LE De Re Cru 4 ES te A AS) ns d TE VA ? ASSE ES EN ail MPOSITION # O DANS L. S MINÉR NTRENT' =. TBSTANC AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR. Daxs la séance du 20 novembre 1815 , l'Académie des Sciences, sur le Rapport de MM. Haüy, Ramondet Lelièvre, a jugé le travail que je publie digne d’être inséré dans les Mémoires des Savans étrangers. Lie suffrage de l’Aca- démie m’imposoit l’obligation d’améliorer ce travail avant de le livrer à l’impression; c’est ce que j'ai tâché de faire, en développant davantage le texte du Mémoire, en inter- calant quelques additions importantes, et en ajoutant plu- sieurs notes indispensables. J'ai en outre perfectionné la distribution méthodique et la nomenclature que je propose pour les substances minérales dont J'ai traité. ï las ur f , MÉMOIRE hineriles SUR LES SUBSTANCES VOEHGANIQUES DITES EN MASSE , Qui entrent dans la composition des Roches Volcaniques de tous les âges; Pie PLous GORDITR. Lu à l’Académie Royale des Sciences, dans les Séances des 16 et 50 octobre et 6 novembre 1019. CHAPITRE PREMIER. : | ÿ Objet du Mémoire. L'irar de noS connoïssances -sur les roches volcaniques laisse beaucoup à desirer, quoiqu'il y ait près d’un demi-siècle qu’on s'occupe de leur étude. On sait que l'origine d’une grande partie de ces roches est encore contestée ou niée par un certain nombre de minéralogistes habiles; il est à remarquer que ce sont précisément celles dont on a jusqu'à présent étudié avec plus de soin le gisement et les caractères extérieurs; au con- traire, les roches volcaniques d’origine incontestable ont été en général décrites avec bien moins de précision, non-seulement sous le point de vue-des caractères extérieurs, mais encore sous le rapport du gisement et sous celui des singulières altérations qu’elles éprouvent à la longue. Nous n'avons guère que des re- Si parfaitement porphyrique, que la matière incandescente prend presque tou- jours à l’intérieur des courans, en se coagulant. Ce beau et inexplicable phénomène, mis originairement en évidence par Dolomieu , consacré si heureusement par M. Haüy à l’aide de. | (5) Ja dénomination de lave lithoïde, et Complètement démontré de nos jours par le témoignage unanime des observateurs, ne sauroit être facilement admis par les minéralogistes qui n’ont jamais eu sous les yeux que des collections anciennes et mal faites, de roches volcaniques incontestables , ou qui ne veulent croire qu'aux produits volcaniques tout-à-fait modernes qu’ils se procurent, dans l'espoir d’en faire des termes authentiques de comparaison. Il est suffisamment reconnu maintenant, que les collections qu'on recueille et qu’on expédie au loin, après toute éruption récente , ne se composent et ne peuvent se com- poser que de scories superficielles ramassées autour des cratères ou sur les courans; définir les laves modernes d’après de sem- blables collections, c’est juger d’une liqueur par son écume, ou d’un métal par son oxide. J’insiste sur cet obstacle, parce qu'il a contribué plus que tout autre à mettre en défaut de très-bons esprits, et que son influence ne sera probablement vaincue qu’à la longue. _ Beaucoup d’observateurs se sont occupés dans ces derniers temps de remplir les lacunes de la science, soit en lui fournissant des matériaux neufs, soit en perfectionnant ceux déjà recueillis et mis en œuvre. On connoît particulièrement les immenses ob- servations de M. de Humboldt, celles de MM. Fleuriau de Bellevue, Breislack, Delaizert, Daubuisson et de Buch, les descriptions plus récentes de M, Menard de la Groye, et le beau et utile travail des nivellemens barométriques de M. Ramond. La majeure partie de ces travaux concourent à étendre prodi- gieusement le domaine volcanique ; ils diffèrent en même temps sur quelques points essentiels. Au total, les résultats n’en ont encore été dépouillés, comparés et fondus avec les observations plusanciennes, dans aucun Traité susceptible de devenir classique ; ensorte que dans l’état actuel de nos connoiïssances, on peut dire que parmi les solutions variées du problèmé qui a rapport aux matières volcaniques de tous les âges, aucune n’a généra- lement recu la sanction de tout ce qui fait autorité dans la science; ce qui signifie en d'autres termes, qu’on n'a point encore pris en considération fous les élémens du problème, où L En e A = ec > ? : e bien, qu’on ne les a point exactement définis. La difficulté de parvenir à une solution marquée au degré d'évidence que le sujet péut comporter, et propre à satisfaire tous les bons esprits, a été jusqu'ici singulièrement augmentée £t compliquée par l'incertitude où l’on est encore sur la nature Ze? ET | des subsfances minérales non cristallisées, qui, sous forme de différentes pâtes, jouent le principal rôle dans la composition des roches volcaniques de tous les âges. Ces substances non cristallisées, considérées sous le simple point de vue minéralogique, indépendamment de leur origine; de leur gisement et des fonctions essentielles qu'elles remplissent dans les roches dont elles font partie, sont bien loin d’avoir été lie goureusement définies et spécifiées. Les différens modes de struc- ture vitreuse, scorifiée, compacte, terreuse, friable ,ou pulvé- rulente, sous lesquels elles se présentent , ne laissant aucune prise aux caractères certains dont la Minéralogie dispose pour dé- terminer espèce des minéraux cristallisés ou cristallisables, leur étude a été restreinte à l’examen des caractères extérieurs ou empiriques, et les résultats ont été nécessairement interprétés d’une manière arbitraire, De là, les doubles emplois fréquens, les oppositions frappantes et les omissions graves qu’on trouve: en comparant la plupart des méthodes, dans lesquelles on a en- tendu classer, dénommer et décrire ces substances. L'analyse chimique fréquemment consultée à leur égard, a fourni des indications utiles, mais dont la valeur ne pouvoit être absolue, comme lorsqu'on opère sur des minéraux cristallisés Ou bien sur des minéraux agrégés en masse, dont la composition chimique est simple. On n'a dû tirer presqu'aucune conclusion directe de la composition des substances dont il s’agit, car elles renferment des principes constituans nombreux, dont les pro- portions sont variables. | | Frappé des ‘imperfections radicales que je viens de signaler dans la Minéralogie des volcans, j’ai entrepris de chercher les: moyens de suppléer à l'insuffisance des notions fournies par l'analyse, au- peu de précision des caractères extérieurs et au vague des aperçus indiqués par les caractères empiriques. Mes premières tentatives datent de plusieurs années; j'avoue que Je: n'ai pas été d'abord maître du sujet ; la nature et la multiplicité: de mes recherches ont ensuite exigé beaucoup de temps: c’est. à la longue seulement que j'ai vu se réaliser l’espérance que J'avois conçue d’arriver, non-seulement à une classification Vrais: ment rationnelle, et à une nomenclature plus sûrement motivée. mais encore à des définitions rigoureuses de la nature des dif- férentes substances dont il s’agit, et à des applications géologi=. ques importantes, | Le plan de mon travail embrasse la totalité des substances. EUR Éd its me : (5) ù Soit vitreuses, soit scorifiées , soit lithoïdes compactes, terreuses. friables ou pulvérulentes qui servent de pâte ou de base (haup£ . 7nasse) aux roches volcaniques de tous les âges : devant en parler souvent d’une manière collective, je les désignerai indiflérem- ment sous les dénominations génériques de bases indéterminées, pâtes indéterminées; à moins que je n’avertisse du contraire, je les considérerai constamment dans ce qu’elles sont en elles- mêmes , abstraction faite des cristaux ou grains cristallins amorphes qu’elles renferment ordinairement , indépendamment de leur fréquente porosité, et sans avoir égard aux fragmens divers que quelques-unes enveloppent presque toujours. Pour qu’on puisse se faire une idée des secours que j'ai trouvés dans l’état de la science ; je vais rappeler en peu de mots com- ment on a envisagé les différentes bases volcaniques indéter- minées dans les ouvrages les plus modernes. re Elles mont point obtenu de place dans la série des espèces minéralogiques adoptées par M. Haüy, excepté une seule qu’on trouve réunie au feld-spath, sous la définition de feld-spath com- pact sonore. Les autres, distinguées d’après le système de Dolomieu, ont été regardées comme des mélanges indiscernables et variés, qu'il n’étoit pas possible de spécifier , et rejetées dans une distribution purement géologique; elles s'y présentent sous les dénominations génériques de lave basaltique uniforme, lave vitreuse uniforme, scorie uniforme, thermantide tripoléeune , thermantide pulvérulente et tuf volcanique uniforme, en tout sept substances différentes; il est à remarquer que cette division est censée comprendre les pâtes indéterminées de presque toutes les roches des formations trappéennes de M. Werner et de son école. M. Haüy indique d'ailleurs que les laves basaltiques ont beaucoup de rapport avec les cornéennes des terrains primitifs. On sait que Dolomieu pensoit que les cornéennes et les trapps, nommés autrement par lui pierres argilo-ferrugineuses, étoient composés d’élémens divers parmi lesquels l’amphibole en masse dominoit, en imprimant aux mélanges quelques-uns de ses ca- ractères les plus saillans, et que ces cornéennes et ces trapps , remaniés par les agens souterrains, servoient d’aliment aux érup- tions basaltiques ; en vertu de considérations analogues, il pensoit aussi, que les laves pétro-siliceuses, les laves vitreuses et les pierres ponces provenoient de la fusion des roches primordiales abondantes de feld-spath ; il n’a, du reste; assigné que des ca- ractères extérieurs ou empiriques pour base de sa méthode, et M. Haüy n'a pas été plus loin. 20 = ee = — M. Werner, parti originairement de la supposition que Îes phénomènes volcaniques sont dus à la combustion de certaines couches de houïlle, et que le foyer en est placé à très-peu de profondeur, supposition qu’il professe encore, a réduit les ter- rains formés par les volcans, aux produits des éruptions histo- riques, Les roches des éruptions fournies par les volcans brûlans antérieurement aux temps historiques, celles des volcans éteints incontestables , celles des terrains plus anciens dont les immenses lambeaux conservent presque partout des traces de volcanicité, ont été rangées en très-grande partie par le célèbre professeur de Freyberg, dans les terrains secondaires, sous le titre de formation trappéenne stratiforme; il a classé les autres, soit parmi les roches dites zzrermédiaires , soit parmi lesroches primitives. Les bases indéterminées de ces trois formations qui appar- tiennent, ou qu’on peut avec fondement soupconner d’appartenir aux terrains volcaniques, sont au nombre de dix, savoir : 1° lob- sidienne, le perlstein, le pechstein (en partie) et la ponce, que M. Werner a distingués comme espèces minéralogiques et qu'il a placés entre les quartz et les zéolites; 20 le basalte, le klings- tein, la wacke (en partie), le thonstein (en partie), qu’il classe aussi comme espèces entre les argiles et l’amphibole; 3° enfin la base du graustein, celle du tuf basaltique et celle des amyg- daloïdes qu'il a rejetées dans la distribution géologique comme masses présumées de mélange. Les bases indéterminées des roches volcaniques que M. Werner regarde comme avérées, sont au nombre de trois seulement, savoir : d’une part, la lave homogène élevée au rang d’espèce minéralogique, et de l’autre, la pâte des scories et celle des tufs volcaniques, considérées seulement comme des mélanges qui appartiennent à la distribution géolo- gique; au total, quatorze substances différentes. = ‘ EE = CE? | ralogistes de son école (1), sur certaines analogies entre les ca- ractères extérieurs ou empiriques, et notamment, 1° sur labon- dance des cristaux ou grains d’amphibole empâtés dans les ba- saltes et les wrackes; 2° sur la transition du grünstein (ou diorite) au basalte, transilion reconnue à la montagne du Meisner, par un grand nombre d’observateurs; 3° enfin sur la présenced’une grande quantité de fer magnétique dans toutes les roches de ses formations trappéennes. La première de cesanalogies est fondée sur une méprise qu’il m’a suffi d’annoncer il y a quelques années, pour la faire reconnoître par la plupart des minéralogistes. On s’est facilement convaincu que les cristaux ou grains disséminés dans les basaltes et les wackes de tous les âges, et regardés jusqu'alors comme de l’am- _ phibole, étoient au contraire du pyroxène, et que l'amphibole ne se rencontroit presque jamais que dans les laves feld-spathiques de tous les âges, où son rêle est très-restreint. La seconde analogie n’est pas plus exacte que la première, depuis que j'ai trouvé que la roche granitiforme du Meisner n'étoit point un grünstein (ou diorite), mais un granitelle d’une composition toute particulière, et formé de feld-spath, de py- roxène et de fer titané. M. Haüy en fait maintenant une roche volcanique distincte, sous le nom de æézoses Doté Enfin j'ai démontré que toutes les roches volcaniques soit in- contestables, soit contèstées, renferment une quantité plus ou moins considérable de fer titané disséminé (2), et je rapporterai dans.le cours de ce Mémoire, quelques expériences qui confirment ce qu'on a reconnu depuis long-temps à l'égard des roches trap- péennes proprement dites et avérées, savoir, qu’elles ne con- tiennent que du fer sulfuré et du fer oxidulé. Karsten a beaucoup modifié les classifications de M. Werner. adopteles mêmes espèces minéralogiques, à l'exception de l’espèce lave qu'il reportée dans la distribution purement géologique. Il admet lPexistence d’un beaucoup plus grand nombre de roches: (1) M. Daubuisson en développant tres-habilement cette opinion dans son Mémoire sur les basaltes de la Saxe , a essayé de la fortifier par des considéra- üons ingénieuses , fondées sur les résultats de l’analyse chimique. (2) Voyez mes descriptions et analyses des sables ferrugineux volcaniques , Journal des Mines, n°124, etmes expériences sur la manière d’être du fer litané dans les roches volcaniques , Journal des Mines lb =. ES) + _ FT volcaniques, et il considère les bases comme des mélanges de fusion, provenant des roches trappéennes remaniées par les agens souterrains. Il distingue ces bases en pâte basaltique, pâte de hornstein, scorie, verre volcanique, domite, cendre volcanique et pâte des tufs volcaniques; au total, quinze substances dif- férentes. | Les distinctions admises par M. Faujas de Saint-Fond, rentrent dans celles établies par Dolomieu et M. Haüy. Il considère les bases volcaniques indéterminées, comme mélangées d'élémens empruntés aux différentes roches primitives qui ont servi d'ali= ment à la fusion; il ne les a classées que sous le point de vue géologique. | | M. Delamétherie n’a extrait des substances indéterminées que trois espèces minéralogiques qui sont, le pétro-silex, la wacke et la théphrine. Il a formé du reste vingt genres purement géo- logiques, qu’il définit comme des produits dus à la fusion , non- seulement de différentes roches primitives, mais encore à celle des schistes argilo-pyriteux. Il estime que l'observation fera dé- couvrir un plus grand nombre de ces bases. M, Brongniart a formé des substances qui nous occupent, sept espèces minéralogiques, savoir : la ponce, l’obsidienne, le rétinite (en partie), le pétrosilex (en partie), masses qu'il regarde comme homogènes; le basalte, qu'il croit à base d’amphibole mêlé de feld-spath; l’argilolite (en partie) et la wacke (en partie), qu'il considère comme des mélanges indéterminés. 11 classe le reste en quatre espèces géologiques non-définies, qui sont, la do- mite, la lave basaltique uniforme, la lave théphrinique uniforme; la lave scoriacéeuniforme, ce qui donne onzesubstances différentes. La plupart des observateurs, et en particulier M. Ramond ; semblent avoir craint d'augmenter la confusion de la science, et se sont contentés d'employer dans la pratique, les distinctions établies par M. Haüy où par M. Werner, sans en discuter les principes; M. de Humboldt ÿ a seulement ajouté le tuf boueux moderne , dit moya. | = : .On voit par le tableau que je viens de tracer, que parmi les différentes bases volcaniques indéterminées, une seule paroît devoir appartenir à la variété compacte d’une véritable espèce minéralogique, connue depuis long-temps sous forme cristallisée’, g'est-à dire le feld-spath; que plusieurs autres, quoique préjugées homogènes, ne peuvent être rapportées comme variétés com- | pacies, it (9) pactes, à aucune des espèces cristallisées déjà connues; enfin ; que la plupart passent pour être des mélanges à parties ndis- cernables, qu’on n’a point définies, ou dont presque tous les auteurs ont préjugé la nature d'une manière plus où moins arbitraire, D’après cet exposé, il pourra paroître étonnant qu’on n'ait pas tenté plutôt quelques recherches du genre de celles dont je vais rendre compte; mais il faut savoir que la science n’est guère plus avancée à l’égard de la plupart des substances compactes OU ferreuses non volcaniques, qui jouent un si grand rôle dans les terrains primitifs, secondaires ou de troisième formation ; on peut dire qu’elles réclament lintervention de l'expérience resqu’aussi impérieusement que celles qui sont du ressort de a minéralogie des volcans. lels sont, au reste, mes points de départ; les ayant bien re. connus, Je rends la route que j'ai suivie, plus facile à parcourir ; On concevra aisément comment J'ai été conduit à subordonner tout mon travail à la solution d’une seule question dont voici les termes : Les pâtes volcaniques indéterminées sont - elles Tnécaniquement composées, et en Cas de composilion méca- nique appréciable, quels sont les élémens minéralogiques corrposans ? Ne pouvant espérer de résoudre ceite question bien simple en apparence , mais tout-à-fait générale et fondamentale, en employant les moyens ordinaires d’étude et d’expérience que fournit la Minéralogie, j'ai dû en imaginer d’autres; je vais ex poser ces nouveaux moyens, je détaillerai ensuite les applica- tions et les résultats. CHAPITRE SECOND. Nature des Recherches faites sur les Pâtes ou Bases in- déterminées qui entrent dans lu composition des Roches volcaniques. — Expériences préliminaires. — Choix des Echantillons. | Mes premières tentatives pour obliger les différentes subs- tances dont il sagit, à manifester leur texture intime, ont eu peu de succès; je n’en ai tiré d’autre fruit que des indices en- courageans et la découverte du fer titané. Après avoir inutr- lement mis en œuvre différens modes de calcination et différens agens chimiques, j'ai soumis ces substances au microscope, e£ a (10 ) | _j'en ai essayé les particules au feu du chalumeau par la méthode de Saussure ; dés-lors des résultats satisfaisans se sont présentés d'eux-mêmes. | Re I! n'est pas facile d'observer au microscope la contexture des minéraux agrégés en masse, Nous aurions sans doute quelques bonnes observations de ce genre, si les difcultés n’avoient arrêté au début les minéralogistes qui ont pu faire des tentatives. Le: chevalier Givenni et plusieurs autres savans à Naples, ont, à des époques diverses, soumis les cendres du Vésuve au microscope, mais sans aucun fruit pour la science. Saussure l’a employé non- seulement à déterminer très-ingénieusement des angles de cris- taux, mails encore à apprécier des résultats de fusion sur le filet de saparre. Je ne sache pas qu’il ait été fait d’autres applications. de linstrument à la Minéralogie. Quoi qu’il en soit, voici les conditions qui m'ont le mieux réussi et à l’aide desquelles j’ai opéré. J'ai, autant que possible, sacrifié le grossissement des objets à leur netteté ; 1l s’est heureusement rencontré que j'ai pu remplir presque toujours le but de mes recherches, en faisant usage d'appareils grandissant seulement 23 fois ou 20 fois les diamètres. Îl eu est résulié que j'ai pu employer des lentilles peu fortes , et jouir ainsi d’un très-grand champ et de toute l'intensité de la lumière directe. J’ai reconnu que cette lumière directe devoit être la plus forte possible, et qu’il falloit au contraire que l’é- clairage obtenu artificiellement , à laide des miroirs inférieurs, fût communément très-foible. En conséquence j'ai peu employé le miroir convexe; je me suis ordinairement servi du miroir plan en lui donnant les inclinaisons propres à modérer l'intensité de la réflexion; souvent je lai remplacé par un disque de papier blanc, ou par un disque de cuivre jaune dont la surface- étoit simplement doucie. E … Les substances que j’avois à essayer étoient , les unes solides, les autres tendres, friables ou pulvérulentes; pour observer les premiers, 1l m'a sufli d’en détacher de très-minces éclats et de: les exposer sur le disque de verre servant de porte -objet, soit entiers, soit légèrement concassés, soit réduits par la simple: pression en poudre plus ou moins fine, A l'égard des secondes. je n'ai souvent pu obtenir de résultats exacts, qu’en les délayant dans l’eau et en classant les particules suivant les grosseurs, à l’aide de lotions, de décantations et de dessications, Ce procédé qui m'a élé suggéré par les opérations du lavage en grand, pratiqué (11) | dans les mines à l'égard des minérais pauvres, et qui est fort long ; peut aussi être utilement appliqué aux matières volcaniquessolides, apres qu'on les a pulvérisées convenablement. De quelque ma- nière, au reste, que l'on prépare les objets, il est indispensable de les étudier sous leurs diflérens aspects; on remplit ce but en faisant fréquemment tourner sur son centre le disque de verre servant de porte-objet. Je n’entrerai pas dans de plusgrands détails, parce que je crois que les indications que je viens de donner sufhiront aux minéralogistes qui connoissent l’usage du micros- COpe ; quant à ceux quine se sont jamais servi de cet instrument délicat, je ne puis que les renvoyer à son étude, J'ai tiré les plus grands secours, et je ne saurois trop faire l'éloge de la méthode de Saussure, pour déterminer les conditions de la fusion des minéraux à l’aide du chalumeau. Cette méthode, inventée il y a trente ans (1), est restée sans usage et presque dans l’oubli, sans doute parce qu’on s’en est exagéré la difficulté; elle m'a paru d’un emploi beaucoup plus facile qu’on pourroit le croire au premier apercu : on est bien dédommagé d’ailleurs des soins qu’elle exige, par l’exactitude des résultats ; la méthode consiste principalement à fixer à l'extrémité d’un très-mince filet de disthène (ou saparre), et à l’aide d’eau lécèrement gommée, de très-petits fragmens du minéral à essayer, à les chauffer brusquement pour les souder au support, et à les fondre sans addition d'aucune substance étrangère. On se sert du chalumeau ordinaire et de la flamme d'une forte bougie. Le vent est donné par un soufflet à jeu continu, ou bien tout uniment par le souffle de l'observateur. Les phénomènes de la fusion sont exa- minés au microscope. Le diamètre des plus gros globules qu’on puisse obtenir en fondant, soit un seul fragment, soit plusieurs fragmens du même minéral réunis, sert, à l’aide de considérations assez délicates, à déterminer approximativement le rapport de lusibilité exprimé en degrés du pyromètre de Wedgwood. La règle est d'employer la simple raison inverse des diamètres, préa- lablement augmentés d’un tiers. .- () On trouve sa description dans un beau Mémoire de Saussure inséré au Journal de Physique, tome XLV , année 1794. Ce Mémoire , fruit d’un très- long travail, ne contient cependant que l'essai de 134 variétés de substances minérales ; Saussure le termine ainsi : « Ceux qui auront la curiosité de répéter ” C6S épreuves, verront qu'elles exigent tant de patience et qu’elles fatiguent >» si fort les yeux, que si l’on doit s'étonner de quelque chose , c’est plutôt de »” Ge que j'ai fait, que de ce quiresteà faire.» | Fe ue. (18 ) £ | Cette méthode, qui dispose de la chaleur la plus violente que lart puisse produire, ne s'applique pas seulement à lexamen des minéraux chauffés isolément , elle m’a servi à constater leur action réciproque quandonles traite simultanément. Voici comme il faut alors procéder : on prépare d’abord chaque substance séparément; à cet eflet on pulvérise ; on place la poudre à l’ex= trémité d’une plaque de verre; puis on frappe l’autre extrémité de la plaque de verre en linclinant. Les parties les plus gros- sières tombent, mais le reste de la poudre s’étend et se classe d’après les volumes. On choisit approximativement , à l’aide du micromèlre, le degré de ténuité jugé convenable , et on recueille avec un pinceau la poudre ainsi lotie. Pour faire les essais, il faut employer des poudres dont les particules ont des volumes à peu près égaux. On détermine préliminairement la fusibilité absolue de chaque espèce de poudre; ensuite on fait le mélange proposé; on prend successivement de petites quantités de ce mé- lange sur le filet de disthène et en détermine les effets des difté- rens coups de feu. Ces données posées, je ferai remarquer qu’il ne se présentoit que deux suppositions à former relativement à la composition mécanique des pâtes volcaniques indéterminées. Elles pouvoient se trouver douées d’un tissu égal et continu, formé par Pagrégation la plus intime, de particules indiscer- nables au plus fort appareil microscopique, et conserver par con- séquent en petit, l’aspect uniforme des masses vues à l’œil nu. Qu bien elles pouvoient offrir un tissu formé de particules distinctes soit de la même nature, soit de nature différente. Or les deux cas se sont effectivement présentés. Dans le premier, mes expériences ont aisément fourni une réponse directe et absolue. | | Dans le second, il paroîtra sans doute que la difficulté de dé- terminer la nature des particules composantes, a dû être très- grande. Voici comment je crois être parvenu à vaincre là difficulté. J'ai considéré qu’il n'étoit guère probable que ces particules dis- _cernables appartinssent à des minéraux inconnus; que toutes les: analogies portoient à présumer qu’elles devoient appartenir aux espèces minérales cristallisées qu’on trouve abondamment dans les roches volcaniques, plutôt qu'aux espèces minérales qu’on n'y rencontre jamais; que par conséquent toute recherche devoit: C0 Commericer en employant les minéraux volcaniques cristallisés, comme premiers termes de comparaison. D'après ces considé- rations, j'ai fait sur ces minéraux les expériences préliminaires suivantes. On sait que les minéraux cristallisés des roches volcaniques se_présentent en grains fort distincts, tantôt amorphes, tantôt terminés par des contours réguliers ; ce sont communément le pyroxène , le feld-spath, le péridot et le fer titané, rarement l’am- phibole, le mica et l’amphigène, plus rarement encore le fer oxidé oligiste. | | _ Ontrouve en outre accidentellement un certain nombre d’autres minéraux, mais si excessivement rares, ou si évidemment étran- gers à la composition des roches volcaniques, que tous les mi- néralogistes en font abstraction quand il s’agit de points de vue généraux ; ce que je ferai aussi dans ce moment. Les huit espèces que je viens d'indiquer ont élé réduites en poudre, à laide de la simple pression, et de manière à ce que la ténuité des parties étoit à peu près comprise entre un vingtième et un centième de millimètre. Sous cette forme, ondes a soumises au microscope et à quelques épreuves pour apprécier leur dureté; ellesse sont présentées, comme ondoit s’y attendre, douées de tous les caractères extérieurs des masses dont elles provenoient, excepté de celui de la pesanteur, qui tenant au volume, devient inap- _préciable. Je puis même ajouter qu’au premiér aperçu, on est . étonné de la netteté de ces caractères. Voici les principaux pour chaque substance. | Le pyroxène: fragmens indéterminés, sans aucune apparence de lames, de couleur claire, vert bouteille ou jaunâtre, demi- transparens, à cassure inégale, d’un aspect vitreux et peu éclatant, assez durs, aigres, croquant sous le pilon; poussière aride au toucher. | Le feld-spath : fragmens aplatis, offrant des indices de lames et de coupes rectangulaires, blancs et demi-transparens ou même Hmpides, à cassure unie, d’un aspect vitreux, éclatant , assez durs , trèsaigres et croquant sous le pilon; poussière aride au toucher. . | Le péridot : fragmens écailleux, sans indices de lames, de couleur jaunâtre extrêmement foible, qui devient ou plus sen- sible, ou trés-foncée, ou noire par un léger coup de feu, demi- ransparens ou transparens, à cassure conchoïde, d’un aspect ; (14) vitreux , frès-éclatans , frés-durs et trés-aïgres, ef croquant for: tement sous le pilon; la poussière est très-aride au toucher. Le fer titané : fragmens indéterminés, à bords tranchans, de couleur noire, parfaitement opaque, à cassure conchoïde, très- éclatans, d’un éclat demi-métallique, durs et croquant sous le pilon, plus ou moins foiblement attirables; la poussière est aride, elle tache en noir lorsqu'elle est très-fine. L’amphibole : fragmens esquilleux, prismatiques ou lamelleux , de couleur brun- noirâtre ou vert noirâtre, translucides et quel- quefois demi-transparens , assez unis, trés-peu éclatans, excepté dans le sens des lames, peu durs, faciles à pulvériser, croquant foiblement sous le pilon ; poussière médiocrement aride au toucher. | Le mica : lames très-minces, brunes, translucides, d’un aspect nacré dans le sens de la réflexion, et mat dans les autres sens, élastiques, tendres, tenaces et difficiles à pulvériser; leur pous- sière est douce au toucher, | | L’amphigène : fragmens écailleux, blancs, demi-transparens ou transparens , ou hmpides, à cassure conchoïde, d’un aspect vitreux, très-éclatans, durs, aigres et croquant fortement sous le pilon; leur poussière est trés-aride. Le fer oligiste : fragmens indéterminés, à bords tranchans, de couleur noir et opaque, excepté dans les très-minces fragmens qui sont translucides et d’un rouge brun, à cassure conchoïde, très-éclatante, d’un éclat demi-métallique, durs et croquant sous le pilon, fortement attirables ; la poussière est aride et tache en rouge sombre lorsqu'elle est très-fine. Après avoir ainsi reconnu la constance des caractères exté- rieurs de ces différentes substances réduites en poudre par la simple pression, J'ai cherché les conditions de leur fusibilité, par la méthode de Saussure, soit en les employant en fragmens isolés, soit en les mêlant pour qu’ils se servissent de fondans réciproques. À cet effet j’ai exécuté un grand nombre d'essais sur le filet de disthène ou saparre. Voici l'extrait de la Table qui contient les résultats de ces essais. Les limites de fusibilité exprimées en degrés du pyromètre de Medgeyrood sont : | | (25) Pour l’amphibole (fondant en émail noir, brun ou MOCEAUOID ARE heu + hr 4 ets. Me © Pour le feld-spath (fondanten verre blanc ou blanc Fi Jaunétre). < . «+ . ... + . 5.542,90 0 à 004 Pour le pyroxène (fondant en verre d’un vert bou- tete Ou Vert IADNAE).. . 2 2 da D à Pour le fer titané (fondant en émailnoiretterne).. 143 à 16€ à à Pour le fer oligiste (fondant en émail noir et terne)... 189 Pour le mica (fondant en verré brun noirâtre). . . 183 Pour l’amphigène (fondant en verré blanc rétro- SO ei es si + aheie + + 20e 0,0 Pour le péridot (fondant en verre rétrograde d’un jaune verdâtre, vert noirâtre ou noir).. . , . 472 à 706 Exposées en mélange sur le filet de disthène , les mêmes subs- tances se comportent de la manière suivante: L’amphibole fond à côté du feld-spath, sans se méler sen- siblement, | | Le pyroxène devient très-fluide par le contact du feld-spath ; les verres se pénètrent à la longue. Le feld spath ne diminue pas l’infusibilité du mica, du fer titané, du fer oligiste et du péridot; ces substances persistent sous forme de points noirs; elles se comportent de même dans un verre mêlé de feld-spath et d’amphibole , de feld-spath et de pyroxène. L’amphigène n'est point attaqué par le feld-spath ; il l’est foi- blement par l’amphibole. 11 se dissout à la longue dans le pyroxène. | Dans la pratique, j'ai ajouté à la précision des termes géné- raux de comparaison que je viens d'établir, par plusiéurs pré- cautions que Îles minéralogistes imagineront facilement ; par exemple, J'ai écarté, autant que possible , l'influence des petites variations que les localités exercent ordinairement sur une même espèce, en prenant pour types comparatifs dans l'examen de chaque base indéterminée, les cristaux ou grains disséminés soit dans cette même base, soit dans les produits de la même érup- Uon, soit dans les roches analogues du même système volcanique. Me sul ren: SD REA 299 (1) L'argent de coupelle fond à 28 degrés et la fonte de fer à 190. (16) Tel est le fond des moyens que J'ai employés; ils se déve= lopperont d’eux-mêmés et acquerront plus de consistance par l'exposé des applications. Différentes ressources auxiliaires très- puissantes, m'ont servi à fortifier les résultats directs; je men- tionnerai chacune en son lieu. | Je diviserai les nombreuses substances que je vais examiner, en six sections provisoires , Savoir : ire, Les pâtes lithoïdes des courans de lave, de toutes cou- leurs, massives ou poreuses. | zme, Les scories de toutes couleurs. gme, Les verres de toutes couleurs, opaques ou translucides, 4me, Les thermantides pulvérulentes de toutes couleurs. 5me, Les tufs de toutes couleurs. | 6me, Les wackes de toutes couleurs, massives ou poreuses, Avant en outre examiné accessoirement les trapps, les cor- néennes et les pétrosilex, j’en traiterai immédiatement après les pâtes lithoïdes. Je n'ai employé que des échantillons dont la localité m’étoit bien connue, les uns provenant des premières coilections de Paris, les autres ayant été recueillis par Dolomieu ou en grande partie par moi-même. J’indiquerai avec soin la localité des échan- tillons examinés, leur synonimie et la sorte de terrain volcanique à laquelle ils ont appartenu. Pour qu'on ne me soupconne pas de méprise sous ce dernier point de vue, je distinguerai quatre grandes classes de terrains volcaniques, savoir : 1° Les terrains incontestablement formés par les volcans brûlans ; | | - | 2° Les terrains formés incontestablement par des volcanséteints dont les cratères subsistent encore dans leur intégrité; _ 3° Les terrains volcaniques contestés par un petit nombre de minéralogistes, conservant des traces nombreuses de leur ori- gine, quoiqu'ils se présentent morcelés en lambeaux plus ou moins vastes, et que les cratères qui en ont rejeté les matériaux aient été complètement effacés par les érosions diluviennes, ou peut-être par des causes analogues moins anciennes et moins générales ; ee | : 4° Les terrains volcaniques contestés par un assez grand nombre de minéralogistes ; ces derniers diffèrent des précédens, soit parce qu'ils n'offrent presque plus de traces évidentes de leur origine, | | (17) Origine, soit parce qu'ils sont recouverts par les plus anciens dépôts marins ou mêlé: avec, soit parce qu’en outre ils sont or- dinairement situés loin de tout volcan éteint ou brûlant. Après avoir établi ces distinctions essentielles, je passe aux applications des moyens d'expériences dont j'ai fait l'exposé. CHAPITRE TROISIÈME. Æ£xomen des Pâtes Eithoïdes qui entrent dans la Composition des Courans de Lave de tous les âges. La dénomination générale de pâte lithoïde que J'emploie ici, mbrasse les variétés de toute espèce, désignées jusqu'à présent sous. les noms de lave basaltique uniforme, basalte, base du. graustein, basedes laves leucitiques, base des laves pétrosiliceuses, horstein volcanique, klingstein, phonolite, feld-spath compacte Sonore, domite et base des laves feld-spathiques porphyriques. Parmi les nombreux échantillons de cette classe que J'ai eus à ma disposition, J'ai choisi pour en faire l’objet spécial de mes expériences, ceux qui présentoient des caractères plus tranchés, quI provenoïent de localités plus remarquables, et dont le gisement m1'étoit mieux connu. Leur désignation, leur examen particulier et les résultats fournis par chacun d’eux, se trouvent consignés dans la Table de mes expériences. J’ai en outre contrôlé les résultats obtenus, en examinant d’une manière moins rigoureuse , mais suffisante, une foule d’autres variétés dont l’énumération seroit superflue; je ne m’avance pas trop en assurant que J'ai ainsi passé en revue plus de deux cents variétés de laves lithoïdes de tous les âges, recueillies en différens lieux de la France, de l’Allemagne, de la Suisse, de l'Italie, de l'Espagne , de Syrie, de T'énérifte, d'Amérique et des Indes. J’ai été conduit à un petit nombre de notions simples ‘dont l’analogie s’est soutenue dans tous les échantillons du même genre; je vais en exposer le résumé général. : 5 Toutes les pâtes lithoïdes quelconques, sans distinction d’é- poque, se sont trouvées composées de parties hétérogènes par- faitement discernables, très-distinctes les unes des autres et se présentant sous forme de grains à structure cristallisés, diver- sement colorés et entrelacés comme dans le granite ordinaire. Les couleurs font contraster fortement et nettement tous les grains entre eux : ces couleurs sont peu variées. | ÿ É Se Tr — Oa ne voit effectivement que des grains d’un blanc parfait ou légèrement jaunâtres, demi-transparens ou doués d’une trans- parence qui va souvent jusqu’à la limpidité parfaite; des grains d'un vert bouteille, ou d’un vert jaunâtre, ou d’un vert noi râtre, demi-transparens ou quelquefois transparens , et des grains d'un noir parfait et opaques. =. J'ai trouvé aussi des grains d’un brun clair et foiblement translucides, et en outre des particules excessivement fines d’un brun rougeâtre, mais dans des cas si rares que J'en fais abstrac= tion pour le moment. Te, | Les grains blancs forment toujours au moins la moitié des masses et quelquefois les 99 centièmes; les grains verts s'ÿ mon irent pour un centième Jusqu'à près de moitié, et les grains noirs pour un centième jusqu’à plus d’un quinzième. Le diamètre des grains varie d’un dixième à un cinquantième de millimètre: les limites de grosseur dans chaque échan- tüillon en particulier, sont plus bornées ; par exemple, d’un dixième à un vingtième, d’un vingtième à un trentième:; cas les plus ordinaires. | La juxta-position de ces grains paroît parfaite, excepté en un petit nombre de points où ils laissent entre eux des vides irré- guliers, très-difficilement appréciables, et qui supposés réunis , _. 16 mont point paru occuper plus d’un soixantième du volume: dans les masses qui en renferment davantage. La présence de ces vides est un peu plus fréquente dans les laves modernes, douées d’une certaine rigidité, que dans les laves de semblable origine, qui sont sraitables au même degré que les laves les plus anciennes; ces dernières ne m’ont point offert de différences avec les secondes. | ; Les masses lithoïdes dont la cassure est unie et comme Si- licée, sont composées de grains très-fins; c’est le contraire dans les masses à cassure inégale et mate, et dans les masses dont la Cassure est sensiblement granuleuse; mais cette régle n’est point absolue; on reconnoît en effet que le degré d’adhérence des grains et l'intensité de leur transparence concourent avec leur: volume pour produire ces différens aspects. | On reconnoît aussi que l’intensité de la couleur des masses ne dépend pas seulement de l'abondance des grains de chaque couleur, mais du depré de transparence de ceux qui sont peu (197 Où point colorés. La teinte des grains fortement colorés perce à travers les grains diaphanes. : Si on veut se rappeler mes expériences préliminaires sur les minéraux volcaniques cristallisés, on jugera sans doute qu’il m’a été facile d'établir des comparaisons décisives, pour m’assurer de la nature des différentes sortes de grains. Leur ténuité après la pulvérisation, n’a pu être un obstacle, puisqu'elle s’est trouvée trèsmédiocre. J’ai pu commodément les observer isolés, soit sur le porte-objet, soit sur le filet de disthène. J'ai déterminé directement les caractères dépendans de la couleur, de la transparence , de la cassure et de la forme des fragmens. res La dureté des masses, l’aridité de leur poussière, laigreur des grains confondus sous le pilon, et leur impression sur le tas d'acier, ont fourni des caractères composés et indirects lorsque les masses étoient mélangées; mais ces caractères ont été directs lorsque les masses se sont trouvées formées presqu’en entier de grains de couleur blanche. = Dans ce dernier cas, la pesanteur spécifique des masses a été aussi un caractère absolu pour distinguer la nature des grains; caractère qui s’est changé en indication encore très-forte lorsque les grains se sont trouvés mêlés en proportion moins inégale. Au chalumeau, les grains ont été l’objet de deux sortes d'é- preuves fournissant aussi des caractères absolus, savoir, le degré de fusibilité, le mode de fusion et l’action réciproque des par- ticules d'espèces différentes. | Soumis à l'application des moyens que je viens d’assigner , les grains microscopiques de chaque sorte, examinés trés-scru- puleusement, n’ont pas cessé de manifester les mêmes caractères dans les pâtes lithoïdes de tous les âges, et se sont trouvés ap- partenir aux mêmes espèces minérales. | Les grains blancs, excepté dans un petit nombre de cas que je préciserai tout à l’heure, ont présenté, sans ambiguité, tous les caractères du feld-spath cristallisé. On les trouve dans les proportions suivantes, que je rapporterai maintenant sans distinc- tion d'époque, cette distinction devenant inutile. Les pâtes lithoïdes qui, essayées au chalumeau par la méthode ordinaire , fondent en émail noir dont les éclats sont vert bou- teille foncé (par exemple les basaltes noirs ou d’un noir grisâtre), en contiennent 0.45 à o.55. | 3, &: | 30 } : Les pâtes lithoïdes qui fondent en verre blanc piqué de ver$ ét qui s'en colorent foiblement à la longue (exemple, les klings- teins et les laves pétro-siliceuses, gris cendré, vert grisâtre, brun grisâtre ), en contiennent de 0.70 à 0.90. Enfin les pâtes lithoïdes qui fondent en verre blanc (exemple, les klingsteins, les domites, les laves pétro-siliceuses ou de feld- spath compacte , de couleur blanche ou blanc verdâtre, ou gris de fumée), en contiennent au moins o.go. | | Les grains blancs que je n'ai pu rapporter au feld-spath, se sont rencontrés , les uns dans les bases. volcaniques rénfermant beaucoup de cristaux de péridot, les autres dans celles qui ren- ferment beaucoup de cristaux d’amphigène. J'ai reconnu la nature des premiers, principalement à la pro- priété de se colorer en noir par le feu, et à l’excessive difficulté de leur fusion; ils appartiennent au péridot; je n'ai Jamais pu en découvrir plus de 0.20, dans les pâtes lithoïdes où elles figurent en grande quantité; elles y remplacent en partie le feld-spath. EF: | | | es Les seconds ont été principalement distingués à leur infusi- bilité presque absolue, et à leur couleur persistant au feu ; ils appartiennent à l’'amphigène, ils remplacent en très-grande partie le feld spath , et forment quelquefois jusqu'aux 40 centièmes des masses. | Les grains jaunâtres, verdâtres ou d’un vert noirâtre, fondent un peu moins facilement que le feld-spath ; ils ont constamment Offert tous les caractères du pyroxène cristallisé ; ils entrent dans’ les bases indéterminées qui fondent en noir pour 0.35 à 0.45: Dans celles qui fondenten vert bouteille foncé, pour 0.15 à 0.35, pour 0.05 à 0.15; dans celles qui fondent en vert clair et pour: moins de o.or dans celles qui donnent des verres blancs. Dans ces deux dernières sortes de pâtes, mais surtout dans celles qui fondent en verre blanc, leur proportion diminue ra- pidement, parce qu’ils s'y trouvent en partie associés avec des grains de même couleur ou tout à fait bruns, que J'ai-reconnu. pour de l’amphibole, et beaucoup plus rarement par quelques: particules d’un brun clair, qu’il est facile de reconnoître pour du mica. | Ces dernières particules sont en effet en lames très-minces ; demi-transparentes, d’un éclat nacré, fondant plus difficilement que le pyroxène, et donnant un verie brun noirâtre persistant. sans se mêler. | | tm) TH n'est pas aussi aisé de distinguer l’amphibole d'avec le py- roxène; voici le tableau des principales différences : les grains ‘amphiboliques sont allongés et tendans à la forme prismatique ; ceux du pyroxène sont arrondis et irréguliers; les uns offrent des indices de lames et les autres une cassure vitreuse rarement unie; les premières ont un éclat assez foible, excepté suivant le sens des lames; les seconds sont éclatans ; ceux-ci sont de couleur brune ou vert noirâtre ; ceux-là sont de couleur vert jaunâtre, vert bouteille et rarement vert noirâtre. Enfin sur le filet du disthène les particules d’amphibole fondent avant celles de feld- spath et donnent un émail bran ou un verre d’une couleur vert noirâtre plus ou moins foncée; les particules pyroxéniques, au contraire, sont moins fusibles que celles du feld-spath et donnent un verre de couleur vert bouteille, ou vert jaunâtre plus ou moins clair; par le contact du feld-spath, ces dernières deviennent beaucoup plus fusibles. La nature des grains noirs opaques m'a embarrassé dans l'o- rigine; leur détermination a donné lieu à un travail particulier dont j'ai déjà parlé, et que j'ai publié il y a quelques années; J'ai démontré qu'ils appartenoiïent à un nouveau minéral, le fer titané. Leur reconnoissance est plus facile encore que celle des grains feld-spathiques. La vivacité de leur éclat métallique, leur cassure conchoïde parfaite, leur couleur persistante et leur pro- priété magnétique qui permet de les isoler à volonté, en font sûrement reconnoître l'espèce jusque dans les particules les plus déliées. On en découvre depuis 0.05 à o.15 dans les pâtes li- thoïdes qui fondent en noir, de 0.03 à 0.05 dans celles qui fondent en vert foncé, de 0.02 à 0.03 dans ceiles qui fondent en vert trés-clair et moins de 0.02 dans celles qui fondent en blanc. + Les grains noirs appartiennent quelquefois en partie au fer oligiste. La couleur de la poussière les dénonce facilement; j'ai constaté anciennement par les épreuves chimiques faites pour rechercher le fer titané, que le cas étoit extrémement rare. Le barreau aimanté n’enlève pas au reste la totalité des grains noirs opaques, que la pulvérisation a complètement dégagés. Il en reste souvent une foible porlion qui peut aller jusqu’à plus de o.or. Les caractères extérieurs de.ces’ derniers ne dif- fèrent pas sensiblement de ceux du fer titané. fsolés, ils fondeut encore plus- difficilement en émail noir; mêlés au feld-spath et au pyroxène, ils ne se dissolvent pas; ces propriétés excluant = a a TT of (22) le fer chromaté et le grenat noir dit mélanite, je présume qu’on peut les rapporter au ménakanite, qui est une combinaison de titane et de fer en égale proportion. (Je rappellerai ici que le Îer titané ne contient que 0.15 de titane.) | D'après ces détails, on voit que les associations des différentes espèces de minéraux microscopiques sont très-peu nombreuses et seulement ternaires ou qüaternaires. Elles se divisent natu- rellement en deux classes. Dans les unes le feld-spath très-prédo- minant par sa quantité, imprime aux masses les principaux ca- ractères qui lui sont propres; dans toutes les autres , Cest le pyroxène qui prédomine, soit par sa quantité, soit par l'intensité de sa couleur et les caractères remarquables de fusion quil communique constamment aux masses. | Les associations de la première classe peuvent se réduire à quatre, savoir : | : Feld-spath, prédominant. avec pyroxène et fer titané. Feld-spath, prédominant avec fer titané et amphibole. Feld-spath, prédominant avec amphigène et fer titané. Feld-spath, prédominant avec fer titané, mica et amphibole, Les associations de la seconde classe peuvent aussi être ré duites à quatre, savoir: | Pyroxène, feld-spath et fer titané. Pyroxène, feld-spath, fer titané et péridot. Pyroxène, feld-spath, fer titané et amphigène, Pyroxène, feld-spath, fer titané et fer oligiste. Ces dernières notions complètent la reconnoissance des dif. férentes substances minérales qui, sous forme de grains cris- tallins microscopiques, composent les pâtes lithoïdes des courans de lave de tous les âges. | J’ajouterai maintenant, que j'ai originairement épuisé plusieurs bypothèses três-opposées à la véritable composition mécanique, En effet il eût été possible de découvrir une substance géné ratrice commune et absolument nouvelle ; On auroit pu rencontrer un nombre plus considérable de substances soit nouvelles, soit déjà connues; enfin les mélanges pouvoient êlre plus variés, et chaque localité volcanique pouvoit avoir les siens ; mais l’ob£ servation a facilement fait justice de ces différentes hypothèses. Mes principaux efforts ont été dirigés vers la recherche de d’amphibole, minéral dont l'existence gratuitement supposée, & ( 25 ) ? servi Jusqu'ici de lien ou de principe à presque foutes les class. fications ou exphicalions des produits volcaniques. On a vu que le feld-spath étoit vraiment la substance prédominante dans toutes les pâtes lithoïdes, après lui le pyroxène et ensuite le fer titané,. L’amphibole microscopique ne se montre que dans les pâtes presqu’entièrement feld-spathiques ; sa présence y est toujours dé. noncée par des cristaux amphiboliques disséminés ; tr'ès-a pparens ; si ce minéral eût existé en abondance dans les pâtes basaltiques, il seroit bien étonnant qu’on ne l'y rencontrât jamais (r) en cris. aux apparens, tandis qu’on y voit figurer constamment des cristaux distincts de pyroxène plus ou moins bien accompagnés de cristaux écalement remarquables, de péridot , de feld.s ath, de fer titané ou d’amphigène. Ces considérations seroient d’un RS (1) Pendant le cours de mes voyages , j’ai eu lieu d’examiner un bien grand nombre de couches basaltiques de tous les âges ; deux seulement m'ont pré senté de l’amphibole en cristaux disséminés » apparens à la vue simple ; je vais en donner l'indication. L’une de ces coùches située au sommet du Puy-Corent (en Auvergne), est composée de croûtes basaltiques boursoufllées ou scorifées , servant de chapeau à une nappe de lave compacte, en partie colonnaire. Ces croûtes renferment un assez grand nombre de fragmens d’amphibole Cristallisé, informes , d’un volume communément médiocre et quelquefois gros comme le poing: offrant des surfaces inégales , irrégulières, tantôt lisses et comme polies , tantôt ternes et scorifiées ; ils sont accompagnés de cristaux de pyroxène et de fer titané, rares, petits, d’un volume assez égal et en tout semblables à ceux de même nature qu’on distingue dans la lave compacte inférieure ; il est à remarquer que de son côté cette lave ne renferme pas d’indice d’amphibole. Le sommet du Cantal (même contrée) est terminé par un lambeau de couche ba- Saltique recouvert presqu’entièrement par un gazon épais. Les angles saillans de la roche montrent quelques prismes imparfaits d’amphibole , dispersés avec : quelques grains de pyroxène au milieu d’une pâte tantôt dense » tantôt légère ment boursoufilée. J’ai en outre reconnu la présence de l’amphibole dans plu- sieurs fragmens de roche basaltique , abondans d’ailleurs en cristaux parfaits de pyroxène et de péridot, et gisant au milieu des tufs basaltiques de Thiezac (même contrée), Enfin je suis parvenu à trouver dans les nombreuses collec= tons de Paris, une demi-douzaine d'échantillons basaltiques de localités mal connues , qui offroient avec beaucoup de pyroxène et quelque peu de péridot , des cristaux disséminés d’amphibole, Je ferai remarquer que dansles roches que je viens de citer , ce minéral paroît adventif, à en ‘juger Seulement parsa rareté, son défaut de forme, lPinégalité de son volume ». là Scorification de ses sur- faces et le boursoufflement de la matière basaltique immédiatement environ- nante. On pourra découvrir de nouvelles raretés géologiques analogues à celles Que je viens d'indiquer ; mais il estévident qu’on n’en pourra rien conclure pour à Masse immense des terrains basaltiques incontestablement exempts d’amphi- bole. Ainsi les conséquences absolues, déduites de mes expériences et de mes nombreuses recherches , subsistent dans leur entier, (24) grand poids, dans le cas où on viendroit à supposer que je me suis laissé induire en erreur, dans tout le cours de mes.expé- riences, à l’égard du pyroxène et de l’amphibole. Le passage gradué qu'on a observé entre le basalte noir et la lave granitoïde du Meïsner et de Saint-Sandoux (en Auvergne), dite mHmése, se trouve en harmonie avec mes expériences et Jeur prête un point d'appui irrécusable. Maintenant on peut avec certitude dire indifféremment que la mHh6$é est un basalte à grains visibles, ou que le basalte est unerr#fése à grains mi- croscopiques, Mes résultats d'analyse mécanique ne sont pas moins d'accord avec ceux de l'analyse chimique; ils en expliquent les variantes. Les principes constituans, extraits de diflérentes pâtes lithoïdes bien caractérisées, telles que les basaltes de Hasenberg en Bohème, de 1669 à l'Ethna, et le klingstein de Sanadoire en Auvergne, sont en rapport avec ceux des minéraux microsCor piques composans ; ce rapport se concevant de reste, je ne nrarréterai pas à en exposer les termes; je ferai remarquer seu- : Iement que le titane contenu dans les pâtes lithoïdes, a échappé aux chimistes à raison de sa petite quantité, et qu'il en est probablement de même de la magnésie, dont lexistence en proportion trés-foible, est indiquée à priori dans beaucoup de basaltes, par la présence du péridot microscopique. Du reste ;, à l'avenir, il sera curieux de vérifier si à l’aide d’une simple reconnoissance mécanique, et considérant lespèce des minéraux microscopiques composans, leur mélange et la relation des vo- lumes aux poids, on peut à l'ayance obtenir, avec une approxi- mation suffisante, l'expression numérique de la composition chimique d’une pâte lithoïde quelconque. | Ces considérations auxiliaires fortifient les résultats directs de mes expériences, et leur impriment, je crois, le degré d’évi- dence qu'il est possible d'atteindre dans un semblable sujet, Il faut donc admettre les faits généraux suivans. | Les pâtes lithoïdes des courans de lave modernes, celles des courans incontestables antérieurs aux temps historiques, celles des lambeaux de courans dont l’origine est plus ou moins con: festée, sont identiques de contexture intime et de composition mécanique. | Toutes sont des granites microscopiques dans lesquels l’unifor- gaité du tissu entrelacé n’est interrompue que par de très-petites | _ yacuoles, (25) vacuoles,, un peu moins rares dans certaines laves incontestables que dans toutes les autres. | Les minéraux élémentaires de ces granites microscopiques ap- partiennent au petit nombre d'espèces qu’on trouve souvent dis- Séminées en cristaux apparens dans les pâtes lithoïdes. Les associations de ces minéraux élémentaires peuvent êlre géologiquement réduites à huit, qui sont simplement ternäires où quaternaires, et dans lesquelles deux des substances élémen- taires, le feld-spath et le pyroxène, sont constamment prédomi- nantes , non-seulement par leur abondance, mais encore par l'influence des propriétés dont elles sont douées. | Enfin ces associations considérées sans le secours du microscope et sans celui de la loupe, redeviennent des masses d'apparence homogène, dont les propriétés composées sont dominées tantôt par les caractères du feld:spath , et tantôt par ceux du pyroxène ; les autres minéraux élémentaires , l'ares Où masqués, n’exercent presqu aucune influence caractéristique , et les masses ne peuvent plus être minéralogiquement distinguées qu’en deux sortes. Les conséquences immédiates qu'on peut naturellement déduire de ces faits généraux sont tellement fondamentales, que je crois devoir indiquer quelques-unes des plus marquantes, avant de passer à l'exposition de mes expériences sur les autres: bases in- déterminées des roches volcaniques. | D'abord :ïl est évident qu’on’ n’a pas été fondé à élever au rang de véritables espèces minéralogiques, plusieursdes pâtes lithoïdes dont je viens de déterminer la nature ; d’un autre côté , beaucoup de minéralogistes ont été trop loin, en les rejetant toutes, sans descriptions spéciales et préalables, dans les classifications pure- ment géologiques. Il paroît naturel de suivre à leur égard le parti qu’on est unanimement convenu de prendre pour les mi- néraux quartzeux ou calcaires mélangés. Elles peuvent, donc et elles doivent être rapportées aux variétés compactes des deux RME 2 e k | minéraux élémentaires dominans, en leur accordant des noms particuliers et surtout des descriptions très-détaillées, à raison de l'importance du rôle qu’elles jouent dans les roches volcaniques. Ainsi les pâtes lithoïdes qui fondent en verre blanc permanent, ou en verre blanc piqué de vert ou de noir et se colorant foi- blement à la longue, appartiendront au feld-spath compact, et celles qui donnent un émail noir ou un verre de couleur verte foncée, appartiendront au pyroxène compact. Je réunirai les 4 4 as ei, | | (26) premières sous le nom de /eucostine, suggéré par la grande quantité ‘de grains blancs qu’elles renferment et qu’on y peut aisément distinguer à l’aide d’une bonne loupe et d’une vive lu- mière. Je conserverai au second le nom de basalte, qui est en quelque sorte consacré. Désormais la notion minéralogique conventionnelle du basalte | deviendra celle-ci : pyroxène compact, mélangé de beaucoup de parties microscopiques de feld-spath et de fer titané, auxquelles s'associent quelquefois des particules de péridot, d’amphigëne et de fer oligiste. La notion minéralogique conventionnelle de la leucostine sera: feld-spath compact, mêlé d’une petite quantité de fer titané _Microscopique , auquel s'associent de petites quantités de py- roxène, d'amphibole, de mica, ou d’amphigène. La synonymie du basalte comprendra principalement les laves argilo-ferrugineuses homogènes de Dolomieu, les laves basaltiques uniformes de M. Haüy, le basalte trappéen , le graustein et la lave proprement dite de M. Werner. | La synonymie de la leucostine embrassera les laves pétro- siliceuses. homogènes de Dolomieu, les laves pétrosiliceuses uniformes et le feld-spath compact sonore de M. Haüy, la do- mite et la lave à base de hornstein de Karsten, le klingstein et la base de plusieurs thonporphyres de M. Werner. Les modifications de la contexture, qui tantôt est compacte, tantôt écailleuse et tantôt granulaire, fourniront des subdivisions . faciles à motiver. Les variations de composition mécanique pour- ront être prises subsidiairement en considération, ainsi que les accidens dus au boursoufflement ; mais je reviendrai sur ce sujet ; pour le moment je me contente de l'essentiel, c’est-à-dire de poser les principes, | Cette distribution naturelle, tout en détruisant les préjugés conçus à l'égard de la composition des pâteslithoïdes , a avantage de ne pas s'éloigner sensiblement des coupures empiriques déjà établies. Elle concilie même les opinions sous un certain point de vue. En effet, les minéralogistes qui ont soutenu que toutes les pâtes lithoïdes étoient des mélanges, avoient raison , et ceux qui ont prétendu qu’on pouvoit les placer dans la méthode minéra- logique, n’avoient pas tort. = S1 les recherches précédentes peuvent servir à concilier des Opinions sous le point de vue minéralogique, elles ne concilient (27 )L | point les hypothèses géologiques imaginées pour expliquer l’ori-. gine, la fluidité, la coagulation lithoïde des courans de lave. Bien loin de là, mes résultats ne satisfont à aucune de ces hy- pothèses, ou, pour m’énoncer avec plus de logique , et comme je crois être autorisé à le faire, aucune de ces hypothèses ne satisfait à mes résultats. Je n’entrerai à ce sujet dans aucun développement ; mais je reproduirai les conséquences de mes observations sous une autre forme, et j'en déduirai l'expression rigoureuse des conditions qui caractérisent le phénomène de la coagulation des courans de lave ; je dirai qu'ilest démontré que la matière intérieure des courans (ceux d’obsidienne exceptés) se cristallise en entier par le refroidissement, et se change en‘une infinité de très-petits cristaux ou grains entrelacés solidement, laissant entre eux des vacuoles rares et déliées, et appartenant à des espèces minérales bien déterminées. Cette notion, considérée comme loi générale, explique faci- lement beaucoup de cas particuliers non encore résolus; Je me contenterai d’en produire un exemple remarquable. On a discuté depuis long-temps , et on discute encore, sur l’origine des cristaux apparens, disséminés dans les pâtes li- thoïdes. Les uns prétendent que la formation de ces cristaux a eu lieu au milieu de la matière incandescente, les autres pensent qu'ils ont été apportés des entrailles de la terre, après avoir résisté au ramollissement ou à la fusion des roches qui leur servoient originairement de matrice (1). D'après mes expériences, il me semble que la difficulté n’existe plus. Un cristal de deux à trois (ons (a) Nous sommes riches en explications des phénomènes volcaniques. Il a été plus facile d'imaginer des hypothèses sur leur nature, que d’étudier , d’a- natomiser et de bien décrire leurs produits. Jusqu’à présent on n’a su voir dans ces produits que des roches diverses, fondues ou remaniées par des causes [o- cales ; à coup sûr est trop resserrer le champ des suppositions. Quand à défaut de faits, la science accueille les spéculations hypothetiques , il faut au moins tâcher d’épuiser la série de ce qui est possible. C’est d’après cette considération queDolomieu s’étoit décidé à mettre en avant, dansun de ses derniersouvrages , une idée absolument neuve et qui parôît plus féconde que toutes celles qui ont précédé. Cetteidée, que je ne juge pas ici, conduiroit à faire supposer que la vol- canicité est un phénomène général ; que la matière des laves remplit une grande partie de l’intérieur du globe , si ce n’est la totalité ; qu’elle y a existé de tous les temps , douée de la liquidité pâteuse et de la plus haute incandescence; etqu’elle y éprouve des modifications extrêmement lentes , dontles tremblemens de terre et les éruptions sont le produit. 4. . (28) nullimètres de longueur ne se forme pas en vertu d’une autre force d’agrégation qu’un cristal d’un vingtième ou d’un cin- quantième de millimètre; les dimensions dépendent de la con- tinuité d’action ; beaucoup de causes peuvent la troubler. Si le refroidissement des courans peut résoudre toute leur masse li- quide en cristaux microscopiques , 1] y a tont lieu de croire que les gros cristaux qui s’y trouvent disséminés sont les pre- muers produits de l’agrégation réguliére. | On pourra s'étonner qu'après avoir démontré que le pyroxène est un des produits formés par la résolution complète de la ma- tière des laves en cristaux, je ne propose pas de changer le nom de ce minéral ;'ce nom signifie eflectivement ranger au domaine du feu; il a été suggéré à M. Haüy par Dolomieu, qui a partagé long-temps la seconde des opinions dont j'ai parlé plus haut. J’estime que l’étymologie pourra être interprétée à l'avenir sous un tout autre point de vue; la dénomination de pyroxène rappellera aux observateurs que les phénomènes volcaniques dif= fèrent essentiellement de ceux du feu que nous savons produire, et que c’est à tort que l’on a cru jusqu'à présent le contraire ; elle les avertira qu'il faut abandonner désormais tout préjugé de. cette espèce , si l'on veut-avancer dans l'étude des volcans, et parvenir surtout à déterminer quelles sont les causes inconnues qui, jointes à l’incandescence , donnent la fluidité aux courans de lave ; per- mettent aux combinaisons chimiques de s’y former, et favorisent l'agrégation régulière et complète de ces combinaisons, pendant la durée du refroidissement. | A près avoir trouvé le mode uniforme qui régit la composition. des pâtes minérales qui font la base des courans lithoïdes de tous les. âges et de tous les pays ; près en avoir déduit l'expression. de la loi qui préside à la coagulation des laves'incandescentes, je complèterai l'examen des laves lithoïdes anciennes et modernes, en démontrant l’inexactitude desrapprochemens dont elles ont été jusqu’à présent l’objet. ag Une ‘partie des minéralogistes supposent que les laves mo- dernes ne ressemblent point aux laves anciennes, que ces der- - nières, au contraire, ont une composition analogue. à celle des trapps, des cornéennes et des pétrosilex, et que par conséquent leur origine est semblable. Les autres assurent que les laves anciennes et modernes ne sont rien autre chose que des pétro- silex , des cornéennes et des trapps remaniés par les agens sou- ( 29) terrains, et auxquels la coagulation a restitué leur contexture originaire. On voit qu’il y a trois termes dans ces analogies: j'ai prouvé que le premier et le second sont fort diflérens de ce qu’on les a supposés; Je vais prouver qu'on n'a guère mieux connu le troisième terme, \ CHAPITRE QUATRIÈME. Comparaison des Substances minérales non volcaniques , nommées Pétrosilex, Trapp ef Cornéenne, avec les Pâtes lithoides des courans de lave de 1ous les äges. _JE ne traiferai point des cornéennes, des trapps et des’ pétro= silex avec le détail que réclamoit l’histoire des recherches dont J'ai rendu compte dans le Chapitre précédent. Je me conten- terai d’esquisser les principaux traits qui font conträster ces trois genres de pierres avec les pâtes lithoïdes. On sait que ces pierres se trouvent en grandes masses com- pactes dans les terrains primitifs ou intermédiaires, et que plu- sieurs variétés se rencontrent même dans les terrains secondaires. Malgré les recherches nombreuses dont elles ont élé l’objet, leur rôle dans la science est encore bien équivoque; elles appar- tiennent à cette grande division du règne minéral qui comprend toutes les substances terreuses qu’on regarde comme composées de particules indiscernables irrégulièrement agrègées : subs- . tances imparfaites à nos yeux, constamment informes,ne montrant qu’une structure confuse, qui se ressemblent beaucoup par l’uni- formité de leur tissu, qui, considérées hors de leur gisement , ne peuvent souvent être distinguées que par les nuances fugitives d’un petit nombre de caractères extérieurs ou empiriques, et dont les définitions spécifiques n’ont communément d’autres fon- demens que des assertions plus ou moins hazardées, reposant sur des notions où même des hypothèses géologiques. C’est ainsi qu'on les définit en général comme des produits aqueux; les uns sont, dit-on, des précipités chimiques durcis; lés autres, des précipités mécaniques consolidés; celles-ei ont été déclarées bomogènes, celles-là composées de particules hétérogènes; d’autres enfin participent plus ou moinsde ces différens modes, et forment, à ce qu'on assure, des variétés de passage. Ces manières de mme np ee (5 ) voir peuvent être Jusles; mais des assertions et des conjectures de ce genre ne peuvent pas suppléer à l’absence fréquente de toute propriété vraiment spécifique. Des opinions ne sont pas des caractères, et on ne doit point s’étonner si les minéralo- gistes ne s'accordent point encore sur la définition et la nomen- clature des nombreuses substances dont je veux parler, sur la manière de les décrire et la place que chacune d’elles doit oc- cuper dans la méthode purement minéralogique. Je n’insiste au reste sur ces considérations générales, que parce qu’elles sont plus spécialement applicables aux trois genres de pierres que je vais examiner. En me servant des vieilles dénominations de pétrosilex, de trapp et de cornéenne pour désigner ces pierres, je n’entends aucunement préjuger du parti que les connoissances actuelles permettent de prendre à leur égard ; j'ai voulu seulement me rapprocher du langage employé par Wallerius, Bergmann, Saus- sure et Dolomieu, et remonter ainsi à la source des fausses ana- logies dont les laves anciennes et modernes ont été jusqu'à présent le sujet. _ Sous la’ dénomination générique de pétrosilex , je comprends le pétrosilex compact ou terreux de Dolomieu, le palaiopétre et le feld-spath terreux non volcanique de Saussure, l’eurite de M. d’Aubuisson , le feld-spath compact de M. Werner, les va- riélés de son hornstein qui fondent en verre blanc, et en grande - partie la base (haupt masse) des variétés de son thonpor hyr qui renferment des grains de quartz disséminés. Le pétrosilex cons- titue la base d’un grand nombre de porphyres diversement co- lorés. La présence ordinaire du quartz au milieu des autres cris- taux disséminés , l'absence constante de toute cavité bulleuse et de toute concrétion amygdaloïde, en sont les principaux carac- tères empiriques (1). Sa dureté, sa pesanteur spécifique, sa fusion > £ : * . L es 4 E + : | QG) Quelques variétés fort rares de pétrosilex et de trappoffrent la contexiure variolaire, qu’il ne faut pas confondre avec la contexiure amygdaloïde. Les varioles sont des nœuds orbiculaires ordinairement petits, d’un égal diametre dans le même bloc, tantôt compartes et tantôt rayonnés à rayons microsco- piques concentriques , inséparables de la pâte qui les renferme et de même nature , s’en distinguant seulement par des couleurs peu distinctes , assez com- munémentzonaires. Les amandes se présentent avec des formes et des dimen- A AT? PA sions variables dans le même bloc ; souyentelles y sont entremêlées de cavités 5 (5) en verre Ou émail blanchâtre, font penser, avec baucoup de raison, qu’il est composé tantôt enentier, tantôt en grande partie, de molécules feld-spathiques. ce Je range sous la dénomination générique de trapp, le diorite compacte et la roche argileuse dure de M. Haüy, la base du porphyre rouge antique, le grunstein compacte de M. Werner, Jes schistes argileux ( thonschiefer) durs et en masses non feuil- letées, la pierre de touche ou lÿdienne, et les variétés du wetz- schiefer et du kieselschiefer de M. Werner, qui fondent en verres colorés. Toutes ces substances fondent en verre noir opaque, ou d'un vert foncé, ou d’un vert jaunâtre. Leur principal caractère empirique est de ne contenir jamais aucune cavité bulleuse ni concrétion amygdalvïde. On suppose que les unes sont composées de particules d'amphibole et de feld-spath, et les antres d'argile ferrugineuse mêlée de molécules amphiboliques, feld-spathiques, ou quartzeuses. Enfin je désigne sous la dénomination générique de cornéenne , les schistes argileux tendres de tous les âges, qui sont en masses non feuilletées ou imparfaitement feuilletées, et leurs variétés mixtes avec le schiste amphibolique, le schiste chlorite, la ser- pentine schisteuse, l’ardoise proprement dite, l'argile pyriteuse endurcie et le calcaire argileux compacte, simple ou ferrifère. Je comprends dans celte synonyÿmie une partie des variétés du thon- schiefer, de lalaunschiefer et du schieferthon dé M. Werner, et en général les pierres dites argi/euses , tendres, non feuilletées, noires, grises ou verdâtres, exemptes de la contexture amy2da- loïde, souvent pyriteuses et quelquefois mélées ou accompagnées de matières charbonneuses, qu’on a voulu assimiler aux pâtes Hthoïdes des courans de lave anciens et modernes. Un de leurs principaux caractères empiriques communs, est de ne renfermer aucune cavilé bulleuse ni concrétion en forme d’amande, et d'être très-rarement porphyriques. On les suppose formées d'’ar- giie ferrugineuse, tantôt simple et tantôt plus ou moins mé- langée de molécules amphiboliques, quartzeuses, feld-spathiques, f | —————————————— bulleuses ; on les voit tantôt pleines et tantôt plus ou moins creuses; elles adhèrent foiblement à la pâte environnante ; elles en different essentiellement par leur nature et leur couleur; enfin leur composition offre des minéraux d’espècestrès-différentes , affectant des structures variées et se groupant quel- quefois en assez grand nombre dans la même géode. (6) talqueuses, calcaires, de mica, de carbonne, de carbure de fer ou de fer sulfuré. On voit, par ces détails, que j’exclus formellement des trapps et des cornéennes, les pâtes indéterminées de toutes les rochesamyg- daloïdes et boursoufflées, sans excepter même l’ophite antique. Je regarde cette exclusion comme un des résultats les plus utiles de mes expériences. Je la motiverai au chapitre dans lequel je traite des laves lithoïdes altérées, sous la dénomination provisoire de wackes volcaniques de toutes couleurs. Quant au basalte noir antique, je suis fondé à assurer que ce n’est ni un trapp, ni une lave; j'ai eu occasion de l’étudier en Egypte avec Dolomieu, sur un grand nombre d'échantillons, et mon ami, M. de Roziéres, en a exactement constaté le gisement pi des cataractes du Nil; on doit en faire deux variétés de la syénite, sous les noms de syénite granulaire et syénite comnpacre. | | Du reste, j'ai évidemment compris des substances trés-diffé- rentes sous les dénominations génériques de trapp, de cornéenne et de pétrosilex, Mais je le répète, mon objet n’étoit pas de faire un traité sur ces substances et de les distinguer nettement les unes des autres. Il a dû me suffire de les examiner sous Île rapport d’un petit nombre de propriétés trés-saillantes, communes aux variétés de chaque genre, et de montrer combien elles dif- férent des laves lithoïdes anciennes et modernes 207 alférées, à! à s’en tenir aux points de vue essentiels, c’est-à-dire à la com- paraison de Îa texture intime, de la composition mécanique et des principaux caractères empiriques. Je passe done à celte com- paraison. Ces trois genres de pierres considérés dans leurs gisemens, se lient intimement aux roches accompagnantes, soit en ad- mettant les mêmes minéraux disséminés sous forme de gra’ns ou cristaux apparens, soit par des passages de composition ou de contexture, soit par Les conditions qui caractérisent leur stra- tification. : | Au contraire, les laves lithoïdes anciennes et les autres couches volcaniques accompagnantes, sont presque toujours évidemment adventives relativemeut aux terrains qui leur servent de support ou qui par fois leur sont superposés, n'ayant avec eux aucune relation (55) relation directe de contexturé où de composilion; et souvent “aucun rapport. de stratification (r). ns Re (4) L'état d’une science est assez exactement caractérisé par la richesse ‘ou la pauvreté de sa terminologie ; est-elle peu avancée , l’abus des expressions ‘génériques non définies ou mal définies , devient presque inévitable ; il influence TJ’observateur , altère les produits de l’observation, défigure les faits, entraîne la-confusion des idées , conduit à des analogies imaginaires, etmène, sans qu’on ‘s’en aperçoive, à l'erreur, quelquefois même à l’absurde. Ajoutons qu’on y tient en général d'autant plus, que c’est un moyen commode pour se passer de précision , pour se dispenser d’études trop difficiles, et pour déguiser, à laide ‘d’un faux appareil scientifique , la limite bornée et l’insuffisance des connois- sances acquises. . Onne peut méconnoître les effets de cet abus lorsque, s’armant d’une saine logique, on veut approfondir les bases élémentaires de beaucoup de notions géologiques reçues ou données comme inconstestables ; par exemple, combien de manières d’être différentes ne confond-on pas à l’aide des mots passage et transition? À s’en tenir aux produits volcaniques , nous avons des transitions Ou passages sous le point de vue de la composition , du tissu intime, de la con texture, de la dureté, de la couleur, du boursoufflement , du relâchement des parties , de leur décomposition et de leur désagrégation. Voici comment j'écarte , en beaucoup de cas, l’abusif emploi de ces expres- sions vagues et bannales. , Je nomme en général jonction la rencontre d’une couche volcanique avecune couche de mème origine ou d’une origine différente. La jonction est distincte lorsque la coupe du plan de rencontre offre une ligne de séparation nettement prononcée ; elle est confuse lorsqu'il y a pénétration entre les matières qui composent les deux faces de rencontre, et qu’il n’est pas possible de discerner où finit l’une et où commence l’autre. De ces pénétrations il résulte des bandes plus ou moins parfaitement mixtes et communément assez ininces ; je leur donne le nom d’entre-couches , et je nomme roche d’entre-couche | la roche qui les compose. Ce second cas, au reste , est très-fréquent et se conçoit faci- lement ; la majeure partie des déjections volcaniques’ sont ordinairement meubles, et les faces scorifiées inférieures et supérieures des nappes de lave sont susceptibles de le devenir à la longue; il s'établit une foule de jonctions confuses en vertu des différences qui existent entre l’écartement et le volume des parties incohérentes respectivement en contact d’une couche à l’autre , et par suite de l’action continue des eaux filtrantes, du poids des parties libres et de la pression des masses superposées. De là de prétendues transitions très-va- riées et quelquefois bizarres. Telle est celle-ci : Soit une plaine formée de granite à gros grains et superficiellémént décom- posé , sûr laquelle des graviers, puis des sables de mémé nature ont été déposés par un cours d’eau. Une éruption volcanique voisine couvre les sables avec des cendres fines et des cendres plus ou moins mélangées de fragmens de scories. Ensuite un courant de lave basaltique $#’étend sur lé tout. Qu’arrive-t-il avec le temps? la croûte scorifiée inférieure du courant se désagrege , s’affaisse et se 5 | (34) Les premières sé présentent sous forme de masses constam- ment pleines et parfaitement denses, les secondes sous forme de masses plus ou moins criblées de cavités bulleuses de toutes dimensions. ee | : Le lie avec des déjections incohérentes ; celles-ci se tassent et pénètrent dans les: sables qui eux-mêmes sont mêlés aux graviers et aux débris grañitiques con— fondus ; pour peu que les eaux filtrantes déposent le plus léger,ciment calcaire, ou ferrugineux, ow siliceux dans ce système, tout le massif se trouve hé, et dans les idées de beaucoup de minéralogistes , présenite alors le prétendu pas— sage du granite au basalte par le gravier ,.lesable (owle grès}, la cendre durcie .. le tuf et la brèche à base de wacke basaltique. | La nature a réalisé plus ou moins completement cet exemple en plusieurs: endroits del’ Auvergne etdes Cévennes, dans lesquels il existe des matières volt caniques incontestables. Mais je vais plus loin ; je suppose qu’un pareil système. ait été démantelé par une cause quelconque. .et qu’il n’en reste que des lam-- beaux; que faudrait-il conclure de la transition prétendue ? que le basalte est: de la même formation que le granite? Au fait cependant ,.ces lambeaux seroient. le produit de cinq formations distinctes, savoir : celle du granite, sa.décom- position , celle du courant d’eau , celle de l’éruption pulvérulente eticelle du courant de lave, auxquelles il faudroit ajouter une action postérieure composée elle-même des effets amenes par les filtrations, le tassement,.la macération , le dessalement des matières volcaniques et les concrétions infiltrées, On voit qu’une simple analogie tirée de ce qui.se passe journellement sous. nos yeux , et dégagée de toute hypothèse , rend parfaitement raison des cas assez: rares où les roches volcaniques anciennes sé lient avec les couches non volca-. niques et ne leur paroissent point adventives. Dureste, la superposition à jonction confuse n'existe pas seulement danses. terrains volcaniques et à leur contact avec les autres terrains; on l’observe aussi, quoique tres-rarement, à la rencontre respective de ces autres terrains. Malgré la longueur de cettenote, je ne résiste pas au desir d’en faire connoître: un exemple qui rentre tout-à-fait dans mon sujet et qui est sûrement curieux ;, puisqu'il offre la plus belle transition possible du granite le plus ancien au cal- caire coquillier | = _ | sit . Cette prétendué transition se rencontre en Bourgogne ;:elle a été découverte et observée pour la première fois à Château-Neuf, pres de la C'ayette, par M. de Drées j'äccompagnois Dolomiea lorsqu'il en fit la vérification: Les col-- lections de Paris en possedent de beaux échantillons : en voici l'indication som=- maire : le granite de Château-Neuf est à tres-gros grains, à peu près des: mêmes couleurs et presque aussi beau que le granite de Syëne en Egypte: I} étoit superficiellement désagrégé lorsque la matière calcaire a été déposée par: dessus. Non-seulement cette matiere a pénétré jusqu'au vif de la roche-grami- tique’, en s’insinuant à travers ses débris. mais encore elleembrasse des cristaux isolés qui-ont été facilement soulevés à une petite distance , a raison de la. den— sité du hquide formant le dépôt. La jonction confuse des deux terrains se fait donc par une roche mixte accidentelle (ou d’entre-banc) de plusieurs déei= mètres d'épaisseur, qui , dans sa partie inférieure, est composée de granite à (35) . + Dans les unes on {trouve , à la vérité, des ae Où cristaux ‘disséminés de feld-spath , d'amphibole et quelquefois de mica ; mais ils sont associés a .des grains de quartz, de diallage, de tale, de chlorite, de fer oxidulé, de fer :sulfuréet de pyrite magnétique, minéraux itout-à-fait étrangers: aux terrains volca- niques. On n’y voit Jamais. ni péridof, ni pyroxène, n1 am- phigène., n1 fer oligiste , ni fer tilané.\ | Dans les autres, la rareté du mica et: de l’amphibole , l’ab- sence totale des pyrites et du fer oxidulé, celle si remarquable du quartz, deviennent des caractères négatifs aussi puissans que Ja présence du fer titané, du fer oligiste ,:du:pyroxène, de l’am- phigène et du péridot associés au feid-spath. GITE 7188 Ces différences principales entre les caractères empiriques res- pectifs sont déjà très-marquées; on en trouveroit aussi entre les nuances des caractères extérieurs; mais je dois les passer sous silence pour établir la comparaison vraiment essentielle, celle du tissu intime et de la composition mécanique. ‘On se rappelle que l’apparence des pâtes lithoïdes vues à œil nu est une tllusion due. à la foiblesse de cet organe; qu’elles sont douées d’un tissu grossier, interrompu par des vacuoles, et composées de cristaux ou grains entrelacés, dont le diamètre n'excède guère un vingtième ou un trentième de millimètre ; conditions qui permettent de déterminer l’espèce des minéraux élémentaires; il n'en est pas de même des trapps, des pélrosilex ét des cornéennes. | | * es Je dois dire ici qu'avant de tenter l’examen. microscopique de ces trois genres de substances minérales compactes , je m’étois flatté de ne pas rencontrer plus de difliculté que je n'en avois æ: ciment de chaux carbonatée plus ou-moins visible, et dans sa partie supérieure, .d’un: superbe porfhyre calcaire :à «gros grains'de quartz gris et.de mica noir, et à grands cristaux de feld-spath-d’un-rouge de chair tres-éclatant: D’ailleurs Je calcaire est d’un blanc grisâtre ou d’un gris de fumée , écailleux à.écailles spathiques , et s’approchant de la structure compacte. Il contient des rognons de silex roux (fauerstein ), et, dans le prolongement de sa formation ; qui est très-étendue , .des:griphites , des entroques et des astroïtes. Convenons-en,.la découverte de. ces circonstances,singulieres eût été une bonne fortune pour un partisan des idées de transition ; il est plus facile:en effet de convertir tout gisement anomal en loi générale , que d’en résoudre les conditions Spécieuses, et de démontrer comment elles peuvent se classer naturel- lement dans la messe des grands phénomènes déja connus de tous les géologues. 5. M Qu ee plats ne (36) trouvé dans l'étude des pâtes lithoïdes volcaniques, maïs J'ai élé bientôt détrompé; les obstacles que J'ai éprouvés ont eu un premier résultat utile; ils m'ont fait voir que J'attaquois les produits d'un mode de formation bien différent. Je rejette dans la table générale le détail de mes expériences, ainsi que la désignation précise des échantillons que j'ai exa- minés; je me contente d’avertir que, parmi ces échantillons, on verra figurer les trapps et les cornéennes des montagnes de Suède, anciennement cités par Bergmann et WVVäallerius; c’est principalement la collection de M. Le Lièvre qui me les a fournis. Je vais exposer maintenant les résultats généraux de mes ob: servations. Le tissu intime des trapps, des cornéennes, des pétrosilex , examiné, au microscope, se montre uniforme et sans aucunes. vacuoles; sa finesse est souvent si excessive, qu'on n’apercoit point d’'élémens divers, et qu'il conserve l'apparence la plus compacte. Lorsqu'on distingue des particules, on ne sait si ce sont réellement des grains ayant chacun une existence indépen- dante et une structure particulière, ou si ce sont des apparences résultantes de la division de la masse homogène par des fissures, ou, pour mieux dire, par des glaces extrêmement déliées. Du reste, ces grains réels ou apparens sont dix fois ou vingt fois plus petits que les grains des pâtes lithoïdes; ils ont tous la même couleur dans le même échantillon. Ils sont blancs ou foiblement nuancés de la teinte des masses, translucides ou demi - transparens dans les pétrosilex ; translu- cides et blancs jaunâtres dans les trapps noirs, verts ou verts noirâtres ; demi-transparens et d'un blanc rosé dans le trapp rouge; d’un blanc grisâtre et à peine translucides dans les cor- néennes grises ou verdâtres qui blanchissent au feu; blancs gri- sâtres et opaques dans les cornéennes noires qui conservent leur couleur après avoir été chauflées. ses re L’excessive finesse de ces grains ne permet pas de les isoler: sur le filet de disthène : on ne peut déterminer aucun de leurs carac{éres. | | Leur facile fusion sur le filet de disthène offre des verres bulleux, blancs pour les pétrosilex; d'un vert jaunâtre pour les trapps; tantôt gris, tantôt d’un vert jaunâtre foncé pour les cornéennes. | Dans les produits de fusion, comme dans les pâtes, on voit assez ordinairement des grains noirs, excessivement fins et jamais, (3 ) assez abondans pour former la centième partie du volume. Ces grains sont facilement fondus et dissous ; ils communiquent cons- famment une couleur verte. Supposant qu'ils étoient de nature métallique, j'ai fait des tentatives pour les isoler, en traitant différentes variétés, à l’aide de la porphyrisation et du lavage. J'ai en effetrecueilli quelque peu de poudre noire, encore mêlée de matières terreuses , en partie attirable, et donnant l'odeur sul- fureuse par la calcination. _ Ne pouvant réunir une assez grande quantité de ces parties noires attirables- pour y chercher l’oxide de titane, J'ai éprouvé les parties métalliques discernables à la vue ou à la loupe, que renferment beaucoup de trapps et de cornéennes., J'ai étendu ces essais aux grünsteins primitifs ou diorites , et aux roches qui ont de l’analogie avec eux, ou qui les accompagnent ordinairement. J'ai notamment essayé le fer oxidulé octaëdre des roches de Corse, celui des roches de la Val-d’Aoste au Mont-Blanc, et de, la Val-Sesia au Mont-Rose , et celui des roches qu'on trouve en différens endroits de la Suède. Cét examen chimique m'a dé- montré qu’il n’existoit de fer titané ni dans les trapps, les cor- néennes et les pétrosilex, ni dans les roches primitives accom- paguantes, l : & Les expériences dont je viens de présenter le résumé prouvent, 10. que si le pétrosilex, qu’on regarde avec raison comme du feld-spath compacte, contient des particules hétérogènes, ces particules échappent par leur ténuité, et n'influent point sur les résultats de fusion; 20, Que le pétresilex diffère essentiellement des pâtes lithoïdes, leucostiniques ou feld-spathiques, soit par l'extrême finesse de: son tissu, soit par l'absence des minéraux microscopiques hété- rogènes, qui abondent dans ces sortes de laves; 3°, Que si les trapps et les cornéennes sont des masses com- pactes composées de particules hétérogènes , comme on s’ac- corde à le croire, il n’est pas possible, du moins par les moyens que j'ai mis en usage, de constater directement quels sont les minéraux élémentaires, et notamment si l’amphibole est fré- quemment du nombre; | 4°. Enfin, que la nature et la finesse du tissu intime des trapps et des cornéennes, et l'impossibilité d’assigner leur composition: mécanique, ne permettent plus de les confondre avec les pâtes: hthoïdes , basaltiques ou pyroxéniques. ( 58 ) | | Ainsi en rapprochant ces résultats de ceux obtenus dans ja première partie de mes observations , il demeure constant, non- seulement que les laves lithoïdes contestées sont analogues aux laves lithoïdes modernes, mais encore que les unes et les autres ne ressemblent point aux roches primitives, intermédiaires où secondaires, auxquelles on a prétendu jusqu’à présent qu'il falloit les assimiler, ou dont ona pensé qu’elles tiroient leur origine. Je ne puis me dispenser de faire remarquer l'heureuse coïn- cidence de ces conclusions avec celles que Dolomieu a déduites de sa belle observation sur les circonstances .qui caractérisent le gisement des matières volcaniques incontestables de l'Auvergne et du Vivarais (1). Cette observation, la pius mémorable, la plus importante et surtout la plus avérée de toutes celles qu’on à faites en Géologie depuis trente ans, nous a appris que les matières volcaniques du Vivarais et de l'Auvergne se sont fait Jour à travers une contrée qui est toute granitique, sur une étendue de près de quatre cents myriamètres { 1600 lieues) carrés. Or Dolomieu en combinant ce grand fait avec l’en- semble des phénomènes produits par les volcans brûlans et les tremblemens de terre, a été conduit à cette conséquence, digne d'une entière attention de la part des géologues, savoir, que le siége des feux soutérrains résidé#t par toute la terre sous les couches primordiales que nous regardons comme les plus an- ciennes ; de mon côté, je prouve directement que les laves anciennes et modernes n’ont point d’analogues, non-seulement parmi les roches primordiales , mais encore parmi les roches intermédiaires ou secondaires, notamment celles qui renferment, sous différentes formes et en différentes proportions, des prin- cipesinflammables, sulfureux, métalliques ou bitumineux (2). (1) Voyezlesdétails de cette observation, Journal des Mines ; n° {1 et 42, vol. VIT, pag. 385, et n° 69, vol. XII, pag. 221. (2) De tous les. faux rapprochemens auxquels les ressemblances de colora- ‘tion, l’uniformité apparente du tissu, les analogies de certains caractères ex- “érieurs, et surtout la présence ou le voisinage d’un principe inflammable quelconque ont donné lieu, le plus accrédité , c’est celui qui conduit à placer les foyers volcaniques dans les plus grandes profondeurs des terrains houillers. Cette opinion a été facilement combattue par plusieurs minéralogistes. J’ai voulu moi-même contribuer à l’infirmer directement , lorsque j’ai publié dans notre Journal des Mines (n° 156, vol. XX VI, pag. 401) les observations que j'ai faites avec soin dans les kouillères embrasées du‘ pays d’Aubin , départe- ment de l’Aveyron, en remplissant dans ce-pays mes: fonctions d’ingénieur ( 39 ). -Ces notions remarquables, sans avoir le même degré de ceï- ütude, se prêtent un mutuel appui ; elles sont en harmonie avec tout ce que j'ai encore à exposer. Elles tendent sans doute à nous replacer dans une obscurité profonde à l'égard des matières qui servent d’aliment aux éruptions volcaniques ; mais l’aveu de notre 1gnorance, motivé sur l'existence d’un ordre de faits po- silifs absolument nouveau , pourra parôître préférable à des ana- Jogies imaginaires, et à des hypothèses dont la stérilité a été jusqu'ici le moindre inconvémient. CHAPITRE CINQUIÈME. Examen des Pâtes indéterminées qui composent les Scories volcaniques de tous les âges. Je comprends sous le nom de pâtes scorifiées, les matières boursoufflées rouges, brunes , jaunes, grises, verdâtres et noires, nommées scories par presque tous les minéralogisies ; la pierre pPonce où pumite, la lave vilreuse pumicée et la scorie blanche, La plupart des variétés qui composent celte grande section pa- roissent inconnues à M. Werner, et n’ont point de place dans sa méthode (1). On ne voit effectivement figurer däns cette du Corps Royal des Mines. Mes ‘expériences sur les pâtes lithoïdes achèvent de faire justice de cette opinion. Il faut convenir qu’elle étoit bien peu soute- mable , car elle reposoit implicitement sur des suppositions contraires à deux. grandes lois de Physique et de Chimie, celle qui préside à la combustion en gé— néral, et celle que suit la propagation de la chaleur dans les corps non mé talliques. (1) Telles sont les ponces, vertes et.blanches des volcans incontestables 3 comme celles du cratère qui termine le pic de T'énériffe , et les:scories de cou leurs foncées, si belles , si fraîches , si parfaitement fées , cordées, tordues et tourmentées , qui-alternent ou qui sont disséminées en tres-grande quantité aw: milieu des puissans sysièmes volcaniques démantelés qui occupent des espaces Si étendus en France, en lialie, en Sicile et dans beaucoup d’autres points de la surface de la terre. Lin Parmi les caractèresnombreux et irrécusables qui attestent l’origine de ces im menses systèmes , il faut noter que les lambeaux de courans lithoïdes qui s’# trouvent inclus sont constamment accompagnés. de leurs croûtes scorifiées inférieures et supérieures , tantôt intactes, tantôt foiblement altérées dans leur tissu intime , mais non déformées ; tantôt enfin plus ou moins décomposées et affaissées : ce nouveau caractère est général ; je le signale à l'attention des obr seérvaleurs. . Si on compare , du reste, les tres-petits lambeaux basaltiques de la Saxeà ces: grands systèmes classiques, on reconnoît que ces lambeaux nesont qu’un cas tout-- | ( 40 ) méthode que la scorie volcanique récente et la pierre ponce des formations trappéennes, qui est censée non volcanique. Considérées sous le point de vue de leur gisement, les pâtes scorifiées appartiennent, soit aux courans de laves de toutes es- pèces, soit aux déjections incohérentes consolidées ou- encore meubles. Les unes enveloppent les courans dans toute leur éten- due ; elles sont le premier produit de la coagulation , et forment une écorce continue qui est souvent très-épaisse à la surface supérieure de la lave, et quelquefois très-mince (ayant moms d’un centimètre, ou six lignes) à la surface inférieure. Les autres se présentent en fragmens plus ou moins volumineux, tantôt dispersées dans Les tufs et les brèches, tantôt amoncelées en cou- ches coniques et concentriques autour des orifices volcaniques, et tantôt entassées sous forme d'assises ordinaires , plus ou moins meubles, et communément mêlées de cendres. On sait que les laves lithoïdes poreuses ne se conservent pas aussi parfailement intactes que les laves lithoïdes massives; les pâtes scorifiées sont en général bien plus accessibles que les unes et les autres aux effets de la décomposition. Leur perméabilité les rend facilement altérables. T'antôt elles se résolvent en poudre plus ou moins aride, semblable à la cendre ou thermantide pul- vérulente , tantôt elles se changent en une sorte de wacke par- ticulière ; elles donnent ainsi deux sortes de produits nouveaux, que j'examinerai chacun en son lieu. Malgré cette facile dispo- àa-fait particulier du même genre , que leur isolement , leur tres-foible étendue , leur très-mince épaisseur , leur composition simple , la destruction de l’écorce scorifiée supérieure du basalte, et la décomposition très-ayancée de l’écorce in- férieure , rendent presque anomal. Il faut que M. Werner soit parti de ce cas particulier et de quelques autres cas analogues , lorsqu'il a composé sa for- mation trappéenne stratiforme (flætz-irapp), car l’on est forcé de reconnoître que les conditions qu’il en donne sont tres - incomplètes et tres-imparfaites , lorsqu'on veut en faire l’application aux puissans terrains volcaniques déman- telés, situés loin de l’Allemagne , qui appartiennent à l’époque dont ce celebre minéralogiste a eu intention de caractériser les produits ; il manque vraiment un si grand nombre d’élémens essentiels à ces conditions , que des qu’onessaye de les compléter, en ayant égard aux circonstances classiques dont M. Werner n’a pu tenir compte faute de les connoître, on voit, malgré soi, l'hypothèse d’une formation trappéenne stratiforme générale s’évanouir entièrement. Je W’ai pas besoin de faire remarquer que mes expériences sont des élémens encore plus positifs, quoique d’un autre ordre, qui concourent au même but, et qui tendent en outre à infirmer presque aussi complètement l'hypothèse des forma- tions trappéennes des époques plus reculées, sition D (4) sitionà s’altérer, on les trouve quelqu fois intactes dans les terrains volcaniques les plus anciens. Dolomieu , et plusieurs autres observateurs, ont divisé les pâtes scorifiées colorées en scories pesantes et scories légères, mais sans motiver ces distinctions par des caractères minéralogiques suffisamment tranchés : on verra cependant qu’elles étoient bien fondées. N'ayant trouvé aucune différence de tissu intime et de com- position mécanique entre les pâtes scorifiées intactes apparte- nant aux quatre époques volcaniques que J'ai précédemment définies, je vais rendre compte de mes expériences sans distinc- tion d'âge. Je rappellerai seulement que, devant les considérer exclusivement sous le point de vue minéralogique, j'en ai étudié la pâte abstraction faite des formes extérieures, des accidens de boursoufflement, des cristaux apparens disséminés, et des fragmens hétérogènes accidentellement enveloppés. Les pâtes scorifiées fondent en général plus facilement que les pâtes lithoïdes analogues; les caractères de fusion, dont Je renvoie le détail dans la table, ainsi que celui des autres expé- riences , les caractères de fusion, dis-je, établissent deux genres distincts, savoir : celles qui fondent en verres blancs ou légè- rement colorés, et celles qui fondent en verres de couleur noire ou d'un vert noirâtre. J’ai trouvé d’ailleurs que la composition mécanique s’accordoit avec les caractères extérieurs, pour sub- diviser chaque genre en trois sortes, qui sont, les scories gru- meleuses, les scories pesantes et les scories légères. Les premières ne méritent d’être rangées parmi les pâtes sco- rifiées qu’à raison des aspérilés tranchantes de leurs surfaces naturelles et de leur porosité ; elles sont remarquables par l'aspect lithoïde de la matière dont elles sont formées; elles tapissent, soit en partie, soit en entier, les surfaces inférieures et supé- rieures des courans lithoïdes modernes. On les relrouve accom- pagnant de même les lambeaux des courans de lave, dans les terrains contestés, partout où elles n’ont pas cédé à la désagré- gation et à la décomposition. Examinées au microscope, elles paroiïssent entièrement com- posées de grains ou cristaux, un peu plus fins, mais aussi dis- tncts et aussi faciles à étudier que ceux des pâtes lithoïdes dont elles forment le revêtement; mais ces grains sont impar- faitement entrelacés, échaffaudés en quelque sorte les uns sur 6 les autres, et isolés en partie par des vacuoles nombreuses. Si on examine leur surface naturelle dans les vacuoles comme dans les cavités bulleuses des masses, on reconnoît qu’ils sont couverts d’un vernis léger, brillant et vitreux; mais cette matière vitreuse, qui paroît ici comme le résidu de la cristallisation pré- cipitée, est en trop petite quantité pour qu’à l'intérieur de la pâte on ne puisse la distinguer d’avec Ja matière même des grains, entre lesquels on peut présamer qu’elle est interposée. Les grains microscopiques des scories grumeleuses présentent les mêmes minéraux élémentaires, associés dans les mêmes pro- portions que les pâtes lithoïdes servant de support : tantôt c'est le pyroxène qui domine et tantôt le feld-spath. | Dureste, les caractères des scories grumeleuses perdent de leur. nelteté au point de contact avec la lave lithoïde massive, ou poreuse congénère ; on conçoit facilement qu’il existe une foule de masses qui présentent une structure plus ou moins mixte entre les structures lithoïdes et scoriformes parfaites. Les formes tourmentées, tordues et filées, des pâtes scorifiées pesantes, dénoncent les causes perturbatrices qui ont agi pen- dant la coagulation de la matière quien fait la base. Elles entrent, concurremment avec les scories grumeleuses,. dans la composi- tion des revêtemens inférieurs et supérieurs des courans de lave anciens et modernes; quelquefois même elles constituent ces revêétemens en entier. Elles forment en grande partie la masse des déjections incohérentes qui s'accumulent autour des orifices. volcaniques. | 3 | La pâte qui en fait la base, examinée dans sa cassure, pré- sente un aspect Intermédiaire entre l’aspect lithoïde et l'aspect vitreux, | Examinée au microscope, cette pâte paroît composée d’une substance vitreuse continue, dans laquelle sont disséminés des grains blancs, verts ounoirs, semblables à ceux des pâtes lithoïdes.. Le volume de ces grainé varie entre un vingtième et un cin- quantième de millimètre, quelquefois même ils ne figurent que comme des espèces d’ambrions; leur nombre est très-variable: le plus ordinairement ils forment le quart ou le sixième de la masse; lorsqu'ils abondent, la masse passe à la scorie gru- meleuse; plus ils sont rares, plus la masse prend l’aspect vitreux. Dans les scories rouges, la majeure partie des grains noirs ap- partient au fer oligiste ; ils sont accompagnés de particules rougeâtres et brunes, excessivement déliées, qu'il faut également (45) Tapporler à ce minéral, soit à cause de leur couleur, soit à cause de la teinte verte qu'ils communiquent par la fusion. Les éclats de la substance vitreuse élémentaire sont translu- cides et foiblement colorés de teintes. analogues à celles des masses auxquelles ils appartiennent, c'est-à-dire blanches, d’un blanc jaunâtre, blanc rougeâtre, brun rougeâlre, ou vert noi- râtre. Sur le filet de disthène ils fondent un peu plus facilement que les grains inclus, et présentent d'ailleurs tous les caractères du verre volcanique. Les caractères. de fusion ne permettent pas de douter que les élémens prochains du feld -spath et du pyroxène ne dominent “dans les parties vitreuses des scories pesantes, en proportions analogues à celles des grains microscopiques de l’une ou l’autre espèce qui s’y trouvent disséminés. Cette induction , à laquelle rien ne répugne d’ailleurs, paroîtra tout-à-fait probable lorsque J'aurai traité des verres volcaniques. Elle est en harmonie avec le mode suivant lequel les scories pesantes se lient avec les masses lithoïdes congénères, partout où elles leur sont en contact; en effet , La liaison s'établit par un passage insensible entre les deux- espèces de structure intime. Les pâtes Scorifiées légères se trouvent rarement associées aux deux autres sortes dans les revêtemens supérieurs et inférieurs des Courans lithoïdes. On les trouve plus communément mêlées en fragmens avec les scories pesantes, dans le voisinage des orifices volcaniques; ou bien elles constituent, sous forme lapillaire , des Couches très-étendues. Ce sont elles encore qui composent ex- clusivement l'écorce des courans absolument vitreux, qu'on ob- serve dans un petit nombre de volcans. Elles jouissent plus spé- cialement que les deux autres sortes, de la faculté de se conserver intactes, même dans les terrains volcaniques contestés les plus anciens. Soumises à l’analyse mécanique , elles offrent un tissu uni- forme , dont tous les caractères sont aualogues à ceux des verres volcaniques de couleurs correspondantes, préalablement réduites en poudre. On reconnoiît notamment , que les scories noires opaques ne présentent cet aspect qu’à raison de leur volume: leurs éclats très-minces sont translucides, tantôt d’un brun jau- nâtre , tantôt d’un vert bouteille. Les fibres de la scorie blanche, où pierre ponce, ressemblent à des filamens de verre blanc or- dinaire, droits ou contournés, cannelés ou cylindriques. La ténuité ÊE, (44) de ceux qui sont parfaitement soyeux passe souvent un ciu- quantième de millimètre. | | Les différentes pâtes de scorie légère renferment des grains noirs de fer titané et des rudimens rares de feld-spath ou de pyroxène, auxquels s'associent l’amphigène et le péridot; par leur présence, ces minéraux sont comme les derniers témoins qui servent à prouver la -nature des combinaisons chimiques dont les pâtes scorifiées légères contiennent lesélémens prochains, et quels-eussent été les produits dominans de l'agrégation ré- gulière, si elle l’avoit emporté sur lagrégation vitreuse. La notion minéralogique de chaque sorte de scorie est facile à déduire de ces observations; mais on voit que leur place, dans les méthodes, ne peut être assignée que par convention ,à la suite: soit du pyroxène, soit du feld-spath. Quant à la nomenclature, je réunis sous le nom de pumite les scories feld-spathiques , c’est-à dire qui fondent en verre blanc ou légèrement verdâtre, et je conserve le nom de scorie proprement dile, aux sortes pyroxéniques , c’est-à-dire qui fondent en verres où émaux noirs, ou d'un vert foncé. Les modifications du tissu et de la com- position mécanique marquent trois subdivisions naturelles, soit pour la scorée, soit pour la pumite : ce sont celles que J'ai employées ci dessus, Des variétés nombreuses seront aisément désignées, en prenant en considération les accidens de furme et de boursoufiflement. | Considérées géologiquement , les différentes variétés de score et de pumite peuvent être définies comme des produits mixtes de l’agrégation régulière et de l’agrégation vitreuse, ayant agi simultanément pendant le refroidissement de la matière des Javes ; produits qui, indépendamment d’une substance vitreuse dont la nature est présumée d’après de très-grandes probabilités, renferment des minéraux microscopiques plus ou moins abon- dans , qui appartiennent à des espèces déterminées et de même nature que celles dont les pâtes lithoïdes sont entièrement formées. En d’autres termes, la pâte qui compose la pumite et la scorie est tantôt un granite microscopique criblé d’un grand nombre de vacuoles et mélangé d’un peu de verre, tantôt un porphyre microscopique à base de verre boursoufilé, tantôt un verre ou émail mêlé de cristaux nricroscopiques assez rares et rempli de cavités très-déliées. Ces définitions de la structure intime et de la composition mécanique des diflérentes variétés de la scorie et de la pumite (45) paroîtront à peine remarquables à raison de leur extrême sim- plicité ; mais les applications sont importantes; J'en choisis l’exem- ple suivant à cause de l'intérêt plus général qu'il peut offrir. Les voyageurs qui ont visité les volcans, brûlans ont été frappés de la stérilité invincible de certains courans de lave qui datent des temps historiques les plus reculés. Ils se sont étonnés de voir en même temps des courans, pour ainsi dire modernes, parés de la plus riche végétation ; malgré tout ce que ce phénomène a de singulier, personne n’en a donné lexplicalion ; je crois pou« voir la trouver dans la différence qui doit exister entre le tissu intime des croûtes scorifiées superficielles. Je puis citer, à ce sujet, l’état actuel de la surface du superbe courant basaltique de 1705 à T'énérifle; c'est une scorie grumeleuse proprement dite qui compose l'écorce supérieure de ce courant; elle est déjà en partie désagrégée et décomposée, et la végétation spôn- tanée commence à envahir ses débris. On conçoit en effet, que des masses formées de parties hétérogènes très-fines, criblées d’un grand nombre de vacuoles, et renfermant en abondance la substance le plus facilement allérable de tous les terrains, c'est-à-dire le feld-spath, puissent tomber en poudre et se ré- soudre en terre végétale beaucoup plus promptement que des croûtes presque entièrement vitreuses, sur la matière desquelles agens atmosphériques ont nécessairement peu de prise et peu action. CHAPITRE SIXIÉME. Examen des Pâtes indéterminées qui composent les Laves : vilreuses de tous les &ges. Sous le nom de verres volcaniques, je confonds les laves vi- treuses de Dolomieu, une grande partie de celles de M. Haüy, les laves vitreuses fontiformes, théphriniques et pétrosiliceuses de M. Delamétherie; l'obsidienne de M. Werner, quelques va- riétés de la base de son pechstein porphyrique, qui ne contient pas de quartz, le perlstein ; enfin les obsidiennes rouges smalloïdes, que Depuch et moi avons trouvées à Ténériffe. Er De toutes les bases indéterminées, ce sont les verres volea- niques qui se représentent avec les traits de lidentité la plus. parfaite, dans les terrains volcaniques de tous les âges; l'imper- méabilité du tissu intime rend un grand nombre de variétés presque inaltérables. À ne cousulter que Les préjugés anciens, on devroit croire que: me ( 46 j les laves vitreuses occupent une place très-étendue parmi les roches volcaniques, mais il n’en est pas ainsi. Elles sont rares, même dans les volcans brûlans. On les trouve plutôt en frag- mens parmi les déjections incohérentes, que composant des cou- rans entiers, On sait que les plus beaux gisemens sous cette der- nière forme sont à Ténériffe, et qu’ils proviennent des éruptions modernes qui ont élevé le mamelon du pie. Ce mamelon lui- même est exclusivement composé d’obsidienne porphyrique et de punute (1). | On pourra voir, dans la table de mes expériences, que Je n'ai point confondu les verres volcaniques avec les substances d’ap- parence vitreuse ou piciforme, désignées sous les noms de re- linile, pechstein ou gæstein. Il paroît, d'après les expériences de M. Sage, que ces substances contiennent de l'eau en très- grande quantité; en outre, elles renferment souvent du quartz disséminé en grains très-apparens, On les trouve en un très-petit nombre de localités, où leur gisement n’a rien d’avéré. Je mai pas cru devoir en faire l’objet d'un examen comparatif, Quelle que soit lopacité ou la translucidité des verres volca- niques , leur couleur rouge, brune, noire, verte, griseou blanche, et leur tissu plus ou moins uniforme, ils fondent tous, soit en verre blanc ou légèrement coloré, soit en verre noirâtre foncé, ce qui les partage en deux genres distincts, Les caractères extérieurs, ainsi que l’analÿse mécanique , sub- divisent chacun de ces deux genres en trois sortes, savoir : les verres imparfaits , les verres smalloïdes et les verres parfuits. Les premiers, qu'on pourroit aussi bien nommer pâtes li- thoïdes imparfaites., à raison de leur aspect demi-vitreux, sou- a ————_—_—_——— "mL (1) À cette occasion , je ne puis me dispenser de relever une des plus singu- lières méprises dans lesquelles hypothèse des formations trappéennes ait en- trainé une partie des minéralogistes du Nord. Reuss, après avoir supposé avec M. Werner, quepresque toutes les poncesontuneorigine diteaqueuse, et que l’ob- sidienne porphyrique est une roche primitive , embarrassé de citer une localité où le gisement de cette prétendue roche primitive fût avéré, s’est décidé à donner comme exemplele pic de T'énériffe, Certes, lorsque Wallerius et Berg- mann ont élevé des doutes sur l’origine des roches basaltiques anomales , 11s ne prévoyoient guère qu'on pousseroit un jour l’incrédulité systématique jusqu’à méconnoître l’origine des laves qui forment la bordure immédiate des orifices volcaniques encore fumans , et qui en sont les produits les plus incon- testables, : | | (47) mis au microscope, s'y présentent formés d’une matière vilreusé dans laquelle sont disséminés des rudimens plus ou moins com- s e ° ° à s we plets de cristaux , ou grains MmIcroscopiques. Ces grains, de mêmes couleurs et de la même nature que ceux des pâtes lithoïdes, l'amphibole et le fer oligiste exceptés, ont ordinairement le même volume. Ceux qui sont colorés se distinguent très- nettement ; mais il faut de l'attention pour ne pas confondre les autres avec la pâte vitreuse , lorsque celle-ci est réduite en très petits éclats. Les verres volcaniques parfaits exposés au microscope, y conservent l’uniformité apparente de leur tissu. On y. apercoit seulement quelques grains trés-rares de fer titané; les verres smalloïdes ou piciformes ne différent des premiers que par l'in- tensité de leurs couleurs et de leur opacité; réduits en fragmens très-minces, 1ls deviennent translucides et affectent des couleurs claires. Les très-petits éclats translucides et incolores qu’on ob- tient en brisant un assez grand nombre de variétés de l’une et Pautre sorte, ne présentent jamais la transparence cristalline des , P ] fragmens de feld-spath, et les modifications régulières de leur cassure. [ls fondent un peu plus facilement; du reste, il faut du soin pour ne pas se méprendre au premier aspect. Je ferai remarquer maintenant, que dans les sortes qui fondent en verre blanc ou légèrement verdâtre, on trouve souvent des cristaux apparens à la vue simple, de feld-spath et rarement de mica ; on y rencontre aussi, mais comme accidentellement, les autres minéraux volcaniques; c’est au contraire le pyroxène ac- compagné du péridot, qui donnent l'aspect porphyrique aux sortes qui fondent en verre de couleur très-foncée. On conçoit que, d’après la composition mécanique des pâtes vilreuses 1mparfaites, il doit exister une foule de variétés in- termédiaires , dont le. tissu s'approche plus où moins, soit de la structure tout-à-fait lithoïde, soit de da structure entièrement vitreuse, suivant l'abondance ou la rareté des cristaux micros- copiques disséminés. C’est effectivement ce qu’on verroit dans une collection nombreuse et bien faite de ces produits, La na- ture réunit quelquefois dans le même bloc de lave, ancienne ou moderne, ces trois structures d'apparence si différente, se conlfondant insensiblement l’une avec l’autre à leurs points de contact, Ce fait important, si commun au contact des pâtes sco- rifiées avec les pâtes lithoïdes, mais qui s’y ilrouve masqué par les apparences dues à l’abondance des: vacuoles microscopiques a A . ? LE et à l'extrême boursoufflement, est encore peu connu. J'ai été (48) assez heureux pour en découvrir deux exemples, aussi remar- quables par l'étendue qu'ils occupent, que par la nature des pâtes composantes, en deux localités des volcans éteints incon- testables, de l'Auvergne et dn Vivarais; localités dont Je don- nerai la monographie dans un Mémoire particulier. Il y a long-temps que les résultats de l’analyse chimique et de la fusion, la comparaison des pesanteurs spécifiques et l'étude des caractères empiriques, ont porlé les minéralogistes à pré- sumer que les pâtes vitreuses qui fondent en verre blanc con- tenoient les élémens prochains da feld-spath ; opinion qui devient tout-à-fait probable d’après mes expériences ; mais 1l ÿ a peu de temps que l’on connoiît les pâtes vitreuses fondant en verre noir. C’est à M. Delamétherie et à M. de Drée qu’on en doit les premières annonces; on peut dire que ces dernières sortes auroient manqué à la série méthodique des pâtes volcaniques; à l'avenir elles joueront un rôle remarquable, En effet, les deux exemples de passages immédiats dont j'ai annoncé ci-dessus la décou- verte, présentent a éransition parfaite du verre noir au ba- salte le plus dense et de l’origine la plus incontestable. On voit, d’après ces données, que les notions minéralogiques et géologiques qu’on doit admettre désormais à l'égard des verres volcaniques, sont analogues à celles qui caractérisent les pâtes scorifiées légères, pesantes et grumeleuses; à la vérilé les apparences produites , soit par l’absence ou l’abondance des va- cuoles microscopiques , soit par l’extrème boursoufilement, soit par les formes extérieures des masses, soit par l'opacité ou la transparence de Ja matière vitreuse, défigurent singulièrement les verres volcaniques dans la scorie et la pumite; mais la com- position mécanique des uns et des autres offre tous les carac- tères de l'identité. | re | | Les verres volcaniques sont donc ou pyroxéniques, ou feld- ‘spathiques, à la manière des pâtes scorifées. Îls ne peuvent ‘avoir, dans les méthodes minéralogiques, que des places de con- ‘Yention, à la suite, soit du feld-spath, soit du pyroxène. Quant à la nomenclature, je conserve le nom d’obsidienne aux sortes qui fondent en verre blanc ou légèrement coloré, et Je donne le nom de gallinace aux sortes pyroxéniques , c'est-à-dire qui fondent en verres où émaux d’une couleur noire, ou vert noi- râtre foncé. Les distinctions de parfaite, de smalloïde et dim parfaite, partageront la gallinace et Pobsidienne chacune en trois ‘subdivisions naturelles. Les variétés principales seront facilement établies d’après les accidens de forme, d’éclat et d'opacité. Je (49 ) | Je terminerai ce que j’avois à dire sur les différens produits de la coagulation de la matière des laves que j'ai examinées jus- qu'ici, en faisant remarquer que mes résultats jettent un jour out-à-fait nouveau sur les expériences qu'on a tentées il y a. déjà quelques.années, en soumettant à la fusion artificielle, et à des refroidissemens gradués, plusieurs substances, soit vol- caniques, soit non volcaniques, douées du tissu compact ou terreux. D’après mes observations, on peut maintenant discerner très- clairement cé qui a manqué aux belles expériences de M. Hall pour en rendre les conséquences absolues. On voit qu’il eût fallu, avant toute chose, que M. Hall eût défini la structure intime et la composition mécanique des substances qu’il a employées, celles des cristallites qu’il a obtenues. Les mêmes lacunes se trouvent dans les expériences ingénieuses tentées par M. de Drée, dans l'intention de prouver que la fu- sion artificielle des trapps et des cornéennes pouvoit produire des laves basaltiques. Voici donc comment je crois être autorisé à marquer l'état ac- tuel de cette partie de nos connoissances. On peut bien assurer que certaines substances douées du tissu terreux ou compacte (quelle que soit d’ailleurs leur origine) peuvent, après avoir été artificiellement fondues, se solidifier à la manière des laves in- candescentes, tantôt avec la contexture vitreuse , tantôt avec la contexture lithoïde, et tantôt avec une contexture mixte; mais 1l reste à démontrer, qu’en cas d’agrégation régulière ou lithoïde, l'art reproduit bien réellement , dans les cristallites obtenues, les minéraux microscopiques dont se composoient, ou sont censées se composer les masses compactes ou terreuses mises en ex- périence. Quant aux laves lithoïdes en particulier, comme leurs minéraux élémentaires sont très-différemment fusibles, et souvent presque infusibles , il est évident qu’essayer de les réagréger après la fusion, c'est, à quelques différences près, vouloir refaire du granite ordinaire. | Je suis bien loin, au reste, d’avoir intention de diminuer, par ces considérations, le mérite des expériences de M. de Drée et de M. Hall. Ces observateurs ont, ainsi que M. Fleuriau de Bellevue, M. Watt, M. Dartigues, M. Fourmi et Spailan- Zani, qui ont fait des recherches analogues , ouvert un nouveau champ à la Chimie, en démontrant que son pouvoir pour créer 7 (50 ) des minéraux artificiels (x) par la voie sèche, s’étendoit aussi aux combinaisons des principes terreux ; ils ont enrichi la Science géologique d’une source d’analogies nouvelles, qui ont aidé à concevoir, jusqu'à un certain point, les diflérens eflets de la coagulation des laves, bien qu’on ne fit entrer en con- sidération que la simple influence du mode de refroidissement, et la notion très-imparfaite de leur nature et de leur état d’agré- gation, Maïntenant que mes expériences définissent rigoureuse- ment, non-seulement ce qu’il s’'agissoit d’expliquèr, c’està-dire l’état d'agrégation, mais encore ce qu’on n’expliquoit pas faute de s’en être rendu compte, c’est-à-dire la composition méca- nique, on pourra plus facilement chercher à rendre les ana- logies plus exactes, en faisant des expériences plus directes et combinées de manière à ce que les résultats puissent satisfaire aux conditions désormais bien connues du phénomène; mais (1) De quelque manière que la Chimie agrège les corps simples et les com- binaisons diverses qu’elle obtient en décomposantles substances minérales natu- relles, les produits solides obtenus seroiént plus nettement définis par le nom de minéraux artificiels, que par celui de produits chimiques. Un grand nombre de ces minéraux , que j'appelle donc artificiels , ne peuvent être agrégés sous forme de corps solides que par la voie sèche, c’est-à-dire par la simple sous- traction d’une certaine quantité de chaleur acquise, tels sont les métaux, plusieurs oxides , et beaucoup de sels volatiles. D’autres n’obéissent à l’agré- gation régulière que par la soustraction d’un liquide interposé, condition à laquelle il faut ajouter , en beaucoup de cas, la soustraction d’une certaine température acquise ; tels sont les sels solubles. Quant aux sels insolubles et aux combinaisons terreuses , on ne les obtient que sous forme de particules in- discernables , tantôt pulvérulentes, tantôt foiblement adhérentes , tantôt con- fusément agrégées à l’état de verre ou d’émaux. Jusqu’à présent les efforts de la Chimie ont été vains pour donner à ces minéraux artificiels vitreux, friables ou pulvérulens , l’exisience de corps régulièrement agrégés , c’est-à-dire pour en faire des cristaux. Elle n’échoue pas moins , lorsqu’après avoir dissous les élémens des substances pierreuses naturelles, elle veut les réagréger sous leur forme première , ou simplement avec leur tissu cristallisé originaire. Son impuissance est d'autant plus remarquable , qu’elle opère facilement la réagré- gauon régulière d’un grand nombre de minéraux naturels, métalliques, salins ou sulfureux. On ne doit donc pas s’étonner de la grande importance qu’on a attachée à la découverte de plusieurs combinaisons terreuses cristallisées au mileu des produits vitreux des fours à chaux, des verreries et des foyers de forge. M. Fleuriau de Bellevue est le premier et le seul savant qui se soit occupé du soin de déterminer les caractères spécifiques de cette classe encore peu nombreuse de minéraux artificiels. Ses recherches à ce sujet, et les ana lôgies qu’il en a déduites , offrent un puissant intérêt , et se trouvent consignées dans un grand Mémoire imprimé au Journal de Physique, 16809, tome LX, pag. 409. { 5x ) pour obtenir de tels résultats, il faudra sans doute inventer des procédés nouveaux ; il me semble, du moins, qu'il seroit pré- liminairement convenable d'étudier et de déterminer avec “exactitude la nature et le rôle, non-seulement des substances volatiles qui s’exhalent pendant le refroidissement des laves, mais encore des matières salines qui se séparent et se concrètent, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur des courans, et que les pre- mières eaux filtrantes dérobent si promptement à l'observateur: ces recherches paroissent indispensables. à beaucoup d’autres égards; le moindre succès qu’on obtiendroït en s’y livrant auroit d'autant plus de prix pour la science , que les difficultés à vaincre sont très-grandes, et que les hommes les plus habiles y ont échoué jusqu’à présent. | | CHAPITRE SEPTIÈME. ÆExarmen des Cendres volcaniques outhermantides pulvérulentes de ious les &ges. LES substances pulvérulentes que je désigne sous le nom de cendres volcaniques, ont été ainsi nommées par la plupart des minéralogistes; M. Haüy en fait une variété de ses therman- üdes; M. VVerner réduit le nom de cendres volcaniques aux produits pulvérulens des éruptions historiques, ignorant proba- blement qu’il existe des matières identiquement semblables, soit dans les couches formées par les volcans éteints incontestables, soit dans les grands systèmes classiques de terrains volcaniques démantelés; ce célèbre minéralogiste n’a donné aucune place à ces matières dans sa nomenclature et sa méthode. ; _ Les cendres volcaniques composent, avec les sables, les graviers et les fragmens variés fournis par les projections incohérentes, plus de la moitié des produits rejetés par les éruptions. Tantôt elles se trouvent dissém:inées dans les amas ou lits formés de ces fragmens, de ces graviers et de ces sables; tantôt elles com- posent exclusivement des couches très-étendues. Je range aussi parmi les cendres, les matières pulvérulentes qu’on observe très- souvent mélangées avec les croûtes scorifiées grumeleuses des courans lithoïdes, J'e ne saurois décider si ces dernières matières pulvérulentes sont contemporaines à la coagulation des courans, et si elles ont été produites par l'effet d’un extrême boursouflle- ment de la lave composante, ou bien si elles sont un premier résultat de la désagrégationlentedes croûtes scorifiées, comme cela paroît au reste probable en beaucoup de cas. Ge que J'ai reconnu, 134 Pa ( 52 ) c'est que leur aridité jointe aux autres caractères, ne permet pas de les distinguer des cendres de projection. De tous les produits rejetés par les volcans, cesont les cendres qui recoivent les plus promptesaltérations; on en a de beaux exemples dans les fouilles de Pompeii et d'Herculanum; malgré cette fa- cilité à s’altérer , onles retrouve quelquefois intactes jusque dansles terrains volcaniques contestés trés-änciens ; je ne traiterai ici que de celles dont la parfaite conservation n’est pas douteuse. Elles sont aussi curieuses à examiner au mieroscope que faciles à définir. On reconnoît sans peine qu’elles sont formées de par- ticules hétérogènes très-distinctes, et que les nuances si variées de leurs caractères extérieurs, proviennent des analogies que ces particules peuvent avoir avec les substances élémentaires qui entrent dans la composition des pâtes lithoïdes, vitreuses ou scorihées; elles en contiennent en effet tous les principes désagrégés. ou réduits en poudre; mais il s’en faut de beaucoup que les mélanges soient infinis : non-seulement ces mélanges pa- roissent constans dans une même couche, maisils se reproduisent fréquemment dans des couches différentes. Quels que soient, au reste, le mode d’association, la localité et l'âge des couches, l’identité des substances minérales élémentaires qu’on trouve dans les unes comme dans les autres, est si frappante, que je n’en rapporterai qu'un petit nombre d'exemples dans la Table géné. rale de mes expériences. È Pour faire l’analyse rigoureuse et complète des cendres vol- caniques , il est indispensable de lotir préalablement les parti- cules composantes, suivant l’ordre des volumes, à l’aide de lavages. On reconnoît, au moyen de cette opération, que la ma- jeure partie des grains composans ont une grosseur variable entre un trentième et un cinquantième de millimètre; la grosseur eut s'élever à plus d’un dixième de millimètre, ou diminuer jusqu'au-delà d’un centième. Ces variations permettent de déter- miner plus facilement la nature des substances minérales élémien- taires. Les espèces les plus abondantes sont, le feld-spath, le pyroxène, la gallinace (ou verre pyroxénique) et l’obsidienne (ou verre feld-spathique), ensuite le péridot, lamphigène, et très-rarement le mica et l'amphibole, Le fer titané s’y rencontre constamment avec ses propriétés extrêmement saillantes. En outre, parmi les grains les moins fins, on observe des fragmens entiers, soit de pâtes scorifiées, soït de pâtes lithoïdes. S1 on étudie les caractères extérieurs des principaux mélanges, L ie | (55) on les voit s’accorder avec les résultats de l'analyse mécani- que, c’est-à-dire avec la prédominance des quatre espèces de Substances composantes que j'ai nommées les premières. Quant ‘au caractère essentiel, celui qui se tire de la fusion , on ne peut apprécier convenablement que de la manière suivante. Il faut d’abord purger la cendre des parties attirables, la porphyriser,. en fixer la poussière, soit sur le filet de disthène ou sur le char- bon, et puis déterminer les propriétés du bouton vitreux obtenu au premier coup de feu. Ainsi essayées, les cendres se partagent en deux genres très-distincts, celles qui fondent en verre blanc rarement piqué de points verts, et celles qui fondent en verres où émaux de couleur noire, ou d’un vert noirâtre plus ou moins foncé. Chacun de ces deux genres se subdivise naturellement en {rois sortes, suivant que le mélange abonde, soit en cristaux microscopiques, soiten parties vitreuses, ou bien qu’ilenrenferme des quantités à peu près égales. | D'après ces données, les cendres volcaniques peuvent être minéralogiquement définies , savoir : les nes comme du feld- Spath pulvérulent, ou du verre feld-spatique en poudre, mêlé d’une très-petite quantité de particules hétérogènes déterminées ; les autres, comme du pyroxène pulvérulent, ou du verre pyroxé- nique en poudre, mélangé d’une très-grande quantité de parti- cules hétérogènes connues. Ce n'est donc que par convention qu'on peut leur assigner une place dans la méthode. La déno- mination de thermantide pulvérulente tenant à des considérations géologiques, étrangères au nouveau point de vue sous lequel j'estime que les cendres doivent être envisagées désormais, je crois qu’il est convenable de la réserver. à des applications plus confôrmes à son étymologie; en conséquence je donne le nom de cinérile à la cendre pyroxénique , et celui de svodite à la cendre feld-spathique. Je partage la spodite et la cinérite en trois subdivisions fondées sur la composition mécanique, et qui sont pour chacune, la vitreüse, la semi-vitreuse.et la cristallifère : les couleurs serviront à établir les variétés principales. Sous le rapport de la définition géologique, les cinérites et les spodites doivent être regardées comme des sables microsco- piques hétérogènes, formés des mêmes espèces de minéraux. élémentaires que les pâtes lithoïdes, vitreuses ou scorifiées, et: présentant des associations à peu près semblables, au milieu’ desquelles les caractères de fusion indiquent assez nettement la: prédominance des parties feld-spathiques ou pyroxéniques. Du: (54) este, je n’ai pas besoin d’insister pour faire sentir qu’il doit exister un assez grand nombre de sous-variétés intermédiaires, soit entre les différentes variétés de spodite et de cinérite, soit entre ces mêmes variétés et les sables des déjections incohé- rentes. * J’avois pensé que je trouveroiïs les débris des roches traversées par les éruptions , plus abondamment répandus dans les matières pulvérulentes que dans les autres produits des projections in- cohérentes; mais J'ai eu lieu de reconnoître que Je m'élois trompé, et ceci est remarquable rélativement à la question des percées volcaniques. Gette partie accessoire de mes recherches avoit un second but. En certaines localités, on trouve des frag- mens projetés, qui, sous le rapport de la composition et de la contexture, n’ont d’analogues rigoureusement correspondans dans aucun terrain, mais qui se rapprochent tantôt des roches pri- mitives granitiques, tantôt des roches volcaniques granitoïdes où porphyriques. Ces fragmens accidentels sont en grande partie composés de minéraux volcaniques ; mais de plus, on y observe; ainsi que dans les sables formés de leurs débris, plusieurs subs-" tances particulières en petits cristaux souvent entiers. On re- marque encore dans les fissures et les boursoufflures de certaines laves lithoïdes, différentes substances cristallisées particulières, qui paroissent contemporaines à la coagulation, à raison de ce qu'elles s'étendent à quelque distance dans l’intérieur de la pâte; parmi tous ces minéraux accidentels, les uns sont connus depuis long- temps, parce qu'ils ont un volume assez notable; les autres, beaucoup plus rares, ont été successivement trouvés ou décrits par MM. Fleuriau de Bellevue (1), Thompson, l'abbé Gismondi, (1) M. Fleuriau de Bellevue , dans un Mémoire imprimé 1l y a seize ans au Journal de Physique, tome LI, a développé des recherches très-délicates et . très-heureuses, faites par lui sur plusieurs de ces minéraux ainsi que sur la gangue de ceux qu’on trouve à Capo di Bove, dans les Etats romains. Cette gangue , d’après mes résultats, se trouve au nombre des pâtes lthoïdes de composition anomale ; mais cette circonstance n’ôte rien au mérite des pro— babilités générales que M. Fleuriau de Bellevue a déduites de son examen. En effet, cet habile observateur a soutenu que les cristaux apparens à la vue simple dans les produits volcaniques , devoient être le premier résultat de la coagula- tion ; qu’il étoit indispensable d’examiner les très-petits cristaux disséminés dans b:aucoup de roches nommées vaguement cornéenne , basalte et wacke ,. lesquelles comprennent, suivant lui, tantôt des agrégés , tantôt des mélanges dans toutes sortes de combinaisons ; et qu’on ne parviendroit à bien classer | (:55 | Néergaard , Grasset, Mouteiro et Nose; ces derniers, quoique d’un très-petit volume, sont encore apparens à la vue simple, et n'ont guère moins d'un millimètre de longueur; on leur donne communément (ainsi qu'à beaucoup d’autres cristaux d'un petit volume étrangers aux volcans) l’épithète de micros- copiques ; mais celte épithète ne sauroit plus leur appartenir , puisque leurs diamètres sont au moins vingt ou trente fois plus considérables que ceux des cristaux élémentaires des pâtes lithoïdes. Du reste, jé n’ai trouvé aucune trace de ces minéraux accidentels dans les variétés de cendres que j’ai examinées. J’estime qu’en général ils doivent y être aussi excessivement rares que dans les pâtes lithoïdes elles-mêmes. Je ne tirerai aucune conséquence de la corrélation remar- quable qui existe entre la composition mécanique des cendres: et celle des produits lithoïdes ; vitreux et scorifiés de tous les âges, pour essayer d'expliquer la manière dont elles se forment. Ce problème reste à résoudre : les données m'en paroissent ex- trêmement compliquées, et encore trop imparfaitement connues. Mes résultats prouvent seulement que la presque totalité des cendres de chaque éruption se forme incontestablement aux dépens de-la lave incandescente arrivant des entrailles de la terre, et que les couches volcaniques ou non volcaniques tra- versées, n'en fournissent qu'une trés-foible portion; mais dans leur production, quelle part doit-on attribuer à l’excessive in- candescence, à la vaporisation, à l'extrême boursoufflement au refroidissement plus ou moins précipité et à la trituration ? C'est ce qu'il sera bien difficile de déterminer d’une manière: satisfaisante. Je me contente d’avoir défini ce qu'il y a de plus: positif dans les formations volcaniques pulvérulentes, c’est-à-dire’ les élémens minéralogiques dont elles sont composées. Jusqu'ici j'ai traité des sübstances volcaniques dites ez masse. enles prenant telles qu’ellesse présentent dans les terrains de tous les: âges, lorsqu'elles n'ont subi aucune altération. Je vais passer’ en revue celles de ces substances que le temps, aidé de divers: ägens, a modilées dans leur texture intime et leur composition mécanique : cet examen, qui sera rapide,. exige que je développe quelques considérations préliminaires. == -ces roches , qu’autant qu’on observeroit séparément chaque partie de celles qui se présentent à l’état d’agrégation cristalline. LT. C562 CHAPITRE HUITIÈME. Considérations préliminaires à l’examen des Tufs et des WVackes volcaniques de toute espèce. À peine les matières volcaniques de notre âge sont-elles reje- tées, qu’elles commencent à éprouver des altérations plus ou moins générales. Ces altérations sont très-sensibles dans les pro- duits des plus anciennes éruptions dont l’histoire ait conservé le souvenir; leur intensité augmente, soit dans les produits des volcans brülans antérieurs aux temps historiques, soit dans les produits des volcans éteints incontestables. On les Yoit plus fré- quentes et plus avancées dans les grands systèmes de terrains volcaniques démantelés dont l’origine est foiblement contestée; elles sont souvent complètes et ont en quelque sorte atteint leur limite dans les terrains volcaniques extrêmement anciens, dont un assez grand nombre de minéralogistes méconnoïssent l’origine. Les causes principales de ces altérations sont faciles à imaginer, dans des masses aussi perméables que les couches volcaniques. C'est le lessivage des substances salines dont elles pouvaient être pénélrées où recouvertes après la coagulation; c’est leur macéra- tion générale par les abondantes filtrations qui les abreuvent continuellement ; c’est la circulation de toutes les molécules chi- miques mises en liberté par suite des différentes actions aux- quelles elles sont soumises; c’est le tassement, la décomposition et la conglomération opérés par les matières infiltrées, pour les couches pulvérulentes ; c’est la désagrégation, la décomposition, la pression souvent énorme des massés supérieures, et le remplis- sage des boursoufflures et des vacuoles microscopiques, par un grand nombre de substances infiltrées et concrétionnées, pour toutes les pâtes scorifiées ou poreuses, et même pour une par- te des couches lithoïdes ou vitreuses qui jouissent du tissu le plus serré. + Des causes analogues agissent avec plus d'énergie sans doute sur les matières volcaniques ensevelies dans les eaux de la mer, soit de temps immémorial, soit par les volcans brûlans qui en sont voisins, soit par le petit nombre de volcans brûlans sous- marins que nous connoissons, et peut-êlre aussi par ceux que nous ne connoissons pas. Mais à ces causes il faut ajouter la présence et l’action des substances dissoutes ou suspendues dans les = - 1097) = | es eaux saléés, suivant leur profondeur, et l’excessive pression que la masse de ces eaux doit exercer dans tous les sens, en vertu des lois de l'hydrostatique; pression capable de vaincre , “en beaucoup de cas, les obstacles opposés par la porosité la plus déliée, Les effets de ces causes réunies ne peuvent être que présumés; mais ces présomptionsrapprochées des conditions qui “caractérisent l’état actuel des plus‘gnciens lambeaux volcaniques qu’on trouve épars à la surface des continens, se montrent en harmonie avec les allérérations singulières qu’on y observe et les circonstances accessoires de leur gisement. | Ces lambeaux, tantôt antérieurs, tantôt intercalés et tantôt supérposés , soit aux terrains intermédiaires, soit aux terrains secondaires, soit aux terrains tertiaires , ont, à tous égards, suivi le sort de ces terrains (1) : par exemple, on les voit quelquefois participer aux dérangemens de stratification; du moins c'est ce qu’on doit raisonnablement supposer, lorsque les couches qui les composent se présentent avec des inclinaisons trop rapides pour qu'on puisse les croire originaires. Mais en outre, depuis que ces lambeaux subsistent, d’autres actions très- générales se sont exercées dans les terrains adjacens; c’est ainsi que les couches argileuses de plusieurs époques se sont consolidées ; que les gres, les pouddingues et les brèches de toute espèce ont été cimentés par des sucs pierreux interposés; que les dépouilles des corps marins renfermés dans les pierres calcaires ont été remplacées par du carbonate de chaux spathique, du silex où des pyrites, qui en ont pris. les formes ; qu’une foule de débris de végétaux enfouis, ont été déformés par la pression, chimiquement déna- turés et quelquefois même remplacés par différentes substances minérales; qu’une infinité de fissures et de fentes plus ou moins considérables ont été ressoudées par des infiltrations générale- ment calcaires ou quartzeuses; enfin que toutes les couches de la croûte du globe qu’on peut supposer avoir été formées ou (1) Le mot volcan est encore une de ces expressions génériques bannales dont on a singulièrement abusé par suite de la pauvreté du langage géologique. IH a été un temps où tout lambeau volcanique étoit appelé volcan ; on consi- déroit comme un édifice complet d’éruption, le témoin presque méconnois— sable de la ruine de l'édifice. On cherchoit des cratères là où le mobile appareil de la volcanicité a été démantelé, Souvent même effacé presqu’en entier , par les grandes révolutions diluviennes auxquelles il faut attribuer la création des terrains intermédiaires, secondaires et tertiaires , ou tout au moins le dessin des formes actuelles que présente le relief des continens. a (58) | déposées par les eaux de la mer, ont été si complètement dessa- lées (1), du moins en apparence, que personne n’a encore eu la pensée d’y rechercher les dernières traces du muriate de soude et du muriate de magnésie. , D'après cette esquisse des causes qui ont pu agir sur les plus anciens lambeaux volcaniques et les terrains adjacens, on pour- roit croire que ces lambeaux doivent présenter des résultats d’al- tération trées-diflérens de ceux qu’on observe dans les matières: volcaniques beaucoup plus récentes; maïs il n’en est point ainsi, surtout quant à la composition mécanique et au tissu intime. C’est l'intensité des effets qui varie plutôt que leur nature. Par exemple, les plus anciennes matières volcaniques contiennent en général des concrétions infiltrées plus abondantes, et les in- fluences du tassement et de l’'aflaissement s’y montrent beaucoup: plus fréquentes et beaucoup plus considérables. Rien de plus variable, au reste, que la marche et la combinaison: des altérations de tout genre, non-seulement dans les formations volcaniques des différens âges, mais encore dans les systèmes d’une même époque, mais dans chaque système en particulier. Souvent dans le même système on voit des produits plus ou moins fortement attaqués, plus ou moins diversement altérés, recou- vrir.des couches parfaitement. intactes, ou bien alterner avec elles. C’est ainsi que des tufs endurcis reposent sur des lits de scories lapillaires incohérentes, que des laves leucostiniques gra- nulaires sont changées en wacke grise, tandis que leurs croûtes scorifiées vitreuxses conservent jusqu’à leurs formes orisinaires, et L] que sous des wackes brunes amygdaloïdes , on observe des nappes. basaltiques poreuses aussi fraîches et aussi peu traitables que si. elles étoient coulées depuis un petit nombre de siècles. (1) On ne trouve que de l’eau douce, quelque part que l’on creuse dans les parties solides de l’écorce du globe. La nature des principes dissous dans les eaux saumâtres des grandes plaines sablonneuses de l’Asie et de l’Afrique ,. n’est pas encore bien connue ; on sait seulement que les lagunes et les lacs sa- liferes tiennent en dissolution des substances très-variées. Parmi les sources minérales salines ou gazeuses , celles dans lesquelles le muriate de soude do-- mine , sont les plus rares et contiennent en même temps des principes va- riables tout-à-fait étrangers à la salure uniformément composée des eaux de la mer. D’un autre côté ; la nature et le mélange des ingrédiens dissous, soit dans les eaux de la mer, soit dans les sources minérales , soit dans les. lacs et Les lagunes, contrastent avec la composition des roches de muriate de soude nalf, qui entrent dans la constitution de plusieurs parties des continens. ET Et ni Des ee M . (59) Mais de toutes les causes d’altération, c’est la décomposition qui travaille avec le plus d'énergie à défigurer et à dénaturer les parties soumises à son inflaence. Cette espèce de maladie des minéraux, si je puis m'exprimer ainsi, na exercé el n'exerce nulle part autant de ravages que dans les terrains volcaniques, parce que son action destructive ne trouve nulle part autant de prise. Fissures, boursoufflures etvacuoles microscopiques innom- brables dans les masses denses; interstices multipliés à l'infint entre les masses pulvérulentes, les sables, les graviers et les frag- inens des déjections incohérentes; alternances désordonnées des couches meubles avec les couches solides : telles sont les condi- tions qui caractérisent une extrême facilité d'accès, une per- méabilité excessive qu’on chercheroït en vain dans tousles autres terrains. Aussi la décomposition n’attaque pas seulement les laves pulvérulentes , les pâtes scorifiées et les pâtes lithoïdes poreuses ou massives; elle pénètre encore les pâtes vitreuses presque ho- mogènes, et quel que soit le volume des cristaux apparens à la vue simple, qui, disséminés dans ces diflérentes bases, leur donnent l'aspect porphyroïde, elle les détruit sans peine. Parmi ses effets les plus remarquables, je me contenterai de citer le feld-spath se résolvant en kaolin, le pyroxène en argile verte ou jausâtre, le péridot en argile jaune, brune ou rougeâtre (1), l’amphi- gène en argile blanche, la pumite légère en terre blanche, la scorie légère en terre jaunâêtre, brune ou d’un beau rouge, et la gallinace parfaite en terre savonneuse d’an gris verdâtre. Ajou- tons que ces transmutations s’opèrent de la manière la plus ca- pricieuse : tantôt ce sont les cristaux qui s’altèrent, et tantôt la pâte qui les enveloppe; dans la même masse, les cristaux d’une espèce se conservent dans leur intégrité, lorsque ceux des espèces dif- férentes sont détruits depuis long-temps ; enfin la même substance cède ou résiste indifféremment, dans des circonstances qu’on pourroit croire analogues. (1) M. Faujas de Saint-Fond est le premier minéralogiste qui ait remarqué et décrit cette transformation du péridot ; elle aéchappéà de Saussure , qui en a. examiné le prodnit sous le nom de limbilite, prenant ce produit pour une espèce minérale particulière, de formation contemporaine à celle de la lave enveloppaute. MM. Brard et Laïîné ont constaté , dans le Brisgaw même, que la limbilite de de Saussure n’étoit qu’un péridot parfaitement décomposé ; j'ai eu occasion de me convaincre de l’exactitude de leur opinion; mais je conserve le nom de limbilite , parce que je pense qu’il faut donner des noms particuliers aux résidus de la décomposition chimique des minéraux; résidus qu’on ne doit pas confondre avec les résultats de la simple désagrégation. } 8: ( 60 } _L'exposé que je viens de tracer est déduit d’un grand nombre d'observations indépendantes de mes expériences; il suflirait presque, pour faire concevoir à priori la nature du tissu intime et la composition élémentaire des pâtes indéterminées que j'ai encore à examiner. £ Ces pâtes offrent souvent un aspect trés-différent de celui de leurs types originaires : les apparences spécieuses des caractères extérieurs les rapprochent alors beaucoup des cornéennes, des tapps et des pétrosilex : certaines variétés prennent même des ressemblances tout-à-fait séduisantes. Maïs ces apparences spécieuses, que l'examen comparafif de. la composition mécanique et du tissu intime détruira facilement, céderoient à la seule comparaison des caractères empiriques res- pectifs; toutes les différences de ce genre que j'ai établies au quatrième Chapitre peuvent être reproduites ici. Je vais les for- üfer, en rapportant de nouveaux élémens de contraste; élémens- qui appartiennent aussi à une grande partie des roches volca- niques non altérées. Les roches volcaniques ne contiennent pas de filons métalli- ières semblables à ceux qu’on exploite dans les autres terrains (a). les très-pelits amas ou plutôt les traces métalliques qu'on y trouve fort accidentellement et fort rarement, présentent des substances minéralisées, associées ou gissantes d’une manière toute particulière. | Ces roches elles-mêmes forment très-souvent des filons dans toute sorte de terrains. La structure et les accidens singuliers de ces filons, dénoncent un remplissage d’un seul jet, une ex- trême liquidité préalable, et l’influence de pressions violentes. exercées en vertu des lois qui président à l'équilibre des fluides. Il est prouvé, par les recherches de M. Fleuriau de Bellevue , que la plus grande partie des pâtes volcaniques jouissent de la pro priété. de faire gelée avec lacide nitrique afioibli (2). D’après quelques essais, je puis ajouter que l'intensité de ce caractère: M EN CU En (:} Les roches volcaniques extrêmement anciennes ayant participé à toutes. les modifications éprouvées par plusieurs sortes de terrains à filons métallifères,. dont elles sont contemporaines, il est évident qu’elles peuvent aussi contenir de ces filons ; mais le cas est rare et constitue une exception de peu d’im- portance , du moment que l’on considère le sol volcanique sous un point de: vue tout-à-fait général, = - (2) Mémoire précédemment cité, Journal de Physiq., 1805 , 1. LX, p. 409. ( 61 ) tout-à-fait neuf et précieux, m’a paru proportionnelle à l’alté- ration du tissu intime et des particules élémentaires. Enfin il me semble que lanalogie des substances concrétion- nées par infiltration dans les couches volcaniques de tous les âges et de tous les pays, constitue un dernier caractère empi- rique remarquable. Ges substances composent, en quelque sorte, une minéralogie à part; on ne reconnoît parmi elles qu'un petit nombre d’espèces appartenant aux autres terrains. Toutes ces considérations générales exposées, 1l me reste à faire mention du soin que j'ai mis à compléter, avant d’entre- prendre les expériences dont je vais rendre compte, les termes de comparaison expliqués au second Chapitre de ce Mémoire, A cet effet jai déterminé les caractères des différens produits fournis par la décomposition particulière, soit des pâtes vitreuses, soit des minéraux élémentaires qu’on voit figurer en cristaux apparens à la vue simple, au milieu des matières volcaniques de tous les âces. Je renvoie le détail de ces déterminations à la able générale des expériences; je dirai seulement que la pu- mile légère et le feld-spath sont moins fusibles à l’état terreux ; au conlraire, la fusibilité augmente dans les autres minéraux: décomposés. | CHAPITRE NEUVIÈME. Examen des Pâtes indéterminées qui servent de base aux Tufs: volcaniques de ious les âges. Les substances que je vais examiner comprennent les diffé rentes bases d’un aspect mat et terreux, blanches, grises, d’un gris verdâtre, d’un gris jaunâtre, d’un brun sombre ou d'un: rouge vif, qui entrent dans la composition des roches qu'on - appelle généralement zufs volcaniques, brèches volcaniques. Je range par conquent ici la thermantide tripoléenne de M. Hauy,. la base du trass, celle du pépérino , le prétendu tripoli volca- nique , les pouzzolanes parfaitement terreuses, les cendres décom- posées de certains minéralogistes, la base: du tuf volcanique et du tuf basaltique de M. Werner, la moya de M, de Humboldt,. enfin l'argile volcanique grossière ou endurcie. - Les pâtes tufeuses offrent un grand nombre de variétés en- core peu connues, surtout dans les écoles du nord de l’Europe. Elles se montrent avec les traits de lPidentité la plus parfaite;. dans les terrains volcaniques des différens âges. Leur gisement: (62) présenfe des conditions analogues à celles qui caractérisent le gisement des cendres volcaniques. Tantôt elles constituent des amas ou des couches uniformes et sans mélange; tantôt et plus souvent elles contiennent des fragmens de toutes sortes, de _ioutes grosseurs et en toutes proportions, ce qui leur donne une Structure de brèche plus ou moins prononcée. On se rappellera que, sous le point de vue que je considère, il faut faire abstrac- üon de ces fragmens. .On croiroit difficilement , à voir l'aspect mat et terreux des bases tufeuses, qu'elles puissent être douées d’une texture intime trés-distincte ét d'une composition mécanique très-apparente. C’est cependant ainsi qu’elles se présentent lorsqu'on les soumet au microscope, en fragmens très-minces. Quel que soit le degré de leur consistance, on les prendroit, au premier apercu, pour des laves lithoïdes parfaites, dont les grains élémentaires contras- teroient entre eux par des teintes plus tranchées que de coutume. Mais en les examinant plus attentivement , on reconnoît bientôt qu'elles offrent une mie plus lâche ; que le volume des grains mi- CroScopiques est communément très-inégal , et qu’ils ne sont point entrelacés ; que parmi ces grains, les uns sont durs, translucides ou demi-transparens , tantôt cristallisés et tantôt vitreux, tandis que les autres sont tendres, réduits à l’état terreux, parfaitement opaques, et se distinguent par des teintes très-prononcées. En gé- néral, l'opacité de ces derniers permet que chaque particule élé- mentaire figure nettement dans les masses et sy présente cons- tamment avec sa couleur propre ; ce qui n'arrive pas dans les pâtes lithoïdes non altérées, à raison de ce que Îles grains blancs lransparens ou translucides laissent passer la couleur des grains colorés qui se trouvent placés par-dessous. Les pâtes tufeuses sont, ou Jriables, ou consistantes, ou en- durcies ; dans les premières, les particules élémentaires ne se tiennent qu’en vertu d’une adhérence extrémement foible, pro- duite par le simple tassement; dans les secondes, la cohésion dépend tout-à-la-fois du tassement et de la présence d’une petite quantité de matière interposée; dans les troisièmes, il existe un principe d’adhérence plus abondant , qui ne lie pas seulement les grains élémentaires les uns avec les autres, mais qui pénètre à l'intérieur de ceux de ces grains dont Paspect est terreux, et leur restitue une dureté que la décomposition leur avoit d’abord en- levée. Une autre condition essentielle se combine aux précédentes, c’est la dureté propre à chacune des substances minérales infil- 2 ( 65 ) trées qui jouent le rôle de ciment ; en effet, la présence d’une petite quantité de ciment très-dur suffit quelquefois pour donner une extrême tenacité à certaines masses. | On isole facilement, à Paide de la pulvérisation, les grains élé- mentaires des pâtes tufeuses friables. Quant aux pâtes consistantes ou endurcies , 1l faut commencer par chercher à détruire le prin- cipe étranger qui s’y trouve interposé. Lorsque c’est une matière calcaire, ce qui arrive souvent, on réussit facilement à l’enle- ver, à l’aide de l'acide acéteux ou de l'acide nitrique très-affoibli. Dans les autres cas, qui sont plus rares, j'ai trouvé qu’il valloit mieux renoncer à enlever le principe de cohésion et se contenter d’une précision moins grande; en conséquence, on pousse de suite la pulvérisation au degré convenable, | De quelque manière que l’on commence l'opération, on re- connoît qu'une partie plus ou moins considérable des grains mi- croscopiques qui figuroient entiers dans les masses, se résolvent en parcelles terreuses excessivement fines et susceptibles de se délaÿer dans l'eau. Il faut conséquemment lotir le tout à l’aide du lavage, afin d’observer les susbtances élémentaires dans l’ordre des volumes. Les grains ou cristaux microscopiques qui se conservent en- tiers, sont communément d’un volume inférieur à un trentième de millimètre, mais on en trouve de bien moins fins. Les plus aisés à reconnoître sont ceux de fer titané, qui paroïssent comme indestructibles au milieu des altérations de tout genre ; on re- trouve dans les autres les diflérens minéraux volcaniques qui composent les cinérites et les spodites ; les plus abondantes sont donc le feld-spath et le pyroxène; viennent ensuite-les verres pyroxéniques (gallinace ou scorie), les verres feld-spatiques ( pu: mite ou obsidienne) et le péridot, quelquefois l’amphigène, et très-rarement le mica. Les résidus terreux des lotions se composent de parcelles im- palpables confondues, lesquelles ne forment souvent pas la hui- tième ou la dixième partie des masses mises en expérience ; quelquefois cependant elles en constituent plus du quart. Elles sont presque opaques, tantôt blanches et tantôt foiblement co- .lorées en jaune, en vert, en brun ou en rouge; elles s'étendent au lieu de croquer sous le pilon. On ne peut pas rigoureusement ? . . % « AE déterminer leur nature; mais les caractères de fusion constatés avant le lavage, et les autres circonstances accessoires, suflisent: A L À - (67) pour faire croire qu’elles proviennent de la décomposition d’une partie des minéraux microscopiques élémentaires. Je n'ai trouvé aucun procédé propre à déterminer directement quelles sont les substances minérales infiltrées autres que l'ar- ragonite et la chaux carbonatée ordinaire, qui donnent de la consistance ou de la dureté aux bases tufeuses; différens carac- tères empiriques indiquent tantôt le fer hydraté, tantôt diffé- rentes zéolites, tantôt la silice hydratée. J’estime qu’en général. on ne se tromperoit guère en concluant la nature du principe ou des principes de cohésion dominans dans un tuf quelconque, d’après l’espèce des minéraux concrétionnés qui occupent les boursoufflures des fragmens disséminés au milieu de la pâte. Au reste, l'insuffisance de mes recherches à ce sujet, me laisse peu de regrets, en étudiant les pâtes si nombreuses qui ren- ferment de la chaux carbonatée microscopique, J’ai pu me con- vaincre que celte substance y forme, des cloisons presque toujours imperceptibles, et que très-communément la somme des espaces qu’elle remplit ne s'élève pas à la centième partie du volume des masses; je-n’ai pas eu lieu de présumer que les autres substances interposées puissent jouer un rôle plus important. Ces données générales posées, je dois insister sur les trois exceptions suivantes : | Pour me conformer au préjugé d’après lequel on désigne assez vulgairement les brèches volcaniques comme des produits d’éruptions boueuses, j'ai cherché sil exisioit entre les pâtes tufeuses , des différences de tissu intime et de composition mé- canique propres à caractériser deux ou plusieurs modes de formations distincts. Voici la seule différence que j'ai pu re- connoître : dans quelques-unes de ces pâtes, la majeure partie des particules terreuses au lieu de figurer comme des grains entiers ayant une existence indépendante, se montrent mêlées et confondues. Je reviendrai sur cette disposition particulière qu’on expliqueroit à la rigueur, en supposant un tassement pos- térieur à la décomposition. | ; | Le tuf boueux moderne produit par une éruption du Ton- guragua en 1797, et rapporté d'Amérique sous le nom de 10ya par M. de Humboldt, n'a point d’analogue parmi les matières tufeuses desautres pays. C’estun composé d'humus et de minéraux : volcaniques réduits en un sable dont les grains sont de toutes dimensions, c’est-à-dire en partie grossiers, en partie micros- copiques. Enfin (65) Enfin ce que j’ai dit de la proportion des substances hété- rogènes infiltrées au milieu des différentes bases tufeuses dures ou consistantes, ne peut point s'appliquer à celles de ces bases qu'on peut nommer 7rêries ou bigènes. Celles-ci , qui sont fort rares, se rencontrent à la jonction des couches volcaniques anciennes avec les couches calcaires. Elles renferment du car- ‘bonate de chaux compact, en toutes proportions; quelques-unes en tiennent plus de la moitié de leur volume (a). Si nous revenons maintenant aux pâtes tufeuses considérées en général , je ferai remarquer que les deux modifications prin- cipales de la composition mécanique sont assez nettement in- diquées par le caractère qui se tire de la fusion. En effet, une parte donne assez difficilement un verre blanc ou lécèrement coloré, l’autre partie fond avec facilité en verre ou émail noir, ou d’un vert foncé. D'après ces résultats, voici comment il faut concevoir l’exis- tence minéralogique des pâtes tufeuses. Parmi celles qui fondent en verre blanc ou légérement co- loré, les unes peuvent être définies comme feld-spath granulaire en partie décomposé et mêlé d’une petite quantité de particules étrangères connues: je les nomme srassoïte: les autres doivent être envisagées comme verre feld-spathique (pumite ou obs1- dienne) granulaire en partie décomposé et mélangé d’une petite quantité de particules hétérogènes déterminées : je les nomme allotte. Parmi celles qui donnent un verre ou un émail fortement coloré en noir ou vert noirâtre, les unes peuvent être considérées oo (1) Lorsqu'on rencontre des coquilles dans les couches des terrains vol caniques démantelés, c’est ordinairement aux tufs mixtes ou bigènes qu’elles appartiennent ; beaucoup de minéralogistes se sont étonnés de la présence de | Lave basaltique décomposée , acke | de M. Werner en grande partie, RE te. trapp et cornéenne amygdaloïde, D) friable. + Syr. argile endurcie amygdaloïde ; base ue de l’ophite antique par appendice à CC) — = = ) la wacke endurcie. TYPE VIIL Composées de Verre massif ou boursoufflé, entrecoupé de ger- çures très-déliées, presque toujours mélangé de Cristaux nicroscopiques plus ou moins abondans, en partie terreux - aënsi que les Cristaux, consistant par sümple juxta-position, ou imperceptiblement cimenté par des substances étrangères (scorie ou gallinace altérées ). | POZZOLITE. Sous-Types. | a) Pozzolite solide. - Scories décomposées, pouzzolanes ps ] lapillaires, thermantides éimen: PE CS Syn. À taires en partie, base des scories C) ———— endurcie, ( amygdaloïdes. Fe FIN, 32 _ TABLE DES CHAPITRES. CHAP.. Ier, CHAP. I. CHAP. III. CHAP. XT, Oljet.du Mémoire. Nature des recherches faites sur les Pâtes pag. ou bases indéterminées qui entrent dans la composition des Roches vol- caniques de ious les &ges. — Expé- . Tiences préliminaires. — Choix des échantillons. Æxamen des Pâtes indéterminées qui en- trené dans la composition des laves dithoïdes de tous les ges. Comparaison des Substances minérales non volcaniques nommées Pétrosilex, : Trapp ei Cornéenne avec les Pâtes ‘ lithoïdes des courans de lave de tous les âges. — Examen des Pâtes indéterminées quicom- posent les Scories volcaniques de tous les âges. Examen des Pü&tes indéterminées qui composent les Laves vitreuses de tous les ges. Examen des Cendres volcani les âges. : Considérations préliminaires à l’examen des Tufs et des Wackes volcaniques de foule espèce. Examen des pêtes indéterminées qui servent de base aux Tufs volcaniques de tous les âges. - Examen des Pütes indéterminées qui composent les #F'ackes volcaniques de foutes couleurs,massises ou poreuses, el appartenant à tous les âges. ° Résumé général. — Nouvelle Distribu- tion méthodique des Substances volca- niques dites en masse. ques de tous: Ès 56 6 (8) SR ERRATA. Pag. 1,lig. 2, au lieu de SUBST'ANCES VOLCANIQUES, lisez SUBS- 3; 37 » 22, 2 6 2 409 | 22, 30, 20 TANCES MINÉRALES exactement, lisez assez exactement _ mimose, sez dolérite s 8etg; mimose, lisez dolérite | il y a tout lieu de, Zisez il est à dans la masse , lisez dans la série résidoit , lisez réside ces traps, lisez ces types de M. Werner. , lisez de M. Werner? : 5 de De l'Imprimerie de Mr V° COURCIER,, rüe du Jardinet, n° 12. CRE jù ' Ve Fe 1 ” ER ee