t é CIRK MAMME LAS ELICEI! TAA Abe siii RUB MNRE 5s HERRE ti F { # x i à HA EWEA Vad ed Tonn in. R 3 Es. ne e PRES dsisidus + Dies Teren Res shii aia E> pipea & (el ANNE purs HS A teli à ` s A SN IETl SUMRTUBTR TOM DATENT ON) k ol rit iti ASES È PREMESTI ETA R rar HAE ASALE LEL ith =; m ae REIR E EIN enlite PEL ae Rrmvan Hat TB rer f RENE ARE TH itai ia pie REP FAST Er 17: A EVEIA H HALPERLELS Matte ssere RE Mo tst Fe DE Ee E LP as = POMOLOGIE PHYSIOLOGIQUE, où TRAITÉ $ DU PERFECTIONNEMENT. DE LA FRUCTIFICATION ; Avec recherches et expériences sur les moyens d'améliorer Les “ts domestiques et sauvages, d'augmenter et. d'assurer leur produit, de faire naître des espèces et variétés nouvelles, et deb diriger la création, d’acclimater les espéecs étrangéres, et * ver l’époque de la mise À fruit dés végétaux , et partiou- férement des jeunes arbres à fruit, à pepin et à noyau et autres venus de semis; survres de plusieurs Mémoires relatifs à la taille des arbres à fruit, à la marche de la sève , à la formation des hybrides et des variétés , etc, a ~ b x : Par M. SAGERET, MEMORE DE LA SOCIÉTÉ. ROYALE ET CENTRALE D'AGINIQULIURE, DE CELLE D'HORTICULEURE , ETC: PARIS, M. HUZARD (nés VALLAT LA CHAPELLE), LIBRAIRE , RUE DE L'ÉPRRON-SAINT-ANDRE , N°27: 4830: q! P LE TC 1 adan hain 20 pape Re D RL Se rente oan sona petia ea Le) ed panj g Q bn) © lee 72 er a = PO SO 8 on 2 IMPRIMERIE a DE MADAME HUZARD (xée VALLAT LA CHAPELLE), RUE DE L'ÉPERON, N°, 7 POMOLOGIE PHYSIOLOGIQUE, OÙ TRAITÉ DU PERFECTIONNEMENT DE LA FRUCTIFICATION ; f Avec recherches et expériences sur les moyens d'améliorer les fruits domestiques et sauvages, d'augmenter et d’assurer leur produit, de faire naître des espèces et variétés nouvelles, et d'en dirigerda création, d’acclimater les espèces étrangères, et d'accélérer l’époque de la mise à fruit des végétaux , et particu- lièrement des jeunes arbres à fruit , à pepin et à noyau, et autres venus de semis; suivies de plusieurs Mémoires relatifs à la taille des arbres à fruit, à la marche de la sève , à la formation des hybrides et des variétés , etc. f Par M. SAGERET, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE ET CENTRALE D'AGRICULTURE, DE CELLE D'HORTICULTURE , ETC. PARIS Me, HUZARD (née VALLAT LA CHAPELLE), LIBRAIRE , RUE DE L'ÉPERON-SAINT-ANDRÉ , N°. 7» LId4990Y WALYSAT En .. RA POMOLOGIE. PHYSIOLOGIQUE. kaa a a a Re RS RS AR LS A AS AS A AA Lost 2520 CHAPITRE PREMIER. INTRODUCTION. / L'établissement de nombreuses Sociétés d’hor- ticulture sur plusieurs points du monde civilisé devra faire époque dans l’histoire de l'agrono- mie. Jusqu'à ces derniers temps, l’art du jardi- nage ou lhorticulture, considéré comme sciénce A avait été concentré chez un petit nombre de prà- üciens et d'amateurs. Ce n’était qu'un point dans la science beaucoup plus vasté de lagri- culture, négligée elle-même dans son ensemble, et encore plus dans ses nombreuses subdivisions ; une de ses branches les plus importantes, soit comme utile, Soit comme agréable, ést sans con- tredit la culture des fruits et des arbres:à fruit. Quoique plusieurs auteurs recommandables depuis Olivier de Serres, tels que Duhamel, la Quintinie et beaucoup d’autres, s’en soient oc- cupés avec honneur et succès, nous pouvons . Cependant dire que la Pomiculture est encore trés peu avancée. L'éducation et la multiplication À Ery N des arbres à fruit par le secours des semis , de la plantation , de la greffe et de la taille sont bien, à la vérité, assez généralement reconnues comme fondées sur des principes sûrs, et l'exécution de ces moyens comme perfectionnée ; cependant il y a même, à cet égard, encore beaucoup à faire; et en mon particulier je m'inscris en faux con- tre la pratique de la taille, au moins telle qu’elle est usitée trop généralement; j'en excepte néan- moins celle du pêcher, que les cultivateurs de Montreuil ont poussée bien près de la perfection. Mais, laissant là la pratique de. cet art, et nous L4 élevant à sa partie physiologique, si nous visons N à l'amélioration des espèces quant à la saveur et à la qualité des fruits, quant à l'augmentation , à l'accélération et à la certitude des produits, à . l'acclimatation des espèces étrangères, à la créa- tion des variétés, et, ce qui est encore plus im- portant, à la direction à suivre dans cette créa- tion, en avons-nous seulement les premières données? Non. On a cependant obtenu quelques succès; mais la plupart ont été dus au hasard, c’est à dire à un concours de circonstances heu- reuses, peut-être, mais non amenées et non prévues; et il n’y a point de corps de doctrine pour nous enseigner, pas même pour nous met- tre sur la route, et nous guider dans ces re- cherches. ED Ce n'est point aussurément comme fondateur de cette doctrine que je me présente aci , j'ai cherché seulement à ramasser-les matériaux pà indiquer ceux qui manquent, à offrir le peu que J'ai puy ajouter de mon chef, et enfin à présent ter, dans l'avenir pà de plus-habiles-et de plus heureux que moi une réunion:de faits, d'ex périences, d'observations, de Tapprochemens, de conjectures et de réflexions dont la liaison et le classement restent à faire. : +. :- | Occupé, dans ma jeunesse, d'agriculturé-prati: tique beaucoup plus que d’horticulture; je n'ai cependant; lorsqu'il m’aété possible, jamaisné: gligé de faire des observations particulières sur divers sujets; dans mes momens -de loisir, je m'amusais à greffer , à faire des‘incisions annuz laires , à faire des semis, soit de fleurs, Soit dé plantes économiques , soit d'arbres, dansanbut de perfectionnement, de production de variétés. Outre l'intérêt de curiosité que-cette méthode de culture par semis inspire par elle:même elle a le grand avantage de fournir les moyens dé- tudier la marche de la végétation et de la-frue: tification propres aux plantes en général êt x cha: cune d'elle en particulier; la multiplication par semis, plus conforme au vœu de la nature, plus rapprochée d’elle en rapproche aussi les plan» tes (j'entends quant à leur manière devégéter ); I. Page unavailable because it was uncut within original volume DARWIN'S LIBRARY PROJECT Page unavailable because it was uncut within original volume DARWIN'S LIBRARY PROJECT (E) inaperçu , ON ne connait ni ne soupconne lin- fluence et les résultats probables de toutes ees opérations de culture sur les. graines des fruits des-arbres qui y ont été soumis, et sur leurs pooremances futures : estil donc bien étonnant . qu’on soit encore si loin de la perfection ? On peut donc dire avec assurance qu'avancés, jusqu'à un certain degré, dans la Pomicultttre pratique, nous sommes absolument dans len- fance de l’art relativement à la théorie, et à l'amélioration des espèces: Cen’estipas qüe nous n’en ayons d'excellentes, mais d’où viennent- elles? Comment les a-t-on obtenues? Une grande partie, dit-on, a été trouvée dans les bois, d’où il était tout simple de les transporter dans les jardins, ce qu'on a fait en effet, ayant, comme de raison, attention: de choisir les bons ou très bons, et de laisser les médiocres. ou mauvais. D'après ce fait, on a-paru. croire, contre’ touté | analogie, que ces bonnes espèces étaient le pro< duit a pepins.d'arbres sauvages, soit. même demi-sauvages au lieu de les attribuer-aux pe- pins de bons fruits portés et mangés dans les bois par les oiseaux, les bücherons, les pâtres, ouaux bonnes espèces greffées dans les bois par ces derniers dans leur'temps de loisir; ce’ qui se voit assez souvent. Quoi qu'il en-soit, il en résulte. toujours. que, dans la production de ces (7) . bonnes espèces tirées des bois, nous n'avons guère à nous glorifier d'autre mérite que de celui de les avoir trouvées. | Je conviendrai néanmoins avec plaisir; et fen fais honneur aux savans et aux amateurs distin: gués à qui nous avons cette obligation, comme M. Van Mons ét autres, qu’on à obtenu en Bel- giqué et ailleurs d'excellentes variétés nouvelles : comment s’y est-t-on pris? J'avoue que jusqu'à ces derniers temps, je ne savais rien de positif à cet égard. Je rends grâce à M. Poiteau d’avoir soulevé cette question , et à M. Van Mons d'avoir publié un extrait de son Catalogue, où les prin- cipes de sa méthode sont indiqués. J'y vois une excellente pratique, mais rien de nouveau : je suis donc réduit pour de plus amples renseigne- mens; à désirer le traité complet qu'il nous a promis; je reviendrai sur ce ms en temps et heu. EE On s’est nier d’ailleurs, qu’en France et dans notre climat, les essais faits en ce genre n’a- vaient pas réussi; mais en a-t-on fait bien réelle- mënt et les a-t-on suivis ? Je sais bien que Duha» mel-avait assez l'habitude de semer des popias de ses meilleurs fruits, et qu'il passe pour n'avoir rien obtenu de merveilleux ; ; mais peut-être n’a- vons-pous pas là dessus des renseignemens bien exacts; et d’ailleurs; ces expériences sont si lon- i| 1 | gues, qu'il n'a pas dù pouvoir les mettre à fin 2 et, depuis lui, qu'est-ce que tout cela est devenu? Le petit nombre de semis faits en France dans cette vue de perfectionnement, le peu d'attention et le défaut de constance, le trop grand empres- sement qu'on peut avoir mis à juger ces nou- veaux fruits.sont, à mes yeux, des causes bien suffisantes de non-succès; car je ne dois pas mettre en ligne de compte les pepins de fruits sauvages et demi-sauvages qu’emploient les pé- piniéristes , destinés pour la plupart à être gref- fés, dont on n'attend pas le fruit, parce qu'il faudrait trop long-temps l’attendre, et qu'il n'y aurait, suivant les apparences, que très peu de bon à en espérer. Il faut d’ailleurs , ainsi que je Fai déjà dit, uncertain temps pour juger ces fruits nouveaux ; il est pourtant reconnu qwa- vec le temps plusieurs sont susceptibles de se perfectionner : il eùt donc été expédient d’at- tendre que l’âge eût modéré la fougue de ces jeunes arbres ,-que leur greffe sur des sujets appropriés eût affiné leur saveur; que la trans- plantation dans. des. terres convenables à leur essence eùt développé leurs qualités : c’est ce qu'on n'a guère fait; et à dire vrai, est-ce bien le seul point sur lequel nous ayons manqué de patience et de constance ? Je m’étendrai ailleurs sur tous ces sujets, et Je ne négligerai pas de parler des fruits noûveaux que nous fournit aujourd’hui l'Amérique septentrionale. Depuis trente-six ans ou environ, J'ai publié plusieurs Mémoires ou Notices ayant plus ou moins de rapport avec ce que je traite ici, leur date fait foi que mes expériences ne sont pas nouvelles; n'ayant jamais cessé de men occu- per, j'ai pu acquérir quelque habitude. Ces Mé- moires traitent du semis des pommes de terre, des variétés qu’on en obtient par ce moyen, de la production de plusieurs hybrides dans les arbres à fruit, dans les cucurbitacées, dans le melon , etc. Ils sont insérés soit dans l’ancienne Feuille du Cultivateur, soit dans les Mémoires de la Société royale et centrale d'agriculture , soit dans les Annales d'agriculture, dans les 4n- nales de la Société d’horticulture, etc., où lon pourra les consulter. Je donnerai néanmoins, à la suite de cet ouvrage, soit par extrait, soit dans son entier , ce qui me paraîtra . fui uni sable pour mon sujet. D'après le titre assez étendu que je donne à ce Traité de Pomologie physiologique (1), il est Tes 7 . . * D (1) Pai long-temps hésité sur ce titre de Pomologie pły- siologique , ces deux mots paraissant ne pas devoir être ac- colés l’un à l’autre; cependant, comme ils sont consacrés par l’usage , et qu’ils expriment parfaitement mon idée ; iied ai M ENT GT APP DE A ONE A, porter ES T EN TO TT bete rte mem ar pe FES EE 2 M Cio) évident qu'on ne doit pas s'attendre à y trouver un traité ordinaire de culture des arbres à fruit, mes vues sont d’un ordre plus élevé; on n'y trouvera ni préceptes de taille, ou de greffe, ou de plantation , je suppose que mes lecteurs con- ‘naissent à peu près tout cela : on trouve en effet tous ces détails dans tous les livres de jar- dinage, et si je suis obligé de passer en revue tous ces procédés ; de m’étendre même sur quel- ques uns d’entreeux, tels que la greffe, linci- sion annulaire, le marcottage ; le bouturage, la coupe des racines, le semis; la taille, le casse- ment, le pincement , lébourgeonnement, l’ébor- gnement si avantageux etsi peu connu, ce nesera pas, généralement parlant, sous le rapport de leur exécution pratique et de leur application ordi- paire, mais sous un aspect nouveau et relative- ` ment à l'amélioration des fruits, à la production des variétés; et la pratique des fécondations arti- ficielles, à laquelle je me suis livré depuis long- temps, me sera, sur ce dernier point, d’un très grand secours; en un mot, le perfectionnement de la frucufication, considéré dans toute son étendue, et dans toutes ses parties, sera le prin- cipal but de ce Traité. guidé d’ailleurs par diverses autres considérations, Jai cru devoir les adopter. ( 11.) Je passerai aussi en revue tous nos arbres fruitiers et même quelques autres; chacun d'eux aura son. article particulier, où Je parlerai de leurs diverses espèces et variétés, des facilités que chacun d’eux offrira pour son perfectionne- ment; je ne négligerai pas non plus quelques autres fruits, tels que les fraises, les melons, etc., ainsi que quelques plantes économiques , telles que la pomme de terre, la patate, etc. Wac- climatation des espèces étrangeres , et les moyens d'avancer la fructification auront aussi leur place. Cet ouvrage est donc absolument neuf, manquait à la science : sera-t-il complet et par- fait? Non certainement, cela est bien loin de ma pensée; son titre est un peu trop ambitieux, je Pai bien senti; les expériences, les documens , les faits sont trop peu nombreux, trop incer- tains même, car il faut bien le dire; et malgré tous ces défauts, sera-til donc utile? Je le crois. S'il neremplit pas son titre, il mettra sur la voie, _etcomme jel’añdéjà dit, cest un cadre à remplir, et mon intention est bien décidée, si je le puis, d'y travailler tout le premier; mais j’engage aussi tous les amis de l’horticulture à me seconder. Les, Annales d'agriculture, d'horticulture, de l'Institut de- Hromont, Le Cultivateur où Jour- nal de l’industrie agricole, etautres sont des dé- pôtsouverts aux communications agronomiques, ancre FE ARR A PNR D AN ai D ea ya GS gt RU A om htm moner ae age a peeti à 8 à a Lo ENT Ba er EE LPS CEARA 9 ; ) D Am me a M dd à (EST) où je me ferai un devoir de recueillir et de met- tre en ordre tout ce qui sera publié de relatif à mon sujet; et je ne doute pas qu'avec ce con- cours d'efforts on ne puisse, d'ici à peu Tan- nées, jeter quelques lumières sur ce sujet nou- veau, et obtenir des résultats inespérés. Je crois devoir ajouter que je possède actuel- lement dans mon jardin à Paris, plus de quinze cents arbres à fruits, à pepins et à noyau , d’es- pèces diverses et de variétés choisies, parmi lesquels sont plusieurs hybrides tant simples que composés que j'ai formés et semés moi- même; tous sont francs de pied, ne sont point destinés à la greffe, et doivent donner leur fruit naturel; nul autre que moi ne met la main à ces arbres, plusieurs sont abandonnés à eux-mêmes (autant du moins que possible), afin dé per- mettre l'observation de leur marche naturelle de végétation et de fructification , chose dont on ne peut avoir une idée exacte lorsqu'on n’a va que: des.arbres soumis à la greffe et à. la taille. Quelques aûtres ont été consacrés à diverses Expé- riences, dont j'aurai occasion de rendre compte, la plupart de ces expériences devant servir de base au présent Traité. Ces jeunes arbres ont déjà commencé à porter fruit, et une grande partie du reste pourra en offrir l’année prochaine. P.-S. Dans ces derniers temps; MM. Bosc, (a3 ) + Féburier, Poiteau, Oscar Leclérc, etc., ont.en- core jeté quelque lumière sur cette-partie. Mais il est à regretter que MM. Lelieur, Du Petit- Thouars, Van Mons, qui avaient commencé, en- trepris ou promis des ouvrages importans, ne nous en aient donné qu'une très petite partie. Leur ouvrages néanmoins mont été d’un grand secours : M. Sieulle, comme praticien habile, ma aussi été fort utile; M. d'Albret, jardinier au Jardin du Roi, a aussi dirigé ses travaux sûr ce sujet. Je regrette de n’avoir pas eu le loisir de consulter ce qu'ont publié MM. Notsette et Tur- pin, ainsi que le Cours de culture de M. Thoüin, et les ouvrages du docteur Gallésio. RL LS RS RAS ES SLA SLR IL S AB LT AS AAA SAS SAR SAS RD 2% CHAPITRE TI. DES MOYENS DE PERFECTIONNER LA FRUCTIFICATION. \ me DE LA GREFFE. D'après l'exposé du plan de cet ouvrage, il est aisé de juger que je ne dois m'occuper que de la partie physiologique de la greffe, et seule- ment sous-le rapport de l'amélioration des fruits, ce qui exige cependant que je passe en revue et que je discute les modifications de tout genre 9 . LA À \- 72 r r: > he qu’elle fait éprouver aux végétaux qui y sont $ soumis, etque même je dise un mot sür quelques unes des espèces de greffe. A cet effet, je he crois pas pouvoir mieux faire que de m'appuyer sur l'autorité de feu M. Thoüin , et je vais eommencer par un extrait de son ouvrage intitulé, Mono- graphie des greffes, où 1l est aussi question de la greffe herbacée de M. le baron Tschudy , je vais le laisser parler. | 1°. Extrait de la Monographie des greffes dè | | M. Thon (1). Les avantages de la greffe sont entre autres ; 1°, de conserver et de multiplier des variétés, des sous- variétés et des races d'arbres prove- nues de graines dues aux hasards de la féconda- dation, et qui ne se propagent point par la voie des semences. Ellerest aussi la plus sûre et la plus prompte pour se procurer un grand nombre de végétaux très intéressans, qui se multiplient difficilement par tout autre moyen. 2°, De perpétuer des monstruosités remarqua- bles, suites de maladies ou d’accidens : telles sont les panachures, les laciniures, les fleurs doubles (x) Cet ouvrage a été refondu dans le Cours de culture et de naturalisation des végétaux du même auteur, que devront consulter les personnes qui veulent approfondir la science de l’horticulture. Paris, 1827; chez Mad. Huzard , libraire. (15) et! pleines, et les fruits irréguliers. Le rosier à feuilles de céleri, l'érable lacinié , les arbres pa- nachés et maculés, les cerisiers-à fruits en bou- ` quets; -et les orangers dits hermaphrodites of- frent des exemples de ces singularités. 3°. D’accélérer de pions années la fructi- fication. 4°. D PES RES les fleurs de beaucoup de va- riétés d’arbres-et arbustes d ornement. s bo, Enfin, de bonifier les fruits d'arbres éco- nomiques, et d'en hâter la maturité. Changemens.qu’opèrent les greffes. Les sujets ne changent pas le caractere essentiel des arbres dont ils reçoivent les greffes; mais ils le modifient souvent. Nous allons citer quelques exemples de ces modifications : elles se font. plus particulie- ee remarquer. . Dans la grandeur. Ainsi les pommiers qui, ee sur franc, s élèvent à à sept ou huit mètres, greffés sur paradis , atteignent à peine la hauteur de deux mètres. 3 Le sorbier des chasseurs, vēnu de graine dans nos jardins, s'élève à la hauteur d’un arbrisseau, lorsqu'il est enté sur l'aubépine il forme un petit arbre de huit mètres de hauteur. L’érable à semences velues (acer eriosperma , \ Desf.), greffé sur sycomore, devient un arbre touffu de seize mètres de hauteur, tandis que open AS Dép Er AN AL en er ca a pl (16) provenu de ses semences, il ne s'élève qu'à dix / mètres. 2°. Dans le port. Ainsi le ragouminier ( prunus pumila, L.) produit par ses graines est un arbuste qui rampe sur la terre, et s'élève rare- ment au dessus de six décimètres; greffé sur pru- nier, ses tiges droites, réunies en faisceau, par- viennent à la hauteur de plus d’un mètre. Le Cytise à feuilles sessiles ( cytisus sessilifo- lius, L. ), venu de semences, est un sous-arbris- seau d’un port étalé et grêle: Greffé sur le cytise des Alpes, il forme un buisson touffu, arrondi , et de quinze décimètres de haut. Le robinia-pygmée, franc dé pied, se couche sur terre, et ses rameaux se relèvent par leur extrémité. Lorsqu'il est greffé en tige sur le cara- gana, il forme une touffe arrondie et pendante vers le sol. 3°, Dans la robusticité. Ainsi lernéflier du Ja- pon, greffé sur l’épine blanche, a passé, au Mu- séum, plusieurs de nos hivers en pleine terre, parce qu’on a eu ‘la précaution de le couvrir de paille ; tandis que la gelée a fait périr, pendant les mêmes années, plusieurs individus francs de pied, quoiqu'ils eussent été couverts de lamiême manière. Le vrai pistachier, greffé sur le térébinthe, est moins sensible au froid que les individus z 207 RE a EA RN nan > "DA e aE. rs SRE EN > er STREE a, SET, po p: A a T A Dien ianen i o a PE 4 sci Le (17) provenus de semences, apportés de lAsie mì- neure, Les premiers résistent à nos gelées de dix degrés, tandis que les seconds périssent à six de- grés, toutes choses égales d’ailleurs. | Un individu de chêne à feuillede saule (quercus Phellos, L.), greffé sur l’yeuse, a supporté sans abri, pendant cinq jours consécutifs; seize à dix-sept degrés de froid, et des individus de la même espèce, venus de graines, sont morts à sept degrés et demi de gelée. | - 4°. Dans la fructification plus ou moins abon- | dante. Les robinia roses, satinés et visqueux, | greffés sur d’autres espèces du même genre, | donnent rarement des graines, et n’en donnent | jamais qu’en très petit nombre, tandis que, francs | de pied, ils en produisent souvent une assez | . grande quantité. | Au contraire, les sorbiers des oiseleurs et de 3 Laponie, les pommiers hybrides et à bouquets se chargent d’une quantité de fruits deux fois plus considérable, étant greffés, les premiers sur au- bépine et les seconds sur pommier sauvageon, ! que lorsqu'ils sont provenus de leurs semences. 5°. Dans la grosseur des fruits. Beaucoup de fruits charnus , et particulièrement ceux à pe- pins, sont plus volumineux souvent d’un cin- quième, d'un quart, quelquefois même d’un tiers sur les arbres qui ont été greffés, que sur 2 x 18 ) les arbres de la même variété provenus de sē- mences. 6°. Dans la qualité des graines. Le grossisse- ment du péricarpe influe rarement sur la gros- seur des semencés ; au contraire, elles sont, en général, mieux nourries, plus nombreuses et plús fertiles sur les individus provenus de grai- nes que sur ceux qui ont été greffés. Cette dif- férence est d'autant plus sensible , que les arbres sont cultivés depuis plus long-temps et s'éloi- gnent davantage de lenr état sauvage. On en trouve des exemples dans diverses variétés de pommiers, de poiriers et autres arbres fruitiers. 7°. Dans la saveur des fruits. Si le sol , le cli- mat, les saisons, l'humidité, la sécheresse, la lumière, et surtout la chaleur influent sur la qualité des légumes et des fruits, comme cela mest pas douteux, à plus forte raison les sujets souris à toutes ces influences, et dont la sève élaborée par léurs organes, sert d'aliment aux greffes, doivent-ils modifier la saveur des pro- ductions de celles-ci, Ils ne pourront pas trans- former une prune, une cerise, une pêche, un abricot, une pommé, etc., en fruit d’un autre genre, comme Pont pensé quelques personnes ; mais ils inflüeront cértainement d’une manière sensible sur leur goût. Ainsi, le pranier de réine-claude, greffé indistinctement sur diffé- ( 19 ) rentes variétés de sauvageons de son espèce, produit des fruits insipides sur les uns et déli- cieux sur les autres : les cerisiers greffés sur le mahaleb , sur le laurier-cerise ou sur le merisier des bois, donnent des fruits dont les saveurs sont tres différentes. 8°. Enfin, dans la durée de leur existence, La plupart Frs arbres fruitiers, et surtout ceux de la division des fruits à noyau, vivent moins long-temps lorsqu'ils ont été greffés que lors- qu'ils sont venus de semences. Parmi les arbres à fruits à pepins, dans le genre du pommier par exemple, le maximum de la longévité des indi- vidus greffés sur paradis est de quinze à vingt- cinq années; les individus entés sur.franc vi- vent jusqu'à cent vingt ans; et ceux qui, prove- nus de semences, n’ont été ni greffés ni soumis à la taille, peuvent vivre deux cents ans et au delà. Cependant, l'effet contraire se. présente quelquefois parmi les arbres d'autres séries, et particulièrement parmi les arbres étrangers : ceux-ci, greffés sur des espèces indigènes ro- bustes, vivent plus long-temps que les individus de même espèce provenus de leurs graines : tels sont les pavia rouge et jaune greffés sur marron- nier d'Inde, les sorbiers des chasseurs et de Laponie entés sur l'épine blanche, etc., etc: { 20 ) Greffes des parties herbacées des végétaux, ou greffes \ Tschudy. C’est à M. le baron Tschudy que l’agriculture est redevable de ces greffes. Elles se distinguent de toutes les autres, en ce qu’elles s'effectuent au moyen des tiges herbacées des arbres, des plantes vivaces, et même des plantes an- nuelles. A mesure qu'un arbre avance en âge, ses couches ligneuses sont comprimées de plus en plus par la formation des couches nouvelles qui croissent annuellement entre l’aubier et l'écorce des années précédentes. Le bois devient plus dense, et les canaux séveux qu'il contient se res- serrent de manière à ne plus permettre le libre cours de la sève; aussi n'est-ce que dans les par- ties vertes des végétaux que ce fluide circule ën assez grande abondance pour opérer une cica- trisation : voilà pourquoi jusqu’à présent nous n'avons obtenu de réussite que par la soudure des écorces, et jamais par l'union du bois, ni de l’aubier. Ici nous allons observer un nouveau phénomène : en greffant de jeunes végétaux herbacés , la sève et les sucs propres seront éga- lement répartis dans tous les vaisseaux nourri- ciers, et la tige entière jouira de la propriété de (ai) s'unir à une autre tige dans le méme état, D’après cela, on conçoit que ces greffes ne doi- vent laisser presque aucune trace sur les indi- vidus. Physique et théorie. Pour que cette union s'opère avec facilité et promptitude, il faut avoir soin d'insérer la greffe sur le sujet dans l’aisselle ou dans le voisinage d’une feuille vivante, de manière que la sève qui devait se porter au bourgeon de cette. feuille puisse animer le bourgeon inséré. Écoutons ici M. en | lui- * même. « Les feuilles sont essentiellement pourvues d'organes propres à absorber dans l'atmosphère des principes nourriciers; elles y pompent prin- cipalement de l’eau ; elles absorbent la substance lumineuse; elles saisissent dans l'atmosphère une partie de l'air élastique, qu’elles approprient à la nutrition de la plante. Elles sont aussi pour- vues d'organes propres à la transpiration, par lesquels elles rejettent au dehors l’excédant de l'eau qui leur est nécessaire. C’est là que néside le principal laboratoire où se forme le cambium. » C’est donc par l'action des feuilles qu’il faut greffer de l'herbe sur l'herbe pleine des tiges vertes. _» Mais les parties d’un végétal qui, par défaut d'organes propres à Fager oissement, ne peuvent (22) se prolonger, meurent en cédant leur propre substance au bouton voisin. » Si donc vous avez coupé une tige verte un pouce au dessus d'un bouton, ne greffez pas … sur cet inutile tronçon de tige verte, qui, né pouvant vivre pour lui-même, est dans l’impuis- šance ďanimer une greffe. » Greffez à la hauteur de ce bouton terminal, qui, en se prolongeant, occasionera la cicatri- sation, et qu’on supprimera lorsque le bouton inséré aura puisé sur cette jeune tige le principe d’une vie nouvelle. > Il faut aussi faire iida les parties incisées du sujet et de la greffe, de manière à établir entre leurs fibres le parallélisme le plus exact possible ; et il est bon de les abriter des rayons du soleil. Enfin, il est nécessaire de ligaturer assez for- tément pour que les fibres ligneuses du sujet, en se durcissant , ne puissent pas, par leur écar- tement, se séparer de la greffe. Lorsque ces opérations sont terminées, on abandonne la greffe à ellemême pendant quel- ques jours, puis on enlève les bourgeons infé- rieurs qui se trouvent sur la tige du sujet. Bien- tôt après, on supprime le bourgeon même de la feuille nourrice, et lorsque le gemma inséré se prolonge d’ une manière sensible e (vers le tren- (23) teme jour ), on desserre et lon serre de nõu- veau avec une lanière de papier et un fil de laine, plutôt pour contenir que pour contr aindre, Ces greffes doivent s'effectuer pendant Îles mois de mai et de juin, puisqu'il faut que les tiges soient herbacées , et puisque les feuilles jouent un si grand rôle dans la cicatrisation de la plaie. Les arbres verts, que l’on avait jusqu’à pré- sent regardés comme trés difficiles à greffer , se sont prêtés avec la plus grande facilité à:ce nou- veau genre de greffe. Les arbres à bois très dur, tels que les noyers, les chênes, ete. , etc., ont donné des résultats aussi satisfaisans; enfin, les plantes annuelles , bisannuelles et vivaces sont peut-être, depuis les expériences de M. Tschudy, les végétaux les plus faciles à multiplier par la . voie des greffes. i Ces greffes peuvent se diviser en quatres séries, La première comprend les greffes des unitiges, tels-qué les pins ; les sapins, lés mélèzes, arbres dont la tige centrale seule s'élève verticalement, tandis que les branches latérales décrivent toutes, avec cette tige, un angle qui devient de plus en plus ouvert, à niesure qu’elles reçoivent par la croissance une augmentation. de poids. Ces der- nières n’ont, pour ainsi dire, qu’une existence tributaire, ét ne peuvent tendre à la verticalité. ( 24) La seconde renferme les greffes des arbres omnitiges, tels que la vigne et les autres sar- menteux , dans lesquels la force vitale d’accrois- sement (1) est également répartie sur chacun des boutons. La troisième contient les multitiges, ou.les vé- gétaux chez lesquels cette même force vitale d’ac- croissement est susceptible de se diviser et de se transporter, pour ainsi dire, sur telle tige que lon veut. Dans ce cas sont la plus grande par- tie des arbres de nos climats. Enfin, la quatrième réunit les greffes des vé- gétaux herbacés, vivaces, bisannuels et annuels. (1) Force vitale d’accroissement » Cest à dire cette force qui fait que la sève se porte ordinairement dans quelques branches plus que dans les autres pour déterminer leur dé- veloppement. D’après l'opinion de M. Tschudy, cette force est également répartie dans toutes les tiges des sarmenteux ; par conséquent, on peut les greffer toutes avec un égal suc- cès: Elle n’agit que dans la tige principale de la plupart des résineux : cette tige seule est donc susceptible de rece— voir les greffes, Mais dans les multitiges , il est facile, au moyen.de la taille et de la position plus ou moins verticale que l’on fait tenir aux branches, de porter où l’on veut la force vitale d’aceroissément dont il est question. C’est ainsi que l’on recèpe un vieux tronc pour obtenir de jeunes pousses vigoureuses ; que l’on retranche. quelques tiges pour forcer la sève à se porter vers les autres, ete., etc. (38) SÉRIE PREMIÈRE. Greffes des unitiges. — Il est important de remarquer que ceux des arbres verts dont M. Tschudy a formé la division des unitiges ne prennent pas leur accroissement de la même manière que les arbres qui perdent leurs feuilles annuellement. En effet, dit cet au- teur , ces derniers se prolongent exclusivement par le faisceau d'herbes terminales : lui seul marche vers l'élévation, laissant derrière lui une feuille lorsqu'il en est temps, et portant ainsi successivement la dernière feuille près du som- met d’une tige qui a toujours marché exclusive- ment par son extrémité. Le bourgeon d’un pin où d’un sapin, au con- traire, se prolonge par tous les points de sa sur- face cylindrique. ; Il résulte de là que si Pon coupait trop tôt la tige centrale herbacée d’un pin et qu'on insérât une greffe sur le sommet dé cette tige, cette dernière en prenant son accroissement, détrui- rait le parallélisme, et par conséquent l'union qu’on a tâché d'établir entre les parties incisées . de la greffe et du sujet. Il faut donc attendre que la tige herbacée des unitiges soit parvenue aux deux tiers de son développement : alors les feuilles inférieures au- ront pris leur distance ; on coupéra la partie de la tige verte où les feuilles, pressées l’une sur à ai D Lo NN om pe TL à PRIE HA z (36 ) l'autre, annoncent un retard dans laction du prolongement, et on greffera sur ce sommet, où lon peut se promettre l’immobilité néces- saire. Greffe d'un rameau terminal herbacé d’un unitige sur le rameau terminal herbacé et tronqué d’un autre unitige. Opération. Couper horizontalement la tige du sujet ; dépouiller de feuilles la place où l’on veut greffer; former une incision triangulaire propre à recevoir le rameau terminal. Quand la» greffe est de même diamètre que le sujet, on s doit avoir recours au procédé indiqué pour la oreffe-Huart. Usages. Ces deux gréffes sont applicables aux pins, sapins et mélezes : elles peuvent également être employées pour beaucoup d'arbres es- tivaux. | re m. Greffe des omnitiges. — Il a déjà été dit que dans ces arbres la force vitale d’accrois- sément était également répartie sur tous les bourgeons, c’est à dire, suivant les propres ex- pressions deM, Tschudy, que si une tige s'élève verticalement, -elle n'usurpe pas une préémi-, nence, et que si elle tombe au dessous de la ligne horizontale , elle ne languit pas par défaut d'élé- vation : on peut donc greffer la vigne et les au- su a pee E aan a a FE (27) . tres omnitiges sur chacun de leurs bourgeons. … Cette série ne contient qu'une greffe, qui s’ef- fectue sur la vigne par le procédé de la deuxième | greffe, que je vais décrire dans la troisième série. SÉRIE II. Greffes des multitiges. — Dans tous les arbres de cette série abandonnés à eux- mêmes, quelques branches sont toujours beau- coup plus fortes et ont plus de tendance à do- miner que les autres. On aurait tort de greffer sur des tiges faibles, qui ne seraient capables _de donner que peu de nourriture à la greffe; on aurait même tort, toutes les fois que lon peut faire autrement, de ne pas supprimer les bran- ches qui pourraient attirer vers élles une partie dela sève destinée à se porter dans la tige gref- fée pour animer le bourgeon inséré : aussi, lorsque, après avoir recepé un arbre ,'on a ob- tenu un grand nombre de rejetons, faut-il ne conserver qu'un ou deux de ces rejetons, au ` plus, pour les greffer : par ce moyen, la sève, qui n'a point à se partager entre un grand nom- bre dé branches, se porte tout entière au lieu de lopération, et le succès est assuré. Greffe par approche d’un bouton naissant avec deux feuilles .ROUTTICES. Opération. Faire au dessus de deux feuilles deux incisions obliques aux tiges herbacées , en laissant le bourgeon que l’on $e propose de faire végéter ; recouvrir les deux plaies l’une par lau- tre et ligaturer. La greffe doit être reprise au bout de quarante jours. Usages. On peut faire reprendre, par ce moyen, le chincapin, plusieurs chénes.et plusieurs noyers d'Amérique sur de jeunes plumules provenues de semences en pots. Greffe par incision oblique, simple , soulevant une feuille. Opération. Couper horizontalement le sujet à un pouce environ au, dessus du pétiole de la feuille qui précède le faisceau terminal ; former , à partir de aisselle de cette feuille, une incision oblique d’un pouce ou un. pouce et demi de long, et qui se termine au centre de la tige; tail- ler la greffe en coin , de manière qu'elle rem- plisse exactement l’entaille du sujet, et que le bourgeon de la feuille se trouve à la hauteur du bourgeon du sujet. Usages. Cette greffe est applicable à toutes les plantes annuelles et à tous les arbres, mais par- (49) : ticulièrement à ceux dont les fibres ligneuses sont assez flexibles pour ne pas obliger à liga- turer trop fortement. Les arbres fruitiers , les rosacées, les peupliers, les saules, les tuli- piers, etc., sont dans ce cas. La vigne reprend plus difficilement par ce procédé, parce que ` Son système fibral est d’une grande raideur. Greffe d’une tige d’un diamètre beaucoup plus petit que p celui du sujet. Opération. Fendre le sujet de manière que l'extrémité du greffoir arrive jusqu'au bourgeon du pétiole; à partir de ce point, former, en „baissant la main, une incision oblique dont la profondeur diminue de plus en plus vers la par- tie inférieure ; former unè seconde incision qui Coupe à angle droit la première et qui s'arrête. à la hauteur du bourgeon ; tailler le scion en lame de couteau et l’unir au sujet, de manière que _ les deux bourgeons soient à la même hauteur. La seconde incision, dont il vient d’être ques- tion, a pour but d'empêcher l’écartement des fibres qui pourraient nuire à la reprise de la greffe. Usages. Les mêmes que la précédente. Greffe de végétaux à feuilles opposées. Opération. Faire au sujet une incision trian- gulaire dont le sommet soit au centre de la tige ; y insérer un scion taillé en coin prolongé, de manière que les deux bourgeons de ce scion forment un verticille avec ceux du sujet. Usages. Propre aux arbres à feuilles oppo- sées. AS série 1v. Greffes des plantes vivaces, bisan- nuelles et annuelles. — Plus l'existence d’un vé- D sance est rapide et vigoureuse, plus il a de force gétal est courte et plus ordinairement sa crois- vitale active. Voyez avec quelle lenteur s'élèvent, pendant les premières années, les grands arbres dont la durée est de plusieurs siècles; remar- quez, au contraire, avec quelle rapidité s’accroit une plante annuelle. On dirait que, dans ce der- nier cas, la nature se hâte, parce qu'il faut qu’elle produise en une seule saison ce qu'elle ne produit pour les arbres qu'en un laps plus ou moins considérable d'années : aussi les végé- taux annuels jouissent-ils beaucoup plus que les plantes vivaces, et à plus forte raison que les arbres, de la propriété de cicatriser prompte- ment une plaie : voilà pourquoi les greffes des plantes annuelles reprennentavecunetrès grande (84) facilité en très peu-de temps. Les soins que lon doit accorder aux greffes des plantes annuelles sont moins assujettissans encore que ceux que nécessitent les arbres. Ici, lon peut sans crainte supprimer tous:les bourgeons du sujet. La seule précaution à prendre, précaution Qui n'est pas indispensable, c’est abriter la greffe de l'aspect immédiat des rayons solaires , en enveloppant d’une feuille les parties opé- rées. Greffe d’un artichaut sur chardon lancéolé, Opération. Tailler en lame de couteau la tige de la greffe pres de sa racine, et l’insérer dans une fente pratiquée sur le même sujet en face d'une feuille, Cette opération se fait là seconde année avant la floraison. > Greffe-tomate sur pomme de terre. z F | Opération. Elle est la même que pour la greffe 2 $ précédente : elle s'opère au mois de mai. Usages. « Si en greffant des tomates sur pom- » mes de terre ( c'est M. Tschudy qui parle) on » parvient à obtenir une récolte égale à deux, » à doubler un jour l'héritage du pauvre, il » restera encorè à examiner si le sol ne sera pas > épuisé dans une mesure égale à deux. (52) » La nature nous permet de lui imposer de douces contraintes, j'avoue que celle-ci est un peu forte. Ne précipitons pas notre jugement, et continuons à marcher vers un but aussi-dé- 3 ? y REA PT sirable, afin d'en mesurer avec précision les avantages et les inconvéniens, » Greffe d’un melon sur tige de concombre. Opération. Lorsque le melon est parvenu à la grosseur d’une noix, coupez la tige un pouce et demi au déssous de l'insertion du pédon- cule; taillez en coin cette section de tige, et in- troduisez ce coin dans une incision oblique an- térieurement pratiquée, en posant ia pointe de l'instrument dans l’aisselle d’une feuille que vous aurez soulevée. Usages. En greffant sur concombres à diffé- rentes époques, depuis le mois de mai jusqu’au mois de juin, M. Tschudy a obtenu, en 1819, des fruits de melon depuis le 15 septembre jus- qu'au mois de novembre, et ces. fruits furent trouvés meilleurs que ceux qui étaient venus sur leurs propres pieds. Plusieurs auteurs prétendaient autrefois que tous les arbres pouvaient être greffés les uns sur les autres, quelle que fût d’ailleurs la différence de leur nature. Columelle, entre autres, pour (33 ) prouvér à ses contemporains cette prétendue vérité, planta au pied d’un olivier un jeune fi- guier, auquel il coupa la tige au collet de sa racine; puis il forma sur Paire de la coupe qu'il venait de pratiquer une entaille triangulaire et une fente; il courba ensuite une branche de l'olivier et Punit à la racine du figuier par le procédé de la greffe Varron. Š L'olivier végéta, et Columelle en conclut qu'il s'était greffé sur le figuier; mais il eut tort, puisque, pour peu qu'il se fût donné la peine d'examiner l'opération , il se serait aperçu que la tige de olivier avait poussé de sa partie opé- rée plusieurs racines suffisantes pour maintenir Son existence ; il avait donc fait une bouture au lieu d’une greffe. C’est un fait qui doit désormais être regardé comme certain, puisque, depuis douze ans, cette expérience est répétée au Mu- séum, et nous a toujours donné les mêmes ré- sultats. | Comment pourraitil se faire, en effet, que des arbres dont la contexture est différente et dont la sève n’est pas de même nature pussent s'unir de manière à ne former qu'un seul indi- vidu? On ne doit pas perdre de vue que, dans une greffe, quelle qu’elle soit, le bourgeon ou le rameau inséré végète en grande partie aux dépens de la sève qu'il reçoit du sujet : il faut ir 3 (34) done qu’elle soit à peu près de même nature que celle qui l’alimentait sur son propre pied; il faut encore que les canaux qui charrient dans les deux individus les liquides nourriciers aient une or- ganisation et une disposition conformes autant que possible. | En vain on s’efforcerait d'obtenir des résultats durables en greffant ensemble des arbres de deux familles différentes, parce que les mêmes lois qui président à l’organisation extérieure des végétaux président sans doute aussi à leur or- ganisation interne, et que là seulement où il y a des rapports dans la disposition des parties extérieures il doit exister intérieurement une conformité assez grande pour faire réussir les greffes. Quelques exemples prouvent qu'un végétal peut s'unir à un végétal d’une autre famille ; mais ils prouvent aussi que l'union n'est pas durable, Greffez un frêne sur un lilas, en peu d'années les deux individus n’existeront plus, parce que le lilas entre en sève bien -plus tôt que le frêne: d’où il résulte que ce dernier reçoit un excès de nourriture lorsqu'il comm ence à peine à végéter, et qu'il ne peut plus tirer du sujet aucun aliment à l'époque à laquelle il en a le plus besoin pour sa croissance. Le même effet se présente si l’on unit un laurier-cerise à un prunier, parce que (55) Pun est un arbre toujours vert, qui a bientot épuisé l’autre. | On ne peut pas, avec plus de succès, greffer des végétaux de même famille lorsqu'il y.a beaucoupde disproportion entre l'accroissement que peuvent prendre les deux individus. Que l’on ente, par exemple, un arbre sur un arbris- seau, il se formera au lieu de l'opération un bourrelet qui occasionera bientôt la-mort de l'un et de lautre, parce que la sève descen- dante du premier ne trouvera pas d'issuekpour arriver jusqu'aux racines du second. Le contraire aura lieu:si l’on greffe un arbrisseau sur un arbre; toutes les fois enfin que la nature des vé- gétaux greffés sera différente, on. n’obtiendra aucune réussite durable. 2? Dans ces derniers temps, M. Noisette voulut greffer sur le cactus opuntia un crassula, il pratiqua pour cela sur les larges feuilles du cactus des incisions longitudinales, dans les- quelles il inséra les greffes. Ces dernières ne pé- rirent point; elles poussèrent des racines qui s'implantérent dans les feuilles du sujet, et qui s'étendirent même dans l'atmosphère, où elles puisèrent sans doute aussi des fluides nourri- ciers: Il faut bien que les plantes grasses soient organisées. de manière à absorber ‘avec. une grande facilité les gaz répandus dans l'air, puis- | KA ( 56 ) que , quoique leurs feuilles et leurs tiges épaisses et charnues aient besoin d’une nourriture abon- dante, elles croissent, pour la plupart, en des sols peu profonds et Souvent encore moins subs- tantiels : il n’est pas rare en.effet de voir ces plantes végéter sur des rochers et des toits de maisons à peine recouverts d'une légère couche de terre. On peut citer encore parmi les exemples de greffes qui ne sont par le fait que de véritables boutures celle qu’Olivier de Serres a décrite dans son Théâtre d Agriculture, en parlant des fleurs d'ornement des jardins. « Pour meslinger, » ditil, et changer les œillets, l’on les ente en » escùsson, en fente aussi; en ceste facon, tres » rarement, et en quelque manière que ce soit, » est nécessaire d'y apporter de la curiosité, pour la foiblesse de la plante; moyennant lequel ordre, recouvre-t-on des œillets verts, insérant sur dés lauriers des jettons d’œillets blancs ; des bleus sur des buglosses , ou sur des troncs de cichorée, faisant l’enture un peu dans terre. ». Le même auteur ajoute plus loin (page 367, re. colonne, alinéa Fi) : « Par escusson, aussi » se sert on à enter plusieurs plantes à fleurs, à » bouquets, à la médecine, estant un peu fortes : » comme rosiers, œillets, violiers, passe-velours , (37 ) » passe-roses, buglosses, cichorées et semblables, » pour les bigearrer et diversifier , ete., etc. > Cette opinion, accréditée autrefois, à été dé- montrée fausse par beaucoup d'expériences fai- tes de’ nos jours. Depuis plus de dix ans, on greffe, au Muséum, en écusson où par scion sur des racines de plantes vivaces ou bulbeuses, des espèces congénères et disgénères. Ces plan- tes ont repris quelquefois de boutures, jamais elles n’ont donné aucun des résultats annoncés par Olivier de Serres. Voilà pour les boutures auxquelles on avait donné le nóm de greffes. Je vais dire quelques mots des semis sur arbres. La plantation dont il vient d’être question, sur feuilles de plantes grasses, donna l’idée de semer, entre l'écorce et l’aubier de végétaux ligneux, d’arbustes ou d’arbres, des sémences dépourvues ou enveloppées de leurs cotylédons. Ces semences se développeront-elles : ? Les plan- tes auxquelles elles donneront naissance se grefferont-elles avec le sujet? Vivront-elles à la manière des parasites ou des fausses parasites ? Quelles seront enfin les modifications que léur feront éprouver les végétaux sur lesquels elles ont été semées? Voilà les questions qui se pré- sentèrent tout naturellement. On avait lieu d'espérer que les germes , déve- Î Î (38 ) loppés d’abord par l'humidité répandue sous l'écorce du sujet, pourraient bientôt, en prenant de l'accroissement, se greffer avec lui par ap- proche. Il en est arrivé autrement: si parfois les graines ont germé , les jeunes plumules n’ont eu que peu de jours d'existence. Nos espérances ont été également déçues lorsque nous avons essayé de semer dans la moelle d'arbres vivans auxquels on coupait la tête à cet effet. Quelquefois, à la vérité, les semences ont germé, parce que l’on a eu la précaution de remplacer la partie supé- ` rieure de ia moelle par un peu de terre; mais bientôt après elles sont mortes, faute de nour- riture sans doute. Dans le cas où le jeune individu aurait con- tinué de croître, il se serait greffé naturellement sur le sujet, et il eût été curieux de savoir ce que seraient alors devenues les racines. Auraient-elles continué à pénétrer dans la moelle ? Seraient- elles. mortes faute de pouvoir s'étendre, et la greffe aurait-elle vécu, comme toutes les autres, des sucs nourriciers puisés dans le sol par les racines-du sujet? La greffe dite des charlatans est encore une de ces opérations que l'on ne peut considérer comme une greffe, Voici én quoi elle consiste: après avoir coupé à une hauteur plus ou moins grande un tronc d’un diamètré assez fort, où le (59) perfore intérieurement par son centre, de ma- - nière que l'arbre opéré présente, depuis ses ra- cines jusqu’au point où l’on a tranché sa cime, une espèce de-cylindre creux. On réunit dans ce cylindre plusieurs jeunes’ individus de familles différentes, dont on fixe les racines en terre, et dont les tiges s'élèvent au dessus de la section horizontale de l'arbre qui les contient, Nous avons déjà eu occasion d’ observer que la végétation active des végétaux résidait princi- palement dans écorce et l’aubier : il west donc pas étonnant que l'arbre perforé continue de vivre. Quant aux individus qui se trouvent inté- rieurement, ils prennent leur accroissement, forment des bourrelets à la partie supérieure de l'opération, et produisent, par la différence de leurs feuillages , de leurs fleurs ou de leurs fruits, un effet souvent très agréable , toujours fort sin- gulier. 2°, Observations physiologiques sur la greffe en général, et sur TET espèces de greffes en particulier. Les passages que J'ai cités ne peuvent donner qu'une idée incomplète des diverses ps phone de greffes et de leurs effets physiologiques, j engage donc les arboriculteurs à à consulter les ouvrages de M. Thouin; je leur conseille de méditer parti- Cao) culièrement sur les greffes herbacées de M. le þa- rou Tschudy, et sur les greffes dités le Nôtre, Pomone, le Berryais, Duroy, Adanson, Grew, Pepin , Lambert, Bosc, etc. À ces greffes j'en ajou- terai quelques unes que j'ai observées ou faites moi-même, et j’établirai une discussion sur leurs effets relativement au perfectionnement de la fructification. Dans un Numéro du Bulletin publié par M. de Férussac, j'ai lu qu'on venait de faire réussir une greffe de rosier sur le chêne, cette expérience devra être suivie. J'ai observé, dans mon jeune temps, dans une des iles Borromées, en Italie, des greffes très bizarres ; j'en avais pris note, je wai pu la re- trouver. | Au nombre des greffes herbacées on à cité la greffe du melon sur concombre comme moyen d'amélioration, J'avouerai que sur ce point je ne suis pas très crédule; il me semble que, sous ce rapport, il eùt été préférable de greffer le melon sur lui-même et de semer les grainés du melon provenant de cette greffe. Quant aux tomates greffées sur pommes de terre, et aux pommes de terre greffées sur tomates, cette expérience me paraît plus curieuse qu'utile. La iomate greffée sur pomme de terré n’imprime à la saveur des tubercules rien de particulier. Chr) Au surplus, il serait possible que cette greffe imprimåt aux graines des fruits qui en seraient le produit une disposition à.donner des variétés : Cest une expérience à suivre. | L'influence du greffement ne se fait pas sentir seulement sur la tige et les branches, elle agit aussi très probablement sur les racines, soit en bien, soiten mal { j'entends par là en diminuant ou en augmentant leur force d’accroissemént Ja soit d'une manière quelconque : je ne connais pas d'observations faites à cet égard, elle agit encore sur la tige du sujet qui reçoit la greffe et même très sensiblement. Lorsque les deux arbres, dont l’un a fourni la greffe (le greffant) et l’autre Pa reçue (le greffé ), sont en harmonie de taille, de force et de vigueur , il y a aussi harmonie d’accroisse- ment ou de grossissement entre la tige du sujet et la tige ou les branches développées par la greffe, bien qu’il se manifeste toujours à l'en- droit opéré une espèce de bourrelet. Si le gref- fant est plus fort que le greffé, il prend plus de grossissément sur sa tige et ses branches que ce dernier, et cependant lui communique un peu de sa force , il lui fait prendre un peu plus d'ac- croissement qu'il n’en aurait pris sans cela. Si le greffant est plus faible que le greffé, le premier Sagne un peu en force , mais le second en perd f A (42) beaucoup plus-en proportion, et il reste plus faible qu'il n'aurait été de lui-même. On peut regarder ces remarques comme assez générales, du moins je le crois; mais elles mont été parti- culièrement fournies par des églantiers greffés par moi. Ceux qui avaient reçu la greffe du ro- sier-pompon étaient manifestement“ restés plus faibles qu’ils n'auraient dù l'être, ceux qui avaient reçu la greffe d'églantiers hybrides très vigou- reux étaient devenus eux-mêmes d’une force extraordinaire. Pai lu quelque part, 'je crois dans un extrait des Transactions philosophiques de la Société royale de Londres, qu'un jasmin non panaché, ayant reçu la greffe d’un jasmin panaché, greffe qui réussit d'abord et qui périt par suite, avait, depuis et au dessous de l’ancienne opération , repoussé un rameau panaché. Si ce fait très sin- gulier est exact, il prouverait d’une manière évidente l'influence du greffant sur le greffé. La panachure des feuilles serait-elle donc une af- fection contagieuse, capable de se gagner par communication ? J'aurai par la suite occasion de revenir sur ces faits ét de rappeler quelques réflexions déjà faites par moi à cet égard et relatives à"cette espèce d'affection contagieuse, remarquée entre dés individus à fleur simple et des individus à (45) fleur double : quelques jardiniers prétendent avoir remarqué que pour obtenir des giroflées à fleur simple des graines propres à doubler il- était essentiel de laisser auprès des porte-graines des individus à fleur double : cette observation , supposée juste, m'avait suggéré l’idée de greffer Sur un rosier double le rosier-capucine , qui n’a point de variété à fleur double, afin d’obtenir des individus à fleur: double par le semis des graines des fruits produits par cette greffe; je wai pu suivre cette idée, j'engage quelque horticul- teur à la tenter. | On a attribué à la greffe en écusson à œil renversé et à la greffe en fente à bois renversé la propriété d'accélérer l’époque de la fructifica- tion, j'ai pratiqué ces greffes, j'ai bien remarqué qu'elles paraissaient pousser très faiblement; mes. observations à cet égard n’ont pas été portées plus loin. Au surplus, comme ces greffes con- trarient la végétation, elles pourraient, sous ce rapport, contribuer à avancer la domésticité des arbres sauvages, les graines des fruits en prove- nant. devront en recevoir quelque influence. Pai lu dans l Essai sur les principes de la greffe par Cabanis , que les pepins de poire greffée sur coignassier donnaient plus de variétés que les pe- pins de la même poire greffée sur franc. Ce fait est très important, et jy reviendrai plus d'une fois. On verra par la suite qu'il y a tout lieu de croire ( 44) que la greffe répétée sur les semis successifs des graines des arbres à fruit est un puissant moyen d'amélioration. J'y reviendrai aussi très, au long quand l’occasion s'en représentera. Je pourrais pousser plus loin ces citations; j'ai dû, pour le moment, me borner aux plus re- marquables, cherchant à éviter des répétitions, qui deviendront nécessaires lorsque le sujet my forcera. Quoique je pense qu'il eût été avan- tageux d'établir sur chaque point une discussion particulière , comme cela serait fort long, et que d’ailleurs tous n’ont pas pour moi le même degré de certitude, en tant surtout qu'ils ne sont pas tous le fruit de mes propres observations, je ne puis cependant me dispenser d’en tirer quelques conclusions, du mérite desquelles chacun sera le maitre de juger; omw pourrait donc.en conclure : 1°. Que la greffe influe plus ou moins sur le sujet greffé et sur le greffanit. 29, Que la greffe peut modifier la sève du su- jet greffé (exemple tiré du jasmin panaché cité ‘Ci-dessus, point très important et qu'il serait nécessaire de.constater comme preuve de la possibilité de contagion de diverses affections 5 panachures , doublement des fleurs, etc., etc.). 30. Que les espèces étrangères, faibles , petites ou délicates , gagnent en robusticité, énf:force, en taille, en longévité et en acclimatation. lors- qu'elles sont greffées sur des espèces indigènes , ( 45 ) acclimatées, grandes, fortes, robustes, ou d’une longue durée, et qu'elles participent plus ou moins de ces qualités avantageuses (objet inté- ressant, et qui fait voir l'importance de la pro- duction des espèces hybrides, comme sujets ro- bustes et propres à recevoir la greffe). 4°. Que cependant, en général, on a remar- qué, surtout dans nos arbres fruitiers, que ċèux qni sont greffés vivaient moins long-temps que lesautres, et n’atteignaient pas la même grandeur ; ce qui me porte à croire qu'indépendamment de la force et deda taille des sujets, il est-encore d’autres considérations plus ou moins influentes, de sorte qu'il est probable que lorsque nous nous servons d'individus cultivés pour y im- planter des greffes, tels robustes qu’ils nous pa- raissent, ils ne peuvent ehcore atteindre la ro- busticité des sauvageons, et que la greffe porte en elle-même un principe de débilitation qui agit indéfiniment lorsqu'il n’est pas plus que contre- balancé par d’autres causes. 5°. Que, par une suite de cette débilitation , effet dont nous ne pouvons nous rendre compte bien exactement, le bois des arbres greffés de- vient moins dur, les épines disparaissent peu - à peu, les feuilles deviennent plus larges, le pa- renchyme en général plus abondant, et quelque- fois la croissance plus prompte en apparence, PE en (46) quoique en définitif elle soit réellement moins considérable. 60. Que, quant à la fructification, le ni des fruits est en général plus prompt, plus assuré par la greffe, pourvu toutefois que les espèces se conviennent jusqu’à un Certain point, que la sève reçoive , par l'effet de la greffe , un principe de modération, d'équilibre entre le bois et le fruit, et qu'il n’en résulte pas un effet de faiblesse trop marqué. Il peut y avoir ici, d’ailleurs, quelques causes d'erreur; ce qui provient de ce que, ne faisant point attention au vieillissement que peut produire la greffe , soit en augmentant le degré de ramification , soit par le choix et la nature des yeux ou branches implantés, soit au lieu de leur placement, circonstances jusqu'ici très négligées dans la pratique, on a attribué à la greffe elle-même la plus prompte fructification qu'elle parait opérer, fructification qui dans cer- tains cas pourrait être attribuée à divers effets de culture, et pourrait avoir lieu encore plus abon- damment et plus sûrement sur les arbres non greffés, mais qui aurait pu se faire attendre beaucoup plus long-temps, ou présenter des ef- fets d’alternat plus sensibles, toutes choses capa- bles d "induire en erreur les observateurs super- ficiels. 7°. Que le volume des fruits en général est | 2 re augmenté (j'entends le volume du péricarpe et non des graines, ce qui est fort différent); je dis en général; parce que je ne pense pas qu il ne puisse y avoir d’exceptions relatives aux es- pèces et aux circonstances, ou dans le fait lui- même de grossissement, ou dans ses propor- tions. | | 89, Que le volume des graines proprement di- tes diminue pour le plus souvent, ainsi que cela arrive aux pepins de poires et de pommes culti- vées, qui sont ordinairement moins gros que ceux des pommes et des poires sauvages, pepins qui quelquefois même disparaissent entièrement (cet effet se remarque dans plusieurs fruits, qui les ont perdus pour toujours, et que nous nom- mons abortifs : tels sont quelques raisins, nèfles, etc., etc.). | -On pourrait cependant objecter. à à cette opi- nion le grossissement opéré dans quelques belles variétés de noix, d amandes , de £ papas DE nt ( 54 ) vigne, lagapucine à fleur double, l’œillet de bois, les rosiers à cent feuilles, les bananiers , les ana- nas, les patates se conservent, se perpétuent, et se multiplient sans être renouvelés de se- mence, età tel point que plusieurs d’entre eux paraissent avoir perdu non seulement. l’habi- tude, mais encore la faculté: dei fleurir et de grener. Dans plusieurs cas, le recepage à fleur de terre, et exécuté avec certaines précautions, iN prolongé de beaucoup une existence qui sans cela aurait cessé; et sans contredire. l opinion qui attribue une cause d’affaiblissement àla multiplication par greffe, bouture et marcottes, ilest probable qu'on peut. en espérer le renou- vellement et le rajeunissement des vieux arbres et.des végétaux rabougris, par un choix judi- cieux fait sur. les-parties les plus vigoureuses où, si lon veut, les moins faibles des végétaux et leur placement pàr la greffe sur des, individus jeupes.et-robustes': c'est ce qui va ressortir de quelques explications, | Dans lesjeunes-végétaux , dans.un jeunearbre (mon greffé)il y aune force -expansive, et ce mouvement d'expansion:se porte avec énergie au sommet de la tige et à toutes les extrémités des branches , ily.a une sève abondante et luxu-- riante qui développe de préférence les boutons à bois; ce n'est que sur des rameaux latéraux, courbés inclinés, hors de la direction du grand C 5S) courant de la sève, que, s’aperçoivent de rares boutons fructifères; l'arbre croit, s'étend... at~ teint ses dimensions; à cette époque, les:extré- . Mités ne prennent plus qu'un accroissement in- sensible, qui peut même se horner à la longueur du bourgeon; ; les boutons à bois- diminuent de force et. de nombre, les boutons à fruit se mul- tiplient (si.c'est un poirier sauvage ou à demi sauvage, les épines disparaissent; il commence à donner des. signes de domesticité,. je dirais _ presque.de civilisation ); au lieu de se dévelop- per sur des boutons à bois, il nede fait plus que sur ses boutons à fruit. ou bourses, ou, pour mieux dire, tous ses boutons terminaux sont à fruit; l'arbre paraît cesser .de.croitre, il s'y éta- blit un mouvement rétrograde; il y a décurta- tion. à l’extrémité de la tige principale, l'arbre se Couronne ; ily a concentration de sève, elle se rallie vers le.centre, ou vers le pied .ou collet, qui parait être le point vital ; il:s’y manifeste de nouvelles pousses, .il y a,renouvellement et ra- jeunissement, les épines reparaissent, et à la fa- veurd’un rabattage ou recepage convenablement exécuté, le végétal reprend une nouvelle vie. _. Ghez.les. animaux... il y a analogie d’époques et d'effets; dans le jeune âge, lemouvement,ex- pansifsa lieu, et dans la vieillesse il y a mou- vement rétrograde; les extrémités faiblissent, il RSR 3 aia MR D pa M a PSP Se om RE D age EA (56) y a concentration de vitalité au ĉæur, mais il n’y a lieu ici ni à greffe ni à bouture; il n’y à lieu ni à rabattage ni à recepage, les parties mortes ou faibles ne beuvent ni se réparér ni se suppléer; il n’y à lieu ni à renouvellement ni à rajeunissement : et en effet, si dans le règne animal un renouvellement témporaire et partiel rie devait produire que des races affaiblies et dégradées , ce renouvellement n’a pas dù entrér dans les vues de la Providence, qui a bien jugé qu'il y avait dans l’ordre moral assez de causes dé dégénération et de dégradation, sans que Por- dre physique püt y contribuer. | Mais revenons à notre sujet. Pendant la durée de ces époques successivés de mouvement ex? pansif et de mouvement rétrograde dedilatation et de concentration, de croissance et dé décrois. sancé, de force et de: faiblesse, ont dù s'opérer dans l'état, dans la constitution de‘chacuüne des différentes parties de l'arbre dés variations, des modifications, des changemens, suivant que les boutons à` fruit ou bourses se trouventrêtre soit latéraux , soit terminaux , Suivant qu'ils sont placés sur la tige principale, ou sur des rameaux d'un plus où moins haut degré de ramification secondaire, tertiaire, etc. , Suivant qu'ils se trou- vent dans une position plus où moins verticale ou plus ou moms inclinée, qu'ils jouissent plus (57) où moins dé vinjai à Pair ou au soleil, qu'ils sont plus ou moins exposés au cours de rect de la sève, qu’ils sont eux-mêmes d’ancienne ou de nouvelle formation, c’est à dire produits par les extrémités anciennes de l'arbre, ou nou- vellement produits au centre ou au pied de l'arbre, à son collet, ou même sortant de ses racines, soit naturellement, soit par l’effét du rabattage ou du recepage, suivant qu'ils sont en définitif plus vigoureux, plus chargés d’épines ; et que leur écorce est plus fraiche, plus lisse, On peut croire que leur tendanceet leurs dispo- sitions à vieillir ou à rajéunir sont augmentées où diminuées, lorsque par l’œilletonnage, le bouturage ou: la greffe, on les sépare de leur Pied, pour planter les œilletons et les boutures dans un terrain et une exposition plus ou moins favorables; et: les greffer sur un sujet plus ou moins convenable ; ; selon que ces greffes ont été prises dans un lieu de vieillesse ou de rajeunis- sement, elles doivent offrir plus ou moins de tendance à se mettre à bois ou à fruit, et ces dis- positions doivent être augmentées par l’état du sujet, soit jeune, soit vieux, soit fort, soit fai- ble ; il est aisé de sentir que pour leur redonner de la vigueur il faut les placer sur un jeune et for t sujet: Tient-on au contraire à avoir promp- P tement du fruit, et non à laisser prendre de la (58) force à arbre on observera.une conduite tout x ) "7 opposée. Je-ne doute pas-gue ces diverses considéra- tions maient une grande influence sur la qualité desfruits et sur la qualité des graines relativement aux produits par.semis qui devront s’ensuivre. Jy reviendrai ailleurs. Malgré ces rajennissemens opérés par le rece- page, l’œilletonnage, le bouturage, je ne pense pasmoins comme M. Knight, en modifiant cepen- dant son opinion, que l’extrait de naissance de lindividü premier producteur de ces boutures et de ces greffes west point effacé, mais que, tout.en louvoyant, il faudra pourtant arriver au terme fatal. Mais jusqu'où ce terme pourra- t-il étre reculé? C’est ce que nous ne savons pas. Le rajeunissement opéré par-la greffe n’est donc-que diülatoire, il n'empêche pas les végé- faux qui en profitent momentanément de tendre toujours à leur fin; l'efficacité «apparente ou réelle de ce moyen de conservation est unique- ment due à la vigueur et à la jeunesse des sujets qui reçoivent la greffe ,-et.j'en ai déjà cité sous “un autre rapport des effets remarquables. La greffe d’ailleurs n'en est pas moins par elle-même une opération débilitante, et cette action nê peut être contrariée que par de fortes causes d'opposition : c'est.ce qui va résulter des ( 59) la comparaison entre les arbres non greffés et les’ arbres gr effés, et.de la comparaison des ar- bres pars avec les vieux arbres. Les vieux arbres (non greffés) ayant subi par l'effet de la pousse annuelle ,. soit directe, soit latérale, plusieurs degrés successifs de ramifica- tion; et éprouvant ainsi à chaque bifurcation, à Foie nœud une contraction qui -obstrue ou resserre-le canal-médullaire: et les canaux ou fibres de l'écorce placés à ce nœud, »cette : con- traction gêne et ralentit le cours de la: sève ; ces vieux arbres; dis-je, énraison de cette gêne, poussent moins de bois, Sont moins: chargés d'épines: que les jeunes , ont les bouitons'à fruit plus.gros; plus nombreux: se mettent ‘en un motà fruit plus aisément, et le: fruit: devient plus gros, plus savoureux sor, la greffe; rien que-par elle-même et indépendamment de‘toutes les causes de jeunesse et de vieillesse, relatives à l'influence des sujets jeunes ou vieux dont j'ai parlé plus haut; la greffe, dis-je, produit des ef- fets analogues à ce qu'on voit sur:les vieux ar- hres. Les arbres greffés. en général, vivent moins long-temps, poussent moins de bois, se mettent :plus-aisément à fruit, etc., ete.: donc la greffe fait-wvieïllir les nie à en juger par analogie. _æ Mais comment ces sé: sont-ils pondan par dE rh Done meme rt DER 5 Sara 7 joe AT CE (60 ) PA âge? Comment la greffe y Joue-t-ellé son rôle? Nous ne le savons réellement pas; Cepeñdant, il nous est permis ut le-conjecturer, et peut-être donnerons-nous à nos conjectures quelques de- grés de vraisemblance: La greffe, en multipliant les degrés de rarifi- ation, en:gênant la communication de la sève entre les-deux:sujets, en l’interceptant entre-la moelle du greffé et-celle du greffant , fait à peu près ce: que ferait l’âge; eHe doit donc affiner la sève, sion peut parler ainsi, èt cet effet peut être augmenté par le: bourrelet qu’elle former, bourrelet qui gène la sève dans sa descente, ia force de séjourner dans la partie supérieure-de l’arbre iet; ‘conséquemment de - subir: dans :les feuilles uneélaborationplus longue, une combi- naison plus parfaite awec--l’air: atmosphérique, d'ou. résultent un épaississement de la sève au profit des fruits, et une-perte de Juxuriance æt d’aquosité au détriment -de la pousse en‘lon- gueur desi brançclies, et par suiterau détriment de.la, partie de da tige inférieure au bourrelet, et subséguemmenta atwdétrimentədes racines. IL y.a d'ailleurs souvent en faveur.des arbres soumis à la greffé.quelques circonstances qui peuvent concourir à augmenter ses avantages. Ordinairement, ces arbres sont placés dans nos vergers ; nos jardins, etc: où une terre labourée, (61) et amendée, ainsi que plusieurs autres soins de culture, contribuent à leur procurer une nour- riture plus recherchée, plus à R ATE R que leurs branches à fruit sont mieux nourries , mieux fournies de parenchyme, plus aérées, et que leurs feuilles sont plus grandes qu’elles ne auraient été dans les bois; ce qui facilite l’éla- boration de la sève, et ajoute à l’amélioration des fruits. | 4 Cependant, il faut l'avouer, cetteamélioration, quoique réelle, est lente et très peu sensible: “aussi, dans l'intention de l’accélérer, de la pous- ser plus loin , a-t-on imaginé de regreffer plusieurs fois les arbres sur eux-mêmes. . M. Thoüin, au Jardin du Roi, a suivi cette méthode sur quelques arbres à fruit; il yaeu augmentation de volume très sensible, améliora- tion de saveur moins marquée. En Belgique, je crois que ce procédé a été employé avec succès ; cependant je ne puis l’assurer. | Je me rappelle avoir entendu dire à quelques Italiens que c'était à la greffe répétée plusieurs fois sur elle-même qu'on devait les variétés d’azéroliers à fruit mangeable, cultivées en Italie et dans nos départemens méridionaux. Par une extension abusive de cette améliora- tion due à la regreffe, on avait été jusqu’à dire que le marronnier d'Inde „greffé, suivant les uns, (62) sept fois sur lui-même, et jusqu'à quatorze fois ` suivant les autres, avait fini par donner dés fruits doux. Ce fait n’a point été vérifié, et il me paraît plus que douteux. Ce n’est pas que je regarde l’adoucissement dés fruits du marronnier d'Inde comme impossible; nous avons bien obtenu des amandes douces delamandier,quiprobablemient, dans son origine, n'avait que dés fruits amers ; mais est-ce la greffe qui a produit ces effets ? Tl semble que s’il était absolument de l'essence du marronnier d'Inde et de amande d’être amers , la greffe au lieu de les adoucir devrait les ren- dre encore plus amers; car ce serait alors pour eux un perfectionnement. Jaime mieux croire que c'est en semant et ressémant les variétés les moins amères, qu'on s’en sera procuré par les cultures, y joignant, si l’on veut, le secours de la greffe, comme favorisant la production des variétés, et qu'ainsi par degrés on séra parvénu à obtenir des fruits doux. (Avis à suivre pour adoucir les fruits.) | Rosier , dit-on, avait greffé et iyat sur eux- mêmes plusieurs arbres à fruit, ces arbres en souffrirent et périrent définitivement : autant que je puis me le rappeler, cette expérience fut sans résultats; ce fait prouve que la greffe répé- tée nuit aux arbres. Cependant cette expérience est si importante qu'elle mériterait d’être recom- (63) mencée et suivie sur différentes espèces; il fau- drait avoir attention de ne le faire que sur des su- jets vigoureux et dans un terrain très favorable. M. Vilmorin ma fait part d’un fait assez cu- rieux, que cependant nous ne pouvons garan- tir. On lui a dit qu'un pommier greffé plusieurs fois sur lui-même avait fini par donner des pom- mes si grosses, que la queuede ces fruits, n'étant plus en dimension proportionnée avec leur vo- lume, elle n’était plus en état de les supporter; c'était probablement le pommier greffé sur pa- radis, ce qui augmente les chances favorables ; il aurait fallu semer les pepins de ces fruits, Ceùt été le moyen de fixer cette variante. Si cest réellement en augmentant les degrés de ramification et en obstruant le passage de la sève, que la greffe agit comme améliorante , il me semble qu’il serait utile de pratiquer dans la manière de Vexécuter quelques modifications ICI. 1°. La greffe en fente , qui produit matérielle- mentun ou deux degrés de ramification de plus que la greffe en écusson, lui serait-elle préfé- rable pour avancer la fructification? On sait qu'on lemploie avec succès sous le nom de greffe à la Pontoise pour mettre à fruit un très jeune oranger. | dont l'idée mest venue, et que je dois soumettre is + < Fi e eee a a E r 2°. La greffe en écusson sur le vieux bois est, dit-on, d'une reprise plus difficile; et en effet par là doit être aussi plus difficile la communi- cation de la sève par la moelle et la tige avec la moelle du bourgeon futur; cette difficulté doit tendre à affiner la sève : cette manière de greffer serait-elle donc quelquefois plus avantageuse? N'était-ce pas à cause de cette obstruction et de la difficulté de la reprise que les anciens conseillaient de placer l’écusson à la place d’un œil supprimé, pensant que dans ce cas la sève devait s'y porter plus naturellement et plus aisément? Ne devrions-nous pas revenir à cette méthode dans certains cas? _ A ces dispositions naturellement améliorantes de fructification de la greffe sur elle-même, ou sur des sujets de même nature, on a avec suc- cès fait quelques additions heureusement ima- ginées , en variant la nature des sujets : c’est prin- cipalement de la greffe du pommier sur doucin et encore mieux sur paradis, et du poirier sur coignassier que je veux parler ici. Le pommier greffé sur paradis vit moins long-temps, prend moins d’accroissement, et même reste nain; il se met à fruit d'autant plus aisément , qu'il a la faculté de former ses bou- tons à fruit sur le bois de l’année, et même sur ses boutons terminaux : il n’est en conséquence t OG); pas sujet à alterner, son fruit devient plus gros, plus, délicat que celui greffé sur frane ( proprié- tés qui lui sont communes avec les vieux arbres) : il est donc avancé, vieilli et amélioré; il ressent ladouble ‘influence de la greffe en elle - même et de la geffe sur paradis. - Le poirier greffé sur coignassier présente à peu prés les mêmes phénomènes ; il paraît .de plus perdre en partie ses épines; son- fruitest sensi- blement meilleur que celui greffé sur sauvageon ét même sur franc : il ressent donc: aussi l'in fluence combinée de la greffe en elle-même, et de la greffe sur coignassier. | Dans ces deux cas, c’est probablement comme nainget comme arbre déjà amélioré qu'agit le pPommier-patadis, et quant au coignassier, c'es comme moins vigoureux, comme: se mettant à fruit lui-même ‘assez aisément, ‘conne ayant subi plusieurs tnulüplicationes par marcottes , ainsi que le paradis, comme ayantune nature de sève différente, et peut-être. comme déjà amé- lioré par la culture, qu agit, dis-j -Je, le coignas- sier. Mais il ya dans la greffe du Poirier sur coi- gnassier quelque chose de très remarquable. On a observé que, certaines. variétés de poires ne réussissaient pas sur le sauvageon et même sur ‘le franc; réussissaiént bien mieux surle coignas- 5 ( 66 ) sier, et que d'autres variétés ne réussissaient pas sur ce dernier; on a imaginé, je dirai presque pour le dépayser, de greffer d’ FR le coignassier sur poirier; et le poirier sur coignassier , et par une double greffe de remettre sur ces sujets céux qui d’abord paraissaient ne pas devoir y réussir, TI nous est impossible de donner la raison-de ces faits. Peut-on croire qu'il y ait plus de res- semblance entre certaines variétés de poirier et le coignassier, qu'entre le poirier cultivé et le poirier sauvage lui-même; effet singulier de la culture? Dans tous les cas, on se demande comment le coignassier, qui a un fruit si âpre; peutfournir une sève si douce au fruit du poirier; caf enfin la greffe a beau affiner et modifier la sève d'un arbre, elle ne peut, en définitif, modi- fier que ce qu’elle trouve; on ne voit pas com- ment elle n’affine et ne modifie pas également celle du poirier sauvage, aussi bien que celle du coignassier. Ces derniers faits confirment encore observation de l'influence réciproque des sujets “greffans et greffés les uns sur les autres. Sous le rapport de l'augmentation du volume des fruits et de la diminution de celui des graines , nous devons Croire que nous marchons vers le perfectionnement èt c’est:un avantage qu’on ne peut contester à la greffe: _L'inflence de la greffé sur avancement (67) où le retard de la maturation des fruits est un Point très important, et sur lequel les opinions sont partagées; Je n'ai pas trouyé -de -raisons suffisantes pour fixer mon opinion personnelle : en théorie et comme opération débilitante, il me semble que la greffe devrait avancer le maturité; mais comme on ne peut envisager les effets de la greffe d’une manière abstraite, et qu'il faut nécessairement tenir compte et de la nature du greffant et de celle du greffé, ainsi que de mille autres circonstances relatives au sol, au climat, à l’âge, ete., circonstances qu'il est impossible écarter, je m’abstiendrai de prononcer. La théo- rie dit bien que la greffe, soit simple, soit redou- blée, doit modérer et affiner la sève et conséquem- ment avancer la maturité; mais jusqu’à quekpoint cette faculté peut-elle être portée sans inconvé- nient? Ne doit-êlle pas avoir un terme Et deplus cette modification apportée par la greffe peut être contrariée par la nature des sucs du gref- fantet du greffé, dont il est impossible de balan- cer et d'apprécier les convenances ou disconve- | nances, d'autant, comme je l'ai dû faire observer, que la greffe ne peut affiner que ce qu’elle trouve, et ne peutavoir la faculté de changer les sucs: Je ne puis qu'engager les observateurs à fixer Teur Attention sur cet objet, qui est très essentiel. La plupart des faits cités jusqu'ici, les opinions :£ ( 68 ) émises et la discussion qui s’en est suivie ont principalement roulé sur l’action directe et im- médiate de la greffe, sur les sujets greffés čt greffans; mais , Comme je l'ai déjà fait entrevoir, ilest un point beaucoup plus important, c'est Fexamen de ce qui peut résulter du semis des fruits des arbres greffés et regreffés soit-sur eux- mêmes, soit sur des sujets d'espèces différentes, soit:par les moyens ordinaires de la greffe, soit par une complication de procédés particuliers. Je ne vois pas que jusqu’à présent, sauf peut- être en Belgique, cet objet ait été pris en consi- dération, non pas précisément parce qu'il aurait échappé à l'attention, mais il paraît n'avoir donné lieu à aucune observation positive, et les conséquences n’en ont pas été suivies; il faut convenir que ces observations exigent un laps de ternps ” grosseur ne devra pas toujours être regardée comme obstacle à l'amélioration de saveur. J’a- voue qu'x cet égard je n'ai aucune donnée ; je _m'abstiendrai donc d'en dire davantage , jusqu’à ce que Pexpérience mait rendu plus, instruit. Dans le cours de cet article, on'a pu observer qu'entre l'incision annulaire et la greffe, toutes deux opérations débilitantes, il y avait sinon pa- Se D ( 104 } rité absolue d'effets, au moins beaucoup de si- militude , quoique non-égale sur tous les points. Je crois inutile de renouveler ici- tõus. ces rap- prochemens ; il suffira de se reporter à ünepar- tie de ce que j'ai dit de la greffe: par cette com- paraison, on pourra juger de ce qu’elles ont de _ Commun, de ce qu’elles ont de différent, et de ce qu'on gagnerait, pour aller plus vite en amé- liôration , en cómbinant et faisant marcher de front ces deux opérations sur les mêmes sujets; j'en exposerai plus. tard quelques, exemples. Je finis iéi mes observations sur l’incision an- nulaire, un peu étendues, j'en conviens , mais justifiées, je l'espère, par l'importancédu sujet ; jé souhaite que mes prévisions ne soient: pas trompées. t3 go + FE ea : Se il ai Ag A ARUINN ARAA ID Lo CHAPITRE IV. DES MOYENS DE FATRE NAITRE DES ESPÈCES ET DËS. VARIÉTÉS NOÛVELLES , ET D'EN DIRIGER LA CRÉATION, + £ Ce n'est pas sans quelque inquiétude que je me trouve arrivé au point le plus important de tous , au-plus difficile à traiter : plus que jamais, J'aurais besoin de l'expérience -et du secours de quelques devanciers ; ; presque tout cela me man- que, je ne perdrai cependant point courage. ( 105 ) Dire que pour obtenirdes variétés il faut chan- ger les plantes de: climat, d'exposition, de ter- | rain, greffer, bouturer, semer et ressemér, trans- planter , etc. c’est à dire ce qui a été dit mille fois, c'est à peu près ne rien dire; mais c'est un récitatif obligé, conformonsnous. donc à l'usage. L'objet de cette recherché est complexe. En effet, il présente en même temps et l'idée d’amé- liorer et l’idée de créer : car à quoi bon créer du nouveau, si ce nouveau n’est“pas meilleur que F ancien? La'variété ést une fort belle chose, mais elle est de mode et de caprice, et l'on en revient toujours à ce qui est bon: tâchons donc de faire du nouveau etdu bon tout à la fois? Les nombreuses et excellentes variétés de fruits que nous possédons sont, pour la plupart, assez ancienries. Aussi, ai-je cru devoir en con- clure, non pas qu ’il ne nous était plus possible de rien faire de bon, mais que ce bon que nous pouvions faire avait besoin de la suite des temps pour se pérfectionner: D'oùil-s'ensuivrait que, pour atteindre dès à présent la perfection de nos anciens fruits, il faudrait que ceux que nous obtenons aujourd hui fussent réellement meil- leurs dès le principe. Cela est-il possible Ppour- quoi nön? C Nos fruitss sauvagés principalement la pomme et la poire des bois, sont regardés comme le ¢ 106 ) iype de nos fruits-domestiques,: c'est la culture ce sont ses divers procédés qui les ont amenés peur à peu à leur état.actuel de perfection. Il est probable que cela a été fort long; mais ce quipeut | nous consoler .et.nous donner l'espoir. d'aller plus vite en besogne, ce sont trois puissantes considérations: > a première , c'est que plus les plantes sont éloignées de leur type originel, plus elles tendent à sen éloigner, d’où l'on peut.in- férer -quil ne: faut peut-être aujourd'hui que vingt ans pour opérer. ce qui-en a exigé mille autrefois; la seconde, c’estique nous-avons. des moyens beaucoup plus nombreux.et plus variés desfaire naître, de mettre à fruit plus prompte- ment ,-et de juger-plus tôt nos:produits, moyens que j'espère rendre encore beaucoup plus expé- ditifs ; la troisiéme-enfin, c’est que;suivant toute apparence, ce qui a été obtenu jusqu'ici est plutôt dû au hasard, c’est à dire aux, procédés de cülture très nombreux ‘et très diversifiés, si l’on veut, mais appliqués sans discernement , ou au moins: sans intention suivie, sans direction . de constance et d'efforts réunis, au lieu qu’au- jourd’hui, à l’aide des Sociétés et. des Journaux d'horticulture, ön peut se flatter.qu’un procédé quelconque reconnu avantageux ne se: perdra pas, el Sera pratiqué par un plus grand nombre d'amateurs. Cest de la recherche de ces procé- ( 107 ) dés divers que je vais Hé QCCUpER je parlerai de ceux connus et pratiqués jusqu a présent, de ceux que T ai employé és moi-même et de ceux qui me seront: suggérés par la suite. š Semer, ressemer dansunsolouun mere planter etreplanter aussi dans des élimats et des sols dif- férens, g oreffer sur des sujets le plus éloignés pos- sible d'espèce, pincer et repinċer, tailler, etc., tels sont à peu près les moyens que la éulture a jusqu'ici employés; mais il y a ‘eu rarement in- tention et direction reconnues et plus rarement encore combinaisons; et cependant l’on a ainsi obtenu des résuliats importans. Que ne fera-t-on dônc:pas désormais avec l'intention et la direc- tion bienconstantes et avecde Pis grandsmoyens d'exécution ? : Les quatre parties du eE sont. à notre dis- position, nous avons la faculté d'y promener. nos. végétaux, de les y porter, de les y laisser séjour- ner et de les en ramener soit en greffes , soit en plants, soit en graines, source de variétés nom- breuses et caractérisées. Nous avons, pour mul- tiplier et varier nosgreffes, unémultitude desu- jets nouveaux, et des espèces nouvelles nous permettent des fécondations artificielles, source encore plus” abondänte et création réelle de va- riétés , de races et même d'espèces. Nous avons , Pour marier à nos cerisiers et à nos pruniers, CEUX PERS er OPENT M a M PE ( r08 ) g Amérique et autres; ; pour marier à notre porn- mier, ceux dits malus hybrida, baccata; cörò- naria; sempervirens , speciabilis ; pour marièr à notre poirier, les pyres Ma polveria , sinaïca, salicifolia; pour notre coïgnassier , ceux de Portugal, de la Chire et du” Japon, ètc: Je possède déjà plusieurs hybrides dans. soques unes de ces familles. On a attribué aux Chinois la faculté de jorii aux fleurs de l'odeur ët des couleurs; et aux fruits du parfum, etc.; mais, ce qui est plus fort, de les leur donner à “volénté êt suivant leur gottz. Il est présumable que ceti est un peu éxagéréf y y a cependant à-cela quelque chose.de vrä, et l'onne peut leur contester la faculté d’afdirtend u nains et d’avoir insi mis à fruit la plupart de leurs grands arbrës fruitiers et forestiers > puis- que leurs jardins, leurs maisons et leürs Jsepls en sont ornés. Ils possèdent donc quelques setrets ; nous seront-ils 4 un jour révélés ? Mais à défaut Pf: cela, nous sera- til donc De ere de les péné- trer? Il n’est pas étonnant qu un peuple naturelle- ment patient, ‘indüstrieux et aussi ‘anciennement: civilisé, qui n’a subi que quelques révolutions passagères, lesquelles}? àraison du petit nombre de conquérans, éu égard à H'grande population du peuple conquis, n’ont pas produit les boule- versemens et le retour à la barbarie, qu’elles oc- Me ( 109 ) ~ kog & . . > y LE < casionent ordinairement, ait conservé d age en age ses traditions et ses pratiques agronomiques, et qu'il lessait de: plus en plus étendues et. perfectionnées. Mais nous.avons sur lui lavan- tage d’une industrie plus active, d’une connais- sance plus, avancée et plus positive dans les sciênces physiques et des relations commerciales à peu près q universelles. Cherchons donc à «en tirer parti pour] les progrès de lascience horticole. Il a été publié dans notre pays quelque chose de relatif aux végétaux nains. On a cru qu'en faisant des boùtures à œil renversé, où qu’en retranchant aux jeunes semis :leurs. cotylédons ou feuilies séminales, on pouvait produire cet effet ; mais cela ne s’est pas trouvé fondé :.on affaiblit bien les plantes par ces retrancheniens et renversemens; mais elles peuvent plis tard reprendre leur vigueur. J'avais pensé aussi qu’en retranchant aux plantes leurs bourgeons principaux, et ne leur permettant de s'établir que sur leurs bourgeons cotylédonaires et sup- plémentaires, on parviendrait au mémebut, et je m'étais fondé sur ce que ces parties indiquent par leur prompte fructification un développe- ment plus précoce, et probablement une. vie moins longue. Précocité et naineté sont souvent compagnés , l'expérience ne wa point encore donné de notions suffisantes. ( rro ) La. m: aturité incomplète des graines qu'on sème: ( ë fait est connu et je l'ai éprouvé ) pro - duit des effets analogues. H en est de même de la vieillesse et de la mauvaise conformation des graines. Dans tous ces cas, j'ai pu obtenir dés ‘individus à feuilles panachéés. On a même attri- bué à cestcirconstances la production des fleurs doubles, mais cela n'a pas été prouvé. Dans la vue res obtenir de telles du rosier ponceau, rosa eglanteria, duquel on n'en a pu encore ob- tenir, je m'étais proposé de lesgreffer sur quel- ques rôsiers à fleurs très doublés, et de sèmer les graines qui en proviendraient; į je ne lai pas fait, et engage quélque amateur à l'essayer. Une opinion assez générale, et fondée sur quelques faits, a paru établir que, dans les fruits et autres productions, il était impossible de réu- nir labondance à la qualité et à la précocité : ainsi, par exémple , les vignobles renommés par leur bonne qualité ne le sont pas ordinairement par leur abondance, et en effet la réunion de tous les“ avantages est rare, non pas assurément qu'il y ait impossibilité absolüe; mais si la bonne qualité d’une part, et le grand produit dé P autre, sont déjà jar eux-mêmes des Choses asséz rares, à plus. forté raison doit être rare leur réunion. Je dois cependant citer des exemples du contraire. La poire d'Angleterre éétitrés Botine, et en même KAE) temps produit fréquemment ét abéndamment ; la pomme de châtaignier, qui à bien aussi son Mérite, est danse même cas. Les deux pommes, de. terre, dites truffe d’août'et shaw; , sont en même temps hâtives , bonnes et productives : il n’y a donc point incompatibilité absolue Ææntre ces bonnes qualités; ilya seulement rareté, et nous pouvons y obvier par des procédés coris- tans et bien dirigés d’uné bommé culture :'âvec la patience et le ‘temps, nous, ‘devons y par- venir. Dans l intention d'obtenir ds variétés hâtives, il ne “serait peut: être pas hors de propos de prendre en considération la coloration plus où moins grande des plantes : et des fruits ; on sait, en effet, fort bien que les objets colorés: acquié- rent au soleil un bien plus grand degré de cha- leuf que les autres ; -conséquemment les fruits fortement colorés devraient avoir er de pro- | pension à mürir promptement. Je n'ai jamais porté ‘mon attention sur ce fait, et jignore Si à cet égard quelques observations ont déjà été faites. i . Dans le même but de se procurer du hâtif, on peut fonder quelque espoir sur l'attention constante dé semer, de ressemer la graine des va- riétés les plus hätives, les plus nonvellément ob- tenues, et sur tes grdines lésimoins múres ét Jes ( 13: ) i dernières venues se semble aussi que ce. serait de préférence. de, les terräins secs et’ légers, par conséquent chauds.et hâtifsy qu'il faudrait suivre ces expériences, en yè ajoutant. même , suivant les cas, les secours d'une chaleur artifi- cielle, - s di tA ue MR. 2 On ne nt déuier qu une Sim causes trés in- fluentes de variationnerésidedané l’é poque duse- mis plus cetteépoque est.différentede celle que la nature avait assignée soit, a un ¿végétal étran ger semé dans son climat natal, soit à un végétal indigène aussi dans le sien; plus on peut espé- rer de chances ‘de variabilité, et ces chances recevront ençore un accroisserhent.de force en y combinant.les différences da sol et d meir sition. joi 5: Paa Quand bien même , dans l’état actuel dés nos connaissances, , ROUS ser ions en état de nous ren- dre compte de la formation des. variétés, nous serions encore à nous demander pourquoi , däns certaines plantes, cette formation s’obtierit plus aisément que dans d’autres car il en estmême qui paraissént s y refuser, et à nous demander Pourquoi, dans quelques unes d'entre elles, la variation augmente à l'infinig..tandis que dans d’autres élle parait s'arrêter, station qui donne aux variétés la faculté de se fixer, faculté d’où résulte alors la formation des races. (115 ) On peut bien dire qe lorsqu'une variété est une fois obtenue, s'il n ‘y a pas avénement de nouvelles circonstances ; fes provenances par graine de cette variété doivent la rendre fran- the; mais cela est souvent démenti par l'expé- rience : on peut, dans le même terrain et à la même époque , semer la graine du même œillet, etsouvent pas un individu produit ne ressemble à l’autre : comment expliquer leurs différences ? comment, d'autre part, expliquer la formation des races? Il y a des contrées lointaines , l Australasie par exemple, où les plantes, les animaux, les hom- mes même paraissent tellement différens de nous et des nôtres, qu’on les croirait habitans d’un autre monde. Que la graine d’une de nos plantes plus ou moins acculturées y soit trans- portée, par cela seul elle doit subir les effets d’une influence locale toute-puissante : il est per- mis de supposer que sur-le-champ la vatiation s'y établit d’une manière tranchée, et peut-être plus générale sur tous les individus dela même provenance; tous se trouvent dépaysés ; et soit qu'ils se ressemblent où ne se ressemblent pas entre eux, lett métamorphose est telle èt èn même temps si subite , et cependant si bien éta- blie, que l’on peut penser que chacun de ces in- dividus a reçu en naissant uné empreinte parti- § rs a Ni AE aa n E d on nt it h, ES ‘Te big à P ` É o jate. 2 aee rai aaa 3 as (a14 ) culière si forte, qu'il est disposé à fonder une race; revenant ensuite de là dans son pays na- tal, retournera-t-il à son type originel, ou y conservera-t-1l une tenacité de caractère con- tractée en pays étranger? Ces questions sont à ann mg a > 2a a résoudre. | Nous avons même en France des localités très caractéristiques de terrain , de climat , d’exposi- tion, et telles que certaines plantes et certains animaux paraissent s’y cantonner. Les botanistes nous disent tous les jours qu’on ne trouve telle plante que là, et telle autre qu'ici : ces localités seront, pour l’étude et la formation des variétés , un champ précieux d'épreuves. J'ai déjà cité. les terrains ocreux comme exerçant une in- fluence particulière et reconnaissable sur les plantes qui y sont cultivées ; mais ce ne sont pas probablement les seuls, et à cet égard la chimie pourrait nous donner quelques lumiè- res; mais sans être chimiste et sans aller en Australasie, nous pouvons nous-mêmes recher- cher etétudier ces localités à physionomie étran- gère, et y diriger nos expériences, et, de plus, nous pouvons les faire nous-mêmes. Qui nous empêcherait dans un local resserré, dans un jardin, de semer dans des carrés de terre de bruyère, de terre gypseuse, ocreuse, de ter- reau de boue de Paris, de terreau pur, etc. ; de CHap) faire comparativement des semis de la même plante, dont les variations ordinaires seraient à peu près connues, pour observer sur elles lin- fluence de ces diverses natures de terre? On m'a cité quelques exemples de métamor- phoses qu ’on pourrait attribuer à quelques unes de ces causes. Des fleurs doubles sont quelque- fois devenues simples, et des fleurs simples de- venues doubles; des jacinthes blanches sont, dit-on , devenues bleues; d’autres fleurs bleues et jaunes ont tellement pâli, qu’elles sont pres- que devenues blanches ; le rosier-capucine est sujet à prendre une teinte pâle. Jai vu la capu- cine et le souci sujets à cette même dégénéres- cence, qu’on peut comparer à celle des Albinos dans le règne animal. Les graines de ces plantes dégénérées participeraient - -elles de ces muta- tions ? Cela est assez probable. Au surplus, ces faits ont besoin d'être mieux observés et consta- tés. J'ai, en mon particulier, peu de chose à dire à cet égard. Quoi qu’il en soit, notre climat et notre sol, anciennement acculturés, ont tout changé : hommes, animaux, plantes, nous y avons perdu , nous y avons gagné ; tâchons à rfectionner ce qui ne vaut ri ee + t rien , et propageons ce qui est bon et utile. L'Amérique nous a fourni quelques végétaux paraissant non soumis à la cultüre, qui en très 8. Eo oS peu de temps nous ont donné des variétés remar-- quables. Cette variabilité si prompte n’est pas ordinaire. Les grandes différences de sol et de cli- mat sont-elles bien des causes suffisantes pour expliquer ces changemens subits? Mais, dans ce ‘monde nouveau ou prétendu tel, on rencontre dés monumens qui attestent une très ancienne civilisation. N'y aurait-il pas quelque raison de présumer que les végétaux dont j'ai parlé ont pu être autrefois cultivés, et que tout en parais- sant retombés dans l’état de nature par un abandon plus ou moins long, une apparence de culture nouvelle wait réveillé en eux ces tra- ces de civilisation perdue, et ne les ait rappro- chés de la manière d’être de nos plantes an- ciennement cultivées? De la multiplication des arbres à fruit par bou- tures, marcottes, etc. Ayant déjà discuté sur les effets de la greffe comme moyen de multiplier les degrés de rami- fication des arbres à fruit, comme paraissant avancer leur âge en les affaiblissant, en dimi- nuant. leur luxuriance, en limitant leur grande force végétative, quant à l'accroissement du bois et des branches, et par une suite nécessaire les disposant à se mettre plus tôt à fruit , effets qui z. 17 ) doivent se manifester à à un plus haut degré sur les marcottes et encore plus sur les boutures, il ne me reste donc pas grand’chose à dire à l'égard de ces dernières. | On à prétendu que ce mode de multiplication tendait à affaiblir les forces génératrices, et que les plantes ainsi multipliées depuis long-temps, telles que la patate, le bananier , l'ananas, ete., finissaient par ne plus avoir la faculté de donner des graines. S'il en était ainsi, ce serait un moyen de rendre abortifs, c’est à dire sans noyau etsans pepin , les fruits dans lesquels ces parties ne nous intéressent pas. De là on pourrait con- clure que cette influence s’exerçait sur les grai- nes seulement et non sur le parenchyme ou la chair des fruits, celle-ci paraissant, au contraire, acquérir ainsi plus de volume , et même piue de finesse et de saveur. Peut-être y a-t-il des végétaux plus sensibles les uns que les autres à cette influence ; peut- être s’est-on trompé à cet égard. La vigne, qui depuis long-temps ne se multiplie guère par le moyen de ses graines, ainsi que plusieurs ar- bres: ; le peuplier, le saule, qui se multiplient de boutures, ne paraissent nullement avoir subi cette influence, et feu M. Duchesne était bien éloigné de partager une telle opinion : il pré- tendait, au contraire, qu on avait de préférence DT CN DE P ({ ti8 ) multiplié exclusivement de boutures les variétés naturellement privées de graine {naturellement s'entend ici des variétés nées de semences, et copenfanr privées de la faculté de grener), et qu’on avait à dessein abandonné la culture des plantes fécondes : je ne prononcerai pas là. dessus. En opposition avec ce système de perte de force génératrice causée par le bouturage, un assez grand nombre d'observations prouvent que les plantes provenant de marcottes et de boutures se mettent plus tôt à fruit que les individus francs de pied ou venus de semis, sur les- quels on avait pris ces boutures. Cela ne me parait point étonnant ; c'est un végétal nouveau formé avec de vieux membres ; c'est un enfant né de parens âgés, et Von sait ce qui en résulte : il estordinairement plus précoce que les autres. Cet effet devait donc avoir lieu, soit qu'on en attribue la cause à la moindre vigueur de ces plantes (j'entends par moindre vigueur faculté moins grande de pousser en bois), soit qu’on attribue à un plus haut degré de ramification (il est remarquable aussi que les boutures n’ont point de pivot comme les plantes venues de graine; pendant la formation de ce pivot l'exté- rieur de la plante profite peu, la sève est em- ployée ailleurs ). Tout cela est une conséquence (19) nécessaire du système que j'ai déjà développé, et dont je feparlerai plus loin , qui est que la fa- cilité de la mise à fruit dépend et de la ramifica- tion plus élevée des plantes venues de bouture , de la moindre durée probable de leur vie; ce qui a décidé la nature à hâter l'époque de leur mise à fruit pour leur faciliter les moyens de perpé- tuer plus promptement leur existence dans leur postérité, et il est assez vraisemblable que plus les boutures sont d’une essence difficile à repren- dre , plus les effets en résultant sont marqués, chose à noter pour les bois durs, et que d’autre part plus les boutures sont prises en un lieu de ra- mification de degré plus élevé, plusleur mise à fruit sera prompte. ; Je crois donc , et par les mêmes raisons que J'ai exposées pour la greffe et même pour linci- sion annulaire, qu'il y a intérêt pour la matura- tion des fruits, pour obtenir des variétés pré- coces , peut-être même naines, à préférer pour le semis les graines des plantes provenues de marcottes, et, encore plus, de boutures : c'est un point important , et sur lequel j engage en- core les horticulteurs à diriger leurs recher- j ches. Il ya eu, relativement aux boutures, quelques discussions eu égard à l’acclimatation : à cet arti- cle, on verra quelle est là dessus mon opinion ( 120 ) comme moyen producteur de variétés : jy re- viendrai aussi en temps et lieu. Dans le dessein de rendre les végétaux nains, ou par quelque autre raison, on a imaginé de faire des boutures à contre-sens ou la tête en bas, j'ai essayé ce moyen sur des potirons et des giraumons; la reprise en est peut-être un peu plus difficile, et pousse plus lentement dans le prin- cipe; mais peu à peu la végétation Sy rétablit comme à l'ordinaire, et on ny. remarque rien de particulier; comme plus opposé à la marche de la végétation queda bouture ordinaire, ce moyen peut être essayé pour Pre plus promptement des variétés en Je suivant par le semis. Par une conséquence nécessaire de ce qui vient d’être exposé, ildoit s’'ensuivre qu il sera expédient, pour la prompte fructification , de prendre des greffes sur les individus de boutu- res préférablementàceux venus de semis, comme aussi, dans la même intention, les sujets de bou- tures devront aussi être préférés pour recevoir des greffes de jeunes arbres trop vigoureux ou venus de semis. Il est encore bon de savoir que pour donner de la vigueur aux individus de bou- ture il est avantageux de les recéper : cette opé- ration produit quelquefois des effets étonnans. Les arbres à fruit se multiplient assez façile- CIE) ment par marcottes, mais: très difficilement de boutures; on y parvient, dit-on, beaucoup plus aisément au moyen d’une incision annulaire ou ` d’une ligature pratiquée d'avance , je wai ja- mais pu y réussir. J'avais imaginé d'en faire des . boutures en herbe; mais le temps m'a maliqué pour suivre cette expérience, que je me propose de répéter. Il y a quelques années, désirant multiplier des peupliers étrangers. dont la reprise par bou- tures me parut difficile, j’imaginai de les greffer en fente au printemps sur boutures de peuplier commun, greffant et bouturanten mêmetemps; ` cela me réussit passablement : -ce moye est bon à connaitre. s : M. Turpin vient, de communiquer à l'Acadé- mie royale des sciences et à la Société d'horti- culture un mémoire très curieux sur la possibi- lité de reproduire les végétaux par l’un des in- nombrables grains vésiculaires de globulines contenus, etc. Je ne connais point ses expérien- ces; comme moyen de reproduction très opposé aux moyens ordinaires , il peut en résulter des variantes et par suite des variétés , et ce mémoire | sera bon à consulter. ey $ ( 122 ) De diverses opérations de culture, telles que lar- qüre , la transplantation, la Perforation, la coupe des racines , la taille, etc., etc., etc. , comme moyens d'amélioration et de perfec- . tionnement de la fructification. Dans le cours de cet ouvrage ou il s’est trouvé, ou il se trouvera des occasions d'établir sur ces procédés quelque discussion: , Je crois donc assez inutile - de m'ensoccuper particulièrement , d’au- tant que je ne ‘crois pas que la plupart d’entre eux offrent sous ce rapport beaucoup d'impor- tance : jé n’en dirai donc que deux mots. L’amputation des racines comme moyen de mise à fruit a été quelquefois pratiquée avec suc- -cès sur des arbres que l’on jugeait trop vigou- reux ; il y a des moyens préférables, qui se trou- vent indiqués à leur place. J'en dirai autant de la transplantation et de l'arqüre , ainsi que de la taille et autres. La perforation , la mutilation , lexcoriation , la cassure et la meurtrissure des branches pro- duisent quelquefois des effets assez singuliers ; les insectes nous fournissent quelquefois des ac- cidens heureux pour la mise à fruit et l’amélio- ration de la saveur > On pourrait étudier ces ef- fets et les imiter ; mais cela west, suivant moi, ( 123 ) que d’une faible importance ; fort souvent une piqûre de ver fait mürir et grossir un fruit plus tôt et plus qu'il n'aurait dù le faire ; sa saveur peut en être adoucie et améliorée : les graines de ces fruitsipiqués participeraient-elles de ces qua- lités? Cela se peut ; mais je necrois pas qu'aucune expériencele prouve. Les nodosités qui se forment sur les branches, soit par piqüre d'insecte , ac- cident, incision annulaire, etc., peuvent pro- duire des effets analogues. Ces remarques peu- vent donner lieu à quelques expériences. Des fécondations étrangères artificielles ou sponr tanées, ou de l’hybridation. L'art des fécondations artificielles, créé par Koelreuther , n’a fait dépuis lui que peu de pro- gres; ce n'est pas qu'on ne se soit livré , tant en France qu'en Angleterre, à des expériences as- Sez multipliées. MM. Duchesne, Knight, W. Her- bert et plusieurs autres s’y sont fait remarquer. Far moi-même donné naissance à une très grande quantité d'hybrides ( voir les Considéra- tions sur la production des hybrides à la fin de l'ouvrage ); mais, malgré tout cela, on ne peut dire que, sur l’art des fécondations artificielles, il y ait un corps de doctrine; je l'aurais déjà en- trepris, Si la faiblesse de mes yeux ne m'en eùt empêche. | | E 164 il paraît que la plus grande partie des hybri- = obtenus l'ont été sur des fleurs ou des arbres à fleur. Je ne vois, sur les arbres à fruit, que = ee expériences de M. Knight; mais, en mon particulier , je m'y suis nsango Je possède plusieurs arbres hybrides, et j'attends la vérification de plusieurs jeunes: sujets prêts à fructifier. J'ai déjà quelques résultats, j'en es- pere un bien plus grand nombre, et jé wéten- drai là dessus quand SENO présentera ; je ferai voir de quelle importahce ést cet art pour le perfectionnement de la fructification en général , et particulièrement pour celle des ar- bres à fruit. L'hybridation s sur les arbres est fort difficile dans la pratique, on sent bien qu'il est rarement possible d'isoler cepx sur lesquels on tfavaille ; et conséquemment de les garantir de l'influence des fécondations étrangères spontanées auxquel- ` les leur situation les expose. De plus, l'intempé- rie des saisons, qui règne ordinaireffient au mo- ment de la floraison de la plupart d’entre eux, et le grand nombre de fleurs sur lesquelles i faut OPérer, souvent pot n'avoir que peu ou point de fruits, ét, lorsqu'on veut avoir des ré- sultats positifs et certains, la soustraction à faire des nombreuses étamines de leurs fleurs, sous- traction qui, par la perte de sève et les blessures = multipliées qu'elle occasione , est la cause pres- que inévitable de l'avortement des fleurs opérées, sont des obstacles qui, joints à la longueur du temps nécessaire pour attendre des résultats in - certains, exigent de l'adresse, de la patience , et de plus des dépenses assez considérables. J'avais acquis; -par une longue pratique , une grande adresse dans ces sortes d'opérations; je les avais exécutées par milliers, malheureuse- ment ma vue a baissé, etje ne puis plus m'y li- vrer qu'avec beaucoup de difficulté; cependant je wai pas pour cela tout à fait perdu mon temps. J'étais dans l'intention de porter mes recherches sur les cucurbitacées. Dans cette famille, les fleurs mâles, ordinairement séparées des fleurs femelles, m'ont permis de m'y livrer, et j'ai re- cueilli plusieurs observations importantes que j'ai déjà publiées. La végétation et la fructifica- tion rapides de ces plantes m'ont donné la facilité de faire en quelques mois cé que je n'aurais pu faire sur les arbres à fruit qu’en plusieurs années, et, ce à quoi je ne m'attendais pas, des rapports d'analogie entre la végétation et la fructification de ces plantes et celles de presque tous les végé- taux dicotylédons, et conséquemment de nos arbres à fruit, wont procuré des documens es- sentiels. Dans ces recherches les plus récentes, plusieurs ( 126) faits m'ont donné l’idée de la possibilité d’une double ou même triple paternité exercée sur la même graine par le mélange des poussières sé- minales de plusieurs fleurs de différentes espè- ces de la même famille. Un autre fait encore plus singulier, observé sur le melon de la Chine, et dont | j'ai rendu compte dans les Annales de la Société dË horticulture de Paris, tome 2, page 153, ma donné l’idée d’une fécondation doublesur la graine d’un de ces melons, mais double et cependant séparée, de telle sorte que chacun de ses cotylé- dons paraissait avoir reçu sa fécondation parti- culière, d’où il s'en est suivi que chacun des bourgeons cotylédonaires ou rameaux corres- pondans aux dicotylédons présentait son fruit particulier notablement différent de l'autre. Ces deux observations sont très remarquables et peuvent fournir à l'horticulture des sujets d'expériences curieuses et intéressantes. Il de- viendrait possible de se procurer des variétés de fruit composées des meilleures espèces , et d’a- Voir ainsi sur le même pied, tout naturellement et sans contrainte, desfruits d’espècesdifférentes. Koelreuther me paraît être le premier qui se soit OCCUpé d’une maniere remarquable de lart dont il est ici question. Ses mémoires sont com- posés en latin et disséminés dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Pétersbourg. Ils (127 ) sont dans la Bibliothèque de l'Institut; ils sont peu connus. J'espère que par suite quelque so- ciété d’horticulture voudra bien les faire tra- duire , ils en valent la peine; ses observations sont intéressantes et très nombreuses. J'en ai vé- rifié quelques unes ; elles m'ont paru très exac- tes. Lui et moi avons obtenu des hy brides sim- ples et des hybrides composés à plusieurs de- grés. Dans les hybrides simples, ily en a de sté- riles et il y en a encore plus de féconds;et cette fécondité , quand elle existe , ne nous a pas paru diminuer par le recroisement. En général, les hybrides que nous avons obtenus étaient doués d’une grande énergie vitale. Je'ne me rappelle pas si d’après ses observations cette énergie con- tinue d'aller en augmentant par les recroisemens: c'est ce que je m'ai pas encore vérifié non plus, et c'est un point im portant. M. Adolphe Brongniart a publié récemment un mémoire couronné par l’Institut, dans lequel il émet l’idée que les plantes d'espèce différente rencontrent un obstacle à leur fécondation mu- tuelle par la différence de forme de leur pous- sière séminale, qui ne s'adapte point à la forme des organes destinés à l’'admettre. Devons-nous croire que la nature n'a mis qu’un obstacle pu- rement mécanique à la confusion des espèces, obstacle qui ne serait pas insurmontable? A. cela ( 128 ) je ne dis ni Oui, ni non. Au surplus, son idée n’en estpas moinskingénieuse, et elle mérite être confirmée ou infirmée par des expérien- ces, et je métdis proposé de my livrer; mais je n'en ai pas encore eu le temps. Dans plusieurs occasions , les graines prove- nant du fait de lhÿbridation mont parù un peu plus lerites à lever que les autres. Céla ne doit point étonner; il doit se faire en elles un travail intérieur avant leur levée, puisqu'elles doivent produire des individus d’une autre espèce. Dans quelques unes de mès expériences , il s’est présenté à moi des raisons de croire que le moment de la fécondation, ou avancé, ou retardé, ou modifié par une cause quelconque , pourrait influer sur la qualité des produits. J'ai là dessus quelques idées assez singulières, mais sur lesquelles je ne dois point m'expliquer avant d'en avoir obtenu la confirmation. Je puis ce- pendant dire qu’il serait possible que la force ou la faiblesse des plantes hybrides dépendit en > - tiede quelqwune de ces causes. ` Les fécondations étrangères kies ont, suivant moi, très rarement lieu'dans la nature, peut-être même jamais ; il s’en est quelquefois opéré dans nos jardins, mais non pas cependant aussi facilement qu'on a bien voulu le dire. On pourrait assigner les causes de ces hybridations ( 129 y imprévues; nous y avons réuni des espèces assez voisines que peut-être la Providence avait sépa- rées à dessein, ou par le climat, ou par le sol, afin qu'elles ne se confondissent pas. D’autre Part, nous avons, par la culture , tellement éloi- gné les plantes de leur type primitif, qu'il ne serait pas étonnant que nous eussions rendu al- liables celles qui ne l’étaient pas, et de plus, comme je l’ai déjà fait observer dans plusieurs de mes mémoires, les hybrides auxquels nous avons donné naissance peuvent bien ne ‘pas con- server entre eux les mêmes degrés d’affinité ou de non-affinité propres à leurs ascendans , et, au fait, ils m'ont paru bien plus susceptibles de sal. lier entre eux que leurs ascendans eux-mêmes. | Quoi qu'il en soit, à moins de perpétuer par la greffe ou la bouture les individus hybrides, il paraît qu'ils finissent par se perdre ; du moins il n’en reste aucun de ceux créés par Koel- reuther , tels vivaces qu'ils fussent, et j'ai perdu plusieurs des miens; cependant mes arbres hy- brides me restent, et J'ai encore une collection nombreuse de melons fécondés par les melons flexuosus, chaté et dudaïm , qui tous grènent abondamment. ‘Les fécondations artificielles peuvent être employées avec succés pour amener prompte- ment à l’état de domesticité plusieurs fruits sau- 9 ( 150 ) vages, en Îes mariant à des fruits cultivés con- génères, pour acclimater des espèces étrangères, en les mariant à des espèces indigènes congé- nères , à créer même en certains cas des espèces tout à fait nouvelles, à augmenter le nombre de nos variétés par des alliances dirigées avec dis- cernement, à fortifier nos espèces et même nos variétés par des croisemens qui, d’après l’expé. rience ; paraissent augmente considérablement leur vigueur, et.quelquefois même leur produit; trés souvent les fleurs, les fruits en reçoivent un accroissement notable, même hors de pro- portion avec la moyenne indiquée par la beauté et la grosseur de leurs ascendans: Tel intéressant que soit ce sujet, je ne mé- tendrai pas davantage, pour éviter des répétitions fastidieuses. Dans l’énumération qui va suivre de nos arbres à fruit, j'assignerai à chacun ce qui me paraîtra devoir lui être applicable. Du semis et du choix des graines. \ En thèse générale, on recommande de choi- Sir les graines bien nourries, aoûtées, müres, et bien conservées, et de les semer dans la saison, et même dans les terrains qui leur sont les plus convenables, autant du moins que ces conditions peuvent se remplir, Elles sont regardées comme nécessaires pour l'abondance et la bonté des pro- (at duits. En agriculture, cette manière de se con- duire est de rigueur, et s'il peut y avoir des ex- ceptions -elles sont fort rares: il faut à Faprieutr teur, ro, quantité, 2°. qualité. En horticulture, j'entends en horticulture per- fectionnée, c’est autre SR la qualité en pre- mier lieu, la quantité n’est qu'au second rang, et je puis me permettre, en plaisantant, de Fe que l’agriculture est une science de quantité, ét lhor- ticulture une science de qualité. Au surplus, l une etl’ autre sont fort bonnes à obtenir. į „Jele conseil- lerai toujours; et cependant, pour le moment, c'est de la qualité que je dois m'occuper ici. ; L'agriculture est sans contredit le fondement de la science; elle est la source des produits; on peut la comparer aux racines qui fournissentla première sève et la plus abondante : on peut comparer l’horticulture aux feuilles qui élabo- rent cette sève, et qui lui. donnent son complé- ment et sa perfection. Si l’agriculture a quel- ques produits éminemment distingués ; si des ac- quisitions, des conquêtes nouvelles et impor- tantes enrichissent son domaine, on peut dire qu elle en est, en quelque sofr te, redevable : a lhorticulture; et. en effet, cette dernière ; quoi- que encore bien nouvelle considérée comme science, a cependant, dès long- temps et sans qu'on y pensåt pour ainsi dire, été exercée par 9. ( 159 ) les agronomes ; et même par lès bons agricul- rt D ZE ds RP ga r teurs, par les jardiniers lorsque leur pratique a ausar ii D ES, s était éclairée, et nous en recueillons aujour- dhui les fruits. Au nombre des procédés employés par lhor- ticulture pour le perfectionnement de ses pro- duits, on doit mettre en tête le choix des graines, les semis, et subsidiairement la’ manière de les conduire, | SEGA g ae: osen scan sempanme Les plus belles graines, comme je l'ai déjà dit, sont sans doute, en général, préférables. Sans les dédaigner, les horticulteurs ont cependant quelquefois des raisons pour préférer les graines petites, maigres, mal conformées . bizarres même , peu müres, venues sur des fruits de re- gain, cest à dire de formation secondaire ou tardive, sur des rejets faibles,- etc. Cette ma- nière de procéder est employée à dessein, et avec une intention bien prononcée, par quelques personnes; mais beaucoup d’autres la pratiquent peut-être sans aucune direction et sans se ren- dre un compte bien exact du but qu’elles se pro- Posent. : On sait cependant, ou du moins l’on croit avoir remarqué 1°. que les graines des plantes à fleurs doubles sont ordinairement plus petites que les autres , que quelquefois même elles sont mal conformées : d’où l’on a conclu, avec quelque vraisemblance, qu'il fallait choisir de telles grai- nes Rae avoir des fleurs doubles; . Que les graines mal conformées tendaient à sans des plantes bizarr es où mons- trueuses ; 30. Que les graines peu mûres et venues de regain donnaient assez souvent des plantes fai- bles, naines, hâtives, et pres indivi- dus panachés; r i 4e. Que les vieilles graines, d’ailleurs plus lentes à lever, plus faibles dans le principe, donnaient à peu près les mêmes résultats que je viens d'indiquer en dernier lieu, et qu’en outre on leur attribuait plus particulièrement la ten- dance à donner des fleurs doubles. Il y a du vrai dans tout cela; et cependant ces données sont fort incertaines, il peut s’y ren- contrer une foule d'anomalies ; sans contester l'in- fluence, on peut admettre en elle divers degrés d'efficacité : je dois donc tâcher d'approfondir ce sujet. Admettant donc la réalité, ou au moins la vraisemblance du principe, je vais rechercher quand et comment les graines peuvent être in- fluencées dans leurs qualités ; et pour procéder avec méthode, jexaminerai l'influence que di- vers agens peuvent exercer sur elles à diverses époques, Savoir : avant, pendant et après leur formation. (134) 1°, Avant leur formation. Les graines ou les individus qui les portent sont influencés par le climat, le sol, les fumiers et les amendemens. Les i ers procédés de culture agissent avec d’au- tant plus de force, que cette culture est plus an- cienne, pius constante, plus artificielle, tels que la transplantation, là coupe dès racines, Par- qüûre, la taille, et encore plus la greffe plus ou moins variée, plus ou moins répétée et compli- quée sur ùn plus grand nombre de sujets d'es- pèces différentes ; Pincision annulaire, la liga- ture répétée, le boircrage; le marcottage, et plus directement et plus éfficacement encore les fécondations naturelles et étrangères, ou Phy- bridation et la nature dela fécondationglle-même plus ou moins parfaite, etc. . Pendant leur formation : par le fait -de tous ces mêmes agens, continués et renouvelés chacun suivant le mode qui leur est applicable, notamment par le renouvellement de l’'incision annulaire, ou plutôt par celui de la ligature, qui n'expôse pas les plantes à périr, comme. celui de ? lincision. Au nombre de ces agens, il faut noter comme plus directes et plus AR encore la torsion des branches ou des pédoncules porte- graines, ainsi que la cueille des fruits ou des graines avánt leur maturité complète, leur ex- position à l'air libre avec ou sans soleil, leur des- ( 135 ) | siccation plus ou moins parfaite, etc., etc. Pres- que tous ces points ont été traités chacun ? a leur article, et je vais néanmoins y ajouter ` encore quelque chose. urn La gêne ou la contraction qu'on pourrait faire éprouver par des ligatures ou par des re- tranchemens faits avec précaution, soit aux fruits dans leur péricarpe, soit aux graines elles-mêe- mes; Paltération de la forme des cotylédons ( et cela serait praticable sur le fruit de l’amandier ), n'influeraient-elles pas d’une manière quelconque sur la qualité de ces graines? Les piqüres ou : morsures d'insectes paraissent avoir opéré quel- quefois des effets iiaia on a attribué une maturité plus précoce et une saveur plus délicate aux fruits piqués. 14533 < On a prétendu que dans certaines espèces de giroflées, pour.en obtenir des graines propres à donner des fleuis doubles, il fallait, aupres des porte-graines à à fleurs simples, laisser quel- ques pieds à fleurs doubles. Chercher à expliquer ce fait sans lavoir bien constaté, ce serait peut- être une indiscrétion : peut-on cependant, à ceux qui plusieurs fois ont fait cette observation, dire affirmativement qu'ils mont rien vu et qu'ils ne savent ce qu'ilsdisent? Le doublement des fleurs serait-il donc'une affection contagieuse capable de se communiquer par la présence de lair am- e (136 ) biant, ou par le contact des racines des plantes placées les unes aupres: des autres ? Nous ne sommes pas assez instruits pour prononcer sur ces faits : il est plus prudent de suspendre son. jugement. Indépendamment des variétés bien réelles, bien constantes individuellement parlant, que je crois ne pouvoir se former que par le semis, il peut exister entre les individus de la même va. riété des différences qu'on ne peut-méconnai- tre, et que jusqu'ici on n’a trop su comment caractériser. Dans certains cas, probablement lorsque les circonstances. qui les ont occasio. nées subsistent toujours (quoique pouvant cesser par l'effet opposé), ces différences peuvent se maintenir assez constantes pour que les cultiva. teurs aient. pu les désigner particulièrement et chercher à en profiter. J'ai cru devoir donner à cette maniere d'être le nom de variante. Ainsi le navet de Freneuse a pris dans ce terrain ocreux une teinte roussâtre, une saveur prononcée qui le font reconnaître; si Pon continue de le cultiver àF reneuse, il conserve ces caractères et les perd peu à peu lorsqu'il -est cultivé ailleurs ; c'est à dire que sa graine, semée dans un autre terrain , en retient quelque chose, et que ; res- semée Successivement, tout ce qui s’y trouvait de particulier finit par disparaitre. Une pomme. ( 137) de terre jaune, cultivée par moi dans un sable ocreux , avait aussi pris une teinte pareille; elle était très bonne et très savoureuse. La pomme de terre hâtive, dite truffe d’août , bien connue à Paris, offre une variante plus petite et plus-hà- tive qu’elle, mais d’ ailleurs en tout semblable à elle, ainsi que M. Vilmorin et moi nous nous en sommes assurés:en les cultivant comparativement dans le même terrain. Il y a eu, la première an- née, quelques légères différences dans le port extérieur des deux plantes , eu égard à la force du feuillage et aux époques respectives de ma- turité , et; par la suite’, ces différences. parurent S affacen On n'eùt pu Eaillenis „eù aucune ma- nière, trouver entre ces deux plantés, hon plus qu'entre leurs tubercules, quoique originaire- ment plus petits dans l'espèce hâtive, des earac- tères distinctifs pour établir ce qui constitue la variété. Il nous a donc paru démontré.que cette variante plus petite, plus hâtive devait'son ori- gine non pas à un semis de truffe d'août, mais à la truffe d’août elle-même, cultivée par tubercules | pendant un, certain espace de temps, dans un terrain chaud, sec et maigre. Je m'étais d’ailleurs, en mon particulier, assuré, par un grand nom- 9 t b NE À e . bre d'expériences, que la truffe d'août, quoique donnant ordinairement par le semis naissance à des variétés hâtives qui lui ressemblaient jusqu’à gen RÉ nee es m — on cs ge pemn ( 138 ) un certain point, ne rendait cependant jamais franchement son espèce, et j'ai toujours, jusqu’à présent du moins, pu distinguer de manière ou d'autre ses variétés de l'espèce originelle. N’est-il donc pas très probable que le semis des graines de cette variante hâtive de la truffe d’août et de cette pomme de terre jaune ocreuse dont j'ai parlé plus haut offrirait quelque différence entre ses produits et ceux de la truffe d’août originelle d'une part, et, de l'autre, ceux de là jaune ordi- naire? Dans la graine du navet de Freneuse, ces traces paraissent s’effacer dès la deuxième géné- ration ; Mais, quant aux pommes de térre, il est à considérer que leur multiplication par tubér- cules peut donner un peu plus de fixité aux va- riétés, et elles doivent se perpétuer ainsi plus long-temps sans dégénération sensible. Si ces réflexions sont fondées, lorsqu'un vé- gétal quelconque ne paraît pas disposé à donrier des variétéspar lé semis, il est donc de l'intérêt de lhorticulteur de chercher à en obtenir des Variantes, et le semis des variantes peut laisser espérer plus de chances de succès. Ces exemples sont applicables aux modifica- tions imprimées par la greffe sur des sujets étrangers qui sont indiqués par M. Thoüin dans sa Monographie des greffes : on ne peut regar- der ces sujets ainsi modifiés que comme des va- ( 139 ) riantes; il serait, possible que. le semis de ces variantes produisit de véritables variétés. Un grand nombre de cultivateurs et de'jardi- niers ont assez l'habitude de récolter leurs grai- nes avant leur maturité parfaite: ils peuvent - être déterminés par la crainte de perdre leurs graines ,+ soit par l'effet de l'égrenement spon-- tané , soit par la crainte des oiseaux ou par la nécessité de débarrasser leur terrain, ou enfih par toute autre cause : c’est ainsi qu ‘on arrache la graine de navets, de pois, de haricots, et qu'on les suspend pour compléter leur dessiccation: On a prétendu aussi qu'il était avantageux de couper. les blés, avant leur parfaite maturité : J'avoue que cette idée n'est pas de mon goùt; bien qu'on ait avancé que dans ce cas'le pain en était plus délicat. Jai déjà fait observer que les graines peu mûres donnaiént des individus plus faibles et plus hâtifs : cette règle est-elle générale? Les graines qui mont point acquis leur maturité rigoureusement : complète sont plus promptes et plusaisées à lever que les au- tres. Cette pratique peut donc avoir ses avanta- ges et encore plus $es inconvéniens : il serait bon d’en constater positivement les effets, non seulement sur les premiers produits directs , mais encore sur leur postérité plus reculée. Je suis obligé, dans ces recherches, de prendre / ( 140 ) mes exemples sur tous autres sujets que les ar- bres à fruit; les expériences sur ces derniers sont si longues à faire, qu’elles ont été par cela même rarement faites. Il me faut donc procéder du connu à l'inconnu; et Je vais continuer sur ce pied en traitant du troisième point que je me suis proposé , l'influence des agens étrangers sur Îles graines après leur formation et leur ré- colte. ; 3°. Influence exercée sur les graines après leur formation. Ce point est, pour l’horticulture et la physiologie végétale, d’une extrême importance : il s’agit, en effet, d'examiner si les graines, lors- qu’elles sontune fois formées et récoltées, ont dé- cidément reçu, et pour toujours, l'empreinte, le caractére que là nature leur avait imprimés à leur naissance ou même à leur création, où, si les circonstances dans lesquelles elles pourraient par suite, plus tôt ou plus tard se trouver, influe- raient sur ces caractères, pourraient les modifier ou les changer, et quelles seraient les limites de ces changemens. Pour me faire comprendre, je Multipliérai les exemples, et jé les prendrai à discrétion-et suivant qu'ils me paraïîtront con- venables. . Les pepins des mêmes poires et des mêmes pommes (devrais-je donc en parler, car cela est difficile à vérifier?) ou plutôt les graines du même (141 ) œillet , de la même tulipe, de la même pomme de terre récoltées à Paris, et semées les unes à Paris , les autres en Flandre , en Hollande, en Angleterre, en Espagne, et même en Amérique OU partout ailleurs, soit dans des terrains sem- blables, soit dans des terrains différens, donne- ront-elles ou à peu près les mêmes variétés, ou bien le climat , ie sol, l'exposition, l’époque du semis , la manière de l’exécuter, enfin la combi- naison de ces agens n'imprimeraient-ils pas à chaque lot de ces semis un caractère pérticulier assez prononcé pour qu'on ne püt y mécon- naitre les effets d'une influence plus qu’ordi- naire ? Je ne pense pas que, pour décider cette question, jamais expérience positive ait été ten- tée à dessein; mais nous pouvons retirer quel- ques lumières de celles qui ont été faites sans but bien déterminé, attendu qu'elles paraissent être assez nombreuses, bien que nous n'ayons à ce sujet aucune notion exacte et complète. Quant à moi, sauf erreur, sur ce point mon Opinion est bien formée. J’admets la possibilité des diffé. rences les plus sensibles , les plus caractérisées , sans cependant pouvoir en assigner les limites et l'étendue, soit directe, c’est à dire par l'effet du premier semis, soit indirecte, par l'effet des semis successifs et répétés, soit même augmen- ts, par les effets de la greffe et de tous les autres ms ge a 7 An à à ot heshe PE, aA: t Hia EG D DE APRES RÉ M RTE conte ( 142 ) procédés de culture; mais, quant à ce dernier point, ce n'est pas ici la question principale. (Voir à l’article de la production ‘des variétés, où je m'étends encore sur ce sujet. ) Comme preuve de l'influence du sol , on peut citer le navet de Freneuseet la pomme de terre ocreuse dont j'ai déjà parlé, et on pourrait en ce genre multiplier les citations s’il pouvait y avoir du doute; et quant aux preuves de Pin- fluence du climat, elles sont encore plus fortes. G pg : Nous savons que dans P Amérique septentrionale nos-fruits ont acquis plus de volume et une très grande variété de saveurs, sinon toujours agréa- bles, au moins très différentes de celles que no- tre climat pouvait nous procurer. Au Chili , NOS fruits , nos légumes ont acquis une grosseur re- marquable et tellement considérable , qu'il est permis d’espérer que, transplantés ici et revenus dans leur pays natal, ils conserveraient une par- tie des avantages acquis en terre étrangère. Par opposition, nos plantes et nos racines po- tagères , portées dans d’autres climats, offrent des signes de dégénération, dans le sens du moins que nous attachons à ce mot, et relativement à nos besoins. A Saint-Domingue, j'entendais dire que les choux, les salades, les navets, les carot- tes , au licu de pommer et de grossir, montaient en graine sur-le-champ, que les oignons tour- (_143 ) naient en ciboule, c’est l'expression. Ces effets peuvent être attribués à la température habi- tuellemént chaude ethumide de ce climat, peut- être à l'électricité, car les orages y sont fréquens. La même chose arrive ailleurs par des causes analogues. Il est, même en France, beaucoup de localités où les choux-fleurs, dit-on , dégénèrent: on ne finirait pe si l'on voulait citer tout ce quř est connu à cet égard. On ne croira certai- nement pas qu'il soit avantageux de prendre pour semence les graines de ces-plantes dégéné- _rées : l'influence peut s'étendre un peu loin. Des personnes dignes de-foi mont assuré que le même lot de graines de giroflée, divisé en plusieurs parties et semé à différentes époques, soit en pleine terre, soit particulièrement sur couches et sous châssis, et plus ou moins chauffé, avait, en raison de l’époque ou des procédés de culture, donné abondamment tantôt des fleurs doubles, tantôt des fleurs simples. Ce fait se renouvelait souvent, tellement qu'il était im possible de méconnaitre l'influence du mode de semis. Nos maraïchers de Paris, nos jardiniers paraissent avoir à cet égard plusieurs procédés de culture particuliers, au moyen desquels ils sont parvenus à modifier et à changer à leur gré, pour ainsi dire, le naturel de leurs plantes. Nous ne connaissons que très imparfaitement ces pro- ( 144 ) cédés, si même nous les connaissons ; il serait dans Pintérêt de la science qu’ils nous en fissent part. Ce n'est pas que je pense qu'ils pussent être tous applicables à nos arbres à fruit, ceux- ci ne pouvant être absolument soumis aux mé- mes épreuves; on peut croire néanmoins qu’il y aurait quelque chose à gagner à cette commu- nication. - L'âge ou l'ancienneté des graines a donné lieu à quelques observations, -et encore plus à beau- coup de conjectures, qui toutes ne se sont pas trouvées également fondées. Il est des graines qui conservent très long-temps leur faculté ger- minative, il y ena d’autres qui la perdent pres- que sur-le-champ, et d’autres qui sont intermé- diaires; mais, dans toutes, il est probable qu'il y a une époque où il y a incertitude, équilibre entre la vie et la mort; un instant, quel qu'il soit, où la graine ayant perdu une partie de son énergie vitale, a cependant encoré assez de force pour germeret lever, sauf à périr ou vivre ensuite, suivant les circonstances. C’est ce qui m'est arrivé sur des graines de melon qui avaient Quinze ans d'ancienneté ; elles levèrent en très petit nombre, et périrent ensuite. En ce mo- ment-là , à la vérité, la saison n’était pas favora- ble, et je pense qu'avec un temps propice il en aurait pu lever une plus grande quantité, et que ( 145 ) j'en aurais conservé quelques unes; mais il èst à présumer que les plantes en provenant m'au- raient jamais joui d’une grande vigueur. Cette Opinion est fondée sur plusieurs expériences avérées, et il est bien reconnu que les vieilles graines produisent des individus peu vigoureux, et cependant il y a à cette loi des exceptions, sui- vant la nature des végétaux et l’époque de cli- mat ou de saison plus ou moins favorables. Il y a des individus qui ne recouvrent que très diffici- lement ou même jamais leur énergie perdue ; il y en a d’autres qui la recouvrent péu à peu et même dans sa plénitude, avec l’espace de temps nécessaire, L'horticulture devra profiterede ces remarques. Dans les cucurbitacées, que j'ai beau- coup cultivées, plusieurs cas différens. se sont présentés. Jai vu des graines de potiraumon , pepo moschatus, mal mûres et mal conformées, lever et donner des individus qui n’ont fait que languir (cette plante ne réussit à Paris que dans les années très chaudes ). J'ai vu de vieilles grai- nes de giraumont, peu mures et mal conformées, lever et languir d’abord , présenter quelques pa- nachures dans leur feuillage, et reprendre en- suite la vigueur ordinaire à leur espèce. Des grai- nes d’un melon assez médiocre, petites.et peumü- res, me donnèrent l’année suivante des fruits beaucoup plus beaux que leur ‘générateur; le 10- a kE Jii Lt Re UE eme 2e (146) petit cantaloup noir des Carmes, hâtif, müri sous châssis en avril, et ressemé en mai de la même année en pleine terre, ne produisit , sur la fin de la saison, que des fruits petits et insipides, dont la graine, ressemée sur couche l'année suivante , donna de très beaux et bons fruits. Ce même melon, qui sous châssis ne de- vient pas:très gros, m'a fourni des graines qui, semées- l’année suivante en pleine terre, mais dans une belle année, produisirent des fruits très bons.et très gros. Tout cela prouve qu’il faut se garder de tirer des conséquences géné- rales de faits particuliers, quels que soient le nombre et l'exactitude des observations ; il est cependant bon de les noter et d'en faire son pro- fit, suivant les cas. Puisque nous en sommes aux melons, je ne puis, d'autant plus que mon sujet l'exige, mem- pêcher de renouveler une discussion déjà établie ailleurs , la voici. C’estune opinion assezrépandue que, dans les melons, les graines nouvelles don- nent naissance à des plantes qui poussent trop vigoureusement, se mettent difficilement à fruit, et ne le donnent pas toujours de la meilleure qualité possible; au contraire, dit-on , les vieil- les graines, soit de deux, soit de plusieurs an- nées, poussent moins de bois, se mettent plus aisément à fruit, et les donnent beaucoup plus (147) délicats et plus savoureux. Je ne veux pas abso- lument révoquer en doute toutes ces assertions; mais voici ce que j'ai vu par moi-mêmė. De- puis quelques années, j'ai cultivé beaucoup d’es- pèces de melons, soit avec des graines nouvelles, soit avec des graines de deux ans jusqu'à quatre ou cinq; j'ai trouvé très peu de différence dans la vigueur et la mise à fruit des plantes. Ces dif- férences, lorsqu'il y en avait, m'ont paru tenir moins à l’âge des graines qu’à l'espèce des plan- tes et au pays dont elles étaient originaires (les graines de melons venant des pays chauds et humides poussaient beaucoup de bois avant de fructifier), et quant à la qualité des fruits, je puis certifier que l’âge des graines mwa paru wy être pour rien (ce point est cependant si impor- tant, queje ne veux pás le regarder comme jugé, et il sera encore l’objet de mes recherches fu- tures ). Il faut être bien en garde contre les pré- ventions et l'erreur, compagnes inséparables de cette espèce d'observations. On peut, en effet, remarquer sur le même pied de melon, sur plu- sieurs autres plantes, sur les fruits du même arbre, et, à plus forte raison, sur leurs congé- nères, mais placés sur un autre sol et dans une autre saison, des différences très grandes, et il. est impossible de croire à la validité d’un juge- ment porté sur la simple dégustation d’un seul 10. di” $ PS RE RER 3 j res à meee. tr (148 ) fruit, tant dè circonstances pouvant imfluer sur sa saveur présente , ne fussent-ce même que le moment de la cueille etla disposition du dégusta- teur, choses que ne veulent point apprécier les consommateurs , qui prononcent hardiment sur la qualité habituelle d'un fruit, parce qu'ils ne le trouvent pas bon au moment où ils le mangent. Ce que je dis ici est applicable non seulement aux gens du commun , mais à ceux-là même , et je le dis hautement , à ceux-là qui, par leur po- sition , devraient se garantir de cette erreur. Les semences de nos arbres à fruit, dans leur état ordinaire, ne paraissent pas susceptibles de se conserver très long-temps. Je pense qu'avec quelques précautions on en viendrait à bout, et il serait curieux de savoir quelle serait l'influence de leur âge sùr la qualité des fruits en prove- nans. Ne serait-ce pas un moyen d'adoucir promptement l'âpreté des fruits. sauvages , de dompter leur luxuriance, leur rusticité, leur spinescence, de les mettre aisément à fruit , en un mot de les amener à l’état de domesticité , de Nous les asservir? Puis-je me dispenser ici de parler de l'influence de la lune sur la floraison et la fructification , in- fluence autrefois si vantée pour faire doubler les fleurs , faire nouer ou couler les fleurs, rendre jes cosses de pois-pleines setce. ? Ce mot de pleine ( 149) lune, cette locution de fleurs pleines ( flos pie- nus), paraissent avoir fait naître l’idée à bien des gens que la pleine lune était nécessaire pour avoir des fleurs doubles ou pleines , pour avoir des cosses de pois pleines, et qu’il fallait en con- séquence semer à l'époque de la pleine lune leurs fleurs, leurs pois, leurs haricots, etc. C’est une idée assurément bien ridicule et encore as- sez répandue; on ne doit cependant pas tant s'en étonner : nous ne devons pas toujours juger de ce qui a été par ce qui est aujourd’hui, ou plutôt, en considérant l'influence non con- _testée de la lune sur les marées ,et, dans certains cas, sur l’ascension de la sève, sur la tempéra- ture, sur diverses affections remarquées dans le règne animal, il faudra bien convenir, ou de la réalité de cette influence, ouconvenir au moins que la présence de la lune est liée à d’autres phénomènes qui jouent un rôle dans lacte de la | végétation. | Plusieurs personnes ont imaginé, et à diverses reprises on a essayé, de faire macérer les graines dans des compositions chimiques de diverses na- tures, de les enduire de diverses pates , de! les faire tremper dans du lait, de l’eau sacrée: de l'eau parfumée , de l'eau de fumier , dans la Vué de les rendre plus productives ou de changer la couleur ou le parfum de leurs fleurs: la saveur Z pa iama ina a a ( 150 ) de leurs fruits; et tout cela sans succés. Je mai jamais attaché grande importance à ces expé- riences, et je n'en ai fait aucune par moi-même. Il est fort douteux que les graines puissent de là recevoir aucune influence avantageuse : tout au plus pourrait-on croire qu’elles germent plus promptement, si toutefois leur vitalité n’en est point attaquée. L'exposition à l’eau chaude et à divers degrés de chaleur a aussi été tentée; dans ces derniers cas, le principe vital pourrait rece- voir quelque attaque sans cependant être dé- truit. On peut supposer que l'effet que les graines en ressentent serait comparable à celui que l'âge produit sur elles. Je ne sais pas si l’on peut es- 3 z 2 s j . pérer grand'chose de ces tentatives; il est néan- moins permis de s’y livrer. Dans ces derniers temps, on a reconnu que le gaz oxigène et quelques autres agens chimiques avaient la propriété de rétablir dans les graines la faculté germinative, devraient-ils, par une conséquence de cette même propriété, l'aug- menter dans celles qui‘ne lont pas perdue? Ce Sont-encore choses à essayer. Tout nouvellement M. Geoffroy Saint-Hilaire arexécuté sur lincubation des œufs de poules quelques, expériences curieuses, dans la vue (autant queje. puis croire }de s'assurer si la ma- nière de les échauffer pouvait conduire à quel- { 155 ) ques résultats particuliers sur la conformation des poulets. Je ne connais pas ces expériences , et Je n’en puis rien dire : seraient-elles applica- bles à la formation ou plutôt à la germination des graines? C’est une question que j'adresse à ceux qui sont capables de la résoudre. Ce chapitre était à l'impression lorsque, dans les Annales de l’Institut horticole de Fromont , Juillet r829, j'ai vu une discussion établie sur l'influence de l’âge sur les graines. Les opinions émises à ce sujet ne m'ont pas paru devoir rien changer à la mienne; il sera bon néanmoins de les y consulter. Il y est aussi question de met- tre les amandes à nu pour les faire germer, hâter la germination, ou dans quelque autre but; reste à savoir ce qui en résultera définitivement: toutes ces observations ont besoin d’être faites avec soin. RAS PERRIER CHAPITRE V. DE L’ACCLIMATATION ET DE LA NATURALISATION DES | ESPÈCES ÉTRANGÈRES. | Quelques plantes étrangères se sont naturali- sées en France, ilen est, telles que l’erigeron ca- | nadense > EL le datura stramonium ou pomme ( 152 ) épineuse, qui se sont multipliées dans nos cam- pagnes, et s'y perpétuent d’ellesmémes; on ne peut pas grandement se féliciter de cette natura- - lisation, dans laquellenousne sommes entrés pour rien, au moins avec intention; car l’une de ces plantes est complétement inutile, et l’autre est dangereuse. Il n’est pas jusqu’à des insectes étran- gers, nuisibles, qui ne se soient aussi introduits chez nous, tels que le puceron lanigère.Ces exem- ples, heureusement fort rares, dévraient nous mettre en garde contre des importations indis- crêtes; mais grâce à la pomme de terre, au maïs, etc., le bien l'emporte sur le mal, Mais ces végétaux utiles ne sont point naturalisés, ils ne sont qu'acchimatés; car ils ont besoin de nos soins, et ils ne se reproduisent pas sans le se- cours de la culture. On peut donc dire qu'ils ont trouvé tout juste ce qui leur fallait pour réussir, et au fait nous n'avons rien changé à leur essence. Le nombre des plantes étrangères acclimatées est bien plus grand que celui des plantes natu- ralisées , et il y a eu dans cette acclimatation bien des degrés pour l’opérer; il nous a fallu bien des efforts, et leur continuation est nécessaire ; et, au fait, cette acclimatation est-elle bien elle? réelle? Cela est encore fort douteux. Les plantes importées, quelle que soit ancienneté de leur im- portation, ne me paraissent pas avoir changé de t:5) nature, ni individuellement, ni dans leurs pro- -duits par marcottes, boutures, etc. : tout au plus, elles peuvent, du moins on le croit, avoir pris un peu plus de rusticité par leur greffe sur des espèces plus rustiques; mais c’est véritablement dans leurs produits par graines qu'on peut, pour le plus souvent qeanuée d'assez grandes dif- férences. Dans le cas de multiplication par bouture et marcotte, l’essence des plantes n’a donc pas chan- gé; mais a-t-elle bien réellement changé dans le cas de renouvellement par semis ? Je ne le crois pas non plus, et cependant les apparences tendraient à le faire croire ; mais il faut ici faire quelque distinction. Acclimater une plante, pour nous, c’est l’'accommoder à notre climat , telle- ment qu’elle puisse faire l’objet de cette culture que nous avons, quoique improprement, quali- fiée de naturelle, telle, par exemple, que celle des haricots et de la pomme de terre, parce qu'une fois la saison de les confier à la terre étant arrivée, elles n’ont plus besoin de chaleur artificielle, et se contentent des soins d’ usage pour toute autre culture dite naturelle ; par opposi- tion avec celle plus compliquée dite art ificielle. -Mais pour. obtenir cette acclimatation, avons-nous changé l'essence de la plante? Nullement : les plantes les plus anciennement importées, pa- \ (2549 raissent tout aussi sensibles au froid aujour= dhui, où à peu près, qu’au moment de leur im- portation; et pourquoi en serait-il autrement? Le chêne, qui est indigène, n’a-t-il pas toujours gelé, et ne gèle-t-il pas toujours de même lorsque des gelées intempestives, ou de prin- temps ou d'automne, le surprennent dans sa végétation? Dira-t-on pour cela que le chéne n’est pas acclimaté? Si nous n’avons rien changé à les- sence des plantes dites acclimatées , qu’avons- nous donc fait? Individuellement parlant, les plantes importées, ainsi que leurs provenances par marcottes et boutures, n’ont rien changé à leur manière d'être (bien que par erreur, ainsi que je le dirai ailleurs, les uns les avaient regar- dées comme plus sensibles, et les autres plus rustiques). Mais il n’en est pas de même des in- dividus venus de graine : la plupart d’entre eux présentent des différences très marquées ; ils paraissent bien moins susceptibles d’être affec- tés par les agens extérieurs, souvent méme ils ne le sont pas du tout : leur essence est-elle donc changée? Non : tout notre pouvoir s’est ré- duit, non pas à les rendre inaffectables, mais seulement à les mettre dans une situation et à les placer dans des circonstances telles qu'ils ne dussent point être affectés. Les individus venus de graine offrent, soit entre eux, soit en les ( 155 ) comparant avec leurs ascendans, des variétés qui les distinguent d’une manière remarquable: les uns sont plus robustes, les autres plus faibles, les uns nains, les autres gigantesques, les uns presque stériles, les autres très féconds , les uns plus tardifs, les autres plus hâtifs, les époques de leur végétation et de leur fructificafion ne sont plus les mêmes, et l’on sait qu’à ces épo- ques les plantes sont plus ou moins sensibles. Le chéne, qui, quand son bois est aoûté, ne gèle point, gèle très aisément lorsqu'il ne l’est pas, ou qu'il est encore en sève. Ce dernier effet surtout se remarque dans les taillis recepés, dont la pousse tardive et encore tendre est dé- truite par les premières gelées d'automne; la vigne, originaire très probablement d’un climat plus chaud que le nôtre, très sensible aux moindres gelées qui arrivent pendant le cours de sa végétation, résiste à nos plus rigoureux hivers lorsque d’ailleurs cette froide tempéra- ture n’est pas accompagnée de causes de destruc- tion particulières. Le platane d'Occident voit souvent ses pousses attaquées par l'hiver; mais ses produits par semis y résistent mieux, et seu- lement peut-être parce que leur sève.est plus tôt arrêtée : dans cette intention d’acclimatation , - cest donc à nous à choisir les variétés les plus appropriées à notre sol et à notre climat, Si ces ( 156 ) principes sont fondés, ils doivent nous donner fa mesure de ce qui est possible : toutes les fois qu'une plante ne pourra compléter sa végéta- tion et sa fructification, avec notre chaleur ordi- naire et dans l’espace de temps que lui accorde notre belle saison, elle ne Pourra convenir à notre Culture naturelle; toutes les fois qu'un arbre manifestera sa sève du printemps beaucoup trop tard, ou qu’elle s'arrêtera beaucoup troptard, il exigera des soins, des abris, et peut-être plus encore. Il y a même des plantes de pays plus froids que le nôtre, que nos hivers font périr , soit à cause des faux dégels auxquels nous sommes exposés, soit à cause de l'absence de la neige, qui les protège dans leur pays natal. Dans tous ces cas, il faudra donc chercher À en obtenir des variétés qui remplissent ces conditions : en ce cas, il faudrait donc désespérer de pouvoir ja- mais acclimater les plantes dont nous ne pou- vons obtenir de semences, telies que l'ananas, la banane, etc. Je le crains, mais je mose pro- üoncer. Ÿ renoncer pour jamais, c’est beaucoup dire; Je temps est un grand maître. Tels sont mes principes sur la naturalisation et Pacclimatation des plantes étrangères, prin- cipes que jai déjà exposés dans une Notice sur la culture de la patate, insérée dans les Annates d'agriculture. Je ne prétends cependant pas ex- ( 157 ) cela quelques autres moyens indi- qués ou employés, quoique, dans mon opinion, Je ne puisse les regarder auf comme simplement subsidiaires. Mes principes, en effet, sont fondés, surtout sur cette idée que les végétaux étrangers ne Peuvent être que trés difficilement acclimatés , et que lorsqu'ils en paraissent susceptibles, ils ne peuvent pas l'être individuellement, ils ne peuvent pas même le devenir par le changement intime de leur essence, mais tout simplement parce que le semis de leurs graines, aidé par la culture, leur a fait produire des individus ou plutôt des variétés nouvelles, qui ne sont pas clure pour précisément ni plus rustiques, ni moins sensi- bles au froid, mais dont le mode de végétation et de ere s'est approprié à notre sol et ànotre climat, en s’accommodant à nos phases de végétation ; effet qui, suivant moi, ne peut avoir lieu que par le semis, et, qui plus est, par _ le semis aidé de la culture, moyen qui seul peut être regardé comme producteur de variétés. Au surplus, il y a lieu d'espérer que ces nouveaux sujets, appropriés à notre climat » Perpétués par la semence, augmenteront encore, et par eux- mêmes et pour leurs descendans, les chances q’ appropriation: Je sais bien qu’à mes principes sur l’acclima- ( 158.) tation on pourrait faire plusieurs objections. Dans le chapitre de la Greffe, j'ai cité des exem- ples de robusticité et même d'apparence d’ac- climatation exposés par M. Thoŭin , résultant de la greffe d'individus exotiques ou faibles sur des sujets indigènes et robustes, lesquels ont ou paraissent avoir communiqué leur force aux plus faibles. Je ne révoque nullement ces faits en doute ; mais, ne les ayant pas observés par moi- même, je ne puis prononcer en connaissance de Cause; au surplus, ces moyens d’acclimatation et autres dont il pourra êtré question me parais- sent au fond rentrer dans mon système, n'y ayant aucune difficulté à les regarder plutôt comme moyen d'appropriation à notre sol et à notre climat que comme acclimatation, puis- qu'on sait qu'ils peuvent recevoir, des sujets sur lesquels ils sont greffés, une sève, je ne dirai pas acclimatée , mais déjà disposée par avance à suivre les impulsions de la température qui lui est naturelle. De plus, jusqu'à quel point ces greffes de plantes étrangères n’ont-elles pas déjà Par elles-mêmes pu être modifiées, si elles ont déjà chez nous été multipliées par la voie des se- mis, Cause réelle , mais quelquefois insensible, de disposition à la variation ? Quoi qu'il en soit, ce système dacclimatation immédiat par le secours de Ja greffe est une res- (159 ) source de plus pour lacclimatation indirecte et plus complète ; car on ne peut douter qu'il ne soit expédient , pour aller plus loin , de suivre par le semis les provenances de ces sujets forti- fiés par la greffe, et ils devront par là même être plus disposés à acquérir das leur postérité de nouvelles forces. Dans l’énumération des moyens que j'ai don- nés comme productifs de variétés, ceux qui, comme la greffe, l’incision , la bouturation, ten- dent à en procurer de naines et de hâtives sont préparatoires à l'acclimatation, parce qu'ils don- nent à espérer l'obtention de la maturité des fruits, et de l’aoûtement du bois avant la fin de la belle saison, chose nécessaire pour ne plus craindre le froid de l'hiver. D’un autre côté ce- pendant, pour éviter les gelées de printemps, il ne faut pas rejeter les variétés tardives à pous- ser, pourvu que cette pousse tardive ne nuise point à la maturité des fruits et à l’aoûtement du bois. ‘ Ceci me conduit à examiner si. ; dans les espè- ces, ou aussi dans les variétés d'une même es- pèce, ce sont ordinairement les individus qui fleurissent les premiers qui amènent aussi les premiers leurs fruits à maturité. Je doute qu'il y ait eu à cet égard de bonnes observations, et je ne pense pas qu'il y ait de loi générale; ce su- ( 160 ) jet est cependant important, la floraison trop précoce au printemps exposant à bien des acci- dens. Les semences tirées du Midi paraissent four- nir des individus plus précoces que les autres , par une conséquence qui paraît nécessaire, les semences tirées du Nord doivent fournir des in- dividus plus tardifs : c’est une indication à sui- vre. Il faut se guider d’après les circonstances : par exemple, la cerise mürit d’assez bonne heure, il est bon, pour en prolonger la jouis- sance, de s’en procurer de tardives, probable- ment les noyaux tirés du Nord nous en fourni- raient. L’abricotier fleurit de trop bonne heure; il se met en sève trop tôt; ses fleurs et même son bois sont souvent attaqués par les gelées du printemps : s'il fleurissait un mois plus: tard, nous ne serions pas si souvent privés de ce bon fruit. Je pense que les noyaux d’abricot tirés de la partie la plus septentrionale où l’on puisse le cultiver nous procureraient cette variété tar- dive : c’est une chose aisée à faire. Plusieurs opinions très contradictoires se sont élevées sur la différence d’acclimatabilité des plantes provenant où de semis ou de bouture. Chacun a donné exclusivement la préférence à ` , jé z l'un ou à l’autre, et on en a conclu qu'il y avait exception au principe ; c’est une erreur. Lors- ( 167 ) qu'un principe est vrai, doit- il souffrir des ex- ceptions? Cela me parait douteux ; ; mais, en hor- ticulture surtout, il faut faire attention aux cir- constances environnantes. On ne peut donc nier en principe la supériorité en général des plantes. venues de semis sur celles venues de bouture, quant à la robusticité et à la vigueur; mais Si, . dans les individus venus de semis, il y en a ďaf- fectés de maladie, c'est un accident, et non une déviation de principes. Il faut faire la part des accidens ; apprécier les événemens, consulter les dispositions individuelles et temporaires. Ainsi ; par exemple , un melon élevé sur couche ‘et sous châssis est plus fatigué par sa transplanta- tion en pleine terre que celui qui a été élevé à lair libre, et cependant c’est la même plante. Un végétal igiilisiique élevé à" ombre, et: trans planté à l'exposition du soleil , ‘en-souffrira plus que celui qui aura été élevé’à Fair libre: Les vi- gnes des environs de Paris souffrent évidemment d’une sécheresse et d’une chaleur long- temps prolongées „tandis que celles du midi n’ont pas l'air de s'en apercevoir. Les végétaux étran- gers , qui redoutent les froids de nos contrées , en-sont souvent plus affectés à à l'exposition du midi qu’à celle du nord, parce que ces derniers sont plus endurcis, et qu'au contraire les pre- miers éprouvent les alternatives de froid pen- II ( 162 ) dant la nuit, et de douce température pendant le jour ; leurs pores s'ouvrent à l'influence du soleil; la sève y subit un mouvement, suivi, pen- dant une longue nuit, d’une condensation dan- gereuse; plusieurs plantes tirées du Nord souf. frent de nos, hivers rigoureux, parce qu’elles n'y sont point recouvertes de l'immense quantité de neige qui les garantit dans leur pays natal : je ne finirais pas-si je voulais citer tous les exem- ples. | Mais ce n’est encore rien que tout cela relati- vement à laprééminence des plants de sémis sur ceux de bouture relativement à l’acclimatation. D'abord le semis ayant la faculté de produire des variétés plus fortes que l'espèce primitive, on conçoit que la sève y monte plus abondam- ment et y est plus ‘longtemps en activité que dans des plants de bouture. Il en résulte, ainsi que cela a déjà été dit, que l’aoütement des pousses.s’y fait plus lentement, plus tardivement, et qu’elles sont plüs sensibles au froid, qui ya plus de prise pour le moment qu'il ne peut en avoir sur les pousses des boutures déjà aoûtées (en cela semblables au chêne, dont les pousses tardives -gèlent ). Cet effet: n’a point de rapport avec la force réelle des plantes, mais bien avec leur disposition actuelle-et temporaire, oCCasio- née-par la pléthore séveuse. Scrait-ce donc un ( 165 ) moyen de Préparer un. homme au combat que de lui donner une indigestion 4 au lieu d’une nourriture modérée? es Ces considérations doridi diriger Se hors : culteurs dans la solution de la question qui nous oceupe; elle est, je le répète, complexe $ ou, si on veut, individuelle, locale et tempo- raire, etne peut se décider que sur le vu des pièces. Il faut, je le veux bien ; respecter les lois dé analogie, mais de l’analogie bien observée. ‘On a remarqué, dans nos colonies d’Améri- que, comme à Saint-Domingue et ailleurs, que les races d'hommes croiséesavaient plusieurs avanta- ges : ainsi le blanc et le nègre donnent la race mu- ltre , qui, du côté du physique, l'emporte sur ses ascendans, et du côté du moral approche beaucoup de lun et l'emporte sur l'autre. La race créole, tant blanche que noire, l’emporie aussi sur ses ascendans ‘d'Europe et. d'Afrique, Profitons, en agronomie, de’ces indicatio: ns. Sous un autre point de:vue, on a observé que les animaux importés du Midi relevaient les races du nord; -que les végétaux" importés du Midi étäient plus hätifs ét peut-être aussi plus beaux et plus forts que ceux du Nord, et que ceux im- portés du Nord étaient plus tardifs. Profitons en- core de cesurcroit d’ indications, et servons-nous de ces moyens pour relever et acclimater nos ITI. ( 164 ) espèces: Ainsi, pour acclimater et forüfier le mürier et l'olivier, pour en avoir qui fleurissent, fructifient et s’aoûtent plus tôt, croisons les nô- tres avec ceux du Midi, et pour en avoir de plus tardifs qui soient moins exposés aux gelées du printemps, croisons-les avec ceux du Nord: dans les deux hypothèses , le croisement des ra- ces étrangères entre espèces s'il est possible, entre variétés si lon ne peut aller plus loin, devra toujours nous donner des races croisées plus vigoureuses, plus robustes que leurs as- cendans. En suivant par le semis les races ainsi croisées et recroisées, pouvons-nous dire où s'ar- rêtera le perfectionnement? C’est donc aux fécondations artificielles que je voulais en venir. Ce sujet a été traité à part et Pon peut sy reporter; mais je ne crains pas de répéter ici que l'hybridation est sans contre- ‘dit le moyen d'acclimatation le plus efficace, soit _ directement par lui-même, soit à cause des com- binaisons aussi nombreuses que variées que son emploi met à notre disposition. La vigueur et la rusticité, communes à presque tous les hybrides, doivent nous faire concevoir les plus grandes espérances d’acclimatation. Il est à désirer que la science et la pratique de lhybridation se ré- pandent de plus en plus. p pe ( 165 ) RAR RAA RE URL RTS LT AIT AS LAS LATTES LAS Í ; i e d ~ CHAPITRE VI. DES MOYENS DA@CÉLÉRER L'ÉPOQUE DE LA MISE A FRUIT (DANS LES VÉGÉTAUX EN GÉNÉRAL), MAIS PRINCIPALEMENT DANS LES JEUNES ARBRES A FRUIT, A PEPINS ET A NOYAUX, ET AUTRES VENUS DE SEMIS. RSS Ce n’est t pas tout que d'avoir en espérance dés jeunes. sujets dont les semences ont été choisies avec soin, dont la création et la naissance même ont été d'avance entrevues et préparées par des opérations faites sur leurs ascendans, et sur les- quels on attend avec uné impatiente curiosité des résultats , soit désirés, mais incertains, soit probables et prévus; on veut se satisfaire; One veut aller en avant-en profitant des connaissan- ces acquises et de celles qu’on se flatte d'acqué- rir, donner suite à a ses expériences et atteindre, s'il ya lieu, la limite de ce qui est possible. La nature, qui a assigné aux végétaux et aux arbres’ la durée de leur vie et le térme de leur crois- sance, leur. a aussi, dans une proportion sage- ment circonscrite, assigné l'époque et l'étendue ‘de leur fructification ; prématurée ou trop abon- dante dans leur jeune àge, elle eùt nui à leur accroissement ei abrégé = durée de leur exis- tence. Mais nous , qui sous ces rapports sommes ` < ( 166 } bornés, nous voulons jouir, et nous cherchons à hâter le moment de notre Jouissance. Cela est trés permis; nous ne pouvons guère nous faire de scrupule de sacrifier à notre impatience et à notre utilité un arbre à fruit ,n avançant son produit et sa durée, sauf à abandonner ensuite s’il n'a pas répondu à nos espérances ,ou lorsque nous aurons obtenu de lui ce que nous dési- rions: Mais ce n’est pas ma maxime : usons sans abuser, cela est plus généreux, et j'espère pou- voir en offrir les moyens sans-imposer de trop grands sacrifices. Une idée erronée a jusqu'ici, ce me semble \ égaré les esprits; on a cru ou paru croire, sur la foi d'autrui, que la vigueur et la croissance luxu- riante des jeunes arbres, des arbres méme en général, étaient un obstacle à leur mise à fruit. 11 est vrai que, comme je l'ai déjà fait observer , la nature ne calculant pas comme nous avec impa- tience le moment de la jouissance, sûre qu’elle est d'arriver tôt ou tard à son but, les jeunes ar- bres vigoureux abandonnés à eux-mêmes pa- raissaient se mettre à fruit difficilement „Onena conclu qu'il n’était pas dans leur essence et dans l'intérêt de leur croissance de fructifier promptement; et comme la difficulté paraissait d'autant plus grande que la vigueur était plus “grande aussi, on en a inféré qu'il fallait les affai- T FRES à a ia dE e ( 167 ) blir pour y parvenir, On les a donc, à cet effet, | torturés de mille manières; on lesa mutilés, trans- plantés, perforés, arqués, circoncis, cassés; On a coupé leurs racines ; on les a greffés même sans beaucoup y gagner, màis tout cela sans dirèction. bien raisonnée, sans principes, et par conséquent très inutilement, et souveñt même à leur détri- ment; la taille surtout, qui est le moyen le plus gédérdmenr employé, sur laquelle on a tant écrit, sur laquelle on a donné tant de préceptes, est encore aujourd'hui un objet de controverse, et les instrumens qui l’opèrent sont encore au- jourd’hui,suivant moi, instrumens de dommage, et pour celui qui taille et pour celui qui est taillé. Cependant, tout le monde ne peut pas avoir mal vu, tout le monde ne peut pas'avoir vu le contraire de ce qui est. On a remarqué, ee de mauvaises terres, des arbres se mettre à fruit plus aisément que dans des terres très fertiles. On ne peut nier que les vieux arbres ne.se mettent à fruit plus aisément que les jeunes (pas trop vieux cependant, car alors ils fleuris- sent beaucoup, mais ne fructifient pas. en pro- portion ); les jeunes, diÿon, poussent trop de bois et ne peuvent compléter leurs fruits. Mais ne gest-on pas exagéré tous ces faits ? N'a-t-on pas plutôt voulu dire qu'il y avait un tèrme D entre la force et la faiblesse, ét aiton aie nr Sd nee enr ne £ D É 7 ee M eoe a à à ner re ent dre <> “es a T. ens 5 - ee ‘ : - " = a » = e Bisaa di had , 7 bib: E TERR n = ~ r - z we - -eo S = man: z a ( 168 ) bien apprécié ee terme ? Quoi qu'il en soit, je ne veux point révoquer généralement tous ces faits en doute, et cependant, contre lavis général ; mon opinion reste fixée , et je m'explique : y a- t-il donc quelques moyens de conciliation ? Depuis plus de trente ans; j'ai semé plusieurs milliers d'arbres à fruit, j'ai vu, sans aucune ex- ception, que les plus vigoureux, les plus forts ( en rapport cependant avec leurs espèces ) étaient bien ceux qui fructifiaient les premiers. (Il n’y avait pas méme à cet égard d'exception pour les arbres hybrides, qui, quoique tous très vigoureux, n’en montraient pas moins de dis- position à fleurir, sauf les exceptions de stérilité absolue qui se rencontrent dans quelques unes de ces espèces, qui cependant n’en fleurissent pas moins pour cela, et. même très abondam- ment : cela était en opposition avec l'opinion commune, cela m'a frappé. ) | Je pense donc que dans le même terrain, soit bon, soit mauvais, et sur la même espèce d’ar- bres, la fructification sera en général plus Prompte sur les individus forts que sur les in- dividus faibles , Conséquence dont il résulterait qu'il faut fortifier les faibles et non pas affaiblir les forts, et dans la supposition même qu’on employät des moyens artificiels pour hâter cette fructification , le moyen d'y amener les forts se- ( 169 ) rait de diriger l'emploi de leur force, au lieu de IE diminuer. . Mais si, dans la même espèce d'arbres , se trouvait placis une partie en mauvais terrain, et l’autre en bon, quelle serait celle qui fructi- ficrait la première? C'est une autre question, et elle me paraît plus compliquée, plus difficile à résoudre; ce serait peut être ici le- cas de dire qu'en tout il y a un moyen terme, et il faut le trouver. PR Il péut y avoir en i effet des terrains tellement s heureux , que la sève'même trop abondante, qui dans le printemps a fait produire aux arbres une -trop grande quantité de bois, soit à tel ‘point modifiée et perfectionnée dans le cours de l'été, soit par la qualité des élémens qui la composent; soit à l’aide g’ une température favorable ; due à l'exposition et au climat; il se peut que cette sève puisse changer en boutons à‘fruit les bou- ions à bois, ou fournir à ceux disposés à être boutons à fruit la nourriture convenable pour les faire grossir, et développer les germes à fruit dés la première année et par- anticipation, œu- vre qui, avec des circonstances moins favora- bles, pourrait, comme on le dit quelquefois, exiger deux ou trois années et même plus. Mais ces terrains en même temps fertiles et heureusement situés sont ráres; d’autres, avec le T RARE ra Per ner ji ES SOON E i z neem Grau dns e ( 170 ) même degré de fertilité, Peuvent ne pas avoir les ». Š mêmes facultés de nourrir :et de compléter la nourriture des boutons à fruit, qu''alors se met- tent à bois; d’autres terrains moins fertiles peuventétre d'ailleurs, parquelques autres acces- soires , assez favorisés pour opérer les mêmes effets, et c’est là ce qui donne du poids à lopi- nion que je combats; d’autres terrains enfin peu- vent être assez mauvais, assez mal situés , Pour ne rien produire de bon et d’heureux. Ainsi donc ce n'est pas l'abondance de la sève seule qui em- pêche les arbres de fructifier, c'est son mauvais emploi; et il n’est pas non plus nécessaire à un arbre, pour qu'il se mette à fruit promptement, qu’il soit faible et que le terrain soit mauvais. Toutes cestcirconstances, bien considérées , péu- vent donner la raisoh de la divergence des opi- nions manifestées sur le sujet que je viens de traiter; mais J'aurai encore par la suite quelques considérations de plus à faire valoir, et quoique Je me sois récrié contre les abus'de la taille, peut- être, dans son emploi bien entendu, se trouvera- t-il quelque adoucissement à mes reproches. Il est bien peu d'arbres, auxquels Phomme n'ait touché avant l'époque. de sa mise à fruit, et, par Ce fait seul, l’ordre de la nature est chan- gé : plusieurs accidens sans doute peuvent pro- duire le même effet, et cela n'arrive que trop (or souvent, etl est toujours asséz malheureux pour l'homme que son attouchemént soit” com- paré à un‘accident: Au surplus, le mal west pas sans remède, et de même qu'il pet remédier à l'accident causé par le'hasard , il peut aussi répa- rer celui qu’il a causé lui-même; il lui est accordé quelque chose de plus, sinon de faire mieux que la nature, sinon de changer ses lois, au moins de les modifier, en tirant parti ee accidėns , ainsi que de ses fautes à lui-même; én écartant ce qui ne lui convient pas, profitant de ce qui lui convient, et faisant tourner au profit des parties conservées la nourriture destinée aux parties supprimées. dors donc qu’une fois 2 port, Ta forme parti- culiere aux arbres, soit à dessein, soit par ha- sard , ont été ns il faut ou chercher à les EYA s'il est possible, ou, ce qui est le cas le plus ordinaire pour nous, continuer à gêner, à contrarier l'arbre que nous avons défiguré, et le régulariser dans son irrégülarité même : C’est ce que les industrieux cultivateurs de Montreuil sont parvenus à faire dans la taille du pêcher. (Il est d’ailleurs bon de faire attention que le pêcher est un arbre étranger : à notre climat, et pour ainsi dire artificiel, et imparfaitement at- climaté.) r A 10 Quelles que soientaujourd’hui relativement à ce (172) | qu'elles pouvatent être dans l'originéidans son cli- matet dans ŝon sol natal, la végétation actuelle et la fructification du pêcher, celles de nôtre pêcher paraissent Noir été bien étudiées par les Mon- treuillois, et je pense qu'à cet égard ils sont bien près de la perfection; et on ne peut pas faire le même eompliment à la plupart de ceux qui tail- lent : on peut bien leur reprocher de ne connai- tre en aucune manière la nature de leurs arbres. : Ayant en Mori particulier fait beaucoup desemis, et désirant, comme de raison, Obtenir du fruit promptement; il m'a bien fallu faire cette étude sur toutes mes espèces d'arbres. Si je n’y suis pas complétement parvenu , je crois pouvoir me flatter d'être sur la voie. J'ai consigné les faits que j'ai observés it de poirier et sur le pommier dans un Mémoire an- ciennement publié, que l’on trouvera à la suite de cet ouvrage; il eüt été trop long de les répé- ter ici , cela m'aurait écarté de l'objet principal. Je dois cependant dire à présent ici qu’un des grands reproches qu’on, doit faire à ceux qui ont écrit sur la taille, c’est de ne pas avoir SoUPÇonné, reconnu et séparé, dans cet art et 2 1 . . . . ` lA dans Papplication de ses principes à son-exé- cuion, deux parties essentiellement distinc- o o EE s z o tes , {ue J'ai nommées , Pune, taille d'éducation, de formation et de direction, et l'autre, taille ŢȚ (175) de conduite postérieure ou plutôt de fructifica- tion, les raisons de cette distinction sont faciles à Saisir, mais elles vont devenir ici d une évidence Complète. Nous avons vu que, dans les sujets vigoureux et dans les bons terrains, On. sesplaignait de la difficulté et de la non- -tendance à la fructifica- tion, et on s’en est. pris à abondance de la sève ; à la quantité: de “bois qu’elle produit; mais ce n’est pas de ce que les jets de pousse sont trop beaux , trop forts, trop longs , que l’on doit se plaindre , c'est de ce qu'ils sont trop nombreux ; c'est de ce que les yeux et bourgeons latéraux, étant trop nombreux aussi et trop vifs, donnent naissance à une immense quantitéderamilles qui, devançant la sortie des yeux à fruit, les affament, les étouffent, les privent de l’action de lair ou du * soleil. C’est cette mauvaise direction, ce mauvais . emploi de la sève, bien plus que son abondance, qui empêchent la fructification. te Au lieu d’affaiblir 1 arbre, de lui ôter sa sève, de la modérer même, que faut-il faire? La diri- ger: par l'usage. ordinaire de la taille, y parvient- on? Non, ou au moins très difficilement. En ef- fet, en raccourcissant les jets, on diminue, à la vérité, le nombre des. yeux existans; mais on force de partir ceux qui auraient dormi, et on donne par là une telle force aux autres, que le (174) remède est pire que le mal, et qu'il en résulte toujours une vigtieur et une confusion inextri- cables de branchages , de ramilles, de feuil- lage, etc., qui étouffent les yeux à fruit. Que faire donc? Au lieu de raccourcir, il faut sup- primer, il faut retrancher les jets superflus , toutes les ramilles surnuméraires; éborgner les yeux trop nombreux, dégager ceux donton espère des boutons à fruit,. et dans ceux-ci même, si les rosettes étaient trop nombreuses , Supprimer les plus faibles, les plus mal plaċées , pour faire d'autant profiter celles qui doivent rester. Voilà bien la marche à suivre pour les arbres qui, par leur taille et leur âge, sont constitués pour laisser espérer des fruits; mais il ya dans l'acte de la. mise à fruit, des arbres vieux ou adultes, et des’arbres jeunes., surtout venant de semis , une différence importante, et la marche * quesuit à cet égard la fructification à besoin . d’être examinée avec attention et développée avec une cértaine étendue : pour y parvenir et me réñdre plus intélligible, je vais métayer de ce qui se passe, eú égard à la génération dans de règne animal. ` D ,- € | b . ` . } Plusieurs animaux, dès leur naissance, se mon- trent pourvus des organes de la génération , Soit tout formés, soit plus ou moins développés. Il y ‘ CET r ! > F r manque, si l’on veut, un certain complément et \ (175 la matière prolifique; mas peu nous importe ici, Dans les végétaux, au moins dans. ceux dont je pårle, au moment. de Tens naissance , les: or- ganes. n'existent pas, la, place même qui leur sera assignée - n existe pas non plus. Ce n est qu'à un Certain âge, et lorsqu’ ils ont pris un certain accroissement, une certaine étendue en hau- teur, en espace latéral, un certain nombre de des de ramificåtion , que les arbres, montrent les branches qui doivent servir de support aux boutons à fruit, et c’est encore à un àge plus avancé qu'ils manifestent leurs boutons à fruit, boutons qui dans bien des cas ont encore eux- mêmes besoin d’une ou plusieurs années #pour recevoir leur complément et das à la flo- raison et à la fructification. ; Dans mes Mémoires sur les chenrhiadées in- sérés dans les Mémoires de la Société royale et centrale d’ agriculture française ,. auxquels je renvoie ceux qui désireront connaître le déve- loppement complet de mon système, j'avais éta- bli que, dans les plantes, les yeux eu bourgeons, placés pour l'ordinaire sur la tige et les es re. dans Vaisselle des feuilles, étaient susceptibles de recevoir, trois ou même. quatre divisions; sam voir, en yeux ou bourgeons principaux, en sup- plémentaires ou subsidiaires, dits tantôt stipu- laires, tantôt pétiolaires , suiyant^leur, position ) (176 ) près des stipules ou près du pétiole des feuilles, et de plus en yeux ou bourgeons cotylédonaires, à raison de leur position dans Faisselle des coty- lédons, et ayant eux-mêmes aussi leurs supplé- mentaires dans le, même ordre que les bour- geons principaux. J'avais établi aussi que tous ces yeux supplémentaires et même aussi les coty- lédonaires, et en raison de leur développement tardif lorsqu'il avait lieu, ne devaient prendre qu'une extension moins grande, comme n'étant que conditionnelle et subordonnée à laccroisse- ment plus essentiel des bourgeons principaux , et avaient ete en conséquence, par une sage pré- voyafice de la nature, doués de la faculté de fructifier plus promptement, pour les dédom- mager en quelque sorte de leur tardiveté, et de la brièveté probable de leur existence. Ces bour- geons supplémentaires ne se manifestent ordi- nairement sur les arbres à fruit que lorsque les principaux manquent par accident et sont sup- . primés , ils paraissent dormir ; mais je ne crois pas pour celf qu'on doive les regarder comme Perdus. Le développement de la tige principale, son couronnement, et le recepage surtout me paräissent donner lieu chez eux à ùn dévelop- pement qui renouvelle et revivifie le végétal sur son déclin. Il paraît que sur le pêcher, au con- traire, l'oblitération complète de ces yeux peut (sg) avoir lieu, ainsi que-celle même des yeux prin- cipaux, lorsque leur sortie ne s'effectue pas dans son temps , €t c'est ce qui fait que le pêcher se dégarnit toujours par le bas et repousserarement dans cette partie. Ce qui n’a fait donner quel- - Que attention à ces yeux supplémentaires , Ça été leur mise en action par le défaut de sortie de l'œil principal lorsque je greffais en écusson, œil que je voyais souvent remplacé par ces yeux . supplémentaires dans les arbres“à fruit : il est probable qu'il serait possible d'en tirer parti . pour l'avancement de la fructification , Je laisse cela à faire à ceux qui s'en. occuperont après : moi; mais il était bon de les signaler. + : Quant aux yeux ou bourgeons principaux, j'a- Vais fait voirfque la fructification ne s’y faisait apercevoir et ne s'y établissait que lorsqu'ils avaient pris une assez grande étendue, et qu’au : contraire, lorsque les yeux de cette maîtresse- tige s'étaient étendus pour fornier les branches latérales, qu'on nomme bras dans le melon, la fructification pouvait s’y établir dans une posi- tion bien plus rapprochée de leur base, et que de nouveaux yeux développés Sur ces branches latérales augmentaient encore Ja disposition à la fructification, au moyen de augmentation du nombre de degrés de ramification, et ainsi de Suite progressivement : d'où résultait de plus en 12 arrea ara Sie ji ( 178 } plus la nécessité d’une a plus rap- prochée dans ses époques et dans sa position : aussi suivait-il de ces dispositions, principale- ment pour le melon, la nécessité de plusieurs pincemens successifs et répétés, pour l’amener à son deuxième , troisième et même quatrième de- gré de ramification, et le forcer à-se mettre plus promptement et plus surement à fruit , par la plus grande abondance de ses fleurs. Par une analogie que je pourrais appuyer sur quelques faits, j'ai supposé que ces degrés de ramification devaient être nécessaires poyr la fructification dans la plupart des végétaux dico- tylédons, et, par analogie aussi, j'ai supposé que ce degré devait être d'autant plus élevé pour un végétal quelconque, que če végétal était plus vigoureux, susceptible d’un plus grand ac- _ croissement, et destiné à une plus longue vie : ainsi ; d’après ce principe, un rosier ou tout au- tre arbuste n’exigerait que deux, trois ou quatre degrés de ramification pour montrer sa fleur ; un poirier pourrait em exiger dix, quinze et vingt, et un chêne peut-être trente, quarante ou cinquante; bien entendu que, dans les ar- bres à pousse annuelle, le degré de ramification devrait être estimé non seulement par les nœuds ou coudes què forme une branche latérale en sortant d’une autre, mais encore par le nœud ou (179 ) bourrelet. qui se forme à lendroit où le bois de l'année se joint au bois de l’année précédente , par suite du. développement des bourgeons ter- minaux , Comptant aussi pour degrés de ramifi- cation toute insertion de greffe quelconque, en tenant en même temps compte des degrés de ramification déjà précédemment acquis sur leur Propre pied par les yeux et branches destinés À à servir de greffe et à former des marcottes ou boutures. Je pense qu’on doit aussi regarder comme degré de ramification le PARA si faible qu'il soit, des yeux latens, qui suit le grossissement des arbres, en suivant le déve- loppement superficiel de l'écorce et l’évolution que subissent annuellement les bourses à fruit futur, - qui produisent des feuilles sans fructi- fier. Je reviendrai ailleurs sur ces deux derniers points. Au surplus, je ne prends pas sür moi de décider si toutes ces manières d'accroître, d'é- lever ces degrés sont absolument pareils,.et s'ils ont sur la fructification une influence absolu- ment égale. J'ai déjà parlé aussi du renouvelle- ment et du rajeunissement paraissant opérés par la greffe, lorsqu'on se sert pour Îa faire de ra- meaux pris sur de très vieux arbres, et J'aurai peut-être occasion d'en reparler, Le recepage des vieux arbres , qui opère aussi une espèce de ra- jeunissement et de renouvellement, n’est. ce- 12. PEUR ES PT RUE Ni ( 180 ) pendant point un obstaċle à leur propension à se mettre à fruit beaucoup plus tôt et plus aisé- ment que les arbres véritablement jeunes; mais il y a sur eux cette remarque à faire, que les bourgeons adventifs développés par cette opé- ration/sont des bourgeons subsidiaires, stipu- laires, je dirai même plus que subsidiaires, et qu'en outre on ne peut nier que pour suivre le grossissement de l'arbre et percer son écorce ils sont obligés de subir une évolution annuelle ou presque annuelle, qui les met, pour ainsi dire, au niveau des hauts degrés de ramification attri- bués à la vieille souche, toutes considérations qui doivent faire envisager leur mise à fruit comme étant de rigueur. C'est sur cette théorie que j'ai fondé un de mes principaux moyens de mise à fruit dés jeu- nes arbres de semis, et si J'ai avancé que le poi- rier exigeait au moins dix degrés de ramifica- tion pour fleurir et fructifier , j'ai été amené à le dire parce qu’effectivement le poirier de semis abandonné à lui-même peut fleurir à sa dixième année, et que c'est justement alors que, dans son état ordinaire, il a acquis ses dix degrés de rami- fication. Ai-je eu raison de tirer cette conclusion? Je le crois. Je ne puis cependant mé dissimuler que cette loi ne soit susceptiblé"@’éprouvér un grand (285) nombre de modifications fondées sur les locali- tés, sur l'essence des plantes , etc. Ainsi, à part les végétaux ou les arbr es inter-tropicaux, dont je dois m ’abstenir de parler, ne pouvant les ob- server, il doit y avoir des différences entre les plantes annuelles ou pérennes, ou sarmenteuses, entre les arbustes qui, comme le rosier, le lilas , les groseilliers, et surtout le framboisier , re- nouvellent fréquemment leurs tiges par de nou- veaux jets sortant du collet des racines, entre les arbres qui n’ont qu’uné sève annuelle de courte durée et ceux qui lont plus longue, et surtout qui en ont deux, et enfin sur ceux qui, dans le même cours de sève, anticipent sur l’année sui- vante par le développement des bourgeons laté- raux et la formation méme des épines sur les jets de l'année, comme cela arrive fréquemment sur les poiriers sauvageons et sur les jeunes arbres, sur les arbres recepés et dans les taillis de Pan- née. Ce sont toutes nouvelles observations aux- quelles j je mwai pas eu le temps ni les moyens de me livrer, et sur lesquelles l'expérience, éveillée, pourra un jour donner la faculté de prononcer. _Revenons-en au poirier de semis, auquel j'ai, par, supposition, assigné dix degrés de ramifica- tion , c’est à dire je suppose huit ans ou environ pour obtenir ses branches ou supports propres à porter les boutons à fruit, un an pour pro- ( 182 ) duire ces boutons, et un an ou plus pour donner à ces boutons leur complément, que je cornpte aussi pour une évolution, et par conséquent pour un degré; total, dix dlégrése | H y a donc ici trois œuvres ou époques essen- tiellement distinctes: r°. Formation des branches ou supports: Formation des boutons à fruit ; 3°. Complément des boutons à fruit. Je ne vois poa que jusqu'ici cette distinction ait été faite, jen ‘enaperçois aucune trace, aucun indice dans les auteurs : ; elle était cependant bien importante à faire. Y a-t-il moyen d'anticiper sur ces œuvres, sur cês époques, soit généralement sur toutes à la fois, soit sur chacune d’ellés en particulier , soit seulement sur l’une d’entre elles? Discutons, et, par suite, appelons l’art à notre secours. Il ya déjà bien des années que je m'occupe de cet objet; mais je n’avais pum fait cette dis- tinction : seul et sans guide, il nra fallu du temps Pour la trouver. En vain sur mes jeunes. sujets J'avais employé l'arqüre, lincision annulaire; mais le temps n'était pas encore venu, et il est aujourd’hui pour moi de la dernière évidence que ces opérations devaient être non seulement à peu près inutiles, même plutôt nuisibles, du moins pour l'objet essentiel, c’est à dire pour la (183 ) formation des supports ; et en effet si cette for- mation exige pour le poirier huit degrés de ra- mification représentés par huit années, quelles ressources pourraient offrir lincision annulaire et l'arqüre, opérations débilitantes ; qui, au lieu d'être utiles, devaient mettre obstacle, sinon à _ la formation de ces huit degrés , au moins à tout espoir d'anticipation quelconque sur le terme assigné par la nature, et, sous ce rapport, de quel avantage pourrait-on croire que fussent, et la faiblesse des arbres, et la maigreur du terrain sur lequel ils végètent | Ÿ CE. greffe elle-même, employée pour placer des yeux ou branches de ces jeunes arbres sur des sujets vigoureux et peu âgés, ne m'a donné que de faibles” secours; car que pouvait-elle procurer de bien effectif? Un ou deux degrés de ramification au plus pour. la for mation des sup- ports. À cet égard, M. Van Mons et M. Knight me paraissent n'avoir pas été plus heureux dans leurs résultats. Voyons donc ce que procure la taille, cet art si Vanté. La taille, en raccourcissant les jets de pousse | et supprimant les bourgeons terminaux, donne : naissance à une.infinité de ramilles qui s’affa- ment réciproquement et affament les jets prin- cipaux, étouffent par cette profusion et privent de Pair et du soleil une partie de l'intérieur de ( 184 ) l'arbre : elle est donc, sous ce rapport, beaucoup plus nuisible qu’utile. A la vérité, donnant de ła vigueur aux bourgeons conservés, elle peut même faire anticiper d’une année les bourgeons latéraux, an ticipation avancée, qui, par ce moyen, tourne au profit des supports; mais sous ce rap- port même, quoique utile, elle est encore d’un faible secours, et son pouvoir est bien limité : encore faut-il supposer qu’elle est pratiquée dans un but approprié et dans une direction conve- nable : c’est à quoi on n’a guére pensé; cepen- dant, avec des intentions saines, on-en pourra trer parti. ee . Restent donc le cassement et le pincement. Le premier, sur lequel on ‘trouvera plus bas une notice, peut être d’une grande utilité ; mais c’est surtout: du pincement , Qui n’est au fond qu’une espèce de cassement, qu'on doit espérer des ré- sultats importans et d’une efficacité remarqua- ble. Il á l'avantage de pouvoir se pratiquer pen- dant la sève, et d’être répété plusieurs fois sur la même pousse en divers temps eten divers endroits, et sans de grands inconvéniens si on sait le ménager. Pratiqué avec discernement sur un sujet vi- SOUTEUX , dans un terrain et avec une saison fa- vorables ; le pincement peut produire plusieurs degrés de ramification dans une seule année, je ( x85. Y ne puis encore en fixer le nombre; mais j'en ai obtenu avec facilité j jusqu’à trois et même da- vantage, Ă : Dans cette hypothèse, à laquelle j je joins aussi la supposition que cette anticipation prématurée de degrés de ramification pour la formation des Supports ne nuirait point à la formation et au complément des boutons à fruit, on pourrait se flatter d'obtenir ceux-ci sur un poirier de semis à sa cinquième ou sixième année, ce serait une diminution de moitié et même plus sur le temps communément. nécessaire pour y parvenir. Puis-je me flatter d’y arriver ? Je n’ose encore los dire. | M. Van Mons annonce avoir obtenu ce suc- cès, je ne veux pas le nier; mais il ne l’attribue pas, que je sache, à aucune opération particu- lière dirigée vers ce but, pas même à la greffe, à laquelle il a renoncé comme e inutile; il attribue tout simplement ce succès à ce qu’il appelle le renouvellement, c’est à dire. Je semis successif et continué sans interruption de® fruits des indivi- dus venus de semence. C’est un des résultats de cette amélioration progressive, je le veux; mais je lui ferai observer que, dans le grand nombre des variétés qu'il possède, il a dù, comme-dans tous les semis de plantes anciennement cultivées, s'en trouver de beaucoup plus hâtives que les ne mn EEN F = pr RE pea ( 186 ) autres ; j'entends, non dans l’époque de matu- rité, mais dans l'époque de la mise à fruit. Ce résultat peut donc être particulier à ces espèces hâtives, et il faut prendre garde de le généraliser mal à propos. Ilme semble qu'il rejette les es- pèces qui s'annoncent avoir des feuilles lar- ges, etc., etc., comme ne promettant que des fruits mürissant de bonne heure, et, $ous ce rapport, ne présentant pas le même intérêt que les fruits d'hiver. Je serais porté à croire que ce sont ces espèces hâtives de saison qui le sont aussi de mise à fruit. J'aurais désiré qu'à cet égard il nous eût donné des renseignemens plus positifs , et j'espère que cela viendra (il wa paru que les provenances par semis du doyenné se méttaient à fruit très promptement. ) Revenons à notre sujet. Il y a, dans la forma- tion anticipée des supports , quelque chose qui demande une sérieuse attention : de ce que ces supports ont été obtenus, et malgré qu'ils aient été par force et avant l’âge, peut-on raisonna- blement en conclure que ces supports auront la faculté de porter et de produire les boutons à fruit, ainsi qu'ils l’auraient fait si leur forma- tion meût pas été provoquée avant le temps ? La sève, jeune encore, pourra-t-elle acquérir les qualités nécessaires pour les former, les nourrir et les compléter ? (Üne expérience de (187) M. Knight, que je citerai , pourra répondre à à ces questions.) AN Quant à leur formatami; je puis répondre Tune manière affirmative , ‘et jy reviendrai ; quant à leur complément parfait, il faudra Voir. De quoi dépend preciseren le perfectionne ment de la sève nécessaire à ce paint Sil dépendait absolument de l'âge, nous n’y pourrions rien; mais je ne le crois pas, et je donnerai à l'appui de mes opinions quelques raisons, sinon décisives, au moins non dénuées de vraisemblance et de probabilité. En premier lieu , larqüre, la greffe et incision annulaire sont, pour cet objet, des auxiliaires puissans : Jen donnerai quelques exemples. En second lieu, je soupçonne que ces fonctions de perfec- tionnement: et de complément de la sève sont dues principalement à la presque solution de continuité, ou au moins au resserrement, à la contraction de la moelle et de la sève dans l’é- tranglement occasioné par les nœuds et coudes qi se forment à chaque embranchement , ainsi qu’ à la voié également resserrée et ol au point de passage où le bois de l’année se joint au bois de l’année précédente, affinement et per- fectionnement qui vont toujours en augmentant, en raison du nombre aussi croissant des degrés de ramification. (IL serait à désirer que la chi- ( 188 ) mie nous fournit à ce sujet quelques éclaircisse- mens par l'analyse de la sève faite à son entrée et à sa sortie dans ces couloirs, suivant leurs degrés, ainsi qu’au dessus et au dessous de ces bifurcations. ) Au surplus, à défaut de ces lu- mières , nous nous en référerons à. l'expérience. J'ai commencé et je fais plusieurs expériences sur cet objet , sur diverses parties des arbres, et diversement combinées , étant encore fort peu éclairé sur les résultats qu'on peut en obtenir, étant très peu avancé , parce que je me suis avisé beaucoup trop tard de m’écarter du sentier battu, me confiant mal à propos à larqüre sa 5° . . 2 bi lincision, annulaire et à la greffe et aux autres moyens indiqués comme souverainement effica- ces pour avancer la mise à fruit, et dont jai long-temps et vainement espéré quelque succés. Dans la végétation du jeune poirier de semis, que je continue de prendre pour exemple, il peut se présenter quelques incidens auxquels probablement on n’a jamais fait grande atten- lion, desquels cependant on pourrait profiter, et dont j'ai déjà essayé de tirer iii parti. Quoique en général à sa première année le poirier ne soit pas porté à se ramifier, cela néan- moins Peut :se rencontrer quelquefois; il faut observer ce qui se passe alors, et voir s'il n’y aurait pas moyen d'en faire quelque usage, Il ( 189 ) peut Ini arriver d'émettre une ou plusieurs bran- ches latérales, et il se peut aussi que, soit sur ces branches, soit sur’ la tige principale, il se manifeste quelques faibles rosettes. Ceci est vé- ritablement alors une obtention précoce de deuxième ou troisième degré de ramification , et par conséqüent, dansmon système, un grand avantage prématurément obtenu. Il est bon de remarquer que ces effets peuvent reconnaître pour cause quelque accident qui aurait empêché ou retardé la crue naturelle etordinaire dé la tige principale; mais, à part ces accidens, ces degrés incidentels de ramification prématurée paraissent tenir à la forte végétation du sujet, chose que je prie de remarquer, puisqu'elle ajoute une nouvelle preuve à l'opinion par moi émise plus haut, que la forte végétation est loin d’être un obstacle è à la mise à fruit , et qu’elle en est, au contraire, un accessoire sente: Ces rosettes peuvent se trouver implantées, Soit immédiatement sur la branche elle-même, soit sur desépines qui s’y seraient manifestées. ( oy. le Mémoire sur la taille; où je suis entré’ dans de très grands détails sur la nature et la forma- tion des épines du poirier.) Ces épines, qui ne ‘sont que des brindilles avortées, servent rare- ment et très accidentellement, très imparfaite- ment à continuer la pousse nasel; elles se (190 ) chargent plus communément de rosettes assez faibles lors du jeune âge. Ces rosettes, lors- qu'elles sont en grande quantité, ce qui est as- sez fréquent, prennent peu d’accroissement et sont très long-teraps à le prendre. Leur position sur là partie inférieure de larbre, leur grand nombre, leur crue tardive, qui n’est nullement en rapport avec la vigueur luxuriante du jeune arbre, sont cause que celui-ci, dont la force va en augmentant de plus en plus, ne cesse de s’accroître en hau teur, en étendue, et en consé- quence affame ces rosettes , les couvre , les étouffe et termine par les faire périr. En défini- tive, ces faibles rosettes avortent, s’'oblitèrent complétement, et je cgois qu’au total pas une seule n'échappe à la destruction. Est-il permis cependant de croire que la nature les a faites pour rien? Veut-elle, dans cette production an- ticipée, essayer ses forces, préluder.en atten- dant partie, ou, si on l'aime mieux, lui suppo- ser à notre égard des intentions bénévoles; et Pourquoi pas? Ne semble-t-elle pas nous dire : Je vous ai fait voir ces rosettes pour vous donner l'idée de ma puissance ; mais je ne veux pas men servir, parce que je ne veux pas fatiguer mes arbres , parce que Je ne suis pas, comme vous, pressée de jouir, et que je suis sûre tôt ou tard d'arriver à mes fins; mais, si vous êtes pressés, > aga ) / \ si cela vous PES j'ai fait le plus difficile; faites le reste ,alléz en avant. © ` Suivons donc l’indicatioñ donnée par la na- ture, et voyons ce que nous devons, ce que nous pouvons faire. Y a-t-il quelques moyens de préserver ces rosettes de leur anéantisse- ment ? Peut-on espérer de les laisser sur l'arbre, sur leur place- propre avec une garantie? C’est sur quoi je reviendrai. Né serait-il pas plus avan- tageux. de les’ transporter ailleurs? C’est par ce dernier expédient que je vais commencer. - Dans son exécution , deux apatis se présen- tent : il est possible de lever, avec le greffoir , quelques unes de ces rosettes, et de les trans- porter sur un autre sujet ousur ‘une autre partie de l'arbre lui-même, en choisissant/cette place. Dans ce dernier cas, il faudra, dans la partie supérieure de ce même arbre, et s'il est en, état de supporter cette greffe, choisir, soit sur la maîtresse-tige, soit sur une branche latérale, un lieu commode, bien exposé à lair et au soleil, pour y placer cette rosette en écusson, Je serais assez d'avis de la placer à à l'endroit - là même où se sont produits ou auquel devront se produire, dans l'ordre naturel , les futurs boutons à fruit, position qu'il faut apprendre à connaître, et, de plus, à déterminer par avance, et que ja 'aiin- diquée en temps et lieu. 5: PR rm ac Enr LT EP TE DY pead E aT kit ( 19% ) Dans lé cas Contraire, où on voudrait trans- porter par la greffe ces rosettes sur ‘un sujet étranger, détermination que je regarde comme plus sûre, plus prompte, et conséquemment préférable, il est aussi diverses considérations à balancer, suivant l'importance que l’on met à avancer sa jouissance. Dans cette idée, on devra choisir un sujet assez vigoureux pour recevoir la direction qu'on voudra lui donner et les opéra- tions fructifiantes ordinaires , assez àgé où du Moins assez formé pour fournir une sève perfec- tionnée et une ngurriture convenable au`com- plément de ces rosettes, et il sera utile d’en sui- vre le développement et les progrès pour favo- riser leurs dispositions fructifiantes. D'un aùtre côté, si l’on se bornait à attendre patiemment et sans direction quelconque le moment de leur mise à fruit , le placement de ces greffes serait préférable sur de vieux arbres où sur le co- £gDassier quant au poirier, ou sur paradis quant au pommier. Comment et à quelle place conviendrait-il d’ailleurs de placer ces rosettes? J'ai déjà, à l’article de la Greffe, émis plusieurs idées Sur ce point, on peut s’y référer; mais, en deux mots, je dirai ici ce qui me paraît conve- ` . 27 = ` näble : j'estime donc qu'on devra les placer à peu pres comme je Pai indiqué plus haut dans (195) un endroit bien exposé et fructifiant ( voyez l'article du Jeune poirier ), et sans couper- la tête du sujet. En effet, il yaurait peut- -être in- convénient à la couper sous deux rapports tout à fait opposés, en les plaçant terminalement, c'est à dire en coupant la tête du sujet au dessus d'elles. On pourrait cramdre d’une part que, - dans ce cas, la sève , trop abondante, au lieu de donner leur EAER ces rosettes, ne les déterminät à à se développer à bois, , développe- ment qui, opéré sur le bois d’une épine, ne pro- curerait même par suite que très difficilement un beau jet : il ne donnerait jamais-uħ bel arbre, à cause de cette mauvaise disposition native: Il y aurait cependant un moyen de placer ces ro- settes terminalement, ce serait sur une branche laiérale. qu'on Se Re ensuite au dessus de la reprise, et qu’on arquerait modérément pour y tempérer l'influence de la sève. Il est ban de rap- peler ici qu'il existe un moyen très simple d’en- gager un œil à partir, c’est de faire une légère incision à l'écorce immédiatement au dessus de lui; en la faisant au dessous , au contraire, on l'empêche de partir. Reste. à examiner la résolution prise ou à prendre de laisser sur le j Jeune arbre lui-même, et à leur propre place, les rosettes, exposées ; 4 est vrai, à l’anéantissement, en leur donnant 13 (194) toutefois uné garantie. Ce moyen serait plus simple, plus économique et moins embarrassant, puisqu'il ne nécessitérait point l'emploi des su- jets étrangers; mais il ne promet peut-étre que des chances de succès éloignées , à moins qu’on ne veuille s'astreindre à des soins maltipliés et qu'on ne possède des tonnaissances approfon- dies de direction. On a proposé aussi , dans la vue d'accélérer la mise à fruit du jeune poirier de semis, de l’éta- blir sur deux bras dès son origine , en ététant la tige- principale et opérant ainsi la suppression de ce qu’on appelle Le canal direct de la sève, et forçant sa déviation pour la modérer , la perfec- tionner et la disposer à produire le fruit. J'ai déjà dit autre part ce que je pensais de ce qu’on appelle la suppression du canal direct de la sève, je ne vois pas en quoi cette suppression peut opérer plus efficacement et plus promptement que toute autre opération le nombre de degrés nécessaire à à fructification. On lui a souvent attribué des effets favorables qui lyi étaient beaucoup moins dus qu’à linclinaison des bran- ches qui l’accompagnent, ainsi qu'à diverses opérations qui la suivent nécessairement. Je vois qu'elle diminue la vigueur de l'arbre, qu’elle retarde et détruit l'accroissement de la tigé principale, dont j'ai fait remarquer que le bour- (195 ) relet, joignant les deux pousses anciennes et nouvelles, était lui même un degré de ramifica- tion. Dans ma nombreuse pépinière , cette sup pression s’est faite sur quelques arbres par acci- dent : ils se sont d'eux-mêmes alors établis sur deux bras. J'ai vu leur croissance en souffrir , et je wai nullement va en eux de propension à fructifier plus tôt que les autres. Au contraire, j'ai constamment vu que les arbres les plus éle- vés, les plus droits, les plus vigoureux étaient les premiers , lorsqu'ils avaient atteint le hui- tième ou dixième degré, à faire paraitre leurs futurs boutons à Gmt; même sur la tige princi- pale, et singulièrement dans sa partie élevée. Cet établissement sur deux bras n’est doné-nül- lement nécessaire pour la prompte fructification : je ne puis donc le conseiller comme tel; cepen- dant, comme cette ‘forme est avantageuse pour le palissage, et suivant le lieu où on veut lem- ployer; je ne prétends pas la prnserirs. Dirigée d'après de bons principes, elle ne s'opposerait pas non plus à la fructfication, et elle aurait Yavantage de conserver et de concentrer la sève dans la partie inférieure de l'arbre, g y faire pro- fiter les rosettes qui pourraient s’y rencontrer ; mais, je le répète, il: faut que, dans la taille et dans l'inclinaison des branches, on suive une marche et une direction fondées sur les vrais 13. (496) principes, qui, suivant moi, jusqu'ici n’ont pas du tout été reconnus. Du pincement et du cassement; but de ces deux opérations. Le pincement se pratique, soit sur le déve- loppement du bourgeon terminal de la tige principale; soit sur les bourgeons terminaux et latéraux de teutes les autres branches ; Soit sur les brindilles ou lambourdes, soit même sur les épinés; dans ces cas différens , ses effets. soût différens aussi, le tout suivant l'époque, suivant la nature de l'œil au dessus dûquel on pince , suivant sa position plus ou moins élevée, eu égard à la pousse de l’année, selon qu'il est plus ou moins répété sur le même point, et en raison de l’affluence-plus ou moins considérable de la sève et de sa qualité, du degré de perfectionne- ment et de maturation qu’elle éprouve par lé- poque et le changement de saison et la diffé- rence de température. | Pratiqué sur un bourgeon terminal peu après son développement, son effet se fait im- médiatement sentir sur les yeux du jet nouvel- lement développé, d'autant plus qu’ils sont plus rapprochés du lieu de l'opération, d’où il résulte que l’œil le plus proche, cest à dire celui pré- (197 ) ciséMent situé au dessous de la coupe, se déve- loppe en nouveau bourgeon au bout de quel- ques jours, développemess qui , sans cela, n'aurait pas dû avoir lieu, et qui, par consé- quent, anticipe ainsi d’une année sur l’autre, ce qui procure à ce jeune jet un degré desramifi- cation de plus ; repincé de nouveau , un autre bourgeon sort, nouveau degré de ramification de plus; repincé pour la troisième fois , un troi- sième degré de plus a lieu, et ainsi de suite; si la saison n'était pas trop avancée, la sève se trouverait encore assez aqueuse et assez abon- dante : probablement il faudra s'arrêter à la troisième OÙ quatrième fois. © est, au ‘reste, ce que je ne puis dire précisément, toutes les cir- constances de saison , de température, d’humi- dité, de sécheresse, de force des sujets, de la qualité du sol , etc., devant modifier ces 'opéra- : tions. = | : On doit s'attendre à ce que ces pincemens et repincemens , répétés et exéculés sur plusieurs parties de l'arbre , au moins dans quelques oc- casions , feront apparaître une infinité de bour- geons secondaires, ternaires , etc. , qui doivent leur naissance à cette cause, C’est un inconvé- nient, sans douje; mais il s’agit d’y remédier. Avec du soin et de la patience, cela se peut : tous ces bourgeons doivent s’affamer les uns les (198°) autres, il faut en retrancher la plus grande par- tie ;plus on en supprimera, plus les résultats à obtenir sur ceux qui seront conservés seront efficaces et importans. Il est impossible de don- ner des préceptes sûrs pour ces suppressions et ces conservations, leur application devant né- cessairement varier à l'infini, L'intelligence et lhabitude y conduiront. Il faut dès long-temps s’apprendre à connaître et à deviner ou prévoir d'avance les leux fructiferes, j'en donnerai ail- leurs les leçons. Dans les jeunes arbres vigou- reux, On aperçoit dans le premier jet ou bour- geon , à l’aisselle de placement de ses feuilles , rudimens de bourgeons latéraux ou folioles quiannoncent une intention de paraître; en pin- çant un peu au dessus des plus beaux, c’est or- dinairement celui qui est situé immédiatement au dessous du pincement qui sort le premier. Il faut alors le conserver, et ,-à son défaut, tout autre ‘qui s’annoncera le mieux. C’est commu- nément vers le milieu futur du jet que sont les Plus forts bourgeons latéraux ; mais ce serait s'exposer à perdre beaucoup de temps que de les attendre : il faut donc alors s'y prendre un peu plus tôt, c’est à dire plus bas; mais, comme je laï déjà dit l'habitude et l'expérience seront de meilleurs maîtres que moi. Au surplus, d'a- près mes observations, qui tiennent probable- (199 ) ment beaucoup à la localité, c’est à dire au troi- sième ou au quatrième pincement que. je suis forcé de m’arrêter. Il ya de plus. quelques con- sidérations qui doivent servir de guide. Si. lon opère sur des arbres très jeunes et très vigou- reux, dont on veut principalement avancer les degrés de ramification: sans prétendre pour cela obtenir du fruit sur-le-champ , on. peut, sans inconvénient, multiplier les repincemens; si, au contraire, on juge qu'il est temps de penser sé- rieusement à obtention du fruit, il faut laisser au bourgeon produit du dernier pincement le temps nécessaire pour acquérir son complément à fruit pendant la belle saison qui reste à courir. Tout cela, j'en conviens, exige de l'intelligence dans la pomiculture ; mais cest un art nouveau et dont on n'avait pas encore eu l'idée. Tout pincement Spre: toujours une suspension mo- mentanée de la sève; il faut s y attendre, il faut savoir l’apprécier et apprendre à calculer ce que Pon perd et ce que l'on gagne de temps, et la sai- son vient souvent troubler nos calculs. Avec un peu d'habileté. et de bonheur réunis, on peut espérer d'obtenir ainsi un bouton qui reçoive son complément sur-le-champ et produise son fruit l'année suivante. Cet effet peut s'obtenir sur le poirier; mais le pommier s’y prête bien ( 300 ) plus aisément, surtout lorsqu'il est greffé sur paradis. | | | Au moyen du pincement opéré sur le bour- geon terminal de la tige Principale, il est hors de doute que l’on avancerait bien plus prompte- ment vers son but, c’est à dire l'obtention des degrés de ramification nécessaires à la mise à fruit. On peut se conduire ainsi si l’on est très pressé de jouir; cependant ce n’est pas mon usage, je craindrais de mettre obstacle à la belle venue de mes arbres, je me contente d'opérer sur Unedes plus belles branches latérales. Il est bon d’ailleurs d'employer les deux moyens sépa- rément, surtout si l'on a une très grande quan- üté de semis, et qu'on soit disposé à en sacrifier une partie pour ses essais. Dans tous les cas, ces essais, ainsi qu'en gé- néral toute expérience, ne doivent étre tentés que sur des sujets sains, vigoureux, bien exposés à lair et au soleil et placés dans un sol convena- ble où au moins bien amendé, y ajoutant même, si le ‘cas le requérait , de la litière à leur pied Pour les garantir du hâle, et même quelques arrosemens pendant la grande sécheresse et les chaleurs. 1 faut les préparer à ces expériences en les dégageant de toutes leurs branches etbrindil- les inutiles, ne laisser même, si cela n’est pas jugé ( où } nuisible à la beauté et à la santé de l'arbre, que les branches sur lesquelles on opère (je ne parle pas de la tige principale), afin que la sève y afflue sans partage; car le pincenient répété et l'arrête et la fait refluer sur les parties non opé- rées , et si par suite 1l se développait ailleurs des bourgeons adventifs, il faudrait ou les suppri- mer, ou les pincer eux-mêmes, s’il était jugé convenable. noA LE -On peut encore opérer le pincement dans plusieurs autres positions, avec plus ou moins d'avantage; les épines peuvent lui être soumises Sans crainte de dommage, les anciennes, qui portaient déjà quelques rosettes, recevront, par üne suppression quelconque, un accroissément qui profitera aux parties conservées , et les épi- nes jeunes et nouvelles pourront aussi, par ce moyen, anticiper sur cette production de ro- settes; il est bon aussi.de supprimer une partie de ces épines lorsqu'elles sont trop nombreuses. Ces aiguillons qu'on n'aime pas à voir sur les arbres, et qui leur donnent un aspect sauvage, ne sont, comme on le verra ailleurs, que de pe- tites branches imparfaites, et cependant parais- sant spécialement destinées à se couvrir de ro- settes; mais cette distinction n’est pas toujours - Suivie du succés, leur grand nombre, leur mau- _ Vaise position, la contraction et la dureté de DST RÉ aa << os T 4 Fe ( 202 ) leurs. fibres, empêchent la sève gy affluer: aussi sera-t-il bon, à la taille d'hiver, d’en sup primer sans pitié un très grand nombre, et deni casser quelques unes à un œil où deux, les mieux placées, les plus fortes, ‘s'entend; elles formeront ou compléteront leurs boutons pen- dant la belle saison. Quelquefois, ces jeunes épines émettent un bourgeon qui s'allonge, il faut le repincer lui-même; il peut arriver que . ces jeunes épines, si on les conduit convenable- ment, forment et complètent, dès la même an- née, és boutons à fruit pour l’année suivante, nouvelle preuve à ajouter à bien d’autres, Sa voir : qu'il ne faut pas de toute rigueur au poi- rier plus d’une annéé peen! la production de ses boutons à fruit, puisqwen voilà qui même an- ticipent d’une année sur l'époque ordinaire. J'ai vu quelquefois des accidens causés par les insectes, Ou tout autrement, opérer un vérita- ble pincement dont il résultait d’heureux effets : mais la réunion d’heureux accidens et d’heureux effets est rare, parce qu’ils ne sont pas coordon- nés avec une série d'opérations combinées; il faut cependant en profiter et même y joindre lart lorsque Pon s’en aperçoit assez à temps, ce qui consiste principalement à arréter ou pin- cer les pousses voisines, qui nuiraient au progrés de ce pincement ou cassement accidentel. ( 203 ) Maintenant que la théorie est bien établie, ses principes bien posés, et l'emploi de Ja pra- tique qui doit s’ensuivre aussi clairement dé- veloppée que le sujet la permis, il semblerait qu'il n° y a plus rien à dire, qu'il n’y a plus qu à aller en avant, et qu’un bon arboriculteur pour- rait aller seul et sans guide. De quoi s'agit-il en effet? Tout se r aji à ob- tenir par anticipation, et le plus pr omptement possible en premier lieu, les degrés de ramifi- cation nécessaires pour la’ formation des sup- ports, que j'estime de huit degrés au moins, car je crois qu’il serait bon d'aller j jusqu’au dixième ; ensuite d'y obtenir les boutons à fruit et de les compléter, événement auquel dès lors l'arbre se prête assez de lui-même. La théorie en est donnée ; il ne- restait que l'application des moyens, je lai donnée aussi. Tout autre arboriculteur intelligent aurait pu. trouver et faire cette application aussi bien que moi : OU MA méthode recévra d'eux un perfec- tionnement dans son exécution, ou peut-être en trouveront-ils un autre, les circonstances d'ail- leurs doivent faire varier cette application. Je. crois cependant, pour la facilité de ceux qui vou- dront s’adonner à ces recherches sans se fati- guer à en chercher les moyens, devoir leur in- diquer ce que je crois de meilleur à faire pour ( 204 ) préparer les arbres de semis à la fructification dès le commencement de leur naissance. La premiere année de semis, il est rare que le e poirier se ramifie, il ne pousse ordinäirement qu’une tige unique ; Cependant , cela dépend dé sen naturel. Vouloir le pincer pendant sa végé- tation, dés la première année, ce serait risquer de l'affaiblir, et de retarder beaucoup sa crois- sance, il est donc plus prudent de s’en abstenir; et cependant on peut risquer de le faire-sur quelques pieds vigoureux que l’on sacrifierait à cette expérience. Mais si par un effet inhérent à son essence ; si par un effet du hasard , par un accident quelconque, il lui arrivait de se rami- fièr, soit en projetant une ou plusieurs branches latérales, il faudrait ou s'opposer à leur sortie j à l'exception d’une seule, ou les supprimer sauf la mieux placée, la plus forte et la plus haute possible, à laquelle branche‘, suivant les circons- tances ou suivant la saison, on laisserait pren- dre son développement naturel, ou s’ypermėttre, suivant le cas, au troisième ou quatrième œil un premier pincement et sur le hourgeon, qui Parlà en sortirait un autre pincement. Il est bon d'observer que tous les bourgeons sortis par suite de ces pincemens devraient être ré- duits dans Chaque cas à un seul, afin qu'il pùt prendre de la force; le nombre de ces pin- ( 205 ) cemens et repincemens ne peut être déterminé ici; il faut le laisser à Ja discrétion de l’arbori- culteur,' Si au liéu de branches latérales, il se manifestait des rosettes , on pourrait supprimer les plus faibles. Si au contraire sur la tige prin- cipale il se manifestait seulement des épines, Cas qui arrive aux espèces robustes et sauvages, il faudrait supprimer une partie» de ces épines et pincer les autres. On pourrait espérer que de ce pincement d'épines il se manifesterait dès lors quelques faibles rosettes, ou que du moins, pour l’année suivante, leur sortie serait d'autant mieux préparée. . L'année suivante, ou deuxième ‘a année de se- mis, la tige principale (si on n’y a pas encore touché) devra, ce me semble, être encore aban- donnée à aiin sans fiii iSe (J ex- Cepte. le cas où les j jeunes arbres mal venans ou rabougris exigeraient un recepage pour les res- taurer.) On supprimerait sur ce nouveau scion ou jet de l’année toute branche latérale (à moins qu’on.ne jugeât à propos d'abandonner celle latérale de l’année précédente pour cause de maladies, faiblesse ou accident); s’ilse manifes- tait sur ce nouveau scion quelques é épines ou ro- Settes, on tiendrait à leur égard la même con- duite que celle indiquée pour l année antérieure. Dans ces suppressions, au surplus, on devra se ( 206, ) guider d'après les circonstances , étant libre à chacun de profiter de tout ce qui pourra se ren- contrer de favorable, de la bonté de son ter- rain et de la force de ses arbres, auquel cas on pourrait, au lieu d’une seule, conserver plusieurs branches latérales, soit anciennes, soit nouvelles. Revenons à la branche latérale de l’année précédente conservée à dessein. Cette branche aura dů, pendant l'hiver ou plutôt au printemps, mais avant le retour de la sève , être dégagée par la taille de tout ce qu'elle aura de superflu ; jen- tends par là tout ce qui pourrait nuire au déve- loppement de l'œil produit par le dernier pin- cement, l'œil enfin ou le bourgeon qui présente le plus haut degré de ramification , et sur lequel seul on devra laisser se Continuer cette branche. On peut cependant êt même on doit laisser sur elle quelques rosettes, s’il s’en trouve, mais en très petit nombre, ou, à leur défaut, quelques brindilles ou épines , mais qu'il faudra casser de court. On pratiquera par suite, et pendant le temps de la sève, sur le bourgeon. laissé seul autant de pincemens qu’il sera possible, et sui- vant la méthode que j'ai indiquée. Pendant le cours de ces opérations, la saison avance , elle force enfin de les suspeñdre ; elle aoûte les derniers yeux produits des derniers pincemens , enfin l’hiver arrive. ( 207 ) Voici donc notre-jeune arbre à sa deuxième année révolue ou avec ses deux feuilles , pour -Me servir de l'expression forestière, A da taïlle d'hiver, il y aura bien peu de chose à y faire s'il a pu être conduit avec toutes les FH à -Ci- -dessus indiquées ; mais comme il est possible, si l’on en a beaucoup à soigner , qu on les ait plus ou moins négligées, il faut pratiquer sur lui les mêmes opérations aussi déjà indiquées, qui consistent à le dégager, à supprimer les Pt ches latérales. qu'on ne veut pas conserver, laisser subsiste de préférence sur ces Vies | latéralés les ramifications les : plus composées, s'il s’en est formé, àme lui laisser que quelques épines ou rosettes toujours les plus fortess les -plus belles et les mieux placées, soit par leur ‘ex- position à l'air au soleil, soit par leur situation sur le plus Rat degré de ramification possible. Pendant le cours de da troisième année, il | faudra suivre et continuer ces opérations tou- jours. d’après les mêmes principes, c’est à dire que la maitresse-tige devra être dégagée de ses pousses latérales, soit brindilles , soit épines , saųf un très petit nombre,’si i juge à ‘propos den conserver, et en les pinçant de court ; lan- cienne ou les anciennes branches Jadida con- servées seront conduites sur le méme principe , mais pincées plusieurs fois à leur extrémité dans (208 \. le: courant-de la sève, si-elles poussent assez pour cela , et pincées aussi , s’il y a lieu, sur les pousses latérales; car il est.à observer que le pincement, répété plusieurs fois sur le maître- bourgeon terminal, fera nécessairement partir sur les parties inférieures une très grande quan- tité de bourgeons prévus ou adventifs, Afin qu'ils ne s'opposent point à la crue beaucoup plus in- téressante des maitres-bourgeons terminaux pincés et repincés, il faudra les supprimer ou les arrêter suivant le besoin, ce que je ne peux indiquer positivement , et, ainsi que jelai déjà dit plusieurs fois , il faut laisser à: la discrétion d'un habile arboriculteur, qui devra se con duire d’après ses connaissances particulières -sur la bonté du terrain, la vigueur de l'arbre et la sai- son, étant bien observé que le dernier pince- ment du bourgeon terminal ne devra être fait ni trop tôt ni trop tard; c’est à dire qu'il ne devra être fait que lorsqu’on supposera que la sève aura encore assez de force pour en faire sortir un nouveau bourgeon, et que ce.dernier aura le temps de s’aoûter ou de prendre un gros- sissement convenable. | Mais le temps de la sève est passé ; lhiver ar- rive, notre, jeune arbre a ses trois feuilles aċ- complies; suivant qu'il a été bien conduit et que sa pousse a été vigoureuse, il a dû, dans la partie à ( 209 ) Supérieure de sa maitresse-tige, ou même ail- leurs, acquérir tout naturellement au moins , si ce n'est plus, son troisième degré de ramifica- tion. S'il existe sur cette partie supérieure ou sur quelque autre rameau , épine ou rosette soit na- turels, soit produits d’un pincement quelcon- que, les parties latérales peuvent être arrivées à leur quatrième ou même à leur cinquième de- gré. Quant à la branche ou aux branches latérales conservées , si elles ont été conduites avec art, il ne serait pas étonnant que soit leur bourgeon terminal , soit quelque rosette, ne fussent arri- vés à leur cinquième, sixième, septième ou même huitième, neuvième et dixième degré; et s’il en était ainsi, on pourrait en inférer qu’on sérait arrivé au degré de ramification exigé pour la fructification des supports fructifères, c’est à dire destinés à porter les boutons à fruit, et peut-être même à les posséder actuellement, ou au moins leurs embryons. Quoiqu’on ne ‘puisse se flatter que cette époque désirable soit décidé- _mentarrivée, on peut cependant s’y attendre : il faut donc la prévoir et se conduire en consé- quence. y i ` | | Des observations nouvelles m'ont prouvé que, dès la fin de la deuxième année, il-était possible d'obtenir le cinquième degré de ramification , et même plus. 14 ( 210 ) Jusqu'ici , j'ai établi dans toute leur rigueur les procédés à suivre dans le but proposé de la prompte fructification. Je dois toutefois avouer que je ne veux pas moi-même toujours m'y as- treindre, si les jeunes poiriers (que j'ai pris pour exemple, et il en serait de même de tous les ar- bres ) sont très vigoureux , et que d'eux-mêmes ils prennent assez bien la forme pyramidale, forme que je trouve assez convenable, soit eù : égard à la beauté des arbres , soit eu égard à leur accroissement, à la facilité et aux moyens qu’elle donne pour travailler à leur mise à fruit. Je ne trouve pas, pour le plus souvent, de grands in- convéniens à les abandonner à leur discrétion ; én leur laissant produire, soit à leur deuxième, soità leur troisième année, une certaine quantité, modérée cependant, de branches latérales, ayant soin qu'elles se trouvent opposées les unes aux autres pour la régularité de l'arbre , en sus de celles que je conserve et que je destine spécia- lement aux expériences, en conduisant néan- moins ces branches surnumérairés à peu près Suivant ces mêmes principes, mais modifiés, et de manière surtout à ne point gêner ni contra- rier mes expériences. Par une luxuriance ou su - perflue, où nuisible au but principal, en per- mettant à Ce grand nombre de branches de croître et d'exister, il faudra se régler sur les { ar ) circonstances accompagnantes, telles que: force des arbres. belle: position, bonté du terrain, etc., Pour se décider à les conserver, à jee spprimer ou à les soumettre à une conduite appropriée, modifiant, variant et combinant, suivant Pop- portunité, tous les moyens, tous les procédés de culture applicables au cas présént; et en effet, au point où nous en sommes arrivés, on peut employer, mais avec précaution et discerne- mént , soit la greffe locale sur eux-mêmes, soit larqüre et incision annulaire et autres moyens supplémentaires et subsidiaires, Si, à cette troisième année d'à age une fois arrivée, lon n’était pas dans l'intention de laisser acquérir -à l'arbre la hauteur et la forme que la nature lui a assignées, soit pyramidale ou autre; si l'on pré- férait l'arrêter à une certaine sant; il serait temps dy penser, il faudrait changer quelque chose à sa méthode; si, d'autre part, la branche et les branches latérales conservées ne remplis- saient pas le but proposé, -deux partis se présen- tent:il faudrait ou les conserver en supprimant la tige principale, et reporter sur elles seules les expériences fructifiantes, ou leg supprimer et reporter ces mêmes expériences sur la tige prin- cipale seule. :. k -Cette tige principale , restéeseule , acquerrait par cela même uné très grande force d’ascen- 14. ( 212) sion, et son bourgeon terminal, resté sans con- currens, aurait assez de force de végétation pour supporter pendant le cours de la sève plu- sieurs pincemens répétés et successifs, dont il m'est impossible d'évaluer avec précision le nombre, mais qui serait probäblement de trois ou quatre, Cette tige principale n'aurait pas de peine à arriver tout naturellement à un degré assez haut de ramification, ét en la pinçant elle pourrait, dès cette année, acquérir son sep- tième ou huitième degré , soitpincée , soit non pincée. Il est à peu près certain qu'il sy déve- lopper des bourgeons latéraux ou des épines, à l'égard desquelles je ne réþéterai pas ce que j'ai déjà dit plus haut. Quant à moi, je ne pense pas qu’en général il y ait avantage, à moins -de nécessité ou de cas particulier, à rien faire d’extraordinaire : c’est assez mon usage d'abandonner mes arbres à leur disposition naturelle autant que possible , con- tinuant néanmoins les expériences. déjà com- mencées: A ces anciennes expériences il est cependant permis d'ajouter la greffe sur elle-même, l'ar- qüre , l’incision annulaire , le cassement , etC., moyens fructifians, mais débilitans P os il ne faut par conséquent user.qu’avec modération, quoiqu à cette époque il soit très peu dangereux 4 215 ) - les employer. Dans tous les cas, il est bon de sen servir le moins possible: sur la maîtresse- tige; mais on peut sans crainte en être un pe plus prodigue sur les branches latérales , qu’on Pourra sans grand danger sacrifier s si elles étaient altérées par ces expériences. Les conseils donnés dans presque tout le cours de ce chapitre pour la mise à fruit sont basés sur la nécessité d’un certain nombre de degrés de ramification. Il suit de là que, sur les jeunes arbres greffés eux-mêmes, ou renouvelés et rajeunis par la greffe, l'obtention de ces de- grés de ramification est nécessaire. | Dans ce cas, c’est une objection puissante à faire au système de M. Knight, que la greffe ne rajeunit pas les vieux boutons ou les vieilles branches placés sur de jeunes sujets : le pince- ment est nécessaire sur plusieurs d’entre eux, quoique ainsi greffés : par exemple, le Colmar, la virgouleuse, etc., quoique-d’origine ancienne, se mettent difficilement à fruit, et on y parviendra aisément par le pincement multiplié. Lorsque, sur la fin de la sève, on aperçoit sur le jet de l’année, à la base d’un aber un bou- quet de feuilles, c’est un indice d’un futur bou- ton à fruit. Si Pon pince immédiatement -au des- sus, ce bouton peut, dès la même année ,rece- voir son complément et se disposer par antici- (214) pation à la fructification. Lorsqu'on trouve au dessus les uns des Autres plusieurs bouquets de ces feuilles, il est bon de pincer au dessus du supérieur, parce que si celui-ci venait à se déve- lopper à bois, celui qui le suit prendrait sa place comme fructifère. On peut aussi, dans le cas de l'existence d’un seul de ces bouquets de feuilles, laisser, en pinçant, un œil simple, et pincer con- séquemment à un œil et même à deux au dessus du bouquet. Cette précaution évitera le dévelop- pement à bois, accompagné du bouquet. De la mise à fruit. Le poirier étant par sa nature celui de nos ar- bres domestiques qui, provenu de pepins où même greffé, se met le plus difficilement à fruit, cest celui que j'ai dû prendre pour exemple: ainsi il est inutile de répéter pour nos autres arbres ce qui a été prescrit pour l'amener à la fructification, (Lorsque le poirier greffé ne. se met point à fruit, on peut le soumettre au pincement répété, tel que je lat indiqué plus baut. ) Après lui viennent le pommier, le co- gnassier , etc., et ensuite nos arbres.à noyau: ces derniers fructifient bien plus aisément et bien plus Promptement , les moyens de direc- tion à suivre doivent, en raison de cela, subir quelque différence et quelques modifications ; ( 215 } mais le fond du système est toujours: Je même: obtenir le plus tôt possible le plus haut degré de ramification possible est toujours. le but qu'on doit se proposer; mais, dans tous ces arbres, cela est assez aisé. Je pense doncqu'il estpresque inu- tile de donner à cet égard des préceptes qui dif- féreraient très peu de ceux que J'ai donnés pour le poirier, et je laisse leur choix et leur appli- cation aux praticiens éclairés qui prendront Ja peine de me lire avec attention . Je suis le premier à reconnaitre que tout ce qui a été dit par moi, au ‘sujet de l'accélération de la mise à fruit est encore bien incomplet; mais je continue à suivre mes expériences. engage les horticulteurs à me faire part de leurs obser- vations sur ce sujet, et j'espère par suite pou- Voir ajouter quelque chose de plus positif. - PARA M LAN LEE LNA VU Vu Monstre AA VU CHAPITRE VII. DU POIRIER, Je vais emprunter à notre savant et estimable collègue Bosc, que les sciences et l’agriculture ont eu le malheur de perdre avant le temps, une partie de ce qu'il a dit sur le poirier. Le poirier est du petit nombre des arbres fruitiers indigènes, C'est à dire croissant dans nos forêts dans l'état sauvage. Il prend naturelle- ( 216 ) ment la forme pyramidale, et s'élève à cinquante ou soixante pieds. Son écorce est crevassée: ses rameaux sont, pour la plupart, terminés par des épines ; ses branches inférieures fort écartées du tronc; ses feuilles alternes , coriaces, ovales, dentées, légèrement velues en dessous dans leur Jeunesse; ses fleurs sont blanches, disposées en corÿymbes sur de petites branches particulières (rarement au sommet des rameaux); ses fruits sont ovales, allongés, très durs et trés âpres au goût: on ne peut les manger que lorsqu’après leur chute de l'arbre ils sont parvenus à cet état voisin de la pourriture que l’on appelle blossis- sement, état qui ne leur est commun qu'avec quelques autres fruits de la même famille... Comme la plupart des arbres dans l’état de nature, les poiriers sauvages sont biennes ou triennes , c'est à dire ne produisent du fruit que toutes les deux ou trois années; mais, les années de production , ils en sont le plus sou- vent si surchargés, que leurs branches plient sous le poids. _ La croissance des poiriers sauvages est plus lente que celle des variétés cultivées; le grain de u l LE leur bois est plus fin, plus rouge. Lorsqu’on veut avoir des poiriers à bon fruit d'une très longue-durée, c'est sur des poiriers 9 p . . sauvages, Cest à dire sur de véritables sauva- Cur) eons. crus de pepin et en place qu'il faut les greffer. Pen ai connu de tels auxquels on attri- buait trois à quatre siècles , et qui étaient encore extrêmement productifs; mais toutes les variétés ne réussissent pas également bien sur ces poi- riers. Nos pères greffaient presque toujours sur Sauvageon. On n’y greffe plus dans les pépinie- res des environs de.Paris, parce qu’on a remar- qué que, dans ce cas, les fruits sont moins gros , moins doux et plus longs à paraître. A-t-on raison ? a-t-on tort? Je ne discuterai pas cette question : chacun peut décider d’après les seules considérations que je viens de présenter. Au reste, il est beaucoup de francs qui s’écartent fort peu, par leur constitution , du véritable sauvageon. Il paraît, par les écrits qui nous restent des Grecs et des Romains, que le poirier était cultivé chez eux de temps immémorial et qu'il y four- | nissait déjà un grand nombre de variétés. Oli- _vier de Serres en comptait soixante-deux à la fin du quinzième siècle : nous en comptons aujourd’hui plus de trois cents, et chaque an- née il en paraît de nouvelles. Un traité géné- ral sur la culture de cet arbre, que Van Mons a «+ fait imprimer, et dont il m'a envoyé quelques feuilles, double ce nombre. Il n'y a que les va- riétés de pomes , parmi les arbres fruitiers, qui puissent entrer en Comparaison avec elles sous ( 218 ) ce rapport. Je dois cependant observer que si on en gagne on en perd, soit parce que les moins bonnes sont, comme de raison , négligées, soit parce que les meilleures même s’'altèrent. ou par la transmutation des greffes, ou par la diffé- rente nature des terrains et des expositions. Ce serait chose impossible que de chercher à éta- blir la concordance entre les variétés citées par Olivier de Serres et celles décrites par Duha- mel. Plusieurs de ces dernières semblent déjà assez différentes de ce qu’elles étaient lorsqu'il les observait, c’est à dire il ya cinquante ans, pour qu'il soit quelquefois difficile de les recon- naître , malgré l'exactitude de ses descriptions et la précision de ses gravures. Ce fait est encore plus remarquable quand on remonte à la Quin- tinie, ainsi que j'ai pu mwen assurer sur cinq à six arbres plantés par ce fondateur de l’art du jardinage, que sans nécessité, à mon grand dé- plaisir et malgré mon opposition, on a arrachés en 1807 dans le potager de Versailles.. Duhamel établit en fait que les variétés des poiriers, qu’il divise en deux branches princi- pales, sont dues à la fécondation du poirier sau- vage par le cognassier, même par les aliziers et les aubépines, Je n’ose ni appuyer ni combattre cette opinion; mais la cause du grand nombre de ces variétés peut étre raisonnablement at- ( 219 } tribuée à l’ancienneté de la culture del” espèce: En se perfectionnant , les poiriers perdent leurs épines, et leurs feuilles augmentent de. largeur : tous prennent des caractères secondai- rés qui permettent de les distinguer à toutes les époques de l’année; mais ces caractères sont si peu saillans , qu’il est fort difficile de les fixer par la description et même par des figures. La con- naissance de ces caractères, lorsqu'ils sont privés de fruit, principalement pendant l'hiver, nest presque jamais que Veffet de habitude locale : tel jardinier très savant sur son terrain devient fort sujet à se tromper lorsqu'il: veut nommer ceux d’un jardin dont le sol et l'exposition sont différens, à plus forte raison ceux qui cnoiésent dans un autre climat. . On cultive, dans les pépinières du Jardin des Plantes , du Luxembourg et de Versailles, quel- ques variétés de poires nouvelles. Il'est des variétés de pêches, de prunes, etc., qui se ie sn par le semis de leurs grai- hes; mais il n’y a pas de variétés de poires dans la longue série que je viens de mettre sous les. yeux du lecteur, qui soient dans ce cas. On ne peut multiplier les poiriers que par boutures, - par marcottes et par la greffe sur sauvageon, sur franc, sur cognassier et sur épinè. | Certaines variétés de poiriers se mettent à ie i FATHA a o aa. TE ( 220 ) fruit bien plus promptement que d’autres ; aw nombre des premières, se trouvent le Saint-Ger- main et le beurré; au nombre des secondes, la virgouleuse et le bon-chrétien d'hiver. Celles-ci demandent à être très peu taillées dans leur jeu- nesse, sans quoi on risque de les cultiver pen- dant douze à quinze ans sans utilité. On pratique plus fréquemment sur les poi- riers que Sur les autres arbres la belle opération qùi consiste à casser à demi, entre les deux sèves, l'extrémité de leurs bourgeons. Rarement on emploie le moyen des boutures ou des marcottes, parce que les pieds qui en proviennent sont faibles et de peu de durée. Les rejetons qu'ils fournissent assez souvent sont également peu estimés. C’est donc par la greffe qu'on transmet presque exclusivement aux gé- nérations futuresdes variétés qui ont sn qualités propres à les faire rechercher. L'expérience a prouvé qu’en employant les sSauvageons pour sujets on obtenait des arbres très vigoureux et d’une longue vie, mais qui se mettaient très tard à fruit, c’est à dire après Vingt ans et plus , et donnaient des productions moins perfectionnées que celles de la greffe sur cognassier : aussi aujourd'hui n’en fait-on pres- que plus usage. Par opposition, .en employant le cognassier ( 221 ) pour sujet, on obtient des arbres faibles, de peu de durée, mais qui se mettent promptement à fruit ( apres deux ou trois ans) et donnent des productions plus perfectionnées. La cause qui rend les cognassiers si utiles pour former des poiriers de petite taille et à fructification précoce, c’est que d’abord ils ont moins de racines que les poiriers francs, ensuite que leur sève est d’une nature assez différente pour que les greffes de ces derniers souffrent d'être forcées de s’en nourtir. Or tout arbre qui se nourrit peu reste petit et se presse de donner ses productions comme devant bientôt périr. L'action du pommier-paradis, dans la ‘greffe du pommier, est fondée sur la même théorie. Le franc, qui est le produit du semis des grai- nes des variétés déjà perfectionnées, tient le milieu entre ces deux extrêmes; mais il est à observer que ce franc, tel qu'il est produit dans les pépinières, est un mélange de plusieurs va- riétés , les unes plus perfectionnées, qui doivent par conséquent améliorer la variété greffée, les autres moins perfectionnées et qui doivent la détériorer. D'un côté, les pepins des bonnes va- riétés sont les plus sujets à avorter, et, de TF5 tre, la difficulté de s'en procurer suffisamment et:la nécessité d'économiser, obligent les pépi- niéristes à semer: des pepins de poires à poiré ne ARE EN RAPER NE ú NT E Ain n 5 e» Sa Daae. i T ( 222 ) achetés des fabricans de cidre ou de bière, dont la nature diffère peu de celles des sauvageons ; ce qui produitun bien et un mal en même temps. C’est probablement autant à cette grande va- riation des sujets qu'à la qualité de la terre, à l'exposition, au temps, etc., qu'on doit les alté- rations qu'on remarque dans la saveur, la gros- seur, la couleur, etc., des variétés les plus re- cherchées décrites par Duhamel, et les sous- variétés qu’ontrouve dans présque tous les jar- dins et les parties d’un même jardin. Il doit paraître surprenant que, dès qu’une va- riété de poire reprend par la greffe, sur le COgnas- sier, toutes n'y reprennent pas également; mais il le doit paraître encore plus qu’il y ait de-ces variétés qui reprennent plus facilement sur cet arbre que sur le franc. Ce fait qui , d’après Du- hamel,se remarque principalement dans la royale d'été, l'épine d'hiver, l’ambrette et la mansuette, nous prouve qu’il ya encore bien des découvertes à faire dansles élémensde l’organisation végétale. Il y a tout lieu de croire qu'il est des francs qui se refusent également à recevoir les greffes de certaines variétés; car les pépiniéristes ren- contrent souvent des sujets sur lesquels ils ne peuvent parvenir à les faire prendre, ce qu'ilsat- tribuent aux diverses causes qui peuvent faire manquer les greffes. (296 :) On préfère greffer sur cognassier dans tous les cas où on veut former des espaliers ; des con- tre-espaliers, des buissons, des pyramides, des quenouilles et même des demi-pleins -vents, afin de régler plus facilement les arbres faits, d'en obtenir de plus beaux fruits et de les amener à en produire plus tôt. C’est une erreur de croire qu'on puisse, par le moyen de la taille, arriver aux mêmes résultats. Il n'y a que la courbure des branches , la suppression des maïtresses-ra- cines , l'enlèvement de la bonne terre et autres moyens affaiblissans ou l'incision annulaire et la ligature, qui puissent faire arriver au même ré- Sultat, : | En général, le cognassier, comme je l'ai déjà observé plus haut, ne convient qu'aux variétés déjà faibles par leur nature ; cependant, d’après ce principe, celles qui ont de la vigueur de- vraient pouvoir être greffées sur le cognassier de Portugal, qui est plus grand que l'espèce ; mais il en est qui s’y refusent aussi, ce qui doit faire supposer qu'il y a réellement une Retérapenétté dans les principes. On greffe le poirier sur l'épine lorsqu'on veut le ‘cultiver dans un très mauvais terrain, ou l'empêcher de s'élever; mais lorsque les variétés qu'on y place sont très vigoureuses, elles n’y A Li SR in R 4 if MS ben à Te a ee PNA ý y Eog E af ca 54 “a 7 ne X EN ag AEE S - GO + TNT an x LES SE ee subsistent pas long-temps, comme le prouvent l’ambrette , l’impériale ; etc. Les pépiniéristes ne semant presque que des pepins de poires à poiré pour avoir des sujets . pour la greffe, et les tirant des pressoirs à ci- dre, ils ne savent par conséquent ni de quelles variétés ils proviennent , ni de quelle qualité ils sont : le hasard seul préside donc aux résultats qu’ils en doivent obtenir. Parmi leur plant, il en est qui est épineux , d'autre qui ne l’est pas. Ce dernier, annonçant par cela seul un plus haut degré de perfection , devrait étremis à part pour être greffé des meil- leures variétés , surtout des variétés fondantes, telles que le beurré, la virgouleuse , le Col- mar, etc. ; mais on n'a nulle part cette attention, ce qui prouve avec combien peu de réflexion travaillent les pépiniéristes. Parmi les égrains on peut espérer de décou- vrir de nouvelles variétés préférables sous un ou plusieurs rapports à celles connues. Des bour- geons gros et obtus, des feuilles larges, épaisses et rondes, le défaut absolu d'épines, un ensem- ble différent des autres sont des caractères qui peuvent mettre sur la voie; mais il est cepen- dant de très bonnes poires qui naissent sur des arbres à rameaux grêles , à petites feuilles et épineux. Ce n’est donc qu’en attendant les fruits ( 225 ) qra où pent être. assuré. de: faire des: découvertes. | en ce, genre.: Les ‘personnes, se livrant à cette sorte, de recherches étaient pan nombreuses j ja dis, qw ence moment, PES AH Bien. différent, du pêcher et autrès tes à noyau, le-poirier porte son fruit sur des brans. ches í qui sont trois, quatre et même cinq ans à se former ; on appelle cependant: aussi ces bran- ches des. lambourdes et des brindilles: | -C'est. cette éfrconstance qui-permet | dé tailler, cet arbre. à telle, époque de l'hiver qu'on. le dé-, sire, puisqu on. voit toujours quelles Sont. les: haies qu'il faudra conserver. ‘pour : avoir la même quantité.. de fruit. non. seulement. l'année. | de taille ; mais-encore les deux ou ve süi=t vantes; | L egi + Un. poirier ih di chuté hé brindilles, annonce-t-il. qu'il souffre par: la couleur Jaune: de ses- ‘feuilles et: encorè- plus par le. desséche:. ment de l'extrémité de-ses: rameaux, äl faute. _tailler court sur.ces: brindillés à mêmes; afin de les transformer en. branches. à Dois; et: renouveler les secondes par une taille semblable. di Le Golmar, plus queles autres variétés de soif riers est sujet à fournir beaucoup + de. brindilles: intermédiaires, entre les branches. à bois-et les: branches à. fruit. Elles: me font: qu'embarrasser l'arbre ;maïis.,en: les taillant: surun œil en hiver, 15 ( 226 ) on peut les transformer en les premières, et en les cassant en été à trois où quatre yeux, les transformer en les secondes. La plupart des cül- tivateurs ne -portent pas assez‘ d'attention sur ces’sortes de brindilles, qu’ils süppriment géné- ralémemb use iiril groe si HO -SÉ KEO © Les atrestespèces ‘dé: poiriers qui sont dans locas d’être citées‘ici sont : Le poirier à feuilles cotonneuses , pyrus pol- veria: I} ne diffère: du précédent que parce qu'il est-phis petit dans toutes ses parties ; et qu'il a les feuilles-velues en dessous. Ilsé trouvé-en- Al- lemagne ; on ne:le cultive dins aucun jardin dés environs de Paris: Je n’&i "pas une opinion Diet fixée sur Son:compte ; attendu que-dans les sel mis des pepins de poires à poiré-il sen trouve souvent qui , quoique provenant des fruits d’un même arbre, donnent des pieds qui. ont les ca: ractères indiqués par-les botanistes ‘allemands comme lui étant propres: l | --Le'poirier à: feuilles: de saule:a lés rameaux épineux ; lesifeuilles linéaires, laricéolées, blan- ches en dessus; cotonneuses: en ‘dessous, les fleurs: axillares; presque ‘solitaires, présque sessiles: Il est originaire ‘de: Sibérie; önle cul tive beaucoup dans les jardins; owon le greffe sur le franc ; ‘ous Mieux: sur l'épine ,: ef où il porte fréquemment-du:fruit. Lacouleur rémar- ( 335 D quable de ses: feuilés y et la disposition diffuse , même un peu réclinée de ses rameaux; le ren- dent très Propre X l'ornement des jardins payÿ- Sagers y où il se place sur!le premier Gule se- cond rangdés massifs, Sés fleurs sont de’ peu © effet en ce qu ’elles se confondent avec les feuil- les. Ses graines, semées, donnent, au rapport de _ Mön savant collaborateur Thoüin, des variétés qni le rapprochent du précédent: et du suivant. Le poirier du mont Sinaï a les rameaux" épi- neux, lès feuilles « ovales, blanchâtres en dessous! Il est origimäire du mont Sinaï, d'où ila été rap porté par les: naturalistes de: l'expédition: gÉ- &ypté. Orile cultive comme le: précédent’ ‘mais il produit bien moins d'effet que: lui dans. les jardins paysagers. e asinda. Thoüin a publié, dans le premier viis des, Mémoires du Muséum; une savante dissertation aCconipagnée d'une superbe-figare sur cette es- pèces et LAN bé de Femployer à la greffe des poiriers: qu on veut placer dans les sols calcaires et arides ü tenir nains,” ‘objet d'une sd importance, dans le jardinage. *: © Le: poirier dé la Chine a ‘les feuilles ovales | acuminées: d'un: Yért tendre. ; bordées de dents épineuses, les fleurs couleur. de rosé ; “solitaires et axillaires ; l'ovaire cylindrique et très allongé. T vient de ‘la Chine’; on le cultive dépuis peu 15. e ü ue p, f a SES EE di PS SC EEE (228 ) d'années dans nos jardins, Il n’y a pas de doute qu’il ne contribue. beaucoup un jour à l'orne- ment de nos jardins.paysagers ; à. raison. de la fraicheur de: son. feuillage.et de la: belle, couléur de ses fleurs:: sa multiplicätion. par la-greffe sur frané où sur. un estaussi facile que celle des précédens, :: | À ces poiriers étrangers il fau ‘ajouter le pyra as Michauvit, ou poirier de Michaux, originaire de r Amérique D Considérations sur. le: nhk qui emploient les -‘pépiniéristes. Pour obtenir de nouveaux fruits -haméliorés, et sur celui que parait employer la nature pour; arriver au, méme r'ésullat , Lu M. PoITEAU. «On remarque avec étonnement que lorsqu'il apparaît un-nouveau fruit amélioré, ce n’est pas ordinairement dans des.pépinières où lon, fait tout pour l'obtenir qu'il se: manifeste ; -On. Ye- marque aussi qu'il ne s'en développe -que peu ou point dans les pays où il n’y.aïque de bons fruits; comme par exemple à Paris; enfin, en jetantdes yeux en arrière sur l’histoire des fruits améliorés- dont l’origine nous est. connue. on remarque que tous ces fruits. ont pris naïssance dans les bois, dans les haies, ét'toujouts dans le ( 229 ) fond de quelques provinces où Jes bons fruits étaient rares où. inconnus; les mauvais trés nome breux et la culture fort négligées: Wen] | Il nest pas possible que:ces remarques n'aient été faites des milliers de fois ‘depuis plusieurs siècles, et cependant il ne paraît: pas’ qu'on ait deb à en tirer aucun ‘raisonnement ; auéune théorie applicables à la recherche de nouveaux fruits améliorés: Dans cette recherche, nous procédons néanmoins d’après une tradition ba- sée sur un grand nombre,de faits observés:chez les hommes, chez les animaux, ‘et même chez ‘quelques végétaux; mais nos! non-succès doivent enfin nous porter à penser ou que la nature Wa- git pas toujours de la même manière dans’ les choses qui nous paraissent avoir la plus-grände analogié entre elles, ou que le fil des analogies noûs à échappé: des mains et nous: laisse égarer dans l'obscurité. Quoi. qu il en soit, voici sur quoi est fondé le procédé suivi en France dans la rè- cherche de nouveaux fruits améliorés. 1: ‘De tout temps, l'observation et le raisonne- ment ont autorisé à penser. qu’un homme et une femme bien constitués devraient produiré des enfans mieux constitués quesi- le: père oùla mère, ou tous les deux, étaient mal conformés; ke-même raisonnement a-fait admettre aussi que les enfans devaient hériter des qualités physi- 7 es, er qe Ride STE id "| IN nee ( 230 ) ques et-morales,de-leurs parens; et c’est d’après ceprincipe qu'on aétabli ane règle générale dans laccouplement.desranimaux. domestiques, pour entretenir les races pures ou pour les-améliorér. Enfin après avoir remarqué aussi que les graines destfleurs.semi-doubles produüisaient plus sou- vent des fleurs doubles que les graines des fleurs simples, on'a conclu de toutes ces inductions que la graine d’üne bonne poire devait produire une meilleure poire que celle d’une poire infé- riure ou mauvaise, ; - Voilà; je pense, Messieurs, lorigine-du‘pro- cédé généralement suivi parles ` pépiniéristes lorsqu'ils sèment dansl’espoir d'obtenir de nou- veaux fruits améliorés ; ils préfèrent semer des graines de fruits à couteau, c’est à dire des meil- leurs fruits, espérant que ces-graines, étant déjà elles-mêmes» améliorées, ‘produiront plutôt un bon fruit qu’une graine dégénérée, dans le sens de rotre intérêt. Mais, comme jè l'ai dit plus haut, où la nature wagit pas toujours dé la même manière dans les Choses qui nous paraissent avoir la plus grande analogié entre elles ; ou le fil des analogies nous ‘échappe, puisque ‘nous n'obtenons pas ordi- nairement de nouveaux fruits améliorés, par le procédé généralement: suivi, quoiqué basé sur de nombreuses analogies, Diühamel a, pendant ( 255 ) sa. longue carrière scientifique, fait semer soi» gneusement les graines de tous les bons fruits qui. se mangeaient sur sé a; jamais obtenu un fruit din Jêtre conservé : ses. contemporains suivirent $on’ nn et ne furent pas plus heureux. ! | | -~ M. Alfroy, notre.confrère, nous à appris q qu il faisait, chaque ‘année, des semis considéräbles avec lés mêmes soins et les. mêmes précautions que: prenait Duhamel, êt pourtant il n'obtient aucun fruit nouveau amélioré. Son: père, son grand-père faisaient de même..et n'ont rien ob- tenu : vous ne voyez aucun nouveau fruit amé- ioré sorti des nombreuses: pépinières de Vitry. Cependant,-le procédé quenous- suivons re- Pose sur des analogies bien constatées, il né peut être mauvais em luimême; mais nous: lexécutons | probablemént mal, d’une manière incomplète, | et surtout nous: pafaissons: avoir- perdu defildes analogies qui devrait nous conduire au but que nous cherchons en ‘vain. depuis des siècles ,:et auquel ] la nature arrive toute seule: à: côté de nous, comme pour nous, montr er le chemin ee nous aurions. dû suivre. 79% o fon éii ‘ Finivestigation à laqùelle Je: rase ra dinake pour- tâcher. de ‘trouver te chemin m’oblige à. vous prier, Messieurs, de vouloir vous: transpor- ter avec moi, par la pensée ,-aux! États :Unis Fax ri a P i F7 sn dé à AP a jasia m b da on con er ET ES sn hu DE d A ‘à LTÉE je one La n SEN (282) d'Amérique; parceque c’est là que la nature tra- vaillé actuellement! dans un grand laboratoire, à produire de nouvéaux fruits améliorés. Peut: être qu'après avoir examiné l'œuvre de la nature dans ‘ce ‘grand laboratoire, nous reviendrons dans notre patrie avec des idées plus lumineuses sur l'objet dont: j'ai l'honneur de: vous tréte- niri Vous vous rappélez, Messièurs, que quand les Européens s’établirent dans ce pays, ily'a environ:trois siècles , ils n'y trouvèrent ni pom- mes, ni poires ,. ni pêches ;'et qu’on y a deisuite transporté üne-partie.de nos fruits améliorés. Mais une colonie qui #établit.dans un pays ha: bité par des’ sauvages. est. d’abord occupée de soins si nombreux et si nécessairés àsa: seule con- servation, que les colons ont dû être long-temps sans penser à multiplier, par la greffe, les fruits améliorés qu’ils avaient reçus d'Europe; c’est même beaucoup que.de supposer qu'ils éussent alors le temps de sémer une partie des graines de.ces fruits. Heureusement que la nature ; tou- jours active, les semait. dessa main puissante; Mais C'était en reprenant ses ‘droits et en. faisant rentrer les nouveaux fruits dans son domaine: de Sortaqu'enmoins d'nnsiècle tous. les anéïens fruits améliorés, apportés d'Europe, furent trans- formés ; à la-preinière génération, en fruits sau- vages, acerbes-et incapablés d’être mangeés. ( 263: } Cependant ces fruits sauvages ont, à leur tour, donné des graines , qui, ayant été semées, "par- tie parla nature, partie par la main de 1 homme 5 ont formé :une: secondé: génération , dont les fruits. n'étaient probablement guère meilleurs que ceux de la première. Enfin, une troisième , . Une quatrième; une cinquième génération ont succédé aux premières : alors les habitans ont commencé à remarquer que, dans cs derhiers fruits, il s'en trouvait de meilleurs que les pré- cédens. «Ceci n'est pas une assertion hasardée, Mes - sieurs, Cestune tradition qui se conserve dans le Pays set qui m'a été transmise par ses habitans en 1801, lorsque j'étais en Virginie , où j'ai trouvé plusieurs vergers assez considérables de pommiers et de poiriers, dont j'ai examiné les fruits, dans l'intention de reconnaitre ‘s'ils se rapprochaient ou s’éloignaient des nôtres. Au- cun me ressemblait à nos bohs fruits, et tous m'ont paru. notablement inférieurs* ten qualité. Cependant plusieurs étaient mangeables, et déjà les: Américains en expédiaienti depuis quelques années, dans les Antilles, notamment à à Saint- Domingue,’ où j'en avais. mangé six ser sl ravant, etmême jusqu'à Gahi où j'en ai aussi vu arriver sür différens navires des États-Unis. Vous avez déjà pu vous apercevoir, Messieurs, que je suis porté à croire que l'amélioration des M, f SEERA manna FE < yer ee ET SU ( 234 ) pommes et des, poires. des États-Unis-d’Améri- que. èst due au nombre dés générations succes- sives' que ces fruits ont éprouvées depuis‘leur translation ; mais quoique mon intention soit de vous améner à partager Ma manière de voir.que je crois conforme à la vérité, je ne dois pourtant pas vous cacher que les Américains, én 180 met 1802, attribnaient l'amélioration de leurs fruits à une autre cause que voici. Vous savez.que; lorsqu'on défriche une terre qui avait été couverte de bois depuis le commen- cement, du monde, les plantes qu’on:y.sèmé: ne donnent qu’un produit herbacé, dénué de sas veur pendant un certain temps 5 jusqu’à ce que la terre se soit purgée, que l'air Fait bien pé- nétrée, et enfin jusqu’à ce qu’elle soit, comme on: dit, assainie. Or ; la terre des États-Unis d’Amé- rique est encore dans nn état d'assainissement ; les: cultures n’y, sont encoré que de très petits champs disséminés dans d'immenses.forêts, qui entretiennent une humidité surabondante ; l'air, fort pesant-et très humide, circule etse renou- velle avec difficulté; tous les étresvivans, à com- Meneer: par l’homme, y/sont d’un tissu lâche: et aqueux; la :coction.des-sucs. dans les fruits.rie se, fait u'incomplétement , et les saveurs :peu- vént à peineisiy développer; Mais: à mesure que les, champs s'étendent et queles foréts se resser- robt, tous ces fâcheux résultats s’affaiblissents ils ( 235 ) sont moins sensibles aujourd’hui qu'il y a deux siècles, et voilà pourquoi, diserit les Américains , leurs fruits commencent à se changer en mieux. Jene: pense pas, Messieurs, que vous puissiez Partager l'opinion des Américains à cet égard. L'expérience de plusieurs siècles et nos con- naissances physiologiques vousont appris- qu'une terre humide, le-défaut-d’air et de soleil rendent | lesfruitsinsipides, maisne changentpasleur carac- tère physique; vous avez égalementappris qiu ne terre bien appropriée, une chaleur convenable, de l'air et du soleil affinent les fruits, les rendent plus savoureux, mais ne changent pas non plus les caractères physiques. Or, puisque les Améri- Cains possèdent aujourd'hui des fruits qui ont des formes, dés proportions, et un volume: que n'avaient pas: leurs fruits précédens, il doit vous paraître clair. que ces nouveaux fruits sont le produit de nouvelles générations. L’assainisse- mes progressif du térritoire détermine .sans aucun doute une. perfection: également progres- sive dans le suc des fruits, mais n’en crée pas. Du reste, il ne faut pas s ‘abuser, Messieurs ; sur da qualité des meilleurs fruits des États-Unis d'Amérique , ils sont encore bien loin ‘de valoir les nôtres : la nature n'y a encore développé aucun fruit fin: I ya vingt et quelques années que M. le comte Lelieur de Villesurarce a ap- Porté en France huit ou dix pommièrs améri- ( 236) cains; j'ai goûté les fruits de la plupart, et Tes ai trouvés plus singuliers que bons: Il èn sera de même pour ceux que le commerce doit, dit-on, recevoir incessamment de ce pays. L'excellente pomme que nous cultivons depuis long-temps, sous le nom de Reinette du Canada, ne vient pas du Canada; on lui en 2 donné le nom dans le temps ou par ignorance où par spéculation. Ee pêcher, en raison de sa grande précocité , à déjà produit un grand nombre de générations ‘aux États-Unis, etpar conséquent un bien plus grand nombre encore de variétés; plusieurs de ces va- riétés donnent des fruits séduisans par leur volume; mais tous sont à peine mangeables, et on ne les cultive guère que Pour en fairé de l'eau-de-vie. Quant au raisin importé d'Europe, il faudra péut-être encore un siècle où déux avant qu'on puisse en tirer un verre de bon vin. Aprés cette petite digression, je rentre dans mon sujet. À L’excursion que nous venons de faire en Amé- rique nous montre, Messieurs, que la nature ne fait pas de sauts dans ses concessions, et que ce n'est que progressivement et lentement qu'elle nous accorde ce que nous lui demandons; tandis qu’elle nous reprend et fait rentrer à l'instant dans son domaine Jes fruits améliorés dont nous jouissons depuis plusieurs’siècles ; si nous lui en confions les graines. Ces nouvelles connaissances (237 ) doivent agrandir et rectifier nos, idées: elles doivent nous faire voir que nous avions tort d’arracher et de jeter au feu un arbre dônt le Premier, fruit. ne répondait pas à nos. éspéran- ces; elles nous apprennent que nous aurions dû semer les graines de ce. premier fruit pour en obtenir un second , semer aussi les graines. de ce Sécond pour en obtenir un troisième , un qua- trième ; etc: +jusqu'à ce qu’enfin nous en eus- sions obtenu le degré d'amélioration que nous désirons ; oucelui que la nature ne peut pas dé- peng dans ses transformations. C'étaiten arrachant et jetant au feu lbs dont le-premier fruit ne répondait pas:à nos | espérances, que nous, quittións. vraiment le fil des. analogies, que nous nous égarions, et; que nous nous mettions dans l impossibilité d'arriver 2 au. but.que nous cherchions.. Maintenant que nos idées $ont plus nettés ; demandons à M. Hu- zard, notre confrère, si,-dañs:les animaux do- amestiques , on atteint jamais le: degré le plus haut dègré d'amélioration possible dès la pre- mière génération. Sā’ réponse négative :séra le ` Complément de ce que-nous venons d’ apprendre en Amérique; et. achèvera de nous convaincre que quand mous cherchions.de nouveaux fruité améliorés, nous opérions justement de manière àn’en obtenir jamais. | i ( 238 ) Passons maintenant à la question de savoir s'il est avantageux, ou utile, ou nuisible de pré- férer les graines de fruits à couteau } Cest à dire des meilleurs fruits, lorsqu'on sème dans Pes- poir d'en obtenir de nouveaux fruits améliorés: Cette question, qui n’en est pas une dans la pra: tique, mérite pourtant d'être discutée dévant la Société d'Horticultüre de Paris, qui ne peut ad- mettre et propager que des principes et des pro- cédés basés sur d’'heureux résultats. {2 - Les pépiniéristes, voyant que; dans les ani- maux domestiques, les races qui avaient déjà un commencément d'amélioration arrivaient plus tôt: au maximum d'amélioration que celles qui étaiént parties du dernier degré de dégénération , ont pensé. qu’il devait en'être de même dans les fruits du pommier et du poirier, et ils'ont-éta bli, commé règle générale , qu’il était avantageux de préférer les graines dés meilleurs fruits lors: qu'on:semait dans l'espoir d'obtenir denouvéaux fruits améliorés. Gette règle s’est exécutée à la lettre depüis Son origine jusqu'aujourd’hui ::eh bien! vous savez tous, Messieurs; qu’on n’en OBtient absolument rien; on ne peut citer mi fait mirésultaten sa faveur; il parait même que la nature-infirme par la progression qu’ellesuit dans Sa Mmarcheordinaire. En effet; nous’avons vu que les graines de fruits:améliorésssemées’en (2339) z Amérique, n'ont produit que des fruits sauvages qui n'ont ensuite montré d'amélioration sénsible qu'après plusieurs générations. Si à cet exemple nous j oignons un fait consigné daris les auteurs, Savoir : que la. grainé du bon-chrétien d'hiver donne toujours un fruit détestable, nous serons portés: à considérer. la règle des pépiniéristes Comme ; non. fondée ; enfin, si mous nous ap- Puyons-de:-lautorité respectable-de M. Knight, président de la Société hofticulturale de Londres, qui dit positivement que là graine d’un poirier sauvage , fécondée par létamine d’une fleur de ' poirier amélioré, donne un: meilleur: fruit ‘que pn graine d’un poirier amélioré; si, dis-je, noüs nous. appuyons: dé l'autorité ‘respectable “de M. Knight, nous serons fortement autorisés à Penser que non seulementla règle des pépinié- ristes: est mal fondée +mais: encore qu'elle ‘est contraire au succès de l'opération. pit „Après ces considérations: sur lai marche due nous 4vons tohjours suivie pour obtenir de noù- veaux fruits améliorés, et sur celle que” paraît Suivre la nature pour arriver aux mêmes résul- tats, il convient de jeter un coup-d’œil surles Procédés que les Belges, nos voisins, emploient €n pareil cas. Vous savez déjà qu'ils sont’bier Plus heureux que nous dans leurs résultats, ét qu'ils obtiennent fréquemment: d’excellens fruits (240 ) nouveaux, dont plusieurs enrichissent nos jar- dins et ceux de’ l'Angleterre depuis plusieurs années : et comme les procédés et les théories se jugent en raison de leurs résultats, : vous devez déjà-être. disposés à accueillir favorablement la méthode des Belges. | Leur compatriote, M. Van Mons; à fait con- naître la pratiqué suivie en Belgique pour obte= nir de nouveaux fruits améliorés; et ce que je vais avoir l'honneur de vous dire, Messieurs, West qu'un extrait dé la rédaction de M. Van Mons. Les Belges ne donnent aucune préférence aux graines des fruits à couteau lorsqu'ils sèment pour obtenir de nouveaux fruitstaméliorés. : Quand leur plant.est levé, ils ne fondent pas; comme nous, leur espérance sur les individus exempts. d'épines, garnis de larges feuilles, re- marquables par la grosseur et la beauté dé leur bois ; ils préfèrent; au contraire, les sujets les plus épineux, pourvu que les épiñes soient lon gues et -garnies de beaucoup de boutons” où d'yeux très rapprochés. Cette dernièré circons- tance leur parait avec raison étre l'indice-que l'arbre se mettra promptement à fruit. Dès qüe les jeunes individus qui offrent ces heureuses dispositions ont des bourgeons ou des yeux ca: pables d'être greffés, on lesigreffe; les pommiérs (241) sur paradis, et les poiriers. sur COgnassiers , pour hâter: leur fructification. Le premier fruit est ordinairement fort mauvais; mais les Belges Sy attendent. Quel què soil ce fruit, : ils en re- Cuüeillent soigneusement les graines et les sèment de suite: Il en résulte une seconde génération , qui montre déjà un commencement d'améliora- tion. Dès que le jeune plant de cette seconde gé- nération a des rameaux ou des yeux propres à la greffe, on le greffe comme les précédens; la troisieme, la quatrième génération se traitent de même, jusqu'à ce qu'enfin il en résulte des fruits améliorés, dignes d’être conservés. M. Van Mons assure que le pêcher et l’abricotier , traités ainsi, ne donnent plus que d’excellens Guita à la troisième génération. Le pommier a besoin de quatre ou cinq générations pour donner égale- ment tous fruits parfaits. Le poirier est plus lent dans son amélioration ; mais M. Van Mons nous apprend qu'à la sixième génération il ne donne plus de mauvais fruits, mais qu’il, en donne d’ex- cellens entremêlés de médiocres. ~ Vous reconnaissez » Par ce rapide exposé, _ messieurs, que la méthode des Belges est limita- tion ou la copie de la marche que suit la nature, aux États-Unis d'Amérique, pour produire de nouveaux fruits améliorés; et soit que les Belges älent eu connaissance de ce qui se, passe aux 16 (242 ) Etats-Unis, et qu'ils aient pris la nature pour guide, soit que le seul raisonnement leur ait fait trouver cette méthode, il men est pas moins vrai qu’ils en obtiennent beaucoup de nouveaux fruits améliorés, dont plusieurs sont déjà répan- dus dans toute Europe; tandis que nous, nous n'obtenons rien, absolument rien par notre pro- cédé. J'ai parcouru la carrière que je m'étais tracée; j'en dépose le résultat dans le sein de la Société d'horticulture, afin qu’elle juge, dans sa sagesse, si mon travail peut être de quelque utilité aux progrès de lhorticulture, et si nous devons quit- ter notre méthode infructueuse pour adopter celle des Belges, qui me paraît être la bonne et conforme à la marche de la nature. Detran du Catalogue de M. Van Mons. On demande comment nous avons fait pour obtenir de nos semis un aussi grand nombre de fruits extraordinaires en toutes sortes de qua- ‘lités. Nous répondrons que notre méthode a consisté à renouveler sans cesse les variétés an- ciennes reconnues pour exquises. Par renou- veler, nous entendons semer toujours les pepins et les noyaux des derniers procréés et ainsi re- générés de père en fils. Nous nous sommes dit une fois : plus une espèce, se propageant de ( 243 ) graine et en même temps de drageons, s'éloigne, par des semis répétés, de l'état de la nature, plus elle doit se rapprocher de létat de l’art; de- puis, nous avons agi conformément à ce prin- cipe, et déjà, à leur troisième renouvellement, le pêcher et l’abricotier n’ont plus donné de fruits médiocres, et, à son quatrième semis, la pomme Sést reproduite constamment exquise. Il n’en est pas de même du poirier, qui fournit encore du médiocre , mais plus de mauvais. Si cette espèce n'avait point ce caractère et surtout pas celui de donner du fruit toujours médiocre, les recher- ches pomologiques seraient déjà devenues sans objet, et l'étude des fruits ne consisterait plus Qu'en une familiarisation aride avec des noms. Les fruits nouveaux ont, sur les anciens, l’a- vantage d’un rapport riche et constant, et l'exemption de la coulure et de lalternat : ils ne sont aussi sujets à aucune maladie. Le pêcher de noyau, étant élevé au vent, n’a pas plus be- soin d'être dépouillé de bois que d’être éclairci. dans son fruit; à la troisième année, il ne pousse plus que de courtes branches, qui rapportent _ Sans discontinuer, et quel que soit le nombre de ses fruits, le plus petit n’est pas moins savoureux Que le plus-gros; la chair des pêches de semis- reste long-temps transparente et verdâtre: 16. (244) Il en est de même du brugnonier, dont, au vent, le fruit peut être garanti des insectes. J'avais, dans le principe, l'habitude de placer une greffe de nos sauvageons les plus distingués sur une branche latérale d’arbre fait; mais ja constamment vu que cette branche et le pied- mère se mettaient ên rapport la même année, et qu'ainsi le procédé ne servait qu'à mutiler des, pieds sans rien faire gagner en précocité de rap- port. On s’apercevra que, dans nos derniers Cata- ` logues, le nombre des fruits inscrits excellens est beaucoup plus considérable que dans les pre- miers : cela provenait, il est vrai, en partie, de ce que notre culture augmentait en étendue, mais aussi de ce que, à mesure que nous avancions en renouvellement, le nombre des fruits distingués se multipliait, Nous remarquons de même que plus les fruits sont renouvelés, moins on obtient des va- riétés précoces; et, par exemple, l’année der- nière , peu de nos poires et pommes de premier rapport ont müri avant l'hiver ; et, en ce mo- ment encore, j'en ai un grand nombre qui ne sont pas encore müres et qui mürissent succes- sivement en marquant par des qualités de pre- mier rang. Il est vrai que, dans les triages de nos ( 245.) sauvageons, nous écartons en poires tout ce qui est sans épines et a du bois gros et des feuilles larges, comme étant des caractères de précocité, et, en pommier, ce qui se rappro- che trop de l'aspect des variétés précoces con- nues. | On remarquera que nous avons principale- ment porté nos recherches sur le perfectionne- ment des poires: cela a dù être naturel, cette espèce ne s'étant, jusqu'ici, pas encore repro- duite identique, mais toujours sous des varia- tions tranchantes, qui à peine ont permis des comparaisons. Nous avons, dans nos milliers de résultats, obtenu des formes qui se rappro- chaient quant au fruit; mais alors le port , le bois, le feuillage étaient tout à fait différens, et lorsque deux arbres avaient quelque ressem- blance de port, de bois où de feuillage, alors le fruit était distinct du tout au tout. Quel arbre d’ailleurs se présente sous des formes plus no- bles et plus majestueuses que le poirier, et quel fruit est préférable au sien? Autres notes de M. Van Mons citées par » M. PoirEat. Toute ma méthode, dit M. Van Mons, con- siste à recueillir les pepins et noyaux de fruit du dernier renouvellement par les semis; et Pat LÉ MR A Sr AP 5 ARE SRI REE n (246 ) telle est ma confiance dans la bonté de cette méthode, que je préfère la graine d’un fruit moins bon, mais plus souvent renouvelé, à celle d’un fruit meilleur, mais Moins souvent renouvelé : la différence dans le produit est très sensible. Dans le principe, et lorsque je sernais encore la graine des meilleurs fruits anciens, mes sau- ‘. vageons se mettaient très tardivement en rap- . port, et, sur des centaines de fruits, un à peine était bon, un petit nombre médiocre, et les au- tres très mauvais; les derniers fructifians avaient | plus de mérite. Pai pris la graine parmi les meil- leurs des nouveaux procréés, et jai obtenu des résultats beaucoup plus heureux; les pieds rap- portaient beaucoup plus tôt et marquaient par de. meilleurs fruits. Vai pris la graine de ceux-ci et ainsi, de père en fils, mes renouvellemens sont parvenus à ce point d’éloignement de l’état de la nature où mes semis ne donnent plus un fruit mauvais sur deux cents; beaucoup sont exquis, et tous les autres bons. Les nouvelles variétés ne sont sujettes à au- cune des maladies qui tourmentent les variétés anciennes décrépitées par leur âge. Elles fructi- fient sans alternat, et leur rapport est aussi riche que constant. La même marche dans les semis des rosiers m'a conduit aux mêmes résul- tats; je dois cependant dire que des fruits an- ( 247 ) ciens, comme des roses anciennes, j'obtenais des variations plus tranchantes pour la forme, que des’fruits et: des roses souvent renouvelés.: J'ai opéré sur une très grande échelle, etjai réussi à ériger ce perfectionnement des fruits par le se- mis en véritable science: Je verrais bien peu de sauvageons sans pouvoir prédire la qualité du fruit qu'ils rapporteront. Les sous-espèces, dit M: Van -Mons, dons les types se trouvent dans la nature, lèvent sponta- nément là où le fruit est indigène, et se propa- gent identiques par les semis. j'ai trouvé toutes les formes possibles de nos pommes et ‘de nos Poires cultivées sur:les coteaux sauvages des Ar- denness je les ai semées à plusieurs reprises , ja- mais elles n’ont varié et elles ne se sont en rien améliorées. Jene saur ais appeler variété ce’ qui est si constant dans sa reproduction: H n'y.apas d’ailleurs de variations dans la nature, où de eroi- sement des espèces est sans exemple. Que devien- drait la pureté des espèces si elle- pouvait avoir ` lieu? La variation est le résultat d’une espèce qui, se multipliant de graines et d éclats ou dra- Scons en même terups; se propage par le semis en pays exotique ‘Au sécônd # semis, la variation est: établie etné saurait plus, par aucun” moyen x être. détonrnéé : de ‘cette: espèce; elle atigmenté sāns’ cessé”par dé nouveaux semis faits de: père ( 248 ) en fils; et l’on parvient, à la fin, à un point où ‘éloignement toujours. croissant de l’état de nature, et les progrès toujours augmentant vers celui-de la civilisation , produisent l'effet que le fruit procréé ne partage plus aucun des. carac- tères, et pas plus de forme qu'autre de l'espèce primitive. C’est le cas de mes semis. N'ayant pas assez de place ici pour faire con- naître toutes les autres bonnes choses contenues dans-la note de M. Van Mons, je vais terminer par la citation suivante, qui me parait fort ex- traordinaire, Mon élève, Gérard, Wa envoyé de la Caroline des greffes de poiriers d'Amérique, qu'il avait insérées: dans une boîte de fer-blanc en forme d'étuiet remplie de miel, puis cirée aux jointures ; elles sont arrivées à Bordeaux après un an-et demi, puis par la diligence chez moi, à Bruxelles; elles ont toutes repris et ont donné des fruits inconnus en Eepe mais qui wétaient pas très, ` bons. Extrait du Bon ar dinir de M. PoITEAU. M. Van Mons, depuis plus de quarante ans, a en et suit des expériences sur la géné- ration -des arbres fruitiers, qui d'ont, amené-à pouvoir affirmer que, pour ‘obtenir un bon fruit par semis, il faut d'abord semerda graine ( 249 ) d'un fruit dont on espère un bon fruit nouveau; . Que si ce nouveau fruit n’a pas les qualités re- quises ; il faut en semer la graine de suite pour en obtenir un second; que si ce second fruit n'est pas encore digne d’être conservé, il faut en semer aussi la graine de suite pourren obtenir un troisième, et ainsi de suite, jusqu’ à ce qu’en- fin il en résulte un bon fruit; ce qui arrive or- dinairement de la troisième à la sixième géné- ration. Daris mes C palettes, insérées dans les 4n- nales de la Société d’horticulture de Paris (1828, page 288), je suis arrivé au même ré- sultat que M. Van Mons, et je me suis appuyé de son autorité dans mes conclusions. Il était donc bien naturel que, dans mon voyage en _ Belgique, je cherchasse à le voir, non seulement à cause de son mérite personnel, mais encore pour parler de notre manière devoir sur la gé- nération des arbres fruitiers, malheureusement pour moi, nous n'avons pu nous rencontrer ; M. Van Mons mwen a dédommagé en partie en w’adressant , à Bruxelles, une note détaillée.sur Son procédé, sur ses résultats et sur la théorie qu'il en a déduite (1 1). Je pense agir dans l'intérêt mm (1) Foyez, plus haut , notes de M. Van Mous. | us ur) dark Ai Es a Pin nets == re a aea sé di 2 P nr rai | K RE e aaa aaia gd De dd déni: TE p ” « x å ( 250 ) de l’horticulture et de la physiologie des arbres fruitiers en rapportant un extrait de la note de M. Van Mons, et les réflexions qu elle m'a sug- gérées. M. Van Mons avance, comme un fait certain, une chose dont je n'avais jamais entendu parler b et qui me parait contraire à Fopinion- reçue, si toutefois il y a jamais eu une opinion bien établie à cet égard : c’est que toutes nos espèces jardinières auraient chacune leur type dans la gr A M M Ga ad gts ra 4 es nonnséanse D on M pes ~ nature ; c'est à dire qu'il ne peut sortir que des beurrés du type qui a produit le premier beurré; que des bons-chrétiens du type qui a produit le premier bon-chrétien, etc. ; que ces espèces jardinières, que Pauteur appelle sous- espèces, seraient restées semblables äleur type si elles n’eussent été transportées en pays exo- tique, en graines ou autrement, et que c est la seulement qu'elles ont pu prendre la variation qui les distingue. Cette marche de la nature dans la formation de: nos espèces jardinières est, comme on voit, Péu-connue en France. M. Van Mons ne croit pas que la fécondation puisse produire de nou- velles variétés : voici ce qu'il en dit. D'après ma longue expérience ; le croisement des variétés, ou ce qu'onnommefécondation étrangère, n'est re Gr ( 251 ) pas du tout requis pour une nouvelle variation ; il ne l’est pas même pour l'invasion de la pre- mière. J'ai fait à cet égard tous les essais possi- bles, pour ne pas laisser d'incertitude sur les résultats. M. Van Mons attache une très grande impor- tance au choix du sujet sur lequel on greffe un bon fruit. Il ne s’en tient pas, comme nous, à exiger seulement que ce sujet soit sain, il veut aussi qu'il soit analogue à l'espèce qu'on met dessus, c’est à dire qu'il soit sorti du même type. Ainsi , selon lui, on n’aura jamais un beurré aussi bon que possible, si on le greffe sur un Sauvageon qui a du rapport avec le bon-chré- tien, La théorie et la physiologie sont en faveur de M. Van Mons; car un sujet est un véritable territoire pour la greffe qu'on place dessus, et tout le monde sait combien le territoire influe sur la qualité des fruits. Et comme probablement jamais aucun pépiniériste ne s’est astreint à choi- sir des sujets sortis du même type que la greffe qu'il place dessus, il doit en être résulté que tous les fruits greffés, quoique nous paraissant fort bons , n’ont pas la perfection attachée pri- Mitivement à leur espèce. | Quoique personne ne conteste l’influence du territoire sur la qualité des fruits, je rapporte- rai cependant ici un fait qui la confirme. Sachant ( 252 ) que M. Van Mons avait été obligé de transpor- ter ses arbres en plein rapport de Bruxelles à Louvain, je lui ai demandé si les fruits étaient aussi bons dans cette dernière ville qu'ils l’étaient dans la première. Il m'a répondu que non, et que les cerises et les pêches avaient moins perdu en qualité que les poires et les pommes. A ce su- jet, M. Van Mons rappelle les terroirs les plus favorables à la bonne qualité des poires, et il met celui de Mons en première ligne, ensuite Malines » Puis Fermonds, et enfin Bruxelles. _ Conformément à rio établi plus haut, si quand nous semons pour obtenir de nouveaux fruits améliorés, il nous faut cinq à six généra- tions pour arriver à notre but, c'est que nous employons des graines de fruits déjà anciens, et que par conséquent ces graines sont retournées vers l’état de nature, il leur faut alors d’au- tant.plus de temps pour revenir à l'état de civi- lisation, qu’elles en étaient plus éloignées, Il est donc avantageux de commencer le premier semis avec des graines de fruits nouvellement obtenus, et de continuer sans intefruption le se- mis de père'en fils, jusqu'à ce qu’on obtienne un résultat satisfaisant. L'usage de greffer les j jeunes plants pour en Dee la fructification à été abandonné par M. Van Mons, parce qu'il s’est -apereu que les ( 43 greffes ne fructifiaient pas plus tôt que les předs- méres : cela arrive aussi ailleurs dans beaucoup de cas. Par exemple, quand M. Fion a obtenu des semis de son daphne delphini, il en a greffé des rameaux, croyant les faire fleurir plus tôt, et ces rameaux n'ont fleuri qu’en même temps que le pied-mère. Cependant on a aussi des exem- ples contraires , et il reste pour certain qu’en di- minuant la vigueur d’un arbre trop vigoureux on le détermine à se mettre à fruit, et que beaucoup de boutures fleurissent plus tôt que le pied sur lequel on les a prises. Tout ceci prouve que chaque plante a quelque chose de particu- lier dans sa manière d’être, et qu'il n’y a.pas de règle sans exception. | | _ Comme je l'ai dit plus haut, M. Van Mons n'était pas chez lui lorsque je mwy suis pré- senté, force à moi fut de m'adresser à son jar- dinier, qui ne sait que quelques mots de fran- çais, et moi pas du tout de flamand : de sorte que je suis loin d’avoir obtenu les renseigne- mens que j'espérais obtenir de M. Van Mons, quoiqu'il ait bien voulu m'en dédommager en Partie par la note qu'il m'a adressée à Bruxel- les. Néanmoins, J'ai parcouru ses deux pépi- nières à Louvain, accompagné de son jardinier, qui a pu me faire entendre qu'il y avait envi- ron cinquante espèces de poires nouvelles dites ( 254 ) d'hiver, d’une excellente qualité, qu’on obte- nait bien plus facilement des poires d’été que des poires d'hiver; que des poiriers d’abord épineux perdaient leurs épines quand ils commençaient à fructifier, ce dont je me suis assuré par mes yeux. Jai même vu deux poiriers qui parais- saient n'avoir jamais eu d’épines produire des gourmands épineux. En général, tous ces ar- bres étaient nouveaux pour moi. Je voyais bien que quelques groupes avaient de lanalogie avec quelques uns des nôtres, mais il n’y avait aucune ressemblance EPEN beaucoup rom- paient sous le poids dé leurs fruits. J'ai goûté de ceux qui étaient mûrs 68 je les ai trouvés bons, quoique le jardinier mait fait entendre que c'é- taient des arbres à supprimer. M. Van Mons ayant écrit que ses nouveaux arbres sont exempts de toutes les maladies qui assiégent nos anciennes espèces, j'ai dû porter une attention toute particulière sur cet, objet important; et soit parce que les arbres manquent, selon moi, de l'espace nécessaire à leur développe- ment, soit que des veines de terre de mauvaise qualité nuisent à leur belle croissance, je n'ai pas pu voir en général les écorces assez lisses pour assurer, avec M. Van Mons, qu'aucun de ces arbres n’a de maladie. Dans tous les cas, je n’en crois pas moins la méthode de M- Van Mons ex- ( 255 ) cellente, et je fais des vœux pour la voir adoptée et généralisée partout. Réflexions sur tout ce qui concerne le poirier. M. Poiteau, distingué par ses connaissances en horticulture, et éditeur, conjointement avec M. Vilmorin, de l4/manach du Bon Jardinier, Pour l’année 1829, y a inséré une note impor- tante, accompagnée de ses propres réflexions sur les travaux de M. Van Mons, relativement à l’a- mélioration des arbres à fruit et surtout du poi- rieren Belgique. H avait précédemment publié , dans les Annales de la Société d'horticulture de Paris, un article fort intéressant sur ce même Sujet, et qu’en conséquence je n'ai pas cru pou- Voir me dispenser d'insérer ici dans son entier, en y joignant de plus l'extrait du Catalogue de M. Van Mons, ainsi que quelques expériences de M. Knight, et je fais suivre le tout de mes propres réflexions sur ces divers sujets, ainsi que sur ce qu'a dit sur le poirier feu M. Bosc, M'occupant depuis long-temps, quoiqu’à des intervalles distincts et nécessités par d’autres tra- vaux agronomiques, de l'amélioration des arbres à fruit et de ce qui pourrait y contribuer, ob- j et qu'on peut regarder encore absolument neuf Malgré les notices dont je viens de parler, c’est avec grand plaisir que j'ai vu M. Poiteau soule- PS Ee eam o ( 256 ) ver cette importante question, et je Pen remer- cie, personne plus que lui n’était appelé à s’en occuper. (MM. Du Petit-Thouars et Vilmorin se trouvent néanmoins compris dans la méme ca- tégorie : voir leurs différentes notices insérées dans les Annales d'horticulture.) Telle estime | cependant que j'aie pour ses lumières, jedéclare que je ne puis toujours être de son avis, et dans lintention bien prononcée et manifestée par lui déclaircir cette matière, j'espère qu'il me saura gré d'élever la db: À ‘en: juger par la lecture et la comparaison de ces diverses. citations , il est aisé de se convaincre que les maitres de l’art sont bien loin d’être d’ac- cordentre eux sur les moyens propres à perfec- tionner les fruits : comme je ne vois pas de rai- son d'adopter dans son intégrité l'avis de Lun plusique celui de l’autre, je conserverai mon indépendance par nécessité, et même avec un certain plaisir; et en conséquence sans rejeter aucune idée, en-admettant même ce qui sera conforme à ma manière de voir, j'exposerai li- | brement mes opinions, qui, je puis lé dire, étaient à peu près formées avant que je prisse connaissance des ouvrages cités, et n’ont point, d'après cela, varié, quant: au fond, bien qu'il en ait pu Ksar quelques modifications dans les accessoires. Ventre donc en matière. ( 257 ) On ne peut contester l’antiquité de la culture du poirier ; à cet égard cependant, entre le poi- rier et le pommier, je crois pouvoir établir cette différence qui m'a frappé, c’est que l'habitude, l'aspect du jeune poirier de semis, que j'ai tou- Jours vu plus ou moins couvert d'épines , quelle que fût son origine, excepté peut-être celle du produit des pepins de doyenné contrastant en cela avec l'apparence des jeunes pommiers de semis, desquels, dès leur jeune âge, plusieurs individus paraissent déjà beaucoup plus civili- sés (jadopte cette expression, faute d’autres ). Toutefois, sous un autre rapport, bien qué nous ayons de très bonnes variétés de pommiers, €ependant , en fait de poires, il y a quelque Chose de plus fin, de plus délicat, et sauf le Parfum très particulier de la pomme de Fenouil- let, on peut dire que cette qualité est bien plus variée, bien plus générale et bien plus développée dans les poiriers. Je crois donc pouvoir inférer de là que dans le cas où l’on devrait regarder la culture du pommier comme pouvant disputer la préséance en ancienneté, cependant celle dú Poirier, quoique peut-être un peu plus nouvélle; Si l’on veut, a été soit à une-date quelconque , soit absolument dans ces derniers temps plus Perfectionnée, ou perfectionnée plus rapidement; comme le fait fort bien observer M. Van Mons, 17. ( 258 ) cela n'est point étonnant ; le mérite de l’un et de l'autre ne peut faire obstacle à la supériorité de la poire, elle est le fruit du riche, et tous les efforts de horticulture ont dû se diriger sur elle et se combiner pour lui assurerla préémi- nence. M. Bosc regarde notre poirier sauvage ou indigène comme le type de toutes nos va- riétés actuelles, cela est possible ; je ne crois pas d’ailleurs, examen fait de toutes celles qui wont passé sous les yeux (et pour elles jen puis ré- pondre ), que ni le cognassier, ni l’alizier, ni aucun autre arbre, ainsi que Duhamel a paru le soupçonner , aient pu avoir sur la produc- tion de ces variétés aucune influence par le fait de fécondations étrangères. Pai dès long- temps essayé par moi-même plusieurs de: ces fé condations, aucune ne m'a réussi; mais ces ex- périences sur lesarbres à fruit sont très difficiles , je wai point renoncé à m’y livrer, et je ne crois pas qu’on doive perdre toute espérance. Ce n’est done pas sur cela que je pense qu’on doive fon- der aucune opinion, mais bien sur l'inspection des variétés connues, qui ne présentent aucune analogie étrangère. E Toutefois, si les-Grecs; si les Romains, ou quelque autre peuple, surtout de l'Asie, possé- daient dès long-temps plusieurs bonnes poires , ils ne les avaient ‘probablement pas tirées des (259) Gaules, et rien ne peut constater que le type de leurs variétés fut où notre poirier , ou un poirier absolument pareil. Les quatre poiriers sauvages que M. Bosc décrit comme espèces botaniques Sont différens du nôtre jusqu'à un certain Point; mais le sont-ils assez pour constituer es- pèces? C'estsur quoi je ne prononcerai pas; mais Sans entrer à cet égard dans une discussion qui pourrait nous mener trop loin, ne pourrait-on pas croire que le poirier du mont Sinaï, origi- naire d’un pays très anciennement peuplé et ci- vilisé, a pu entrer pour quelque chose dans les anciennes races du poirier? Le poirier dé nos bois, d'ailleurs, peut bien n'être plus absolument le même que celui de nos antiques forêts. M. Van Mons croit avoir reconnu dans les Ardennes le type de plusieurs de nos variétés actuelles; et quoique je ne sois pas du tout de son avis sur ce qu'il dit à ce sujet, son observation n’en sub- siste pas moins, et il est assez probable que, soit dans les Ardennes, soit partout ailleurs; des Pepins de poires cultivées, mangées par les bú- Cherons et les voyageurs, aient donné naïssancé à des races particulières, qui, par la féconda= tion, auraient pu se mêler au moins avec le type Primitif, etauraient modifié son essence. Jenenie pendant pas qu'il wen puisse rester des indiz Vidus absolument sauvages, et je suis même 17. DES UP ITR mer RE va À - - g a a ai r an 72 met ( 260 ) porté à le croire; mais les réflexions que je viens de soumettre méritent, à mon avis, d’être prises en grande considération. Y aurait-il d’ailleurs , quelques différences entre les pepins des fruits pris sur les vieux arbres ou sur de jeunes arbres ? Les vieux arbres en produisent de meilleurs, la théorie nous indique donc que, pour améliorer la saveur, leurs graines seraient préférables. Quant à obtenir des variétés plus nombreuses, nous ne pouvons en rien dire. D'un autre côté, Jestime que plus un arbre s'éloigne, par la greffe ou les boutures, du franc de semis qui lui aurait donné naissance, il s’améliorerait et pourrait varier davantage dans ses propres se- mences. Je ne puis croire, ainsi que quelques personnes ont paru le penser, qu’il y ait avantage à semer des pepins de poires sauvages, ni même demi-sauva- ges, ce serait une exception aux règles que nous fournit l’analogie ; je pense que, pour allerau but, il faut ou s'adresser à nos meilleures espèces an- s P bi ciennes, à celles qui offrent des caractères par- ticuliers, comme la double fleur, la verte longue Panachée, ét encore plus aux nouvelles variétés importées de la Nouvelle-Angleterre, et à celles encore Préférabies de la Belgique, dont M. Van Mons nous a fait connaître un si grand nombre. J'ai démontré les avantages de l'hybridation ia EX étre SAME, ( 261 } entre espèces botaniques distinctes, et même entre variétés bien caractérisées ; j'engage donc les horticulteurs à croiser ensemble plusieurs de nos variétés et à allier le poirier au cognas- Sier, dont l'analogie avec lui est démontrée par leur greffe commune , avec les rnespilus, les sor- bus, etc., et avec les nouvelles espèces de poi- riers étrangers que nous avons aujourd'hui j tels _ que le pyrus salicifolia , polveria , sinaica, Mi- chauxi, etc. Les avantages de ces hybridations. seront inappréciables sous le rapport de la fo- busticité, du produit, et des variations. On se plaint, et peut-être à tort, que nous n'obtenons pas aujourd'hui des variétés qui Vaillent nos anciennes : il faudrait bien se persua- der, premièrement, que, quant au nombre de cés variétés excellentes, nous comprenons peut- être sans le savoir des variétés obtenues nou- vellement et qui leur ressemblent ; secondement, que ces anciennes variétés pouvaient n'être pas d’abord ce qu’elles sont actuellement, qu’elles doivent avoir été perfectionnées insensiblement Par låge et par la greffe ; troisièmement, que- dans l'obtention de ces nouvelles variétés on ne fait peut-être pas attention à quelques qualités. Particulières qui pourraient leur appartenir , telles que de mürir à des époques différentes > d’être plus productives, d’une plus longue con- (262) servation, d’être plus robustes, de ne point al- terner , et enfin d'exiger peut-être, pour leur complément de perfection, Ja greffe sur: co- gnassier ou tout autre, la transplantation, le changement de terroir et de climat; car on sent que tout cela a ses influences. Si le bezy de Quessoy fùt né à Paris, où il ne se plait pas, il n’eût jamais passé pour une bonne poire, et il en eût été de même du bon-chrétien d'hiver s’il fùt né et resté en Gâtinais , où on le trouve dégénéré ; et comment le saurait-on si on les eùt rejetés avant de faire cette épreuve? Telle autre poire n’est bonne que sur le cognassier : qui sait si telle autre peut être bonne ailleurs que sur aubépine? Nous ne pouvons, même après épreuve faite, rendre raison de toutes ces différences : comment donc pourrions-nous les deviner? Une opinion assez généralement répandue sur les semis de poires, c’est qu’elles dégénèrent et que l’on obtient moins de bons fruits que de fruits demi-sauvages ou inférieurs : cette opinion est-elle fondée? Il y a des raisons d'en douter. Est-ce une vieille erreur , née peut-être dans l’o- rigine de la culture , où les variétés, non fixées, tendaient encore à retourner à leur état primi- tif? Nous avons vu plusieurs poires de Saint- ` Germain rendre leur espèce, et M. le comte de ( 263 ) Murinais en à présenté dernièrement une telle à la Société d'horticulture. J'ai déjà rencontré et obtenu moi-même plusieurs doyennés de semis pareils à l'original; M. Dounous en a présenté une aussi lété dernier, qui diffère seulement par l’époque plus précoce de maturité. Le oyenné ne-dégénère donc pas, et peut-être le Saint-Germain non plus. Le doyenné de pepin me parait être de tous celui qui se met le plus promptement et le plus aisément à fruit. M. Vil- morin, d’après ce fait, pense qu’on en devrait _ faire des semis pour obtenir des sujets propres. à recevoir des greffes de jeunes arbres et à hâter l'époque de leur mise à fruit. J'ai obtenu aussi 5 du semis de pommede reinette plusieurs arbres qui mont tous donné des pommes de reinetté- très bonnes. Ayantactuellement beaucoup de se- mis dont je connais à peu près l’origine, je sau- rai bientôt à quoi-m’en tenir là dessus. | Je suis très porté à croire que les semis de poires et de pommes, dans la vué d'obtenir de bons fruits nouveaux, ne sont pas très nom- breux. Je ne sais si je dois me compter parmi ceux qui en ont fait le plus; mais, ce qui mé parait assez singuhér , C'est que rien qu'au feuil- lage seulement, j'ai obtenu plusieurs fois des va- riétés singulières et assez remarquables, qui au- i AP o naa a- aniis aus s n a ke + me int a ri GR iadi p DN eg. Tie manage mure 67 = e y na, “á Dual n, ai gi n À< $ er = ( 264 ) raient dû se rencontrer plusieurs fois aussi dans d'autres semis que les miens, et qui se se- _ raient probablement conservées, telles que des poiriers à feuillesrouges, à feuilles de saule, etc., que jai perdus , et plusieurs autres à feuilles la- ciniées : fai conservé un de ces derniers. On a donc, comme l’a fort-bien observé M: Bosc, semé beaucoup plus de fruits à cidre que de fruits à couteau , et il n’est pas étonnant qu’on n’ait pas obtenu grand’ chose de bon. On n’a pas non plus attendu: assez long-temps ces fruits nouveaux pour pouvoir les juger sainement; quelques uns d’entre eux, bons seulement à cuire, seraient devenus meilleurs au moyen de l’incis lairé, que, dans cette intention lé catillac et sur le coin. lon annu- S RS > J at pratiquée sur Le poirier de semis , en poires à couteau bien entendu,d’après mes observations, ne fleurit point avant sa dixième année,et même on en a, dit-on, attendu jusqu’à trente ans. Les pepins des fruits Sauvages se font attendre plus long-temps que ceux des fruits cultivés, et, parmi ces derniers, le doyenné de semis paraît être le plus prompt. D'après cette remarque, M. Vilmorin a pensé qu'il conviendrait d'en faire des semis pour avoir des sujets pour la greffe et disposés à fructifier promptement. Le poirier n'a communément ( 265 ) , ` x M ; Tu une seve, qui s'arrête de bonne heure dans les vieux arbres et dans les arbres chargés de fruits ; qui, long- dans les jeunes, dure un peu plus temps , mais que, dans le‘climat de Paris, Jai rarement vue aller jusqu’en août. En consé- quence, il ne fait annuellement qu’une pousse, et n'obtient donc qu'un degré de ramification, à Moins que ses bourgeons latéraux ne se déve- loppent par anticipation , et quelquefois pour la formation des épines. Au moyen du pincement, Jai enseigné à avancer ces degrés, et conséquem- ment à hâter l’époque de la mise à fruit. Ge sont, sans contredit, les Belges quitont fait faire le plus de progrès à la pomiculturé. Je ne ‘Vois Cependant pas qu’il y ait dans leur méthode, que je trouve d’ailleurs très bonne, rien de neuf, rien-de bien saillant; je ne vois pas qu'ils'aient plus que nous pénétré les secrets de la nature; je ne vois pas même qu'ils aient mieux que nous | apprécié sa marche. Tout le bon , tout l'essentiel de leur méthode se‘réduit réellement à semer des pepins de bonnes poires, à greffer leurs prove- nances, à ressemer les pepins de ces provenances et à continuer cette marche jusqu’à un nombre indéterminé de générations successives, Mais si nous m’avions pas employé cette même marche Pour les arbres à fruit, nous l'avons ‘employée Pour mille autres végétaux dont nous avons par ( 266) ce moyen obtenn des variétés innombrables : les Belges n’ont donc en cela sur nous que l’avan- tage de l'avoir employée plus particulièrement sur les arbres à fruit, et d’avoir suivi-son exécu- tion avec constance, avec discernement et avec goût; mais, chez eux comme chez nous , le prin- | cipe est toujours le même, Cestque plus les va- riétés s'éloignent par le semis successif et répété de leur type primitif, plus les semis de ces va- riétés sont renouvelés ( pour adopter lexpres- sion de M. Van Mons), plus on doit obtenir d’a- mélioration et de perfectionnement, Ces princi- pes ont été hautement professés par M. Bosc et par plusieurs autres, soit avant, soit après lui, et adoptés par tous ceux qui se sont occupés d'horticulture; je les ai moi-même consignés dans plusieurs de mes Mémoires, tant sur-les { pommes de terre que sur les cucurbitacées , sur les arbres, etc; etc. Je dois dire aussi que, dans les extraits ci-dessus ; il në me parait pas qu’en traitant du perfectionnement des fruits on ait fait lasdistinction nécessaire et importante qui existe entre amélioration proprement dite des fruits quant à la saveur, et la production des variétés Plus ou moins caractérisées , mais consi- dérées plutôt sous le rapport de la différénce de saveur que'sursa bonne qualité. ts Cette distinction ‘était cependant bien essëri- ( 267 ) telles: ce n’est pas que, dans la pratique, les mêmes moyens n ‘aient pu concourir à remplir ce double but, mais cela n’est pas toujours ar- rivé; et Cest bien ce qu'ont vu mes devanciers , Auoiqu’ils aient suivant moi, négligé d'en tenir compte: j'entends dire par là qu ils n'ont pas Paru s'apercevoir jusqu’à quel point cette dis- tinction était importante, et cependant doréna- vantelle deviendra la base des moyens que nous devons employer pour arriver à la perfection; et je vais entrer à cet égard dans la discussion. Le PAE E eus: de la saveur des fruits proprement dite me parait tenir à une cul- ture long-temps suivie dans tous ses accessoires convenables, par la greffe sur des sujets appro- Priés, par le choix des pepins des mé les meilleures, les plus délicates, etc. Au contraire, la production des variétés re- connait plus particulièrement d’'autres-causes, sa- voir: le changement soit en bien,soit en mal, des moyens de culture, de climat, de sol, ét le choix des pepins des fruits les plus curieux, les plus bizarres même, et la greffe sur espèces différentes. -~ Aussi M. Van Mons et M. Poiteau ont bien Témarqué que les fruits qui nous venaient de l'Amérique septentrionale étaient plus singu- liers qu'avantageux, plus curieux que bons, et Cela devait être ainsi. Le climat et le sol de PA- z ( 268 ) mérique septentrionale sont très différens du nôtre; ils ont produit des variétés curieuses ; ils ne sont pas si bons que les nôtres pour l’amélio- ration de la saveur, ils n’ont encore rien produit de bon, de très bon du moins. De ce dernier fait, M. Poiteau en a donné les raisons , les Améri- cains eux-mêmes les ont senties ; mais ils ont bien jugé que leur climat et leur sol s’assainissant, se perfectionnant, se civilisant petit à petit, les nouvelles productions s’amélioraient progres- sivement, et je pense que ces raisons suffiront bien pour expliquer tout, et qu'il était inutile d'en aller chercher d'autres. + -Mais il faut voir les choses plus en grand, et il faut prévoir ce qui doit arriver, il faut pro- fiter du mal comme du bien. Les fruits plus cu- rieux que bons, qui nous sont envoyés par l'Amérique, ne doivent point être rejetés par nous. Diversifiés, différenciés, singularisés par leur naissance, mais non améliorés; transplantés eusuite chez nous, leurs noyaux et leurs pepins recevront déjà un commencement d’acclimata- tion, d'amélioration, de civilisation, et ces se- mis faits chez nous sans changer, jusqu’à un cer- tain Point, ce que nous trouvons de singulier, de bizarre dans les saveurs de leurs ascendans , nous donneront des produits en méme’temps réellement améliorés: ainsi, voila entre les deux ( 269 ) mondes établi un échange de singulier et de cu- rieux contre du beau et du bon, et du beau et du bon contre du curieux et du singulier, qui tournera à l'avantage commun. | Je crois bien que, dans le principe, les Améri- Cains ont semé des pepins et des noyaux de fruits mauvais ou médiocres, mais je doute qu ’ils laient fait à dessein ; je crois tout bonnement que cest qu'ils n’ont pu faire mieux. Je pense qu'ils ont semé du moins mauvais, et je les en- gage de bien bonne foi à semer de rechef ce qu'ils trouveront de millens, et à continuer ainsi sans regarder en arrière. Je vois bien aussi que M. Van Mons, en semant et greffant , et ressemant et regreffant ou en re- nouvelant, suivant ses expressions, a rencontré Sur son chemin des fruits médiocres ou mauvais et qu'il n’a pas cru devoir les rejeter. Je doute cependant qu’il les ait choisis de préférence; au fait, il n'en a pas moins réussi : mais qu'est-ce que cela prouve? La vérité du principe établi ci-dessus, que plus les variétés s’éloignent par le renouvellement du type primordial, plus le per- fectionnement avance; principe tellement fixe et invariable, que même son interruption mo- mentanée par des individus inférieurs n’a pu l'empêcher de suivre son cours, encore moins occasioner un mouvement rétrograde, ni station- (270) naire, ni même alternatif, Cette rétrogradation, en la supposant possible, ne pourrait avoir lieu que par l'interruption ou l'abandon absolu de la culture. Mais, au fait, quels étaient ces mauvais fruits qu’il a rencontrés sur son chemin, et dont il n’a pas cru devoir rejeter les pepins? Je ne revien- drai point ici sur ce que J'ai déjà dit, sur la dif- ficulté qu’on éprouve à bien goûter les fruits, soit par défaut de goût, soit en raison de l'épo- que à laquelle on les déguste; je répéterai seule- ment que ce n’est pas la première fois qu'on goûte un fruit qu'on peut le juger, et que, dans mon opinion, le doyenné, la crassane, etc., n'é- taient pas, dans leur origine, aussi bons qu'ils le sont aujourd'hui; en un mot, que c’est âge et la greffe répétée qui Les ont perfectionnés. M. Van Mons croit avoir reconnu dans les forêts le type originel des variétés caractéristi- ques de nos poires; il en a semé les pepins, il n’a rien obtenu de remarquable, je le crois bien: pouvait-il, en effet, se flatter d'obtenir en quel- ques années une amélioration qui est le produit de plusieurs siecles de culture? A-t-il supposé que ces divers types de poires étaient le produit immédiat de la création, ou suppose-t-il qu'ils se sont formés d'eux-mêmes? Mais ordinairement ces variations sont le produit de la culture; et | (27: ) Pourquoi, à cet égard, n’en serait-il pas du poirier comme il en est de tous les autres végétaux? Il aurait dû voir que cette idée était formellement en opposition avec ses principes de renouvelle- ment, auxquels il attribue, et avec raison, une amélioration progressive et de plus en plus as- Surée par le fait même de sa continuation : en effet, à cet égard, les Belges ont fait, dans ces temps modernes, en cinquante ans peut-être, ce qu’on avait été mille ans à faire avant eux, et l'excellence de leur «méthode consiste bien plus dans la bonne application d'un principe reconnu que dans l'invention d’un principe nou- veau. M. Van Mons (voyez citation de M. Poiteau } dit encore que, d’après ‘une longue expérience, le croisement des variétés, ou ce qu’on appelle fécondation étrangère, n’est pas du tout requis pour une nouvelle variation. Il est ici en oppo- sition formelle avec tout ce qui est reconnu gé- néralement, notamment avec l'expérience de M: Knight, dont il sera question plus bas; et sur te point, je ferai observer qu'à Part tout ce Qu'on a pu dire et écrire d’absurde et de ridi- cule au sujet des fécondations étrangères, ilya Cependant aussi des faits bien constatés : il est bien Certain que plusieurs plantes cultivées dégé- nerent en se croisant lorsque leurs variétés se (272 ) trouvent les unes près des autres, les diverses variétés de choux et de. plusieurs autres plantes se mélant lorsqu'on les cultive rassemblées. Dans mes expériences très nombreuses sur les cucurbitacées, J'ai reconnu que les différentes variétés de giraumons se mêlaient ainsi, que les différentes variétés de melons se croisaient à lin- fini; et soit que ces fécondations fussent sponta- nées, soit que je les eusse dirigées à dessein, J'ai manifestement reconnu ou l'influence du voisinage, ou l'influence.de mon travail sur les individus affectés, j'entends du moins sur leur progéniture. Je possède d’ailleurs un très grand nombre d'arbres à fruit hybrides, et quoique je n'aie pas d'expérience particulière sur le poirier, je ne doute pas qu'il ne soit soumis à la règle générale; lanalogie porte à le faire croire. Je regarde l’analogie comme un guide sûr, et je crois que les modifications dont elle est suscep- tible ne portent que sur le plus ou le moins, généralement parlant. M. Knight, au rapport de M. Poiteau, a ob- tenu d’un poirier sauvage, fécondé par. un poi- rier domestique, un très bon fruit, cela est pos- Sible ; mais, au fait, est-il bien sûr qu'il ait opéré sur un poirier véritablement sauvage? En reste-t-il beaucoup de tels, depuis tant de temps qu'on mange de bonnes poires dans les forêts, (273) | poires dont les pepins sy sèment d'eux-mêmes. N'y'a-t-il pas perpétuellement destruction des Mauvaises espèces et conservation des bonnés ? N'y a-til pas quelquefois fécondation spontanée des bonnes avéc les mauvaises? Le véritable Poirier sauvage doit donc être très rare, et je Puis assurer que, dans mes bois , Jai rencontré rarement deux poiriers sauvages absolument pareils , que j'y ai trouvé de fort mauvais fruits, mais quelquefois aussi d'assez bons. Qui sait si M. Knight n’a pas opéré sur un de ces derniers ? Et il faudrait d'ailleurs goûter nous-même le fruit qu’il a obtenu pour en juger sainement. Il ne serait d'ailleurs pas impossible que le terme Moyen entre une bonne poire et une mauvaise (terme qui, comme je l’ai dit ailleurs, au lieu d’être moyen, peut faire pencher la balance d'un côté plutôt que de l’autre} ne donnat üne. très bonne poire; mais je ne conclurais-pas pour cela que la marche: suivie par M. Knight fût généralement la meilleure marche à suivre. Au Surplus, je prends acte du fait de M. Knight, je. wen empare à mon profit, et j'en tirerai en temps et lieu, à mon avantage, quelques‘con: Séquences importantes. = | “Mais ne négligeons aucune indication ;'si fai- ble qu’elle soit, et quand nous devrions nous tromper, allons en avant > Mais avec pru- 18 | (274) dence. La poiré de crassane, tout excellente qu elle soit, a cependant une âpreté caractéristi- que, qui, quoique très agréable, décèle sans con- tredit quelque chose d’un peu sauvage. Serait- elle donc le produit d’un fruit civilisé au suprême degré, fécondé par un fruit sauvage? Qui sait si notre poire de doyenné, si douce, si apprivoisée ne verrait pas son goût délicat relevé par la ru- desse d’une poire un peu sauvage? Cette idée rentrerait dans le système de MM. Knight et Poiteau, et sans y donner un assentiment com- plet, je Pindique avec plaisir aux pomiculteurs. Quoi quil en soit, on peut en espérer une chance probable de. succès pour les croisemens entre notre poirier domestique et les poiriers du mont Sinai et de Michaux, etc., et entre les diverses espèces de pommiers, les diverses es- pèces de pruniers, et les rs = “À ceri- siers, etc: ` Reste encore sur ce sujet une autre considé- ration. La saveur d’une poire fécondée par une autre poire donnera-t-lle réellement ce qu’on Peut appeler un terme moyen entre leurs saveurs réciproques? Y atil ici mélange proprement dit? Non. Y at-il combinaison chimique ? Non. C’est une combinaison physiologique : la vitalité imprime à cette combinaison des conditions toutes particulières , que nous ne sommes pas : ( 279 ) | accoutumés à apprécier, que nous ne connais- Sons pas du tout. Je dois appeler sur ce sujet l'attention des physiologistes. En fait d'invention purement humaine, en fait d'arts mécaniques, | il y a certainement perfectibilité; mais cepen- dant il y a un terme, un pear d'élévation, un point de partage. Une fois qu'on y est parvenu j il faut redescendre ou de côté ou d'autre ; en horticulture, ce n'est pas cela : nous ne sommes pas les seuls inventeurs, nous ne sommes vrai- ment que les agens de la nature. Nos créations sont les siennes; elle y met son empreinte, et avec elle la perfèctibilité ne peut-avoir de bor- nes : allons donc en avant: avec le beau sol, le beau climat de la France, nous sommes ee à tout oser. ; T Il y a dans la saveur des fruits hybrides, si j'en juge du moins par les melons hybrides que j'ai obtenus, des anomalies encore plus sensibles. La moyenne entre les saveurs des ascendans est encore plus variable, je diraimême plus bi- zarre, plus capricieuse que dans les espèces na- turelles , je n'ai point assez de faits sur ce point; Mais je pense que c'est un vaste sujet d’obser- Vations. , M. Van- Mons parait mettre une très grande importance au choix des sujets pour’ la nf, il veut de l’analogie entre le greffant et le greffé. 18. DT LS El DE PR ” ù dat ki å i à RAT ee x ME ri ge nadl gel uni ge DL à FREE LES i 4 ME e< arii se ot AAE E, a : SE —“. 7 Piae Piriha a Peaasi née a Laisonas 3 41 E wa AR MOD Re nb ic» ( 276 ) Je lui donne parfaitement raison, et cependant je désirerais avoir à cet égard une explication précise; car comment appeler analogie la pré- férence qu'affectent certains poiriers pour la greffe sur cognassier ? A force dé semer et de ressemer ou de renou- veler, suivant son expression , il a obtenu de plus en plus de meilleurs fruits et des arbres plus prompts à fructifier. En conséquence, il a aban- donné la greffe sur d’autres individus, regardant désormais comme inutile ce moyen, Jusqu'ici vanté pour avancer la mise à fruit. C’est un grand pas de fait vers le perfectionnement. Je dois .ce- pendant faire observer que cette prompte fruc- tification nouvellement obtenue ne doit pas pas- ser en principe général. Il s’apercevra probable- ment plus tard que, tout en l’admettant comme une amélioration produite par la culture, elle peut appartenir à une variété plutôt qu’à une autre, et ne doit point être généralisée. Il dit aussi qu'au bout de quelques généra- tions, il obtient toujours excellens fruits du Pêcher et de quelques autres arbres; quant à moi, je puis assurer que j'ai toujours vu que, lorsque je semais des noyaux d’une bonne es- Š hiy D . . . ` pece, J obtenais toujours aussi de bons fruits dès la premiere Sénération. Au surplus, je-pense bien comme lui qu'on ne peut que gagner à re- (277) nouveler: Peut-être que le climat de Paris ou de la France est à cet égard plus favorable que le _Sien; et je ne doute pas plus que lui que le cli- mat, le sol n’influent sur la qualité des fruits ; et je tire de là une confirmation de mon opinion. sur la difficulté de bien juger leur saveur g'a- près une seule observation faite sur un seul in- dividu et non répétée dans toutes les circonstan- ces où cela sergit nécessaire. (Voyez mes remar- ques sur la différence du bezy de Quessoy en Bretagne ou à Paris, et du bon-chrétien à Paris. où en Gâtinais , ainsi que de certaines autres poires greffées sur franc ou par contre sur CO- Suassier, } | ia Je ne pense pas, et on peut le conjécturer - d'après M. Van Mons, que les Belges aient come. mencé leurs semis de poires par dë mauvais fruits domestiques ou sanvages. Ils ne sont pas . probablement sortis de leurs jardins pour en ” chercher ailleurs de moins bons et pour amé liorer et renouveler, je ne pense pas-qu’ils aient mal commencé, Il est assez probable que, dans le principe, ils ent semé des pepins de bonnes espèces anciennes, et que quand ils ont čom- mencé à renouveler, ils ne Pont fait que quand ils ont eu obtenu quelques bons fruits nouveaux. Quant à décider si, pour semer, les pepins d’un Yieil arbre ne valent pas ceux d'un ai à dé- (278) cider si, par la greffe sur un jeune sujet, une ancienne espèce ne peut recevoir une sorte de rajeunissement ou de renouvellement, c’est sur quoi les Belges ne disent rien et sur quoi je ne puis prononcer; et, cependant, comme en gé- néral les fruits des vieux arbres ont une saveur plus délicate, il me paraît que, pour le semis, leurs pepins doivent être préférés à ceux des jeunes de la même espèce, toutes choses égales d’ailleurs. Cela me paraît vrai en théorie, et pour prouver que ‘cela n’est pas vrai en pratique, äl faudrait des faits positifs, et il est assez difficile de les rencontrer. Cette remarque, au surplus, ne m’empêche pas de convenir que je préférerais, pour le semis, les pepins d'un fruit nouveau obtenu par un renouvellement suivi à celuid’une de nos anciennes espèces, en admettant entre ces deux fruits, l’un ancien et l’autre nou- veau, égalité parfaite de qualités recomman- dables. M. Van Mons nous dit que ces nouveaux ar- bres ne sont sujels ni au .cliancre ni à toute autre maladie, je le crois; et cependant si cela Peut tenir à l'amélioration produite: par la cul- ture, jai de fortes raisons de penser que cela tient encore plus au soin de prendre les pépins sur des arbres jeunes et bien sains, @t encore plus à la convenance du sol, ét-aux bons soins (299 ) Den qui leur sont prodigués , et à la vigueur où à Ja Jeunesse des sujets soit greffans, soit greffés. Cette discussion me conduit naturellement à examiner la question suivante : une espèce où variété quelconque est-elle, dans le produit qu'on peut obtenir par le semis de ses graines, limitée quant au nombre et à la qualité des va- riétés produites ? Je serais porté à affirmative, si les graines de cette variété originelle devaient toujours être semées dans le même sol etle même climat (le transport de nos fruits en Amérique septentrionale est un exemple du cas contraire). Ainsi, par exemple, si un pomiculteur sadon- ait à semer des pepins de notre ancien doyenné choisis sur un seul individu, et que par l'effet de ce semis, étendu et multiplié autant que possi- ble, il fût parvenu à en obtenir cent variétés as- sez différentes pour être reconnaissables, et sil n’avait pu jamais dépasser ce nombre de cent, _ devrait-il s'obstiner à continuer ce même semis dans espérance d'avoir nes de nouveautés? Peut-être que non. Il n’y gagnerait peut-être pas beaucoup; il faudrait changer de batterie, Mais si les pepins de ce même doyenné étaient trans- portés et semés dans l'Amérique septentrionale pz ou, encore MIEUX ; au Chili ou même en Austra- lasie, ce serait une tout autre affaire, et, dans ce cas, je ne doute pas du renversement total de LG a 2 ( 280 ) l'axiome de M: Van Mons, dans lequel il avance que le type primitif de chacune de nos variétés caractérisées existe. originairement dans la na- ture; ét-je suis très persuadé que cês nouveaux serhis soit primitifs > Soit renouvelés présen- teraient de véritables métamorphoses. Quel mé- rite d'ailleurs pourraient avoir toutes: nos nom- breuses variétés, si-elles se ressemblaient jus- qu'à un, certain point? M. Van Mons annonce dansson Catalogue én- viron douze cents poires nouvelles, dont plus de deux cents excellentes; suivant lui, comparables aux Meilleures de nos anciennes > et cinquante qui leur sont supérieures, c'est beaucoup; mais je né conteste pas son assertion. Îl a eu la bonté de m'envoyer; il y a quelques années, des greffes de quelques unes de ses meilleures, M. Vilmo- rin en póssède aussi : j'attends avec impatience ces nouveaux fruits; je ne puis présentement prononcer en aucune manière sur leur qualité, n'en ayant goûté d'au cun: Je n'ai d’ailleurs jamais eu à-ma: disposition aucune collection de poires Temarquables, Le terrain où ma culture est ac- tuellement établie n’est point favorable au poi- rier greffé, c'est à-dire greffé sùr cognassier; mes Jeunes poiriers de semis, francs de pied, au 2 . > . nombre d'environ trois cents, sont bien portans, „quoique la végétation dela plupart d’entre eux ( 28i ) ne soit pas très rapide; une grande partie fleu- rira l'année prochaine. À eùn juger par la ma- nière dont ils se comportent, je serais bien porté à croire, que le summum de la. perfection de la Culture du poirier serait le semis des pepins sur Place. Ce moyen est long, un peu embarrassant, Mais je crois qu'on en serait largement dédom- Magé; je conviendrai néanmoins que cette mé- thode ne peut être conseillée qu'aux amateurs aisés. Ce que j'ai vu en fruits nouveaux sur les arbres à fruits francs de pied me confirme dans l'opinion que j'ai émise et que je renouvelle ici, Cest qu'il faut un long espace de temps pour juger ces fruits : leur saveur, leur volume, leur beauté s'augmentent d'année en année. On pourrait objecter à cette proposition qu’il est dur d'attendre si long-temps pour n'avoir Peut-être rien de bon, j'en conviens; mais les moyens d'avancer la mise à fruit sont désormais, je men flatte, à notre disposition; etquant à la qualité de ces jeunes fruits obtenus de:sémis, je ne puis m'empêcher de croire, à en juger du Moins par ce que j'ai sous les yeux, car je ne Puis aller plus loin, qu'il y a eu erreur ou exa- Sération dans la dégénération, et l'imperfec- tion. qu’on leur attribue assez généralement. “ous avons des. preuves positives que le doyenné, e Saint-Germain et plusieurs autres peuvent ( 362 ) rendre leur espece; aussi , je ne-doute point que plusieurs des poires que nous connaissons sous ce nom n aient pas toutes, rigoureusement parlant, la même origine, telle ressemblance qu’elles paraissent avoir entre elles. Quant au bon-chrétion d'hiver, il mérite une attention: particulière. M. Poiteau, fondé sur Ja description donnée anciennement de cette poire ou d’une poire très analogue, croit la reconnaitre dans le bon-chrétien d'aujourd'hui, et lui attri: bue, en raison de cela, une origine très ancienne» en cela il peut avoir raison. 3 cependant, il py a pas de- preuve positive. Dans les catalogues, on amive indiquées plu- sieurs espèces ou variétés de bon-chrétien d’hi- ver, malheureusement on a le défaut de cher- cher? à enfler ces catalogues par un but d'intérêt mal entendu, suivant moi; car, à cet égard, la - défiance vest tellement siablié: qu’elle nuit peut être à la vente, mais au moins, et à Coup sûr; à la science. Ces différentes espèces de bon-chré- tien sont-elles donc de véritables variétés, où simplement des variantes du même fruit? Peut- être est-ce l'un et l’autre, et je serais assez porté à le croire, La différence de climat, de sol, de greffe a pu produire ces effets , comme il serait possible: aussique le semis eùt quelquefois rendu l'espèce franche , ou à peu près. On pr étend ce- (283) pendant que le bon-chrétien ne rend pas son es- péce; je ne m'éloignerais pas de cette idée, et _ Ce que j'en ai vu par moi-même en serait assez la confirmation. J'ai, depuis plusieurs années, des Provenances de bon-chrétien de semis, greffées Sur cognassier ; elles ne se mettent point à fruit (quoiqu’on ait beaucoup vanté la greffe sur co- Snassier comme moyen de mise à fruit), et elles Conservent un aspect tout à fait sauvage : en faut- il, pour cela, conclure que les pepiris d’un très ancien fruit ER tendre à retourner à l’état sauvage? Nullement; car le doyenné offre la preuve évidente du contraire. Que peut-on donc inférer de làa? © est que le doyenné est le produit réel, Constant, suivi, venu en son temps et per- fectiommié, iie trés ancienne civilisation; le bon-chrétien au contraire est un produit (si Pon veut que cela soit ainsi) de la haute antiquité ; “mais on peut croire aussi qu’en raison de cette antiquité même c’est un produit anticipé d’une demi-civilisation ; c’est un fruit à demi sauvage, dompté par la greffe répétée, et par une longue «culture; c'est un sauvage à demi civilisé, qui dans Pavenir laisse entrevoir de grandes espé- rances, mais qui parfois laisse craindre des re- tours à la barbarie, dont les enfans sont les uns apprivoisés, les autres féroces, desquels il faudra se méfier encore pendant plusieurs générations. ( r 284 ` y Cette discussion m'a entrainé un peu plus loin què je ne aurais cru ; mais elle était nécessitée par l'intérêt du sujet, et-par l'importance. que devait donner à la diversité des opinions que] ai discutées le nom de -leurs auteurs; de plus; elle se rapporte non seulement au poirier, mais, dans plusieurs points, elle se rattache aussi à plusieurs autres arbres à fruit. Si jamais elle par- vient à la connaissance de ceux avec lesquels j'ai pu différer davis, je les prie de croire que c’est le désir d’éclaircir tous les doutes et l'amour de Ja vérité qui m'ont guidé, et que, tout en n'étant pas de leur avis ‘cela ne m “empêche pas de leur rendre justice, d’ apprécier leurs idées, et dere- connaître les services éminens qu’ils ont rendus à cette partie trop peu connue de l’horticulture. Je soumets d'ailleurs toutes mes réflexions aux nombreux amateurs pomologistes de l’ Amérique septentrionale, de l’Europe, principalement de l'Angleterre, de l'Italie, de la France, et surtout de la Belgique, que je puis à juste titre appeler le beau pays d’Aorticolie; je les engage à më- clairer de leurs lumières, et à concourir ave£ Moi aux progrès ‘de la pomologie. i í y = AA RES VAAS 18% VAR AR AAA LES 148 SLAVE SI a LAB LUE 848480 488 Le EVANS CHAPITRE VII. Dy POMMIER , MALUS. Le pommier sauvage, malus, estun arbre natu- rel aux forêts de l'Europe ; on le trouve dans presque tous les bois naturels de la France. La croissance du pommier sauvage est assez rapide; mais, cependant, plusieurs arbres indi- gènes lui sont supérieurs sous ce rapport. C’est de ce pommier que sortent toutes les variétés de Pommes qui se voient dans nos jardins et nos vergers. L'époque où la culture du pommier a com- Mencé se perd dans l'origine des sociétés agri- Coles, puisque les pommes sauvages, quelque apres qu’elles soient, ont dû servir d'abord de nourriture aux hommes. Les écr ivains de l’anti- quité parlent des pommes, comme d’un fruit gé- üéralement connu ; ils indiquent même le nom . d'ün dstez grand nombre, dont les unes étaient Meilleures que les autres. | Ces variétés se sont d’ autant plus multipliées, Qu'il y a plus long-temps qu’on les recherche et qwon a mis plus ď'i importance à leur conserva- tion : ‘aujourd’hui leur nombre est si considéra- ( 286 ) ble, qu'il serait presque impossible de les énu- mérer toutes; il n’est point de pays qui wen of- fre de particulières, et chaque semis en fournit toujours quelques nouvelles. On en voit dispa- _ raître et paraître sans cesse. « Encore qu'il ne soit nécessaire de s'arrêter aux particuliers noms de chaque espèce de pom- mes, dit Olivier de Serres, si est-ce qu’il y a du contentement de savoir comment on les appelle, par ci par là, afin aussi que de la généralité de. telles RE i notre ménager puisse discer- ner ses fruits, sans toutefois s’y trop assurer, pour la faiblesse du fondement, procédant cela du climat et du terroir, qui changent les noms des fruits, comme a été dit; car quel besoin est- il dé parler de pommes pelusiannes, sirices, mar- cianes, amérines, scandianes, sextianes, menlia- nes, claudiannes, morianes, et autres de l'anti- quité, vœu que le temps a rendu vaine telle cu- riosité? Les noms suivans, comme les plus re- marquables de ce siècle en ce climat-ci, vont nous servir de guide; la melle, ou pomme appie, ainsi dite de Claudius Appius, qui du Péloponnèse l’apporta à Rome; la rose, le court- pendu, la reinette, le blanc-dureau, la passe- pomme, la pomme du paradis, la pomme de çcartin ; de rougelet, de rambur , de‘chastaignier; de franc-estu, de belle-femme, Fe dame-jeannés ( 287 ) de carmaignolle, de sandouille, de pomme de Souci, la pomme cire, de courdaleaume, subet, equet, camien, couet, germaine bien doux, mennelot, feuilles, sapin, coqueret, cape, re- Nouvet, escarlatin , espice, peau- -de-vieille, pomme noire ou ognonét, barberiot, giraudette, la lon- Sue, la calamine, la musqualte , la boccabrevé, la conchine, la bourguinotte, la pupine, la Pomme de ns de Saint-Jean, d'Hervet, sur toutes lesquelles pommes nous or les races les plus remarquables en bonté de goust et de conservation, pour la fourniture de nos vergers, n'y en mettant des autres que pour en Passer la fantaisie. Ainsi par exquisse eslectioïr Prendra très bon fondement notre jardin frui- tier, pour durer longuement en réputation en Miss de son fondateur. Dans ce grand nom- bre de PEENE $ en trouvent de diver ses sortes, des grosses , moyennes , petites, des longues, des rondes, des rouges , des jaunes, des blanches, | des vertes, voire des noires, comme la pomme de calvau, noire en lescorce, blanche en la chair: des douces et des aigres, des mangeables crues et cuites, augmentent ou diminuent ces qualités. selon les situations. Ily a peu de pommes d'été, Me s’en recognoissant guières plus que de deux espèces ; l’une est la petite pomme Saint-Jean , meure environ le commencement de juillet; ; RE een CL BE Sad pe era _( 288 ) Vautre est du mois d'août, dite de grillot. Celles _qui restent sont toutes de l’automne, qu’on re- cueille en cette saison, toutefois en diverses jours, par l'ordre de leur maturité, à ce plus s’advançant les unes que les autres, pour la va- riété de leurs naturels, non tant néanmoins qu'aucune précède les raisins. » | | Je mwai pu me refuser à citer ce passage, qui est un petit traité sur les pommes. Il a été reconnu par Van Mons que plus est perfectionnée et nouvellement acquise la variété dont on emploie les pepins aux semis, et plus sont remarquables les variétés qui en résultent. Variétés de pommes remarquables. ra La violette ou pomme de quatre gouts. Fruit moyen, allongé, d’un rouge foncé du côté du soleil, d’un jaune fouetté de rouge du côté de l'ombre. Sa chair est fine, délicate, sucrée, ayant un peu du parfum de la violette, rou- geàtre sous la peau, verdâtre autour des pepins: Cette variété ést une des meilleures; elle se Conserve jusqu’en mai. . | L'arbre est vigoureux et a beaucoup de res- semblance- avec celui du calville- d'été; ses bourgeons sont coudés. = # La pomme perpétuelle Louise a été trouvée { 289 z par M. Prévôt, inspecteur ‘des eaux et forêts, à Battigner-les-Bimbes, paf Charleroy; sa se con- serve trois ans. L’étoilée ou pomme étoile. Fruit petit, cinq côtes saillantes, d’un rouge orangé, du côté ` du soleil , et jaune du côté de loire sa chair est jaunâtre, un peu rouge sous la peau, ferme et d’un goût de sauvageon. Cette pomme n’a d'autre mérite que sa forme, et la facul@dont elle jouit de se conserver jus- qu'en juin. La. pomme-figue est une monstruosité qui _ Wintéresse que la curiosité, Ses fleurs ont toutes ` leurs parties courtes, charnues et recouvertes : de duvet; son fruit est petit, allongé, et a un oOmbilic creusé. jusqu’au quart de sa area à il n'offre pas de pepins. On en {oit une très belle figure dans le Nouveau Duhamel de MM. Poi- teau et Turpin. Pallas rapporte qu'il y a en Cri- mée une grande variété de pommes, dont la plus estimée , celle de Sinap, est ovale, de médiocre grosseur, et se garde jusqu'en juillet de l’année Suivante, sans se rider. On cultive, dans l'Ecole du jardin du Muséum et à la pépimière du Lüxembouré, plusieurs va- Tiétés de pommiers qui n'ont pas encore donné de fruits; ou dont la description. des fruits n’a Pas encore été publiée. Je ne crois pas nécessaire à. dede du RARE dés a RQ RE Le spee ë à ie als ia ( 290 ) | Qen donner ici le catalogue, puisqu'il n’est pas encore certain qu'ils soient distincts de ceux dont nous avons la liste; je renvoie les lec- teurs qui voudraient en connaître les noms aux Catalogues de ces deux établissemens. _ Les autres espèces de pommiers qu’on cultive : dans les jardins sont : Le pommier hybride, qui a les feuilles ovales, aiguës, dentées, glabres, accompagnées de sti- pules lancéolés, pétiolés, les à. presque ronds; il est originaire de Sibérie, et s'élève de douze à quinze pieds. Ses fruits, qui ont quelque- fois un pouce de diamètre, sont extrêmement précoces et susceptibles d’être mangés , quoique très acides; on le multiplie de graines, et par la greffe il pourrait servir à suppléer le paradis. Le pommier” de la Chine, pyrus spectabilis , Willd., qui a les fleurs disposées en ombelles sessiles, les feuilles ovales, oblongues , dentées, glabres; les ongles des pétales plus longs que le calice, et le style lanugineux à sa base. Il est originaire de laChine, et se cultive, depuis quel- ques années, dans nos jardins; ses fleurs, d’un rose tendre, grandes et abondantes le rendent trés propre à l'ornement. Il s'élève peu; on le greffe ordinairement sur paradis, et on le tient en quenouille; ses fruits sont petits, mais man- geables. ( 291 ) Le pommier à fleur odorante , pyrus corona- ria, Willd., a les feuilles en cœur, dentées et les fleurs disposées en corymbes. Il est originaire de l’ Amérique septentrionale, où } ’en ai vu de grandes quantités; on le cultive dans nos jar- dins, quoiqu'il soit très peu ornant. Le pommier bacciforme a les feuilles égale- ment dentées, les pédoncules réunis au même point, les-fruits ronds et en forme de baie; il est originaire de la Sibérie : ce que j'ai dit à locca- sion de l’espèce précédente lui est applicable, Le pommier toujours vert a les feuilles ovales, lancéoles, découpées, dentées , avec la base at- ténuée et entière, les fleurs disposées en co- rymbe. Il est originaire de l'Amérique septen- trionale , et se cultive dans nos jardins , comme les précédens, On peut multiplier le pommier de toutes les manières connues; mais oh n’emploie que le semis des graines , les marcottes et la greffe. Pour avoir des arbres vigoureux. et de longue durée, il serait nécessaire de greffer les variétés culti- vées sur le pommier sauvage; et C'est ce qu'on ` fait généralement dans les cantons éloignés des grandes villes et voisins des forêts, parce que d'un côté, on s’y occupe moins de la perfection “quede Pshondincé , et que de l’autre on se pro- Cure facilement de jeunes pieds de ce pommier, 19: ( 292 ) en allant les arrachér dans les bois; mais autour des grandes villes, le désir de jouir prompte- ment, ou d’avoir de beaux fruits, et la difficulté de se fournir de sanvageons font qu'on ne greffe que sur franc, ou sur doucin , ou sur paradis. En greffant sur franc, on obtient des arbres très propres à former des pleins-vents , qui se mettent à fruit avant ceux greffés sur sauva- geon. Parmi ces francs, il y en a un grand nombre de natures différentes, puisque les uns sont épineux et les autres ne le sont pas; que les uns donnent des fruits bons à manger, d’autres bons à faire du cidre; enfin, d’autres aussi àpres que celui du pommier éru dans les bois. En gé- néral, on le produit rarement avec les pepins des meilleures variétés de celles qu’on appelle pommes à couteau, la grande consommation qu'on en fait et économie obligeant, dans les grandes pépinières , à préférer le marc du cidre, qu'on se procure en telle quantité qu’on désire et le plus souvent pour les seuls frais du trans- porte = > i “Le doucin sert à greffer les demi-tiges, les buissons ; les espaliers et contre-espaliers, les pyramides. Il est vrai cependant de dire qu’on ne l'emploie plus guèré dans les pépinières-des environs de Paris, et que le franc Fy remplace sans inconvéniens; mais on le voit encore dans celles des départemens, comme je m'en suis aSr suré dans celle si importante de Bolleville près Colmar. Le paradis est indispensable pour greffer les nains et les quenouilles. On se paiet dans quel- ques endroits, que cette variété west plus aussi faible qu EA ce qui provient de ce qu'on place les mères ii les donnent dans de trop bons terrains, et. qu’ on fume trop. les pépinières où lon repique- ses marcottes, Peut-être con-. viendrait-il de chercher dans les semis une nou- velle variété pour le remplacer, ou essayer de le suppléer par le pommier hybride. Le pommier-paradis, dont la racine. casse Comme du verre, donne une pomme au dessous du médiocre en grosseur et en qualité, mais qui mürit de très bonne heure, c’est à dire à la fin de juillet; elle est jaunâtre, ponctuée de brun et vergêtée de rouge du côté du soleil. Les greffes. des pommiers sur poirier, sur cognassier, épine, réussissent assez souvent, mais ne durent pas ordinairement plus de deux ou trois ans. L'ob. _Servation prouve qu'il y aun avantage à greffer- Sur paradis, pour accélérer l’époque de la pro- duction du fruit, puisque, dans ce cas, plusieurs variétés en donnent dès la seconde année de leur greffe, et toutes la troisième ou la quatrième ; landis que les mêmes ariélés sur franc n’eusr rs LR a AR Gy ADA en a maadam ilian ( 294 ) sent commencé à en donner qu’à six ou huit ans, et sur doucin qu’à douze où quinze ans. L'observation prouve de plus que les variétés placées sur paradis donnent des fruits beau- coup plus gros et meilleurs, toutes choses égales d’ailleurs. Ilsemble donc qu'il est de l'intérêt des culti- vateurs de ne plus greffer que sur cette variété; mais les arbres qui en résultent vivent peu de ‘temps en comparaison de ceux qui sont greffés sur franc, et encore plus sur sauvageon , et ne produisent chaque année qu’un nombre de fruits extrêmement petit, tandis que les pleins-vents en produisent des tombereaux. Aux environs de Boulogne-sur-Mer, on préfère greffer les pommiers à tige sur deux variétés qui se multiplient de rejetons ou de marcottes. On les appelle le grand et le petit boquetier. Il serait difficile d’assigner l'âge auquel tel pommier greffé sur franc parviendra, parce qu'une infinité de causes peuvent accélérer sa mort, principalement la nature de la terre où il se trouve, une taille inconsidérée, une surabon- dance de productions; mais il n’est ; poner qui ne soit persuadé qu'il durera moins qu’un sauva- geon: Car il n’est pas rare de voir des pieds de ce dernier, dans les pays de montagnes, auxquels on attribue deux à trois siècles; et il est beaucoup ( 295 ) de vergers où il s’en trouve de la moitié de cet âge. Quant au paradis, on peut : assurer que € "est chose très rare que d'en voir de plus de vingt ans, quelque bien conduits qu'aient été les ar- Le qu'ils ont nourris. Toutes les variétés ne se comportent pas de même : les unes veulent plus de chaleur, les au- tres moins; les unes le plein vent, les autres des abris: plie se trouve bien de la taille, telle autre s'en trouve mal, et cela varie sans fin, selon le climat et la nature du sol. Il est peu de jardiniers qui soient en état de donner des indications. propres à guider dans tous ces cas, parce qu'il est rare qu'ils voyagent, encore plus qu’ils ob- servent, et que la pratique de leur jardin, ou au plus > leur canton, est la seule qu'ils soient disposés à approuver. l On ne greffe communément sur + que- les meilleures. pommes, comme les calvilles, les. reinettes, les apis, les rambours, ete. , parce que ce sont celles qui sont les plus recherchées pour lornement des desserts, et qu’elles y gagnent de: la. grosseur, ainsi que je l'ai déjà dit; ce qui est un grand mérite dans ce cas, Un D moyen de- naa les pommiers nains à se mettre à fruit l’année suivante, C ’est de casser l'extrémité de tous leurs bourgeons entre les deux sèves. Lorsque le pommier nain est trop enterré, il hop 4 te E rétine pvir | (296 ) ¿Pousse des racines au dessus de la greffe, et se transforme ainsi en pommier franc, qui pousse trop vigoureusement et donne moins souvent des fruits. DE En Allemagne, on cultive des pommiers nains en pots, qu'on rentre dans lorangerie aux ap- proches des gelées. Ils y fleurissent plus tôt qu'en plein air, y évitent les suites des gelées et des pluies froides du printemps, de sorte qu'on ob- üent sur ces arbres des fruits plus assurés et plus précoces que sur ceux en pleine terre; mais il ne faut y laisser qu'un petit nombre de ces fruits, sans quoi, ils ne grossiraiernit pas, et l'arbre ne tarderait pas à périr. : Nota. Cet'article, ainsi que Partie de ce qui concerne Ja description de la plupart dé nos ar bres à fruit, est extrait en tout ou en partie des Ouvrages de M. Bosc. Je ferai sur l'identité botanique des nombreu- ses variétés dé pommes que nous possédons les mémes remarques que j'ai faites sur les variétés de poires: La Sibérie et la Chine possèdent des espèces botaniques particulières ; il est possible qu'elles aient donné naissance à quelques unés des Variétés actuelles et qu’on nous les ait. appor- tées de ces pays: il est possible aussi qu’elles se soient mutuellement fécondées, et nous aient donné des hybrides Qui auraient été confondus ( 297 ) | avec les espèces véritables , d'autant que la Pomme paraît être cultivée aussi, ancieñnement | et aussi généralement que la poire. Cependant, examen fait de. toutes Les variétés connues qui : Mont Passé par les mains, jene vois aucune rai- son plausible pour ne pas croire que notre pom- Mier sauvage des bois n’en soit pas le type ori- ginel. Dans les nombreux semis de poires et de pom- mes que j'ai. exécutés, un fait digne de remar- que s est présenté à moi, c'est que, généralement parlant, les poiriers de semis, même de doyenné, que je regarde comme très civilisé ; suivant l’ex- Pression de M. Van Mons, offrent tous des in- dividus épineux, à aspect toujours un peu sau- Yage, et se mettent assez difficilement à fruit ; il. Še. trouve,.dans le semis dés pommiers; beau- Ñ coup moins de ces individus à aspect sauvage, et. ils paraissent assez disposés à se mettre à fruit plus promptement. De plus, à l'exception ‘peut-être du fenouillet et d'un-trés petit nombre d'autres pommes , ce fruit, tout en offrant des Yariétés bien caractérisées ; n'offre pas beâu: coup de parfums particuliers et perfectionnés, commé le sont les poires: wen pourrait-on pas induire que la pomme, aussi anciennement ‘et même Peut-être plus anciennement domestique que le Poirier, wa pas reçu, comme ce dernier;,-des oo GRR abaisse on ao ‘hybrides ( 298 ) | procédés de culture aussi soignés, aussi répétés; la culture de la pomme n’est cependant pas moins intéressante que celle de la poire ; peut- être sa fécondité et son abondance sont-elles plus grandes, sa multiplication et sa conserva- tion plus faciles, et si ce n’ést pour la table, ses usages pour la fabrication du cidre et surtout d'un cidre plus sain, militent en sa faveur. Ilya quelques années, à une époque où ma vue me permettait encore de miiia avec faci- lité et avec quelque succès à la formation des » j'avais écrit à une Société agricul- ture d'un des départemens composant la Nor- mandie, pour lui demander quelques informa- tions sur la culture du pommier à cidre, et sur les variétés qu'il pourrait être désirable de lui procurer par l’hybridation, je n’en reçus aueune réponse. Cet objet devait cependant l'intéresser beaucoup, je ne men occupai donc qu'avec un peu de négligence; il serait . cependant possible qu'il se trouvät, sous ce rapport, quelque chose d'utile dans les semis que je fis alors. Un des grands inconvéniens attachés à la cul- ture du pommier à cidre est sans contredit lal- ternat de son produit. On m'a assuré que, depuis quelque. temps, on semait beaucoup en Norman- die, et qu'on obtenait ainsi des pommiers francs de pied, qui donnaient un produit sinon meil- ( 299 ) | leur, au moins plus sûr que les pommiers gref- fés. Je le crois : les arbres non greffés sont en général plus rustiques ; le semis en outre peut produire des variétés moins sujettes àsalterner , ou qui , fleurissant à des époques diverses, ont quelques chances de résister aux intempéries des saisons. Mais un fait très remarquable dans la plupart des pommiers hybrides que j'ai obte- nus, c'est qu’ils n’alternent que peu ou point, ou même jamais ; ils doivent cet avantage à plusieurs causes, leur grande vigueur en est nue, parce qu'elle leur permet de nourrir en même temps: et leurs fruits, et leurs boutons à fruit pour l'année suivante, et de plus le pommier de la Chine, le pommier baccifère , et probablement quelques autres, doués, à en juger par les appa- rences, de la faculté de former-leurs boutons à fruit sur le jeune bois de l'année, même sur les boutons terminaux, ainsi que sur les bourgeons latéraux développés par anticipation, ne peuvent ‘pas, pour ainsi dire, alterner, et doivent consé- quemment communiquer cette importante fa culté aux hybrides qui les reconnaissent pour ascendans. Il serait donc extrêmement intéres- sant de suivre cette expérience, en mariant nos Meilleures espèces de pommes soit à couteau, Soit à cidre, avec ces pommiers étrangers. C’est ce que j'ai fait, et Cest ce que je continue en ( 300 ) croisant et recroisant les hybrides obtenus avec nos plus belles espèces jardinières. Plusieurs dë mes hybrides ont fructifié, et si je ne suis pas précisément satisfait quant au volume des fruits, il n’y a cependant trop rien à dire contre la qua- lité; maïs cest surtout l'abondance de leurs fruits qui les rend recommandables. Le pommier de la Chine, dont tout le monde connait les belles fleurs roses.doubles , n'existait ge ici à fleurs simples ; quoique double, il n’en “st-pas moins fécond, et ses organes mâles mont -servi à féconder d’autres espèces. Plusieurs hybri- dations, faites entre li et-notre pommier, m'ont donné une très grande quantité d’ individus; soit à fleur simple, soit à fleur semi-double, tous portant fruit et en assez grande abondance: ils sont d'un. volume triple de la pomme de la Chine, et fécondés de nouveau par nos grosses pommes, ils atteindront, quand on le voudra, la grosseur désirable. J'en possède plusieurs variétés : il yen a quiméritent de passer dans nos jardins, comme arbres d'ornement; quelques uns de ces hybrides, àen juger par les apparences, ont reçu-la fécon- dation du pommier baccifère ; mais ils n’ont en- core ni fleuri ni fructifié. Je crois être à la veille de posséder des hybrides composés, dont le fruit sera plus gros et meilleur. Le pommier baccifère a été soumis aux mêmes DE < K TAF Í Ie j$ f } i 14 f F {| ii R e ( 3oi j expériences de croisement et. de recroisement, Ses provenances devront me fournir des résul- tats analogues , du moins en rapport à son es- Pèce, et aux croisemens qu'il a éprouvés. Ses fruits sont en général pisi gros et meilleurs que les pommes deChine hybrides, etses fleurs, sans être aussi belles, ont retenu odeur du bacci- lère, et sont aussi susceptibles de faire orne- ment. Quelques uns d’entre eux paissent devoir prendre de grandes dimensions, et donnent de grandes espérances; quelques uns de ces hy- brides ont déjà de quinze à à vingt ans d'existence; Mais comme ces derniers ont été transplantés plusieurs fois, cela a pu nuire à leur croissance naturelle. Je crois aussi que très nouvellement j'ai eu de ces espècès hybrides recroiséés , dont les produits sontconsidérablement perfectionnés. Plusieurs espèces de nos pommiers cultivés ont aussi servi de base à mes expériences, et ont été elles-mêmes fécondées pär le pommier de la Chine et le baccifére, jen attends la fructifica- tion, J'en avais même obtenu quelquesuns fécon- dés par les pommiers dits coronaria et semper- virens; mais je ne des retrouve pas : peut-être ontils été perdus dans mes changemens ! de do- micile > peutêtre se. reirouveront-ils, Jai proba- bletčent aussi quelques combinaisons entre le chinois et le baccifère. ( 302 Y Les provenances hybrides, surtout des pom- miers de la Chine et baccifère, paraissent, ainsi que je lai déjà fait observer devoir se mettre à fruit très aisément; j'attends avec impatience les résultats de leur combinaison avec la reinette de Canada, le fenouillet, le tambour, et quelques autres. On peut espérer, sans le secours de la greffe et sans employer aucun moyen particu- lier, leur flordion à la huitième année. J'ai ob- tenu du pommier commun des fleurs et du fruit à sa dixième année de semis; mais il faut quelquefois attendre jusqu'à douze et quinze ans, et même plus; cependant, sa mise à fruit est un peu moins longue que celle du poirier. Le pommier n’a communément qu’une sève, surtout lorsqu'il est à fruit; cependant cette sève se prolonge plus que celle du poirier , elle peut même, dans certains cas, se renonveler, lorsque la saison l'y porte, ou du moins elle peut re- prendre une certaine force. Le pommier greffé sur paradis, placé dans nos jardins, pousse où renouvelle sa pousse pendant la durée de la belle saison, soit à raison de sa nature, ou des Mnléeucris et des arrosemens qu'il reçoit; soins d’ailleurs souvent destinés aux cultures dont il est environné. Il faut, dit-on , quelquefois plusieurs années aux pommiers pour compléter leurs boutons à fruit; mais en général ils se for- (35) ment sur le bois de l’année précédente , et fruc- tifient l’année d'après. Le pommier greffé sur pa- radis n’est point soumis à cette loi, il fleurit et fructifie souvent sur les boutons de l'année. Fondés sur cette facilité de fructifier, M. Vil- morin. et moi , avons semé séparément des pe- Pinsgdu même fruit greffé sur franc, et sur pa- radis, dans lespérance que celui greffé sur para- dis devancerait l’autre dans sa fructification. J'ai soumis quelques pommiers aux mêmes expé- riences de fructification essayées sur le poirier, ils paraissent s’y prêter plus facilement. Quelle serait d’ailleurs sur les semis des pepins l'influence exercée par la greffe sur des sujets d'espèce étrangère, comme poirier, alizier, etc. ? Quelle serait l'influence de F'incision annulaire ? Ce sont toutes expériences à tenter. Le pommier peut-il recevoir quelques fécondations étrangè- res? J'ai essayé inutilement plusieurs de ces fé- condations ; notamment celle du poirier, je mai point obtenu de succès; la greffe même sur poi- rier peut prendre, mais ne dure ordinairement pas long-temps. Toutes ces expériences devront être ou essayées, ou recommencées de nouveau. Jai semé à diverses reprises des pepins de plu- sieurs espèces de pommes, notamment des pom- Mmes de reinette : ces derniers mont bien donné. quelques variétés, mais c'étaient toujours des rei ( 304 ) nettes; et d'aprés ce que j'en ai éprouvé, il me semble qu'on obtient par le semis , sinon toujours d’excellens fruits, au moins des fruits très man- geables. Nos campagnes sont peuplées de pom- miers francs de pied ; et les gens de la campagne se contentent de leurs fruits; : plusieurs sont réellement très bons et souvent inconnug ail- leurs , même à Paris. Ayant goûté plusieurs fois de ces fruits, je me plaignais aux habitans de ce qu'ils paraissaient préférer ces fruits à d’au- tres espèces greffées, beaucoup plus estimées, ils wont répondu que ces espèces étaiént plus franches; ce qui, ‘dans leur langage, sionifiait que le produit en était plus assuré et plus abon- dant, et qu'ils en tiraient, soit Pour leur usage, soit même en cas de vente, plus d'avantages. Il n'y a donc point d'inconvénient à multiplier de pepin le pommier beaucoup plus qu’on ne le fait, et on aurait lieu de s’en applaudir. - Nous avons. quelques variétés remarquables; telles. que le fenouillet, la pomme de quatre- goûts, etc., la pomme-micoux, qui rapporte plu- sieurs fois, auxquelles on. pourrait s'attacher Pour le semis. On a parlé-aussi d’un pommier à {leur-double ; d’un pommier femelle qui avait be- soin d'être fécondé pour fructifier; d’un pommier qui fructifiait sans fleurir; de la pomme de fer; qui se conserve d’une année à l’autre-Pallas nous ( 305 ) rapporte qu'en Crimée il y a une très grände variété de pommes, dont une des plus estimées se conserve sans se rider , jusqu’en juillet. L'Amérique septentrionale, qui a reçu de nous Ses premières pommes, soit en plant greffé, soit en pepins (car il est probable que, dans le prin- cipe, ce dernier moyen ait été employé comme Moins coûteux; gt probablement aussi c’est par des pepins de pommes à cidre qu'ils ont commencé, ceux-ci étant plus faciles à se procurer que des pe- pins de pommeés à couteau), nous en renvoie au- jourd’hui de nouvelles : quelques unes sont assez bonnes, d’autres, en plus grand nombre, sont, dit- -On, plus curieuses, ou peut-être d'une sa- veur plus singulière que bonne; nous devons Chercher à perfectionner ces fruits, soit indivi- duellement par la greffe répétée sur paradis ou autre, soit par leurs semences. La bonté de no- tre climat, anciennement acculturé, devra amé- liorer ces nouveaux fruits, en civilisant ce qui est encore à demi sauvage. Quoiqu'on n'ait point en Belgique, suivant toutes les apparences , apporté autant d'activité et de soins au perfectionnement par semis du Pommier, il parait cependant qu’ on y possède quelques espèces nouvelles qui ont leur mérite; et sont notées dans le Catalogue de M. Van Mons. Ce Nestor de la pomiculture, suivant ce que 20 RE aisé es mire > $ ( 306 ) M. Bosc en rapporte, a positivement déclaré que c’est au renouvellement qu'on doit les meilleures espèces, et que c'est en semant et ressemant toujours des meilleuxes et des plus nouvelles qu'on y est parvenu : cette opinion s'applique ou doit également s'appliquer, suivant moi, à tous les arbres à" fruit. J'ai ouï dire que depuis un certain temps l'on se plaignait que le paradis, destiné à recevoir les greffes, paraissait avoir gagné en force et en vigueur, ce qui avait l'inconvénient de n’avoir plus aussi aisément des pommiers nains. D’où cela peut-il venir ? Ne serait-ce pas aussi parce que le paradis recevant perpétuellement la greffe d’es- pèces beaucoup plus fortes que lui, les rejetons pris au pied de ces pommiers greffés ont ga- gné quelque chose de la force de ces greffes? J'ai fait voir, à l'article de la Greffe, que les su- jets greffés par de plus fortes espèces qu'eux s'en ressentaient sensiblement. Quoi qu’il en soit, on peut remédier à ce mal, en choisissant dans les semis une variété plus faible. Dans mes semis hybrides du spectabilis, j'ai observé un pied à fleur semi-double, qui, quoique bien portant, ne pousse pas avec beaucoup de force: ainsi que de la plupart des végétaux hybrides , il sort de son pied beaucoup de rejetons; j'en ai fait une petite plantation que je destine à la greffe, ( 307 ) | pour remplacer le paradis, j'en rendrai compte par la suite. Il reste à faire beaucoup d'expériences pour améliorer le pommier, et, je le répète, l’hybrida- ‘tion entre lui et$es espèces botaniques me. pa- rait d’une efficacité incontestable. 4 Quoique ce ne soit pas ici le lieu de parler d'économie domestique, dont, à dire vrai, je ne fais pas ma principale occupation, je crois ce- pendant pouvoir dire que le suc des pommes, réduit au huitième par là cuisson, donne un si- rop ou une gelée très ferme; Cest une opération bien simple qui devrait rendre très peu coûteux æ produitutile et agréable, et qui serait tgès avan- tageux dans les années où le cidre est très abon- dant. La pomme, pilée et ajoutée en très petite Quantité dans le moût de pommes de terre des- tiné à la distillation , lui donne aussi un parfum très agréable, et lui sert en même temps de fer- ment. | Moyens employés pour avancer l’époque de la fructification d'un jeune pommier venu de semis. { Les pommiers et les poiriers sont, de'tous nos ‘arbres fruitiers, ceux dont la fructification se fait le plus long-temps attendre. Lorsqu'on sème 20. leurs pepins , il faut patienter pendant huit ans au moins, et quelquefois pendant dix à quinze ans, et même plus, pour en avoir le fruit; ceux même qu’on greffe sur sauvageon ne sont guère moins longs à rapporter ; c’estfun grand incon- ' vénient pour les gens pressés de jouir, et pour les amateurs de nouveautés qui seraient tentés de s’en procurer par la voie des semis; aussi ces der- niers sont-ils en petit nombre, Ce n’est pas qon ne connaisse plusieurs moyens d'avancer la fruc- tification, tels, entre autres, que l’arqure , la cassure de l'extrémité des branches, l’incision annulaire, etc., et enfin la greffe, soit sur les sujets eux-mêmes, soit sur des'arbres déjà fruc- tifians, ou disposés à fructifier assez prompte- ment, comme le paradis pour les pommiers, et le cognassier pour les poiriers. La greffe particulièrement a été, dans ces der- niers temps, employée avec succès par les ama- teurs; mais, outre qu’il faut un certain temps pour en avoir le résultat, on est encore exposé au désagrément d’une peine inutilement prise Pour greffer une mauvaise espèce, bien qu’on ait prétendu pouvoir reconnaître d'avance les es- pèces à préférer, ce qui est au moins douteux: J'ai pensé qu'il serait plus expédient de faire fructifier les jeunes arbres eux-mêmes, surtout si l'on pouvait le faire aussi promptement, et sans ( 309 ) nuire à leur croissance et à leur vigueur; ce à quoi j'espère parvenir, Je viens en conséquence de commencer plu~ sieurs expériences sur des arbres tout jeunes, provenant de pepins; mais, en attendant, je puis | rendre compte de celles que j'ai faites l’année dernière sur un pommier de sept ans. Je n’ai fait usage que des moyens indiqués plus haut; il n’y a donc de nouveau ici que la manière de les em- ployer et de les combiner, à cette manière peut tenir pour beaucoup la réussite. Le pommier, sujet de cette expérience, est le produit d’un pepin de pommier de la Chine, à fleurs doubles (malus spectabilis}. J'ai des rai- sons de croire qu'il est hybride, et que son as- cendant a été fécondé par le pommier ordinaire; mais cela ne fait rién à ce dont il s’agit ici. Ce pommier est à sa'septième année, j'en at- tendais la floraison avee impatience. J'avais en vain et depuis long-temps essayé sur lui l'arqure, si efficace d’ailleurs sur les arbres déjà fruc- tifiais; jy ai joint l'année dernière d’autres moyens : . ils ont été mis en œuvre à la fin de juin et au commencement de juillet de l’année dernière, en voici le détail : Plusieurs des branches de ce pommier ont été de nouveau et diversement arquées, mais tou- jours sans succès ; il en a été de même de la cas- ( 310 } sure pratiquée sur l'extrémité de quelques bran- ches; au contraire, lincision annulaire , faite sur une branche, a fait développer, dans une rosette placée au dessus d'elle, quelques boutons à fleurs. Exécutée sur une autre. branche, la- quelle ensuite a été soumise à larqure, elle y a fait produire au bouton terminal un beau bou- quet de fleurs. Mais voici un effet plus remar- quable encore. | Une jeune branche, soumise dans sa partie inférieure à incision annulaire, puis arquée un peu plus haut, et enfin cassée à son extrémité supérieure, a immédiatement, auprès de la cas sure, développé trois nouvelles brânches laté- rales de deux à cinq pouces de longueur, qui se sont terminées chacune par un beau bouquet de fleurs qui s’est épanoui ce printemps; et de plus, tous les yeux placés au dessous. de ces nou- velles branches ont aussi donné quelques bou- tons à fleurs, bien qu’ils n’eussent présenté d’a- vance aucun indice de fructification prochaine, Enfin, pour en venir à la greffe, une faible rosette, prise sur une branche, au lieu d’un sim- ple œil, et greffée en écusson sur le corps de . Farbre luimême, a aussi donné un beau bouquet de fleurs. 11 résulte done de là que 10. L'arqure, employée seule, n’a rien pro- duit; | ( 311) 2°. La cassure, employée seule, n'arien pro- duit; 5°. La greffe, employée seule, mais avec les modifications énoncées, a produit; 4°. L’incision annulaire, employée seule, a Produit; | ° _ 50. Enfin, dci annulaire, combinée avec l'arqure et la cassure, a produit l'effet le rs remarquable. Les conclusions de ces fai en ios du plus ou moins d'efficacité de ces divers moyens, em- ployés seuls ou combinés, sont faciles à déduire. Je suis persuadé que, sans leur emploi, mon jeune arbre n’eût pas encore fleuri, puisqu'il n’a fleuri absolument que sur les points soumis aux expériences, et non ailleurs ; et je ne doute pas. non plus que, si je les eusse employés quel- ques années plus tôt, ils n’eussent eu un succès presque égal. P.-S. Cet arbre a depuis été maltraité par la grêle; heureusement il avait été visité avant cet accident par M. Vilmorin, qui a porté à peu près le mémêjugement que moi sur l'efficacité des Moyens employés. Il reste encore quelques fruits. ce pommier. ( An 1812.) Ç 312 } Du cognassier (cydonia). Le cognassier est originaire des parties orjen- : tales et méridionales de l'Europe; c’est un arbre assez rustique, et qui n’atteint pas à beaucoup près les dimensions du poirier, et se met plus aisément à fruit. J'ai plusieurs cognassiers venus de semis, les plus forts ont fleuri à leur cin- quième année, : Le fruit du cognassier est très âpre, j'en ai obtenu de très mangeables au moyen de l’incision annulaire. Il est fort singulier que le COgnas- sier, qui est indigène, qui a un fruit si beau, si parfumé, n'ait pas été soumis à une culture sui- vie de perfectionnement. Manquer à gagner, c’est perdre. Nous avons done dů y perdre un fruit qui rivaliserait.présentement avec nos meilleures poires et qui l’'émporterait peut-être sur elles, Combien de temps faudrait-il aujourd’hui pour l’'amener à cet état de perfection? Je n’en sais rien : peut-être celà ne serait-il pas si long qu'on le pense, il se met à fruit très aisément? et il est assez rustique. Qu'on essaie donc de le greffer Plusieurs fois sur lui-même , qu'on le greffe sur nos meilleures espèces de poires, qu’on soumette ses fruits à l’incision annulaire, et que les pepins de ces fruits, greffés et annelés, soient semés, (5313) et alternativement ressemés, regreffés et réan- nelés. | | | Mais il est un autre moyen d'amélioration bien autrement digne d’exciter notre attention, c’est lhybridation : outre le poirier auquel il est pro- bable qu’on pourrait le marier, à en juger par l'analogie de greffe qu'ils ont ensemble, nous avons le cognassier de Portugal, espèce ou va- riété perfectionnée ; le cognassier de la Chine, celui du Japon, etc. Il y a tout à parier que ces croisemens produiraient des résultats importans. À défaut de variétés naines et hâtives de poi- rier, variétés qu'on obtiendra probablement quelque jour, mais auxquelles on suppléerait Peut-être dès à présent par du plant de couchage et de marcottes, le cognassier nous rend, pour recevoir la greffe du poirier, le même service que le paradis nous rend pour le pommier, et il nous est à cet égard d’une utilité indispensa- ‘ble. C’est ordinairement sur du plant de cognas- sier venu de couchage que l'on greffe le poirier À y aurait-il quelque avantage à se servir du plant de semis? Les sujets seraient plus vigoureux, plus robustes (car le poirier greffé sur cognas- sier ne se plait pas partout); mais peut-être aussi se mettraient-ils plus lentement à fruit : il reste sur ce sujet beaucoup à désirer. Je parle- Tai ici, quoique un peu tard, de l'utilité que J oo a RS mn ù + s é MOUSE £ RSR DOS SE TE i A tii ms on À | cs S be ré ns à TEN EEN AS ra à PA ` ne ES = diy X n o DOP gs à $ j yam % =è nR) d 7 z s di iiai Rag) F7 ts F : : its ia EA C3 D mme ne À =: ( 314 ) pourrait présenter la greffe en herbe sur les ar- bres à fruit, je présume que, pratiquée suivant un certain mode, elle-pourrait étre utile à la prompte mise à fruit: c'est Rare un sujet nou- veau d'expérience. Pa outerai encore que lorsqu'on obtient par le semis quelque bonne variété nouvelle et qu'on désire la perpétuer ou la renouveler elle-même par le semis, il me parait expédient, pour hâter son complément de perfection, de la greffer elle- -même , soit sur un autre sujet, soit sur une de ses propres branches, et de se- mer de préférence lés pepins ou noyaux de cette onale greffe. Du cormier ou sorbier (sorbus). On compte quatre espèces de sorbier assez in- téressantes : le cormier cultivé, sorbus domestica, est un assez grand arbre de nos forêts; il croît tres lentement, fructifie à un âge assez avancé et vit fort long-temps. Quoique son bois et son fruit soient fort estimés, on le multiplie peu, à rai- son de la lenteur de sa croissance ; aussi, à cause de sa rareté, son bois, quoique précieux, n’est- il presque Ds dans le commerce , et est souvent remplacé par le chêne et autres. Ce bel arbre, d’un feuillage élégant et léger , fait un effet as- ( 315) sez pittoresque; sa physionomie paraît tout à fait étrangère à ceux qui ne lont jamais vu, et cet effet s’accroit encore à la vue de son joli fruit, que peu de personnes connaissent. On ne peut le manger que dans l’état de blossissement, et je le trouve alors de beaucoup préférable aux nè- Îles et aux alizes: ce fruit fait d’ailleurs un excel- lent cidre. On peut greffer le cormier sur lau- bépine > sur le-poirier , et probablement sur plu- sieurs autres arbres de la même famille : ce serait probablement un moyen de l'améliorer, de le civiliser, etc. Il est à regretter que nos ancêtres ne l’aient pas cultivé dans cette vue, il rivalise- rait probablement aujourd hui avec nos meil- leurs fruits à pepins : j'engage donc les pomicul- teurs à s’en occuper; Cest un peu tard, mais . Vaut mieux tard que jamais. Je ne reviendrai pas sur les procédés à - dans cette amélioration , ils se trouvent suffisam- ment indiqués dans le cours de cet ouvrage. Les autres espèces de sorbier sont le sorbier des oiseaux, le sorbier d Amérique, le sorbier de Suède ou de Laponie, mal à Propos appelé hybride; j je ne connais point assez ces derniers Pour conseiller ou leur culture, ou leur alliance Par l’hybridation avec notre cormier. re Snn — ” ae ere ( 3:6 } Des aliziers, azéroliers , etc. (cratægus , mespilus, etc, ) L’alizier est un assez grand arbre de nos fo- rêts, son bois est rouge et estimé pour la menui- serie, on en compte en France plusieurs espé- ces, je les connais peu, excepté celui dont je mangeais les fruits dans mes bois sous le nom d’alizes; ce fruit est petit, en bouquet, et s€ mange comme les nèfles, le goût en est assez délicat, la culture pourrait le perfectionner, et je pense qu’il se joindrait par la greffe, et s'ab lierait par la fécondation avec les autres aliziers » et d’autres arbres de la même famille. | . L'azérolier offre aussi un très grand nombre d'espèces; la culture d’une d’entre elles paraît avoir été perfectionnée dans le midi de l'Europe, relativement à son fruit, dont on connaît deux variétés, l’une rouge, et l’autre blanche, assez bonnes, dit-on; j'en fi déjà parlé plus haut. La plupart de ces arbres sont employés dans les jat- dins paysagers, pour ornement. Une de ces es- pèces, l’aubépine, offre deux belles variétés? l’une à fleur double, l’autre à fleur rose (je n€ sais Cependant passi cette dernière est réellement | variété ou espèce); je connais trop peu tous ces arbres pour en conseiller la culture , ou Falliance (317 ) par la fécondation comme fructifères , je pense néanmoins qu'ils pourraient être le sujet d’un grand nombre d'expériences intéressantes : je 222 ; > n'ai pas eu le temps de mwen occuper beaucoup; cependant, j'en possède quelques uns, et j'ai fait sur eux quelques essais, mais Er ici sans ré sultats. Du néflier (mespilus germanita). Le néflier, naturel à l'Allemagne et à la France, parait avoir été très peu perfectionné par la culture; il a cependant produit quelques variétés à fruit long, à fruit plus gros et à fruit sans noyau. Le néflier du Japon, ou bibacier, qui n’est Point acclimaté, donne un fruit qu’on dit être assez bon ; cet arbuste peut avoir assez d’analo- gie avec notre néflier pour pouvoir s’allier avec lui par la fécondation: ce serait un moyen de lacclimater et d’avoir des espèces et variétés nouvelles. Je pense que les fruits de ces arbres gagneraient beaucoup par la culture. Le néflier Peut se greffer sur le cognassier, sur diverses es- peces d’azéroliers, d'aliziers, etc. Cette espèce d'a- nalogie donne lieu de croire que tous ces ar- bres peuvent se féconder mutuellement: 4 ce sont des essais à tenter. (318) LEA LAAAESLLLILLALLAGR ét ses SET EEE 7 2 < 2 CHAPITRE IX. DES ARBRES A FRUIT A NOYAU. De amandier (amygdalus) , du pécher (amyg- dalus persica), et de l’amandier-pécher. L'amandier est originaire de la Haute-Asie; il fait l’objet d’une culture importante dans notre Midi. Il réussit assez bien dans le climat de Paris. Il offre plusieurs variétés à coque dure; à coque tendre, amande douce, amande amèré et demi - amère, à gros Étui , à grandes fleurs, etc. | L'amandier sauvage est-il doux ou amer? Y en a-t-il deux espèces? Ce qu'il y a de certain, c'est que l’on peut avoir des amandes amères en en semant des douces , et vice versé. Il est assez singulier que des fruits amers et dangereux par leur amertume soient les congénères de fruits doux et très sains. Il est assez probable que ľa- Mandier à fruit doux est une variété perfec- tionnée, Combien de temps a-t-il fallu pour l’amener à cet état, et de quels moyens s’est-0n servi? Quoi qu'il en soit, ce changement d'amer en doux nous laisse des espérances pour adou- ( 319 ) cir l'amertume du marron d'Inde, du gland, du cerisier-mahaleb, etc. L'amandier est encore susceptible de perfectionnement; lamandier n’a ordinairement qu'une sève, qui commence de bonne heure et finit assez tard. Venu de noyau dans le climat de Paris, il peut fleurir à sa troisième année; mais c’est ordinairement à la Quatrième ou à la cinquième. | Onsen compte plusieurs espèces botaniques, l’'amandier de Tournefort, l’amandier satiné, Tamandier blanchâtre, l'amandier nain, Paman- dier de la Chine. Je crois avoir un hybride de l'amandier nain et de l’amandier commun, il wa point encore fleuri. | Le pêcher est originaire de la Perse et a été apporté, dit-on, du temps des Croisades. J'ai Peine à croire qu'il fût alors amer et dangereux. Depuis ce temps, il a dû subir plusieurs modi- fications, et a produit beaucoup de variétés. Ainsi nous avons aujourd'hui le pêcher nain, le pêcher-catros, ou pleureur, le pêcher à fleur double, et plusieurs variétés de fruits : pêches hâtives, tardives; pêches tendres, telles que la grosse mignonne ; pêches fermes ou pavies', dont le pavie dePompone, d’une grosseur énorme; la . Petite pêche cerise, les pêches lisses, les bru- nons, pêche jaune, pêche violette, pêche blanche, etc., etc. Toutes ces variétés, assez dif- ( 520 ) férentes les unes des autres, ne présentent Cé- pendant pas à mon goût les différences de sa- veur qu'ont entre elles Les diverses poires, les diverses prunes : d'ou je conclus que sa culture n’est pas si ancienne. Dans l'Amérique septen* trionale, où on le cultive principalement pa en ve de l'eau-de-vie, il parait qu’il s’y en trouve des fruits, sinon bons, au moins d’une saveur particulière assez prononcée. Il me sem- ble qu'il serait possible, dans notre climat, de perfectionner ces variétés, et il serait intéressant de nous les procurer. On dit que quelques variétés de pêches se re- produisent par le semis et que d’autres chan“ gent. J'en ai beaucoup semé, et jai vu quen général les espèces se reproduisaient jusqu’à un certain point. Il y a des terrains où le pêcher de noyau vit assez long-temps, et d’autres où il vient trés vite, mais ne dure pas ; et je suis dan5 ce cas : le pêcher peut fleurir et rapporter à 52 troisième année ; mais chez moi la glu le fait pé- rir. La glu est-elle une maladie réelle ou un ac- cident causé par la piqüre d’un insecte? J'ai là: dessus quelques doutes. On attribue souvent au* fourmis le dommage que lui causent les puce” rons. On m'a assuré que des noyaux de grosse mi- gnonne, plantés dans le midi de la France, y ( Bat ) vaient rapporté des pêches fermes, beaucoup moins fermes cependant que celles du pays. Au surplus, il est bon de faire observer que les pé- ches de plein vent sont toujours assez fermes, et qu'il y a une grande différence entre la tige espèce venue en plein vent, ou greffée et plantée en espalier. Dans la vue de prolonger la vie du pêcher; j'en ai greffé en-plein vent sur amandier, cela m'a peu réussi. J'ai essayé d’un autre moyen qui a eu un peu plus de succès, quoique peu mat- qué. J'ai planté en plein vent une amande et un noyau de pêche à six pouces l’un de l'autre, et les ayant greffés en approche; j'ai supprimé en< Suite la tête. de l'amandier. Les pêchers ainsi traités ont vécu un peu plus long - temps, On greffe ordinairement le pêcher sur amandier ou Sur prunier : toutes les informations que jai prises à ce sujet ne m'ont pas appris qu'il y eût aucune différence entre les qualités de leurs fruits respectifs. Ce fait est très remarquable , Car il y a une grande différence entre le brou de l'amande et la chair de la prune, et il prouve que le pêcher greffé sur eux ne participe en rien ni ded’un ni de l'autre; on ne greffe cependant . Pas indifféremment le pêcher sur toutes les es- Peces de pruniers, et nous ne connaissons pas non plus les causes de cette différence. Y aùrait- DE . ( 322 ) il d'ailleurs, pour le semis des noyaux de pêche; quelque différence entre les pêches franches de . pied, greffées sur elles-mêmes, greffées sur aman- dier, ou greffées sur prunier ? Cela pourrait être, et, cela-mérite d'être observé, Le pécher peut aussi së multiplier de marcottes:et même de bou- tures, l'effet qui en résulterait sur les noyaux mériterait la même observation. Le pêcher-de semis se mettant promptement à fruit, les moyens de l’avancer doivent nécessai- rement étrémoins recherchés. Je penserque ceux qué j'ai indiqués lui seraient applicables, modi- fiés cependänt d’après la nature desa végétation- M. Knight en a pratiqué un assez ingénieux que je vais rapporter, quoique je diffère-ün pen avec lui'sur la maniere dont il en explique tes effets. Le pêcher n'a peut-étre fait à Paris de grands progrès dans sa culture que depuis que les Montreuillais Font adopté, et ils ént-réellément poussé sa taille à la perfection; mais. ils n’ont pas cultivé un grand nombre de väriétés , et ils se sont peu occupés de les multipliér; on leur doit. cependant la belle Beausse, qui a retenu le nom d’un de leurs cultivateurs. Cependant, cet objet mériterait d'entrer en considération, et, d’un autre côté , je leur recommanderais encore d'étudier la méthode Sieulle , sinon pour la taille à fruit, au moins pour l'éducation du pêcher. (mi ) Au total, je crois faire sur cet arbre qu'il reste encore beaucoup à Le pêcher peut encore se greffer sur l'aman- dier-pécher, sur le prunier de Briançon , étc: ; Nous ne connaissons pas l'origine de: laman- dier-pécher, je penché à croirequ'il est le‘pro- duit du pêcher fécondé par lama ndier. M: Kan ight a annoncé avoir obtenu un très bon fruit. de l’'amandier fécondé par le pécher. ; ; Notre amandier-pécher ordinaire a, par ses fleurs, ses feuilles et même son fruit, un peu plus de ressemblance avec le pêcher qu'avec Pa- mandier. Son fruit mürit difficilèment et impar- faitentent à Paris, non pas’ précisément par ún défaut de chaleur, mais plutôt parce qu'il est Contrarié par une intempérie quelconque ; et Cependant lorsqu'il màrit, je le trouve fort bon: l'intérieur de sa pulpe est rougeâtre, à la cou- leur et le parfum de la framboise; il mériterait une culture suivie , et pourrait, par suite, nous donner un très bon fruit, et très différent de la pêche. J'ai fait, sur l'amandier-pêcher, un très grand nombre d'expériences dont je vais rendre compte. | FRS L’amaridier-péeher ordinaire ne mapas paru, par le semis, rendre son espèce ; ses parties Sexuelles ne sont pas parfaitement conformées. Dans mes expériences, il s’est toujours trouvé 21. 3 márne + ; 2 TS s FA TA e Sn ER . mer n ete pra SE pwe: = i Le De +40 i "ag BEA a Salainn SEn, ET. ns nn | (324 ) dans le voisinage des amandiers; aurait-il chez moi et même ailleurs reçu leur fécondation, ou est-il de sa nature porté à retourner à l'amandier? M. Knight parait croire que le pécher n’est qu'une variété perfectionnée de amandier , et le fait que je viens de citer militerait en faveur de son opinion; cependant je ne la partage point, et j'en dirai les raisons. Il pense ou parait penser que lorsqu'un hybride est infécond , c’est qu'il est réellement hybride, c’est à dire qu'il est le produit de deux plantes essentiellement diffé- rentes, qu'au contraire lorsqu'il est fécond ou se reproduit par ses graines pendant plusieurs gé- nérations, il n’est point, selon lui, un hybride bien réel, mais simplement le produit de deux variétés d'une seule et même plante : d’où il con- clut que lamandier-pêcher, pouvant se perpétuer par la génération, n’est point véritablement un hybride, mais simplement une variété. J'ai plu- sieurs faits à citer pour combattre cette opinion. On remarque, dans les véritables hybrides, des caractères particuliers et très prononcés qui les distinguent des espèces naturelles, ces caractères wont pas à beaucoup près le même degré dans les faux hybrides ou hybrides de variétés. Si dans les hybrides véritables ou hybrides d’es- pèces, ily en a qui ont les parties de la génération bien conformées et qui se reproduisent aisément, ( 338: il y en a d’autres qui les ont très mal conformées , í etne se reproduisent point, ouau moins trés dit- ficilement, etdontles provenances même ont quel- que chose de bizarre : or c'est ce qui arrive dans les provenances hybrides de l amandier et du pê- cher, et encore: plus dans leurs hybrides compo- Sés; ce qui n'aurait pas lieu si C'étaient de sim- ples varietés. Désirant rapprocher lamandier - pêcher du pêcher , dans le double but de rendre son fruit meilleur, et d’avoir ainsi une espèce de pêcher qui fût, en tant qu'hybride, plus rustique et plus vivace que notre pêcher ordinaire, j’essayai, à Plusieurs reprises, de féconder soit amandier or- dinaire , soit l'amandier-pécher par plusieurs va- riétés de pêcher. Il était naturel de penser pre-* mièrement que l’amandier fécondé par le pêcher me donnerait un amandier-pêcher. Je n’ai point été aussi heureux que M. Knight, soitque mes “expériences aient été contrariées par le voisinage des amandiers et de lamandier- pêcher, qui au- raient pu, par l'expansion de leurs poussières sé- Minales, exercer leur influence, soit que le re- tour à l'amandier convint mieux à ces arbres. J'ai vu qu’en général les produits que j'obtenais, quoique bien caractérisés hybrides, tenaient Plus de lamandier qu’ils n'auraient dù le faire, n calculant les proportions. Je nai donc pu, du ( 326 ) côté du pêcher, obtenir ce que je désirais, et J'Y travaille encore. À | Quant à Tamandier et à l’'amandier-pêcher, fécondés leš uns par les autres, leurs provenan- ces, toujours notablement hybrides, et hybrides d'autant plus composés et d'autant plus bizarres que leurs ascendans l’étaient davantage eux- mêmes, se sont toujours rapprochées le plus pos- sible de l'amandier : j'en possède plusieurs, quel- ques uns différent par le feuillage; jen ai un à feuilles de saule, un autre qui Joue le pleureur: “nautre qui tient du pêcher par le feuillage. Eu général, ceux de ces hybrides qui fructifient ne fruchf ent pas abondamment; ceux qui por- tent des fruits, ont presque de véritables aman- des; mais il en est plusieurs qui, Quoique pa- raissant avoir ‘toutes les parties de la fructifica- tion, les ‘ont si bizarres , qu'ils ne fleurissent _ point ou fleurissent mal, et n’ont pas encore rapporté. J'ai faitivoir ces fleurs aux Sociétés royale et centrale d’agricultufe et d'horticulture: Ces fleurs bizarres , très irrégulières souventsur le même pied, ont leurs pétales aussi en nombre irrégulier, tantôt colorés où incolores; s'ouvrent en général assez mal, portent plusieurs pistils séparés ou réunis > au nombre de sept et même plus ; quelquefois les fruits paraissent nou®s ; mais Je n'en ai enc SRA jamais vu arriver à bien. ( 527 ) L'âge foratil cesser leur stérilité? Cela est dou- teux ; cependant, il faudra voir. Dans leur état actuel, on peut dire que la nâture sa voulu les Len de se perpétuer par un excès de fé- condité, cause lui-même de leur stérilité; il se- rait possible qu'avec l’âge, comme je viens de le dire, un seul de leurs ovaires, survivant à To- blitération des autres, půt amener, un jont son fruit à la perfection. . | La plupart de ces hybrides cdd vigueur qui caractérise l hybridisme, et la bizarrerie générale de leurs parties sexuelles ne peut laisser aueun doute à cetégard.Ceux d’entre eux qui fructifient continuent à se perpétuer, et cependant ce sont des hybrides véritables. | ER: Il existe plusieurs autres ‘faits semblables ; ; łe colza, suivant moi, est un- véritable hybride du chou et du navet: j en ai fait un artificiel, absolument semblable, et qui graine aussi bien que le véritable colza. J'ai aussi fécondé le rai- fort par le chou; et j'ai obtenu un hybride dont les parties sexuelles sont assez bizarres , et ayant un fruit singulier dont Jai aille donné la description. Ce chou-raifort se multi- plie cependant et se perpétue par ses. graines pendant. plusieurs générations. Dira-t-on que TC brassica- et le napus sont deux variétés de la même plante, que le brassica et le raphanus ( 528 ) sont aussi deux variétés? Les botanistes, à cet égard, ne peuvent avoir le moindre doute. Si, depuis la création, on pouvait supposer qu'il y ait eu dans la nature de telles transmutations , autant vaudrait dire qu’une seule plante a pu produire toutes Jes autres. Je pense que, dans cette famille d'arbres, il est possible de faire beaucoup plus, et surtout beaucoup mieux que je mai encore fait. Je vais insérer ici trois notes extraites des œuvres de M. Knight, traduites par M. Cavo- leau, et insérées dans les Annales de l’agricul- ture francaise , relatives à notre sujet. « Tous les jardiniers qui ont donné Ja moindre attention à la culture du pêcher ont dû s’aper- cevoir que, toutes les fois que la partie d’une branche au dessus du fruit est dénuée de feuilles, le fruit mürit rarement, et n'acquiert jamais le degré de bonté auquel il est susceptible de par- venir. Les fleurs réussissent bien sur ces espèces de branches, quelquefois mieux que sur les au- tres parties de l'arbre, et le fruit croît avec une rapidité extraordinaire; mais ensuite il ne peut Mürir. | Au Printemps de l'année dernière’, un pêcher de mon jardin, dont je désirais beaucoup avoir du fruit, avait perdu, par l’inclémence de-la sai- son, toutes ses fleurs, excepté deux, qui se trou- | ( 529 } vaient précisément placées sur des branches sans feuilles. Je désirais beaucoup les conserver et découvrir en même temps pourquoi, en pa- reilles circonstances, les pêchesset les pavies ne mürissent jamais. La cause la plus probable, selon moi, était le défaut de la sève descendante, que les fàil auraient fournie si elles eus- sent existé, et par conséquent l’état morbifique de la branche : je résolus donc de tirer d’une autre sourcé la portion descendante dont mes deux pêches avaient besoin. Afin d'atteindre ce but, les pointes des deux branches qui portaient les fruits furent mises en contact avec d’autres branches du même âge, qui portaient des feuil- les, et l’on enleva, immédiatement au dessus du fruit, une portion d’écorce longue. à peu près de quatre fois le diamètre de la branche. Des plaies semblables furent faites aux branches à feuilles ; les parties dépouillées furent mises en contact et bien assujetties par des liens, les branches ne tardèrent pas à s'unir: et sans dut par suite de cette opération, le fruit parvint à une maturité complète et au plus haut degré de perfection. La conservation des deux pèches est en élle- méme un objettrop peu important pour mériter 3 # 1 NAT 4 > r d occuper l'attention de la Société; mais le résul- tat de mon expérience présente une vue toute (55€ } nouvelle sur les fonctions des feuilles. C'est un faible trait de lumière jeté sur la route obscure que dbivent parcourir les instigateurs de la phy- siologie végétale. » p~ « Un Anglais arrivé de la Nouvelle-Galles mé- ridionale assura, il y a quelques années, qu'un pêcher venu de noyau dans’cette contrée avait produit du fruit à l’âge de six mois sans avoir été greffé. Le silence qu'ont gardé, sur la pré- cocité de la mise à fruit du pêcher, les agricul- teurs français qui ont écrit sur le jardinage; la circonstance, bien connue, qu'il y a toujours un Certain intervalle entre la naissance d’un ar- bre et l’époque à laquelle il est capable de pro- duire des fleurs et des fruits, avaient fait douter de ce fait, et moi-même je l'aurais ‘peut-être re- gardé comme une fable, si je n’avais pas observé précédemment quelques circonstances particu- lières dans la manière d’être des pêchers venus de semis. J'avais observé, entre autres, que ces arbres continuent à végéter tant que la tempé- rature leur est favorable; que leurs feuilles pren nent un caractère particulier presque tous les Mois, de manière qu’à la fin du premier automne elles ne différent en rien de celles d’un arbre tout formé; que ces arbres enfin, tenus dans de tres petits pots, jusqu’à leur huitième mois, et plan” tés ensuite le long d’un mur, à une exposition ( 351 ) très aérée, produisaient du fruit dès leur troi- sième année. Je pensai donc qu'il n ’était pas im- probable qu’à laide de vitraux et d’une chaleur artificielle ‘obtinsse du fruit d’un arbre de deux ans; qu'il n’était pas impossible même d'en ob- tenir d’un arbre d’un an, par un mode de taille particulier. Je dois avouer cependant que lab- sence presque continuelle du soleil dans notre climat m’inspirait un peu de défiance sur le suc- cès de cette dernière tentative. čb Je possédais quelques noyaux de pêches pro- duites par les arbres sur lesquels 7 ] avais fait des expériences, en 1811, pour me procurer des va- riétés précoces, et j'avais l'intention de les se- mer en pots et en serre chaude, au commence- ment de janvier. Je n'avais point deserre chaude, et un de mes amis m'offrit l'usage de la sienne; mais elle était tellêment infestée d'insectes de toute espèce, que je ne voulus pas risquer d? y faire mes semis. Mes noyaux ne furent donce pas soumis à l'influence d'une chaleur artificielle avant le milieu de février, où je commençai à faire du feu dans ma serre à vigne. Les jeunes plantes sortirent de terre au commencement de mars., ét furent tenues sous verre pendant tout l'été et Pautomne, sans aucune chaleur artifi- cielle depuis la, fin,de mai. » Persuadé qu'en plaçant l’âge de la repr oduc- (358) tion dans les arbres à une si grande distance du moment de leur naissance, la nature a voulu leur procurer, dans cet intervalle, les moyens de faire une ample provision de matière organi- sable, avant que la sève soit employée à former des gaits et du fruit, j'adoptai, en conséquence de mes opinions théoriques, un mode de taille et de culture propre à remplir çe but de la na- ture. Les feuilles étant, selon mon opinion, les seuls organes où la véritable sève est formée, je laissai sur chaque plante toutes les branetres la- térales qui pouvaient présenter leurs feuilles à la lumière , sans se croiser et se nuire. Ces bran- ches furent taillées, dans leur jeunesse jusqu’au quatrième ou cinquième œil, et les boutons qui naïssaient dans lės aisselles de feuilles furent détruits aussitôt qu’ils devinrent visibles : ainsi, aucune partie de la sève formée dans ces feuil- les ne fut inutilement employée. Fai prouvé précédemment que, dans de telles circonstances, les feuilles favorisent l’accroissement de la por- tion de tige située entre elles et la terre, etil résulte de ce fait que lon peut donner, à vo- lonté, à la tige une forme pyramidale aussi ré- gulière qu’un ouvrier la donnerait au bois mort, avec le ciseau. [ne faut, pour y parvenir, que proportionner le Le et la position des feuilles à la srosseur que l’on veut donner aux ( 333 ) diverses parties de la tige. J'avais aussi calculé que la véritable sève, qui serait produite par les feuilles de la partie inférieure de la tige et les branches basses , serait employée à la nourriture des racines, et que celle qui serait formée dans les feuilles de la partie supérieure de l'arbre Pourrait contribuer à former des boutons à fruit. Je me bornai donc à raccourcir les bran- ches latérales qui sortirent au sommet de mes ‘jeunes arbres lorsque ceux-ci furent parvenus à la hauteur de sept ou huit pieds, y laissant tous les boutons, dans l'espérance que quelques uns donneraient des fleurs. | » Les pots furent remplis de gazon extrait d'une excellente prairie, dont le sol était d’alluvion. J'avais précédemment employé cette substance avec beaucoup de succès dans des expériences semblables. La terre des pots fut changée trois fois dans le cours de lété, et de nouvelles por- tions de gazon frais y furent ajoutées à chaque fois. 3 | » L'été fut si froid et si nébuleux que je déses- Pérai du succès; résolu néanmoins de recom- mencer cette expérience dans des circonstances plus favorables, je cessai donc de donner à mes pêchers une chaleur artificielle , quoique j’eusse 3 2 projeté d'abord de la continuer jusqu'à Yau- e tomne; néanmoins, jai eu, à la fin de l'au- ( 354 ) tomne, le plaisir inattendu de voir que sur sept arbres qui avaient été l'objet de môn expérience trois étaient munis de boutons à fleurs. Le vo- lume de ces boutons a augmenté successivement et ils ont acquis une telle vigueur que je ne doute nullement qu’ils ne soient capables de produire du fruit. » : Ainsi, l’on ne peut révoquer en doute le récit du planteur de la Nouvelle-Galles méridionale, et il est probable qu’en raccourcissant les bran- ches latérales de son jeune arbre, pour lui don- ner une forme plus agréable, il a exécuté, par hasard, le genre de taille que la théorie m'a fait considérer comme le meilleur. « Lettre de Thomas Andrew Kwnicur, président, au secrétaire de la Société d’horticulture de _ Londres, sur un pécher produit de la semence d’un amandier. Lue à la Société, le 7 octo- bre 1817, et traduite par le même. : » Je vous adresse deux pêches d’une variété nou- velle , que je vous prie de présenter à la prochaine séance de la Société d’horticulture. Ce n’est point pour leur mérite intrinsèque que je vous les en- voie, mais à cause de la singularité de leur ori- gine; car elles sont le produit d’un arbre qui lui- { 535 ) même était issu d’un amandier fécondé par la poussière séminale d'un pécher.Indépendamment des deux que je vous envoie, l'arbre en a pro- duit trois, lesquelles se sont ouvertes naturelle- ment, comme le brou d’une amande qui approche de sa maturité, Les autres ont conservé la forme et tous les caractères de la pêche , leur chair était douce et fondante. L'une d'elles était beaucoup plus grosse que la plus grosse de celles que je vous envoie, car elle avait huit pouces de circon- férence. L'arbre a été élevé dans un pot qui con- tenait à peine un pied carré de terre ; l'expérience a démontré d'ailleurs que les premiers fruits d’un arbre ne sont jamais aussi gros qué les suivans : j'espère donc qu’à l’avenir les fruits de cette va- riété deviendront plus gros. » Le caractère général et la qualité du fruit que je vous envoie, la petitesse du noyau, compara- tivement à l’amande, feront peut-être soupçon- ner à la Société quelque erreur dans mon expé- rience; mais j'affirme qu'il ny en a aucune, qu'il n’a pu même y en avoir, et que le résultat ma autant étonné qu'il l'étonnera elle-même. Je n’avais pas la moindre espérance qu’un arbre capable de produire un fruit aussi fondant que . l'est la pêche pût venir immédiatement d’une amande. J'étais persuadé depuis long-temps qué l'amandier commun et le pêcher ne forment ( 356 ) qu'une même espèce, et qu'une culture convé nable, continuée pendant plusieurs générations successives, peut changer un amandier en pê- cher ou pavie. » Cette idée me semblait une conséquence na- turelle de plusieurs circonstances de l'histoire du pêcher dans les siècles les plus reculés. H ne parait pas que cet arbre ait été connu en Eu- rope, avant le règne de l'empereur Claude; et Columelle est, je crois, celui qui en a d’abord parlé , livre X. Pline est le premier qui en ait donné une description exacte, et il assure que c'est par Rhodes et l'Egypte qu'il a été trans- porté en Italie de la Perse, d’où l’on croit géné- ralement quil est originaire. Il est cependant probable qu'il n'existait en Perse même que peu de siècles avant l’époque de son importation en Europe, autrement il eùt été connu des Grecs, qui entretenaient un commerce habi- tuel avec les Grecs asiatiques et les Perses, et dont plusieurs médecins, tous botanistes, exer- cèrent successivement leur art à la cour de Perse, où ils étaient appelés par les rois de cette con- trée. » Les tubères de Pline paraissent aussi avoir été un fruit intermédiaire entre l'amande et la pêche; car il dit que les arbres qui produisaient ce fruit se propageaient par la greffe súr pru- (337 ) nier (liv. 17, chap: 14); qu'ils Hleuiésaiche plus ‘tard que l’abricotier (liv. 16, chap. 42), etque le fruit lui-même était couvert d’un duvet épais (liv. 15, chap. 14). Il est doncprobableqne ces tubères n'étaient autre chose que de grosses amandes ; car leur mérite, comme fruit , parait avoir été bien médiocre. Duhamel oi d'un fruit qui correspond exactement avec cette des- cription : c'est une variété française de Paman- dier; il le dit très amer et immangeable lors- qu'il est cru (Duhamel, arbres fruitiers, article _ amygdalus) (1). Je pense que cette amertume _ doit être attribuée à la présence de l'acide prus- sique, dont on sait que l’action est nuisible à beaucoup de tempéramens. Ceci explique sans | doute pourquoi la pêche avait généralement.la Téputation d’être malfaisante dans les premiers | temps de sonintroduction dans l'empire romain. Columelle, liv. 13, stipantur calathi, et pomis, quæ barbara Persis miserat (ut ag est) LE armata venenis. | | « L'identité spécifique de la Ste et de l'a: mande, si elle est prouvée, intéresse les jardi- Niers qu'autant qu'ils peuvent y Voir un exemple des grands changemens que la culture-est capa- ble de produire dans la forme`et la qualité des 4 o (1) Cest l’amände-pêche. Notede M. Bosc. 22 F) ES v é | " > mn à GPU ARE 2 rs es nr Et Te CT he 0 RS E T ( 338 ) fruits. En faisant lexpérience qui est le sujet de cette lettre, mon but-unique était de prouver cette identité, et J'étais assez indifférent sur tout autre résultat. Cependant, comme, dans notre -climat, le bois de amandier mürit mieux et plus promptement que celui du pêcher, et que ses fleurs résistent mieux au froid, les observations que j'ai faites sur mes nouvelles variétés me font espérér -quen répétant cette expérience , On pourra obtenir de l'amandier, à.la troisième où “quatrième génération, des variétés de pêches | préférables : à celles que nous possédons. Jusqu’? à ce moment, un seul de mes plants a donné du fruit dont la qualité n'offre pe beaucoup d'es- pérance pour lavenir; mais j'en’ai d'antres qui fleuriront au printemps prochain. Lun d'eux, fils dun pavie violet, a les feuilles larges, Vé- corce violette, et tous les autres caracteres d’une espèce perfectionnée. Il me fait espérer que jau- rai le plaisir de vous envoyer, l'été prochain , des fruits supérieurs en qualité à ceux que vous ve” néz de recevoir. « Je suis, etc. » C 398. Note du secrétaire de la Société. « Les deux pêches Hont il est question dans la lettre ci-dessus ont été très bien dessinées par M. Hooker. Elles étaient parfaitement r rondes, et la plusg grosse avait plus de sept pouces de. cir- Conférence. La peau, couverte d'un duvet é épais i était d’un jaune tendre, légèrement teinte d'un rouge pâle du côté exposé au soleil, avec ‘dés ~ taches d’un rouge -plus foncé, qui produisafent un bel effet. La chair était d’un beau i Jaune-ci- tron pâle, et d’un rouge vif autour du noyau: Elle était fondante , douce, pleine de jus, mais un peu fade, ce-que j'attribue aux accidens éprouvés dans le transport. Le noyau était gros proportionnellement au fruit, presque | ‘rond , avec une petite pointe au sommet, et très ‘räbo- teux. Il avait à sa surface, et en. plus grande quantité, la même espèce de farine que Jon voit. sur les noyaux del amande fraîche. Il se séparait bien de la chair, à laquelle il n'adhérait que p a quelques filamens très courts. » + La premiere de ces notes traite de la greffe -Par approche des branches de pêcher dépour- vues de feuilles; la seconde, de la précocité de la mise à fruit du pêcher; la troisième, d’un Pêcher produit dela semence d’un amandief. La Première de ces notes contient un fait intéres- Sant pour la physiologie : quant à en tirer des ` 2. ( 340 ) conséquences en faveur de la sève descendante , j'avoue que je n'y vois rien ni pour ni -contre 5 on monte et on descend par une échelle par un bout aussi bien que par l'autre, il ne s’agit que de la retourner. (Voir aux art. De la Greffe et de la Bouture, Greffe et Bouture à œil et bois renversé.) Sur la seconde, je dirai que, sans in- firmer en rien les raisons que dorne M. Knight des résultats heureux et intéressans qu'il a ob- tenus dans cette expérience, l'obtention d’un cértain nombre de degrés de ramification qu'il a procurés au pêcher est déjà , dans mon système, une cause-bien réelle de mise à fruit. Je ne me permettrai sur la troisième aucune observation, tel singulier que soit le fait cité, et bien qu'il soit en opposition manifeste avec ce que j'ai vu par moi-même. Au surplus, cela prouve que nous sommes bien loin de connaître les lois d'a- près lesquelles se forment les hybrides, et ce peñidant j'en tirerai, en faveur de mes opinion précédemment émises, la confirmation 1°., d’une part, queles hybrides sont loin d'offrir le terme moyen de ressemblance entre les caractères ré- _Giproques de leurs a$cendans; 20, et, d'autre part, que J’amande-pêche est un Has dont le perfectionnement nous donne de grandes espé- rances. Il est à désirer que Ms Knight continue sur ce sujet ses EXPÉRIENCES intéressantes , et que ( 341 ) les. espèces d’amande-pêche qu'il a ainsi obte- dues nous soient procurées. De l'abricotier (prunus armeniaca). L’abricotier paraît originaire d'Arménie et est cultivé en France depuis long-temps. L'abricot en espalier est insipide et pâteux; mais en plein vent et bien choisi, c’est suivant moi, et à Paris même , un de nos meilleurs fruits. Il y a des va- ' riétés d’abricots à amandes douces, leur culture mériterait d'être suivie. L’abricot-pêche n’est point un hybride, comme on a pu le croire mal à propos, c'est une excellente variété, qui, par le semis, ne paraît pas toujours rendre son espèce, comme quelques autres le font. Je regarde l’abricot du pape ou abricot violet comme un hybride; et son fruit, sans étre très bon, me paraît cependant mériter une place parmi les nôtres. Je pense qu'il est le produit d’un abricot commun, fécondé par une petite prune noire ; si le hasard ou la main de lhybri- dateur fút tombé sur l'abricot-pêche, et la prune de reine-claude, ou de Monsieur, ou même de mirabelle ou Sainte-Catherine, nous aurions, à Coup sûr, aujourd’hui un excellent fruit. J’ engage donc les amateurs à se livrer à cette expérience, je Pai jusqu'à présent tentée sans succès; on pourrait réhybrider l'abricot du pape par une (342) bonne espèce abricot ou de prune. Y aurait-il possibilité allier, par la fécondation, l'abricot, les prunes , les cerises et même la pêche? C'est une question que l'expérience seule peut ré- soudre, _Je possède une trentaine d'abricotiers venus de noyau , ils commencent à rapporter : il me paraît qu'il leur faut, pour fructifier, de cinq à sept ans ; je ne doute pas qu'en Provence cette époque ne füt beaucoup plus rapprochée. Jai- semé en 1821 des noyaux d’abricots du pape, ils ont fleuri en 1828. abricot nous offre donc plusieurs sortes de perfectionnemens dans sa culture, soit par lob- tention d'espèces hybrides, de variétés nouvel- les, et d'espèces ou variétés plus rustiques et mieux acclimatées ; je vais m'occuper de ces ob- jets, mais principalement du dernier, qui est. très important. L'abricot se greffe ordinairement sur prunier. Quel serait l'effet de sa greffe sur lui-même, sur des variétés excellentes de prunes, sur le pës cher, sur l’amandiér , et sur le semis des noyaux qui proviendraient TS ces greffes? Quel serait l'effet de a bouture, de la marcotte, de linci- sion annulaire sur & fruits, ainsi que sur les noyaux ? On obtiendrait MAT Fée là des variétés de saveur ét d’ époque. (343 ) L’hybridation entre espèces et entre variétés très différentes est aussi, comme moyen de se procurer des individus rustiques et vigoureux , une cause d’acclimatation. | L’abricotier fleurit trop tôt, et c’est une des raisons de la rareté de son produit. T’hor- ticulture, qui nous fournit quelques moyens d'avoir des variétés hâtives, est peu riche en moyens retardateurs. Il est cependant quel- ques faits connus, qui pourraient nous faci- liter cette recherche; les graines importées du Midi sont hâtives chez nous, et les graines im- portées du Nord paraissent tardives: il serait donc expédient, suivant moi, de tirer des noyaux des variétés les plus tardives des pays les plus sep- lentrionaux par rapport à nous, où labricot se cultive en pleine terre, même par le secours des abris, et de les semer ici dans les exposi- tions et les terrains les plus froids ; il est pro- bable que nous obtiendrions ainsi des variétés tardives à pousser et à fleurir. (Voir, à ce sujet, une Notice de M. Vilmorin , Annales d’horticul- ture, août 1829.) Du prunier. ` Le prunier, prunus , genre de plantes de Pico- sandrie monogynie et de la famille des rosacées, Qui renferme dix à douze arbres, dont un est, à ( 344 ) raison de ses fruits,qui offrentune grande quan- tité de variétés, l’objet d’une culture de grande importance pour la France. Je ne puis donc me dispenser de donner quelque étendue à l’article qui le concerne, quoique, pour ne pas fatiguer le lecteur, jaie particulièrement traité du ceri- sier, qui, selon tous les botanistes modernes , ne peut pas en être séparé. Les véritables pruniers sont tous: des. arbh ou des arbustes dont les feuilles sont-alternes; pétiolées , ovales, dentées, accompagnées de Stipules, et munies de glandes à leur base, dont les fleurs sont solitaires à l'extrémité de pétioles isolés ou réunis plusieurs ensemble au dessus du point d'attache des feuilles de l’année précé- dente. Leurs fruits varient dans la plupart des nuances du rouge, du bleu, du jaune et du vert. ilen est de même du blanc. Ils varient également par leur saveur, tantôt très âpre, tantôt très douce et très sucrée, tantôt acide, enfin tantôt fade, ainsi que par leur forme-et leur grosseur: Le prunier cultivé, prunus domestica, Tin, est un arbre médiocre, dont les racines sont traçantes ; l'écorce brune, velue dans la jeunesse, crevassée dans la vieillesse; dont les rameaux poussent d'abord droit-et vigoureusement, mais ne tardent Pas à se déformer.et à se modérer ; dont les feuilles sont oyales-oblongues, ridées ( 345. ) etlégèrement velues ; dont les fleurs sont blan- ches et se développent en même temps que les feuilles. On le croit originaire de l'Orient; mais on le cultive depuis si long-temps en France, qu'il y est Comme naturalisé, et qu’on le trouve sou- vent sauvage dans les bois et les buissons. Beaucoup de botanistes regardent le prunier que Linnæus a appelé prunus insititia ; espèce qui croît naturellement dans les parties méri- dionales de la France , comme le type des pruniers cultivés : la spinescence de ses vieux rameaux n'est pas un motif de repousser cette opinion. #r Ainsi que tous les arbres anciennement culti- Vés, le prunier a fourni, comme je l'ai dit plus haut, une grande quantité de variétés qui diffe- rent par l’époque de leur maturité, ainsi que par ieur forme, leur couleur, leur grosseur, leur saveur, etc. Il n’est point de pays isolé, c’est à dire dont les cultivateurs communiquent peu ti détièrs , OÙ on n’en trouve de particulières ; j'en ai mangé souvent dans mes voyages, que je n'ai pu rapporter à celles qui sont décrites par Duhamel , et cultivées dans les jardins des envi- ons de Paris. | L'Amérique septentrionale, où nous avons fait Passer nos variétés de prunes, nous en renvoie Actuellement de nouvelles. On en cultive déjà (346) deux au Jardin du Muséum, l’une appelée noire fondante, et l’autre rouge et blanche. Cette der- nière est très sucrée et très tardive. Quelques variétés de prunes, comme la quets- che, le perdrigon blanc, la reine-claude, la Sainte-Catherine, le damas rouge, et peut-être d’autres, se reproduisent par le semis de leurs noyaux; mais la plupart ne peuvent être propa- gées que par la greffe. Il semblerait que les noyaux de toutes les va riétés devraient donner des sujets propres à les greffer; cependant il wen est pas ainsi. Les pé- piniéristes ont remarqué que les variétés les plus voisines de l'état sauvage étaient exclusive- ment convenables. On ne peut pas facilement rendre raison de cette singularité; mais il n'y à rien à dire contre les résultats d’une expérience qui n’a pas encore été contredite par des obser- vations positives, En conséquence, je vais indi- quer ces variétés : les corisettes, bianche et rouge; les Saint-Julien, gros et petit, le damas gros et petit: ces derniers serventplus particuliè- rement à écussonner le pêcher, étant trop faibles Pour les prunes et les abricots. Il est des variétés | d’ abricotiers qui réussissent mieux sur des var | riétés Perfectionnées de pruniers que sur celles | dont il vient d’être question. ; Le janet est une: variété à demi sauvage, SUr 347.) laquelle on greffe, aux environs de Paris, les pêchers destinés aux terrains frais. Le fruit qui naît sur les pieds ainsi greffés est bon, mais peu abondant, d’après l'observation des cultivateurs de Montreuil. Autrefois on greffait souvent les pruniers, pour les tenir nains, sur le prunellier , prunus spinosa; mais on y a renoncé, parce qu'ils étaient sujets à se décoller , et qu’il se formait ‘un bourrélet désagréable à Pendroit de la greffe. Il est cependant des cas où ces inconvéniens doivent être peu sensibles, et où il doit être avantageux de revenir à cette pratique. Les autres espèces de pruniers propres à la France, ou étrangères et cultivées dans les jar- dins des environs de Paris, sont : | Le prunier épineux , ou prunellier , ou épine noire , qui croit abondamment dans les bois et les haies des parties moyennes et septentrionales _ de la France. C’est un arbrisseau de dix à douze pieds de haut, dont les rameaux deviennent épi- neux; dont l'écorce est brune, les feuilles lau- céolées et vélues en dessous. Ses fleurs, blanches etlésèrement odorantes , S ‘ouvrent de très bonne Mere: ses fruits, de cinq à six lignes de dia- mètre, sont noirs et ne mürissent que bien avant dans l'hiver; ils sont trés à àpres et très peu Charnus : les enfañs les mangent, beaucoup de (348) quadrupèdes et d'oiseaux les recherchent : on en fabrique une boisson dont les pauvres se con- tentent dans certains pays; on les appelle pru- nelle, senelle, etc. Le prunier de Briançon a les feuilles presque rondes, deux fois dentées; les fleurs réunies en bouquets et les fruits jaunâtres. Il croît dans les Hautes-Alpes , et s'élève à six ou huit pieds. C’est des noyaux de son fruit qu’on tire cette huile de marmotte, sirecherchée par son odeur agréable de noyau, et qui se vend deux fois plus cher que celle d'olive. On peut tirer un grand parti de cette espèce pour utiliser les cantons pier- reux, les fentes des rochers, pour arrêter la fougue des torrens. Son fruit n’est pas bon à manger, mais il peut servir à faire de l’eau-de-vie. Cet arbre, dont on doit la connaissance aubo- taniste, Villars, commence à se trouver dans les jardins des environs de Paris ; mais il ne sera ja- mais utile de Fy cultiver, si ce n’est pour reces voir la greffe d’autres espèces. : Le prunier-mirobolan, prunus cerasifera s Wild., a les rameaux peu épineux; les feuilles elliptiques, glabres; les fruits solitaires et pen- dans. Il est originaire de l Amérique septentrio: nale: On le cultive fréquemment dans les pépi nières, non pour son fruit, de. la grosseur et de la couleur d'unecerise commune, mais à raison ( 549 ) | de la précocité et de libondance de ses fleurs. Son fruit se mange, quoique peu agréable; on le multiplie par le semis de ses noyaux, ou, mieux, par sa greffe sur le prunier commun. Le prunier de Chicasas a les rameaux épineux; les feuilles ovales, aiguës; les fruits petits, ronds _étjaunes. Il a été apporté dans la Caroline par les naturels , dont il porte le nom. Ses fruits mů- rissent en été et sont fort abondans : on en fait dés confitures sèches, qui se conservent fort bien une année sur l’autre, et que j'ai trouvées fort bonnes. Il ne s'élève pas à plus de dix à douze pieds. | Le prunier hiémal a les rameaux non épi- ' neux; les stipules linéaires et divisées; les feuilles je: oblongues :ilest rire de? Amérique septentrionale. | Be prunier acuminé, à feuilles de pêcher, a des épines longues et recourbées, des feuilles lan- céolées et très aiguës; des fruits ovales : on le trouve dans le même pays que le précédent. Le prùnier à fruits ronds a les feuilles ovales, oblongues , velues; les bourgeons également ve: lus; le fruit sphérique. H est originaire de la Caroline: Ces trois espèces se cultivent dans les pépi- niètes, et sont duês à Michaux. Je ne les connais Pas assez pour ën rien dire. ( 350) Le prunier de Chine a les tiges très orêles ; les feuilles lancéolées, rugueuses et les fleurs sess siles. Il est originaire de Chine, où on emploie sa variété double à ornement des jardins. Aujour- dhui on cultive cette même variété dans. les nô- tres, où elle se fait remarquer par la grandeur et le nombre de ses fleurs, les tiges en étant en- tièrement couvertes. On ne peut trop multiplier ce charmant arbuste , qui se greffe sur le pru- nier commun et qui se place dans les corbeilles des” jardins .paysagers: On l'a confondu long- temps avec l'amandier nain, quoiqu'il en dif- fère beaucoup. Ses tiges sont à peine hautes de deux. pieds et ses fleurs sont roses. Le prunier couché a les rameaux non épineux, couchés ; les feuilles ovales, très ragueuses, très velues ; les fleurs rouges et les fruits de deux ou trois lignes de diamètre. Il est originaire du Liban, d’où il a été rapporté par la Billardiere- On le cultive aujourd’hui en pleine terre dans les jardins des environs de Paris.C’estun arbris seau très élégant et qui est d’un charmant as- pect lorsqu'il est en. fleur et greffé à un pied de terre sur le prunier commun. (M: Bosc a fourni cette notice.) | À ces pruniers , il faut joindre le prünaus coco- milla ou prunellier de la Calabre, dont le fruit est de moyenne grosseur : M. Vilmorin l’a chez lui. ( 351) Quoiqu'on ne puisse absolument nier que toutes nos espèces et variétés de prunes connues aient une souche primitive unique 5 j avoue que _ j'aipeineäle croire: Peut-on supposer cetté iden- tité de toutes nos prunes „si différentes les unes des autres par leur couleur ; leur grosseur et la diversité des arbres qui les portent; par leur dit- férence de grandeur, de spinescence, etc.?11 fau- drait avoir observé sur place le prunus insititia , gu, dit-on, croit naturellement dans le midi de la France, pour apprécier son identité avec nos pruniers, ce qui serait encore fort difficile. L'origine de plusieurs petites espèces, telles que la mirabelle et autres ,ne pourrait-elle pas être attribuée à notre prunellier? J'ai observé, dans mes bois, deux variétés où espèces de ce pri: nellier, dont je crois qu'aucun. botaniste ‘n'a parlé; je ne sais jusqu’à quel point elles ont été soumises à la culture: il y en a une variété à fleur semi-double; c'est un indice de domesticité. Le prunier parait très anciennement cultivé, et lön est d'accord que beaucoup de bonnes espèces nous sont étrangéres , et peuvent en Conséquence devoir leur origine à un prunier Sauvage différent du nôtre; et Puisque nous comptons seulement en France trois ou quatre espèces botaniques distinctes , que l'Amérique “Ptentrionale en compte biên davantage, il est | ( 352 ) probable que les diverses parties de l’ancien con- tinent doivent en renfermer un grand nombre d’autres. Il en-est, dans nos variétés, qui repro- duisent leur espèce parle semis, doit-on attri- buer cet effet à une origine particulière à cha- cune d'elles, ou à une propagation pure et sans mélange d’une simple variété pendant plusieurs générations, par le semis ?. Ce point estämpor- tant à éclaircir, non-pas seulement pour le pru- nier; mais pour presque tous nos végétaux do- mestiques , et je ne connais guère , à cet égard, de renseignemens certains et positifs. Comme entre toutes nos variétés , quoique différentes, il y a cependant.aussi des analogies, il est possible et même probable que, bien que d'origine par- ticulière dans le principe, vu leur grand nombre _a K _à Fe | que lon appelle griottes et cerises aigres daus les départemens, lont tendre et aqueuse. Hs ont trois sortes de boutons, ceux à bois, ceux à feuilles, et ceux à fruit. 357 ) Le cerisier-merisier, (prunus avium, Lin.) est un arbre de première grandeur, d'un su- perbe port, qu’on trouve fréquemment dans nos forêts et qui s’accommode de presque: tous les ierrains. On l'emploie à à la charpente et dans la menuiserie. Les fruits dn merisier ou merises, quoique peu abondamment pourvus de chair, sont une nourriture aussi agréable que saine : outre leurs autres usages, ils servent particu- . lièrement à faire le kirschenwasser, communé- ment kirsch. Ces fruits offrent beaucoup de va- riétés pour la grosseur, la forme, la saveur, la couleur; les plus communs sont les rouges et _ les noirs: il en est de très-sucrés, et d’autres qui sont plus ou moins amers. La quantité de merisiers qu’on emploie chaque année, pour la greffe, dans les grandes pépi- nières, est très considérable, parce que les di- verses variétés de cerisiers se greffent rarement sur d’autres arbres, et que les noyaux de cés va- riétés sont d'autant plus s souvent infertiles „qu'ils éloignent davantage du type. originel. 11 ÿ a assez de différence entre lesmerisiers à fruit rouge et à fruit noir, pour qu ’on les distingue en.tout temps. Le premier pousse beaucoup plus vigou- reusement; ses feuilles sont plus larges , plus profondément dentées et plus päles. On est par- venu, par la culture, à faire doubler les’ fleurs ( 358 ) du merisier. Cet arbre devient alors un objet d'agrément des plus intéressans pour les jardins paysagers: Il est principalement remarquable pour les botanistes, en ce que ses fleurs con- servent beaucoup d'étamines ét que le pistil est monstrueux. De nombreuses variétés sont sorties du meri- sier ,les guigniers et les bigarreautiers, qui toutes deux ont le fruit en cœur. Les fruits des gui- gniers sont généralement à demi mous et d’une difficile conservation, Leurs feuilles sont longues et pointues ; leurs branches s'élèvent presque perpendiculairement; leur bois diffère peu de celui du merisier. Deux variétés très remar- quables s’ofirent dans les guigniers : le guignier de quatre à six livres, ou à feuilles de tabac, va- riété venue de Hollande, remarquable par la “grandeur de ses feuilles, de près d’un pied de long sur moitié de largeur; son fruit est d'un rouge vif, un peu plus large que long, et d’en- viron un pouce de diamètre ; il n’a d’ailleurs pas répondu à lattente des amateurs, et ne mérite d’être cultivé que par curiosité; il faut encore noter pour le même objet le guigniér à rameaux pendans , remarquable par cette disposition, et dont le fruit d'ailleurs est médiocre. Les fruits des bigarreautiers sont gros, oblongs; leur chair est ferme, blanche ou rouge (quelquefois ( 359 } > même assez sèche, mais très sucrée), d'assez difficile digestion, et sujette à être piquée de vers, Leurs branches sont presque horizontales; leurs feuilles grandes, longues et très pen- dantes. Les guigniers et bigarreautiers donnent, en certaines années, des fruits dont les noyaux sont bons à semer; ils peuvent donc se repro- duire jusqu'à un certain point, et être greffés avec avantage sur eux-mêmes; mais On préfère généralement les placer sur le merisier; en les greffant sur griottier, on n'obtient que des arbres fertiles et de peu de durée: aussi ne le fait-on que lorsqu'on veut avoir des espaliers ou des quenouilles , manière peu employée. Le cerisier-griottier (prunus Cerasus , Lin.) est un arbre de moyenne taille, dont les branches forment naturellement une tête sphérique; ce qui le distingue à la première vue et de fort loin du merisier, avec lequel il est cependant con- fondu. De plus, ses feuilles sont plus fermes sur leur pétiole, moins grandes , d'un vert plus foncé, et les fleurs plus petites, mais plus ou- vertes; il est originaire de lAsie-Mineure, et peut-être de la Hongrie et contrées voisines. On le cultive en Europe depuis près de deux mille ans ; aussi forme-t-il une quantité considérable de variétés jardinières. Son bois n’est employé que pour le tour et à quelques petits ouvrages ( 360 ) de menuiserie, ou à brûler, et il répand, en brülant, ainsi que le merisier, une odeur assez forte. Les fruits des cerisiers-griottiers, ou pro- prement des cerisiers , sont ronds avec un sillon peu marqué. Leur chair est tendre et molle ou très aqueuse, leur saveur généralement acide et austère. Leur eau est tantôt blanche, tantôt co- lorée; ce qui donne lieu à deux divisions, dont la dernière, celle à eau colorée, est composée d’un petit nombre de variétés , auxquelles quel- quesauteurs appliquent particulièrement le nom de griottier. Dans la première division, je no- teraï le griottier franc ou commun , ou cerisier commun; il provient du semis des noyaux des autres variétés; il est plus vigoureux qu'elles, mais les cerises qu'il donne sont plus petites et plus acerbes. En conséquence, on l’emploie prin- cipalement comme sujet pour la greffe et de ces variétés et de celles des merisiers. On préfère gé- néralement, dans les pépinières , le merisier pour cetté opération, ainsi que je lai déjà dit; cepen- dant la greffe des bonnes variétés de griottier sur franc.doit produire des résultats avantageux re- lativement à la qualité du fruit. | Quant au cerisier-griottier sauvageon, c’est à direqui n'est jamais sorti des-bois, iln’a pas en core été décrit par les botanistes. Peut être Pal- las, Michaux , Olivier l’ont-ils vu sur les bords de ( 361 ) | la Mer:Noire; mais ils n’ont pas fait attention aux légères différences qu'il présente quand on le compare au cultivé. Le grlottier nain précoce , Duh., s'élève de six à huit pieds au plus. Toutes ses parties sont plus petites que dans les autres variétés, et son fruit par conséquent. Ce dernier a la peau d'un rouge foncé du côté du soleil, la chair blanchâtre, for- tement acide et même un peu âpre. Il mürit dans -le courant de mai, et c’est son seul mérite. La flexibilité et la longueur de ses branches le ren- dant propre à l’espalier, c’est principalement pour lui qu’il est bon de semer des noyaux de griottier, ou d'arracher les drageons de ceux qui sont francs de pied; car il s’emporterait trop;si « on le plaçait sur merisier. Quelques personnes conseillent de le greffer sur le cerisier de Sainte- Lies mais on s’y refuse assez généralement, dans la persuasion que le fruit deviendrait å apre et- désagréable. Le griottier royäl, khepydtik, ou mayduk, ou royal hatif. C’est proprement la cerise d’Angle- terre des environs de Paris, une des meilleures qu’on y cultive. Son fruit est gros, un peu com- primé par ses deux extrémités, avec la queue imédiocrement longue, toute verte, et pourvue d’une très petite feuille vers le tiers de sa lon- gueur; sa peau est d’un rouge brun; sa chair # + d 4 à b EE l; H j < Ji # A E 24 % pei # ~ U o AR f Wi 17i 4 “à $ e R £ IRCO G fF j Be # É E ‘4 z 11, F4 k { ? FE h ig à F4 iè á i #4 rE F la ( 362 } rouge , un peu ferme, très douce; son noyau un peu inégal. Il mürit en mai ou en juin. j Cet arbre, d'une grosseur au dessus de la moyenne, charge beaucoup. Il diffère extrême- ment peu, pour les caractères, d’une autre variété qu'on appelle du même nom, mais dont les fruits ne mürissent qu'en septembre. On le place ordinairement en espalier comme le précédent, ou au moins contre un abri, qui concourt à hå- ter encore la maturité de son fruit. On le greffe sur un franc de griottier. J'ai trouvé une grande variation dans la qualité de son fruit, variation qui tient probablement-autant à la nature du sujet sur lequel on Yavait greffé, qu’à celle du terrain où on l'avait placé. Le griottier commun, hâtif, Duh. Tl s'élève beaucoup plus que les précédens, et est chargé de longs rameaux pendans. Ses fruits sont d’une médiocre grosseur et d’un rouge vif; leur chair est blanche et fort acide; leur noyau presque rond. Ces fruits mürissent à la fin de mai ou au commencement de juin. C’est lui qu’on cultive le plus dans les environs de Paris; c’est à dire que c'est lui qui fournit proprement ce qu'on ap= pelle Simplement la cerise dans les marchés de cette villes On en plante beaucoup dans les ter- rains secs et chauds, dans les sables les: plus arides, où il s'élève peu, mais fournit des fruits ( 363 ) plus hâtifs. Là, on en voit souvent qui sont francs de pied et qui fournissent des rejetons plus qu’il wen faut pour sa multiplication. Dans les terres fortes, on le greffe sur merisiérs, ou sur ses variétés cultivées. Il est très rare qu'on le mette en espalier. Quoique son fruit soit infé- rieur à d’autres, il mérite d’être cultivé à raison de sa précocité et de sa fécondité; car il n’est pas rare de voir des troches de six à huit fruits. + Le griottier commun, Duh., diffère extrême- ment peu du précédent; seulement, son fruit est plus acide et mürit quelques jours plus tard. Duhamel le regarde comme le type de l'espèce, et par là le confond avec le sr, franc, ‘dont il n’est au reste, sans doute, qu’une légère Variété. On le cultive très fréquemment, ou, mieux, on le laisse venir; car rarement on le greffe, quoique cette opération l'améliore beau- coup. Tl pousse prodigieusement de drageons | lorsqu'il se trouve dans une terre sablonneuse, et que ses racines sont dans le cas d’être blessées par le soc ou par la bêche. C'est par ses dra- geons qu’on le multiplie. : Le griottier à lat feuille a uné feuille sur le Pétiole du fruit, qui est petit, très acide et même âpre. On dit qu'il se trouve dans les bois; mais certainement il n’y est pas naturel, car il appar- C 364 ) tient à une espèce exotique, et la monstruosité qui le caractérise prouve qu'il a passé par les mains de l'homme. Il est probable que cette va- riéte provient de noyaux. du précédent, semés par les oiseaux. Au reste, il faudrait la voir. Duhamel parle aussi d’une cerise à la feuille; mais celle-ci est grosse et a la forme d’une gui- gne. On ne la mange qu'en compote. Elle mürit à la mi-juillet. On ne la connaît pas dans les pé- pinières des environs de Paris. -Le griottier à trochet, Duh. Ses fruits sont de médiocre grosseur, d’un rouge foncé, d’une chair délicate, mais très acide. Ils sont si nom- breux, que les branches succombent quelque- fois sous eux. Le griottier à bouquets, Duh., est fort remar- quable en ce que sa fleur a jusqu’à douze pis- ` tils, dont la-plupart avortent, mais qui pro- duisent toujours deux, trois, quatre à cinq fruits sessiles à l’extrémité d’un pétiole commu assez long: Ces fruits mürissent en juiu. Cette monstruosité devrait former un genre aux yeux d'un botaniste qui la trouverait au milieu des forêts de læHaute-Asie. | Le griottier de Montmorenci ordinaire, ou le gobet, Duh. Sa fleur est plus grande que celle - du suivant, et son fruit est moins gros et moins comprimé ; d'un rouge plus foncé, et plus bâtif { 365 ) d'environ quinze jours; ce qui fait son plus grand mérite. 3 | Le griottier de Montmorenci ; à gros fruit, Dub. > gros gobet, ou gobet à courte queue , ou, dans les départemens , cerise de Vilaine, cerisier Coulard , cerise de Kent, a les fruits très gros très als: à ses deux extrémités, dont la peau est d'un beau rouge vif, la chair d’un blanc jau- nâtre, peu acide et agréable au goût, le noyau blanc et petit. Ce fruit mûrit en juillet; il est re- marquable par le peu de longueur et la grosseur de sa queue. Le cerisier de Montmorenci devient rare dans la vallée quilni a donné son nom, parce qu'il Charge peu et qu'il est tardif. Les cultivateurs disent qu’il ne donne son fruit que lorsque les Parisiens sont rassasiés de cerises; et cela est Vrai. Cependant, c'est un des meilleurs à conser- ver, à raison de la beauté et de la bonté de son fruit, quiest préféréà la plupart des autres, pour faire des cerises à l'eau-de-vie, des confitures pour sécher, etc., etc. Tout. amateur de fruit doit donc en avoir dans son jardin de greffés Sur merisiers; car ceux venus de drageons sont Sujets à dégénérer. Le griottier royal, khery duk tardif, ou mieux 4olsmanduk , ne diffèrent presque du ( 366 ) kheryduk hâtif que par l'époque de sa matu- rité, qui a lieu au commencement de juillet. Quelques amateurs distinguent deux variétés sous ces deux noms, -dont la première aurait son fruit plus acide que la seconde. Ce sont au reste deux belles espèces, importantes à muülti- plier, mais qui ont le grave inconvénient de mů- rir tres tard. Le griottier-guigne. Le fruit est généralement confondu avec: la précédente variété et la sui- vante, sous le nom de Cerise d’ Angleterre : elle mérite d’être plus généralement cultivée. Le griottier royal ou Nouveau d'Angleterre a un fruit un peu plus -arrondi et moins rouge que celui du précédent dont il provient sans doute. Il mürit bien plus tard, puisque quel- quefois l'arbre est encore en fleur en juillet, Legriottiermarasquin.Sonfruitestpetitetacide. Il vient de la Dalmatie et se cultive dans quelques jardins de Paris, entre autres chez Cels. On pour- rait croire que c’est le type sauvage des griottiers mais il faudrait avoir, sur la manière dont il croit daris son pays natal, des renseignemens plus cer- tains que ceux que nous avons. Quoi qu’il en soit; il paraît que c’est avec son fruit qu’on fabrique à Zara Cette excellente liqueur de table que l'on ap- pelle marasquin de Zara, ou , MIEUX, rossolis. ( 367 ) Le griottier de la Toussaint, ou de septembre, ou tardif, est remarquable en ce que ses; fleurs sont insérées dans les aisselles des feuilles: de longs bourgeons pendans, et qu'elles se déve- loppent successivement pendant tout lété, Ses fleurs sont solitaires ou géminées, et por- tées sur. de longs pédoncules très grêles. Ses fruits sont petits, ont la peau dure, la chair acide et peu agréable. Il ne fleurit quelquefois qu’à la fin de septembre:Il ne mérite pas d’être cultivé dans les järdins fruitiers, mais beaucoup dans ceux d'agrément, à cause des singularités qu'il présente. On lui voit en même temps des fleurs et des fruits dans tous les degrés de ma- turité. Les bourgeons qui en ont donné se des- sèchent pendant l'hiver, et il en naît d’autres au printemps suivant. Cette variété, qui s'écarte si fort des lois de-la nature, mérite d’être étu- diée par ceux qui- s'occupent spécialement de la physiologie végétale. On peut dire que réelle- ment il n’a pas de boutons à feuilles, quoiqu'il soit chargé de ces dernières comme les autres, Puisque ses bourgeons sortent tous de Loan à fleurs. Cet arbre a besoin d’être fréquemment réglé par la serpette, car il chiffonne beaucoup et n’a de grâce qu autant qu’il a peu de branches €t que ses branches retombent sans obstacles. ( 368 ) Il s'élève peu; on le greffe ordinairement sur merisiêr. Le griottier du Nord, nouvelle espèce éncoré plus tardive que la presidene: mais qui ne s'é- carte pas, comme elle, de la nature des cerisiers- Elle se cultive dans quelques pépinières; ses fruits sont fort aigres et ne méritent aucun in“ térét. i Le griottier de Portugal, ou royal archiduc; a le fruit très gros, aplati par les extrémités, et d’un beau rouge noir; sa chair est fermeet d'un beau rouge, légèrément amère et” excellente: Quelques personñesappellent cette variété royal de Hollande, royal archiduc, œt la confondent avec le griottier de Hollande , dont la chair est à peine colorée. C’est une des meilleures cerises. Elle a quelquefois près d’un pouce de diamètre: L'arbre ne s'élève pas extrêmement, mais pousse des bourgeons remarquables par leur lon- gueur. Le griottier à fleurs doubles est inférieur pour la largeur des fleurs aù merisier du mêmenom; mais cependant comme ila un port différent, Or trouve des “cas où il brille même à côté de lui“ On le multiplie par la greffe sur le merisier, 0" plus souvent sur le mahaleb, comme je le dirai plus bas. { 560 ) 2 Le griottier à fleurs semi-doubles. Celui-ci est Plus généralement cultivé, parce qu’il a presque tous les agrémens du précédent, et donne en- core des fruits. Souvent il y a déux pistils et alors les fruits sont jumeaux. Souvent encore, le ou les pistils se changent en petites feuilles vertes, et alors il n’y a pas de fruit. Cette der- nière monstruosité n’a pas été assez remarquée Peut-être par les physiologistes. ; - Le griottier à fleurs de pêcher, ou de saule, ou de balsamine , à gros ou à petit fruit, n’est re- marquable que par la forme de ses feuilles. Le griottier à feuilles panachées est peu re- cherché. Ces quatre variétés ne se placent que dans les jardins d'agrément, où elles font plus ou moins d'effet, selon qu’on sait les faire con- traster avec d’autres arbres. Un amateur du jardinage, qui habite la Fran- conie, le baron de Truchsess, a réuni toutes les variétés de cerisiers qu’il a pu se procurer, et elles se montent à soixante-quinze; M. Calvel vient d'en donner la nomenclature, je crois Superflu de les donner ici. Sans doute, comme Tobserve ce dernier, dans cette nomenclature Sont comprises toutes celles. de France, sous leurs dénominations propres ou sous leurs dé- Nominations étrangères;, mais il y en a nécessai- rement beaucoup qui doivent nous être incon- 24 ( 570 ) nues. D'ailleurs, cette nomenclature indique une nouvelle division de cerises, qu’il ne peut être qu'agréable aux cultivateurs de connaître, €t comme des greffes de ces variétés ont été envoy ées au Jardin du Muséum et à la Pépinière du Luxem- bourg , où elles ont réussi, il est probable que bientôt on sera à portée de faire la concordance des synonymies française et allemande, dans les cas où elles different. La majeure partie des cerisiers se multiplie et se reproduit de noyaux, et encore plus rap” dement par rejetons, qu’ils poussent abondam- ment, surtout lorsqu'ils sont dans un sol léger. Cette dernière méthode, quoique la plus em- ployée, devrait être proscrite, parce qu'il en résulte des arbres qui poussent tant de rejetons qu'ils s’épuisent promptement. On a aussi, re- marqué qu'ils étaient plus sujets à la gomme; ce qui annonce une faiblesse dans les organes. Lorsqu'on veut faire un semis de cerises €! principalement de griottes, il ne faut pas l'effec- tuer sans s'être assuré si les amandes sont bon- nes; car, comme je l'ai dit, on pourrait travail- ler en pure perte, leurs noyaux étant souvent vides. On doit aussi toujours préférer les fruits crus sur les arbres les plus vigoureux. Les semis de griottiers doivent s "effectuer, comme ceux des merisiers, aussitôt-que le fruit (37: ) est st parfaitement mur. Ils se font et se pénis: de même. | On greffe les graniers sur eux-mêmes ou sur merisiers. Dans ce dernier cas, ils deviennent de plus beaux arbres et durent plus long-temps, Surtout si les sujets sont ne de noyaux, et qu is appartiennent à la variété noire, comme je l'ai déjà annoncé. On les greffe aussi sur ma- haleb; mais les fruits qui en résaltent se sentent de cette alliance : ils sont acerbes et de mauvais goût. Cependant, d'après l'observation de M. Des- cemet, qui doit faire autorité dans cé cas, et, d'après celle d'Antoine Richard, it suffit de gref- fer deux fois consécutives une de ses variétés ; Pour qu'elle reprenne toute sa qualité. Je n'ai Pas encore pu prendre, par ma propre expé- rience, une opinion positive sur ce fait. Quoi qu'il en soit, on réserve généralement cet arbre pour greffer les cerisiers à fleurs doubles qu’on veut placer dans de très mauvais terrains; comme je le dirai plas bas. > x Les autres espèces de cerisiers sont au nom- bre d'environ vingt, parmi lesquelles je vais pas- ser en revue celles qui sont le plus fréquem- ment cultivées dans les jardins d'agrément ou Qui ont quelques propriétés utiles. Le cerisier de Te a les feuilles lan- De ( 572 ) céolées, aiguës, glabres, avec deux glandes rouges à leur base; les fleurs petites et dispo- sées en ombelle, presque sessiles sur le vieux bois. Il est originaire de l'Amérique septentrio- nale, et se cultive dans quelques jardins des en- virons de Paris, uniquement par curiosité; car” il ressemble infiniment au cerisier-merisier, et donne bien moins de fruits , et des fruits moins agréables, On len distingue, pendant hiver, à son écorce plus rouge, ponctuée de blanc; il se greffe sur le merisier. J'ignore s’il devient un grand arbre dans son pays natal. Le cerisier-mahaleb, ou prunier odorant, où bois de Sainte-Lucie , S'élève à douze ou quinze pieds. Son écorce est d’un brun grisâtre; ses feuilles sont ovales, presque en cœur, pétiolées, glanduleuses; ses fleurs petites, blanches, dis- posées à l'extrémité des rameaux en corymbes convexes , et, accompagnées de bractées. Ses fruits sont de la grosseur d’un pois, noirs et im- mangeables. Il croît naturellement dans les mon- tagnes de l’est de l'Europe, principalement dans les Vosges, près du village de Sainte-Lucie, qui lui a donné son nom. Il fleurit au premier prin- temps, comme les autres cerisiers, et exhale alors une odeur agréable, quoique faible. Ilse plante fréquemment dans les jardins paysagers, soit dans les massifs au second ou troisième (375) rang, soit en allées, en salles, en berceaux , soit isolé au milieu des gazons. Le cerisier à grappes, ou merisier à grappes, ou putier, prunus padus, Iin., a les feuilles doublement dentelées , légèrement ridées, avec deux glandes à leur base. Ses fleurs sont petites, blanches, et disposées en longues grappes axil- laires et “pétidantes-à l'extrémité des rameaux ; ses fruits sont noirs ou rouges, et de trois à quatre lignes de diamètre. C'estsun arbre de quinze à vingt pieds de haut, qui croit naturel- lement dans les montagnes de l’est de l'Europe, et qui se cultive beaucôup dans les jardins paysa- gers, à raison des agrémens dont il est doué. Ses fleurs ont une odeur de miel commun, et: avor- tent souvent; mais il élève majestueusement ses branches et laisse retomber ses rameaux, en quoi son port est fort différent et bien plus élé- gant que celui du mahaleb. On le place, avec avantage, sur le second ou troisième rang des massifs. 11 fleurit en même temps que les autres cerisiers , et est pendant quinze jours dans tout son éclat. Un insecte du genre des charancons dépose ses œufs dans l'ovaire de ses fleurs au ‘Moment de la fécondation, et il en résulte une monstruosité -fort remarquable, Les fruits de- Viennent très longs, très pointus, souvent cor- hiculés, ne prennent point de noyau, et restent s girit (374) toujours verts. J'ai vu quelquefois ainsi transfor- mées toutes les grappes de certains arbres. Il n'y a pas de remède à ce mal. La variété à fruit rouge se reproduit de se- mences: aussi, quelques auteurs l’ont-ils regar- dée comme une espèce; mais elle n’est pas assez difiérente pour mériter d’être élevée à ce raug- Le cerisier de Virginie a les feuilles deux fois dentées et glabres, avec quatre glandes à Jeur base ; ses fleurs sont disposées en grappes axil- laires et droites. Il est originaire de l'Amérique Sépientrionale, où il s'élève de vingt à trente pieds. On le cultive dans les jardins des curieux, et on le multiplie, soit de graines, soit de mar- cottes , soit par la greffe sur merisier ou maha- leb. Il est rare de le voir, en Europe, surpasser douze ou quinze pieds. Ses fruits sont rouges et plus gros que ceux du précédent. On a long- temps regardé comme une de ses variétés une espèce qu'on appelle actuellement le cerisier tardif, cerasus serotina , Wild. Elle a les feuilles simplement dentées en dessous, un peu velues sur leurs nervures, et les fruits noirs. Le cerisier-ragouminier, cerasus canadensis » Miller; prunus pumila, Lin., a les feuilles lan” céolées, très longues et très étroites, glauques en dessous, sans glandes. Ses fleurs sont blanches et disposées en petites ombelles axillaires. I! est ( 379 ) originaire de l'Amérique septentrionale, et étale ordinairément ses branches sur la terre : on le cultive dans quelques jardins. Franc de pied, il est sans agrément; mais lorsqu'il est greffé sur mahaleb , à quelques pieds de terre, la direction de ses tirée ds lui donne souvent un aspect pittoresque. Ses fruits, qui ont trois ou quatre lignes de diamètre et qui sont rouges, peuvent se manger, quoique fortement acerbes. - “On avait confondu, avec cette espèce, une autre, à laquelle on a mal à propos conservé le nom de prunus canadensis, et dont les feuilles sônt plus larges, un peu velues en“ dessous , et les fruits noirs. SET Le cerisier luisant, cerasus chamæcerasus , Wild., a les feuilles ovales, obtuses, dentées , Re d’un vert noir; les fleurs grandes, disposées en ombelles sessiles, et les fruits rou- ges. Tl est originaire des Alpes de l’Autriche et dela Sibérie, ne s'élève qu'à trois où quatre pieds de terre ; sur mahaleb , il forme une grosse tête, naturellement arrondie , qui se couvre de Eai au printemps, de fruits en été, et qui est en tout temps d’un aspect fort agréable. Ses fruits, aussi gros que nos griottes communes, sont fort âpres, mais peuvent se manger. Ils ont l'avantage de rester sur l'arbre, quoique mûrs, jusqu'au milieu de l'automne, et de devenir D Ga RS, at (376) chaque jour meilleurs, si on se donne la peine de les garantir du bec des oiseaux. Ce charmant arbuste n’est pas encore très répandu dans les pépinières éloignées de Paris; mais, plus connu, il le sera sans doute bientôt, Il pourrait être multiplié de semences; mais il n’est jamais si beau franc de pied que greffé, comme je viens de le dire. Le cerisier-amande, ou laurier-cerise, a les feuilles ovales, lancéolées, grandes, dentées, épaisses, fermes, d’un vert gai , très luisantes, glanduleuses sur leur nervure. Ses fleurs, blan- ches , sont disposées en grappes axillaires et ter- minales ; ses fruits sont petits, et noirs dans la maturité. | Ce bel arbrisseau , qui s'élève à huit à dix pieds et qui conserve ses feuilles toute l’année, est ori- ginaire de lAsie-Mineure. On le cultive en Eù- rope depuis 1576. Il fait l’ornement des bos- quets d'hiver , et contraste admirablement, pen- dant l'été, avec le feuillage de la plupart des autres arbres ; aussi l'emploie-t-on fréquemment dans les jardins paysagers. Une terre argileuse et l'exposition du nord lui conviennent princi- palement. Il est des lieux où il est impossible de le conserver, On le multiplie presque exclusive- mentde marcottes et de boutures , car il donne rarement de bonnes graines dans le climat de (377 ) Paris. Les unes et les autres s’enracinent promp- tement lorsqu'elles sont faites en terrain et en Saison convenables. Cependant on doit préférer les semis lorsqu'on le peut, parce que les pieds qui en proviennent sont plus beaux et plus du- rables. On les sème à l'exposition du levant, et On couvre le plant pendant l'hiver; car ilest Sensible aux gelées. Les vieux pieds ne sont pas même toujours en état de résister aux hivers iir goureux; mais leurs racines ne périssent jamais, et elles repoussent, au printemps, des jets qui ont bientôt rétabli l'arbre. On en connaît trois vå- riétés : l’une panachée de jaune, l’autre, de blanc, et la troisième à feuilles très étroites. On les mul- üplie comme l'espèce, ou on les greffe sur elle. Les feuilles et les fleurs de cet arbrisseau ont le goût et Podeur de l’'amande amère. Commu- nément on les emploie pour donner au lait et aux mets dans lesquels on les fait entrer ce même goût et cette même odeur, qui sont fort agréables ; mais une telle sensualité peut devenir dangereuse, car il est de fait qu’elles renferment un violent poison. Duhamel a fait périr un gros Rien ayec ine seule cuillerée de leur eau dis- tillée, qu’il lui fit avaler. Fontana en a fait périr un autre en appliquant sur une plaie une goutte deleur huile essentielle. L'ouverture du premier 3. S y K à Amdiqua aucune autre trace du poison que son ( 578 } odeur, et le second mourut avec les symptômes qui Suivent l'introduction du venin dela vipère- Il suffitmême de se reposer, pendant la chaleur; à l'ombre de cet arbre, pour sentir des maux de tête et des envies de vomir. Ainsi il est prudent dene pas employer ses feuilles , ou au moins de ne les employer qu'en très petite quantité. On vendait en Italie, sous le nom d'essence da- mande-amère , l'huile essentielle de cette plante: soit pour l'usage de la toilette, soit pour celui de la cuisine: mais sa fabrication et sa vente ont été défendues, à cause des dangers qui pouvaient en résulter. 3e Ti Le cerisier-azaréro , où cerisier de Portugal , où laurier de Portugal , a les’ feuilles ovales, lan- céolées , souvent ondulées, d’un vert foncé; les rameaux tres rouges; les fleurs petites, blan- ches; disposées en grappes axillaires droites; les fruits noirs dans leur maturité. Il est originaire du Portugal, et sé cultive dans les jardins d’agré- ment, parce qu'il est toujours vert et qu'il forme des buissons d’un très bel aspect. Il s'élève à dix ou douze pieds. Ses jeunes pousses sont ires sensibles à la gelée, dans le climat de Paris; mais le corps de Yarbre y résiste passablement bien; cependant il est prudent de le couvrir. | Quoiqué, dans le langage familier, on donne Île nom générique de cerises aux fruits de ces ( 359 ) deux arbres, tout le monde sait fort bien dis- tinguer les provenances particulières de chacun d'eux: d’une part, les cerises proprement dites, ou griottes dans les départemens, et de l'autre les merises, guignes el bigarreaux. Ces deux arbres, d'espèces botaniques bien distinctes, peuvent bien, je le crois, être chacun , quant à lui, la souche primitive de tous les fruits-dont j je viens de parler, et leur alliance présumée pos- sible, que je crois avoir effectuée dans quelques unes de mes expériences, me paraît avoir donné naissance à la cerise anglaise, que je regarde ab- solument comme un hybride, ainsi peut-étre que quelques-unes de ses variétés , soit réelles , Soit présumées. Cette espèce est précieuse, et nous engage à faire, dans cetie direction, quel- ques essais. = N'ayant pas eu l'occasion d robsérver. Je meri- sier des forêts, je ne contredirai point opinion émise par M. Bosc sur le mode différent”de fructification, qu `] établit comme caractère dis- tinctif du merisier et du cerisier, sa fructifica- tion sur le vieux bois seulement ; mais jé puis garantir que, dans mon jardin, le bigarreautier fructifie et sur ‘le vieux et sur le nouveau: ce peut être un effet de la culture et aussi de l'âge ‘avancé. Quant au cerisier proprement dit, est-il bien ( 580 ) x sûr que L'ücullus nous la apporté de l'Asie-Mi- neure, ou plutôt n'en aurait-il apporté qu’une très belle espèce de cerise? Je le croirais assez , ear nous avons en France une très grande quan- tité de cerisiers communs, demi-sauvages, qu! paraissent se multiplier spontanément et de toute manière, sans aucune espèce d’altéra- tion. Doit-on admettre que cette petite espéce commune soit une dégénération de la belle ce- rise de Lucullus, dont il a dů probablement n’apporter que des variétés choisies, et, dans ce cas, il faudrait admettre qu’elle a dégénéré à peu près d’une manière uniforme dans la plus grande partie de ses provenances, ce qui paraît peu vraisemblable? Au surplus, si ce cerisier de Lucullus avait ses analogues en Hongrie et lieux circonvoisins, il ne serait pas fort étonnant qu'un fruit qui plait assez à tout le monde, qui se mange en assez grande quantité, et dont les noyaux ne s’altèrent point par la digestion, ainsi qu'il est aisé de s'en apercevoir par plus d'un sens, n’ait été apporté de proche en proche par les hommes, par les mulots et par les oiseaux; le cerisier qui fournit le marasquin de Zara est- il le même que le nôtre, et le cerisier du Nord n’a-t1l pas aussi fourni ses variétés particulières? On trouve en abondance , dans nos campagnes, des cerisiers et des guigniers non greffés, dont ( 381 ) le fruit est assez bon, mais pas très gros; ils m'ont paru, en général, avoir les queues très longues : quelques unes de ces cerises sont un peu amères , mais assez souvent une parfaite ma- turité leur fait perdre ce goùt désagréable. Le merisier à fruit noir et celui à fruit rouge, le merisier à fruit doux et celui à fruit amer, sont-ils bien le même arbre ? Comme je ne les ai point bien observés, je ne prononcerai pas. S'il en est ainsi, ce serait une preuve de la facilité avec laquelle cet arbre varie, et une preuve de la facilité avec laquelle un fruit peut passer de lamer au doux, et pour nous une leçon de l'ap- plication de laquelle nous devons'tirer parti. J'ai mangé quelquefois des merises sauvages, très Petites à la vérité, mais si bonnes que je regret- tais presque que la culture y eût substitué nos guigniers; cependant, dans ces derniers, il en est aussi d'excellens , et d’ailleurs le volume est un mérite réel quand il ne nuit pas trop sensi- blement aux autres qualités. Le cerisier a fourni une variété à fleurs très doubles, et une à fleurs semi-doubles; le me- isier, une très belle à fleurs doubles : suivant d'anciens auteurs, il en a existé une variété à fleurs roses doubles : il paraît qu'elle est perdue. Qu'il ait varié en rose, cela ne m’étonne pas, j'ai trouvé dans mes variétés de semis des individus (288) a fleur rosée, ét's'ils eussent été suivis par leurs semis , on aurait pu de là passer à l'obtention de fleurs roses. Le cerisier à feuilles de pêcher est une variété remarquable, et le guignier de quatre à la livre le serait encore plus, s'il répondait à ce qu’on en avait annoncé d’abord. Le cerisier de la Toussaint, encore un peu sauvage, mérite d’être perfectionné, et sa tardiveté le rend pré- cièux. Il a été question plus haut du fait de la double greffe, opérée par M. Richard, pour dé- truire l'influence de la greffe du cerisier sur ma haleb ‚que plusieurs personnes prétendent don- ner aux cerises un mauvais goût. Ce fait, sil est bien constaté, est remarquable eo physiologie ; je présenterai cependant, à cet égard, quelques doutes. J'ai trouvé cette saveur amère à quelques cerises non greffées, et elles la perdirent par une maturité complète : n’en serait-il pas de même des cerises grefiées sur mahaleb? Est-il donc bien vrai que lemahaleb communique ce goût désa gréable aux cerises, ou n’en disparaitraitil pas par un? maturité complète ? Cela mériterait d’être vérifié. Je mesuis étendu, plus que je ne voulais d'a- bord; sur les nombreuses espèces et variétés de cerisier et de merisier, pour donner l’idée de €? qui a été fait et de ce qui nous reste à faire. Nous avons Obtenu, par la fécondation du merisier avec le cerisier ,un hybride intéressant, la cerise ( 383 ) anglaise, nous pouvons pousser cela plus loin. Les espèces botaniques que j'ai indiquées mul- tiplient encore pour nous ces moyens d’expé- rience, et avec leur secours nous ne pouvons manquer d'obtenir des résultats.curieux et utiles. Les cerisiers seraient peut-être susceptibles de s'allier au merisier à grappes, etc. Je crois avoir vu un hybride du Sainte-Lucie et du cerisier commun ; la ressemblance de cet arbre avec le prunier et même avec l'abricotier permet aussi d'espérer leur alliance, et ce serait un sujet in- téressant d'expériences à tenter. J'ai fait, à différentes reprises, des semis de toutes les variétés connues, j'en ai perdu beau- Coup; mais il m'en reste encore une certaine quantité de jeunes, au nombre desquels sont . Quelques hybrides; j'en ai obtenu cette année une variété à fruit très alongé, et d’autres qui me donnent des espérances. (384) SR LR TI E TI ERIENVS SNA A AL LA SR LEA US AIS ET CHAPITRE X. DU NOYER (JUGLANS REGIA). Le noyer est originaire de la Perse, et cultivé en Europe depuis un temps immémorial, on l'y trouve aujourd'hui en grande quantité dans toute la partie de ce continent, moyenne et mé- ridionale ; on ne peut cependant pas dire qu'il y soit complétement acclimaté : car, en général, il ne se multiplie pas de lui-même, ayant besoin du secours de l’homme pour protéger sa nais- sance, et ne se plaisant que dans les terres cul- tivées. Il craint les très fortes gelées de Phiver, et les gelées tardives du printemps lui sont très nuisibles. On connait un grand nombre de va- riétés de noyer, dont quelques unes sont préfé- rables aux autres, telles que le noyer àgros fruit, ou noix de jauge, qui a quelquefois plus de deux pouces de diamètre; mais amande qu’elle con- tient ne remplit pas la capacité de la coque, très souvent même elle avorte. Le semis ne rend pas toujours son espèce. Il y a encore le noyer à gros fruit long, préférable au précédent, le noyer à coque tendre, ou noyer-mésange, le noyer tar- dif ou de la Saint-Jean, qui fleurit un mois plus ( 385 ) tard que les autres, et est par conséquent moins sujet aux gelées, le noyer à grappe, le noyer hétérophylle, et plusieurs autres variétés. Les forêts de l'Amérique septentrionale ren- ferment un grand nombre d’espèces de noyers , je ne citerai que les plus intéressantes pour nous : le noyer-pacanier, dont l'amande est très bonne à manger; un noyer à coque très dure, amande aussi très bonne; le RES noir, le noyer cen- dré, etc. Le noyer est une prouve frappante de la vé- rité de ce que j'ai avancé, que l’ancienneté de la culture d’une plante exotique n’est pas une rai- son pour qu'elle doives’acclimater;il y aurait pro- bablement des moyens plus efficaces : l'hybrida- tion du noyer entre ses variétés les plus rusti- ques, mais encore plus avéc les meilleures espèces d'Amérique produirait peut-être cet effet. Ces expériences doivent être tentées dans le triple but d’acclimatation, de production d'espèces et de variétés nouvelles, et d'amélioration dans l'espèce et la qualité du bois. M. Michaux, quien arapporté d'Amérique plu- sieurs espèces, remarquables sous ce dernier rap- port, a proposé de greffer sur elles notre noyer Commun, afin d'avoir en même temps ,: d’une Part, le bois, et, d'autre part, le fruit : : J'ignore Si cela réussirait, Cest un essai à tenter. 25 Ds CT NE oncle à x ( 386 } Pour en revenir à notre noyer commun , ce qu’il nous importe surtout de perfectionner en lui, cesont la tardiveté, la grosseur et la saveur de son fruit, que je trouve excellent; saveur-ce- pendant dans laquelle on ne peut remarquer que plus ou moins de finesse, sans apparence de. différence sensible quant au goût, diffé- rence de saveur que la culture perfectionnée peut cependant amener quelque-jour, et qui certainement aurait lieu par la fécondation des espèces étrangères. On peut appliquer à ce per- fectionnement Jes divers moyens que j'ai indi- qués ailleurs, notamment la greffe-sur espèces étrangères, la greffe répétée, le marcottage, ainsi que l’incision annulaire. Quant à ce dernier moyen, il faut bien se ressouvenir que s'il a'in- fluence sur la maturation ou la saveur, sur la grosseur du parenchyme, du péricarpe, il peut nuire au grossissement de la graine, et sous ce dernier rapport, il faut bien peser son influence sur la noix, l’amande, la châtaigne, la faine, le gland, etc. Je recommande là dessus la plus grande attention et des expériences multipliées. Le noyer peut commencer à donner du fruit & sa septième ou huitième année. H m'a paru mwa- voir ordinairement eai une sève. ( 387 } Du chätaignier ( Jag us casani et «du hétre ( F. syivatica). Le châtaignier, fagus castanea, est indigène à l’Europe; il est l’objet.d’une culture i impor- tante sous le rapport de:son fruit et de som bois. Le châtaignier peut fructifier: au- bout d’une dixaine d'années; mais ce n'est que béaucoup plus long- temps après qu "on peut compter sur son produit. De tout temps, les hommes se sont nourris de châtaignes, aussi la culture les a-t-elle beaucoup perfectionnées.: il y a loin du marron de Ly on à la petite châtaigne sauvage. L'Amérique. septentrionale. fournit plusieurs espèces de châtaignes assez différentes des nôtres, quelques-unes paraissent mériter les honneurs de la culture; peut-être l'hybridation les joindrait- elle avec la nôtre, et:augmenterait aussi les es- pèces, les variétés, la grosseur et l'abondance des. produits: Cette expérience est à faire, aussi bien qu'entre tous:ces arbres et le hêtre, Le hêtre , fagus sylvatica, n'est guère consi- déré que comme`un arbre forestier (il a une très belle variété à feuilles rouges ); et cependant son fruit, comme oléifere, le rend très précienx. 2b. ( 388 ) Dans le perfectionnement de ce fruit, il y a en- core tout à faire. Du chéne (quercus robur et Q. pedunculata). Les premiers hommes, dit-on, se nourrissaient de gland; c'était une nourriture un peu sauvage. N'y a-t-il pas moyen d’adoucir son fruit? Il existe d’ailleurs un chêne à glands doux, qu'on a mangés et qu'on mange encore; je ne le con- nais pas assez pour recommander sa culture : son alliance avec notre chêne serait-elle possi- ble? Ce serait un puissant moyen d'amélioration. Mais un point , suivant moi, d’une très grande importance serait l’hybridation entre nos chê- nes d'Amérique, et surtout celle entre nos deux beaux chênes de France. Cettealliance, présumée possible, nous procurerait et nous assurerait une très grande abondance de glands, qui, comme l’on sait, manquent souvent, et augmen- terait la vigueur et la prompte croissance de nos bois de charpente et de chauffage : c'est une grande et belle expérience à tenter. Du pin cultivé ( pinus}. Ce pin, commun dans le midi de l'Europe; donne une petite amande très agréable au gout. (389 ) Jusqu'à quel point la culture a-t-elle pu ou pourra-t-elle la perfectionner ? On sait qu'aujourd'hui la greffe en herbe se pratique avec succès sur les arbres conifères. Du mürier noir et du mürier blanc { morus nigra et M. alba). Le mûrier noir nous produit un fruit excel- lent, à mon avis ;je ne pense pas que ses variétés soient très nombreuses : il pourrait être amélioré sous le rapport de la qualité et de la grosseur. Il y a des localités où la feuille du mürier noir est employée à la nourriture du ver à soie. Mais c'est principalement sous ce dernier rap- port qu'on cultive le mürier blanc; l'éducation des vers à soie n’a pu, jusqu'ici du moins , avec un certain succès , dépasser une certaine latitude. À quoi cela tient-il? IL faut au ver à soie une température appropriée-à sa nature, ne peut-on pas la lui procurer artificiellément ? En croisant, par le moyen de l’art, ses espèces ou variétés, ne parviendraït-on pas à Pacclimater ? D'un autre côté, on a avancé, et réellement il est possible, qu’un degré dé chaleur ou de tem- pérature déterminé soit nécessaire pour le per- fectionnement de la qualité de la feuille du mü- rier et, par: une conséquence nécessaire, de la qualité de la soie. A cet égard , que pouvons-nous ( 390 ) faire? Nous ne pouvons rendre chauds et secs les climats froids et humides; mais il ne nous est pas impossible d'obtenir des espèces et des-va- riétés de müriers plus'hâtives, plus vigoureuses que celle que nous avons : l'incision annulaire, la greffe sur dés espèces rustiques, le semis, etc., et autres procédés déjà ‘indiqués, nous offrent leur..secours:; L/hybridation ventre le: müûrier blanc.et le mürier noir, probablement possible, ainsi que celle.entre.les diverses variétés ; Pim- portation des espèces cultivées dans les parties lesplus. septentrionales possible, sont partieu- lièrement des moyens d'acclimatation et damé- lioration.. La chose en vaut la peine, j'essaierai de m'en occuper. x De l'olivier (olea). Je connais peu lolivier;: mais :cet arbre est d’une telle importance, que je hasarderai à son égard quelques conjectures. L'olivier est cultivé depuis long-temps dans quelques parties méridionales. de la: France. S'y est-1l acclimaté? nullement au point même que l'on craint d'y voir quelque jour sa culture aban- donnée, tout avantageuse qu’elle est. Y-a-t-il quelque moyen de prévenir ce malheur? (Voyez le chapitre de l'Acclimatation.)) | On a cité'un olivier de la Crimée qui résistait ( 391 ) à de très fortes gelées , il faudra voir. Entre les espèces botaniques d’oliviers y aurait-il possi- bilité d'hybridation? La greffe sur espèce rus- tique rendrait-elle l'olivier plus fort? (Voyez le chapitre sur la Greffe.) 3 Pour se procurer du plant d'olivier vigou- reux, le semis est sans contredit le moyen de - multiplication le plus efficace; c’est aux noyaux des plus fortes espèces qu'il faut s attacher, sauf à greffer sur ces sujets des espèces plus délicates et plus recherchées. Voyez, à cet égard, ce que j'ai déjà exposé sur le noyer, sur le mürier , etc: Notre expédition dans la Morée nous donne l'occasion de nous procurer des oliviers, des müriers peut-être préférables aux nôtres , ainsi que des cépages de vignes, et M. Bory Saint- Vincent s’est chargé , sur l'invitation de la Société royale et centrale d'Agriculture, de ces recher- ches, et, en échange, ila porté aux Grecs des graines de pommes de terre, dont le semis offre un moyen prompt et économique a prapona- tion. Espérons tout de Pavenir: MM. Soulange Bodin et des Michels ont, d’après divers indices, conseillé, pour Sant de l'olivier, la culture du camelia Oléifera. Je ren- voie à leurs notices , insérées dans les Annales d'horticulure , tome 1”. , page 240, et tome 1v, pages 147 et 217- À ( 392 ) orangers et cilronniers (medica citrus et M. aurantium). Ma position ne ma pas permis de cultiver ces beaux arbres.Des ouvrages importans sur ce sujet ontété publiés en Italie par M. le docteur Galle- sio, et en France par M. Poïteau et autres. Je re- grette de n'avoir pas été à même de les consulter. Lalecture de ces traités devra cependant être utile à ceux qui s'occupent de la multiplication par semis. Il y a, dans les fruits de cette famille des bizarreries et des monstruosités remarquables ; je ne sais pas si on connaît leur origine. J'ai exposé ailleurs ce que je pense de l’origine des monstres, dont le chou-raifort hybride m'a fourni un exemple, sur lequel je me suis fondé pour dire que cette origine pouvait être due à des fécondations entre espèces, qui, quoique voisines, sont cependant assez distinctes pour que les germes fécondés , tout ense joignant l’un à l’autre, ne puissent former une alliance intime et présenter un tout homogène. Du grenadier (punica granatum). Le grenadier est très anciennement cultive; on le voit dans le midi de la France: il offre ? ( 395 ) quelques variétés, cependant peu nombreuses et peu caractérisées, en raison de l'ancienneté de sa culture. Il y en a une variété à fleur double et _ une autre à fleur et à fruit jaunes , et, je crois, une autre espèce exotique. Il est à désirer qu'en lui applique les procédés d'amélioration connus, ou ceux que j'ai indiqués. : Du figuier ( ficus). Le figuier, cultivé très anciennement, même en France dans notre midi, et qui supporte assez bien les hivers du climat de Paris, au moyen des abris, a fourni un très grand nombre de va- riétés, dont peu réussissent ici. Quon lui applique donc tous les procédés de culture qui lui con- viennent, et qu’on le multiplie par le semis. Ce moyen ne me semble pas employé, il paraît que ses graines réussissent rarement ; cependant cela n’est pas impossible. De la vigne (vitis). Les nombreux cépages que nous connaissons sont-ils des variétés d’une seule et même espèce primitive ? C’est ce qu'il est impossible de dé- cider. Il y en a en Amérique plusieurs espèces; mais la plupart sont dioïques, et par cette raison , ainsi que par plusieurs autres, elles ne doivent point lutter avec la nôtre. Olivier a rapporté de ( 394) l'Asie une vigne dite d'Orient; je ne la connais pas : elle pourrait avoir quelque part dans lori- gine de nos variétés. On trouve dans le midi de la France „et croissant sans culture, plusieurs vignes sauvages et à demi sauvages : sont-elles d’une espèce identique? J'ai vu, dans le Gâti- nais, une vigne sauvage qui croit dans les haies et sur la lisière des bois, à petit fruit noir, qui pourrait aussi être le type de notre vigne. Il pa- rait cependant que les meilleurs, raisins nous ont été très anciennement apportés d’italie ou de Grèce. Je pencherais assez à croire que la vigne sauvage dont j j'ai parlé pourrait être la souche de nos vignes communes, et que les variétés les plus perfectionnées auraient été tres ancienne- ment importées ; peut-être, depuis ce temps, y a- t-il eu mélange entre elles. Au surplus , dans tout ce que jai vu, je wai point remarqué de traces. d’hybridisme ; mais cela n’est point une preuve rigoureuse, attendu que quand les es- pèces, quoique différentes, ont beaucoup d’affi- nité, ces traces, s’il y en a, échappent à nos sens, Je ne vois donc point de difficulté de re- garder toutes nos, variétés comme identiques, sauf meilleur avis. Je ne m ’étendrai point: sur l'importance de la vigne; soit comme vinifere, soit comme fruit à manger ; 16€ sujet n’est pas contesté : aussi sa éul- ( 395 ) ture est assez perfectionnée quoique assurément il y ait encore beaucoup à désirer. La récolte de vin est très précaire : à plusieurs années. de disette peuvent succéder plusieurs années d'abondance, et cette abondance est d'autant plus fatale, qu’elle est de plus mauvaise í qualité, et c’est le cas où nous nous Lrouvons : il est bien permis de se plaindre; mais à quoi bon, et à qui la faute? Nous avons trop planté, nous avons détruit ou détérioré nos. meilleures vignes. ll faut donc diminuer la quantité, aug- menter la qualité, et surtout chercher à nous assurer un produit moyen, mais bon et égal, Cela peut avoir ses difficultés et ses longueurs; mais cela n’est pas impossible. Les ordres religieux étaient propriétaires, des meilleurs vignobles de France: ils étaient fort bien entre leurs mains. Les cépages distingués, les vins fins -y étaient conservés, soignés, je pourrais dire avec un saint respect; cela faisait honneur à leur goût et à leur politique, et ces noms antiques et consacrés de doyenné, de bon- chrétien, donnés à nos meilleures poires, dé- notent aussi une origine respectable, et je puis dire qu'on trouvait dans les couvens bon vin, bonne poire et bon accueil. Je ne m'épancherai pointen regrets sur la destruction des couvens; mais il faut être juste, il faut rendre à chacunce ( 396 ) qui lui appartient. Les amis de la civilisation ne devront point oublier que c’est autour des cou- véns, que c’est au sein de ces tranquilles de- meures, qu'ont trouvé pendant longtemps un asile les sciences, et l'agriculture, le premier et le plus utile des arts. | Améliorons donc la qualité de nos vins; con- servons précieusement nos bons et vieux cé- pages; soyons, je n'ose dire, moins gourmands, mais plus gourmets, et si nous voulons rendre ou conserver à nos vins leur réputation et leur supériorité justement acquises ; si nous voulons qu’ils soient estimés , estimons-les nous-mêmes : ce serait une résolution honorable en même temps pour notre industrie agricole et notre po- litique. L'amélioration des variétés de raisin et de vin devra être l’objet de recherches spéciales; je ne suis point appelé à la traiter, et en dirai seu- lement deux mots. Il est probable que les variétés nombreuses de raisins sont dues en partie au semis , nous wem- ployons pas volontairement ce mode, et il a sou- vent été dů au hasard; je wen étais occupé, mais diverses circonstances m'ont fait perdre le fruit de mon travail. Je possède cependant €n- core quelque semis de raisins muscatset d’Alexan- érie, dont j'attends la fructification. J'ai un pied | | | | ( 397 ) de chasselas qui a déjà rapporté et rendu son espèce franche, au bout d'environ sept ans. Je pense que, dans le midi, ce terme serait beaucoup plus rapproché; faisons donc des semis de nos meilleures espèces, même du raisin de la Made- leine, comme précoce; rapprochons les unes des autres nos meilleures variétés, pour qu'elles se mêlent par une fécondation spontanée, et , en- core mieux, aidons nous-mêmes à cette fécon- dation; essayons-la avec les meilleures vignes d'Amérique; en un mot, par l'augmentation de la bonne qualité et de la certitude du produit, mettons-nous à même de restreindre la planta- tion de nos vignes, et n'y Consacrons que les terres que la nature paraissait lui avoir destinées et réservées. Du cornouiller (cornus). - On connait fort peu à Paris le fruit du cor- nouiller ; la cornouille mürissant au mois de septembre, dans un moment où les bons fruits abondent , est peu commune, et cependant l'ana- logie qu’elle a avec ce que nous appelons les fruits rouges, qui sont rares à cette époque, lui donne un certain mérite, et la saison fiévreuse devrait la faire rechercher. On en connaît deux variétés, l'une à gros fruit, l’autre à fruit blanc. Sa culture est à perfectionner, (C 398 ) Des groseilliers, framboisiers, fraisiers, etc. Les groseilles, à mOn avis , Sont un de nos plus sains et un de nos meilleurs fruits: nous en avons plusieurs variétés perfectionnées, Mais encore bien au dessous de ce qu’elles pourraient l'être: il y en a un grand nombre d'espèces botaniques étrangères, assez distinctes pour devoir faire l'objet d’une culture particulière, et qui pour- raent promptement être civilisées par leur hy- bridation: avec les nôtres. Le cacis mériterait aussi d’être amélioré. Le groseillier épineux, dit a maguereaux, four- nit aussi quelques belles variétés. Je pense que c'est lui qui fait en Angleterre l'objet d'üñe cul: ture très distinguée. Je crois néanmoins que le mérite qu'il y acquiert tient beaucoup plus à la grosseur et à la beauté du fruit qu’à sa saveur : notre climat nous permettrait, sous ce dernier rapport, de plus grands succès, et nous pour- rions rendre à l'Angleterre ses fruits aussi.gros et beaucoup meilleurs. J'ignore si la greffe et lincision annulaire ont été pratiquées sur les groseilliers, (Voir la Monographie du genre Gro- seillier, par feu M.Thory.) Le framboisier fournit aussi plusieurs variétés distinguées, et il y en a aussi plusieurs especes ( 399 ) botaniques. On pourrait probablement lui faire l'application d’une partie de ce que j'ai dit relati- vement aux groseilliers : le semis est, pour tous ces arbustes, le principal moyen. d'obtenir des- variétés améliorées; je crois.qu'on s'y est très peu livré, et on a eu grand tort. Les fraisiers , à commencer par le fraisier com- mun, dont le fruit æst peut-être un des meil- leurs, ont été. l'objet en France, et surtout en Angleterre, d’une culture recherchée. M. Du- chesne les avait pris pour sujet d’un travail im- portant; je pense qu'en Angleterre on a profité de ses travaux, et qu'on a pu aller plus loin. Je ne me suis jamais occupé particulièrement de la culture des fraisiers, et je ne pourrais, à leur égard, que répéter ce que d’autres en ont dit, ou ce que j'ai pu dire ailleurs moi-même relati- vement aux procédés d'amélioration qui leur se- raient applicables. Des cucurbitacées et du melon en particulier. J'ai déjà parlé de mes nombreuses expériences sur les cucurbitacées et des mémoires où je les ai consignées, on pourra les Consulter. J'ai dé- terminé jusqu’à quel point les diverses espèces de cette nombreuse et intéressante famille pour- raient se joindre par la fécondation, et j'ai cher- ( 400 ) ché à dissiper les erreurs absurdes répandues sur les alliances ridicules qu’on leur supposait possibles, particulièrement pour le melon , qu'on prétendait se détériorer par la fécondation des citrouilles, des concombres, etc. Les pepons proprement dits, savoir : le poti- ron, le giraumont, le potiraumon, le malabaric, ne s’allient pas même entre eux. Les trois pre- miers fournissent d'assez nombreuses variétés, qu'il faut cultiver seules pour les conserver franches. Le pastisson ou bonnet-d’électeur est une race de giraumont très remarquable. Ses fibres, ligneuses et corticales, sont contractées et reti- rées sur elles-mêmes, de telle manière que ses rameaux, au lieu de s'allonger et de courir sur terre, comme les autres plantes de la même fa- mille, forment une plante à tiges droites et courtes, dont les bourgeons rameux se touchent presque. Le fruit et les graines sont également contractés, et ce fruit ressemble un peu au bon- net-d'électeur : c’est en raison de la contraction de ces graines, et de l'espèce de monstruosité qu'offre toute la plante, qu’on s’est cru autorisé à conclure qu’ en général les graines bizarres pouvaient produire dans tous les végétaux des individus monstrueux ; ; en allant du connu à l'in- connu, et procédant par analogie, cela devait { 4or ). être ainsi; mais cela ne s’est pas toujours con- firmé, et au fait cette analogie n’est pas toujours ‘et réelle ni constante. Il y a des variétés de girau- mons à branches contractées,dont les fruits et les graines ne le sont pas du tout et sont très régu- liers, Cette conformation contractéa est. d’ailleurs très. utile en horticulture, attendu l’économie -d emplacement qu'offre le pastisson , comparé à ses congénères, dont l'étendue $ur.terre est ra- rement proportionnée à leur produit; tandis que le pastisson, sur un local resserré, produit beaucoup de fruits. Est-ce l’art, est-ce le hasard qui a produit le pastisson ? Il serait bien avanta- geux pour nous de faire participer à cette pro- priété le potiron, le melon , etc.; leur culture en serait bien plus commode. Dans aucune esfèce ou variété de pepons ou _ de courges, je wai rencontré de fruit mangeable dans l'état de crudité : dans cet état, presque tous ont une odeur et une Saveur repoussantes , qu'on caractérise assez ordinairement de goût de citrouille, sans se rendre bien compte de ce que c'est qu une citrouille. La culture pourra- t-elle quelque jour amener la citrouille } à cet état g amélioration, d’être mangeable crue? Voyez ce qui va être dit de la pastèque. | La pastèque, ou melon d’eau, offre plusieurs variétés ; on. en fait peu de cas à Paris, où ce fruit 26 ( 402 ) acquiert rarement sa perfection ; il mériterait ce- pendant que l’horticulturé s’en occupät. Dans lés variétés nombreuses de pastèques, il y éna de très bonnes à manger crues, et c’est le plus grand nombre; mais il y en a aussi qui ne sont bonnes que éuités ou confites. Quel est donc le type primitif? ‘Est-ce en dedans ou en dehors qu'a agi la etilture? Ordinairement elle améliore. Dans tous lès éas , on ne voit pas pourquoi les pepons ne participeraient point à la même fa- véur. Espérons donc que nous verrons, quelque jött, sur nos ‘tables ün beau potiron de cent cinquänté livres pesant flatter également et l'odorat et le palais des convives. Le melon n’est pas, comme on l’a ridicule- ment avancé, susceptible d’être influencé par la fécondation d'aucune espèce de citrouilles, pas même par celle du concombre , avec lequel Lin- née l'avait réuni; mais il s'allie très aisément avec les melo flexuosus, chaté et dudaïm. J'ai ainsi formé plusieurs espèces très intéressantes qu’il Séraît à désirer qu'on püût suivre. Jai réuni et cultivé, pendant plusieurs années, avec succès toutes les variétés connues de melons, et tant de ces espèces naturelles que de mes espèces hy- brides, il en était résulté une quantité prodi- | gieuse de Variétés, qui se serait élevée proba- blement à plusiéurs milliers , si j'avais pu conti- ( 405 ) l nuer cêtte culture en grand. -Mais cette grande quantité de variétés à beaucoup d’inconvéniens par elle-même, et elle m'aurait occasioné trop de dépense. | La facilité avec laquelle les variétés de me- lons se mêlent est un obstacle à leur culture. Leur réunion est donc impossible 2 à un particu- Jier; je possède un fonds de collection assuré- ment très intéressant ; mais, après moi, il sera perdu , à moins qu'une Société d’horticulture ayant à sa disposition un terrain convenable ne puisse l’héberger. Il est étonnant que, dans une ville riche et peuplée comme Paris, la culture commerciale des melons se borne à trois où quatré variétés; «celle des melons à chair verte. et-en- core plus celle des melons d'hiversont cependant bien np rs ‘ohne 5 + AE #9 AE De la patate Beana N baratas yi La patate est pen: aa Hé di Paris dll. wy donne que des produits coûteux de qualité mé- diocre. J'ai recommandé le semis de ses graines comme moyen. de. s’en procurer une variété hà- tive et acclimaigble. ( Voyez Annales d’ Agricul- ture, 2°. série, tome XLIV.) -f M. Vallet, dans le département du Var, s'oc- cupe de cette culture avec succès. La patate fleu- 26. ( 404 ) rit et grène rarement. M. Vallet a obtenu sä fleur, et il est à désirer qu’il obtienne sa graine. De la pomme de terre ( solanum tuberosum ). Cette plante, que nous devons à l'Amérique (‘ainsi què le maïs, le topinämbour ét le tabac), est aujourd’hui pour nous d’une importance ma- jeure; jé ne dois cependant en parler que dans l'intérêt du sujet que je traite, et sous trois Points de vue peu considerés jusqu'ici, et je wen dirai que deux mots. PREMIER CHEF: École de variétés en général ou aiologie. | DEUXIÈME CHEF. Preuve frappante de la puis- sance de la culture. TROISIÈME CHEF. Semis fait en vue de direc- tion dans la création des variétés: | Premier chef. Les nombreuses variétés four- niés par là pomme de terre, que j'ai étudiées avec grand soin, m'ont paru provenir de deux | races assez distinctes , rouges, rougeâtres, et même blanches, tachées de rouge, et, d'autre part, jaunes pures, jaunes tachéés'de violet , violettes, etc. Ces deux races sont-elles le produit de la même espèce primitive , la pomme de terre sauvage que je possède actuellement, et que ( 405 ) M. Vilmorin ma procurée ? Cela est rigoureu- sement possible. Si cela est ainsi, On ne peut désirer une preuve plus frappante des effets de la culture, Cest à dire des efforts dé l'art et as la culture réunis. Car la pomme de terre siage; RE lappa- rence d’ailleurs se rapproche beaucoup de'la nôtre, fournit, comme elle, un grand nombre de filets souterrains’ qui s’allongent indéfiniment, mais qui, comme elle, produisent dans leursiex- trémités des tubercules exigus; informes et in co: lores, et qu’on soupconnerait jamais avoir:donné l’origine aux beaux tuberculés quenous récoltons aujourd’hui. | fij ads Deuxième chef. Il y a trente-six ans, 5; pour la première fois, que je me suis occupé de-multi- plier la pomme de terre par le semis ; et dès ‘lors ayant récolté les graines de toutes les variétés que j'avais pu me procurer, je mlyn ces va- riétés en nombre indéfini; cependant, à travers ces variations grandes et très marquées, je remar- quai avec intérêt dans chaque lot des nuances caractéristiques g avigihe appartenant à à la variété mère. Cette étude m'a paru intéressante, cet l’a nalogie porte à croire qu'il en est. à peu. près de mêrne dans toute obtention de variétés: En conséquence, je propose le semis de pommé de terre comme une école d’aiologie. ! 1: sgat" ( 406 ) Troisième chef. La multiplication de la pomme de- terre, par, semis ne présente pas les longueurs et les difficultés qu'on lui'a gratuitement attri- buées : c’est un moyen économique de propaga- tion au loin, et je désire que la Grècérait profité delenvoi de -graines que lui a fait la Société royale et centrale; d'agriculture. Quant à nous , nous, ne manquons pas de:tubercules pour la plantation, et cependant, dans l'intérêt dé Pa- gronomie; nôus avons cherché à nous procurer de,nouvelles. variétés, non ‘pas pour le plaisir d'en augmenter le nombre déjà très considérable, mais en-vue d’enobténir des produits plus abon- dans, plus perfectionnés, plus caractérisés en sa- veur,et en qualité; ce qui pourrait arriver par lé:icroisement des races et des variétés, en:sui- vant à Cet-égard , avec discernement et avec per- sévérance; une direction convenable. Je traiterai ce ,sujet une: autre: fois; et je le crois impor- tabbert 5 , 142busgss bai 914 :P.-8. J'en aifaity cette année 1859 , un semis assez étendu ; dont:le: produit parait devoir être assez considérable; je m’attends à trouver plu- _Sièurs centaines de variétés nouvelles: Jen ferai part aux, Sociétés d'agriculture et d'horticulture; et aux amateurs qui viendront les prendre chez moi. ( M. lecomte-de Murinais:et M: le chevalier Soulange Bodimont-bien:voulusercharger de (407 ) planter chez eux cette collection , ainsi que celle de la Société royale et centrale d'agriculture. ) Du topinambour ( helianthus tuberosus). Le -topinambour n'est point répandu autant qu'il le mérite. M. Yvart l'avait cultivé en grand -pour la: nourriture des moutons. M. Vilmorin : qui le cultive dans le Gatinais , et qui se plaint avec raison de la forme irrégulière de ses tuber- cules, qui est un obstacle à sa saine récolte , en a fait des semis dans la vue d'en avoir des tuber- cules plus avantageusement conformes, et ik y a lieu d'espérer qu’il pourra y parvenir. Il a déjà obtenu pers jee à à Su, nes et blanc. bour dans le ss de nie: c 'est une difficulté que devra lever l’ horticulture. x Du mais (zea maïs ). Le maïs, originaire d'Amérique , ainsi que le prouve sa figure, représentée dans les bas-reliefs de Palenque ( voyez Antiquités d Amérique , par M. Warden ), fait l'objet d’une culture-im- portante dans les parties méridionales de la France : on en connait un assez grand nombre de variétés. ( 408 ) Tout récemment, M. Bossange vient d'offrir un prix pour la culture de cette plante dans le climat de Paris , je lui souhaite un plein succès, mais j'y compte peu: Malheur à l'étranger aven- tureux qui ose dépasser la ligne fatale tracée par Arthur Young ! Ce n'est pas tout que d'obtenir le produit d’une plante, il faut pouvoir la récol- ter sainement. ( Avis gear à la culture du | coton.) ; Toutefois, il ne faut désespérer de rien; nous avons quelques variétés hâtives du maïs, le mais quarantain et le maïs à poulet : peut-être sont- ils de peu de produit; créons-en une variété en même temps hâtive et productive. | Du tabac ( nicotiana tabacum ). Si je ne consultais que mon goût, je ne par- lerais point du tabac; mais il fait l’objet d’une culture et d’un commerce importans. Il y a plu- sieurs espèces de tabac, et il y a plusieurs va- riétés de l'espèce dont il est ici question. ( J'ai entendu dire que le tabac de Latakie était fabri- qué avec le NV. rustica. ) - Kœælreuther avait fait sur l’hybridation des ta- bacs les uns par les autres une multitude dex- périences, et il avait créé de nombreux hybrides. Cette famille paraît s’y prêter ; j'ai répété une ( 409 ) | partie de ces expériences; j'ai obtenu aussi plu- sieurs hybrides, notamment un très joli ricotiana tabaco-undulata, sur lequel j'ai donné une notice, insérée dans les Annales de l Agriculture fran- çaise. M. Thoüin en a conservé un individu pen- dant plusieurs années au Jardin du Roi. Il reste à faire plusieurs expériences sur cette famille. Du café ( coffea arabica ). Autant le tabac me répugne, autant le café n’est agréable. Ce n’est cependant pas une prc- duction française; mais il y a des choses qui sont de tout pays. Ai-je le goût moins fin qu'autrefois, ou le café a-t-il perdu de son ancien parfum ? Est- il donc déchu en quittant l’'Arabie-Heureuse ? Dieu veuille qu'il n’en soit rien. En est-il de lui comme de la vigne ? A-t-on étendu sa cultüre à à des terres trop riches ? a-t-on trop renouvelé ses PRE ou le boit-on trop nouveau? Je ne | sais qu'en penser. = Là où la nature a beaucoup fait pour Phomme, lhommen’a rien fait pour elle ni avec elle. Yatäl des Sociétés d’horticulture au delà du tropique? Le café, j'aime à le croire, doit, comme bien d’autres, avoir sés chances et ses dbptls de per- fectibilité ; il doitêtre productible de variétés plus fines et plus délicates. Quels procédés de culture Chio ) améliorante lui seraient applicables? Je lègue ces méditations aux futurs horticulteurs des contrées équatoriales. haa a 8 RE LAS a a LA D D De tbéhéss2.1 212 200002 CHAPITRE XI. RÉSUMÉ. J'avais eu, d’abord l'intention de résumer ici brièvement tous les moyens d'amélioration, de fructification exposés dans le cours de ce Traité : c'eût été sans doute une chose commode pour les lecteurs, qui, malgré toute l'attention dont ils sont susceptibles, peuvent difficilement se rappeler et classer les nombreux procédés que j'ai indiqués ; mais j'ai réfléchi depuis que, dans le nombre de ces procédés, s’il y en avait de bien éprouvés, de bien constatés, il y en avait peut- être un plus grand nombre d’incertains et de conjecturaux. Je crois donc plus prudent de re- mettre ce résumé à un autre temps, quand lex- Périence aura fourni les lumières nécessaires Je vais cependant, des à présent, présenter Un tableau de domesticité (ou plutôt. de domestica- _tion) pour quelques arbres encore sauvages et à demi sauvages. Cette application, toute particu- ( 4er ) lière qu’elle paraisse être, pourrait servir égale- mentà d'autres espèces, Ce tableau, tout imparfait qu'il soit, suppléera, autant que possible; au résumé que je m'étais proposé. Les exemples. ont.été pris dans trois familles différentes. j Tableau de domesticité pour le. prunier: de Briançoni{ prunus brigantiaca). :. Le prunier de Briançon n'est connu que de- puis peu de temps; il est probable qu'il n’a point encore fourni de variétés; s’il y en avait, ce serait sur elles qu’il faudrait opérer de: préfé- rence. jm - Le fruit de cetarbre est de moyenne grosseur , de.couleur jaune, à peu pres semblable. à la prune-de reine-élaude;.sans qu'on, puisse préci- sément caractériser son goût désagréable, iln est pas mangeable, tant il est fade : il semble donc qu'en le mariant par la fécondation avec nos pruniers, même les plus sauvages et les plus acides, ou en le-greffant.sur.eux,'il ne pourrait qu'y gagner; ce sont des expériences à tenter: voici donc.ce:que je proposerais, 1°, An 1829. Greffer le prunier de Briançon sur nos meilleures espèces de prunes, -entre autres sur le prunier de. Monsieur et sur quelques au- r C Hn) tres pruniers plutôt acides que doux. Comme îl est probable que le Briançon peut être greffé sur amandier, pêcher, abricotier , etc. , il ne faudra pas négliger ces greffes, ainsi que sur l'abricot du pape, et l'amandier de Perse qui pourrait four- nir des nains. 20. An 1830, Sur le Briançon greffé, pratiquer l'incision annulaire sur plusieurs branches , pour en obtenir du fruit et des bourlets m. faire des boutures. | 3°. 183r. Faire des boutures , semer les noyaux des fruits annelés. 4°. Dès cette même année, prendre des écus- sons sur ce semis, et les reporter par la greffe £ sur ces boutures. 5°, 1832. Traiter ces greffes par le pince- ment, pour déterminer PRE leurs degrés de ramification nécessaires à la mise à fruit. 6°. 1833. Pratiquer l’incision annulaire sur celles de ces greffes destinées à fructifier, et en faire quelques boutures. 7°. 1834. Semer les noyaux de ces prunes $ annelées. x ' l 8°. Prendre sur eux des écussons et les placer sur Plusieurs espèces de bons pruniers déjà greffés eux-mêmes. : | | 9°. 1835 et années suivantes. Recommencer ( 413 ) à anneler les greffes, ressemer les produits, les reporter par la greffe, soit sur leurs propres boutures, soit sur de bons pruniers déjà greffés eux-mêmes , regreffer les produits sur cux- mêmes, etc.; enfin, combiner et continuer les | opérations indiquées, jusqu’à ce qu’on obtienne les résultats désirés. Domesticité du marronnier d'Inde (esculus hip- pocastanum ). Le marronnier d'Inde n’est plus absolument un arbre sauvage; il a, je crois, deux variétés, l'une panachée, et l’autre à fleur rouge. On pourra les préférèr pour commencer. C'est la graine de l’amande du marronnier d'Inde qui forme la partie essentielle de son fruit, j'ai fait voir que cette partie diminuait de volume par lincision annulaire; c’est pour cette raison-là même que je le choisis pour exemple particulier, et je suppose en outre que les ef- fets de l'amélioration men sont que plus effi- caces. 1°, An 1820. Pratiquer l’incision annulaire sur le marronnier d'Inde en état de fructifier de pré- férence sur ses variétés, ou du moins sur des individus présumés déjà acclimatés, ou domesti- ques, par une longue suite de générations. (44) 5°. An 1836:$emer les marrons provenans de branches annelées. p 3°, Prendre, sur ces jeunes marronniers en provenant, des écussons, et les’ placer sur un pavia esculenta , de préférence , si l'on peut, sur une variété de cet arbre,/s’il y en a; où Sür ün in- dividu ms regreffé sur lui-même, si on a pu d'avance s’en préparer un, soit sur une bouture de lui bien reprise. | 4°. 183r. Pratiquer sur ces, cui greffes, sil est possible, le pincement et les autres moyens fructifians, pour avancer la mise à fruit, et les continuer jusqu’à qu’elles soient en état de fructifier.: 5o, Pratiquer sur les branle fructifiantes l'incision annulaire ; en semer les produits „les reporter par la greffe sur des pavia esculenta; recommencer, continuer et combiner des. opé- rations jusqu'à un résultat-satisfaisant. Domesticité du maclura aurantiaca. Get arbre intéressant (sur lequel M. Soulange Bodin a publié une notice que je conseille de lire préliminairement, Jnnales horticulture, tom. ler, page 181) sort tout nouvellement des mains dela mature; je ne sais sil a des analogues sur lesquels ontpuissele-greffer. Be ponsicülteur sera donc’, dans cé» cas, réduit à ses propres for- (415 ) ces, et aura besoin de toute son industrie. Au surplus, je ne le donne que comme un exemple; - et si l'on ne pouvait se le procurer, ou qu'on désespérât d'en faire quelque chose, il serait pos- sible d'en faire l'application à tout autre arbre analogue. 1°. An 1829. Greffer et regreffer sur eux- mêmes, soit un maclura franc de pied, sait de préférence ses boutures. | 2°. Lorsqu'on en aura un, soit greffé, soit non greffé, en état de fructifier, pratiquer sur lui l’incision annulaire. 3°. 1830. Semer les graines des fruits annelés et les reporter par la greffe, s'il est possible, sur des boutures déjà greffées et regreffées. | 4°. Faire, s’il est possible, des boutures prises sur les bomu regreffées. 5°, 18351; Pratiquer les opérations Fifka! tes de pincement et autres sur les greffes pro- venues de semis. 6°. Faire des boutures de ces mêmes greffes. 7e. 1832 et années suivantes. Lorsque ces greffes provenant de semis annelés seront en ‘état de fructifier, il faudra les anneler, en se. mer lés produits, les regreffer sur de nouvelles boutures , toujours prises aussi sur les greffes, et ainsi continuer d'année en année, jusqu’à l'obtention des résultats. ( 416 ) Un pomiculteur intelligent, et qui se sera bien pénétré des principes que j'ai développés dans le cours de cet ouvrage, trouvera aisément à les mettre en pratique, à les varier et à les com- biner de manière à arriver à son butle plus promptement possible, et sesouviendra toujours que c’est sur les derniers produits, les plus nou- veaux , les plus compliqués de greffe et de bou- turage et d’annelage, qu'il faudra opérer de pré- férence; il faudra qu’il se souvienne aussi qu’il ne doit pas rebuter les graines mal conformées , bi- zarres et mal mûres , à fleurs doubles, naines, plus hâtives, en un mot plus domestiques ; quelques graines des premières recueillies de- vront aussi être gardées le plus long-temps possible, pour essayer plus tard les effets prove- nant de leur vieillesse. Il sera encore essentiel de faire attention que plus la ramification sera parvenue à un haut degré, soit sur greffe, soit sur bouture, plus on sera fondé à espérer du fruit amélioré, soit sur les graines, soit sur les greffes ou boutures produites par ce haut degré. „Le maclura aurantiaca et autres arbres qui wont pas d'analogues pour être greffés devront être essayés à souder par les greffes en approche avec les arbres qui auraient avec eux le plus d'a- nalogie; et-ces, derniers devront, aprés la sou- dure, avoir la tête coupée, suivant Pexemple que (417) | j'en ai donné à l’article du pécher accolé à Va- mandier. Aussitôt qu’on aura obtenu quelques variétés, il sera expédient de chercher à les joindre par des fécondations naturelles , et d'y joindre les opéra- | tions par divers procédés que j'ai indiqués pour retarder ou avancer les produits. J'ai rempli la tâche que je m'étais imposée. Que ceux qui s'intéressent à la pomologie riva- lisent d'efforts avec moi pour concourir à son perfectionnement. Si cet ouvrage est agréé, je lui donnerai une suite, ou j'y ferai quelques changemens. Faisons des vœux pour que l'amélioration des fruits et celle de l'ouvrage marchent d’un pas égal. | ee - (418) RAILS LS ET ASE SVT EEE VÉVLLLL ALI LL ELILIA LILAS IALISAIELS 40888800 TAILLE DES ARBRES A FRUIT. Les considérations que je présente ici sur la taille des arbres fruitiers ne sont pas le résultat d’une longue pratique de cet art, elles mont tout simplement été suggérées par les observations que j'ai eu occasion de faire sur leur végétation. Occupé, depuis quelques années, d'expériences particulières sur ces arbres et sur plusieurs de leurs espèces et variétés, dans un tout autre but que celui qu'on se propose ordinairement dans leur culture, je n'ai pu me livrer à ces expé- riences sans examiner de très près le mode de leur végétation et de leur fructification, et jai été très étonné de les trouver absolument en contradic di avec la méthode de taila pratiquée le plus ordinairement. (419 ) C'est du poirier et du pommier que je me suis le plus occupé; cest d'eux seuls que je vais pegea ici. Je pense néanmoins que, de ce que j'ai à dire sur eux, il sera possible de tirer quelques inductions relatives à la taille de plu- sieurs autres espèces d'arbres. Je dois faire observer que, pour le moment, je ne m’occuperai nullement de la taille consi- dérée dans ses rapports avec la direction des arbres, soit en espaliers, soit soumise à toute autre forme, d'usage, de mode ou de caprice, bien ou mal raisonnée, comme contre-espalier, buisson , quenouille, pyramide, etc. : je wen- tends parler que de la taille en elle-même, c’est à dire de l'arbre taillé simplement dans la vue de lui faire porter son fruit, et contrarié le moins possible dans sa forme et dans son port naturels. Je sens bien qu’on m’objectera qu’il est impos- sible de considérer les arbres à fruits, ceux du moins qui sont dans nos jardins, abstraction faite de leur forme, de la direction quelconque | à laquelle on ne peut guère s'empêcher deles assujettir, ne füt-ce que pour la régularité: ;qu’on me dira qu’un arbre, tel que je veux me. le fi- gurer, serait un être idéal, dont il ne pourrait se trouver de modèle que dans l’état sauvage : il me semble cependant que, mon intention 27. ( 420 ) étant de considérer la taille en elle-même, et seulement sous le rapport de la production des fruits et du bois qui doit en être le support, ce qui est son premier et son plus essentiel but, je ne puis me dispenser de la considérer isolé- ment, pour ne pas compliquer mon sujet, sauf à revenir uneautre fois sur la direction, sil y a lieu, en passant du simple au composé. . En effet, dans la taille des espaliers, le but | n'étant pas seulement de se procurer des fruits pour lemoment, mais de prévoir à l'avance les moyens de tenir toujours le mur garni, et les branches à bois et à fruits qui doivent le tapisser toujours également exposées à Faction bienfai- sante de lair et du soleil, cette taille devient un art très compliqué; et dès que l’on veut assu- jettir un arbre à une forme quelconque, qui n’est pas la sienne propre, il est évident que, dès le premier pas que l'on fait pour y parvenir, il faut dévier des principes et comméncer par con- trarier: să manière d’être : il devient donc. dès lors très difficile, sinon impossible, de juger ce qui serait arrivé s’il eut été abandonné à lui-- même, comme il est impossible aussi , une fois quesa manière d'être est dérangée, d'y revenir, ou même de s’en rapprocher: c’est à quoi on n'a guère pensé. EN Un travail préliminairé,.essentiel à tous ceux | ( 421) | qui s'occupent soit de la pratique de la taille, soit den donner des leçons, eût donc été d’étu- dier auparavant la végétation des arbres natu- turels en premier lieu, puis celle des arbres soumis à la culture, modifiés par la transplan- tation, la greffe, le semis ; de suivre la végéta- tion de ces derniers, lorsque, après avoir subi une ou plusieurs de ces opérations , ils sont aban- donnés à eux-mêmes, comme dans nos vergers : c’eût été le moyen de se mettre en état de juger de l'influence de la taille sur eux, et des con- trariétés plus où moins grandes qu’elle oppose à leur manière d’être, des modifications que ses principes généraux doivent subir en raison des différences que ces arbres présentent, afin d’être en état d'éviter, autant que possible, de con- trarier la marche particulière à chacun d'eux ; et la marche générale à l'espèce entière , soit par l'opération de la taille elle-même, soit dans la direction à laquelle on se TNA de les assu- jettir (1). Cette étude préliminaire a-t- elle été Tate par un grand nombre d'auteurs ou de praticiens? (1) Celui qui wa vu que les arbres de son jardin n'a rien vu. La végétation.d’un arbre taillé ne donne’aucune idée de la végétation qui lui est naturelle; c’est la nature qu'il faut étudier. ( 422 ÿ n Cela est fort douteux; car, à quelques exceptions prés, la plupart n’ont été que copistes ou imita- teurs. Parmi les praticiens, combien d’entre eux croiraient n'avoir point taillé, s'ils n’avaient tou- ché indistinctement à toutes les branches ! Com- bien d’entre eux n’ont-ils pas une si grande ha- bitude de rogneret de raccourcir, que la branche même la mieux faite, la mieux placée, réunis- sant enfin toutes les qualités convenables, ne . peut échapper à leur serpette! La taille, dans leurs mains, au lieu d’être le retranchement des branches mortes , malades, mal placées, mal faites, ou se gênant mutuellement par leur trop grand nombre; la suppression même des gour- mands qui, dans plusieurs cas, attirant toute la sève à eux, peuvent être nuisibles; la taille, dis-je, exécutée par des gens éclairés, rempli- rait sans doute une partie de ces fonctions x tandis que, pour eux, elle n’est que le raccour- cissement universel de toutes les branches , TaC- courcissement bien ou mal raisonné , mais tou- jours rigoureusement exécuté, de telle sorte qu’il semblerait qu'à leur compte la nature n’a Pu rien faire de bien, et qu'il faut, pour être parfait, que tout ait passé par leurs mains. Mais pour celui qui a étudié la marche natu- relle de la végétation et de la fructification du poirier et du pommier, et qui a sous les yeux | (425 ) deux arbres voisins, de structure et d'espèce pareilles, dont l’un vient d'être taillé, et l'autre reste à tailler, la première idée qui se puisente est celle-ci : Il remarque d abord que, quelles que soient l’habileté et les connaissances pratiques ou rai- sonnées du jardinier, presque toutes les parties _retranchées de l'arbre taillé sont celles sur les- quelles les plus belles rosettes et lambourdes se seraient manifestées dans le printemps succé- dant à la taille. La chose deviendra pour lui de la dernière évidence, sil veut bien comparer, l'année suivante, ces deux mêmes arbres, lun taillé, Pautre non taillé, placés à côté Pun de l’autre. Par une conséquence inévitable, il est égale- ment évident que la même taille ayant eu lieu précédemment, et devant successivement avoir lieu tous les ans de la même manière sur cet arbre, ses effets ont été, sont et seront toujours les mêmes, et qu il en résultera constamment le retranchement des parties sur lesquelles se se- raient annuellement formées les plus belles rosettes, et conséquemment les plus beaux fruits. Il remarque en outre qu'à chaque année la taille ayant raccourci toutes les branches, à l'ex- trémité de la partie restante de chacune d elles | ( 424 ) n} s'est formé un coude: en sorte que si un tel arbre a vécu cent ans, ou a cent ans à vivre 4 autant il s’y trouvera de coudes et de nœuds multipliés par le nombre de ses branches, comme également autant de fois le support naturel de ses plus belles rosettes aura été re- tranché. Ces réflexions sont pénibles, sans doute; elles sont cependant de la plus exacte vérité. Estil donc bien possible qu'il n’y ait aucun inconvé- nient à contrarier perpétuellement , pendant cent ans et plus, la marche naturelle de la végé- tation ? Qu'est-ce que c’est done qu'un art tant perfectionné, tant vanté , par lequel on se crée des difficultés pour avoir le plaisir de les vain- cre, et qui n'est au fait qu'une lutte perpétuelle de l’art contre la nature? Cependant me dira- t-on avec quelque apparence deraison : par cette méthode on a de beaux arbres, on se procure de beaux et bons fruits; mais qu'est-ce que cela prouve? Que, malgré cette perpétuelle contra- riété , les forces de la nature sont si grandes et ses ressources si variées, qu'avec la taille, ou plu- tôt malgré la taille , elle répare promptement les outrages qu’on ne cesse de lui faire. > ( 425 ) Du but de la taille. Le but de la taille est de faire porter aux ar- bres de beaux et bons fruits, en quantité modé- rée et à peu près égale chaque année, en con- servant toutefois l'arbre en bon état de vigueur et de santé. Voilà donc trois conditions à rem- pies . 1°. Production de beaux et bons fruits ; 2°. Production de fruits en quantité modérée et égale à peu près chaque année ; 50. Maintien de l'arbre en bon état de vigueur et de santé. | | La taille remplit-elle exactement ces trois con- ditions? Existe-t-il d’autres moyens d'arriver plus directement , ou au moins de coopérer au même but, et quels sont-ils? Ces moyens une fois trouvés , sera-t-il possible de les combiner -avec la taille? | Je ne chercherai point à résoudre chacune de ces questions en particulier ; elles se trouveront discutées dans le cours de cet ouvrage : je vais exposer d’abord mes idées sur ATR moyens auxiliaires de la taille, et sur la marche de la vé- gétation et de la fructification du poirier et du pommier, marche sur laquelle ont dû se fonder ses principes. La f : — f y EE- pan say + 4 ns FRS D PO OR RÉ TP a areant © a 2a = nn ruin ( 426 ) Moyens auxiliaires de la taille. Entre les principaux moyens auxiliaires de la tailledans la conduite des arbres, tant pour la pro- duction du bois que pour celle des fruits, moyens dont on n’a peut-être pas encore tiré tout le parti possible , sont lincision annulaire , l’arqüre , le cassement de l’extrémité des branches , le pince- ment , l'ébourgeonnement, la greffe, la trans- plantation, le recépage, l'éborgnement, etc. Par lincision annulaire, on peut mettre à fruit les boutons terminaux et latéraux situés au des- sus du point circoncis; par Varqüre, on obtient une partie des mêmes effets, et l’on détermine assez ordinairement (je dis ordinairement, parce que cette sortie peut être modifiée par l'époque de l'opération ) , dans la partie arquée, la sortie de rosettes au lieu de branches à bois ; par ces deux mêmes opérations, on détermine ordinai- rement aussi la sortie de branches à bois au des- sous de la partie circoncise ou arquée; par la greffe exécutée suivant certaines modifications , où obtient à volonté branches ou boutons à bois, branches ou boutons à fruits ; par la transplan- tation, le cours de la sève se trouvant modéré, au lieu de boutons à bois il sort quelquefois des boutons à fruit; enfin, par le cassement ; On ob- y ( 427 ). tient quelquefois un bouton à fruit terminal au lieu d’un bouton à bois, et Pon détermine aussi l'avancement des boutons placés plus bas par le pincement, | J'ai commencé, sur ces diverses opérations, plusieurs expériences ; je ne me trouve pas encore assez avancé pour rendre compte de toutes : je -dirai seulement plus bas quelque chose du casse- ment et du pincement. De la ri ane et de la fructification du poi- rier et du pommier , et de la division établie par les auteurs entre leurs branches. Ceux qui ont écrit sur les principes de la taille ont cru devoir établir , dans les branches des poiriers et pommiers, trois principales divi- SiOns : 1°. Branches à bois ; 2°. Brindilles (par brindilles on entend de petites branches à bois qu’on appelle aussi branches à fruit, parce que, dit-on , elles ne fournissent que des rosettes ou lambourdes) ; 30. Branches à fruits véritables, ou rosettes ou lambourdes , qu’on appelle aussi boutons : à fruits. í Mais ces trois divisions sont-elles bien dans la nature ? Sont-elles bien réellement distinctes ( 48 ) les unes des autres? Y a-t-il entre elles une vé- _ritable ligne de démarcation ? N'y a-t-il pas, au contraire, fusion des unes dans les autres? N’ont- elles point été imaginées pour faciliter la prati- que de la taille? ou si elles sont véritablement fondées , doit-on les admettre généralement , eu égard à lespèce entière, ou seulement relative- ment à l'individu qu’on a sous les yeux, Cest à dire à partir des pommiers et poiriers sauvages, et se rapprochant par degrés de nos espèces plus où moins domestiques? Dans ces rapprocheméns, les caractères prétendus distinctifs de ces trois sortes de branches ne perdent-ils rien de leur essence ? Voilà bien des choses à considérer , et auxquelles on n’a pas assez réfléchi. M. Du Petit-Thouars, qui a examiné ces ar- bres avec beaucoup d'attention, avec l’observa- tion seule pour guide, n’admet point cette dis- tinction de branches, et il me paraît être bien fondé ; et véritablement les rosettes ou lambour- des peuvent être seules regardées comme dis- tinctes , et encore avec quelques restrictions. Les expressions de branches à bois et branches à fruits peuvent bien être permises au jardinier ? qui a le droit de les nommer ainsi > suivant qu il attend d'elles ou du bois ou du fruit ; mais, dans le fond , ces expressions ne peuvent être que re- latives, la qualification applicable à toute bran- ( 429 ) che me paraissant dépendre bien moins de sa nature intime que de sa position'et de la qualité de l'individu dont elle dépend, et même de la saison, du climat ou du terrain, d'autant plus que l'art ou le hasard (j ‘entends par ce dernier mot les circonstances environnantes dont il n’est pas toujours permis d'apercevoir ou d'apprécier linfluence ) peut faire varier et changer leur dénomination, en changeant létat des choses sur lesquelles cette dénomination paraissait fondée. | Examinons en effet la végétation des poiriers et pommiers, et prenons pour guide M. Du Petit- Thouars dans son ouvrage intitulé : Recueil de rapports et de mémoires sur la culture des arbres fruitiers, page 77 et suivantes, A Paris, chez Pauteur, rue du Roule, n°. 20, en y DEAR: les passages de Butret, qu'il ya cités. « Les arbres à pepins , comme les poiriers et pommiers, rapportent leurs fruits sur de pe~ tites pousses appelées lambourdes, qui sont or- dinairement trois ans à se former ( nota des trois ans), et souvent plus ; ; elles viennent principa- fee sur de petites branches longues. de cinq à six pouces, nommées brindilles: c'est pourquoi les brindilles et les lambourdes sont les vraies branches à frnits dans ces sortes d'arbres; les autres sont branches à bois, et fournissent les ( 450 } . brindilles et lambourdes. » Butret, pages 7 et 8. «Il y aune exception à faire sur la règle géné- rale pour les pommiers greffés sur paradis, qui rapportent souvent des fruits sur les branches d’un an ; ces bois développent, au mois d'avril, des lambourdes qui fleurissent et donnent du fruit dans leur saison.» Butret. « Dans les arbres à fruits à pepins , ordinaire- ment le bouton terminal des jeunes branches de l’année précédente, ou ce que je nomme le bour- gecon, s'allonge tout de suite en une branche semblable à celle qui la portait, c’est à dire que toutes ses feuilles sont distantes les unes des au- tres; les autres bourgeons donnent souvent la même quantité de feuilles; mais comme elles sont trés rapprochées, elles forment une rosette; mais, si l’on coupe une portion de la branche , le bourgeon, qui sera rendu terminal par cette opération, s'allongera tout de suite en branche dite à bois, en sorte que je ne crois pas qu il y ait dans la nature de caractères certains qui puissent faire distinguer les différentes espèces de branches antioncées dans les ouvrages sur la culture. » (M. Du Petit-T houars, p. 58.) F ai vu les choses comme M. Du as Thouars, et, en conséquence, j je suis de son avis. J'ajoute- rai néanmoins Quelques observations qui peu- vent bien ne pas lui être échappées, mais dont ( 431 ) il n’est pas mention dans son ouvrage, et dont l'exposition est nécessaire au sujet que je traite. Il y a, suivant moi, plusieurs circonstances qui influent sensiblement, quoiqu’à divers de- grés , sur le développement des yeux, soit à bois, soit à fruits, et sur la formation, sur la position, sur le ri des rosettes, ainsi que sur le temps qu’elles mettent à se perfectionner pour être en état de fleurir et de fructifier. N'ayant pasà ma disposition les divers ouvrages publiés sur là culture des arbres, et ne me sou- ciant pas d’ailleurs d’y faire de longues recher- ches , je ne puis m'assurer si foules ces circons- tances ont été examinées par leurs auteurs; je vais donc parler d’après mes propres idées , discuter leur influence probable, et sur les ar- bres ,et, par suite, sur la manière de les tailler et de les diriger en conséquence. | Reprenons encore ici M. Du Petit-Thouars pour guide, et voyons avec lui ce qu'il a exposé sur le mode de leur fructification. : « Dans les arbres à fruits à pepins , ordinaire ment le bouton terminal des jeunes branches de l'année précédente s’allonge tout de suite en ‘branche à bois; mais les boutons latéraux for- ment des rosettes, etc.» Remarquons que M. Du Petit-Thouars dit ordinairement; j'ai exprèssou- ligné ce mot, et, dans le fait, c'est ainsi-queicela etes ti "+. pipe s (432 ) arrive le plus ordinairement ‘dans les arbres adultes et portant fruit ; mais entrons dans quel- ques détails, et voyons les différences qui 5e manifestent sur les arbres à raison de leur espèce, de leur âge, etc. Divisions artificielles proposées entre les arbres d'âge et de force différens. Pour me faire mieux comprendre, je vais éta- blir une division artificielle entre ces arbres : je placerai au premier ordre les plus vigoureux ou les plus jeunes , et je descendrai paf degrés aux arbres adultes de force moyenne, et de là aux arbres vieux et faibles. | + i Premier ordre. Dans les arbres doués de la plus grande vi-= gueur, le bouton terminal des jeunes branches de année précédente, au lieu, comme dans l'exemple précité ordinairement, ete., de ne donner qu’un jet unique, développe par anti- Cipation sur les années subséquentes, en mémê tempset à mesure qu’il s'allonge , tout ou partie de ses yeux latéraux , Soit en branchés à bois , soit en rosettes (soit même en épines‘, dans les arbres: Sauvages ou demi-sauvages ). Ce déve- loppement se fait d’une manière assez remar- ( 4553) quable, et qui exige quelques détails, sur lesquels nous reviendrons ailleurs. : Deuxième ordre. Dans les arbres assez vigoureux, tels que peu- vent être de jeunes arbres de semis, des arbres prêts à porter fruit, des arbres recépés , une greffe placée sur un fort sujet, le bouton termi- nal des jeunes branches de l’année précédente s'allonge tout de suite en branche à bois ; mais tout ou partie des boutons latéraux, à com- mencer par ceux placés à la partie supérieure, se développe en branches à bois : quelques uns seulement, en petit nombre, placés dans la par- tie très inférieure, donnent quelques rosettes; ou , beaucoup plus-souvent, avortent ou dor- ment. | Troisième ordre. Dans ce troisième ordre, composé d'arbres portant fruit, et déjà très modérés dans leur croissance, le bouton terminal des jeunes bran- ches de l’année precédente s'allonge tout de suite en branche à bois ; mais dans les boutons laté- raux, quelques uns seulement, placés à la partie supérieure, se développent en branches à bois : quelquefois même il ny en a qu’un seul; les 28 ( 454 ) | boutons latéraux, placés immédiatement au des- sous, donnent d’abord naissance à quelques faus- ses rosettes ou rosettes allongées, puis à de véri- tables rosettes ; et enfin les inférieurs ne produi- sent que des rosettes mal formées, ou avortent ou dorment. | Quatrième ordre. Dans cet ordre , dont les arbres vont en s’af- _faiblissant, le bouton terminal des jeunes bran- ches de l’année précédente s'allonge tout de suite en branche à bois; mais les boutons latéraux ne donnent plus naissance à aucune branche à bois, mais seulement à des rosettes, dont les plus bellès sont toujours à la partie supérieure : le reste des boutons avorte en grand nombre. Cinquième ordre. Enfin, dans ce cinquième et dernier ordre, qui Shpend les arbres les plus faibles et les plus âgés, le bouton terminal des jeunes branches de l’année précédente s’allonge tout de suite en branche à bois (il lui arrive cependant quelque- fois de porter fléur au lieu de s allonger); m mais à P exception d’une ou deux rosettes qui 5 y for- ment, quoique rarement, les boutons Jatéraux avortent ou dorment: (455 ) Ces divers effets ont lieu non seulement sur tes branches dites à bois, mais aussi sur celles dites brindilles : à la vérité, ces dernières, que leur position, leur direction inclinée mettent à l'abri de la grande force d'ascénsion ou du cours direct de la sève, sont; eu égard à cette circons- tance, beaucoup moins portées à se développer à bois, et beaucoup plus à ne porter que des rosettes, quoiqu'il soit aisé de voir qu'elles ne diffèrent des autres que par le plus ou le moins, et que c’est à leur position et non à leur essence qu’elles doivent cet avantage. | Cela est si vrai, qu'en employant tour à tour les moyens fortifians ou débilitans, on change à volonté leur destination. Ainsi, en arquant une branche dite à bois, en la mettant dans une position à peu près pareille à celle de la brindille, elle en acquiert sur-le- champ les propriétés. | (Elle produit donc alors des rosettes au lieu de branches à bois , parce que l’arqüre l’a affai- blie. On peut, au surplus, lui rendre sa vigueur en lui laissant reprendre sa direction naturelle aussitôt que les rosettes sont formées. } Si on supprime toutes les branches à bois, et qu'on ne laisse que les brindilles , qu’on éclair- cisse celles-ci, qu’on les mette à Pair, qu'on les redresse, qu'on les dispose comme branches à | 28. ( 436 ) bois , elles en acquerront sur-le-champ toutes les propriétés. | Que si, enfin, On supprime toutes les bran- ches à bois et les brindilles, qu'on ne souffre sur aucune partie de l'arbre le percement d'yeux qui voudraient y suppléer, qu'on n’y laisse enfin que des rosettes et en petit nombre, du cœur de celles-ci, du milieu de leurs fleurs et de leurs fruits s’élancent des bourgeons qui se dévelop- pent en branches à bois et en acquièrent toutes les propriétés : il arrive alors qu’on voit des fruits à la base de ces nouvelles branches à bois. Au fait, cela ma rien d’étonnant ; la brindille n’est qu’une faible branche à bois, la fausse rosette n’est qu'une brindille qui commence à se déve- lopper ; de fausse rosette à la vraie rosette il n’y a qu'une nuance, et la rosette elle-même n’est qu’un faisceau de boutons à bois et de boutons à fruits réunis, dont les uns et les autres peu- vent se développer isolément ou simultanément, bien que, dans les cas ordinaires, les boutons à fruits seuls s'y développent au détriment des autres. | Ainsi l’incision annulaire, la greffe, le casse- ment, le pincement, l’arqûre , et notamment la taille, comme tout le monde sait, changent la nature et la destination des diverses sortes de branches; ou plutôt chacune de ces opérations & (437) contribue, à sa manière, à développer de pré- férence leurs germes à bois, ou leurs germes à fruits. Autant en fait la transplantation , ainsi que la coupe de fortes racines ; et je puis citer, à cet égard, un fait remarquable: J'ai vu, au prin- temps dernier, un gros poirier couché par le vent sur terre, et y tenant encore d'un côté par ses racines; il a continué sa végétation , et elle wa rien présenté g extraordinaire dans la partie te- nant à la terre ; mais dans la partie de sa tête, correspondante aux racines arrachées, il n’a poussé aucune branche à bois : il ne s'y trouve que des rosettes, et tous ses boutons terminaux sont à fruits. | Au moyen d’un léger coup de serpette ou d’une petite incision à l'écorce au dessus d'un œil qui dort, on peut déterminer sa sortie, et au dessus d’un œil poussant Ja sorlie d’une branche à bois au lieu d’une rosette; une inci- sion pareille, mais faite au dessous ‘d’un autre œil, l’empêchera de se développer, ou bien Ľar- rétant, et le retardant dans son essor, le forcera à se mettre à fruit, bien qu'il parüt d’abord des. tiné à former branche à bois. Une lésion quel- conque , la pique d’un insecte, un coup d'air , suivant le lieu où s'exerce leur influence, peu- vent produire de pareils effets; effets d'autant plus imprévus, que souvent on n’en peut recon- ( 438 ) naître la cause, et qu’à défaut de mieux on attri» bue au hasard, ou que plus mal à propos encore on regarde comme des exceptions. Au surplus, la taille elle-même ne parait rien changer à l’ordre des évolutions des branches et ‘boutons à bois et à fruit, tel que je Fai établi ; elle ne paraît que changer le lieu de ces évolu- tions, Cest à dire qu’elle le rabaisse d'autant de degrés qu’elle supprime d’yeux: par là, les bou- tons à bois et à fruit qui naissent au dessous du raccourcissement de-la branche sont placés plus bas, mais conservent toujours entre eux la posi- tion respective qu'ils auraient eue sans la taille (tête de saule, distance des yeux ). On peut croire seulement que la taille donnant ordinai- nairement ( car il y a des exceptions que j'ai fait connaitre ) plus de vigueur à la branche rac- courcie, en diminuant le nombre des yeux qu'elle a à nourrir, augmentera la proportion des branches à bois, comparativement à celle des branches à fruit; changement de proportion qui, comme on le voit bien, n’est pas du tout à l'avantage du cultivateur. Il est d’ailleurs assez connu que les arbres non taillés donnent plus de fruit que les arbres taillés ; et le moyen de mettre un arbre à fruit, c'est de le laisser 5’al- longer à discrétion. (Wote sur ce trop grand allon- gement.) (La vigne venue de pepinée met plus | | ( 439 ) tôt à fruit lorsqu'on ne la taille pas; et c'est tou- jours sur les yeux de l'extrémité que paraissent les grappes, et même les plus belles grappes : au surplus, je n’entends rien inférer de ceci contre la taille de la vigne.) Un’ y a donc, je le répète, entre ces trois sortes de branches, aucune différence réelle; il n’y a que _des nuances, puisque, selon leur vigueur, selon leur position, selon la nature des opérations qu'on leur fait subir, il se présente des boutons à fruits là où on attendait des boutons à bois, et des bou- tons à bois làoù on attendait des boulons à fruits; et que les branches qui restent après la taille ou un retranchement quelconque, quelles qu'elles soient, reprennent la place de celles retranchées; et qu’en dernière analyse la nature finit tou- jours par reprendre ses droits, c’est à dire déve- loppe dans le premier âge les élémens du bois, dans l’âge adulte les élémens du bois et du fruit simultanément, et dans la vieillesse ceux du fruit seulement, signe de décrépitude, annonçant la fin prochaine du végétal : aussi ne balancerai-je point à avancer ces trois propositions ; 1°. Dans les arbres trés jeunes et très vigou- reux, tous boutons et branches sont boutons et aana à bois; | . Dans les arbres adultes et de moyenne nt il y à des boutons et des branches à bois, ( 44o ) il y a des boutons et des branches à fruits, où, pour parler plus régulièrement, tous boutons et branches sont en même temps, à volonté, bou- tons et branches et à bois et à fruits; 3°. Dans les arbres faibles et vieux, tous boutons et branches sont boutons et branches à fruits. | Voyons présentement ce que la taille ordi- naire opère sur les arbres de chacune de ces trois divisions, et en quoi il me parait qu’elle devrait éprouver des modifications. (J'avais d’a- bord pensé à établir un plus grand nombre de divisions ; mais j'ai cru ensuite pouvoir me ré- duire à trois : je pense que cela peut suffire pour me faire comprendre.) 1°. Arbres très jeunes et très vigoureux. — De l'effet que fait et devrait faire la taille sur les arbres de cette première division. Dans ces jeunes arbres, surtout dans ceux ve- nus de semis, tout est, Comme je lat déjà dit, boutons et branches à bois. Ce n’est pas que sur les branches inférieures, horizontales, inclinées, on ne puisse apercevoir quelques rudimens de rosettes ; mais ces rosettes, qu’on jugerait devoir être três long-temps à se former et à fructifier, finissant en général par s’oblitérer, on ne peut ( 44a ) eir faire aucun cas; tant qu’elles ont subsisté, elles n’ont fourni que des feuilles : je n’en tien- draï donc aucun compte, et je regarderai toutes les branches de cet arbre comme branches à bois. La taille sur ces jeunes arbres ne de- vrait donc avoir lieu que pour les régulariser, en supprimant les branches trop nombreuses, confuses ou mal placées. Toute taille de rac- courcissement ne tendrait qu'à augmenter la confusion, en multipliant la ramification déjà trop abondante, et à retarder d’autant leur accroissement quant à la fructification. ( Note subséquente. ) Il ne s'agit que de pourvoir à leur éducation : la taille qui leur convient pourrait donc s'appeler taille d'éducation ou de régularisation. Je ne m’étendrai pas davantage sur cette première division. p 30, Arbres adultes, commencant à porter fruits, ou en pleine fructification. — De leffet que fait et que devrait faire la taille sur cette se- conde division. Dans cette division d'arbres, qui est sans con- tredit la plus nombreuse et la plus intéressante, puisqu'à la force et à la vigueur elle réunit le produit, je-range les arbres dont M. Du Petit- Thouars a décrit la végétation, ainsi que je l'ai (442) cité plus haut (page 452). Ce sont les plus com- muns dans les jardins; c’est aussi d'eux que j'ai avancé qu’en comparant l’arbre taillé avec l'arbre non taillé, les plus belles rosettes devaient se trouver naturellement sur les parties retranchées par la serpette : c’est un fait qu’il est impossible de nier; toutes les branches d’un tel arbre étant raccourcies, et ses rosettes naturelles suppri- mées, il faut qu'il s'en forme d’autres artificiel- lement; il faut que ce qui était à bois devienne à fruit, et que ce qui était à fruit devienne à bois, et cela sans nécessité démontrée, au moins géné- ralement parlant. Je “veux bien convenir que, par le raccourcissement des branches, les yeux qui restent poussent plus vigoureusement ; mais sans les raccourcir on obtiendrait le même effet, en en supprimant quelques unes dans leur en- tier; et celles qui restent ne seraient, au moins, pas mutilées. On peut me dire aussi qu’en rac- courcissant les brindilles, la quantité de rosettes qu’elles doivent produire en diminuera d'autant, et que celles qui resteront prendront d'autant plus de force; mais je répondrai qu’on peut aussi Parvenir au même but, soit en retranchant dans leur entier une partie des brindilles, soit en les laissant toutes et éborgnant une partie de ieurs yeux, afin qu'il n’en -reste que la quantité con- venabie. La même opération d’éborgnement pour- (445 ) rait être faite sur toutes les branches à bois Con- servées dans leur entier: il en résulterait l'avan- tage de ne mutiler aucune branche conservée, d'éviter les coudures que produit la taille, et la confusion de branchage qu’elle occasione ; d'é- viteraussi l’'ébourgeonnementsubséquent qu'elle rend nécessaire, et qui, quoi qu’on en dise, ne peut manquer d’épuiser les arbres. C’est dans cette même division que se trouvent les arbres qui fournissent le plus régulièrement les branches à bois.et à fruits; c’est elle qui fait l'espoir et la richesse du cultivateur. Je nomme- rai taille à fruit ou de fructification la taille mo- difiée, ainsi que je lai exposé, à laquelle elle devrait être soumise, parce que, sans négliger la production du bois, c’est celle du fruit que l’on a principalement en vue. 3°. Arbres vieux et faibles. — De l'effet que fait et que devrait faire la taille sur cette troisième division. Faites C'est cette troisième classe que j'ai représentée comme n'ayant que des branches et des boutons , à fruits, sur laquelle je regarde la production du 3 bois comme rare, et cependant comme très es- sentielle. Cest donc ici à la production du bois que doit tendre l'art du cultivateur ; aussi nom- (444 ) merai-je la taille que je voudrais voir pratiquer sur ces arbres taille à bois. Cette troisième classe d'arbres, qui, quoique sur le déclin, présente encore beaucoup d’inté- rêt, dont on-pourrait prolonger le produit et la vie par une conduite mieux entendue, me paraît être, entre toutes, la plus maltraitée par la taille actuelle. En effet, affaiblie par l’âge, il lui est difficile de réparer les outrages sans nombre qu'on lui a faits depuis sa naissance ‚et de lutter encore contre ceux qu'on ne cesse de lui faire. Je vais donc entrer, à son send dans des détails plus étendus. | Quel spectacle, en effet, présentent ces arbres? Des individus contrefaits, rabougris, offrant une succession non interrompue de coudes et de nœuds depuis leur pied jusqu’à leur sommet ; des branches à moitié mortes , couvertes de chan- cres, d'écorce mousseuse, crevassée, remplie d'insectes, etc., symboles de la décrépitude, et ` tableau complet, mais hideux , des effets de l'in- terruption du cours direct de la sève, peu propres assurément à concilier des partisans aux fauteurs -de ce système. Car si, comme je l’ai déjà fait ob- server, un de ces arbres a cent ans, il a cent coudes et cent nœuds multipliés par le nombre de ses branches : et qu’en résulte-t-il ? Production de fruits mal cônformés , petits, pierreux,- sa~ ( 445 ) voureux à la vérité, mais qui rachètent cette qua- lité par mille autres défauts. En définitif, ces vieux arbres, quoique chargés de brindilles, accablés de nombreuses rosettes, se couvrant même de milliers de fleurs, n’en donnent pas toujours pour cela plus de fruits, parce qu'ils | n’ont pas les moyens de les nourrir, parce qu’ils manquent de jeune bois et de feuilles nécessaires à l'aspiration et à l'élaboration de la sève ,le cours de celle-ci étant interrompu par une déviation continue, causée par des milliers de coudes et de nœuds, et cela à tel point, qu’il arrive même que les rosettes , quoique ayant en elles les ger- mes des fruits, avortent et ne produisent que des feuilles. On objecterait en vain que ces coudes et ces nœuds sont précisément la cause de la sa- veur supérieure des fruits, se fondant sur un exemple frappant, savoir : que dans les vignes ce sont les ceps les plus vieux, les plus coudés qui donnent les vins de meilleure qualité; mais il faut faire attention : 1°. que la végétation de la vigne est d'un genre particulier; 2°. qu'il n'y a aucune comparaison à faireentre la saveur d’une poire produite par un vieil arbre, relativement à la saveur d'une autre poire, et celle du raisin produit par un vieux cep, dont le goùt, quoi- que supérieur en qualité, n’est nullement en proportion avec la qualité qu'il donné au vin ( 446 ) qu’on en retire; qualité, d’ailleurs, qui, quoique très estimable, est estimée souvent au dessus de sa valeur réelle, soit par sa rareté, soit par sa réputation, ou toute autre raison qui ne peut être ici que de très faible considération. Ces vieux arbres n'ayant donc que peu de branches à bois , terminées souvent par un bou- ton à fruit, et qui, étant assez faibles, pour- raient plutôt passer pour brindilles, couverts, au contraire, d’une multitude infinie de rosettes, justifient bien ce que j'ai avancé, que sur eux tout était boutons et branches à fruit. Rendre de la vigueur à ces arbres, en leur faisant pro- duire du bois, puisqu'ils se mettront d'eux- mêmes assez à fruit, quoiqu’ils naient pas tou- jours la force de ie nourrir, devrait être, sur ces arbres, le but principal de la taille. Raccourcir sur eux les branches à bois , comme on le fait ordinairement, est, suivant moi, un très mauvais procédé : en taillant court, dit-on, on diminue le nombre des yeux, et, conséquem- ment, la sève en ayant moins à nourrir, ceux qui restent prennent plus de force. Un principe généralement vrai, c’est qué plus une branche est taillée court, plus un arbre est recépé bas, plus il repousse vigoureusement; mais ce principe souffre des exceptions : j'en vais don- è è , 3 ner plusieurs exemples, et je ne doute pas qu on (447) ne les trouve très applicables au cas présent. J'ai fait, à différentes fois, des milliers de bou- tures de plusieurs espèces d’arbres, notamment de peupliers suisses et autres. L'usage assez cons- tant est de les recéper rez terre où à un ou deux yeux au plus au dessus; j'ai cependant remarqué que les boutures auxquelles je laissais leur bou- ton terminal avaient dans Certains cas, sur les autres, une grande avance. Il m'açparu que leur bouton terminal leur était d'autant plus avanta- geux, que les boutures étaient plus faibles, et que leurs yeux inférieurs étaient moins apparens ou moins développés. J'ai vu des greffes restées faibles, la première année de leur pousse, par différentes causes, no- tamment par le peu de convenance des deux sujets, périr lorsqu'on les raccourcissait; j'ai vu les mêmes greffes réussir lorsqu'on n'y touchait pas. (Je ne pense pas qu’on ait jamais fait cette remarque, qui est cependant essentielle pour ceux qui s'occupent de greffes difficiles.) J'ai vu, et c'est un fait bien connu , que, dans certains cas, on se gardait bien de recéper de jeunes plants d'arbres, dès la première année de leur replantation; mais qu'on attendait la se- conde, dans la crainte que, leur bouton terminal étant supprimé, les yeux latéraux ne fussent point assez forts pour aspirer la sève. ( 448 ) Tai observé (dans le département du Loiret) que, sur les trognes ou têtards, soit d’ormes, soit plus particuliérement de chênes, l'on avait atten- tion, autant que faire se pouvait, de laisser, à l'extrémité recépée où étronçonnée , un jet ou un rameau plus ou moins fort, dans la vue , m’a- t-on dit, d'attirer la sève dans cette partie, ét d'y faire produire de nouveaux jets. Sans cette pré: caution, m'a-t-onajouté, il pourrait arriver que, faute de points aspirans, la-sève n’y montât que fort tard, et que l'arbre fût en danger de périr. J'ai vu des arbres recépés trop bas: périr ou languir, faute d'yeux disposés à pomper la sève et à repercer (il est vrai que le froid et Phumi- dité du sol pouvaient y être pour quelque chose). Il est bien prouvé par ces faits qu’en certaines circonstances il peut être dangereux de raccour- cir une branche faible, et d'autant plus dange- reux que la moindre déperdition de sève peut affaiblir encore, et que ses yeux inférieurs sont moins formés et moins prêts à aspirer la sève, et qu’au contraire il peut être avantageux de laisser les plus forts yeux, et encore mieux un bouton terminal, qui, ayantreçu, même pendant l'hiver, une première impulsion de sève, quoique la- tente, a sur tous les autres une grande avance: İl est bien vrai que tout sujet vigoureux auquelon le retranche a , pour y suppléer, des yeux qui ; (449 ) | mis en mouvement par une sève énergique, l'ont bientôt rattrapé, et peuvent même le surpasser ; il est bien vrai aussi que, dans les arbres qui craignent la gelée, il y est plus exposé que les au: tres, qui , par eux-mêmes , sont plus tardifs, et sont encore retardés par ľ effet même de la taille; mais je nen insisterai pas moins sur la conser- vation du bouton terminal dans les sujets fai- bles, et dans certains cas que l'expérience ap- prendra à discerner. FN à : Me fondant sur ces faits et sur les considéra- tions qui en résultent, je pensé donc qu'au lieu de raccourcir les faibles branches à bois et brin- dilles de nos vieux arbres, il vaudrait mieux lais- ser dans leur entier un certain nombre d'entre elles , et en supprimer quelques autres, afin de donner plus de force à celles qui resteraient, On pourrait. même sur ces dernières, si l’on craignait d'y faire des plaies et risquer aïnsi d'occasioner une perte de sève, éborgner avec _ discernement et avec précaution une partie des yeux, si Von jugeait qu'il y en eût trop. Quant aux rosettes ou lambot ides , Si l'on jugeait aussi que leur quantité fùt trop grande, on en pour- `’ rait supprimer quelques unes, tant sur les bran- ches nouvelles quë sur le vieux bois. Parmi ces roéettes , on retrancherait, comme de raison et de préférence, les plus anciennes , les plus dif- 25 ( 450 ) formes , celles qui resteraient devant profiter de la nourriture destinée à celles supprimées; car il arrive souvent, comme je Fai déjà fait obser- ver, que les rosettes en trop grand nombre, ou ne donnent que des feuilles, où n’aménent à bien qu'une très petite quantité de fruits, rela- tivement à la grande quantité de fleurs dont elles s'étaient couvertes. Du recepage. À ce système de retranchement de branches et de rosettes , peut-être devrait-on: en substituer un autre., et j'ai quelque raison de croire qu'il lui serait préférable : ce serait le recepage total ou partiel de l'arbre lui-même. Le recepage est un moyen connu, mais pas assez employé, ou du moins employé trop sou- vent à la dernière extrémité : on l'a réduit en Système pour la conduite de l’Orangerie de Ver- sailles, et avec beaucoup de succès : pourquoi ne l’appliquerait-on pas égalément aux arbres à: - fruits? Par l'emploi de cette méthode nouvelle, applicable même à des arbres moins âgés , dis- Paraitraient tout à coup ou n'auraient plus lieu dorénavant les coudes, les nœuds, les plaies , etc- que jai reprochés aux viéux arbres. Il serait en- core un moyen commode de se débarrasser des ( 45r ) branches détériorées, par la pratique de arqûre, de l'incision annulaire, etc. On pourrait craindre que l'exécution trop ri- goureuse du recepage total n’entraïnät la perte des arbres, par la suppression universelle des bou: tons aspirans; on:peut essayer de conserver quel- ` ques rameaux ; cette idée, déjà développée plus haut, me conduit naturellement à parler du re- cepage partiel. | Au lieu d'exécuter le fecepagé sur les branches dans leur entier, on pourrait ne retrancher que la partie supérieure de chacune d'elles , ou, ce qui me paraïtrait préférable, on pourrait re- trancher quelques unes des branches de larbre . dans leur entier, c’est à dire rez tronc et à leur naissance, et on laisserait les autres absolument Sans y toucher. Ce recepage partiel aurait la: vantage de ne point priver entièrement de früit, puisquegles branches conservées continueraient d'en donner jusqu’à ce que les nouvelles pussent leur succéder. Il serait temps alors de receper à leur tour les anciennes conservées. Ce recepage s'exécuterait en alternant, c'est à dire en sup: primant-une branche et conservant la suivante, ou les deux suivantes, et ainsi de suite que l’on voudrait l’exécuter par moitié, ou par quart, en une, deux ou trois années: On pourrait craindre encore que l’éxécution 20: , selon par tiers € 453 ) de ce recepage partiel n’entraînât deux inconvé- niens tout à fait opposés, et qu'il faut également ‘prévoir, savoir : le premier, que les vieilles: bran- ches.n’empéchassent de pousser -lés nouvelles, et le second, que ces nouvelles ne fissent périr les vieilles; je ne le crois cependant pas, et je vais citer, à l'appui de mon opinion, un fait as- sez curieux que m'arapporté M. Vilmorin. … Un grand amateur de fruits, curieux de nou- veautés, possède un jardin dans lequel il s’est plu à rassembler toutes les variétés de poires qui: sont parvenues à sa connaissance, et qu'il a pu se procurer. Il n’a pas pour cela autant d'arbres qu'il a d'espèces, et voici comment il sy prend. Quand il en a obtenu une nouvelle, il coupe à sa.base une forte branche d'un de ses poiriers, ily greffe sa nouvelle espèce : elle y pousse et réussit très bien. À mesure qu'il parvient à s’en procurer d’autres nouvelles , cette opéraÿion est par lui répétée successivement sur toutes les branches du même arbre. Ces nouvelles espèces sont, à leur tour, supprimées et remplacées par d'autres plus nouvelles encore. Ses poiriers , d'ailleurs très forts et très vigoureux, ont ainsi rapporté et rapportent*simultanément et alter- nativement une multitude infinie d'espèces de poires." a a { Des ressources que-la taille offre ou devrait offrir contre alternat des arbres à fruits a pépins. & Y a-t-il des moyens de remédier à l'alternat ? quels sont ces moyens ? la taille peut-elle en faire partie ? Pi | Je doute que les ressources de la taille soient très efficaces contre lalternat ; je ne pense pas qu'on ait tenté beaucoup de recherches sur ce point, Je m'en suis déjà occupé dans un mé- moireinséré dans les Annales d’Agriculture.(or. le Mémoire suivant.) Fai recherché quelles pou- vaient être les causes de alternat , jen ai indi- qué plusieurs; mais je vais m'occuper ici d’une nouvelle cause qui ne m'avait pas paru d’abord aussi fréquente et aussi importante que je lai jugé depuis. Avant d'y procéder, je suis obligé de passer de nouveau en revue les divers modes de fructification, de formation de boutons À fruit, et de déterminer le temps qu'ils emploient pour leur complément. I semblerait que cetar- ticle eût été mieux placé plus haut, à l'endroit où je me suis déjà occupé de la manièreide frac- tifier des arbres, il est certain que c'était sa vraie place ; mais j'aurais été encore obligé d'y revenir, dans la crainte qu'on ne Peût perdu de vue ; a E a ii £a (454) , d'ailleurs, je m'en étais occupé sous le rapport de la dénomination bien òu mal fondée des di- verses espèces. de branches; et ici c'est sous le rapport du temps que mettent à leur complé- ment parfait les boutons à fruit dont J'avais alors seulement examiné la position. Bien que les auteurs aient avancé qu'il fallait, surtout au poirier, deux ou trois ans, et même plus, pour la formation complète de ses bou- tons à fruits, cela ne doit ou ne devrait s'entendre que des rosettes ou lambourdes ; car, comme l’a fort bien fait remarquer M. Du Petit-Thouars (cité plus haut), au bout d’un scion ou branche de l’année, il se trouve souvent des bouquets de fleurs; il peut même arriver que des rosettes fleurissent l’année qui suit leur formation ; et, sur le pommier-paradis , tous les yeux d'une jeune branche peuvent également fleurir. Ainsi le cassement opéré en temps utile fait développer un scion terminé par un bouton à fleur qui s’épanouit le printemps suivant; le pincement, incision annulaire, la ligature même, et l'arqüre, paraissent avoir la propriété de faire mettre à fruit sur-le-cham p tout ou par- tie des bontons latéraux ou terminaux. La greffe modifiée, ainsi que je l’exposerai dans un mé- moire particulier peut produire des effets ana- > logues ; mais ces effets peuvent être attribués à NT la culture, qui peut ou les ‘produire , ou du moins les rendre beaucoup plus sensibles; on en voit des exemples par la greffe sur cognassier ousur paradis : il en est de plus frappans encore, tels que le cerisier de la Toussaint et un nouveau calville ( calville-micoux ), qui ont la faculté de fleurir perpétuellement , ou plutôt de dévelop- per leur fleur aussitôt que le bouton est formé. Je possède moi-même en ce genre des indivi- dus très remarquables. J'ai actuellement de jeu- nes pommiers venus de semis, non transplantés, non greffés, non taillés, sur lesquels je wai pratiqué aucune opération particulière de cul- ture, au moins depuis leur naissance, et qu'on pourrait regarder comme absolument abandon- nés à eux-mêmes depuis cette époque, qui fleu- rissent et fructifient avec ou sans rosettes, sur leurs boutons terminaux, et, ce qui est plus singulier encore , sur les yeux et boutons laté- raux de leurs jeunes branches, bien qu'avant \ l'épanouissement de leurs-boutons à fleur rien n’annoncçät leur existence. à Ces pommiers très vigoureux, à d’autres avantages que je ne mentionnerai point ici, parce ` que cela m'écarterait de mon sujet , sur lesquels je donnerai d’ailleurs un mémoire particulier réunissent celui de ne point alterner; et en-effet, puisqu'ils fleurissent et fructifient avec et sans ( 456 ) rosettes, et sur lestboutons terminaux et latéraux du jeune bois (à peu près comme sont les arbres à noyau), il est comme impossible qu’ils ne se couvrent tous les ans d’une grande quantité de fleurs et de fruits. Il est évident que si l’on sou- mettait ces arbres à la taille, elle devrait sur eux être dirigée d'aprés des principes parti- culiers (1). Suite des remarques sur la végétation et la _ fructification, et du temps nécessaire pour 4 3 Le ant PES ee x à a l'entière formätion-des boutons à fruit. Mais laissons ces productions extraordinaires, et revenons-en à nos arbres communs. La nature emploie, comme je l'ai déjà fait observer, plu- sieurs moyens dans la formation des boutons à fruit; mais comme , en définitif , les rosettes sont le principal, examinons en détail la manière dont elles se forment. | QG) M. Olivier, de l’Institut , a prouvé, dans son Mé- More sur la cause des récoltes alternes de l'olivier, que c’est à la taille qui diminue le nombre des olives ,etàala cueille anticipée de ces fruits, que les cultivateurs de la plaine d'Aix doivent Vavantage d’avoir une récolté tous les ans, lorsque les gelées , les sécheresses , les insectes» cte., ne s y opposent pas. (Note de M. Bose.) ( 457 ) : M. Du Petit-Thouars, cité plus haut, nous a appris comment ellesavaient lieu ordinairement; mais comme il y a, à cet égard , des variantes , il faut les connaitre. C’est, comme il le dit, sur le bois de l’année précédente qu ehes apparais- sent le plus souvent; mais il mait de temps à autre, soit sur le tronc principal, soit. sur les mères-branches, des bourgeons adventifs, qui, lorsqu'ils poussent faiblement, deviennent ro- settes, auxquelles on n'était pas fondé de s'at- tendre. Quel temps ces dernières mettent- elles pour leur complément? C est ce que je mwai pas observé. Voilà donc des rosettes formées, 1°. pour “Ja plus grande p artie, sur le bois de l’année précé- dente, et 2°. sur le vieux bois. Il peutencore s'en faire sur les pousses de lannée et à mesure . même qu'elles se développent, ou au moins très peu de temps après, et toujours dans la méme saison où le développement des pousses a eu liéu; et voici comment cela se passe. Lorsqu'un arbre ou une branche d'arbre pousse très vigoureusement, comme après un re- cepage, ou sur une greffe placée sur un fort t sujet, le bouton terminal, en s’allongeant, développe en même temps Jes yeux qui se trouvent à lais- selle de chacune de ses feuilles. Il arrive même que sur ces jets secondaires ou bourgeons axil- ( 458 P laires, un nouvel et pareil effet aÿant lieu, il sy développe des jets tertiaires, de sorte que dans ce cas le développement de ces yeux anti- cipe d’une ou de deux années. La disposition de ces jets secondaires, se déve- loppant sur le jet primaire et en même temps que lui, est remarquable; elle diffère absolu- ment de celle qui a lieu sur le bois de l’année précédente. Nous avons vu . plus haut (page 454), que, sur ce vieux bois, venaient d’a- bord les branches les plus fortes à l'extrémité supérieure, puis les fausses rosettes, puis au- dessous les rosettes : ici, c’est tout le contraire; les jets secondaires continuant à s'allonger à mesure que le jet primaire croît en hauteur , et étant suivis par de nouveaux à mesure que le jet primaire a continué sa croissance, l'avance que les premiers venus ont sur les derniers donne au tout une forme pyramidale, dont les premiers venus forment la base, et la tige prin- cipale le sommet. Près de ce sommet, les derniers bourgeons axillaires, au lieu de se développer. en branches à bois, forment des rosettes, et Enfin les derniers yeux dorment. Lorsqu'il y a développement de branches ter- taires, elles forment à leur tour autant de pe- ttes pyramides particulières , desquelles Faxe fait angle avec celui de Ja pyramide principale; Ca) mais cet effet ne se fait apercevoir qu'en y re- gardant de près; et au fait la forme pyramidale principale est la seule apparente, et je la nom- merai pyramide simple, pour la distinguer d’une autre, qui a quelquefois lieu et que je vais aussi décrire, parce qu'il en résulte un effet particulier. Il arrive quelquefois que les premiers bour- geons axillaires, qui devaient être la base de la pyramide, ne s’allongent point, et forment de véritables rosettes d'abord, puis ensuite de fausses rosettes ou rosettes allongées : les bour- geons axillaires qui suivent s'allongent un peu plus, et ainsi par degrés, jusqu'à ce qu'ayant atteint leur maximum de croissance, ils forment ainsi la base de la pyramide supérieure ; mais il est résulté de la disposition particulière des pre- miers bourgeons axillaires une autre pyramide inférieure à celle précédemment décrite, à base commune. avec elle, et dont par conséquent le sommet est dirigé vers la terre. Cette pyramide renversée, inférieure à la première, à base com- mune et égale, a ses côtés moins étendus, son axe étant plus court. Ces deux dispositions, l’une simplement, lau- tre doublement pyramidale, auraient rien de bien intéressant, si elles ne donnaient lieu, la première à la production de rosettes à la parite ( 460 ) supérieure more et l’autre à la production? de rosettes, tant à la partie inférieure qu'à la partie supérieure. Cette formation de rosettes, simple dans le cas de la pyramide unique, double et alterna- üve dans le cas des deux pyramides, donne la confirmation de ce que j'ai avancé, que la for- mation des rosettes est due absolument à lac- tion modérée de la sève, et que c'est cette ac- tion qui, suivant ses à eh degrés d'énergie, donne naissance, dans sa plus grande force, 1°. aux branches à bois; 20, aux fausses rosettes allongées; 3, et enfin aux véritables rosettes, quand sa force s’affaiblit. En effet, dans le premier cas de la pyramide simple, on voit que, dès son commencement, la sève, jouissant de toute son énergie, donne sur- le-champ la plus grande extension possible à ses premiers bourgeons axillaires, qui, dans ce cas, forment la base de la pyramide; on voit qu'au fur et à mesure qu'elle se modère, ses Dour- geons prennent moins d'extension, jusqu’à ce qu'enfin la sève, sur son déclin, se réduit à former des LR ika de plus en hs courtes; puis dés rosettes allongéés, puis de véritables rosettes. a Dans le Second cas de la pyramide adébte; on voit que la sève, trés modérée d'abord, forme , parses boutons axillaire ‘es, en premier lieu des: roseites, puis des rosettes allongées , puis enfin des branches dont l'extrémité. croit de plus en plus , jusqu’à ce que la sève ait atteintson maxi- mum de force; ; que cette force diminuant alors peu à peu, il er résulte des branches un peu plus courtes ; et qu'enfin cette force, descendue à son minimum , il n’en résulte plus que des ro~- settes allongées, et enfin des rosettes : les der- ` niers yeux dorment. | _Lorsqu’au lieu de cette grande vigueur, néces- saire pour le développement de ses bourgeons secondaires et tertiaires , 1l ne se manifeste sur les jets nouveaux d'un arbre qu’une force très modérée , la plupart des yeux dorment, et c'est le cas le plus ordinaire , ou bien il peutis’y for= . mer une certaine quantité de rosettes. ( Ces ro- settes sont alors placées à peu près vers le mi- lieu du jet.) Entre ces rosettes formées dans la même année, mais cependant à des époques ou dans des places diverses, y a-t-il quelque diffé- rence? C’est ce qui ne me parait pas probable ; cependant je ne puis m'appuyer à cet égard sur aucune observation. Tous ces faits prouvent jusqu’à l'évidence que la formation des rosettes, leur position, ainsi que la formation et la position des branches à bois et des brindilles, ne sont pas déterminées par la nature seule, mais qu'elles dépendent bien plus ( 462) de l'état particulier des espèces, des individus , de la saison , du terrain et de la force plus où moins grande d’ascension de la sève. On voitque, dans le passage des branches aux fausses roset- tes, et de là aux rosettes, cette force diminuant par degrés , l'intervalle qui sépare les feuilles de | chacune de ces parties diminue d'étendue sans que pour cela le nombre des feuillés soit moin- dre, jusqu'à ce qu’enfin, dans la véritable ro- sette , ces feuilles finissent par n'être plus sépa- rées et par se toucher. Ces faits prouvent encore que, pour fructifier prochäinement , les arbres ne doivent pas non plus être trop failles, puis- que, dans ce dernier cas, les yeux latéraux dor- ment , et quil wy xen eux de développement .même de rosettes que lorsque la sève a un de- gré de force moyen, soit en croissant, soit en décroissant. Ces détails , un peu longs, complètent ce que j'avais à dire sur les divers modes de formation des rosettes, et sur les autres moyens de fructi- fication naturels et artificiels : je vais m'occuper actuellement d'examiner quel est le temps né- cessaire à leur formation, et commentils acquiè- rent le complément de perfection suffisant pour fleurir et fructifier; mais comme tout ce que j'ai dit à ce sujet est épars, je vais remettre le tout sous les yeux au moyen d’un tableau. ( 463 ) ableau des divers modes de fructification poiriers et pominiers. Rosettes. 1°. Rosettes se formant sur le bois de l’année, soit seules, soit supérieures et inférieures aux bourgeons axillaires (assez rares) ; 2°. Rosettes se formant sur le bois de i - l’année précédente (ce sont les plus L variantes. communes ) ; 3 Rosettes se formant, ou formées à diverses époques, sur le vieux bois, soit sur le tronc, soit sur les anciennes ou maitresses-branches. Boutons à fruits terminaux . °. Boutons à fruits terminaux au bout des jets de l’année ( communs, sur les vieux arbres) ; . Boutons à fruits terminaux, sur les jets de l’année, produits par le ca sse— J 2? p 3 variantes. ment; ; 3°. Boutons à fruits terminaux d'ancienne ou de nouvelle formation , au bout des faibles branches, comme brindilles ou L4 rosettes allongées. i ~ Yeux latéraux à fruits. . Yeux latéraux, sur le bois de l’année pré- cédente, développant, sans y être at= tendus, des fleurs et des fruits (com muns sur les pommiers-paradis). i Variante. Torar, des diverses manières de fructifier. + Cet ES aps, D L de ass an 5 TT ( 464 ) Je n'ai point fait i ici mention des différentes sortes de fructification que l’on pourrait obtenir par lincision annulaire et par la greffe, parce que les expériences me manquent en pasie, et parce qu'il est assez probable que ce qu’on en obtiendrait pourrait se ranger dans les variantes indiquées ; et, à vrai dire , pour ne pas étre en contradiction avec moi-même, et éviter le re- proche que j'ai fait aux partisans des divisions et subdivisions de branches „dans ma ma- nière de voir, les boutons: à fruits terminaux ne sont que des rosettes allongées ou portées au bout d'un jet un peu plus long; et les brindilles ne sont elles-mêmes que AA Etes allongées , tout comme les yeux latéraux fructifans pour- dés que comme des em- : raient bien n'être regard bryons de rosettes, ou des rosettes latentes, an- ticipant sur l’époque ordinaire de leur fructifica- tion, et définitivement les rosettes elles-mérnes ne seraient que des branches restées courtes , parce que la sève, moins active, n'aurait pas ‘donné un entier développement aux intervalles qui séparent ordinairement les feuilles. Entre ces sept manières de fructifier, la plus naturelle, la mieux caractérisée, la: plusscom— mune, et par conséquent la plus utile” poür nous, est sans contredit celle des rosettes : com- ment se fait-il donc qu’elle soit précisément celle ( 465 ) ra qui se trouve la plus irrégulière, relativement aux époques de sa floraison. et de sa fructifica- tion, puisqu'il lui faut, dit-on, soit un an, soit deux ou trois, et même plus pour acquérir toutes ses facultés? Cet examen mérite d'autant plus de nous occuper, que , quoiqu’on puisse avoir de beaux et bons fruits sur diverses par- ties des arbres, il faut cependant convenir qu’en général, ou au moins dans la plus grande partie des espèces actuellement cultivées, c’est sur les rosettes véritables que s'obtient le plus grand et le meilleur produit. J'ai distingué des rosettes de trois formations (voyez le tableau page 463); j'ai ajouté que d’ail- leurs l'observation ne m'avait pas donné lieu de soupçonner qu'il y eût entre elles aucune diffé- rond: 20 À had. : Pourquoi donc ces rosettes ne fleurissent-elles pas toutes, et toujours l’année qui suit leur for- mation ? Pourquoi y a-t-il, à cet égard, entre elles tant de diversité? Comment se fait-il enfin qu'un arbre , quoique chargé de rosettes, ne donne quelquefois ni fleurs ni fruits ? J’avaisindiqué, dansle Mémoire réimprimé après celui-ci, plusieurs causes de l’alternat des arbres à fruits; j'avais avancé que le retour oul’absence de la sève dite d'août et la qualité de cette sève, suivant la saison, devaient exercer une influence 30 ( 466 ) probable sur leur fructification prochaine ou éloignée ; et je renvoie à cet égard à mes obser- vations : cependant, depuis, de nouvelles obser- | vations m'ont fait naître l’idée que non seule- ment les saisons, la variété d’espèces, l'exposi- tion plus ou moins grande à l'air, au soleil, au cours direct de la sève, mais plus particulière- ment encore le nombre des rosettes, devaient in- fluer sur la durée de temps nécessaire à leur per- fectionnement. Quand on considère en effet le nombre prodigieux des rosettes dont les arbres peuvent être chargés, soit sur la totalité de leurs branches, soit sur un point déterminé, ce qui est plus nuisible encore (car sur une seule brin- dille on en compte quelquefois plus de vingt, et chacune de ces vingt ayant elle-même une très grande quantité de germes à fleur ) ,«com- ment peut-on s'imaginer qu'il se trouve pour chacun d'eux une nourriture suffisante ? Aussi, dans les vieux arbres, ces rosettes, contre leur nature, contre la nature des choses, ces rosettes ne -dévéloppent que des feuilles. : est-il donc étonnant : alors qu'au lieu d’une année il leur ‘en faille une , deux, trois et plus, pour aipa “leur perfectionnement ? Un arbre qui a été fatigué pour avoir trop rapporté de fruit peut, faute de sève, ne pont former du tout de rosettes ; mais, sil lui reste ( 467 ) encore un peu de force, il peut , au lieu de branches à bois, former des rosettes, et s’il les- forme en trop grand nombre , elles seront né- cessairement faibles : il leur faudra donc aussi plus de temps pour se perfectionner. Il arrive parfois aux- arbres sauvages (qui par parenthèse ne sont jamais taillés, et dans les- quels par conséquent le cours direct de la sève n’est pas interrompu } de se charger d’une im- mense quantité de fruits ; ils peuvent en être tellement affaiblis, que toutes les branches et les yeux à bois qu’ils devraient fournir se tournent -en rosettes, de là donc aussi une immense quan: tité de rosettes : hors d'état de suffire à leur per-° fectionnement dans un court délai , ils des con= servent pendant plusieurs années, sans qwau- cune d'elles fleurisse, leurs progrès, ‘faute de nourriture, étant très lents. Pendant ce temps, les arbres, paraissant se reposer, alternent, don, quoiqu au fond ils soient surchargés de travail, en pure perte il ést vrai, pour le cultivateur, du moins pour le moment. -`s Quelqués praticiens ont préténdu qu'à l'iris- pection d’une rosette, soit à sa forme pleine et arrondie, soit encore plus au nombre de feuilles dont elle est couronnée, il leur était possible q assigner au juste l’époque de sa floraison: il DRE y avoir beaucoup de fondement à cette $ ; 50. LA ( 468 ) opinion ; on doit cependant y admettre quel- ques restrictions. Si, comme je le pense, ce sont les feuilles qui, en élaborant la sève, la rendent propre à la fruc- tification , il semblerait que, plus le nombre des feuilles est grand dans une rosette, plus le terme de sa fructification est proche, et qu’on pourrait le prédire : mais cette élaboration de sève due aux feuilles ne tient pas plus à leur nombre qu’elle ne tient à leur grandeur ou à leur degré d'énergie; Cest à quoi il faut faire bien attention. On voit dans les jeunes arbres de semis, dès leur première ou seconde année, de faibles brindilles garnies de faibles rosettes, et ces rosettes n’en sont pas moins munies du nombre de feuilles désirable ; elles ne fleurissent cependant pas. On a beau, comme je lai fait, les suivre d'an- née en année, on n’y remarque que très peu de progrès, et le nombre de leurs feuilles, parvenu à son maximum, peut décroitre ensuite ; et ces rosettes elles-mêmes finissent par s’oblitérer. Voilà donc des rosettes qui, au lieu d'aller en croissant , vont en décroissant; et il n’est pas difficile d'en trouver la raison. On pourrait dire d'abord que, l'arbre étant encore trop jeune; la be wa pas eu le temps de sy perfectionner ; mais Je négligerai cette considération; 2 en pou- vant donner la preuve, et je m’en tiendrai : à dire ET ( 469 ) que, dans ces jeunes arbres, ou les rosettes sont en trop grand nombre, et elles périssent faute de nourriture, ou la sève s’emporte ailleurs, et les néglige. Dans les vieux arbres, le nombre des: feuilles des rosettes peut aussi aller en décrois- sant, et les rosettes elles-mêmes périr. Ce n’est pas chez eux, parce que la sève s’emporte ail- leurs, ce n’est pas même faute de sève appro- priée , mais c’est tout simplement parce que la sève elle-même manque. Dans ce cas, le retran- chement de la plus grande partie de ces rosettes me paraîtrait être le véritable remède, celles qui resteraient devant profiter de la nourriture de celles qu'on supprimerait. On pourraitm’objecter ici qu’il serait à craindre que le retranchement d’une partie desrosettes ne fit développer les autres à bois : je ne le pense pas; ou du moins, si cet effet était produit, je pense qu’il n'aurait lieu que sur quelques unes d'entre elles, cest à dire sur celles placées à l'extrémité ; au surplus, cet effet serait également produit par la taille. | | Cette objection donne lieu naturellement aux deux questions suivantes : 1°, Lorsqu'on retranche à un arbre un de: ses membres, comme une partie quelconque de branche, la sève qui était destinée à nourrir la Partie retranchée profite-t-elle plus particuliè- (470) rement à la partie restante, ou reflue-t-elle in- différemment dans Farbre entier? 2°. Lorsqu'on retranche à un arbre plusieurs rosettes, soit isolées, soit réunies sur une brin- dille ; la sève qui « devait les nourrir:reflue-t- elle au profit de l'arbre tout entier, ou étant suppo- sée d’une qualité plus élaborée que la sève à bois ,profite-t-elle aux rosettes conservées en gé- néral, ou plus particulièrement à celles voisines des rosettes retranchées ? Je ne pense pas qu'on soit assez riche en ob- servations pour résoudre affirmativement ces questions. Il y a cependant quelque lieu de pré sumer que la sève ayant habitude de prendre son cours vers la partie retranchée, les fibres désti- nées à la charrier sont portées à continuer leur office, et-que le reste de la branche en profite plus particulièrement. Quant à décider s'il y a d'avance une sève élaborée répandue dans la to- talité de larbre, et destinée spécialement à la nourriture des rosettes; ou si cette sève ne -s’éla- bore que dans les rosettes elles-mêmes; si en- fin elle passe de l'une à l’autre ; plutôt que de se rer vers la production du bois, quoique jate par devers moi quelques raisons de pencher pour cette opinion, c’est à dire que les rosettes restantes profitent de préférence de la sève des- tinée aux rosettes retranchées, je n’y insisterai (474 ) | point et j'attendrai un plus grand nombre d'expé- riences pour prononcer affirmativement, En attendant, raisonnons comme si le retran- chement d’une partie des rosettes devait être favorable aux autres; chose, au surplus, qui ne peut être douteuse au fond; car il ne s'agit ici què du-plus ou du moins. Admettons, comme le plus éloigné pour Fen- tière perfection des rosettes, le terme de trois ans, etvoyons s’il serait possible ou d'avancer ce : terme, ou de le graduer de façon à ménager la production du fruit pendant trois années subst- quentes. Je suppose un arbre très chargé de rosettes d’inégale formation et d’inégale grosseur ; je par- tagerais ces rosettes en trois séries destinées à fleurir successivement. Dans la première série, je mettrais les rosettes les plus garnies de feuilles, les plus arrondies, les plus grosses et les mieux placées; je n’en laisserais qu'une quantité-très modérée, afin de hâter leur floraison. Dans la seconde série, je rangerais les rosettes moyen- nes , destinées à fleurir la seconde année; je les éclaircirais avec modération, ‘pour ne pas trop les avancer. Enfin , dans la troisième série , desti- née à fleurir la troisième année, je rangerais les plus faibles et les plus mal exposées, qui se trou- vent ordinairement en très grand nombre sur C472) les brindilles ; je n’y toucherais pas la première année ; j'attendrais à la seconde et à la troisième : pour les éclaircir modérément , afin de tenir un juste milieu en ne hâtant pas trop, ni ne recu-. lant trop le terme de leur fleuraison, (N'ayant fait aucune expérience pour m’assurer du succès de cette dernière opération, je ne la donne que comme très hasardeuse; on peut l'essayer.) L'époque du retranchement des yeux et des boutons à fruits ou rosettes n’est pas , autant que je puis préjuger , une chose indifférente : devrait- on les retrancher dans le courant de la belle sai- son, et au fur et à mesure qu'ils se forment? La suppression des feuilles et lévaporation causée par les plaies n’auraient-elles pas quelque incon- vénient? Cette opération devrait-elle être remise au printemps, ou plutôt être faite immédiate- ment après la chute des feuilles ? Je ne sais, mais je suis porté’à croire qu’en la pratiquant à ce. moment-là même, le travail intérieur de là sève (dont on ne peut contester l'existence, puisque, dans les hivers doux, il se manifeste même au dehors) serait très probablement avantageux pour les rosettes restantes; elles prendraient par là plus de force et plus davance. Toute espèce _de retranchement fait aux arbres avant l'hiver doit certainement les fatiguer moins : la preuve en est dans le retard que la taille faite lors de la (473 ) pousse occasione aux arbres. Il faut cependant aussi faire entrer en considération l'utilité dont peut étre ce retard, lorsqu'on a à craindre des gelées tardives. l Du cassement. Le cassement se pratique au moment dela taille sur l'extrémité des brindilles , pour faire produire des rosettes aux yeux placés immédiatement au dessous, ou pour faire profiter celles qui y sont déjà. Le cassement est, dit-on, préférable à la - coupe par la serpette , parce qu'il parait s'opposer au développement à bois de ces mêmes yeux. Réussit-on toujours par ce moyen à l'empêcher? Je ne sais si on n’obtiendrait pas plus sûrement le but désiré, en faisant une incision annulaire ou. une ligature à la place du cassement :je conviens que lopération serait un peu plus longue. Le cässement se pratique aussi pendant la sève et sur les nouvelles pousses, toujours dans la vue de procurer la fructification. J'ai fait là-dessus quelques expériences dont je vais rendre compte, en y ajoutant quelques réflexions. Le cassement change-til réellement les bou- tons à bois en boutons à fruits? ou ne fait-il qu'avancer le développement de ces derniers ?ou plutôt jusqu à quel point peut-il opérer en même temps lun et l'autre de ces effets ? Si l'on pou- | (474) vait à tout cela faire des réponses positives, il est certain que l’on serait en état de prononcer sur l'utilité de cette opération, ainsi que sur la place et l'époque où l’on devrait l’exécuter. Voici ce que ma fourni le peu d'observations que j'ai pu faire, et les réflexions que ces observations m'ont suggérées. Si, au commencement de la sève du printemps, ou, du moins, dès qu'un bourgeon commence à se développer, on pince ou on casse son extré- mité, la sève est suspendue momentanément, ais ne tarde pas à reprendre son cours; et alors l'œil qui est placé immédiatement au dessous du cassement se développe ordinairement seul (quoiqu'il arrive, mais rarement, qu'il sen dé veloppe plusieurs); ce nouveau jet prend la place du principal et ne présente rien d’extraordi- naire : si'le cassement se fait un peu ‘plus tard, la même chose à peu près arrive, si ce n’est que le nouveau jet prend un peu moins d’accroisse- ment en longueur; mais si le cassement est fait peu avant que la sève s'arrête, ou à ce moment- là même, et d'autant qu'il'est plus tard, le nou- veau Jet prend d'autant moins d’accroisserment en longueur, mais il en prend un peu plus en grosseur, tellement qu'il devient quelquefois plus gros que le jet qui le supporte ,et il se ter- mine assez communément par un bouton à fruit, Fe (475) qui fleurit et fructifie année suivante. Il est en- core possible que, si l'opération n’a lieu que lors- que la sève est complétement arrêtée , l'œil im- médiat , au lieu dese développer, comme je viens de le décrire, émette au dehors quelques petites _ feuilles nouvelles en formede rosette, ou se borne à prendre un certain accroissement en grosseur, pour porter fleur ét fruit l’année suivante, ce sur quoi il ne faut cependant pas trop compter. Il est même encore ‘possible que, si la seconde sèvè, dite sève d'août, reprend avec beaucoup de force, ce bouton se développe à bois seule- ment. Au surplus, j'avoue que je wai point en- core assez étudié cette partie pour pouvoir pré- voir tous les cas possibles, d'autant que nos an- nées et nos saisons sont si irrégulières etse res- semblent si peu, qu’elles sont faites pour dérou- ter les observateurs les plus attentifs (r). D'après cet exposé, l'on voit que selon que, lors du casséement, la sève a plus ou moins de force , le jet supplémentaire prend-plus ou moins de longueur, qu'en raison de la moindre lon- gueur il prend plus de grosseur proportionnelle, et qu’en raison du plus de grosseur il se dispose mieux à fruit. Il paraîtrait donc que, pour le (1) C'est ce qui est arrivé en 1818, où l'extrême séche-— y s ] p z resse de l'été a contrarie tous les effets attendus. | (476 ) mettre à fruit, il faudrait l'effectuer le plus tard possible. Voilà bien quelques données sur le mo- ment le plus favorable : voyons présentement la place la plus convenable. ( Voyez Ch. VI dela Pomologie. ) Effectuer le plus tard possible le cassement me paraissant donc être préférable, il en résul- terait que l'opération devrait se faire sur les der- niers yeux du jet de l’année ; mais comme ce sont précisément ces derniers yeux qui doivent , l’an- née suivante, fournir les plus belles rosettes, on peut présumer, avec assez de fondement, que le jet supplémentaire ne donne un bouton terminal à fruit que parce que l'œil qui le fournit était, dés le principe, destiné à fournir par suite une rosette : d’où l’on conclurait assez volontiers que le cassement n’a rien changé à la nature de cet œil, mais qu’il ne fait que le développer par anticipation, et le porter au bout d’un jet, au lieu de lui faire terminer une rosette. Ceci n’est, au surplus , qu'une conjecture; car l’on sait qu'il est difficile de déterminer, d’une manière ab- solue , si, sans le cassement, l'œil qui en estré- sulté eût dé où non, une rosette. Je pense néanmoins que lorsqu’ on connaît assez son arbre et sa Manière d’être, il n’est pas impossible d’ esti- ‘mer à quelle place doivent sortir ses branches à bois ou ses branches à fruit. : ( 477) D'un autre côté, comme nous le verrons ail- leurs; ily a des cas où les rosettes se manifestent aux yeux inférieurs d’un jet; il est alors assez probable que le cassement devrait être exécuté immédiatement au dessus de ces yeux inférieurs, afin de les forcer à se mettre en évidence. Il peut encore arriver que, sur le vieux bois, il y ait des rosettes latentes ou des yeux qui dorment:par telle cause que ce soit, et que ces yeux, dans le principe ,eussent été destinés à for- . mer des rosettes; s’il était possible de déterminer la position de ces yeux, il est encore probable -que le cassement pratiqué immédiatement au dessus d'eux les mettrait également en évidence. Lorsqu'on opère le cassement sur une brin- dille, les rosettes placées au dessous en profitent; mais opéré au dessus d'une rosette placée sur une forte branche à bois, n’y aurait-il pas à craindre qu'il ne la fit Feia à bois? Je ne le crois pas; cependant je n’en répondrais pas. Les idées que je viens d'exposer sur la pro- riété fructifiante du cassement ne sont pas tout à fait celles des praticiens qui l'ont conseil- lé; il paraîtrait qu'ils attribueraient la mise à fruit non pas au mécanisme de l'opération, mais à ses résultats physico-chimiques. Ils sem- blent en voir la principale cause dans l'évapora- tion de sève qui a lieu dans la partie fracturée ; à à Ni RS ee G 2 Da .(478) car ils recommandent de casser, etnon de cou per avec la serpette. Il serait intéressant de constater s’il yaurait réellement quelques différences entre casser et couper; et s'il n'y en avait point, on en | conclurait que l'évaporation n'yentre pour rien; et s'il y en avait, j'aimerais autant croire que le cassement produit dans les fibres du bois-et de l'écorce unetirritation, ou même une espèce de désorganisation (par désorganisation on doit en- tendre ici plutôt déplacement ou altération; que décomposition d'organes). En rappropriant avec : la serpette les dommages causés par la fracture, la différence du succès obtenu-porterait à se dé- cider ou pour l’évaporation ou pour l’irritation. Je hasarderai en outre quelques conjectures. On pourrait supposer que le cassement pratiqué au moment ou la sève perd de sa force contribue encore à laffaiblir et à la modifier, en la faisant dévier de son cours naturel, et que cela suffit pour déterminer la mise à fruit. 9 Yoicinéanmoins unautre fait un peu contra- dictoire; le cassement:opéré , même après que la sève est complétement arrêtée, occasione un gonflement très manifeste dans l’œil qui lui est inférieur ; il faut donc supposer, malgré ie repos de la sève, un restant de force aspifante de ta part des fibres correspondantes à celles retran- chées , et admettre qué la-sève latente, destinée A f (479 ) à perfectionner cette partie retranchée, n’y trou- vant plus son débouché ordinaire, se rejette sur l'œil le plus voi-n, et y opère un grossis- sement. On voit, Tapiès tout cela, qu'il est difficile de prononcer si la mise à fruit résultante du cassement est la suite de lévaporation et de la modification de la sève ou de l'irritation. T reste donc beaucoup à désirer sur ce qui est relatif au cassement, et cette connaissance à utile au progrès de la culture, le serait encore davantage pour ceux de la physiologie végétale. P.-S. L'action du cassement, comme je l'ai déjà fait observer, ne se fait pas seulement sen- tir sur l'œil ou bouton placé immédiatement au dessous; il réagit encore, quoique plus faible- ment, et d'autant plus faiblement qu'il s'en éloigne davantage, sur tous les yeux ou boutons inférieurs de la branche soumise à cette action. Lorsque la sève est encore dans sa force au mo- ment de l'opération, plusieurs yeux peuvent se développer, mais plus communément il ne s’en développe qu ’un seul ;:mais celui ou ceux qui se trouvent au dessous forment: en premier lieu des rosettes allongées ou fausses rosettes , plus bas de véritables rosettes; ceux placés encore plus bas prennent seulement un peu de grosseur, le-tout en raison de la vigueur de l'arbre et de la ? ( 48o ) force de la séve. On peut augmenter, par. la suite , l'effet produit sur ces yeux inférieurs, en cassant de rechef le jet nouveau produit par le premier cassement; si la sève est encore active , l'œil immédiat placé au dessous du second cas- sement pousse encore quelquefois tout seul, si- non une nouvelle commotion se communique à tous les yeux, boutons et rosettes inférieurs ; quelques unes font une espèce. de mouvement, mais tous en profitent plus ou moins sensible- ment. On peut encore pratiquer le cassement sur le vieux bois : si on le fait trop tôt, on détermine la sortie d’un œilà bois; mais, si on le fait à propos, les rosettes placées au dessous en pro- fitent , et il peut arriver qu'un reste de sève, ou le retour de la sève d'août, à défaut de rosettes actuelles sur lesquelles il puisse agir, fasse sortir quelques nouvelles rosettes latentes. | L'endroit où la pousse de l’année se. joint à l'ancienne , là où il y a une espèce de bourlet formé à leur point de réunion, est plus gros , plus nourri, plus velouté, si Fon peut parler ainsi, plus abondant en parenchyme que toute autre partie. Quoique cet endroit ne soit pas spécialement consacré à l'apparition des rosettes ou boutons à fruit ; il semble que , lorsqu'il y en apparait, soit spontanément, soit par accident ( 481 ) fortuit où préparé à dessein, les rosettes où boutons à fruit sont également plus gros et mieux _ nourris. Cela peut s'expliquer en ce que, dans cette partie, l'écorce étant plus épaisse , plus ve- loutée, plus abondante en parenchyme', les boutons qui en sortent sont, dès leur naïssance, accompagnés et recouverts de cette écorce épaisse et veloutée. Ne conviendrait-il pas d'opérer le cassement à cet endroit-là même? C’est ce que je me propose d'essayer. (Toutes choses égales d’ailleurs, le parenchyme paraît être d'autant plus abondant sur une bran- che ou partie de branche, que ses yeux et ses feuilles sont moins distans les uns des autres, et vice versé : d'où l’on pourrait conclure que, s'il a diminué en raison de cet éloignement, c'est qu'il a servi au développement de lécorce inter- médiairé; et, dans ce dernier cas, il est d'autant moins capable de servir à la nourriture du bou- ton à fruit.) On doit êtré convaincu, d’après tout cela, que le lieu et l’époque du cassement sont difficiles à déterminer ; il faut saisir l’à-propos, pour ne pas faciliter l'émission d’un œil à bois au lieu d’un œil à fruit. Il ne faut pas le pratiquer trop tard, parce qu'alors on n’en obtiendrait aucun effet : on peut dire, en général, qu'il faut effectuer plus bas et plus tôt sur les arbres faibles que sur 31 (182) les arbres forts, plus haut et plus tard sur les arbres forts, et se Conduire d’après les mêmes principes, en raison de la force de la sève, ob- servant que dans les différentes parties du même arbre les branches faibles , latérales ; inclinées , arquées, incisées , doivent être opérées plus tôt que la maïîtresse-tige, sur laquelle l'ascension de la sève se maintient plus long-temps, à cause de son cours direct. En variant les procédés du cassement , en les combinant avec quelques autres, tels que linci- sion annulaire, l’arqüre, etc., on peut augmenter beaucoup son efficacité, et l’on. parvient ainsi à en obtenir des résultats. assez singuliers. (Voyez Annales d'Agriculture, tome I, 2e, série, p. 265.) Remarques sur les épines du poirier. Les poiriers sauvages ont une grande partie de leurs branches terminées par des épines, quelques uns de nos poiriers domestiques en of- frent aussi ; mais comme elles ysont en beaucoup moins grande quantité, on en a conclu assez naturellement que plus ils étaient perfectionnés par la culture, moins ils en avaient. On présume encore que âge contribue à les faire disparai- tre : tout cela est vrai jusqu’à un certain point; ( 485 ) mais nous allons voir comment il faut len- tendre. | J'ai fait beaucoup de semis de pepins de poires cultivées des meilleures espèces ; jai choisi à dessein les plus perfectionnées , notamment le doyenné , qui peut être regardé comme tel. J'ai employé aussi les pepins de plusieurs excellentes poires nouvelles envoyées à la Société royale d'agriculture par M. Van Mons, de Bruxelles, qui paraissent être ce qu’on peut avoir de mieux en ce genre : tous mes jeunes arbres ont eu plus ou moins d'épines. Comment suis-je assez mal- heureux, me disais-je, pour n'avoir, malgré mes précautions , que des poiriers épineux, n'ayant choisi que de bonnes espèces? Et tant d’autres avant moi ayant si bien réussi , cela me paraissait fort singulier. | | Continuant d’examiner dans mes bois les poi- riers sauvages avec plus de soin que je ne l’avais fait jusqu'alors , mais toujours dans l'entière per- suasion que tous devaient être à peu près égale- ment épineux, je remarquai que, si les uns en offraient une très grande quantité, d’autres en avaient beaucoup moins ; quelques uns même n’en avaient pas du tout ou en offraient à peine des vestiges. Jusque-là rien de merveilleusement étonnant; mais, ce qui me le parut beaucoup plus, ce fut de trouver des individus qui en e 31. ok me $ A Lo cn us Es Re ME A TR ( 484 ) étaient absolument dépourvus sur quelques unes de leurs parties, tandis que, sur le même arbre, on en voyait dans d’autres parties des quantités incommensurables. Javais cru d'abord , et cela était tout simple, qu'il pouvait y avoir des espèces plus oMhoins épineuses, à tous les degrés possibles ; mais je fus bientôt détrompé : en effet, trouver sur le même arbre des parties chargées d’épines , d’au- tres parties absolument dépourvues, indiquait assez que la variété seule n’y entrait pas pour beaucoup. Gette dernière observation me mit _sur la voie. Les épines du poirier ne sont pas, comme on le sait fort bien, parsemées plus où moins ré- guliérement sur l'écorce, comme les aiguillons des rosiers et autres arbustes épineux; elles sont la continuation des fibres ligneuses, et la ter- minaisoù de certaines branches, dont le dernier œil ou bouton avorte et laisse à nu l'extrémité de la jeune tige, qui reste pointue , parce que , n'ayant plus d'œil ou de bouton à nourrir, elle ne prend point d’accroïssement en grosseur ; mais il s’en faut de beaucoup que toutes les branches du même poirier soient également et indistinctement terminées par une épine; jamais l'œil ou le bouton terminal d’un poirier, si Jeune, si vigoureux et si Sauvage qu'il soit, ne forme ( 485 ) une épine; jamais non plus les matresses-bran- ches, destinées à former la tête de l'arbre, ne sont. terminées par une épine; il ny a de poin- tues que les branches latérales et secondaires , et encore ne le sont-elles «pas toutes. Y a-t-il quelque régularité dans l'épineux ou le non épineux de ces branches latérales ? C’est ce que je ne puis précisément déterminer ;. mais pour- quoi les épines ne se forment-elles que sur les branches latérales ? C’est sur quoi je puis donner quelques éclaircissemens, ainsi -que sur le lieu et sur la manière dont elles se forment. Lorsqu'un poirier sauvage est parvenu à un certain âge , à un certain degré d’accroissement, qu’il est en état de fructifier régulièrement , : il est assez ordinaire que ses branches passent modérément et uniformément, et qu’il ne s’em- porte sur aucun point. Les boutons terminaux de ses branches s’allongent sur un seul jet, comme c’est l'ordinaire, et sur le bois de l’année précédente se développent également branches 1 bois et rosettes , chacune : à leur place ; ya entre toutes les parties de cet arbre, que Jamais la serpette n’a contrarié, un équilibre naturel, qui ne peut être dérangé que par quelque cir- constance accidentelle. Sur un poir ier aussi bien réglé, il est possible de ne trouver aucune épine actuelle ¿cest tout au plus si, avec beaucoup ( 436 ) d'attention, on pourrait rétrouver lá place de celles qui ont pu existér; il ne paraît pas s’y en former dé nouvelles , et il ést possible qu’il n’y en reparaisse jamais. Mais si ce poirier si bien réglé, et éri consé- quence si bién débarrassé d'épines, éprouve quelque accidént, qu’une de ses branches tant soit peu forte Soit coupée ou cassée, sur le jet nouveau qui sort äu dessous de la cassure et de la coupe, aussitôt reparaissent de fortes et nom- breuses épines ; la même chose arrive, si, sur le corps de l'arbre, il s’élance quelque paid; si de son piéd poussent quelques rejetons, et, à plus forte raison, Sil ést recepé sur sa tête, et encore mieux sur lé pied. A la suite de ces opé- rations s'opère une espèce de rajeunissement ; des jets nouveaux poussent vigoureusement ; les épines paraîtraient donc compagnes de lajeunesse et de la vigueur : cette opinion est vraiment fon- dée : c’est bien là le pourquoi, mais ce n’est pas lé comment. Que si l’on examine avec soin le développement de ces jeunes et forts rejets, on ne tarde pas à s'apercevoir d’une particularité qui leur est propre, c’est què présque tous ces jets, au lieu de s'allonger sur un seul brin, dé- veloppent en même temps, et par anticipation sur l’année subséquente, tous où presque tous leurs yeux latéraux secondaires; et ce sont ces (487 ) yeux latéraux secondaires, développés par anti- cipation , qui seuls sont terminés par une épine. Les plus fortes # les plus longues de ces épines se trouvent ordinairement au tiers ou au milieu de lahauteur du jet principal de l'année, etoffrent la forme pyramidale que j'ai décrite page 458. C'est ainsi, et non pas autrement, du moins j'ai cherché en vain ailleurs, que se forment les épines du poirier. Ek a Mais pourquoi, dira-t-on, dans ces sujets jeu- nes et vigoureux, Sauvages ou domestiques, tous les yeux latéraux secondaires, développés par anticipation, ne sont-ils pas toujours et toujours également épineux? C'est ce qu'il n’est pas aisé d'expliquer. Tout ce que je puis dire, c’est que dans les sauvageons proprement dits, et dans ceux qui s'en rapprochent le plus, le nombre des rosettes, des fruits et des yeux me parait proportionnellement plus considérable que dans les poiriers domestiques. Les poiriers sauvageons, quoique doués d’une plus grande énergie, s'em - rtent d’abord avec une vivacité telle, que leurs {orces réelles wy répondent pas toujours. Ces petites branches épineuses , produit d'une végé- tation luxuriante dans le principe, dù à l'élan d'une fougue immodérée de la sève, peuvent étre considérées comme des enfans perdus que la sève plus ralentie n’a ni le temps ni les facultés F Ar de a à f; a 22, ý sn. KORE pE aric a ú: aE ien ou « aaf RE As ( 488 ) de nourrir; elle ne peut suffire à leur subsis- tance; ils sont abandonnés à eux- -mêmes, l'œil terminal avorte, l'extrémité reste nue et sèche : elle est changée. en épines. | Au surplus, la forme conique affectée aux épines est déterminée par leur base et dès leur sortie de la jeune tige ; telles elles naissent, telles elles s'accroissent, le faux œil qui doit les ter- miner n'ayant le temps de prendre aucun ac- croissement en grosseur. Il n’en est pas ainsi des yeux ou boutons formés. sur. une. branche plu- sieurs mois avant de s ‘épanouir. Des le commen- cement de leur apparition, soit pendant la belle saison , soit même pendant hiver qui précede leur épanouissement , leur émission hors de la tige leur permet de s’arrondir et de prendre une grosseur supérieure à celle de leur support fu- tur; comparables à l'œuf sorti du corps. de la poule , une vitalité particulière semble leur être propre. Ils paraissent, de plus, jouir d’une as- piration affectée à leur essence. L’espèce.de col ou de nœud qui unit tout bouton à sa tige y forme un étranglement qui, généralement dans toutes les plantes, opère au dessus de lui un grossissement, un gonflement dont on ne fait encore que soupçonner la cause.: ce gonflement permet à la sève d'y accumuler les élémens du parenchyme. Ceteffet, comme on le sent bien, ( 489 ) ne peut avoir lieu dans l'œil terminal de l'épine, qui prend son essor, pour ainsi dire, avant d'exister. Les arbres anciennement cultivés , soumis à des transplantations qui mutilent leurs racines, multipliés depuis longues années par des greffes successives, sont presque dépourvus. d'épines. C’est un effet de la culture, sans contredit; mais doit-elle être envisagée ici comme agissant sur les mêmes ‘individus, constamment et avec la réunion de plusieurs auxiliaires, tels qu'amen- demens , labours, transplantation , taille, etc., ou seulement par des moyens de multiplication forcés, tels que marcotte, bouture et greffe, pratiqués à différentes époques sur la même es- pèce, mais non sur les mêmes individus , et ten- dant à les renouveler, sans cependant leur don- ner une nouvelle vie, ni leur imprimer une nouvelle création , chose qui ne peut avoir lieu que par le semis? Les arbres propagés par les boutures, la greffe, ‘etc., passent pour être moins vigoureux, sont regardés comme abâtar- dis, non pas quant à la qualité -du fruit, mais bien quant à la production de la semence et À la constitution des individus; et si l'époque de la plus grande force d’un arbre a pour limites, ‘un âge fixe; si, passé ce terme, elle doit aller en dé- croissant progressivement , que devons nous mie LÉ A R cn di ( 490 ) penser de l'arbre qui, transplanté dans nos jar- dins avec les apparences trompeuses de la jeu- nesse , porte cependant, au moyen de la greffe , un bois peut-être réellement âgé de plusieurs centaines d'années? Il y a cette grande différence entre la multipli- cation par greffe ou par bouture, et celle parse- mis, que la première ne change pas essentielle- ment l’espèce ni la variété de l'individu, telles modifications qu’elle puisse d’ailleurs lui impri- mer, et que le semis, au contraire, peut le changer au point de le rendre méconnaissable. C'est dans les plantes cultivées surtout que les différences sont plus sensibles. Il paraît néan- moins que, par le semis, les arbres à fruits ten - dent assez fortement à remonter à leur primitive origine, et que les pepins des pommes et poires cultivées ne se ressentent que jusqu’à un certain point des modifications produites par la culture sur les arbres auxquels elles étaient attachées : d'où il suit qu’elles paraissent tenir plutôt du naturel du jeune arbre franc de pied , type de leur variété, peut-être épineux lui-même, que du naturel des greffes successives qu'il a pu fournir depuis par l'intermédiaire d’autres in- dividus plus domestiques, en sorte que les se- mis de Ces poires offrent des épines comme leur type originel, bien qu’elles aient été cueiïllies sur ( 491 ) des individus noù épineux ou ayant perdu leurs épines. Il s'ensuivrait de là que les modifications im- primées par la greffe, telles que la perte des épines , la saveur plus agréable des fruits, etc. , ne seraient que passagères, et qu'à la première occasion favorable les traces en devraient dispa- raître. Tout ceci cependant n’est que conjectu- ral,et, pour décider affirmativement, il fau- drait semer comparativement des pepins de la même variété dé poire cueillie sur franc de pied, en hi, nt a RS nie = ~va 4 sur sauvageon greffé et sur cognassier, afin de samar s'assurer des différences qui pourraient se trou- ver sur les individus produits, relativement à leurs épines et à la qualité de leurs fruits. Quoique hasardées, je n’abandonne point mes conjectures ; il m'est agréable de prévoir que, pas à pas, mes. jeunes poiriers de semis , per- fectionnés par la greffe, perdront leurs épines; que leurs fruits gagneront en saveur , et qu'ils ne seront pas en cela moins heureux que leurs devanciers. Je suis d'autant plus fondé à le croiré , que je suis parvenu à découvrir des épi- nés, quoique rares, sur des poiriers domestiques auxquels je n’en aurais pas sOüpçonné. Les épi- nes ne sont donc point essentielleñfient inhéren- tes à la nature du poirier. Les individus de Pes- pèce, soit réunis par variétés, soit pris isolément, : ee _— Te D — SORT CNE De DU a aa ( 492 } soit même considérés dans les diverses parties du même arbre, peuvent n'avoir pas du tout d'épines, en avoir quelques unes, en avoir beau- coup, et même aprés cela définitivement les perdre. Cette dernière disposition doit aller en augmentant par diverses considérations, d'autant qu'il est tout naturel de prendre de préférence des greffes sur les parties les moins épineuses des individus les moins épineux, et que les épines n'étant elles-mêmes produites, ainsi que je l'ai exposé plus au long, que par le développement anticipé des yeux latéraux secondaires, occa- sioné par une fougue immodérée de la sève, cette faculté doit devenir d’autant plus rare, que nos arbres domestiques se multiplient de plus en plus par les greffes, moyen de multiplication auquel on attribue l’affaiblissement progressif des individus, en même temps que le perfection. nement de leurs fruits. Mais revenons-en à la formation et aux: pro- priétés de nos petites branches épineuses, ou de nos épines. | Le bois dont ces épines sont formées y est plus dur qu'ailleurs; l'écorce paraît y être. plus mince, et le parenchymefmoins abondant; par un effet de cette terfinaison en pointe aiguë et dénuée de bouton aspirant, la sève y arrive avec peine : aussi, enfréignant cette. loi. générale qui veut ( 495 ) que les yeux et boutons supérieurs Soient les premiers à partir à la sève du printemps et prennent, en raison de cela , une grande avance, les yeux de l'extrémité de Fépine, peu nourris , avoktent-ils toujours. | Par une suite de ce même affaiblissement de la sève dans les pointes, ces petites branches épineuses, à moins d'accident particulier, né- mettent point d'yeux à bois; tous ceux qui n’a- vortent point, en raison de leur position aux deux extrémités .supérieures et inférieures , fournissent des rosettes; mais, par la même rai- Son, ce ne sont pas, comme dans les brindilles ou les hanches à bois ordinaires , les rosettes supérieures qui prennent le plus d’accroisse- ment; les plus belles se trouvent ici au milieu , ou plutôt aux deux tiers de leur hauteur. Dans le système des classificateurs de branches, ces épines devraient donc être regardées non comme branches à bois, puisqu'elles n’en fournissent jamais, mais comme brindilles , puisqu'elles se chargent toujours de rosettes. Or, quoi de moins semblable à une brindille, ou à ce que nous re- connaissons comme tel, qu'une petite branche large à sa base, mais terminée en pointe aiguë, sèche et dure, par une épine enfin, au lieu de étre par un bouton bien nourri et bien arrondi, EE E AN, x ARR AE A g E Er C 494 ) qui peut fleurir et fructifier lui-même , tel qu'est - celui de la brindille ? Que si ces petites branches épineuses , quoi- que d’ailleurs si peu semblables aux brindilles , paraissent cependant en remplir les fonctions par leur aptitude à se charger de rosettes, onne devra point s’en étonner; Cest une conséquence nécessaire du système que jai établi plus haut, que la modération du cours de la sève est la cause prochaine de la fructification. En effet, et sans être obligé d'imaginer une propriété physique particulière aux pointes, en considérant l'épine dure et sèche qui, au lieu d’un gros bouton AAPEARE à sert de tegpinaison à ces branches, soit qu'on suppose qu’à raison de sa petitesse ou de son insensibilité elle se re- fuse à admettre la sève, ou que celle-ci une fois admise , mais y étant comprimée , ne puisse être refoulée franchement, par une surface plate ou arrondie , telle que la lui présenterait un bou- ton arrondi, ou la coupe bien nette de la serpette, soit qu'on pense que les fibres li- gneuses de l’épine, douées d’une vitalité déjà très équivoque, réagissent d’une manière nuisi- ble sur la sève, soit qu’on veuille que celle-ci, dans son arrivée, se trouve altérée par son con- tact avee celle qui déjà séjournait et dormait (495 ) dans les épines , on ne peut se refuser de conve- nir que, dans ces branches épineuses , la sève ne peutavoir ni un cours rapide, ni même une marche bien régulière. Au reste, au bout d’un certain temps, = vita- lité de ces épines, annoncée comme déjà très équivoque, disparait totalement. Cessant de prendre nourriture, la pointe se dessèche et tombe ; les rosettes qui lui sont inférieures subsistant toujours, leur support ne paraît et n’est plus terminé par une épine; il n'en reste même aucune trace, et par la suite on ne se douterait plus que ces rosettes ont été produites sur des épines. Une grande partie cependant de ces mêmes rosettes avorte, ou, pour mieux dire, après avoir pris un certain accroissement , finit par dépérir, et il n'en reste que la quantité con- venable. On n’en peut accuser que leur trop grand nombre ; il était impossible que l'arbre les nourrit toutes. J'ai déjà fait remarquer que les poiriers sauvages paraissaient se charger d’une plus grande quantité de rosettes et de fruits que les poiriers domestiques, quoiqu’en dernier ré- sultat, à raison de la petitesse des fruits , le vo- lume total wen fût peut-être pas plus considé- rable; mais c’est une opinion assez généralement admise que la production de la graine épuise le ee + E Syaa map. cr mem À Loc fc MGR Mae» rt a AN : ge FAN Eee à ( 496 ) plus; et comme elle est réellement plus abon- dante dans les sauvageons, c’est peut-être une des raisons qui les rendent plus sujets que d’au- tres à alterner. Ce serait, au surplus, une chose assez cu- rieuse, et même assez intéressante par son objet d'utilité, que de savoir si réellement, et à me- sure égale de fruits, l'arbre qui rapporte de gros fruits, étant proportionnellement moins chargé de graines, en est réellement moins épuisé. Résumé. La taille n'étant pas dans la nature, sa pra- tique a dû nécessairement entrainer beaucoup d'inconvéniens : de quelque perfectionnement qu’elle puisse être susceptible, et quelque mé- thode qu'on lui substitue, on doit s'attendre ou à retrouver les mêmes inconvéniens, ou à en rencontrer de nouveaux : c’est à en diminuer le nombre et la gravité que l’art doit tendre ; c’est en étudiant la végétation des arbres à fruit qu'on peut espérer d'y parvenir; c’est la marche que j'ai suivie, et si je wai pas rempli mon but, On pourra du moins se convaincre que ce n’est pas faute d’avoir observé. En faisant à la taille des reproches qui wont paru très fondés, J'ai proposé quelques substitutions nouvelles ; je m’attends bien que leur adoption trouvera des ( 497 ) obstacles : on m'objectera que les retranche- mens de branches, de rosettes, que j'ai propo- sés ne sont pas non plus dans la nature. Je vois _ cependant, entre le raccourcissement opéré par la taille et les retranchemens de branches et ro- settes , cette grande différence, c'est que, dans ordre naturel, rien ne se rapproche , rien ne ressemble à ce raccourcissement, rien ne . r á. L peut autoriser, et qu’au contraire les retranche- _ mens que je propòse sont limitation de ce qui se passe tous les jours sous nos yeux ; car nous voyons que lorsqu'un arbre prend un grand accroissement tant en hauteur qu’en étendue, ses branches inférieures périssent d’ellesmêmes, faute d’air et de noürriture : il en est de même, et par la même cause, des nombreuses branches, brindilles et rosettes que cet arbre renferme dans son intérieur. Retrancher entièrement tou- tes ces parties, qui , s’affamant et se nuisant ré- cıproquement , finissent par s'étouffer, ce n’est point contrarier la nature, ce west qu'anticiper sûr son ouvrage; cest faire actuellement ce qu elle aurait fait plus tard. Retrancher, comme je le conseille, la plus grande partie des rosettes, c'est, me dira-t-on, sacrifier l’espoir de la récolte : ; jamaisilne noue trop de fruits, ou il en tombe tou- jours assez ; mais C "est parce qu on laisse trop de boutons à fruit, qu'il en noue trop peu, ou c'est 39 te RER 7 ei na nt ae 2e 8 re ( 498 ) parce qu'il en noue trop qu'il en tombe tant. Le moyen d'en avoir assez, c’est de n’en con- server que ce qu'il faut; on n’a rien , justement parce que l'on veut trop avoir : il vaut mieux empêcher le fruit de venir en trop grande abon- dance, que de le voir tomber, ou de le suppri- mer lorsqu'il est tout venu. Un sacrifice fait à temps et de bonne grâce vaut mieux qu’un sacri- fice tardif et forcé : et n'est-ce donc rien, d’ail- leurs, que d'empêcher un arbre de s'épuiser? Pour simplifier mon sujet autant que possible, et ne pas risquer de mA égarer en allant au delè de mes connaissances , j’ai commencé par décla- rer que jen ’entendais considérer la taille qu’ en elle-même, et indépendamment des formes qu’on est dans le cas de donner aux arbres, notam- ment celle de l’espalier, etc. , et que c'était seu- lement des arbres à fruits à pepins, tels que poiriers et pommiers , dont j'allais m'occuper pour le moment. | J'ai avancé que la taille, détruisant inutile- ment pour reconstruire, supprimant ce qui ve- nait naturellement pour y substituer le plus souvent quelque chose de pis, était en contra- diction perpétuel e avec la nature; qu'on n avait . point assez étudié celle-ci; ; et, pour le prouver, j'ai cherché à déterminer, Hen manière plus précise qu'on ne l'avait Gii jusqu'ici, les points ( 499 ) ° où l’on devait attendre et le bois et le fruit, dans toutes les circonstances possibles , € dans tous les cas qu'on pouvait prévoir, points que la taille actuelle ne respecte guère ; et je crois être parvenu à mon but. | J'ai avancé que la nature n ‘avait point établi de différences entre les branches à bois et les brindilles; qu’elle n'avait point créé les brin- dilles pour servir exclusivementde support aux rosettes, et que les rosettes les plus belles et les plus tôt formées se manifestaient de préférence sur les branches fortes, et non sur les branches faibles; fy ajoute de plus que, dans les jeunes pommiers de semis, c'est sur la maïitresse-tige, c'est sur le corps de l'arbre lui-même que se pré- sentent, sinon toujours les premières au moins toujours les plus belles rosettes; et j'ai dit que, sans être obligé d'employer ces dénominations de branches à bois et à fruit, un habile jardinier savait fort bien où il devait attendre l’un et l'au- tre. J'ai fait voir d’ailleurs que leur place n’était point fixée immuablement; et qu'elle pouvait dépendre beaucoup des saisons, des, localités, de la vigueur plus ou. moins grande de la sève, etc. , etc. J'ai indiqué une partie des effets que re la greffe, lincision annu- laire, la transplantation et quelques autres-opé- rations pouvaient avoir sur le développement 3 32. RD ~ nn erae a E i E ASE a me San PP S 2 afi i 6 TR mi D ~ amsn (500) des yeux à bois et à fruit, et conséquemment sup la fructification. J'ai établi, non pas comme naturelles, mais comme artificielles , et seulement pour faciliter l'intellisence de ce que J'avais à dire, des divi- 9 ? sions entre les différentes manieres de fructifier, quoiqu’au fond je ne les regarde que Comme des nuances ; C’est dans le même sens que j'ai aussi établi des divisions entre les arbres jeunes et forts d’une part, et les arbres vieux et faibles d'autre part. J'ai fait voir les inconvéniens graves qui résul- taient du raccourcissement perpétuel et successif de toutes les branches; ce qui, dans la jeunesse, occasione une pousse abondante de bois con- traire à la fructification , une confusion de rami- - fiçation, et nécessite un ébourgeonnement sé-. vère, et ce qui, dans la vieillesse, empêche la sève de se porter directement aux branches à bois déjà trop faibles, en supprimant leurs bou- tons terminaux qui auraient plus de force aspi- rante que les faibles yeux placés au dessous : j'en ai conclu que les principes de la taille et de la conduite des arbres devraient êtré modifiés d’a- près leur force et leur âge, et d’après cela jen ai indiqué trois différentes, savoir : taille de ré- gularisation , taille à fruit et taille à bois: Au lieu de ce raccourcissement, j'ai conseillé la $ ( 5or ) suppression entière de ce qu 1] pouvait y avoir _de trop nombreux en branches, brindilles et ro- settes, et j'ai ajouté que, dans les vieux arbres surtout, il fallait s'attacher à la diminution des rosettes , et que ce retranchement ne pouvait avoir que des suites avantageuses. Sans rien décider, faute de connaissances positives, j'ai discuté les deux questions sui- “vantes : 1°, S'il y avait d'avance ds les arbres une sève différemment préparée pour le bois et pour le fruit, ou si la sève ne se préparait que dans chaque point en particulier, et si celle qui devait affluer dans les parties retranchées tournait gé- néralement au profit de toutes les parties res- tantes, ou seulement au profit des parties sem- Pahles à elles (1); | . S'il y avait des as préférables pour (x) L'opinion que la sève s'organise à son entrée dans les différentes parties de Parbre est fortement appuyée par la considération que la couleur du bois du pêcher tranche net sur celle du bois du prunier sur lequel il est greffé ; que la pr emière feuille qui sort de l'œil d’une greffe prise sur un arbre panaché est aussi panachée que celles qui sor- tiront plusieurs années après au sommet de l’arbré qui est sorti de cet œil; que les différentes parties de la fleur, -du fruit, de la graine sout fort dissemblables., ete. (Note de M, Bosc.) x li ie, re A E ads D baies à es” + 3 ge | mA n a Le RSS SR in TON y CRE Re ASE o a E 5033 le retranchement de toutes les parties, et prin- cipalement des rosettes, et sil y avait lien de, penser que pendant l'hiver la sève latente püt opérer un perfectionnement intérieur au profit des parties restantes. | Jai indiqué comme supplémentaires et auxi- liaires de la taille, dans la conduite des arbres, plusieurs moyens non pas nouveaux, mais trop peu employés, trop peu variés dans leur emploi et dans leurs combinaisons, la greffe , larqüre, éborgnement, l'incision annulaire, la trans- plantation, le recepage ou total ou partiel. J'ai donné une note particulière sur le cassément , et j'ai cité plusieurs faits à l'appui de mes opi- nions. TE J'ai fait voir que la taille donnait peu de moyens, ou peu sûrs, de remédier à l’alternat, et après une discussion sur le temps nécessaire au développement et au perfectionnement des boutons à fruit et des rosettes, j'ai exposé mes -idées sur ce qu’il y aurait à faire pour en avan- cer ou reculer l’époque, de maniére àtse mé- nager une fructification progressive et non in- terrompue. J'ai donné un article particulier, assez étendu, sur les épines du poirier sauvage, sur la théorie de leur formation et de leur disparition, et sur la connexion qu'il pourrait y avoir entre cette ( 503 ) dernière et la culture plus ou moins anciénne et plus ou moins perfectionnée. J'ai ajouté quelques détails sur des poiriers que je me suis procurés par le semis; et SORA palement sur des pommiers venus par la même voie, dont quelques uns offrent des particula- rités assez remarquables. Enfin, j'ai conclu que la taille était loin de ‘remplir son but, et qu'on ne pouvait absolu- _ ment la regarder comme un art porté à sa pér- fection. Quelques unes des pratiques que jai con- seillé d'y substituer ou d'y ajouter sont minu- tieuses , il est vrai, et de longue exécution; ce ‘ m'était pas une raison de les laisser ignorer, si elles peuvent être utiles; les conseiller n’est pas forcer de les adopter. Le but de mes recherches _ tend bien à concilier la pratique et la théorie : mais , cherchant à combattre une méthode con- sacrée par lusage, il était bon de ne rien né- gliger , et ne pouvant réclamer la pratique en ma faveur, il fallait mappuyer sur la théorie, et me fonder sur des raisonnemens, des analo- gies. À défaut de faits positifs assez nombreux, je laisse à l'expérience le soin de les confirmer, je mai considéré que les avantages de la chose en elle-même; il sera temps par suite d'en discu- ter les avantages pécuniaires, ou plutôt, en cas MT; 2 di ©. + etes per ON > í in e Re ge oee: T0 VU > NSA OS FIORE OENE AE O S ns SR ET MARRON tue s iiiu ( 504 ) de réussite, le cultivateur, ayant son intérêt pour guide, aura bientôt fait son choix. D’ail- leurs, la beauté, la précocité du fruit, dans sa manière de calculer, entreront pour quelque chosé et pour beaucoup plus dans celle du par- ticulièr aisé, à qui il est permis d'y ajouter en- core plus d'importance. Dans ces derniers temps, et avant moi, la taille avait déjà été attaquée. M. Cadet de Vaux avait proposé de la remplacer par larqüre. J'en ai parlé en son lieu, et sans prononcer sur son mérite, comme PER de remplacer la taille, je pense qu'on ne peut lui contester ses avantages. Il paraît que, dans son système, M. Cadet de Vaux supprimait au bout d’un certain temps, et quand il en avait tiré tout le parti possible, une partie de ses branches arquées; c’est bien là une espèce de recepage, et il n'avait pas tant de tort de dire quesupprimer n’était pas tailler, dans le sens du moins qu’on attache à ce mot dans la pratique. M. Du Petit-Thouars a proposé et exécuté, dans la taille et la direction des arbres, d’heureux chan- gemens, et a publié dans divers ouvrages (Lssais sur la végétation, Recueil de mémoires sur la culture des arbres fruitiers, etc.) des observa- tions neuves et très exactes sur la végétation et la fructification. C’est donner la mesure de mou ( 505 ) opinion sur ses ouvrages que de dire que j'en ai beaucoup profité. : M. Sieulle à aussi exécuté des innovations re- marquables, et quelque degré de succès qu’on puisse leur assigner dans lavenir, on lui.en aura toujours de grandes obligations. Il paraît avoir le premier réduit en système et mis en pratiqué | l'éborgnement (soustraction des yeux avant leur développement), moyen dont on tirera grand parti. Il dirige quelques poiriers d'après une méthode à lui particulière : il est possible qu'il y ait quelque analogie entre ses moyens et quel- ques uns de ceux que j'ai indiqués : il est bien possible qu’on se rencontre sans s'être cherché; je n’en puis parler positivement, n'ayant point Vu ses cultures. | Il eût été à désirer qu'avant de rien proposer j'eusse pu exécuter moi-même; les essais que j'ai faits sont si nouveaux, si peu nombreux, qu'avec l'espoir du succés, et avec le succès lui-même, je n’oserais en parler; mon temps, ma position ne wen ont pas permis de plus étendus. Je wai pu en faire aucune application à la conduite des es- paliers, ni préjuger en rien la possibilité de cette. application ; à peine ai-je pu jeter un coup d'œil sur la végétation et la fructification des arbres à ” 3 . . . é d Y noyau, aussi n'en ai-je rien dit. Je ne puis done prétendre à donner un système complet de di- Sg A Š | 5 EE CR : j H } \ 172 à i i À = r At h a! ( 506 ) rection des arbres à fruit, et jer ne vise poiut à renverser la taille d’un premier coup: il eût fallu pouvoir la remplacer sur-le-champ , et le temps n’en est pas encore venu. Je crois cependant que les idées que j'ai jetées en avant pourront être de quelque utilité, soit à ceux qui s'occupent de perfectionnement, soit même à ceux qui, tout chauds partisans de la taille qu'ils soient, n’en dissimulent pas les abus, ou voudront bien les y reconnaître. On pourra bien me faire telles ob- jections qu’on voudra; mais, fondées ou non, la seule et la meilleure réponse que j'y puisse faire, c'est de dire : essayez-en ; et Cest ce que je con- | seille, sinon aux praticiens, du moins aux ama- teurs qui ont quelques loisirs à sacrifier à des expériences utiles et agréables en même temps. P.-S. Des observations postérieures m'ont fait voir que . la conduite des maîtresses-branches sans raccourcissement avait l'inconvénient de les laisser trop s’allonger en dégar- ; nissant le bas ; on pourrait y obvier par le moyen de la taille ordinaire, pratiquée seulement tous les trois ans. Quant aux épines du poirier, quelquefois elles se manifestent aux ex- trémités des jets de l’année précédente , lorsque leurs rudi- mens , formés à cette époque , n’ont pu pe leur essor sur la fin de la saison. 3 ( 507 ) eve PILE IPITLIILAE SAS AR US LR LAS SAIT ES LVL LAVI ALESIS LL L2 Li # LEXISTENCE DES DEUX SÈVES, DITES * DE PRINTEMPS ET D'AOÛT. La plupart des agronomes et des praticiens paraissent s'être prononcés dès long-temps en FE H i í 3 4 [4 à il à 1 FARA } $ P | faveur de l'existence de deux sèves : Pune qui se manifeste, au retour du printemps, sur-tous les végétaux à peu prés sans exception, ét notam- à kd E x ment sur les arbres, qu'on appelle première sève ou sève du printemps, et qui au bout d’un cer- tain temps cesse ou parait cesser sur la plupart s cp à . ` 2 d'entre eux ; lautre, qui, apres cette interrup- tion d’une durée plus ou moins longue, repa- rait dans le courant de lété, et est, pour cette raison , nommée seconde sève, sève d'août , seve de la Madeleine, sève d'automne, dénominations tirées de l’époque à laquelle on la voit commu- némént reparaître : c’est sur les arbres que cet effet est le plus remarquable, et c’est d'eux que nous allons nous occuper. Dans ces derniers temps, M. Du beo Ka a émis une ópinion tout à fait contraire à lexis- tence de ces deux sèves. Se fondant sur plusieurs observations, il a nié positivement l'existence de la seconde sève, en tant cependant qu’on dût la regarder comme une sève particulière, plutôt que comme la suite ou le renouvellement acci- dentel de la première. (Voyez Recueil de Rapports et de Mémoires sur la culture des arbres frui- tiers, page 227.) Fondé moi-même sur mes obser- vations particulières, je vais exposer ici mon opinion, qui se rapproche beaucoup de la sienne, bien qu'il puisse se trouver d’ailleurs quelques diversités dans le développement de mes idées à cet égard. | Quelques personnes croient avoir remarqué une grande différence entre ces deux sèves N qu'ils regardent comme absolument indépen- dantes Pune de Pautre. Dans leur opinion, il pa- raitrait que lune et lautre seraient nécessaires pour le complément de la végétation; de l'aveu deftout le monde, la première sève est regardée comme l'effet d’ une impulsion générale ; suivant ëux, la seconde sève reconnaîtrait la même cause, elle ne serait ni une suite ni un renou- vellement accidentel de la premiére, mais une sève sui generis. Ces deux sèves différeraient es- sentiellement l’une de l’autre dans leur nature ; leur marche et leurs effets, et l'absence de l’une comme de l’autre rendrait l’œuvre de la végéta- tion incomplète. Les idées de tous à cet égard sônt d’ailleurs très loin d'être les miennes et d’être bien déter- minées (quot capita tot sensus ). Il ne nest pas plus possible de les exposer toutes en général que de les suivre dans leurs variantes et leurs ramifications ; je me contenterai de dire que généralement+la première est regardée comme ascendante, ou partant des racines pour s’éle- ver dans la tige et dans les branches des arbres, y développer les boutons à feuilles et à fleurs, et servir à l’accroissemeut de la tige et des bran- ches, surtout en longueur, etc. La seconde sève serait regardée oriire plus particulièrement descendante, c’est à dire se nourrissant de‘principes tirés de l'atmosphère par la voie des feuilles , desquelles elle descen- drait (de préférence par les canaux de l'écorce, Suivant quelques uns) aux racines, à l’accroisse- ( 5ro } ment desquelles elle serait indispensable. On croit en outre que cette seconde sève, bien que servant aussi, comme la prefere, à l’accroisses ment en longueur de la tige et des branches, mais.étant plus modérée ou plutôt moins aqueu- se, comme s'étant perfectionnée par son élabo- ration préliminaire dans les feuilles, serait prin- cipalement destinée à la formation des sucs pro- pres au perfectionnement des fruits et des bou- tons à fruits pour l’année ou les années subsé- quentes. Ceferait particulièrement avec son aide que le cambium se formerait, et que les arbres prendraient leur accroissement en grosseur ; en- fin, dans ce systèmé, si je le conçois bien, les effets de la première sève seraient plutôt une production apparente ét extérieure, et ceux de la seconde un perfectionnement intérieur, d'où résulterait conséquemment la nécessité de leur concours et de leur réunion. | D’autres, et c'est principalement le plus grand nombre, la plupart des praticiens peuvent être rangés dans cette classe, sans établir précisé- ment une différence entre ces deux sèves, sans examiner jusqu’à quel point est fondée leur exis- tence en tant qu'indépendantes l’une de l’autre, admettent tout simplement cette existence; lé- poque de la seconde est pour eux d’un grand intérêt, parce qu’elle est celle de-la greffe en ( 5119 écusson à œil dormant. L’habitude a dû leur donner, à cet égard, des notions précises sur le moment le PES favorable. Quant à moi, qui . m'amuse aussi à à greffer, j'avoue qu'il m'est ar- rivé plus d’une fois d'attendre en vain l’arrivée de cette sève d'août, qui n'arrivait jamais; et c’est cette attente frustrée qui m'a engagé à faire quelques observations sur ce sujet. Quoi qu'il en soit au surplus, et telle direction qu’à Fave- nir prenne l'opinion générale ou la mienne, je ne vois point d’iñconvénient dans la pratique à adopter les dénominations recues de sève de printemps et sève d'août, et je déclare que, sans rien préjuger, je men servirai dans l’occasion pour.me faire mieux entendre. Je déclare encore que, dans l'exposition que j'ai essayé de donner de toutes le$ opinions gé- nérales ou particulières, étrangères ; ou à moi personnelles, il a pu se glisser erreur ou confu- sion; l’essentiel pour moi n’est pas d’en donner une idée exacte dans les détails, mais bien de faire sentir, et Je vais encore le répéter, que pour ceux qui admettent l'existence de ces deux sèves, comme réellement et essentiellement différentes l’une de Fautre, leur existence et leur concours sont absolument indispensables : c’est ce point que nous allons discuter. Comment ceux qui professent cette opinion mr CORRE OUR Ne y ý À bi. | ii ji ` Sa Bita à Re a + me Nr ER re de em 0 mg mg apart ri md degree 74 ue a . da MT P n: A ph. aiia à ie dos er aid sa Ad š FER % H : aé ez aa ER RER SE EN Can ras É r merga Aiai _ bi 3 L 5 3 ~ apa RE dirt CON E o ; 4 i ( 512 ) pourrontils donc expliquer la formation des sucs propres , l'actroissement du corps ligneux, des , racines, ete., produit, Suivant eux, de la Seconde sève, lorsque cette seconde sève n’a pas lieu? Or, c'est ce qui arrive trés souvent, d’après les observations de M. Du Petit-Thouars, ainsi que d’après les miennes. Il y a des espèces arbres qui n’en ont jamais qu'une seule; il y a des es- pèces qui tantôt n’en ont qu'une, tantôt en ont deux, et même trois, et dans les espèces même qu'on est porté à regarder conime se conduisant à cet égard d’une manière régulière, ily a des variétés irrégulières; cependant toutes ces es- pèces et tous ces individus wen acquièrent pas moins leur perfection : donc cette seconde sève n’est pas indispensablement nécessaire- Il y a plus, lorsque, par l'effet d’une constitution d'année aussi bizarre que celle de 1816, année tant et si mal productive, il arrive à une espèce d'arbre qui n’a jamais qu’une sève d'en mani- - fester deux, ce retour accidentel de sève est plu- tôt un mal qu’un bien, plutôt un défaut qu’une perfection ; et tout au plus pourrait-on dire que ce retour de sèvé, s’il n’est pas nuisible, serait au moins indifférent. Or, plusieurs arbres forestiers, fruitiers, ar- brisseaux, arbustes, etc., tels, entre autres, que le cerisier, le merisier, le pramier, le lilas, 2 ( 513) les églantiers, rosiers, etc., ne manifestent ordi- nairement qu'une seule sève ; plusieurs autres , tels que le chêne, le pommier , le poirier, soit régulièrement , soit accidentellement, en ma- nifestent ordinairement deux; il faudrait donc admettre pour toutes ces espèces une végétation , particulière , établir des divisions et des sous-di- visions pour ceux qui n'auraient jamais qu'une Sève, pour ceux qui en auraient toujours deux, pour ceux qui tantôt n'en auraient qu’une, tan- tôt en auraient deux, et ensuite pour.les varié- tés qui présenteraient irrégulièrement.les mêmes phénomènes. Quand même on pourrait supposer à ces divisions quelque fondement de vraisem- blance, elles n’en seraient pas moins impossibles à faire; il sy présenterait plus d’exceptions que de règles , attendu la variabilité des espèces , des variétés , des individus, des localités , des cons- titutions d'années ;'etc., etc. Aussi ne m'amuserai-je point à passer en revue tous nos arbres; je m'excuserai sur la difficulté de faire ces observations d’une manière exacte, et sur le petit nombre de celles que j'ai pu faire ou suivre assez long-temps par moi-même. Je me contenterai d'indiquer celles quim’ont frappé, etje m'en servirai à mesure que j'en aurai. be- soin pour exposer mes idées et appuyer l'opinion 33 (514 ) que j'aurai adoptée, ou. pour pas j'aurai plus de penchant. Ainsi, par exemple, dans le cas ordinaire , le chêne m'a paru avoir ses deux sèves bien. dis- tinctes; mais plusieurs circonstances locales ou accidentelles sont pour lui une cause de varia- bilité. Est-il faible, se trouve-t-il placé dans un terrain trés maigre et très sec, la saison est-elle très défavorable, il lui arrive alors de n'avoir qu'une sève, même d’une très courte durée. Est- il dans un état moyen, il en a deux. Est-il exces- sivement vigoureux, il n’en a qu'une, mais qui dure très long-temps, quelquefois pendant toute la belle saison, qui peut même se prolonger in- définiment, et qui dans ce cas n’est arrêtée que par les gelées. Les taillis en bons fonds, dans l'année de leur recepage, sont très sujets à cet accident, qui les endommage beaucoup. (Ce que je dis ici du chêne peut recevoir son application pour d'autres arbres. ) Voilà donc dans une seule espèce d'arbre trois manières de végéter très différentes et très irré- gulières dans leurs différences mêmes. Quelle conclusion peut-on en tirer pour l'existence d’uneou de deux sèves dans le chêne? Si le chêne devait toujours avoir ses deux sè- ves; Si, Comme je l'ai déjà dit, et comme-je suis forcé de le répéter ici, parce que c’est le point- CSS ) capital de la discussion, si le concours des déux sèves était nécessaire à son existence, s'il était indispensable pour le complément de sa végéta- r ” . .. 5 3 . tion, comment pourrait-on concilier l'existence et la fructification de celui qui, peu vigoureux, n'a qu'une sève très courte; de celui qui, dans un état moyen , tantôt n’en a qu’une, tantôt les a toutes deux; enfin de celui qui, très vigou- reux , n’en a qu’une seule non plus, mais indé- finiment prolongée? Quel est donc le chêne de la nature ? Est-ce le chêne faible, le chêne moyen ou le chêne vigoureux? Dans toute discussion un peu épineuse, un parti mitoyen est pour ceux qui ne veulent pas se donner la peine d'examiner, ou qui ne savent quel parti prendre, un excellent moyen de se tirer d'affaire; mais ce 72ezz0-termine , quoique très souvent adopté, au fond ne satisfait per- sonne. Le chêne, dans son état moyen, peut-il être celui de la nature? Sommes-nous dans l'état de nature, ou plutôt à quelle distance en som- mes-nous, et Comment nous ont suivis, ou de près ou de loin, les animaux et les végétaux qui nous entourent et que nous avons soumis à notre influence ou à notre domination ab- solue? Lorsque les Gaules et l’Europe entière étaient couvertes d'antiques forêts, avant les immenses 29 99. 516 ) défrichemens qu'ont nécessités la réunion des hommes en société, l'accroissement deda popu- lation, les arts nombreux, produits de la civi- lisation, et les cultures variées et multipliées qui ` en sont la conséquence, les montagnes comme les plaines, les bonnes comme. les mauvaises terres étaient couvertes de bois; les débris d’une végétation luxuriante conservaient au solune fécondité et une fraicheur habituelles. Si,comme l’histoire nous le rapporte, les hivers:étaient plus longs et plus rigoureux, la belle saison pouvait être plus courte, mais au moins. plus ré= gulière et plus constante; car si les terres con- vertes de bois sont plus long-temps à Séchauf- fer, plusieurs raisons portent à croire qu elles _doivent conserver plus long-temps leur chaleur acquise, et les abris qu’elles présentaient alors . pouvaient bien prévenir cette irrégularité de température à laquelle nos saisons sont aujour- d'hui si sujettes : une végétation plus tardive, mais aussi plus active et plus soutenue, devait en être le produit. Qui sait si le chêne alors, ainsi que bien d'autres arbres , ne jouissait pas, pendant toute la belle saison, d'une sève non, interrompue 2 ? . i i ; Qu'on ne croie pas, au surplus, que cette. supposition soit purement gratuite. Je ne Sais pas, j'en conviens, quelle marche suit encore au- (5177) jourd'hui la sève dans les climats du nôrd'de Europe , où la belle saison est plus courte’, mais plus régulière; je ne sais quelle marche elle suit dans les pays non encore soumis à la culture, comme l’est une grande partie de PA- mérique septentrionale ; mais je remarque que la plupart des arbres qui nous’ viennent de ce dernier pays, dont le climat actuel peut bien nous :représenter l’ancien climat de notre Eu- rope ; je remarque, dis-je, que ces arbres, quoi- que transplantés loin de leur sol natal, et dans une situation trés différente, ont jusqu’à ce jour du moins conservé cette vigueur de végétation qui leur a été profondément imprimée par la nature de leur sol et de leur climat. Ceux-que Less > ; re E > j'ai eu occasion d'observer, tels que l’acacia, les divers peupliers de Virginie , de Canada, de Ca- roliñe; le platane; etc., mont tous paru n'avoir qu'une sève qui commence au printemps, ne finit qu'assez avant dans lété, et qui, dans les terrains frais et fertiles, se ‘prolonge jusque dans larrièré-saison; tellement que lPacacia, le peuplier de la Caroline, le platane, sont sujets à avoir leurs dernières pousses endommagées par les gelées précoces d'automne, et leur bois, mal aoûté , détruit par les gelées d'hiver. D'un autre côté, je remarque que, dans nôs arbres et arbustes indigènes , ceux qui croissent i li A AG a A Da 2 a ( 518 ) le long des eaux ou à l'abri et à la fraîcheur dans nos forêts, tels que les osiers , les saules, les peupliers, l’églantier, etc., ainsi que quelques uns de ceux que nous avons transplantés dans nos jardins, tels que les rosiers, etc., végètent sans interruption pendant toute la belle saison : les uns parce que, retrouvant dans leur position habituelle la fraîcheur et la fécondité dont tout le sol jouissait autrefois, le climat n’a pour eux changé qu'en partie; et les autres parce que, transplantés dans nos jardins, ils y reçoivent pour auxiliaires la iieii les arrosemens et les engrais. D'après cet exposé, et dans l’idée que je wen fais, l'interruption , suivant moi, prématurée de la sève , et son retour dans certains cas,ice qu'on appelle sève d'août, seraient non pas l'effet d’une impulsion générale, ou tenant à la nature du végétal lui-même, mais reconnaîtraient pour cause l'irrégularité actuelle de nos saisons ; irré- gularité qui, j'en conviens, est malheureuse- ment et tellement passée en habitude, que les effets, d’accidentels qu'ils étaient d’abord, ont bien pu.définitivement être regardés comme na- turels. En effet, et cela à juste titre est passé en proverbe , lhabitude est une seconde na- ture. Quelles que soient, au surplus, les expressions ( 519 ) dont on se serve, et la valeur qu’on doive yat- tacher, c'est à l’irrégularité des saisons que je vais en revenir. Le retour de la végétation au printemps, dans notre climat, est loin d’être assujetti à une épo- que fixe et invariable. Dès le mois de novembre et de décembre de l’année qui l'a précédé, il n'est que trop souvent préparé par une tempé- rature douce et humide; et souvent aussi, dès les mois de janvier et de février, il s'annonce par le gonflement et l'épanouissement des yeux et des boutons : aussi, dès le mois de mars, la moindre chaleur de l'atmosphère suffit pour dé- terminer cette végétation : elle s'établit donc prématurément , et se soutient tant que la réu- nion des causes qui l'ont établie a lieu. Mais si, dès la fin de mai ou au. commencement de juin, arrive une sécheresse causée par le hâle ou de trop fortes chaleurs, et qu’un refroidissement subit de atmosphère succède à cette sécheresse qui a déjà ralenti la sève, celle-ci s'arrête, du moins SUP plusieurs espèces d'arbres : ainsi finit la première sève. Cependant, pour des yeux attentifs., cet effet est loin d’être général ; suivant les espèces, sui- vant les individus et suivant les localités ; iky a des différences remarquables. = = a Ra mm -~ A i Ee mE y 2 mL D om T6 En effet, la suspension totale n'a plieu que daris quelques espèces ; dans d’autresselle n’a lien que sur les individus faibles. Les plus forts-conti- nuent à pousser, soit sur la totalité de‘léurs ra- meaux, soit sur une ‘partie d'entre eux, soit seu- lement-sur le bourgeon terminal: dé leur tige principale ; mais la sève s’arrête presque toujours sur les branches à fruit ou rosettes des pom» miers et poiriers, quoique pouvant continuer sur quelques unes de leurs branches ; et enfin il ya à cet égard des différences aussi nombreu- ses-que sensibles ; | dont j'ai indiqué les causés. Cet'état de suspension dure plus:où moins long- temps, et-est définitivement:fixé pour les uns , et cesse pour les: real ainsi. a nous’ allons le-voir: | diin “A;la fin de juin assez rarement, communé- ment en juillet, quelquefois au commencement d'août, soit par l'effet du réchauffement de Fat- mosphère, ‘ou plutôt d’une température ‘plus égale, soit par: l'effet: des pluies: bienfaisantes quiont humecté la terre;/soit:qu’enfin; par une cause opposée en apparence, et cependant con- Courant au même but, le soleil baissant, la: briè- veté des nuits ait diminué là trop grande cha- leur et ramené des rosées- abondantes ; J la végéta- tion paraît se ranimer sur: plusieurs des arbres (551 ) desquels elle avait disparu ; elle reprend où pa: yait reprendre son cours : cést ce qu’on appelle seconde sève, sève d'août. DSRS Mais vainement attendraiton cette seconde sève, cette prétendue isève d'août, sur plusieurs espèces d'arbres; nous'avons déjà fait voir qu'elle ne se manifestait jamais sur plusieurs d’entre eux; et ‘de même que nous avons fait voir que ‘sur plusieurs’ autres elle n'avait cessé qu'acci- dentellement, que partiellement, nous allons | démontrer qu'elle ne se renouvelle aussi qu’ac- cidentellement et que partiellement, et toujours à-raïson des localités, des saisons et de la vi gueur des sujets. Dans un sujet vigoureux, elle se manifeste à peu pee partout; dans un sujet moyen, elle se porte à la tige principale, et né- glige: tout ou partie des branches latérales, tou- che rarement aux boutons à fruit ou rosettes des pommiers et poiriers; dans un sujet faible, elle se porte uniquement au bourgeéon’ terminal de la tige principale , qui seul se ressent de son action , et même très faiblement; enfin; si le sujet est encore plus faible, ow elle fie sé mani. feste.pas du tout, ou elle n’agit que sur quel- ques faibles bourgeons adventifs ou inaperçus , qui-se développent dans la partie inférieure dé la tige ou au pied de l'arbre. C’est ce dernier eÈ fet qui a pu tromper plusieurs observateurs , et ( 522 ) qui leur a fait dire que cette sève d'août était principalement descendante : ils n’ont pas fait attention, que cet effet était dù à son peu de force, et qu’elle était dans ce cas non pas des- cendante, mais tout sireplotentss moins ascen- dante ; car peut-on dire qu’ une sève ( peu importe au fond le lieu où elle paraît) dont l'effet est et ne peut être que de faire développer en hauteur les bourgeons qu'elle fait mouvoir soit une sève descendante? Et si elle ne s'attaque qu’à des bou- tons placés inférieurement , c'est parce qu ils sont plus près de son point de départ, c’est à dire des racines, et qu’elle n’est ni assez abon- dante ni assez forte pour aller plus haut; et réellement c’est dans les sujets faibles, c'est dans les terrains maigres et secs que cet effet a lieu. Aussi , dans ces sortes de terrains, préfère- t-on planter des arbres. nains-et à basse tige , parce qu'ils s’y soutiennent mieux-que les au- tres. Il arrive même que, dans les années sè- ches, non seulement la sève d'août ne produit aucun développement dans leurs parties supé- rieures ,-mais encore qu’elle ne s’y porte pas assez pour soutenir leur existence; aussi les ar- bres à haute tige qu’on y plante (car il ne s’y en élève point naturellement) ne tardent point à y périr. De tous ces faits, il me ilil qu ‘on peut ( 5:33 ) conclure avec vraisemblance qu’il n'y a réelle- ment qu’une seule sève dont le cours peut être suspendu par plusieurs causes accidentelles , dont le retour peut avoir lieu par de pareilles causes, et qu'il ne peut étre attribué à une im- pulsion générale; que les effets de la sève, soit dans sa première, soit dans sa seconde époque , sont ou peuvent être les mêmes , sauf les modi- fications que leur imprime la différence des saisons , modifications très irrégulières d'ailleurs par leffet de l'irrégularité des saisons elles- mêmes : et auw’enfin il ne peut y avoir, à pro- ; y a P prement parler, de sève descendante, parce que son effet est toujours un développement en hau- teur, de quelque endroit qu'il parte ; et qu'en conséquence on ne peut admettre l'existence et le concours de deux sèves comme probables et utiles , etencore moins comme indispensables pour le complément de la végétation. Quelque bien fondées que puissent être les conclusions que je viens de tirer, et quelque suffisantes que me paraissent les raisons que j'ai données pour opérer la résolution du pro- blème, je ne suis cependant pas assez prévenu en faveur de mon opinion pour croire que rien n’y puisse porter atteinte. Je l'ai donnée comme ce que je pouvais donner de mieux dans l'état actuel de nos connaissances , sans prétendre En PR ARE Re és SÉTSES > Zazi IPOE N Dr à M PONE PT t Te ve ma. Lea = P a PER > m ai 2 Tiaa a ES PREE T E rer» ea een md = os z 7 i 1 $ as ee Re. "SET RER # N t ( 524 ) qu'on n'y puisse ajoûter mi retrancher: dés à présent, je crois entrevoir moi-même quelques nouvelles causes capables de concourir à la so- lution du. problème, et elles'bourraient le deve- nir d'autant: plus que dé nouvelles expériènces et de nouvelles observations peuveñt un jour leur donner:plus d'importance queje ne leuren trouve aujourd'hui; quand il devrait arriver que leur adoption püt nuire au système que j'ai établi, je ne les exposerai pas moins pour cela, et je ne les discuterai pas avec moins di impar- tialité. C’est ce que je vais faire dès à présent. ~ En admettant, comme je Yai fait; jusqu'ici, lir- régularité des saisons comme cause unique et suffisante de la suspension-et du retour der ti sève, je n'ai pu lenvisager que comme cause extérieure et: able: ; les causes nouvellés que je vais présenter comme pouvant concourir, mais subsidiairement , suivant moi, à ce méme phénomène me paraissent être d’un genre dif- férent, en ce qu elles tiennent à la nature intime du végétal, quoiqu’on půt encore arguer éontré cette assertion, en disant qu’elles sont aussi sou: mises à ‘influence des saisons, et que leur irré- gularité, continuée depuis iph -temps, à dú mo- difier et déranger l'ordre de leurs fonctions , telles qu ‘elles-étaient dans le principe : d'est du jeu combiné Où alternatif mob renal et dés i ras ( Soi ) ces que je veux parler. D'habiles physiolo- gistes, chimistes et physiciens se sont occupés de déterminer ces fonctions par une multitude d'expériences : tout en mettant à profit les lu- mières qui. en sônt résultées, et en rendant jus- tice à l'exactitude età la sagacité de leurs obser- vations, je déclare que, quoique assurément très éloigné d’oser les combattre, je ne puis cepen- dant wabandonner:à une entière confiance. Les fonctions des divers organes des plantes n’ont pas toujours lieu d’une manière absolue ; elles peuvent être modifiées , et même changées par les opérations qu'on leur fait subir ; ces change- mens peuvent avoir lieu sans que l'observateur en ait le moindre soupçon et y fasse la moindre attention ,-et je suis très porté à croire que des observations faites et suivies en plain champ et en plein air nous en apprendraient plus que des expériences individuelles , locales ou temporai- res , qui, faites sur d’autres individus, en d'àu- tres temps et en d’autres lieux, auraient pu offrir des résultats différens, et nous donneraient des notions plus exactes que des expériences faites” sur. des plantes ou des fractions de plantes mu- tilées.ou désorganisées par des opérations préli- minaires, ou contrariées et dérangées dans leurs fonctions par la nature des divers milieux daris lesquels on les expose, ( 526 ) Quant à mot, je ne puis présenter en ma fa- veur aucune expérience du genre de celles dont je viens de parler ; Je n'ai que l'observation de quelques faits à citer, quelques raisonnemens ët quelques conjectures à y ajouter, J'exposerai d’abord une partie des fonctions qu'on est con- venu d'attribuer aux feuilles ; et sans rien chan- ger à la nature de ces fonctions, je tâcherai d'expliquer mon système par la combinaison où | l’'alternat de ces diverses fonctions. Nous avons déjà vu que les feuilles parais- saient être destinées à aspirer la sève, soit des racines , soit de l'atmosphère ; à élaborer cette sève, à combiner les Principes provenant de ces deux sources, et à transpirer ce qui est superflu ou nuisible. Ces fonctions peuvent être considé- rées comme agissant simultanément ou alterna- tivement, soit entre elles, soit combinées avec celles des racines; nous les examinerons sous ces divers points de vue. | On a beaucoup disserté sur la cause de Pas- _ cension de la sève au printemps dans les arbres : voici, ce me semble, ce qu'on pourrait en dire de plus probable, Le soleil s'élevant de plus.en plus, à mesure que la saison s'avance, la tempé- rature de l'atmosphère , plus basse auparavant que celle de la terre , se met d’abord au même niveau, puis la surpasse bientôt. Le corps de ( 529 ) l'arbre et ses branches, raréfiés par la chaleur extérieure, se dilatent, leurs canaux s'ouvrent à la sève; celle-ci s’y élance, et quitte les racines encore engourdies par le froid et l'humidité de l’hiver ; les racines se reposent, les nouveaux bourgeons et les feuilles attirent tout à eux. Première époque. Tant que la première sève est dans sa plus grande activité, les jeunes pousses et les feuil- les qui les accompagnent sont dans un état de verdeur, de mollesse et de souplesse, qui les rend extrêmement propres à aspirer la sève ve- nant des racines, à soutirer les gaz et lhumi- dité de l'atmosphère. En considérant cette mol- lesse et cette flexibilité de toutes leurs parties, qui leur permettent de se gonfler à volonté et de se remplir des sucs qui leur arrivent de toutes parts, et l'accroissement rapide qui en est la suite, il est bien naturel de penser que si à cette époque elles transpirent aussi, l'aspiration néan- moins l'emporte de beaucoup sur la transpi- ration. Deuxième époque. La saison s'avance, le mois de juin arrive, les branches se sont étendues, les feuilles ont ( 528 ) pris tout Faccroissement dont-ellés-étaient sus- ceptübles, la chaleur augmente, l'humidité du sol diminue ; la sève, d’aqueuse qu elle était, devient plus consistante; elle. perd de-son vo- lume, de sa. force d’ascension les tiges se raf- fermissent, leurs canaux s’obstruent Jes feuil- les, qui ne croissent plus, cessent de se dila- ter, elles aspirent avec moins de force; leur transpiration augmente , la terre séchauffe à son tour, les racines se réveillent; en vertu des lois de correspondance établies entre les racines et les branches, elles tendent à se remettre en équilibre , à reprendre l'avantage qu’ elles 2 avaient perdu ; elles aspirent à leur tour, elles croissent en étendue; la sève y afflue, la pousse des tiges se ralentit, elle s’arrête seulement sur quelques espèces; dans d’autres, elle s'arrête seulement sur les sujets faibles, et continue sur les plus vigoureux. Revenons sur quelques uns de ces effets. Je viens de dire qu’à une certaine époque aspiration des feuilles diminuait, et que leur transpiration augmentait. Le pr emier effet peut se concevoir aisément par les raisons que j'en ai données ; quant à l'augmentation de transpi- ration , voici mes preuves: . Si, pendäntique la pousse a’encore lieu, ou plutôt peu après qu'elle a cessé, les feuilles se ( 59) détruisent par accident ou par la voracité des chenilles, ou si, à dessein, on les retranche, qu'arrive-t-il ? Les jeunes tiges, au lieu de se raffermir et de prendre de la consistance et de la grosseur, continuent de croître en longueur ; il se déve- loppe de nouvelles feuilles et de nouveaux bour- geons: Donc la présence des feuilles adultes était un obstacle à la continuation de la pousse; ét comment pouvaient-elles y être un obstacle, si ce n’était par la supériorité de leur faculté trans- piratrice? Si, à la même époque, on pratique sur une branche une ligature où une incision annulaire, voici ce qui se passe au dessus : l'allongement des pousses et l’accroissement des feuilles se ralentissent, céssent même quelquefois tout à coup; il ne se développe plus de bourgeons; la tige prend de la consistance et de l’accroisse- ment en grosseur ; les feuilles, qui sont une pro- longaiion extérieure des fibres de l'écorce pla- cées au dessous d'elles, sont privées de com- munication avec cette écorce, et paraissent, par cette opération, acquérir avant le temps leur maturation (d’où suit pour elles, ainsi qu'on va le voir plus bas, diminution de faculté aspi- rante, et augmentation de faculté transpirante ; 34 $ i PO ii 4 EE param ren M Pme 2 ( 530 ) cette dernière faculté va même quelquefois jus- qu’à faire languir et Périr la branche incisée » mais ce n'est pas tout, Voici ce qui se passe au dessous de l’incision : le bourgeon ou les bour- geons placés immédiatement au dessous se dé- veloppent et croissent en longueur ; un écusson même qu'on peut y placer se développe aussi (ce qui, soit dit en passant, peut fournir un moyen de greffer à la pousse). _ A quoi peut-on attribuer ces divers effets ? de ne vois pas qu’on puisse en trouver d'au- tre cause que l'augmentation de la transpira- tion des feuilles. On ne peut objecter l'évapo- ration causée par la plaie de lincision, puisque la ligature produit le même effet; on ne peut objecter cette évaporation , puisqu'elle nempé- che ni le grossissement de la tige supérieure, ni le développement des bourgeons inférieurs. Cest donc uniquement à la transpiration des feuilles quest due la cessation de la pousse su- périeure ; c'est à elle quest dû l’épaississement de la sève qui fait grossir la tige supérieure ; et si le développement des bourgeons et de l’écus- son placés au dessous de l’incision a lieu, cest parce que les effets de cette transpiration ne peu- vent s'y faire sentir, à raison de la solution de continuité et de l'interruption de communication ( 5% ) causées par incision : d’où il résulte que, dans cette partie inférieure, la sève suit son cours et sà marche ordinaires. Troisième époque. Arrive une troisième époque : la fin de juillet approche, le mois d'août va suivre, le soleil baisse; sil êst toujours ardent, au moins son “action n'est-elle pas de si longue durée; les nuits sont plus longues et plus fraiches, les rosées du matin plus abondantes ; il sy joint quelques brouillards, quelquefois même des pluies bien: faisantes; la sève se ranime, élle balance, et bientôt elle surpasse la transpiration des feuilles; les racines ont pris de l'accroissement, elles ont regagné l'avantage que les branches avaient pris sur elles pendant la sève du printem ps, elles Pont même surpassé; leur accroissement en longueur cesse, il ne s'oppose plus à l’ascerision de la sève; en vertu des lois de correspondance entré les racines et les branches, celles-ci tendent x re: prendre leur avantage perdu; elles aspirent à leur tour; les feuilles, humectées par les rosées abondantes, les secondent, la sève m pousse recommence. | Bien mieux, et à peu près vers le même temps, uneffet pareil est encore plus sensible; dans les 34. onté, Ía ( 532 ) arbres qui languissent bar quelque cause que ce soit, ou qui, par l'effet de la sécheresse, ont perdu tout ou partie des feuilles qui, dans létat de vétusté où elles étaient, ne pouvaient servir qu'à la transpiration ou évaporation (chose que nous voyons souvent arriver dans nos prome- nades publiques, sur les tilleuls et marronniers d'Inde}, la pousse se rétablit, et elle se rétablit d'autant mieux que la chute des feuilles a été plus complète : nouvelle preuve de l'obstacle que les feuilles mettaient, par leur transpira- tion , à la continuation ou au rétablissement de la pousse. | Dans nos jardins, les engrais et les arrosemens suppléent, et au delà, à la transpiration des feuilles; la sève s’y arrête rarement, et si elle s'arrête, elle se rétablit plus aisément, non pas une fois, mais deux fois et plus , suivant l'espèce des arbres (les moins élevés, tels que les pom- miers-paradis et autres , sont dans ce cas ), sui- vant la nature du terrain, l'emploi des paillis, la fréquence des arrosemens , et le secours des pluies qui soutient leur effet (cela est très re- marquable dans les semis d'arbres); la plupart d’entre eux, à l’aide de ces moyens, peuvent être entretenus en sève pendant tout l'été, où ils la reprennent très aisément lorsqu'ils l'ont perdue ; aussi acquièrentils dans ce ĉas une ( 535 ) grandeur bien supérieure à ce qu'on aurait dù RE de leur végétation ordinaire. Dans les champs, au contraire ; les semis är- bres, abandonnés à eux-mêmes, ne manifestent qu'une seule sève et d’une assez courte durée ; la grandeur des feuilles de ces jeunes plants, peu proportionnée à la petitesse et à la faiblesse de leur tige, oecasione en eux une forte trans- piration qui arrête bientôt leur pousse, et 12 n'y a point de retour de sève; elle tourne au profit des racines, qui s’en accroissent d'autant, et acquièrent, dès cette première année, une étendue très grande, si on la compare à celle. des feuilles. Au surplus, que ce soit là ou non la raison de ce grand accroissement des racines ou qu'il y en ait encore quelque autre, il tourne au profit des jéunes arbres, et jette pour eux. les fondemens de leur ee future: ‘Pour confirmer ce que j'avance ici d'aprés une simple inspection et sans y avoir fait une attention particulière, il serait assez intéressant de comparer avec exactitudé les volumes réci- proques des tiges et feuilleS*avec ceux des ra- cines, dans les semis darbrés faits dans les jar- dins et ceux faits dans les champs : cette com- paraison, faite avec précision, pourrait confir- mer les effets que j'attribue à la transpiration des feuilles. | ai É. 4 c- = à xe Dean a a ie Ends à “ds hé 3 i TA a ès dd à ann : : on | p3 mn E AS N RS EE - + “an. : j “ Le a 2 f FAS 4 Dee dé ae A hs in A _, > ( 534 ) . Les arbres résineux conifères, dans lesquels la nature des sucs séveux rend les. feuilles beau- coup moins caduques, beaucoup. moins sensi- bles aux impressions de la température et beau- coup moins. susceptibles de transpiration re- tardée. ou . accélérée, ne manifestent jamais qu'une seule sève; nouvelle preuve des effets de . la transpiration alternative sur-le retour. dé la seve. | issid airis ii | Je-crois avoir, autant qu'il. était. en, moi, donné des preuves, où au moins. établi la pro- babilité des effets. ocçasionés par. la trans- piration des, feuilles; J'espère que de-nouvelles observations dirigées sur ce point.pourront en fournir d'autres et confirmer, mon: opinion. Je: dois cependant ici avouer que ce.que j'attribue à la transpiration pourrait ençore avoir lieu par une autre cause. En effet, au lieu. de supposer dans. les feuilles, cette transpiration du superflu aqueux de la sève, on pouxrait. dire qu'à l'épo- que où je suppose cette, transpiration augmen: tée, il se développe. en elles nne prépriété qui fixe et solidifie les. gaz faisant. partie ou contenus dans l'atmosphère ; soit oxigene. où azote soit. plutôt le, gaz acide carbonique: Cela n'est pas rigoureusement impossible ;. mais. ilme semble qu'à une époque, où les. feuilles ont perdu ou sont prêtes à perdre une partie de leur énergie ( 535 ) vitale, ilest bien moins convenable de leur at- tribuer une propriété aspirante et solidifiante des gaz, propriété qui nécessiterait en elles un re- doublement de force et d'énergie, que de leur supposer une faculté simplement évaporante, qui, suivant moi, est très compatible avec un commencement de faiblesse; et de plus, si Fon y 0 admettait que leur énergie důt augmenter ayec leur âge, cette même énergie prétendue solidi- fiante serait nécessairement un obstacle invin- cible au retour de la sève d'août. Je men tiens donc à mon opinion première, la transpiration: des feuilles. i I west peut-être pas hors-de mon su jet de pré- senter ici des observations sur une cause deta chute des feuilles, que je pense-n’avoir pas été: indiquée, ou au moins suffisamment déve- loppée. _ Le pétiole des feuilles paraissant, ainsi que nous l’avons vu plus haut, être un prolongement des fibres de. l'écorce qui leur correspondent , bien qu'il wy soit attaché que par une espèce de soudure, lorsque ce pétiole éprouve un re- trait oceasioné par une cause quelconque, maladie, sécheresse ou refroidissement de Pat- mosphère ( ce dernier effet a lieu aux approches de l'hiver), la solution de continuité s'opère et la feuille tombe; mais cette chute a quelquefois BEAC |. ET tan E ENY, à Ds STO 2 EE tu a E E QAR T seen nit Sarea Tae aD Fa Re om Ve (536 ) lieu pendant l'été, et les raisons que nous: avons données pour l'expliquer ne par aissent pas suf- fisantes. On peut y suppléer par ce que je vais dire : à ’aisselle des feuilles en général se trou- vent d’abord l'œil principal, puis deux yeux latéraux et subsidiaires , qu’on pourrait appeler stipulaires, parce qu'ils paraissent avoir été nourris. par: les stipules qui accompagnent la ` feuille ou. son pétiole, et enfin un quatrième _ œil,qu'on pourraitappeler pétiolaire, parce qu'il parait avoir été nourri par le pétiole, où parce qu'il parait destiné à à lui survivre et à hériter de la portion « de sève destinée et portée au pétiole parles fibres der écorce correspondan te. Ce der- nier œil, pour peu qu'il prenne d’accroissement, doit «faire. effort pour pousser dehors le pé- tole. De plus, les yeux stipulaires, déjà assez profondément implantés dans l'écorce et le corps ligneux lui-même, tendent à s'éloigner de la base du pétiole par l'effet de l’écartement des fibres de l'écorce, suite nécessaire du grossissement des branches; les stipules tenant au pétiole ne peuvent obéir à cet écartement et sont forcés de se détacher. Il s'opère donc alors entre les fibres de l'écorce d’une part, et le pétiole et les sti- pules d'autre part, une solution de continuité : ces derniers tombent ainsi que leur feuille. Cet effet n’a pas lieu de la même manière dans les ( 537 ) arbres-résineux conifères, tant par les raisons que nous avons exposées: plus haut, que parce que leurs feuilles sont emboitées. À ceque j'ai dit précédemment sur les pousses alternatives des branches'et des racines, j'ai en- core quelque chose ajouter. J’appellerai à mon secours les observations futures , car je ne puis m'appuyer sur aucune qui me soit personnelle. Hime paraît probable que s'il y a alternat entre la sève d’accroissement en longueur des bran- ches, et la sève: d’accroissement en longueur des racines , il doit aussi y avoir alternat entre leurs sèves réciproques d’accroissement en gros- seur : je.m'explique, c'est pendant que les tiges s'allongent que les racines grossissent, et c'est pendant.que les tiges grossissent que les racines s’allongent. Je prie de ne voir dans ceci qu’une simple hypothèse ; au surplus, ces alternations ne-doivent pasètre prises à la rigueur; on n’en- tend parler que-de la supériorité de l’un de ces effets sur l'autré; et non pas de la nullité abso- lue de l’un ou de l’autre. Si ces alternations sont réelles, elles doivent exercer leur influence-sur la reprise et la pousse, soit des greffes en écusson, soit des greffes faites sur racines. Quel est, pour la pousse et-latre- prise de ces-deux sortes. de greffe, le moment le plus favorable? Est-ce celui du grossissement ? — Dee" Nha mn A | | ii ] r $ k B if: É y l | 4 \ 5 E 7 2 ( 538 ) est-ce celui de l'allongement de la partie sur la- quelle on les place ? C'est ce que je laisse à exa- miner. | Je donnerai , à la fin de ce Mémoire, un ta- bleau de la marche alternative de la-sève dans les branches et dans les racines pour le cours de l’année dans notre climat. J'ai déjà prévenu que tout n’y est pas également fondé sur l'expé- rience et l'observation ; on ne devra done le prendre que pour ce qu'il vaut : il servira du moins à me faire mieux comprendre et à faire voir d’un coup-d'œil tout ce qui se trouve ici épars de côté et d'autre. Application des principes émis dans cette dis- cussion aux causes de l'alternat des arbres fruitiers à pepin. Les arbres à fruit à pepin pardissent'être assez sujets à alterner, Cest à dire qwik leur arrive souvent de ne donner du fruit que de deux années l’une, et même de se reposer plusieurs années après avoir fructifié. Les causes de cet alternat sont peu connues : on ne peut guère espérer d'y remédier que par la connaissance de ces Causes; elle est donc d’un assez grand inté- rêt pour le cultivateur. Il m'a semblé. qu'entre les faits que j'ai cités, les idées que j'ai émises et ( 559 ) cet alternat , il pourrait se trouver quelque con- nexion : Ce sujet vaut la peine d'être examiné. Je vais être obligé de répéter iciune partie de ce que j'ai déjà dit; je me servirai aussi des ex- pressions de sève à printemps et de sève d'août sans rien préjuger quant à leur existence. Des- sentiel pour moi est de me faire entendre, et peu importe ici que l’on admette deux sèves dis- tinetes , on qu'on admette deux époques dis- tinctes dans une seule sève. Je suppose que nous avons à examiner quelle a été surla fructification future l'influence d’une année qui Vient de s'écouler, et que cette année a été une année ordinaire, c'est à dire que le cours des. saisons s’y est présenté avec autant de régularité que nous puissions-nous y attendre, et qu'il ny ait eu dans la température aucun extrême ; les deux sèves:y auront eu les qualités particulières qu'on a coutume de leur attribuer (voyez plus haut ce qui en a été dit). Je prie mes lecteurs de me suivre avec attention :dans cette supposition , à laquelle je donnerai le plus _dé vraisemblance possible, Première cause d’alternat. La sève du printemps a été abondante, active, mais. assez aqueuse, C'est à dire peu élaborée à k: Er n. akn E NE a. sis tab DD TES EN ER he ( 54o.) dans ses principes, et elle a cessé à l’époque où elle cesse ordinairement. Elle a développé les branches à bois comme d'ordinaire, elle a opéré un mouvement en longueur sur les rosettes formées les années précédentes, elle en a même indiqué quelques nouvelles ; mais les unes, comme les autrés, ont peu profité en grosseur, et on n’y remarque point ce gonflement qui caractérise une préparation de fruits pour lan- née suivante. La sève d’août qui a'suivi, moinsactive, plus modérée, plus élaborée dans ses principes, a cependant eu assez de force pour s’élever dans la tige et les branches principales; elle y a continué le développement commencé; aù prin- temps, de leurs bourgeons terminaux ; mais, w'ayant tout juste de force que ce qu'il lui en fallait pour cela, elle n’a pu que s'amuser en passant dans les petites branches latérales, brin- “dilles, lambourdes ou rosettes : elle n’y a effec- tué aucun développement, mais cependant y a opéré un travail’ insensible ; elle y a perfectionné lès germes de fructification dont au printemps les élémens seuls avaient été déposés , et ainsi mis les boutons à fruit en-état d’éelore au prin- temps de l’année suivante. Elle a fäit quelque chose de Plus; elle a indiqué ou fait sortir quel- ques nouvelles rosettes; dont quelques unes ( 541 ) pourront aussi fructifier aussitôt que les an- ciennes, et dont le reste sera remis à une épo- que plus éloignée. La première sève a donc seu- . lement déposé les élémens de la fructification : la seconde les a perfectionnés , a préparé les germes et les a disposés à produire; tout s’est passé comme il devait se passer, et il en résulte pour l’année suivante, si la saison est favorable, une fructification ordinaire. Supposons actuellement que, toutes choses égales d’ailleurs, la sève d'août, avec les attri- buts précédemment décrits, wait pas eu lieu par l'effet d’une saison défavorable: qu’en doit-il résulter ? Absence totale de fleurs et de fruits pour l’année suivante; donc cause parties d’al- be : Deuxième cause d’alternat. Tl serait cependant possible que la constitution de l'année fût telle que, par une irrégularité de saisons qui n’est que trop commune chez nous, la premiere sève favorisée par un temps diud et modérément sec, la seconde accompagnée d’un temps froid et humide , opérassent préci- sément en sens inverse de ce que chacune d’elles aurait dù faire, et que le contraire de ce que nous avons exposé dans l’article précédent eût ( 542) précisément heu : il serait possible que, dans ce cas, la prémiere sève eût commencé par dé- velopper les branches à bois comrne elle devait le faire; mais que se soutenant et se prolon- geant avec les circonstances les plus favorables pété aoûter et préparer à fruit les boutons anciennement et nouvellement formés, elle eût réussi à opérer complétement et son propre travail et le travail réservé à la seconde sève; et qu'au contraire cette seconde, accompagnée d'un temps froid et humide, détruisit cette œuvre sı bien commentée, en développant à bois, par son immodération et la quantité de ses sucs aqueux et mal élaborés , les boutons destinés à fruit, en étouffant et faisant oblitérer leurs germes : d’où il résulterait, pour le prin- temps de l’année suivante, une privation par- tielle ou totale de fleurs et de fruits : donc deuxième cause d’alternat. Troisième cause d’alternat. Il.est possible que ni l’une ni l’autre sève n'amènent à bien leurs produits, et qu’il en ré- sulte également privation totale, pour l’année suivante, de fleurs et de fruits : donc troisième cause d’alternat. (568) Quatrième cause d’alternat. il est possible et il arrive quelquefois que, par une Cause quelconque, il se développe à contre-saison une plus ou moins grande quan- . tité de fleurs au détriment du produit de l’année suivante : donc quatrième cause d’alternat. . Cinquième cause d'aliernat. Enfin, si à une premiére sève heureuse par sa préparation fructifiante il succède une se- conde sève également heureuse, il en résulte pour l’année suivante une abondance de fruits telle, que l'arbre suchargé s’épuise pour les nourrir, et qu'il néglige entièrement la prépa- ration et les produits de l’année ou des années suivantes : donc cinquième cause d’alternat. On pourrait porter à linfini le nombre de ces combinaisons de première ou de deuxième sève plus ou moins heureuses, et en déduire une. multitude de conséquences et de causes d’alternat plus ou moins variées et compli- quées, je me suis borné à exposer les plus frappantes , les plus probablement fréquentes : j'aurais pu parler des ravages occasionés par les chenilles, par la grêle et autres accidens qui, en détruisant les feuilles, peuvent ou occasio- ( 544 ) ner une nouvelle pousse ou empêcher le pertec- tionnement des boutons à fruits ; Jaurais pu parler du jeu des racines et de tidige que leur végétation plus ou inoins heureuse peut avoir sur la préparation des boutons à fruits: car on peut bien supposer que telle année qui est favorable pour la végétation des. Dran- ches- ne le soit pas également pour cellé des racines; mais j'avoue que jen ai aucune donnée à cet égard. Je dois encore donner ici quelque éclaircisse- ment relativement-à une objection qu'on pour- rait me faire. J'ai attribué à l’abondancé de la _ sève tantôt une grande préparation de fruits, tantôt une destruction absolue : cela, en appa- rence, est contradictoire, et cependant cela a souvent lieu. Voici, pour l'expliquer, tout ce que je puis en dire pour le moment, réservant pour un autre Mémoire de plus grands dévelop- pemens. D’après mon observation ; les rosettes ou boutons à fruits sont un faisceau d'yeux ou plutôt de germes presque imperceptibles , les uns à feuilles ou bois, les autres à fleurs. On peut concevoir que, par telle cause que ce soit, la sève se porte, suivant tel ou tel cas, à la nour- riture des uns plutôt que des autres; on peut concevoir que, lorsqu'elle est très peu abon- dante, de mauvaise qualité on contrariée par les (545 ) températures, elle ne se porte que sur les germes à feuilles ; on peut concevoir aussi qu'une sève très abondante et très active s'emporte et étouffe les germes à fruits, et qu’elle développe seule- ment les germes à bois. Notes supplémentaires. Feu M. Olivier, membre de l’Institut et de la Société royale d'agriculture, a publié un Mé- moire sur l’alternat des oliviers dans nos dépar- temens du Midi; il en attribue la cause à la trop grande abondance et au trop long séjour du fruit sur les arbres. Cette cause a été en partie indi- quée plus haut ; mais je n’ai pas cru devoir la donner comme suffisante pour expliquer l’alter- nat de nos arbres à pepin: Jai désigné comme devant y concourir spécialement le renouvel- lement de sève occasioné par une effeuillaison quelconque. M. Féburier, membre de la Société ďagriculture de Seine-et-Oise , a fait sur ce sujet plusieurs expériences, et les miennes propres mont convaincu que cette effeuillaison , en oc- casionant une nouvelle pousse, s’opposait à laoù- tement, et conséquemment à la fructification prochaine des rosettes des pommiers et poiriers. Cette effeuillaison, exécutée par moi sur un cerisier , n’a point empêché entièrement sa fruc- 55 RR à R dns js bi. ERES S iù ar eT né Co an REE mE AS ( 546 ) tification; mais elle l’a beaucoup diminuée : ses effets ne sont donc pas absolument les mêmes sur toutes espèces d'arbres; jai cependant en outre remarqué que, Sur la plupart d’entre eux, elle occasionait un retard sensible sur la pousse et la floraison de l’année subséquente. Mentre- tenant avec M. Vilmorin sur ce dernier effet, et du parti qu'il me semblait quon pouvait en tirer pour retarder la pousse et la floraison de quelques arbres, ce qui, dans certains cas, _ pourrait être avantageux ou agréable, il lui vint à l’idée qu’à cette effeuillaison des müriers à soie pourraient être attribuées leur pousse tardive au printemps, et par suite les difficultés qu’on éprouve à cette époque pour nourrir les vers à soie. Dans un moment où l’on s'occupe de re- vivifier cette branche de notre industrie, il se- rait à propos de faire des recherches à cet égard, et de tâcher de remédier à ces inconvéniens. Je crois que cela serait possible; mais je n’oserais publier mes idées là dessus sans y avoir müre- ment réfléchi et tenté quelques expériences. _ P.-S. Beaucoup d'agriculteurs paraissent croire qu’une ou plusieurs années seraient nécessaires pour la formation complète des boutons à fruit dans les arbres à pepin; mais en admettant que cette opinion fût fondée, devrait-on compter le temps nécessaire à cette formation par nombre {54 ) d'années ou par nombre de séves? En effet, chaque année pouvant avoir ou n'avoir pas ses deux sèves, il en résulte que les années ne sont pas réellement égales entre elles et que consé- quemment leurs résultats ne peuvent être égaux. Ainsi, en suivant cette idée, il faudrait, pour cette complète formation des boutons à fruit, deux années à une sève chacune contre une ` seule année à deux sèves. Cela parait un peu sin- gulier, et on à peine à admettre cette consé- quence. On ne peut douter néanmoins que cette irrégularité dans le nombre desèves dans la même année n’influe sur la fructification, et peut-être devrait-on aussi lui attribuer une autre irrégu- larité, savoir : celle du nombre des couches ligneuses, qui n’est pas toujours en correspon- dance exacte avec celui du nombre d'années de leur formation. Le plus ou le moins ne tiendrait- il pas à l'absence ou à la présence de la seconde sève, ou plutôt de son second et même troi- sième renouvellement? Je wai point fait d’obser- yation à cet égard. Dans l'observation des causes d’alternat, on doit encore considérer l'influence du climat, du terrain, du sujet sur lequel l'arbre est greffé et de la nature de sa variété. Tout le monde sait que le poirier greffé sur cognassier se met plus tôt à fruit; qu'il en est de même du pommièr 39: UT LS RES EE x j Nr EA A PE ia e e NU. ? Là 7 List AREA pos: | SEN 2m. 3 $ ( 548 ) greffé sur paradis; que celui-ci peut fleurir et fructifier sur le bois de l'année précédente, soit au bourgeon terminal, soit même sur tous les yeux de la jeune branche, sans qwavant la pousse rien n’eût indiqué dans ces yeux la pré- sence des fleurs. Il n’y a donc point de temps fixé pour la formation des boutons à fruit; cela ne tient point intimement à leur nature : le ce- risier de la Toussaint fleurit et fructifie perpé- tuellement; un pommier nouvellement connu présente le même phénomène, et bien plus en- core on nous annonce un poirier qui fructifie sans fleurir. Puisque nous n’avons plus de prin- temps et fort peu d'été, il nous importe de nous procurer et de multiplier des variétés dont les diversesépoques de végétation puissent balancer l'irrégularité de nos saisons; il nous faut des espèces qui fleurissent tard etmürissent de bonne heure : si cela n’est pas aisé, cela n’est pas ce- pendant rigoureusement impossible. M'occupant présentement du perfectionne- ment des fruits, notamment par la voie des se- mis, il m'importe, pour jouir plus tôt, d’accé- lérer et d'assurer leur fructification; c’est ce qui m'a déterminé à publier ce mémoire, tout im- parfait qu'il est; aussi lui ai-je simplement donné le titre de discussion, et il doit être re- gardé comme tel. Si j'eusseattendu sa plus grande perfection de mon fait seul, il est probable qu’il n'aurait jamais été publié; car comment aurais-je pu faire seul les observations nom- breuses qu’il aurait exigées ? Bien que le sujet fùt nouveau pour moi, je wai pris l'avis de per- sonne; j'ai voulu émettre mon opinion dans. toute son intégrité, et telle que je l'avais primi- Ț tivement concue. Je désire qu’elle fournisse à de meilleurs „observateurs l'idée de faire de nouvelles expériences; et si je me suis trompé, je suis prêt à me rétracter. Du choc des opinions nait la lumière; et telle chose qu'il arrive, fen profiterai et pour mon instruction et pour par- venir plus promptement et plus sûrement au but” que je me propose actuellement, le perfection nement des fruits. ssd} OUTQUE Go no AMOA J10p quonb -OSUD dvd jo é S9IULISUOIIO SO AUVAINS HHIQUIO 9119 AvAEd our SIULAI Sp 49 SOYOUVI S9P INƏSSOIS U9 49 IMƏp cuvag uo Juowassroqose | “AnowoianoniIed saqurozdəs 9p 19 WOL, p Sjow SO] SUEP ‘sutry "2NOSQE IIgrueur onn, p siad 9139 snjd uou sed juoAtop on sonqure w inf 3f ənb sj07je s1941p səp anjosqe əxgraew sun, p nat] sanofnos sed puede u ‘ bin9WPIX9 NO AUMOMQAUL 949$ EI 9P SINOD OT onb uonuoye soyez < snjd op 19 É 1mənSu eq g sosud ə179 sed à *AN91199X9,] X SUIOUT NO np IJSIJLUVLUI ƏS 9A9S LJ ənb quearms ‘s}əjə ST9A -1p s99 9P uosteurquog *An95S018 UA SOULOU.I SƏP IIUESSIOIQ ‘anpuə7ə U9 səğpueraq 19 s981 səp oOUSSIOIr) *9AN9LI9QUI 949S EI 9P PYHOTPUI ‘oquoredde no a1n91197x%9 9A9S PJ 9P Jota dng {` ‘Ano9ssO18 UI SIYO -UBI SƏP IDULSSIOLY ‘onpuoo uo|. 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La nr M'occupänt, depuis plus de quinze ans, d'ex- périences sur les fécondations naturelles et ar- tificielles des végétaux, j'ai ramassé un assez bon nombre de matériaux. Jignore si j'aurai la possibilité de les mettre en ordre et de publier un-traité complet sur ce sujet: c’est ce qui me détermine aujourd’hui à en extraire particuliè- rement ce qui peut avoir rapport à l’objet que je traite ici. Plusieurs agronomes anglais paraissent s'être occupés des hybrides, entre autres M. Knight, président de la Société d’horticulture de Lon- dres, et M. W. Herbert. Mais je ne connais d'eux que des notes insérées dans les Æ{nnales de l’agriculture française. M. Duchesne, en France, s’en est aussi occupé. J'avais consulté ; quelques années auparavant, plusieurs notices de Kælreuther, insérées et éparses dans les; Mia A EEE Aitans are maait » { 552 ) Mémoires de l’Académie royale de Pétersbourg , qui sont à la Bibliothèque de linstitut. Ces diverses notices de Kælreuther, écrites en la- tin, mériteraient bien d’être traduites et réu- nies; c'est un travail que je m'étais proposé, mais que la faiblesse de ma vue m’empêche de faire aujourd'hui, quoique j'en aie bien le temps. | La plupart de mes expériences ont été bi avant la lecture des ouvrages de Koœælreuther ; Mais le hasard nous avait fait nous rencontrer quelquefois sur le même objet, et j'ai été charmé de voir que. nous nouë accordions. De nom- breuses expériences ont été faites par lui avec des résultats heureux sur les digitales, les ta- bacs, les malvacées, les lins, les lychnis, "es cucubalus, les œillets et les lyciums, etc. ; mais il parait que les nombreux hybrides obtenus par lui se sont perdus, qu’il n’en est resté que les descriptions; cependant à défaut de résul- tats matériels, ses observations subsistent, et peuvent nous donner la mesure de ce qui est possible et de ce qui ne Pest pas. Ayant, par suite, répété plusieurs de ses expériences, j'ai eu lieu de me convaincre de plus en plus de son exactitude et de sa véracité; je crois donc qu'il mérite toute confiance: au surplus, dans ce qui va Suivre, je wai rien emprunté à per- Ca) sonne, et-j'ai vu par moi-même tout ce que j'annoncerai, sauf les décompositions et recom- positions de tabacs hybrides, qu'il a poussées au dernier degré, et-qu'il m'a paru inutile de suivre de nouveau avec lui, pour ne pas per- dre de temps, puisqu'il avait fait à cet égard tout ce qu'il était possible de faire, et que sa véracité n’est pas douteuse pour moi. Suivant lui, les plantes hybrides, à l'instar des mulets, sont communément plus visoureu- ses que leurs ascendans; mais si quelques unes sont stériles comme les mulets, plusieurs autres aussi grènent et fructifient abondamment, et cette stérilité et cette fécondité peuvent égale- ment se remarquer-dans des individus pareils, Cest à dire process des mêmes ascendans. C’est aussi ce.que jai vu, et, suivant moi, la proportion-des hybrides féconds est infiniment plus grande. Je ne me rappelle point s’il a re- marqué, comme moi, que la faculté de grener pouvait tenir au plus ou au moins d'analo- gie des plantes hybrides, quoiqu'il y ait, à cet égard, comme en tout autre point, des ex- ceptions; ni s’il avait éprouvé l’extrème facilité avec laquelle elles se multiplient de marcottes, de drageons, de boutures, etc., prises indis- tinctement sur toutes leurs parties, ainsi que l'extrême propension que plusieurs d'entre patte reine dr 2,27 à D MISE SA C554 ) elles ont à devenir vivaces, d’annuelles que nous les voyons ordinairement, et à pousser en terre, contre leur habitude, des espèces de filamens pour se multiplier. Jai eu un très beau tabac hybride, nicotiana iabaco-undulata , dont on ne pouvait cultiver une potée nulle part qu’il my en repoussât l’année suivante, dont la moindre portion de plante, quelque part qu’elle füt tombée, prenait infailliblement racine; je l’ai conservé pendant plusieurs années en pleine terre à l'abri d’un mur; et je ne lai perdu que dans l'hiver de 1819 à 1820, dans lequel le thermomètre a +descendu chez moi à douze degrés au dessous de zéro , froid auquel n’ont point résisté mes choux-navets et mes ru- tabagas. Jai perdu beaucoup d’hybrides que j'avais faits; mais je possède encore actuellement une très grande quantité d'arbres et arbustes hybri- des, tels que rosiers, pommiers, amandiers et amandiers-pêchers, parmi lesquels ceux qui sont en âge fructifient pour la plupart et grè- nent assez aisément. Ils ont d’ailleurs le secours de la greffe, comme moyen assuré de conserva- tion et de multiplication ; car il faut convenir que la plupart des graines hybrides sont un peu plus lentes à lever que les autres. Pai conservé en outre des graines de diverses espèces de ( 555 ) choux-navets et de colzas artificiels. Ces der- niers, cultivés les uns prés des autres, m'ont donné un exemple frappant de la facilité avec laquelle les hybrides, une fois introduits dans une famille, peuvent s'y allier dans toutes sortes de proportions, dégénérer ainsi eux-mêmes, et faire dégénérer leurs voisins d'espèce fran- che ou non, de la même famille bien entendu; ce dont:il résulte par suite-d’une confusion inex- tricable. J'ai remarqué cette même tendance à se mêler sur mes melons hybrides : tous d’ail- leurs présentent une végétation vigoureuse , fructifient plus aisément que nos melons ordi- naires, et produisent des graines nombreuses et fécondes. Mais ce que j'ai vude plus singulier dans mes hybrides s’est offert à mot sur le chou-raifort, brassico-raphanus, produit du radis noir, fé- condé par le chou. On sait jusqu'à quel point diffèrent les siliques de ces deux plantes; on les distingue au premier coup-d’œil : ce chou- raifort qui fleurissait abondamment, mais gre- nait difficilement, avait quelques capsules sim- ples, mais peu apparentes, qui contenaient tout au plus une seule graine, tantôt mal, tantôt bien formée, et quelques autres capsules beau- coup plus belles. Ces dernières, au lieu d’être, comme je my attendais, d’une forme moyenne ( 556 ) entre celles du chou et du radis, offraient sur le même fruit deux sikiques au dessus l’une de Pautre, et très distinctes par là forme : Pune ressemblant à celle du chou, et l’autre à celle du radis, ayant chacune elles une seule graine assez analogue à l'apparence de leur silique réciproque, (Ce fait aura plus bas son applica- tion.) | Il eût été curieux de suivre le produit de ces deux graines; mais les individus en provenant, -étant faibles, je les ai négligés. * | Avant d'aller plus loin, je dois exprimer ici la signification précise de quelques mots anciens, et de quelques mots nouveaux que je ne puis me dispenser d'employer. Je laisserai aux mots variété, sous-variété et race à peu près la même signification ‘que M. Bosc leur a assignée dans le Dictionnaire d'Agriculture, sauf ce que je vais en extraire pour caractériser le mot variante. Variante exprimera les différences légères ou peu constantes observées sur des plantes de la même espèce, cultivées ou non, et venues de semis, en tant qu'on aurait lieu d'attribuer ces différences plutôt à la nature du sol ou du cli- mat, qu'aux effets de la culture elle-même ; d’aû- tre part Cependant , je Vappliquerai. à quelques plantes à fleur double aussi venues de semis , (557) telles qu'aux pieds des giroflées rouges et blanches doubles, qui n’offrent d’ailleurs aucune autre différence avec les individus simples de la même variété : alors la giroflée blanche double sera une variante de la variété de giroflée dite blanche simple; mais le mot variante sera principale- ment applicable aux individus non venus de se- mis, qui devront leur origine aux greffes, mar- cottes, boutures, drageons, tubercules, etc., et qui, suivant les circonstances, offriront, soit des productions plus hâtives, comme les petites pommes de terre vitelottes hâtives, les petites truffes d'août hâtives, qui ne sont que des va- riantes de vitelottes et truffes d’août ordinaires, devenues seulement hâtives par leur culture dans un sol plus léger; variante sera encore applicable aux branches panachées et non pa- nachées sur la même plante , comme le geranium zonale , etc., et aux fleurs rouges et panachées de rouge, provenant du même pied, comme sur plusieurs œillets. Atavisme, mot tiré du latin atavus , aieul, imaginé par M. Duchesne pour exprimer soit la ressemblance que les plantes et les animaux peu- vent avoir avec leurs ascendans, soit encore plus une tendance marquée qu'ils paraissent avoir à rappeler et à offrir de nouveau cette ressem- blance, même à des époques assez éloignées, CSS ) après une espèce d'oubli, avec leurs ascendans quelquefois même en ligne indirecte, comme avec les oncles, tantes, etc. Accoutumé dès long-temps à voir se former sous mes yeux des hybrides ou variétés, soit que ces mutations fussent dues à me$ efforts, soit qu’elles fussent, si l’on veut, l'effet du hasard, hasard cependant amené par la réunion de plu- sieurs espèces et variétés d’une même famille , j'ai pris l'habitude de les analyser pour les re- connaître , et J'ai appris, pour ainsi dire, à les deviner. Si je wai pu remonter à la cause pre- mière de ces mutations, j ai pu dumoins en re- chercher les causes secondes, et examiner de quelle manière elles avaient lieu : aussi pren- drai-je la liberté de hasarder sur ce sujet quel- ques idées. J'ai constaté, par plusieurs expériences faites ad hoc, que les graines du même fruit pou- vaient, chacune en particulier, recevoir une fé- condation différente ; il me serait trop long de les détailler ici, mais elles étaient assez nom- breuses et assez concluantes pour ne laisser au- cun doute. Mais une autre question se présente : les graines du même fruit, une fois bien formées et müres, sont-elles nécessairement et dès lors destinées à produire une plante caractérisée d'avance, ou bien l’époque de leur semis et md =. t O aat ANA N AR E oee e (559 ) la différence de sol et de culture influent-elles sur leur caractère futur? Il parait bien que la plus où moins parfaite maturité des graines est déjà une cause de variante ; mais dans le cas présent, nous supposons cette maturité par- faite. M. Vilmorin, que j'ai consulté à ce sujet, fondé sur plusieurs observations qui lui sont propres et sur celles de plusieurs jardiniers dont il a connaisance, m'a certifié qu'il y avait de grandes influences exercées sur la production des fleurs doubles, et de la précocité des plantes , par l’époque du semis et les, différens procédés de culture. On peut, je le pense, supposer dans les vé- gétaux anciennement cultivés, et qui pour la plupart ont donné des variétés d'autant plus nombreuses et d'autant plus marquées , que la culture en est plus ancienne et plus variée; on peut, dis-je, supposer l'existence de deux forces agissant en sens contraire et avec divers degrés d'intensité, suivant les circonstances : la pre- bi mière tendant à les ramener à létat sauvage Le) ou primitif, et devant avoir le dessus lorsque la culture cesse ou dégénère, ou que les végétaux se retrouvent dans leur sol ou climat naturel ; et alors on doit s'attendre à voir reparaître des individus plus ou moins ressemblans à ceux qu’on avait vus autrefois ( première cause d’ata- ( 560 ) visme ) (x) ; la seconde force au contraire, ani- mée par la succession non interrompue, ou augmentée, des efforts de la culture et tendante à multiplier les variétés : lorsque ces deux forces se balancent mutuellement, les choses peuvent rester in statu quo : les variétés alors se fixent, et peuvent prendre le nom de race. Dans les plantes. dont les fleurs sont ‘herma- phrodites, les choses peuvent se passer ainsi : il n’y a point ordinairement à rechercher une double origine, à moins qu'elle n'ait été provo- quée ; mais dans les plantes monoïques et dioï- ques, dont les organes sexuels sont distincts, ainsi que dans les animaux, il faut nécessaire- ment avoir égard à l'influence du mâle et à celle de la femelle : la recherche est alors plus compli- quée. Je ne parlerai point ici de l'influence du mâle en tant que comparée à celle de la femelle, d'autant plus que, dans les plantes, on peut croire que cela n’est pas d’une importance ma- jeure; je wai d’ailleurs aucune observation mar- (x) M. Thoüin a rapporté å M. Bose que M. de Males- herbes avait fait jeter de la graine de superbes asters de la Chine (grande marguerite) sur un terrain impropre à la cul- ture, Voisin de sa maison de Malésherbes, et que , la se- conde année, les pieds qui s'étaient reproduits spontané- ment de graines étaient presque tous rouges et simples. ( 565 ) quante qui y soit relativē: je me bornerai à suivre. ces inflùences sans avoir égard au sexe. La premiere idée qui offres à l'esprit lors- qu'une plante hybride se présente à vos yeux, soit que cette plante soit véritablement hy- bride, c'est à dire provenant de deux espèces différentes , soit -hybride de deux variétés, si tant.est qu’on doive alors lui donner ce nom; ‘Ja première idée, dis-je, est de chercher dans cet hybride mis sous vos yeux une ressemblance qui donne un terme moyen entre ses deux as- cendans connus ou présumés, soit immédiats, soit même à des degrés plus éloignés si l’on veut admettre l’atavisme, et l’on est naturellement porté à croire que cette ressemblance doit-être une fusion, sinon intégrale, au moins partielle : ou apparente; f ou intime, des caractères àp- partenans aux deux ascendans. Cette fusion -de caractères peut avoir lieu dans certains cas ; mais il ma paru qu'en général les chosesne se passaient pas ainsi : pence y a-t-il une dis- tinction à faire; peut-être, à raison de plus où moins d’analogie entre les espèces, y a-t-il plus ou moins d'éloignement pour un mélange par: fait. Ainsi donc, en définitive, il wa paru qu'en général la ressemblance de Phybride à ses deux Sendai consistait, non dans une fusion in- time des divers caractères propres à chacun 36 ( 562 ) d'eux en particulier, mais biën plutôt dans une distribution, soit égale, soit inégale, de ces mêmes caractères; je dis égale ou inégale, parce qu'elle est bien loin d’être la même dans tous les individus hybrides provenant d’une. même ori- gine, et il y a entre eux une trés grande diver- sité. (Ces faits sont constatés par une multitude de mes expériences.) | ‘Les idées que je présente ici m'ont paru re- marquables, elles me semblent être d’une tres grande importance; pour bien les faire saisir , j'en donnerai quelques exemples pris sur mes melons hybrides : : je vais donc en conséquence faire une supposition. | Je suppose qu'il s'agit ici d'examiner plu- sieurs hybrides, produits de la fécondation d’un chaté par un melon cantaloup brodé, l’un et l’autre d’ espèce assez franche pour faire espérer que chacun contribuera pour sa part à rendre son espèce autant que possible. Je suppose aussi, pour plus de simplicité et de clarté, qué cinq caractères seulement, remar- quables ou dignes d'attention, se trouvent dans le chaté et dans le melon, dns les produits hy- brides nous occupent ici. ( 563 ) Le melon ascendant Le chaté ascendant avait: avait : Caractères. | . Caractères... oo > EF Chaër jaune; | ir Chair blanche; 2°. Graines jaunes; 2e, Graines blanches; 3°, Broderie ; 3°. Peau lisse; 4°. Côtes fortement 4°. Côtes légèrement | prononcées; prononcées; `` 5e, Saveur douce. = be, Saveur sucrée ettrès | - acide en même temps. Le produit présumé des hybrides créés aurait dù être en terme moyen; 1°. chair jaune, très påle; 2°. graines jaunes, très pâles; 3. broderie légère et clair-semée; 4°. côtes légèrement pró- noncées; 5°. saveur douce et acide en même temps; mais tout au contraire. Produits réels des deux hybrides des chatés et melons sus-désignés. Premier hybride : Deuxième hybride : 1°. Chair jaune; 1°. Chair jaunâtre; 20, Graines blanches; 2°. Graines blanches; 3°, Broderie; | 3°. Peau lisse ; | 4°. Côtes assez pro- 4°. Sans côtes ; noncees; - l $o, Saveur acide. 5°, Saveur douce. 36. oil EE 29: art 5 gg x re ur ENT. CON NEE ra k e n hiiia Son a ET man oc le sue ( 564 ) Ces deux hybrides, dont j'ai maintes fois ob- tenu les analogues ou les équivalens, suffiront , je pense, pour l'intelligence de ce que j'ai dit plus haut. On y voit, en effet , tantôt une fusion des caractères appartenans au melon et au chaté, mais cétte fusion est-de bien peu d'importance ; tantôt on y voit une distribution bien plus tmar- quée de leurs divers caractères sans aucun mé- lange entre eux, l’un a la saveur douce et agréa- -ble du melon sans mélange, et l’autre , la saveur acide du chaté, etc. On ne peut trop admirer avec quelle simpli- cité de moyens la nature s’est donné la faculté ‘de varier à Tinfini ses productions et d'éviter la monotonie. Deux de ces moyens, fusion et distribution de caractères combinés de diverses manières, peuvent porter ces variétés à un nom- bre indéfini. Toutes ces idées et principalement celle de la distribution aux hybrides des caractères de leurs ascendans sans fusion de ces caractères, et que je regarde comme la base principale de la ressemblance de ces hybrides avec leurs as- cendans, sont fondées notamment sur l’observa- tion de la singulière fructification du chou-rai- fort, décrite, plus haut et subsidiairement appuyée sur le grand nombre et l'extrême va- riabilité des melons que j'ai cultivés, de leurs ( 565 ) hybrides avec le chaté et le melon-serpent, et par la variabilité, peut-être encore plus étendue et plus étonnante du pepon, que je nomme pepo. citrullus, connu généralement sous les divers noms de. citrouille, giraumont , coloquinelle ( fausse coloquinte ,, courge -à la moelle, et autres, patisson , bonnet-d’électeur , etc. Ce pepon, d’après mes observations, a fourni toutes A, . les variétés de forme, de grosseur et de couleur qu’on a quelquefois attribuées à des espèces par- ticulières. La graine du même fruit m'a offert tout ce qu'il est possible d'imaginer, ma fourni tous les accidens possibles, et m'a souvent re- produit des variétés qui avaient disparu depuis long-temps. M. Duchesne en a consigné plu- sieurs exemples‘dans ses ouvrages et dans une fort belle collection de planches, lesquelles sont déposées au Muséum d'histoire naturelle. A quoi tient donc cette faculté que la nature. a de reproduire sur les descendans tel ou tel caractère qui avait appartenu à leurs ascendans ? Nous ne le savons. pas; nous pouvons bien soupçonner qu’elle dépend d'un type, d'un moule primitif qui contient le germe de tous les organes , germe qui dort et se réveille, qui se développe où non suivant les circons- tances; ét peut-être ce que nous, appelons 88- pèce nouvelle.n’est qu'une espèce ancienne, dans. ( 566 } laquelle se développent des organes anciens, mais oubliés, ou des organes nouveaux dont le germe existait, mais dont le développement n’a- vait jamais été favorisé. | Au surplus, tous les faits que j'ai rapportés et les idées qu'ils m'ont suggérées n’ont rien de si extraordinaire. | Qu'on sereporte, en effet, à ce qui se passe dans le règne animal : ne voyons-nous pas, dans les abeilles ouvrières, le sexe féminin ne pas se développer par le seul fait du manque d’une nourriture plus abondante ou plus appro- priće, ainsi que par leur défaut de développe- ment complet dans un alvéole trop petit? Et pour en revenir à mes idées sur le mode de ressemblance des hybrides avec leurs ascendans, | ne voyons-nous pas que les enfans d’un père qui a les yeux et les cheveux, noirs, et d'une mére blonde et aux yeux bleüs, n’ont pas né- cessairement pour cela les yeux et les cheveux gris où châtains? Lun peut avoir les yeux de la mère et les cheveux du père, et vice versd ; mais il est assez ordinaire qu’ils retiennent quel- que chose de lun. et de l’autre. La méme re- marque peut s'appliquer au nez, aux oréil- les, etc., et en outre à certaines affections ou maladies héréditaires qui peuvent affecter les uns et non les autres, qui peuvent ne pas se i | ! ( 567 ) faire apercevoir dans la première génération et reparaître dans la seconde et les suivantes. Le fond reste, les accessoires varient, le type ou moule primordial existe ; le germe y existe aussi; mais il dort ou se réveille suivant les circonstances. Ce n’est donc pas*sans raison que les Arabes conservent avec tant de soin la généalogie de < leurs chevaux; il leur a donc paru important de pouvoir établir qu'aucun mélange, aucun défaut n’avaient souillé la pureté de leur race, et qu'un atavisme malheureux était impossible dans une race pure de tonte antiquité. On peut encore tirer de ceci un avis impor tant pour ceux qui s'occupent du croisement et de l'amélioration des races : ce qui a été dit sur les chevaux peut s'appliquer aux mou tons mérinos et aux autres races, Comme à toute autre-espèce d'animal; il est bon qu'ils prévoient ce qu’ils ont à craindre d’un atavisme inconvenant; qu'ils sachent que l’époque de son retour est peut-être indéterminée ; qu'ils sachent que, dans des ascendans, des défauts ne sont pas toujours compensés par des qua- lités contraires „enfin qu'ils apprennent à con- naître par expérience, si faire se peut, quels sont ceux qui še perpétuent sans mélange, et quelles peuvent être les modifications-dont les ( 568 ) croisemens sont susceptibles. Je désire que mes observations contribuent à les mettre sur la voie. | Mais il est temps de revenir à mon sujet. J'ai présenté jusqu'ici les hybrides obtenus ' par moi comme n'étant le produit etla repré- sentation que de deux ascendans immédiats ; je n'ai point parlé des cas où ces ascendans eux- mêmes auront déjà des signes d’hybridisme, si ce n'est en passant, et lorsqu'il a été question des tabacs hybrides de Koœælreuther et de mes choux-navets artificiels, dans lesquels ont été signalés des hybrides composés, soit doubles ou triples hybrides, soit surhybrides., Ce sujet est important, mais il est difficile à traiter ; et mes observations à cet égard, quoique déjà très nombreuses, ne sont point encore assez posi- tives pour que j'ose m'y engager; cependant je ne puis passer sous silence quelques singula- rités, qui donneront lieu de soupçonner la pos- sibilité d'une double paternité immédiate : je m'explique. Une seule et même graine, ‘un seul fœtus a-t-il pu recevoir en même temps et indivisé- ment deux fécondations différentes, ou, pour me servir d’une expression triviale, mais fort claire, un enfant peut-il avoir deux pères? De ce que ce fait waurait point lieu dans les ani- ( 569 ) maux, on n'en pourrait rien conclure contre son existence dans les végétaux : au surplus, voici ce qui ma donné lieu d’agiter cette question. Dés le premier croisement opéré par moi en- tre le melon commun, le melon-serpent et le chaté, plusieurs de ces plantes étant assez Voi- sines les unes ‘des: autres, et, malgré mes pré- cautions, la possibilité d’une fécondation étran- - gère spontanée et imprévue étant admissible, j'avais cru m’apercevoir que plusieurs hybrides provenus du premier degré d’hybridation pa- raissaient tenir en même temps du melon, du melon-serpent et du chaté; c'est à dire que, dans les uns, la saveur acide du chaté se rencontrait avec les formes du melon et du melon-serpent ; que dans les autres, la forme du melon domi- - nait, mais que les saveurs peu agréables du melon -serpent et du chaté se faisaient seules ressentir ; qu'il pouvait même arriver que, dans ce cas, ces saveurs fussent portées à un tel degré de force, et tellement:repoussantes, qu'il était impossible de les comparer à celle des espèces franches elles-mêmes. Ce fait m'intriguait beau- coup, et, sans la supposition d’une double pa- ternité, me paraissait inexplicable; j'avoue même encore aujourd’hui qu'avec le secours des nou- velles lumières que depuis j'ai pi anale je ‘suis peu satisfait de toute autre explication. eee nd re ride ë ve de: as Li PA le UT BR EA hs cc nt ME: m di on LE x WE Gé. ( 570 ) Quelques personnes ont pensé que l'influence d’une fécondation étrangère pouvait se faire sen- tir immédiatement sur la saveur d’un fruit, et ont cru qu’un melon pouvait devenir amer, parce qu'il se trouvait auprès d’une coloquinte : je ferai voir ailleurs que ce fait doit être regardé comme une absurdité, je ne puis done l’'admet- tre ici comme une explication : j'aimerais mieux dire que toutes les plantes, et peut-être plus en- core les plantes hybrides, ayant , ainsi que nous l'avons vu, la faculté de rappeler, pour ainsi dire, a volonté, sans mesure et indifféremment, et in- 3 dépendamment les unes des autres, les qualités de leurs ascendans, il est possible que quelques unes d'entre elles,.mal partagées, aient laissé tout ce qu'il y avait de bon, et pris tout ce qu'il y avait de mauvais, ainsi qu'on voit des enfans avoir les défauts de leurs parens sans avoir leurs bonnes qualités. + Laissant, au surplus, une meilleure explicà- tion de ce dernier fait à‘des observations posté- rieures, je vais, en réunissant tout ce que j'ai dit jusqu'ici, chercher à en profiter pour jeter quelque jour sur certains phénomènes qui s 'ob- servent dans quelques plantes , savoir : 10. L'existence et la réunion sur une plante, soit variété , soit hybride, de plusieurs caractères qui, ne se retrouvant point dans ses ascendans (551) immédiats, s'expliquent par latavisme ( voyez plus haut}, c'est à dire la tendance à rappeler d'anciens caractères perdus et qui se renou- vellent; LT _2°. L'existence, sur la même plante, de fleurs de couleurs différentes, comme sur quel- ques rosiers, la rose V ilmorin , et sur quelques œillets : il n’est pas rare d'y voir sur le même ` pied des fleurs rouges et des fleurs panachées; 3°, L'existence, sur la même grappe de rai- sin, de grains blancs et de grains noirs; et de grains moitié blancs et moitié noirs; sur le même plant de melon, de deux fruits absolument dif- férens (ce dernier fait wa été certifié par M. yil- morin et par plusieurs autres personnes dignes de foi ; je Pai observé moi-même depuis. ) 4e. L'existence, sur le même pied et sur les boutures qui en proviennent , de feuilles et de branches panachées, et d’autres qui ne le sont pas, comme dans le geranium zonale et autres. Ces deuxième, troisième et quatrième faits s'expliquent par les modifications que peuvent subir pendant le cours de leur végétation, soit une plante, soit une partie de plante : ainsi que nous l'avons vu plus haut en parlant des-pro- duits différens que peut donner la même graine semée à des époques différentes, et par une ( 572 ) culture différente, il est possible que atavisme qui ne s'était point manifesté sur la plante principale se manifeste sur quelqu'une de ses parties, Se ( 573 ) “TABLE DES MATIÈRES. CHAPITRE PREMIER. MIS... «e: Page INTRODUCTION ER STE © Le des ps CHAPITRE IL Des MOYENS DE PERFECTIONNER LA FRUCTIFICATION, . + : 13 56 pa O ERR a 18. >. Observations physiologiques sur la greffe en général, et sur quelques espèces de greffes en particmlior spes Le: oi ? +. TOTU a 39 CHAPITRE II. Da L’INGISION -ANNULAIRE OU’ CIRCONCGISION 4 ET DE LA LIGA— TURE. CHAPITRE IV. Des MOYENS DE FAIRE NAITRE DES ESPÈCES ET -DES VARIÉTÉS NOUVELLES} ET D'EN DIRIGER LA CRÉATION,» ns E À O4 De la multiplication des arbres à fruit par boutures, “énrépiien et, pure sie uk rs o 6 Des diverses opérations de culture, telles que Par- qûre, la transplantation, la perforation, la coupe des racines, la taille, etc., etc., etc., comme moyens d'amélioration et de perfectionnement Gé la fhuctiécation .… . : . E À PSE NTE EE E E MSE hi. g* di: ” $ (574 ) Des fécondations étrangères artificiélles ou sponta- _ nées, ou de l’hybridation , =, Page Du semis et du choix des graines Avant leur formation. . . Pendant leur formation. : Tofluence exercée sur les graines après leur for- on. . eh ee CHAPITRE V. De L’'ACCLIMATATION ET DE LA NATURALISATION DES ESPÈCES ÉTRANGRRES ; a 3 aAa Re ETTA 3 © CHAPITRE VI Des MOYENS D'ACCÉLÉRER L ÉPOQUE DE LA MISE A FRUIT ( DANS LES VÉGÉTAUX EN GÉNÉRAL), MAIS PRINCIPALEMENT DANS LES JEUNES ARBRES A FRUIT, À PEPINS ET A NOŸAUX > ET AUTRES VENUS DE SMS e ka de Du pincement et du cassement ; but de ces deux Opérptionses: vomo De la mise à fruit CHAPITRE VII. Du porter (pyrus) T, r sg Considérations sur le procédé qu ’emploient les pépi- “niéristes pour obtenir de nouveaux fruits amélio- rés, et sur celui que paraît employer la nature Pour arriver au même résultat , par M. Poiteau. Extrait du Catalogue de M. Fan Mons. . : . . . Autres notes de M: Jan Mons , citées par M. Poiteau. Extrait du Bon Jardinier de M. Poiteau Réflexions sur tout ce qui concerne le poirier. / = e a NAT “ a 228 . 242 245 248 255 ( 570 ) CHAPITRE VII. Du rommier (malus) Variétés de pommes remarquables Moyens employés pour avancer l’époque de la fruc- tification d’un jeune pommer venu de semis. . . Du cognassier (cydonia) Du cormier ou sorbier Eorbus) Des alizierss azéroliers (Cratægus , mespilus) . . . A: . ° Du néflier (mespilus germanica). . +. : - +: CHAPITRE IX. DDES ARBRES A FRUIT A NOYAU. . De l'amandier (amygdalus), du pêcher (amygdalus persica), et de l’'amandier-pêcher Lettre de Thomas Andrew Knienr, au secrétaire de la Société d’horticulture de Londres, sur un. pêcher produit de la semence d’un amandier . . Note du secrétaire de la Société. De l’abricotier (prunus armeniaca) Du prunier (prunus) . + . Des cerisiers ét merisiers (cerasus). + CHAPITRE X. Du vover (juglans regia.). = Du châtaignier ( fagus castanea), et du hêtre (F. sylvatica). Du chêne (quercus robur et Q. pedunculata) . . Du pin cultivé (pinus) Du mûrier noir et du mûrier blanc ( morus nigra et I # i DE rer te rm E Dé lokvier (oia). à ER 2 à Page Des orangers et citronniers (medica citrus et M. au- Ur Lo SN PNR SE … CV Du grenadier (punica granatum)... .. Dé hear GR se aE De lé vigne (tun) Scene TE TV Es Du cornouiller (CORU I)i +, ARTE naas men Des groseilliers, framboisiéts, fraisiers , etc. . . Des cucurbitacées et du melon en particulier . De la patate (convolyulus batatas). . . . . De la pomme de terre (solanum tuberosum) . . — Eia ” ie bi < di 74 à À DS a a nn: h oaii a « RS Dubai LS mise 576 57% 1 ns 25 ~ ~ i Du topinambour (helianthus tuberosus). . .. Du maïs (zea maïs) . . En Du tabac (nicotiana tabacum) . =. . . . .. Du café (coffea arabica)... : . .. CHAPITRE XI. Ro Domesticité du prunier de Briançon (prunus brigan- PORN a noi Domesticité du marronnier d'Inde (esculus hippo— castanum). . . CE Domesticité du maclura aurantiaca . ARE | MÉMOIRES. - | Pag. 1°. Sur la taille des arbres.à fruit, - 418 Du: but-de la taille: ,::::::-+2+:. ME 425 Moyens auxiliaires de la taille . . - - - » . 426 De la végétation et de la fructification du poirier et du pommier ; et de la division établie par les au- teurs entre leurs branches . . ne Ne] Divisions artificielles proposées entre les arbres - d'âge et de force différens . . . . . . : ere Premier ordre. . . - DRE | 7 Deuxième ordre. . . Troisième ordre. « « . : + + + =- 4 Ib. Quatrième ordre. . . . : Cinquième ordre. . . I ns Se NS SRE 1°. Arbres très jeunes et très vigoureux.—De l'effet que fait et devrait faire la taille sur les arbres de cette première division. > - + + a + + : sott 44o 2. Arbres adultes, commençant à porter fruits, ou en pleine fructifcation. — De l'effet que fait et que devrait faire la taille sur cette seconde division . . . . ne 3°. Arbres vieux et à faibles. De Veffet que fait et que devrait faire la taille sur cette troisième division. . Du recepage : > Des ressources que la taille offre ou devrait offrir contre l’alternat des arbres à fruits à pepins. . . Suite des remarques sur la végétation et la fructifica- tion, et du temps nécessaire pour l'entière for- mation des boutons à fruit . 37 ( 578 ) Tableau des divers modes de fructification des poi- Pag. L EAA A teree pomnieis s aa a » e + . 463 Du cassement, . . MPa nes UE ‘Remarques sur les épines du poirier. “s : « . . 482 Résumé. see ser Caps ar = 2°, Sur l'existence des deux sèves, dites de printemps. et d'août. © se-s e a e e 507 1 £ Première époque. > RE D VER AR a Deuxième époque . . Troisième époque. . . . . . +. . Se ser nl Application des principes émis dans cette discus- sion aux causes de l’alternat des arbres fruitiers RUN. de ns. gi » 7 en . 538. Première cause d’alternat. . . SE ne SO) Deuxième cause d’alternat . $ EER 54r Troisième cause d’alternat . . . . . .. Re Quatrième cause d’alternat. . . . . . . Me DES Cinquième cause d’alternat . . . . . Notes supplémentaires a Tableau dù cours présumé de la sève pour les di- vers mois de F année , dans le climat de Paris . . 550 3°. Sur la piiahallion des hybrides, des variantes, des variétés, etC.. . . «e «+ . . 55i FIN DE. LA TABLE DES MATIÈRES. 5 E AGRICULTURE, ART VÉTÉRINAIRE, HISTOIRE NATURELLE, SCIENCES , ARTS , ÉDUCATION, GÉOGRAPHIE, : y j LIBRAIRIE DÉ MADAME HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, N° T.A PARIS. EXTRAIT DU CATALOGUE GÉNÉRAL. Le Catülogue général est adressé à toutes les personnes qui en font connattre le désir par lettre affranchie. Toute demande de livres, accompagnée d'une remise de fonds sur Paris, sera expédiëe immédiatement après sa réception , par la voie de la poste, ou des messageries; selon son importance, Les frais d'envoi par la Poste sont indiqués par le deuxième prix de chaque ouvrage. 1°. Agriculture, Economie rurale, Anrécé des Géaponiques. Paris, 1913, in-8. Prix, broché. af. 5o c. et 3 f., fr. de port. dmisrarTion de l’agriculture, appliquée à une exploitation, par M. de Plancy. 1822, 1 vol. in-fol. , cart Dent Guicurruke du Gâtinais, de la Sologne et u Berry, et des moyens de Pameliorer ; à FE M. Puvis. 1833, in-8.. 2{.5oc.et3f. AGRICULTURE pratique et raisonnée ; par sir John Sinclair; trad. par C.-J.-4. Mathieu de Dombasle. 2 vol. in-8, fig. 1b f. etigf: GRICULruRE pratique de la Flandre; par M. van Aélbroeck. 1830, avec supplément 1835; in-8, 16 planches... 8 f.et of. soc. ; « t œ Supplément. Mémoire sur les prairies at- gres. 1835,in-8.4..4+ 1 f.a5c. et 1 f. doc. GmCuLTUrRE en Eurôpe et en Amérique ; par M. Deby.1825, 2 vol.in-8.10 f. et 12 f. 250. Am (P) des cultivateurs, ou Moyens de tirer le meilleur parti des biens de campagne ; par Poinsot. à vol. im-8, fig.. 10 f. et 13 f. | ANNALES de l'agriculture française, conte- . nant des abservations et des mémoires sur toutes les parties de l'agriculture rédigées par MM. Tessier, Bosc, et plusieurs mem- bres de la Société royale el centrale d'agri culture. - — {l parait, chaque mois, un cahier de 4 feuilles in8. Prix, 15 f. par an, franc de port, pour toute la France, et 18 f. pour es pays étr'angel'se ~ Premine SERIE, an IV à 1817, 70 volumes in-8, fig. et RREA Se: sense: JOUE: — Druxikur SÉRIE, 1918 à 1828, 44 volumes in-8, fi TESTTE is 290 Í. ~ TroisieMEsnrie, 1829 à 1835, 16 volumes in-8, fig er PUR RE ne 2 96 f. stitution royale agronomique de Grignon, 1828 à 1833, livraisons ou vol. in-8,fig,....... 21 f. et 15 f. séparément. =i livr. af. ; 2° live 6f.; 3livr., 4 f.; 4° et be livr. 5f. Cume appliquée à l'agriculture; par Chaptal. 2° édit. 182g, 2 vol. in-8.... 13 f. et 16f. oNSipéraTions sur le morcellement dela pro- piété territoriale en France; par M. de Morel Findé. 1826, in-8.... 78 c. et90 c. Cours complet, ou Dictionnaire universel d'agriculture pratiqué, d'économie rurale . et domestique, èt de médecine vétérinaire; var l'abbé Rozier; reva par MM. Sonnini, Tollari, etc. 7 vol. in-8, fig........ do 1. Cours de culture, par 4. Thoüin; jee par Oscar Leclerc. Paris, 1827, 3 Y in-S, “et atlas de 65 pi., cart Ste Essar sur Pamélioration de l’agriculture dans les pays montucux, par M. Costa. Paris, 180%, in-8,fig.. A RENAT: Gentr (du), dé ses différentes espèces, de ses propriétés et desesavantages; par Thiébaud de Berneaud. 1810 ,in-8. rf.boet r f. 80 c. Guine des propriétaires de biens ruraux af- fermés, par M. de Gasparin. Paris, 1829, desc: > 6 f. eti7 f. 5v c. Guine des propriétaires de biens soumis au métayage, et culture de la carance , du sarran et de lorivier ; par M.deGasparin. Paris, 1836, in-8 s. GTLCE TE 00 0: INSTRUCTION sur le sarrasin,in-8. 25c.et30c. ExSTRUCTIONS élémentaires d'agriculture, ou Guide des cultivateurs, par Fabroni; trad. par Vallée. 1806, in-8, fig.... 4f.eL5f. Jourvas d'agriculture et d'économie rurale ; par Borelly. An 1m, q vol.in-8....., 21 = Manuez pratique du laboureur; par Cha- bouillé- Dupetitmont, cultivateur; 2° édit. Paris, 1826 , 2 vol. in-12, fig.. 8f. et 10 f. Mémoires sur l'amélioration de l'agricuiture parla suppression des jachėres; par Com- merell, In-8 1f.25c.et1f.boc. Mémoire sur les défrichemens ; par de Tur- billy. 2 édit.,in-12. 1761. 8 f. eta Ebe. Ménoims sur les moyens de parvenir à la sup- pression des jichérés; par Belar. Paris, 1793, iu-8., NOR PAR SE VE 2h 0, Mémo sur Putilité d'un corps d'ingénieurs agricoles ; par M, de Aorogues. 50 et bo c. Mémoies sur l’agriculture, la culture des terres, le desséchement des étangs et des marais; par V’arennes- lenille. Paris, 1808, in=8..........,....c.... 8 f.et3f. 75c Monteur rural, ou Traité élémentaire de Loire ar eia eE 5 TL. Lorea (2) l’agriculture en France, par Deschartres. 1811, in-8...6 f. et7f. 75c., fr. de port. Movens d'améliorer l’agriculture.en.Frances particulièrement dans les provinces les moins riches; par M. Bigot de Morogues. Orléans , 1829, 2 vol. "Ari 12 f. et 15. Norice sur les assolemens adoptés par M. de Morel-Vindé, à la Celle-Saint-Cloud. Pa- ris, 1816, br.in-8,fig., 1f. 25 et ı f. 50c. — Quelques observations. rf. 25c.et 1f. 50c. = Appendices. Senrose Opservarions et améliorations sur l'agricul- - ture dans les sols sablonneux; par M. d’ Our- ches. Paris, 1818, in-8... 8 f, et 3f. 50c. Prarique des défrichemens; par de Turbilly. 4° édit. Paris, 1811, in-8.. 2 f. 5oc.et 8 f. Principes d'agriculture et. d'économie , ap- pliqués mois par mois dans les pays de grande culture, 1804, in-8. 3f. Bo et 4 f. 50 Tatare d'agriculture et mesnnge des champs, d'Olivier de Serres, dans lequel est repré- senté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien dresser , gouverner, enrichir et embellir la maison rustique; nouv..édit., publiée par la Société d'agriculture de la Seinc. 1804,2 vol. m-4, fig., br. 36 f. et 46 f. Tnéome de la population, ou Observations sur le,;système de M. Malthus; par M. de Morel-F'indé. 2° éd. 1829. in-8. x fuet 1 f.15 Traité de la grande culture des terres;-par Fsoré. 18v2,2 vol. in-12.:.... 8f.et4f. Trésor (le) du cultivateur ; par Zemercier. "Paris, 1819440141 Zerurat fa 2000 ..6t,1 f. 50 C Vocaeuzate portatif d'agriculture, d’éco- nomie rurale et domestique, de médecine, de chimie, etc. 1810, in-8. 6f.et7f. 5o c. Voxace agronomique, précédé du Parfait fer- mier, trad. d’ Young , par de Fréville. Pa- ris, 1774,2 vol, in-8 ,fig...... mf.et1of. À ouerre curruns doit-on appliquer les fu- miers? par M. Prandicourt - Montmolin. Paris, 1810,1n-8... 1f.2bc.et rf, 5oc, Essar sur les engrais dont on fait usage en Italic, pour améliorer les terres; par Phi- lippe Ré; trad. par M. Dupont. Paris, 1813, in-8 , fi = 8f. soc. ct 4 f. 25 c. Manse:( anière de l’employer; par M. PPP. Paris, 1788, in-12::6o0et 75 c. Quinze, ans de, mes occupations agricoles, mémoires sur, l'emploi du plâtre comme engrais; par M. Dercère -de-Mondemont. Paris, 1817, broch. in-8..… 75c. et 85 c. Raprorr sur, l'emploi du plâtre en agricul- ture; par M. Bosc. in-8... 2 f. boc. et 3f, Tuéons des engrais, et leurs applications spéciales dans l’agriculture ; par 4. Payen, Paris. 18808 8 à de mod oncle fe EL LIEU. Tnéones du plâtrage; par M. Socquet. Lyon, 1820, 10-8 Bocart. ene W OEO Ds Descrirmion des nouveaux instrumens d’agri- culture les plus utiles; par 4. Thaërs trad. par C.-J.- A. Mathieu de Dombasle, avec 26 Planches. 1821 ,1in-4.13f. boc. etabi. BDescriprron détaiilée de la charrue à un che- val (homse-hoe).In-12, fig... . 5o c. et 60c. ssar sur les constructions rurales économi- ques, contenant leurs plans, coupes, éléva- tions, etc. ; par M. de Morel-Findé, Paris, 1994 In ean T e 16: Ensrrumexs aratoires inventés, perfectionnés, Le 59. par Ch: Guillaume. Paris, 1897, in -fol oblong, fig. 15 f. et 16 f. 25 c., franc deport Lerrres à niche de Neufchâteau, sur ? charrue. Paris, an 1x, in-8, fig. 7c.et 11 Mémomme sur les gerbiers à toit mobile; pa °M. de Morel-F'indé. in=8. fig. 75 c. et 85 0 Nouvsau mode de couverture reris ignifuge; par M. Legavrian. Paris, 1829 fe Fa © if. boot Srirovreane (le), ou Char à planter le blé; p% F-Ch.-L. Sickler: 1805, fig. 75 ec. etik tosasrsees Aux cüuLtivATrURS, ou a “0 a sur les pré ries artifieiclles; par BP, În-12. 60 et 38" Eau (del); on Traité de l'irrigation des pré! par J. Bertrand, in-19, fig... 1 f. 80 et # Fxsrrucrion pour conserver le foin par I meules à eourant d’air,.,.,..40 e, et 450 Ménome sur l'ajone où genêt épineux; p” Calvel: s° édit:, in-8,,6g... 78 €. etgo t Méuomes surdéamélioration des prairies natt relles et sur leur irrigation; par de Per thuis. Paris, 1806, in-8, fig. 2 f, 50 c.et3 Norice sur le trèfle incarnat; par M. Mathie! de Dombasle.. 18238, in-8.... 80 c. et 350 PrarTiQuEe de la culture du trèfle et du sainfomt par À. Bornot. 1817, in-8. 2 f. eta f. 50 Recuez sur la culture du sainfoin, 1806, 10° i f. 40.0. Et ri. 500 esse In-12. ete Voyacr en Espag arrosages, sur les] p régissent, par M. Jaubert de Passa. Ort de 6 cartés. 1823, 2 vol.in-8.... 15 f. et 18 AnéLrorarions à introduire dans la fabrics tion du sucre de betteraves; par M. Wosa zewski Paris, 1829, in-8. 1 f. 50 et 1 f. 750 Currune (dela) des betteraves, rütabagaf choux et autres plantes sarclées, par #. Cobbett; trad. de langt. par L. Valcourt Faris, 1835, in-8.... 2 f. 36 c. et 2f. 6ob Cuzrunes des trüffes, ou Manière d’obtenill par des plants artificiels, des truffes noit ou blanches, par Bornholz; trad. p O’Egger. 1826,im-8.rf.°5c.et rf. bo Farrs et observations sur la fabrication d sucre de betteraves et la distillation d mélasses ; par Mathieu de Dombasle."3° éd! 1831, in-r2,fig....... DE 5oc: et 4 f, 250 Instruction Sur la culture ét les avantag® des plantes légumineuses, 3° édit. Partsi 1826, inv 45 8 ÿe 1f, 280, et if, POL | in- Recue sur les soupes economiques (5 Instruction sur la carotte... 25 c.et3uc. NSTRUCTION surtles choux,,. 7 €, et st. Nsrnucrion sur les turneps. In-8. 30¢t 48 c. STRUCTION sur le navet. In-12. 60 c.et 65 c. Emoire sur le chou-navet de Laponie; par Sonnini, In-8....,., 1.80 ceti f TC. Mémoms sur le sucre de betteraves , par Chaptal. 3°édit. in-8... 1f.50c.et 1 F9. Émoune sur les choux et raiforts cultivés en Europe, par M. az Candolle.. Paris, me in-8 re uf,obc.et1f,boc. Émomrg sur la eulture de la racine de di- Note; par Commerell. Ir-8. 1f. eta f.25 Otice sur deux semis de graines de pommes eterre; par M. SageretiIn-8. 30 c. et 85 c. Avis aux cultivateurs sur la culture du tabac en France; par M. Tessier. 5o c, et boc. OrLecrron de mémoires sur les oliviers. Pa- Es? 1829, in-8...,..+.9 f. 50 C, Et 4 f. 25.0 issar sur la culture du chanvre dans l'ouest de la France; par M. Chasle de la Touche. Paris, 1826,in-8.... 1f. 50 C. et1f.7bc. NSTRUCTION sur la culture du coton en France; par M. Tessier. 1808, in-8.. Mévorez sur la culture du lin; par M. Mar- cellin Fétillart.in-8.. 1f. 25 c.et 1 f.50 C. eservarions sur la- culture du coton, par M. de Rohr. 1807, in-8... 3 f. et 3 f. 75 c. rarré de l'olivier, histoire et culture de cet „arbre, extraction de l'huile, etc.; par 4mo- reux. 2e édit., in-8. 5 f. bo c. et 6 EAA rarré du chanvre; par Marcandier, Paris, pe 795 12 ais sv... Lf.sbc.et 1 fo C. RAITÉ du maïs ou blé de Turquie, son his- toire, sa culture et ses emplois; par #.- £. Duchesne. In-8, fig... 5f.et6f. 25 0 RAITÉ sur la culture de la garance. Avignon, 182%, in-8........ 1 f. 50 ©. et x f..65,c. Avis aux bonnes mères, sur la méthode d’ex- traire la fécule et la farine de la pomme de terre, en petit et en grand; par Mer- goux. 1817, in-8, fig... 1 f.et 1 f. 25 c. Descriprion des procédés em loyés par I . Mergoux, afin d'introduire les pommes de terre dans le pain. In-8, fig. 50 c.et6oc. ssar sur l'extraction de la farine de pomme de terre, avec la manière d'en faire du pain; par Mergoux. 1816, 1n-8. 1 f.etrif.2hc. Mémoire sur les moyens de conserver la pom- me de terre sous la forme de riz ou vermi- celle; par Grenet, 1 fr. 50c. et rf.75c. Maérnops vour recueillir les grains dans les années pluvieuses ; par Duearne-de-Blangy, 1771, in-8, fige... 11.25 0, et 1 f.50 €. Nouveau mode de conservation des grains et des vins, par Á. Delacroix. Paris, 1828, Ža f. bo c. et 3f. et les fourneaux à la Rumford., Paris, 1801, in-8, Doors s. 3f.et4f. Taarré usuel du chocolat; par Buc’hoz. Pa- ris, a81o ,in-8..…... 4f.80 c et 2f, 256. bee coma rm pie CE soso rees 2, Bois et Forêts, Jardinage e$ Hisire ` naturelle. Arerçu général des forêts; par €. d'Ourches. 1805, 2 vol. in-8, avec 39 pl.. 12f. et 15 f. Forèrs (des) de la France; par koc. et 60€. |: |NoueycLaTURE des espèces . Borard. | In-8, et supplém. de 1827. 5f. et 5f. 756- Fonèrs vierges de Ja Guyane française ; par M. A 1827, in-8..., 2f, 5oc.et3i. Gurme dans les forêts, ouvrage destiné à l'instruction des propriétaires de bois ; par M. Xasthofer ; trad. par F.-L. Monney. 1830, 2 voi, in-8,fig,.. ro f, et 12 f: BOkc. Hisromque de la eréation -d’une richesse mil- lionnaire par la culture des pins; par Z.- G. Delamarre. 1827, in-8, fig. col 6 f. et 7 t Lerrre sur l’encaissement du Rhône et lex: ploitation. de quelques. espèces de bois. An:1ix, in-8 Las Chu 15c.et 85 c. Lerrre à M. François de Neufchäteau, sur le robinier; par Medicus. In-12; 50c. ct 60 c. Lerrag sur le robinier ou faux-acacia ; par M. François de Neufchéteau. 1803 , in 12, fi PREET J 2r O0 Cet IT 1C. Manuver de l'élagueur, ou De la conduite des arbres forestiers; par M, Hotton: Peilis, 189g,in-12..,......:.-. 2 f. etat. boc. Mémoire sur l'administration forestière, sur les qualités individuelles desboisindigènesg par /’arennes- Fenille; 2° édit. Paris, 1807, 2 vol. in-8......... 6 f.etrf boc. Myxuomx sur le zelkoua, planera crenala, arbre forestier ; par 4. Michaux.1631,\n - 8,fig........s...... 1f. 50,c. et 1 f. 70,c. Nonice sur un arbre à sucre; par Ærmeslo. Paris, 1813,br.in-8......... 30 c. et 39 C. Onsenvarons sur les semis et les plantations de quelques arbres utiles; par M. T'yonnet. Paris, 1815, 1in-8..... ,.. Tf. et if 20 C. Pranrarions (des), de leur nécessite en France; par Datty. 1 vol. in-8.3 fet8f.75 Trarré de la culture du chêne; par Juge de- Saint-Martin. 1788, in-8, fig... À f.et 5f. Œnairé des arbres forestiers, ou Histoire et description des arbres dont la tige a de 30 à 120 pieds d'élévation; par M. Jaume- St Hilaire, 1834, in-#, go pl. col.. 8o f. Trarré pratique de la culture des pins à randes dimensions , des cèdres du Liban, Re mélèzes et des sapins; par L-G. Dela- marre. 3° edit., avec des notes de MM. Mi- chaux et Vilmorin. 1831, in-8, 6f. eth 28 Trarré sur les réformations et les aménage- mens des forêts; par Plinguet. Orléans, 1789, in-8............... mfet8f. 25 c. Cours complet sur la culture du pêcher et autres arbres à fruit ; par L. Lemoine. Pa- ris, 1804, in-19.,.... I f.25c.et1f.boc. Cuzrorx de la grosse asperge, dite de Hol- lande; par Filassier. 1 f. 50 c. et t f, 80 c. Gume (le) des propriétaires et des jardiniers, pour le choix et la culture des arbres; par S. Beaunier. 182r, 30-8. 3f. bo c.et#f.25 Ensraocrron sommaire sur le fraisier des Al- pes; par M. de Morel-Vindé. 30 © et 35 c. Meron ( du het de sa culture, pat Calvel. ə° édition. 1809, in-8. 1f., 25c, eta f. 50c. Monocrarnw de ta rose; par Buc’hos. Nouv. édit. Paris, 1808, in-8, fig.+ 2 f.boc.etaf. Aonocnarmie de la violette; par Puc’hoz. Paris, 1807,in-8..... 1f- 28c.et 1f,5o c. variétés et sous- “variétés du genre Rosier ; par M, de Pron- “ville. Paris, 1818 ,in-8... 2f. 5oc.et3f. les espèces de jar- pure FA raisonnés de toutes dins; par M. Gabriel Thoüin, 8e édit. 1828, Doom LE ses nt | | ( 4) in-fol. cartonné, fig., sable et eaux colo- LP TC a US — Figures éntiérement coloriées.,... roof. Poxoro@ir physiologique, moyens d’amélio- der les fruits domestiques et sauvage®, de faire naître des espèces et variétés nouvel- les; par M. Sageret. 1830. ( Avec Sup- plément, 1835.).. 8f.5oc. êt rof. 65 c. — Le Supplément séparément, 1 f. ét r f. 15e AILLE raisonnée des arbres fruitiers, et leur culture; par C. Butret. 17° édit. 1832, in- ; 18, fig. af.etaf. 25c. Trairé complet sur le jardin potager, conve- table au midi, au centre et au nord de la France. Paris, 1808 ,'in-ia, fig. 3f.et4f. Traité de la culture des arbres fruitiers; a W. Forsyth; trad: par M. Pictet-Wal- et: 1805, S fig........ %f. 50c: etof. Fratré dela culture du figuier, par M, de la Brousse. 1534,in-12. 1 f. obe. etif. 80 c. Ani de cultiver la vigne et de faire le bon vin, malgré le climat et Pintempérie des saisons: par M. Salmon. {n-r0, flig. 3f. boet4f.05 Anr de faire le vin ét de distiller les éaux-de- vie; par. 4, D***. [n-8, fig.af. et 2f. 5oc. Enr de faire le vin „par l'abront; trad, pai F.-R. Baud. 1801, in-$.”. ... 3f. et åf. Arr dù Brasseur, ou méthode théorique ei pratique pour faire Ja bières par $. Kol. Paris, 1832 ,in-14...:.,.. 2f. ho c.etaf. Coumence (le) des vins, réformé, rectifié ei épuré. [n-12...,... 2 f, Soc. et 3f. 25 c. Guivr indispensable pour faire l'application de Pappareil vinificateur de Mundi: Ger- vais; par C. -J. Choiset. In-8. 1 f.et 1 f. 20 Ixsreucriox sur la fabrication des eaux de vie de grains et de pommes de terre ; par M. de Domtasté, {n-8, fig. 2f.etaf.35c. Maxuer pour faire toutes sortes de vins; pai Bridelléde Neuillan. In-12.. 1 f. et 1f. 25 Lémorre sur la fermentation des vins; pa M. Legentil.1802, in-8.. 3f. er 3f. 79 c. Mémoire sur le cerclige des cuves à vin. Paris, in-8...4....,. ss. 60€, êt #5 fs Mévoune sur le perfectionnement de la vini- fication; par M, Elie. Dru. Paris, 1823, Ma e PaE 1 f: oc. ét rf. 75c. Noricx sur Ja nature et la culture du pom- mier , la qualité des pommes et leur vraie combinaison pour faire un cidre délicat et bienfaisant; par M: Rénault. Paris, 1817, rer 2e de eye NT. PE UT SE, Nouverre méthode de vinification, ou art de faire, par un nouveau procédé, le meil- leur vin possible; par Aubergier. Paris, 1825 , iu-12,.,,.... 3 f. 50 c. et #f. 95 c. OExozoctE francaise „ou Statistique de tous les vignobles et de toutes les boissons vi- neuses et Spiritueuses.de la France, la cul- ture de la vigne, etc.{ par M. Cavoleau. Paris, 1827, 10-8... .,., Gf.boc.ct8f. Oruscure sur la vinification ct lés avanta- ges du procédé de Madem, Elis. Gervais, 1821,in-8 .,..,,..,...,. TE 50 C. eraf Pommer (du), du poirier ét du cormiér, de leurs fruits, de Jeurs cidres, dé leurs eaux devie; par L. Dubois, Paris, 1804, à vol. in-19, 6g........,. 8f.5oc. ét 4 f. 5 c. - Cuoix de plantes d'Europe, décrites et des- Sinées d’après nature, par Drèves et Hayne. 1802, 5 vol. gr, in-4, fig. col....... 72 7 De Caxpoi. re Botanicon gallicum seu synopsis plantaram in Flor4 gallic4 descriptarum; editio secunda, ex herbariis et schedis can dolliänis propriisque digestum ; à J.-E. Duby. 1828-30, i gros vol. in 8. 27 f. et32f. — Le tome 1“, contenant les plantes vasču- laires ouàfleurs visibles. 12 3 eti4f. 506 — Le second, qui contient les plantes cellu- laires ou cryptogames.. 15 f. ct 17f. hoc: Dictionnarre dés termes de botanique; paf Mouton-Fontenille. In-8. 5f. et 6f. 50€: Frons francaise, ouDescriplions succinctes de toutes les plantes qui croissent naturelle- ment en France; 3° édit. , par MM. de La- mark et de Candolle, 1815, 5 tomes en 6 vol. in-8, Ah 67 on 2017 Se Monocrarmie des cimpanulées, par M. A. de Candolle. 1830, 1 vol. im4, avec 20 pl gravées en taille-douce... 9, 25f. et o8f. Recsercaes chimiques sur la végétation. paf dé Saussure. In-8, fig... 5f. et 6f.25 €. | EnromoLocié ou Histoire naturelle des in” séctes coléoptères, par M. Olivier; ornée de 363 planches coloriées d’après nature. Paris, 1789, 8 vol. pet. in-fol..... Goof. Histone naturelle des oiseaux de l Amérique septentrionale; par M. Vieillot. Paris, 1807, 3 vol, grand in-fol,, papier vélin, avec 132 planches imprimées en couleur. 3oof — Le méme, grand papier vélin.. ...Gowf. Hisrorre naturelle des oiscanx dorés ou à re- flets métalliques, les colibris, oiscaux-mou- ches, jacamars, promérops, grimpereaux ét oïséaux de paradis; par J.-B. 2 udebert et L.-P, Pieillst Paris, 1802, 2 vol. très grand in-fol., figures imprimées en couleur et retouchées au pinceau....,,.... 5oof. — Le même ouvrage, texte imprimé avec de l'or au lieu d'encre, tiré à très petit nom- Pres. dise Pres LE, CIE ONE Hisroine naturelle dés singes, des makis et des galéopithèques; par J.-B. Audebert. 1 vol, gräud in-fol,, figures imprimées en couleur et retouchées au pinceau.. 300 f- Lise (Caroli A.) Systema naturæ per regna tria naturæ , secundùm classes, ordines, genera, species, etc.; editio décimä-tértia, edid. Gmelin, 1789, 10 vol, in-8, fig, 5of. ParirLôws d'Europe, peints d'après nature, par Ærnst, et décrits par Ængramelle; 361 pl. col.; 6 vol. grand in-4.... 500 f. RENOUVELLEMENT périodique des continens térrestres; par L. Bertrand. 3° édit. Ge- neve, 1803, in-$........ 5f.etGf. 5oc. Révocurioxs (des) du Globe; conjecture forméé d’après les découvertes dè ZLavot- siet, sur HA position et recomposition de Peau; par M. Morel de Vindé, 3e édit. augm. Paris, 1811, in-8.. 1 f. étrf. 15 €. TasLeaux analytiques ét synoptiqués des mi- néraux ; par Æ, Drapiez. 1. vol. in-4, 5f. Vovace de découvertes aux terres australes, exécuté sous le commandement du capi taine IN. Baudin; rédigé par MM. Péron et l'reycinet. 2 vol. in-4 de texte, et 2 atlas DOME M ICE 4. 250 IUT E cos D Voyaces ( prémier et second ) de Lévaillant dans l’intérieur de l'Afrique, par le cap de Bonne-Espérance; nouv. édit. 5 vol. in-8, et atlas in-4,.de 42 planches et cartes. 45 f. dem, papier vélin, fig. col....... 160f. id . . . . 39, Art vétérinaire , Animaux de basse-cour, ers à soie, Abeilles, Chasse, Péche. 5 Arerçu général sur la perfectibilité de la médecine vétérinaire; par Æygalenq. Pa Baoan ix,in-8...... 1 f. Boc. eto f, 5oc. Urcérar. Essai sur les appareils et sur les bandages propres aux quadrupèdes; 1813, Aki Riga. s sn dt id aphte 8.528 Urcépar. Essai théorique ct pratique sur Bot ferrure. 1813, in-8. 3 f. bo c. et 4 fadet URGELAT, Précis anatomique du corps du -cheval comparé avec celui du bœuf et du ponton. 1807, 2. vol. in-8..., of. etrèf. Urcerar. Traité de la conformation exte- rieure du cheval , de sa beauté , de ses dé- aùts; des soins qu'il exige, de sa multipli- cation; 8° édit.; par J.-B. Huzard. Fa- ge 183, in-8, fig. durs péretofe Omere rendu d'une expérience contre la Collaine. Paris, ss... ` + LB: noires ..2. à D même, fig. énluminées........ 240 f. cn Tr: Nouvelle organisation des Ecoles Vétérinaires, 1816. In-8... bo c. et Go c. ICTIONNAIRE raisonné d’hippiatrique, cava- ` „erie, manégeët maréchalerie : par Lafosse. patis; 1776, 4 vol. in-8..... 16 f.etor f. PENSAIRE pharmaco - chimique, on Elé- mens théoriques et pratiques de ces deux Sciences; par F.-J. Bouillon - Lagrange. ; Paris, 1818, in-8, fig... 5f.et Gf..50 €. *Cuver (|) des dames, contenant des prin - Cipes sur l’art de monter à cheval; par ons X Hostun. a° édit. Paris, 1817,1n-8. E 3f. hoc. et 4 f. SSarsur la manière de relever les races de Chevaux en France; par #7. Collot. Paris, pasoz, in-S... sD ubi hope, Gb Efa 80 €, Sousse de nosographie vétérinaire (abrégé de Médecine vétérinaire}; par J-B. Huzard S. Paris , 1820, in-8.... Bfet6G f 2h ec. SSar sur Jes épizooties ; par M. Guersent. Paris, 1815,in-8..,.....: Df eta fo y-o. Xanraètes (dés } épizootiques, par Cha- d’ Audebert, In-8,. Goc. etybc. TRATT de l'abrégé de médecine vétérinaire Fnac de Kolpi; par £, Barthélemy. Ga in-8....« e rf. oc. eti +. 80c. NTE et vices redhibitoives dans le com - p> des änimaux domestiques; par J.-B. À “zard fils. 1833, in-12. 8 f. boc.et 4f, 55 pe d (de la) ; par M. Girou de Buza- ngues. 1828 ,1n-8.bf.boc.et6f. 750. Aras (des) domestiques en France; par J.- rss penss np °° D B. Buzard fils, 1829, in-8..6f.et 750 c. Haras (des), dans leurs rapports avec la pro- duction des chevaux et des remontes mili- taires; par M. de Puibusque, 11.78 ct 2 2 TxsrröcTiens sur les soins à donner anx che~ vaux pour les conserver- en santé sur les routes; par M. Auzard. Paris, 1817, in-6: 1 f; 50c. et 1f: 750. Insretcrionsi ct observations sur les maladies des animaux domestiques, avec les moyens de les guérir; par Chabert , Flandrin et Huzard. Paris, 6 vol. in-8, fis...... 27f. — Chaque vol. séparément. 4f. boc. et6f. L'iveveur de poulains , et le parfait amateur de chevaux ; par M. de Puibusque. Paris , ns Be Le Te ere vie Ed RE LQ: Manuev des propriétaires de chevaux ; par JF: Riding. 1804, im-12,.: 2f. 50c. et3 f. Minore sur. la pousse des chevaux; par M. Demoussy. 1824,in-8. 1 f.'25 et 1 PoE Maisons sur les courses de chevanx et de chars en France; par Lafont-Poulotti, Pa- TiS, 1791; In... esseet 10 C° eti g Norice sur les courses dechevaux en France; par M. Huzardfils.An-8. 1 f. 35,0. et 1 f. 50 Nortons élémentaires dé médecine vétériz naire mililaire , choix et qualités des che- vaux de troupe, ete.; par J.-B.-C. Rodet. Paris, 1805, im-12.. 3 f. bo c. et 4f, 25,0. Norioxs fondamentales de l'art vétérinaire, par Delabère-Blaine. Paris, 1803, 3 vol. M$, (og Rue » 18 f,et22f. Nouveau (le) Newcastle, ou Nouveau traité de cavalerie. In-12. 1 f, 50 ©, @t 2.26 €. Nouveau régime pour les haras, ou Moyens propres à améliorer les races de chevaux; par Lafont-Poulouti. In:8, fg.. 5 f.etGf. Mrimouns sur les diverses conformations des chevaux pour le service des armées; par Noyès. In-8....... 2f.b0 c. et 3 f. 5h Cy Recnencmes pour servir à l’histoire dela di- gestion; par MM. Zeuret et Lassaigne. Paris, 1825,in-8:.... 4f. oc. et 5f, 26 ©, Recuercaes sur l’époque de léquitation et l'usage des chars équestres chez les anciens; par Fabrici. 2 Nok. in-8, 5f. et6f, 50c. Recos d'opuscules sur les différentes pur- ties de l'équitation; par Levaillant-de-Saëinte Denis. 1789, in-8, fig... af. et 2f. boc. Sraucrure du sabot du cheval, et expérien- ces sur les effets de la ferrure; par M. Bracy- Clarke. 2° édit, in-8 ; fig. 4f.et 4 Ê 75€ ŒEnairé d'équitation; par de Aontfaucon de Rogles. In-4,..,...... gf.et'i0 f. bo c. — Nouv. édit, 1810, in-8, fig... 5 f. et6 Le Œnairé des hernies inguinales dans le cheval et autres monodactyles; par M. Girard. Paris, 1827424... 1e MD 16f. Enarré du pied considéré dans les animaux domestiques; par J. Girard. 2° édit, Paris, 1828, in-8, g.s. ieee y Of. ELTE DOC. Tearré analytique de médecine légale vete- rinaire; par Rodet. 1827, in-12 4f, etf. Trarré d'anatomie vétérinaires par Ja Gi- rard. 1830, 2 vol: IR-8 srest 12 f,.et 16 f. Œuarré de la gale et des dartres danses ani- manx; par Chabert. 1f. 286. etr f, 5oc. Trarré de l'éducation du cheval en Eu- -rope, etc. par Préseau de Dompierre, Paris, 1188, in-8, fig. 2f., 5o Cu et3 f. 25c. Trait de lembouclxire du cheval; par M. A. de Santeuil, In-8, fig, 2f. 50c.et3f, ssesssses (6) Azrérarion du lait de vache, ou Zait bleu; par Chabèrt ét Fromage. In-8. 75c. etgo c. Arr de faire le beurre et les meilleurs fro- mages. 1828, in-8.. #f. oc. et5f. 50c. Coxsecrures sur l'existence de quelques ani- maux microscopiques; par M. Morel de Vindé. Paris, 1811, in-8.,. 30c. et35c. Exasew de la notice sur l’épizootie du gros bétail. 1817, MgA A.n a f etrf. 5G. Examen des causes de la disette des bestiaux; par Preaudeau Chemilly.ivn-8. 150. etr f. Exrrarr de l'instruction pour les bergers et les propriétaires de troupeaux, ou Caté- chisme des Bergers; par Daubenton. 6e édit. avec notes de J.-B. Huzard.fils, Paris, LA20, dA. dep: 111% D b0 et SE, Fairs et Observations sur l’exportation des mérinos hors du térritoire français, par MM. Gabiou, Yvart etc. In-8.8 f. et3 f.75 Gere des moutons, de sa nature et de ses causes, et des moyens de la guérir; par Walz. 1811, 1in-8, be. 1f. bo c. et 1 f. 7h. Hisrowme de l'introduction des moutons à laine fine d'Espagne dans les divers états de l’Europe ; par C.-P. Lasteyrie. Paris, 1302, 11-8..:, TS 4f.50 0: et 6 f. 75 c. Ansrrucrion pour les bergers et pour les pro- priétaires de troupeaux, par Daubenton, avec des notes par J.-B. Hazard. 5° édit., 1820, in-8, 28 planches: .... 7f.etof. Essreucrion sommaire sur la maladie des bêtes à laine appelée pourriture; par MM. Huzardet Tessier. In-8. 40 c, et 45 c. Exsrnucrion sur la manière de conduire et né à $ gouverner les vaches laitières; par Chabert et Huzard. 1807, in-8. 1 f. 25¢. etr f. 5o c. Insrrucrion sur la péripnéumonie; par Cha- bert. Paris, an1x, in-8 2bc.et30 c. Exsraucrion sur le claveau des moutons; par F.-H_ Gilbert, 1817, in-12. 75 ©: et goc. Ixsrrucrion sur les bêtes à laine, manière de former les bons troupeaux, de les multi- plier; par M. Tessier: Fig. 5f. 5o et 6f. 75 Ixsraucrion sur les maladies inflammatoires épizootiques. In-8.... 50 c. et be e. Insrrucrion sur les moyens d'assurer la pro- pagation des bêtes à laine de race d’Es- pagne; par Gilbert. In-8. if. etf. 25c. Lerrres sur la nourriture des bestiaux à l’é= table; par Tschiffeli. In-8. 1 f. 5o ettf. 7b Marapis (des) contagieuses des bêtes à laine; par Ad. de Gasparin. In-8. 3f. 5o et 4f: 25 Manuver de la fille de basse-cour, pour élever, nourrir, engraisser les animaux. Paris, LOO AUTO Veste it Mo CEE f, Manure du bouvier, ou Traité de la médecine pratique des bêtes à cornes; par Robinet, revu par M. Huzard fils. Paris, 1826, a vol. USE PPT us 8 CU E LT Méuoine et instruction sur les troupeaux de progression; par M. Morel de Vindé. Pa- ris, 1808, in-8,.., 2f. 50c. eta f. Soc. Mzuowrs sur l'amélioration des bêtes à laine; par G.-A. Ogier’ In-8,... 50 c. et Guc. Mesoine sur la péripneumonie chronique ou phthisie pulmonaire des vaches laitières ; par M. Huzard. In-8. 1f. 50 ct rf. 80c. Memoire sur le clavéau; par M. J.-J: Girard. 1818,in-8...,..... If. 250c. ét f. 50c. Mévuoine sur l'éducation des mérinos dans les diverses situations pastorales et agricoles; . par M, de Gasparin,dn-8,2f,5oc,et3f. Méuorre sur l’exacte parité des laines méri- nos de France et d’Espagne; par M. Morel de Vindé. 1807, In-8...! 1 f. etuf: 26 c Méuoine sur l'importation en France des ché- vřes cachemire; par M. Tessier. 18:19, in” HF... Gaec set: Ft ducation de la bouche des bêtes à laine; rel de Findé. 1817,in-8.., 80 c. et 35 ct OssEervarioxs sur la monte et l’agnelage ; par M. Morel de Vindé. 1 f. 50 €. et rf. Soc: — Suite. 1814,in-8,,,,.,. 1 f. et 1 f. 25 €: — 2° et 3° suites. [n-8. 1f..50c. et 1 f:85€ OnGanxes (des) de la digestion dans les rumi” nans; par Chabert. à f. 25 c. et 1 f. 50o Osmraorrormis artificielle , ou l'Art de faire éclore et d’élever la volaille... .. 3 f. et 4f. SPÉciFique rapide et infaillible pour la guéri son du piétain des moutons; par M. More de Vindé. In-8, .. 30 c. et 35 C- Trarrg de la tenue et de l’éducatiou des més rinos; par Lhomme. 3 f. 50c. et 4 f. 5o €: Traire des bêtes à laine d’Espagne ; par Las teyrie, In-8, fig....,........4 5 f, et6f Arr de faire éclore et d'élever les vers à soie dans le Levant. In-8, fig. 9 f. et 2f. 50c. Boxarous. De l'éducation des vers à soieetd£ ja culture du mûrier.. ( Nouvelle édition sous presse. ) Gouverxemenr (le) admirable, ou la Répu” blique des abeilles; par J. Simon. 1758, in” FRP TE. diet ge.) .... 8f.et4f. Ixsreucrion sur les abeilles; par Sera 1802, in-8..., ... 2f. boc.et 3F Lerrres sur l'éducation des vers à soie et 14 culture des mûriers blancs ; par 4.-fA"* Angeliny, 1806, in-12.. 2 f. et 2 f. 50 C: MANUEL des propriétaires d'abeilles; paf Lomiiibart. 6° édit. In-8. 3f. 5o c..et 44° Méwoime sur la difficulté de blanchir les cires de France; par M. Lombard.. 15 c. etit Mémorne sur les vers à soie et la culture du mûrier blanc; par Thomé. 1767, in-12" fig. 2 f. bo c. et 3 f. 5o c., franc deport Mémorræ sur l'éducation des abeilles; paf madame Barras. In-8... ... 50c, et 60C Méruope avantageuse pour gouverner l$ abeilles ; par Dubost, Fig. 9 E et 2 f. 5o C Momens et vers à soie, leur culture et lenf éducation; par M. ZLoiseleur - Deslong” champs. 1832. in-8. 1f. 25 c. et-1 f. 500. Nouveau manuel complet du propriétairt d’abeilles ; par Martin. Fig. 3 f. 5o et 4 f. ai Trairé complet théorique et pratique sur lé abeilles ; par Féburier, Fig, 5f.et 6 f. I Trairi de l'éducation économique des abet les ; par Ducarne-de-Blangy, iqqi, 2 vo dns, fes, , 0, us. : nets fs et 4 /: I Acwaxace du chasseur, ou Calendrier perp” tuel. In-12, avec musique.af. et af. 504, Auuszswens des dames dans les oiseaux 4 22 + volière; par Buc’hoz.In-12.2f.etaf. 7 Amuuseuens innocens, Traité des oiseaux (7°) volière, 1774, im-12.,.4..4... 8 f. et 4 f. RT du taupier; par Dralet.. 50 c. et 60 c. Ssar devénerieet Traité sur les maladies dés chiens et leurs remèdes, 3° édit. ; par Le- conte Desgraviers. Bn-8.. 6 feet 71.2 c. érnopes pour la destruction des loups; par de Lisle. 1768, in-12. 2 f. 50 c.et3 f. 25c. Moyen de détruire les taupes dans les prai- riés et jardins , nouv. édit. (Sous presse .) ©, Arts p Médecine, Éducation, Histoire et Géographie. 25 c: et 40 €. 4 ences qui Emse rattac … M, {rmonville. Drscriprion de l’art du blanchiment par l'a- cide muriatique oxigéné; par Berthollet. , : 1f.2bc.et:f.800c. R Essaı sur l'art WS dai heosesse figt 9 f. £ sur la pel ; par Cadet- _de- Vaux. Xn-8.…… .. 25 c. et30c. ouverre manière de fabriquer la poudre à tirer; par M. d Artigues... 30c. et 35c. Privrure à Phuile, ou Procédés matériels em- ployés dans ce genre de peinture, depuis Hubert et Jean Fan -Eyck jusqu'à nos jours ; par J.- „.-F'. Mérimée. 1830, in-8, LS OR LES PR Le vi 5f.et6 f. 25c. Ecurix des Lois et Décrets sur Jes brevets, les ateliers et manufactures insalubres ou incommodes, 1831,in-4.... 2f. 50 C. et 3£. Ricnesse (de la) commerciale; par J,-C.-L. Simonde, An xı, 2 vol. in-8.. gf. et 12. Asseauinsubmersible, ou Méthode de cons- truction navale; par JVosarzewski. 1831, OO 2 f. soc.et8f. Vors sur le système général des opérations - industrielles; par M. Christian. Paris, 1819, m-8 3f.et3f,5oc. + esse TER LES RT CPER N Cours sur les généralités de la médecine pra- ntque; a _J. Leroux. 8 vol.in-8. 48f. Essar sur Ja pauvreté des nations , la popula- “ tion, Ja mendicité „ les hôpitaux et les en- à ï fans trouvés; par Fodéré. 7 f. oet 9 f.50 SThucrions pour les personnes qui gardent LES malades; par W'erain. .. 1 f.25 et 1f. 50 Etre de M. de Morel-f'indé à M. Tessier; X sur Ja mendicité. 1829, in-8. 25c.ct30c. Tising (de la) des ouvriers et moyens:d’y re- P médier; par M. de Morogues. 2f. et 2f. 90 Eine de mort (de la) et du système pénal; pe J,.-B. Salaville ..... 2f.et2f. 90C. “sons (des) de Philadelphie; par M. le duc de la Rochefoucauld. Įn-8. 2f. 60 c. et 3 f. YRÉroLoGE médicale, ou Exposé des fiè- Yres continues; par Petit- Radel, 1812; in8.: 5f. Boc.et7f.s5c., fr. de port. — Le même , en latin. 3f. 5oc.et 5f: 250. RecaercHEs sur les maladies tuberculeuses ; par sir John Baron; trad. de Pangl. par M. V. Boivin, Fig. col... 7 f. 50 et 9 f.25 Pare ee ee Artas des monumens, des arts libéraux, mé- caniques et industriels dela France, depuis les Gaulois jusqu’au règne de Francois [° ; par Lenoir, in-fol., 45 planches... 65 f. — Le méme, papier vélin........,... 180 f. Bisre de la Jeunesse , contenant l'Ancien et le Nouveau Testament ; par M. Lécuy. _» vol. in-8, ornés de 96 fig., et des portr. * de Moïse et de Jésus-Christ. Atlas.. 24 f. — La Breze sans l'Atlas, 2 vol. in-8,br. 18f. — J/AtJas sans la Bible, 1 vol. in-fol., br. gf. — Lamine Bisre , ornée de 24 fig. et d'une belle carte. 1833, in-32.. 4f. et 5f. 35 c. — La néne; sansfig. nicarte. 2f. 5o et 3 f: 75 Cners-poruvre épistolaires, ou Recneil de lettres choisies. 2-vol. in-12. 5f. 5oet7f. Bicnonnams de géographie universelle an- cienne, du moyen-âge et moderne , com- wen par P.-C.-W. Boiste. 1806, 2 vol. ‘un in-8 et l’autre in-4, formant atlas de br cartes coloriées ..... peint. — Le Dicrionnaine sans atlas, in-8...., 6f. — L'Atlas de 51 cartes seul, in-4...::. 30 f. Dicrionxaine de poche universel, latin-fran- cais, par M. l'abbé Lécuy. Oblong. 3 f, Dicrionxaire portatif de lafable de Chompré. Nouv. édit. ; par Millin. 1801, 2 vol. petit iu-8 rat E yf. etiof. Picriownaine abrégé de géographie ancienne, description des contrées, villes, fleuves, montagnes, lieux célèbres de Pantiquité; par MM. Dufau et Guadet; 2 vol. in-8 et carte de Brué.... rs f. — Le méme, sur papier vél, satiné, br. 24 f. — La:carte seule... F 3f. Essai de morale, ou Fables nouvelles; par J.-J.-F. de BF, In-18: 3f. et 3f. 6o c. Examen critique des anciens historiens d'A _Jexandre; par M. Sainte-Croix. 30 f. et35 f. Exercices de la langue francaise ; par M. Le- mare 1819.1n-8......,,.:: 9f+ @b II f. Géoerarme universelle, ancienne et moderne des cinq parties du monde; par Mentelle et Maltë-Brun. 1816, 16 vol. in-8 et atlas e.e sets ess ser ee in-fol, de.48 cartes....,.....+..+ 180 f. — Les 16 vol.:in-8, 'sans'atlas.. 190 f. — J'Atlas cartonné, sans la géographie. 4of. Histoire générale de France, avant et depuis l'établissement de la monarchie dans la Gaule, jusque et compris le règne de Henri IV; par MM. Velly, Villaret, Gar- nier et Dufau. 1819, 40 vol. in-12 ornés de 118 port. grav. au trait, bre... 100f. On vend séparément; i — L'Histoire dela Gaule. 1 vol. in-12, etle tome 30, 2° partie......, Pi et 8 f. 5oc. — Les tables des 30 premiers volumes, 3 vol. in-12 (T. 31 32, 88). The CL Th É: — Les 92 portraits des 30 premiers vol. 15f. — L'Histoire du règne de Henri III; 2 vol. in-124..+ 11. étof.26c. — L'Histoire du règne de Henri IV; par M. Dufau.3 vol. in-12. 10 f. boet 12 f. 75 Hasroime sacrée de l'Ancien etidu Nouveau Testament, représentée par figures au nom- Sora \ (SA bre de Goo estampes ; offrant les traits his- toriques de la Bible, dessinées d'aprés les plus grands maitres; par F’aysard; avec un texte français, par M. l'abbé Bassinet. 8 vol. grandin-8, 1804:.:.,.,...., 10of. — La même, sur grand papier vélin saper- LR SRE pes a RES UT | — La collection complète des figures de la Bible, séparément. 8 €. en 4 vol. in-8. 8of. Maniere d'enseigner leshumanités; par M. de ._Bigault-d'flaréourt. In-8...:8f.et6 f. Mérauorenoses d'Ovide, traduites en vers français, par de S'aint- Ange; nouv. dit., ornée de 140: estampes et du portrait de Pauteur? 1868, 4 vol. grandin-8...:. 4of. Méramorpnoses d'Ovide; traduites en fran- cais; par l’abbé Banier. 1807, 2-vol, in-8, avec 140 figures. :. 4.5 b f. Nouveau diciionnaire des beaux-arts; par Millin. 3 gros vol. in8, 1806. 95f. et 32f. Nouveau dictionnure universel, historique, bibliographique des hommes célèbres; par Watkins, Erad.spar Fabbé Lécuy. 2 vol. in-8... Fe 1of.vti13f. oc. Nouvez abrégé de géographie universelle, ancienne et moderne, physique et histori- que; Geédit., par J.-B.-D. Lallemand. 2 vol.; lun, in-8; de 6o00 pages de texte , et Fautre de 51 cartes formant atlas... -25 f. —— L'Atlas seul, 1 vol. in-8, cart. col.. of. — La mêmes Giograrnie , avec 15 cart. 12 f. >- La méme, sans carte, r vol.in-8..... Gf. GEuvresd’Archimède, trad. par M. Peyrard, r vol. in-4, figures et portraits. ..... vof. — Les mêmes, 2 vol. in-8..,........ 1of. OEvuvres complètes de Florian; nouv. édit. ornce de 44 figures. 8 voi. in-8..... 25f. Rércexions sur la pousie et la peinture; par Dabos. "3 vol. in-12....,,.4,4. 6f, Srarisrique de la commune de la Celle- Saint - Cloud (Seine-et-Oise); par M. D. M F7. :x834;in-8.... 5, af, et afi vb c: Sysrèur anglais d'instruction, par J. Lan- caster; trad. par le duc de. la Aochefou- cauli. 1815, in-8......:. 2f.etaf. oc. Frarré complet d’orthosraphed’usage et de prouonciation; par P.-4. Lemare. 18:5, roi cércsci rie rs Da mt) boertet SF, Traire des figures de rhétorique avec des exemples tirés des plus célèbres auteurs la- tins et francais; par M. J. Planche. 1820, tn EU ri Ef, 50 €, etg fdo Voyace du jeune Anacharsis en Grèce; par Pabbé Barthélemy. 5° édit. 181, 7 vol: in- 8, atlas grand in-fol. de 41 cartes... 55f. — Le méme, 1 vol. in-8, sans atlas... 3uf. ss. se CC — Datlas, séparément, cartonné... 3of. — Le méme; vélin Supertin … So f — Leméme, 4° édit. augmentée par M. Bur- bié du Bocage. 7 vól. in-4 et atlas, grand in-f0t., papier vélin24,,.....:...4. md fu ss ss res ss es Grawp atlas universel des cinq parties du ` monde, avec une: mappemontde et une grande carte géographique et administra- tive da royaume de France, chacune sur quatre: feuilles d'aigle ; avec leur réduc- 7 vol. in-8, et atiassur papier | tion en une feuille; par Brué. 41 cart en un vol. format atlantique:..:.. 250 Í Arras géographique, historique, politiqüfl administratif de la: France, composé “ 24 cartes, avant et depuis l'établissemel de la monarchie dans les Gaules jusqu? règne de Francois 1°; par Brac et GW det. 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