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Aduertiflement

ENVOYE' A LA NO-

BLESSE D E F R A N C È^

tant du party du Rôy ^

que des Rebelles &

Coniurez.

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A P ARIS,

Chc^ lean Poupy ^rue Jainéî laques^ a renfeigne S. Martin.

M. D. LXXIIII.

Auec Priuilege du Roy.

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^ p l^ EF^T I S S E MENT

a la NohlefJeyUm du party du

K ojque des Rebelles &

Çoniure^

o M B I E N que ce Royau- me foit l-vn de ceux , ou bien pluftoft ccluy delà Chreftienté, des mieux e- ftablis & ordonneZ5&: au- quel iufques icyles Roys ont ciré plus de volontaire obeyflancej & entière fidélité de leurs fubieds,ayant eftc pour ce regard noftre nation fingulierc- ment recommandée par defllis toutes les autres, fi ne faut-il douter que la longueur &: continuation des guerres eftrangeres, fouz les feuz Roys de tresheurcufc mé- moire Frâçois premier, & Henry fécond, n'yayt accumulé vue grande fuperfluité de mauuaifes liumcurs,qui auroientpeu à peu difpofé le corps deeelt eftat à recc- uoir& endurer le changement & akera- tiô^dôc depuis il a efté toft encores main- tenant fi griefuenict trauaillé & affligé en tous fes membres. Car comme la guerre

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, C ADVERTISSEMENr

foit la mère nourricière de toute licccc Se impunicéj& que ne pouuant pour l'ardeur &:fbrcç des armes, la luftice retenir fon cours ordinairCjVnchafcû fe vueille difpê- fer &: exempter de la fubieftiô des loix & du cômandcment de (es fupericursjfe vc- liàt par ce moyé la liaifon & vnité du peu- ple à diflbuldrc, il ne s'efl: peu faire autre- ment que les rancunes, enuies, fimultcz, &C diui{ions,ny ayêt pris tout auflî toft leur racine &c fondcment.Dc manière que noz B.ebelles,<jui complottoiêt dés lors défai- re Ôc fufciter le trouble que nous voyos, y tsftant la matrere défia bien préparée : ont cftimé d'ailleurs que la icuneflcdu Roy leurprcfentoit ync belle occafion de def- ployer 6c mettre en cuidêcc, tout ce qu'ils auoient conceu demauuaife volonté co- tre luy&: fa couronne quelques années au pari^uat.Il fèmble auflî que Dieu fc {entât extrêmement irrité & prouoqué contre nous pour les infinis abus 5^ maluerfatiôs qui fe commcttoientjtant au minifterc de l'Egli{e,quen ladminirtration de la indi- cé, ayt bien voulu lafcfaer la bride pour yn temps à la fureur des ennemis , pour auos. les verges &perfecations nous retirer du

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A LA NOBLESSE. J C> O

profond fommeil d'ingratitude &; oublia- eCjOu nous cftions aucunement enfèpuc- liz par vn trop grand ayCcôC repos.

Tant y a que ceux qui par la Icdurc de rantiquitéjOU biê par rentremife& expé- rience des affaires, peuuent faire plus cer- tain difcours & iugcmet de la fubfîftencc ou altération des Monarcliics,ne s efmer- ueilleront iamaisq foyons tobez au pré- cipice d'û malheur fi perilleuXjauquel bos èc raauuais auons cooperé^les vns par vnc hôchallâce d'y pourueolr & obuier,les au- tres par vnc incroyable aftuce Sc dextérité de l'accueillir &: aduâcer . Mais trop bien pourront- ils s'efmcrueiller qu aucûs de la NobleflTe, voire de ceux qui eftoict des plus obligez à la coferuatio de ce Royaume^fe foiêt bâdez Sc liguez pour fa ruine, & pour faire & entreprendre cliofes , defquelles (quâd bien le deffeing reu(ïîroit)*ce fcroit toufiours au preiudicé de leur honneur^Sc à l'aneantiflement du nom & tiltre qu'ils doiuentcoferuerautât ou plus cliereméc que leur vie propre. Ce n'efl: nouueauté que les eftats qui ont quelque difparité en- femble , &font diffères en meurs Se faços de viurç^entrenc quelquefois en copeten -

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A D V E R TI s s E M Ç N T

ce les vns^uec les aurres, félon que nous lifons à Rome fouuêt le peuple s cftre mû- ri né cotre les Nob!cs,qu'ils appellbiec Pa- tnciens,ofGspourla ialoufie qu'ils ^uoiêt ^ de leur grandcur,& mainccnarit pour dé- fendre leurs anciës droids,frâchifes,& H- bertez.Et d'aucant quVn chacun des me- bres du corps polinque^doic rendre à Ten- tretenemét de ce g. luy eft propre en fuyâc &c rcicvftant tout ce qui Juy peulcengêdrer quelque dmiinuno oumutatiô de naturel. Ton trouueroit bien eftrange^qu'vn bon nombre de gcnnls-homes fe foitdiftraid de robei'Tance du Roy^pourfembarqucr en vne fadion non moins enncmie3&: en- uieuCe de la preeminece&afFrâchifTemêr, dont ils iouïflent par ToAroy 8^ bénéfice des Roys,que la gloire Dieu^ô^ du falut de leurs confciêcesm'eftoit que leshiftoi- res nous apprennent que ce font certains aueuglemens& esblouiflemês d'efpritjOU bien comme vue humeur acre bilieufc, qui leur fait perdre le gouft ô^ fentiment des choies bônes, & addonner leur appé- tit à celles qui leur font du tout contraires &: interdidcs. Et cela no' fait auflî efperer, que s'iUfepcuuêt vnefQisdefueloppcr de

A LA NOBLESSE. O

ces nuccs &;ombrages,& par la purgatîort de leurs colcres rccoinircr leur première fancé,qiie ores deuxmqfnics ilsvjêdronÊ à recognoiftre &: acculer le CGfr- ^qu'ils fai- foicnc à leurs maifonSjdç fe dcparcir fi le- gecement dudeuok ^ fcruice qu'ils onc promis & iuré de rendre à leur Prince.

Or afin de nous acheminer à vn entier cfclarciflcmenc , bL induyre les forlignans & defuoyez à reprêdre leurs vieilles arres: &:Ics autres decôtinuer &:perfeucreven la fidélité qu'ils ont gardée iufques à ce iourdliuy le \t^ fuppliray vouloir côfidc- rer combien ce leur eft d heur d'eftre nez pluftoft Frâçois q Barbares;pIuftoft Chre fticns que Mahometainsrpluftoft riches &S afFrâchis que tilains & tributaires. Et puis que ccftvn fi précieux tiltre , qucçeluy que lefusChrift nous a communiquc:quc c eft vn G doux air,que celuy que nous ha- lainons en ce elimat:& que c eft vn fi grâd priuilegc,que fbyos dîftinds &: fepàrez de lafcruitude & fubiedïo populaire, de co- bien fommes nous obligez &:redctiable5 à Dieu.au Roy & à la Frâce dont nous te- nons tant de beaux & exeellens droids &: prerogatiues : & de cobicn nousfcroit re-

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ADVERTISSEMENT

prochabic & ignominieufc ringratitude,fi pour no** acqliicer d Vnc fi cftroidc ôc par- ticulière obligation , nous ncxpofions les biens & la vfl^pour la caufc de noftre oiçu, pour leferuice de noftre Prince3& pour la manucention du repos de noftre patrie?

Premièrement s'il cft ainfi^comme il eft, quelaNoblcfle aytd autant plus docca- fi5 que nul autre du peuple, de remercier &:reucrerce Dieu, tout bon de toutpuift fant,qu elle en reçoit plus de grâces &: de faueurs5il cft biêraifonnable qu elle s'em- ploie à maintenir Thôneur quiluy cft deu, ne permettant qu'il (bit fouillé ny contro- uerfé parlesfaulfes &nouuclles erreurs, qu'vntasdecerueaux altérez & fantafti- queSjS efForcét introduire ^ fèmer parmy nouSjpour deceuoir &: peruertir rintegri* des confcicnces. Et puis q nous fommes en diffèrent Cm le fait de la religiô^le moyë que nous pouuos garder en cela, &lc plus (eur expédier, eft ne prendre cognoif. (ance des choies qui ne font de noftre gi- bier,ny nous fier àno2fens,ainslcs capti- uâs,nous reigler ^rapporter à la gcnerali- té,& à la foy & creacc de noz majeurs,la- quelle eft encores de; préfet par la grâce de

A LA NO B LE S SE.

DicUjinuiolableméc obfcruec parle Roy, èc du plusgrand nombre de tes (ubieâs. Qujil nous fouuienne du lîecle de noz Pè- res, quand ils fe contcntoicnt de leur fim- plicité^nerecherchans point plus auandes myftei'es , qu'il leur faifoit befoing pour leurfalut, &:penfons qu'ils gouuernoyenc aucc autant de prudence, (pour le moins,) leurs familles que nous: qu'ils cftoicnt au- tatdroiduriers^i^ charitables à leurs pro- chains;&: que ou le feruice du Roy pre- fentoit 5 fans beaucoup difcourirny mar- chander,ils y cooroient incontinent la te- fte baiflècj&r en recournoient le plus com- muneniêt aucc vne glorieufe victoire des ennemis. Remémorons quantes &: quan- tes fois ils fe font croifez pour la defenfc de noftre religion: combien de vovases aoultre mer ils ^t entrepris fous la con- duitte de noz Roys,pour conquérir & de- liurer la Terre Sainde3& pour extirper la racine des herefies.

Dauantage, ou il a efté quéftion de çombatrepour le pais & pourrcxtenfioni des limites y ou pour empefcher que le moindre de noz villages ne fuft couru, ôc fourragé par les cftrangers; ils n'ont iamais

AD VERTISSÇMENT

faid refuz d'y hazardet &: prodiguer 6^ leurs pcrfonncs j & la fubftance de leurs lïiaifons . Et à la vérité, ceft bien de tout temps que Ion a faiâ tel èftat de Tamour &: charité que nous deuons à la patrie, que mefmes les Anciens reputoient à grand heur, de pouuoir aueclepris de leurs vies, luy confèruer fa dignité , èc recouurer la paix & le repos que les forces ennemies luy rauiflbient. Dcquoy ic reprcfcnterois quelques exemples,!! la vertu de noz Fra- çois n eftoit en cela autant plus loiia- ble,que celle des Grecs & Romains : & Ci de noftreaage,dc pendant les guerres des feuîzRois tat deçà que delà les Monts, ils n'auoicnt faid prcuue de lentiere deuo- tion qu'ils portent à laccroifTement & profperité de ceftc courone.Il cft vray que dcpuis(nefçay-iepar qiiplmalhcur ) nous nous fommes tat efloignez dclaperfeâio denozdeuancierSj&fi auant oubliez, a tout le moins quelques vns,en lobferuâce de noftre mère commune , qui cft le pays, que fi la pofterité veult iugcr de noz aclios éc volôtcz par les belles marques que no* en laiflbnSjClle n cftimera iamais que tant de ruines , dcgats , ôc démolitions , foicnc

A LA NOBLESSE.

cuures de mains Françoifo , mais pluftoît de quelque flotte & inondation Goctique & Vandalique. Noz Anceftrespourtef- moignage de leur pieté^dc pour 1 ornemëc & décoration de leur patrie, batiffoiêt des temples à Dieu j des Palais à leurs enfans, des tobcaux & fepulchres à leurs cendres? £t nous dVne certaine rage &:furie bar- barefque,auons en moins de deux liyuers condamnéjbruflé5& mis en poudrCjCe qui auoitefté par eux fondé & érigé durant mille & douze ces ans Jl n cft befoing d e- xaggerer ny déclarer plus auant la cruau- té de noftre ficcle^dont il feroit à fouhaiter que, dés maintenant mémoire en fuft e- ftein(5te 3 afin que noz voifins& ceux qui Viendront cy apr^s^ne nous reuoqucnt en difputc, la fidélité &: courtoifiequc nous prétendons cftre comme héréditaire ; 6^ peculiere à noftre nation.

Finalement comme ce Royaume foit le premier de la Cfarefiienté , auflî les fubieds d'icéluy font cenfcz ,& rcpu- tez les plus amoureux &: afïèâtîonnez à leur Prince , êc fingulierement les fci- gneurs ôc gentils-hommes , lefqucls en rccognoiflànce desfranchifes , audoritez

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^^C^ AD VER t ISS E MENT

fictraidcmcns qu'ils en reçoiuent ontfaid profeffion de toute ancienneté de fe mon- ftrcr obferuàtcurs de fa volonté & bon plaifir . C eft ce que difènt les Eftrangcrs, que noz Rois ont autant de pouuoit &c commandement fur leur Noblefle , qu'ils en vucillent prendre ôc vfer, de qu elle leur eft tellemet feruiable ÔC ob(èquieu{e,qu'ils la font partir de leurs maifons toutes quantesfoisque bon leur femble . Mais auflî leur pouuons nous refpondrCjqu'ou- trc le dcuoir auquel tous vaflaulx font o- bligez par la naturel qualité de leurs fiefs , de faire (èruice à leur fouuerain fei- gncur 5 noz Roys nous en donnent tant d'occafions 5 que nous ne pourrions faire autrement, ny tant foit peu nous y ren- dre defobeiffans&fefraàaires^fans con- treuenir ôc déroger & à noftre ferment, ôc à l'honneur que deuons chérir 5c cm- braÏÏer plus que •toutes les chofes de ce monde»

Ge nefl: fans charge que les Gentils- hommes onteftépar Tordonnance & au- thorité des Roys^ choifis &; fegregez du peuple , pour viure en franchife & immu- nité de toutes conditions (èruilcs , auoir

A* LA NOBLESSE. ^i»^^

âtoi£t de chaflè/uperiorité Se precttiiSii- ce fur des fubieds , la iurifdidion iur eux, l'exadion des cens & rentes , les coruees de autresimpofitions:cc n eft pareillemenc (ans charge qu'ils ont ccft oftroy ôc per- Hiiffion de porter vnc elpee à leurs coftez. Et ç eft afin qu'ils entendent que les Roys ont fâid elcdion de leurs perionties^com- me de ceulx qu'ils eftimoyent plus géné- reux, ne les voulans pour ce refped afTer- uir ny aflubiedir aux arts queftuaires 6^ mécaniques, 6^ à ce qu'eulx fappliquans entièrement à Icxercice & vaquation des armeSjils en puiflcnt faire leur bouclier 8C ramparten occurrence d afFaires,&: adue- nant vne guerre , pour refifter contre les efforts &inuafions des ennemis. De ma- nière que la Nobleffe cftant la fafturc Se créature des fouuerains, tenant d'eux (es libertez & priuileges , c eft bien la raifbn qu'elle rapporte tous fcs exploits à laduen- tage j proufHt , & entretcncment du chef^ dont elle prent foneflcnce &c nourriture. Et ou quelqu vn leroit deferteiir de fon of- fice par ledift , forfaiture &C felonnie, es cas qui font (pecifiez ôc exprimez par les ordonnances de conftttutions feodales,aa

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*? >^ ApVERTtS SEMENT

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bic*qu*il n'cuft feruy &:fecouriifon Prince cnuçrs tous ôc cotre tous, ou bien cufl ad- héré à fes haineux & malueillans , com- plotté Se machiné auec eulx/auorifé leurs attêtats j les accompagné Sz aflSfté de for- ces 8c de confeil , par la défaillant & man- quant de la fidélité qu'il a iuree, il pert 62 commet fon fief , illeconfifqueàfon fei- gneur . Or cncores que ce moyen foit or- dinairc>&: puiflè beaucoup enuets aucuns, lefqucls fcroicnt paraduenturc en opinion! & fur le poind de f e(garcr , fi eft-ce que ic n'eftimeray iamais ceux-là bien nez , 8c auffi peu dignes du tikre qu'ils portent/ qui fe garderont plus de forligncr pour les peines des loix , que de difficuté quMs fa- ccnt d'acueillir vnc laide tache àleur h5- neur.

Et pour rcucnir à la gcneralitéjieveux di- xc^û les fiefs obligët la NoblefTe à tout de- aoir,afFe(^io, & loyauté cnuers noz Roys, qued*auantagc lesgrâdsbiensfaids nous y lient &: aftraignent de telle forte , qu'il n'y a occafion quelque bien fondée que la penfionscfl;re,qui nous en puiflc ou doib-

uediftraire&:feparer. Etlàdcflus quand Ion confiderc que toute la grcflc ôc opu-

A tA NOBLESSE. '^

Icnce de Royaume, toutes lesgradeurs &; commodlite2. , retournent aux Gentils* hommes : que toutes les finances du Roy font employées à lentrecenement & paye- ment des grands eftatSj& penfionsdes of- ficiers de la couronne , des Marefchaulx, Gouuerneurs , Capitaines , Lieu ten ans, Genfd'armes , que les bénéfices de valeur font donnez à leurs parens : Bricf quand il ièroiî befoing difcolirir & déduire parti- culièrement ïcs moyens du Prince & de Ton peuple V que les fruids& reuenuz de IVn ô^ de l'autre leur font diftribu ez ^ <îe- partis. Il femble que d'autant qu'ils ont v- iie telle obligatiô à la defenfe&; tuition de tous les deux , que venans à f oublier, lori ne pourroit aflez detefter leur infidélité 5^ ingratitude.

Mais auffi eft-il certain comme il fe pcult veoir Ô^ vérifier , par le cours de noz Annales, que laNoblcile ayant de tout temps rccogneu fon bien,$£ aduâcement delà libéralité de noz Roys,&que leur confêruation eftoit fi conioinfte, que le chef ne pouuoit ioufftir ny endurer que les membres ny copatiflent, feftgouucr- hee & conduide enleurferuice auccvne

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AD VERTISSE MENT

fi parfaide deuotion 6c volonté , que iuf- ques à noz iours elle fcrt de miroir ôc d exemple aux autres nations dcIaChrc-" ftiecc. Etpourcc queleurvcrtuneft feu- lement chantée par les dodes efcriuains, mais quant &: quant confeflèc parles plus fîmples du vulgaire,il ne fera neccfla,ire de fy cftendre,ne pouuant ncantmpins taire le fccours qu elle feit au Roy lean , ôC au comeiicemcnt de fa guerre contre les An- glois,pourà laquelle fournir, elle fe tail- la & cotizade fonpiaingré adeuxliures pour cent de leflimation de toutes fes fa- cukez,&: depuis,apres queledid feigneur Roy demeura prifonnier entre les mains de îhs cnnemis,quc lefdids de la NoblefTe fe liguerët 6>c afTcmblerét pour le dcliurer, &cy contraindre , meflier efloit , lefdifts Anglois aueç la force des armes. Nous 11- fons fernblablement que f^eflans cfleuees de grades trouppes de voleurs ôi afTaiins, qui fe furnommoient les côpaignons, pre- noientvilles,rançonnoient,pilloifnt,bruf^ loienç 5 (bubz prétexte de vouloir chafler èc ruiner le Pape Innocent fjpiziefme , qui pour lors çenoit fon fiegcen Auignôjpour rcpurgcr le Royaume de ccftc vçrminc,

Mefïieurs

À LA NQBLESSE. <5 y^

Meflîeurs laques &: Pierre de Bour- bon j fe meirent en armes ,& leur liure- renc la bataille , accompagnez &: afïî-^ ftez du plus grand nombre de ceux de laNoblcflc. Nouslifonsenl'hiftoire des Albigeois j que pullulant leur erreur &:{e couurantde mefmcs voiles que font noz coniurez 5 la NoblefTc lecroifa fouï^lcn-^ feigne d'vn Comte deMontfott, &:lcur feift Ôt cotinua la guerre iufques à ce qu'ils furent tous defFaids Se exterminez.

Or qui vouldroit rapporter de temps en temps, les grands faiîls d'armes que la Mo - bleÊ a exploidez pour la querelle de (es Roys^onen feroitvnc longue hiftoire, &? m eft aduîs qu'il n eft befoing de recueil- lir il curieufemet les exemples de noz de- uanciers, ayans de noftre temps , & mef- tnes depuis l'aduenement de noftre Roy àl^ couronne, les Gentils-hommes fait telle preuue deleur fidélité &C affection, qu'ils ont en cela furpaffé la vertu &c la gloire de leurs predeceffeurs. Car comma. depuis enuiron fept ans , ce Royaume ayc cfté continuellement trauaille de troubles efmotions,^ qu'il ayt efté befoing que fa Majefté pour la feurcté de fa perfonnej

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'^. ADVERTISSEMENf

^ côferuatioD de fon eftac, fe foie tenu or- dinairement arme , pour fc garder de fur- prinfe des ennemis, fes bons &: obeyflans vaflaux & {ùbiea:s(qui fontjgraccs à Dieu, dix &: vingt pour vn des autres) ne fe font iamaislaffcz ny de la defpenfe qu'il leur a conuenu faire,ny des voyages ils ont cfté mandez & menez par cous les coings &endroîfts delà France. Qui plus cft, aux derniers troubles , aflauoir après cefte belle, iournee de faind Michel 5ay ans e- fté conuoquez pour venir à Paris, le Roy eftoit trefeftroifltemeiit enuironné Se affiegé par les rebelles , ores que les pafla- gcs fuflent fermez , fi n y cuft-il celuy des Gentils-hommes duparty de faMajeftc, quinefèmeifl: endcuoir darriuer la parc qu'il eftoit appellc.Tel pour favicillefle fe- ftoit quaflc &c licccié des armes , qui char- gea le corceletfur le dos. Telauoit eftc re- duid en fa maifon pour faire cfpargnc , Sc acquider (es debtes,lequel engagea de re- chef la ferme ôcle moulin pour achapter des cheuaux : &: ny euft celuy , lequel des dernières frontières & extremitez de la France, n'accourut à la deliurance du Roy au meilleur ordre ôc équipage qu il

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A tA NOB LES SE.

luyfut poffible . Et maintenant que noiis fommcs rentrez pour la troifiefmc fois en ccfte fiebiire,ie ne doubte point q lesmcf^ mes ayâs efté requis ^ fommez par fa Ma- jeftëdu fecoursd: féru icc qu'ils liiy doi- uentj& puisqu'auccfon intereft & du pli- blic,il y va du particulier d'vn chafcun de fcsfubieds de quelque qualité qu'ils foict, ne redoublent le defir &: cnuic qu'ils ont d'affeurer pour iamais parvne triomphâte vidoite^Peftat ^ le repos de ce Royaume. Car il eft indubitable,que la fin de ce- tte guerre, tire quant &: foy aueclc chafti- ment des rebelles , reftabliflcment de la Monarcbie:ou bien auec la perte des for- ces du Roy 5 l'vfurpation de fa couronne. Et cftâtneceiTaire de tomber à IVn de ces deux poinfts^qui pourroit eftre ccluy fi peu François, fi peu affeâionné au bien ^grandeur de fon Prince, fipeufoigneux de la tranquillité defon pays, qui ne choi- fiffe pluftoft vne mort honorable recom- pcfcc d'vn nom immortel , que de fouffrir te permettre que de fon temps vn petit a- mas de coniure2:,n*ayantpour toutrêparc que la retraidedvnç ville ^fevâtc fuppc- ditcr bc confondre tant d'armées & tant

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ADVERflSSEMENT

de peuples qui font auiourd'huyvnis cn- femble pour la confeiuation de toute la France, tant en fon chef qu'en fès parties? Pendant les guerres que les Roys onc eues auec reftrangetjOrcs qu'il ne fut que- ftion que d affaillir vn Thionuille, ou bien de gaigner vn logis, il n y a celuy qui fcift difficulté de feprefenter à la brefche , ô«^ qui ne feift vne muraille de fon eftomac pour arrefter le cours des cntreprifès de rE{pagnol. Et maintenant que nous ne combattons plus pour des gabions, ny pour des pierres , ains pour toute vne Françç,en laquelle noz maifons,noz fem- mes ^ nozenfans , noz vies , font encîofes ^ comprinfes : & que l'vne ne peut périr qu auec la ruine de tous nous autres , principalement de la gloire de Dieu, la- quelle, fi nousfommesvrays Ghreftiens, nous deuons préférer à toutes chofes , fe- rons nous fi lafches &: défaillis decucur, d'efpargner noftre fang duquel nous auôs eftéiî prodigues ailleurs, &:fommes ordi- nairement en noz querelles particulières, veu mefmes que nous ne pouuons elperer plus gracieufe cômpofition de noz con- "iurezj qu vne perpétuelle captiuité , & af-

ATA NOBLESSE. 'S ^

feruagG de noz^ biens, de noz vies , & noz confciences ? Penfons ce qui eft tref- certaines:; donc rexperience nous fait def- ja par trop fages,quc le Roy ne peut eflre dcfobey de fes lubieds , que nous ne le foyons des noftres : qu'il ne peult patit changement en fon efîat , que ce peu que nous auons , ne foit bien esbranflé, & que c eft follie de croire, que ceux qui font en mefme nauirejfe puiflent fauuer &: exem- pter d'vn commun naufrage. Penfons que fi le pilote qui tient le gouuernal , par fau- te deftrefouftenu des rames eftcôtrainifl décéder à Fimpetuofitédes vents,que ne- ceflairement les marchans & niariniers courront la mefme fortune. i

Et pour nous faire veoir ce qui eh ad- uiendroit,finouscftions reduidsen cefté extrémité , ie reprefenteray feulement vn fynodc qui flit fait à Chaàll5s fur laSaoné aux premiers troubles , auquel il fut con- clud & arrrefté par vn grand nombre de Miniftres^que leur religion nefe pouuoit : bienfonder ny eftablir fans pteallablemêc exterminer trois vermines du monde, qu'ils difoient cftre FEglife des Pàpiftes, les ParlemensV& la Noblçfle , & defaivî

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*Vy. APVERTISSEMÏNT

fuyuant les inftrudions & ordonnances dcfdids Miniftrcs , lors furent, bruflecs quelques maifonsdcs gentils-homes par leurs païfans propres , félon qu*il aefté vé- rifié Se rapporté par informatiôs à laCour de Parlement de Di-jon5&!: temonûréds?^ puis par les eftats de Bourgongncf à leurs Majeftez. Nous voyos corne l'autorité du Prince eft recogncuë à Geneuc,commc la monnoyceftforgeeàfbn coin , & comme la Nobleflc y eft receuë &: rcfpedec ; ô^ pour parler de ce qui nous touche de plus prcs, nous voyons comme les Gentils- hommes font traiftezés lieux les en- nemis font les plus forts. Au commence^ ment ils publioicnt ne faire la guerre que aux Preftrcs &: à la Meflc, &c auiourd'huy ils l'eftendent aux Gentils-hommes, voire à leurs plus proches parent Se voifins,fans aucun refpeftjà leurs chenaux , à leurs bourfes , à leur vaiflèlle , à leurs caues Se grenierSjô^: aux bagues &ioyaux de leurs femmes. Tout leur eft de guerre , comme Ton dit :& lie font plus de différence ny diftindion des prçftres aux autres^ des temples aux chafteaux , ny mcfmes des purs Catholiques à ceux qui ont vcfcti

A tA NOBLESSE. O f

douccmct,&: ne leur ont cfté en rien con- traires.

Et faut confeflèr que ce font iùgcmens? de Dieujlequcl cognoiiTant que fcs ferui- tcurs ic lâfchent quelquefois, & fe kifrent tromper par les rufes&eàuteles defes en- nemis,ne fe fouciahs de leur faire èmpef- chement ny refiftçnce , poùrueu qu'ils ne foienr endommagez ny greuez en leur particulier, permcd à la fin que la tem* pefte tombe fur eux,fi rudement qu'ils ne fçauentoù fe vouer ny recourir ,finon à la mifericorde de cctuv , dont ils oifit ne- gligez les iniùreSjpoUrce qu'elles tfeftoiét priuees. Cefttoutainfîquefi le feu f allu- mant en vne maifon, ceux qui en feroicnc vn peu efloignez, ne tenoient compte de rcfl:eindre,cftimans qu il xie pourroit gai- gner iufquesàeux. Or croyons qu'vne- ftat ny plus ny moins que le corps hu- main, eft fait &:compofé de membres conioinds &: colliguez & en fubftancc, &: en tous fymptomes & aceidens , que ainfî que difoitce Romain Menenius Agrip- pa, ils ne peuucnt aucunement fubfifter que par vn mutuel cntretenemcnt , con* nexité, S>c cohérence des vns auec les au-

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\ '* ', Ad VERT I S SE MENT

trcs. Métrons le cas que Dieu pour nous punir & chaftier permette rabolition des Eglifesde ce Royaume : félon qu il a fait de celles de ludce^de l'Aiie yôc de l'Afri- que j&fuppofons que l'autorité desEc- clefiaftiques foit anichilce & fupplantee par l'introduélion des côfiftoires/ur quoy fonderons nous la fermeté & folidité de noftre Noblcire?Si nous alléguons lesor- donnances 6c conftitutions des Roys & EmpercurSjdefqucls nous tenons les fiefs & les droids qui en dépendent , inconti- nent les Miniftres nous obicfterot que ce font inuentions humaines ,&: que par la loy de grâce, &: félon la pureté de l'Euan- gile, toutes pcrfonnes font nées franches: qu'il fault rie allouer ny approuuet que ce qui eft contenu expreflement ésefcri- turcs, efquelles Ion ne lid poind ce nom de gentils- hommes.Si nous nous voulons preualoir de la force , ils nous fufciteronc tant de petits Huguenotcaux en noz vil- lages j qu'ils nous fera bien difficile auec vn ou deux valets de rabbattre les coups de cinq ou fix cens fourchefieres., C'elï pourquoy ie ne me puis affez efmcr- làciilcr de l'aitèuglémént de quelques vns

de noftre

A LA NOBLESSE. C C>

de noftre NoblefTc , lefquels portans le manton aux miniftrcs , ne voient pas que reftabliflèment du Caluinifmc^ eft laneâ- ciflemecde leurgrandcur,&: que mefmes par les Maximes de ceftc fcdc , toutes les authoricezquiprouiennent des hommes çftans côdamnees Se abbatucs, confequé- ment ilz font redui6ts au petit pied. Qu'ils confiderent fi défia les miniftrcs , qui ne font que naiftre &:fortir , ou de quelque boutique de cordonnier ou defe defro- querde quelque cloiftre5fattribuent en leurs cofiftoires la cognoiiTance des affai- res, de lagucrre^dcreilat^de la iuftice.dela police , ic iufques à vouloir entendre les griefs & doleâces des femmes cotre leurs maris : il défia par les Canons èc cenfures de leurs SynodeSjilsaccouftument de rei- glerô.^ reformera leur mode ladeipence deshabillemens,lacontcnâcedesfuppofts ^ de leurs Egli{ès,lors qu'ils auront acquise: empietté vn peu plus d'authorité^de quel- le arrogâce éc tyrannie ils entreprendront de les manieràlabaguette?Ce nefont pas des Meffires Ican^quife contentët de cin- quante frans par an^pour defferuirla par- roiffe d'vn village, ou la chappeUe du féi-

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AD VERTISS^EMENT

gneur du lieu. Cculx cy font des magnifi- ques Meffieurs delà Roche ou de la Co- lincjlefquels pour leur qualité ôi^ fuffifan ce f cftiment mériter beaucoup meilleur ap- poinftement •. &: auflî que pour entretenir Madamoifelle Colinettc &fafuitte on ne leur peult donner moins de cinq ou fix cens liures,aùcclcsprouffits des Cènes & des Baptefmes.len ay vcu nagueres quel- qu'vn de mes voifins aflfez empefché , Sc d'autant plus qu'il n ofoit f en plaîrid re , de peur d'irriter les Dieux du Confiftoirc.

, Or ayant pratique Sc conucrfé auec des plus habiles ôc rufez de toute la faa:ion,&: defcouuertbeaucoup de leurs fecrets&ar- tifîccs,pour le regret que i ay de vcbir pé- rir à crédit vn bon nombre de Gentilz- horrimeSjparmy Icfqucls i'enay de ceux qui m'appartiennent, qui y font méfiez, dont il defplaift blé fort:& pour dé- fit & volonté que iaurois de les çonuier &: rappellera leur première obey fiance, ne feray difficultéleur remonftrer & remet- tre deuant les ycjux lefèrmcnt de Tinuefti- turc de leurs fie6,ledeuoir & obligation qu ils ont au Roy , èC la fidélité qu'ils luy ontpromifei Et d'aduantàge comble leurs

A LA NOBLESSE.

f redeccflèurs faifoiêtd'cftacdc conferuét kpoinft d'honneur, 5^ de viure &: mourir ppur le Prince &C le païs. Ils m'allégueront que depuis eftans encrez en cefte nouuelîc opinion, ils ont iurez à leurs miniftres de ncfen départir, ny tant foit peu pofer les armes 5 que l'exercice n'en fur bien intro' duift Û afleuré , de façon que leur feroic honte de renoncer à la locieté de leurs E- gliles. Sur quoy pour leur Icuer ce fcrupu- le , ie leyr demanderay , fils ne font point plusdeconfciencedc faulfer &: violet le premier fermer qu'ils ont faift aii Roy^des ^ chofes qui font de leur deuoir , que celuy qu ils font puis après contre les bonnes meurs , &C à perfonnes qui n'ont ny fei- gneurie , ny commandement fur eux ? le fçay que quelques vns des plus opiniaftres répliqueront , qu'il fault pluftoft obcïr à Dieu qu aux hommes; comme fi par ils vouloient conclurre &c inférer que leurs miniftres fulTent plus qu'cfprits humains Se angeliqueSj& partant que quand d'vne part le Roy leur commande de viure ôc fe contenir doucement en leurs maifons,&: d'autre cofté que les Miniftres fonitenc la trompette de fcdition, qu'il faulc pluftoft

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^ ADVERTISSEMÉNT^

clcoutcr le fon guerrier de ces Mcgcrcs , q la voix pacifique de fa Majefté.En fommo tant plus nous remuerons celle caufe5tanc moins nousy trouuerrons d'apparence^ne pouuâc la rébellion & felonnie des \aC- faulx enuers leur fouucrain feigneur, fi bic pallier & defguifer , qu'elle ne fente touC- iours fa rebcUionrny plus ny moins qu'vnc putain pour fe couurir & habiller du voilc de chafteté ne laifle d'eftre cogneue Se re- marquée pour vnc femme de fon jneftier* le ne doute point qu'ils ne fondent ôJ appuient leur principale raifon fur la rcuo- cation dePediâ:,combienqu'eftant pofte^ rieurc,€lle ne fe peut rétrograder pour fer-* uir d'excufe Se couuerture a Hnfraftiort qu'ils en auoient faifte auparauantpar la teptinfè des armes, par laquelle de ce meC mefaidy& comme par manière de com-^ mife, ils f^ontpriuezeulx-mefmes du bé- néfice dudit Ediâ:. Et iaçoit que celle ref- poneepar toute difpofition de droiA , foit peremptoire,&:que le Roy les puifiie paier d'vnnvûtjouilnefctrouue point de repli- que(fevous ay oftél'Edid pource que vo* y'aiiez contrcucnu ) fi eft-cc qucpour ne 4:toupei: fi court le propos, &afiin que par

A LA NOBLESSE. ^ y

Vn entier efclarciffetnent nousen puifTios tirer le fruid que nous defirons , qui cftle biê&:kcôferuatio de ceux qui declai- rêt fous vn faux tilcrc ennemis deleurPdn ce,^iepaflèrayencores oultre a examiner l'équité de l'Édid , dont ils font tant de querimonies en leur aflcmBIees , &: Ipe- cialemcnt enuers les Anglois & Allcmans^ Difons donc que le Roy ayant de fon authorité &: par leur infradion , eu droid: &:pouuoir auec l'interdidion du CaJui- nifincjde confifquer &: les corps &:les biés de tous ceux quî fouz ce prétexte ce font efforcez défia par trois bc quatre fois , de luy rauir ô^ la vie & la couronne , néant- moins pour vfct plus defarbonté & dou- ceur accouftumee,que de la rigueur de iu- fl:ice,feft contenté de prohiber &: défen- dre feulement leursCenes & monopoles, qui ne feruent à autre efFcft, qu'aux rc- ueiîcs & enrollemens de leurs foldatsileur ayant au refte remisse: concédé leurs biês, leurs eftats , &: la liberté des confciences, pourucu que pofknslcs armes,ilsfe retirée cnleursmaifons. Etlà deffus(afin qu'ils rccognoiffentla graceqùç fa Majefté leur fait)qu'ils me nomment vn feul Prince en

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AÙVERTISSEI^ENT

Allctïiagncjqui foufFrc & tolcrc à fcs fùB* icds d auoir & exercer autre religion que la fiennc?Ie confefTe qu'il y a pluralité d'o- pinions es terres de l'Empire , mais auffi y a il pluralité de Princes,defquels vn chaC- cun riere (by maintiêt S^ lait garder cftroi- ârcment fa religion /ne perriietfànt à vn feul de fès vaflaulx& fèruiteurs dy rien changer innoucf. Nous ne voyons pas qu en Angleterre,ores que nombre des Catholiques, voire des ftigneurs &c gcn- tils-hommcs,furmonte des deux parts ce- luy des aduerfaires, ou que la Pvoyne con- fente qu'ils facenc aucun exercice de leur religion^ ou queux la requièrent , & qu'ils àyent iamais entrepris de troubler & alté- rer l'eftat de leu r maiftreflè.Nous ne voyos pas qu'à Geneue^ôi aux lieux les rebel- les fe font rendu2è les plus forts , Ion y fouf- fre autres perfonnés que Galuiniftes. Et fil eft ainfi^qùc par l'ordonnance de Dieu, & félon qu il eft pratiqué &:vfité entre les hommes , le fubieft eft tenu &r obligé par fon deuoir,dc fe foumettre aux loix de fon fouuerain, foit Monarque, Potentat, ou Republique : & fi par tout le monde les fouuerains font enpofTeflîonde ceftcau-

A LA NOBLESSE. V

thoritc cnucrs le fubie£t,<qucl tort ferions nôMsà noftre Roy, de luy reftrcindrc le pouuoir commun de cous les Princes ,6^ quiaefté encorcs plus particulier à les predcceflqurs?

Puis donc Meilleurs , que vous faides profeffion de viure en fincerité de con- fciéce,aduouezla puiiTace de voftre Roy, laquelle Dieu a tant authorifèc: puis que vousfaiâes tantd'cftat de l'honneur, fer- ucz Se honorez celuy auquel vous eftes rc- dcuables de tout refped^feruice , &: obeif- fànce : & puis queny TAnglois , ny TAlle- mp 5 n'endure que fës fubieds foienc bi- garrez & diuifez d opinions,nc foyez plus violés & iniques à fa Majefté, 6^ ne iuy dô- nez point d'aduâtage d'occalîon d'implo- rer Ranimer contre vous la vcngcâcedii ciel &: de la terre. Et puisqu'il aoublié les chofopaflèes, & que par eftedil atouf- ioursfàid paroiftre n*auoir autre volonté que de vous réunir &: c5fèruer,aiât à tou- tes heures les bras ouuertspourembraA fer & recueillir ceux qui recourront à clémence , oubliez &: amendez voz faultcs , amolliflans ce cueur félon que ccfte mutinerie de Miniftrcs vous con-

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ApVERTISSEMENT

trainâparfèspiperies Se faulfes frayeurs^

de côiiertir à la riiyne de voftre Prince. £t

afin de vousy difpofer, oyc2. les griefs &

. plaintifs de noftre pauure merc,qui eft la

_ France , laquelle nous reprefcn tant le pi-

t teux Se miferable eftat elle eft rcduiàe,

& f efforçant par pleurs &: gemiflèmens,

autant quefafoybleflTc leluy permed , de

nous induire Se efmouuoir à compaffion,

me fcmble pouuoir vfer tels ou fembla^

bles propos.

O Roys Se peuples Ghrefticns,qui auez cuz cognoiflancc de mes forces , lors que i'eftoisàla fleur de mon aage^&enpro- fpcrité de mes affaires , lors que le S. nom de mon Dieu eftoit chaté d'vn mefme ac- cord Se harmonie par mes enfans,(es tem- ples décorez &: embellis.-lors que mes vil- les eftoient riches &:Gpulentes,meschâps gras Se fertilsj&c qui auez porté enuie à ma gradcur lors que la courtoilie, l'abondacc, la vertUjla picté,me faifoient renommera redoubter par tout le monde, maintenant que me voyez efcheuelee , ridée , fleftrie, defolee,&: abandonnée de tout le bon- heur qui mefouloit accôpagner , quel iu- gemet ferez vous de voftre voiûne la Fra-

ce?Par-

A LA NOBLESSE* 3 1

àduenturc direz vous que le luxe& l'or- gueil de mon peuple &2:les forfaidures 62 abus que je luy ay fouffers & conniuez, m'ont accueilly de longue main le mal ^ ennuy qui m'enuironne de toutes parts: &puisquilyademafaultc j&que ceux font aggrandis &: cfleuez; de mes moiens, qui auiourd'huy me delchirent les entrail- les 5 & rongent leur merc iufques aux os,. queic n'en puis reicûer lacoulpe que fur moy-mefmes. Mais pour cela faulti1,que ie fois ropprobre bu la rilce d entre vous, ^ quefc ioiiant la tragédie d vn Roy in- dignement perfècuté fur mon thcatrCj vous en foycz feulement les {pcdateurs^ / Helas ie fçay bien que c'eft moy qui en pa- tiray despremieres,6^ que le principal bue ' des ennemis tend à la confufion de mes eftatSjâ: à l'vfurpatiô de cefcepcre Royal. Mais croyez aufli (&: ne mefprifez point raduercifîèmcnt d'vne CaiTandre mori- bunde ) que fi bien toft le co^rs de cefîe ,

i'agc aeft arrcfté par des forces commu- nes, il pénétrera iufques à vous, ô£ vue feu- le eftincelle du feu, qui eft allume en mes . maifons,embrafera.toutes les voftres.Par- donnez moy ie vousfupplie,fi ie vous tien

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advertissement k langage d'vne femme paffionmcc , pâr-# donnez dis- ie à ma douleur , Ôc à 1 apprc- henfion que i ay dVnc combuftion géné- rale & ineuicable, fi de bonne heure vous ne vo,us refoluez par vnc fraternelle con- ionftion d'armes, de conieils èc volonrez, de rempcfcher Se diuercir.Or ie fuis aflèu- rec qu encorcs q mes pleurs & clameurs ne trouuaflenc lieu de pitié en vous , que la neceflité vous contraindra de fecourir celle qui ne peult tomber , que par la pe- fanteur de fa cheutte,elle d eftône les plus efpeflcs 6c fortes murailles de voz eftats.

Et aprçs que vous aurez entenduz mes plaindes j il mefemble que ie ne me puis mieux addrcflcr, qu'à ce grand Dieu au- theur & fondateur de mon EmjMre, pour me douloir àc lamenter de l'ingratitude ô^ cruauté de fcs ennemis. Il voit &con- gnoit iufquesau fond la malice de leurs defleings , & oyt les cris des feruiteurs liens , qui font par cy par martyrifez pour le fouftenement de fa gloire, &: pour la fâindc foy & dodrine de fon Egli- fe. le me plain doc Seigneur, que ces lou- Ueteaux & renardeaux feftans peu à peu gliflczen ta bergerie, ont degloutizlcs

A LA NOBLESSE, 0

lîîîîples oiiailles , & encof es ay-ie plus de rcgrec,qu'ils fe manquent de la peau d'vne brebis.Helas Seigneur, ie t'en parleray en fimple femme:eft-jl polïîble que ceux qui conlpurquent ^ bruflenc les Temples , ^ qui tafchenc d'abolir touces les marques de ta religion, foiçnc tes Apoftres ? que le tonnerre &:la fouldrc^e leurs piftollcs, fbit vn fon &: vne fcintîlle du fainâ: Efprit? que ta loy foit la loy des brigands & for- bannis?que tes commandemens ne foient quefacrileges^profanations^meurdres^rc- bcUion^barbarie^degafts , 5c toute licence èç impunité d'offenfer fon Roy &r fon prochain?Non non Seigneur , ie ne pour- rayiamais penferque tu fois autre que le Dieu de lujftice, Dieu qui vculteftre feruy de pureté 3c candideffe de cueur , non fé- lon, non cruel, non fanguinaire, non in- cendiaire: Dieu qui recommcinde de ren- dre toute fidélité Se^^obciUan ce aux Prin- ces qu'il a créez 5c ordonnez pour le gou- uernemet du peuple.Trop bien,helas!fauc il que i'aduouc que ce font les fléaux de mes péchez , Se que fil te plaift me cha- ftier aucc la (èuerité de tes loix,ce n'eft en- cores rie de ce que iendurc^en compairai*

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'^^ A D V E RT I s SE M E NT

fon de la grauité de mes offcnces. Mais quoy Seigneur,! appelle de ta iuftice au tribunal de ta mifericorde , te fuppliant à ioincles mains,&i: profternee deuant ta fa- ce;» qu'il te plaife appaifer ton ire, & regar- der de ton œil gracieux vne Royne veriie, accompagnée d'vn Royieunc&: débon- naire, éc de fcs frères orphelins tous affli- gez Se opprimez iniuftemct par leurs fub- icâs. Qji il te fouuiennc qu'ils font cnfans; d'vn Roy qui a maintenu la Religion iuf- ques au dernier foufpir,& dVne mère, la- quelle nonobftant toutes les agitations &: orages du temps , n'a point flechy ny va- rié,mais dVne fermetés confiance, plus que virile, &:d' vne prouidcfice plus que mortelle , a fceu fi bien nourrir & con- duire mes petits Princes, qu'ilny a celuy des trois, qui ne fbit preft auec leiïufiô de fon fang,de venger &: auoirla raifon de ta querelle. Etiaçoitqic me promette, que tu leur en doncras bien toft la viftoirc en- tre les mains , fi cft-ce qu'il me defplaift qu'ils foient neceffitez de me guérir par le retranchement de mes membres pourris. O malheureux & ingrats , fi ma voix &c mes coftez n cftoiont affoiblis par la Ion-

A LA NOBLESSE. cJ ^

gucur de la maladie, que mauez aduan-? cee, & par tant de bleiïures dot vous m a^ uez dclchiquctçe depuis la tefte iufque^ à ia plante des pieds , ic fcrois retentir mes regrets &mes gemiflemens en AUemai- gne,en Italie^en £fpaigne, & en toutes les contrées la barbarie &: rébellion des mauuais fubiefts eft condamnée. le me plaindroiSj&r quant &: quât ie vcrifierois la preuue & tefmoignage de mes plaindes, que ceux des miens que i'ay le plus ten- drement nourris^ & les plus graffement & fauorablcment traiâ:ez font les côiurez,&; çonfpirateurs de ma ruyne.Or ie ne m'ar- refteray point à prefeher &: remonftrer le chef deTcntreprinfe, lequcla défia pafTa leRubicon,&:feft déterminé d'afîaffiner merpetits Princes &: leur bonne mere^, pour en feeodes nopces efpoufèr la iouïf- (ancede leur couronne. Mais vous delà NoblefTe, qui auezefté feduids & abulez de i^s parolles , &: précipitez en vnc affo- ciation fi dcteftable fouz couleur d'vnc religion mafquee , feriez vous bien fi mef- çhans &: fcelerez^que de prefter confeiite- ment & confort à lextermina-tion de vo- ftrc Roy, la mort de voftre France?

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AD VERTISSEMENT

Ne fongez vous point quelquefois, quand lardeur de voz colères eft refroidie , qu'il n'y a crime fi reprochable aux hommes de vpftre rcng, quelafelonnie & vn témé- raire attencac contre le Prince? que tous ceuk qui fy font lafchez n'en ont à la fin rapporté qu'vn hoteux & vilain fupplicc, fuiuy delà damnation de leur mémoire, &s des armes de leurs maifons? Mais fbit ( ce que toutesfois ne pcuk eftre)que vous at- teigniez le but de voz defle^ings , penfez que ce vous feroit vn grand lionneur , de mener vn Roy defpouillé en triomphe 3 &S idolâtrer vn tyran inuefty de fon Royau- me?Ha que vous auriez beaucoup gaigné, quand pour feruir a voz paflîos vous ferez enfler ô^ regorger toutes mes riuieres &: mes ruifleaux du (ang de mon peuple : Et bien vouscftescontens(dides vous)de dc- uenir bouuiers &rcharcuticrs,pourueu que foyez vegez de moy. Et au contraire ie dy que G vous négligez mes remôfirâces^quc Pieu me vengera de l'iniure 6c outrage que vous me fai(ftes,5^ que pare'llemët les Catholiques de maNoblefle,quifonc dix &: vingt cotre vn des voftres , fe croifcronc ôiviuront fous la protection ôc authorité

A tA NOBLESSE. J ^ ^^

<îe leur Roy^pour aucc la force des armes vous faire reflcntir &: rcceuoir la peine de vozfûllies.

Sus donc mes nourri/Ton s, qui auez YcC- pec ceinftc pour la manutentiô de la gloi- re de voftre DieUjpour mon repos Se pour le fcrui ce de voftre Prince , fus mes fcaux, &: bien ameZj fur la loyauté defquels i*ay fondé le principal appuy de ceft eftat , qui en tât &: tac d'occurreces àuez faid preti- ùe de ce cucur généreux, qui vouseft traf- rais de race en race par vozanccftres : fus donc partez de voz maifons , puis que le Roy part de fon fciour,6^ accourczà cefte belle armce , qui eft drefleepour mainte-^ nir voftre religion , &c pour défendre auec mes enfans&: moy ^qui fuis voftre merc commune,voz foiers,maifons 6c familles, ÔC les grandes franchifcs & libercez qui vous font acquifes par la vertu des de- uanciérs,& dont la conferuation vous eft Gonioinélc auec celle du Roy mon fils vo- ftre bon maiftre de fcigncun

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Y E^4ffrmis a Claude Fremy marchant Lihf4ire I jgn l^p^niuerf de PariSyd* Imprimer O" mettre en vente vn difiot^rs intitt^lé, AôacmiVcïnçnt à la No- blcfle,tant du parry du Roy,que des Rebelles ôc Coniurez. vèjfendant fx Matefié a, tom autres Im- prhnetfts imprimer ny dijlnhuer ledit difcours ^fans U pgrmifion dudtt Fremy ^mfc^ucs au temps cr terme de trois ans, comme appert par fa permiJiHfn , donnée audit Fremy des le Jixfefme Novembre, 1568.

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