtre: ou bigarrée de plusieurs de ces teintes (4). Il existe aussi (1) Joseph Acosta, Histoire naturelle et morale des Indes tant orientales qu’'occidentales, trad. franc. Paris, 1616, in-12, p. 1 60; verso. (2) Moniteur universel du 13 mars 1857, p. 288. (3) Olivier de Serres, Le théatre d'agriculture et mesnage def champs,T. I, p. 138. (4) Ces teintes ne sont pas toujours stables. « J’ai eu occasioB » dit de Candolle (Mémoires de lu Société d'agriculture du dépar” CÉRÉALES. + 81 des r *ces Qui parcourent en plus ou moins de temps tou- tes] es phases de leur végétation, qui sont hâtives ou tar Nes, Pour me servir des expressions consacrées par les Sriculteurs. Le Maïs sauvage existe-t-il encore ? Aug. Saint-Hilaire (1) assure que cette plante se trouve à l’état S ++ Pontané au Paraguay; il a observé des pieds vivants Provenant SIgnalé cette forme de Maïs dans le même pays: u ll a, dit-il (2), l’épi absolument semblable aux précé- ! dentes (variétés de Maïs) ; il a la même enveloppe, ! Mais chaque grain est enveloppé à part par de petites " feuilles qui ressemblent aux grandes qui enveloppent ë l'épi entier. n Ce Maïs a été décrit par Damasio Lar- “nhaya, curé de Monte-Video, sous le nom de. Zea Uicaig (5); c'estaussile Zea cryptosperma Bonaf. (4). ais cette plante du Paraguay est-elle réellement la * lément de La Seine, T. XV, p. 235), de semer du Maïs rouge ” dans le jardin de Montpellier, et plus de la moitié des plants ont * donné des graines jaunes. » (1) Aug. Saint-Hilaire, Annales des sciences naturelles, sér. À, "VE, p. 145. ) Don Félix de Azara, Voyage dans l'Amérique méridionale, *L p. 448. | (6) Comptes rendus de l Académie des sciences de Paris, T. V, Le 64% ot 740. (&) Bonafous, Traité du Maïs, ou Histoire naturelle et agricole Cette céréale, dans les Mémoires publiés par la Société royale Centrale d'agriculture, en 1853. IL, 6 de graines sauvages recueillies dans ce pays ! ét qui se distinguaient de toutes les variétés cultivées | Par l'existence de bractées allongées et aiguës entourant ! : ‘que grain. Don Félix de Azara avait antérieurement ! mp npcomenr lé = < — * A ur M tot Lo mon En 82 CÉRÉALES. souche du Maïs cultivé ? Il n’est pas possible de démon trer cette origine avant d'avoir étudié cette céréale sauvage comparativement avec nos variétés de Maïs cul tivées. Quoi qu'il en soit, nous constatons encoré qu'une longue culture a produit dans le Maïs des race extrémement nombreuses. Plusieurs plantes herbacées, ou arbustes que l'Homme cultive, depuis bien des siècles, pour leurs fruits plus ou moins savoureux, méritent aussi de fixer notre atten tion. Le Fraisier ordinaire (Fragaria vesea L.) a fourni par la culture de nombreuses variétés, parmi lesquelles plusieurs se maintiennent de semis et constituent de véritables races. Sans parler du Fraisier de Versailles dont il a déjà été question, et qui se distingue du typ£ par ses feuilles unifoliolées, cette espèce présente de‘ variétés à fruits gros et à fruits petits ; il est une racé à fruits blancs qui est constante (1); une autre est dé” pourvue de stolons et se reproduit très-bien de grai” nes (2) ; il en est une aussi qui fleurit et fructifie depui le printemps jusqu'aux premières gelées, c'est le Fraisié des quatre saisons, etc. La fécondité de cette dernièr® race est instructive et rappelle certains animaux domes” tiques que l’action de l'Homme a dotés du même prit” lége. Faut-il citer le Lapin, le Cobaye, le Coq ordinalft etc. ? À l’état sauvage, ils ne produisent qu'une ou deu’ fois par année ; Mais, SOUS l'influence de la domesticilé? (4) Duchesne, Encyclopédie méthodique. Botanique, T. LP 531. . (2) Duchesne, lbidem, T. I, p. 532. PLANTES D'ORNEMENT. | 83 ils ont acquis une fécondité pour ainsi dire permanente. Les autres espèces de Fraisiers, aujourd’hui cultivées, TOUS ont donné aussi des variétés qui se distinguent par R forme, par la grosseur ou par.la couleur de leurs fruits, par leur précocité ou par leur maturité tardive. Le Framboisier (Rubus Idœus L.) nous a fourni quel- ques variétés remarquables. Le Groseiller à Maquereau (Ribes Grossularia L.) à faucoup varié relativement à la grosseur et à la couleur du fruit ; il présente en outre des races à baies lisses ou * baies hispides. Le Ribes rubrum L. nous offre une race à fruits lances. Dans la variété cultivée à Bar-le-Duc et qui sert à préparer les confitures si estimées dont cette ville se Slorifie, il n'existe qu’un où deux pépins dans chaque baie, ce qui rend leur extraction plus facile et compromet Moins la forme du fruit. Si nous considérons maintenant les plantes d'orne- Ment, objets des soins les plus assidus et les plus indus- lieux de la part de nos horticulteurs, qui les soumettent à un régime tout à fait exceptionnel, et calculent, pour ani dire, la quantité d'humidité, d'air, de lumière, de Chaleur nécessaires à leur prospérité, il est facile de OMprendre qu’on soit parvenu à les modifier et à ob- lenir par semis successifs des variétés et même des 'aces nouvelles. La première modification qui se produit, Cest la variation dans la couleur des fleurs ; il est rare A'après quelques générations elle ne se prononce pas Chez les plantes nouvellement soumises à la culture. Il y à plus, c’est qu'une plante sauvage, arrachée dans nos forts et transplantée dans nos jardins, si elle est vivace, MR — MEME Us s à tn NT “À = eve L 2 pd LÉ ss dédie EN L : - tent doit sie: Le bis " 4 F hé L 7 salés s à à F ER CAN STE TS me s. - ns ” 3 7 _… 2 à eu n 5 D RQ ” , citer res TUNIS US ÿ née . pé nr F | Lsrenegmen- ra en > nes Hu %..” - D is ind mure chi fe > a a CR 84 PLANTES D ORNEMENT. peut, l’année suivante, modifier la teinte de ses corolles ; c’est ici l'individu lui-même qui varie et non pas seulement sa postérité. C’est ainsi que l'Hépatique (Anemone He- patica L.), dans de semblables conditions, produit or- dinairement et dès le printemps suivant des fleurs roses ou plus rarement blanches. Il en est de même de la Per- venche (Vinca minor L.), dont les fleurs deviennent blanches, violettes ou roses (1). Un second effet suit bientôt le premier : les fleurs de- viennent semi-doubles, puis doubles, et d’autant plus rapidement que les étamines sont plus nombréuses: Beaucoup de nos plantes d'ornement nous fournissent des exemples de cette multiplication des pétales. Faut-il cité l'Anemone coronaria L., le Ranunculus asiaticus L:s le Delphinium orientale Gay, le Cheiranthus Cheiri L., le Mathiola incana R. Br.,les Papaver Rhœas L. € hortense Huss., les Dianthus Caryophyllus L., et plur marius L.,les Fuchsia, le Chrysanthemum indicum L:; l'Aster chinensis L., le Dahlia variabilis Desf., le Pri mula Auricula L., les Jacinthes, les Tulipes, etc., dont les innombrables variétés étalent à nos yeux les teintes les plus brillantes et les formes les plus gracieuses. Quelques-unes de ces plantes méritent un examen spécial, et plusieurs nous fournissent des faits très-in- structifs. Ainsi le Dahlia variabilis Desf., originaire des hauts plateaux du Mexique, a été envoyé en Europe, el 4800, par M. Alex. de Humboldt; mais ce végétal pré- sentait alors des capitules de grandeur médiocre, à fleurs ligulées disposées sur un seul rang et.dont le limbe était (4) Decaisne, Revue horticole, sér. 3, 1851,T. V, p. 64. : ; 5 À / PLANTES D'ORNEMENT. 85 Plan et de couleur variée, à fleurs du disque três-petites, lubuleuses et Jaunes. Cette espèce est restée fixe pendant Plusieurs années dans nos jardins ; mais ensuite, sous influence de [a culture et de semis successifs, elle est “ntrée en voie de variations et n’a plus cessé de fournir | “que année des produits nouveaux. Non-seulement les uleurs des fleurs se sont multipliées et régularisées, Mais les corolles elles-mêmes ont changé de forme : utes sont devenues ligulées ; mais leur limbe n'est pas resté plan, il s’est contourné en cornet. Les capitules se Sont beaucoup développées, mais, au lieu de rester dis- Coïdes, ils ont pris une forme plus ou moins globu- Use. On ne Peut pas nier que ces modifications ne Soient l'effet des conditions nouvelles, dans lesquelles ele plante a été placée ; elles ont eu lieu de nos Jours “nos Jeux en ont pu suivre toutes les phases. Cependant “tte Synanthérée n’a pas perdu pour cela ses carac- êres Spécifiques ; elle ne s’est pas confondue avec une “Spèce trés-Voisine et également cultivée, le Dahlia coc- ‘nec Cav.; et, du reste, les semis qu’on en fait chaque née reproduisent: souvent, par un phénomène d'’ata- ‘iSme, la forme originelle des corolles et des capitules, à Reine-Marguerite (Aster chinensis L.), rapportée © Chine par les Missionnaires, est depuis longtemps “livée en Europe. Elle a donné des variétés de couleur ès nombreuses ; ses corolles du disque sont devenues ‘es. comme celles du rayon ; mais tantôt le limbe ‘s Testé plan, tantôt il s'est roulé en forme de tube, où deux races distinctes de cette plante. Elles se pro- Sent de graines, mais leur constance n’est pas telle- ent absolue, que, dans un semis, On ne rencontre 86 PLANTES D'ORNEMENT. ordinairement quelques pieds à fleurs simples, qui rap” pellent leur origine. Il est facile, du reste, de les ra mener à leur type primitif : Thouin (1) rapporte que M. de Malesherbes ayant fait jeter de la graine de su- perbes Asters de Chine, sur un terrain impropre à la culture, les pieds qui se reproduisirent spontanément a seconde année, étaient presque tous rouges et simples: De nos jours, la culture a donné naissance à de nou” velles races de cette espèce ; mais ici c’est sur la tige € ses divisions qu'a porté la variation. Dans l’une, tous Jes axes sont raccourcis, c’est la Reine-Marguerite naine dans une autre, les rameaux, au lieu d’être étalés commé dans le type ordinaire, sont, au contraire, dressés, c’est. la Reine-Marguerite pyramidale. Et cependant il n'est pas possible de douter que ces deux races, dont on à enrichi depuis quelques années nos parterres, ne des” cendent de la Reine-Marguerite commune. Si l'on est parvenu, chez certains Oiseaux, par exem7 ple, chez l'Oie d'Egypte, à modifier l'époque de la ponte et de l'incubation, de manière à ce que ces phénomènt” physiologiques aient lieu, chez nous, dans une saisOl favorable à l'éducation des petits, on est arrivé égale” ment à modifier, sous le climat du nord de la Franc£ l'époque de floraison de certaines plantes exotiques a jusqu'ici ne fleurissaient qu’en automne et ne produi” saient pas de graines. On a obtenu ce qu'on appelle ep horticulture des races précoces et elles sont devenu® fertiles là où elles étaient autrefois stériles. Nous pouvos (1) Thouin, Mémoires publiés par la Société royale et central? d'agriculture, 1825, p. 475. PLANTES D'ORNEMENT. 87 _ Wier comme exemple, entre autres, la Chrysanthème de Chine (Pyrethrum sinense L.), qui, depuis 1859, a donné une race qui fleurit en août dans les environs de Paris et fructifie chaque année (1). La tendance aux variations, chez les plantes cultivées depuis longtemps, est quelquefois poussée très-loin, si les faits que rapporte Loiseleur Deslongchamps, au sujet des Jacinthes, sont exacts. u Les amateurs ordinaires, " dit-il (2), se contentent de multiplier leurs Jacinthes ” par les caïeux qui naissent autour des oignons, et, de " cetle manière, ils conservent et propagent constam- " ment les mêmes variétés sans altération ; mais les plus " Curieux, surtout les fleuristes de Harlem, outre la "multiplication par les caïeux, enrichissent chaque "année leurs collections de nouvelles variétés, qu'ils Wobtiennent.en semant les graines des variétés simples " ou semi-doubles qui en produisent. Une expérience " Constante a fait voir aux cultivateurs que les nouvelles " fleurs venues de semis ne ressemblent point à celles Ÿ dont on avait semé la graine, et il est, dit-on, sans ! exemple à Harlem, que la graine d'une Jacinthe ait “jamais produit une fleur semblable à celle dont elle 1! était sortie. Les nouvelles variétés qui en proviennent * Sont toujours plus ou moins différentes des plantes " mères, et souvent elles en diffèrent tout à la fois par “ la forme, la taille et la couleur. n Le Petunia violacea Lindl., plante aujourd’hui mise (1) Revue horticole, sér. 4, A854, T. IL, p. 85. (2) Loiseleur Deslongchamps, Dictionnaire des sciences natu- 'elles de Levrault, T. XXIV, p. 105. 88 PLANTES D'ORNEMENT. en vogue par la mode, dont l’empire déspotique s'étend” même sur les fleurs, nous offre des variations nom- breuses depuis quelques années. J'ai pu suivre, che7 notre habile horticulteur nancéien, Rendatler, toutes les phases des transformations que la fleur de cette plante à subies entre ses mains; non-seulement elle est devenue double, elle a revêtu les couleurs les plus variées, mais ce n’est pas sans étonnement que j'ai vu la modeste corolle de cette Solanée se développer d'année en année et prendre une ampleur qui atteint aujourd’hui un déci- mètre de diamètre. | Tous les botanistes savent que certaines fleurs nor- malement irrégulières présentent accidentellement une forme parfaitement régulière ; c'est ce que l’on nomme Pélorie. Cela n’est pas extrêmement rare dans le Li- naria vulgaris DC., et dans plusieurs autres plantes de la même famille. Mais cette anomalie ne se propage pas d'elle-même; les graines reproduisent le type irrégulier de l'espèce ou les capsules restént stériles. Mais ce que la nature ne produit pas, la culture l'a obtenu dans une plante en voie de variation; nous voulons parler du Gloæinia speciosa Lodd. Nous en possédons aujourd’hui une race péloriée, à fleur dressée et non penchée hori- zontalement, à corolle parfaitement régulière et portant + cinq étamines au lieu de quatre. Les graines prises sur “cette plante Îa reproduisent, mais quelques pieds font ordinairement retour au type et viendraient au besoin révéler son origine si elle n'était pas connue. Nous pourrions citer beaucoup d’autres faits sembla- bles; ceux que nous venons d'indiquer suffisent pouf démontrer la puissance de la culture comme agent m0- ARBRES DES JARDINS PAYSAGERS. 89 dificateur, Mais quels sont les moyens que nos horticul- _ leurs mettent en œuvre pour favoriser ces transforma - Mons des végétaux? IL est certain d’abord que les Conditions exceptionnelles, dans lesquelles ils placent les Plantes, déterminent en elles, au bout de quelques géné- Yations, une disposition à se modifier, et nous savons due des causes analogues produisent le même résultat Chez les animaux domestiques. Toutefois nos horticul- leurs ne laissent pas toujours cette action modificatrice S'exercer d'une manière aveugle. Si, parmi les espèces €n voie de variations, il se présente un individu qui Semble pouvoir donner naissance à un produit horticole de noble race, c’est lui qui est choisi comme reproduc- leur, Dans les générations suivantes, la variation qu’on désire conserver se complète, elle finit par devenir per- Manente, et une race nouvelle est ainsi obtenue. N'est ‘€ pas de même qu'on procède, comme nous l'avons Yu, pour procréer des races nouvelles parmi les ani- Maux domestiques? et ce qui rend l’analogie plus appante encore, c'est que les horticulteurs s’aident également du croisement des races et des variétés pour Arriver à leur but. Nous cultivons, dans nos jardins paysagers, des arbres % des arbustes qui ont fourni des variétés recherchées, Parmilesquelles plusieurs se reproduisent habituellement : de semis et constituent ainsi de véritables races. Tel ést, Par exemple, le Fraxinus simplicifolia Wilid., chez le- Tel la forme des feuilles du premier âge se maintient Pendant toute la vie, comme si cet arbre était atteint, en ‘€ Qui concerne ces organes appendiculaires, d’un arrêt de développement. On sait, du reste, que cette forme Î 90 ARBRES DES JARDINS PAYSAGERS. végétale n’est pas une espèce distincte, puisque ses. graines reproduisent assez fréquemment sa souche pri- _mitive, le Fraxinus excelsior L. D'autres variétés de ces arbres, que nous cultivons;, se distinguent, au contraire, par une division des feuilles plus grande que dans le type. Tels sont l’Alnus glutinosd laciniata, le Betula alba laciniata, le Corylus avellana laciniata, le Cytisus Laburnum quercifolia, ete., qu’on prendrait, au premier abord, pour des espèces légitimes, si l’on ne rencontrait assez souvent sur ces arbres des rameaux pourvus de feuilles normales et qui viennent dévoiler l'origine de ces variétés, même alors qu’elle ne serait pas positivement connue. Quelques-unes des plantes ligneuses de nos ‘parcs nous offrent aussi des variétés à feuillage coloré en rouge, qui se reproduisent parfois, quoique rarement, de semences, mais qui naissent aussi accidentellement dans un semis de graines recueillies sur un individu qui n’était pas affecté de cette disposition, qu’on pourrait comparer à l’érythrisme des animaux. Cette teinte rouge des feuilles a été observée, non-seulement sur le Fagus sylvatica L., comme nous l'avons déjà indiqué, mais aussi sur le Quercus pedunculata Willd., le Corylus tubulosa Willd., le Berberis vulgaris L., etc. (1). La direction des rameaux et le port de l'arbre peuvent aussi se modifier, comme on l’observe dans le Chène pyramidal, dont les graines reproduisent souvent l'un des types-de nos forêts, c'est-à-dire, le Quercus pedunr ‘culata Willd.; dans le Robinia Pseudoacacia L., qui (1) Decaisne, Revue horticole, sér. 5, 1851, T. V, p. 62. ARBRES FRUITIERS. 91 Nous à fourni aussi une variété pyramidale, une à bran- Ches et à ramifications disposées en parasol, une autre à lameaux tortueux, une autre encore complétement dé- Pouillée de ses aiguillons, ete. Telles sont encore nos Variétés d'arbres à rameaux effilés et pendants, qui con- Sütuent ce que l’on désigne sous le nom d’arbres pleu- reurs. Îl nous reste à parler de nos arbres fruitiers, qui pré- sentent aussi des variétés sans nombre ; mais ils ont été Jusqu'ici bien peu étudiés au point de vue de la distinc- tion des espèces. Il est certain cependant que la culture les modifie, du moins en ce qui concerne la forme et les qualités de leurs fruits, puisqu'on en obtient, chaque année, des variétés nouvelles. Il est aussi un fait bien établi, c’est qu'un certain nombre de ces variétés ne se reproduisent pas de semis, et que leurs graines donnent naissance à des fruits sauvages, ou plus où moins modi- fiés. Ce résultat avait déjà été constaté par Olivier de Serres (1), comme le passage suivant, extrait de son ouvrage, l'indique : u En général, ni les pépins, ni les " noiaux ne rapportent immédiatement arbres du tout " franes, pour produire fruicts du tout semblables à leur “ origine ; ce qu'est besoin de prévenir pour en venir au » remède. Les seuls pépins de Muriers et de Cormier " fructifient à la longue sans changement. De même les “ nojaux de menus abricots, des auberges et des pesches, “ si on les met en aussi bonne terre, pour le moins que " celle dont on les aura tirés et qu’ils soient profitable (1) Olivier de Serres, Le théatre d'agriculture et mesnage des Champs, T. IL, P° 3939, ë, 2 ARBRES FRUITIERS. “ ment cultivés. Des noïaux des gros abricots, des Pru- “ nes, des Cerises, ni des Olives, n’espérés par le seul v semer que fruict sauvaige, comment qu’on les gou- " Verne. 1 Dans l’étude que nous allons faire de ces arbres, nous commencerons par ceux qui donnent des fruits à noyau; et tout d’abord par les Cerisiers. Le Prunus Cerasus L. ou Gerisier commun, dont on connait plusieurs variétés, qui ne se distinguent guère l'une de l’autre que par la grosseur, la couleur et la saveur de leurs fruits, telles que le Gobet, la Griotte, la Cerise dite de Montmorency, ete. (1), parait constituer une espèce nettement distincte, qui ne peut être rap portée à aucune de celles qui sont sauvages dans nos bois. On sait, du reste, qu'elle n’est pas indigène, et l'histoire nous apprend qu’elle fut apportée en lialie du royaume de Pont, l'an de Rome 680, par Lueullus, après la victoire qu’il remporta sur Mithridate. Non-seulement cette espèce se distingue par la forme de ses fruits et de ses noyaux, par ses fleurs qui se développent sur le bois de la dernière année et non pas sur les rameaux de deux ans, comme dans le Mérisier, par ses feuilles, sa tige et ses rameaux, mais encore par ses racines munies de sto- lons souterrains nombreux, caractère important, déjà signalé par Virgile (2). Par cela même que le Cerisier commun difière des autres espèces du genre par la forme (4) Il y a aussi des variétés précoces et des variétés tardives. (2) C’est ce que prouve le passage suivant des Géorgiques : Pullulat ab radice aliis densissima sylva, Ut cerasis ulmisque ARBRES FRUITIERS. 93 de tous ses organes et par son port parüeulier, on ne Peut pas admetire qu’il soitune variété, ni une race d’une Autre espèce, puisque, dans ce cas, la variation aurait Porté à peu près exclusivement sur un organe en parti Culier, sans affecter les autres, comme on le voit généra- *Ment dans les plantes soumises à la culture. Mais cette tSpèce est redevenue sauvage en Europe sur le bord des bois; l'abbé Rozier (1) et Koch (2) l'y ont observée : J'ai eu occasion également de la rencontrer sauvage aux bords des bois, à Boudonville, à Liverdun et à Pompey, Près de Nancy, mais dans le voisinage des lieux où elle Stcultivée, et j'ai pu constater qu'elle conserve tous les Caractères qui distinguent les organes de la végétation de R plante cultivée, et n’en diffère en réalité que par son fruit plus petit et plus acide. Suivant Sageret (3), cette forme sauvage se reproduit toujours lorsqu'on sème les Moyaux des différentes variétés de Cerisier commun Cullivé, ce qui démontre leur origine commune. Pal- % (4) a, du reste, observé ect arbre complétement sau- Vage dans les foréts de la Crimée, et bien plus, Tourne- rt l'a retrouvé dans les lieux mêmes d’où Lucullus , SVait transporté en Italie. u La campagne de Cerasonte, () Rozier, Cours complet ou Dictionnaire d'agriculture théo- que et pratique. Paris, 1791 à 1805, in-4o, T. IL, p. 644. (2) Koch, Synopsis Floræ germanicæ et helvetice, éd. 2, p- (5) Sageret, Pomologie physiologique, ow Traité du perfec- bonnement de la fructification. Paris, 1850, in-8°, p. 560. (4) Pallas, Voyages entrepris dans les gouvernements méridio- aux de l’Empire de Russie, elc., trad. franc. Paris, 1805, in-49, TL p. 502. eu gi de PRE. ee tu CS F” ne : ss, + _ en . ré ce ES be à; orne ET TRS se a 94 ARBRES FRUITIERS. « dit Tournefort (1), nous parut fort belle pour herbo- “ riser ; ce sont des collines couvertes de bois, où les “ Cerisiers naissent d'eux-mêmes. Mais une de nos espèces nee le Mérisier (Pru- nus avium L.), dont les fruits, même sauvages, son! comestibles, ne pouvait manquer d'être mis au rang des arbres fruitiers et par conséquent soumis à la culture- Il en existe, en effet, des variètés à gros fruits noirs blancs ou jaunâtres, qu’on élève dans nos vergers. Mais. le Bigarreautier (Cerasus duracina DC.) etle Guignier (Cerasus juliana DC.), qui sont aussi représentés dans nos cultures par un grand nombre de variétés, et dont on ignore jusqu'ici l’origine, constituent-ils deux espèces distinctes du Mérisier, ou bien ce Cerisier sauvage dé nos bois en serait-il la souche originelle ? Ce qu'il y a de certain, c’est que le Bigarreautier et le Guignier se rer produisent de semis et présentent des races parallèles à celles du Mérisier cultivé. Des observations nouvelles permettront de résoudre cette question. Quant à nos Pruniers cultivés, la question, ayant à peine été étudiée, est plus difficile encore à trancher Cependant les caractères botaniques semblent indiquef au moins deux origines. Ainsi, 1l y.a des Pruniers qui se distinguent par leurs branches et leurs rameaux éri- gés, par leurs pétales étroits et écartés, par leur fruit oblong à noyau allongé et rétréei aux deux extrémités” La coïncidence de tous ces caractères, malgré les diffé” rences que présentent les fruits relativement à leur gro” {1) Tournefort, Relation d’un voyage du Levant. Paris, 477 in-40, T, IL, p. 221. ARBRES FRUITIERS. 95 seur, à leur saveur et à leur couleur, semble indiquer une espèce distincte, que de Candolle a décrite sous le nom de Prunus pyramidalis ; elle semble avoir pour {pe la Couetsche (Zwetschen des Allemands), qui, du reste, se reproduit très-bien de semis. Nous ne connais- Sons pas son origine ; mais on ne peut évidemment la Tapporter à aucun de nos Pruniers sauvages de France. Les autres variétés de Pruniers, de beaucoup les plus nombreuses, ont les branches et les rameaux étalés, la tête arrondie, les pétales orbiculaires, le fruit à peu près Slobuleux à noyau arrondi et obtus. Si l’on excepte la Srosseur, la saveur et la couleur du fruit, il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de les séparer Spécifiquement. La plupart de ces variétés ne peuvent être propagées que par la greffe ; il en est cependant qui se reproduisent de noyau, par exemple, la Reine-Claude, le Perdrigon blanc, la Sainte-Catherine, le Damas Touge (1). La modification d’un seul organe dans les Plantes cultivées est, en général, le caractère des races et des variétés. Nous sommes donc portés à admettre Que les variétés de Prunier à fruits globuleux appartien- nent vraisemblablement à un même type. Mais quel est Ce type? Est-ce le Prunus insititia L., comme le pense le savant botaniste Koch ? Nous n'oserions l’affirmer. De Nouvelles observations sont-nécessaires pour dissiper les doutes à cet égard. L’Abricotier (Prunus Armeniaca L.) nous montre des Variétés moins saillantes, mais cependant très-nom-— (1) Sageret, Pomologie physiologique, ou traité du perfection- fément de la fructification. Paris, 1850, in-80, p. 346. ge fix 7 CORRE Tr a MD SES te a © RP Le 96 ARBRES FRUITIERS. breuses. Les amandes des Abricots sont ordinairement amères, mais il y a aussi des variétés dont les amandes sont douces (1). Cet arbre est indigène en Asie-Mineure et en. Perse ; Pallas (2) l’a aussi trouvé sauvage dans les bois de la Crimée, et Jacquemont (5) a rencontré, dans les montagnes de l'Himalaya, l’Abricotier redevenu sau- vage; les fruits en sont petits, peu savoureux ; les plus doux restent toujours acides, même très-muürs. Ce n'est que par la grefle qu'on peut conserver dans nos jardins les variétés les plus estimées, et encore faut-il que le mode de culture ne vienne pas les altérer. On sait, en effet, que les bonnes variétés, qui, cultivées en plein vent, donnent des fruits suceulents et colorés, ne four” nissent que des Abricots pâles, fades et aqueux, lorsqu'on les élève en espalier (4). Le Pêcher (Amygdalus Persica L.) est représenté dans nos jardins par plus de 50 variétés, et elles ne s€ distinguent entre elles que par les caractères de leurs fruits, qui varient quant à leur grosseur, leur coloration extérieure, leur saveur et la consistance du sarcocarpe: qui est, en outre, tantôt adhérent, tantôt non adhérent au noyau. Mais les fleurs et les organes de la végétation n€ fournissent aucune différence spécifique. Cependant plu- (4) Sageret, Pomologie physiologique, ete., p. 341. (2) Pallas, Voyages entrepris dans les gouvernements méridio" naux de l'Empire de Russie, trad. franç., 1805, in-40, T. IL, p. 491: (3) Jacquemont, Voyage dans l’Inde. Journal du voyage, T.IL p. 70 et 116. (4) De Morogues, Cours complet d'agriculture ou Nouvedt dictionnaire d'agriculture. Paris, 1834, in-8°, T. IL, p. 38. nr es es Bab. 2 ARBRES FRUITIERS. 97 Sieurs de ces variétés se maintiennent par semis, telles que | k Pêche de Tullins, celle qui est connue sous le nom de | éton de Vénus, et plusieurs autres, qui paraissent être | de Yéritables races. Mais une partie de celles qu’on cul- | Ye généralement dans le nord de la France, n'étant Propagées que par la greffe, ne donnent par semis que s Pêches petites, peu savoureuses et à noyau adhérent. SStainsi qu'on se procure, en Lorraine, le Pêcher Jon élève. en plein vent dans les Vignes, sans le sou- Mettre à Ja taille et sans lui accorder aucun soin de lture; ces Pêches de Vigne, comme on les nomme *S cette ancienne province, doivent se rapprocher sin- Sülièrement de celles du type sauvage de l'espèce, si ‘les ne Je représentent pas complétement. Le Pêcher, Vansporte aux Etats-Unis d'Amérique, par les premiers Colons, y a été propagé de semis et a fourni déjà un assez Stand nombre de variétés, mais qui ressemblent peu à telles d'Europe ; plusieurs donnent des fruits séduisants Par leur volume, mais elles sont à peine mangeables, et "A ne les cultive guère que pour en faire de l’eau-de- + (L). Nous pensons dès-lors que les Pêchers à fruits Menteux procèdent vraisemblablement d’une même “uche originelle. Les Pêchers à fruits lisses (Persica vis DC.), qui nous offrent aussi plusieurs variétés, “stituent probablement une espèce distincte. L'Amandier (Amygdalus communis L.) est originaire (1) Poiteau, Considérations sur les procédés qu’'emploient les Diniéristes pour oblenir de nouveaux fruits améliorés, ete., émoire inséré dans la Pomologie physiologique de Sageret, D. 236 ; nl. 7 7 Am ET" — ee vu , NE rdiers, on sème en place des amandes amères, qu' | choisit de préférence, afin qu'elles ne soient pas mangé as es 98 . ARBRES FRUITIERS. d'Orient, mais il est devenu presque indigène sur tout le littoral de la Méditerranée. Il est cultivé depuis UP temps immémorial, et c’est sur ses fruits et sur ses graines que la variation s'est maniféstée. On connait dés Amandiers à fruits doux et à fruits amers, à coque dure et à coque fragile. Si l'on en croit les observations de l'abbé Rozier (1), l'Amandier à fruits amers serait moin$ éloigné de son origine que l'Amandier à fruits doux. Il rappelle, d'après Pline (2), que les Romains, avant lé temps de Caton, ne connaissaient que l’Amandier amer et que, dans la suite, ils se glorifièrent d’avoir fait dispa” raitre l’amertume de son fruit. I fait observer également! que les Amandiers sauvages, si communs en Sicile, O0! toujours le fruit amer. Enfin, il assure que, dans le midi de la France, lorsqu'on veut établir une haie d'Amañ” on es | L4 | par les Mulots, et cependant ces noyaux amers donnef | iquelquefois des pieds dont les amandes sont douces } La fragilité ou la dureté de la coque ne constitue p# non plus un caractère constant. Car, dans les Amandie!” à coque tendre, plus l'arbre vieillit, plus la coque devient dure (5). Toutes les variétés d'Amandier appartiennen! done à une seule et même espèce. J'arrive maintenant à nos arbres à pépins, et par (4) Rozier, Cours complet ou dictionnaire d'agriculture théo° rique et pratique, T. X, p. 445 et 448. (2) Plinius, Historiæ naturalis lib. XVIL, cap. 27. (8) Rozier, Ibidem, T. I, p. 445. ARBRES FRUITIERS. 99 eux je comprends la Vigne (Vitis vinifera L.) (4). Cette Plante parait originaire de l'Asie, et nous savons, par le récit de la Bible (2) et par les monuments les plus an- Gens de l’histoire grecque, qu'elle y fut cultivée dès la Plus haute antiquité ; elle s’est répandue d'abord dans loutes Les contrées qui bordent la Méditerranée, puis Enfin dans presque toutes les parties tempérées de notre Slobe, Ce végétal, objet des soins les plus assidus de Homme depuis tant de siècles, soumis par lui à des Conditions si diverses de sol, de climat, d'exposition, et % des modes si différents de culture, a présenté et pré- “üle encore les conditions les plus favorables à la pro- “lion de nombreuses variétés. Elles s'étaient déjà con- Sdérablement multipliées du temps de Virgile, à en Juger du moins par le passage suivant des Géorgiques : Sed neque quam multæ species, nec nomina quæ sint, Est numerus ; neque enim numero comprendere refert. Quem qui scire velit, Libyci velit æquoris idem Discere quam multæ Zephiro turbentur arenæ ; Aut, ubi pavigiis violentior incidit Eurus, Nosce quot Toni veniant ad littora fluctus (5). à On peut dire aujourd’hui que chaque canton a ses arétés particulières de Vignes, et les vins qu’elles pro- sent ne sont pas moins variés. M. le comte Odart (4) 4 La Vigne dans tout son développement constitue un arbre vé- ê. Pline (Historiæ naturalis lib. XIV, cap. 1) déjà, cite des \emples de pieds de Vigne d’une grosseur prodigieuse. @) Cæpitque Noe, vir agricola, exercere terram et plantavit vineam ; tlSque vinum inebriatus est (Genesis, cap. IX, vers. 20 et 21). à P. Virgilius Maro, Georgicon, lib. IL, vers. 103. 1) Odart, Æmpélographie universelle ou Traité des cépages nn. Per ange Fe M Re = 100 ARBRES FRUITIERS. estime que le nombre des variétés de Vigne connues doit être à peu près d'un mille, et il serait facile de l'augmenter encore par des semis, comme le prouven! les expériences qui déjà ont été faites dans ce sens (4): Beaucoup de botanistes considèrent les diverses modifi- cations de la Vigne comme sorties toutes originairement d’une même souche, et pensent que la plupart d’entre elles ne se conservent qu’au moyen de la propagatio® par crosseties, c'est-à-dire, par boutures. Cependant! ce fait n’est certainement pas général. Simon Roxas Cle” mente (2) fait remarquer que différents cépages, parfai” tement caractérisés, se propagent spontanément graines, et qu'à l’'Algaida de San Lucar de Baramedi en Andalousie, il existe une forêt presque impénétrabl® de Vignes sauvages de plus de deux lieues de longueur sui environ une demi-lieue, composée de plusieurs types qu se sont reproduits ; on y rencontre, à la fois, des individu très-vieux de chacun d'eux, d’autres nés récemmeñt d’autres enfin de tous les âges intermédiaires, mais aucu? ne dément sa caste et n’affecte les formes ni les pro priétés qui distinguent les autres cépages. Sageret (5) ayant semé des pépins de Chasselas, a obtenu Ja repr97 duction franche de ce type. Le même auteur (4) à #3 “les plus estimés dans tous les vignobles de quelque renom; éd- 7: Paris, 4849, in-80. (4) Loiseleur Deslongchamps, Dictionnaire des sciences nalr relles de Levrault, T. LVIIT, p. 141. (2) Clemente, Essai sur les variélés de la Vigne, trad. fran"? p. 189. 4 (3) Sageret, Pomologie physiologique, etc. Paris, 1830, in p- 396. (4) Sageret, Ibidem, p. 594, ARBRES FRUITIERS. 101 “USsi dans le Gâtinais des Vignes spontanées, à petit fruit noir, qui croissent dans les haies et sur la lisière des bois, étquipourraient bien être le type redevenu sauvage £ NOS variétés communes. Vibert (1), qui, depuis une Yingtaine d'années, a fait beaucoup de semis de diverses Sortes de Vignes, est arrivé à des résultats analogues à “eux de Sageret, du moins en ce qui concerne la stabi- 1€ dans Ja forme et les qualités du fruit. D'une autre Part, on observe, parmi les variétés de Vigne cultivées, ‘ütres différences que celle du fruit, par exemple, dans S feuilles. C'est ainsi que Vibert (2) a constaté que, Ur 40 pieds de Chasselas à feuilles laciniées, élevés de sr aines, la moitié seulement ont conservé les découpures : S feuilles de la plante mère. Il est done probable, ‘près tous ces faits, que nos variétés de Vignes sont Sorties de plusieurs espèces distinctes, ce que confirmera, Tous l'espérons du moins, une étude attentive de ces Plantes. | Le Figuier (Ficus Carica L.), non moins ancienne- 0 cultivé que la Vigne, a fourni de nombreuses va- “ls où races qui ne différent entre elles que par les “Afaclères extérieurs du fruit, sa saveur, sa précocité ou \Maturation tardive. Existe dans nos forêts deux espèces sauvages de OMmiers (Malus communis DC. et Malus acerba Mér.); % Sont bien distinctes et se reproduisent dans les bois À Conservant parfaitement les caractères qui les séparent. Vive, Revue horticole, sér. 3, 1850, T. IV, p. 169 ci Uvantes. @) Vibert, Revue horticole, sér. 8, 1850, T. IV, p. 174. 102 ARBRES FRUITIERS. La première nous semble être la souche de nos Pommiers à fruits de table; elle n’en diffère pas par ses organes it floraux, ni par ceux de la végétation. Le fruit seul para différencier’ nos variétés cultivées. Elles sont aujourd'hul fort nombreuses, et l'on en obtient journellement de nouvelles par semis. Les Européens, en s’établissant dans l'Amérique du Nord, il y a plus de trois siècles, Ÿ transportèrent des semences de ces arbres; mais, a lieu de reproduire les variétés d’où elles provenaients elles donnérent, en Virginie du moins, une première génération d'arbres qui ne produisirent que des fruits sauvages. Les pépins de ces fruits, semés de nouveau# donnèrent des arbres à fruits moins acerbes, et, de gé- nération en génération, on en obtint de meilleurs €! enfin de bons (1). Suivant William Coxe (2), dans l'état de New-Jersey seulement, on comptait déjà, en 1817: 4133 variétés de Pommiers. Mais toutes les variétés amé ricaines, nées cependant de nos Pommiers d'Europt sont différentes des nôtres et n’ont ni leur saveur, ni leur arome. Ces faits prouvent, de la manière la pli évidente, que toutes nos variétés de Pommiers ne co! stituent pas autant d'espèces distinctes, comme le pensenf les partisans de la stabilité absolue des types spécifiques même cultivés. 4 les etc (1) Poiteau, Considérations sur Les procédés qu’emploien pépiniéristes pour obtenir de nouveaux fruits améliorés, mémoire inséré dans la Pomologie physiologique de sagert p. 252. | (2) W. Coxe, View of the cultivation of fruit trees, and the management of Orchards and Cider. Philadelphia, 1817, in-8° _p. 255. . ARBRES FRUITIERS. 103 Le Poirier (Pyrus communis L.) croit dans nos forêts, Où il se reproduit toujours avec les mêmes fruits acerbes ny Conserve invariablement tous ses caractères. C'est à U seul que beaucoup d'auteurs rapportent les variétés, à nombre de plus de 600, qu’on cultive dans nos jar- DS et dans nos vergers. Suivant Sageret (1), aucune de ces variétés de Poiriers ne peut se propager de semis ; Par ce moyen de multiplication, on n’obtient, le plus sou- Vent, même des graines fournies par les meilleures va- tés de Poires, telle que le Doyenné (2), que des indi- Midus épineux, et qui se mettent assez difficilement à FU. Î n’y aurait donc pas de véritables races parmi nos Mriers cultivés, et les variétés ne peuvent être propagées que Par boutures, par marcottes et par la greffe. Mais si , 0 étudie ces différentes variétés, on y observe non- “ulément plusieurs formes principales de fruits, à cha ‘Une desquelles semblent se rattacher un certain nombre ÉNariétés ; mais on trouve aussi des différences mar- Jées dans les organes de la floraison et de la végéta- : à lion à ÿ ainsi il est des Poiriers à tête arrondie et à pétales ! à ae « | or et ondulés; il en est d’autres qui constituent des tres élancés et de forme pyramidale, dont les pétales (nt plans, elliptiques ou ovales (3). Nous ferons, en 0 sr : , \re, observer que nos pépiniéristes reconnaissent d’une Nière assez exacte, par l'examen d’un Poirier, même ê +: sp A Pourvu de feuilles, à l'aspect de ses bourgeons, à la (1) Sageret, Pomologie physiologique, etc., p. 219. @) Sageret, Jbidem, p. 297. ) Decaisne, Comptes rendus de l’Académie des sciences de - “ris, T, XLIIL, p. 1441. te ms TT TR A TS eco rs 2 a ee ME tn A 2 br Hess à . eue NO SRE CU es 4 104 ARBRES FRUITIERS. couleur de l'écorce des rameaux, à la direction des branches, les variétés principales. Ces circonstances semblent indiquer la pluralité des types originaires. Les expériences de Van Mons (1) et celles de ses ini tatéeurs auraient peut-être pu éclairer cette question mais, étant entreprises dans un but purement pratiqué ce célèbre pomologiste a complétement négligé de dé- terminer rigoureusement l'espèce à laquelle appartenait chacun des individus sauvages qu'il mettait en expé” rience. Mais s’il est vrai, comme il l’affirme, qu'il ait retrouvé sauvages, sur les coteaux des Ardennes, toutes les formes principales de Poires cultivées en Belgiqué ce fait prouverait en faveur de l'opinion qui assigne pli sieurs origines distinctes à nos variétés de Poires civil sées, pour me servir de l'expression employée par ce habile expérimentateur. Car ces arbres sont indigènes" et alors ils constituent de véritables espèces, ou bien if proviennent de Poiriers autrefois cultivés, et, en repré” nant les habitudes de la vie sauvage, ils ont dü revenir à leur type-primitif. L'étude, au point de vue purement. botanique, de ces Poiriers sauvages des Ardennes, pe” mettrait sans doute d'arriver à une solution rationnelle de la question. (1) Pour avoir une idée complète des idées et des expériences de Van Mons, il faut consulter les ouvrages suivants : 40 Arbres for tiers ou Pomologie, belge, par Van Mons, 1835, 2 vol. in-12; Théorie de Van Mons, ou Notice historique sur les moyens qu'en” ploie M. Van Mons pour obtenir d'excellents fruits de semis, P° Poiteau (Annales de la Société d’'horticulture de Paris, 1854; 6 XV); 3° Notice nécrologique et historique sur Van Mons, pa” teau (Jbidem, 1842, T. 51). ARBRES FRUITIERS. 105 Ainsi donc, si, pour le Poirier, comme pour plusieurs autres natures d'arbres fruitiers, nous restons dans le doute sur la question de délimitation des espèces, cela tient, non pas à ce qu'elle soit inextricable, mais aux études extrémement incomplètes, ou même à peu près nulles, dont ces végétaux ont été l’objet, sous le rapport de leurs caractères botaniques, et aussi à l'absence d’ex- Périences rationnelles, analogues à celles qui ont conduit à débrouiller des problèmes du même ordre et tout aussi Complexes, dans d’autres genres de plantes eultivées. Ce qu'il y a de certain, c’est que des Poiriers et des Ommiers de nos forêts, à fruits petits et acerbes, se Sont modifiés sous l'influence de la culture et de semis répétés, qu'ils ont fini par perdre généralement leurs épines au bout de quelques générations, qu’ils se sont dépouillés de ces stigmates de l'état sauvage pour les Métamorphoser en boutons à fleurs, et que leurs fruits, blessant l'organe du goût, se sont transformés en produits bien différents par leur grosseur et par leurs qualités SYoureuses. D'une autre part, les graines de nos meil- leurs arbres fruitiers sont loin de reproduire toujours des sujets aussi estimables que ceux qui leur ont donné Daissance. Îlest, en outre, un autre genre de modifications que à Culture et surtout les procédés dé multiplication ont déterminé, chez un certain nombre des différents arbres à fruits cultivés dans les diverses parties du monde. Il est d Observation que les fruits de nos Pommiers et de nos Oiriers sauvages sont habituellement. munis d’un nombre de Pépins au moins égal à celui des loges carpiques. Mais &S arbres de nos vergers nous montrent ordinairement Re RU D Es a PRÉ RÉ pe 7 RS TE PMR Ne 45 ins ns der AT 106 . ARBRES FRUITIERS. moins de pépins que ne le comporte l’état normal. Il est même des variétés d'arbres fruitiers qui ont compléte- ment perdu ce moyen de reproduction. Cet avortement d'organes aussi essentiels a été constaté principalement sur ceux de ces végétaux qu’on propage, depuis un temps immémorial, par greffe, par boutures et surtout par drageons. Il semblerait que, déviés de leurs ten- dances naturelles, ces plantes ont, pour ainsi dire, perdu l'habitude de se reproduire de semis (1). Nous pouvons citer la Vigne, dont on possède des variétés à fruits dé- pourvus de pépins. Les Romains, d’après le témoignage de Palladius (2), connaissaient une belle variété de ce végétal sarmenteux qui présentait cette particularité. L'Arbre à pain (Artocarpus incisa L. f.), cet arbre si précieux des iles asiatiques et de celles de l'Océan Paci- 4 ous | or os M (4) Cela doit d’autant moins étonner, que certaines plantes, telles que les Calamagrostis el d’autres Graminées qui tracent avec vigueur; | produisent rarement des graines. On sait aussi que la Canne à sucre : (Saccharum officinarum L.) dans toutes les colonies Européennes, où cette Graminée est propagée par boutures, reste habituellement | | | ( | « stérile; mais là où l’on a continué à la propager de semis, par exemple, dans quelques contrées de l’Inde, dans l'Arabie heureuse» en Egypte, à Madagascar, aux Canaries, elle a conservé la faculté, naturelle à tous les végétaux, de se multiplier par voie de génération (Mémoires de la Société d'agriculture du département de la Seine, an IX, T. E, p. 300.) La Pomme de terre elle-même, qui fleurissait et fructifiait abondamment il y a une trentaine d'années __—. NET “5 PR more AE Hu D Me. pr dans nos cultures, fournit aujourd’hui beaucoup moins de fleurs el plus rarement des fruits. Mais celte plante aété depuis longtemps multipliée presque exclusivement par ses tubercules. Nous pourrion® citer plusieurs autres faits semblables. (2) T. Æm. Palladius, De re rustica lib. IL, cap. 29. CR DR Un L CONCLUSIONS DU CHAPITRE. 107 fique, donne de chaque fruit sauvage près de 300 graines d’une grosseur assez considérable. Mais il en existe une Variété très-répandue, qui en est entièrement privée (1); On la trouve à Ceylan, à Amboine, à Célèbes, à Tonga- Tabou, aux Marquises, aux iles de la Société, ete. L’A- Tanas (Bromelia Ananas L.), le Bananier (Musa sa- Pientium L.), le Dattier (Phænix dactylifera L.), et Même notre Néflier ordinaire (Mespilus germanica L.), ElC., présentent aussi de semblables variétés. Nous croyons pouvoir déduire, de tous les faits exposés dans ce chapitre, les conclusions suivantes : | 1° La culture modifie les végétaux, même dans des | Caractères importants ; 2° Elle a produit un nombre considérable de variétés, Qui ne se conservent que par boutures ou par la greffe ; Mais elle a donné, en outre, naissance, surtout parmi Le plantes annuelles et bisannuelles, plus rarement chez $S végétaux ligneux, à des variétés devenues permanentes Qui se maintiennent et se propagent de semis, et qui Constituent de véritables races analogues à celles que Qous observons chez les animaux domestiques ; 3° Malgré toutes ces variations, aucun fait ne prouve Que les espèces puissent se confondre les unes avec les autres ; 4° Les variétés et les races végétales, replacées dans ‘8 mêmes conditions que leur offrait primitivement l’état de nature, tendent à reprendre et reprennent souvent Complétement les caractères de l'espèce sauvage ; (1) Forster, dans le Second voyage de Cook, trad. franç. Paris, 1777, in-£o, TV, p. 165. RE mm em ET 2 DRE ANNEE SUD ne à 09 108 CONCLUSIONS DU CHAPITRE. 5° Elles peuvent toujours être rapportées aux espèces d’où elles proviennent, par la persistance d'une partie des caractères spécifiques, sinon de tous, en raison aussi des intermédiaires qui les rapprochent:et les confondent, et des individus éminemment féconds qui résultent de leurs croisements lorsqu'elles appartiennent à une même espèce; R 6° L'espèce végétale, comme l’espèce animale, est par conséquent une réalité. LIVRE TROISIÈME. DE L'HOMME. CHAPITRE PREMIER. DE LA PLACE QUE L'HOMME OCCUPE PARMI LES ÊTRES ORGANISÉS. Nous abordons ici l'examen d’une question très-grave êt surtout très-controversée. Elle se rattache intimement du sujet que nous traitons, et il importe de la résoudre tout d’abord. Il s’agit de savoir, en effet, si l'Homme doit prendre rang parmi les animaux, si son organisa lon est analogue à la leur, si l'exercice de ses fonctions €St soumis aux mêmes lois physiologiques, et si, par Conséquent, on peut conclure rigoureusement des ani- Maux à l'Homme ou réciproquement; ou bien, si THomme, l'expression la plus élevée des créations ter l'eStres, est un être à part, complétement distinct des nimaux, et dont les phénomènes physiologiques ou PSychologiques sont régis par des lois spéciales. Les anciens paraissent avoir tous considéré l'Homme Comme une créature sans analogue, qui, par son orga- np Des: mn nm : mi mme items émises à 110 L'HOMME EST-IL UN ANIMAL Ÿ nisation, son intelligence et sa destinée future, ne peut être classée parmi les animaux, et l’on doit peu s’étonner que cette opinion ait régné sans partage chez les peuples de l'antiquité. u Les livres anciens des Chinois, des In- “ diens, des Perses, et la Genèse, dit Fabre d’Olivet (!): “ par cela même qu'ils font de l'Homme l’objet d’une “ création spéciale... autorisent à ne pas confondre » l'Homme avec les animaux, en le renfermant avec eux » dans la même catégorie. n Tous les auteurs du moyen âge ont également admis cette manière de voir. Pour Descartes (2), l'Homme seul est doué d’intelli- gence, et, par ce caractère distinctif absolu, il le place à une distance immense des animaux, qui ne sont que des machines organisées. Linné parait être le premier naturaliste qui osa classer l'Homme parmi les animaux, mais ce ne fut pas sans contradicteurs. Daubenton surtout s’éleva avec force contre cette doctrine nouvelle: peu de temps après la publication de la sixième édition du Systema naturæ de Linné, le célèbre collaborateur de Buffon s’exprimait ainsi : u Je suis toujours surpris d’y trouver l'Homme “ immédiatement au-dessous de la dénomination géné “ rale de Quadrupèdes, qui fait le titre de la classe : « l'étrange place pour l'Homme ! quelle injuste distribu- “ tion! quelle fausse méthode met l'Homme au rang (1) Fabre d’Olivet, De l’état social de l’homme ou Vues philo” sophiques sur l’histoire du genre humain. Paris, 1829, in-80, T- I, p. 25. | | (2) Descartes, Discours sur la méthode, éd. de M. Cousin, T. } p. 186 à 188. L'HOMME EST—IL UN ANIMAL? 111 " des bêtes à quatre pieds! Voici le raisonnement sur à lequel elle est fondée : l'Homme a du poil sur le Corps " Et quatre pieds ; Ja femme met au monde des enfants " Vivants et non pas des œufs, et porte du lait dans ses " mamelles ; done l'Homme et la Femme sont des ani- " Maux quadrupèdes ; les Hommes et les Femmes ont ” Quatre dents incisives à chaque mâchoire et des ma= melles sur la poitrine, done les Hommes doivent être "mis dans le même ordre, c’est-à-dire, au même rang " avec les Singes et les Guenons, etc. n (1). Buffon, qui ne s’associait pas volontiers aux idées de Linné, tergiverse sur celte question : tantôt il semble séparer l'Homme des animaux (2); tantôt il s'arrête à Une autre manière de voir, comme le démontre le pas Sage suivant : u La première vérité qui sort de cet exa- men sérieux de la nature est une vérité peut-être " humiliante pour l'Homme; c’est qu'il doit se ranger "lui-même dans la classe des animaux n (5). I dit Plus Join (4) : u Il est vrai que l'Homme ressemble aux animaux par ce qu'il a de matériel, et qu'en voulant "le comprendre dans l'énumération de tous les êtres naturels, on est forcé de le mettre dans la classe des "animaux. » (1) Daubenton, Dans les O£uvres complètes de Buffon, éd. di- igée Par Lamoureux et Desmarest. Paris, Verdières et Ladrange, 824-1859, in-8o, T. XVI, p. 167. @) Buffon, Histoire naturelle, éd. de l'imprimerie royale, in-49, “U, p. 5. () Buffon, Ibidem, T. I, p. 12. (4) Buffon, Ibidem, T. IL, p. 437. 119 ORGANISATION PHYSIQUE DE L'HOMME De nos jours, la question n’a pas été moins contro- versée qu'à l’époque de Linné. Elle mérite une sérieuse attention, et peut-être parviendrons-nous à concilier les deux opinions opposées. | Et d’abord l'Homme est-il réellement un animal, comme l'a pensé Linné et après lui Blumenbach, G. Cuvier, ete.? Si nous étudions l'Homme exclusivement sous le rapport de ses organes matériels et des fonctions qu'ils exécutent SOUS l'empire de la vie; si nous le com parons, SOUS Ce double rapport, aux animaux et surtoul à ceux qui, se distinguant par une organisation très” complexe, ont recu le nom d'animaux supérieurs, nul doute ne peut exister sur la solution que réclame cette question importante. Un fait frappe immédiatement et avec une évidence qui commande la conviction, e’est que l'Homme et les Mammifères sont pourvus des mêmes organes, différants il est vrai, plus ou moins, par leur forme extérieure €t par le développement relatif des parties, mais non pa5 au point de ne pouvoir pas être reconnus. C'est que ces organes oceupent une position identique, ont les mêmes rapports entre EUX, enfin présentent la même confor- mation générale. L’analogie est telle que l’anatomisté n'hésite pas à reconnaitre chez l'Homme et chez les ani- maux supérieurs les mêmes organes, et la ressemblance se soutient jusque dans les moindres détails. On re” trouve les mêmes os, liés entre eux par des rapporf identiques ; les mêmes muscles, ayant leurs points d'at- tache, non-seulement aux mêmes parties du squelettes mais au même point de chaeun de ces leviers qui for” ment la charpente solide du corps; un appareil digesti COMPARÉE A CELLE DES ANIMAUX. 113 accompagné des mêmes annexes, variant dans ses détails, Mais construit sur un même plan général et occupant les mêmes régions de l’ensemble. Nous pouvons en dire Qutant des appareils respiratoire et circulatoire, du sys- lême nerveux, des organes de la reproduction, ete. L'analogie de conformation, les rapports de position, les Connexions sont telles qu’on reconnait ces organes dans Eur plus petites parties, qu'on retrouve généralement € petites artères, de petites veines, des filets nerveux ‘S plus déliés, provenant des mêmes troncs, placés de À Même manière, se rendant aux mêmes organes, y Pénétrant par la même face, par le même point, et s'y Sübdivisant encore d’une façon analogue, à ce point on à pu leur appliquer les mêmes noms chez l'Homme Et chez les animaux. Pour cela, il n’est pas nécessaire Lêtre un savant anatomiste; l'élève en médecine, qui COnnait déjà la conformation du corps de l'Homme, Objet spécial de ses études, n'éprouve pas le moindre Mbarras, le plus léger doute, lorsque, pour la première Vis, il perte le scalpel sur le corps d’un Mammifère ; il léConnait immédiatement et désigne par leurs noms ous les détails d'organisation que l'animal lui présente. Si, aidé du microscope, l’histologiste cherche à dé- Couvrir la structure intime des différents tissus spéciaux, Ont sont formés les organes de l'Homme et des animaux SUpérieurs, la ressemblance est bien plus évidente encore. es tissus musculaire, fibreux, nerveux, etc., le tissu U cerveau lui-même offrent une si grande conformité, Pour ne pas dire une identité telle, que la démonstration évient complète. On arrive à des résultats analogues, si on soumet aux n. 8 114 ORGANISATION PHYSIQUE DE L'HOMME différents modes d'investigation que la science possède, chacun des liquides particuliers que renferme les oïf- ganes de l'Homme, et que l'on trouve également chez les brutes. Si nous étudions les organes en action, si nous consi- dérons le mécanisme par lequel chacun d’eux exécute les fonctions dont il est chargé, si nous déterminons le rôle que chacune de ces fonctions joue dans l’économie générale de l'Homme et de l'animal, si nous cherchons enfin à établir les lois, sous l'empire desquelles s’exéeu- tent les phénomènes accomplis par l'organisme, nous constatons encore qu'il existe une conformité remar- quable. L'Homme et les animaux supérieurs sont done régis par les mêmes lois physiologiques ; l'anatomie et la physiologie comparées constituent done une science aussi positive que toutes les autres sciences d'observation; et l’on sait, du reste, les merveilleux progrès qu'elle à fait faire à l'anatomie et à la physiologie humaines; l'on peut conclure, sans crainte de s’égarer, des animaux à l'Homme et vice versd. C'est sur ces considérations puissantes que, dans la suite de ce travail, nous nous appuierons principalement pour résoudre, d’après les faits que nous avons observés sur les animaux, la ques- tion aujourd'hui si débattue de l'unité de l'espèce hu- maine. Mais si l'Homme et les animaux supérieurs sont con struits sur un même plan général, si leur organisation est analogue, si leurs fonctions sont presque identiques: s'ils sont régis par les mêmes lois physiologiques, faut-il en conclure que l'Homme se confond, sous tous ces rap- ports, avec les animaux, qu'il n’est qu’un Singe perfec- COMPARÉE A CELLE DES SINGES. 415 lonné, comme certains auteurs, dominés par l'esprit de SYStème, l'ont avancé, et qu'il appartient, par conséquent, 10n pas seulement à la méme classe animale, mais au éme genre que certains Quadrumanes ? | C'est encore Linné qui, le premier, admet cette idée Ardie et peu flatteuse pour notre espèce. Mais ce n’est Pas dans le Systema naluræ, comme plusieurs auteurs affirment, que cette opinion a été produite. Cependant, ‘ns la 19° édition de cet ouvrage, Linné admet deux Spèces d'Hommes : Homo sapiens, c'est notre espèce, Homo Troglodytes, qui, par la description que l’auteur 3 donne, quoique fautive à certains égards, n’est qu'un ‘8re albinos de petite taille (1). C’est dans le Mantissa (D) Linné décrit lHomo Troglodytes dans les termes suivants : Opus album, incessu erectum, nostro dimidio minus. Pili bi, Contortuplicati. Oculi orbiculati : iride gupillaque aurea. Wpebre antice incumbentes cum membrana nictitante. Visus “eratis, nocturnus. Manuum digili in erecto attinyentes genua. ra C@cutit, latet; noctu videt, exit, furatur. Loquitur sibilo ; Jlas, ratiocinatur, credit sui caussa factam tellurem, se ali- “ndo iterum fore imperantem, si unquam fides peregrinatori- Le Mullis. Autoptæ in hac et proximis observent, num feminæ dE Uors hs ‘ Mo: its Wide et nymphis instruantur, quibus Homo à Simiis differt. » € db] West donc pas le Chimpanzé, que Linné a désigné sous le nôm MO Troylodytes, comme plusieurs auteurs le pensent. L’erreur Povient de ce que Blumenbach (Handbuch der Naturgeschichte. “ingen, 1779, in-8), a décrit le Chimpanzé sous le nom de Simia "oglodytes et il a été admis, sous cette dénomination, par Frid. Aelin dans Ja 15e édition, qu’il a donnée du Systema naturæ a: 1788, in-8o, T. I, part. I, p. 26), édition qu'il ne faut pas Ondre avec la 43° édition publiée à Vienne en 4767 et qui n’est Te la réimpression de la 42€ édition donnée par Linné, 116 ORGANITATION PHYSIQUE DE L'HOMME plantarum altera (4), publié après la 12° édition du Systema, la dernière élaborée par Linné lui-même, qu'il admet l'Homo Lar, qui est un véritable Singe, le Grand Gibbon de Buffon. Dans la préface du Fauna suecic@s il s'exprime, en outre, de la manière suivante : Nullun characterem hactenus eruere potui, undè Homo a Simia internoscatur. Moscati (2), vers la même époque, nous assimilé franchement aux Singes. James Burnet (3) admet qué les Orangs-Outangs sont des êtres de notre espèce ; ila reconnu chez eux des marques d'humanité qui lui pa raissent incontestables. J.-J. Rousseau (4) s'exprim® ainsi sur cette question : u Nos voyageurs font sans w facon des bêtes, sous les noms de Pongos, de Man” » drills, d'Orangs-Outangs, de ces mêmes êtres dont, » sous les noms de Satyres, de Faunes, de Sylvains, Jes y anciens faisaient des divinités. Peut-être, après des » recherches plus exactes, on trouvera que ce ne son » ni des bêtes, ni des Dieux, mais des Hommes. n Lamarck a consacré un chapitre tout entier de $? (4) Linnœæus, Mantissa plantarum allera. Holmiæ, 4771, in-8°* Regni animalis appendix, p. 521. (2) Moscati, Delle corpore differenze essentiale che passan? fra la struttura de bruti e la humana. Milano, 1770, in-8°. A?° pendix. (3) J. Burnet, Of the Origin and progress of Langage, éd. ? 4774 à 1792. Edimbourg, in-80, T. I, p. 289. (4) J.-J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de éd. l'inégalité parmi les hommes, dans ses OEuvres complètes de Musset-Pathay. Paris, 1823, in-80, T. I, p. 541. ; COMPARÉE A CELLE DES SINGES. 117 Philosophie zoologique (1) à la comparaison de l'Homme et des Singes anthropomorphes. Il s'efforce de démontrer Au'entre ces Quadrumanes et notre espèce, il existe des Tapports extrêmement étroits ; toutes les considérations il expose tendent à démontrer la possibilité de la ransformation des Singes les plus parfaits en Hommes, “C'est, en effet, la conclusion qui découle naturellement t ce chapitre ; mais, sans doute; par une concession dite aux idées généralementreçues, il veut bien admettre {ue l'Homme a une origine différente. Virey (2) cherche aussi à nous assimiler autant que Possible aux Singes dépourvus de queue, et conclut, des Tapprochements qu'il établit, que l'Homme sauvage ap- Patient à la famille naturelle des Singes, qui comprend des genres divers. u Nous naissons pour ainsi dire Sin— ges, dit-il ailleurs (5), c’est l'éducation qui nous rend ? Hommes. " De son côté, le célèbre zoologiste Owen (4) n’a pas “raint de dire que la distinction entre l'Homme et le inge est l'écueil, la pierre de touche des anatomis- ‘es Sa (1) Lamarck, Philosophie zoologique. Paris, 1809, : in-80, T. E, D: 549 à 557. (2) Virey, Histoire naturelle du genre humain, éd. 2. Paris, 824, in- 80, T, I, p. 91 et passim. (5) Virey, dans le Dictionnaire d'histoire naturelle de Déter- Ville, T, XV, p. 25. (GR. Owen, On the characters of the class Marunniie, 1857, 2 20, en note. Gun indique cependant lui-même, dans un autre de ses ouvrages ù Owen, Odontography. London, 1840, p. 452), un caractère 2 a, es - _ tn = RTE OT TS cs 5 Fa A nn neue Tr 118 ORGANISATION PHYSIQUE DE L'HOMME Bory de Saint-Vincent reproche à G. Cuvier d’avoir isolé le genre Homme dans l’ordre des Bimanes, u où il w est comme retranché en dominateur, malgré les con # formités anatomiques, si humiliantes pour notre Va w nité (4). » Aussi place-t-il parmi les Bimanes, paf conséquent à côté de l'Homme, le genre Orang, et il ajoute, pour justifier cette association : u Abstraction » faite du développement de l'intelligence, il y a certal- “ nement plus de différences des Orangs aux Guenons et “ aux Singes à queue. que des Orangs à l'Homme (2). Et plus loin, il dit encore : n Nul doute qu’à l’aide de “ tant de conformités physiques existantes entre l'Homme “ et le Chimpanzé, qu'au moyen des facultés intellec- » tuelles qui élèvent ce dernier au moins au niveau des » Hottentots, on ne parvint à développer considérable- » ment la raison de ce second Bimane. n“ Ces deux pas” sages nous étonnent : ainsi ce n’est pas sous le rapport physique seulement que les Singes anthropomorphes 56 rapprochent singulièrement de notre espèce, suivant Bory de Saint-Vincent, mais aussi certaines races d’Hommes leur seraient assimilées sous le rapport in- tellectuel, si même elles ne leur sont pas inférieures: anatomique fort important, qui distingue l'Homme du Singe ; c’est Ia contiguité et la continuité des dents chez l’Homme ; chez le Singe at contraire, les canines très-développées font saillie au-dessus des af” ” cades dentaires et se logent dans un intervalle entre les dents de la mâchoire opposée. Blumenbach (De generis humani varietate nativa, p. 26) avait déjà signalé cette différence. (1) Bory de Saint-Vincent, dans le Dictionnaire classique d’his” toire naturelle, T. IE, p. 319. (2) Bory de Saint-Vincent, 1bidem, T. XII, p. 280. COMPARÉE A CELLE DES SINGES. 119 Nous ne pouvons souscrire ni à l’une, ni à l’autre de ces deux propositions: Si nous faisons abstraction des facultés éminentes qui distinguent l'Homme, et sur lesquelles nos reviendrons Plus loin, si nous oublions un instant sa double nature, étsi nous nous bornons ici à le considérer exclusivement Sous le rapport de ses caractères physiques et physiolo- Siques, nous verrons que les principes rationnels sur “Squels repose l’échaffaudage de la classification z00lo- Slque naturelle, ne permettent pas de le placer dans le Même genre, dans la même famille, pas plus dans le Même ordre naturel, que les Singes anthropomorphes. Il orme, à lui seul, comme le veut G. Cuvier (1), un Ordre particulier, et nous ne sommes pas éloigñé de Penser qu'il constitue même une classe distincte (2). De tous les êtres de la création, l'Homme seul est Mganisé pour la station verticale, seul il marche natu- lement debout; c’est. Ià un caractère essentiel qui € sépare nettement de tous les animaux. La station (1) G. Cuvier, Règne animal, éd. 2. Paris, 4829, in-80, T. L, D. 69. (2) M. Serres (Revue des cours publics, 1855, p.157), va Même plus loin : il considère les animaux comme formant trois Standes divisions naturelles, caractérisées par leur attitude relative le sol et par les caractères différentiels nombreux que ce premier fait entraîne dans l'organisation de chacune d’elles. Dans la première place FHomme et l'Homme seul, qui se distingue par la station Verticale, La seconde est celle des Vertébrés, qui marchent le ventre | lourné vers la terre. La troisième enfin est constituée par les Inver- lébrés qui, dans leur attitude naturelle, ont le dos tourné vers le Sol, De là trois plans distincts d'organisation. 120 ORGANISATION PHYSIQUE DE L'HOMME verticale chez l'Homme résulte de la conformation spé” ciale du squelette, de l'équilibre établi non-seulement dans l’action des muscles, mais aussi dans le poids des différents organes splanchniques. Tout en lui concour! en effet à établir cet équilibre, comme nous allons le démontrer. La colonne vertébrale de l'Homme constitue une tig£ flexueuse, s’élargissant insensiblement vers le bas; 5 partie cervicale forme en avant une convexité, à laquelle succède plus bas une concavité antérieure, puis enfin * la région lombaire se montre une nouvelle convexitt dirigée dans le même sens qne la première. Ces flexu07 sités, en augmentant la force de cette partie centrale de la charpente osseuse, diminuent d'autant les masses mu” culaires employées à maintenir la rectitude de l'Homme: L'ensemble du tronc lui-même forme deux pyramides tronquées, opposées par leur section et qui se confon” dent vers le milieu de la région dorsale (4). La pyra” mide inférieure s'appuie sur le bassin, qui forme a tronc une base large et très-solide. La colonne vertébrale porte à son sommet la tête, si lourde chez l'Homme en raison du grand développemen! du cerveau ; elle s’y insère à peu près par le milieu dé sa face inférieure et se trouve ainsi en équilibre, n’ayañ! besoin, pour se soutenir dans cette position, ni du liga” ment cervical dont on trouve à peine des traces da notre espèce, ni de muscles puissants. L'Homme seul nous offre cette disposition ; c'était la condition néces” saire à l'existence d'un cerveau très-volumineux et cel (4) Serres, Revue des cours publics, 1855, p. 157. COMPARÉE A CELLE DES SINGES. 121 est si vrai, que sous ce double rapport, les Singes même les plus élevés dans l'échelle zoologique en diffèrent omplétement..Chez l'Orang-Outang adulte la tête s’in- ère à la colonne vertébrale presque en arrière et obli- \ Quement; l'équilibre n'existe plus; un ligament cervical Solide et des muscles puissants soutiennent cet organe dans une position oblique, et cependant chez les plus S'ands Quadrumanes, la tête est moins lourde que chez l'Homme. Les fémurs, dans notre espèce, soutiennent le tronc ; fixés au bassin obliquement en avant et en dehors, ils tendent à rétablir par cette position l'équilibre que les (ganes, renfermés dans les cavités splanchniques, ten draient à rompre. La tête de cet os est solidement placée dans une cavité cotyloïde profonde, dont le bord supé- 'ieur forme une saillie solide, qui a pour but évident de lempécher de s'échapper dans cette direction: et d'éviter Un déplacement que le poids considérable du corps, Placé dans l'attitude verticale, tendrait à produire. L'an- 8le, que ces os présentent à leur partie supérieure, fait de ces leviers de véritables arés-boutants, qui ont aussi Pour effet d’écarter l'un de l’autre les membres infé- leurs et d'augmenter ainsi l'étendue de Ja base de sus- lentation. Les masses musculaires considérables, et plus Puissantes que éhez aucune autre espèce animale, pla- cées en arrière dés articulations coxo-fémorales, ont Pour office d'empêcher le tronc de se fléchir en avant, et eur grand développement n'aurait pas sa raison d'être, SLces musclés n'étaient pas destinés à maintenir l'Homme àDS |a station verticale. Nous en trouvons de nouvelles Preuves dans la disposition des muscles de la cuisse, qui 199 ORGANISATION PHYSIQUE DE L'HOMME chez l'Homme seul est arrondie et enfin dans le volume considérable des muscles qui retiennent la jambe et le pied dans l’état d'extension. Aussi la saillie du mollef est-elle un caractère exclusif à l'Homme; l’action puis” sante des muscles jumeaux et soléaire, empêche le poids du corps de fléchir la jambe sur le pied, et devient Ja condition indispensable pour que l'Homme puisse 5€ tenir debout. F : L'organisation du pied est très-différente chez l'Homm£ et chez le Singe, et la comparaison qu’on peut en fairé conduit encore aux mêmes conclusions, que nous avon$ déjà établies. Chez l'Homme le pied est large, la jambe porte perpendiculairement sur lui, le talon est renflé € dessous et les os du tarse et du métatarse forment unê voûte qui protège, contre la compression, les museles de la plante du pied; les orteils sont courts et leu mouvements sont très-bornés ; le pouce, plus gros qué les autres, est placé sur le même plan et ne leur 6st point opposable. Ce pied est done admirablement con struit pour supporter le corps, mais il ne peut servir ni à saisir, ni à grimper; il ne ressemble point aux extré- mités supérieures, qui sont des mains, organes parfaits de préhension, mais qui ne sont pas conformés pour là locomotion. L'Homme doit done se soutenir sur s€ pieds seulement et conserve la liberté entière de S6 mains, instruments admirables par l’étendue, la variété la précision de leurs mouvements, et qui se trouvenf mis ainsi au service de son intelligence. Enfin la station verticale place les organes des sens dans la situation la plus favorable pour l'observation. La disposition des carotides, comparée chez l'Hommê COMPARÉE A CELLE DES SINGES. 193 et chez les Quadrupèdes, fournit un nouvel argument à la thèse que nous soutenons. Ces derniers, par la posi- tion relative de leur tête, seraient exposés à un afflux … trop brusque du sang au cerveau, si le Créateur n’y ait pourvu en divisant leurs carotides, qui forment ce lassis artériel admirable, déjà décrit par Galien (4) et QU'il attribua à l'Homme pour l'avoir observé chez les Wüimaux, Mais il n’existe pas chez l'Homme, comme l’a Témontré Vésale (2). Le sang est poussé à plein canal et ditectement dans nos artètes carotides et vertébrales ; 1l OUrnit à la masse cérébrale des matériaux de nutrition “ rapport avec son grand volume, et la station verticale, (ui est habituelle chez l'homme, s’oppose aux effets fu- stes des congestions qui se feraient vers cet organe. Mais est-il besoin de nous appuyer encore sur d’autres étails anatomiques, qu'il serait facile de signaler, pour émontrer que l'Homme est organisé pour se tenir et Pour marcher debout? Ce fait seul, que dans toutes les Parties du monde et dans tous les temps il en a été fini, prouve suffisamment que la station verticale est la seule naturelle à notre espèce. Chez les Singes anthropomorphes, au contraire, l’or- Sisation est tout autre; nous trouvons bien chez eux 8 mêmes organes que chez l'Homme, mais singulière ent modifiés. La tête est bien loin chez eux d'être en équilibre sur la colonne vertébrale, elle est oblique sur te Support. Les masses musculaires de la région posté- leure du bassin et surtout les muscles du mollet, qui () Galenus, De venarum arteriarumque dissectione liber, cap. 9. @) And.Vesalius, De corporis humani fabrica, lib. VIE, cap. 12. 124% ORGANISATION PHYSIQUE DE L'HOMME chez l'Homme maintiennent la rectitude du corps, sont infiniment moins développés chez les Quadrumants: Leur bassin étroit et très-oblique ne favorise pas l’équi- libre. Les quatre membres enfin ont leur extrémité con formée d’une manière analogue; tous se terminent paf une main, c’est-à-dire, par un organe destiné à saisir ; mais ces mains sont moins parfaites que celles de l'Homme, d’abord en raison de la brièveté du pouce quis par ce motif, est moins facilement opposable aux autre doigts et de plus ceux-ci n'ont que des mouvements d'ensemble et ne sont pas dans leur action indépendant les uns des autres, comme dans l’espèce humaine. Les mains postérieures des Singes sont peu propres à la station verticale. Chez l'Orang-Outang, elles s’insèren’ un peu obliquement à la jambe, à peu près comme che? certains pieds-bots, de sorte que leur bord externe porté sur le sol. Le pouce petit et court, écarté presque , angle droit, n’est pas l'un des principaux points d'appl et ne peut pas assurer, comme chez l'Homme, la solidité de la station verticale et la précision de la marche. Les quatre derniers doigts très-allongés et formant une coul” bure très-prononcée ne peuvent pas s'étendre, ni s "étaler sur le sol. Le muscle plantaire grêle, ici assez développé et qui a pour mission de fléchir les doigts, passe sur 1 saillie du calcanéum, preuve évidente que cette saillie osseuse n’est pas destinée à servir de point d'appui au corps et que la station verticale n’est pas naturelle à C6 Singe. Chez le Chimpanzé le pied est moins incliné en dedan$ et lorsque l'animal cherche à se tenir debout et à mar cher dans cette position, le pied repose sur le talon, sur COMPARÉE A CELLE DES SINGES. 195 le pouce, sur son bord externe, et les quatre derniers doigts fléchis fortement en dessous s'appuient sur le sol de telle sorte que la partie antérieure du pied touche le Sol par la face dorsale des dernières phalanges des doigts El par la face dorsale des ongles. C’est du moins ce que J'ai observé, en 1856, sur un Chimpanzé du jardin des Plantes de Paris. L'organisation des membres pelviens Chez les Singes n’est done pas faite pour la station verti- Gale, et l expérience confirme cette manière de voir. Si en effet les Orangs, les Chimpanzés marchent quel- uefois debout, ce qui provient peut-être en partie de Cet instinct si remarquable qui les pousse à imiter les tions de l'Homme, il est facile de reconnaitre que ce $enre de progression ne leur est pas naturel. En effet, leur démarche est incertaine, ils vacillent et balancent leurs bras pour ne pas perdre l'équilibre, et de temps €n temps ils sont contraints de toucher la terre avec leurs mains pour le rétablir. Du reste la rectitude de eur démarche n’est pas complète et s’ils se dressaient, à la manière de l'Homme, ils tomberaient en arrière. La ation verticale les fatigue et ne peut être prolongée; is éprouvent le besoin d’un troisième point d'appui et 1 s’aident volontiers d’un bâton qui leur permet de re- Prendre la station oblique qui leur est naturelle. Passant presque toute leur vie sur les arbres, où ils € choisissent un gite, vivant spécialement de fruits qu'ils lrouvent là sous la main, leur mode habituel de progres- Sion est l'action de grimper, de s’élancer d’une branche al autre et ils le font avec une telle adresse et une telle Yélocité, qu'il n’est pas douteux que cette habitude ne eur soit naturelle. L'organisation de leurs extrémités 1926 ORGANISATION PHYSIQUE DE L'HOMME vient confirmer pleinement cette appréciation. Les mem bres antérieurs de l'Orang-Outang et des Gibbons, qui descendent jusqu'aux malléoles; ceux du Chimpanzé et du Gorille, qui s'étendent jusqu’au-dessous du genot; sont des conditions très-favorables pour grimper et at teindre facilement de nouvelles branches; il en est de même de l'allongement des quatre derniers doigts, de leur courbure qui s'adapte si bien à un corps cylindri- que, de leur mouvement d'ensemble, enfin de la briè- veté et de l'écartement considérable du pouce. L'attitude verticale n'est donc pas un attribut des Singes; c'est au contraire un caractère fondamental qui distingue l'Homme de tous les animaux; ajoutons qu’il est également le seul qui soit à la fois bimane et bipède. La conformation de la tête osseuse de l'Homme adulte, même de race prognathe, comparée à celle des Singes anthropomorphes, arrivés à leur entier-développement, présente une différence énorme, et cette comparaison n’a certainement pas été faite sur les pièces anatomiques elles-mêmes, par l’auteur qui, récemment, écrivait cette phrase : u [1 y a presqu’autant de différence entre les “ cranes d’un Européen et d’un Ethiopien, qu'entre ceux “ de l'Ethiopien ei du Singe. n La face de l'Orang ou du Gorille, par exemple, au lieu de former, comme chez l'Homme, à peine le tiers du volume total de la tête, en forme plus des deux tiers. Le ‘crane de l'Homme est lisse et arrondi à sa surface; celui des Singes anthropomor- phes adultes est relevé de crêtes osseuses très-saillantes, limitant, presque tout autour, la fosse temporale qui s'é- tend fortement en arrière et devient très-profonde en avant et en bas par l’écartement des arcades ZYg oomâati- COMPARÉE À CELLE DES SINGES. 127, tes ; cette fosse loge un musele crotaphyte très-puissant # destiné à mouvoir leur énorme mâchoire inférieure. Si l'on considère la tête osseuse de l'Homme par sa face Mférieure, suivant la méthode d’Owen, on constate que S le diamétre longitudinal, que cette face présente, est Coupé à angle droit dans son milieu par une ligne trans- lersale, celle-ci touche le bord antérieur du grand trou VCGipital, tandis que dans l'Orang ce trou est placé au “lieu du tiers postérieur de la ligne longitudinale. Les *cades zygomatiques chez l'Homme sont entièrement Mprises dans le tiers antérieur du plan que forme la “Se de la tête, tandis que dans l'Orang ces arcades, faUcoup plus saillantes en dehors, sont coupées dans Qt milieu par le diamètre transversal. L’occiput, très- 9Mbé dans notre espèce, est, déprimé dans, notre pré- lendu congénère. Chez l'Homme enfin l'angle facial varie 870 à 85°; chez l'Orang-Outang adulte il ne dépasse Ps 400 (1); sur une tête de cet animal, que possède la “Culté des Sciences de Nancy, j'ai trouvé cet angle Süré du bord antérieur de la mâchoire: supérieure de * Suivant Owen (2) l'angle facial du Chimpanzé Ule ne dépasse pas 30 à 35°, et le crâne chez cette . (1) ü G. Cuvier, Leçons d’anatomie comparée, éd. 2. Paris, 1837, STE, p. 465. “lains auteurs lui accordent 60° degrés, mais il s’agit de lO- À S jeune el encore celte mesure de l’angle facial nous parait exa- “e. L’Homme au moment de sa naissance a aussi l’angle facial e , Ouvert que dans l’âge adulte et atteint ordinairement 900. La Ve *aison, pour être exacte, ne doit être faite que dans l’état m Dlet de développement. Owen, dans les Zoological Transactions, T. I. 128 FACULTÉS PSYCHOLOGIQUES DE L'HOMME espèce parait être placé plutôt en arrière de la face qu'au dessus. Le cerveau des Singes anthropomorphes présente des circonvolutions bien moins nombreuses et bien moins profondes que chez l'Homme. Quant au volume relatif de cet organe si important, les différences sont énormes’ J'ai mesuré la capagité d'un crane d'Européen de gran7 deur moyenne, par un procédé analogue à celui mis en usage par Tiedemann ; je l'ai rempli de sable fin parfai- tement sec, et il en est entré 1 litre, 53; la cavité du crane de l'Orang-Outang adulte n’a pu au contraire €P contenir que 0 litre, 44. Bien que ce procédé ne soit pas rigoureux, il suffit cependant pour fournir une approxi” mation très-rapprochée de la vérité. Or il résulte de l'expérience: que je viens de rapporter que la capacité du crane de l'Homme, et par conséquent le volume de son cerveau, sont presque trois fois et demie plus grands que chez l'Orang. Enfin l'Homme se distingue de tous les êtres organisés par une faculté d’une haute valeur comme caractér® zoologique, celle d’articuler des sons, de pouvoir ain} communiquer à ses semblables ses idées, ses sentiment! de faire en un mot de la parole l'instrument de sa pensét Ilrésulte des considérations précédentes que l'Homm£ en ne considérant que la partie matérielle de son étré se distingue évidemment des autres animaux et notam” ment des Singes, par des caractères zoologiques rap” chés et d’une haute valeur et que, dans la classificatio® naturelle, on ne peut pas le confondre dans le même ordre, et encore moins dans le même genre, avec Je Quadrumanes. COMPARÉES A CELLES DES ANIMAUX. 129 “ Un intervalle profond, sans liaison, sans passage, " dit M. Flourens (1), sépare l'espèce humaine de toutes les autres espèces. Aucune autre espèce n'est voisine "de l'espèce humaine, aucun genre même, aucune t famille. 1 Mais l'Homme n’est pas seulenient/ un être org il est aussi une intelligence, il est doué de raison, pe enfin il possède le sentiment moral. Considéré au point de vue de ces facultés éminentes, l'Homme se distingue Mettement des animaux, il est sur la terre un être sans Malogue.- Cela est évident, si l’on admet les doctrines Routes (2), acceptées avec de légères variantes par uffon (3) et par beaucoup de philosophes. Les animaux D'étant plus, suivant les Cartésiens, que des machines Méganisées, que de purs automates, complétement dé- Pourvus d'intelligence, l'Homme, en raison de ses facul- lS intellectuelles et morales, oceupe non-seulement Parmi les êtres un rang bien supérieur à celui des ani-- Maux, mais il s’en éloigne d’une manière absolue; un () Flourens, £oge de Blumenbach, dans les Mémoires de Pnstique, T. XXI, p. xi]. () Descartes, Discours sur la méthode, dans ses œuvres com- , blètes éditées par M. Cousin, T. [, p. 186, 187 et 188, et Lettres, VI p. 598. () De ce que le Singe ne parle pas, Buffon conclut qu’il ne pense à ‘ ape : : Pas, nl s'exprime ainsi : « La langue du Singe a paru aux anatomisies > . . û AUSSI parfaite que celle de l'Homme; le Singe parlerait donc s’il à Pensait ; si ses pensées avaient quelque chose de commun avec les ” Nôtres, il parlerait notre langue et en supposant qu'il n’eût que des * Pensées de Singe, il parlerait aux autres Singes. » (Buffon, His- toire, naturelle, T. I, p. 459.) n, 9 130 FACULTÉS PSYCHOLOGIQUES DE L'HOMME abime sans fond sépare les brutes de la créature faite à l'image de Dieu. Mais il est des philosophes et des naturalistes qui ad. mettent au contraire que les animaux sont doués d'un certain degré d'intelligence. Ces opinions contradictoires. donnèrent lieu, depuis Descartes jusqu’à la fin du XVI siècle, à une polémique ardente, qui enfanta de nom breux écrits (4) et divisa les philosophes : le pur aut07 matisme fut le symbole du cartésianisme, l’intelligencé _ des bêtes devint le drapeau de l’école opposée. Notre bon Lafontaine lui-même prit part à la lutte; Ï prétait trop d'intelligence aux animaux pour pouvoir admettre la doctrine de Descartes ; il l’expose et la cri tique dans le passage suivant : ss Ne tTOUveZ pas MAUVAIS Qu’en ces fables aussi j'entremêle des traits De certaine philosophie, Subtile, engageante et hardie. (4) On peut consulter avec intérêt, parmi ces ouvrages noM” breux, les suivants : 4° Suite du voyage du monde de Descarteÿ ou nouvelles difficultés proposées à l’auteur de ce voyage, t0W chant la connaissance des bêtes, par le Père Daniel. Paris, 1720: in-12; 20 Discours sur la connaissance des bèles, par le père Pardies. Lyon, 1709, in-12; 50 Essai philosophique sur l'ame dé bêtes, par le Père Boullier. Amsterdam, 4727, in-12; 40 Amusé ments philosophiques sur le langage des bêtes, par le Père Bof jeant. Lahaye, 4759, in-8°. On peut encore citer les suivants : 3.4. Crocius, Disquisitio de anima brutorum. Bremæ, 1676; J. Stabl, Logicæ brutorum. Hamburg, 1697; S. Gros, De anima brutorul Wittembergiæ, 1680 ; Klemmius, De anima brutorum. Wittem” bergiæ, 14704; Rechtembach, De sérmone brutorum. Erfurt, 1706: COMPARÉES À GELLES DES ANIMAUX. ù: lappelle nouvelle : en avez-vous ou non Ouï parler? Ils disent donc Que la bête est une machine 3 tout se fait sans choix et par ressort : ul Sentiment, point d'âme : en elle tout est corps. Telle est la montre qui chemine PAS toujours égaux, aveugle et sans dessein. Ouvrez-la, lisez dans son sein : ue y tient lieu de tout l'esprit du monde - La première y meut la seconde : 2 troisième suit : elle sonne à la fin. A dire de ces gens, la bête est toute telle. L'objet la frappe en un endroit : Ce lieu frappé s’en va tout droit, # Nous, au voisin en porter la nouvelle. ls + de proche en proche aussitôt la reçoit Pression se fait: mais comment se fait-elle ?. Selon eux, par nécessité, Sans passion, sans volonté ; L’animal se sent agité ments que le vulgaire appelle Se, joie, amour, plaisir, douleur cruelle, M Ou quelque autre de ces états. We. n'est point cela, ne vous y trompez pas. " donc? Une montre. Et nous? c’est autre chose (1). Qu'en elle Mainte ro th “ F di “tes EE er = ee pue 2 es nn à LOS Pur RENTE eg Re = rémpraeen ee — À 2 2 0 SR ur ER _…. P ù RE ii 5 + “ak pa 2 F PR : ce pra Se … Fe % = r nr S né ans À d i 1, 3 es a ee qu F = i) * Mouve û ou jusqu’à F. Cuvier, la discussion ne quitta que de MEnt le terrain de la métaphysique et la question Put f. U aire un pas vers une solution rationnelle. C’est ? COmme Je fait observer avec beaucoup d'autorité (1) y de Lafontaine, Fables, livr. X, fable 4. 152 FACULTÉS PSYCHOLOGIQUES DE L'HOMME M. Flourens (4) u la question de l'intelligence des pètes y est une question de faits, une question d'étude exp » rimentale ; ce ne peu être une simple thèse de méla” n physique. y Nous devons aussi à F. Cuvier (2) d'avoir éclairé d’un jour nouveau une discussion qui semblal devoir être éternelle, par la distinction plus nettemef! tranchée, qu'on ne l'avait établi jusqu’à lui, de ce qu'® doit entendre par instinet et par intelligence. Ces deu* facuhés ont été confondues par les uns; les autres aù contraire, établissant entre elles une distinction pie” vaguement formulée, ont fait de l'instinct l'apans exclusif des animaux et de l'intelligence le caractél” spécial de l'Homme. | L'instinct et l'intelligence constituent des facultés d° üinctes, on peut même dire opposées dans leur essenc?" L'instinct est une faculté particulière, qui est la ca immédiate d’un grand nombre d'actions, que Îles an” maux exécutent aveuglément et auxquelles ils sont for” cément portés. Îl est facile d’en citer des exemples jeune animal, qui n'a pas encore quitté sa mère; fui” la première fois qu'il se trouve en présence de l'Hom ou de tout autre ennemi de son espèce; il ne s'en pas cependant à l'aspect d’un arbre; d'une pierre qu’ n’a jamais vue. Qui lui a appris à connaitre le dant” dont il n’a pas fait l'expérience? c’est l'instinct. Le premier spectacle qui s'offre au jeune essai d'\” Dr LU (4) Flourens, De Pinstinct et de l'intelligence des ani éd. 3. Paris, 1854, in-18, p. 9. il Se lb (2) F. Cuvier, Dictionnaire des sciences naturelles de Levi” T. XXI, p. 528 à 544. COMPARÉES À CELLES DES ANIMAUX. 153 beilles qui vient d'éclore, c’est celui d’une véritable sé- ition, un désordre affreux a succèdé à la paix profonde Qui régnait avant sa naissance. Mais l'ancien essaim s’é- chappe- t-il pour aller fonder ailleursune éolonie nou- Yelle, à l'instant le calme succède à la tempête : les lois Qui de tout temps ont régi le gouvernement des Abeilles, di sous l'autorité desquelles le jeune essaim n'a pas Vécu, lois dont il n’a pas la conscience, reprennent im-— Médiatement tout leur empire; toutes les Abeilles tra- Vaillent, sans hésitation et avec un concert admirable, à À prospérité de la société; recherchent et élaborent la Cire, Le miel, le propolis; construisent des rayons, y eimagasinent des provisions d'hiver; déposent les lar— Yes chacune dans sa cellule, les y soignent, les y nour- 'issent avec une sollicitude vräment maternelle, etc. ; et “S actes, cependant, dont elles n’ont jamais été té- Moins, s’exécutent avec une précision, une habileté aussi S'ande que celle que déploient les essaims de vieilles beilles. Qui donc leur a enseigné ces pratiques indis- Pensables à leur conservation et à la propagation de leur. Spèce? C'est encore l'instinet. : Qui signale au Ver à soie, arrivé à son développe- ent complet, que le moment est venu de filer son “Con? qui le pousse à rechercher le lieu convenable, OÙ il doit le fixer ? qui lui apprend enfin les procédés au Moyen desquels il va former avec succès l'enveloppe de Soie dans Jaquelle il s'emprisonne? ses parents n’ont pu instruire : : il ne les a jamais connus. Ce sont là encore 8 effets de ses facultés instinctives. ous pourrions accumuler les faits, Mais ceux que 1OUs venons d'indiquer suffisent pour démontrer que 154 FACULTÉS PSYCHOLOGIQUES DE L'HOMME l'instinct est une force aveugle et nécessaire, antérieure à toute expérience et que l'expérience même ne modifié pas. Car le caractère des actes instinctifs c’est d’être fixes et de se reproduire constamment les mêmes dans toutes les situations (L)- | L'instinct n’est pas exclusif aux animaux, comme quelques philosophes l'ont aflirmé. L'Homme lui-mêmé est doué d’instinct. L'enfant, qui vient de maitre, re- cherche bientôt l'organe, à lui complétement inconnu: qui doit le nourrir, il le saisit avidement et, sans hésita tion aucune, il exécute la succion du mamelon, act£ très-complexe, qui ne lui a pas été enseigné et dont le mécanisme véritable a été longtemps méconnu par Je$ physiologistes les plus habiles. On peut citer ch® l'Homme, même adulte, d’autres exemples d'actes in7 stinctifs non douteux. Mais si les animaux partagent avec l'Homme la faculté de l'instinct, en est-ildemême del’intelligence ? Locke (2): Leibnitz (3), Condillac (4), G. Leroy (5), Réaumur (6) etc., reconnaissent que les animaux jouissent d’un cef7 (4) F. Cuvier, Dictionnaire des sciences naturelles de Levraulb T. XXHL, p. 552. (2) Locke, Essai sur l’entendement humaün, livr. IE, chap. at (5) Leibnitz, Nouveaux essais sur l’entendement humain,- WW VI, chap. 16, et passim. (4) Condillac, Traité des animaux. Amsterdam, 1755, in-18; P: 86 et suivantes. | (5) G. Leroy, Lettres philôsophiques sur l'intelligence et Le perfectibilité des animaux, p. 5, 54, 56, 52, 55, 258 et 259. (6) Réaumur, Afémoires pour servir à l’histoire des Insectes Æ. E p. 22. : COMPARÉES A CELLES DES ANIMAUX, 135 lain degré d'intelligence et l'observation vient à l'appui de cette opinion, | Les animaux possèdent des organes des sens confor- Més, du moins chez les Mammifères, sur le modèle de ‘eux de l'Homme, et quelquefois l'un d’eux atteint même Chez la brute une perfection plus grande que dans notre SSpèce : on sait que les Carnassiers ont en général l'odo- rat beaucoup plus sensible que nous, que l’ouïe est plus de Chez quelques Rongeurs, que la vue est plus per- fnte chez certains Oiseaux, etc. L'existence de l'organe Mraine l'existence de la fonction; l'animal éprouve donc % sensations et par conséquent des idées. Le Chien, Par l'organe de la vue et même par celui de l’odorat, Slüingue son maître du mendiant; il accueille l’un en Montrant sa joie de la manière la plus expressive; il Boursuit Yautre de ses aboiements et manifeste contre ü la plus vive irritation. Ses sentations dirigent donc Ses déterminations, Ce même animal a certainement la Mémoire : il se souvient des bienfaits, des châtiments, Es injures, et il le prouve journellement. Car il témoigne Méfiniment sa reconnaissance à son maitre, sa haine à “ranger qui l'a maltraité et il ne confond pas les mau- 8 traitements que celui-ci lui fait subir avec les châti- “ns que son maître lui inflige; ceux-ci il les accepte Vec Soumission, il ne fuit pas à la vue du fouet, il obéit, Uaine d'un air suppliant aux pieds de celui qui va le Fapper. | Ces faits prouvent que cet animal est susceptible d’at- “tion ; qu’il recoit du dehors des impressions analo- sues aux nôtres; qu'il perçoit et que ses perceptions Mennent permanentes, qu'il s’en souvient; qu’en as- om. : À! . | | A | | FE 94! El: Tail ( De! pL | GE YA 1# À «! il & | \l | 156 FACULTÉS PSYCHOLOGIQUES DE L'HOMME ‘ sociant des idées il en déduit des jugements ; qu'il s'élève même jusqu'au raisonnement; qu’il possède la volonté: la liberté de détermination, enfin des qualités affectives" Ces phénomènes n’appartiennent-ils pas à l'intelligence? L'animal peut done posséder cette faculté. De plus l'observation nous apprend que chez les brutes l'intelligence se développe par l'éducation, comme V'Éé- phant, le Cheval, le Chien, etc., nous en offrent des exemples incontestables; que ces qualités acquises së transmettent assez souvent par hérédité; que dans uné même espèce, celle du Chien, par exemple, il existé comme nous l'avons déjà constaté, des races stupides el des races intelligentes. Mais, de tous ces faits, faut-il conclure que l'intelli- gence des animaux puisse s'élever à la hauteur de l'in” telligence de l'Homme? Nous sommes bien loin de le penser et nous allons voir qu'il faut distinguer l'intellir gence des bêtes de l'intelligence de l'Homme, qu'il existé entre elles des limites nettement tracées. Gi l’on observe avec attention les actes, qui procèdent de l'intelligence d’un animal, il est facile de se convainel? qu'ils ont toujours pour objet la satisfaction de ses inté” rêts physiologiques et que cette intelligence ne s’éter pas au delà du fait sensible et du fait actuel. Ses senti ments de haine ou d'affection n'ont pas un caractèt® plus élevé, et ses déterminations ont pour mobile se appétits ou ses affections ; entre deux désirs, c’est le pli énergique qui l’entraine et décide de son choix. Chezl' Homme nous retrouvons tout d’abord les méme données que la physiologie de l'animal vient de not offrir, mais déjà avec cette différence importante que © COMPARÉES A CELLES DES ANIMAUX. 137 Sensations sont plus variées, sont bien moins impérieu— ses, que ses affections ont un but plus noble et plus dés- intéressé. “ On conviendra, dit Buffon (1), que le plus stupide " des Hommes suffit pour conduire le plus spirituel des " animaux ; il le commande et le fait servir à ses usages, “et, c’est moins par force et par adresse que par supé- “riorité de nature, et parce qu’il a un projet raisonné, "un ordre d'actions et une suite de moyens par lesquels Mal contraint l'animal à lui obéir; car nous ne voyons “pas que les animaux qui sont plus forts et plus adroits, ! Commandent aux autres et les fasse servir à leur usage... N L'Homme rend par un signe extérieur ce qui se passe " au dedans de lui, il communique sa pensée par la pa- “role; ce signe est commun à toute l'espèce. humaine ; N l'Homme sauvage parle comme l'Homme policé et tous M deux parlent naturellement et parlent pour se faire en- " tendre. Aucun des animaux n’a ce signe de la pensée; " ce n’est pas, comme on le eroit communément, faute " d'organes ; la langue du Singe a paru aux anatomistes "aussi parfaite que celle de l'Homme. « L'intelligence de l'Homme est infiniment plus vaste et Plus puissante. Seul de tous les êtres de la création, Homme a su vaincre le naturel sauvage d’un certain Nombre d'animaux, dont il a fait ses esclaves \dévoués et dont il utilise les facultés au profit de ses besoins ou de =" plaisirs ; seul il a eu l’idée de cultiver la terre, de lui dre produire d'abondantes récoltes, qui assurent son x () Buffon, Æistoire naturelle générale et particulière. Paris, 749, in-Z0, D, IL, p. 458 et 439. 138 CARACTÈRES DES FACULTÉS PSYCHOLOGIQUES DE L'HOMME: alimentation ; seul il a appris à tisser des vêtements et à les approprier aux exigences des climats et des saisons; seul il a créé l'art de se fabriquer des outils; seul il fait usage du feu, ete. Après avoir ainsi pourvu à ses besoins matériels et à sa sûreté, avec une industrie que la bruté n’égalera jamais, l'Homme déploie toute l’activité de ses facultés intellectuelles. Seul de tous les êtres organisés il réfléchit, il analyse les idées acquises, il les abstraits seul il remonte des faits particuliers aux faits générau* et du phénomène à sa loi; seul il conçoit les notions du beau, du vrai, du juste et celle du devoir ; seul il s'élève à l’idée du Créateur; seul enfin il possède le sentiment moral, qui le met en rapport avec un monde étranger à toute autre créature terrestre. Ces facultés éminentes, qui sont, sur notre globe: l’attribut exclusif de l'Homme, le placent à une énormé distance des animaux dans la classification des êtres. En le considérant sous ce nouveau point de vue, nous a€7 ceptons volontiers l’idée d'en former un règne à part: soit sous la dénomination de règne moral qui lui a été imposé par le marquis de Barbençois (1), soit sous ΀ nom de rêgne hominal, que lui a donné Fabre d'Olivet @h soit enfin sous celui de rêgne humain plus généralement adopté. De tous les faits exposés dans ce chapitre, nous eroyon pouvoir déduire les conclusions suivantes : (4) De Barbençois, dans le Journal de physique, 1816, T LXXXIU, p. 68. (2) Fabre d'Olivet, De l'état social de l'Homme, 1822, T- J, p. 20. ; CONCLUSIONS DE CHAPITRE. 139 1° L'Homme possède une double nature : il est d’une Part un être or eus, et d’autre part un être intelligent et moral ; 2° Te être organisé, sa conformation est analogue à celle des animaux ; ses fonctions sont régies par les Mêmes lois physiologiques, et il appartient évidemment, Sous ce double rapport, à l’animalité : 9° Il peut, par conséquent, sous l'influence de causes ‘halogues, éprouver dans ces mêmes organes des modi- fications semblables à celles que nous avons observées Chez les animaux domestiques ; 4 Comme créature douée d’une haute intelligence et ! Sentiment moral, il forme un être à part, bien dis- linct de tous les autres êtres organisés ; d° Enfin, en raison de l'empire bien connu que le Moral exerce chez lui sur le physique, ses facultés intel- “uelles constituent une nouvelle cause de variations Pour ses organes matériels. ere À en APS AG AGE CHAPITRE DEUXIÈME. DES DIFFÉRENCES ORGANIQUES, PHYSIOLOGIQUES ET PSYCHOLOGIT QUES, QUE LES HOMMES PRÉSENTENT ENTRE EUX ET COMPARAI SON DE CES DIFFÉRENCES AVEC CELLES QU'ON OBSERVE cHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. Si l'on compare entre eux les Hommes appartenant aux différentes nations répandues sur toute la surface du globe, on trouve dans leur conformation générale uñê ressemblance incontestable ; il y a entre eux un air de famille qui les rapproche et semble les lier les uns aux autres. Mais si, après ce coup d'œil général, on examiné les détails, si l’on s'arrête successivement à l'étude con” parative de chaque organe en particulier, of saisit d'u peuple à l’autre des différences importantes. Sont-elles assez tranchées pour qu’on puisse les considérer comm caractérisant des types originairement distincts ? Ou pien ne sont-elles que des modifications d’un seul et même organisme primitif, comme les animaux domestique nous en offrent de nombreux exemples? Pour arriver : la solution de cette question capitale, il est, avant touts indispensable d'étudier ces différences en elles-mêmé et de chercher à établir leur valeur comme caractère zoologiques. 3 La première différence qui frappe tout d'abord l'atten” . COLORATION DE LA PEAU DE L'HOMME. 141 üon et provoque l'étonnement, c’est la différence de Couleur de la peau. Les modifications, que présente Sous ce rapport cette enveloppe de notre corps, sont infinies ; elle varie du noir au blanc, en passant par le bronzé, %e brun, le rouge, le jaune, couleurs qui se lient Par toutes les nuances intermédiaires. Il importe, avant Wout, de rechercher quelles sont les particularités anato— Miques, qui déterminent les teintes si variées que pré- Sente la peau de l'Homme. Les anciens ne connaissaient pas la structure anato— Mique de la peau et la considéraient comme formée de deux membranes, le derme et l’épiderme. Malpighi (4), le premier, reconnut que, dans la peau du Nègre, le derme et l’épiderme sont blancs, mais qu "il existe une l'oisième membrane, siége exelusif de la coloration noire de la peau et connue depuis sous le nom de corps mu- Gueux ou réticulaire, en raison de la structure réticulée Que cet habile anatomiste lui attribua à tort, comme Albinus (2) et Meckel 5) l'ont démontré depuis. Mitt- Chell (4) à son tour, en étudiant l’action des vésicatoires Sur les Nègres, reconnut que l’épiderme se compose, non pas d'une, mais de deux membranes distinctes, et (1) Malpighi, De externo taclus organo exercitalio epistolica. Neapoli, 1665, in-4o. (2) Albinus, Dissertatio de sede et causd coloris Æthiopum et C@lerorum hominum. Leyde, 1737. (5) 3. Fred. Meckel, dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Bertin, 1753, p. 79, et 1787, p. 61. (4) Mitchell, An Essay upon the causes of the different colours - 0f people in different climates, dans les Philosophical Transac- tions, 1744, T. XLIH, p. 102. &e 142 COLORATION DE LA PEAU DE L'HOMME. de nos jours M. Flourens (4) a établi le même fait pouf les Américains et les Européens. Cruikshank (2), en exa- minant, après la mort, la peau du Nègre, gonflée par les pustules de la variole, découvrit entre le derme et l’épi- derme quatre couche ou feuillets, y compris la couche colorée. Gaultier (3), en soumettant au microscope des sections très-minces de la peau de la plante du pied d'un Nègre, distingua aussi quatre feuillets. Malgré toutes ces observations, la structure de la peau était loin d’être complétement connue et, dans les trente dernières années, elle a été l’objet de nombreux et d'importants travaux. Les recherches, du reste, avaient eu, jusque-là, principalement en vue la peau du Nègre et il importait de lui comparer celle des principales races humaines. Cette tâche a été remplie par Dutrochet (4), par de Blainville (5), par Weber (6), par Breschet et (1} Flourens, Recherches anatomiques sur le corps muqueux où appareil pigmental de la peau, dans les Annales des sciences naturelles, Zoologie, sér. 2, T. VIE, p. 460. (2) Cruikshank, Experiments on the insensible perspiration of the human body, etc. (5) Gab. Ant. Gaultier, Recherches sur lorganisation de la peau de l’Homme et sur les causes de sa coloration. Paris, 1809; in-80. (4) Dutrochet, Observations sur la structure de la peau, dans le Journal complémentaire du Dictionnaire des sciences médi- cales, T. V, p. 566. (5) De Blainville, Principes d'anatomie comparée, éd. 1. Pan, 1829, in-8o, p. 69. (6) E. H. Weber, Beobachtungen über die Oberhaut, die Hautbülge und ihre Vergrôszerung in Krebsgeschwlsten, dans Meckel’s Archiv, 1827, p. 198, COLORATION DE LA PEAU DE L'HOMME. 143 Roussel de Vauzème (4), par Flourens (2), par Henle (3), Par Schwann (4), par Simon de Berlin (5), etc. _ [lrésulte de tous ces travaux que l'épiderme, sépa- ble en deux couches par la macération, est incolore et “ansparent chez tous les Hommes; que le derme est ane et d’une structure semblable chez tous les repré- Sntants du genre humain; que chez tous aussi il existe ‘ne membrane continue et d’une organisation identique, Jui est liée au derme par des prolongements filamenteux, di s'étale sur les inégalités des papilles, qui enfin se- crête le pigment : c’est l'appareil pigmental de M. Flou- ‘es, Le pigment lui-même est une matière colorante, € Couleur variée chez les différents Hommes et qui ‘ne à Ja peau sa couleur naturelle. Il ne constitue pas, Suivant M. Flourens (6), une membrane, un organe (1) Dhysiologiques sur les appareils tégumentaires des animaux, 1 les Annales des sciences naturelles, Zoologie, sér. 2,T, XI, b, 167 et 521. » @) Flourens, Recherches anatomiques sur le corps muqueux Breschet et Roussel de Vauzème, Recherches anatomiques Mparei] pigmental de la peau, etc., dans les Annales des nces naturelles, Zoologie, série 2, T. VIX, p. 186; Recherches omiques sur les structures comparées de La membrane cuta- et de la membrane muqueuse, Ibidem, T. IX, p. 259, etc. () Henle, Ueber die Ausbreitung des Epithelium im menschli- ÿ Kôrper, dans Müller’s Archiv für die Physiologie, 1858, ‘ 105. R (4) Schwann, Mikroskopische Untersuchungen. Berlin, 1839. G. Simon, Ueber die Stuctur der Warzen und über do, ME-bildung in die Haut, dans Muller’s Archiv für die Phy- “9ie, 1840, p. 189. Flourens, Cours de Physiologie comparée. Paris, 4856, Se, p. 59, ig ne 144 COLORATION DE LA PEAU DE L'HOMME. spécial; c'est le produit d'une sécrétion, c'est un dépôt un enduit, une partie morte, mais il a l'apparence d'uné membrane continue. Henle (1) et Simon de Berlin À) reconnaissent toutefois, däns la couche que forme Je pigment, des cellules renfermant les granules de Ja M4° tière colorante et aujourd’hui tous les physiologisté* admettent que ces cellules pigmentaires se trouvent ch@ \ tous les Hommés, qu’elles sont par elles-mêmes incolore et que les différences de coloration de la peau dépendér de la couleur et du nombre des grains de pigment. IL est également certain que l'appareil secréteur du pigment existe chez tous les représentants de la famille humaine et a chez tous la même structure organique (5): que le pigment lui-même se montre non seulement dat la peau du Nègre, dans celle du Mulâtre, de L'Américal?! du Polynésien, mais encore dans celle du Maure, dv Kabyle, de l’Arabe (4); M: Flourens l'a de plus renconti® dans la peau d’un soldat français mort en Algérie et? admet que chez tous les Hommes blancs on en découv? toujours des traces à l’aide du microscope (3). Pourqu? du reste la peau différerait-elle dans sa structure chez (1) Henle, dans Müller’s Archiv für die Physiologie, 1840, P 180. (2) G. Simon, Jbidem, 1840, p. 189. (3) Flourens, dans le Dictionnaire d'Histoire naturelle D'Orbigny, T. IX, p. 525. (4) Flourens, Compies rendus de l’Académie des de Paris, 1843, T. XVIL, p. 555. (5) Flourens, Cours de Physiologie comparées. Paris; in-80, p. 39. Scient!° 1856 COLORATION DE LA PEAU DE L'HOMME. 445 différentes variétés du genre humain? N'est-elle pas des- linée aux mêmes usages, créée pour les mêmes fonctions ? | Mais ce qu'a démontré, en outre, M. Flourens, c’est Que, chez les Hommes de race blanche, l’auréole co- lorée qui entoure le mamelon présente toujours une Couchestrès-distincte de matière pigmentale. G. Simon, Qui à vérifié l'exactitude de cette observation, ajoute que les cellules qui, dans la peau du Nègre renferment les S'anales de pigment, se trouvent aussi dans l’auréole du Mamelon de l’'Européen, et que ces cellules ont, dans les deux cas, une forme identique. Il a rencontré, de plus, la Matière colorante et ces mêmes cellules pigmentales dans é$ taches de naissance, du moins dans celles qui ne sont Pas vasculaires et même dans les taches de rousseur, si fréquentes chez les Hommes blonds (1). Enfin M. Flou- Tens (9) à constaté également que dans le fœtus du ègre il n'existe pas la moindre trace de pigment, exac- lement comme dans le fœtus de l’Européen; d’où il faut “onclure que le Nègre ne diffère pas, sous ce rapport, de l'Homme blane, au moins pendant la vie intra-utérine. Ainsi, chez tous les Hommes, à quelques races qu'ils “Ppartiennent, l'appareil sécréteur du pigment, non-seu- *Ment existe, mais présente la même structure anato- Mique. Le pigment se rencontre aussi chez tous, mais ‘y trouve en proportions extrêmement différentes et (D ç. one dans Müller’s Archiv für die Physiologie, 1840, P: 189, Les taches de rousseur ont, suivant cet auteur, leur siége dans le réseau de Malpighi. @) Flourens, Comptes rendus de l’Académie des sciences de “ris, 1845, T. XVII, p. 358. Ii, 10 146 DE L'ALBINISME CHEZ L'HOMME. e*est à lui que sont dues les variations de couleurs qui nuancent les divers peuples de la terre. Nous n’avons pas jusqu'ici parlé de l’albinisme chez l'Homme et nous ne pouvons pas, en étudiant la stru6” ture et la coloration de sa peau, nous dispenser de traite? + cette intéressante question. L’albinisme qui peut affecter toutes les espèces ani” males sauvages, qui est surtout très-commun chez n0$ animaux domestiques, n'est pas non plus extrêmement rare dans l'espèce humaine. Chose remarquable, c'est chez les Nègres qu’on observe le plus fréquemment cetfè disposition anormale et surtout chez certaines peuplades Ces Nègres albinos ont la peau d’un blanc mat et d’uné teinte bien différente de celle qui est naturelle aux peuples del'Europe; les cheveux restent crépus, mais sont blanC ou très-hlonds ; les yeux sont roses ou d’un bleu clair. À la coloration près, les Nègres blancs ne se distinguen? pas des Nègres noirs qui appartiennent à la même tribu L'albinisme se voit aussi chez d’autres peuples qué ceux qui habitent la côte occidentale et le centre dé l'Afrique. On l’a constaté chez les Papous (1), les Alfour rous (2), les Madecasses (5), les Caffres (4), les Mul- \À ! he PA TP | À Der (1) Argensola, Histoire de la conquête des îles Motuqués Amsterdam, 4706, T. 1, p. 148; Labillardière, Relation du voy0° à la recherche de La Pérouse. Paris, an vüj, in-40, T. I, p- 448. (2) Quoy, dans le Voyage de l’'Astrolabe sous le commandeme"} de Dumont d'Urville, Histoire du voyage, T. IV, p. 746 . Mallatr Les Philippines, Histoire, Géographie, Mœurs, etc. Paris, 1840 in-8°, T. IL, p. 129. (5) Cossigny, Histoire de l’Académie des sciences de P& 1744, p. 45; De la Nux, Jbidem, 1760, p. 17. (4) De la Nux, lbidem. es Le Canet oies RE ee r'isy para mms g PE genie mare detre DE L’ALBINISME CHEZ L'HOMME. 147 Wres (1), les indigènes de Java et des iles de la Sonde (2), €S Tartares Mongoles, les peuples Hyperboréens (5), les ‘lynésiens de Tonga-Tabou et de Tahiti (4); en Amé- ‘que on l’a observé à la Louisiane (5), en Virginie (6), à la Guyanne (7), au Brésil (8), chez les Moxos et les Magons (9); mais nulle part, dans le Nouveau Conti- Ant, on n’a vu l'albinisme aussi commun qu’à l'Isthme UDarién, où Lionel Wafer (10) en découvrit un assez Sand nombre. Cortez vit à la cour de Montezuma quel- Îes-unes de ces créatures, qui ressemblaient aux Hom- MS blancs du Darien (14). (1) Arthaud, Journal de physique, 1789, part. 2, p. 277. @) Voyage et aventures de F. Leguat en deux îles désertes ‘8 Indes Orientales. Amsterdam, 1708, in-12, T. II, p. 157; «‘ichard, Histoire naturelle de l'Homme, ad. franc. Paris, 1845, : AC TIRER L. G. Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des Momalies, etc. T. I, p. 296. (4) Banks et Solander, Premier voyage de Cook, coll. d'Hawks- North, T. IE, p. 539 et 450 ; Labillardière, Relation du voyage “la 'echerche de La Pérouse, T. Il, p. 141. (8) La Coudrenière, Journal de physique, 1782. Supplément. (6) Th. Jefferson, Votes on the State of Virginia. London, 1784. PR. de Castillon, Mémoires de l’Académie des sciences de “'ün, 1769, T. XVIIL ( à à Marggraff, Tractatus topographicus et meteorologicus Bra- à la suite de Historia naturalis Brasiliæ Gull.Pisonis. Ams- Mami, 1658, in-fo, p. 12. | @) Ale, d'Orbigny, Voyage dans l’Amérique Méridionale, etc. “TS, 1855-1849, m-Lo, T. IV, part. 1, p. 42. (LO) Lionel Wafer, New voyage and description of the isthmus America, éd, 2, p. 107. (u) Robertson, Histoire de l'Amérique, trad. franc. Paris, 4778, TI, p. 510. ann ne De en (4 : À Î L | LS K LE: Tnt D on | "la ge 148 DE L’ALBINISME CHEZ L'HOMME, Les peuples de race caucasienne sont eux-mêmes sujets à l’albinisme et l'on en connait chez eux de nom” breux exemples, notamment chez les Arabes (1); 5 Sibériens de Tobolsk (2), les Russes (3), les HO” grois (4), les Allemands (5), les Danois (6), les Anglais (7), les Suisses (8), les Belges (9). Enfin en Franct; 7 s’est produit également un certain nombre d’albinos (I 0) | Broc (11) dit même qu'ils ne sont pas rares dans le dé” partement de la Creuse. M. de Haldat a vu deux frère albinos nés à Nancy et depuis j'ai eu aussi l’occasion dÿ . observer un autre fait du même genre. (1) Ledyard, Proceedings of the african association, p. 45. (2) Schreber, Historia naturalis quadrupedum, T. I, p- 1 45. : (8) Trettenbacher, dans les Annales d’oculistique, T. XXX, P 132. (4) Mich. Klein, Naturseltenheiten von Ungarn. Presbow?! 1778, p. 15. (5) Blumenbach, dans HMedicinische Bibliothek, T. IT, p. BA etT. IL, p. 162, 167, 169, 679, etc. (6) Rhode, dans Medicinische Bibliothek, T. III, p. 470. (7) dJ. Hunter, On certain parts of the animal æconomy, p- 209 (8) De Saussures, Voyage dans les Alpes. Neufchâtel, AT” 4796, in-4°, T. IV, p. 805. (9) Ansiaux fils, Journal de Corvisart, T. XIV, p. 265. : (10) Lecat, Traité de la couleur de la peau humaine en gén” ral, etc. Amsterdam, 1765, in-89, p. 103 ; Villermé, Dictionnair® des sciences médicales, T. XLAII, p. 494; Richerand, Nouvel” éléments dé Physiologie, éd. 9. Paris, 4895, T. IE, p. 255 ; s les (11) Broc, Essai sur les races humaines considérées SOUS 44 rapports anatomique et philosophique, etc. Paris, 1856, in- p. 105. DE L'ALBINISME CHEZ L'HOMME. 149 Ainsi l’albinisme peut se montrer chez tous les peuples SL sous toutes les latitudes. lis, au lieu d’affecter toute l'étendue de la surface À Corps, cette anomalie n’atteint quelquefois que cer lines Parties de la peau, la décoloration a lieu par ta- MES qui font ainsi contraste avec les portions de l'organe (Uané qui ont conservé leur teinte habituelle. Cette Sarrure de Ja peau peut simuler presque un damier et. “ippe Surtout dans les Nègres pies, dont on eonnait .“SSez nombreuses observations (L). L’albinisme peut ‘le aussi incomplet; il se présente à tous les degrés et & lie ainsi d’une manière insensible à l’état normal. Tels Sont Par exemple les Nègres, dont parle Schreber (2), qui Ont la peau rougeûtre ou jaune. Telle est aussi cette lune fille albinos de Ceylan, observée par le docteur y (5), dont les yeux étaient d’un bleu clair et n’an- ’Gaient pas une grande faiblesse ; ses cheveux avaient À Couleur qui va ordinairement avec ce genre d’yeux et ‘on teint était frais et presque rosé. En Angleterre, ‘Joute l’auteur, et surtout en Norwége, on ne lui aurait € trouvé d'extraordinaire. IL est facile de concevoir Wüune variété accidentelle de ce genre ait pu se propager (1) Le Père Gumilla, Histoire naturelle, civile et géographique k lOrénoque, trad. franç. Paris, 1758, in-19, T. I, p. 149; Ar- AU, Journat de physique, 1789, T. XXXV, p. 274; Blumenbach, bldungen naturhistorische Gegenstände, n° 21 ; Baudoin, dans Anari, Voyage médical dans l'Afrique Septentrionale, etc. | 68, 1845, p. 177; etc. (2) 6) Schreber, Æistoria naturalis quadrupedum, T. I, p. 14 et 15, John Davy, Account of the Island of Ceylan. 150 DE L’ALBINISME CHEZ L'HOMME. et la race blanche a peut-être pour origine une semblable variété. Les albinos complets sont généralement considéré comme étant d’une constitution débile, sans intelligence et comme terminant très-jeunes leur existence. Cela peut être vrai pour ceux d’entre eux qui repoussés, maluraités et proscerits par leurs compatriotes sauvages, comme cela existe dans quelques contrées du centre de l'Afrique mènent la vie la plus misérable, et c’est ee qui explique leur faiblesse et leur mauvaise constitution. Il n’en était pas ainsi des albinos du Darien, ni de ceux qui furent recueillis à la cour de Montezuma; ils étaient: d'une constitution assez robuste (1). L'absence de pigmenf dans l'œil rend ces organes très-sensibles à la lumiér® et, en général, les albinos n’y voient bien qu’au crépus eule et à la lueur de la lune. Cependant cette sensibilil” est loin d’être toujours excessive et il est même des bi fards qui supportent très-bien la lumière du jour (2). On assure qu'ils n’atteignent pas le degré d'intelligentt des peuplades au milieu desquelles ils sont nés, mais le contraire a été aussi positivement constaté (5). Enfin beaucoup d'auteurs les considèrent comme 1m puissants et c’est là encore une proposition trop absolut” 5 (1) De Pauw, Recherches philosophiques sur les Américain! Berlin, 1770, in-19, T. I, p. 410; Raynal, Histoire philosophiq® et politique des établissements des Européens dans les deu? Indes. Amsterdam, 1770, in-80, T. III, p. 151. (2) Labillardière, Relation du voyage à La recherche de La Pérouse, T. I, p. 354. = RL Ta Ë À 188” ; ‘s 5 (5) EL. G. Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière de anomalies, etc., T, X, p. 507. DE L'ALBINISME CHEZ L'HOMME. 151 Wafer (1) déjà assure qu'au Darien l’albinisme était héréditaire. Winterbotten (2) a vu de ses yeux, à Wankapong, un jeune albinos, d'environ 18 ans, grand et bien fait, dont le père était un Nègre blane et une de ses sœurs était également affectée d’albinisme. Fonte- nelle (5) donne l’histoire d’un albinos de Surinam, qui àVait aussi pour père un Nègre blanc. Du Mas (4) a, de Son côté, constaté que des Nègres albinos ont transmis leur couleur à leur postérité, pendant plusieurs généra- Uons. Mollien (5) affirme également que l’union des Nègres et des Négresses albinos n’est pas stérile. Blu- Menbach (6) indique l'existence d’une famille d’albinos à Montet, dans le canton de Fribourg. Il y a peu d’an- nées qu'il existait encore à Choisy-le-Roï, près de Paris, Une famille dont tous les membres présentaient la déco- loration albine de la peau (7) et le cardinal Wiseman (8) lapporte un exemple semblable, observé dans une fa- “à respectable, vivant dans un village des environs de 0me. (1) Lionel Wafer, Mew voyage and description of the isthmus America, éd. 2, p. 107. (2) Broc, Essai sur les races humaines. Paris, 1856, in-80, p. 106. 0 Dictionnaire d'Histoire naturelle de D'Orbigny, T. E, p. 10) Maupertuis, Vénus physique, éd. 6, 1751, in-18, p. 186. (8) Mollien, Voyage dans l’intérieur de l’Afriques aux sources os Sénégal et de la Gambie. Paris, 1820, in-8°, T. IL, p. 114. (6) Blumenbach, Medicinische Bibliothek, T. IE, p. 545. (7) Blandin, Dictionnaire de médecine et de chirurgie prati- Tes, T, 1, p. 454. (8) Wiseman, Discours sur les rapports entre la science et la ’eligion révélée, trad. franc. Paris, 1857, in-8°, T. I, p. 150. \ F2 : DE L'ALBINISME CHEZ L'HOMME. Cependant R. Caillié (1) rapporte, sur la foi des Man- _dingues, que d’un Nègre et d'une Négresse, tous deux albinos, il peut naître des enfants noirs. Les enfants qui. proviennent d’une Négresse albinos et d’un Nègre noirs. ou vice-versä, ne sont pas nécessairement des Nègres pies et je ne sache pas même qu'il existe aucun fait po” sitif qui démontre que telle soit l’origine de ceux-ci; mais toutes les observations authentiques, consignées dans les annales de la science, tendent au contraire à prouver que les produits d’une semblable union sont les uns complétement albinos, les autres entiérement noirs: C'est ainsi que Th. Jefferson (2) a vu deux sœurs affec- tées de cette anomalie donner naissance l’une à un en fant albinos comme elle, l’autre à un enfant très-noif comme son père et ce dernier cas est même si peu rares qu'il a été signalé par Schreber (5) comme le plus fré- quent de tous. L'observation, recueillie par Winterbotten et dont nous avons parlé plus haut, est l'inverse de la précédente : le père était un Nègre blane et la mère une Négresse de couleur normale; de leur mariage sont nés un fils et une fille atteints d’albinisme et de plus trois frères et deux sœurs complétement noirs. On est frappé de la similitude qu'offrent ces deux faits avee le résultat des expériences faites par Colladon de Genève sur le croisement des Souris blanches avec les grises expériences que nous avons rapportées dans la première partie de cet ouvrage. (1) R. Caillié, Journal d’un voyage à Temboctou et à Jenné duns PAfrique centrale. Paris, 1850, in-80, T. [, p. 510. (2) Th. Jefferson, Notes on the State of Virginia. London, 1784: (3) Schreber, Historia naturalis quadrupedum, ©. I, p.14 et 15. DE L'ALBINISME CHEZ L'HOMME. 153 On conçoit dès lors que chez l'Homme l’albinisme Puisse à la rigueur se propager d’une manière continue Par hérédité et qu'il en résulte des races de blafards. analogie semble étayer cette manière de voir, puisque, er les animaux domestiques, l'Homme a formé des races & ines, qui se maintiennent indéfiniment. Mais, chez ss Hommes affligés de cette anomalie, les circonstances TE sont plus les mêmes. Ces malheureux, en raison de * Sensibilité plus ou moins grande de l'organe de la Le, sont le plus souvent incapables de travail et mênent OS une vie misérable, qui altère leur constitution; et, S dans de semblables conditions, ils s’allient entre eux, , fOMprend que ces unions soient communément riles, Si, au contraire, c’est avec des individus de “loration normale que l'alliance est contractée, les faits “rYÉS par Winterbotten, par Schreber et par Jefferson 'ouvent qu'en pareil cas l'influence du type, c’est-à-dire, à Mélanisme, est prépondérante quelquefois dès la pre- "e génération et les descendants doivent peu à peu rer dans ce type. Aussi nulle part les albinos ne re gent un corps de nation, bien qu'on l'ait avancé. St, du reste, ce qu'on observe chez les animaux sau— ‘ges, Alteints d’albinisme et, s’il en est autrement dans ibimaux domestiques, c’est que la volonté de l'Homme letvient dans les croisements. $S albinos humains ne différent des autres Hommes, ie qui concerne la peau, que par pe er Ping entaire. Cependant ue eil qui EU ex Pe, qui colore la peau des Fa ss, “Ste chez le blafard; mais, soit que la sécrétion ne s’o- ‘€ pas, soit que, comme le pensent Breschet et Roussel 154 DE L’ALBINISME CHEZ L'HOMME. de Vauzème (1), le produit de la sécrétion reste incolorë dans l’albinisme, la couleur de la peau est chez J'albino$ celle du derme, c’est-à-dire, le blane mat. M. Flouren$ @ a eu occasion de disséquer la peau d’un Arabe, attein d’albinisme partiel. Sa peau montrait un grand nombrè de taches blanches et, dans le reste de son étendus cette membrane était bistre ou noirâtre. Là, où la peil était colorée, il a trouvé une couche de pigment très” marquée; il y avait, au contraire, absence de cette pa” tière colorante là où se trouvaient les taches blanche” L'albinisme consiste donc dans l’absence du pigment of tout au moins de pigment coloré. J'ajouterai que, ch# l'Européen, la couleur de la peau n’est pas celle de la binos; elle n’est pas d’un blane mat, mais d’un bilan rosé. Cette circonstance était de nature à faire pensé qu’il n’y avait pas dans notre race absence absolue 0 pigment coloré. Aussi, comme nous l'avons vu, M. Fo rens en a-t-il découvert des traces. L'Homme de ratè blanche serait donc normalement un albinos incompl" Non-seulement l’albinisme peut être congénial, ma il peut encore se manifester plus où moins longtenŸ” après la naissance, et l’on a vu quelquelois, et dans dir férents pays, des Nègres perdre leur couleur noïfé ; devenir aussi blanes que des Européens. Un exemple ce genre est consigné dans le.LVIP volume des Trans” tions philosophiques, mais il n’est pas le seul fait cond” $ Le (1) Breschet et Roussel de Vauzéme, dans les Annales L sciences naturelles. Zoologie, sér. 2, T. XI, f. 167. (2) Flourens, Comptes rendus de l’Académie des sciences Paris, T. XVIL, p. 355. DE L'ALBINISME CHEZ L'HOMME. 155 Le docteur Dwight (4) assure avoir connu, dans la Vir- Sinie, un Nègre dont la couleur a blanchi graduellement Sans aucune cause apparente ; cet Homme n'avait éprouvé *ucune altération dans sa santé; sa peau était restée “Salement saine et en quatre ‘ans elle à blanchi sur Presque tout le corps; ses cheveux n'étaient plus noirs du Crépus, mais blonds et lisses; il resta fort et robuste. A autre Nègre, également Virginien, nommé Henri “0, dont le trisaïeul était né au Congo, s’est trans— ‘mé, dans l’espace de six à sept années, en Homme ‘nc, du moins en ce qui concerne la peau et les che- Yeux, ceux-ci étant devenus longs, lisses et châtains (2). Olney (5) a vu un procès-verbal authentique con- Satant cette métamorphose. M. de Quatrefages (4) “porte ainsi le fait suivant : Un Nègre de 16 ans, Mordu par un chien enragé, eut une si grande peur que Jinze jours après son corps commença à pälir; des faches blanches se montrèrent, grandirent; au bout Un certain temps elles avaient envahi tout le corps par fChes, À 95 ans le corps tout entier était blanc, non 40e d'Albinos, mais comme celui d’un Homme de race ‘nche. La face avait conservé le plus de la couleur Mginelle : la bouche était cernée par deux cercles de “ouleur foncée ; le front était blanc; les cheveux avaient (L) Revue britannique, T. V, p. 250. d Q Larochefoucauld Liancourt, Voyage dans les Etats-Unis Mérique. Paris, 1800, in-80, T. V, p. 124. () Volney, Tableau du climat et du sot des Etats-Unis d’ A- “étique, Paris, 1895, in-80 p. 584, en note. 4) De Quatrefages, Revue des cours publics, 1856, p. 26. 156 DE L'ÉRYTHRISME CHEZ L'HOMME. grisonné sur plusieurs points etils étaient restés laineux; sur le reste du corps le poil était devenu lisse et presqué blond. Toutes les fonctions s’exécutaient d’une maniéré normale. Marié à une Négresse, il eut des enfants Nègre$- L'érythrisme, qu'on observe sur plusieurs espèces animales, se rencontre-t-il également chez l'Homme? On ne peut douter que cette modification de la couleur de la peau n'existe dans notre espèce. Chez les Peau* rouges de l’Amérique du Nord il constitue l’état normal: Il en est de même chez quelques tribus de Foulahs ou Foul- lathas du centre de l'Afrique, qui habitent notamment le Fouta-Toro et le Fouta-Diallon et aussi chez quelque peuplades de la Cafrerie (1). Dans l'Océanie Occiden” tale il y a aussi des peuplades à peau rouge où d'u? brun rougeâtre (2). La couleur dominante de la peau des anciens Egyptiens, à en juger du moins par celle des figures peintes sur leurs monuments, était également la couleur rouge (3). I parait qu'on rencontre encorëé de nos jours cet ancien type égyptien parmi des tribus qu habitent la province de Dongolah, une partie du Dar” four (4) et les environs de l’ancienne Méroë. Elles consti” tuent un beau peuple, suivant Burkhardt (5); elles ont Ja peau d’une couleur rouge foncé; leur visage est ovale (4) Mollien, Voyage dans l’intérieur de l'Afrique. Paris, 18% in-80, T, I, p. 185 et 548, et T. IN, p. 180; Prichard, Histoire naturelle de l’ Homme, trad. franç., T. I, p. 209. (2) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, T. IL, p. 75 “00 (8) Voyez les Ouvrages de Champollion, de Rosellini, de Belzon” (4) Brun-Rollet, Le IVit blanc et le Soudan, études sur p Afrique centrale. Paris, 1855, in-80, p. 214. D (5) Burkbardt, Travels in Nubia, London, 1849, p. 246 et de DE L'ÉRYTHRISME CHEZ L'HOMME. 157 étn'a rien du profil du Nègre ; leur nez est même sou- Yent presque tout à fait grec; la lèvre supérieure est Seulement un peu saillante. Les descendants de ce peuple Célèbre, du moins ceux qui sans mélange se sont propa- gés jusqu’à nous, auraient encore, suivant Pugnet XD), À peau d’un rouge obscur ; il les distingue du reste des Qoubtes qu'il considère comme mélangés de sang Etranger. à Mais l'érythrisme peut être aussi congénial chez autres variétés de la famille humaine. Marggraff (2) dit avoir vu au Brésil une Négresse chez laquelle tout * Ppareil cutané était de couleur rouge. Suivant Schreber G) à existe, sur la côte orientale de l'Afrique et à Ma- Agascar, des Nègres à peau rougeâtre et à cheveux ru- tllants. Les frères Lander (4) ont rencontré, aux envi- Tons de Katunga dans l'Afrique centrale, une femme dont Ja peau était naturellement d’un rouge aussi vif un morceau de drap écarlate. Suivant Atkins, il existerait aussi en Afrique et à Ma- Agascar des Nègres jaunes, avec les cheveux orangés (5). (1) Pugnet, Mémoire sur les fièvres de mauvais caractère du “Vant des Antilles. Lyon, 1804, in-80. (2) Marggraff, Historie rerum naturalium Brasiliæ libri octo à suite de l’AHistoria naturalis Brasiliæ Gull. Pisonis. Amstelo- "mi, 1658, in-P°. | (5) Schreber, Historia naturalis quadrupedum, T. I, p. 14 et15. (&) Richard et John Lander, Journal d’uñe expédition entre- Prise dans Le but d'explorer le cours et l'embouchure du Niger, 4. franc, Paris, 4832, in-80, D. E, p. 271. . John Atkins, dans Laharpe, Abrégé de Histoire des Voyages, "Up. 4. 158 DU MÉLANISME CHEZ L'HOMME- Les frères Lander (4) ont vu aussi, en Afrique, dans le royaume de Yarriba, un prêtre fétiche, né de parents noirs et qui avait la peau d'un brun clair et les yeu* d’un bleu de faïence. Ces Nègres en partie décolorés nous paraissent être des albinos incomplets, ce qui chez cette race humaine, constitue un phénomène plu rare que l’albinisme parfait (2). Cette anomalie peut se produire chez les Nègre même après la naissance. Ainsi Klinkoseh cite l'obser- vation d’un individu, appartenant à cette variété de l'es” pèce humaine qui de noir devint jaune, et Caldani (5) nous apprend qu’un Nègre, qui .exerçait à Venise l'état de cordonnier et qui était noir lorsqu'on l’amena encoré enfant dans cette ville, devint en grandissant de moin$ en moins foncé et finit par avoir le teint d’une personnt affectée d’une légère jaunisse. Le mélanisme que nous avons vu se manifester che? les animaux domestiques et former chez eux des ract permanentes, donne à la peau des caractères qui 26 différent pas de ceux qu’on observe dans l'apparel eutané de l'Homme noir, à ce point que nous pouvol$ considérer le Nègre comme atteint de mélanisme n0f7 mal. Mais chez les Ethiopiens eux-mêmes le mélanismM£ a ses degrés; la couleur noire n'offre pas toujours À même teinte, et il y a sous ce rapport des nuances ref marquables. D'une autre part la disposition mélanien®® (1) Richard et John Lander, Journal, ete., T. I, p. 204. (2) I. G. Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des anomalies, etc., T. I, p. 315. (5) Caldani, Institutiones physiologicæ, 1786, p. 151. DU MÉLANISME CHEZ L'HOMME. 159 quelquefois exagérée chez eux et étend son action à 5 ess que la pere Ainsi plusieurs anatomistes | em pa constaté que, chez les Nègres, les D. périoste, le tissu: cellulaire qui entoure les D. e muscles not, la partie corticale du he 0 we une mage is cyise el leur sang a, dit-on, ee uleur plus foncée (2). Pis ces faits ne sont pas nis ; Camper (5) a trouvé sur un Nègre, disséqué ss en 1758, qu'il EEE sous le rappartds Ja L. De ” ses organes se pt aucune différence , “Ce qu’on observe sur l'Homme de race blanche, et Ares anatomistes ont confirmé l'observation de Cam- 4 ; parait done que, sous ce rapport, il y a variation es Nègres et que le mélanisme est, dans cette race, “4 ou moins profondément enraciné. On sait du reste, Me nous l'avons déjà indiqué, que les Poules nègres Servées en Amérique, à Java, à la côte de Malabar et urope, présentent aussi une teinte noire très-pro- (l nn € . De 1757, T. XIIL, p. 69 et 70; Towns, Philosophical tran- lions, T, X, p. 598 ; etc. (2) Où fe ? ï 7 1e Hérodote, noire chez les Indiens et les Ethiopiens. Ce célèbre Meckel, Mémoires de l’Académie royale des sciences de I est une autre humeur secrétée par l'Homme, et qui serait, ISto ; T a . , 1 1 SE 50 > > Ü en s'exprime ainsi : H yovn dé ar, Thv dmisvrut ëç Täs Porene Ü > OU % (Re mi "od, UE, 101). Aristote (Hist. animal. lib. IV, cap. 5), le pre- ler ‘ : ep > À reconnu que cette opinion est complétement erronée, el € . . Fr elle a été reproduite de nos jours. Camper, OZuvres. Paris, 1805, in-89, T. IL p. 458. xurd rep Tv Gay Gvbporur crc hevxñ, M2 pe- Ve , i ! XaTœ REp To y poux" rouxdrns Ôë xat Aldlores Gmieytut JOpEv 460 DU MÉLANISME CHEZ L'HOMME. = , . ire noncée du périoste, des séreuses et du tissu cellulal qui entoure les muscles (4). | Existe-t-il des exemples de mélanisme complet € congénial chez des enfants nés de parents blancs d jaunes, comme on l’observe chez les animaux ? On s d'une manière positive que des Femmes blanches, mn riées à des Hommes de leur couleur, ont mis au m0 ; des enfants parfaitement noirs et, qui plus est, dans une même couche ont eu un enfant noir et un enfant plané Hippocrate (2) avait déjà observé un fait du premié genre : il rapporte qu'une dame avait eu de son ma” appartenant comme elle à la race blanche, un enhr” noir, parce que le portrait d’un Ethiopien s'était trou placé sous ses yeux au moment de la conception. Aco” sée d’adultère, cette dame dut son salut à cette explie tion du médecin de Cos. Malheureusement, dans les © de ce genre, on a négligé de nous indiquer quels était”, les traits de la physionomie de l'enfant noir né a d’une femme blanche, et quel était le degré de la tel noire de sa peau. à D'une autre part, dans ces circonstances, com” dans beaucoup d’autres, une difficulté très-gravé , présente, c'est qu'il n'est pas ordinairement possid d'établir, d’une manière rigoureuse, la paternité, COL tion indispensable pour que des faits, semblables à cel que nous venons de citer, puissent êtres concluants À ris (1) Roulin, Mémoires de l’Académie des sciences de PA Savants étrangers, T. VI, p. 351. réf (2) Ce fait est attribué à Hippocrate par Amb. Paré (OEW éd, 4. Paris, 1585, in-f°, p. 1037). DU MÉLANISME CHEZ L'HOMME. 161 là question qui nous occupe. Lepelletier (1) toutefois apporte l'observation suivante, qui se présente avec des Urconstances exceptionnelles : u M. G...., originaire du " Grand-Lucé, dans le département de la Sarthe, né de ” Parents indigènes, blancs, offrant tous les caractères de. " la race caucasique, montre absolument les cheveux la- nugineux et crépus du Nègre, le teint, la physionomie, " les formes du mulâtre, sans qu’il soit même possible de " Soupconner aucune mésalliance du côté de la mère, n A se demande néanmoins si, parmi les ancêtres de ce Mulètre accidentel, on ne compterait pas un Nègre, l'ata- Visme pouvant expliquer l'origine des caractères qui le distinguent. On voit donc combien les faits de cette na- lure sont embarrassants, lorsqu'il s’agit de savoir si de Parents blancs peuvent naître des enfants noirs. Il est tériain toutefois qu’en Europe ‘et dans quelques parties & l'Asie, le mélanisme congénial parfait doit être ex- Féssivement rare, si même il y à jamais été observé; car un fait semblable, se produisant au milieu de popula- ons blanches, ne passerait pas inaperçu. Mais en est-il Même dans les pays plus chauds? C'est ce qu'il con- lent d'examiner et nous le ferons plus loin. Nous avons dit que, chez les animaux, de semblables lansformations dans la couleur se produisent sous nos Jeux ; que l’albinisme, l’érythrisme et le mélanisme dé- “oppent chez eux les teintes les plus opposées, et, de “S faits, nous pourrions conclure à priori que Îles Mmes modifications sont également possibles dans l’es- (1) Lepelletier, Traité de physiologie médicale et philosophique. ‘MS, 4855, in-8o, T. IV, p. B87. Il 11  69 DU MÉLANISME CHEZ L'HOMME. pèce humaine. Celles qui sont dues chez l'Homme ? l'albinisme et à l’érythrisme constituent déjà des faits positivement établis par l'expérience. Le mélanisme fe- rait-il seul exception? Cela n’est pas probable et les ob- servations suivantes confirment, ce nous semble, cette opinion. On connait en effet, même ‘dans la race blanche, des exemples excessivement nombreux de mélanisme partiel et congénial, et la réalité de ces transformations locales de la couleur peut être vérifiée journellement. C'est ainsi que chez certaines femmes blanches l’auréole du mamelon est tout à fait noire; que les taches de nais” sance (nœvi malermi), qui ne sont pas de nature sal” guine, sont assez souvent noires, et ce mélanisme partiel ést quelquefois même très-étendu. Ainsi Blumenbach dit qu’il possède un morceau de la peau de l'abdomer d'un mendiant, laquelle est aussi noire que celle d'u? Africain (1). Loschge (2) cite un exemple de mélanismé qui, chez un Homme de race blanche, s'étendait à touté* les parties du corps, sauf les mains, les pieds et le vi sage. D'une autre part, le mélanisme partiel dans la racé blanche n’est quelquefois que temporaire. Ainsi chez quel- ques Femmes, pendant la grossesse, l’auréole du mamelon s’élargit beaucoup et devient noire. Camper cite aussi une Femme qui, chaque fois qu’elle devenait enceint® présentait un développement de pigment noir qui env?” hissait tout l'abdomen, et l’on connait un autre fait sem” blable dans lequel le mélanisme s’étendait depuis le cob jusqu’au bas du corps. (4) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, T. I, p. 114. (2) Loschge, dans Der Naturforscher, 1789, n° 24. DU MÉLANISME CHEZ L'HOMME. 163 Le mélanisme partiel chez les Hommes blancs a, “Mme nous l'avons déjà indiqué, exactement les mêmes “ractères que la couleur noire de l'enveloppe cutanée des Nègres, et quelquefois, ainsi que nous venons de le Voir, cette modification si étonnante de la coloration de À Peau peut, dans notre espèce, envahir une portion (element étendue de la surface du corps, qu'on est Porté naturellement à penser que le mélanisme général Ÿ est aussi possible. Du reste les faits, que nous allons “poser, viennent à l'appui de cette manière de voir. Si une certaine Coloration déterminée de la peau Constitue l’état général et normal pour la plupart des l'aces humaines, il n’en est pas toujours ainsi. Chez quel- ques nations, dans chacune desquelles tous les individus Présenter entre eux une uniformité remarquable relative- Ment à tous les autres caractères ethnologiques, la cou-- “ur de la peau varie énormément et cette bigarrure 4nS une population issue évidemment d’une origine ‘Ommune, est un des faits les plus remarquables et en Même temps les mieux établis, que nous offre l’histoire Tturelle de l'Homme. Ainsi, les Abyssins sont noirs, Tuns où presque blancs; et cependant, sous ces nuances ÿ différentes, ils conservent les caractères évidents du pe Sémitique (1), ce qui éloigne l’idée que les varia- k Qu n’est pas douteux que les Abyssins ne soient d’origine sémi- ‘Me, ce quindiquent les caractères de leur physionomie; de plus ils Parlent un irès-ancien dialecte de cette famille de langues dont l’a- 0e et l'hébreu sont sortis et ils font usage de caractères dont la Jrme se rapporte au type phénicien (Ch. Lenormant, Introduction èPy. : D e l'Histoire de l'Asie Occidentale. Paris, 1838, in-80, p. 250). 164 VARIATIONS DE LA COULEUR DE LA PEAU tions de couleur soient dues à leur mélange avec les peuples noirs ou bruns qui les éntourent. Les Arabes sont généralement -basanés, mais on en voit qui OM le téint aussi blanc que des Européens ; il en existe d'un brun foncé. Volney (1) dit qu'il y a des Bédouins dW sont noirs ; J.-W. Muller l’affirme des Arabes du désert de Lybie (2) et Burckhardt (35) confirme ce fait en € qui concerne les Arabes qui habitent la portion de vallée du Nil qui borde la Nubie. Dans cette même val lée au-dessus de Dongola, les Arabes Shegya sont, sui vant Waddington, d'un noir de geai pur et brillant. ce pendant ils conservent la régularité des traits et Jes autres caractères qui distinguent la race arabe, et Jes auteurs les plus recommandables assurent que les Arabes du Nil ne contractent jamais de mariage avec les indir gènes (4). Les Fellatahs (5) qui sont répandus dans Je vaste bassin du Niger et dans la Sénégambie, c'est-à-difé dans tout l’éspace compris entre l'Océan Atlantiqué de l'Ouest, le Bornou et le Mandara à l'Est, entre le Gran _ (4) Volney, Voyage en Egypte et en Syrie pendant les année? 4783, 1784 et 1785. Paris, 1825, in-80, T. I, p. 341. : (2) 3. W. Muller, Des causes de la coloration de la peau el de? différences dans les formes du crâne au point de vue de prunité du genre humain. Stuttgart, 1853, in-49, p. 54. (8) Burckardt, Voyages en Arabie, contenant la description ÿ Hedjaz regardé comme sacré par les Musulmans, ete., 1 franc, Paris, 1834, 3 vol. in-80. (4) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, trad. franç.s T° é p. 202. | ( : ; J$ (5) On les nomme aussi Fellans, Foulahs, Fouleys, Foules, peu et Poules. 3 DANS UNE MÊME RACE HUMAINE. 165 Désert au Nord et les montagnes de la Guinée, donnent _fgalement lieu à des observations semblables. La cou— °ur de leur peau est généralement foncée, mais passant Par des nuances variées, brunâtre, rougeñtre, cuivrée, “onzée, quelquefois simplement d’un blane basanné (1). ns le Wauwou leur teint n'est pas plus foncé que Celui des Espagnols et des Portugais de la classe infé- MEUre (2). et’ ailleurs il ést souvent d'un noir bien tranché. Richard et John Lander (5), qui ont vécu assez nstemps au milieu des Fellatahs du Niger, disent po- Slivement qu'ils ont le teint basané ou noir comme Sue, Denham et Claperton (4) ont vu aussi un Fellatah, EL d'environ 50 ans, au teint noir de charbon, avec un ee 'ecourhé, de grands yeux et une barbe très-épaisse. cependant cette coloration se montre indépendam- nt de toute alliance avec les Nègres leurs voisins ; lon distingue très-bien, par la conformation si carac- Bslique du crane et de la face, les Fellatahs de race Pure de ceux dont les caractères sont altérés par un né ‘ge de sang noir (8). Ca (1 da | Ses Mémoires de la Société ethnologique, T. I, part. 2, p. 82. trad _"perton, Second voyage dans l’intérieur de l'Afrique, . 9NG: Paris, 4829, in-80, T. I, p. 485. le 6 R. €t J. Lander, Journat d’une expédition entreprise dans D’Eichthal, Iistoire et origine des Foulahs ou Fellans, + D explorer Le cours et l’embouchure du Niger, trad. franc. rs, à 5 1852, in-8o, T. I, p. 350. | (4) Denham et Claperton, Foyages et découvertes dans le Nord “sa Parties centrales de PAfrique, trad. franc. Paris, 1896, T. Li, p. 372. | SM: . à () “oires de la Société ethnologique, T. I, part. 2, p. 52. 166 VARIATIONS DE LA COULEUR DE LA PEAU On sait, en effet, que l'union des races nègre et eau” casienne produit des mulâtres et non des noirs et que ces métis humains conservent en partie les traits du type éthiopien et des cheveux crépus qui persistent pl” dant plusieurs générations. On a attribué, du reste; un rôle exagéré au croisement des races humaines dans les modifications que certains peuples ont éprouvées el montrent encore aujourd'hui. Nous verrons dans notré chapitre IV que le plus souvent la race la moins nombreus est absorbée par la race dominante et que les modifica” tions apportées par les croisements disparaissent au pouf de quelques générations. Ces observations s'applique également aux faits suivants. Les Touariks ou Touarengs, ces pirates du Saba descendent des anciens Lybiens, autrefois refoulés de côtes de la Méditerranée dans le désert, par les conqu® rants de leur premièré patrie, comme la démontf? Héeren (4). Ils nous offrent aussi le phénomène physi logique si curieux d'une différence saillante dans la € ration de la peau chez leurs différentes tribus. Ils s0P blancs dans certaines contrées, où il n’est pas mêm® très-rare de rencontrer des femmes blondes avec des yeux bleus (2); dans d'autres ils ont la peau jaunätré "A même noire, sans avoir cependant ni les cheveux ere” pus, ni les traits du Nègre (3). Ces derniers habiten' rds (4) Héeren, De la politique et du commerce des peuples l'antiquité, trad. franc. Paris, 1833, in-80, T. V, p. 16. (2) Gén. Daumas, Mœurs et coutumes de lV'Algéries 1855, in-18, p. 564. (5) Hécren, 1bidem, T. V, p. 14. pari DANS UNE MÈME RACE HUMAINE. | 167 *ü Sud de 19 de Jatitude Nord, le Djebel Azebenanoua, * Cependant ils ne sont pas d’origine Nègre ; ils ne s’al- lent qu'entre eux et méprisent les autres peuples (1). Les Juifs eux-mêmes n'ont pas conservé partout leur tint originel. Dans les contrées septentrionales de l’Eu- “ope, ils ont la peau blanche; les Juifs anglais ont gé- Néralement les yeux bleus et les cheveux blonds; dans elques parties de l'Allemagne on en voit beaucoup \Vec la barbe rousse ; en Portugal ils sont basanés. nfin il en est qui, établis dans la province de Cochin, “puis une époque éloignée, ont la peau noire et cepen— nt ils constituent là comme ailleurs un peuple à part ne se marient qu'entre eux; mais il y en a aussi de Ans, qui forment à Mattacheri une colonie et que l’on omme dans l'Inde Juifs de Jérusalem (2). Il existe “USi des Juifs noirs en Afrique, dans le royaume de *oussa, Ainsi done la couleur de la peau varie beau- “Up chez cette nation, dispersée depuis dix-huit siècles ; Mis ce qui ne s’est pas modifié chez elle, c’est sa phy- “lnomie, ses habitudes, ses idées. u Sous la peau noire ” Où sous Ja peau blanche, dit le général Daumas (5), * dans Je Soudan, dans le Sahara, dans les villes du lit- " loral, partout les Juifs ont les mêmes instincts et le ” Wuble génie des langues et du commerce. n (4) Gén. Daumas, Le Grand Désert ou ltinéraire d’une cara- v D AU pays des Nègres. Paris, 1850, in-80, p. 198; et Mœurs ct ‘Uumes de l'Algérie, p. 565. : Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, trad. franc., T., 96. (8) Gén, Daumas, Le Grand Désert, etc., p. 244, CR mn QG à A pes A — 4 nine do En Rd mt ts … ne rer ro it 4 je eh Re tn am os Du ER pe D de - 2 © + F4 i ii dl EE 168 VARIATIONS DE LA COULEUR DE LA PEAU Nous citerons encore les Hindous, qui n'ont aucunt ressemblance ni par la figure, ni par les mœurs avec les nations contiguës; qui, depuis un temps immémorial, 2° s’allient pas aux étrangers et, qui plus est, ne contracten! pas d'union d’une caste à l’autre, de telle sorte que cha eune de ces castes est restée pure de tout mélange de” puis les temps les plus anciens; cependant ils sont rer marquables par les différences très-importantes dans coloration de la beau. Ils sont très-blanes près des sources sacrées de la Jumna et du Gange, ont souves! les yeux bleus, la barbe et les cheveux frisés, chatai ou bruns (4). Les Cachemiriens, qui sont égalemel" Hindous, ont le teint aussi clair que les Européens me” ridionaux (2). Mais, à côté de ces groupes et de plu sieurs autres qui se distinguent par la blancheur de leu peau, on trouve, dans le reste de l'Inde, un mélang? incroyable d'Hommes aux couleurs les plus variées"! en est qui ne sont guère moins noirs (3) que les pabf tants des côtes de Guinée; d’autres ont la peau coule” d'une infusion claire de café et u les jeunes Femme é # teint de pain d'épice, dit l'abbé Dubois (4), sont cell “ qui attirent le plus les regards. n Cette diversité . couleurs ne dépend pas non plus des castes; car 00 © serve parmi les Brahmes, dont la peau est générale? (4) James Baillie Fraser, Travels in the Himalaya. (2) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, T. I, p. 299. | rie lh (3) Il est du reste démontré que les premiers habitants de doustan étaient noirs, mais non pas Nègres. (4) L'abbé Dubois, Mœurs, Institutions et Cérém ples de l’Inde. Paris, 4825, in-80. MS TT ee DANS UNE MÈME RACE HUMAINE. 169 brune, des individus aussi blanes que des Européens, landis que (l’autres, ce qui est rare toutefois, mais posi- üf, sont entièrement noirs. Enfin parmi les Parias, qui Sont habituellement noirs, on en rencontre qui sont Presque blancs (1). Les Cingalois ou habitants de la Partie méridionale et de la partie centrale de la grande lle de Ceylan, qui sont aussi de race hindoue, varient “Salement du brun clair au noir quant à la couleur de Eur peau. De plus les cheveux et les yeux présentent Chez eux des différences ; il en est qui ont les cheveux Châtains et même roux et les yeux gris ou bleus (2). Mais quelle que soit la teinte de la peau des Hindous, " ne se distinguent pas entre eux par d’autres carac- res ethnologiques. Ainsi Ja coloration de la peau chez l'Homme est liée à la sécrétion plus ou moins abondante du pigment et \UX diverses nuances de ce produit de sécrétion et ces Müances, comme nous l'avons vu, peuvent varier dans Une seule et même race, dans une seule et même tribu. hez les animaux les nuances du pigment varient de Néme beaucoup , non-seulement d'espèce à espèce, Mais aussi dans les différents individus appartenant à Un seul et même type organique, soit sauvage, soit sur- (out domestique. Nous trouvons done une analogie omplète, sous ce rapport, entre l'Homme et les ani- Maux et nous devons en être peu surpris, puisque nous SVOns établi, dans le chapitre précédent, que de part et @) Prichard, Histoire naturelle de PHomme, T. 1, p. 228. @) Edinburgh Review, Ethnology or the Science of Races, 4848, D. 455. | D D ln ah 24 mer rs le 0 ho he 170 VARIATIONS DE LA COLORATION DES MUQUEUSES- d'autre les organes sont de même nature, que les fon€” tions sont régies par les mêmes lois physiologiques. Les membranes muqueuses, qui ont tant de rapport avec la peau, devaient naturellement participer aux Va” riations de couleurs que présente chez l'Homme l’'envér loppe du corps. Jacquinot (1) assure que chez les Mon” gols les muqueuses sont d’un rose violacé et chez le Nègres d’un brun violet. Mais cela n’est pas constant él le plus souvent on n’observe sur la muqueuse bucale du Nègre et surtout au palais que des macules de cette teinte; il est aussi des Nègres qui ont cette muqueus® complétement d’un beau rose. Péron (2) a observé que les Australiens de la terre de Nuyts paraissent avoir l' térieur de la bouche noir, comme l'extérieur de leu” corps. Bertrand de Saint-Germain (5) fait remarqué? que les Femmes, même très-blanches, ont quelquefo! la, muqueuse des grandes lèvres brune ou noire el Littre (4) constata sur un Nègre, disséqué par lui, qu? la muqueuse du gland, sur une partie de sa surfacé montrait une couleur noire et sur le reste était rosée: Les animaux domestiques nous ont fourni des faits se” blables relativement à la muqueuse des lèvres et à celle de l'intérieur de la bouche. (1) Jacquinot, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie, sous 7 commandement de Dumont d’Urville. Zoologie, T. IE, p. 155 (2) Péron, Voyage de découvertes aux terres australes. Pari, 1807, in-4°, T. II, p. 155. (8) Bertrand de Saint-Germain, Comptes rendus de l’'Académ} des sciences de Paris, T. XLI, p. 932. (4) Littre, Histoire de l'Académie des sciences de Paris, 1702, p. 92. VARIATIONS DU SYSTÈME PILEUX. 171 Le système pileux varie beaucoup quant à sa couleur el, sous ce rapport, il existe le plus souvent, mais non loujours, une corrélation assez étroite entre la couleur des poils et celle de la peau; il en est également ainsi Chez les animaux. | Chez l'Homme les cheveux sont blonds, châtains, ru- Ulants, roux, bruns ou noirs, avec les teintes variées qui lent ces couleurs les unes aux autres. Comme pour la Peau, la couleur est due à la sécrétion d’un pigment qui “insinue dans la partie cornée du poil et lorsqu'il est %bondant il rend les cheveux plus opaques, ce qui s'ex- lique facilement. Cette matière colorante manque dans 8 cheveux blanes de l’albinos et finit par disparaitre ans la canitie sénile ou accidentelle. On sait, en effet, JUe par suite d'un état morbide ou même d’une cause Morale, d’un chagrin profond ou d’une grande frayeur, 8 cheveux peuvent devenir entièrement blancs. Chez lrtaines espèces animales, l'Hermine, le Lièvre variable, Dar exemple, la eanitie est périodique et correspond à à Saison d'hiver. La matière colorante des cheveux varie 0€ autant que celle de la peau; elle manque souvent ans ces organes après y avoir existé et, par conséquent, ‘lle n’a rien d’essentiel comme caractère zoologique. Les cheveux ne varient pas moins pour leur grosseur, Eur flexibilité-ou leur raideur, leur longueur et même ur disposition; au lieu d’être disséminés également sur £ Cuir chevelu, comme cela se voit dans le plus grand Nombre des Hommes, ils peuvent y être implantés par Petits, paquets distincts. Généralement chez les Nègres US sont courts, durs, épais, fortement crépus et se con-. ournent en petits flocons cylindriques, qui rappellent a 172 VARIATIONS DU SYSTÈME PILEUX. laine des Moutons ; aussi at-on appliqué l'épithète de laineux aux cheveux du Nègre. Mais, comme l’a fait ob- server Prichard (1), cette expression est vicieuse, auf! bien que celle de toison par lequel on désigne ce genre de chevelure. Ce qui caractérise le poil laineux de a tains Mammifères, c’est qu'il est hérissé de petites aspé” rités, qui le rendent susceptible d’être feutré. Rien de semblable n'existe dans les cheveux les plus crépus; ceux-ci ont leur surface unie comme les «cheveux Î5 plus droits. Chez les anciens Tasmaniens (2) les-cheveu* formaient des flocons simulant bien plus encore l’appa” rence laineuse, bien plus longs que chez les Nègres € pendants sur les côtés et l’arrière de la tête; mais ils n€ différaient pas non plus par leur structure des cheveu* des Hommes blancs. Il en est de même des cheveu* ébouriffés des Papous. Du reste en comparant les che” veux des différentes variétés humaines, on passe insen” siblement des cheveux très-crépus aux cheveux droits: Dé GT dd cars dau MS para { F4 fi 4 | K (hi 1” î $ r (1) Prichard, Histoire naturelle de F Homme, T. I, p. 440. (2) de dis les anciens Tasmaniens, car cette malheureuse ra d’Hommes, qui peuplait autrefois la grande île de Van Diémen, doit être aujourd’hui rayée de la liste des nations. Traquée par les 3 glais comme des bêtes fauves, depuis l’époque de l'occupation de cetie Île, poursuivie dans les montagnes, chassée de retraite en © traite, elle a été acculée à la mer. Le gouvernement l’a forcée alor à quitter le sol natal et a transporté ses derniers débris, 42 Hommes et 40 femmes sur l’île Flinders dans le détroit de Bass, où le nombré en diminue chaque jour. C’est du moins ce que disait à ce sujet M. de Montravel (Voyage au Pôle Sud et dans l’Océunie P% Dumont d’Urville, Histoire du voyage, T. VII, p. 309), en 1835 : Fest probable que cette nation est aujourd’hui éteinte. AE — “ei | EE VARIATIONS DU SYSTÈME PILEUX. 173 La barbe varie aussi beaucoup, quant à sa couleur ; “ais là différence la plus importante qu’elle présente, Sest qu’elle est très-peu fournie chez un grand nombre x Peuples, qui se l'arrachent (1), il est vrai, mais il “6St pas moins certain qu'elle est chez eux naturelle- ent peu abondante. C'est ce qu'on voit chez tous les Peuples Mongols, chez les Nègres, chez les Américains. “Pendant, chez les indigènes de l'Amérique, ce fait d'est Pas général. Aussi est-ce à tort, selon nous, que lékering (2) considère ce caractère comme spécifique 0 la race jaune. Ainsi dans l'Amérique Septentrionale M Chepewyans, visités par Mackensie et les Yabipais qui habitent près des ruines Toltèques du Moqui, ont # barbe longue et touffue, et il en est de même dans Mérique Méridionale des Patagons, des Guatos, des “aranis et des Guarayos, qui habitent à plus de 100 es des établissements Européens, ce qui ne permet PAS de supposer que cette particularité soit le résultat de “Toisements avec la race blanche(5). Lorsque les Chaymas, ! lieu de l'arracher, essaient de se raser fréquemment, für barbe pousse. De Humboldt (4) a vu faire cette expé- re La coutume de s’épiler existait déjà chez les anciens Celtes pr, De bello gallico lib. v, cap. 14 et lib. vij, cap. 21), chez es L Mciens Toscans et en général chez les Barbares de l'Occident ; “RœUS, Deipnosophistarum lib. xii, cap. 3). # Pickering, The Races of man and their geographieal distri- *+ Philadelphia, 4848, in-49. | 4 Ale. D’Orbigny, #’cyagée dans l'Amérique Méridionale. > 18594845, in-£o, T. IV; part. 1, p. 65. ( Alex, de Humboldt, Voyage aux régions équinoxiales du “beat Continent. Paris, 1816, in-80, T. INT, p. 294. 174 VARIATIONS DE LA TAILLE. rience à de jeunes Indiens de cette dernière nation, qui désiraient ressembler aux Pères Capueins leurs mission” naires et leurs maitres. D'une autre part, il y à des Hommes dont le système pileux est abondant et s'étend sur une plus ou moins grande partie du corps. Buffon (1) vit, en 1774, 7 Russe dont le front et tout le visage étaient couvert d’un poil noir comme sa barbe et ses cheveux. Chez Le Ainos ou Hommes de la race Kurile on voit des individu chez lesquels il y a une telle exubérance des poils Lu les cheveux poussent jusque sur leur dos et que le corp est presque entièrement velu (2). Chacune de nos espèces d'animaux domestiques nous a montré des variations bien plus saillantes encore que celles que nous présente le système pileux de l'Hommt” La taille moyenne n’est pas identique chez les divers nations qui constituent le genre humain. En ne tenal aucun compte des exagérations évidentes de quelqu anciens navigateurs, qui ont rapporté que les Patag0® formaient une nation de géants, dont la stature était d8 10 à 12 pieds, et, en ne prenant en considération qué les témoignages qui méritent confiance, on peut affirmef que leur taille ordinaire n'atteint pas 2 mètres. moyenne, prise par Alc. D'Orbigny sur un grand n0%, bre d'individus, est de 1 mètre 73 centimètres 0Ù pieds 4 pouces (5). D'une autre part les Chango et le (4) Buffon, Histoire naturelle. Supplément. T. IV, p. 574. (2) Prichard, Histoire naturelle de l’ Homme, T. E, p. 133: (3) Byron, Relation d’un voyage fait autour du monde: 7 d'Hawksworth. Paris, 4774, in-40, T. I, p. 36; Carteret, dans Def _VARIATIONS DE LA TAILLE. 175 “st = plus petits des peuples de l'Amérique Mé- 5 € n atteignent en moyenne que 1 usée 59 cen- cres 524 les Lapons du Finmark, 1 mètre 50 centi- cu ‘8; enfin les Esquimaux (2) et les Boschimans (5) si 90 centimètres. Tous les autres peuples viennent “anger sous le rapport de leur stature moyenne, entre Extrêmes que nous venons d'indiquer. Mais il y a 0n des différences que nous signalons ici à celles que ous avons observées dans les races appartenant aux “Spèces du Chien, du Cheval, du Bœuf, du Coq ordi- faire, etc. Le à remarquer que, — les nations sauvages, la . © est plus uniforme et s’écarte moins de la stature Moyenne que chez les peuples civilisés. Cela est vrai Our les peuplades américaines, pour celles du centre € l'Afrique et aussi pour celles de l'Océanie, abstraction lle des chefs dans cette dernière région, fait sur lequel (US reviendrons plus loin. Chez les peuples de l’Eu- pe, au contraire, à en juger du moins par les savants brosses » Histoire des navigations australes, T. II, p. 250; Wallis, ation d’un voyage fait autour du monde, Coll. d'Hawkswonth, ss P. 15; De la Giraudais, Journal des Savants, 1767, T. > D. 55; Bougainville, Voyage autour du monde. Paris, 1779, L TL, p. 87 et 242; Alc. D'Orbigny, Voyage dans l'Amérique : dionale, T. IV, part. 4, p. 45. : () Ale. D’Orbigny, 1bidem, T. IV, p. 46. nl @) Pau, Recherches philosophiques sur les Américains. Berlin, » 10-12, T. J, p. 259. | () Péron, Voyage de découvertes aux terres australes. Paris, (12 Pine, L, p.308. il8o 176 VARIATIONS DE LA TAILLE. travaux de Villermé (1) et Quetelet (2), les différence individuelles sont infiniment plus saillantes. Les var” tions de taille dans une même nation seraient donc 4 rapport avec le degré de civilisation, et ce fait est pr tant plus remarquable qu'on observe quelque chose d# nalogue chez les animaux domestiques. La staturê a varie dans les animaux sauvages que dans des jimité® fort restreintes et il n'y à chez eux ni nains ni géant" Chez ceux, qui ne sont que demi-domestiques, qui n'ont pas perdu complétement le sentiment de leur indépe” dance, les différences sont plus évidentes, mais encor assez hornées, comme le Chat, le Renne, le Pigeon colombier, le Cygne, les Abeilles le démontrent. * animaux au contraire, qui depuis un temps immémori” ont été plus étroitement soumis au pouvoir de l'Homni présentent des différences très-importantes ; mais; toutes les espèces domestiques, celle qui nous approdl* de plus près, qui vit pour ainsi dire avec nous, qui Lu à notre service son dévouement le plus absolu, est aus” celle dont la taille s’est modifiée dans les proportion ’ plus considérables, c’est-à-dire , A 203 0H compre” que nous voulons parler du Chien. | Quant aux différences individuelles de stature, quo" observe chez les peuples les plus civilisés, elles pe assez remarquables, bien qu'elles aient été beauc0 G} exagérées. Si, comme l’a fait M. [.-G. Saint-Hilaire ( (4) Villermé, Annales d'hygiène et de médecine légales T. I, p. 551. # (2) Quetelet, Sur Homme et le développement de ses facull ou Essai de physique sociale. Bruxelles, 1856, T. IE, p- 11. j0° (3) L.-G. Saint-Hilaire, Annales des sciences naturelles: gie, sér. 1, T. XXVII, p. 35. GÉANTS ET NAINS. 177 D cherche à établir les limites extrêmes de la taille in- dividuelle sur des faits authentiques, on arrive à ce ré- Suliat que les Hommes les plus grands qu'on ait vus, aient 9 pieds (L) et les plus petits 2 pieds (2). Quant À Ces derniérs nous ne parlons ici que dés nains bien COnlormés et non de ceux chez lesquels la petitesse de k aille résulte d’une cause purement pathologique, le 'achitisme. Les géants comme les nains ont peu d'intelligence (5) # Chose remarquable, ils sont généralement impropres “Se reproduire; ils ne peuvent pas dès lors devenir la Souche de races permanentes. Catherine de Médicis avait uni des nains et des naines, entre lesquelselle prenait Plaisir à former des mariages, qui toujours demeurèrent Sériles. Une électrice de Brandebourg, femme de Joachim lédéric, ne réussit pas mieux à créer une race de Nains (4). Le père du roi de Prusse, Frédéric-le-Grand, AU avait une véritable passion pour les Hommes colos- () Un squelette humain de 9 pieds 4 pouces (anglais) fut trouvé Près de Salisburg (Gazette de France du 21 septembre 1719); % Suisse haut de 8 pieds a été vu par Gaspard Bauhin (De Aerma- Phrodisis, p. 78) ; un Frison avait aussi cette taille (Van der Linden, lsiotogia reformata, p. 242); un Garde du corps du roi de lusse, Guillamot, avait 8 pieds 1/2 (Stoller, W'achstum des Men- “then, p. 18). Haller cite encore d’autres faits (Dissertatio de gigan- “bus, 1757). _@) On trouve des exemples de nains cités dans le Traité de phy- “logic de Lepelletier, T. IV, p. 494 et suivantes. (5) Le nain polonais Borwilaski a jusqu'ici fait seul exception. (4) L.-G. Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des “homalies de l'organisation, ete., T. 1, p. 145. IL. | 12 ES ce see vus 178 : GÉANTS ET NAINS. ses, n’admettait dans son régiment des gardes que des soldats de stature trés-élevée et il ne leur permettait de se marier qu'avec des femmes d’une taille égale à la leur (1). Ces soldats ne sont pas devenus cependant l’origine d’une race de géants. Mais, si nous ajoutons foi aux traditions de l'antiquité les premiers humains étaient d'une taille bien supérieur® à celle de notre race dégénérée et la stature de noffë espèce aurait toujours été en diminuant à trayers Jes âges (2). Chose assez étonnante, on a retrouvé celle méme croyance, au moment de la découverte du Nour veau-Monde, chez plusieurs peuples Américains, : 10° tamment chez les Péruviens. Cette opinion ancienne a eu vraisemhlablement pour origine la découverte d'ossements gigantesques, que l'on trouve assez souvent en creusant la terre, et cela daff presque toutes les parties du Monile. Nicolas Habicot (3) rapporte qu'en 1613 on trouvä ? 18 pieds de profondeur, près du château de Langon € Dauphiné, un sépulcre de 30 pieds de longueur, sur lequel on lisait cette inscription : Teutobochus Rex (4) (1j P. Lucas, Traité philosophique et physiologique de v'héré dité naturelle, etc. Paris, 1847, in-80, T, I, p. 201. (2) C’est ce que Juvenal exprime dans les termes suivants : Nam genus hoc, vivo jam decrescebat Homero. Terra malos homines nunc educat aïque pusillos, et Virgile dans un vers des Géorgiques : Grandiaque effossis mirabitur ossa sepulchris. (8) N. Habicot, Gigantostéologie ou Discours des os d’un géant: Paris, 1613, in-80. Fr : Fe : or OÙ (4) Cette fable avait été imaginée par un nommé Mazurief GÉANTS ET NAINS. 179 Le Squelette renfermé dans cet immense tombeau mesu- Trait, dit-on, 25 pieds. Cette découverte donna lieu à Une polémique très-vive entre Habicot et Riolan (1) et 1 fut facile à ce dernier de démontrer que ces ossements N'appartenaient pas à l'espèce humaine (2). L'histoire 1 Séant déterré près de Lucerne, en 1577, est presque WUSsi célèbre que celle du roi Teutobochus. Ses osse- Ments furent trouvés sous un chêne que le vent avait éraciné auprès du cloitre de Beyden. Le célèbre F. ter, professeur de médecine à Bâle (3), les examina Wazuyer, chirurgien de Beaurepaire, qui avait entrepris, de concert dec le notaire du lieu, d'exploiter, à l’aide de ces prétendus restes Teutobochus, l'ignorance et la crédulité publiques. (1) On peut consulier à ce sujet les ouvrages suivants : à Jacques Tissot, Histoire véritable du géant Teutobochus, "0y des Teutons, Cimbres et Ambrosins, défaits par Marius, ete. Paris, 1613, in-8o, 20 Riolan, Gigantomachie pour réponse à la Gigantostéologie, 13, in-8o, SN, Habicot, Discours apologétique touchant la vérité des Mants, contre La Gigantomachie d’un soit-disant escholier en Médecine. Paris, 1614, in-80, * Imposture descouverte des os humains supposés el fausse- nn Qltribués au roy Teutobochus (Atiribué à Riolan). Paris, 14, in-8o, " Riolan, Response à un discours apologétique, touchant la Tilé des géants. Paris, 1615, in-8°. @) De Blainville (Ostéographie, genre Dinotherium, p. 56) “se Que les os attribués au roi Teutobochus étaient, au moins en Srande Partie, ceux d’un Dinotherium giganteum Kaup. Il a vu Telques-uns des os, sujets de la querelle, qu’avaient conservés les Féneurs de Langon. G)F, Plater, Observationes medicæ, lib. ii, cap. 456, 480 LA TAILLE MOYENNE DE L'HOMME N’A PAS VARIÉ et déclara qu’ils ne pouvaient appartenir qu’à un Homme de très-grande taille et estima que ce géant avait 24 moins 49 pieds. Quelques-uns de ses os existent encoré à Bâle, ‘et Blumenbach (1) qui les a vus, les a reconnus pour des os d’Eléphants. Les ossements d'Elephas primigenius si communs dans certaines parties du Monde, ceux de diverses €57 pêces de Mastodontes, de Rhinocéros et d’autres grands animaux antédiluviens, pris pour des ossements humain5 ont sans aucun doute propagé jusqu’à nos jours une erreur que l’anatomie comparée a complétement détruite: D'une autre pârt, il est facile d'établir, par des fai® positifs, que, depuis bien des siècles, la taille moyenñ® de l'Homme n’a pas varié d'une manière sensible, commet du reste Haller (2), D'Ancora (5) et depuis M. [.-G Saint-Hilaire (4) l'ont démontré. Ainsi les auteurs Grec nous ont laissé une foule d'indications précises rek7 tivement à la mesure elle-même de la taille de l'Hommé à la longüeur des lits, ete., qui ne permettent pas de penser que, depuis l'époque où vivait Aristote, c'est-à dire, depuis 2,400 ans, notre espèce se soit rapetissée’ La dose d'Ellébore, comme le fait remarquer Riolan OL qu'Hippocrate administrait à ses malades, c’est-à-dires (4) Blumenbach, Foigls Magasin, T. XVE p. 16 et seq. (2) Haller, Elementa time corporis humani, ed. 2: Lan sannæ, in-40, T. VIE, part. 2, p. 45. (5) D’Ancora, Sullistoria e la natura dei gisirité dans I Memorie della Societa italiana, T. VI, p. 571. (4) I.-G. Saint-Hilaire, Essais de Zoologie générale. Pare 4841, in-80, p. 412. (5) Riolan, Gigantomachie, ete. DEPUIS LES TEMPS HISTORIQUES. 181 Oboles, qui correspondent à 4 grammes, est encorc celle JU'on donne aujourd'hui à un Homme d'une force Moyenne. Il nous reste des anneaux, des poteries, des “Sques, des armes d’une haute antiquité et qui appar- lenaient évidemment à des peuples dont la stature n'était DS supérieure à la nôtre. La bauteur des portes des Plus anciens monuments de la Babylonie et de l'Egypte, ts SarCophages et surtout les momies elles-mêmes con- Srvées dans les hypogées, qui datent de l'époque des Araons, nous prouvent, d’une manière positive, que “Puis 4,000 ans notre espèce n’a rien perdu sous le RPport de la taille. Nous possédons des monuments, Peut-être plus anciens encore, nous voulons parler de “S ossements réellement humains, ayant l’apparence MSSile, qui ont été trouvés dans Îe terrain diluvien des Yernes dans plusieurs contrées de l'Europe et de l’A- Mérique, ou qui sont incrustés dans du tuf calcaire et Ji n’ont certainement pas appartenu à des Hommes Plus grands que ceux d’aujourd'hui. Nous en avons Parlé dans un autre chapitre de cet ouvrage. Non-seulement la taille n’est pas la même chez tous P Hommes, mais les proportions des différentes parties ! Corps ne sont pas enüèrement fixes; elles varient MS une certaine limite et cette circonstance modifie Mguliérement les formes extérieures. Ainsi, chez les ee 28es de la Nouvelle-Hollande, les membres compa- fU tronc sont généralement plus allongés et bien Plus Srêles que chez les Européens (1). Les Hindous CUS offrent aussi, d’une manière très-saillante, la méine PORC tt mure { , eo) Péron, Voyage aux terres australes, Atlas, Lab. xx. ja VE RSR ACER aimé nreheeé nE TL né did SET Ÿ ; D LA 22 4: Dh LA 11 2 sosééiiietr œ 182 VARIATIONS DANS LES PROPORTIONS particularité dans leur conformation (1). Chez les Nègres de la côte occidentale d'Afrique, les membres sont au proportionnément plus longs que dans notre race, MAP SSI ils ne sont plus aussi grêles, aussi décharnés que chez les Australiens ou chez les Hindous. Cet allongement relatif des extrémités chez les Nègres paraît tenir prini- palement à celui de l’avant-bras ct de la jambe (2). ne faudrait cependant pas voir dans cette circonstance une conformité d'organisation entre l'Homme et les Sin ges anthropomorphes, comme quelques auteurs l'ont pensé. Il suflit de faire observer que chez l'Orang-Outanë les membres supérieurs descendent jusqu'à la cheville el chez le Chimpanzé jusqu’au-dessous du genou. Mais $ chez ces animaux les membres supérieurs s’allongent; ” n’en est pas de même des membres inférieurs et, sous ce rapport, il n'y a nullement parité avec l'Homme. La disposition inverse se rencontre également et l'es pèce humaine a aussi ses bassets. Les habitants de la Mongolie, les Lapons, les Samoïèdes, certaines peupladé américaines, mais surtout celles qui habitent les partie les plus élevées des Andes du Pérou, telles que 1es Quichuas et les Aymaras, se font remarquer par | brièveté relative de leurs membres, ce qui détruit La peu les rapports harmoniques entre le tronc et Îles ex trémités. La disproportion, que nous signalons, devien d'autant plus apparente chez les Péruviens montagnard (4) Prichard, Histoire naturelle de l’Iomme, trad. franc; T.h p. 174. & (2) Hipp. Cloquet, Dictionnaire des sciences naturelles Levrault, F. L, p. 566. a DES DIVERSES PARTIES DU CORPS. 183 Qu'elle ne dépend pas seulement du raccoureissement des membres, mais encore de l'allongement du buste, dû au grand développement de la cage pectorale (1). €S Umanas, qui habitent les vallées du cours supérieur de l'Amazone, ont une conformation analogue (2). Chez ces différents peuples les formes sont trapues, lourdes et Massives. Suivant M. de Quatrefages (3) le volume du corps du %Sehisman et du Patagon est dans le rapport de 8 : 27. éS différences sont bien plus grandes chez nos Chevaux % chez nos Chiens domestiques. Entre le petit Poney des Chetland et l'énorme Cheval de brasseur des Anglais, € rapport est de 1 : 27. Dans l'espèce du Chien, si on COMpare le Kings-Charles, si petit qu'une dame peut le Porter dans son manchon et le Chien des Pyrénées, la iérence est bien plus grande encore; le rapport est de . 64. Les pieds et les mains sont remarquablement petits Chez un grand nombre de peuples. Nous pouvons citer Hottentots (4), les habitants de la Terre de feu (5), S Péruviens (6), les nouveaux Zélandais (7), les Aus- () D'Orbigny, Voyage dans l'Amérique Méridionale, T. IV, 4, p. 56, 194, 127 et 198. 2) Martius und Spix, Reise in Brasilien, T. IN, p. 1235. 6) De Quatrefages, Moniteur des cours publics, 1857, p. 60. 1) Sparmann, Foyage au cap de Bonne-Espérance et autour k Monde, trad. franc. Paris, 1787, in-40, T. I. (6) Forster, dans le Second voyage de Cook, trad. franc. Paris, 7, in-4o, T. Y, p. 240. (6) Ulloa, Voyage historique de l'Amérique Méridionale, trad. FC Paris, 1759, in-4o, T. IL, livr. 4. @) Forster, Jüidem. ps Re MT US £a & x ise . cs " K de EE, pe La E RES er . ur : y A 184 VARIATIONS. DANS LES PROPORTIONS traliens (4), les Esquimaux (2), les Kamtschadales; le Chinois (3), en général tous les peuples d'origine mon gole. Les Hindous ont eux-mêmes la main si petite, qué cel la poignée de leur sabre, parfaitement adaptée à € sie organe de préhension, ne peut être facilement sal par des mains anglaises (4). Les habitants de la grande ile de Ceylan nous présentent égalementle même fait (5): JL parait qu'il en a été de même des habitants primitifs de l'Europe, à en juger aussi par la poignée: de Jeurs armes trouvées dans les tombeaux (6). Les pieds el les mains sont, au ‘contraire, généralement longs ct Jarge chez les Nègres. Les modifications de ce genre sont: extrêmement Vf riées, et il n'est peut-être pas une nation, qui n'offre dans la proportion des membres, dans les dimension relatives des diverses parties du corps, quelque chose de particulier, qui peut servir à la distinguer. Cela € surtout très-facilement appréciable chez les peupladé® sauvages ou qui sont seulement dans l'enfance de la € vilisation; car, chez les individus, qui composent cha7 eune de ces nations, il ÿ a, sous ce rapport, une asso? grande uniformité. Chez les peuples civilisés, bien qu’ (4) Watkin Tench, Account of the settlement of Port Jaks0" p. 1479; (2) Wales, Philosophicul transactions, T. LX, p. 109, el Ke V?Le wrence, Lectures on comparative anatomy. London, 1845, p- (5) Macariney, Voyage dans l’intérieur de la Chine et 6m Tai tarte, elc., trad. franc. Paris, an vi, T. IE, chap. 2. (4) Hodge, Travels in India, p. 5. > (5) Davy, An account of the interior of Ceylan, 1821, P: (6) Bulletin de la Société de Géographie, sér. 4, T. X; P: ? 109 DES DIVERSES PARTIES DU CORPS. 185 “XIIe, pour chacun d'eux, quelque chose de spécial dans la conformation, il se trouve aussi bien des varia- lions ; on rencontre beaucoup d'individus qui s’éloignent du type général de la nation à Jaquelle ils appartiennent “ qui se rapprochent des autres peuples répandus à la Surface du Globe. On observe en France, en Angleterre, “., des familles qui se distinguent par la disproportion “Es membres ; on y trouve des représentants des. types Selle ou trapu, à membres relativement longs ou courts, Massifs ou gréles, etc. Portal (1) en cite des exemples % du reste chacun peut journellement constater des faits ce genre. Mais toutes ces différences, que l’on découvre entre S Hommes, sont beaucoup moins prononcées que les Variations de même nature qu'on rencontre dans les di- Yerses races d'une même espèce domestique. Îl suffit de Rppeler les faits du même ordre, que nous avons si- Snalés chez le Chien, le Cheval, le Mouton, le Bœuf, le 04 ordinaire, le Pigeon. Si maintenant nous étudions comparativement les di- ‘erses parties du squelette de l'Homme, nous constate- lOns bien d’autres modifications, que celles déjà indi- Îées dans Ja suite de ce travail. Chez certains peuples les jambes sont ordinairement \quées, les genoux un peu trop portés en dehors, ce TUE donne à la démarche quelque chose de géné et de durd. On peut ‘citer les Araucanos, les Patagons, Îles (1) Portal, Considérations sur la nature el le trailement des la * : Le (dies de famille, éd. 5, Er 186 VARIATIONS DANS LA FORME DU BASSIN. Fuégiens, dans l'Amérique Méridionale (1) et, en Afriqués les Nègres. Les membres arqués et même tors des Chiens bassets et des Moutons-Loutres nous offrent l'exagératio" des particularités que nous signalons chez quelque membres de la grande famille humaine. Le bassin n’est pas la partie de la charpente osseusé du corps qui varie le moins, et nous faisons ici abstrac7 tion des déformations produites par des causes m0” bides. Non-seulement il est toujours normalement diffé- rent chez l'Homme et chez la Femme; il présente chezle premier tous les caractères de la force et forme au tron° une base solide; chez la seconde il indique sa destinatio? relative à la parturition, mais il nous offre en outre de nombreuses modifications d'une race à l'autre et souvel}. d'individu à individu. Ainsi, comme l'a fait remarque Vrolik (2), cette portion importante du squelette est 87 néralement plus oblique chez les Nègres, les Botocudo® et les Boschismans, que chez les Européens ; les os ilia® ques sont moins évasés et se rapprochent plus de la di rection verticale. Nous avons observé également celle obliquité du bassin sur des squelettes de Péruviens et de Papous. Weber (3), de son côté, a établi égalemenf par la comparaison des bassins de différentes nation® qu'il. en existe dont l’entrée est ovale, ronde, presque rpr (1) Forster, dans le Second voyage de Cook, T. LH, p. 4803 DO gny, Voyage dans l'Amérique Béridionale, T. IV, part. 1, P- 7 2 (2) Vrolik, Considérations sur la diversilé des bassins des di férentes races humaines. Amsterdam, 1826, in-8° et Atlas. (5) Weber, Die £Lchre von den Ur-und Racenformeft Schüdel und Becken des Menschen. Dusseldorf, 1830, in-4° ave® planches. VARIATIONS DANS LA FORME DE LA TÈTE OSSEUSE. 187 Carrée, conique. Nous ajouterons que cette entrée est Rntôt un peu plus large, tantôt un peu plus étroite. Il RC faudrait pas eroire cependant que, chez les Nègres, Chez les Boschismans, ete., les modifications, relatives à direction du bassin, soient constantes; on trouve des XCCptions, et néanmoins il parait exact de dire que, dans Chaque race, il y a une conformation spéciale du bassin (on observe généralement chez elle. Mais les déviations “U {ype habituel sont bien plus fréquentes, sous ce rap- Port, chez les peuples policés que chez les hordes sau- ages et il suffit pour s'en convaincre de comparer entre “UX, dans les musées d'anatomie les bassins d'Européens qui S’y rencontrent. On comprend que ces différences en lrainent nécessairement dans la forme et la saillie des iMches, dans celle des masses musculaires placées en ière du bassin, ete. Chez nos animaux domestiques on n’a pas, à Ma con- Missance du moins, étudié la conformation du bassin AS les différentes races d’une même espèce, mais tout SOUS porte à penser qu'on y rencontrerait des variations “alogues à celles que nous avons constatées dans l'es- Dèce humaine. La tête de l'Homme, comme nous l'avons vu, est en Muilibre sur la colonne vertébrale; elle y est fixée par ‘es Condyles, placés immédiatement en avant du grand lou Occipital, Ce trou varie dans sa forme et, assure-t-on, VUSsi dans sa position relative. Il est, suivant Broc (D), Plus large chez le Nègre que dans #otre espèce et il . , ns. 19356, in-$0 (1) Broc, Lssai sur Les races humaines, ele. Paris, 1856, in-60, 0 188 VARIATIONS DANS LA FORME DE LA TÊTE OSSEUSE-: parait aussi que sa figure varie un peu. Plusieurs auteul#s depuis Sæmmering (1); affirment que dans la race noir ce trou est placé plus en arrière. Nous rechercherons plus loin si cette dernière modification est réelle et si faut y voir un caractère distinctif entre le Nègre et l'EUT ropéen. La tête osseuse de l Fr est, de toutes les parties de son squelette, celle qui varie le plus. Son volumé n'est pas le même chez tous les individus: il est des 2° milles à grosse et à petite tête, comme chacun peut le constater, et l'on sait que les nations polaires sont €b général macrocéphales (2). Les proportions des diverses parties de la tête son! loin d’être toujours les mêmes. On observe notamment des différences assez notables entre le développeme” relatif de la face et du cräne et c’est une loi presque 5° néralement admise que le volume de ces deux poils présente toujours un rapport inverse. En faisant une coupe de la tête, suivant le plan médian du corps che un Nègre, chez un Kalmouk, chez un Européen, et l aire totale de la coupe restant la même chez ces trois types de l'espèce humaine, Cuvier (5) a constaté que l’äire dela face était plus étendue d’un cinquième chez le premier et d'up dixième chez le second. On sait aussi que ce dévelopP® ment relatif se modifie singulièrement chez un seul €? même individu depuis la première enfance jusqu'à r'àg SR Kit: : j, des (1) Sœmmering, Ueber die kôrperliche Verschiedenheil Negers vom Européer, in-80. Francfurt, 1785, p. 59. (2) Tenon, Mémoires de l’Institut national, T. L, p. 1 (5) G. Cuvier, Lecons d'anatomie comparée, éd. 2, T. ” Try HTC. PRE LS % Dante rh “ VARIATIONS DANS LA FORME DE LA TÊTE osspuse. 189 tdulte (4). Moment de ] à dé La face peu développée, chez l'enfant, au à naissance, si on la compare au crâne qui Passe de tous côtés, s’accroit plus rapidement que li avec l'âge. Ces changements sont bien plus marqués “COre aux différentes époques de la vie chez l'Orang et à Chimpanzé (2), et sont de nature à faire naître l'in Médulité: car il s'agit presque d’une véritable métamor- Plose, Aussi les naturalistes avaient-ils fait tout d’abord “Ux espèces de l'Orang jeune et de l'Orang adulte. ‘est pour exprimer ces relations dans le volume de $ ace et du crâne, et par conséquent du ccrveau, que “etre Camper (3) imagina l'angle facial, méthode gra- llque, Qui a eu trop d'influence sur les théories anthro- ù Biques, pour que nous la passions sous silence. Elle “Osiste en deux lignes droites, dont l’une, partant du lou auditif externe, aboutit au bord antérieur du plan- lt des fosses nasales et dont l’autre, tangente à la Millie du front et à la partie médiane du bord du maxil- ire Supérieur, coupe la précédente et détermine avec le l'angle facial, d'autant plus aigu que la face est plus ‘oéminente, d'autant plus ouvert qu’elle est moins dé- “oppée relativement à la partie antérieure du crâne. “le mesure géométrique, appliquée à l'Homme adulte, “inc des différences qui oscillent entre 70 degrés Wbués au Nègre et au Kalmouk et 80 reconnus chez Le Nous ne parlons pas des différences produites chez les vieil- * Par la chute des dents. ? s# Cuvier, Jbidem, T. IL, p, 165. | 3) Camper, Kleinere Schrifien. Leipsig, 1782-90, in-80, T. FE, rt, 4, p. 145. | 190 VARIATIONS DANS LA FORME DE LA TÈTE OSSEUSE- scie l'Européen. Or, par ce procédé, on ne peut apprit res ni la largeur du crâne, ni son développement en arriè ni une foule de modifications dans sa configuration gé” nérale; mais l'angle facial indique assez bien la saillie des mâchoires en avant et par conséquent le degré é de prognatisme. Blumenbach y substitua sa méthode verticale où norma verlicalis, comme il l’appelle, qui consiste à F7 garder et à étudier comparativement une série de Lôtes reposant sur leur mâchoire inférieure et placées sur ge même plan horizontal, en amenant l'œil au-dessus verleæ. On se fait alors une idée nette de l'aire circo” scrite par le contour de la tête; on saisit les différencé® en largeur; on apprécie la forme du front, la positioP des os malaires et la saillie des mächoires. Owen, à son tour, dans son mémoire sur la struct de l'Orang et du Chimpanzé (1), a fait voir qu’en porti “an! l'examen sur la base du crâne, après avoir enlevé Re mâchoire inférieure, on saisit facilement ses proportiol® relatives et des caractères importants qu'on ne peut per cevoir par d’autres méthodes. IL nous semble que pour apprécier d'une maniè!° complète le volume relatif de la face et du crâne et Jeu diverses modifications, il importe d'employer eoneui remment ces différents modes d'exploration et d’y joindr® même l'examen de face, comme le conseille Prichard Ch ou, pour plus de précision, de déterminer l’angle paré uré (1) Owen, Hem. on the osteology of the Chimpanzee and Oran utan dans les Zoological transactions, T. I, p. 345. (2) Prichard, Histoire naturelle de l’ Homme, T. I, p. 161: VARIATIONS DANS LA FORME DE LA TÊTE OSSEUSE. 191 tal d’après le procédé imaginé récemment par M. de Quatrefages (L) et qui permet de reconnaître des diffé _lences très-importantes qui distinguent certaines variétés € l'espèce humaine. | La face, chez les Nègres. de la côte occidentale d’Afri- ue, chez les Australiens, les Alfourous, les Papous, est Snéralement, mais non pas toujours, proéminente ou Saillie des mâchoires. Celles-ci, au lieu de pré- l en avant un même plan à peu près vertical, ‘omme chez l'Européen, forment au contraire deux Plans obliques dont l'intersection a lieu à l'ouverture de < bouche : cette disposition entraine la proclivité des “ns en avant et le menton se trouve en même temps Porté en arrière. C’est, en un mot, une sorte de museau (ui Semble surajouté à la face au-dessous de l’origine ( narines. Nous trouvons dans certaines races de ns un prognatisme bien plus prononcé. és bas-reliefs de Palenqué, dans le Guatemala, d'un Sin net et très-correct, représentent des figures hu- fines à visage busqué. Ces monuments sont dus à un Peuple Certainement très-civilisé, mais dont il ne reste “8 d'autres traces et qui par ses caractères ethnologiques “lérait complétement de tous les peuples connus (2). ‘Squelette d'Européen, que j'ai vu dans les collections © la Sorbonne, offre la même disposition de la face à degré très-marqué; les os propres du nez sont forte- (1) d € Pons ès ts, T, XLVI, p 791. t à à Warden, Recherches sur les antiquités de l'Amérique Sep- lonale, Paris, 1827, in-40, p. 124, tab. 16 à 18. De Quatrefages, Comptes rendus de l’Académie des sciences Po, 192 VARIATIONS DANS LE VOLUME DU CRANE- , 8 « Fa il ment proéminents. Cet exemple n'est pas unique el n’est pas extrêmement rare de rencontrer en France cette coupe si remarquable de la figure; car elle cara67 térise certaines familles. Les Chevaux bardes, certaine races de Moutons, les Chèvres de Nubie, offrent celte configuration de la face à un plus haut degré. Les os propres du nez sont plus ou moins larges tantôt insérés sur le prolongement du frontal, tantôt su un autre plan, placé plus en arrière par suite d'une dé pression de la base du nez. Quelquefois ces 05 sol soudés. | Les orbites peuvent être très-écartés par suite de F2 largissement de l'ethmoïde, comme cela se voit le pli souvent chez les peuples Mongoles et accidentellen” à sr ; Tr : es prochés que cela n’a lieu habituellement. Les pommel! à de” chez d’autres races. Mais ils peuvent aussi être plu enfin sont plus ou moins proëéminentes en dehors; des figures étroites et des figures très-larges. Le crâne varie relativement à son volume. JL est 89° néralément moins grand chez la Femme que ch l'Homme, mais chez tous les Hommes adultes il n'a je non plus les mêmes dimensions, soit que l’on considé son développement absolu ou proportionnel à la mas du corps. L'’épaisseur de ses parois n’est pas la pêr chez tous les Hommes; elles sont ordinairement tré F épaisses chez les nouveaux Zélandais (D), chez les a tions polaires (2). Sur des têtes d'anciens Celtes, 1% ; NT (1) Lesson, Races humaines, dans les Suites à Buffon, édit: doin, 4828, T. IE, p. 154. À " . . À] 99 (2) Tenon, Mémoires de l’Institut national, T. EF, p- 227 MES Te VARIATIONS DANS LA FORME DU CRANE. 195 Vées à Meudon, en 1845, M. Robert a constaté l'existence le crânes très-épais et dont quelques-uns mesuraient 6 lignes d’une table à l’autre. Cé sont des têtes du type: all, tandis que le type Kimry a généralement le crâne tpaisseur ordinaire (1). Les Bas-Bretons conservent Encore ce caractère du type Gall (2). Il existe aussi des ‘Mmes à crâne mince. Mais, c’est surtout, quant à sa forme, que le crâne va- le Considérablement et ses différents diamètres sont loin ‘être toujours les mêmes (5). Tantôt il se rapproche () Robert, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences Paris, T. XXI, p. 618. @) Bory de Saint-Vincent, L'Homme, Essai zoologique sur le Jenre humain, éd. 2. Paris, 4827, in-32, T. I, p. 148. ) Nous ne parlons ici que des modifications physiologiques et sou de celles qui ont été produites par la compression mécanique du ‘ne dans la première enfance. C'était en effet une coutume bien Méülière, chez quelques-unes des anciennes peuplades de l’Europe, Oüner à la tête des enfants une configuration anormale et de ir ainsi réformer l’œuvre du Créateur. Elle fut en usage chez “elques tribus de la Germanie (Ackermann, dans Baldinger neuen pin für Aerzte, T. IL p. 506), des provinces Belgiques (Spigel, lumans corporis fabrica, p. 17), de l’ancienne Gaule (Andry, ….“Pédie, Paris, 1741, in-80, T. I, p. 5), de l'Italie (Vesalius, De “Doris jumant fabrica, p. 23); chez les Sigins, anciens habitants “ bords de la mer Caspienne (Strabo, Rerum geographicarum, lib. n Chez les Huns (Jornandez, De Getarum sive Gothorum origine Due gestis, lib. XVII et Ammianus Marcellinus, Rerum peer lib. XXXI), chez les Sauvages de Sumatra (Marsden, Hésiery k “Matra, in-40, p. 38), chez les Caribes ti a Re His- ‘à Jeneral e natural de las Indias. Sevilla, 1555, p. 256), cr *ciens Péruviens (Torquemada, Monarchia Indiana. Sevilla, IL, l 15 You] 194 VARIATIONS DANS LA FORME DU CRANE- plus ou moins de la forme globuleuse, les diarnêt"e antéro-postérieur et latéral étant presque égaux ; gantô! au contraire le diamètre antéro-postérieur l'emporte ki le crâne devient ovoïde ou oblong, quelquefois même présente une légère constriction vers son milieu ? est alors bilobé. Deux crânes de cette dernière formé ont été recueillis par M. Serres dans les fouilles faifé” en 1852, devant la tour Saint-Jacques-la-Boucheri®’ Jun a le front étroit et l’autre fuyant ; ils existe” dans les collections anthropologiques du Muséum: bien le crâne affecte une forme qui rappelle jusqu'à 2 certain point un parallélipipède, avec les angles née sairement trés-arrondis ; ou bien il peut aussi se prolon ger en arrière et simuler la forme conique. Enfin, plusieurs peuples Mongols, il se rapproche jusqu'à 4 _ certain point de la forme pyramidale. 4615, T. IN, p. 623), chez les sauvages de la Caroline gas” History of Carolina, London, 1718, in-4°, p. 35), et chez peaut? ; d’autres peuplades américaines. 11 ÿ a plus, en France, el mêr dans une de nos provinces les plus civilisées, en Normandie fé plein XIXe siècle, ce vieil usage celtique n’est pas complété” 2 aboli. M. Foville (Déformation du crâne résultant de la mél la plus générale de couvrir la tête des enfants. Paris, 4854, , , : . ; . os-sef ya.constaté ces déformations, dues à l’emploi d’un bandeau très ® ", qui met les os du crâne dans une position anormale, vent par soudure. Le docteur L. Lunier (Recherches sur q? S jusie® ré enèv déformations du crâne observées dans le département de Sèvres, Paris, 1832) constate aussi ce fait déplorable dans P parties du département des Deux-Sèvres. On peut consulter du sur cette question un mémoire de M. L. A. Gosse, de (Annales d'hygiène publique et de médecine légale, sér. 2 T. IL p. 317 et T. IV, p. 4). VARIATIONS DANS LA FORME DU CRANE. 195 Les Changements dans la forme du crâne et de la face Sont innombrables, si l’on compare toutes les variétés de ‘otre espèce. Mais il est à remarquer que certaines de %S modifications deviennent presque l'apanage d’une Peuplade sauvage ou même sont à peu près générales “iez des Hommes répandus souvent dans une région du be très-étendue. Ce dernier fait a été constaté pour S habitants de la Polynésie, qui, sous ce rapport, “mme sur plusieurs autres, offrent une certaine unifor- té depuis la Nouvelle-Zélande jusqu'aux Sandwich et ile de Pâques. Les indigènes de l'Amérique Méridio- le Montrent aussi entre eux, relativement à la forme À crâne et de la face, une analogie remarquable. Chez Ù Nègres, chaque peuplade présente des caractères Pciaux qu’on constate sur presque tous les individus li la composent, et qui permettent de distinguer ces Uplades les unes des autres. Chez les peuples civilisés, k COntraire, et surtout chez les habitants des grandes 16, on observe les modifications les plus variées, à ce At qu’on rencontre chez eux des crânes de toutes les “les, même les plus éloignées de ce qui nous semble pe régulier. C’est un fait, dont on peut s'assurer, ss les Musées, où sont réunies des collections de crânes ie même nation. C’est ainsi que E. Geolfroy-Saint- rie € (1) a recueilli, dans me catacombes de Paris, une ville de crânes, provenant d'anciens habitants de cette S ie ‘ut montrent presque toutes les modifications de € osseuse, dont l'espèce humaine tout entière est "à Mnmsrs ; fères. Paris, 1898, in-80, p. 20. E. Geoffroy-Saint-Hilaire, Cours d'Histoire naturelle des EE TT tee PZ RE D ee . sm : je RAR parer ve nu Cage tnt" Ds ARS ESS ds Ve cé PE 196 VARIATIONS DANS LE VOLUME DU CERVEAU: du susceptible. Cette observation remarquable peut 1 ave reste, être vérifiée journellement : si l’on examine attention, les personnes chauves d’une même ville, 0 se convainera immédiatement de l'extrême diversité que la tête présente. Nos animaux domestiques nous offrent aussi des va” riations non moins nombreuses et encore plus impor” tantes dans la conformation de la tête osseuse. Le Chie?' le Bœuf, le Pore, le Cheval, le Mouton, le Coq ordinaire le Pigeon, nous en fournissent les exemples les pl convaincants. Il est facile du reste de s'expliquer pour quoi les animaux domestiques ont subi des modificatio plus profondes que l'Homme; les animaux domestiqu® ont une vie plus courte que la nôtre; dans un terP donné, ils offrent un plus grand nombre de génération et par conséquent plus de chances de variations. Si le crâne varie dans sa forme extérieure, il est év dent que le cerveau éprouve des changements core pondants. Il en est encore ainsi du volume de cet orgaf essentiel à la vie; aussi l'étendue de la capacité cfa nienne, qui le représente exactement, a-t-elle fixé far tention sérieuse des naturalistes. C’est ainsi que Vireÿ D ayant rempli d’eau le crâne d’un Européen, aprés " avoir bouché toutes les ouvertures moins le grand wo occipital et ayant versé ensuite cette eau dans le erûP d’un Nègre, a trouvé, dans une première expérien" que la tête de l'Européen contenait 4 onces 1 12 de pli de liquide que celle du Nègre et, dans une seconde Le périence, la différence était de 9 onces en faveur de JEU p.20 (1) Virey, Dictionnaire des sciences médicales, T. XXL LA VARIATIONS DANS LE VOLUME DU CERVEAU. 197 Topéen. Constaté À Cavité “suite ] té cp enfin Tiedemann (1) et Van der Hoeven (2) ont aussi > SUT un grand nombre de têtes, en remplissant du crâne de poivre pilé bien sec et en mesurant à Quantité introduite, une différence dans la ca ânienne d'un certain nombre d'Hommes. Morton (5), en suivant le même procédé, a reconnu des bien plus étonnantes encore, puisqu'elles attei- &oyons loportion d'un quart et même d’un tiers. Nous our. utile de reproduire iei le tableau fort curieux qui e les résultats de ses expériences : rations SUent la p NOMBRE mesurés. MOYENNE du chiffre de capacité, : MAXIMUM capacilé. MINIMUM de capacité Mongols. Malais .. Mi x | ; : °8S(4) a mesuré 663 crânes appartenant à plusieurs Ces ; do humaines et il nous en a donné la capacité e F2 $ ie D À îne, indiquée en pouces cubes, ainsi qu'il suit : IL à Tijdschrift voor naturlijke geschiedenis. americana, or & comparative view of the : Various aboriginal nations of North and South-America. “lPlia, 1859 { (à Mei : dns LE The Cranial charasleristique of the races of men, hey ia Jenous races of the Earth, by Not and Gliddon. Phi- > 1857, in-80, p. 257. a — Mass Sr Bree eee ar æ Re _ A hf VARIATIONS DE LA PHYSIONOMIE. Races teutoniques . - « -.. —- mongoliques ........... 87 _— malaises et polynésiennes. 85 st -ÉBRÉS + Vie ie 82,25 _— indigènes de l'Amérique... 82 Hottentots, Australiens et Nègres Océaniens . .... . 75 à 76 Le résultat de ces travaux présente sans doute ne grand intérêt, Mais non pas au point de vue qui noû occupe. Une moyenne, un maximum, un minimum développement d'un organe, ne constituent pour pére sonne un caractère spécifique. On sait combien la physionomie est variable a se de nos villes policées; on y rencontre, pour ainsi 4 les différents types des peuples les plus éloignés. Le F versités sont telles qu’on observe bien rarement * : Hommes qui se ressemblent et encore n’ont-ils ji exactement les mêmes traits. Ces modifications 7 duelles constituent un fait, que personne ne contes". car on peut journellement le vérifier et c'est même mi lui que repose principalement l'utilité des précaution” ë police qui astreignent le voyageur à se munif pr pièce qui constate et permette de vérifier son identil” fl Chez les peuples sauvages, au contraire, un pass? 4 bien fait servirait plutôt à établir sa nationalité qU£ k individualité. C’est qu’en effet, si les peuples non civil” je s’éloignent souvent beaucoup les uns des autref» nue rapport des traits de la physionomie, il y a, €P 8° jé du moins, une uniformité assez remarquable enti? de individus d’une même nation ou d'une même peuP” de On est frappé de l'air de famille dont leur visage VARIATIONS DANS LA FORME DU NEZ. 199 l'empreinte et qui distingue chaque groupe humain des SOupes qui l'avoisinent. : LE | l serait bien long et bien difficile de tracer le tableau fS Variations infinies, que nous offrent, sous ce rapport, w différentes familles humaines et toutes les individua- ‘és, Il nous suffira de rappeler les principales pour at- ‘éindre le but que nous nous proposons. à physionomie emprunte en partie son caractère à la Me générale que présente le visage vu de face et, sous ÿ “apport, il y a des différences considérables. Les na- \ralistes admettent même assez généralement trois types € figure, Dans le premier, qui se voit le plus souvent Chez l'Homme de race caucasique, les lignes qui limitent © Visage décrivent un ovale à grosse extrémité supé- “leure, Dans le second, très-fréquent chez les Hommes ‘ lace éthiopienne, mais non exclusif à eux, la face re- lésente aussi un ovale, mais dont la grosse extrémité est 1 bas, Enfin, chez les Hommes de race mongole, la “me du visage est ordinairement un losange très-large - À angles arrondis. Si nous entrons dans les détails, nous trouvons des “érences très-marquées dans chacune des parties qui “Slituent la face. * nez varie beaucoup dans ses dimensions et dans Le Chez les Nègres il est BÉRÉRRIeMeNt court et % large à sa base et comme écrasé à sa racine, lais- ! Voir les ouvertures des cavités nasales. Chez les + les Polynésiens et une partie des races améri- > Il participe plus où moins aux caractères que “Ssède cet organe dans la race éthiopienne. Dans l’A- “ique du Sud les Indiens Guatos ont le nez aquilin ; L ET SOS» mm = on ee eneiqer ogr. = PR 25 ces ES Les der 200 VARIATIONS DES YEUX. leurs traits sont généralement d’une grande peauté €! bien qu'ils aient presque la même couleur que les autres indigènes de la même partie du Nouveau- Conti l'aspect de leur figure est entièrement européen Chez les Péruviens le nez est aussi fortement aquilip nent de plus il est comme recourbé à son extrémité (2); ” observe la même conformation chez plusieurs peupladé® de l'Amérique du Nord. Les Hommes, représentés sur les monuments de Palanqué, et dont il a déjà été ques” tion, nous offrent l’exagération la plus complète, qu'of puisse imaginer, de cette forme du nez. Dans la r2° caucasique les nez aquilms ne sont pas non plus très” rares et deviennent même quelquefois un caractère famille, comme on l'observe chez les Bourbons et che les descendants de la famille de saint Charles Boromét" Mais dans notre race, cet organe est plus souvent dro” et modérément saillant, bien que cette forme n'exo pas chez elle toutes les autres. Enfin, dans toutes é races humaines, l'enfant au moment de sa naissance” la saillie nasale peu apparente et toujours déprimée: Nous ne connaissons pas chez l'Homme d'exemple nez bifide à son extrémité, particularité qui caractéf® une race de Chiens. , Les yeux offrent aussi des différences. Ils sont Je pl souvent obliques chez les Chinois, chez les Japonais (1) F. de Castelnau, Expédition dans les parties centrales à l'Amérique du Sud. Histoire du voyage. Paris, 1850, in-8° I, p. 375. : (2) D'Orbigny, Voyage dans l Amérique Méridionale ? 1839-1845, in-40, T. IV, part. 1, p. 62. | ati? VARIATIONS DES YEUX. 201 En général chez les peuples Mongols. Ce caractère n'est Pas, du reste, constant dans la race mongole. Chez les Chinois de Canton et des villes du Nord de la Chine, ce Caractère est même exceptionnel surtout chez les Hom- Mes (1). Aussi Pickering (2), qui considère cependant les Mongols comme formant une espèce distincte, ne pense Pas que les yeux obliques soient essentiels à ce type. Du ‘este on les retrouve tels encore chez certaines races de | Amérique Méridionale, par exemple, chezles Caribes (3), aussi chez les Botocudos (4) qui habitent les épaisses lorêts situées entre le Rio-Prado et le Rio-Doce (13 à d lat. S.). La ressemblance, sous ce rapport, avec les Hommes de race mongole, devient frappante, lorsqu'on lencontre à Rio-Janeiro un Chinois et un Botocudos. On à observé également ce caractère chez quelques tribus des bords de l'Orénoque (5). Gette obliquité des yeux D'est en réalité que l'obliquité des paupières et l'angle Externe de l'œil est plus relevé que l'angle interne; la Paupière supérieure est plus tendue, descend plus bas Sur l'œil qu’elle bride. Cette disposition tient, suivant bold (6), d’une part, à la dépression de la racine du (1) Bulierin de ta Société ethnologique, 1846, p. 77. (2) Pickering, The races of man and their geographical distri- Dution,. Philadelphia, 1848, in-4°. (5) Buttetin de la Société ethnologique, 1846, p. 77. (4) Aug. Saint-Hilaire, Voyage dans le district des diamants, ‘Lp. 562; et Voyage dans Les provinces de Rio-Janeiro, elc., DL p. 250. (8) Prichard, Histoire naturelle de l’ Homme, trad. franc., T. IE, D. 87. (6) Siebold, dans Arehio zur Beschreibung von Japan. Nippon, 5. 202 VARIATIONS DU PAVILLON DE L'OREILLE. nez et, d'autre part, à la saillie en dehors des os malaire$ qui tendent la peau dans la direction des yeux. Les sou” cils participent également à l’obliquité de l'ouverture des paupières. Dans les autres races humaines, les angles interne et externe de l'œil sont placés sur la même lign® horizontale et l'ouverture des yeux est en amande. Le globe oculaire varie un peu dans son volume; il est plus ou moins enfoncé dans l'orbite ou plus ou moin saillant en dehors. La couleur de la conjonctive est, dan certaines variétés humaines, légèrement jaunâtre. L'iris est tantôt d'un brun foncé qui approche de la couleur noire, tantôt chocolat ou verdâtre, gris ou bleu ; chez les albinos complets l’œil est rouge. Il existe enfin de Hommes chez lesquels les deux yeux ne sont pas de là même couleur. On sait du reste qu’Anastase le Silentiaire Empereur de Constantinople, avait un œil noir et Paut'é , glauque (1). Buffon (2) a observé des faits semblables €? nous en avons vu un exemple à Nancy. La bouche est plus où moins fendue, les lèvres son! minces ou épaisses et quelquefois renversées en dehors La forme du pavillon de l'oreille est aussi très-variable: ainsi que son ampleur, non-seulement si l’on comparé entre elles les différentes nations, mais chez un seul €f même peuple. Le lobule manque parfois chez les Eur07 péens et je connais personnellement plusieurs faits de € D Po np ne a ” ee = ee nn } ; | f | ‘ | 1 | / iÿ ki el . (4) Johannes Zonara, Annales. Venelis, 1729, in, T. JE; P puié 49, Cet auteur s'exprime ainsi : « Dicori porro nomen ex eo hal MF | C » quod pupillis oeulorum fuit dissimilibus : altera nigriore, alterà à » glaucum declinante. » (2) Buffon, Histoire naturelle, T. UE, p. 525. VARIATIONS DU PAVILLON DE L'OREILLE. 205 Senre dans la province où je suis né. Cette particularité ‘st presque générale chez les Hommes de race blanche Qui habitent, en Algérie, les montagnes de l’Aurès et : re l'on considère comme les descendants des anciens Yandales qui, lors de l'expédition de Bélisaire, se réfu- Sièrent en grand nombre dans ces montagnes (D). La Conque de l'oreille s'applique ordinairement contre le crâne, mais elle peut aussi s’en écarter tantôt en arrière de façon à ce que cet organe se présente de face, comme cela se voit souvent chez les Hottentots et même chez les Caffres leurs voisins, tantôt à sa partie supérieure et il Présente ainsi une tendance à devenir tombant. Suivant De Pauw (2) les Siamois et quelques familles espagnoles des bords de la Bidassoa, auraient le pavillon de l'oreille élargi et pendant, ce qui rappelle une modification ex- tèmement fréquente chez nos animaux domestiques. Enfin, si l'on en croit Procope, l'Empereur Justinien àvait les oreilles mobiles. Cette conformation insolite existait aussi chez Domitien (3), ce qui rend moins 1m Probable l'assertion de Procope, dont on aurait pu 'évoquer le témoignage, puisqu'il était l'ennemi person- nel de Justinien, comme l’histoire nous l'apprend et Comme on peut en juger, du reste, par le passage sui- Vant qu'il applique au grand législateur de l'Empire (1) Guyon, Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, T. XXVIL, p. 28. | (2) De Pauw, Recherches philosophiques sur les Américains, où Mémoires intéressants pour servir à l'histoire de l’espèce hu- Maine. Berlin, 1768, in-12, T. L, p. 154. : (5) Am. Thierry, Histoire d’'Attila el de ses successeurs. Paris, 1856, in-8o, T. 1, p. 385. 204 VARIATIONS DES GLANDES MAMMAIRES. d'Orient : Nam mire stolidus fuit, et lento quam simil- limus asino, capistro facile trahendus, cui et aures sub- inde agitarentur (1). Les femmes de certains peuples ont les glandes man maires énormes, et la forme de ces organes se modifié également. Ainsi chez les Hottentotes elles ont la forme d’une callebasse et sont si allongées que ces femmes peu” vent les jeter par dessus l'épaule ou les faire passer sous l’aisselle pour allaiter leurs enfants placés sur leur dos (2): Les Négresses, à Carthagène des Indes, suivent la même méthode et les seins pendent chez elles Jusqu'au-dessous de la taille (3); mais il n’en est pas ainsi, à beaucoup près, chez toutes les Négresses. Les Portugaises, suivant Blamenbach (4), ont aussi les organes mammaires al- longés. La position relative, que l’ombilie occupe sur la sur- | face de l'abdomen, n’est pas la même chez tous les peuples. Cette cicatrice est, non pas toujours, mais ordi- nairement placée plus bas chez les Nègres, ce qui a lieu aussi le plus souvent chez les Mongols et même chez leurs variétés les plus éloignées, telles que les Esqui- maux (5). Il en est de même dans la race américaine (6): (4) Procopius Cæsariensis, Arcana historia, cap. 8. (2) Thunberg, Voyage au Japon, ete., trad. franc. Paris, 1796; in-40, T. I, p. 156. (8) Ulloa, Voyage historique de l'Amérique Méridionale. Paris 1752, in-40, T. I, p. 50. (4) Blumenbach, De generis humani varietate nativa, p. 258+ (5) Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, T- XEV, p.91. | (6) Serres, Revue des deux Mondes. Nouvelle série, 1845, T. X; p. 165. © VARIATIONS DANS LA POSITION DE L'OMBILIC. 205 Enfin le même fait se rencontre aussi chez les Boschis- Mans; du moins le moule d'un Homme de cette nation, “0mmé Smoon, que j'ai vu dans la galerie anthropolo- Sique du Muséum, l’a placé très-bas; ilest plus haut chez R Vénus Hottentote. Cette particularité existe aussi ac- Gidentellement dâns la race caucasique (1). Mais chez les Européens, dansles premiers temps de la vie intra-utérine, 0Mbilie oceupe la même place que chez le Nègre adulte. Ne faut pas oublier du reste ses connexions avec le 0e, qui chez le Nègre est plus volumineux et plus laissé que chez nous, surtout dans l’âge mür. Car, Chez le fœtus de l'Européen, le foie offre aussi un déve- 0Ppement relatif plus grand et s’abaisse au delà du ni- ‘eau des fausses côtes. L'obliquité assez habituelle du “sin chez le Nègre, ainsi que chez les peuples de race Mongole, obliquité constante chez le fœtus caucasien, ne fntribuerait-elle pas aussi à l’abaissement de lombilie, OÙ plutôt ne serait-ce pas la cause qui semble rapprocher ombilic de l’arcade pubienne? que l’on accepte l’une (ù l’autre explication, on ne peut voir, dans l’abaisse- Ment de l’ombilie, qu'une simple nuance d'organisation U plutôt un véritable arrêt de développement. Ce fait U reste n’est pas constant chez les Nègres, ni chez les gols et, comme nous le verrons, cette disposition N'est pas exclusive à ces races. Les voyageurs et les naturalistes se sont beaucoup OC- “Upés de la loupe graisseuse du croupion des Hottentotes. 1 à successivement affirmé ct nié l'existence de cette (1) Serres, Comptes rendus de l’Académie des sciences de “ris, 4857, T, XLY, p. 91. 206 LOUPE GRAISSEUSE DES HOTTENTOTES. anomalie d'organisation. Ce qui explique les opinions opposées, c'est que ce n’est pas chez les Hottentotes qu’on la rencontre, mais bien chez les Femmes d'un peuple voisin, mais distinct, je veux parler des Houc zouânas ou Boschimans. Une foule de témoignages ire” cusables ne permettent plus d'élever des doutes sur l'existence de ce croupion graisseux, qui quelquefois est assez volumineux pour que ces Femmes puissent y placer leur enfant. u J'en ai vu une, dit Levaillant (1), courir “ ainsi et l'enfant... posé debout, se tenait derrière “ comme un jockey derrière un cabriolet. n Barrow @) confirme la réalité de cette singulière accumulation de tissu adipeux et il en est de même de Janssens, gouyet” neur du Cap (5). Enfin la présence, en 1816, de Ia Vénus Hottentote (ou plutôt Boschismane) à Paris; je surtout sa mort ont fourni à Cuvier l’occasion, non-seir lement de vérifier les faits avancés par les voyageur” mais d'étudier anatomiquement cette déformation (4). Une représentation exacte de cette Femme existe, du reste, dans les galeries anthropologiques du Muséuñ” Chose assez remarquable, ce croupion énorme parait être l'apanage des Femmes; les Hommes en sont rar” ment affectés et jamais au même degré (5). (4) Levaillant, Deuxième voyage dans l’intérieur de PAfrique Paris, an mi, in-80, T. III, p. 189. (2) Barrow, Voyage dans l’intérieur de l'Afrique, ad. fran” Paris, 1801, in-8°, T. IL, p. 80. (8) Péron, Voyage de découvertes aux terres australes: 1807, in-40, T. Il, p. 508. (4) G. Cuvier, Mémoires du Muséum, T. UE, p. 269. (5) Virey (Dictionnaire d'histoire naturelle de Détervilles “ paris PRÉTENDU TABLIER DES HOTTENTOTES. 207 Mais les Boschimanes n’ont pas seules cette proémi- fence fixée sur la chute des reins ; on l’observe encore Chez quelques Négresses des régions centrales de l’Afri- que, au nord de l'équateur, et nous lisons à ce sujet, dans le voyage du major Denham (1), le passage sui- Yant : u Ja figure agréable des femmes de Mandara a | Passé en proverbe. Je ne puis cependant les qualifier ! de beauté; mais je dois convenir que la célébrité de ! leurs formes est méritée. Elles ont les mains et les ! Pieds d’une petitesse charmante; enfin une saillie au- \ dessous des reins aussi forte que les Hottentotes, per- " fection inappréciable pour un Ture. » Cette accumulation de tissu graisseux est analogue à Celle que présentent normalement les Caméliens de ! ncien Continent, et que nous retrouvons, comme mo- ification acquise, chez les Moutons des Kirghuis et chez Autres races de l'espèce ovine. , Le fameux tablier des Hottentotes, il faudrait dire des WSchismanes, a provoqué tout autant l’incrédulité que % croupion monstrueux. Kolbe (2) affirme son exis- lEnce; mais il s’est mépris sur la nature de l'organe. Ce Xv > D. 84) cherche à expliquer celte accumulation de graisse au e des reins et aux seins des Boschismanes, par la position accrou- SC Que ces Femmes conservent tout le jour, exposées presque nues l'ardeur du soleil ; la graisse devenue fluide va aux parties les plus “lives, Nous doutons fort que personne admette cette explication. (1) Denham, Voyages et découvertes dans le Nord et dans les Parties centrales de Afrique, etc., trad. franc. Paris, 1896, in-8o, L p. 564. | (2) Kolbe, Description du cap de Bonne-Espérance, elc., trad. “AG. Amsterdam, 1744, in-12, T. I, p. 91. 208 PRÉTENDU TABLIER DES HOTTENTOTES, n’est pas un repli de la peau de l'abdomen qui, prenant son origine au-dessus du pubis, tombe jusqu'au milieti des cuisses. Ce n’est pas un organe nouveau, mais un développement plus ou moins exagéré des nymphé” déjà assez prononcé chez les jeunes filles, qui s'ac” croit beaucoup avec l’âge et peut atteindre 0",1 é plus (1). Mais la longueur des nymphes varie beaucoup même en Europe et ces organes s’allongent en généra dans les pays chauds. Ils atteignent des dimensiol presque égales à ceux des Boschismanes, chez beaucou? de Négresses, chez les Femmes de race égyptienne el chez celles de l’Abyssinie. Aussi en Egypte (2), comm en Abyssinie (3), est-on obligé, par mesure hygiénique! d'enlever ces organes exubérants et cette opération se pratique, depuis un temps immémorial, chez les petites filles au même âge, où l’on circoncit les garçons- Le Jésuites Portugais qui, dans le XVF siècle, convertiren! au catholicisme le roi d’Abyssinie et une partie de soP peuple, se erurent d’abord obligés de proscrire cell pratique, qu’ils croyaient tenir à l’ancien Judaïsme, pro” fessé, comme l’on sait, pendant bien des siècles paf . Abyssins. Mais il arriva que les filles catholiques né trouvèrent plus de mari. Le collége de la propag®?. envoya un chirurgien sur les lieux pour vérifier le gé et, sur son rapport, le rétablissement de l’ancienne coû tume fut autorisé par le Pape. (4) Péron, Voyage de découvertes aux terres australes, T- : p. 305; G. Cuvier, Mémoires du Muséum, T. UE, p. 266. (2) Sonnini, Voyage dans la haute et la basse Egypte. an vij, in-80, T. 2, p. 37. | (5) G. Cuvier, Mémoires du Muséum, T. NL, p. 267. P ari Sa EXISTE-T-IL DES HOMMES POURVUS D'UNE QUEUE? 209 I nous resie à parler d’une particularité d'organisation es étonnante, signalée par un assez grand nombre “teurs. Existe-t-il des Hommes pourvus d'une queue ? Me (1) et après lui Ptolémée (2) en font mention et S signalent dans l'Inde. Struys (5) affirme avoir vu à °Fmose un assassin condamné à être brülé vif et qui, “Pouillé de ses vêtements, offrit aux regards de l’auteur où Jueue longue de plus d’un pied, toute couverte de Poils roux et fort semblable à celle d’un bœuf. Longtemps \Vant Struys, le célèbre voyageur Marco-Paulo (4) avait “apporté que, dans le royaume de Lambry, il y a des ‘Mmes qui ont une queue de la longueur de la main 4 qui vivent dans les montagnes. Sonnerat (5) assure Til en existe dans l'ile de Mindanao ; et Gemelli (6) dit Ie ces Hommes à queue forment de véritables peuplades à des races sans mélange, aux Moluques et aux Philip- Pines. D'autres prétendent qu'il s’en trouve à la Terre : Feu (7) et même dans certaines provinces de la Rus- "€ (8). t à) Plinins, Historie naturalis lib. VII. Claudius Piolemeus, Mundi descriplio, cap. 45. ] Les Voyages de Jean Struys. Amsterdam, 1681, in-40, p. B3. Relation des pas orientaux de Marc Paul, vénitien, liv. IN, D. 18 (collection Bergeron). ÿ ête P. Sonnerat, Voyage aux Indes” orientales et à la Chine, * Paris, 1789, in-4o, T.. Il, p. 444. ! Gemelli-Carreri, Voyage œulour du Monde, trad. franc. ne 1719, in-12. x Alons, d’Ovaglie, Relacione del Regno di Gile. Roma, 1646, (8) p “ j9% VA) alk, Beyträge zur Kenntniss des Russichen Reichs, T. WI, il, -14 A 1 | 910 EXISTE-T-IL DES HOMMES POURVUS D'UNE QUEUE ? L’affirmation si positive de Struys, corroborée par les autres témoignages indiqués plus haut, était de nature néanmoins à provoquer l'incrédulité et, ce qui n'a pa peu contribué à faire reléguer ce fait parmi les fables ce sont les assertions de quelques auteurs qui ont suivt’ Ainsi de Maillet (1) va plus loin encore et affirme que les Hommes pourvus de cet agrément pullulent aux Indes en Ethiopie, en Egypte, en Eeosse et en Angleterré, croit en outre que cette disposition organique est primi tive, qu’elle se propage par hérédité et il ajoute : 1 Ces » Hommes sont probablement d'une espèce aussi diffé” “ rente de la nôtre, que l’espèce des Singes à queuë esl " différente de celle des Singes qui n’en ont pas 2)" Il est certain que, de nos jours, l’espèce des Hommt à queue ne pullule plus dans les pays où de Maillet us: a indiqués, d’après les récits de voyageurs peu véridi” ques. Mais l’exagération ou même la mauvaise foi quelques auteurs, ne sont pas des mous suffisants, pour qu'on rejette de prime abord la réalité ou la possibill d’une semblable déformation chez l'Homme. Avant d'allé’ plus loin, constatons les nouveaux témoignages qui Fe sont produits depuis. Schenck (5) rapporte l'observation d'un Homme pouf d’un prolongement caudal très-distinct et assez Jonë: (1) Telliamed, Entretiens d’un Philosophe indien avec ar DT sionnaire français sur La diminution de la mer, 1748, in-8% IE, p. 175. (2) Telliamed, Jbidem, T. IE, p. 182. (8) Schenckius, Monstrorum historia memorabilium;, 54. pe JF, P. EXISTE-T-IL DES HOMMES POURVUS D'ONE QUEUE? 211 Yalmont de Bomare (1) eite le fait d’un sellier de Paris, ‘Salement affligé de cet appendice, qui le génait pour SaSseoir et pour s'habiller. Au rapport de Jose de Santa hereza Ribeiro, de l’ordre de N. D. du Mont-Carmel, indien de la tribu des Uginas, qui habitent les bords “edurna, l’un des tributaires de la rivière des Amazones, a LÉ vu par lui, en 1755, et il a reconnu de visu l'exi- \Ence d'une queue de la grosseur du doigt, de la lon - Sleur d’une demi-palme et couverte d’une peau lisse y Que (2). Du Maillet (3) a constaté par lui-même, à SPoli de Barbarie, l'existence d’une queue d'un demi- “ed de longueur chez un Nègre originaire de Bornéo. “ den Dungen Gronovius (4) qui, pendant quinze 08, à habité cette dernière ile, où il était résident Hol- Nais à Sambas et à Potianack, a assuré, de la manière * Plus positive, à Dumont d'Urville, avoir vu plusieurs Mines munis. d’un prolongement coccygien de 18 à \ lignes de long et gros comme son petit doigt. “alla (5) recueillit à Manille, de la bouche de personnes Saves, qu'il existe dans l'ile de Mindanao des Hommes ! Q Valmont de Bomare, Dictionnaire raisonné d'Histoire na- LE éd. 4. Lyon, 1791, in-80, T. VIL p. 86. ) by F. de Castelnau, Expédition dans les parties centrales de ) pique du Sud. Histoire du voyage. Paris, 1850, in-80, T. V, ‘105. ty Teliamed, Entretiens dun Philosophe indien, etc., TH, p. ss Dumont D’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie. 1845; : > du voyage, T. VIH, p. 112. 4 Mallat, Léo Philippines, Histoire, Géographie, etc. Paris, hin-Bo, 7. j, p. 44. 912 EXISTE-T-IL LES HOMMES POURVUS D UNE QUEUE ? offrant cette anomalie. M. Ducouret (4) a vu à La Mecqu® en 1849, un fait semblable chez un Homme de Ja natioP des Ghilänes, qui habitent le Soudan méridional. M: 1e capitaine (2) a eu sous les yeux un croquis, fait d'apré? nature à La Mecque, d’un esclave Nègre muni d'un ap” pendice eaudal et il rapporte aussi qu’un officier de noté armée d'Afrique, M. B..., a constaté par Jui-mên l'existence d’une queue longue comme le doigt chez (US Nègre qui faisait partie de son régiment. Le fils du se tan de Fedzan, a confirmé à M. L.-G. Saint-Hilaire ( l'existence de ces Hommes en Afrique et lui a mére affirmé que dans son palais deux de ses serviteurs 507 pourvus de cet ornement. M. de Castelnau (4) enfif dans son expédition sur la Mer Rouge, faite en 1850 a recucilli à Suez des renseignements sur les Niams” Niams (5) ou Nëègres à queue; il les obtint de plusieui* habitants du Soudan, dont quatre lui assurèrent av constaté par eux-mêmes la réalité du fait. Que l’on accepte ou que l’on rejette tous ces témoi ges, il est certain que cette monstruosilé, qui semp je fabuleuse, est possible et la physiologie en donne rex plication. : Chez les animaux le développement congénial de Fa, gna” (t) Ducouret, dans les Comptes rendus de V Académie : sciences de Paris, T. XXIX, p. 215. (2) L'ami des Sciences, 1858, p. 245. (3) L.-G. Saint-Hilaire, Revue des cours publics, 1855, P- (4) Le Moniteur universel du 20 février 1857. 4 (5) On les nomme aussi Yem-Yem et ils pataissent être les mé? que les Ghilänes. 64: EXISTE-T-IL DES HOMMES POURVUS D'UNE QUEUE? 213 Pendice caudal se lie, comme l'a démontré M. Serres (1), à un l'apport très-constant qui existe entre l’évolution de moelle épinière et celle de la queue, Cette moelle, en “et, chez tous les animaux qui en sont pourvus, se Prolonge jusqu’à l'extrémité du canal vertébral pendant À Vie embryonnaire ; tous se trouvent alors munis d’une dueue plus ou moins longue et l'embryon humain ne “IL pas exception sous ce rapport. Selon qu'ultérieure- Ment, et d'après les espèces, le prolongement de Moelle se maintient ou se retire, l'axe vertébral est ou Test pas prolongé en un appendice caudal. u Ces rap- Ports très-curieux, dit M. L.-G. Saint-Hilaire (2), entre "la diminution de la queue et l'ascension de la moelle ; épinière, vrais dans l’état normal, le sont également ? dans l’état anormal, et il arrive ainsi quelquefois que la | moelle épinière, conservant sa première disposition, ? Sétende encore chez l'Homme, au moment de sa ï En 0 , , 4 es Naissance, jusqu’à l’extrémité du coccyx. Dans ce cas LR | à Colonne vertébrale reste terminée par une queue. # “existence d'une queue chez l'Homme, si cette ano- île à été réellement observée dans notre espèce, ne slituerait donc qu'une monstruosité par arrêt de dé- à Ppement, par conséquent un phénomène individuel ; , TOUS n’aurions pas eu à nous en occuper ici, si on Vait pas avancé qu'elle caractérise une race où même = espèce d'Hommes distincte. () Serres, D. 446. @) r Momo ü Analomie comparée du cerveau, T. I, p. 99, et T. 6. Saint-Hilaire, Histoire générule el particulière des lies, ete. T. I, p. 756. ax RCE La ae AE 6 ETS a, NE 5 AE” 9 a n 4: ee es me =. | ke ; h Fr Li 214 MODIFICATIONS PHYSIOLOGIQUES. Les Chiens nés sans queue, vus par Buffon (1), cop” stituent un fait tératologique opposé au précédent et qu s'explique également bien, d’après les principes établi par M. Serres. Enfin nous ferons remarquer que toutes les modifica” tions, subies par l'Homme dans ses caractères physique” offrent des relations manifestes avec ceux qu’on constaté : ‘ ê chez les animaux domestiques et nous verrons, dan$ chapitre suivant, que c'est, sous l'influence de causes même nature, que ces variations se sont produites: [AL a donc, comme l’a fait observer avec beaucoup de rais0 M. L.-G. Saint-Hilaire (2), des liens intimes entré 1e races humaines et les races d'animaux asservis à l'HOM me, liens d’analogie et liens de causalité. Non-seulement les organes varient chez l'Homme da leur conformation ; mais les fonctions elles-mêmes pen” vent aussi éprouver quelques modifications, beaucoul moins nombreuses, il est vrai, et bien moins important®” On sait, par exemple, que la fonction de la vision de pas la même perfection chez tous les Hommes ; il €n £ qui sont naturellement myopes, d’autres presbites et ce défauts se transmettent souvent par hérédité. Il est ie s familles chez lesquelles le sens de l'odorat est obti : , . ” 3 4 rTeabe tandis que dans d’autres il est développé et très-dée = ? : , a +f in La puissance d’action de l’organe olfactif chez cerla! ’ Fe . | A] . * 6 y peuplades nègres est si incompréhensible que Zimn (4) Buffon, Histoire naturelle, T. XIV, p. 323. ; — smie (2) L.-G. Saint-Hilaire, Comptes rendus de lAcadém” sciences de Paris, 1837, T. IV, p. 666. MODIFICATIONS PHYSIOLOGIQUES. 215 Mann (D) a regardé ce sens comme étant, chez ces tribus, “oMplémentaire d’une lacune de raison. La délicatesse de l'odorat est également merveilleuse chez les Améri- Cains indigènes et se retrouve développée au même degré Chez leurs descendants (2). Parmi nos races d'animaux domestiques, il en est chez lesquelles la grande sen- Sibilité de l'organe olfactif est un attribut important, d'où dépend, chez les Chiens, la valeur de la race et de l’indi- Yidu. Le sens du goût se modifie aussi chez les différents ‘Mmes, à en juger du moins par les appétits si divers qu'on peut observer dans notre espèce. Les sens de die et du toucher sont encore plus ou moins parfaits. Les forces physiques sont loin d’être aussi développées “eZ tous les Hommes. Sans parler des innombrables iMérences individuelles qu’on peut constater dans chaque Mon, il est certain que l’Européen l'emporte générale- Ment, sous ce rapport, sur toutes les populations sauva- ses et même sur quelques peuples à demi civilisés de Sie, sur les Indiens, par exemple. Ainsi il résulte des Abériences faites, au moyen du dynamomètre par Péron 4 reyssinet sur les Australiens, sur les indigènes de la manie, de Timor, des Carolines, des Mariannes, et par “tckensie, Lewis et Clark sur lessauvages Américains, que Us ces peuples nous sont bien inférieurs pour la force Müsculaire et ne peuvent résister à de grandes fatigues. (à) bu G. Zimmermann, Traité de l’expérience, trad. franc. Mont- Cilie r > 1798, in-12, T. IE, p. 519. ) Morton, Crania americana, or « compuralive. view of the us à ds l'various aboriginal nations of North und. South-Ame- Neo. Philadelphia, 1859, in-f°. 216 MODIFICATIONS PHYSIOLOGIQUES. s de u Non-seulement, dit Robertson (1), les indigène v l'Amérique avaient de l’aversion pour la fatigue, mais “ encore ils étaient incapables de la supporter. Lorsqu 0! “ les arracha par la violence à leur indolence naturelles “ ils succombèrent à la fatigue de travaux que les habir wtants de l'Ancien Continent auraient exécutés avet n facilité. » Il ajoute même : u Cette faiblesse de consti” “ tution, qui était universelle, parmi les peuples qui 0€ w cupaient les régions de l'Amérique dont nous pal ‘. peut être regardée comme une marque caractéristique “ de cette espèce d'Hommes. n Nous ne pouvons pas ad mettre cette dernière conelusion et nous expliquerol plus loin à quoi tient cette faiblesse relative des peuples dont il est ici question. L'odeur de la perspiration cutanée n’est pas la mére chez les différents peuples. Les Indiens Péruvienss 94 milieu de la nuit, tant leur odorat est fin, distinguel facilement à l'odeur les différentes variétés humaine avec lesquelles ils sont en contact. Ils désignent même chacune de ces odeurs par des mots spéciaux : pezuit pour l'Européen, posco pour l'indigène Américain é pour le Nègre grajo (2). Les Chinois trouvent aussi au* Européens une odeur particulière, que nous ne per vons pas, à moins que le corps ne soit en sueur: Malais, les Chinois, les Tartares, les Thibétains, les bi diens (3), les Caraïbes (4) et même les Arabes, exhale” on 17T (41) Robertson, Histoire de l’ Amérique, trad. franc. Paris; in-4, T. Il, p. 254. (2) Alex. de Humboldt, Æssai politique sur le royaunté Nouvelle Espagne, éd. 2. Paris, 4825, in-80, T. I, p. 455. dé (8) Huc, L'Empire chinois, éd. 2. Paris, 4854, in-8°, T. LP (4) Thibault de Chanvalon, Voyage à la Martinique, P- 44. de EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? 217 Aussi chacun une odeur spéciale. Les Pécherais. ou Fuégiens (1) et les Nègres répandent une odeur in- SUpportable, mais qui est loin d’être aussi intense chez loutes les tribus. Ce sont les Nègres d'Angola, les Bisagues et les Balentes qui, sous ce rapport, offrent ce caractère à son plus haut degré, et, lorsqu'ils sont en sueur, ils infectent l'air, pendant plus d’un quart d'heure, dans Les endroits où ils ont passés (2). Chez les Européens EUX-mêmes, on observe, à cet égard, des variations : : les Hommes roux de notre race ont aussi une odeur lorte et spéciale, lorsqu'ils sont en moiteur. Du reste, il ‘ SL certain que nous avons tous une odeur particulière les animaux, doués d’un odorat très-délicat, comme 6 Chien, distinguent immédiatement, par l'odeur seule, &S vêtements de leur maitre de ceux d’autres individus. Existe-t-il parmi les Hommes des races supérieures et 'S races inférieures ? Cette question doit être envisagée SOUS deux points de vue, sous le rapport physique et Sous le rapport intellectuel; et, chose remarquable, il Ckisle souvent, mais non toujours, une corrélation assez Positive entre le développement organique et les facultés Mor Les Loschistoons sont dans un état de dégradation Physique, qui n’a d’analogue que chez certaines peupla- ‘8 nègres océaniennes, dont nous parlerons tout à 4) Bougainville, Voyage autour du Monde. Paris, 1772, in-8o, bp. 291 ; Second voyage de Cook, trad. franc., 1778, in-40, T!. IV, p. 34. (2) Le père Dutertre, Histoire des Antilles. Paris, 1667, in-40, P. 493. KPwetih de La Société cthnologique, 1844, p. 219, 218 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? lheure. C'est le type le plus laïd et le plus rabougri de toutes les races africaines ; tous les voyageurs s’acc0 dent à les peindre sous les traits les plus repoussanf" u Maudits parmi les peuples de la terre, dit le capitainé : Harris (1), ils sont ennemis de tous les Hommes el » tous les Hommes sont leurs ennemis; ne vivant que “ de chasse ou des dons spontanés de la nature, ils Pa” “ tagent le désert avec l'oiseau de proie et la bête féroct “ au-dessus desquels ils ne s'élèvent que d’un degré: ; Mais presque constamment en guerre avec les Galre” leurs voisins, pourchassés pendant longtemps comte des bêtes fauves par les Hollandais, ils mènent dans je montagnes du grand plateau austral de l'Afrique, Ja vie la plus précaire et la plus misérable, Cependant, malgf leur constitution en apparence si frêle, ils sont actifs €! infatigables ; nonobstant leurs instincts sauvages, : peuvent être apprivoisés. De Genssens, gouverneur Cap, a recueilli chez lui un jeune Boschisman qui m0 tra pour lui le plus grand attachement; doué d'une in telligence assez remarquable, il parvint à apprendre ave la plus grande facilité le hollandais et même un Pt l'anglais (2). Nous ne possédons malheureusement du° bien peu de renseignements sur le degré d’intelligenc? de ce peuple deshérité. Les Australiens sont à peine supérieurs aux Boschis” mans par leur conformation. Ils sont généralement d'un° / F. T : ù ST F THE (1) Harris, Narralive of «an expedition into Southern Afric Bombay, 1858, in-8°. (2) Péron, Voyage aux lerres australes. Paris, 4807, in-#°; IL, p. 511. - É f EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? 219 Maigreur extrême ; leurs membres décharnés et grèles Semblent disproportionnément longs et contrastent avec le développement exagéré de l'abdomen qui est proëmi- nent, flasque et pendant. La taille est au-dessous de Ja Moyenne. Ils ont la tête grosse, le front élevé, mais étroit, les arcades sourcillières très-prononcées, les yeux * Petits, à demi voilés par la laxité des paupières, enfoncés dans leurs orbites: et à conjonctive d’un blane-jaunâtre. es pommettes sont saillantes; le nez court et large, Aquilin lorsqu'il n’a pas été écrasé dans l'enfance; la Ouche est démésurément fendue, à lèvres peu épaisses, Mais proéminentes ; le cou est mince et court. Les che- Yeux sont noirs ou exceptionnellement bruns, durs, longs, rarement crépus; la barbe est rude et touffue. La Peau est d’un noir fuligineux, couleur de suie ou d'un brun noirâtre. Les Femmes sont plus laides encore qué les Hommes ; elles ont les formes flétries et dégoûtantes. Mais aussi l'existence des Australiens est misérable. Îls N'ont pas de demeures fixes, leur vie est errante, ils Sabritent dans des huttes faites d'écorce d'Eucalyptus et lCouvertes de Graminées ou de Zostera. Ils ont pour tout vêtement une peau d'animal sur leurs épaules. Tou- Jours en quête de leur subsistance, ils ne se la procurent avec de grandes difficultés et des fatigues excessives, dans un pays qui ne leur offre aucun fruit comestible, Jeune des plantes nourricières qui eroissent sans eul- lure sous les tropiques et y assurent l'existence de Hormime. ls vivent de coquillages, d'Araignées, de Four- Mis, de Chenilles et de larves d'insectes, de Lézards, de Scrpents, de racines de Pteris esculenta et de bulbes d Orchidées: de loin en loin la chasse leur procure un ee PO ct veu 220 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? Kangouroo ou un Casoard, l’un et l’autre devenus très rares, en raison de la guerre continuelle qu’on leur fait. La pêche pourrait leur fournir des aliments plus aboñ- dants; mais les orages fréquents de la Nouvelle- Hollande et surtout les migrations de Poissons rendent cette re* source incertaine et de beaucoup insuffisante. C'est alors quese manifestent ces affreuses famines, qui les réduisent à un tel excès d'émaciation qu'on les prendrait pour des squelettes et qu'ils paraissent sur le point de suecombef à linanition (1). Aussi les rencontre-t-on presque tour jours affamés et montrent-ils la plus extrême voracité: On conçoit que cet état de misère habituelle ait sin0l déterminé, du moins exagéré la maigreur excessive de leurs membres. Du reste ce caractère s’observe d'uné manière non moins prononcée chez les malheureux h2° bitants de la Terre de Feu, les Pécherais, non moi déshérités que les Australiens. u Les épaules des Péch® “ rais, dit Forster (2), et leur estomac sont larges; 7 “ reste de leur corps est si mince, qu'en en voyant sé” “ parément les diverses parties, nous ne pouvions nous “ persuader qu’elles appartinssent aux mêmes individus" Les mêmes causes ont déterminé, chez deux peuples si éloignés et si différents, absolument les mêmes effets et cela est si vrai que chez les Australiens qui habiten! près de la baie Jervis, non loin du port du roi Georg et qui ont de fréquentes relations avec les colons Anglais: (1) Péron, Voyage aux Lerres australes, T. I, p. 465 ; Collins” Account of new Wales, p. 558. (2) Forster, Second voyage de Cook, trad. franc., 4778, in-#°, T. IV, p. 34. EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIRURES ? 291 °t présenté à M. Quoy une grande amélioration sous le apport de l'embonpoint (4). Les habitants des iles du étroit de Torrès, voisines de la Nouvelle-Hollande, ap- Partiennent à la famille australienne; mais l'abondance que leur procure des pêches très-productives, a singu- lèrement embelli ces Hommes, tout en donnant à la Somme de leur intelligence une portée qu'on ne trouve Point parmi les indigènes du Continent australien (2). . Ce qui augmente encore la misère des tribus austra- lnnes, c’est qu'elles vivent isolées les unes des autres ; ‘lles ne peuvent même s'entendre, puisqu'elles parlent tS langues différentes et elles sont constamment en Suerre les unes avec les autres. Que faut-il penser, dès 9, des éloquentes déclamations de certains philosophes Ai voient la perfection, la force et le bonheur chez Homme de la nature, comme ils l'appellent, et consi- rent la civilisation comme une cause de dégradation Pour notre espèce ! | . L'industrie chez les Australiens est bien peu avancée, et 0 indique cette circonstance comme un signe d'abais- SéMent dans cette race. Ils ne cultivent pas la terre; Mais, ayant l'arrivée des Européens, ils ne possédaient ‘ücune plante susceptible de fournir par la culture une Mentation assurée. Toutefois à la chasse et à la pêche Le emploient des pratiques assez ingénieuses (5). Enfin (1) Dumont d’Urville, Voyage de l’Astrolabe. Histoire du voyage, L p. 204 et 214. (2) Hombron, dans Dumont D'Urville, Voyage au Pôle Sud et MS l'Océanie. Zoologie, T. I, p. 122 et 123. (3) Dumont D'Urville, Voyage de lAstrolase. Histoire du ’oyage, T. I, p. 110 et 197. \ ‘ , 6 999 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? ils ont assujetti le Chien, qui est le compagnon de leurs chasses, de leurs courses et de leurs guerres. Les Australiens sont-ils, comme certains auteurs le prétendent, incapables de civilisation? Y aurait-il Chez eux un défaut radical d'intelligence, qui rendrait tout progrès ultérieur impossible? Tous les voyageurs, Les les ont vus de près, qui ont vécu quelque temps au mr lieu d'eux, s'accordent à dire que les facultés intellec” tuelles ne leur manquent pas. M. Macgillwray, dans la relation de son voyage sur le navire Ratilemake (1), affirme que quelques-uns d® Australiens de Port-Essington ont une intelligence 4 dépasse de beauceup celle des Européens peu instruit qui vivent loin des centres, et il en cite des exemples: On lit avec intérêt le récit si pittoresque, fait pa M. Sainson (2), d’une nuit passée sur la plage, au miliel des Australiens de la baie Jervis, et il n'en résulte pas 1° moins du monde qu’ils soient sans intelligence. La même observation a été faite sur ceux du port du roi Georges (5): Tous ceux qui ont pu les étudier dans les bois, 2 milieu de leur famille, rendent de nombreux témoignagt* de la sagacité et dés qualités morales qui les distinguent: C'est ce qu'affirme, entre autres, M. Sturt (4) des saur vages des bords de la rivière Murray. À Port-Jakson, dans les écoles fondées par le gouver” neur Macquarie, les enfants australiens, qu'on y à (1) Le Moniteur Universel du 2 février 1857. (2) Dumont D’Urville, Voyage de V’Astrolabe. Histoire voyage, T. I, p. 490. (5) Dumont D’Urville, Zbidem, T. I, p. 195. (4) Sturt, Two expeditions in Australiu. du EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? 293 “eillis, ont appris à lire, à écrire, à caleuler et à dessiner Aussi bien que les enfants blanes du même âge (1). Mivant Prichard (2), deux enfants australiens, amenés ‘a Angleterre, ont présenté des facultés tout aussi déve- °Ppées que les enfants anglais du même âge et se sont Montrés aussi aptes à recevoir l'instruction. Dumont D'Urville , qui eut avec ces sauvages des “pports fréquents au port du roi Georges, à la baie Vis, à Port-Western (3), visita leurs huttes qu'il trouva propres et spacieuses et dont la construction an- Jonçait, de leur part un degré d'intelligence supérieur à 1 Qu'on en dit généralement. Il se plait à rendre justice à leur douceur, à leur circonspection et à leur probité. Il it ailleurs (4) que les Nouveaux-Hollandais sont non- Seulement bienfaisants, mais humains et il en cite les eux exemples suivants : Quatre convicts, échappés de Ydney en 4790, et qui abordèrent à Port-Stephens, rent accueillis par les naturels, comme de malheu- 'Euses créatures qui avaient droit à leur protection. Ils Shourrirent, pendant les cinq années qu'ils séjournérent Pmi eux, leur donnèrent des noms et une femme. niacke, qui en 1825 accompagna Oxley dans la recon- Missance de la rivière Brisbane, à 150 lieues au nord de ’ (1) Prichard, Researches into the physical history of mankind, a, p. 266; Dumont D'Urville, Voyage au Pôle Sud et dans amie. Zoologie, T, IE, p. 552. (2) Prichard, Researches into the physical history of mankind, * IV, p. 266. (3) Dumont d’Urville, Voyage de l’Astrolabe. Hisloire du age, , L p. 149 et 151. (4) Dumont D'Urville, oidem, T. I, p. 250. ' 99% EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? Port-Jakson, y rencontra deux matelots Anglais qu's échappés au naufrage du bateau qui les portait, furent recueillis amicalement par les naturels de cette côte Qu) Les Australiens ont certainement des idées morales , ont des mots pour exprimer ces idées. C’est ce qui 7 sulte des observations faites par Collins et par BarringtoPs qui les ont étudiés avee soin. Ces sauvages applaudissen! aux actions de bonté et de générosité (2). Sans aucun doute ces malheureuses nations, que la nature semble avoir traitées en marâtre, sont, relativemel à nous, dans un état actuel d'infériorité, je dirai même de dégradation, qui semblerait, au premier abord; u faire des créatures parfaitement distinctes de notre &7 pèce. Mais si l’on considère, qu'il n’est peut-être pa sur la terre une nation qui soit placée dans des condition aussi exceptionnelles ; qui, assaillie presque constammél! par une affreuse misère, est obligée, depuis un temp” immémorial, pour pouvoir vivre sur une terre aus ne ly L (k | | | Î avare de ses dons, de s’isoler par petites tribus, devenu® bientôt étrangères les unes aux autres même par le ui: gage, on comprendra que les Australiens n'aient pu sk dégager jusqu'ici des langes de la barbarie, dans les” quels ils sont encore enveloppés. Is ont cependant, nous l’avons vu, de l'intelligence ë le sentiment moral; ils possèdent, à un haut degré» de mour de la famille et reconnaissent l’autorité d'un che” ces premiers fondements de toute société ; ils sont doué”! en un mot, des facultés nécessaires à tout progrès soi?" (4) Dumont d’Urville, Voyage de l’Astrolabe, T. I, p. 505. (2) Dumont D’Urville, {bidem, T. 1, p. 402. enr a "a rome 9e er ati re re c— DER L I A na EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? 995 Jusqu'ici aucune tentative sérieuse n’a êté faite pour les Hstruire et pour les arracher à la vie sauvage. Loin de à, ils ont été accueillis presque partout en ennemis par ï Colons anglais et les cruautés (1), quelquefois exer- “es sur eux, étaient de nature à les éloigner d’Hommes qui Mécénnaissaient à ce point les lois de la justice et de UManité, On n'est done pas en droit de conclure à Priori que les sauvages de la Nouvelle-Hollande soient élractaires aux idées de civilisation et que, placés dans ‘ conditions plus heureuses, ils soient incapables de élever à notre niveau. Les Nègres ont été jugés peut-être plus sévèrement core que les Australiens par les partisans de l'escla- Féé qu'il s'agissait de justifier, et l’on attribue au célèbre fanklin, cet ardent ami de la liberté, la définition sui- de : u Le Nègre est un animal qui mange le plus pos- ‘Sible et qui travaille le moïns possible. n Ce n’est pas © Nos jours seulement qu'on a argué de l’infériorité tive de certaines nations et de la distinction de plu- “ur espèces d'Hommes, pour étayer la doctrine si “OUvent reproduite de l'inégalité du droit à la liberté et QUE chercher à établir que la servitude est une institu-- On fondée sur la nature. Ces Hommes inférieurs auraient é, dit-on, créés pour servir l'espèce supérieure, sous | Protection de laquelle is seraient seulement suscepti- S de faire quelques progrès comparables à ceux qui $ o I paraît que certains colons anglais n’ont pas craint de tirer ‘ES malheureux sauvages, dans le seul but de donner leurs ca- res € pâture à leurs Chiens. C’est un auteur anglais qui l’affirme, ICharg, dans son Histoire naturelle de l'Homme (T. X, p. 9). uL, 15 Pr 996 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? s n0$ peuvent s’opérer, sous la même influence, dan e SÈ Chevaux et dans nos Chiens. Cette théorie désolant trouve déjà développée, avec une rigueur systématique? dans Aristote (1). | De nos jours, on s'est surtout appuyé sur l'état de dé gradation intellectuelle, où sont tombés la plupart des malheureux Nègres qui, pendant un si grand nombre _ de générations, ont vécu dans les colonies sous le jous le plus dur et le plus abrutissant. Elevés dans la plié complète ignorance, traités comme des bêtes de sommér ce genre d'éducation, si on peut se servir de cette EX pression, était peu propre à développer leur intelligent? naturelle et à féconder les qualités morales que les Ne- gres, comme nous l'établirons, possèdent à un ass€ haut degré, lorsqu'ils vivent de leur vie propre dans le” pays natal. u L’esclavage, dit F. Cuvier (2), la sourmissiO" » absolue à la volonté d'autrui est la situation la pl “ contraire au développement moral et intellectuel “ l'espèce humaine, dont un des caractères essenti®” “ consiste dans la liberté. Sans doute la liberté l'Homme, qui au fond réside dans sa pensée, n€ pet y être contrainte et, en ce sens, l'Homme réduit aus “ fonctions de bête de somme, pourrait n’être point cr “ clave. Mais la pensée, qui ne s'exerce pas, cesse piente LD : Q , e LA É n d’être active; or pourquoi s’exercerait la pensée de : | w Homme qui ne peut y conformer ses actions ? Et je ré , LEX : , alqu v malgré son état d’abjection, elle conservait quel] re 0 , . x Ê “ activité, sur quoi s'exercerait-elle? Le caractere el (4) Avistoteles, Politicorum lib. L, cap. 5, 5 et 6. (2) F. Cuvier, dans les Mémoires du Muséum, T. X Eee eee ——— EE or NB L f eee ES one De es : 2 Pad ps ie \ EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? 997 Mœurs des esclaves de tous les siècles sont ]à pour ÿ répondre, | L'histoire, en effet, fournit-elle un seul exemple d’un Peuple sur lequel l'esclavage n'ait pas produit le même l'ésultat? Les vices de la population d'Haïti et le gouverne- ent de l'Empereur Soulouque, cette parodie de nos insti-- lütions européennes, ne peuvent fournir un argument sé- “leux Contre le caractère de la race nègre en général; et SOUS Sommes obligés, quelque pénible que doive être cet Yu, de reconnaitre que leur dégradation actuelle a été otre Œuvre et la conséquence fatale de l'effroyable op- lésion dans laquelle les ont maintenus les planteurs lANÇais, Ilest certain que les habitants de l’ancienne Bartie espagnole de cette reine des Antilles sont très “lbérieurs à ceux de la partie française, et cette préémi- “Me doit être attribuée aux habitudes infiniment plus CUces et plus paternelles des maitres espagnols vis-à-vis turs esclaves. S documents présentés, le 19 mai 1829, au parlement Sais, prouvent l'immense supériorité d'intelligence ont les enfants nés de Nègres affranchis dans la colonie lerra-Leone, sur ceux des Nègres encore esclaves. K Pendant ils habitent la même contrée; mais les uns restés dans un état d’asservissement et d’ignorance, mes ont reçu un commencement d'éducation mo | % religieuse. On voit clairement, dans ce premier de” là civilisation des Nègres, les qualités intellec- “bles on-seulement plus développées, mais transmis Par hérédité. ('s Nègres nés au Brésil ont une intelligence bien plus “Ppée que celle des Nègres qu'on y transporte d’A- ” ; Se D in, om nn 998 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? frique. M. de Lisboa (4) a connu de ces Nègres créole doués des plus heureuses qualités de l'esprit et du eœt et capables du plus grand dévouement à leurs rnaitré” Mais ils sont traités par eux avec humanité et leur SUP? riorité intellectuelle et morale est d'autant plus renal” quable qu’elle n’est pas le fruit de l'étude; car is sof en général dépourvus de toute instruction. Elle résu uniquement de leur contact avec un milieu plus civilis®” quant à ceux qui trouvent au Brésil la rare occasion s’instruire dans les arts et dans les sciences, ils ÿ mon trent des dispositions naturelles et une persévérant remarquable (2). Dans les colonies anglaises d'Amérique les jeun gres se montrent dans les écoles aussi studieux et aus capables que les blanes (5): À Tombouctou tous les Nègres sont en état de Coran et même le savent par cœur. Ils font usaë s ul jire e l'écriture pour leur correspondance commerciale ? Jenné (4). | Cette race d'Hommes, qu’on nous représente C si abrutie, a donné naissance néanmoins à des Ho mme mi jelof Hi (1) Bulletin de la Société ethnologique, 1847, p. 34. Y op” Jacquemont (Voyage dans l'Inde, T. I, p. 114) fait la même servation sur les Nègres esclaves du cap de Bonne-Espérant®” goal, (2) Le Prince de Wicd-Neuwied, Voyage au Brésil. Paris: in-80, T. I, p. 112. (3) De Lisboa, dans le Bulletin de la Société et 4847, p. 170. | | | je (4) R. Caillié, Journal d’un voyage à T'emboctow et © dans l Afrique centrale. Paris, 1830, in-8°, T. I, p: 551. QUE pnolog"l EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? 929 distingués. Blumenbach (1), Bory de Saint-Vincent (2), “A Ont donné l’énumération : Nous ‘citerons seulement Mo, Capitan, Toussaint-Louverture, Christophe, Man- Zn. Nous pouvons ajouter à cette liste le Nègre Lillet- Coffroy, habile mathématicien, correspondant de l’Aca- mie des sciences dé Paris. Pour juger l'intelligence là race noire on peut consulter avec intérêt l’ouvrage € l'abpé Grégoire sur la littérature des Nègres. Mais, c’est surtout sur le sol d'où elles sont originaires où elles vivent indépendantes, qu'il faut étudier les tions nègres. C’est dans les conditions, qui constituent Pour elles l’état normal, qu’il convient de les observer. constate alors, qu'il y a chez elles tout autant de ariétés que dans la race blanche; que les diverses duplades noires présentent entre elles des différences “Mportantes, tant au physique qu'au moral; que quel- ls-unes ont des facultés très-grossières et d’autres s-levées (5) et qu'il existe, par conséquent parmi “LS, des variétés inférieures et des variétés supérieures. l'en est, qui sont repoussantes par leur extrême lai- °Ur et peu avancées sous. le rapport intellectuel; telles “nt celles qui habitent les côtes de Guinée jusqu’au fond © la baie de Bénin, par exemple, les Papels, les Bisagos, ; Balentes, les Biafares, ete. Mais à côté de ces Nègres e grades. il en est d’autres qui occupent certainement () ) Bory de Saint-Vincent, L'Homme, Essai zoologique sur le enre humain, éd. 2, 1827, T. I, p. 64. k : : 94 UMenbach, Beitrage zur Naturgeschichte, T. 1, p. 94. Dumoutier, dans le Bulletin de lu Société ethnologique, 7, D. 244. 250 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? des échelons plus élevés dans l’ordre de l'intelligence . de la beauté physique; tels sont les Mandingues: 1eS Bambaras, les Ashantis, les Aynapims, les Fantis 1e Intas et surtout les Feloupes et les Yolofs. Tous ces peuples noirs offrent dans les traits une régularité F7 marquable, présentent souvent la forme ovale du visas? qui rappelle le type hindou, les lèvres peu épaisses Je dents étroites et les oreilles assez petites. Tous jé distinguent aussi par des habitudes plus policées et pa une intelligence plus élevée. Leurs facultés affectives son? pour le moins aussi développées, si ce n’est plus, que dans Ja race blanche. Les Nègres sont généralemen" bons, honnêtes et surtout très-hospitaliers. Ils ne cons” dèrent pas l'hospitalité comme une vertu, mais comni”e un devoir sacré et ils l'exercent avec une générosité qu ne connait pas de bornes (1). Ils sont en général % mœurs douces et bienveillantes, partout où les mauvih traitements n’ont pas excité leur haine ou leur défiant? Si certaines tribus de la côte de Mozambique ou du Con8” se montrent aujourd’hui si insociables, peut-être n€ #2 il s’en prendre qu'aux marchands européens qui entré” (1) Isert, Voyages en Guinée et dans Les Iles Caraïbes en an rique, trad. franc. Paris, 1795, in-80, p. 268; Mollien, poy 4 dans l’intérieur de l'Afrique, aux sources du Sénégal él es Paris, 4820, in-80, T. I, p. 120 et 153, et T. IE, P- ; Voyage de Golbéry, dans Walckenaer, Histoire gêne des voyages, T. V, p. 425-450 ; R. Caillié, Journal d’un a Temboctou et à Jenné dans l'Afrique centrale, T. I; P: jé re Richard et John Lander, Journal d’une expédition entrepr ise Le but d'explorer le cours et l’embouchure du Niger, trad Paris, 1852, in-80, T. IL, p. 154; etc. EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES? 231 tiennent Ja discorde chez elles pour favoriser la traite, et AUX vices qu'ils ont empruntés à des nations qui se diserit Policées. Suivant le voyageur Isert (1), le vol était autre- lois trés-rare chez les Nègres, on peut même dire in- “onnu, avant l’arrivée des Européens. Tous les voyageurs s'accordent également à recon- Maitre que les Nègres ont la plus grandè affection pour Curs enfants et pour leurs parents, et ils citent des exem- Dles nombreux et des plus touchants de leur sensibilité. longo-Park, témoin d’un fait de ce genre, en fut vive- Ment impressionné. « Ces naïfs enfants de la nature, " dit-il, ne savent pas se contraindre et se livrent à leurs "émotions de la manière la plus forte et la plus expres- " Sive, Cette scène touchante, ajoute-t-1l, me convainquit ” Pleinement que, quelle que soit la différence qui existe ‘entre le Nègre et l'Européen dans la conformation de leurs traits et dans la couleur de leur peau, ln'yena ” Aucune dans les douces affections et les sentiments que " là nature leur inspire à l’un et à l'autre (2). » On dit que les Nègres sont paresseux. Cela est vrai Chez ceux qui, dans les colonies, sont soumis à une dure svitude, et pourrait-on les blämer”? Quel intérêt auraient- 1 à travailler pour des maitres durs, avides et exigeants ? Mélioreraient-ils par là la situation de leur famille? Nul- “ent. Le seul motif qui les aiguillonne est un motif lisant : la crainte du fouet. Mais que la fainéantise Soit Chez eux une disposition naturelle, c’est ce qu'on ne À) Isert, Ibidem, p. 200. * ) Mongo-Park, Voyage dans l'intérieur de l'Afrique, trad. NC. Paris, an viij, in-8°, T. I, p. 129. 252 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? peut raisonnablement admettre, alors qu'une foule de témoignages attestent que, dans leur pays natal et à F état d'indépendance, ils se montrent laborieux. Tous Je voyageurs, qui les ont visités, qui ont longtemps vécu parmi eux, tels que Mongo-Park, René Caillié, le major Denham, Mollien, le capitaine Claperton, les frères Lan” der, le docteur Levingston, G. Andersson, ete., l'aflif ment unanimement. Ainsi il est constant que les Man7 dingues, les Bambaras, les Yolofs et les autres peuples noirs qui habitent les vallées du Sénégal et du Nig jusqu'à Tombouctou, ont des habitudes agricoles, in dustrielles et commerciales très-développées. Les habi tants de Jenné, dit René Caillié (1) sont industrieux; Mi ne sont plus ces Nègres bruts et sauvages que l’auteur À vus dans le Sud; ce sont des Hommes intelligents qui exercent toutes sortes de métiers. , : s sal Dans toutes ces contrées, ils possèdent un ordre S0€* : déjà très-avaneé et la police s’y exerce au nom du pri6s Les gouvernements nègres protégent les caravanes, mêm® en temps de guerre, et, sous ce rapport, ils sont pli avancés que nous (2). Qu'ils soient susceptibles de faire de nouveaux progrès dans cette voie, c’est ce que défi il est permis d'assurer; l'expérience en est faite et pi poursuit avec succès : nous faisons ici allusion à Ja réf publique de Liberia (5), fondée eAlepuis À 1820 à l extrémité . R. Caillié, Journal d’un voyage à Temboctou et à. Jent® j c., T. I, p. 208. j à Mollien, Voyage dans l’intérieur de l'Afrique, elc Ve p. 227; D’Eckstein, dans le Bulletin de la Société ethnologia#” 4847, p. 85. (5) Cette république est déjà reconnue par les Etats-Unis ur rique, par le Brésil, PAngleterre, la Prusse, la gs: et la Fra EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES? 239 Nord de la Guinée, sur l'emplacement même où se tenait, 4Yant l'abolition de la traite, le principal marché à es- laves de la côte occidentale ; elle est attachée là aux ns du Continent africain, sous les meilleures condi- lions de vitalité, non-seulement pour se développer ra- Pidement, mais pour porter peut-être le drapeau d’une Milisation avancée sur cette immense partie du Monde. À prospérité de cette république noire est un fait con- {Solant pour l'humanité et prouve, une fois de plus, que S Nègres ne sont pas indignes d’être placés au rang nations. Nous n'avons pas du reste plus de droit de Conclure du passé des Nègres contre l'avenir qui leur est léSCryé, que les Romains n’en avaient d’arguer, contre Venir des Gaulois et des Germains, de la barbarie dans quelle ils voyaient ces peuples. Pour justifier, autant que possible, la conduite souvent Arbare de ces troupes d’aventuriers intrépides, qui firent : Conquête du Nouveau-Monde, presque tous les histo- lens qu siècle dernier et des siècles précédents, s’accor- Ent à refuser l'intelligence aux Américains et le disent OU toutes les formes. Les Espagnols, qui les observèrent Pour Ja première fois, les regardèrent comme étant d'une SSpèce inférieure à la nôtre et soulevèrent même la ques- lon de savoir s’ils sont des Hommes ou des animaux (4). lo, cet ennemi impitoyable de la race Américaine, les “OMpare à des brutes, il affirme qu'ils ne pensent pas : Sexprime ainsi à ce sujet : u En la raza de Indios CS necesario distinguir los actos y operaciones de ” Entendimiento de las que son de pura manipulacion () Herrera, Decadas H, lib. I, p. 15. #. FF Sr SE à à! 4 r H £ > D .#p) cé + (4, Î \ #2 j . 4 E : ( At IN . l i % :: | LA A : ;\ fi ; Pr i ÿ UE + A HV LÀ At og ONE pes La \ 1184: 4 L Ÿ { CN 2 À } 5.4 3 F-10 LE : en 1 à | : 2 1 > ; 1 : * }! id Fa D: | ÿ À £ 254 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? “ Oo industria..…. En los primeros son totalmente n€7 “ gados, torpisimos y sin descernimiento, ni compié” hension (1). . Il fallut l'autorité d'une bulle du Pape pour détruire cette opinion et pour convaincre les Espagnols, que jes Américains sont des Hommes et doivent à ce tilfé jouir de tous les droits de l'humanité (2). Néanmoil beaucoup d'écrivains, sans aller aussi loin que leurs pré- décesseurs, ont admis comme un fait démontré que lé Américains sont stupides ; tels sont Bouguer (5), de Chanvalon (4), P. Venegas (5), de Pauw (6), et R0° bertson (7). Joseph Acosta (8) fait exception parmi Jes anciens historiens de l'Amérique; il en a jugé les habi- tants beaucoup moins défavorablement et s’élève méme avec force contre ceux qui prétendent qu'ils sont dé- pourvus d’entendement. Les voyageurs modernes, SU (4) Ulloa, Noticias americanas. Madrid, 4772. (2) Torquemada, Monarquia Indiana. Madrid, 1723, in-f” III, p. 498. (5) Bouguer, Voyage au Pérou. Paris, 1749, p. 102. (4) De Chanvalon, Voyage à la Martinique. Paris, 1765, in-A° p. 44 et suiv. T. (5) P. Venegas, Histoire naturelle et civile de La Californie trad. franc. Paris, 1767, in-12, T. I, p. 85 et 90. (6) De Pauw, Recherches philosophiques sur les Américains Berlin, 1770, in-12, T. IL, p. 155 et suiv. (7) Robertson, Histoire de l’ Amérique, tad. franc. Paris, in-40, T, II, p. 581. . (8) J. Acosta, Ilisioire naturelle el morale des Indes 6 orientales qu'occidentales, rad. franc. Paris, 1616, in-12; el suiv, 1778 ant VA p. 27° EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES? 239 Alex. de Humboldt (1) et Ale. d'Orbigny (2) qui les ont étudiés avec soin, reconnaissent que leurs facultés intel- lectuelles et Jeurs qualités affectives ne sont pas au-des- Sous de celles des autres Hommes. La richesse et l'élégance de leurs langues suffisent Seules déjà pour donner une idée juste et avantageuse ds Américains. Leurs idiomes si expressifs et qu'animent lant de comparaisons si naives; la clarté et la facilité L'élocution de plusieurs des peuples de l'Amérique Mé- 'idionale, tels que les Quichuas, les Yuracarès, les Pa- lagons, les Araucanos, et même les Pécherais si miséra- les et si dégénérés sous le rapport physique, sont-elles des preuves de la faiblesse de la pensée, dela stérilité de prit? u Cent fois, dit Ale. d’Orbigny (5), nous avons ! entendu ces Hommes, traités de brutes, haranguer les " leurs des heures entières, sans hésiter un seul instant. " Leurs intonations sont des plus variées et tour à tour " attendrissent ou exaltent leur auditoire. Est-ce là le fait d'êtres qui ne pensent pas ? n Les Quichuas et les Aymaras étaient en Amérique les Peuples les plus doux et les plus hospitaliers. Les Arau- nos, les Charruas, les Mbocobis, les Puelches, ete., Ont des nations actives et douées d’un grand courage. k combattirent, avec un acharnement incroyable, les Spagnols à leur arrivée et, depuis trois siècles, ils ont U Alex. de Humboldt, Voyage aux régions équinoxiales du Vuveau Continent, T. VIL, p. 64 et passim. (2) Ale. D'Orbigny, Comptes rendus de l’Académie des sciehces de Paris, T. VIL p. 571. (5) Ale. D'Orbigny, Voyage dans l'Amérique Méridionale, T. IV, part, 4, p. 81. 256 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? mieux aimé se voir sans cesse décimer, que de jamais reconnaitre leurs lois et leur autorité. Ce n’est certaine ment pas là une preuve de faiblesse et de dégradation (4) Chez les Américains on n’observe pas moins de variétés que chez les Nègres, soit sous le rapport de la confor- mation physique, soit sous celui du degré de civilisations oùils sont parvenus. S'il est, parmi eux des nations qui comme les Pécherais, les Esquimaux, ete., ont subi l'effet de la vie misérable qu’ils mènent et sont dans un éfi! d'infériorité physique et morale, il n’en est pas ainsi de tous les peuples du Nouveau Continent. Les ancien peuples du Chili et du Nord de l'Amérique étaient el sont encore d’un esprit assez cultivé, en comparaison de ceux qui habitent les bords du Maragon et de l'Orénoqué” Leurs occupations sont plus variées, leur système de p0° lice et de guerre mieux combiné, leurs arts plus n0oM7 breux. Certains peuples avaient su et cela, par eu*T mêmes, s'élever à un certain degré de civilisation. C'est ainsi que les anciens habitants du plateau de Bogota, à l’époque de la conquête, vivaient sous up gouvernement régulier et sous l'autorité d’un roi, 6007 struisaient des maisons et avaient fondé des villes. Getté : population était surtout agricole; la propriété était établie chez elle et maintenue par des lois observées avec soin Elle connaissait l’art de tisser des étoffes et de se vétir @): Chez les anciens Mexicains l’agriculture et l'industfi® . ? Q « z . A n il avaient également fait des progrès notables ; ils étalél 4" ° T Fe EST [Css (4) Ale. D’Orbigny, Voyage dans l'Amérique méridionale; © T. IV, part. I, p. 84 et 86. ; re | , fouev0 (2) Piedrahita, Historia general de las Conquistas del Now Reyno de Grenada, p. 46. | EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? 257, habiles dans la pratique de différents arts utiles et agréables. Ils cultivaient le Maïs, la Patate, le Piment et le Manioc, qu'ils savaient débarrasser de son suc vénéneux. IS avaient domestiqué le Dindon, plusieurs espèces de Canards et un petit Carnassier, l’Anco (1). Le droit de Propriété était également respecté parmi eux. Îls vivaient dans des villes considérables et avaient construit des Monuments qui peuvent rivaliser avec ceux de l'antique Eevpte. Ils connaissaient l’art d’exploiter les mines, de lravailler les métaux que leur sol recèle et d’en fabriquer des ouvrages remarquables par leur exécution. Des cour- riers publics transmettaient les ordres du gouvernement. à mémoire des événements était conservée par des fi- Sures peintes sur des peaux, sur des toiles de coton qu'ils SVaient tisser, sur des écorces d'arbres. Ces précieux leStes de l’histoire des Mexicains ont malheureusement été brûlés, comme monuments d’idolâtrie, par les pre- Miers missionnaires (2). Enfin, chose bien remarquable, is avaient une connaissance presque exacte de la gran- deur de l'année, qu'ils divisaient en 18 mois de 20 jours Chacun et ils intercallaient, à la fin de leur grand eyele de 104 ans, des jours complémentaires avec plus d’exactitude Que ne l'ont faitles Egyptiens, les Grecs et les Romains (3). Et cependant, il n’y avait que 150 ans que les Mexicains Elaient réunis en corps de nation, qu’ils avaient adopté Crégime monarchique, et Montezuma était leur neuvième roi (4). (1) Herrera, Decadas I, liv. VIE, cap. 12. Or: Acosta, Historia natural y moral de las Fndias. Sevilla, 1590, in-4o, lib. VI, cap. 7. (5) Laplace, Exposition du système du Monde, éd. 3, p. 554. (4) J. Acosta, Zbidem, lib. VIL, cap. 8. 258 EXISTE-T-IL DES RACES INPÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? Les Péruviens étaient encore plus avancés. Non-seule- ment ils avaient édifié la ville de Cusco et son magnifique temple du soleil, construit des ponts suspendus et établi de belles routes qui traversaient tout l'empire, et dont l’une s’étendait sur une longueur de neuf cents lieues (4): Mais l'architecture était chez eux un art déjà florissant, comme le prouvent les immenses monuments qu'ils avaient élevés et les bas-reliefs qui les ornaient (2). L'a griculture était plus étendue et pratiquée avec plus d'her bileté que dans aucune autre partie de l'Amérique; 8 avaient des systèmes d'irrigation et employaient le guan0 comme engrais. Outre les plantes potagères des Mexi- cains, ils cultivaient la pomme de terre, qui croit natü= rellement dans leurs montagnes, et c'est d'eux que nous tenons ce précieux tubercule, sans lequel l'Europe n€ nourrirait plus aujourd’hui ses nombreux habitants. Par une prévoyance admirable, les produits d’une partie des cultures étaient conservés dans des magasins publics pour subvenir aux besoins qu'une mauvaise récolte pouval! développer (3). Enfin ils avaient réduit à l'état de do” mesticité le Lama et possédaient aussi l’Alpaca, qui n'en est vraisemblablement qu’une race. Sous la protection de l'Homme, ces Caméliens s'étaient fort multipliés ; leuf (1) Anello Oliva, Histoire du Pérou, trad, de l'espagnol. Paris 1857, in-16, p. 19. Le père Oliva, qui à longtemps vécu au Péro" : , Ts » «cé de à une époque peu éloignée de celle de la conquête, nous a laissé curieux documents sur l’histoire de ce pays. (2) Alc. D’Orbigny, Voyage dans l’Amérique Méridionale- Planches d’antiquités, n° 4, G et 7. (5) Robertson, Histoire de l'Amérique, trad. franc. Paris, 1778) in-49, T. IL, p. 542 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? 239 line habillait les Péruviens et leur chair les nourrissait. $ Lama était employé chez eux comme bête de somme (1) ils étaient en Amérique les seuls peuples pasteurs. Les Péruviens conservaient aussi, par des signes sym- ‘liques, les annales de Ja nation. Ces signes étaient lommés quipos et consistaient en cordelettes de diffé “Entes couleurs, auxquelles on faisait des nœuds. Ils ‘rent inventés sous le règne de Mayta Capac Amaru, Par un favori de ce prince nommé Ylla. La garde en “Rit confiée à des espèces de chroniqueurs publics lommés Quipocamayus (2). Is avaient des poëtes et le Charme avec lequel ils peignent l'amour, annonce cer- Rinement en eux des perceptions vives et une sensibilité émarquable (5). Il n’est pas rare de trouver aujourd’hui &S individus parlant jusqu'à trois ou quatre langues; fait même est presque général, comme Alex. de Umboldt l’a observé (4). Ils avaient aussi calculé l’année Solaire, les révolutions lunaires et possédaient un sys- me de constellations très-ingénieux. Le docteur Martius (5) a observé chez plusieurs tribus (1) Zarate, Historia del Descubrimiento y Conquista de las Tovincias del Peru. Sevilla, 4577, in-f°, lib. 4, cap. 14. (2) Anello Oliva, Histoire du Pérou, trad., p. 22 et 25. (5) Alec. D’Orbigny, Voyage dans l'Amérique Méridionale, T. > Part, {, p. 82. Les Araucanos, nation plus guerrière, avaient “Ssi des poëtes chargés de retracer-les belles actions de leurs rois Wcilasso, Comment. de las Incas, p. 34, 57, 67, 77, elc.), (9) Alex. de Humboldt, Voyage aux régions équinoxiales du veau Continent, T. HE, p. 308. 6) Martius, Ueber die Vergangenheit und die Zukunft der Mericanischer Menschheit. 240 EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? américaines des traces d'anciennes institutions, qui Sa blent n'avoir pu naître qu'au milieu d'une civilisatio® assez avancée et qui indiquent un état social fort él loigné de la simplicité primitive. Ainsi, il trouve chez elles des formes très-complexes de gouvernement, des monarchie qui ne sont pas de purs despotismes, des ordres privé giés, des cérémonies d’investiture pour certaines dignités: une ordination sacerdotale, un corps de lois bien lié dans toutes ses parties et régissant le mariage, les héritages les relations de parenté, bien d’autres’ coutumes enfin qui ne contrastent pas moins que celles-ci avec les pabi” tudes simples et irréfléchies des nations restées toujours étrangères à la civilisation. La situation, dans laque” nous trouvons les sauvages Américains, ne serait dont pas leur état primitif et ces nations nous offriraient Jes restes d’une race qui a été anciennement placée asst’ haut dans l'échelle de la civilisation (1); l'Homme poli®” serait retombé dans l’état sauvage. Rien ne prouve done que les peuples, même les arriérés, ne puissent, soit par eux-mêmes, soit par Jeu’ contact avec des peuples policés, naitre à la vie social? et s’y perfectionner. N’est-il pas constant, du reste; qe des nations qui marchent aujourd’hui à la tête de la © vilisation, étaient, il y. a vingt siècles, dans un état pie? voisin de la barbarie. De nos jours encore n'y at-il pe des peuples de race blanche, les pauvres laboureuf® l'Est de l'Europe, par exemple, que les institutions fo” dales ont maintenus dans une situation de véritable 27° Jection sociale? Les peuples Russe, Polonais, Serbe: j plus (4) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, T. I, p- 78. EXISTE-T-IL DES RACES INFÉRIEURES ET SUPÉRIEURES ? 241 SONt civilisés qu'à la surface; les hautes classes seules S'y lrouvent en possession de nos idées; mais les masses Montrent une invincible inaptitude à se confondre dans € Mouvement du monde occidental, bien qu’elles soient : réliennes depuis tant de siècles et que plusieurs même lent été avant nous (1). Il en sera ainsi tant qu'elles léSteront assujetties au joug de la servitude. D’une fütre Part, plusieurs nations de l'Asie, autrefois très Policées et placées, sous tous les rapports, bien au-dessus Sous les autres peuples, sont aujourd’hui profondément échues. Faut-il citer l'Egypte, la Nubie, l’Assyrie, la se, l'Inde, ete. ? u En maintenant l'unité de l'espèce ? humaine, dit Alex, de Humboldt (2), nous rejetons, par Une conséquence nécessaire, la distinction désolante ” dés races supérieures et des races inférieures. Sans Monte, il est des familles de peuples plus susceptibles " de Culture, plus civilisées, plus éclairées; mais il n’en " est pas de plus nobles que les autres. Toutes sont ? Également faites pour la liberté, non pour cette liberté * Qui, dans un état de société peu avancé, n'appartient qu’à l'individu; mais qui, chez les nations appelées à M jouissance de véritables institutions politiques, est le * droit de la communauté tout entière. n S'il est possible d'apprécier, à une époque déterminée * la vie des sociétés humaines, le degré de civilisation S Peuples et de les classer sous ce rapport, l’histoire ‘US montre que ce ne sont pas toujours les mêmes () De Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines. MS, 1853, in-80, T. I, p. 122. @) Alex. de Humboldt, Cosmos, Essai d’une description physi- ° du Globe, trad. par M. Faye, Paris, 4846, T. I, p. 450. n. ; 16 au RS ue om ” ns ———— enter en ne qe ES TA AD 2 ON ER AT 242 _ CONCLUSIONS DU CHAPITRE. fractions du genre humain, qui se sont trouvées au pre” mier rang; que la supériorité ou l’infériorité ne sont pi stables et se sont fréquemment déplacées, qu’elles "on! par conséquent rien de primitif, rien d’inhérent à ui variété spéciale de notre espèce. Nous croyons pouvoir conclure des faits exposés dan ce chapitre : 4° Que les différences physiques et physiologiques observées sur les nombreuses variétés d'Hommes d” peuplent la surface de la terre, sont analogues à celle’ que nous présentent chacune de nos espèces d’ animau domestiques depuis longtemps asservies, et qu’elles son! même chez l'Homme généralement moins saillantes; 20 Que la doctrine de la supériorité ou de l'infér rorit® originelles et permanentes des différentes races pus maines ne peut pas être acceptée; qu'elles sont tout” susceptibles de se perfectionner et de se dégrader sou rapport physique comme sous le rapport moral. CHAPITRE I. EXAMEN DES CAUSES AUXQUELLES ON À ATTRIBUÉ LES DIFFÉ—- RENCES QUE PRÉSENTENT ENTRE EUX LES HOMMES DANS LES DIVERSES RÉGIONS DU GLOBE. Dans le chapitre précédent, nous avons exposé les Mérences principales que présentent entre elles les Tombreuses variétés d'Hommes. Nous avons comparé S dissemblances aux modifications si importantes qui ‘€ sont produites chez les animaux domestiques et nous \Vons constaté que, chez l'Homme, elles sont moins Mofondes et ont par conséquent moins de valeur comme ractères différentiels. L'Homme, soumis sur les divers 0ints de la terre à des conditions d'existence les plus Mariés et même les plus opposées, en ce qui concerne © climat, le genre de vie, les usages, les habitudes, l’état “Ocial, etc., doit être nécessairement soumis à cette ème loi de variabilité que nous avons reconnue chez S animaux domestiques et chez les plantes cultivées, AC, comme lui, dans des situations très-différentes. Jous reste à rechercher si, dans l’état actuel de la (lEnce, il est possible de saisir les corrélations de causes “lets et d'établir l'origine des innombrables variétés nt se compose la grande famille humaine. 4 Couleur si nuancée de la peau, chez les diverses tions répandues à la surface du Globe, a de tout temps 244 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU- vivement fixé l'attention et l’on a ER bien des théo” ries pour l'expliquer. Nous ne nous arrêterons P% : combattre l'opinion assez bizarre du Père Lafiteau; qu _ pensait que les Nègres naissent noirs et les Caraïbe rouges, à cause de l'habitude qu’avaient leurs premier pères de se peindre en noir ou en rouge; les Négresst? en voyant leurs maris barbouiïllés de noir en eurent re magination si frappée que leur race s’en ressentit pouf jamais; de mème pour les Caraïbes (1). Cette explicatioP est du reste celle qu'imagina Hippocrate, dans une cit” constance spéciale que nous avons fait connaitre, c'est” à-dire, pour sauver une malheureuse Femme, qui aval mis au monde un enfant noir et qui était accusée d'a” dultère par son mari. Rien ne prouve que le père de © médecine ait admis sérieusement la possibilité du fait Nous ne discuterons pas non plus la théorie de Barrère 0) qui attribue à la bile la coloration de la peau humain? A ni celle de Lecat (5), qui cherche à expliquer les diffé” rences de couleur qui distinguent les Hommes, p% ] x ’ , . ‘ ÊT ne sais quel mélange de suc nerveux et d’un liquide * crété par les papilles des téguments communs (4): (4) Nos ancêtres, les Galls, se teignaient le corps avee un€ ge stance bleue, extraite du Pastel (C-J. Cæsar, De belo gallict #7 V, cap. 24); et cependant nous n’avons pas la peau de celte coulet Aujourd’hui encore beaucoup de peuplades sauvages se peigne" corps de diverses couleurs. peu (2) Barrère, Dissertation sur La cause physique de La €0" des Nègres. Perpignan, 1741, in-12. er” (3) Lecat, Traité de la couleur de la peau humaine, ete: uE dam, 1765, in-80. la : : + ES à rs SE, (4) Les diverses opinions émises par des anciens auteut | a+ rm FE æ | CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 245 Mais une opinion, bien plus accréditée, qui a été sou- lenue par des Hommes éminents à toutes les époques ct qui Compte encore aujourd’hui des partisans, est celle qui attribue la couleur de la peau à l'influence du climat. f anciens, qui ne connaissaient guère que les noirs de be, les considéraient unanimement comme faisant la “nière nuance des peuples basanés et ils croyaient que “ qui produit la noirceur de ces peuples était la trop Sande ardeur du soleil à laquelle ils sont perpétuelle- Ment exposés. ü Tant qu’une faible partie de la terre, ! dit Alex. de Hamboldt (1), fut ouverte aux peuples de ° l'Occident, des vues exclusives sur les races humaines à dominérent parmi eux; la chaleur brülante des tropi- Ques et la couleur noire du teint semblèrent insépara- Mbles, y C'était en effet l'opinion de Théodectès (2) et CIE paraît avoir été générale chez les Grecs et chez les “Mains, Strabon (3) la donne comme admise par ses ONemporains. Elle s’est propagée jusque dans les temps Modernes ; elle fut adoptée par Blumenbach (4), par Mmermann (5) et, suivant Buffon (6), l'Homme blane “tation de la peau sont rapportées dans Albinus (De sede et causa is Æthiopum, etc. Lugduni Batavorum, 1737, in-40). (1) Alex. de Humboldt, Cosmos, Essai d’une description physi- *e du Monde, trad. franç. Paris, 1846, in-80, T. I, p. 140. ja Theodectès, In Sérabonis rerum geographicarum lib. XV, G) Strabo, Rerum geographicarum lib. XV, $ 11. @) Blumenbach, De generis humani varielate nativa, éd. 5°, Mnge, 1795, in-19, p. 134 et seq. v (6) Zimmermann, Geographische Geschichte des Menschen, etc., bL p, 77. 16) Buffon, Histoire naturelle, T. IX, p. I. —- eme 7 Ù ET Pr. SE 2 F 246 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU: en Europe, noir en Afrique, jaune en Asie et rou3€ ue Amérique, n’est que le même Homme teint de la € couleur du climat. L'Homme, devenu cosmopolite, est exposé ce effet aux températures atmosphériques les plus extrèmes il supporte sur les bords du Sénégal un degré de chalet” qui fait bouillir l'alcool; dans le Nord-Est de l'Asie il ré” siste à un froid qui ne le mercure solide et malléable: Certains faits paraissent, au premier abord, confirmer cette manière de voir. Si de la Norwége on remonte vers l'équateur, on voit la couleur de l'Homme se modifier e . peu à peu, de blanche devenir basanée, puis brini## enfin, dans le Soudan, les Hommes sont noirs. Mais, c'est réellement au climat qu'il faut attribuer ces tions, les mêmes causes ont dû produire partout 0 effets analogues et cette observation doit être conf” mée par d'autres. Nous ferons observer toutefois; qu'e Europe même, les Lapons, avec leur teint fortement Dé sané, forment déjà une exception remarquable, à oil | qu’on n’admette, comme le veulent certains auteurs: qu le froid extrême produise le même effet qu'une chale” tropicale. Mais les Islandais, qui vivent sous la même ssl ütude que les Lapons et sont exposés à un froid au intense, ont la peau très-blanche, les cheveux plonds les yeux bleus (1). Aujourd’hui, que les progrès de la navigation ZE penis d'explorer presque toutes les régions de la Lerrés qu'un immense besoin de savoir a poussé les voyag° s à pénétrer dans l'intérieur des Continents jusque-R 1n6 sf plorés, une foule de faits ont été recueillis, qui in ? 4 (1) Mallet, Voyage en Norwége, 1786, in-4°, T. EL, p- Fo CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 247 ‘nfirmer Ja théorie qui fut en faveur depuis les temps *S plus reculés jusqu’à nos jours, et la cause véritable des différences de coloration chez l'Homme est devenue, Mme nous le verrons, fort difficile à préciser. En ef ffet, la moitié orientale de l'Asie, depuis le 70° de “at, bor. jusqu’au voisinage de l’équateur, offre tous les degrés de température, toutes les variations possibles de dimat et se trouve à peu près peuplée par un seul et même ty pe humain, la race mongole. Or la couleur de À peau parait être, chez les Mongols, d'autant plus loncée qu'ils habitent sous une latitude plus septentrio— Male, Les Chinois les plus méridionaux sont les moins Colorés (1); les Samoïèdes et les Tongouses, bien que Want sur les bords de la mer glaciale, sont au contraire 8 plus basanés (2). Nous trouvons donc ici un fait dia- - Nétralement opposé à celui que nous avons cité tout bord et si, négligeant tous les autres, nous nous bor- "lions à considérer la race mongole, nous arriverions à “ le conclusion opposée à celle de Buffon, et tout aussi Peu justifiée, savoir que la couleur de l'Homme est T'autant plus foncée qu’il habite un pays plus froid. Mais Une foule de faits démontrent que la couleur de la peau “maine n’est pas en rapport avec la chaleur du climat, El nous en trouvons des preuves nombreuses dans cha- “ne des grandes divisions du globe terrestre. Ainsi en Asie, nous observons à côté des Géorgiens et D mririnénéiishentius Sonaix à ge see ol rad Ru. TT: RE L D Le + agen pes : on pr ee gg = s és Ste AT genre . : Lac era ET . É x d AR = ” Bb hp # % — = es (1) Bory de Saint-Vincent, Dictionnaire classique d'histoire “alurelle, T. VUI, p. 301. (2) Edimburg Review, Ethnologie of the science of Races, 1848, D. 455. SERRES 248 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU: des Circassiens si remarquables par la blancheur de leur peau, les Kalmouks qui sont bruns. Non loin des Cache” miriens qui sont blancs ou presque blancs, et sous le même latitude, nous voyons les habitants du Népaul qui maigré la grande élévation de leurs montagnes €t le cli- mat tempéré qui en résulte, ont la peau noire, tandis que les Bengalis, leurs voisins plus méridionaux et vivanl dans les plaines, ont seulement la peau couleur de calè brûlé clair. Les Malais les moins foncés en couleur hab tent sous l'équateur, à Bornéo et à Macassar. Les Ain ou habitants des iles Kuriles ont le teint d’un brun ve dâtre foncé, analogue à celui des Ecrevisses vivantes; ils sont en outre les plus velus et les plus barbus de tous Jes Hommes et contrastent par ces caractères et par les traits du visage avec leurs voisins, les Mantchoux, les Chinoïf les Japonais et les Aléoutes de l'ile Saint-Laurent et de l'archipel de Béring. Les Lapons sont petits et très-bruns de peau et prés d'eux sont les Finois qui ont une taille élevée et le rein très-blane (1); les Groenlandais présentent aussi les mêmes différences, si on les compare aux Islandais. En Amérique il n'existait pas, au moment de la dé- couverte, de véritables Nègres et Colomb fut très-surplis de ne pas trouver d'Hommes noirs à cheveux crépu’ lorsqu'il aborda en Amérique, à 4° seulement de l'équ® teur; et cependant, l’action du climat devrait avoir Pal” tout la même puissance qu'en Afrique, si la théorie qu attribue la couleur noire de la peau à l'influence solaire est réellement fondée. Mais l'étude des peuplades amêrlr (1) €. Linnæus, Fauna suecica. Stockholmiæ, 1764, p. 1: CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 249 Caines prouve qu'il n'existe pas de rapports constants | tre la chaleur du climat et la coloration de la peau. Les Californiens, et surtout ceux de la nouvelle Cali- lornie, sont de tous les peuples de cet immense conti- tinent ceux dont le teint est le plus foncé et cependant ik sont déjà très-éloignés de l'équateur (L). Les Otoma- QUes et les Guamos ont aussi la peau d’une nuance obs- Cure, bien qu'ils habitent les hautes montagnes de la Guyanne (2). Les Puelches et les Patagons, qui vivent dans un climat froid, ont la peau d’un brun olivâtre et ien plus foncée que les Abipons, les Mocobis, les Tobas “ toutes les autres hordes du Chaco, qui parcourent des Plaines brülantes entre le 9° et 10° de latitude australe (3). Les Charruas dont, il y a quelques années, on à pu voir à Paris plusieurs représentants, avaient pour patrie la Banda orientale et l'Entre-Rios et se distinguaient par Une teinte noirâtre plus prononcée que celles des Muli-- tres (4); cette malheureuse peuplade a été, de nos jours, OMplétement exterminée. Les indigènes du Mexique Mt le teint plus basané que les habitants des pays les Plus chauds de l'Amérique Méridionale (5). Les Quichuas (1) La Pérouse, Voyage autour du Monde. Paris, 1797, in-49, ‘IL p. 263. @) Alex. de Humboldt, Voyage aux régions équinoxiales du veau Continent. Paris, 1816, in-80, T. VII, p. 211. (6) Dobrizhofer, Historia de Abiponibus, T. IL, p. 17; Alc. vs Voyage dans l'Amérique Méridionale, T. IV, part. 1, , 0, : (4) Ale. d'Orbigny, 1bidem, T. IV, part. 4, p. 40. G) Alex. de Humboldt, Essai polilique sur le royaume de la ouvelle Espagne, éd. 2. Paris, 1825, in-80, T. [, p. 558. RSR Re Tnt ie oo mé por prop ape Léman nn ie ps gr rm = RE ér FE A es — > à + dus hi aude — _— Fr Re, # d pi a ntentirtateste re rer teen crriee 7 atirnthe 7 * à Dre Re Re Sn EN dE, dE ms 950 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU: et les Aymaras, qui habitent les plateaux les plus élevés de la Cordillière des Andes et sont exposés à une tempé rature relativement très-froide, sont les plus basanés de la race ando-péruvienne (1). Ce qui donne plus d'in- portance encore à ce dernier fait, c’est que ces Améri” cains montagnards sont vêtus, et l'ont été long gtemp® avant la conquête ; chez eux les parties du corps; qui sont couvertes, ne sont pas moins brunes que celles dU restent exposés à l'air. u Partout on s'aperçoit, dit Ales: “ de Humboldt (2), que la couleur de l'Américain dépend “ très-peu de la ee. locale dans laquelle nous Je . # voyons actuellement. : Cela est si vrai que, parmi les peuplades du Nouveal Monde, il en est qui, fixées dans les vallées les plus brülantes, complétement nues et depuis des siècles directement exposées aux rayons perpendiculaires du soleil ont la peau blanche ; tels sont les Guaïacas Cano-Chiguire, que le père Caulin nomme GuariboS blancos (3), les Guaharibos du Rio-Gehette, les Guaia nares de l’Ocamo, les Ojos de l'Orénoque et les Maqu£” ritarès des sources du Padamo, du ao et du Ventual” qui habitent sous la ligne. Cependant ils ne présente aucun signe d'albinisme; ils jouissent de la plénitude 4° leurs forces ; on ne peut même admettre qu'ils se soie} (4) Ale. d’Orbigny, Foyage dans l Amérique méridionale; TA part. 4, p. 59. . du (2) Alex. de Humboldt, Foyage aux régions équinomiales nouveau Continent, T. I, p. 558. jicé : ” : angetr (5) Le père Caulin, Historia corografica, natural y evañg « a" » , qu VE de la Nueva Andalucia, provincia de Cumana, Guayan&» ÿ tientes del rio Orinoco. Madrid, 1779, in-f°, p. 84. CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 291 Mélés aux Européens et ils se trouvent entourés d’au- tres peuplades d’un brun noirâtre (1). Les Indiens Caya- Was, qui habitent près des sources du Rio-Branco, au Brésil, ont aussi la peau comparativement très-claire et Plusieurs de ceux, que M. Francis de Castelnau vit à Al- buquerque, avaient même les cheveux blonds; on lui donna l'assurance qu'ils étaient de pur sang (2). Dans d’autres parties du Brésil et dans l'Uraguay on trouve Encore d’autres tribus au teint blanchâtre, mais à un Moindre degré que les précédentes; telles sont celles des Arivirianos, des Pandacotos et des Paravenas de l’Eve- lato, des Viras et des Ariguas du Caura, des Mologagos et des Guayanas (5). À Guayaquil, les naturels ne sont pas asanés, ni olivâtres et ont les cheveux blonds, ce qui les distingue des habitants de la province de Quito et des Péruviens : cela est d'autant plus étonnant, dit Ulloa, qui | lapporte ce fait (4), que leur climat est extrêmement Chaud. | Les historiens du X VE siècle affirment que les premiers Davigateurs qui ont abordé au promontoire de Paria, si- lé sous les tropiques, y ont vu des Hommes blancs, à (1) Alex. de Humbold, Voyage aux régions équinoxiales du Nouvegu Continent, T. IL, p. 366, et T. VII, p. 208 et Essai Politique sur Le royaume de la Nouvelle Espagne, T. E, p- 559. (2) F. de Castelnau, Zxpédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud. Histoire du voyage. Paris, 1850, in-8°9, T. IH, D. 596. (8) Alex. de Humboldt, Voyage aux régions équinoæiales du Nouveau Continent, T. VIL, p. 210. (4) Don Ulloa, Voyage historique de l'Amérique Méridionale. “ris, 4759, in-4e, T. I, p. 145. 18 LA NOURRITURE. tation en partie végétale ou réciproquement, on doit s’at— tendre à rencontrer, chez des animaux devenus excep- tionnellement omnivores, des changements encore plus marqués. C’est ainsi qu'on à pu habituer les Moutons des Schetlands et des Orcades à se nourrir de Varees et de Poissons secs pendant une partie de l'année (1); qu’au Groenland le Chien mange les débris de la pêche, et qu'il se nourrit d’Algues marines lorsque le Poisson manque (2) ; que les Porcs peuvent vivre en tout ou en partie de chair; que les Chats de nos habitations, au lieu de se repaitre, comme dans l’état de nature, exclu- sivement de proie vivante, suivent, surtout chez les ha- bitants pauvres des campagnes, un régime en grande partie végétal. Des modifications aussi importantes dans l'alimentation en déterminent nécessairement dans l’or- ganisme : le tube digestif lui-même n’échappe pas à la variation ; il éprouve des changements marqués dans son ampleur et dans sa longueur, comme on l’a positi- vement constaté sur le Chat, sur le Pore, etc. Mais il n’est pas même nécessaire de modifier aussi radicalement Ia nature du régime alimentaire, pour ob- server des variations dans l’ampleur de l'estomac, dans la longueur du tube intestinal. Chez les animaux do- mestiques herbivores, qui n’ont jamais abandonné l'usage d'un régime végétal, le_canal digestif se modifie et se met en rapport avec la quantité de substance alimentaire. (4) David Low, Histoire naturelle agricole des animaux do- mestiques. Le Mouton, p. 15. (2) Alex. de Humboldt, F’oyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent. Paris, 1816, in-8°, T. VL, p. 168. LA NOURRITURE. 19 qu'il recoit habituellement. C’est un fait connu, que les races distinguées ont ordinairement les intestins moins volumineux que les bêtes de race commune, et l’on doit attribuer Cette circonstance à ce que, recevant, presque depuis leur naissance, des aliments très-substantiels et Qui contiennent beaucoup de matière nutritive sous un petit Volume, le canal intestinal est moins distendu que dans les animaux qui ont été nourris avec des aliments plus Srossiers (1). Mais cette première modification en éRlraine d’autres dans la conformation générale de l’ani- Mal. Ainsi une nourriture peu substantielle et très-abon- dante nécessite le développement de l'estomac et des Ilestins, mais le tronc lui-même, pour loger ces or Sanes distendus, s'agrandit dans toutes ses dimensions. Pour Supporter cetie masse élargie, les membres sont Plus écartés les uns des autres, et souvent deviennent Aussi plus courts. Ces phénomènes sont surtout sensibles, lorsqu'à l'abondance de la nourriture se joint le défaut d'exercice, qui entraine la tendance à l'obésité; qui di- Minue l’activité et Ja force de ces animaux. Ils se modi fient non-seulement dans leurs formes, mais prennent des habitudes appropriées à leur genre de vie et trans- Mettent ces caractères à leurs descendants. Ces faits ont Et observés principalement chez les Bœufs, les Moutons les Porcs (2). nfin, nous avons la preuve de l'influence du régime dans Ja ressemblance que présentent les animaux qui (DPF. Villeroy, L’éleveur de bêtes à cornes, éd. 2, p. 93, (2) Daviq Low, Histoire naturelle agricole des animaux do- Méstiques. Le Cochon, p. 19 et 20, EL isoler er jen …vé 2e M] Rp mme prame Lie Re Tr 954 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU: neux des maladies eutanées et l’épiderme est aussi lisse sur ces parties que partout ailleurs. L'Afrique, depuis le 25° de latitude boréale jusqu'au 59° de latitude australe, est peuplée d'Hommes noirs; mais dans ces limites, il existe aussi des peuples à peau brunts couleur chocolat ou simplement basanée. Suivant Pri- chard (1) les Gallas-Edjows sont presque blancs, et Ce7 pendant ils vivent sous l'équateur. Les Nègres, qui habitent les hautes montagnes de la Guinée, ne sont pas moi noirs que ceux qui avoisinent les côtes (2). Les Abyssin$ les plus noirs habitent les plateaux les plus élevés de l'Abyssinie. Dans l'Océanie on trouve côte à côte deux types d8 coloration tout aussi différents que le sont les autres € ractères physiques : tels sont les Nègres Océaniens à pe noire et les Polynésiens à peau simplement basanée. Le5 anciens Tasmaniens, noirs comme des Nègres du Cong0r bien qu'habitant un climat analogue à celui de la Franc£? contrastent, sous tous les rapports, avec leurs voisins les Nouveaux-Zélandais, et il en est de même des habi tants de l'archipel Salomon, des Nouvelles-Hébridef des îles Viti, avec les indigènes de Tonga, d'Ham0* et de Taïti. Enfin les Polynésiens, répandus depuis le 20° de lat. nord jusqu'au 50° de lat. sud et qui occupent par conséquent 70° de latitude, sont tous basanés ets chose remarquable, les plus éloignés de l'équateur; les œ Prichard, Researches into the physical History of Mankind éd. 5. London, 1857, T. IE, p. 158 et ic. & Alex. de Humboldt, Essai politique sur le royaume de #4 Nouvelle Espagne, T. I, p. 558. CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 255 : Nouveaux-Zélandais et les indigènes des iles Sandwich, Sont bien plus foncés que les sauvages des Marquises, des iles de la Société et des iles des Amis. A l'ile Sainte- Christine, l’une des Marquises, les Femmes et les jeunes Sens ont la peau presque aussi blanche que celle des Européens (D) et cependant cet archipel est situé sous és tropiques. | Si l'on compare entre eux tous les peuples placés entre les mêmes parallèles, sur toute la circonférence du Globe, Nous trouvons, par exemple, en dehors du tropique du Capricorne les Nouveaux-Zélandais, les Australiens, les Malais, les Cafres, les Hottentots, les Namaquois, les Puelches, les Patagons, les Araucaniens, les Fuégiens, @e., c’est-à-dire, des Hommes qui différent beaucoup ttre eux par les teintes de la peau. Si nous prenons un Autre exemple dans l'hémisphère boréal et que nous Considérions les nations, qui habitent sous la même lati- tüde que la France, c’est-à-dire, entre les #2° et 51° de ktitude nord, nous rencontrons les Circassiens à peau lès-blanche et les Kirghuis à peau brune, les Mongols à Peau jaune ou basanée, les Aïtos ou habitants des Kuriles À peau presque noire, les Nootka-Columbiens à peau dsanée, les Noirs Californiens, les Peaux-Rouges de la Vallée arrosée par le fleuve Saint-Laurent, etc. Si nous adoptons une zone intermédiaire aux précé- dentes et, qu’au lieu de nous guider sur les latitudes Séographiques, nous prenions au contraire les lignes Sothermiques ; si nous suivons, par exemple, l'équateur () Cook, Sicond voyage, trad. frane. Paris, 4777, in-40, T, LK, l 268, r 256 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. de chaleur, nous trouvons, d’après les cartes isotherni- ques du professeur Berghaus, que cet équateur traversé l'Afrique centrale environ sous le 10° de latitude nord, rencontre sur sa route Cobé, la capitale du Darfour Kouka sur le lac Tchad, Kano non loin de l'embouchuft d'un des affluents du Niger, qu’il entre ensuite dan$ la Guinée supérieure, franchit l'Atlantique, traverse la mef des Antilles en longeant les côtes du Vénézuela et de la Nouvelle Grenade, coupe l'isthme de Panama et crois dans le grand Océan l'équateur terrestre, passe à Ja Nouvelle Guinée et au nord de Java, touche à Sumatf®: à Pondichéry, et à la côte de Malabar, pour regagne} l'Afrique près du cap Guardafui. Or, sous cette lig0® d'extrême chaleur atmosphérique, on trouve des Hommé® de bien des nuances : il y en a de noirs, de bruns, de basanés, de jaunes. Et pourquoi n’en serait-il pas ainsh lorsque nous avons vu des Hommes de même race, V7 vant pêle-mêle dans le même pays, varier cependant du blanc au brun et même au noir, comme les Hindous, les Arabes, les Foulabs, ete., nous en offrent des exemples Enfin, ne voyons-nous pas fréquemment chez nous’ que les enfants d’un même père différent souvent par L, nuance de la peau? Et n’observons-nous pas entre lé habitants de nos villes et ceux de nos campagnes U° différence sous ce rapport? Le teint du villageois n’est” pas presque toujours plus foncé que celui du citadin- . Nous ajouterons encore que tous les Singes, qui vivent sous la zone torride, n’ont pas été noircis par le sole! Chez le Chimpanzé, bien qu’à pelage complétement noir, la face, qui est nue, est de couleur rosée. L'Orans Outang n’a pas la peau noire. Si l'on excepte les deu CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 257 Seuls Mangabeys à robe d’un noir de. suie, toutes les Jenons africaines ont le pelage tirant sur le verdâtre "U la couleur marron plus ou moins claire et leur peau Dipnte de rose, de bleu ou de blanc pur au visage ct : Oreilles, et cependant, elles. habitent, comme le sMpanzé, à côté des Nègres de Guinée ou.de Mozam- que, les plus noirs de tous les Hommes. Au contraire F Mnopithèques asiatiques ont presque tous le pelage dir ou brun foncé et, sans exception, la peau du visage 8 mains est d’un noir de Nègre; ils vivent néanmoins JS le même pays que ces populations malaises, dont sement les plus blanches habitent sous l'équateur (1). Une autre part l'Ours blanc, dont la patrie se trouve MS les régions glacées du pôle, a Ja peau et la langue “couleur ardoisée et les lèvres parfaitement noires. Du reste une autre série de faits vient démontrer, que Mluence de la chaleur solaire, sur la coloration de la AU, n’est pas aussi puissante que le pensait Buffon. Les Nègres, transportés dans l'Amérique du Nord, de- Puis l'époque de la conquête, sous un climat bien diffé- “eut de celui de leur sol natal, n’ont perdu aucun des nes de leur origine africaine. Les Anglo-Américains les Français du Canada n’ont pas pris la couleur des Jrons et.des froquois. Les Portugais, établis au Brésil, ent du, si la couleur brune des indigènes était l'effet KR Climat, prendre aussi cette couleur après quelques érations, et cependant ils ne différent pas, sous ce *Pport, comme sous tous les autres, de leurs ancêtres ’ 1) Desmoutins, Histoire naturelle des races humaines. Paris, * in-8o, p. 495. Ie è Ram 2e Le EP es Lente Eee =, on Pre = : = Re is Lax PS EOTT ul "7 : rs TG ne ap ee SC CAT ACER A F ù La TR er À . AE ga Voter ie 4 à Ge : basis Em Re À Ÿ er tee pre pare dr pepe ms ce : “: es es au ") dé EC rc mr + 958 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU: nés en Europe, lorsqu'ils ne se sont pas alliés aux ind gônes ou aux Nègres. Ils vont cependant très-souvent * la chasse et à la pêche et sont suffisamment exposés k l'ardeur du soleil (1). On peut en dire tout autant des autres peuples Européens, Espagnols, Français, DanoF! qui ont créé des colonies aux Antilles et dans les parties les plus chaudes du Nouveau Monde ; il était cependan! difficile d'arriver dans un climat qui fit plus de contrasté avec celui des pays qu'ils habitaient antérieureme? Don Ulloa (2) assure même qu'à Guayaquil les enfan”? nés de père et de mère Espagnols, ont la peau plus plan che qu’en Europe et qu'ils ont les cheveux blonds. Les Hollandais, établis au cap de Bonne-Espéranc£: ! qui plus est dans les îles de la Sonde, y ont conseite leur teint blanc, marqué de taches de rousseur Gr] parait même, qu’au Cap, leurs Femmes ont un tél? blanc rosé, plus pur encore que dans leur pays natal (} s , Pis { :né£: Les Portugais, qui se sont fixés sur la côte de Guiné ; + s a dès le XV° siècle et au commencement du XVF sur ? l a” côte de Mozambique, n'ont pas perdu leur couleur 7 : " g à at” tionale (5). Les Arabes qui, plusieurs siècles avant 2 182 (1) Le prince de Wied-Neawied, Voyage au Brésil. Paris io l in-8°, T, If, p. 510; et White, Account of the regular grad# of man. London, 1799, in-4°, p. 412. 7 (2) Don Ulloa, Voyage historique de l'Amérique Méridion® T. E, p. 145. ÿ- (5) Marsden, Histoire de Sumatra, trad. franc. Paris 1785 89, T. 1, p. 88. 16! (4) Desmoxlins, Histoire naturelle des races humaine$» r (5) Salt, Voyage en Abyssinie, trad. franc. Paris, 1816, Fe DV TR in-3°’ GAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU, 259 livée des Portugais, avaient fondé des établissements sur lie même partie de la côte orientale d'Afrique, y comp- lent encore aujourd'hui des descendants qui n’ont pas Pris la couleur des peuples de race nègre, au milieu “Squels ils vivent, depuis plus de six siècles (4). Les Rohillas, colonie d'Afgans, établis, depuis l’avé- dément de la dynastie Patane au trône de Delhy, au IE siècle, et cela au sud du Gange, sous un climat Si chaud que celui de la Guinée, n’ont pas perdu le ‘Int blanc de la race indo- germanique, à laquelle ils WPartiennent : ils n'ont pas vu noircir leurs yeux bleus, M leurs cheveux blonds (2). Dans des conditions météo- ‘logiques entièrement opposées, un rameau de la même lice, les Norwégiens, fixés dépuis 800 ans sur les côtes Mospitalières de l'Islande, n'ont pas pris, sous le climat ts Peuples hyperboréens, la couleur de la peau des La- ‘ns et des Esquimaux. Ces Hommes sont restés les ‘Mes, sous tous les rapports, sur les deux points les % opposés du Globe, où se sont étendus, depuis long- “ps, les peuples de race caucasique (3). & ‘ocope (4) signale, dans cette partie de l'Atlas qu'il Signe sous le nom de Mons aurasius et qui est connue Wourd'hui sous celui d’Auress ou d’Aurès, une race ‘Mmes, qui n’est pas brune ou noirâtre comme les ures, mais qui a la peau blanche et les cheveux blonds. docteur Shaw (5) les a retrouvés dans les mêmes (1) Salt, @) Desm ($) Desm (4) Voyage en Abyssinie, T. I, p. 94. Oulins, Hist. nat. des races humaines, p. 162 et 168. oulins, Zbidem, p. 168. TOCopius Cæsariensis, De bello Vandalico lib. IL, cap. 15. d Shaw, Voyage dans plusieurs provinces de la Barbarie et “ant, trad, franc. Lahaye, 1743, in-40, T. 1, p. 449. Li a : RE er ES M ie 4 de ü 5 amer e : Ts ns De RSS à EE nt net nel te aus PES: ENTER ; it : D pere Er PERE RÉ cd de — is Re Te Ÿ Déni RE 960 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU: montagnes ét les distingue parfaitement par leur peatl blanche, leur visage coloré, leurs: yeux bleus et Jeu cheveux d’un blond jaunâtre, des Kabyles à peau très” basanée, dont ils parlent la langue. Bory de Saint-Vi” cent (1) les considère comme les descendants des Van” dâles qui, lors de l'expédition de Bélisaire, se réfugiéret! en grand nombre dans les montagnes de l’intérieur et 06 la côte. Le docteur Guyon (2), qui les a étudiés ave” soin, partage cette opinion. Mais ils ne forment pas: pe jourd’hui du moins, une tribu distinete ; ils prédomine? seulément dans certaines peuplades. Ils sont très- non” breux dans la petite ville de. Menna, située au sud de” vallée de Sidi-Nadji et plus particulièrement encore daf la tribu des Mouchayas. Ils se distinguent, non-seulem? par les caractères déjà indiqués, mais aussi par l'absen° du lobule de l'oreille, qui fait également défaut chez " Cagots des Pyrénées et ceux-ci sont, à n'en pas doute” les descendants des Goths, ainsi que plusieurs auteui l'ont établi. Si cette opinion est vrai, es peuples n°4 raient done rien perdu de leur couleur, pendant plus treize sièéles sous un climat si différent de celui du no! de l'Europe. Si, au contraire, comme le soutient pr” chard (5), elle n’est pas fondée, le fait serait encore. probant, puisque cette race aurait, au milieu de pop® . tions três-basanées, conservé depuis une antiquité pe” (1) Bory de Saint-Vincent, Comptes rendus de y Académti® F sciences. de Paris, T. XX, p. 1825, : | @) Guyon, Jbidem, T. XXI, pe 1588, et TKXVIL-P+ 25. | (5) Prichard, Histoire naturelle de F Homme, trad. frané7 p. 558. GAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU, 261 lus reculée des caractères qui la rapproche des races Strmaniques. Mais il est des faits plus anciens encore, qui viennent j l'appui des précédents. Les Malais:ne sont certainement Dès autochtones dans les îles de la Sonde et dans les hilippines, dont ils n'habitent le plus souvent que les Côtes, tandis que les montagnes de l’intérieur servent core de refuge aux peuples primitifs de cesiles, aux lourous, qui y ont été refoulés par la race conquérante, \une époque dont l’histoire n’a pas conservé le souvenir. (8 deux races, toujours en présence et toujours enne- Mies, ne se sont pas mêlées, et sous le même climat ont “Onservé leurs caractères distinctifs et leur coloration, une chez les Malais, couleur de suie chez les Alfourous, Le pendant ces derniers habitent des montagnes assez “levées et les Malais, pêcheurs et navigateurs intrépides, Sont constamment exposés sur les côtes à l’aetion du leil des tropiques. | La chaleur artificielle ne semble pas avoir une action Plus Srande. Nos ouvriers européens, qui fondent et qui # nent les métaux, sont exposés douze heures sur | Mgt-quatre à une température bien plus élevée que ‘lle de la zone torride ; il en est de même des verriers, ces professions se sont maintenues souvent dans les Rémes familles pendant plusieurs générations. Cepen- “Ut lorsque par le lavage on les débarrasse de Ia Couche de poussière et de fumée qui ternit leur peau, sa cheur naturelle renait immédiatement. Les forgerons nt Certainement plus blanes que nos laboureurs. + N'est done pas à la température que sont dues les “érenccs de coloration de la peau de l'Homme. Serait- 262 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU+ ce à l’action directe des rayons solaires sur l'enveloppé cutanée ou même simplement à l'action de l'air? L® peuples nus seraient-ils toujours Les plus foncés en COUT leur? Les Nègres et les Papous sembleraient justifier cette opinion ; mais On trouve sous les mêmes Jativudess où sont situées la Nigritie et la Nouvelle Guinée, les pet ples de race polynésienne, qui vivent dans un état com plet de nudité ou sont seulement pourvus d’un éuroi maro et cependant ils sont bien loin d’être noirs: M trouvons-nous pas, dans l'Amérique tropicale, à côté de peuples d’un brun foncé, des tribus à peau presque bla” che? et néanmoins les uns et les autres ne font pas usa89 de vêtements. Les Quichuas et les Aymaras, qui save! très-bien tiser le poil du Lama et de la Vigogne et be | comme nous l'avons vu, portaient des vêtements ie? avant l’époque de la conquête, ne sont pas moins foncé en couleur, et peut-être même davantage, que les pet” plades nues qui les avoisinent et qui sont par conséquer toujours exposées aux rayons perpendiculaires d’un 50 de ardent (1). La race mongole porte partout des vêle” ments, et la couleur de la peau est loin d’être la méme chez tous les peuples qui constituent ce grand embran” chement de l'espèce humaine. D'une autre part, il résulte des observations d'Al d'Orbigny dans l'Amérique du Sud, et de Troyer da l'Inde, que chez les nations à peau brune ou noiratre face exposée au grand air est souvent, et peut-être ei habituellement, plus claire que le reste du corps apr , la € (1) Alex. de Humboldt, Essai politique sur le royaume d Nouvelle Espagne, T. 1, p. 359. CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 263 Par des vêtements. M. Combes affirme également qué le Même fait se produit aussi en Abyssinie (1). Enfin, chez %S Métis américains et chez les métis hindous, lorsqu’à À Suite de plusieurs croisements successifs avec les Eu- “Opéens, la couleur foncée à complétement disparu de ‘Out le reste du corps, elle persiste encore, quoique af- blie, sur les parties de l'enveloppe cutanée qui, chez nations sauvages, sont ordinairement les seules qui Soient habituellement couvertes d’un voile (2). Chez tous S peuples noirs la paume des mains et la plante des Deds sont toujours plus pâles que les autres parties de À Surface du corps. | | Cependant il ne faut pas être trop absolu; car il'est des faits qui semblent infirmer les précédents. Les Euro- Péens, qui s’exposent peu à l'air, ont le teint plus blane Je les laboureurs et les manœuvres; mais cette diffé= “nce de teinte n’atteint le plus souvent que la face et S Mains, et en hiver nos paysans ont ces mêmes organes ins basanés. Du reste le fils du paysan le plus bruni alt blane et reste tel pendant toute sa vie, s’il ne s’ex- ee Pas aux mêmes influences que son père. Chacun : “at aussi que le voyageur, qui explore à pied une con- lée Méridionale ou septentrionale, peu importe, rentre nu loyer domestique avec le visage et les mains hâlés ; il en est de même de nos soldats en campagne ; que AL effet n’atteint que les parties dénudées et que la limite S vêtements forme aussi celle de la nuance plus foncée. (4) (à) Bulletin de la Société ethnologique, 1846, p. 78. Bulletin de lu Société ethnologique, 1846, p. 51. 96% CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. Volney (1) a constaté le même fait chez les Indiens vêtus de l'Amérique septentrionale. Mais cette modification g la coloration, due évidemment à l'exposition prolongé® à l'air, n’est ordinairement que momentanée et dispara plus ou moins rapidement par le séjour dans nos hab tations, et ne parait pas être héréditaire. L'action de l'air sur la teinte dé la peau est, du reste, bien connue-.de nos dames ; l'usage du voile et des gants n’a pas d'autre objet que de conserver la blancheur de leur peau. cet action peut même s'exercer avec une certaine intenslé? comme les Maures nous en offrent un exemple saillant ? u Les Maures, dit Poiret (2), ne sont point naturellemef" v noirs, malgré le proverbe, et comme le pensent plu” n sieurs écrivains; mais ils naissent blancs et resten! “ blancs toute leur vie, quand leurs travaux ne les ex” “ posent pas aux ardeurs du soleil. Dans les villes we v Femmes ont une blancheur si éclatante qu'elles écliP” seraient la plupart de nos Européennes ; mais les Mat “ resques montagnardes, sans cesse brülées par le sole! “ et presque toujours à moitié nues, deviennent, mêr® s dès l'enfance, d’une couleur brune qui approche peat » coup de celle de la suie. » C’est aussi un fait assez général que, chez les poP tions caucasiennes, mongoles ou polynésiennes; Femmes, lorsqu'elles ne se livrent pas aux plus rude” travaux et restent dans des habitations closes, occupé” des soins du ménage, ont toujours le teint plus clair que ul s. LA (4) Volney, Tableau du climat et du sol des Etats-Unis ; mérique. Paris, 1825, in-8°, p. 585. (2) Poiret, Voyage en Barbarie. Paris, 4789, in-8°, T. LP: sl: CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU, 265 les Hommes. Cependant deux auteurs modernes aflir- Ment qu'aux Sandwich les chefs et les Femmes sont , L d'autant plus foncés en couleur qu’ils se renferment da-. Yantage dans leurs cases et qu'ils s’exposent moins à Pinfluence de l'air et du soleil; que les Femmes ont tou- | Jours la peau plus foncée que les Hommes, et que les | enfants naissent d’un beau noir de suie, tandis que les sens du peuple exposés aux rayons solaires sont beau- Coup plus blancs. Mais ces deux auteurs n’ont jamais Voyagé dans la Mer du Sud et sont formellement. contre- dits par les autorités les plus imposantes, par tous les Voyageurs qui ont vu précisément le contraire, non- Seulement aux Sandwich, mais dans toutes les îles de la Polynésie : nous pouvons citer Forster (1), Cook (2), Lesson (3), Krusenstern (4), Moœrenhout (5), Dumont d'Urville (6), Quoy et Gaimard (7), etc. On n’observe Pas toutefois que cette influence s'exerce sur les peuples (1) Forster, Second voyage de Cook, T. V, p. 209, 211 et 215, CUT, 11, p, 268. (2) Cook,” Premier voyage, Coll. d'Hawksworth, T. IT, p.448 et Troisième voyage, lrad. franc. Paris, 1785, in-80, T. JE, p. 55. (5) Lesson, Histoire naturelle des Mammifères et des Oiseaux découverts depuis 1788, faisant partie des Suites à Buffon, éd. Baudoin. Paris, 1828, in-80, T. II. Races humaines, p. 65. (4) Krusenstern, Voyage autour du-Monde de 1803 à 1806 sur la Nadicjeda et la Neva, in-8°. (5) Mœrenhout, Voyages aux iles du grand Océan. Paris, 1857; PONT I, p. 51. (6) Dumont D'Urville, Voyage de l’Astrolabe. Histoire du Voyage, T. II, p. 228. (7) Quoy et Gaimard, dans le Voyage de l’Astrolube. Zoologie, = in p. 26, Al REPÉRER SR er PR Se nr - RE a le a ne 266 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. noirs ou.très-bruns; ils paraissent y être réfractaires (L) La sécheresse ou l'humidité de l'air auraient-elles sur la coloration de la peau de l'Homme une influence pré- pondérante? Quelques faits, recueillis par Ale. d’Orbign}: tendraient à le faire penser. Il cite, par exemple, les Quichuas et les Aymaras, qui habitent les plateaux les plus élevés des Andes, où il pleut rarement, où le sol est dépourvu d'ombre, où il règne constamment une grande sécheresse; ils sont très-bruns et il en est ainsi également des peuples de même race qui vivent sur le versant 00° cidental de ces immenses montagnes jusqu’au littoral de l'Océan pacifique et qui sont soumis aux mêmes influen” ces météorologiques, si on en excepte les différences de température. Mais descend-t-on le versant oriental, 0h traverse un sol boisé et humide et l’on arrive dans UP pays, où il pleut presque toute l’année, chez les Yuracarës qui, comme les nations précédentes, appartiennent à Ja grande famille ando-péruvienne ; on voit successivement décroitre la teinte de la peau au fur et à mesure qué l'atmosphère est plus humide et plus chaude. En sui- vant les mêmes montagnes vers l'extrémité australe du Nouveau Continent, nous trouvons les Araucanos qu! deviennent plus pâles dans les parties les plus mérir dionales, mais aussi les plus froides et les plus humides. de cette grande chaine. Enfin les Fuégiens, perdus 2" sein des régions brumeuses et glacées de la Terre de Feu, nous montrent un teint plus clair encore (2). (4) Alex. de Humboldt, Æssai politique sur le royaume de le Nouvelle Espagne, T. I, p. 358. (2) Ale. d'Orbigny, Voyage dans l'Amérique Méridionule- Pa: ris, 1859-1843, in-49, T. IV, part. 4, p. 39. CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 267 La race pampéenne offre un exemple analogue. Ainsi les Patagons et les Puelches, qui errent continuellement dans des plaines sèches et arides, sont très-bruns, tandis que les Chiquitéens qui habitent un pays humide et boisé Ont déjà perdu en partie la teinte foncée de leur race et SL affaiblissement de la coloration est bien plus sensible “hcore chez les Maxéens, qui vivent dans des plaines Chaudes, mais souvent inondées (D). L'Afrique nous présente des faits du même genre. Si l'on compare les habitants du Darfour et de l'Ouaday, on trouve une différence de couleur assez marquée; mais tes deux contrées voisines sont loin de se ressembler Sous le rapport de l’état hygrométrique de l'air. Voici du léste ce que l’on trouve à ce sujet dans le voyage du Cheyk el Tunsi : u Le Ouaday a un peu plus de largeur " que le Darfour, mais il a moins de longueur; son ter- " Fitoire est d’une nature plus généreuse : il y a en cela " la différence d'aujourd'hui à hier, du soleil à la lune, “d'un parterre à un désert, du paradis au grand feu. I "y a bien, il est vrai, au Darfour quelques lieux dont le " sol se rapproche par ses qualités de celui du Ouaday ; "Mais la plus grande partie du Darfour est une terre " Sablonneuse, altérée et presque sans eau. Mais au ! Quaday, presque partout abondent des courants d’eaux " Vives ; presque partout des arbres en végétation, tou- " jours retentissants des chants- des Oiseaux (2). n Il dit tilleurs que les Ouadayens ont une couleur simplement onzée et que les indigènes du Darfour sont au contraire (4) Ale. d'Orbigny, Zbidem, p. 40. (2) Voyage du Cheyk et Tunsi, chap. 1, p. 259. nie be 2" mt Re nd à sr 2e Eine ro - ST © mr mr + - PE” creer ugdrkits définir are a me RE AR PA ASS is LUE LAS PROS Ne ra nn 268 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU: extrêmement noirs. Le même contraste existe entre le Cordofan et le Taggali; ces deux contrées sont placées sous la même Jatitude que les deux précédentes et leur sont limitrophes: la couleur des habitants est en rappo!! avec le degré de sécheresse de l’un et d'humidité de l’autre (1). Les Arabes qui habitent, de temps immém0" rial, ces mêmes parties de l'Afrique, sont bien plus prun$ dans le Darfour que dans le Ouaday; ces derniers pré sentent même la nuance claire des Egyptiens (2). LS Arabes du désert de Lybie sont d’un brun foncé, et même noirs comme les Nègres, tout en conservant intégr rale- ment les autres signes caractéristiques de Jeur race, tan7 dis que les Arabes Hassanies, qui habitent les rives 0M7 bragées du Nil, sous le 42° de latitude, et se mettent à l'abri des inondations dans des huttes élevées sur de pieux, sont seulement basanés (3). Les Touariks, qui présentent le type caucasien et Par raissent avoir avec les Berbères de l'Atlas une origine commune, varient beaucoup, comme nous l'avons V quant à leur couleur. Ils sont très-foncés ou même noirs dans les parties les plus sèches de la limite méridionale du Sahara. Les Tibbouns qui, comme les Touariks, ont les traits européens et qui habitent les confins arides dû désert de Lybie, contrastent par la couleur très-noire de leur peau, avec leurs voisins les Nubiens, à peau d'uP Î (4) 3. W. de Muller, Des causes de la coloration de la pe 5 Pur des différences dans la forme du crâne, au point de vue de nilé du genre humain. Stuttgart, 1853, in-49, p. 50. (2) Voyage du Cheyk el Tunsi, chap. 9, p. 400. (5) J.-W. de Muller, Zbidem, p. 54. CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 269 brun elair, qui vivent sous la même parallèle, mais dans là vallée chaude, humide et souvent inondée du Nil (4). Tous ces faits et plusieurs autres, qu’on pourrait en- Core produire, semblent confirmer cette idée que l'état hygrométrique de l'air a une influence marquée sur la Couleur de la peau. Ces faits même sont trop nombreux - Pour qu’on nie, d’une manière absolue, toute action de Cet agent météorologique. Mais cette action n’est certai- Nement pas prépondérante et ne peut expliquer que des différences de teintes plus ou moins rapprochées. Il existe, en effet, des observations positives qui vien Rent infirmer ces premiers faits. Nous avons déjà parlé des Arabes Shegya, qui habitent la vallée du Nil au-dessus de Dongola ; ils sont voisins par conséquent des Arabes assanies, soumis aux mêmes influences climatériques Et cependant ils sont d’un noir de geai pur suivant Waddington, cité par Prichard (2). Parmi les tribus qui habitent près du lac N'gami, dans l'Afrique australe, se louvent les Bayéyés, dont la peau est couleur de suie et Cependant leur pays est coupé de rivières et de larges Marais qu'ombrage une riche végétation (3). Les Nègres, qui vivent sur les côtes marécageuses de L Sénégambie, n’ont rien perdu de Ja coloration de leur / de RE Gr M Pi “ a Ge ae TÉ re" nd in tuicé (1) J.-W. de Muller, Des causes de la coloration de la peau et OR en. 1 WI x à À LA des différences duns la forme du crûne, ete., p. 54. (2) Prichard, Histoire naturelle de l’Homme, trad, franc, T. F, D. 209. (5) €. Andersson, Lake N’gami, or explorations and discove- € lies during four years wanderings in the wilds of South-Western Africa, in-89, London, 1856. net) PE ns Ce aen Énic rmcee Lean = " ER ER 970 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. peau et ceux qui habitent, dans le même pays, les mon” tagnes opposées à l'Océan Atlantique et rafraichies p2f les vents humides venant de cette mer, n’en sont p® moins d'un noir intense. Les iles Viti présentent les mêmes conditions atm0” sphériques que les archipels de Tonga, d'Hamoa, de Taïti; et néanmoins dans les premières de ces iles, les indigènes sont noirs et, dans les autres, ils ont seulement le teint basané. La Nouvelle Guinée et les Marquises noU$ offrent la même ressembiance sous le rapport de l'état hygroscopique de l'air et le même contraste dans le teint de leurs habitants. Les insulaires de Vanikoro, si triste” ment célèbre par le naufrage de linfortuné Lapérouse sont couleur de suie et cependant Ja partie habitable de cette ile élevée est très-marécageuse et malsaine. Les Tasmaniens êt les nouveaux Zélandais, placés, pendant tant de siècles, les uns et les autres, dars des iles mon tagneuses et analogues sous le rapport des qualités dé l'air, sont bien loin d’avoir la même coloration du tégu- ment commun. Enfin est-il besoin de rappeler que les colons eur0” péens, placés dans des pays dont les conditions hygro” métriques sont très-diverses, n'ont pas été, ou ont 3 peine été modifiés et encore temporairement. Si la séche resse de l'air suffisait seule pour brunir ou pour noireif la peau, les Européens qui, depuis trois, six et même£ « douze siècles, sont exposés à de semblables influencef auraient dû prendre la teinte particulière des populations au milieu desquelles ils ont vécu pendant une long” suite de générations. La raréfaction de l'air atmosphérique, en modifiant CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU. 271 l'acte respiratoire, n'aurait-elle aucune action sur le dépôt Plus où moins foncé et plus ou moins abondant du pig- Ment à Ja surface du derme? Le Baron J. W. de Muller, Qui à beaucoup voyagé en Afrique, qui a longtemps ob- SCrvé les Nègres dans leur pays natal, a soutenu cette idée et a voulu même l'appuyer sur des données scien üfiques. Il fait observer tout d'abord que, d'après les re- cherches chimiques de MM. Schleiden et Schmidt, pro- lesseurs à l'Université de Léna (1), le pigment est très-riche tn carbone et contient ordinairement du fer. M. Schloss- berger, professeur à l'Université de Tubingen, admet les Mêmes faits, mais les précise davantage; suivant ce chi- Miste distingué (2), le pigment du Nègre sé compose de 70 à 89 p. 0/0 de carbone. Ce premier point établi, ML. de Muller rappelle que chez l'Homme qui habite les Contrées glacées du pôle ou les régions les plus chaudes dé la zone torride, il n’existe aucune différence dans le Nombre des inspirations; elles s'élèvent, dans tous les Climats, à 19 où 20 par minute. Mais la quantité en poids d'oxygène aspiré, se réglant aussi d’après la densité de l'air et celle-ci étant déterminée par la température ex- érieure, il s'en suit que, près des pôles, chaque inspi- falion apporte plus d'oxygène aux poumons et que l'Homme y consomme plus de ce gaz qu'entre les tropi- Ques. Sous cette dernière latitude l’air est très-raréfié et, Pénétrant en moindre proportion dans l'organe pulmo- Maire, ne suffit plus pour consumer tout le carbone sur- (4) Encyclopädie der Naturiwissenschaften. Braunscheveig, 1860, T. 111, p. 246. @) Schlossberger, Lehrbuch der organischen Chemie. er PRES 2 7. RE ES age meta 972 CAUSES DES DIFFÉRENCES DE COLORATION DE LA PEAU: abondant dans le sang. Ce savant détermine la densité de l'air d'après la formule : 267 H— pr ; êt Cap Nord, dans la Bibliothèque universelle. des voyages.par “er , ñ 7% ea : I Montémont, T, XEV, p. 245. Capell Brooke, Voyages en Suède, en Norwige, au Finmark . Lr-acalh MR. re EEE : rs = Lu x | 978 CAUSES DES VARIÉTÉS DE COULEUR DES CHEVEUX: qui se distingue de toutes les nations américaines de une grande diversité de couleurs : on y voit quantil® d'individus des deux sexes et de tout âge qui on! ® cheveux d’un gris brillant et argenté, ou quelquelo® complétement blancs. Sur douze Mandans on compte 2 moins une de ces têtes grises. Il n’y à là ni maladie; fs disposition particulière de constitution, ni _infériorité d'intelligence (1). A l'ile Christine, l'une des Marquis®” la couleur des cheveux varie beaucoup, à ce point que cette ile forme, sous ce rapport, une exception ue remarquable dans le groupe polynésien. Il n'est P nécessaire d’aller au loin chercher des exemples S2P blables; n’en trouvons-nous pas de très-remarquables chez les peuples civilisés de l'Europe moderne ? qu?! de plus variable aujourd’hui que la couleur des chevet” en France, en Allemagne, ete. ? Il parait en avoir ainsi chez les Grecs, comme le prouvent les “épithèt® données par les auteurs anciens aux cheveux blond roux ou noirs. On sait, du reste, qu'au temps d'Hormèr® cette race blonde fournissait à la Grèce des rois €t dé héros. Cette mème variété parait exister chez les Gre® modernes, et Pouqueville (2) parle encore des long cheveux blonds des Femmes de Sparte. On a cru, pendant longtemps, que les cheveux étaient un attribut exclusif aux peuples du Nord de rope. Mais Charlevoix (5) a observé cette particu rouge JEU” jarit (4) Prichard, Histoire naturelle de | Homme, trad. franc; 455 et 157. (2) Pouqueville, Foyage duns la Grèce. Paris, 1890, in-® (5) Charlevoix, Histoire de ba Nouvelle France. Paris in-40, FT, IE, p. 179. (0) Ê CAUSES DES VARIÉTÉS DE COULEUR DES CHEVEUX. 279 Lu les Esquimaux ; Sonnerat (1) parmi les Papous ; allis (2) et Forster (3) chez les Taïtiens; Marion et uelesmeur (4) parmi les Nouveaux-Zélandais ; Dumont Urville (5) parmi les Australiens ; Fraser (6) parmi les Shans, et de Gobineau (7) affirme que cette couleur des “eveux n’est pas rare en Orient; Siebold (8) l’a vue chez Japonais ; Van Hogendorp (9) chez les indigènes de mor ; Pallas (10) chez les Ostiaks de l'Obi; Bruce (11) Chez à habitants des hautes montagnes de Ruddua près Yambo, sur la côte del'Yémen. Caillaud (12) a observé | ! ‘Salement des Hommes à cheveux rouges et crépus au |! () Sonnerat, Voyage à la Nouvelle Guinée. Paris, 1776, in-40, D 155. (2) Wallis, Relation d’un voyage fait autour du monde, Col- “tion d’'Hawksworth, trad. franç., T. IL, p. 150. (6) Forster, Second voyage de Cook, trad. franc. Paris, 1777, M-4o, T, Y, p. 209. (4) Marion et Duclesmeur, Nouveau voyage à la Mer du Sud. itis, 1783, in-80, p. 158. : (6) Dumont d’Urville, Voyage de l’Astrolabe. Histoire du voyage, RE p. 404. (6) Baillie Fraser, Traveis in the Himalaya. (7) De Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines. Mis, 1853, in-80, T. I, p. 214. (8) Siebold, Nachrichten über Kooraï. (9) Van Hogendorp, in Ferhandelingen van het Bataviaasch Der T. I, p. 319, (10) Pallas, Foyages en différentes provinces de l’Empire de “Ssie, ete., trad. franc. Paris, 4788, in-40, T. IV, p. 52. (1) Bruce, Voyage en Nubie et en Abyssinie, trad. franc. Paris, 90, in-4o, T. I, p. 276. (12) Caillaud, Voyage à Méroë et au fleuve Blanc. Paris, 1826, a FT. LE, p. 276. TE RS ES = ae — es og . . À comes 280 CAUSES DES VARIÉTÉS DE COULEUR DES CHEVEUX: Sennaar, où ils sont méprisés et sont connus sous le poil de El-Ahmar. Ce n’est pas de nos jours seulement que cette variation de l'espèce humaine existe dans la bauf? Egypte, à en juger du moins par les peintures des y pogées de Thèbes, qui représentent des personnag r chevelure de cette teinte, qui sont garottés et immolés Le préjugé défavorable, qui s'attache à eux de nos jour” semble avoir existé dans le même pass dès la plus paul antiquité. L'expédition égyptienne, faite en 1840, sur les bords du fleuve Blanc, sous la conduite de Selim Bi bachi, rencontra la tribu des Novers où Nuvirs, rer quables par la chevelure longue et rouge qui les disting! des autres noirs de la même région (1). Lopez (2) dé également des Nègres du Congo, et le missionnsil" © Danois Isert (5) des Nègres de la Côte-d'Or, qui oftraien" des cheveux de cette couleur ; Groben (4) a observé même fait chez des mulâtres à Sierra-Leone. Les cheveux crépus et laineux ne sont pas non pl l'apanage exclusif des Nègres et ne résultent pas pe de la haute température du pays qu'ils habitent, qué Ë teinte noire de leur peau. De Pagès (5) dit que les Arabe du désert, entre Bassora et Damas, ont les cheveux GR pus et à peu près de la même nature que ceux des Nez (1) Revue des deux Mondes, pér. 2, T. V, p. 896. (2) Lopez, Relazione del Reame di Congo, p. 6. r (5) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, trad. franç: rl (4) Grôben, Guineische Reisebeschreibung, p. 29. (5) De Pagès, cité par Prichard, Histoire naturelle de p'Howe TE, pe 498. CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. 981 sres, Caillié (4) a vu à Jenné et à Tombouctou des Fella- lahs qui, avec des traits européens, avaient les cheveux lineux. Le même fait a été observé également chez des Européens (2). Enfin, d’après Don Felix de Azara (5), il Existe des Nègres à cheveux longs et plats. _ La couleur des yeux soulève exactement les mêmes observations que celle des cheveux. Cest une croyance assez généralement répandue que le froid extrême arrête la croissance de l'Homme. C'est l'opinion de Buffon, qui attribue une grande puissanee aux agents physiques sur la’ conformation des différentes Variétés de notre espèce. Pour lui tous les Hommes sont le même Homme u qui s’est verni de noir sous la zone " torride et qui s’est tanné, rapetissé par le froid glacial " de la sphère du Globe (4). » Blumenbach (5) croit Aussi à l'influence du climat sur Ja taille, mais ne la con- Sidère pas, à beaucoup près, comme exclusive. Il est Connu que tous les peuples hyperboréens, Lapons, Os- üaks, Samoyèdes, Tongouses, Jakontes, Esquimaux, sont de petite taille, et, ce qui semble confirmer l'opinion de ()R. Caillié, Journal d’un voyage à Temboctou et à Jenné, Vans l'Afrique centrale. Paris, 1830, in-S0, T, E, p. 276, 528, et LI, p.461, 526. (2) J. Müller, Manuel de Physiologie, trad. frang. Paris, 4854, M-80, T. IE, p. 489. | (5) Don Felix de Azara, Voyage dans l'Amérique Méridionale, + I, p. 576. (4) Buffon, Histoire naturelle, générale el particulière, £a. 1-49 de l'imprimerie royale, T. XIV, p. 511. (5) Blumenbach, De generis humant varictale naliva, Gottingæ, 179% ; € QT QUE “9, in-12, p. 93 et 265. 282 CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. Buffon, c’est que tous ces peuples ont des représentants de mêmes races sous des climats moins inhospitaliers € dont la taille est plus élevée. Ainsi les Samoyèdes de l'Altaï sont déjà moins petits et moins trapus que ceux du littoral (4); les Lapons et les Ostiaks ne sont, certai- nement que des rameaux de la race finoise. Les Sa moyèdes, les Tongouses, les Jakoutes, les Esquimaux qui se rattachent à la grande famille mongole et qui, par les traits si saillants de leur physionomie, semblent el être l’exagération, différent aussi par leur courte staturé des autres rameaux de la même race. Mais, chose bien remarquable, les peuples les plus voisins des Lapons, les Suédois, les Norwégiens et Jes Finlandais sont, dans le nord de l’Europe, les Hommes les plus grands et les plus robustes. Serait-ce, comme, plus d’un auteur l’a affirmé, que le froid modéré est fa” vorable à la taille, tandis que le froid excessif arréterait l'Homme dans son développement? Les Esquimaux el les Patagons fourniraient au besoin un argument de plus en faveur de cette doctrine, si des faits du même genfé ne se rencontraient sous tous les climats. Les Chayma qui ne dépassent pas en moyenne 1 mètre 57 centimê” tres (2), sont bien petits si on les compare aux Guayqué- ries et aux Caraïbes, leurs plus proches voisins, et cer pendant ces peuples habitent l'Amérique tropicale. Les indigènes des Nouvelles Hébrides, petits et rabougris du (4) Alex. de Humboldt, Voyage aux régions équinoxiales Nouveau Continent, T. HE, p. 556. (2) Alex. de Humboldt, Voyage aux régions équinomiales è - Nouveau Continent, T. HE, p. 277. 1 CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. 285 Contrastent singuliérement avec les Polynésiens de haute Slature qui habitent l'archipel des Navigateurs, et néan- Moins ces deux peuples, si différents à tous égards, vi- Vent sous la même ligne isotherme. Les Boschismans, \ Véritables nains de l'espèce humaine, habitent l'Afrique | australe, et les Cafres, avec lesquels ils sont constamment | en guerre, sont des géants à côté d’eux. La taille de | l'Homme n’est donc pas partout en rapport avec le climat. | Les observations, faites par Ale. d’Orbigny dans l'A- Mérique Méridionale, tendent à démontrer que l'élévation au-dessus du niveau de la mer et l’habitation permanente Sur les montagnes élevées ont une influence sur la taille Moyenne de l'Homme, ou tout au moins de l'Homme Américain et ne peuvent être passées sous silence. Les Péruviens, qui habitent des plateaux élevés de 2,000 à 4,700 mètres au-dessus de l'Océan pacifique, sont les Plus petits de la race ando-péruvienne. Mais vers le Sud, au fur et à mesure que la latitude plus froide les force à descendre sur des points moins élevés de la chaine des Andes, on les voit prendre une taille plus grande. Ainsi les Araucanos sont plus grands que les Péruviens ; et les F uégiens ‘qui, au milieu de leurs montagnes glacées, habitent seulement les vallées et surtout le littoral, sont Plus grands que les Araucanos. Sous les zones chaudes Nous retrouvons les mêmes faits, en descendant des pla- leaux du versant oriental des Andes. Les Apolistas, qui forment l’une des nations du rameau antisien de la même lace, sont petits, tandis que tous les autres peuples, ap- Pèrtenant à ce même rameau, ont une taille en quelque sorte relative à la hauteur du lieu, où ils sont fixés : ainsi, en passant des Apolistas aux Tacanas et aux Mo— TE ne timer 284 CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. céténés, la taille augmente, et les Yuracarès, au pied de la chaine, sont les plus grands de tous. Deux faits curieu* semblent confirmer cette influence. Ainsi dans les vallées chaudes et humides de la Bolivia, la taille des Quichuë$ est plus avantageuse que sur les plateaux. La nati0P araucana nous offre le même phénomène : Ja plus petite de toutes ses tribus est celle des Péhuenches, habitanË des montagnes, tandis que les Ranqueles, bien plus hauts de taille, sont fixés depuis des siècles dans les plainés voisines des Andes (1). - La race pampéenne présente aussi, d’après le mém£ observateur, des exemples complétement semblables auf précédents: Le point le plus élevé, qu’habite cette racêr est la province de Chiquitos, formée de collines granitif ques servant de partage entre les grands systèmes des versants de l'Amazone et de la Plata. Il est eurieux dé trouver [à des Hommes de plus petite stature, tandis quê la taille moyenne augmente à mesure qu'on s'éloigne de ce centre, en descendant vers les plaines du Sud jusqu'at littoral maritime ou du côté du Nord en se dirigeant vel$ la province de Moxos. Or ces plaines immenses, qu'hat bitent les Patagons, présentent les mêmes conditions qué les plateaux des Andes du 15° au 20° de latitude australe: On y trouve non-seulement les mêmes familles et Je mêmes genres de plantes et d'animaux, mais encore € derniers appartiennent absolument aux mêmes espèces: La sécheresse et la température y sont analogues et cepeñT dant les plaines nourrissent les plus grands des AmériT (D Ale. d'Orbigny, Voyage dans L Amérique Méridionales IV, part, 4, p. 48 CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. 285 Cains, tandis que les plateaux ne sont habités que par des Hommes de petite taille (1). Ale. d’Orbigny (2) donne enfin un tableau de la taille Moyenne de 58 nations de l'Amérique Méridionale, avee L hauteur d'habitation en regard, et la décroissance de R taille ne coïncide pas avec la latitude, mais avec l'élé- Vation. | Ces observations tendent à établir que l'action perma- \ lente de la raréfaction de l'air sur les trés-hautes mon | Rgnes peut influer sur le rapetissement de la taille Moyenne de l'Homme, puisque cette conclusion repose N0n-seulement sur l'ensemble des peuples d’une im- Ménse contrée, mais encore sur les tribus d’une seule et lême nation. Toutelois, pour que ces faits aient une va- leur scientifique incontestable et puissent rigoureusement démontrer la puissance modificatrice de cet agent phy- Sique, il est indispensable que ces observations soient tonfirmées dans d’autres contrées du Globe, par exemple M comparant la taille des habitants du grand plateau fentral de l'Asie avec eeux des vallées et des plaines en- Yironnantes. Ce qu'il y a de certain, est qu’en Europe l'habitation 1€S montagnes, dont l'élévation n’est pas extrême, semble Üre favorable à la taille. ; Nous avons vu que, chez les animaux domestiques, le légime alimentaire a une influence non donteuse sur de veloppement de Îa taille. N'en serait-il par de même Chez l'Homme et les différences de stature qu'on observe : d'Oibigny, Ibidem, FE. IV, part. 4, p. 49. . d'Orbigny, féidem, ©. IV, part, 1, p. 51. RE mt rome % - TES Ur SS'SSUNTE Pe— 2 ee EF DE = to ab ET a CS de di th à Er i 286 CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. souvent entre deux nations voisines, ne s'expliqueraient- elles pas, en partie du moins, par cette cause ? C'est l'O pinion de Blumenbach (1) qui, à cet égard, s'exprime ainsi : u Victus quoque Mmagnam esse potentiam ad se v turam sive augendam, sive imminuendam physiologi “ aperte docet. " Rien de plus variable, en effet, qué l'alimentation de l'Homme. Par cela même qu’il est C0* mopolite et omnivore, il met à contribution la nature entière et les règnes animal et végétal fournissent à sa table des mets sans nombre. En général il allie les proc duits des deux règnes, mais souvent aussi un seul formê la base presque exclusive de sa nourriture. Son choix 65! fixé ordinairement, non-seulement par les productions ef les nécessités du climat qu'il habite, mais aussi par l'ha- bitude et par son état social, Chez l'habitant du Nor l'emploi de la viande et l'asage modéré des boissOD fermentées est favorable ; les nations du Midi au contraif® n’entretiennent leur santé qu'avec de l'eau et un régime principalement végétal. Les peuples agriculteurs, pas” teurs, chasseurs ou pêcheurs, par la nature même leur genre de vie, suivent un régime diététique bien é férent. L'alimentation, qui fournit les matériaux né665" saires au développement et à l'entretien de nos organes joue un rôle trop important dans l’économie anima pour que ses modifications n'aient pas quelque actio® sur l'organisation elle-même. Mais, en ce qui concern° la taille, la nature des aliments, leur abondance ou leur pénurie, semblent exercer une influence prépondérant®” Cette cause suffit, en effet, pour différencier les peuples p. 265- (4) Blumenbach, De generis humani varietate nativas CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. 287 d’une même origine et, qui plus est, les classes d’une seule et même nation. Quelques auteurs ont donné cette explication de la supériorité de taille et de vigueur Ccor- porelle, que présentaient, au moyen âge, les Hommes _ de race noble sur les Hommes d'origine vulgaire. Beau- coup de faits, observés de nos jours, viennent à l'appui de cette manière de voir. Ainsi Volney (1) a signalé une différence de ee genre, parmi les Bédouins, entre Îles gens de basse extraction et les Cheiks, entre les Arabes nomades et les Arabes agriculteurs. Il s'exprime ainsi : ü En général les Bédouins (de Syrie) sont petits, maigres » et hâlés, plus cependant au sein du désert, moins sur “ la frontière du pays cultivé, mais là. même toujours “ plus que les laboureurs du voisinage. Un même camp w offre aussi cette différence et j'ai remarqué que les _“ Cheïks, c’est-à-dire, les riches et les serviteurs étaient _# toujours plus grands et plus charnus que le peuple... w On n’en doit attribuer la raison qu’à la nourriture qui “ est plus abondante pour la première classe que pour u la dernière. On peut même dire que le commun des n Bédouins vit dans une misère et une famine habituelles. “ Il paraitra peu eroyable parmi nous, mais il n'est pas “ moins vrai que la somme ordinaire des aliments de la " plupart d'entre eux ne passe pas six onces par jour ; u c’est surtout chez les tribus du Nadji et de l'Hedjàz que _" l'abstinence est portée à son comble. Six à sept dattes, ‘ trempées dans du beurre fondu, quelque peu de lait n doux ou caillé suffisent à la journée d'un Homme. v (1) Volney, Voyage en Egypte et en Syrie pendant les années 1783 à 1785. Paris, 1825, in-8°, T. I, p. 342. CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. Il ajoute (1) plus loin : « Les Fellähs d'Egypte sont des Arabes qui ont envahi l'Egypte en l'an 640; ils sont agriculteurs ou artisans. Ils ont conservé leur physl0- nomie originelle, mais ils ont pris une taille plus forté et plus élevée, effet naturel d’une nourriture plus abondante que celle des déserts. n Tous les navigateurs, qui ont visité les îles de la Po- lynésie, ont fait des observations complétement sembla- bles. Forster (2) a constaté qu'à Taïti les Arées ou chef sont très-supérieurs aux Toutous ou gens du bas peuple par leur haute stature, leur corpulence et l'élégance de leurs formes. Mais les Arées et tous les Hommes d'un rang distingué sont bien nourris, vivent d'excellents fruits, de racines savoureuses, de poissons de toutes es pèces, de volailles, de cochons et de chiens qu'ils ont en abondance. Ils ne se livrent jamais à des travaux excessifs et les familles de haut rang s’allient entre elles. Les Toutous, au contraire, n’ont jamais que le striete néces saire, ne se nourrissent que de végétaux, de coquillages; de Méduses, et souffrent souvent la disette. Bougainville (5) avait fait antérieurement les mêmes observations ; et Cook, dans son premier voyage (4), dit aussi que les Taïtiennes de bonne famille sont d'uné A (1) Volney, ’oyage en Egypte, ete., T. L, p. 61. (2) Forster, Second voyage de Cook, trad. franc. Paris, 1777; in-40, T. I, p. 556, et T. V, p. 210, 255 et 256, (5) Bougainville, Foyage autour du Monde. Paris, 4 FE p 75. (4) Cook, Premier voyage, dans la Collection d'Hawkswortb trad. frane., T. IL p. 448. CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. 289 aille au-dessus de la moyenne, tandis que les Femmes € la classe inférieure sont bien moins grandes et même rès-petites. Aux îles Sandwich les chefs se distinguent aussi des autres indigènes par leur stature élevée et des formes Alétiques (1). Dumont d'Urville (2) et Richard Cruise (3) “fin ont constaté, à la Nouvelle-Zélande, que les chefs Sont de beaux Hommes et paraissent, au premier abord, Une autre race que le bas peuple. L'efficacité de ces causes est mise hors de doute par S résultats du travail statistique que Villermé à publié Sur la taille de l'Homme en France (4). Ce savant mé- decin a démontré en effet ce fait, déjà indiqué par Hal- ler (5) et par la plupart des physiologistes, que la taille € l'Homme devient d'autant plus haute, toutes choses “Sales d’ailleurs, que le pays est plus riche et l’aisance Plus générale ; que les logements, le vêtement et surtout À nourriture sont meilleurs ; que les peines, les fatigues, S privations éprouvées dans l'enfance et Ja Jeunesse Ont moins grandes. Mais c’est surtout chez les peuples, dont l’alimenta- . * (1) Quoy et Gaimard, Voyage de l Astrolabe. Zoologie, T. I, "195. @) Dumont d'Urville, Voyage de l’Astrolabe. Histoire du Ù Mage, T. 1, p. 25, et T. I, p. 54. $) Richard Cruise, Journal of a ten months residence in New- “tland, 1823, p. 277. (4) Villermé, Annales d'hygiène publique et de médecine légale, ST. I, p. 351. y Haller, Etementa Physiologiæ corporis humani. Lausannæ, » in-40, M, VIIL, part. 2, p. 44. 1, : 19 290 | CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. tion n'est pas assurée, et qui subissent périodiquement d'affreuses famines, que la taille décroit d'une manière évidente. Tels sont les Samoyèdes et tous les autre peuples ichthyophages du nord de la Sibérie. fl faut lire dans l'ouvrage de l'amiral de Wrangell (1), le récit dé toutes les misères que subissent ces populations, jorsqué pendant le eourt été dont ils jouissent, la pêche na p été abondante. Les peuples polaires du Nouveau ont” nent, les Esquimaux ont une existence plus déplorable encore ; aussi sont-ils profondément dégradés au ph” sique et au moral. « L'Esquimau, dit le capitaine Job" n Ross (2) (mais avec une exagération évidente) est UP “ animal de proie, sans autre jouissance que celle 4 y manger; n'étant guidé par aucun principe, par aucun y raison, il dévore aussi-longtemps qu'il peut, et toul br » qu’il peut se procurer, comme le Vautour et le Tigre-" L'Australien nous a fourni déjà l'exemple d'une parëi c voracité. Mackenzie (3), en parlant des peuples qui habitent w milieu des montagnes rocheuses, sur les bords de la vière d'Oungigah, s'exprime ainsi : u Ces Indiens soP de petite stature, n'ayant pas plus de 5°,1° (anglais w ils ont la maigreur qu'on doit s'attendre à trouver che” “ des gens qui ont sans cesse des difficultés à surmont? “ pour se procurer leur nourriture. " ë - [es (4) De Wrangell, Le Nord de la Sibérie, Voyage par”? go peuplades de la Russie asiatique, trad. franc. Paris, 4845, (2) J. Ross, Varrative of a second voyage. London, 1855 l 448. (3) Mackenzie, Voyage dans l’intérieur de l’Amér trionale, trad, franc. Paris, an x, in-80, T. IE, p. 317. - ique Sept. CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. 991 Dans son second voyage par terre à travers l'Amérique “tPlentrionale et jusqu'aux rivages de l'Océan glacial Arctique, l’infortuné sir John Franklin observa plusieurs tribus d'Indiens, désignés sous les noms de Côtes de hien, de Lièvres, de Digoti-Dinis, qui habitent les rives du cours inférieur du fleuve Mackenzie et qui vivent des “éSsources incertaines de la chasse dans ces régions gla- ées ; bien qu'ils appartiennent à la belle race des Peaux- ‘ges, ils sont petits, chétifs, maigres et les plus laids ‘S peuples indigènes de l'Amérique du nord. Mais, de tous les peuples du Monde, les Boschismans Sont certainement les plus déshérités. Pour peindre leur Profond état de misère et de dégradation, l'imagination le pourrait fournir de plus sombres couleurs que celles emploient les observateurs modernes les plus dignes de foi. La contrée dans laquelle ils sont plus particulié- lement confinés, entre la rivière d'Orange et la chaine des Montagnes qui dessine au sud le bassin de ce fleuve, Sl aride et rocailleuse ; elle n’est arrosée ni par les pluies hiver, qui fertilisent la colonie du Cap, ni par les averses ….‘rages qui, chez les Cafres, suppléent aux pluies pé- . “lodiques. Ce pays ne leur offre que de bien maigres sources. D'une autre part, repoussés par les Euro- Déens, traqués comme des bêtes fauves par les Cafres, loyer domestique leur est inconnu; ils ne se bâtissent 48 de villages et pas même de huttes. Réduits à cher- “ler un asile temporaire dans des cavernes ou dans des OU creusés en terre, ces pauvres sauvages errent dans ls bois par petites troupes ou par familles isolées, sou ant à peine leur déplorable existence, en partie au ‘Yen de racines sauvages que leur fournit le désert, i | { 4 ‘4 \# ‘ { fl E | t : 1807, in-49, T. IL, p. 510; Adulph Bonatz, dans Prichard, Aisl 292 CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. de larves de Fourmies qui sont pour eux l'objet de R- borieuses et d’incessantes recherches, de Lézards et de Serpents que le hasard fait tomber entre leurs mains g: de Sauterelles que leur apporte la saison d'été, en partie enfin des produits incertains que leur procurent les dé- prédations, qu'avec des fatigues inouïes, ils exercent se les oppresseurs de leur race, les Cafres, leurs ennemi héréditaires (4). Les Boschismans sont les plus petits de tous les Hommes. ; Les peuples agriculteurs ou pasteurs, au contrairés ayant des moyens de subsistance assurés dans le produit de leurs cultures ou dans le lait de leurs troupeaux ons en général, une stature au-dessus de la moyenne: Celr est plus rare chez les peuples chasseurs, à moins que comme les Patagons, ils ne vivent dans des plaines riche en gibier et qui, sans grande peine, fournissent abon” damment aux besoins de la vie matérielle. Les fatigues excessives sont aussi par elles-mêmes uné cause de diminution de la taille, surtout lorsqu'elles sont subies dans l'enfance et la jeunesse. C’est un fait presqu® général que, chez les peuples sauvages, les Femmes son! considérées comme de véritables esclaves et, malgré 1e charges pénibles que la nature impose à leur sexe, el sont souvent assujetties en outre aux plus rudes travau” et condamnées même à porter les fardeaux, tandis qu® , r is | paris (4) Péron, Voyage de découvertes aux terres australes: PE 3. où vga? naturelle de l'Homme, T. H, p. 40; C. Andersson, Lake N3 ; ; " ; ; derinf or cæplorations and discoveries during four years wander + : - - we 1 9, in the wilds of South-Western Africa. London, 1856, in-8 CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. 293 les Hommes n'acceptent, ou à peu près, que le rôle de SUerriers. Cet injuste partage des peines de la vie flétrit lapidement les charmes de ces malheureuses Femmes € en fait des objets aussi laids que dignes de compassion. Cest ce qu'on observe à la Nouvelle Zélande (1), aux îles Gambhier (2), à la Nouvelle Calédonie (5), dans l’ar- Chipel Salomon (4) et parmi beaucoup de peuplades de l'Amérique. Aussi les Femmes de ces nations sont-elles d'une taille bien inférieure à ce qu'elle devrait être, si 9n la compare à celle des Hommes de la même nation. l'en est tout autrement des Polynésiennes de Tonga- Tabou et de Nouka-Hiva, qui sont traitées avec douceur, Vivent dans l’abondance et sont soustraites à l'obligation de se livrer à des travaux pénibles; aussi leur taille est- . lle plus élevée et leur constitution plus robuste (5). Les Femmes des Patagons offrent une exception plus remar- quable encore; car elles atteignent presque la stature de leurs maris; mais elles ont le même genre de vie, se livrent constamment à un exercice salutaire en parcou-— (1) Dumont d'Urville, ’oyage de l’Astrolabe, Histoire du Voyage, T..IL, p. 277 et 285; et F’oyage au Pôle Sud et dans l'Océanie, Histoire du voyage, T. IX, p. 154. (2) Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie, isloire du voyage, T. IV, p. 363. à (5) Forster, Second voyage de Cook, trad. franc. Paris, 4777, He, T. V, p. 218; Dumont d’Urville, Voyage au Pôle Sud, etc., D IV, p. 565. (4) Dumont d’Urville, bidem, T. IV, p. 107. (5) Forster, Zbidem, T. IL, p. 734 Dumont d’Urville, Voyage au Ûle Sud et dans l'Océanie, Histoire du voyage, T. IV, p. 372, à Voyage de l’Astrolabe, T. HE, p. 275 et 328. 294 CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. rant à cheval les pampas de l'Amérique australe; elles ne sont pas surchargées par les travaux de la culture OÙ de la pêche qui leur sont inconnus, ni par les soins d07 mestiques réduits à peu de chose chez ces nations n0° mades (!{). Les peuples les plus civilisés eux-mêmes présentenf aussi leurs éléments de dégénérescence. L’industrié? cette mine féconde, qui fait la richesse des nations ; qui répand autour d'elle l’aisance et le bien-être ; qui devrait améliorer la constitution de l'Homme en lui fournissanl une alimentation salubre et abondante, devient souven! la cause de son infériorité physique et de sa dégradatio! morale. Le travail prolongé des enfants dans les manu factures, abus que nos lois ne répriment que très-impal faitement, retarde ou compromet leur développement corporel. Mais trop souvent des vices honteux, contractés de bonne heure dans la vie d’atelier, impriment au front des populations industrielles la marque de leur funesl®. influence et les rapetissent à ce point que dans quel ques-uns de nos départements, qui fournissaient autrefois de nombreux et robustes soldats, on ne trouve plus 24° jourd’hui assez d'Hommes de taille suffisante pour co pléter le contingent du service militaire. La fatigue modérée, un régime diététique réparateur et surtout la pureté des mœurs sont, au contraire; Ke conditions les plus favorables au développement physique de l'Homme. C’est à elle que César (2) attribue la haut’ (4) Alc. d’Orbigny, Voyage dans l’ Amérique Méridionale Paris,.1839-1843, in-4°, T. IV, part. 1, p. 53. (2) C.-J. Cesar, De Bello gallico lib. VE, cap. 21. CAUSES DES VARIATIONS DELA TAILLE, 295 Slture des anciens Germains, et, suivant Aristote (4), Partout où règne la corruption des mœurs, les Hommes Sont laids, contrefaits, petits et faibles au physique Comme au moral. Nous ajouterons que ces observations Sont de tous les temps et se trouvent confirmées par l'histoire de l'humanité tout entière. L’abus des boissons alcooliques, cette autre plaie par- liculière à notre espèce, est aussi l’un des agents les plus actifs de la dégénérescence et de l’abrutissement des laces humaines. Si, dans nos pays civilisés, elle n'at- teint le plus souvent que quelques classes d'Hommes, Ü n’en est pas de même partout. Ainsi, en Suède, des Villes, des provinces entières, sont, depuis un siècle, données à la passion des liqueurs fortes, à ce point qu'il Se consomme dans ce royaume une proportion d'alcool bien plus considérable que dans aucun autre Etat de l'Europe. Mais aussi, c’est un fait irrécusable, dit le doc- leur Magnus Huss, que, sous le rapport des forces phy- Siques et de la taille, le peuple en Suède a dégénéré de Ses ancêtres (2). C’est bien pis encore chez certaines Mations sauvages qui n’ont pas su comprendre nos prin- Gipes sociaux et n'ont adopté que nos vices. Ainsi les äciens habitants des côtes du détroit de Labrador et de à baie d'Hudson, adonnés, par suite de leur contact %Vec les Européens, à l'usage immodéré de cette hoisson (1) Aristoteles, De Republica lib. VII, cap. 16. (2) On peut consulter avec fruit, sur les effets désastreux produits Pat l'abus des boissons alcooliques, le savant travail du docteur Rgnus Huss, intitulé : A/choolismus chronicus. Stockholm, 1852, s Morel, Traité des dégénérescences de l'espèce humaine, Paris, 57, in,8°, p. 565. 296 _ CAUSES DES VARIATIONS DE LA TAILLE. toxique que, par antiphrase sans doute, on a nommé eau-de-vie, se sont abâtardis de génération en générar tion, ont perdu peu à peu leur stature élevée et les avantages physiques qui les distinguaient (4). Il y a bien moins longtemps que des relations suivies existent ent? les Européens et les Polynésiens et déjà ces belles ract tendent à s’abâätardir par suite des mêmes excès. Dumont d'Urville (2) nous fait le plus triste tableau de l'état d8 dégradation, où sont tombées quelques-unes des peuple des de la Nouvelle-Zélande, par exemple les Maouris d'Otago, les tribus de la Baie des Iles et celles d’Akarod Nous pourrions citer beaucoup d’autres faits complété” ment semblables. Ces conséquences désastreuses ont étè les mêmes dans tous les lieux où nous avons introdul! l'usage de cette boisson enivrante parmi les peuples S2® yages. ; Enfin il faut aussi tenir compte, en ce qui concerne la taille, des caractères de race. L'empire de l'hérédité €! tel, que malgré les causes modificatrices, elle maintient quelquefois certaines particularités d'organisation, pen” dant une suite plus ou moins longue de génération Comment pourrait-on en douter, lorsque nous pouvos* constater journellement, parmi nos populations etf0 péennes, que certaines familles, placées dans des con” tions d'existence analogues, se distinguent entre tout@” les unes par une stature avantageuse, les autres par une petite taille. es ns EE our “Sais (4) H. Hellis, Reise nach Hudson’s Meerbusen, p. 201 ; ge ville, Ueber den gegenwärtigen Zustand der Hudsons Bay; P' (2) Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l "Océanie" Histoire du voyage, T. IX, p. 177 et 281. CAUSES DES DIFFÉRENCES DANS LES FORMES CORPORELLES. 297 Mais à quelles causes rattacherons-nous les nombreu- ses modifications, observées chez les diverses nations du Globe, relativement aux formes corporelles, à la propor- lion des membres et du tronc, à la forme du eräne, aux lraits de Ja physionomie et à tous les autres caractères Qui constituent la beauté ou la laideur physiques? Est-il Possible d’assigner à chacune d'elles la cause spéciale qui l'a produite? La question ainsi posée devient très-difficile à résoudre ; ici, comme nous l'avons observé chez les dnimaux domestiques, le fil d'Ariane nous échappe le plus souvent. Mais nous venons de voir que les causes Modificatrices, sous l'empire desquelles la taille moyenne et la force physique se diversifient chez les différents Peuples, sont extrêmement complexes et nous verrons qu'il en est de même pour les variations naturelles (1), Que l'Homme présente dans sa conformation. On a tenté néanmoins, mais avec peu de succès, selon Nous, de déterminer les relations de cause à effet pour Quelques-uns de ces problèmes partiels. Volney (2), par exemple, donne l'explication suivante Sur l’origine de la physionomie des Nègres. u J'observe " que Ja figure des Nègres représente précisément cet état de contraction que prend notre visage lorsqu'il est " frappé par la lumière et par une forte réverbération de " chaleur. Alors le sourcil se fronce; la pomme des joues " s'élève; la paupière se serre; la bouche fait la moue. (1) Je passe sous silence toutes les variations qui sont dues à des tanses pathologiques. (2) Volney, Voyage en Egypte et en Syrie. Paris, 1825, in-8, A] * L, p, 65, en note. PR tee SRE 298 LES MUTILATIONS DEVIENNENT-ELLES HÉRÉDITAIRES. “ Cette contraction des parties mobiles n’a-t-elle pas PU “et dû à la longue influer sur les parties solides, €! “ mouler la charpente même des os. n ’ Suivant Mallat (1), le grand développement de la mi choire inférieure, chez les sauvages des Philippines, 65 le résultat des efforts qu’ils sont obligés de faire, pouf mâcher les fruits souvent verts et durs, dont ils se nou” rissent et la Canne à sucre, dont ils extraient le jus avec les dents. Nous ne nous arrêterons pas à combattre € interprétations, qui ne nous semblent pas sérieuses. Cest aussi une opinion, depuis longtemps controyef* sée, que celle de savoir si les déformations artificielles des membres, l’écrasement de la proéminence nasal£ chez les enfants nouveau-nés et même les mutilation® de certains organes peuvent, ou non, se propager paf hérédité, lorsque la même lésion a été exécutée réguliè” rement sur des individus descendus les uns des autreÿ c’est-à-dire, pendant une suite plus ou moins longue de générations. Ces modifications, produites d’abord pa l'art, deviennent-elles permanentes et peuvent-elles c0 stituer des caractères de races ? Serait-ce là l’ origine des différences qu’on observe dans les diverses nations du Globe? En ce qui concerne les mutilations, nous savons que certaines races de Chiens sont habituellement soumise® soit à l’ablation de la queue, soit à l’excision du pavillo® des oreilles et cependant on ne connait pas de races de Chiens écourtés, et cette anomalie, lorsqu'elle s’est pro” (1) Mallat, Les Philippines, Histoire, Géographie, Ho SE Paris, 1846, in-80, T. IL, p. 59. LES MUTILATIONS DEVIENNENT-ELLES HÉRÉDITAIRES. duite spontanément, a présenté tous les caractères d’une Monstruosité individuelle. On ne connait pas davantage de races de l’espèce canine dépourvues de l'oreille ex- terne, Chez l'Homme les mutilations deviendraient-elles plus fcilement héréditaires que chez les animaux? On con- dait des peuples sauvages qui, de temps immémorial, Conservent religieusement la coutume, les uns d'arracher ‘Ux jeunes gens deux _incisives de la mâchoire supé- lieure, d’autres de se e limer les dents de façon à rendre leur couronne pointue. Il en est également chez lesquels, Par un aveugle préjugé, tous les individus doivent faire le sacrifice d’une phalange du doigt auriculaire. Chez un -dsez gr and nombre de peuplades, c’est une mode inva- Viable de pratiquer un trou dans le pavillon de F oreille, d'en augmenter peu à peu l'étendue de façon à y loger Un ornement de bois d’un volume assez considérable, et Gite pratique a pour effet de développer énormément le lobule de cet organe. Jamais cependant ces mutilations ne se ke chez ces peuples par voie d'hérédité. , du reste, une autre expérience, faite sur la Fa L. échelle et depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, nous voulons parler de la circoncision. Ici ‘ancienneté et la constance de cette pratique religieuse Chez les Juifs, le grand nombre de générations qui l'ont Subie, étaient autant de conditions propres à favoriser l'hérédité, et à produir e ainsi l'abolition de cette coutume Par la suppression de l’organe qui en est l'objet. Or, Celui-ci se reproduit constamment dans cette nation, ct il est même chez elle exubérant. En serait-il autrement des simples déformations mé- 500 LES DÉFORMATIONS ARTIFICIELLES DU CRANE caniques, qu’on peut faire subir aux organes de l'Homm£ et notamment de l'écrasement, pendant la première €h° fance, de la racine du nez? C'était, en effet, comme lé rapporte l'Evêque des Arvernes, le poëte Sidoine Apolli- naire (4), la coutume chez les Huns d’Attila d’aplatir nez des enfants avec des bandes de linge fortement sel \ rées, ce qui n’avait du reste pour but que d’exagérer un | conformation naturelle à ce peuple et d'augmenter enco!® son affreuse laideur. Cette pratique a été en usage chef d'autres nations de antiquité et s’est conservée jusqu'a jourd'hui chez quelques peuplades sauvages. Mais est-06 là l'origine de la forme épatée que la proéminence nasalé nous montre chez la race mongole, chez plusieurs ra£é américaines et polynésiennes. Il est permis d’en doutéfs car aucun fait bien établi ne vient démontrer la réalité, de cette cause. | Ce sont surtout les déformations artificielles du erànf qui ont été considérées comme susceptibles de se ré? produire par hérédité et comme devenant même d& caractères de races dans l'espèce humaine. Hippocralf connaissait déjà ces déformations, comme le constal® un passage de son Trailé des airs, des eaux et dE lieux (2). Il dit, en effet, en parlant des Colchares 0h Macrocéphales : 4 Aucune autre nation n’a la tête CONS " formée comme eux. Dans l’origine l'usage seul était Ja “ cause de l'allongement de la tête, mais aujourd’hui la SRE RU ; 55 (1) Ap. Sidonius, Panegiricum Anthemii, Carmen II, vers " el seq. à à . à « , . ï P” È (2) OEuvres d’Hippocrate, trad. par Littré, Paris, 1840, in ® T. IE, p. 59. SONT-ELLES HÉRÉDITAIRES ? . 301 " nature vient en aide à l'usage. Dès que l'enfant vient | ! de naître et pendant que, dans ce corps si tendre, la "tête conserve encore sa mollesse, on la façonne avec les mains et on la force à s’allonger à l’aide de banda- “ges et de machines convenables qui en altèrent la " forme sphérique et en augmentent la hauteur. La nation des Macrocéphales d'Hippocrate n'est pas l seule qui ait suivi cette pratique déplorable. Elle fut générale chez beaucoup de peuples de l'antiquité et Même chez nos ancétres, les Celtes. En Amérique les déformations de la tête ont été poussées très-loin et plu- Sieurs peuplades du Nouveau Continent ont conservé, jusqu’à notre époque, cette barbare coutume. Mais, chose Presque incroyable! en France même, de nos jours, en Plein XIX° siècle, on en retrouve, comme nous l'établi- tons plus loin, des traces encore vivaces, lant les anciens Usages sont enracinés dans l'esprit des populations. M. le docteur L. A. Gosse, dans un savant mémoire, Publié en 1853 (1), aceumule les faits de ce genre, ob- Servés dans les temps anciens et modernes, pour tâcher d'établir que ces déformations artificielles ne sont pas Seulement individuelles, mais qu'elles peuvent devenir héréditairés après un certain nombre de générations, Surtout lorsqu'elles sont opérées à la fois et d'une manière générale sur les enfants des deux sexes (2). Il n'est pas Même éloigné de penser que les formes variées, que (1) L.-A. Gosse, Essai sur les déformations artificielles du Crâne, inséré dans les Annales d'hygiène publique et de médecine légute, sév. 2. Paris, 1855, in-8, T. D, p. 517, et T. IV, p. 5. (2) L.-A. Gosse, Jbidem, T, HE, p. 522, ct T. IV, p. 79. 3502 LES DÉFORMATIONS ARTIFICIELLES DU CRANE présente le crâne des diverses nations, ont eu pour ofir gine des déformations artificielles. Cette théorie soulève toutelois de nombreuses difficultés. Les changements arüficiels dans la forme de la boité céphalique ne sont ‘pas devenus héréditaires chez lé peuples qui les pratiquaient mécaniquement et n’ont pl étre maintenus chez eux que par l'emploi des mêmes moyens de compression. Comment expliquer par celle cause la forme pyramidale du crâne des Hommes de ra mongole, comme M. Gosse (1) incline à l'admettré lorsque nous savons que les Mongols de l'Asie, commé les Groenlandais, n’ont pas cet usage et qu'aucun do€cur ment (2) ne révèle l'emploi de semblables moyens au* époques antérieures à la nôtre? D'une autre part, nous constatons que les descendants des anciens Celtes et des autres peuples Européens, chez lesquels pendant bien des siècles, comme l'histoire nous l’apprend, ces prati= ques vicieuses ont été d’un usage général, ne nous prér sentent plus aujourd'hui le plus petit indice du genre de déformation admis chez eux ; et cela est vrai même dan$ les localités où nous trouvons encore ces types humain$ formant des agglomérations restées à peu près sans mé- lange de sang étranger à leur race, et qui nous offrent encore aujourd’hui les autres caractères ethnologiques que leur attribuent les anciens historiens. On ne retrouvé (1) L.-A. Gosse, Annales d'hygiène, ete., sér. 2, T. IV, p. 69 (2) I faut excepter toutefois les Huns d'Attila, qui comprimaien! | la tête de leurs nouveau-nés et semblent avoir eu pour bui de | rendre leur aspect plus hideux et plus effrayant pour l'ennemi (AP: | Sidonius, Panegyricum Anthemii, Carmen IL, vers. 245-257). SONT-ELLES HÉRÉDITAIRES ? 305 Plus, si ce n’est dans les anciens sépulcres, ce genre si étonnant de déformation artificielle du crâne des anciens Caraïbes ; leurs descendants du Continent, qui depuis longtemps ont renoncé à cet usage, n’en montrent plus là moindre trace et constituent même une des plus belles laces américaines. Pourquoi dès lors en seräit-il autre- ent dans la race mongole, dont les branches, même Les plus éloignées, conservent la configuration pyrami- dale du crâne qui les distinguait autrefois ? Mais il y a plus, nous pouvons encore, de nos jours, étudier le résultat de ces anomalies artificielles du crâne dans plusieurs parties de-la France, comme l'ont fait Foville (4), L. Lunier (2), Ch. Lespès (3), et notamment dans quelques localités de la Normandie, de la Saintonge et du Languedoc. Là les enfants nouveau-nés, et pendant out le temps de la première enfance, sont encore soumis à un mode de coiffure qui comprime fortement la tête, Modifie la configuration de la boite encéphalique et par conséquent celle du cerveau lui-même. Mais tous les Auteurs qui ont étudié ces faits, ont reconnu que la tête, Une fois délivrée de ses entraves, tend, par la croissance, À se rapprocher peu à peu de la forme normale. Or, s'il en est ainsi dans une déformation individuelle, les efforts de l'organisme doivent se prononcer avec bien plus d'é- Neroie chez les enfants qui échappent à cette contrainte (1) Foville, Déformation du cräne résultant de la méthode la blus générale de couvrir la têle des enfants. Paris, 4834, in-8°, (2) L. Lunier, Recherches sur quelques déformations du crâne Observées dans Le département des Deux-Sèvres. Paris, 1832. (8) Ch. Lespès, Annales d'hygiène publique el de médecine lé- Jnle, sér. 2, 1885, T. IL, p. 559. 904 LES DÉFORMATIONS ARTIFICIELLES DU CRAXE mécanique que leurs ascendants ont subie. Aussi la co formation naturelle de la tête osseuse reparait-elle imme- diatement dans les familles qui abandonnent ces prai” ques empruntées à nos ancêtres, et ce résultat se produit même dans les localités où elles ont traversé les siècles en y persistant opiniâtrement malgré les simples ensel” gnements du bon sens, au défaut de ceux de la seienct: Ici les tendances héréditaires n’ont pas dû manquer, $! elles ont réellement la puissancé de conserver ces an0* malies de causes externes. L'expérience prouve doné que leur action est sans influence appréciable. Nous demanderons enfin, aux partisans de la théortë que nous combattons, comment ils expliquent les modif fications du crâne, si nombreuses et quelquefois si inf portantes, que nous constatons sur quelques-uns de 20% animaux domestiques. Ce n’est plus à une coiffure trop serrée n1 à des appareils de compression qu’on peut lé attribuer ; et, cependant, l'analogie de ces modifications avec celles qu’on observe dans l'espèce humaine est tell qu'il n'est guère possible de douter qu'il n’y ait ég87 lement analogie de causalité. C’est que les modifica” tions qu'on développe mécaniquement dans nos organéf de même que dans ceux des animaux, ne se maintiennef pas par génération. Les modifications physiologiques ot seules, comme nous l'établirons, une tendance à se re” produire et ce sont elles qui deviennent l’origine des Y# riétés et des races, comme nous l'indiquerons dans Ja suite de cet ouvrage. Suivant le docteur Lauvergne (1), lorsque des familles: Ni 40” (4) Lauvergne, Les forçeats considérés sous Le rapport physt L'EXERCICE D'UN ORGANE LE MODIFIE-T-IL ? 505 Yivant de temps immémorial dans des régions monta Éneuses, viennent s'établir dans les plaines, leur tête end, au bout de quelques générations, un développe Ment appréciable et tend graduellement à se déprimer Xers le sommet du crâne. Ces faits sont-ils constants ? L. l'Abbé Frère, chanoine de la Cathédrale de Paris, qui ÿ est beaucoup occupé et avec succès de crânioscopie, “it être. arrivé par l'observation à établir que plus un lpe humain est ancien et primitif, plus le crâne est dé- Yeloppé à la région occipitale et aplati à la région fron— ‘le, et que les progrès de la civilisation semblent avoir Dour effet de bomber la région antérieure en affaissant Éplus en plus la région postérieure Gé La physiologie nous apprend que l'exercice d’un or- ne est favorable à son développement, tandis que l'i- Htion le rapetisse au contraire et diminue son énergie. ds il ne faut pas exagérer les résultats de leur action et “ser, avec Lamarck (2), que ces causes ont le pouvoir “Changer un organe en l'exagérant, ou de l’oblitérer eMplétement. Il ne faut pas même leur faire jouer un € d 0 FA ° An 0 , | € bien important dans les modifications que présentent e me à N brmes corporelles de l'Homme, En effet, l'inaction M organe n'est jamais absolue, à moins de causes pa- ‘logiques purement individuelles et dont nous n'avons lp: pue, Moral et intellectuel, observés au bagne de Toulon. 4844, in 8e, p. 315. t. Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, 1852, e V, p. 84. | s Lamarck, Recherches sur l’organisation des corps vivants. > n x, in-8o, p. 55 et 54. lL, 20 Ê | fl if (fl | 506 LA RARÉFACTION DE L'AIR pas à nous oceuper ici. Cependant on a cité les Nouka” Hiviennes, dont les extrémités inférieures sont grèles ( ne répondent pas au charme et à la belle conformatio? de leur ensemble; on a attribué cette particularité (#) s ce qu'elles sortent peu et restent accroupies dans leur cases, pendant des journées entières. On a dit la même chose (2) des habitants de Manga-Reva, que la petitess® de leurs iles prive de l’occasion de s'exercer à la marche" Mais la maigreur des extrémités est un fait presque ge néral chez les peuples sauvages et ne saurait être atwribu avec raison à ce qu'ils exercent moins que nous Jeu membres par le travail. Les Malais, les Turcs et d'auti® peuples de l'Orient, qui sont enclins à la paresse el 1 tent accroupis habituellement, n'en ont pas moins membres inférieurs bien proportionnés avec le resté ré corps. D'une autre part, les Nègres qui, à L'état d'est vage, se livrent journellement à des travaux pénibles j paraissent pas acquérir dans les colonies, même ape, plusieurs générations, le développement musculaire q° manque à leurs extrémités. | 1e Chez les Péruviens Quichuas et Aymaras, qui habile” les hauts plateaux de la Cordillière des Andes, le uroi” comparé à celui de l'Européen, est plus large el La long, toutes proportions gardées avec les membres, sont robustes, mais un peu courts. La différenc® es surtout de l'ampleur et de la hauteur de la cage pe 2 , unie” (1) Damont d’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l La Histoire du voyage, T. IV, p. 567. sud el (2) Hombron, dans Dumont d'Urville, Voyage au Pôle duns Océanie. Histoire du voyage, T. IV, p. 371. AUGMENTE-T -ELLE L'AMPLEUR DE LA POITRINE ? 307 Male et, c’est à la grande raréfaction de l'air, déterminée Per une élévation de 2,000 à 4,700 mètres au-dessus du Aiveau de la mer qu'Alc. d'Orbigny (1) attribue cette Dartieularité. Suivant cet infatigable voyageur, l'Homme 0, sur les très-hautes montagnes, inspirer un plus Stand volume d'air atmosphérique, pour pouvoir brüler fout le carbone, qui est en excès dans l’économie ani- Male et il est résulté, sous l’action incessante d’inspira- lions forcées, un plus grand développement des poumons largeur et en longueur, ce qui a détruit un peu les “Pports harmoniques entre le trone et les extrémités. I ajoute (2), à l'appui de cette première observation, Mau fur et à mesure qu'on descend du sommet des Mes dans les vallées, on constate que les peuplades de te ando-péruvienne, qui les habitent, 6nt les formes Dins massives et moins disproportionnées ; la poitrine ninue d'ampleur, les proportions deviennent plus ‘S et surtout plus sveltes, eomme on le voit chez une ton de la même race, les Yuracarès, qui vivent dans s Plaines chaudes qui s'étendent au pied de ces im- “Ses montagnes. observations, quelque intéressantes qu'elles soient, Nous semblent pas suffisantes pour en déduire une dlusion rigoureuse. La raréfaction de l’air dans les x hautes régions du Globe et la pression bien moindre à F k Colonne atmosphérique y exerce sur l'organisme Main ne doivent pas être, il est vrai, sans action; mais ( 0 Ale. d’Orbigny, Voyage dans l’Amérique Méridionale, T. LL. 1, p. 86 et 194. 2 > À) Ale. d’Orbigny, Ibidem, T. 1V, part. 4, p. 57. 303 LE GENRE DE VIE MODIFIE produisent-elles précisément le résultat que d'Orbign} leur attribue? S'il en est ainsi la même cause doit détefr miner partout les mèmes effets. Mais nous ne connaiss0® qu'une seconde chaine de très-hautes montagnes hab” tées, comparable à la Cordillière des Andes, c’est le Pat plateau central de l'Asie, l'Himalaya; or ss habitanf n'offrent, en aucune façon, la conformation si remar” quable de la poitrine des Quichuas. Mais, il y a plus? pied des Andes, dans les plaines qui bordent le-co% supérieur de l’Amazone, se trouve une nation, celle é Umanas qui, comme l'affirment positivement deux a servateurs, qui font autorité dans la science, MM. Marti” et Spix (1), offrent exactement la même conformati® que les Quichuas montagnards. C'est à l'ensemble de toutes les circonstances» ge | constituent les usages, les habitudes, -les institutiol®r, | genre de vie et la situation morale des peuples, el su | pas à chacune de ces circonstances prise isolément: qu | faut évidemment rapporter les différences si nombrét® - | qu'on observe dans leurs caractères physiques €! É | Jeur développement intellectuel. Or ces circonst? oi sont extrémement diverses et souvent même font co je traste chez deux peuples placés, non-seulement re même climat, mais pour ainsi dire côte à côte, et” À servation nous apprend que ces différences se tradu® 1e constamment par des variations plus ou moins Sale dans la conformation de ces peuples. ü Cela est si vrai que, chez les nations sauvagé” () 1825 j (4) Martius und Spix, Reise in Brasilien. Münschen, T. UE, p. 1255. LES CARACTÈRES PHYSIQUES DE L'HOMME. 509 us les membres d'une même peuplade ont, sous tous S rapports, des habitudes identiques, leurs formes cor- Porelles, s'ils n'ont pas contracté d’alliances étrangères, Présentent une grande uniformité, à ce point que tous ‘S individus semblent appartenir à une seule et même “ille, paraissent être frères en un mot. Cette observa lon n'est pas nouvelle, et Tacite (1) l'avait déjà faite au Sujet des anciens Germains comme le prouve le passage Suivant : u Ipse eorum opinionibus aecedo, qui Germaniæ " populos nullis aliis aliarum nationum connubiis infec— "Los, propriam et sinceram et tantum sui similem gentemi extitisse arbitrantur. Undè habitus quoque corporum, lquanquam in tanto hominum numero , idem om- \ nibus, » | On à prétendu cependant, contrairement à cette Opi- on, que toutes les peuplades du Nouveau Monde se "semblent on ne peut pas plus et que quiconque a vu M Américain les a tous vus. C’est Ulloa qui, le premier, * émis cette opinion ; il s'exprime ainsi : « Visto un Indio " de qualquier region, se pende decir que sehan visto | dos en quanto el color y contestura (2). n Cette as- QUOn d'Ulloa à été répétée par Home (3), par Pedro ‘ça de Leon (4), par Garcia (5), par Torquemada (6) re C.-C. Tacitus, De moribus Germanorum libellus, cap. 4. ) ) Ulloa, Noticias americanas, p. 253. 6) Home, Sketches of the history of man, T. KE, p. 15, )P. Cieca de Leon, Cronica del Peru, part. 4, cap. 19. Garcia, Origen de los Indios, p. 54 et 242. U ; Torquemada, Monarchia Indiana. Madrid, 1723, in-fo, T, > P, 371. : ‘ 310 LE GENRE DE VIE MODIFIE par Robertson (1) et par Kant (2). Rien n'est plus inexac! et Molina s’était déjà élevé contre la fausseté de cette sertion : u Rido fra me stesso, dit-il (5), quando 1eg8° “ in certi scrittori modgrni riputati diligenti osservatolh che tutti Americani hanno un medesimo aspett0, “ quando se ne abbia veduto uno, si possa dire di avergl y veduti tutti. Codesti autori si lasciarono troppo sedurft » da certe vaghe apparenze di somiglianza proceden”" » per lo più dal colorito, le quali svaniscono tosto che à “ confrontano gl individui di una nazione con que” dell’ altra. Un Chilese non si differenzia meno pe » aspetto da un Peruviano, che un’ Italiano da un 4 y desco. lo ho veduto pur dei Paraguaj, deï Cujani, € “ Magellanici, i quali tutti hanno dei lineamenti peeulial! y che li distinguono notabilmente gli uni dagli altfl: ; Tous les voyageurs modernes constatent unanimemt} la grande diversité qui existe d’une peuplade à l'aul parmi les races indigènes de l'Amérique, en même Len” qu'ils signalent, avec un accord non moins remarquaP jé l'uniformité frappante que présentent les individus d 5 même peuplade (4). Cest aujourd'hui un fait parfaite” ment acquis à la science, que plus un peuple se rappr0t de l’état de nature, plus les Hommes qui le compost” se ressemblent entre eux. 17 (4) Robertson, Histoire de Amérique, wad. franc. Paris in-4°, T. L, p. 490. (2) Kant, in Deutschen Mercur, 1788, T. I, p. 4119. (3) Molina, Sulla storia naturale del Chili, p. 356- (4) Ale. d'Orbigny, Voyage dans l'Amérique Méridiv? IV, part. 1, p. 61. ,ales LES CARACTÈRES PHYSIQUES DE L'HOMME. 311 Ï n'en est jamais ainsi chez les peuples civilisés : là Voutes les circonstances de régime, d'habitation, de pro- fssion, d'habitudes, sont excessivement variées dans Îles diverses classes d’une même nation et diffèrent souvent Même de famille à famille. Mais aussi rien de plus va- iables que les caractères physiques que présentent nos Populations, principalement dans les villes importantes, Où la richesse et la pauvreté, la fainéantise comme lés fatigues excessives, l'ignorance et la culture.de l'esprit, l'intempérance et la vie régulière, le vice et la vertu se trouvent constamment en présence. Aussi n'est-il pas difficile de trouver parmi les habitants des grandes villes de l'Europe un plus ou moins grand nombre de types humains, qui rappellent ceux des pays les plus éloignés; on y rencontre pêle-mêle, pour ainsi dire, des modèles de beauté et d’extrème laideur, avec tous les intermé- diaires. Ce qui vient à l'appui des faits précédents, € est que, Si l’on étudie les populations stables de nos campagnes, On observe bien moins de variations entre les habitants d’une même province, qui ont, en général, des habitudes El un genre de vie analogues. Mais lorsque, pendant des siècles, certaines provinces voisines d’un même empire Ont vécu d'une vie plus ou moins indépendante les unes des autres, on retrouve dans les mœurs, dans les cou- tumes de chacune d'elles, des différences plus ou moins importantes. Mais en même temps on saisit des modifi- Cations correspondantes dans la constitution physique et dans le caractère de leurs habitants. Sous ce double l'apport on distingue encore très-bien, par exemple dans hos contrées de l'Est de la France, les types lorrain, 512 LE GENRE DE VIE MODIFIE champenois, alsacien, francomtois et bourguignon ; dans les îles Britanniques, les types écossais, gallois, irlandais, etc. Mais ces différences vraisemblablement ne tarderof! pas à s’effacer, aujourd'hui que des voies nouvelles mül tiplient les relations, que la mobilisation des fortunés privées facilite le déplacement des populations et tend de plus en plus, par des mélanges continuels, à les m0 difier et à les confondre. La beauté et la force corporelles sont le partage dés familles, qui jouissent d’une honnête aisance, mênent une vie simple et suffisamment occupée ; qui se trouvent à la fois à l'abri des jouissances exagérées du luxe et des atteintes de la misère ; chez lesquelles enfin l'éducation qui fait l'Homme tant au physique qu’au moral, est dir gée à la fois d’après les règles d’une hygiène rationnelle et fécondée à l'école des plus saines doctrines. Les excès de tous genres, comme les privations habi tuelles produisent sur la conformation de l'Homme €! sur ses facultés morales des effets complétement opposés aux précédents. Nous en trouvons la preuve dans pli” sieurs des contrées que, dépuis un demi-siècle, l'indu= strie à envahies. Des travaux trop prolongés, quelquefois excessifs et supportés avant que l’âge mûr ait développé complétement les forces musculaires, enfin l'impré- voyance, l'intempérance et l'inconduite, qui entrainenf inévitablement à leur suite la misère, se montrent top souvent, là où l’industrie devrait étre un bienfait, exer7 cent non-seulement leur funeste influence sur la tailles comme nous l'avons démontré, mais elles enlaidissent el dégradent l'Homme physiquement et moralement. Les nations les plus déshéritées, qui ne parviennent * LES CARACTÈRES PHYSIQUES DE L'HOMME. 919 Soutenir leur misérable existence qu'au prix d'efforts Presque surhumains, sont les plus dégénérées. Aussi ëS peuples Hyperboréens, les Fuégiens et plusieurs au 1res peuplades de l'Amérique, les indigènes de l'ile de îques, de Mallicolo, de Vanikoro, mais surtout Ics Utraliens et les Boschismans sont-ils les Hommes les Plus laids qui existent à la surface du Globe et leurs Mmes sont plus affreuses encore. La vie sauvagé l'exerce ici qu'une influence bien secondaire, puisque, Sur plusieurs points des mêmes régions de la terre, nous l'ouvons des races qui, si elles ne présentent pas une beauté artistique de premier ordre, peuvent cependant étre considérées comme étant relativement très-belles. Faut-il citer les Patagons, les Caraïbes, plusieurs peupla- des de l'Amérique du Nord, les naturels de Taïti, de Nouka-Hiva, de Tonga-Tabou, ete., qui mènent une istence facile et exempte de privations ? Il n'est pas douteux que le genre de vie n’exerce, bien Plus que les influences du climat, une action puissante Sur l'organisation de l'Homme. Partout où des nations “At changé les conditions de leur existence physique et “otiale, soit'dans leur pays d'origine, soit dans d’autres Parties de la terre où elles se sont transportées, elles ont GE plus où moins profondément modifiées. Partout, au CONtraire, où les peuples ont conservé leurs habitudes, fur genre de vie, leurs croyances, leurs institutions, ils Sont restés les mêmes à travers les siècles et il en a été ‘Insi dans les colonies, que ces peuples ont fondées dans S contrées éloignées et dans des conditions elimatéri- ‘es bien différentes de celles du sol natal. Le faits nombreux viennent élayer cette double et hestable assertion. De 4 o14 PEUPLES QUI SE SONT MODIFIÉS Les Germains de Tacite, ces Patagons de l'Europe ancienne, ne se retrouvent plus en Allemagne avec les caractères que cet historien éminent leur attribué 5 u Truces et cærulei oculi, rutile comæ, magna corpol® “et tantum ad impetum valida; laboris atque operu”” v non eadem patientia; minimeque sitim æstumque (07 “ lerare, frigora atque inediam cœlo solove assuevé” s runt(1). » On ne reconnait plus aujourd'hui à ces traits les habitants des mêmes contrées. Mais aussi quelle différences dans le genre de vie de la sauvage Germanie et de l'Allemagne civilisée! On attribuera peut-être ces changéments à des croisements avec des races éuran” gères; mais nous verrons plus loin dans quelles circon” stances spéciales cette influence modifie les caraetère d'une race. : On ne retrouve pas davantage, ces anciens Gaulof des provinces Belgiques, si bien connus d’Ammien Mar” cellin, qui a longtemps vécu au milieu d'eux et dont” trace le portrait suivant : « Celsioris staturæ et candi s pæne Galli sunt omnes et rutili, luminumque torvital® » terribiles, avidi jurgiorum et sublatius insolescentés" » Nec enim eorum quemquam adhibita uxore rixantet? “ multo fortiore et glauca, peregrinorum ferre potel” “ globus : tum maxime cum illa inflata cervice suffren” “ dens, ponderansque niveas ulnas et vastas, admist® “ calcibus emittere cœperit pugnos, ut catapultas “ libus nervis excussas. Metuendæ voces complu “et minaces, placatorum juxta et irracentium (DA? toruT ru - | j 4. (1) G. C. Tacitus, De moribus Germanorum libellus, CP: (2) Ammianus Marcellinus, Rerum gestarum Wb. XV, cap EN CHANGEANT LEUR GENRE DE VIE. 915 Aucun de ces caractères ne peut être attribué aux Fran- Gais de nos jours et surtout aux dames françaises. Mais aussi une transformation complète s’est produite dans les mœurs de notre nation depuis l'époque d'Ammien Marcellin. Les peuples, qui ont successivement subjugué la Grande-Bretagne, les Saxons, les Danois, les Normands, se sont mélés aux tribus celtiques, aux Gaëls et aux Ca- lédoniens, ses plus anciens habitants. Mais tous ces élé- ments, qui se sont confondus pour former la nation anglaise actuelle, se sont singulièrement modifiés et les Anglais modernes ne ressemblent plus complétement aux peuples qui leur ont donné naissance. Est-il besoin d'ajouter qu'en Angleterre, comme en France, comme en Allemagne, la civilisation avec tous Ses raffinements a succédé à un état voisin de la barbarie. Pour rencontrer aujourd'hui les originaux de ces por- traits des anciennes races de la Germanie et du nord de l'Europe, que les auteurs latins nous ont tracés de main de maitre, c’est dans la péninsule scandinave qu'il faut aller ; là on les retrouve encore parmi les habitants des campagnes, qui ont conservé la vie simple de leurs ancêtres. La race anglaise actuelle, la plus cosmopolite de toutes, mais aussi celle qui transporte avec elle son esprit mer- cantile, ses habitudes de confortable et ses coutumes bationales, conserve, dans toutes les contrées du Globe où elle a mis le pied et sous les climats les plus différents, | ses caractères physiques. Cependant, dans une de ses ‘ anciennes colonies, devenue indépendante depuis moins d’un siècle, et sous un climat peu différent de celui de la 316 PEUPLES QUI SE SONT MODIFIÉS brumeuse Angleterre, aux Etats-Unis d'Amérique, cette race envahissante a modifié les habitudes domestiques de la mère patrie et déjà elle a produit un type particu- lier, le type Yankée, qui diffère sensiblement de sa sou- che originelle, à ce point que le docteur Knox (1) y voit même un commencement de dégénérescence, qui éveillé dans son esprit des craintes pour l'avenir des races eu- ropéennes établies dans le Nouveau-Continent. Les Irlandais, qui ont la même origine que les Anglais eux-mêmes, en diffèrent beaucoup aujourd'hui, Mais en Irlande la terre n’est pas prodigue de ses dons et, depuis le XIV° siècle, cette malheureuse nation a subi, en outre; le joug écrasant de ses puissants voisins, et lutte pénible- ment contre Ja misère qui l’assiége habituellement et la décime quelquefois. Mais, parmi les habitants de cette ile infortunée, il n’en est pas de plus déshérités que ceux de la baronnie de Flew qui, repoussés dans les montagnes pendant les guerres de Cromwell, y mènent; depuis cette époque, la vie la plus déplorable. Leur phyÿ- sionomie ne rappelle plus les traits de la race celtique; d'où ils descendent, mais, ce qu'il y a d'étrange, c’est que leur mächoire proéminente, leur ventre développé leurs membres gréles, les rapprochent absolument des races humaines les moins favorisées et perdues au fond de l'Océanie (2). Les Slaves du midi de l'Europe, Croates, Serviens, Esclavoniens, s’éloignent de leurs frères de Ja Russie d'Europe, par leur peau basanée, leurs chéveux et leurs (1) R. Knox, The Races of men. London, 1850. j (2) De Quatrefages, Moniteur des cours publics, 1857, p- ” EN CHANGEANT LEUR GENRE DE VIE. 517 yeux noirs et par d'autres particularités de conforma- tion; mais, il y a des siècles, qu'ils ne sont plus placés dans les mêmes conditions d'existence que leur souche Originelle. . Suivant Blumenbach (1), Malte-Brun (2), Balbi (5), €t Prichard (4), les Lapons et les Hongrois ont pour Origine une souche commune, la race finoise, et la res- semblance de langage semble confirmer ce fait (5). Ce- pendant, combien est grande aujourd'hui la différence de taille et de conformation entre ces deux peuples ! Les Lapons, par la petitesse de leur stature, par leurs formes trapues, par leur laideur et leur difformité, s’éloignent énormément des Hongrois, dont la taille est élevée et bien prise, les membres longs, souples et vigoureux, dont le teint et les traits sont analogues à ceux des na- tions blanches et d'une évidente beauté (6). Mais aussi quel contraste entre la vie misérable du Lapon et celle . des populations policées de la Hongrie ! IL est vrai qu'on (4) Blumenbach, De generis humani varietate nativa, p. 188. (2) Malte-Brun, Précis de Géographie universelle. Paris, 1810, in-80, T. IL, p. 547. ! (3) Adrien Balbi, Antroduction à l’atlas ethnographique du Globe. Paris, 1826, in-80, T. [, p. xlv. (4) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, trad. franc. 1, p. 282. (5) OL. Rudbeckius, Analogia linguæ Finnonice cum Ungarica ad calcem Specim. usus linguæ Gothicæ. Upsal, 1717, in-40, p. 77; J. Hager, Neue Beweise der Verwandischaft der Hungarn mit den Lappländern. Wien, 179%, in-8°; Balbi, Ibidem, T. I, p. xlv, (6) Edinburg Review, Ethnology, el. D. 459. ee came pre er z a =. S an nm 2 ao 7 518 PEUPLES QUI SE SONT MODIFIÉS a nié l’origine finoise des Hongrois et M. de Gerando (1), dans un ouvrage très-remarquable, soutient que les Hongrois sont des Huns; le facies un peu anguleux € osseux des Madgyars semble en effet indiquer une origine mongole. D'une autre part les observations faites par W. Edwards (2) sur des soldats de l'armée autrichienne, originaires du royaume de Hongrie (5), lui ont démontré qu'il existe encore dans ce pays des individus qui onf conservé les principaux caractères du type hunnique: Ce type est connu par Jornandes (4) qui décrit ainsi Attila : u Forma brevis, lato pectore, capite grandiori, “ minulis oculis, rarus barba, canis aspersus, simo nas, " teter colore, originis suæ signa restituens. I dit en outre des [uns en général (5) : n Nam et quos bello “ forsitan minime superabant, vultus sui terrore nimium “ pavorem ingerentes; terribilitate fugabant, eo quod “ erat eis species pavenda nigritudine, sed velut quæ- “ dam, si dici fas est, deformis offa, non facies, habens- " que magis puncta, quam Jumina.……… Hine imberbes " senescunt et sine venustate ephelei sunt.…..… Eximi “ quidem forma, sed arguti, motibus expediti et ad “ equitandum prumptissimi : Scapulis latis et ad areus (1) De Gerando, Essai historique sur l’origine des Hongrois. Paris, 14844, in-8o, (2) W. Edwards, Des caractères physiologiques des races hu- Maines, considérés dans leurs rapports avec l’histoire. Paris: 1829, in-80, p. 86 et suivantes. (5) Il s’agit ici du centre de la Hongrie ; car la circonférence paraît être peuplée par des Slaves. (4) Jornandes, De Getarum origine el geslis, cap, 55. (5) Jornandes, Tbidem, cap. 24. EN CHANGEANT LEUR GENRE DE VIE. 319 " Sagittasque parati: firmis cervicibus et in superbia " semper creeti. n Mais, s’il en est ainsi, leur transfor- Malion actuelle serait plus étonnante encore. L'histoire, du reste, nous apprend que la confédération des Huns formait deux branches (1), longtemps étroitement alliées €t parlant la même langue. Le rameau oriental ou cas- Pien portait le nom de Huns blanes (2) par opposition au rameau occidental, autrement dit ouralien, dont les ‘Wibus étaient basannées ou plutôt noires. La ligue des Huns occidentaux comprenait, suivant M. Am. Thier- ty (5), des Finois à peau basanée et une horde domi- nante de race mongole offrant l’exagération du type kalmouk. Or c’est en 576 que les Huns noirs envahirent, pour la première fois, les contrées arrosées par le Danube, refoulérent les Goths au delà de ce fleuve et les expul- Sèrent complétement, suivant la coutume des Barbares de cette époque, du pays qui porte aujourd’hui le nom de Hongrie. C'est en effet entre le Danube et la Theiss, qu'Attila établit le centre de son immense empire. Sous les fils de ce terrible conquérant et malgré les désastres que subit le premier empire hunnique, ces hordes étran- gères n’abandonnèrent pas toutes le sol de la Hunnie : plusieurs tribus, échangeant la vie nomade pour une (1) Jornandes, De Getarum origine el gestis, Cap. 24. (2) Procope (De Bello Persico lib. I, cap. 3) dit de cette branche des nations hunniques : £æ Hunnis hi sole corpora cute candida et vultus habent minime deformes. (3) Am. Thierry, Histoire d’Attila el de ses successeurs. Paris, 1856, in-80, T. E, p. 8. sl 3 pi - RATE ne EE SE m7 = < k — anse s < RE ie me PR PUS CU OI PS, Ce 20 PEUPLES QUI SE SONT. MODIFIÉS .: existence sédentaire, fondèrent dans les provinces pan- noniennes des colonies soumises à l'empire de Byzance: Dans la seconde moitié du VE siècle, les Faux-Avars ou Ouar-Khouni, véritables Huns de la branche orientale; soumis antérieurement par les Tures, échappérent par là fuite à cette domination, firent à leur tour irruption dans la Hunnie, sous la conduite de léur Kha-Kan, qui s8 nommait Baïan, en chassèrent les Gépides et fondérent le second empire hunnique. Mais, écrasés bientôt par la puissance de Charlemagne, ils furent, pour la plupart, confinés dans les deux Pannonies et dans l'ancienne Dacie (1). Enfin, au IX* siècle, les Hunugars, également d’origine hunnique, mélange de Huns noirs ou finois et de Huns blancs de race ougourienne (2), refoulés vers l'Occi= dent, des confins de l'Europe et de l'Asie, par les Pai- zinaks ou Petchénèques, reconquirent définitivement la partie centrale du royaume d'Attila et, avec les débris encore subsistants dans ces contrées, des invasions hun- niques précédentes, devinrent la souche du peuple hongrois. | | Ces faits expliquent et concilient, ce nous semble, les opinions différentes qui ont été émises sur les ori- gines de ce peuple; mais il n’en reste pas moins dé- montré que la substitution de la vie sédentaire à une exisience nomade et surtout la civilisation ont modifié profondément les deux types humains qui ont concouru à sa formation. (4) Am. Thierry, Histoire d'Altila, etc., T, IE, p. 201 et 202. (2) Am. Thierry, Zbidem, T. If, p. 206. Le RE ie mm Re 7 TER ER OL DORE Ris ch cages OI EN CHANGEANT LEUR GENRE DE VIE. 521 Ces modifications sont d'autant plus remarquables, qu'un peuple voisin, les Valaques, qui sont les descen- dants des colons envoyés par Trajan, pour défendre la live méridionale du Danube contre les invasions des Barbares, ont, depuis dix-sept siècles, conservé une Physionomie noble et belle, qui rappelle le type des laces italiques et ils parlent encore aujourd’hui un idiome dela langue latine. Mais ils n’ont pas, comme les Huns, Changé de genre de vie. On trouve chez les nations turques, aujourd’hui EXistantes, deux types fort différents de visage et de tonformation corporelle. Les tribus, qui n’ont pas quitté les pays occupés de temps immémorial par leur race et ont conservé la vie pastorale et nomade, présentent encore la physionomie et les caractères généraux que les auteurs anciens assignent aux Turcs primitifs. Parmi. tes peuplades se trouvent les Kirghis : ils errent dans tS steppes immenses de la Tartarie, qui s'étendent à lEst de la mer Caspienne, entre la Russie d'Europe et les frontières de la Chine jusqu'aux montagnes de Pa- Mère. Ils sont petits et fort laids ; leurs traits rappellent tomplétement ceux de la race Mongole, à laquelle ils ®Ppartiennent et leurs crènes, comme l’a constaté Blu- Menbach (1), offrent à un haut degré la configuration Pyramidale. Ils ont enfin la barbe rare et le teint brun, ien qu'ils habitent un climat rigoureux et la langue Mere MARS EP À. Lu es D sas mais l’armée de Clovis était bien peu nombreuse €î présence de la masse de la population. Soixante-millé Hommes n’ont pu produire de changements appréciables dans les types du peuple vaincu, et si quelques descen” dants de ces vainqueurs, en s’alliant entre eux, ont OP” servé jusqu'aujourd'hui quelques-uns des caractères phy (4) W. Edwards, Des caractères de eos des racéé humaines, ete., p. 51 et 52. (2) W. Edwards, Jbidem, p. 57 et suivantes. RETOUR À L’UNE DES DEUX RACES MÉLANGÉES. 947 siques de leurs ancêtres, ils sont comme perdus au milieu de la masse de la population (4). Ainsi, l'invasion franque, pas plus que l'invasion romaine qui l'avait pré- cédée, n’ont détruit les types Gall et Kimri, qui domi- haient anciennement dans la Gaule. Bien que ces types se soient modifiés, comme nous l'avons démontré, les habitants des mêmes contrées ont conservé néanmoins Certains traits de la physionomie de leurs aïeux; tandis que nous ne trouvons plus, qu’à l’état de rare exception, le type germain implanté par la conquête. Mais, lorsque l'invasion, au contraire, a refoulé une grande partie du peuple vaincu, qui se retirait devant ce torrent (2) et qu’elle en a dominé les restes par sa masse, la race précédente a disparu dans la nou- velle après quelques générations. Tel a été le résultat des plus anciennes invasions gauloises dans l'Italie sep- tentrionale, où le type Kimri forme encore la partie la plus nombreuse de la population, et ce fait concorde parfaitement avec les documents les plus précis que nous possédons sur la Gaule cisalpine. L'histoire nous apprend que les Gaulois occupaient tout le nord de Ftalie entre les Alpes et les Apennins et même au delà vers la (4) La tête de Charles X reproduisait les formes exactes de la race franke (Serres, Revue des deux mondes, nouv. série, 1845, T. X, bp. 179). (2) Am. Thierry (Histoire des Gaulois, éd. 5. Paris, 1858, in-18, T. I, p. 421 et 122), nous fait connaître plusieurs exemples de ce refoulement de peuples de races différentes dans ancienne Gaule et l'antique Ibérie. Elles ont été bien plus fréquentes encore dans les plaines de la haute Asie et nous trouvons aussi des faits de te genre en Amérique. æ ge 4 ES | | ges an imennehe 348 RETOUR A L'UNE DES DEUX RACES MÉLANGÉES. Mer occidentale, bien avant l'existence de Rome; que, vers 1564 avant l'ère chrétienne, ces peuples s’y étaient établis d'une manière permanente, avec leurs Femmes et leurs enfants, sous le nom d'Ombres ou d'Ambra ({)- Ils avaient refoulé devant eux les Sicules, qui se préten- daient autochtones, et qui, obligés d'abandonner aux vainqueurs la terre natale, firent retraite vers la pointé méridionale de Fltalie, d’où ils passèrent dans la grande ile, qui prit d'eux le nom de Sicile (2). Possesseurs paisibles d'un territoire vaste et fertile, Île Ombres s’y organisèrent suivant les usages de leur na tion. Mais, dans le cours du XF siècle avant J.-C., un peuple, nouvellement émigré du nord de la Grèce, entra en ltalie par les Alpes illyriennes, traversa la basse Om brie où Is-Onbrie, franchit l Apennin et envahit l'Ombrie maritime ; c'était la nation des Rasènes, si célèbre depuis dans l'histoire sous le nom d'Etrusques. Bien supérieurs en civilisation aux races de la Gaule et de l'Italie, ils 5€ distinguaient en outre des sauvages tribus Ombriennes en ce qu’ils ne détruisaient pas ou ne chassaient point la nation subjuguée; ils la laissérent vivre attachée à la glèbe du champ dont ils l'avaient dépouillée. Tel fut le sort des Ombres dans la partie de leur territoire, qui à formé depuis l'Etrurie (5). Là disparurent rapidement les traces de la domination gauloise, mais les ancitn$ habitants ne disparurent pas en même temps que leu” ts Am. Thierry, Âistoire des Gaulois, éd. 5. Paris, 1855 in-18, T. I, p. 425. . (2) Am. Thierry, {bidem, T. 1, p. 125. (8) Am. Thierry, Jbidem, T. E, p. 127. RETOUR À L'UNE DES DEUX RACES MÉLANGÉES. 949 indépendance politique ; plus nombreux que leurs vain- queurs, ils les absorbèrent et, de nos jours encore, W. Edwards a retrouvé au nord de la Toscane, et dans la masse de la population, quelques-uns des traits qui ca ractérisent le type Kimri (1). Toutefois les Ombres ne se soumirent pas tous à la servitude ; un grand nombre re- passèrent dans la Gaule, où ils se firent place, soit parmi les Helvètes, soit parmi les tribus éduennes des bords de la Saône (2); et, chose remarquable, W. Edwards a retrouvé leurs ne à Genève et aux environs de Châlons-sur-Saône (3). Ainsi l'histoire et l’ethnographie se donnent ici la main, et confirment l’une par l’autre l'exactitude et la puissance de leurs moyens d'investiga- tion, dans la solution de ces problèmes si intéressants de l'histoire du genre humain. Nous pourrions eiter un grand nombre de faits analo— gues, mais ceux que nous avons signalés suffisent pour démontrer la proposition que nous avons émise. Dans les circonstances que nous venons d'indiquer, i} nait des hybrides, mais ils rentrent hientôt dans l'un des deux éléments qui leur ont donné naissance et ne forment pas une lignée intermédiaire permanente. $e- rait-il vrai, comme le veut le docteur Knox (4), que le croisement des races humaines ne crée pas de races métisses? Devant l'évidence des faits, universellement (4) W. Edwards, Des caractères physiologiques des races hu- maines, elc., p. 55, 57 et 74. (2) Am. Thierry, istoire des Gaulois, T. 1, p. 128. (3) W. Edwards, fbidem, p. 60. (4) R. Knox, The Races of men. London, 1850, in-8°, 350 | RACES MÉTISSES. connus, il peut paraitre étrange qu'une telle question soit posée et, qui plus est, résolue négativement. Mais l'école américaine, qui admet l'existence d'espèces d'Hommes distinctes, penche nécessairement vers cette doctrine, en vue de justifier l'esclavage et se refuse à reconnaitre l'existence de races nouvelles, formées soit par l'action des causes modificatrices que nous avons étudiées précédemment, soit par l'effet des croisements: Nous avons déjà démontré la réalité de leur formation par le premier de ces procédés naturels, il nous reste à constater qu’il s’en établit également par le second. Or il existe des expériences toutes faites et sur une assez grande échelle pour qu’elles soient concluantes: Dans tous les pays où les Européens ont fondé des colo- nies, le contact de la race blanche avec presque tous les autres peuples du monde, a donné naissance à des races mixtes, qui se maintiennent surtout là, où elles sont re- foulées sur elles-mêmes par le mépris qu’elles éprouvent pour leurs parents jaunes ou noirs et par celui que leur rendent leurs parents blancs. On sait jusqu'où sont poussés, dans les colonies américaines (1), ces préjugés du sang, qui forment des métis une caste à part dans la société. La moindre trace de sang noir dans une famille, même lorsque le type blanc a reparu chez elle avec tous ses caractères, en fait un objet de répulsion pour les blancs de race pure. Là les métis à tous les degrés s’u- nissent principalement entre eux et forment ainsi une race distincte. (4) Cette répulsion est peut-être encore plus vivace à l'ile de la Réunion (Voyez l’ouvrage du docteur Yvan, De France en Chine: Paris, 1855, in-18, p. 156). 4 RACES MÉTISSES. se 351 Ces métis, produits dans les colonies européennes, $ont même aujourd'hui très-nombreux. Dans les cinq Etats du Mexique, du Guatemala, de la Colombie, de la Plata et du Brésil, ils entrent pour un cinquième dans la Population (1). Omalius d'Halloy (2) estime à 750 mil- lions le chiffre approximatif des habitants de la terre et à 10 millions celui des métis ; mais il ne comprend dans Ce dernier caleul que les métis, dont l’origine, remontant à l’époque moderne, est connué historiquement. Or ces derniers n’ont commencé qu’à la suite du grand mouve- Ment qui, vers la fin du XV° siècle, entraîna les popula- tions européennes dans les régions lointaines. Aussi est-ce en trois siècles et demi que s'est formée cette multitude de Mulâtres, de Zambos, de Griquas, ete., qui entrent aujourd'hui pour un soixante et quinzième dans la population entière du Globe. Mais ce n'est pas seulement dans les colonies et par l'effet de l'esclavage, que s’opère le mélange des races humaines; il n’est pas non plus toujours le résultat des guerres et des invasions. Partout où deux nations de races différentes sont contiguës et entretiennent des re- ltions amicales; partout où l'élément commercial et Plus encore les liens religieux les rapprochent, il s'établit entre elles, et principalement sur leurs frontières respec- (1) De Quatrefages, Revue des deux mondes, périod. 2, T. VIN, P. 462. — Les tableaux de Rugendas (Voyage dans le Brésil.Paris, 1835, in-fo), pour ces cinq Etats donnent même une proportion plus forte de métis. (2) Omalins d’'Halloy, Des Races humaines ou Eléments d'Eth- ROgraphie. Paris, 1845, in-8°. ETS D EDEN A ann 3 FE 4 a _ age mac " “à : : : s ere: we Des É pen FE RES Re 992 RACES MÉTISSES, tives, des alliances nombreuses, qui deviennent bientôt l'origine d'une race métisse. Ce fait se produit partout où se rencontrent les conditions que nous venons d'indi- quer et il nous semble inutile d’en citer des exemples Mais chacune des races métisses, dont il vient d’êlré question, est bien loin de se montrer uniforme dans tous les individus qui la composent, et la variabilité des pr07 duits se manifeste même dès le premier croisement: Tous les Mulâtres, par exemple, sont loin d'être sem7 blables entre eux et il en est de même, comme n0% l'avons vu, des métis du premier degré qu’on ohservé dans le mélange de deux races de même espèce chez les animaux domestiques et même chez les plantes cultivées; il n'y a plus cette fixité dans les caractères, qu'on coP° state dans la descendance d’une race depuis longtemp® constituée, et c’est là par conséquent une loi générale: Les métis humains ne sont pas non plus complétement intermédiaires entre les deux races qui leur donnent naissance. La race supérieure empreint ses caractère sur le produit d’une manière beaucoup plus profonde que la race inférieure. Il suit de là que le métis n'est pas une résultante moyenne des deux producteurs, mais Un£ résultante inégale dans laquelle une des deux races do- mine et cette prédominance est aussi tranchée au mor? qu’au physique (1). M. Serres (2) affirme même que ï race supérieure fournit au moins les deux tiers à la 12° de (4) Serres, Comptes rendus de l'Académie des sciences Paris, 1841, p. 648. (2) Serres, Revue des deux mondes, nouv. sér., 1845, T. À, P° 466. : RACES MÉTISSES. 399 ture du produit et l'on comprend dés lors que la race aucasienne imprime fortement son cachet sur toutes les laces qu’elle touche. M. de Reiset (1) dit la même chose en d’autres termes. L'atavisme devient aussi quelquefois Une cause d’inégalité; M. de Quatrefages en cite l’exem- Ple suivant : un Mulâtre épousa une Négresse ; l’enfant Qui naquit de cette union était parfaitement blanc et re- Produisait ainsi le caractère de son aïeui (2). Nous ajou- lerons enfin que les métis qui procèdent des divers de- Srés de mélange et que le renouvellement continuel de là race mixte par les deux races primitives entretiennent nécessairement une certaine bigarrure dans les carac- tères physiques des hybrides humains, dont il est ici Question. L'homogénéité s'obtient plus facilement dans les races croisées d'animaux domestiques. Mais là c’est ordinaire- Ment la volonté d’un maitre et non les caprices de l'Homme qui président aux unions. Si néanmoins, dans les races d'animaux domestiques, les alliances sont livrées du hasard, comme nous en avons cité des exemples, o tOnstate exactement les mêmes faits que dans le croise - Ment des races humaines. Cependant, il peut se former, dans notre espèce, des faces mixtes dues à l'hybridité, ayant de la fixité et pré- Sentant des caractères propres. C'est ce qui arrive presque inévitablement, lorsqu'une race métisse se trouve acei- dentellement isolée et qu'elle forme un Corps de nation (1) De Reïset, dans le Bulletin de la Société ethnologique, 1847, p. 95. (2) De Quatrefages, Moniteur des cours publies, 1837, p. 64, I. : 23 334 RACES MÉTISSES. distinct. Alors, en l'absence de tous croisements nou veaux avec les types originaires, les deux élément étrangers finissent par se mêler d'une manière plus égale et plus intime. D'une àutre part, le mêmé genré de vie, devenant général chez toute cette nation de métiss tend à la ramener, au bout d’un temps plus ou moins long, à des caractères communs et l’uniformité s'établit: On connait des exemples de cette création de races mixtes aussi caractérisées et aussi distinctes que les auf races humaines. Prichard (1) signale un fait de ce genre chez les Gri- quas qui sont, comme chacun sait, un peuple d'origine mélée, descendu d’un côté des Hollandais, qui ont colo” nisé le sud de l'Afrique et de l’autre des Hottentots ab? rigènes. Il y a une cinquantaine d'années qu'un demi” sang du nom d'Adam Kok, réunit autour de lui un gran nombre de métis et, traversant la rivière d'Orange, ils se fixérent au delà de cette rivière. Bientôt cependant ses gens se divisèrent en deux factions : lune lui demeul* fidèle et l’autre se dirigea à l’ouest, sous le commandé” ment de Waterboer et fonda Griqua-Town. Lors de leu émigration de la colonie du Cap, ils s'étaient donné & nom de Bastaards, mais bientôt après, sur la prière d'ur missionnaire, ils prirent celui de Griquas (2). Les Gr quas occupent maintenant, sur les bords de la rivièr® d'Orange, un espace de 700 milles au moins. Jls son (4) Prichard, Histoire naturelle de P Homme, trad. franç- pari, 4843, in-8°, T. I, p. 26. (2) Ludovic de Castelnau, Rapport adressé au Mini l’Instruction püblique sur un voyage dans l'Afrique ausi dans le Journal général de l'instruction publique, 1858, P- siré de rales 385- RACES MÉTISSES,. 355 Mombreux, forment un corps de nation distinct et s’ac- Toissent rapidement. Ce sont de redoutables marau-- deurs : ils désolent par leurs incursions dévastatrices loutes les tribus aborigènes du voisinage et souvent aussi is deviennent fort incommodes aux colons placés sur “rs frontières. Ces habitudes de déprédation les isolent de leurs voisins. Ils offrent des caractères intermédiaires , cux des races dont ils dérivent et, par l'absence d'al- lances nouvelles avec celles-ci, ils maintiennent les ca- actères physiques qui les distinguent. s Après la conquête de l'Amérique, les Espagnols se Sont mélés aux indigènes et leurs enfants ou métis furent déclarés Espagnols. u Ces métis, dit Felix de Azara (D), !S’unirent en général les uns aux autres et ce sont les descendants de ces métis, qui composent aujourd’hui * au Paraguay la plus grande partie de ce qu’on appelle "les Espagnols. Ils me paraissent avoir quelque supé- " Tiorité sur les Espagnols d'Europe par leur taille, l'élé- Sance de leurs formes et même par la blancheur de ! leur peau. » MM. Martius et Spix ont rencontré également au Bré- S, dans les plaines solitaires qui sont bordées par les têts de Tarama, une autre race mixte très-remarquable, Pour ne pas dire singulière et qui vit là complétement Kolée du reste du monde, ce sont les Cafusos. Leur ori- Site n’est pas douteuse : ils descendent positivement Lun mélange de naturels de l'Amérique avec des Nègres portés d'Afrique. Les deux savants distingués, que () Don Felix de Azara, Voyage dans l’ Amérique Méridionate, 8, 1809, in-8o, T. If, p. 265. 390 RACES MÉTISSES. nous venons de nommer, les ont observés avec soin © nous ont laissé, dans leur Voyage au Brésil, une des” cription détaillée de ce peuple nouveau. Nous croyÿon utile de transcrire ici ee passage, tel qu’il a été tradui! dans l'ouvrage de Prichard (4) : u Leur aspect a quelqu chose d’étrange qui ne peut manquer de frapper Luc ment un Européen. Ils ont la taille svelte, et cependa? le corps musculeux ; leurs bras surtout et leur poitriné offrent des muscles très-développés ; leurs jambes pre proportionnellement faibles. Leur teint est euivrés 1 rant sur le brun. En général leurs traits se rapproche? plus de la race africaine que de la race américain ” ils ont le visage ovale, les pommettes des joues haute” » mais pas si larges que les Indiens, le nez large aplati, ni retroussé, ni très-arqué ; la bouche gran ÿ avec des lèvres épaisses mais égales et qui, de mé” que la mächoire inférieure, ne font pas en avan n° saillie bien marquée. Leurs yeux noirs ont un regal plus ouvert et plus franc que ceux des Indiens et 50° d'ailleurs un peu obliques ; ils ne sont pas si rappi” chés que ceux des Indiens. Mais ee qui donne surto® à ces métis un air des plus étranges, c'est j'énor” chevelure crépue, qui s'élève perpendiculairemen" front jusqu’à la hauteur d’un pied ou d’un pied et d® au-dessus de la tête, formant ainsi une sorte de perf qe très-extraordinaire et très-laide. Cette bizarre coifur® qui au premier aspect semble un produit de J'art pl ; que de la nature, rappelle la plique polonaise? n pourtant ce n’est point l'effet d'une maladie Lire ‘ F (4) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, T. E, p- 21 + RACES MÉTISSES. 357 ñ simplement une conséquence de la double origine des " Cafusos ; leur chevelure, en effet, tient le milieu entre "la laine du Nègre et les cheveux longs et raides de l'Américain. Cette perruque naturelle est quelquefois " si haute, qu’elle oblige les Cafusos à se baisser pour entrer et sortir par les portes ordinaires de leurs hut- " tes ; elle est d’ailleurs si bien mélée, que toute idée de " la peigner est hors de question. n Cette disposition de chevelure donne aux Cafusos de la ressemblance avec les Papouas de la Nouvelle-Guinée, dont il va être ques- üon, et ce rapprochement mérite d’être signalé. On trouve sur le littoral des iles de Waigiou, de Sal- Waty, de Gammen, de Batenta et sur toute la partie Septentrionale de la Nouvelle-Guinée, depuis la pointe Sabelo jusqu'au cap Doréy (1), un peuple aussi très-re- Marquable par l'énorme volume de sa chevelure frisée, Ont la circonférence mesure souvent trois pieds et Rmais moins de deux pieds et demi. La relation d Jacob Maire (2) prouve que ces Papous hybrides Aavaient point échappé aux observations des premiers Mvigateurs. Dampier (3), qui avait aussi observé ces Ommes, les avait distingués des Papous-Nègres par le om de Papouas à tête de vaudroille. Quoy et Gai- Mard (4) les ont décrits dans les termes suivants : u Leur (1) Lesson et Garnot, Annales des sciences naturelles, 1"© série, )J. Maire, Miroir Oost et Vest indical. Amsterdam, 1621, in- 2, pe 164. (4 Ü (G) Dampier, Nouveau voyage autour du Monde, trad, franc. s É . Msterdam, 1698, 2 vol. in-12. (4) Quoy et Gaimard, dans Freycinet, Voyage autour du Monde 398 RACES MÉTISSES. “ peau est brun foncé; leurs cheveux sont noirs, tant “ soit peu lanugineux, très-touffus ; ils frisent naturelle” “ ment, ce qui donne à la tête un volume énorme; surtou! n lorsque, négligeant de les relever et de les fixer en » arrière, ils les laissent tomber sur le devant. Is n'ont “ que peu de barbe, même les vieillards ; elle est de 2 s leur noire, ainsi que les sourcils et les yeux. Quoiqu IIS “ aient le nez un peu épaté, les lèvres épaisses, et le “ pommettes larges, leur physionomie n’est point dé “ gréable, et leur rire n’est pas grossier. n Ces deux sl teurs les considèrent comme une race mixte, née du ro” sement des Nègres-Océaniens et des Malais. Dumont Sd ville (1), Lesson et Garnot (2), qui ont visité depuis F mêmes contrées, avec l'expédition de l’Astrolabe je pouvaient négliger un sujet d'étude aussi intéressant: partagent de tous points les vues de leurs prédécessetl de l’Uranie sur l’origine de ce peuple. Ces métis ont en prunté aux deux races, dont ils sont issus, les habitude qui les distinguent et leurs caractères. physiques, ue” seulement ne démentent pas cette appréciation, mails 2 mettent hors de doute. Prichard (3) ne pense pas toute que le mélange se soit opéré dans les lieux qu'ils habite? aujourd'hui, mais il conjecture que ces méus Ÿ 7. arrivés de quelques parties de l’archipel indien; où Ke ! à J 97. sur les corvettes l’Uranie et la Physicienne. Zoologie; P° 1 et Annales des sciences naturelles, sér. 4, 1827, T. VIL P- (1) Dumont d'Urville, Voyage de lAstrolabe. Histo voyage, T. IV, p. 605. g97, (2) Lesson et Garnot, #nnales des sciences naturelles 1 T.X, p. 95. (3) Prichard, Histoire naturelle de l Homme, T. KE P- 54. RACES MÉTISSES. 359 : deux races génératrices sont en présence. Mœrenhout (1) les considère aussi comme étrangers à ces iles et comme S'y étant établis en conquérants. Quoi qu'il en soit, ils n’en constituent pas moins une race métisse qui, dès l'époque de Dampier, avait atteint son plein développe- ment et dont les caractères sont devenus permanents. Les Malais, dont jusqu'ici on ignore l’origine, seraient eux-mêmes une race hybride, suivant Blumenbach (2) et plusieurs auteurs modernes (3) ont accepté cette opi- ion. M. Serres (4) fait en outre observer que les Malais constituent une race bien supérieure à celle des Nègres- Océaniens, et que, dans le mélange de ces deux races qui a donné naissance aux Papouas à tête de vaudroille, le type supérieur devrait prédominer, d’après la loi gé- nérale reconnue par les anthropologistes, si la race ma- laise était une race primitive. Or, chez les Papouas, ce sont les caractères de la race noire qui sont les plus marqués; d’où cette nouvelle loi, que les races primitives l'emportent sur les races secondaires dans leurs croise- Ments. Les partisans de l'opinion, qui admet plusieurs espèces (1) J.-A. Mœrenhout, Voyages aux îles du Grand Océan. Paris, 1837, in-80, T. IL, p. 251. (2) Blumenbach, De generis humani varietate nativä. Goltingæ, 1795, in-19, p. 319. " (3) J.-A. Mœrenhout, Jbidem, T. Il, p. 282; De Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines. Paris, 1855, in-80, T. IL, p. 249 ; Docteur Yvan, De France en Chine. Paris, 1855, in-18, p. 368, ete. (4) Serres, Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, 1841, T. XI, p. 655. \ 300 RACES MÉTISSES. d'Hommes, assurent qu'il existe entre elles une répulsion à contracter des alliances, analogue à -celle qui éloigne l’une de l’autre deux espèces animales même voisines: Hombron (1) considère l'union du blane et du noir comme un acte contre nature et comme résultant d'une véritable perversion de l'impulsion génératrice. Cet au” teur confond ici avec les instincts naturels l'effet de préjugés extrêmement vivaces, qui règnent dans nos colonies des Antilles et dans celle de la Réunion, où lé mariages légitimes n’ont jamais lieu entre les blancs el les noirs, ni même entit les blanes et les Hommes de sang mélé qui, par leurs caractères, sont revenus au type européen (2). Mais les unions clandestines et paf" sagères n’en sont pas moins fréquentes, je dirai même habituelles, entre ces deux races si différentes l'une de l’autre et le nombre immense de métis qui se sont for” més, seulement depuis les temps historiques, dans lp . , * CO e colonies européennes, constitue la preuve la plus évident que le mélange des races humaines résulte d’an penchaP que les lois de la nature ne désavouent pas (3). (4) Hombron, dans Dumont d’Urville, Voyage au Pôle Sud el dans l’Océanie. Zoologie, T. IX, p. 92. (2) Les Chinois, ces véritables Juifs de l'archipel indien, où ils 5° sont établis comme commerçants, malgré la répulsion extrême it les populations de ces îles ont pour eux et les avanies qu’elles ” fént subir, se marient néanmoins aux Femmes indigènes. (3) Ce n’est pas seulement aux Nègres que les Européens * sont mêlés, mais à tous les peuples avec lesquels ils ont et 7 rapports et à quelque race humaine qu'ils appartinssent. On sait mr avec quelle avidité les Femmes de la nation des Guaranis, at dE recherchent les embrassements du Nègre (Martius et Spix, Àe F Brasilien. Münschen, 4825, in-40, T. III, p. 905). Ces deux savañ” jse in FÉCONDITÉ DES MÉTIS HUMAINS. 361 Il nous reste à étudier une question d’une haute im portance. Ces métis humains d'origines si diverses jouis- sent-ils du privilège de la fécondité continue ? Les Muli- tres, par exemple, peuvent-ils se propager entre eux ? Ce fait n’est révoqué en doute par personne et l’observation le confirme chaque jour. Cependant, sans nier cette fécon- dité, Jaequinot (4) pense qu’elle est très--bornée et croit même que des Mulâtres et des Mulâtresses placés dans l'isolement ne constitueraient pas une race permanente et finiraient par disparaitre (2). Mais il avoue toutelois que, pour établir cette stérilité relative des Mulâtres entre eux, la statistique manque complétement et qu'il ne lui a pas été possible de recueillir à cet égard d'observations positives (3). On sait, du reste, combien est répandu, dans nos colonies, l’odieuse coutume de l'avortement ; c'est à ce point qu’on observe souvent sur une même plantation que, non-seulement les Mulâtresses, MAIS même les Négresses de pur sang, paraissent toutes stéri- les (4). Ces aveux équivalent à l'abandon de son hypo- voyageurs, affirment que dans la province du Para il n’est peut-être pas une seule famille qui ait laissé passer quelques générations, sans se croiser soit avec des blancs, soit avec des noirs. (4) Jacquinot, dans Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie. Zoologie, T. I, p. 92. (2) Etwinek et Long, qui ont écrit tous deux une histoire de la Jamaïque, s’accordent aussi à dire que, dans cette île, les mariages entre Mulâtres sont moins féconds que les alliances contractées par un de ces métis soit avec une Femme blanche, soit avec une Négresse (Revue des deux mondes, pér. 2, ©. VI, p. 1 62). (3) Jacquinot, Zbidem, T. U, p. 94. (4) Jacquinot, Zbidem, 'T. IE, p. Lis PRE PS = PÉRE RS MES * CU Î | | 1 PROS ET es dde tee” / 362 FÉCONDITÉ DES MÉTIS HUMAINS. thèse. Hombron, le compagnon de Jacquinot dans le voyage au Pôle Sud (1), affirme au contraire que l'union des Mulâtres et des Mulâtresses est extrêmement féconde et il est d'accord en cela avec la ts ne unanimité des observateurs. | Du reste, de ce que, dans une localité donnée, les métis se propageraient peu, cela ne prouverait pas encore que leur stérilité relative tient à leur nature hybride. C'est un fait bien établi que, par une loi véritablement providentielle, la multiplication d’un peuple est en rap- port avec ses moyens d'existence. Mais d’autres causes encore peuvent, même dans une race pure, atténuer Îles effets de la reproduction. C’est ainsi que le docteur Yvan (2) a constaté qu’à Malacca les Hollandais se pro- pagent peu et que leurs alliances avee les Malais sont très-peu fécondes, tandis qu’au cap de Bonne-Espérance ces mêmes Hollandais ont, avec les Hottentots, donné naissance à la race mixte des Griquas, qui se multiplie rapidement. Les Portugais, au contraire, ont pullulé; comme les Sauterelles d'Egypte et couvert le sol de leur nombreuse postérité, dans toutes leurs colonies intertro- picales et même à Malacca. Plus méridionaux que les Hollandais et portant dans leurs veines un mélange de sang africain, ils semblent avoir contracté une nouvelle séve sous l'influence du soleil des tropiques, tandis que les lymphatiques Hollandais, accoutumés aux brume; (4) Hombron, dans Dumont d’Urville, Voyage aw Pôle Sud €! dans l'Océanie. Zoologie, T. I, p. 276. (2) Docteur Yvan, De France en Chine. Paris, 1855, in-18, P 96, CONCLUSIONS DU CHAPITRE. 363 n’ont pas aussi bien accoutumé leur nature physiologique à ce contact embrasé (1). Quoi qu'il en soit, il ne reste pas moins démontré que, de nos jours, comme à toutes les époques antérieures, sur lesquelles nous possédons des documents positifs, | partout où deux races d'Hommes, quelque différentes qu’elles soient entre elles, se sont trouvées en contact, il y a eu des mélanges entre elles et que ces croisements ont produit une descendance non-seulement capable de se propager par elle-même, mais qui généralement a montré une fécondité plus remarquable que les races génératrices qui lui ont donné naissance. Les exemples de races hybrides, dont nous avons parlé précédemment, tranchent du reste positivement cette question. Les races humaines nous offrent done, sous ce rapport, comme sous tous les autres, les mêmes caractères que nos races d'animaux domestiques. (1) Docteur Yvan, Jbidem. pr CHAPITRE CINQUIÈME. Y A-T-IL UNE SEULE OU PLUSIEURS ESPÈCES D'HOMMES ? Les anciens philosophes ne paraissent pas avoir mis en doute l’unité de l'espèce humaine, et ils étaient natu- rellement conduits à cette idée par les enseignements de leur mythologie. Ne connaissant du reste qu’un petit nombre des peuples répandus à la surface du Globe, ils n'avaient pas été frappés, comme nous le sommes, des dissemblances physiques et psychologiques qu’on observe dans les nombreuses variétés de espèce humaine. Mais les progrès immenses que la géographie a faits depuis un siècle, en montrant l'Homme singulièrement diversi- fié, dans les différents pays, quant à la couleur de sa peau, aux traits de sa physionomie et à son état social, ont fixé l'attention sur l'étude de l'Homme lui-même et il en est résulté la création d’une science nouvelle, l'an- thropologie. D’autres considérations, complétement étrangères à science, ont aussi provoqué la discussion de cette ques- üon et passionné les débats dont elle a été l’objet. Les uns ont soutenu l'opinion de la diversité originelle du genre humain, ou bien, comme Voltaire, pour trouver dans la Bible des impossibilités physiques et des erreurs d'Histoire naturelle, ou bien pour justifier la traite des \ PARTIE HISTORIQUE DE LA QUESTION. 365 Nègres. Les autres, au contraire, dans l'intention de dé- fendre le récit de la Genèse, ou de combattre l’odieux commerce dont des Hommes sont la marchandise, ont proclamé l'unité primordiale du genre humain. Faisant iei complétement abstraction des opinions des philosophes et des théologiens, quelque respectables qu’elles puissent être, nous ne nous placerons pas sur un terrain que nos études n’ont point suflisamment ex- ploré. Le problème à résoudre sera pour nous, avant tout, une question d'histoire naturelle. C’est aux mé- thodes d’investigation, dont cette science dispose, que nous aurons recours ; c’est à elle seule que nous deman- derons la solution des difficultés qui enveloppent notre sujet. Fidèle à ce programme, nous ne mentionnerons que les naturalistes dans l’historique, que nous allons tracer, des travaux anthropologiques faits dans des di- rections opposées. Parmi eux, Linnée est le premier qui ait admis plu- sieurs espèces d'Hommes : Æomo sapiens, Homo Tro- glodites (1) et Homo Lar (2). Le premier est notre espèce, dans laquelle l'auteur reconnait cinq variétés. Le second, comme nous l’avons vu, est un Nègre albinos. Le troisième enfin est un Singe, le Grand Gibbon de Buffon. En 1817, Virey (5), distinguant complétement l'Homme (4) C. Linnœæus, Systema nature, éd. 42, T. À, p. 55. (2)C. Linnæus, Mantissa plantarum altera. Holmiæ, 1771, in-8°, p. 521. (3) Virey, dans le Dictionnaire d'histoire naturelle de Déler- ville. Paris, 1817, in-80,T. XV, p. 155. TE PRE EDIT NE es PT AR Le metres + di “ rm Re eee us 2 366 PARTIE HISTORIQUE DE LA QUESTION. des Quadrumanes, admet deux espèces d'Hommes, ca- ractérisées par la différence de leur angle facial et, dans chacune d’elles, trois races et plusieurs variétés, comme cela résulte du tableau suivant que j’extrais de son travail : Arabe-Indienne. Celtique et Caucasienne: _{1re espèce : Angle Chinoise. facial de 85 à 900. \2e race : basanée. Kalmouk-Mongole. Laponne-Ostiaque. {7e race : blanche. 9° race : cuivreuse. [Américaine ou Caraïbe. 42 race : brune foncée.[Malaie ou Indienne. Cafres. Nègres. Hoitentots. Papous. GENRE HUMAIN 2 espèce : Angle)5® race : noire. facial de 75 à 850, 62 race : noirâtre. Cette classification soulève plusieurs observations. D'abord elle n’est plus en rapport avec les documents que nous possédons sur les races humaines. La division du genre humain en deux espèces originairement dis- tinctes est fondée sur une différence, qui n’a rien de précis, rien d’absolu, et qui, par conséquent, n’est pas un caractère spécifique. L’angle facial varie, en effet, dans chacune des deux espèces d'Hommes, admises par Virey et l'on ne voit pas pourquoi il a fixé à 85°, plutôt qu'à 80 ou à 90 la limite qui les sépare, ou même qui ne les sépare pas, puisqu'on ne saura dans laquelle des deux il faudra placer l'Homme, dont l'angle facial mesure exactement 85°. Les idées de Virey, à en juger unique- ment par son tableau, conduiraient donc plus naturelle- PARTIE HISTORIQUE DE LA QUESTION. 3067 ment à la doctrine de l’unité de l'espèce humaine, qu’à l'opinion contraire qu'il cherche à démontrer. A. Desmoulins multiplia, bien plus que Virey, les es- pèces d'Hommes. Il en distingua 11 d'abord (1), puis bientôt après 16 (2), savoir : les espèces 1° seythique ; 2 caucasienne ; 3° sémitique ; 4° atlantique ; 5° indoue ; 6° mongolique ; 7° kourilienne ; 8° éthiopienne; 9° euro-africaine ; 10° austro-africaine ; 11° malaise ou océanienne; 12 papoue; 13° nègre océanienne, 14° australasienne ; 15° colombienne ; 16° américaine. La même année, Bory de Saint-Vincent (3) décrivait, de son côté 15 espèces d'Hommes (4) qu'il a divisées en deux tribus, celle des Leiotriques et celle des Oulotri- (4) A. Desmoulins, Histoire naturelle des races humaines du nord-est de l’Europe, de l’Asie boréale et orientale et de l'Afrique centrale, d’après les recherches spéciales d’antiquité, de physio- logie, d'anatomie et de zoologie, appliquées à la recherche des origines des anciens peuples, à la science élymologique, à la cri- tique de l’histoire. Paris, 1826, in-80. (2) A. Desmoulins, Tableau général, physique et géographique des espèces et des races du genre humain, faisant suite à son histoire naturelle des races humaines, etc. (3) Bory de Saint-Vincent, dans le Dictionnaire classique d’his- toire naturelle, T. VIIL, p. 281. (4) Il y a beaucoup de rapports, sauf les dénominations, entre les espèces de Bory de Saint-Vincent et celles de Desmoulins. Il nous importe peu de chercher à résoudre la question de priorité, qui a été l’objet d’une discussion entre ces deux auteurs. On peut consulter à cet égard les documents suivants : 40 Bulletin des Sciences nalu- relles, octobre 1825 ; 20 L'Homme, Essai zoologique sur le genre kumain par Bory de Saint-Vincent, éd. 2. Paris, 1827, in-32, T. I, p. 90 ef suivantes. 368 PARTIE HISTORIQUE DE LA QUESTION. ques. Dans la première il place : 1° l'espèce japétique (Homo japeticus) ; 2° l'espèce arabique (Homo arab- cus) ; 3° l'espèce indoue (Æomo indicus) ; 4° l'espèce seythique (Homo scythicus) ; 5° l'espèce sinique (Homo sinieus) ; 6° l'espèce hyperboréenne (Zomo hyper bo- reus); 7° l'espèce neptunienne (Homo neptunianus) ; & l'espèce australasienne (Æ/omo australasicus) ; 9 l'espèce colombique (Homo colombicus) ; 10° l'espêce américaine (Homo americanus) ; 41° l'espèce patagone (Homo patagonus). Dans la seconde tribu il compte 1% l'espèce éthiopienne (Homo æthiopieus); 15° l'espéce cafre (Homo cafer); 14° l'espèce mélanienne (Hom? melanieus); 45° l'espèce hottentote (Homo hottenlo” ius). Suivant le docteur Jacquinot (4), qui se fonde sur des considérations de géographie zoologique, que nous dis- euterons plus loin, il existe trois espèces d'Hommes. Il Jes désigne sous les noms de caucasique, de mongole et de nègre ; il les considère comme absolument distinctes el y rattache toutes les autres variétés de la famille pur maine. Le docteur Hombron (2), qui faisait aussi partie de l'expédition de Dumont d’Urville au Pôle Sud et danf l'Océanie, qui a vu par conséquent les mêmes peuples que son collègue, reconnait un grand nombre d'espèces d'Hommes, bien qu’il n’en précise pas le chiffre; 1l admet (4) H. Jacquinot, dans Dnmont d’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l’Océanie. Zoologie, T. IE, p. 15 à 26 et 175. (2) Hombron, dans Dumont d’Urville, Foyage au Pôle Sud, ee Zoologie, T. I, p. 115 et 512. PARTIE HISTORIQUE DE LA QUESTION. 369 même plusieurs types spécifiques seulement parmi les indigènes de la Nouvelle Hollande. Hombron nous semble ici conséquent avec lui-même ;. dès qu’on eroit à l’exis— tence de plusieurs espèces d'Hommes, on se trouve irré- sistiblement conduit à en voir autant qu'il y à de types de nations ou plutôt de types de peuplades ; mais alors il faut admettre un nombre d'espèces d'Hommes tellement considérable, qu’il n’est pas un chaud partisan de l'opi- bion de la pluralité, qui ne recule devant une semblable conséquence. Si l’on admet, au contraire, un petit nom— ‘bre d’espèces, on trouve, dans chacune d'elles, des modifications importantes, et l’on se heurte de front contre les mêmes difficultés qu’on oppose à la doctrine de l'unité. L'opinion qu'il existe plasieurs souches humaines pri- mitives régnait évidemment à bord de l’Astrolabe et de la Zélée; car Dumoutier, le savant anthropologiste de l'expédition, se prononce aussi contre l'unité et pense que les différentes espèces d'Hommes ont été créées dans les lieux, où nous les observons aujourd’hui, tout en reconnaissant cependant, que les naturalistes n’ont pu s'entendre sur le nombre des races, pas plus que sur celui des espèces d’Hommes et que ceux d’une même race présentent aussi des variations considérables (1). Nous prenons acte de ce double aveu. Il ajoute plus loin (2) : u Si l'Homme est un, il ne s’agit plus que de “ déterminer les causes qui sont de nature à le modifier; (4) Dumoutier, dans Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud, etc. Anthropologie, p. 19 et 20, 46 et 47. (2) Dumoutier, Ibidem, p. 52. lle 370 PARTIE HISTORIQUE DE LA QUESTION. » et ces causes devant être graduées insensiblement; il " n’y a même plus lieu de vouloir caractériser des races » ou des variétés qui doivent se confondre les unes ave£ “ les autres. » Ce raisonnement nous parait parfaitement rigoureux; mais il en résulte également comme consé” quence non moins évidente, que si on ne peut caracté” riser plusieurs espèces d'Hommes, c’est qu'il n'en existe qu'une seule. Enfin, M. l'inspecteur général Bérard (1) et presque toute l'école américaine ont adopté l'opinion de la pi ralité d'espèces. Une remarque générale nous frappe, lorsque nou considérons l’énumération des Hommes éminents, dont nous venons d'indiquer les doctrines relativement à 1 question que nous traitons ; C'est qu'aucun d'eux ne 565 occupé sérieusement de l'étude de la distinction des esT pèces, soit animales, soit végétales, considérées commé types primitifs. Or c'est chez moi une conviction bieP arrêtée, qu'il faut avoir laborieusement pratiqué l’espéc® qu'on me permette celte expression, pour avoir le sent ment de ce qui est espèce et de ce qui ne l'est pas. Jo, comme en toutes choses, la pratique féconde la théoï£ et la rectifie, lorsqu'elle tend à s’égarer. À l'autorité scientifique des auteurs, que je viél° de nommer, j'opposerai celle d’un plus grand nombre de savants, qui ont admis comme démontrée scientifi” quement l'unité originelle du genre humain. Tels sont * (1) P. Bérard, Cours de physiologie. Paris, 1848, in-80, T. l Pr 457 et 473. : PARTIE HISTORIQUE DE LA QUESTION. 371 Buffon (1), Camper (2), J. Hunter (3), Blumenbach (4), Forster (5), Georges Cuvier (6), Weber (7), Tiede- Mann (8), Prichard (9), Alex. de Humboldt (10), J. Müller (11), Flourens (19), Serres (13), De Quatrefa- ses (14), etc. IL est remarquable, que, dans une question scienti- fique difficile et chaudement controversée, un ensemble (1) Buffon, Histoire naturelle, T. EL, p.530, T. IX, p.2, et T. XIV, p. 511. (2) P. Camper, Dissertation physique sur les différences réelles Que présentent les traits du visage chez les Hommes de différents Pays, de différents âges, ete. Utrecht, 1791, in-40, p. 16. (5) J. Hunter, Disputatio inauguralis qQuœdam de hominum va- Pielatibus et eorum causas exponens. Edinburg, 1775, in-8o, p. 9. (4) Blumenbach, De generis humani varietate nativé. Gœtlingæ, 1795, in-19, p. 399. (5) Forster, dans le Second Voyage de Cook, T. V, p. 251. (6) G. Cuvier, Le règne animal, éd. 2. Paris, 1829, in-8o, T. E, D. 80. (7) Weber, Die Lehre von den Ur und Racenformen des Senadel und Becken des Menschen. Dusseldorf, 1830, in-40. (8) Tiedemann, Das Hirn des Negers mit dem des Europæers - Und Orang- Utangs vergtichen. Heidelberg, 1837. (9) Prichard, Histoire naturelle de l’Homme, trad. franc. T. IL, D. 345. (10) Alex. de Humboldt, Cosmos, Essai d’une description physi- Tue du Globe, trad. franç. Paris, 1846, in-80, T. I, p. 430. (14) J. Müller, Manuel de Physiologie, trad. franç. Paris, 1851, M-80, M. II, p. 489. (4 2) Flourens, Histoire des travaux et des idées de Buffon, éd. 2, Paris, 4850, in-18, p. 468 et suivantes. (13) Serres, Revue des cours publics, 1855, p. 187. ‘y De Quairefages, Revue des deux mondes, pér. 2, T: VIII, p. \ s cr nn ASE 572 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER d'Hommes, aussi illustres ét aussi spéciaux par la nature de leurs études, se prononcent unanimement en faveur de la doctrine de l'unité primitive du genre humain; ets si nous n'en sommes plus aujourd’hui à considérer une question comme définitivement résolue, lorsqu'elle est tranchée par les maitres de la science, il nous semble toutefois que leur accord constitue déjà une présomptioP grave en faveur de leur doctrine et qu'il y aurait une Œ mérité presque juvénile à les accuser d'erreur, sans avoir étudié à fond cette question difficile. Cependant nous devons avouer, que si on se Jaiss prévenir à la vivacité des premières impressions, que doit produire tout d’abord l'aspect des variations les Pl® saillantes.de la.couleur et de la figure et, si l'on ne pren pour termes de comparaison que les extrêmes, le Nègre et le Caucasien, par exemple, on est naturellement port à les considérer comme deux types spécifiques primitir vement distincts et la permanence de leurs différent” en dépit des influences extérieures, surtout du dim semble favorable à cette manière de voir. Mais des con” sidérations bien plus puissantes, non-seulement explique” ces variations; comme nous l'avons vu, mais ‘milit®” d'une manière victorieuse en faveur de l'unité de noir? espèce, et les contrastes dont, au premier aspect, 07 F si frappé, s’évanouissent devant l'examen complet € rieux de toutes les variétés humaines et des causes les ont produites. C'est un fait incontestable que toutes les espèces , É males et végétales se séparent les unes des autres P° des caractères absolus et nettement tranchés; se confondent jamais les unes avec les autres, pl PLUSIEURS ESPÈCES D'HOMMES. 10 par l'effet de l'hybridité et qu’elles peuvent toujours étre distinguées. L'Homme, régi par les mêmes lois physio- logiques que tous les autres êtres organisés, ne peut faire ici exception. S'il existe plusieurs espèces d'Hommes, il doit être facile, aujourd'hui que presque toutes les con- trées du Globe ont été explorées et que les principales variétés humaines ont été étudiées, d'indiquer le nombre de ces espèces ct de les caractériser. Quelques-unes même eussent-elles jusqu'ici échappé à l'examen des anthropologisies, nous pensons qu'on peut dès mainte- nant, avec les nombreux documents que nous possédons, juger la question de principe et déterminer les espèces connues, s’il en existe réellement plusieurs. Nous sommes loin encore de connaitre toutes les espèces d'animaux et de végétaux; répandues à la surface du Globe; ce n’est pas là une difficulté qui arrête les naturalistes lorsqu'il s’agit de distinguer et de décrire les espèces nouvelles qu’on découvre chaque année; et toutes celles que Buffon et Linné ont'suffisamment étudiées, ont été maintenues comme types absolument distincts, malgré les décou- Vertes qui ont suivi. Nous pouvons done, aujourd'hui que nous connaissons bien certainement la presque totalité des peuples qui habitent notre planète, aborder avee confiance l'étude de leur distinction spécifique, si en réalité il y a une distinction de ce genre à faire entre elles. Nous ferons tout d’abord observer, qu'entre les deux opinions qui sont ici en présence, il y à uné distinction importante à faire. La première, celle de l'unité, rallie tous ses adhérents ; la seconde, celle de la pluralité, di- vise au contraire ceux qui la soutiennent ; ils ne peuvent s'entendre sur le nombre des espèces d'Hommes qu'il 974 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER faut admettre ; ils ne peuvent fixer la conviction en faveur de leurs idées, en signalant les dissemblances évidentes et Surtout constantes qui séparent les différents groupes humains qu'ils admettent. On pourrait déduire de ce fait qu'il n’est pas possible d’en caractériser plusieurs et qu'il n'exisle qu’une seule souche originelle; mais nous allons chercher à le démontrer directement. Si, parmi les variétés d’Hommes qu’on a élevées au rang d'espèces, nous en choisissons deux qui sont à À fois admises comme telles par tous les partisans de là doctrine de la pluralité et qui sont en même temps és plus différentes l’une de l’autre, celles par conséquent qui sembleraient plus faciles à distinguer, l'espèce nègre (1) et l'espèce caucasienne, par exemple, il nous sera possible d'apprécier le peu de solidité des caractères distinctifs qu'on a attribués à chacune d'elles. Ces caractères sont les suivants : Type nègre. — Peau noire. Cheveux courts, crépus el ayant l'aspect d’une toison. Visage rétréci en haut, élarg! en bas par le grand développement des mâchoires €! formant un ovale à grosse extrémité inférieure. Yeu* rapprochés, très-ouverts, fendus transversalement, à conjonclive jaunâtre (2). Nez écrasé à sa racine, épaté- Bouche grande; lèvres épaisses et renversées en dehors Mâchoires proéminentes et formant au Nègre un véritable museau. Dents incisives insérées obliquement et proclives (4) Nous ne parlerons ici que des Nègres africains. Su 4 . . MT ” ” enV (2) Les Péruviens ont aussi la conjonctive jaanâtre (Alc. d’Orbisn} Voyage dans l À mérique Méridionale, T. LV, part. 1, p. 62)- PLUSIEURS ESPÈCES: D'HOMMES. 373 en avant. Crâne allongé, étroit aux régions temporales, déprimé et fuyant à la région frontale et dont la capacité, et par conséquent le volume du cerveau, sont, assure-t- on, inférieurs d’un neuvième à la capacité crânienne de l'Homme blane. Trou occipital placé plus en arrière que dans les autres types humains. Bassin moins évasé el plus oblique. Membres supérieurs proportionnément plus longs ; membres inférieurs un peu arqués en dedans et saillie des mollets plus élevée et bien moins prononcée. On ajoute enfin que le sang du Nègre est plus foncé en couleur ; qu’il en est de même des muscles ; que le pé- rioste, les séreuses, la partie centrale du cerveau, sont , noirâtres; que la sueur du Nègre a une odeur forte et spéciale et qu'un pou particulier (Pediculus Nigritarum Fabr.), vit sur lui en parasite. Type caucasien. — Peau généralement d’un blanc rosé, plus ou moins claire, plus ou moins basanée. Che- veux généralement fins, droits et longs. Visage ovale, à = grosse extrémité supérieure. Yeux ouverts, fendus trans- versalement. Nez saillant, droit ou à peu près. Bouche de moyenne grandeur, à lèvres minces. Mâchoires non proéminentes. Dents incisives insérées verticalement. Crâne ovale, à vertex arrondi, à front large et droit. Membres bien proportionnés ; mollets saillants et arrondis. Gi l'ensemble des caractères distinctifs, que nous ve nons, d'après les auteurs, d'attribuer à ces deux types humains, sont constants, mais même si un seul de ces caractères appartient à tous les individus qui constituent chacun de ccs types et lui a été spécialement départi, il n'y a pas à hésiter, il faut considérer ces deux variétés Be: fl (1 1 ll Û i | 376 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER du genre humain comme deux espèces primitivement distinctes. Un ou plusieurs caractères communs à tou$ les individus d’un même type et exclusifs à lui, c’est là le criterium qui distingue l'espèce. Mais en est-il réel- lement ainsi pour le Nègre et pour l'Homme caucasien ? Pourfait-on reconnaître tous les Nègres et tous les Hommes de race blanche à la diagnose que nous avoh$ tracée de chacun de ces deux types? Il n’en est pas ain! La race blanche, comme la race noire, varie beaucoup dans ses caractères physiques et ceux-ci ne les distiP= guent pas d’une manière absolue. C’est qu’en effet, pouf tracer leur description, on a pris pour modèles du ta” bleau, non pas tous les Nègres, non pas tous les Cauca” siens, mais parmi ces deux races on a choisi les extrêmes de laïdeur et de beauté; en un mot les caractères indi- qués appartiennent aux individus les plus disparates qui se rencontrent dans ces deux groupes humains. Serait--ce la couleur noire de la peau qui distinguerait le Nègre de l'Homme caucasien ? C'est là en effet le ca” ractère qui frappe tout d’abord et qui faisait dire à Vol- taire : u Le premier blane, qui vit un Négre, dut ètre “ bien étonné; mais le raisonneur, qui m’assure que Je » Nègre vient du blanc, m'étonne bien plus encore: Cette objection s’offre immédiatement à l'esprit de cét* qui cèdent à une première impression et jugent un question aussi grave, après l'avoir examinée superficiel lement. Mais d’abord il n’est pas nécessaire, si l’on rer court aux suppositions, d'admettre que le noir vient du blane ou le blanc du noir, bien que la chose ne soit pas impossible, comme le prouvent, chez les animaux d0= mestiques, les races albines et les races atteintes de mé- PLUSIEURS ESPÈCES D'HOMMES. 971 lanisme. Mais entre les couleurs extrêmes, il existe des intermédiaires, auxquels on ne songe pas et qui dimi- nueraient cependant de moitié l'étendue de la transfor- mation. Du reste, sans parler des différentes teintes noires . qu’on rencontre chez les habitants du centre de l'Afrique, ni des Nègres albinos, il existe aussi des Nègres dont la peau est couleur de chocolat ou brune ou olivâtre et ils ne sont pas rares dans l'Afrique orientale. Le docteur Livingstone (1) assure que le type réel du Nègre, tel qu’on le voit à la porte de quelques marchands de tabac, ne se trouve que dans la partie la plus inférieure de la population. L'Africain du pays central n'est pas tout à fait noir. Beaucoup sont de couleur olive ou de couleur café au lait ; les classés supérieures de la société ont généra- lement cette dernière teinte. Schreber (2) affirme même qu'il existe en Afrique et à Madagascar des Nègres jaunes et des Nègres rouges et que leurs cheveux sont de même couleur. Il y a plus : il est des peuples caucasiens, chez lesquels on rencontre de nombreux individus qui ont la peau aussi noire que les habitants de la Guinée et du Congo ; nous en avons cité des exemples parmi les Hin- dous, les Abyssins, les Touariks, les Fellatahs et même chez les Juifs et chez les Arabes. Les Nubiens sont noirs, à cheveux lisses, à faée caucasienne ; Hérodote (3) déjà (1) Estrait d’un discours du docteur Livingstone prononcé à Edimbourg et reproduit dans le Moniteur universel du ? octobre 4857. (2) Schreber, Historia naturalis Quadrupedum,T. 1, p. A4et15. (3) Herodotes, Historiarum lib. HE, cap, 20. — Champollion jeune (Précis du système hiéroglyphique, p. 393) et Wilkinson (Customs and manners of the ancient Egyptians) ont, également, dans les ms sa TL on 6 er nn ee © PR pe biens à. ” Dent " : D à { 378 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER les a très-bien distingués des Nègres. Pour lui les Ethio- piens de Méroë sont les premiers et les mieux faits de : tous les Hommes et sont les fondateurs de la civilisation égyptienne. Or tous ces peuples présentent, même dans leurs variétés noires, les traits de la physionomie et les formes physiques, qui sont généralement l'apanage du type caucasien. La couleur de la peau du Nègre, qui à été considérée comme un signe distinctif inattaquable; ne le sépare donc pas d’une manière absolue de l'Homme de race blanche. 4-# Nous ferons de plus remarquer, que les partisans eux mêmes de l'opinion, que nous combattons, admettent que la couleur de la peau varie dans une seule et même race. Ainsi, dans l'espèce neptunienne de Bory de Saint Vincent, il existe, de l’aveu même de cet auteur, des variétés à peau presque noire, où marron, ou rouge, OÙ brune, ou jaunâtre, ou presque blanche (4). Il signale des faits analogues pour son espèce américaine (2). Chez les Mongols la couleur de la peau n’est pas toujours jaune ; il est dans cette race des peuples à peau brune quelquefois très-foncée ; enfin, suivant Abel Rémusat (3); on trouve dans les provinces du centre de la Chine des temps modernes, établi que l’ancienne civilisation de l'Egypte est descendue de Ethiopie. Les recherches de Héeren (De La politique et du commerce des peuples de l’antiquité, T. VI, p. 105), Font conduit au même résultat. (4) Bory de Saint-Vincent, dans le Dictionnaire classique d’his" toire naturelle, T. VIIL, p. 305 et suivantes. (2) Bory de Saint-Vincent, Zbidem, T. VIE, p. 515. (3) Abel Rémusat, Recherches sur Les Langues tartares. Paris’ 4820, in-4°. PLUSIEURS ESPÈCES D'HOMMES. 379 Femmes blanches et qui offrent les mêmes variétés de teint qu’on rencontre chez les Femmes des parties cen- trales de l'Europe. Nous avons vu du reste que chez les Américains et les Polynésiens la couleur de la peau ne se modifie pas moins. Rien donc de plus varié, que les modifications de couleurs que présentent toutes les races principales de l’espèce humaine ; elles se nuancent et se confondent par une foule de teintes intermédiaires. Nous ajouterons que l'appareil pigmental, qu'on a re- fusé à notre race, appartient à tous les Hommes, comme nous l'avons démontré; seulement le dépôt de pigment est plus ou, moins étendu et plus ou moins abondant dans les diverses variétés dont se compose l'espèce hu - maine. Il n’y a done, sous ce rapport, qu’une différence du plus au moins et, par conséquent, On ne peut pas y voir un caractère spécifique. Rappelons enfin que presque toutes nos espéces d'a- nimaux domestiques présentent des couleurs très-variées, que chaeune nous montre des races noires et des races blanches. Rien d'étonnant dès lors que l'Homme ait subi les mêmes variations ; il n’est pas admissible qu'il fasse seul exception. , Ainsi done, si la différence de couleur, vue superficiel- lement, semble éloigner les différentes races d'Hommes les unes des autres, cette couleur bien étudiée devient, au contraire, une preuve nouvelle de leur unité première. Les cheveux des Nègres, comme l’a démontré Pri- chard (4), ne diffèrent pas, si on considère leur structure (4) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, trad. franc, Paris, 1845, in-8°, T. E, p. 140. re on ne 2 SET éd 580 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER anatomique, de ceux des autres Hommes; ils ne res- semblent pas du tout à la laine des animaux et ne se distinguent qu'en ce qu’ils sont courts et très-crépus: Bien que cette disposition soit habituelle chez les Nègres, elle offre cependant des exceptions. Le missionnaire Danois Isert, a vu à la Côte-d'Or une petite nation nègre, dont les cheveux atteignent un pied et demi de lon- gueur (mesure anglaise), etil a rencontré également des Nègres à cheveux rouges, couleur de feu (4). Barbot (2) dit aussi que les Fantis, les Ashantis, les Aquapins et les Intas ont souvent les cheveux bouclés, assez longs quel- quefois pour descendre jusqu'aux épaules et bien moins rudes que ceux des habitants du pays d’Angole. Le- febvre (5) assure que chez les Gallas, cette portion de la nation qui a les cheveux lisses a les traits des Nègres ou du moins tenant le milieu entre le Nègre et le Copte, tandis que ceux, qui ont les cheveux crépus, ont des traits qui se rapprochent davantage de ceux de la race indienne. Don Felix de Azara (4) a vu des Nègres à cheveux longs et plats. Prichard (5) énfin, qui a jeté ur jour nouveau sur les diverses nations nègres, affirme, de la manière la plus positive, qu’elles varient beaucoup par (E) Isert, Voyages en Guinée et dans les viles Caraïbes € Amérique, trad. franc. Paris, 1793, p. 176. (2) Barbot, cité par Prichard, Histoire naturelle de Hommes trad. franç., T. IL, p. 3. (5) Lefebvre, Apereu sur l’Abyssinie, dans le Bulletin de 14 Société de Géographie, septembre, 1840, p. 145. (4) Don F. de Azara, Voyage dans l'Amérique Méridionale- Paris, 4809, in-8, T. I, p. 376. (3) Prichard, 1bidem, T. A p. 154. PLUSIEURS ESPÈCES D'HOMMES. 581 les cheveux et qu’elles offrent toutes les gradations pos- sibles depuis la chevelure laineuse jusqu’à la chevelure simplement frisée où même ondée. Cette remarque est également, vraie pour les indigènes de la Mélanaisie ; on trouve parmi eux des individus dont les cheveux sont crépus et d’autres dont les cheveux sont légèrement fri- sés. Cette variété se rencontre MÊME dans une race quel- conque prise isolément et dans des cas où l'on ne peut suspecter aucun croisement, De plus, chez quelques Européens, les cheveux sont aussi extrêmement crépus et presque autant que ceux des Nègres (1) et il en est souvent ainsi chez les Fellatahs, qui les ont en outre extrémement noirs. Il n’y a done encore iei qu’une diffé rence du plus au moins. | Nos races de Moutons à toison véritablement laineuse et celles, qui ont les poils lisses et ras, nous offrent, non-seulement dans leur aspect extérieur, mais aussi dans leur structure complétement différente, un caractère distinetif qui semble bien plus important, et cependant, comme nous l'avons vu, nos Moutons transportés dans certaines parties de l'Amérique Méridionale ont perdu Jeur laine et se sont couverts d'un poil raide, court et jarreux. Les traits de la physionomie, qui semblent si différents chez le Nègre et l'Européen, ne fournissent pas non plus de caractères distinctifs immuables. Blumenbach, dont on ne peut trop eiter les ingénienses observations, s'exprime ainsi : ü Confirmantur hisce. ea, quæ alias (4) d. Müller, Manuel de Plsiologie, wad. franç. Paris, À 854, in-89, T. E, p. 189. mé sd nie ES arret dé À À À | # { Ïh à cg pds ” ner né RÉ TS 4 And PR 352 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER “ jam (1) monui……. esse nempe inter Æthiopes maxime " genuinos ab allera quidem parte passim multum diver- * sos ab Europæorum physiognomia, ab altera vero etiam “ alios tam eximiæ et elegantis formæ, ut si colorem “ demseris, vix ulla ratione a nostratium vultu differre " dicendi sunt (2). n Prichard (3) nous à donné, dans sa remarquable histoire naturelle du genre humain, le Portrait colorié d’un Nègre du Haoussa, dans l'Afrique centrale et il ajoute : u Si la peau était blanche, au lieu " d'être noire, il n’y aurait rien dans ce visage, qui put " le faire reconnaitre, comme n'étant pas celui d’un " Européen. n On peut aussi consulter les portraits de Mandingues, publiés dans l’atlas du voyage de Raffenel (4). Suivant les voyageurs les plus dignes de foi (5), une peuplade africaine, les Yoloffs ou Ghiolofs, placés cepen- dant par Bory de Saint-Vincent dans son espèce éthio- pienne, ont la peau d’un noir pur, sont bien faits, ont la .physionomie belle, leurs traits’ sont délicats; ils n’ont pas les lèvres épaisses, ni le nez épaté. Caillié (6) affirme (1) Blumenbach, in Voigtii Magazin für Physik una Natur- geschichte, T. IV, part. 5, p. 1 et seq. (2) Blumenbach, Decas Prima collectionis suce craniorum di- “versarum gentium illustrata. Gottingæ, 1820, in-40, p. 20. (5) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, trad. franc., T, f, p. 400. (4) Anne Raffenel, Voyage dans l'Afrique Occidentale. Paris, 1846, in-8o. (5) Voyage de Golbéry, dans Walckenaer, Histoire générale des voyages, T. V, p. 425 à 430; Mungo-Park, Voyage dans l'intérieur de l’ Afrique, trad. franç. Paris, an VIT, in-80, T, I, p. 24, etc. (6) René Caillié, Journal d’un voyage à Temboctou et à Jenné PLUSIEURS ESPÈCES D'HOMMES. - 583 la même chose des habitants de Temboctou et des Femmes de Baleya, dans le Fonta-Dhialon ; le capitaine Claperton l’assure des Yourribanis (4). Barbot (2) dit de certaines peuplades noires de la Côte-d'Or, que « les y Hommes sont en général bien faits et bien proportion- “ nés ; qu’ils ont le visage d'un ovale agréable, les yeux n brillants, les oreilles petites, les dents petites, blanches, “ et bien rangées, les lèvres fraiches et vermeilles, bien “ moins épaisses et moins pendantes que celles des “ Nègres de la côte d’Angole; ils ont aussi le nez moins n large. Leurs Femmes ont un petit visage arrondi et “ des yeux brillants; presque toutes ont le nez bien sail- y lant, quelquefois un peu aquilin, la bouche petite, très- w bien faite, les dents bien blanches et bien rangées, le y cou arrondi, la gorge bien formée ; elles sont vives, vw promptes à la répartie et très-disposées à habiller. 1 Ce rapprochement du Nègre et du type caucasien nous semble avoir une grande valeur anthropologique et tend à confirmer l'idée émise par M. Serres (3) que u chaque “ race humaine renferme en elle-même le germe des “ types des autres races. " La face prognathe du Nègre, ses mâchoires proémi- nentes et ses dents proclives semblent, au premier abord, dans l'Afrique centrale. Paris, 4830, in-80, T. IL, p. 508 et 519, eUT. I, p. 564. (4) Claperton, Second voyage dans l’intérieur de l'Afrique, trad. franc. Paris, 4899, in-80, T. I, p. 111. (2) Barbot, cité par Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, T: H, p. 2: (3) Serres, Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, T. XXX; p- 686. 584 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER constituer un caractère distinetif de premier ordre. Mais la face est loin de présenter, chez tous les individus de ectte race, une conformation identique. Qu’on étudie avec soin les six figures de crânes de Nègres, que Blu- menbach a fait figurer dans ses Decades craniorum (4): et l’on sera frappé des différences nombreuses et impoï- tantes qui les séparent. La tête, représentée £ab. 18 de cet ouvrage, s'éloigne même fort peu de la conformatioP de celle d’un Européen, surtout par les mâchoires qui ne sont pas proéminentes et cependant cette tête appar- tient à un Nègre du Congo. Par son profil et par s08 angle facial elle offre une similitude remarquable avec une tête de Sarmate Lithuanien représentée tab. 22 du même ouvrage. Du reste l’auteur s'exprime ainsi à c@ sujet : u Quod si enim hocce de quo agimus cranium “ tab. 22, a latere tantum spectamus, parum sane abest “ quin ei Æthiopis Congensis capiti osseo, quod Decadis » secundæ, tab. 18, delineatum est, fere ut ovum 0v0 “ simile sit (2). n Sœmmering (5) avait déjà antérieur rement fixé l’attention sur les différences ostéologiques que présentent entre elles les têtes de Nègres. Dumour tier (4), partisan cependant de la pluralité des espèces d’'Hommes, avoue qu'il possède des crânes de races (1) Blumenbach, Decas prima collectionis suæ craniorum dir versarum gentium illustrata. Gottingæ, 1820, in-49, tab. 6, 7, 8, ct Decas secunda, tab. 17, 48 et 19. (2) Blumenbach, Decas tertia collectionis suæ craniorum di versarum gentium, etc., p. 6. (3) Sæmmering, Ueber die Kérpertiche Verschiedenheit des Ne gers vom Europäer. Maïinz, 1784, in-8°, p. 14 et seq. (4) Dumoutier, Bulletin de la Société ethnologique, 1847, p- 174 PLUSIEURS ESPÈCES D'HOMMES. 389 hoires africaines, qui se rapprochent du type caucasique. * Prichard (1) nous donne la figure de trois têtes, appar- tenant l’une à un Nègre du Congo, l’autre à un Améri- ain de la Louisiane, et la troisième à un Chinois ; ces trois têtes ont entre elles la plus grande analogie de con- formation. Il est des populations presque entières de Nègres qui n'ont pas la face prognathe, les Yolofis, les Mandingues, les habitants du Haoussa et de Kachena, ceux du cours supérieur du Niger (2), etc. Suivant Bodwich, la nation des Ashantis offre, surtout parmi les Hommés de la classe supérieure, non-seulement de belles formes, mais souvent des traits comparables à ceux du iype grec. Il y a loin de là au museau de Singe qu'on attribue gratuitement à tous les Nègres. Enfin Bory de Saint-Vincent, pendant son exploration de l'Algérie, y a fait peindre des Nègres qui, selon son expression, seraient des blancs, si l'on pouvait dénoireir (sic) leur enveloppe cutanée (3). L'absence de prognathisme entraine, chez les Nègres, la verticalité des dents incisives et modifie profondément l'ouverture de l'angle facial, à ce point que cet angle ne peut plus, comme l’a pensé Virey, fournir un caractère qui distingue beaucoup d’entre eux (4) Prichard, Histoire ndturelle de l'Homme; trad. franç., T. I, tab. 3 et 4. (2) Courtet de l'Isle, Bulletin de la Société ethnologique, 1847, p. 194 et p. 209. = (3) La vue de ces Nègres modifia singulièrement Îles idées de Bory de Saint-Vincent sur la question de l’unité de l'espèce humaine, êt le porta à se rapprocher du récit contenu dans le 40e chapitre de la Genèse. (Voyez ce que dit à ce sujet M. Sérres dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, T, XXX, p. 686.) 11. 25 586 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER des Européens. D'une autre part il est des Hommes de race caucasique qui ont les dents incisives proclives ; j'en ai observé plusieurs ; il en est d’autres qui ont le n€7 épaté tout autant que certains Nègres ou qui ont les lé- vres épaisses et retroussécs. Que l’on compare un Dogue à un Lévrier et l'on trouvera des différences bien autrement accusées dans le développement et la saillie des mâchoires, et cependani nous croyons avoir démontré que ces deux races caniné$ appartiennent à une seule et même espèce. La forme allongée du crâne, sa dépression à la partie frontale, son rétrécissement vers les tempes constituer raient-ils chez les Nègres des caractères plus solides qué les précédents? Les observations de Blumenbach, que nous avons citées plus haut, prouvent qu’il n'en est pa ainsi; que le crâne varie considérablement ehez eux dan$ sa conformation. S'il est vrai qu'en général sa forme 5€ rapproche des caractères que les auteurs lui ont assignés les exceptions sont tellement nombreuses, d'une peuplade noire à l’autre, et bien plus dans une seule et même peuplade, que nous sommes loin de retrouver, sous €£ rapport, la stabilité si remarquable qu’on constate sur tous les crânes des animaux adultes, qui appartiennent à une même espèce sauvage. Le crâne de l'Européen n6 varie pas moins; on en trouve qui sont allongés, rétrécis aux tempes et à front fuyant. E. Geoffroy Saint-Hilaire Cf M. Serres ont trouvé, comme nous l'avons vu, le premier dans les catacombes de Paris, le second dans un ancién cimetière, qui entourait la tour de Saint-Jacques-l2" Boncherie, des specimens de crânes qui semblaient 2P7 parlenir à presque toutes les races humaines connues: PLUSIEURS ÉSPÈCES D'HOMMES. 587 Weber (1) a été conduit, par l'étude des crânes des dif- férentes nations, à démontrer ce fait que, chez aucune nation il n'existe, dans la conformation du crâne, un ca- ractère permanent; Ale. d’Orbigny est arrivé par l'ob- servation à de semblables conclusions (2) et il en est de même du docteur Parchappe (3). Cependant un caractère très-remarquable a été signalé, depuis quelques années, dans les têtes de Nègres, c’est que la grande aile du sphénoïde n'atteint pas chez eux l'angle antérieur et inférieur du pariétal, mais un pro- longement du temporal forme, pour ainsi dire, un pont entre les deux, ce qu'on n’observe pas dans les crânes d'Européens. Mais cette disposition rest pas constante chez les Nègres. Sur la tête très-prognathe de Nègre de la Côte-d'Or, Martin (4) a signalé l'absence de cette particularité. Ce crâne est figuré dans l'ouvrage de Pri- chard (5). Toutes les collections renferment des excep- tions de cette nature. Sur une tête d’un véritable Nègre, mort dans les hôpitaux de Nancy, il y a quelques années, et qui existe dans les collections de l'Ecole pré paratoire de médecine de cette ville, ce caractère fait ‘complétement défaut. Il existe au contraire très-prononcé (4) Weber, Die Lehre von den Ur-und Racenformen der Schädel und Becken des Menschen. Dusseldorf, 1850, in-40. (2) Ale. d’Orbigny, Voyage dans l'Amérique Méridionale, T.AV, part. 4, p. 59. (5) Parchappe, Recherches sur l’encéphale, sa structure, ses fonctions, ses maladies. Paris, 1856, p. 50. (4) Martin, Vatural history of Marmmiferous animal. London, 4841, in-8°. (5) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, T. I, p. 5. 588 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER sur une tête de Nègre que possède la Faculté des Sciences de Naney. ; La capacité du erâne du Nègre, et par conséquent la masse de son cerveau, sont-elles réellement inférieures à celles de l'Européen? Les observations du célèbre physiologiste allemand Tiedemann (1), ont démontré que la cavité crânienne des Nègres a la même amplitude, sauf de légères variations, que celle de l’Européen, si l'on prend la moyenne d'un grand nombre d'observations comparatives. Le docteur Morton (2), qui a mesuré par la méthode de Tiedemann 256 crânes des principales . variétés d'Hommes, est arrivé à ce résultat, que des crènes appartenant à la race blanche lui ont présenté un minimum de capacité évalué à 75 et des crânes de Nègres un maximum de 94. Il y a done des Nègres qui “ont le cerveau plus développé que certains Européens: ? Depuis Sœmmering, beaucoup d'auteurs ont répété que le grand trou occipital était, chez les Nègres, placé plus en arrière que chez les Européens. Cela n'est pas exact, en ce sens qu'il n’est pas plus rapproché de la tubérosité oceipitale: C'est ce qui résulte évidemment des observations de M. Roulin (3) et surtout de celles de M. Arnoux (4). Ce dernier auteur a mesuré, sous ce (4) Tiedemann, Das Hirn des Negers mit dem des Europæers und Orang-Utangs verglichen. Heildelberg, 1857. (2) Morton, Crania americana, or & comparative view of the skulls of various aboriginal nationsof North and South-America- Philadelphia, 1839, in-fo, - (8) Roulin, dans le Bulletin de la Société ethnologique, 1847; p. 180. (4) Arnoux, dans le Bulletin de la Société ethnologique; 18475 p. 181 et 217. PLUSIEURS ESPÈCES D'HOMMES. 389 rapport, et comparativement Ja base du crâne de 15 à 20 Européens et d’un nombre double de Nègres; il a constaté que la position du trou occipital varie dans cer- taines limites chez ces deux races d'Hommes. Il a procédé ainsi qu'il suit à la détermination de la position du trou occipital : un fil ayant été tendu horizontalement de Ja partie moyenne du frontal en avant de l'apophyse crisia- galli jusqu'à la tubérosité médianede l’occipital, le docteur Arnoux en prend le milieu pour point fixe ou médian ; puis un fil à plomb, placé au bord antérieur du trou oc- cipital, tombe en arrière de ce point de 10 à 20 milli- mètres chez l'Européen, et de 12 à 26 millimètres ‘chez les Nègres. D'où il suit qu’il y aurait des Européens, dont le trou occipital serait plus en arrière que chez certains indigènes de la Nigritie. Cet orifice est toutefois plus éloigné du bord antérieur du maxillaire supérieur, mais seulement chez les Nègres prognathes et nullement chez ceux qui n'ont pas les mâchoires proéminentes. Bien que le bassin soit généralement plus oblique et moins évasé chez les Nègres, ce caractère n’est pas con- stant chez eux et se retrouve dans d’autres groupes hu- mains, chez les Boschismans, les Botocudos, etc. Il n’est plus possible du reste, depuis les travaux de Vrolik (4) et de Weber (2) d’attacher une importance exagérée à la configuration du bassin, qui varie, tout autant que la tête dans chacune des variétés de l'espèce humaine. (1) Vrolik, Considérations sur la diversité des bassins des dif- férentes räces humaines. Amsterdam, 14826, in-89, et Atlas. (2) Weber, Die Lehre van den Ur-und Racenformen der $chädel und Becken des Menschen. Dusseldorf, 1830, in-49, # 2 le ne 8 me Hs ET : x 390 ON NE PEUT PAS CARACTÉRISER La proportion des membres et du tronc ne fournit pas de caractères plus importants que les précédents. Il est beaucoup de Nègres qui, sous ce rapport, ne difièrent pas de la majorité des Européens et parmi ceux-ci il en est, et nous en connaissons, qui ont les membres supé- rieurs disproportionnément longs. La conformation du mollet des Nègres se retrouve chez presque tous les Po- : lynésiens, chez beaucoup d’Américains et même chez des Hommes de race caucasienne, par exemple, chez les Hindoux (1). Il s’en faut de beaucoup que tous les Nègres aient le talon saillant en arrière et cètte particularité se voit quelquefois sur des Européens. La couleur plus noire du sang des Nègres, la teinte plus foncée de leurs muscles, la coloration noirâtre du périoste, des séreuses, .de la partie centrale du cerveau, constatées par Meckel (2), par Lecat (3), et par plusieurs autres observateurs sur quelques Nègres, ne constituent pas des faits constants. Camper (4) a trouvé sur un Nègre, disséqué par lui en 1758, qu’il n'existait sous le rapport de la coloration du sang et des organes intérieurs; aucune différence avec ce qu’on observe sur l'Homme de race blanche. Du reste le fait serait-il général chez les Nègres, ce qui n’est pas, qu'il ne faudrait point en con- clure la diversité d'espèce. On n'a jamais songé à sépa- (1) L’abbé Dubois, Mœurs, institutions et cérémonies des peu” ples de l’Inde. Paris, 1825, in-8°. (2) Meckel, Mémoires de l’Académie des sciences de Berlin, pour 1755. (3) Lecat, Traité de La couleur de lu peau humaine. Amsterdam» 1765, in-80, p. 52. ; (#4) Camper, QEuvres, Paris, 1805, in-80, T. IE, p. 458. PLUSIEURS ESPÈCES D'HOMMES. 39! rer spécifiquement de la Poule ordinaire la Poule nègre qui présente ces caractères de coloration des mêmes organes intérieurs avec une constance plus grande que chez les Ethiopiens. Si la sueur du Nègre est fétide, cette odeur n'a pas le même caractère ct surtout la même intensité chez tous les Hommes de cette race et il en est de même chez les Européens. Le Chien ture ne nous offre-t-il pas, du reste, une transpiration abondante et dont l'odeur n'est pas identique à celle des autres Chiens. | Ainsi done il ne reste debout aucun caractère certain qui permette toujours de distinguer un Nègre d’un Homme de race caucasique. Et cependant nous avoñs comparé l’un à l’autre les deux types extrèmes du genre humain. Si ce résultat étonne, c'est que, sur la foi des auteurs, on s’est habitué à voir dans tous les Nègres les types les plus dégradés de cette variété humaine, c'est qu'on croyait ectte race uniforme, tandis qu'elle varie bien plus encore que la race blanche. Aussi, dit M. de Froberville (1), u plus on étudie sous un point de vue » d'ensemble les races congo-guinéennes, cafro-bé- y chuanes et ostro-nègres, plus l'unité d’origine de » l'Homme s'y dégage et se constitue scientifiquement. n Si nous établissions actuellement un parallèle entre la race mongole et la race eaucasienne, ou bien entre la première et la race nègre, nous arriverions bien plus fa-- cilement encore au même résullat. Ainsi, s'il est vrai que les Mongols ont généralement la peau jaune, il en est (4) De Froberville, Comptes rendus de l'Acadénne des sciencee de Paris, T. XXX, p. 686. 392 TOUTES LES RACES D'HOMMES qui l'ont très-brune, et les dames chinoises du centre du Céleste Empire sont aussi blanches que des Européennes. L'obliquité des yeux n’est pas non plus constante dans la. race jaune et se retrouve chez les Malais et chez plusieurs tribus brésiliennes. La forme pyramidale du crâne, qu'on considère comme caractéristique de la race mongole, n'est pas un caractère plus certain et il en est de même de l'élargissement de la face. On trouve en effet non- seulement des individus, mais même des tribus apparte- nant à cette fraction du genre humain, dans lesquelles on observe la forme ovale de la tête et les traits du type européen (1). Que serait-ce, si après avoir cherché en vain une distinction réellement spécifique entre les trois principales grandes familles humaines, nous étendions cet examen comparaiif à toutes les autres variétés du genre humain? Nous constaterions qu'elles s’intercallent entre les groupes principaux et leur servent d’intermédiaires. C'est que depuis le Nègre jusqu’au Caucasien les carac- téres se nuancent d’une manière insensible, comme si l'on assistait aux diverses phases d’une transformation graduelle; c'est à ce point que dans une même race, dans une même variété, dans une même famille, les différences de couleur, de physionomie, de formes eor- porelles, sont quelquefois telles que, si on y avait égard, on serait inévitablement conduit à admettre autant d’es- pèces qu'il y à d'individus. H n'existe donc aucune limite tranchée, aucun carat- tère absolu, qui séparent les unes des autres les diffé- (1) Prichard, Histoire naturelle de l'Homme, trad. franc., T. I, p. 234. SONT FÉCONDES ENTRE ELLES. 993 rentes variétés humaines, qui puissent permettre d’en isoler une seule pour l’élever au rang d’espèce. Aucune race humaine ne se distingue d'une autre par un en- semble de caractères propres à elle seule; mais les mêmes modifications organiques se retrouvent plus ou moins marquées dans chaque race. Or c’est là précisé- ment ce qui existe, comme nous l’avons vu, pour les différentes variétés ou races de chacune de nos espèces d'animaux domestiques ; quelque éloignées que parais- sent l'une de l’autre les variétés extrêmes, on ne trouve, pas plus que chez l'Homme, de ligne de démarcation, semblable à celle que le Créateur a nettement tracée entre Jes espèces animales ou végétales appartenant à un même genre naturel. Ainsi les races ne peuvent pas être carac- térisées d'une manière absolue ; les espèces véritables jouissent seules de ce privilége. Mais, puisqu'il en est ainsi, nous pouvons conclure, de ce que, malgré les efforts tentés dans ce sens, on n’a pas pu caractériser plusieurs espèces d'Hommes, c'est qu'il n’en existe en réalité qu'une seule. Ce criterium suffirait pour démontrer cette vérité; mais nous pouvons encore mettre en œuvre d’autres éléments de conviction, qui serviront de contrôle à nos appréciations. Si, de l’examen des caractères organiques, nous pas- sons à l'étude des caractères physiologiques, nous devons trouver dans cet autre moyen d'investigation la confir- mation de la vérité que nous cherchons à établir. Nous avons vu, en effet, dans le chapitre précédent, que toutes les races d'Hommes, même les plus différentes les unes des autres, engendrent parfaitement bien ensemble -et donnent naissance à des individus indéfiniment féconds Fa er» PRE Ce 394 LES RACES D'HOMMES NE SE DISTINGUENT et qui semblent même, le plus souvent, ‘doués d'une faculté prolifique des plus actives. Or la fécondité conti- nue est le caractère qui rapproche les races; la fécondité bornée le caractère qui sépare les espèces. Il n'est donc pas possible d'admettre, qu'il y ait plusieurs espèces d'Hommes. u Les races humaines, dit J. Müller (1), “ rentrent dans l'idée générale qu'on se fait d’une race. » Ce sont des formes diverses d’une seule et même es- « pèce, formes qui s'unissent ensemble et se propagent # par voie de génération. Ce ne sont pas des espéces » distinctes, puisqu'alors leurs bâtards seraient stériles. 1 D'une autre part il est constant que dans les variétés, même les plus divergentes, d'une même espèce animale, les grandes fonctions de l’économie s’exécutent suivant un mode parfaitement uniforme et sontsoumises à des lois constantes, tandis qu'elles offrent très-souvent des parti- cularités différentes quand on les observe sur des espèces réellement distinctes, quelque voisines qu'elles puissent être les unes des autres. Ainsi chez les animaux Mammifères l’époque du rut,. la durée de la gestation, le nombre des petits, le temps. pendant lequel se prolongent la lactation et les soins des. parents sont autant de circonstances qui varient d'une espèce à l'autre. Les Oiseaux nous offrent, chez les espèces même voi- sines, en ce qui concerne l'époque dela ponte, le nombre des œufs, le lieu où se place le nid, sa forme et les maté- riaux qui servent à sa construction (2), la durée de Fin- (1).3. Müller, Manuel de Physiologie, trad. franc. Paris, 1851, _in-80, T. 11, p. 489. (2) Les différentes espèces d’Hirondelles pourraient être citées PAR AUCUN CARACTÈRE PHYSIOLOGIQUE. 395 cubation et de l'éducation des petits, des différences remarquables et spéciales à chacune d'elles. Chez les Poissons, l’époque de la fraie, le lieu où les œufs sont déposés, le temps nécessaire à l’éclosion, se modifient également d’une espèce à l’autre. Chez les Insectes, souvent les espèces les plus rappro- chées et qui ne se distinguent quelquefois que par des caractères organiques peu saillants, nous présentent des différences extrêmement tranchées en ce qui concerne les pratiques qu’elles mettent en usage pour assurer la conservation et le développement de leurs œufs et l'ali- mentation des larves au moment de leur naissance. Les Abeilles sauvages, les Guëpes, les Cynips, etc., nous fournissent des exemples très-remarquables de ce que nous avançons (1). Il en est de même pour toutes les autres classes du règne animal. Mais ce ne sont pas seulement les fonctions de repro- duction qui fournissent des différences tranchées entre les espèces d’une même famille, d'un même genre. Ainsi la température du corps des animaux est, à très- peu de chose près, invariablement fixée pour chaque espèce et varie le plus souvent, quoique dans des limites restreintes, lorsqu'il s’agit d'espèces très-voisines. Des comme un exemple de la variété de leurs instincts à cet égard; il n’y a pas deux espèces de ce genre qui fassent leur nid dans des lieux semblables et de la même manière. (1) On peut consulter à ce sujet : 4° Réaumur, Mémoires pour servir à l’histoire des Insectes; 2° Lacordaire, Introduction à lPEntomologie ; 3° Kirby et Spence, Introduction to Entomology, etc. : Persos ie 2 2: _—— en eh lon sssm tatin him eg tm 396 LES RACES D'HOMMES NE SE DISTINGUENT observations très-précises ont été faites à cet égard sur un assez grand nombre de Mammifères, d’Oiseaux, de Reptiles, de Poissons, d'Insectes. On peut consulter sur ce point les expériences de John Hunter (1), de Dela- roche (2), de Despretz (5), de John Davy (4), d'Eydoux et Souleyet (5), de Ch. Maruns (6), etc. Les cris des animaux, leurs chants, leurs bourdonne- . ments, etc., sont souvent très-différents dans des espèces du même genre. Faut-il citer le Cheval qui hennit et J'Ane qui brait? Le Jaguar d'Amérique et la Panthère d'Afrique, qui se ressemblent tellement, que le célèbre naturaliste Pennant les a confondus, sont très-distinets par le caractère de leur voix (7). L’Aurochs, qui a été considéré comme la souche du Bœuf domestique, s'en distingue par des caractères organiques tranchés, comme Cuvier l'a démontré; mais de plus il grogne, le Bœuf mugit. Plusieurs espèces de Grenouilles émettent des (1) 3. Hunter, Experiments and observations on animals with respect tho the power of producing heat, in Observations 07 certain parts of the animal œconomy, éd. 2, 1792, p. 99. (2) Delaroche, dans le Journal de physique, 1810, T. LXXE, P- 289. (3) Despretz, dans les Annales de chimie et de physique, 1824, T. XXVI, p. 558. (4) John Davy, dans les Annales de chimie et de physique, 1826; T. XXXIIE, p. 189 et suiv. () Eydoux et Souleyet, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, 1858, T. VE, p. 458. (6) Ch. Martins, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, 1857, T. XLH, p. 516 à 518. (7) E.-Geoffroy Saint-Hilaire, Annales du Muséum, T. IV, P- 95. oo re TS « pd DR Gr SE ge A TPE Rs r É PAR AUCUN CARACTÈRE PHYSIOLOGIQUE. 997 sons tellement caractéristiques, qu'on les a désignées Sous les noms de mugissante, criarde, grognante, piau- Jante (1). La durée moyenne de la vie offre aussi des différences remarquables. Enfin les habitudes; la sociabilité (2), les penchants, les instincts, sont très-variés chez les ani- maux, mais constants pour chaque espèce. Or toutes ces différences ont la valeur des caractères spécifiques. Chez les végétaux eux-mêmes, les espèces d’un même genre fleurissent souvent à des époques plus ou moins éloignées les unes des autres. Ainsi l'Ophioglossum lu sitanicum développe ses fructifieations en hiver et l'O. vulgatum en été (3). On pourrait citer un grand nombre d'exemples semblables. Une telle différence parait lin- dice certain d’une nature intime différente, qui ne se traduit peut-être pas toujours à l'extérieur par des ca- ractères extrêmement saillants, mais qui n’en est pas moins réelle et conserve une incontestable valeur diffé- rentielle. Il est des plantes qui ouvrent leur corolle à certaines heures fixes du jour ou de la nuit. Gelles-ei sont annuelles, celles-là bisannuelles, d’autres vivaces. Les unes se rencontrent sur tous les sols, les autres sont particulières aux terrains calcaires ou siliceux, aux ter- rains compacts ou peu consistants, aux lieux ombragés Lr- RS ESS De OR pres = e mu anim ui Er A Ja + RES (4) Cloquet, dans le Dictionnnaire des sciences naturelles de Levrault, T. XIX, p. 415. (2) Les Guépiers, par exemple, vivent les uns par troupes, les autres par paires, et les différentes espèces ne se mêlent pas dans leurs migrations. (5) Durien de Maisonneuve, dans le Bulletin de la Société bota- nique de France, T. IV, p. 598. 398 _ LES RACES D'HOMMES NE SE DISTINGUENT ou découverts, aux contrées sèches ou humides, etc. En un mot les espèces végétales ont, comme les espèces animales, leur genre de vie spécial, je dirai presque; leurs habitudes particulières. Or s’il existe plusieurs espèces d'Hommes, elles doi- vent présenter entre elles, du moins en ce qui concerne une ou plusieurs de leurs fonctions, des dissemblances analogues à celles qui séparent les espèces végétales, mais surtout les espèces animales les unes des autres. Si nous étudions, sous ce nouveau point de vue, la question qui nous occupe, nous ne pouvons constater aueune de ces différences, dont les animaux d’espèces différentes nous offrent de si nombreux exemples. Chez la Femme, à quelque nation qu'elle appartienne» la durée moyenne de la gestation est de neuf mois (1) €t ce fait est important, puisqu'il y a ordinairement, sou$ ce rapport, des différences, parmi les animaux, d’une espèce à une autre espèce voisine. Au contraire, chez toutes les races d’une même espèce domestique, la durée de la gestation est la même. Toutes les Chiennes, à quelque race qu’elles appartiennent, portent neuf S€- maines, et la Louve 90 jours suivant Buffon et F. Cuvier; toutes les races de Chats 55 à 56 jours. L'intervalle qui sépare les époques cataméniales est en général le même chez les Femmes de toutes les variétés humaines et il Y a sous ce rapport plus de diversité d’individu à individu que de peuple à peuple (2). On a cru, pendant longtemps, sur l'autorité imposante (4) Alex. de Humboldt, Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau-Continent, T. I, p. 293. (2) Buffon, Histoire naturelle, T. IL, p. 490. PAR AUCUN CARACTÈRE PHYSIOLOGIQUE. 399 | de Haller, que l’âge fixé par la nature pour le mariage varie suivant les climats, et presque tous les physiologistes l'ont répété après lui. Mais un travail très-remarquable du docteur Roberton (1) a démontré que les variations observées sous ce rapport oscillent entre des limites peu étendues et que dans toutes les races humaines il y a des exemples de précocité et de retard dans l'établissement de cette fonction. La température du corps humain nous fournit encore un argument plus précis. Il résulte, en effet, des labo- rieuses recherches du docteur John Davy que « les » Hommes de diverses races, placés dans des circon- » stances semblables, ont exactement la même tempéra- “ ture, soit qu’ils se nourrissent exclusivement de viande, » comme les Vaida; soit qu'ils ne mangent que des » légumes, comme les prêtres de Bouddha; soit, enfin, » qu'à limitation des Européens, ils prennent journelle- » ment ces deux espèces d'aliments (2). n Ces observations ont été faites en Angleterre, au cap de Bonne-Espérance, à l'Ile-de-France, dans l'Inde et à Ceylan, sur des soldats anglais, sur des Hottentots, sur des Nègres de Mozam- bique, de Madagascar et de [a côte occidentale d'Afrique, sur des Nègres albinos, sur des prêtres de Bouddha, sur des Vaida, sur des Cipayes, sur des Cingalais et des Malais. Le terme de l'accroissement complet varie chez les (4) Roberton, Edinburg medical and surgical Journal, 1832, T. XXXVHI. (2) John Davy, Annales de chimie et de physique, 1826, CT. XXXHL, p. 181. EE ee 400 LES RÂCES D'HOMMES NE SE DISTINGUENT animaux d’une espèce à l’autre; il est fixe dans toutes les races humaines. La durée moyenne de la vie est la même chez les di- verses variétés humaines et l’on trouve, chez toutes, même chez les peuples intertropicaux, des exemples de longévité extrêmement remarquables. Prichard (1) en cite un assez grand nombre chez les Nègres. Chez tous les Hommes la voix présente les mêmes caractères et ne varie pas, comme chez les espèces ani- males d’un même genre. Tous les Hommes, enfir, ex- priment leurs idées et les communiquent à leurs sembla- bles par la parole et c’est en partie à ee don précieux que notre espèce est redevable de sa force, de sa puis- sance, de sa grandeur. Cependant l'Homme, en naissant, ne parle pas; le langage est donc une faculté acquise qui se transmet dé génération en génération et nulle part on n’a rencontré de nation qui en soit dépourvue. Les langues ont pu varier, s’altérer profondément, mais elles doivent toutes remonter à une origine commune. Car l'invention d’un langage articulé aussi complexe et aussi ingénieux, que le sont, non pas seulement les langues des peuples civilisés, mais ces langues souvent si riches, toujours si expressives et je dirai même savantes qui sont parlées par les peuples les plus sauvages, a dù être une découverte trop difficile, pour qu'elle se soit renouvelée plusieurs fois, alors surtout que des arts simples et fort utiles à l'Homme, l’art du potier, l’art de tisser les étofies; he sont pas connus de tous les peuples. La philologie, . (4) Prichard, Histoire naturelle de l’ Homme, wad. franç., T. I, p. 248. PAR AUCUN CARACTÈRE PHYSIOLOGIQUE. 401 par les moyens d'investigation qui lui sont propres, par- viendra sans doute à démontrer la communauté d’origine de toutes les langues. Il doit exister dans toutes des principes analogues, que résumera probablement la Grammaire générale. Nous ne nous étendrons pas sur cette question, qui sort complétement du cadre que nous nous sommes tracé, et à laquelle nos études spéciales ne nous ont pas préparé (1). L'étude des idées religieuses de tous les peuples con- duira aussi vraisemblablement, celui qui voudra s’en oceuper, à reconnaitre l'unité originelle de ces croyances et par conséquent l'unité de l'espèce humaine. Les Mexicains, les sauvages de l’Orénoque, croient au déluge, pendant lequel un Homme et une Femme se sont sauvés sur une montagne et en jetant derrière eux des fruits du Palmier Mauritia: ils en virent naître des Hommes et des Femmes (2). Cette tradition se retrouve chez les Araucanos qui affirment que leurs ancêtres fu- rent obligés de se réfugier au sommet des Andes pour 4 échapper à ce cataclysme (5). (4) Avant l’arrivée des Européens, les Polynésiens comptaient d’après le système décimal (Mœrenhout, Foyages aux îles du Grand Océan, T.IE p. 185), circonstance que l’on a donnée comme preuve de leur origine commune avec nous. Cependant ce fait ne me semble pas aussi concluant que tous ceux que nous citons : les dix doigts de la main pourraient bien être l’origine de la préférence ac- cordée, chez tous les peuples qui savent compter, au système décimal. (2) Alex. de Humboldt, Vue des Cordillières, T. I, p. 102. (5) Alc. d’Orbigny, Voyage dans l’Amérique Méridionale, T, IV, part. 4, p. 115. ll, 26 pm gén, FA + LR CHENE | 402 LES RACES D'HOMMES NE SE DISTINGUENT Il faut consulter également Moœrenhout sur la croyance au déluge chez les Polynésiens (1). u Ces antiques traditions du genre humain, dit Alex. de v Humboldt(2) que nous trouvons dispersées sur la surface “ du Globe, comme les débris d’un vaste naufrage, sont v d’un grand intérêt pour l'étude philosophique de nolre vw espèce... Les traditions cosmogoniques des peuples “ offrent partout une même physionomie, des traits de “ ressemblance, qui nous remplissent d’étonnement. _“ Tant de langues diverses, appartenant à des rameauX “ qui paraissent isolés, nous transmettent les mêmes " faits;..... mais chaque peuple leur donne une teint® “ locale. Dans les grands continents, comme dans les » plus petites îles de l'Océan pacifique, c’est toujours la “ montagne la plus élevée et la plus voisine, sur laquelle “se sont sauvés les restes du genre humain, et cet évé- “ nement parait d'autant plus récent que les nations sont “ plus incultes et que la conscience, qu’elles ont d’elles- " mêmes, ne date pas de très-loin. n Quelle que soit leur couleur, quels que soient les traits de leur physionomie et leurs formes corporelles, tous Îles Hommes ont les mêmes instincts (5). u La sociabilité de (1) Mœrenhout, Voyages aux îles du Grand Océan, T. I, P- 269 et 571, et T. IL, p. 200. (2) Alex. de Humboldt, Voyage aux régions équinoxiales di Nouveau-Continent, T. VI, p. 266 et 268. (8) « Chez les Polynésiens, dit Mœrenhout (Poyages aux iles du Grand Océan, T. IL, p. 76), comme chez tous les peuples du Monde une affaire de première importance, surtout pour les Femmes dont linstinet, si la race humaine en possède un qui lui soit propres ES certainement de se parer et de chércher à plaire, » PAR AUCUN CARACTÈRE PSYCHOLOGIQUE. 405 v l'Homme, dit F. Cuvier (1), est l'effet d’un penchant, d'un besoin naturel, qui le porte invinciblement à se rapprocher de son semblable, indépendamment de toutes modifications antérieures, de toute réflexion, de toute connaissance. C'est une sorte d'instinct qui le maitrise et que les peuplades les plus sauvages ma- nifestent avec autant de force que les nations les plus civilisées. Ce sentiment instinctif n’est pas moins la cause de la sociabilité des animaux que celle de la sociabilité de l'espèce humaine; il est primitif pour eux comme pour nous. Îl,ne résulte ni de l’intelli- gence, ni de l'habitude, ni de l'éducation. n Ce ca- ractère est donc commun à toutes les races humaines. Les animaux d’espèces différentes, même très-voisines, le Loup et le Chien, par exemple, font au contraire contraste sous ce rapport. Tous les Hommes ont égale- ment les mêmes passions ; les mêmes désirs, les mêmes aversions, les font agir dans les contrées glacées du Nord et sous le soleil brûlant des tropiques. Tous enfin possèdent la connaissance du bien et du mal. Mais, si chez tous les Hommes, comme nous venons de l’établir, il y a unité dans les fonctions physiologiques et psychologiques, il résulte implicitement et nécessaire- ment de ce premier fait qu’il y a chez eux unité de na- ture, par conséquent unité d’origine, unité d'espèce. . Ainsi donc, quel que soit le point de vue sous lequel on considère la question de l'espèce, relativement à l'Homme, on aboutit à l'unité. D'une autre part, les (4) F. Cuvier, De La sociabilité des animaux, dans les Hémoires du Muséum, T. XHE, p. 5. pe sm sq, C4 k & Leds gi gt ais coton mn Le * RTE ETES DETTE AS TE RE ons 25 one me Es RE TS nor F4 « * PIS + A re Da ar M. 2 ” s re etes = : LR Te re the ti éhiiéians so 3 7 É | remmree mr pt 4 404 ON OPPOSE A LA DOCTRINE DE L'UNITÉ partisans de la doctrine de la pluralité, ne fournissent en sa faveur que des arguments négatifs; ils n’ont pu jus- qu'ici déterminer le nombre des espèces d'Hommes; il n’y a pas deux auteurs qui s'accordent sur cétte question; é’est que la distinction de plusieurs espèces, ne reposant sur aucun principé solide, laisse le champ libre à toutes les opinions et permet à chacun d'établir un plus où moins grand nombre de types primitifs. De là il arrive que chaque nouvel anthropologiste défait la classification de son prédécesseur, subdivise les nations qu'il avait réunies, réunit celles qu'il avait séparées. u Les zoologistes, dit n M. L.-Geoffroy Saint-Hilaire (4), qui ont su établir par- “ mi les innombrables êtres, sujets de leurs études, des “ divisions de tout rang, pour la plupart nettement ca- n ractérisées et heureusement enchainées les unes aux “ autres, qui ont presque réussi à classer l’ensemble du “ règne animal dans un ordre à la fois naturel et logique; » ne sont pas encore parvenus à déterminer avec quelque : précision les divers types que présentent le genre hu- “ main, pas même, sauf de rares exceptions, à les déerire “ d’une manière satisfaisante. n u Ïl n’y a pas moyen, v dit aussi J. Müller (2), d'établir une classification ri- “ goureuse des races humaines. Les formes n'ont pas “ partout un type également arrêté et nul principe seien- n tifique certain ne saurait ici, comme lorsqu'il s'agit “ d'espèces, présider à la délimitation des groupes. " (1) L-Geoffroy Saint-Hilaire, Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, 1857, T. IV, p. 662. (2) J. Müller, Manuel de Physiologie, trad. franc., T. I, p. 793- DEUX IMPOSSIBILITÉS. 405 u L'humanité, dit à son tour Alex. de Humboldt (1), se distribue en simples variétés que l’on désigne par le mot un peu indéterminé de races... Que l'on suive la classification de mon maitre, Blumenbach, en cinq races ou bien, qu'avec Prichard, on reconnaisse sept races, il n’en est pas moins vrai qu'aucune différence radicale et typique, aucun principe de division naturel et rigoureux ne régit de tels groupes. On sépare ce qui semble former les extrêmes de la figure et de la couleur, sans s'inquiéter des familles de peuples qui échappent à ces grandes classes. n C'est en vain, en effet, que les partisans de l'opinion de la pluralité d’es- pèces se sont eflorcés d'établir, entre ces prétendues es- pèces d’Hommes, une distinction basée sur des caractères précis, absolus, constants, et toutes les races qu'ils ont voulu distinguer ne sont que les formes extrêmes des diverses variétés de l'espèce humaine. Ils feraient d’inu- tiles efforts pour y faire entrer tous les peuples de la terre et toutes les fois qu’ils ont essayé de réaliser ce projet, ils se sont trouvés inévitablement, nécessairement conduits à l’arbitraire. Néanmoins ils n’abandonnent pas pour cela le terrain; ils se retranchent derrière deux impossibilités ; mais nous espérons faire disparaitre ce double rempart qui protége encore la doctrine que nous combattons. 1 Ces deux impossibilités sont les suivantes : 4° les lois de la Géographie zoologique s'opposent à ce qu'il y ait eu pour tous les hommes un seul centre de création; 2 Ja dispersion des peuples, qui, d’un seul et même (4) Alex. de Humboldt, Cosmos, Essat d’une description phy- sique du Monde, trad. franç. Paris, 1846, in-89, T. I, p. 427. 406 OBJECTION TIRÉE DES LOIS point central, se seraient répandus sur toutes les con- trées du Globe, est un fait inadmissible en raison des obstacles physiques, qui ont dû s'opposer à ce que la même espèce d'Hommes ait pu atteindre les continents et les iles où se trouvent aujourd’hui des représentants du genre humain. Pour ne laisser aucun doute dans l'esprit, nous devons diseuter cette double objection. Nous n'avons pas parlé jusqu'ici de l'opinion émise sur cette question importante, par un homme, que ses travaux éminents en histoire naturelle placent dans un rang des plus distingués parmi les savants de l'époque actuelle; nous voulons parler de M. Agassiz. Il n’est pas possible cependant de passer sous silence ses idées sur le sujet qui nous occupe; mais l'occasion de les exposer se présente naturellement, puisqu'elles se rapportent à la première des deux objections qui ont été soulevées contre la doctrine de l'unité de l'espèce humaine. M. Agassiz se dit partisan de l'unité, mais il l'entend tout autrement que les auteurs qui l'ont admise avant lui. Car il reconnait différentes souches humaines, qui opt surgi sur place, avec les caractères qui distinguent encore aujourd’hui les descendants de ces souches mul- tiples. Il n'est aucun naturaliste qui, à ces caractères de persistance de types et de continuité par voie de généra- tion, ne reconnaitrait dans ces premières souches hu- imaines des espèces distinctes et ayant leurs caractères propres. L'opinion du célèbre professeur de Cambridge aboutit donc à la pluralité d'espèces dans le genre humain. Suivant ce savant de premier ordre (4), la Terre est (1) Agassiz, Esquisse des provinces naturelles du règne animal DE LA GÉOGRAPHIE ZOOLOGIQUE. 407 divisée en grandes zones caractérisées par un ensemble de traits zoologiques et botaniques spéciaux ; or les limites géographiques, qui séparent ces grandes circonscriptions naturelles, tracent également le domaine des diflérentes races humaines, et l’auteur arrive à cette conclusion : u La coïncidence entre la circonscription des races hu- # maines et les limites naturelles des diverses provinces “ zoologiques, caractérisées par des espèces différentes » d'animaux est un fait qui ne peut manquer de jeter du # jour, dans quelque période future, sur l’origine même # des différences qui existent entre les Hommes, puisqu'il montre que la nature physique de l'Homme est modi- fiée par les mêmes lois que celle des animaux, et que n les résultats généraux obtenus dans le règne animal « relativement aux différences organiques des divers “ types doivent aussi s'appliquer à l'Homme. Nous n'a- “ vons donc aujourd’hui à choisir qu'entre deux alter- “ natives : où bien toute l'humanité provient d’une “ souche commune, et toutes les diflérentes races, avec “ les particularités qu'elles présentent dans leur distri- # bution actuelle, doivent être attribuées à des change- n ments subséquents, présomption en faveur de laquelle » on ne dé fournir aucune preuve, et qui oblige tout de suite à admettre que la diversité entre les animaux » n’est point originelle, et que leur distribution n’a pas y été fixée dans un plan général, établi dès le commen- et de leur relation avec les différents types humains. Ce mémoire, écrit en anglais, a été annexé à un ouvrage publié en Amérique par MM. Nott et Gliddon, sous le titre de : Types of mankind, elc., éd. 6. Philadelphia, 1854, in-8°. \ a arte ie Phi hi, 408 OBJRCTION TIRÉE DES LOIS “ cement de la création ; ou bien il faut reconnaitre que 1 la diversité des. animaux est un fait déterminé par la “ volonté du Créateur, et que leur distribution géogra- v phique est une partie du plan général qui embrasse “ tous les êtres organisés dans une grande conception “ organique : d'où il suit que ce que nous appelons les “ races humaines sont des formes distinctes primordiales “ du type humain (D). » Honoré Jacquinot (2) et Dumoutier (3) avaient déjà, il y à quelques années, cherché à établir la doctrine de la pluralité des espèces d'Hommes, sur des considéra- tions du même genre. La Géographie zoologique, dont on invoque ici les enseignements, démontrerait, ce nous semble, tout aussi bien le contraire de ce qu'on veut prouver en s'appuyant sur elle. Si quelques auteurs nient que tous les Hommes appartiennent à une seule et même espèce, il n’en est aucun qui se soit refusé à reconnaitre que toutes les va- riétés humaines forment un seul et même genre naturel. Or, je le demande, quel est le genre de Mammifères qui se rencontre à la fois et originairement dans tous les pays du Globe (4) ; on ne peut en citer aucun et, dans tout état (4) Agassiz, dans Nott et Gliddon, Types of mankind, ete, éd. 6. Philadelphia, 1854, in-80. Nous avons extrait ce passage ainsi traduit de la Revue des deux Mondes, pér. 2, T. XI, p. 106. (2) H. Jacquinot, dans Dumont d’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l’Océanie. Zoologie, T. XI, p. 14 à 26. (3) Dumoutier, dans Dumont d’Urville, fbidem. Anthropologie; For. (4) Sur 200 genres de Mammifères, il en est 460 qui ont sur le Globe une habitation limitée à une seule contrée et sous une seule DE LA GÉOGRAPHIE ZOOLOGIQUE. 409 de cause, l'Homme n’en formera pas moins une exception bien grave aux lois qui régissent la distribution des êtres organisés à la surface de notre planète et, par un rai- sonnement analogue à celui qu'on nous oppose, on pourrait en conclure, avec autant de raison, que l'Homme n’a pas été créé originairement dans les principaux cen- tres où nous le voyons aujourd'hui. Ce n’est pas seule- ment comme espèces que les Mammifères de l’Australie sont différents de ceux des autres continents ; c’est comme genres et même comme familles. D'où l’on pourrait conclure, avec autant de raison que les partisans de l’o- pinion que nous,combattons, que l'Homme australien devrait être d’un autre genre que nous, s’il était réelle- ment autochtone. Il est parfaitement vrai, néanmoins, que les animaux sauvages ont une circonscription géographique, nette- ment tracée pour chacune de leurs espèces, circonserip- tion d’où elles ne sortent pas, du moins par l'effet de leur volonté. Cette stabilité est une loi applicable aux animaux sauvages qui, n'obéissant qu'à l'impulsion de leurs instincts naturels, n’ont aucun motif de quitter les lieux qui les ont vu naître (1) et encore faut-il en excepter zone. El en est 20 qui habitent à la fois la zone torride et la zone tempérée, mais qui sont exclus de la zone septentrionale. Il en est 20 cependant quisont répandues sous toutes les zones et qui semblent faire exception, mais cetle exception n’est qu'apparente; car ces genres ne sont pas originaires dans tous les lieux où nous les voyons et se composent d'animaux domestiques ou de petits Mammifères, qu’à son insu l'Homme a introduits partout avec lui, par exemple les Rats, les Souris, elc. (4) I y a cependant des exceptions à cette loi : le Moineau do- 410 OBJECTION TIRÉE DES LOIS les espèces assez nombreuses qui exécutent des migra- tions régulières. Mais cette loi ne s'applique pas aux ani- maux domestiques, aujourd’hui répandus sur toutes les parties de notre planète, sur un grand nombre desquelles ces espèces ne sont certainement pas originaires. Îl est vrai, que c’est par l’industrie de l'Homme, que le Bœuf, la Chèvre, le Mouton, le Cheval, l’Ane, le Pore, le Chien, le Chat, la Poule, etc., ont été disséminés dans toutes. les contrées habitées. Mais si l'Homme a pu modifier les lois de la Géographie zoologique en ce qui regarde les. animaux soumis à sa domination, pourquoi ne l’aurait-il. pas fait en ce qui le concerne lui-même? Les lois de la Géographie zoologique ne peuvent pas entraver la volonté et la liberté de l'Homme, ni arrêter les effets de son hu- meur avantureuse. L'histoire et la tradition ne nous ont- elles pas conservé le souvenir de grandes migrations des peuples et les colonies établies depuis trois siècles dans presque toutes les contrées du Globe ne-constituent-elles pas des exceptions flagrantes à la loi sur laquelle on cherche à étayer une doctrine nouvelle. Le raisonnement, sur lequel on s’appuie, repose entièrement sur cette idée que toutes Îles régions de la terre ont été primitivement et originairement peuplées par les nations que nous y voyons aujourd'hui, hypothèse qu'il faudrait avant tout transformer en démonstration rigoureuse. Pour prouver que l'Homme américain est primitif dans le Nouveau Monde, que l’Australien a eu à la Nouvelle mestique, comme nous l'avons vus.étranger à la Sibérie, s’y répand de plus en plus au fur et à mesure ue s’étend la culture des Céréales dans cet immense pays. DE LA GÉOGRAPHIE ZOOLOGIQUE. AA Hollande son centre spécial de création, que le Polynésien est autochtone dans ses iles, il faudrait du moins dé- montrer que sà présence dans ces contrées n'est pas le résultat des migrations qui ont eu lieu à toutes les épo- ques. C'est là, en effet, la seconde impossibilité qu’on nous oppose. c L'instinct qui retient au sol les animaux, assure-t-on, est tout aussi impérieux chez l'Homme et rien ne peut l'effacer surtout chez l'Homme sauvage. Le jeune paysan, qui est appelé sous les drapeaux, est fréquemment atteint de nostalgie. C’est là, en effet, nous l’accordons, un in- stinct commun à l'Homme et aux animaux sauvages. Mais l'instinct n'est-il pas dominé chez l'Homme par l'intelligence, par la passion des découvertes, par le désir de s'enrichir et par le besoin de se procurer des moyens d'existence plus faciles, enfin par une nécessité impé- rieuse telle que le refoulement des peuples qu'entraine si souvent l'ambition des conquêtes. ; On argue enfin de l'impossibilité matérielle, où s'est nécessairement trouvé le peuple primitif unique de se transporter de l'Ancien-Continent, où l'on place son ori- gine, par exemple en Amérique, en Australie et dans les iles nombreuses de l'Océan pacifique. Mais on oublie que la navigation est un des arts les plus anciens et peut-être le plus répandu. Tous les peuples du Monde, même les plus sauvages, paraissent avoir Su, de tout temps, et souvent malgré l'imperfection de leurs moyens d'action, construire des pirogues, les diriger à la rame, naviguer sur les fleuves et qui plus est braver les flots de l'Océan. Il est difficile de penser que cette idée, et surtout sa réalisation par des procédés partout analogues, soit venue 412 OBJECTION TIRÉE à la fois à tous les peuples et que cette invention n'ait pas elle-même une origine unique. Nous pourrions en dire autant de l’arc et de la flèche, dont l'usage fut au- trefois général chez tous les peuples de l'Ancien Monde et que l’on retrouve encore chez le plus grand nombre des peuplades sauvages, même les plus éloignées les unes des autres. De simples pirogues n'auraient-elles pu suffire, pour wansporter l'Homme partout où nous le voyons au jour- d'hui? Beaucoup de faits authentiques prouvent que de frêles embarcations ont pu permettre à des peuples, même primitifs, d'aborder sur des terres souvent très- éloignées du point de départ. Et d’abord, en ce qui concerne les Polynésiens, répandus dans les îles nombreuses disséminées dans l'immense étendue de l'Océan pacifique, depuis l'ile de Pâques jusqu'aux iles Vii, points éloignés l’un de l’autre de 1,560 lieues et des Sandwich aux iles de Bass situées à 1,000 lieues de distance, lorsqu'il est positivement constaté qu'ils présentent les mêmes caractères physi- ques, qu'ils ont les mêmes usages et qu'ils parlent la même langue (1), il faut bien admettre qu'ils ont une origine commune, et qu'ils ont pu franchir, avec leurs Femmes et leurs animaux domestiques, des distances très-considérables. Pour prouver cette possibilité, il n’est pas besoin de citer l'exemple de l’aviso français, le Duroc qui, parti le 51 juillet 1856, de la Nouvelle Calédonie, s’est échoué (1) Mœrenhout, Voyages aux îles du Grand Océan. Paris, 1837, in-80, T. IE, p. 248. dt hr Ré nb ni om at bi SX 4 ; # J ae es pds LR DE LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 413 sur le récif de Mélish et dont les embarcations ont pu atteindre, sans avoir perdu un seul homme, Coupang, dans l'ile de Timor, après avoir parcouru plus de 600 lieues (1). Faut-il rappeler cette petite jonque japonaise qui, en 1855, malgré les vents et les courants qui règnent habituellement, dans l'Océan pacifique, de l'ouest à l'est, traversa l'immense étendue de cette mer et fut jetée sur la côte d'Amérique (2)? Les simples pirogues des sau- vages polynésiens font quelquefois de très-longues traver- sées, comme le prouvent les faits que nous allons citer. Les habitants des Sandwich n'avaient, à l’époque de la découverte de cet archipel, que de petites embarcations et cependant, comme Bougainville (3) et Lapérouse (4) nous l'apprennent, ils exécutarent des voyages de 60 lieues. Le capitaine Cook (5) estime que les pirogues des habi- tants d’Oheteroa (non loin de Taïti), peuvent faire jus- qu'à 40 lieues par jour et par conséquent 400 lieues en dix jours. Dumont d'Urville cite l'exemple d’une pirogue qui de l’île Rotouma fut portée, peu de temps avant son arrivée dans ces parages, sur les iles vi (6), c’est-à-dire, à une distance de 100 lieues. (1) Le Moniteur Universel du 9 décembre 1856. (2) Morton, An inquiry into the distinction characteristics of the aboriginal race of America. Philadelphia, 14844, p. 41, (5) Bougainville, Voyage autour du Monde. Paris, 1772, in-8o, p. 254. (4) Lapérouse, F’oyage autour du Monde: Paris, 1797, in-40, T. I, p. 115. (5) Cook, Premier voyage, Collection d'Hawksworth, trad. franc, T, IE, p. 59. (6) Dumont d’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie. Zoologie, T. I, p. 54. { nee A4 OBJECTION TIRÉE : Quoy (1) a vu à Tikopia un indigène de l'archipel des Amis qui, entrainé dans une petite pirogue, par les cou- rants et les vents, fut jeté, avec trois de ses compatriotes, sur cette ile, qui est située à 200 lieues du point d’où ces sauvages étaient partis. Tout porte même à croire que Tikopia, entouré de tous côtés d’iles habitées par des Nègres océaniens, a été peuplé accidentellement par la race polynésienne (2). La population de l'île de Cresunt a pour origine une émigration forcée, qui eut lieu, à la suite d’une guerre civile, à Manga-Reva ou iles Gambier, sous le règne de Mapou-Teoa (3). C’est en effet une coutume barbare, en usage dans la Polynésie, lorsque deux tribus d'une même ile se font la guerre, d’embarquer les vaincus sur de méchants radeaux et de les lancer sur les flots. Sans doute une grande partie de ces embarcations périssent, mais quelques-unes peuvent aborder sur des iles plus ou moins éloignées, comme le prouve le fait que nous ve- nons de rapporter (4). Un Taïtien, nommé Omaï, embarqué sur le bâtiment du capitaine Cook, retrouva à Watécoo, c’est-à-dire, à 500 lieues de son pays natal, trois de ses compatriotes qui y furent jetés par des vents contraires; ils s'étaient (1) Quoy, dans Dumont d’Urville, Voyage de l’Astrolabe. His- toire du voyage, T. V, p. 562. (2) Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie. Zoologie, T. I, p. 54. (5) Dumont d’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie. Histoire du voyage, T. I, p. 213. : (4) Dumont d’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie. Histoire du voyage, T. UK, p. 215. DE LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. A5 embarqués en plus grand nombre avec leurs Femmes, mais eux seuls arrivèrent vivants (1). En 1696, deux pirogues, montées par trente Hommes ou Femmes, partirent d’Ancorso et furent portés par Ja tempête sur l’île Samal, l’une des Philippines, éloignée de 500 lieues de la première (2). Quatre naturels d'Uléa, se trouvant dans un canot, furent emportés par un coup de vent, errèrent pendant huit mois en mer, et finirent par arriver à l’une des iles Radack, à l'extrémité orientale de l'archipel des Caro- lines, ayant ainsi fait involontairement une traversée de 550 lieues. Ces malheureux vécurent uniquement de poissons et recueillaient les gouttes de pluie avec le plus grand soin (3). On voit assez fréquemment des habitants de la Poly- nésie portés, dans leurs frêles embarcations, par les vents alisés, sur les côtes de l'ile de Luçon, comme Mallat (4) l’a observé, pendant son séjour dans cette île. L'attachement au sol quiles a vus naître n’est pas tou- jours aussi impérieux qu'on pourrait le croire, même chez les nations sauvages. Les Nouka-Hiviens sont inti- mement persuadés qu'il existe, à une certaine distance de leur ile, une terre de promission, un lieu de délices, où ils désirent vivement se rendre, et il arrive souvent que des familles entières s’entassent dans des pirogues avec quelques vivres et s’exposent à la merci des flots (4) Cook, Troisième voyage, T. I, p. 252. (2) Lettres édifiantes el curieuses, T. XV, p. 196. (3) Lyell, Principles of Geology, T. IE, p. 119. (4) Mallat, Les Philippines, Histoire, Géographie, Moœurs, ete. Paris, 4846, in-8°, T, E, p. 46. ET Re — ao y th qi 416 | OBJECTION TIRÉE dans l'espoir d'atteindre cette ile imaginaire (1). Ges exemples de migrations à la recherche de contrées nou- velles sont encore aujourd'hui fréquentes dans la plupart des iles de la Polynésie (2). En 1834, un brick de Port-Jackson rencontra en mer une pirogue qui portait.environ soixante personnes ; ces malheureux cherchaient une autre ile, ne trouvant plus à vivre dans celle d’où ils venaient (3). Les traditions de -tous les peuples, qui habitent ces îles, ont conservé le souvenir de semblables événements. Ainsi les indigènes de la Nouvelle-Zélande disent qu'ils viennent du nord et que leurs ancêtres, s’étant mis en mer dans l'espoir de découvrir de nouvelles terres, abordèrent dans les iles qu'ils occupent aujourd'hui. Aux Sandwich, ils se rap— pellent qu'ils sont originaires de Bora-Bora et ils con- naissent très-bien Tahiti et les Marquises (4). I existe également dans toutes les iles polynésiennes des souye- .nirs traditionnels d'embarcations venues d’iles étrangères, et d’autres surprises par des vents imprévus et poussées au large sans qu'on en ait depüis entendu parler. À Taïti, on se rappelle très-bien une flotte nombreuse, qui fut entrainée au large par la tempête et qui ne reparut plus (5). Tous ces faits prouvent avec évidence que les îles de (4) Dumont d’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie. Histoire du voyage, T: IV, p. 271. (2) Pumont d’Urville, Zbidem, T. IX, p. 580. (5) Mœrenhout, F7 oyages aux îles du Grand Océan. Paris, 4857, in-80, T, IL, p. 219, mars 8 É (4) Mœrenhout, Jbidem, T. IE, p. 220. (5) Mœrenhout, Zbïdem, T. 1, p. 250. DE LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 417 la Polynésie ont pu être peuplées par l’un ou par l’autre des deux continents que baigne l'Océan pacifique. I n'entre pas dans notre sujet de discuter, si e*est d’Amé- rique ou d'Asie, que sont venus les Polynésiens. On peut consulter à cet égard Forster (1), Dunmore Lang (2), Martinez de Zuniga (3), Dumont d'Urville (4), Mœren- hout (5), Ellis (6), etc. Quant à l'Amérique, il n’y a aueune impossibilité à ce qu’elle ait été peuplée par l’Ancien-Continent. On con- naît les très-anciennes relations que, malgré l'imperfec- tion de leur navigation, les Norwégiens et les Islandais eurentavec l'Amérique du nord notamment avec le Groen- Jand, où, suivant les chroniqueurs islandais, florissaient du X° au XIV° siècle, sous la tutelle de l’évêque de Gardar, une colonie de 200 villages peuplés de colons scandinaves, en relation continue, d’une part avec la mère patrie, de l’autre avec les rivages américains qui s'étendent au sud jusqu'au golfe du Mexique, et sur les- quels, bien plus tard, les frères Cabot et Cartier crurent atterrir les premiers. (1) Forster, dans le Second voyage de un T. V, p. 249 et. suivantes. (2) Dunmore Lang, Wiew of the Origin and migration of the Polynesian nations, p. 86. (3) Martinez de Zuniga, Historia de las islas Philippinas. Ma- nila, 1803. (4) Dumont d’Urville, Voyage de Astrolabe. Philologie, p. 501 et suivantes. (5) Mœrenhout, Voyages aux iles du Grand Océan, T. LL, pe 249 et suivantes. (6) Ellis, Polynesian Researches. London, 1831, in-80, T, Il, p. 50 et suivantes. Il. 27 ne mnpé vi ;. À | \ | mana A ee PS I | | | | 1 ” or PRES OPEN ARRE ner ne 2 int 2 ÉD 27 Se re 418 OBJECTION TIRÉE On sait aussi que, vers la fin du XV* siècle, deux car davres, dont les traits annonçaient une race d’Hommes inconnue, furent jetés sur les côtes des iles Açores et que, presque à la même époque, le beau-frère de Co- lomb, Pierre Corréa, gouverneur de Porto-Santo, ra- _ massa, sur la plage de cette ile, des morceaux de Bambou d’une grosseur énorme, que les courants et les vents d’ouest y avaient portés (1). Ges faits ne furent pas sans influence sur la détermination, prise par Christophe Colomb, de naviguer vers l’ouest. Le cardinal Bembo (2) rapporte, dans son Histoire de Venise, qu’en 1508 un bâtiment français captura sur les côtes d'Angleterre un petit eanot monté par sept Hommes d’un aspect bizarre, et la description qu'il en donne s’ap- plique parfaitement à la conformation des Esquimaux. Un petit bâtiment, chargé de blé, et arrêté près de l'ile de Lancerotte (Canaries), fut, en 1770, poussé au large, dans un moment où l'équipage était absent du bord; le mouvement des eaux d'Orient en Occident le porta en Amérique, où il échoua sur la eôte de Guayra près de Caracas (5). Wallace (4) rapporte, qu'à deux reprises, en 1682 et en 1684, des Sauvages américains de la race des Esqui- maux, poussés au large dans leurs canots de euir par (4) Münoz, Historia del Nuevo Mundo, lib. I, S 414; Fernan Colon, Vida del Almirante, cap. 9; Herrera, Decadus 4, cap. 2: (2) Bembo, Historie Venettæ, 1718, p. 257. (3) Viera, Moticias de la historia general de las ‘islas de Ca- naria. Madrid, 4772-85, in-40, T. II, p. 167. (4) James Wallace, Account of the Islands of Orkney, 1700, p. 60. DE LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 419 une tempête et abandonnés à la force des courants, sont arrivés aux Orcades. Ce dernier fait prouve, qu'avec les moyens de navigation les plus imparfaits, il a pu exister, aux époques les plus anciennes, des communications entre l'Amérique et l’Europe et réciproquement. Mais, en l'absence même des faits remarquables, que nous venons de citer, la manière, dont l'Amérique a pu se peupler, ne peut faire difficulté dans la question que nous agitons. Le Nouveau-Continent n'est-il pas très- rapproché de l'Asie? le détroit de Béring ne met pas obstacle aux communications fréquentes, qu’entretien- nent encore aujourd'hui les peuplades sauvages de ces deux parties du Monde. N'y a-t-il pas, du reste, des animaux de même espèce, qui se trouvent à la fois dans le nord de l'Asie et dans les contrées polaires de l’'Amé- rique? Nous pouvons citer l'Ours blanc (Ursus mariti- mus L.), le Renard bleu (Canis lagopus L.), le Renne (Tarandus rangifer L.), l'Elan (Cervus Alces L.). Le détroit de Béring n’a donc été, ni pour l'Homme, ni pour les animaux, une barrière infranchissable ? L'Australie, si voisine des iles Asiatiques, qui sont peuplées, du moins dans leurs montagnes centrales, d'une race d’Hommes analogue à celle de la Nouvelle- Hollande, ne présente pas davantage d’impossibilité. Nous croyons dès lors avoir résolu les deux difficultés capitales, empruntées à la Géographie zoologique et à la Géographie physique, qui ont été soulevées pour com- battre la doctrine de l'unité de l’espèce humaine. On s’est demandé, si à l’origine il y a eu plusieurs couples d’Hommes, ou s'il n’y en a eu qu’un seul. Dans la première supposition il faut admettre ou bien que ces - Gr D tree, > "2 Dit. : 25 ARE TE ne ram nn N 5 SSP lE 2SI 7 D VS TR € à Veste es ni h (l LA 1 !| { n' 1h 1 4920 CONCLUSIONS GÉNÉRALES, couples primitifs différaient les uns des autres par leurs caractères physiques, qu'ils constituaient dès lors des types originairement distincts et par conséquent appar- tenaient à des espèces différentes, opinion contre laquelle s'élèvent tous les faits exposés dans cet ouvrage; ou bien il faut accepter l'idée que ces Hommes étaient tous sem- blables entre eux et alors ils ne formaient qu’une même espèce. Cette seconde alternative serait donc seule ad- missible, s'il était démontré que plusieurs couples hu- mains sortirent à la fois des mains du Créateur. Mais les moyens d'investigation, dont l'Histoire naturelle dispose, ne permettent pas de résoudre la question de pluralité ou d'unité de couples primitifs. Toutefois, dans ce qu'elle nous apprend, rien ne s'oppose à ce qu'il n’y ait eu à l'origine qu’un couple unique, comme le proclament du reste les traditions unanimes de tous les peuples. Dans l’importante et délicate question que nous avons cherché à résoudre, nous nous sommes appuyé prin- cipalement sur les lois de l'Histoire naturelle comparée. L'Homme étant soumis, comme nous l’avons démontré, aux mêmes lois physiologiques générales qui régissent les animaux et, qui plus est, les végétaux, il nous a été possible de trouver dans ces relations étroites, qui nous unissent aux autres êtres organisés, une base solide pour établir s’il existe uneseule ou plusieurs espèces d'Hommes- Nous avons vu, tout d’abord, que dans les êtres or- ganisés sauvages les caractères distinctifs des espèces sont nettement tranchés et persistent indéfiniment, à travers les âges par la continuité des mêmes conditions d'existence. Les animaux domestiques et les plantes cul- tivées, soumis au contraire par la volonté de l'Homme à CONCLUSIONS GÉNÉRALES. 491 des influences extrêmement variées et bien différentes de celles que leur offrait l’état de nature, n’ont pu con- tinuer à vivre, dans une situation nouvelle, qu’en y ac- commodant leur organisation. Ces différences dans le genre de vie ont entrainé, comme conséquence forcée, des modifications dans leurs caractères physiques et quelque profondes qu'’aient été celles-ci par l'effet pro- longé des mêmes causes, elles n’ont pas anéanti les si- gnes distinctifs des espèces. Des variétés et des races ont, il est vrai, été produites et persistent sous l’action des mêmes influences, mais elles se lient les unes aux autres par une foule de modifications intermédiaires, qui rapprochent et confondent toutes celles qui procèdent d'un même type organique primitif. Les caractères de l'espèce sont donc bien différents des attributs qui dis- tinguent les races : l'espèce est absolue et permanente; les races d'une même espèce varient avec les circon- stances, elles se nuancent à l'infini et ne présentent pas entre elles de signes distinctifs spéciaux et exclusifs. Ces principes établis et confirmés, du reste, par l’expérimentation directe, qui permet journellement à l'Homme de former des races nouvelles soit animales, soit végétales, l'induction est devenue pour nous un guide certain dans la discussion de la question si contro- versée, dont nous cherchions la solution. Si l'Homme eüt conservé par toute la terre le même genre de vie et les mêmes Insütutions sociales, qu’adop- tèrent les premiers humains, nul doute qu’il ne nous montrât encore aujourd'hui cette uniformité dans sa conformation, qui caractérise les espèces animales et végétales sauvages ; car, la variabilité, sous l'empire Louis “HS CR à a En ae QT LR po CEE M VS 422 CONCLUSIONS GÉNÉRALES. d’influences identiques, eût été un effet sans cause dé- terminante. Mais, loin de là, dominé par les caprices de son libre arbitre, par ses passions, par ses convictions religieuses, par l'effet de ses migrations dans les contrées les plus éloignées, enfin par la nécessité de mettre en action toutes les ressources de son industrie pour se procurer des moyens d'existence en rapport avec la propagation de son espèce et les exigences des climats, l'Homme a singulièrement diversifié son genre de vie, ses mœurs, ses habitudes, ses idées. Il s’est placé lui- même dans des conditions bien plus exceptionnelles et plus variées que celles qu’il a imposées aux animaux domestiques et aux plantes cultivées. Or, si les espèces animales et végétales, qu'il a soumises à son empire, se sont plus ou moins profondément modifiées et se modi- fient encore sous nos yeux par l'intervention de sa vo- lonté, il faut bien admettre que l’action de causes ana logues et même plus nombreuses a dû s’exercer également sur lui et faire plier la flexibilité de son organisation sous la puissance des agents modificateurs auxquels il s’est spontanément exposé. Nous avons démontré, du reste, que depuis les temps historiques, plusieurs nations ont éprouvé des mutations assez saillantes dans leurs carac- tères physiques, en renonçant aux coutumes et au genre de vie de leurs ancêtres ; ces faits sont venus confirmer ce qu'enseigne la théorie. L'Homme a donc éprouvé des variations qui ont été l'origine des races nombreuses répandues sur toute la surface de notre planète et ce fait reste acquis, soit qu'on accepte l'opinion de la pluralité de souches originelles distinctes, soit qu'on admette l'unité primitive de notre CONCLUSIONS GÉNÉRALES. 493 espèce. Ainsi disparait l’une des objections qu'on à op- posées à la doctrine de l’origine commune de tous les Honmes, savoir l'impossibilité des modifications acquises ou en d’autres termes la négation des races humaines. Mais l'unité du genre humain, rendue probable ou du moins possible par les considérations précédentes, peut être démontrée directement. S'il existe plusieurs espèces d’Hommes, on peut les caractériser d’une manière rigoureuse et indiquer les différences constantes qui les séparent, puisqu'on parvient facilement à différencier toutes les espèces animales «et végétales connues. Or c’est là précisément l'écueil contre lequel vient se briser la doctrine que nous combattons. C’est que toutes les formes humaines se nuancent et se confondent par une série continue d’intermédiaires. Mais ce sont là, comme nous l'avons vu, les caractères des races d’une même espèce. Seul, de toutes les créations organiques, l'Homme ne peut faire ici exception et, si l'on ne peut distinguer plusieurs espèces d'Hommes, c’est qu'il n’en existe qu’une seule. D'une autre part, toutes les espèces animales ou vé- gétales, même les plus voisines par leur conformation physique, diffèrent toujours les unes des autres par un ou par plusieurs caractères physiologiques, qui révèlent en elles la diversité de nature et par conséquent une origine distincte. Or les variétés humaines ne se séparent les unes des autres par aucune différence de cet ordre; toutes nous présentent les mêmes attributs fonctionnels, toutes possèdent les mêmes facultés psychologiques et ces nouvelles considérations nous conduisent encore à la même conclusion que les précédentes. RE SE RE SRE RE a PR en 2m SCD RON SERRE RE ouh Vo RL Le DE, 494 CONCLUSIONS GÉNÉRALES. Enfin, c’est un fait positivement établi que les alliances contre nature, qui s’opérent accidentellement, chez les animaux et chezles plantes, entre deux espèces distinctes, même très-voisines, donnent naissance à des hybrides absolument stériles, ou qui le deviennent après quelques générations, ou enfin qui rentrent bientôt dans l’un des deux types générateurs et se confondent avec lui. S'il existe plusieurs espèces d'Hommes, elles doivent nous présenter, dans les produits de leurs croisements, des phénomènes identiques. Mais, depuis l’origine de l'Homme, ses diverses variétés, même les plus dispa- rates, se sont constamment unies les unes aux autres ; l'expérience s’est faite naturellement et sur la plus grande échelle; elle nous a démontré que tous les métis humains sont doués de la fécondité continue. Il n’est donc pas possible d'attribuer au mélange de plusieurs espèces, toutes les variétés d'Hommes qui peuplent la terre. De tous les faits établis dans cet ouvrage, nous croyons pouvoir conclure qu’il n'existe qu’une seule espèce d'Homme. TABLE DES MATIÈRES DU TOME SECOND. 00940 0m LIVRE II. — Des animaux domestiques et des plantes cultivées (Suite). Cap. IT, — THÉORIE DES VARIATIONS OBSERVÉES CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES ET CRÉATION DES RACES, page 1. Examen général des modifications observées chez les animaux domestiques, 2, Causes auxquelles on a attribué ces modifications, 6. — Le climat, 6. — La nourriture, 44, — La stabulation, 20. — Les conditions topographiques, 22. — L'exercice des organes, 24, — L'éducation, 26, — Les causes internes. 27. — L’hérédité, 98. Théorie de Ja formation des races d’animaux domestiques, 32. Caractères distinctifs des races et des espèces animales, 43. Conclusions du second chapitre : Malgré les modifications qu’éprouvent les animaux domestiques, l'espèce animale n’en conserve pas moins ses caractères les plus importants et les plus exclusifs, 46. CaaP. IT. — Examen Des VARIATIONS QU'ONT SUBIES LES PLANTES CULTIVÉES ET FORMATION DES RACES VÉGÉTALES, page 47. Des races observées dans les plantes potagères, 48 ; — dans les céréales, 70 ; — dans les plantes d'ornement, 83; — dans les arbres des jardins paysagers, 69; — dans les arbres fruitiers, 91. Hi, 28 re a : pet D, 7 ver mer Ge Sp oc nee NT > à: 496 TABLE DES MATIÈRES. Conclusions du troisième chapitre : Malgré les modifications éprouvées par les végétaux cultivés, l'espèce végétale n’en conserve pas moins ses caractères distinctifs, 107. LIVRE NII. — De l'Homme. Crap. I. — DE LA PLACE QUE L'HOMME OCCUPE PARMI LES èrres oRGANISÉS, page 109. L'Homme doit-il être classé parmi les animaux, 410. L'organisation physique de l'Homme est analogue à celle des animaux, 112. L'Homme est régi par les mêmes lois physiologiques que les animaux, 114. L'Homme, en ne considérant que ses caractères organiques et fonctionnels, ne peut être rangé dans le même genre, ni dans le même ordre que les Singes ; il forme, sous ce rapport, une classe à part, 415. Les facultés psychologiques de l’Homme, comparées à celles des animaux, en font un être organisé sans analogue et il constitue à lui seul un règne à part, 128. Cuar. IL. — DES DIFFÉRENCES ORGANIQUES, PHYSIOLOGIQUES ET PSYCHOLOGIQUES, QUE LES HOMMES PRÉSENTENT ENTRE EUX ET COMPARAISON DE CES DIFFÉRENCES AVEC CELLES 7 QU'ON OBSERVE CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES, page 440. Différences dans la coloration de la peau de l'Homme, 440. _— Etudes anatomiques de la peau humaine au point de vue de sa coloration, 444. De l’albinisme chez l'Homme, 4146. — De l’érythrisme chez FHomme, 156. — Du mé- lanisme chez l'Homme, 158. — Variations de la couleur de la peau dans une même race humaine, 163. Différences dans la coloration des muqueuses, 170. Variations du système pileux, 171. TABLE DES MATIÈRES, 497 Modifications de la taille, 174. —— Géants et nains, 477. — — La taille moyenne de l'Homme n’a pas varié depuis les temps historiques, 180, Variations dans les proportions des diverses parties du corps de l'Homme, 182. Modifications dans la forme du bassin, 186. Variations dans la configuration de la tête osseuse de l'Homme, 487; — dans le volume du crâne, 192; — dans la forme du crâne, 193 ; == dans le volume du cerveau, 196. Variations des traits dé la physionomie de l'Homme, 198 ; — de la forme du nez, 199; — de la formé ét la cou- leur des yeux, 200 ; —— de la forme du pavillon de l’o- reille, 202, Différences dans la conformation des glandes mammaires, 204. Variations dans la position de l’ombilic, 205. Loupe graisseuse des Hottentotes, 206. Prétendu tablier des Hottentotes, 207. Existe-t-il des Hommes pourvus d’un prolongement caudal ? 209. Modifications physiologiques de l'Homme, 214. Modifications psychologiques de l'Homme, 217. — Existe-t-il des races inférieures et des races supérieures ? 247. Conclusions du second chapitre : Les différences organiques et physiologiques, observées sur les diverses variétés d’Hommes; sont analogues à celles qu’on constate sur chacune de nos espèces d’animaux domestiques ; les diffé- rences psychologiques des divers peuples de la Terre, ne sont ni originelles ni permanentes, 242. Caap. III. — EXAMEN DES CAUSES AUXQUELLES ON A AT- TRIBUÉ LES DIFFÉRENCES QUE PRÉSENTENT ENTRE EUX LES HOMMES DANS LES DIVERSES RÉGIONS DU GLOBE, page 243. La cause essentielle des différences de coloration de la péau til norton Rs rer RMS rats nr 428 TABLE DES MATIÈRES. de l'Homme ne peut pas être attribuée à la température des divers climats, 245 ; — ni à l’action directe des rayons solaires, 262; — ni à la sécheresse ou à l'humidité de l’air, 266; — ni à la raréfaction de l’air atmosphérique, 270. — L’albinisme, l’érythrisme et le mélanisme plus ou moins complets jouent un rôle important dans les diffé- rences de couleur que présentent les diverses races hu- maines, 276. L'action des agents météréologiques n’explique pas les diffé- rences de couleur et de forme que présente le système pileux dans les races humaines, 276. Examen des causes auxquelles on a attribué les variations de la taille de l'Homme, 281, — Le froid extrême, 281, — L’élévation plus ou moins grande au-dessus du niveau de la mer, 283. — Le régime alimentaire est une cause plus active de variations que les précédentes, 285. Examen des causes auxquelles on a attribué les différences qu’on observe dans les formes corporelles des diverses nations, 297. — Les déformations artificielles des organes et leurs mutilations ne sont pas héréditaires et n’expliquent pas ces variations, 298. — L’exercice d’un organe le mo- difie-t-il ? 305. — La raréfaction de l'air augmente-t-elle Pampleur de la poitrine? 306. — Le genre de vie modifie les caractères physiques de l'Homme, 308. — Peuples qui se sont modifiés en changeant leur genre de vie, 314. — Peuples qui, en changeant de climat, sans modifier leur genre de vie, ont conservé les caractères physiques qui les distinguaient, 327. Conclusions du troisième chapitre : Les agents physiques n’ont qu’une action secondaire sur les changements que l'Homme à éprouvés dans ses caractères organiques; le genre de vie et la situation morale des peuples ont, sous ce rapport, une action prépondérante, 337. Cuar. IV. — DE LA FORMATION DES RACES HUMAINES ET DE LEURS CROISEMENTS, page 338. Ge reeererenne a TABLE DES MATIÈRES. Origine des races humaines, 338. Croisements des races humaines, 342. Divers degrés de croisements, 343. Absorption d’une-race par une autre race humaine, 344. Races métisses, 350. Toutes les races humaines présentent dans leurs croisements la fécondité continue, 361. Conclusions du quatrième chapitre : Les races humaines offrent les mêmes caractères que les races d'animaux do- mestiques, 363. Car. V. — Y A-T-IL UNE SEULE OU PLUSIEURS ESPÈCES D'Homues, page 365, Historique de la question, 366. On ne peut pas caractériser plusieurs espèces d’Hommes, or il est dans la nature des races de ne pouvoir être distin- guées par des caractères rigoureux, 372. S’il existait plusieurs espèces d’Hommes, elles ne seraient pas aussi fécondes entre elles que le sont les variétés d’une même espèce, 393. Elles se distingueraient les unes des autres, nées) par des caractères organiques, mais encore par quelque caractère physiologique, comme cela à lieu pour les espè- ces, même voisines, soit animales, soit végétales, 395. Réponses à deux objections contre l’unité de l’espèce humaine, l’une fondée sur les lois de la géographie zoologique, 404, Vautre sur une prétendue impossibilité tirée de la géogra- phie physique, 412. Conclusion générale : Il n’existe qu’une seule espèce d’Homme, 420, FIN DE LA TABLE DU DEUXIÈME ET DERNIER VOLUME, TP EE oem s EN VENTE CHEZ J. B. BAILLIÈRE er FILS, 4 À PARIS, ET CHEZ GRIMBLOT, VEUVE RAYBOIS ET tes < : À NANCY. Flore de France, par MM. Ch. Grenier el D. A. Gopnow, Paris, 1848-1856, 6 vol.in-8. . + + + 4 + + ++ + ss + +, 42 fr. Flore de Lorraine, par M. D. A. Gopnow, deuxième édition, 2 volumes granefnf2. . + * « « . + + + + + «+ + + + 12 fr. Entroduction à la haute Optique, par le Doct. À. 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