AA A 2 RS COPA NE? ID RONDE Ne \ ANA ve ; < - Fa “à ae AT re + AT un » PL RME , re , \ , REME TRE k | à A. sd” N À u NU 207 A AU À SS WA F AR AAUTERA INA | | ADANSONIA | RECUEIL PÉRIODIQUE D'ORSERVATIONS BOTANIQUES RÉDIGÉ Par le D' H. BAILLON | TOME SEPTIÈME PARIS 18, RUE DE L'ANCIENNE-COMÉDIE ET CHÉEZ F. SAVY, 24, RUE HAUTEFEUILLE SEPTEMBRE 1866 — AOÛT 1867 2 6 ” à 4 é ner , à É F2 à, st st, +. CALE . ME. TTe PARTY F n sr.” PET 4 E" o— ADANSONIA RECUEIL PÉRIODIQUE D'OBSERVATIONS BOTANIQUES Ven EMtrEVE AA 2 | L L pra tuto Fr il OU | ( l 1 Re. | L ol h u | a | # “ : | . | 1 , OR n } AU noel ADANSONIA RECUEIL PÉRIODIQUE D'OBSERVATIONS BOTANIQUES RÉDIGÉ Par le ED H. BAILELON TOME SEPTIÈME PARIS 18, RUE DE L'ANCIENNE-COMÉDIE ERA CHEZLE. SAV 24) ONRUEV HAUTEREURERE SEPTEMBRE 1866 — AOÛT 1867 or Ton CNOITAV ANA 6 doit | L > CLP LRR ERTS ) EUR ; | Æ Le Le 1h | s ALAIN E CRUE RE ADANSONIA RECUEIL PÉRIODIQUE D'OBSERVATIONS BOTANIQUES MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES Dans le travail le plus récent qui ait été publié sur Ja fa- mille des Magnoliacées, c’est-à-dire le Genera plantarum de MM. Bentham et J. Hooker (pp. 16-20), on trouve réunies dans une famille unique, à ütre de tribus, les Wintérées (ou Illiciées), les Magnoliacées proprement dites, et les Schizandrées. L'union des Illiciées et des Magnoliacées dans un même groupe naturel était adoptée par presque tous les auteurs. Îl n’en était pas de même de celle des Schizandrées; mais nous l’admettons pleinement, et nous devons nous hâter de dire qu'il est impossible de ne point l’accepter, quand on a soigneusement étudié toutes ces plantes. Les différences invoquées jusqu'ici pour les séparer les unes des autres paraissent alors de peu de valeur ou tout à fait incon- stantes. Les laborieux auteurs qui ont supprimé la famille des Schizandrées ont proposé plusieurs simplifications analogues. Celle-ci est une des plus heureuses; elle facilite l'étude de la science. D’autres botanistes avaient placé parmi les Magnoliacées, les Calycanthées, les Trochodendrées et les Canellacées. Ce der- vil. L 9 MÉMOIRE nier rapprochement est de M. Miers; nous le conservons, et nous en dirons plus tard les raisons : la logique nous oblige à le faire. Les Trochodendron sont considérés par MM. Bentham et J. Hoo- ker comme des Araliacées anormales, Ce rapprochement a été, de la part de M. Eichler, l’objet d’une discussion assez détaillée à la quelle nous nous bornons pour le moment à renvoyer le lecteur (4). fin, l'autonomie de la famille des Calyeanthées ne nous parait pas jusqu'ici étayée de caractères d’une importance suffisante, et l’on verra que nous la rattachons à un autre groupe naturel. La question une fois limitée de la sorte, les observations que nous avons à préseuter dans ce travail se réduisent à un petit nombre, ar la famille des Magnoliacées est une des mieux connues, une de celles que les botanistes ont étudiées avec le plus de soin et de plaisir. 1. — En dehors du genre Tulipier, tous les autres genres admis parmi les Magnoliées proprement dites peuvent sans in- convénient être réduits à un seul. — Dans tous ces genres, en effet, lesquels constituent un groupe extrêmement naturel, nous trouvons de grandes fleurs à périanthe éclatant, ordinairement odorant etcadue, et à organes sexuels représentés par un nombre indéfini de feuilles modifiées, insérées en spirale sur un axe floral plus au moins étiré en forme de rameau. Dans le Liriodendron, les fruits se séparent du réceptacle floral à la maturité, sous forme d’autant de samares qui se dispersent au lom, La fleur se distingue de son côté, au premier coup d'œil, par la direction ex- trorse de ses anthères ; et ces caractères, quoique n'ayant pas en eux-mêmes une bien grande valeur, suffisent cependant pour sé- parer immédiatement, soit avant, soit après la floraison, le genre Tulipier de toutes les autres plantes que nous réunissons, à titre de sections, dans le genre Magnolier, et qui sont, dans l’ordre alphabétique, les Aromadendron, Blumea, Bürgeria, Lirianthe, (2) Voy. les Wintéracées du Flora brasiliensis de Martius, le N° 20 du Flora, pour 1864, etle Journal of Botany de M, Seeman (1865), 100. SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES, 9 Liriopsis, Manglietia, Michelia, Talauma, Tulipastrum et Yula- nia. Il nous a semblé qu’on ne pouvait choisir qu'entre ces deux alternatives : adopter ces dix types comme autant de sous-genres d'un genre unique ; ou bien les conserver comme autant de groupes génériques disüincts, et mème être forcé par la logique d'en créer encore quelques-uns, pour un seul caractère de minime importance qui se remarque dans certaines espèces; proposition que nous essayerons de démontrer par l'étude des faits. Î. — Le nombre des pièces du périanthe, leur taille relative, leur consistance et leur coloration, n’ont été considérés, par aucun des auteurs qui ont étudié les genres de la famille des Magnolia cées, comme un caractère véritablement important et suffisant pour justifier des coupes génériques. Cela est d'autant plus heu- reux, que ees caractères varient, dans un même genre, d’une es- pèce à l’autre, et, qui plus est, dans une mème espèce, en passant d’une fleur à une autre fleur. Ainsi que les fleurs des Magnolia glauca que l’on cultive dans nos jardins présentent de six à vingt folioles au périanthe, cela n’a rien qui puisse surprendre, quand on a vu la culture augmenter considérablement le nombre des pièces de la corolle et remplacer des étamines fertiles par des lames pétaloïdes, dans la famille si voisine des Renonculacées; mais, ce qui est plus étonnant, les folioles les plus extérieures du pé- rianthe de cette espèce peuvent être, même dans le bouton, toutes pétaloïdes et de couleur blanche, comme les pétales les plus intérieurs. C’est ce que nous avons constaté en 186%, sur un in- dividu cultivé dans les jardins du Sénat. Sur un grand nombre d’autres individus, au contraire, les fleurs ont d’abord trois sépales verts, puis six, neuf ou douze folioles pétaloïdes, blanches et odorantes, qui constituent une corolle. Dans les fleurs des Âf. acu- minala êt cordala, les trois sépales et les six pétales sont souvent de la même teinte vert jaunûtre et de la même consistance que les trois sépales, et ne s’en distinguent guère que par leur taille plus considérable, Dans les Yulan, les neuf folioles du périanthe ont l MÉMOIRE souvent Ja même consistance et la même coloration pétaloïde ; le même fait s’observe ordinairement dans le M. Soulangeana de nos jardins, tandis que le M. purpurea peut présenter, avec six pétales grands et colorés, trois petits sépales réfléchis, verdâtres d’abord, puis brunâtres après l’anthèse, Dans le Magnolia Coro (M. pumila Axor.— Liriodendron Coco Lour.-— Liriopsis pumila Sracu, ms.), le nombre des pétales colorés est ordinairement de six, et l’on observe autour d’eux trois folioles vertes qu’on décrit comme trois sépales. Cependant le nombre de ces folioles non pé- taloïdes peut n'être que de deux ; fait qui se produit assez souvent, non-seulement dans les fleurs de cette espèce, mais encore dans celles des T'alauma Plumieri et Candollii. Quand le nombre des folioles calicinales se trouve ainsi réduit, elles deviennent beaucoup plus larges: et la plus intérieure d’entre elles peut même faire tout le tour du bouton qu’elle enveloppe comme un sac à peu près complet, ses deux bords venant se rejoindre dans une grande étendue du côté opposé à la nervure dorsale. C’est cette disposition qui devient la règle dans les fleurs du Magnolia (Micheliopsis) Figo (M. fuscata Axvr. — M. fasciata Vexr. — Lirioden- dron Figo Lour. — Liriopsis fuscata Srxcu). En dehors de six (et plus rarement de sept à neuf) pièces pétaloïdes et odorantes, on trouve deux folioles vertes qui enveloppent les pétales de deux sacs concentriques, emboités l’un dans l’autre, et presque toujours parfaitement clos et coniques. Ce sont ces mêmes organes qu’on appelle sépales dans le A7. Coco et dans plusieurs autres espèces. Dans le M. Figo, il est bien aisé de reconnaître leur véritable na- ture : ce sont les représentants de la gaine de la feuille et de ses stipules réunies; car souvent ils sont surmontés d’un court pétiole et d'un limbe qui peut atteindre de grandes dimensions et s’éta- ler au sommet du bouton. Les bractées florales, les sépales, pro- bablement les pétales aussi, sont done tous, dans les Magnolia, des feuilles presque toujours réduites à leur portion basilaire, insé- rées sur une spire, et dont le nombre peut varier d’une plante à l'autre, et sur les différentes fleurs d’un même pied, sans que SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES. a) cela puisse avoir une grande importance, principalement au point de vue des coupes génériques. Les Aromadendron ont été quel- quefois décrits comme ayant un calice tétramère. Outre que le fait n’est pas constant, il est probable que, des quatre folioles calicinales observées, les trois intérieures répondaient aux trois sépales ordi- naires de certaines espèces de pleine terre; et le quatrième, à cette foliole plus extérieure qui se voit si bien en dehors du bou- ton des M. Yulan, macrophylla, grandifolia, ete., qui parfois porte près de son sommet la trace d’un petit limbe avorté, et dont la nature est en somme tout à fait la même que celle des trois sé- pales qui s'insèrent un peu plus haut sur l'axe floral. Aussi cette bractée ne répond jamais, comme dans tant d’autres fleurs, à un sépale ou à l’intervalle de deux sépales ; elle n’est séparée de la foliole calicinale qui se montre immédiatement au-dessus d'elle sur l'axe, que par l'angle de divergence normal du genre Magnolia, il. — Le nombre des ovules contenus dans chaque carpelle a-t-il quelque valeur pour distinguer les genres? — On ne lui en accorde aueune dans le genre Michelia. Certaines espèces n’ont que deux ovules, ainsi que les Magnolia ; certaines autres en ont un plus grand nombre; on les a, avec raison, laissées dans le même genre. Pourquoi? Parce que tous les autres caractères con- cordent, Pourquoi done séparerait-on les Manglietia des Magnolia proprement dits ? Dans ces derniers, on trouve, suivant MM. Ben- tham et Hooker : « Gynophorum sessile, carpella 2-ovulala, ma- tura persistentia, bivalvatim hiantia »; et, dans les premiers : «Gynophorum sessile, carpella 6-8-ovulata, malura persistentia, bivalvalim hiantia. » Ajoutons que les fleurs et l'inflorescence sont les mêmes dans les deux types. Les Manglietia sont donc aux Magnolia ce que les Michelia multiovulés sont aux Michelia bi- ovulés ; il faut aussi en faire deux sections d’un même genre. Supposons donc que l'on conserve les deux genres Michelia et Magnolia; on aurait, dans le premier, deux sections : 1° les Michelia proprement dits, à loges multiovulées ; 2° les Miche- 6 MÉMOIRE liopsis (ex. M. Punduana), à loges biovulées. De même, parmi les Magnolia, on aurait : 4° les Manglietia, à loges multiovulées ; 2° les Magnolia proprement dits, à loges biovulées. I n'y a que deux ovules dans toutes les autres Magnoliées. La consistance du péricarpe et la façon dont il se comporte à sa maturité constituent pour la plupart des auteurs un caractère im- portant pour la séparation des genres. Les Magnolia ont des car- pelles qui persistent sur l'axe commun à la maturité, et qui s’ou- vrent en long par une fente dorsale ; les Michelia et les Manglietia sont dans le même cas, Au contraire, les Talauma, dont la déhis- cence est d'ailleurs variable, se distinguent des genres précédents, comme le remarquent très-bien MM. Bentham et Hooker (48), «carpellis nunquam dorso apertis ». Rien n’est plus commode que ce caractère, quand on peut observer des fruits parfaitement mûrs. Mais son importance est-elle réelle? Beaucoup de T'alauma ont des carpelles qui se détachent nettement de l’axe par leur base. Dans d’autres, les Æromadendron, ils demeurent longtemps adhérents ef ne s’en séparent qu'à la longue, par une sorte de putréfaction. Les uns et les autres rentrent facilement dans un même genre. Les fruits du Magnolia macrophylla sont très-longtemps charnus ; ce n’est qu'au dernier moment que leurs deux valves, encore molles, quelquefois déjà pourries, se séparent l’une de l’autre, suivant Ja ligne médiane dorsale. Sur les fruits du T'alauma Hodgsoni Hook. r. et Ta., observés un peu avant leur entière maturité, on aperçoit bien un sillon vertical dorsal; ses bords ne se séparent pas l’un de l’autre. Dans le fruit du 7. Rabaniana Hook. r.etTn., le carpelle quitte l’axe d'assez bonneheure; alors il s'ouvre en deux moiliés, non pas sur fout son pourtour, mais dans toute l'étendue de son bord interne, et plus ou moins loin en bas et en haut. Dans le 7, mutabilis BL., où le carpelle est tout à fait indéhiscent, ou bien la ligne de déhiscence se prolonge en haut et s'étend en dedans jusqu’au sommet du carpelle, qu'elle peut même dépasser un peu. Alors ce fruit, dont les carpelles n'ont point quitté l'axe, est tout à fait pareil à celui du Magnolia glauca, SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES, 7 alors que les carpelles de ce dernier ne sont encore qu’entr'ouverts au voisinage deleur sommet. Dans le M. sphenocarpa, c’est sur- tout vers le bas que se produit la déhiscence ; la longue portion stylaire reste longtemps indivise. Dans l’Aromadendron elegans, les tissus du fruit sont plus épaissis et comme empâtés ; la déhis- cence n’a pas lieu, ou du moins elle n’est que fort tardive, à ce qu'on rapporte. Dansle Manglietia Caveana Hook. r.etTn., j'aivu un gros fruit où les carpelles non ouverts, plus ou moins charnus, ne s’étaient pas séparés de l’axe. Dans le Michelia Champaca, au contraire, la déhiscence s'étend sur presque tout le pourtour du fruit; en même temps les carpelles abandonnent l’axe, sauf en un point basilaire quelquefois extrêmement étroit. Il y a là bien des nuances, mais sans grande importance, à ce qu'il nous semble. Dans les nombreuses variétés d’une seule espèce cultivée, le Noyer, nous voyons le fruit, ou demeurer dur, indéhiscent, ou s'ouvrir, ou se pourrir plus ou moins rapidement. Il en est tout à fait de même dans les Magnolia, dont nous ne séparerons pas généri- quement les T'alauma pour ce motif, IV. -— Les Michelia se distinguent des Magnolia, Manglietia, l'alauma, par deux autres caractères. Leurs fleurs sont placées dans l’aisselle des feuilles, et non à l'extrémité des rameaux ; et leur réceptacle floral présente un intervalle nu, entre le sommet de l’androcée et la base des carpelles inférieurs. Ces caractères sont utiles à consulter; mais quelle importance devons-nous leur accorder ? Les auteurs qui ont étudié les Magnoliacées avec le plus de soin, vont se charger de répondre à cette question. Ainsi MM. Bentham et J. Hooker se refusent à séparer des Magnolia un certain nombre de types génériques proposés par M. Spach, et, entre autres, le Leriopsis de ce savant observateur, pour cette raison : « characteribus levioris momenti a Magnolia separantur ». l'est cependant incontestable que le Liriopsis fuscata de M. Spach, ayant, et des fleurs axillaires, et un intervalle vide entre le gyné- cée et l’androcée, devrait plutôt se rapporter aux Michelia qu'aux 8 MÉMOIRE Magnolia proprement dits. Cependant le très-exact et très-con- sciencieux auteur dont nous invoquons ici l’autorité a encore dé- signé, dans l'herbier du Muséum, sous le nom de Liriopsis, le Magnolia pumila Axvr., c'est-à-dire le M. Coco, dont les fleurs sont terminales et dont l’androcée et le gynécée s’insèrent sans interruption sur un réceptacle dont toute la surface est chargée d’appendices sexuels. Ce fait prouve que, malgré sa tendance à multiplier les genres, pour arriver à une plus grande clarté, et quoique les caractères dont nous parlons ne lui aient pas le moins du monde échappé, M. Spach ne les a pas toujours jugés dignes d’une valeur générique (1): exemple précieux-que nous nous em- presserons d'imiter, en ne plaçant pas dans des genres différents les Magnolia, les Liriopsis et les Michelia ; ces derniers appar- uendront, dans le genre Magnolia, à deux sections caractérisées par des fleurs axillaires et par un réceptacle nu sous le gynécée. L'une de ces sections aura des ovaires biovulés; l’autre, des ovaires pluriovulés. V. — Les genres qui constituent la tribu des Illiciées ou Win- térées, c’est-à-dire les Zllicium et les Drimys, sont considérés par la plupart des auteurs comme ayant un calice et une corolle. Sous le rapport du calice, on les distingue l’un de l’autre, en ce qu'il est imbriqué dans les premiers, et valvaire dans les derniers. Dans les Drimys, en elfet, cette préfloraison de l'enveloppe ex- térieure du bouton, qui se déchire ordinairement en deux ou trois lambeaux lors de l'épanouissement, et qui se détache de bonne heure, indique bien une différence manifeste avec les fololes inté- rieures, inégales, imbriquées et disposées dans l’ordre spiral. Le sac extérieur est-ilun véritable calice ou une feuille modifiée pour protéger le bouton, comme dans quelques Magnoliées vraies? (4) Il n’est pas d’ailleurs sans intérêt de noter que les fleurs du Magnolia fuscata ANDR. sont assez souvent, dans nos cultures, situées, non pas directement à l'ais- selle des feuilles, mais au sommet d'un rameau axillaire qui porte, sous elles, des bractées ou même des feuilles parfaitement développées ; elles sont, dans ce cas, des fleurs réellement terminales. SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES. 9 C’est ce qu'il est impossible de dire jusqu’au jour où l’on aura pu étudier l’organogénie florale des Drèmys. Mais quant aux ZHlicium, il est souvent bien difficile, pour ne pas dire impossible, de distin- guer chez eux le calice de la corolle. Comment, par exemple, éta- blir cette distinction dans l'Z. religiosum Sie. et Zucc., que l’on peut cependant étudier sur le frais ? Sur son réceptacle, en forme de cône surbaissé, s’insèrent suivant une spirale à tours rappro- chés une vingtaine environ de folioles imbriquées qui consti- tuent le périanthe. Les plus extérieures sont plus petiles et ver- dâtres, comme des sépales ; les plus intérieures, plus développées, ont la couleur et la consistance de pétales. Mais, entre les unes et les autres, il y a une foule d’intermédiaires, pour la forme, la taille, la consistance et la coloration ; en sorte qu'il est impossible de distinguer ce qui appartient au calice ou à la corolle. Il en est quelquefois de même lorsqu'on passe du périanthe aux étamines ; une ou deux des plus extérieures peuvent être à demi pétaloïdes. Dans la fleur d’une espèce cultivée au Brésil comme Z. ani- satum, j'ai observé une quinzaine de folioles à peu près toutes égales entre elles, sans pouvoir distinguer des sépales et des pé- tales. Dans les fleurs de l’Z. parviflorum, qu’on cultive également dans nos jardins, il ÿ a souvent douze ou treize folioles au pé- rianthe, savoir : trois ou quatre plus extérieures, plus verdâtres; trois moyennes, plus longues et plus jaunâtres ; trois intérieures enfin, bien plus grandes encore, plus membraneuses, plus péta- loïdes. Comme, avec neuf à douze folioles, on a souvent l’appa- rence de trois verticilles à pièces à peu près alternantes, et de taille et de coloration un peu différentes, on pourrait tout aussi bien admettre qu'il y a un calice et deux corolles. Dans les fleurs de l’Allicium floridanum Ec., la couleur purpurine des folioles intérieures et leur grand allongement les rendent bien plus dis- tinctes de celles qui sont tout à fait en dehors. Mais en cherchant à délimiter nettement le calice et la corolle, on aperçoit d’abord deux où un plus grand nombre d’appendices larges, verdätres ou blanchâtres. Le plus intérieur de ceux-ci est parfois teinté de 10 MÉMOIRE pourpre d’un côté. Après lui viennent des folioles larges et rou- geñtres; plus, tout à fait en dedans, des appendices bien plus courts et plus étroits. Ces derniers sont-ils les véritables pétales, ou seulement une partie de la corolle, ou des staminodes péta- loïdes; toutes questions qu’on se pose aussi en analysant des plantes dont les fleurs présentent avec celles-ci de grandes analogies, les Calycanthus et les Chimonanthus. Plutôt que d'accorder aux Zlli- cium un double périanthe, quand souvent il est manifestement triple, ne peut-on les considérer comme n'ayant qu'un périanthe à pièces disposées sur une spirale continue, et variant beaucoup d'apparence d’une extrémité à l’autre de la spire? Les Zllicium et les Drimys se distinguent d’ailleurs : par leurs anthères, qui sont introrses dans les uns, extrorses dans les autres; par leurs carpelles, qui sont situés, dans les premiers, assez loin du sommet du réceptacle, et qui forment autour de celui-ci un faux verticille au centre duquel se trouve une proéminence conoïde, de nature axile; par leurs ovales, enfin, qui sont nombreux dans les Drimys el disposés sur deux rangées verticales, tandis qu'ils sont presque basilaires dans les Z{licium, et solitaires et ascendants, avec le micropyle dirigé en bas et en dehors. Cette organisation du gynécée est tout à fait celle d’une Renonculacée uniovulée ; et nous avons montré ailleurs quelle grande analogie de structure, pour ne pas dire plus, on observe entre la fleur d’un Z{licium tel que le religiosum, et celle d’un Adonis tel que le Knowltonia rigida. Le port et la consistance des tiges paraissent seuls constituer des caractères différentiels nettement appréciables. VI. — Rien n’est variable comme la forme et la taille du con- neclif dans le groupe des Schizandrées. Les étamines v sont tou- jours, au début, groupées en nombre indéfini, et dans l'ordre spiral, sur un réceptacle cenique de peu d'élévation. La spire peut même ne comprendre que {rois ou quatre étamines. Mais les filets se développent plus tard, soit en hauteur, de manière à de- venir des espèces de baguettes à sommet anthérifère ; soit en lar- SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIHACÉES. A1 geur et en épaisseur, de façon à représenter, vers l’âge adulte, une sorte de T à branches trapues et charnues, où un triangle à base supérieure, fortement renflé et comprimé contre les étamines voisines. Dans ce cas, les deux loges de l’anthère, au lieu de se toucher près de la ligne médiane de l’organe, sont reportées très- loin l’une de l’autre vers les deux angles supérieurs du filet. Mais, en analysant toutes les espèces connues de Schizandra, de Sphcæ- rostema, de Maxæimovitzia et de Kadsura, on voit qu’on passe fa- cilement de l’une à l’autre de ces formes si variées du filet et du connectif. On voit également le réceptacle s’étirer plus ou moins en colonne, ou s’épaissir en une sphère charnue qui unit et con- fond le pied de toutes les étamines, sans qu'on puisse tirer de ces variations le moindre caractère générique. Il y a en effet des fleurs du Schizandra japonica À. Gray (Maximovitzia chinensis Rurr.), dont certaines étamines ont les loges tout à fait margi- nales, d’autres légèrement introrses, et d’autres enfin extrorses. La loge peut être tout à fait latérale, le connectif ayant autant de largeur en dedans qu’en dehors ; et cependant l’anthère paraît ex- trorse après la déhiscence, parce que son panneau extérieur, bien plus large que l’intérieur, se réfléchit fortement en dehors et cache toute la face extérieure du connectif, Le caractère, si nettement exprimé par MM. Bentham et Hooker, de l’organisation de l'an- drocée des Kadsura: « stamina discreta v. in globum coalita ; antherarum loculi breves adnati, connectivo lato sejuncti (anthera- rum contiqguarum sæpe approximali) », est tellement celui des étamines de plusieurs Schizandra asiatiques, autrefois considérés comme des Sphærostema, que, dans ces derniers, les anthères peuvent être réellement introrses, mais que les deux extrémités de deux loges appartenant à deux étamines voisines se rapprochent, et simulent, comme nous l'avons déjà dit (Adansonia, IT, 42), les deux loges extrorses et très-courtes d’une seule et même anthère : le reste des loges est caché par l’épaississement du con- nectif, et ne s'aperçoit qu'après qu’on a écarté l’étamine du récep- tacle contre lequel elle est appliquée. Ainsi l’organisation de la 19 MÉMOIRE fleur mâle ne nous permet pas de séparer les genres Schizandra et Kadsura. Pourrions-nous baser cette séparation sur les caractères de la fleur femelle et du fruit ? VIE — Notre réponse ici ne peut encore être que négative. Les Schizandra en effet sont distingués des Kadsura par ce fait, que le réceptacle floral, assez court dans les uns et les autres à l'époque de l'épanouissement, s’élire en forme de rameau après la fécondation dans les Schizandra ; landis que les carpelles des Kadsura demeurent jusqu’à leur maturité rapprochés en tête glo- buleuse, sur un réceptacle qui ne s’allonge pont. Mais ce n'est pas, à nos yeux, une raison suflisante pour séparer les deux types, et la logique nous interdit de le faire, vu que nous laissons dans le même genre les Magnolia à fruit globuleux ou ovoïdes, tels que le M. macrophylla, et ceux dont l'axe s’étire beaucoup et prend la forme d'un épi étroit el allongé, comme cela se voit dans le M. Yulan et dans les espèces voisines. On sait d'ailleurs qu'il y a, dans le genre Magnolia, tous les intermédiaires entre ces deux formes extrêmes. En combinant, dans le genre Schizandra, tel que nous l’admettrons, ces formes différentes de l'axe floral et celles de l’androcée, on pourra constituer un certain nombre de sections, sinon absolument naturelles, du moins assez commodes dans la pratique. VIT. — Les Canellacées peuvent être réunies aux Magnolia- cées, et rapprochées des Iliciées ou des Wintérées. C’est M. Miers qui, dans son travail très-remarquable, intitulé : On Canellaceæ (Contrib. to Botan., 1, 112), a proposé ce rapprochement que la plupart des auteurs ont repoussé. On conçoit très-bien, en effet, qu'il paraisse au premier abord inadmissible, et qu'on soit tenté de laisser les Canellacées 1 où presque tous les botanistes les ont placées, c’est-à-dire à côté des Clusiacées, des Tamariscinées, des Bixacées et des Hypéricinées. C'est surtout la placentation parié- tale des Canella qu'on a prise en considération pour les ranger SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES. 15 auprès des Æypericum et des Bixa. Mais, outre que dans les familles où se trouvent ces deux genres, il y a çà et là des types à ovaire pluriloculaire, on peut dire qu’autant l'alliance des Ca- nellacées et des Wintérées, proposée par M. Miers, parait d’abord impossible, autant elle devient rationnelle et logique, alors qu’on étudie de près et comparativement toutes ces plantes. Les organes de la végétation et les propriétés médicinales sont les mêmes dans toutes. Mais la structure du gynécée des Canellacées ayant été de tout temps prise en grande considération, on comprend qu'on nait jamais pensé à réunir ce petit groupe à celui des Wintérées, dont les carpelles sont indépendants et dont les ovaires uniloculaires ne contiennent qu'un placenta situé dans l'angle interne. Les Ca- nellacées ont au contraire un ovaire uniloculaire avec plusieurs placentas pariétaux pluriovulés. Les Ternslræmiacées, les Clu- siacées et les Pittosporées présentant souvent ce même mode de placentation, on peut expliquer par ce fait et par quelques autres caractères communs d’une certaine valeur les rapprochements proposés par Ach. Richard (Flor. Cuba, 245), M. de Martius (Gen. et spec., IT, 163) et Lindley (Feget. Kingd., kh2). Payer, qui, dans le mode de groupement des familles qu’il avait adopté, fait toujours passer en première ligne le mode de placentation, place pour ce motif (Leg. sur les fam. nat., 102) les Canellées, à titre de famille distincte, à côté des Parnassiées et des Tamarisci- nées. Mais lorsque l’on compare les Magnoliacées aux Anonacées qui leur sont si analogues, il devient évident que, par la placenta- tion même, les Canellacées sont aux Monodorées ce que la plu- part des Magnoliacées sontaux Anonacées dialycarpellées, comme les Unona, Uvaria, et autres genres voisins. Comme d’ailleurs il est fort difficile de distinguer d’une manière absolue les Anonacées des Magnoliacées, autrement que par l'embryon ruminé des pre- mières, on s'explique très-bien comment l'opinion de M. Miers est confirmée par celle de M. Agardh, qui s'exprime ainsi dans son T'heoria systemalis (127) : « Canellaceæ sunt forsan Anona- ceæ in typum pentamerum lendentes, carpellisque coahtis pishl- 1! MÉMOIRE lum 4-pluriloculare formantibus. » M. Agardh fait remarquer, à ce propos, que l’androcée des Canellacées n’est point disposé par phalanges en même nombre que les pétales, comme celui des Platona et autres Clusiacées voisines auxquelles on a réuni les Canella. Que les élamines soient monadelphes dans ces derniers et que les éléments de l’androcée soient réunis bord à bord, de même que ceux du gynécée, c’est un fait d'une médiocre impor- lance, sans doute, puisqu'il y a beaucoup de familles très-natu- relles où deux genres voisins ne se distinguent l’un de l'autre que par l'indépendance où l'union des élamines, et puisque les Mé- liacées, auxquelles on a aussi autrefois réuni les Canella, présen- tent indifféremment l’un ou l’autre de ces deux modes d’agence- ment de l’androcée. Quant aux différentes pièces qui constituent le périanthe des Canellacées, on sait que leur signification morpho- logique est l’objet d’un grand nombre de discussions. Les trois fo- lioles extérieures, qui sont pour la plupart des auteurs des sépales, ne représentent, pour MM. Bentham et Hooker (Gen., 121) que trois bractéoles persistantes, Les cinq folioles qu'on trouve dans les Canella, en dedans de ce premier verticille, représentent alors un calice véritable, aux yeux de MM. Bentham et Hooker; et les Cinnamodendron seuls ont, plus intérieurement encore, une co- rolle véritable, pentamère, tandis que les Canella ont des fleurs apétales. M. Miers, au contraire, considérant les trois folioles les plus extérieures comme un calice, admet une corolle pentamère dans les Canella, et, dans les Cinnamodendron, deux corolles pentamères emboîtées l’une dans l'autre. Que les cinq folioles in- térieures des Cinnamodendron représentent une corolle unique ou même des staminodes pétaloïdes, comme on en observe dans les Calycanthées, et même, dans les Zupomatia, jusqu'au dedans des élamines fertiles, c’est 1à une question qu'il ne nous est pas possible de décider en dehors de l'observation organogénique. Mais l'existence de ces folioles tout à fait intérieures ne parait point avoir une grande valeur pour la détermination des véritables affinités des Canellacées, puisque le Canella lui-même est dépourvu LA SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES. 15 de ces organes. On conçoit jusqu’à un certain point qu'on hésite à considérer comme représentant le calice et la corolle d’une même fleur un verticille trimère comme celui qui se trouve en dehors du bouton des Canellacées, et un verticille plus intérieur et pentamère, Mais cette objection parait avoir en quelque sorte été prévue par Payer, alors qu’il dit (/oc. cit.) des Canella : «Leur calice a trois sépales en préfloraison contournée. Ces cinq pétales sont disposés, par rapport aux sépales, comme si, de trois pétales alternes, deux se dédoublaient. Nous verrons quelque chose d’analogue dans les Æelianthemum de la famille des Cistes, » Une semblable explication ôte en même temps beaucoup de va- leur à l'objection qu'on pourrait faire au sujet des verticilles quinaires des Canellacées, comparés aux fleurs trimères d'un grand nombre de Magnoliacées. Mais il est probable que plusieurs Magnoliées ne possèdent de très-nombreux appen- dices au périanthe que par suite de dédoublements analogues ; c’est done de la même manière, sans doute, que M. Agardh con- sidère les Canellacées comme « in typum pentamerum tendentes » ; puisqu'il les compare précisément aux Renonculacées dans les- quelles ce passage du type à au type & s'effectue si facilement, et parmi lesquelles on voit figurer des plantes à fleurs trimères, comme les Casalea, dans un même genre que les Ranunculus pro- prement dits, dont les fleurs sont presque toujours pentamères. D'autre part, Blume avait autrefois donné comme caractère géné- rique de ses Aromadendron, un calice tétramère; nombre qui n’est pas constant, à ce qu'il paraît, et qui n’a pas empêché plusieurs auteurs de confondre les 4romadendron avec les Talauma. Le nombre des parties de la fleur n’a donc point, dans ce groupe, une valeur absolue: ce n’est pas lui qui seul peut nous faire décider de la signification morphologique d’un calicule, d’un calice ou d’une corolle: Et les interprétations diverses qui se sont produites jus- qu’à ce jour au sujet des différentes enveloppes florales des Canel- lacées pourraient lout aussi bien se retrouver dans les Magno- liées proprement dites ; dans les Z/icium, où nous avons vu qu'il 16 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES, est à peu près impossible de délimiter quelquefois un calice et une corolle; dans les Magnolia, où les sépales, les bractées et les feuilles se ressemblent et se suivent de fort près, comme nous l'avons en- core constaté, et même dans certaines Renonculées où la colora- tion qui sert à distinguer le calice de la corolle dans les Anémones et les Adonides, ne nous à pas semblé constituer un caractère assez nettement tranché pour que nous puissions conserver ces deux genres comme distincts. En somme, nous arrivons à partager lopinion de M. Miers sur les affinités des Canellacées et des Win- téracées, avec le corollaire qui en découle, que les Canella sont en même temps limitrophes des Rhœades d'Endlicher. De la sorte les Canellacées sont des Magnoliacées à placentation pariétale, comme les Monodorées sont des Anonacées à ovaire uniloculaire; et les Berberidopsis sont dans le même rapport avec les Lardiza- balées, les Résédacées avec les Æstrocarpus, les Papavéracées avec les Renonculacées, les Saxifragées uniloculaires avec les Cunoniacées dialycarpellées, elc., comme nous avons essayé plusieurs fois de le démontrer. On voit par [à dans quelles limites nous renfermerons provisoi- rement la famille des Magnolacées. Il nous sera facile, d’après ce qui a été dit précédemment, de donner un tableau indiquant com- ment se groupe le petit nombre de genres que nous devons con- server. Nous n’en admettrons que sept, dont plusieurs renferme- ront, bien entendu, un grand nombre de sous-genres, élevés par la plupart des auteurs au rang de genres parfaitement distincts; et nous les distribuerons dans quatre tribus ou séries, de la manière suivante. (Sera continué.) MÉMOIRE GROUPE DES TILIACÉES Par M HE. BOCQUILLON. Qu'est-ce que la Famille des Tiliacées ? A-t-elle raison d'être; et, si elle est, quels en sontles caractères ? Quelle en est la place dans le Règne végétal, quelles en sont les affinités ? Telles sont les questions que je me suis proposé de résoudre. Ce mémoire est partagé en trois chapitres. Le premier est consacré à l'historique de Ja famille. Le second, à l'indication des caractères du groupe, à la recherche des types, à l’énumération des genres et à leurs caractéristiques difiérentielles. Le troisième, aux affinités nalurelles. Ï. — HISTORIQUE. La plupart des plantes qui composent aujourd'hui l'Ordre des Tiliacées étaient inconnues du temps de Linné. Le Genera plan- tarum (1764) ne mentionne que neuf genres ainsi classés : Le T'riumfetta Plum., dans la Dodécandrie monogynie; l'Æe- liocarpus où Montia Houst., dans la Dodécandrie digynie; Je Muntingia Plum., le Sloanea Plum., le Tilia T., l'Elæocarpus Burm., le Prockia P. Browne, le Corchorus T., le Grewia L., vi (Septembre 1866), 2 18 MÉMOIRE dans la Gynandrie polyandrie. Dans son Æssai de classification naturelle, le naturaliste suédois réunissait la plupart de ces plantes aux Mauves, aux Thés, aux Magnolia, pour en faire l'Ordre des COLUMNIFERX. Adanson, dans ses Famalles des plantes (1763), plaçait la Famille des Tilleuls entre celle des Châtaigniers et celle des Gera- nium et la caractérisait ainsi : Plantes à feuilles alternes ou oppo- sées; les feuilles alternes ont deux stipules ; les feuilles opposées n'en ont pas. Les fleurs sont hermaphrodites, ou males ou fe- melles sur des pieds différents, accompagnées de une ou plusieurs écailles. Le calice est monophylle ou composé de plusieurs folioles le plus souvent colorées, caduques. La corolle existe ou manque; dans le premier cas, elle est composée de quatre ou cinq pétales alternes avec les sépales. Un disque est le plus souvent au-dessus du périanthe; il est tantôt très-développé, tantôt insensible. Les etamines sont au nombre de 4 à 120, posées sur plusieurs rangs contre l'ovaire, sur le disque, assez éloignées de la corolle. L’ovaire est unique, avec un ou deux styles partant du sommet de l'ovaire et un à cinq stigmates. Le fruit est une baie ou une capsule de une à six loges, déhiscente en deux à six valves; quelquefois, il y a avortement des loges. Le placenta consiste-en des tubereules élevés dans l’angle intérieur que forment les cloisons des loges ou des valves, ou les bords de ces mêmes cloisons. Les graines sont uniques où multiples dans chaque loge, ascendantes, pendantes ou horizontales; l'embryon est courbé ou droit. Quatorze genres trouvaient place dans cette famille et étaient groupés en deux sections : La première section comprenait les genres à feuilles alternes. C'étaient : L'Urucu Marcg. ou Bixa L. Le Trilopus Mitch. ou Hamamelis Catesb, L'Heliocarpus L. Le Triumfetta Plum. Le Sloana Plum. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 19 L'Isora H. M. Le Corchorus T. Le Tilia T. Le Guazuma Plum. ou Theobroma L. Le Grewia L. Le Muntingia Plum., ou Calabura Plukn. La seconde section comprenait les genres à feuilles opposées. C’étaient : L'Hippocastanum T. ou Æsculus L. L’AcersE, Le Rulac Adans. Antoine Laurent de Jussieu, dans son Genera plantarum (1789), établit l'Ordre XIX°, des Tiliacées, qu’il caractérise ainsi : « Calyx polyphyllus-aut mulüparütus. Petala definita distincta (in Sloanea nulla), laciniis aut foliolis calyeis alterna et plerumque numero æqualia. Slamina sæpius indefinita et distincta. Germen simplex; stylus sæpe unicus, raro mulliplex aut nullus; stigma simplex aut divisum. Fructus baceatus aut eapsularis, plerzmque multilocularis, loculis mono-aut polyspermis, valvis eapsularum medio septiferis. Coreulum seminis planum perispermo carnoso cinetum, Caulis arborescens fruteseensve aut raro herbaceus. Folia alterna simplicia stipulacea. » On voit par celte caractéristique que À.-L, de Jussieu n’admet- Lait pas dans les Tiliacées les genres à fleurs unisexées, ni ceux à feuilles opposées d’Adanson. Il partageait les Tiliacées en deux sous-ordres : 1, Stamina basi aut omnino monadelpha, definita. (7iliaceæ dubiæ.) Waltheria L. Hermannia T. Mahernia L. IL Stamina distineta, plerumque indefinita, Fructus multilocularis. (Tiliaceæ veræ.) Antichorus L. Corchorus T. Heliocarpus L. 20 MÉMOIRE Triumfetta Plum. Sparmannia Thunb. Sloanea Plum. Apeiba Aubl. Muntingia Plum. Flacurtia Commers. Oncoba Forsk. Stewartia Catesb. Grewia L. Tilia T. IT. Stamina distincta indefinita. Fructus unilocularis. Bixa L. Lætia Loeffl, Banara Aubl. Cet ordre des Tiliacées est placé entre les Berbéridées et les Cistes, et l’auteur fait observer : « Tiliaceas veras desiniunt stamina numerosa sæpius distincta et fructus multilocularis et coreuli recti perispermum carnosum et folia alterna stipulacea. Inde dissident ab iisdem Berberides defi- nite staminiferæ ac uniloculares. Discrepant etiam Cisti coreulo incurvo, perispermo tenui, fructu sæpe uniloculari, folits ple- rumque oppositis et sæpe nudis. An recte ordini præposita genera habitu et staminibus monadelphis Malvacea, sed perispermo Ti- liaceis accedentia? Statuendus antea in organorum et caracterum serie verus perispermi gradus, quem indicabunt dijudicati ordines quorum fabricæ aut distribution præfuerit. Genera unilocularia a multilocularibus dissentiunt receptaculo in singulis valvis non prominulo, inde sequenti ordini affinia. An Tiliaceis in posterum addenda genera polypetala polyandra quæ nune minus nota inde- terminatis extra ordines adjiciuntur, nempe Soramia, Calinea, Cleyera, Vallea, Dicera, Caraipa, Mahurea, Houmiria, Vantanea, Trilix, etc.? An abüsdem removendæ Sloanea, Flacurtia, Laetia utpote apetalæ, cæterum tamen ordini proximæ? En 1819 (1), A. L. de Jussieu modilia sa classification des (1) In Mém, du Mus., V, 2335. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 21 Tiliacées. I proposa de retirer de cet ordre les genres Waltheria, Hermannia, Mahernia, parce que, dit-il, bien que ces plantes aient l'embryon périspermé des Tiliacées, elles présentent les étamines monadelphes des Malvacées sans périsperme. Il remarqua, d’un autre côté, quelques Malvacées dont l’embryon est périspermé, à colylédons droits; il les réunit aux genres précédemment nommés et fit du groupe total la Famille des Hermanniées qui correspondent aux Stereuliacées de Ventenat, et probablement aux Bytinériées de R. Brown. Dès cette époque, de Jussieu regardait son Ordre des Hermanniées comme intermédiaire entre les Tiliacées et les Mal- vacées. Les vrais genres de Tiliacées étaient au nombre de 8% et partagés en deux groupes : 4. ANTHÈRES ARRONDIES. 4. Antichorus. 43. Diplophractum. 2. Corchorus. 14. Luhea. 3. Heliocarpos. 45%: Tiliae h. Bixa. 16. Heptaca. 5. Honckenya. 17. Oncoba. 6. Sparmann'a. 18. Stewartia, 7. Espera. 19. Banara. 8. Triumtetta. 20. Mahureu. 9. Muntingia. 21. Decadia. 10. Lætia. 22. Saurowia. 11. Colona ou Columbia. 23. Ablania. 12. Grewia. 2. ANTHÈRES ALLONGÉES. 2h. Blondea Rich. 30. Dicera Forst, 25. Patrisia Rich. 31. Tricuspidaria. 26. Sloanea. 32, Elæocarpus. 27. Apeiba. 33. Ganitrus Rumph. 28. Ventenalia Beauv. 34. Craspedum Lour. 29. Vallea Mutis. 35. Vatica L. Le genre Flacourtia, apétale et dioïque, est rejeté des Tiliacées. En résumé, des quatorze genres d’Adanson, six avaient perdu leur place; l'Hamamelis était placé dans l’ordre des Berbéridées : l’Isora regardé comme synonyme d’Helicteres et reporté dans 22 MÉMOIRE les Malvacces; le Guazuma relégué dans la même famille; l'Hip- pocastunum et l'Acer, placés dans la famille des Érables ; il n’est fait aucune mention du Rulac. En 1822, Kunth établit la famille des Bixinées aux dépens de quelques plantes placées par A.-L. de Jussieu, soit dans les Tilia- cées, soit dans les Rosacces, et il fait remarquer que : « Hlustr. Jus- sieu Bixam, Banaram et Lætiam ad finem Tiliacearum collocavit; discrepant tamen ab hac familia eo quod ovaria sint unilocularia, ovula placentis parietalibus affixa, foliola calyeina ante apertionem floris imbricalim incumbentia; cum Homalinis R, Br. haud con- fundendæ sunt, ob stamina numero indefinita hypogyna et ovarium semper liberum. Eadem structura observatur in Prockia et Ludia, Lætiæ habitu proximis. Inde eas eum præcedentibus conjunxi in familiam distinctam, cui imposui nomen Bixinarum, » Cette famille comprenait les genres Bixæa L., Banara Aubl., Lœtia Loefl., L., Prockia P. Browne, Ludia Commers., Patrisia Rich. ou Ryania Vahl, Abatia Ruiz et Pay. A.-P. de Candolle, dans son Prodromus (1824), décompose les Tiliacées d’A.-L. de Jussieu en deux ordres : celui des Tiliacées et celui des Elæocarpées. Il énonce ainsi les motifs de ce change- ment : «Ordo (Elæocarpearum) Tiliacei valde affinis, et tantum distinctus petalis lobatis et antheris apice biporosis. » L'ordre des Tiliacées comprend 23 genres, Ce sont : 4. Sparmannia Thunb. 2. Abatia Ruiz et Pay. 3. Heliocarpus L. h. Antichorus L. 5. Corchorus L. 6. Honckenya W. 7. Triumfetta L, 8. Grewia Juss. 9. Columbia Pers. 10. Tilia L. 11. Diplophractum Desf. 12. Muntingia L. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 23 13. Apeiba Aubl. 14. Sloanea L. 15. Ablania Aubl. 16. Gyrostemon Desf. 17. Christiana P. Browne. 18. Alegria Moc. et Sess. 19. Luhea W. 20. Vatica L. 21. Espera W. 22. Wikstræmia Schrad. 3. Berrya Roxb. L'ordre des Elæocarpées ne comprend que 7 genres, ce sont : Elæocarpus L. Aceratium D.C. Dicera Forst. Friesia D.C. Vallea Mutis. Tricuspidaria Ruiz et Par. Decadia Lour. an Er © DD = er =J Des trente-emq genres admis par A.-L. de Jussieu, de Gandolle en avait retranché quatorze, qui étaient : Lætia, Bixa, Heptaca, Oncoba, Stewartia, Banara, Mahurea, Saurowia, Blondea, Patrisia, Ventenatia, Ganitrus et Graspedum, placés dans d’autres familles, et les avait remplacés par les genres suivants, que leurs auteurs avaient déjà reconnus pour des Tilia- cées : Abatia Ruiz et Pav., Gyrostemon Desf., Christiana P. Browne, Alegria Moc. et Sess., Wikstrœæmia Schrad,, Berrya Roxb., Aceratium D.C. Friesia D.C. Endlicher (1836-1840) partage les Tiliacées en deux sous- ordres : A. Les Tiliacées vraies, dont la corolle est nulle ou dont les pétales sont entiers, dont les anthères s'ouvrent par déhiscence longitudinale, 2h MÉMOIRE 2, Les Elkæocarpées, dont la corolle est formée de pétales fendus ou laciniés, dont les anthères s'ouvrent au sommet par une valvule transversale. Les Tiliacées vraies sont partagées en plusieurs tribus : A. Les SLoaAnÉgs, dont la corolle est nulle. Cette tribu renferme les genres : Hasseltia H. B. K. Ablania Aubl. Dasynema Schott. h. Sloanea L. © ND B. Les GREwIÉES, dont les pétales sont entiers. Cette tribu renferme les genres : 5. Apeiba Aubl. 6. Luhea W. 7. Mollia Mart. et Zucc. 8. Heliocarpus L. 9. Entelea KR. Br. 10. Sparmannia Thunb, 11. Clappertonia Meisn. 12. Corchorus L. 13. Triumfetta Plum. A4. Tilia T, 15. Brownlowia Roxb. 16. Christiana D.C. 17. Grewia Juss. 18. Diplophractum Desf. 19. Columbia Pers. 20. Berrya Roxb. 21. Muntingia L. 22, Eriuix LE, Les genres : 23, Bancroftia Macfad., et 24, Vantanea Aubl., sont placés à la suite comme douteux. Le sous-ordre des Elæocarpées comprend : la tribu des Elæo- carpées vraies caractérisées par leur fruit drupacé, et renfermant les genres : 25. Elæocarpus L. 26. Monocera Jack. 27. Beythea Endl. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 25 De plus, des genres douteux, tels que : 28. Friesia D.C. 29. Acronodia Blum. Elle comprend aussi la tribu des Tricuspidariées, dont le fruit est une baie ou ure capsule, et qui renferme les genres : 30. Vallea Mutis. 31. Tricuspidaria Ruiz et Pav. 32. Crinodendron Molin. Des 30 genres qui composent les ordres des Tiliacées et des Elæocarpées de P. de Candolle, Endlicher retranche les suivants : Abatia Ruiz et Pav., dont il fait une Lythrariée; Antichorus W., dont il fait un synonyme de Corchorus; Honckenya W., qu'il remplace à tort par le synonyme Clappertont ; Gyrostemon Desf., dont il fait une Phytolaccée; Alegria, dont il fait un synonyme du Luhea; Vatica L., dont il fait une D'ptérocarpée ; Espera W., qu'ii regarde comme synonyme de Berrya ; Wikstræmia Schrad., synonyme de Lanlacea, une Ternstræmiée ; Aceralium D.C., synonyme d'Elæocarpus. Dicera Forst., synonyme de Friesia. Et Decadia Lour., synonyme de Dicalyx. et 1l ajoute les genres : Hasseltia H.B.K., Dasynema Schott, Mollia Mart. et Zucc., Entelea R. Br., Ciappertonia Meisn., Brownlowia Roxb., Trilix L., Bancroftia Macf.(?), Vantanea Aubl.(?), Monocera Jack, Beythea Endl., Acronodia Si., Vallea Mutis., Crinodendron Molin. Meisner (1836-1843) admet 44 genres de Tiliacées, qu'il par- tage en deux tribus : La première, celle des Tiliées, comprend les genres à pé- tales entiers, non découpés sur les bords, À anthères déhiscentes par une fente longitudinale. Ce sont : 1 Dia K 2. Clappertonia Meisn. 3. Antichorus L, 26 13. 20. 21: MÉMOIRE . Corchorus L. . Esenbeckia BI. . Entelea R. Br. . Foveolaria D.C. Sloanea L,. . Vatica L. Triumfetta Plum. . Xeropetalum Delil. 3rownlowia Roxb. Sparmannia Thunb. . Luhea W. . Mollia Mart. et Zucc. . Berrya Roxb. . Columbia Pers, 15. Espera W. . Diplophractum Desf. Apeiba Aubl. Porpa BI. 22? Laplacea K. 23. Muntingia L. 24? Trilix L. 25. Vincentia Boi. 26. Grewia Juss. 27. Heliocarpus L. 28? Ablania Aubl. 29? Gyrostemon Desf. 30. Christiana D.C. 317? Abatia Ruiz et Pav, 32. Hasseltia H. B. K, La deuxième tribu est celle des ELxocarpée Q + CE elle comprend les genres dont les pétales sont dentés, lobés ou incisés (rarement entiers ou nuls). Les loges des anthères s'ouvrent au sommet par deux pores. d. lTE 6. 21 J 9 D] 39. 9 D 5] y Ce sont : Acronodia BI. Aceratium D.C. Elæocarpus L. Dicera Forst. Vallea Mutis. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES, 27 38. Tricuspidaria Ruiz et Pav. 39. Monocera Jack. h0. Friesia D.C. 11? Euthemis Jack. L2? Vateria L. h3? Crinodendron Molin. h4?? Dicalyx Lour. Dans son Vegetable Kingdom (18h47), Lindley range les genres de la famille des Tiliacées en deux groupes. Le premier groupe prend le nom de T'ieæ; il comprend les Tiliacées qui n'ont pas de corolle, ou dont les pétales sont entiers et dont la déhiscence des anthères est longitudinale, Il est ainsi subdivisé : . Hasseltia H. B. K. , Ablania Aubl. 3. Dasynema Schott. . Sloanea L. . Vantanea Aubl. 1 2 ls 3 l 5 6. Apeiba Aubl. 7 8 9 0 1 2 / SLOANIDÆ. . Luhea W. . Mollia Mart, et Zucc. . Heliocarpus L. . Entelea R. Br. . Sparmannia Thunb. . Clappertonia Meisn. 3. Corchoropsis Sieb. et Zucc. 14. Corchorus L. 15. Triumfetta Plum. (46: Tilia T: 17. Brownlowia Roxb. 18. Christiana D.C. 19. Grewia Juss. 20. Belotia A. Rich. 21. Diplophractum Desf. 22, Columbia Pers. 23. Berrya Roxb. 24. Muntingia L. 25. Trilix L. 26, Bancroftia Macfad, 27. Aristotelia Lhérit. TILEÆ | GREWIDÆ. 28 MÉMOIRE Le second groupe renferme les plantes qu'il appelle Elæocar- pées et qu'il reconnait aux pétales laciniés, aux anthères s'ou- vrant par ane fente transversale où au sommet. Il comprend les genres : 28. Elæocarpus L, 29. Monocera Jack. 30. Beythea Endl. ELÆOCARPEÆ. / 31. Friesia D.C. 32. Acronodia Blum. 33. Vallea Mutis. 3h. Tricuspidaria Ruiz et Pav. \ 35. Crinodendron Molin. L'Antichorus EL, est réuni au Corchorus; l'Esenbeckia BI. est regardé comme synonyme du Meesia BI. el reporté dans les Sterculiacées; le Foveol/aria D.C. est considéré comme synonyme du Dasynema ; le Xeropetalum Dit, est reporté dans les Bytinéria- cées ; l'Zspera W. est regardé comme synonyme du Berrya; le Porpa BI. est réuni au T'riumfetta ; le Laplacea K. est rangé dans les Ternstræmiées ; le Fincentia Boj. est regardé comme syno- nyme du Grewia; les Gyrostemon Desf. deviennent le type d’un petit groupe placé près des Euphorbiacées (on sait aujourd'hui qu'ils doivent être rangés parmi les Phytolaccées); l'Abatia Ruiz et Pav. est regardé comme une Lythrariée (on croit aujourd’hui que c'est une Saxifragée-Homalinée); le Dicera Forst. est synonyme de Monocera; l'Euthemis Jack est porté dans les Ochnacées; le Vateria L, dans les Diptérocarpées; le Dicalyx Lour. dans les Ternstræmiacées, Enfin, dans leur Genera plantarum (1862), MM. Bentham cet J.-D, Hooker admettent 40 genres de Tiliacées, qu'ils partagent en deux séries; chaque série est divisée en tribus, ete. Voici en résumé leur classification : Series A. — HOLOPETALE. — Petala glabra v. rarius basi extus pu- berula, colorata, tenuia, basi contracta v. unguiculata, integra v, raris- sime emarginata, æstivatione imbricala sæpius conterta. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 29 Tribus I. — BROWNLOWIEÆ. — Sepala in calycem campanulatum 3--fidum coalita. Antheræ breves, sæpius globosæ v. didymæ, loculis demum apice confluentibus. rs Q fÉ Tribus II. * Stamina interiora 5 ananthera (séaminodiu) . BrowncowiIa Roxb. PENTACE Hassk. Dirconiscus Turez. PITYRANTHE Thw. ** Stamina omnia antherifera. CaRisTIANA D.C. Berrya Roxb. CARPODIPTERA Griseb. — GREWIEÆ. — Sepala distincta, Petala basi foveolata, circa basin tori plus minus elevati apice staminiferi inserta. Antheræ breves, loculis parallelis distinctis. 8. ge 10. 11. 12: 13. 14. * Fructus inermis, glaber v. tomentosus. GREWIA L. CozumBia Pers. DwcLoruracrum Desf. B£LotiaA À. Rich. Erinocarpus Nimmo. TRIUMFETTA L. HEL1ocarPus L. Tribus III. — TiLiex. — Sepala distincta. Petala haud foveolata, circa stamina immediate inserta. * Capsula loculicide dehiscens ; echinata v. rarius nuda et siliquæformis, a -spCrma. 15. ENTELEA R. Br. 16. As 18. 19: 20. SPARMANNIA L. f. HoxckenyaA W. CorcHorus L. Corcuoropsis Sieb. et Zucc. ** Capsula nuda, apice dehiscens, © -sjerma. LUREA W. 30 MÉMOIRE 21. MozLra Mart. 22. TricHosPERMUM BI. *** Bacca indehiscens, seminibus numerosis minutis. 23. Muxrincra L. *%* Fructus globosus, indehiscens, sæpius 1-spermus. 2h. TiILtA EL. 25. LEProNyCcHIA Turez. 26. SCHOUTENIA Korth. Tribus IV. — ArgiBex. — Sepala distincta. Petala basi nuda, circa stamina immediate inserta. Antheræ lineares, erectæ, membrana ter- minatæ, loculis parallelis. Ovarium 6-%-loculare. Fructus indehiscens v. carpellis ab axi demum solutis, + -spermis. 27. GLYPHÆA Hook. f. 28. APEiBA Aubl. Series B. — HETEROPETALÆ. — Petala v. nulla v. sepaloidea v. in- cisa, rarius vere petaloidea, sæpe pubescentia v. lata basi inserta, valvata, induplicata, v. varie imbricata, nec contorta. Tribus V. — ProckigÆ.— Antheræ subglobosæ, didymæ, loculis lon- gitudinaliter dehiscentibus. 29. Prockra L. 30, HassecTiA H. B. K. 31. PLAGIOPTERON Griff. 32. RopaLocarpus Bo). Tribus VI. — SLoaxeæ. — Antheræ lineares, apice dehiscentes. Discus staminifer planus v. pulvinatus, sepalis et petalis circa stamina immediate insertis. 33. VALLEA Mutis. 34; SLOANEA L. 35. Ecninocarrus BI. 36. ANTHOLOMA Labill. Tribus VII. — ELæÆocarPez. — Antheræ lineares, apice dehiscentes. Petala circa basin tori elevati glandulosi apice staminigeri inserta. 37. ARISTOTELIA Lhér. 38. ELÆocarpus L. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 31 39. DuBouzETIA Panch, A0. TricusPiparIA Ruiz et Pav. Ces auteurs ont rangé dans la famille des Tiliacées les genres Prockia, Echinocarpus, Trichospermum , regardés avant eux comme des Bixacées; le Plagiopteron, placé auparavant dans les Sapindacées; le Schoutenia, le Leptonychia, le Pilyranthe, re- gardés comme Stereuliacées; le Carpodiptera, dont on avait fait une Malvacée. Ils ont regardé comme synonymes du genre Sloanea, les genres Ablania et Dasynema, distingués par Lindley, ainsi que l'Adeno- basium Presl, le Dasycarpus OErst,, le Foveolaria Meisn., le Blondea Rich. Le Clappertonia Meisn, est devenu synonyme de Honckenya; le Trilix L., synonyme de Prockia. Is ont réuni le Monocera Jack aux ÆÉlæocarpus, ainsi que le Beythea Endl.; le Friesia D.C. est devenu un Aristotelia; l'Acronodia BI., un Elæo- carpus. Enfin, ils ont ajouté à leur liste plusieurs genres plus récemment découverts : Pentace Hassk.(1858), Diplodiscus Turez. (1858), Pityranthe Thw. (1859), Erinocarpus Nimmo (1855), LeptonychiaTurcz.(1858), GlyphœæaHook. F.(1849), Ropalocarpus Boj. (1837), Echinocarpus PI. (1895), Antholoma Labill., dont MM. Planchon et Baillon ont montré les vrais rapports (1864) ; Dubouxetia Panch., analysé par MM. Brongniart ct Gris (1861). Il, — CARACTÈRES DU GROUPE, RECHERCHE DES TYPES, EXPOSITION DES GENRES. S'il était possible de donner, d’une manière générale et en peu de mots, la caractéristique du groupe des Tiliacées, nous dirions que les plantes qui le composent se reconnaissent dans la grande majorité des cas : À leurs feuilles allernes, simples, accompagnées de deux sti: pules latérales ; À leurs fleurs régulières et hermaphrodites ; 32 MÉMOIRE A leur calice polysépale, dont les folioles sont en préfloraison valvaire ; A leur corolle polypétale, dont les folioles sont alternes avec celles du calice et disposées en préfloraison imbriquée ; A leur androcée formé d’étamines nombreuses, dont les filets sont libres ou légèrement unis à Ja base, dont les anthères sont biloculaires ; A leur ovaire supère, à leurs carpelles toujours réunis; A leurs placentas toujours pariétaux dans le jeune âge et per- sistant souvent {els jusqu’à l’anthèse. Tels sont, en effet, les caractères qui appartiennent aux Tilia- cces types, telles que les Tilia, les Corchoropsis, les Hassellia, les Corchorus, les Heliocarpus, les Grewia, les Elæocarpus, etc. ; mais près de ces types se rangent d'autres plantes qui, tout en con- servant la majorité des caractères des premiers, s'en distinguent par l'absence d’un ou de quelques-uns. Ilest à remarquer toutefois que, dans loules les plantes que nous rangeons dans le groupe des Tiliacées, on trouve la réunion des caractères suivants : Un androcée formé d’élamines en plus grand nombre que celui des pièces du calice; Un ovaire à carpelles réunis ; Des placentas toujours pariétaux dans le jeune àge. Nous ne pensons pas qu'il faille séparer des Tiliacées les plantes qui, dans quelques-uns de leurs autres organes, présenteraient une organisalion autre que celle des Tiliacées types. Ainsi les plantes dont l'énumération suit ont l’organisation des Tiliacées, à l'exception de quelques organes faits sur un autre type: Le Plagiopteron à des fleurs qui se rapprochent de celles du Tilleul; mais ses feuilles sont opposées. On trouve dans Îles Z'riumfetta, les Elæocarpus, des fleurs monoïques, mais elles ne le sont jamais que par atrophie où avor- tement des organes de l’autre sexe; la trés-grande majorité des fleurs de Tiiacées sont hermaphrodites. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 39 Le Tricuspidaria a tous les caractères des Tiliacées; sinon que son calice est gamosépale. L’'Echinocarpus a aussi tous les caractères que nous voyons au groupe des Tiliacées; mais la préfloraison de son calice est im- briquée. Il en est de même des Antholoma ; mais leur corolle, ou ce qui passe comme tel, est gamopétale. Il en est de même aussi des Sloanea, qui n'ont pas de corolle. D'ailleurs la présence de la corolle ne parait pas être ici un caractère d’une grande valeur; car son existence ou son absence n'a pas empêché de réunir en un même genre des plantes pour- vues de pétales et d’autres sans corolle. Ainsi, il existe une telle conformité d'organisation entre le Triumfetta Lappula apétale et les espèces munies d’une corolle, que l’on n’a pu admettre entre ces plantes que des différences spécifiques. Ce qui est variable et peut servir à caractériser les séries et les genres, c’est : La superposition ou l'alternance des étamines avec les pé- tales ; L'existence de faisceaux à étamines libres ou légèrement mo- nadelphes ; L'existence des faisceaux stériles ou fertiles, la composition de ces faisceaux, leur position réciproque; La présence ou l’absence de disques; La conformation du réceptacle floral ; L'existence ou l'absence de fausses cloisons dans l'ovaire, La nature du fruit ; La conformation et la position des ovules ; L'existence ou l'absence d’un calicule; Les étunines introrses ou extrorses, leur mode de déhiscence ; La conformation de la corolle, ete. La famille des Tiliacées, telle que nous la comprenons, pent ètre partagée en onze seclions : VIT, 34 MÉMOIRE À. — SECTION DES TiLLEULS. 1. TT. — Les fleurs des Tilleuls sont hermaphrodites et régu- lières. Le calice se compose de cinq sépales triangulaires ; deux sont antérieurs, deux latéraux et un postérieur; la préfloraison en est valvaire; ils apparaissent sur le réceptacle dans l’ordre quinconcial. La corolle, polypétale, se compose de cinq pétales elanduleux, alternes avec les sépales, sans onglet; la préfloraison en est imbriquée ; ils apparaissent simultanément sur le récep- tacle floral. L’androcée se compose de dix faisceaux d’étamines, placés sur deux rangs, superposés aux pétales; chacun de ces faisceaux est légèrement monadelphe à la base ; les anthères sont globuleuses, baseulantes, extrorses et s'ouvrent longitudinale ment, Ces étamines apparaissent successivement sur cinq gros mamelons superposés aux pétales. Le pistil se compose d’un: ovaire Supère, globuleux ou ovoïde, uniloculaire dans le jeune âge, formé par cinq feuilles carpellaires superposées aux sépales ; le style est simple, terminé par cinq petits lobes stigmatifères superposés aux sépales. Les placentas sont au nombre de cinq, partent de l'axe floral, sont soulevés avec les feuilles carpellaires, restent pariétaux jusqu’à l’épanouissement de la fleur, ou se rejoi- gnent; 1ls sont superposés aux pétales et portent chacun deux ovules. À l’époque de l’anthèse, l'ovaire est souvent partagé en cinq loges biovulées, superposées aux sépales. Les ovules sont collaté- raux, ascendants, à raphé interne, à micropyle inférieur et externe. Telle est particulièrement la composition de la fleur du Tilia europæa. Dans les Tilia argentea, heterophylla, laæiflora, ni- gra, ete., l’androcée est légèrement modifié. La partie supé- rieure du mamelon staminal se transforme en lame pétaloïde ; de sorte qu'entre les étamines et le pistil, il existe un verticille de cinq lames, et ces cinq lames affectent la préfloraison imbriquée. Le fruit est sphérique ou allongé, demi-charou, indéhiscent, à cinq côtes, il ne contient le plus souvent qu'une graine, les autres étant atrophiées. La graine est lisse et renferme, sous des tégu- SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 39 ments durcis, un embryon droit, à radicule infère, entouré par un albumen charnu. Les fleurs sont disposées en cymes à l'extrémité d’un axe d'in florescence, qui semble naître d’une bractée. Ce n’est À qu'une apparence. Brunner et Payer ont montré que cette bractée est, à l’origine, parfaitement distincte, et qu’elle est latérale, tandis que l'axe d’inflorescence est axillaire, mais que plus tard axe et bractée sont soulevés ensemble, et réunis dans une certaine longueur. Les Tilleuls sont des arbres des pays tempérés; leurs feuilles sont simples, alternes, accompagnées de deux stipules latérales caduques. 2, PLraciorreroN Grill. — Les Plagiopteron sont de grands arbres des Indes orientales. Les fleurs sont disposées sur le type quatre, plus souvent sur le type trois. Le calice est formé de trois sépales très-courts, disposés dans le bouton en préfloraison val- vaire; les trois pétales sont alternes, bien développés, affectant la préfloraison imbriquée; les étamines sont nombreuses, réunies en faisceaux superposés aux pétales; les filets sont libres, et les anthères globuleuses, basculantes, biloculaires, introrses. H n'existe pas de disque. L’ovaire est globuleux, le style simple et obtus. Trois où quatre placentas pariélaux s’avanceut dans lintérieur de l'ovaire et portent chacun deux ovules dressés à micropyle inférieur et externe. À l’époque de l’anthèse, l'ovaire présente trois ou quatre loges biovulées, Le fruit est sec, indéhiseent ; il a la forme d’une petite pyramide triangulaire, à base supérieure portant sur les arèles {rois ailes aplaties de haut en bas. Les inflorescences sont axillaires et consistent en grappes de cymes. 3. LePronyenta Turez. — Les Leplonychia sont des arbrisseaux qui croissent dans l'archipel Indien, la presqu'ile de Malaeca et l'Afrique tropicale, Leurs fleurs sont construites sur le type quatre ou sur le type cinq. Elles différent de celles des genres précédents par là corolle, qui est rudimentaire, formée de cinq petits appen- 86 MÉMOIRE dices coneaves, couverts de poils, disposés en préfloraison imbri- quée où valvaire ; par l’androcée composé de cette manière : les élamines sont sur deux verlicilles; lun est formé de cinq fais- ceaux superposés aux pétales, l'autre de cinq étamines réduites au filet, superposées aux sépales. Dans chaque faisceau, les étamines sont monadelphes à la base; les plus extérieures sont stériles; les intérieures ont une anthère allongée à deux loges réunies sur le dos par le connectif, introrses, à déhiscence longitudinale. L'ovaire est d'abord uniloculaire, à quatre ou cinq lames placen- laires portant chacune deux séries verticales d'ovules ; plus tard, il est partagé en cinq loges incomplètes, portant dans l'angle in- terne deux séries verticales d'ovules nés sur deux placentas dif- férents. Le fruit est-globuleux ou pyriforme, see, indéhiscent. Les inflorescences sont axillaires et disposées en cymes. B. — SecrioN DES CORCHOROPSIS. h. Corcnoropsis Sieb. et Zuec. — Les fleurs des Corchoropsis sont hermaphrodites et régulières. Le calice se compose de cinq sé- pales, petits, triangulaires, persistants, disposés dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle, polypétale, se compose de cinq folioles ovales, alternes avec les sépales, sans onglet, disposés dans le bouton en préfloraison imbriquée. L’androcée est formé de trois verlicilles d’étanines libres ; cinq sont superposées aux sépales, dix sont superposées par deux aux pétales ; ces deux verticilles sont composées d’étamines fertiles; le troisième, qui est le plus élevé, est composé de cinq lames pétaloïdes superposées aux pétales ; chaque lame est effilée à la base et aplatie en palette dans sa par- tie supérieure ; les anthères sont allongées, biloculaires, à con- nectif renflé, extrorses, et s'ouvrent par une fente longitudinale. Le pistil se cempose d’un ovaire supère, allongé, poilu, unilocu- lire dans le bouton, avec trois placentas pariétaux portant cha- eun deux séries verticales d’ovules; plus tard il devient triloculatre, SUR LE GROUPE DES TILIACÉES, 97 et chaque loge contient deux séries verticales d’ovules dans l'angle interne. Le style est filiforme, terminé par un renflement stigmatifère trilobé. Les ovules sont ascendants, anatropes, avec le raphé extérieur, le micropyle intérieur et inférieur. Le fruit est une silique loculicide S’ouvrant de bas en haut en trois valves, laissant dans l'axe le placenta filiforme, sinueux, por- tant les graines. Celles-ci contiennent un embrvon droit, à radi- cule infére, entouré par un albumen abondant. Les fleurs sont en cymes, ou plus souvent solitaires, axillaires, portées au bout d’un long pédoncule. Les Corchoropsis sont des arbrisseaux du Japon, à rameaux tomenteux, arrondis; à feuilles simples, alternes, accompagnées de deux stipules latérales. La section des Corchoropsis différe done de celle des Tilleuls par le calice persistant, par la composition particulière de lan- drocée, par celle du gynécée et par le fruit siliquiforme. C. — SECTION DES ENTELEA. 5. Enrezea R. Rr.— Les fleurs des Æntelea sont régulières ct hermaphrodites. Le calice est polysépale, composé de quatre sépales colorés, triangulaires, disposés dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle est polypétale, formée de quatre pétales à limbe étalé, sans onglet, alternes avec les sépales et disposés dans le bouton en préfloraison imbriquée, L’androcée se compose de quatre faisceaux d’étamines fertiles, superposés aux sépales ; les filets sont libres ; les anthères sont globuleuses, basculantes, in- trorses, à déhiscence longitudinale. Le pistil se compose d'un ovaire sphérique, poilu, uniloculaire dans le jeune ge, formé par six, huit, dix où un plus grand nombre de feuilles carpellaires ; le style est court, évasé au sommet, partagé en huit, dix ou un plus grand nombre de pointes stigmatifères. Les placentas sont en nombre égal aux feuilles carpellaires, se soulèvent avec elles et sont d’abord libres entre eux et pariétaux, portant deux séries 38 MÉMOIRE d'ovules placés de côté et d'autre sur leur bord libre; plus tard, ces bords libres se rapprochent, s'unissent et déterminent au- lant de loges qu'il y à de placentas. Les ovules sont alors sur deux séries longitudinales dans l’angle interne; ils sont ascendants, horizontaux ou descendants et se touchent par leurs raphés. Le fruit est une capsule hérissée d’épines, qui s'ouvre au sommet par désunion des placentas et par des fentes loculicides. Les grai- nes sont attachées sur les placentas formant cloison et contiennent, sous leurs téguments, un embryon légèrement courbe, à cotylé- dons orbiculaires, à radicule conique. Les Æntelea sont des arbres de la Nouvelle-Zélande. Leurs feuilles sont alternes, bi-stipulées. Les inflorescences sont axillaires et consistent en groupes de eymes bipares. 6. Sparmannia L. — Les Sparmannia sont des arbrisseaux ou des arbres africains qui ont une très-grande ressemblance avec les Æntelea. Comme eux, ils ont la fleur disposée ordinairement sur le type quatre, le calice coloré, les pétales sans onglet, les étamines superposées par groupes aux sépales. Le plus souvent, ils n’ont que quatre placentas pariétaux qui forment par leur ren- contre quatre loges contenant deux séries verticales d'ovules dans l'angle interne. Le fruit est une capsule épineuse dont la déhis- cence est loculicide, Mais l’androcée offre une structure par- üculière; chaque faisceau est monadelphe à Ia base; toutes les étamines ne sont pas fertiles ; les plus extérieures n’ont pas d’an- thères; les filets portent de distance en distance et irrégulière- ment de petites saillies glanduleuses; les inflorescences, qui ont l'apparence d’ombelles, sont des cymes unipares groupées à l’ex- trémilé d’un long pédoncule. 7. Honckenya W, — Les Honckenya sont des arbres de l'Afrique tropicale, à feuilles simples, stipulées, palmatilobées. Leurs fleurs sont construites sur le type quatre ou plus souvent sur le type cinq. Le calice et la corolle rappellent les mêmes ver- ticilles des deux genres précédents. Un disque très-peu sensible, annulaire, sépare l'insertion des pétales de celle des étamines. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES, 39. L'androcée diffère de celui des Entelea et de celui des Sparmannia, mais se rapproche plus de celui de ce dernier genre. Les étamines stériles forment dix faisceaux, monadelphes à la base, superposés par deux aux pétales, et ressemblant à des franges; les étamines fertiles sont placées au-dessus des stériles et forment deux verti- eilles, l’un de dix éfamines superposées par deux aux sépales, l’autre, plus élevé, comprenant cinq étamines également superpo- sées aux sépales; les anthères sont allongées, bifurquées à la base et au sommet. L'ovaire est allongé, poilu, atténué en un style unique qui se sépare à sa partie supérieure en deux ou plusieurs cordons formés chacun de deux, trois ou cinq branches stigma- tifères accolées. L'intérieur de l’ovaire est organisé comme dans l’Entelea, avec un nombre plus considérable de placentas ou de loges. Le frait est une capsule épineuse qui s'ouvre sur les côtés; la déhiscence en est loculicide. Les fleurs sont solitaires et axillaires. 8. ApriBa Aubl. — Les Apeiba sont de grands arbres ou des arbrisseaux de la Guyane. La fleur est ordinairement formée sur le type cinq. Le périanthe est disposé comme celui des genres pré- cédents ; il n'existe pas de disque; le principal caractère est dans la composition de l’androcée, Les étamines sont très-nombreuses, toules libres entre elles, à filets poilus; disposées, comme dans les genres de la même série, en autant de faisceaux qu'il y a de pièces au calice; elles ne sont pas toutes fertiles : les plus externes sont pélaloïdes et ne portent pas d’anthère, les moyennes ont une an- thère incomplète, enfin les plus internes ont une anthère bilocu- laire qui rappelle la forme de celles des Honckenya. Les placentas pariélaux sont très-nombreux, chargés d’ovules ; ils se rejoignent plus tard dans l’intérieur de l'ovaire et deviennent les cloisons de loges complètes. Aucun tissu n’occupe l’axe de l'ovaire; le style est creux, plus mince à la base qu'au sommet, où il est découpé en autant de petites lames triangulaires qu'il y a de loges. Le fruit est volumineux, couvert de tubercules ou d’épines, et h0 MÉMOIRE s'ouvre au sommet comme celui des Æntelea, Les placentas de- viennent charnus et enchâssent les graines. Ce qui caractérise cette section, c’est la réunion des caractères Suivants : Étamines superposées par faisceaux aux sépales; absence de disque (celui de l'Æonckenya est à peine sensible); le nombre des placentas ou de loges non égal à celui des sépales; le fruit épineux et déhiscent. D. — SEcTioN DES MuNTINGIA. 9. MuxrinGia L. — Les fleurs des Muntingia sont herma- phrodites et régulières. Le calice est polysépale et se compose de cinq folioles triangulaires, barbues, disposées dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle est polypétale et se compose de cinq pétales membraneux, alternes avec les sépales, atténués à la base et disposés dans le bouton en préfloraison imbriquée. L’an- drocée se compose de deux ordres d’étamines nées sur un renfle- ment du réceptacle; les plus extérieures forment crdinairement dix gronpes de deux étamines à filets libres superposés par deux aux sépales ; les intérieures sont stériles et représentées par cinq groupes de filaments superposés aux pétales; les anthères sont petites, globuleuses, biloculaires, introrses, à déhiscence longitu- dinale. Un petit disque annulaire sépare l'insertion des étamines de celle des feuilles carpellaires. Le gynécée se compose d’un ovaire conique, renflé à la base, d’un style court, terminé par cinq lobes stigmatifères réfléchis. Les placentas sont au nombre de cinq; d’abord pariétaux, et partant de l'axe de la fleur, ils diver- gent ensuite et sont soulevés avec les feuilles carpellaires, portant un très-grand nombre d’ovules; plus tard, chaque placenta s’unit à ses voisins et il se forme cinq loges incomplètes superposées aux pétales. Les ovules sont anatropes. Le fruit estune baie sphérique surmontée par le style persistant. Les graines sont très-nombreuses; elles contiennent un embryon à cotylédons elliptiques, entouré par un albumen charnu. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. AM Les fleurs sont axillaires et portées à l'extrémité d’un long pédoneule. Les Muntingia sont des arbres de l'Amérique tropicale; leurs rameaux sont couverts de longs poils simples et de poils étoilés; les feuilles sont alternes, stipulées, à limbe denté, partagées iné- galement en deux parties par la nervure médiane. 10. Hasseuria H. PB. K. l'Amérique tropicale, dont les fleurs sont faites le plus souvent sur le type quatre, rarement sur le type trois. Le calice et la corolle offrent la même préfloraison que ceux des Muntingia; mais l’an- drocée diffère : toutes les élamines sont fertiles, à filets longs, libres, non portés sur un petit renflement du réceptacle et for- ment cinq faisceaux superposés aux pétales; les anthères sonit celles du genre précédent. Le gynécée ne différe de celui des Muntingia que par la forme de son ovaire et de son style qui sont allongés, de son stigmate qui est bilobé ; le nombre de ses pla- Les Hasselhia sont des arbres de centas pariélaux qui ne sont qu’au nombre de deux; mais l’évolu- ion de ces placentas et la disposition des ovules en très-grand nombre, sont identiques. Le fruit est une baie qui ne contient qu'un petit nombre de graines. L’embryonala radicule supère, longue, et les cotylédons auriculés. Les feuilles sont bi-stipulées et portent deux petites glandes à la base du limbe. Î1. Procxia L. — Les Prockia sont des arbrisseaux de l'Amérique tropicale, dont la fleur est disposée sur le type trois. Les trois sépales ont la préfloraison valvaire et sont un peu révo- lutes. La corolle manque. Comme dans les genres de cette série, les étamines sont nombreuses, à filets libres; elles forment trois faisceaux superposés aux divisions du périanthe. Le disque n'existe pas. L’ovaire est construit sur le (ype trois; mais les placentas suivent! la même évolution que ceux des Hasseltia et des Mun- lingia. Les ovules sont également très-nombreux. Le fruit est une baie contenant un petit nombre de graines. 42 MÉMOIRE Celle section est caractérisée surtout par la disposition et l’évo- lution toute particulière des placentas ; les portions libres des deux placentas voisins s’accolent, grossissent démesurément et forment dans chaque loge une masse chargée d'ovules qui, à l’époque de l'anthèse, semble descendre du haut de cette loge. Le fruit est une baie. E, — SECTION DES CORCHORUS. 12. Corcnorus L. - Les fleurs des Corchorus sont hermaphro- dites et régulières. Le calice se compose de quatre ou cinq sépales aigus, disposés dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle est polypétale, à quatre où einq pétales alternes avec les sépales, membraneux, insérés immédiatement au-dessus et disposés dans le bouton en préfloraison imbriquée. Un axe allongé sépare l’in- sertion des pétales de celle des étamines et est garni d’un disque souvent en forme de collerette. L’androcée se compose d’un très- grand nombre d’étamines, ou de huit, dix, selon les espèces, toutes fertiles, superposées par faisceaux aux sépales; les filets sont libres, grèles; les anthères sont elobuleuses, basculantes, bilo- culaires, introrses et s'ouvrent longitudinalement. Le pistil se com- pose d’un ovaire supère, cylindrique, allongé, surmonté d’un long style, terminé par autant de lobes stigmatifères qu'il y a de pla- centas, Ceux-ci sont pariétaux dans le jeune âge et au nombre de deux à dix, selon les espèces; ils ont la forme de lames qui portent de chaque côté une série verticale d’ovules; plus tard, ces lames s’avancent dans l’intérieur de l’ovaire, se rencontrent souvent et le partagent en deux à dix loges incomplètes. Les ovules sont horizontaux ou dressés, à raphé intérieur, à micropyle extérieur et inférieur. Le fruit est une capsule globulense ou allongée, se séparant par débiscence loculicide en deux à dix valves. Les graines sont atta- chées en séries verticales de chaque côté de la valve où elles sont souvent enchâssées, séparées par une sorte de cloison ligneuse. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES, 13 L’embryon est légèrement courbe, a la radicule infère, les coty- lédons amples, et est entouré par un albumen charnu. Les inflorescences sont axillaires et, selon les espèces, solitaires ou disposées en cymes d’un petit nombre de fleurs. Les Corchorus sont des herbes, des arbrisseaux ou des arbres des parties chaudes de l’ancien et du nouveau continent. Leurs feuilles sont alternes, bi-stipulées, dentées, penninerviées. 13. Givenæa Hook. f. — Les Glyphæa sont des arbres de l’Afri- que tropicale dont les fleurs se rapprochent considérablement, comme composition, de celles des Corchorus. Elles sont construites sur le type quatre ou sur le type cinq; l'insertion des pétales se fait immédiaement au-dessus de celle des sépales; un disque sépare la corolle de l’androcée; les étamines sont très-nombreuses, toutes libres, superposées par faisceaux aux sépales; leur connectif se prolonge au-dessus des loges. Le fruit a la même composition que celui des Corchorus ; mais le péricarpe est subéreux ; la déhis- cence en est septicide. Les graines sont disposées sur une seule série dans l’angle interne de la loge ; chacune à un tégument dur et épais ; la chalaze est coiffée d’une sorte de casque ligneux. Ce qui caractérise cette section, c’est l’ensemble des caractères suivants : Étamines toutes fertiles, superposées par faisceaux aux sépales; un disque où un pied entre l'insertion de la corolle et celle de l'androcée; fruit capsulaire. F,. — SECTION DES TRIUMFETTA. A4. Trivmrerra L. — Les fleurs des Triumfetta sont régu- lières et hermaphrodites (très-rarement unisexuées). Le calice est polysépale, à cinq sépales longs, triangulaires, disposés dans le bouton en préfloraison valvaire, avec les sommets divergents. La corolle est nolypétale (elle manque souvent dans le 7. Lappula), formée de cinq folioles alternes avec les sépales, rudimentaires ou bien développées, disposées dans le bouton en préfloraison hA MÉMOIRE imbriquée, nsérées sur l'axe un peu au-dessus des sépales ; elles ont un onglet convexe, bien marqué et le limbe entier. Un disque épais, annulaire, où en collerette, ou à cinq lobes superpo- sés aux sépales, selon les espèces, sépare l'insertion des pétales de celle des élamines. Celles-ci sont toutes fertiles, hibres, super- posées par faisceaux oligandres aux sépales; les filets sont grèles ; les anthères basculantes, biloculaires, introrses. Le pistil se com- pose d’un ovaire globuleux, hérissé, et d'un style eflilé. Les placentas sont d’abord pariélaux, le plus souvent au nombre de quatre, munis éhacun, de chaque côté, d’un ou deux ovales. A l’époque de l’anthèse, ces placentas se sont avancés dans l’intérieur de l'ovaire et l’ont segmenté en quatre loges rare- ment complètes, bi- où quadri-ovulées ; chacune est partagée in- complétement en deux fausses loges par une fausse cloison cen- tripète. Les ovules sont descendants, anatropes, se tournent leur aphé, et ont le micropyle supérieur et externe. Le fruit est sec, hérissé d’épines à sommet recourbé, déhiscent ou indéhiscent, Les graines renferment un embryon à radicule longue, supère, à cotylédons plans, foliacés; il est entouré par un albumen charnu. Les inflorescences sont axillaires ; les fleurs sont solitaires ou disposées en cymes. Les Triumfetta sont des herbes où des arbrisseaux dispersés dans la plupart des régions chaudes des deux continents. Leurs rameaux sont souvent couverts de poils étoilés ; leurs feuilles sont alternes, bi-stipulées, à limbe entier ou plurilobé. 15. Hertocarpus L. — Les Heliocarpus sont des arbres et des arbustes de l'Amérique tropicale, dont les fleurs sont construites sur le type quatre. Elles se rapprochent tellement de celles des Trium- fella, qu'on pourrait confondre les deux genres en un seul. Les différences sont peu importantes ; les deux disques sont peu pro- noncés, les étamines sont superposées par trois où par einq aux sépales; l'ovaire est stipité, à deux loges, surmonté d’un style qui a Son sommet partagé en deux branches bifides, Comme dans le SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. A5 Triumfetta, il existe dans chaque loge une fausse cloison centri- pète. Les inflorescences sont terminales et consistent en cymes. Le fruit est Jlenticulaire et porte sur ses bords de longues épines rayonnantes qui ont fait donner au genre le nom qu'il porte ; ces épines sont elles-mêmes divisées en petites épines nombreuses. Le fruit se sépare difficilement en deux parties par déhiscence loculicide. 16. Eriocarpus Nimmo.— Les £rinocarpussontdes arbres des Indes orientales, dont les fleurs ont presque entièrement la com- position de celles des Triumfetla. On y trouve la disposition par- liculière du sommet des sépales, les deux disques de côté et d’antre de la corolle, l'onglet caractéristique des pétales, les fausses cloi- sons de l'ovaire. Ce qu'il y aicide particulier, c’est la préfloraison de la corolle, qui est d’abord imbriquée ou contournée, puis vaivaire ; et chaque pétale devient ensuite indupliqué un peu avant l’anthèse; c’est encore la composition de l’androcée, dont les étamines sont très-nombreuses et forment cinq faisceaux superposés aux sépales, légèrement monadelphes à la base; l’cvaire est toujours construit sur le type trois. Le fruit est ligneux, triquètre, épineux, pourvu de trois ailes et indéhiscent. Il ne renferme ordinairement que trois graines, qui ont la disposition et la composition de celle des Triumfella. 47. Lunea W. -— Les Luhea sont des arbres et des arbrisseaux de l’Amérique tropicale. La fleur est entourée d’un cealicule de huit, neuf, dix folioles disposées autour du bouton en préfloraison valvaire. Les élamines sont nombreuses, insérées un peu au- dessus de la corolle, groupées en cinq faisccaux superposés aux sépales, monadelphes à la base et garnis de longs poils; les filets les plus extérieurs sont stériles; les placentas sont au nombre de trois à cinq, et d’abord pariétaux ; plus tard ils se rencontrent au centre de lPovaire où déterminent des loges souvent incomplètes, Des fausses cloisons centripètes partagent chaque loge en deux. Le fruit est une capsule presque toujours velue, à péricarpe ligneux, entourée par le calicule persistant et accrescent, et h6 MÉMOIRE s'ouvrant de haut en bas, par déhiscence loculicide, en trois à cinq valves. Cette section réunit les caractères suivants : Corolle placée entre deux disques ou deux pieds; étamines superposées par faisceaux aux sépales; fausses cloisons ovairiennes; fruit sec. G.—— SECTION DES GREWIA. 18. Grewia L. — Les fleurs de Grewia sont hermaphrodites et régulières. Le calice est polysépale, eoloré, et se compose de einq sépales épais, disposés dans le bouton en préfloraison valvaire. La coroile manque, ou est rudimentaire, ou bien développée, selon les espèces; les cmq pétales sont alternes avec les sépales, insérés sur un renflement réceptaculaire charnu et annulaire placé au- dessus du calice; chacun d'eux est muni d’un onglet convexe, charnu, surmonté d’une écaille pétaloïde à bord supérieur ordi- nairement cilié; le limbe est souvent bitide; la préfloraison imbri- quée. Un long pied sépare l'insertion des pétales de celle des éta- mines et porte un disque membraneux formé de 2inq lobes poilus superposés aux pétales. Les étamines sont nombreuses, insérées sur le réceptacle renflé, toutes fertiles et disposées en cinq fais- ceaux superposés aux sépales; leurs filets sont libres, grêles, inégaux ; les anthères sont globuleuses, basculantes, à deux loges, introrses dans le bouton, se renversant pour devenir extrorses lors de l’anthèse. Le pistil se compose d'un ovaire sphérique surmonté d'un style simple terminé par autant de petites lames stigmatifères bifurquées qu'il y a de loges. Dans la majorité des espèces, l'ovaire a, dans le bouton et même à l’époque de l’anthèse, deux placentas pariétaux portant chacun deux séries d’ovules, et présente deux fausses cloisons centripètes qui s’avancent entre les placentas; dans les autres, le nombre des placentas ou des loges, à l'époque de l’anthèse, varie de deux à cinq; les loges sont superposées aux pétales. Les ovules sont horizontaux, anatropes, et se regardent par leur raphé. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 17 Le fruit est une drupe à un, deux, trois, quatre, cinq lobes, renfermant le même nombre de noyaux monospermes. Les graines sont sphériques et contiennent, sous un albumen peu abondant, un embryon à cotylédons larges et épais. Les inflorescences sont axillaires et disposées en cymes. Les Grewia sont des arbres et des arbrisseaux des contrées chaudes de l’ancien continent et de l'Océanie; leurs feuilles sont stipulées, alternes, simples, entières ou dentées. 19. BeLoria À. Rich. — Les Belotia sont des arbres du Mexique et de Cuba, dont les fleurs ont le périanthe des Grewia. Un long pied sépare linsertion de la corolle de celle des étamines. Celles-ci sont portées au-dessus d’un gros disque poilu, libres, toutes fer- üles, à filets courts et inégaux. L'ovaire est poilu, surmonté d’un style terminé par deux branches courtes multifides et renferme deux fausses cloisons. Les placentas sont au nombre de deux et portent des ovules à la manière de ceux des Grewia. Le fruit est une capsule comprimée, cordiforme, dont la déhis- cence est d’abord loculicide, puis septicide. 20. Cozumera Pers. — Les Columbia sont des arbres de l’Asie tropicale, dont les fleurs ont une très-grande ressemblance avec celles des Grewia. Elles n’en diffèrent guère que par la préflo- raison valvaire de la corolle, le nombre constant des placentas ou des loges, qui est toujours de quatre, le nombre constant des ovules qui est de quatre dans chaque loge, la direction des ovules; ils se tournent le dos, sont ascendants, anatropes, à micropyle infé- rieur et externe. Le fruit est une capsule à quatre ailes, à déhiscence septicide. Les feuilles ont un limbe auriculé partagé inégalement par la ner- vure médiane. 21, Dircopnracrum Desf. — Les Diplophractum sont des arbres de PAsie tropicale. Leurs fleurs ne différent guère de celles des Grewia qu'en ce que les faisceaux d’élamines sont légèrement monadelphes à la base, que l'ovaire a toujours einq feuilles earpel- laires superposées aux pétales, cinq placentas pariétaux portant LS MÉMOIRE deux séries d’ovules et plus tard cinq loges incomplètes. Cinq fausses cloisons centripètes partagent chaque loge en deux moitiés. Le fruit est sec, indéhiscent, cotonneux extérieurement, por- tant cinq ailes sinueuses sur le dos des loges. «Les graines sont brunes, ovales, parsemées de pelits enfoncements, entourées d'un arille. Les téguments en sont coriaces et épais; l'embryon est placé à la base de la graine, accompagné d’un albumen charnu. » (Desfontaines.) Les fleurs sont disposées en cymes axillaires et groupées par trois dans un involucre de trois bractées. Ce qui distingue cette section, c’est l’ensemble des caractéres suivants : Chaque pétale porte à sa base un renflement charnu on une écaille; un long pied sépare l'insertion des pétales de celle des élamines; celles-ci sont portées au-dessus du disque et toutes fertiles; l'ovaire est muni de fausses cloisons. H. — SECTION DES SLOANEA. 29, SLoaxea L. — Les fleurs des S/oanea sont hermaphrodites et régulières. Le calice est polysépale et se compose de quatre sépales épais, triangulaires, disposés dans le bouton en préflo- raison valvaire. La corolle manque. Les étamines sont toutes fer- iles, insérées immédiatement au-dessus du calice et superposées par faisceaux aux sépales. Les filets sont courts, libres; les an- thères allongées, biloculaires, s’ouvrant sur les côtés par une fente longitudinale. Le gynécée se compose d’un ovaire allongé surmonté d'un style effilé. À l’âge adulte, Povaire est partagé en quatre loges pluriovulées, alternes avee les sépales. Les ovules sont placés sur deux séries verticales, dans l’angle interne de Ta loge, et se tournent leur raphé. Le fruit est une capsule épineuse dont la déhiscence est locn- licide. Les graines possèdent un embryon entouré par un albumen charnu. Les inflorescences sont en cvmes axillaires. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES, h9 Les Sloanea sont de grands arbres de l'Amérique tropicale, à feuilles alternes, simples, penninerviées. 23. Dasvnema Schott. — Les Dasynema, que plusieurs bota- nistes réunissent aux Sloanea, sont aussi de grands arbres de l'Amérique tropicale. Ils ne différent des Sloanea que par la présence d’un disque annulaire et charnu sur lequel sont im plantées les étamines, et par les loges de l'ovaire superposées aux sépales, 24. Ecrnocarpus Bl. — Les Echinocarpus sont de grands arbres de l'Australie et des Indes orientales, à fleurs construites sur les types trois, quatre ou cinq. Hs différent des Dasynema par leur calice, dont la préfloraison est imbriquée, et par la présence d’une corolle qui est polypétale, à folioles Jaciniées ou divisées. L'ovaire et le fruit offrent des caractères identiques avec les mêmes organes des Slouneu. 25. ForGerina (1). — Les Forgetina sont des arbres de la Guyane, dont les fleurs ont le disque annulaire des Dasynema et sont construites sur le lype cinq. Le calice est persistant et affecte assez souvent la préfloraison imbriquée; les étamines sont très-nombreuses, toutes fertiles et ont les anthères en massue. (1) Ce genre, que nqus dédions à M. Forget, secrétaire de la Faculté de méde- cine et horticulteur distingué, a pour caractères : Calice polysépale, persistant, formé de quatre sépales disposés dans le bouton en préfloraison valvaire ou subimbriquée. Corolle nulle. Disque épais, glanduleux, au-dessus du calice. Androcée d’un grand nombre d’élamines toutes fertiles, à filets libres, cylindriques, surmontés d’une anthère en massue, biloculaire, in- trorse, à déhiscence longitudinale, Ovaire à quatre ou à cinq angles, uniloculaire, allongé, surmonté d’un long style formé de branches réunies, enroulées en spirale, et terminé par quatre ou cinq pelites lobes stigmatifères divergents. Ovules for- mant deux séries verticales sur chaque lame placentaire (ils sont horizontaux et descendants avec micropyle supérieur et interne). Le fruit est inconnu. Les inflorescences sont sessiles sur les rameaux et consistent en masses de glomérules. Les Forgetina sont des arbres de la Guyane, à feuilles alternes, simples, à limbe penninervié, accompagnées de deux petites stipules latérales caduques. L'espèce analysée est le Forgetina quianensis, rapporté de la Guyane par Perrottet en 1821 (herb. Mus.). VII. h 50 = MÉMOIRE Les placentas restent pariétaux, même à l’époque de l’anthèse. Les inflorescences sont portées directement sur les rameaux et consis- tent en un grand nombre de glomérules. 26. AnrnozLoma Labill. — Les Antholoma sont des arbres de la Nouvelle-Calédonie. Leurs fleurs diffèrent de celles des Dasynema par leur calice en forme de sac se fendant à l’âge adulte, par leur corolle gamopétale à bord supérieur déchiqueté ; mais elles s'en rapprochent par la présence du gros disque annulaire sur lequel sont insérées les élamines, par la forme de ces étamines dont le conneclif est prolongé en pointe, par leur déhiscence qui se fait à partir du haut de la loge. L’ovaire est de même unilocu- laire dans le jeune âge, avec au moins quatre placentas parié- aux. Le fruit est sphérique, a la consistance du liége irrégulièrement Û déhiscent à sa maturité. 27. Dusoscia (1). — Les Duboscia sont des arbres de l'Afrique australe, dont les fleurs sont placées par trois dans un invo- (1) Ce genre, que nous dédions à M. Dubosc, offre les caractères suivants : Les fleurs sont groupées par trois dans un involucre formé de trois bractées qui offrent entre elles la disposition valvaire. Chaque fleur est régulière et hermaphro- dite. Le calice se compose de cinq sépales épais, triangulaires, disposés dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle est formée de quatre pétales épais, en cuilleron, insérés au-dessus des sépales et alternes avec eux, L’androcée est porté sur un disque annulaire et épais; il se compose d’un très-grand nombre d’éta- mines toutes fertiles groupées par faisceaux superposés aux pétales ; les filets sont d'autant plus longs qu’ils sont plus intérieurs; ils sont libres entre eux; les anthères sont arrondies, biloculaires, introrses, et s'ouvrent par une fente lon- gitudinale. Le gynécée se compose d’un ovaire allongé, surmonté d’un style court terminé par huit petites branches stigmatifères. A l’âge adulte, l'ovaire est partagé en huit loges complètes, portant dans l’angle interne deux ran- gées verticales d’ovules, Geux-ci sont horizontaux, anatropes, et se tournent leur raphé. Le fruit est volumineux, sphérique, creusé dans son axe, a la consistance du liége et renferme dans son intérieur un grand nombre de graines enchàssées. Les inflorescences sont axillaires et consistent en cymes de petits fascicules contenant chacun trois fleurs. Les Duboscia sont de grands arbres de l'Afrique du Sud; leurs feuilles sont alternes, entières, bistipulées. L'espèce que nous avons analysée est le Duboscia macrocarpa, rapporté d'Afrique par M. G. Mann, sous le n° 1759 (herb. Mus. et herb. Kew). SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 51 lucre et sont construites sur le type cinq. Elles diffèrent de celles des Sloanea par la présence de quatre petits appendices poilus, pétaloïdes, placés au-dessus des sépales et alternes avec eux. Les étamines sont groupées en quatre faisceaux superposés aux pétales ; les anthères sont globuleuses, biloculaires et introrses. L’ovaire renferme huit loges contenant chacune deux séries ver- ticales d’ovules dans l’angle interne, Le fruit est sphérique, montrant à sa surface des côtes et des dépressions, ayant la consistance du liége, indéhiscent, creux dans son axe et contenant enchàässées des graines disposées en séries verticales. Les feuilles sont entières, simples, partagées inégalement par la nervure médiane. 28. Desprarsia (1). — Les Desplatsia sont de grands arbres de l'Afrique australe, à fleurs construites sur le type cinq dans toutes leurs parties. Elles différent de celles des Duboscia par les pétales bien développés et munis d’un onglet eharnu ; par leur androcée formé d’étamines monadelphes, disposées en (1) Ce genre, que nous dédions à M. Desplats, professeur agrégé à Ja Faculté de médecine de Paris, offre les caractères suivants : Les fleurs sont régulières et hermaphrodites. Elles sont construites sur le type cinq. Le calice est polysépale à cinq folioles disposées dans le bouton en préflo- raison valvaire condupliquée, La corolle se compose de cinq pétales courts, alternes avec les sépales, présentant à la base un onglet charnu, affectant la préfloraison imbriquée. L’androcée est formé d’un grand nombre d’étamines monadelphes à Ja base seulement, disposées en cinq faisceaux superposés aux pétales; les filets sont libres dans la plus grande partie de leur étendue ; les anthères sont globuleuses, basculantes, biloculaires, introrses dans le bouton, exlrorses dans l’anthèse. Le gynécée se compose d’un ovaire aïlongé surmonté d’un long style dont Je sommet est ouvert et a les bords découpés. Il renferme cinq loges superposées aux sépales et contenant chacune dans l’angle interne deux séries verticales d’ovules horizon- taux, anatropes, se tournant leur raphé. Le fruit est volumineux, ovoïde, a la consistance du liége, est creusé dans son axe et renferme un grand nombre de graines enclavées dans son tissu, Les inflorescences sont axillaires et consistent en cymes bipares. Les Desplatsia sont de grands arbres de l'Afrique du Sud; leurs feuilles sont alternes, simples, bistipulées, à limbe penninervié. L’échantillon que nous avons analysé est le Desplalsia subericarpa, rapporté d'Afrique par M, G. Mann sous le n° 1695 (herb. Mus. et herb. Kew). 52 : MÉMOIRE cinq faisceaux, à filets libres, superposés aux pétales; par leurs anthères basculantes. Le gynécée a la constitution de eelui des Du- boscia, mais il ne renferme que cinq loges. Le fruit est également subéreux et ne diffère de celui du genre précédent que par la forme. Les inflorescences consistent en cymes bipares ; les fleurs ne sont pas groupées dans un involucre. 29. Ancsrrocarpus Oliv. — Les Ancistrocarpus sont des ar- brisseaux de l'Afrique tropicale occidentale, Leurs fleurs sont construites sur le type quatre. Elles diffèrent de celles des PDes- platsia par leur corolle bien développée, à pétales très-larges; par leur androcée constitué par quatre faisceaux d’étamines superposés aux pétales et monadelphes à la base, par les anthères linéaires, à connectif saillant au sommet: par leur ovaire uniloculaire à quatre, cinq, six placentas pariétaux ; par leur fruit épineux; mais ce fruit a la consistance de celui des Duboscia et des Desplatsia; les graines sont de même enclavées dans des logettes. 30. Grærrea Seem. — Les Grœæfjea sont des arbres des îles Vi qui, d’après la description et les figures de M, Seeman (in Seem., J'ourn. of Bot., 1864, p. 71), ont le calice et l’an- drocée des Sloanea; mais chaque fleur est munie d’un calicule de (rois folioles ; et l'ovaire n’a que deux loges multiovulées, Tous les genres de cette section ont un très-grand nombre d'étamines à filets libres, le plus souvent portées sur un disque annulaire et charnu. Les pétales, lorsqu'ils existent, ne sont ja- mais involutés. Le fruit est see, souvent garni d'épines. Î. — SECTION DES ELÆOCARPUS. 31. Ezxocarrus L. — Les £læocarpus ont les fleurs régulières et hermaphrodites. Le calice est polysépale, composé de cinq folioles disposées dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle est polypétale, formée de cinq pièces alternes avec les sépales, insérés sur une partie renflée du réceptacle; le limbe est plus ou moins lacinié où lobé au sommet; la préfloraison en SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 53 est valvaire indupliquée. Les élamines sont insérées au-dessus d’un disque glanduleux, plurilobé, et groupées en dix faisceaux ; cinq sont superposés aux pétales, cinq autres, réduits souvent à une seule étamine, sont alternes; les filets sont libres, inégaux, d'autant plus grands qu'ils sont élevés sur le réceptacle; les an- thères sont étroites, allongées, biloculaires, à connectif prolongé supérieurement en corne; elles s'ouvrent au sommet par deux fentes courtes et latérales qui simulent une déhiscence porricide unique. Le gynécée se compose d’un ovaire pyriforme surmonté d'un style terminé en pointe. Les placentas sont d'abord pariétaux, au nombre de deux, trois, quatre ou einq, et persistent souvent jusqu’à l’âge adulte; ils vont dans l'intérieur à la rencontre l’un de l’autre et déterminent ainsi deux, trois, quatre ou cinq loges rarement complètes. Les ovules sont d'abord placés sur deux séries verticales à la partie libre de chaque placenta; ils sont sus- pendus, anatropes, à raphé touchant le placenta, à micropyle supérieur et externe. Plus tard, ils apparaissent dans l’angle in- terne des loges sur deux séries et se tournent leur raphé. Le fruit est une drupe à noyau unique, chagriné, partagé en deux, trois, quatre ou cinq loges contenant un petit nombre de graines. Chacune d'elles renferme un embryon entouré d’un albu- men charnu. Les inflorescences sont axillaires el consistent en grappes sim- ples. Chaque fleur est à l’aisselle d’une bractée. Les Elæocarpus sont des arbres des Indes orientales et de l'Australie; leurs feuilles sont alternes, entières, penninerviées. 32. Vazuea Mutis. — Les F’allea sont des arbres des régions montagneuses du Chili et de la Nouvelle-Grenade. Leurs fleurs ont le calice des Ælæocarpus; les pétales sont insérés immédiatement au-dessus du calice, trilobés au sommet; le lobe médian recouvre les denx autres dans le bouton; la préfloraison est imbriquée. Les étamines sont insérées immédiatement au-dessus de la corolle; leurs filets sont libres, larges et poilus, s’amincissent au sommet, où ils portent une anthère longue, biloculaire, à sommet obtus, s'ou- 67/1 MÉMOIRE vrant seulement au haut de la fente longitudinale, Un disque épais et glanduleux sépare l'insertion des étamines de celle des feuilles œrpellaires. L'ovaire est construit sur le type quatre et a Ja composition de celui des £læocarpus. Le fruit a la portion extérieure du péricarpe charnue et garnie de tubereules; il contient quatre noyaux complets et s'ouvre au sommet en quatre valves loculicides, qui portent des graines sur leur milieu. Les inflorescences sont axillaires et disposées en cymes uni- pares. 33. Teicuspiparia Ruiz el Pav. — Les T'ricuspidaria sont des ar- bres du Chili, dont les fleurs rappellent celles des genres précé- dents. Elles en différent par leur ealice gamosépale, urcéolé, ca- due, se fendant à l'époque de l’anthèse. Les pétales sont ceux des V'allea, avec la préfloraison des Elæocarpus. Un disque charnu sé- pare l'insertion des pétales de celle des élamines. Celles-ci sont groupées par trois, quatre, superposées aux pétales et enveloppées par ceux-ci dans la préfloraison; les filets sont libres; les anthères sont allongées, biloeulaires et s'ouvrent sur le côté par deux fentes longitudinales. L'ovaire est celui des Ælæocarpus et des V'allea. Le fruit est une capsule dont la déhiscence est loculicide ; il s'ouvre de haut en bas en quatre valves, qui restent unies à la base. Les graines sont peu nombreuses, attachées, comme celles des Vallea, des deux côtés d’une lame saillante qui occupe la ligne médiane de chaque valve; leur embryon est entouré par un albumen charnu. Les inflorescences sont axillaires et consistent en fleurs soli- (aires. 84. Dunouzeria Panch. — Les Dubouzetia sont de grands ar- bres de la Nouvelle-Calédonie, dont les fleurs ont la plus grande ressemblance avec celles des Tricuspidaria. Elles se rapprochent tellement de celles qui appartiennent, dans ce genre, à la section Crinodendron, que les dissemblances sont presque inappréciables. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 55 La seule différence est dans la déhiscence du fruit, qui, selon MM. Brongniart et Gris, est septicide dans les Dubouzetia, tandis qu'elle est loeulicide dans les T'ricuspidaria. Cette section est caractérisée par la réunion des caractères sui- vants : étamines toutes fertiles disposées par faisceaux au-dessus d’un disque annulaire ; anthères dont la déhiscence se fait au sommet de fentes longitudinales ; pétales souvent involutés. J. — SECTION DES ARISTOTELTA. 35. ArisroTeLIA Lhér. — Les Aristotelia ont les fleurs régu- lières et hermaphrodites. Le calice est polysépale, formé de cinq sépales insérés sur les bords d’un réceptacle concave et disposés dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle est polypétale, formée de cinq pétales membraneux, à onglet court, alternes avec les sépales et affectant la préfloraison imbriquée. L’androcée se compose de quinze étamines insérées sur un rebord convexe du réceptacle concave; elles sont toutes fertiles; cinq sont suiperpo- sées aux sépales, et dix sont superposées par paires aux pétales ; les filets sont libres ; les anthères sont basifixes, biloculaires, introrses et déhiscentes au sommet seulement de chaque fente longitudi- nale. Le gynécée est placé au fond du réceptacle ; il se compose d’un ovaire sphérique, surmonté d’un style unique formé de trois branches qui deviennent divergentes au sommet. Les placentas sont au nombre de trois ou quatre, portant chacun deux ovules, et pariétaux dans le bouton. A l’époque de l’anthèse, ils se sont rapprochés et ont formé trois loges incomplètes biovulées. Les ovules sont, à l’âge adulte, placés dans l’angle interne de la loge, collatéraux, ascendants, hémitropes, à raphé interne, à micro- pyle inférieur et extérieur, Le fruit est une baie tri- ou quadrilobée qui contient un nombre variable de graines ; chacune d’elles renferme un embryon à radi- cule infêre, à colylédons arrondis, entouré par un albumen ebarou et abondant. H10) MÉMOIRE Les Arislotelia sont des arbustes à feuilles opposées, stipulées, penninerviées, qui eroissent au Chili, dans la Tasmanie et à la Nouvelle-Zélande. Les fleurs sont disposées en cymes axillaires et sont parfois unisexuées. Cette section est la seule parmi les Tiliacées dont les fleurs aient le réceptacle concave. Ce caractère les rapproche des Diptérocarpées ; mais comme tous les autres caractères sont ceux des Tiliacées, nous avons cru convenable de laisser les Aris- lotelia dans ec dernier groupe. Ne sait-on pas, d’ailleurs, anjour- d'hui, qu'il n’y a presque pas de familles dites naturelles qui n'aient à la fois des plantes à réceptacle convexe et d’autres à ré- ceptacle concave ; et, pour n’emprunter un exemple qu'à des plantes des groupes voisins, les Cheirostemon, les Eriodendron, bien qu'ayant un réceptacle concave, ne sont-ils pas réunis à des genres dont le réceptacle est convexe? Les Visnea, les Anneslea à ovaire infère, ne sont-ils pas dans le même groupe que les Gleyera et les T'ernstræmia à ovaire supère ? K. — SECTION vdES BERRYA. 96. Berrya Roxb. — Les fleurs des Berrya sont régulières et hermaphrodites. Le calice est gamosépale, campanulé, à cinq divi- sions (lisposées dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle est polypétale et se compose de cinq pétales allongés, sans on- glet, alternes avec les sépales et disposés dans le bouton en pré- floraison imbriquée ou tordue. L’androcée se compose d’un nombre indéfini d’élamines, toutes fertiles, insérées un peu au-dessus des pétales, monadelphes à la base seulement ; les anthères sont glo- buleuses, basculantes, biloculaires, introrses, à déhiscence longi- tudinale, Le gynécée se compose d’un ovaire d’abord uniloculaire, avec trois placentas pariétaux portant chacun deux séries verti- cales d’ovules, triloculaire à l’époque de l’anthèse; le style est formé de trois branches libres ou réunies, terminées chacune par un renflement stigmatifère. Les ovules sont suspendus, anatropes, à raphé extérieur, à micropyle supérieur et interne. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES, 57 Le fruit est une capsule entourée à la base par le calice fendu, la corolle et les étamines desséchées ; il porte six ailes disposées par paires; la déhiscence en est loculicide, Les graines sont au nombre de une ou deux dans chaque loge; l'enveloppe externe est mince, couverte de gros poils; l’interne est dure et épaisse; l’em- bryon a la radicule supère, les cotylédons elliptiques, et est entouré par un albumen peu abondant. Les inflorescences sont axillaires où terminales et consistent en cymes panciflores. Les Berrya sont des arbres de l’Asie tropicale et de Cuba. Leurs feuilles sont alternes, cordiformes, entières, accompagnées de stipules. Ce genre qui, par tant de caractères, appartient aux Tiliacées, se rapproche singulièrement des Malvacées et particulièrement du genre ÆHoheria; il en a le fruit, la direction des ovules; les styles semblent être les prolongements des placentas et sont sou- veut indépendants, Mais, dans les Æoheria, les étamines sont atta- chées par groupes aux pétales, tandis que dans les Berrya les élamines sont légèrement monadelphes à la base et indépendantes de la corolle. DESCRIPTION DE QUELQUES GENRES ÉLOIGNÉS DU GROUPE DES TILIACÉES ET RÉPARTIS DANS LES ORDRES VOISINS. Bien que toutes les plantes admises par MM. Bentham et Hooker dans leur Ordre de Tiliacées, aient un air de famille, certaines d'entre elles se rapprochent plus des groupes voisins. Ainsi les T'richospermum et les Mollia ont jusque dans le fruit les caractères de placentation des Bixacées; les Brownlowia, ies Pen- tance, les Pityranthe, les Christiana, ont le gynécée des Sterculia ; le Schoutenia nous à paru se rapprocher des Malvacées; quant au Aopalocarpus, nous en donnerons les caractères sans pouvoir préciser à quel groupe il appartient. Les fleurs de Diplodiscus, que nous avons examinées au jardin de Kew, nous ont présenté tous 5$ MÉMOIRE les caractères des Brownlowia. Les Carpodiptera ne différant des Berrya que par la forme des styles, nous les avors réunis à ce dernier genre, qui, du reste, dans ses propres espèces, présente tantôt des styles libres et divergents, tantôt des styles réunis. Bixacées, Tricaospermum BI. — Les fleurs des T'richospermum sont régu- lières et hermaphrodites. Leur calice est polysépale et se compose de cinq sépales disposés dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle est polypétale, formée de cinq pétales alternes avec les folioles du calice, insérés sur un disque annulaire; ils ont un on- glet concave, poilu sur les bords; la préfloraison en est imbriquée. Un disque renflé et élevé sépare l'insertion des pétales de celle des élamines. Celles-ci sont nombreuses, foules fertiles, et forment cinq faisceaux superposés aux pétales; les filets sont libres; les anthères sont globuleuses, basculantes, biloculaires, introrses et s'ouvrent par deux fentes longitudinales. Le gynécée se compose d'un ovaire allongé qui se continue sans ligne de démareation en un style simple à sommet tubuleux. Les placentas sont au nom- bre de deux et pariétaux; ils portent chacun deux rangées verti- cales et parallèles d’ovules anatropes qui se tournent leur raphé. Le fruit est une capsule de forme losangique, renflée sur le milieu, s’attéauant Sur les bords en forme d'ailes. Elle contient quatre séries verticales de graines groupées par paires sur les pla- centas pariétaux persistants, el se sépare incomplétement en deux valves par déhiscence loculicide. Les graines sont poilues et con- tiennent sous leurs téguments un embryon à cotylédons plans, orbiculaires, renfermé dans un albumen charnu. Les inflorescences consistent en cymes axillaires. Les Trichospermum sont des arbres javanais, à feuilles alternes, stipulées, à limbe obtus, auriculé et trinervié à la base. Moznia Mart. — Les Mollia sont des arbres de l'Amérique équinoxiale, couverts de poils peltés. Leurs fleurs différent essen- SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 59 tiellement de celles des Trichospermum par leur androcée, qui se compose de dix faisceaux d’étamines, monadelphes dans la plus grande partie de leur étendue; cinq sont superposés aux sépales et renferment des élamines en plus grand nombre que ceux qui sont superposés aux pétales ; les anthères sont allongées, sagittées, à deux loges divergentes au sommet et à la base, introrses, s’ou- vrant au sommet de deux fentes longitudinales. Le gynécée offre la composition de celui des Trichospermum; le style est grêle, allongé. Le fruit est une capsule ligneuse surmontée d’une erèle en forme de croissant qui l'entoure en partie; la déhiscence en est loculicide. Les graines sont nombreuses, attachées sur les pla- centas et placées chacune dans des logettes superposées; elles sont lisses et renferment un embryon à cotylédons membraneux, entouré par un albumen peu abondant. Les inflorescences sont axillaires et paraissent être des om- belles; mais elles sont en réalité disposées en eymes unipares ; les pédicelles des fleurs sont d'autant plus courts qu'ils appartien- nent à une génération plus nouvelle. STERCULIACÉES. BrowxLowia Roxb. — Les fleurs des Brownlowia sont herma- phrodites. Le calice est gamosépale, fendu en avant à l’époque de l'anthèse, à cinq divisions inégales disposées dans le bouton en préfloraison valvaire. La corolle est polypétale, à cinq pétales alternes avec les divisions du calice, à onglet court, à limbe étalé, disposés dans le bouton en préfloraison imbriquée. L’androcée se compose de dix faisceaux d’élamines, monadelphes à la base seule- ment et insérés sur un renflement qui entoure la base de l’ovaire ; cinq de ces faisceaux sont superposés aux sépales, stériles, réduits à une lame pétaloïde; cinq sont superposées aux pétales et fer- iles ; leurs filets sont grèles, allongés; les anthères sont globu-. leuses, basculantes, biloculaires, introrses et ont la déhiscence 60 MÉMOIRE longitudinale. Le gynécée se compose de cinq carpelles libres biovulés ; et les styles, quoique distincts, s'accolent les uns aux autres. Les ovules sont attachés dans l'angle interne, l'un au- dessus de l’autre, ascendants, hémitropes, à raphé intérieur, à micropyle inférieur et externe. Le fruit est sphérique; il n’est ordinairement formé que d’un seul carpelle, par suite de l’atrophie des autres. Les inflorescences sont terminales et disposées en eymes. Les Brownlowia sont des arbres de l'Asie tropicale; leurs feuilles sont alternes, stipulées, entières. Penxrace Hassk. — Les Pentace sont des arbres de Ja presqu'île de Malacca et de Java. Les fleurs différent de celles des Zrown- lowia par leur calice à divisions égales, le long onglet des pétales, la disposition de leurs faisceaux d’étamines ; les faisceaux fertiles sont superposés aux sépales et ont les élamines extrorses; ceux en lame pétaloïde sont superposés aux pétales et plus inté- rieurs. Le fruit est ligneux, à trois, quatre ou cinq ailes membrancuses; il ne renferme le plus souvent qu’une graine dressée, tomenteuse sur la chalaze et autour du micropyle. L'embryon est petit, à ra- dicule infêre, à cotylédons elliptiques, etest entouré par un albumen charnu. Les inflorescences sont terminales et consistent en grappes de cymes. Prryrantue Thw.— Les Pityranthe sont des arbres de Ceylan. Leurs fleurs ont le calice des Pentace et la corolle polypétale à préfloraison cochléaire ou imbriquée, Les étamines sont, comme dans les deux genres précédents, insérées un peu au-dessus de la corolle; cinq faisceaux, comprenant chacun (rois étamines, sont superposés aux divisions du calice; les filets sont grêles, élargis au sommet et portent une anthère à deux loges divergentes à la base, extrorse, à déhiscence longitudinale; cinq groupes de sta- minodes réunis en lame pétaloïde et portant parfois des traces d'anthère atrophiée, sont superposés aux pétales. Les carpelles sont SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 61 libres à la base, mais les styles sont réunis en une colonne unique. Chaque carpelle contient deux ovules collatéraux attachés dans l'angle interne au-dessus l’un de l’autre; ils différent de ceux du Brownlowia et du Pentace en ce qu'ils sont descendants, apa- tropes, à raphé extérieur, à micropyle supérieur et interne. Le fruit est une capsule pyriforme, à parois papyracées, se séparant par déhiscence loeulicide en cinq valves qui s'ouvrent de la base au sommet et laissent entre elles un axe central auquel elles restent attachées par leur sommet. En ce point est fixée une graine dans chaque loge; elle est globuleuse, à téguments externes constellés de poils étoilés, et renferme un embryon à radicule supère, entouré par un albumen charnu. CarisTiaNa D.C. — Les Christiana sont des arbres de l’Afri- que tropicale. Leurs fleurs ont le calice et la corolle des Brown- lowia ; les étamines sont toutes fertiles, monadelphes à la base et ont leurs anthères extrorses; les cinq carpelles qui forment leur gynécée sont libres et contiennent des ovules qui ont la posi- tion et la direction de ceux des Pityranthe. Le calice persiste au- tour du fruit qui se compose de cinq capsules parfaitement dis- lüinctes, ne renfermant ordinairement qu’une graine et s’ouvrant par déhiscence loculicide. Ropaocarpus Boj. — Les fleurs du ÆRopalocarpus sont régu- lières et hermaphrodites. Le périanthe est formé de huit folioles semblables, constituant deux verticilles à éléments imbriqués. Les étamines sont nombreuses, libres, portées immédiatement au-des- sus du périanthe; les filets sont grêles, longs; les anthères portées au haut du filet, biloculaires, à loges divergentes à la base, ex- trorses, à déhiscence longitudinale, Au-dessus de l'androcée, le réceptacle s'élève sous forme d’un petit pied, puis se renfle en un 2ros bourrelet annulaire. Le pistil est placé sur le bour- relet ; il se compose d’un ovaire biloculaire, surmonté d’un long style coudé. Les ovules sont au nombre de trois dans chaque loge, insérés à la base; ils sont dressés, anatropes, à raphé externe, à micropyle inférieur et interne. 62 MÉMOIRE Le fruit est une sphère sèche, couverte de grosses épines courtes (?). Les inflorescences sont axillaires et consistent en cymes uni- pares. Les Ropalocarpus sont des arbres de Madagascar, à feuilles alternes, stipulées, simples, à nervation pennée,. IT. AFFINITÉS NATURELLES. I. — Les Bixacées, telles que les avait caractérisées Kunth, ne différaient, disait-il, des Tiliacées que par leurs placentas parié- taux. Une étude plus approfondie des Tiliacées nous a démontré que tous leurs genres ont dans le premier âge de leur fleur les placentas des Bixacées, et cette remarque avait déjà été faite par Desfontaines sur son genre Diplophractum. De sorte que si l’on voulait accorder au caractère de la placentation toute lim- portance que lui donnent plusieurs auteurs, il faudrait, pour être logique, regarder les jeunes fleurs des Tiliacées comme appartenant aux Bixacées, et toutes les fleurs adultes comme appartenant aux Tiliacées. La distinction fondée sur ce caractère est souvent im possible, car il arrive très-fréquemment que les placentas de ces dernières plantes persistent dans les fleurs adultes et même jusque dans le fruit. Quant au caractère de la préfloraison du calice, on ne peut lui donner une grande importance, puisque certaines Tiliacées, telles que les Æchinocarpus, ont une préfloraison imbriquée, et que, d’un autre côté, les Peridiscus, les Azara, admis comme Bixa- cées, ont une préfloraison subvalvaire. C'est cette similitude de caractères qui faisait dire à M. Baillon, dans un mémoire ré- cent (1) : « Qu'il arrivera peut-être un moment où les Tiliacées » et les Bixacées des auteurs actuels ne seront plus considérées » que comme deux membres fort étroitement unis d’une seule » et même famille naturelle, et où les bolanistes qui, pour la (1) In Adansonia, VI, 238. Du genre Nettoa et des caractères qui séparent les Bixacées des Tiliacées. SUR LE GROUPE DES TILIACÉES. 63 » commodité de l'étude, les maintiendront séparées, n’hésiteront » pas à déclarer qu'ils ont recours à un mode de classement » essenticllement artificiel. » IT.-— Les Malvacées proprement dites, comparées aux Tiliacées, s’en distinguent facilement. Elles ont de même, il est vrai, un calice à préfloraison valvaire; mais la corolle affecte toujours la préfloraison contournée; les filets des étamines sont réunis et for- ment une colonne centrale autour des pistils; les anthères sont uniloculaires ; l'ovaire a des loges complètes. Cependant le Hohe- ria se rapproche singulièrement du Berrya par son gynécée et par son fruit; comme dans le Berrya, les styles paraissent être le pro- longement des placentas, les ovules ont la même direction, les fruits gardent à leur base les débris de la fleur et sont ailés. Si l’on rapproche une Tiliacée d'un Bombaæ, d'un Cheirostemon, d'un Hermannia, on ne trouve plus de différence dans l’organi- sation de l'ovaire; les placentas, dans ces derniers, sont pariétaux dans le très-jeune âge, mais ils se rapprochent de très-bonne heure pour constituer des parois de loges. Les caractères différen- tiels résident dans les autres parties de la fleur : chez le Bombax, les anthères sont uniloculaires, la corolle a la préfloraison tordue ; dans le Cheirostemon, les filets sont monadelphes dans une haute étendue; chez les Hermannia, on ne trouve que cinq étamines monadelphes à la base. En résumé, il existe, parmi les Tiliacées et dans les Malvacées, des plantes qui ont un tel caractère de parenté qu'il est impossible de le méconnaitre, Ce qui contribue à donner cet air de parenté, c’est, tantôt le calicule qui rapproche les Luhea de la section des Malva, la préfloraison du calice, souvent identique, là forme de la corolle le plus souvent composée de pétales étalés, membraneux, la composition de l’androcée qui, chez les Sparmannia, Honc- kenya, Apeiba, ete., ete., est formé de faisceaux monadelphes dans une plus ou moins faible étendue. Pour toutes ces raisons, nous ne pensons pas que les Tiliacées doivent être séparées des Mal- vacées à litre de famille; nous les y réunirions à tre de section. 64 MÉMOIRE HI, — Les Bütinériacées, que les auteurs placent tantôt avec les Stereuliacées, tantôt avec les Malvacées, ont beaucoup de l’organi- sation des Tiliacées. Dans le T'heobroma, par exemple, les placentas sont longtemps pariétaux ; ils s'avancent plus tard dans l'intérieur de l’ovaire et déterminent la formation de loges superposées aux pétales, absolument comme dans les Corchorus, les Sparman - nia, ele.; les ovules sont placés de même sur deux séries verti- cales et ont la même direction. La seule différence un peu sensible consiste dans l’androcée, formé le plus souvent de faisceaux mona- delphes dans une grande étendue, IV. — Les Sterculiacées, telles que les comprennent MM. Ben- tham et Hooker, dans leur Genera, se rapprochent singulièrement des Tiliacées par les tribus des Hermanniées, des Dombeyées, des Eriolænées et des Helictérées, que M. Baillon comprend dans la famille des Malvacées ; mais elles s’en éloignent par les genres Heritiera, Cola, Tarrietia, Sterculia. Ces derniers ont, en effet, des fleurs unisexuées, ce qui est l'exception chez les Tiliacées, et de plus, leurs carpelles sont toujours libres, V.— Les Diptérocarpées ont quelque ressemblance avec les Tiliacées par leur androcée, mais elles en différent par leur calice imbriqué, persistant, et dont quelques-uns des sépales s’ac- croissent en forme d’ailes autour du fruit; par leur réceptacle sou- vent concave, et par leur ovaire à placentas axiles. D'après ce qui précède, il est facile de voir que le groupe des Tiliacées affecte les liaisons les plus intimes avec les Bombacées, les Hermanniées, les Butinériacées; et si lon admeltait que ces petits groupes ne sont que des tribus d’une grande famille des Malvacées, il faudrait prendre la même conelusion pour celui des Tiliacées. Mais on conçoit très-bien qu'il soit commode, dans la pra- tique, de conserver comme distincte cette famille qui, si l’on ne s’en rapportait qu'aux caractères absolus, se confondrait encore d'autre part avec les Bixacées, ainsi que vient de le faire voir M. Baillon (Adansonia, VI, 241). MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES (CONTINUÉ DE LA PAGE 46.) Trois des tribus ou séries admises dans la famille des Magno- liacées sont caractérisées par des carpelles libres à placenta parié- {al occupant l'angle interne de l'ovaire ; ce sont des polycarpice. Elles ont pour type: la première, les Magnolia ; la seconde, les Schizandra ; la troisième, les Zllicium. Celle-ci peut être subdi- visée en deux groupes secondaires, l’un des Illiciées proprement dites ; l’autre, des Drimydées ou Wintérées. La quatrième tribu ou série, celle des Canellacées, est caractérisée au contraire par un ovaire uniloculaire, avec plusieurs placentas pariélaux; elle représente des Magnoliacées anormales. Mais on pourrait, à la rigueur, ne pas en faire un groupe séparé de celui des Illiciées, suivant en cela l'exemple qu'ont donné MM. Bentham et Hooker, lorsqu'ils ont (Gen., 21) placé les Monodora parmi les Mitrépho- rées, et non dans une tribu spéciale. Le tableau suivant indiquera d’ailleurs la manière dont nous disposons les genres de cette famille. A. MAGNOLIEÆ. Flores hermaphroditi. Carpella ordine spirali inserta ; recep- taculo plus minus elongalo conico v. subeylindraceo. Folia aut sti- pulacea aut basi in vaginam stipulæformem dilatata, folia juniora vernatione claudentia. Carpella libera. Ovula 2 v. plura ordime duplier insert. VII. 5 66 MÉMOIRE I. Macnozra L. Antheræ aintrorsæ. Fructus exalatus. 4. Eumagnoha. Carpella dorso aperta. Ovula 2. Flores termi- nales.! incl. Yulania, Lirianthe, Tulipastrum, Liriopsis(ex part.) |. 2. Talauma. Carpella dorso haud aperta Ovula 2. Flores terminales. (Incl. Aromadendron, Blumea, Buergeria.) o. Mangliehia. Carpella dorso aperta. Ovula &, Flores termi- nales. h. Michelia. Carpella dorso aperta. Ovula &. Flores axillares. 5. Michehopsis. Carpella dorso aperta. Ovula 2. Flores axil- lares. (nel. Liriopsis, ex part.) IE. LiRIODENDRON L. ‘Antheræ extrorsæ. Fructus alatus. B. SCHIZANDREZÆ. Flores unisexuales. Carpella © ordine spirali inserta ; recepta- culo plus minus elongato conico v. demum eylindraceo. Folia exstipulata. Carpella demum baccata libera. Ovula 2: micropyle extrorsum supera. ITI. Scmizanpra Micux. (Incl. Kadsura, Sphærostema, Sarcocarpon, Maæimovitzia.) C. ILCICIEZ. Perianthi folia ordine spirali inserta numero indefinita inter se dssimilia v, subsimilia, imbricata omnia. Antheræ introrsæ. Ovula solitaria adscendentia; micropyle extrorsum infera. Car- pella libera dehiscentia. Flores hermaphroditr. SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES. 67 IV. ILuiaumn L. 1. Euillicium. Staminum filamenta baud cymbæformia com- planata. 2. Cymbostemon. Slaminum filamenta incrassato-cymbæformia, C bis. DRIMYDEÆ S. WINTEREÆ. Calyx valvatus. Corollæ imbricatæ petala , Antheræ extrorsæ. Ovula , Carpella libera indehiscentia baecata. Flores herma- phroditi v. polygami. V. Drimys Forst. (ncl. Wintera, Tasmannia). D. CANELLEÆ. Flores hermaphroditi. Stamina monadelpha. Ovarium unilo- culare; placentis parietalibus. Fructus baccatus simplex. Folia exstipulata. VI. CanEzLa P. Br. Flores appendicibus petaloideis exstrastamineis destituti ; inflo- rescentiæ terminales. VIT. Cinnamonenpron Endl. Flores appendicibus petaloideis eæstrastamineis præditi; infto- rescenticæ laterales (A). (1) Adeliopsis BENTH. (Gen., 436), seu Adelioides R. Br. mss,, genus nobis penitus hucusque ignotum et a cl Bentham Menispermaceis adscriptum, melius ad Schizandraceas, ex cl. Miers (in Ann, and. Mag. of Natural History) refer- retur, Locus itaque dubius in systemale remanert, 68 MÉMOIRE DÉTERMINATION PRATIQUE DES GENRES ET SOUS-GENRES. Étant donnée une des plantes actuellement connues de la fanille des Magnoliacées, telle que nous l'avons limitée, on recher- chera siles fleurs en sont toutes hermaphrodites, ce qui est le cas le plus ordinaire ; ou si, au contraire, elles sont polygames. Dans celte dernière alternative, il s'agirait d’un Schizandra ou de cer- tains Drimys. Ces derniers auraient un verticille extérieur du périanthe, en préfloraison valvaire, et des carpelles multiovulés ; tandis que, dans les Schisandra, toutes les folioles florales seraient imbriquées, les carpelles ne renfermant chacun que deux ovules à micropyle extérieur et supérieur. Avec des fleurs hermaphrodites, ou le gynécée est dialyearpellé, ou bien les carpelles sont unis par leurs bords en un ovaire uni- loculaire à plusieurs placentas pariétaux, en même temps que l’androcée est monadelphe. Alors la plante est un Cinnamodendron ou un Canella, suivant la présence ou l'absence, en dehors de l’androcée, des petits appendices pétaloïdes dont il a été question plus haut. Le gynécée étant au contraire dialycarpellé, ou le réceptacle floral demeure toujours court, et il s’agit d'un Drimys herma- phrodite, si le périanthe extérieur est valvaire avec des carpelles multiovulés; ou bien d’un Zllicium, si toutes les folioles du périan- the sont imbriquées, avec des carpelles uniovulés, lovule étant ascendant avec le micropyle extérieur. Ou l'axe floral, au contraire, s’élire en rameau cylindrique, même dans la fleur, et dans ce cas on a sous les yeux un Lirioden- dron, si le fruit est une samare et si les anthères sont extrorses : ou un Magnolia, si les anthères sont introrses et le fruit non samaroïde. Reste à distinguer les uns des autres les nombreux types sous- génériques que nous admettons dans le genre Magnolia. Un des carpelles ouverts laisse voir plus de deux ovules, dis- SUR LA FAMILLE DES MAGNOLIACÉES, 69 posés sur deux rangées verticales. Avec une portion eylindrique du réceptacle, nue, entre les carpelles et l'androcée, et des fleurs latérales, il s’agit d’un Michelia ; avec des fleurs terminales et des carpelles faisant suite, sans intervalle aux étamines, il s’agit d'un Manghela. Plus fréquemment le carpelle ne renferme que deux ovules horizontaux ou descendants, avec le micropyle tourné en dehors et en haut. Dans ce cas : Les fleurs latérales et l’existence d’un intervalle nu sur le réceptacle, entre l’androcée et le gynécée, indiquent un Miche- liopsis. L'absence de cet intervalle et les fleurs terminales dénotent au contraire : Un Talauma, si les carpelles sont indéhiscents, ou ne s'ouvrent pas suivant Ja ligne dorsale. Et un Magnolia vrai, si la déhiscence carpellaire se fait longi- tudinalement suivant cette ligne dorsale, BOTANIQUE PÉDAGOGIQUE. ESSAT DE PROGRAMME D'UN COURS DE BOTANIQUE THÉORIQUE ET APPLIQUÉE POUR L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE SPÉCIAL (1). ANNÉE PRÉPARATOIRE. Étendue, limites eéographiques, dénombrement sommaire du Règne végétal, Outre les arbres et les herbes qui vivent à la sur- face de la terre, l’intérieur du sol renferme des végétaux vivants (hypogés), ou des plantes fossiles, vestiges des flores géologiques. D'autres plantes peuvent vivre dans les eaux, dans différentes substances très-variables, dans le corps de l’homme et des êtres organisés. Parasites épiphytes et endophytes. Bilan approximatif du Règne végétal aux différentes époques. L (Parmi lant de végétaux, le professeur choisira quelques types vulgaires, déjà connus de tout le monde quant à l’aspect exté- rieur. Il les mettra entre les mains des élèves, les leur fera récolter eux-mêmes, et s’arrangera de façon que ces plantes, où des ligures coloriées exactes, qui les représentent dans leur ensemble et dans leurs détails, soient constamment sous les yeux des élèves (1) Get essai de programme nous à été demandé par le Ministère de l'instruction publique, et a été imprimé, dans le courant de cet été, à l'Imprimerie impériale. L'importance qui s'attache actuellement à l'enseignement secondaire spécial, nous fait un devoir de publier ce programme, afin que les botanistes de profession puis- sent en signaler les lacunes et les points faibles, et contribuer par là à le rendre moins imparfait. ESSAI DE PROGRAMME D'UN COURS DE BOTANIQUE. 71 pendant la démonstration. Le professeur fera représenter d'avance, ou dessinera à la craie, avec de grandes dimensions, chacune des parties des plantes dont il va traiter successivement). FE. Notions sur l’histoire naturelle du Blé. Sa tige est creuse, avee des nœuds pleins, répondant à l'insertion des feuilles. Quel- ques mots sur les chaumes des Graminées en général, des céréales, du Bambou, ete. Les feuilles du Blé ont une gaine et une ligule, Montrer ce que sont ces organes. Forme et nervation du limbe ; indiquer la fréquence de cette organisation dans les Mono- cotylédones. De l’épi du Blé et des autres céréales; en quoi il diffère d’un véritable épi simple. Des bractées et écailles florales. Du grain; pourquoi 1l représente un fruit et non une graine. De Ja farine qu'il contient; du son. Montrer comment se produisent les racines dans le Blé et comment celles de toutes les plantes analogues sont de celles qu'on appelle adventives. Dans quelles circonstances le Blé peut-il taller. Indiquer quelques-unes des principales variétés de Blé cultivées dans le pays, et, à cette occasion, donner une idée aux élèves de ce qui constitue une espèce végétale. Quelques mots sur la culture du Blé, sur son origine probable, sur les produits utiles qu'il fournit à l’homme. IL Notiuns sur l’histoire naturelle du Chêne. Sa tige est celle d’un arbre ; quels caractères généraux elle présente, Combien de temps elle met à se former et à grossir. Montrer qu'il y a des arbres très-anciens et très-volumineux. Distinguer nettement, sur des büches de Chêne, l'écorce du bois, l’aubier du cœur, le bois de la moelle. Montrer les rayons médullaires, et les couches ligneuses distinctes dont le nombre est en rapport avec l’âge de l’arbre. Feuilles du Chêne; en distinguer le pétiole et le limbe et, dans ce dernier, les nervures et le parenchyme vert. Les fleurs sont petites et peu visibles, sans couleurs éclatantes. Pourquoi. Absence de corolle (apétalie). Du gland; c'est le fruit du Chêne ; il renferme une graine ; en montrer l’énorme embryon. Indiquer J2 ESSAI DE PROGRAMME quelques-unes des principales espèces de Chène, et à celte oceasion insister davantage sur la manière dont se constitue un genre de plantes. Quelques mots du Chêne vert et du Chêne-liége. Comparer entre eux le Blé et le Chêne. Ils diffèrent par la racine, par Ja taille, la durée, la consistance de leur tige, la forme et la nervation de leurs feuilles, la constitution de leur embryon. Dis- üinction première des Monocotylédones et des Dicotylédones. Le Blé et le Chêne ont l'un et l'autre de petites fleurs verdâtres, sans éclat, dépourvues de périanthe coloré, disposées en épis. Pour- quoi ceux-ci s’appellent-ils chatons dans le Chêne ? IT. Notions sur l’histoire naturelle du Lis. Organisation de la portion souterraine dite oignon ou bulbe du Lis. Sa portion cen- trale axile ou plateau. Ses appendices ou écailles; montrer leur insertion. Portion aérienne du système axile, où hampes du Lis. Feuilles; leur insertion, leur nervation. Fleurs; leur double enve- loppe colorée, formant deux verticilles trimères. Pourquoi on les appelle tous deux calices. Androcée à deux verticilles de trois étamines. Analyser l’étamine. Distinguer le filet, l’anthère et ses loges, le conneclif, le pollen. Gynécée ; montrer, dans lintérieur de son ovaire, les trois loges, contenant les ovules. Que devien- dront ces ovules ? Du style et du tissu stigmatique de son extré- mité. Expliquer pourquoi le gynécée est dit ici supère. Dire en quelques mots à quoi est due l'odeur des fleurs du Lis. Indiquer, outre le Lis blane, les principales espèces cultivées dans nos jar- dins, et, à cette occasion, montrer mieux encore comment se constitue un genre de végétaux. Ajouter quelques mots sur les Iris, et bien montrer que leur ovaire est infère, au lieu d’être supère comme dans le Lis, pour faire voir ensuile que ce caractère suffit souvent à séparer deux familles voisines l’une de l’autre, et que, par conséquent, on lui accorde une grande valeur dans la classification naturelle, Comparaison du Lis et du Blé. Analogie de forme et de ner- vation de leurs feuilles. Différences de leurs portions souterraines; D'UN COURS DE BOTANIQUE THÉORIQUE ET APPLIQUÉE. 78 absence de gaine et de ligule dans le Lis. Différences de taille, de coloration des enveloppes florales. Distinguer la plante annuelle de la plante vivace. Expliquer cette expression. Comparaison du Lis et du Chêne. Le premier a les feuilles d’une Dicotylédone, le second celles d’une Monocotylédone. Aussi leur embryon est forcément différent. L'albumen, absent dans le Chêne, existe dans le Lis comme dans le Blé, La consistance, la taille, la durée des tiges ne sont pas les mêmes. Distinguer une herbe annuelle ou vivace d’un arbre. Taille et coloration différentes des fleurs. De plus, les fleurs du Chêne sont de celles qu'on appelle dielines. IV. Notions sur l’histoire naturelle du Rosier. Consistance et taille de sa tige. Aiouillons. Les feuilles alternes, composées- pennées et leurs stipules. Forme concave du réceptacle de la fleur. Calice et corolle d’un Églantier à fleurs simples. Point où s’insé- rent les étamines et les pistils. Fruit du Rosier; distinguer les akènes contenus, de la portion réceplaculaire charnue qui les enveloppe. Quelques mots sur les roses doubles et sur la manière dont elles se produisent. De la greffe des Rosiers. Comparer le Chêne au Rosier. La tige du dernier est ligneuse, comme celle du Chêne, mais moins élevée. Distinction desarbres, arbustes, arbrisseaux. Les feuilles du Chêne sont simples, et celles du Rosier, composées. Les fleurs du Rosier sont herma- phrodites et pourvues d’une corolle, ce qui n’arrive pas dans le Chêne. Pétalie et apétalie. V. Notions sur l’histoire naturelle du Pois. Plante annuelle. Sa racine ; sa tige grêle et flexible a besoin d’un support. Les feuilles sont composées, comme celles du Rosier, mais toutes les folioles nesont pas membraneuses ; plusieurs sont transformées en organes destinés à supporter la plante. Exemples divers de vrilles. Stipules. Fleur du Pois. Sa corolle polypétale, irrégulière, papilionacée ; en étudier la composition. Androcée. De la diadelphie. Gynécée. 7h ESSAI DE PROGRAMME Fruit. Caractère des gousses. Graines. Rapprocher du Pois quel- ques genres analogues : haricot, fève, lentille, luzerne, trèfle, ete., et montrer en peu de mots leurs rapports naturels. Comparer le Pois au Rosier. Ressemblances et dissemblances entre leurs tiges et leurs feuilles. La corolle est régulière dans le Rosier, irrégulière dans le Pois. Quelques mots sur la valeur accordée par Tournefort à ce caractère, Étamines libres du Rosier, adelphes du Pois. Fruit multiple du Rosier, simple du Pois. Gousse déhiscente, polysperme du Pois; akènes indéhiscents, monospermes du Rosier. À celte occasion, revenir sur quelques caractères employés par les botanistes pour distinguer deux familles naturelles voisines. VI. Notions sur l’histoire naturelle de la Pomme de terre. Nature de ses tubercules comestibles. Des yeux et des bourgeons qu'ils portent. Pourquoi ce ne sont pas des racines. Racines adventives. Rameaux aériens. Feuilles. Fleurs. Forme et union des pièces de la corolle. Androcée; insertion et mode de déhis- cence des étamines. Gynécée et fruit de la Pomme de terre, Quel- ques mots sur son origine et son introduction en Europe. Quelques mots de la Pervenche et du Laurier-rose. La corolle y est gamopétale, comme dans la Pomme de terre; sa forme est un peu différênte ; mais les feuilles sont opposées dans la première et opposées ou verticillées dans le dernier. De plus il y a, dans ces plantes, deux ovaires indépendants, et non réunis, comme dans la Pomme de terre. Comparaison du Rosier et de la Pomme de terre. Tige aérienne de l’un, souterraine de l’autre. Corolle polypétale de l’un, gamo- pétale de l’autre. Valeur de ce caractère dans la Méthode de Jus- sieu. Insertion des étamines sur le réceptacle floral dans le Rosier, sur la corolle dans la Pomme de terre. Fruit simple, charnu dans la Pomme de terre, mulliple ct formés d’akènes secs dans le Rosier. Graines pourvues d’albumen dans la Pomme de terre, sans albumen dans le Rosier. Valeur de ce caractère, D'UN COURS DE BOTANIQUE THÉORIQUE ET APPLIQUÉE. 19 VII Notions sur l’histoire naturelle de la Pâquerette. C’est une herbe vivace, de celles qu’on appelle à tort acaules. Comment ses fleurs se groupent de manière qu’une inflorescence y simule une fleur unique. Fleurs composées. Réceptacle. Bractées et invo- lucre. Fleurons et demi-fleurons. Radiées, Carduacées et Chico- racées. Montrer comment l’ovaire est inséré dans la Päquerette, et comment cela tient à la concavité de l’axe floral. Des aigrettes des Composées et de leur utilité. Le fruit, ou akène, pris à tort, dans le langage vulgaire, comme la graine. Union des étamines, syngénésie. La Pâquerette appartient par ses corolles gamopétales au même oroupe que la Pomme de terre. Différences consistant principa- lement dans la présence de certaines corolles irrégulières de la Pâquerette, dans la sitnation infère de l'ovaire, le fruit indéhis- cent, sec, monosperme, les étamines syngénèses ; tous caractères qui n'existent pas dans la Pomme de terre. VUL. Notions sur l’histoire naturelle du Champignon. Sa por- lion la plus développée ne constitue pas le corps même de cette plante cryptogame. Blanc de Champignon (mycelium). Pied, cha- peau et débris de la coiffe des Champignons. Origine et situation des spores ou corps reproducteurs. Montrer leur disposition à la face inférieure du chapeau. Grouper comparativement, et en peu de mots, en insistant seu- lement sur leurs grandes dissemblances extérieures, les plantes à spores les plus connues, telles que morilles, truffes, lichens, mousses, fougères, algues (thalassiophytes, si l’école est située au bord de la mer). Montrer les caractères communs à tous ces VÉGÉTAUX, Comparaison sommaire des Cryptogames et des plantes Phané- rogames précédemment analysées. Caractères négatifs des pre- mières : ni fleurs, ni graines, ni colylédons. Grandes divisions du Règne végétal. Embranchements. (OBSERVATIONS PRATIQUES, — Dès le début de ses leçons et dans 76 ESSAI DE PROGRAMME tout le courant de cette année d’études préparatoires, le professeur exigera que ses élèves prennent l'habitude de ne jamais rien admettre, deviner ou répondre au hasard. Ils devront voir les plantes, observer les faits, ne dire et ne croire que ce qu’on leur aura mis sous les yeux. On doit, avant lout, développer en eux l’esprit d'observation, d’exactitude et de précision. Toutes les plantes précédemment étudiées devront done, autant que possible, leur être remises en grande quantité ; le professeur tâchera de les faire planter et cultiver dans les jardins ou les cours de l’établisse- ment; il serait précieux que les élèves pussent les y cultiver eux- mêmes. Pendant les récréations et les promenades, les élèves récolteront les fleurs, fruits etautres produits végétaux qu'on ren- contre fréquemment partout. Il serait bon que chacun d'eux eût un petit herbier fait de sa main, renfermant au moins celles des plantes dont on a parlé dans le cours, bien nommées, avec leurs différentes parties, feuilles, fleurs, fruits, graines, nellement pré- parées ; et le professeur consacrera une où plusieurs classes par mois à l'examen et à la détermination de ces petites collections. Les arbres plantés dans les cours de l’école, les fleurs des par- terres, les herbes les plus humbles qui forment les gazons, la moindre mousse, moisissure, ele., qui se rencontre sur les mu- railles ou les pavés des cours, doivent être attentivement observés par l’élève, auquel on indiquera de quelle plante étudiée dans le cours il doit rapprocher l'objet qu'il a recueilli, pourquoi le vé- gétal qu’il apporte est cryptogame, phanérogame, monocotylé , dicotylé, etc., et d’où viennent les erreurs qu'il peut commettre, en cherchant à établir entre ces différents objets une première comparaison, souvent trompeuse). PREMIÈRE ANNÉE. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. (Le professeur donnera successivement les caractères extérieurs des principaux organes des plantes ; il prendra des exemples dans D'UN COURS DE BOTANIQUE THÉORIQUE ET APPLIQUÉE, is un grand nombre de plantes vulgaires , mais il appuiera de préfé- rence ses démonstrations sur l’organisation des végétaux étudiés dans l’année précédente, et qu'il fera connaître cette année d’une manière plus approfondie.) Indiquer sommairement ce qu'on entend, en botanique, par organographie, anatomie (histologie) et physiologie. Racines. Racines pivotantes, des arbres forestiers, des plantes alimentaires de la famille des Crucifères, Ombellifères, ete. Dis- position des racines secondaires. Rhizotaxie. Racines fasciculées. Racines adventives. Conséquences pour la culture de la con- slitution des racines. Coléorhize. Racines des céréales. Sucs amassés dans les racines pivolantes ou fasciculées. Épaississe- ment des couches corticales Tiges. Leurs différentes formes. Milieux qu’elles habitent; inflaence de ces milieux sur l’apparence extérieure des tiges. Rhizomes. En quoi ils diffèrent des racines. Tubercules. Compa- raison de la Pomme de terre et de quelques tubercules analogues avec les racines. Bulbes solides, écailleux, tuniqués. Plateau, écailles. Pourquoi les bulbes ne sont pas des racines. Tiges her- bacées, sous-ligneuses, ligneuses, rampantes, sarmenteuses , volubles. Moyens de support. Chaumes. Plantes vivaces, bisan-- nuelles, annuelles. Ramification. Branches. Pseudo-tiges. Bouture et Marcottes. Bourgeons. Leur situation normale, Bourgeons adventifs, Consti- tution d’un bourgeon; ses portions axile et appendiculaires. Bulbilles. Greffes et écussons,. Poils et glandes des organes de végétation. Poils glanduleux. Aiguillons. Épines; caractères distinctifs des uns et des autres. Vrilles et autres organes volubles. Feuilles. Limbe. Pétiole, Gaine. Feuilles complètes et incom- plètes. Transformation des feuilles. Distinction d’une feuille trans- formée et d’un rameau foliiforme. Phyllodes. Nervation et décou - pures du limbe. Feuilles simples et composées. Stipules. Préfoliaison. Phyllotaxie. 73 ESSAI DE PROGRAMME Inflorescences. Pédoncules. Pédicelles. Bractées. Principaux types d’inflorescences. Inflorescences solitaires, définies, indéfi- nies, simples, composées, mixtes. Grappe. Épi. Corymbe. Capi- tule. Cymes uni- et pluripares. Glomérule, ete. Exemples les plus remarquables d’inflorescences anormales.. Fleur. De la fleur en général. Exposer, en allant du simple au composé, des exemples de fleurs dites gymnosperme (femelle), nue, unisexuée, hermaphrodite, apétale, asépale, complète, pour- vue d’un calicule. Involucre et involucelle. Périanthe. Calice. Corolle. Bouton. Préfloraison. Diagrammes floraux. Distinction des côtés antérieur et postérieur de la fleur. Sa position par rapport à l'axe, à la bractée mère, aux autres bractées. Fleurs résupinées. Androcée. Anthère, filet, connectif de l’étamine. Anthères introrses et extrorses. Symétrie de l’androcée. Staminodes. Gynécée, Ovaires simple et composé, multiple. Placentation. Ovules. Style. Tissus conducteur et stigmatique. Réceptacle floral. Comment sa forme variable entraîne des différences dans l'insertion. Hypogynie, périgynie et épigynie. Valeur de ces caractères dans certaines classifications. Disque. Nectaires. Glandes florales. Fruit. Distinction des parties contenantes et contenues. Péri- carpe et Graines. Nature variable du péricarpe, see, charnu, dé- hiscent, indéhiscent. Fruits monospermes, oligo- ou polyspermes; fruits indusiés. Graine. Téguments. Arilles, poils et aigrettes des graines. Embryon. Ses différentes portions. Nombre de ses cotylédons. Albumen ; sa position variable ; sa nature. Régularité et irrégularité des fleurs. Symétrie. Fleurs-types. Altérations du type. Dédoublement. Partition. Mulüplication. Avortements. Jonction des parties, etc. Exemples tirés de quel- ques grands groupes naturels. (Montrer ici comment les caractères organographiques suffisent à l'étude des Familles naturelles dont il sera traité dans le cours D'UN COURS DE BOTANIQUE THÉORIQUE ET APPLIQUÉE. 79 de l’année suivante; et comment cependant l’anatomie (histologie) est inséparable de l’organographie et n’en diffère essentiellement que par l'emploi d'instruments d'optique plus puissants.) DEUXIEME ANNEE. CARACTÈRES DES FAMILLES NATURELLES LES PLUS IMPORTANTES. (Le professeur établira, en partant d’un type bien défini, et, autant que possible, choisi parmi les plantes les plus connues, les caractères de la végétation, de la fleur et du fruit de chaque famille. Puis il procédera par différences, pour faire connaitre les principaux genres qui se groupent autour de eelui qu'il aura d'abord étudié, etmontrer comment se constitue de la sorte l’en- semble de la Famille). Dicotylédones. Renonculacées. Quelques mots des Magnoliacées et Anonacées étudiées comparativement. Ménispermées. Lauriers et Museadiers. Nénuphars. Nélumbos et Papavéracées. Crucifères. Quelques mots des Càpriers et des Résédas. Orties, Poivres et Platanes. Morées. Rosacées. Myrtes et Grenadiers. Légumineuses. Saxifragées. Cucurbitacées. Ombellifères et Araliaeées. Cornées. Caprifoliacées. Rubiacées. Cinchonces. Rhamnées. Célastrinées et Vignes. Houx. Sapindacées. Æsculinées. Érables. Rutacées. Simaroubées. Aurantiacées. Géraniées. Balsamines. Capucines. Lins. Caryophyllées. Malvacées. Quelques mots des Sterculiacées et du Cacaoyer. Tiliacées. Diptérocarpées. 80 ESSAI DE PROGRAMME Euphorbiacées. Buxacées. Théacées. Gultifères. Violettes. Tamarix. Saules et Peupliers. Scrofulariées. Solanées. Gentianées. Apocynées et Asclépiadées. Borraginées et Labiées. Convolvulacées. Éricacées. Oléinées. Campanules. Valérianes. Dipsacées. Composées. Polygonées et Chénopodées. Santalacées et Loranthacées. Ju- glandées et Myricées. Cupulifères. Bétulinées. Corylées. Ormes. Conifères et Cycadées. Monocotylédones. Graminées. Palmiers. Aroïdées. Leur comparer les Typha et les Lemna. Joncées. Liliacées. Comparer à ces dernières les Amarvllidées, les Iridées, les Colchicacées et les Ananas. Bananiers. Amomées. Orchidées. Naiadées. Alismacées. Butomées. Hydrocharidées. A cotylédones. Algues et Charagnes. Champignons et Lichens. Mousses et Hépatiques. Fougères, Lycopodes. Prêles. (Indiquer que l'étude de ces familles acotylédonées ne peut être ici qu'ébauchée, et devra être parfaite à l’aide des connaissances histologiques acquises dans le cours de l’année suivante.) (Alors que les familles précédemment énumérées ont été étu- diées, les comparer entre elles et les grouper rapidement suivant leurs ressemblances. Indiquer comment les systèmes et méthodes D'UN COURS DE BOTANIQUE THÉORIQUE ET APPLIQUÉE,. O1 historiques (Tournefort, Linné, Adanson, Jussieu) ont conduit à les classer, TROISIEME ANNÉE. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES, (Le professeur exposera, en allant toujours du simple au com- posé, l’histoire des différents tissus dont sont formés les organes des plantes. D'abord il étudiera, dans les organes élémentaires, le contenant et le contenu, les modifications apportées par l’âge; puis la constitution des organes composés, leur origine, leur dévelop- pement, les phénomènes physiologiques dont ils sont le siége.) Parties élémentaires ou tissus des végétaux. Tissu cellulaire. Cellules. Nature de la paroi d’une cellule. Principales formes qu'elle affecte. Son épaisseur primitive. Couches qui s’y ajoutent. Dessins qui en résultent à la surface. Anneaux, ponctualions, réseaux, spirales, ete. Pierres des poires, Ivoire végélal, ec. Parties contenues. Eiquides. Substance azotée, protoplasmique. Nucléus. Matières colorantes. Chlorophylle. Fécule. Inuline. Alcurone. Cristaux. Concrétions, Cystolithes. Raphides. Tissu fibreux, Fibres, Paroi des fibres, leur forme. Perforations. Fibres des Conifères, ete. Résistance et composition chimique du üssu ligneux. Bois. Fibres corticales. Matières textiles. Tissu vasculaire. Vaisseaux. Vaisseaux dits lymphatiques. Leurs parois; dessins qu’elles peuvent présenter. Vaisseaux ponctués, rayés, annelés, réticulés, Trachées fausses et vraies. Origine des vaisseaux. Leur contenu. Vaisseaux propres, Où ils se rencon- rent; leurs anastomoses. Leur contenu. Sucs propres, caoutchouc, opium, suc d'Éclaire, de Sanguinaire, d’Arbre à la vache, ete. Racines. Structure et développement des racines. Épiderme. Ce qu'on entendait par spongioles. Piliorhizes. Poils el suçoirs. Bois et écorce des racines. Racines charnues. Moëlle, Fonctions des racines, rôle mécanique. Absorption. Excrétions. Direction des racines. VII, 82 ESSAI DE PROGRAMME Structure d'une lige à Pépoque où elle est purement celluleuse. Son épiderme. Apparition des faisceaux fibro-vasculaires dans les Monocotylédones et les Dicotylédones. Distinction, dans ces der- nières, du bois et de l'écorce. Zone génératrice. Rayons médul- laires et moelle; étui médullaire. Composition du bois adulte. Aubier et cœur. Tiges exceptionnelles. Structure des chaumes, de certaines lianes (Ménispermées, Aristolochiées, Sapindacées, Bauhiniées, ete.). Fasciations. Structure et agencement comparatif des faisceaux fibro-vaseu- laires dans les Monocotylédones, les Dicotylédones, les Fougères en arbre. Tige des Dracæna, Yucca, Xanthorrhea, etc. Accroissement des tiges. Direction. Action de la lumière et des divers agents physiques. Écorce adulte. Ses différentes couches. Couche subéreuse. Périderme. Exploitation du liége; sa formation. Couche her- bacée. Liber. Plantes textiles. Tissu cellulaire libérien. Écorces à substances médicamenteuses. Feuilles. Structure des feuilles. Coussinet. Pétiole. Nervures. Parenchyme. Épidermes. Stomates. Fonctions des feuilles. Absorp- tion. Exhalation. Respiration. Influence de la lumière. Étiolement. Parties vertes et parties colorées. Mouvements des feuilles. Chute des feuilles. Nutrition de la plante en général. Séve ; sa circulation. Greffe. Incision annulaire, Sues propres. Opium. Caoutchouc, ete. Sécré- tions. Élaboration de divers produits. Fécules. Sucres. Gommes. Résines. Cires. Huiles, Latex. Lait végétal. Matières colorantes, odorantes ; tannin, ete. Réservoirs de sucs des bourgeons, racines, tiges, albumens, embryons, etc. Fleurs, Structure comparée des différentes parties de la fleur. Calice et Corolle, Étamines. Développement de l'anthère. Forma- tion du pollen. Ses membranes. Fovilla. Production artificielle du tube pollinique. Structure du connectif et du filet. Gynécée, Développement. Structure de la portion sligmatique. D'UN COURS DE BOTANIQUE THÉORIQUE ET APPLIQUÉE, 83 Placentas et tissu conducteur. Développement de l’ovule orthotrope. Anatropie et campylotropie. Raphé, chalaze et micropyle. Sac et vésicules embryonnaires. Floraison. Fécondation. Coulure des fruits. Chaleur développée dans certaines fleurs. Mouvements des organes sexuels et de leurs produits. Fécondation dans les Cryplogames. Spores. Sporanges. Anthé- rozoïdes. Anthéridies. Corps reproducteurs des Algues. Cha- ragnes. Mousses. Champignons. Lycopodes, ete. Fruitet Graine. Développement et structure des fruits; péricarpes de consistance variable. Déhiscence; ses causes. Graines. Structure des différentes enveloppes. Origines diverses des albumens. Sac embryonnaire. Embryon. Germination. Conditions favorables et indispensables à Ia ger- mination. Qualités des graines et des milieux ambiants. Phéno- mènes physiologiques, physiques et chimiques. Formation de sucre et d'alcool. Bière. Fermentations. Structure comparée des végétaux dicotylés, monocotylés, acotylés. Cryptogames vasculaires et cellulaires. QUATRIÈME ANNÉE. BOTANIQUE APPLIQUÉE. (Le professeur indiquera d’abord, d’une manière générale, les hnites et les principales divisions de la Botanique appliquée; ce qu'on entend par Bolanique médicale, agricole, économique, et comment celle-ci se subdivise en Botanique industrielle, horticul- turale, forestière, etc. Puis il énumérera et étudiera les différents produits utiles à homme, fournis par les principales Familles, dans l’ordre où elles ont été précédemment examinées, Il sera indispensable qu'il rappelle d’abord les caractères saillants de cette Famille; après quoi, il indiquera quelles sont les parties de la plante qui fournis- 8 ESSAI DÉ PROGRAMME sent le produit utile, les principaux procédés d'exploitation aux- quels cette plante est soumise; son origine géographique, ct, lors- qu'il y a lieu, sa culture et son transport dans d’autres pays, surtout dans le nôtre, lorsqu'il s'agira d'espèces qui y sont géné- ralement cultivées. Sans s’écarter de l'ordre précédemment établi, le professeur pourra, suivant qu'il le jugera convenable, indiquer des rappro- chements et des comparaisons entre les plantes, d'organisation lrès-diverse, qui fournissent des produits similaires. C'est ainsi qu'à propos de la fécule, il pourra rapprocher pour un moment le Manioc, la Pomme Ge terre, les Graminées et les Eégumi- neuses; qu'en parlant des produits oléagineux, il pourra comparer les Pamiers à l’Olivier, aux Crucifères, aux Pavots, et ainsi de suile.) Acotylédones. Algues. Varces, goëmons. Usages agricoles, alimentaires. Soudes. lode. Sucre. Matières gélatineuses. Mousse de Corse. Champignons comestibles et vénéneux. Morilles. Trufles. Amadou. Ergot de seigle. Rouille el carie des céréales. Parasites. Muscardine, Maladie de la Vigne et autres plantes agricoles. Lichens. Pulmonaires. Orseilles. Mousses. Rôle des Sphaignes dans les marais. Poudre de Lyco- pode. Fougères. Capillaires. Usages des espèces indigènes les plus communes. Prêles employées à polir. Monocotylédones. Graminées. Principales céréales. BI, seigle, orge, riz, Mais, sorghos, avoine. Fécules alimentaires. Sucres de Graminées. [vraie. Cypéracées. Papyrus, Souchets comestibles. Pamiers, Fibres, feuilles, bois, sucre, lait, vins, alcools, cires, D'UN COURS DE BOTANIQUE THÉORIQUE ET APPLIQUÉE, 85 huiles de Palmiers. Sagou. Cachou. Sang-dragon. Pattes. Cocotier. — Jones. — Liliacées. Aulx. Lis. Scilles. Aloès. Asperges. Dra- gonniers. Salsepareilles. Dioscorées. [gnames. Bananiers. Abaca. Gingembres, Arrow-root, Cureuma. — Vanilles. Saleps. Colchiques. Ellébores blancs. — Tris, Safran. -— Ananas. Dicotylédones. Xenoneulacées. Aconit. Ellébore noir. Clématites. Magnoliers et Anis étoilé, — Corossols. Poivre de Guinée. Ménispermes. Coque du Levant. Colombo. Mascades et Lauriers. Camphre. Cannelle, Avocatier. Épine-vinette, Pavots. Opium. Huile d'œillette. — Câpres. Crucifères à pivot alimentaire. Choux. Colza. Moutardes, Camé- line. Pastel. Réséda et Gaude. Urticées. Orties. Ma. Poivres. Bétel. — Platanes. Thymélées. Bois dentelle. Garou. Casses et sénés. Bois do Brésil, de Campêche, de Sappan, ete. Légumineuses. Gommes et cachous d’Acacia. Tamarin. Caroubes. Bois de construction. — Indigo. Papilionacées indigènes alimentaires, fourragères. Ara- chides, Roses. Essences. Fruits comestibles des Rosacées : fraises, framboises, poires, pommes, coings, amandes, prunes, pêches, abricots, ete. Kousso d’Abyssinie. Myrtes. Goyaves. Girofle. Toute-épiee. Huiles de cajeput. Euca- lyptes d'Australie. Bois de construction, ete. — Grenades, Cactus. Nopals à cochenilles. Figues de Barbarie.—Groscilliers. — Cour2es. Melons., Concombres. Cornouillers. — Sureaux. — Rubiacées. Garance, Caféier. Quinquinas. Ipécacuanhas, 86 ESSAI DE PROGRAMME Ombellifères utiles, potagères, vénéneuses (Ciguës). Racines comestibles, Feuilles et fruits aromatiques. Nerpruns tinctoriaux. Graine d'Avignon. Vert de Chine. Jujubes. Fusains. — Buis, — Houx. Vignes. Redouls et Érables. — Marronnier d'Inde, Savonniers. Litchis. Rues. Angusture. Quassie. Simarouba, Aïlante glanduleux. Claveliers. Gaïacs. Oranges, citrons, cédrats, ete. Baumes et résines de Térébinthacées. Encens. Baume de Ja Mecque. Noix et pomme d’Acajou. Manguiers, Pistachiers. Sumacs. Bois. Produits tinctoriaux. Acajous à meubles et à planches. Géranium rosat. — Oxalis. — Capucines. Lin. Matière textile. Huile. Mucilage. — OEillet à ratafia. Spar- goutes. — Pourpiers. Euphorbiacées. Sues laiteux. Caoutchouc. Siphonia. Mance- nillier. Huiles de Ricin, de Croton, d'Elxococca, d’Anda, ete. Cascarilles. Tournesol maurelle. Fécules de Manioc, tapioca. Noix de Bancoul. Sablier. Cire de Gluttier. Baobab. Cacao. Malvacées et Bytinériacées. Mauves et Guimauves. Coton. Tilleuls. —: Camphre de Bornéo. — Thé. — Gomme-gutte. Mangostan. Cistes. Ladanum. — Tamarix, Manne de Tamarix et autres. Violettes. Saules et Peupliers. Osiers. Rocou. Piment. Belladone, Jusquiames, ete. Gentianes. — Acanthes. —- Sésame. — Calebasses. Scrofulariées et Solanées. Digitale, Pomme de terre. Tabac. Noix vomique. Fausse-angusture. Curare. Fève de Saint- Ignace. Bourrache. Héliotrope. Oreanetle. Sébestes. D'UN COURS DE BOTANIQUE TIHÉORIQUE ET APPLIQUÉE, 87 Scammonée. Jalap. Patates. Bois de Rhodes, Olivier. Frênes. Manne, Jasmins. Lilas. Beurre de Galam. Sapotilles. Gutta-percha. Bois d’ébène. Verveines et Labiées. Bois de Tek. Campbres et essences de Labiées. Espèces potagères, aromatiques. Lavandes. Romarin. Patchouli. — Bruyères. Rosages. Myrtilles. — Raiponces, Valérianes et Màche. — Cardères. Composées. Centaurées. Chicorées et Laitues. Graines oléagt- neuses, etc. Herbes aromatiques, insecticides. Pyrêthre. Génipis. Absinthes. Rhubarbes. Oseille. Matières linctoriales. Plantains. — Chénopodes. Poirées. Betteraves. Sucre. Soudes. Renouées alimentaires. Gui. Bois de Santal. Noyers et Cerisiers. Chênes. Châtaigniers. Hêtres, Ormes. Amentacées forestières. Bouleaux. Aunes. Coudriers. Charmes. Müriers, Figuiers. Arbres à pain, à la vache. Laque et caout- choue de l'Inde. Antiar. Chanvre et hachisch. Houblon. Cycadées. Gommes et fécules. Conifères. Bois, cônes, produits résineux et sucrés des Pins, Sapins, Mélèzes, Genévriers, Thuias, ete. Colophane, térében- thines, poix, galipots, goudron, coaltar, etc. OBSERVATIONS PRATIQUES (Communes aux quatre dernières années). — (De même que pendant l’année préparatoire, le pro- fesseur encouragera les élèves à observer, recueillir et déterminer le plus grand nombre possible de plantes croissant spontanément ou cultivées dans notre pays. I les aidera à en analyser les princi- paux organes, à en déterminer les affinités, la famille, le genre, et même l'espèce, lorsqu'il s'agira, ou de plantes très-vulgaires, qui se trouvent partout, ou de celles qui, par leur organisation excep- lionvelle où par leur utilité, présentent un intérêt tout particulier. 88 OBSERVATIONS Le cours sera toujours fait pendant la belle saison, de façon que le professeur ait à sa disposition un grand nombre d'exemples qu'il mettra sous les yeux des élèves. Il leur donnera les plantes dont il parle dans ses leçons, les engageant à les conserver et à les préparer avec soin, et à en reproduire par le dessin les caractères significatifs. Quelques-unes des promenades réglementaires seront remplacées par des herborisations, dans lesquelles on s’attachera moins à trouver beaucoup d'espèces et à parcourir beaucoup de terrain, qu'à étudier à fond une portion très-imitée du pays et à déterminer avec soin les plantes employées dans les cultures. Le professeur dessinera au {ableau et fera reproduire par les élèves les organes dont il parlera, et, notamment, les tissus, lorsqu'il s'agira d'histologie. Il est même à désirer que des préparations bien nettes des principaux tissus soient placées successivement sur le porte-objet d’un microscope composé, et livrées chacune pendant plusieurs jours à l’examen attentif des élèves.) OBSERVATIONS SUR L'ANATOMIE DES DILLÉNIACÉES. Les Dilléniacées n’ont guère été étudiées d’une manière spé- ciale au point de vue de l’organisation de leur tige. M. Crüger est le seul anatomiste qui ait observé d’une manière particulière la structure des tiges du Doliocarpus Rolandri, dans son travail intitulé : « Einiger Beilrage z. Kenntniss von sogenannten ano - malen Holzhbildulgen des Dicotylenstammes , » inséré dans Île Botanisehe Zeitung de 1850 (166, t. IV). Mais comme il s'agit surtout, dans ce travail, d’une liane qui participe aux anomalies ordinaires qu'on observe dans la plupart des plantes grimpantes, quant à la multiplication et à la disposition des faisceaux fibro-vas- culaires, on ne peut tirer de ce seul fait des conclusions générales pour la structure des Dilléniacées non sarmenteuses. C’est prin- cipalement de ces dernières que nous nous occuperons 161; et le SUR L'ANATOMIE DES DILLÉNIACÉES. 89 résultat le plus intéressant de nos recherches sera, comme on va le voir, de démontrer qu’il y a une grande analogie de structure entre les Dilléniacées et les Magnoliacées ; on pouvait jusqu’à un certain point s’y attendre en voyant les grandes affinités organo- oraphiques que présente avec les Magnoliées et les Iliciées la tribu des Dilléniées proprement dites. Les Dilléniacées sont toutes des plantes riches en faisceaux de raphides. Dans les Candollea et les Hibbertia cultivés, on en trouve abondamment dans les cellules corticales, dans la moelle, dans le parenchyme des feuilles. Dans la moelle du Daillema spe- ciosa Tac., on trouve des cellules qui contiennent d'énormes paquets de ces aiguilles cristallines. Toutes les autres cellules, et souvent les fibres ligneuses, sont à certaines époques, gorgées de grains de fécule qui, ici, comme dans les Candollea, Hibbertia, el dans tant d’autres végétaux ligneux, se forment et se résorbent pour servir à la nutrition ; c’est là un fait trop général et trop an- ciennement connu pour qu'il vaille la peine qu’on s’y arrête. Dans toutes les espèces australiennes que nous avons examinées, les grains de fécule sont irrégulièrement arrondis et très-inégaux entre eux. Dans la plupart des W'ormia, la moelle se raréfie à un certain âge, et forme des cloisons à peu près parallèles entre elles ou laisse un vide central à contours irréguliers. La moelle s’a- platit considérablement, mais ne fait pas défaut, dans les espèces à eladodes analogues à ceux des Xylophylla, notamment dans celles du genre Pachynema ; les faisceaux fibro-vasculaires du bois s’y trouvent naturellement disposés sur deux plans à peu près paral- ièles et se dirigent obliquement vers les coussinets, de manière à simuler les nervures latérales d’une feuille, Le point le plus remarquable de cette structure, c'estla fréquence, dans le bois des Dilléniacées, des fibres à ponctuations aréolées, avec tous les degrés possibles, suivant l’âge et les espèces, dans le développement des aréoles qui entourent les perforations. Ces aréoles n'apparaissent jamais qu'à un certain âge. Ainsi, dans un très-jeune rameau herbacé de Dillenia speciosa, on n'aperçoit que 90 OBSERVATIONS des fibres de bois ordinaires. Elles sont accompagnées, dans chaque faisceau, de vaisseaux de toute espèce, notamment de vaisseaux cylindriques à paroi très-mince, soutenue à de Jongs intervalles par des anneaux parallèles assez épais, et de trachées vraies ou fausses, dans lesquelles on voit fréquemment le fil spiral devenir souvent simple sur une étendue variable, tandis qu'il est formé le plus ordinairement par deux cordons parallèles et distincts. À celte époque, le parenchyme cortical est très-riche en cellules tubuleuses de la couche herbacée, pleines de grains énormes de chlorophylle, et les fibres libériennes apparaissent très-finement ponctuées. Le suber est formé d’un tissu cellulaire fin et serré; l’épiderme est chargé de poils simples, renflés et comme géniculés à leur base. Sur une branche nettement ligneuse, et de la grosseur du doigt, toutes les ponctuations des cellules et des fibres ont pris un tout autre caractère. Les cellules des rayons médullaires, pleines de fécule à l’intérieur, communiquent lar- gement entre elles par des canaux cylindriques taillés comme à l'emporte-pièce dans leur paroi fort épaissie. Sur les parois des fibres ligneuses, ces canaux ont la forme d’un tronc de eûne à petite base extérieure. Deux de ces troncs de cône, situés exac- tement à la même hauteur et appartenant à deux fibres voisines, se touchent par cette petite base ; et c’est au point d'union des deux petites bases, au niveau du rétrécissement porté par celte sorte de sablier, que se trouve la cavité lenticulaire facile à aper- cevoir lorsqu'elle est coupée longitudinalement. Lorsqu'on re- garde, au contraire, la cavité lenticulaire de face, elle apparaît, comme dans les Conifères, sous forme d’une tache très-sombre, circulaire ou ellipsoïde, et elle est entourée de son arcole concen- trique due à la présence du canal en trone de cône qui aboutit à la perforation. Dans les Candollea, les Hibbertia, on observe la même disposition générale des pores, mais l’aréole est plus ou moins prononcée suivant les espèces; de façon qu’on trouve tous les intermédiaires entre des pores ordinaires, sans aréole, et des pores largement aréolés. Il en est de même dans les Curatella, SUR L'ANATOMIE DES DILLÉNIACÉES. 91 les Schumacheria, et, chose assez remarquable, dans les Actinidia dont les affinités avec les Dilléniacées ne sont pas acceptées par tous les botanistes ; les pores sont notamment très-manifestement aréolés dans 14. callosa. Le plus souvent les pores sont disposés dans une fibre sur deux rangées verticales opposées. Lorsque les ponctuations et les aréoles sont parfaitement circulaires, on peut exactement superposer celles d'une rangée à celles de la rangée qui est en face et n’apercevoir qu’une seule série de ponctuations. Mais quand les ouvertures et les aréoles qui les entourent sont ellipsoïdes, comme il arrive fréquemment dans le Dullenia et le Candollea cuneiformis, les taches noires et allongées que forment les trous d’une rangée peuvent être obliques dans un autre sens que celui des taches de la rangée opposée. Vues alors par transpa- rence, l’une sous l’autre, les deux taches forment une petite croix de Saint-André à quatre branches à peu près égales et très-régu- lièrement disposées. Dans les jeunes rameaux de quelques Candollea, les fibres libé- riennes sont relativement très-grosses, très-écarlées, mais peu nombreuses. Dans quelques Âibbertia, notamment dans l'A. perfohata, c’est un autre élément de l'écorce qui prend un grand développement, le tissu cellulaire. Mais cette sorte d’hypertrophie n'a lieu que sur deux côtés du rameau, qui devient de la sorte aplati et pourvu de deux angles saillants ; le bois ne participe pas à cette déformation, qui n’a rien de commun avec ce qui se produit dans les eladodes dont nous avons parlé plus haut. Les feuilles ont en général un parenchyme hétéromorphe ; les cellules situées sous l’épiderme supérieur sont bacillaires et assez égales entre elles ; elles deviennent irrégulières sous l’épiderme inférieur ; celui-ci est formé de cellules à contours très-irréguliers, et porte des stomates qui, dans les Dillenia, Candollea, elc., sont elliptiques. Nous avons dit que le parenchyme contient fréquem- ment des faisceaux de raphides; ces faisceaux saillants sur les limbes desséchés donnent aux feuilles de la plupart des Dillé- niacées la propriété de devenir rugueuses au toucher, Cette sen- 92 OBSERVATIONS SUR L'ANATOMIE DES DILLÉNIACÉES, sation, qui n'est pas sans utilité dans la pratique, est due dans plusieurs espèces à une cause un peu différente. On sait que cer- faines Dilléniacées, notamment les Curatella, ont des feuilles si rugueuses el si râpeuses, qu'elles servent à polir, même les mé- taux, dans quelques pays de l'Amérique tropicale. Cette propriété est due à l’accumulation dans ces feuilles d’un très-grand nombre de concrétions de forme particulière, et de nature siliceuse; aucun acide ne les attaque, sauf l'acide fluorhydrique. Étudions-les dans la feuille du €. americana, qui est rugueuse sur les deux faces. A la face supérieure, cette rugosité dépend uniquement de la saillie que forment ces nombreuses concrétions siliceuses, situées sous le feuillet superficiel de l'épiderme; elles sont globuleuses, inégales entre elles et finement mamelonnées à la surface, à la facon d’un chou-fleur. On peut les assimiler aux cystolithes des Urücées et de certaines Euphorbiacées; et il est probable qu'elles sont bien moins proéminentes sur les feuilles fraîches. Les inéga- lités de la face inférieure sont dues à plusieurs causes. Premiè- rement, les nervures saillantes y forment un réseau très-riche et la rendent comme gaufrée. En second lieu, ces nervures portent à leur surface deux espèces de productions proéminentes: des poils étoilés; et des concrétions analogues à celles de la face supérieure, mais plus petites et plus nettement mamelonnées. Les poils sont formés de rayons non cloisonnés et assez aigus et mous. A leur base seulement ils présentent parfois une certaine rigidité. Les soncrétions sont très-dures dans toute leur étendue; mais assez souvent leurs lobes, plus aigus et plus saillants que de coutume, sont moins roides, plus transparents; et il en résulte qu'on trouve des espèces d'intermédiaires entre les poils étoilés de la surface et ces dépôls pierreux de l’épiderme inférieur, Les concrétions se ren- contrent abondamment, mais plus petites encore, dans lintervalle les nervures, au fond des aréoles interposées; là aussi l’épiderme inférieur présente de rares stomates de petite dimension. Çà et là se montrent des poils parfaitement simples. Dans certains Tetra- cera, les poils sont très-nombreux et flexibles; dans les feuilles du SUR LA CULTURE ET LA FLORAISON DU DILLENIA SPECIOSA. 93 Delima sarmentosa, on en voit qui sont flexibles au sommet, et dont la base épaissie est devenue fort dure par suite du dépôt de ectte même substance pierreuse qu’on rencontre si fréquemment dans les Dilléniacées. SUR LA CULTURE ET LA FLORAISON DU DILLENIA SPECIOSA. (PLancue HT.) Le Dillenia speciosa, qu'on cultive dans Ia plupart des serres de l'Europe, y fleurit très-rarement ; ce qui est fort regrettable, car les auteurs qui ont écrit sur cette plante et sur les espèces voisines, ne tarissent pas sur le merveilleux effet qu’elles produisent dans les jardins de l'Inde et des régions tropicales de l'Asie. De grandes corolles, larges comme la main, d’un tissu délicat ct finement plissé au moment de l’épanouissement, et un grand calice vert à folioles épaisses dont la couleur fait ressortir celle des pétales ct la couronne d’or représentée au centre de la fleur par landrocée et les styles, tels sont les caractères qui rendent la fleur du Dal- lenia speciosa véritablement magnifique. Mais le mode de culture auquel cette plante est soumise dans la plupart de nos serres rend compte de la très-grande rareté de ses fleurs. Nous ne voyons en général que des pieds plus ou moins maigres, logés dans des pots étroits, et ne portant que des feuilles dont l'apparence est assez belle sans doute, mais dont les dimensions sont bien au-dessous de la taille normale. Il est probable qu'on verrait la plante se dé- velopper beaucoup mieux, si l’on pouvait la livrer à la pleine terre dans une serre chauffée ; et l’on pourrait avoir recours à ce mode de culture dans les serres de la Muette, par exemple. Quant aux établissements qui ne disposent pas d’un aussi vaste emplacement, ils devront imiter le procédé usité en Angleterre pour faire fleurir le Dillenia, et dont M. Osborne (de Fulham) à donné, un des Of SUR LA CULTURE ET LA FLORAISON DU DILLENIA SPECIOSA. premiers, l'exemple, d'après ce qui est relaté dans le Botanical Magazine (t. 5016). Il est dit en effet, dans ce recueil, que la plante présentée en fleurs par M. Osborne était une bouture ré- cente, et qu'il est plus que probable que l'élan imprimé au déve- loppement du feuillage y à déterminé l'apparition des boutons. On ajoute que beaucoup d'horticulteurs ont dû remarquer combien de plantes fleurissent dans ces circonstances, tandis qu’autrement elles ne le font que rarement, ou même jamais ; et qu'il pourrait bien se faire que la constance d’un mème degré de chaleur auquel on soumet uniformément les plantes de serres, en retardât la flo- raison dans certains cas; attendu qu'il y a peu de plantes qui, dans leur pays natal, n'aient des périodes de repos occasionnées, ou par le froid, ou par une chaleur sèche. Une alternative bien cal- culée de chaleur et de froid relatif, faisant succéder à une période de végétation active un temps d’arrèt et de repos, est une chose nécessaire à la plupart des plantes et qui n’est pas toujours suffi- samment observée dans nos cultures. On peut toujours essayer de bouturer le Dillenia à laide de tronçons de rameaux portant un où plusieurs bourgeons axillaires que l’on fera développer en plaçant les boutures à l’étouffée, sous une cloche, dans une bonne serre à multiplication. Mais la reprise de ces boutures est parfois difficile. Le bois est fort mou et la moelle abondante ; sous l’influence d’une humidité un peu abon- dante, les boutures sont fort sujettes à couler. Il vaudra donc mieux, toutes les fois que cela sera possible, marcotter un rameau déjà bien développé, à l’aide d’un pot fendu que l’on fixera sur la plante mère. La marcotte, convenablement arrosée, sera ensuite sevrée graduellement; et le jeune pied, séparé enfin totalement de la plante mère, sera placé dans une serre basse et très-chaude, de manière que la couronne de feuillage se trouve près du verre de la toiture. Une bonne dose d'humidité ne pourra pas nuire, à condition qu'on attendra pour bien mouiller que la re- prise soit parfaite, et qu’on n’exposera pas le bois à se pourrir. On obtiendra de la sorte quelques jeunes rameaux chargés de SUR LA CULTURE ET LA FLORAISON DU DILLENIA SPECIOSA. 95 fouilles un peu tendres, mais d’une bonne taille, d’un beau vert; et l’on pourra avoir la chance de voir se développer, au bout d’un de ces rameaux, un gros bouton qui donnera une fleur charmante portée par un pied de 4 à 2 mètres de hauteur seulement, et semblable à celle que représente noire gravure. Les premiers Dillenia qui ont été eultivés dans nos serres provenaient de craines reçues de l'Inde; et nous tenons de quelques bons praticiens qu’il y a des époques où il faut avoir absolument recours à ce mode de reproduction de la plante, ear les boutures ne pren- nent pas du tout dans certaines périodes et dans certaines condi- tions mal définies où se trouvent les serres chaudes ; et l’on ne possède pas toujours des pieds convenables pour pratiquer le mar- cottage dont nous avons parlé plus haut. La fleur de Dillenia que représente notre gravure était exacte- ment terminale, quoique la plupart des auteurs ne lui accordent pas cette situation et la décrivent seulement comme «subtermi- nale ». Elle atteint, à ce qu'il parait, dans l’Inde, un diamètre double de celui que représente notre dessin. Elle n’est pas sans utilité. Au Bengale, et à Chittagong, on emploie les jeunes ca- lices comme condiment. Leur saveur est acide, et leur consistance charnue ; on les fait confire au sucre ou au vinaigre. Après la fécondation de la fleur, les sépales grandissent et deviennent très- épais, concaves et ligneux, de manière à envelopper presque com- plétement le fruit. C’est dans cet état qu’on le verra représenté, d’après les anciens ouvrages publiés sur les plantes de l’Inde, dans les Décades de Buchoz (VIH, pl. vi). L'ouvrage que nous avons cilé tout à lheure rapporte au commencement de ce siècle l’introduction du Düllenia speciosa en Angleterre. C’est lady Amélie Hume qui, la première, en aurait reçu un pied vivant de Roxburgh. Sir 3. E. Smith a rappelé que Linné, dans ses Critica botanica (p.£0), dit avoir dédié cette plante à 3. J. Dillen, le premier professeur Shérardien d'Oxford, parce que, « de même que Dillen parmi les botanistes, ce végétal brille au premier rang par l’éclat de ses fleurs et de ses fruits ». SUR LE GENRE BRUEA. I n'est pas fait mention du genre Bruea de Gaudichaud, dans le volume (XV, sect. post.) du Prodromus de De Candolle, qui traite des Euphorbiacées; et cependant M. Planchon (Ann. sc. nat., sér. à, X, 255) a rapporté à celte famille le genre créé par Gau- dichaud, dans la partie botanique du Voyage de Freycinet (511). Gaudichaud n'a donné, il est vrai, qu'une descriplion fort som- maire de son genre Bruea, dont il ne connaissait que les fleurs femelles. Celles-ci ont, d'après lui, un calice tubuleux, irrégulie- rement quadridenté et fendu d'un seul côté, caduc, entourant un ovaire uniloculaire, surmonté d’un style latéral, sessile, très-long, papilleux d’un seul côté. Par ces caractères, les fleurs du Bruea ont paru à Gaudichaud analogues à celles des Pouroumées, groupe qu'il a placé dans le voisinage de celui des Artocarpées. Son Bruea bengalensis, recuciili au Bengale par Leschenault, est, dit-il, un arbuste à feuil'es alternes, ovales-subcordées, serrées (?), villeuses, tomenteuses, et à fleurs femelles terminales, pédoncu- lées, accompagnées de bractées foliacées et glanduleuses. Comme les Euphorbiacées à ovaire uniloculaire ne sont pas très-nom- breuses, et surtout parmi celles dont les fleurs sont accompagnées de bractées foliacées et glanduleuses, il nous est venu à la pensée que le Bruea pourrait bien se rapporter à quelque Macaranga de l'Inde, dont la fleur femelle présente précisément ces caractères. Or, dans toutes les collections de Leschenault qui se trouvent au Muséum de Paris, il n’y à qu’une seule plante qui puisse se rap- porter au genre Macaranga, et qui, dans son port et dans lap- parence extérieure de son gynécée, offre quelque ressemblance avec une Urticée ou une Artocarpée, groupe auquel Gaudichaud a attribué son genre Brueca, Cette plante a mème été désignée par Leschenault sous le nom d'Urtica? involucrata. Roxburgh lui a, d'après le Catalogue de Wallich (n. 4624), appliqué là même dé- nomination spécifique. Et c'est celte mème plante que nous avons SUR LA FRUCTIFICATION DE L'OXALIS ACETOSELLA. 97 songé autrefois (Et. gén. Euphorbiac., 132) à faire rentrer dans le genre Macaranga, sous le nom de M.? involucrata. Outre que Leschenault indique, sur les étiquettes de son herbier, que c’est dans le Bengale qu’il a recueilli les échantillons type de son Urtica ? involucrata, la plante, par ce que Gaudichaud dit de la forme de ses feuilles, de son inflorescence, de son calice et de son gynécée, cadre parfaitement avec la description qu’il donne de son genre Bruea. Il en résulte que l’on doit rapporter encore au Bruea le Macaranga mallotoïdes F. Muezz. (Fragm. phyt. austral., IV, 139) que nous avons reconnu (Adansonia, VI, 317) pour la même espèce que notre M. involucrata. Cetle espèce, dont la première diagnose suffisamment établie, se trouve dans le Voyage de l’Urame, prendra donc désormais le nom de M. bengalensis, et aura pour synonymes : M. involucrata, M. mallotoïdes, Bruea bengalensis, et, d’après le Prodromus (loc. cit., 1012), Mecostylis acalyphoïdes Kurz. La distribution géographique de cette espèce commence à être assez étendue, puisqu'elle s’est trouvée déjà à Amboine (herb. Lamb., ei Teysmann, herb. D. C.), dans le Bengale (Lesche- nault, Wallich), et en Australie, au mont Elliott (Frtzalan) et à Clarence-River, Proserpina-Creek (Dallachy, herb. F. Mueller). SUR LA FRUCTIFICATION DE L'OXALIS ACETOSELLA L. Ce n’est pas sans étonnement qu’on observe assez souvent, en plein automne, des fruits parfaitement mûrs et contenant encore leurs graines, sur la Surelle commune (Oxalis 'Acetosella L.). 1] s’agit en effet ici d’une espèce à floraison vernale, et dont les car- pelles arrivent à leur maturité en moins d’un mois. On sait d’ail- leurs que la déhiscence des fruits s’y produit très-facilement et que, sous l'influence de la moindre secousse imprimée au pédon- eule du fruit, celui-ci s'ouvre, pressé par les graines qui s’échap- VII. 7 98 SUR LA FRUCTIFICATION DE L'OXALIS ACETOSELLA, pent elles-mêmes au loin, leur portion intérieure étant vivement projetée jusqu’à plusieurs mètres de distance, par le recouvrement élastique qui les entoure et qui se fend alors pour livrer passage à l'enveloppe séminale interne et à l’amande plus centrale. La Su- relle fleurit au mois d'avril et de mai ; à cette époque j’en arrachai, dans la forêt de Meudon, un pied qui ne portait qu’une seule fleur. Trois semaines après, ce pied, placé dans un pot, portait un fruit dressé, au sommet de son pédoneule allongé; ce fruit s’ouvrit et lança au loin ses graines. Ün mois environ plus tard, la même plante montrait trois autres fruits non encore ouverts, qui, peu après, produisirent également de très-bonnes graines. Au mois d'août, de nombreux pieds, observés dans la localité classique de Meudon, portaient également des fruits parfaitement murs. Ils en ont donné cette année jusqu’à la fin de novembre; et il en a été de même d’un pied conservé dans un pot, sur une fenêtre. Et ce- pendant, on n'avait pu voir, à partir du mois de mai, sur aucune de ces plantes, ces fleurs dont la corolle blanche et veinée est pourtant bien facile à remarquer. Comment done un pied de Su- relle qui ne produit qu’une ou deux de ces fleurs à larges pétales, peut-il donner, pendant six mois consécutifs, une dizaine ou une vingtaine de fruits? C’est que la floraison de cette plante se pro- longe réellement pendant tout l'été et l'automne. Sur le pied cul- tivé en pot, dont j'ai parlé tout à l’heure, une fleur nouvelle appa- raissait environ tous les quinze jours sur les rameaux aériens, couchés sur le sol, qui allaient sans cesse en s’allongeant. Dans ces fleurs peu visibles, le calice et le gynécée se développaient ra- pidement. Les étamines, quoique plus courtes que dans les fleurs vernales, avaient des anthères bien conformées et gorgées de pol- len, Mais la corolle grandissait peu et ne dépassait pas la longueur du calice. Ses cinq pétales demeuraient unis entre eux par leur portion supérieure et lormaient une sorie de capuchon conique qui se détachait du réceptacle floral par la base, à peu près comme dans les fleurs de la Vigne. La séparation des pétales semble dans re eas déterminée par la pression des sépales qui tendent à SUR LA FRUCTIFICATION DE L'OXALIS ACETOSELLA. 99 se rapprocher tous du centre de la fleur, et qui chassent la corolle avec assez d’élasticité pour la projeter brusquement à une distance de quelques centimètres. Pendant ce mouvement, les anthères qui viennent de s'ouvrir, appliquées fortement contre les stigmates, y déposent leur pollen ; et la fécondation s’opère facilement, puis- que nous avons vu tous les fruits arriver en peu de temps à une complète maturité. Ce fait rappelle done jusqu’à un certain point des cas de fécondation opérée dans les fleurs à corolle peu déve- loppée, qui se produisent l’été dans les Violettes et dans quelques espèces herbacées communes de Crucifères, de Labiées, etc. RECHERCHES LES VAISSEAUX LATICIFÈRES © Par M. Auguste TRÉCUL, Membre de l’Académie des sciences. I DE LA PRÉSENCE DU LATEX DANS LES VAISSEAUX SPIRAUX RÉTICULÉS, RAYÉS ET PONCTUÉS, ET DE LA CIRCULATION DANS LES PLANTES (2). Mon objet, dans ce travail, est de montrer que les opinions émises (sur les vaisseaux laticifères) sont fondées sur des con- naissances anatomiques incomplètes, car la moitié seulement des phénomènes ont été aperçus. En effet, tous les observateurs ad- mettent que le latex, quel que soit d’ailleurs leur avis sur la nature de ce liquide, ne se trouve que dans ces canaux ou vaisseaux qui ont été appelés, pour cette raison, laticifères. Je me suis assuré qu'il en est tout autrement, car les vaisseaux spiraux, réticulés, rayés et ponctués, contiennent aussi ce sue si remarquable. Ils me paraissent, de plus, avoir pour fonction de l'élaborer et de le dis- (1) Les recherches capitales pubiiées dans ces derniers temps par M. A, Trécul sur les vaisseaux laticifères, sont malheureusement disséminées dans plusieurs recueils, tels que les Comptes rendus de l’Académie des sciences, le journal l'Institut, les Procès-verbauæ de la Société philomathique, etc. I était urgent que ces différents travaux fussent réunis ; et ce n’est pas un médiocre avantage pour la science que l'autorisation que nous accorde l’auteur de rassembler ici la plupart de ses arlicles. Nous les reproduisons ici sans ordre particulier, et à mesure que nous pouvons nous les procurer. Mais il y aura sans doute avantage pour le lecteur à les étudier dans le rang où les énumère l'espèce de tableau que nous plaçons à la fin de cet ensemble, et auquel il faut tout d’abord se reporter. (N. du R.) (2) Lu à l’Académie des sciences le 21 septembre 1857 (Comptes rendus, XLV, 402). RECHERCHES SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 101 tribuer ensuite, après l’avoir modifié, dans toutes les parties du végétal, Voici sur quoi mon assertion est fondée. Le latex n’a pas la même teinte chez toutes les plantes; chez les unes il est blanc, laiteux ; chez d’autres celte couleur est beaucoup moins intense ; ailleurs il est incolore; certains latex sont jaunes ou orangés. Ce sont les plantes qui renferment ces derniers qui m'ont fourni les premières preuves de l’existence du latex dans les vaisseaux spiraux, réticulés, ponctués, etc. ; et ce sont elles que j'engage à prendre d’abord pour vérifier ce phénomène. Les plus conve- nables pour ces études sont les Chelidonium majus, C. quercifo- lium, Argemone ochroleuca, À. grandiflora. À l’aide de coupes transversales et de coupes longitudinales, on se convaincra sans peine que le latex existe dans les vaisseaux proprement dits, sans que l’on soit tenté de supposer, après des observations bien faites, que ce suc y.a été introduit après la section. Ce qui a induit en erreur les observateurs, c’est que le suc coloré n'existe pas dans tous les vaisseaux à la fois, ni même dans toutes les parties d’un vaisseau donné. A cause de cela, probable- ment, les savants qui se sont occupés de ce sujet, et qui n’ont pas été sans apercevoir quelquefois ce latex dans les vaisseaux, ont cru qu'il s’y était introduit accidentellement. Les vaisseaux d’une même tranche ne contiendront donc jamais tous à la fois du latex, si cette tranche comprend plusieurs faisceaux. Il arrivera rarement aussi que lous les vaisseaux d’un même faisceau en soient remplis en même temps. Un vaisseau donné, je le répète, n’en contiendra pas non plus dans toute son étendue; et, avec de l’attention, on reconnaitra quelquefois que le latex qu’il renferme n’est pas coloré avec la même intensité dans toutes ses parties. La teinte s’affai- blissant vers une extrémité finira par disparaître tout à fait, et le liquide, devenu graduellement incolore, pourra être remplacé par des gaz sur d’autres points du même vaisseau. Ce que je viens de dire de la teinte variable du sue dans diverses parties d’un vais- seau en particulier se présentera dans des vaisseaux différents placés à côté les uns des autres, c’est-à-dire que l’un de ces vais- 102 RECHERCHES seaux pourra être coloré d’une manière très-intense, son voisin un peu moins teinté, un troisième le sera à peine sensiblement, un quatrième ne le sera pas du tout. Ces faits semblent indiquer qu'il se fait dans ces organes un cer- tin travail physiologique qui modifie le sue coloré. Cette opinion se fortifie encore quand on suit ces phénomènes pendant une pé- riode entière de végétation; car on s'aperçoit alors, lorsque la végétation a cessé, que le latex a disparu des vaisseaux. Aujour- d’hut (1), par exemple, le latex commence à devenir rare dans les vaisseaux spiraux, rayés, etc., du Chelidonium majus, et ces organes en seront bientôt totalement privés. Cependant, bien que les vaisseaux soient alors vides du suc coloré, les laticifères en restent plems; ils le répandent encore en abondance quand on les blesse. Et ce qui est important à noter, c’est que le suc épanché ne pénètre pas dans les vaisseaux ponctués, rayés, réticulés ou spiraux, après leur section. Cette dernière circonstance viendrait done aussi démontrer, si cela était nécessaire, que le suc coloré que renfermaient ces vaisseaux pendant les observations faites à l’époque de la végétation n’y était pas entré durant l'expérience. Des végétaux à suc blanc m'ont fourni des résultats analogues. Ce sont entre autres les Ficus Carica, Morus alba, Euphorbia Characias, prunifoha, etc., etc. Ainsi les vaisseaux spiraux, réticulés, rayés et ponctués, peu- vent contenir du latex aussi bien que les laticifères. Après avoir constaté ce phénomène, je me suis demandé quelle est l’origine du latex. Est-il sécrété par les laticifères ou par les vaisseaux pro- prement dits, et ensuite rejeté dans les premiers ? Si l’on n'avait pour juger cette question que l’époque de l'apparition du sue dans les deux sortes d'organes, elle me paraîtrait à peu près insoluble, parce qu'il se montre presque simultanément dans les laticifères et dans les autres vaisseaux. Cependant je crois avoir remarqué qu'il existe d’abord dans les laticifères de l’Argemone ochroleuca. Mais si l’on fait attention aux modifications que le sue paraît subir (1) En octobre 1857. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 103 dans les vaisseaux, à sa disparition après que la végétation a cessé, tandis qu'il en reste toujours dans les laticifères, on sera porté à croire qu’il est sécrété par les vaisseaux et reçu comme une excré- tion par les laticifères. Pourtant le latex ne parait pas avoir les caractères d’une simple excrétion, car il renferme des substances immédiatement susceptibles d’être transformées en cellulose. L’amidon, par exemple, existe dans le latex, et il est souvent très- abondant dans celui des Euphorbes, où il affecte une forme parti- culière qu'il n’a point dans les autres parties des mêmes plantes, ee qui indique indubitablement que cet amidon a été sécrété dans les laticifères, et qu’il se passe dans ces organes des phénomènes d’un ordre plus élevé que s'ils n’étaient que de simples réservoirs de liqueurs excrétées. Je crois donc qu’il est sécrété dans les lati- eifères, et porté ensuite dans les vaisseaux par les laticifères qui sont au contact de ces derniers, et qui sont eux-mêmes en com- munication avec leurs congénères les plus éloignés. Le Carica Papaya présente une structure vraiment admirable à cet égard. 11 y a des laticifères répandus dans la couche généra- trice, entre les vaisseaux, au milieu du corps ligneux, et qui s’éten- dent jusque dans la moelle. Tous ces laticifères sont anastomosés entre eux. Les plus rapprochés des vaisseaux, quand ils ne sont pas appliqués contre eux, envoient de petittes ramifications qui se prolongent ou se terminent à la surface de ces vaisseaux. Cette disposition singulière s'aperçoit plus aisément qu'ailleurs dans le pétiole, sur les petits vaisseaux réticulés qui limitent à l'extérieur chaque fascicule de vaisseaux. Cet appareil si remarquable, la place qu’occupent les laticifères au milieu des tissus où règne la plus grande activité vitale, les principes dominants de leur sue, formés de substances peu pro- pres à l'assimilation immédiate, puisque ce sont des hydrogènes carbonés (caoutchouc), ou des produits peu oxygénés (résines, alcaloïdes, morphine, narcotine, codéine, ete.), qui proviennent d’une séve usée par la nutrition, tout cet ensemble, dis-je, est-il sans analogie avec le système veineux des animaux ? Ces hydro- 10/ RECHERCHES gènes carbonés, ces résines, ces alcaloïdes, ne viennent-ils pas s’oxyder ou mieux s’élaborer dans les vaisseaux pour retourner prendre part à la production de l’amidon, du sucre, des substances albuminoïdes, et par suite à la multiplication utriculaire ? Ces observations m'ont conduit à d’autres réflexions qui se lient intimement au sujet que je traite. Elles donnent d'ailleurs la clef de phénomènes qui ont jusqu'ici embarrassé beaucoup les physio- logistes. En effet, on ne comprenait pas pourquoi les végétaux absorbent de l'acide carbonique pendant le jour et en rejettent pendant la nuit, La raison m'en parait simple maintenant. C’est que ce qui se passe dans Îles vaisseaux est incessant, et qu'il se fait le jour et la nuit, entre autres réactions chimiques, une véri- table oxydation dans leur intérieur. Les végétaux prennent de l'oxygène à l’air pour les besoins de cette combustion, et ils le rendent à l’état d'acide carbonique le jour comme la nuit; mais la nuit, cet acide carbonique est exhalé, tandis que le jour il est décomposé sous l'influence de la lumière avant d’être rejeté au dehors ; son carbone est fixé et son oxygène seul est éliminé. C’est cette exhalation d'oxygène qui fait que durant le jour la combus- tion vasculaire n’esl pas accusée, tandis qu’elle l’est pendant la nuit par l'émission de l’acide carbonique. D'après cela, la respiration des plantes se compose de deux phénomènes principaux : 1° D'une absorption d’acide carbonique pendant le jour, avec émission d'oxygène ; 2° D'une oxydation dans les vaisseaux aux dépens de l’oxygène de l'air, avec formation d’acide carbonique pendant le jour aussi bien que pendant la nuit, mais avec exhalation de cet acide pen- dant la nuit seulement, parce que pendant le jour il est décomposé en traversant les feuilles. Il résulterait de tout ceci que la respiration et la cireulation chez les animaux et chez les plantes auraient beaucoup plus d’analogie qu’on ne le pense généralement. Les laticifères, en effet, rappel- lent le système veineux, et les vaisseaux proprement dits le sys- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 105 tème artériel. L’analogie de fonction étant parfaite, je propose de désigner les laticifères par la dénomination de vaisseaux veineux, et les vaisseaux spiraux, réliculés, rayés et ponctués, par celle de vaisseaux artériels. Avant de terminer, je demande à aller tout de suite au-devant de deux objections, en apparence graves, qui pourraient m'être adressées. Il serait possible que l’on demandât comment il se fait qu'il y ait des plantes qui ont des laticifères bien qu’elles n'aient pas de vaisseaux? Cette objection serait sans importance réelle, parce que, quoique certaines plantes n'aient pas de vaisseaux, elles n’en renferment pas moins des sucs qu’elles élaborent dans leurs cellules qui remplissent la fonction des vaisseaux. De cette élaboration, du choix qu’elles font des matériaux propres à leur nutrition, doit résulter, comme chez les plantes vasculaires, un caput mortuum qui est reçu dans leurs laticifères, et là disposé à être rejeté dans la circulation. Chez les plantes qui n’ont ni vais- seaux ni laticifères, il faut bien que les cellules jouent le rôle de ces deux sortes d'organes. On dira encore qu’il est des végétaux munis de vaisseaux qui cependant n’ont pas de laticifères. Je demanderai à mon tour si l’on croit nos connaissances anatomiques assez parfaites pour être bien sûr de l’absence de ces organes chez les végétaux élevés en organisation dans lesquels on n’en a pas observé ? Et d’ailleurs ces objections tombent d’elles-mêmes devant cette considération que, chez les plantes comme chez les animaux, les fonctions sont de moins en moins localisées à mesure que l’organisation se simplifie, et que, dans ce cas, ce sont les laticifères qui disparaissent les premiers; dans d’autres cas, ce sont les vaisseaux proprement dits. DE LA CIRCULATION DANS LES PLANTES. Avant d'exposer l'opinion que mes observations m'ont suggérée relativement à la circulation dans les végétaux, je crois indispen- sable de faire l’examen des forces auxquelles on attribue en général 106 RECHERCHES ce phénomène, Je fus surpris un instant, en considérant l’emploi que l’on a fait des forces physiques connues pour expliquer l’ab- sorption des liquides du sol, l'ascension de la séve, et aussi sa marche descendante, qu'aucun essai analogue n'ait été tenté pour donner raison de l’absorption des gaz puisés dans l'atmosphère. Cependant cette dernière faculté des plantes, que l’on se contente de signaler, n'a pas moins d'importance que labsorpüon des liquides par les racines. Mais c’est que l’on n’a pu l'expliquer par les lois ordinaires de la physique. Eh bien, je vais essayer de prouver que l'aspiration par les racines, et les mouvements des liquides dans les végétaux, ne peuvent s’accomplir sous l'influence des forces physiques auxquelles on fait encore jouer un rôle si im- portant, c’est-à-dire de la capillarité et de l’endosmose. Les phy- siologistes mêmes, qui accordent à la capillarité et surtout à l’en- dosmose une grande part dans l’ascension de la séve, sont obligés de reconnaître qu’elles sont impuissantes à élever les liquides à la hauteur de nos arbres, sans le secours de l'évaporation qui a lieu dans les feuilles, et qui appelle, dit-on, les liquides vers ces or- ganes. Pour ma part, je crois d’abord que si l’évaporation fait monter les liquides, elle doit les empêcher de descendre : or ils descendent après avoir monté; l’évaporation ne concourt done pas à leur ascension. Je crois ensuite que la nature ne fait point usage de forces insuffisantes comme l’endosmose et la capillarité; et, d’un autre côté, le rôle attribué à lPendosmose est incompatible avec la constitution des plantes. Admettons, pour un instant, avec les physiologistes, que c’est l’endosmose qui fait monter les liquides par le corps ligneux, et qui les fait descendre ensuite par l'écorce. Pour que ce phéno- mène s’accomplisse, il faut que la densité des sues aille en aug- mentant à mesure qu'ils s'élèvent (c’est ce que l’on à observé); il faut de plus que cette densité s'accroisse en passant, à travers les feuilles, du corps ligneux dans l’écorce, et en descendant de cellule en cellule dans l'intérieur du tissu cortical, (Jai annoncé plus haut que ces sues ne descendent pas par les laticifères, qui SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 107 ont d’autres fonctions.) On ne pourrait d’ailleurs avoir recours exclusivement à la pesanteur, attendu qu'il y a des rameaux pen- dants, aussi bien que des rameaux dressés. Les botanistes qui admettent la théorie endosmotique n’ont pas remarqué qu’ils ont ainsi, à côté l’un de l’autre, deux courants de liquides de densités différentes ; ils n’ont pas fait attention que la séve ascendante, étant moins dense que celle qui descend, devrait être attirée par cette dernière, puisque les membranes sont per- méables ; ils n’ont pas réfléchi qu’il devrait y avoir dans toute la longueur du tronc un courant horizontal centrifuge, jusqu’à ce que l'équilibre de densité fût étabit, qu’alors le double courant ascen- dant et descendant que nous constatons ne saurait exister. Le cou- rant descendant au moins serait anéanti; puisqu'il ne l’est pas, la théorie endosmotique est erronée. Une autre force que l’endosmose préside donc à l'absorption des liquides puisés dans le sol, de même qu'à celle des gaz empruntés à l’atmosphère. Et puis, il v a dans les plantes d’autres mouvements que celui de la séve ascen- dante et descendante. Cette séve envoie sur son chemin, dans toutes les cellules, les substances nécessaires à leur nutrition. Ces cellules s’assimilent les éléments qui leur conviennent, et rejettent ceux qui leur sont inutiles. Les éléments rejetés sont aspirés par les laticifères, ou se réunissent dans des réservoirs particuliers, comme les huiles essentielles, ete. Cependant il n’y a pas dans ces réservoirs de liquide plus dense pour lequel ces huiles essentielles aient de laffinité. Lei encore l’endosmose n’a done aucune part au mouvement des liquides. La tendance à admettre des causes purement physiques pour expliquer les phénomènes physiologiques se fait remarquer de nouveau à l’occasion de la spongiole; car on a comparé cette ex- trémité des racines à une éponge, ainsi que son nom l'indique. Voyons done ce qu’il peut y avoir d’exact dans cette comparaison. J'ai démontré, dans mon Mémoire sur l’origine des racines, que les jeunes tissus dont la formation détermine l'allongement des racines sont protégés dans leur développement par une sorte de 108 RECHERCHES petite coiffe, que j'ai appelée pour cette raison piléorhize. Elle enveloppe en effet comme un bonnet l'extrémité de la racine. Cet organe s’observe bien surtout sur les racines des plantes aquati- tiques, parce que là le développement est plus prompt que chez la plupart des autres plantes. Cette coiffe est adhérente à l’extré- mité de la racine par son sommet interne, par le fond de la coiffe; c’est par là qu'elle se renouvelle, pendant que sa partie externe, qui est la plus âgée, se détruit. Les cellules externes en se désa- grégeant ont seules pu donner l’idée d’une petite éponge. Quant à la propriété d'absorption qui, dans certaines plantes au moins, est beaucoup plus puissante à l'extrémité de la racine que dans les autres parties de cet organe, eïle ne peut évidemment être assi- milée aux phénomènes capillaires qui font monter les liquides dans l'éponge. Le mot spongiole donne donc une idée fausse de ce qui se passe en réalité dans les racines. Certains botanistes qui admettent la spongiole ont cependant reconnu qu'il existe, à la surface de beaucoup de racines, des cel- lules proéminentes, auxquelles ils attribuent une part dans Pab- sorplion. Je partage leur opinion à cet égard, et de plus je suis porté à croire que, même dans les racines ligneuses des arbres, toute la surface jouit de la propriété d’absorber les liquides du sol. Dans les arbres d’une végétation puissante, comme les Pau- lownia, j'ai eu l'occasion d'observer quelquefois, je crois me rap- peler que c’est au printemps que la partie morte de lécorce était imprégnée d’une quantité considérable de liquides, qui vraisem- blablement devaient être cédés aux parties vivantes de la racine. Les liquides absorbés par les racines au moyen de cette force que nous ne connaissons que par les effets qu'elle produit, la vie, sont portés dans le corps ligneux de ces organes, et de à dans celui de la tige. Ces sucs montent jusque dans les feuilles, puis ils descendent vers les racines en décrivant ainsi une sorte de cerele. Comme ils parcourent toute l'étendue du végétal, je crois qu'il serait à propos de nommer cette circulation la grande circulation, et d'appeler circulation veineuse celle qui, par les laticifères, ra- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 109 mène aux vaisseaux proprement dits les substances que les cellules n’ont point assimilées. Il y a en outre un mouvement intra-cellu- laire qui a été observé dans plusieurs végétaux. Ce mouvement a recu le nom de rotation, parce que les sucs semblent tourner sur eux-mêmes avec plus ou moins de régularité à l’intérieur de chaque cellule. Pendant la vie d’un végétal, tous les liquides sont en mouve- ment dans chacune des utricules qui le composent, soit pour ame- ner dans ces utricules les éléments nécessaires à leur accroisse- ment ou à la formation des principes amylacés, sucrés, albumi- noïdes, etc., auxquels elles donnent naissance, soit pour retirer de ces cellules les substances devenues inutiles qui doivent être éliminées, ou celles qui doivent être portées sur d’autres parties de la plante pour servir à la multiplication utriculaire, à l’accrois- sement de l'individu. C’est ce mouvement général qui constitue la circulation; mais on donne communément ce nom à des courants déterminés plus perceptibles que ce mouvement général intra-cel- lulaire, et qui parcourent le végétal de bas en haut et de haut en bas dans toute sa longueur. C’est ce double courant que j'appelle la grande circulation. J'ai signalé, en outre, la circulation veineuse, qui, ai-je dit, s'effectue dans les laticifères. La grande circulation s’observe chez tous les végétaux vascu- laires; mais les laticifères n’ont pas encore été aperçus chez toutes les plantes munies de vaisseaux. La grande circulation se compose done d’un courant ascendant de la séve et d’un courant descendant. Occupons-nous d'abord du premier. Il a lieu dans les vaisseaux, qui reçoivent les sues puisés dans le sol par les racines et les élaborent. Quand cette ascension commence, toutes les cellules sont en travail. Les substances nu- trilives qu’elles renferment se disposent pour l'assimilation. L’ami- don, dissous sans doute par la diastase, transformé en sucre, ainsi que l’ont montré MM. Payen et Persoz, est porté vers les parties dans lesquelles doit s’opérer la multiplication utriculaire. Celui de la base des bourgeons va alimenter ces derniers ; celui de l’écorce 110 RECHERCHES se rend dans les cellules internes de cette partie du végétal, qu très-probablement en reçoivent aussi par les rayons médullaires. C’est sous l'influence de ces matières nutritives que commence l’accroissement en diamètre par la multiplication des cellules. Cette mulüplicalion, au début, a lieu en effet sans le concours de la séve élaborée par les feuilles, car chez plusieurs de nos arbres, la cou- che des jeunes cellules (couche génératrice appelée aussi cambium) a pris une notable épaisseur avant l'apparition des feuilles. Ces premiers phénomènes se montrent avec l’ascension de la séve. Cette dernière, en montant, subit une élaboration que je ne connais pas assez pour en parler plus longuement; jé me conten- terai de signaler les belles ‘expériences de M. Biot, qui nous ont fait connaître les modifications que le sucre éprouve pendant la marche de cette séve. Durant son ascension, elle contient déjà des principes assimilables, qui peuvent concourir à la nutrition des feuilles et des bourgeons {dans lesquels les vaisseaux spiraux appa- raissent de bas en haut); mais, au printemps, ces bourgeons doi- vent surtout leur premier développement aux substances alimen- taires amassées dans les cellules voisines. La séve, qui, chemin faisant, prend part à la nutrition des pre- miers organes développés, arrive dans les feuilles, où elle est soumise à une nouvelle élaboration dans leur parenchyme vert, ou bien dans les cellules à chlorophylle de la tige des plantes grasses dépourvues de feuilles. L’acide carbonique de l’air est absorbé, puis décomposé pendant le jour; son carbone est retenu par la séve, et son oxygène est en grande partie rejeté. La séve modifiée sous l’influence de la respiration prend son cours à travers les cellules corticales qu’elle nourrit; elle concourt alors à la multi- plication des cellules de la couche génératrice, qui naissent en séries horizontales, Une partie de ces cellules, ainsi multipliées horizontalement, forme une nouvelle couche d’écorce, les fibres ligneuses et les rayons médullaires; les autres sont transformées en vaisseaux de la manière suivante. L’excès de la séve descen- dante, qui n’est pas employée à nourrir les cellules récemment SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 11) formées ou à épaissir les premières développées, descend à travers certaines de ces cellules nouvellement nées ; elle les dilate, les per- fore, et leur fait prendre tous les caractères des vaisseaux; en sorte que ces cellules, qui, pendant la première phase de leur dé- veloppement, ressemblaient à toutes les autres, paraissent être plus tard d’une nature toute différente. C'est cette formation vasculaire qui s'opère, comme on le voit, de haut en bas, aux dépens de cellules nées d’une multiplication en séries horizontales, qui a fait croire aux auteurs de la théorie des fibres descendantes que ces vaisseaux, dont ils n’avaient pas reconnu la nature, étaient de vraies racines des bourgeons ou des feuilles. Mais toute la séve absorbée par les cellules anciennes et par les nouvelles, soit pour leur accroissement en étendue ou en épais- seur, soit pour la production de l’amidon, des substances albumi- noïdes, ete., qui doivent servir à un accroissement ultérieur, toute cette séve, dis-je, n’est pas utilisée par les cellules; celles-ci ne s’assimilent qu'une partie de ses éléments, et rejettent le reste. C’est ce caput mortuum qui, sous la forme de résine, d'huiles es- sentielles, etc., est recueilli dans des réservoirs particuliers, d’où il est versé ensuite au dehors (1); ou bien les matières non assi- milées sont reprises par les iaticifères, qui les reportent dans les vaisseaux proprement dits (c’est la circulation veineuse). Là ces substances, qui généralement manquent d'oxygène, sont élaborées, oxydées sous l'influence de l’oxygène emprunté à l'air, et qui arrive jusqu'aux vaisseaux par les méats intercellulaires; elles de- viennent de nouveau propres à être assimilées. Ce serait de leur oxydation, ainsi que je lai dit plus haut, que résulterait l’acide carbonique rejeté par les plantes pendant la nuit; celui qui est pro- duit pendant le jour étant décomposé à son passage dans les feuilles sous l'influence de la lumière, son oxygène est versé dans l’atmos- (1) Ce sont sans doute des émissions de cette nature, de cette origine, qui con- stituent ce que l’on appelle les excrétions @es racines, et que l’agriculture cherche à mettre à profit dans les assolements, 119 RECHERCHES phère avec celui qui provient de la décomposition de l'acide car- bonique pris directement à l'air par la respiration. Les vaisseaux créés par la séve descendante servent, les années suivantes, à l'ascension des sucs; ils en sont remplis tant que la végétation est très-active, mais ils se vident ordinairement peu à peu, quand les sues puisés dans le sol ne sont plus aussi abondants ou deviennent nuls. | Les expériences que j'ai décrites dans un mémoire présenté à l’Académie le 25 juillet 1853 prouvent de la manière la plus évi- dente la marche de la séve descendante; car lorsqu'on oppose des obstacles à la marche de cette séve, à l’aide de ligatures, de décor- tications en hélice, annulaires ou semi-cireulaires, on change à volonté le cours de la séve. Elle donne naissance alors à des vais- seaux très-sinueux, présentant des parties verticales, d’autres obliques ou horizontales, qui sont toujours formées de cellules allongées verticalement, c’est-à-dire parallèles à l'axe de la tige, et dont la forme, qui n’a généralement pas changé, est semblable à celles des cellules environnantes. Les sinuosités de ces vaisseaux montrent les courants de la séve marchant à travers les cellules de la couche génératrice, se contournant dans toutes les directions pour trouver une issue, perforant les cellules de haut en bas ou horizontalement, suivant que le courant est vertical, oblique ou horizontal. Tous ces faits prouvent manifestement que c’est la circulation qui produit les vaisseaux, c’est-à-dire que c’est la fonction qui crée l'organe. Puisque la circulation existe avant les vaisseaux, lorsqu'il n’y a que de simples cellules à travers les parois desquelles filtre la séve, l’objection que font quelques anatomistes à l'existence de la circulation dans les laticifères, objection basée sur Ja structure cellulaire de ces vaisseaux dans certaines plantes, n’a pas l’impor- tance qu'ils lui accordent, puisque nous voyons les vaisseaux ponctués, rayés, ete., formés par un courant de séve préexistant à travers des cellules non perforées ; et d’ailleurs ces anatomistes SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 113 doivent bien considérer qu’il n’est pas une cellule vivante qui ne soit traversée par des sues, quoique la grande majorité de ces cel- lules ne présente aucune perforation visible à l’aide de nos micros- copes les plus puissants. Et puis, il est des laticifères évidemment composés de cellules superposées, dont les cloisons transversales présentent de très-larges ouvertures (les laticiféres des Musa, formés de grandes cellules à parois fort minces, en sont de beaux exemples). IT DU TANNIN DANS LES LÉGUMINEUSES (1). Depuis longtemps déjà on sait que l’Apios tuberosa contient du suc Jaiteux. J'ai trouvé un sue semblable dans un Sesbania, et dans les jeunes pousses des Vigna glabra, Mimosa sensitiva, pro- strata et floribunda. En cherchant le suc laiteux dans les Légumineuses, je laissai accidentellement sur le rasoir, pendant quelques minutes, des coupes transversales minces d’un jeune seion vigoureux de ARobi- nia pseudo-Acacia. Les ayant ensuite placées sous le microscope, je remarquai qu’à des places déterminées certaines cellules avaient bleui. Je mis aussitôt de semblables coupes dans une solution de sulfate de fer, et je pus voir que plusieurs des cellules sous-libé- riennes, et d’autres groupées autour de la moelle, vis-à-vis des faisceaux vasculaires, contenaient du tannin (2). J’étudiai ainsi, en les faisant macérer par tronçons dans la solution ferrugmeuse, environ cinq cents Légumineuses cultivées au Muséum de Paris, et je reconnus que beaucoup contiennent du tannin, tandis que (1) Lu à l’Académie des sciences le 30 janvier 1865 (Comptes rendus, LX, 225). (2) En 1857 (Monatsberichle der kôn. Preuss. Akad. der Wissenschaften zu Berlin), M. H. Karsten signala la présence du tannin dans divers organes élémen- taires des végétaux et en particulier dans quelques vaisseaux du latex et dans cer- taines série longitudinales de cellules analogues à celles que je décris ici (Musa, Aroïdées, etc.) ; mais aucune Légumineuse n’est mentionnée parmi les quelques plantes qu'il nomme. VIL 8 A1 RECHERCHES les autres en sont dépourvues. Celles qui en possèdent ne le pré- sentent pas à la même place : les unes n’en offrent que dans l'écorce, les autres au pourtour de la moelle seulement, d'autres enfin en renferment à la fois dans l'écorce et dans la moelle. Quand les cellules à tannin sont dans l’écorce, elles peuvent être : 1° extra-libériennes seulement (Dalea laæiflora, plante sèche); 2° ou bien une ou deux séries existent sur chacun des côtés des faisceaux du liber (Lotus peregrinus, ornithopodioïdes, creticus, edulis, jacobœæus, Gebelia);, ou encore elles sont éparses ou groupées sous les faisceaux du lber (Uraria picta ; Dolichos funarius ; Psoralea macrostachya, glandulosa, lathyrifolia, acau- his, Boursieri, bituminosa, microcephala, rigida, aculeata, pin- nata, aphylla, palæstina et verrucosa). Quand les cellules à tannin subsistent dans la moelle seulement, elles sont : 1° opposées aux faisceaux vasculaires (Parachetus major, Piscidia carthaginensis, Nissolia frutlicosa, Arachis hy- pogæa, Adesmia muricata, Anthyllis tetraphylla, Zornia thymi- folia, Coronilla Emerus, etc.) ; 2° ou entre la partie des faisceaux vasculaires saillante dans la moelle, soit sur les côtés de ces fais- ceaux, soit vers le milieu de l’espace qui les sépare (Bonaveria coronilla ; Securigera atlantica ; Hippocrepis multisiliquosa, uni- siliquosa, ciliata ; Coronilla varia, cretica, rostrala, juncea, valen- tina, stipularis, elegans, montana, glauca, pentaphylla; Arthro- lobium scorpioides). Quand les cellules à tannin existent à la fois dans l'écorce et dans la moelle, tous les modes précédents peuvent se combiner et donner des caractères que l’espace ne me permet pas d’indi- quer ici. Je signalerai seulement les quatre dispositions prinei- pales. Les cellules à tannin peuvent être en même temps : 4° dans la région extra-libérienne et autour de la moelle, souvent oppo- sées aux faisceaux vasculaires (Calophaca volgarica; Dalea alo- pecuroides ; Scorpiurus sulcata, suboillosa, vermiculata ; Dolichos lignosus ; Erythrina crista-qalli, laurifolia; Adesmia viscosa ; Stylosanthes elatior; Hosackia Purshiana ; Dalbergia lati- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 1415 secta, ete.}; 2° et ou bien les cellules à tannin sont, de chaque côté des faisceaux du liber et dans la moelle, opposées aux faisceaux vasculaires (Tetragonolobus purpureus, Gussonii, biflorus, sili- quosus, etc.; Doryenium latifolium, herbaceum, suffruticosum, hirsutum; Hedysarum fleæuosum, capitatum ; Ornithopus satr- vus, perpusillus ; Onobrychis sativa, petræa, saæatilhs, crista- galli, caput-galli, arenaria); 3° les cellules à tannin sont à la fois de chaque côté des faisceaux du liber, sous le liber et au pour- tour de la moelle (Ornithopus compressus ; Hedysarum caucasi- cum, elongatum, obscurum ; dans l’Onobrychis vaginalis elles sont rares sous le liber) ; 4° les cellules à tannin sont situées sous le liber et autour de la moelle, opposées aux faisceaux (les Phaseolus ; Lablab vulgaris; Kennedya ovata, longifolia, rubr- cunda, bimaculata, ete.; Dioclea glycinoides ; Amphicarpæa mo- moîica; Daubentonia punicea, longifolia; Eysenhartia amor- phoides ; Robinia- viscosa; Desmodium gyrans; podocarpum, canadense, marylandicum. Dans bon nombre de plantes de cette section, il y a, en outre, des cellules à tannin éparses dans la moelle : Robinia hispida, pseudo-Acacia; Amorpha glabra, fru- hcosa; Glycyrrhiza fœtida, echinatu, glabra ; Cercis Siliquas- trum, canadensis ; F'agelia bituminosa; Rhynchosia caribæa, mi- nima; Wistaria sinensis, frutescens, ele.). Toutes ces dispositions de cellules à tannin sont bien carac- térisées ; mais certaines de ces plantes présentent encore du tannin dans les cellules de l’épiderme et dans celles du colien- chyme. Néanmoins, il y a quelques Eégumineuses dans les- quelles le tannin n’est pas aussi bien localisé. Je ne citerai dans ce résumé que les deux plus remarquables : ce sont les Schotia speciosa et latifoliu, dans les très-jeunes pousses desquels toutes les cellules parenchymateuses de l'écorce et de la moelle bleuis- sent par la macération dans le sulfate de fer. La quantité de tannin diminue graduellement dans ces cellules, à mesure que le rameau avance en âge. En sortant de la macération, les tronçons de ce rameau ne sont souvent que peu teintés; mais leurs cellules 116 RECHERCHES bleuissent ou noircissent avec intensité par une courte exposition à l’air. Les cellules à tannin placées à côté des faisceaux du liber, sous ces faisceaux, où au pourtour de la moelle, sont superposées en séries longitudinales, de manière à constituer ces sortes de vaisseaux à fannin, dont les cellules toutefois ne sont ordinaire- ment pas perforées. De plus, ces cellules sont toujours plus longues que celle du parenchyme voisin, et elles ont souvent une grande longueur. Ce sont celles qui, dans le Sesbania cité plus haut, contiennent le sue laiteux. Dans le Mimosa sensitiva le suc laiteux, qui est renfermé dans des vaisseaux sous-libé- riens semblables, se salit quelquefois de noirâtre par la macéra- tion dans le sulfate de fer ; mais le suc laiteux ne se colore pas dans les Mimosa prostrata et floribunda. Chez le Mimosa pudica, les mêmes vaisseaux existent, bien que le suc ne soit ni laiteux, ni tannifère. Dans quelques plantes appartenant à d’autres familles (Sam- bucus, Cannabis, Humulus), les longues cellules du suc propre contiennent aussi du tannin. Celles des Musa représentent pré- cisément les vaisseaux propres décrits, dès 1812, par Mol- denhawer. Il est donc évident que les séries de cellules à tannin des Légumineuses se relient à ce qui a été appelé jusqu’à ce jour vaisseaux du latex. Les anatomistes reconnaissent pour lacti- cifères les cellules à suc laiteux de l’Apios tuberosa. Eh bien, ce sue laiteux ne contient pas de tannin, et cependant les organes qui le renferment occupent sous le liber la même place que celles qui contiennent le suc tannifère de beaucoup des plantes nommées précédemment. Maintenant, puisqu'il paraît démontré par les exemples qui viennent d'être cités que les cellules à tannin non laiteuses sous- libériennes sont les analogues des cellules à suc laiteux de l’A4 pios et des Mimosa désignés ici, il devient manifeste que les cellules à tannin qui sont autour de la moelle doivent aussi être de même nature physiologique. Ce qui existe dans les Sambucus s'ajoute à SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 117 ce que l’on observe dans les Légumineuses pour appuyer cette assertion ; car, dans les Sambucus nigra et Ebulus, les cellules à suc propre ocracé, tannifère, sont réparties au pourtour de la moelle et sous le liber, ou dans son voisinage, comme dans beau- coup de Légumineuses. Le Sesbania dont j'ai parlé a des vaisseaux laiteux tannifères dans l'écorce externe, sous le hiber et autour de la moelle ; mais dans l’Apios tuberosa, le sue est laiteux seu- lement dans les cellules ou vaisseaux sous-libériens, comme je viens de le dire, tandis qu’il est seulement tannifère dans ceux qui sont à la périphérie de la moelle, ainsi que dans d’autres cellules éparses au milieu de cette moelle et dans l'écorce extra- hibérienne. D'un autre côté, les cellules à tannin éparses dans la moelle et dans l’écorce de bon nombre de Légumineuses ont leurs ana- logues chez les plantes à latex proprement dit. Ainsi, dans le Sanguinaria canadensis, le rhizome, comme je l'ai fait observer en 1862 (voyez l’Institut du 13 août), possède (outre ses latici- fères composés de séries de cellules, dont le suc rouge contient de gros globules incolores comme ceux des Musa et du Sam- bucus Ebulus) une multitude de cellules isolées qui renferment le même suc rouge avec des globules semblables. Cette plante ayant de plus des laticifères tubuleux dans les pétioles et dans les pédoneules, achève la transition des cellules isolées aux laticifères tubuleux continus. D'autre part, il paraît bien établi que le tannin est une sub- stance assimilable comme le sucre et l’amidon. Les vaisseaux propres qui le renferment ne peuvent donc être pris pour des réservoirs de matières rejetées à jamais hors de la circulation. Par conséquent, les laticifères auxquels ils se rattachent, et qui d’ailleurs peuvent renfermer de l’amidon, ne doivent pas être regardés comme des excipients de substances inutiles à la végé- tation. 118 RECHERCHES [TT DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES OMBELLIFÈRES (1). PREMIÈRE PARTIE, L'étude des vaisseaux propres des Ombellifères a été très- négligée par les botanistes, car il n’a été écrit que fort peu de lignes sur ces jolis organes. L’abandon dont ils ont été l’objet, et qui paraît dù à leur défaut de membrane propre a été tel, que tout ce que l’on sait à leur égard se résume en ces quelques mots : Ce sont des canaux contenant un suc oléo-résineux, qui existent dans les racines, dans les tiges, dans les feuilles, les fruits, etc. Et encore n’est-on pas d'accord sur leur constitution, puisque certains botanistes les croient limités par une membrane propre. Je dirai tout de suite que ces canaux oléo-résineux sont, dans les plantes que j'ai étudiées, des vaisseaux le plus ordinairement continus, ramifiés, anastomosés les uns aux autres et formant un système qui s'étend dans toutes les parties du végétal. Ce système n’a pas de membrane propre; il est limité le plus communément par une rangée de cellules plus petites que les environnantes ; mais quelquefois ces cellules ne se distinguent pas du tout ou à peine des utricules adjacentes. Le sue contenu dans ces canaux est limpide ou trouble, blanc de lait où jaune à divers degrés. Il est limpide dans les Pastinaca saliva, Scandix pecten-Y'eneris, Chœærophyllum bulbosum, Buple- vrum frulicosum, ete. Il est blane de lait dans les parties jeunes des Ferula tingitana, glauca, Angelica sylvestris, Smyrnium Olusatrum, Daucus Carota (sauvage), ete.; trouble et jaune dans les Sison Amomum, Imperatoria Ostruthium; d’un très-beau (1) Lu à l’Académie des sciences, les 23, 30 juillet et 6 août 1866 (Comptes rendus, LXIII, 154, 201, 247). SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 119 jaune limpide ou trouble dans les Opopanax Chironium et orien- talis. Parmi les organes qui renferment ce sue, les racines, qu’elles soient adventives ou qu'elles soient des ramifications d’un pivot, présentent un arrangement des canaux oléo-résineux qui n’a pas encore été remarqué. Il existe, en effet, tout près de la péri- phérie, au milieu ou immédiatement au-dessous d’une mince couche de tissu cellulaire, qui forme comme une sorte de péri- derme de quelques rangées de cellules un peu allongées horizon- talement, des vaisseaux propres qui, dans les coupes transver- sales, sont isolés de distance en distance sur une ligne circulaire. Sur des coupes parallèles au plan tangent, ces canaux s'étendent longitudinalement en décrivant des zigzags, des angles desquels partent des branches horizontales, qui les unissent aux angles semblables des canaux voisins. Ces branches horizontales sont communément écartées de 0"",30 à 0"",45. Dans le Sium lan- cifolium, je ne les ai trouvées éloignées que de 0"",15 à 0°",25, (Ex. Opopanaæ Chironium, Imperatoria Ostruthium, Sison Amomum, ÆErynçqium giganteum, Buplevrum ranunculoides, angulosum, Ægopodium Podagraria, Anthriseus vulgaris, Seseli varium, Coriandrum sativum, Scandix pecten-V'eneris, Petrose- linum sativum, Lagæcia cuminoides, Heracleum verrucosum.) Si pour les voir on était incommodé par la présence de l’amidon, on ferait disparaitre l'obstacle en plaçant les coupes dans une so- lulion concentrée de chlorure de calcium ou de zinc. Outre ces vaisseaux propres, les racines en possèdent encore dans l'écorce sous-jacente. Il y a sous ce rapport de notables différences, surtout en ce qui concerne la quantité. Je ne puis dans ce résumé que signaler quelques exemples des plus remar- quables. Le tissu placé sous le périderme que je viens de mentionner est ordinairement lacéré et tout imprégné de gaz. Il est composé du parenchyme externe et de la partie superlicielle des rayons du tissu libérien dit cribreux, qui, n'ayant pu s'étendre, arrêtés 120 RECHERCHES par le périderme, se sont plissés et ont déterminé la déchirure des rayons médullaires. On ne peut guère apercevoir dans ce tissu que des vaisseaux propres épars ; mais dans l'écorce plus interne on remarque souvent que les canaux oléo-résineux sont disposés dans le tissu cribreux en séries parallèles aux rayons (Heracleum verrucosum, ÆEryngium giganteum , Seseli va- rium, elc.); dans quelques espèces dont l'écorce interne est bien conservée, ont peut voir aussi que les vaisseaux propres y sont rangés suivant des cercles concentriques plus où moins parfaits (Opopanax Chironium, Sison Amomum, Eryngium campestre, Fœniculum vulgare, Buplevrum angulosum, etc.). Des coupes longitudinales parallèles au plan tangent y font apercevoir des anastomoses dans les Myrrhis odorata, Eryngium campestre, Opopanax Chironium, etc. Celte dernière plante montre même des réticulations. Il n'existe ordinairement pas de canaux oléo-résineux dans le système fibro-vasculaire des racines. Cependant de curieux exemples m'en ont été donnés. Dans le système vasculaire de la racine principale de lOpopanaæ Chironium , et de ses plus grosses ramifications, les fibres ligneuses sont remplacées par des cellules courtes et à parois minces, et ces cellules sont beau- coup plus abondantes vers le centre qu’à la périphérie. En effet, il n'y au centre qu'un petit groupe irrégulier et lâche de vaisseaux rayés autour duquel se succèdent, en alternant, des cercles de parenchyme et des cercles de vaisseaux rayés, de manière que les cercles parenchymateux les plus rapprochés de Paxe sont les plus larges, et les cercles vasculaires les plus étroits et les moins denses. Il faut même de l’attention pour voir le cercle vasculaire le plus interne. Le deuxième, quoique très-mince aussi, est plus visible, ses éléments étant plus rapprochés. Au contraire, il existe à la périphérie du corps vasculaire une large couche dans laquelle les vaisseaux sont assez serrés pour donner à l'œil nu l’aspect d’une épaisse couche ligneuse, Eh bien, non-seulement il y à des canaux oléo-résineux dans les cercles parenchymateux SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 191 qui alternent avec les cercles vasculaires, dont il vient d’être question, mais il y a encore de semblables vaisseaux propres au milieu de la couche vasculaire externe. Ils y sont dispersés sui- vant un cercle à peine apparent sous le microscope, parce qu'il est fort rétréci et parce qu'il n’est pas purement parenchyma- teux comme les précédents, des vaisseaux rayés y étant mêlés aux vaisseaux propres. Des anastomoses unissent quelquefois ces canaux oléo-résineux et y déterminent même des réticula- tions. Le Myrrhis odorata présente aussi des vaisseaux propres dans le cylindre fibro-vasculaire de beaucoup de ses racines; mais ce cylindre a une constitution toute spéciale dont je n’esquisserai ici que la forme la plus complexe. La racine qui me l’offrit avait, autour d’un petit axe muni de vaisseaux rayés, trois zones de faisceaux vasculaires alternant avec quatre couches corticales. L’écorce externe avait la structure propre à beaucoup d’Ombel- lifères, et contenait des canaux oléo-résineux comme elles. Les autres couches d’écorce, interposées aux cercles des faisceaux, avaient aussi des vaisseaux propres dans les intervalles des rayons médullaires (1). Les racines adventives de l'OEnanthe crocata méritent aussi une mention particulière. Leur structure appartient à un tout (1) Voici quelques mots de plus sur la structure de cette racine qui avait 4 cen- timètres de diamètre. Son écorce extérieure, ai-je dit, avait l'aspect ordinaire. Des trois couches vasculaires concentriques séparées par des couches corticales, les deux externes avaient leurs faisceaux tournés dans le même sens et dans la direc- tion normale, c’est-à-dire que le sommet des cônes qu'ils figuraient sur la coupe transversale était tourné vers le centre de la racine, tandis que les faisceaux de Ja couche vasculaire interne étaient tournés en sens inverse. De plus, la couche vas- culaire externe et la plus interne avaient le singulier privilége d’être limitées cha- cune par deux couches génératrices, une extérieure et une intérieure, tandis que la zone vasculaire médiane en était dépourvue, Il y avait donc dans cette racine, de la circonférence au centre : 14° une écorce ; 2° une couche génératrice; 3° une zone de faisceaux vasculaires ; 4° une couche génératrice ; 5° une écorce; 6° une Zone de faisceaux vasculaires ; 7° une écorce; 8° une couche génératrice; 9° une zone de faisceaux vasculaires ; 10° une couche génératrice ; 11° une écorce ; 42° un axe vasculaire, Je décrirai l’origine de toutes ces parties dans une communication spéciale, 122 ; RECHERCHES . autre {ype que les précédentes. Elles ont une sorte d’enveloppe noirâtre qui se détache aisément (en mai), et sous laquelle est une mince couche de cellules étroites et incolores qui se multi- plient en séries rayonnantes, Tout le tissu central que celle-ci enserre est constitué par un parenchyme dont les utricules sont pleines d’amidon, et au milieu de ce parenchyme il n’existe pas de cylindre fibro-vaseulaire unique. Ce dernier est remplacé par un nombre de faisceaux épars que j'ai vu varier de neuf à vingt et un. Ce nombre change aussi dans une même racine à des hau- teurs différentes; car une de ces racines avait vingt et un fais- ceaux près de son insertion sur la tige, dix-sept vers le milieu de sa longueur, treize vers la partie inférieure de son pivot; plus bas, elle était très-atténuée. Chaque faisceau, composé d’un groupe de vaisseaux autour duquel des cellules étroites sont réparties en séries rayonnantes, a parfois un ou deux vaisseaux propres mêlés à ses cellules superficielles ou seulement contigus à sa surface. Un grand nombre d’autres vaisseaux propres, qui s’anastomosent entre eux, sont répandus dans toutes les parties du parenchyme, jusque dans la petite couche subériforme incolore de la péri- phérie. Dans les plantes à racine pivotante, qui se ramifie plus ou moins, surtout quand la plante est vivace, la racine est surmontée, comme on sait, par une partie de la tige qui porte les feuilles radi- cales, et qui semble n’êlre, à première vue, qu'un prolongement de cette racine. L’écorce en est épaisse et charnue comme celle de cette dernière. Comme elle a aussi la même constitution, je ne m'yarrêlerai pas dans ce résumé, Je ne dirai que quelques mots d'un état de désagrégation bien remarquable des tissus corticaux qui paraît bien fréquent dans les vieilles souches des Ombelli- lères. Je le décrirai d’après une très-forte souche d’Heracleum verrucosum. L'écorce élait épaisse, et ses vaisseaux propres, extrêmement nombreux, y étaient distribués entre les rayons médullaires sans donner l'apparence de cercles concentriques. Cette écorce était toute désagrégée dans le sens radial ; mais ici, SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 193 en opposition avec ce que j'ai vu dans des racines latérales de la même plante, c’étaient les rayons médullaires qui étaient con- servés, tandis que le tissu intermédiaire était tellement détruit, qu'après avoir fendu longitudinalement l'écorce, on pouvait suivre à la loupe les vaisseaux propres et les isoler avec la pointe d’une aiguille (4). J'ai pu y constater ainsi quelques ramifications bien rares dans le sens du rayon, mais Je ne les ai pas vus s’anasto- moser dans la direction opposée, c’est-à-dire parallèlement à Ja circonférence. Ces vaisseaux propres, autour desquels étaient restées adhérentes quelques rangées de cellules, semblaient for- mer des tubes à parois épaisses, dont l’ aspect était réellement sin- gulier, quand on les voyait à la loupe sur des coupes transver- sales, où ils étaient souvent isolés entre les rayons médullaires libres du tissu eribreux. Ainsi, dans l’écorce des racines et dans celles des souches, les vaisseaux propres, rangés dans le tissu intermédiaire aux rayons médullaires, apparaissent tantôt en séries radiales ou épars, tantôt disposés suivant des cercles concentriques. La moelle de cette partie de la tige présente aussi des diffé- rences. En effet, l'Æeracleum verrucosum est dépourvu de vais- seaux propres dans la portion la plus infime de cette moelle; et un peu plus haut, vers l'insertion des feuilles radicales supé- rieures, ils sont presque nuls. Au contraire, les vaisseaux propres, sont très-nombreux dans la moelle de la même partie du Seseli varium. Cette moelle, qui se prolonge souvent bien plus bas que l'insertion des feuilles radicales, est pourvue, près de cette inser- tion, de vaisseaux propres transversaux anastomosés entre eux etavec les verticaux. Ces derniers mêmes se mêlent aux vais- seaux rayés du centre de la racine, quand la moelle a cessé ; mais là il est difficile de les observer sur une certaine longueur, à cause des sinuosités que font les vaisseaux rayés de cette région. Les plus longs fragments que l’on y puisse voir sont horizontaux et se trouvent dans des rayons médullaires. (4) On pouvait isoler de même les lames que constituent les rayons médullaires. 12h RECHERCHES Le rhizome de l'IZmperaloria Ostruthium, qui n’a que la lon- gueur et le diamètre d’un doigt, laisse apercevoir à l’œil nu, sur des coupes longitudinales, des lignes transversales assez rappro- chées, qui contiennent un réseau de canaux oléo-résineux et qui correspondent à l'insertion des feuilles radicales. On voit aussi à l'œil nu, au pourtour de la moelle, de deux à quatre rangées longitudinales de cavités elliptiques, pleines d’un suc jaune, lim- pide ou trouble. Ces cavités sont ordinairement comprises entre deux réseaux horizontaux de canaux oléo-résineux; cependant j'en ai vu qui avaient 1°°,50 et 2,90, ce qui équivaut à peu près à la distance qui sépare deux réseaux. Leur largeur était d'environ 0"*,27. Ces excavations sont entourées de cellules comprimées qui peuvent renfermer des gouttelettes d’oléo-résine ou des graines d’amidon. A première vue, on les croit indépen-: dantes des vaisseaux propres ; mais un examen attentif apprend que de petites branches obliques ou droites partent des canaux réliculés transversaux et viennent s'ouvrir dans ces curieuses cavités. Il en vient ainsi une s’aboucher à chaque extrémité, et souvent elle le fait un peu latéralement. Il en est de même dans l'écorce, où il existe une ou deux rangées de ces larges ouver- tures. Elles y atteignent jusqu'à 0*",75 de diamètre dans la rangée externe, mais celles de la rangée interne peuvent n'avoir que 0", 1h. L'examen des jeunes rhizomes, qui n’ont que des canaux ordinaires aux places correspondantes, prouve que ces cavités ne sont que des hypertrophies des vaisseaux normaux. L'étude des racines adventives le prouve également, car les vaisseaux propres les plus externes de leur partie libérienne ont de 0"",20 à 0"%,30, sur 0"*,15 à 0"",20 de largeur (leur ouverture étant elliptique). Is répondent aux faisceaux primiüfs ; les internes, au contraire, qui sont en nombre égal à celui des faisceaux se- condaires, ou en nombre double, n’ont que de 0*",04 à 0"",05 de diamètre. Ces racines sont de plus pourvues des canaux oléo-résineux SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES,. 425 superficiels que j'ai décrits en commençant, et qui sont unis Îles uns aux autres par des branches horizontales. Je terminerai cette Note par quelques mots sur la structure du rhizome de l’Ægopodium Podagraria, qui, par sa constitution générale d’une part, et par son écorce d'autre part, opère une sorte de transition entre les tiges aériennes et les souterraines. C’est qu’en effet ce rhizome a des nœuds et des entre-nœuds, une moelle fistuleuse avec cloisons transversales opposées aux nœuds, comme la tige aérienne (et comme d’autres rhizomes, 1l est vrai) ; mais il a, en outre, un système libérien beaucoup plus développé qu'il ne l’est dans aucune tige épigée que je connaisse dans cette famille. Ce système y est représenté par plusieurs groupes de cellules à parois minces ou plus ou moins épaissies, opposés à chaque faisceau vasculaire. Il y a encore sous le péri- derme une couche continue assez large de cellules épaissies, qui tient lieu des faisceaux du collenchyme de la lige aérienne. Des vaisseaux propres sont épars dans cette couche et dans l'écorce plus interne, où je ferai remarquer surtout ceux des faisceaux libériens externes. Ce qui intéresse encore dans ce rhizome, c’est qu'aux nœuds tous ces canaux oléo-résineux sont unis entre eux par des branches horizontales, et que d’autres branches passant entre les faisceaux vasculaires vont relier les vaisseaux propres de l'écorce avec ceux de la cloison horizontale qui est en travers de la moelle, comme dans la tige aérienne. C’est aussi à l’aide des canaux oléifères réticulés de cette cloison que les vaisseaux propres de la moelle périphérique non détruite sant unis les uns aux autres, et, comme il vient d’être dit, à ceux de l'écorce et même à ceux des racines adventives. DEUXIÈME PARTIE. Craignant de manquer d'espace dans ma précédente commu- nication, je n’ai point donné de résumé historique concernant 196 RECHERCHES la question dont je m'occupe en ce moment; c’est pourquoi Je vais réparer cette omission en tête de la seconde partie de mon travail, Voici ce que j'ai pu recueillir sur ce sujet : Malpighi et Grew font mention des vaisseaux propres des Om- bellifères. Suivant Grew, ils n'auraient d’autres parois que celles des cellules environnantes ; mais ce célèbre anatomiste attribuait la même constitution à tous les vaisseaux propres. Treviranus (Beiträge, Güttingen, 1811) dit que les parois des vaisseaux propres ne sont formées que de cellules plus petites que les autres et rangées verticalement. Link (Ælem. phalos. bot., 1824) distingue des vaisseaux propres les réceptacles des sucs. I tient ces derniers pour des lacunes du üssu cellulaire pleines d’un suc coloré (racines des Ombellifères). En 1857, dans ses Grundlehren der Krauterkunde (Berlin), il leur attribue une membrane propre. Meyen (Phytolomie, Berlis, 1830) range les vaisseaux propres des Ombellifères parmi les vaisseaux du sue vital, qu'il considère comme des tubes limités par une membrane. Il abandonna cette opinion dans ses ouvrages intitulés Secretions-Organe der Pflan- zen et Pflanzen-Physiologie, publiés à Berlin en 1837, et plaça les canaux résineux des Ombellifères parmi les réservoirs des sécré- tions dépourvus de membrane. M. C. H. Schultz (Mémoires des savants étrangers, 1833, L VII, p. 37), qui recommande de bien distinguer, dans les Ombellifères, les canaux résineux des vaisseaux du sue vital contenant un latex, ne s’est pas aperçu que dans ces plantes le suc laiteux est toujours renfermé dans ces canaux résineux. M. Unger (Anatomie und Physiol. der Pflanzen, 1855) classe les canaux oléo-résineux des Ombellifères parmi les réservoirs des sucs propres, qu'il sépare aussi des vaisseaux du latex. M. Lestiboudois (Comptes rendus, 1863, 1. LVI, p. 819) pense que dans lie £erula tinginata et plusieurs plantes de la famille des Ombelliféres les sucs propres sont renfermés dans des tubes à parois épaisses. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES,. 197 Enfin, pour notre confrère M. Duchartre (dans le beau volume des Éléments de botanique, 1866, p. 54, qu'il vient de publier), les vaisseaux propres des Ombellifères sont de véritables lacunes formées par la résorption des parois de certaines cellules dispo- sées comme en faisceau. Tel est à peu près tout ce qui a été dit des organes qui font le sujet de ce travail. Dans la première partie, j'ai fait connaître les principaux résultats de mes observations sur les vaisseaux propres des parties souterraines des Ombellifères ; aujourd’hui je traiterai de ceux que renferment les parties aériennes. Dans là tige aérienne, les vaisseaux proprés existent dans l'écorce et dans la moelle, et ils y présentent des variations quant au nombre et. à la distribution. En ce qui concerne leur répartition dans l’écorce, dix modifications sont indiquées par mes observa- tions ; toutelois il est pour ces canaux une position qui est com- mune à toutes les plantes que j'ai étudiées. Il y a, en effet, tou- jours un vaisseau propre sous chaque faisceau du collenchyme si ce faisceau est peu large, deux s’il l’est davantage et même trois, et rarement quatre. Ce vaisseau propre est souvent enfoncé dans une dépression de la face interne de ce faisceau, ou bien il en est à une très-petite distance, ou encore il est placé vers le milieu de l’espace parenchymateux qui sépare le faisceau du collenchyme du faisceau fibro-vasculaire opposé. La situation des autres canaux oléo-résineux, en se combinant avec les deux précédentes, donne les dispositions suivantes : 1° Un vaisseau propre sous chaque faisceau du collenchyme, et d’autres dans le parenchyme voisin des faisceaux fibro-vascu- laires (Heracleum verrucosum, Myrrhis odorata, Petroselinum sahivum, Chœrophyllum bulbosum, Contum maculatum). 2° Vaisseaux propres sous les faisceaux du collenchyme, dans le parenchyme moyen et dans le parenchyme le plus voisin des faisceaux fibro-vasculaires (Pastinaca sativa, Seseli varium F'œniculum vulgare, ete.). 3° Vaisseaux propres sous les faisceaux du collenchyme, dans 128 RECHERCHES le parenchyme subépidermique, dans le parenchyme moyen et dans le parenchyme voisin des faisceaux vasculaires (Opopanaxæ Claronium, OEnanthe crocata, Ferula tingitana, etc). h° Vaisseaux propres sous les faisceaux du collenchyme, ou en partie enclavés en eux vers la face interne ou vers la face externe, ou tout à fait enclavés dans leur intérieur, et d’autres vaisseaux propres dans toutes les parties du parenchyme extra- libérien jusque sous l’épiderme et même entre l’épiderme et les faisceaux du collenchyme (Smyrnium Olusatrum, Ægopodium Podagraria). o Un vaisseau propre au contact de certains faisceaux du col- lenchyme, et sous certains autres un vaisseau propre vers le milieu de l’espace parenchymateux qui sépare ces faisceaux du collenchyme des faisceaux fibro-vaseulaires (Ænthriscus vulgaris). Dant le Srum lancifolium, 11 v a sous les faisceaux du collenchyme de moyenne grosseur et sous les plus petits, à leur contact ou tout près d’eux, un vaisseau propre, tandis qu'au-dessous des fais- ceaux du collenchyme les plus larges, ils sont à distance, vers le milieu du parenchyme; et sous quelques autres faisceaux (pas dans toutes les tiges), il y a trois vaisseaux propres en triangle dans ce parenchyme moyen : deux sont plus rapprochés du fais- ceau du collenchyme, le troisième est plus voisin du faisceau fibro-vaseulaire. 6° Un vaisseau propre vers le milieu de l’espace parenchyma- teux qui sépare chaque faisceau du collenchyme du faisceau fibro- vasculaire opposé (Buplevrum Gerardi). 7° Un vaisseau propre, vers le milieu de l’espace parenchy- mateux qui sépare les faisceaux du collenchyme des faisceaux fibro-vasculaires, et aussi des vaisseaux propres dans le paren- chyme voisin des faisceaux fibro-vasculaires non opposé à ceux du collenchyme (Lagæcia cuminoides, Imperatoria Ostruthium, Carum Carvi, Scandiæ pecten-V'eneris, Buplevrum ranuncu- loides). 8° Un vaisseau propre vers le milieu de lespace parenchyma- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 199 teux qui sépare les faisceaux du collenchyme des faisceaux fibro - vasculaires, et, de plus, des vaisseaux propres épars dans le paren- chyme moyen et dans le parenchyme voisin des faisceaux fibro-vasculaires (Coriandrum sativum). 9° Un vaisseau propre vers le milieu de l’espace parenchyma- teux qui sépare les faisceaux du collenchyme des faisceaux fibro- vasculaires, et d’autres vaisseaux propres épars dans toutes les parties du parenchyme depuis l’épiderme jusqu'aux faisceaux libro-vasculaires (Sison Amomum). 10° Pas de faisceaux du collenchyme; vaisseaux propres espa- cés sur une ligne circulaire près du système libérien (Buplevrum fruticosum, rameaux de l’année). Les vaisseaux propres de l'écorce ne s’anastomosent guère entre eux dans les entre-nœuds, mais dans les Smyrnium Olusa- trum, F'erula tingitana, Anthriscus vulgaris, Buplevrum fruti- cosum, etc., on trouve près de l’insertion des feuilles des anasto- moses effectuées par des branches horizontales ou obliques. Presque toutes les Ombellifères ont des canaux oléo-résineux dans la moelle; cependant ces canaux paraissent manquer dans la moelle des Buplevrum Gerardi et ranunculoides. Dans les ru- meaux en fleurs du Buplevrum fruticosum, il y a, dans les méri- thalles supérieurs, un vaisseau propre presque dans chaque espace qui sépare la partie des faisceaux vasculaires saillante dans la moelle. Le nombre de ces vaisseaux propres diminue graduellement dans les mérithalles inférieurs, de manière qu'ils ont complétement disparu au bas du rameau de l’année en ce moment, sous l'influence de la pression des cellules environ- nantes qui s’épaississent et les compriment. Les canaux oléo- résineux sont rares aussi autour de la moelle du Scandix pecten- Veneris. Dans les plantes fistuleuses, des vaisseaux propres sont ordi- nairement répartis dans le parenchyme périphérique conservé (Anthriscus vulgaris, Myrrhis odorata, Carum Carvi, Heracleum verrucosum, dissectum, etc.). Les canaux du centre, s'ils étaient VII. 9 130 RECHERCHES peu nombreux, ont pu être détruits avee le tissu cellulaire; mais dans quelques espèces peu communes, les vaisseaux propres du centre sont conservés, bien que la moelle soit devenue fistuleuse. Entourés de quelques rangées de cellules, ils forment des cor- dons qui s'étendent d’un mérithalle à l’autre (Smyrnium Olusa- trum). Dans l’Heracleum Sphondylium, la moelle est de même en partie détruite au centre, mais il en reste une portion qui enve- loppe les vaisseaux propres sous la forme de lamelles, par les- quelles ils sont rattachés latéralement à l’étui médullaire. Leurs extrémités aboutissent, ainsi que dans l’exemple précédent, aux “cloisons transversales qui interrompent la cavité des tiges vis-à- vis l'insertion des feuilles. De semblables eloisons existent aussi en travers de la moelle des plantes non fistuleuses (Opopanax Chironium, Ferula tingi- ana, Coriandrum salivum, Sison Amomum, Sium lancifo- hum, etc.). Cette sorte de cloison est composée d’utricules plus petites que les cellules ordinaires de la moelle, mais souvent elle n’est pas complète. Dans l’Heracleum verrucosum, elle peut présenter un petit pertuis au milieu, ou bien ce pertuis est fermé par une lame mince de parenchyme. En général, la cloison est proportionnée à la dimension de la gaine. Quand les feuilles inférieures sont tout à fait amplexi- caules, la cloison correspondante est complète; si, au contraire, les feuilles supérieures deviennent de moins en moins embras- santes, les cloisons deviennent incomplètes aussi du côté opposé à la gaine. Il n’existe pas de cloison dans la tige aérienne du Buplevrum Gerardi, ou mieux elle n'y est représentée que par un faible bourrelet périphérique d’utricules plus petites que les autres cel- lules de la moelle. Où elle existe dans les Ombelliféres, cette cloison n’a pas par- tout la même composition. Sa constitution est influencée par la présence ou par l'absence de faisceaux vasculaires dans la moelle. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 131 Quand de tels faisceaux subsistent, soit au pourtour de la moelle seulement (OEnanthe erocata), soit épars jusque dans le centre de celle-ci (Opopanaxæ Chironium, F'erula tingitana, communis, elc.), ces faisceaux prennent part à la composition des cloisons. Ils s’y “enlacent et donnent lieu à un plexus, auquel sont mêlés des vais- seaux propres qui ont entre eux de fréquentes anastomoses, et qui mettent en communication les uns avec les autres tous ceux qui parcourent longitudinalement la moelle, et même ceux de l'écorce, des bourgeons et des feuilles. Quand la moelle ne possède pas de tels faisceaux fibro-vascu- laires, les cloisons sont ordinairement dépourvues de Vaisseaux trachéens ou rayés, mais elles possèdent un réseau de canaux oléo-résineux souvent fort beau : Ægopodium Podagraria, [mpe- ratoria Ostruthium, Conium maculatum, Carum Carvi, Chæro- phyllum bulbosum, Myrrhis odorata, Pastinaca sativa, Heracleum Sphondylium, verrucosum, dissectum, angustifolium, Anthriscus vulgaris (A) etc.). Les Fœniculum vulgare, piperitum, dulce, quoique privés de faisceaux vasculaires dans la moelle, offrent malgré cela des cloisons avec des plexus de vaisseaux rayés qu'accompagne le réseau des canaux oléo-résineux. Le Buple- vrum fruticosum, au contraire, dont la moelle est pourvue à sa périphérie de vaisseaux propres, rares il est vrai, ne présente pas de ces canaux dans fa cloison. J'ai dit plus haut que dans certaines plantes on découvre aisé- ment dans l’écorce, vers la base des feuilles, des vaisseaux propres anastomosés entre eux. Il est remarquable que ces anastomoses ont lieu principalement dans un tissu à petites utricules semblables à celles qui composent la cloison, et qui, traversant le corps ligneux à l’aisselle des feuilles, effectue une espèce de prolonga- tion de cette cloison dans l'écorce. C’est à travers ce tissu que (1) Dans l’Anthriscus vulgaris, les vaisseaux propres de la cloison ont l'aspect de méats intercellulaires, et constituent un beau réseau à mailles très-inégales. Ces canaux s’élargissent quelquefois beaucoup aux endroits où plusieurs d’entre eux se rencontrent. J'ai mesuré de ces dilatations qui avaient jusqu'à 07,30 et 0®®,50 sur 0"%,29 de largeur, à la jonction quelquefois de huit à dix vaisseaux propres. 132 RECHERCHES s'établit la communication des vaisseaux propres de la moelle avec ceux de l'écorce, de la feuille et des bourgeons (Opopanax Chironium, Ægopodium Podagraria, Myrrhis odorata, Ferula hingitana, etc.) (1). En général, dans les pétioles des Ombellifères, que les vais- seaux fibro-vasculaires soient disposés suivant un arc, ou suivant un cercle, avec faisceaux dans le centre (Pastinaca Heracleum), ou sans faisceaux au centre, ils sont {oujours séparés par de larges espaces cellulaires, ce qui n’a pas lieu dans la tige, et ne s’entre- lacent les uns aux autres qu'aux endroits qui portent les pétioles secondaires ou les divisions de la feuille. Là également il est facile de trouver des anastomoses, quelquefois même des réticulations des canaux oléo-résineux mêlés aux faisceaux du plexus vascu- laire. Les vaisseaux propres situés sous les faisceaux du collen- chyme sont unis entre eux par des branches horizontales, et de ces branches en partent d’autres qui, passant entre les faisceaux vasculaires, vont les relier aux canaux oléo-résineux épars dans le centre, lesquels eux-mêmes sont en communication par de semblables ramifications (Smyrnium Olusatrum, Ferula tingi- tana, Myrrhis odorata, Anthriscus vulgaris, Coriandrum sati- vum, Heracleum verrucosum, Ægopodium Podagraria, Impera- toria Ostruthium, Opopanax Chironium, Petroselinum sativum). Il en est de même à la base des ombelles. Toutes ces anastomoses ou réticulations que l’on observe dans les différentes parties de la plante, et en particulier là où les vais- (1) Le Buplevrum fruticosum fournit un assez curieux exemple du passage des vaisseaux propres de la moelle dans l’écorce et dans les feuilles. A l'insertion de celles-ci, les faisceaux qui s’écartent du cylindre fibro-vasculaire donnent lieu à cinq larges espaces cellulaires qui, à travers le bois, mettent la moelle en communication avec l’écorce. Sur des coupes transversales, on aperçoit souvent, surtout dans l’es- pace cellulaire moyen, le passage des vaisseaux propres. Deux de ces canaux, partis de la moelle à droite et à gauche de cet espace cellulaire ou large rayon mé- dullaire, viennent s’anastomoser au milieu de ce dernier, puis se bifurquant, cha- cune des branches s'étend horizontalement de chaque côté dans l’écorce voisine, en s’unissant aux vaisseaux propres de cette région. On obtient assez souvent aussi une autre branche qui, partant de l’un de ces vaisseaux propres horizontaux (il en part probablement des deux), se prolonge dans la base de la feuille. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 133 seaux propres passent d’un organe dans un autre, ne démon- trent-elles pas que l’ensemble de ces canaux oléo-résineux forme un système qui s'étend dans tout le végétal ? Ce qui se voit dans les feuilles des Angelicasylvestris, Opopanax Chirontum, Impe - ratoria Ostruthium, Smyrnium Olusatrum, Myrrhis odorata, Ferula tingitana, Lagæcia cuminoides, ete., tend aussi à le prou- ver. Il suffit en effet de placer sous un grossissement de 260 dia- mètres un fragment de lame de la feuille adulte ou mieux encore jeune d’une de ces plantes, pour voir que les vaisseaux propres des diverses nervures communiquent entre eux, et, comme ces nervures sont réticulées, on peut constater avec facilité que les canaux oléo-résineux forment aussi un réseau. En battant un peu ces fragments de feuilles, on verra le suc circuler d’une nervure dans une autre. comme si l’on avait sous les veux des laticifères les plus parfaits. La même observation peut être faite sur les deux faces de la feuille, parce qu’il existe des vaisseaux propres sur les deux côtés des nervures primaires, secondaires, tertiaires et sou- vent des quaternaires. Ils sont ordinairement plus larges sur le côté inférieur que sur le supérieur, et dans les nervures primaires et secondaires il y en a souvent plusieurs de chaque côté, et un peu plus grand nombre sur le côté inférieur que sur le côté opposé. Les plus petites nervures peuvent en être privées, ou n’en possé- der qu’un seul au côté inférieur. Les pétales contiennent aussi des vaisseaux propres, mais je ne m'y arrêterai pas ici. Étant souvent simples ou peu ramifiés, ils ont anatomiquement peu d'importance. Il me reste à parler des canaux oléo-résineux des ovaires et des péricarpes. Les botanistes, autant que je sache, n’ont parlé que des viltæ, c’est-à-dire de ces canaux qui, dans les fruits, sont accu- sés à l’extérieur sous l'aspect de stries ou bandelettes, d’où leur nom de vittæ. Elles furent découvertes, suivant Pyr. de Candolle, par Ramond, dans l’Heracleum ; mais leur étude fut généralisée et mise à profit pour la classification par G. F. Hoffmann, qui les nomma. 434 RECHERCHES Outre ces viliæ, il y a encore d’autres canaux oléo-résineux dans les ovaires de bon nombre de plantes de cette famille, sinon dans toutes. Il en existe ordinairement un au côté externe de chaque faisceau vasculaire dorsal et latéral. Ces canaux sont la continuation de ceux du pédoncule, et par conséquent de ceux de la tige. On voit aisément leur passage du pédoncule dans les ovaires des Laserpitium gallicum, Opopanax Clironium, T'hapsia garganica, ele. Ces canaux extra-fasciculaires existent seuls dans les fruits des Astrantia major et Scandix pecten-V'eneris. Is sont accom- pagnés de vwitlæ dans les T'hapsia garganica (à vittæ dorsales triangulaires), Laserpilium qallicum, Peucedanum maritimum, Heracleum verrucosum, angustifolium. Avec les canaux extra- fasciculaires, il y a dans chaque carpelle de l'ovaire du Myrrhis odorata vingt à trente belles vittæ qui n’ont pas été notées jusqu'ici. Les carpelles du Conium maculatum, au moins avant la maturité, désignés aussi comme privés de villæ, sont pourvus de colonnes de sue oléo-résineux; mais elles sont si faibles, qu’elles peuvent facilement passer inaperçues. Les jeunes fruits de l'OEnanthe crocata méritent une mention particulière. La paroi de chaque carpelle est partagée en deux parties par une couche fibreuse continue, au côté externe de la- quelle sont les faisceaux vasculaires, qui y sont un peu enfoncés. Sur le côté interne de cette couche, le tissu cellulaire enserre les villæ, mais sur le côté externe sont épars de nombreux canaux oléo-résineux dans le parenchyme. Je ne suis pas parvenu à déterminer si les vitiæ sont des pro- longements des vaisseaux propres de la tige, comme le sont ceux du côté externe des faisceaux vasculaires des ovaires. Tout ce que j'ai pu voir, c'est que, dans l’Archangelica officinals, les ovaires n'ont qu'environ treize vittæ dans chaque carpelle, tandis que dans le fruit il y en a de vingt-deux à vingt-quatre ; mais d’autres plantes semblent accuser des atrophies des canaux appelés vittæ dans un âge avancé, SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 135 La longueur des vittæ, surtout par en bas, est ordinairement en rapport avec celle de l’albumen. Pourtant il en est quelquefois de fort courtes mêlées à d’autres qui s'étendent dans toute la longueur du fruit; e’est dans ces conditions que j'en ai mesuré de 0"",25 de longueur seulement dans l’OEnanthe crocata. Si, dans les Æeracleum, les vittæ ne se prolongent pas dans le tiers inférieur du péricarpe, on peut d’un autre côté les suivre jusque dans la base des styles, où elles s’anastomosent et for- ment des mailles (A. verrucosum). Je n’ai pu m'assurer ce- pendant si toutes les vittæ sont reliées entre elles en un seul réseau en cet endroit. Dans le Ferula tingitana, les vitlæ con- tractent aussi des anastomoses vers le sommet du péricarpe avec des canaux latéraux qui se courbent là pour se diriger vers les styles. Je terminerai cette communication par la description d’un phénomène que j'ai déjà signalé dans l’{nstitut du 43 août 1862. il consiste dans la production de membranes d'apparence cellu- laire dans les canaux oléo-résineux de certaines Composées. De semblables productions s'effectuent dans les vittæ des Ombelli- fères (OEnanthe crocala, Seseli elatum, Carum Carvi, Hera- cleum, eic.). Le suc oléo-résineux s’y divise en parties le plus souvent inégales, Chaque partie se revêt d’une pellicule qui simule une membrane cellulaire. Cette membrane, ordinairement brune, résiste à l’action de l'acide sulfurique concentré, et après l’action de liode et du même acide, elle ressemble beaucoup à la cuticule du péricarpe. Ce qui ajoute encore à la ressemblance, c’est que dans certains fruits (Carum Carvi, etc.) les petites cellules envi- ronnantes résistent aussi à l’action de l'acide, à la manière des cuticules, en sorte qu’alors, à la dimension près, les unes et les autres paraissent être de même nature. 136 RECHERCHES TROISIÈME PARTIE. STRUCTURE ANOMALE DANS QUELQUES VÉGÉTAUX, ET EN PARTICULIER DANS LES RACINES DU Myrrhis odorata. Dans la séance du 26 décembre 1865, j'ai présenté à l’Acadé- mie un travail intitulé : Des vaisseaux propres dans les Aroïdées, dans lequel sont décrits des faisceaux fibro-vasculaires que j'ai nommés faisceaux composés parce qu'ils sont formés de deux, de trois, de quatre ou de plusieurs faisceaux agrégés par leur partie libérienne. Les faisceaux constituants ne naissent pas simultané- ment. Il en apparaît ordinairement un seul d’abord; puis, sur le côté du groupe libérien qui s'accroît, se développent un, deux ou trois groupes de vaisseaux, entre lesquels s’interposent fréquem- ment d’autres vaisseaux semblables, jusqu'à ce que le tissu libé- rien en soit complétement entouré. Quelques végétaux dicotylédonés m'ont offert des faisceaux analogues. Je les ai trouvés surtout dans quelques-unes de ces Ombelliféres qui possèdent des faisceaux épars dans l’intérieur de leur moelle ou dans le tissu central de leur pétiole. Le pétiole du Pastinaca sativa en particulier est remarquable sous ce rapport. Il a sous sa partie corticale un are très-recourbé de faisceaux fibro-vasculaires très-espacés, constitués normale- ment d’un groupe libérien qui est extérieur et d’un groupe vas- culaire tourné vers le centre de l'organe. Il possède en outre, dans la partie médullaire comprise dans la courbure de l'are, sept ou huit faisceaux épars qui ont tous la même composition au début. Quelques-uns de ces faisceaux conservent cet état nor- mal, mais quelques autres (ce sont le faisceau central le plus rap- proché du dos et ses voisins) produisent sur le côté externe de leur liber, tout à fait en opposition avec leur groupe vasculaire primitif, un second groupe de vaisseaux. On a alors comme deux faisceaux fibro-vasculaires opposés, intimement liés par leur liber, dont les côtés demeurent libres, c’est-à-dire limités par le paren- chyme. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 137 Dans la moelle de quelques autres végétaux, on trouve des faisceaux qui présentent un cercle fibro-vasculaire presque com- plet, ou même parfait, entourant le tissu libérien cribreux sur les trois quarts ou sur la totalité de son pourtour (Opopanax Chiro- nium, Caladium odorum, etc.). L'Opopanax est intéressant en ce qu’il montre à la fois sur la même coupe transversale les divers degrés de développement de ces faisceaux. Les uns sont réduits à un simple groupe de tissu dit cribreux ; d’autres ont de plus sur le côté un petit croissant de cellules étroites, auquel se mêlent un, deux ou quelques vais- seaux dans d’autres faisceaux plus avancés dans leur développe- ment. A la fin, ce système vasculaire, continuant à croître, em- brasse presque tout à fait le groupe cribreux originel. Tous les faisceaux répandus dans la moelle de cette plante ne sont pas ainsi constitués. Il en est qui ont l’arrangement ordinaire de leurs éléments, c’est-à-dire que le liber est en parfaite oppo- sition avec le groupe des vaisseaux. Dans mon travail sur les vaisseaux propres des Aroïdées, j'ai omis avec intention, parce que je n’en ai pas étudié l’évolution, de citer les faisceaux de la tige du Caladium odorum, que je re- commande à l'attention des anatomistes. Ils donnent un type par- fait de ces faisceaux dans lesquels le groupe libérien est enfermé dans un cercle de vaisseaux complet ou partagé en deux arcs opposés. Je crois devoir rapprocher de ces faits les exemples si curieux que m'ont fournis certaines Campanules, et que j'ai esquissés déjà dans les Comptes rendus du 27 novembre 1865. Ainsi, dans le Campanula Cervicaria, des fascicules cribreux de force va- riable sont répandus dans la moelle. Il se forme autour d’eux une couche génératrice, dont les cellules multipliées par division se transforment quelquefois en fibres ligneuses et en vaisseaux ponctués. Dans les Campanula pyramidalis et lamrifolia, c'est une zone continue ou presque telle de tissu cribreux qui se déve- loppe d’abord dans la moelle. Elle commence sur une ligne cireu- 138 RECHERCHES laire, à distance de la périphérie de celle-ci, par une couche de cellules née de la division des cellules médullaires de cette région. Quand la couche de cellules étroites ainsi produites a une certaine épaisseur, la partie principale de cette zone devient corticale ou cribreuse, et produit des laticifères vers ses deux faces latérales. Cependant la génération des cellules continue par les cellules marginales de ces deux faces ; mais alors ce ne sont plus des élé- ments corlicaux qui sont engendrés, ce sont des éléments fibro- vasculaires. La reproduction étant plus active sur le bord externe que sur l’interne, on a souvent déjà une couche ligneuse assez épaisse Sur le premier côté, quand il n'existe encore que peu d'éléments fibro-vasculaires sur le côté interne. Néanmoins la strate interne s’accroit graduellement et peut acquérir une notable épaisseur, mais elle le fait généralement avec plus d’irrégularité que la première. Le tissu cribreux ainsi formé dans l’intérieur de la moelle, et les vaisseaux du latex qu'il renferme, sont mis en communication avec leurs congénères de l'écorce externe ou normale, à travers les espaces ménagés dans le corps ligneux à l'insertion des feuilles. Les éléments fibro-vasculaires de ces productions sont aussi mis en rapport dans les mêmes points avec l’étui fibro-vasculaire normal. Il y a done dans les Campanules nommées comme deux sys- tèmes intra-médullaires opposés lun à lPautre par leur partie libérienne, tout à fait comme le sont les éléments des faisceaux composés des Aroïdes citées, et de ceux de même nature que je viens de signaler dans le centre du pétiole du Pastinaca sativa. Quelques plantes présentent un autre mode d'association des faisceaux non moins remarquable que les exemples précédents, mais leur union n’a plus lieu par la fusion des éléments libé- riens ou cribreux; elle s’eflectue par la partie opposée, par la juxtaposition des éléments ligneux et vasculaires proprement dits, Cette disposition s’observe dans les tiges de l'OŒEnanthe crocata, SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 139 de l’Aralia esculenta, ainsi que dans les pétioles des Aralia chi- nensis el spinosa (1). On trouve en effet dans la moelle des par- lies nommées de ces plantes un faisceau fibro-vasculaire opposé à chacun des principaux faisceaux du cylindre normal, c’est-à- dire à peu près de deux en deux faisceaux. Le groupe des vais- seaux est ici tourné vers l'extérieur, par conséquent vers ceux des faisceaux normaux auxquels ils sont opposés, tandis que la partie libérienne de ces faisceaux supplémentaires est dirigée vers le centre de la moelle. Mais tous les faisceaux ainsi rapprochés ne sont pas Contigus. Ils sont souvent séparés par une ou quelques cellules parenchymateuses. Quand ils sont en contact, ils peuvent se toucher seulement par leur côté trachéen. Dans ce cas, leur coupe transversale les montre comme deux cônes unis par la pointe; mais quelquefois ils se touchent par des surfaces plus étendues, et chacun d’eux simule un cône tronqué. Voici ce qui se passe pendant l'apparition de ces singuliers faisceaux. Les faisceaux normaux possèdent sur leur côté trachéen une certaine quantité d'éléments libériens ou eribreux qui les prolongent dans la moelle en une pointe aiguë ou obtuse. Dans quelques faisceaux le nombre de ces éléments cribreux s’accroit, et au-dessous d'eux les éléments fibro-vasculaires se multiplient. Si cette multiplication, peu considérable d’abord, ne se fait que sur la pointe ou crête trachéenne et qu’elle continue ensuite gra- duellement, on aura deux faisceaux aigus juxtaposés par cette pointe; mais dans quelques cas, le groupe cribreux interne étant plus volumineux, la partie trachéenne elle-même du faiseeau nor- mal s’élargit. On a alors un faisceau fibro-vasculaire comme tronqué du côté de la moelle, sur la troncature duquel serait ap- pliqué un groupe cribreux de forte dimension. L’accroissement ne s'arrête pas toujours là. Il se fait à la limite (1) Il y a en outre des faisceaux épars dans le centre de la moelle de la tige de l’Aralia esculenta. Il n’en existe pas dans celle des À. spinosa et chinensis. Je ne dirai rien ici des vaisseaux propres de ces Aralia, qui forment un système qui n’est pas sans analogie avec celui des canaux oléo-résineux des Ombellifères. J’en parlerai en décrivant ceux de la famille à laquelle ils appartiennent. 4110 RECHERCHES de ces tissus cribreux et vasculaire une couche génératrice qui, continuant à fonctionner, produira un faisceau vasculaire inter- médiaire, appliqué par une plus large surface contre le faisceau normal élargi. Certains pétioles présentent en même temps tous les degrés de développement de ces singulières agrégations. Le même phénomène s’observe avec une forme un peu diffé- rente vers la base des pétioles de certaines Ombellifères et de quelques Araliacées, où l’on a fréquemment des sortes de fais- ceaux dont le centre est occupé par un groupe de vaisseaux et la périphérie tout entière par un cercle cribreux. Ces faisceaux se partagent suivant leur diamètre, ou suivant deux ou trois rayons, et donnent ainsi lieu, comme par une séparation forcée, à deux ou trois faisceaux qui se prolongent dans la partie supérieure du pétiole. L’accroissement du système fibro-vaseulaire le plus singulier m’a été offert par les racines du Myrrhis odorata, dont j'ai signalé déjà à l’Académie la forme la plus complexe dans ma communica- on du 23 juillet. Les racines du Myrrhis possèdent d’abord la structure nor- male. Elles ont leur axe occupé par d’assez nombreux vaisseaux épars, et leur système vasculaire s'étend à la faveur de la couche cénératrice, comme à l'ordinaire, laquelle accroît en même temps l'épaisseur de l’écorce. Ce système fibro-vasculaire est divisé par quelques rayons médullaires assez larges en faisceaux compo- sés de vaisseaux rayés pour la plupart, répandus entre des cel- lules parenchymateuses pleines d’amidon, les fibres ligneuses manquant tout à fait. Quand ces racines sont arrivées à une certaine dimension, leur corps cellulo-vasculaire central se partage en deux parties, I se fait, dans la région moyenne, suivant une ligne cireulaire, une couche génératrice secondaire par la division des cellules interposées aux vaisseaux. En se divisant ainsi, ces cellules donnent lieu à de petites séries rayonnantes de cellules nouvelles. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. LA Mais la production de ces cellules ne s’effectue ordinairement pas sur toute la ligne circulaire à la fois. Il arrive fréquemment que la nouvelle couche de cellules a une grande épaisseur déjà d’un côté, quand elle n’embrasse pas encore toute la partie cen- trale du corps vasculaire ; elle ne représente, sur une coupe trans- versale, qu’un croissant de tissu cellulaire enclavé dans ce corps vasculaire. Et cependant ce croissant cortical, partagé par les ravons médullaires comme le reste du système, est souvent déjà pourvu de canaux oléo-résineux. Mais peu à peu les bords du croissant s'étendent, se rapprochent, se joignent, et l’on a alors une zone circulaire complète de. tissu cortical enfermé entre une zone vasculaire externe et un axe vasculaire aussi. Tel est le début de la deuxième écorce, qui demeure la plus interne à toutes les phases de l'accroissement de ces racines. On a donc à celte époque : 1° l'écorce externe ; 2° une couche génératrice ; 3° une zone vasculaire ; 4° une couche corticale; 5° un axe vasculaire. Bientôt la complication devient plus grande encore. La multi- plication des couches qui survient s'effectue de deux manières, alternativement ou simultanément, soit par une nouvelle produc- on corticale dans la zone vasculaire externe, soit par la formation de nouveaux faisceaux vasculaires sur le côté interne des fais- ceaux de cette zone, absolument comme au pourtour de la moelle des Aralia et de l'OEnanthe crocata cités. Admettons que ce soient ces derniers faisceaux qui se forment d’abord. La naissance d’une couche corticale au milieu du eylindre cel- lulo-vasculaire primitif, en augmentant le diamètre, a nécessaire- ment déterminé un écartement des faisceaux dans la zone vascu- laire ainsi séparée de l’axe vasculaire central. De plus, chacun de ces faisceaux, en s'étendant à la circonférence, sous l'influence de la couche génératrice, s’est subdivisé en faisceaux secondaires comme d'habitude. Il en est résulté pour chacun d’eux la forme conique que présentent ordipairement les faisceaux sur leur 41412 RECHERCIIES coupe transversale. Eh bien, c’est précisément à la pointe interne de chacun de ces faisceaux que commencent ceux qui doivent se développer dans celte région. Il y naît, d’une couche généra- trice qui se manifeste à la limite externe de l'écorce interne, d'abord quelques vaisseaux, dont le nombre augmente graduel- lement de la circonférence au centre, en sorte que l’on a ici éga- lement des faisceaux vasculaires inverses des premiers. Il s'en développe en outre de plus petits entre ces faisceaux princi- paux. Pendant que cela se passe au côté interne des faisceaux de la zone externe, celle-ci se partage fréquemment en deux sur une partie de son pourtour d’abord, et ensuite sur la circonférence en- tière. I s’v forme, par la division des cellules interposées aux vaisseaux, une couche génératrice qui produit une troisième zone corticale. En s’épaississant, cette zone, par l'accroissement du diamètre qu’elle détermine, écarte aussi les uns des autres les faisceaux externes ; d’un autre côté, ces derniers se subdivisent également à mesure qu'ils s'étendent à l’extérieur. Il existe donc, à cette phase du développement, sur une coupe transversale : 4° l’écorce externe; 2° la couche génératrice ordi- naire; 3° une zone vasculaire avec la direction normale de ses faisceaux ; 4° une couche génératrice; 5° une écorce avec vais- seaux propres comme les autres ; 6° une zone de faisceaux vas- culaires tournés aussi normalement; 7° une zone de faisceaux vasculaires inverses ; 8° une couche génératrice; 9° une écorce ; 10° un axe vasculaire, Le développement ne s'arrête pas là. Il est produit encore entre les deux zones de faisceaux inverses qui sont contiguës à cette époque, c’est-à-dire entre les n* 6 et7, une quatrième couche génératrice et une écorce sur le côté externe de celle-ci, C'est toujours cette zone corticale que j'ai vue se manifester la dernière. I y a dès lors, par conséquent, les douze strates que j'ai énumérées dans ma communication (à PAcadémie des sciences) du 23 juillet 1866. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 113 À cela pourtant ne se bornent pas toutes les anomalies présen - tées par l'accroissement de cette racine. Car il arrive que des par- ties d’une des zones de faisceaux s’individualisent en quelque sorte, en s’entourant d’une couche génératrice. Ce sont souvent des portions assez étendues de la zone des faisceaux externes. Quand une couche génératrice est formée dans son intérieur, celle-ci va quelquefois rejoindre la couche génératrice extérieure en deux points différents, en se prolongeant entre deux faisceaux et laissant de côté le rayon médullaire qui reste intact, cette couche génératrice étant formée aux dépens de cellules apparte- nant au faisceau lui-même. Ailleurs, c’est un faisceau de la zone inverse qui se revêt d’une couche génératrice; ou bien ce sont quelques-uns des vaisseaux épars dans le parenchyme le plus interne, dépendant de l’axe vas- culaire. Chacun de ces groupes possède alors un accroissement propre et peut acquérir un volume plus ou moins considérable. ai compté dans la même racine jusqu’à sept ou huit de ces centres de végétation particuliers. Je crois devoir faire remarquer, en terminant, que les racines principales de cette plante subissent parfois des altérations pro- fondes par une cause que je ne connais pas. Elles perdent leur écorce sur de grandes étendues, et les nécroses atteignent même les parties centrales, de manière que la racine est rongée, per- forée en différents sens sur de grandes longueurs. Dans ce cas, les parties ainsi dénudées se sont revêtues d’une couche généra- trice qui tend à réparer ces graves dommages. En tout cas, la plante continue de porter des liges aériennes qui, bien que moins nombreuses que celles des autres plantes, n’en végètent pas moins avec beaucoup de vigueur. Voilà assurément un développement anemal bien singulier, et qui diffère beaucoup de celui que notre confrère M. Decaisne à déerit en 1839 d’après des tiges du Cocculus laurifolius, dans le tome 1" des Archives du Muséum d'histoire naturelle, p. 157. 14 RECHERCHES Dans celte dernière plante, en effet, quand la premiére couche fibro-vasculaire cesse d'accroître ses faisceaux, sa couche géné- ratrice ne fonctionnant plus, ilest produit dans l’écorce, en dehors de son liber, une nouvelle couche génératrice qui engendre de nouveaux faisceaux. Ceux-ci se développent pendant quelque temps, puis cessent de s’accroitre. Une troisième couche prend naissance encore dans l'écorce extra-libérienne, et ainsi de suite, toujours du centre à la circonférence, et dans l'intérieur de l'écorce ; tandis que dans nos racines tous les phénomènes anor- maux décrits dans ce travail se sont accomplis dans l’intérieur du corps vasculaire central. Au reste, dans le Cocculus comme dans le Myrr/is, l'apparition des nouvelles couches se fait exactement comme je l'ai indiqué dans mes travaux sur la formation du bois dans des lames d'écorce qui ne tiennent plus au tronc que par une de leurs extrémités, ou dans les productions cellulaires qui se développent à la surface de l’aubier dénudé (Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XVII, XIX, XX, et 4° série, t. I). En cela, les observations que M. Radikofer a publiées dans le Flora de 1858 viennent également confirmer les résultats que j'avais annoncés ; et M. L. Netlo a pu dire aussi en 1863 (Ænnales des sciences naturelles, k° série, t. XX, et Comptes rendus, 1. LVIT, p. 556), en parlant de la tige anomale d’un Serjania : « Elle offre » beaucoup mieux que l’autre, outre quelques détails de transfor- » mation, Le phénomène de la reproduction des fibres et des vais- » seaux par le tissu parenchymateux de l'écorce, phénomène déjà » expliqué à l'Académie dans les travaux que M. Trécul a publiés » dans les Comptes rendus, à la suite de ses observations sur » l'accroissement en diamètre des végétaux dicotylédonés. » SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, Also IV DES LATICIFÈRES DANS LES PAPAVÉRACÉES (4). Dès 1812, Moldenhawer décrivit exactement le siége et la coustitution des vaisseaux propres du Chelidonium. Depuis, leur distribution et leur structure furent méconnues par divers au- teurs ; mais l'opinion la plus singulière est, sans contredit, celle qui confondit ces organes avec les fibres du hber. Parmi les ana- tomistes les plus modernes, M. Unger connut bien ceux du Che- lidonium et du Sanguinaria. — 1’ Anonyme de 1846 place les laticifères du Papaver somniferum, de l’Argemone speciosa, de l’Eschscholtzia californica et du Chelidonium majus au pourtour des faisceaux vasculaires de la tige. — M. Hanstein attribue aux laticifères des Papavéracées en général la disposition qu'ils ont dans le Sanguinaria canadensis. A leur reconnait d’ailleurs la structure observée par Moldenhawer dans le CAelidonmum. Cette structure et cette disposition sont propres, il est vrai, à plusieurs genres de cette famille, mais il en est d’autres dans lesquels la constitution est franchement tubuleuse, et la distribution toute différente de ce qu’elle est dans les CAhelidonium Sanguina- ria, etc. — M. Lestiboudois, qui a vu le siége des laticifères dans le Chelidonium, ne semble pas l'avoir aperçu dans le Papa- ver, car 1l en dit seulement ces quelques mots : « Les vaisseaux propres des tiges appartiennent plus spécialement au système cortical. Ainsi, dans le Papaver, le Lactuca, on ne voit pas de sucs propres suinter de la moelle centrale, ou, au moins, il en sort de très-faibles quantités. » (Comptes rendus, t. LVE, D-427) On voit par cet aperçu historique que les laticifères des Papa- véracces méritent encore de fixer l'attention des anatomistes. Ils (1) Lu à lAcadémie des sciences, le 13 mars 1865 (Comptes rendus, LN, 022); l’Institut (15 mars 1866). NET 10 146 RECHERCHES sont, en effet, du plus haut intérêt au point de vue de la théorie générale des sues propres. Ce sont ces considérations qui me dé- cident à publier les faits suivants, que je tiens depuis trop long- temps déjà en portefeuille. I existe deux types de structure et de distribution de laticifères dans les Papavéracées. D’après le premier type, les laticifères sont répartis surtout au pourtour des faisceaux fibro-vasculaires des tiges aériennes et des feuilles (C/elidonium, Macleya, Sanqui- naria, etc.). D'après le second type, les laticifères existent seule- ment dans le üissu sous-libérien des faisceaux fibro-vasculaires des mêmes organes. Dans l’un et dans l’autre cas, ce ne sont donc point les fibres du liber exclusivement qui renferment le latex; ce qui ne veut pas dire que ces laticifères n'aient aucune des propriétés de ces libres. Les Papavéracées me serviront, au contraire, à démon- trer que ces vaisseaux, suivant les parties qu'ils traversent, sont constitués par des éléments divers, c’est-à-dire que, dans le parenchyme, ils sont formés de cellules semblables à celles de ce parenchyme (Chelidonium), qu'au contact du liber ils peuvent être composés d'éléments semblables aux cellules du liber, et susceptibles de s’épaissir comme ces dernières, etc. Si dans cer- tains parenchymes les cellules des vaisseaux propres sont plus longues et plus larges que celles qui les entourent, c’est qu’elles grandissent déjà quand les cellules parenchymateuses se multi plient encore. D’autres fois, au contraire, la multiplication des cellules constituantes des vaisseaux propres, continuant plus long- temps que celle des cellules environnantes, les cellules élémen- taires de ces vaisseaux sont beaucoup plus courtes que les cel- lules du parenchyme voisin. Les Convolvulacées nous en fourni- ront un bel exemple. Je vais maintenant esquisser rapidement la constitution des laticifères de quelques-uns des genres de la famille des Papavé- racées. Dans le rhizome du Sanguinaria canadensis, ils sont formés SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 4147 de cellules superposées réparties à travers le parenchyme. Ces séries de cellules sont reliées entre elles par d’autres séries, de manière à donner lieu à un réseau. M. Unger a décrit cette structure en 1855, mais il n’a pas noté que, outre ces lati- cifères, il y a encore une multitude de cellules éparses isolément qui contiennent le même latex rouge, avec de gros globules nacrés, pendant la période de végétation, cellules que j'ai déjà mentionnées en 1862. Dans les pétioles, au contraire, les lati- cifères peuvent former des tubes continus par la résorption des parois transversales des cellules originelles : les uns sont autour des faisceaux, les autres sous le liber. Il y a encore dans le pétiole du Sanguinaria des laticifères distribués suivant un cercle dans l'écorce externe et quelques autres dans l’écorce moyenne. Dans la souche des Chelidonium les laticifères de l'écorce sont disposés par petits groupes sur des cercles concentriques formant un réseau, soit qu'on les examine sur des coupes tangentielles, soit sur des coupes radiales. Les cellules constituantes de ces vaisseaux sont un très-bel exemple à citer à l'appui du principe énoncé plus haut. De même forme et de même dimension que les cellulles environnantes, elles sont plus ou moins longues, suivant la partie que les laticifères traversent. Elles sont souvent très-courtes tout près de la surface de l'écorce et dans les parties où s’épanouissent et finissent les rayons médullaires, dont les cellules peuvent aussi prendre part à la production des latici- fères. Dans la souche du Chelidonium majus, on trouve aussi des cellules à latex jaune superposées entre les vaisseaux du corps ligneux. Autour de l'insertion des racines adventives, de ces cellules en séries peuvent également être mêlées aux vais- SCaUx. Dans la tige aérienne et dans les pétioles de la même plante, les laticifères, qui sont distribués à la surface des faisceaux et dans le tissu sous-libérien (ce qu'avait déjà vu Moldenhawer en 1512), font très-bien voir aussi qu'ils sont composés d’élé- 148 RECHERCHES ments divers, suivant Ja nature des cellules au milieu desquelles ils sont placés. Ceux qui sont au contact du liber, ou enclavés en lui, ont les cellules très-longues ; ceux qui sont sous le liber ont aussi des cellules allongées et grèles. Au contraire, ceux qui sont au pourtour de la partie vasculaire des faisceaux sont for- més de cellules moins longues, souvent très-courles, comme celles du parenchyme cortical contigu. Cette disposition me rappelle un phénomène fort remarquable, qui montre avec quelle facilité ces cellules parenchymateuses sont ici transformées en laticifères. Voici en quoi il consiste. Quand les laticifères sont lésés par une cause quelconque, leur suc brunit et ils cessent de fonctionner. Alors, et cela parait s’ac- complir dans un bref délai (sur les plantes rompues dans la boîte à herboriser), alors, dis-je, les cellules du parenchyme voisin modifient la nature de leur suc, qui devient graduellement jaune pale et finement granuleux, puis jaune foncé, comme le latex ordinaire de ce végétal. Ce fait ne semble-t-il pas prouver que le rôle du latex à une grande importance, et qu'il n’est pas une simple excrétion, eomme le croient beaucoup d’anatomistes ? Les séries de cellules à latex des tiges et des pétioles du Ce-- lidonium sont très-propres à montrer le deuxième degré de per- fection des laticifères, puisqu'on trouve souvent perforées les pa- rois transversales qui séparent les cellules constituantes. Dans les Glaucium flavum et fulvum, il n'existe pas de suc coloré dans les parties aériennes de la plante adulte. Pourtant on remarque à la surface du liber, ou parmi ses fibres externes, des cellules un peu plus larges, à parois minces, qui rappellent les laticifères à suc coloré que l’on observe dans la même situa- tion chez les Chelidonium, le Macleya, etc. Un peu de matière granuleuse brune se voit quelquefois seulement au pourtour de ces cellules, qui, du reste, s’observent aussi sur les côtés des faisceaux. Dans la souche des mêmes Glaucium, il n’y à pas de latici- fères composés de cellules en séries continues, répandues dans SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 119 toute l'épaisseur de lécorce. On ne trouve dans la masse de celle-ci, et entre les vaisseaux du corps ligneux, que des cellules éparses qui contiennent un sue jaune. Cependant, à la surface de la racine, parmi les cellules les plus âgées, sous les utricales bru- pis de la périphérie, il existe quelques séries de cellules à latex semblables à celles du Celidonium : et 1à, elles peuvent même donner lieu à des tubes continus, quelquefois aussi réunis en ré- seau, comme pour attester que les cellules jaunes isolées de l'écorce plus interne sont bien de la nature des laticifères. Dans la souche du Macleya cordata, des cellules jaunes, oran- oces ou mêmes rouges, Sont aussi éparses dans l'écorce, dans les rayons médullaires et entre les vaisseaux du corps ligneux. IT y a aussi de ces cellules jaunes et isolées jusque dans l'écorce et entre les vaisseaux de la base de la tige aérienne. Plus haut, les latici- fères de cette tige et des pétioles ont une structure et une distri- bution analogues à celles qui existent dans le CAelidonium. Is sont répartis autour des faisceaux vasculaires. Ces laticifères contiennent un sue jaune, un peu rougeâtre, qui disparait à mesure que la plante avance en âge, de manière qu'il n’y en à plus vers la base de cette tige, quand les rameaux supérieurs en renferment encore. A la fin, les péricarpes en présentent presque seuls quand les fruits approchent de la maturité. Ce suc y est renfermé dans des cellules, la plupart fort aliongées et à parois minces. | Pendant que le sue disparait dans la tige, les cellules qui le renferment au contact du liber, ou qui sont mêlées à ses fibres, entourées par elles, s’épaississent, quoique plus tardivement, absolument comme ces fibres libériennes, dont il est impossible de les distinguer quand le latex a entièrement disparu et que l'épaississement est achevé. Cette observation, que n’eussent pas manqué d’invoquer, s'ils leussent connue, les partisans de la théorie qui assimile le liber aux laticifères, démontre seulement que ces laticifères sont composés d'éléments cellulaires primitifs semblables aux cellules des tissus qu'ils traversent. 150 __ RECHERCHES J'arrive maintenant au second type de laticifères des Papavéra- eées. Dans les Papaver Rhœas, somniferum, bracteatum, etc., dans les Aæmeria hybrida, refracta ; dans les Argemone grandi- flora, ochroleuca, ete., les laticifères sont placés dans le tissu sous-hbérien. [ls consistent en tubes parfaitement continus, assez fréquemment anastomosés dans la tige du Papaver Rhœas, mais plus rarement dans celle du Papaver somniferum. Dans les sépales et dans les capsules de ces Pavots, les laticifères forment au contraire un réseau extrêmement compliqué. J'ai retrouvé quelquelois des traces de la constitution élémen- taire dans les lalicifères de la tige des Ærgemone ; mais, dans la racine de ces plantes, il est facile de suivre la transformation des séries de cellules en tubes continus et anastomosés. Ces séries de cellules, pleines d’un beau suc jaune, et trois à cinq fois plus longues que larges, accompagnent des groupes de cellules de même dimension, qui nt la disposition réticulée des faisceaux libériens. De là aussi la réticulation de ces séries primitives de cellules à latex. Un peu plus tard, les parois transversales qui séparent les cellules superposées se perforent; elles disparaissent même entièrement pendant que la fusion des parois latérales s’accomplit pour la transformation des laticifères en tubes parfaits. Arrivés à cet état, les laticifères des Argemone présentent deux phénomènes bien dignes d'intérêt. L'un, qui à été observé pour la première fois par M. Unger dans les Chicoracées, se montre principalement à la périphérie des racines. Là, les laticifères d'un même groupe, qui ne sont séparés que par une ou deux rangées de cellules, émettent de petites ramilications, d’abord sous la forme d’anses surbaissées, lesquelles se creusent peu à peu en s'allongeant en cône. Des laticifères opposés, il en naît de sem- blables qui avancent vers les premières. Comme elles sont nées à des hauteurs correspondantes sur les deux laticifères, elles se rencontrent par les sommets ; leurs parois se résorbent aux points de contact, tandis que les parois latérales se fusionnent et établis- sent la continuité des tubes. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 151 Des communications de cette nature s'effectuent souvent en très-grand nombre sur des espaces très-limités, non-seulement entre les laticifères d’un même faisceau, mais encore entre les laticifères de faisceaux différents, qui peuvent être séparés par de larges espaces parenchymateux. Alors, de longues ramifica- tions très-grêles s’avancent entre les cellules qui remplissent ces ‘espaces. Rencontrant celles des laticifères opposés, elles se gref- fent comme je viens de le décrire. Si l’un des laticifères opposés n’a pas produit de semblables ramifications, celles qui sont nées sur l’autre pourront se pro- longer jusqu'à la surface du laticifère improductif; elles y appli- queront leur pointe, qui le pressera, et finalement s’anastomo- sera avec lui, D'autres fois, ces branches latérales ne s'étendent pas jusqu'au laticifère stérile; elles s'arrêtent en chemin. Leur extrémité peut alors se dilater en une petite tête globuleuse ou déprimée. Chez certains laticifères, ces courts rameaux, ainsi ter- minés en tête, étant fort nombreux, communiquent à ces vaisseaux l’aspect le plus singulier. le crois utile de faire remarquer ici que, dans les Chicoracées (Lactuca Scariola, Podospermum laciniatum, ete.) aussi bien que dans les Argemone, c’est à la surface de la racine, parmi les eel- lules déjà brunies par la désorganisation, auprès d'elles, c'est-à- dire là où l’on s’attendrait à trouver le moins de vitalité, que ces laticifères en manifestent le plus. C’est seulement là que, dans la souche des Glaucium, sont des laticifères tubuleux où même réliculés. J'insiste sur cette exubérance de végétation à la péri- phérie des racines, parce qu’elle n’a pas été signalée par M. Un- cer, non plus que par MM. Schacht et Hanstem. Le second phénomène que j'ai annoncé dans les Argemone s’accomplit ordinairement dans les laticifères voisins du collet, vers la base de la tige et au sommet de la racine. Là, ces latici- fères s’épaississent, mais au lieu de le faire en couches régulières, comme ceux que j'ai mentionnés dans le Macleya, ils ne pro- duisent que des bourrelets plus où moins rapprochés et plus ou 152 RECHERCHES moins régulièrement espacés, qui, dans l'Argemone ochroleuca, simulent quelquefois des spires irrégulières. Le plus souvent ils constituent des mailles larges et inégales. Dans l'Argemone gran- diflora, j'en ai trouvé d’assez rapprochés pour figurer des fentes, ou même de larges ponctuations. Ces beaux laticifères sont pleins d’un sue jaune comme les autres, mais, comme ils se vident assez aisément, il faudra quelque attention pour les distinguer des cellules environnantes, quand ils seront privés de leur suc, si les coupes ne sont pas suf- fisamment minces. On peut d’ailleurs les isoler par les moyens que possèdent les anatomistes, et constater leur union en réseau par des branches qui offrent les mêmes épaississements. Je terminera cette Note par un autre fait non moins intéres- sant. J'ai déclaré, en 1857, qu’il existe normalement du latex dans certains vaisseaux du corps ligneux. J'ai déclaré de plus qu'il y a fréquemment des points de contact entre les laticifères et les vaisseaux ponetués, rayés et spiraux. J'ai été conduit par là à supposer que le latex passe des laticifères dans les vaisseaux du bois. Cette hypothèse semble encore appuyée par l’observation que J'ai faite d'ouvertures directes entre les laticifères et les vais- seaux ponclués, ete. (voyez les Comptes rendus du 9 janvier 1865). Cependant je n'ai jamais vu s’eflectuer le passage du latex d’un ordre de vaisseaux dans l’autre. Voici un fait qui tend à prouver que si un tel passage a lieu, tout le latex, du moins, contenu dans les vaisseaux du bois, n’a pas une telle origine, et qu’il peut être sécrété dans les vaisseaux rayés, ponctués où spiraux eux- mêmes. C’est l’Argemone grandiflora qui m'a donné cette obser- vation. Quand on étudie des coupes transversales de jeunes indi- vidus vigoureux, on remarque souvent, sur la paroi interne des vaisseaux ponclués, ete., des protubérances jaunes, finement granuleuses comme le latex, et limitées par une membrane très- délicate. Ces protubérances sont d’abord fort petites et inco- lores. Peu à peu elles prennent une teinte jaune qui se fonce comme Île latex ordinaire de cette plante. Ces productions SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 153 couvrent une portion plus où moins grande du pourtour du vais- seau, ef, plusieurs se développant dans le voisinage les unes des autres, fout ce pourtour peut en être revêtu. En s’accroissant, ces proéminences se joignent au centre de l'organe, se fusionnent quelquefois, et le vaisseau est obstrué. Par l'examen de coupes longitudinales, j'ai pu voir, dans quelques vaisseaux, jusqu’à une vingtaine de ces obstructions assez régulièrement espacées. Cha- eune d'elles n'avait que peu d'étendue longitudinale, mais dans quelques cas le latex, produit sans doute par la réunion de plusieurs de ces centres de sécrétion, occupait une assez grande élendue. En est-il de même dans le Chelidonium? Je ne l'ai pas vérifié, non plus que dans les autres plantes où j'ai observé un tel latex. Quoi qu'il en soit de ce phénomène, la communication directe des laticifères avec les éléments fibro-vasculaires est un fait désormais acquis à la science, et toutes les circonstances ana- tomiques tendent à prouver que le transport des éléments cédés a lieu des laticifères aux éléments du bois. Il reste à s'assurer quelle est la nature des éléments ainsi concédés, si ce sont tous les élé- ments du latex, ou seulement une partie, comme le liquide lim - pide qui tient les globules en suspension. Voilà done encore un beau champ d’observations ouvert à l’ac- tivité des phytotomistes. V DES LATICIFÈRES DES CONVOLVULACÉES (1). En 1811, Treviranus avait vu que dans la racine du Chelido- nium il existe des séries de cellules pleines de sue jaune; mais il prétendit, comme en 1806, que le vrai sue propre était contenu (1) Lu à l’Académie des sciences, le 24 avril 4865 (Comptes rendus, LX, 895). 154 RECHERCHES dans des méals intercellulaires. C’est Moldenhawer qui, le pre- mier, démontra, ainsi que je l'ai rappelé déjà, que ces séries de cellules sont les véritables vaisseaux du suc propre, et que dans les parties aériennes ces cellules sont transformées en tubes con- linus par la résorption des parois transversales. Les travaux de M. C. H. Schullz vinrent distraire de cette opinion, qui n’eut que peu de partisans (Mulder), En 1845, j’annonçai qu'il y a dans le Nuphar lutea des laticifères composés de cellules allongées, tout différents des vaisseaux tubuleux décrits par M. Schuliz. L'ano- nyme de 1846 ramena à l'idée que les laticifères ont pour origine des méats intercellulaires. Enfin M. Unger en 4855, M. Schacht en 1856, elc., revinrent à la doctrine de l’origine cellulaire, qui commence à prédominer, Dès le début de mes études sur ce sujet, je fus frappé de l’omission des Convolvulacées dans le Mémoire de lanonyme de 1846. C’est pourquoi ces plantes, éminemment lactescentes, furent des premières l’objet de mesrecherches. Ayant connu tout récemment la publication du travail de M. A. Vogt sur le Convol- vulus arvensis, dans lequel il admet avec raison la fusion des cellules, je prends le parti de divulguer les résultats que j'ai oblte- nus dans plusieurs genres de cette famille, Ils sont conformes à la théorie de l’origine cellulaire, et font connaître un état particulier fort remarquable du latex dans les cellules primitives. Mais les laticifères des Convolvulacées ne deviennent pas toujours tubu- leux. M. Lestiboudois, qui ne les décrit que dans la racine des Convolvulus nervosus, Turpethum, et dans une autre Convol- vulacée du Brésil, les signale comme composés de cellules. C’est qu'en effet ils sont quelquefois uniquement formés de séries d’utricules restées distinctes. Ainsi, à la base de la tige aérienne et dans le rhizome du Calystegia Sepium, ils conservent assez souvent cette constitution. Tantôt les articulations de toutes les cellules subsistent, tantôt il n’y en a une que çà et là, à des dis- tances plus ou moins éloignées. D’autres fois les tubes sont con- ünus sur de longues étendues. Les cellules constituantes, quand SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 455 elles persistent, ont des propriétés différentes de celles du paren- chyme voisin. Au lieu de bleuir et de se dissoudre aisément, comme ces dernières, sous l'influence de l’iode et de l'acide sul- furique, les cellules des laticifères du rhizome du Calystegia Se- pium deviennent jaunes ou restent incolores suivant leur âge, et résistent davantage à l’action de l'acide. Des séries de cellules à latex se retrouvent dans les nervures de feuilles déjà avancées dans leur développement. Dans des feuilles de Quamoclit globosa appartenant à des mérithalles en- core jeunes, mais dont les laticifères étaient déjà tubuleux, je n'ai trouvé que des laticifères composés de cellules. Pourtant j'ai isolé de longs fragments de tubes continus des feuilles du Batatas edulis. De telles séries de cellules pleines de latex s’observent aisément au sommet des jeunes rameaux, et tous les éléments utriculaires quiles composent sont de nature parenchymateuse; seulement leurs utricules surpassent un peu en largeur et en longueur la di- mension des cellules du parenchyme environnant, Ces séries de cellules existent dans l'écorce et dans la moelle, où les laticifères de ces plantes sont dispersés. Elles sont surtout remarquables dans le Calonyction bona nox. Là, comme ailleurs, elles sont plus larges que les cellules voisines; mais fréquemment elles ne possèdent qu'à peu près la longueur de ces dernières. Cependant elles peuvent être aussi beaucoup plus courtes, car j'ai trouvé, vers la mi-août, dans l'écorce des bourgeons axillaires des séries de cellules très-déprimées, cinq à six fois plus courtes que larges, Elles semblaient nées d’une division qui se serait prolongée ici plus tardivement que dans les autres cellules à latex de la même plante. On remarquait en effet quelquefois parmi elles des groupes elliptiques qui parais- saient indiquer l'étendue de la cellule mère, Quelques-unes de ces Jeunes cellules étaient encore dépourvues de latex; dans quelques autres, de fines granulations entouraient un nucléus homogène, hémisphérique, inséré sur l’un des côtés de Ja eellule ; 156 RECHERCHES mais les granulations ne semblaient pas avoir été sécrétées par ce nucléus. Ailleurs, cet organe n'existait pas : un petit amas de oranules était seul visible. Le plus souvent, dans ces très-courtes cellules, le latex apparaissait dans la partie moyenne, dans l'axe vertical de chaque utricule. I y avait là une accumulation de très-fines granulations, qui s'étendait graduellement dans la cavité cellulaire et finissait par la remplir. Dans quelques utricules, il se faisait un petit groupe secondaire de ces granules, qui se réu- nissait ensuite à la masse principale. Au sommet de tiges vigoureuses de ce Calonyction, où les cel- lules à latex sont plus longues que celles que je viens de décrire, cette apparition graduelle des granulations est aussi très-remar- quable. (Je l'ai observée de même dans le Pharbitis Nil.) Un groupe de granulations se forme assez fréquemment sur Pune des parois transversales; mais ce groupe n’a pas pour centre le nu- cléus. (Celui-ci, petit, globuleux, homogene, isolé sur une autre partie de la cellule, n’émettait aucune sécrétion.) Peu à peu la pro- duction des granulations se propageait à travers tout le liquide ou plasma cellulaire qui en était le générateur, et elle se faisait de telle manière, que la quantité des granules diminuait progressi- vement à partir du point initial. Dans d’autres cellules, cepen- dant, l’évolution des granules avait lieu à peu près en même temps dans toute la cavité utriculaire. Dans quelques laticifères dont les cellules étaient beaucoup plus grandes que les précédentes, les globules du latex, plus vo- lumineux aussi, se développaient surtout vers le centre de la cel- lule. ls apparaissaient encore, mais en bien plus petite quantité, au pourtour des mêmes cellules. L'une des plantes les plus intéressantes Sous le rapport de l'apparition et du volume des globules du latex, e’est le Quamo- clit globosa. Les cellules originelles des laticifères, suivant la forme du parenchyme dans lequel elles naissent, sont tantôt plus longues, tantôt plas courtes que larges. Dans certains laticilères, les globules occupaient le centre de toutes les cellules sans ex- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 157 ception ; la périphérie en était toujours complétement dépourvue dans le principe. Mais ce qui donnait encore à ces séries de cel- lules un aspect singulier, c’est le volume égal de ces granules, qui était fort régulier dans chaque cellule. En effet, sur de longues files, les cellules avaient leur centre occupé chacun par un eroupe de beaux globules de 0**,01 à 0"*,02 de diamètre. Dans d'autres séries d’utricules, au contraire, les granulations étaient beaucoup plus fines : elles n'avaient que 0"",0025 environ, mais elles étaient accumulées au centre des utricules avec la même régularité, laissant à la périphérie une élégante lisière tout à fait dépourvue de granulations. Dans quelques cas, certaines cellules à granules fins alternaient avec les cellules à granules volumi- neux, comme pour prouver l'identité de leur nature. Dans des séries de cellules beaucoup plus grandes qui siégent à la base des pétioles, à l'insertion de ces crganes sur à tige, les globules du latex sont bien plus volumineux encore. Il n’y en à que quelques-uns dans chaque utricule, souvent même un seul énorme, qui en remplit presque entièrement la cavité. J'ai me- suré de ces globules du latex qui avaient jusqu’à 0°",07 sur 0"",04. Je dois ajouter ici que ces gros globules ne sont point le résultat d’un accident, tel, par exemple, que celui qui est dù à l’action de l’eau. En effet, le latex des Convolvulacées est en partie soluble dans l’eau, ce qui fait qu’au contact de ce liquide les globules s’altèrent et se réunissent souvent en masses plus ou moins considérables. Tel n’est point le cas pour ceux que je dé- cris ici, Je me suis tenu bien soigneusement en garde contre cette déformation. Quand le latex s’est ainsi développé, les parois transversales des utricules sont résorbées. Ces utricules se fusionnent en tubes continus, qui ne montrent ordinairement plus de trace de leur origine cellulaire lorsqu'on vient à les isoler. Ces tubes sont alors pleins d’un latex plus ou moins finement eranuleux. Ce latex a conservé la dimension régulière de ses crains ou globules, ou bien ceux-ci sont de dimensions variées, 158 RECHERCHES ce qui est dù sans doute à la réunion de plusieurs de’ ces globules en un seul. Plus tard, le latex devient homogène, et souvent, surtout dans la moelle, 1l se colore en jaune brunâtre ou orangé plus ou moins foncé; mais fréquemment aussi il resfe inco- lore. Après être devenu homogène, le latex diminue graduellement, et il finit probablement par disparaitre tout à fait dans certains tubes. J'ai observé ce changement d'aspect du latex et sa ré- sorplion dans toutes les espèces que j'ai étudiées; mais c’est surtout dans le Batatas edulis que j'en ai le mieux vu le commen- cement. Au sommet d’une tige où les tubes étaient continus dépuis peu de temps, ceux-ciavaient des granulations très-fines. Plus bas sur la tige, les laticifères de la moelle contenaient de grosses gouttes mélées à ces fines granulations. Plus bas encore, ces dernières n'existaient plus, et les gouttes ou gros globules s'étaient réunis en masses, dans lesquelles on reconnaissait parfois la forme de beaucoup de globules agglomérés. Ailleurs le suc était homogène (il a dans cet état une grande densité). Puis, à un âge plus avancé, ces masses diminuaient de volume : remplissant primitivement toute la largeur des tubes, elles sont réduites peu à peu à des masses courtes ou à des colonnes qui deviennent de plus en plus grèles. Elles peuvent être atténuées en filets irréguliers, qui n’oc- cupent plus qu'une partie minime du diamètre des laticifères. De longs espaces sont même trouvés entièrement vides. Je n’ai pas eu à ma disposition de tige assez âgée pour voir ce que deviennent ces tubes. Très-souvent ces laticifères sont comprimés par les cellules voisines, et, dans le Pharbitis purpurea, j'en ai observé qui avaient presque complétement disparu entre les cellules, et pourtant on retrouvait leur fine membrane quand on cherchait à les isoler. Tous les laticifères d’un même mérithalle ne sont pas au même degré de développement. D'un jeune rameau de Quamoclit glo- bosa, j'ai obtenu quelquefois, dans la même coupe longitudinale, SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 159 trois états différents : 4° des laticifères encore formés de cellules distinctes ; 2° des laticifères tubuleux et pleins de fines granula- tions; 3° des laticifères dont le latex était déjà homogène, et jauni quelquefois. Le suc laiteux des Convolvulacées change donc d'aspect avec l'âge. Ce changement de propriété se traduit encore d’une autre manière. Quand on isole ces laticifères par la coction dans la potasse, leur suc se solidifie en une masse dans laquelle on aper- coit souvent encore la trace des granulations. Cette modification arrive plus tôt dans la moelle que dans l'écorce ; car lorsque le latex de tous les vaisseaux de cette moelle se concrète déjà par celte coction, celui des laticifères de l'écorce se résout en gouttes ou en colonnes liquides d’un beau jaune. J'ai observé aussi ces deux états dans un mème pétiole. Il résulte de ce qui précède : 1° que les laticifères de ces Convolvulacées n’ont pas pour origine des méats intercellulaires ; 2° qu'ils naissent de la fusion de cellules en séries ; 3° que ces laticifères sont bien distincts des fibres du liber, opinion que je soutiens depuis longtemps déjà pour des laticifères House à d’autres familles. VI SUR LES LATICIFÈRES ET LES FIBRES DU LIBER RAMIFIÉES DANS LES EUPHORBES; MALADIE DES LATICIFÈRES (1). M. de Mirbel décrivit, en 1809, deux sortes de vaisseaux propres dans les Euphorbes : les uns formés par des lacunes éparses dans l’écorce, les autres par les faisceaux du liber, Plus tard, MM. C. H. Schuliz et Meyen crurent que les vaisseauxdu latex composaient un système réticulé répandu dans toutes les parties du végétal. Mais, après que Meyen eut découvert les fibres du liber ramifiées de l’Aoya carnosa, et que M. Schleiden eut (1) Lu à l’Académie des sciences, le 26 juin 1865 (Comptes rendus, LX, 1549). 160 RECHERCHES signalé les ramifieations en cæcum des laticifères des Euphorbes; la théorie libérienne redevint en faveur. Elle fut soutenue prin- cipalement par MM. Reisseck et Schacht. Enfin, M. Dippel regarde les laticifères comme les vaisseaux du liber, et M. Han- stein les subordonne aussi au système libérien, De mon côté, j'ai dit comment ils me paraissent se rattacher aux organes de Ja nutrition ; j'en reparlerai plus tard. Aujourd’hui J'ai pour but de soumettre à l'Académie quelques faits qui concernent les diverses questions débattues. J'ai rappelé tout à l'heure qu'il a été trouvé des fibres du liber rameuses dans les Asclépiadées. Il ne sera pas sans intérêt d’en signaler dans les Euphorbes. Les Æuphorbia rhipsaloides et æylo- phylloides m'en ont offert de beaux exemples. Dans le premier, des cellules fibreuses sont répandues dans l'écorce jusqu'au con- tact de l’épiderme. Le plus souvent simples, quelquefois rami- fiées, elles s'étendent dans toutes les directions. Quelques-unes, verticales dans une partie de leur longueur, se recourbent, mar- chent horizontalement, s’incurvent de nouveau et arrivent, après plusieurs sinuosités, sous les cellules épidermiques, où elles se prolongent sur une longueur plus ou moins considérable. Dans l'écorce de lEuphorbia xylophylloides elles’ ont le même aspect et la même disposition; mais, dans cette dernière plante, elles sont également disséminées dans la moelle, où elles mêlent, ainsi que dans l’écorce, leurs sinuosités à celles des laticifères. La distribution et la ramification de ces fibres font naître l’idée de laticifères qui auraient été remplis par le dépôt de couches d'épaississement. Cependant elles ressemblent tout à fait aux fibres du liber en faisceaux qui existent dans l'écorce interne, et qui diffèrent au plus haut degré des laticifères contigus à ces faisceaux. En effet, les plus grosses de ces fibres n’ont qu'environ 0"*,035 de diamètre. Les laticifères de l'écorce interne sont au contraire beaucoup plus volumineux. Un peu comprimés, ils ont souvent 0"",10 sur 0"",06 de largeur dans l’Euphorbia rhipsaloides, et de 0°",05 à 0"°,16 sur 0"",09 dans l’'Euphorbia SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 161 æylophylloides. De plus, la membrane demeure assez mince dans les laticifères de ces deux espèces, en sorte qu’il faut éloigner toute idée de transformation par dépôt de couches d’épaississement. Les fibres du liber sont du reste souvent longues. J'en ai mesuré qui avaient 6 et d’autres 41 millimètres, dans l£uphorbia rhipsa- loides. Les fibres du liber ramifiées n’établissent pas une transition avec les laticifères aussi réelle que l'ont cru certains anatomistes. D'abord, le nombre des branches de ces cellules est toujours très-limité, de einq à six au plus, et très-souvent il n’y à qu’une ou deux bifurcations. En outre, les fibres ramifiées sont relati- vement rares dans ces Euphorbes et dans les Asclépiadées. Il en est tout autrement pour les laticifères des Euphorbes. Leurs rami- fications sont extrêmement nombreuses et leur étendue est tout à fait inconnue. Je suis peu disposé à croire que MM. Schleiden et Schacht aient isolé des cellules entières comme ils l’ont pensé. Ils n’ont pu voir que des fragments pourvus de branches termi- nées en cæcum. D'ailleurs, le moyen employé par M. Schleiden (la coction dans l'acide nitrique) rend ces vaisseaux trop transpa- rents. et trop fragiles pour qu'il soit permis de les bien observer. D'un autre côté, la multiplicité de leurs ramifications forme un tel enchevêtrement, qu’il est impossible de les mettre en liberté, en supposant toutefois qu'ils ne constituent pas un tout continu. | Je suis parvenu à isoler un fragment de laticifère de l’Euphor- bia globosa, dont l’ensemble des branches représente une lon- oueur de 93"",50. Ce fragment avait cent vingt bifurcations, et cependant sept de ses branches principales et un grand nombre de ses ramifications latérales étaient cassées. Les divisions ex- trêmes de ces laticifères rappellent quelquefois, par leur nombre, par leur brièveté et par leur rapprochement, certaines glandes des anImaux. | Suivant les botanistes qui assimilent les laticiféres des Eu- phorbes aux fibres du liber, ces vaisseaux ne représenteraient VII. 11 162 RECHERCHES pas un sysième vasculaire complet, comme l'ont pensé MM. Schultz et Meyen, qui croyaient les laticifères unis entre eux de manière à produire un réseau étendu dans toute la plante. Un tel réseau existe dans plusieurs familles. Il a été signalé dans Îles Chicoracées par MM. Unger et Schacht, et M. Hanstein l’a très - bien fait ressortir dans les Chicoracées, les Campanulacées et les Lobéliacées, chez lesquelles je l'ai observé moi-même. Il n’en est pas de même dans les Euphorbes. Je n'ai jamais trouvé une maille dans aucune partie de ces végétaux, ni dans Îles feuilles, ni à la surface des tiges, où ces vaisseaux sont si nom- breux parfois et s’entrecroisent tellement sous l’épiderme, qu'ils simulent un réseau qui n'existe pas en réalité (Æ, polygona, E. col- letioides). Malgré l'absence de réseau, malgré les parois épaisses qu'ils présentent dans quelques espèces, les laticifères des Euphorbes ressemblent moins à des fibres du liber que ne le pense M. Han- stein lui-même, qui n’admet pas l'identité de ces deux sortes d'or- ganes. Ce que je viens d’exposer le prouve, et une expérience déjà ancienne, puisqu'elle est une modification d’une autre décrite par Carradori en 1805, le démontre également. Elle consiste à prendre deux plantes entières, de même dimension, d’un Eu- phorbe annuel (d'Euphorbia Helioscopia ou Peplus, par exemple). Sur l’une, on coupe un des rayons de l’ombelle. Il en sort une quantité notable de suc laiteux. Sur l’autre plante, on tranche d’abord la tige au-dessous de l'ombelle. Quand le latex cesse de couler, on coupe un des rayons de celle-ci, Le latex ne coule pas de ce dernier, ou en sort seulement en quantité bien moindre que dans la première plante. I demeure évident par là qu'il y à com- munication entre les laticifères de l’ombelle et ceux de la tige, ce qui n'aurait pas lieu si l’on avait affaire à des cellules lactescentes comparables aux fibres du liber. Voici un autre fait bien connu des horticulteurs, et qui équi- vaut à l'expérience précédente. Un rameau d'£uphorbia cana- riensis, qui avait déjà été étêté, fut coupé. Il en sortit comme un SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 163 flot de latex, qui se répandit dans toutes les directions autour de la tige. Il coula jusqu’à la base de celle-ci et s’épancha abondam - ment sur la terre. Cette grande émission de latex ne saurait être compatible avec des vaisseaux de la dimension des cellules libé- riennes les plus longues. Je ne mentionnerai ici la marche quelquefois sinueuse des laticifères à travers les corps ligneux, et leur communication avec ceux de la moelle à travers les rayons médullaires, que pour en citer de nouveaux exemples, qui m'ont été donnés par les Euphor- bia rhipsaloides et sanguinea, les Jatropha acuminata et poda- grica (1). Le latex de ces deux dernières espèces offre un caractère qui mérite d’être signalé. Ce latex, au lieu de renfermer des grains amylacés comme celui des Euphorbes, contient de gros grains qui jaunissent ou brunissent sous l’influence de l’iode, et de plus, dans le Jatropha podagrica, ils ont fréquemment la forme de prismes avec des angles aigus et des arêtes vives. Je terminerai cette Note par la description d’un état patho- logique des laticifères, qui me fut présenté par l’Euphorbia rhipsaloides. Un grand et magnifique exemplaire de ce végétal mourut. Il avait une nécrose qui s’étendait des racines à la base de la tige. Au-dessus de cette nécrose, dans la partie de la tige qui paraissait saine, tous les laticifères étaient altérés à leur pas- sage de l’écorce dans le bois, dans lequel ils étaient fort nom- breux. L’altération qu'ils subissaient semblait commencer dans les cellules des rayons médallaires contiguës. Ces cellules se dilataient d’abord, et souvent assez pour comprimer les latici- fères, puis elles se dissolvaient. Cependant la dissolution de ces cellules arrivait aussi quelquefois sans que les laticifères eussent (1) Note de l'auteur. — Voyez les Comptes rendus du 3 décembre 1860 pour la marche des laticifères de certains Euphorbes et de quelques autres plantes à travers le corps ligneux. — Les vaisseaux du latex très-ramifiés et notablement épaissis de l'écorce et de la moelle du Jatropha podagrica offrent de nombreuses ponctuations ; ceux du Jatropha acuminata en présentent aussi quelquefois, mais moins fréquem- ment, et elles sont plus rares quand elles existent, 164 RECHERCHES perdu leur forme cylindrique. Dans ce cas, la membrane de ces vaisseaux était seulement jaunie et environnée d’une substance amorphe résultant de la dissolution des cellules. Mais, fréquem- ment aussi, la membrane du laticifère s’épaississait sur une partie de son pourtour ; ensuite elle se décomposait en plusieurs strates minces, à la manière des cellules subissant la transformation sommeuse. Cette décomposition s’étendait peu à peu à toute la périphérie du vaisseau; enfin la dissolution de celle-ci avait heu. I ne restait alors qu'une matière sans forme, avec quelques dé- bris membraneux à la place du laticifère et de quelques cellules du rayon médullaire. Ce fait me semble être de quelque utilité pour la physiologie. L'état morbide de cette plante, paraissant commencer par l’alté- ralion des laticifères, n’indique-t-1l pas que ces organes jouent un rôle plus important que celui qui, selon certains anatomistes, consisterait à recueillir des matériaux inutiles à la végétation ? val LATICIFÈRES ET LIBER DES APOCYNÉES ET DES ASCLÉPIADÉES; VAISSEAUX SOUS-CUTICAIRES ; LATICIFÈRES SE DÉROULANT EN HÉLICE (1). Hall le premier, en 1770, confondit des fibres du liber avec les vaisseaux propres. Puis vint M. de Mirbel, qui trouva dans les Apocynées et les Asclépiadées des vaisseaux propres isolés, for- més par des lacunes, et des vaisseaux propres fasciculés (les fibres du liber). Plus récemment, MM. Schleiden, Mulder, Kunth, Keisseck, Schacht, Willkomm, Schumacher, crurent voir du latex dans le liber des Apocynées et des Asclépiadées. L'existence des fibres de liber ramifiées favorisa cette confusion. Pour la résoudre, il suffit de comparer le suc laiteux du Finca major au sue contenu dans les fibres du liber de la même plante. On s'aperçoit tout de suite que les granules incomparablement plus (1) Lu à l'Académie des sciences le 26 juin 1865 (Comptes rendus, LX, 18/49). SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 165 fins de ces dernières sont bien différents de ceux du sue lai- teux (1). Il me reste à déterminer si les fibres rameuses qui serpentent avec les laticifères dans le parenchyme des feuilles de l’Æoya carnosa, et que j'ai retrouvées dans les feuilles de quelques autres espèces de ce genre et dans celles des Physostelma campanulata, Centrostemma multiflorum, doivent être attribuées aux laticifères ou fibres du liber. Il y avait là une difficulté réelle, car, entre ces fibres épaisses et les laticifères, on observe toutes les gradations. Pourtant, il est un moyen facile de résoudre ce problème : c’est de comparer l’évolution de ces fibres à celle du liber de la ner- vure médiane. On s'assure par là de leur identité. Les fibres qui serpentent dans le parenchyme se relient par une de leurs extré- mités à celles des petites nervures, ces dernières à celles des ner- vures secondaires; enfin celles-ci se confondent avec le liber de la nervure médiane : elles sont évidemment de même nature. Or, il est aisé de constater qu’à aucune époque les faisceaux libériens de cette nervure ne contiennent de latex. On peut suivre l’épais- sissement de leurs fibres, qui, par cet épaississement même et par leur contenu, sont, à tous les âges, différentes des laticifères voisins, dont la membrane reste mince et la cavité pleine de suc laiteux. Les laticifères et les fibres du liber diffèrent autant par leur membrane que par leur contenu. L'espace ne me permettant pas de pousser plus loin la comparaison, je me bornerai à décrire 1ei sommairement les caractères des laticifères. Moldenhawer, le premier, observa leur membrane tubuleuse dans l’Asclepias fruticosa, et crut que ces vaisseaux naissaient de la fusion de cellules élémentaires. Fai indiqué, le 26 juin, com- (1) Note de l'auteur. — M. Lestiboudois ayant cherché, en 1863 (Comptes rendus, t. LVIE, p. 23), à établir la distinction des fibres du liber et des vaisseaux propres de l’Asclepias syriaca et autres espèces du même genre, je me crois dans l'obligation de rappeler que je l’avais déjà fait dans une note publiée dans Institut du 2 juillet 1862. 166 RECHERCHES ment on fut amené à les regarder comme de simples cellules plus ou moins ramifiées, après l'observation de M. Schleiden sur les Euphorbes. Déjà, en 1862, j'ai émis des doutes sur l'exactitude de cette opinion, et depuis je ne suis point parvenu à isoler com- plétement une seule de ces cellules, pas plus que dans les Eu- phorbes. J'ai, au contraire, fait des observations qui tendent à appuyer l’idée que j'ai avancée, d’un système continu de laticifè- res ramifiés dans les Apocynées, les Asclépiadées et les Euphor- bes. En voici une aussi qui parait confirmer l’assertion de Mol- denhawer sur la constitution primitive dé ces vaisseaux. J’ai vu dans l’écorce et dans la moelle de l'Apocynum cannabinum (dont je conserve des préparations) des séries de cellules pleines d’un sue semblable au latex. En quelques endroits, ces cellules, ordinairement de même longueur ou un peu plus longues et plus étroites que les cellules voisines, paraissent fusionnées en cel- lules beaucoup plus grandes. F’ai même obtenu des laticiféres deux fois bifurqués, qui étaient ainsi formés de cellules sur une portion de leur étendue. Ces faits semblent indiquer que ces vaisseaux sont originaire- ment composés de cellules superposées. Malgré ces observations positives, il est douteux que tous les laticifères des Apocynées et des Asclépiadées naissent ou se pro longent ainsi, car il y a des phénomènes non moins précis qui ten- dent à démontrer que ces vaisseaux propres s’allongent par la seule extension de leur membrane. C’est 1° qu'il existe dans l’em- bryon des Asclepias Cornuti, meæicana, Oxypetalum solanoi- des, etc., et dans celui de l’Æuphorbia Lagascæ, des laticifères tubuleux ramifiés, étendus dans la tigelle et dans les cotylédons, où ils se subdivisent un grand nombre de fois ; 2° c’est que dans les jeunes feuilles du Cryplostegia grandiflora, de lEuphorbia sanguinea, ete., les laticifères semblent réellement s’allonger, se ramifier d’une nervure dans une autre et à travers le parenchyme par simple extension, sans qu'il y ait formation, ni fusion de nou- velles cellules à leur extrémité. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 167 Comment concilier ces deux sortes de faits en apparence con- tradictoires? C’est que peut-être il nait dans l'Apocynum cannabr- num, ete., À une époque tardive, de nouveaux vaisseaux du latex qui se forment comme je viens de l’exposer. D'ailleurs les deux modes de production et d'élongation ne sont pas incompatibles. J'ai cité dans les Chicoracées et dans les Papavéracées des latici- fères qui, nés de la fusion de cellules superposées, émettent laté- ralement des ramifications quelquefois très-longues. D'un autre côté, entre les longs rameaux en cæcum que l’on observe souvent, par exemple dansle Plumeria alba, et les simples anses ou saillies que fait la membrane des laticifères à la jonction des cellules contiguës, il y a toutes les transitions, de manière qu’il est impossible de douter que ces larges rameaux en cæcum ne résultent d'une dilatation de la membrane vasculaire. La ramification des laticifères est la même dans les feuilles des Euphorbes, des Apocynées et des Asclépiadées ; mais ces vaisseaux sont beaucoup moins branchus dans la tige des plantes de ces deux familles que dans celle des Euphorbes. Ces ramifications paraissent même former moins souvent qu’on ne le croit généra- lement un plexus à travers la moelle, vis-à-vis l’insertion des feuilles. Un tel plexus existe dans les Asclepias Cornuti, Marsde- nia erecta, Metapleæis chinensis, ete. Dans le Periploca græca, je n'ai vu que quelques branches de laticifères de la moelle s'étendant horizontalement pour se rendre aux feuilles, et dans les Apocynum cannabinum ct hypericifolium, ces branches horizontales sont plus rares encore. Enfin, dans le Plumeria et dans lAmsonia sahci- folia, dont les feuilles sont alternes, je n’ai pas vu de trace d’un tel plexus. Trois espèces seulement m'ont offert jusqu’à présent des ra- meaux de laticifères allant de l’écorce dans la moelle, en passant à travers le bois, à la faveur des rayons médullaires. Ce sont les Cryplostegia grandiflora, Centrostemma reflezum, Beaumontia grandiflora. Ces laticifères se bifurquent parfois dans le corps ligneux du Cryptostegia grandiflora. 168 RECHERCHES La membrane des laticifères est le plus souvent mince dans les plantes qui nous occupent. Cependant elle acquiert une notable épaisseur dans quelques espèces. Elle est même quelquefois ponc- tuée dans le Plumeria et dans le Nerium. Ces deux plantes sont encore remarquables chacune à un point de vue particulier. Dans le Nerium il y a deux sortes de laticifères : 1° ceux de première année, qui occupent l'écorce externe et la moelle, ont la mem- brane notablement épaisse, çà et là poreuse, et le suc non lai- teux quoique granuleux; 2° ceux de l'écorce sous-libérienne, qui ont la paroi mince et le suc blanc de lait vers la troisième année. Dans le Plumeria alba, outre les ponctuations, qui tantôt sont rares (souvent nulles), tantôt fort nombreuses, les laticifères d’une pousse vigoureuse m'ont offert en juillet un phénomène inconnu jusqu'ici dans cette sorte de vaisseaux. Ces laticifères se dérou- laient en longues hélices, dont la lame avait environ 0"",01 à 0°",015 de largeur. (J'en conserve en flacon de nombreux spé- cimens. ) Jai dit plus haut comment les laticifères s’allongent à travers le parenchyme de feuilles. Ils traversent même assez souvent les lacunes et peuvent aussi se terminer en cæcum au milieu de celles-ci. L'Æchites peltala, qui m'en a donné des exemples, est encore digne d'attention en ce que les rameaux des laticifères qui s'étendent sous les deux épidermes de sa feuille aboutissent quel- quefois aux cellules basilaires des poils, s’y terminent, ou passent seulement à leur contact sans laisser voir de communication di- recte. Il n'en est pas de même pour de singuliers vaisseaux que j'ai rencontrés dans les couches d’épaississement sous-cuticulaires des feuilles de l’Arauja sericofera. Ces vaisseaux sont très-sinueux. En décrivant leurs méandres élégants, ils arrivent souvent au contact des poils et ils communiquent au moins quelquefois avee ceux-€1 par des ouvertures directes. Ils ont aussi des rameaux en cæcum, dont quelques-uns aboutissent à la base de ces poils SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 169 comme ceux de l’'Echites. Leur tube est cylindrique et détermine une saillie à la surface de la feuille. Le suc de ces vaisseaux ne contenant que très-peu de granula- lions, j'ai douté longtemps si je devais les rapporter aux latici- fères; mais la disposition de ceux de l’Echites peltata et l'aspect de leur sue ont dissipé mes doutes. En effet, les ramifications qui rampent sous l’épiderme des deux faces de la feuille de cette der- nière plante ont le plus fréquemment un sue privé de granules, bien qu'à une petite distance, entre les cellules vertes, les pro- longements des mêmes tubes soient pleins d’un sue très-riche en granulations. I y a donc parité, sous ce rapport, entre ces vais- seaux de l'Echites pellata et ceux de l’Arauja; seulement ceux-ci sont sous-Cculiculaires, ceux-là subépidermiques. Les vaisseaux sous-cuticulaires de l'Arauja sericofera sont très-nombreux à la face inférieure des feuilles parfaites (octobre); ils sont, au con- traire, très-rares et fort peu développés à la face supérieure. VIII DES LATICIFÈRES DANS LES CHICORACÉES (1). M. C. H. Schultz a isolé par la macération des laticifères réti- culés de quelques Chicoracées, mais il n’a pas reconnu leur siége dans la tige ; il les a confondus avec les éléments libériens ou eri- breux. L’anonyme de 1846 à indiqué leur position la plus fré- quente au pourtour externe du liber de la tige. M. Unger a vu les rameaux latéraux qu'ils envoient les uns vers les autres, et par lesquels ils contractent de nouvelles anastomoses. M. Schacht a étudié ces vaisseaux dans les Sonchus, et leur attribua la même position que l’anonyme cité. Enfin, M. Hanstein a distingué les laticifères des Chicoracées en corticaux et en médullaires. Les corticaux sont au côté externe du hber, et il n’y en a que peu dans le tissu cribreux de l’écorce. Ceux de la moelle sont mêlés à des (1) Lu à l’Académie dessciences le 6 novembre 1865 (Comptes rendus, LXI, 785). 1470 RECHERCHES fascicules cribreux opposés aux faisceaux vasculaires. Ce botaniste vit, comme ses prédécesseurs, que les laticifères de l’écorce, ap- partenant à un même faisceau, sont fréquemment anastomosés entre eux ; mais il crut que ceux de faisceaux différents ne sont que très-rarement reliés les uns aux autres dans les entre- nœuds. Au contraire, à l'insertion des feuilles, tout le système des laticifères serait réuni d’une triple manière : 4° les gros lati- cifères des divers faisceaux s’anastomoseraient entre eux; 2° ceux de l'écorce et des fascicules cribreux de la moelle se relieraient à travers les rayons médullaires de cetté partie de la tige; 3° ces fascicules et leurs laticifères formeraient une cloison à travers la moelle, vis-à-vis de l'insertion des feuilles. Je dirai tout de suite que cette triple réunion des laticifères ne peut avoir lieu que dans une quantité très-limitée de plantes : 1° parce que la cloison que M. Hanstem croit exister dans toutes les Chicoracées ne se trouve que dans un petit nombre (Je ne l'ai vue, jusqu'à présent, que dans le genre Sonchus : S. cihiatus, marilimus, tenerrimus); 2° parce que beaucoup de plantes de cette famille n’ont pas du tout de laticifères dans la moelle (Cichorium Intybus, Endivia, Chondrilla latifolia, Andryala sinuata, Hieracium prenanthoides, Tolpis virgata, Lampsana communis, Picridium vulgare, etc.). Par conséquent, dans toutes ces dernières plantes, il ne peut exister d'union qu'entre les lati- cifères de l'écorce. Mais ces laticifères ne sont pas reliés entre eux seulement près de l'insertion des feuilles, ou ne présentent pas seulement de rares anastomoses dans les entre-næuds. Un grand nombre d'espèces, au contraire, montrent de très-fré- quentes anastomoses sur toute l'étendue des mérithalles (Chon- drilla latifolia, Lactuca virosa, Tragopogon pratense, Cichorium Endivia, Sonchus maritimus, elc.). De plus, il n’est pas tout à fait exact de dire que les laticifères de la tige existent seulement à la limite externe de la région du liber, et qu'il n'y en a que peu dans le tissu cribreux sous-jacent. L'examen de la tige de diverses plantes à toutes les hauteurs SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 171 conduit à un tout autre résultat. Il est vrai qu'en général, dans les parties supérieures de la tige, les laticifères sont placés à la limite externe du système libérien. Mais, dans certaines plantes, à me- sure que l’on descend sur les axes, l’aspect des coupes transver- sales se modifie, Il apparaît des laticifères sur le côté interne des faisceaux ; et, plus tard, le tissu cribreux, se développant au- dessous, est mêlé lui-même de nombreux vaisseaux du latex. Le Sonchus tenerrimus est une des espèces les plus remarquables à cet égard. Dans les parties encore jeunes de ses rameaux, les laticifères forment des arcs au bord externe des faisceaux du liber. Plus bas sur les rameaux, ces faisceaux sont complétement en- tourés de laticifères. Plus bas encore, le tissu cribreux se déve- loppe sur leur face interne, et, à la base de la tige, il forme de grandes lames rayonnantes mêlées d’une multitude de vaisseaux du latex. Le même phénomène se présente, mais à un plus faible degré, à la base de la tige du Picridium tingitanum. I est plus faible encore à la partie inférieure du Lactuca virosa, etc. Ces rayons du tissu cribreux se prolongent dans la racine où ils prennent souvent un très-grand développement. A mesure que la racine grossit, ils refoulent vers l'extérieur les faisceaux primitifs; puis, comme les faisceaux ligneux se subdivisent en vieillissant, les rayons du tissu cribreux se partagent de même; en sorte que s’il y en avait un, deux ou trois sous chaque fais- ceau du liber primitif, il pourra y en avoir deux, quatre ou six dans l'écorce interne sous-jacente. Mais ces rayons du tissu cri- breux ne forment pas des lames continues de la circonférence au centre ; ils sont çà et là interrompus par du tissu cellulaire. D'un autre côté, la dilatation des cellules, la traction que les tissus subissent dans l’écorce externe par l'accroissement en diamètre de la racine, tendent à détruire la régularité de l’arrangement initial. Cette disposition rayonnante des faisceaux de la racine paraît très-fréquente dans les Chicoracées. Les T'ragopogon porrifolius, pratensis, Picridium tingitanum, Tolpis virgata, etc., en four- 179 RECHERCHES nissent des exemples. Et cependant elle parait avoir été mécon- nue par M. Hanstein, qui semble avoir été frappé surtout par la disposition en couches concentriques des faisceaux corticaux de la racine du Taraæacum ; ce qui le fait ineliner à penser qu'une telle distribution concentrique doit exister dans les autres genres. Pourtant il la trouve moins régulière dans les genres Sonchus, Lactuca, Scorzonera, Chondrilla, et il ajoute que les laticifères sont en groupes épars, quelquefois isolés. Dans ces quatre genres, la disposition des faisceaux est la rayonnée que j'ai décrite plus haut, et les rayons se bifurquent de même dans l'écorce interne. Toutefois, dans un Chondrilla latifolia très-vigoureux, l'écorce se partageait en strates au som- met de la racine et près des feuilles radicales en vieillissant. ILest à peine nécessaire de dire que ces faisceaux sont reliés à la manière de ceux du liber. Or, c’est entre leurs éléments que sont répandus les laticifères, qui y sont souvent en majorité, surtout dans les parties externes des rayons; ils y sont nés de cellules qui se sont fusionnées en tubes continus. Tous ces tubes communiquent entre eux de façon à former un réseau. Cette continuité des vaisseaux s'effectue de trois manières : 1° par la fusion de cellules superposées; 2° par la perforation plus ou moins fréquente des parois latérales, quand deux cellules ou vaisseaux sont contigus ; 5° quand les vaisseaux sont éloignés, 1ls envoient les uns vers les autres des branches qui naissent sous la forme d’anses. Celles-ci s’allongent entre les cellules ou même à travers, se soudent par les extrémités avec les branches simi- laires qu'elles rencontrent, puis se fusionnent avec elles. J'ai décrit dans les Comptes rendus du 13 mars 1865 la végétation exubérante de ces laticifères à la surface des racines du Podo- spermum laciniatum et du Lactuca Scariola, où ils produisent quelquefois un nombre si considérable de ces ramifications qu’elles se touchent latéralement. Dans le Tragopogon pra- tensis, etc., elles sont souvent fort longues; j'en ai mesuré qui unissaient des laticifères distants de 1"",15. Ce qui ajoute à leur SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 175 intérêt, c'est que cette végétation si active s’accomplit à la pé- riphérie de la racine, où l’on s’attendrait à trouver le moins de vitalité, Pai dit plus haut que les laticifères de la tige sont aussi réunis en réseau, soit à la faveur de l’assemblage des faisceaux libériens entre eux, soit au moyen de branches latérales qu’ils s’envoient réciproquement à travers le parenchyme. Ces branches sont tan- tôt isolées, tantôt plusieurs ensemble, qui s’anastomosent chemin faisant; elles sont horizontales, obliques ou plus ou moins si- nueuses. Quant aux laticifères de la moelle, ils ne paraissent exister que dans un assez petit nombre de Chicoracées. Ils accompagnent, comme on l’a vu précédemment, des fascicules de tissu cribreux qui ne sont pas toujours opposés aux faisceaux vasculaires, comme ils le sont dans les Lactuca virosa, Tragopogon pratensis, Sonchus ciliatus, maritimus, où l’on en voit de un à trois vis-à- vis des faisceaux vasculaires principaux sur la coupe transversale. Dans le Scolymus hispanicus, par exemple, ils sont bien encore répartis au pourtour de la moelle, mais ils sont opposés aux rayons médullaires aussi bien qu'aux faisceaux. Dans le Scorzonera his- panica, il y en a d'assez volumineux vis-à-vis des faisceaux, et de plus quelques-uns sont épars dans la moelle. Dans l’Helminthia echioides, un grand nombre de ces fascicules fréquemment anas- tomosés entre eux (ils le sont aussi plus ou moins souvent dans les plantes qe je viens de nommer) sont de même répandus dans le parenchyme médullaire. [ls sont siténus, que leur coupe trans- versale n'offre, dans beaucoup de cas, que trois à quatre cellules fort étroites. Dans les feuillles, les laticifères sont placés au côté inférieur des nervures. Ils y sont anastomosés comme ceux des faisceaux corticaux de la tige, mais les anastomoses ne sont pas également nombreuses dans toutes les plantes. Elles le sont au plus haut degré dans les Chondrilla latifolia, Lactuca virosa, etc. À mesure que la puissance des nervures s’affaiblit, le nombre des laticifères 174 RECHERCHES diminue, de sorte que les plus petits filets ne sont accompagnés que d’un laticifère. Quelques-uns de ces laticifères marchent même quelquefois isolés, c’est-à-dire sans vaisseau trachéen. Tous les laticifères de la lame, et même de la plante entière, constituent un réseau parfait. En 1805, Carradori signala dans les bractées du Lactuca saliva l'émission de gouttelettes de latex sous l'influence d’un léger contact. Un simple ébranlement un peu brusque de la tige suffit parfois pour en faire sortir de plusieurs points en même temps. Carradori attribua ce phénomène à l’érritabilité ; mais il n’a point cherché la disposition des laticifères par rapport à la surface des bractées. J'ai observé ce phénomène dans les Lactuca altissima, virosa, Scariola, augustana, stricta, Dregeana, quercina, craco- viensis, livida et sativa. J'ai vu que des branches de laticifères s'élèvent verticalement, ou plus ou moins obliquement, de ceux des nervures, et arrivent à travers l’épidérme jusque sous la cu- ticule. Celle-ci étant altérée, et la fine membrane du laticifère aussi, il suffit quelquefois du contact des fourmis pour en faire jaillir du suc laiteux. IX DES LATICIFÈRES DANS LES CAMPANULACÉES (1). M. Schultz a figuré des laticifères réticulés de Campanula. — Suivant l’anonyme de 1846, « les laticifères des Chicoracées, des Campanulacées et des Lobéliacées sont placés autour de la péri- phérie externe des faisceaux vasculaires; quand le liber existe, il est en dedans des vaisseaux du latex; où il manque, ces vaisseaux entourent immédiatement les cellules du cambium ». Aucune de ces trois propositions n’est entièrement vraie, non-seulement pour les trois familles, mais pour toutes les plantes de chacune d'elles en particulier, et la deuxième proposition n’est nullement (1) Lu à l’Académie des sciences, le 27 novembre 1865 (Comptes rendus, LXIT, 929); L'Institut, numéro du 29 novembre 1865, SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, fre applicable aux Campanulacées et aux Lobéliacées. — M. Han- stein a seul assez bien décrit les laticifères de ces deux familles, quoique son travail laisse encore des lacunes considérables. Il a vu que le siége des principaux vaisseaux du latex est dans la région du tissu cribreux qui entoure le cambium, où ils forment un réseau qui s'étend dans toutes les parties de la plante. Il a reconnu aussi que des ramilications sont répandues à travers le parenchyme de l'écorce; mais ces rameaux seraient si rares qu'il ne les indique que comme des traces, qu’il a trouvées plus nette- ment dans le Lobelia syphalitica. Nous verrons plus loin ce qui en est. — M. Hanstein cesse d’être exact quand il prétend qu’ab- solument aucun laticifère, aucun tube cribreux, n’existe dans la moelle, qu'aucun vaisseau du latex ne pénètre dans les rayons médullaires, et par conséquent qu’il n’y a aucune occasion à communication entre les laticifères et les vaisseaux du bois. — Comparant les Campanulacées et les Lobéliacées aux Chicora- cées, le même auteur ajoute que « dans les tiges des deux pre- mières familles, les plus forts troncs vasculaires n'apparaissent pas à la limite externe des faisceaux du liber.… ». Cette expression donne une idée fausse de la constitution de ces plantes. Il semble, en effet, que toutes aient un liber semblable à celui de la plupart des Dicotylédones et des Chicoracées en particulier. Cependant beaucoup de Campanulacées et de Lobéliacées, probablement la très-grande majorité, sont privées de tout faisceau libérien pro- prement dit (T'upa Ghiesbreghtu, Lobelia cuneifolia, purpurascens, Wahlenbergia capensis, Campanula rapunculoides , lamiifolia, sarmatica, etc.). Il a fallu la désagrégation par la potasse pour me faire voir cinq à six fibres du liber très-grèles dans des tron- çons de tige d’Adenophora latifolia. Et, dans certaines espèces un peu mieux douées, il n’y a au côté externe de la zone du tüssu cribreux que quelques fibres isolées ou par petits groupes de deux à quatre ou cinq, épars sur la coupe transversale (Siphocampylus microstoma, Lobela triquetra, urens). Parmi les plantes que j'ai étudiées, une seule, le ?latycodon autumnalis, à offert un liber 176 RECNERCHES très-développé. IT forme dans la tige une strate épaisse de plu- sieurs fibres, partagée en larges faisceaux par des rayons médul- laires étroits. — Cette plante est plus propre que toute autre pour démontrer qu’il n’existe point de laticifères en contact avec la face externe du hber proprement dit, comme il y en a dans les Chico- racées et les Cynarées laiteuses. Les principaux laticifères y sont dans le tissu sous-libérien, et bon nombre sont répandus et anas- tomosés entre eux dans l’écorce extérieure, jusqu'au-dessous de l’épiderme. Dans les deux familles qui nous occupent, le siége des prinei- paux laticifères est done dans l'écorce interne, qui forme une zone composée en général de cellules notablement plus étroites que celles du parenchyme externe, et dans laquelle zone sont des groupes irréguliers de cellules allongées plus étroites encore, qui ont été appelés faisceaux du tissu cribreux. — Cette zone peut être fort étroite, de trois à cinq rangées de cellules. Les laticifères y sont alors espacés suivant une ligne circulaire plus ou moins parfaite (Lobelia purpurascens, cuneifolia, ete.). Ailleurs, elle est notablement plus large, et les laticifères y sont irrégulièrement répandus en plus grand nombre (Lobelia laxiflora, inflata, 1so- toma longiflora, Siphocampylus manettiæflorus, Gampanula gran- dis, rapunculoides, etc.). Dans latige âgée du Tupa Ghiesbreghtit, le tissu eribreux est sensiblement radié. Dans le Musschia aurea il est beaucoup plus développé encore. Dans la jeunesse de la tige, il ne forme que des fascicules épars, mais dans une tige plus vieille, il constitue de larges rayons opposés aux faisceaux fibro-vasculaires, rayons qui sont comparables à ceux de la ra- cine de beaucoup de Chicoracées. Les laticifères sont souvent distribués dans chaque rayon particulier suivant des plans con- centriques. Quelle que soit l'épaisseur de cette écorce interne, les laticifères y forment un réseau parfait, à mailles tantôt courtes et étroites, tantôt plus larges et très-longues. Dans certaines espèces, ils sont tellement multipliés que beaucoup se touchent par le côté, comme SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 177 l’a bien dit M. Hanstein. Trois à quatre peuvent être côte à côte (1), et communiquer entre eux par des ouvertures si rapprochées qu’elles occupent plus de place que les espaces intermédiaires. — Quand les laticifères sont séparés les uns des autres par une ou plusieurs rangées de cellules, ils sont unis çà et là par des bran- ches latérales qui vont des uns aux autres. A ce réseau interne sont reliés les laticifères répandus dans le parenchyme eortical externe. Ils y sont tantôt très-rares ou nuls (Lobelia inflata, urens, Adenophora Lamarckii, Phyteuma Hallert, spicata, Campanula sibirica, Medium, rapunculoides, grandis, lamiifolia) ; tantôt assez fréquents pour se faire remarquer sous la forme d’un réseau jusqu’au-dessous de Pépiderme (Tupa Feuil- lei, Ghiesbreghiii, Musschia aurea, ete.). Cependant, ils sont le plus souvent moins communs que dans ces dernières plantes et anastomosés de même les uns aux autres (T'upa salicifohia, Iso- toma longiflora, aæillaris, Centropogon surinamensis, Pidding- tonia nummularia, Lobelia syphilitica, triquetra, laæiflora, ete.). Le Siphocampylus manettiæflorus envoie çà et là les extrémités de ses laticifères à la surface de l’épiderme. Ils s’y couchkent ou font saillie sous la forme de papilles ou de poils courts. Les mem- branes contiguës des cellules épidermiques présentent parfois, autour de ces vaisseaux, des hypertrophies globuleuses fort singu- lières. Sur d’autres points, les cellules épidermiques sont rongées par des eschares au fond desquelles aboutissent un ou plusieurs laticifères. Les caractères généraux que je viens de mentionner appartien- nent aux Campanulacées et aux Lobéliacées. Voici maintenant des phénomènes que je n’ai observés que dans l’une ou dans l’autre de ces deux familles. Ces deux ordres de faits (4) Note de l’auteur, — Dans la courte tige qui, à cette époque de l’année, chez le Campanula Medium, porte les feuilles dites radicales, les laticifères sont très- nombreux dans l’écorce interne. Il y en a jusqu’à treize sur la même ligne dans la coupe transversale. La membrane de ces vaisseaux est fort épaisse ; elle atteint 0",01 et plus. Elle est pourvue de pores fort remarquables qui les mettent en communi- cation les uns avec les autres et avec les cellules voisines, VIL, 42 178 RECHERCHES sont en contradiction avec l'opinion émise par M. Hanstein, qui assure que des laticifères ne sont jamais rencontrés dans le bois ni dans la moelle de ces végétaux, En ce qui concerne les Lobéliacées, je ne ferai que rappeler ce que j'ai dit dans l'Znstitut du LT janvier 1865, au sujet des latici- fères qui vont de l’écorce dans la moelle en traversant le corps ligneux, où ils se mettent en communication avec les éléments du bois, par des ouvertures parfois très-larges, Je ne m'arrêterai à ce phénomène que pour signaler le mode d'allongement des laticifères qui me fut montré par le Tupa sali- cifolia. — Vers le sommet jeune d’une tige, des rameaux de lati- cifères pars de ceux de l'écorce interne s’étendaient jusque sous l'épiderme sans se ramifier ; d’autres rameaux, au contraire, pas- saient horizontalement entre les jeunes faisceaux vasculaires et arrivalent ainsi dans la moelle, L'un de ces derniers rameaux élait simple et terminé en cæcum. Un autre s'était bifurqué à son entrée dans la moelle : une des branches montait verticalement, tandis que l’autre descendlait en sens opposé; toutes les deux s’é- taient aussi bifurquées. Dans le voisinage, d’autres laticifères pré- sentaient des réticulations ; ils s'étaient sans doule déjà greflés les uns aux autres. Ces faits ont une double importance. 1° Ils font voir qu’une partie au moins des laticifères des Lobéliacées ne sont pas formés de cellules fusionnées ; 2 ils paraissent expliquer l’origine des singuliers vaisseaux qui traversent le bois, s’y ramifient parfois, et y décrivent les courbes si remarquables que j'ai indiquées dans les Euphorbes, etc. En effet, si les sinuosilés que forment ces la- ücifères à travers le bois sont ainsi produites (ce qui concorde parfaitement avec le mode d’allongement de ces vaisseaux dans les Euphorbes), linclinaison des cellules ligneuses, ou de celles des rayons médullaires à la surface de ces vaisseaux, apporte un nouveau degré de probabilité à l'explication que j'ai donnée anté- rieurement de ce phénomène. Car la courbe ou l’are déerit par le laticifère étant disposé dans le bois de manière que les deux extré- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 179 mités de cet are ou de cette courbe aboutissent à l'écorce interne, les cellules des rayons médullaires ou du bois, contiguës à ce lati- cifère, sont inclinées dans la même direction sur les deux bran- ches de l'arc, c’est-à-dire que leur pointe est tournée vers le milieu de l’are ou, si l’on veut, vers la moelle. Ne semble-t-il pas ressortir de 1 que ces cellules obéissent à une attraction exercée par le contenu du laticifère, comme s’il y avait un afflux du latex ou d’une partie de ses principes, de son sérum, par exemple, à travers le corps ligneux (1)?-— À moins que l’on ne préfère suppo- ser que deux laticifères de l’écorce se sont introduits dans Île bois, qu'ils y ont progressé exactement dans le même plan, se sont re- courbés en sens opposé à la même distance du point de départ, se sont rencontrés et fusionnés. Il faudrait dans ce cas un concours de circonstances qu’il est difficile d'admettre. Et puis, cette pro- gression à travers les faisceaux vasculaires ne peut s’effectuer que dans la jeunesse des tissus. Or, de tels vaisseaux traversent le corps ligneux de tiges âgées. J’en possède en grand nombre dans un tronc d’'Euphorbia rhipsaloides de douze à treize ans, dont les cellules jeunes des rayons médullaires ont cette inclinaison comme les plus vieilles. Il est clair que ces jeunes cellules n’ont pas été soumises à la propulsion du laticifère passant de l'écorce dans la moelle, puisque celui-ei doit subsister depuis l’origine de la couche ligneuse qu’il traverse. Chez bon nombre de Lobéliacées, les laticifères existent done au pourtour de la moelle, d’où ils s'étendent peu vers la région cen- trale (Centropogon surinamensis, Tupa salicifolia, Ghiesbreghtit, Feuillei, Siphocampylus manethiæflorus, microstoma, Lobelia sy- philitica, laxiflora, ete.). Je n'ai rien vu de semblable dans les Campanulacées ; mais quelques-unes de celles-ci, à l’instar de certaines Chicoracées, ont montré des fascicules cribreux épars dans Île tissu médullaire. (4) M. Pierre Savi a émis le premier l’idée qu'il n’est pas nécessaire que tout le latex soit transporté, mais seulement son sérum (Nuovo Giornale dei Litterati di Pisa, n° 58, 1831). 180 RECHERCHES Le Campanula cervicaria est dans ce cas. De tels fascicules, de puissance variable, y sont répandus et contiennent de même des laticifères. Il se forme parfois une couche génératrice autour de ces fascicules, et les cellules multipliées par division se transfor- ment quelquefois en fibres ligneuses et même en vaisseaux ponc- tués. Dans une autre espèce, le Campanula glomerata, une zone de tissus cribreux est produite autour de la moelle à quelque dis- tance des vaisseaux vasculaires. Cette zone renferme aussi des laticifères, et sur sa face externe elle forme une couche génératrice qui engendre des éléments du bois. — Le Campanula lamüifolia m'a présenté le même phénomène à un plus haut degré encore. Une semblable zone de tissus dits eribreux, munie de laticifères, était née dans la moelle à environ 0" ,25 à 0",30 des faisceaux vas- eulaires. Sur le côté externe de cette strate, qui était mterrompue en quelques endroits, avaient été produits des fibres ligneuses et quelques vaisseaux ponctués. Le développement ne s'arrêta pas là. Une seconde couche génératrice naquit sur le côté interne, c’est-à-dire sur la face de la zone tournée vers le centre de la moelle, et il en était résulté une autre couche ligneuse sur une grande partie de ce pourtour interne ; en sorte que la zone qui renfermait les laticifères était à bordée intérieurement et extérieu- rement par une couche de bois ; le tout enchâssé dans la moelle. — Il y avait encore dans l’anneau médullaire, qui séparait de cette production tous les vaisseaux vasculaires normaux, quelques fasei- cules qui, comme ceux du Campanula cervicaria, produisaient quelquefois autour d’eux des fibres ligneuses et des vaisseaux. Enfin, le Campanula pyramidalis offre une constitution analogue. C’est pour avoir remarqué le latex qui sortait de celte zone intra- médullaire, sans avoir vu la zone elle-même, que M. Lestiboudois a pu dire que, dans les Campanules, il y à de nombreux vaisseaux propres dans la moelle en dedans des faisceaux ligneux. Pourtant dans les deux autres espèces qu'il a citées (C. Medium et C. ra- punculoides), rier de semblable n’a lieu. Une plante intéressante, appartenant aux Cynarées (le Gundelia SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 131 Tournefortii), présente aussi des fascicules cribreux avec laticifè- res non-seulement dans la moelle, mais encore dans l’écorce jusque dans le voisinage de la surface de celle-ci Cette plante a, comme les autres Cynarées laiteuses, des laticifères sur le pourtour externe des faisceaux du liber (je n’ai étudié que des rameaux encore jeu- nes); mais ces laticifères, au lieu d’être formés par de longues cellules juxtaposées comme ceux des Cynarées lactescentes que J'ai décrites, sont constitués par des tubes continus et anastomosés entre eux, comme ceux des Chicoracées, des Campanulacées et des Lobéliacées. Ces vaisseaux donnent donc un degré de transi- tion de plus entre les canaux oléo-résineux des autres Composées et les laticifères les plus parfaits. Jai fait voir effectivement, dans l'Institut du 13 août 1862, que la racine de certaines Cynarées contient des canaux oléo-résineux comme la plupart des Compo- sées, tandis que la tige de ces mêmes Cynarées ne renferme que des laticifères, de manière que les deux sortes de vaisseaux pro- pres semblent se suppléer. — II serait intéressant de constater si, dans la racine du Gundelia Tournefortii, les canaux oléo-résineux sont remplacés par de vrais laticifères, comme le fait présumer la grande perfection de ces vaisseaux dans la tige. Je n'ai pu encore obtenir cette racine pour compléter mes observations à cet égard. La feuille du Gundelia est pourvue d’un très-beau réseau de laticifères. Ces vaisseaux forment, ainsi que dans bon nombre de Campanulacées et de Lobéliacées (Tupa salicifolia, Centropogon surinamensis, Campanula grandis, etc), des réticulations serrées, des mailles très-courtes à la face inférieure des nervures princi- pales. Dans d’autres Campanulacées et Lobéliacées (Campanula rapunculoides, Lobelia laxiflora, ete.) ces anastomoses sont moins fréquentes à la surface des nervures. Mais, dans toutes ces plantes les laticifères s'étendent sur toutes les divisions de ces nervures et même à travers le parenchyme non parcouru par les trachées. Il en est de même dans le Gundelia. Parmi les corolles qui m'ont le mieux montré le réseau des la- ticifères, Je citerai celle des,Campanula sibirica, Medium et sur- 182 RECHERCHES tout celle du Campanula grandis, que je recommande tout parti- culièrement comme le ples magnifique exemple. — Pour le bien observer, il suffit de faire absorber les gaz par une solution de potasse. Je crois me rappeler que la solution concentrée réussit mieux qu'une solution étendue. Je ne terminerai pas cette note sans dire que le T'upa Ghies- breghhi et le Musschia aurea m'ont donné de très-beaux exemples de laticifères réticulés remplis d'Amylobacter ou plantules amyli- fères développées pendant la putréfaction. X DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES (1). PREMIÈRE PARTIE. Les vaisseaux propres des Clusiacées sont de ceux au sujet desquels il a été le moins écrit. Meyen est, je crois, le premier qui ait parlé de leur structure, et il leur attribua, on ne sait pour- quoi, une épaisse membrane (Pflansen-Physiologie. Berlin, 1838, t. Il, p. 884). C'est à l’anonyme de 18h46 que revient l'honneur d’eu avoir reconnu la vraie constitution (Bot. Zeit., 1846, p. 866). Cet anatomiste à vu que ces canaux, simples ou ramifiés, ne sont entourés que par une couche de cellules à parois minces, étendues longitudinalement, faisant saillie dans la cavité du tube, ne con- tenant ni amidon ni chlorophylle, et qui se distinguent nettement de celles du parenchyme environnant. M. H. Hanstein (Die Milchsaftgefasse, ete. Berlin, 1865), après avoir dit à la page 22 que la membrane de ces vaisseaux n’a ja- mais été trouvée, ajoute plus loin : «Dans le fait, je crois avoir » vu chez les Clusia, outre les petites cellules pariétales, des » lambeaux d’une membrane propre. » Aussi est-il convaincu que la résorption des parois transversales et peut-être aussi des (1) Lu à l’Académie des sciences le 4°" octobre 1866 (Comptes rendus, LXIIT, 537). SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. . 1858 parois latérales d’une série de cellules leur a donné naissance. Quoiqu'il n’ait jamais constaté celte origine, il est d'autant plus disposé à l’admettre qu’il ne conçoit pas qu’un méat puisse deve- niv plus large que les cellules de l’écartement desquelles il résulte. L'idée de la résorption d’une série de cellules ne repose done, dans le travail de M. Hanstein, que sur cette considération, et sur la prétendue existence d’une membrane dont il croit avoir vu des lambeaux. Je n’ai pu apercevoir une telle membrane dans aucune des plantes que j'ai étudiées, J’indiquerai plus loin le mode de formation de ces vaisseaux dans l'écorce interne du Calophyllum Calaba. Examinons d’abord les propriétés du sue et la constitution des vaisseaux qui les renferment. Le sue propre des Clusiacées est le plus ordinairement trouble, blane de lait ou jaune à divers degrés. Il est blanc dans les Xan- thochymus pictorius, Clusia nemorosa, Brongniartiana, ete. I est blanc aussi dans les jeunes rameaux des Clusia flava, Plu- merti, mais il se contamine de jaune dans les rameaux plus âgés. I est blanc de même dans les jeunes pousses du Clusia grandi- flora, et plus bas il est de couleurs variées sur la même section transversale. En effet, 1l est blanc dans l’écorce la plus externe, jaunâtre dans l'écorce interne, plus jaune encore, parfois jaune d’or, dans la moelle. Dans le pétiole de la même plante, le suc était blane dans le parenchyme externe, qui représente l'écorce, et jaunâtre dans l’are qui correspond à la moelle. Ce sue est d’un assez beau jaune léger dans les rameaux du Calophyllum Calaba. Iest d’un très-beau jaune intense dans les Clusia rosea, Reedia lateriflora, Garcinia Mangostana, etc. Comme tous les latex troubles, ce suc propre est composé de deux parties : d’un liquide limpide et de globules en suspension. Ces globules sont plus ou moins abondants, plus ou moins volu- mineux dans le même vaisseau ou dans des vaisseaux différents. Je les ai trouvés d’une grande ténuité dans les Reedia lateriflora, Clusia rosea, grandiflora, et dans une jeune plante venue de graine du Garcinia Mangostana. Les plus gros de ces globules 18h RECHERCHES ordinaires du Clusia rosea avaient 0"",0012. Leur volume est moins régulièrement petit dans les rameaux du Clusia Plumerit, où ils ont communément de 0"",001 à 0"",04. Ils ont aussi jus- qu'à 0"",01 dans le Xanthochymus pictorius ; de 0"",005 à 0"" 01 dans le Mammea gabonensis (H. par.). Le Clusia flava est une des plantes qui, sous ce rapport, offrent le plus de variation. On trouve dans ses rameaux des vaisseaux propres dans lesquels les globules sont généralement très-ténus et dont cependant les plus gros atteignent 0"",01, et quelquefois 0"",02 ; mais c’est surtout dans la feuille de ce Clusia que la diversité du volume commun est remarquable. Dans certains vaisseaux, les globules, tous petits, ont un volume au-dessous de 0"",04. Dans quelques autres tubes ils sont plus gros ; deux ou trois globules suffisent pour occuper tout le diamètre du vaisseau. Dans bon nombre de canaux, les globules sont assez volumineux pour que chacun d'eux emplisse tout le diamètre du tube. Ils ont alors 0"",03, 0"",04 ou 0"",05 el sont assez souvent comprimés les uns par les autres. Enfin, dans certains vaisseaux, je suc entier forme des colonnes liquides parfaitement homogènes. Au resle, à mesure que les rameaux avancent en âge, aux glo- bules plus où moins régulièrement petits il se mêle en nombre variable des gouttelettes plus volumineuses, arrondies quand leur diamètre est plus petit que celui du vaisseau, elliptiques ou sous la forme de petites colonnes plus ou moins longues quand l’oléo- résine qui les compose est plus abondante. La teinte de ces goutte- lettes ou de ces colonnes est le plus souvent différente de celle des globules normaux, quand ceux-ci sont incolores, car elles sont jaune pâle, d’un beau jaune plus ou moins foncé, jaune orangé el parfois presque rouges. C’est la prédominance de ces goutte- lettes ou petites colonnes jaunes qui macule le sue primitivement blanc des Clusia Plumerti, ete. Dans quelques vaisseaux de ce Clusia, des portions du latex semblaient opérer le passage de l’état globuleux ordinaire à celui de telles colonnes jaunes. En effet, les globules pressés, compri- Li + SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 185 més les uns par les autres, étaient anguleux et sur le point de se fusionner. Leur teinte jaune était déjà intense dans la partie moyenne de l’agglomération, tandis qu’elle diminuait graduelle- ment vers les extrémités de celle-ci, où les globules mois serrés devenaient de plus en plus semblables aux globules ordi- naires du sue. Mais le fait le plus remarquable offert par ce latex des Clusia- cées, c’est la solidification complète de ces colonnes jaunes, de ces gouttelettes dorées, et même de tous les globules du sue pro- pre (Clusia flava, Plumerii, Calophyllum Calaba, etc.). La con- sistance de ces colonnes, de ces gouttelettes, de ces globules, devient telle, qu’ils se cassent nettement en fragments anguleux par la pression. Les globules se divisent suivant les rayons, les colonnes en fragments irréguliers. Tous ces corps, qui ont con- servé leur translucidité primitive, ne laissent pas soupçonner à l'œil leur changement d’état. Il faut que la pression vienne au se- cours de la vue pour mettre ce fait en évidence. Entre l’état liquide et état solide parfait on peut observer tous les intermédiaires. Il y a de ces colonnes et de ces globules qui ont la mollesse de la poix blanche. Tout en se laissant déprimer comme elle par la compression, ils finissent par se fendre, comme elle aussi, suivant les rayons (Clusia Plumert). Il n’est peut-être pas sans intérêt de noter que beaucoup de ces observations ont été faites en décembre et en janvier. Toute- fois, le même rameau de Clusia flava, qui me présentait des colonnes de sue propre très-fluides dans les feuilles, m'offrait en même temps des globules solides dans l’axe. De plus, das quel- ques vaisseaux propres de la moelle, ces corpuscules solides, au lieu d’être arrondis comme ils le sont d’ordinaire, étaient oblongs et plus ou moins polyédriques, quoique leurs arêtes fussent le plus communément mousses. Dans des rameaux de 2 centimètres et demi de diamètre dn même Clusia flava, étaient certains vaisseaux en partie vidés (décembre), qui, au lieu de colonnes résineuses occupant tout le 186 RECHERCHES diamètre de ces canaux, offraient au pourtour de ceux-ci une simple couche de résine jaune ou orangée, assez mince pour laisser voir la saillie des cellules pariétales, dans les interstices desquelles le sue solidifié avait plus d'épaisseur. Il semblait que ces colonnes résineuses fussent ici en voie de résorption. Les vaisseaux propres des Clusiacées citées dans ce travail existent dans l'écorce et dans la moelle des rameaux. Dans l'é- corce, ils sont épars dans tout le parenchyme.extra-libérien, le périderme excepté, et en général ces canaux y sont beaucoup plus étroits dans le parenchyme vert extérieur que dans celui qui est plus voisin du liber. Pourtant, dans le Calophyllum Calaba, les plus larges sont dans l'écorce moyenne, ou mêlés à de plus étroits dans l'écorce interne et dans lexterne. Cette dernière plante seule m’a offert des vaisseaux propres dans le tissu sous-libérien des rameaux de deux à trois ans, où ce tissu est beaucoup plus développé que dans les autres espèces nommées ici. À cet âge des rameaux, il oceupe déjà dans ce Ca- lophyllum environ la moitié de l’épaisseur de l'écorce. Cependant les vaisseaux propres ne sont pas encore formés dans l'écorce sous-libérienne des rameaux de l’année, où cette écorce a, malgré cela, une assez grande épaisseur, comparée à celle des autres plantes de la famille. Voici comment ces vaisseaux s’y développent dans un rameau d’un an à dix-huit mois. La région libérienne est limitée à l’exté- rieur par de petits faisceaux du liber à fibres épaissies ; tandis que le tissu dit cribreux sous-jacent est formé d'étroites cellules à membrane relativement mince, groupées radialement dans la pro- longation des faisceaux ligneux. Leurs groupes, dont les cellules les plus externes sont parenchymateuses et plus larges que les autres, sont séparés par d’étroits rayons médullaires, qui ne se distinguent des cellules voisines qu'avec de Pattention. Où doit naître un vaisseau propre, il apparait un groupe de cellules parenchymateuses à la place de quelques cellules du tissu cribreux, dont quelques-unes ont dû disparaître, et dont quelques SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 137 autres se sont étendues et divisées, donnant ainsi lieu au groupe d’utricules parenchymateux clairs, polyédriques, inégaux, à pa- rois minces, qui doit produire le vaisseau. Bientôt il se manifeste, vers le centre du groupe nouveau, une cavité irrégulière avec de fins globules de suc propre. Elle est entourée de cellules de for- mes diverses, dans quelques-unes desquelles on reconnait souvent déjà de petites cellules pariétales ordinaires. Quelques autres, au contraire, sont allongées parallèlement à la circonférence du canal, et doivent évidemment se diviser plus tard. D’autres encore se rapprochent davantage de la forme des cellules polyédriques pri- maires du groupe. Mais peu à peu, par la modification de ces der- nières cellules, le vaisseau propre devient limité par des cellules pariétales de figure normale. Des vaisseaux propres ainsi formés dans ce tissu sous-libérien, les plus internes sont ordinairement comprimés suivant le rayon, les plus externes en sens opposé. En général, dans l’écorce extra-libérienne des Clusiacées, les vaisseaux propres les plus larges sont de même comprimés, et ils le sont presque toujours parallèlement à la circonférence. Je vais citer quelques exemples qui donneront une idée de l'inégalité du diamètre de ces vaisseaux, ainsi que de leur forme, dans un même rameau ou dans des plantes différentes. Dans l'écorce d’un jeune rameau de Mammea gabonensis (H. par), les plus étroits avaient 0"",02, les plus larges 0°",065, Dans un rameau de Reedia lateriflora, les plus larges, qui étaient comprimés, avaient 0"”,12 sur 0"",07. Dans un rameau de quatre ans du Calophyllum Calaba, les plus grêles avaient 0"",04, les plus gros 0"",18 sur 0"",07. Dans le Clusia Plumeru, les uns avaient 0"",04 de largeur, les autres jusqu'à 0°",80 sur 0"",19. Dans la moelle du même Clusia, ils n'avaient que de 0"",05 à 0"",11 de diamètre, Enfin, dans le Clusia flava, ils peuvent n'avoir que 0"",04 et même 0"",025 dans le parenchyme vert externe d’un rameau de 2 centimètres et demi d’épaisseur ; tandis que, dans le parenchyme interne, ils atteignent jusqu'à 188 RECHERCHES 0"",16 sur 0"",13, ou 0"",28 sur 0"",18, ou encore 0"",40 sur 0"",08. Ces canaux, plus où moins comprimés, comme on le voit par ces mesures, le sont quelquefois bien davantage. L’ou- verture de quelques-uns d’entre eux avait 0"",30 sur 0"",03, ou seulement 0"",02 et même 0"",041. Le même vaisseau propre n’a pas toujours un diamètre con- stant à différentes hauteurs ; il présente souvent, dans des ra- meaux déjà àgés, des dilatations et des rétrécissements qui alter- nent entre eux (Clusia flava, et aussi dans les racines du Clusia Plumerii). Dans une branche de 5 centimètres et demi de dia- mètre du Clusia flava, certains vaisseaux avaient 0"",28 dans les parties dilatées, et 0"",18 dans leurs rétrécissements ; d’autres avaient 0"®,45 dans les parties élargies, et 0"",05 ou 0"",06 dans les parties étroites. Dans une racine de Clusia Plumerii, les dila- tations mesurées avaient de 0"",07 à 0"",10, et les rétrécisse- ments 9"",02. Ces dilatations ne sont communément pas très-étendues ; elles sont souvent fusiformes et passent graduellement du plus grand diamètre au plus petit. La direction de ces vaisseaux est droite ou plus où moins si- nueuse dans l'écorce. Les sinuosités paraissent plus fréquentes dans les rameaux âgés que dans ceux qui sont jeunes. Ces vaisseaux sont aussi plus ou moins souvent anastomosés, mais c’est principalement aux nœuds que les anastomoses sont en plus grand nombre, surtout dans l'écorce, moins souvent dans la moelle. Dans l'écorce, il en existe dans le parenchyme externe et dans l’interne. Elles sont toutefois plus multipliées dans l’écorce interne, directement au-dessous de l'insertion des feuilles. Des vaisseaux propres venus du mérithalle placé au-dessous se bifur- quant, une branche peut aller dans l'écorce externe et s’y anasto- moser avec un vaisseau qui se rend au côté externe du pétiole ; tandis que l'autre branche va dans l’écorce interne, où elle se ramifie aussi, et s'abouche avec d’autres vaisseaux propres de cette région, qui vont les uns dans la feuille, les autres dans l'é- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 189 corce du mérithalle supérieur. D’autres enfin peuvent s'unir avec quelque rameau venu de la moelle à travers le corps ligneux. Aux nœuds, la disposition n’est pas la même dans toutes les plantes de la famille. L’une des plus remarquables à cet égard est le Clusia nemorosa. I existe, en effet, en travers de la moelle, vis-à-vis l'insertion des feuilles, une sorte de cloison formée de cellules un peu plus petites que les autres utricules médullaires, laquelle cloison, toutefois, est plus sensible à l'œil nu que sous le microscope. Cette cloison, ou tissu plus dense, est parcourue par des vaisseaux propres horizontaux ou plus ou moins obliques, qui sont en communication avec ceux du mérithalle supérieur et du mérithalle inférieur. Quelques-uns de ces vaisseaux du méri- thalle inférieur les plus périphériques, après s’être ainsi unis à d’autres par des branches latérales, s’incurvert du côté de la feuille, traversent, à la faveur d’un rayon médullaire étroit, la couche ligneuse, un peu au-dessus de l’espace parenchymateux résultant de l’écartement des faisceaux qui se rendent à la feuille, et arrivent dans l’écorce, où ils émettent des ramifications, dont j'ai mieux observé la destination dans le Clusia grandiflora. Dans cette dernière espèce, ainsi que dans les Clusia Plumert, Brongniartiana, flava, rosea, Reedia lateriflora, Calophyllum Calaba, Xanthochymus pictorrius, ete., 1l n'existe pas de cloison ou tissu plus dense en travers de la moelle. Et, sauf les Clusia grandiflora et rosea, les laticifères de celte moelle ne sont pas là, vis-à-vis les feuilles, beaucoup plus fréquemment anastomosés que dans les entre-nœuds. Maïs les anastomoses y sont multipliées dans les deux dernières espèces. Les vaisseaux propres, unis les uns aux autres en assez grand nombre, montrent de véritables mailles à leur passage de la moelle dans la base de la feuille. 11 y a, en outre, au-dessus de ce passage, à travers la couche ligneuse, plusieurs vaisseaux propres qui vont également de la moelle dans l'écorce en suivant des rayons médullaires. Dans le Clusia gran- dhflora, quelques-uns prolongent des vaisseaux venus d’en haut. Arrivés dans l'écorce, ils s’y ramifient, et leurs embranchements 190 RECHERCHES viennent se relier aux vaisseaux qui, plus bas, se rendent direc- tement dans l’axe du pétiole. Dans le Clusia rosea, les vaisseaux propres qui traversent le plus haut la couche ligneuse se prolon- sent dans l'écorce au-dessus du bourgeon, où ils contractent des anastomoses. Les autres, qui traversent plus bas la même couche ligneuse, rejoignent le réseau des vaisseaux propres qui s'élend de la base de la feuille à celle du bourgeon. Le Clusia Plumerii m'a aussi donné de beaux exemples de vaisseaux ascendants de la moelle, qui, un peu au-dessus du pas- sage parenchymateux qui va de cette moelle dans le pétiole, se courbent vers l'extérieur, traversent la couche ligneuse et par- viennent dans l'écorce. Je n'ai point vu ici leur prolongation ; mais il y à tout lieu de croire que leurs ramifications vont aussi dans la feuille ou dans le bourgeon, quand ce dernier existe ; car, vis-à-vis les feuilles tombées, le contenu de ces vaisseaux a bruni, ce qui permet d’ailleurs de les trouver avec plus de facilité. Le Clusia superba (H. par.) présente également de bons exem- ples de ces laticifères qui passent de la moelle dans l'écorce à travers la couche fibro-vasculaire, au-dessus de l'insertion de la feuille. Pen ai vu là jusqu’à 2°°,5 plus haut que le faisceau qui se rend à cette feuille. Bien que les plus élevés fussent encore dans le périmètre de la base très-élargie du bourgeon, ils prenaient une direction ascendante qui semblait indiquer qu'ils se prolon- seaient dans l'écorce du mérithalle supérieur. Enfin, dans le Calophyllum Calaba et dans le Clusia Bron- gniarliana, je n'ai observé que des vaisseaux propres, simples ou ramifiés, allant directement de la moelle dans le pétiole et dans le bourgeon, par le passage parenchymateux qui existe à travers le corps ligneux. Ainsi que je l'ai dit plus haut, j'ai toujours trouvé les vaisseaux propres des Clusiacées dépourvus de membrane particulière, Leurs parois sont constituées par des cellules étroites, oblongues, le plus ordinairement beaucoup plus petites que celles du paren- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 4191 chyme environnant, et le plus souvent allongées parallèlement à l'axe du vaisseau. Cependant, telle n’est pas toujours la disposition de ces cellules pariétales, Dans la plupart des vaisseaux propres d'un rameau de quatre ans du Calophyllum Calaba, elles étaient étendues dans le sens transversal, c’est-à-dire que leur grand diamètre était parallèle à la circonférence du canal, et le plus petit diamètre parallèle à l'axe de ce canal. Ces cellules n'avaient que 0,04 ou quelquefois seulement 0"",007 de longueur, tandis que leur largeur était de 0**,07 à 0"",10, Le même rameau de Calophyllum, et aussi une branche de Clusia flava de 0°*,035 de diamètre, donnaient le spectacle d’un autre phénomène qui n'est pas sans intérêt. Ces vaisseaux propres, par la multiplication de leurs cellules pariétales, tendaient à obs- truer leur cavité, Pour cela, ces cellules se renflaient, s’allon- geaient transversalement vers le centre du tube, puis se divisaient de manière que l’aire du-vaisseau en était diminuée à divers de- orés sur des espaces ordinairement assez courts. Du reste, la forme extérieure de ces vaisseaux propres demeurait sans chan- gement ; la cavité intérieure en élait seule modifiée (20 décembre). Après avoir esquissé les principaux caractères des vaisseaux propres, jetons un coup d'œil sur le parenchyme qui les environne. Les changements qu’il subit pendant l'accroissement du rameau sont dignes de fixer un instant l'attention. Outre la couche plus ou moins épaisse, de nature subéreuse ou péridermique, et composée de cellules aplaties, disposées en séries rayonnantes, l'écorce extra-libérienne d’un rameau de quelques années est formée de deux espèces principales de cellules : les unes primitives, plus longues que larges, ont leur grand axe ver- tical ; les autres secondaires, plus larges que longues, ont leur grand axe horizontal et perpendiculaire au rayon. Ce sont ces dernières qui constituent la plus grande partie de la masse paren- chymateuse de cette écorce externe, dans des rameaux de 2 à 3 cen- timètres-de diamètre. Voici la disposition relative de ces cellules. Sur des coupes lon- 192 RECHERCHES gitudinales parallèles au plan tangent, les cellules allongées verti- calement décrivent des bandelettes sinueuses d’une, de deux ou de quelques séries de cellules, dont la distribution n’est pas sans analogie avec les réticulations des faisceaux du liber en général. Et pourtant ces cellules n’ont rien de commun avec le liber, qui est beaucoup plus interne. Ce sont de simples cellules parenchy- mateuses, qui renferment des grains verts. Souvent, une ou quel- ques rangées de ces cellules bordant les vaisseaux propres, une rangée ou deux s’en écartent et serpentent à travers le parenchyme principal, où elles rejoignent des séries de cellules semblables à elles. On est porté à croire, quand on a de telles coupes sous les yeux, que ces séries d’utrieules sont destinées à mettre les vais- seaux propres en rapport avec les autres parties du parenchyme. Cependant, l’examen attentif de coupes transversales et de coupes radiales persuade qu’elles ne peuvent être assimilées à des vais- seaux utriculaires, puisque l’on reconnait par ces coupes que ces séries de cellules appartiennent à des sortes de lames qui s’éten- dent à travers l’écorce parallèlement aux rayons. Et pourtant elles n’ont rien de commun avec les rayons médullaires, non plus qu'avec ceux du tissu eribreux, qui, dans des plantes appartenant à d’autres familles, forment la masse principale de l'écorce, par exemple, dans les racines des Ombellifères, des Chicoracées, ete. L'étude de l’aceroissement des rameaux du Clusia flava, etc, enseigne que ces cellules si singulièrement réparties sont les restes du parenchyme primitif, et que les autres utricules, allon- gées horizontalement, perpendiculairement aux rayons, et qui forment à cet âge la plus grande partie du parenchyme, ont été produites ultérieurement. En effet, dans un rameau de l’année étudié en décembre, l'écorce se partage en deux parties principales : 1° la région libérienne, qui n'est que fort peu développée (0"",10 environ d'épaisseur); 2° l'écorce extra-libérienne, qui est relativement beaucoup plus considérable (de 1"",45). Cette dernière est for- mée de cellules dont les plus externes sont plus petites, et dans SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 193 lesquelles la matière verte est principalement rassemblée dans la moitié externe de l'écorce. Malgré cette diversité de coloration et la différence dans la dimension des cellules, l’ensemble de l’écorce offre néanmoins une sorte d’homogénéité qui disparait à mesure que le ramneau grossit, Alors l'écorce externe est obligée de s’élar- gir pour suivre les progrès du corps ligneux et de l'écorce interne. Cette extension commence à se manifester dans certains groupes de cellules étendus radialement qui, dans la partie moyenne à peu près incolore de l’écoree, se dilatent horizontalement et parallèlement au plan tangent, formant ainsi des sortes de rayons plus où moins larges. Ces cellules dilatées se divisent ensuite par des cloisons disposées en sens contraire à l'allongement des cel- lules, c’est-à-dire parallèlement aux rayons. Les nouveaux utri- eules ainsi produits s’allongent horizontalement comme les cellules mères, el, de leur forme, de leur privalion presque complète de chlorophylle à cette époque, de leur distribution en groupes éten- dus radialement, il résulte au milieu de lécorce primaire des bandes rayonnantes qui tranchent avec cette dernière. De plus, ces groupes de cellules ou lames radiales ne s’accroissent pas seu- lement, comme il vient d'être dit, par la multiplication de leurs cellules propres. Ils augmentent aussi par la participation qu'y prennent les cellules primaires voisines, qui se divisent à leur (our, de façon que les lames rayonnantes des nouveaux éléments cellulaires, gagnant peu à peu à travers le parenchyme vert externe, arrivent jusqu’au contact du périderme qui s’est développé à la périphérie de l’écorce. Et, comme ces mêmes rayons s'éten- dent en largeur par le même mode, il en résulte que bientôt ils se joignent ou ne restent séparés que par des lames irrégulières, sinueuses où rayonnantes aussi, qui ne sont composées souvent que d’une, de deux ou de quelques rangées de-cellules du tissu pri- witif. Des grains de chlorophylle ou des grains d’amidon entourés de matière verte peuvent se développer dans les nouveaux tissus. Plus tard il nait aussi, dans un graud nombre où même dans la plupart de ces cellules d’origine diverse (et aussi dans le paren- VIE, 15 49h RECHERCIIES chyme des feuilles), ordinairement un beau globule jaune, de di- mepnsion variable, qui a fréquemment 0"",01 ou 0°",02, mais qui peut acquérir un plus grand volume. J'en ai mesuré qui avaient 0,06 dans le Clusia Plumerii. Ce globule ressemble à une coutte oléagineuse, comme les globules jaunes qui apparaissent daus le suc propre; et il est aussi tout à fait solide, car la pres- sion le divise suivant les rayons en fragments anguleux. Ces petits corps sont attaquables par l'alcool, mais ils se dissolvent moins vite que les globules du latex du même Clusia; et, pendant leur dissolution, ils manifestent quelquefois l'apparence vésiculaire. On aperçoit, en effet, à la surface de quelques-uns, comme une membrane extrêmement mince, de l’intérieur de laquelle laleool enlève peu à peu le contenu jaune et résineux. DEUXIÈME PARTIE (1). Il me reste à indiquer la distribution des vaisseaux propres dans les feuilles des Clusiacées. Deux dispositions sont À considérer : 1° la répartition de ces vaisseaux dans les assises du tissu cellulaire composant la lame de la feuille ; 2 la direction de ces vaisseaux. En ce qui concerne la répartition de ces canaux dans les divers tissus, certaines espèces présentent des différences notables sui- vant l'épaisseur de l’épiderme supérieur, et aussi suivant celle du issu vert et dense placé au-dessous. Citons quelques exemples. Dans la feuille du Clusia flava, dont l'épiderme supérieur est formé de six à sept rangées de cellules, il y a des vaisseaux pro- pres vers le milieu de l’épaisseur de cet épiderme ; il y en a aussi à sa face inférieure. Le tissu vert situé immédiatement au-dessous, et composé de plusieurs strates de cellules perpendiculaires aux faces de la feuille, étant épais, les vaisseaux propres y sont ré- pandus à des hauteurs variées. On en trouve vers sa partie supé- rieure, dans sa région moyenne, dans sa partie inférieure, et au dessous de lui à toutes les hauteurs dans le parenchyme lacuneux (1) Lu à l’Académie des sciences, le 15 octobre 1866 (Comptes rendus, LXIIF, 615). SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 195 qui s'étend jusqu’à l’épiderme inférieur, dont les vaisseaux pro- pres le plus bas placés ne sont séparés que par la distance d'un utricule. L'épiderme de ce eûté de la feuille n’est constitué que par une rangée de cellules. Dans la feuille du Clusia Plumerii, bien que l'épiderme supé- rieur n'ait que quatre rangées de cellules, des vaisseaux propres y sont enclavés de distance en distance, tandis que d’autres sont épars à sa face inférieure, ainsi qu’à diverses hauteurs dans le tissu vert et dense supérieur, formé de trois ou quatre rangées de cellules oblongues, perpendiculaires à l’épiderme. Enfin, d’autres laticifères sont aussi distribués dans le parenchyme inférieur jusqu’à la distance d’un à trois utricules de l’épiderme de ce côté de la feuille. Dans le Clusia grandiflora, des vaisseaux propres sont aussi enchässés dans l’épiderme supérieur, bien qu’il n’ait que trois rangées de cellules; mais le plus souvent ces vaisseaux propres sont à la limite de cet épiderme et du tissu vert, à moitié enve- loppés par l’un et par l’autre. Au reste, il n'existe pas d’autres la- ticifères dans ce parenchyme vert supérieur, composé de deux rangées de cellules seulement ; mais il y en a quelques-uns à sa face inférieure, et de plus nombreux au-dessous, dans toutes les parties du tissu lacuneux, jusqu’au contact de l’épiderme, LE de ce côté a deux rangées de cellules. L’épiderme supérieur du Clusia Brongniartiana, qui a quatre rangées de cellules, n’a pas de vaisseaux propres enclavés dans son intérieur. Il n’en possède en assez grand nombre qu’à sa jonc- tion avec le tissu vert sous-jacent. Au contraire, ce tissu vert su- périeur, qui est assez épais et formé de deux, trois ou quatre rangées de cellules perpendiculaires à l'épiderme, enserre des vaisseaux propres dans sa partie moyenne et dans sa partie infé- rieure. Il y en à aussi, comme dans les autres espèces, à toutes les hauteurs du parenchyme vert placé plus bas jusqu’à la distance d’une cellule de l’épiderme. Dans le Clusia rosea, dont l'épiderme supérieur de la lame est 196 RECHERCHES composé de trois rangées de cellules, des vaisseaux propres assez larges sont au contact de la face interne de cet épiderme, enve- loppés de tous les autres côtés par le tissu vert dense qui n’a que deux rangées de cellules, et qui n'offre pas d'autres laticifères. Mais immédiatement au-dessous de ce parenchyme supérieur sont d'assez nombreux vaisseaux du latex, De semblables vaisseaux sont aussi épars dans le tissu Riche sous-jacent jusqu'au voisinage de l'épiderme inférieur, qui a deux rangées de cellules. On observe encore, au bord des feuilles de la plupart des plan- tes nommées dans ce travail, une lisière de tissu incolore, de na- ture épidermique, dans laquelle sont enclavés un, deux ou trois vaisseaux propres. Dans les Clusia grandiflora el rosea, cette lisière incolore s'étend sur les deux faces de la feuille un peu plus que dans les autres espèces, par un épaississement graduel de Pépiderme près du bord de la lame, épaississement dans lequel il y à ordinairement eux vaisseaux propres vers chaque face, outre les trois marginaux dont j'ai parlé. Les feuilles des Reedia lateri- [lora et Xanthochymus pictorius, dont l’épiderme n’a qu'une ran- gée de cellules sur les deux faces de la lame, ne sont point pourvues de cette bordure incolore ; mais à la place ordinairement occupée dans une telle bordure, il existe un vaisseau propre enclavé dans du parenchyme vert. Examinons maintenant la direction suivie par les vaisseaux du latex dans lintéricur de la lame. Cette étude est assez délicate, parce que ces organes, n'ayant pas de paroi membraneuse propre, ne peuvent être isolés. La coction dans la potasse ne rend ici que fort peu de service, attendu que, poussée un peu loin, elle dés- agrége tout à fait les cellules pariétales des vaisseaux qui nous occupent. Cependant plusieurs espèces n'ont permis d’observer avec assez d'exactitude la direction de leurs vaisseaux propres. La translucidité des très- jeunes feuilles du Clusia Brongniar- liana est favorable pour cette étude. De jeunes feuilles aussi du Clusia Plumerii m'ont été également fort utiles après une légère cocüion dans la solution de potasse, qui leur communique assez de SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 197 transparence pour permettre de suivre un grand nombre de vais- seaux propres quelquelois dans presque toute la longueur de Ja lame. La jeune feuille naturellement transparente du Clusia Bron- gniartiana, qui n'avait que 10 millimètres de longueur sur 7 milli- mètres de largeur, en laissait voir quarante-einq dans sa partie la plus large ; et dans une feuille de Clusia Plumerii de 2 : centimè- tres de longueur sur 11 millimètres de largeur, cent cmq de ces vaisseaux étaient visibles. Dans l’une et Pautre feuille il en existait davantage, mais le reste était caché dans la profondeur du paren- chyme. Par l’examen de ces feuilles, je reconnus tout d’abord que leurs vaisseaux propres sont partagés en deux catégories : 1° les mar- ginaux ; 2 ceux qui sont répandus dans le parenchyme vert. Les vaisseaux marginaux étaient au nombre de deux ou trois de chaque côté des jeunes feuilles étudiées. Dans une feuille du Clusia Brongniartiana qui en avait trois dans chaque bordure, le plus externe des trois, terminé en cæcum, s’arrétait dans l'un des bords vers la plus grande largeur de la lame, le médian à 2"",5 du sommet; le plus interne finissait un peu plus haut. Au-dessus de ce dernier, des laticifères venus du parenchyme vert pénétraient dans le bord incolore et s’y terminaient successivement d'autant plus près du sommet qu'ils venaient d’une région plus voisine de la nervure médiane. C’est là le seul cas où j'aie constaté avec cer- lüitude le remplacement de vaisseaux marginaux par des vaisseaux propres venus du parenchyme vert. Sur l’autre côté de la lame, au contraire, les trois laliciféres marginaux montaient beaucoup plus haut; deux allaient même fout près du sommet, et empé- chaïent les vaisseaux à latex du tissu vert d'arriver jusqu'au bord de la feuille. Dans nos jeunes feuilles du Clusia Plumerii, il v avait de cha- que côté, dans la bordure incolore, deux laticifères non interrom- pus qui allaient de la base au sommet, où ils se terminaient en pointe ou en cæcum obtus. L'un d'eux, dépassant même la ligne médiane au sommet, s’étendait un peu sur le côté opposé de la lame. 198 RECHERCHES Les vaisseaux propres répandus dans le parenchyme vert de ces jeunes feuilles translucides des Clusia Brongniartiana et Plumerii, à cause de leur disposition générale, semblaient tous venir du péliole. Pourtant ils n'étaient pas plus pressés dans la base rétrécie de la feuille que dans sa partie la plus large, et je n'ai jamais compté dans le pétiole du Clusia Plumerti plus de 25 à 30 laticifères près de la base de cetorgane, environ 45 vers le milieu, et à peu près 60 au sommet, et je n'en ai vu que de 65 à 80 dans les pétioles du Clusia Brongniartiana (1). C'est de la prolongation de ces vaisseaux du pétiole et de leur bifurcation, dont j'ai trouvé quel- ques exemples, que provenaient évidemment ceux qui étaient ré- pandus dans la lame. Je pouvais suivre de l'œil bon nombre d’entre eux depuis le voisinage de la base, de cette lame jusque dans ses régions supérieures. À partir de la base tous ces vaisseaux propres divergeaient pour s'étendre dans les deux côtés de la feuille. Les plus externes s’inclinaient vers les deux bords de celle-ci, et bientôt s’y terminaient à la limite du tissu vert à petite distance des mar- ginaux. Leurs voisins plus internes se prolongeaient un peu plus haut, divergeaient à leur tour vers les bords, s’y infléchissaient, puis finissaient en cæcum un peu plus haut, ainsi que les précé- dents. Il en était de même de tous les autres, qui s’étendaient, en divergeant, d'autant plus près du sommet de la feuille qu'ils étaient plus rapprochés de la nervure médiane. Tous étaient terminés en cæcum près des bords du parenchyme vert, sans jamais commu niquer avec les marginaux. Il est fort remarquable que, dans ces (1) Sous le rapport du nombre et de la disposition des laticifères, les pétioles offrent aussi des variations. Il y en a 30 environ dans celui du Reedia lateriflora, 40 à peu près dans le Xanthochymus pictorius, 14 à 20 dans le Calophyllum Ca- laba, plus de 200 dans le pétiole du Clusia rosea. Ges vaisseaux sont répartis dans le tissu cortical et dans le tissu médullaire, Ce dernier tissu est enfermé dans un arc fibro-vasculaire dont les extrémités sont ou non recourbées en crochet de dehors en dedans, excepté dans les pétioles du Clusia flava et du Xanthochymus pictorius (au moins au-dessus de la base du pétiole), où le système fibro-vasculaire forme une zone à peu près continue autour de la moelle. Gette moelle contient 3 laticifères dans le Xanthochymus, 6 dans le Reedia, environ 20 dans le Clusia rosea, etc. Je n’en ai pas vu en dedans de l'arc fibro- vasculaire du Clusia Plumeru, SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 199 jeunes feuilles, seulement trois où quatre lalicifères bifurqués fussent apparents dans la partie supérieure et dans la plus large de la feuille. Une des branches se dirigeait vers la limite du tissu vert, où elle allait finir après l’avoir suivie quelque espace, tandis que l’autre branche continuait sa course pour se terminer plus près du sommet. Tous ces vaisseaux propres avaient une direction générale à peu près parallèle dans un même côté de la feuille, c’est-à-dire que ceux qui étaient voisins ne s’éloignaient communément pas les uns des autres ; ce qui ne veut pas dire qu'aucun entrecroisement n'avait jamais lieu, car, au contraire, on en rencontrait fréquem- ment. A part les quelques bifureations que j'ai mentionnées, ces vais- seaux ne communiquaient point entre eux, non plus qu'avec les marginaux, près desquels ils allaient aboutir. Quoique ce défaut de communication fût bien établi par l'observation directe, je re cueillis néanmoins un autre genre de preuve qui me fut donnée par une rupture effectuée, auprès du sommet d’une feuille de Clu- sia Plumerii, dans les deux vaisseaux marginaux d'un même côté. Ces deux vaisseaux se vidèrent complétement sous mes yeux, sans qu'aucun déversement de suc propre s’accomplit en eux des. vais- seaux du parenchyme voisin, qui n’éprouvérent aucune perte. Voilà ce que l’on voyait avec la plus grande netteté dans mes jeunes feuilles. Dans les feuilles adultes des Clusia Plumer et rosea, les laticifères du parenchyme vert sont à peu près parallèles avec les nervures secondaires ; mais dispersés dans le tissu cellu- laire, ils sont bien plus nombreux qu’elles et flexueux. Dans le Clusia Brongniartiana, tous les vaisseaux propres de la lame adulte ont aussi une direction générale à peu près parallèle ; mais celle-ei s’écarte de celle des nervures secondaires avec lesquelles les vaisseaux propres se croisent en faisant un angle plus ou moins aigu. Quelque chose d’analogue se présente dans les feuilles de quel- ques autres espèces. Cependant on y remarque une modification 200 RECHERCHES qui n'était pas visible dans les jeunes feuilles décrites. Dans le Clusia grandiflora, par exemple, tous les vaisseaux propres du parenchyme vert émanent des deux côtés de la nervure médiane, et tous se rendent au bord correspondant de la lame ; mais tous n’ont pas la même inclinaison. Il en est qui, à part les légères sinuosités qu'ils dessinent, ont une direction générale qui est sensiblement parallèle à celle des nervures secondaires. Ce sont ceux de la région moyenne du parenchyme vert, Au contraire, les vaisseaux propres voisins de l'épiderme des deux faces de la lame ontune direction beaucoup plus inclinée par rapport à la ner- vure médiane. Ils croisent obliquement les précédents et les ner- vures secondaires. Is sont aussi communément plus larges qu'eux et jouissent d’une propriété que je crois devoir signaler, et qui consiste en ce que leur sue est encore incolore quand le sue de ceux du parenchyme vertest déjà devenu rougeàtre par l’altération qu'il subit pendant la conservation des feuilles dans du papier mouillé. Les bifureations sont fréquentes au point d'émergence de ces vaisseaux pas de la nervure médiane ; et vers le bord du pa- renchyme vert on peut les suivre assez loin, et finalement les voir pénétrer dans le large liséré épidermique, où je n'ai pas vu leur terminaison à coté des marginaux. Les vaisseaux propres de la feuille du Clusia nemorosa pr'ésen- tent aussi des laticifères de deux directions, que je n'ai remarquées iontefois que du côté supérieur de la lame. La grande majorité des vaisseaux propres de cette lame sont à peu près parallèles aux nervures secondaires. {ls sont nombreux, assez rapprochés les uns des autres et un peu flexieux. Près de l'épiderme supérieur, au contraire, sont d'autres vaisseaux plus éloignés les uns des au- tres, et qui coupent obliquement les premiers et les nervures se- condaires, étant plus inelinés suivant la longueur de la feuille. La distribution des canaux à sue laiteux de la feuille du Xantho- chymus pictorius offre un aspect bien différent, quoiqu’une partie de ces laticifères aient une direction analogue à celle des plus su perficiels de la lame du Clusia grandiflora En effet, des coupes SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 201 longitudinales faites sous l’épiderme inférieur, et dans un plan parallèle à cet épiderme, font découvrir des vaisseaux propres très-écartés, parallèles entre eux, qui s'étendent obliquement en faisantavecles nervures secondaires un angle d'environ 30 degrés. Ces canaux sont placés dans le parenchyme qui sépare de l’épi-- derme inférieur le réseau fibro-vasculaire. Si après cela on exécute des coupes longitudinales dans le tissu vert au-dessous de l’épi- derme supérieur, on aperçoit d’assez gros laticifères parallèles aux nervures secondaires. Les uns, au milieu du parenchyme, sont éloignés de ces nervures; les autres accompagnent ces dernières. Des coupes transversales montrent un de ces vaisseaux propres sur le côté supérieur et un autre sur le côté inférieur des nervures principales ; les nervures moyennes n’en possèdent qu'un seul sur le côté supérieur ; les plus faibles n’en ont pas du tout. Enfin, de ces vaisseaux propres émanent des branches qui s'étendent dans toutes les directions, et qui se ramifient elles-mêmes à tra- vers le tissu cellulaire. Il arrive assez souvent de trouver de ces ramifications plus grèles bifurquées plusieurs fois. Dans la feuille du Reedia lateriflora, les vaisseaux propres affectent une disposition qui ressemble beaucoup à celle des mêmes organes dans le Xanthochymus. On y retrouve dans le parenchyme inférieur les vaisseaux propres parallèles entre eux, et obliques par rapport aux nervures secondaires ; mais, comme ces laticifères eux-mêmes sont souvent ramifiés, plus ou moins flexueux, et assez éloignés les uns des autres, il faut de l'attention pour les re- connaitre. Tous les autres vaisseaux de cette feuille, situés plus profondément, présentent, comme ceux du Xanthochymus de la mème région, un grand nombre de ramificalions; toutefois on n'en retrouve pas sur les côtés supérieur et inférieur des nervures secondaires principales, comme dans cette dernière plante. Quel- ques-unes de ces nervures les plus faibles en offrent quelquefois un assez volumineux (de 0"",05 à 0"",07), dans le voisinage de leur côté supérieur. Je ne saurais dire pourtant si elles en sont accompagnées sur une certaine longueur. 209 RECHERCHES Enfin, le Calophyllum Calaba, dont j'ai déjà parlé antérieure- ment, réclame ici quelques détails de plus. Les vaisseaux propres sont en petit nombre dans le pétiole de celte plante. Il n’y en a qu'une quinzaine vers la base de cet organe, et dix-huit à vingt vers le haut. La plupart de ces vaisseaux sont épars dans le paren- chyme du côté externe convexe de ce pétiole. Il existe, en outre, de un à trois de ces canaux près des angles qui limitent latérale- ment le côté supérieur plus ou moins aplati de cet organe. Ces la- ticifères des angles du pétiole se prolongent aux deux bords de Ia lame. Dans le tissu de ce côté supérieur ou interne, il ne se trouve de vaisseaux propres que dans la faible courbure de l’are fibro- vasculaire, et encore n’y sont-ils qu’au nombre de trois, un mé- dian et deux latéraux. Il y en a quelquefois un quatrième, opposé à l’une des extrémités de cet are. Plus haut, dans la lame, on en rencontre fréquemment un opposé à chacune des deux extrémités de ce même are. Nous verrons que c’est à eux qu’aboutissent les laticifères transversaux de la lame. Dans les feuilles que j'ai étudiées, des trois vaisseaux propres qui étaient dans la courbure de Pare fibreux du pétiole, ou dans celle de lanervure médiane, les deux latéraux disparaissent simul- lanément où l’un après l'autre, à une petite distance de la base de la lame. À 2 < centimètres de cette base, il ne restait plus que le vaisseau médian qui se prolongeait beaucoup plus haut dans la nervure, puisqu'il subsistait encore à 2 < centimètres du sommet ; mais on ne l’observait plus à 4 centimètre plus haut, . Les vaisseaux propres répandus dans le parenchyme du côté externe de la nervure médiane, et qui, vers le bas de cette ner- vure, sont au nombre de douze à quatorze, disparaissent aussi successivement vers le haut. À 2 centimètres du sommet, il n’en restait plus que trois, le médian et deux latéraux placés à quelque distance. A 13 millimètres du sommet, le médian existait seul, A 5 millimètres plus haut, il avait disparu. On ne rencontre plus alors de laticifères dans la nervure médiane qu'aux bords de Pare fibro-vasculaire, quand on examine des coupes transversales. Par SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 205 de telles coupes, on à souvent l'occasion de remarquer que €'est de là que partent les gros vaisseaux propres qui se prolongent, à travers la lame, dans le milieu de chaque espace parenchymateux interposé à deux nervures secondaires, lesquels vaisseaux se ter- minent vers le bord de la feuille à petite distance du laticifère mar- oinal, en s’infléchissant et s’atténuant un peu. Du côté de la ner- vure médiane, chacun d'eux s’infléchit aussi dans l’aisselle de la nervure secondaire insérée plus bas que lui; il s’y atténue gra- duellement et semble y finir au côté du système fibro-vasculaire de la nervure médiane, comme il vient d’être dit. Mais, dans quel- ques eas, on observe avec la plus grande précision que cette extrémité atténuée s’anastomose avec un vaisseau propre de dia- mètre souvent irrégulier, qui suit le bord du faisceau fibreux de la nervure médiane. Malheureusement les recherches les plus pa- tientes ne font rencontrer qu’assez peu fréquemment ee laticifère latéral, et par conséquent son union avec les vaisseaux propres transversaux de la lame n’est que rarement vérifiée. Cependant j'ai obtenu des préparations qui offraient deux et trois de ces vais- seaux transversaux anastomosés avec le même fragment de ce la- ticifère longitudinal. Malgré cela, la fréquence des coupes trans- versales dans lesquelles on ne le trouve pas aux extrémités de l'arc fibro-vasculaire fait conjecturer qu’il n’est pas continu sur les côtés de la nervure. L'espace me manquant, je me contenterai de renvoyer à la page 81 du tome LX des Comptes rendus, pour les rapports qui existent entre le système trachéen et les laticifères transversaux du parenchyme vert de la feuille de ce Calophyllum Calaba. XI DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES AROÏDÉES (2° PARTIE) (1). Dans la séance du 26 décembre 1865, j'ai eu l'honneur de communiquer à l’Académie la première partie de mon travail sur (1) Lu à l’Académie des sciences, le 2 janvier 1866 (Comptes rendus, LXIL, 29). 20! RECHERCHES les vaisseaux propres des Aroïdées. Cette partie contient la des- cription des laticifères proprement dits, dont le siége principal est aux deux côtés de la portion libérienne des vaisseaux fibro-vascu- laires. Aujourd'hui, j'ai pour objet de faire connaitre une espèce de vaisseaux propres qui n’a pas encore été signalée dans cette famille. Ces vaisseaux sont des canaux à suc d'aspect oléo-résineux, formés par deux ou trois rangées de petites cellules oblongues, plus étroites que celles du parenchyme environnant. Ils existent dans les feuilles, dans les tiges et dans les racines adventives des plantes nommées ci-dessous. Dans la lame des feuilles, ils sont étendus parallèlement aux nervures, vers le milieu de l’espace parenchymateux qui sépare deux des nervures tertiaires ; mais, suivant les espèces, ils sont plus où moins éloignés de la face in- férieure de la feuille. Dans les Philodendron eximium, Rudgea- num, Sellowianum, pedatum, cannæfohium, tripartitum, Simsii, pinnatifidum, ils sont à une ou deux cellules de cette face infé- rieure, tandis que, dans les Philodendron micans, lacerum, Houl- lelianum, crinipes, calophyllum, Melinoni, [mbe, hastatum ; Homalonema rubescens, Porteana Hort. Par., ils sont vers le plan moyen de Ja lame, soit plus haut, soit plus bas (D). Dans le pétiole, ces canaux sont répandus dans le parenchyme, et souvent les plus externes sont enclavés en totalité ou en partie dans le col- lenchyme. Dans la tige des Philodendron, ils ont la même con- stilution et sont répandus de même, soit dans le parenchyme externe seulement, soit dans l’externe et l’interne à Ja fois, entre les faisceaux fibro-vasculaires. Dans la tige de l'Homalonema rubescens, ils ne sont pas tubuleux. Is ne constituent que des cavités elliptiques (qui ont de 0"",25 à 0"",50 de longueur sur 0"",20 à 0"",38 de largeur), bordées de séries rayonnantes de cellules à parois minces. Dans les racines adventives des Æomalo- nema rubescens et Porteana, ils sont tubuleux comme dans les (1) L'Homalonema Wendlandii n’a pas de canaux oléo-résineux comme les deux espèces nommées ici. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 205 feuilles, et limités par deux ou trois rangées de cellules oblongues à parois minces aussi. Dans les racines adventives de tous Îles Philodendron nommés dans ce travail, ils ont, de plus, autour de leurs cellules oblongues pariétales, deux ou trois rangées de fibres À parois épaisses et poreuses, en sorte que chaque vaisseau propre oceupe le centre d’un faisceau fibreux. Ces faisceaux sont répartis sur trois, quatre ou cinq cercles plus ou moins régulièrement concentriques. Il y à jusqu'à huit séries concentriques dans les racines adventives du Philodendron Melinoni. Les vaisseaux pro- pres des faisceaux les plus internes sont ordinairement plus étroits que ceux des faisceaux les plus externes, et assez souvent, dans certaines espèces, les fibres du côté extérieur de ces faisceaux externes ne sont pas épaissies. L'’oléo-résine que ces canaux renferment est ordinairement in- colore dans la racine ; mais, dans la tige et les feuilles, elle passe au jaunâtre, à l’orangé et au rouge : elle brunit même au contact de l'air. Les canaux externes des pétioles de certains Philodendron ont quelquefois le sue orangé, tandis qu'il est encore sans couleur ou faiblement teinté dans les canaux du centre. Cette oléo-résine est communément en colonnes homogènes ; cependant elle est divisée au point de paraître plus où moins laiteuse dans le pétiole du Philodendron calophyllum. Le sulfate de fer, qui n’a souvent pas d'action sur ce sue propre, le salit de noir dans quelques cas, et parfois même avec intensité. Après avoir exposé les caractères généraux des vaisseaux pro pres des Aroïdées, je signalerai le parti que l’on en peut tirer pour faciliter la détermination des plantes qui n’ont ni fleurs ni fruits. J'ai déjà indiqué dans l'Enstitut (n° du 8 février 1865) les avan- lages que l'on en peut obtenir pour les Légumineuses. Des Aroïdées appartenant à des genres différents et même à des tribus diverses peuvent être aisément confondues. Une simple coupe transversale de la tige, ou seulement du pétiole, ou même de la racine adventive, suffira pour aider à celte distinction. Ainsi, des Callacées et des Caladiées peuvent être prises pour des Philoden- 206 RECHERCHES dron. L'absence de lalicifères à tannin éliminera tout de suite les Heteropsis, Lasia, Scindapsus, Monstera, Anthurium, ele. (4). Le manque de canaux oléo-résineux distinguera les Syngonium des Philodendron qui en sont pourvus. Une coupe transversale d’une racine adventive fera reconnaitre un Philodendron parmi toutes les Aroïdées que j’ai étudiées, à ses faisceaux fibreux corticaux avec canal oléo-résineux central. D’autres caractères anatomiques peuvent servir à la distinction de certains genres ; mais, ne voulant pas sortir de mon sujet, qui est l'étude des vaisseaux propres, je ne m'en occuperai pas dans cette Note, que je préfère terminer par quelques réflexions que me suggère la comparaison des vaisseaux du Jatex tannifères des Aroïdées avec les vaisseaux ou séries de cellules tannifères des Légumineuses. Dans ma communication du 6 février 1865, j'ai déjà cherché à montrer le lien qui existe entre ces cellules ou vaisseaux à tannin des Légumineuses et les laticifères en général. Les Aroïdées m'en fournissent une nouvelle occasion. En effet, leurs vaisseaux du latex chargés de tannin, et qui ne sont le plus souvent formés que de cellules superposées, distinctes, semblables en cela aux vais- seaux à tannin des Légumineuses, sont placés, ai-je dit, sur les deux côtés de chaque faisceau libérien. C’est aussi exactement la position que des séries de cellules à tannin occupent dans divers cenres de Légumineuses (Lotus, Tetragonolobus, Dorycnium, Hedysarum, Ornithopus, Onobrychis, elc.). Il est vrai que ces plantes en ont aussi, pour la plupart, dans d’autres positions que j'ai indiquées dans le travail eité. Il y a donc pour bon nombre de plantes, non-seulement analogie de forme, mais aussi similitude de position, sur les côtés des fais- ceaux du liber. Mais l’analogie ne s'arrête pas à. J'ai signalé un Sesbania dans lequel les séries de cellules en question ont le sue à la fois laiteux et tannifère. Dans le Mimosa sensiliva le suc laiteux (1) Des Callacées que j'ai eues à ma disposition, le seul Calla palustris possède des vaisseaux propres à tannin de chaque côté de ses faisceaux libériens. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 207 se salit seulement quelquefois de now par la macération dans la solution de sulfate de fer; et dans les Mimosa prostrata et florr- bunda, le sue laiteux ne se colore pas dans les mêmes circon- stances. Il en est de même dans quelques Aroïdées. Ainsi, dans les jeunes tiges des Dieffenbachia Sequina et picta, le suc laiteux est dépourvu de tannin, et il est renfermé dans des séries de cellules qui ont le même siége que les séries de cellules tannifères de beau- coup d’autres Aroïdées. Absolument aussi, comme dans l’Apios tuberosa, des séries de cellules pleines d’un sue laiteux sans tannin sont disposées (sous le liber) à des places qui, chez d’autres Lé- gumineuses (Phaseolus, Robinia, etc.), sont occupées par des séries de cellules tannifères. L'analogie des séries de cellules à tannin des Légumineuses avec les vaisseaux du latex, déjà évidente par ce que j'ai dit anté- rieurement, devient plus manifeste encore par la comparaison avec les mêmes organes dans les Aroïdées. C’est que cette der- nière famille contient en même temps des plantes avec des séries de cellules tannifères semblables à celles des Légumineuses, et des plantes dans lesquelles ces séries de cellules sônt remplacées par des vaisseaux tubuleux continus, qui s’anastomosent entre eux à l’aide de ramifications latérales, de manière à former un réseau comme les vaisseaux du latex les plus parfaits. Et, non-seulement le suc de ces vaisseaux est chargé de tannin (Colocasia cucul- lata, ete.), mais il est en même temps laiteux dans les Syngonium auritum, Xanthosoma violaceum, etc. Les organes qui renferment le tannin dans les deux familles offrent encore un autre point de rapprochement. Dans les Légu- mineuses, le tannin n’est pas contenu seulement dans des cellules régulièrement superposées en séries qui simulent des vaisseaux, il en existe aussi dans des utricules épars isolément ou par petits groupes de deux ou trois dans le parenchyme cortical ou médul- laire (Glycyrrhiza glabra, Robina pseudo-Acacia, Wistaria si- nensis, etc.). Des cellules se rencontrent également dans quelques Aroïdées (Philodendron variabile, ete.), 208 . RECHERCHES Enfin, de même aussi que l’on trouve des Légumineuses dont tous les tissus sont imprégnés de tannin, et cela chez des espèces qui n'ont pas de vaisseaux à tannin proprement dits, de même aussi on à des Aroïdées dépourvues de laticifères, dont tous les tissus se salissent plus ou moins de noir par la macération dans le sulfate de fer (Anthurium nitidum, violaceum, ete.). L'analogie des organes qui contiennent le tannin dans les deux familles est donc complète sous tous les rapports. NII MATIÈRE AMYLACÉE' ET CRYPTOGAMES AMYLIFÈRES DANS LES VAISSEAUX DU LATEX DE PLUSIEURS APOCYNÉES (1): En 1798, Rafn trouva, dans le suc propre des Euphorbes et de l'Hura crepitans, des corpuscules qu'il décrivit comme des prismes quelquefois oblus aux extrémités. Ces petits corps furent négligés jusqu'en 1835. Alors M. Hartig, qui sans doute ignorail l'observation de Rafn, les découvrit de nouveau, et signala leur nature amylacée. En 1862, le mème botaniste annonça avoir ob- servé, dans le latex de la Chélidoine, des globules qui bleuissent sous l'influence de la glycérine iodée. Enfin, dans ma dernière communication, j'ai indiqué, dans le latex des J'atropha acumi- nala et podagrica, des corps qui sont évidemment les analogues des grains amylacés des Euphorbes; mais ils n’ont pas la pro- priété de bleuir par l'iode. | La substance bleuissant par l’iode, dont je veux entretenir au- jourd’hui l’Académie, se présente dans les conditions suivantes : Quand on fait bouillir dans la solution de potasse caustique des tronçons de tige des Verium Oleander, Cerbera Manghas, ete., et qu'on lave avec soin, pour éloigner la potasse et les cellules pa- renchymaleuses, les laticifères qui restent avec les éléments cel- lulaires non éliminés prennent assez souvent la couleur bleue quand (1) Lu à l’Académie des sciences, le 2/4 juillet 1865 (Comptes rendus, LXI, 156). SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 209 on les met en contact avec la solution iodée. Cette coloration peut affecter la membrane et le latex, et elle se manifeste ordinairement avec plus de facilité dans les vaisseaux propres de la moelle que dans ceux de l’écorce. Ces laticiféres ont souvent perdu une partie de leur sue laiteux par la section ou pendant Ja coction, C’est surtout dans ces organes en partie vidés que l’iode fait apparaître la teinte caractéristique de l’amidon. Celle-ci affecte, ou tout ce qui reste dans le vaisseau (et c’est le cas le plus rare), où seulement une partie de ce qui y est renfermé. Quand la couleur bleue n’atteint qu’une partie du contenu, on peut avoir des parcelles de latex coagulé, entre les- quelles est interposée une sorte de dépôt d’un bleu foncé; ou bien, si le latex est en quantité plus grande, de manière à former une colonne corrodée n’occupant pas tout le diamètre du vaisseau, cette colonne peut être entourée d'une couche de la substance bleuie, qui se resserre aux extrémités de la colonne et se prolonge dans l’axe du tube vidé. On a, dans ce cas, l’image d’une mem- brane altérée ou d’une couche qui aurait été déposée à la face in- terne du laticifère; mais aucune trace d’une pareille couche n’est apparente sur les autres points du vaisseau, c’est-à-dire qu’elle ne continue pas la couche la plus interne de la paroi du laticifère, quand celle-ei laisse voir plusieurs strates. Et d’ailleurs on a la preuve qu'il ne saurait être ici question de détritus d’une couche interne de la paroi, quand le latex, resté en quantité beaucoup plus considérable, et remplissant plus ou moins complétement le tube sur de grandes longueurs, bleuit tout entier. J'ai obtenu ainsi des colonnes longues de 2 à 3 millimètres, qui étaient devenues d’un très-beau bleu, et qui conlenaient de nombreuses granula- lions plus foncées. Ce fait démontre que le latex de ces plantes, ou renferme une substance amyloïde toute formée, ou que cette substance est sus- ceptible de se développer pendant l'opération. Que l’un ou l’autre cas soit l'expression de la vérité, il est clair que ce latex doit être considéré comme très-riche en matières assimilables et nutritives. VII. 14 210 RECHERCHES Voici maintenant un autre phénomène qui me parait se ratta- cher au précédent, et qui pourrait bien n'être qu'une autre ma- nifestation de la même substance. Ayant fait macérer des tronçons de tige d’Apocynum canna- binum, en août 1860, pour en isoler les laticifères, le latex de ceux-ci, comme cela arrive ordinairement, prit des apparences diverses en perdant sa fluidité. Les globules se réunirent, soit en globules plus gros, soit en masses on en colonnes presque homo- gènes, quelquefois assombries par l’interposition de substances gazeuses. À une époque plus avancée de l'altération, tout le Jatex, dans de longs vaisseaux ramifiés, avait de nouveau changé d’as- pect; il était redevenu finement granuleux. Il ne restait çà et là dans ces vaisseaux que de petites masses de latex encore à l’état coagulé, comme pour attester la seconde modification. C'était déjà là un fait assez singulier. Mais ma surprise fut grande quand, après avoir mis ces laticifères en contact avec l’iode et l'acide sulfurique, je vis tout leur contenu devenir violet foncé, tandis que les petites masses de latex qui n'avaient pas subi le dernier changement, et qui étaient enveloppées par le suc re- devenu finement granuleux, étaient restées incolores, ou avaient pris la teinte jaune que l'iode communique fréquemment au latex. Ayant ensuite porté mon attention sur les fines granulations de nouvelle formation, je m’aperçus qu'elles étaient plus étendues qu’elles ne le semblaient d’abord, parce que chaque point violet n'était, dans certains vaisseaux, que la terminaison d’un petit corps oblong, incolore ou un peu jauni, et composé de deux ou de quel- ques cellules. Ailleurs les autres cellules de ce petit corps étaient plus faiblement teintées de violet, où bien toutes l'étaient égale- ment également et avec intensité. Chez d’autres laticifères, la même modification, au lieu de s’ef- fectuer sur toute la longueur du vaisseau à la fois, ne se propageait que graduellement. Une partie de la colonne du latex était devenue pourprée par l’action de l'iode et de l'acide sulfurique, tandis que SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 211 l’autre avait jauni; mais de l’une à l’autre teinte, on avait toutes les transitions. Quelques autres vaisseaux propres étaient fort instructifs, en ce que leur latex, n'étant pas modifié au même degré, se colorait en jaune sous l'influence des réactifs; seulement, des corpuscules violets étaient dispersés dans son intérieur, et souvent tous étaient éloignés les uns des autres. Il est important de noter que je n’ai point trouvé de ces petits êtres organisés répandus dans le liquide qui environnait ces lati- cifères. Il n’en était pas de même dans un autre flacon qui avait reçu des fragments de tige d’Amsonia latifolia. Un grand nombre de ces corpuseules étaient disséminés entre les cellules désagrégées et à la surface des laticifères, à des places déterminées dans ce flacon. Dans quelques-uns de ces laticifères, ce suc, après avoir subi l'espèce de coagulation mentionnée plus haut, avait été trans- formé en substance finement granuleuse comme dans le cas précé- dent. Les granules, d’abord globuleux, s’allongeaient en cône sur deux côtés opposés. Il en résultait de petits fuseaux, dont une ou deux cellules prenaient la teinte purpurine sous l’influence de l’iode seul. Parfois, dans le même vaisseau, certains corpuscules deve- naient violets, tandis que les autres restaient incolores. Voilà pour l'observation directe. Si maintenant on se demande quelle est l’origine de ces petits végétaux, on ne reconnait que deux réponses possibles. Ou ils sont nés de germes venus de l’extérieur, ou ils proviennent d’une modification des éléments du latex. S'ils ont pour origine des germes préexistants, comment ces germes se sont-ils introduits par milliards dans toute la longueur de vaisseaux pleins d’un suc dense, assez consistant pour ne pou- voir plus couler, de manière à se substituer complétement à ce suc lui-même? Comment concevoir, en admettant une telle invasion des germes, que de tout petits lots de latex soient restés intacts de distance en distance, et aient pu résister à cette invasion qui les étreignait de toutes parts? N’est-il pas au moins aussi vraisem- 212 212 RECHERCHES SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. blable que ces organismes soient nés d'une transformation du latex, quand d’ailleurs ce suc recèle des éléments (amylacés ou cellulosiques) favorables à la production de ces plantules, ainsi que le prouvent les faits exposés dans la première partie de cette note ? On n'objectera pas que des milliards de germes n'ont pas été indispensables dans le principe, qu'il a suffi d’un petit nombre de ces germes au début, et que les êtres qui en sont nés se sont multipliés par scission après l'introduction dans les laticifères. On ne pourra le soutenir, parce que, dans plusieurs de ces vaisseaux, un tel mode de propagation n’avait certainement pas lieu, puisque ces petits êtres étaient le plus souvent éloignés les uns des autres. Et, d'autre part, pour arriver à ces laticifères, 1l eût fallu que ces germes traversassent le liquide du flacon. Or, nous avons vu que, dans celui qui contenait l’Apocynum cannabinum, 11 n'existait pas de ces corpuscules dans le liquide environnant ces vaisseaux. Il me semble done que voilà un concours de circonstances bien dif- ficiles à expliquer par la panspermie, tandis qu’elles paraissent découler tout naturellement d’une modification de la matière organique (1). (Sera continué.) (4) Indépendamment de l'intérêt que je viens de signaler, ces petites plantes en ont un autre, Elles sont un nouvel exemple d'amidon amorphe dans les Crypto- games, où il ne fut guère observé que dans les thèques de quelques Sphéries par M. Nylander, au sommet des appendices des Erysiphe par M. Tulasne, et dans les spores d'une Tubéracée par M. Currey. Toutes ces plantes sont relativement d’une organisation bien plus élevée que les petits végétaux que je viens de décrire. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS SÉANCE DU 2% DÉCEMBRE 1866. Présidence de M. 11. BARELLON, président, Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président proclame l'admission de deux nouveaux membres : MM. le comte Jauserr, membre de l’Institut, à Paris. Michel Puma, botaniste, à Gundertheim (Bas-Rhin). Plusieurs présentations nouvelles sont en outre annoncées. Il est procédé, au scrutin secret, à la nomination de quatre membres du Conseil d'administration de la Société. Sont élus, à la majorité des voix, pour faire, conjointement avec les membres du Bureau, partie du Conseil : MM. BocquizLon. RAMEY. MarcHann. RRANZA. Les communications suivantes sont ensuite présentées à la Société. 1. M. L, Marcnann : Recherches sur les genres Protium et Pro- tionopsis. Un grand désaccord existe entre les opinions qui ont été émises sur ce sujet. L'auteur est arrivé aux conclusions suivantes : a. Avee Blume et MM. Bentham et Hooker, on doit admettre que le Protium Burx. et les Protium Wiçnr et Arx. ne peuvent être rapprochés les uns des autres. 8. Avec MM. Bentham et Hooker, on doit réunir le Protium Burx. aux Zcica AugL.; mais, contrairement à ces auteurs, on doit donner la préséance au Protium, car c’est le nom le plus ancien, 91 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. et il est injuste de regarder loujours comme non avenus les noms de genres créés avant Linné. c. L'auteur séparant les Bursera des Icica, le Protium Bury. se trouve dégagé, et il englobe les plantes rangées jusqu'ici sous le nom générique d’Zcica. D. Le Protium Burx. une fois rétabli, le Protium Wicar et Ar. doit, ou bien prendre le nom de Protionopsis BL., ou bien se fusionner avec un autre genre. E. À l’exemple des auteurs du Prodromus Flor. penins. Ind., on doit admettre une grande parenté entre les Balsamodendrum d'une part, et, d'autre part, les P. caudatum Wicnr et AR\., P. Roxburghianum Wicur et Arx., et P. pubescens Wicur et ARN. Les trois dernières plantes ne peuvent être séparées générique- ment; l’auteur les réunit en une section à laquelle il applique le nom de Protionopsis. Cette section aura pour type le Balsamo- dendrum Kataf K. IL. M. H. Sueur : Sur les cellules consolidantes (1"° note, cel- lules du Scindapsus pertusus). Dans différentes parties de cette plante, notamment dans ses feuilles et surtout dans leur pétiole, l’auteur a découvert des cellules particulières à deux pointes, en forme de longs fuseaux, qui sont attachées aux tissus voisins par un point particulier du milieu de leur longueur. Ces cellules sont souvent aux cellules ordinaires, par leur forme, ce que les poils dits malpighiacés sont aux poils globuleux ou plus ou moins allongés. En outre, la forme particulière qu’ils affectent dans ce cas n’est pas constante, car on trouve tous les intermédiaires entre ces corps en navette, et les cellules étoilées à un nombre variable de branches plus ou moins inégales entre elles, qu’on à signalées depuis longtemps dans les VNymphœa, les Fagræa, etc. L'auteur, partageant la manière de voir de Mirbel sur le rôle que jouent ces organes de soutien, leur a, pour cette raison, donné le nom de cellules consolidantes; il se propose de rechercher ultérieurement leurs fonctions et leur mode de développement. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. 245 HIT, M. H. Baizcon : Sur les Connaracées de l'A frique tropicale. L'auteur établit et décrit un certain nombre d'espèces nouvelles appartenant, soit à la côte occidentale, soit à la côte orientale de l'Afrique tropicale. Les premières sont représentées par plusieurs échantillons récoltés au Gabon par MM. Griffon du Bellay et Dupar- quet; celles de la région de l’est, et notamment de Madagascar et de Zanzibar, par les plantes des voyages de Du Petit-Thouars, Boivin et Pervillé. Les espèces décrites se rapportent aux genres Rourea, Byrsocarpus, Connarus, Agelœæa, Cnestis et Manotes, les seuls qu’on ait jusqu'ici observés dans ce pays. Les différences d'organisation qui séparent les Byrsocarpus de Schumacher, du genre Rourea d’Aublet, sont discutées avec détail ; et l’on ne trouve, en somme, entre ces deux types, qu'un trait absolument différentiel, parmi tous ceux que les auteurs ont admis. Le calice n’embrasse- rait pas exactement la base du fruit dans les Byrsocarpus, tandis qu'il s’appliquerait étroitement sur elle dans les Rourea. Tout étant d’ailleurs semblable, les deux genres doivent être réunis en un seul, attendu que parmi les nouvelles espèces de Madagascar, décrites dans ce travail, il y en a qui présentent tous les passages possibles entre un calice écarté du fruit et un périanthe rapproché de la base du péricarpe. - Le genre 4gelæa, dont la valeur est discutable, est représenté, dans ces régions, par plusieurs espèces décrites par De Candolle, et, en outre, par un très-beau type nouveau à larges folioles abon- damment couvertes d’un duvet velouté brun à leur face inférieure, et qui est dédié à Du Petit-Thouars dans l’herbier duquel il se trouve. Les Connarus sont représentés au Gabon par quelques belles espèces. Le caractère tiré de la situation latérale du micropyle et de la radicule germant dans la graine, n’est pas constant dans ce genre. La radicule peut y être tout à fait voisine du sommet. La brièveté ordinaire des pétales du genre Cnestis n’est pas non plus un caractère constant. Dans quelques espèces de cette région, les pétales sont représentés par de longues lanières qui 216 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. dépassent le calice. Il y a des Cnestis à insertion légèrement péri- gynique, leur réceptacle formant une coupe légèrement concave. Par ce caractère, les Connaracées se rapprochent de plus en plus des Rosacées, dont ne les sépare, dans ce cas, que l'ortho- tropie des ovules. L'auteur insiste d’une manière toute particulière sur la nature de l'organe séminal qui porte le nom d’arille dans les Connaracées. II montre que cet organe est du à une hypertrophie sur place de tout ou partie du tégument séminal superficiel, et qu'il n’y a là aucun phénomène de renversement d'une portion quelconque de ce tégu- ment. Si toutes les cellules de cette enveloppe présentent un égal degré d’épaississement, il n’y aura pas d’arille, au dire de la plu- part des auteurs. Et cependant alors l’arille est plus généralisé que dans les cas où une moitié seulement de la graine a été le siége de cette hypertrophie cellulaire plus ou moins prononcée. L'arille qui occupe environ la moitié, ou un tiers, ou les deux tiers de la graine (orthotrope), n’est pas dù dans ce cas à une production partie du pourtour de lombilie et appliquée ensuite, à la façon d’une manchette, sur la surface même de la graine. Il est né simultanément auprès du hile, au niveau de la région équatoriale de la graine, et dans tout l’espace intermédiaire de sa surface. Les franges ou laciniures que présente souvent, dans cette famille, le bord supérieur de l’épaississement arillaire, sont dues au déve- loppement plus considérable de certaines cellules de cette région, qui, vers leur bord supérieur, se quittent parfois les unes les autres et grandissent isolément ou réunies en petit nombre, pour con- stituer ces espèces de languettes ou de festons. Mais ces découpures ne proviennent pas du pourtour de la région ombilicale et n’ont correspondu à aucun âge à ce pourtour. La graine du Manotes Sou., peu connue jusqu'ici, a été décrite comme possédant un arille de consistance particulière, qui proba- blement appartient au péricarpe. Celui-ci se comporte, dans ce genre, d’une facon tout à fait spéciale. La Société décide qu’elle se réunira le samedi LL mai 1867. SUR UNE CANELLACÉE DE L'ANCIEN CONTINENT (1). Les Canellacées, dont les affinités ont été tant discutées et dont l’organisation florale est aussi interprétée d’une manière très- variable par les différents auteurs, sont toutes jusqu'ici originaires de l’Amérique tropicale. Ce n’est donc pas sans un certain éton- nement que nous avons trouvé, parmi des plantes de Madagascar, un nouveau genre qui doit être rapporté à ce petit groupe, el qui, avec les propriétés organoleptiques et les caractères généraux qu'on à reconnus à la fleur de toutes les plantes qu’on y a fait entrer jusqu'ici, se présente avec ces deux traits d'organisation qui en font un type générique lout à fait nouveau : des fleurs axillaires sessiles, et une corolle gamopétale. Nous proposons pour ce genre le nom de Cinnamosma. L'espèce unique que nous décrirons tout à l'heure, sous le titre de C. fragrans, est représentée par un petit arbre qui croit à Diego- Suarès, dans la presqu’ile d'Ambre. C’est là que M. Richard, directeur du jardin botanique de Bourbon, en a recueilli des échan- üllons en fleur, il y a près de trente ans. Il est probable que l'écorce des grosses branches, épaisse, subéreuse, inégalement striée et de couleur pâle, doit rappeler de très-près celle de la Cannelle blanche. Elle en présente l'odeur, mélangée à un certain parfum de citron et de cédrat; il en est de même du bois. Les rameaux, chargés de feuilles étroites et allongées, à pétiole court, articulé à sa base, sans stipules, à limbe atténué en coin à la base et arrondi au sommet, très-glabre et très-entier, lisse et luisant en dessus ; les fleurs à peu près sessiles et placées dans l’aisselle des feuilles ; la corolle gamopétale, à lobes réfléchis après l’épanouis- sement des fleurs; tous ces caractères donnent à notre plante une grande ressemblance avec certains Diospyros : analogie dont il faut prendre note avec soin; car elle confirme jusqu’à un certain (1) Lu à la Société Linnéenne de Paris, davus la séance du 8 juin 1867. 21S SUR UNE CANELLACÉE DE L'ANCIEN CONTINENT. point ce qu'on à dit des affinités des Canellacées avec les Magno- liacées, lesquelles sont, comme on sait, presque inséparables des Anonacées dont les rapports avec les Ebénacées ne sauraient être contestés,. À la base des fleurs se trouvent quelques bractées courtes et inégales entre elles, imbriquées et chargées de protéger le jeune bouton qu’elles enveloppent d’abord tout entier. Au-dessus d’elles se trouvent trois grandes folioles concaves, glabres et obtuses, qui paraissent conslituer un calice. Ces mêmes organes sont consi- dérés par MM. Bentham et J. Hooker (Genera, 121), comme représentant, non des sépales, mais les trois folioles d'un invo- lucre placé sous la fleur. 11 paraît cependant difficile de ne pas accorder le litre de corolle à l'enveloppe florale qu’on trouve plus intérieurement dans le Cinnamosma, et qui, gamophylle et campa- nulée, présentant de quatre à six divisions imbriquées, dont une, deux ou trois plus intérieures, rappelle tout à fait le périanthe intérieur des fleurs des Ebénacées, notamment des Diospyros et des Royena. Ce périanthe se détache d’une seule pièce et laisse voir un androcée tout à fait pareil à celui des Canella. Ses éléments sont unis dans toute leur étendue en une sorte de tube ou de man- chon qui s'applique exactement contre le gynécée, et qui présente : en bas, un anneau formé par la réunion des filets; plus haut, de dix à quinze loges d’anthères linéaires, extrorses, s’ouvrant dans toute leur longueur par une fente verticale médiane; et, tout à fait au sommet, un autre anneau membraneux, formé par tous Îles connectifs prolongés; entier, tronqué horizontalement, et qui ne laisse passer par son ouverture que le sommet du gynécée. Celui- ci est encore le même que dans les Canella et les Cinnamodendron. L'ovaire étroit, allongé, uniloculaire, plein d’une pulpe gom- meuse, et atténué supérieurement en un petit cône stylaire, dont le sommet seul est stigmatifère, contient de six à huit Ovules disposés par paires sur trois ou quatre placentas pariétaux linéaires. Chaque ovule est suspendu après un court funicule : il est arqué et incomplétement anatrope, avec son micropyle SUR UNE CANELLACÉE DE L'ANCIEN CONTINENT. 219 dirigé en haut et en dedans. Un seul fruit, non mûr, a pu être observé par nous. C’est une baie polysperme, dont les graines, glabres, mais vides, n’ont pu être étudiées d’une manière suffi- sante. Nous donnerons maintenant la description en latin de la seule espèce que nous connaissions jusqu'ici. CINNAMOSMA FRAGRANS. Arbor parva (fide cl. Richard), adspectu Diospyri species non- nullas referens, odore saporeque grato (Canellæ albæ et Citri) ; ligno albido duro; ramorum cortice suberoso pallide fulvescenti albidove inæquali-rugoso striato lenticellis latis orbicularibus pallide fuscatis hinc el inde notalo; ramulis anni glabris; cortice dense vi- rescente lenficellis crebris albidis notato. Folia brevissime(3-5 mill.) peholata oblonga (6-8 cent. longa, À © cent. lata), basi angustata cuneatave; apice rotundato obtuso ; integerrima membranacea v. subcoriacea glaberrima, supra lucida lœvia dense viridia, sub- lus opaca (in sicco pallide ferruginea) penninervia ; costa subtus prominula ; venis supra viæ conspicuis, subtus leviter prominulis; pehiolo basi articulato exstipulaceo. Flores hermaphroditi subses- siles axillares solitarii parvi (2 cent. longi), bracteis 2-6 minutis inœqualibus imbricatis basi muniti. Calyx 3-partitus; sepalis liberis membranaceis glabris corolla paulo brevioribus ; æstivatione imbricata. Corolla campanulata alte gamopetala (eam Diospyro- rum referens), apice 5, v. h-6-fida; lobis 1-3 interioribus, post anthesin refleæis, apice obtusis glabris ; æstivatione imbricata. Sta- mina (Canellæ v. Cinnamodendri) hypogyna ; filamentis anthe- risque cum connectivo supra antheras producto, in tubum integer- rimum gynæceo arcle applicatum eoque paulo breviorem coalitis. Antheræ lineares 18-15 tubo extrorsum adnatæ 1-loculares lon- gitudine rimosæ; valvis demum expansis. Ovarium liberum 1-loculare, apice attenuatum styloque brevi conico apice stigmatifero coronatum; placentis parielalibus linearibus 3, k, 2-ovulatis ; ovulis e funiculo brevi pendulis subanatropis arcuatis ; micropyle 220 SUR UNE CANELLACÉE DE L'ANCIEN CONTINENT. introrsum supera; cavilale ovarii succo qummoso concrelo inter ovula farcta. Fructus baccatus ovatus glaber, intus pulposus; semi- nibus glabris (in specimine nostro immaluris).—Crescit in penin - sula promontorii dicti d’ Ambre, ad Diego Suarès, ubi legit Richard, anno 1840 (n. 172, 269), cumque Boivin (n. 3615 bis) commu- nicavit (herb. Mus. par.). EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE V. Fic. 1. Rameau florifère de C'innamosma fragrans. Fic. 2. Coupe longitudinale de la fleur. Fic. 3. Diagramme d’une fleur à corolle hexamère. ÉTUDES SUR L'HERBIER DU GABON DU MUSÉE DES COLONIES FRANCAISES. (CONTINUÉ DU VOLUME VI, PAGE 177.) CHrysoBaLanéEs (4). — Cette famille, ou plutôt cette section de la famille des Rosacées, est représentée d’abord au Gabon, comme dans la plupart des pays tropicaux, par l’Icaquier (Chrysobalanus Icaco L.), dont les fruits sont recherchés comme comestibles, et dont la chair, d’un goût vineux, est peu agréable, d’après les auteurs du Floræ Senegambiæ T'entamen (272). Les Gabonais nomment cette plante N’pendo (Griffon du Bellay, n° 175). IIS paraissent appliquer le mème nom au C. ellipticus de Solander et de Smeath- mann {ex DC. Prodr., 1, 526, n° 2), plante qui ne doit peut-être être distinguée de la précédente qu’à titre de variété, et qu'ont recueillie également M. Duparquet (n° 59) et M. Griffon du Bellay (n° 288). Heudelot (n° 897) avait déjà, en 1837, récolté le C. elliphicus, vers la partie supérieure du rio Pongos, où ses fleurs d’un blanc sale paraissent en mai. Le même voyageur (n° 362) a observé, «dans le pays du Gabon, entre le Voulli et l’île Mac- carthy », une autre Chrysobalanée qui, d’après les déterminations de l’herbier de Kew, serait le Parinarium curatellæfolium Pr. (ex Bexra., Niger, 353). C’est, parait-il, un arbre élevé de 12 à 15 mètres, à tronc droit et à écorce noirûtre, dont les fleurs blanches et odorantes se montrent au mois de mars. Mais les plan- tes de ce groupe qui donnent à la flore de l’Afrique tropicale le cachet le plus particulier, sont des arbustes sarmenteux dont le musée de Kew avait distribué primitivement plusieurs espèces sous le nom manuscrit de Lorandra, et que M. J. Hooker (Gen., I, 608) a désignés plus tard sous la dénomination générique de Griffonia. 1) Lu à la Société Linnéenne de Paris, dans la séance du 41 mai 1867. 222 ÉTUDES L'herbier du Gabon en renferme 3 espèces des plus intéressantes ; elles sont à peu près toutes différentes de celles que M. Mann à récoltées au voisinage de l'équateur. Elles méritent d’être étudiées avec quelques détails, dans leur organisation et leur symétrie florale. Mais nous ne pouvons leur conserver, ni le nom géné- rique de Griffonia, qui a été précédemment (4) appliqué par nous à un genre de Légumineuses, ni celui de Lorandra, qui exprime- rait bien une des particularités de leur androcée, attendu qu'elles nous paraissent devoir rentrer, à titre de simple section, dans un genre américain très-ancien, l’Acioa d’Aublet (Guian., 698, t. 280), dont il convient d'abord d'étudier l’organisation florale. MM. Bentham et J. Hooker énumérent à côté l’un de l’autre, dans leur Genera plantarum (1,602, 608), les deux genres Coue- pia d'Aublet et Griffonia. Les caractères communs qu'ils attri- buent à ces deux genres sont très-nombreux et justifient pleine- ment cet étroit rapprochement. Les caractères différentiels sont nettement tracés dans ces deux phrases : CouEpta. Calycis tubus elongatus.} GRIFFONIA. Calycis tubus angustus. Stamina 15-æ, basi tantum con-|Stamina 10 -nunierosissima, uni- nata, unilateralia v. in orbem com-| lateralia, filamentis in ligulam lon- pletum disposita. gissimam connatis. Pour les auteurs que nous venons de citer, le genre Covuepia est formé de la réunion des Couepia d’Aublet proprement dits, et des Acioa du même auteur. Or, le type du genre Acioa est l'A. guianensis ou Coupi de la Guyane ; et si nous examinons de près les caractères de cette plante, il nous sera facile de voir qu'elle présente bien mieux ceux qui viennent d’être attribués (1) Le genre Griffonia HooKk. Fr. n'apparaît pour la première fois que dans le second fascicule du Genera plantarum de MM. Hooker et Bentham, c’est-à-dire postérieurement à la publication de notre genre Griffonia (Adansonia, V1, 188). La même observation s'applique au Bandereia WELW., qui est notre Griffonia. Quant à la description plus détaillée de ces genres, dans les Linnæan Transactions, elle est eflectivement postérieure ; ce que prouve suffisamment l'absence de toute cila- tion à cet égard dans le Genera plantarum. SUR L'HERBIER DU GABON. 293 aux Griffonia que ceux qui appartiennent aux Couepia. Le tube de son calice, ou plutôt de son réceptacle, est étroit et allongé, Les étamines, ordinairement au nombre de dix, ont des filets longue- ment monadelphes, et constituent par leur réunion une étroite bandelette, rejetée d’un côté de la fleur et pareille pour la forme et la taille à celle qu’en observe dans les fleurs de plusieurs Grif- fonia africains. Le caractère tiré de cette conformation de l’andro- cée, considéré comme suffisant pour distinguer génériquement les Griffonia des Couepia, doit donc suflire aussi à séparer des Coue- pia les Acioa dans lesquels il se retrouve. Quant aux autres ca- ractères, ils sont quelque peu variables, comme nous allons le dire, dans l'espèce de la Guyane, aussi bien que dans celles da Gabon, ou dans celles des régions voisines, récoltées par M. Mann, et dont les botanistes de Kew nous donneront prochainement la description. Pour nous, nous n'étudierons ici, comparati- vement à la plante d’Aublet, que les trois espèces remarqua- bles que nous appellerons : Acioa (Lorandra) Icondere (A), Bel- (1) AGIOA (LORANDRA) ICONDERE, spec. nov. — Frutex scandens, caule (fid, cl. Griffon du Bellay) glabro dense fuscato maculis prominulis pallidioribus panctu- lato ; ramulis junioribus, crassitudine pennæ anserinæ, tomento velutino fulvido- fuscescente &enso longiusculo obsitis. Folia vix petiolata e basi subæquali v. inæ- quali-auriculata elliptico-ovata (20 cent. longa, 12 cent. lata) ; apice rotundato v. brevissime repenteque acuminato ; integerrima; margine vix reflexo ; coriacea crassa, supra glabra, dense virescentia, subtus pallidiora breviter tomentosa ; costa nervisque pennatis et venis retiformibus subtus promioulis indumento ditiore ful- vescenti obsitis. Stipulæ oblongo-lanceolatæ (1 cent, longæ), apice longe attenuatæ fulvido-velutinæ. Flores in axillis foliorum ramuli supremorum racemosi ; racemis (ad 4 decim. longis) simplicibus nutantibus bracteatis. Bracteæ ovato-acuminatæ (; cent. longæ), demum reflexæ, unifloræ ; pedicello post occasum floris persis- tente gracili glabro, basi articulato (1, 2 cent. longo), ad apicem bracteolis 2 alter- nis v. suboppositis digitatim 3-6-lobis munito ; lobis linearibus ; apice glanduloso - capitellato. Receptaculum pedicello paulo longius tubuloso-infundibuliforme, haud procul a basi angustata oblique gibbosum. Calyx subregularis imbricatus ; sepalis extus viridescentibus, intus marginibusque albido-canescentibus. Petala caducissima (alba, ex cl. Griffon du Bellay) imbricata. Stamina œ (ad 25); filamentis in lami- nam loræformen (1 : cent. longam) basi coalitis, demum liberis capillaribus; an- theris dorso ad medium adfixis caducissimis ovatis (viridescentibus) intus 2-rimo- sis. Ovarium fulvido-hirsutum oblongum; stylo (staminibus longiore) gracillimo Capillari; apice capitellato stigmatoso (nigrescenti). Discus androcæo oppositus ad 224 ÉTUDES layana (1) et pallescens (2), et qui existent toutes dans lherbier du Musée des Colonies. Ces trois dernières plantes ont les fleurs disposées en grappes axillaires simples. Ge caractère a peu d'importance, attendu qu'il sinum receptaculi unilateralis (lutescens, ex cl. Griffon du Bellay). — Crescit in Gabonia vulgoque audit Zcondéré. Legerunt cl. Griffon du Bellay, n. 313 (herb. Mus. par. et Colon. gallic.), et cl. Duparquet (n. 58, in herb. Mus. par.). (1) ACIOA (LORANDRA) BELLAYANA, Spec. nov. — Arbuscula (?), ramis teretibus ; cortice fuscato dense ferrugineo-hirtello. Folia subsessilia e basi subæquali v. inæquali-rotundata Gblongo-ovata (10 cent. longa, 4 cent. lata); apice breviter acuminato; subintegra ; margine reflexo; coriacea crassiuscula penninervia venosa, supra læ via glabra, subtus pallidiora ; costa ner visque promiaulis hirtellis. Stipulæ lineares (ad 5 mill. longæ) pubescentes caducæ. Flores in axilla foliorum ramuli supremorum nonnunquam abortivorum occasorumve racemosi; racemis simpli- cibus (5, 6 cent. longis) glabris v. parce puberulis bracteatis, Bractæ ovato-oblongæ acutæ glabræ (3, 4 mill. longæ) uaifloræ ; pedicello basi articulato tenui glabro (8-12 mill. longo), apice bracteolis 2 suboppositis digitatim plerumque 3-lobis mu- nito ; lobis attenuatis apice glanduloso-capitatis ; tubo receptaculi (10-12 mill. longo) e basi angustata repente incrassalo, demum infundibuliformi ; sepalis oblongis apice rotundatis inter se subæqualibus, extus glabris, intus albido-canescentibus ; ovario oblongo hirsuto; stylo staminibus subæquali capillari, apice capitellato ; staminibus ; filamentis (3 cent. Jongis) basi in laminam angustam (1, 2 mill, latam) loræformem compressam glaberrimam coalitis, ad apicem liberis capilla- ribus, — Crescit in Gabonia ubi legit cl. Griffon du Bellay, anno 1864, (v. ss. sin, n°, in herb. Mus. Colon. gallic. et Mus. par.). (2) AGIOA (LORANDRA) PALLESCENS, Spec. nov. — Frutex sarmentosus scandens (pulcherrimus, ex cl. Griffon du Bellay); ramis (pennæ corvinæ crassitudine) gla- berrimis. Folia brevissime petiolala ovato-cordata (12 cent. longa, 8 cent. lata), basi subæquali-auriculata ; apice brevissime acuminato ; integerrima ; margine vix reflexo ; subcoriacea glabra, supra lucida lævia, subtus pallidiora opaca ; costa nervisque primariis paucis remote pennatis, subtus prominulis parcissime puberulis. Flores axillares racemosi ; racemis nutantibus crassiusculis simplicibus (ad 8 cent, longis), uti bracteæ, floris pedicellus tubusque receptaculi, cum calycis pagina externa, indumento tenui brevi (in sicco fulvido-cinerascenti) obsitis, Bracteæ al- ternæ ovato-acutæ (+ cent. longæ), demum patentes unifloræ ; pedicello brevi (1-{ cent.), apice bracteolis 2 suboppositis ovato-acutis acuminatisve plerumque inte- gris munito. Tubus receptaculi (2 cent. longus) subcylindraceus, apice vix dilata- tus. Sepala dense imbricata inter se subæqualia ovata ; apice rotundato ; intus albido-sericea. Stamina æ , basi in Jigulam loræformem glaberrimam (2 cent, lon- gam) coalita : filamentis apice liberis capillaribus ; antheris ovatis intus rimosis. Germen dense hirsutum ; stylo capillari staminibus paulo longiore, apice capi- tellato. — Crescit in Gabonia ubi legit cl. Griffon du Bellay (n. 261), ad lPyrat, augusto et septembre florentem (herb. Mus. par. et Colon. gallic.), e [) SUR L'HERBIER DU GABON. 29 ne se retrouve pas dans plusieurs des espèces de la collection de M. Mann. Quand les grappes axillaires se rapprochent les unes des autres vers le sommet des branches, et que les feuilles sont rem- placées par des bractées plus ou moins développées, l'inflorescence totale devient terminale et ramifiée. C’est ceite disposition des fleurs que MM. Bentham et J. Hooker (op. cit., 609) ont exprimée en ces termes, dans leur description du genre Griffonia : «Racema simplices v. composih, aæillares et terminales. » Le calice, réduit, pour nous, aux folioles libres qu’on observe en haut de la fleur (le tube qui les supporte sur ses bords appar- tenant, suivant nous, à un réceptacle floral fortement concave et tubuleux), est formé de cinq sépales inégaux et imbriqués en quin- conce. Les deux sépales extérieurs sont les plus petits; et cette différence, très-prononeée dans l’espèce de la Guyane, a depuis longtemps été notée par Aublet. Chaque fleur est supportée par un pédicelle articulé à sa base et à son sommet. Il persiste souvent sur l'axe général de l’inflores- cence, alors que la fleur elle-même est tombée. Au voisinage de son sommet, ce pédicelle porte constamment, un peu au-dessous de la base de la fleur, deux bractées presque opposées ou alternes, qui sont à peu près entières dans l’A. quianensis et dans VA. paliescens, tandis qu'elles prennent un plus grand développement dans les À. fcondere et Bellayana, et qu’elles y sont profondé- ment découpées en lobes étroits, digités, glanduleux au sommet. Elles durcissent et persistent sur le pédicelle, après la chute de la fleur, dans ces deux dernières espèces. La corolle est formée de pétales presque égaux entre eux, im- briqués et très-cadues, souvent de couleur blanche, au dire de M. Griffon du Bellay. Les étamines sont en nombre indéfini dans nos trois espèces gabonaises, tandis qu'on n’en compte qu’une dizaine dans l'A. guianensis et dans plusieurs des espèces recueillies par M. Mann. La longue ligule formée par Punion des filets staminaux s’en- roule toujours sur elle-même et demeure longtemps ainsi involutée VIL. 15 226 ÉTUDES dans le bouton de toutes les espèces. Dans toutes celles où nous avons pu étudier la situation de cette bandelette commune formée par l’androcée, nous l'avons vue exactement superposée au sépale à qui est moitié enveloppé et moitié enveloppant. Elle est d’ailleurs toujours située du côté de l'ovaire opposé à l’in- sertion du style. Le gynécée s’insère constamment sur le bord de la cavité récep- taculaire, du côté des étamines. Le style gynobasique est donc placé entre l’ovaire lui-même et le tube du réceptacle. Les deux ovules collatéraux et ascendants que renferme l’ovaire sont ana- tropes, :avec le raphé tourné du côté de la bandelette staminale, et le micropyle dirigé en bas et en dedans, du côté de l'insertion du style et du tube réceptaculaire. Le fruit est une drupe de grande taille dans toutes ces plantes. Mais l’épaisseur du noyau et du mésocarpe est très-variable; de façon qu’on peut appliquer au fruit de certaines d’entre elles, de même que dans le genre Couepia, les expressions de « drupa sicea » et de « nuæ sicca ». Les feuilles ont des süipules. Leur pétiole est toujours très- court. L'espèce de la Guyane est glabre dans toutes ses parties. L’A. Bellayana à les feuilles glabres, les nervures portant seules un léger duvet à la face inférieure. Mais ses fleurs sont glabres en dehors, de même que celles de |A. Zcondere qui porte sur presque tous ses organes des poils ferrugineux assez abondants. L'A. pallescens, dont les bractées florales sont d’ailleurs entières, a les fleurs couvertes d’un fin davet pâle et grisâtre auquel il doit son nom spécifique. Mais, dans toutes les espèces, la surface intérieure du calice est tapissée de poils blanchâtres qui s’avancent même sur les bords en dehors et recouvrent uniformément toute la surface des portions des sépales qui sont enveloppées dans la préfloraison. Partout l'ovaire est enfoui sous une couche épaisse de poils rigides et dressés. SUR L'HERBIER DU GABON,. 997 Connaracées (1).-— Les Connaracées de l'Afrique tropicale sont encore peu connues, quoique le Prodromus de De Candolle (I, 84-87) en énumère déjà une dizaine d'espèces. Presque toutes sont originaires de la côte occidentale, et ont été indiquées ou dé- crites par Smeathmann, Afzel, Solander, Schumacher et Thônnimg (Beskriv., 73, 216). R. Brown, dont les vues sur les affinités na- turelles des Connaracées ont été adoptées par la plupart des bota- nistes, avait vu (Congo, 12) plusieurs plantes nouvelles et inédites appartenant à cette famille, dans l’herbier de Chr. Smith. Cepen- dant le nombre des Connaracées décrites dans le Viger Flora (288-575) est moins considérable encore que dans le Prodromus. M. Planchon (Linnœæa, XXHE, AT) n’a guere ajouté qu’une espèce, le Cnestis fraterna, à celles que De Candolle avait fait connaître comme provenant de la côte occidentale, Quant aux espèces ori- ginaires de la côte orientale ou de Madagascar, énumérées dans son travail, elles se bornent à deux Cnestis de Lamarck et à l'Om- phalobium pentagynum de De Candolle qui devient l’Agelæa La- marcki. Palisot de Beauvois (Flor. owar., I, 95, t. 59, 60) avait, dès 1804, fait connaître deux espèces du genre Cnestis, dont l’une est aussi un Agelæa, et dont l’autre, son C. pinnata, à été rapportée, mais à tort, par M. Planchon, au genre Manotes de Solander ; nous verrons plus loin qu’elle ne saurait lui appartenir. Les herbiers rapportés du Gabon par MM. Duparquet et Griffon du Bellay nous permettront de mieux connaître quelques-unes des espèces autrefois recueillies à Sierra-Leone par Smeathmann. D'intéressants fragments d'espèces que nous croyons nouvelles n'auraient pu suffire à une description complète, si de meilleurs échantillons des mêmes types ne se trouvaient dans les collections de M. Mann. D'ailleurs ce voyageur à trouvé, dans l'Afrique tro- picale, un assez grand nombre d'espèces qu'aucun autre collecteur n'a rencontrées et dont les savants botanistes de Kew nous don- (1) Lu à la Société Linnéenne de Paris, dans la séance du 24 décembre 1866, ce travail à été inséré depuis dans les Mémoires de l’Académie de Maine-et-Loire. 226 ÉTUDES neront sans doute prochainement la description ; on comprend pourquoi nous laisserons complétement ces espèces de côté, pour le moment. L'herbier d'Heudelot renferme des échantillons très- complets pour la plupart des espèces autrefois étudiées par Thôn- ning et Schumacher, Solander, Smeathmann, Lamarck, De Can- dolle ; nous profiterons des renseignements contenus dans ses notes manuserites. Pour la côte orientale et Madagascar, les collec- ons de Boivin et de Pervillé nous offriront un certain nombre de plantes intéressantes à ajouter aux trois espèces jusqu'ici décrites par les botanistes qui se sont occupés des Connaracées. Les Connaracées sont facilement distinguées en deux groupes par la préfloraison du calice. Quoique ce caractère n’ait pas en lui-même une bien grande valeur, on peut le considérer comme très-commode pour la classification, et plusieurs auteurs l'ont fait passer en première ligne, notamment M. Bentham et Hooker, dans leur Genera plantarum (4, 434). Is ont ainsi distingué une tribu des Connarées, où le calice est imbriqué, et une tribu des Cnestidées, où la préfloraison devient au contraire valvaire. Reste à savoir si l’on mainliendra toujours les douze où quinze genres admis actuellement par la plupart des auteurs, et si chacune de ces tribus ne représentera pas, à un moment donné, un seul grand senre, ou un petit nombre de genres à limites plus larges que celles qu’on donne aux types génériques aujourd’hui adoptés. Quant à la tribu des Connaracées à préfloraison imbriquée, elle renferme, dans l'ouvrage que nous venons de citer, les cinq gen- res Byrsocarpus, Bernardinia, Agelæa, Rourea et Connarus. Les deux derniers appartiennent à un groupe secondaire spécial dont le calice est caractérisé de la sorte : « Calyæ erectus basin vel slipitem fructus amplectens »; tandis que, dans les trois premiers senres, le calice est dit : « Calyæ basin fructus non amplectens. » Comparons donc, sous ce rapport, un représentant du premier croupe secondaire, tel que le Rourea, et un représentant de l’autre groupe, savoir un Byrsocarpus. Nous trouverons que, dans les espèces de Byrsocarpus de l'Afrique tropicale, le calice, au lieu SUR L'HERBIER DU GABON. 299 d’être aussi rapproché du fruit qu'il l’est dans la plupart des Rowrea américains, est en effet un peu plus élargi et plus distant du car- pelle, surtout au voisinage de la moilié supérieure. Mais nous ver- rons aussi que, dans la série des espèces de Madagascar, il v à lous les intermédiaires à cet égard entre les Byrsocarpus sénéga- liens à sépales élalés et ceux des Æourea mimosoïdes de FAfrique tropicale où la constriction du calice est le plus prononcée. C'est en somme une question de plus ou de moins; de telle façon qu’on ne saurait préciser à quel point de cette série des espèces le ca- lice cesse d’être celui d’un Byrsocarpus, pour devenir celui d’un Rourea véritable; et que, si l’on vouiait même considérer le Byrso- carpus comme formant une section dans le genre Rourea (dont le nom est le plus ancien), on serait bien embarrassé de séparer nettement cette section de celle qui contiendrait les Rourea pro- prement dits ou Eurourea. Pour ce motif, nous nous voyons forcé, tous les autres caractères étant identiques, de revenir au système proposé par M. Bentham, dans le Viger Flora (290), et de faire rentrer les Byrsocarpus dans le genre Rourea. À ce compte, le genre Rourea est représenté dans l’Afrique tropicale occidentale par les Byrsocarpus autrelois décrits par Schumacher et Thôünning (Beskr., 226), et par les espèces inédites rapportées par M. G. Mann et dont nous ne nous occuperons pas ici. Le Rourea coccinea Hook. r., très-variable quant à la taille, la forme et la consistance de ses folioles, n’a pas encore été rapporté du Gabon, quoiqu'il ait été observé par Barter à Nupe, par M. Mann à la latitude de 4° au nord de l’équateur, et par Heudelot, en 1835, dans le pays de Kombo (n. 84), et en 1837, dans les environs du rio Nunez (n. 811). Cest un arbuste buissonnant et diffus qui atteint quel- ques pieds de hauteur, se couvre en mars de fleurs blanches, inodores, et ne paraît prospérer que dans les bas-fonds et les lieux humides. Tout à côté du Byrsocarpus parviflorus PL. (4), on doit placer (1) S'agit-il ici d'une espèce légitime, ou d’une forme du B. coccineus Scx, et 230 ÉTUDES une autre espèce qui croit sur la côte orientale d’Afrique et que nous appelons Rourea (Byrsocarpus) orientalis (1). Son feuillage est presque le même que celui de l’espèce de la côte orientale, sinon que ses folioles sont elliptiques ou ovales et plus larges en général vers le bas que vers le haut. Leur sommet est ordinaire- ment aigu ou très-brièvement acuminé, ou obtus, ou même rétus ou émarginé, comme dans le B. parviflorus. Ces folioles sont au nombre de quinze au moins dans la plupart des feuilles ; leur pé- tiolule est grêle et court. Toutes les parties de la plante sont à peu près glabres. Mais c’est principalement dans les fleurs et les fruits que résident les caractères de cette espèce: Des grappes courtes et axillaires, des boutons globuleux, des pétales fortement TH6NN., c’est un fait qui nous paraît encore douteux et qui demande à être vérifié sur des échantillons convenables. (1) ROUREA ORIENTALIS, Spec. nov. (Byrsocarpus orientalis H. BN, in herb. Mus. par.). Rami lignosi, teretes nodosi glabri, uti ramuli lenticellis creberrimis punctiformibus (albidis) notati. Folia imparipinnata, 15 (et ultra) foliolata ; petiolo glaberrimo gracili, basi repente incrassato articulato ; foliolis sæpius suboppositis, brevissime (1 mill.) petiolulatis, elliptico v. oblongo-ovatis (2, 3 cent. long., 1 cent. lat.), basi rotundatis ; apice rotundato v. acutiusculo brevissime apiculato ; integer- rimis membranaceis, supra glabris dense viridibus, subtusopacis, in sicco ferrugineis venosis ; costa subtus valde prominula. Flores in axilla foliorum adultorum rami supremorum racemosi ; racemo brevi paucifloro ; calyce 5-partito puberulo ciliato ; petalis pro genere brevioribus obovatis valde imbricatis ; staminibus basi vix coa- litis ; antheris ellipticis introrsis rima ferme marginali dehiscentibus, in alabastro inflexis ; stylis capitellatis. Fructus longius (1/2 cent.) pedicellati ; calyce cupu- læformi 5-fido ; lobis acutiusculis plus minus capsulæ basin amplectentibus, hinc arcte applicatis, inde apice patentibus. Capsula inæquaii-ovata oblongave (1 4/2 cent. longa, 1/2-1 cent. lata), apice apiculo brevi acuto arcuato instructa glabra. Semen erectum omnino orthotropum ; integumento extus undique carnosulo aril- liformi ; embryone inverso ; radicula omnino supera, — Crescit in Africæ costa orientali, ad Mombaza (Boivin, 1847-52). Formam (?), foliis paulo longioribus et fructu sæpius subelongato, legerunt quoque Richard (olim cum Boivin, n. 18872, communicatam) ad S. Marie de Madagascar, et ad Nossi-bé Boivin ipse, anno 1850 (n. 21935), prope magnum lacum Djabal (herb. Mus.). Hanc stirpem, fructibus longioribus plerumque arcuatis, aprili 1841 fructiferam legit quoque Pervillé (n. 755), in Nossi-bé locis humidis ; a quo frutex dicitur 3-metralis. Ad ejusdem demum speciei varietatem parvifoliam, non sine dubio, referimus specimina non- nulla ab eodem in Ambongo (n. 544) plagis arenosis februario 4841 collecta, quorum folia omnino quoad formam analoga duplo triplove minora evadunt; cap- sula autem omnino eadem est (v. s, in herb, Mus. par.). SUR L'HERBIER DU GABON. 931 imbriqués, et courts, relativement à leur largeur, avec des folli- cules ovoïdes, légèrement ventrus, terminés par un petit bec aigu etarqué, et munis à leur base d’un calice persistant, partagé jusque vers le milieu de la hauteur en cinq lobes imbriqués, striés en long, tels sont les principaux traits de cette espèce. Il faut d’ail- leurs remarquer que le calice s’écarte assez de la base de certains fruits pour qu’on ne puisse hésiter à considérer ceux-ci comme appartenant à un Byrsocarpus légitime, tandis qu'il s'applique élroitement, jusqu’à son sommet, sur la base de certains autres fruits qui, considérés isolément, pourraient être à bon droit attri- bués à un Rourea proprement dit. Avec la même organisation des fruits, et la même variation dans la manière dont les dents calicinales s'appliquent jusqu’au sommet contre la base du fruit, ou s’en écartent jusqu’à une cer- taine profondeur, une autre espèce de l’Afrique orientale, que nous avons appelée Byrsocarpus Boivinianus (4), parce que Boivin paraît l'avoir observée le premier à Mombaze, de 1847 à 1852, se distingue de la précédente par deux caractères faciles à saisir : ses folioles, moins nombreuses (au nombre de cinq, en général), sont larges et elliptiques-acuminées ; de plus, ses graines dressées ontun embryon dont la radicule, au lieu d’être placée tout à fait (1) ROUREA BOIVINIANA, spec. nov. (Byrsocarpus Boivinianus H. BN, in herb. Mus.). Arbor ? glabra ; ramis ad folia nodosis ; cortice (fuscato) lenticellis (albidis) minutis creberrimis notato ; ramulis novellis subangulatis (pallide virescentibus). Folia imparipinnata plerumque 5-foliolota ; petiolo gracili, basi nudato, ad inser- tionem repenteincrassato rugoso, cæterumgracili ; petiolulis brevissimis (1, 2 mill.) incrassato-rugosis ; foliolis elliptico-acuminatis (5 cent. longis, 2 1/2 cent. latis), summo apice obtusiusculis, integerrimis v. obsolete sinuatis membranaceis glaber- rimis venosis, subtus pallidicribus. Inflorescentiæ axillares racemosi (?) Flores ignoti. Fructus longe stipitati; pedunculis gracilibus glabris (ad 5 cent. long.); pedi- cellis (1, 2 cent. longis) sensim ad apicem incrassatis. Calyx fructuum 5-fidus (4/4 cent. alt.) ; lobis acutiusculis obtusiusculisve longitudine striatis fructus basin vix amplectentibus, demum expansis. Fructus oblongo-ovatus glaberrimus brevis- sime apiculatus (2 cent. long., 4 cent. lat.) ; pericarpio tenui. Semen conforme cavitatem totam loculi implens erectum glaberrimum oblongum ; embryone exal- buminoso oblongo; radicula fere ad medium laterali. Rami et folia Pterocarporum gonnullorum. — Grescit in Mombaza, costæ Africanæ orientalis, ubi ann. 4847- 1892 legit Boivin (v. s. in herb. Mus. par.). 232 ÉTUDES à la partie supérieure, se trouve située vers le milieu de la bauteur du bord de la graine. Nous ne saurions dire avec quels caractères cette espèce se présente à l’époque de la floraison, et nous ne savons pas si alors elle se sépare bien nettement de celle que nous allons décrire maintenant et qui se fait remarquer par des grappes de fleurs nées, en même temps que les jeunes rameaux folifères, sur le bois des branches et à l’aisselle d’une feuille de l’année pré- cédente dont on n’aperçoit plus que la cicatrice. Sous ce rapport, le Rourea (Byrsocarpus) Pervilleana (À), recueilli à Nossi-bé par Pervillé, appartient au même groupe que le Byrsocarpus coccineus de Schumacher et Thôünning. Les fleurs, pourvues d’une grande corolle blanche, à pétales très-délicats et cadues, sont disposées en grappes tout à fait analogues et rappellent beaucoup les fleurs de certaines Oxalidées ; mais la forme des folioles, telles qu’on peut les observer dans leur premier âge, lancéolées, repliées en deux sur elles-mêmes, suivant la ligne médiane, rappelle telle- ment ce qu’on voit dans le Bernardinia fluminensis PL., que c’est là une raison à ajouter à tant d’autres, pour réintégrer les Bernardinia dans le même genre que les Byrsocarpus, dont ils ne D ; différeraient, dit-on, que par leur calice non persistant. (1) ROUREA PERVILLEANA, spec. nov. (Byrsocarpus Pervilleanus H. B\, in herb. Mus.). Rami lignosi teretes glabri, lenticellis creberrimis minutissimis pallidis notati. Flores cum ramis junioribvs vix evolutis in axilla cicatricis foliorum anni præteriti occasorum orti; ramulit gracilibus adhuc herbaceis paucifoliis ; foliis pinnatis ; foliolis 7-11 petiolulatis, inadultis lanceolatis integerrimis tenerrimis membranaceis glabris, secundum costam induplicatis, adultis ignotis. Racemi fo- liis junioribus paulo longiores, basi nudati graciles glabri, mox ramosi, apice tan- tum simplices. Flores crebri (albi), pro genere majusculi (2 cent. lati); pedicellis filiformibus (ad 4 cent. longis). Galyx brevis; foliolis ovato-acutiusculis ciliolatis valde imbricatis. Petala calyce*4, 3-plo longiora oblongo-lanceolata, basi paulo angustato, apice obtusiuscula acutiusculave membranacea glaberrima decidua. Stamina petalis breviora ; filamentis basi monaidephis, mox liberis subulatis ; an- theris minutis orbicularibus rimosis. Carpella 5 calyce paulo longiora ; ovario villo- sulo ; stylo erecto oblique capitato. Cætera ignota. Species quoad florescentiæ tem- pus et modum ad sectionem eamdem referenda ac generis Byrsocarpt prototypus. scilicet B. coccineus ScHum. et THONN., ob flores valde proxima, sed ob foliorum juniorum formam ea Bernardiniæ fluminensis PL. valde referentem, omnino absi- milis. — Crescit in insula Malacassium, ad Nossi-bé, ubi legit olim Pervillé caumque Boivin communicavit (vw. s. in herb, Mus. par.). SUR L'HERBIER DU GABON. 9235 C’est encore au genre Rourea que nous rapporterons le Cnestis pinnata de Palisot de Beauvois (F{. ow. et ben., I, 98, t. 60), qui certainement n'appartient pas au genre Cnestis, ni à aucun autre du même groupe, attendu que la préfloraison de son calice est très-nettement imbriquée dans le bouton. Ce ne saurait être non plus, et pour la même raison, une espèce du genre Wanotes, ainsi que l’a pensé M. Planchon (Linnœa, XXII, 438), qui lui donne le nom de M. Palisotii. En l'absence des fruits, on ne sait trop si cette plante ne devrait pas être attribuée au genre Connarus ; ce n’est donc que d’une manière provisoire que nous l’appelle- rons Rourea Palisotii. Le nom spécifique de pinnala ne saurait être conservé, tous les Rourea étant dans le même cas. Nous avons pu voir, dans l’herbier de Palisot de Beauvois, c’est-à-dire dans les collections de M. Delessert, le type du Cnestis pinnata; nous n'avons retrouvé cette plante dans aucun des herbiers formés dans ce siècle par les explorateurs de l'Afrique tropicale. Les folioles, tantôt légèrement aiguës où acuminées, tantôt obtuses et arrondies au sommet, lui donnent une certaine ressemblance avee plusieurs formes du Cnestis polyphylla de Lamarck. Les différences constantes qui séparent les Rourea des Conna- rus ne sont plus qu'au nombre de deux, et elles ne paraissent pas avoir une importance bien considérable : le calice n’est pas accres- cent dans les Connarus, et il entoure, à la facon d’une manchette, non les carpelles eux-mêmes, mais une sorte de pied qui les supporte. Il ne s'applique, par conséquent, que sur un seul pied dans les Omphalobium, ramenés à titre de section parmi les Con- narus par la plupart des auteurs contemporains. Cette fusion des deux genres est parfaitement légitime ; elle ne le serait pas si, comme le pensait R. Brown, le seul carpelle qui grandisse, dans les Omphalobium, était superposé à une des divisions du calice (4), tandis que les carpelles sont oppositipétales dans toutes les autres Connaracées. Mais il y a là certainement une illusion due, sans (1) Voy. Ann. sc. nat., sér. 1, X, 207. 234 ÉTUDES doute, à un déplacement subi par le carpelle fertile, alors qu'il devient très-volumineux; car, dans la fleur de lOmphalobium Patrisu, et dans celle de plusieurs espèces analogues, les cinq carpelles sont constamment placés en face des pétales, tout aussi bien que dans les Cnestis, les Rourea, ete. Nous n’avons vu d’au- tres Connarus anciennement connus de l'Afrique occidentale, que le GC. africanus Lam ; et nous ne savons si l’on ne devra pas rapporter au C. floribundus Scnux. et Taôxn. (C. Smeathmanni DC.) quelqu’une des deux autres espèces du Gabon dont nous parlerons en second lieu. Le Connarus africanus Lamk (Dict., Il, 95), ou Omphalobium africanum DC. (Prodr., 11, 85), qui a été recueilli à Sierra- Leone par Don (Wiger, 290\ et Smeathmann (herb. Juss.), et au cap Vert par M. Perrottet (F{, seneg., 156), a été retrouvé par Heudelot (n. 594) sur les bords de la Casamance, où il porte des fruits en décembre. Barter l’a récolté (n. 1243) dans l'expédition de Baikie, à Lagos ; et M. Mann l’a retrouvé en 1861 (n. 863) sur le Bagroo-River. C’est donc une espèce assez largement dis- tribuée dans l’Afrique tropicale, et peut-être se retrouvera-t-elle aussi au Gabon. Quoique ses feuilles soient constamment à trois {olioles, comme celles des Agelæa, cette espèce, qui peut être considérée comme le type des Connarus monocarpiques, où Om- phalobium, se distingue aisément aux caractères suivants : les folioles sont pétiolulées et la base de leur limbe est constamment symétrique. D'ailleurs la largeur des folioles, leur sommet aigu, légèrement acuminé ou tout à fait arrondi, la taille de la corolle, sont autant de caractères très-variables. Le fruit est au contraire toujours le même, consistant en un large follicule fusiforme, un peu aplati, glabre à sa surface et renfermant une graine compara- ble pour la forme et la taille à un haricot. La radieule repose, non pas au sommet de la graine, mais au niveau d’une échancrure située un peu au-dessus du milieu de sa hauteur. Son développement précoce dans l’intérieur du fruit, tel que l’a observé Cavanilles (Monogr., n. 541, t. 221), est un fait très-réel, mais non con- SUR L’'HERBIER DU GAPBON. 239 stant. Nous avons vu, dans les échantillons d'Heudelot, des graines à radicule très-courte, dépassant à peine la surface des téguments. On trouve abondamment au Gabon (Griffon du Bellay, n. 183, 27h) un autre Connarus de la section Omphalobium, qui est ca- ractérisé par des feuilles trifoliolées, où pennées avec cinq ou six folioles arrondies à la base et brièvement acuminées au sommet, lisses, luisantes et veinées, chargées inférieurement d’un duvet court, mais serré, couleur de rouille ; par des fleurs réunies en une sorte de panicule terminale au nombre de plusieurs milliers et formant une tête très-épaisse, avec des ramifications nom- breuses chargées d’un épais duvet velouté brunâtre, très-analo- gue à celui qu'on observe chez les Detarium et les Dialium ; par des fruits insymétriques obtus, striés obliquement et recouverts en partie de ce même duvet brunâtre. Nous avons donné à cette espèce le nom de Connarus Griffonianus (1); mäis il ne se- rait pas impossible qu’elle constituât simplement une forme du (1) GONNARUS GRIFFONIANUS, spec, nov. ? Arbor excelsa, ramis ramulisque sub- cylindraceis, longitudine striatis, junioribus pube brevi densa stellata ferruginea obsitis. Folia pinnata 3-7-foliolata ; petiolo basi incrassato articulato (?) ; foliolis oblongo-ellipticis ovatisve (8 cent. longis, 3 cent. latis), basi rotundatis ; apice bre- vissime acuminatis, integerrimis subcoriaceis penninerviis venosis, supra lucidis lævibus, subtus pube densa ferruginea obsitis ; petiolulo brevissimo (1/4 cent.), basi articulato. Flores numerosissimi, ut aiunt, paniculati ; paniculis terminalibus racemoso-cymosis ; pedicellis bracteolisque indumento ferrugineo brevi ditissimo. Calyx 5-partitus ; foliolis ovato-acutis coriaceis, dorso subearinatis, imbricatis. Petala lineari-oblonga, basi longe angustata ; apice obtusiusculo ; calyce 2, 3-plo longiora, imbricata. Stamina basi in urceolum brevem crassiuscalum connata, mox libera ; filamentis subulatis ; alternis 5 oppositipetalis multo brevioribus ; antheris staminum alternipetalorum multo majoribus ovatis brevissime apiculatis muticisve, introrsum rimosis ; antheris oppositipetalis minutissimis cordatis sæpius sterilibus. Carpidium fertile unicum ; ovario dense ferrugineo 2-ovulato ; stylo tenui, apice capitato stigmatoso. Capsula (2 cent. longa, 4 1/2 cent. lata) stipitata ; calyce basi persistente stipite paulo longiori ; inæquali-obovata ; apice breviter apiculato ; obli- que striata, pube ferruginea stellata demum decidua conspersa. Semen oblongum adscendens orthotropum, basi arillatum ; embryone recto ; radicula brevi supera ; cotyledonibus carnosis oblongis utrinque obtusis. — In Gabonia legit, loco dicto Denys, cl. Griffon-du-Bellay, n. 183, 274 (herb. Mus. par. et herb. Golon, gallic.). Ad flum. Gaboon-River legit et anno 1860, n. 980, cl. G. Mann (herb, Kew.). 236 ÉTUDES C. Smeathmanni DC., espèce que nous n'avons jamais eue sous les yeux et dont les feuilles sont également lisses en dessus et duveteuses en dessous, mais dont la description si insuffisante du Prodromus (11, 86, n. 9) dit que les folioles sont aiguës aux deux extrémités. Le P. Duparquet (n. 55) a rapporté des fragments d’une autre espèce de Connarus, à fleurs développées sur le bois et à feuilles relativement gigantesques ; nous avons pu la décrire plus complé- tement, grâce à un échantillon récolté par M. Mann (n. 2309) et qui est en bien meilleur état; nous l'avons appelée C. Duparque- tianus (4). Ses folioles, au nombre de sept dans la feuille que nous avons sous les veux, sont longues de 25 centimètres, atténuées à la base de manière à se continuer insensiblement avec le pétiolule, acuminées au sommet, glabres et coriaces. Les fleurs sont réunies en courtes grappes, et présentent de longs pétales exserts et un androcée dont la base forme une cupule profonde à parois épaisses et charnues. Les filets staminaux s’amincissent brusquement au moment où 1ls deviennent libres, et les anthères. sont ovales, verticales et surmontées d’un apicule très-court et obtus. La côte occidentale est jusqu'ici la seule région de l'Afrique (1) CONNARUS DUPARQUETIANUS, spec. nov. Arbor, foliis pro genere amplis (ad 8 decim. longis); plerumque foliolis 7 imparipinnatis; petiolo glabro, basi valde incrassato (ad 4 cent. lato); foliolis breviter petiolulatis, basi articulatis ; limbo (25 cent. longo, 10 cent, lato) oblongo-lanceolato, basi valde attenuato ; apice bre- viter acuminato; integro v. obsolete sinuato glaberrimo coriaceo penninervio ve- noso, supra lævi, sublus 6paco ; nervis venisque utrinque prominulis. Flores in ligno caulis ramorumve orti, breviter (1-3 cent.) racemosi bracteolati, in ramis singulis pauci, brevissime (ad 4 mill.) pedicellati ; pedicellis et inflorescentiæ ramis cum calycibus breviter ferrugineo-puberulis. Calix 5-partitus ; foliolis ovato-oblon- gis obtusis imbricatis. Petala calyce demum 8-plo longiora glabra oblonga loræfor- mia imbricata, Stamina 40 in urceolum carnosum obsolete 6-lobum basi alte con- nata ; filamentis demum tenuioribus liberis ; oppositipetalis 5 multo brevioribus ; antheris ovalis obsolele apiculatis introrsum rimosis, demum versatilibus. Garpi- dium 1 fertile urceolo staminali vix æquale ; ovario ovato puberulo 2-ovulato ; stigmate sessili capitato obsolete 2-lobo. Fructus ignotus. — Crescit in Africa tro- pica australi, ubi legerunt c]. Duparquet (n. 55), et cl, Mann, ad flum. O!d Cala- bar River (n. 2309), SUR L'HERBIER DU GABON. 237 tropicale où l’on ait rencontré de véritables espèces du genre Connarus, tel qu'il est aujourd’hui limité. Les espèces qui lui ont été rapportées et qui provenaient de la côte orientale, sont toutes pour les auteurs actuels des Ægelæa, c'est-à-dire des plantes à feuilles trifoliolées et à carpelles non stipités que le calice n’em- brasse pas étroitement par leur base, attendu que ses divisions s’écartent les unes des autres en se réfléchissant par leur sommet, Comme il y a des Connarus véritables à feuilles trifoliolées et comme on trouve en même temps des calices embrassants et des calices plus où moins écartés du carpelle parmi les Rourea et les Byrsocarpus, 11 n’est pas certain qu’on puisse toujours maintenir séparés l’un de l’autre le genre Connarus et le genre 4gelæa; miais pour le moment celte séparation peut être acceptée, puisque la distinction des deux groupes génériques est possible dans la pratique. M. Planchon admet, dans son travail sur les Connara- cées (Linnœæa, XXIIT, 437), trois espèces du genre Agelæa : une espèce occidentale, qui est le Connarus pinnatus de Lamarck; et deux espèces occidentales, dont nous dirons d’abord quelques mots, les À. nitida Soz. et villosa Sox. L’Agelæa villosa Sor. (Omphalobium villosum DC., Prodr.. IT, 86; — O. nervosum G. Dow, Gen. Syst., Il, 90; — Spon- dioides villosa Sueara., herb.) devrait être à la rigueur appelé A. trifolia, puisque c’est le Cnestis trifolia de Lamarck ; mais ce nom spécifique pourrait devenir un sujet de confusion, parce que les Agelæa sont presque constamment pourvus de feuilles trifo- liolées. M. Duparquet (n. 51) a rapporté du Gabon une forme particulière de cette espèce dans laquelle les bractées florales sont plus courtes et plus obtuses que dans le type, en même temps que le duvet qui recouvre les jeunes rameaux, les pétioles, ete., est plus long. Les sépales et les pétales sont fortement imbriqués dans le jeune âge. Les étamines sont certainement monadelphes à la base ; et les anthères, introrses dans le bouton, deviennent oscil- lantes après l'anthèse. Cette espèce a été récoltée autrefois à Sierra-Leone par Afzel et par Smeathmann (herb. Thouin, nune 238 ÉTUDES Juss.). Heudelot (n. 730) l’a retrouvée en Sénégambie, sur les bords du rio Nunez. C’est, d’après lui, un arbuste sous-sarmen- teux qui porte des fleurs jaunâtres en janvier ; il a été également rapporté par M. Mann (n. 794) des bords de la rivière Bagroo. L'Agelæa nitida Sos. doit prendre le nom d’4. obliqua, si c’est la même plante que le Cnestis obliqua de Palisot de Beauvois, comme l’admet avec doute M. Planchon (Linnœæa, XXII, 437) ; opinion qui nous a paru confirmée par l'examen de l'échantillon type de la Flore d'Oware et de Benin (1, 95, t. 59). Dans ce der- nier, les folioles sont un peu plus allongées et plus ovales que dans les échantillons d’autres provenances que nous avons sous les yeux ; tout le reste parait d’ailleurs semblable, En négli- geant ces légères variations et l'épaisseur plus ou moins econsi- dérable du court duvet qui recouvre souvent la face inférieure des feuilles, on peut, je pense, réunir dans une seule espèce les plantes recueillies à Sierra-Leone par Afzel, à Cape-Coast par Brass (herb. Kew) et à Oware par Palisot de Beauvois. On rappor- tera encore à cette espèce l’échantillon de l'expédition du Niger (n. 2164), et les rameaux à inflorescences plus compactes qu'Heu- delot (n. 894) a cueillis en 1837, dans la Sénégambie, sur la rive droite de la partie inférieure du rio Pongos. Si l'épaisseur variable du duvet qui recouvre les folioles, et la forme même de celles-ci, relient graduellement celte espèce à la précédente, il n’en est plus de mème du port de la plante ; car Heudelot nous apprend que A4. obliqua est un arbuste élevé de 2 mètres, à tiges droites en baguettes. Ses fleurs, d’un blanc sale, paraissent en mai, M. Duparquet a rapporté du Gabon (n. 52) la même forme de cette espèce que celle de la collecuon d'Heudelot, mais dans un état fort peu avancé. Les sépales s'y montrent en préfloraison très-nettement imbriquée. La troisième espèce connue du genre 4gelæa, savoir l'A. La- marckii PL. (Connarus pinnatus Laux.; — Omphalobium pentagy- num DC.), est une plante qui parait se rencontrer communément à Madagascar, et qui abonde dans la plupart des collections de ce SUR L'HERBIER DU GABON. 239 pays (Commerson, Chapelier, Richard (n. 212), Bernier (n. 235), Bréon (n. 14), Boivin (n. 1887, 2194), Pervillé (n. 234). Les indigènes. l’appellent, d’après Chapelier, Céfan-mahinetisme, et, d’après Bernier, Soandrou. C’est, dit-on, un astringent puissant et dont l’abus produit des dysenteries très-intenses ; c’est encore un antiblennorrhagique très-usité qui se prend en tisane ; mais la plume se refuse à transcrire la note très-singulière jointe, dans l’herbier du Muséum, aux échantillons de Bernier, et relative à l'emploi que les nègres de Sainte-Marie font de l’infusion de l’A ge- lœa. Pervillé, qui à vu cette plante en fleur à Nossi-bé, nous apprend que ses corolles blanches ont une odeur de lilas, que ses fruits rouges rappellent ceux du Lätchi, et que c’est un arbrisseau de six à huit pieds de hauteur. Boivin l’a récolté en abondance au Loucoubé, sur les crêtes du plateau de Hellville, et à Suinte- Marie, sur les hauteurs d’Amboudifolathre. HN l’a retrouvé à Mau- rice, en 1857, dans les bois du quartier du Grand-Port ; et c’est là sans doute que Bojer l’a également observé, car c’est cette même espèce qu'il a confondue, sous le nom de Cnestis obliqua, avec celle qu’a décrite Palisot de Beauvois, et qui en est en effet extrêmement voisine par tous les traits de son organisation. L’es- pèce de l’Afrique orientale est d’ailleurs essentiellement polymor- phe. La forme de ses folioles est variable, mais surtout l’état des surfaces de leur limbe, de leurs nervures, des pétioles et des pé- üolules. Toutes ces parties peuvent être à peu près glabres ; dans leur jeune âge cependant un duvet ferrugineux épais peut recou- vrir les rameaux et la face inférieure des pétioles : c’est ce qu’on remarque surtout dans une variété recueillie par Chapelier (n. 46). Le pétiole et les pétioluies sont souvent noirâtres et à duvet caduc ferrugineux. Dans la forme que nous avions autrefois nommée, dans l’herbier du Muséum, À. emetica, le duvet des pétioles et des pétiolules est fauve, très-serré ; les pétioles sont plus courts, et les folioles ovales sont plus manifestement trinerves à la base, avec un réseau de nervures gaufré et plus saillant sur la face in- férieure terne et rugueuse des folioles ; mais 1l y a tous les inter- 246 ÉTUDES médiaires entre le type de l'espèce et cette forme que nous n’en pouvons plus séparer. Cette dernière a été recueillie par Boivin à Nossi-bé, et par Bernier (2° env., n. 234) à Madagascar, où elle s'appelle vulgairement f’ahé-maïinti et où ses feuilles sont, dit-on, employées comme émétiques. La plus belle espèce du genre est, sans contredit, jusqu'ici, celle que nous proposons d'appeler Agelæa Thouarsiana (1), et qui se trouve en assez mauvais état dans l’herbier de Du Petit- Thouars, avec le nom de « Cnestis foliis trifoliatis tomentosis lalis ». Ses rameaux, ses pétioles et les axes de ses inflorescences sont cylindriques et chargés d’un épais duvet velouté de couleur de rouille. Ses feuilles sont trifoliolées, avec une foliole médiane longue de 17 centimètres et large de 11 centimètres, elliptique et arrondie à la base, avec un sommet brièvement acuminé. Les folioles latérales sont un peu plus petites et fort insymétri- ques à la base. Toutes sont glabres, lisses et luisantes en dessus, penninerves ettrinerves à la base, avec des veines anastomotiques presque transversales, Toutes les nervures sont fortement proémi- nentes à la face inférieure, qui est entièrement tapissée d’une épaisse couche veloutée de couleur de rouille. La tribu des Cnestidées où Connaracées à calice valvaire n’est représentée dans l’Afrique tropicale que par deux genres : les Cnestis et les Manotes. Le premier est principalement caractérisé par ses carpelles sessiles, la surface interne de son péricarpe, et (1) AGELÆA THOUARSIANA, spec, nov. Rami teretes, petioli, inflorescentiæ rami et foliorum pagina inferior tomento denso velutino ferrugineo obsiti. Petioli teretes, basi paulo incrassati (14 cent. longi). Folia trifoliolata ; foliolis breviter (4, 2 mill.) petiolulatis, basi articulatis ; limbis ellipticis, basi rotundatis, apice breviter acu- minatis, integerrimis subcoriaceis penniner viis, basi trinerviis, transverse venosis ; costa, nervis venisque subtus valde prominulis, uti pagina tota inferna dense ve- lutinis ; pagina superiore glaberrima lucida Jævi ; limbo terminali basi æquali-ro- tundato ; lateralibus autem basi valde insymetrica inæqualibus. Racemi compositi, ut videtur multiflori; ramulis gracilibus longitudine striatis. Calyx crassiusculus ; foliolis inæqualibus ferrugineo-velutinis valde imbricatis. Petala (juniora) oblonga, basi crassiuscula. Stamina alterne longiora; antheris in alabastro erectis cordato- sagiltatis apiculatis. Carpella 5 hirsuta, — Crescit in Malacassia (?), ubi legit Du Petit-Thouars (herb. !). SUR L'HERBIER DU GABON. 91 souvent, mais non constamment, comme nous le verrons, par la brièveté relative de la corolle. Il est représenté, dans l’herbier du Gabon, par les C. corniculata Lawk, ferruginea D. C., et par une espèce nouvelle, remarquable par la taille de ses fleurs, et que nous nommons €. macrantha. L'Oboqui des Gabonais est le Cnests corniculata Lamk (Dict., Il, 33), qui est nommé dans l’herbier de Solander Agelæa pru- riens, et dans celui de Smeathmann Spondioides pruriens. Vogel paraît avoir observé au Grand-Bassan (F{. Niger, 290) cette espèce que Smeathmann a le premier rapportée de Sierra-Leone (herb. Thouin, nune Juss.). M. Griffon du Bellay (n. 319) l’a reçue d'Ozingé où elle prend la forme d’une « plante sous-frutes- cente, à gousses rouges d’abord veloutées, puis épineuses ». Les caractères extérieurs paraissent très-variables ; car c’est, au Grand- Bassan, « frulex arborescens, » d’après Vogel. Heudelot (n. 650) constate que, dans les lieux humides et ombragés du Fouta- Dhiüallon, c’est un arbuste sarmenteux, de 6 mètres et plus, qui donne des fruits en décembre. Ailleurs, sur les bords de la Casa- mance et du Rio-Nunez (n. 652), ce n’est plus qu’un « arbuste buissonneux, haut de 2 mètres seulement, et qui se couvre de fleurs en décembre et en janvier ». Les corolles sont blanches ; mais elles présentent un caractère qui n’est pas en rapport avec celui qu'on attribue au genre Cneshs. Les pétales s’allongent en languettes étroites qui dépassent plus ou moins le calice, et il est probable que cet accroissement ne fait que se prononcer davantage pendant la maturation des carpelles autour desquels persistent et le périanthe et les filets indurés des étamines. Heudelot rapporte (n. 69) qu’il a rencontré le Cnestis ferruginea D. C., en 1855, « au bord d’un ravin profond, dans un fourré de bois presque impénétrable, près du village de Darenka ». 1] ajoute que c’est un arbuste de six à huit pieds, à tiges de trois lignes de diamètre et rarement ramifiées, garnies, ainsi que les feuilles, de poils veloutés qui ont la couleur du safran. Le fruit qui mürit en juin est un peu plus gros qu'une amande, rouge cramoisi et ve- VII 16 212 ÉTUDES louté. La graine renferme une amande qui a un goût de noisette. L'arbuste est rare en cet endroit ; mais Heudelot l’a retrouvé très- abondamment, deux ans après (n. 660), sur les bords du Rio- Nunez, où il était couvert, en novembre et en décembre, de nom- breuses fleurs jaunâtres. Afzel, Don, Smith, ont anciennement fait connaître cette espèce comme originaire de Sierra-Leone. Schu- macher et Thünning l’ont eue sous les yeux, sans que nous sachions sous quel nom ils l’ont décrite; mais elle se trouve dans l’herbier de A. L. de Jussieu auquel elle avait été envoyée par Vahl. M. Griffon du Bellay l’a retrouvée (n. 190) dans le voisinage même de notre comptoir du Gabon, et elle fait aussi partie des collections de M. Mann. Notre Cnestis macrantha (1), qui se distingue tout d’abord des espèces précédentes par les dimensions de sa fleur, large d’un centimètre et plus, lorsqu'elle est entièrement épanouie, ne nous était qu'incomplétement connu par des fragments provenant de l'herbier de M. Duparquet (n. 53); mais nous avons pu l'étudier d’une manière plus satisfaisante sur un échantillon des collections de M. G. Mann. Un duvet épais, et de couleur fauve ou rouillée, recouvre toutes ses branches, ses pétioles, les axes de son inflo- rescence, et surtout le gros bourgeon qui termine ses rameaux. Les folioles, au nombre d’une trentaine, y sont oblongues, arron- (1) CNESTIS MACRANTHA, spec. nov. Rami teretes petiolique et foliorum rachis dense hirsuto v. subhirtello-fulvidi pallideve ferruginei. Folia pinnata ; foliolis ad 30 vix petiolulatis articulatis oblongis (4 cent. longis, 4 cent, latis), basi inæquali- rotundatis ; apice rotundo; integris membranaceis, supra dense virescentibus ; subtus pallidis ; costa venisque breviter hirsutis, subtus prominulis. Gemmæ axilla- res terminalesque dense hirsuti. Flores racemosi ; racemis axillaribus folio subæqua- libus simplicibus rectis hirsulis ; floribus alternis 2-bracteolatis ; pedicello hirsuto, basi articulato (1/2 cent. longo). Calyx pro genere magnus (sub anthesi 4 1/4 cent. latus) ; foliolis vix basi coalitis oblongis intus canaliculatis, apice rotundatis, rufes- centi-tomentosis. Petala calyce 2, 3-plo breviora obovato-cordata, apice emarginata bilobave membranacea glaberrima imbricata. Stamina 10 alterne longiora ; fila- mentis ima basi in cupulam brevem connatis ; antheris longitudine paulo latioribus orbicularibus, intus rimosis. Carpella 5 oppositipetala ; ovario hirsuto 2-ovulato ; stylis gracilibus erectis calyce subæqualibus capitellatis. Fruclus ignotus, — Crescit in Africa tropica occidentali, ubi legerunt cl. Duparquet (n. 53), et cl. G. Mann, anno 1863 (n. 2255). SUR L'HERBIER DU GABON. 2h38 dies aux deux extrémités el insymétriques à la base. Les fleurs sont articulées et se détachent facilement. La corolle apparaît avec son caractère ordinaire de brièveté, et ses pétales sont obovales ou cordiformes, à sommet obtus, plus ou moins profondément échancré. Les espèces de la côte orientale sont presque toutes connues depuis longtemps. Jussieu les à étudiées sur de nombreux échan- tillons autrefois rapportés par Commerson des îles orientales d’A- frique. La plus commune dans ces contrées est le Cnestis glabra Lamk, vulgairement Gratellier on Pois à gratter de Bourbon, « grosse liane, dit Commerson, qui fleurissait à là fin de septem- bre 1771. » C'est le Sarmienta cauliflora du Flora mauritiana de Sieber (II, n. 285), espèce très-variable, qui croit non-seulement à Bourbon (Richard, n. 58; Boivin, n. 1410) et à Maurice (Com- merson, n. 599; Boivin, n. 1562; Du Petit-Thouars), mais encore à Madagascar (Bréon, n. 51 ; Boivin, n. 1888). Le C. polyphylla de Lamarck passait pour une espèce bien plus rare. A.-L. de Jussieu n’en connaissait qu’un seul échantillon autrefois récolté par Commerson à Madagascar. La plante n’a en- core été observée que dans ce pays où elle se présente souvent avec des feuilles dont le parenchyme fait saillie dans l'intervalle des nervures (var. bullala). Les fleurs ont, comme celles du C. corniculata, des pétales atténués à la base et qui deviennent plus longs que le calice. L'insertion du périanthe y est quelquefois légèrement périgyne ; ce qui revient à dire que le réceptale devient plus ou moins cupuliforme. Du Petit-Thouars, Richard (n. 1), de Lastelle et Boivin (n. 1889) ont retrouvé cette plante à Madagascar. Le dernier de ces voyageurs l'ayant observée en fleurs et en fruits, en 1848 et 1851, sur les hauteurs d’Amboudifotathre, à Sainte- Marie, à vu que ses graines ont un embryon charnu et sont dé- pourvues d’arille. A ces espèces nous en joindrons une autre que Boivin a seul rencontrée jusqu'ici, en 1851, à Nossi-bé, sur le Loucoubé, et qu’en l'absence de fleurs on pourrait tout aussi bien rapporter au 2h ÉTUDES senre Rourea dont elle présente le feuillage, mais dont les fruits sont bien ceux d’un Cnestis. Ce sera notre C. lurida (1), nom spécifique justifié par la coloration particulière des feuilles qui sont composées de sept à quinze folioles elliptiques ou presque ovales, arrondies aux deux extrémités et très-légèrement duve- teuses. Les Manotes ne sont pas très-différents des Cneshis. On les en distingue : 1° par l'existence d’un pied commun qui, dans la fleur, supporte l’androcée et le gynécée ; 2° par la présence d’un sup- port rétréei à la base de chaque carpelle mür; 3° par l’absence de poils à l’intérieur de l'espèce de noyau que forme la couche pro- fonde du péricarpe. Tous ces caractères se retrouvent dans une plante que MM. Duparquet (n. 54) et Griffon du Bellay (n. 255, 259, 292) ont recueillie en abondance au Gabon et dont les feuilles ont chacune de neuf à onze folioles ovales-lancéolées. Les inflo- rescences sont terminales et presque toute la plante est chargée d’un court duvet fauve. Nous décrivons cette plante sous le nom de M. Griffoniana (2), mais nous n’affirmons pas qu’elle consti- (1) GNesris ? LuRIDA, spec. nov. Rami lignosi teretes; cortice nigrescente lenti- cellis crebris minutis albidis notato ; ramalis novellis gemmisque terminalibus pu- berulis. Folia, petiolo basi vix incrassata gracili puberulo pallide ferrugineo ; fo- liolis 7-15 plerumque suboppositis ; petiolulo brevissimo (£ mill.) puberulo ; limbo elliptico v. subovato, basi simul et apice rotundato (2-4 cent. longo, 1-1 1/2 cent. lato) integerrimo membranaceo penninervio tenuiter venoso, supra glabro pallide virescenti, subtus opaco lurido pallide subpurpurascenti ; costa subtus prominula ferruginea. Flores (ignoti) in ligno præteriti anni orti. Fructus pauci peduneulo lignoso villosulo (4 cent. longo) stipitati ; calycis persistentis lobis oblongo-lanceola- tis reflexis ; carpellis 4, 2 fertilibus, obovato-arcuatis ferrugineo-velutinis, intus concavis, apice obtusiusculis, basi sensim angustatis sessilibus. — Crescit in Nossi- bé sylva Loucoubé, ubi Boivin legit, anno 1851, decembr. fructiferum fo. s. in herb. Mus. par.). (2) MANOTES GRIFFONIANA, spec. nov. ? Arbor ligno duriusculo ; ramis ramulis- que teretibus ferrugineo-velutinis. Folia plerumque 9-11-foliolata ; petiolo basi repente incrassato tereti velutino ; foliolis brevissime (circ. 1/2 mill.) petiolulatis, ovalo-lanceolatis (5-8 cent. longis, 2, 5 cent. latis), basi rotundatis v. breviter cu- neatis, ad apicem acuminatis ; summo apice plerumque obtusiusculo ; integerrimis tenuissime ciliolatis, supra parce, subtus ditius ferrugineo v. fulvido-velutinis pen- ninerviis, Flores racemoso-cymosi ; racemis Jaxe ramosis; ramis inflorescentiæ secundariis alterne in axilla bracteæ persistentis dispositis, Calyx valvatus, Petala SUR L'HERBIER DU GABON. 25 tue une bonne espèce, ear il ne serait pas impossible qu'elle füt une simple forme du 47. expansa de Solander, dont nous ne con- naissons pas d’exemplaire authentique. Nous avons pu étudier dans cette plante le fruit et la graine en- core mal connus du genre A/anotes. Le nombre des carpelles qui atteignent la maturité n’est pas constamment le même, comme l'admet M. Planchon (Linnœæa, XXE, 4358) : « folliculus abortu solitarius »; car, dans la plante du Gabon, ce nombre est très- souvent de trois et s'élève même à quatre ou cinq. Portés d’abord par un pied commun épais, trapu et ligneux, les follicules diver- gent à la façon des branches d’une étoile, et leur support étroit et cylindrique s'incline à peu près à angle droit sur la courte colonne centrale commune. Chacun d'eux a la forme d’une poire ou d’une courte massue, est couvert en dehors d’un duvet velouté qui est rougeâtre à l’état frais, et s'ouvre suivant l'angle interne par une fente longitudinale. Le péricarpe devient en réalité drupacé; mais son mésocarpe à fort peu d'épaisseur ; cette couche se sépare d’ail- leurs, à l’époque de la déhiscence, de l’endocarpe qui est solide, ligneux, de couleur blanchâtre. De plus l’endocarpe s'ouvre aussi suivant la longueur de son angle interne. Mais il est un peu moins étendu en surface que les couches plus intérieures du péricarpe, et il peut persister autour de la graine, alors que le mésocarpe et l’épicarpe l'ont quittée. C’est cette couche ligneusce que M. Plan- linearia exserta caducissima. Stamina carpellaque summo stipite cylindrico obco- nicove erecto inserta ; antheris 10 introrsum rimosis demum versatilibus. Carpella 5 libera ; ovario 2-ovulato ; stylis divaricatis capitatis. Fructus maturus, stipite communi brevi lignoso ; carpellis 1-5 patentibus reflexis piriformibus velutinis, basi longe attenuata stipitellatis, intus secundum sulcum longitudinale dehiscen- tibus ; epicarpio velutino cum mesocarpio tenui suberoso ab endocarpio breviori secedente ; endocarpio lignoso utrinque glabro et intus longitudine dehiscente. Semen erectum orthotropum, jure exarillatum; integumento externo carnosulo, apice obtusiuscule apiculato; albumine copioso corneo (albido); embryone oblongo (læte virescenti) ; radicula brevi supera ovoidea ; cotyledonibus oblongis tenuibus membranaceis. — Crescit in Africa tropica occidentali, Legerunt cl. Duparquet, in Gabonia (n. 54), et cl. Griffon du Bellay, ad Denys, Pyrat, Kerellé, et in aliis locis humidis (n. 255, 259, 299), olim in Congo Ch. Smith, et nuperrime, ad Bonny-River, cl. Mann (n. 508). L 246 ÉTUDES chon a prise pour Parille ; c’est elle qui s’atténue inférieurement en une pointe ligneuse formant le centre du pied de chaque folli- cule. Ceci revient à dire que le péricarpe est devenu ligneux dans ses couches profondes, aussi bien dans sa portion dilatée et creuse que dans sa portion pétiolaire atténuée ; et c’est l'axe de ce pied que M. Planchon a encore confondu avec le cordon séminal : «basi cum funiculo gracili continuus ». La graine du Manotes est réellement sessile ; et son point d'attache ne se trouve point dans cette portion basilaire; car, par suite de développements inégaux dans les diverses régions de la graine, le hile se trouve, à la ma- turité, reporté un peu plus haut. Quant au micropyle, il est placé, dans la graine comme dans l’ovule, tout à fait à l'extrémité supé- rieure. Si donc le prétendu arille des Manotes n’est que leur endoca rpe, y a-t-il dans leurs graines un autre organe qui représentée une production arilläire? Oui et non, suivant la valeur qu'on donne à ce mot arille et suivant qu’on admet où qu’on rejette la eonfu sion qu'ont apportée dans cette question certains travaux modernes trop généralement acceptés sans contrôle. Les Connaracées sont sans contrédit une des familles végétales dont l'étude jette le plus de jour sur la valeur morphologique des formations arillaires ; et nous ne pouvons terminer sans emprunter au travail spécial que nous préparons dépuis longtemps sur cette question un résumé des résultats auquel nous a conduit l’examen de l’arille de “es plantes. On dit de la graine des Cnestis, dans la plupart des traités ré cents, qu’elle est dépourvue d’arille, « semen exarillatum ». On pourrait dire la même chose de celle des Manotes, puisque l’arille que leur attribue M. Planchon doit être rapporté à une portion du péricarpe. Qu'observe-t-on à la surface de ces graines ? Un té- gument extérieur, beaucoup moins résistant que celui dont il est doublé ; tégument extérieur dont les cellules ont pris peu d’épais- seur et ne renferment que peu de dépôts intérieurs. Supposons qu'au contraire chacune de ces cellules prenne un plus grand SUR L'HERBIER DU GABON. 2h17 accroissement, que son contenu soit plus considérable, et qu’au- cune d’elles n’échappe à une sorte d’hypertrophie dont on peut suivre pas à pas tous les degrés, on aura toutes les transitions pos- sibles entre cette membrane mince qui recouvre la graine des Cnestis, et l'enveloppe uniformément épaisse et charnue qui se voit à l'extérieur des graines des Oxalis, des Magnolia, etc., et à laquelle Linné avait affecté le nom d’arille. Supposons maintenant que cette hypertrophie extrême du tissu cellulaire, au lieu de se produire dans toute l’étendue du tégument superficiel de la graine, n’ait lieu que dans la moitié inférieure, on aura alors une de êes Connaracées dans lesquelles les botanistes disent que « l’arille est adné au testa jusqu’au milieu de la hauteur de la graine ». Aïlleurs l’épaississement s’étendra plus haut; ailleurs encore il ne s’élèvera pas à cette hauteur, et il pourra même de- meurer borné au voisinage de la base de la graine, comme il arrive dans quelques Cnestis, tels que le C. glabra Lam, dont on ne saurait dire que la graine est totalement dépourvue d’arille. Mais on ne doit pas croire qu'il s’agisse iei d'un e sorte de sac ou d’enveloppe surajoutée, qui, née du pourtour du hile, viendrait envelopper jusqu’à une hauteur variable une graine d’ailleurs re- présentée par toutes ses parties constituantes. Comment mainte- nant expliquer que certains arilles sont totalement adnés à la graine, et inséparables d’elle dans toute leur étendue, tandis que d’autres ont un bord libre plus ou moins découpé ou frangé? Tou- Jours par un inégal accroissement d’un certain nombré de cellules. Tantôt les cellules du bord supérieur de l’épaississement arillaire ne grandissent pas plus que celles de sa portion inférieure ; elles proéminent alors très-peu à la surface de la graine; tantôt, au contraire, ces cellules du bord supérieur tendent à s’allonger inégalement, comme si elles allaient former des poils; rien ne s'oppose en haut à cet accroissement d’où résultent des découpures d’une profondeur variable. Il y a plus encore : on a décrit des Connaracées dont l’arille est incomplet et présente d’un côté une sorte de fénte plus ou moins large. Quelle est l’origine de cette 248 DES MUCILAGES. disposition ? C'est simplement que les cellules de la base, qui s’hy- pertrophient pour former l’arille, ne l'ont pas fait sur tout le pour- tour de la graine, et qu'il y a une bandelette verticale, plus ou moins large, suivant laquelle cet épaississement n’a pas eu lieu et où le tégument extérieur a conservé sa minceur primitive, DES MUCILAGES CHEZ LES MALVACÉES, LE TILLEUL, LES STERCULIACÉES, LES CACTÉES ET LES ORCHIDÉES INDIGÈNES, Par M. Auguste TRÉCUL (1), Membre de l’Académie des sciences, En 1851, M. Kützing annonça que les membranes de cellulose peuvent se transformer en gomme. Après quelques indications de ce savant et de M. Unger, M. Mohl démontra cette métamor- phose dans les cellules de la moelle et des rayons médullaires de certains Astragalus. La même année, 1857, M. H. Karsten prétendit que toutes les gommes, tous les mucilages, proviennent d'une telle transformation des membranes de cellulose. En 1860 et 1862, je cherchai à prouver que la gomme de nos Amygdalées et deux autres substances intermédiaires entre celle-ci et la cellu- lose résultent non-seulement d’une modification de la cellulose, mais aussi d'une sécrétion des cellules. Aujourd’hui, j'ai pour but prineipal de montrer que les matières mucilagineuses ne sont pas toujours le produit d’une altération des membranes cellulaires ou de lamidon, mais qu’elles sont souvent un élément physiologique comme la cellulose et l’amidon ; qu’elles constituent même des cellules spéciales qui ont leur végétation particulière, qui forment des couches concentriques comme je l'ai indiqué pour la cellulose dans ma dernière communication. Il y a aussi parfois dans ces cellules de mucilage procréation de cellules filles qui ont leur stra- (1) Lu à la Société philomathique, dans sa séance de rentrée (1562). DES MUCILAGES. 249 tification propre. Il est vrai que toutes ces cellules sont plus tard liquéfiées et employées sans doute à la nutrition de la plante. De telles cellules sont offertes surtout par un grand nombre d’espèces appartenant aux familles des Tiliacées, des Malvacées, des Ster- culiacées, etc. IL est fort singulier que ces utricules aient été aussi peu étudiées par les botanistes. Suivant Meyen, le mucilage des Malvacées, du Tilleul et des Cactées est contenu dans des canaux formés par l'élargissement des méats intercellulaires (Secretion's-Organe, p. 23). M. Unger ne désigne que la racine de l’Althœæa, dans laquelle le mucilage n’existerait que comme contenudes cellules. M. Schleiden dit seulement que, d'après Mulder, les analyses du Carragheen, du mucilage de semence de Coing, de celui de l’Althœæa et de la gomme adragant varient trop pour se laisser se rappor- ter à une même formule. M. Kützing envisage surtout les cellules mucilagineuses de l’Althœa au point de vue chimique. Il considère leur mucilage et celui des semences de coing, de Lin, de P/an- tago Psyllium, du tubercule des Orchis, etc., comme composé de cellulose. Jusqu'à présent le mucilage de la semence de comg m'a seul donné la couleur bleue à l'aide de l’iode et de l'acide sulfurique. — MM. Mohl, Schacht et Naegeli ne nomment même pas l’Althœa où quelque autre Malvacée. Dans son mémoire inti- tulé : Ueber das Vorkommen und die Entstehung einiger Pflan- zenschleim, M. Naegeli dit que la gomme du Cerisier et la gomme adragant sont des produits de sécrétion, et que les autres muci- lages, tels que ceux de Coing, de Lin, des semences mucilagimeu- ses en général, celui des Cactées, du Salep et de beaucoup de racines, se présentent comme des couches d’épaississement des cellules. — 11 y à là au moins une erreur, car la gomme adragant et une partie de la gomme du Cerisier résultent certainement d’une métamorphose des membranes de cellulose. Et puis la ma- nière dont les couches sont produites n’est que très-vaguement indiquée par M. Naegeli, dans le seul exemple qu’il en donne, la semence du Lin. II dit en effet que l’amidon des cellules de Pépi- 250 DES MUCILAGES. derme est d’abord résorbé, que plus tard celui des autres cellules l’est à son tour, que cet amidon est changé d’une part en mucilage qui s’accumule dans les cellules épidermiques et les épaissit, d'autre part en huile qui remplit ultérieurement les cellules de l’endosperme. — Il me semble au moins téméraire, surtout quand - on parle d’un phénomène comme celui de la formation des cou- ches d’épaississement des cellules, de donner comme un fait le partage chimiquement impossible de l’amidon en huile et en mu- cilage. (M. Naegeli, étant un chimiste exercé, n’a pu que se laisser entrainer à une exagération dans l’expression.) J'ai eu l’occasion d'observer la liquéfaction des grains d'amidon des cellules épider- miques de la semence du Lin ; j'en ai même pris plusieurs dessins ; mais je n'ai pu voir le concours direct du produit de leur liqué- faction à la formation des couches d’épaississement de ces cellu- les. — Cette assertion de la transformation de l’amidon en mucilage paraissant appuyer une opinion qui veut que le mucilage des Mal- vacées provienne de l’armidon acquiert une autre importance, parce que les cellules épidermiques de la semence du Lin sont réellement pleines d’amidon avant que les couches de mucilage apparaissent; mais, comme je le dirai plus loin, dans les Mal- voïdées que j'ai pu étudier, les cellules mucilagineuses naissent avant l’amidon du parenchyme environnant. Voici quel est leur mode de végétation : Aussitôt que l’on peut distinguer ces cellules des autres, on trouve que leur plasma est de nature mucilagineuse. Dans quel- ques rares espèces (Abelmoschus palustris) le mucilage reste à l’état muqueux ; il ne se stratifie pas, bien que par l’agrandisse- ment des cellules il se répartisse autour de la cavité. Dans le Malva verticillata il se distribue à peu près de même, mais là on remarque un degré de plus : sa surface interne se délimite nette- ment par les progrès de la végétation, qui y détermine une zone brillante, qui a l’aspect d’une membrane. Chez d’autres espèces (Althœa rosea, A. armeniaca, Sida Nepeta, etc.), le plasma de mucilage, après s'être disposé autour de la cellule (qui grandit DES MUCILAGES. 251 quelquefois beaucoup, surtout en longueur), végète d’une manière fort intéressante. Il prend plus de densité, croît en épaisseur, puis, à la façon des couches de cellulose, il se partage en strates con- centriques, qui apparaissent d’abord vers la circonférence. Cependant la face interne conserve son homogénéité et continue de croître en s’avançant vers le centre de la cellule, qui se remplit souvent presque complétement. Des canaux de pores sont fré- quemment ménagés à travers ces couches d’épäississement ; ils sont surtout fort beaux dans les longues cellules du Sida Nepeta, de l’Althæa armeniaca, etc. — Les couches concentriques ainsi formées sont de deux sortes : des couches minces, denses et blan- ches alternent avec des couches assez molles pour être coagulées par l’alcool sous la forme de fines granulations blondes, caracté- ristiques des substances mucilagineuses.— Dans le T'ilia corallina, le plasma de mucilage offre deux aspects : tantôt il se répartit au - tour des cellules, et se divise ensuite en strates plus ou moins nombreuses ; tantôt il remplit toute la cavité, et produit des strates en se partageant de la circonférence au centre. Ces strates, qui ont leur végétation propre, acquièrent quelquefois une notable épaisseur. — Le Cheïrostemon platanoides est non moins digne d'intérêt. Le plasma de mucilage se répand de même au pourtour de la cavité cellulaire, puis il se divise, dans les petites cellules, en couches plus ou moins multipliées, suivant l’abond ance du dé- pôt et la vigueur de sa végétation. Au contraire, dans les cellules qui ont pris une grande extension, le mucilage, peut-être à cause de sa rareté relative, au lieu de former des strates continues et concentriques, se partage en cordons brillants, divérsément con- tournés autour de la cellule, et séparés par de la substance molle coagulable en granulations par l’alcool. Dans toutes ces plantes les cellules de mucilage sont ou isolées, ou disposées en séries plus ou moins grandes ; quelquefois deux ou plusieurs séries sont juxtaposées de manière à constituer un eroupe plus ou moins considérable, Ce sont ces cellules, tantôt courtes, tantôt longues, isolées ou groupées, qui, par la liquéfac- 252 DES -MUCILAGES. tion de toute leur substance, se changent en CANAUX gommeux À une époque plus tardive, Il est intéressant de suivre cette désor- ganisation des cellules de mucilage dans l'Althœæa rosea. Je ne cite ici cette plante en particulier que parce qu’elle est une des plus communes de nos jardins, et que les groupes ou les séries de ses cellules de mucilage sont souvent assez considérables. Quelquefois on aperçoit une sorte de relâchement dans la substance des cou- ches; celles-ci sont comme déplacées de leur position naturelle ; ailleurs une portion de certaines couches est dissoute. Ici ce sont les couches externes qui s’altèrent les premières (c'est le cas le plus fréquent); là ce sont les couches internes. Dans d’autres places quelques cellules ont disparu complétement, quand d’autres sont à peine modifiées ; à cause de cela on peut trouver des cellules in- tactes où à moitié liquéfiées au milieu d’une masse de mucilage homogène, ne présentant seulement que ces stries ou sorte de plis propres aux mucilages denses qui ont subi une traction, lesquelles stries il faut bien se garder de confondre avec les strates que je viens de décrire. Cette désorganisation des cellules de mucilage explique la con- sütution de Ja gomme de Kuteera qui, au milieu d’une masse ho- mogène amorphe, offre des cellules seulement peu altérées. Ces cellules, de dimensions diverses, semblent avoir perdu leur mem- brane externe. Elles sont formées de cordons quelquefois grêles, le plus souvent fort épais, en anneaux, en hélices, ou diversement contournés, qui ont rempli à des degrés différents la cavité cellu- laire. Is rappellent les cordons grêles que j'ai signalés plus haut dans le Cheirostemon platanoides. C’est pourquoi l'opinion de M. Guibourt, qui attribue cette gomme à un Sterculia, me paraît plus près de la vérité que celle de M. Wiggers, qui pense qu’elle coule d'un Acacia, I est vrai toutefois que les Sterculia guineen- sis eL Mmonosperma que j'ai examinés ne présentent, dans les lar- ges canaux des rameaux déjà âgés, qu'un mucilage homogène ; ce qui est peut-être dû au peu d’activité de la végétation de ces plantes dans nos cultures. La) DES MUCILAGES. 299 Tous les canaux mucilagineux n’ont pas une origine semblable à celle des canaux à mucilage des Malvacées, du Tilleul, des Ster- culiacées. Ceux des Cycadées, par exemple, sont produits autre- ment. Voici leur développement d’après ce qui se passe dans le Cycas revoluta. Dans le rachis d’une jeune feuille longue d’un centimètre et demi, ces canaux n’existaient pas encore ; mais à la place que chacun d’eux devait occuper était un faisceau de cellu- les plus claires que les autres utricules du parenchyme. Elles contenaient comme celles-ci des granulations et un nucléus. Un peu plus tard ces cellules jaunissent; les fines granulations s’y multiplient, tandis que celles des cellules du parenchyme envi- ronnant deviennent des grains d’amidon. Vers cette époque, un petit méat, de forme et de largeur variables à des hauteurs diverses, se montre au milieu du faisceau de cellules jaune pâle. Il s’élargit peu à peu, et les cellules jaunes, d’abord un peu confusément disposées, se rangent autour de lui; celles-ci cessent alors de croître, autant du moins que celles du parenchyme, qui conti- nuent de s'étendre. Déjà longtemps avant cette époque, le méat contenait du mucilage, dont l'alcool accusait la présence. Dans les Cycas circinalis, Zamia horrida, Z. spiralis, Z. montana, Z. concinna, Encephalartos Allensteinii, les petites cellules qui bordent le canal mucilagineux restent à parois minces ; dans le Cycas revoluta, au contraire, ces cellules s’épaississent, surtout du côté du canal. Là elles produisent une vraie cuticule avec des couches sous-cuticulaires plus ou moins épaisses. Toutefois cette cuticule et les couches sous-cuticulaires les plus externes, au moins dans un âge avancé, se détruisent au contact de l’eau, en se gonflant comme du mucilage. Jai quelquefois vu bleuir, au contact de l’iode et de l’acide sulfurique, les couches restées in tactes, avant qu'aucune des cellules du parenchyme ait pris la teinte bleue. A ce que j'ai dit plus haut des cellules mucilagineuses des Mal- vacées, du Filleul, ete., ne se borne pas tout ce que ces curieuses cellules présentent de remarquable. Dans le Tihia corallina j'ai 251 DES MUCILAGES. observé une autre manifestation de la vie dans le mucilage, fort importante à constater. C’est que, au milieu du mucilage liquide, il naît dans certaines cellules, assez rares dureste, un, deux, trois, quatre nucléus d’abord homogènes, dans lesquels se montre bien- jôt une pelite cavité centrale, qui grandit à mesure que ces nueléus ou jeunes cellules mucilagineuses s’accroissent. Dans quelques- unes des plus grandes la membrane était restée mince ; dans d’autres elle avait été doublée de plusieurs couches concentriques par le plasma de mueilage, qui s’y comporte comme celui de la cellule mère. Les cellules mucilagineuses des Cactées, qui offrent également une fort belle stratification se développant aussi de la circonfé- rence au centre, mais dont je n’ai pas vu l’origine, contiennent aussi quelquefois de telles cellules secondaires (Phyllocactus guya- nensis, Cereus triangularis), Mais ici elles ont une position fort singulière. Ces jeunes cellules ne se développent pas dans le li- quide central de la cellule mère, comme celles du T'ilia corallina ; elles naissent entre les couches concentriques de l’épaississement. J'en ai compté jusqu'à onze à divers degrés d'évolution dans une même cellule du Phyllocactus quyanensis. Les unes ne formaient qu'un simple nueléus homogène ; les autres étaient pourvues de plusieurs couches concentriques, qui les remplissaient compléte- ment. Quelques-unes avaient quatre et cinq centièmes de milli- mètre de diamètre, c’est-à-dire la dimension d'assez grandes cel- lules. Comme conclusion de ce qui précède, je ferai remarquer que dans les Malvacées, le Tilleul, les Stereuliacées et les Cactées que j'ai examinés, et probablement dans toutes les plantes du grand oroupe des Malvoïdées, qui contiennent du mucilage, celui-ci ne résulte pas d’une métamorphose des membranes de cellulose, ainsi que cela devrait avoir lieu suivant lopinion de M. H. Karsten, Ce mucilage des Malvacées, ete., n’est pas non plus produit par l'ami- don, attendu que j'ai souvent observé que ee dernier n'apparait qu'après les cellules mucilagineuses (Althœæa rosea, Sparmannia SUR LE TOMBEA DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 255 africana, Tilia corallina, Dombeya acutangula, Bombax parvi- flora, ete. Dans l’Abelmoschus palustris, je n’ai même pas du tout aperçu d’amidon). C’est à tort aussi que l’on a prétendu que dans les Orchidées indigènes le mucilage se transforme en amidon. Jai reconnu que dans les tubercules du Platanthera chlorantha, les granules amyla- cés se monirent au contraire les premiers, et que les deux sub- stances, renfermées dans des cellules distinctes, se développent ensuite simultanément. Le mucilage, qui est contenu dans des cellules beaucoup plus grandes que celles qui enserrent Pamidon, se dispose au pourtour de la cellule, comme dans les cas cités plus haut, en couche souvent inégale. Il s’épaissit, devient plus dense, et croit en s’avançant peu à peu vers le centre de la cellule, qu'il finit fréquemment par remplir tout à fait. La couche de mu- cilage s'accroît par une végétation propre, car elle est de bonne heure nettement limitée vers le centre de l’utricule, et présente là plus de densité que dans ses parties plus externes, comme cela s’observe dans les cellules du Sida Nepeta, de l’Althœæa arme- niaca, ele., aussi v résiste-t-elle davantage à l’action de l'alcool, tant que la végétation continue. Ce liquide fait apparaître des pe- tites ponctuations, au contraire, dans les parties où l’activité vitale n’est plus aussi grande ; mais il n’v manifeste pas deux substances en strates alternantes, comme celles que j'ai indiquées dans les cellules de plantes citées précédemment. SUR LE TOMBEA DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE (1). MM. Brongniart et Gris (2) s'expriment ainsi qu’il suit au sujet de cette plante intéressante : « À la suite d'observations déjà an- ciennes, nous lui avions donné le nom de Tombea qui lui est (4) Bullet. de la Soc. bot. de Fr., XI, 69; Ann. sc. nat., sér. 5, [, 862. (2) Lu à la Société Linnéenne de Paris, dans la séance du 11 mai 1867. 256 SUR LE TOMBEA DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. appliqué par les Néo-Calédoniens, et sous lequel celte plante nous a été envoyée par M. Pancher. Mais l'examen d’un mémoire récemment publié sur la flore de l'ile d’Art, voisine de la Nou- velle-Calédonie, nous a conduits à reconnaitre que cette plante devait appartenir au genre Chiratia proposé dans cet ouvrage par le Père Montrouzier. La description de ce genre remarquable que l’auteur rapporte au groupe des Punicées, nous paraissant beau- coup trop concise el même inexacle sur quelques points, nous croyons ulile de mieux faire connaître la structure. » Les auteurs placent ensuite le genre Chiratia parmi les Légnotidées. MM. Ben- tham et Hooker, au contraire, se rapprochent tout à fait de lopi- nion du Père Montrouzier, car ils font (1) du Chiratia une Lythrariée, famille à laquelle ils rapportent également (2) les Punica. Ces affinités tant controversées du Tombea nous ont inspiré l'envie d'en faire une étude aussi approfondie que possible ; ‘nous avons pu analyser complétementune fleur que nous a gracieu- sement communiquée le capitaine Baudouin, et qu'il avait recueillie à la Nouvelle-Calédonie avec M. Pancher lui-même. Il n’est donc pas probable qu'il puisse y avoir erreur sur l'identité des plantes examinées ; et, dans celles qui est entre nos mains, nous avons reconnu tous les caractères d’un type bien anciennement connu, l’un des Mangium caseolare de Rumphius {Amboin., HT, 1143), c'est-à-dire un Sonneraha L. r., genre attribué successivement aux Myrtacées et aux Lythrariées. Il y aura donc lieu de sup- primer le genre Chiratiu. Il est toutefois un caractère attribué par M. Gris aux organes de la végétation, qui pourrait empêcher de considérer le T'ombea comme identique avec le Sonneratia; ce serait la présence, chez le premier, des stipules qui manquent certainement aux derniers. « Ses feuilles (celles du Chiratia) devaient être accompagnées de stipules interpétiolaires dont on voit les traces sur une ligne transversale qui unit la base des pétioles. Mais l’absence des jeunes (1) Genera plantarum, 1, 678, (2) Op. cit., 696. SUR LE TOMBEA DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 257 rameaux ne nous a pas permis de constater leur forme. » Cette ingénieuse hypothèse n’est point confirmée par l'examen direct des organes. Les pétioles sont articulés par leur base, et le rameau qui les porte présente aussi, au-dessus de leur insertion, une arti- culation transversale; mais 1l n’y existe de stipules à aucun âge. Le Tombea n’est pas une plante spéciale à la Nouvelle-Calé- donie. Son mode de végétation, analogue à celui des Mangliers, fait que, comme eux, il se retrouve sur les différents points du littoral de la vaste mer qui baigne cette portion de l’Ancien-monde. On l’a observé déjà dans l’Inde, la Malaisie, à Timor, à Amboine, dans le nord-ouest de l'Australie, à la Nouvelle-Calédonie, à Madagascar, etc. Quel est maintenant celui des deux Mangium caseolare de Rumphius auquel il fant rapporter le Chiratia? En admettant que les deux plantes d’Amboine appartiennent réellement à deux espèces distinctes, l’épithète de leucantha, donnée par le père Montrouzier à la plante néo-calédonienne, et l’apétalie de ses fleurs, montrent bien qu’il s’agit ici du Sonneratia alba Suirn où Mangium caseo- lare album Ruwen. Mais, en attendant qu'on puisse décider, par la comparaison d'échantillons authentiques, de la valeur de la caractéristique reproduite par tous les auteurs et attribuée par Linné fils à son Sonneratia acida, il est permis de douter de l'autonomie spécifique du $. alba, de la présence d’une corolle véritable dans les fleurs du $, acida ; et il est bien certain que la plante de la Nouvelle-Calédonie est spécifiquement identique avec le S. acida de l'Inde et de Timor, des herbiers des Jussieu et du Muséum. vit, 17 RECHERCHES A L'HISTOIRE DES BURSÉRACÉES Par le docteur LL. MARCHAND. I SUR L'ORIGINE, LA PROVENANCE ET LA PRODUCTION DE LA MYRRHE (1). Pline dit que la myrrhe est fournie par une plante du genre Cicuta. Linné la déclare d'origine animale et la fait fabriquer par un insecte. Bruce, plus tard, la considère comme une exsudation d’un Mimosa (M. Sassa). Loureiro l’attribue à un Zaurus cochin- chinois; et enfin Forskhal, mieux inspiré, en fait le produit d’un Amyris (A. Kataf Forsk.), qui devient bientôt le Balsamodendrum Kataf K. Depuis lors on s'arrêta à cette dernière opinion et on y crut même si fermement qu'Ehrenberg et Hemprich, ayant décou- vert un arbre qui «sue la myrrhe », on se hâta de donner à ce végétal le nom de B. Kalaf, sans songer à le confronter avee la plante de Forskhal. Ce ne fut que plus tard que Royle, comparant les échantillons d'Ebrenberg et d'Hemprick avec ceux du B. Kataf K. (Amyris Kalaf Forsk.), déposés au British Museum, fut con- duit à affirmer que ces deux plantes sont distinctes. Il en résulta que la myrrhe fut définitivement attribuée à la plante d'Ehrenberg et Hemprich, qui pour cette raison fut nommée B. Myrrha Nees. Nous sommes d'accord avec Royle pour regarder le B. Myrrha comme différent du B. Kataf K. (2) / ; Mais si, sur l’affirmation des (1) Lu à la Société Linnéenne de Paris, dans la séance du 31 août 1866. (2) Nous devons avouer toutefois que nous n’avons porté ce jugement que d’après la comparaison des descriplions que nous ont données les auteurs, car si nous avons pu analyser le 8. Myrrha NEES, nous n'avons pu voir le type de Forskhal. RECHERCHES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES BURSÉRACÉES. 259 auteurs, nous devons admettre que la myrrhe est produite par l'arbre qu'ils ont rappporté, nous ne pouvons décider si cet arbre est le seul qui fournisse cette substance, car nous ne connaissons pas les raisons qui ont autrefois porté Forskhal à dire qu’elle était recueillie sur le B. Kataf. Cette opinion peut être fondée, et dans ce cas la myrrhe reconnaîtrait deux origines différentes ; ce qui ne doit pas étonner si l’on considère l’étroite parenté de toutes les espèces de ce genre Balsamodendrum. Quoi qu’il en soit, la myrrhe est une gomme-résine qui se pré- sente sous forme de larmes claires, transparentes, légères, d’un jaune ocracé ou rougeûtre, offrant en dedans de petites taches blanchätres; elle a une saveur àcre et amère et une odeur par- fumée que tout le monde connait et qui se développe surtout quand on la projette sur des charbons ardents. Les anciens recherchaient celte substance surtout comme aromate et comme parfum; les Juifs la désignaient sous ie nom de Mür, et c’est de ce mot qu’on a tiré celui de pvppcv, qui signifie parfum par excellence, et de 1à ceux de myrrha et myrrhe. La myrrhe était autrefois réservée pour les dieux; mais les peuples, par extension, en offraient à leurs rois, qu'ils regardaient comme des demi-dieux ; ceux-ci la conservaient précieusement parmi leurs trésors. Dioscoride reconnaissait huit espèces de myrrhe. Pline les réduisit à sept; de nos jours on n’en admet plus que deux, dontune sans doute était ignorée des anciens. Cette réduction pourrait étonner au premier abord; mais on vient rapidement à penser que Jes anciens donnaient ce même nom aux produits divers que nous connaissons de nos jours sous les noms de Bdellium et de Nouvelle myrrhe. I serait facile, avec cette idée, de retrouver les sept espèces de Pline et même les huit de Dioscoride. La myrrhe véritable, celle dont nous nous occupons ici, répondrait à celle qu'ils nommaient Myrrha troglodytica, qui lemportait par son odeur suave et déli- cieuse sur toutes les autres, dont le parfum est plus problématique. Les deux sortes de myrrhe que l’on connaît encore dans le commerce sont: 1° la myrrhe de Turquie ou d'Arabie; c’est la 260 RECHERCHES myrrhe Troglodyte des anciens, c’est le Hiür des Hébreux, c'est le parfum par excellence. Elle est portée de l'Arabie Heureuse, où on la récolte, en Turquie par la voie de l'Égypte; elle est très-pure; 2 la myrrhe de l'Inde, qui certainement est différente de la pre- mière comme provenance, el peut-être aussi comme origine : elle est très-impure, mélangée avec des substances qui varient d’un échantillon à l’autre et qui prouvent que le procédé de récolte n’est pas le même. Les auteurs ont été longtemps fort embarrassés pour expliquer l'existence de cette espèce de myrrhe; et, de nos jours encore, on admet que la myrrhe indienne a été récoltée comme l'autre en Afrique, mais qu'on l’envoyait aux ports indiens et que c'était de là qu’elle nous arrivait. Nous ne nions pas formellement cette interprétation, mais nous la croyons un peu forcée : la myrrhe de l’Inde peut parfaitement venir de l’Inde elle-même, soit qu'elle soit fournie par les Balsamodendrum indiens, et alors elle ne serait qu'une espèce de Bdellium ; soit qu'elle soit fournie par le Balsa- modendrum Myrrha. Les auteurs anciens regardaient en effet ce végétal comme exclusivement attaché à la terre africaine ; mais pour nous il est évident qu'il existe dans les Indes; nous avons en effet découvert que la plante que Leschenault à rapportée de ce pays, sous le numéro 2/41, et sous le nom de Kilouway mouloa, n’est rien autre chose que le Balsamodendrum Myrrha de Nees d’'Esenbeck. La myrrhe avait autrefois une grande réputation. Pouvait-il en être autrement d’une substance aussi noble, puisqu'on la détour- nait du culte des dieux au profit l'humanité? Pouvait-il en être autrement d’une drogue qui se vendait au poids de l'or, si rare à cette époque ? Tel était le travers de ces temps reculés, qu’un mé- dicament, pour être actif, devait être cher, et ce travers est encore celui de notre siècle. Aussi ne devons-nous pas nous étonner de lrouver la myrrhe dans presque toutes les préparations de l’ancienne pharmacopée. Elle figure : dans l’eau générale, les trois thériaques, les deux orvié'ans, le mithridate, la confection d'hyacinthe, lélixir de propriété, le baume du commandeur de Perthes, celui de Fiora- POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES BURSÉRACÉES, 261 venti, les pilules de eynoglosse, l’eau etles trochisques hystériques, les emplâtres déabotanum et manus Dei, enfin dans les onguents de toute sorte. On la réputait apéritive, diurétique, astringente, puis laxative, emménagogue, atténuante, stomachique et cordiale, anti- hystérique, fondante, désobstruante, antiseptique; on ladminis- trait dans les abeès du poumon, la phthisie. Matthiole dit avoir guéri avec elle des fièvres intermittentes. Que reste-t-il, de nos jours, de toutes ces préparations et de toutes ces indications? Rien. C'est encore un de ces médicaments acceptés avee trop d'enthousiasme d’abord, puis rejetés, sans plus de raison, dans l'oubli le plus pro- fond, et qui mériteraient d’être essayés par nos observateurs mo- dernes. Nous ne voulons pas défendre cette substance contre l'abandon dans lequel elle est tombée; mais nous devons dire qu’elle pourrait bien, touten ne méritant pas les éloges des anciens, ne pas mériler tant de dédain. C’est une gomme-résine qui, par sa nature, peut se ranger peut-être à côté du Tolu, du Benjoin, et être par conséquent utile dans certaines affections chroniques des muqueuses. La myrrhe découle naturellement du tronc el des branches sous forme d’une résine liquide. C'est à ce moment qu'elle mérite bien le nom de myrrhe fluide ou Stacté; plus tard elle se concrétionne et est livrée au commerce sous l'apparence que nous avons dé- erite plus haut. Mais le prix élevé de cette substanee, qui se ven- dait au poids de l'or, a porté ceux qui la récoltent à en forcer la production. Pour cela on fit de longues incisions au tronc des arbres, et par ces blessures on obtint un suc abondant, mais moins perfectionné. D’un autre côté, l’appât du gain fit mélanger à cette vraie myrrhe d’autres substances d’un parfum moins délicat e moins recherché. L'examen anatomique, ou, pour mieux dire, histologique, des tiges, nous a montré les points dans lesquels se trouvait la sub- stance oléo-résineuse, et nous à permis de comprendre comment à certaines époques ce produit pouvait s’écouler au dehors et faire dire que l’arbre suait la myrrhe. Sur la coupe transversale d’un 262 RECHERCHES rameau de trois années, voici ce que l’on constate: Au centre, une moelle ; autour, trois zones de bois interrompues par des rayons mé- dullaires; une zone génératrice; une couche libérienne ondulée; en dehors, une couche herbacée limitée par des cellules vides qui for- ment épiderme. La coupe verticale nous permet d'approfondir la composition de ces différentes parties. La moelle est formée d’un tissu cellulaire polyédrique ; ces cel- lules renferment encore quelques produits résineux. Chaque faisceau de bois est formé de tissu fibreux entremêlé de vaisseaux ponctués, assez gros et assez régulièrement disposés ; ils sont vides. Les rayons médullaires très-réduits se composent d’une ou deux rangées de cellules rectangulaires qui contiennent un peu de résine. La zone génératrice est remplie par des cellules irrégulières sonflées d’oléo-résine, de couleur d'autant plus pâle qu'elles sont plus voisines du centre. Le liber est formé de fibres allongées assez courtes, peu encroû- tées de lissu ligneux, peu résistantes, se séparant assez facilement dans le sens de la longueur. Entre cette zone et la précédente, et même parfois entre deux couches de cellules libériennes, se trouve une série de larges canaux limités par des cellules plus courtes. Les fibres libériennes ne présentent aucune trace de résine; on n’en trouve presque jamais non plus dans ces larges canaux qui nous semblent plutôt destinés à porter de l'air. La couche herbacée, formée de cellules irrégulières, comme celles de la zone génératrice, est remplie de myrrhe. Enlin l'épiderme est formé de cellules complétement vides et incrtes. Cet épiderme est déchiré et manque en plusieurs points. Nous avons essayé de rendre par une figure les détails que nous venons de décrire. Cette analyse nous montre done : 1° Que la myrrhe se trouve dans tous les points qui sont en activité; par- tout où existent des cellules vivantes, partout nous voyons de l’oléo-résine. 2° Cette coupe nous montre comment la myrrhe POUR SERVIR À L'HISTOIRE DES PBURSÉRACÉES. 263 qui se trouve dans la couche herbacée, peut, sous l’influence de Ia température extérieure et par les fentes de l’épiderme, arriver à couler au dehors; 3° comment par des incisions faites à l’arbre et arrivant jusqu’à la zone génératrice, on peut augmenter le rapport de l'arbre, mais comment on peut, pâr ce procédé, nuire aux ré- coltes ultérieures. Il resterait à trouver par quel moyen les produits formés dans la zone génératrice arrivent successivement à l'extérieur, pour entretenir l'écoulement naturel et périodique de la myrrhe. On pourrait admettre, en effet, que chaque année il se fait une filtra- tion de l’oléo-résine à travers la couche libérienne qui, chaque année, se trouverait augmentée par la juxtaposition de la conche de ces cellules désormais inertes. Mais cette explication ne se trouve pas en rapport avec les faits. En effet, la couche libérienne est toujours unique, et elle n’est point interrompue, comme elle devrait l'être alors, par suite de l'accroissement annuel. IT est difficile, an reste, de juger cette ques- tion d’après des échantillons secs et sur des rameaux déjà de plu- sieurs années ; mais il nous a semblé voir que chaque année il se produisait une couche de cellules résinifères et une couche de cellules libériennes, et que, par suite d’une exfoliation annuelle, dans laquelle les canaux aériens du liber doivent jouer un grand rôle, chaque année une nouvelle couche résineuse (qui se fait couche herbacée) s’avance vers l'extérieur. Nous donnons cette interprétation, sans préjudice des nouvelles observations auxquelles nous avons l'intention de nous livrer sur les plantes voisines de celles-ci, et que nous pourrons trouver vi- vantes à Paris. EXPLICATION DES FIGURES. P£ancue VIIL. Balsamodendrum Myrrha N£es. Fic. 4. Coupe transversale vue à la loupe pour montrer la disposition générale des couches dans un rameau de trois ans, 264 RECHERCHES Fic, 2. Fragment de cette coupe considérablement grossie. ep, épiderme ; ch, couche herbacée; 1, liber; v, tubes libériens; e, cellules qui limitent ces faisceaux; 3g, zone génératrice; zg/, cellules plus jeunes de la couche génératrice, paraissant fibreuses ; c/, couches ligneuses ; vp, vaisseaux ponc- tués ; wt, trachées déroulables ; fl, fibres ligneuses ; m, moelle; fm, rayons médullaires. . Fi. 3. Coupe verticale. Les mêmes lettres ont la même signification, II OBSERVATIONS SUR LES GENRES PROTIUM ET PROTIONOPSIS (1). Il existe deux genres Protium. L'un est de Burmann ; il a été créé pour une plante de Java qui prit le nom de P. javanum Burx.; l’autre est de Wight et Arnott. Des circonstances tont exceptionnelles se sont rencontrées pour amener entre eux une confusion que la difficulté de l'analyse a longtemps entretenue. Kunth, dans sa Révision des Térébinthacées, établissant sa fa- mille des Burséracées, y introduisit le Protium Burm., qui fut accepté par tous les classificateurs qui suivirent. MM. Wight et Arnott, ayant rapporté des Indes trois plantes nouvelles, les crurent voisines du Protium javanum Burx., et les nommèrent P. caudatum, P. Roæburghianum, P. pubescens ; de plus, considérant l’affinité de leurs trois Protium avec les Balsa- modendrum, ils supprimèrent ce dernier genre qui était de date plus récente; de telle sorte que les plantes qu'il renfermait de- vinrent elles-mêmes des Protium, Ex : B. gileadense K. tsé— P, gileadense Wicur et Arx. Blume, dans son Mus. lugd.-bat. (1, 229), n'admet pas la fu- sion du Protium Burm. et des Balsamodendrum K., et il rejette l'affinité des trois espèces indiennes avec le Protium javanum. Le Protium Burm. se trouve donc de nouveau isolé, et Blume pro- pose de faire, pour les trois Protium du Prodrome de la flore des Indes, un genre qui se nommerait Protionopsis. (1) Lu à la Société Linnéenne de Paris, dans la séance du 24 décembre 1866. POUR SCRVIR À L'HISTOIRE DES BURSÉRACÉES. 265 Le Protium javanum examiné par MM. Bentham et Hooker, pour leur Genera, leur semble être un Jcica; et, comme les Zcica sont des Bursera, le Protium Burx. disparait de nouveau; car, on le sait, ces deux savants donnent toujours la préséance aux noms linnéens, et regardent comme non avenus ceux qui ont été im- posés par les auteurs antérieurs à Linné. Le Protium Burx. dis- paru, le Protium Wicur et Ar. doit reprendre place dans la série des Burséracées et le Protionopsis BL. n’a plus de raison d’être conservé. Aujourd’hui nous venons rétablir le Protium Burx. et faire dis- paraître le Protium Wicur et Ann. Voici sur quelles considérations nous nous appuyons. 4° Une analyse minutieuse du Protium javanum nous a démon- tré que celte plante ne peut, comme l’ont très-bien vu MM. Ben- tham et Hooker, être séparée des Leica. Ce genre, pour des raisons que nous ferons connaître plus tard, nous paraissant devoir être séparé du genre Bursera, la question de préséance ne reste plus à vider qu'entre le Prolium Buru. et l’Icica Ausc. Quel est celui des deux qui absorbera l’autre? Si nous n'avions qu’à rechercher l’antériorité, le genre Zcica disparaitrait; mais il y a à débattre la question des noms linnéens. Sur ce point, nous différons d’o- pinion avec MM. Bentham et J. Hooker, et nous regardons comme injuste de rejeter un nom d’auteur par la seule raison que celui-ci a été antérieur à Linné. Cette manière de faire n’enlève rien à la gloire et au mérite de l’illustre Suédois, et elle a l'avantage de rendre à chacun ce qui lui revient. Nous conserverons done le genre Prolium, et tous les Zeica d’Aublet deviendront des espèces de ce genre. 2° Le Protium Wicur et Arx., supprimé du même coup, rede- vient-il pour nous le Profionopsis BL. ? MM. Wight et Arnott, dans leur Prodrome de la flore des Indes, avaient, comme nous l'avons dit plus haut, signalé l’affinité de leur trois plantes indiennes avec les Balsamodendrum. Nos ana- lyses nous ayant amené aux mêmes conclusions, nous avons fait 966 RECHERCHES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES PURSÉRACÉES, des P. caudatum, P. Roæburghianum, P. pubescens, trois Balsa- modendrum ; mais nous n'avons pu conserver les noms d'espèces que pour les deux premiers, caril existe déjà un B. pubescens Srooks. Nous avons gardé à cette section le nom de Protionopsis de Blume, et nous lui avons donné pour type le B. Kataf de Kunth. Nous proposons pour la section des Protionopsis la caractéris- tique suivante : Fleurs en eymes. dichotomes, axillaires et terminales, longue- ment pédiculées, et longuement pédicellées ; pédoneules et pédi- celles divariqués et articulés. Et nous admettons comme espèces les suivantes : B. Kataf K. B. caudatum — P. caudatum Wicur et ARN. B, Roæburghianum — P. Roxburghianum Wicur et Arx. B. Arnottianum = P, pubescens Wicur. RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX Le nombre des espèces du genre Aristolochia employées en médecine, aux diverses époques et dans tous les pays du monde, est si considérable, qu'il s’est introduit une grande confusion dans la détermination même de ces espèces. I n’y a rien là qui puisse étonner, quand on songe que ces plantes ont été plutôt recherchées comme médicament par des peuples sauvages et ignorants, que par des hommes éclairés et des médecins pourvus de connaissances botaniques suffisantes. Aussi, plus de cinquante Aristoloches de noms spécifiques divers, ayant été préconisés comme des remèdes plus ou moins efficaces, il s’est trouvé qu’en réalité on n’en avait jamais prescrit plus d’une trentaine d’espèces authentiques. C'est ce que nous ont démontré les recherches qu’a nécessitées le tra- vail préparatoire que nous publions aujourd’hui, et qui a été tracé pour être reproduit en majeure partie dans l’article ArisroLocue, dont la rédaction nous est demandée pour le Dictionnaire encyclo- pédique des sciences médicales. X est d'autant plus difficile aujour- d'hui de considérer les Aristoloches comme appartenant à cette classe de médicaments vantés outre mesure et préconisés à tort par les anciens médecins, que celles de ces plantes que nous sommes à même d'observer, présentent des propriétés organolep- tiques très-accusées, et qu'il n’y a pas une seule partie du monde où l’Européen n'ait trouvé, à l’époque où les indigènes étaient réduits aux seules ressources de la tradition et de la routine, les souches, les feuilles ou les graines d’espèces très-différentes de ce genre, employées comme toniques, stomachiques, fébrifuges, em- ménagogues, aristolochiques, ele., où surtout comme alexiphar- 263 RÉVISION DES ARISTOLOCIES MÉDICINAUX. maques. Il faut espérer que l’époque n’est pas très-éloignée où nos praticiens se décideront à soumettre à une expérimentation réglée tant de substances médicamenteuses auxquelles on a, où accordé trop de vertus, ou refusé trop facilement et trop théorique- ment, pour ainsi dire, des propriétés reconnues par le consensus de tous les peuples aborigènes. Pour le genre Aristolochia, 'énu- mération qui va suivre pourra préparer ces recherches. Outre l'examen que nous avons pu faire d’un grand nombre d'échan- tillons authentiques, réunis dans les principaux herbiers de Paris, nous avons eu recours, pour la rédaction de cette liste, aux travaux des anciens botanistes, aux publications de Nees d’Esenbeck, de MM. Guibourt et de Martius, et surtout à la remarquable Mono- graphie du genre Aristoloche que M. Duchartre a publiée dans le Prodromus de De Candolle. I. Aristolochia anguicida L. (Spec., ed. 2, IT, 1362). — Cette espèce, qui est l’4. meæicana flore acutiore de Morison et l'Ho- wardia anguicida Ki, est originaire des Antilles et des contrées voisines de la terre ferme, notamment de Carthagène. C’est une plante à racines ramifiées, gorgées d’un liquide orangé, amer et fétide. Les tiges, volubles, arrondies, grêles, à écorce assez épaisse, semblable au liége intérieurement, se ramilient et deviennent pu- bescentes au niveau des nœuds. Les feuilles sont cordées ou del- toïdes, échancrées et auriculées à leur base, quinquénerves à la base, longuement pétiolées, accompagnées d’une fausse stipule orbiculaire ou réniforme. Ses fleurs sont petites, axillaires, soli- taires, verdâtres, veinées de pourpre, à tube oblique, à gorge tron- quée, à limbe unilatéral, lancéolé, acuminé. Jacquin (Amer., 232, t. 144) rapporte qu’en introduisant le jus de la racine dans la gueule d’un reptile venimeux, on le voit tomber dans une stupeur telle qu'on le peut manier impunément pendant longtemps. Si un serpent en avale quelques gouttes, il périt rapidement dans les convulsions. Les naturels croient qu'une décoction de la racine, prise par l'homme, le guérit aussi de la morsure des serpents. On RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 269 obtient également la guérison en appliquant topiquement la racine sur la partie mordue. La plante a encore été préconisée contre la syphilis, les affections veineuses et l’aménorrhée. Elle porte les noms vulgaires de Mort aux serpents, Herbe aux serpents. Il. À. antihysterica Marr. (ex Guis., Drog. simpl., ed. 4, I, 990; Prodr., XV,1,477,n.116). — Espèceoriginaire dela province de Rio-Grande-do-Sul, à tige grêle, décombante, à feuilles del- toïdes, tronquées à la base, obtuses, presque coriaces, à périanthe renflé inférieurement et ovoïde, puis allongé en tube réfracté et à limbe en entonnoir, coupé obliquement, émarginé des deux côtés, Sa racine est, d’après M. Guibourt, analogue à celle de l'A. cym- bifera (n. X), et noirâtre comme elle, en dehors, avec l’intérieur blanchâtre ; mais elle est grosse comme le petit doigt et pourvue d’une écorce molle et fongeuse. Son nom indique suffisamment les propriétés que l'on attribue, dans son pays, à cette espèce. IT. À. arborescens L. (Spec., ed. 2. II, 1362). — Espèce amé- ricaine à feuilles cordées-lancéolées et à tige dressée fruticante, dont on ne peut, d'après M. Duchartre (Prod., 1. cit., 198), éta- blir la synonymie exacte, et que l’on a rapportée quelquefois à l'A. grandiflora Sw. (n. XIV). La racine était considérée comme emmé- nagogue; le suc des tiges et des feuilles, comme délétère et très- VÉNnÉNEUx. IV. À. bilobata L. (Spec., ed. 2, IT, 1361). — Plumier désigne cette espèce sous le nom de Aristolochia longe scandens, foliis ferri equint effigie. C’est l'Howardia bilobata Ki. Elle croît aux Antilles. C’est un arbrisseau voluble à tige glabre, très-ramifiée, striée, et à petites feuilles bilobées, dont les lobes sont égaux, oblongs et obtus. Ses fleurs sont solitaires et axillaires; leur périanthe est renflé à la base en une portion ovoïde ou obconique; puis il se rétrécit en un tube droit ou arqué, et se dilate définitivement en un limbe unilabié, à lèvre ovale-lancéolée, aiguë ou un peu obtuse au sommet. Sa couleur est d’un jaune pâle, avec des stries plus 270 RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. foncées et brunâtres. La base du limbe est chargée intérieurement de taches foncées pubescentes. Le fruit est ovoïde, à six côtes, long d’un peu plus d’un centimètre. Cette plante s'emploie aux Antilles comme emménagogue. D’après Descourtils (FE. médic. des Ant., IV, 44), on provoque la sortie des fœtus morts en intro- duisant la racine dans le vagin. On prépare avec les feuilles une décoction qui guérit la gale. L’infusion des feuilles est considérée comme incisive et béchique. V. À. bætica L. (Spec., ed. 2, Il, 1363). — Espèce méditerra- néenne, observée jusqu'ici dans le sud de l'Espagne et du Portugal et en Algérie. C’est l4. Clematitis serpens de C. Bauhin (Pinet., 307), l'A. Clematitis non vulgaris de 3. Bauhin et VA. Clema- hitis bætica de Lécluse. Sa tige est voluble; ses feuilles sont ovales- cordées, obtuses. Les fleurs axillaires et solitaires sont longue- ment pédonculées, à limbe oblique ovale-lancéolé, d’un pourpre noirâtre, surtout à l’intérieur. Ses propriétés paraissent être tout à fait les mêmes que celles de l4. rotunda (n. XXV); mais c’est probablement une espèce dangereuse. VI. À. bracteata Rerz (Obs. bot., V, 29, n. 80). — Plante qui se trouve principalement dans l’Inde, mais qu’on a rencontrée aussi en Perse, en Arabie, en Abyssinie, à Bourbon et à Maurice, dans l'Afrique centrale, et jusqu'aux îles Sandwich. C’est A. mauri- tiana Pers. (A. bracteolata Lamk — A. abyssinica Ki. — A. Kotschyi Hocusr. et A. Rica. — À. Maurorum KL.). Sa tige, ligneuse à la base, striée ou anguleuse, présente des entre-nœuds courts el porte des feuilles nombreuses, ovales-cordées, ordinaire- ment obtuses au sommet, auriculées à la base, à bords erispés et suberénulés, avec 7-9 nervures à la base. Les fleurs, petites, axil- laires et solitaires, sont accompagnées d’une bractée réniforme, portée sur leur pédoncule. L'utricule du ealice est globuleux ou ovoïde; le tube est étroit, réfracté ; le limbe est à une lèvre obtuse ou obtusément mucronulée, à bords réfléchis ; l’intérieur du périan- the est chargé de poils à la base. Toute cette plante exhale une RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 971 odeur nauséeuse qui persiste longtemps après qu’elle a été dessé- chée. Sa racine est allongée, simple, s'enfonce verticalement dans le sol, et porte sur ses côtés de petites radicelles fibreuses. La | saveur en est extrêmement amère, de même que celle de presque toute la plante. Dans l'Inde, et principalement sur la côte de Coromandel, on se sert des feuilles fraiches comme purgatif. Une ou deux de ces feuilles sont frottées avec un peu d’eau et suffisent pour purger un adulte, d’après Roxburgh. Les feuilles se conser- vent aussi sèches ; on en prépare une infusion qui s’administre comme anthelminthique, à la dose de deux onces par jour. Pour parger les enfants, il suffit, d'après Ainslie (Mat. med. ind., WE, 5), de leur appliquer la feuille fraiche et contusée sur l’ombilic. On traite aussi la gale avec succès à l’aide des feuilles broyées et mé- lées avec de l'huile de ricin. VIL. À. caudata Jaco. — Espèce considérée par plusieurs auteurs comme synonyme de l’A. bilobata (n. IV). VII. À. Clematitis L. (Spec., 1364). — C’est la seule espèce qui croisse spontanément aux environs de Paris, où elle est com- mune dans les vignes, les buissons et les haies, les lieux incultes et calcaires. Sa souche, de la grosseur d’une plume d’oie, rampe sous le sol et s’y divise fréquemment; elle est chargée de fines racines adventives de couleur jaunâtre. Elle donne aussi naissance tous les ans à des rameaux aériens dressés, hauts d’un demi-mêtre au plus, simples, anguleux, portant des feuilles alternes, à pétiole glabre et à limbe cordiforme, échancré à la base, ordinairement obtus au sommet, finement rétieulé. Les fleurs sont situées à l’ais- selle des feuilles et réunies en bouquets, au nombre de trois à six, ou moins souvent davantage. Leur ovaire inféère est allongé en massue et est surmonté d'un périanthe d’abord renflé, puis rétréci en goulot et enfin dilaté en limbe d’un jaune verdâtre, déjeté d’un côté en une languette étroite, membraneuse et obtuse au sommet. Le gynostème est court, un peu renflé au niveau des étamines et de la base du style. Le fruit est capsulaire, épais, pyriforme, pen- 972 RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. dant à la maturité. Cette espèce a joui d’une grande réputation parmi les médecins du moyen âge ; elle a été fort usitée dans tous les pays où elle croît, c’est-à-dire dans toute l'Europe moyenne et méridionale et en Orient. C'était l'A. Clematitis recta de C. Bau- hin (Pinet., 307) et de Tournefort, et l'A. Clematitis vulgaris de Lécluse (Hisp., 821, 322). On l'appelle, dans nos campagnes, A. vulgaire et des vignes, Poison de terre, Sarrazine, Rateline ou Ratelaire, Pommerasse, Guilleboche et Bribog. Dioscoride en fai- sait une de ses trois espèces d’Agicrohoyiu, « parce qu'elle est doistn rats Royouw, C'est-à-dire très-bonne aux nouvelles accou- chées, comme qui tire hors les menstrues arrestez et retenus, l’arrierefaix et autres reliques de superfluité qui demourent après l’enfantement » (Fuschs, Hist. des pl., 68). Elle s'appelle, dit le même auteur, Clematitis, « comme si tu disoys ayant force ser- mentz et bourgeons. » On lui accordait alors les mêmes vertus qu'aux Aristoloches rond et long, mais à un moindre degré ; amère sans être âcre, chaude et sèche, détergeant les ulcères de mauvaise nature, guérissant les caries, nécroses, maladies gastri- ques et intestinales, nettoyant les dents et les gencives, ete. Au- jourd’hui, disent Mérat et Delens, elle est « célèbre dans la matière médicale indigène pour les propriétés qu’on lui a accordées, et cependant elle est maintenant peu usitée. Ses souches ont une odeur forte, assez désagréable, une saveur âcre, amère, fort pé- nible. Orfila l’a expérimentée sur des chiens et la considérait comme un poison àcre qui, à la dose de 30 grammes, faisait périr ces animaux. Dans les campagnes, on la regarde comme stimulante et propre à favoriser la parturition. Il ne faudrait pas cependant permeltre qu'on ladministrât sans précaution, car l’auteur que nous venons de citer a vu (Toxicol., II, 77) qu'elle n’enflamme que modérément la muqueuse du tube digestif et qu’elle doit produire, une fois absorbée, une action stupé- fiante sur le système nerveux. En Russie, les feuilles et le fruit vert sont, d’après Pallas (Voyage, 1, 54), regardés comme fébri- fuges et principalement comme propres à guérir les fièvres d'accès, RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 973 En Angleterre elle passait surtout pour souveraine contre la goutte et les rhumatismes. On croit même qu’elle entrait dans la compo- sition de la fameuse préparation antigoulteuse, dite poudre du duc de Portland ou du prince de la Mirandole. Cullen qui, d’après Mérat et Delens, ne convient pas de cette eflicacité, affirme lavoir vue « provoquer la première évolution des règles, tandis qu'elle n’est pas aussi sûre pour les faire reparaître après leur suppression ». C’est encore là peut-être un médicament indigène très-efficace au- quel nos médecins pourraient avoir recours et dont on devrait observer avec soin les effets. IX. À. cordiflora Munis (ex H.B.K., Nov. gen. et spec. pl. æquinoct., I, 118). — Cette plante, originaire de la Nouvelle- Grenade et que Humboldt et Bonpland ont récoltée sur le fleuve de la Magdalena, est célèbre dans son pays sous le nom de Flor de Alcatras de Monpoæ, et de Contracapitana de Monpox, non- seulement comme un excellent remède, mais à cause des dimen- sions de ses fleurs dont les enfants se font des coiffures. C’est une liane à feuilles cordiformes acuminées, 5-7-nerves à la base, à pé- tioles très-longs et à fleurs pourprées, larges de 40 centimètres, d'après le dessin qu'en a donné Kerner (Jort. sempervir., I, p. SL), longuement pédonculées, à périanthe glabre, en enton- noir, dilaté en limbe cordiforme obtus, mucronulé, partagé à sa base en deux larges lobes arrondis. D’après Humboldt et Bon- pland, celte plante est regardée comme souveraine contre la mor- sure des serpents venimeux. Les Indiens n’admeltent pas qu’on puisse considérer comme imaginaires les vertus qu'ils lui attri- buent. X. A. cymbifera Marr. et Zucc. (Nov. gen. et spec., 1, 76, t. 49). — Espèce glabre à tige voluble, lisse et striée, à feuilles réniformes obtuses, présentant à la base deux énormes auricules arrondies, séparées par une échancrure profonde et obtuse, 7-9- nerve à la base; avec des stipules fausses axillaires presque réni- formes, scarieuses. Les fleurs, supportées par de longs pédoneu- vi. 18 97h RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. les, ont à la base de leur périanthe un gros renflement ovoïde ou oblong, insymétrique, un tube réfracté et un large limbe à deux lèvres, la supérieure aiguë, l’inférieure renflée à sa base, puis afténuée et enfin élargie en forme de barque, en lame arrondie ou elliptique. Ce périanthe n'a pas moins d’une douzaine de centi- mètres de longueur; sa couleur est en dedans d’un jaune fauve, avec des lignes et des taches d’un pourpre foncé. Cette plante re- marquable croit au Brésil, dans la province de Saint-Paul et près de Rio-Janeiro. C’est l’A. ringens Marr., l'A. labiosa Ker, et l’Howardia brasiliensis Ki. Sa racine, dont l’odeur est très-péné- trante et désagréable, analogue à celle de la Rue (Ruta graveolens), et dont la saveur est forte, amère, aromatique, possède exactement les mêmes propriétés que celle de la Serpentaire de Virginie (4. Serpentaria). On l’emploie très-fréquemment dans la médecine brésilienne, contre les ulcères, les affections paralytiques des extrémités, la dyspepsie, l'impuissance génésique, les fièvres ner- veuses et intermiltentes, spécialement celles dont le caractère pré- dominant est un trouble quelconque des fonctions des muqueuses respiratoires et du système lymphatique. Elle se prescrit enfin contre la morsure des serpents. Gomez (dont c’est, pense-t-on, l'A. grandiflora) rapporte (Act. olyssip. (1812), 6h) que la ra- cine pulvérisée se prescrit à la dose d’un scrupule, de quatre à six fois par jour, que la décoction s’administre à la dose de quatre à six onces ; et le jus exprimé des feuilles, à la dose de 1 à 6 gram- mes par jour (Voyage de Marius, I, 91). XI. À. fœtida H. B. K. (Wow. gen et spec. pl. æquin., I, 114. — Howardia fœtida Ki.). Originaire du Mexique, où Hum- boldt et Bonpland l’on trouvée à Ario, cette plante y porte le nom vulgaire de Yerba del [ndio. Sa tige grimpante porte de larges feuilles cordées-réniformes, à la base atténuée en coin, et d'assez grandes fleurs portées sur un pédoncule hérissé. Leur tube est renflé en uiricule à la base, et dilaté au sommet en un limbe à lèvre allongée, rétrécie presque à partir de sa base et obtuse à son RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 9275 sommet. Le périanthe est d’un noir violacé. D’après Humboldt, cette espèce est très-célèbre parmi les indigènes par la propriété qu’elle a de déterger et de guérir les ulcères ; on fait usage de Ja décoction de sa racine. XII. À. fragrantissima Ruiz. Cette espèce, commune, d’après Ruiz, dans les bois des Andes péruviennes, est devenue fameuse en Europe à l’époque où cet auteur la fit connaître dans son mé- moire imprimé à Madrid, en 4805, etintitulé : Memoria sobre las virtutes de Bejuco de la Estrella. Elle s'appelle encore Contra- yerba de Bejuco. Lambert l’a étudiée de nouveau, dans son ouvrage sur les Cinchona (173), et Klotzsch en a fait son Howardia fra- grantissima. Sa tige est voluble et la plupart de ses organes sont couverts de poils roux. Ses larges feuilles sont ovales-cordées, et ses fleurs d’un brun rosé ont un périanthe à tube presque droit et à limbe lancéolé, obtus et recourbé à son sommet. La racine, très-longue, est fusiforme, épaisse d’un demi-pied environ, d’un gris brunâtre. L’écorce de sa tige a trois ou quatre lignes d’é- paisseur ; elle recouvre un bois à coupe transversale radiée, et séparable en un certain nombre de quartiers prismatiques. Les tiges, dépouillées de leur écorce, ressemblent à des cordages, et en tiennent lieu, pour les besoins domestiques. C’est la racine qu’on emploie surtout comme médicament. Son écorce guérit la dysenterie, les fièvres inflammatoires de mauvaise nature, les douleurs rhumatismales, beaucoup d’affections attribués à un excès de fatigue. C’est un excitant à saveur amère, camphrée, balsami- que. Elle est emménagogue et même, dit-on, sudorifique, odon- talgique et antiseptique. Les Indiens la réduisent en fragments et l’'appliquent toute fraiche sur les morsures et piqûres des animaux venimeux, des reptiles, des insectes ; ils la considèrent comme un puissant antidote. On ne sait pourquoi cette substance, tant préconisée par les auteurs cités ci-dessus, n’a pas été expérimentée en Europe. XII, À. frutescens Marsa. Synonyme del’4, Sipho (n. XX VITE). 276 RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. XIV. À. grandiflora SW. (F1. ind. occ., NX, 1566. — À, 2 scandens P. Browxe, J'amaic., 529. — A. gigas Linz, Bot. Regist., t. 60. — A. gigantea Hook., Bot. Mag., t. k291 — Howardia grandiflora Ki., Monatsber. (1859), 610. — H. gi- gantea Kv., ibid.). Cette remarquable espèce, dont les fleurs sont très-grandes, est depuis longtemps connue des colons anglais éta- blis aux Antilles, à Guatemala et à Porto-Rico, par la fétidité de son odeur ammoniacale et par son action sur le bétail qu’elle em- poisonne ; ils l’ont désignée sous le nom de Poisoned hogmeat c’est-à-dire de Viande à cochon empoisonnée ; on l'appelle vulgaï- rement T'ue-cochon et Grand Aristoloche. Sa tige est voluble, li- gneuse à la base, hérissée de poils roux. Ses feuilles sont cordées, aiguës, avec deux larges auricules arrondies à la base, neuf nervures pédalées, des poils roides sur les deux faces. Ses fleurs, axillaires et solitaires, ont un périanthe à nervures saillantes et à surface extérieure chargée de poils hispides, avec un utricule oblong, un tube recourbé, d’égale longueur, et un limbe à gorge dilatée, évasé lui-même en cœur, prolongé à son sommet en une très-longue queue. Son fruit, déhiscent par la base, atteint un décimètre de longueur. La racine de cette espèce est emménagogue, excitante ; mais elle est peu usitée aux Antilles, à cause de l’effroi qu'inspi- rent les propriétés vénéneuses des feuilles. L'odeur repoussante de charogne que dégagent les fleurs et que Swartz compare à celle du Chenopodium V'ulvaria, produit, dit-1l, des effets puissamment narcotiques. On prescrit encore aux Antilles la poudre de la ra cine sèche, à la dose de quinze à vingt grains, quatre à cinq fois par jour, contre la dyspepsie et même contre les paralysies. XV. À. indica L. (Spec., 1, 360, ex parle. — A. lanceolata Wicar, Zcon., V,t. 1858. — A. maysorensis Fiscn., mss., ex Ducurre, ap. D. C. Prodrom., n. 120. — A. pandurata War, ibid.). C’est le Carelu-vägon de Rheede (Hort. malabar., VIT, t. 25), et probablement le Radix puloronica de Rumphius (Æerb. amboinense, V, 476, &. 177, qui croit dans l'Inde, à Ceylan et RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 277 même dans les portions un peu plus occidentales de l’Asie australe. Leschenault dit qu'au Malabar cette plante s'appelle Peroum Aroudou. Sa tige, glabre, ligneuse à la base, voluble, rameuse, porte des feuilles obovales, ou plus rarement ovales ou elliptiques- oblongues. Leur base est tronquée ou plus rarement subcordée ou atténuée en coin court ; leur sommet est arrondi ou brièvement acuminé. Leur nervation est pennée, 3-5-nerve à la base. Les fleurs sont axillaires, réunies en courtes grappes au nombre de deux, trois, ou moins souvent davantage. Leur périanthe est peu développé, renflé à la base, à tube étroit, arqué, à limbe oblong, obtus, rétréci à sa base. Le fruit est ovoïde, à six nervures saillan- tes longitudinales, déhiscent de bas en haut. Cette espèce est très- commune dans certaines localités humides, à sol peu fertile, dans les jongles, les haies, les buissons. Sa racine, très-analogue par les caractères extérieurs aux souches de Salsepareille, et d’une saveur amère et nauséeuse. Les Hindous l’emploient comme exci- tante, emménagogue. Elle guérit, suivant eux, les dyspepsies et les fièvres intermittentes. D’après Aïnslie (Mat. med. ind., IT, 299), elle s’administre sèche à la dose d’une once et demie par jour et guérit les indigestions, les troubles intestinaux qui accom- pagnent la dentition et même les hydropisies. A Ceylan, d’après Thunberg (Voyage, IV, 312), on l’emploie comme carminative et stomachique, infusée dans l’eau-de-vie. XVI. À. longa L. (Spec., 11, 961). C’est l’Aristoloche rond proprement dit, l’une des plantes fameuses de l’ancienne théra- peutique, ou A. longa vera de Bauhin (Pinet., 307), A. longa CLus. (Hisp., 319-320), à laquelle on rapporte encore, comme simple forme, l’A. longa altera du même auteur. Son rhizome est oblong, vertical, souvent simple, fusiforme. Sa tige dressée est nue à la base, anguleuse, pubescente, portant des rameaux allon- gés, chargés de feuilles ovales-cordées, obtuses ou émarginées au sommet, à auricules basilaires parallèles ou incurvées, à pétiole court. Les fleurs, axillaires, solitaires, dépassent la feuille, sont 9273 RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. assez grandes, avec une base renflée, puis un tube verdâtre légè- rement aigu, et un limbe d’un brun pourpré, lancéolé, aigu ou presque aigu, deux fois plus court que le tube. Sa capsule, ovoïde, obluse, atténuée à la base, longue de 25 millim., s'ouvre par son sommet. C'est une espèce assez répandue dans les vignes, les haies, les plaines de la France méridionale, de l'Italie, de l'Espagne, et qui s’est retrouvée à Madère et aux îles Canaries. On la cultive assez souvent dans nos jardins botaniques. Sa souche qu’on fait sécher pour l'employer, à 30 centimètres de long; ses caractères extérieurs, son odeur et sa saveur, sont les mêmes que ceux de l’Aristoloche rond des officines (n. XXV). Elle est encore, d’après Mérat et Delens, une des espèces qu’on emploie le plus. Citons ce que disent ces auteurs de ses propriétés. « Elle paraît contenir beaucoup de fécule, ce qui explique sa nature spongieuse qui l’a fait conseiller pour panser les cautères et élargir les fistules. On en a fait chez les anciens et depuis, chez les modernes, un assez grand usage comme emménagogue, et dans la goutte où elle a été vantée par beaucoup de praticiens depuis Galien, sans doute à cause de son amertume, cette saveur ayant été souvent prise pour un indice de la propriété antigoutteuse ; elle figure dans un assez grand nombre de médicaments officinaux, tels que l'Eau géné- rale, les emplâtres Diabotanum, Manus Dei, ete. Gilibert la re- commande dans l'asthme humide, le catarrhe chronique, la leu- cophlegmasie, ete. (Dém. bot., 1, 475). C’est un stimulant assez énergique, que l’on prescrit à la dose de deux gros en poudre, en plusieurs prises. On en prépare un extrait que l’on donne à celle d’un gros, et que l’on dit procurer à peu près le même effet que l’aloès. Cette racine contient de l’ulmine, d’après M. Lassai- one (Jour. de Pharm., VI, 565). C'est tout ce que l’on sait de sa composition chimique. L’aristoloche est nuisible aux pléthori- ques, aux fempéraments irritables, etc. » C’est probablement une bien autre plante que Fuchs (ist. des pl., 69) représente comme étant la Sarrasine longue qu’il appelle encore Ratelou, et ce n’est pas l°A. long de Dioscoride, cette espèce remarquable, que ce- RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 279 lui-e1 conseillait, à la dose d’un drachme, dans du vin, comme souveraine contre les poisons et morsures de serpents, et comme allégeant « la courte haleine, hocquetz, frissons où rigueurs, maux de ratelle, spasmes où convulsions, râpures et douleurs de cos- tez. » Avec du miel et de la poudre de Flambe, on l'employait déjà de son temps pour déterger les ulcères de mauvaise nature, Galien la prescrivait dans l’asthme, lépilepsie et la goutte, ele. Pline admettait, bien entendu, toutes ces vertus de l'A. long ; il y ajoutait cette singularité, qu'appliquée sur les organes sexuels des femmes grosses, elle leur faisait avoir un enfant mâle. XVII. À. macrophylla Lawx (Dict., I, 52). Synonyme de l'A. Sipho Laér. (n. XX VIiT). XVIIT. À. macroura Gomez (in Act. acad. olyssip. (1812), 77 ; Obs. botanico-medic., p. I, 27, t. 4). C'est le J'arrinha des Bré- siliens, que, Vellozo (F1. flum., IX, t. 98) à nommé À. appendi- culata, ei dont la synonymie est la suivante : À. caudata Boora. — A. lobata Lips. — À. trilobata Lixoz. — A. lapetotricha C. Leu. — Howardia macroura Ki. Elle croît dans les forêts et les haies, dans les provinces de Rio-Janeiro, Corrientes, etc., et se fait remarquer par ses tiges ligneuses, grimpantes, et ses feuiiles triparlites à lobes oblongs, plus ou moins obtus, cordés à la base ; glabres en dessus, finement pubescentes en dessous. Les pétioles sont longs et tordus ; les fausses stipules sont réniformes. Les fleurs ont un périanthe pâle et glabre, veiné en dehors, garni en dedans de poils veloutés et d’un brun pourpré livide à l'intérieur. Après un renflement basilaire obovoïde, il présente un tube dilaté supérieurement en entonnoir, et un limbe à large lèvre cordi- forme, terminée par une queue pendante bien plus longue que le calice, puisqu'elle a, à elle seule, deux ou trois pieds de longueur, le reste du périanthe n'ayant que 7 à 8 centimètres. Le fruit qui s'ouvre par le bas est court relativement à son épaisseur. Le bois de cette plante à une odeur qui rappelle celle de la Rue, et une saveur amére. La racine et l'écorce subéreuse présentent, 280 RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. d’après Gomez, la même odeur. C’est surtout la racine qu’on em- ploie ; elle est épaisse, rampante, irrégulièrement noueuse, sui- vant la figure qu’en a donnée Gomez. Son bois a les mêmes pro- priétés que celui des tiges. Elle est employée comme excitante, emménagogue, fébrifuge, tonique, antidyspeptique. Ses propriétés paraissent être les mêmes que celles de l'A. cymbifera (n. X) ; mais on les dit beaucoup plus énergiques. XIX. A. odoratissima L. (Spec., éd. 2, 1362). — Cette plante des Antilles, du Mexique et de l'Amérique centrale, retrouvée par le docteur Weddell jusque dans le Paraguay, est l’Aristolochia 1 scandens de Pat. Browne (Jamaic., 329), Ses feuilles sont cor- dées- deltoidéides, échancrées à la base, avec deux auricules obtu- ses, divergentes, et de fausses stipules orbiculaires-réniformes. Ses fleurs, axillaires et solitaires, ont un périanthe lilas, chiné de pourpre, long de près de 3 centimètres, dilaté inférieurement en utricule oblique obovoïde, puis présentant un tube court, ré- fracté, et un limbe large, ovale-obtus, mucroné, cordé à sa base. Toute la plante dégage une odeur suave. Sa racine est assez fré- quemment employée aux Antilles comme stimulante, fébrifuge, diaphorétique, stomachique et alexipharmaque. On fait aussi avec ses feuilles des cataplasmes qui s'appliquent sur les bubons et ont la réputation de les fondre ; ils calment également, dit-on, les douleurs sciatiques. XX. À. officinalis N£es n’Esexsecx (Handb., I, 400 ; Plant. medic., t. 14. Synonyme de l’A. Serpentaria (n. XX VII). XXI. À. Pistolocha L. (Spec., 11, 962). — C'est l’Aristolochia Pistolochia dicta de C. Bauhin (Pinet., 307), le Pastolocha de Dodoens (Pempt., 325) et de Clusius (Hisp., IT, 325) et l'A. (as- ciculata de Lamarck, plante célèbre dans l’ancienne médecine et aujourd’hui à peu près complétement abandonnée. Elle croît dans la région méditerranéenne, dans les vignes, les endroits pierreux, parmi les oliviers, en Provence, en Espagne, en Portugal, en RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 281 Italie. C’est une petite plante vivace, haute de 30 à 40 cen- timêtres, à rhizomes courts, chargés de racines adventives épaisses, fasciculées, peu ramifiées. Ses rameaux aériens, dressés, grêles, nus intérieurement, se ramifient ensuite et sont anguleux, flexueux, géniculés, chargés de poils courts et assez roides, et portant des feuilles alternes ovales-cordées ou réniformes, obtuses ou mucronulées au sommet, présentant à la base, entre deux au- ricules oblongues et obtuses, une large échancrure obtuse, presque carrée. Les fleurs sont axillaires et solitaires ; leur périanthe a un tube droit, renflé à la base, dilaté en haut en un limbe de couleur pourpre noirâtre, subbilabié, à grande lèvre ovale-lancéolée, aiguë. Son fruit est petit, globuleux ou ovoïde, déhiscent par la base. La partie ordinairement employée de cette plante était la souche qui constituait l’Aristoloche petit des officines, et qui s’y présentait sous forme d’un petit tronc de la grosseur d’un tuyau de plume, portant un grand nombre de racines latérales déliées, longues d’un demi-pied environ. Sa couleur est d’un gris jaunâtre, et sa saveur âcre et amère. Suivant M. Guibourt {Drog. simpl. , Il, 546), son odeur aromatique n’est pas désagréable. C’est, à ce qu'on suppose, cette racine que Pline a désignée sous le nom de polyrrhizos ; les anciens Grecs la connaissaient peu. D’après l’é- tymologie adoptée par Mérat et Delens, son nom vient de ricxés et Az, et signifierait qu’elle détermine sûrement l'apparition des règles. Elle entrait dans la composition de la thériaque, car on lit au Codex de 1818 (p. 322) qu'on y incorpore : « Aristolochiæ tenuis(A. Pistolochia) drachmas duas. » Ses propriétés excitantes, emménagogues, doivent d’ailleurs être les mêmes que celles des À. longa et rotunda. Les anciens lui en avaient prêté bien d’autres, si l’on s’en rapporte à ce curieux passage de Fuchs, qui reproduit les opinions de Pline à ce sujet : « La racine de Pistolochia, beue » auec de l’eau est estimee tres utile aux conuulsions, contusions et » cheutes de haut en bas. Elle ayde pareillement par sa semence aux » pleuretiques, et eschauffe les nerfz, appliquee avec resine. Elle »ronge et consumme les ulceres pourris. Elle nettoie ceux qui 2859 RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. »iettent ordure, et en tire les vers s’il y en ha; elle degaste les » cloux et duretes des ulceres. Brief elle tire toutes choses fichees » au Corps, et nomément les traicts ou fleches, et squilles d'os rom- » pus. Elle remplit les creux et concauités des ulceres, seule, » avec pouldre de flambe, appliquee. Elle referme les playes nou- » velles preparee et appliquee auec vinaigre. » Quoi qu'on puisse penser des propriétés souvent fantastiques que les anciens attri- buaient aux différents végétaux, n'est-il pas permis d'admettre que la chirurgie actuelle ne ferait pas mal de vérifier expérimen- talement les singulières vertus du Pistolochia ? XXII. À. pseudo-Serpentaria. — M. Guibourt a proposé d’ap- pliquer ce nom spécifique à l'A. Serpentaria décrite par Jacquin dans l’Hortus schœnbrunn. (II, t. 385), comme étant l'espèce linnéenne et que Nees d’Esenbeck a figurée aussi (Plant. medic.. ex Guib., Drog. simpl., éd. 4, HE, 349, t. 175) comme telle. Elle ne produit pas, dit M. Guibourt, la véritable Serpentaire de Fir- ginie (n. XX VID) ; elle en diffère par ses radicelles plus grosses, moins nombreuses, moins aromatiques, moins camphrées surtout, par des feuilles cordiformes, larges, presque sessiles, rudes au toucher, par ses fleurs velues, nées près de la racine, d’un rouge pourpre sale, terminée par une gibbosité qui s'ouvre par une fente à trois rayons. Celle fausse-Serpentaire est celle qui est repré- sentée, dans les collections de dessins de la Faculté de médecine de Paris, sous le nom d'A. Serpentaria. XXII. À. punctata Lamuk. — Aux Antilles, les nègres em- ploient la racine de celte espèce pour déterger les vieux ulcères, Elle est encore, dit-on, excitante, emménagogue et alexitère. XXIV. À. ringens Marr., nec Vauz. Synonyme d'A. cymbi- fera (n. X). XXV. À. rotunda L. (Spec., I, 961). — C'est le véritable Aristoloche rond des officines ou À, rotunda prima de Lécluse RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 9283 (Hist., 817, 818), et l'A. rotunda, flore ex purpura nigro des Bauhin, et de Tournefort (Znstit., 162), espèce assez commune dans l’Europe méridionale et le nord de l'Afrique, où elle habite les champs et les prairies. De sa souche souterraine, subglobu- leuse et divisée, s’élève un axe aérien simple ou peu ramifié, an- guleux, couvert d’une fine pubescence caduque, et portant des feuilles assez grandes, ovales-cordées, très-obtuses ou émarginées au sommet, profondément échancrées à la base, avee un sinus obtus et étroit, et deux larges auricules, obtuses, convergentes et embrassant les rameaux ou la tige, glabres et d’un vert intense en dessus, plus pâles et souvent finement pubescentes en dessous, 9-11-nerves à la base. Les fleurs sont axillaires et solitaires, sup- portées par un court pédoncule. Le périanthe est droit, finement pubescent, jaunâtre, renflé à sa base en utricule ovoïde, puis ré- tréci en tube, et enfin dilaté en un limbe ovale-oblong, obtus ou mueronulé, aussi long au moins que le tube, d’un pourpre noi- ratre à l’intérieur, Le fruit est globuleux, obtus, déhiscent par le bas. Toutes les parties de la plante sont âcres et aromatiques. Pla- cées sur la langue, elles paraissent amères ; leur saveur est dés- agréable. On a surtout employé la portion souterraine, ou Racine d’Aristoloche rond, qui est tubéreuse, grosse comme une noix, ou davantage, pesante, souvent lisse et légèrement conique dans la portion supérieure, un peu plus large, arrondie, mamelonnée, plus ou moins profondément à sa surface dans sa moitié inférieure. L'ouvrage de M. Guibourt (éd. 4, IT, 335, t. 171) contient une figure très-exacte de cette souche qui est grisâtre à la surface, assez dure, ligneuse-amylacée, jaunâtre en dedans, peu odorante quand elle est entière, et d’une odeur assez forte et désagréable quand on la divise. Vers sa portion inférieure naissent d'assez nombreuses racines adventives grêles, simples ou ramifiées. On envoie fréquemment cette souche du Languedoc et de la Provence. C'était l'A. femelle, la Sarrasine ronde ou Ratelon des anciens apotbicaires. Elle faisait partie d’un grand nombre de médica- ments : l'Orviétan, le Baume Opodeldoch, V' Eau générale, la T'hé- 28! RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX, riaque céleste, Hippocrate l’estimait plus que l’A. long dont elle partageait d’ailleurs les propriétés. Galien la déclarait « la plus subtile et la plus efficace de toutes ». On la considérait comme un alexipharmaque certain. En Europe elle est employée encore quel- quefois comme excitante, emménagogue et détersive. XXVI. À. sempervirens L. (Spec., II, 961). — Espèce de la région méditerranéenne, originaire surtout de l’île de Candie, et dont la synonymie est la suivante : Pistolochia altera sempervi- rens CLus. — P. cretica C. Baunix. — À. crelica sempervirens Mouiso. C’est une plante herbacée ou suffrutescente, à tiges gré- les, glabres, à petites feuilles persistantes, coriaces, suboblongues - cordées, aiguës ou obtuses, auriculées à la base, et à fleurs axillai- res, solitaires, longuement pédonculées, jaunâtres avec des bandelettes pourprées. Forskhal (Egypt.-Arab., 157) assure que ses feuilles broyées guérissent les plaies, surtout celles des ten dons. En les màchant et en buvant leur décoction dans du lait, pendant quarante jours, on obtient, dit-il, des effets merveilleux en cas de morsures faites par des serpents venimeux. XXVII. À. Serpentaria L. (Spec. II, 961). — La véritable Serpentaire Vipérine, ou Couleuvrine de Virginie, est encore l'Aristolochia seu Serpentaria virginiana caule nodoso de Pluke- net (4lmagest., t. 148, fig. 5). Rafinesque (Med. Bot., I, 62) en a fait le type d’un genre distinct, sous le nom de Endodeca Ser- pentaria. C’est une espèce commune dans les forêts ombreuses des États-Unis, notamment de la Floride, du Connecticut, surtout des monts Alleghanys. Elle présente un court rhizome vertical, dont la surface porte encore la base de rameaux détruits et est chargée de nombreuses racines advenlives allongées. L’axe aérien est dressé, grêle, simple où peu rameux, dénudé à sa base et chargé supérieurement de feuilles insérées au niveau de nœuds plus ou moins saillants ; alternes, pétiolées, à limbe de forme va- riable, souvent ovale-cordé, oblong-acuminé, exeisé à la base avec un sinus obtus et deux auricules arrondies ; quintuplinerve à sa RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 285 base, chargé de poils courts, clair-semés, plus abondantes sur les nervures et souvent sur le pétiole qui est canaliculé en dessus. Les fleurs naissent sur l’axe aérien, tout près du sol, comme dans l'A. pseudo-Serpentaria(n.XXIT) etsont portées par des pédoncules chargés de quatre à six petites bractées ovales-oblongues ou cor- diformes. Ils sont terminés chacun par une fleur d’un rouge bru- nâtre, dont l'ovaire infère est longuement obové. Le périanthe a la forme d’un tube allongé et contourné enS, dilaté inférieurement en un utricule oblong, et supérieurement en un limbe concave, à gorge entourée d’un rebord élevé et à bords partagés en trois lobes qui se rapprochent les uns des autres dans le bouton, en formant une sorte de triangle presque équilatéral. Les douze loges, qui représentent six anthères, sont insérées sur les côtés d’un style charnu qui s'étale au-dessus d'elles en six lobes stigmatifères convolutés. Le fruit est obovale, avec six angles plus ou moins saillants, et renferme de nombreuses graines de petite taille. A cette espèce MM. Guibourt et Duchartre (Prodr., n. 1) rattachent, comme simples variétés : 1° A. Serpentaria Barton (4. offici- nalis Nees, Pl. officin., t. 14h; Handb., Il, 400), ou fausse Serpentaire de Virginie (voy. n. XXII), qui est encore l’Aristolo- chia V'iolæ fruticosæ foliis virginiana de Plukenet (A/mag., t. 15, fig. 2) et l’Endodeca Bartonii de Klotzsch (Monatsber., 1859, 60i); 2 l'A. hastata Muscuens. — Nurr. (Gen., IT, 900), qui serait l’A. polyrrhizos de Sprengel (Syst., IV, p. 2, 310) etl’En- dodeca polyrrhizos KI. (l. cit.). Toutes sont indistinctement ré- coltées, expédiées en Europe et employées aux mêmes usages. Leurs souches, telles qu'elles se rencontrent dans nos officines, sont presque cylindriques, grèles, à peu près rectilignes, ou plus ou moins arquées, ou coudées, d’une épaisseur de 2 à 4 mil- limètres, et d’une longueur d'un ou de quelques centimètres. Elles portent, d’un côté, des cicatrices saillantes et tronquées au sommet de rameaux détruits, et, de l’autre, de nombreuses ra- cines adventives, dix fois plus grèles que la souche, de même couleur qu’elle et qui, repliées sur elles-mêmes, forment, suivant 286 RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. l'expression de M. Guibourt, un paquet emmélé de filaments d’un gris brunâtre, plus ou moins clair, plus ou moins jaunâtre. L'o- deur de toutes ces parties est la même : très-aromatique et cam- phrée. Leur saveur est également camphrée, piquante, un peu amère et légèrement térébenthinée. Dans le commerce, et telle que la souche est envoyée de l'Amérique du Nord, « elle est, dit encore M. Guibourt, presque toujours accompagnée de portions de sa tige flexueuse, et de quelques feuilles qui, humectées, et développées sur une feuille de papier, peuvent servir à la distin- guer d'espèces voisines, moins actives, ou de racines de nature toute différente, qu’une ressemblance de forme pourrait faire confondre avec la véritable ; telles sont les racines de Collinsonia scabriusceula (Labiées) et de Spigelia marylandica (Loganiacées), que l’on dit avoir été quelquefois mélangées par fraude à la Ser- pentaire de Virginie, quoique je ne les y aie jamais trouvées. » Le même auteur distingue, en dehors de sa fausse Serpentaire de Virginie, trois sortes de Serpentaires véritables qui sont : 4° Celle que nous venons de décrire et qui seule a des racines emmélées. C'est la forme représentée dans la figure 5 de l'ouvrage de Plukenet. 9° Une seconde Serpentaire qui n’a paru à Paris que depuis 1516, et qui présente des racines jaunâtres, plus grosses, plus longues et plus droites que la précédente, formant des faisceaux allongés et réguliers, et non emmélés. C’est la souche de la plante repré- sentée dans la figure de l'ouvrage de Nees d'Esenbeck. Les feuilles sont plus étroites, oblongues, cordées à la base. M. Guibourt l'appelle angustifolia, par opposition avec l’épithète de latifolia qu'il applique au n. 1. 5° Une troisième Serpentaire, dite à feuilles hastées, qui est fournie par la forme hastata de l'A. Serpentaria, c'est-à-dire par l'A. sagittata Mueu. ou À. polyrrhizos Srrexc. Ses feuilles sont étroites, minces, transparentes ; ses racines adventives sont droi- tes, verticales, assez fortes. L'A. Serpentaria à été analysée en 1807 par Bucholz, d’après RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 987 Gmelin ; en 1820 par M. Chevallier (Journ. de Pharmac., VI, 565), et en 1823 par Peschier. Suivant l'exemple de Pereira (Elem., éd. 4, If, IE, 433), reproduisons en face l’une de l’autre les analyses des deux premiers auteurs : BUCHOLZ, CHEVALLIER. Huile volatile. . . . . . .. 0,50 | Huile volatile {odorante). Résine douce, jaune verdâtre. 2,85 | Résine. Matière extractive. . . . . . 1,70 | Extractif. Extrait gommeux. . . . . . 18,01 | Fécule. Lignensreuk. 16 . ... . 62,04 | Fibres ligneuses. Eausde Let 20: .... 44,45 | Albumine. Éepte "2 .... . . + 00,53 | Malateet phosphatedechaux. Oxyde de fer et silice. L'huile volatile odorante a été obtenue par Grasmann, d’après la Pharmacopée de Martius, à la dose d’une demi-once pour 100 livres de racines. Sa couleur est jaune ; son odeur très-forte et sa saveur peu prononcée (Lewis). Le principe amer, qui paraît être l’extractif de Bucholz et de M. Chevallier, est d’une amertume très-prononcée, et même légèrement âcre; il est soluble dans l’eau et dans l'alcool, et les alcalis brunissent cette solution, na- turellement jaunâtre ; mais les sels de fer n’y déterminent aucun changement. Il parait que les Indiens de l’Amérique boréale ont attribué de tout temps à cette plante la propriété de guérir les morsures des serpents venimeux. Introduite en Europe, cette Racine à serpents y fut, dit-on, appliquée pour la première fois à la thérapeutique par Johnson, médecin anglais qui vivait au xvn° siècle. Gocke- lius et Wedelius ont publié à [éna, en 1710, des dissertations : « de Serpentaria virginica ». Le nom spécifique donné par Linné à cette plante indique assez qu'il en connaissait les prétendues propriétés. Les médecins européens reconnurent qu'elle était aro- matique et excitante ; ils l'ont tour à tour préconisée comme em ménagogue, diurétique, diaphorétique, stomachique, purgative même. On a admis qu’à la dose ordinaire de deux gros, en dé- 288 RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX, coction et d’un gros en poudre, elle guérissait « les fièvres mali- gnes, la péripneumonie catarrhale, les paralysies, le scorbut, les gangrènes, toutes les maladies accompagnées d’atonie, de pro- stration, de collapsus ». Elle a servi en gargarismes contre l’angine gangréneuse ; elle faisait partie de plusieurs remèdes dits alexiphar- maques, l'Orviélan Præstantius, l'Eau générale, \ Eau thériacale. Après avoir accumulé les hypothèses sur son mode d'action et ses vertus au moins exagérées, on a pris le parti d'étudier ses effets pathologiques. C’est vers ce but qu'ont principalement tendu les recherches de Jôrg et de ses élèves (Wibmer, Areneim u. Gifte, Bal, S. 221, et Journ. chim. méd., VIL, 493). On a observé alors qu’à petites doses, la Serpentaire provoque appétit, tandis qu'à doses plus élevées elle détermine des nausées, de la flatu— lence, du malaise et des douleurs stomacales, avec des évacuations fréquentes, mais non liquides. Lorsque le médicament a été ab- sorbé, le pouls s'accélère, la peau devient chaude ; les sécrétions et l’exhalation sont activées. Plus loin encore, il parait résulter des expériences que l'on a citées, que les fonctions cérébrales sont troublées ; il survient de la céphalalgie et de l’insomnie. L'action est donc analogue à celle du camphre, mais moins in- tense. C’est d’ailleurs un remède plus énergique que le Dorstenia Contrayerva qui a été aussi considéré comme un alexipharmaque. La Serpentaire passe pour guérir, non-seulement de la morsure des serpents à sonnettes, mais encore, d’après Dale, de celle des chiens enragés. Elle était très-estimée autrefois contre la torpeur, l’atonie ; c'était, pensait-on, un stimulant puissant dans certaines formes de fièvres continues et intermittentes. D’après Sydenham (Op., trad. Pechey. éd. 4, 233), un scrupule de Serpentaire, dans trois onces de vin, constitue un remède à bon marché contre la fièvre tierce. Cullen ne jugeait son emploi convenable que dans certaines affections tvphoïdes, ataxiques ou adynamiques. D’après Pereira, 1l est rapporté, dans le Medical observator and Inquirer (1, 211), que dans un cas d’angine épidémique, la Serpentaire, administrée à l’intérieur comme diaphorétique, et employée en RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 289 décoction avec les baies de Sumac, sous forme de gargarismes, produisit un effet avantageux. Le meilleur mode d'administration de ce médicament, c’est une infusion aqueuse. On à aussi employé en Amérique et en Angleterre une teinture alcoolique, préparée comme la teinture de gayac. La dose de racine pulvérisée que lon doit administrer varie de 50 centigrammes à À gramme et demi. En infasion, dans l’eau ou le vin, on en a donné jusqu’à 8 où 16 grammes par kilogramme de liquide. XXVIIL. A. Sipho Laérir. (Stirpes nov., fase. !, 13, t. 7). — Cetle espèce si connue comme plante d'ornement, à été nommée par Lamarck (Dict., 1, 252) A. macrophylla; par Rafinesque (Medic. Flora, T, 65), Siphisia glabra, et par Klotzsch (Mo natsber., 1859, 602), $. Sipho. Ses tiges volubles, rameuses, glabres et lisses portent de larges feuilles orbiculaires-cordées, un peu aiguës au sommet, profondément échancrées à la base, avec deux larges auricules arrondies, Ses fleurs, axillaires et so- litaires, dont le pédoncule grêle porte souvent une large braetée cordiforme, sont remarquables par la forme de pipe qu’affecte leur périanthe ; d'où les noms vulgaires employés aux États-Unis de Pipe-vine et Deutschmann’s pipe. Ce périanthe est verdâtre en dehors, d’un pourpre noirâtre en dedans; son limbe, veiné d’un réseau pourpre noir, est arrondi, trilobé, à lobes courts et sub- acuminés. Le tube est étroit et droit, renilé inférieurement en un large utricule oblong. La capsule, longue de près d'un décimètre, presque cylindrique, un peu renflée vers le haut, porte six angles longitudinaux peu saillants. L’A. Sipho est originaire de l’Amé- rique du Nord ; il croît dans les forêts dans la Pensylvanie, le Kentucky et jusqu’au sud de la Géorgie. C’est une plante stimu- lante et même irritante. Dans son pays natal elle s'emploie en décoction pour déterger les anciens ulcères ; il serait très-facile d’en observer les eflets en Europe, puisqu'elle se trouve dans presque tous les jardins. XXIX. A. trifida Lamk. Synonyme de 4, trilobata (n. XXX). VII, : 19 290 RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. XXX. A. trilobata L. (Spec., IH, 960). — Cette espèce améri- caine qu’on à trouvée depuis les Antilles jusque dans le Brésil méridional, à pour synonymie : À, trifida Lau (Dict., 1, 254), —- A. caracasana SpRExG. (Syst., II, 703). — Howardia trilobala Kz. — H. trifida Ki. (Monaisb., 1859, 617). Plumier (Cat.. 5) la connaissait et l'a désignée sous le nom de Aristolochia folio hederaceo trifido, maæimo flore, radice repente. C’est une liane frutescente, rameuse, à feuilles trifides ou tripartites, rarement presque entières, à lobes oblongs, le médian ordinairement plus aigu que les latéraux ; glabres supérieurement, couvertes en des- sous d’un duvet mou et épais. Le pétiole est allongé et tordu. Les fausses stipules sont réniformes. La fleur présente un périanthe de grande taille, comme celui de PA. macroura (n. X VIT), et d’un vert Jaunâtre en dehors, avec des stries d’un rouge sombre. L'in- térieur est blanchâtre ; le tube est rempli de poils rouges recour- bés. La gorge et le limbe sont d’une couleur de sang foncée. L’utri- cule est ovoïde ; le tube, large et court; le Himbe, cordiforme, à lèvre terminée par une queue deux ou trois fois aussi longue que le reste du périanthe. Toute la plante dégage une odeur pénétrante. Il y a longtemps que les habitants des pays où elle eroît l'emploient comme un remède vulgaire contre la morsure des serpents (Bar- rère, Histoire naturelle de la France équinoæiale, 16). Linné Fa signalée, dans sa Matière médicale, comme ayant toutes les pro- priétés de PA. Serpentaria (n. XXVH). D’après Murray (Ap- parat. medic., 1, 514), Bergius l'ayant administrée à la dose de 6 à 20 grains, produisit de la sorte une transpiration rapide. On la dit aussi excitante. XXXI. À. turbacensis H. B. K. (Now. gen. et spec. pl. æquan., 11, 145). — Cette espèce, peu connue, et recueillie par Humboldt et Bonpland aux environs de Turbaco, y porte le nom vulgaire de Capitana de Corazon. Sa tige est grimpante, avec des feuilles ovales-cordées ou réniformes, très-entières, réticulées. Les fleurs, supportées par un pédoncule chargé d’une bractée, n’ont pu être RÉVISION DES ARISTOLOCHES MÉDICINAUX. 994 étudiées; son fruit atteint la longueur de quatre pouces. Les Mexicains emploient sa. souche, au dire de Bonpland, contre la morsure des serpents venimeux. XXXII. A. undata Moexcu. Synonyme de l'A. sempervirens (n. XXVT). Sous le nom de Racines de Mil-homens, on désigne, dans l'A- mérique méridionale, un certain nombre de souches dont la plu- pari appartiennent à des espèces du genre Aristolochia. Le véri- table Mil-homens serait, d’après MM. Th. de Martius et Guibourt (o. cit,, 11, 350), l'A. cymbifera Marr., dont les souches tubé- reuses portent des jets de 30 à 60 centimètres de longueur, gar- nies de radicelles de la grosseur d’une plume de pigeon, noirâtres en dehors, blanchâtres en dedans, d’une saveur amère, aroma- tique, camphrée; et d’une odeur plus forte que celle de 4. Cle- malitis, rutacée, et analogue à celle de la Serpentaire, Ces racines, qui contiennent du tannin, de Phuile volatile, un principe Ne de la gomme, de l’amidon, des sels de potasse et de chaux, sont vénéneuses quand elles sont fraiches ; mais on les prescrit sèches dans le traitement des paralysies, hydropisies et dyspepsies. Un autre Mil-homens, dont parle le même ouvrage, el qui à été rap- porté de Cayenne par Leprieur, est peut-être produit par A. ma- croura (n. XVIII), ou l'A. brasihensis Mart. C’est une racine à jets très-longs, à écorce spongieuse. Sa couleur est jaune fauve, son odeur rutacée et son goût aromatique sans être âcre ou amer, dit M. Guibourt. L'Apinel des Mexicains, qui s'emploie contre la morsure des serpents, est également la racine d’un Aristolochia. Lamarck (Diet., 1, 210) suppose que c’est celle de VA. anguicida L. (n. D). Enfin, plusieurs espèces de ee genre, dont la véritable valeur thérapeutique ne nous est point connue, ont reçu des auteurs qui les ont établies des noms qui indiquent en elles certaines propriétés médicinales. Tels sont les 4. odora Sreur., fœtens Linoc. et T'he- riaca MaART. DES CELLULES CONSOLIDANTES DC SCINDAPSUS PERTUSUS SCHOTT Par M. H. SUEUR (1). On a déjà signalé, chez quelques plantes, l'existence de cellules toutes spéciales qui, mêlées aux cellules normales, en différent complétement par leur taille et leur forme en rapport avec le rôle qu'elles sont appelées à remplir. L'exemple le plus connu est ce- lui du Nymphœa ; mais il y a d’autres végétaux qui en renfer- ment également, notamment le Scindapsus pertusus Scnorr (Rha- phidophora lacera HasskL. Pothos perlusa Roxs.) (2) dans lequel j'en ai découvert récemment de fort curieuses ; c'est de celles-ci seulement que je parlerai dans ces quelques pages. Quel est d’abord le meilleur nom à appliquer à cette importante modification de la cellule ? Nous ne le tirerons pas de celui du genre qui nous offre ce phénomène ; car cette structure élant commune à plusieurs, nous serions conduit à désigner par des noms différents des choses complétement identiques ; par la même raison, nous ne le tirerons pas non plus de la taille, de l'aspect, de la forme qui sont si va- riables ; mais nous nous baserons sur le rôle de ces organes ; et le meilleur terme à adopter, je pense, est celui de cellules consoli- dantes, car il a l'avantage de rendre compte des faits; et de plus, étant complétement indépendant du nom scientifique, de pouvoir être appliqué dans tous les cas possibles. Les cellules consolidantes du Scindapsus existent dans toutes (4) Lu à la Société Linnénne de Paris, dans la séance du 24 décembre 1866. (2) Cette plante est cultivée au Muséum sous le nom de Tornelia fragrans GuTr. DES CELLULES CONSOLIDANTES DU SCINDAPSUS PERTUSUS, 293 les parties de cette plante; et non-seulement on les rencontre partout, mais elles s’y trouvent en grande abondance. Les racines, la tige, les feuilles et leurs pétioles, leur doivent leur grande rigidité. Hâtons-nous de dire que leur aspect varie beaucoup d’un organe à l’autre, mais qu'il est fixe pour chacun d'eux. Il y a done pour chaque région un certain nombre de types auxquels on peut rattacher toutes les formes qu'elle renferme. C'est par leur examen et leur description que je commencerai, pour continuer par Pétude de leur siége et de leur rôle, Je traiterai d'abord du pétiole, parce que c’est à lui qu'appar- tiennent les formes les plus régulières et desquelles pour ainsi dire dérivent toutes les autres. Prenons une cellule consolidante réduite à sa plus grande simplicité. Si elle est bien régulière, ce qui frappera tout d'abord sera sa parfaite ressemblance avee une fibre de longueur exagérée; ses parois sont épaisses ; ses extré- mités sont terminées en fuseau. Son diamètre est à peu près le même partout; mais ce qui la distingue nettement d’une fibre, c'est l'existence à sa partie moyenne d’un appendice dirigé trans- versalement (fig. 1, 6, 7), de même largeur que la portion fibri- forme et arrondi à son extrémité ; je nommerai partie centrale cet appendice qui, par suite de pressions diverses, peut être irrégu- lier où présenter la forme d'un bec. Souvent il s’allonge dans certains points de façon à jroduire deux branches symétriques à celles qui existent déjà (fig. 2); ee qui rappelle la forme d’un H; ou bien l’une de ces deux branches se développe seule (fig. 3), ou bien encore, lune des branches primitives manquant, il s’en dé- veloppe une seconde en sens inverse de l'autre côté de la partie centrale (on peut se faire une idée de cette forme en supprimant par la pensée la branche de la figure 3). Ce fait est important, car en le rapprochant de celui-ci, qu'il existe toujours sans exception une partie centrale, on est amené à admettre que cette partie centrale, qui, dans le type (fig. #), n’a l'air que d’un appendice, est véritablement le point d'origine. Il va sans dire que les dimen- sions relatives des différentes branches peuvent varier beaucoup, 29h DES CELLULES CONSOLIDANTES DU SCINDAPSUS PERTUSUS, ce qui influe singulièrement sur le facies ; mais ce qui caractérise les cellules du pétiole, c’est leur grande régularité et la direction parfaitement rectiligne de leurs branches. Dans la racine 1l n’en est plus de même; car, quoique l’ensem- ble s’écarte peu des types que je viens de signaler, la cellule offre toujours quelque chose de tourmenté et un trajet flexueux. Dans là tige, les choses se compliquent encore ; les branches qui étaient simples dans les types précédents, se ramifient de façon à présenter les figures les plus variées ; le diamètre augmente, la cellule a un aspect plus robuste, et ses ramifications sont con tournées, irrégulières et flamboyantes, comme on le voit sur la figure. Dans les trois organes dont je viens de parler, les cellules con- solidantes se trouvent dans le tissu cellulaire, et leur longueur est constamment parallèle à l’axe de la région. La partie centrale est engagée horizontalement entre plusieurs cellules, les branches s’introduisent verticalement dans tous les espaces que leur offre le parenchyme, et l’on comprend la résis- lance qui doit résulter de cette disposition. Celle qu’on observe dans la feuille est bien différente ; mais avant de l’exposer, il est uüle de décrire le type tout particulier qui, à l’exclusion des au- tres, occupe cet organe. Tout d’abord on distingue une parte cylindrique dont le sommet peut rester sphérique ou encore s’apla- ur (fig. 10. B); sa base se divise en deux, trois ou un plus grand nombre de branches qui prennent différentes directions, mais lui restent toujours perpendiculaires, ainsi que les nombreuses ramifications auxquelles elles donnent naissance (fig, 9). Le mode de fixation de ces cellules est on ne peut plus intéressant. Ce n’est plus en effet dans le parenchyme qu'elles prennent leur point d'appui, c’est sur l’épiderme, à sa face profonde, tant à la partie supérieure qu'à la partie inférieure de la feuille. Elles sont là comme de véritables poils, et l’on peut, à l’aide d’une macération sagement conduite, obtenir le feuillet d'épiderme avec toutes ces cellules qui lui restent adhérentes : il y a en effet entre elles et les DES CELLULES CONSOLIDANTES DU SCINDAPSUS PERTUSUS. 295 cellules épidermiques, à cause mème de la grande analogie qui existe entre leurs parois, une union bien plus intime qu'entre ces dernières et le parenchyme normal. Au centre de la feuille on trouve bien aussi quelques cellules consolidantes, mais elles sont peu nombreuses et d’une forme qui n’a rien de caractéristique. Aussi il n’y à pour ainsi dire pas à en lenir compte ; les autres sont seules chargées du rôle impor- tant, et il est curieux de les voir, armées de leurs immenses bras, s'étendre dans le tissu interposé, s’entrelacer en reliant les deux lames épidermiques, et former ainsi d’une masse peu compacte un tout on ne peut plus résistant. Ce que je viens de dire du mode de fixation des cellules que renferment les feuilles et les autres organes du Scindapsus, peut déjà faire prévoir l'énorme résistance qu’elles doivent communi- quer au tissu ; mais, en se bornant à des inductions, on resterait bien en deçà de la vérité, et les faits que je vais citer peuvent seuls donner une juste idée de la solidité des cellules qui nous occupent. Lorsqu'on tente de couper transversalement un pétiole ou une tige, l'instrument hésite ; certainement cela est dû en grande partie à la résistance des faisceaux fibro-vasculaires ; mais, en analysant le phénomène, nous verrons qu’il y a encore une autre cause. En examinant en effet, même à l'œil nu, le fragment, on voit une foule de petits corps qui émergent comme des soies roides. Ce n’est autre chose que les cellules consolidantes dont le plus grand nombre à résisté à la lame et n’a fait que se courber à son passage. Le fait est si vrai que, si l'on prend un instrument ordinaire, un canif par exemple, pour faire une section, l'instrument enlève des quantités énormes de ces cellules qui restent sur la coupe et que l’on peut enlever en masse et plonger dans l’eau pour l'étude. Quelle est la cause de cette solidité toute spéciale ? On ne peut l’attribuer à autre chose qu’à la grande épaisseur des parois ; quel- ques mesures fixeront bien les idées sur ce point. L'âge influe naturellement sur le diamètre; cependant il est 296 SUR UN GENRE DE MAGNOLIACÉES en général plus grand dans la racine. I peut varier de 0°",056 à 0,006 ; l'épaisseur des parois de 0"",009 à 0°",005. Quant à la longueur, la chose n’est plus la même ; car on ne peut donner de chiffres exacts que pour les formes régulières. On trouve alors que, dans le pétiole et la racine, les limites extré- mes sont 4"”,500 et 0°",420. Quant aux feuilles, à cause de la grande irrégularité des types qu’on y rencontre, elles échappent aux mesures même approxima- lives. Je crois avoir fidèlement exposé les faits les plus saillants rela- tifs aux cellules consolidantes du Seindapsus ; il resterait à exami- ner un dernier point très-important et fort curieux, celui de l'or- ganogénie ; mais on ne peut étudier celle question qu’à loisir à cause des difficultés sans nombre qu'elle présente. Je me réserve de la traiter dans un prochain travail auquel je joindrai une étude comparative de ces curieux organes dans plusieurs végétaux, tels que les Nymphœa, les Fagræa, les Rhizophora, el quelques autres. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE VI. &. Cellules consolidantes prises dans le pétiole, (110/1). Lis. 4 À 6. — dans la tige. (140/1). Fuc. AG ET 8; — dans laracine, (410/1). Fic. ME A 0. — dans la feuille. (110/4). Fig. 7..Portion centrale de la cellule 6. . . . . . . . (#00/1). SUR UN GENRE DE MAGNOLIACÉES À OVAIRE SYNCARPÉ MULTILOCULAIRE. (1). I y a des familles, d’ailleurs très-naturelles, dans lesquelles le evnécée présente tous les passages possibles entre les trois types d'organisation qui suivent : 1° des carpelles indépendants ; 2° des Snciété Linnéenne de Paris, dans la séance du 11 mai 1867. A OVAIRE MULTILOCULAIRE, 297 carpelles elos et rapprochés les uns des autres pour former un ovaire pluriloculaire ; 3° des carpelles unis seulement par leurs bords pour enclore une seule cavité ovarienne. Les Apocynées sont, par exemple, dans ce cas ; les Saxifragées, de même, et quelques autres familles encore. Mais il est rare qu'on rencontre de ces passages successifs dans les familles dites par Endlicher Polycarpicæ. La raison en est peut-être dans la manière par trop artificielle, et par trop étroite même, dont ces groupes végétaux ont été conçus et limités. Mais, dans quelques-uns d’en- tre eux, au moins, tels que tous les botanistes les admettent au jourd’hui, on observe deux des trois modes de connexion que nous venons d'énumérer ; mais ce sont les degrés extrêmes. Telles sont les Anonacées, par exemple, parmi lesquelles les Monodora, Anonacées par toutes les autres parties de la fleur, ont un ovaire uniloeulaire à placentas pariétaux multiples, tandis que les autres tvpes génériques de la même famille ont des carpelles indépen- daits à ovaire uniloculaire, Telles sont encore les Magnoliacées, ainsi que les a himitées M. Miers, c'est-à-dire en y comprenant les Canellacées qui, avec leur placentation pariétale, représentent, dans ce groupe, les Monodorées. Ici manque done, entre les types à ovaire uniloculaire et les genres à gynécée formé de carpelles indépendants , une plante représentant des ovaires à plusieurs loges distinetes, renfermant chacune un placenta placé dans son angle interne. C’est ce type intermédiaire que nous venons de rencontrer dans un genre néo-calédonien, recueilli par M. Vieil- lard, en 1855-60, sur les montagnes élevées de Balade ; tvpe qui lient à la fois, par ses ressemblances, aux Magnoliées propre- ment dites dont il a le feuillage et l'inflorescence, et surtout aux Drimydées dont il a l’androcée et presque le périanthe. Qu'on se figure en effet un arbre chargé de feuilles alternes, semblables à celles de certaines formes du Magnolia glauca, et à rameaux terminés par une fleur à court pétiole articulé, comme celui de certains Magnolia. Le calice parait représenté par une petite cupule circulaire à bords entiers ou légèrement sinueux ; et, 298 SUR UN GENRE DE MAGNOLIACÉES A OVAIRE MULTILOCULAIRE. plus intérieurement, on voit quatre ou cinq folioles inégales et im - briquées, qui rappellent un peu la corolle des Drimys, mais qui sont fort épaisses et coriaces. Quant à l'androcée, inséré sur un ré- ceptacle cylindrique assez allongé, il est tout à fait celui du Drimys Winteri, formé d’un nombre indéfini d’étamines libres, inégales, d'autant plus courtes qu'elles sont plus extérieures, disposées dans l’ordre spiral, et pourvues chacune d’une anthère extrorse à deux loges courtes, obliques, déhiscentes suivant leur longueur. Le gynécée, que nous n'avons vu que dans le bouton, est une masse irrégulièrement globuleuse, légèrement charnue. Coupée en tra- vers, elle présente un nombre variable de loges, ordinairement huit ou dix, parfaitement séparées les unes des autres par des cloisons complètes. Chacune d'elles contient, dans son angle interne, un placenta axile chargé d’ovules anatropes en nombre indéfini. A peine quelques sillons verticaux, d’inégale profondeur, indi- quent-ils, au dehors de l’ovaire, l’existence de plusieurs carpelles. Ceux-ci ne deviennent indépendants que tout à fait au sommet, dans une courte portion stylaire (qui n’a que 1 où ? millimètres de hauteur), terminée par une petite tête renflée et aplatie, à peu près circulaire et chargée de tines papilles stigmatiques. Peut-être serait-il bon de faire de ce genre une section spéciale de Ja famille des Magnoliacées. Peut-être aussi doit-on le laisser provisoirement parmi les Drimydées dont il possède tant de carac- tères. Nous donnons actuellement la description en latin de la seule espèce jusqu'ici connue de ce genre. ZYGOGYNUM VIEILLARDI. Arbor (fd. el. Vieilard), ramis teretibus ; cortice crasso rugoso. Folia alterna petiolata exstipulata oblongo-lanceolata (in summis ramulis ad 42 cent. longa, 5, 4 cent. lata); apice acutiusculo v. sæpius obtusiuseulo emarginatove ; basi sensim in petiolum cras- siusculum compressiuseulum (ad 2 cent. longum) attenuata; inte- gerrima coriacea crassa glaberrima, supra virescentia, sublus fer- SUR UN TETRACERA DE L'AFRIQUE ORIENTALE. 299 ruginea tenuissime albido-puncetulata ; costa utrinque prominula ; nervis primariis crebris obliquis reticulatis, haud procul à mar- gine interse osculatis. Flores solitarii terminales (Magnoliæ more); peduneulo crasso, basi articulato obconico brevi (5-17 cent.) ; apice in cupulam brevem integram v. obsolete sinuatam (calyeem ?) dilatato. Corolla 4, 5-mera ; foliolis aut decussatis aut imbricatis ; exterioribus (plerumque 4) crassissimis coriaceis glaberrimis inter se paulo inæqualibus deciduis ; interioribus 4, 2 multo minoribus petaloideis. Stamina (Drimidis) receptaculo cylindraceo (Dri- midis) remotiuscule ordine spirali inserta ; filamentis inter se inæ- qualibus (exterioribus brevioribus) : antheris summo connectivo oblique adnatis; loculis ovatis extrorsum rimosis. Carpella (Dri- midis) ; ovariis inter se omnino coadunatis unilocularibus ; ovulis et angulo interno insertis ; stylis brevibus liberis depresse capi- latis. Fructus basi articulatus inæquali-ovatus (immaturus) e massa multiloculari (carpellorum coadunatorum) constans. Semina.? — In Novæ-Caledoniæ montibus excelsis Balade creseit, ubi legit cl. V'ieillard, annis 1855-1860, n. 187 (herb. Mus. colon. gallic.). EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE IV. Fr. 1 Fic. 2. Fleur dépourvue de son périanthe. Fie. 3. Diagramme floral. . Rameau florifère de Zygogynum Vieillardi. SUR UN T'EÉTRACERA DE L’'AFRIQUE ORIENTALE (1). Parmi les plantes recueillies par Boivin à Zanzibar et à Mon- baza, pendant les années 1847-1852, nous avons observé une Dilléniacée curieuse, qui établit de singuliers rapports entre les genres Dillenia et T'etracera. C’est à ce dernier que nous la rap- (4) Lu à la Société Linnénne de Paris, dans la séance du 8 juin 1867. 206 SUR UN TETRACERA DE L'AFRIQUE ORIENTALE. portons, sous le nom de T, Boiviniana, à cause de la forme de ses étamines, dont le filet se renfle insensiblement vers son som- met, et peut porter Jes deux loges d’une anthère extrorse. Mais le port de cet arbuste est déjà bien différent de celui des T'etracera américains et des T, Euryandra, senegalensis, ete. Ses petits ra- meaux dressés el chargés de poils simples blanchâtres portent des feuilles allongées, bien moins rigides que celles des espèces que nous venons de citer, et qui cependant présentent leur nerva- Hon caractéristique et une face supérieure rugueuse et réticulée. Mais toute la face inférieure est chargée d’un duvet mou, épais et d'un blanc grisàtre à l’état sec, abondamment étalé dans l’inter- valle des nervures principale et secondaires qui font saillie sur le limbe et se couvrent de poils rousstres. Ces longs poils duveteux et mous de la face inférieure du limbe rappellent beaucoup ceux qu'on observe sur les feuilles blanchâtres des Hibbertia (Hemi- stemma) africains. Les fleurs sont groupées à l'extrémité des ra- meaux ; elles sont ou tétranéres ou pentamères. Nous donnons en latin les principaux caractères de cette espèce. TETRACERA BOIVINIANA. Frutex, ramis ereclis teretibus pube tenui villosula simplici pal- lide lulescente cinerascenteve obsitis. Folia breviter (2-11 cent.) petiolata ; hmbo oblongo ad basin ramorum obovato, sæpe ad api- cem sublanceolalo (5-10 cent. longo, 2-h cent. lato), basi plerum- que longe attenualo ; apice sæpius brevissime acumiralo ; æquali- crenato dentatove ; pennivenio, supra dense viridi parce pubescente ruguloso, subtus pallidiori albido-villosulo ; costa nervisque pri- maris (15-20) subtus prominulis ferrugineo-sericeis ; apice ner- vorum dentiformi ad margines limbi prominulo subglanduloso. Petiolus basi sensim dilatatus. Flores in supremis ramulis termi- nales axillaresve ; racemis spuriis (cymis unilaleralibus) solitarts geminisve paucifloris. Calyæ h, 5-partitus ; sepalis inæqualibus villosulis dum hk sint decussatim imbricatis. Petala calyci subœæ- NOTE SUR LE GENRE GARUGA, 301 qualia membranacea glabra imbricata decidua. Stamina omnia fertilia ; filamentis inter se inæqualibus, apice incrassatis ; anthe- rarum loculis extrorsum rimosis obliquis, basi divaricalis. Carpella h, 5 libera, matura folliculatim dehiscentia fulvido-hirsuta ; stylis liberis gracilibus ; apice vix incrassalo ; ovulrs oblique adscen- dentibus placenta basilari lateraliterque parielali insertis. — Crescit in Zanzibar et in Monbaza, ubi annis 1847-52 legit Boi- vin (4erb, Mus. par.). PLaNCc&E VII. Rameau fructfère de Tetracera Boiviniana (© de la grandeur naturelle). NOTE SUR LE GENRE GARUGA Roxe , Par M. L. MARCHAND (!. L'étude incomplète des caractères botaniques, el surtout la con- sidération des seuls caractères de la végétation entraine les bota- nistes à des erreurs qui sont d'autant plus graves que les auteurs qui suivent se contentent souvent des appréciations de leurs de- vanciers, sans songer à reprendre leurs observations et à les con- trôler par l’analyse. Les classificateurs se contentent en général trop facilement du facies des plantes, ils se hâtent trop de porter un jugement d’après le port, ils donnent trop facilement des noms et des places à des échantillons dont ils ne connaissent pas même les fleurs, où dont ils n’ont vu qu'un sexe, pour les plantes dioïques par exemple. Cette méthode nous semble peu propre à faciliter les progrès de la botanique. Le genre T'hyrsodium nous offre un remarquable exemple de ce que nous venons d'avancer. Créé par Salzmann pour une plante de Bahia, qui devint le T°. Salzmannianum Bexra., il se trouva peu à peu rapproché du genre Garuga Roxs., et définitive- (1) Lu à la Société Linnéenne de Paris, dans la séance du 11 mai 1867, 302 NOTE SUR LE GENRE GARUGA. ment incorporé avec lui. Voici la description générique qu'en donne M. Bentham (in Hook., Kew. Journ., IV, 17.) Flores dioici aut polygami. — Flores masculi. Calyæ campa- nulatus, semi-5-fidus, laciniis acutis, œstivatione valvalis. — Petala 5, laciniis calycinis alternantia, ad apicem tubr inserta, brevia, antheris medifixis, introrsis, bilocularibus, loculis paral- lelis. lengitudinaliter dehiscentibus. Ovariü rudimentum cum stylo continuum, lineare, corolla paulo brevius, apice in stigma bilobum dilatatum. Flores fœæmini et fructus ignoti. Arbores austro-amert - canœ ; folia alterna, imparipinnata ; foliolis sub-oppositis. Ramus- culæ masculæ terminales, amplæ, floribundæ. Bracteæ parvæ, lanceolatæ , squamaformes. Flores in ordine majusculi fere Ga- r1gæ. M. Bentham fait suivre cette description de cette réflexion : « Of this genus closely allied to the east- Indian Garuga, There. » Walpers (Ann., IV, AS) reproduit la description de M. Ben- tham, et se range à son avis, quant à l'affinité de ce genre avec le Garuga ; il est même plus affirmatif : « Genus valde affine ge- neri Garugæ {ndiæ orientalis. » Jusqu'ici, cependant, le Thyrsodium a été conservé comme distinct du Garuga ; dans leur Genera plantarum (p. 323), MM. Bentham et Hooker opèrent la fusion définitive des deux types en ces termes: « Thyrsodium, Bexr., in Hook. Kew Journ.; Wazr., Ann. non includit species Americæ tropicæ orientalis ab asiaticis generice distinguendas. » Telle a été l'histoire du T'hyrsodium Sazzm. Pour nous, nous venons réclamer contre cette fusion qu’on a, ce nous semble, été trop pressé d'opérer ; car on n’eût pas dù oublier cette phrase de la description de M. Bentham : F'/ores fœminei et fructus ignoti. Or, de l'avis de la plupart des botanistes de nos jours, il est im- possible de se prononcer sûrement sur la position d’une plante, st l’on ne connaît pas au moins son gynécée. Comparons d’abord la description du Thyrsodium, que nous NOTE SUR LE GENRE GARUGA. 303 avons transerite d’après M. Bentham, avec celle que MM. Bentham et Hooker donnent du Garuga Roxs. Le port les rapproche assez; des feuilles composées imparipin- nées. bipinnées, alternes ; des inflorescences en grappes compo- sées de cymes, très-floribondes ; des fleurs de même taille; tout dans la considération superficielle de l'aspect extérieur pouvait porter à réunir ces deux groupes. Certains caractères de la fleur pouvaient aussi porter à tenter cette fusion. En effet, dans les Garuga, comme dans les Thyrsodium, nous retrouvons le calyxæ campanulatus des auteurs, e’est-à-dire un réceptacle en coupe, por- tant, sur ses bords, les différents verticilles en insertion périgy- nique très-aceusée. On rencontre, dans les deux cas, cinq sépales légèrement connés à la base, et en préfloraison valvaire; puis cinq pétales libres, alternes avec les sépales et valvaires. Dans les deux cas, une couche glanduleuse tapisse l’intérieur de ce que nous avons appelé le réceptacle et que les auteurs nomment le tube du ealice et, dans les deux eas, cette couche glanduleuse forme un bourrelet festonné, un disque, au pied des étamines, Enfin, dans le Garuga comme dans le Thyrsodium, on rencontre un pistil, où un rudiment de pistil, au fond de ce tube ; ce pistil est composé d'un ovaire surmonté d'une colonne stylaire qui se partage en lobes stigmatiques. Tels sont les points de ressemblance entre les deux genres. Voyons maintenant les différences. Nous les trouvons dans l’an- drocée et dans la constitution intime du gynécée. 4° Dans le Garuga, le verticille androcéen est composé de dix étamines libres, insérées sur le bord du disque qui se renfle entre le pied des filets ; cinq de ces étamines sont plus courtes et super- posées aux pétales. Dans le T'hyrsodium, l'androcée ne se com- pose plus que de cinq étamines superposées aux sépales, mais s’insérant encore sur le bord du disque qui se relève en cinq fes- tons alternes avec elles. 2 Mais Ja différence la plus grande se montre dans la compa- raison du gynécée des deux genres. Dans le Garuga, nous avons oU/ NOTE SUR LE GENRE GARUGA. un pistil composé d’un ovaire à quatre ou cinq loges, surmonté d’un style partagé en quatre ou cinq lobes stigmatifères. — Dans le T'hyrsodium, nous ne {rouvons plus que trois ou même deux loges à l’ovaire ; encore il arrive rapidement que l’une d'elles finit par prendre un développement considérable, et, au moment de l'an- thèse, c’est à peine si l’on trouve les rudiments des loges sté- riles. — Dans le Garuga, nous avons dans chaque loge deux ovules collatéraux anatropes, suspendus dans l'angle interne, à raphé tourné en dedans, à micropyle extérieur et supérieur; c’est une Burséracée. Dans le Thyrsodium, nous avons dans chaque loge un seul ovule, anatrope, suspendu dans l’angle interne de la loge ; cet ovule à son raphé extérieur, son micropyle est supérieur et tourné du côté du placenta contre lequel il s'applique et qui lui fournit une espèce d’obturateur festonné, épais et de couleur plus foncée que le reste du tissu. Ces caractères différentiels nous semblent suffisants pour auto- riser la séparation des Garuga et des T'hyrsodium. Ce dernier cenre, dans l’état actuel de la science, devra donc avoir la earac- téristique suivante : Fleurs régulières, polygames ou dioïques, à réceptacle concave, portant sur ses bords le calice, la corolle et l’androcée, et au fond de sa concavité le gynécée. — Calice à cinq sépales, libres ou lé- gérement connés, dressés, en préfloraison valvaire. Corolle à cinq pétales libres, égaux, dressés d’abord, puis plus ou moins étalés, alternes avec les sépales ; préfloraison valvaire. Androcée isosté- mone de cinq étlamines allernes avec les pétales, dressées ; filets courts, dressés ; anthères biloculaires, introrses, à déhiscence lon- oitudinale, dorsifixes. Disque périgyne lapissant tout l'intérieur de la coupe réceptaculaire et se relevant, au niveau des insertions des pétales et des étamines, en un bourrelet peu saillant, légère- ment festonné, à dents allernes avec les étamines, marqué ordinai- rement de cinq cannelures longitudinales. Gynécée libre au fond de la coupe réceplaculaire. Ovaire à deux ou trois loges, dont une est alors postérieure ; style allongé en une colonne cylindrique NOTE SUR. LE GENRE GARUGA. é09 partagée au sommet en aulant de divisions stigmatifères bifides, qu'il ya de loges à l'ovaire. Dans chaque loge, un ovule anatrope, à enveloppes doubles, suspendu au sommet de l’angle interne, à raphé extérieur, à micropyle interne et supérieur, muni d'un oblurateur à bords festonnés. Par suite des progrès de l’âge, une des loges reste seule; c’est ordinairement l'antérieure. Fleurs males, par atrophie du gynécée qui se montre sous forme d’une longue colonne centrale à peine renflée à sa base. Fleurs femelles, par stérilité des étamines qui se montrent alors fort réduites. Fruit inconnu. Arbres ou arbrisseaux de l'Amérique australe, à feuilles alter- nes, sans stipules, imparipennées, à folioles presque opposées. Inflorescences terminales et axillaires, trés-riches en grappes composées de cymes triflores. Fleurs à pédicelle articulé, accom- pagnées de bractées petites et écailleuses. Ces caractères, non-seulement nous portent à séparer le genre T'hyrsodium du genre Garuga, mais encore nous le font rejeter de la famille des Burséracées. Celles-ci nous semblent former un petit groupe très-naturel, caractérisé par ses loges à deux ovules colla- téraux, anatropes, pendus dans l’angle interne de la loge, avec le micropyle extérieur et supérieur et le raphé interne. Le T'Ayrso - dium nous semblerait plutôt appartenir à la famille des Anacar- diées. CONSIDÉRATIONS SUR LES OVAIRES INFÉRES FONDÉES SUR L'OBSERVATION DE L'ÉTAT MONSTRUEUX D'UN ROSA ET DE L'ÉTAT NORMAL D'UN CRATÆGUS Par M. D, G. BRANZA (|) Licencié ès sciences naturelles. Comment doit-on considérer les ovaires infères, el en particulier ceux des Rosacées, au point de vue de leur véritable nature? Tel est le problème que nous nous proposons de discuter et d'appuyer sur des observalions, la seule méthode qui, dans les sciences, puisse conduire à leur but final : la découverte des lois de la na- ture. Pour la plupart des botanistes, la question semble jugée; il n’en est pas de même pour d’autres qui, afin d’accommoder la nature à leurs théories, ne liennent aucun compte des données de l’obser- vallon. Sous ce nom d’ovaire infère, on a tort, ce nous semble, de ne voir que la portion inférieure du gynécée ; il y a deux choses : 1° des feuilles carpellures, dont l'ovaire est bien infère ; et 2° un réceplacle concave dans lequel il est plongé. — Rien d’anor- mal, alors, dans cette disposition; pas d'interprétation forcée. En réalité, le fait est au fond le même que dans les ovaires supères ; ici le réceptacle se présente sous la forme d’un cône plus ou moins élevé; là, sous celle d’un plateau plus ou moins déprimé ; (1) Lu à la Société Linnéenne de Paris, dans la séance du 44 mai 1867. CONSIDÉRATIONS SUR LES OVAIRES INFÈRES, 307 cet organe a usé du droit de polymorphisme que tous les botanistes lui reconnaissent. Lorsque les carpelles sont en nombre indéfini, ils restent sou- vent libres et distincts ; les rapports entre les organes appendicu- laires et les organes axiles sont alors assez évidents pour n'avoir pu être niés par personne. Il n’en est pas de même quand leur nombre est réduit ou défini; dans ces cas, les carpelles peuvent se confondre avec le réceptacle. L'évidence n'étant plus assez grande, on invente et l’on soutient que le réceptacle est un calice, et que celui-ci devenant accrescent, se soude avec les ovaires. De là ces dénominations, d’ovarres adhérents, de calice adhérent, de calice accrescent. Cette théorie semble satisfaire tellement certains botanistes, qu'ils oublient pour elle la distinction capitale qui existe entre les appendices et les axes. Aussi venons-nous, avec des arguments plus forts que des hypothèses, essayer de justifier la dénomination de réceptacle qu’on donne à la partie externe de ce qu'on appelle l’ovaire d’une Rose où d’une Pomme, par exemple. Nous nous appuierons pour prouver ce que nous avanÇçons : 1° sur l’état monstrueux d’une Rose que nous devons à lobli- geance de M. Leclerc; 2° sur l’état normal du fruit du Cratægus tlanacetifolia. I. Rose monstrueuse. -— Examinée d’une manière superlicielle, elle se montre constituée : de deux périanthes, représentant le ca- lice et la corolle, et du centre desquels s'élève, à la place des or- sanes mâles et femelles, un rameau long de 4 à 5 centimètres. — Ce rameau, après avoir donné insertion à trois ou quatre folioles très-anormales, mi-partie rouges, mi-partie vertes, auxquelles d’abord on n’aitache pas une grande importance, se termine par une seconde fleur, bien plus complète que la première, mais moins intéressante. Si l'on prête un peu plus d’atiention, on ne tarde pas à être frappé de l'absence du réceptacle ; nous nous hâtons de le dire, cette absence n’est qu'apparente. 508 CONSIDÉRATIONS SUR LES OVAIRES INFÈRES, L'existence du rameau en question d’une part, l'absence du réceptacle de l’autre, nous portent à rechercher quelle est l’origine du premier. Comme aujourd’hui il est suffisamment démontré que les or- ganes des plantes étant extrèmement polymorphes, la forme, de même que les autres caractères de cet ordre (coloration, durée, consistance, elc.), n’ont qu'une importance {out à fait secondaire, il nous sera facile de nous rendre compte de cette anomalie. Nous savons, d’après les belles recherches organogéniques de Payer, que le réceptacle de la Rose, à une certaine période de son développement, a la forme conique, et que plus tard, graduelle- ment, son sommet organique se déprime, tandis que sa base or- ganique s'élève et s'évase; de telle sorte qu’à la fin il devient tout à fait concave, et prend la forme de bouteille qui chez lut est si caractéristique. Dans notre Rose monstrueuse, il est arrivé ee qui se passe tous les jours, dans le développement des bourgeons ordinaires. Dès que le réceptacle à pris la forme conique et qu'il a donné nais- sance, sur ses bords, vers sa base organique, à des mamelons, ru- diments des sépales, son sommet organique, au lieu de rester stationnaire, pendant que les bords s'élèvent et forment autour de lui une coupe au fond de laquelle on le retrouve, a continué à s'allonger, sans avoir donné naissance à des feuilles carpellaires proprement dites. Nous avons fait remarquer plus haut qu'entre la première fleur et la fleur terminale, il ÿ avait un certain nombre de folioles mal aractérisées. Nous ne serions pas étonné que ces folioles fussent des feuilles carpellaires entrainées au centre de la fleur, à la suite de ce mouvement général. Ce fait s'explique très-naturellement, par suite de la tendance qu'ont les différents organes à s’équilibrer; ce que Geoffroy Saint- Hilaire a appelé la loi du balancement organique. On sait, en effet, que toutes les fois qu'une partie d’un organe demeure rudimen- laire, une autre portion du même organe peut prendre un dévelop- CONSIDÉRATIONS SUR LES OVAIRES INFÈRES. 309 pement exagéré. Par conséquent, le rameau anormal qui s’est élevé du centre de notre Rose n’a pu se développer qu'aux dépens et au détriment d’une autre partie, qui dans ce cas est le réceptacle. Depuis longtemps ce genre de monstruosité a fixé l'attention des naturalistes ; on lui a donné le nom spécifique de prolification, que lillustre Linné définit de la manière suivante : « Prolifer flos, ubi ex uno flore alius enascitur…. (4). » — On reconnaît deux mo- des de prolification : l’une est dite médiane, c’est le cas de notre Rose; l’autre est dite aæillaire. Dans cette dernière classe rentre le cas rapporté par Moquin-Tandon, dans sa Tératologie végé- tale : au milieu du périanthe et sur les bords de la coupe, se trou- valent sept petites roses, parfaitement conformées, développées, les unes à l’aisselle des étamines, les autres à l’aisselle des pistils ; et-nous avons vu entre les mains de notre ami et collègue M. le docteur L. Marchand, de très-nombreux exemples gradués de prolifications médianes et axillaires. Duhamel, Charles Bonnet, Turpin, de Candolle, etc., ont signalé aussi des exemples variés de roses prolifères. Quelques auteurs ont fait jouer aux monstruosités un rôle beaucoup plus grand, peut-être, qu'elles ne méritent ; à ce point qu’ils sont arrivés à conclure que les plantes « dans leur état normal sont des filles discrètes, mais que dans leur état monstrueux elles se démasquent, deviennent bavardes et disent alors tout ce qu’elles savent ». — Mais comme très-probablement les choses ne se pas- sent pas toujours de la sorte, et que les monstruosités, d’après cer- lains auteurs (2), pourraient confirmer les doctrines les plus oppo- sées, nous allons passer à l'étude d’un autre fait, qui, étant Pétat normal, pourra nous fournir une preuve d'une plus haute valeur. Il, Fruit du Cralæqus tanacetifotia. — Les Cratægus sont des plantes qui appartiennent aussi au groupe des Roses. Ils n'en diffèrent, en réalité, que parce que les carpelles sont au (1) LINNÉ, Philosophia botanica, 123. (2) H, BAILLON, Éloge de M. Moquin-Tandon (Adansonia, V, 149), 510 CONSIDÉRATIONS SUR LES OVAIRES INFÈRES, nombre de cinq seulement, et parce que le réceptacle, qui est à peine charnu dans le ÆRosa, le devient au contraire extrême- ment dans le Cratægus, du moins dans sa portion externe, car dans la portion interne les cellules constituantes s’inerustent de ligneux, et forment un noyau autour de chacun des carpelles, — Mais la particularité la plus digne de remarque, et la plus impor- lante au point de vue de la question qui nous occupe, consiste dans le nombre variable des appendices qui prennent insertion sur la surface de ce fruit. En eflet, pour peu que l’on examine-un de ces fruits, on est surpris de voir, échelonnées sur sa surface et à des hauteurs diffé- rentes, de petites folioles à bords un peu dentés, tout à fait ana- logues à celles qui ont été découvertes, au moyen de l’organogénie, par M. H. Baillon (1) en 1858, sur l'ovaire du Jussiæa salicifolia. Le nombre de ces folioles varie, de même que leur place; souvent on n'en rencontre qu'une seule, dont la position n’est pas très- constante, quoique en général elle se trouve insérée très-près du pédoncule du fruit; lorsqu'on en a deux, elies sont alternes ou presque opposées, et placées de même à la partie inférieure. Mais le nombre le plus fréquent est celui de trois, et elles sont dispo- sées dans ce cas suivant une ligne spirale. J'ai eu l’occasion de trouver des fruits du Cratægus qui présentaient jusqu'à quatre de ces folioles. D'ailleurs, une foule d’autres genres appartenant à d’autres familles sont exactement dans le cas de notre Cratægus; nous n'avons qu'à citer les genres Chimonanthus et Calycanthus, sur le réceptacle desquels on trouve, de la base au sommet, un assez grand nombre de bractées très-visibles sur le fruit jeune, mais dont la durée est trop courte pour qu’on puisse bien constater leur disposition au moment de là maturité. A cette époque, on ne peut voir que leurs cicatrices. Citons encore plusieurs Campanulacées, et, comme nous l’avons dit plus haut, le J'ussiæa salicifohia. (1) Bulletin de la Société botanique de France, V, 207. CONSIDÉRATIONS SUR LES OVAIRES INFÈRES. | 311 Les appendices qui se trouvent ainsi insérés sur le réceptacle de la fleur ont reçu le nom de bractées ovariennes, probablement à cause de leur disposition apparente. Mais cette dénominalion ne traduit pas exactement ce qui se passe dans la nature; car, si l’on voulait accepter sa signification rigoureuse, on serait, ainsi qu'il ressort de ce travail, bien vite induit en erreur. C’est pour cette raison que nous les appellerions plutôt des bractées réceptacularres, expression un peu longue, il est vrai, mais qui aurait l'avantage d'indiquer nettement leur siége réel. De tout ce qui précède, nous croyons done être en droit de conclure avec MM. Schleiden, Mirbel et Payer, et contrairement à MM. Ad. Jussieu (1), Duchartre (2), et autres : 1° Qu'il n'existe pas ici d’ovaire vraiment adhérent. 2° Que l'ovaire infère des auteurs est composé d’un réceptacle concave et de feuilles carpellaires. 3° Que le prétendu calice accrescent de la Rose et d'autres Rosa- cées n’est autre chose qu’un réceptacle. (4) A. De Jussreu, Éléments de botanique, 488. (2) DUCHARTRE, Éléments de botanique, 498 et 573. OBSERVATIONS RELATIVES À QUELQUES SARRACENIA DE L'AMÉRIQUE DU NORD AU POINT DE VUE DE LEUR CULTURE SUR LE CONTINENT EUROPÉEN Par M. E. RAMEY (!{). Le but que je me suis proposé dans cette notice n’est pas de traiter des Sarracenia au point de vue purement botanique ; car je n'aurais pu et su que répéter ce qu'ont déjà dit ou écrit, de ces curieuses plantes, les nombreux savants qui s’en sont occupés depuis près de trois siècles. Dans ces circonstances, mieux vaut donc m'abstenir, ne doutant pas que les travaux publiés sur cette question ne soient connus où qu'on ne trouve facilement à les consuller en cas de besoin. Ce que je désire, c’est consigner ici quelques renseignements, en partie nouveaux, recueillis de visu, par un de mes amis, sur la végétation des Sarracenia dans certaines parties de l'Amérique du Nord, où ces plantes croissent à l’état spontané, et exposer quelques réflexions personnelles sur la culture qui convient pro - bablement à ces plantes, et sur la possibilité de les naturaliser sur plusieurs points du continent européen. Ainsi qu’on l'a déjà dit, les vrais Sarracenia, au nombre de sept ou huit espèces, occupent dans l'Amérique du Nord une aire de dispersion assez vaste, puisqu'elle s'étend à l'est des monta- ones Rocheuses jusqu'à la mer, et depuis la baie d'Hudson jus- qu'aux confins du golfe du Mexique : c'est-à-dire une zone com- (1) Lu à la Société Linnéenne de Paris, dans la séance du 11 mai 1867. ORSERVATIONS RELATIVES A QUELQUES SARRACENIA. 319 prise entre le 30° et le 50° degré de latitude. Toutefois c’est plus particulièrement entre le 40° et le 45° degré qu’ils croissent le plus abondamment. On les cite principalement dans la Géorgie, la Floride, la Virginie, les deux Carolines, l'État de New-York, le Canada, ete. Le Sarracenia purpurea, beaucoup plus répandu, et surtout beaucoup plus rustique que les autres, s’avance bien plus au nord, et on le retrouve abondamment jusqu'aux bouches du Saint-Laurent, dans la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Bruns- wick, au cap Breton, aux îles Saint-Pierre et Miquelon et même à Terre-Neuve et dans le Labrador. On voit par là que ces plantes vivent en même temps, et dans des contrées où les hivers sont parfois très-rigoureux, plus rigoureux que chez nous (c’est le cas pour le Sarracenia purpurea), et dans d’autres qui correspondent aux parties moyennes et méridionales de l'Europe, où les gelées sont faibles où à peu près inconnues : c’est surtout le cas pour les S. Drummondii, rubra, psiltacina, flava, undulata, varrolaris, ete. Les Sarracenia croissent dans des prairies marécageuses et moussues ; mais leur vraie station est la tourbière à Sphagnum. De même qu'en Europe, ces tourbières à Sphagnum se rencon- trent aussi bien dans les bas-fonds que sur des collines, et aussi bien dans des parties boisées ou des clairières de bois que dans les plaines découvertes. Ges tourbières sont surtout très-commu - nes dans les environs de Boston (Massachusetts), dans des terrains qui sont inondés pendant une grande partie de l'automne et de l'hiver, et jusque assez avant dans le printemps. C’est là, sur et dans le Sphagnum pur, et non dans la terre, que poussent abon- damment les Sarracenia, dont les rhizomes, ainsi que les feuilles, qui sont persistantes, restent couverts, pendant plusieurs mois, d'une couche épaisse d’eau assez claire et qui paraît se renouveler insensiblement. fs se trouvent de la sorte garantis des gelées, car ils sont au-dessous du niveau de congélation. Lorsque au printemps Peau se retire, les Sarracenia entrent en vécétation ; feuilles et fleurs se développent rapidement, etil n’est pas rare de les voir fleurir un mois après. äl4 OBSERVATIONS RELATIVES À QUELQUES SARRACENIA. Vérs la fin de l'été, de juillet, août en septembre, arrivent la maturité et la dispersion des graines ; puis la végétation se ralentit, et la plante paraît entrer dans la période de repos, qui se continue pendant l’hivernation sous l’eau. Il se peut toutefois qu'avec le retour de Phumidité et que pendant cette submersion (mais plutôt au moment où la couche d’eau diminue et qu’elle s’échauffe avec le retour du printemps), les rhizomes commencent à s’allon- er; de nouvelles racines se forment ; les bourgeons à fleurs for- més de la saison précédente se gonflent et n’attendent pour partir que le moment favorable, c’est-à-dire la lumière et l'air. C’est ainsi que s’expliquerait la rapidité du développement de nouvelles feuilles et des fleurs, après que le retrait de l’eau a laissé ces plantes à découvert, rapidité de développement qui pourrait être en quelque sorte comparée à celle des plantes des montagnes qui ont commencé à végéter sous la neige, et qui se hâtent de com- pléter leur végétation et de fleurir aussitôt que la neige qui les couvrait est fondue. C'est peut-être par cette stagnation prolongée sous Peau que pourrait s'expliquer ce fait tant discuté de la présence de l’eau trouvée en assez grande abondance, à certaines époques de l’année, dans les ascidies, ou feuilles en forme d’urne ou de cornet, mais principalement dans les vieilles feuilles persistantes de ces plantes, cette eau avant pu y rester emmagasinée depuis limmersion hivernale. Une des portions de l'Amérique du Nord les plus riches en Sarracenia purpurea, est toute cette partie du Canada occidental occupée par les lacs Supérieur, Ontario, Érié, Saint-Clair, Huron ; les chutes du Niagara; le fleuve Saint-Laurent et ses affluents, ete.; c’est-à-dire un pays excessivement marécageux, un climat marin par excellence. — Là les prairies et les tourbières à Sphagnum se rencontrent à chaque pas, c’est-à-dire que les Sarracenia y oceu- pent des espaces considérables et y forment de nombreuses colo- nies, croissant en tapis serrés qui sont faciles à enlever, puisque leurs racines ne tiennent que dans d’épaisses couches de Sphag- OBSERVATIONS RELATIVES A QUELQUES SARRACENIA, 519 num ; aussi peut-on en couper des plaques ou des touffes à coups de pioche ou de bêche, comme s’il s'agissait de plaques de gazon. — Cette partie de l'Amérique correspond au nord de l'Espagne, au midi et au sud-ouest de la France; elle a surtout une analogie toute particulière avec les environs de Bayonne, de Bordeaux, les Landes et les marais de nos côtes de l'Ouest, notamment ceux de la Loire-Inférieure. Les gelées sont quelquefois très-mtenses dans la région américaine des Sarracenia dont nous venons de parler, et il n’est pas rare, paraît-il, de trouver à la fin de l'hiver, à l'époque où l’eau se retire et même après qu’elle s’est retirée, l’eau remplissant les feuilles des Sarracenia complétement gelée, et parfois des touffes entières de Sarracenia prises entièrement (rhizomes et feuilles) dans la glace, sans que pour cela la plante périsse. Il me semble ressortir de ces faits que la culture de ce genre de plantes n’exige pas autant de chaleur qu’on lui en donne habi- tuellement, et qu’on pourrait arriver à cultiver les Sarracenia, sous le climat de Paris, sans le secours des serres, en les plaçant dans un milieu analogue à celui où ces plantes croissent natu- rellement, c’est-à-dire air confiné, chaud et humide en été; ce qui pourrait être obtenu en les plantant dans des sortes de bas- fonds encaissés, des fosses, des tranchées, des cressonnières, des bassins, puisards, mares, ele., confectionnés ad hoc, et au fond desquels ou sur les parois desquels on pourrait faire passer ou suinter un filet d’eau pure (en évitant le plus possible qu’elle soit chargée de calcaire), se renouvelant sans cesse ou à peu près, et qui humecterait par eapillarité, soit la terre des pots, le charbon de bois, la tourbe, ou mieux la mousse ou le Sphagnum dans lesquels on les aurait plantés. Pour éviter que dans ces sortes de fosses l’évaporation füt trop active, pour empêcher l'air de s’y dessécher, d'y subir de brusques et fréquentes variations de température, et prévenir les effets pernicieux d’une insolation trop forte, on pourrait les orien- ter en conséquence, ou bien établir un système de vitrage, de pan- 316 OBSERVATIONS RELATIVES A QUELQUES SARRACENIA, neaux, des baquets où tonneaux défoncés, des paravents, des sortes de parasoleil, des rideaux d'arbres ou de branchages, de treillages, d'arbres enfin qui varieraient suivant les circonstances. On pourrait encore, et de même que lorsqu'il s’agit d'établir une fougeraie, choisir un endroit convenable, tel qu'une clairière de bois ou de bosquet, ete., ou bien en créer un, comme par exem- ple un aquarium à bassins ou auges disposés en gradins sur une ou deux pentes, à la façon de ceux employés en pisciculture pour l'éclosion des œufs et l'élevage des jeunes poissons. L'eau pour- rait descendre, passer d’un bassin dans l’autre et être dispensée à volonté. Les plantes pourraient y être cultivées, comme nous l'avons dit, sur du Sphagnum, de la tourbe où du charbon de bois, soit à même les cuvettes de ces bassins, soit dans des terrines ou des pots dont la base seule plongerait dans l’eau. testerait la question d'air ambiant, qu’il serait facile de réaliser, en tenant compte des conditions nécessaires à la vie de ces plantes, et telles enfin qu’elles se rencontrent dans les tourbières à Sphagnum. M. L. Neumann, du Muséum d'histoire naturelle de Paris, à d'ailleurs obtenu déjà de bons résultats en eultivant ces plantes sur des mottes de terre ou dans de petits godets placés au fond de grands pots dont la base plonge dans l’eau et dont le dessus est couvert d’une plaque de verre; le tout placé dans une serre. Mais ce qu'il faudrait chercher, ce serait d'arriver à obtenir le même succès sans le secours d’une serre, et nous pensons que cela est possible au moyen de cloches et d’abris, comme on Île fait pour quelques Fougères des lieux mouillés, et pour certaines Jungermannies, Mousses et autres Cryptogames. Pour donner une idée de la facilité avec laquelle on pourrait arriver à cultiver en plein air ces curieuses plantes sous notre climat, je citerai ce fait qui m'a été conimuniqué par M. Posth. Un habile horticulteur de Boston, M. Hovev, cultive les Sarra- cenia en pots remplis de Sphagnum et dont la base plonge dans l'eau d’un bassin, ou bien dans une soueoupe tenue à l'ombre ou OBSERVATIONS RELATIVES A QUELQUES SARRACENIA, og à demi-ombre, et dont 1l renouvelle de temps en temps l’eau, en faisant donner une mouillure à la seringue ou à l’arrosoir. Les pots sont quelquefois recouverts d’une cloche; d’autres fois ils sont entièrement à l'air libre. En hiver, les pots sont descendus au fond de l’eau d’un bassin ou d’un fossé et au-dessous du niveau de congélation, et on les en retire au printemps, comme nous le faisons à Paris pour certaines plantes aquatiques délicates, telles que le Richardia, ete. Des pieds cultivés ainsi vivent plusieurs années, quoique négligés souvent à la mouillure en été. Il me parait ressortir avec évidence de ces faits, ainsi que des résultats déjà obtenus de divers côtés dans la culture des plantes qui nous occupent, et de quelques autres, telles que Nepenthes, Cephalotus, Dionea, Drosera, etc., que les Sarracenia peuvent être cultivés dehors sous le climat de Paris, et je suis très-porté à croire qu'il serait possible de les naturaliser dans les Landes, dans les tourbières à Sphagnum du sud-ouest et de l’ouest, de Ja Loire-Inférieure, du Morbihan, des Côtes-du-Nord et de la Manche, et probablement aussi dans toutes celles de la France, ainsi que dans les stations où croissent les Drosera, les Hypericum Élodes, les Myrica Gale, les Eriophorum, etc. les localités où poussent ces plantes en Europe avant la plus grande analogie avec celles où croissent les Sarracenia dans l'Amérique du Nord. J'ineline d'autant plus à eroire à la possibilité de cette culture et de cette naturalisation, que nous possédons déjà dans nos jar- dins des végétaux herbacés, ligneux, résineux, etc., originaires des mêmes contrées que les Sarracenia, et qui s’accommodent assez bien, et de notre climat et de nos modes de culture en plein air, notamment le Gaultheria procumbens, le Larix americana, le Ledum latifolium, ete., etc., et qu'enfin nous arrivons à cultiver à l’air libre sous le climat de Paris, certains Nymphæa, Nelum- bium et autres plantes aquatiques délicates et de régions plus chaudes, telles que le Japon, l'Australie, ete., que l’on arrive à conserver l'hiver par Pimmersion et quelques abris à la portée de tout le monde. RECHERCHES LES VAISSEAUX LATICIFÈRES Par M. Auguste TRÉCUL, Membre de l’Académie des sciences. (CONTINUÉ DE LA PAGE 2192.) XIII DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES AROIDÉES (1"° PARTIE) (1). Les travaux publiés sur les vaisseaux propres des Aroïdées ne font mention que d'une partie de ces vaisseaux, et chacun de ces travaux contient des assertions qu’il importe de rectifier. Néan- moins, en raison des limites attribuées à ce court résumé, je ne discuterai spécialement ici que les résultats consignés dans le mémoire de M. Hanstein, qui est le plus récent et le plus étendu. D'après M. Hanstein, la même plante où partie de plante peut avoir trois sortes de vaisseaux contenant du latex : 4° Les uns, formés de cellules où de tubes rétiformes, sont aux deux côtés des faisceaux eribreux, ou épars dans le parenchyme externe, autour des faisceaux du collenchyme et dans le voisinage de l’épiderme ; ils offrent de nombreuses copulations. 2° Les autres sont de larges tubes placés au milieu du faisceau vasculaire ; ils opérent le passage aux vaisseaux spiraux, ete. 3° Ceux du troisième type sont de grands tubes simples qui existent dans l'écorce ex- terne, le plus souvent isolés ou rarement réunis à ceux du premier type par un rameau particulier. (1) Lu à l’Académie des sciences le 6 décembre 1865 (Compt. rend., LXI, 1163). RECHERCHES SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 919 Le premier et le troisième type ne me paraissent en former qu'un. Je ne puis voir, en effet, dans la dernière sorte, que des vaisseaux analogues aux plus étroits répandus dans l'écorce ex- terne, mais traversant une petite lacune ou un méat plus large. Quant à ceux du deuxième type, ils n’appartiennent pas aux vais- seaux propres ; ce sont des vaisseaux spiraux où annelés, dont la spiricule ou les anneaux ont plus où moins complétement disparu par résorption. Pour mieux préciser qu'on ne l’a fait jusqu’à ce jour la distri- bution des laticifères dans certains genres, Je dois dire quelques mots de la constitution des faisceaux fibro-vasculaires, qui n’est pas la même partout. I y a, en effet, dans quelques Aroïdes (Dieffenbachia, Syngonium, Philodendron divers, ete.), deux mo- difications principales de ces faisceaux, que je désignerai par faisceaux simples el faisceaux composés. Les faisceaux simples ont la structure des faisceaux vasculaires des Monocotylédones en général. Is sont formés d’une partie vasculaire proprement dite et d’une partie libérienne. Celle-ci n’est parfois représentée que par le tissu dit cribreux, où du moins les quelques cellules hbé- riennes qui peuvent exister à la face externe, n'étant pas épaissies, sont aisément confondues avec les éléments cribreux. Un ou deux, quelquefois trois laticifères, sont placés de chaque côté de ce tissu cribreux, près des extrémités de l’are Hbérien, quand il est appa- rent. Les faisceaux composés sont des agrégats de deux, trois ou plusieurs faisceaux semblables aux précédents, qui sont juxtaposés, confondus par leur partie libérienne. Dans les cas les mieux dé- finis, un groupe libérien à fibres épaisses occupe le milieu du faisceau. Ge groupe est irrégulier (Philodendron crinipes), ou bien, à l’état parfait, il représente autant d’arcs libériens ereffés par leur convexité qu'il y a de faisceaux constituants (Philoden- dron Rudgeanum, etc.). Mais le milieu de ces faisceaux, surtout dans les jeunes tiges, n'est souvent occupé que par des cellules allongées à parois minces, et quand les fibres du liber com- mencent leur épanouissement, celui-ci n'apparaît pas toujours au 320 RECHERCHES centre du faisceau. Ceci tient à deux causes : à la disposition des faisceaux constituants et à leur âge relatif. C’est que ces divers faisceaux sont nés d’un même faisceau primitif, ordinairement de celui qui à les vaisseaux les plus étroits. Si de ce faisceau il naît à peu près simultanément, autour de sa partie libérienne qui s’ac- croit, deux ou trois groupes vasculaires secondaires, régulière- ment distribués par rapport à l’axe libérien, les fibres du liber commenceront à s’épaissir près de l’axe même (Philodendron va- riabile, hastatum, Houlletianum). Si, au contraire, il ne nait d’a- bord du faisceau initial qu’un seul faisceau secondaire, ces deux faisceaux, opposés par leur liber, donneront une coupe transver- sale elliptique. Si, sur les faces correspondantes au petit axe de l’ellipse, il s’est développé postérieurement des groupes de vais- seaux spiraux, réticulés ou fendus, quand les fibres du liber vien- dront à s’épaissir, ce seront celles du voisinage du faisceau pri- mitif qui commenceront, puis celles du second faisceau qui lui est opposé. On aura alors un petit groupe de fibres épaissies à ‘ chaque extrémité de la région libérienne ou centrale (Syngonium Riedelianum, etc.). En ce qui concerne les laticifères, il n’en existe assez souvent qu'aux deux côtés du faisceau initial, ou des deux faisceaux opposés les plus âgés, beaucoup plus rarement aux deux côtés de trois faisceaux régulièrement répartis autour de l’axe libérien (Dicffenbachia picta). Entre les autres faisceaux constituants, s'il y en à davantage, il ne s’en développe que très- irréguliérement, un çà et là, et souvent il est placé sur le côté interne d’un des vaisseaux, c’est-à-dire sur le côté tourné vers le centre du faisceau composé (Syngonium Riedelianum, etc.). J'arrive maintenant à la constitution des laticifères eux-mêmes. Dans bon nombre de plantes, les vaisseaux du latex placés sur les côtés des faisceaux sont composés de cellules distinctes, superpo- sées, plus où moins longues (Richardia africana, Arum vulgare, Aglaonema simpleæ, Dieffenbachia Sequinum ; Philodendron Me- linoni, cannæfolium, tripartilum, ete.). Ainsi constitués, les lati- cifères restent isolés les uns des autres, sans présenter d’anasto- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 321 moses ; mais, après que la fusion des cellules composantes est opérée (quand elle a lieu, et elle arrive surtout dans d’assez nom- breuses Caladiées), les tubes continus, ainsi formés, s’anastomo- sent entre eux en s’ouvrant directement lun dans l’autre, quand ils sont conligus, où en s’envoyant de petites branches latérales qui s’abouchent par leurs extrémités, quand, sur le même côté d'un faisceau, ces laticiferes ne sont séparés que par une ou deux rangées de cellules. Si ces laticilères appartiennent à des faisceaux différents, des branches plus longues s’avancent entre les cellules du parenchyme, s’y ramifient souvent, s’y greffent entre elles, et avec celles du faisceau opposé, de manière à constituer des mailles (Syngonium auritum, Riedehianum ; Xanthosoma sagittatum, ete. ). Des laticifères marchent done ainsi seuls d’un faisceau à un autre, mais plus fréquemment ceux des différents faisceaux sont unis à la faveur de ramifications qui accompagnent des faseicules vaseu- laires qui relient les faisceaux entre eux (Aanthosoma robustum, utile, versicolor, violaceum ; Alocasia zebrina, antiquorum, cu- cuilata, ete.). Dans le Seudneria colocasiæfolia, les vaisseaux du latex des différents faisceaux sont ainsi réunis ; et ceux des deux côlés opposés d’un même faisceau périphérique du pétiole le sont également çà et là par des branches horizontales, qui se courbent en are aulour du côté interne de ce faisceau. Ce sont aussi des ramifications des laticifères de ces faisceaux périphériques qui constituent ces vaisseaux du latex épars dans le parenchyme externe des pétioles, déerits par l’anonyme de 1846, ainsi que par MM. Karsten et Hansiein. Dans le Steudneria co- locasiæfolia, j'ai vu de ces rameaux se bifurquant successivement plusieurs fois, et arrivant jusque sous l’épiderme, où les dernièé- res branches s’étendaient sur d'assez longs espaces. Des branches principales étaient nés de nonibreux appendices latéraux, et ce pendant aucune anastomose n’avait encore été contractée par leur rencontre. Au contraire, l’Alocasia cucullata et le Xanthosoma sagittatum w'ont fait voir de nombreuses anastomoses entre ces rameaux de divers degrés. VIL 21 229 RECHERCHES Les laticifères qui émettent ainsi des ramifications latérales envoient aussi des branches au contact des vaisseaux spiraux, ponctués où rayés (M. Hanstein a aussi observé ce contact des deux sortes de vaisseaux dans cette famille). Tantôt ces branches s'appliquent sur ces vaisseaux par leur extrémité qui se déprime (Xanthosoma versicolor), tantôt elles s'incurvent et rampent sur le vaisseau (Syngonium Riedelianum, etc.). Dans la racine du Syngonium auritum, on trouve des laticifères ainsi couchés sur d'assez grandes longueurs à la surface des vaisseaux fendus. Les laticifères de la lame des feuilles sont de même disposés sur chacun des côtés de la partie libérienne des faisceaux des ner- vures, et ils sont aussi où composés de cellules superposées (Ri- chardia africana, Homalonema Porteana, H. p., ete.), ou de tubes continus çà et 1à anastomosés. Dans le Xanthosoma robus- um, j'ai vu de ces vaisseaux du latex appartenant à de petites nervures situées dans le plan moyen de la lame envoyer des ra- meaux de longueurs diverses dans le parenchyme supérieur et dans l’inférieur. Le latex des Aroïdées, quand elles en sont pourvues, est ordi- nairement plus où moins granuleux, mais non laiteux. Cependant il est laiteux dans les Dieffenbachia Sequine, picta ; Syngonium auritum, Riedelianum ; Xanthosoma violaceum. Tous les Xan- thosoma que j'ai étudiés ont le latex laiteux, quoique faiblement quelquefois (Xanthosoma sagiltatum, robustum, utile, versicolor). Le latex de l’Homalonema rubescens et de certains Philodendron (P. hastatum, cannæfolium, crinipes, ete.) peut être trouvé in- colore, rougeñtre pâle, orangé ou rouge foncé. Ce suc est le plus souvent chargé de tannin, mais la proportion de ce principe est très-variable. Pourtant on n’en rencontre pas partout. Ainsi, ce dut être par inadvertance que M. Karsten en attribua au Dieffen- bachia Seguine. Les vaisseaux propres et la plante entière n’en offrent pas la moindre trace. Il me resterait à parler d’une autre espèce de vaisseaux propres qui n'a pas encore été signalée dans cette famille, Ce sont des SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 328 canaux olco-résineux formés par deux ou trois rangées de petites cellules oblongues, plus étroites que celles du parenchyme envi- ronnant. Ils existent dans les feuilles, dans les tiges et dans les racines adventives des Æomalonema rubescens, Porteana et de fous les Philodendron que j'ai étudiés. Les limites assignées à cette note ne me permettent pour le moment que de les men- ionner. XIV RAPPORT DES LATICIFÈRES AVEC LE SYSTÈME FIBRO-VASCULAIRE (1). I existe chez certaines plantes des points de contact assez fré- quent entre les laticifères et les vaisseaux proprement dits. Dans la tige aérienne des Chelidonium, par exemple, dans le péliole et dans le limbe des feuilles du Sanguinaria canadensis, ete., on découvre des laticifères appliqués à la surface des vaisseaux sur d'assez grandes étendues. Je possède des préparations de la sou- che du Chelidonium majus, qui montrent, dans le voisinage des racines adventives principalement, des laticifères nombreux mêlés aux Vaisseaux rayés. Dans le Carica Papaya, non-seulement des laticifères sont mêlés aux vaisseaux, mais encore des laticifères de la région corticale dans le pétiole viennent aboutir aux plus externes de ces vaisseaux, qui sont réticulés. Une autre plante voisine du Carica, le Fasconcella quercifolia, est non moins in- téressante. Ses jeunes rameaux (je n'ai eu à ma disposition que des branches de deux à trois ans) n’ont pas de fibres ligneuses vraies. Le tissu cellulaire qui environne Îles vaisseaux est resté à l'état de parenchyme. Au contraire, les vaisseaux ponctués ou rayés sont très-développés et possèdent de très-grandes dimen- sions, C’est parmi ces vaisseaux que courent de nombreux latici- fères ayant entre eux de fréquentes anastomoses. Lis suivent les vaisseaux ponetués et rayés, s’entrelacent avec eux, et semblent (4) Lu à Académie des sciences, le 5 décembre 1560 (Comptes rendus, Li, 871), 324 RÉCHERCHES souvent, venus de distances éloignées dans la moelle, se terminer à leur contact, ou bien, les côtoyant sur une certaine longueur. ils vont plus loin s’unir à d’autres laticifères. Dans les régions profondes de la moelle, et parfois dans la couche génératrice, ces lalicifères sont encore composés des cellules originelles. Chez les F'icus repens el Carica le point de départ des vaisseaux du latex dans l'écorce offre des dispositions diverses, dignes d’être notées. Tantôt c’est un de ces vaisseaux qui, suivant la di- rection verticale, se recourbe plus ou moins brusquement pour se diriger vers le bois ; tantôt c’est un autre laticifère qui, étendu verticalement aussi dans l'écorce, émet à angle droit une ramifi- cation horizontale, laquelle s’avance ainsi à travers le corps li- eneux. D'autres fois un vaisseau du latex, venu de l'écorce exté- rieure au liber, se recourbe et va s'anastamoser rectangulairement avec un autre laticifère plus interne, tandis que du côté opposé de ce dernier part un rameau qui se prolonge dans l'intérieur du bois. Dans quelques circonstances, les plus gros laticifères se di- visent en deux branches à leur entrée dans Paubier : l’une monte dans le corps ligneux, l’autre descend. Chez ces Figuiers, c'est ordinairement par les rayons médullares que les vaisseaux du latex pénètrent dans le système fibro-vasculaire, ou ils passent entre les fibres ligneuses et les vaisseaux ponctués. Quelquelois, en suivant les rayons médullaires, ils vont directement de l'écorce dans la moelle. Les Müriers paraissent posséder une structure semblable, car, dans le Morus constantinopolitana, j'ai trouvé des laticifères dont les ramifications horizontales se dirigeaient vers le corps ligneux; et dans une de mes préparations, une telle branche horizontale, unie du côté de l'écorce à un gros vaisseau du latex, aboutit par l'autre extrémité à un vaisseau ponctué de la surface du bois. Une autre famille de plantes éminemment lactescentes m'a donné de beaux exemples des relations des laticifères avec le sys- tème fibro-vasculaire. C'est la famille des Euphorbiacées. Les Euphorbes sont sans contredit les végétaux chez lesquels les lati- SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 925 cifères atteignent le plus haut degré de perfection. Ils sont aussi les plus remarquables par la marche que suivent ces singuliers vaisseaux. Tous les anatomistes y ont étudié les sinuosités de ceux- ci dans l’écorce, leurs ramifications, leurs belles anastomoses, mais aucun n’a reconnu leur existence dans le corps ligneux. Jusqu'à ce jour je n’ai eu le loisir d’en étudier que six espèces, parce que ces recherches exigent un temps fort considérable, Ce sont les Æuphorbia splendens, orientalis, pilosa, palustris, Esula, sylvatica. Chez ces plantes plus souvent qu'ailleurs, j'ai vules lati- cifères entourés seulement de fibres ligneuses et de vaisseaux. Cependant ils suivent aussi les rayons médullaires, et atteignent la moelle après les avoir parcourus. Mais ces laticifères ne vont pas toujours jusqu'à l’étui médullaire ; ils s'arrêtent fréquemment avant d'y arriver, se courbent, s’avancent alors verticalement, se courbent de nouveau, mais cette fois pour rentrer dans l'écorce. D'autres laticifères, partis de l’écorce également, s’enfoncent à une petite distance dans le système fibro-vasculaire, puis, chan- geant tout à coup de direction, ils reviennent à l’écorce, leur point de départ. Les laticifères des Euphorbes peuvent aussi se ramifier dans le corps ligneux : une branche passe assez souvent dans la moelle, tandis que l’autre, parfois la principale, suit des vaisseaux ponctués ou spiraux. L'Euphorbia orientalis m'a même fait voir un laticifère qui formait au milieu du bois une partie très-renflée, de laquelle émanaient cinq branches : deux se prolongeaient dans le corps ligneux, une par en haut, l’autre par en bas ; deux autres branches se rendaient à la moelle ; enfin la cinquième s’avançait horizontalement vers l'écorce, se recourbait après l'avoir atteinte, et suivait alors une direction verticale. Le vaisseau du latex le plus surprenant par sa marche m'a été fourni par l'Euphorbia sylvatica. Ce vaisseau décrit quelques tours d’une hélice comprimée dans le bois sur une partie de sa longueur, et prend ensuite une direction verticale en faisant quel- ques légères sinuosités. À leur arrivée au milieu des fibres ligneuses, les laticifères des 326 RECHERCHES Euphorbes y donnent souvent lieu à un phénomène qui mérite de fixer l'attention des anatomistes. Fréquemment, en effet, ces fibres ligneuses, ou les cellules des rayons médullaires, contiguës au vaisseau du latex, s’inclinent vers l'intérieur de la plante, comme s’ils obéissaient à une force existant dans ce vaisseau, à celle d’un courant par exemple. Je ne m'arrêterai pas davantage à ce fait, qui me parait théoriquement intéressant ; je me borne à le signa- ler, Je mentionnerai encore un autre fait, assez rare, il est vrai, et qui est probablement accidentel. I consiste en ce que certains laticifères, en traversant le corps ligneux, sont plus ou moins comprimés ou, peut-être mieux, contractés, attendu que l’on n’ob- serve pas toujours qu'ils soient en contact immédiat, par toute leur surface, avec les parties environnantes. Dans quelques cas, cette compression ou contraction est assez forte pour obstruer le vaisseau, qui alors ne contient plus de sue dans une portion de son étendue. Je terminerai cette communication par la description d’un vais- seau d’un genre tout nouveau. Je le joins à ce travail parce que, se trouvant dans une plante à sue laiteux, l'Euphorbia sylvatica, il pourrait être confondu avec les laticifères dont je viens de par- ler, s’il était incomplétement observé, et donnerait lieu à des dis- eussions qu'il convient de prévenir. Ce vaisseau, par sa disposition, semble annoncer un organe excréteur. Il va de la moelle, en traversant le bois et l'écorce, jusqu’à l'extérieur de celle-ci, jusqu'à lépiderme. Il paraît avoir des ramifications dans la moelle ; mais son canal n’est pas con- tinu : j'ai aperçu une cloison d'épaisseur notable à sa sortie de la moelle, et sous l’épiderme, de telles interruptions produisent une ou deux cellules allongées transversalement, de même largeur que le reste du tube. Sa cavité est d’un diamètre régulier depuis la moelle jusqu'à l’épiderme. Arrivé là, ce conduit se rétrécit su- bitement en un court tube extrêmement étroit, dont je n’ai pu voir nettement l'orifice au dehors. Cependant cet orifice me semble être au fond d’une petilé excavalion creusée entre les cellules SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 327 épidermiques, comme celle qu précède certains stomates. La pa- roi de ee vaisseau est aussi fort remarquable. Elle est constituée par une membrane interne assez mince, enveloppée, sur une partie de son étendue, d’une couche très-épaisse de substance d'apparence intercellulaire. Cet épaississement existe au passage du tube de la moelle dans le bois sur une certaine longueur ; il manque à travers la plus grande partie du corps ligneux, recom- mence à l'entrée du vaisseau dans l’écorce, et persiste à travers celle-ci. La surface de cet épaississement est très-irrégulière, très-ondulée, ce qui communique à ce vaisseau un aspect tout particulier. XV RAPPORTS DES VAISSEAUX DU LATEX AVEC LE SYSTÈME FIBRO-VASCULAIRE. OUVERTURES ENTRE LES LATICIFÈRES ET LES FIBRES LIGNEUSES OU LES VAISSEAUX (1). En 1857, j'ai annoncé, d’une part, qu’il peut exister naturelle- ment du latex dans les vaisséaux ponetués, rayés, etc., des plantes lactescentes ; d'autre part, que plusieurs de ces plantes offrent des points de contact entre les laticifères et les vaisseaux du corps ligneux. En établissant cette comparaison, je n’eus point l’idée de faire croire à une identité anatomique et physiologique parfaite entre les organes des animaux et ceux des végétaux. J'avais espéré par ces recherches de ramener sur les laticifères l’attention des botanistes. Ce but fut atteint, puisque l’Académie des sciences de Paris et la Société royale des sciences de Harlem jugèrent à pro- pos de mettre cette question au concours. Des deux qui répondi- rent à l’appel de l’Académie, lan (M. Dippel) affirma qu'il n’existe aucun rapport entre les laticifères et les vaisseaux du corps li- gneux, l’autre (M. Hanstein) répondit que dans quelques végétaux ‘rares 1} y à exceptionnellement des points de contact entre ces (1) Lu à l’Académie des sciences, le 9 janvier 1867 (Comptes rendus, LX, 78). 328 RECHERCHES deux sortes d'organes. Pourtant, dès 1860, j'en avais multiplié les exemples. Ils sont de nature à démontrer que ces points de contact ne sont ni exceptionnels, ni accidentels, puisque dans le V'asconcella quercifolia, par exemple, les laticifères sont telle- ment mêlés aux vaisseaux ponctués, que ceux-ci en sont quelque- fois pour ainsi dire enlacés. Dans quelques Euphorbes, ils déeri- vent aussi parfois des sinuosités, en suivant un plan radial à travers le bois. Depuis cette époque, le nombre de mes observations s’est en- core accru. Les Apocynées, dans le Beaumontia grandiflora, m'en ont donné un bel exemple. On trouve fréquemment dans l'écorce interne de cette plante, commedans celle des Figuiers, ete., des laticifères verticaux émettant latéralement des branches qui pénètrent dans le corps ligneux, et qui le traversent tout à fait à Ja faveur des rayons médullaires, côtoyant ainsi les éléments du bois sur toute l'épaisseur de celui-ci. Arrivées dans la moelle, ces branches s’anastomosent avec les vaisseaux du latex de celte par- lie du végétal, J'ai même dessiné un laticifère qui, abandonnant le rayon médullaire, se jetait de côté dans le corps ligneux, où il prenait une direction verticale. Les Euphorbes charnus (ÆEuphorbia globosa, helicothele, den- droides, nerifolia, caput Medusæ, cœrulescens) et les Dorstenia ceratosanthes et ramosa m'ont aussi fourni de beaux exemples de laticifères passant de l'écorce dans la moelle, en traversant les faisceaux fibro-vasculaires ou les rayons médullaires. Mais les ob- servations les plus intéressantes m'ont été données par les Lobé- liacées. Dans certains Lobelia, je n'ai trouvé que très-rarement le bois traversé par les laticifères. J’ai observé beaucoup plus sou- vent ce phénomène dans les Lobelia syphilitica et laxiflora. Dans les T'upa salicifolia, F'euillei, Ghiesbreghtii, dans l’'{sotoma lon- giflora, le Centropogon surinamensis, les Siphocampylus manet- tiæflorus, microstoma, ele., il est très-fréquent. Chezles plantes de cette famille, les laticifères sont extrêmement nombreux dans l'écorce interne, près de la couche génératrice. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES,. 929 Is forment là un très-beau réseau, à mailles plus ou moins lon- oues, souvent très-courtes et toujours fort étroites. Il y a même parfois trois ou quatre laticifères à côté les uns des autres, tout à fait contigus, et ils communiquent entre eux si fréquemment, que leurs anastomoses peuvent occuper plus de place que les cloisons de séparation. De ce réseau interne partent des ramifications qui se répandent d'un côté dans l’écorce, de l’autre dans le corps li- gneux. Celles qui vont dans l'écorce s’y étendent dans toutes les directions et s’y anastomosent ou non les unes avec les autres. II y en a au contact même de l’épiderme. Tantôt elles sont couchées sur la face interne de celui-ci, tantôt elles y appliquent seulement leur extrémité. Dans le Siphocampylus maniettæflorus, cette ex- trémité pénètre même l’épiderme et parvient jusqu'à la surface. Là elle simule une petite bouche arrondie ou elliptique, ou bien le laticifère se prolonge plus ou moins, couché à la limite externe des cellules. D’autres fois, abandonnant la surface de l’épiderme, il s'élève un peu, sous la forme d’une papille ou d’un poil très- court, ordinairement incliné. Les branches que le réseau des laticifères envoie dans le bois peuvent suivre les rayons médullaires ; mais, dans beaucoup de cas, elles sont en contact seulement avec les fibres ligneuses et les vaisseaux. Ces branches sont quelquefois très-rapprochées. De l’Zsotoma longiflora j'ai obtenu une coupe radiale qui présentait onze de ces laticifères sur un espace qui n'avait qu'environ ! de millimètre. Partant de l'écorce, aucun d'eux n’atteignait la moelle, et tous étaient anastomosés dans le corps ligneux. Les trois plus longues branches aboutissaient à un vaisseau ponctué, Chez ces Lobéliacées se retrouvent des exemples nombreux d’un phénomène que j'ai déjà décrit en 1860. Je veux parler de l’inclinaison des éléments du bois à la surface des Jatici- fères. Certaines fibres ligneuses y sont même quelquefois eou- chées sur une partie de leur longueur. J'ai figuré des vaisseaux ponctués et des vaisseaux spiraux, qui, à l’arrivée de ces laticifè- res dans la moelle, se courbent avec eux au point de former un 330 RÉCHERCHES vérilable crochet (Tupa Ghiesbreghtii). Dans tous les cas, la pointe des cellules ou des fibres infléchies est tournée vers la moelle, comme s’il résidait dans les laticifères une force qui attirat dans cette direction les fibres ligneuses, les vaisseaux ou les cellu- les des rayons médullaires. Tous ces exemples prouvent que ces points de contact ne sont pas exceptionnels, et les derniers faits tendent à démontrer qu'il existe des rapports physiologiques entre ces laticiféres et les élé- ments fibro-vasculaires du bois. Voici maintenant un autre ordre de phénomènes qui achèvera cette démonstration. Dans plusieurs Lobéliacées, je n'ai pas ob- servé seulement des points de contact entre ces divers organes ; j'ai trouvé aussi de véritables ouvertures qui établissent des com- munications directes entre les laticifères et les fibres ligneuses ou les vaisseaux. Ces ouvertures seront très-facilement aperçues dans le Centropogon surinamensis. Je conserve des préparations de celte plante, dans lesquelles on voit un grand nombre de ces ou- vertures. Entre les libres ligneuses et les laticifères on les observe surtout quand les fibres viennent aboutir par une de leurs extré- mités à la surface du vaisseau du latex, Alors, l’épaisse membrane des fibres ligneuses est traversée par des pertuis plus où moins larges, qui font communiquer directement la cavité de ces fibres avec la cavité du laticifère. Aucune membrane obturatrice n’est visible du côté de ce vaisseau du latex. Les mêmes préparations font voir de telles ouvertures qui constituent de véritables fentes allongées suivant P’axe du laticifère. Elles se montrent principale- ment quand les cellules fibreuses ou vasculaires du bois sont ap- pliquées par le côté contre le laticifère, au lieu de l'être par une de leurs extrémités. Un autre exemple, que je conserve aussi, obtenu du Lobelia laxiflora, tire une grande importance d’un accident de la prépa- ration. Un vaisseau à larges ponetualions était en contact avec un laticifère. La coupe enleva la partie de ce vaisseau contiguë à ce laticiière, lissant ce dernier tout à fait intaet et dénudé. Eh bien, SUR LES VAÏSSEAUX LATICIFÈRES. 391 six larges pores, en tout semblables à ceux du vaisseau ponctué, existent dans la membrane du laticifère. Celui-ci présente encore beaucoup d’autres perforations qui le font communiquer avec la cavité des fibres ligneuses. Quelques-unes de ces perforations sont incomplètes, et à cause de cela elles méritent la plus grande considération, parce que le pertuis est ouvert du côté du laticifère, tandis qu'il est fermé du côté de la fibre ligneuse. I est impossi- ble dans ce cas, même à l'esprit le plus prévenu, de ne pas re- connaître la vérité. Au reste, quand même la membrane du lati- cifère serait loujours intacte (ce qui n’est pas) vis-à-vis des perforations des fibres ligneuses et des vaisseaux du bois, l’exis- tence de ces perforations ne serait-elle pas suffisante pour attester les rapports physiologiques des laticifères et des éléments du corps ligneux ? De semblables rapports paraissent exister anssi pour certains canaux à suc laiteux dépourvus de membrane propre, tels qu’en possèdent un grand nombre de plantes. C'est, du moins, ce que porte à croire l’observation suivante. Comme celles de beaucoup de Guttifères, la feuille du Calophyllum Calaba à les nervures secondaires très-nombreuses, très-rapprochées les unes des au- tres, et non saillantes. Vers le milieu de l’intervalle parenchyma- teux qui sépare deux nervures est un large canal à suc laiteux, bordé de cellules étroites et oblongues, suivant la structure ordi- naire à ces canaux ; mais il y a en outre, de chaque côté de cha- eun de ces laticifères, dans toute leur longueur, un faisceau tra- chéen qui s'étale même quelquefois sur une grande partie &e leur pourtour. Ce faisceau, composé d'éléments déroulables, est relié de distance en distance avec les nervures secondaires, par des fascicules de trachées semblables, qui peuvent envoyer aussi des ramifications pour s’unir les uns aux autres. Cette structure frappe tout d’abord par sa singularité ; mais elle mérite encore considé- ration par cela que bon nombre de ces trachées sont pleines d’une matière brune qui rappelle le latex vu sous le microscope. Il y aurait à décider si cette substance est empruntée au latex, ou si 332 RECHERCHES elle lui est apportée. Si elle est prise au latex, elle a subi déjà une élaboration dans ces vaisseaux spiraux, attendu qu’elle n’est pas aussi soluble que lui dans l'alcool. Voilà assurément un fait bien digne des méditations des physio- logistes, Quand même il serait isolé, il n’en est pas moins évident que les vaisseaux ainsi disposés sur les côtés de ces canaux à suc laiteux établissent une relation intime entre ceux-ci et le système fibro-vasculaire. Si cette disposition est un cas particulier, là où elle manque, ne serait-il pas possible que la connexion entre les deux systèmes fût effectuée par un moyen qui nous échappe ? Quoi qu'il en soit, cette observation dénote un nouveau degré de ressemblance entre les canaux à sue laiteux sans membrane propre et les laticifères qui en sont pourvus. Elle vient, par con- séquent, appuyer l'opinion que j'ai émise en 1862 (voir l’Institut, 15 août), que c’est à tort que la plupart des anatomistes modernes considérent ces deux sortes de canaux comme des organes de na- ture {out à fait différente. X VI PRODUCTION DE PLANTULES AMYLIFÈRES DANS LES CELLULES VÉGÉTALES PENDANT LA PUTRÉFACTION. CHLOROPHYLLE CRISTALLISÉE (1). Depuis Needham et Spallanzani, lhétérogénie a presque tou- jours préoccupé les naturalistes divisés en deux camps ; et le dé- bat a naturellement porté sur l’origine des germes. On prétendit d'une part, avec Spallanzant, que ces germes viennent de l’atmos- phere ; et d'autre part, avee Néedham, qu'ils sont formés pendant les expériences aux dépens des matières organiques employées. D'un côté, il fallait done montrer les germes dans l'air; de l’autre côté, on était dans l'obligation de les exposer en voie de formation dans les matières organiques. Le problème paraissait insoluble. Cependant les expériences que j'ai eu l'honneur de présenter à (1) Lu à l’Académie des sciences, le 11 décembre 1865 (Compt. rend., LXI, 432). SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 999 PAcadémie le 24 juillet en donnent la solution. Elles font con- naître la substance transformée. Elles font assister en quelque sorte à la naissance des germes et au développement des plan- tules qui en résultent. On observe, en effet, des colonnes de latex à tous les degrés de modification. On voit ce latex se coaguler en réunissant ses globules en masses plus ou moins considérables, ou en colonnes presque homogènes. Alors ce latex coagulé peut prendre des aspects divers. Très-fréquemment il redevient fine- ment granuleux, et les granules sont souvent beaucoup plus fins que ne l’étaient les globules du latex à l’état normal (Apocynum cannabinum, Amsonia salicifohia, ete.). Ces corpuscules sont or- dinairement jaunis par l’iode, mais quelquefois ils sont colorés en violet par l’iode seul, ou par l’iode et l'acide sulfurique, comme je l'ai déjà dit. Dans beaucoup de laticifères, ces granulations sont mêlées à d’autres plus volumineuses, elliptiques, plus rares et assez régulièrement espacées. Ces dernières, parfois déjà teintées de violet par l’iode, s’allongent en petits cylindres ou en fuseaux. Dans certains vaisseaux, la plus grande partie du latex a disparu ; il ne reste que des grains globuleux ou bien ellipsoïdes comme ceux dont je viens de parler, espacés et suspendus dans un liquide limpide. Quand ils sont globuleux, ils sont généralement impro- ductifs ; quand ils sont elliptiques, ils produisent par une de leurs extrémités une tigelle cylindrique ou graduellement atténnée, qui leur communique l'aspect de têtards. Ordinairement cette tigelle ou queue se colore en violet par l’iode, tandis que le germe ou bulbe reste incolore. Ces diverses modifications ne s’accomplissent pas sur toute Ja colonne du latex coagulé. Tantôt la surface de celle-ci est seule transformée ; tantôt elle l'est complétement sur de grandes lon- gueurs, mais il en reste çà et là des parties non changées, qui occupent tout le diamètre du vaisseau, et attestent qu'aucun germe n'a pu venir de l'extérieur. | Depuis ma communication du 24 juillet, j'ai renouvelé mes ex- périences sur des plantes appartenant à des familles diverses (Apo- SBJII RECHERCHES cynum cannabinum, Amsonia salicifolia, Periploca græca, As- clepias Cornuti, Metapleæis chinensis, Euphorbia Characias (1), F'icus Carica, Lactuca alhissima, ele.). Toutes ces plantes m'ont donné des résultats analogues, mais toutes cependant ne sont pas également favorables. Le Ficus Ca- rica a été l’une des plus intéressantes, car, outre les modifications du Jatex, la moelle d’un rameau de l’année m'a montré la géné- ration de nos plantules amylifères dans l’intérieur de ses cellules fermées de toutes parts. Ces cellules présentaient trois états avant l'apparition des plantules. Les unes contenaient encore des ma- tières azotées jaunissant par l’iode ; les autres ne renfermaient plus qu'un liquide parfaitement homogène ; d’autres, enfin, avaient une grosse bulle de gaz au centre de ce liquide. Ce n'est que dans les deux derniers cas que s’est effectuée la production des plan- tules amylifères. Dans un tronçon de rameau de ce Figuier, les plantules avaient la forme de têtards, dont la partie renflée se co- lorait elle-même en violet presque noir par liode. Dans les autres tronçons, toutes les cellules médullaires génératrices contenaient des plantules cylindroïdes où un peu atténuées vers une extrémité. L'iode leur communiquait la plus belle teinte violette. L'apparition de nos petits végétaux dans des cellules fermées, occupant leur siége naturel au milieu de la moelle, éloigne toute idée de l'introduction de germes venus du dehors. Le même phénomène s’est reproduit dans des fibres du hber déjà notablement épaissies de lA4selepias Cornuti et du Metapleæis chinensis. Il s'y forma des germes elliptiques qui s’allongèrent aussi en pelits cylindres ou prirent la forme de têlards. La naissance de plantules amylifères à l’intérieur des cellules est donc hors de doute (j'en conserve des préparations). Mais si (1) L'Euphorbia Characias demande une mention spéciale à cause des bâtons amylacés que renferme naturellement son latex, Ces bâtons amylacés ne sauraient être confondus avec nos plantules. Leurs dimensions les distinguent nettement. Les premiers ont de 0,02 à 0®®,025 de longueur sur 0"®,005 de largeur, tandis que les secondes n’ont que de 0,005 à 0,007 de longueur, SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 335 la substance renfermée dans les utricules peut se transformer ainsi, il est probable que la matière extérieure des cellules peut jouir aussi de la même propriété. C’est en eflet ce qui a lieu. Voici les circonstances dans lesquelles se présente la formation externe des plantules. Le plus fréquemment elle n'apparait que dans les méats intercellulaires. S'ils sont très-étroits, on y aperçoit une, deux, trois où un petit nombre de rangées de corpuscules amylifères ; s'ils sont plus larges, les plantules peuvent les tapisser et simuler une colonne continue. Beaucoup plus rarement les plantules se développent sur toutes les faces de la cellule. Quand elles sont très-espacées, on peut suivre leur évolution. Dans l’Asclepias Cornu et dans le Lactuca altissima, je les ai vues commencer par une éminence linéaire qui simule un tout petit pli de la strate externe de la paroi cellulaire. Vers la partie moyenne de cette éminence, il naît un corpuscule elliptique. Celui-ci s’allonge par un bout; puis la plantule devient libre par une extrémité, ordi- nairement par celle qui est formée par le corpuscule initial, tandis que par l'autre extrémité elle reste encore engagée dans l'émi- nence linéaire primitive, qui se prolonge sur la cellule bien au delà de notre plantule. Quand au contraire ces petits végétaux naissent en série, l’éminence linéaire de la surface de la cellule est bien plus longue; elle se renfle çà et là, produit un corps ellip- tique dans chaque renflement, d’où il résulle autant de petites plantes amylacées. Ces végétaux extra-cellulaires ont deux formes principales : celle de têtards et celle de fuseaux. L'extrémité initiale (le germe, la bulbe), qu'elle soit aiguë comme dans les fuseaux, ou renflée en tête globuleuse ou elliptique, ne se colore le plus souvent pas sous l'influence de l’iode. De tous les faits qui précèdent, il résulte que la matière orga- nique contenue dans certaines cellules peut se transformer, pendan. la putréfaction, en corps vivants de nature très-différente de l’es- pèce génératrice. Voici, de cette proposition, une dernière preuve encore plus 350 RECHERCHES frappante que les autres. Il existe dans l'écorce du Sambucus ni- gra, et dans les plantes de familles diverses (Solanées, Crassula- cées), des utricules qui sont pleins de petits tétraèdres à côtés un peu inégaux (1). Ces utricules sont isolés ou groupés. Ils for- ment souvent des séries longitudinales reliées les unes aux autres ; et, comme les membranes des cellules constituantes sont souvent résorbées, on a des lacunes communiquant entre elles. Ce sont les tétraèdres renfermés dans ces lacunes qui se changent en plan- tules amylifères (ceci ne veut pas dire qu'il ne puisse y en avoir d’une autre origine dans cette plante). Lors de mes observations en 4860, j'avais reconnu que des corpuscules colorables en violet par l'iode remplacent fréquemment les tétraèdres après la putré- faction, mais je ne vis pas à cette époque la transition des uns aux autres. Je fus plus heureux cette année : j'ai vu les tétraèdres eux-mêmes, renfermant la matière amylacée, constituer des co- ionnes teintes du plus beau violet. J'ai vu les tétraèdres s’allonger par un de leurs angles, et passer ervaduelement à nos singulières plantules en produisant une tigelle cylindrique. Dans ce cas le iétraèdre, arrondi ou encore anguleux, représente la bulbe. Le tétraèdre peut même s’effacer complétement, et ne laisser après jui qu'une plantule fusiforme ou cylindrique. Voilà done un exemple qui, à cause de la forme originellement tétraédrique de la matière transformée, ne laisse rien à désirer pour la rigueur des conclusions. Nomenclature. — Malgré la variété des formes de ces petits végétaux, ou plutôt à cause de cette variété même, puisque l’on passe d’une forme à l’autre par toutes les gradations ; en raison aussi de l’amidon qu’ils contiennent, et pour rappeler la ressem- blance des formes eylindroïdes avee les Bactéries, je crois utile de les réunir sous le nom d’Amylobacter. Si l’on voulait les diviser (1) Gette qualification de tétraèdre n’est qu’approximative, Ces cristaux parais- sent le plus ordinairement n'avoir que quatre côtés inégaux, peut-être parce qu'on les voit incomplétement, Ils appartiennent, selon toute probabilité, à un autre sys- ième. SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. 331 d’après les formes les plus disparates, on pourrait établir trois sous-genres : 1° l'Urocephalum, qui comprendrait les formes en Lêtard ; 2 l’Amylobacter vrai, auquel seraient attribuées les for- mes cylindracées ; 3° le Clostridium, qui renfermerait les formes er fuseau. Pour terminer, je signalerai un fait de transformation qui inté- resse également le chimiste et le botaniste. En étudiant le Lactuca altissima, je séparai de l'écorce, par la macération, des lames de cellules qui contenaient d’élégantes aiguilles cristallines du plus beau vert. Elles étaient diversement groupées. Les unes formaient des touffes globuloïdes ou hémisphériques ; les autres, portées sur des pédicelles grêles, imitaient des aigrettes très-dilatées au sommet. D’autres touffes globuleuses offraient deux zones bien dis- tinctes : l’une, centrale, était formée de cristaux courts et pressés ; l’autre, externe, était composée d’aiguilles plus rares et plus lon- gues. Certaines de ces aiguilles étaient un peu renflées au milieu. Ayant mis de l’alcoo! sur ma préparation, tout disparut. D’autres lames cellulaires semblables ayant été placées dans l’éther, toute trace de mes cristaux s’effaça de même. Ayant alors examiné d’autres lames de ces cellules, j'en trouvai qui renfermaient à la fois des houppes vertes et des grains de chlorophylle. Beaucoup de ces grains commençaient à changer de figure. Ils devenaient un peu anguleux, puis il en sortait des pointes qui s’allongeaient progressivement ; enfin, d’autres présentaient des aiguilles plus longues avec toutes les dispositions que je viens de décrire. Il me parut cerlain que j'avais sous les veux de la chlorophylle cris- tallisée. XVII DU TANNIN DANS LES ROSACÉES (1). On sait que la famille des Rosacées est une de celles dans les- quelles le fannin est le plus abondamment répandu, mais on y (4) Lu à l’Académie des sciences, le 45 mai 1865 (Comptes rendus, LX, 1055), 7 99 VIT, Z2A 338 RECHERCHES connaît peu la répartition de ce principe immédiat. M. Sanio seul en a dit quelques mots bien insuffisants en 1863, à propos des Pyrus communis, Amygdalus communis, Prunus spinosa et Pr. avium. Ces plantes méritaient done une étude plus appro- fondie. Conduit à cette étude par la recherche des sucs propres, je l'ai accomplie en même temps que celle des Légumineuses et de plusieurs autres familles. En voici les principaux résultats, obtenus par la macération de jeunes rameaux dans une solution de sulfate de fer. Le tannin existe dans tous les tissus des rameaux de certaines espèces : dans l’épiderme, dans le collenchyme, dans le paren- chyme extra-hbérien, dans tout le système fibro-vaseulaire et dans la moelle. Les cellules subéreuses ou péridermiques sont seules exceplées, quand elles se développent, Les membranes utriculaires elles-mêmes sont assez souvent imprégnées de tannin; mais le plus ordinairement la cavité des cellules en renferme seule. J'en ai trouvé les membranes imprégnées dans tout le système fibro- vasculaire très-jeune des Rosa rubiginosa, sulphurea, alba, du Sanguisorba officinalis, etc.; mais avec l’âge, quand les mem- branes viennent à s'épaissir, elles perdent leur tannin, et, dans le liber parfait, on ne retrouve souvent plus au centre qu'un petit point noir. Quand toutes les cellules parenchymateuses de l'écorce et de la moelle contiennent du tannin, ce n’est qu’en assez petite quantité (Rubus glandulosus DC., ete., Polentilla atrosanguinea, ete., ete. ); et alors même ce principe est renfermé en bien plus forte pro- portion dans des séries de cellules spéciales dont j'ai surtout l'intention de m'occuper dans ce résumé. Ayant mentionné l’exis- tence du tannin dans l’épiderme et dans le collenchyme, où il se trouve en quantité plus ou moins grande, je n’en parlerai plus; el, pour abréger encore, je vais choisir parmi les cent vingt espè- ces que j'ai étudiées les types les plus susceptibles de faire con- naître sa distribution. Parmi les Rosiers, je citerai d’abord les Rosa damascena et SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, 839 Banksiana, dont l'écorce présente des différences notables. Dans le premier, toutes les cellules corticales extralibériennes indistine- tement accusent du tannin (novembre), quand les coupes sont exposées à l'air en sortant de la solution ferrugineuse. Dans le second, le parenchyme vert externe n’en offre pas, et dans le pa- renchyme extralibérien interne la moitié des cellules environ sont pourvues de ce principe. Celles qui en contiennent sont distribuées presque en un réseau irrégulier dans les coupes transversales. Dans ces deux espèces et dans presque toutes les Rosacées munies de tannin (1), il existe à la surface de la région libérienne (qu'il y ait des faisceaux du liber ou que ceux-ci manquent, comme dans l’Alchemilla vulgaris et l Acœna sericea) une couche de cel- lules souvent continue, qui bleuit fortement par le sel de fer. Une pareille couche, continue ou non, existe aussi à la face interne du système fibro-vasculaire, autour de la moelle; mais [à, dans bon nombre d'espèces, elle ne s’observe qu'autour de la partie saillante des faisceaux, et parfois elle n’est même représentée que par des cellules plus ou moins espacées. Ces deux couches (supralibérienne et supramédullaire)d’utricules bleuies sont ordinairement réunies par les cellules bleuies aussi des rayons médullaires. Mais, quand ces rayons sont formés de plu- sieurs rangées de cellules, il n’y à souvent que les rangées laté- rales qui aient noïrei ou bleur. Les petits rayons, qui fréquemment ne vont pas jusqu'à la moelle, peuvent aussi montrer du tannin. Enfin, cette matière est également contenue dans des séries longi- tudinales de cellules éparses dans le tissu sous-libérien de la plu- part des Rosacées. Le trait le plus remarquable de la structure des Rosiers s’ob- serve dans la moelle. Les cellules à tannin, qui y sont plus étroites que les utricules environnantes, sont disposées en séries verticales reliées entre elles par des séries horizontales ou obliques de cel- lules semblables, de manière à former un élégant réseau dont les (4) Le Kerria japonica ne présente pas de trace de tannin, Toutes ses cellules restent de la plus grande pureté. 340 RECHERCHES mailles sont courtes dans quelques espèces, plus longues dans quelques autres (Rosa semperflorens, Noiseltiana, turbinata, alba, ele.). Ce qu'il y a de singulier, e’est que les cellules à tan- nin sont parfois presque les seules qui contiennent de lamidon, à une époque où les autres cellules n’enserrent que des gaz. Et ce qui est non moins étonnant, c’est que dans le Rosa turbinata, en sortant de la macération, qui eut lieu de novembre à décembre, ces grains amylacés se sont trouvés seuls bleuis dans des coupes prises vers le milieu des tronçons. L'exposition à l’air fit ensuite noircir le reste du contenu de ces cellules. Il en était autrement à la même époque, dans certaines cellules du pourtour de la moelle des Aosa eglanteria et sulphurea. Le tannin y étant rare, les grains amylacés devenaient seuls noirs. Les grains d’amidon existent déjà à la mi-juin, dans les cellules à tannin des jeunes pousses des Rosa muscosa, pendulina, lucida, etc. I y a aussi quelquefois des grains verts, souvent amylacés, dans les cellules à tannin spéciales (Rosa turbinata, gallica. fraxi- nifolia, Geum urbanum, Fragaria indiea dans les stolons, ete.). Les Rubus présentent deux types qui peuvent être utilisés pour la réunion ou la distinetion d'espèces que certains botanistes réu- nissent, landis que d’autres veulent les séparer, telles que les Rubus fruticosus, glandulosus et corylifolius. Je ne mentionnerai ei que les caractères offerts par le parenchyme libérien et le médullaire, les autres parties ayant tous les caractères généraux que je viens de signaler. Dans le Rubus fruticosus, le parenchyme extralibérien est formé de trois sortes de cellules : 1° de cellules à grains verts dont les unes sont sous le collenchyme et les autres près du liber ; 2° de cellules incolores plus grandes, qui occupent la partie moyenne ; 5° de cellules à tannin quelquefois assez nombreuses pour consti- tuer une couche sous le parenchyme vert externe, laquelle couche est reliée, par des cellules étroites, à travers les cellules incolores, avec les cellules à tannin plus rares mêlées au tissu vert interne ou supralibérien. Dans la moelle de ee même Rubus, les cellules E SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES. ol à tannin, étroites et courtes, forment de nombreuses séries longi- tudinales, qui sont unies entre elles par des cellules déprimées, très-allongées horizontalement, ce qui divise le parenchyme mé- dullaire en mailles de cellules bleuies avec intensité, tandis que les cellules intermédiaires, beaucoup plus larges, ne sont pleines que de gaz. : Les Rubus glandulosus DC. et laciniatus présentent la même disposition que le Rubus fruticosus; mais les Rubus corylifolius, strigosus, etc., ont un aspect bien différent sur des coupes soit transversales , soit longitudinales. Dans le parenchyme extralibe- rien de ces dernières espèces, les ceilules à tannin sont plus rares. Elles sont disposées en séries longitudinales, et ces séries sont éparses ou groupées deux ou trois ensemble. Dans la moelle sont de pareilles séries longitudinales, le plus souvent isolées, de ma- nière que sur des coupes transversales, au lieu d’avoir un réseau comme celui du Rubus fruticosus, on n’a que des cellules éparses ou par petits groupes de deux ou trois. C’est que les séries longi- tudinales de cellules à tannin ne sont plus que très-rarement unies entre elles par des cellules placées horizontalement. Dans quelques espèces (Rubus arcticus, rosæfolius), ces séries longitudinales, loin de former un réseau, sont réduites à un petit nombre d’utri- eules, et par là même isolées les unes des autres. On à ainsi une sorte de dégradation qui se manifeste déjà par la longueur des mailles dans les Rosiers (Rosa cinnamomea, sulphurea, carolina, spinosissima), et qui est plus évidente encore dans les Spiræa, comme je le dirai plus loin. Les Rubus du second type opèrent le passage à la disposition des cellules à tannin qui existe dans l'écorce et dans la moelle des Agrimoma EÉupatoria, cafra, Geum urbanum, Sanqguisorba car- nea, officinalis, Fragaria indica, Potentilla calabrica, millegrana, Alchemilla vulgaris, Acœna sericea, Hulthemia berberidifolia, etc., dans lesquelles ces cellules sont aussi en séries longitudi- nales éparses. Il en est de même dans les parties les plus jeunes des rameaux en voie d’allongement du Mespilus germanica et du Prunus Mahaieb. 312 RECHERCHES SUR LES VAISSEAUX LATICIFÈRES, La distribution du tannin est également très-remarquable dans certains Spiræa, où, comme les plantes précédentes, il est contenu dans l’épiderme, dans une couche de cellules supralibérienne, dans une autre autour de la moelle, dans les rayons médullaires, et dans des séries longitudinales de cellules qui le contiennent de même en abondance, et qui sont dispersées sous le liber, dans la moelle et dans l'écorce extralibérienne. Dans d’autres espèces beaucoup moins riches en tannin, les mêmes séries de cellules subsistent, au moins dans la moelle, mais elles ne noireissent que très-lentement par lexposition à l'air. Ailleurs encore on trouve les mêmes rangées verticales de cellules, cette fois sans tannin, qui semble dans quelques cas être remplacé par des groupes de cristaux. Enfin dans certaines espèces du même genre, ces séries de cellules s’effacent par leur assimilation avec les autres utricules de la moelle. Quelques espèces de Spiræa, comme le Sp. Ulmaria, et quel- ques autres plantes de la famille, demanderaient une mention spéciale, ou quelques détails de plus, mais l’espace ne me permet pas d'étendre davantage cette Note. Il me reste maintenant à dire un mot de état du tannin ‘dans les Rosacées. Y est-il identique avec celui du sel bleu ferrugineux ? Il y a lieu de douter de la constance de cette identité, puisque, dans quelques cas, il prend la teinte bleue aussitôt qu'il est en contact avec le sel de fer, sans avoir besoin d’être exposé à l'air; tandis que, dans d’autres cas, et dans les parties jeunes prin- cipalement, les cellules qui le contiennent ne deviennent noires ou bleues qu'à la suite d’une exposition à l'air, qui doit être prolongée quelquefois pendant douze heures et davantage. Le plus souvent même, les jeunes cellules, qui sont ordinairement jaunes, ne prennent qu’une teinte violacée ou rousse. Cette colo- ation ne doit pas être attribuée seulement à une faible propor- ion du principe tannant, car des cellules qui ne prennent que très-lentement cette teinte violacée peuvent passer au noir par une longue aération. (Sera continué.) SUR L'ORGANISATION FLORALE D'UN #ORMIA DES SEYCHELLES. Nous avons essayé de montrer comment l'ovaire pluriloculaire que l’on attribue d'ordinaire aux espèces du genre Wormia concordait, par son organisation fondamentale, avec le gynécée polycarpicé de la plupart des Dilléniacées; mais nous avons exprimé (4dansonia, VI, 257) le regret de ne pouvoir étudier qu'à l’état adulte le pistil de ces plantes si intéressantes. Heureu- sement que, depuis cette époque, nous avons trouvé, dans les riches collections du Muséum, parmi les plantes conservées dans l'alcool qui font partie des récoltes de Pervillé, un flacon rempli d’inflorescences que nous avons pu rapporter à l’espèce décrite par nous (Adansonia, VI, 268), sous le nom de W”. ferruginea, comme type d’une section particulière (#/ormiopsis). Sur ces inflorescences, il nous a été possible de faire l'étude de la fleur à presque tous les âges ; de façon que nous pouvons aujourd’hui établir d’une manière plus nette les caractères de la section Wor- miopsis, et démontrer le mode de formation et l’organisation véritable du gynécée de ce groupe. Le réceptacle floral a ici la forme d’un cône sur lequel s’insè- rent, de la base au sommet, le périanthe, l’androcée et le gynécée. Le périanthe est formé de dix folioles, dont cinq, plus extérieures, représentent le calice et sont disposées en préfloraison quincon- ciale, non-seulement dans le bouton, mais encore dans la fleur épanouie. Les sépales 4 et 2, et quelquefois une portion du sépale 3, sont chargés en dehors de poils assez roides et ascendants ; mais les sépales 4 et 5 sont complétement glabres. Les cinq pétales, qui répondent à l'intervalle des pièces du calice, sont tout à fait pareils comme forme et comme taille à ces deux sépales intérieurs. Ici done la corolle perd ce caractère si tranché dans les espèces de l'Inde, que les pétales membraneux dépassent lon- auement le calice épais et coriace. Rappelons à ce propos que ol SUR L'ORGANISATION D'UN WORMIA DES SEYCHELLES. Gaudichaud a décrit une espèce de Wormia comme tout à fait dépourvue de véritable corolle. Les étamines sont plus courtes que le gynécée et d'autant moins longues qu'elles sont plus exté- rieures. Il y en a un grand nombre qui, réduites à de fort petites dimensions, ne présentent que fort peu de pollen dans les loges très-étroites de leur anthère ; il y en a plus encore qui sont re- présentées par de petites baguettes stériles, sans poussière fécon- dante et sans anthère. Le gynécée mérite surtout de fixer notre attention, et par son organisation à l’état adulte, et par son développement que nous avons pu étudier en remontant jusqu’à un âge fort peu avancé. Il est presque toujours formé de huit carpelles, et rarement d'un nombre moindre, six ou sept. La portion du réceptacle qui les porte a d’abord, comme nous l’avons vu, la forme d’un cône; mais sa surface convexe présente ensuite huit petites faces planes ; elle devient done pyramidale. Contre chaque angle dièdre séparant les faces entre elles, s'applique un ovaire dont l'insertion est linéaire, oblique; et, comme dans toutes les fleurs adultes de Wormia, les parois latérales de ces ovaires sont libres de toute adhérence avec la paroi latérale du earpelle voisin. De plus, au- dessus du sommet du cône ou de la pyramide réceptaculaire, il y a, entre les angles internes des huit ovaires, un vide de forme ovoïde. Là les carpelles sont entièrement libres de toute adhé- rence; et c’est là un fait qui ne s’observe point d'ordinaire dans les ovaires pluriloculaires auxquels on a jusqu'ici assimilé celui des Wormia. Autre anomalie tout aussi inattendue, au-dessus de cet espace où les ovaires ne se rejoignent pas, on observe une courte colonne stylaire verticale qui est d’une seule pièce en appa- rence et qui résulte de l'union en ce point de tous les carpelles. Cette colonne, après un court trajet, se partage en huit branches réfléchies et appliquées sur le sommet de l'ovaire ; quelques bran- ches s'engagent même dans le sillon profond que laissent entre eux deux ovaires voisins. Chaque ovaire contient, dans son angle interne, une douzaine environ d’ovules anatropes, disposés sur SUR L'ORGANISATION D'UN WORMIA DES SEYCHELLES. 3h59 deux séries verticales. Essayons d'expliquer, par l'étude des déve- loppements, l’organisation singulière de ce gynécée. Nous avons pu observer le pistil du W. ferruginea à une époque où les feuilles carpellaires n'avaient que l'apparence d’un cordon linéaire légèrement saillant. A cette époque, le sommet du réceptacle était, non pas conique ou pyramidal, mais à peu près plan et horizontal. Sur ce sommet se dessinait une enceinte à seize crénelures, dont huit étaient saillantes en dehors, tandis que les huit autres, alternes avec les premières, faisaient saillie en dedans vers le centre du réceptacle floral. Qu'on se figure encore un cordon disposé sur un plan horizontal de manière à figurer une étoile à huit branches laissant entre elles un vide central. Chacune de ces branches représente un carpelle ; elles se rapprochent peu à peu du centre du réceptacle, mais elles ne s’y touchent jamais ; et telle est l’origine de ce vide qu’on remarque entre les carpelles, au-dessus du sommet réceptaculaire. N’examinons plus main- tenant qu'un seul des carpelles; ils se comportent tous les huit de la même manière, et l’évolution d’un seul aura besoin d’être connue. Les deux cordons légèrement saillants, à peu près paral- lèles entre eux, qui représentent les deux bords d’une branche de l'étoile à huit bras, ce sont les deux parois latérales de la feuille carpellaire. Ces deux parois montent un peu sous forme de deux murailles basses limitant parallèlement une petite vallée interposée ; c’est le fond de la loge ovarienne, constitué par une portion du réceptacle. Tant que celui-ci a un sommet plan, le vallon est horizontal, Mais alors le réceptacle commence à s’élever en cône; le fond du vallon devient oblique de haut en bas et du centre à la circonférence. Et, notons bien ce fait, c’est ce sillon oblique, plus tard presque vertical, qu’on appellera l’angle mterne de la loge ovarienne. On voit bien que ce n’est en réalité que sa base, rappelant par sa direction singulière, le gynécée de certaines Renonculacées, telles que les Nigelles, qui nous ont présenté une disposition analogue (1), et un certain nombre d’autres types (4) Voy. Adansonia, IV, 21, et Hist. nat. des plantes, Renonculacées, I, 9, 10. 3hG SUR L'ORGANISATION D'UN WORMIA DES SEYCHELLES, dicotylédonés à feuilles carpellaires insérées très-obliquement et dans une grande étendue sur le réceptacle. Quant à l'angle interne réel de l'ovaire, il n'existe pas alors ; ou plutôt il n’est représenté que par le point de réunion des deux murailles dont nous avons parlé, alors qu'elles se rencontrent près du centre réceptaculaire, et elles n’ont à ce moment qu'une très-faible élévation en ce point. Plus tard eet angle interne répondra précisément à l’espace laissé vide entre les ovaires; il ne sera pas non plus d'une bien grande étendue ; il sera d'autant plus court, on peut dire, que la base organique réelle de la loge à laquelle il fera suite sera plus allongée et se rapprochera davantage de la direction verticale. Et comme cet angle interne, si court qu'il soit, correspondra à la réunion des deux bords de la feuille carpellaire, il sera formé de deux lèvres séparées par un court sillon vertical. A l’époque qui précède l'apparition des ovules, ce sillon est à peu près horizontal; on le voit nettement en haut du gynécée, convergeant sous forme de rigole vers les sept autres sillons appartenant aux sept autres carpelles. A l’extrémité externe du sillon répond le sommet orga- nique de la feuille; celui-ci monte toujours, se prononce sous forme d’une pointe, puis d’une sorte de corne qui se porte en haut, puis en dedans. Alors chaque loge est à peu près close, surmontée de ce rudiment de style, en dedans et au-dessous duquel se des- sine la fente de l'angle interne ou des bords de la feuille carpel- laire dont nous avons parlé plus haut. Alors encore tous les car- pelles sont complétement indépendants les uns des autres, sem- blables à ceux de toute Dilléniacée à pistils séparés jusqu’à l’âge adulte, libres sur les côtés et suivant leur angle interne. Mais à partir de ce moment, et c’est là ce qui va constituer la principale différence dans la constitution du gynécée de ces Dilléniacées à prétendu ovaire unique et pluriloculaire, les styles, en s’allon- seant, vont se rapprocher par leur angle interne, se presser les uns contre les autres en grossissant et se coller les uns aux autres dans une portion de leur étendue, comme le fait se produit dans la plupart des Rutacées, des Simaroubées et des Apoeynées ou SUR LE NOUVEAU GENRE BOUCHARDATIA. 507 Asclépiadées, sans probablement qu'il y ait à un véritable phé- nomène de soudure, entre des organes déjà si âgés. C’est ce qui explique comment, contrairement aux autres ovaires plurilocu- laires, les #’ormia ont les loges séparées les unes des autres par une cloison double, mais non par une cloison simple et commune aux deux cavités ; et comment, quoique le style soit unique à sa base, l'angle interne réel d’un ovaire n’affecte aucune adhérence avec l’angle interne des ovaires voisins. Sous ce rapport, les Wormia sont, comme les Æibbertia, les ‘Candollea, etc., de véritables plantes polycarpiceæ, comme l’entendait Endlicher. SUR LE NOUVEAU GENRE BOUCHARDATIA. Notre célèbre collègue, le professeur Bouchardat, qui a tant fait pour les progrès de la botanique médicale, et dont tous les phy- siologistes apprécient les recherches sur les fonctions des racines, méritait bien qu'on appliquât son nom à un type générique nou- veau. Mon amitié lui dédie aujourd’hui un genre dont l'importance sera sans doute reconnue par tous les botanistes. Il s’agit en effet d’une plante dont les feuilles et tous les carac- tères extérieurs sont ceux d’un Evodia ou d'un Melicope, e’est-à- dire d’une Zanthoxylée, dont le réceptacle floral allongé est obconique ou obpyramidal, à la façon de celui d’un grand nombre de Simaroubées, et dont les carpelles, indépendants les uns des autres dans leur portion ovarienne, mais unis par leur région stylaire, contiennent, non pas deux ovules descendants, comme la plupart des Zanthoxylées, ou un seul, comme les Melanococca, mais bien un nombre variable et indéfini d’ovules disposés sur deux rangées verticales, comme ceux des Rutées proprement dites, lesquelles n’ont pas, comme on sait, d’autre caractère qui les distingue d’une façon absolue. Le Bouchardatia est done une Zanthoxylée à gynécée de Rutée et à follicules polyspermes ; 918 SUR LE NOUVEAU GENRE BOUCHARDATIA. et n'étaient Ja configuration de la feuille et le port de la plante, on ne saurait dire auquel de ces deux grands groupes de la famille des Rutacées il le faudrait de préférence rapporter. La seule espèce connue est originaire de l'Australie; de 1à son nom spécifique de B. australis. Nous l'avons trouvée parmi les incerlæ de la collection formée par l’infortuné Leichhardt, dans le nord-est de la Nouvelle-Hollande. C’est un petit arbre dont les rameaux sont cylindriques et glabres, sinon dans leur jeune âge où ils sont chargés d’un fin duvet brunâtre. Plus âgés, ils ne por- tent que de petites lenticelles blanchâtres. Les feuilles sont oppo- sées et pétiolées, trifoliolées-pennées; car quoique les trois folioles naissent au même niveau, la médiane, supportée par un long pétiolule, continue de la sorte le pétiole, tandis que les deux latérales sont à peu près sessiles. Le limbe est membraneux, par- semé de points glanduleux pellucides, elliptique-lancéolé, acu- miné vers le sommet, mais obtus à l’extrème sommet. La base est atténuée en coin, d’une manière régulière dans la foliole mé- diane, mais insymétriquement dans les folioles latérales ; la por- tion extérieure à la nervure médiane est plus large que l’intérieure qui s’atténue plus vite. Le limbe est entier dans chaque foliole, ou à peine sinueux sur les bords légèrement réfléchis. Les ner- vures sont pennées, toutes saillantes à la face inférieure et cou- vertes là de fins poils assez rigides qui se retrouvent sur toutes les nervures et sur les jeunes pétioles et pétiolules. Vers le bord de la foliole, les nervures secondaires s’anastomosent entre elles en formant des arcades assez régulières. D'ailleurs d’autres ner- vures, de générations successives, naissent des nervures prinei- pales et secondaires et forment en se rejoignant un réseau nette- ment dessiné. Les fleurs sont disposées en cymes bipares divisées un grand nombre de fois. L'une de ces cymes termine réellement un jeune rameau. Mais, sur ses côtés et au-dessous d'elle, à lais- selle de braetées opposées ou des feuilles supérienres de la branche, il nait plusieurs paires superposées de cymes latérales pédonculées. L'inflorescence totale se trouve done être ce que dans un grand SUR LE NOUVEAU GENRE BOUCHARDATIA. 349 nombre d'Aurantiacées et d'Évodiées, on a souvent appelé une panicule rameuse à axes secondaires opposés. Tous ces axes sont * chargés de poils courts. Les fleurs sont aussi de la taille et de la forme de celles de la plupart des Evodia, Acronychia, Glycos- mis, ete. ; leur organisation est la suivante. Le réceptacle a la forme d’un trone de pyramide à grande base supérieure et à surface latérale parcourue par huit cannelures peu profondes, répondant aux filets staminaux. Au niveau de la petite base du trone de pyramide s’insèrent le périanthe et l’androcée. Le gynécée est posé sur la grande face. Le calice est formé de quatre sépales courts, arrondis, ciliés, concaves en dedans, dont la préfloraison est dans leur jeune âge imbriquée et presque tou- jours décussée. La corolle est exserte, à quatre sépales oblongs, obtus, concaves en dedans, chargés de points pellucides et imbri- qués dans le bouton. Les étamines forment deux verticilles tétra- mères. Les quatre plus grandes, opposées aux sépales, ont un filet plus large que les quatre autres. Dans toutes, ce filet, atténué et acuminé à son sommet, s’aplatit et devient membraneux et comme pétaloïde à la base; il s’imbrique avec les filets des éta- mines voisines. L'anthère est dorsifixe, introrse, sagittée à sa base, à deux loges déhiscentes suivant leur longueur. Le gynécée est formé de quatre carpelles superposés aux pétales, compléte- ment indépendants les uns des autres dans leur portion ovarienne. Un peu au-dessous du sommet de son angle interne, chaque ovaire se continue en un petit style grèle qui va gagner les trois styles voisins, et s’unit avec eux en une seule colonnette dont le sommet à peine renflé et quadrilobé se charge de papilles stigmatiques. Un peu avant l’anthèse on peut encore séparer de bas en haut ces quatre styles jusque tout près du sommet stigmatifère. Dans l'angle interne de chaque ovaire, on observe un placenta linéaire qui supporte un nombre variable d’ovules disposés sur deux ran- agées verticales. On en compte jusqu'à cinq ou six sur chaque rangée. Chacun d'eux est descendant, avec le micropyle dirigé en haut et en dehors. Le fruit est formé de quatre follicules obovales, 290 SUR LE NOUVEAU GENRE BOUCHARDATIA, aplatis, chargés de stries courbes concentriques et déhiscents à la fois par leur sommet et leur angle dorsal. La ligne de déhiscence peut mème se prolonger jusque vers le bas de l’angle interne; le carpelle devient plutôt alors une gousse. Chacune des valves, haute et large de plus d’un demi-centimètre, présente alors, grâce à sa forme et aux stries courbes dont elle est chargée, l’apparence d’une petite valve de mollusque acéphale. Les graines ne se trou- vent plus dans les carpelles ouverts que porte un des échantillons recueillis par Leichhardt. Plusieurs d’entre eux peuvent avorter dans un fruit donné. Sur la seule espèce connue vont actuellement être établis les caractères du genre. BOUCHARDATIA. Flores hermaphroditi h-meri. Calyx brevis h-partitus, imbri- catus, sæpius decussatus. Pelala exserta K libera membranacea pellucide punctulata, imbricata. Stamina 8, breviora K alterna oppositipelala, cum perianthio ima basi receplaculi elongati obpyra- midati 8-goni inserta ; filamentis basi dilatato-complanatis mem branaceis subpelaloideis 1mbricatis, apice acuminatis ; antheris basi subsagittatis 2-locularibus introrsis, longitudine rimosis. Carpella k summo receplaculo inserta oppositipelala ; ovariis omnino liberis 1-locularibus pluriovulalis ; ovulis usque ad 19 anatropis cum maicropyle extrorsum supera descendentibus 2-serjatis ; stylis ex angulo ovariorum 1nterno paulo sub apice emersis filiformibus liberis, mox inter se in columnam unicam conoïdeam apice obsolete k-lobo vix capitatam stigmatosam coa- dunatis. Fructus e carpidiüs 1-h liberis folliculiformibus v. legu- miniformibus , longitudine À v. sub-2-valvalim dehiscentibus; valvis demum inæquali-obovatis concentrico-striatis polyspermis ; seminibus ignolis. Arbor parva in Australia orientali-boreali crescens ; foliis oppositis pedunculatis pinnatim 3-foliolatis ; foliolo scilicet termi- nali longe petiolulato elliptico-lanceolato, ad apicem acuminato, SUR LE NOUVEAU GENRE BOUCHARDATIA. 391 basi inœæquali-angustato. Flores cymosi ; cymis opposile ramosis paniculatis terminalibus. Genus receptaculo Simarubaceas nonnullas, habitu el foliis Toddalieas, ovariorum et styli fabrica Zanthoxyleas et Rutaceas permultas, ovulorum numero et fructu folliculari Ruteas veras referens, plantarum tot catervas diversas inter se arcte connectens. Species hucusque unica, scilicet B. australis. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE X. Fie. 4. Rameau fleuri du Bouchardatia australis (grandeur naturelle). Fie. 2. Fleur épanouie (grossie). Fic. 3. Diagramme floral. Fie. 4. Coupe longitudinale de la fleur. Fi. 5. Étamine isolée. Fic. 6. Réceptacle et gynécée. Fic. 7. Fruits ouverts (grandeur naturelle). SPECIES EUPHORBIACEARUM. RECHERCHES COMPLÉMENTAIRES SUR LES EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. (Voy. vol. VI, pp. 282-345, 348-351, 360-367.) La communication de nouvelles Euphorbiacées australiennes, que nous devons encore à l’amitié et à la bienveillance du docteur F. Mueller, directeur du jardin botanique de Melbourne, nous permet d'ajouter d'assez nombreux faits à ceux que nous avons déjà fait connaître sur ce sujet. Nous donnerons done ici : 1° Quel- ques notices sur des genres australiens incomplétement eonnus jusqu'à ce jour; 2° la description de genres entièrement nouveaux, qui n'avaient pu être établis jusqu'ici d’une façon satisfaisante, faute d'échantillons convenables; 3° la caractéristique de certaines espèces, où nouvelles, où incomplétement connues jusqu'à ce jour ; 4° l’indication des localités nouvelles pour plusieurs des espèces anciennement connues et décrites. PETALOSTIGMA #. Muell. Hooker’s Journ. of Bot. (1857), 16. — H. BN, Ét. gén. Euphorbiacées, 657. -— M. Arc., ap. DC. Prodr., XV, sect. post., 273. La caractéristique de ce genre, telle qu’elle est donnée par l’auteur du Prodromus, nécessite un grand nombre de corrections et quelques additions. La première de toutes doit Ôtre relative à la situation des différentes régions de l'ovule; car on ne saurait méme, sans celle notion, affirmer que le Petalostigma appar- tienne aux Euphorbiacées. M. Mueller d’Argovie n'a pu se pro- RECHERCHES COMPLÉM. SUR LES ÉUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 999 noncer sur ce point : « Eæ unico flore fœmineo à me viso silum micropyles satisfacler observare non licuit. » Nous avons été plus heureux, et nous pouvons assurer que les deux ovules collatéraux qu’on observe dans chaque loge sont suspendus avec le micro- pyle dirigé en haut et en dehors. Ils ont deux enveloppes et sont coiffés d’un obturateur dont la masse énorme cache en grande partie les ovules eux-mêmes. Nous verrons d’ailleurs que les caractères de la graine sont bien ceux des véritables Euphor- biacées. Les fleurs du P. quadrilocularis F. Muezz. ne sont pas con- stamment et forcément dioïques ; j'en ai observé un assez grand nombre de rameaux qui portaient à la fois des fruits et des fleurs mâles. La séparation des sexes sur des pieds différents est donc un fait fréquent, mais non absolu. Les fleurs mâles sont réunies en cymes pauciflores, et supportées par de courts pédicelles. Les fleurs femelles sont solitaires dans l’aisselle des feuilles. Leur court pédoncule porte vers son sommet des bractées latérales, ordinai- rement au nombre de deux, plus courtes et plus étroites que les sépales contre lesquels elles s'appliquent. Le calice de la fleur mâle est le plus souvent formé de quatre sépales décussés. Les deux extérieurs sont plus courts, et tous sont concaves, obtus, ciliés ; leur préfloraison est ordinairement imbriquée-alternative. Le réceptacle floral a la forme d’un cône assez aigu dont le sommet est occupé par une touffe de poils dressés. On observe de ces poils dans l'intervalle des filets des étamines qui sont en nombre indéfini. Ces filets sont libres, à notre sens, et ce n’est pas leur portion inférieure, mais bien l'axe floral qui constitue le cône central. Les anthères sont à deux loges extrorses, adnées, allon- gées, déhiscentes suivant leur longueur. Leur connectif est terminé par un pinceau de soies assez roides. Il y a des fleurs où l’on ne trouve aucune étamine stérile. Le calice des fleurs femelles est ordinairement formé de cinq ou six sépales imbriqués, dont trois plus intérieurs, avee lesquels alternent les loges de l'ovaire quand elles sont au nombre de trois, ee qui est fréquent dans les échan- Vi]. 23 30/1 RECHERCHES COMPLÉMENTAIRES tillons types du P, quadriloculare. Nous avons décrit plus haut les ovules. Le style entier et cylindrique à sa base, est ensuite partagé en trois ou quatre larges branches, épaisses et charnues, inéga- lement découpées et ondulées, qui rappellent des pétales ou encore des cornes d'Élan, Nous n'avons pu observer, dans les ovaires où dans les fruits, ce caractère auquel le Prodromus accorde dans ce genre une importance Capitale : « Genus inter reliqua ordinis præ- sentia dissepimentorum spuriorum insignitum.» Nous avons bien vu, sur la ligne médiane de la paroi dorsale de chaque loge, une petite crête verticale saillante en dedans, en face de l'intervalle des deux ovules ou des deux graines ; disposition qui se reproduit dans la plupart des Euphorbiacées à loges biovulées ou dispermes, mais rien de semblable à une fausse cloison. Celle-ci ne pourrait d’ailleurs se produire dans l'ovaire qu'oceupe en grande partie la masse unique de l’obturateur ; et, dans le fruit, lorsqu'il y a deux graines Collatérales, nous les voyons se toucher dans toute leur hauteur, ce qui ne saurait avoir lieu, si une fausse cloison s’inter- posait entre elles. Sous son mésocarpe charnu et facilement sépa- rable à la maturité, le fruit présente un endocarpe dur et ligneux, formé de trois ou quatre coques bivalves, mais non partagées cha- cune en deux demi-loges. Les surfaces latérales de chaque coque présentent de curieux faisceaux nourriciers qui passent du méso- carpe dans l’intérieur des loges. Là on observe une ou deux graines à arille énorme, d’origine micropylaire, de forme irrégu- lièrement globuleuse ou ovoïde, avec une ouverture exostomique à bords épais et charnus, plus ou moins plissés. Les stries longi- tudinales indiquées sur le testa par la description du Prodromus ne constituent pas un caractère générique constant. Le port est très-variable dans les différents individus, et surtout la forme des feuilles, car on observe tous les intermédiaires entre des limbes ovales, obovales, lancéolés et orbiculaires. Ce qu'il y a de con- stant, c’est la présence à la base du pétiole de deux stipules laté- rales qui sont, non pas caduques, comme l'indique le Prodromus, mais persistantes, et qui, représentées dans leur jeune âge par SUR LES EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES,. 399 une petite crête saillante en travers, et d'apparence glanduleuse, demeurent telles à tout âge sur les divisions de la tige. La place que doit occuper ce genre dans le groupement des Euphorbiacées ne nous parait point difficile à déterminer. M. Mueller d’Argovie range les Pefalostigma (op. cit., 273) dans sa sous-tribu des Euphyllanthées, tout contre les Phyllanthus(274), c'est-à-dire loin des Longetia (24h) et des Cyclostemon (480), genres qui nous paraissent au contraire si voisins des Petalo- stigma, qu'il ne sera pas facile de les en distinguer par des carac- tères bien nets et bien tranchés. De part et d'autre, en effet, nous trouvons des fleurs apétales, à étamines en nombre indéfini, et des loges ovariennes biovulées, une préfloraison imbriquée et un embryon à larges cotylédons aplatis. La forme du réceptacle, le mode d'insertion des étamines, quelques différences dans la situation des feuilles ou des fleurs, la consistance du péricarpe, la caroncule; tels sont à peu près les seuls traits, peu importants, nous le répétons, qui permettent de distinguer ces trois genres les uns des autres. M. Mueller d’Argovie à admis dans ce genre une seconde espèce qu’il a nommée P. triloculare. Elle est fondée sur le nom- bre des loges ovariennes, sur la forme des feuilles, et sur la pubescence des surfaces des jeunes fruits ; tous caractères qui ne nous paraissent pas dignes d'être pris en considération, parce que, parmi les nombreux échantillons de l’herbier de M. F. Mueller, nous avons trouvé tous les intermédiaires entre les différentes formes que présente, suivant nous, une espèce unique; et surtout parce que le nombre des loges ovariennes peut varier de trois à quatre sur une même branche du P. quadriloculare. Les noms spécifiques fondés ici sur le nombre des carpelles ne peuvent donc pas, à notre grand regret, être conservés ; ils induiraient trop facilement les observateurs en erreur. Nous réunissons, pour ces raisons, tous les Petalostigma jusqu'ici observés à la Nouvelle- Hollande, en une seule espèce, dont nous n’essayerons même pas d'indiquer les variétés ou les formes trop peu stables. 306 RECHERCHES COMPLÉMENTAIRES 1. PETALOSTIGMA AUSTRALIANUM. P. quapriLocuLaARE F. Muell,, in Hook. Journ. (1857), 16. P. rriocuLare M. Arg., in Flora (186h), 471; Prodr., loc. af: nn Crescit in Australia boreali-australi, circa sinum Carpentariæ, ubi de- texit olim Zeichhardt (herb. Mus. par. !). Legerunt et recentiores, in Arnhemsland, ad Moreton-Bay, Rockingham-Bay, etc., cl. #. Mueller, Dallachy, Fhozet, Bowman, Hulls, Daemel, ete. (herb. F. Muell. ?). EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE HI. Fiç. 4. Rameau de Petalostigma australianum, chargé de fleurs mâles (; de grandeur naturelle). Fic, 2. Rameau chargé de fleurs femelles. ic. 3. Fleur mâle épanouie (grossie). Fic. 4. Coupe longitudinale de la fleur mâle. Le réceptacle, en forme de cône aigu, porte des étamines nombreuses et des poils dans leur intervalle, Fic. 5, Fleur femelle à gynécée trimère, épanouie (grossie). Fi. 6. Coupe longitudinale de ia même fleur femelle. Dans la loge ouverte, on aperçoit un des deux ovules, et, au-dessus de lui, la moitié correspondante du gros obturateur. Fi. 7. Fruit à quatre loges, provenant de la même branche que la fleur précé- dente. Fic. 8. Une graine (grossie), surmontée de sa caroncule issue de l'exostome. L'ombilic se trouve à gauche et un peu plus bas. DISSILIARIA. H y avait, parmi les plantes de Leichhardt, une espèce à fruits tricoques appartenant par tous leurs caractères au groupe des Euphorbiacées biovulées. En l’absence des fleurs, sa position dans ce groupe demeurait complétement incertaine. Dans ces derniers temps, la plante de Leichhardt fat retrouvée par M. Fit- zalan, dans la Nouvelle-Galles du Sud, Elle ne portait également que des fruits ; les graines en étaient à peine développées, et le SUR LES EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 057 périanthe était tombé. On peut néanmoins, sur ces nouveaux échantillons, constater la constance de ces caractères présentés par les feuilles : elles sont opposées et accompagnées de stipules. M. F. Mueller fit, il y à environ deux ans, parvenir en Europe quelques échantillons de la plante de M. Fitzalan, avec le nom manuscrit de Dissiharia baloghioides. Ce nom spécifique rend d'autant mieux compte de l'aspect du feuillage et des fruits de la plante que, dans l’herbier de Kew, par exemple, eile se trouvait désignée sous le nom de Baloghia. L'analyse des graines impar- faites qu’elle contenait nous prouva cependant dès lors qu’elle ne pouvait être rapportée à ce genre; car ces graines étaient au nombre de deux dans chaque loge, suspendues collatéralement, avec le micropyle dirigé en haut et en dehors, et coiffé d’un obtu- rateur épais; il s'agissait done bien d’une Euphorbiacée à loges biovulées ; caractère qui, pour nous, a une plus grande impor- tance encore qu'il n’en avait pour Ad. de Jussieu. Un peu plus tard le savant directeur du Musée botanique de Melbourne eut l’obligeance de nous adresser une Euphorbiacée indéterminée que nous crümes reconnaître comme une seconde espèce du même genre. Nous la nommâmes D. Muelleri; elle provenait des collections réunies à Rockhampton par M. Thozet. Sur celle espèce nous pümes étudier la fleur femelle complète, son périanthe, son disque et son style. Nous constatämes la présence de gynécées trimères et tétramères sur le même pied ; l'existence de stipules, tantôt libres entre elles, courtes, épaisses, tantôt réunies en une seule lame membraneuse interpétiolaire. La forme des feuilles et les caractères extérieurs du fruit nous permirent d'ailleurs de distinguer nettement cette espèce du D. baloghioides auquel nous allons maintenant la comparer, après avoir fait re- marquer que ces plantes constituent un genre trèês-voisin par son organisation des Longetia de la Nouvelle-Calédonie. L'étude de la fleur mâle pourra seule rendre incontestable l’autonomie du genre Dissiliaria. Les Dissihiaria sont, d'après M. Thozet, de jolis arbres à 398 RECHERCHES COMPLÉMENTAIRES feuilles opposées et pétiolées, rarement verticillées par trois. Celles du D, baloghioides sont elliptiques ou ovales, un peu allon- gées. Dans l’échantillon du Muséum de Paris, recueil par Leichhardt, le limbe est légèrement acuminé vers son sommet et obtus à l'extrême sommet; mais ce caractère ne se retrouve pas dans l'échantillon de même provenance qui fait partie des collec- tions de Melbourne; il ne peut donc justifier la distinction d’une espèce particulière. Les feuilles du D. Muelleri sont bien diffé- rentes, beaucoup plus larges par rapport à leur longueur, presque orbiculaires ou cordiformes, arrondies ou légèrement atténuées à la base, obtuses au sommet, assez souvent aussi obovales, gla- bres, d'un vert tendre à l’état frais (Thozet), inégalement créne- lées, tandis que celles de l’autre espèce sont entières. Les fleurs sont complétement dioïques; les femelles sont disposées à l’extré- mité des rameaux en eymes ou en grappes de cymes pauciflores, chaque cyme n'ayant souvent que deux fleurs, dont une latérale plus jeune. Toutes sont pédicellées. Le calice n'est connu que dans le D. Muelleri. I est foliacé, glabre, d’abord bien plus grand que le gynécée qu'il enveloppe complétement. Dans le D. baloghioïdes, nous n'avons vu que des fleurs trimères; dans le D. Muelleri, elles sont, comme nous l'avons dit, tantôt trimères et tantôt tétra- meres ; elles ont, dans le premier cas, six, et, dans le dernier, huit sépales imbriqués, formant deux verticilles à pièces alternes. Ce calice est cadue dans le D, baloghioides ; mais il persiste sou- vent à la base du fruit du D. Muelleri, et ses larges folioles ovales ou obovales, entières, glabres, à sommet légèrement obtus, se réfléchissent sur le sommet du pédicelle. Les loges de l'ovaire sont superposées aux sépales extérieurs; elles sont entourées d’un disque hypogyne irrégulièrement crénelé, et surmontées d'un style dressé dont la portion basilaire commune est très- courte, et qui se partage presque aussitôt en trois ou quatre bran- ches réfléchies assez larges, entières ou à peu près à leur sommet, chargées en dedans de membranes papilles stigmatiques. Dans l'angle interne de chaque loge se trouvent les deux ovules colla- SUR LES EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 999 téraux à micropyle extérieur et supérieur, coiffé d’un large obtu- rateur. Le fruit est très-différent dans les deux espèces que nous comparons. Celui du D. baloghioides est beaucoup plus gros et plus globuleux. Le dos de ses trois loges et ses trois cloisons ne sont indiqués que par des sillons verticaux peu profonds et très- obtus. Son sommet est pourvu d'un petit apicule, et toute sa sur- face est couverte d’un duvet velouté, court et épais, de couleur fauve ou ferrugineuse. Le fruit du D, Muelleri est au contraire glabre, à surface noirâtre légèrement rugueuse. Son sommet est profondément déprimé et surmonté souvent du style persistant avec ses trois ou quatre branches desséchées. Les trois ou quatre sillons qui séparent ses loges les unes des autres sont profonds et interposés à des côles épaisses et saillantes formées par le dos même des loges. Dans aucun fruit nous n'avons pu trouver des graines parvenues à leur maturité, Il nous est facile maintenant de donner la diagnose de nos deux espèces. 1. DISSILIARIA BALOGHIOIDES F, Muell., mss. in herb. D. fois elongatis aut ellipticis aut ovato-acutiusculis, basi alttenuatis, apice obtusis obtusiusculisve subcoriaceis integris gla- berrimis Iævibus ; nervis venisque supra vix conspieuis : floribus fœmineis à-meris ; capsula 3-cocca depresse globosa obsolete sulcata; mesGcarpio carnosulo ab endocarpio secedente 6-partibili; epicarpio extus tomenlo tenui denso brevi velutino pallide ferru- gineo obsito. | Folia 6-10 cent. longa, 2-4 cent. lata. Petioli 4-10 mill. longi. Pedi- celli fructuum 1, 2 cent. longi. Capsula 1 À cent. alta, 1 À cent. lata. Exs. Leichhardt, n. 13, n. 14 (1843), Moreton-Bay (herb. Mus., F. Muell. !). — Fitzalan, Pine River, Port Denison (herb. #. Muell. !). Os. Ex hujusce arboris ligno tela conficiunt quæ vulgo bommerings vocantur indigenæ. 2. DISSILIARIA MUELLER®E D. folis suborbicularibus v. breviter obovatis cordatisve ; basi 306 RECHERCHES COMPLÉM, SUR LES EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, rotundatis v. breviter attenuatis; apice obtusis obtusiusculisve submembranaceis inæquali-crenatis glaberrimis lævibus; nervis venisque supra subtusque prominulis; floribus fœæmineis 3-4- meris ; calyce folioso glabro demum reflexo ; capsula 3--cocca breviter obovata; apice valde depresso; prolfunde 3-4-sulea ; mesocarpio suberoso ab endocarpio secedente 6-S-partibil; epi- carpio extus glabro tenuiter rugoso nigrescente. Folia 2-8 cent. longa, 2-8 cent. lata. Petioli 2-6 mill. longi. Pedicelli florum 5-10 mill., fructuum 1, 2 cent. longi. Calyx floris 3, 4 mill., fruc- tus 6-10 mill. longus. Ovarium 2 mill. altum. Capsula 10-12 mill. alta, 12-16 mill. jata. Exs. Zhozet, Dallachy, n.391, 429 (1863); Queensland, Rockhampton, « near Movers Creek ; Mount Archer Ranges » (herb. #. Muell. !. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE I. Fic. 4. Rameau femelle de Dissiliaria Muelleri (grandeur naturelle). Fic. 2. Fleur femelle épanouie (grossie). Fic. 3. Même fleur, le périanthe enlevé, pour montrer le gynécée trimère et le disque hypogyne. Fie. 4. Loge de l'ovaire ouverte par le dos, pour faire voir les deux ovules collatéraux et le large obturateur. Fic. 5. Fruit à quatre loges, surmonté des restes du style et garni à sa base des sépales réfléchis. ORGANOGÉNIE FLORALE DES ILLICIUM L'examen organogénique peut seul nous éclairer sur l’inflores- cence des Zlhoïum, 'ear cette question est fort controversée par les auteurs qui n’ont observé ces plantes qu’à l’état adulte. Ainsi Endlicher (Genera, n. 47h45) dit des Zllicium : « Floribus e gemmis axillaribus v. ad apicem ramuli annolini sitis.» MM. Bentham et Hooker écrivent, d'autre part (Genera, 18, n, 2) : « Pedunculi 1-flori revera aæillares, sed foliis nondum evolutis intra gemmam fasciculati.» Cette proposition est certainement beaucoup trop absolue, du moins en ce qui concerne ll. parviflorum Micux. L'opinion émise sur l’inflorescence de cette plante par M. Spach (Suites à Buff., VIT, 4h5) est la seule vraie, Quand on assiste à la naissance de ses fleurs, on voit que le rameau, après avoir porté des feuilles ordinaires, s’atténue près de son sommet, ne produit plus que des bractées ou écailles de petite taille, et devient à ce niveau le pédoncule floral qui'se revêt ensuite des folioles du périanthe, de l’androcée et du gynécée. Il est impossible de dis- tinguer, lors de leur apparition, les pièces du calice de celles d'une corolle. Toutes les folioles du périanthe naissent les unes après les autres dans l’ordre spiral et de bas en haut. Il en est de même des étamines et des carpelles. Quoique à l’âge adulte ils semblent disposés en verticilles, ces organes naissent tous dans l'ordre spiral. J'ai vu les étamines au nombre de trois, quatre ou einq seulement, sur les côtés du renflement pédonculaire. La place occupée par les autres étamines était encore vide et lisse, ou bien on apercevail un, deux où trois jeunes mamelons, placés plus haut que les précédents, et dans leur intervalle, destinés à devenir d'autres étamines. Les organes sexuels sont done disposés sur plusieurs tours de spire; mais ces tours sont très-rapprochés. Les étamines n’affectent qu’assez tard cette forme singulière qui a fait donner à la plante le nom générique de Cymbostemon. Le mamelon staminal est d’abord globuleux, puis ovoide, à petite extrémité supérieure, Plus tard cette extrémité se renfle, tandis 262 ORGANOGÉNIE FLORALE DES ILLICIUM. que la base s’atténue, et l'organe devient alors obovale; puis il prend la forme de massue, et c’est alors seulement ‘que, com- primé par les étamines voisines, il acquiert des faces assez dis- tincles, séparées par des angles dièdres un peu mousses. La face interne ne présente qu'à un âge fort avancé cette transformation de tissu qui amène la formation de l’anthère. Tout en haut de cette face il se forme un petit sillon vertical médian qui sera la ligne de séparation des deux loges de l’anthère; et c’est le tissu des deux lèvres de ce sillon qui s'épaissit ensuite un peu et se transforme en cellules pollinifères. C’est bien longtemps avant l’époque de cette transformation qu’on voit souvent un ou quelques bourgeons latéraux par rapport à la fleur et placés à l’aisselle d’une feuille ou d'une bractée, S’allonger assez rapidement en rameaux qui usurpent la place de cette fleur et la rejettent de côté. Mais, dans celte espèce, elle est toujours réellement terminale. À mesure que son pédoncule s'élève, les bractées inférieures qu'il porte s’écar- tent les unes des autres. Quelques-unes demeurent à sa base ; d’autres, en petit nombre, s'échelonnent sur sa surface. Toutes deviennent distantes des véritables folioles du périanthe, et demeu- rent plus étroites et plus verdâtres qu'elles. Mais il est certain qu'ici, comme dans les Magnolia, les appendices floraux conti- nuent la série Spirale des feuilles qui s'insérent sur le rameau florifère. Lorsque les carpelles naissent sur le réceptacle floral, celui-ci représente, au centre de la fleur, un cône à sommet obtus, énorme relativement au volume des feuilles carpellaires elles-mêmes. Aussi les dépasse-t-il de beaucoup. I forme comme un haut pilier conique vers la base duquel s’insérerait une ceinture de petites vasques en forme de béniliers. Chaque carpelle ayant alors son ouverture directement lournée en haut et limitée par des lèvres horizontalement dirigées, on peut voir, sans faire aucune prépa- ration, l’ovule naître sur le pilier central, comme dans l’aisselle de chaque feuille carpellaire. Alors encore une légère traction, exercée de dedans en dehors sur la feuille carpellaire, la détache ORGANOGÉNIE FLORALE DES ILLICIUM. 363 par sa base du réceptacle, et laisse sur ce dernier l’ovule qui, à l’époque où il a revêtu ses deux enveloppes, a tout à fait la forme d’une toupie couchée horizontalement. Le sommet de la toupie regarde directement en dehors, tandis que la portion où s’insére- rait son fer est représentée par un rétrécissement bien marqué, dirigé en dedans vers l'axe sur lequel il s'attache. L’ovule est donc alors parfaitement orthotrope. A partir de ce moment, l’ac- croissement de ses diverses régions est inégal. Le point le plus saillant de sa périphérie ne s’accroit guère que vers le haut du carpelle. I en résulte une gibbosité supérieure; et, plus celle-ci se prononce, plus le micropyle tend à se fermer et à se diriger en bas et en dehors. Jamais cependant l’anatropie n'arrive à être complète. L'ouverture micropylaire se trouve finalement séparée par un quart environ de la circonférence de l'ovule, de l'insertion ombilicale, laquelle n’a point changé de place et n’a subi d’autre modification que la suppression graduelle de l'espèce de pédicule étranglé par lequel l’ovule se trouvait relié au placenta. Pendant ce temps, les feuilles carpellaires ont grandi. L’ovaire s’est fermé en haut et atténué en un style qui a la forme d’une corne. L'ouverture supérieure est devenue une bouche oblique, puis un sillon vertical qui se prolonge de l'angle interne de l’ovule sur toute la longueur du style. Les bords épaissis de ce sillon se recouvrent de papilles stigmatiques ; et celles-ci sont plus nom- breuses et plus saillantes sur le style lui-même; mais elles des- cendent aussi très-bas sur l'ovaire, quoiqu’elles soient moins proéminentes et moins abondantes à son niveau. [ci, comme dans tant d’autres plantes, le stigmate ne peut done être considéré comme un organe spécial; c’est une modification du tissu cellu- laire superficiel, qui se produit, et sur le style, etsur une portion de l'ovaire lui-même. Au milieu des styles allongés en forme de cornes, le sommet réceptaculaire n’est plus alors facile à aperce- voir. Dépassé par les organes appendiculaires qu’il supporte, il ne forme plus qu'un petit dôme au centre de la fleur, et il faut écarter ou couper les carpelles pour apercevoir son sommet arrondi et complétement nu. NOTE PLUSIEURS ROSES MONSTRUEUSES Par M, D. G&., BRANZA, Licencié ès sciences naturelles, Dans un très-court mémoire (1) présenté à la Société Linnéenne de Paris, nous nous sommes efforcé de démontrer à l’aide de l'observation directe l’origine réelle du prétendu tube calicinal de la Rose. Plusieurs cas de roses monstrueuses qui se sont présentés à nous depuis nous ont paru tellement confirmatifs (si toutefois il est permis d'accorder quelque valeur aux témoignages de ces infidèles de là nature) de l'opinion que nous défendions, que nous n'avons pas hésité un instant à les décrire et à les publier. Toutes sont curieuses et intéressantes à étudier, et toutes nous révèlent des faits nouveaux pouvant servir à l'interprétation et à la détermination de certaines lois de l’organisation végétale. La première qui se présente à nous est un des plus frappants exemples de prolification médiane; nous la devons à M. Marey. Toutes les parties florales de cette rose sont à peu près normales ; il n’y a que le calice qui présente un sépale de plus. Mais ce qu'il y a de bizarre et de monstrueux chez elle, c’est la présence d’un petit rameau qu'on aperçoit dans son centre; ce rameau porte quelques folioles alternes et se termine par quatre nouvelles roses encore en bouton. Il nous a été très-facile de nous convaincre qu'il s'agissait ici tout simplement d’une élongation du fond du réceplacle, ou, pour être plus juste, de son sommet organique. (1) Adansonia, VII, 306. NOTE SUR PLUSIEURS ROSES MONSTRUEUSES. 369 L'analyse de roses secondaires n’a montré de particulier qu'un réceptacle très-légèrement concave, supportant un calice formé d’un nombre plus, considérable de sépales passant très-insensi- blement aux pétales. Le 23 juillet 1867, nous trouvâmes dans l’École botanique du Muséum de Paris, sur un Rosier appelé Rosa maxæima, une fleur également monstrueuse et prolifère, mais d’une façon bien plus singulière. Nous constalons tout d’abord que la fleur manque d’urcéole à sa base ; mais à sa place nous trouvons un rameau ordinaire sur lequel s’insèrent deux verticilles. L'un, externe, constitué de six sépales transformés en feuilles ordinaires imparipennées ; cinq de ces feuilles, unies par leurs pétioles jusqu’à une hauteur de quelques millimètres, de manière à former une espèce de gaine (1) qui embrasse l’axe, étaient déjetées un peu d’un côté du rameau, tandis que la sixième se rencontrait seule, libre et en place. L'autre verlicille, plus interne, est lui-même déjeté du côté du faisceau et enveloppé à sa base par la gaine. Il est composé de plu- sieurs pétales colorés, libres et indépendants, se recouvrant les uns les autres. Plusieurs d’entre eux présentent dans leur aisselle des bourgeons rudimentaires. Toutes ces pièces, se trouvant naturellement écartées du côté du sépale solitaire, laissent voir au centre de la fleur un grand rameau long de plusieurs centimètres qui est chargé de feuilles alternes bien développées sur ses côtés, et, tout près de la corolle, une petite foliole en voie de développement. Immédiate- ment au-dessus des pétales on trouve sur le rameau un cercle de petites glandes qui ont la forme d’anthères sessiles. Ce qui est intéressant et ce qu'il faut bien remarquer, c’est que ce rameau est la continuation directe de la partie supérieure du pédoneule floral et qu'il avait une tendance à s’allonger indéfiniment. Nous avons démontré ailleurs, en nous fondant sur la loi du (4) Pour ceux qui voient dans l’urcéole un organe formé d’appendices, cette gaîne nourtait être considérée comme un rudiment du tube calicinal, é66 NOTE SUR PLUSIEURS ROSES MONSTRUEUSES, balancement organique, que l'apparition d’une pareille prolification doit généralement coïncider avec l'absence de lurcéele. Nous avons cueilli sur le même Rosier, au mois de mai de la même année, de très-nombreuses fleurs monstrueuses que nous avons communiquées à la Société Linnéenne de Paris, dans la séance du 8 juin. C’étaient tout autant d'exemples de prolifica- tions aæillaires à des degrés différents de développement. On pouvait très-bien observer, sur les bords de la coupe récep- taculaire, trois ou quatre jeunes roses secondaires supportées par de courts pédicelles développés à l’aisselle des pétales. En sup- posant que, dans la rose, il s'agisse d’un tube calicinal réellement, nous nous demandons de quelle manière et à l’aide de quelle théorie on pourrait encore expliquer les prolifications axillaires. Deux autres roses qui nous ont été données par M. Baillon ne sont pas moins instructives. L'une d’elles est constituée de la même manière qu’une fleur superovariée. L’extrémité du pédon- eule floral porte directement son calice de six sépales transformés en feuilles imparipennées ; plus une corolle formée d’un grand nombre de pétales. Au centre de la fleur nous trouvons, à la place de l’androcée et du gynécée, une petite colonne ne dépassant pas l'intérieur de la corolle et supportant de très-petites folioles en train de se développer. Nous pensons que ces appendices ne sont que des étamines et des feuilles carpellaires métamorphosées ; mais peu importe : ce qu'il faut noter surtout, c’est la forme du réceptacle qui, de concave qu'il est à l’état normal, est devenu ici tout à fait convexe ; c’est là aussi la raison pour laquelle l’ureéole manque; en même temps les organes appendiculaires deviennent forcément hypogynes. L'autre rose monstrueuse se fait remarquer d’abord par la con- nation des sépales jusqu’à une certaine hauteur, et ensuite par la transformation des carpelles en petites folioles ayant leurs bords un peu enroulés, et très-distinctes les unes des autres. Leur section sur le réceptacle très-peu concave est assez nettement indiquée. Un dernier fait tératologique, appartenant à une autre rose, et NOTE SUR PLUSIEURS ROSES MONSTRUEUSES. 367 signalé dernièrement par M. Clos (1), m'a paru tellement con- eluant, qu'il n’est plus permis de douter de la nature de lur- céole ; il s'agissait d’une feuille qui naissait sur la paroi exté- rieure du réceptacle. A propos de monstruosités végétales, nous signalerons plu- sieurs rameaux de Rosa alba que nous avons présentés à la Société Linnéenne de Paris, et qui, au lieu de présenter des feuilles alternes, comme il est à peu près constant dans le groupe des Rosacées, portaient des feuilles opposées. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE IX. Monstruosité du Rosa maæima Hort. Sur ceite figure, un peu plus grande que nature, le rameau se continue, sans différence d'épaisseur, dans l'intérieur de la fleur, au-dessus de laquelle il se termine en portant des feuilles. Les sépales sont remplacés par six feuilles légèrement unies entre elles par leur base, sauf une seule. La concavité du réceptacle floral a totalement disparu. Les pétales, déjetés ici tous d'un côté, sont donc insérés comme dans un cas d'hypogynie. Il n’y a pas d'organes sexuels. (1) Mémoires de l’Académie des sciences de Toulouse, 5° série, t. VI. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS SÉANCE DU 11 MAI 1867. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le président proclame l'admission de quatre nouveaux membres : MM. Forcer, secrétaire de la Faculté de médecine de Paris. A. LavaLLée, botaniste, à Paris, 6, rue de Penthièvre. H, Sueur, étudiant en médecine, à Paris. L. Neumann, chef de serre au Muséum de Paris. CORRESPONDANCE DE LA SOCIÉTÉ. 1. M. pe Sazpanua Da Gama adresse à la Société ses brochures intilulées : 1° Confiquracao e descripcao de todos os organos fundamentales das principas madeiras de cerne e brancas da provincia do Rio de Janeiro e suas applicationes, ete. Rio-de-Janeiro, 1865. 9 Un atlas représentant les principales espèces de végétaux ligneux étudiées dans louvrage précédent, sous le titre de : Desenhos das Vegetales, etc. II. M. M. Parma envoie de’ nombreux échantillons de Prunus Padus à inflorescences monstrueuses. M. Marchand, qui a fait l'analyse de ces plantes, y a observé les faits suivants : Ao Le reste de la fleur étant normal, la déformation ne porte que sur le gynécée. L'ovaire, au lieu de s’accroître dans tous les sens, ne se développe que par sa partie inférieure. Il s’allonge de la sorte et simule de loin une espèce de gousse. A l'intérieur, on ne trouve qu'une seule loge, avec un placenta assez volumineux. Les ovules ont été soulevés et se voient vers l'extrémité supé- rieure. Ici la fleur demeure régulière. 2° La fleur peut devenir irrégulière par suile d’une légère mo- dification. L'accroissement se fait bien plus rapidement du eôté antérieur. La fausse gousse s'incline alors en forme de lame re- courbée du côté postérieur. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. 909 3 L'hypertrophie ne porte pas seulement sur le gynécée. Elle s'étend encore sur l’androcée ; le pied des étamines se gonfle con- sidérablement et prend la forme de gros coussinets qui disten- dent l’intérieur du réceptacle et le forcent àse réfléchir en dehors, La déformation n’affecte que les étamines antérieures qui se recourbent en dehors sous la forme d’une lèvre tuméfiée bordée par les pétales. Si l’on ajoute que souvent dans ces cas le pétale antérieur est très-grand, les latéraux plus petits, les postérieurs plus petits encore, on comprend qu’on puisse, avec la pseudo- gousse, comparer une telle fleur à celle d’une Papilionacée. L° Toutes les étamines participent à l'hypertrophie ; l'ovaire avorle. Il en résulte un retour à la régularité; la coupe récepta- eulaire s'étale presque suivant un plan horizontal bordé de 30 ma- melons de sources différentes. De ces mamelons, 25 se trouvent par groupes de 5 en face de chaque sépale, et 5 sont opposés aux pétales. Les pétales sont réguliers. 5° Enfin, l'hypertrophie étant portée plus loin encore, la coupe réceptaculaire, d'horizontale qu’elle était, se réfléchit sur tous les points et prend la forme d’une coupe renversée. M. Paira attribue ces déformations à la piqûre d’un puceron. M. Marchand n’a pu retrouver aucune trace de lésion, ni sur l’ovaire, ni sur le réceptacle. IT. M. M. Para adresse à la Société une lettre relative à la marche à suivre pour l'étude des monstruosités végétales. On n’arrivera, suivant lui, à des résultats positifs et vraiment utiles qu'en suivant avec constance dans tous ses développements un cas tératologique donné dont la reproduction soit fréquente dans un même végétal, Ilen résulte qu'il y aurait tout intérêt à établir une sorte de centre d'informations et de renseignements pour la ‘llection et l'étude des monstruosités. La Société reçoit les communications verbales qui suivent : 1. M. L. Marcaano. Sur le genre Garuga. L'étude du port et du facies des plantes ne suffit pas pour faire VII. 2/ 370 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. connaître leurs véritables affinités. Le genre T'hyrsodium de Salz- mann en offre une preuve remarquable. On l’a fait rentrer dans le genre Garuga; celte fusion a été consommée d’une manière défi- nitive par MM. Bentham et J. Hooker, dans leur Genera (323). L'auteur réclame contre cette décision trop hâtive et pense qu'on ne l’eût point proposée si l’on eût connu les fleurs femelles des T'hyr- sodium. Les différences qu'il signale entre les Garuga et les T'hyrsodium sont relatives à deux points. 1° Dans les Garuga, les étamines sont au nombre de dix, formant deux verticilles à pièces alternantes. Le Thyrsodium n'a que cinq étamines alterni- pétales; 2° le pistil du Garuga présente un ovaire à quatre ou cinq loges, surmonté d’un style à quatre ou cinq lobes stigmali- fères. Les ovules sont au nombre de deux dans chaque loge, avec un micropyle dirigé en haut et en dehors. Dans le T'ayrsodium, l’ovaire n’a que deux ou trois loges. L'une d'elles prend seule tout son développement, et c’est à peine si l’on trouve dans la fleur adulte les rudiments d’une ou deux loges stériles. I n’y : dans la loge fertile qu'un seul ovule suspendu, avec le micropyle supérieur et intérieur. Par là le T'hyrsodium, complétement dis- tinet des Garuga, se range plutôt dans le voisinage des Anacar- diées. L'auteur termine en proposant pour le genre T'hyrsodium une caractéristique nouvelle, telle qu’elle résulte de ses obser- valions. I. M. L. Neumann présente des échantillons fleuris de deux plantes rares. L'une est le Griselinia littoralis, dont il n’a obtenu jusqu'ici que des fleurs mâles. L'autre est la plante cullivée au Muséum sous le nom de Drimys Winteri. M. Baillon reconnait que cette espèce est le D. granatensis L. ris. HT. M. E. Bureau. Sur l’organisation des fruits des Bigno- niacées. L'auteur montre toute l'importance de la connaissance du fruit pour la détermination des genres de cette famille. Des fruits qu'il s’est récemment procurés, et qui appartiennent à de prétendues SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. _ 374 espèces d’un seul et même genre, sont tellement différents les uns des autres quant aux caractères les plus importants pour la division des Bignoniacées en tribus, que ces espèces devront être reléguées dans des genres tout à fait distincts. [V. M. D. Branza. Considérations sur les ovaires infères, fon- dées sur l'observation de l'état monstrueux d’un Rosa, et de l'état normal d'un Cratægus. La portion dite adhérente du calice appartient bien, suivant l’auteur, à un axe concave, et non à des sépales, organes appen- diculaires, parce que dans une Rose, due à M. Leclerc, il n’y a pas de réceptacle concave à la fleur, mais bien, à sa place, un long rameau cylindrique portant des appendices de taille variable qui sont, les uns verts comme des feuilles ou des sépales, les autres rouges comme des pétales. Dans le Cratæqus tanacetifolia, c’est l’état normal, que le réceptacle concave et, par suite, le fruit, pré- sentent sur leur surface extérieure, à des hauteurs variables, une ou deux, trois, ou même quatre petites feuilles qui sont disposées suivant une ligne spirale sur cet axe réceptaculaire de forme déprimée. Le nombre le plus fréquent est celui de trois. L'auteur conclut de ces faits : 1° Qu'il n'existe pas ici d’ovaire vraiment adhérent ; 2° que l'ovaire infère des auteurs est composé d’un réceptacle concave et de feuilles carpellaires ; 3° que le prétendu calice ascrescent de la Rose et d’autres Rosacées n’est autre chose qu'un réceptacle. A propos de cette communication, M. Baillon présente une fleur monstrueuse de Fuchsia, donnée par M. Raimbaut. Les sépales sont remplacés dans cette fleur par de larges feuilles semblables aux feuilles caulinaires. La preuve que ces appendices représen- tent ici des feuilles entières, et non le sommet de folioles dont les bases formeraient par leur union le tube dit calicinal de la fleur, c’est que ces feuilles sont accompagnées destipules, comme celles des rameaux, et que ces süipules se montrent, non en bas de ce tube, mais tout en haut de sa gorge, au point même où les folioles du calice se séparent les unes des autres. 372 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. V. M. E. Rawey. Observations relatives à quelques Sarracenia de l'Amérique du Nord, au point de vue de leur culture sur le continent européen. L'auteur, déterminant l'aire de végétation naturelle de ces plan- tes, trouve qu’elle correspond à certaines parties de la France où les gelées ne sont pas plus intenses que dans la patrie américaine des Sarracenia. Là ces plantes sont couvertes par l'eau jusqu'au printemps et se développent rapidement à partir seulement de celte époque. Il en conclut que la culture de ces plantes n’exige pas autant de chaleur qu'on leur en donne habituellement, et qu'on pourrait arriver à cultiver les Sarracenia en France, sans le se- cours des serres, en les plaçant dans un milieu analogue à celui qu’elles habitent, air confiné, chaud et humide en été, dans des réservoirs particuliers, sur du Sphagnum, de la tourbe, du char- bon, ou dans des pots dont la base seule plongerait dans l'eau. L'auteur passe en revue toutes les conditions qui favoriseraient le plus cette culture, et croit d'autant plus qu'elle est possible chez nous, qu'il cite un bon nombre de végétaux des mêmes régions qui s’accommodent assez bien, et de notre climat, et de nos modes de culture en plein air. VI. M. H. Buzcon. Sur un genre de Magnoliacées à ovaire syncarpé mulliloculaire. Ce genre, nommé Zygogynum, est Elabli pour une plante néo- calédonienne des collections de M. Vieillard (n. 487), qui présente ces particularités : 1° Que son port est celui d’un petit Magnoka, tel que le M. glauca, avec une Îeur terminale solitaire supportée par un pédoneule articulé; 2 que le calice n’est représenté que par une courte cupule circulaire à bords entiers ou légèrement sinueux ; 3° que la corolle est formée de trois ou quatre folioles coriaces, inégales et imbriquées ; 4° l’androcée est celui d'un Drimys: 5° le gynécée consiste en une masse irrégulièrement elobuleuse et légèrement charnue. Elle présente un nombre va- riable de loges multiovalées, séparées les unes des autres par des cloisons complétes, L'existence de plusieurs carpelles n'est indi- SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. 919 quée que par la présence, au sommet du gynécée, de petits styles libres à tête renflée et aplatie, stigmatifère. Peut-être pourrait-on faire pour ce genre une section spéciale, à ovaire syncarpé, de la famille des Magnoliacées. Il est laissé provisoirement parmi les Drimydées. L’unique espèce connue jusqu'ici est le Z. Fieillardi. VIE. MH. Baizcox. Sur le Tombea dela Nouvelle- Calédonie (1). Le Chirahia du P. Montrouzier, dont MM. Brongniart et Gris disent : « A la suite d'observations déjà anciennes, nous lui avions donné le nom de Tombea qui lui est appliqué par les Néo- Calédoniens », est rapporté par l’auteur à un genre fort ancien, le Sonnerahia L. riL. L'existence des stipules, admise dans le Clu- ralia, est rejetée ; ces organes ne s’y observent à aucune époque. VIE. M. H, Bacon. Sur les Chrysobalanées du Gabon. Outre les différents Chrysobalanus que possède cette région, on y observe trois espèces des plus intéressantes du genre à récep- tacle tubuleux, que M. Hooker a désigné sous le nom de Lorandra dans l’herbier de Kew, et de Griffonia, dans le Genera (1, 608). Mais, outre que le nom de Griffonia ne peut être conservé, attendu qu'il a été appliqué antérieurement à un genre de Légumineuses (Bandereia Wezw.), le Lorandra n’est pas considéré par l’auteur comme un genre distinct, mais bien comme une fraction du genre Acioa d’Aublet, rapporté par quelques auteurs au genre Couepia. La section Lorandra du genre Acioa est représentée au Gabon par trois espèces qui sont les À. Zcondere (Duparquet, n. 58; Griffon du Bellay, n. 313), Bellayana (Griffon du Bellay) et pallescens (Griffon du Bellay, n. 261). Dans toutes ces espèces lesfleurs sont disposées en grappes axillaires simples, tandis qu’elles forment des inflorescences terminales rameuses dans PA. quianensis et dans plusieurs autres espèces de l'Afrique tropicale. Dans les (4) Cette note a été publiée en éntier dans ce volume (p. 255), c’est-à-dire avant la publication dans les Annales des sciences naturelles (sér. 5°, VI, 266) d'un article intitulé : Sur le prétendu genre Ghiratia, 11 n’est pas inutile de constater le fait, car, par suite de retards dans la publication des Annales, ce travail passerait pour avoir paru en 1866, tandis qu’il n’a été mis au jour que le 1°! juin 1867. 971 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. Acioa africains, les étamines sont tantôt au nombre de dix, tantôt plus nombreuses. Mais elles présentent ce caractère constant, que leurs filets sont unis en une longue et étroite bandelette liguli- forme, involutée dans le bouton et superposée au sépale 3. Le gynécée qui s’insère sur le bord de la cavité tubuleuse du récep- tacle, et constamment du côté des étamines, présente un style eynobasique inséré entre l'ovaire lui-même et le bord du tube réceptaculaire. Deux ovules collatéraux, ascendants, s’observent dans toutes les espèces de l'Afrique et de la Guyane; leur raphé est toujours tourné du côté de l’androcée. Le fruit est une drupe dont le mésocarpe varie beaucoup d'épaisseur et de consistance, d’une espèce à l’autre. Les feuilles ont des stipules. Sur le pédi- celle floral, articulé à sa base, on observe deux bractées alternes ou subopposées dont la taille est très-variable et qui sont tantôt en- tières et tantôt découpées profondément en lanières étroites qui dureissent et se terminent par un renflement glanduleux. SÉANCE DU 8 JUIN 1867. Lecture et adoption du procès-verbal de la séance précédente. Le président proclame l’admission de trois membres nouveaux : MM.E, Bureau, docteur ès sciences, 24, quai de Béthune, à Paris. À. BourGeois, 5, rue de l’Ancienne-Comédie, à Paris. De SaLzanHa pa Gama, Commissaire du gouvernement brésilien près Exposition universelle internationale. COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. I. M. E. Mussar. Sur le mode de formation des fausses cloisons dans les fruits des Légumineuses. Ces fausses cloisons n’ont pas toujours une même origine. L'auteur a d’abord fait porter ses observations sur les plantes à cloisons rudimentaires et incomplètes, et en particulier sur quel- ques espèces du genre Ficia. Dans le F. lathyroides L., où les graines sont séparées les unes des autres par de petites trainées d'un tissu blanc et nacré, ce tissu est formé par de véritables poils SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. 379 qui demeurent isolés. Dans le V. sativa L., où les fausses cloisons s’accusent davantage, les cellules qui leur donnent naissance sont unies en un lissu proprement dit. Les gousses dites lomentacées, dont l’auteur a commencé l'étude, présentent un développement d’une plus grande complication. I. M. M. Para a adressé à la Société des exemplaires d’Eu- phorbia Cyparissias à fleurs monstrueuses. M. Marchand, qui les a analysées, a trouvé souvent l'axe principal de ces plantes changé en axe folifère, au lieu de se terminer par une fleur (inflorescence Lamk). La même transformation peut porter sur les fleurs latérales; on observe alors une seule fleur centrale entourée de rameaux à feuilles. L'une des fleurs a présenté à l’extrémité de son pédon- cule un ovaire normalement conformé ; mais les enveloppes flo- rales n'étaient représentées que par cinq petites folioles disposées en verticille. A l’aisselle de deux de ces folioles se trouvaient deux bourgeons en voie d'élongation. Parfois l’ovaire avorte lui-même, et les feuilles, réunies en un verticille, comme dans le cas précédent, donnent cinq bourgeons axillaires qui se développent en rameaux. HT. M. Branza présente et décrit : 1° des rameaux de Rosa alba à feuilles opposées; 2° des Roses prolifères ; 3° des Scabiosa atro- purpurea à inflorescences monstrueuses. Les Scabieuses présentent des capitules dont le sommet s'allonge en un rameau cylindrique, simple ou divisé et chargé de feuilles vertes. Les Roses (A. maxima) sont des exemples de prolification axillaire. Elles portent sur Îes bords de la coupe réceptaculaire, à l’aisselle des pétales, des bou- tons à différents degrés de développement. L'auteur en conclut à la nature axile du réceptacle dans le genre Rosa. IV. M. E. Bureau. Sur les caractères du genre Lundia, de la. famille des Bignoniacées. L'auteur propose un groupement particulier des espèces de ce genre; il indique les caractères différentiels de ces espèces. V. M. H. Buzcon. Sur la fructification de l’Oxalis Acetosella L. 2 16 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. Un pied de cette plante, présenté à la Société, n’a donné au printemps que quatre fleurs normales à larges corolles. Il est actuellement couvert d'une vingtaine de fruits mürs ; ce qui prouve l'existence consécutive de fleurs nombreuses fertiles, mais peu visibles, qui se suceèdent pendant tout l'été (voy. Adansonia, VIT, 97), comme celles de certaines Violettes. Tous les fruits sont, séance tenante, supprimés avec soin, afin qu'il puisse être constaté, dans la séance prochaine de la Société, si de nouveaux fruits se sont produits. VI. M. L. Neuwanx présente des rameaux fleuris du Rhododen- dron Keysii Nurr., espèce du groupe des tubiflores, dont la corolle présente une grande analogie d'aspect avec celle des Thibaudia et Macleania. Cette espèce, originaire de l'Himalaya, fleurit très- rarement dans nos cultures. L'auteur attribue cette fois la floraison à la manière dont il a cultivé le plante, qu'il a mise l’année der- nière en pleine terre, où elle a passé l'hiver sans accidents, pour donner ses fleurs cet été. VII. M. E. Ramey. Sur le Chamærops stauracantha. Un individu dont le stipe a 2 mètres de haut environ, est exposé au Champ de Mars ; sa tige est garnie de bas en haut d'or- ganes placés comme des racines adventives, mais qui affectent une configuration toute particulière. Jusqu'à 20 centimètres environ elles s'enfoncent dans le sol en s'y ramifiant plus ou moins. Plus haut elles s’étalent en croix et ressemblent beaucoup aux rameaux épineux des Gledilschia. Au-dessus encore, elles deviennent hort- zontales ou ascendantes; et enfin, vers le haut du stipe, elles s’allongent et se ramifient tellement en montant verticalement le long du stipe, que celui-ci parait comme entouré d’un fagot d'épi- ‘nes, à la façon des jeunes arbres de nos routes. I v a de ces ra- cines au-dessus de linsertion des feuilles, et elles sont bien dis- linctes de la filasse fibreuse qu’on observe si souvent à [a base des feuilles des Palmiers. Peut-être ces racines ascendantes ont-elles leur analogue dans les exostoses si connues du T'aæodium distichum. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. 977 VAL M. H. Bacon présente : 1° des inflorescences mäles du Broussonnetia papyrifera dont la déformation est telle qu’elles se sont allongées et aplaties à leur base, tandis que leur sommet est profondément bifurqué à la manière du réceptacle florifère du Dorstenia ceratosanthes ; 2° des fleurs d’Asimana triloba Dux., construites sur le type dimère, et comprenant deux sépales, deux pétales extérieurs alternes, et deux pétales intérieurs alternes aussi avec les précédents. La symétrie de ces fleurs se trouve être exactement celle du genre Disepalum Hook. F. IX. M. H. Baizcox. Sur une Canellacée de l’ancien continent. L'auteur a trouvé, parmi des plantes de Madagascar, un nouveau genre auquel 11 donne le nom de Cinnamosma. Le C. fragrans présente, avec les caractères généraux des Canellacées et leurs propriétés organolepliques, une corolle gamopétale et des fleurs axillaires sessiles: Le port est très-analogue à celui de plusieurs Diospyros. Le pédoncule floral porte, au-dessus d’un nombre variable de bractées, un calice formé de trois sépales et une corolle dont le tube est surmonté de cinq ou six lobes imbriqués. Quand la corolle est hexamère, trois de ses divisions sont plus extérieures et trois plus intérieures. L’androcée est pareil à celui des Canella et des Cinnamodendron américains ; il présente de dix à quinze loges linéaires d’anthères, extrorses et toutes portées sur un tube commun, L'ovaire est uniloculaire, avec trois où quatre placentas biovulés. Le fruit est une baie polysperme. Le C. fragrans est un petit arbre que M. Richard, directeur du Jardin botanique de Bourbon, a récolté le premier en 1840, au cap d’Ambre, près de Diego-Suarès (n. 172, 279); 11 l’a communiqué à Boivin (n. 3615 bis), dont les collections font partie de lPherbier du Muséum de Paris. SÉANCE DU 13 JUILLET 1867. Lecture et adoption du procès-verbal de la séance précédente. Le président proclame l'admission de cinq membres nouveaux : 978 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. MM. Micxor, docteur en médecine, à Beaumont-sur-Oise. Ramez, 16, rue d’Armaillé, aux Ternes, Paris. SABATIER, étudiant en médecine, 8, boulevard des Filles- du-Calvaire, Paris. Façuer, aide de botanique à la Faculté des sciences de Paris. CRiNoN, pharmacien, 17, rue de Turenne, Paris. COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. [. M.E. Mussar. Sur des inflorescences anormales de Carex alba. Ces monstruosités, envoyées par M. M. Paira, ne sont pas nou- velles, mais se rapportent aux faits analogues observés dans d’au- tres espèces par M. Duval-Jouve. L'auteur pense qu’on ne doit pas attribuer à ces faits plus d'importance qu'ils n’en sauraient avoir. I s’agit ici d’un grand accroissement de l’utricule ; ce fait a déjà été observé sur plusieurs espèces du genre Carex. L'obser- vation directe du développement en apprendra, sans aucun doute, davantage sur la nature des différentes parties de l’inflorescence et de la fleur de ce genre, comme de tout autre genre. I. M. L. Marcnann. Sur une monstruosité de Stellaria media. Les anomalies sont fréquentes dans cette plante, car M. Paira, auquel elles sont dues, en avait envoyé l’an dernier un grand nombre d'échantillons monstrueux, provenant des plaines tour- beuses d'Hærdt, près de Gundertheim. Les fleurs présentent toutes les transitions possibles entre l'état normal, la chloranthie et la phyllomanie la plus complète. I n’y a pas à insister sur ces faits qui ont été décrits par M. Kirschleger (Ann. de la Soc. phil. voségo-rhén., livr. 5); mais l’auteur attire l'attention de la Société sur l'ovaire et son contenu. Le sac ovarien, tantôt sessile au centre de la fleur, et tantôt porté par un prolongement de l'axe, reprend peu à peu l'apparence d’un verticille de trois feuilles parfaitement caractérisées. Les ovules avortent souvent, ou se changent en vé- ritables feuilles. Celles-ci forment une rosette au fond de l'ovaire, ou sont soulevées par une nouvelle élongation de l'axe. Dans ce SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. 379 dernier cas, on voit un rameau foliifère, ou quelquefois florifère, s'élancer du centre du gynécée. L'auteur rappelle qu'il a décrit (Adansonia, IV, 159) une Primulacée qui présentait à peu près les mêmes anomalies. L'auteur présente un Papaver dubium, recueilli dans un terrain aride; dont la fleur a six étamines tétradynames seulement et de- vient ainsi celle d’une Crucifère à gynécée pluricarpellé. JE. M. H. Baizzow. Sur la fructification de l’Oxalis Acetosella. Le pied privé de tous ses fruits dans la séance précédente est présenté de nouveau par l’auteur; il porte encore une douzaime de fruits mûrs et dont la plupart ont déjà projeté leurs graines. IV. M. L. Marcnann. Sur l’origine, la provenance et la pro- duction du Bdellium. Le Bdellium est une gomme-résine connue de toute antiquité, mais dont l’origine réelle a longtemps été ignorée. On trouve dans le commerce plusieurs variétés de cette substance, ou plutôt plu- sieurs sortes qu'on désigne, d’après leur provenance, sous les noms de Bdellium d'Afrique, Bdellium de l'Inde, Bdellium du Scinde. Tous les auteurs modernes s'accordent à dire que le pre- mier est fourni par le Balsamodendrum africanum Arx.; presque tous pensent que le second est dû au B. Agallocha Wienr et Arx.; enfin M. Hooker attribue le dernier à une espèce nouvelle du même genre, le B. Mukul Hoox. r. Tout en acceptant, pour le moment, l'opinion de M. Hooker, qui regarde ces trois espèces comme distinctes, l’auteur n’est pas éloigné de penser qu'il sera possible, peut-être un jour, de les fusionner. En effet, les carac- tères botaniques et pharmaceutiques d’une part, et, de l’autre, les considérations géographiques, ne semblent pas s'opposer à cette réunion. L'auteur a recherché, sur le Balsamodendrum africanum Arw., quels étaient les organes dans lesquels se trouve la matière sommo-résineuse. Il en a rencontré dans la moelle et dans les rayons médullaires, mais en très-faible proportion. Le Bdellium se montre surtout dans les couches corticales ; sa production 990 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DÉ PARIS. semble se faire dans la zone génératrice. Chaque année il se pro- duit une couche de tissu cellulaire gorgé de cette substance, et en dedans une couche de liber. Les couches les plus jeunes repous- sent vers la périphérie les couches plus anciennes, qui viennent exsuder les sucs qu'elles contiennent, et s’exfolient, grâce à une disposition anatomique particulière. M. E. Ramey présente à la Société : 1° un Papaver bracteatum à corolle gamopétale et à étamines transformées en carpelles ; 2° des fleurs de Mimulus prolifères, à bourgeons placés dans l’aisselle des pièces du périanthe ; 3° des fleurs anormales de Cereus pecliniferus, à divisions stylaires plus nombreuses que d'habitude et à élamines nombreuses transformées en pétales ; h° des fruits de Zephyranthes candida qui, arrachés après la floraison et enfouis sous terre, ont donné des graines mûres et bien constituées ; 5° des fruits provenant de graines du Raphanus caudatus, connu dans l’horticulture sous le nom de Radis ser- pent et venant de Java. Ces plantes donnent, dès la deuxième génération, des siliques qui présentent tous les intermédiaires entre les fruits sigrêles et si longs qu’on trouve dans le commerce, et les fruits ordinaires du À. sativus. M. L. Neumann présente : 1° un pied fleuri de Gloæinia, de la variété dite Henriette, à fleur d'un blanc rosé et à corolle double, analogue aux variétés à fleur bleue et pourprée qu'on connaît déjà; 2° des fleurs du Dracæna Draco type, plante dont la floraison est rare. Au dire de M. Ramey, c’est là la plante telle qu’on l’observe aux Açores, sa patrie, où elle ne présente pas d’autres formes. Ses graines, semées en Europe, produisent plusieurs variétés, mais notamment celle qu’on y nomme D. Boerhaavi, dont la pro- duction n’est due qu’à linfluence des conditions dans lesquelles s’y fait la culture de cette plante, sans qu'on puisse invoquer le moins du monde l'influence des croisements où de l'hybridation. M. H. BurLox. Sur les Simaroubées du Gabon. Les herbiers qui sont formés au Gabon ne contiennent qu'une plante de cette famille; ou deux, si l'on y fait rentrer, à l'exemple SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. 381 de MM. Bentham et Hooker, le genre /rvingia Hook. Fr. Ce genre n'y est d’ailleurs représenté que par une espèce, l’T. Barterr, plante déjà bien connue en Europe par ses propriétés économi- ques. C’est elle qui sert à fabriquer le pain de Dika ou Odika des Gabonais. Ses fleurs sont pourvues d’un double périanthe et d’un androcée diplostémoné, inséré à la base d’un disque hypogyne. Ses ovules, solitaires dans chacune des deux loges ovariennes, sont suspendus avec le micropyle dirigé en haut et en dehors. Le fruit est une drupe; mais la graine, contrairement à la caractéris- tique du genre Zrvingia, donnée par M. Hooker, ne renferme pas d'albumen. C’est par là principalement que cette espèce se dis- tingue de l’Z. Smithii Hook. r., dont l'embryon est sans aucun doute entouré d’un périsperme. Tous les autres caractères sont d’ailleurs semblables, et l'on retrouve dans toutes les espèces les stipules si singulières qui ressemblent à celles des Artocarpées. L'auteur signale l'absence d’amertume des Zrvingia, les diffé- rences que présente ce genre avec la plupart des Simaroubées, et les analogies de leur organisation avec celle des Burséracées. L'autre espèce, qui doit, sans contestation possible, être rangée dans la famille des Simaroubées, est une plante très-analogue par son feuillage au Quassia amara V.. Les ailes de ses rachis foliacés présentent seulement fort peu de largeur. Les fleurs sont en grappes, comme celles du Quassia. Mais les pétales sont écartés dans l’anthèse, et le gynophore présente une surface cannelée. Pour ces raisons, celte plante doit plutôt être rapportée au genre Simaba, sous le nom de $. africana. Mais l’auteur montre le peu de motifs qu'il y a pour ne pas réunir en un seul genrê les Simaba et les Quassia. Les propriétés amères et toniques de la plante afri- caine paraissant d’ailleurs tout à fait les mêmes que celles du Bois de Surinam, la thérapeutique vient de faire l'acquisition d’un remède qui ne sera sans doute pas sans valeur, Le président déclare que la présente session de la Société est close et que la prochaine session n’aura lieu qu'après les vacances. TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. I, Mémoire sur la famille des Magnoliacées. . . . . . = AA, SRE 1 Il, Mémoire sur le groupe des Tiliacées, par M. BocOUIELOK. Dani uote “M 48 QUE III. Mémoire sur la famille des Magnoliacées (suite). . . . . . . . . . 65 IV. Essai de programme d'un cours de dia dé pour l'enseignement secondaire spécial, . . . RCI CNED NET ME À V. Observations sur l'anatomie des Dilléniacées. 21,99€ PUIS GUA AUS VI. Sur la culture et la floraison du Düillenia speciosa, . . . . . . . te 10 VIÉ -Strim genre Bru S NUL . Te ro tUriNte ler. ME VIIE. Sur la fructification de l'Oxalis Acetosella L. DROITE SACS FA 97 IX. Recherches sur les vaisseaux laticifères, par M. A. Trécuz. . . . . 4100 X. Société Linnéenne de Paris. Séance du 24 décembre 1866. .. . . . 213 XI. Sur une Canellacée de l'ancien continent . . . . . . . . . . . + 247 XII. Études sur l’herbier du Gabon du Musée des colonies françaises Li: 5) LR APORONE TSF PAL LSE ES : EN CRE 224 XIII. Des mucilages chez les Malvacées, le Tilleul, les Sierculiacées, les Cactées et les Orchidées indigènes, par M. A. Trécuz . . . . . 248 XIV. Sur le Tombea de la Nouvelle-Calédonie. . , . . . . . . . . . . 255 XV. Recherches pour servir à l’histoire des Burséracées, par M, L. Mar- CAD ie. lens aie le + Ge es eh MR QT Ent Le st NES XVI. Révision des Aristoloches MÉditiddua tels 93 USA. NE à 267 XVII. Des cellules consolidantes du Scindapsus pertusus, par M. H. Sueur. 292 XVIII. Sur un genre de Magnoliacées à ovaire syncarpé multiloculaire. 296 XIX. Surun Teträcera de l Afrique onBuRel, LIMITE SNS RUE 299 XX. Note sur le genre Garuga Roxs., par M. L. Mancæann. . , , . . . 304 XXI. Considérations sur les ovaires infères, par M. D.G. Branza . . . 306 XXII. Observations relatives à quelques Sarracenia, par M. E. Ramey. . 312 XXIIT. Recherches sur les vaisseaux laticifères, par M. A. Trécuz ETS ERREURS EN Lt A 2 MUR cg + or get de 318 XXIV. Sur l’organisation florale d'un Wormia des Seychelles. . . . . , 343 XXV. Sur le nouveau genre Bouchardalia. . . . . . . . . . . . .. . 347 XXVI. Recherches complémentaires sur les Euphorbiacées australiennes. 352 XXVII. Note sur l’organogénie florale des {llicium . , . . . . . . . . 361 XXVIIS. Sur une Rose monstrueuse, par M. D.G. Branza. . . . . . . 364 XIX. Société Linnéenne de Paris. Séances des 14 mai, 8 juin et 43 RAS GT LE ne ARE RS EP RTS , « 368 TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planches, 1. Dissiliaria Muelleri. Individu femelle. — Fig. 4, port, — Fig. 2-4 analyses de la fleur femelle. 2 TABLE DES FAMILLES ET DES GENRES. 383 11, Petalostigma australianum.—Fig. À, rameau fleuri mâle. —Fig. 2, id. fe- melle. — Fig. 3, 4, analyses de la fleur mâle. — Fig. 5-8, analvses de la fleur femelle, du fruit et de la graine. III. Rameau fleuri de Dillenia speciosa Tac. IV. Zygogynum Vieillardi. — Fig. 1, rameau florifère. — Fig. 2, fleur dé- pourvue de son périanthe. — Fig. 3, diagramme floral, V. Cinnamosma fragrans.—Fig. À, rameau florifère.—Fig. 2, coupe longi- tudinale de lafleur.—Fig.3, diagramme d’une fleur à corolle hexamère, VI. Cellules consolidantes du Scindupsus pertusus Scuorr, — Fig. 1-40, formes diverses de ces cellules. VIT. Tetracera Boiviniana. Rameau fructifère (aux deux tiers de la grandeur naturelle.) VIII. Coupe d'une branche du Balsamodendrum Myrrha Nes. — Fig, 1,92, coupe transversale. — Fig. 3, coupe longitudinale, grossie. IX. Fleur monstrueuse à réceptacle étiré en long rameau cylindrique du Rosa maxima Hort. X. Bouchardatia australis. — Fig. A, rameau fleuri. — Fig. 2-7, analyses de la fleur et du fruit. TABLE DES FAMILLES ET DES GENRES DONT IL EST TRAITÉ DANS CE VOLUME. Acioa, 223, 373. Campanulacées, 174. Adeliopsis, 67. Canella, 44, 67. Agelæa, 240. Canellacées, 12, 67, 217, 3717. Ancistrocarpus, 52. Carex, 378. Antholoma, 50. Cereus, 380. Apeiba, 39. Chamærops, 376. Apocynées, 164, 208. Chicoracées, 169. Araliacées, 370. Chiratia, 245, 373. Aristolochia, 267. Christiana, 61. Aristotelia, 55. Chrysobalanées, 221, 373. Aroïdées, 203, 318. Cinnamodendron, 14, 67. Aromadendrum, 2, 5, 15. Cinnamosma, 219, 377. Asclépiadées, 164. Clusiacées, 182, 194. Balsamodendrum, 258, 263, 379, Cnestis, 242. Belotia, 47. Columbia, 47. L Berrya, 56. Connaracées, 215, 227. Bignoniacées, 370. Connarus, 235. Biumea, 2. Convolvulacées, 153. Bouchardatia, 347. Corchoropsis, 36. Broussonnetia, 377. Corchorus, 42. Brownlowia, 59. Couepia, 222. Bruea, 96. Cratægus, 309. Bürgeria, 2. Cymbostemon, 67, 364, Burséracées, 258, 379. Dasynema, 49. Cactées, 248. Desplatsia, 51. LA Fi ? L 581 TABLE DES FAMILLES ET DES GENRES. Dillenia, 93, Dilléniacées, 88, 343. Diplophractum, 47. Dissiliaria, 356. Drimydées, 67. Drimys, 8, 67, 370... Dubouzetia, 54, Echinocarpus, 49. Elæocarpus, 52. Entelea, 37. Erinocarpus, 45. Euphorbia, 159, 375. Euphorbiacées, 352. Forgetina, 49. Garuga, 301, 369. Gloxinia, 380. Glyphæa, 43. Græflea, 52. Grewia, 46. Griffonia, 222, 373. Griselinia, 370. Hasseltia, 41. Heliocarpus, #4. Honckenya, 38. Illiciées, 66. Ilicium, 8, 67, 361. Irvingia, 381. Kadsura, 411. Légumineuses, 113, 374. Leptonychia, 35. Lirianthe, 3. Liriodendron, #. Liriopsis, 3, 4. Luhea, 45. Lundia, 375. Magnolia, 3, 5, 66. Magnoliacées, À, 65, 372, Malvacées, 248. Manglietia, 3, 5. Maximovitzia, 41. Michelia, 3, 5, 7. Mollia, 58. Muntingia, 40. Myrrhis, 136. Ombellifères, 118, 125. | Orchidées, 248. Papaver, 379, 380. Papavéracées, 145, Pentace, 60. Petalostigma,.352. Pityranthe, 60. Plagiopteron, 35. Prockia, 41, Protionopsis, 242, 264. Protium, 212, 264. Prunus, 368. Raphanus, 380. Rhododendron, 376. Ropalocarpus, 61. Rosa, 307, 364. Rosacées, 364, 337, 373, Rourea, 230, 232. Sarracenia 312, 372. Scabiosa, 375. Schizandra, 44, 12, 66. Schizandrées, 11, 66. Scindapsus, 214, 292, Simaba, 381. Simaroubées, 381. Sloanea, 48. Sonneratia, 245, 37%. Sparmannia, 38. Sphærostema, 11. Sterculiacées, 248. Talauma, 3, 4. Tetracera, 299, 3 Tilia, 34. Titiacées, 17, 248. Tombea, 255, 373. Trichospermum, 58, Tricuspidaria, 54. Triumfetta, 43, Trochodendron, 2. Tolipastrum, 3. Vallea, 53, Wormia, 89, 343. Yulania, 3. Zephyranthes, 380. ZLygogynum, 296, 372. Paris, — {[mprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. Ge \ENS = Ÿ r, JE 4 \ ; ares» À. Faquet del etre. Dissiliaria Muellert imp. À Salmon, Paris LS en PRE In lPEL ES A. laque del et se l’elalo. cugma austr'alianumn Imp. À Salmon laris y ; } 0 A v £ B nn ' y nu: " ae f « È, ; ñ à “nee { \ pi di Lors } > ARLES ATP { 130 Mel | ‘ : pt lens © ne Le ATTL Te AAA? uù pi ni va Ll N " SAS MOSS CT ON : CRC, CE cr PR 7 | 1 : t LL: L A é Go! LA NT | LE LA FR 1 | { ‘ « i (TL ‘ 1704 Li) Na PE ral 2 ne it AL d, Na) be ci e pui FU X MU PEN Dillenia speciosa lAg. MAGNOLIACÉES, — WINTÉRACÉES. Faguet del. Thiébault sc. Zygogynum Vieillardi. CR L E er un Au rt Poe VS De. )AUELAN 2 D . Er # ' É L »- È | L Lu ! © L ’ 4 La À | L ot L 4 F2 oi 2. nn. PL, V. CANELLACÉES. Faguet del. Thiébault sc. Cinnamosma fragans. PO LR. f] L Le De « ï * | F | : { = » s #, f Ù 1 0 \ ns e 2 ' : os : . à .. . l 1] = - Ld 2 : : “ de HRANIe Imp . Becquet, Paris . H. Sueur del. Cellules consolidantes du Scindapsus pertusus . Sch. A. Faguet del. [hiebaull se, Tetracera Boiviniana. 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