hante THE UNIVERSITY OF ILLINOIS LIBRARY G |] PAT v. > Fe | “sous D: 4 igitized by the Internet Archive . in 2011 with funding from | Uni ersity of Illinois Urbana- Champaign sel | hitp//www.archive.org/details/anatomiegnraO2bich ANATOMIE GÉNÉRALE. Éneq U Nous prévenons les coNTREFACTEURS et les DÉBITANS de contrefaçons que nous userons de nos droits. x — Q : & ÿ — À + — — — L - . e ANATOMIE GÉNÉRALE, APPLIQUÉE A LA PHYSIOLOGIE ET A LA MÉDECINE ; Par Xav. BICHAT, Médecin du Grand Hospice d'Humanité de Paris, Professeur d’Anatomie et de Physiologie. NOUVELLE ÉDITION. EE " . PREMIÈRE PARTIE. = TOME SECOND. FE opte BÉBLISTHE NI nt A PARIS, Brossox , Libraire, rue Pierre-Sarrazin, n° 9 ; Chez NE »É tt GasoN, Libraire, place de l'École-de-Médecine , n° 2. I 8'I 2. “HAcoNdEA : « . HA) sé on À Ti noOUOE | A e. . « Can à # Ve + alt je hf 4 je MA : M. % ie Tr _ Me Ce à tue ofx ETAT AN gro La pre “sigotoiequit 5h in Siopaus Àb'H A À a: 4 NA AT NENT) 0, pu haspmssagiet FOTFIGE SIA VON AMODE € MOT SYSTÈME VASCULAIRE A SANG ROUGE. ARTICLE PREMIER. Considérations générales surla Circulation. Tous les auteurs ont considéré la circulation de la même manière, depuis la célébre découverte de Harvé. Ils ont divisé en deux cette fonction : l’une a été appelée /a grande circulation, Y'autre La pe- tite ou la pulmonaire. Le cœur, intermédiaire à chacune, est leur centre commun. Mais en pré- sentant sous ce point de vue le cours du sang, il est difficile d’entrevoir tout de suite le but général de son trajet dans nos organes. La manière dont j’ex- pose, dans mes leçons, ce phénomène important de l’économie vivante , me paroîl infiniment plus propre à en donner une grande idee. $ Ier, Division de la Circulation. Je divise aussi la circulation en deux : l’une porte le sang des poumons à toutes les parties ; l’autre le ramène de toutes les parties aux poumons. La pre- mière est la circulation du sang rouge , la seconde celle du sang noir. Circulation du Sang rouge. La circulation du sang rouge a son origine dans le système capillaire des poumons, où ce sang prend, par le mélange des principes qu'il puise dans l'air, le ca- racière partièuliéiqui le distingue du sang noir. De 1, 7 J7 a } caen fe be &n) Y > Fr % < À Le £ "+ . fast 2. 7 4 246 SYSTEME VASCULAIRE ce système, il passe dans les premières divisions, puis dans les troncs des veines pulmonaires ;'celles-ci le versent dausl’oreilleite gauche du cœur, qui le trans- met dans le ventricule, lequel le pousse dans le sys- tème artériel : celui-ci le répand dans le système ca- pillaire général, qui peut être considéré vraiment comme le termede son cours. Le sangrouge est donc continuellement porté du système capillaire du pou- mon au système capillaire général. Les cavités qui le centiennent sont toutes lapissées d’une membrane continue; cette membrane déployée sur les veines pulmonaires, sur les cavités gauches du cœur et sur tout le système artériel, peut être vraiment consi- dérée comme un canal général et continu, dont l’ex- térieur est fortifié, aux veines pulmonaires par une membrane lâche, au cœur par un plan charnu , mince pour l'oreillette et épais pour le ventricule, au système artériel par une couche fibreuse , d’une nature particulière. Dans ces variétés des organes qui lui sont ainsi ajoutés au dehors, cette membrane reste par-tout à-peu-près la même, ainsi que nous le verrons. Circulation du Sang noir. La circulation du sang noir se fait d’une manière in- verse à la précédente. Elle a son origine danslesystème capillaire général; c'est dans ce système que son sang préndle caractère particulier quile distingue du préce- dent ; c’est là qu'ilrenaît pour ainsi dire, probablement . par la soustraction des principes aériens qu'il s'étoit appropriés en terminant sa course au poumon. De ce système capillaire général , il entre dans les veines, ‘A SÂNG ROUGE. 247 lesquelles le transmettent atrx câvités droitesda cœur, qui l’envoient par l'artère pulmonaire au système Ca= pillaire du poumon. Ce systèméest sa terminaison véri- table,commeilest le point du départdu sangrouge.Une membrane générale , par-tout continue, tapisse tout le trajet du sang noir etlui forme aussiun canal général et continu , dans lequel il est habituellement porté de toutes les parties dans l'intérieur du poumon. A l'ex- térieurde cé grand conduit, la nature a placé une mem- brane lâche daris les veines, des fibres charnuües dans le cœur , un tissu fibreux particulier dans l'artère pul- monaire ; mais comme le canal précédent, il reste tou- jours à-peu-près uniforme, malgré cette différence des organes auxquels il est joint en dehors. C'est certe membrane générale qui, én se-réployant dans les veines , en composeles valvulés. Elle concourt à for- mer toutes celles de la portion droite du cœur, dont elle tapisse les cavités, comme la précédente ‘éntre | dansla composition des valvules de la portion gauche, qui en emprunte la membrane qui le tapisse. °°? Différences des deux Circulations. : D'après cette idée générale: ‘que je viens de ‘don: ner des deux circulations, il est évident qu’elles sont parfaitementindépendantes l’une del autre;excéfité à leur origine et à leur terminaison, où lé sanboiige et le sang’ noir se transforment alternativement Y'un en l’autre, et communiquent pour cela’ par les vaisseaux capillaires. Dans tout leur trajet; ils sont exactementisolés, Quoiquelesdeux portions du cœur soient assemblées en un:organe unique ; cépéndant on peut les considérer éommecoustammient indépen- 248 SYSTEME VASCULAIRE dantes dans leur action. Il y a vraiment deux coeurs. l’un à droite , l’autre à gauche. Tous deux pourroient peut-être, aussi bien remplir leurs fonctions , s'ils étoient séparés , qu’étant adossés comme.ils/le sont, Lors même que le trou ovale reste libre après la naïs- sance , j'ai prouvé ailleurs que:telle est la disposition des deux replis entre lesquels il se trouve, que le sang noir ne peutcommuniquer avec le sang rouge,'et que les deux cœurs doivent également être considérés comme indépendans, au moins sous le rapport du cours du sang. Cet isolemeut entier des, deux .cir- culations est un deleursçcaractèresles plustranchans; il prouve seul combien le point de vue sous lequel je présente la circulation en général est préférable à ce- lui où onla montre.divisée en petite,et en grande, lesquelles se confondent et s'identifient évidemment, . D'après ce qui a été dit plus haut, l’origine et la terminaison de chaque, circulation se font à deux sys ièmes capillaires, qui sont pour, ainsi. dire les deux limites entre lesquelles. les deux espèces de sang se meuvent. Le poumon, répond lui seul , sous ce rapport, à toutes les parties. Le système SET qu’il rènferme est en 6pposition avec celui de tous les autres organes, à une petite exception près, pour lesparties d'où part le sang de la veine porte. Chaque -système;capillaire est donc en même temps origine et terminaison. Le pulmonaire est l’origine de la cir- culation du sang rouge:et la terminaison de celle du sang noir. Le général offre au sang rouge sa termi- paison, et au sang noir son origine. Observez que c'est encore là un grand caractère qui distingue les deux circulations. En effet, non-seulement le sang A SANG ROUGE. 249 prend un cours opposé à l'endroit où elles finissent et à celui où elles commencent ; mais encore sa na- ture change entièrement, et sous ce rapport les deux systèmes capillaires, pulmonaire et général , nous offrent chacun un des phénomènes les plus impor- tans de l’économie vivante , savoir, le premier la transformation du sang noir en sang rouge, le se- cond celle du sang rouge en sang noir. La question générale de chacune des deux circu- lations nous présente donc évidemment trois choses à examiner, 1°. l’origine, 20, le trajet; 3°, la termi- naison de chaque espèce de sang. Dans l’origine et la terminaison , il y a d’une part les phénomènes mé- caniques de la circulation, d’une autre part les phé- nomènes de la transformation du sang. Dans le tra- jet du cours de ce fluide, il n’y a que les phénomè- nes mécaniques de la circulation à observer. Phénomènes mécaniques généraux des deux Circulations. En examinant ces phénomènes d’une manière gé- nérale, on voit, 1°. que le sang rouge partant du poumon va en se réuuissant en colonnès d'autant plus considérables et moins nombreuses , qu’il appro- che plus des cavités du cœur; que c’est dans ces ca- vités qu'il est en masses plus grandes, et que de- puis elles jusqu’au système capillaire général , il va toujours en se divisant en colonnes plus petites ; 2°. que le sang noir partant du système capillaire général, va aussi en se réunissant successivement en colonnes d’autant plus grosses et plusrares , qu’il approche plus des cavités droites du cœur ; que ces. 250 SYSTÈME VASCULAIRE cavités sont la partie du grand canal où il circule, qui le contient en plus grandes masses, et que depuis elles jusqu’au cœur, il se divise successivement en colonnes plus petites. Les deux espèces de sang circulent donc des deux côtés, en filets d'autant plus petits, qu'ils sont plusloin du cœur;et ils sont en colonnes d'autant plusgrosses, qu’ils s’en trouvent plus voisins. Représentez-vous pour chacune des deux circulations, deux arbres adossés par leur tronc , et envoyant leurs branches l’un dans les poumons, l’autre dans toutes les parties. Chacune des deux parties du cœur est entre ces troncs, qu’elle sert poürainsi dire à unir pour n’enfaire que le même canal général dont nous avons parlé. Les auteurs considèrent communément les artères et les veines comme formant chacune , par leur as- semblage, un cône général dont la base est à toutes les parties , et le sommet au cœur. Celte manière de les envisager vient de ce que la somme des rameaux est plus considérable en diamètre que les troncs dont ils naissent : or , en adoptant cette idée, il est évident que chaque moitié du cœur est au sommet de deux cônes, qui sans Jui s’adosseroient, Les veines pulmo- naires représentent l’un, et l'aorte l’autre pour le sang rouge ; pour le sang noir, ce sont d’une partles veines caves et eoronaires, de l’autre l'artère pul- monaire , qui forment les deux cônes. Davs chaque circulation, l’un de ces cônes est remarquable par son peu d’étendue, c’est celui du poumon; l’autre par son grand trajet , c’est celui de toutes les parties, Placée entre ces deux cônes, chaque partie du cœur doit être considérée comme un agent d’impulsion qui - À SANG ROUGE: 251 précipite le cours du sang, d’une part vers toutes les parties, de l’autre vers le poumon. En effet , si dans chaque circulation ces deux cônes s’abouchoient par leur sommet , il est évident que les parois des vais- seaux qui les composent seroient insuffisantes pour éntretenir le mouvement, de la base de l’un d’eux à la base de l’autre , c'est-à-dire du système capillaire général à celui du poumon, et réciproquement de celui du poumon au général. En effet , le trajet est manifestement trop long, et les forces vitales des parois vasculaires sont trop peu actives pour que cet effet ait licu ; de là la nécessité du cœur, Cette conséquence en amène une autre que voici. Comme le sang rouge a bien plusde trajet à parcourir du cœur au système capillaire général, que le sang noir n’en a du cœur au système capillaire pulmonaire, il falloit que la portionde cet organe appartenant à la première espèce de sang fût douée d’une force plus considérable que celle destinée à entretenir le mou- vement de la seconde. La nature a rempli ce but en composant le ventricule à sang rouge d’un nombre de fibres bien supérieur à celui des fibres du ventri- cule à sang noir, Quant aux oreillettes, comme elles ne font que recevoir le sang et le transmettre dans les ventricules, qui forment pour ainsi dire corps avec elles , leur épaisseur est à-peu-près uniforme. D'après cela, on voit, 1°. que le rôle quele cœur joue dans l’une et l’autre circulations, est absolument relatifaux phénomènes mécaniques du cours du sang, et que, s’il a quelque influence sur sacomposition, ce ne peut être que par le mouvement intestin qu’il lui communique ; 2° que si le trajet des deux circula- 252 SYSTÈME VASCULAIRE tions à sang noir et à sang rouge étoit moindre , elles pourraient se passer de cet agent d'impulsior inter- médiaire. C’est précisément ce quiarrive dans le sys- tème à sang noir abdominal, dont les deux arbres, distribuant leurs branches, l’un dans les viscères gas- triques , l’autre dans le foie, se réunissent par leur ironc dans ce qu’on appelle le sinus de la veine porte, lequel occupe précisément la place du cœur dans le grand système à sang noir et dans celui à sang rouge. Il est donc possible de concevoir, 1°. comment le cœur peut manquer, comme on en a quelques exem- ples, dans lesquels les deux grands systèmes circula- toires ressembloient, jusqu’à un certain point, à l’ab- dominal; 2°. comment le sang peut osciller d'un système capillaire à l’autre/pendant un temps encore irès-long, quoique le cœur, malade, affoibli, désor- ganisé même en parlie, ne puisse presque plus acti- ver le cours de ce fluide; 3°. comment, cet organe ayant entièrement suspendu son battement dans la syacope, dans l’asphyxie, etc., il y a encore une os- cillation , une progression réelle du sang d'un systè- me capillaire à l’autre , puisque, si on ouvre une ar- tère ou une veine, il coule encore un peu par l'ou- verture. Certainement cette oscillation est tres-foible ; elle ne sauroit même durer long-temps; mais on ne peut disconvenir qu’elle ne puisse exister sans l'in- fluence du cœur, puisque le sang noir est bien porté, sans agent d’impulsion, des intestins au foie : d’où il résulte que la cessation du battement du cœur n’est pas une preuve de l’immobilité du sang, comme quel- quesauteurs l’ont prétendu. 4°. On sait que, dans plu- sieurs animaux des dernières classes, le coeur n'existe À SANG ROUGE. 253 pas, quoiqu'il y ait des vaisseaux distincts et des fluides circulans, L'importance du rôle que le cœur joue dans l’éco- nomie animale n’est relative qu’à l'impulsion géné- rale qu’il communique à tous les organes, qu’à l’ex- citation habituelle dans laquelle il les entretient par celte impulsion. Ce n’est pas lui qui leur envoie les malériaux de la sécrétion, des exhalations ét de la nutrition ; il ne fait, sous ce rapport, que leur trans- mettre ce que lui-même recoit du poumon. $ Il. Réfleæions sur les usages généraux de la _ circulation. Ceci nous mène à quelques réflexions sur les diffé- rences générales des usages des deux circulations, dif- férences qui établissent bien la nécessité de présenter la fonction unique qui en résulte sous le point de vue sous lequel je l’ai indiquée, et non sous celui en usage dans les traités de physiologie. Voici ces différences. Usages généraux de la circulation à sang rouge. C’est la circulation à sang rouge qui fournit uni- quement la matière des sécrétions, excepté celle de la bile, fluide qui cependant mérite un examen ulté- rieur. C’est dans cette circulation que les exhalans sé- reux, cellulaires, cutanés, médullaires,etc., puisentles fluides qu'ils transmettent sur leur surface respective. Tous les vaisseaux qui portent la matière de la nu- irilion des organes sont aussi continus aux artères, el par conséquent leurs fluides proviennent du 52e rousse. Dans les organes mêmes auxquels le sang noir AA comme be le poumon et dans le fois il 254 SYSTÈME VASCULAIRE y a des vaisseaux à sang rouge manifestement+desti= nés à Ja nutrition. Cest le sang rouge qui communi- que aux organes de tout le corps cette secousse gé- nérale nécessaire à leurs fonctions, secousse si mani- feste au cerveau. La circulation à sang rouge est doné la plus importante , celle d’où dérivent les ‘grauds phénomènes de l’économie. Usages généraux de la circulation à sang noir. La circulation à sang noir au contraire, étrangère à toutes les fonctions, ne semble destinée, pour ainsi dire , qu’à réparer les pertes que le sang a faites dans la précédente. Remarquezen effet qu’unepartie con- : sidérable du sang rouge est dépensée pourles exhala- tions, les sécrétions et la nutrition. Les principes qu’il avoit empruntés dans le poumon et qui lui donnoient une couleur rutilante, ont été laissés dans le système capillaire général. Il faut donc que le sang noirrecoive ce que l’autre a perdu : or, une foule de substances sont versées dans le grand canal qui le contient. Ces substancessontintérieures ou extérieures. 1°. Lesgros troncs des absorbans versent continuellement la lym- phedutissucellulaireetdes surfaces séreuses, lerésidu de la nutrition de tous les organes, la graisse, la syno- vie et la moëlle surabondantes. Tout ce qui du dedans doit être rejeté au dehors, est préliminair emenl versé dans le sang noir. 2°. Tout ce qui entre du dehors au dedans est aussi recu par lui. Le chyle, produit de Ja digestion, est d abord constamment porté dans le canal général, où il circule. En second lieu , c’est à lui que se mêlent les substances aériennes qui tra- versent le poumon dans l’acte respiratoire, Enfin, A SANG ROUGE. 255 quand il se fait des absorptions cutanées ou mu- queuses , le sang noir est Loujours le premier quien recoit le produit. Il résulte de là que la circulation à sang noir est, pour ainsi dire, un réservoir général ou est versé en premier lieu Lout ce qui doit sortir du corps, ou tout ce qui y entre. Sous ce dernier rapport, elle joue un rôle essentiel dans les maladies : en effet il est hors de doute, 1°. que des substances nuisibles peuvent s’introduire avec le chyle dans l’économie, et y produire des ravages plus ou moins marqués en circulant avec nos humeurs. Pour cela, il suffit quela sensibilité organique des vais- seaux chyleux change : alorsilsadmettent ce qu’aupa- ravant ils rejetoient, comme par les changemens de leursensibilité organique,lesglandesséparent souvent des fluides qui leur sont ordinairement étrangers. 2°. Nous prouverons à l'article du système cutané, que souvent il est le siége de l’absorption des substances délétères. 3°. On ne sauroit douter qu’outre les prin- cipesqui colorent le sang, souvent il ne passe à travers le poumon des miasmes délétères qui causent des ma- ladies , comme l’ontprouvéd'ailleursmesexpériences sur l'asphyxie. Les intestins, le poumon et la peau sont donc une triple porte ouverte, dans beaucoupde cas , aux diverses causes morbifiques : or ces causes qui entrent ainsi dans l’économie sont toutes en pre- mier lieu recues dans le sang noir : ce n’est qu’en se- cond lieu qu’elles passent dans le sang rouge, Une preuve manifeste de cette assertion , c’est qu'on produit des phénomènes exactement analogues à ceux qui en résultent , en versant artificiellement 256 SYSTEME VASCULAIRE danse sang noir ces substances qui s introduisent par les voies Haturses, Ainsiuneinfusion pur gative, émé- tique , faite dans les veines, elc. , occasionne des éva- cuations alvines et des vomissemens, comme lorsque des substances de cette infusion sont introduites par la peau en frictions. Les expériences d’une foule de physiologistes ne laissent aucun doute à cet égard. Je me suis convaincu qu'il est possible de donner aux animaux des maladies artificielles en faisant circuler avec leur sang diverses substances infusées par les veines. Je parlerai de ces essais à l’article du système glanduleux. Il me suffit de les énoncer ici pour éta- blir que le sang noir est un réservoir général où une foule de substances peuvent aborder , soit naturelle ment , soit accidentellement , et troubler ensuite les fonctions en passant dans tout le torrent circulatoire. On a exagéré sans doute la médecine humorale , mais elle a des fondemens réels ; et, dans une foule de cas, oune peut disconvenir que tout doit se rapporter aux vices des humeurs. Concluons de tout ce qui vient d’être dit jusqu’ict , 1°.quele rôle essentiel que jouela circulation du sang noir dans l’économie, est de pénétrer ce sang de dif- férentessubstancesnouvelles; 20. que celuidu système à sang rouge est de dépenser , au contraire, les prin- cipes quileconstituent. L’un va toujours en s’accrois- sant , l’autre toujours en diminuant: donner est l’attri- but du premier; recevoir ;, celui du second. Cet aperca, qui est de toute vérité, et qui est fondé sur la plus simple observation, me paroît grand et bien propre à établirencore une démarcation sensible entre les deux divisions que j'ai adoptées pour la circulation générale. À SANG ROUGE. 257 La santé suppose-un équilibre parfait entre les jertes qu'éprouve le sang rouge, et les recouvre- nens que fait le sang noir. Toutes les fois que cet quilibre est rompu, ik y a maladie. Si le sang noir eçoit plus que le rouge ne dépense , la pléthore sur: ent. Ce qu'on nomme appauvrissement des hu- neurs se mauifeste quand il sort du sang rouge plus le substances qu il n’en entre däns le sang noir. Voilà, je crois, assez d’attributs caractéristiques les deux grandes divisions de la circulation géné ale, pour justifier le point de vue; étranger aux au- res auteurs,, sous lequel je présente cette impor- ante fonction de l’écouomie animale, ARTICLE DEUXIÈME. Situation ; formes , disposition générale du Système vasculaire a ae) rouge. D'irnxs l de générale que nous avons donnée de l'un et l’autre systèmes vasculaires, voici celle que l’on doit se former dela position de celui à sangrouge dans l’économie animale. ne a La Le système capillaire du poumon donne nais- sance à une foule de ramuscules qui se réunissent bientôt en rameaux, puis en branches, et enfin en quatre gros troncs, deux pour chaque poumon, Ces troncs viennent s'ouvrir dans l'oreillette gauche; vers sa paroi supérieure, 2°. Celie-ci, nue dé ‘là droite par le nombre moins considér able de ses co- lonnes charnues, par sa moindre capacité , 2 par le 1, 18 258 SYSTEME VASCULAIRE prolongement plus grand de son appendice, qui est plus étroite que celle de l’autre, etc. , communique par une ouverture ovalaire garnie de valvuüles, avec le ventricule gauche , que l’épaisseur de’ses paroïs, li disposition de ses colonnes charnues, etc., dis- tinguent du droit. 3°. De ce ventricule part , en se recourbant , l'artère aorte, tronc commun d’où nais- - sent'tous ceux qui vont porter le sang rouge dans toutes les parties où ils aboutissent au système capil- laire général. Le premier arbre du système à sang rouge, le tronc du second et le cœur qui sert à les unir, se trouvent donc concentrés dans la cavité pectorale, tandis que les branches de ce second tronc sont ré- pandues parmi tous lés organes de l’économie , et jusqu’à toutes ses extrémités. C'est a-peu-près éntre de tiers supérieur du.conps et son liers inférieur ,:que se trouve l’agent.d'impul- sion du sang rouge , ou le cœur. Cette position n'est pas indifférente; elle met sous une influence plus immédiate de ce viscère les parties supérieures, Îa tête spécialement , dont tous les organes, el surtout le cerveau, exigent inévitablement une excitation ha- bituelle très-vive de la part du sang, pour entretenir leurs fonctions en activité permanente. Aussi rémar- quez que dans la gangrènesénile, et dans les autres af- fections qui dépendent de ce que le sang n’est point poussé avec assez de force à toutes les parties, c’est l'extrémité du pied qui s’affecte la première, et que la tête et les mains ne deviennent que plus tard le siége de la morüfication. En général, il ya une foule de différences entre les phénomènes qui se passent A SANG ROUGE, 259 dans les parties supérieures, el ceux qui ont lieu dans les inférieures. Nous verrons dans le système der- moïde, que la portion du système capillaire général qui appartient aux premières est infiniment plus susceptible de se pénétrer de sang que la portion ap- partenant aux parties infétiente , comme le prou- vent l’asphyxie, l’apoplexie , la submersion, les di- verses éruplions cutanées, les injetions mêmes, qui dans les jeunes sujets noircissent plutôt la face que les parties inférieures : or , cette différence tient ma- nifestement au rapport de position des parties su pé- rieures et inférieures avec le cœur. Nous n’avons point de considérations générales à présenter ici sur le premier arbre et sur l'agent d’im- pulsion de la circulation à sang rouge. Eu effet, les considérations apparlenant au poumon et au cœur seront exposées dans l’Anatomie descriptive. C’est donc spécialement le second arbre , ou l’arbre arté- riel , dont les formes vont nous occuper. Il faut dans cet article en examiner successivement l’origine, le trajet et la terminaison. S I. Origine des Arières. Cet article comprend l’origine de l’aorte au ven- tricule gauche, celle des troncs qui en naissent, puis celle FA branches, rameaux et ramuscules qui par- tent les uns des autres. Origine de l’Aorte, La plupart des auteurs on! décrit d’une manière inexacte le mode d'union de ce gros tronc artériel 260 SYSTÈME VASCULAIRE avec le cœur. Voici ce mode : la membrane interne: du cœur à sang rouge, après avoir tapissé son ven= tricule, s'approche de l'ouverture aortique, s'y en- gage, forme en se repliant les trois valvules semi- luvaires , et se prolongeant ensuite dans l'artère, la revêt dans toute son etendue. C’est cette membrane interne qui est le seul mode d'union de l'artère avec le cœur. La membrane propre ou fibreuse ne s'iden- tifie point avec les fibres de celui-ci. Son extrémité est découpée en trois festons demi- circulaires, lesquels correspondent à chacune desvalvules sigmoïdes qu’ils souliennent. Ces festons ne vont point jusqu'aux fibres charnues : il y a entr'eux et elles un mtervalle de deux ou trois lignes que la membrane interne bouche seule. Entr’eux et par conséquent entre les valvules, on aperçoit trois petits espaces triangu- laires vides , et que la membrane remplit aussi. Pour bien distinguer cette structure, il faut disséquer exac- tement l’origine de l'aorte en dehors, et la bien dé- pouiller du tissu graisseux qui l’environne. Alors en fendant cette artère et le ventricule , et en exami- nant contre le jour la réunion de l’une avec l’autre, après avoir préliminairement enlevé les valvules, on distingue très-bien par la transparence de la mem- brane interne et l’opacité des trois festons qui com- mencent l'aorte , la disposition que je viens d'indi- quer. Il suit de là que , si l'artère étant exactement disséquée à l'extérieur ; on vient à détacher de basen haut la membrane interne qui forme le grand canal de la circulation à sang rouge, l'artère se sépare entièrement du cœur. Cet isolement entier des fibres aortiques d’avec celles du cœur , seroit déjà À SANG ROUGE. 261 une forte présomption pour penser que leur nature n’est pas la même, si une foule d’autres consi- dérations ne l’établissoient de la manière la plus évi- dente. | . Origine des Troncs, des Branches, des Ra- meaux , elc. Ainsi née du ventricule gauche , l’aorte se divise presque aussilôt en deux portions, l’une ascendante, qui va gagner le cou, la têteet les membres supérieurs ; l’autre descendante, qui se porte à la poitrine, au bas- ventre et aux membresinférieurs: La première, sub- divisée tout de suite en quatre troncs principaux , diffère sous ce rapport de la seconde, qui forme un tronc long-temps unique. Celle-ci , devant parcourir un trajet beaucoup plus long que l’autre, conserve plus efficacement, par cette disposition, toute la somme de mouvement qui est imprimée au sang par le cœur ; ce qui n'empêche pas cependant que, vu la moindre distance, l'impulsion ne soit plus vive. ment réssenlie par les organes supérieurs que par les inférieurs, comme je l’ai dit plus haut. A la partie su- périeure du bassin , l’aorte se divise en deux troncs secondaires. Bientôt après, les subdivisions commen- cent sous le nom de branches, et se multiplient en- suite sous celui de rameaux , ramuscules, etc. Les anatomistes mathématiciens ont exagéré le nombre des subdivisions artérielles. Plusieurs l'ont porté à cent pour une seule artère : Haller le réduisit à vingt,et même à moins. Pour s'assurer sur ce point de ce qui est dans la nature, il faut prendre les ar- tères à leur origine et suivre leur cours sous une mem- 262 SYSTEME VASCULAIRE brane séreuse, sous le péritoine par exemple, où elles sont par-tout très-apparentes:on ne voit pointalorsque les subdivisions surpassent le nombrefixé par Haller; je m'en suis souvent assuré. Au reste, l'inspection d’un animal vivant, dont l’abdomen est ouvert, est presque le seul moyen que l’on puisse employer ici sans crainte d'erreur. Trop grossières en effet, les in- Jections ne remplissent pas tous les ramuscules: trop fines, elles peuvent passer dans les vaisseaux exha- lans, et communiquer à toute la surface séreuse une couleur qui ne lui est point naturelle. Il est pres- que impossible d'atteindre, avec les injections , le point précis de la circulation naturelle. Pour vous en convaincre, injectez un chien, et ouvrez l'abdo- men d’un autre de même taille; vous verrez cons- tamment dans l’un plus ou moins de vaisseaux in- jectés que l’autre n’en présente de pleims de sang. J’ai fait souvent cette expérience dans le temps où je m'occupois à démontrer l’insuffisance des injec- tions, soit fines, soit grossières, pour connoitre la quantité, de sang d’une partie quelconque, En se divisant, les artères forment entr’elles des angles très-variables. Tantôt droits, comme aux in- tercostales moyennes , tantôt obtus, ce qui est plus rare, Comme aux intercostales supérieures , ils sont le plus souvent aigus, particulièrement äux mem- bres. La naissance de l'artère spermatique offre l'ex- trême de ce dernier mode d’origine. On remarque en général que par-tout où ily adeux divisions, l'une est plus volumineuse. Elle suit la di- rection primitive du tronc principal, dont l'autre s'é- carte plus où moins, À l’intérieur une saillie formée A SANG ROUGE. 263 par le repli de la membrane interne de l'artère, cor- respond à l’angle rentrant externe, el rompant la co- lonne de sang, favorise le changement de son cours. Cette saillie présente une disposition très-variable et qui dépend de l’angle d'origine. 1°. Si cet angle est droit, elle a une disposition circulaire et se trouve également prononcée dans toute la circonférence. 2°, Si l'angle est aigu , comme à Ja mésentérique,alors celle saillie est très- prononcée eutre la branche qui naît et la continuation du tronc; elle forme même une espèce d’éperon demi-circulaire; mais entre le tronc lui-même et la branche qui en naît , à la réu- pion desquels est un angle obtus, celte saillie est peu marquée. Plus cet angle est obtus , et plus par consé- quent l'opposé est aigu, moins celle seconde saillie est seasible : elle a comme l’autre une forme demi-cireu- laire , fait en se réunissant avec elle un cercle entier qui est oblique ; de manière que la portion qu’elle re- présente est plus près du cœur que celle qui est repré- sentée par l’autresaillie. 3°. Sil'angle d’origine estaigu, et par conséquent que celui forme par la branche avec la continuation du tronc soit obtus, les choses sont disposées d'une manière inverse. Il y a, à l’em- bouchure de l'artère, un cercle oblique HN la moi- tié saillante est plus près du cœur, et l’autre moitié plus éloignée. | L'origine des troncs artériels est en général assez constante ; mais celle des branches est tellement va- riable , qu’à peine deux sujets offrent-ils sous ce rap- port la même disposition. Prenez par exemple l’hy- pogastrique : il seroit impossible de vous former la moindre idée de ses branches si, négligeant la ma- 264 SYSTÈME VASCULAIRE nière dont elles se séparent les unes des aütres , vous n’aviez pas uniquement égard à leür trajét et à leur distribution , pour vous en former une idée. Ces va- riétés sans nombre dans les formes sont un carac- ière remarquable de la vie organique à laquelle les artères appartiennent. Il faut placer ce caractère à côté de l’irrégularité constante des artères. Leur dis- tribution générale ne présente aucune symétrie, comme la distribution des nerfs de la vie animale, Celles même des membres qui se correspondent dif- fèrent fréquemment par le mode d’origine et le tra- jet de leurs branches. Les branches, les rameaux, etc. , naïssent à dés distances très-rapprochées les unes des autres. Il n’y a gu ère que artère carotide, l'iliaque primitive, etCe, qui parcourent un trajet un peu long sans rien four nir. Aussi les expériences où 1l est nécessaire d'intro- duire des tubesdans les artères, de lesouvrir, etc., ne peuvent guère se pratiquer que surla première de ces artères , les autres s’y refusant presque toujours , à cause des divisions qui en naissent et qui empêchent deles soulever dans une étendue un peu considérable. L'origine des troncs, des branches, des rameaux et ramuscules artériels, ne se fait point d'une manière graduée et nécessairement successive. Ainsi des ra- meaux, des ramuscules même, naissent également ‘et des troncs et des branches; par exemple les artères bronchiques, thymiques, etc., partent de l'aorte, et cependant elles n’ont pas un volume aussi considé- rable que la plupart des divisions de la uibiale , la- quelle n’est elle-même qu’une troisième division de l'aorte, A SANG ROUGE. 265 $ II. Trajet des Artères. Dans leur trajet , les artères présentent des diffé- rences, suivant qu'on observe les troncs, les bran- ches et les rameaux. Trajet des Troncs et des Branches. Les troncs sont les premières divisions continues aux deux grandes portions de l'aorte : telles sont en haut les carotides internes et les externes , les sous- clavières, etc.; en bas les iliaques , les hypogastri- ques, etc. En général ils sont logés dans des intervalles larges, fort celluleux, comme dans laine, l'aisselle , le cou, les côtés du bassin, etc. En se divisant, ils forment les branches que reçoivent des intervalles moins cousidérables , plus étroits , et qui sont par conséquent plus immédiatement exposées à l'in- fluence des organes voisins. Les uns et les autres se trouvent recouverts presque par-toul par une épais- seur de parties qui les met à l’abri des lésions extérieu- res. Outre cet abri queles parties voisines , et particu- lièrement les muscles, leur fournissent, elles y accéle- rent encore la circulation du sang par leur action, et réciproquement le mouvement des troncs artériels , impriment aux organes voisinset même à tout le mem- bre , un mouvement sensible, une secousse qui en en- tretient l'énergie vitale. Cette secousse, souvent dif- ficile à observer, devient quelquefois trés-sensible à Ja plus simple inspection. Lorsqu’on appuie le coude sur une table, et qu’on tient à la main un corps d’une certaine longueur, on voit son extrémité vaciller, s’é- lever et s'abaisser un peu à chaque pulsation. Si l'on 266 SYSTÈME VASCULAIRE croise les jambes préliminairement fléchies sur les cuisses, on remarque un soulèvement spontané dans celle qui est soutenue. Ici se rapporte aussi le mou- vement cérébral, celui qui est communiqué aux tu- meurs qui se trouvent situées.sur le trajet d’une grosse artère , etc., els Les troncs et les branches sont accompagnés de veines , et environnés en général de beaucoup de graisse , circonstance qui a paru favorable à l’opi- nion de ceux qui regardent ce fluide comme exhalé par les porosités des artères. Nous avons dit ce qu'il falloit penser de cette opinion. La direction varie dans les troncs et les branches. Ordinairement droite dans les troncs , comme dans les carotides, les iliaques primitives et abdominales, elle rend la circulation moins sensible. Lorsque ces troncs sont mis à nu sur un animal vivant, on n’y voit en effet aucune espèce de locomotion, comme là où les courbures sont très-marquées. Il y a cepen- dant quelques exceptions à cette règle pour la direc- tion des troncs; la crosse de l’aôrte en est nn exem- ple, comme encore la carotide interne qui offre de nombreuses courbures, qu’on croit faussement né- cessaires pour que le choc du sang ne produise point de dérangement dans la substance délicate du cer- veau. Plus flexueuse dans les branches, cette direc- tion donne lieu à la locomotion artérielle qui cons- üitue presque exclusivement le pouls, selon beaucoup de médecins. Trajet des Rameaux, des Ramuscules , etc. Tandis que les troncs occupent les grands inter- A SANG ROUGE. 267 valles que plusieurs organes laissent entr'eux;, que les branches se logent dans les intervalles plus étroits qui séparent deux organes particuliers , les rameaux se trouvent placés dans l'intérieur de ces mêmes organes sans cependant entrer dans leur structure intime, Ainsi, aux muscles, ils sont interposés entre les fibres; au cerveau, dans les circonvolutions; aux glandes, entre les lobes qui les forment, etc. Par eux, un mouvement inteslin communiqué à tout l'organe , facilite ses fonctions, en entretenant son activité par- tielle , comme le mouvement dont je parlois plus haut entrelient l’activité générale de la partie. Au reste la cessation subite de la vie, quand le sang cesse d’é- branler le cerveau , prouve l’immédiate connexion qu'a ce mouvement inteslin avec son énergie. Aussi remarque-t-on que la vie est bien plus active par-tout où les artères sont très-multipliées, comme aux mus- cles , à la peau, aux surfaces muqueuses, etc. ; tandis qu’au contraire ses phénomènes sont moins forts et plus obscurs dans les organes peu vascu- leux , comme dans les tendons, les cartilages , les os et les autres parties blanches. Dans les rameaux, les flexuosités sont beaucoup plus marquées que dansles branches.Lesinjectionsles rendent fort sensibles,surtout au cerveau;maiscomme elles dépendent principalement du tissu cellulaire, elles disparoissent en partie si on en isole le vaisseau de toutes parts. Ces flexuosités diminuent-elles la ra- pidité de la circulation, et la rectitude des artères augmente-t-elle cette rapidité autant que le disent les physiologistes? Je crois qu’on a exagéré les effets de la direction des artères : en voici les preuves, 268 SYSTÈME VASCULAIRE 10. Si sur les animaux.vivans on met à découvert les organes creux, comme l'estomac, lesintestins, ete., - alternativement dans l’état de plénitude et dans celui de vacuité, j’atremarquéquelacirculation est presque également rapide dans l’un et dans l’autre cas, quoi- que cependant la plénitude rende presque droits les vaisseaux de ces organes , et que la vacuité, en les forçant à se replier, augmente leurs courbures, 2°. J'ai ouvert l'artère carotide d’un chien , et après avoir observé la force du jet sanguin , les deux côtés de la poitrine ont été intéressés ; aussitôt les poumons se sont affaissés et par conséquent les flexuosités de leurs vaisseaux ont augmenté; malgré cela aucune diminution dans la force avec laquelle Le sang s’é- chappoit de l’arière, après avoir traversé le poumon, n'a été sensible sur-le-champ. Ce n’est que peu à peu que le jets’est ralenti par l'influence des causes qu'il n’est pas de mon objet d'examiner. 3°. Si, chez un autre animal, une artère étant ouverte, on ouvre aussi la trachée-artère, et qu'avec une seringue adaptée à l'ouverture on pompe subitement tout l'air que con- tient le poumon, cet organe est réduit tout à coup à un Lrès- petit volume : les vaisseaux doivent donc être ioul à coup irés-repliés sur eux-mêmes, et cependant j'ai observé que dans ce cas:le PEN t dé l'artère ou- verte avec autant de force qu ‘auparavant , pendant un temps encore assez long. 4°. Enfin après avoir ouvert l'abdomen d’un animal vivant, j’ai alternati- vement plissé et étendu le mésentère dont plusieurs artères avoient été préliminairement ouvertes; au- cune différence n’a été sensible pour le jet sanguin, dans l’un ou l’autre cas. À SANG ROUGE. 269 Concluonsde toutes ces expériences,que l'influence de la direction des artères sur le cours du sang est beaucoup moindre qu’on ne le croit communément, et que tous les calculs des médecins mathématiciens sur lé retardement du sang né de cette cause, repo- sent sur des fondemens peu solides, Sans doute lors- ‘qu’on ploie fortement l’avant-bras, le pouls s’afloi- blit, s'arrête même, et c’est une précaution essen- tielle à prendre, que de tâter le pouls le membre étant étendu; mais ce phénomène ne dépend pas du coude que l'artère forme ; il tient à ce que les chairs qui la pressent rétrecissent son calibre et loblitèrent même. Cela est si vrai, que les diverses flexuosités de Ja ca- rotide interne sont beaucoup plus sensibles que la flexuositéunique que forme alors la brachiale , et que cependant la circulation s’y fait très-bien. D'ailleurs ouvrez une artère intercostale qui éprouve peu de courbures, le jet du sang ne sera pas plus fort que celui fourni par la radiale , etc. Si tont le système artériel étoit vide , et que le sang partant ‘du cœur le rem- plitsuccessivement, à mesure que ce fluide heurtéroit contre les flexuosités artérielles, il pourroit sans doute éprouver quelque retardement, C’est pour cela que dans nos injections uue artère flexueuse se remplit moins promptement;que laspérmatique,par exemple, reste souvent vide. Mais dans un assemblage de tubes pleins de fluide, cela est tout différent:le choc recu au commencement de cet assemblage se propage subite- ment dans toutesles cavités qui le forment, et non une progression successive, comme je le dirai bientôt. Les flexuosités artérielles sont accommodées aux étais divers où peuvent se trouver les organes. On 2779 SLSIEMEL VASCULAIRE les voit très marquées dans ceux quisont sujets à une dilatation et à un resserrement alternatifs, par exem- ple, aux intestins, aux lèvres et dans toute la face. Chez le fœtus, où le testicule est dans le bas-ventre, l'artère spermalique est très-flexueuse. Quand cette glande descend , l'artère se déplisse et prend la recti- tude qu’on lui trouve chez l'adulte. Dans les mouve-. mens de la matrice, de la vessie, du pharyex , de la langue ,.etc., ces flexuosités jouent un rôle important pour l'intégrité de ces organes. Dansles fractures de la mâchoire inférieure ,elles préviennent la rupture de l'artère qui traverse cet os, rupture que les déplace- mens détermineroient sans elles. Par elles le système artériel est maintenu intact dans les mouvemens violens et souvent forcés qu'exécutent les membres, L’extensibilité des artères seroit insuffisante pour se prêter à ces mouvemens : en effet lorsqu'une artère longitudinale s’est étendue, son diamètre se rétrécit. En s’accommodant aux mouvemens de nos parties, les vaisseaux nuiroient donc à la circulation , parce qu'elles offriroient moins d’espace au sang pour se mouvoir. Voilà pourquoi au niveau de toutes les parties sujettes à des distensions et à des resserre- mens alternatifs, les artères constamment flexueuses peuvent sans que leur extensibilité y soit pour rien, passer à des degrés très-différens d’étendue. Je re- marque à ce sujet que la locomotion des artères, ob- servée par Veitbrecht, est infiniment plus sensible dans le temps de la contraction des organes creux, ou dans celui de la flexion des membres ,que pendant la dilatation des uns ou l'extension des autres. J'ai fait constamment cette remarque sur les animaux A SANG ROUGES 271 vivans. On peuten vidant ou en distendant les in- testins, l'estomac, la vessie, etc., faire battre plus ou moins fort leurs artères, ecc., etc. Anastomoses des Artères dans leur trajet. | On nomme anastomoses la réunion de plusieurs branches qui confondent les colonnes de sang que chacune conduisoit El y a deux modes d’anastomo- ses ; Lantôt deux 4ronos égaux s'unissent , tantôt un tronc volumineux se joint à une branche plus petite. Le premier mode a trois variétés, 1°, Deux troncs égaux se réunissent quelquefois à angle aigu , pour n'en former plus qu'un seul : c’est ainsi que chez le fœtus le:canal artéviel et l’aortese confondent ; que les deux vertébrales donnent naissance au tronc'ba- silaine jretc. , etc. 2°. Deux troncs communiquent en certainsendroits par unebranche transversale : telles sont les deux cérébrales antérieures ; avant de s’en- gâger entre. les hémisphères. 3°. Deux troncs s’a- bouchent ‘en formant une ‘arcade : les mésentéri- ques sont dans ce: cas ; alors les branches naissent de la'convexité de cette arcade. Onivoit par là que des 4rois modes d’anastomoses entre des branches égales, ilén est un où deux colonnesde sang , confondues en une seule, prennent une direction moyenne aux deux primitives; unautre dans lequel deux colonnes suiventitoujours leur direction première , en com- muniquant seulement ensemble ; «enfin un dernier daos lequel ‘deux colonnes se heurtent par leurs ex- trémités en sens opposé, et oùle sang s'échappeen- suité par les vaisseaux secondaires. “Le second mode d’anastomoses est celui des brau- 272 SYSTÈME VASCULAIRE ches considérables avec d’autres plus petites: il est extrêmement fréquent , surtout aux membres; il n’a “point de variétés. TE _ C’est presque toujours dans les régions éloignées du cœur que les anastornoses se rencontrent. On n’en trouve presque aucune dans les troncs qui naissent de l'aorte. Elles commencent à devenir fréquentes dans les branches, comme dans les mésentériques, les cérébrales, etc. Plus les rameaux se subdivisent, plus elles deviennent multipliées. Dans les derniers ramuscules , elles sont en si grand nombre, qu'il en résulte un réseau inextricable. Cette disposition est accommodée à la facilité de la circulation, que les anastomoses favorisent dans les endroits où le mou: vement du sang est sujel à éprouver des obstacles. . C’est pour cela que dans les cavités où l'influence des parties voisines sur le mouvement est moins sen- sible, les anastomoses deviennent plus fréquentes, comme au cerveau , à l'abdomen , etc.; tandis qu’elles sont plus rares dans les interstices musculeux des membres, etc. Ce n’est donc point un arbre à bran- ches isolées que forme le système artériel, mais un - arbre dont toutes les parties communiquent en- semble , d’autant plus fréquemment qu'elles s’éloi- gnent davantage de l’origine. Le but principal des anastomoses , celui de sup- pléer aux obstacles que le sang éprouve dans son cours , est rempli dans une foule de cas. Ainsi après la ligature d’une artère blessée ou devenue anévris- matique , après l’oblitération spontanée d'un de ces vaisseaux, on voit les anastomoses entre des bran- ches minces, au-dessus et au-dessous de cette obli- A SANG ROUGE. 293 tération ou de cette ligature , continuer la circula- tion dans la partie. Ces collatérales auymentent alors souvent beaucoup de volume; mais plus souvent encore , ce sont les vaisseaux capillaires qui presque seuls entretiennent le cours du sang. Les anastomoses supposent donc la vitalité des ar- tères. C’est parce que ces vaisseaux ne sont point inertes , mais qu'ils agissent eux-mêmes sur le fluide qu'ilscontiennent, que les phénomènes circulatoires sont sujets à tant de variations, que souvent , et sur- tout par l'influence des passions , le spasme de leurs extrémités, principalement des capillaires, oblige le sang de refluer d’un autre côté, reflux que les anas- tomoses favorisent. Ce reflux est encore nécessaire daos les inflammations, dans les engorgemens divers de nos organes , etc. Comment la circulation pour- roit-elle se faire si tousles rameaux alloient, sans com- muniquer entr'eux, à leur destination respective ? Le moindre embarras n’y occasionneroit-il pas une stase funeste ? | Je remarque à ce sujet que lesanastomosesoffrent la première preuve d’une vérité quenous démontrerons bientôt plus en détail , savoir, que dans les grostroncs, le sang est spécialement. influencé par le cœur , et qu'il l'est exclusivement par les parois vasculaires dans les capillaires. En effet, c’est parce que la vitalité des artères est tout pour le mouvement des dernières divisions, que les moindres altérations qu’elles éprou- vent donnent lieu à une foule d'engorgemens qui né- cessitent inévitablement les anastomoses ;- lesquelles sont précisément très-multipliées à la fin de l'arbre ar- tériel. Au contraire, la vitalité des troncs n’influençant I. 19 274 SYSTEME VASCULAIRE presque pas le sang, celui-ci est sujet à éprouver de moindres obstacles en les traversant : ii a donc moins besoin des anastomoses, qui en effet y sont plus rares. Si la moindre cause, la moindreirritation détermi- noient le spasme des troncs, comme elles produi- sent celui de leurs dernières divisions , il seroit né- cessaire qu'ils communiquassent aussi fréquemment ensemble. Une texture charnue dans les grosses ar- tères, et des propriétés vitales analogues aux muscles involontaires , auroient inévitablement nécessité ces auastomoses multipliées , parce qu’une foule de cau- ses influençant ces sortes de muscles, ils peuvent à tout instant augmenter d’une manière contre nature leur contraction, rétrécir leur calibre, et gêner la progression des fluides qui les traversent. Formes des Artères dans leur traÿel. Plusieurs médecins de ce siècle ont envisagé chaque queartère comme formant un cône dont la base est du côté du cœur, et dont le sommet est tourné vers les extrémités. Mais si l’on en examine une prise entre l’origine de deux branches, soit après l'avoir injectée, soit en la coupant perpendiculatrement dans son état de vacuité, soit en la mesurant lorsqu'elle est pleine de sang , on la trouve toujours cylindrique. Sans doute que, considérée dans toute son étendue, elle prend uue forme conique , effet de sa diminution successive par les rameaux qu’elle fournit ; mais dans ce sens c’est moins un cône qu’une suite de cylin- dres successivement ajoutés les uns aux autres, et toujours décroïssans. Cousidéré dans sa disposition générale , le système À SANG ROUGE, 270 ‘artériel représente au contraire, comme je l’ai dit, un cône absolument inverse, c'est-à-dire ayant sa base à toutes les parties, et son sommet au cœur ; en sorte que l'aorte à un diamètre moins considérable proportionnellement , que celui de la somme de tous çes rameaux réunis. On en acquiert la preuve en comparant un tronc avec deux branches qui lui suc- cèdent : celles-ci le surpassent en diamètre, et le rap- port étant toujours le même dans toutes les subdivi- sions , on conçoit que la capacité du système artériel va loujours en augmentant. Ce rapport des troncs et des rameaux a été exa- gére cependant par les physiologistes mathématiciens, qui attribuoïent aux derniers sur les premiers une prédominance beaucoup plus grande qu’elle ne l’est effectivement, Une cause d’erreur sur ce point peut être de mesurer les artères à leur extérieur après les avoir injectées : en effet le calibre des troncs est plus considérable, proportionnellement à leurs parois, que celui des rameaux isolément examinés ; c’est-à- dire que , toutes choses égales d’ailleurs, l'aorte a des parois moins épaisses, relativement à sa cavité, que l'artère ciibitale ; de là même, sans doute, et la rareté des anévrismes dans les branches , et leur fréquence dans les troncs, su-tout quand ces maladies tiennent à une cause locale ; car si elles sont l’effet d’un vice général , souvent les petites artères, la radiale spé- cialement, sont aussi affectées, comme j'en ai vu déjà deux exemples. Cette observation sur les propor- tions des parois arterielles prouve l'impossibilité de jueer les rapports de diamètre entre les uns et les autres, à moins de les examiner à leur intérieur. 276 SYSTEME VASCULAIRE Au resle , ces rapports sont nécessairement foré variables , selon que les forces vitales, qui varient elles-mêmes si prodigieusement , augmentent ou ré- trécissent le calibre des petites artères; et sous ce point de vue , cetexamen ne peut présenter l’impor- tance qu’y altachoient les anciens , dont les ouvrages sont hérissés de calculs multipliés sur ce point. 6 II. Terminaison des Artères. Après s'être divisées, subdivisées, et avoir offert dans leur trajet les particularités que nous venons d'examiner , les artères se terminent dans le système capillaire général. Montrer où ce système commence et où les artères finissent, c’est chose difficile. On peut bien établir que c’est là où le sang cesse d’être entièrement sous l'influence du cœur, pour ne cir- culer que par l'influence de la contractilité orga- nique insensible des parois vasculaires; mais com- ment rendre sensible à l'œil cette ligne de démar- cation ? Les auteurs, en traitant de la terminaison des artères, ont considéré leur continuité avec les ex- créteurs , les exhalans, les veines, etc.; mais il est évident que le système capillaire général est intermé- diaire aux artèreset à ces vaisseaux. Ainsi je traiterai de leur origine en parlant de ce système , lequel est répandu dans tous les organes , mais présente des dif- férences essentielles suivant les différens systèmes , sous le rapport de sa continuité avec les artères. En effet, 1°. 1l est des systèmes où ces vaisseaux se dis- tribuent en grande quantité, et où le système capil- laire général contient beaucoup de sang par conse- A SANG ROUGF,. 277 quent : tels sont le glanduleux , le muqueux, le cu- tané, les musculaires animal et organique ; etc. 20, D'autres systèmes ne reçoivent que peu d’artères, comme l’osseux , le fibreux, le séreux, etc., et n’ont par conséquent que peu de sang en circulation dans Ja portion du système capillaire général qui leur ap- partient. 3°. Enfin, les systèmes pileux,épidermoïde , cartilagineux , etc., dépourvus d’artères, ne contien- nent que des sucs blancs dans la division du système capillaire général qui y a son siège. ARTICLE TROISIÈM_E, Organisation du Système vasculaire à Sang rouge. $ I. T'ssus propres à celte organisation. Le sang rouge cireule , comme je l'ai dit, dans une membrane disposée en forme de grand canal, va- riable dans sa forme, étendue depuis le système ca- pillaire pulmonaire jusqu’au général, et offrant par- tout la plus grande analogie. À l'extérieur de cette membrane, la nature a ajouté une tunique fibreuse pour les artères , des fibres charnues pour le cœur, une membrane particulière pour les veines pulmo- paires. Je ne parlerai ici que de la tunique artérielle. Les fibres du cœur et lamembrane des veines pulmo- naires seront examinées, les unes dans le système musculaire organique, l’autre dans le système à sang noir. Quant à la membrane interne des artères, qui est aussi celle de tout le système à sang rouge, nous l’examinerons d’une manière générale. 278 SYSTEME VASCULAIRE Membrane propre des Artères. Cette membrane est dense, serrée , très-apparente sur les grosses artères, est moins sensible sur les der- nières divisions où elle se perd insensiblement., Sa couleur est ordinairement par-tout uniforme. Si les rameaux paroissent rouges sur les animaux vivans, et les troncs jaunâtres, cela dépend uniquement de la transparence des uns qui laisse voir le sang, et de l’opacité des autres. La couleur de la fibre artérielle est jaunâtre. Cependant elle prend, dans certains cas, un aspect grisätre. J'ai observé souvent dans des artères exposées à la macéralion, qu’elle rougit d’une manière très-sensible au bout de quelques jours, ou plutôt, qu’elle prend uneteinte rosée, très-analogue à celle des cartilages du fœtus et des fibro-carulages de l’adulte,soumis à la même expérience. Cependant ce résultat est moins constant dans les artères que dans ces deux systèmesoüil ne manque jamais. Quelquefois la membrave interne rougit aussi ; mais jamais l’ex- terne ou lacelluleuse ; au contraire, plus celle-ci reste dans l’eau, plus elle devient blanche. Quand la tu- nique fibreuse des artères a resté pendant quelque _ temps avec cette rougeur , elle la perd peu à peu si la macération se prolonge. Ce phénomène est souvent plus sensible dans les rameaux que dans les troncs. Par exemple, les artères de la base du crâne de vien- penttrès-souvent rouges sur le cadavre, en séjournant dans les fluides dont est humide cette partie. On voit, en ouvrant le crâne, cette rougeur qui n'appartient point au sang resté dans les cavités artérielles, comme on peut s'en assurer. A SANG ROUGE. 279 L'épaisséur de la membrane propre des artèresest très-marquée dans les gros troncs. Elle va toujours en diminuant ; circonstance qui la distingue essentielle- ment de la membrane interne, que j'ai trouvée pres- que aussi épaisse sur la tibiale que sur l'aorte. On à cru quesur certaines artères,commesurlescérébrales, la tunique fibreuse manquoit absolument. Il est hors de doute que: sur la vertébrale et la carotide interne elle estmoins épaisse à proportiôn, que sur des troncs égaux situés dans les imterstices musculaires : mais en examinant-attentivement cés artères, j'y ai mani- festement distingué des fibres cireulaires. La moindre épaisseur de leurs:parois influe:t-elle sur les épan- chemens sanguins; sifréquens au cerveau | comme on le sait? Je l'ignove:Ces épanchemens se font uni- quement dans les capillaires ; jamais les troncs n’en sont le siége: or, il est impossible d'examiner ces ca- pillaires. J'ai voulu inutilement chercher parles in “jections, les vaisseaux déchirés dans l’apoplexie. An reste celte hémorragie ne ressemble point à celle des membranes séreuses : ce n’est point un suintement à traverses exhalans des ventricales ; car ces cavités en sont très-rarement le siége unique, Presque ton jours-ces épanchemens arrivent daus la substance cérébralé même ; plus près en géneral.du Jobe posté: rieur que-de l’antérieur, Le cervelet'en est rarement affecte. Quand la protubérance annulaire lé devient, souvent il s’y fait de petits épanchemens partiels , et séparés par des cloisons médullaires restées intattes. Quant aux artères des autres parties du corps, leur membrane propre présenteen général une disposition assez uniforme. Cependant il m'a paru que dans l'in: 260 SYSTEME VASCULAIRE térieur des viscères, du foie, de larate, elle a un peu moins d épaisseur que dans les espaces intermuscu- laires, et même dans les muscles. Cette membrane est composée de fibres très-dis- tinctes, adhérentes les unes aux autres, faciles à sé- parer cependant, disposées par couches , de telle ma- nière qu’aprèsavoirenlevél'enveloppecelluleuse, on peut sans peine isolerlés unes des autres ces couches diverses ; ce qui a fai croire à plusieurs auteurs que les grosses artères étoient composées d'un:très-grand nombre dé tuniques. Les fibres:qui-forment ces cou- ches sontcirculaireson à-peu-prèssles plusextérieures paroissent s'altacher au tissu-cellulaire: dense qui est coptigu. En effet, en enlevant: celuï:ci, un nombre plus ou moins considérable li reste toujours attaché d’une manière intime, Quant::à la! membrane in- terne , elle ne paroït fournir aucune attache :-on l’en- lève avec une extrême facilité, sans emporter avec elle des fibres artérielles, Le mode d’adhérence deces fibres avec le tissu dense voisin me paroïtavoir beau- coup d’analogie avec l’origine des fibres musculaires organiques, lesquelles se. fixent, en un très-grand nombre d’endroits, au tissu soumuqueux. - Quand un rameau naît d’un-tronc, les fibres cir- culaires de celui-ci s'écartent et forment de chaque côte un: demi-anneau, d’où résulte un anneau com: plet, lequel embrasse les petits anneaux que forment les fibies circulaires. du rameau naissant. Ces fibres circulaires vont jusqu’à la saillie de la membranecom- mune qu’on voit au dedans de la cavité artérielle et dontnous avons parlé; en sorte que toute l'épaisseur de la membrane propre leur sert de soutien à leur A SANG ROUGE. 281 origine. Mais il n’y a que peu de continuité entre les deux espèces de fibres. Celles du rameau ne naissent point de celles du tronc ; c’est la membrane interne qui sert à les fixer les unes aux autres, ainsi que que!« ques fibres de communication. La dissection montre avec la plusgrande facilité ces rameaux enchatonnés, si je puis m’exprimer ainsi , à leur origine, dans l’an- neau qui résulte de l’écartement des fibres circulaires. On fait cette remarque à l’origine des intercostales et deslombaires sur l’aorte , etc. Quand deux troncs s’é- cartent avec une proportion égale degrandeur , com- me lesiliaques, lesdernièresfibres circulaires du tronc primitif qu’elles formoient s'entrelacent intimement avec l’origine'de chacun des deux plans circulaires qui naissent au niveau de l’éperon qui sépare cette ori= gine. Ainsi les derniers. anneaux de l'aorte ne peu- vent-ils bien s’isoler des premiers de chaque iliaque. Il n’y a point de fibres longitudinales dans les ar- tères. , | Quelle est la nature de la fibre artérielle ? Presque tous les anatomistes la croient identique à la muscu- laire. Mais pour peu qu'on examine altentivement les objets, il est facile de se convaincre de leurs dit- férences. Ce n’est pas sans doute le defaut de couleur rouge qui établit ces différences, puisque chez l’hom- me lui-même, quelques parties réellement muscu- Jleuses , comme les intestins, manquent de cette cou- leur. Mais le tissu musculaire est mou, lâche et fort extensible ; le tissu artériel , au contraire, ferme et solide , se rompt plutôt que de ceder. On peut l'observer en liant un peu fortement une artère. Les deux tuniques internes sont coupées : la celluleuse 282 SYSTÈME VASCULAIRE seule soutient l’effort de la ligature , qui cependant lui est immédiatement appliquée; on observe, en ouvrant l'artère, une section correspondante au fil, exactement semblable à celle qu’auroit faite un instrument tranchant. | J'ai répété souvent cette expérience ; indiquée par Desault, soit sur le cadavre, soit sur les animaux vivans : son résultat , qui est fort constant , explique la fréquence des hémorragies à la snite de l’opéra- tion de l’anévrisme. Il est hors de doute qu’il n’est aucun tissu aussi fragile, sije puis me serviride ce mot, que l’artériel ; aucun , par conséquent , qui soit moins propre à être embrasse par les ligatures. Pour- quoi faut-il que ce'soit le seul où il est nécessaire de les appliquer ? Ce phénomène seul distingueroit le üssu artériel du musculaire. En effet, l'expérience précédente, pratiquée sur une portion d'intestin ,où les fibres sont disposées comme les artérielles ; pro- duit un affaissement, un rapprochement de ces fibres, mais ne les coupe point. D’ aïlleurs , comparez les propriétés de tissu ‘des artères à celles des muscles ; comparez leurs pro- priétés vitales, en rapprochant les articles où je traite de ces propriétés ; mettez en parallèle leur dévelop- pement, et surtout les diverses altérations morbifi- ques auxqueiles tous deux sont sujets , vous verrez qu'il n’y a pas un seul rapport sous lequel ils pré- sentent la moindre analogie. L’anévrisme du cœur et celui des artères n’ont absolument de commun que le nom. Dans l’un , rupture des fibres artériel- les, dilatation de la tunique celluleuse ; dans l’autre, accroissement contre nature, développement réel À SANG ROUGE. 283 des fibres musculaires, qui conservent leur apparen- ce et leurs propriétes. Malgré la facilité avec laquelle se rompent, dansles cas d'anévrisme , les fibres artérielles, elles jouissent daus l’état naturel, d’une résistance et d’une forcetrès- considérables ; autre caractère distinctif du tissu charnu. Voici les preuves de cette résistance, qui s'exerce et dans le sens transversal et dans le longi- tudinal. 1°. Si on lie supérieurement l'artère caro- tide , et que l'on y pousse ensuite un fluide , il faut employer une force très:grande pour en rompre le tissu. La même chose artive lorsqu'on pousse de l’air au lieu d’un liquide. Souvent l’effort d’un homme est insuffisant pour opérer la rupture: aussi jamais Ja force du cœur ne peut-elle la causer subitement ; én sorte que la formation des anévrismes n’a lieu que par une action progressivement et longnement éxercée sur les parois artérielles ; encore je doute que ces tumeurs puissent sé former sans une altération préliminaire du tissu artériel, et par la seule forcé d’impulsion du sang contre les parois foibles des ar- tères. 2°. Larésistance de ces parois s'exerce aussi dans Je sens longitudinal. Si l’on tire à contre-sens les deux bouts d’une artère et d'un muscle , on obtient plus difficilement la rupture de la première, quand le ca- davre est le sujet de cette expérience comparative. Mis sur le vivant l’effet est opposé ; le vaisseau cède à une action très-forte exercée sur lui : il faudroit que cette action fût incomparablement plus grande pour diviser le muscle. Cette différence tient évi- demment aux propriétés vitales de celui-ci, qui se contracte violemment alors, tandis que l'artère ne 284 SYSTEME VASCULAIRE peut résister plus que par la nature de son tissu. Au reste celte résistance longitudinale à ladistension est moindre que la résistance latérale opposée à l’injec- tion : l’expérience le prouve, et:cela tient sans doute à ce qu'aucune fibre, dans le premier sens, ne se trouve directement opposée à l'effort. Cette résistance du tissu artériel , si différente.de celle du tissu veineux, est une conséquence néces- saire de la situation du cœur à l'origine des artères. En effet, cet organe poussant avec iris le sang dans leurs tuyaux, Fe y éprouver une force.capable de résisler aux grands efforts dont il est susceptible , lorsque sa contraclilité organique: sensible s’exalte. à un haut point. C'est là le grand avantage de la tex- ture artérielle. Que deviendroient.la Rat ES et toutes les fonctions qui en dépendent, si la moindre cause qui augmente l'effort da sang: pouvoit dilater leurs parois au-delà du degré nu ie ? Il falloitque leur texture rendit, pour ainsi dire, ces paroisindé- pendantes des degrés divers du mouvement du fluide qui y circule : d’où il suit qu’un cœur charnu et des artères résistantes sont deux choses qui se suivent inévitablement. Si la nature eüt doublé l’énergie du cœur , elle eût doublé aussi la résistance artérielle. Au contraire , les artères eussent été très-peu résis- tantes s’il n’y avoit point eu d'agent d’impulsion à leur origine : c'est précisément ce qui arrive dans, la portion hépatique de la veine porte, qui, par sa dis- tribution , est analogue aux artères. Pourquoi l’ar- tère pulmoraire celle moins épaisse et moins ré sistante que l'aorte? Parce que moins charnu , le ventricule droit est susceptible d'efforts moindres, À SANG ROUGE, 285 D'après ce que nous venons de dire , la membrane artérielle externese rapprocheroit desorganesfibreux qu'une extrême résistance caractérise, comme nous le verrons. Mais si l’on observe d’un autre côté que cette membrane se rompt par parties, s’enlève par couches et par écailles , dans la dissection, qu'elle est élastique et même sèche , si je puis m'exprimer ainsi, tandis que dans les organes fibreux tout se tient, tout forme un corpssolide, résistant, mais plus mou, plus difficile à revenir surlui-mème, on se con- vaincra que cette membrane externe est exclusive- ment propre aux artères; qu'elle n’a aucun rapport avec les autres systèmes, et qu’elle forme un tissu distinct et isolé dans l’économie. La texture à fibres régulières est la seule circonstance qui puisse, selon moi, faire croire à la nature musculeuse des artères; mais les ligamens sont fibreux aussi , les tendons le sont : qu’importent les formes à la nature intime ? Or, peut-on dire que cette nature est la même quand les propriétés physiques, quand l’extensibilité et la con- tractilité de tissu , quand la sensibilité et la contrac- tilité vitales, sont différentes? D'ailleurs l’action des différens réactifs sur Le tissu artériel prouve manifestement combien il diffère du musculaire. Il y a bien alors des phénomènes géné- raux communs à tous les solides; mais divers phé- nomènes particuliers sont distinctifs. On pourra s’en assurer en comparant l’article suivant à celui qui lui correspond dans le système musculaire. Action des divers agens sur le tissu artériel. L'action de l'air, en desséchant les artères, leur 266 SYSTEME VASCULAIRE donne une couleur d’un jaune rougeâtre, tres-foncé, et même noirâtre dans les gros troncs, plus claire dans les troncs plus minces. Ainsi séché, le tissu artériel est presque aussi dur que les cartilages dans le même état, extrémement fragile ; se rompant dans les gros troncs, avec un craquement qu'aucun autre tissu des animaux ne présente. C'est surtout dans cette pré paration qu’on voit combien l'enveloppe celluleuse des artères diffère de leur tissu propre. Cette enve- loppe reste souple ; elle est blanchâtre lorsqu'on l’enlève isolément. Replongées dans l’eau , les artères reprennent en partie leur disposition naturelle. En se desséc hant , le tissu artériel ne perd que très- peu de son épaisseur : c'est même un phénomène qui le distingue de ja plupart des autres tissus. Cela dé- pend du peu de flaide qu'il contient entre ses lames, circonstance qui elle-même paroi tenir à l’absence du tissu cellulaire. C’est une remarque qui est frap=- pante en ouvrant les lames artérielles, que l’espèce d’aridité qu’elles présentent , comparée à l’humidité où sont plongées les fibres musculaires. Exposées humides parmi les autres organes , à l’ac- tion de l’air , les artères se pourrissent avec beaucoup de difficulté. Leur tissu se rapproche, sons ce rap- port, de celui des cartilages, desfibro-cartilages, etc.; il est pendant un certain temps presque incorruptible comme eux ; lorsqu'on le laisse pourrir isolément , il donne une odeur bien moins feude que les autres tissus; moins d’ammoniaque paroît s’en dégager. Le défaut de fétidité est aussi très-remarquable dans l’eau où ont macéré des artères exactement isolees de tout tissu voisin. En comparant cette eau à celle A SANG ROUGE. 287 qui a servi à la macération des muscles, la différence est tranchante. Une preuve manifeste de la résis- tance des artères à la putréfaction et à la macération, c’est ce qu’on observe dans les viscères qui ont long- temps macéré ou qui sont pourris, comme dans le foie, la rate , les reins, etc. Dans l’un et l’autre cas, dansle premiersurtout,ces viscèressetrouventréduitsenune espècede putrilage. Eh bien! leurs artèresont conservé leur tissu encore très-dur , dans le ramollissement général, En enlevantavec précaution le putrilage ,on peut les suivre jusqu’à leurs dernières ramifications. Cette méthode de voir les artères est facile, soit que l'injection les remplisse, soit qu’elles se trouvent vides. Sur le vivant , ces vaisseaux sont aussi infi- niment moins susceptibles de putréfaction que la peau , le tissu cellulaire , etc. Une artère traverse souvent une partie putréfiée sans en éprouver d’alté- ration : cela se voit fréquemment dans les plaies d'armes à feu. Au bout d’un temps très-variable suivant le degré de température , le tissu artériel cède enfin à la mace- ralion et à la putréfaction. Dans le premier cas, il se ramollit peu à peu sans changer de couleur , perd l’adhérence de ses fibres, et se résout en dernier lieu en une pulpe presque homogène et grisâtre. Dans Je second cas il devient grisâtre d’abord, puis seréduit aussi en pulpe, et lorsque toute la portion fluide est évaporée, il laisse une espèce de charbon tout différent de celui qui reste après la putréfaction des muscles. En général , il faut beaucoup plus de temps,pour ra- mollir par la macération, que par la putréfaction , le tissu artériel : ce qui indique la supériorité de 286 SYSTEME VASCULAIRE l'action de l'air sur celle de l’eau dans la production de ce phénomène. Exposé au contact du calorique, le tissu artériel se crispe, se resserre et présente le racornissement au plus haut degré. Si on ajoute l’action de l’eau à celle du calorique, ce qui produit la coction, voici ce qui en résulte. 1°. Très-peu d’écume s’élève avant l’ébul- lition, du vase qui contient le tissu artériel; on diroit que ce tissu et le musculaire offrent sous ce rapport deux phénomènes opposés dans l’économie; le peu d’écume quele premier fournit est grisâtre. 2°. À l’ins- tant de l’ébullition, racornissement marqué, moindre cependant queceluidutissunerveux,plus sensible dans le sens des diamètres que dans celui de l’axe; endur- cissement concomitant de ce racornissement ; teinte jaunâtre du bouillon. 3°. Permanence de cet état pendant une demi-heure et plus, l’ébullition conti- nuant toujours. 4°. Ramollissement successif; mais en mêmetemps teinte grisâtre, succédant à la couleur jaunâtre; défaut d’adhérence entre les fibres, crois- sant à mesure que l’ébullition avance, et faisant qu'elles serompent avec une extrême facilité. 5°. Quelque pro- longée que soit l’ébullition, jamais le tissu artériel ne se réduitcomme le fibreux, le cartilagineux, etc., en une pulpe gélatineuse et jaunâtre. Les fibres restent telles qu'elles sont, dans le même rapport , avec le même volume, etc. Le défaut d’adhérence et le changement de couleur sont presque les seuls phénomènes qu'elles éprouvent. 6°. Le bouillon, produit de la coction, est insipide, fade même, preuve du peu de sels neutres que contient le tissu artériel. L'action des acides concentrés crispe ce tissu, le A SANG ROUGE, 259 ramollit ensuite, enfin le fluidifie sous forme de pui- pe, jaunâtre par le nitrique, noirâtre par le sulfu- rique. La plupart des autres ont une action moins sensible que celle de ces deux-là, Lorsqu'ils sont affoiblis, il n’y a point de racornissement à l'instant où on plonge l'artère dedans; mais son tissu se ra- mollit peu à peu, et devient susceptible de se rompre au moindre effort, comme après la coction. Jamais, quel que soit le séjour dans l'acide, il n'est réduit à l’état fluide. Les'alcalis, le caustique même, ont peu d’action sur le issu artérie] ; longtemps plongé dedans, ce tis- su reste presque intact, perd peu par sa dis-olution, pe se rompt point gomme après le sejour dans les acides affoiblis, etc. Membrane commune du Système à sang rouge. J'appelle ainsi celle qui tapisse, et les artères, et le çôlé gauche du cœur,et les veines pulmonaires. On la dissèque avec facilité sur ces deux derniers organes. Pour l'avoir isolée sur les artères , il faut intéresser par une section circulaire très-superficielle, le plan fibreux externe, renverser ce plan de bas en haut, et couche par couche ; on arrive alors à cette membrane interne , laquelle adhère très-peu à la précédente et peut s’en detacher sous forme de canal, dans une très-grande étendue. Elle en est distincte, 1°, par son extrême tenuilé, et par la transparence qui en résulte ; 2°. par sa couleur blanche ; car elle ne paroît jaune que parce qu’elle est appliquée sur la précédente ; 3. parle défaut absolu de fibres.Elle est lisse et à tissu uniforme comme les membranes séreuses, ainsi qu’on peut s’en 1, | 2a 208 SYSTEME VASCULAIRE assurer en l’examinaut contre le jour. Au reste, elle diffère essentieliement de ces membranes par l'espèce de fragilité qui la caractérise; elle se rompt et se dé- chire au moindre effort dirigé sur elle. Toute la ré- sistance des artères réside dans leur tunique fibreuse. Il paroït que cette membrane, quoique par-tout continue, présente cependant quelques différences de structure dansles diverses régions. 1°. Elle est ma- nifestement plus mince à l’intérieur du véntricule à sang rouge , que dans l'oreillette correspondante et dans lesartères. 2°. Elle se prête dans le cœur etdans les veines pulmonaires, à des dilatations bien plus grandes que celles dont elle est susceptible dans les artères, où elle se romproit inévitablement, ainsi que la membrane propre, si le sang pouvoit y déterminer des différences aussi grandes de volume , que celles qu'il produit dans ces organes. 3°. Quand on fait macérer le cœur pendant un certain lemps, celte membrave interne prend sur l'oreillette et sur les valvules mitrales, une blancheur extrêmement remar- quable, etqui lui est étrangère dans tout le reste de son trajet. 4°. Quant à l'action des différens agens, de l’air, de l’eau, du calorique, etc., elle me paroît être lamême par-tout , et ressembler entièrement à celle exercée sur la membrane propre. Seulement il m'a paru que dans les petites artères, le membrane commune se racornit plus que celle:ci, qui à cause de cela se ride à l'intérieur en différens endroits, quand on plonge un rameau entier dans l’eau bouillante; ce qui n’ar- rive pas dans les gros troncs, Ilest manifeste, d’après cela, que quoique par-tout continue, la membrane commune du sang rouge n’est A SANG ROUGF. 291 pas uniforme dans sa structure ; nous aurons occagion de faire une observation analogue pour les portions diverses des deux surfaces muqueuses générales. La surface interne de cette membrane est humec- tée sûr le cadavre par un fluide onctueux , qu’on trouve en plus ou moins grande quantité. Ce fluide existe-t-il sur le vivant ? sert-il à défendre la tunique artérielle de l'impression du sang? Il est difficile de le déterminer, On ne connoît aucun organe propre à le fournir ; il seroit dû aux exhalaus si son existence, que plusieurs auteurs ont admise ,étoit réelle. I] pour- roit bien se faire que cette existence fût, ou purement due à une transsudation cadavérique , analogue à celle de la bile ä travers la vesicale , ou le résultat d’un peu de sérosité #estée dans les artères après l’expuision du sang. Ce qui me le fait soupconner, c’est que ces artères privées de sang contractent d’intimes adhé- rences par leur surface interne ; Ce que devroit em- pêcher leur fluide, comme le fait celui des tubes mu- queux, lesquels cessant de transmettre leurs matières respectives, comme les excrémens par exemple , les fluides sécrétés , ‘etc., ne s’oblitèrent jamais à cause de ce fluide. Il paroît donc que c’ést la membrane elle-même , et non un fluide qui s’en échappe, qui sert à garantir l’ar- tère; elle ne peut sous ce point de vue être considé- rée par rapport au sang, que comme une espèce d’é- piderme. C'est elle qui par ses replis concourt spécia- lement à former les valvules aortiques, mitrales, les divers éperonsde l’origine des branches,rameaux,ete, La surface externe, foiblément unie à l’autre merm- brane, comme nous l'avons vu, n’a point un inter- 292 SYSTÈME VASCULAIRE médiatre cellulaire. Malgré ce peu d’adhérence, au- cun moycer, l'eau bouillante, la macération, la pu- tréfaction, etc., ne parviennent à produire le déta- chement de l’une et l’autre membranes, comme cela ar#ive pour le périoste ei l’os, qui sont naturellement bien plus unis entr'eux :il faut toujours le secours de la dissection, Quelle est la nature de cette membrane commune? Je l’ignore entièrement ; quoiqu’avec une apparence différente, elle a la plus grande analogie avec l’enve- loppe précédente, sous le rapport des propriétés, On ne pent les classer ni l’une ni l’autre dans aucun sys- tème. Elles forment un tissu à part dans l'économie, issu qui a des caractères exclusivement distineuifs. Quand on fait sécher isolément la membrane com- mune des artères, elle est infiniment plus souple que l'autre. Elle reste transparente, au lieu de prendre la teinte foncée de celle-ci. Quant aux phénomènes des autres réactifs, à part le racornissement , ils sont à-peu-prés les mêmes. Cette membrane est remarquable, entre tous les systèmes organiques, par lasingulièretendance qu'elle aàs ossifier chez le vieillard. Je puis assurer quesur dix sujets, il y en a au moins sept qui présentent des an- crustations au-delà de la soixantième annee. Ces in-. crustations,toujours étrangères à la membrane fibreu se propre; comméncent constamment à la surface ex- terne de celle-ci, dont elles envahissent la portion la plus extérieure; caril reste toujours sur l'incrustation une espèce de petite pellicule qui la sépare du sang, et qui appartient à la membrane; jamais la substance ter- reuse n’est immédiatement en contact avec ce fluide.- A SANG ROUGE. 293 Ces incrustalions ne suivent aucunement les lois de Vossification ordinaire, L'état cartilagineux ue les pre- “cède que rarement. La substance saline se dépose tout de suite à l'extérieur de la membrane commune par la voie des exhalans. C’est toujours par plaques isolées, plus ou moins larges, que cette exhalation se fait; ra- rement la totalité de l’artère forme un tube solide con- tinu ; en sorte que les portions membraneuses restées entre les plaques peuvent être considérées comme servant de liens articulaires , et que les artères, ainsi osseuses, sont composées d’une foule de pièces mobi- les lesunes sur les autres, et pouvant, jusqu’à un cer- tain point , se prêter au mouvement circulatoire. Tant que ces plaques restent minces, l’intérieur de l'artère est comme à l'ordinaire lisse et poli. Mais si beau- coupde substancesaline s’y dépose,alorsellesprennent plus d'épaisseur et font saillie en dedans. La pellicule mince qui les recouvre, et qui se continue sur l'artère, se rompt au niveau de leur circonférence: alors, elles n’adhèrent plus que par leur surface externe à la mem- brane propre. Leur circonference est par là inégale et rugueuse, S'il y en a un grand nombre dans l'artère, toute sa surface interne présente une foule d’aspérités produites par la rupture de cette lame extrêmement mince de la membrane commune qui recouvre les plaques osseuses. Cette disposition est surtout remar- quable à l'origine et même dans le trajet de l'aorte. J'en ai observé plusieurs fois dans les amphithéätrés. Depuis que je fais la médecine dans les hôpitaux, j'ai déjà ouvert trois ou quatre sujets qui m'ont offert celte disposition , dans lesquels le cœur étoit parfai- tement intact , et qui sont morts cependant avec la 294 SYSTÈME VASCULAIRE plupart des signes qui accompagnent les maladies de cet organe. La rupture de la pellicule mince qui fixe les plaques osseuses lorsque celles-ci grossissent, dé pend de la fragilité remarquable que nous avons ob- servée dans la membrane commune dont elle est une dépendance. Jamais je n’ai vu ces plaques osseuses se détacher entièrement, et devenir libres dans l'artère. Toutes les parties du système atériel sont sujet- tes à l’ossification. Elle paroît aussi fréquente dans les branches que dans les troncs. On sait com- bien il est commun de trouver la radiale ossifiée en tâtant k pouls chez le vieillard. Les ramuscu- les paroissent moins fréquemment le siége de ces incrustations, qui n'arrivent jamais dans le système capillaire ; circonstance qui me porteroit assez à croire que la membrane commune des artères ne s'étend point jusqu’à ce système , mais qu’elle dégeuère peu à peu en un tissu différent. Ce n’est pas seulement dans les artères que la mem- brane commune du système à sang rouge se pénèlre de substance saline : souvent cela lui arrive dans le cœur, surtout dans les valvules aortiques et mitrales.. Cela est plus rare à la surface interne du ventricule, de l’oreillette gauches et des veines pulmonaires. J'en ai cependant des exemples pour ces dernières. Cette disposition générale à l’ossification dans tout son trajet prouve bien que sa nature est par-tout identique, et que , malgré les différences indiquées, j'ai eu raison de la considérer d’une manière uniforme depuis le système capillaire pulmonaire jusqu’au général; car , comme j'ai déjà eu occasion de l’observer, l'identité d’affections suppose celle de nature.C'est la fréquence A SANG ROUGF. 299 des ossifications de celte membrane dans le cœur du vieillard, qui rend extrêmement fréquente lintermit- tence du pouls à cet Âge. L’ossification de l’origine de l'aorte influe aussisur lacirculation ,comme j'ai dejà eu occasion de m’en assurer ; mais celle des troncs, des ra- meaux, elc., n’y apporte pas le moirdre dérangemeni- * L'ossification de Ja membrane commune du sys- tème à sans rouge diffère essentiellement de celles qui surviennent dans les autres parties, en ce qu'elle est, pour ainsi dire, un phénomène naturel, au lieu que les autres sont accidentelles et souvent précédées d'inflammation et d’engorgement. Aussi ces ossifica- tions ne suivent-elles point les progrès de l’âge ; elles arrivent dans les jeunes-gens et dansles adultes, aussi souvent que dans les vieillards. Avant la vieillesse » les ossifications de cette membrane s’observent bien aussi, mais infiniment plus rarement qu'à cet dge. Les maladies du cœur que Possification des valvules mitrales accompagne et souvent constitue unique- ment, ensont la preuve remarquable. Un phénomène m'a frappé plusieurs fois à ce sujet : telle ossification avec laquelle un vieillard vit très-bien , et qui rend seulement son poulsintermittent,produit chez l'adulte les plusfächeux effets. J'ai déjaouvert plasieurssujets quela difficulté derespirer,les suffocationsfréquentes, la toux, l'irrégularité du pouls, la nécessité de la rech tude constante du tronc, et, dans les derniers temps, l'infiltration, l’épanchement séreux du thorax, le cra- chementde sang,etc., avoient affectés, et chez lesquels je n’aitrouvé qu’une ossification aux valvules mitrales, moindre que celles que les cadavres de vieillards nous offrent à chaque instant dans les amphithetres. 296 SYSTÈME VASCULAIRE J'avoue même que cette disposition naturelle à l’os- sification dans la membrane commune da système à sang rouge, chez le vieillard, m’avoit fait croire qu’on exagéroit un peu les cas où celte ossification devient, et chez l’adulie, et même chez le vieillard lorsqu'elle y est très-caractérisée, la cause de toute cette série de phénomènes dont l'assemblage forme l’asthme de la plupart des médecins. Mais la pratique de l'Hôtel- Dieu me montre chaque jour que ces cas d’ossifica- tion, ceux d’anévrismes et ceux des autres affections organiques dont le cœur est le siége , forment une classe de maladies chroniques presque aussi nom- : breuse que celle des malailies chroniques du poumon, sur lequel on rejetoit en général tous les symptômes des maladies de poitrine, avant le cit. Corvisart. & II. Parties communes à l'organisation du Sys- tème vasculaire à sang rouge, Vaisseaux sanguins. Les parois des artères contiennent des artères secondaires destinées à leur nutrition. Ces artères viennent ordinairement des rameaux voisins, quel- quefois de l'artère elle-même , dont les divisions ca- pillaires s'arrêtent dans le tissu de ses parois. Le cœur présente celte disposition. À sa sortie l’aorte donne les coronaires qui serépandent dans le tissu de cet organeet sur l’origine de cette artère elle-même. Les bronchiques fournissent aux parois des veines pulmonaires. Dans le tissu artériel où il faut surtout examiner les artérioles, elles serpentent d'abord dans le tissu cellulaire extérieur à l’artère, s'y ramifient À SANG ROUGF: 297 de mille manières les unes avec lés autres, renvoient quelques divisions dans les organes voisins, mais en fournissent un grand nombre qni pénètrent dans la membrane propre, s'interposent dans ses lames, y lais- sent des filets, et se terminent avant la membrane in- terne. Je n’ai jamais vu , soit par les injections, soit enouvrant sur un animal vivant une artère où j'avois préliminairement intercepté le cours du sang en haut et en bas, comme, par exemple, la carotide ; je n’ai, dis-je, jamais vu les artérioles pénétrer jusqu'à cette membrane interne. Pour bien distinguer, sans injec- tions , les vaisseaux des artères, il fant d’une part choisir un gros tronc comme l'aorte, d’une autre part prendre ce tronc sur un jeune animal qu’on a fait pé- rir exprès d’asphyxie : toutes les artérioles sont alors extrêmement injectées par un sang (rès-noir. Exami- nez lesartères du fœtus, surtout s’il est mort asphy- xié en naissant , vous serez frappé de la gffande abon- dance de vaisseaux sanguins que contiennent ses gros- ses artères, qui en sont quelquefois comme livides. Les veines accompagnent par-lout les artérioles dans les parois des troncs artériels ; elles suivent à- peu-près la même distribution. Je ne les ai point vues devenir variqueuses daus les parois des artères ané- vrismatiques , d’une manière aussi sensible que dans les tumeurs d’une foule d’autres tissus de l’économie animale, - Tissu cellulaire. Les artères ont autour d’elles deux espèces de tissus cellulaires : l’un, qui est très-extérieur, lâche, grais- seux , plein de sérosité , à lames distinctes, les unit 208 SYSTÈME VASCULAIRE aux parties voisines, favorise leurs mouvemens, n’est nullèment distinct du reste du système cellulaire ; l’auire, dense , serré, non graisseux , filamenteux, et non laminé , forme la première de leur tunique. Nous avons parlé , en traitant du système cellulaire, de cette couche particulière quienveloppe les artères, que les auteurs nomment communément tunique celluleuse, que les anciens appeloient nerveuse , à cause de sa blancheur , et qui analogue en tout au tissu cellulaire sous-muqueux sous-excréteur , etc., diffère essentiellement du précédent, comme il diffère de celui qui est dans l’intérieur , autour, ou dans les intervalles des organes. Ce sont ces deux espèces de tissu cellulaire, la dernière surtout, qui concourent spécialement à maintenir les plis des artères : aussi lorsqu'on a dis- séqué exactement la tunique propre, ces plis ont entièrement, disparu. Cependant lorsqu'ils sont e x- trémement marqués d’une part , et que d’une autre part ils ne sont point sujets à disparoître fréquem- ment pour se prêter à l’alongement des parties, comme à la carotide interne dans son canal, j'ai ob- servé que les fibres artérielles sont accommodées à ces plis; qu’elles sont plus nombreuses du côté de la convexité, et moindres du côlé oppose; en sorte que l’épaisseur de l'artère est exactement uniforme : ce qui ne seroit pas sans cette inégalité ; ear plus pressées du côté de la concavité, ces fibres donneroient plus d'épaisseur à cet endroit à l'artère. Le issu cellulaire forme la première membrane des artères, etoffre comme nous l'avons vu, des inser- lions aux fibres artérielles , mais ne se prolonge point A SANG ROUGE. 299 dans les interstices de ces fibres; c’est même ce quidis- tingue encore essentiellement les couches du tissu ar- tériel de celles des tissus musculaires, veineux , etc. Quelque moyen que j'aie employé pour y découvrir le tissu cellulaire, je n’ai pu parvenir à le rendresen- sible. La macération dont Haller atant parle, ne mon- tre rien de semblable,Lorsqu'au hout d'un temps très- long les artères y cèdent enfin , elle n'offre qu'une es- pèce de pulpe où rien n'a l'apparence cellulaire. En général, la résolution des organes en tissu cellulaire par la macération , présente un phéno- mène bien moins étendu qu'on ne le croit commu- nément. C’est le tissu organique lui-même qui forme l'espèce de pulpe qu’on obtient alors. Aussi comme ce lissu varie dans chaque système , la pulpe de ces systèmes long-temps macérée varie également; ce qui pv'arriveroit pas sans doute si, comme l’a avancé Haller, le tissu cellulaire étoit la base unique à la- quelle tous les organes sont ramenés par la macéra- tion. Mais revenons aux artères. mes 14 . Non-seulenent leurs fibres ne sont tioine formées de tissu cellulaire; mais, comme je lai dit, elles n’en contiennent point dans leurs interstices, caractère distinctif de tous les autres systèmes. La dissection Ja plus altentive n’en montre point. Lorsqu'on déta- che les fibres les unes desautres, on voit , ou qu’elles sont simplement juxla-posées, ou qu’elles tiennent par de petits prolongemens de même nature qu'elles. J'ai dit que cette absence de tissu cellulaire se remar- que aussi entre la membranc propre et la membrane commune des artères , quoique Haller ait prétendu Je contraire, 300 SYSTEME VASCULAIRE Je crois que cette absence de tissu cellulaire con- court beaucoup à l'espèce de fragilité qui distingue spécialement le tissu artériel, et qui, comme je lai observé, le rend ,de tous les tissus animaux, le moins propre à supporter sans se rompre les ligatures. C’est à celte circonstance qu’il faut aussi rapporter Ja dif- ficulté, l'impossibilité même des dilatations artérielles, de la formation des kystes par les parois des artères. Jamais il n’y a des anévrismes vrais, comme on le sait; pour peu que ces sorles de tumeurs soient gros- ses , les deux membranes de l'artère se rompent et la tunique celluleuse seule se dilate. De là la nécessité de lastructure particulière qui distingue le tissu cel- lulaire placé autour des artères, et lui donne une ré- sistance qui lui est éirangère dans la plupart des au- ires parties. Les auteurs se sont étonnés de ces rup- iures qui distinguent les dilatations des artères de celles de tous les autres systèmes. S'ils avoient com- paré le tissu des artères à celui des autres systèmes , ils auroient trouvé la raison de cette différence. On concoit facilement , d’après ce que nous avons dit plus haut, pourquoi il n’y a jamais de graisse dans le tissu artériel; pourquoi il ne $’infiltre jamais dans les hydropisies ; pourquoi il ne se développe point d’hydatides ni de kystes dans ses lames ; pourquoi les tumeurs diverses auxquelles le tissu cellulaire sert de base, comme nous l'avons vu, sont aussi étrangères aux artères, etc. Quand une artère a été blessée, soit longitudinalement, soit transversalement, on n’ob- serve point de bourgeons charnus naître des bords de la section : je ne sache pas que les chirurgiens en aient vu dansles opérations d'anévrisme. Jamais, dans A SANG ROUGE. 301 les cas nombreux où j'ai eu occasion de couper les artères, et de les laisser ensuite libres après y avoir interrompu le cours du sang, sur les animaux, je n'ai rien observé de semblable. Si un tronc artériel est à découvert, la tunique celluleuse fournit souvent de ces bourgeons; mais on n’en observe jamais sion a eu Ja précaution d'enlever cette tunique. Exhalans et Absorbans. Y at-il des exhalans dans les artères ? Sans doute la nutrition y en suppose ; mais il n'est pas probable : comme je l’ai dit, qu’il y en ait qui viennent s'ouvrir à leur surface interne. | Quant aux absorbans, j'ai cru pendant quelque temps que le défaut de sang dans les artères, après la mort, vient de ce que leurs lymphatiques con- servant encore la faculté absorbante pendant un cer- tain temps, pompent la sérosité qui se sépare du caillot. Mais, depuis peu, les expériences m'ont détrompé. J'ai renfermé du sang , de l’eau , de l’hu- meur des hydropiques, etc., entre deux ligatures faites en haut et en bas de la carotide primitive, dont le corps avoit été ménagé à l'extérieur pour ne pas rompre les vaisseaux qui pourroient venir s’y rendre. Au bout d’un temps assez long je n’ai aperçu aucune espèce de diminution dans le fluide. Il n’y a donc point eu d’absorption. Je remarque qu’à cause du défaut des collaterales, la carotide est seule propre à ces expériences, et À une infinité d’autres analogues. On sait qu’en général les absorbans abondent là où il y a du tissu cellulaire, et qu’ils manquent assez ordinairement là oùil n’y en a pas.Ilest donc probable ke 302 SYSTÈME VASCULAIRE que l'absence de ce tissu dans les artères entraîne aussi celle de ces vaisseaux. lVerfs. 1°. Le premier arbre du système à sang rouge recoit presque exclusivement des nerfs cérébraux. On sait en effet que le nerf vague se répand sur toutes les veines pulmonaires, comme sur les vais- seaux voisins du poumon, qui en recoivent à peine du ganglion cervical inférieur. 20. La portion moyenne de ce système, celle où se trouve le cœur, em- prunte ses nerfs presque autant, et même plus, des ganglions que du cerveau. 3°. Le grand arbre à sang rouge ou l’artériel , est presque exclusivement em- brassé par la première classe des nerfs. Nous avons dit comment ces nerfs se comportoient à son égard. Les cérébraux qui les accompagnent ne fournissent presque jamais de filets aux artères. Il y a simple- ment juxta-posilion, comme on le voit aux mem- bres , aux espaces intercostaux , etc. Je ne sauroïs trop le répéter, le rapport constant des artères avec le système nerveux des ganglions, mérite l'attention des pbysiologistes , parce qu'il est trop général pour ne pas tenirà quelque grand but des fonctions de l’économie, quoique ce bu soit ignoré. ARTICLE QUATRIÈME. Propriétés du Système vasculaire à sang rouge. Cr que nous avons à dire de ces propriétés se rap- portera spécialement aux artères, ainsi que ce que À SANG ROUGE. 303 nous avons dit de son organisation, En effet, les parois charnues du cœur , et les parois membraneuses des _ veines pulmonaires, jouissent de propriétés qui seront examinées par la suite, et qui diffèrent de celles des artères, vu la différence de tissu. Quant à celles de là membrane commune, elles sont à-peu-près les mêmes dans tout le trajet du sang rouge, l’orga- nisation ne différant que très-peu. Je ne considérerat les propriétés des artères que dans le tissu artériel et dans la membrane commune ; car Ja tunique cellulaire appartenant au système de ce nom, eu partage toutes les propriétés. S Ier. Propriétés physiques. L’élasticité , obscure dans Ja plupart des autres tissus animaux qu’une grande mollesse caractérise , est très-remarquable dans les artères ; c'est même ce qui les distingue spécialement des veines. Cette élas- ticité tient leurs parois écartées , quoiqu’elles soient vides de sang. Ce sont les seuls conduits, avec les cartilagiveux , comme la trachée-artère, le conduit auditif da fœtus -etc., lesquels sont également doués d’élasticité | qui se tiennent ainsi ouverts d’eux- mêmes. T'ous les autres ont leurs parois appliquées les unes contre les autres lorsque le fluide qui les parcourt ne distend point ces parois. C'est à l’élasticité des parois artérielles qu’il faut rapporter leur retour subit sur elles-mêmes lorsqu'on les a affuissées de manière à oblitérer leur cavité, le redressement subit d’un tube artériel que l’on a courbe , etc. Cette propriété joue aussi un rôle évident dans 304 SYSTÈME VASCULAIRE l'espèce de iocomotion que les artères éprouvent par l’'abord du sang. En effet, mettez à découvert un tronc artériel flexueux dans un animal vivant , vous le voyez à chaque pulsation se soulever en totalité , quitler la place qu'il occupoit,etse redresser, surtout à l'endroit de ses courbures. A l'instant où l'iujection pénètre un petit sujet très - maigre , on aperçoit aussi très-distinctement , à travers les tegnmens, une locomotion de toutes les branches flexueuses de la face. Or , ilest évident que si les artères n’étoient point d'un uissu ferme et elastique , elles ne pour- roient obéir ainsi au mouvement qui leur est im- primé; d’ailleurs voyéz ce qui arrive dans l'injection des branches abdominales de la veine porte, qui manquant de valvules, peuvent être Injeciées comme les artères. Jamais rien de semblable à la locomotion dont je parle ne s'y observe en poussaut le fluide. J'ai fait souvent circuler dans les veines le sang ar- tériel par le moyen de cond&its recourbés , adaptes aux vaisseaux d’un animal vivant , par exemple , en faisant communiquer la carotide et la jugulaire ex= terne : or , on observe bien dans les veines charriant du sang artériel , une espèce de pulsation isochrone au battement du cœur , un bruissement sensible, mais non une locomotion réelle. La locomotion des artères suppose trois choses , 1°. un agent d'impulsion , qui communique un mou- vement plus ou moins fort au sang contenu dans leur intérieur; 2°. une disposition flexueuse, qui fait que le sang en heurtant leurs parois peut les redresser ; 3°. la fermeté , l’élasticité de ces parois qui facilitent le redressement. D'un autre côté , | À SANGROUGE, 304 il ne faut pas que les parois soient trop fermes: ainsi le tissu cartilagineux seroit impropre à cette locomo- tion. À L'élasticité des artères est aussi marquée après la mort que pendant la vie : il est essentiel de bieu la distinguer de la contractilité de tissu. Il y a une foule de caractères distinctifs; voici les plus tranchans : 1°, la coniractilité de tissu ne peut s'exercer que par le défaut d’ex'ension des parois artérielles, c’est- à-dire, que parce que ces vaisseaux cessent de conte- nir le sang qui resiste à leur contraction, ou parce qu'ils sout coupés et abandonnés ensuite à eux-mé- mes. Au contraire l’élasticité, pour s’exercer, exige uné compression préliminaire , et se manifeste par le retour subit des parties à leur état naturel. 2°, La contractilité de tissu est dans une tendance perma- nente à la contraction : on diroit que toutes les parties qui en jouissent sont daus un état forcé; en sorte que, dès que cet état cesse, tout de suite la contrac- tion survient. Au contraire, l’élasticité n’est point dans cette tendance habituelle à l'exercice. 3°. T'out mouvement elastique est brusque, soudain , aussi prompt à cesser qu'à être produit, Au contraire tout mouvement de contractilité de tissu est insensible , lent, dure souvent plusieurs heureset même plusieurs jours, comme on le voit dans la rétraction des muscles amputés,.etc. 4°. T'out organe où il ya contractilitéde tissu jouit nécessairement de l’extensibilité. Au con- trare , cette dernière propriete n’est point nécessai- rement associée à l’elasticité, comme on le voit dans les corps bruts, comme ou l’observe dans les car- tilages des animaux, etc, 5°. L'élasticité est une pro- FA 21 306 SYSTÈME VASCULAIRE priété purement physique. La contractilité de tissu, sans être vitale, n’est iuhérente qu'aux organes des animaux. 7 $ II. Propriétés de tissu. Extensibilité. L’extensbilité des artères peut être considérée sous deux rapports, 1° dans le sens transversal, 2°, dans le longitudinal. Les artères ont peu d’extensibilité suivant leur dia- métre.1°.Quelques efforts qu’on fasse pour les dilater par les injections avec l'eau, l'air, les substances grasses, elc., elles ne prennent guère un calibre supérieur à celui qui leur est naturel. 2°. J'ai dit que leur Ussu est remarquable par une espèce de fragi- lité , que dès que le sang les distend un peu dans les anévrismes , ce tissu se rompt au lieu de céder, et que c’est uniquement la tunique celluleuse qui, par son extensibilité qu’elle partage avec Île syAeRe dont elle dépend , est propre à former le kyste où le sang est contenu. C’est même ce qui distingue essen- tiellement les tumeurs anévrismales des variqueuses. 3°. Si on lie supérieurement l'artère carotide d’un chien , le sang poussé de fort près contre cette liga- ture qui arrête son cours , réagit violemment sur les parois , et cependant la dilatation est à peine sensible. il ne faut pas croire cépendant que les artères" ne puissent aucunement céder, Lorsque la cause de di- Jatation agit lentement, elle prodait son effet jusqu’à un point déterminé, au-delà duquel il y a rupture. La preuve en est dans la dilatation si fréquente de la crosse de l'aorte, dans celle que les anévrismes vrais présentent dans les premiers temps, etc. A SANG ROUGE. 30% Dans le sens longitudinal, les artères sont plus suss ceptibles d’alongement que dans le précédent. On peut s’en assurer en tirant ces vaisseaux pour en faire la ligature sur un moiguon amputé. En coupant sur un cadavre une portion d’artère, et en la tirant en sens contraire, elle s’alonge manifestement. IL faut faire attention, dans ces expériences, d’avoir égard au développement des plis. En effet, j'ai dit que ce développement des plis joue le rôle principal dans l’alongement des artères situées dans les parties qui se dilatent. Il est évident que dans l’extensibilité suivant le: sens transversal , ce sont les fibres circulaires de la membrane propre qui résistent spécialement ; qu’au contraire dans l'extensibilité suivant le sens longitu- dinal , c'est la membrane commune ;qui oppose la résistance, puisqu'il n’y a point de fibres longitu= dinales. Il n’est pas étonnant d’après cela que le pres mier mode d’extensibilité soit moivs marqué que le second. Contractilité. Il fant la considérer aussi suivant le sens trans- versal, el suivant le longitudinal. Envisagée sous le premier point de vue, la con- tractilité est beaucoup plus marquée que l'extensi- bilité, Dès que l'artère cesse d’être distendue par le sang , elle revient sur elle: même d’une manière ma- nifeste. C'est à ce retour qu'il faut rapporter les phé- nomènes suivans : 1°, l'artère ombilicale et le canal artériel deviennent des espèces de ligamens après la naissance , par l'adhérence de leurs parois qui se 306 SYSTÈME VASCULAIRE sout resserrées. 2°, Si on fait une ligature à une artére, toute la portion comprise entre cette ligature et la première collatérale, présente bientôt le même phénomène, comme 1: prouve l'opération de l’ané- vrisme. 3°, Sion comprend une portion de la caro- ide entre deux ligatures, et qu’ensuite on la vide par une ponction , elle perd tout-à-coup la moitié de son calibre. 40. Dans les chiens où je transfusois du sang pour faire une pléthore artificielle , j’observois dans les artères un diamètre presque double de celut que m'offroient ces vaisseaux , dans des chiens de même taille à qui je faisais éprouver une grande AE os Deux animaux de même stature, péris l’un d’ JU ; l’autre d’asphyxie, présentent la même différence. 5°. Ces expériences ont mis hors de doute, pour moi, la cause de la grandeur et de la petitesse du pouls, cause admise au reste par la plu- part des physiologistes. Certainement l'artère est plus ou moins grosse, suivant la quantité de sang qui la remplit. Ilest un terme qu’elle ne dépasse pas pour l'extension; mais elle se contracte souvent faute de sang, au point de ne présenter pour ainsi dire qu'un fil, 6°. Pour peu que vous ayez ouvert de cadavres , vous avez élé élonné sans doute , qu'avec la même taille , les artères présentent souvent des diamètres très-différens. Cela dépend uniquement de l'instant de la mort. Si, faute de sang, les artères étoient depuis long-temps contractées sur elles-mêmes, elles restent en cet état, comme cela arrive au cœur dans Ja mort par hémorragie , etc. Cela est si vrai, que des artères à diamètres différens deviennent communé- ment égales par l'injection, qui les ramène au degré A SANG ROUGF. 309 uniforme d'extension qu’elles ne peuvent dépasser. 7°. Dans une plaie longitudinale des artères, les bouts de leurs cercles fibreux coupés s’écartant les uns des autres, un espace qui ne se réunit point reste entre eux. La plupart des auteurs ont confondu la contrac- tilité de tissu des artères avec l’irritabilité. Je n'ai pas besoin de montrer ici combien ils se sont trompés. Dans tous les cas précédens il ne faut point de siimu- Jant appliaué sur le tissu artériel ; la seule condition nécessaire est le défant d'extension, caractère dis- tinctif de la contractilité de tissu. D'ailleurs il est évident que cette propriété se manifeste après la mort , quoique moins sensiblement que pendant la vie ; au lieu que quelques heures après la cessation de la vie , toute espèce d’irritabilité a disparu. Je crois que c’est spécialement dans le système artériel qu'on peut voir l'avantage de ma division des proprié- tésdenosorganes.Liseztouslesauteurssur ce système, vous verrez qu'aucun ne s'entend, faute d'y avoir assi- gné les limites des propriétés vitales et de tissu. La contractilité de tissu, dans le sens longitudinal, est à proportion moins marquée que dans le trans- versa]; elle est réelle cependant. 1°, C’est ainsi que quand on coupe une artère entre deux ligatures, les deux bouts se retractent aussitôt en sens inverse. 2°. Cette rétraction est manifeste dans l’amputation ; cependant, comme celle des muscles et de la peau est plus sensible, l'artère reste souvent un peu saillante, 3°, coupée lransversalement dans une portion de ses parois, une artère présente souvent en cet endroit une ouverture large , dépendante de la rétraction des 510 SYSTÈME VASCULAIRE parties coupées , comme il arrive dans la plaie longi. tudinale dont je parlois tout à l'heure. 4°, C’est surtout lorsqu'on tiraille fortement une artère, et qu’on l’abandonne ensuite subitement à elle-même, que sa rétraction est très-marquée. En faisant cette expérience sur un animal , le vaisseau s'enfonce sen- siblement dans les chairs. Voilà comment, tiraillée par le poids du testicule , l'artère et le cordon sper- matiques remontent souvent dans l’abdomen après la seclion , lorsqu'on n’a pas soin de les retenir. C'est cette circonstance qui m’a fait proposer, pour l'opération du sarcocel, une modification qui consiste, après avoir bien isolé le cordon à la suite de la section préliminaire , 1°. à chercher d’abord le conduit déférent , que s1 dureté rend extrême- ment facile à trouver dans le paquet vasculaire ; 2°, à faire tenir ce conduit par un aide; 3°. à glisser le bistouri entre lui et le paquet vasculaire ; 4°. à couper d’abord ce paquet en laissant le conduit in- tact ; 5°, à faire ensuite la ligature de l'artère, que son jet de sang indique; 6°. puis, lorsqu'elle est faite, à couper aussi le conduit déférent. Il est évident que par cette section en deux lemps, on obüent l’avan- iage de faire la ligature sans crainte de la rétraction de l'artère, puisque le‘conduit déférent auquel elle adhère, el qui n’est point coupé pendant qu'on lalie, suffit pour la retenir. Je n’ai point pratique le sarco- cèle ; mais il est évident que rien ne s'oppose à l'exé- cution de ce projet opératoire, puisque les parties sont saines là où on les coupe. D'ailleurs j'ai toujours fait manoœuvrer de cette manière les élèves avec fa- alité, C’est surtout quand il faut couper le cordon A SANG ROUGE. 311 très-près.de l’annegu , parce qu'il est malade dans son trajet, que cetlmanière d'opérer eu deux temps me paroît avoir de grands avantages. Jecrois que la rétraction dans les chairs desartères traillées, et ensuite leur contraction, jouent un rôle important dans le défaut d’hémorragie de la plupart des plaies par arrachement, phénomène singulier, et qui distingue spécialement ces plaies de celles par sec- lion , même lorsqu'un vaisseau considérable est. com - pris dans leur trajet, Beaucoup d'auteurs ont rap- porté des exemples de ces sortes de cas : on en trouve en particulier dans l'ouvrage du cit. Sabatier. S III. Propriétés vitales. Propriétés de la Vie animale. Sensibilité. La sensibilité animale existe-t-elle dans les ar- tères ? Voici, sur ce point, ce que les faits nous apprennent : 1°. la Jigature d’une artère détermine quelquefois unsentimentdouloureux,maisle plussou- ventü’en cause point.C’estsurtoutdanslaspermalique que la douleur est parfois sensible; mais cela peut se rapporter aux nerfs. 20. Je puis dire sans exagé- ration avoir fait sur plus de cent chiens des expé- riences où la carotide m'a servi à pousser au cerveau différentes substances : or, jamais, de quelque ma- nière que je l’aie irritée par le scalpel,, les acides , les alcalis, ete., les animaux ne dounoieut des marques de douleur. Une fonle d'auteurs ont obtenu des résul- tats analogues. J'observe même que c’est une preuve de plus de l’espèce d’insensibilité des nerfs de la vie organique , lesquels se distribuent presque par-tout 312 SYSTEME VASCULAIRE sur les artères, comme nous l’ampns vu. 49. Quant à l'irrilation de la membrane commune du sang rouge , voici ce que J'ai observé: l’injection d’un fluide doux, comme l’eau à la température de l'animal , est abso- lument indifférente ; mais un fluide irritant , comme l'encre, une dissolution d'acide, le vin, etc., produit une douleur très-vive, aussi forte que celle résultant de l’irritation des partiesles plussensibles, s'il fautau moins s’en rapporter aux cris, à l'agitation de l’animal à l'instant où les fluides entrent dans la carotide. Contractilite. La contractiliié animale est absolument nulle dans les artères. En effet, cette contractilité ne pourroit dépendre que d’un rapport entre ces. vaisseaux et le cerveau, par le moyen des nerfs: or 1°. uneirrilation quelconqueproduitesurce dernier viscère,endonnant lieu aux convulsions des organes soumis à la volonté, n’a sur les artères aucune influence. 2°. L’opium qui, à une certaine dose, paralyse pour ainsi dire les mêmes organes, laisse le mouvement artériel parfaitement intact. 30. Si on met la moelle à dé- couvert, et qu’on l'irrite où qu’on la comprime, les artères n’augmentent ni ne diminuent d'action ; tandis que les muscles volontaires sont le siége des convulsions ou dela paralysie.4°. Même nullité d’effet sur les artères par les irritations diverses, soit des nerfs du système cérébral, qui accompagnent les vaisseaux sans leur donner de filets apparens , soit des nerfs du système des ganglions, quise distribuent irrégulièrement , et en très grand nombre, sur leur surface externe, 5°. Pour lever tout doute àcet égard, À SANG ROUGF. 313 j'ai choisi le mode d’excitation le plus puissant, le galvanisme. En vain arme-t-on d’un côté les nerfs cérébraux, de l’autre les artères qui leur sont jointes ; le contact des deux armatures ne produit point sur les artères le mouvement qu'il excite sur les muscles où ces nerfs vont se répandre. L'effet est le même dans les expériences où l’on agit sur les nerfs des ganglions. J'ai armé d’une part le haut du plexus mé- sentérique , d'autre part les artères de même nom, préliminairement dépouillées de leur enveloppe sé- reuse et celluleuse : le contact a été absolument nul. Le système artériel ne jouit donc point de cette mo- tilité que l’action du cerveau est susceptible de déter- miner. Tout ce qu'ont écrit divers auteurs, Cullen en particulier , sur la puissance nerveuse, sur l’action du cerveau dans le système artériel , est vague, illu- soire et contraire à l'expérience. Propriétés de la Wie organique. Contractilité organique sensible. . La contractilité organique sensible manque bien manifestement dans le système qui nous occupe. Quelle que soit la manière dont onirrite l'artère sur un animal vivant , elle reste constamment immobile. 1°. Sion stimule sa surface externe avec un scalpel ou unautre instrument quelconque , il est facile de faire celle remarque. 2°, Même observation en excitant la surface interne, expérience que j'ai faite souvent, parce qu'on sait que le cœur est plus irritable au dedans qu’au dehors. 3°. Coupée longitudinalement sur un animal vivant, une artère ne se renverse point 914 SYSTÈME VASCULAIRE par ses bords comme les intestins en pareille circons- tance. 4°. Extrait du corps , jamais un tube artériel n'a donné aucune marque dé contractilité, comme les intestins, le cœur, etc. 5°. Si on enlève les lames artérielles, couches par couches, sur un animal vivant, ou sur un récemment iné, on n’y sent au- cune trace de ce frémissement, de cette palpitation que les fibres des muscles organiques offrent en pa- reille circonstance; au contraire, on y. remarque une espèce d'inertie très-analogue à celle des fibres iendineuses , aponévrotiques, etc. 6°. On dit qu’en placant le doigt dans une artère, on sent un resser- rement. J'ai fait souvent cet essai; le resserrement ‘est infiniment moins sensible qu’on ne l’a annoncé ; d’ailleurs il est le produit manifeste de la contractilité de tissu. 7°. Lamure dit qu'ayant intercepté du sang entre deux ligatures, dans une artère, les parois de celle-ci ont continué à se contracter, quoique privées de l'influence du cœur: ce fait est absolument inexact. Il étoit trop important pour que je ne l’aie pas exa- miné moi-même. J'ai donc répété au moins dix fois celte expérience sur la carotide; elle m’a toujours donné le résultat suivant: le tube compris entre les deux ligatures, et rempli de sang , est bien agité d'un mouvement réel, mais c’est un mouvement de loco- motion commun, qu’il partage avec toute l'artère, et qui dépend du choc du sang contre la ligature cor- respondante au cœur. Pour s’en convaincre il ny a qu’à mettre dans une étendue ün peu considérable cette artère à découvert; on voit évidemment quetout le tube, soit la portion voisine du cœur, soitcelle com- prise entre les ligatures, soit celle.qui est au-delà , est A SANG ROUGE 315 agité d'un mouvement commun. 8°. À la place du sang j'ai intercepté différens fluides irritans dans une portion d’artère : même inertie, même défaut de contraction dans les parois ; mais même mouvement de locomotion générale. 9°. Plusieurs auteurs ont ob- tenu une contraction de la part des artères, en les stimulant avec les acides concentrés. Cela est vrai, et j'ai produit aussi cet effet ; mais ce n’esl point là un résultat de la contractilité , c’est un racornissement. Aussi observez que jamais le lissu artériel ne revient a son état primitif après une semblable contractign ; que les alcalis, qui sont aussi irritans que les aci- des , lorsque ce font les forces vitales qui sont ex- citées, n’ont ici aucun effet: c'est le même phéno- mène pendant la vie , que celui que nous avons in- diqué après la mort. On ne peut je crois, douter d'après cela que les artères n’exercent, pendant la vie, aucune espèce de contraction par elles-mêmes , et sous l'influence vi- tale. Tout ce qu'on a dit sur ce point est un effet manifeste de la contractilité de tissu. Ainsi lors- qu’on ouvre une artère entre deux ligatures, elle se vide du sang qu'elle y contient , ou du fluide qu'on y a poussé accidentellement : même phénomène quand on place seulement une ligature qui interceple l'in- tluence du cœur , etc. Il est si vrai que tous ces phé- nomènes et d’autres semblables, dépendent des pro- priéiés de tissu, qu’ils ont lieu sur le cadavre, tant que l'artère n’est pas putréfiée, Remplissez une por- tion quelconque du système artériel ; ouvrez ensuite un de ses tubes : elle se vide aussitôt en se coutrac- tant, La contraction produite par le défaut d'ex- 316 SYSTÈME VASCULAIRE tension est ce qui caractérise la contractilité de üssu. L'irritabilité ou contractilité organique sen= sible suppose constamment au contraire l’applica- üon d’un stimulus. Contractilité organique insensible. La contractilité organique insensible ou la tonicité, existe bien manifestement dans les artères. Dans les gros troncs et par-lout où le battement est sensible, sesfonctious se bornent exclusivement à la nutrition, et à l’exhalation, s’il s’en fait une à l’intérieur des artères, ce que je ne crois pas. Mais dès que l’in- fluence du cœur cesse sur le sang contenu dans ces vaisseaux, ce quia lieu au commencement du système capillaire, alors la tonicité commence a influer non- seulement sur la nutrition des parois vasculaires, mais encore sur la circulation qui s’y opère; c’est même uniquement en vertu des forces toniques que s'exerce, comme nous le verrons, la circulation des petits vaisseaux ; le cœur n’y est absolument pour rien, Je traiterai de cette propriété dans le sys- tème capillaire général : ici elle ne joue qu'un très- foible rôle. Quant à la sensibilité organique, elle existe mani- festement dans les artères, puisqu'elle ne se sépare jamais de la contractilité précédente ; elle y est comme elle à un degrés obscur dans les gros troncs, quin’ont que celle nécessaire à leur nutrition. D’après ce peu de développement des forces or- ganiques du tissu artériel, il est évident que ce tissu doit être rarement le siége des affections auxquelles A SANG ROUGR. 317 ces propriétés président spécialement. C'est aussi ce que l'observation démontre. 1°. Les affections aiguës sont rarement observées dans les artères. Parmi tous les cadavres que j’ai ou- werls, je n’en ai trouvé que très-peu qui eussent des traces d’inflammation dans le tissu artériel. J'observe à cet égard qu’il faut bien distinguer la rougeur qui est, comme nous l'avons dit, l'effet de la macéra- tion, et qui même se manifeste spontanément dans le cadavre quelque temps après la mort, surtout dans les artères cérébrales, qu'il faut , dis-je, bien distin- guer cette couleur de celle qui üent à l'inflamma- tion. Dans l’une, les fibres artérielles sont vraiment rouges ; dans l'autre, elles ne paroissent telles que par l'injection de leurs vaisseaux, La membrane com- mune des artères est-elle enflammée dans la fièvre inflammatoire ? Je l’ignore entièrement. Ces fièvres simples sont si rares, surtout dans les hôpitaux, qu'on n’a guère occasion d'ouvrir des sujets morts consécutivement à elles. Mais en supposant que cette inflammation ait lieu , la rareté de ces fièvres consi- dérées dans leur état simple, prouveroit même com- bien les artères sont peu disposées à s’enflammer, 2°. Les artères n'offrent pas plus souvent des affec- . tions chroniques. Exceptez d’une part l’anévrisme, où le tissu artériel n’est presque pas altéré, mais où il est seulement rompu, et où sa sensibilité organique ne joue qu'un pelit rôle par conséquent , de l’autre part, les incrustations osseuses, la plupart des alté- rations qui sont si fréquentes dans les autres lissus, ne se remarquent point dans celui-ci. 11 faut vraiment placer ce tissu à côté du cartilagi- neux, du fibro-cartilagineux, du fibreux, du muscti- laire même, etc., sous le rapport de la rareté des alté- rations organiques, Ces tissus offrent de ce côté un phénomène opposé à celui des systèmes séreux, mu- queux, glanduleux, dermoïde, etc., que la fréquence de ces altérations caractérise surtout. Eh bien! com- parez les propriétés organiques, la sensibilité et la contractlite insensible dans l’une et l’autre classe de uissu , vous les verrez très-peu prononcées dans la première, où, dans l’etat naturel , elles ne président qu’à la nutrition; vous observerez, au contraire, qu’elles sont très-caractérisées dans la seconde, parce qu’elles y président à la nutrition , à l’exhalation, à l'absorption, à la sécrétion , etc. La difficulté du üssu artériel à s’enflammer et à participer aux diverses altérations des organes voi- sins, assure l'intégrité de la circulation dans une foule de cas. Que deviendroit cette fonetion si les artères recevoient aussi facilement que d’autres tis- sus, l'influence des maladies environnantes ? Pla- cées à tout instant à côté des parties enflammeées, suppurantes, engorgées, etc., si elles s’altéroient par le voisinage , surtout dans les gros troncs, un boule. versement général seroit bientôt ressenti dans le mouvement du sang. Disséquez les artères dans les affections organiques de l'estomac, du foie, de la rate, etc. : elles sont intactes , et seulement un peu augmentées de volume ; tandis qu’un engorgement général semble confondre en une masse nouvelle tous les tissus voisins. Les caillots de l’anévrisme adhèrent quelquefois st intimement à la membrane commune, qu'on est 4 SANG ROUGF, 319 obligé de les enlever avec un instrument quelconque. Mais cette adhérence est entièrement inorganique ; c'estuneespèce d’agglutination qui supposeroit même plutôt le peu de vie de cette membrane commune, comme la facilité qu'ont les couleurs de prendre sur l'épiderme le suppose pour ce dernier organe. KRemarques sur les causes du mouvement du Sang rouge. Le sang rouge se meut dans le cœur par um mé- canisme sur lequel il ne s'élève aucune difficulté. Mais une question importante reste à décider sur son mouvement dans les artères : ces vaisseaux sont-ils actifs ou passifs dans ce mouvement ? Quand le mé- decin examine les différens états du pouls, est-ce l’état du cœur ou celui du système artériel qu'il explore ? D'après l'absence de contractilité organique sensible que nous avons observée dans le tissu, 1l est évident que son rôle doit être spécialement passif, que le mouvement dont 1l est le siége lui est communiqué, que le cœur est le grand agent du battement des ar- tères, que c’est lui qui donne l'impulsion à laquelle ces vaisseaux ne font qu’obéir, et que parconséquent dans presque tous les cas l’état du pouls est l'indice de l’état où se trouvent les forces vitales du cœur , et non de l’état du système artériel, dont la vie n’est pas plus exaltée dans les mouvemens pulsatoires les plus grands et les plus fréquens , que dans ceux qui sont les plus foibleset les plus rares. Ainsi, dans les convulsions dont le principe est une plaie , une irri- tation du cerveau, etc. , les nerfs, quoique conduc- teurs , sont-ils pour ainsi dire passifs. LA 520 SYSTEME VASCULAIRE Je vais examiner en détail cette question impor- tante que beaucoup de médecins ont considérée sous uu sens tout différent. Influence du Cœur sur le mouvement du Sang rouges 10, La première raison qui me porte à croire que le cœur est presque toul,et que lesartères sont spécia- lement passives du côté de la vitalité dans le mouve- ment du sang rouge, c'est la comparaison des forces vitales de ces deux organes, l’élonnante activité de la contractilité organique du cœur , et la nullité de cette propriété dans les artères. En effet , pour se mou voir de Jui-même, il faut qu’un organe ait le prin- cipe du mouvement, c’est-à-dire l’une des deux con- tractilités vilales à effet sensible, l’organique ou l’ani- male ; car on ne connoît point d’autres forces vitales dans les organes animaux, et on ne peul pas dire que la nalure en ait créé une spécialement destinée aux artères. Grimaud admettoit bien une dilatation active dansles vaisseaux, qui s’ouvroient d'eux-mêmes, sui- vant lui,, pour recevoir le sang, et n’éloient point ouverts par son impulsion. Nous verrons que ce mode de mouvement est réel, jusqu’à un certain point , et dans le cœur et dans les muscles orgami- ques. Mais ici c’est tout différent : le cœur se dilate de lui-même lorsqu'il est vide , comme on le voit en l’arrachant du sein d’un animal vivant, et en l'éva- cuant ensuite du fluide qu'il contient , parce qu'il a en lui la cause de sa dilatation. Mais en aucun cas je v’ai vu les artètes soumises ainsi à un mouvement A SANG ROUGE. 321 alternatif, lorsqu'elles sont vides. Elles se trouvent constamment contractées sur elles-mêmes, ; 2°, Si les artères produisent le pouls par leur con- traction vitale, il doit y avoir irregularité des batte- mens au-dessous d'une tumeur anévrismale, puisque le tissu artériel étant dénaturé , doit perdre en partie sa contractilité, ou du moins cette propriété doit être altérée. Or, on observe précisément le contraire. D'un autre côté, toute maladie organique du cœur trouble inévitablement le pouls. Y a-t-il augmentation des fibres charnues, comme dans les anévrismes où le ven- iricule gauche est si épais, il devient fort: il est ivré- gulier si des obstacles se trouvent aux valvules mi- trales ou aortiques. Si dansle vieillard , l’ossification occupe seulement les artères,la circulation est intacte: se trouve t-elle à l'origine de l'aorte ou dans le cœur, elle est irrégulière. Une artère formeroit un canal osseux que le sang y circuleroit comme àl’ordinaire, avec la différence seule de la pulsation. Ce que j'ai dit des affections chroniques du cœur, il faut le dire de ses affections aiguës. La syncope arrête son mou- vement; eh bien ! elle arrête aussi le pouls. Certai- nes passions, la colère, la crainte, elc., semblent être pour lui un stimulant ; eh bien ! elles précipitent le mouvement artériel. Toute inflammation du péri- carde altère le pouls. Souvent cette membrane ad- hère au cœur à la suite de l’inflammation, eten même temps la plèvre lui adhère aussi de l'un et de l’autre côtés; en sorte qu'on diroit alorsque le poumon et le cœur ne font qu'un. J'ai vu quatre exemples de cet état pathologique , où les mouvemens de ce dernier devoient être très-gênés ; eh bien ! le pouls étoit dans 1. 22 322 SYSTEME VASCULAIRE tous petit, irrégulier et intermittent. Plus je fais d’ou- } vertures de cadavres, plus je me convaincs que lors- que l’irrégularité du pouls est constante pendant un |temps un peu long , il y a presque toujours affection | organique au cœur : d’où l’on est fondé à croire que les irrégularités du pouls qui sont aiguës, si je puis me servir de ce terme, dépendent d’une altération, non dans le tissu , maïs dans les forces vitales de cet organe , et que les artères y sont presque étrangères. On sait combien, dans les maladies aiguës , ces irré- gularités sont fréquentes. Puisque donc toute altéra- tion du cœur trouble essentiellement le pouls, et qu’au contraire celles des artères le laissent intact, certamement nous devons en conclure que l’un est essensiellement actif dans ce grand phénomène y € que les autres sont at contraire presque passives. 30, Il est hors de doute qu’à l’mstant où une liga- ture empêche une artère de recevoir l'influence du cœur , elle cesse de baitre. Tous les phénomènes des anévrismes, traités par la compression ou par la ligature , établissent ce fait, Si le contraire a été ob- servé quelquefois, cela tient uniquement aux anaëslo- moses , comme je le dirai ; et alors, c’est également le cœur qui fait battre l'artère au-dessus et au-des- sous de la Én Ilest absolument faux, comme je J'ai dit, qu’une artère baite jamais entre dé liga- tures. Souvent dans l’anévrisme , l'artère étant com- primée au-dessous de la tumeur, celle-ci bat beau- coup plus fort qu'auparavant. 4°, Coupez le bras d’un cadavre, et, rendez-le souple en le laissant, pendant un certain temps, dans un bain üède. Adaptez ensuite à l'artère bra- À SANG ROUGE: ÿn< 634 chiale un petit tube; placez l'autre extrémité de ce tube dans la carotide ouverte d'un gros chien vivant! ; aussitôt le cœur de l animäl poussera du « Sang : dans le bras du cadavre. Ébh bien ! l'artère éprouvera une espèce dé battement moindre sans doute que dans l’état naturel , mais suffisant pour être senti, même à travers les Légumens. J'ai répété souvent celle cu- rieuse et singulière expérience , dont ; j ’aurai occasion de parler. encore. Elle m’a été suggérée parune autre; dont ; j'ai rendu compte dans mon traité des Mem- branes, et qui consisle à fiiré circuler le sang rouge dans as veines, sans mouvement de locomotion, il est vrai, mais avec un br ‘uissemént sensible au doigt, étavec une vitesse presque égale à celle des artères. Cette dernière expérience prouveroit seule que le cœur est presque l’unique agent d’ impulsion du sang circulant dans les artères: en effet, tout jet de sang venant des veines est uniforme , parce que le système capillaire versé sans secousse ce fluide dans ces vais- eaux. Aû contraire tout jet artériel est avec saccades, lesquelles sont produites par la contraction du cœur. Or si vous ouvrez une veine où vous aurez faitcir ‘culer du sang rouge par un tuyau recourbé, le jet se fera aussi par Saccades , qui correspondront a aux contrac= tions du cœur. A la différence près de la locomotion, üne veine présente »pour Ja circulation du sang rouge les mêmes phénomènes qu'une artère: Faites : au con- traire une expérience inverse , c'est- à dire, adaptez un tuyau recourbe à une veine ‘et, à une artère , de manière que le sang de la première coule dans Ja seconde; celle-ci PTE EL aussilôt sofñ mouvement pul. satdiré, à moins qu'il ne soit entretenu par les col- L4 324 SYSTEME VASCULAIRE latérales; ce qui n’a pas lieu si on choisit de gros troncs, par exemple , la crurale et la veine corres- pondante, Il est évident que toutes ces expériences, que j'ai fréquemment répétées, devroient donner un résultat absolument inverse si les artères prenoient une part active à Ja circulation , par leurs propriétés vitales. 5°, La force du cœur fait circuler le.sang par des tuyaux inertes, adaptés aux artères dans un trajet très-considérable. Si on coupe un pouce de l'artère carotide , et qu’on substitue un tuyau engagé dans les deux bouts ouverts de cette artère, le sang traversera ce tuyau, et la fera battre comme à l’or- dinaire au-dessus. Je ne puis concevoir ce qui a pu en imposer à ceux qui ont obtenu des résultats différens. 6°. Prenez deux chiens; adaptez le bout d’un tuyau à la carotide de l’un , du côté du cœur , et l’autre bout de ce même tuyau à la crurale , ou à la carotide de l’autre , du côté opposé a cet organe : constamment le cœur du premier fera battre les artères du second, en y poussant du sang. Toutes mes expériences sur, la mort, expériences déjà publiées, m’ont présenté ce phénomène. D'ailleurs dans l’anévrisme, le batte- ment a lieu au-dessous de la tumeur ; et cependant à son niveau, les deux bouts de l’artère rompue sont séparés ; la membrane celluleuse seule sert à lesunir, en formant le kyste. Le sang passe donc par un corps intermédiaire qui n’est pas artériel. Te. Adaptez un tube à une artère ,-et qu'à l’autre extrémité de ce tubeil y ait une D quelconque de peau , de taffetas gommé , et le sang la remplira aus- sitôt ; puis à chaque contraction du cœur , elle vous [ A SANG ROUGE. 325 présentera une espèce de battement. C’est ainsi que bat la tumeur anévrismale, quoiqu'étant cellulaire. Quel que fût l’organe quiconcourüt à former lekyste, celui-ci battroit de même pourvu qu’il recût par le saog l’impulsion du cœur. 8°, Je demande si la dilatation active des artères seroit suffisante pour soulever le cerveau, pour im- primer un mouvement à la jambe qui est croisée sur celle du côté opposé, pour surmonter l'effort des tumeurs siluées sur leur trajet, et qui se soulèvent à chaque pulsation. Il faut évidemment un organe plus : puissant pour produire ces phénomènes : or cet or- gane est le cœur. 9°. Comment la pulsation de toutes les artères est- elle simultanée , si un centre unique ne préside pas à cette pulsalion ? Tout le système artériel, frappé su- bitement da même coup, se soulève et bat en même temps. N’est-il pas évident que si les artères se con- tractoient par elles-mêmes, le moindre dérangement dans une partie, la moindre pression, elc., occasion- veroient une discordance dans les mouvemens ? 10°. Aucun animal n’a des battemens artériels s’il ‘n’a un cœur , ou bien un vaisseau charnu, noueux, et coupé par des étranglemens comme plusieurs in- sectes ; encore a-t-on bien observé les battemens de ce vaisseau qui remplace le cœur ? C’est ainsi que jamais le système de la veine porte ne présente des pulsations , quoique sa moitié hépatique soit disposée comme les artères. 11°. Les deux bouts d’une artère coupée versent du sang; mais c’est là un effet des anastomoses , et non de la réaction du bout opposé au cœur, comme 326 SYSTEME VASCULAIRE je l'ai crn moi-même pendant un certain temps. C'est par la même raison qu'une artère peut battre quel- queol au-dessous de la ligature. 12°. Je crois bien que sans le cœur, le sang rouge pour roit avoir, dans son grand canal, une espèce Fe mouvement; mais ce mouvement ressembleroit à la circulation de la veine porte ; il seroit absolument sans pulsation. 13°. On. cite des observations où le mouvement des artères avoit lieu comme à l'ordinaire, quoiqu'il n'y eüt point de sang. J'avoue que je ne sais tropcom- ment on a pu s'assurer de ce fait. Mais füt-1l réel , il faudroit le placer à côté de celui du soldat qui ar- rétoit le mouvement de son cœur à volonte. Que peut-on conclure d’an phénomène isolé, qui est con- tradicloire à tous ceux que la nature nous présente journellement ? IL n’est pas inutile, je crois, de re- inarquer à cet égard , que depuis que la saine phy- siologie fait des progrès, qu’on l’étudie avec un es- prit méthodique, ami du vrai, et jaloux uniquement de rassembler des faits, on ne présente plus de ces cas extraordinaires où la nature semble sortir des lois qu’elle même s’est imposées. De tout ce que je viensdedire , il résulte, je crois, bien évidemment , que dans le battement des artères, le cœur est presque la seule puissance qai mette le fluideen mouvement;que les vaisseaux sont alors pour ainsi dire passifs; qu ils obéissent au mouvement qui leur est communiqué, mais qu'ils n’en ont point par eux-mêmes de dépendant au moins de la vitalite. Aussi la nature a-t-elle choisi L pour tissu artériel un de ceux de l’économie où la vie est le moin s Pre A SANG ROUGE. 527 noncée : autant le cœur est remarquable par ses pro- priétés vitales , autant les artères le-sont peu sous ce rapport. Il faut les mettre avecles tissus cartilagineux, fibreux , fibro-carlilagineux, etc. C’est pour qu’elles ne troublent point l'unité d’impulsion par leurs mou- vemens, que la nature a rendu telles les artères. Sup- posez qu’elles eussent les mêmes forces vitales que les intestins; que deviendroit la vie? La moindre contrac- tion convulsive un peu trop forte dans l’aorte oudans les gros troncs, en rétrécissant trop leur calibre, arré- teroit la circulation, et produiroit les effets les plus funestes en agissant en sens opposé du cœur. Dans le tube intestinal , ce phénomène ne produit que le vo- missement. Îl produiroit la mort subitement dans le système artériel. Plus on examinera atteutivement les choses, plus on se convaincra de la nécessité qu’il n'y ait qu’un seul agent d'impulsion pour le système artériel , et que tonjours inerte, ce système ne puisse nullement arrêter la marche du fluide. Je ne dispasque dansaucen cas les artères ne puis- sent se contracter sous l'influence vitale : la peau qni n'est pas irritable , se ride bien par le froid, Mais ces cas doivent être infiniment rares. Quand ils existent , ils causent l'inégalité de pulsation de l’unet de l’autre côtés ;inégalité rarement observée dans les maladies. Des Limites de l'action du Cœur. Le cœur est donc la cause essentielle du pouls ;c'est lui qui met tout en jeu dans le mouvement artériel. Beaucoup d'auteurs ont exagéré son influence ; ils ont cru que son impulsion suffisoit pour produire, non- seulement le mouvement artériel, mais encore celui 328 SYSTEME VASCULAIRE du système capillaire général, et même celui des vei- nes ; en sorte que la seule contraction du ventricule gauche est la cause, selon eux , de ce long trajet que le sang parcourt depuis lui jusqu’au ventricule droit. Mais une foule de preuves établissent incontestable- ment, comme nous le verrons, que ce fluide une fois arrivé dans le système capillaire général, est absolu- “ment hors de l'influence du cœur, et qu’il ne se meut plus que par celle des forces toniques des petits vais- seaux , et qu’à plus forte raison toute l'influence du ventricule gauche est nulle dans le système veineux. C’est sous ce rapport que les auteurs dont Je parle ont erré, et non sous celui de l'impulsion qu’ils ont admise dans le système artériel de la part du cœur. Nous pouvons, je crois, fixer à-peu-près les limites de lintluence du cœur sur le sang, en les établissant là où ce fluide se transforme de rouge en noir dans le système capillaire général. À mesure qu'il s’'avance dans les petits vaisseaux ; sans doute l'impulsion re- que s’affoiblit, et ces pelits vaisseaux y suppléent par leur contraclilité organique insensible; mais je crois que le mouvement recu du cœur n'est entièrement perdu qu’à l'endroit du changement en sang noir ; ensorte qu’on peut établir en principe général, 1°. que dansles oros troncs, dans les branches, eemême dans les rameaux , le cœur est presque tout pour le mou- vement du sang; 2°. que dans les ramuscules, c’est en partie cet organe et en partie l’action vitale des artères, qui concourent à ce mouvement ; 3°. qu'en- fin cette action vitale vasculaire est unique dans le système capillaire général. Le pouls n’a donc lieu dans sa plénitude, que dans A SANG ROUGE. 329 les troncs , les branches et les rameaux. I] s’affoiblit sensiblement dans les ramuscules ; il devient nul dans le système capillaire, Sans doute le tissu artériel des gros troncs est pourvu’, ainsi que nous l’avons vu , de contractilité insensible. Mais l'impulsion recaë par le cœur est si forte d'une’part , et la colonne de sang est si grosse, que l'influence de cette espèce de contractilité est absolument nulle, La seuleirritabilité pourroitavcirde l’influence;orelle n'existe pas dansles artères. Au contraire, dans les petits vaisseaux, d'une part le choc imprimé par le cœur s’est affoibli insen: siblement ; de l'autre part les filers de sang étant très- ténus, n'ont besom, pour leur mouvement , que d’une espèce d’oscillation , de vibration insensible des parois vasculaires. C’est là même ce qui distingue es- sentiellement les deux espèces decontractilitésorgaui- ques. L’une ne s'exerce que sur les fluides en masse, comme sur le sang, es alimens, l’urine , etc. L'autre fait mouvoir les fluides divisés en petits filets ; elle préside à la circulation capillaire, à l’exhalation et à la sécrétion. L'influence de la première ést donc spé- cialement réelle par-tout où il y a une grande cavité, comme estomac, la vessie, les intestins ; celle de Ja seconde n’a lieu que sur les petits vaisseaux. Tant que le sang est en masse un peu considérable , il est donc inévitable que le cœur soit son agent d’impul- sion, Îles artères ne pouvant Pêtre vu leur défaut d'irritabilité. Quand il est en filets très-petits, alors il se meut par la contractilité insensible des vaisseaux, Voici donc le rôle que joue cette dernière dans le système à sang rouge: 1°. elle existe dans les troncs, les branches et les rameaux; mais son effet est nul, 330 SYSTEME VASCULAIRE tant celui du cœur est marqué. 2°. Ce dernier s’affoi- blissant dans les ramuscules , le sien commence à avoir de l'influence. 3°. Enfin le cœur cessant d’agiter le sang dansle système capillaire général, la contractilité organique insensible ou la tonicité, reste seule pour cause de mouvement. Phénomènes de l'impulsion du Cucær. Quel rôle les artères jouent-elles donc dans le pouls? Voici ce qui arrive dans ce grand phénomène : comme les artères sont toujours pleines de sang, le choc qu’y recoit le sang du ventricule gauche est ressenti à l'instant dans tout le système et jusqu'à ses extré- mités. Représentez-vous une seringue dont le tube donne naissance à une infinité de branches qui don- nent ensuite origine successivement à une foule œ'au- ires très-pelites : si, quand vous poussez le piston de la seringue, son corps et toutes les branches et ra- meaux naissant de son tube se trouvent déjà pleins de fluide, il est évident qu’à l'instant même où le piston poussera le fluide dans le corps, 1l sortira de tous côtés par les rameaux ouverts, Maintenant ,supposez qu'au lieu de piston, vous puissiez faire resserrer su- bitement les parois du corps de la seringue. Eh bien le fluide à l'instant de la contraction jaïllira de tous côtés de ces rameaux ouverts. Une autre comparai- soa rendra ceci plus sensible : frappez au bout d’une longue poutre, le mouvement sera subitement res- senti à son extrémité opposée. On peut se former uneidée, d'après cela, de ce qui se passe à l'instant de la contraction du ventricule gauche. On a parlé d'une ondée de sang se propa- A SANG ROUGE, 552 gant dans tont le système artériel , et étant formée par les deux onces de sang versées à chaque con- traction dans les artères, C'est ainsi qu'il faudrait concevoir le mouvement artériel si lesartères etoienk vides à l'instant de la contraction; mais dans leur élat de plénitude le choc est généralement et subitement ressenti, et avec presque autant de force aux extré- mités qu’à l’origine des artères; ce n’est qne dans les ramusculesoùle mouvement s’affoiblit un peu. Rem- plissez d’eau les artères d’un cadavre, et adaptez une seringue pleine à l'aorte : à l'instant même où vous pousserez le piston, l'eau jaillira de la tibiale, ou de toute autre artère, si vous lâchez en même temps une ouverture que vous y aurez préliminairement faite. L'idée que l’on se fait communément du mouve- ment progressif du sang est doncabsolumentinexacte, On conçoit ce fluide coulant presque dans les artères comme l’eau dans les ruisseaux. Ce n’est point celas À chaque contraction du ventricule ,1l éprouve subt- tement un mouvement général qui se fait ressentir à ses extrémités. Voulez.vousencore unecomparaisouà Supposez une seringue au tube de laquelle est adapx tée une suite de conduits élastiques naissant les utis des autres : poussez le piston; vous verrez tous ceà conduits s'enfler simultanément , se redresser, et le fluide couler en même temps aux extrémités si chesl sont ouvertes. >.) .Cen'’est point Ja contraction desartères qui poussei lesang à leurs extrémités. Cela est si vrai, que) si vous ouvrez un de ces vaisseaux loin du cœur , chne! que saccade que fera le savg en sortant correspog<; dya à chaque contraction du ventricule. Or; si dei 332 SYSTÈME VASCULAIRE artères poussoient le sang à toutes les extrémités, en se contractant, leur contraction et leur relâchement altérneroïient avec ceux du cœur : mais si cela étoit ainsi, chaque saccade du jet artériel devroit corres- pondre à chaque relâchement du ventricule; ce qui est le contraire, comme je viens de le dire. D'après céla,on voit combien peu estexactel’opinion commune que j'aimoi-même professée plusieurs an- nées, savoir, que les oreillettes se contractent en même temps que les artères, et les veines en même temps que les ventricules. On explique ainsi la circulation du sang rouge : 1°. les veines pulmonaires poussent le sang dans l'oreillette gauche, 2°. Celle-ci, en se con- tractant, le chasse dans le ventricule qui se dilate pour le recevoir. 3°. Ce dernier se contracte ensuite, l'envoie dans l'aorte qui se dilate à l'instant de la con- traclion ; 4°, puis elle se contracte pour le pousser dans toutes les parties. Ce dernier temps n'existe point ; je vous défie de l’observer jamais, comme les preécé- dens, sur un animal vivant. Examinezle plus près pos- sibleunegrosse artère mise à découvert;ellesesoulève, mais ne se dilate presque point dans l’état ordinaire : elle ne se contracte presque pas non plus.Contraction du ventricule gauche ; mouvement général de tout le sang artérie] ; entrée de ce sang dans le système capil- laire, sont trois choses que le même instant assemble. C’estcommele chocdela poutre ,quiestéprouvéparun bout, en même temps qu'il est recu par le bout opposé. On peut prendre une idée extrêmement exacte de la circulation, enexaminant les artères mésentériques à travers le péritoine , après avoir ouvert le ventre d'un animal : à chaque pulsation, vous les voyez A SANG ROUGE, 333 toutes simultanément s'élever et battre à leur extré- mité comme à leur origine. Il est impossible de se faire jamais une idée du mouvement artériel, en considérant l’ondée de sang se répandant à chaque contraction dans les artères, et arrivant ensuile successivement jusqu'aux extré- amités, Lisez tous les auteurs sur la circulation ; vous verrez qu'il n’est aucun point plus souvent et plus longuement traité, que celui du cours du sang arté- riel, et que cependant il n’en est point qui vous laisse plus de doutes et d’obscurité. Pourquoi ? parce que tous sont parlis d’un principe faux, et que toutes les conséquences sont inexactes là où le principe n’est pas exact lui-même. Ce n’est pas l’ondée de sang sortant du ventricule qui est poussée à chaque contraction dans le système capillaire; c’est la portion de ce fluide qni se trouvoit Ja plus voisine de ce système, comme (ans la serin- gue, c’est la portion qui est dans le tube-que le piston fait sortir, et non celle avec laquelle ilest en con Lact: d'où f résulte que ce n’est qu’au bout d’un cer- tain temps que le sang arrive du cœur au ‘système capillaire général, qu il séjourne pendantun certain nombre de contractions dans les artères, et qu’il n’est que successivement expulsé; ce qui favorise le mé- lange des différens principes qui le composent. D’après cette manière de concevoir le mouvement artériel, qui est la seule réelle, la seule admissible, il est évidemment impossible que les flexuosités nui- sent à ce mouvement ; ce que beaucoup de faits nous ont d’ailleurs prouvé. Je regarde aussi comme dépourvu de toute espèce 334 SYSTÈME VASCULAIRE de fondement tout ce qu’on a dit dal les livres de physiologie , sur les causes du retardement occa- sionné dans le cours du sang, 1°. par son passage d’ün lieu plus étroit dansun plus large , et par la forme conique du système auéBritl SE enATe 2°. par le froite- ment, 90. par les angles, 4°. par les anastomoses où il ÿ a un choc opposé, etc. , etc. Tout cela seroit vrai siles artères étoient vidés à l'instant de la contrac- tion, parce que le sang ÿ auroit véritablement alors ün mouvement progressif. Mais dans le choc général ét instantané que la maässe totale répandue dans le système artériel éprouve, toutes ces causés sont évi- démmentnulles. J'en revienstoujoursälacomparaison triviale , mais trés-exacte, de la DRE Su pposez qu'un LH contournéde mille manièresavec une foule d’angles, d’inégalités , de saïlliesintérièures , étc., lui soit adapté: si le tube et le corps sont pleins à l’ins- añt où l’on pousse le piston, l’eau s’échappera su- Hitèment de l'extrémité ‘dé cé tube avec autant de force que s’il étoit droit et coùrt.[lest si vrai que toutes les causes dé retardement qui auroient quelque effet si les artères éloient vides à l'instant où le sang y est poussé, n’en ont aucune dans leur état orditbite, qu'une foule d’observateurs judicieux , qui même ad- imettoiént le retardement, ont vu dans leurs expë- riences que le mouvement éloit par-toût égal, dans les rameaux comme dans les tronés. Comment cela e leur a-t-il pas ouvert les yéux? On sait que le pouls est le même dans toutes les parties du système artériel : comment cela pourroit-il être avéc ceretar- dement? Ce qui a pui beaucoup aux progrès de la physiologie sur la circulation , c'est l'idée qu'on ät- A SANG ROUGE, 335 tache à la vitesse da cours du sangrouge, Cette vitesse ne peut véritablement s’estimer , parce que le mou- vement n'est point successif , parce’ que le sang ue coule point , à proprement parler ; il ést poussé subitement par un choc général où on ne x je) rien calculer. Les physiciens ont beaucoup calculé le mouvement des fluides lorsqu'il y a déplacement successif de leurs molécules, comme dans le cours d’un fleuve ; maïs ils ont eu moins égard à cemouvement brusque de totalité ou de masse , si je puis m'exprimer ainsi , qu'ilséprou- vent dans des canaux où ils se trouvent enfermés de tous côtés , ét où ils sont pressés par un bout. « Remarques sur le: Pouls. Voilà déjà deux choses bien manifestement prou- vées , savoir, 1°, que le cœur est l'agent spécial du mouvement artériel, et que les artères sont presque passives dans ce mouvement ; 2°. qu’il consiste en unchoc généralsubitementéprouvé par toutéla masse! à sang rouge, ressenti en même temps aux'extrémi- tés que dans les troncs , et non én une progression successive de l'ondée qui part du ventriculé gauche. Il me reste à examiner commént lé cœur produit le pouls par ce mouvement brusque’ et instantané, Or, nous avonsencore sur ce point beaucoup d’obseuritéà éclaircir ; mais on ne sauroit disconivehir que'la loco motion du système artériel né soil pour beaucoup dans ce phénomène. À linstañt où Ja masse! DRE est poussée ainst du cœur vers Is Ekirémilés paf an mouvement de totalité, poui'aiñsi dire , ellé tend inévitablement à redresser lesaïtères , surtout quand 336 SYSTÈME VASCULAIRE elles sont flexueuses. Ce redressement y détermine nécessairement une locomotion , laquelle produit le battement de l'artère. | Quant à la dilatation , elle est presque nallé dans l’état ordinaire ; cependant si vons appuyez un peu sur l'artère, le sang fait effort pour la dilater , et cet effort augmente le sentiment du pouls; Jadelot a cru même qu'il le constituoit seul. D’un autre côté, si beaucoup de sang entre dans le système artériel à l'instant de la contraction tu cœur ; si une résistance setrouve dans le système capillaire géneral, lesärtères peuvent être aussi dilatees , mais ce n’est jamaisalors leur retour sur elles-mêmes qui chasse le sang dans les capillaires ; ce retour n’est que consécutif. En effet, à l'instant même de la contraction, le sang entre d’une part dans les artères en sortant du ventricule , eten ,: : sort de l’autre part pour entrer dans le système capil- laire : ces deux phénomènes se font en même temps, puisqu'ils dépendent de la même impulsion. Donc lorsqu'il y a contraction dans l'artère, mouvement qui n’est que la contractilité de tissu mise en action, celte contraction ne chasse pas le sang ; mais elle arrive parce qu'il a été chassé dans le système capillaire à l'instant de la contraction : c'est parce que l'artère cesse d'être distendue qu’elle revient sur elle-même, etnon parce qu’elleestactuellement distendue. Voilà comment la contraction artérielle peut altèrner avec celle du veniricule gauche ; mais ce n’est point dans le sens que les auteurs l'ont entendu. Il ÿ a alors deux temps dans le mouvement du sang rouge : 1°. contraction du veniricule; dilatation légère du système artériel par lesang qui y entre ; locomotion A SANG ROUGE: 337 générale; passage dans le système capillaire d’une portion de ce sang rouge : Lous ces phénomènes se passent dans le même instant ; c'est le temps où le pouls vient frapper le doigt, celui de la diastole, 2°, Dans le temps suivant, le ventricule se relâche pour se remplir de nouveau; moins pleines de sang, les artères reviennent un peu sur elles-mêmes; toutes reprennent la place qu’elles avoient perdue pendant la locomotion : c’est le temps de la systole, temps pu- rement passif, tandis qu’on le croit très-actif pour lesartères. Comme pen de sang est poussé à chaque-pulsation bors du ventricule qui ne se vide pas tout , et que d’un autre côté, en même temps qu’il en entre dans les artères , il en sort du côté opposé au cœur, la dilatation artérielle et par conséquent la contraction sont presque nulles : aussi ne peut-on point les aperce- voir. D'ailleurs la contraction auroit lieu réellement, qu'elle ne seroit presque pas apparente; car quand c'est la contracuilité de tissu qui est en action, elle produit un mouvement lent, insensible, un resserre- ment véritable ; au lieu que la contraction, effet de l'immitabilité , est brusque , instantanée , et cause un mouvement que l'œil distingue toujours. Je ne saurois tropinsister sur ce fait qui est positif, sâvoir , que s'il y a un peu de resserrement dans les artères à l'instant où le pouls cesse de battre, ce n’est pas qu'elles se resserrent pour chasser le sang , mais c'est qu'elles se resserrent sur elles-mêmes, parce que le sang qui a passé dans le système capil- laire ne les dilate pas assez ; c’est la coniractilité par défaut d'extension. Voilà comment les saccades du 1, 23 940 SYSTEME VASCULAIRE sang arlériel sortant d’une artère ouverte, corres- pondent à la dilatation de ces vaisseaux , et l’affoi- blissement du jet à leur resserrement , ce qui devroit être asbolument tout le contraire dans l’opinion com- mune. La dilatation et le resserrement des artères étant peu de choses,et même presque nuls dans l’état ordi- paire, il paroît que la cause spéciale du pouls est, comme l’a très-bien observé Weitbreck, dans la loco: motion des artères, locomotion qui est générale et instantanée pour tout leur système, et non point con- séculive comme cet auteur l’a entendu. Je nerappor- terai point ici les preuves de cette locomotion; on les trouvera par-tout. J’observe seulement qu’elle est si manifeste sur les animaux vivans , que quand on a examiné souvent la circulation , par leurmoyen, il est impossible de se refuser à sa réalité. Au reste, diverses causes peuvent faire varier le pouls; ces causes sont, 1°. relatives au cœur, agent presque unique d'impulsion : ainsi sa contractilité or- gauique sensible , augmentée, diminuée, altérée sym- pathiquementou d’une manièrequelconque,peut faire qu'avec le même stimulant, il se contracte plus vite, plus lentement, plusirrégulièrement que de coutume : ainsi les vices de son organisation altèrent inévitable ment son mouvement. 2°. Le sang chargé de diver ses substances naturelles ou mobi Fucs est un excitant plus ou moins susceptible de mettre en jeu le mouve- ment du cœur. 3°. Le système capillaire général , suivant qu’il reçoit une plus ou moins grande quan- tité de sang, qu'il refuse celui que les artères y poussent , éter, produit nécessairement une foule de A SANG ROUGT, 339 variétés dans le pouls. Il est peu de causes relatives aux artères elles-mêmes. ! Si maintenant on considère la quantité presque innombrable de causes qui se rapportent à ces trois chefs principaux , on cessera de s'étonner des pro- digieuses variétés que le pouls nous présente en santé, et surtout dans les maladies. Au reste je ne traiterai point ici dans toute son étendue la question du pouls : il me suflit d’avoir énoncé les principes; j'eu développerai ailleurs les conséquences, qui sont pour le médecin d'une extrême importance, comme on le sait. On voit seulement par les divers aperçus que) ’ai pr ésentés , combien presque tous les auteurs ont envisagé d'une manière fausse le mouvement du sang, et quelles idées inexactes ils s’en sont faites. Les expériences n’ont presque servi ici qu’à em- brouiller ; c’est un travail qui exige d’être entière- ment refait , soit avec les matériaux qu'ont déjà ra- massés une foule d'auteurs estimables , surtout Hal- Jer, Spallanzani, Weïtbreck, Lamure, Jadelot, etc. soit avec des faits nouveaux. Je viens de présenter les premières bases de ce travail. Nous avons vu combien la structure ferme et élas- tique du tissu artériel est favorable à la locomotion des artères , et comment les flexuosités de ces vais- saux influent sur elle. J'ajouterai que l'union lâche qu'ils contractent avéc les parlies voisines, et que leur position constante dans le tissu cellulaire , favo- risent singulièrement cette locomotion. Si le sang rouge couloit dans les veines, nous éprouverions sous le doigt une espèce de bruisse- ment, au lieu du moffvement du pouls: c’est ce qui arrive dans l’anévrisme variqueux. Ïl n’y auroîit point de locomotion si les parois artérielles étoient formees avec les tissus dermoïde , muqueux , séreuX, etc. : il y auroit des phénomènes différens avec l'impulsion commune. Il ÿ a donc deux choses dans le pouls: 1°, impulsion du sang, mouvement subit et général de sa masse par la contraction du cœur; 2°. locomotion des artères , effet produit par ce fluide sur les parois artérielles qui le transmettent. La première chose est la plus essen- tielle; quant à la seconde , elle varieroit si le tissu ar- tériel qui la détermine cessoit d’être le même ; elle dé- pend dece tissu, et n’est pas essentielle à la circulation. Quand une artère est coupée au bout de son tronc, la locomotion est beaucoup moins sensible dans ce tronc, parce que moins de résistance y est opposée au cours du sang. | Si une artère est ouverte latéralement, il se fait deux courans de sang en sens opposé, qui sont pous- sés vers l’ouverture, et qui se réunissent en un jet. L'un de ces courans est direct, l’autre dépend des anastomoses. C’est comme quand, une artère étant coupée, le sang coule par les deux bouts. Si une artère est divisée en totalité, plus de sang s’en écoule en un temps donné, qu'il n'y enavoit au- paravant qui la traversoit dans le même temps pour aller au système capillaire lequel résistoit plus. Il ne faudroit donc pas prendre pour mesure de la vitesse du sang , le jet des artères ouvertes. Sympathies. Nous avons vu les artères fêtre rarement le siège A SANG ROUGE. 341 d’affections, soit aiguës, soit chroniques, à cause de l'obscurité de leurs propriétés vitales. Elles ne sau- roient donc exercer qu'une très-foible influence sur les autres organes : aussi , à part quelques douleurs sympathiques que l'on éprouve dans l'anévrisme , cette influence du tissu artériel sur les autres sys- tèmes est presque nulle. Dans deux outrois cas j'ai vu des mouvemens convulsifs produits par l'injec- tion d’un fluide très-irritant dans les artères. Il est facile de distinguer ces mouvemens sÿ mpathiques de teux que la té arrache à l'animal qui s'agite pour se débarrasser : ce sont des tremblemens sa ou des roideurs comme tétaniques. On concoit: que ces expériences ne doivent point être faites, dans les carotides , parce qu'irrité, par les {luides injectés, le ceryeau détermineroit des convulsions dépendantes du stimulant qui lui seroit directement appliqué, et non d’un rapport sympathique. Au reste, la mort seroit tout de suite le résultat de l'expérience si on employoit la carotide. | D'un autre côté, comme les arlères n'ont#point de contraëlilité organique sensible , presque point de sensibilité animale, peu de tonicité , les autres or- ganes ne sauroient que difficilement y développerdes sympathies par leur influence ; car pour qu’une pro- priété vitale soitgmise sympathiquement en jeu dans une partie , il faut qu’elle y existe, et même qu’elle y soit prononcée, Aussi les innombrables variations du pouls , qui sont le produit des sympathies , ont toutes essentiellement leur siége dans le cœur ; les arières y sont étrangères, Or les sympathies font con- tracter le cœur ou arréteut son mouvement, comme 342 SYSTEME VASCULAIRE les stimulans oulessédatifs directement apÿliquéssur lui, c'est-à-dire en agissant sur sa contractilité orga- nique sensible. Quand un anévrisme se rompt dans un accès dé colère , ou dans le coït, comme j'en aivuun exemple avecDesault, c’est le mouvement du sang qui étantssubitement augmenté en est la cause : ce n’est pas le tissu artériel qui a été influencé par la passion. D'ailleurs, sur quoi agiroïent les sympathies dans les artères ? Ce ne pourroit être ni sur l’élasticité, ni sur la contractilité de tissu, seules propriétés cependant capables de resserrer ces vaisseaux. Remarquez en effet que les sympathies ne mettent jamais en jeu qu'une des propriétés vitales, parce qu’elles sont elles- mêmes un phénomène purement vital. Toute pro- priété physique ‘ou de tissu ne sauroit s'exercer sous leur inflaence : c’est une observation importante. D'ailleurs, comme les artères sont par:tout répan- dues ‘dans les organes, qu’elles forment pour ainsi dire corps avec eux ,.il seroit difficile de distinguer ce qui leur appartient, surtout pour la ‘sensibilité , d'avec ce qui est propre à ces organes. # ARTICLE CINQUIÈME. Développement du Système vasculaire à sang TOuge. 6 Ier. Évar de ce Système chez le Fæœtus. ‘Lx fœtus diffère essentiellement de l'enfant qui a respiré, en ce que ces deux grands systèmes vascu- laires n’en font véritablement qu’un, puisque le trou A SANG ROUGE. du botal d’une part et le canal artériel de l’autre , établis- sent une commuñication immédiate entre l’un et l'autre. Cette communication est d'autant plus mar- quée, qu’on est plus prèsde l'instant de la conception ; plus on se rapproche de celui de la naissance, plus ces ouvertures se rétrécissent, 1°. Le trou botal est formé , dans les premiers mois, par deu x productions en forme de croissant , qui se regardent par leur con- cavité, et qui laissent entr’elles un espace ovalaire, lequel va toujours en se rétrécissant , parce que ces deux productions s’avancent toujours l’une vers l’au- tre , et tendent à se croiser ; ce qu’elles font en effet après la naissance. 20. Le canal artériel se rétrécit à proportion que l'artère pulmonaire se dilate. Tant que ces deux ouvertures sont libres , ce qui a lieu constamment chez le fœtus, les deux systèmes n’en font évidemment qu’un, commeje l'ai dit: d'où il suit bien évidemment que le sang qui y circule doit être absolument de même nature , qu’il ne doit pas y en avoir deux espèces chez le fœtus, comme cela s’observe constamment chez l’adulte. c est là en effet une remarquable différente entre les deux âges. 1°, J'ai disséqué plusieurs fois depetits cochons-d’iude dl le -sein de leur mère : leurs vaïsséaux m'ont constamment paru préseuter le même fluide , qui est noirâtre comme le sang veineux de ladulte. Cetie expérience est facile. L'abdomen de la mère étant fendu,onouvresuccessivement chacun des sacs isolés qu'offre la matrice pour chaque fœtus. Quand un de ces sacs est à nu, on fend les membranes, puis le ventre du petit animal , en laissant les vaisseaux om- bilicaux intacts. La transparence des parties permet 344 SYSTÈME VASCULAIRE alors facilement de voir l’uniformité de couleur du sang de la veme cave et de l'aorte: Mème remarque dans les parties supérieures. La carotide et la jugu- laire versent le même sang lorsqu' elles sont ouvertes. 2°, J'ai fait trois fois les mêmes. observations sur des fœtus de chien. 3°. On sait que le sang des artères ombilicales est constamment noir : tous les accou- cheurs on fait cette remarque. 4°. Il est hors de doutéque le changement du sang rouge en sang noir est dù au contact de l'air dans és poumon : le fœtus ne respirant Pas; ne sauroit donc avoir cette espèce de sang. 5°. J'ai disséqué plusieurs fœtus morts dans le sein de leur mère : or, le sang des veines let des artères m'a paru constamment uniforme, Il est vrai que ce n’esi pas nne: preuve:très-coucluante , puis- qu’en supposant qu'il y'eüt du sang rouge, la simple stase dans les vaisseaux , prolongée pendant un cer- tain temps , suffit pour-le. rendre noir , comme Hun- ter l'a observé. 4 0 Les faits précédens suffisent au reste pour établie à comme, un fait incontestable, l’uniformité du sang des deux systèmes chézle fœtus ; uniformité quiexiste au moibs.daus l'apparence extérieure , si elle n’est pas réelle dans, la composition intime. C’est aux chimistes à nous éclairer sur ce ponee Comment, se fait-1l Le ’à l'instant où le sang noir pénètre dans le système à'sang rouge chez l’adulte; de graves âccidens surviennent , que bientôt l’as- phyxie, puis la mort, se manifestent, tandis que chez le foetus, le sang noir circule impunément dans les artères ? C’est une question difficile à résoudre ; et cependant ces deux faits contradictoires sont éga- A SANG ROUGE. 345 lement réels l’un et l’autre. La différence de Ja na- ture du sang du fœtus pourroit peut-être servir à lever la difficulté, si on connoissoit mieux cette dif- férence. En effet, quoique la couleur assimile ce sang AMlni des veines de l'adulte, cependant il ne paroït pas être le même : il laïsse, en le touchant, une impression onctueuse, étrangère au premier. On ne le trouve jamais, sur le cadavre , coagulé comme lui, mais toujours fluide comme le sang des asphyxiés. Le cit. Fourcroy n'ya point observé de matiéresfibreuses; il a vu qu'il n’est point susceptible de devenir ruti- lant par le contact de l'air , qu'il n'offre pas des sels phosphoriques , etc. Il est donc très-probable que si le sang noir est funeste dans les artères de l’adulte, tandis qu'il circule impunément dans celles du fœtus, cela dépend de la différence de la nature de l’un et de l’autre. D'ailleurs, remarquez qu’il y a une diffé- rence très-grande dans les fonctions du fœtus et de l'adulte, Le premier n’a presque point de vie ani- male ; plusieurs des fonctions organiques lui man- quent. Le rapport des organes les uns avec les autres est delnature toute différente de ce qu’il sera après la naissance. Il n’y a même aucune espèce d’analogie à établir, sous ce rapport, entre le fœtus et l'enfant qui a vu le jour. Ainsi avons-nous observé que les expériences sur la vie et la mort donnent un résultat absolument différent dans les animaux à sang rouge et chaud, et dans ceux à sang rouge et froid qui se rapprochent presque de l’organisation du fœtussous quelques points de vue, On ne peut donc établir au- cune espèce de parallèle entre le fœtus et l’enfant qui a vu le jour, sous le rapport de la jésion des phéno- 340 SYSTEME VASCULAIRE mènes respiratoires, telle que celle dont j'ai recherché les causes dans mes expériences, puisque l’organisa- tion relative à ces phénomènes diffère si essentielle- ment dans l’un et l’autre. w Quoique j'aie dit que le sang des deux Systèmes vasculaires se confond chez le fœtus, cependant il y a, surtout dans les premiers temps, une espèce d’iso- ‘lement dans là masse générale du sang , isolement que le cit. Sabatier a le premier bien observé, et qui est un résultat de la disposition du trou botal et du canal artériel. Cet isolement partage en deux la masse sanguine. Voici commentse fait, sous ce rapport, la circulation du sang du fœtus. . 1°, Tout le sang que recoit le tronc de la veine ca- ve inférieure, soit du système capillaire des membres inférieurs, soit de celui de l’abdomen, soit du placenta par la veine ombilicale, au lieu d’aborder dans l’o- reilletté droite, comme chez l’adulte, passe en entier dans lagauche , à travers letrou botal, dont le rebord supérieur est tellement disposé, que rien ne peut se mêler au sang de la veine cave supérieure; en sorte que, quand on examine attentivement les choses, on voit que c’esi réellement avec l'oreillette gauche que la veine cave inférieure se continue. Voilà pourquoi cette oreillette est à proportion aussi dilatée que la droite; car elle seroit très-rétrécie si elle n’avoit à re- cevoir que le sang des veines pulmonaires, dont la quantité est presque nulle dans les premiers témps. De cette oreillétte, le sang passe dans le ventricule gauche, lequel le transmet à l'artère aorte, où il ren- contre les carotides et les souclavières, qui, par de nombreuses ramifications, le portent dans le sys- A SANG ROUGF. | 347 tème capillaire de la tête et des membres rs Aa 2°, Après avoir séjourné dans ce système , le sang revient , par les branches diverses de la veine cave supérieure dans l'oreillette droite , où le rebord su- périeur du trou botal l'empêche dé communiquer avec le sang précédent ; de cette oreillette il passe dans le ventricule, lequel le transmet dans l'artère pulmovaire , qui en envoie une petite partie qui re- vient dans l'oreillette gauche par les veines de même nom ; mais qui en transmet la presque totalité par le emobi artériel dans l'aorte descendante, au-dessous de l'origine des carotides et souclavières, qui char- rient le sang précédent. Celui-ci est porté parles bran- ches et rarmifications de l'aorte , dans le système ca- pillaire de l’abdomen et des membres inférieurs ; le résidu sort ensuite pour se perdre dans le placenta par l'artère ombilicale. Il suit de ce que nous venons de dire, que malgré la continuité des deux grands systèmes sanguins chez le fœtus , 1 ya, dans les premiers mois de la concep- tion , une espèce d’isoiement du sang qu'ils contien- vent; qu’il y a même pour ainsi dire deux systèmes tout différens de ceux qui dans la suite existeront d’une rhanière isolée chez l'adulte. | Le premier de ces systèmes a, 1°. pour origine tous les capillaires de l’ abdomeén, des membres inférieurs, et même ceux duplacenta ; 2°, pour troncs communs, en bas la veine cave inférieure, en haut la quadruple branche qu'on nomme aorte ascendante ; 3°, pour agent d'impulsion le côté gauche du cœur; 4°. pour terminaison tous les capillaires de la tête et des parties supérieures. Le second commence dans ces derniers 348 SYSTEME VASCULAIRE capillaires , et se compose, 1°. pour ses troncs , dela veine cave supérieure , et de ce qu’on nomme aorte descendante ; 2° pour son agent d’impulsion ,du côté droit du cœur ; 3°. pour sa terminaison , des capil- laires des parties inférieures. Le sang est donc partagé évidemment dans les premiers mois de la conception en deux circulations qui.se croisent, pour ainsi dire, en 8, comme l’a re- marqué le cit. Sabatier ; il se porte , dans chacune, d’un assemblage de capillaires, à un autre assem- blage de mêmes vaisseaux. Seulement , au lieu de se mouvoir entre le système capillaire pulmonaire, et le général, comme chez l'adulte, il se meut entre la par- tie supérieure et l’inférieure de ce dernier : on peut donc dire sous ce rapport, queles parties inférieures et les supérieures du corps sont en opposition dans le fœtus, comme chez l’adulte le. poumon l’est avec tout le corps. : Cette opposition complète, du côté de la circula- tion, entre le haut et le bas du corps, dans les pre- miers mois du fœtus, est probablement l’origine de la différence qu'il ÿy aura dans la suite entre ces parties. Tous les médecins ont observé cette différence dans les maladies. Si la ligne médiane sépare dans plusieurs cas les affections du côté droit de celles du côté gauche , le diaphragme semble être aussi souvent la limite de plusieurs maladies. Qui, ne sait que les taches scorbutiques se manifestent surtout en bas; que les infiltrations séreuses y sont plus fréquentes; que les ulcères sont infiniment plus communs aux membres inférieurs ; qu’au contraire, dans les parties supérieures, la plupart des éruptions cutanées se font ÿ A SANG ROUGE: 349 préférablement, etc. ? Bordeu, qui a beaucoup parle de la division du corps en partie supérieure et en in- férieure, qui admettoit un pouls précurseur des éva- cuations d’en haut, et un autre avant-coureur de celles d'en bas, Bordeu a sans doute exagéré cette opposition entre les deux moitiés du corps; mais elle n’est pas moins réelle , et je crois très-probable que le mode circulatoire du fœtus en est la source primitive. Après les premiers mois, les choses commencent à changer. La quantité de sang passant par l'artère pal- mouaire étoit d’abord presque nulle , parce que telle étoit la dilatation du canal artériel, qu'il détouruoit presque tout dans l’aorte descendante, Peu à peu ce caual se rétrécissant , les artères pulmonaires se di- latent, et alors plus de sang traverse le poumon, pour revenir par les veines pulmonaires dans l'oreillette gauche, qui le transmet dans le ventricule du même côté , lequel le pousse dans la crosse de l’aorte ; alors le mécanisme de la circulation indiqué plus haut com- mence à changer, et à se rapprocher de celui de l'en- fant qui a vu le jour, comme nous allons le voir. Cependant ce premier mécanisme prédomine en- core assez long-temps sur le second : d’où il résulte que pendant la plus grande partie du séjour de l’en- fant dans lesein de sa mère, c’est le ventricule gauche qui pousse le sang aux parties supérieures, tandis que les parties inférieures recoiventle leur par impulsion du ventricule droit, Or, commeles parois dû premier sont manifestement béaucoup plus épaisses que celles du second; et que d’autre part le cœur est plus loin des parties inférieures que des supérieures, celles- 350 SYSTÈME VASCULAIRE | ci reçoivent une impulsion plus considérable que les autres. De là peut-être une source nouvelle de la dif- férence des deux moitiés du corps; de là la nutrition plus active de celle d’en haut; de là le degré d'énergie vitale qu’elle conserve long-temps après la naissance, et qui la rend susceptible, à la tête surtout, de beau- coup plus d’affections que la moitié inférieure, Plus on se rapproche de la naissance, plus l’artère pulmonaire envoie de sang dans le poumon, et moins il en passe par le canal artériel. Car, comme je l’ai dit, ce n’est que d’une manière graduée que la tota- lité de ce fluide, contenue dans le corps, parvient enfin à l'époque dela naissance à traverser le poumon. Quoique auparavant il n’y subisse aucune altération, il n’y circule pas moins, sans doute pour l’habituer au passage quidoit avoir lieu constamment après la nais- sance, La quantité de fluide est donc enraison directe de l’âge dans l'artère pulmonaire, et inverse dans le canal artériel. Cette disposition ennécessite évidemment une cor- respondante dansle trou botal:en effet, si, à mesure que le canal artériel se rétrécit, celui-ci ne diminuoit pasaussi, tout le sang finiroit par s’accumuler dansles parties supérieures. Car, au lieu de passer de celles- ci aux inférieures, il leur reviendroit tout entier par l'oreillette gauche et le ventricule du même côté. A mesure que le canal se rétrécit, le trou botal dimi- nuant aussi, le sang de la veine cave inférieure, qui n’y peut plus passer en entier, cominence à se mêler avec celui de la supérieure , à entrer dans l'oreillette, puis dans le ventricule droits, ensuite à revenir par le poumon dans l'oreillette etle ventricule gauches, et À SANG ROUGE. 351 daos l'artère aorte. Qu’arrive-t-il de là? que cette ar- tère commence à recevoir du ventricule gauche une quantité de sang beaucoup plus grande qu’il n’en peut passer dans les carotides et les souclavières : une partie de celui qui y arrive reflue donc dans son tronc descendant, et va aux parties inférieures. D'après ce que nous venons de dire, les deux portions du sang du fœtus sont presque exactement isolées dans les premiers mois; tout ce qui vient de la veine cave inférieure passe par l'aorte ascendante ; tout ce qui vient de la veine cave supérieure ée jette dans la descendante ; les poumons ne recevant pres- que du sang que par les artères bronchiques pour leur putrition. Mais à mesure qu’on avance vers la nais- sance, ces deux portions du sang commencent à se mêler, et la circulation prend un mécanisme moyen entre celui de l’adulie et celui des premiers mois. A la naissance même, le trou botal et le canal arté- riel se trouvant très-rétrécis, la circulation se fait déjà presque dans le sein de la mère comme elle devra se faire toujours; toute la difference est que le fluide est de même nature, parce que la respira- tion n’a pas lieu. Le changement subit de la circula- tion, à la naissance, porte spécialement sur l'intro- duction du sang rouge dans l’économie. Quant aux phéngmènes mécaniques, ils ont été graduellement amenés par le rétrécissement graduel des deux ou- vertures de communication. Le sang a cessé peu à peu de se mouvoir des capillaires inférieurs aux su- périeurs; il s’est habitué à se porter des uns et des autres à ceux des poumons, el réciproquement. C'est mal concevoir les phénomènes circulatoires, 352 - SYSTEME YASCULAIRE que de supposer leur changement subit à la naissance, Il suffit d'examiner le trou botal et le canal artériel aux différentes époques de la grossesse, pour voir qu'ils se rétrécissent successivement, que par con- séquent ces phenomènes sont successifs ; en sorte que si le fœtus séjournoit long-temps au-delà du terme, dans la mairice, et que lé rétrécissement continuât dans le trou botal et le canal artériel, le sang circu- leroit, comme dans l’adulte, uniquement du sys ième capillaire pulmonaire au général, et récipro- quement. La différence seule seroit dans l’uniformité de sa couleur , parce qu'il passeroït dans le premier système sans y éprouver le contact de l’air. Je ne dis pas que l’abord de l'air n’appelle subite- ment aux poumons le reste de sang qui passoit par le canal artériel; mais cerlainement celle espèce de dérivation subite n’a lieu que pour une partie du sang de l'artère pulmonaire; une partie passoit déjà par le poumon avant la naissance , quoique les cel- lules de celui-ci fussent vides. En général, il y a un rapport constant entre Ja quantité de sang que le ventricule droit envoie dans le poumon, et celui que le gauche pousse dans les parties inférieures. Plus le premier augmente, plus le second est aussi abondant; ce dernier est visible- ment l’excédent de celui qui pénètre dans les parties supérieures. Ces trois choses, 1°. la quantité du sang de la veine cave inférieure qui se mêle à celui de la supérieure, et passe avec lui dans l'oreillette droite ; 2°, celle qui du ventricule droit traverse les poumons et revient dans l'oreillette gauche; 3°. celle qui du véntricule gauche se porte dans l’aorte descendante , A SANG ROUGE. 353% vont toujours en croissant à mesure que le fœtus avance vers l’époque de l’accouchement. L’artère aorte descendante n’éprouve par ces va- rialions aucun changement dans son calibre : en effet, qu’elle reçoive le sang du canal artériel , au-dessous de l’origine des carotides et des souclavières , ou que ce fluide lui vienne directement du ventricule gau- che par sa crosse, c’est la mème chose pour elle; ses parois vont loujours croissant d’une manière uni- forme ; tout dépend du rétrécissement successif du canal artériel et du trou botal. Tout le système vasculaire est, en général , remar- quable chez le fœtus par son grand développement. Les artères à proportion sont plus grosses, ce qui correspond au volume du cœur , qui est très-déve- loppé à cet âge ; c’est à-peu-près comme les nerfs par rapport au cerveau. Cependant le développement des artères n’est pas, comme celui des nerfs, à-peu-près uniforme par-tout. Ces vaisseaux suivent en général le même ordre que les parlies auxquelles ils se distribuent. Ainsi dans les parties su périeures , les artères cérébrales sont beau- coup plus prononcées que les faciales ; parmi celles- ci l'ophthalmique l’est plus que les nasales, que les palatines, etc. Dans la poitrine, les artères thymiques sont beaucoup plus grosses à proportion que par la suite. Dans l'abdomen, tous les viscères gastriques étant trèsprononcés, il y a des artères déjà très- grosses ; les surrénales le sont beaucoup plus à pro- portion que chez l’adulte. Dans le bassin, au con- traire, le système artériel est très-rétréci , parce que les viscères ont peu de volume, que leur nutrition Le 24 304 SYSTÈME ŸYASCULAIRE est presque oubliée. Dans les membres inférieurs , les artères sont un peu plus réirécies proportionuelle- ment que dans les supérieurs, surtout dans les pre- miers temps, car vers l'époque de la naissance , la proportion est à-peu-près égale. Le tissu artériel est infiniment plus sonple chez le fœtus que chez l'adulte ; il céderoit plus facilement aux extensions ; les ligatures appliquées sur les ar- tères le rompent moins facilement. Les anévrismes sont extrêmement rares chez les enfans. Beaucoup de petites artères serpentent dans les pa- rois des grosses, chez le fœtus; celles-ci en sont sou- vent comme livides : pour les bien observer , il faut même , comme je l’ai dit , les examiner à cet àge. Cette abondance de vaisseaux dispose-t-elle les ar- tères, dans le premier âge, aux inflammations qui: y sont si rares dans les âges suivans? Je n'ai jamais observé cette altération. Dans les premiers temps du fœtus, les’lames et les fibres artérielles sont peu distinctes ; on dirois que la paroi de l'artère est homogène, Mais cepen- dant elle a beaucoup plus de consistance que la plu- part des lissus environpans ; celte consistance répond à celle du cœur. Destinées à distribuer par-tout la ma- tière nutrilive , les artères devoient nécessairement précéder les autres organes dans leur nutrition. Cet accroissement précoce, et toujours concomitant de celui du cœur, prouveroit seul que les artères ne font que se développer, et que le cœur ne lescreuse point, comme l’a dit Haller, dans l’intérieur de nos parties , par la force de son impulsion. D'ailleurs, cette ma- nière mécanique de concevoir leur formation est ma= “ A SANG ROUGE. 355 nifestement contraire aux lois connues de l’économie animale. $ 11 État du Système vasculaire à sang rouge pendant l'accroissement. Au moment de la naissance, il arrive deux grandes révolutions dans le système à sang rouge : 1°. une mecanique, pour ainsi dire, dans les phénomènes du cours du sang; 2°. une chimique dans la nature de ce fluide. La révolution mécanique dépéud de la cessalion absolue du passage du sang à travers le trou botal , le canal artériel, les artères et la veine om- bilicales. La révolution chimique dépend de la forma- tion du sang rouge ; je vais d’abord examiner cette dernière. Le fœtus trouve dans ce qui l'entoure en naissant des causes d'une vive excitalion ; sa surface cutanée, toules les origines des muqueuses, sont fortement süimulées. Les sensations qu’elles éprouvent sont même douloureuses, parce que la différence est très- grande entre les eaux de l’amnios et les corps avec lesquels le fœtus se trouve en contact à la naissance, el que tout passage trop brusque dans les sensations est pénible. L’habitude use bientôt ce sentiment ; mais il n’est pas moins réél à la naissance , et on pent dire àcet égard que ce moment est aussi pénible pour l'enfant que pour la mère. Or, comme toutesensation vive est en géneral accompagnée de grands mouve- mens , une agitalion générale succède à l'impression que le fœtus ressent au dehors; tous ses muscles se meuvent, les intercostaux et le diaphragme comme 356 SYSTÈME VASCULATRE les autres. L'air qui déjà remplissoit la bouche et la trachée-artère, se précipite alors dans les poumons , y colore le sang en rouge, puis en est chassé et y rentre alternativement jusqu’à la mort. La première inspiration est donc , sous ce premier point de vue, un phénomène analogue à tous les mouvemens que de changement d’excitation extérieure détermine tout- à-coup à la naissance dans les muscles volontaires du fœtus. Cependant le mouvement respiratoire esttrop im- portant à la vie, puisqu'il commence un nouveau mode de rapport entre les organes, pour dépendre exclusivement de cette cause. Je présume qu'un prin- cipe inconnu , une espèce d’instinct , sollicite aussi le fœtus, à l'instant de la naissance, de contracter les intercostaux et le diaphragme. Cet instinct que je ne connois point, dont je ne puis donner la moindre idée , est le même qui fait qu’en sortant du sein de sa mère, l'enfant meut ses lèvres en gouttières , comme pour téter. Certainement on ne peut pas dire que ce mouvement soit un effet des impressions extérieures très-vives qu'il ressent : ces impressions déterminent des agitations , des mouvemens irréguliers, comme pour se débarrasser de ces impressions, et non un mouvement uniforme évidemment dirigé vers un but déterminé. Si nous examinions tous les animaux en particulier à l'instant de leur naissance, nous verrions chacun exécuter des mouvemens particuliers, dirigés par l'instinct de chacun. Les petits quadru pèdes cher- chent la mamelle de leur mère, les gallinacées le grain qui doit les nourrir; les pelits oiseaux carnivores euvrent tout de suite leur bec, comme pour recevoir _ A SANG ROUGRZ. 357 la proie que leur apporte par la suite leur mère dans le nid, etc. En général , il est essentiel de bien distinguer les mouvemens qui, à l'instant de Ja naissance , dé- pendent des excitations nouvelles que reçoit le corps du fœtus, d'avec ceux qui sont le résultat d’une es- pèce d’instinct, d’une cause que nous ignorons. Je crois que le mouvement respiratoire appartient en même temps aux deux causes, et plus spécialement peut-être à la dernière. Je passe aux révolutions mécaniques du cours a sang. À l'instant où le poumon change en rouge le sang noir qui y aborde par les artères pulmonaires, il appelle pour ainsi dire tout celui qui passoit encore par le canal artériel; celui-ci cesse de rien trans- mettre à l'aorte, quoique cependant il reste encore souvent plus ou moins dilaté; car à la naissance il n'est presque jamais entièrement oblitéré :j’observe même que son rétrécissement varie singulièrement à celte époque. Comment le sang cesse-t-1l donc d’y couler? Comme les alimens ne s’introduisent pas dans le conduit cholédoque , dans les lactés, ou le pancréa- tique, quoiqu'ils passent à leurs orifices, sans doute parce que le mode de sensibilité de ce canal repousse le nouveau sang veineux du fœtus, qui ne vient plus du placenta, parce que celui que le poumon a rougi refuse de se mêler à lui. Certainement on ne peut donner aucune raison mécanique de ce défaut de passage, qui est très-réel cependant, et qui tient évidemment aux lois vitales. D'ailleurs le mouve- ment dont le poumon devient le siége , la dilatation, el surtout l’excitation nouvelle qu’y apporte l’airexté- C4 358 SYSTEME VASCULAIRE rieur , en activant beaucoup la circulation capillaire, facilitent celle des deux troncs pulmomaires, et font que le sang tend plutôt à y passer que par le canalarté- riel : c’est sous ce rapport que j’ai dit que le poumon appelle le sang de l'artère pulmonaire. Est-ce que lir- ritalion vive dont certaines tumeurs sont le siége n’y appelle pas plus de ce fluide ? N'est-ce pas pour cela que lés artères de ces tumeurs se dilatent, qu'elles prennent un calibre double, triple même ? Eh bien! ce quiarrivedans cestumeurs d’unemanièregraduée, survient tout à coup pour le sang qui passoit encore par le canal artériel à la naissance , et qui étoit très- diminué, comme je l'ai dit,'par le rétrécissement succéssif de ce canal. Par là même que tout le sang de l’artère pulmo- vaire traverse le poumon, le trou botal se ferme : en effet, ce trou est tellement disposé à la nais- sance , que ses valvules se sont rapprochées au point de se dépasser , de se croiser pour ainsi dire ;en sorte que quand elles sont appuyées l’une contre l’autre, la communication des oreillettes est vraiment fermée: Or, le sang rouge entrant dans l'oreillette gauche par les veines pulmonaires, pousse la valvule du trou botal correspondant à celte oreillette , contre l’autre, s'oppose par conséquent au sang de la veine cave in- férieure, qui tend à y entrer. Celui-ci reflue dans l'oreillette droite. Or, quandcelle- ci se contracte pour chasser le sang dans son ventricule , loin de le faire aussi passer dans le trou botal , elle applique néces- sairement les deux valvules l’une contre l’autre, et les oblitère. En examinant avec soin l’état du cœur du fœtus, il est évident que lorsque le sang entre dans A SANG ROUGE. 359 Yordillette gauche par les veinés pulmonaires, dans la droite par les veinescaves, el que les valvules sesont croisées, il est impossible que le sang y passe, ni dans la contraction , ni dans la dilatation. Quoique le trou botal soit encore ouvert à la naïs- sance , le sang noir cesse donc de le traverser ; je dis plus : souvent ce trou reste libre pendant toute la vie. Plusieurs anteurs en rapportent des exemples. J’en at vu un grand nombre, quoique cette assertion paroisse exagérée au premier coup d'œil, Eh bien !il est impos- sible, par la disposition de ses deux valvules, que le sang le traverse. Quand les deux oreillettes se con- tractent en même temps, le sang qui est pressé par elles de dehors en dedans, les applique l’une contre l’autre , et se forme à lui-même un obstacle, Dans le plus grand nombre de cas, l’adhérence des deux val- vulescroisées estextrêmement foible: elles sont plutôt collées que continues ; en sorte qu’en enfoncant en- tr'elles le manche d’un scalpel ; elles s'écartent facile- mént, el à peine trouve-t-on des traces de rupture. Si elles étoient disposées de tellé manière quele sang pûts'insinuer entr’elles, il les auroit bientôt séparées, ét la communication se rétabliroit. Qué les auteurs céssent donc d'imaginer des explications pour savoir comment on peut vivre le trou botal étant ouvert : c’est absolument comme s’il ne l'étoit pas; il n'y passe pas davantage de sang. L'oblitération du trou botal, la cessation du pas- sage du sang à travers son ouverture, sont, commé on le voit, des phénomènes jusqu’à un certain point mécaniques. Les lois vitales jouent aussi sans doute leur rôle dans cetté occasion. Qui sait si la sensibilité 360 SYSTEME VASCULAIRE de l'oreillette gauche stimulée , et modifiée nouvelle- ment par le sang rouge, ne repousse pasle noir quiten-- doit à y pénétrer par le trou botal? Chaque jour , dans l’économie , nous voyons les fluides passer à côté des ouveriures sans s’y introduire, quoique celles-ci soient béantes , par la seule raison que leur sensibilité n’est pas en rapport avec ces fluides. Pourquoi latra- chée repousse-t-elle convulsivement tous les fluides et les solides? pourquoi l’a y a-t-il seul accès ? Pour- quoi le sang n’entre-t-il pas dans le canal thorachique , qui souvent es! garni, comme je l’ai observé , d'une valvule insuffisante pour s’opposer an passage , qui en manque même quelquefois? Pourquoi lurètre repousse-t-il l’urine dans l’éréthisme du ccït? C’est un défaut de tous les auteurs de ne chercher que des causes mécaniques à tous les phénomènes circula- toires. Sans doute le cours du sang est un phéno- mène mécanique ; mais les lois qui président à ce cours sont vitales; c'est comme un os qui se meut par la contraction musculaire : l’effet est le mécanis- me du lévier ; la cause est vitale. Le sang cessant de traverser le canal artériel, celui- ci se resserre promptement en vertu de sa contrac- tilité de tissu ; il devient une espèce de ligament qui fixe, jusqu’à un certain point, l'artère aorte et la pul- mouaire, dans leur position respective. Quant à l’obli- tération du trou botal , ce n’est point cette propriété qui y préside ; cette oblitération ne se fait point par unresserrement, mais par une véritable agglutination des deux vaivules entre lesquelles il est obliquement situé à lanaissance. Cette agolutination paroit être un effet de la pression qu’exerce en sens opposé, sur À SANG ROUGF: 361 Ja cloison moyenne des oreillettes, le sang que cha- eune contient. En effet , leurs fibres sont tellement disposées, qu'elles se contractent de dehors en de- dans : or, en se contractant ainsi, elles pressent de chaque côté le sang contre la cloison , et par consé- quent les deux valvules l’une contre l’autre. Or, cette agglutination peut quelquefois ne pas avoir lieu , tandis que, la contractilité de tissu ne manquant ja- mais de s'exercer quand les parties qu’elle anime ces- sent d’être distendues, le canal artériel est con$tam- ment oblitéré. En même lemps que le canal artériel et le trou botal cessent de transmettre le sang à la naissance, ce fluide s'interrompt dans l'artère et la veine ombi- licales. Pourquoi le sang cesse-t-il de couler par cette artère , quoique le diamètre soit encore très-élarai à la naissance ? La cause principale me paroît en être la nature du sang rouge, qui n’est plus en rapport avec la sensibilité de cette artère. Une preuve, c'est que si, quelque temps après avoir respiré, le fœtus cesse de le faire, que le sang redevienne noir par conséquent, les artères ombilicales recommencent à : battre ; et si on lâche la ligature , elles versent beau- coup de sang. Le cit. Baudelocque a fait plusieurs fois cette observation. Eu général, dès que la respiration est bien établie, le sang cesse de couler par l'artère ombilicale , et sous ce rapport la ligature du cordon est alors inu- tile. Au contraire, tantque cette fonction se fait mal, il y a à craindre l’hémorragie de cette artère. J'avoue cependant qu'il pourroit bien y avoir d’autres causes de celte interruption du passage du sang rouge. Ces 362 SYSTÈME VASCULAIRE quatre choses, 1°. cessation de l'abord du sang dans la veine ombilicale ; 2°. interruption du passage de - celui de la veine cave inférieure par le trou botal , 3°. de celui de l’artère pulmonaire par le canal ar- tériel; 4°. de celui de l'aorte descendante par l’artére ombilicale, ces quatre choses, disje, les trois derniè- res surtout, paroissent tenir à une cause que nous ne _Pénétrons pas bien encore. Le changement du rap- “port de sensibilité organique avec la nature du saug n'est peut-être qu’accessoire » Puisque, comme je l'ai observé, c’est moins cette propriété, que l’action du cœur elle-même, qui est la cause de la circulation dans les troncs. Cet objet mérite l'examen le plus sérieux de la part des physiologistes. Une fois que la respiration-est bien établie, le pou- mon se trouve en opposition avec tout le corps; ul envoie le sang à toutes les parties, et toutes les par- ties le lui renvoient. Alors la limite esl rigoureuse- inent fixée entre le système à sang noir et celui à sang rouge, et les choses se passent comme nous l'avons dit précédemment. Au-delà de la naissance , le système vasculaire à sang rouge prédomine encore long-temps par son développement plus considérable, ét par Le nombre plus grand de ses rameaux. En effet, il y en a béau- coup plus alors où le sang rouge pénètre qu'il n'ÿ en aura par la suite. Il suffit de disséquer les animaux vivans aux différens âges pour se convaincre de la quantilé beaucoup plus grande de sang que contient, chezles enfans, le système qui nous occupe; en sorte que, comme je l’ai dit ailleurs , les deux âges opposés de la vie présentent unedisposition inverse sousle rap: A SANG ROUGE, 363 port des fluides et des solides, Les premiers sont d’au- tant plus aboudans, qu'on approche plus de l'instant de la conception. Les seconds prédominent tou- jours davantage à mesure qu'on avance vers le dernier âge. La prédominance du système à sang rouge reste marquée jusqu’à la fin de l'accroissement, On conçoit la nécessité de cette prédominance pour distribuer à toutes les parties les matériaux de leur nutrition et de leur croissance : en effet, dans l'adulte les artères ne contiennent que ce qui est destiné à la première. Daos l’enfantils contiennent de plus ce qui est néces- saire à la seconde. De là un calibre nécessairement plus considérable proportionnellement que par la suite, dans les tubes artériels pour renfermer plas de fluide. C'est en effet ce que les injections démon- trent ; et sous ce rapport les petits sujels ne sont pas moins favorables à l'étude des artères qu’à celle des nerfs. Ces vaisseaux y sont plus saillans; seulement les parties environnantes étant moins développees, on ue voit pas aussi bien les connexions. A-mesure que l'enfant avance en âge , l'équilibre s'établit peu à peu dans le système à sang rouge. A la tête les artères faciales se prononcent davantage, et se mellent peu à peu au niveau des cérébrales , sous le rapport du développement.Dansla poitrine,lethymus diminuant à mesure que le poumon augmente, les ar- tères nutrilives de l’un et de l’autre suivent un ordre inverse ; les bronchiales se dilatent , et les thymiques se resserrent. Dans l'abdomen moins de sang arrive aux artères capsulaires ; mais la plupart des autresen recoiveut autant. Le bassin et les membres inférieurs 364 SYSTEME VASCULAIRE s'en pénètrent surtout davantage, et leur dévelop- pement se prononce à proportion. S IL. État du Système vasculaire à sang rouge après l'accroissement. C'est aux environs de l’époque de la puberté que l'accroissement en longueur est en général fini. Celui de l'accroissement en épaisseur continue toujours. Les parties génilales , jusque là oubliées, semblent être alors un foyer de vitalité, plusacuif que la plupart des autres organes. La portion du système à sang rouge qui lui appartient se prononce donc alors davantage. Le premier effet qui en résulte, c’est la sécrétion de la semence, et une impulsion générale de tout l'individu vers des goûts et des desirs nou- veaux, vers ceux relatifs à la propagation de l’espèce. Bientôtunautre phénomène enest la suite. Comme les poumons sont liés par un lien intime, quoiqu’in- connu, avec les parties génitales, ils se ressentent de la prédominance de celles- ci, Leur énergié vitale s’ac- croit aussi, et alors commence l’âge des affections de ce viscère. Alors telle cause qui eüût, dans l’âge adulte, occasionné une affeclion gasirique,en détermine une pulmonaire. Ce n'est vraiment qu’à cette époque que cesse en- tièrement la prédominance des parties supérieures , de la tête spécialement. Aussi, tandis que les narines étoient chez l'enfant le siége fréquent des hémor- ragies , ces affections ont plus particulièrement leur siége dans le poumon chez le jeune homme. On peut regarder l'accroissement d'énergie du poumon qui arrive peu après la puberté, comme le terme de la A SANG ROUGE. 365 prédominance des parties supérieures. Alors les érup- tions cutanées du crâne, la teigne, les diverses espèces de croûtes , etc. , cessent d’être aussi fréquentes. Les convulsions, et toute la série des maux qui dérivent de l'extrême susceptibilité du cerveau , deviennent aussi plus rares, et semblent faire place à la liste nom- breuse des affections pulmonaires aiguës. C’est vers cette epoque, c'est-à-dire, quelque temps après la fin de l'accroissement en longueur, que les maladies qu'on regarde comme le produit d’une ple- thore artérielle, commencent surtout à se manifes- ter ; c’est pour ainsi dire leur âge; cela tient à la cause suivante : comme le sang contient avant la puberté, non-seulement les matériaux de la nutrition , mais encore ceux de l'accroissement, tant quecelui-cise fait, tout est dépensé dans le système à saug rouge. Mais lorsqueles partiesont cessédecroîtreenlongueur, sice système continue encore à recevoir les matériaux de la croissance,il survient une vraie pléthore artérielie. En général,il est rare qu'aux environsde la fin de l'accrois- sement, ilnesurvienne pas quelques affections quiin- diquent une prédominance du sang; ce qui cependant est soumis à l'influence du tempérament, du genre de vie mené jusque là, de Ja saison, etc. , et de mille autres causes qui, faisant varier les phénomènes de l’é- conomie animale, permettent rarement d’établir des principes généraux exclusifs. Aussi tout ce que nous disons sur la disposition aux diverses maladies, dans les divers âges, elc., est sujel à une foule d’exceptions, Peu à peu la prédominance des poumons se perd; l'équilibre s'établit entre tous les organes , qui, jus- que là, avoient chacun joué un rôle plus ou moins 366 SYSTÈME VASCULAIRE marqué dans les phénomènes relatifs aux différens âges. Comme le système à sang rouge est constam- ment, dans chaque partie, en proportion de son ac- croissement auquel il concourt spécialement, l’équi- libre s'établit par là même entre les différentes parties à vingt-six ou trente ans; toutes les artères ont un volume proportionnel, analogue à celui qu’elies au- rout toujours par la suite. Tandis que jusque là les unes ou les autres prédominoient , suivant la prédo- minance d’accroissement des organes auxquels elles se rendoïient. Vers la quarantième année, les viscères gastriques semblent acquérir une activité vitale plus marquée ; mais cette activité n'influe point sur le volume des artères qui se distribuent à ces viscères. Quoique l’accroissement eu longueur soit fini aux environs de la seizième ou dix-septième année, ce- luien épaisseur continue toujours ; en sorte que les viscères intérieurs grossissent encore, et que leurs ar- ières s’élargissent par conséquent jusqu’à ce que ce dernier accroissement soit fini. Ce phénomène m'a constamment frappc, en comparant les artères in- jectées dans les sujets de seize à vingt ans, et dans ceux au-delà de trente-six ou quarante. Dans les derniers , elles sont constamment plus grosses. C’est même celte différence qui m’a fait naître la pre- mière idée de distinguer l'accroissement en celui en longueur, et en celui en épaisseur. Car le dévelop- pement des artères est l'indice constant de l’état où se trouve l’accroissement dans les organes. L'époque de la cessation d’accroissement en épaisseur est donc remarquable , 1°, par la cessation de l'augmentation A SANG ROUGE. 307 du calibre des artères; 2°. par l'équilibre général qui s’etablit dans leur développement. A mesure que les artères croissent dans les années qui succèdent à la fin de l'accroissement, elles augmen- tent en densité et en épaisseur. Leurs fibres devien- veut de plus en plus prononcées ; leur élasticité aug- mente ; leur souplesse diminue": voilà pourquoi l'âge adalte est celui des anévrismes. Remarquez que la densité des artères suit, dans ses augmentations, la même proportion que les fibres charnues du cœur ; en sorte que, plus celui-ci est susceptible de pousser le sang avec force , plus les artères sont susceptibles d'y résister. S IV. État du Système vasculaire à sang rouge ‘ pendant la vieillesse. Dans les dernières années, le système à sang rouge est remarquable par les phénomènes suivans. Le nombredes ramuscules artériels diminue beau- coup. À mesure que le cœur perd de son énergie, il pousse moins de sang avec moins de force. La vibra- tion générale qu'il détermine dans tout l'arbre arté- riel est moins ressentie aux extrémités de cet arbre. Les petits vaisseaux qui forment ces extrémités re- viennent peu à peu sur eux-mêmes , S'oblitèrent et se transforment en autant de petits ligamens. Voilà pourquoi, quand on sépare le périoste de l'os , la dure-mère de la surface interne du crâne , peu de gouttelettes sanguines s’échappent; pourquoi la peau, racornie , endurcie pour ainsi dire , ne présente plus cetle teinte rosée des âges précédens , de la jeunesse surtout ; pourquoi la section des os ne fournit pres- 368 SYSTÈME VASCULAIRE que plus de sang, tandis qu'il étoit si abondant chez le fœtus ; pourquoi les surfaces muqueuses pâlissent les muscles deviennent ternes , etc. T'ous les anato- mistes savent que les injections réussissent d’autant moins, que les sujets sont plus avancés en âge ; que dans la dernière vieillesse les troncs seuls se rem- plissent ; que les fluides ne pénètrent jamais dans les ramuscules; que les petits sujets présentent une dis- position contraire; que les injections, même gros- sières, pénètrent souvent alors tellement les ramus- cules, que cela devient embarrassant pour la dissec- tion. J'ai disséqué plusieurs animaux vivans, dans le dernier âge ;or c’est un phénomène remarquable, que le peu de sang que les petits vaisseaux contiennent, en comparaison de ce qu'on observe sur les jeunes animaux. La proposition générale que j'ai établie, savoir, que les solides vont toujours en prédominant, est de toute vérité. Cette oblitération des petits vais- seaux est remarquable même sur les parois des grosses artères : on l’observe sur le cadavre : je lai vue sur le vivant, La moindre quantité de sang rouge qui se trouve proportionnellement chez le vieillard , est relative surtout à l’état de sa nutrition, qui est presque nulle lorsqu'on la compare à celle de l'enfant. Re- marquez aussi que , jointe à la foiblesse du mouce- ment qui anime le sang , elle est une cause du peu d’excilation où se trouvent toutes les parties chez le vieillard. En effet , l’usage de la circulation n’est pas seulement de porter dans les diverses parties les ma- tériaux des sécrétions , des exhalations, de la nutri- uon, etc; nous verrons qu'il les entretient encore A SANG ROUGE. 309 dans une excitation habituelle par le choc qu'il leur imprime en y abordant, choc dont le principe est évidemment daasle cœur. Or, ce choc est en raison composée , 1°. de la quantité de fluide , 2°. de la force avec laquelle il est poussé. Sous ce double rapport, J'excitation doit aller toujours en diminuant à me- sure qu'on avance en âge. Aussi remarquez que toutes les fonctions de l'enfant, soil organiques, soit ani- males, sont caractérisées par une vivacilé , par une impeétuosité qui contrastent avec la lenteur et le peu d'énergie de celles des vieillards. Le tissu artériel se condense toujours davantage à mesure qu'on avance en âge. Les lames que forment les fibres de la membrane propre deviennent de plus en plussècheset arides, sije puis me servir de ce terme. J'ai dit que la membrane interne devient le siége très-fréquent d’une espèce d’ossification particulière, qui n’a guère d'influence sur la circulation que quand elle siége à l’origine de l'aorte. Le calibre des artères ne se dilate point dans la vieillesse. Il n’y a guère que la crosse aortique qui éprouve presque constamment un élargissement plus ou moins considérable,lequel esttoujourssansrupture des fibres, suppose l’extensibilité par conséquent de ces fibres , et dépend sans doute de l'impulsion ha bituelle et directe que le sang exerce contre la con cavité de cette courbure. J'ai examiné souvent s’il y avoit une semblable dilatation aux endroits où les courbures sont très-marquées dans les artères , dans la carotide interne, par exemple, à son passage par Je trou carotidien ; je n’en ai point apercu. Dans les derniers temps , le pouls est remar- Le 25 370 SYSTEME VASCULAIRE quable par son extrême lenteur ; phénomène opposé à celui de l'enfance, où le sang se ment avec une extré- re promplitude. Ces deux faits opposés sont , d’a- Près ce que nous avons dit , étrangers pour ainsi dire aux artères. Ts indiquent presque uniquement l’état des forces du cœur, qui est l’agent d’impulsion gé- néral du sang rouge. Il en est de même du pouls qui se manifeste dans les derniersinstans de la vie. Ce n’est point un battément réel des artères; c’est une espèce d’ondulation, de mouvementoscillatoire foible,et d'autant plus obscur, que la vie languit davantage. Or, je me suis assuré, par une expérience bien simple , que le cœur seul est Pagent de cette ondulation. Voici cette expérience : j'ai mis à découvert sur plusieurs chiens , d’une part la carotide, de l’autre le cœur par la section d’un côté de la poitrine, faite de manière à ce que l’autre côté püt encore servir à la respiration. En placantle doigt sur l'artère, j'observois que, tant que le cœur bat- toit par une impulsion subite, le pouls se soutenoit comte à l'ordinaire, qu'il étoit mème précipité, parce que le contact de l'air augmentoit la vitesse des con- tractions du cœur : mais au bout de peu de temps, cet organe commencoit à s’affoiblir dans ses mouve- mens, puis il se contractoit par une espèce de frémis- sement général de ses fibres. Eh bien ! à mesure que l’affoiblissement des mouvemens survenoit dans le cœur, le pouls s’affoiblissoit successivement. Dès que le frémissement s’emparoit de ses fibres, le bat- tement de l'artère se changeoit en cette espèce d'on- dulation, d’oscillation foible, avant-coureur de la cessation de toute espèce de mouvement. À SANG ROUGE: 371 .… J'observerai , dans le système des muscles de la vie organique , que le cœur a plusieurs modes de con- traction. Les principaux sont, 1°. celui dont il jouit ordinairement, où il y a une contraction et une dila- tation qui se succèdent subitement et régulièrement ; 20, celui où ces deux mouvemens, restés dans leur mode vaturel, s’enchainent avec irrégularité; 3°, ceux oùles fibresne fontqu’osciller,etpar lesquelslescavités cardiaques peu rétrècies communiquentausangmoins un choc subit, qu’un frémissement général , qu’une ondulation , etc. Or, à chaque espèce de mouvéimens du cœur,correspond une espèce particulière de pouls, Il est facile de s’en assurer sur les animaux vivans. Je suis étonné que les auteurs qui ont tant disputé sur la cause de ce phénomène, n'aient pas imaginé de recourir à l'expérience pour éclaircir la question. Sans doute il y a une foule de modifications dans le pouls qu'il leur auroit été impossible de voir coïncider avec les mouvemens du cœur; mais le pouls rare ét fréquent , le fort et le foible, lintermittent, l’'ondu- lant , etc., se conçoivent tout de suite, en mettant le cœur à découvert et en plaçant en même tempsle doigt suruneartère.On voitconstamment alors, pendant les instans quiprécèdent la mort,que,quelleque soit la mo- dification de la pulsation artérielle, il y a toujours une modification analogue dans les mouvemens du cœur ; ce qui neseroit pas certainement si le pouls dépen- doit spécialement de la contraction vitale des artères, J'aieu occasion de faire un grand nombre de fois ces expériences, soit directement pour cet objet, soit en ayant d'autres vues; je n’ai jamais vu le mouvement du cœur ne pas correspondre constamment à celni 372 SYSTEME VASCULAIRE ” des artères, En géuéral, la théorie du pouls exige, comme je l’ai dit, de nouvelles recherches ; mais j'ai assez de faits sur ce point pour assurer que les varié. tés qu'il éprouve suivant les âges, comme dans les autres circonstances, dépendent presque exclusive- ment du cœur, qui produit en particulier cette espèce d’ondulation , de mouvement oscillatoire qui est in- termédiaire au battement de l’état naturel et à la cessation complète de ce battement. 6 V. Développement accidentel du Système à SAN£ TOULE, Je parlerai dans les muscles organiques, du déve- doppement accidentel de la portion gauche du cœur. Quant aux artères, il ne s’en forme jamais de nou- velles; mais souvent celles qui existent prennent un accroissement remarquable : ce qui dépend de deux causes, 1° d’un émbarras dans le cours du sang, 2°, de la production d'une tumeur quelconque. 10. La dilatation des artères par un obstacle à la circulation, se manifeste dans la ligature des artères anévrismatiques, dans la guérison spontanée des auévrismes, phénomène dont il y a depuis quel- ques années un assez grand nombre d'exemples pu- bliés, etc. Alors , tantôt les grosses collatérales aug- mentent de volume, tantôt leur calibre reste lemême, et c’est par les ramuscules que se font les communi- cations. Quand les branches se dilatent , leur épais- seur croît en proportion de leur largeur ; au moins j'ai observé deux fois ce fait qui est analogue à celui que présente le ventricule gauche devenu anévris- matique. A SANG ROUGE. 373 29, Toutes les tumeurs ne déterminent pas une dilatation des artères ; on voit cette dilatation dans les cancers, comme dans ceux des mamelles , de la ma- trice, etc., dans les ostéo-sarcomes, les spina-ven- tosa , dans les divers fongus , etc. En général , la plu- part des tumeurs qui occasionuent de vives douleurs aux malades présentent ce phénomène. On diroit même souvent que la douleur suffit dans une partie pour y appeler habituellement plus de sang, et pour dilater les artères : on sait que dans la taille , quand les malades ont beaucoup souffert antécédemment, l'hémorragie est souvent plus à craindre. A la suite des longues et abondantes sécrétions ou exhalations, je n'ai point observé que les artères fus- sent ‘plus dilatées dans les glandes ou autour des or- ganes exhalans. Quelque volumineux que soient les kystes, leurs parois ne contiennent jamais d’artères proportionnées à celles qui se développent au milieu des tumeurs cancéreuses. Les cérébrales dans l’hy- drocéphale, les médiastines, les intercostales , etc. dans l’hydrothorax , les mésentériques, les lombaires, les stomachiques, les épigastriques , etc. dans l’as- cite , les spermatiques dans l'hydrocèle, les rénales dans le diabétès , les branches qui vont aux paroti- des à la suite d’une longue salivation , restent avec leur volume ordinaire, en prennent même un plus petit en quelqués circonstances. Quand les artères se dilatent dans les tumeurs, leurs parois s’épaississent-elles, à proportion ,comme dans le cas précédent? Je n’ai aucune donnée sur ce point. LS PS PR PP SSSR SSSR TS PR PS Re SYSTEME VASCULAIRE A SANG NOIR. Le rouge circule dans un système unique, dans les branches duquel il communique par-tout. Le sang noir , au contraire , est renferme dans deux sys tèmes isolés, qui n’ont rien entr'eux de commun que Ja forme , et qui sont, 1°. le système géneral, 2°. l’ab- dominal. Le premier nous occupera d’abord ; le second fixera ensuite notre attention, Le système vasculaire général à sang noir naît, comme nous le verrons, de tout le grand système capillaire , se ramasse vers le cœur en gros troncs, et se termine dans les capillaires pulmonaires, Comme la portion du cœur qui lui appartient sera examinée par la suite, que l'artère pulmonaire, par sa mem- brane propre, a beaucoup d’analogie avec la mem- brane propre des autres artères, les veines vont par- ticulièrement nous occuper : mais nous envisagerons d’une manière générale la membrane commune qui se déploie sur tout le système à sang noir. ARTICLE PREMIER. Situation , formes, division; disposition générale du Système vasculaire à Sang TOiF. ur allons considérer ici les veines, comme nous avons examiné les artères, dans leur origine , leur SYSTÈME VASCULAIRE À SANG NOIR. 37 trajet et leur terminaison. Seulement nous les pren- drons-en sens inverse, pour accommoder les idées que nous nous en formerons, au cours du sang qui coule dans leurs conduits. S ler. Origine des Veines. Cette origine a lieu dans le système capillaire gé- néral. J’mdiquerai, dans ce système , comment elles se continuent avec lesartères. Je remarque seulement ici que ces vaisseaux ne naissent jamais d'aucun or- gane où les artères ne pénètrent pas, comme des ten- dons, des cartilages, des cheveux , etc. ;ce qui prouve manifestement que le sang ne sauroit se former sans le système capillaire général : 1l y laisse les principes qui le rendoient rouge, y en puise peut-être de nou- veaux ; il y est modifié en un mot , mais jamais crée. Il n’est pas aussi facile de bien distinguer les veines à leur sortie de ce système , que les dernières artères à leur entrée dans le même système , parce que les valvules empêchent aux injections de pénétrer jus- que là. C’est dans les sujets péris asphyxiés, apoplec- tiques, etc., qu'on peut le mieux observer les ra- muscules veineuses. On voit alors qu’elles se parta- gent bientôt en deux ordres : les unes accompagnent les dernières artères, les autres en sont distinctes. Davos le plus grand nombre d'organes, il sort des racines veineuses aux mêmes endroits que les artères entrent. Il. y.a cependant quelques exceptions à cette régle. Au cerveau , par exemple, les artères entrent en bas, et les veines sortent en haut. Au foie, les unes pénètrent en bas, et les autres s’échappent en ar- rière , etc: Celte circonstance est , en général , indi£- 376 SYSTÈME VASCULAIRE férente ä ia circulation , qui se fait de même , quel que soit le rapport des artères avec les veines. Dans les endroits où les vénules sortent en même temps que les artérioles entrent, tantôt plus ou moins de tissu cellulaire sert de moyen d'union aux petits vaisseaux qui sont juxla-posés, tantôt plus ou moins d'espace les sépare , comme dans les muscles, les nerfs, elc. Outre les origines veineuses correspondantes aux terminaisons'artérielles, il y a un ordre de veines qui se sépare dés artères à la sortie du système capil- Jaire général. Cet ordre est surtout remarquable à l’extérieur du corps. On voit tous les organes qui s’y trouvent fournir, 1°. des veines qui se portent à l'intérieur pour accompagner les artères; 2°. d’au- tres qui se dirigent à l'extérieur pour devenir soucu- tanées , et former des troncs dont nous allons bientôt parler. Dans plusieurs organes intérieurs , la même division veineuse se fait observer. Il résulte de cette disposition générale , qu’il part du système capillaire beaucoup plus de veines qu’il n’y entre d’artères. C’est là le principe de la dispro- portion de capacité existant entre le système à sang rouge et celui à sang noir, disproportion dont nous allons bientôt parler. Les veines communiquent fréquemment entr’elles à leur origine. On voit une foule d’aréoles qui ré- sultent de leur entrelacement , dans les endroits où elles sont susceptibles d’être aperçues, comme sous les surfaces séreuses, etc. S IT. Trajet des Veines. Sorties, comme nous venons de le dire; du sys= A SANG NOIR. 377 tème capillaire général, les veines se comportent dif- féremment. 1°. Aux membres et dans Jesorganes ex- térieurs du tronc , elles continuent à former deux plaus , l’un intérieur qui accompagne les artères, l’autre extérieur , qui est souculané. 20. Dans les or- ganes intérieurs on fait souvent une semblable @b- servation : ainsi il y a les veines superficielles da reiu, et les profondes, compagnes des artères; mais sou- vent toutes les veines se réunissent à celles qui sui- vent ainsi l'artère. La portion cutanée des veines est très-remarquable aux membres, où elle offre des branches considéra- bles, savoir, les saphènes pour les inférieurs, la cé- phalique , la basilique et leurs nombreuses divisions pour les supériêurs. Dans le tronc et à la tête, on ne remarque point d'aussi grosses branchessoucutanées, excepté au cou où se voit la jugulaire externe : mais il y a un nombre de branches plus petites propor- tionné aux rameaux qui viennent s’y rendre. L'’habitude extérieure est donc remarquable par la prédominance des troncs à sang noir sur ceux à sang rouge. Souvent ces troncs se dessinent à travers les té- gumeus, sur lesquels ils ressortent d'autant plus, que ceux-cisont plus blancs et plus fins ; ils sont dureste étrangers à la teinte qui les colore , laquelle ne dé- pend que du sang contenu dans le système capillaire. Daos l’intérieur du corps, les veinesaccompagnent presque par-tout les artères: elles suivent la même dis- tribution; en sorte qu’on ne les décrit pas communé- ment, parce que le trajet desartèressuffit pour se re- présenter le leur. Ordinairement un espace celluleux commun loge et les troncs des deux sortes de vais- 378 SYSTÈME VASCULAIRE seaux et ceux des nerfs, Quelquefois cependant les veines sont isolées, comme l’est, par exemple, l’a- Zÿg0s , qui n’a point de tronc artériel correspondant, et qui pour cela exige dans l’anatomie descriptive , comme les superficielles du tronc et des membres, un examen spécial et une dissection exacte pour s’en former li image. Les veines profondes ontun calibre beaucoup plus considérable que celui des artères : le plus souvent aussi elles sont plus nombreuses, comme dans les membres, où chaque artère est presque toujours accompagnée de deux veines. S 1IT. Proportion de capacité entre les deux Systèmes à sang noir et à sans rouge. D’après l'observation que je viens de faire sur l’o- rigiue et le trajet des veines , il est évident que leur somme totale a une capacité bien supérieure à celle des artères. Cette assertion est facile à vérifier en dé- tail, par-tout où il y a une artère et une veine réu- nies, comme aux reins, à la rate, dans les mem- bres, etc.; là où les artères sont séparées des veines , comme au cerveau, au foie, etc., cela n’est pas moins sensible. Enfin , il y a, comme je viens de le dire, une division soucutanée des veines, laquelle est évidemment de plus que les artères. Plusieurs physiologistes ont cherché à calculer le rapport de capacité des deux systèmes à sang rouge et à sang noir; mais ce rapport est évidemment trop variable pour pouvoir jamais être lobjet d'aucun cal- eul. En effet , est-ce sur le cadavre que vous pren- drez vos mesures ? Maïs, suivant le genre de mort A SANG NOIR. 379 qui a terminé la vie, les veines sont plus ou moins dilatées ; elles ont dans l’apoplexie , l'asphyxie, Ja submersion, etc., un diamètre presque double de celui qu'elles présentent quand le sujet est péri d'hémor= ragie, parce que le premier genre de mort accumule beaucoup de sang dans les veines , et que le second les en prive. Il dépend de nous de donner plus ou moins de capacité aux veines d’un animal, suivant la manière dont on le fait périr, comme par là même il dépend de nous d’agrandir ou de rétrécir les cavités droites du cœur, en employant le même moyen, Je défie que vous trouviez les veines exactement égales sur deuxsujets,çquelque uniformité qu'il y ait entr’eux sous le rapport de la stature , de l’âge, etc. Est-ce sur un animal vivant que vous prendrez vos mesures ? Mais, outre que cela est très-difficile , vous n'aurez pas encore un résultat uniformément applicable , parce que les veines varient en diamètre suivant qu’elles sont plus ou moins pleines. Voyez ces vais- seaux sur les sujets où ils se laissent voir à travers la transparence des tégumens; ils sont tantôt plus, tantôt moins apparens ; leur volume paroît quelquefois dou- blé ; d’autres fois à peine le distingue-t-on. Certai- nement, après une boisson abondante où le sang noir a recu une grande augmentatiou de fluide , il dilate davantage ses vaisseaux que dansl'etat opposé. Les veines sont remarquables , dans la mort de faim, par leur rétrécissement. J'ai observé souvent dans les hydropisies , la phthisie , le marasme, etc. , le même phénomène, En général , toutes les fois que la masse du sang est diminuée, les veines se resserréent par leur contractilité de tissu, Les artères sont infi- 3580 SYSTÈME VASCULAIRE niment moins sujettes qu’elles, à cause de leur tissu ferme et serré, à des variations de diamètre, quoique cependant elles en présentent beaucoup. Rejetons donc toute espèce de calculs sur les pro- portions de capacité des canaux organisés. On ne cal- cule que cequiest fixe etinvariable ; mais ce qui varie à chaque instant ne peut être que l’objet d’une asser- _ tion générale. Que nous importent d’ailleurs les pro- portions rigoureuses que tant de médecins ont cher- ché à établir entre nos parties? Elles sont nulles pour l'explication des phénomènes de la santé et des ma- ladies. Contentons-nous doncde cette assertion géné- rale , que la capacité veineuse surpasse l’artérielle. On peut donc dire que dans un temps donné, il y a plus de sang dans les unes que dans les autres. Même observation en général pour les deux côtés du cœur, dont l’un fait système avec les veines, l’autre avec les artères. Le droit a communément plus de capacité que le gauche , non pas précisément sous le rapport du tissu charnu, mais bien sous celui du fluide qui le distend : cela est si vrai, que, si sur un animal dont la poitrine est ouverte, on fait stagner le sang dans le côté gauche par des ligatures , et que l’on vide le droit par quelques piqüres, il prendra un volume inférieur au premier. Toutes les fois qu’on le trouve beaucoup plus gros que lui sur le cadavre, abstraction faite des maladies du cœur, c'est qu'il renfermoit plus de sang que lui à l'instant de la mort : en effet, comme ce fluide s'arrête ordinairement d’abord dans le poumon, ilreflne dans ce côté-là du cœur quiest presque toujours le plus volumineux. C'est là la grande différence des cavités inertes, À SANG NOtrn, 381 et de celles qui jouissent de la vie, savoir, que celles-i peuvent à chaque instant varier dans leur capacité, tandis que les autres restent toujours les mêmes. Sur le vivant, le côté droit du cœur est aussi presque toujours supérieur en capacité au gauche, parce que la quantité de sang qu'il contient est plus abondante. Voilà donc déjà deux choses généralement vraies, savoir, 1°. que le grand arbre qui termine le système à sang rouge est en général moindre en capacité que le grand arbre qui commence le système à sang noir; 2°. que la même observation est applicable aux deux côtés du cœur , qui correspondent à ces deux arbres. Quant à l'arbre qui termine le système à sang noir, comparé à celui qui commence le système à sang rouge , ce n’est pas tout-à-fait la même chose. L’ar- tère pulmonaire et les veines de même nom présentent une disproportion de capacité, moindre , ilest vrai, que dansles autres parties, mais qui est réelle, et qui, quoi qu’en aient dit plusieurs auteurs, est à l'avantage des dernières. Comment cela se fait-1l ? Il semble que puisque l’une fait suite aux veines, qu'elle pousse le même fluide , elle devroit avoir la même proportion de diamètre ; et que puisque les autres se continuent avec les artères, elles devroient également leur être proportionnées. Cela dépend de la différence de vitesse du sang : en effet, ce fluide circule plus vite dans l'artère pulmonaire que dans les veines de même nom , puisqu'il y a l'impulsion du cœur dont ces dernières manquent : donc, dans un temps donné, il y passe en aussi grande abondance, quoique le dia- mètre de cette artère soit plus petit; que dis-je ? s’il étoit égal, la circulation ne pourroitse faire. De même 382 SYSTÈME VASCULAIRE si l’aorte égaloit en capacité les deux veines caves et les coronaires réunies , et que le sang y conservât la même vitesse, la circulation ne pourroit avoir lieu. Les veines pulmonaires sont un peu plus larges, étant réunies toutes quatre , que l’artère aorte, qui cependant transmet tout le sang qu’elle leur envoie: Pourquoi ? Parce que l'impulsion que communique le ventricule gauche fait que , dans un temps donné, il passe plus de sang par l’aorte que par les quatre veines pulmonaires. Ces deux choses, 1°. vitesse du fluide, 2°. capacité des cavités où il circule, sont donc en sens inverse dans les deux arbres opposés qui forment chaque système vasculaire. Dans celui à sang rouge, 1l y a vitesse moindre et capacité plus grande du système capillaire pulmonaire à l’agent d'impulsion ; de celui-ci au système capillaire général, il y a au contraire vitesse plus grande et moindre ca pacité. Dans le système vasculaire à sang noir, il y a moins de vitesse et plus de capacité du système capillaire général à l'agent d’impulsion; de celui-ci au système capillaire pulmonaire ; il y a plus de vi- tesse et moins de capacité. Sans cette double dispo- sition opposée , il est évident que la circulation ne pourroit avoir lieu. Il est cependanfune remarque à faire à cet égard; c'est quela capacité desquatre veines pulmonairesréu- nies surpasse beaucoup moins celle de l'artère aorte ; que lesdeux veines caves etlacoronaire n’excèdent par là leurartère pulmonaire; en voici la raison : comme les veines pulmonaires parcourent un trajet très= court, d’une part l'impulsion que le sang rouge a recue du système capillaire pulmonaire s’y conserve davan- A SANG NOIR 593 tage ; d’une autre part, ce fluide y est soustrait à une foule de causes de retardement qu'éprouve le sang des veines caves et coronaires : donc la vitesse y est plus grande; douc la capacité doit y être moindre. Si les poamons étoient placés dansle bassin, certai- nement les veines pulmonaires auroient plus de ca- pacilé , parce qu'ayant plus de trajet à parçourir, la vitesse du sang y seroit plus retardée. On conçoit maintenant sans peine la cause de plu- sieurs ‘dispositions qui ont occupé beaucoup d'ana- tomistes; savoir, 1°, pourquoi la somme des artères venant de l'aorte a moins de capacité que celle des veines.allant dans l'oreillette droite; 2° pourquoi les quatre veines pulmonaires surpassent aussi en dia- mètre l’artère du même nom; 3°. pourquoi ces quatre veines ne sont pasexactement proportionnéesà l'aorte qui en est vraiment la continuation ; 4°. pourquoi les veines caves et coronaires sont si disproportionnées à l'artère pulmonaire qui en est comme la suite. S'il n’y avoit point d'agent d’impulsion dans les deux systèmes à sang rouge et à sang noir , leur ca- pacité seroit par-lout à-peu-près uniforme, parce que la vitesse du fluide seroit par-tout à-peu-près la même. C'est précisément ce qui arrive dans le système à sang noir abdominal, où la portion hépatique de la veine porte est à-peu-près aussi ample que sa por- tion intestinale, parce qu'il n'y a point de cœur entr'elles deux. La vitesse est moindre dans les veines générales ét dans les pulmonaires, parce qu’elles n’ont point à leur extrémité d’agent d’impulsion; où n'y voit qu'unsystème capillaire, La raison contraire explique 384 SYSTÈME VASCULAIRE la vitesse du cours du sang dans les artères générales et davs les pulmonaires. Nous avons vu daus le sys- tème pr écédent , que la présence d’un agent d'impul- sion à l’origine dé deux grandes artères, y nécessite une en iénoe considérable de ce tissu , tandis que l'absence de cet agent exige peu de résistance dans les veines, On conçoit donc trés-bien maintenant pourquoi ces trois choses, 1°, foiblesse des parois, 29,lenteur du mouvement, 3°. grande capacité, sont l’aftribut des veines du sang noir et de celles du sang xouge; = pourquoi ces trois autres choses opposées, 1°. force des parois, 2°. vitesse du mouvement, 5°. moindre capacité, caractérisent les artères de Les et l’autre systèmes sanguins. On conçoit aussi d'après cela pourquoi, quoique le sang rouge et le sang noir forment dans tout leur trajet une colonne continue, quoique la membrane commune où ils se meuvent soit dans toute l'étendue du système de chacun àspeu-près la même, cepen- dant les organes ajoutés en dehors à cette membrane sont très-différens. | Le rapport inverse de la vitesse du mouvement avec la capacité des vaisseaux, me paroît si évident, qu’on pourroit toujours estimer à-peu-près d’après l'inspection d’un vaisseau, la vitesse du sang qui le par- court, si une foule de causes ne faisoient pas, comme je l’ai dit, varier à l'instant de la mort les parois vas- culaires. On sait que toutes les causes qui diminuent dans les veines la vitesse du sang, augmentent leur capacité : c’est ainsi qu’on les rend saillantes par des ligatures , que la grossesse agrandit celles des parties / A SANG NOIR, 305 inférieures , qu’une station long-temps continuee produit le même effet, etc. C’est à la même raison qu’il faut rapporter le phé- _nomène suivant : savoir, que le rapport des artères et des veines n’est pas partout le même : ainsi les veines rénales, bronchiques, thymiques, etc., sont en gé- néral moins grosses à proportion de leurs artères, que les veines du cordon spermalique à proportion, de l'artère du même nom, que les yeines by pogastriques ‘à proportion de l'artère correspondaute, Le sang a moins de difficulte à circuler dans les premières, que dans les secondes où il remonte contre son p ropre poids ; voilà pourquoi encore les veines des parties iuférieures, surtout à un certain âgé, surpassent da- vantage leurs artères en diamètre, que cellesdes par= ties supérieures n’excèdent les leurs. = Ramuscules , Rameaux , Branches, Angles de reurmion, elc. Les veines présentent dans leur trajet , sous le rap- port dés branchés, rameaux el ramuscules, une dis- position analogue à celle des artèr es, avec la seule différence | qu ‘elle a lieu en sens inverse. Ce sont les ramuscules qui sont les plus près de l’origine; bien- tôuils se réunissent enraméaux , ceux-ci en branches, et ces dernières en troncs. Les ramuscules et la plupart des rameaux se trou- vent dans l’intérieur des organes. Les premiers font j partie intégr ante de ces mêmes organes , se trouvent entre leurs fibres, etc.; les seconds sont logés dans leurs grands RER daus les glandes entre les de: . LÉ 26 w” fe 336 SYSTEME VASCULAIRE jobcs, dans le cerveau entre les circouvolutions, dans les muscles entre les faisceaux, etc. , etc. Eu sortant des organes, les rameaux veineux se jettent dans les branches, lesquelles affectent, comme nousi’avons vu , deux positions , l'une sous-Cutanée, l’autre profonde. Les branches sous-culanées rampent dans les membres entre l’aponévrose et la peau, dans e tronc entre celle-ci et la couche celluleuse. abon- dante quirecouvre les muscles. Les branches profon- des sont logées dans les intervalles que les organes laissent entr'eux, en been LE 7 à presque par-tout les artères. Les branches cérébrales ont une disposi- tion particulière ; elles sont logées dans les intervalles de la dure-mère, et forment avec ces intervalles ce qu'on nomme les sinus. Les branches veineuses diffèrent desartérielles, en ce qu’elles sont infiniment moins flexueuses : cela.est remarquable et sous la peau et dans lesintervalles des organes. C’est une raison qui empécheroit Ja locomo- tion, en supposant qu'il y eüt un agent d'impulsion à l'origine des veines , etque leurs parois fussent & moins lâches. D’après IR une suite de tubes artériels est recllement plus longue qu'une suite correspondante de tubes veineux : EX facilite Le mouvement du sang noir qui a moins de trajet à parcourir, et qu d’aii- leurs trouve des causesde retardemeni danslesflexuo- sités, qui n'en offrent point au sang rouge parce qu ñl est poussé par un fort agent d’ PRES. ce qui n'a point lieu pour célui-cr., Les branches vemmeuses se réunissent pour former un certain vormbre de troncs qui s'abouchent avec ceux qui doivent immédiatement se décharger dans A SANG NOIR. 387 J'oreillette droite ; ces troncs sont les jugilaires in- ternes , lesiliaques , l’azygos, les souclavières, étc. Ils sont encore moins flexueux que les branches; ils occupent, comme les troncs artériels, des positions profondes , loin des agens extérieurs dont une foule d'organes les garantissent , parce que leur hémorragie pourroit devenir très-funeste. Les troncs, les branches, les raméaux et lesramus- cules ne naissent point foujours nécessairement les uns des autres, comme nous venons de l'indiquer. Souvent les rameaux se jettent dans les troncs, les ramuscules dans les bronches, etc. , etc.; c'estcomme pour les artères. Les angles de réunion varient: tantôt ils sont droits, comme dans les veines lombaires, les rénales , etc. ; tantôt ils sont obtus, comme dans certainés ivtercos- tales ; le plus communément ils sont aigus. La disposition des rameaux et des branches est aussi variable au moins dans les veines que dans les ar- ières; ils participent , sous ce rapport, du caractère général d'irrégularité que présentent les organes de Ja vie intérieure, Aussi ne faut-il avoir égard qu’à la position générale et à la distribution des branches , rameaux , etc. Il y a presque autant de différences que de’sujets, par rapport a leur reunion avec les troncs et entr'eux. Formes des Veines. Même observation Sur les formes veineuses que sur les artérielles. 1°. Un tronc, uné branche, etc., sont cylindriques lorsqu'on les examine dans un trajet où ils ne re- 5b6 : SYSTEME VASCULAIRE goivent aucun rameau. Sur le cadavre ils paroiïssent aplatis, ce qui dépend de l’affaissement des parois, affaissement qui lui-même est dû à l’absevce du sang. Mais en les distendant par l'air, l’eau, etc., elles reprennent leur forme primitive. Sur le vivant elles paroissent arrondies. 2°, Examinée daus une étendue un peu considé- rable , une branche veineuse paroît conique, de telle manière que la base du cône est du côté du cœur , et le sommet du côté du système capillaire général. Cette forme dépend des rameaux, qui, se réunissant suc- céssivement à celle branche, augmentent sa capacité a mesure qu’elle se rapproche du cœur. 30, Considéré dans son ensemble , le système vei- neux représente trois lroncs: un correspond à Ja veine cave supérieure , l’autre à l'inférieure, le troisième à la veine coronaire ; ces trois troncs ont leur sommet à l'oreillette, et leur base dans le système capillaire gé- néral. Les avalomistes se représentent ainsi l'ensem- ble des veines , parce que la somme des divisions y a, comme dans les artères, plus de capacité que les troncs dant naissent ces divisions. __ilest cepeudant une observation à faire à cet égard, c’est que le rapport n’est jamais aussi précis enire les troncs et leurs divisions, dans les veines, que daus les artères : ainsi la somme de certaines divisions sur- passe de beaucoup leurs troncs ; tandis que ce rap- port est infiniment moindre dans d’autres cas. Mais tout cela dépend encore de l'extrême variation des parois velneuses, suivant la quantité de sang qu’elles contiennent : ainsi sur les cadavres, tantôt lesbranches sont très-dilatées par ce fluide, les troncs restant les A SANG NOIR, 389 mêmes ; tantôt un phénomène contraire s’observe. 1°. Ce dernier cas a lieu spécialement quand le pou- mon est embarrassé : alors en effet le sang reflue dans les cavités droites du cœur, puis dans les gros troncs veineux correspondans ; ceux-ci sont alors presque égaux en capacité aux divisions qu'ils fournissent quelquefois ; même ils les surpassent, 2°. Quand sur le vivant un membre a été long-temps situé perpen- dicalairement; quand la station a été long-temps continuée , par exemple , alors ce sont les branches qui sont plus dilatées que les troncs. Or, comme ces causes de dilatations varient à l'infini, ces di- latations sont elles-mêmes très-variables. D'après ces variétés dans la dilatation isolée des branches et des troncs veineux, il est évident que le rapport existant éntr'enx est singulièrement va- riable , qu'il est subordonné'an mode de la mort, aux maladies qui l'ont précédée, aux habitudés du sujet , etc. Négligeons donc sur ce point , comme sur tout autre, des calculs qui , eussent-ils quelque base” solide, ne nous mèneroient à aucun résultat utile, Les injections sont un moyen aussi trompeur d’es- timer ce rapport : en effet, elles dilatent beaucoup plus les trorics que les branches, et surtout que les rameaux, La jugulaire interne injectée, par exemple, prend'une capacité presque énorme en comparaison de celle des sinus qui s’y dégorgent. Les deux veines caves , l’azygos, les souclavières, ete, ,'$e dilatent uu peu moins que la jugulaire , mais leur amplitude est cependant très-remarquable , lorsqu'on les injecte, en comparaison de celle de leurs branches ijectées. 390 SYSTEME VASCULAIRE Anastomoses. Les veines communiquent en général plus fré- quemment que les artères. 1°. Dans les ramuscules il y a un véritable réseau , tant les anastomoses sont multipliées. 2°. Dans les rameaux elles deviennent plus rares. 3°. Dans les branches elles sont eacore moins nombreuses; mais on en trouvé cependant encore beaucoup, et c’est ce qui différencie spécia- lement ces branches d’avec les artérielles qui sont presque toujours isolées les unes des autres. Les communications entre les branches des veines unissent d’abord d’une manière manifeste leur di- vision cutanée avec leur division profonde : ainsi il y a communication entre Îes sinus cérébraux et les vemes temporales, occipitales, etc., par les émis- saires; entre la.jugulaire externe et l'interne, par un et même par deux troncs considérables ; entre la basilique, la céphalique et leurs nombreuses divi- sious répandues sur l’avant-bras, d’une part, et la brachiale, les satellites radiales et cubitales, d'autre part, par diverses branches qui s’enfoncent dans les . muscles; entre les saphènes et les crurale, tibiale, péroniène, et par des branches analogues. Quoique isolées, les deux grandes divisions veineu- ses peuvent donc évidemment se suppleer dans leurs fonctions ,en mélant leur sang. Voilà pourquoi, 1°.en agitant les muscles de lavant-bras, on augmente le jet dun sang de la saignée, quoique les muscles ne fournissent pas beaucoup de rameaux d’origine à la veine ouverte, qui alors reçoit spécialement le sang des veines dans lesquelles les muscles l'expriment; A SANG NOIR. 391 2°, pourquoi dans les pressions extérieures qui gé- nent, empêchent. même le mouvement du sang vei- peux superficiel, la circulation continue comme à l'ordinaire ; pourquoi, par exemple, si on laisse une ligature loug.temps appliquée sur le bras, les veines superficielles d’abord gonflées se désemplissent peu à peu, en se vidant FL. lés profondes; pourquoi dans nos bandages serrés de fractures où de luxations , le sang veineux revient comme à l'ordinaire au cœur, quoiqu 1] passe en moindre quantité superficielle- nient. 4% Si on applique en haut une forte bande sur Ja jambe , et qu ‘on injecte en bas la saphène, elle ne se remplit point au-dessus de la bande, mais l'injec- tion passe dans la crurale. On remplit de même la j'gulaire interne par la temporale , etc. LL auastomoses entre l'appareil veineux superfi- ciel et le profond, sont plus uécessaires à l’homme qu'à lous les autresanimaux , à cause de ses vêtemens , par lesquels le cou, le jarret, les bras, elc., sont sujets, suivant ceux en usage, à des étr anglemens qui seroïent bientôt funestes sans ces anastomoses. On peut dire que sur elles seules est fondée la possibilité d’une foule de modes dans les vêtemevs. Elles montrent eu effet que ces modes sont moins funestes que certains médecins l'ont prétendu ; ; quele danger de l'apoplexie par l'effet d'une cravate serrée, fie varices par des jarrelières peu läches, etc., es bien moindre qu’on ue l’a dit. | N Quand un seul tronc veineux est comprimé, le sang passe sans gêue dans les voisins; mais sila com- pression est commune à tous ceux d’un membre, il faut un certain temps à ce fluide pour dilater les 302 SYSTÈME VASCULAIRE anastomoses. Iléprouve, avant que cette dilatation ait lieu complètement , une espèdé de stase dans le sys- tèmecapillaire, stasequi explique la rougeur momen- tanée de l’avant-bras des femmes dont le bras est en- veloppé d’une manche trop étroite, celle de la main ou du pied quand les bandages del avant-bras ou de la jambe sont trop serr Se | Le mode d’anastomoses veineuses est assez analo- gue à celui des artères. T'antôt les rameaux s’anasto- mosent avec les troncs, tantôt les troncs communit- quent entr’eux. Dans le dernier mode, 1°. il y a simplement uue branche de communication, et c’est le cas le plus commun : cela se voit entre les jugulaires , entre les véines profondes et superficielles de la cuisse, du bras, etc. Deux branches s ’abouchent par leurs extrémités en formant une arcade , comme les mésentériques en offrent un exemple. 3°. Quelque- fois, au lieu d’un tronc, 1l y a un entrelacement de rameaux qui forment un véritable plexus veineux : tel est celui qui entoure le cordon des vaisseaux sper- maliques. En général on peut établir que c’est là où il yaie plus d’ RAT au sang , que les anastomoses sont les plus nombreuses. Voilà pour quoi les veines qui en- tourent le cordon spermatique communiquent si fre= quemment ensemble, pourquoi les rameaux de la veine hypogastrique qui se répandent dans le fond du bassin, y forment un plexus tellement multiplié K que c’est un véritable réseau cuù l'on ne peut distin- guer le trajet d’aucuse branche deter mince , tant les communications sont nombreuses. Malgré cela, ces A SANG NOIR. 393 deux portions du système veineux sont le siège fré- quent des varices : il en est même peu qu’on trouve plus fréquemment dilatées sur le cadavre, à cause de Ja difficulté que le sang éprouve à y remonter contre son propre poids. Ceci nous mène à une considération générale sur Je syslème veineux par rapport aux anastomoses, c’est- à-dire à montrer la nécessité que ces communications y soient plysnombreuses que dans le système artériel. En effet , si nous comparons le cours du sang noir à celui du sang rouge, nous verrons qu'une foule beau- coup plus considérable de causes sont sujeltes à le modifier. Le sang noir obéit manifestement à la pesanteur dans certains cas. 1°. Pour peu qu'on ait resté de- bout, les veines se gonflent, surtout à la suite des ma- ladies où les forces sont peu considérables : cet état de gonflement , si la jambe est inclinée, disparoît bienlôt ; 1] augmente si elle reste perpendiculaire, 29, Il est une foule de cas où les forces étant très- affoiblies, la circulation ne peut s’opérer dans sa plé- pitude que lorsque les jambes sont horizontales ou inclinées. L'influence de la position sur plusieurs tu- meurs ou ülcères qui les affectent , est uné chosehors de doute. 3°. On sait que le premier effet de Patti- tude sur la tête renversée est un étourdisséement pro- duit par la difficulté du sang à remonter contre son propre poids, 4°. Les valvules sont spécialement des- tinées à s'opposer à l'effet de la gravitation. Tout mouvement violent cornmuniqué au sang noir , el indépend: ant de la BrAvIte ation, peut aussi troubler le cours de ce fluide; c’estainsi que lorsqu'on 394 SYSTÈME VASCULAIRE se meut avec force en ligne circulaire, le sang veineux cérébral recoit pour ainsi dire un mouvement centri- fuge qui, le détournant de sa direction naturelle, et ] a dE revenir entièrement au cœur, produit sa slase, el par là même l’étourdissement qui se ma- nifeste alors. Ce ne sont pas seulement la gravité ou toute autre cause extérieure de mouvement, mais encore les pres- sions extérieures, intérieures , et une foule d’autres causes mécaniq ues, qui neue d chaque i instant le mouvement du sang dans les veines. Au contraire, de des artères est indépendant de la plupart de ces causes, de la pesanteur surtout et du mouvement intérieur. Pourquoi ? parce que telle est Ja rapidité du mouvement que le cœur imprime au sang rouge que l'influence de la gravité ou de toute cause es est Lee pci nulle. Prenons une comparaison : plus un projectile est lancé dans l'air avec force, dans une ligne oblique , moins la pesan- teur le fait d’abord dévier : ici l'influence de ceute der- nière est encore moindre. Si lesang étoit poussé dans des vaisseaux vides, la gravité pourroit être pour quelque chose dans les artères ; mais dans le choc su- bit imprime à tou le fluide qui les rempli t, choc dont l'effet est ressenti aux extrémités en même temps qu'a l'origine il est évilent que son effet est nul. . Par une raison opposée ; on conçoit pourquoi il est si efficace dans les veines,oùüiln ya point d'agent d’ impulsion , où les parois seules et le système capil- lire servent aux mouvemens, où le mouvement est lent par conséquent, etc. . D'après ces considérations, il est facile de saisir la A SANG NOIR. 395 raison de la disposition si différente que les artères et les veines présentent dans leurs branches sous le rap- port des anastomoses , qui sont aussi rares d’un côté qu'elles sont fréquentes de Pautre. $ IL T'erminaison des Veines. Les veines se terminent par deux troncs princi- paux, la veine cave supérieure et l'inférieure. Il ÿ en a bien une autreencore, savoir, la veine coronaire, qui se jette isolément dans l’oreilleue droite ; mais comme ce tronc ne ramène que le saug isolé du cœur, nous y aurons peu ‘égard dans ces onneidiratiehs géné- rales, ainsi qu'aux yénules qui se jeltent olément d'elle dans la mêine oreillette. Quelques auteurs ont cru que les deux veines caves se continuoient ensemble , qu’elles ne faisoient qu’un même vaisseau ; mais il est facile de voir combien leur direction est différente. C’est surtout chez le fœtus que l’on peut bien apprécier léur isolement , puisque l’une correspond à l'oreillette droite , et l’autre à la gauche. I y a bien eu arrière de l’oreil- lette droite une espèce de continaité de membrane entre l’une et l’autre; c’est la membrane du sang noir qui leur est commune, et qui passe de J'inférieure à la supérieure ; mais, sous ce rapport, il n'y a pas plus continuité entr'elles qu'entre le côté droit du cœur et l'artère pulmonaire , entre le côté gauche et l'aorte , etc. En considérant l’ensemble des troncs et des bran- ches comme un cône, on peut done dire qu'il y a deux grands cônes veineux distincts l’un de l'autre ; un pour toules Jes parlies qui soni au-dessus du 396 . SYSTEME VASCULAIRE ", diaphragme, l'autre pour toutes celles qui sont au dessous. La veine cave ascendante ne répond donc pas tout- àa=fait à l’ensemble des artères qui forment l'aorte du même nom, laquelle n’est destinée qu’à la tête , au cou et aux membres supérieurs, tandis qu’elle ap- partient de plus à la poitrine par la veine azygos. Par une raison contraire, l’aorte descendante a une desti- nation bien plus étendue que la veine cave inférieure. La limite des deux cônes des veines caves ascen- dante et descendante, est placée au diaphragme. C’est surtout sous ce rapport qu'on peut dire que ce muscle partage le corps en deux parties, Cette dis- position n’a-t-elle pas quelque influence sur la dif- férence qu’on observe, daus certaines maladies, entre ___ les parties supérieures et les inférieures? Ne faut-il pas joindre cette cause à celles indiquées à l’article du fœtus ? 11 n’y a encore aucune donnée sur celte opinion , que je ne crois pas invraisemblable. Quoique formant chacune un cône distinct, les deux veines caves communiquent cependant spécia- lement aux environs de leur limite commune, c'est- à-dire, aux environs du diaphragme ; c’est l’azygos qui est le grand moyen de commuvication. On sait en ef- fet que son tronc s'ouvre dans la rénale droîte , dans Ja veine cave elle-même ou dans quelques lombaires, et-que la demi-azygos qui en naît se jette aussi dans la rénale gauche ou dans les lombaires du même côté. | Cette anastomose est très-importante; les médecins | n’y ont point eu assez égard. Elle prouveñque lors d’un obstacle situé dans le tronc de la veine cave inférieure , une grande partie du sang de ce tronc SANG NULS: LS FI peut refluer dans la supérieure, On a beaucoup parlé de la compression de ce tronc p:r les engorgemens du foie, dans la production des hydropisies. Mais , 1°, ilest hors de doute, par les nombreuses ouvertures decadavres faites dans ces derniers temps, que la pro- duction de ces maladies tient à toute espèce d'affection organique ; que le poumon, le cœur , la matrice, la rate, etc., peuvent également Jui donner lieu dans les dernierstemps de l’altération de leur lissu ; et que, sous ce rapport, elles. ne sont qu’un symplôme dans le plus grand nombre des cas, et un symplôme à la production duquel toute compression est étrangère. 2°, En supposant que le foie püt exercer sur la veine cave une compression analogue, dans l’endroit où cette veinetraverse sa partie postérieure, il est évident que les anastomoses dont je viens de parlerempêche- roient l'effet de cette compression,au moins en grande partie. Eo supposant qu’un obstacle plût se rencontrer dans la veine cave supérieure, les mêmes anastomoses rempliroient sans doute le même usage ; mais comme l'azygos s’insèré tres-près de l'oreillette, que le trajet du tronc de la veine cave supérieure est par consé- quent très-petit, il est évident que c’est spécialement pour remédier aux obstacles que l'inférieure peut éprouver, que ces anastomuses ont été établies. Quand le sang de celle veine passe ainsi dans la supérieure , il parcourt certaines branclies en sens opposé à celui qui leur est naturel. Par exemple, suppose que l’anastomose ait lieu dans la rénale, ce qui ârrive le plus souvent ; alors le sang du tronc de la véine cave entre par une extrémité de celte veine ; 300 |. SYSTÈME VASCULAIRE celui du rein arrive par l’extrémilé opposée, et tous deux passent dans l'azygos. Un semblable mouvement suppose évidemment l'absence des valvules dans la rénale, depuis la veine cave jusqu’à l'insertion de l’a- zÿg0s. Or , jamais en effet les rénales ne contiennent ces sortes de replis; les capsulaires , les adipeuses du rein, toutes les lombaires en sont aussi dépourvues, comme Hallér l’a vu, et comme je l’ai constamment vérifié, C’est un phénomène remarquable, que cette absence des valvules aux endroits des anastomoses de l’azygos : elle prouve bien l'usage que j'attribue à la communication des deux veines caves par le moyen de celle-cr. ARTICLE DEUXIEME. Organisation du Système vasculaire à sang noir. $ I. Tissu propre à celte organisation. Carre organisation est a-peu-près la même pour tout le système, dans la membrane commune qui forme le grand canal où est contenu le sang noir; mais elle: diffère dans les tissus ajoutés en dehors à cette mem- brane. Au cœur ce tissu est charnu ; il est analogue au üssu des divisions de l’aorte dans l’artère pulmo- naire ; il a un caractère parliculier dans les veines : c'est celui-ci qui va surtout nous occuper. Membrane propre aux Feines. ‘Pour voir cette membrane, 1l faut enlever, r°. le ussu cellulaire Tâche qui unit les veines aux parties Yoisinés; 2°. la couche celluleuse de nature parti- A SANG NOïR. 099 culière qui les revêt immediatement , et dont nous avons parlé à l’article du système cellulaire, Alors on distingue dans les grostroncs des fibres longitudinales toutes parallèles les unes aux autres, formant üne couche extrêmement mince, souvent difficile à äper- cevoir au premier coup d'œil , mais ayant toujours une existence réelle. Quand les veinés sont très- dilatées, ces fibres plus écartées sont moins sensibles que ads l'état de resserrement. Le tronc de la veine caveinférieure présente les fibreslongitudinalés d’une manière plus sensible que celui de la supérieure. En ‘général on peut établir qu'elles sont aussi plus mar- quées dans toutes les divisions de la première , que dans celles de la seconde : la dissection me l’a prouvé sur un grand nombre de sujets. Cela tient sans doute à la facilité plus grande que le sang éprouve à cir- culer dans la seconde, que dans la prémière de ces veines où il remonte contre son propre poids ; c'est une preuve de plus de la destination primitive de l’homme à se tenir debout. J'ai fait une autre remarque constante , c'est que davs les veines superficielles ces fibres sont beaucoup plus prononcées que dans les profondes : la saphène interne en est un exemple remarquable. Il suffit de l'ouvrir dans son trajet, pour voir très-distinctément ses fibres à travers la membrane commune , surtout sielle ést un peu resserrée. En fendant comparati- vement la veine crurale, il est facile de saisir Ja dif- férence , qui tient sans doute à ce que les parties voisines aident à la circulation dans les veines. pro- fondes, tandis que ce secours ‘est: soie réel davs les superficielles. 400 | SYSTÈME VASCULAIRE Les rameaux out leurs fibres proportionnellement plus prononcées que les troncs; de là l’excès d’é- paisseur proportionnelle de leurs parois, leur résis- tance plus grande au sang , leur dilatation moins fré- quente, elc. A l'endroit où une division quelconque naît d’un tronc, on voit ces fibres changer de direction et se continuer sur la division , caractère distinctif de l’ori- gine des divisions artérielles dont les fibres ne sont point une suile de celles des troncs. Souventles fibres veineusesse rapprochent lesunes des autres, se condensent el donnent une épaisseur plus grande à la veine: celase remarque fréquemment à l’origine des saphènes. J'ai vu aussi cette disposition dans l’hypogastrique ; le cit. Boyer l’a indiquée. En général la fibre veineuse, excepté-dans ces endroils ; est remarquable par sa rareté, par le peu d'épaisseur qu’elle donne par conséquent à la mem- brane qu’elle forme. La membrane propre des ar- ières surpasse infiniment celle des veines , sous ce rapport ; c'est la ténuité de celle-ci qui favorise sin- gulièrement l'extensibilité veineuse. Remarquez que Ja structure: de l’une et l'autre espèce de vaisseaux est accommodée à son mode circulatoire. Sile sang circuloit dans les veines à parois analogues aux parois artérielles , à chaque instant son mouvement seroit troublé. En effet, mille causes occasionnent du re- tardement daus le sang veineux; quand son mou- vements'affoiblit, lacapacité des vaisseaux augmente : or., jes tissus 'artériels ne pouvant se dilater ainsi, la circulation ne, pourroit évidemment se faire. Si done l'agent d’impulsion placé au commencement des ar- A SANG NOIR. 4ot tères, y exige un lissu ferme et non extensible, la lenteur du mouvement du sang dans les veines, la fréquence des causes qui retardent sa vitesse, néces- sitent une texture opposée. Quelle est la nature de la fibre veineuse ? son ap- parence, son défaut d’élasticité, sa grande extensi- bilité de tissu, sa mollesse, son défaut de fragilité, sa couleur, sa direction, la distinguent essentiellement de la fibre artérielle, Est-elle musculeuse? elle ne paroît point irritable, comme je‘le dirai ; son aspect n'est pas le même que celui des fibres musculaires. Je crois qu’elle est d’une nature particulière , es- sentiellement. distincte de celle de tous les autres tissus, ayant son mode de propriétés , de vie et d’or- ganisation ; je ne la crois susceptible que d’exercer peu de mouvemens. Nous n'avons du reste que peu de données sur ce point. La fibre veineuse , quoique infiniment plus exten- sible que l’artérielle , est cependant plus résistanie; elle supporte , sans se rompre , des poids plus consi- dérables. Les expériences de Wintringam l'ont prouvé. C’est surtout dans les veines superficielles et inférieures que cette résistance est très-marquée, H y a de grandes variétés dans les individus, sous Je rapport des fibres veineuses. Dans les uns elles sont très-apparentes; dans d’autres à peine peut-on les dis tinguer sur les gros troncs, tant elles sont rarement disséminées; mais alors toujours elles sont sensibles dans les branches, surtout dans les superficielles. Il est des endroits de l'appareil veineux où l’on ne trouveévidemment ni fibres extérieures , ni même de tissu cellulaire extérieur : tels sont spécialement les I. 27 402 SYSTEME VASCULAIRE sinus cérébraux , qui offrent la disposition suivante, Arrivée à son golfe, la veine jugulaire se dépouille de son issu propre, et ne garde que la membrane com- _mune, laquelle, s'engageant danslesinuslatéral , le ta- pisse, et se prolonge en bas dans le droit et dans le lon- gitudimal inférieur, en haut dans le supérieur, etc., en un mot, dans tous ceux de la dure-mère. D’après cela, toutsinussuppose, 1°. nn écartement des lames dé la dure-mère, 20. la membrane commune du sang noir tapissant cet écartement. Ce n’est donc pas sur la dure-mère que le sang cireu'e;c'estsur lamême mem- brane où il couloit ailleurs : il est facile de vérifier ce fait sur le sinus longitudinal supérieur. Ce sinus est triangulaire, en ne le considerant que sous le rapport de l’ecartement des lames de la dure-mère; mais en l’ouvrant, on voit manifestement que la membrane commune, en passant sur.ses angles, les arron- dit; elle y est très-distincte. 11 est facile aussi, dans plusieurs autres sinus, d'isoler en certains endroits celte membrane de ja dure-mère; mais dans le plus grand nombre l’adhérence est intime ; c'est comme dans l’union de l’arachnoïde avec la surface interne de la dure-mère. Cettemembrane commune du sang noir se déploie sur les rides du sinus longitudinal su- périeur ; elle forme un entrelacement singulier que je décrirai dans les sinus caverneux. D’après cette idée générale , il est évident que les parois de la dure-mère remplacent dans les sinus les fibres veinenses et le tissu cellulaire dense qui leur est extérieur : c’est toujours la même membrane commune; mais le tissu qui lui est ajouté au de- hors est différent. A l’endroit où chaque veine céré- A SANG NOIR. 403 brale vient s'ouvrir dans un sinus, la membrane com- mune de ce sinuss’engage danssou conduit et le tapisse jusqu'à ses extrémités. Je ne conuois aucun auteur qui ait cousideré ainsi les sinus cerebraux offrant la membrane commune à sang noir prolongée dans des ecartemens de la dure: mère. Pour peu qu'on examine la surface interne d’un sinus, il est facile de voir cependant que cette surface différe autant du tissu de la dure-mère , qu'elle se rapproche de l'aspect de la surface interne des veines. Les veines cérébrales, dont les sinus sont les abou- lissans, sont analogues aux artères de cette région par l'extrême lénuité de leurs parois, ténuité qu’elles paroissent devoir à l'absence de l'enveloppe cellu- Jeuse , et qui est même telle, qu'on croiroit qu'il n’y a que la membrane commune. 1] n'y a jamais de fibres circulaires dans les veines. Membrane commune du sang noir. Cette membrane, généralement étendue du sys- tème c+pillaire général au pulmonaire, est par-tout à-peu-près de même nature. Elle diffère essentielle- ment de celle du sang rouge par un grand nombre de caractères. | 1°, Elle se prète à des distensions infiniment plus grandes; elle est moins fragile par conséquent. Liez une veine ; elle ne se rompra point , à moins que la constriction ne soit excessive ; elie est presque aussi souple que la tunique celluleuse. Cette souplesse fait qu'on la dissèque avec bea#toup plus de facilité que la membrane commune des artères. 2°. Elle paroît beaucoup plus mince que celle-ci : ou en a la preuve 404 SYSTEME VASCULAIRE: dauslesvalvulesqueleurextrême ténuité dérobe quel- quelois au premier coup d'œil , quand elles sont ap- pliquées contre Ja surface interne de la veine, 30, Ja- mais cette membrane commune ne s’ossifie chez le vieillard, comme il arrive dans les artères : son or- ganisation paroît répugner à se pénétrer ainsi de phos- phate calcaire. Quand cela arrive, c’est un état contre nature ; au lieu que l’ossification dela membrane com- mune du sang rouge est un état presque naturel chez je vieillard, comme je l'ai dit. Cette différence entreles deuxmembranescommunesà sang noir etäsangrouge donne un caractère distinctif aux maladies du cœur. Jamais on ne voit d'ossification dans les valvules tri- cuspides ou dansles sigmoïdes de l'artère pulmonaire, tandis qu’elles sont si fréquentes du côté gauche : c'est un résuliat constant des observations faites à la clini- que de la Charité : dans lescadavres des vieillards, les dissections m'ont loujours présenté le même resultat. De même l’artère pulmonaire, quoique analogue à l'aorte par sa membrane propre, n'est jamais le siége de ces ossifications, parce que la membrane commuse diffère essentiellement de la sienne. Ce seul pheno- mène, si tranchant dans l’une et l’autre membrane, prouveroit incontestablement leurs différences orga- niques, comme il établit la nécessité de les envisager d’une manière générale ; soit que , pour le sang noir, ellestapissent les veines, l'artère puimonaireetlecœur droit, soit que,pour le sangrouge, elles se déploient sur les artères, le cœur gauche et les veines pulmonaires. Des Valvules veineuses. La membrane commune du sang noir est remar- A SANG NOIR. 405 quable par une foule de replis que l’on nomme val- vules. Ces replis manquent dans l'artère pulmonaire, excepté à son origine où il y alles sigm ides; dans le cœur , les valvules tricuspides sont en partie formées par cette membrane ; maisles valvules veineusessont exclusivement produites par elle : c'est de celles-ci qu'il s’agit surtout, La forme de ces valvules est parabolique : leur bord convexe est adhérent et le plus loin du cœur ; leur bord droit flotte et se trouve le plus près de cet organe. Elles laissent enir’elles et la veine un espace analogue à celui des valvules sigmoïdes aortiques et pulmonaires. Elles n'ont point , comme ces val- vules, une granulation sur leur bord libre, Au ni- veau de leur bord adhérent, le tissu veineux est plus ferme; il y a une espèce d'endurcissement ou de bour- relet, qui forme uue ligne saillante, de même forme courbe que ce bord. Cet endurcissement soutient les valvules comme celui correspondant aux sigmoïdes. Il paroît être de même nature que le tissu veineux, dont les fibres changent de direction pour le former. Quandla membrane commune est arrivée à cette ligne saillante, elle se replie pour former la valvule; de sorte que celle-ci paroît tissue de deux feuillets, que du reste il est trés-difficile de séparer , tant sa tenuité est grande. Les valvules veineuses existent dans la veine cave inférieure comme dans la supérieure. Dans la pre- mire, les divisions de l'hypogastrique, de la crurale, de la tibiale, de la saphène interne et externe, etc., en sont remplies. La seconde en présente beaucoup dans la jugulaire externe, dans l'azygos , dans les {a- L4 406 SYSTEME VASCULAIRE ciales, dans les veines du bras, etc. Plusieurs veines manquent de valvules, commeonle voit dans letronc de la veine caveinférieure, dansles émulgentes, dans les sinus cérébraux , etc. La grandeur des valvules est constamment propor- tionnée à celle des troncs où elles se trouvent : très- prononcées dans l’azygos, ellesle sont moins dansla sa- phène, moins encore dans les plantaires, etc. Si on compare leur étendue au calibre du tronc qu’elles occüpent, on voit que tantô! elles peuvent oblitérer entièrement sa cavité, et que tantôt elles sont trop étroites pour produire cet effet. Cette disposition a frappé tous les auteurs ; ils ont cru que cela dépendoit de l’organisation primitive: maïs je me suis convaincu que cela tient uniquement à l’état de dilatation ou de resserrement des veines. Dans le premier état, les val- vulesélant tiraillées,et même nese dilatant pas en pro- portion, deviennent plus petites, relativement au cali- bre des veines dont ellesne peuvent oblitérer la cavité entièrement lorsqu'elles s’abaissent. Dans le second état, comme elles ne se resserrent pas en proportion du vaisseau , elles deviennent plus lâches et sont sus- ceptibles de le boucher entièrement. Tout ce qu'ont écrit les auteurs sur la petitesse ou la largeur des val- vules , dépend donc uniquement de l’état où se trou- vent les veines à l'instant de la mort. Cela est si vrai, que, si un animal est mort d’hémorragie, elles parois- sent larges, qu’elles semblent étroites, au contraire, s’il est péri asphyxié. J'ai deux fois vérifié ce fait. D’après ce qui vient d’être dit , il est évident que le reflux du sang noir est d’autant plus facile et qu’il s'étend d’autant plus loin, que la veine est plus dila= A SANG NOIR. 407 tée; que par conséquent le premier battement, effet de ce reflux, doit s'étendre moins loin que le second, celui-ci moins loin que le troisième, et ainsi de suite. C'est en effet ce qui arrive dans les cas dont nous avons parlé plus haut. Jamais le reflux ne s'étend jusqu’au système capillaire, surtout dans les parties éloignées du cœur, parce que plusieurs valvules étant à traverser, et chacune arrêtanten partie le sang, il finit bientôt par perdre tout le mouvement recu du cœur. L'existence des valvules est en général constante, mais leur situation et leur nombre sont très-variables, Tantôt très-rapprochées, tantôt plus éloignées les unes des autres, elles présentent , sous ce rapport, une foule de varietés, En général, dans les petits troncs, elles sont plus près; elles se trouvent plus rarement disséminees dans les gros troncs. Assez rarement disposées trois à trois , elles sont le plus souvent par paires, et quelquefois isolees ; ce qui arrive surtout dans les petits vaisseaux , dans ceux du pied, de la main, eic. On trouve au reste, dans l'ouvrage de Haïler, des détails descriptifs extrême- ment étendus sur la disposition générale , la forme, la position des replis vasculaires qui nous occu- pent. Ces replis jouent, comme nous le verrons, un rôle important dans Ja circulation veineuse : ce sont eux spécialement qui dispensent, daos la plupart des opé- rations, de lier les troncs veineux, s'ils ne sont pas trop considérables. En effet, sans eux , le sang versé par les collatérales dans le vaisseau ouvert, pourroit très-bien s'échapper par un mouvement rétrograde, 408 SYSTÈME VASCULAIRE et alors l’effusion de celui qui est versé dans tout le trajet de ce vaisseau seroit à craindre, tandis que la seule qui puisse survenir est celle du sang qui afflue entre l'ouverture et la première ou la seconde val- vule. Les valvules distinguent essentiellement les veines des artères. Qu'il me soit permis d'observer que leur absence dans ces derniers vaisseaux est une preuve nouvelle, ajoutée à celles déjà indiquées, de l'absence de contractilité vitale dans leur tissu. En effet, s'ils se contractoient comme le cœur pour chasser le sang, ce fluide , tendant autant à revenir vers le cœur par l'effet de cette contraction, qu’à se porter aux extré- mités , il y auroit d'espace en espace, dans les tubes artériels, des valvules pours’opposer au premier mou- vement : or ce n’est qu'à l’origine de l'aorte qu'on en observe; pourquoi? parce qu’il ne faut s'opposer, dans les artères, qu’à l'effet de la contractilite de tissu, la- quelle s’exerçant sans secousse et par un simpleres- serrement, ne peut renvoyer que très-peu de sang dans le cœur. Un seul obstacle suffisoit donc, à l'en- trée du système artériel], pour s'opposer au trouble de la circulation , qui pourroit être l'effet du reflux causé pendant la systole par la contractilité de tissu des artères, reflux qui n’a même lieu que dans cer- tains cas; car ordinairement Je retour des artères sur elles-mêmes est produit, comme je l'ai dit, parce qu’elles contiennent moins de sang, lequel en a été chassé pendant la diastole. Il faut, pour que ce reflux ait lieu, que l'effet de la contractilité de tissu soit porté dans la systole au-delà de ce que les artères ont perdu de sang dans la diastole. } 4 A SANG NOIR, 409 Action des réactifs sur le issu veineux. Ce tissu, exposé à la dessiccation, devient un peu jaunâtre , reste souple, se ploie dans tous les sens; en sorte que des bandes veineuses desséchées devien- dront , sous ce rapport, propres à des usages qi se- roieut étrangers à des bandes artérielles dans le même €lat. Ce tissu se pourrit aussi plus facilement que l’arté- riel, mais bien moins que d’autres, que le musculaire en particulier. J'ai exposé comparativement, pour m'en assurer, des troncs veineux et des portions d'intestins ou des coùches musculeuses minces, an contact d’un air humide. Moins résistant à la macération que le tissu arté- riel, le veineux l’est aussi davantage que beaucoup d’autres : l’eau où il a macéré isolément est beaucoup moins félide que celle où une portion égale de tissu musculaire auroit séjourné. Le racornissement des fibres veineuses est extré- mement sensible quand on les plonge dans l’eau bouil- Jante ou dans desacides très-concentrés. Elles se rac- courcissent alors de plus de moitié ; par là même elles se prononcent davantage : aussi ce moyen sert-il à mieux les étudier; je l'ai employé souvent : leur rapprochement épaissit les parois de la veine. Quand elles se sont'ainsi racornies, si le séjour dans l’eau bouillante ou dans l’acide continue, elles se ramollis- sent prompiement dans Je second, plus tard dans la première. Leur coction est cependant plus prompte que celle desartères: elles paroïssent aussi susceptibles 410 SYSTÈME VASCULAIRE d’êtreamenées ä un état pulpeux par une longue ébul- lition , état auquel on ne réduit point les artères. L’alcahi caustique paroît avoir nne action assez marquée sur les veines. Au bout d'un séjour assez court dans une dissolution de cet alcali, elles devien- ent, pour ainsidire,diaphanes, diminuent de volume, pe se dissolvent point entièrement, il est vrai, ne de- viennent point diffluentes comme dans les acides, mais perdent sensiblement de leurs élémens, donnent souvent un précipité remarquable, et toujours ren- dent la liqueur moius forte par lescombinaisonsnou- velles qu'elle a éprouvées. $ IT. Parties communes a l’organisation du Système vasculaire à sang noir. Vaisseaux sanguins. Les veines ont dans leur tissu des artérioles et des vénules, lesquelles se comportent à-peu près comme dans les artères. Elles se ramifient d’abord dans la membrane celluleuse, renvoient quelques rameaux aux parlies voisines, puis, pénétrant dans les fibres veineuses, y serpentent demille manières différentes, et se terminent enfin vers la membrane commune, qui dans les injections m’a paru en recevoir davan- iage que les artères. T'issu cellulaire. Les veines, comme les artères, ont autour d’elles deux espèces de tissus cellulaires , l’un qui est ex« iérieur et de même nature que celui qui se trouve A SANG NOIR. 41x dans l'intervalle de tous les organes : il est chargé de graisse, de sérosité très-lâche , et sert seulement aux veines de moyen d'union avec les organes adjacens : l’autre dense , serré, leur forme une tuniqne imme- diate. Il a été question , dans le système cellulaire, de ce tissu particulier, qu'aucun auteur n’a encore dis- tingué de celui généralement répandu, et qui en dif- fère cependant si essentiellement par sa texture fila- merteuse, par sa sécheresse , par l'absence constante de la graisse et de la sérosité, par sa résistance singu- lière , ete, Lorsqu'on l’enlèveen le déchirant avec les doigts de dessus les veines, il paroït comme formé d’une infinité de filets entrelacés les uns dans les autres. Après avoir formé cette enveloppe extérieure aux veines, ce tissu cellulaire de nature particulière ana- logue aux sous-artériels, soumuqueux, etc, s'enfonce entre les fibres longitudinales veineuses , les sépare, leur forme des espèces de gaînes, et se termine à la membrane commune , qui paroît en contenir dans sa texture, et qui doit peut-être en partie à celle circons- tance la grande extensibilité dont elle jouit. Jeremarque que la présence dutissu cellulaire dans les parois veineuses est un caractère distinctif et tran- chant quiles sépare d’avecles artères, avec lesquelles leur tissu n’a d’ailleurs aucune espèce d'analogie. Exhalans et Absorbans. Il paroît qu'il ne se fait aucune exhalation à la sur- face interne des veines, Cette surface est bien cons- tamment humide sur le cadavre , même quoique les vaisseaux soient vides; mais j'attribue ce phénomène, 412 SYSTEME VASCULAIRE comme dapslesartères,à une transsudation survenue après la mort. En effet , s’il y avoit un fluide exhalé, 1] empêcheroit les adhérences des parois veineuses , lorsque pendant la vie je sang cesse de les parcourir. Or, toute veine restée vide s’oblitère en une espèce de ligament, comme les artères en pareil cas. Il n’y a pas plus d'absorption à la surface interne des veines , que d’exhalation. Pour m’assurer de ce fait, j'ai tenté sur la jugulaire interne, sur l’externe, etc., la même expérience indiquée plus haut , et faite sur l'artère carotide : j'ai obtenu le même résultat ; ce qui m'a fait tirer la même conséquence. J’ai élé conduit à faire ces expériences par l'opinion de plu- sieurs analomistes distingués, qui croient que les ah- sorbans naissent immédiatement des veines et des artères, Il est possible que cela ait lieu dans lesramus- cules , dans le système capillaire surtout, comme je le dirai dans le système absorbant; mais je ne pré- sume pas que rien de semblable puisse jamais se dé- moutrer dans les troncs. Il paroit donc que les exhalans et absorbans des parois veineuses, comme ceux des parois artérielles , sont uniquement bornés aux fonctions nutritives ; qu ils sont par conséquent en petite quantité. Cette remarque est applicable non-seulement aux veines, mais encore à la totalité du système vasculaire à sang noir. Nerfs. 1°. Les veines diffèrent essentiellement des artères par le peu de nerfs dessganglionsquilesaccompaguent. Tandis que ces nerfs forment à la plupart des premiers A SANG NOIR. 413 de ces vaisseaux une espèce d’enveloppe accessoire, ils se répandent à peine sur les seconds. En mettant les veines caves, jugulaires, azygos, à découvert, il est facile de faire cette observation. 2°, Quant au côté du cœur à sang noir, il paroît autant recevoir de nerfs que celui à sang rouge : ce qui prouve bien que ces organes n’influent pas sur la contraction, puisque cette coctraction est évidemment plus foible à droite qu’à gauche; tandis qu'avec égalité dans les distri- butions nerveuses, il devroit y avoir égalité de force. 30. L’artère pulmonaire ne présente que très-peu de nerfs. Je ne connois pas encore bien le rapport qui existe de ce côté entre elles et les veines de même nom. | Il résulte de cet aperçu général , que le système à sang rouge a manifestement plus de uerfs que celui à sang noir. En effet, les choses étant à-peu-près égales au cœur , et la différence se trouvant très-sen- sible entre les artères aortiques et les veines se ren- dant à l'oreillette droite , quoique l'artère pulmonaire en auroiît un peu plus que les veines correspondantes, ce que je crois assez probable, le court trajet de l’une et l’autre espèce de vaisseaux ne laisseroit pas moins la disproportion très-manifesie, ARTICLE TROISIÈME. Propriétés du Système vasculaire à sang Les veines sont en général peu élastiques, molles et lâches; elles partagent le caractère d'une foule de 414 SYSTEME ŸYASCULAIRE ussus animaux, et sont essentiellement distinguées, sous ce rapport, des artères, qui, comme nous l'avons vu, ont beaucoup d’élasticité. Les propriétés vitales et de tissu vont donc spécialement nous occuper dans ces vaisseaux. S Ier. Propriétés de tissu. Extensibilité. / Les veines ont, sous le rapport de cette propriété, une disposition opposée à celle des artères, qui, assez extensibles en loug, le sont très- peu en travers. Les veines s'étendent peu dans le premier sens. Tiraillées dans le moignon d’une amputalion , sur le cadavre , elles ne s’alongent point proportionuelle- ment à ce qu’elles se dilatent dans les varices, quoi= que cependant elles éprouvent alors un agrandisse- ment réel. Peut-être cela tient-il cependant moins à ce que l’exteusibilité de tissu y est moins prononcée, qu’à ce que les plis y étant moins développés que daus les artères, il y a un moindre développement. Au reste, quelle qu'en soit la cause , le fait-n’en est pas moins constant. Peu d'organes présentent, au contraire, l’extensi- bilité dans le sens transversal, à un plus haut degré que les veines. Sur le cadavre , elles prennent une énorme dilatation par les injections d’air, d’eau, des substances grasses, elc. Sur le vivant, on connoît les dilatations variqueuses, celles qu’offrent les gros troncs, daus les obstacles au cours du sang dans le poumon. T'andis que les artères ne nous paroïssent prendreleplussouventque ledoubledeleur diamètre, sans rompre leur membrane commune et leur mem- brane propre, les veines triplent, quadruplent, quin- A SANG NOIR. 415 tuplent même leur diametre , Sans que celte rupture arrives Cependant on a divers exemples de cet accident : Haller eu cite plusieurs dans son grand ouvrage. Ona vu ces ruplures survenir, pendant la grossesse , dans les veines des extrémités inférieures : il y en a des exemples pour les veines de l'extérieur de la tête, dans deviolentes céphalalgies. On a vu les veinescaves, les jugulaires , les souclavières , se rompre subitement et produire la mort. Tout le monde connoît les hé- morragies, effet de la rupture des veines hémorroï- dales , etc. Je pense que l'extrême ténuité des parois des veines cérébrales les expose fréquemment à être déchirées dans les coups portés sur la tête, lors des plaies de cette partie, etc. Certainement quand l'épanchement est dans la cavité/de la membrane arachnoïde , il ne peut guère avoir d’autres sources que dansles troncsveineux qui, enveloppes d’un repli arachnoïdien , traversent cette cavité pour se rendre aux sinus cérébraux. Or, on sait que ce cas est assez commun, et même qu'il coïncide souvent avec celui où la dure-mère étant détachée du crâne ,s’en trouve séparée par un épanchement.Se fait-il ainsi dans l’apo- plexie une ruptüre subite des extrémités veineuses ? J'ai déjà dit que ñous n'avions sur ce point aucune ! donnée. Tous ces cas de rupture sont très-différens de ceux de l'artère anévrismatique ; souvent elles ont lieu , la dilatation étant infiniment moindre qu’elle ñe l’est dans une foule de cas où les veines restent intactes. Très-communément elles n'arrivent point. La totalité de la veine, la tunique celluleuse y com- prise, se crêve, etc. La rupture artérielle dans les 416 SYSTÈME VASCULAIRE anévrismes vrais, est au contraire constante: dès que la dilatation est portée à un certain degré, elle ne manque jamais d'arriver. Les deux tuniques artériel- les se rompent facilement ; la eelluleuse reste intacte. Il n’est pas, je crois, un seul exemple d’anévrisme un peu gros sans rupture. Pourquoi ? parce que l’ex- tensibilité arterielle ne peut se prêter que jusqu’à un certain point. Les ruptures dérivent donc du défaut ‘de cette propriété; au contraire, elles sont étrangères à cetle cause dans les veines. Nous ne connoissons pas encore bien comment elles sont produites. Cer- tainement , dans un grand nombre de cas, il y a af- fection du tissu veineux : cela est incontestable dans les hemorroïdes, etc. Contentons-nous donc d’assi- gner les différences des ruptures artérielles et vei- neuses, en attendant que l'observation nous éclaire sur toutes les causes de celles-ci. Si on se rappelle que les fibres artérielles sont très- nombreuses et Loutes circulaires ; que les veineuses, au contraire, sont d’une part longitudinales, là où elles existent, et de l’autre part très-rarement dis- séminées sur leurs vaisseaux , on concevra pourquoi les premières résistent beaucoup plus à la distension suivant leur diamètre que suivant leur axe, et pour- quoi un phénomèue opposé s’observe sur les secon- des , quoiqu’avec moins d'énergie. Contractilité. Elle correspond à l’extensibilité. Assez peu mar- quée suivant le sens longitudinal, elle l’est beaucoup plus suivant le transversal. 1°. Elle produit le resser- rement, sur elles-mêmes, des paroisdela veine ombi- A SANG NOIR, 417 icale, d’un tronc quelconque hé, etc. 20, Elle occa- ionne , dans uutronc qu'on pique, l’évacuation su- bite dusang contenu entre deux ligatures par le retour des paroïs sur elles-mêmes. 3°. Elle paroît avoir une nfluence réelle sur le jet du sang sortant dans la sai- ance. 4°. Les varietés sans nombre de calibre que présentent les veines sur les cadavres, suivant la quan- ité de sang qu’elles renferment, sont un résultat ma- nifeste et de leur extensibilité et de leur contractilité de tissu. b°. Sur le vivant , les veines superficielles se présentent dans une foule d'états différens : dilatées en été, resserrées eu hiver, très-épanouies dans le bain chaud , comme on le voit surtout pour lessaphe- nes dans les pediluves, contractées dans le bain froid, saillantes par ane position perpendiculaire continuée, présentant unedis position coniraire par une situation horizontale , etc. ,elles offrent à l'œil qui les observe en différens temps, une foule d'états divers. Je doute que ceux qui ont tant calculé la capacité des vaisseaux, Ja vitesse du sang, etc.,-eussent éte tentés d’entre- prendre leur travail s'ils eussent fait beaucoup d’ou- vertures cadaveriques où d'expériences sur les ani- maux vivaus : or toutes les variétés roulent sur l’ex- tensibilité et la contractilité de tissu. S II. Propriétés vitales. Propriétés de la Vie animale, . Les veines ont-elles de la sensibilité? Voici le ré= sultat des expériences sur ce point. 1°. Irritées à l'extérieur par un instrument mécanique quelcon- que, elles ne causent point de douleur, comme Haller I, 28 410 SYSTÈME VASCULAIRE l'a vu; 2°, leur ligature n’est point douloureuse non plus quand on la fait sur les animaux vivans, ou bien dans certaines opérations chirurgicales, dans les grandes amputations, par exemple, où on recom- mande de lier la veme comme l'artère. 3°, Agacées à l’intérieur , elles présentent le même phénomène. J'ai plusieurs fois poussé un stylet très-profondément dans un de ces vaisseaux sans faire crier l'animal, J'observe même que c’est un bon moyen pour exa- miner la sensibilité du cœur , sans occasionner dans la poitrine un délabrement qui pourroit exalter , diminuer ou aliérer cette propriété d’une manière quelconque, par ie trouble général qu'il introduiroit dans l’économie. J'enfonce donc un long stylét dans la veine jugulaire externe droite, ouverte comme pour l'opération de la saignée. Ce stylet pénètre jus- qu’au cœur , sans aucun accident , en redressant les coudes veineux. L'animal ne donne le plus souvent aucun signe de douleur : quelquefois cependant je lui en ai vu témoigner : le mouvement du pouls est toujours accéléré. On pourroit facilement faire de même, et sans accident, parvenir chez l’homme le bout d’un styletdans le cœur droit par la jugulaire ex- terne droite. Pourquoi, dans certaines asphyxies, dans les syncopes qui résistent aux autres exCitans, etc. , n’emploieroit-on pas ce moyen de ranimer son aclion? 4°. Lorsqu'on injecte un fluide étranger dans les veines, les animaux ne donnent en général, quel- qu'irritant qu'il soit, aucune marque de douleur. L’u- rive, la bile, le vin, les narcotiques, etc., y sont sous ce rapport impunément |ransfusés, 5°. Au con- traire, quand une bulle d'air y penètre, l'animal A SANG NOIR. 419 pousse lescris les plus douloureux, s’agite et se débat avant de périr ; mais est-ce à cause du contact du fluide sur la membrane commune ? je ne le crois pas; car ordinairement ily a un instant entre les cris et l’injec- tiou. 11 pourroit bien se faire que la douleur n’arrivat qu'à l'instant où l'air frappe le cerveau , après avoir passé à travers le poumon ; passage qui est constant comme je l’ai observé ailleurs. La contractilhité animale est manifestement nulle dans les veines. Les mêmes expériences qui ont servi à démontrer son absence dans les artères, la prouvent également ici. Je les at faites en même temps sur Pun et l’autre genre de vaisseaux : je renvoie donc sur ce point au système précédent. Propriétés de la Vie organique. Contractilité sensible. Cette propriété ne paroît point être l’attribut des veines. Haller, en les irritant de diverses manières , n'y a pas vu de mouvement sensible. J’ai fait ordi- pairement la même observation, soit par une irrita- tion intérieure, soit par une excitation exterieure. Cependant en deux ou trois circonstances, il m'a paru qu’un resserrement manifeste avoit lieu. D'un autre côté, comme d’une part les fibres veineuses sont uniquement longitudinales, que d’une autre part elles sont trés-rares, 1l est evident qu'en suppo- sant qu'elles fussent musculaires, l’effet des irritans appliqués sur elles devroit être très-difficile à obser- ver, quoiqu'il füt réel. La question n'est donc pas tout-à-fail resolue, quoique je penche infiniment plus 420 SYSTÈME VASCULA!RE à croire qu'il n'y a pas d'irritabilité veineuse. Comme les veines caves ont des fibres charnues manifestes à leur origine , il est évident qu’elles jouissent en cet eudroit de la contractilité qui nous occupe. Une preuve de l’espèce de nullité ou du moins de l'obscurité de la contractilité organique sensible des veines, c’est que jamais elle ne s'exalte dans les ma- ladies. Tous les organes où celte propriété existe: sont remarquables par ses fréquentes exaltalions, qui coustiluent dans le cœur la vitesse et la force du pouls, dans l’estomac le vomissement, dans lesintestins cer- taines diarrhées, dans la vessie l’incontinence d’uri- ne, surtout chez les enfans, etc. Or les veines ne pré- sentent jamais un trouble qui, correspondant à ceux- là, pourroit faire croire à la réalité de la force dontil seroit l’exagération, si je puis m'exprimer de la sorte. Remarquez que cette observation est aussi appli- cable aux artères : jamais dans une portion détermi— née du système artériel, on ne voit celle agitation locale, ce trouble isolé, que certaines parties du tube intestinal nous présentent quelquefois. L'irrégularité du mouvement du sang est toujours générale, parce qu’elle dépend d’une cause unique , savoir de l’im- pulsion irrégulière du cœur. Observez que cette manière de découvrir la pré- sence ou l’absence de telle ou telle force vitale dans une partie, par les affections qui y exaltent cette force, mérite une considération importante dans l'examen de ces forces. Les auteurs n'ont pointemplôyé ce moyen de les découvrir, de prononcer par conséquent sux leur présence ou sur leur absence dans les organes: LA À SANG NOIR. 421 Du Pouls veineux, _ Jl ne faut pas prendre pour un effet de l’irritabi- lité veineuse , le battement que les veines éprouvent dans certaines circonstances. C’est un effet du reflux du sang qui, ne pouvant traverser le poumon, stagne dans les artères pulmonaires et dans le côté droit du cœur, en sorte que quand celui-ci se contracte, com- me il éprouve un obstacle dans le sens ordinaire, il reflue dans le sens d’où il venoit, comme quand les alimens, ne pouvant passer par en bas, retournent par où ils sont venus, Ce reflux a lieu malgré les valvules jusqu’à une certaine distance; il est extrémement sensible en plusieursoccasions dans la veine jugulaire, quand les animaux soumis aux expériences respirent péniblement; alors il n'est point continu; il a lieu pendant trois ou quatre fois, cesse ensuite, et revient irrégulièrement : on sait qu'on l’observe aussi dans les derniers momens de la vie, quand les poumons s'embarrassent. La veine est alors dilatée sensiblement; puis elle se contracte. Mais si vous appliquez le doigt dessus , vous n'éprouverez point un sentimentanalogue à celui du pouls; vous sentirez seulément une ondée de sang quireflue. La raison en est simple ; 1°. il n’y a point de locomotion ; 2°, comme les parois vemeuses sont Jlâches, elles ne .pourroient point frapper assez le doigt, en supposant qu'il y eût un semblable dépla- cement. En effet, remarquez que c’est moins le sang . que l'artère elle-même qui par son tissu ferme fait paitre le sentiment du pouls : si elle pouvoit se re- dresser étant vide, comme elle le fait dans sa piéni- 422 SYSTEME VASCULAIRE tude, elle feroit éprouver presque également ce sen- timent; c'est une remarque à ajouter à ce que j'ai dit sur le pouls dans le système précédent. La contraction des veines dans le mouvement de reflux qui nous occupe, est uniquement la contracti- lite de tissu en exercice. Quand le cœur cesse de pousser le sang dans sa cavité, alors ‘elle revient sur ellemême , après avoir été dilatée : c'est à-peu-près comme sur le cadavre où l’on adapte une seringue à des veines; quand elles sont très-pleines d’eau, si on retire un peu le piston, tout de suite le fluide reve- nant, la veine se contracte : c’est encore comme quand ellese resserre à cause d’une piqûre qui évacue le sang: cela ne suppose aucune irritabilité. Je crois que quelquefois ce reflux peut dépendre d’un mouvement irrégulier du cœur qui se contracte en sens opposé de l’état ordinaire , quoiqu'il n'y ait aucun obstacle dans lé poumon, Ce qui me le fait penser, c’est que souvent, dans les expériences, à l'instant où l’animal commence à souffrir beaucoup, le reflux a lieu avant que le poumon ait eu le temps de s’embarrasser. En général c’est une chose extré- mement remarquable dans les expériences, que la promptitude avec laquelle la douleur trouble le mou- vement du cœur, l’accélère, le rend irrégulier, etc, On peut toujours à son gré précipiter la respiration en faisant souffrir l’animal : or l'accélération du pouls est toujours antécédente à celle de la respiration , qu’elle paroït déterminer. Je suis persuadé que siles maladies du cœur étoient aussi fréquentes à droite qu’à gauche, elles produiroient fréquemment ce re= flux et cette pulsation des veines, ‘i\AISANG NOR. ‘ 423 Les limites dun reflux du sang veineux varient, Haller a observé ce reflux jusque dans les iliaques. En général il ne dépasse guère les gros troncs, à cause des valvules, J'ai démontré, dans mes recherches sur la mort ; que Ja coloration des asphyxiés, des sub- mergés, elc., ne dépend point de Jui, parce qu'il ne peut évidemment s'étendre jusqu'au système capil- laie; lequel reçoit le sang noir qui le colore des ar- tères qui charrient alors cette espèce de sang. Le reflux du sang noir daus les veines, produit dans les cas précédens, soit par un embarras du poumon, soit par un trouble subit dans l’action da cœur ; a lieu dans l’état naturel, quoiqu'à ‘un degré infiniment moindre. En effet quand l'oreillette droite se contracte, tout le sang ne passe pas dans le ven- tricule correspondant : les ouvertures veineuses étant libres, une portion y reflue, Il est difficile de déter- miner les limites de ce reflux naturel, dont tous les auteurs ont parlé. Quand la poitrine est ouverte , on l’observe très-bien ;on pourroit même alors apprécier son élendue : mais dans ce cas la respiration ne se faisant plus comme à l'ordinaire, il est évident qu’on ve peut juger par lui de ce qu'il est ordinairement, ” Contractilité insensible. Cette propriété, ainsi quela sensibilité organique qni nes’'en sépare point, non plus que la précédente,existe dans les veines comme dans les autres parties; elle y préside seulement à la nutrition : elle paroît plus mar- ‘quée que dans les artères ; au moins les maladies qui l'exaltent spécialement sont-elles plus fréquentes das les veines. Le tissu de ces vaisseaux s’enflamme 424 SYSTÈME VASCULAIRE souvent. 1°, Bell en rapporte des exemples observés à la suite de violences extérieures, 2°, Tout le monde connoit linflammalion des hémorroïdes, 3°, La ci- calrisation des plaies veineuses dans Ja saignée.est un produit de l'inflammation, Sans doute cette cicatrisa- tion est favorisée par le défaut d’impulsion à laquelle les artcres sont soumises ; mais certainement dans la même circonstance ces dernières ne se cicatriseroient pas si vite, sielles le faisoient. Quand une artère a été diée, 1 faut que ses parois, erflammées par l’action du fil, déchirées par lui le plus souvent , et mises en contact, coniractent des adhérences, pour que la gué- rison, soit complète et que la ligature tombe! sans danger. Or, rien de plus difficile, de plus jent yque leur adhérence, par la difficulté qu’a le tissu arteriel à s’enflammer. De là les fréquentes hémorragies à la suite de l’anévrisme et même des autres grandes opé- ralions, Souvent le:sang donue au bout de vinet, trente, quarante Jours et plus; le chirurgien doit tou- jours être sur ses gardes quand il a lié de gros troncs, à cause de cette difficulté de tissu artériel à s’enflam- mer, Souvent même quand l'artère s’oblitère, ce n'est pas par inflammation, Pendant que la ligature arrête le sang , la portion d’artère comprise entre elle et la premiére collatérale, se resserre peu à peu par sa con- iraculité de tissu, et forme une espèce de ligament qui arrête le sang après la chute des fils. Je ne sais même si ces cas ne sont pas plus nombreux que ceux de l’inflammation. Or, les veines adhèrent toujours avec promptitude quand on les a liées ; leurs plaies se cicatrisent tout de suite. Dans les grandes plaies, leur ligature est presque toujours inutile dans Les premiers À SANG NOIR. 425 momens, à cause des valvules ,comme je l’ai dit plus haut, et dans les temps suivans, parce que les bouts coupés se resserrent, s’enflamment bientôt et adhè- rent. S'il y a des hémorragies veineuses, c'est dans les premiers momens , et non après un temps aussi long que pour les artères. T'out prouve doncque l’activité vitale ést beaucoup plus marquée dans le système veineux que dans l’ar- tériel; sous le rapport des forces toniques. L’absence du tissu cellulaire dans le second , sa présence dans le premier, pourroient bien influer sur ce phénomène. Remarques sur Le Mouvement du Sang noir dans les Veines. Le sang, d'après ce que nous venons de dire, et ce que nous dirons encore dansle système capillaire, est manifestement hors de l'influence du cœur lorsqu'il, arrive dans les veines. Il est. donc évident que les veines nesauroientavoir de pouls. En effet, 1°.cé phe- nomène dépend de l’impulsion unique , sabitement reçue en vertu dela contraction du ventricule gauche: or, le sang est versé de toutes parts par le système ca- pillaire dans les veines; cet agent d’impulsion manque donc; la cause déterminante du pouls est donc nulle dans les véines,.2.° Les conditions nécessaires à sa production dans le tissu du vaisseau où il à lieu, comme l'élasticité, la résistance, manquent aussi aux veines. Elles ne sont donc susceptibles, ou que du bat- tement qui cause le reflux du sang dans les embarras du poumon ou dans les mouvemens irréguliers du cœur, où que du bruissement ,de l’ondulauon dont elles sont le siége quand on y fait accidentellement 426 SYSTÈME VASCULAIRE circuler du sang artériel : or, dans l’un et l’antre cas c'est toujours le cœur qui est le principe du mouve- mentqui sans lui ne pourroit exister. Voici ce qui arrive dans le mouvement veineux, Le système capillaire , par le resserrement insensible dont il est le siége , verse habituellement dans le sys- ième veineux une ceriaine quantité de sang. Ce fluide nouveau ajouté à celui qui s’y trouve, di commu nique un mouvement général, Or, comme tont le système veineux est constamment plein, il fant bien que tandis que le fluide entre d’un côté , il sorte de l'autre ; sans cela les parois veineuses se dilate- roient : or, Comme elles ont une résistance , qu’elles peuvent même agir jusqu’à un certain point sur le sang, ce fluide , ne patent dilater les veines , coule vers le cœur. # Cependant l'impulsion prodaite par le resserre- ment insensible du système capillaire est trop foible pour s'étendre instantanément d’une extrémité à l’autre des veines, surtout là où le sang remonte contre son propre poids. À mesure que ce fluide entre dans ces vaisseaux, la pesanteur de celui qui est de- vant ne pouvant être surmontée, il surviendroit une dilatation générale , et le sang ne pourroit arriver au cœur : or, les valvules s'opposent à cet effet , en sou- tenant d’espace en espace la colonne du sang. Foi- blesse des parois veineuses, et existence des valvules, sont deux choses nécessairement liées, Si les veines étoient aussi fortes que les artères, ne pouvant se dilater beaucoup quand le sang y entre, elles en iransmettroient nécessairement le surplus au cœur, quoiqu’elles fassent dépourvues de valvules ; mais A SANG NOIR, 427 d’un autre câté cela auroit pour la circulation des inconvériens qui l’arrêteroient à chaque instant. Il paroît que ce n’esl pas seulement le resserrement du système capillaire insensible qui pousse le sang dans les veines ; mais que les racines de ces vaisseaux jouissent encore d’une espèce de faculté absorbante, par laquelle elles puisent le sang dans ce système. Or, le mouvement insensible né de cetie faculté s’e- xerce évidemment des racines vers les troncs, com- me cela arrive dans les lymphatiques ; donc, puis- que d’une part le sang tend à être chassé dans les veines, et qu'il est pour ainsi dire attiré par ellesde l'autre part, il est évident que la source primitive du mouvement qu'il suit est dans le système capil- laire. Cette impulsion communiquée au sang n'excède que de très-peu la résistance que ce fluide éprouve dans son mouvement: aussi la moindre cause, la moindre résistance trouhle-t-elle ce mouvement. De la, comme nous l’avans vu, la nécessité des anas- tomoses. De là encore, la nécessité des secours accessoires pour aider ce mouvement, tels que, 1°, l’action musculaire , dont on ne peut révoquer en doute l'influence, en voyant le jet du sang de la saignée accéléré par le mouvement des muscles de l'avant-bras, les palpitations du cœur, par le sang qui y afflue à la suite d’une course rapide ; en remar-. quaut que les varices sont aussi rares dans les veines situées entre les muscles, qu'elles sont communes dans les soucutanées, etc. ; 2°, le battement des ar= tères qui sont dans une foule d’endroits jointes aux veines, et qui leur communiquent une espèce de 129 SYSTÈME VASCULAIRE mouvemenl; 3°. le mouvement de certaines parties, comme celui du cerveau, dont la masse sans cesse éle- véeet abaissée précipite la circulation du sang des sinus d’une manière manifeste; comme encore la locomo- tion countinuelle des viscères gastriques, pour les vei- nes contenues dans l'abdomen, celle des viscères pectoraux, pour ceux contenus dans la poitrine, etc. 11 est si vrai que les veines trouvent dans les mouve- mens extérieurs un secours pour leur circulation que si un membre est long-temps immobile dans un ap- pareil à fracture, ces vaisseaux s’y dilatent souvent. 4°. Les frottemens extérieurs, s'ils ne sont pas assez forts pour gêner la circulation veineuse, la facilitent manifestement ; c'est la une partie des avantages des frictions sèches. 5°. Une compression légère, insuf- fisante aussi pour gêner le sang veineux, favorise souvent son cours, quand les organes extérieurs sont affoiblis. On connoït , depuis Theden et Desault , l'avantage des bandages serrés pour les ulcères vari- queux, pour les varices mêmes, etc. Puisque le principe du mouvement du sangveineux est généralement répandu daus tout le système capil- laire général, au lieu d’être concentré, comme pour les artères, dans un organe unique, il est évident aquece mouvement ne doit point être uniforme, qu'il doit varier suivant l’état du système capillaire dans les différentes parties ; qu'il peut être plus prompt dans certaines veines, plus tardif dans d'autres. C’est en effet ce que nous voyons, surtout au dehors où les veines sont plus ou moins gonflées, suivant que le sang y circule plus ou moins promptement, Dansles artères, au contraire , le mouvement est par-tout le _A SANG NOIR, 429 même ; c'est un choc général et subit, une impulsion qui , par- tout ressentie en même temps, est néces- airement par-lout uniforme: aussi ne voyez-vous amais certaines arlères plus pleines, d'autres plus vides , comme cela arrive pour les veines, En général , il y a des recherches très nombreuses à faire sur le mouvement du sang dans les veines. Malgré tout ce qu'ont écrit les auteurs sur cette ques- ion , elle offre une obscurité où on n’entrevoit eu- core que quelques traits de lumière. Ces difficultés dépendent de ce qu'on ne sait pas précisément quels sont le mode et la forme du mouvement commuviqué au sang danslesysitème capillaire, quelleest l'influence des parois vasculaires sur ce fluide, etc., etc. Nos con noissances se réduisent sur ce point à cerlains aperçus que je viensde présenter, et quisont spécialement rela- ifsau parallèle du mouvement du sang dans les veines et dans les artères. Je crois que ce parallèle , pousse plusloin un jour , pourra beaucoup éclairer la circula- lion veineuse ; en effet, comme le premier mou- vement est beaucoup plus facile àsaisir que le second, c'est pour ainsi dire procéder du connu àl'inconnu , que de mettre en opposition ce que nous savons sur l'un avec ce que nous cherchons à connoiïtre sur l'autre. Voici donc le résumé desce parallèle, encore imparfait © 1°. Pulsation générale dans les artères ; absence de celte pulsation générale dans les v eines. 2°. Rapidité du cours du sang dans les artères ; lenteur du même cours dans les veines. 3°. Capacité plus grande et parois moins épaisses dans les veines ; moindre ca- .pacité et plus d'épaisseur des paroïs dans les artères. 450 SYSTEME VASCULAIRE 4. Nécessité des secours accessoires pour la circula- tion veineuse; inutilité de ces secours pour la cir- culation artérielle, 5°. Jet en saccade du sang de la seconde; jet uniforme de celui de la première. 6°. Sus- ceptibilité du sang des veines d’être influencé par Ja pesanteur et autres causes accessoires ; nuité de cette influence sur le mouvement artériel. Voilà une série de phénomènes qui, d’après ce que nous avons dit, dépendent évidemment de l'existence d'un agent d’impulsion à l’origine des artères , et de l'absénce de cet agent à celle des veines. 1°. Uniformité constante du mouvement dans toutes les artères; variété du mouvement dans chaque partie du système veineux ; 20. dilatation ét resser- rement généralement les mêmes dans toutes les ar- tères des cadavres; extrême variété sous ce rapport dans les veines de diverses parties : voilà d’autres phénomènes qui dépendent de l'unité d’impulsion dans les premières, et des variétés du principe du mouvement du sang dans les secondes, etc. Quelques auteurs ont beaucoup insisté pour causes dela différence du mouvémentartériel et du veineux, sur ceque, dans les artères, le sang est poussé par des tuyaux décroissans jusqu’au syslème capillaire qui résiste ; sur ce quef dans les veines, au contraire, il coule par des tuyaux toujours croissans jusqu’à l'oreillette droite qui n’offre aucune résistance, Mais le sang noir abdominal est aussi poussé sans agent d’impulsion, par une suite de tuyaux décroissans, _ jusqu’au système capillaire du foie , et cependant le mouvement est analogue à celui des veines. A SANG NOIR. 431 Sympathies des Veines. Les sympathies des veines sont très-obscures, ainsi que celles dés artères. Comme les tissus de ces deux 8ortes de vaisseaux sont rarement affecites, comme l'inflammation et les diverses espècesde tumeurs y ont peu fréquemment leur siége, comme la douleur, par Ja même, s’y fixe assez rarement, on ne connoît que très-peu l'influence qu'ilsexercentsurlesautrestissus. Cependant , à l'époque où J'on s'occupoit des trans- fusions diverses dans les vaisseaux, on a vu souvent des substances âcres et irritantes introduites dans les veines, produire des convulsions subites dans difté- rens muscles. Quant à l'influence que les autres organes affectés exercent sur les veines, on la connoiît très-peu aussi. Comme elles sont par-lout disséminées, ainsi que les artères et les nerfs, ilest difficile souvent de savoir si c'est daus la veine elle-même ou dans l'organe qu’elle forme qu'est le siége du phénomène sympathique. G: ARTICLE QUATRIÈME. Développement du Système vasculaire à 4 sang noir. 6 Ier, Etat de ce Système chez le Fœtus. Les veines ont chez le fœtus une disposition invérse de celle des artères: elles sont beaucoup moins dé- veloppées proportionnellement. Ce n’est pas sur les gros lroncs, comme sur és veines caves, soucla- 424 DIDIELEMEL VASCULAIRE vières, diaques, etc., qu'il faut comparer ces vaïs- seaux, parce que le reflux du sang à l'instant de la mort dilate souvent ces troucs au point d’en imposer beaucoup sur leur véritable développement et de faire croire qu'ils sont infiniment plusgros que l’état naturel pe les présente en effet. C’est sur les branches et les rameaux qu'il faut établir des comparaisons : or il est facile de voir alors que les veines égalent à-peu-près les artéres, mais ne leur sont pas supérieures; ce qui a lieu constamment chez l'adulte. Cependant le côté du cœur à sang noir, et l’artère pulmonaire qui font système avec les veines, sont proportionnellement plus amples que celles- ci. Cela tient à ce que non-seulement ils reçoivent et trans- mettent le sang de ces vaisseaux, mais encore celui de la veine ombilicale. C’est à cette dernière circons- tance qu'il faut attribuer aussi un fait anatomique constant chez le fœtus, savoir , que le tronc très-court de la veine cave, qui est étendu du foie au cœur , se trouve beaucoup plus gros proportionnellement au tronc de la veine cave supérieure, qu'il ne le sera par la suite. Le moindre développement du système veineux, compare à celui des artères, paroît tenir chez le fœtus à ce que beaucoup de substance étant employée à la nutrition qui est très-rapide dans les premiers temps, il en revient moins par les veines. Ce phénomène n’est point du reste particulier au sang noir. Nous verrons les excréteurs transmettre moins de fluides hors des glandes , les exhalans en verser moins sur leurs sur- faces respectives. Il entre beaucoup de sang dans le système capillaire général du fœtus : voilà pourquoi A SANG NOIR. 433 les arières sont très-grosses, Il reste beaucoup des substances qu'il contient dans les organes pour.les nOUETIr ; mais peu sortent du système capillaire gé- méral pour les sécrétions, les exhalations; peu re- viennent par les veines. Plus Je foetus avance ,en âge, et plus ses veiues rapportent une grande quaulité de ce sang. Dans les premiers temps, presque toubrestoit dausles 6rganes pour les former. Vers J’ époque de la naissance, les “choses se rapprochent de ce qu'elles seront,chéz l'a dalle: | | Dans ce phénomène général du système. veineux chez le fœtus , les. proportions sont toujours eénser- vées entre les veines des différentes, parties, suivant l'accroissement de celles-ci. C'est ainsi que;la plupart des parties supérieures, le cerveau en particuher, étant, chez Je fœtus, le siége d’une nutrition plus active que les inférieures, les veines ‘y. sont aussi plus prononcées. Onne peuts ocuère distinguer à àcet âge des bbee- din les parois veineuses, quoique cependant elles y 'exise tent sans doute. J'airemarque seulement qu'ellescou- tiennent bien moins alors de pelits vaisseaux à pro- portion que les artères, dont les trones en sout cou- verts, commeè 1l est facile de le voir sur l’aorie.. Quoique moins dilatées que par la suite, les veines paroissent aussi fortement organisées; leurs parois sont très-résistantes; on les dilate même moins faci- lement : cette disposition se conserve pendant toute la jeunesse. C'est à cela que j'attribue l'absence des varices à cet âge. En effet , comme d’une part moins de sang drole dans les veines, comme d’une autre 1. ‘29 { 434 SYSTEME VASCULAIRE part elles paroissent proportionnellement plus résis- tautes , il est évident qu’elles doivent moins céder. S IT. État de ce Système pendant l'accroissement et au-delà. A lä naïssance , il arrivé, comme nous l'avons vu, une révolution remarquable dans le système à sang noir. L’oreillette et le ventricule droits recoivent la totalité du sang dont une partie passoit jusque là im- médiatement à gauche par le trou botal. Cette diffe- rence n’influe pas beaucoup sur la capacité de l’oreil- lette et du ventricule droits; il survient seulement dans leur forme des différences que j'indiquerai en détail dans l’Anatomie descriptive. Pendant les premières années, les veines conser- vent encore üne infériorité réelle par rapport aux ar- tères. Cette infériorité subsiste même pendant tout le temps de l'accroissement : vôus pouvez vous en as- surer par l'examen des veines extérieures; jamais elles ne sont aussi sensibles, aussi prononcées chez l'enfant que chez l’adulte. Comparez le bras d’un homme et celui d’un enfant; la différénce sera sen- sible , à égalité de graisse. La proportion des veines cérébrales sur les autres se perd peu à peu à mesure qu'on avance en âge, parce que le cerveau prédomine moins par sa nutri- tion. : A l’époque dela pubérté, et vers la fin de l’accrois- semeut en longueur,les veines participent à cette pléthore générale qui semble se manifester , et qui ‘est, comme nous l'avons vu, la source d’une foule de maladies. ( A SANG NOIR. 435 Lorsque l’accroissement en longueur et en épais- seur est fini, les veines commencent à prendre plus de diamètre ; elles deviennent plus saillantes au de- hors : il paroît que plus de sang les parcourt habi- tuellement. Faites contracter fortement les muscles d’un homme adulte, vous verrez toutes ses veines se gorger considérablement. La même expérience ne produira point un effet proportionnel chez le jeune homme : les liyatures appliquées montrent la même différence. S IE. Etat de ce Système chez le Vieillard. Dans les dernières années, les veines deviennent extrêmement prononcées, en comparaison de la jeu- nesse : on peut dire même que ; sous ce rapport, les deux âges extrêmes de la vie présentent une disposi- tion inverse. Il suffit de considérer l'habitude exte- rieure dans l’ un et l’autre âge, pour se convaincre, par l'examen des veines superficielles, de la réalité de cette assertion. Prenons garde cependant que ce développement plus grand ne suppose point ne addition de subs- tance dans les parois veineuses, comme, par exemple, le volume augmenté des os dépend de la surabon- dance de phosphate calcaire. C’est une simple dilata- tion de ces parois, lesquelles s’affoiblissent , s'aminçis- sent même plutôt que d'augmenter. Cette dilatation est due à la perte de leur ressort et à la plus grande quantilé de sang qui revient des organes. Ea effet, le mouvement de décomposition prédomine manifes- tement chezle vieillard sur celui de composition. Plus de substance est enlevée à ses organes qu’il ne leur Lé 450 SYSTÈME VASCULAIRE en est ajouté. Je ne connoiïs que les os qui se pénè- trent d’une quañtité plus grande de la substance qui les nourrit. Dans tous les autres organes , il paroît qu’un phénomène inverse se manifeste ; de là leur racornissemeni , leur flétrissure, si je puis me servir de ce terme. Or, comme le sys'ème à sang noir est celui où est versé tout le résidu de la décomposition des organes , il n’est pas étonnant qu'il soit dilaté chez le vieillard; de même que le système à sang rouge étant celui qui porte les matériaux de leur composition, doit être predominant dans les pre- mières années. * Cependant la surabondance du sang noir est chez le vieillard un phénomène, jusqu’à un certain point, illusoire : en effet, elle dépend aussi de la lenteur de la circulation dans les veines, où le sang, mu avec peine à cause de l’affoiblissement du système capil- laire, tend à stagner , à les dilater même, comme je J'ai dit plus haut; en sorte qu'il pourroit se faire que moins de sang noir revenant des organes, on en irouvât cependant davantage dans les veines que chez l'adulte; c’est quialors la vitesse du cours séroit beaucoup moindre, Il arriveroit pour tont le système ce qui a lieu dans une varice, parexemple , où le sang ne s’amasse que parce que sa vitesse diminue. Il ne faut donc pas croire que la surabondance du sang noir chez le vieillard y suppose une pléthore aussi réelle qu’est celle du sang rouge chez l'enfant, où d’ane pärt les artères contieunent plus de fluide, et où d’autre part elles le poussent avec plus de vitesse. Oa voit d’après cela que la dilatation des veines chez le vieillard est une preuve de plus des principes éla- A SANG NOIR. 437 blis plus haut, savoir, que la capacité des veines est toujours en raison inverse de la vitesse des fluides qui les parcourent. Qu'on me permetie une compa- raison inexacte jusqu'à un certain point, mais qui peut donner une idée de ce qui se passe dans le sys- tème veineux : une rivière dont le lit est très-large au-dessus d’un pont, coule lentement; mais ce lil se rétrécissant beaucoup sous les arches , la vitesse aug- mente beaucoup, afin que l’équilibre s’etablisse. De même dans les veines, il y a peu de vitesse et beau- coup de capacité chez le vieillard , beaucoup de vitesse et peu de capacite chez l’enfant. Les anatomistes connoissent très-bien la différence des artères etdes veines aux deux âges extrêmes de la vie : ils choisissent des sujets avancés en âge pour étu- dier les veines; au contraire cessujets sont absolument impropres aux injections artérielles qui réussissent si bien et mème quelquefois trop chez l'enfant, où tout semble devenir vaisseaux , et chez qui l'examen des veines seroit très-difficile , impossible même. | Les veines des parties inférieures sont en général plus dilatées ,chez le vieillard , que celles des parties supérieures; cela lient au poids habituel de la colonne sanguine Qui, agissant continuellement , finit enfin par avoir un effet réel ; car, comme nous l'avons dit, la circulation veineuse est très-susceptible d’être in- fluencée par les causes mécaniques, par rapport au peu de force de la cause qui fait circuler : voilà pour- quoi les varices sont infiniment plus fréquentes dans les parties inférieures que da ns les supérieures, où l'on n’en trouve presque jamais. Chez les femmes qui ont fait beaucoup d’enfans, 438 SYSTEME YASCULAIRE on remarque d’une manière encore plus sensible cette dilatation des veines des parties inférieures ; ‘le plus souvent même il y a des varices chez elles. Remar- quez que celte maladie semble être l'apanage de la vieillesse , plüs particulièrement qe celui de tout autre âge. Au contraire, on voit rarement des ärié- vrismes à des vieillards. La rupture des véinés a été aussi presque constamment observée à cet âge ou dans l'âge adulte. Je n’en connois guère d’exemples chez les enfans. L'artère pulmonäire n’est point dilatée chez le vieil- lard, à proportion des veines avec lesquelles elle fait système, parce qu'éloignée de l’action dés'cürps ex- térieurs, pourvue à son origine d’un ageñt d'impul- sion, formée d’un tissu ferme et résistant, elle n’a point été dans le cas de céder comine elles. S IV. Développement accidentel des Veines. Les veines se développent accidentellement de deux manières. 1°. Dans les taomeurs cancéreuses, dâns les fongus, etc. , où plus de sang rouge aborde, elles ac- quiérént un volume proportionné à celui des artères: or, comme elles sont superficielles, an voitplus faci- lement leur aécroisséent que celui des artèrés, ce qui a fait prendre cêt accroissement pour un caractè- re distinctif des cancers ‘et autres tumeurs analogues; mais 1l n’est jamais que consécutif à l'augmentation de nutrition. Le mouvement du sang s’y fait’avec la même rapidité que dans toutes les autres veines ; il n’est point embarrassé. 2°, Il est des cas, au‘contraire, où les veines d’nne partie se dilatent, parceque le A SANG NOIR. 439 sang ne peut facilement y circuler, parce que la vi- tesse de son cours y diminue. Par exemple , souvent tout le système veineux des,parois abdominales est agrandi dans l’hydropisie ascite : ce u'est pas qu'il y ait plus de sang à rapporter, il y en a même moins que dans l’état ordinaire; mais c’est que les parois veineuses ayant en partie perdu leur ressort, ainsi que les parties voisines, la circulation se ralentit beaucoup; or, plus elle est tardive , plus le. sang s'ac- cumule, et plus il dilate les parois veineuses. C'est donc alors une espèce de varice générale dans une division des veines. Il n’arrive.pas plus de sang par les artères, comme cela a lieu dans le cas précédent : c'esten partie le cas des vieillards. ARTICLE CINQUIÈME. Remarques sur l’Artère et Les V/eines | pulmonaires. VOIQUE ; dans l'exposé des deux systèmes à sang noir et à sang rouge, ij'aie considéré l'artère pulmo- paire comme faisant pour ainsi dire corps avec les veines, et les veines du même nom se continuantavec les artères, cependant la nature est toute différente, Il n’y a vraiment que les deux membranes générales formant les deux grands conduits où sont contenues l’une et l'autre espèce de sang, qui soient par-tout identiques dans leur nature, depuis le système capil- Jaire général jusqu'au pulmonaire. ‘Les tissus ajoutés à l'extérieur de ces deux membranes communessont essentiellement différens. Ainsi le tissu de l’artère 440 SYSTEME VASCULAIRE pulmonaire , quoique ajouté à la membrane à sang noir, est, à la différence d'épaisseur près, de même natuve:que celui ds l'aorte et de sés divisions. De mé- me, quoique uni à la membrane du sang rouge , le tissu des veines pulmonaires est le même que celui dés autres veines. Cette uniformité de tissu en suppôse une dansles fonctions ; c’est en effet ce qui existe réellement. Les lois mécaniques de la circulation du sang noir sont les mêmes dans l'artère pulmonaire, que celles du sang rouge daus l'aorte. De même les lois de Ja’'circulation veineuse générale président : à celtes des veines pulme- paires: l'inspection lé prouve, et d’ailleurseela doit étre, puisque le rapport du cœur avec l’un et l’autre genre de vaisseaux est Le même que pour les ar tères et les veines. Chaque système de sang a donc ses deux modes circulatoires. Mouvement subit, g généralement com- muniqué, el non-progression êne ondée de fluide ; pulsation par une locomotion réelle; redressement _général de toutes les divisions du même troné à cha- -que impulsion du cœur ; voilà les caractères mécani- ques géneraux de l'artère du sang rouge, comme de celle du sang noir. Absence de pulsation , lenteur dans le cours du fluide, defaut de redressement, etc.; ce sont les attributs généraux des veines de l'une et l'autre.espèce de sang. Sans doute.il y:a des mhdibcotent générales qui tiennenL aux localités : ainsi, à cause-du court. trajet que décrivent les veines pulmonaires; la pesanteur n’a presque pasd’influence sur leur sang';jamais elles ne deviennent variqueuses; le mouvement du fluide A SANG NOIR. 441 y est plus rapide, puisqu'elles ont moins le temps de perdre celui qui est communique au sang dans le sys- tème capillaire pulmonaire , etc. : ainsi l'artère de même nom, moins flexueuse dans ses branches, m’a- t-elle offert des pulsations moins sensibles que celles de l'aorte, ete: Mais ces phénomènes généraux sont toujours les mêmes ; ce ne sont que des modifications différentes. Voilà pourquoi la disposition générale est à-peu- près la même:daos les veines et dans les artères, soit qu’elles servent.au mouvement du sang rouge, soit qu'elles appartiennent à celui du sang noir. Ainsi, par exemple, les deux artères partent chacune d’un ventricule par une embouchure unique, nécessaire à l'unité d’ impulsion du sang, à l'uniformite de son cours dans les divisions de ses grands vaisseaux , à la simultanéité du battement dans toutes les divisions. Au contraire les veines versent, dans le cœur le sang rouge et le sang noir par plusieurs embouchures iso- Ices ; ce qui est indifferent, puisque, comme nous l’a- vons vu, le mouvement de: ce fluide dans les veines n'est point uniforme, mais qu'il peut être accéléré ou retardé dans une partie, suivant. lés influences qu’il reçoil: ainsi, il peut entrer avec vitesse par l'embou- chure de. la véine.cave supérieure, el avec c lenteur par celle de linferieure , etc. ;: D'après les. enr 5 précédentes, si on n’a êg: ad qu'au méçarisme.de la circulation, il est pr esque ind; fférent,de-considér er avec les anciens la petite et Ja grande.cireulations, d'étudier d'abordle couvs du saug.dans l'artère et les veines pulmonaires, puis dans l'aorte et daus le système veiuçux général; où bien 442 SYSTEME VASCULAIRE d'étudier , comme moi, le cours du sang, d’aboni dansles veines pulmonaires et dans l'aorte , puis dans les veines généralesiet dans l’artève pulmonaire. Mais si on considère de plus cette grande fonction:sous les rapports imporians ‘de la nutrition , des sécrétions , des exhalations, auxquelles elle fournit leurs mateé- riaux, de l’excitation générale qu’elle porte dans toutes nos parlies, et qui y est indispensable à l'en- tretien dela vie, de l'introduction des fluides étran- gers dans le corps-de l’animal, du changement de ces fluides en notre propre:substance ; alors je crois qu’il est indispensable de s’en former le tableau-sous le- quel je l’ai présenté. ARTICLE SIXIÈME. Système vasculaire abdominal à sang T10ir. Situation, Formes , Disposition générale, Anas- tomoses , ‘elc. IF y'a dans l’abdomen un système à sang noir abso- lument indépendant du précédent , disposé exacte- ment comme lui, avec la différence que son trajet est moindre, ét qu’il manque d'agent d'impulsion. Ce système, ordinairement désigné sous le:rnom de veine porte , est constant chez la plupart des animaux. Il naît dans la division du système capillaire géné- ral qui appartient aux intestins, à l'estomac, à l’épiploon, à la râte, au pancréas, etc.; et'en géne- ral sur tous les viscère$ abdominaux qui appartien- ment à la digestion. Gette origine est remarquable. Les viscères étrangers, dans l’abdomen , aux phéno- A SANG NOIR, 443 mènes digestifs, le sont aussi à l’origine de ce sys- tème. Les reins et leurs dépendances , comme les _ capsules atrabilaires, les uretères, la vessie, l’urè- tre, étc., les parties génitales, le diaphragme, etc., les parois abdominales elles-mêmes, elc., etc., ver- ‘ sent leur sang noir dans le système précédent. Pour- quoi les viscères digestifs sont-ils dans toute leur éten- due exceptés des autres, sous le rapport de la desti- nation de leur’sang noir? Il faudroit, pour répondre à cette question , connoître les usages du système qui nous occupe : or nous ignorons ces usages. Ainsi né de tout l’apparéii gastrique , ce système se ramasse ‘en deux ou trois trones , qui se réuni<= sent bientôt'en un seul, lequel occupe la partie supé- rieure et droite de l’abdomen, au-dessous du foie. Ce tronc commun se-partage bientôt de nouveau en plusieurs branches, lesquelles se répandent dans le foie par uneinfinité de ramifications qui se perdent dans le tissu de cet organe. Ce système présente donc la même disposition gé- nérale que les précédens : il est composé de deux ar- bres adossés par leurs sommets tronqués qui se con- fondent. Placez un agent charnu d’impulsion à ces sommets, ce sera la même disposition que dans les deux précédens. Le sang se 'meut d’un système ca- pillaire àunautre. Divisé d’abord en filets ténus, il se réunit en massés toujours croissantes jusqu’à un point détérminé , puis se divise de nouveau , et se perd en filets non moins ténus que les premiers. Daos la portion abdominale, les ramuscules, les rameaux , les branches et lés troncs ; sont disposés à- peu-près comme pour le système veineux général. 444 SYSTÈME VASCULAIRE Les ramuscules se trouvent dans les organes, les ra- meaux dans leur intervalle ; la plupart des branches situées dans les lames du péritoine y accompagnent les artères ; les troncs rampent dans le tissu cellulawe subjacent. Quant à la portion hépatique, renfermée toute entière dans le foie, elle s'y divise à-peu-près ” comme la précédente. Les anastomoses présentent la disposition suivante dans le système qui nous occupe. 1°. Sa portion heé- palique paroi en manquer ; toutes les branches, ra- meaux et ramuscules, marchent isolément, Comme la circulation n’est point sujette dans le foie à des al- ternatives d'augmentation, de diminution, etc., le issu solide de cet organe garantissant les vaisseaux , le sang n’a pas besoin de moyen de déviation d’un endroit à un autre. Ainsi les grandes divisions de l'artère et des veines pulmonaires, qui se jettent tout de suite dans le poumon où elles sont logées en totalité, ne communiquent-elles point les unes avec les autres. Ainsi les branches de toutes les artères et de toutes les veines contenues dans l’intérieur d’un viscère, comme dans le rein, la rate, etc., y sont-elles assez crdinairement sans communication. 2°. Quant à l’ar- bre abdominal, ses anastomoses sont très- fréquentes dans les rameaux. On voit tout le long des intestins grêles , des arcades exactement analogues à celles des | artères mésentériques : moins fréquentes surles gras intestins , elles y sont cependant très-sensibles, ainsi que sur lestomac; dans les branches et les troncs, elles n’existent point. Les anastomoses du système à sang noir abdomi- ual y sont nécessitées par les retards fréquens que ce flnide est susceptible d'y éprouver, Car observez que la circulation s’y fait, pour la portion abdominale, suivant les mêmes lois que pour les autres veines, que par conséquent la force qui y fait circuler le sang est susceptible de céder au moindre effort. Or, dans les différens mouvemens des intestins grêles, souvent un repli trop marque , la pression de ces or- ganes remplis d’alimens sur les veines , lorsqu'on est couché à la renverse ou sur le côté , et que ces veines appuient sur un plan résistant , et mille causes ana- logues, gènent le cours du sang dans une branche, et Je force à refluer vers les autres par les anastomoses. Remarquez en effet qu’un obstacle qui est nul pour. le sang rouge à cause de la secousse très-forte qui Jui est imprimée, devient très-réel pour les deux sangs noirs qui ne reçoivent qu'une foible impulsion. L'influence de la pesanteur est marquée sur lesang de ce système comme sur celui du precédent. Aussi voyez-vous les veines hémorroïdales, plus exposées que toutes les autres à cette influence par leur posi- tion, devenir beaucoup plus fréquemment vari- queuses ; et même il est rare qu'on trouve des diia- talions dans les veines mésentérique supérieure, splénique, gastro-épiploïque, etc., ete., tandis qu'il n'est aucune partie où elles existent plus souvent que dans les hémorroïdales. Ainsi avons-nous vu le système précédent dilaté rärement en haut, mais très- fréquemment en bas. - Le système à sang noir abdominal ne communique que très-peu avec le général : s’il y a des anastomoses, ce n’est que dans les dernières divisions; encore ces _ anastomoses existent-elles ? Je crois qu’on peut con- e 446 SYSTÈME VASCULAIRE sidérer ces deux sangs comme indépendans l’un de l'autre, Organisation, Propriétés, etc. Beaucoup d'auteurs, Haller en particulier , consi- dérant que le système qui nous occupe est dépourvu d'agent dimpulsion, y'ont admis une force de struc- ture supérieure à celle des autres veines; mais, en l’examinant attentivement, je me suis convaincu qu'elle est absolument la même. L’enveloppe cellu- leuse de nature particulière qui l'entoure , et qui est analogue à celle des aires vaisseaux , est seulement ua peu plus marquée ;ce qui fait paroître d’abord ces veines un peu plus épaisses : mais, en enlevant cette enveloppe, on voit que la membrane interne est de même nature, seulement peut-être un peu moins extensible, On ne distingue point aussi bien les fibres veineuses longitudinales que dans le système précé- dent; je doute même qu’elles existent dans les troncs, où on pourroit le mieux les voir. Les deux portions hépatique et abdominale de ce système paroissent absolnment uniformes dans leur structure.Seulement lapremièreest accompagnéepar: tout d’une espèce de membrane qui paroît celluleuse, mais dont la nature n'est pas encore bien connue, et qu'on nomme capsule de Glisson. Cette capsule , in- timement unie à la substance du foie, adhère plus lâchement aux veines; en sorte que, lorsque celles- cisont vides, souvent un espace les en sépare; ce qui fait qu’elles sont froissées sur elles-mêmes lorsqu'on coupe le foie par tranches. Je crois qu'on ignore en- tièrement le but de cette disposition anatomique. A SANG NOTR. 447 L'analogie de structure entre les systèmes à sang noir abdominal et général, en suppose une dans les propriétés, les sympathies, les affections, etc. J'ai souvent irrité d’une manière quelconque les veines mésentériques,surdesquellesilest extrêmement facile d'agir, en retirant par une petite plaie de l'abdomen uve portion du’ paquet intestinal : les résultats ont toujours été les mêmes que danslesystème précédent. Seulement lorsqu'on y injecte de l’air, l'animal ne se débat point, ne paroït point souffrir, et l'expérience n'est pas mortelle ; ce qui prouve de plus en plus que ce n’est pas par son contact sur les veines ou sur le cœur, que l'air est funeste, mais bien en agissant sur lé cerveau. | La membrane commune du système qui nous oc- cupe est distingüée de celle du système précédent, en ce qu’elle manque absolument de valvules, Cette absence paroît tenir à deux causes, 1°. à ce que le trajet du sang ÿ étant moins long, le fluide a moins besoin d’être soutenu d’ éspace en espace ; 2%, àce que la partie moyenne de ce système manquant d'agent d’impulsion , il n’y a point de reflux comme dans le précédent. En effet, à chaque contraction, l'oreillette droite renvoie, comme je l'ai dit, une portion de sou sang dans les veinés, qui y opposent un obstacle par les valvules. Ici au contrairele cours du fluideest cons- tamment uniforme d’un système capillaire à l’autre;il n'y a point de cause de mouvement rétrograde. 448 SYSTEME VASCULAIRE Remarques sur le Mouvement du Sang noir ab- dominal. Cette uniformité dans le cours du mouvement du sang noir.n’est pas seulement le résultat de l'absence d’agent d’impuision , mais encore, de ce que le, foie ne lui oppose point des obstacles, aussi fréqueus que le poumon en présente au saug noir précédent. Re- marquez en effet que le foie remplit exactement , l'égard de ce système, l'usage du poumon EPA on du précédent : il est l’ AE à le terme de la cir- culation qui nous occupe. Or », étranger à toute espèce de dilatation et de nesserrement, privé du fluide qui agit sans cesse sur le poumon, et qui, chargé de dif- férentes substances étrangères, peut altérer souvent les forces vitales de ce viscère, au. point d'y nuire au passage du sang, etc, tissu d’une substance solide et granulée où il ne peut survenir aucun mouye- ment extraordinaire, que ceux de locomotion ge- nérale de l'organe, le foie ne. presente évidemment aucune des conditions qui seroient propres à gèuer fr équemment dans son intérieur le cours du sans noir qu s envoie le système abdominal. Ajontezà cela, comme je l'ai dit, absence d° agent d’ impulsion, et vous concevrez, 1°. pourquoi jamais, lorsque l’ab- domen est ouvert, on ne voit de battement, de reflax dans les veines du système abdominal, comme on en observe dans les précédentes; 2°. pourquoi on y trouveloujours à-peu-près la même quantité de sang ; 3°, pourquoi, par conséquent, on ne remarque jamais, ni dans le tronc commun qui correspond à la place du cœur, ni dans ses branches, les vartèlés A SANG NOIR. 449 sans ombre de dilatation ou de resserrement que le côté droit du cœur et tous les gros troncs vei- neux nous offrent si fréquemment , qu’à peine deux sujets se ressemblent , tandis qu'ici c'est toujours à peu-près la même disposition; 4°, pourquoi le foie n’est point sujet aux innombrables variétés de vo- lume que présente le poumon. Cela mérite même une considération particulière. Pour peu que vous ayez ouvert de cadavres, vous avez observé qu'à peine deux fois trouve-t-on ce dernier gorgé de la même quantité de sang; son poids varie prodigieu- sement sous ce rapport. Or, tout cela tient aux obs- tacles plus ou moins grands que le sang veineux a eu à traverser ce viscère dans les derniers momens. Il dépend de nous de le rendre plus ou moins pesant chez un animal , en le faisant périr d’asphyxie ou d’hémorragie , en remplissant par conséquent ou en privant de sang les extrémités de l’artère pulmonaire, Quel que soit, au contraire, le genre de mort, les extrémités hépatiques du système abdominal con. tiennent toujours à-peu-près la même quantité de sang; d’ailleurs, en supposant qu'il en reste plus qu'à l'ordinaire dans ce système à l'instant de la mort , il Sy répartit généralement , parce qu'il n'y a point d’agent d'impulsion qui, dans les derniers momens, en pousse au foie la plus grande quantité , comme cela arrive au poumon. On concoit d’après cela pourquoi cet organe présenté un tissu ferme, résistant , nullement extensible comme est celui de ce dernier. Quelquefois le sang le pénètre bien en plus grande quantité ; il est même plus ou moins pesant , suivant le genre de mort, Mais ces variétés appar- 1, 30 450 SYSTÈME VASCULAIRE tiennent uniquement aux veines hépatiques, qui s'ous vrent dans la veine cave inférieure, presque au- dessous du cœur ; elles dépendent du reflux plus ou moins considérable qui s’y fait, ainsi que dans tous les gros troncs veineux; elles dépendent par conse- quent presque toujours du poumon : en sorte qu’on peut assurer que quand celui-ci est gorgé de sang, que l'oreillette droite est distendue par conséquent, le foie contient aussi plus de ce fluide. Mais ce phé- nomène , dont je parlerai entraitant du foie, est abso- lument étranger au système qui nous occupe. Le mécanisme de la circulation de ce système est absolument le même que celui des veines, pour sa por- tion abdominale. Quant à celui de sa portion hépa- tique , il est le seul de son genre dans l’économie. IL n’a auçune analogie avec celui des artères, puisque daos ce dernier le cœur est presque tout , et que rien ne correspond ici à cet organe; car bien certainement il n’y a aucune espèce de contraction dans le tronc _commuu des deux arbres, comme je m'en suis plu- sieurs fois assuré. C'est donc le même mouvement qui se perpétue des viscères gastriques Jusqu'au foie. Au reste, il y a encore beaucoup d'’obseurité à dissi- per sur ce mouvement comme sur le précédent. Tout esprit judicieux sent un grand vide à remplir, en lisant ce qu’on a écrit sur le mouvement du sang veineux général, et sur celui-ci. On ne peut disconvenir que les agens extérieurs ne soient pour beaucoup dans ce dernier comme dans le premier. L’abaissement et l'élévation habituels du diaphragme, le mouvement correspondant des parois abdominales, la dilatation et le resserrement alterna- A SANG NOIR, 451 ifs des viscères creux de l’abdomen, la locomotion continuelle des intestins grêles, etc., toutés ces causes influent certainement sir lemouvement du sang noi abüominal;et même je crois que l'absence de la lu part d'entr’elles contribue ; autant que la position perpenz diculaire, à ralentir ce mouvement dans les veines lémorroïdales , et à y occäsionnér des varices. Cependant cetteinfluence n’est pastelle que, comme Boerhaave le pensoit, la circulation ne puisse sé fairé sans elle, En effet, l'abdomen d’un animal etant ou- vert, le sang est également transmis au foie, et jaillit de même d'un vaisseau ouvert ; mais on observe un affoiblissement sensible au bout dé peu de temps, et mêine avant que la circulation générale languisse. Remarques sur le Foie. L'usage da foie, d'être l'aboutissant du sang noir abdominal , comme le poumoü est celui du sang noir de tout le reste du corps, lui donne évidem- ment une importance à laquelle tous les autres or- . ganes sécretoires sont étrangers. Quelques auteurs, en voyant que le volume dé cé viscère est énorme en comparaison du fluide qui s’en échappe, ont soup- conné qu'il avoit un autre usage que la séparatiou de ce fluide. Ce soupçon de paroît presque üre cérti- tude. Comparez en effet les conduits exeréteurs et le réservoir hépathiques ,aux mêmes organes considérés dans lesreins, les salivairés, le pancréas même, vous verrez qu'ils ne les surpasserit guère, qu'ils sont même inferieurs à ceux des premiérs. Après cela , comparez la masse du foie à celle des reins, des glandes salivai- res, étc., vous verrez quelle est la différence. D'un 452 SYSTÈME VASCULAIRE autre côté, si on examine la bile rendue avec les selles pour les colorer, si on ouvre les intestins aux diffé- rentes époques de Ja digestion, comme je l’ai fait, pour voir la quantité de ce fluide qui est versée ; si on fait jeüner un animal pour le laisser se ramasser isolément dans les intestins; si on lie le conduit cholédoque pour retenir la bile, etc., il est im- possible de ne pas se convaincre que la quantité de ce fluide est moindre que celle de l’urine , et surtout qu’elle est disproportionnée au volume du foie. Ce viscère à lui seul égale au moins en masse toutes les autres glandes réunies : or, mettez d'un côté la bile, de l’autre tous lesfluides sécrétés, l’urine, la salive, le suc pancréatique, la semence, les sucs muqueux , etc. vous verrez que la différence est énorme. Puis donc que la sécrétion de la bile n’est pas uniquement le but auquel le foie est destiné, il faut qu’il remplisse encore un autre usage dans l’économie, Or, nous ignorons complètement cet usage; seule- ment il est hors de doute qu’il doit être lié avec l’exis- tence du système à sang noir auquel le foie sert d’a- boutissant , qu'il est même spécialement relauf à ce système. Les considérations suivantes paroissent prouver que cet usage est des plus importans. 1°. Le foie existe dans toutes les classes d’ani- maux. Dans ceux mêmes où la plupart des autres viscères essentiels sont très-imparfaits, il est extré- mement prononcé. 2°. La plupart des passions l’af- fectent spécialement; plusieurs d’entreelles ont sur lui un effet exclusif, tandis que le grand nombre des autres glandes ne s’en ressent presque pas. 5°. Iljoue . dans les maladies un rôle aussi marqué que les pre- A SANG NOIR. ou miers viscères de l'économie. Dans une foule d’affec- tions nerveuses, dans l’hypocondrie, la mélancolie, etc., il a une influence extrême, en la comparant à celle des autres glandes. On sait avec quelle facilité ses fonctions s'altèrent. Sans doute qu'il est étranger à beaucoup d’affections qu’on appelle bilieuses, et qui siégent exclusivement dans l'estomac ; mais cer- tainement il entre pour beaucoup dans la plupart. Puisqu'ilest hors de doute que la jaunisse dépend tou- jours d’une affection grave de ce viscère, on doit certainement conclure que la teinte jaunâtre qui se répand sur la face dans plusieurs de ces affections tient à une cause existante dans ce viscère, et quin’a pas assez d'intensité pour produire la jauvisse. Que la bile circule ou non dansle sang pour produire cette teinte, peu importe ; il est incontestable qu’elle estun produit des affections da foie :or , la foule des cas où elle a lieu prouve combien ce viscère est souvent af- fecté ; certainement il n’est ancune glande dansl’écono- mie animale qui le soit aussi fréquemment. 4°. Parle- rai-je des affections organiques ? Comparez, dans les ouvertures de cadavres, celles du foie à celles de tous les organes de même classe que lui , vous verrez qu'il n'en est aucun qui légale sous ce rapport:ie rein en approche par la fréquence des altérations de son tissu ; mais il est encore loin d’être placé sur la même ligne. 5°. Qui ne connoît l’influence du foie sur les tempé- ramens? qui ne sait que sa prédominance répand sur l’habitude extérieure, sur les fonctions, sur les passions, sur le caractère même, une teinte particu- lière que tous les anciens avoient remarquée, et dont les observations modernes ont confirmé la réalité? Or 454 SYSTÈME VASCULAIRE voyez si les autres glandes ontrien de semblable par rapport à leur influence dans l'économie. 6°. Le foie est ,avec le cœur et le cerveau , l'organe le premier formé ; il précède tous les autres organes par son dé- veloppement ; 1l est incomparablement supérieur , sous ce rapport , à-toutes les glandes. De toutes ces considerations, et de beaucoup d’au- tres que je pourrois ajouter, on peut conclure, je crois, que le rôle inconnu que le foie joue dans l’éco- nomie animale, outre la sécrétion bilieuse, est des plus importans, L'étude de ce rôle est un des points les plus dignes de fixer l'attention des physiologistes. On a dit dans ces derniers temps que le foie sup- plée aux poumons dans leurs fonctions d'enlever au sang son hydrogène et son carbone. J'i ignore com- ment on a pu vérifier ce fait par l'expérience; mais je puis assurer que certainement le foie ne change pes en rouge le sang noir du système abdominal. 1°. Le sang de l'oreillette droite est de la même couleur que celui de la veine cave inférieure:or , st le sang sortoil rouge des veines hépatiques, 11 don- neroit certainement une teinte plus claire au pre- mier. 2°. Ayant ouvert le ventre et la poitrine d’un chien, J'ai lié avec une aiguille courbe la veine cave à son entrée dans le cœur et au-dessus du rein , puis en detachant le foie par derrière, j'ai fenda Ja por lion interceptée entre les deux ligatures et où s'ouvroient les veines, hépatiques; le sang en est sorti aussi noir que du reste du système, 5% Arra- chez le foie d’un animal vivant, et examinez tout de suite ses veines, vous verrez qu'elles contiendront up savg analogue à celui des autres. 4°. Coupé par A SANG NOIR. 455 tranches sur nn animal vivant, ce viscère verse en ar- rière up fluide analogue, à part quelques filets rouges fournis par les derviers rameaux dé l'artère hépati- ‘que; ce qui est tout different dans la même expérien- ce faite sur le poumon. Si le sang noir abdominal recoit quelques modifi- cations denatüre dans le foie, certainement elles n'in- fluent ni sur sa couleur , ni sur sa consistance , ni sur ses qualités tactiles. L'opinion générale est que le sang noir abdominal sert à la sécrétion de la bile, et que l'artère hépatique n'est destinée qu’à la'nutrition du foie: c’est celle qu’a adoptée Hlaller; je lai aussi professée ; mais je suis Join de la considérer comme aussi rigourenséement dé- montrée qu'on le croit communément ; les observa= tions suivantes prouvent qu'on ne doit la regarder que comme une présomption même assez incertaine. 19. On dit que le sang hépatique, plus #oir., plus huileux, imprégné des vapeurs desexcrémens, d’une saveur même amère , se rapproche plus de la nature de la bile que le sang artériel; qu'il est plns propre à la former par conséquent. Je ne sais si ce sang a été analysé comparativement ; mais certainement je n’y ai trouvé aucune différence dans ses attribats exté- rieurs; j’avois cru daus une expérience ÿ observer des gouttelettes graisseuses nageant dans lé fluide :mais c'étoit une erreur ; diverses autres expériences m'out désabusé. Je duui qu'on puisse jamais démontrer que les particules alcalines des alimens et des excrémens passent dans la veine porte: ce passage est une sappo- sition gratuite. 2°, On dit que le volame du foie est considérable, à proportion de lartère hépatique : 456 SYSTÈME VASCULAIRE cela est vrai; mais ce n’est pas au volume de ce vis- cère qu’il faut comparer celui de cette artère, pour savoir si elle fournit les matériaux de la sécrétion, puisque nous avons vu qu'il est impossible que toute sa substance soit destinée à séparer la bile ; c’est avec les conduits biliaires et leur réservoir, qu’il faut éta- blir la comparaison : or cette artère est exactement proportionnée à ces conduits; il y a entr’eux à-peu- près même rapport qu'entre la rénale et l’uretère ; au contraire, les conduits biliaires sont bien manifes- tement disproportionnés à la veine porte. 3°, On dit que la lenteur du mouyement de cette veine est fa- vorable à la sécrétion de la bile, Mais sur quelle don- née positive est fondée celte assertion ? Pourquoi la lenteur du mouvementest-elle plus nécessaire à cette sécrétion qu'aux autres ? 4°. On dit que l’artère hé- patique ayant été liée, la sécrétion de la bile a con- unué. Mais quand on connoil le rapport des parties, la plus simple réflexion suffit pour concevoir qu’on ne peut faire une semblable ligature sans un déla- brement qui ne permet plus de rien distinguer. Jai voulu la tenter une fois; je n’ai pu achever; j'en étois presque persuadé d'avance. 5°, On dit que le sang, noir est plus propre à fournir les matériaux de la bile que le sang rouge. Mais quelle en est la raison ? est-ce parce que ce sang est plus hydrogéné et plus carboné ? Mais c’est donc le sang noir qui fourmit aussi la graisse : or tous les anatomistes conviennent qu’elle s’exhale des extrémités exhalantes des artères : même observation pour la moelle, pour le cérumen, et en général pour les humeurs huileuses. 6°. Une injection fine, faite dans la portion hépatique du A SANG NOIR. 457 système à sang noir abdominal, passe dansles vaisseaux biliaires. Mais un semblable passage a lieu dans une injection de l’artère hépatique. 7°. Le sang noir ab- ‘domival prend, dit-on, dans la rate des qualités essen- tielles à la bile. Mais la sécrétion de ce fluide peut évidemment avoir lieu sansla rate ; une foule d’expé- riences l'ont prouvé. 8°. On dit qu'à Pinstant où la veine porte est liée , la bile cesse de se sécréter : il est plus possible sans doute de lier le tronc de cette veine au-dessous du duodénum, que l'artère hépa- tique. Mais comment a-1-on pu examiner çe qui se passe dans le foie? A-t-ou jugé par le fluide coulant du conduit hépatique ? Mais ouvrez le duodénum , vous ne verrez point le plus souvent suinter la bile à l'endroit de l’ouverture du cholédoque, sans doute parce que l'air cripse, irrite ce conduit. Ce phéno- mène observé après une ligature, n’est donc pas concluant; d’ailleurs il ne coule vers le temps de la digestion que trop peu de bile par le cholédoque pour pouvoir l’apprécier. Enfin quelle induction ti- rer d’un animal dont le ventre est ouvert? Ces différentes réflexions prouvent, je crois, que nous n’avons point de preuves encore assez directes pourdécider auquel du sangnoïirabdominalou du sang rouge apparent la sécrétion de la bile. Je n’attribue pas plus à l’un qu’à l’autre cette fonction:je dis que les choses doivent être soumises à un nouvel examen, et que cet exemple est une preuve que les opinions les plus généralement recues en physiologie, celles consacrées par l’assentiment de tous les auteurs cé- lèbres, reposent souvent sur des bases bien incer- taines. Nous sommes encore loin du temps où cette 455 SYSTÈME VASCULAIRE science ne sera qu'une suite de faits rigoureusement deduits les uns des autres. On assimile l'artère hépatique à la bronchiale, et la veine porte hépatique à l'artère pulmonaire : cela est vrai pour la disposition générale; mais pour les fonctions , quelle en est la preuve? Au contraire j'ai établi plus haut que celles des deux derniers vaisseaux n'avoient point le même résultat. Attendons donc, pour prononcer, des recherches ultérieures et posi- tives; doutons jusque là; n’attribuons la sécretion de la bile ni à l’artère hépatique, ni à la veine porte, ni à leur réunion. Certainement c’est un de ces trois moyens; mais lequel ? quel est le vaisseau qui fourüit la sécrétion de la bile? quel rôle le sang noir abdomi- nal joue-t-1l dans le foie, si ce n’est pas de lui que se sépare ce fluide? quelle est enfin la fonction de l’ar- tère hépatique , si elle est étrangère à cette sécrétion? voilà diverses questions à résoudre. Les opinions des médecins sur l'influence du sang noir abdominal dans les maladies ont été aussi hasar- dées. Il peut se faire sans doute quel’expression vera portarum, porta malorum, renferme en effet un sens très-vrai; mais certainement, dans l’état actuel de nos connoissances, ce n’est, dans son sens strict, qu’un jeu de mots. Si on veutexprimer parelle la fré- quencedes affections du foie, elle est justesans doute; mais veut-on l’employer à exprimer l'inflnence de la veine porte dans ces maladies, elle est vague et n’est fondée sur aucun, fait positif. Plus on ouvrira de cadavres, plus on se convaincra, je crois, dela né- cessité d’un langage rigoureux, précis , étranger sur- tout à toutes ces idées prétendues ingénieuses, qui A SANG NOIR. 459 font honneur, il est vrai, à leur anteur, mais qui reculent la science , en y introduisant une manière de voir hypothétique, et contraire à l'esprit d’ob- | servalion. Remarques sur le Cours de la Bile. Quoique cette question soit jusqu'à un certain point étrangère à mon objet, cependant comme le ‘sang noir abdominal a peut-être une inflience réelle sur la sécrétion de la bile, comme mes expériences sur ce point fixent d'ailleurs avec précision le cours de ce fluide, je ne crois pas inutile de les rapporter ici. Tout ce qui est à savoir de plus sur les usages, le mécanisme , etc. , de cette sécrétion , se trouve dans Jes onvrages de physiologie, auxquels je renvoie. On a beaucoup disputé pour savoir s’il y avoit une bile cystiqueet une bile hépatique, si l’une é'oit d’une nature différente de l’autre, si leur quantité augmen- toit ou varioit, etc., Les opinions contraires et même opposées ont été appuyées sur des expériences nom- breuses faites sur les animaux vivans, comme Häiller l’a très-bien fait observer. Ces expériences, quoiqu’au premier coup d'œil contradicteires , ne le sont pas ce- pendant, ainsi que j'ai eu occasion de m'en convaincre en les répétant aux diverses époques de la digestion et pendant l’abstinence de Fanimal ; ce qu’on n’avoit point encore fait avec précision. Voici ce que j'ai ob- servé sur les chiens qui ont servi à mes experiences. 1°. Pendant l’abstinence, l’estomac et les intestins grêles étant vides, on trouve la bile des conduits hé- patique et choledoque jaunâtre ei claire; la surfacedu duodénum et du jéjunum teinte par-une bile qui pré- 460 SYSTÈME VASCULAIRE sente le même aspect; la vésicule du fiel très-dis- tendue par une bile verdâtre, amère, d'autant plus foncée et plus abondante, que la diète a été plus longue. 2°. Pendant la digestion stomacale, qu'on peut prolonger assez long-temps en donnant au chien de gros morceaux de viande qu’il avale sans mâcher, les choses sont à-peu-près dans lé même état. 3°. Au commencement de la digestion intestinale, on trouve la bile du conduit hépatique toujours jaunâtre , celle du conduit cholédoque plus foncée , la vésicule moins pleine et sa bile devenant déja plus claire. 4°. Sur Ja fin de la digestion et tout de suite après, la bile des conduits hépatique, cholédoque, celle contenue dans la vésicule du fiel, celle qui se trouve répandue sur le duodénum, sont absolument de la couleur de la bile hépatique ordinaire, c'est-à-dire d’un jaune clair, peuamère. La vésicule n est qu’à moitié pleine; elle est flasque , point contractée. Ces observations répétées un très-grand nombre de fois, prouvent évidemment que telle est, pendant j'abstinence et la digestion, la manière dont se fait l’écoulement de la bile : 1°. il paroït que dans tous les temps le foie en sépare une certaine quantité, quanülé qui augmente cependant durant la digestion, 20. Celle qui est fournie durant l’abstinence se par- tage entre l'intestin qui s’en trouve toujours coloré, et la vésicule qui la retient sans en verser aucune por- tion par le conduit cystique , et où, ainsiretenue, elle acquiert un caractère d’âcreté, une teinte foncée, nécessaires sans doute à la digestion qui va suivre. 3°. Lorsque les alimens , ayant été digérés par l’esto- mac, passent dans le duodénum, alors toute la bie A SANG NOIR. 461 hépatique, qui auparavant se partageoït, coule dans l'intestin et même en plus grande abondance. D’une autre part la vésicule verse aussi celle qu’elle contient sur la pulpe alimentaire , qui s’en trouve alors toute pénetrée. 4° Après la digestion intestinale, la bile hépatique diminue, et commence à couler en partie daus le duodénum, et à refluer en partie dans la vési- cule où , examinée alors, elle est claire et en petite quantité , parce qu'elle n’a encore eu le lemps ni de se colorer , ni de s’amasser en abondance. Il y a donc cette différence entre les deux biles, que l'hépatique coule presque d'une manière continue dan: l'intestin , et que la cystique reflue, hors le temps de la digestion, dans la vésicule, et coule, peridant cette Phcion, vers le duodénum; ou plutôt c’est le même fluide dont une partie conserve Loujours le ca- ractère qu'il a en sortant du foie: l’autre va en prendre un différent dans la vésicule. La diversité de couleur de la bile cystique, suivant qu’elle a ou non séjourné, a beaucoup d’analogie avec la couleur de l'urine, qui plus ou moins retenue dans la vessie , se trouve plus ou moins foncée. Quant au trajet de la bile relativement à l'estomac, je crois que ce viscère en contient dans tous les temps une certaine quantité. Pendant sa vacuité, on y trouve un mélange de sucs gastriques et de mucosités plus ou moins abondans, quelquefois mêlés de petites bulles d'hydrogène qu’on enflamme en les approchant d’une chandelle, et presque toujours teints d’une couleur qaunâtre très-marquée par la bile qui a reflué par le _pylore. Haller prétend que ce reflux n’arrive pas tou- jours; Morgagni dit qu'il est constant sur l’homme. 462 SYSTEME VASCULAIRE Je w’ai ouvert aucun chien qui ne me l'ait offert pen- dant la vacuité de l’estomac, surtout si elle 4 lieu de- puis quelque temps. Les cadavres ne sont pas ün très- bon moyen pour décider cette question , parce que le genre de maladie altère presque inévitablement le cours, la nature et même la couleur dé la bile. Je dirai dans le volume suivant queile conséquence on doit tirer de cette observation sous le rapport dés vomis- semens bilieux. Dans l’état de plénitude, le reflux de la bile m’a paru quelquefois Impossible à apprécier : d’autres fois, entre la masse alimentaire ét les parois de l'estomac, j'ai vu des fluides gastriques jaunâtres; jamais cette masse n'est elle-même pénétree de cette couleur. , La bilé refluant dans l'estomac m'a toujours paru être de la bile hépatique, par la reinte peu foncée de sa couléur. Je crois avoir ouvert assez d'animaux vi- vans pourassurerque presquéjamaisonnetrouvé,dans Y'état de santé, cette bile extrêmement vérte, porracée, comme disent les médecins, qui viént manifeste ment de la vesicule , et qu’on vomit dans certaines af- fections. Le retlu x de cette bile paroït être un eftet de l'affection elle même. Cette observation s'accorde avec celle faite plus haut, savoir, quela bile hépatique séule coule dans le duodénam pendant l’abstinence. Elle seule peut donc, comme on s'en assure en effet, réflaer alors dans l'estomac. Pendant la digestion intestisale, où la bile cystique coule, il est évident quelles alimens sortant continuellement du pylore, Pempêchent d'y entrer pour se jeter dans l'estomac : celle qu'on trouve pendant la plénitude y étoit donc, ou y estentréeavant A SANG NOIR: 463 que le mouvement péristaliique eùt commencé à éva- cuer cel organe. Lorsqu'on ouvre la vésicule du fiel sur lecadavre, ‘on voit que la bile y présente, suivant les maladies , une foule de nuances, depuis le noir foncé comme de l'encre, jusqu’à une espèce de transparence. Doit-on s'étonner , d’après cela , si les vomissemens dont le produit est la bile cystique quia reflué dans l’estomac, contre l’ordre naturel, présentent des matières de couleurs si variées ? Développement. Chez le fœtus, le système à sang noir abdominal n’est point isolé; il ne fait qu’un avec les deux au- ires, au moyen de la communication du canal vei- neux. Il n’y a doncvyraiment qu’un seul système vas- culaire chez le fœtus , landis que l'enfant qui a vu le jour en présente trois exactement isolés, deux à sang noir et un à sang rouge, A celte époque, c'est surtout avec la veine ombili- cale que le système abdominal à sang noir se continue. Le foie est un centre où tous deux arrivent de deux côtés différens , et où. ils se confondent , pour ainsi dire, en un tronc commun. Les deux colonnes de sang qu'ils charrient ne se rencontrent point directe- ment ; leur double direction forme un angle très- remarquable. Lorsqu'on examine attentivement l'embouchure du canal artériel dans le tronc de réunion deces deux veines, on voit qu'elle s'offre naturellement au sang de l'ombilicale; que celui de la veine porte ne sauroit, au contraire, y pénétrer. En effet, il y aun petit repli UV SIOILEML VASCULAIRE en forme de valvule moins marquée, il est vrai, que plusieursautres, mais réelle cependant. Ce repli n’ést autre chose qu'uneespèce d’éperontrès-saillant, placé entre la fin de la veine porte et le canal veineux , et qui rétrécit l'embouchure de celui-ci au point qu’elle est manifestement moins large que le calibre de son canal. Le sang venant de la veine porte et passant à côté de ce a , l'applique contre l'embouchure, et se forme par lui-même un obstacle ; celui venant de la veine ombilicale , tombant au contraire perpendi- culairement sur cette embouchure, écarte son é peron et pénètre dans le canal. 1] suit de là que le canal veineux est manifestement destiné à porter dans la veine cave le résidu du sang de la veine ombilicale ; je dis le résidu : en effet, comme cette veine est très-grosse et que le canal est petit en proportion de son calibre, il est évident que Ja plus grande partie de son sang pénètre dans le foie , par les divers rameaux qui s'enfoncent dans sa subs- tance. Le système vasculaire abdominal est moins déve- loppé proportionnellement chez le fœtus, que par la suite ; Il porte moins de sang au foie par conséquent : c’est la même disposition que pour toutes les autres veines. Cependant j’observe qUeeeure le foie recoit de moins, sous ce rapport, n’est point proporlionné à ce qu’il admet de plus que chez l'adulte, sous le rap- port de la veine ombilicale. Ce viscère est donc habi- tuellement pénétré, chez le fœtus, d’une quantité plus grande de fluide qu’à tous les autres âges. Voilà, 1°, pourquoi sa nutrition est si développée et son vo- lume si considérable; 2°, pourquoi il est proportion- A SANG NOTA. 465 nullement à ce volume, plus pesant que dans les âges suivans ; 3°. pourquoi, lorsqu'on le coupe par tran- ches, il s'en écoule une quantité de sang proportion nellement plus considérable ; 4°. pourquoi, comme je l'ai observé , lorsqu'on fait sécher des tranches d’un foie de fœtus , de même épaisseur que d’autres prises sur un foie d’adulte et surtout de vicillard , elles se réduisent à un volume moindre. La disproportion de grandeur du foie du fœtus est d'autant plus marquée, qu'on est plus près de l’ins- tant de Ja conception; c'est comme pour le cerveau, Plus le fœtus s’avance vers la naissance, plus son foie se rapproche des proportions qu'il aura daus l'adulte avec les autres organes. D’après les observations du cit, Portal , c'est specialement jusqu’au septième mois que le foie est prédominant, Cette circonstance paroît tenir à ce que la veine ombilicale transmet propor- tionnellement d’autant plus de sang au fœtus, qu'it est moins avancé en âge. A cet âge, le sang de la veine ombilicale et celui de la veine porte se Ka Min évidemment, au moins en grande partie, dans le tronc commun. Leur nature est- elle analogue ? On n'a aucune donnée expérimentale sur ce point. Mais le cit. Baudelocque m'a dit avoir plusieurs fois observé que celui de la veine ombilicale est plus rouge , qu’il se rapproche même de la nature du sang artériel. Je n’ai pas strictement observé ce fait sur d’autres animaux que sur de petits cochons- d'inde, où la transparence du cordon ne laisse pas voir une grande différence dans le sang des artères et de la veine ombilicales ; mais cette différence peut être en effet plus sensible chez l’homme: or, dans ce L 81 466 SYSTÈME VASCULAIRE cas, le sang ombilical paroît perdre cette rougeur dans le ae: car bien certainement il est vif au-delà de ce viscère dans la circulation du fœtus, comme je m'en suis souvent assuré. A l’époque de la naissance, le sang cessantd’arriver par la veine ombilicale, le foie n’est plas que l’abou- tissant du sang noïr abdominal. Alorsil arrive une es- pèce de révolution dans ce viscère. Les divers con- duits qui lui portoient le sang ombilical ne se bou- chent pas ; mais ils transmettent exclusivement celui de la veine porte, laquelle augmente un peu de capa- cité, parce que la digestion qui commence dans les organes gastriques , y poule plus de sang artériel, et que par conséquent il en revient davantage par les veines. Cependant cette légère augmentation ne compense pas l'absence du sang ombilical : aussi le foie diminue-t-il proportionnellement de volume, d’une manière sensible. Quantau canal veineux, il s’oblitère par l'effet de la contractilité de tissu. Le sang arrivant par la veine porte , n’a, comme je l'ai dit, aucune tendance à y passer , parce que ce canal ne se trouve point dans sa direction; il passe plutôt dans les vaisseaux hépa- tiques , et la circulation du foie s'établit alors comme elle sera toujours. Voici donc la différence que la naissance apporte dans la circulation hépatique : 1°. moins de sang, et une seule espèce de ce fluide abordant au foie, 2°. Interruption de toute communication entre le sang noir abdominal et le général. 3°. Diminution du volume proportionnel du foie. D’après cela il y a à la naissance un phénomène inverse pour cet or- A SANG NOIR. 467 ganéetpour le poumon. Celui-ci augmente , et l'autre diminue d'activité et de volume. Le grande quantité de sang qui aborde au foie ‘avant larnaissance, et le volume de cet organe, com- parés: à lapetite quantité de bile qui s'en échappe, sont une ‘preuve manifeste qu’il est destiné alors à d’autresusages qu’à la sécrétion de ce fluide, 1] ne peut même ‘s'élever sur ce point aucune espèce de doute : c'est une preuve de plus que dans l'adulte la disproportion de l'organe avec le fluide , quoique moins ‘sensible, suppose aussi dans le premier une autre fonction importante que nous ignorons. Il doit y avoir un rapport précis entre l’oblitéra- tion du canal veineux , celle du trou botal et celle du caval artériel, entre l’activité accrue du poumon, et l’activité diminuée du foie à la naissance, etc, Nous jugeons de ce rapport sans le connoître , parce qu'un voile est encore répandu, comme je l’ai dit, sur Ja circulation du-fœrus. J'ôbserve seulement que la prédominance du foie avant la naissance n’en suppose aucune dans le système à sang noir abdo- minal ; elle est exclusivement dépendante de la veine ombilicale : aussi le volume proportionnel de cet organe va toujours en diminuant , surtout da côté gauche où se distribuoïit cette veine , comme l’a ob- servé le cit. Portal. Il est difficile de dire l’époque à laquelle l'équilibre est généralement établi. Dans la jeunesse, le système abdominal à sang noir est , comme le général , en foible activité. C'est vers l’époque de la trentième à la quarantième année qu'il semble entrer en plus grande action; c’est l’âge des maladies gastriques, c'est celui des hémorroïdes, 400 SYSTEME VASUGULAIRE À SANG INUlIS de la mélancolie qui a tant de liaison avec l’état du foie. Chez le vieillard, la dilatation du système à sang noir abdominal est beaucoup moins sensible que celle du système précéde: nl; il conserve àcpen:pi ès le même calibre pour ses vaisseaux que dans l’âge adulte : ce qui suppose une moindre diminution dans la vitesse du cours deson sang, d'après les princi pes etablis plus haut. Jamais il ne devient le siege d’aucune espèce d’incrustation osseuse , phénomène qui assimile évi- demment sa membrane commune à celle des veines ; et la distingue d’une manière nn de celle des artères. RP PPS 9 PPS PTS PP RPRPRPD SSSR PPS SS SYSTÈMES CAPILLAIRES. Les deux grands systèmes vasculaires à sang rouge et à sang noir naissent et se terminent , comme nous l’avoos dit, dans des capillaires qui forment au pou- mon, comme dans toutes les parties, les limites qui les séparent, et où ils se changent l'un en l’autre. D’a- près cela, 1l y a évidemment deux systèmes capillaires très-distincts l’un de l’autre , et qui sont même en opposition. L’un, généralement répandu dans tout le corps , disséminé dans tous les viscères, est le siége de la transformation du sang rouge en sang uoir. L'autre, concentré uniquement dans le poumon, offre un phénomène opposé : c’est dans ses divisions que le sang noir redevient rouge. Comme les capillaires servant d’origine et de ter- minaison au sang noir abdominel , se confondent de l'un et l’autre côté avec ceux du système capillaire général, puisque dans le ventre ils font suite aux artères et que dans le foie ils donnent origine aux veines, j'en ferai abstraction dans ces considérations, pour n'avoir égard qu'à ce système capillaire général et au pulmonaire. Ces deux systèmes capillaires, le premier surtout, méritent une attention d’autant plus particulière que, 1°, la circulation y suit des lois toutes différentes de celles qui y président dans lesantres parties ; que, 2°. la plupart des fonctions importantes de la vie organi- que s'y passent , comme les sécrétions, la nutrition, les exhalations, etc. ; que, 5°. leurs petits conduits _ 470 SYSTÈMES sont affectés dans une foule d’occasions’par les ma- Jadies, qu'ils sont le siége des inflammations, dés métastases, etc.; que. 4°. la chaleur animale est spé- cialement produite dans ces conduits, etc. Les dernières espèces d'animaux n’ont absolument que la circulation capillaire. Leurs fluides ne se meu- vent point en grandes masses dans des canaux quiles portent atoutesles parties, etlesenrapportenténsuite. Ils n’ont qu’une oscillation insensible de ces fluides dans des conduits infiniment ténus et mulupliés. Ce mode circulatoire est un des points de contact , ou plutôt de transition des animaux aux végétaux, les- quels, dépourvus de circulation à mouvement .sensi- ble, ont évidemment, comme les zoophytes, celle à mouvement insensible et à vaisseaux capillaires. Je vais d’abord examiner le système capillaire gé néral ; je parlerai ensuite du pulmonaire. ARTICLE PREMIER. Du Système capillaire général. Ce système existe dans tous les organes : tous sont composés en effet d’une infinité de capillaires, qui se croisent , s'unissent , se séparent et se réunissent en- suite, en communiquant de mille manières les uns avec lesautres. Les vaisseaux uu peu considérables, ceux parmi les artères; où le sang circule par l’in- fluence du cœur, et ceux parmi les veines, qui cor- respondent aux premiers, sont vraiment étrangers à la structure des organes; ils serpentent dans leurs intervalles, sont logés dans le tissu cellulaire qui .sé- pare leurs lobes :mais lés capillaires seuls font essen- CAPILLAIRES. 473 tiellement partie de ces organes, sont tellement com- binés avec eux, qu'ils entrent vraiment dans la com- position de leur tissu. C'est sous ce rapport qu’on peut considérer avec vérité le corps animal comme un assemblage de vaisseaux vasculaires. D'après ce premier aperçu, il est évident que l'é- tendue du système capillaire général est immense , qu’elle embrasse toutes les plus petites divisions de nos parties , qu’à peine peul-on concevoir quelques molécules organiques réunies sans des capillaires, Il suit de là que ce système n’est pas seulement un in- termédiaire aux artères et aux veines. C’est de lui que partent tous les exhalans, tous les excréteurs, etc. C'est lui qui fournit tous les vaisseaux qui portent à nos organes la matière nutritive: on doit se le repré- senter existant dans les parties où les artères ne péne- trent point, comme dans celles où elles arrivent. S Ier, Division générale des Capillaires. Puisque ce système n'est pas uniquement destiné à unir les artères aux veines, à changer en rouge le sang noir , ilest évident que d'autres fluides que le sang doivent y circuler :c’est en effet ce que l’obser- vation nous prouve. Îl est une foule de parties dans l’économie animale où des fluides blancs circulent exclusivement.On connoît les opinions hypothétiques de Boerhaave sur les artères blanches, sur les vais- seaux décroissaus, etc. On trouvera danstousles livres ces opinions : je ne dirai ici que ce que la stricte ob. servalion nous montre, Qu'il y ait dans le système capillaire général des parties où le sang se meut spécia- lement, d'autres parcourues seulement par des fluides 472 SYSTÈMES blancs, grisätres, etc., c’est une chose qui est d’inspec- tion, et qui n’a pas besoin de preuves. Mais quelle est Ja proportion de ces fluides dans les divers organes? c’est ce qu’il faut rechercher : or il est des parties où le sang domine presque exclusivement dans le syste- me capillaire, d’autres où il existe en partie, et où il yaen parlie des fluides différeus, d’autres enfin où ces fluides se trouvent seuls. Des Organes où les Capillaires ne contiennent que du sang. Il paroït que dans le système musculaire, dans la rate, dans certaines parties des surfaces muqueuses , comme dans la pituitaire, etc., le sang prédomine tellement dansles conduits capillaires, que tout autre fluide y est presque étranger : aussi les injections fines démontrent peu d’autres vaisseaux ; les artères et les veines s’y, voient en très-grande abondance. Le sang, ou au moins sa substance colorante, y est, comme je le dirai, dans deux états différens :1l sta- gue d’une part, et sert alors à la coloration de l’orga- ne; il circule d’autre part, et concourt à sa nutrition, à san excitation, elc. Des Organes où les Capillaires contiennent du sang et des fluides différens de lui. Ces organes sont les plus nombreux de l’économie animale. Les os, le tissu cellulaire, les membranes séreuses, une partie du système fibreux, la peau, les parois vasculaires, les glandes, elc., présentent celte disposition d’une manière très-remar quabie. CAPILLAIRE Se 475 Pour donner une idée du système capillaire de ces sortes d'organes, prenons-en un où il soit facile de l’examiner, les membranes sereuses, par exemple. Lorsqu'on les met à découvert sur un animal vivant, leur transparence permet de voir d’une manière mani- feste, qu’elles contiennent très-peu de sang dans leur système capillaire : il y a beaucoup de rameaux sous elles, mais ces rameaux paroissent ne leur être que contigus : par exemple, enlevez sur un petit cochon- d'inde vivant la tanique péritonéale de l'estomac; les artères rouges qui au premier coup d'œil vous avoient paru inhérentes à cette tunique , restent intactes. Ces sortes de membranes doivent certainement leur blan- cheur où jeur couleur grisâtre an peu de sang qu’elles reçoivent de leurs petits vaisseaux auxquels les troncs subséquens donnent naissance. Après avoir ainsi mis une membrane sereuse à découvert, pour voir la quantité de sang quis’y trouve dans l’état naturel, irritez-la par un stimulant quelconque : au bout d’un temps plus ou moiss considérable, elle se recouvrira d’une infinité de stries rougeâtres, quiseront même si multipliées, qu'elles changeront sa blancheur en la rougeur des surfaces muqueuses. Poussez des injections fines dans un cadavre , elles remplironttellement le système capillaire des surfaces screuses, de celles du péritoine, par exemple , que ces surfaces seront loules noires , et qu’elles ne paroi- tront formées que par un lacis de vaisseaux, tandis que très-peu sont apparens sur le vivant, parce que ce n’est pas le sang qui les remplit.Quand nous n’au- rions pas l'ouverture des animaux pour nous en as- surer , les opérations chirurgicales où les intestins sont 474 SYSTÈMES mis à découvert, le périloine étant intact, les plaies du bas-ventre, l'opération césarienne, etc., prouveroient incontestablement que dans l’état naturel le sang rem- plit dix et même vingt fois moins de vaisseaux , sur les surfaces séreuses, que les injections ne nous en montrent dans leur tissu. Esaminez ces surfaces dans les inflammations chroniques et aiguës dont elles sont le siége, dans les remiéres surtout;elles présententun eutrelacement vasculaire si plein de sang , que leur rouge est sou- vent plus foncé que celui des muscles. T'ous les organes dont j'ai parlé plus haut cffrent Je même phénomène. Voyez ce qui arrive à la peau; les injections fines y montrent infiniment plus de vaisseaux , que le sang n’en remplit dans l’état natn- rel : la face d’uu enfant , bien injectée, est toute noire. Qui ne sait que souvent , par l'effet des passions , le sang remplit avec une extrême rapidité, dans la peau des joues, une foule de vaisseaux que le calme de l'ame ne rendoit point apparens ? Examinez la conjonctive, si souvent prise pour exemple dans les inflammations : souventen peu de temps elle change son blanc en un rouge vif, parce que le sang remplit des vaisseaux où auparavantil ne passoit pas; vous distinguez très-bien ces vaisseaux à l'œil nu; vous voyez que le sang accumulé dans celle membrane n’est point infilitré, mais qu'il est contenu dans des vaisseaux réels. Je prends pour exemple les organes qui ont une de leurs surfaces libre d’adhérence, parce que l’état du système capillaire y est plus facile à distinguer; mais les autres nous offriroient le même phénomène : - = CAPILLAIRES 475 nous verrions le tissu cellulaire, certains organes fi- breux , etc., etc., examinés comparativement d’une part sur les animaux qu’on dissèque vivans, de l’autre part daus l’état inflammatoire ou après des injections fines, présenter un nombre beaucoup moindre de vais- seaux dans le premier , que dans les seconds cas. On peut donc établir comme un fait incontestable, que, dans une foule d'organes de l’économie animale, le système capillaire général est , dans l’état ordinaire, parcouru en partie par le sang , en partie par d’autres fluides différens , qui paroissent être blancs. Les proportions varient singulièrement : ainsi le système capillaire des membranes séreuses ne con tient presque pas de sang, comme je l'ai dit ; celui de la peau en a davantage; les surfaces muqueuses en ont encore plus, etc. Mais quel que soit ce rap- port , la différence n’en est pas moins réelle dans le système capillaire. Peut-être aussi y a-t-il habituellement dans ce sys- tème des vaisseaux vides, et qui sont destinés à re- cevoir les fluides en certaines circonstances : ainsi l'urètre , les conduitsexcréteurs dans certains cas, les orifices lactés dans les intervalles de la digestion , ne contiennent-ils rien. On conçoit même difficilement la rapidité du passage du sang dans les capillaires de la face, et dans ceux de différentes parties de la peau, si ces vaisseaux contenoient un fluide qui dût être déplacé pour céder sa place au sang. Au reste, rien de fondé sur l'expérience ne peut servir à déci- der cette question. 476 SYSTEMES Des Organes où les capillaires ne contiennent point de sang. Ces organes sont moins nombreux que les précé- dens. Ce sont lés tendons, les cartilages, les cheveux, certains ligamens, etc. Disséqués sur un animal vi- vant, ces organes ne laissent échapper aucune gout- telette sanguine , el cependant il est hors de doute que des capillaires y existent; souvent les injections très- fines les y démontrent. Les inflammations rem- plissent aussi fréquemment de sang ces capillaires. Dans les cheveux, ce fluide y pénètre par l’effet de la plique polonaise, etc. L'apparence non vasculaire de ces organes est doncillusoire sur le vivant: c'est parce que leurs fluides sont divisés en filets tropténus, que leur circulation y est plus lente, que leur comic est différente du saug, qu'on ne les aperçoit pas. & Il. Différences des Organes relativement au nombre de leurs Capillaires. Quoique les capillaires existent par-tout, cepen- dant ils sont plus ou moins nombreux suivant les divers organes: pour peu qu’on ait fait d'injections fines, on s'en est facilement assuré. Quel anatomiste u’a été frappé du nombre prodigieux de vaisseaux que ce moyen développe sur la peau, sur les surfaces sé- reuses, dans le tissu cellulaire, etc., en comparaison de ceux qu’il nous montre dans les ans fibreux , dans les muscles mêmes, etc.? ke J'airecherchéquelleestla cause de cettedifférence; ilne m'a pas été difficile de latrouver , en remarquant que la où lesinjections développent peu de capillaires, CAPILLAIRES. 477 il ne se fait que le travail nutritif, comme les os, les muscles , les cartilages , les corps fibreux, etc., en sont une preuve constante; qu'au contraire, dans tous ceux où beaucoup de fluides pénètrent, il se fait outre la nutrition,d’autres fonctions,telles que l’exha- lation et la sécrétion. Voilà pourquoi une surface sé- reuse, presque aussi blanche qu’un cartilage sur le vivant, devient dix fois plus noire que lui par la même injection fine ; pourquoi la peau, comparée aux organes fibreux , présente le même phénomène; pourquoi, à proportion des artères qui entrent dans un muscle et dans une glande, celle-ci admet bien plus d’injections que le premier. : Ces observations qui sont constantes et invaria- bles, prouvent que le système capillaire est d'autant plus développé dans une partie, qu’il a à y entrete- nir plus de fonctions. Remarquez en effet qu'il offre une espèce de dépôt où les fluides séjournent en os- cillant pendant un certain temps, avant de servir à la nutrition , à l’exhalation et à la sécrétion. Là où ces trois fonctions sont réunies, il faut donc qu'il y ait plus de fluide que là où une seule se trouve; de Là plus de vaisseaux capillaires. Le système capillaire n’est donc point dans les or- ganesen proportion de leur masse; une portionétroite de plèvre contient plus de vaisseaux qu’un tendon qui lui est dix fois supérieur sous le rapport du volume. C’est la substance nutritive qui remplit la place que ces vaisseaux n’occupent pas. On pourroit , d’après ce que je viens de dire, divi- ser les systèmes en deux classes, sous le rapport du développement de leurs capillaires ; placer d’un côté 470 SYSTEMES le séreux , le muqueux, le glanduleux , le dermoïde, le synovial, le cellulaire , etc, ; de l’autre, l’osseux , le cartilagineux , le fibreux, l’artériel, le veineux, le fibro-cartilagineux, ete. La première classe l'emporte de beaucoup sur la seconde parle nombre de ses pe- tits vaisseaux, Remarquez aussi que l’inflammation, les éruptions diverses, toutes les affeetions où ily a, comme on dit, afflux d’humeurs sur une partie , sont infiniment plus fréquentes dans la première que dans la seconde classe, parce qne toutes. ces affections sié- gent essentiellement dans le système capillaire qui y est plus développe. Les asphyxies, l’apoplexie et toutes les afféctions qui font stagner le sang noir dans le système capil- laire général , prouvent la même chose :en effet ,exa- minezlatêtelivide d’un asphyxie ,d'un apoplectique , vous verrez que c’est spécialement dans la peau etile tissu cellulaire que le sang s’est arrêté ; que les mus- cles, les aponévroses ne présentent, outre le sang qui s’y trouve habituellement , qu’une petite quantité de ce fluide surabondant, en comparaison detcelle ol 7] y a dans les premiers organes. Remarques sur les Injections. D'après ce que nous avons dit jusqu'ici , il est évi- dent que les injections fines , qui sont un moyen avan- tageux pour connoître le système capillaire d’un or- gane ,ne peuventnullement servir à déterminerquels vaisseaux de ce système admeltent le sang rouge, quels sont ceux où des fluides blancs circulent uni- _ quement. En effet , la matière injectée passe égale- ment dans les uns et däns les autres, ‘et'on ne peut CAPILLAIRES, 479 plus distinguer ce qui sur le vivant étoit très-distinet. Il est indispensable pour se former une idée précise ét rigoureuse de la quantité de sang qui aborde à cha- cundes systèmes organiques pendant la vie, de dissé- quer ces systèmes sur des animaux vivans. J'aurai fré- quemment occasion dans cet ouvrage , de faire sentir cette vérité qui me paroît de beaucoup d'importance sous plusieurs rapports. Quelque peu qu’ait réussi une injection fine, elle montre presque Loujours des vais- seaux qui existoient réellement, mais qui n'étoient pas sanguins pendant la vie. Les injections même grossières de nos amphithéâtres présentent fréquem- ment ces phénomènes , surtout à la face, au cou, etc.; à plus forte raison si la matière injectée est très-déli- cate, et si elle est poussée avec adresse. Je ne puis concevoir comment les physiologistes ont toujours pris pour indice des vaissedux sanguins, l’état des organes injectés : en ouvrant üne partie quelconque d’an animal vivant, ils auroient vu manifestement combien ce moyen est illusoire. Les injections ne sont avantageuses que pour les gros vaisseaux, où le sang circule en masse sous l’in- fluence du‘cœur ; dans les capillaires, jamais elles ne sauroient atteindre le point précis qui existe danst la nature. ; Je voudrois que dans les amphithéâtres, après avoir fait disséquer aux élèves l’artériologie et la veinologie, on terminât leur travail sur lés vaisseaux par la dissec- tion d’un animal vivant , afin de voir la quantité de sang que chaque système a dans ses capillaires : c’est une counoissance essentielle à l’étude des inflamma- ons , des tumeurs fongueuses, etc Les cabinets d’a- #00 SISTEMES natomie où l’on garde des pièces préparées, ne ser vent de rien sous ce rapport; ces pièces sont même d'autant plus susceptibles de nous tromper , queleur préparation a mieux réussi. $ IL. Des proportions qui existent, dans les Ca- _ pillaires , entre le sang et les fluides différens de lui. Dans les organes que le sang ou les fluides blancs différens de lui pénètrent isolément, il ne peut pas y avoir de variétés de proportions; mais ces variétés sont fréquentes dans ceux où les fluides se rencon- trent en même temps. Dans le séreux, le dermoïde, le muqueux, etc., ily a taotôt plas, tantôt moins de petits vaisseaux pleins de sang : les joues dont je parlois tout à l'heure en sont un exemple remarqua- ble. La moindre émotion , la moindre agitation, le moindre mouvement un peù violent , y accumulent, y diminuent , y font varier de mille manières la quan- tité du sang. T'outl’extérieur de la peau offrele même phénomène , quoique moins fréquemment. Que cet. organe soit agacé , excité dans un point quelconque, il rougit aussitôt : il blanchit s’il est comprime. Le froid et le chaud déterminent constamment, quand le passage de l’un à l’autre est brusque, des variétés analogues. Toutes les surfaces muqueuses présen- tent la même disposition : voyez le gland dans l’éré- thisme du coït, ou dans la flaccidité qui succède à cet éréthisme ; la différence dans la quantité de sang que sa membrane extérieure contient, est extrêmement sensible. Mettez à découvert une surface séreuse ; blanche d’abord, elle offrira bientôt une foule de CAPILLAIRESs "481 stries. Si on pouvoit voir les capillaires des glandes, je présume qu'on découvriroit des quantités va- riables de sang dans ces petils vaisseaux, et que pendant le temps où les fluides sécrétés s'en échap= pent en abondance, leur système est plus abondam- ment pénétré que dans tout autre temps de celui qui en fournit les matériaux. Pourquoi les reins, le foie, ne seroient-ils pas sujets aux mêmes variétés dans la quantité de leur sang, que la surface de la peau ? Est-ce que quand, par un mouvement violent, la sueur coule en abondance, l'habitude extérieure du corps plus rouge n'indique pas que le sang y est en plus grande proportion ? Cependant il faut distinguer deux choses à cet égard ce : n'est que lorsque l’abondance des sécré- tions dérive d’une augmentation de vie, qu'elle suppose l’afflux de plus de sang dans le système glanduleux. Lorsque cette sécrétion augmentée pro vient d’un défaut d'énergie vitale, le sang n’est pas eu plus grande quantité dans la glande, Même ob- servalion pour l’exhalation : ainsi, dans le cas ci- dessus , dans les accès de fièvre, etc., il aborde plus de sang dans la peau; mais lorsque la sueur dépend de la foiblesse, comme dans la phihisie, etc., il n’y a point cette accumulation de sang daus le système capillaire. Mais ceci mérite une explication plus dé- taillée. + Proportions diverses de Sang dans les Capil- laires , suivant que les sécrétions et Les exhala- tions sont actives ou passives, J'appelle exhalationset sécrétions actives celles qui 1, 32 HO STo0ILMES sont précédées et accompagnées d’un déploiement marqué des forces vitales ; exhalations et sécrétions passives, celles qui présentent un phénomène opposé. Pour peu que vous examiniez les phénomènes de l'économie animale, il vous sera facile de saisir cette distinction, qui me paroît essentielle pour les mala- dies : or, quel que soit l'organe où vous l’étudiez, vous verrez toujours toule exhalation ou sécrétion active être précédée d’un afflax plus abondant de sang dans la parte , toute exhalation et sécrétion passives pré- senter un phénomène contraire. Commencons par les exhalations. 10. L’exhalation cutanée ést active à la suite d’une course violente ou d’un accès de fièvre ,comme je l’ai dit, à la suite de l’action du calorique sur le corps, d’un travail forcé , etc. : or la peau est alors plus épa- nouie et plus coloree; plus de sang y aborde, etc. Cette excitation de la peau la rend plus propre à être in- fluencée par les agens extérieurs, à influencer à son tour les autres organes. C’est la suppression de ces sortes de transpirations qui cause tant d’accidens dans l’économie animale. Au contraire voyez l’ha- bitude du corps dans les sueurs des phthisiques, dans celles produites par lessuppurations intérieures, dans celles qui sont l'effet de la crainte, dans toutes celles qu’on nomme colliquatives, etc. : celte habi- tude est plus pâle que dans l’état naturel ; elle n'est point susceptible d’être, influencée, parce que son activité vitale est alors peu prononcée, et que ses forces laneuissent. 20. Dans les exhalations des surfaces séreuses, il y en a d’essentiellement actives : telle est celle du CAPILLAIRESs 433 pus; car nous verrons que la formation de ce fluide “sur ces membranes est sans aucune espèce d’éro- sion, qu'il coule évidemment des exhalans, à la place de la sérosité; très-souvent même il coule en même temps qu’elle. Rien n’est plus fréquent en effet que les sérosités lactescentes ou purulentes qu’on trouve dans le péritoine, la plèvre, etc., soit que l’un et l’autre fluide soient exactement mélés, soit que le pus nage én flocons dans la sérosité. Or cette exhalation active de sérosité où de pus qui paroît être ici principalement de l’albumine coagulée, cette exha- lation, dis-je, est évidemment précédée d’un amas considérable de sang dans le système capillaire, amas qui a constitué l’inflammation, et sans lequel l'exha- lation n’auroit pu se faire. Voyez au contraire l’exha- lation séreuse augmentée par l’affoiblissement qu’im- prime aux membranés séreuses un vice organique quelconque; jamais, pour fournir le fluide, le sang ne s'y amasse en plus grande quantité. Ouvrez les pochesmembraneuses à la fin des maladies da cœur, de la matrice, du poumon, du foie, de la rate, etc., vous les trouverez pleines d’eau, mais plus diaphanes : encore qu'à l'ordinaire, parce qu’elles ont recu moins de sang. 3°, Ce que j'ai dit des exhalations séreusés, il faut le dire des celluleuses :ilen est d’actives; ce sont celles du pus et de la sérosité qui l’accompagne quelque- fois: d’autres sont passives ; telle est la leucophlegma- tie de la fin des maladies organiques. Eh bien! même observation que précédemment; amas de sang dans le système capillaire pour la première espèce, dimi- aution de ce fluide pour la seconde. Voyez l'exhala- 404% SYSTEMES tion graisseuse : l’homme en santé qui est très-gras, a dans toute l'habitude extérieure une coloration rosée qui ressort sur ses Légumens tendus par la graisse, et qui indique l’abondauce du sang dans le système ca- pillaire. Au contraire, dans certains cas d’embonpoint subit à la suite des maladies, dans ce qu’on appelle fausse graisse et qu'accompagne la foiblesse, une pâ- leur générale coïncidant avec la bouffissure graisseuse indique l’absence du fluide sanguin. 4°. Les exhalations muqueuses offrent encore un phénomène analogue. Je prouverai bientôt que les hémorragies des surfaces muqueuses sont une véri- table exhalation : or il y en a d’évidemment actives, nom que le cit. Pinel a même consacré dans sa Noso- graphie : telles sont les hémorragies nasales, pulmo- naires, gastriques , utérines, etc., des jeunes-gens et même des adultes. Or toutes ces hémorragies sont accompagnées d’une augmentation locale d'action, d’une chaleur plus grande, d’une coloration plus manifeste de la membrane‘muqueuse, par l’abon- dance plus grande de sang qui pénètre le système capillaire. Qui ne sait que Galien prédit une hémor- ragie, par la rougeur qu'il voyoit sur le nez et sur l'œil du malade ? D’un autre côté voyez les hémor- ragies des surfaces muqueuses qui surviennent à la suite des maladies longues, l’hémoptysie qui termine les maladies du cœur , l'hématémèse , effet des affec- tions orgauiques du foie, les hémorragies du canal intestinal, si fréquentes à la fin de toutes les longues maledies organiques du bas-venire, etc., les hémor- ragies nasales dans certaines fièvres essentiellement adynamiques, celles qui surviennent dans le scorbut un CADILLAIRES. 485 sur diverses surfaces muqueuses, sur les gencives surtout, etc., toutés ces hémorragies, qui sont vérita- blement passives, ne sont point accompagnéesde cette congestion sanguine préliminaire dans les capillaires, de cette activité d'action vitale accrue : on diroit que c’est le sang qui transsude , comme sur le cadavre , à travers les pores qui n’ont plus assez de force pour le retenir. Cette distinction est si vraie, que sans la faire en théorie , les médecins s’y conforment dans leur pratique. On saigne pour arrêter une hémoptysie ac- tive ; mais iriez-vous saigner pour arrêter celle qui arrive dans les maladies chroniques de la poitrine ? Même observation dans toutes les hémorragies: elles exigent des moyens absolument opposés, suivant qu'elles sont actives ou passives ; remarque applicable au reste à toutes les maladies qui présentent ou des exhalations, quel que soit leur siége, ou des sécrétions augmentées. Ce n’est pas le phénomène qu’on com- bat, c’est la cause qui l’a produit. On diminue les forces quand la sérosité s’amasse dans la poitrine, à la suite d'une pleurésie; on les augmente quand elle s’y accumule par suite d’une maladie du cœur, du pou- mon, elC. Ceque je viens de dire des exhalations s'applique aux sécrétions. Les glandes muqueuses versent une plus grande quantité de fluides de deux manières, tantôt par irritation, tantôt par défaut de forces. Quand cela arrive aux intestins, il en résulte dans le premier cas le dévoiement par irritation, dans le se- cond le colliquatif. Or il paroït que le sang aborde en plus grande abondance à la glande, dans l’un que dans l’autre cas. Son augmentation est hors de 486 SYSTÈMES doute dans la plupart dés catarrhes aigus, où il y a | sécrétion active de mucus; sa dimigution ou du moins sa non-augmenlation n'est pas moins sensible dans une foule de catarrhes chroniques, où on peut con- sidérer la sécrétion comme passive. On sait que l’a- bondance des urines, de la bile , suppose tantôt une aclion augmentée, tantôt une action diminuée du rein et du foie. Est-ce qu’il n’y a pas une surabondance de semence par excès de vie, et un écoulement con- ire nature par atonie ? Tous les fluides sécrétés pré- sentent la même disposition : or , suivant ces deux causes opposées de lasurabondance des fluidessécré- tés, le système capillaire des glandes est certainement pénétré d’une quantité differente de sang. Quoique le phénomène soit le même, le traitement dans les maladies où il se manifeste est, comme dans les cas précédens, absolnmentopposé, suivant que l’accrois- sement ou la diminution locale de vie concourt à le produire. Conséquences des Remarques précédentes. D’après tout ce que je viens de dire, il est évident que dans les organes où le système capillaire contient en partie du sang, et en partie des fluides différens, la proportion du premier avec les autres est infini- ment variable; que mille causes dans l’état de santé, comme dans celui de maladie, en appelant dans l’or- gane une quantilé plus ou moins considérable de fluide, peuvent remplir plus ou moins son système - capillaire. Les troncs et branches qui vont se rendre à un or- gaue sont-ils plus ou moins dilatés, suivant que le CAPILLAIRES. 487 système capillaire de cet organe est plus on moins rempli de sang; par exemple, quand les glandes mu- queuses versent leur fluide en plus grande quantité, les branches voisines sont-elles plus pleines? Quel- ques expériences que j'indiquerai dans la suite ne semblent pas le prouver. $ IV. Des Anastomoses du Système ‘capillaire général, Tout ce que nous venons de dire jusqu'ici sup- pose évidemment une libre communication établie eutre toutes les parties du système capillaire ; cette communication est en effet évidemment démontrée par l'observation. Lorsqu'on examine üne surface se- reuse injectée, et dont le système capillaire est plein, on voit que ce système est un véritable réseau à mail- les fines, et où aucun filet vasculaire ne parcourt un chemin de plus de deux ligues sans communiquer avec les autres. Le passage est donc constamment ouvert entre la portion qui recoit du sang, et celle qui admet des fluides différens de lui. La même dis- position s'observe dans le système dermoïde, dans les origines du muqueux, etc., et dans tous ceux en général où le système capillaire contient du sang et des fluides blancs. D'un autre côté ies organes où on ne trouve quedes fluides blancs, éommuniquent évidemmentavec ceux qui les avoisinent et où se trouve du sang ; ceux où Je sang paroît couler seul présentent la même dis- position. 1! faut donc concevoir le système capillaire comme uu reseau général répandu par-tout dans le corps, 483 SYSTÈMES qui communique d’un côté dans chaque organe, et d’uu autre côté d’un organe à un autre. Sous ce rap- port, il y a de la tête aux pieds une anastomose géné- rale, une communication libre pour les fluides, C’est comme cela qu'on peut concevoir la perméabilité du corps, et non sous le rapport du tissu cellulaire, où les fluides séreux et graisseux stagnent seuls. Comme les artères se jettent dans le système ca- pillaire , et que les veines, les exhalans, les secré- teurs en partent, il est évident que, d’après cette ma- hière de concevoir le système capillaire, tous ces vais- seaux doivent communiquer les uns avec les autres; qu’en poussant un fluide ténu par les artères, il doit sortir par les excréteurs, par les exhalans , et revenir par les veines, après avoir traversé le système capil- laire : c’est en effet ce qui arrive. Sous ce rapport, des milliers de voies sont constamment ouvertes au sang pour s'échapper hors de ses vaisseaux , lesquels communiquent aussi-par-tout au dehors, ei ne pré- sentent dans leur cavité aucun obstacle mécanique au sang , que la vie seule retient dans les limites de sa circulation. Les suintemens cadavériques , par les exhalans, les excreteursetles veines, sont si: connus, tant d'analomistesen ont rapporté des exemples, que je crois être dispensé de les présenter en détail. On a donc vu les injections fines pleuvoir sur les mem- branes séreuses, sur le péricarde, la plèvre, le pé- ritoine, etc., transsuder par les surfaces muqueuses, par la peau même. On les a vues s’écouler par les uretères, par les conduits pancréatiques, biliaires , salivaires, etc. Haller, à l’article de chaque organe, ne manque peint de rapporter de ces sorles d'exem- (CAPILLAIRES. 489 ples, qui prouvent la communication des artèresavec tous les autres vaisseaux, par le moyen du réseau capillaire. Quel anatomiste n’a pas fait revenir quel- quefois les injections, même grossières, par les veines ? La communication de ces vaisseaux avec les artères, à travers le système capillaire, est mainte- nant un axiome anatomique. On s’en est beaucoup occupé dans un temps. On a demandé s’il y avoit un intermédiaire entre les artères et les veines : l’ins- pection prouve que le système capillaire est seul cet intermédiaire. D'après cela, il faut se représenter le système ca- pillaire comme une espèce de réservoir général, où les artères abordent d'un côté, et d’où sortent de l’autre, dans tous les organes , les exhalans nutri- tifs, dans quelques-uns certains exhalans particu- liers, comme ceux de la sueur, de la lymphe, de la graisse, etc., dans d’autres les vaisseaux sécré- teurs, etc. C’est un réservoir commun ,si je puis m'ex- primer ainsi, où entre le sang rouge , et d’où sortent le sang noir , les fluides exhalés, les sécrétés, etc. Cette idée n’est point une supposition; les injec- tions dont je parlois tout à l'heure en sont la preuve la plus manifeste. Qu'on ne dise pas que c’est une traussudation cadavérique , analogue à celle de la bile à travers la vésicule du fiel : s’il en étoit ainsi, non- seulement les fluides ténusinjectés sortiroient parles excréteurs , les exhalans, et reviendroient par les veines; mais en suintant à travers les pores, ils rem- pliroient tout le tissu cellulaire. Au contraire , rien ne s'échappe dansletissu cellulaire , autour des vaisseaux par où passe l'injection : donc il y avoit une conti- 490 SYSTÈMES nuité de conduits de l’artère qui a recu le fluide, à l’excréteur , à l’exhalant ou à la veine qui le trans- met. Ce sont les communications du système capillaire qui expliquent comment la peau devient livide dans l'endroit sur lequel un cadavre a long-temps été couché, sur le dos, par exemple; comment, en renversant un cadavre de manière à ce que la tête soit pendante, celle-ci se gorge de fluide; comment , au contraire , en plaçant debout le cadavre d’un apo- plectique , d’un asphyxié, etc., le système capillaire de la face se débarrasse en grande partie du sang qui liofiltroit; comment un érysipèle disparoït sur le cadavre, lorsque le sang arrêté pendant la viesur une portion de la peau, par l’action vitale, se dissémine après la mort dans toutes les parties environnantes ; comment toute espèce de rougeur analogue de la peau, et même des surfaces séreuses, disparoit parce que le sang se répand par les communications du système capillaire dans les organes voisins. Pen- dant la vie, l’action tonique retenoit le fluide dans uve partie déterminée : abandonné à sa pesanteur , et aux autres causes physiques, après la mort, il disparoit bientôt de la partie où il étoit accumulé, à cause des innombrables commanications du sys- tème capillaire général. J'observe à ceux qui ouvrent des cadavres, que ces considérations méritent une très grande i impor tance. Ainsi il ne faudroit pas juger de la quantité de sang qui pépécroit le péritoine ou la plévreenflammeés, par seit qu’on observe vingt-quatre heures après la mort : l’irritation locale étoit une cause permanente CAPILLAIRES. 497 qui fixoit le sang dans la partie; cette cause ayant cessé, il s’en échappe. Une membrane séreuse peut avoir été très-enflammée pendant la vie, et présenter presque son aspect naturel après la mort : c'est comme dans l’érgsipèle. J’aurois été tenté souvent de pro- noncer , d’après l’ouverture des cadavres, la non- existence d'une affection qui avoit été réelle, La même remarque s'applique au tissu cellulaire, aux surfaces muqueuses enflammées, etc, Voyez un sujet mort d’une angine qui pendant la vie avoit donné la teinte rouge la plus foncée aux piliers du voile, au voile lui- même, et à tout le pharynx : eh bien ! après la mort, les parties ont presque repris leur couleur naturelle. J'observe à cet égard qu'il faut distinguer les af- fections aiguës des chroniques. Par exemple, dans les inflammations chroniques de la plèvre , du péri- toine , etc., la rougeur reste la même après la mort , parce que le sang s'est pour ainsi dire combiné avec l'organe; il en fait partie comme il fait partie des muscles dans l’état naturel, De même les affections chroniques de la peau , des surfaces muqueuses, re- tiennent à-peu-près après Ja mort , le sang qu’elles avoient pendant la vie; au lieu que dans les affections aiguës, le sang retenu momentanément par l'irrita- tion, s'échappe dès que la vie à laquelle est liée cette irritation a cessé. Ces principes sont susceptibles d'être appliqués à une foule de maladies; je le répète, ils sont d’une importance extrême dans les ouver- tures cadavériques, Leur négligence m’a souvent in- duit en erreur dans les commencemens , sur l’inten- sité et même l'existence des inflammations aiguës dont les organes que j'examinois avoient été le siége. 492 SYSTEMES $ V. Comment, malsré la communication géné- rale du Système capillaire , le sang et les fluides différens de lui restent isolés. ] Puisque sur le cadavre, et par conséquent pendant la vie, il n’y a dans le système capillaire aucun obs- tacle organique à la communication des fluides à tra- vers ses petits rameaux; puisque le réseau général que forment ces vaisseaux est par-tout libre, comment se fait-il donc que le sang ne passe: point dans la partie destinée aux fluides blancs? comment se fait-il que ceux-ci ne pérètrent point celles où le sang doit circuler ? pourquoi ce fluide ne sort-1il pas par les exhalans, par les excréteurs, puisque ces conduits communiquent médiatement avec les artères par les anastomoses du système capillaire ? Cela dépend uni- quement du rapport qui existe entre la sensibilité organique de chaque partie du système capillaire et le fluide qu’elle contient. Celle qui renferme le sang trouve dans les autres fluides des irritans qui la font resserrer à leur approche ; et réciproquement là où d’autres fluides se trouvent,le sang seroit hétérogène. Pourquoi la trachée admet-elle l’air et repousse-t-elle tout autre fluide ? Pourquoi les lactés ne choisissent- ils que le chyle dans les matières intestinales ? Pour- quoi ces matières ne s’introduisent-elles point dans les divers conduits excréteurs qui s'ouvrent sur les intestins ? Pourquoi la peau n’absorbe-t-elle que cer- taines substances, et repousse-t-elle les autres, etc.? Tout cela dépend de ce que chaque partie, chaque portion d’organe, chaque molécule organique a, pour ainsi dire , son mode de sensibilité, qui n’est en rap- CAPILLAIRES, 495 port qu’avecune substance, et qui repousseles autres. Mais comme ce mode de sensibilité est singulière- ment sujet à varier , son rapport avec les substances étrangères à l'organe change aussi : aiusi, telle partie du système capillaire qui rejetoit le sang, l’admet à l'instant où sa sensibilité a été exaltée. Irritez une partie de la peau ; elle rougit à l'instant ; le sang y af- flue ; tant que l'excitation dure , il séjourne; dès qu’elle a cessé , 1] disparoît. Quel que soit le moyen extérieur qui exalte ainsi la sensibilité cutanée ou muqueuse , on observe le même phénomène. Il dépend de nous, sous ce rapport, d'appeler plus ou moins de sang dans telle ou teile partie du système capillaire. Approchez la main du feu, le calorique exalte la sensibilité de son système, plus de sang y aborde; retirez-la, cette propriété reprend son type naturel, et le sang est r'e- venu à sa quantité ordinaire. Les organes intérieurs, qui sont soumis à moins de causes d’excitation, éprou- vent moivs de variété dans leur système capillaire; mais cependant on en observe encore beaucoup , et toutes dérivent du même principe. Il n'en est donc pas d’une suite de conduits organi- sés, comme d’un assemblage de tuyaux inertes. Dans ceux-ci il faut des obstacles mécaniques pour empé- cher lacommunication des fluides les uns avec les au- tres; là où il y a communication de conduits, il y a communication de fluides. Au contraire , dans l’éco- nomie vivante, c’est la vitalité propre dont chaque conduit est animé , qui sert d’obstacle, de limite aux divers fluides ; cette vitalité remplit les fonctions des diverses machines que nous placons dans les tubes communicans , pour les isoler les’ uns desautres. Tout 494 SYSTEMES “vaisseau organisé est donc vériiablement actif; il ad= met ou rejette les fluides qui y abordent suivant qu'il peut ou non en supporter la présence, Toute dispro- portion de capacité est étrangère à ce phénomène: un vaisseau en auroit quatre fois plus que les molécules d’un fluide, qu’il refuse de les admettre si ce fluide est hétérogène à sa sensibilité. C’est sous ce point de vue que la théorie de Boerhaave offroit un grand defaut. A l'époque où ce médecin écrivoit , les forces vi- tales n’avoient point encore élé analysées. Il falloit bien employer les forces physiques pour expliquer les phénomènes vitaux : d’après cela, il n’est pas éton- nant que toutes ses théories aient été si incohérentes. En effet, les théories empruntées, dans les phéno- mènes vitaux, des forces physiques, présentent la même insuffisance qu'offriroient les théories emprun- tées, dans les phénomènes physiques, des lois vita-. les. Que diriez-vous si pour expliquer le mouve- ment des planètes, des fleuves , etc., on se servoit de lärritabilité, de la sensibilité? vous ririez : riez donc aussi de ceux qui , pour expliquer les fonctions : animales, emploient la gravite, l'impulsion , l’iné- galité de la capacité des conduits, elc. Remarquez que les sciences physiques n'ont fait de progrès que depuis qu’on a analysé les lois simples qui président à leurs innombrablés phénomènes. De même, observez que la science médicale et physiolo- gique n’a des fondemens réels dans ses explications, que depuis qu'on a analysé les lois vitales, et qu'on les a montrées comme étant par-tout les principes des phénomènes. Voyez avec quelle facilité tous ceux des sécrétions, des exhalations, des absorptions, de l'in- CAPILLAIRES. 495 flammation, de lu circulation capillaire, etc.,se rallient aux mêmes principes, découlent des mêmes données, en les faisant dériver tous de leur cause réelle, des mo- difications diverses de Ja sensibilité des organes qui les exécutent. Au contraire, voyez comment chacune présentoit une difficulté nouvelle lorsque les causes mécaniques étoient tout pour leur explication. D'après ce que nous avons dit plus haut ,ilest donc évident que dans les innombrables variations dont les fluides du système capillaire sont susceptibles , par rapport aux portions diverses de ce système qu'ils remplissent , il y a toujours des variations antécé- dentes dans la sensibilité des parois vasculaires ; ce sont ces variétés qui déterminent les premières. . C’est spécialement dansle système capillaire ét dans sa circulation, que les variations de la sensibiliié orga- nique des vaisseaux déterminent des variétés dans le trajet des fluides; car, comme je l’ai observé daus les gros troncs artériels et veineux , dans le cœur , etc., les fluides sont en masses trop considérables, et ils sont agités d'un mouvement trop fort, pour étreainsi immédiatement soumis à l'influence des parois vascu- laires. Aussi, quandla nature veutempêcherles fluides de communiquer dans lestroncs, elle place entre eux. des valvules ;ou autres obstacles analogues, lesquelles deviennent tuutfes dans le système capillaire. | Quoique la disposition anatomique soit la même sur le vivant et sur le cadavre, il y a donc une très-grande différence dans le trajet des flaides à à travers | le sys= tème capillaire chez l’un et l’autre. Poussez, d dans l'aorte d'un animal où vous interromprez la vie en ouvrant celte artère pour y adapter un robinet , di- #97 9 1 9 1 L'INMu E vers fluides ténus, jamais vous ne les verrez remplis le système capillaire , pleuvoir par les exhalans, les excréleurs, etc.,comme lorsque le sujet aura été de- puis plusieurs heures privé de la vie. La sensibilité organique inhérente aux parties repousse l'injection; celle-ci ne peut Circuler que dans les gros troncs, où il y aun large espace. J’ai injecté, dans d’autres vues, un très-grand nombre de fois, des fluides par les ar- tères et par les veines : or , jamais le système capil- laire ne se remplit de ces fluides ; ils ne circulent que dans les gros vaisseaux, quand l’animal peut les sup- porter. Le cit. Buniva a fait aussi des expériences comparatives sur Les injections pratiquées sur les ani- maux vivaus et sur ceux privés de vie; il a éprouvé chez les uns une résistance qui a été nulle chez les autres : or, celte résistance, elle existe dans le système capillaire, dont les vaisseaux refusent d’admetire un fluide auquel leur sensibilité organique n’est point accommodée. $ VI. Conséquences des principes précédens, relativement à l’inflammation. D’après ce que nous avons dit jusqu'ici , il est fa- cile, je crois, de concevoir ce qui se passe dans les phénomènes inflammatoires , considérés en général. Une partie est-elle irritée d’une manière quelcon- que, aussitôt sa sensibilité or ganique s’altère ; elle aug- menle. Etranger ; jusque là au sang , le système capil- laire se met en rapportavec lui, il l'appelle pour ainsi dire ; celui-ci y afflue , et y reste accumulé, jusqu’à ce que la sensibilité organique soit revenue à son type naturel. Ou DE CAPILLAIRES. 497 La pénétration du système capillaire par le sang est donc un effetsecondaire dans l'inflammaiion. Le phé- nomèue principal, celui qui est la cause de tous les autres, c'est l'irritation locale qui a changé la sensi- bilité organique : or cette irritation locale peut être prodaite de diversesmanières ; 1°, par un irritant im- médiatement appliqué, comme par une paille sur la conjonctive, par lescantharides sur la peau, par des va- peurs dcres sur la surface muqueuse des bronches ou des fosses nasales, par l’airatmosphérique sur tout or= gave intérieur mis à découvert, comme on le voit dans les plaies, etc.; 2°. par continuité d’organes , comme quand une partie de la peau, de la plèvre,etc., étanten- flammée, celles qui sont voisines s’affectent aussi, et quele sang y afflue,comme quand un organe étant ma- lade, celui qui est voisin le devient, par les commu nications cellulaires; 3°. par sympathies : ainsi la peau étant saisie par le froid, la plèvre s’affecte sympaihi- quement ; sa sensibilité organique s'exalte; le sang y pénètre aussitôt de toute part. Que cette propriété soit exaltée d'une de cestrois manières dans le système capillaire, c’est absolument la même chose pour les phénomènes quien résultent. Parexemple, que dans la plèvre elle s'exalte parce que l’air est en contact aveccette membrane par une plaie de poitrine, parce que le poumon qu'elle recouvre a été préliminaire- ment affecte, ou parce que le froid a surpris la peau en sueur, l'effet est à-peu-près analogue, sousle rap= port de l’abord du sang dans le système capillaire. C’est donc le changement qui survient dans la sen- sibilité organique qui constitue l'essence et le prin- cipe de la malalie ; c'est cechangement qui fait qu’une 1. 93 499 SYSTEMES douleur plus ou moins vive est bientôt ressentie dans Ja partie:alors la sensibilité, d’organique qu’elle étoit, devient animale, La partie étoit sensible à l'impression du sang, mais netransmelloit point cette impression au cerveau : alors elle la transmet, et cette impression de- vient douloureuse. Irritez la plèvre intacte surun ani- ma) vivant, 1l ne souffre point :irritez Ja au contraire peudant l'inflammation , il donne les marques de la plus vive douleur. Qui ne sait que je plus souvent et presque toujours, une douleur plus où moins vive se manifeste dans la partie enflammée, quelque temps avant qu'elle nerougisse? Or celte douleur est l’indice de l’altération qu'éprouve la sensibilité organique ; cette altération subsiste souvent quelque temps sans produire d'effet; celui-ci, qui est surtout l’afflux du sang, esl consécutif. 1 en est de même de la chaleur. Je dirai plus bas comment elle est produite. Il suffit ici de montrer qu'elle n’est, comme le passage du sang dans le sys- ième capillaire, qu'un effet du changement survenu dans la sensibilité organique de la partie : or, cela est évident, puisqu'elle est toujours consécutive à ce changement. | Il arrive donc, dans linflammation, exactement l'inverse de ce que Boerhaave croyoit. En effet, le sang accumulé, suivant lui, dans les vaisseaux Ca= DRE el poussé à tergo par le cœur, comme il le disoit, éloit vraiment la cause im médiate del'affecuon, au lieu que, d’après ce que je viens de dire, il n'enest que l'effet. Pour peu que nous réfléchissions aux innombrables variétés des causes qui peuvent altérer la sensibilité CAPILLAIRES 499 organique du système capillaire , il sera facile de con- cevoir de quelles innombrables variations l'inflamma- tion est susceptible ; depuis la rougeur momentané- ment survenantet disparoissant dansles joues, par une influencedirecte ou sympathiqueexercée sur leur sys- tème capillaire, jusqu’au phlegmon ou à l’érysipèle les plus considérables. Ou pourroit faire une échelle d’in- teusité pour les inflimmations. En prenant les cuta- nées pour exemple, on verroit au bas les rougeurs qui naissent et disparoissent tout à coup par la moindre excitation externe sur le système dermoïie, que nous sommes maîtres de produire à volonté sous'ce rapport, et où il n'y a qu'afflux de sang ; puis celles un peu plus intenses, qui déterminent les efflores- cences culanéesde quelques heures,mais que la fièvre n'accompague pas ; puis celles qu’un jour voit naître et cesser, auxquelles se joint un peu de fièvre; puis les érysipèles du premier ordre; puis celles plus in- Lenses, jusqu'à celles que la gangrène termine promp- tement. Tous ces degrés divers ne supposent pas une nature différente daus Ja maladie ; le principe en est toujours le même : toujoursil y a, 1°. augmentation antécédente de sensibilité organique, ou altération de cette propriété; 2°. afflux du sang seulement si l'augmentation est peu marquée , afflux du sang ,cha- leur , pulsation , etc., si elle l'est davantage, etc. Quant à la fièvre , elle est un phénomène général à toute affection locale aiguë un peu vive; elle pa- roit dépendre du rapport singulier qui lie le cœur à toutes les parties : elle n'a de particulier, dans l’in- flammation, que la modification particulière qu'elle y prend. boo SYSTÈMES L’afflux du sang dans la partie irritée arrive dans l'inflammation, comme dans une coupure. Dans celle- ci le point divisé a été irrité par l'instrument ; aus- sitôt Lout le sang du voisinage afflue, et s'échappe par la blessure. Cet afflux est un résultat si évident de lirritation, que, dans une coupure légère , le sang ne sort presque pas à l'instant même de la division des tégumens, parce que peu de ce fluide se trouve à l’endroit divisé ; mais un instant après, l'irritation qui a été ressentie produit son effet, et il coule en quantité disproportionnée à la coupure. Quand l’altération de la sensibilité organique qui produit l'inflammation n'offre des variétés que dans son intensité , l’inflammation elle-même ne diffère que par des degrés divers d'intensité. Mais souvent la nature de l’altération est différente ; un caractère adynamique s’y mêle fréquemment : la partie pré- sente alors une teinte plus obscure , une chaleur moins vive, elc. D’autres modifications s’y remar- quent également : or toutes dépendent de la diffé- rence des altérations qu’éprouve la sensibilité organi- que; au moins ces altérations précèdent toujours. L'influence de ces altérations n’est pas moins mar- quée quand l’inflammalion se termine que quand elle commence. Si la sensibilité organique a été si exaltée qu’elle se soit pour ainsi dire épuisée , alors le solide meurt, et le fluide, qui n’est plus dans un organe vivant, se pourrit bientôt, Examinez les phé- nomènes de toute gangrène ; ; certainement la putré- faction n’est que consécutive :il Y aloujours, 1 1°.aban- don des solides par les forces vitales, 2°. putréfaction des fluides. Jamais la première chose n’est consécutive CAPILLAIRES. 5ot à la seconde. Quand la sensibilité organique com- mence à diminuer , le sang appelé par l’inflammation peut déjà bien tendre à la putréfaction; mais toujours le défaut de ton du solide précède. Il en est de ce phé- nomène local , comme du général qui a lieu dans la fièvre adynamique. Il est incontestable que, dans cette fièvre, le sang tend à se décomposer, à se pu- tréfier ; je dirai plus, qu'il présente souvent une pu- tréfaction commencante. Eh bien l'indice de l’alté- ration de ce fluide est toujours Vétat général des forces des solides; ceux-ci ont prélimiaairement perdu leur ressort; les symptômes de foiblesse se sont annoncés avant ceux de putridité. Tous les fluides animaux tendent naturellement à la putréfaction, quiy arrive inévitablement quand la vie abandonne les solides où ils circulent. À mesure que les forces diminuent dans les solides, cette tendance peut donc se manifester. Un commencement de putréfaction dansles humeurs, pendant la vie , n’est donc pas un phénomène général plusinvraisemblable quelephénomène localdontnous avons parle , savoir , que le sang d’une partie enflam- mée commençant à se putréfier, et la partie à devenir fétide par conséquent, avant que la sensibilité orga- nique ait entièrement abandonné le solide. Ce n’est que quand elle n’y existe plus que cette putréfaction devient complète ; maisalors elle est extrêmement ra- pide, parce qu’elle avoit commencé pendant la vie, De même Je cadavre de certaines fièvresadynamiques se putréfie avecune promplitude étrangère aux cada- vres morts d’autres maladies, parce que la putréfac- ÿon avoit véritablement commencé avant la mort. Les inflammations à teinte livide, à chaleur peu. 202 -»; SYSTEMES marquée, à prostration de forces dans la partie , à ter- ininaison par gangrène, sont visiblement à la fièvre adynamique très-prononcée , ce que le phlegmon est à la fièvre inflammatoire , ce que lirritation des premières voies, qu’on appelle disposition bilieuse , est à la fièvre méningo-gastrique ; etc. Je crois que si on examinoil attentivement les affections locales et les fièvresgénérales,ontrouveroit toujoursune espèce de fièvre correspondant, par sa nature , à une espèce d'affection locale. Mais revenons à l’inflammation. Si elle se termine par suppuration ; il est évident qu’il y a encore altération nouvyelle de la sensibilité organique pour produire du pus. Même phénomène dans l’induration. La terminaison se fait-elle par ré- solution, c’est que cette sensibilité revient à son type vaturel. Examinez bien les phénomènes inflamma- toires dans leur succession; vous verrez que toujours un état particulier dans cette propriété précède les changemens qu'ils nous offrent. Quand nos médicamens sont appliqués sur une partie enflammée, ce n’est pas sur le sang qu'ilsagis- sent ;ce n’est pas en tempérant la chaleur; ce n’est pas en relâächant. Les expressions ramollir, détendre L relächerlessolides,sontinexactes, parce qu’elles sont empruntéesdes phénomènes physiques. On reläche, onramollit un cuir sec en l'humectant ; maison n’agit sur les organes vivans qu’en modifiant leurs pio= priétes vitales. Remarquez que, quoiqu’on commence déjà à reconnoitre l'empire de ces propriétés dans les maladies, le langage médical est encore tout empranté des théoriés qui-dérivoient des principes physiques pour l'explication de phénomènes morbifiques. Nous CAPILLAIRES. 503 sommes à une époque où Ja manière de s’exprimer sur ces phénomènes a besoin d’être changée; je ne parle pas ici des dénominations des maladies, Certai- nement tout médicament émollient, astringent, réso- lutif, relâchant, fortifiant, etc., employé dans diffé- rentes vues sur une partie enflammée , n’agil qu'en modifiant différemment de ce qu’elle étoit la sensibi- lite organique. C'est comme cela que nos médicamens guérissent ou souvent aggravent les maladies. D'après tout ce que noùs venons de dire, il est évident que ce sont les solides qui jouent le premier rôle dans l’inflammation , et que les fluides n’y sont que secondaires. Les auteurs modernes ont bien senti cette vérité, et tout de suite ils ont fait jouer, sous ce rapport, un grand rôle aux nerfs; mais nous avons vu que ceux-ci paroissent étrangers à Ja sensibilité orga- nique, qu'ils le sont même en effet d’après la plusri- goureuse observation. L'influence nerveuse , celle au moins que nous connoissons dans les autres parties , est, dans l'inflammation, comme dans la sécrétion, l’exbalationetla nutrition, presque entièrement nulle. Il y a, dans cette affection altération de la sensibilité organique , et voilà tout. L'espèce de sang varie dans l’inflammation, et à cet égard voici une règle, je crois, généralement constante :toutes les fois que la sensibilité organique est très-exallée , que la vie est augmentée, qu'il y a un surcroît de forces dans la partie enflammée, c’est le sang ronge qui séjourne dans le système capil- laire ; alors il y a toujours chaleur très-vive. Au con- traire, quand l'inflammation se rapproche du carac- tère adynamique , elle devient terne, livide; les ca- 904. SYSTEMES pillaires paroiïssent remplis de sang noir ; la chaleur est moindre. En général , une couleur vive, rutilante davs toutes les éruptions analogues aux tumeurs in- flammatoires, annonce l’exaltation de la sensibilité or- ganique. Toute couleur livide, au contraire, indique sa prostration : les pétéchies sont livides ; les taches scorbutiques le sont; la lividité est dans les tumeurs l’avant-coureur de la gangrène. Voulez-vous savoir quand le froid agit comme stimulant ? C’est quand il rougit le bout du nez, des oreilles, etc. Quand ces parties deviennent livides, d’autres phénomènes an- noncent en même temps que son action est sédative. Cela se rallie à mes expériences sur la vie et la mort, qui ont prouvé que le sang noir interrompt par-tout les fonctions, affoiblit, anéantit même le mouvement des parties , lorsqu'il y arrive par les artères. Différence de l'Inflammation, suivant les divers Systèmes. D’après ce que nous avons dit sur l’inflammation, elle a pour siége le système capillaire, pour principe une altération dans la sensibilité organique de ce sys- ième , pour effet l’afflux du sang dans des vaisseanx auxquelsil étoit étranger, un accroissement consécutif de calorique, etc. Donc, là où le système capillaire est le plus prononcé, où la sensibilité organique est le plus marquée , l’inflammation doit être plus fre- quenté : c’est ce qui est en effet. C’est spécialement daus les systèmes cellulaire, séreux, muqueux, der- moide, qu'on la remarque : or les injections fines nous montrent dans ces systèmes un réseau capillaire infiniment supérieur à celui des autres. D'un autre CAPILLAIRES. bo5 côté, comme il y a non-seulement la nutrition, mais encore l’exhalation et souvent la sécrétion dans ces systèmes, il y faut plus de sensibilité organique , pro- priété d'où dérivent toutes ces fonctions. Au contraire l’inflammation est rare dans les sys- tèmes musculaire, osseux, cartilagineux, fibreux, artérie] , veineux ,etc., où il existe peu de capillaires, et où la sensibilité organique ne présidant qu'à la nutrition, se trouve nécessairement à un moindre degré. D'un autre côté, comme les capillaires font partie intégrante du système où ils setrouvent, et que chaque système a son mode particulier de sensibilité orga- nique, il est évident que la leur doit participer à ce mode : or comme c'est sur cette propriété que roulent tous les phénomènes inflammatoires , ils doi- vent présenter un aspect tout différent dans chaque système. C’est en effet ce dont nous aurons occasion de nous convaincre dans l’examen de chacnn. Je ne présenterai ici qu’en général ce point de vue essentiel, sur lequel les auteurs n’ont point insisté. Prenons d’abord les systèmes les plus exposés à l'inflammation : nous verrons que le phlegmon est le mode inflammatoire du cellulaire, que l’érysipèle est celui du dermoïde , que le catarrhe est celui du mu- queux. Nous n’avons point encore de nom général pour exprimer celui du séreux : mais qui ne sait combien il diffère des autres? Dans les systèmes rarement sujets à l’inflamma- lion , on connoît infiniment moins cette affection que dans les précédens; mais il est hors de doute qu’elle diffère essentiellement. Comparez à la longueur, à bo6 SYSTÈMES la fixité de celle des os, la rapidité et la mobilité de celle des muscles ou plutôt des corps fibreux dans le rhumatisme. Les résultats de l’inflammation ne varient pas moins que sa nature : si la résolution ne survient pas ; chacun a son mode de suppuration. Comparez le pus de l’érysipèle, celui du phlegmon , l'humeur lactescente ou floconneuse des membranes séreuses, l'humeur blanchâire, grisâtre et de consistance mu- queuse , qui s'échappe des membranes de même nom la suite du catarrhe, la sanie noirâtre des os en suppuration, etc., etc. Nous verrons certains organes ne pas suppurer , comme les corps fibreux. La gangrène uue fois survenué est par-tont la même, puisqu'elle n’est que l'absence dé la vie , et que tous les organes morts ont les mêmes propriétés. Mais suivant la somme de sensibilité organique que chaque système a en partage, il est plus ou moins disposé à mourir ainsi à la suite de Pinflammation, au milieu des autres qui restent en vie, Qui ne sait que le charbon qui frappe’ bientôt de mort la partie où il se trouve, n’attaque que certains systèmes ; que l’osseux , le pere , le nerveux, etc., en sont toujours exempis, etc. ? Le vice essentiel detoute doctrine inédicale est de considérer les maladies trop abstractivement : elles se modifient tellement dans chaque système, que leur aspect est tout différent. Qu'on me passe celte ex- pression : c’est bien toujours le même individa; mais en entrant dans chaque système, il y prend unmasque différent, au point souvent que vous né le reconnoi- iriez pas, Quand la médecine sera-t-elle assez avancée CAPILLAIRES. bo7 pour que le traitement coïncide avec ces variétés ? Certainement il faut un traitement général de l'in- flammation; mais il doit se modifier différemment, suivant qu'on l’applique au phlegmon, à érysipèle, au catarrhe, etc. Voici encore une preuve bien évidente de ce ca- ractère propre que prend l’inflammation dans chaque partie. On sait avec quelle facilité et quelle rapidité le sang afflue dans un point déterminé de la peau par ane irritation quelconque: piquez, frottez un peu fortement un point de cet organe, il rougit à l’ins- tant même, Cela a lieu aussi, quoique moins sensi- blement, sur les surfaces muqueuses. Eh bien ! cela ne s'observe point également sur les séreuses; je m'en suis assuré un grand nombre de fois sur les animaux vivans, où je mettois ces surfaces à découvert pour les irriter de diverses manières. L’afflux sanguin n'y suit point tout-à-coup l'irritation; il y a toujours un intervalle plus ou moins considérable entre lun et l’autre ; le moins c’est d’une heure, $ VIL Structure, Propriétés des Capillaires. Quelle est la structure des capillaires ? Telle est leur ténuité que nous ne pouvonsevidemment avoir, sur ce point, aucune espèce de donnée fondée sur l'expérience et sur l'inspection. Seulement il est très. probable, il est certain même, que cette structure se modifie différemment dans chaque organe, qu’elle n’est point la même dans les tendons, les aponé- vroses , les muscles , etc., qu’elle participe réellement à la nature de l'organe, dont elle fait partie inté- granle, boë SYSTÈMES La membrane qui tapisse les excréteurs , les ar- tères, les veines, les exhalans, vaisseaux qui vont se rendre dans le système des capillaires ou qui en paissent , est bien conforme à celle de ces capillaires ; mrais elle n’est pas certainement la même. C’est la diversité de structure des capillaires , sui- vant les organes où ils se trouvent, qui influe essen- tiellement sur la différence que présentent les pro- priétés vitales, la sensibilité organique et la contrac- tilité organique insensible en particulier, dans chaque système où on les examine : de là des modifications particulières dans toutes les maladies auxquelles pré- sident ces propriétés, et qui siégent spécialement dans les capillaires, telles que les inflammations, les tu- meurs , les hémorragies, etc., etc. La diversité de structure du système capillaire de- vient quelquefois manifeste à l'œil. Ainsi la rate, le corps caverneux , au lieu d'offrir, comme lessurfaces séreuses, un réseau vasculaire où le sang oscille en divers sens, suivant le mouvement qu'il reçoit, ne présentent que des tissus spongieux, lameïleux , en- core peu connus dans leur nature, où le sang paroît stagner souvent, au lieu de se mouvoir, etc. $ VIIT. De la Circulation des Capillaires. Les phénomènes circulatoires sont de deux sortes dans le système capillaire; 1°.1l y a le mouvement des fluides , 2°. les altérations qu’ils y subissent. Mouvement des Fluides dans le Système Capil- lair e. Ces fluides sont, 1°. le sang , 2°. d’autres différens CAPILLAIRÉS. 509 de lui par leur composition, quoique nous ne con- noissions que leurs différences d'apparence. Éxami- nons les lois du mouvement de chaque espèce. Le sang , une fois arrivé dans le système capillaire, est manifestement hors de l'influence du cœur, et ne circule plus que sous celle des forces toniques ou de la contracuilité insensible de la partie. Pour peu qu’on examine les phénomènes de ce système capillaire, on se convaincra facilement de cette vérité que Bordeu a commencé le premier à bien faire sentir. Le sys- tème capillaire est vraiment le terme où s'arrête l’in- fluence du cœur. Voilà pourquoi tous les vaisseaux qui partent de ce système présentent dans leur fluide un mouvement qui ne correspond point à celui des artèresquis’y rendent. 1°.Cela est hors de doute pour les veines, d’après ce que nous avons dit. 2°. Cela n’est pas moins réel pour les excréteurs. L’augmen- tation des sécrétions ne coïncide point avec l’augmene tation de l’action du cœur, ni leur diminution avec la diminution des battemens. Qui ne sait, au con- traire, que souvent dans les violens accès de fièvre, où l'agitation est extrême dans le sang artériel, toutes les glandes semblent resserrer leur couloir, et qu’elles ne versent rien ? 3°, Il en est de même de ioutes les exhalations : ve n’est pas quand la fièvre est dans toute sa force qu’on sue le plus, c'est au contraire quand elle est un peu tombée, comme on le dit. Les hémor- ragies ne sont visiblement qu’une exhalation : or qui ne sait que souvent le pouls est dans une foiblesse ex- trême, quand le sang coule en abondance des surfaces muqueuses de la matrice, des narines, des bron- ches, etc. ? Qui ne sait au contraire que dans les agi- d1I0 SYSTEMES tations extrêmes du cœur, le plus souvent le sang ne coule pas par les exhalans? Est-ce que la vitesse du pouls augmente pendant la menstruation? C’est la rou- geur du système capillaire, l'abondance du sang dans cesystème, qui est souvent, comme je l’ai dit, l’avant- coureur des hémorragies actives; mais jamaisice n’est l'augmentation d’action du cœur. Souventlestumeurs fongueuses , les chairs mollasses qui s'élèvent sur les plaies de mauvaise nature, les polypes, etc., verseut du sang: or, jamais le cœur n’est pour rien dans ces hémorragies, qui partent manifestement du système capillaire. Qui ne sait que souvent lorsque les exha- lans versent abondamment des fluides séreux sur la membrane de ce nom, dans la production des hy- dropisies, le cœur est , comme toutes les autres par- es, dans une inertie réelle d’action ? : Puis donc que tous les vaisseaux sortant du sys- tème capillaire n'offrent dans leurs mouvemens au- cune espèce d'harmonie avec ceux du cœur , il est évident que l'influence de cet organe sur le mouve- ment des fluides s’est interrompue, a fini dans le 57 tème capillaire. Voyez la nutrition ; c'est évidemment le sysiBré capillaire quien détriliné par-tout les matériaux qu’il a recus par l'impulsion du cœur : or, l’influence de celui-ci ne s'étend point jusqu'à l’endroit où la ma- üère nutritive est déposée. En effet, son impulsion par-tout égale et uniforme, pousse avec une force à peu-près égale, le sang àtoutesles parties, à quelques exceptions près indiquées plus haut pour le fœtus. Or, la nutrition est, au contraire, extrêmement iné- gale : à un âge, c’est une parlie qui prend plus d'ac- CAPILLAIRES. Bri croissement , qui reçoit plus de matière nutritive par conséquent ; à un autre âge, c'est un autre organe, C'est le premier et le principal phénomène de l’ac- croissement , que cette inégalité. De même, comment accommoder avecl'impulsion unique et uniforme du cœur dans toutes les parties, l'inflimwation , la production des dartres, des érup- tious diverses, etc., qui se manifestent dans un en- droit déterminé ? Est-ce que l’inflammation se pré= senteroit sous des dehors si différens, suivant le sys- ième qu'elle occupe , si le cœur seul présidoit à son développement ? Toutes les différences entre les catarrhes, les érysipèles, les phlegmons , etc. , de- yroient s’évanouir : il] n’y auroit plus que celle du voisinage plus ou mojus grand du cœur, Cessons donc de considérer cet organe comme l'agent unique qui préside et au mouvement des gros vaisseaux et à celui des petits, qui, dans ces derniers, poussant le sang en abondance dans une partie, y produit l'inflammatiop , qui par son impulsion cause les diversés éruptions cutanées, les sécrétions, les exhalations, etc. Toute la doctrine des mécaniciens -reposoit, comme on sait , sur celte extrême étendue qu’ils avoient donnée au cœur pour ses mouvemens. Ily a manifestement deux genres de maladies rela- tives à la circulation : 1°, celles qui troublent la géné- rale, 2°. celles qui affectent la capillaire. Les diffe- rentes fièvres forment spécialement le premier genre, Les éruptions diverses, les tumeurs , les inflamma- tions , etc., produisent le second: or, quoique beau- coup derapports lient le secondau premier ,il n’en est point esseutiellement dépendant ; en voici la preuve : 512 SYSTÈMES les fièvres ne peuvent évidemment exister que dans les animaux à gros vaisseaux , dans ceux où les fluides ‘se meuvent en masse ; elles sont nécessairement etran- gères aux zoophytes et aux plantes , qui ne jouissent que de la circulation capillaire : or ,ecpendant ces der- dières classes d'animaux ettousles végétaux sontsujets à toutes les affections qui troublent la circulation ca= pillaire. Ainsi voit-on s'élever sur les plantes une foule de tumeurs; ainsi leurs plaies se reunissent-elles; ainsi deux portions de la même contractent-elles en- semble des adhérences, comme la greffe le prouve. Sans doute les maladies qui siégent dans leur système capillaire sont différentes de celles des animaux, par leur marche, leur nature; mais elles présentent tou- jours le même caractère général, parce qu’elles dé- rivent des mêmes propriétés, de la sensibilité orga- nique et de la contractilité insensible. Puisque les maladies du système capillaire ne sont point essentiellement liées à celles du système vascu- laire général , elles n'en dépendent donc pas: done la circulation du premier n’est qu'indirectement sub- ordonnée à celle du second. Voilà pourquoi les deux circulations peuvent se séparer; pourquoi plus de la moitié des êtres organisés n’ont que la capillaire. C'est celle qui est la plus importante , puisqu'elle verseim- médiatement les matériaux de la nutrition, de l’ex- halation, de l’absorption: aussi existe-t-elle chez tous les êtres organisés. On n’en conçoit aucun sanselle , parce qu’on n’en conçoit aucun qui ne se compose et ne se décompose habituellement par la vutrition. D’après tout ce que nous avons dit jusqu'ici, ël est évident que le sang arrivé dans le système ca- CAPILLAIRES. 513 pillaire , ne s y meut que par l'influence tonique des solides: or , comme la moindre cause altère , change leurs propriétés, il y est sujet à une infinité de mou- vemens irréguliers. La moindre irritation le fait re- culer, avancer, dévier à droite, à gauche, etc. Dans l'état ordinaire , il se meut bien en général d’ane ma- nière uniforme des artères vers les veines; mais à chaque instant il peut trouver des causes d’oscillations irrégul:ères dans ses innombrables anastomoses; de là, comme nous l'avons vu , la nécessité de ces der- nière$. Ces oscillations irrégulières du mouvement du sang dans le système capillaire.sont sensibles à l'œil armé d’un microscope. Elles se sont présentées cent fois à Haller, à Spallanzani et à d’autres dont les expériences sont trop connues pour que je les rapporte ici, Ils ont vu les globules avancer , reculer, se mouvoir en une foule de directions opposées sur les animaux à sang rouge et froid, dont ils irritoient le mésentère ou loute autre partie transparente. Dans les animaux à sang rouge.et chaud, dans ceux même où le mésentère est presqu'aussi transparent que celui des grenouilles, comme daws les petits cochons- d'inde , 11 m'a paru infiniment plus difficile de bien suivre les mouvemens du sang des capillaires. Au reste , ilest facile de voir que tous les phéno- mènes des inflammations , des éruptions diverses, des inmeurs, etc., sont spécialement fondés sur cette susceptibilité du sang, dans le système capillaire, de se porter en uue infinité de directions différentes, suivant les endroits où l'irritation l’appelle. D'après ce que nous avons dit jusqu'ici, il est évi- dentqu’il est des temps ou le sang traverse avec moins À 94 516 . SYSTEÉMES sphère. Quoique les lois vitales président essentielle- ment à la circulation capillaire, cependant le degré de pression de l'air environnant peut la modifier jus- qu’à un certain point : la preuve en est dans les ven- iouses ou dans tout autre moyen qui fait subitement le vide sur une partie du corps; alors les humeurs pressées dans les environs par l'air extérieur, nulle- ment comprimées au contraire au niveau de la ven- iouse, soulèvent et distendent considérablement la peau. Eh bien ! les vicissitudes subites de latmo- sphère font pour tout lecorps ,quoiqu’à un beaucoup moindré degré, l'effet de la ventouse. Si lair est raré- fié, tout le système capillaire extérieur s’engorge davantage; les veines mêmesous-cutanées se gonflent: une partie très-considérable du sang éprouve donc un trouble dans son mouvement, entre les deux sys- ièmes à sang rouge et à sang noir. L’harmonie, la cor- respondance de ces deux systèmes est troublée ; de là le malaise, les sentimens de pesanteur, etc., dont un changement. subit d° a de nous débarrasse tout à coup. L'évacuation du sang établit aussi des différences. | quoique moindres, dans le système capillaire. La sai- gnée est de deux sortes : l’une diminue le sang de la circulation des gros troncs; et alors quelquefois c’est le rouge ,comme dans l’artériotomie; mais le plus sou- vent c’est le noir qu'on évacue: l’autre extrait le sang de la circulation capillaire; c'est celle qu’on fait par les Sangsues , les ventouses, etc. Chacune apporte un changement différent dans le cours du sang. Lies mc- decins se sont beaucoup occupés autrefois de savoir quelle veine on doit saigner. Je crois qu'il seroit bien J | ñ | CAPILLAIRES. 517 plus important de savoir quand il faut agir par la sai- gnée sur la circulation générale, quand il faut agir au contraire sur la capillaire. Dans une foule d’en- gorgemens locaux, ne croyez pas diminuer la quan- tité de sang dans une partie du système capillaire eu diminuant la masse de ce fluide dans les gros troncs ; il y auroitun quart de moins de sang qu'il ny en a alors dans l’économie, que, si une partie est ivritée, il en affluera autant à cette partie. Au contraire vous. dou- bleriez par la transfusion la masse de ce fluide dans un animal, que des inflammations locales ne naitroient pas chez lui, parce qu'il faut une irritation prélimi- naire pour que le sang aborde, afflue dans une parue déterminée du système capillaire. Les fluides différens du sang qui circulent Le le système capillaire , 1°. sont manifestement comme lui hors de l'influence du éœur. 2°, L'influence des forces toniques préside à leurs mouvemens. 3°. Ceux-ci sont sujets, par conséquent, à des oscillations irré- gulières, suivant que les capillaires sont différem- ment affectées. Nous ignorons la nature de la plupart de ces fluides, parce qu’ils ne peuvent point êlre soumis à nos expériences. Ce sont eux qui pénètrent les ligamens, lestendons, les aponevroses, les cheveux, les cartilages, les fibro-cartilages, une partie des surfaces séreuses, muqueuses, cutanées, elc. Ils com- muniquent avec le sang dont ils émanent par les systèmes capillaires, se meuvent ensuite dans les leurs. Dans la plupart des organes où ils existent seuls, comme dans ceux qu’on nomme blancs, ils affectent beaucoup de lenteur dans leur mouve- b16 . SYSTEMES sphère. Quoique les lois vitales président essentielie- ment à la circulation capillaire, cependant le degré de pression de l'air environnant peut la modifier jus- qu'à un certain point : la preuve en est dans les ven- iouses ou dans tout autre moyen qui fait subitement le vide sur une partie du corps; alors les humeurs : pressées dans les environs par l'air extérieur , nulle- ment comprimées au contraire au niveau de la ven- iouse, soulèvent et distendent considérablement la peau. Eh bien ! les vicissitudes subites de l’atmo- sphère font pour tout le corps ,quoiqu’à un beaucoup moindré degré, l'effet de la ventouse. Si l'air est raré- fié, tout le système capillaire extérieur s’engorge davantage; les veines mêmesous-cutanées se gonflent: une partie très-considérable du sangéprouve donc un trouble dans son mouvement, entre les deux sys- ièmes à sang rouge et à sang noir. L’harmonie, la cor- sr ne de ces deux systèmes est troublée ; de là le malaise, les sentimens de pesanteur, etc., dont un changement subit d” mano id nous débarrasse tout à coup. L'évacuation du sang établit aussi des différences , quoique moindres, dans le système capillaire. La sai- gnée est de deux sortes : l’une diminue le sang de la circulation des gros troncs ; et alors quelquefois c’est le rouge ,comme dans l’artériotomie; maïs le plussou- vent c’est le noir qu'on évacue: l’autre extrait le sang de la circulation capillaire; c’est celle qu’on fait par les sangsues, les venlouses, etc. Chacune apporte un changement différent dans le cours du sang: Lies mé- decins se.sont beaucoup occupés autrefois de savoir quelle veine on doit saigner. Je crois qu'il seroit bien à © nl CAPILLAIRES. 5x7 plus important de savoir quand il faut agir par la sai- gnée sur la circulation générale, quand il faut agir au contraire sur la capillaire. Dans une foule d’en- gorgemens locaux, ne croyez pas diminuer la quan- tite de sang dans une partie du système capillaire eu diminuant la masse de ce fluide dans Jes gros troncs ; il y auroïtun quart de moins de sang qu'il n'y ena alors dans l’économie , que, si une partie est irritée, il en affluera autant à cette partie. Au contraire vous dou- bleriez par la transfusion la masse de ce fluide dans un animal, que des inflammations locales ne naîtroient pas chez lui, parce qu'il faut une irritation prélimi- naire pour que le sang aborde, afflue dans une parue déterminée du système capillaire. Les fluides différens du sang qui circulent dat système capillaire , 1°. sont manifestement comnie lui hors de l'influence du éœur. 2°, L'influence des forces toniques préside à leurs mouvemens. 3°. Ceux-ci sont sujets, par conséquent, à des oscillations irré- gulières, suivant que les capillaires sont différem- ment affectés. Nous ignorons la nature de la plupart de ces fluides, parce qu’ils ne peuvent point élre soumis à nos expériences. Ce sont eux qui pénètrent les ligamens, les tendons, les aponévroses, les cheveux, les cartilages, les fibro-cartilages, une partie des surfaces séreuses, muqueuses, cutanées, elc. Ils com- muniquent avec le sang dont ils émanent par les systèmes capillaires, se meuvent ensuite dans les leurs. Dans la plupart des organes où is existent seuls, comme dans ceux qu’on nomme blancs, ils affectent beaucoup de lenteur dans leur mouve- 510 SYSTEMES ment, parce que la sensibilité de ces organes est ‘obscure et lente. Aussi les tumeurs diverses à la for- mation desquelles ils concourent , présentent-elles , comme nousle verrons, une marche presque toujours chronique. Ii survient souvent dans l’économie animale de ces tumeurs qu’on nomme communément lymphatiques, quoique vousignorions entiérementla nature des flui- des qui les forment. Eiles occupent spécialement le voisinage des articulations ; mais quelquefois ce sont uniquement les cartilages, le tissu cellulaire, lesos, etc. quisontle siége de cestumeurs blanches, dont il seroit bien essentiel d’assiguer les caractères distinctifs , de ceux des tumeurs où le sang entre spécialement. Phénomènes de l'Altération des fluides dans Le Système capillaire. -Nous venons de nous occuper des phénomènes du mouvement des fluides dans le système capillaire général ; traitons mamténant des changemens qu'ils y éprouv ent dans leur nature. Le sang offre un grand phénomène dans le système capillaire général : de rouge qu’il étoit dans les ar- ières, il devient noir: Comment ce phénomène a-t-il lieu ? Cela ne peut arriver évidemment que de deux manières, savoir, Ou par une addition, ou par une soustraction de principes. Se charge-t-il d'hydrogène et de carbone ? dépose-t-il seulement l’oxigène dans les organes? ces deux causes sont-elles réunies pour jui donner sa noirceur ? Je crois qu'il sera difficile de prononcer jamais sur ces questions qui de me pa- roissent susceptibles d’aucune expérience positive. CAPILLAIRES. b19 Cependant, en voyant le sang artériel fournir à tous les organes les matériaux de leur sécrétion, de leur nutrition , de leur exhalation, il est à présumer qu'il laisse plutôt qu'il ne prend, dans ces organes, le prin- cipe de sa coloration. Quelquefois le sang rouge traverse, sans perdre sa couleur, le système capillaire ; par exemple, lors- qu'il a très-long-temps coulé noir par une veine, on l'en voit quelquefois sortir rouge, ou presque rouge, un peu avant que de cesser de couler. En ouvrant la veine rénale, j'ai deux ou trois fois fait cette ob- servalion, qui, je crois, a été indiquée par quelques auteurs. Le sang se noircit plus ou moins dans le système capillaire général. Pour peu que vous ayez observé de saignées, vous avez vu, sans doute, dans les maladies, des variétés sans nombre dans la couleur du sang qui jaillit de la veine. Ce fluide sort-il avec une noirceur différente de chaque partie du sysième capillaire ? Il ne m'a pas paru que la différence soit très-grande sous ce rapport. J’ai plusieurs fois eu occasion d'ouvrir les veines rénales, saphènes, ju- gulaires , etc. , le sang m'a semblé par-tout à-peu-près de même couleur. J'ai voulu voir si le sang reve- nant d’une partie enflammée est plus ou moins noir; j'ai donc fait au membre postérieur d’un chien plu- sieurs plaiès, proches les unes des autres, et je les ai laissées au contact de l'air. Au bout de trois jours, temps auquel l'inflammation a paru marquée, j'ai ouvert en haut du membre malade et da membre sain, les saphènes et les crurales, pour en examiner comparativement le sang ; aucune différence ne m'a 520 SYSTÈMES paru sensible. Îl n'y a pas long-temps que j'ai fait saigner un homme qui avoit un pabari avec un en- gorgement inflammatoire de toute la main, et de la parue inférieure de l’avant-bras : sou sang m'a paru de la même couleur qu'à l'ordinaire. Cependant , comme les veines rapportent aussi le sang des parties non enflimmees, il faudroit des recherches encore plus immédiates. Un objet qui mériteroit d’être fixé avec précision, ce sont les cas où, dans les maladies générales, il y a une altération de la couleur foncée du sang, et les sympiômes avec lesquels telles ou telles altérations coïncident. Jusqu'ici, nous en sommes bornés à sa- voir qu'il est plus foncé dans certains cas, et plus clair dans d’autres. $IX. Des Capillaires considérés comme siège de la production de la chaleur. Tout le monde connoît les innombrables hypo- thèses faites sur la production de la chaleur animale par les médecins mécaniciens. Les chimistes mo- dernes, en mortraut l'insuffisance de ces théories, leur en ont substitué une qui ne présente pas de moindres difficultés. Le poumon est consideré par eux comme le foyer où se dégage le calorique, et les artères comme des espèces de tuyaux de chaleur qui la répandent dans tout le corps. La production de ce grand phénomène appartient donc uniquement , selon eux, au SALE capillaire pulmonaire. Je crois, au contraire, j'enseigne depuis que je fais des cours de physiologie, ei je disois même avant nés un 2e > à à : a. CAPILLAIRES. 521 d'en faire, que c’est dans le système capillaire géné- ral qu'il a son siège. Je ne m'occuperai point ici à réfuter l'hypothèse des chimistes. Quand on met d’un côté tous les phé- nomènes de la chaleur animale, de l’autre cette hy- pothèse, elle paroit si insuffisante pour les expli- quer , que je crois que tout esprit méthodique peut le faire sans moi. Ces phénomènes sont les suivans : 10, Tout être vivant'et organisé, animal ou vé- gélal, a une température propre. 2°. Cette tempé- rature est à-peu-près la même dans tous les âges chez les animaux. 5°. Elle est absolument indépendante de celle de l'atmosphère ; elle reste la même dans un milieu plus chaud comme dans un plus froid. 4°. Le calorique se dégage souvent dans l'état de santé plus abondamment dans certaines parties que dans d’au- tres. 5°. Dans l’inflammation il y a dégagement local sensiblement plus considérable. 6°, Les forces vitales, la Lonicité surtout, ont sur le dégagement du calo- rique l'influence la plas marquée. 7°. Chaque or- gane a sa tempéralure particulière, et c’est de toutes ces températures partielles que résulte la générale. 8°. Souvent il y a une connexion immédiate en- tre les phénomènes respiratoires et circulatoires, et ceux de la production du calorique : les premiers venant à augmenter, les seconds augmentent aussi en proportion. D'autres fois ce rapport n'existe point. Si, au-dessous de ces phénomènes, vous mettez la théorie de Lavoisier, Crawfort, etc., je ne crois pas que vous puissiez la faire cadrer avec eux, et concevoir comment le calorique , dégagé dans le 222 SYSTEMES système capillaire pulmonaire, puisse se répandre , comme ils l’entendent, dans l'économie animale, Au contraire ;en admettant que ce fluide se dégage dans le système capillaire général , on le comprend facilement, Mais exposons auparavant cette manière de concevoir la production de la chaleur animale. Le sang puise dans deux sources principales les substances qui réparent les-pertes qu’il a faites. Ces sources sont, 1% la digestion, 2°. la respiration : l’une verse le chyle dans le sang , l’autre y mêle divers principes aériens. Quelquefois l'absorption cutanée y introduit diverses substances. Le mélange du sang avec les substances nouvelles qu'il recoit constitue l’hémalose. Or ces substances nouvelles apportent sans cesse, dans ce fluide, de nouveau calorique : car, comme tous les corps en sont péné- trés , il ne peut guère y avoir addition d’ane subs- tance au sang, sans addition de ce principe. Dans l'hématose, le calorique secombine doncaveclesang, mais ne se mét point dans l’état libre; il fait corps avec le fluide ; il est un de ses élémens. Ainsi chargé de calorique combiné, le sang arrive dans le système capillaire; là, il l’abandonne par- tout oùil éprouve des transformations. En effet, c'est dans ce système qu'il se change en substance, nutritive, en celle des sécrétions, en celle des ex- balations , etc. Toutes les fonctions où ce fluide change denature,où certains principes s’en séparent pour conslituer certaines substances spécialement destinées à tels où tels usages, dégagent nécessai- remeant de son calorique. Dire précisément com- ment cela arrive, si c'est plus dans les altérations CAPILLAIRES. ba3 intérieures qu'éprouve le sang pour fournir à la nu- tritiou, que dans celles destinées à fournir à la sécrétion ou à l’exhalation, c'est ce que je ne sais pas. Seulement voici le principe général : il présente trois choses : 1°. entrée du calorique dans le sang avec toutes les substances qui réparent ses pertes; 2°, circulation en état combiné du calorique nou- vellement entré ; 3°. dégagement de ce fluide com- biné, pour former du calorique libre par les transformations, par les altérations diverses que le sang éprouve dans le système capillaire géné- ral, pour former les matériaux de diverses fonc- {ons, Le dégagement du calorique est donc un phéno- mène exactement analogue à ceux dont le système capillaire général est le siége. En effet, dans la nu- trition , il y a de même, 1°. combinaison des subs- tances étrangères nouvelles avec le sang; 2°. circu- Jation dans les gros vaisseaux de ces substances com- binées ; 3°. isolement de Ja substance nutritive pour pénétrer les organes. De même encore , les élémens des fluides sécrétés se combinent , puis circulent combinés, puis sortent du sang pour être rejelés au dehors. De même enfin, tout fluide exhalé se com- bive, circule, puis se sépare du sang. D'après cela, il est évident que, 1°. l’entrée des subs- tancesétrangères dansle sang par larespiration, par la digestion où même l’absorption cutanée, 2°. la com- binaison de ces substances avec le sang dans l’héema- tose, 5°. leur circulation dans le système artériel , sont trois phénomènes généranx communs aux sé- crélions , aux exhalations, à la nutrition et à la calo- b24 SYSTEMES rification ; qu'on me passe ce terme, car la produc- tion de la chaleur est une fonction, et non une pro- priété ; voilà pourquoi je crois que le mot caloricité estimpropre à l’ exprimer. Le calorique arrive donc au système capillairecom- biné avec la matière des sécrétions, avec celle des exhalations et celle de la nutrition. Le sang est le fluide commun quixésulte de toutes ces combinai- sons. Dans le système capillaire général , chaque par- tie se sépare ; le calorique pour se répandre dans tout le corps et sortir ensuite au dehors; les fluides des sécrétions pour soriir par les glandes; ceux des exha- lations pour s'échapper par leurs surfaces respecti- ves ;les nutritifs pour séjourner dans les organes. Il me semble qu’une explication qui présente la na- tare suivant toujours une marche uniforme dans ses opérations, tirant des mêmes principes tous ses ré- sultais, présente d'avance un degré de probabilité étranger à celle qui nous la montre isolant pour ainsi dire ce phénomène de tous les autres, par la manière dont elle le produit. Quelle que soit la manière dont le calorique entre dans le corps , cela est indifférent. Les végétaux qui n’ont point de poumon, mais des trachées et des ab- sorbans, les poissons qui ont des branchies, ont une température indépendante. Pour que la chaleur soit produite, il suffit que dessubstances étrangères soient sans cesse assimilées aux humeurs des corps organisés, et qu'après cette assimilation, ces humeurs, qu’elles soieutdu sang, comme dans lesanimaux à saug rouge, chaud ou froid , qu’elles soient de nature différente, comme dans ceux à fluides blancs et dansles plantes, = mt SR sis sr dan pe CAPILLAIRES. 525 il suffit, dis-je, que les humeurs éprouvent daus le système capillaire différentes trausformations. La respiration combine plus de calorique avec le sang; par conséquent il y a un dégagement plus con- sidérable de ce principe dans les animaux qui respi- rent par des poumons, que dans les autres ; et même dans les premiers plus les poumons sont grands, plus y a de calorique dégagé, comme le prouve la comparaison des oiseaux, des quadrupèdes, des cé- tacés dans les poissons, etc. Mais certainement ces variétés ne sont relatives qu'à l'intensité de la tempé- rature’: de là les animaux à sang froid et ceux à sang chaud. Les phénomènes généraux du dégagement de la chaleur restent toujours les mêmes, et dans les animaux à poumons et dans ceux qui en manquent, et dans les plantes. D’après ces principes, il est facile de concevoir la plupart des phénomènes de la chaleur animale. Le dégagement du calorique est toujours subor- donné à l’état des forces vitales. Suivant que la toni- cilé languit ou est exaltée dans une partie, celle-ci est plus ou moins chaude. Cette dépendance où est la chaleur de l’état des forces de la partie, est un fait que toutes les maladies et tous les phénomènes de santé nous présentent ; il est aussi réel pour la chaleur que pour les exhalations et les sécrétions. L’afflux plus grand de sang dans la partie enflammée et le plus grand dégagement de calorique, l’augmen- tation de ce dégagement dans la matrice , dans le nez et la menstrualion, les hémorragies actives na- sales, etc., l’ardeur de la poitrine et les héemorra- gies actives pulmonaires, etc, sont les effets d’une 526 SYSTEMES même cause, savoir, de l’augmentation des forces vitales de la partie. En général, toutes les fois que la tonicité augmente beaucoup, la chaleur augmente aussi : voilà pourquoi il ÿ en a un plus grand dégage- ment dans presque toutes les sueurs, les hémorra- gies, et même les sécrélions actives; tandis que ce fluide n’est point surabondant dans les sueurs, dans les hémorragies , dans les sécrétions que nous avons appelées passives » quelle que soit la quantité de fluide séparée du sang par celles-ci. Chaque système a son mode particulier de chaleur. Certainement il se sépare moins de calorique dans les cheveux, les ongles, l’épiderme, que dans tout autre système. Les organes blancs, comme les tendons, les aponévroses, les ligamens, les cartilages, etc., en fournissentaussi moins probablement que les muscles. Examinez les pates des oiseaux, où il n’y a que ces parties blanches; elles sont bien moins chaudes que le reste du corps. On n’a pas encore analysé la différence de chaleur de chaque système situé à l’intérieur :je suis persuadé que si on le faisoit avec précision , en isolant ceux qui peuvent l’être, de manière à ce qu’ils communiquent par les vaisseaux , on observeroit que chacun sépare une quantité différente de calorique, que par consé- quent il y a autant de températures particulières dans la température générale, qu'il y a de Sri 734 LE ‘ Jesuis persuadé quelesligamens, les cartilages, etc. se rapprochent sous ce rapport des organesides ani- maux à sang froid, et que si l’homme étoit composé d'organes analogues à ceux-là, il seroit bien inférieur CAPILLAIRES, 527 en température : à ce qu il est naturellement, Les Sys- tèmes qui dégagent le plus de calorique en commu- niqueut à ceux qui en dégagent moins. Siles cheveux étoient au milieu du corps, ilsseroient aussi chauds que les parties voisines, quoiqueleur température soit in- dépendante ; ils restent toujours inférieurs à celle du corps, parce qu'ils sont isolés. Chaque système a donc son mode propre de chaleur , comme chaque glande a son mode propre de sécrétion , chaque surface ex- halante son mode propre d'exhalation, chaque tissu son mode propre de nutrition; et tout cela dérive immédiatement des modifications que les propriétés vitales ont dans chaque partie. C'est en vertu de ce mode de chaleur particulier à chaque système, que chacun fait naître, pour ainsi dire, un sentiment différent dans son inflammation, Comparez la chaleur âcre et mordicante de l’érysi- pèle à celle da phlegmon, certaines chaleurssourdes, obtuses, avaut-coureurs des affections organiques, aux chaleurs aiguës desinflammations diverses; appli- quez la main sur la peau dans les différentes fièvres, vous verrez que chacune est presque marquée par un mode particulier de chaleur, Lescorpsanimaux seuls présentent ces variétés de nature dans la chaleur; les minéraux n’offrent que des variétés d'intensité. On concoit , d’aprèsles principes exposés ci-dessus, nou-seulement les altérations locales de chaleur, mais encore le trouble général qui survient dans son dega- gement , par l'effet d’une foule de maladies , soit que ce dégagement augmente , soit qu'ildiminue, soit qu'il affecte des irrégularités,commedanscertainesfièvres ataxiques, dans la phthisie où la paume des mains et b28 SYSTEMES L la face sont plus chaudes en certains cas, ete. Qui ne sait que souvent les extrémités étant glacées, le ma- lade sent une chaleur intérieure extraordinaire ? Il suffit que les forces du système capillaire soient dif- féremment modifiées, pour que la chaleur se mo- difie aussi différemment. Remarquezen effet que les altérationsde la chaleur dans les maladies sont aussi fréquentes que celles des sécrétions, des exhalations ,;et qu'ellesoffrenttou- jours, comme ces dernières, un trouble précurseur dans les forces vitales. Que les chimistes appliquent leurs théories à ces changemens morbifiques de la cha- leur, ils y trouveront nécessairement un écueil insur- montable;au lieu qu’en concevant ce phénomène com- me je l’ai dit, ces changemens sont une conséquence nécessairede l’étatoù les forces vitalessetrouventalors. Quand on court avec vitesse, que le sang est vio- lemment agité dans un accès de fièvre, il se dégage plus de calorique que dans tout autre temps. Cela prouve-il que ce soit la circulation générale qui serve au dégagement du calorique , que ce dégage- ment ait lieu dans les gros vaisseaux ? Non, pas plus que dans ce cas, l'abondance de la sueur prouve que le cœur en pousse la matière au dehors. Fortement excités par le choc du sang rouge qui est subitement accru, le système capillaire et l’exhalant sont forcés d'augmenter leur action : or un double effet re- sulte : 1°, dégagement plus grand de calorique, 2°, exhalation augmentée. Si la chaleur.est précipitée quand la respiration se fait. plus rapidement, cela paroît uniquement dépendre de ce que celle-ci n’est presque jamais PORT. ESS ET CAPILLAIRES. 529 accelérée, sans que la circulation le soit aussi. Cela est si vrai, que si vous faites pendant long-temps des inspirations et expiralions successives plus ra= pides, la chaleur n’augmentera pas. D'ailleurs, pour- quoi la chaleur s’accroîtroit-elle actuellement par Ja précipitation de la respiration ? Saus doute parce que plus d’air.entraut , dans uu temps donné, le poumon absorberoit plus d’oxigène, et par conséquent, selon l'opinion des chimistes, plusde calorique se dégageroit, Mais qu'on présente plus ou moins de ce principe au sang, il n’en absorbe pas davantage. Dans l'inspiration ordinaire, l'air en contient beaucoup plus qu’il n’en peut passer dans ce fluide. Lorsqu'on le fait respirer pur à un animal, le sang ne rougit pas plus, parce qu'il en passe toujours la même quantité. De même vous aurez beau présenter quatre fois plus qu’à l’or- dinaire de substance nutritive aux voies alimentaires, il ne se formera pas plus de chyle, les iactées n’en absorberont pas davantage; seulemeut il ÿ aura plus d’excrémens , ou le vomissement rendra le superflu. L'état de la respiration n'influe donc point sur la chaleur actuelle du corps; elle n'y concourt qu’en introduisant habituellement une quantité plus ou moins considérable de calorique combiné. C'est comme cela que les animaux qui respirent le plus ont le plus de chaleur habituelle, Comment un animal, respirant un air très-froid, mangeant des alimens presque privés de calorique, etc., dans les latitudes australes, peut-il avoir aussi chaud que dans les climats brülans ? C’est que ce n’est pas le calorique libre contenu dans les parties, mais le combiné qui, s'introduisant dans le sang avec les le 35 b5o SYSTEMES substances étrangères, fournit les matériaux de celui qui se dégage dans le système capillaire général. Or le calorique combine est absolument indépendant de la température. Autant de feu jaillit de la même pierre, par le briquet, dans les pays les plus froids, que dans les plus chauds. Fout le calorique combiné avec le sang rouge + ne se dégage pas pendant que ce fluide traverse le sys- tème capillaire général; il'en reste encore de combiné avec le sang noir. Voilà pourquoi, dans lés premiers momens de l’asphyxie, ét avant que la mort soit sur- venue, quoique par l'interruption de la respiration, tout le sang qui arrive par les arlères dans les capil- laires soit noir, cependant lachaleur continue encore d’avoir lieu pendant quelque temps. Lors même que le contact du sang noir a interrompu toutes les grandes fonctions, celles du cerveau , des muscles, du cœur, du poumon, elc., il paroît que le sang noir éprouve encore alors pendant quelque temps, uneéspèce d’os- cillation dans le système capillaire, par laquelle il se dégage un peu de calorique. Voilà comment les as- DRASS par le charbon, les pendus, les animaux péris dans le vide, les apoplectiques, etc., conservent très- long-temps leur chaleur après la mort, comme tous les médecins l'ont observé. Ce phénomène n'est point du reste particulier au cas qui nous occupe. En ouvrant des cadavres à l'Hôiel-Dieu , j'ai observé quelle temps de la perte de la chaleur animale est très-variable ; qu’un cadavre reste chaud pendant plus ou moins long-temps, sur- tout parmi ceux qui sont morts promptement d’une affection aiguë, par exempie dans le transport d’une RO NE ESS PR PTE TS RTS CABRBLLAIRES, 531 fièvre ataxique, dans wyie chute, etc., ele, camceux ‘quilont péri d'une maladie chronique pérdent pres- quétout,dé suite leur calorique, La différence chez. lesspremiens estsouveht de trais, quatre ; six'héures même. Ge phénomène ent à_ce que toutes les fois queda miont:esL promptf « élle v'internompt que les graudes : fonctions ; à l'acuou lonique des)parties sub- siste encore pendant plis: où moins long-tewps. Or celle 4cuiom degagé ehçbre uh peu dé calorique du saïg, quisse trouve. dansilesÿstèrne général. Ainsi, dans Jes-morts violentes ,[l absor plion, a-t-elle encore lieu:quelque: Lelmps: apues la mort; ainsi.les muscles frémissent-ils ,eneore j:;ainst) peut-être des, glandes preunentrelles pendant quelques. heures,dans le sang qui; ;est résté: dans: leur système capillaire ; les maté- riaux: propres. à la sécrétions: , . Sete | ingalité dames laghaleur dés M ma ne peut. venir,que de la gauseque]: indique; car-quaud. le dé- gages nt; dugalorique.aseessé dans le corps, celui qui, y. peste 5e meb en équilibre. avec celui. de: J'air. extérieur :S@Vant les. lois geuérales decet équilibre, Owces lois étantuniformes,-leur effet devoit être le même danstous les css Voilà.donc dés phéuomènes,, ainsi que ceux rappottés plus. haut ; évidernment in- compatibles, aveé toute. autre théorie qu'avec celle qu suppose le calorique sè ‘légogean dans le sys- tème capillaire général. Les syipalhies ont, comme on le sait, la plus grande influence sur la chaleur. Suivant que telle ow télle partie est affectée, ilse dégage dans d’autres plus ou moins de ce fluide, Un froid glacial se répand souvent dans la syncope. Les ulcérations du poumon 532 SYSTEMÉS rendeñt brülante la paume des mains. Dans d’autres affections, €’est la tête’ qui semble être un foyer plus actif de chaleur. Souvent dans une fièvre; le malade a chaud dans un éndroit ;'et froid dans un autre. Com- ment tout celaarrive-t-1l? le voici : l'organe affecté agitsympathiquement sur les forcestoniques de la par- tie; celles-ci en s’exaltant font qu'il s’y dégage plus de calorique que de coutume :’c'est exactement comme dans les sécrétions où Jesexhalations sympathiques. Que les forces vitales s’exaltent par un'stimulusdi- rectement appliqué, où par l'influence sympathique qu’elles reçoivent dans une partie, c’est absolument la même chose pour l'effet qui en résulte. tn Il faut bien distinguér cette augmentation sympa- thiquede chaleur, d'avec celles quisont produitespar une aberration de la perception, comme ‘quand nous croyons avoir très-chaud outrès-froid dans'une partie, que nouséprouvons méme une sensation exactement analogue à celles qui sont naturelles, quoique cepen- dant T partie à laquelle nous rapportons celte sen- sation soit dans son état naturel, que ni plas hi moins de calorique ne s’y dégage. C’est comme quand nous croyons sentir de la douleur àl’extrémité ampütée d’un membre. C’est une aberration de la‘ pércéption ; c’est véritablement une sympathie de sensibilité ani- male , au lieu que la précédente est une sympathie de contractilité organique insensible ou de tonicité. C'est cette dernière propriété quiestaffectée:le dégagement du calorique n’est que consécutif; il a lieu comme à l'ordinaire , ainsi que la perception qui ent indique la présence. Une main étrangère appliquée sur la partie ne sent rien de nouveau dans le premier cas, dont PS. DR SET + CAPILLAIRES. d33 je parlerai du reste dans les systèmes suivans : elle éprouve une sensation plus chaude dans celui-ci. De même, si l'effet de l'influence sympathique est de di- minuer les forces toniques, il y aura un moindre dégagement local de ce fluide , qui sera également perceptible et à l'individu.et à un autre qui applique la main sur la partie. Les maladies nous fournissent à tout instant des exemples de ces phénomènes re- Jlaüfs à Ja chaleur , et que toute autre théorie que celle que je présente ne pourroit visiblement ex- pliquer. | Il est un phénomène assez difficile à bien con- cevoir dans celte théorie comme au reste dans toute autre ; c'est la faculté qu'ont les animaux de résister à la chaleur extérieure. Tout corps inerte se met au ni- veau. de celle du milieu où il est. Tout corps orga- nisé au contraire repousse le calorique qui tend à le pénétrer dans des températures supérieures. Peut- être cela tient-1l à des lois de la propagation du ca- lorique,quenousne connoissons pasencoretrès-bien. On me demandera sans doute ici pourquoi dans l'état ordinaire il ne se dégage qu’une quantité déter- minéé de calorique , de manière à produire une tem- pérature habituelle de tant de degrés du thermo- mètre. Je répondrai que c’est par la même cause qui fait.que davs l’état ordinaire le pouls bat à-peu-près tant de fois par seconde, qui fait que la respiration moyeñne.se compose de tant d’élévarions et d’abais- semens des côtes, etc., etc. Il est des phénomènes qui tiennent. à l’ordre immuable primitivement établi , et à l'explication desquels 1l est impossible de re- monter, Seulement il paroit que cet ordre immuable 234 1 SYSTEMES dépead: du- type primitié: ‘qui à été imprimé aux forces vitales, type qi, quand rien bé Jes excite ou ne les diminue, donne lieu toujours à des phé- nomènes-a-peu-près lugiformes; mais comme mille causes des font varier ; mille fois le pouls, la respira- tion}; Ja chaleur, etc. ete.; sont susceptibles de dif- féver. J'observe cependant à J'occasion de cette der- uière ; que ces variations ont des termes moins ex- irêmes que celles de ‘beaucoup. d’autres fonctions, Comparez, par exemple, la quantité ordinaire des {luides sécrétés ei des fluides exhalés, aux augmenta- tions qu'ellé éprouve en certaines circonstances, l'état habituel du pouls aax-exacerbations qu'il prénd dans une foule de fièvres ,‘etc., vous verrez qu'entre l'état naturelet l’état contre nature, ily a souvent une énorme différence. ‘Au contraire la chaleur né s'élève jamais que de quelques degrés'au-dessus de la température du corps. Lorsmême que nous irou- vons, en ‘touchant les parties , une tres-grande diffé: rence , lé thermomètre nous apprend 4e elle est en effet assez légère. J'observe, en finissarit cet article , que je n’ai point cherché ày préciser comment le calorique se dégage dans le système capillaire; suivant quelle proportion ils échappe, dans quel rapport ilest avec le sang rouge ou le sang noir, ele. :tout cela ne peut être soumis à aucune expérience. Contentons-nous dans nos théo- ries d'indiquer les principes généraux , d'établir sur- toutdes analogiesentreles fonctions qui sont connues et celles qu’on cherche à expliquer , d'offrir quelques aperçus; mais ne hasardons jamais des explications rigoureuses.:On a cherché dans ces derniers temps à : ! CAPILLAIRES. 535 fixer avec précision quelle quantité d'oxigène est ab- sorbée , quelle quantité sert à produire l’eau de la respiration , quellequantité de gaz acide carbonique est formée, quelle somme de calorique se dégage, etc. Cette précision seroit avantageuse sinous pouvions l’alteindre ; maïs aucun phénomène de l’économie vi- vante n’en est susceptible dans les explications aux- quelles il donne lieu. Les chimistes et les physiciens, accoutumés à étudier des phénomènésauxquels prési- dent les forces physiques , ont transporté leur esprit de calcul dans les théories qu'ils ont imaginées sur ceux que régissent les lois vitales. Mais ce n’est plus cela. Dansles corps organisés, l’esprit des théoriesdoit être tout différent de l'esprit des théories appliquées aux sciences physiques. Il faut dans celles-ci que tout phénomène soit rigoureusement expliqué; que, par exemple, pour l'hydraulique, toutes les portions des fluides soient calculées dans leurs mouvemens ; que, pour la chimie , on puisse savoir la dose , la somme précises de Llonstin des élémens qui se combinent dans les transformations que les corps éprouvent. Au contraire, toute explication physiologique ne doit offrir que des aperçus, des approximations ; elle doit être vague , si je puis me servir de ce terme. Tout calcul, tout examen des proportions des fluides les. uns avec les autres, tout langage rigoureux doivent en être bannis, parce que nous connoissons encore si peu les lois vitales, elles sont: sujettés à tant de variations, que ce qui ést vrai dans le moment où nous’ étudions un fait, cesse dé l’être dans un autre moment , et que l'essence des phéno- mènes nous échappe toujours; leurs résultats géné 536 SYSTÈMES raux seuls, et la comparaison de ces résultats les uns avec les autres, doivent nous occuper. ARTICLE DEUXIÈME. Système Capillaire pulmonaire. J'arverze ainsi l’ensemble des ramifications fines et délicates qui servent de terminaison au sang noir et d’origine au sang rouge, qui finissent par conséquent l'artère pulmonaire, et donnent origine aux veines de même nom. Les capillaires moyens aux artères et aux veines bronchiques sont étrangers à ceux-ci, n’ont avec eux aucune communication, et appartiennent visiblement au système capillaire général. & Ie. Rapport des deux Systèmes capillaires, pulmonaire et général. En comparant le système précédent à celui-ci , on conçoit difficilement comment ils peuvent se corres- pondre exactement, comment le pulmonaire peut transmettre non-seulement tout ce qui passe par le général, mais encore toute la lymphe qui revient des surfaces séreuses et des cavités cellulaires, tout le chyle qui entre par la digestion , etc., etc. Il semble impossible, au premier coup d’oœeil, que dans la balance de la circulation, ces capillaires puissent, constamment et régulièrement, faire équi- libre avec ceux de tout le corps. Cependant, en ré- ? fléchissant un peu aux phénomènes de cette fonc= ( P ÿ \ ! | ) tion, on voit que la discordance n’est qu'apparente. PP TN TT ST Re Te TR CAPILLAIRES. b57 Quoique le système capillaire général soit par- tout disséminé, cependant la portion où circule le sangest beaucoup plus rétrécie qu'il ne le semble au premier coup d'œil. D'abord, il y a une grande partie des vaisseaux de ce système où des fluides différens de celui-là se meuvent et oscillent en di- vers sens. Ensuite, là où le sang les pénètrent spé- cialement, comme dans les muscles, les surfaces muqueuses, etc., une portion considérable de ce fluide, de sa substance colorante surtout, est en état combiné, et non en état de circulation. Si on coupe un muscle transversalement sur un animal vivant, l'inspection démontre évidemment ce phé- nomène, qui, Joint au précédent , diminue tout de suite de plus de moitié le sang qui , au premier coup d'œil, paroît se mouvoir dans le système capillaire général. Cependant , il est évident qu’il en reste beaucoup plus habituellement dans ce système qu’il n’en séjourne dans le pulmonaire : il suffit pour s’en con- vaincre de fendre le poumon sur un animal vivant. D'après cela, il est évident que si le cœur présidoit au mouvement du sang dans le système général, que si par conséquent tout celui qui y est contenu éloit poussé dans les veines à chaque pulsation, les capillaires pulmonaires seroient insuffisans pour le transmeltre;s mais il n’en sort habituellement qu’une quantité déterminée et proportionnée à celle que les poumons peuvent recevoir. C’est à-peu-près comme lorsque les veines sont très-dilatées, qu’elles contiennent par conséquent beaucoup de sang, et que plus de ce fluide n’arrive pas pour cela au cœur, 538 ‘ SYSTÈMES parce que, comme je l'ai dit, la vitesse est alors en raison inverse de la capacité. | D'ailleurs plusieurs causes détournent à chaque instant le sang du système capillairé général de la di- rection qui le porte de artères dans les veines : ces ‘causes sont surtout les exhalations, les sécrétions et la nutrition. Ce système capillaire est, comme je l'ai dit, un réservoir commun d'où le sang se porte dans des directions toutes differentes et même opposées, d’une part dans le sens des veines, d’une autre dans celui des exhalans , d’une autre dans celui des excré- teurs, d’une autre enfin dans celui des vaisseaux nutritifs. Au contraire, dans le syslème capillaire pulmonaire , il n’y a qu’une seule impulsion , qu’une seule direction ; c’est celle qui porte de l'artère aux veines pulmonaires le sang, qui, dans ce mouvement, p’est distrait par rien; car en passant du noir au rouge, ce fluide ne sert à aucune fonction ; il n’a point de vaisseaux vers lesquels son mouvement se dirige, autres que les veines pulmonaires. C'est donc là une grande différence du sang des capillair es pulmonaires ét de celui de toutes les parties; savoir , que le prémier n'est mu que dans une seule direction, que tout celui qui arrive dans le poumon se meut à l’ins- tant dans cette direction; au lieu que le second obéit à quaire ou cinq directions différentes. D’a- près cela , ce dernier doit nécessairement osciller et Yarier dans ses mouvemens, suivant qu'il est appelé plas ou moins vivement, qu'on me passe ce terme, par lesexhalans, les excréteurs, les vaisseaux nour- riciers ou les veines; au lieu que le second n'ayant ‘qu'une voie pour s'échapper, la suit constamment et ! CAPILLAIRES. 539 avec uniformité, Cessons donc de mous étonner de Ja disproportion de capacité qui existe entre les deux systèmes capillaires. Le voisinage et l'éloignement du cœur sont en- core une cause réelle qui tend à établir l'équilibre entre les deux systèmes: En effet, nous avons vu quechaquecontractiondaventricule gauche imprime uo mouvement subit à toute la masse sanguine con= tenue dans:les artères’, et qu'à l'iistañt où cette masse aûgmente d'un‘côté , elle diminue de l’autre par da:portion qu'ellé envoie dans les cufillaires de tout le corps; en sorte que le mouvémenñt artértel n'est pas progr essif, mais subit et instantané; qu: ‘au même instant la colonne de sang aortique s'accroît vers le cœur et diminneàses dy ramifications, et'que le fluide chasse du cœur à chaque contraction, n'arrive aux capillairesqu’au bout de plusieurs ,puis- que celui qui sort actuellement de cetorgane ne peut parvenir à ces vaisseaux que quand tout celui qui est dévant lui y est arrivé. Même phénomène ékac- tement pour lé sang noir, dans l'artère pulmonaire, Done, plus le trajet est long, plus il faut de temps au sang pour arriver äux capillaires, et pour les tra verser par conséquent : donc, le sang parti du ven- trieuledroit doit rester beancoup moins pour arriver à l'oreillettegauche, qué celui fourni par le ventricule gauche me doit demeurer pour arriver à l'oreillette droite : donc, quoique, dans ce qu’on nomme com- munément la petite circulation, la vitesse ne soit pas plus grande , lés espaces parcourus étant moindres, le temps employé à les parcourir est moindre aussi: donc, l'excès du fluide contenu dans les divisions 540 SYSTÈMES de l'aorte, dans le système capillaire général, et dans les veines générales, sur celui renfermé dans l’ar- ière , les veines et le système capillaire pulmonaires, est compensé par le temps que le second met à par- courir son trajet, et qui est court en comparaison de celui que le premier emploie à faire le sien. On voit, d’après cela, pourquoi dans les animaux où le poumon, pour la circulation , est en opposition avec tout Je corps, la nature a constamment placé cet organe à côté du cœur. Si l’un étoit à la tête et l'autre auond du bassin , l'harmonie seroit inevita- blement rompue. S IT. Remarques sur la Circulation des Capillaires pulmonaires. Puisque le sang de toutes les parties traverse habi- tuellement le poumon, il est évident qu’une lésion des fonctions de ce viscère doit se faire ressentir dans toutes les parties. Les phénomènes des asphy- xies#prouvent que cela arrive en effet. C'est sous ce rapport qu'il est immédiatement lié à la vie, et que les anciens médecins avoient placé ses fonc- tions parmi celles qu'ils nommoient vitales. On conçoit aussi pourquoi les inflammations pul- monaires portent un caractère si particulier ; pour- quoi une foule de phénomènes les distinguent des autres. Aucun organe intérieur ne s’enflamme plus souvent que celui-ci. Quand l'expérience ne le prouveroit pas au lit du malade, les ouvertures ca- davériques suffiroient pour en convaincre. Ontrouve en effet autour des poumons des traces extrême- ment fréquentes d'anciennes inflammations,des adhé- CAPILLAIRES. 54r rences de la plèvre en particulier ; phénomène si commun, que j'ose assurer qu'il y a bien plus de cadavres qui en sont affectés, qu'il n’y en a où la plèvre est intacte. C'est là une différence essentielle de cette membrane d'avec. toutes lés autres ana logues, différence qu’elle doit au voisinage de l’or= gane qu’elle enveloppe. Diverses causes concourent à cette fréquence très-grande des: inflimmations pulmonaires. 1°. Le poumon est, parmi les organes intérieurs, le plus exposé aux 1irritations directes, soit par l'air qui le pénètre habituellement et qui peut l'irriter, soit par les substances hétérogènes dont il est le véhicule’, soit surtout parles vicissitudes de froid et de chaud qu’il présente. 2°.:Cet organe ést lié par les sympathies les plus nombrenses aveé les autres systèmes, avec le cutané par exemple ; en sorte que peut-être , sous le rapport de l’inflamma= tion ;une suppression de transpiration influence.au! tant le poumon lui seul que tous les autres orgaües réunis. Cela dépend sans doute de ce que lui seul répond à tous les autres par les capillaires. Quand le poumon s’enflamme, est-ce le sang rouge de l'artère bronchique qui afflue au point irrité ; ow le sang noir de l’artère pulmonaire? Je croïs diflcité de décider cette question par l'expérience ; mais l’inss pection cadavérique paroît prouver que le second! y est pour beaucoup. Enieffet, ce viscère S'engorge souvent avec une How pritade telle qu’on à peineà croire comment Ja première pourroit seule fournir} Quelquefois, ce qui n’arrive pas toujours cependant, on peut, pour ainsi dire ; suivre les progrès de cet en: gorgement par la percussion qui est infiniment moins | b42 SYSTÈMES sonore le soir que le matin. L est mort ; il ya-deux mois, un malade dans ma salle, où la différence étoit sensible. d’heure en heure. Sans doute lamarche est bien moins rapide dans le plus grand nombre des cas : mais dans ceux-là , il est hors de doutei que ie sang noir a concouru à l'engorgement du poumon. ; Aucun organe dans l'économie atiimalen’acquiert, par l'inflammation, un volume: aussi considérable ; en;si peu. de: temps, et -unrexcès de .pesanteur aussi) grand que:celui-ci: Tous ceux qui font desiouver: tures de cadavies le savent. Voyez le: poumor d’uw péripneumenique;en le fendant, vous diriez au pre:: mier coup d'œil que ce sont les: solides qe ÿ sont augmentés : la souvent comme l’aspectduifoierdäns la masse pesante: qu'il représente: mais mettezté macerer; bientôt tout s’échappera:en fluides. Or examinez comparativement læ peau, l'estomae;'le foie, lesreins, etc., devenus lésiége-d'une inflimma:: üon,aigué, qu a-faw succomberle sujet; 1lscnelpre- sentent rien d’approchant.de ce surcroît évormerde fluide, dont, le poumon enflammeé dabs sa sûlistance: est due ge. Nou-senlemenf: Fespace: dés) cellüles est rempl LE Anais los ‘gâne est encort, dijaté, de-héaut. coup. J'ai euoccasion d'ouvririsotivent:desupéri= pneumoniques chez lesquels un des poumohs éioib entièrement sain-:.0v , la disproportion,de pesanteur avec celui. affecté...étoit!incomparablement plus grande que’ celle d’un rein: -enflammé: ne: l'estsue celle, du ste same ntm el inscen Sons Ce phénomène, dépend évidemment decçe.que le poumon reçoit à Jui seul autant, de sang queilout le corps, de ce que quand uieinflammation de ce vis CAPILLAIRES. 43 cère gêne le cours des fluides ; il pen s’y en accumu- ler. une très-urande quantité en un,temps donné. Cependant, cen’est point, à proprement parler , le sang qu’on trouxe gorgeant. les poumons péripneu- moniques; le fluide paroët blanchâtre en suintant par pression ; on diroit que c'est; une espèce de pus. On, a parlé beaucoup des vomiques à la suite de la péri- pneumonie ; mais elles sont extrêmement rares; Je: poumon est presque loujours, inilur é;lefluidenes' Y: ramasse point en un sac. Ti HénaR Y a-t-ildans l’inflammation, Er passage, du sang dans des vaisseaux qui ne le charient point ordi-, nairement, comme cela arrive/si évidemment sur, Jes, sur facesséreuses,surla conjonçlive, enflammées,e1c.? Je ne le crois pas; çar on ne connoît point, dans, Je poumon de vaisseaux différens des,s sanguins. Ilparoît évident que le sang ou les autres, fluides infiltrent le tissu pulmonaire dans lequelilssont désosés par exha lation. Il est hors de doute que dans certains, phleg- mons, cefluide passe, comme je Le dirai, dansJes cel- Jules du tissu cellulaire : or, il paroit qu'ilen ARE ici de même. En rompant ou,en fendant nn pour enflammeé , on voit évidemment que.lout son LISSU, # engorgé, infiltré; au lieu qu'en examinant, une sur- face séreuse : enflammée, onaperçoit, le sang évi demment contenu dans. les capillaires. 1, . C'est une grande erreur: de vouloir se, représenter ] ’isflammation comme étant. par-lout. la. MÊME; comme offrant toujours les fluides... ainsi que leurs vaisseaux , dansle même état, Boexhaave CROYQIPAE exemple qu'il née pouvoit y'ayoir inflammation sans erreur de lieu. L y a, suivant l'étal des, parties leur B44 SYSTEMES structure, leurs propriétés vitales, mille modifications diverses dans le nouvel ordre anatomique que cette affection donne aux organes. Ce qui constitue l'essence de l’inflammation, c’est 10. l'irritation de la partieenflammée, 2°. les modifica- tions nouvelles que ses forces vitales ont prises en vertu de cetteirritation , 30. la stase consécutive des humeurs autour d’elle. Mais de quelque manière que les humeurs se trouvent arrêtées ; qu’elles séjournent dansle système capillaire ; qu’elles s'engagent dansles exhalans ; qu’elles soient versées dans lés aréoles voi- ses, en s’extravasant, elc. ; ce sont des effets diffé- rens qui tiennent à la différente organisation des par ties ; mais le principe est toujours le même ; c’est tou- jours la même maladie. Si nous pouvions bien analyser l'état de tous les systèmes enflammés, nous verrions que dans aucun, peut-être, l'inflañmäation ne sé res- semble. D'ailleurs, la diversité des symptômes qu’elle présente , diversité dont j'ai déjà parlé, prouve bien que l’état des solides et des fluides n'est pot le même. Comment se fait-il que tout le sang du-corps puisse traverser le poumon dans certains phthisiques où cet organe estréduit à près de moitié ? J'observe à cesujét, qu’il y a d'autant moins de sang dans lés gros vais- seaux , que le poumon est plus ulcéré. La diminution de ce fluide est remarquable dans beaucoup d’affec- lions organiques, mais spécialement dans celles-ci, comme l’a observé le citoyen Portal. Certainement si un phthisique au dernier degré avoit autant de sang qu'il en présentoit avant sa maladie, la circulation ne pourroit se faire chez lui, ou'au moins 1} ÿ auroit CAPILLAIRÉS, 545 un reflux constant vers l'oreillette droite, Qui ne connoit le pouls petit , foible quoique fréquent, sur- tout le soir, des phthisiques ? Comparez-le au pouls d'une fièvre inflammatoire, où il y a visiblement pléthore; vous verrez que ce sont réellement les deux extrêmes. Je feraimème une observation générale à ce sujet, c’est que , dès que les forces s’affoiblissent dans nos organes , ou que la vie y languit , le sang diminue presque constamment à proportion ; en sorte que ce fluide pouvant être concu dans le système capillaire comme larésistance opposée à la puissance des petits vaisseaux, la proportion reste toujours la même entre celle puissance et cette résistance. Il faut que tout soiten rapport. Si on vouloit transfuser du sang dans un phthisique, on le tueroit, parce que les forces des solides ne correspondroient point au surcroît d’ac- tion auquel ceux-ci seroient obligés, La circulation des capillaires pulmonaires est, comme celle des autres , sous l’influence des forces toniques de la partie, et non sous celle de }’ impul- sion du cœur. Cette impulsion finit à lextrémité des rameaux de l’artère pulmonaire. Donc, dans l’inflam- mation du poumon, le sang n'est pas mécanique- ment arrêté dans cet organe ; donc, quand vous saignez, ce n’est pas pour que le vis à tergo diminue. Vous tireriez dix palettes au malade , que le poumon ne se dégorgeroit pas le plus communément ; il seroit moins fatigué par l’abord moindre du sang; mais celui qui stagne dans le système capillaire y reste- roit toujours. Tant qu'il y aura un point d’irritation, ce point sera pour ainsi dire un aimant qui attirera le : le 36 546 | SYSTÈMES sang, et qui changera complètement sa direction # elle éloit auparavant de l'artère aux veines; elle sera uniquement vers le point irrité. La saignée agit donc alors, 1°. en diminuant le sang qui aborde au pou- mon, et En faliguant moins, par conséquent , cet organe malade; 2°. en diminuant l'irritation du so- lide, qui appelle le sang, et le retient autour d’elle, L’excitation habituelle que l’air porte sur le sys- ième capillaire pulmouaire est favorable à sa circu- lation ; mais le sang peut le traverser sans cette texci- tation, comme mes expériences indiquées ailleurs l'ont prouve. $ IL Æ/ération du Sang dans les Capillaires pulmonaires. Îl se passeici l'inverse de ce qui arrive dans les ca- pillaires généraux: le fluide, de noir qu’ilétoit, devient rouge. Nous avons déjà bien quelques données sur les causes de ce phénomène ; mais Je crois qu'avant de proposer une explication solide, de nouvelles expé- riences ont besoin d’être faites. Cela est d'autant plus nécessaire,que si on savoit bien comment le sang noir devient rouge, il paroît qu'on sauroit par là même comment le sang rouge devient noir. J'ai exposé les phénomènes de cette coloration dans mon ouvrage sur la vie et la mort; il seroit superflu de les présenter de nouveau. On y trouvera aussi beaucoup de détails sur la circulation des deux sys- ièmes capillaires que je ne répéterai point icis CAPILLAIRES. 547 $ IV. Remarque sur l'état du Poumon des Cadavres. J'appuicrai seulement ici sur une remarque déjà faite dans le même ouvrage , sayoir , sur la fréquence extrême des.engorgemens pulmonaires dans les der- miers momens. Comme le poumon recoit à Jui seul le sang de tout le corps, dèsqueses forces s’affoiblisseut, le sang y stagne , s'y accumule:,eu sorte que, suivant l’état de ses forces dans les derniers momens, et quelle qu'ait été la maladie, cet organe est plus ou moins pesant, plus ou moins rempli de fluides. A peine le trouve-t-on deux fois dans le même état, T'ous les sujets qui meurent dans l’agonie présentent ces en gorgemens. Aussi, comparcz,les poumons des cada- -vres de nos amphithéâires à ceux des animaux tués dans les boucheries ; ils sont absolnment différens. L'organisation est presquetoujours masquée dans les premiers par les fluides qui les surchargent. On ne peutbien étudier cette organisation que dans les su- jets morts d’hémorragie ou dans une syncope. Dans Ja plupart des autres, il est impossible de rien distin- guer. Voilà sans doute ponrquoi on connoit encore si peu la structure intime de ,ce viscère important, comme la description que j'en donnerai Je prouvera , je l'espère. J'ai montré ailleurs comment on peut.à volonté accumuler une plus ou moins grande quan- tite de sang danse poumon d’ün animal , suivant Ja manière dont on le fait perir. Aucun autre organe, dans l'économie, ne pré sente ces extrêmes variétés d’engorgemens à l’ins- tant de ia mort, d’une manière si sensible au 548 SYSTEMES CAPILLAIRES: moins, parce qu'aucun n'est un centre circulatoire comme le poumon : le foie ne fait pas même excep- tion, comme Je l’ai dit. A cet égard, ceux qui ouvrent des cadavres, et qui examinent l’état du poumon, doivent soigneusement distinguer l’engorgement qui tient à la maladie de celui qui peut être l'effet de la gêne de la circulation dans les derniers instans. Je suppose deux affections de poitrine exactement sem- blables par leur nature , leur durée , et les deux su- jets qu’elles attaquent : qu’une syncope finisse la vie de l’un d’eux, que l’autre au contraire termine la sienne dans une longue agonie où il aura le râle, comme on dit; certainement le poumon du second pésera beaucoup plus que celui du premier. Il est très-probable que, pendant la vie, le poumon se trouve aussi dans des degrés très-variables d’'en* gorgement. On sait que la plupart des maladies chro- niques de cet organe occasionnent, quand les malades se livrent à un exercice un peu violent , des étouffe- mens, des oppressions, elc., qui ne paroissent dus qu’à la surabondance du sang, lequel, ne pouvant traverser ce viscère aussi vile qu’il y est poussé, s’y arrête , et gêne l’entrée et la sortie de l'air. Il n’y a, dans l’économie, que le poumon et le cœur dont les maladies soient constamment accom- pagnées de ces oppressions, de ces étouffemens. Cela est sensible pour ce dernier organe, dans les ané- vrismes , quelquefois dans les ossifications, etc. LL 0 PPS SSL SP PP LS TN SPRL SYSTÈME EXHALANT. L'exnacarion et la sécrétion sont deux fonctions analogues, en ce que toutes deux séparent du sang des fluides différens de lui , et les versent sur des surfaces où ils servent à divers usages. Mais voici leurs différences. 1°, Dans l’exhalation il n’y a point d’organe inter- médiaire auxartères et aux exhalans; un réseau capil- laire seul les sépare ; tandis qu’au contraire toujours un organe intermédiaire existe entre les excréteurs et les artères ; c’est dans cet organe que se trouvent les _capillaires où commencent les secondes et finissent les premiers.2°.Les machines organisées qui élaborent les fluides sécrétés sont donc beaucoup plus compliquées que celles où se séparent les fluides exhalés, Aussi les premiers , tels quela bile, l'urine, la salive, etc., d’une part diffèrent essentiellement du sang, et de l’autre partsont très-composés; tandis que les seconds,comme la sérosité, etc., d’un côté se rapprochent beaucoup de certaines portions du sang, et d’un autre côté sont très-peu composés, ne contiennent que peu d’élémens. Ce double caractère distinctif dans l’une et l’autre es- pèces de fluides, me paroïit extrêmement tranchant. 3°.Les fluidesexhaléssontversés par uneinfinité de pe. tits conduits isolés les uns des autres; les fluides sécré- tés, au contraire, se ramassent dans un ou quelques conduits principaux quiles versent sur la surface oùils s’abouchent. 4°. Les premiers rentrent en grande parlie dans la circulation après en être sortis; les se- 550 SYSTÈME conds, au contraire, paroissent essentiellement des- tinés à éfre rejetés au dehors. 5°, Une foule de par- Lies reçoivent les uus; ils se déposent sur les surfaces séreuses , muqueuses, synoviales, cutanée, dans le tissu cellulaire ,et même dans toûs les organes pour la nutrition. Les surfaces mtiqueuses èt cutanée, les premieres surtoût, sont les seules où les autres soient versés. I résulte, de toutes ces considérations , qué les fluides exhales, come la graisse, la séxosité, la sy- novie , la moelle, etc., diffèrent esstifiéllement des fluides sécrétes tels que la bile, l’üriné’, a salive, les flridés-miqueux, prostatique , spermatiqué, pan- créatique, elc. Cette différence paroït avoir frappé uñ grand nombre d'auteurs; cependant la plupart se sout servis du mot de sécrétion pour éxprimer la sé- paration des fluides exhalés de la masse du sang. Je’ crois bien qu'il ya beaucoup d’analogie entre les exha- lations et les Sécrétions. Dans toutes deux, il y à le système capillaire, comme je l’ai dit, entre le vais- seau qui apvorte et celui qui exporte; mais assuré- ment le système capillaire est tout différémment är- rangé dañs une glande, que dans une surfaceséreuse, par exemple. Par-tout où il y a exhalation, il n'y a bien certainement que le système capillaire; mais là où il y a sécrétion , l’organe sécréleur est trop consi- dérable pour ne pas admetire quelque chose dé plus. Au reste, en se fondant sur l'inspection , et sans vou- loir examiner la nalure intime des organes, il est évi- dent que là où il y a sécrétion, il y a une glande, et que celté glande manque là où il y à exhalation. EXHALANT. .. b5r ARTICLE PREMIER, Disposition générale des Exhalans. 6 Ie". Origine , trajet et terminaison. Lzrs auteurs se sont formé des idées très-différentes surles exhalans. On connoît les vaisseaux décroissans de Boerhaave , et l'erreur de heu pour laquelle son imagination les avoit créés. Dans ces derniers temps, on a rejeté tous les vaisseaux blancs faisant suite aux artères; et pour expliquer l’exhalation, on a eu re- cours seulement à des porosités inorganiques des pa rois artérielles, par lesquelles les fluides transsudent sur les organes. L'observation fréquente de transsu- dations semblables sur le cadavre , comme ceHes de la ile à travrs la vesicule, de la moelle à traversle tissu osseux qu'elle jaunit,etc., estune des grandes bases de cette manière d'envisager le système exhalant. Mais mous avons déjà plusieurs fois observé que ces phé- nomènes n’ont jamais lieu pendant la vie , où la sen- sibilité organique des parties se refuse à les produire. D'ailleurs Pexhalation est évidemment soumise à l’in- fluence des forces vitales, puisqu'elle varie constam- ment dans une pârtie, suivant que les forces vitalesde cette partie y sont elles-mêmes variables, Déplus, si si les fluidesexhalés s'échappoient par des porosités inorga- niques, ilfaudroit que non-seulement les parois vas- culaires , mais encore celles des surfaces séreuses qui recoivent ces fluides , fussent criblées de petits trous : or comment alors les {luides dont elles sont les ré- servoirs ne transsuderoient-ils point dans le tissu 952 SYSTÈME. cellulaire voisin? Rejetons donc toute espèce d'opi- nion où l'observation anatomique n’est pour rien , et attachons-nous à rechercher d’après cetteobservation ce que sont les exhalaus. Il est difficile sans doute de se former une idée pré- cise de ces vaisseaux , que leur extrême ténuité nous dérobe constamment dans l’état naturel. Cependant, eu s’aidant des expériences et d’un raisonnement ri- goureux, il me paroît qu’on peut y parvenir. Nous avons vu que l’existence d’un système capil- laire terminantlesartères est, sur les parties où se fait une exhalation comme dans les autres, une chose incontestablement prouvée par l'expérience des in- jections, des inflammations qui se produisent spon- ianément, et de celles qu’on fait naître à volonté ; de telle sorte qu’une surface séreuse, cutanée , etc., où rien ne paroissoit, se couvre d’une infinité de petits vaisseaux tout-à-coup dans le premier cas, au bout d'un temps variable dans le second. Si l'injection n’est pas poussée très-loin, elle se borne au système capillaire ; mais si elle réussit , elle pleut de toutes parts sur la surface où se fait l’exha- lation dans l’état ordinaire. Celte rosée mécanique- ment produite ressemble évidemment à celle que dé- termine sur le vivant la force tonique des parties ; car, comme je l’ai dit, si c’étoit une transsudatiou, il y auroit extravasalion dans lestissus voisins, au lieu que rien ne se remplit , depuis la seringue qui pousse l'in- jection jusqu’aux exhalans qui la versent, queles ar- tères , les capillaires et sesexhalans. D'ailleurs ,quand il y a hémorragie active, les capillaires d’où naissent les exhalans qui versent le sang sont évidemment PT EXHALANT. 553 plus pleins de fluide qu’à l'ordinaire, comme je l'ai dit. D’après ces considérations et une foule d’autres qui seront successivement exposées dans la suite de ce sys- tème,je crois qu'on peut présenter les exhalans comme naissant du système capillaire, par l'intermède duquel ils se continuent avec les artères qui leur apportent les matériaux de l’exhalation. 4 Mais dire quelle est la longueur de ces vaisseaux, quelleestleur forme,comment ils se comportent dans le trajet qu'ils parcourent, c’est évidemment une chose impossible; c’est la que commenceroient les descriptions imaginaires. On distingue difficilement leurs orifices. On voit bien sur la peau une foule de petits pores qui établissent manifestement des com- munications du dedans au dehors; mais ces pores transmettent non-seulement les exhalans, mais en- core les absorbans, les poils, etc., comme nous le verrons dans le système dermoïde. Tout bien consi- déré, 1°. existence des exhalans, 2°. leur origine dans le système capillaire de la partie où ils se trou- vent, 3°. leur terminaison sur diverses surfaces , sont les seules choses rigoureusement connues. Le mode d'origine varie sans doute , mais nous ne savons nullement commentil a lieu. Les exhalans font suite à leur réseau capillaire, de telle manière qu’on ne sauroit dire précisément où les uns finissent et où les autres commencent. Voilà pourquoi, dans cet ouvrage, souvent enjparlant de ces petits conduits, je les suppose venir immédiatement des artères, et formant les capillaires par leur entrelacement ; il suffit évidemment de s'entendre, 554 SYSTÈME S IT. Division des Exhalans. ya trois classes d’exhalans que je distingued’après les fluides ou les substances qu'ils fournissent. La première classe renferme ceux qui rejettentdes fluides destinés à ne plus rentrer dans l’économie: tels sont, 1°. les exhalans cutanés qui fournissent lasueur, 2°. lesexhalans muqueux qui versent une partie de la perspiration pulmonaire, la plus grande partie élant fournie , comme je le dirai, par la dissolution des fluides muqueux de la respiration, qui répandent peut-être les sucs gastrique, intestinal, etc. Dans la seconde classe se trouvent les exhalans, qui rejettent des fluides qui séjournent pendantuncerlain temps sur certaines surfaces ou dans certaines cel- lules, etqui, reprisensuite par voie d'absorption ,ren- trent par leslymphatiques dansletorrent circulatoire. Ici se rapportent, 1°. les exhalans séreux qui déposent sur leurs surfaces respectives la sérosité qui lubrifie les membranes et facilite les mouvemens des organes qu’elles recouvrent;2°.lesexhalans cellulaires qui ver- sent dans les cellules, d’une part la sérosité, de l’autre la graisse; 3°. les exhalans médullaires qui apportent dans le milieu des 6s les sucs du même nom; 4°. les exhalans synoviaux qui déposent la synovie, soit sur les articulations, soit dans les coulisses tendineuses. La troisième classe renferme les exhalans qui ap- portent dans tous les organes la substance nutritive qui les répare, et qui en ressort ensuite par absorp- tion, pour être remplacée par de la nouvelle. J'adopte dans mes cours de physiologie la division que je viens d'indiquer , pour exposer Les différentes EXHALANT:. 555 exhalations dont la dernière me conduit. évidem- ment à parler de la nutrition, fonction qui est le but général de la plupart de celles qui constituent la vie organique. On peut se représenter dans le tableau suivant toutés les différentes exhalations : il offre l'ensemble des organes qui les exécutent, 1°. extérieurs, ou= (1°. Dermoïde, verts sur les sys- * temes , 2°. Muqueux. 1°, Séreux. Lai S FA 2°. Cellulaire, sir de la sérosité. < ils versent , 2°, de la graisse. à /2°. intérieurs, ou- 19. des os courts, plats, et “ vsnie sur les Sys- des extrémités des longs. Le tèmes, 3°. Médullaire, Cal A 22, du milieu des 0s longs. 4° Synovial 1°, des articulations. É 2°, des tendons. 30 iti : » 4 3°. nutritifs. Chaque tissu organisé a ses exhalans pro- pres. Voilà un tableau précis de tous les fluides qui sor- tent du sang sans l’intermède des glandes, et par voie d’exhalation. Les deux premières classes ont des vaisseaux qu’on peut rigoureusement admettre d’après les expériences, l'observation et même l'ins- peéction. Quant aux exhalans nutritifs, il est hors de doute que de nouvelles substances sont apportées sans cesse aux organes pour les réparer : or il faut bien que ces substances aient des vaisseaux ; ces vais- seaux ne peuvent certainement puiser ce-qu'ils y de- posent, que dans le système capillaire auquel ils 556 SYSTÈME aboutissent. Si les injections ou d’autres moyens ne prouvent pas rigoureusement l’existence de ces'ex- halans , il me semble que ce raisonnement force à les admettre. Les physiologistes n’avoient point encore rassem- blé ainsi dans le même cadre toutes les exhalations : chacune étoit exposée en traitant du système où elle s'opère. J’ai présenté aussi des réflexions sur chacune dans l'exposé des différens tissus ; l’ordre de l’ana- tomie générale l’exigeoit ; mais dans les ouvrages ou dans les cours de physiologie , elles doivent évidem- ment être présentées sous le même point de vue, ainsi que les absorptions. 6 IIL Différence dés Exhalations. Quoique nous ignorions quelle est la structure des exhalans , cependant nous ne saurions douter que cette structure ne diffère singulièrement dans les divers systèmes. Remarquez en effet que cessortes de vaisseaux entrent pour ainsi dire comme élémens dans les tissus qu’ils composent, que par conséquent ils doivent uécessairement participer aux caractères divers et distinctifs que présentent ces lissus. . C’est à cette différence qu'il faut rapporter sans doute celle que présentent les injections. Elles sortent, pour peu qu’elles soient fines , par les exhalans mu- queux, séreux, cellulaires même ; mais ceux qui four- nissent la synovie la transmettent beaucoup plus difficilement : c'est comme pour le système capil- laire ; tandis que ce système se remplit avec une ex- trême facilité sur les surfaces séreuses qui noircissent. EXHALANT 557 pour ainsi dire à volonté, les surfaces synoviales ne se pénètrent que beaucoup plus difficilement , etc. ARTICLE DEUXIÈME. Propriétés , fonctions , développement du Système exhalant. 6 1‘, Propriétés. Lr système exhalant présente des vaisseaux trop ténus pour que nous puissions y analyser les pro- priétés de tissu. Prennent-ils plus de capacité quand les globules rouges s’y introduisent? Je l'ignore en- tièrement. Haller , qui admettoit les exhalans, croyoit que les fluides blancs s'y introduisoient seuls, parce que leur diamètre étoit disproportionné à celui des globules rouges. Cette opinion est au reste celle de l’é- cole Boerhaavienne. Qui a jamais mesuré comparati- vement. les diamètres respectifs des vaisseaux et des molécules des fluides ? Remarquez que toutes ces expressions fluides ténus , fluides grossiers, etc. , qui sont encore dans la bouche d’une foule de mé- decins , ont été introduites dans le langage par cette théorie, et y sont restées, quoique la théorie elle même ait été reconnue fausse. Je l’ai dit vingt fois, et je le répète encore, la cause unique qui empéche les globules rouges de passer dans les vaisseaux à fluides blancs, c’est le défaut de rapport entre la nature du fluide et la sensibilité de l’organe. Les propriétés de la vie animale sont manifeste ment étrangères aux exhalans. Parmi celles de la vie organique, ils jouissent au plus haut degré de la sensi- 556 SYSTEME bilité organique et de la coutractilité insensible cor- respondante: c’est sur elleÿ que reposent toutes leurs fonctions. Caractères des Propriétés vitales. Quoique la sensibilité organique soit par-tout le par- tage desexhalans, elle varie cepeudant singulièrement dus chaque système ; celle des exhalans muqueux n’est pas la même que celle des séreux. En général les exhalans entrant pour ainsi dire comme élémens dans le tissu de chaque système , participent abso- lument aux propriétés organiques de ce système ; ou plutôt les leurs sont identiques aux siennes. Voilà 1°, pourquoi chacun séparedle fluide qui lui est pro- pre; pourquoi par conséquent, lorsque beaucoup d’eau entre par la boisson dans la cireulation, ce sont lesexhalans cutanés, et jamais les séreux , qui se l'ap- FASPE ientet la transmettent ensuite hors du sang; lors- qu’on court beaucoup ÿ lorsqu' une agitation générale est par conséquent imprimée par le cœur à la: masse sanguine en circulation, les cutanés, plus vivement excités par cette impression que les séreux , les syno- viaux, étc.,séparent plus de sueur, elc,; 2°. pourquot les séreux ne versent pas la graisse , lés médullaires Ja sérosité, etc., quoique la masse sanguine abordant aux capillaires continus à ces exhalans soit par-tout la même; 3°. pourquoi ;quand les exhalans versent des fluides qui leur sont étrangers, ou quand leurs fluides naturels s’alièrent, ces flaides diffèrent essen- tiéllement les uns des autres; pourquoi, par ‘exem- ple , à la suite de l'inflammation , il n’y a queles sur- faces séreuses où on voit une sérosité lactescente ; ES D 77 EXHALANT. 559 pourquoi rien de semblable au pus ne s'écoule de la membrane médullaire enflammée; pourquoi les fluides, résultats de l'inflammation de la synoviale , sont bien différens de ceux que produisent les sur- faces séreuses, etc. ; 4°. Pourquoi certains exhalans ont beaucoup plus de tendance que d’autres à ad- mettre le sang et à le verser sur leurs surfaces respec- tives, comme on en voit un exemple par les mu- queux, qui sont si disposés à laisser passer ce fluide, que mille circonstances y déterminent des hémorra- ges; 5°. pourquoi parmi ces exhalans muqueux eux- mêmes, les uns ont infiniment plus de tendance que les autres à laisser passer le sang , etc. , etc. Tous ces phénomènes dérivent évidemment des modifications particulières qui distinguent la sensi- bilité organique et la contractilité correspondante daus chaque espèce d’exhalans. $ I. Des Exhalations naturelles. T'out ce que je viens de dire nous conduira bien évidemment à expliquer comment s opère l’exha- lation. C'est toujours le même principe qui nous à servi jusqu'ici: c'est celui qui nous servira à l’ex- plication des sécrétions, des absorptions, etc. Il y a entre les élémens qui forment chaque fluide exhaléet la sensibilité organique de chaque espèce d'exhalans, un rapport tel , que ces élémens seuls peuvent être admis par les vaisseaux qui rejettent et repoussent les autres, tant qu’ils ne changent pas de mode dans leur sensibilité. Le système capillaire général paroît être le réservoir ou, comme je l’a dit, s’élabore le sang ; 560 SYSTÈME c’est là où de rouge il devient noir ; c’est là en même temps où ses élémens divers se séparent , se combi- nent de nouveau, et laissent dans ces changemens dégager leur calorique. C’est après ces changemens, ces transformalions diverses, que chaque exhalant prend, choisit pour ainsi dire les portions avec les- quelles sa sensibilité est en rapport , et qu'il laisse les autres. | Il suit de là une conséquence bien simple: c'est que, toutes les fois que la sensibilité organique du système où se fait l’exhalation est altérée d’une manière quel- conque, l’exhalation doit varier aussitôt : c’est en effet ce quiarrive toujours, Jamaisil n’y a un trouble quel- conque dans les exhalations, sans qu'il n’y en ait eu un antécédent dans la sensibilité des exhalans. Prenez les lésions diverses de la transpiration pour exemple; vous verrez le froid, le chaud, le sec, l’humide, les froitemens, etc., exercer toujours leur influence sur la sensibilité cutanée, et les troubles de l’exhalation n'être que consécutifs. La sensibilité organique des exhalans comme celle de toute autre partie, peut être troublee de diffé- rentes manières, 1°. par un stimulant direct, comme quand le froid resserre la peau, quand une boisson très-froide agit sur l'estomac, etc.; 2°. par sympa- thie, comme quand l'affection aiguë des organes fibreux et musculaires fait suer dans le rhumatisme ; 3°. souvent, sans que nous puissions dire comment , il survient un trouble dans les forces vitales d’une partie, comme l’inflammation en offre de si fréquens exemples. Je ne parle pas du trouble qui peut sur- venir par contiguilé d'organes, etc., etc. EXHALANT: 561 ! résulte de là que quand l’exbalation augmente ou diminue contre l’ordre naturel, la sensibilité des exhalans est toujours modifiée d’une des trois ma- nières précédentes. Maintenant si nous réfléchissons aux diverses es pèces d’exhalans, nous verrons qu’il n’y a guère que les cutanés et les muqueux qui soient sujets à des excitalions immédiatement appliquées, puisqu'ils sont seuls en rapport avec les corps extérieurs. Outre les deux modes d’altération de sensibilité qu'ils partagent avec les autres, ils ont donc de plus celui- ci. Il n’est pas étonnant d’après cela que leurs exha= lations, la cutanée spécialement, présentent de si nombreuses variétés, que la peau offre des degrés sans cesse variables entre la sécheresse la plus stand et la plus abondante sueur. Les exhalations sympathiques sont extrêmement nombreusés. Je n’en rapporte point ici d'exemples : on en trouvera beaucoup dans les sympathies des systèmes dermoïde ;, séreux » muqueux ; etc. J’ob- serve seulement que lesauteurs n’ont point assez dis- tingué des autres ces sortes d’ exhalations ; de même ils n’ont point eu assez égard aux sécrélions sympa thiques. Toutes les exhalations n’augmentent ni ne dimi- nuent jamais en même temps ; l'excepte cependant l’état d’éréthisme de certains accès de fièvre où tout se supprime. Dans tous les autres cas, quand un fluide est abondamment versé , les autres diminuent :ainsi la sécheresse de la peau coïncide-t-elle avec les hydropi- sies. On remarque que la phthisie pulmonaire fait suer dansles premières périodes; mais lorsque dans la der- 1e 97 E6z SYSTÈME: nière, la leucophlegmatie a fait beaucoup de pro- grès, 1. sueurs s'arrêtent. J'ai distingué de plus en deux classes les causes de Robot 2°. Les unes annoncent un surcroit.de vie, 2°. les autres une diminution réélle des forces vitales : de là les exhalations actives et pas- sives. Comment le même phénomène tient-il à deux causes exactement opposées ? Cela est difficile à déter- miner précisément; mais uue muliplicité si innom- brable de phénomènes prouve cette distinction , pour les exhalations comme pour les sécrétions, qu’on ne peul refuser de l’admettre. Il est important de se la rappeler dans: l’article suivant. 6 IL. Des Ethalations contre. nature. J'appelle ainsi celles dans lesquelles les exhalans versent un fluide différent de celui qui leur est na- turel. La première qui s'offre c’est celle du sang. Exhalation sanguine. { Le sang passe fréquemment par les exhalans à la place de leurs fluides : il en résulte des hémorragies très-différentes de celles qui ont lieu par rupture. Je vais examiner ces hémorragies dans chaque espèce d’exhalans. \ Hémorragie des Exhalans excrémentitiels. L'expression vulgaire dont on se sert quelquefois s suer sang el eau, eic., indique qu'en certaines circonstances , qui sont cependant assez rares, les exhalans cutanés livrent passage au sang. Haller en à EXHALANT. 563 rassemblé plusieurs exemples qu’on peut consulter dans son ouvrage. La première année que je vins à Paris, je voyois habituellement, avec Desault , une femme affectée de cancer de matrice , et qui, à cer- taines époques déterminées, avoit des sueurs qui tachoient les draps à-peu-près comme Jes règles le font sur les linges qui les reçoivent. Cette femme avoit eude fréquenteshémorragiesavant lecommencement de sa maladie. Depuis ces sueurs, elles avoient con- tinué, mais étoient plus rares. Je regrette d’avoir négligé de recueillir les détails de ce fait singulier. - Aucun exhalant ne verse plus fréqremment du sang que les muqueux : aussi les hémorragies sont- elles une affection presque caractéristique des sur- faces muqueuses, où elles prennent différens noms, suivant la portion de celles qu’elles attaquent. Il est hors de mon objetde présenter ici les phéno mènes de ces hémorragies ; je vais seulement prouver qu’elles sont une exhalation. 1°. J'ai ouvert très-sonvent des sujets morts pen- dant une hémorragie; j'ai eu occasion d'examiner, sousce rapport, les surfaces bronchiques, stomacales, intestinales et utérines : jamais la moindre trace d’éro- sion ne m'y a paru sensible, malgré la précaution de laver exactement les surfaces, de les laisser macé- rer et de les examiner même à la loupe. 29. Voici uneexpérience qui réussit constamment sur la matrice des femmes péries pendant la menstruation, souvent même hors de ce temps : en la pressant, vous faites sortir de sa surface muqueuse un nombre plus ou moinsgrand de petites gouttelettessanguines, qicor- respondent visiblement à des extrémites vasculaires, 564 SYSTÈME qui, essuyées , ne laissent voir aucune érosion. 3°, L'as nalogie detoutes lesautres surfaces libres qui versent du sang, et qui le font évidemment par leurs exha- lans, est une preuve que le même phénomène a le même siége sur les muqueuses. 40. La matrice ne seroit qu’un amas de cicatrices chez les femmes âgées, s’il y avoit rupture dans la menstruation. 5°. Dans les hémorragies actives où il y a bien évidem- ment congeslion préliminaire de sang avant qu'il ne s'échappe eu dehors, on pourroit concevoir , jusqu’à un certain point, larupture des petits vaisseaux ; mais - dans les hbémorragies passives , dans celles où la sgnsi- bilitéorganique anéantie semble permettreune simple iranssudation à travers les exhalans, comment conce- voir cesruptures?6°.0n comprend difficilement com- ment une évacuation qui se produit souventavec une extrême rapidité, qui cesse dans un endroit et tout de suite se manifeste dans un autre, qui.est soumise à toutes les influences sympathiques, on comprend, dis-je, difficilement commentelle pourroit arriver par rupture. 7°. Voyez la menstruation fournir quelque- fois pendant un instant du sang, n’en point donner l'instant suivant, renouveler vingt et trente fois par jour, dans certaines affections , ces alternatives d'é- coulement et de non-écoulement ; 1l faudroit donc qu’à chaque fois les plaies s'ouvrissent et se cicatri- sassent. 8° D'ailleurs, comparez les hémorragies produites évidemment par rupture sur les surfaces muqueuses, telles que celles qui, dans les plaies de tête, ont lieu par les narines, les oreilles , etc. ; cellesqui, dans une chutesur lerectum , se font quel- quefois par la vessie ; celles qui , dans dés efforts trop EXHALANT, 565 considérables de toux, naissent sur la surface bron- chique ; celles dont l’estomac est le siége à la suite de divers poisons, etc, , etc. ; comparez, dis-je, ces hé= morragies,et beaucoup d’autres analogues queje pour- rois citer , à celles qui surviennent spontanément sur les surfaces muqueuses ; vous verrez qu'elles ne leur ressemblent nullement par leurs phénomènes et leur durée; qu’en se supprimant, elles ne donnent point paissance à d’autres ; qu'elles sont indépendantes de toute espèce d'influence sympathique;que les passions nesont pour riendans lenrcessation ou leur production, tandis qu’elles influent si puissamment sur les autres, Concluons de toutes ces considérations , que toutes les hémorragies muqueuses, soit actives, soit passi- ves, sont de véritables exhalations. D’après cela, vous voyez qu'il n’y a pas une aussi grande différence qu’on le croiroit d’abord , entre les premières et l’inflam- mation. En effet , dans les unes, il y a accumulation du sang daus le système capillaire, puis passage de ce fluide par les vaisseaux exhalans continus à ce sys- ième. Dans l’autre, il n’y a que le premier phéno- mène, Sans doute les signes, les accidens, ete., sont tout différens, parce que les modifications qu’a éprou- vées la sensibilité organique ne sont pas les mêmes; mais l’état où se trouvent respectivement les petits vaisseaux et le sang, n’est pas moins analogue. Une preuve que dans les hémorragies actives, c’est la sen- sibilité organique qui, différemment mouifiée, ouvre ou ferme le passage au sang par les exhalans, c’est quepresque toujoursil y.a dessympiômes précurseurs qui durent pendant un certain temps, et qui annon- cent évidemment le trouble que les forces vitales, la 566 SYSTÈME seusibilité organique en particulier, éprouvent dans la partie: on couuoit le prurit avant-coureur des hémor- ragies nasales, la utillation et quelquefois le senti- ment d'ardeur qui précèdent les pectorales. Quelque- Lois, suivant les variétés d'allération qu’elle éprouve, lasensibilile organique laisse passer d’abord desfluides séreux, puis des sanghinolens; c'est ce qu'on voié dans la menstraation où les exhalans versent souvent de la sérosité pendant quelques instans, puis du sang véritable. Quant aux hémorragies passives, il est incontesta- ble que la sensibilité organique a été diminuée, ainsi que la tonicité ou contractilité organique insensible. On diroit que les petits vaisseaux ne peuvent plusalors se resserrerassez pour relenir le sang; que c'est comme dans nos injections qui suinteént des surfaces mu- queuses, parce que la vie pe s’oppose plus à leur pas- sage. Remarquez que quand ces bémorragies sont produites par une maladie organique, t'est presque toujours la portion de surface muqueuse Ia plusvotï- sine de l'organe qui est influencée par lui. Ainsi dans les derniers jours des maladies du cœur et du pou- mon, on crache souvent du sang ;on en rend par les selles à la fin de celles du foie, on bien on en vomit, etc. Jamais tout le système muqueux ne perd en même temps ses forces au point de verser par-tout du sang; ce n’est que dans une partie déterminée qu’il s’affoiblit. Qu'est-ce qui dispose les exhalans muqueux à ver- ser pluiôt du sang que tous les autres ? Il paroît que c’est parce que le système capillaire d’où 1ls naissent est habituellement pénétré de sang, et qué le trajet est très-court depuis ce fluide séjournant dans les ex und me EXHALANT, 567 pillaires jusqu'aux surfaces muqueuses. Cela est si vraique les portions du système müqueux peu péné- trées de ce fluide dans l’état naturel, comme celles des sinus de la face, de l'oreille, etc., sont moins sujettes aux Lhémorragies. Je suis persuade que si des exhaïans partoient des muscles pour verser habituellement un fluide à l’extérieur de ces organes , les hémorragies y seroient très-frequentes. On voit, d’après ce que nous venons de dire, que les bemorragies muqueuses n'ont rien de commun que l’extravasation du sang avec celles qui sont l'effet des hemorroïlles, et qui supposent toujours des rup- tures veineuses ;, avec celles que les anevrismes ou les varices déterminent, avec celles qui sont le ré-ultat d'une coupure, d’une secousse violente, etc. Elles font une classe à part, el se ra pprochent seulement de celles que les exhalans fournissent sur Les autres sur- faces où ils s'ouvrent, Si je classois les hemorragies, je les distingnerois, 1°.encelles qu'arrivent parexhalation, 2°.en ceiles qui sont produites par rupture. Je placerois dans les pre- mières Jes sueurs de sang, les hemorragies muqueu ses, les séreuses,ies cellulaires, ete. ; dans lessecondes, serotent celles quiaccompagnent les plais, les anevris- mes, elc. Il me semble que pour embrasser dans le méêmecadretoutes les évacuations sanguines qui peu- vent survenir dans l’économie animale, il faut absolu- ment adopler cette division!, qui:d’aileurs s'aceorde avec les phénomènes et le traitement des hemorra- gres. Lriez-vous en effet saigner pour arrêtée une hé- morragie par rupture ? vou ,sansdoute ;mais vous sai- guez pour arrêter une hémorragie active-par exhala: 568 SYSTEME tion, parce qu’en diminuant la masse sanguine, vous diminuez l’excès de sensibilité organique qui produit J’hémorragie; c'esla-peu-près comme quand onsaigne pour l’inflammation.Certainementil faut que l’hémor- ragies’interrompecomme elle a étéproduite;ilfaut que la sensibilité des exhalans revienne à son type naturel avant que le sang cesse de couler. On ne saigne pas pour dériver le sang vers un autre endroit, comme on le dit; si cela étoit on le feroit dans les hémorra- gies passives, La plupart de ceux qui saignent beau- coup dans les hémorragies, croient que la pléthore est la seule cause qui les produise, que les vaisseaux contenant trop de sang, sont obligés d'en évacuer; mais il y a beaucoup plus de cas où les hémorragies actives sont sans aucun signe de pléthore, qu'il y en: a où ces signes existent. Il y auroit dans les gros vais- seaux defaut réel de ce fluide, que si les exhalans d’une partie sont, par leur mode de sensibilité, en rapport aveclui, ils le verseront en aussi grande abon- dance que. s’il y avoit excès, C’est comme dans l’aus- mentation des sécrétions , dans celle des exhalations naturelles, etc. Qu'il y ait pléthore ou non danslesgros vaisseaux, des que l'affection locale a exalté le mode de sensibilité des sécréteurs ou des exhalans, ils pui- sent en abondance dans le sang. L'influence de Ja pléthore sur l’augmentation des divers flaides qui se séparent du sang, est un reste évident des opi- nions de Boerhaave. Si le cœur agitoit par-tout les fluides , s’il poussoit le sang, la sérosité , etc., sortant par les exhalans, les fluides sécrétés sortant par leurs conduits , cette influence.de la pléthore seroit néces- saement réelle : mais puisque tous les fluides éma- EXHALAN'P. b6q vés du système capillaire sont nécessairement hors de toute action du cœur, que dans leur circulation, ils se trouvent absolument sous celle de la sensibi- lité organique et de la tonicité des capillaires, il est évident que ces fluides doivent être indépendans de la quantité du sang contenu dans les gros vaisseaux et mu par le cœur ; que les altérations des forces vi- tales de la partie sont les seules canses des phéno- mènes divers que présente leur cours. Qui ne sait que les tempéramens foibles et délicats sont sujets souvent chez les femmes à une menstrua- tion beaucoup plus abondante que ceux qui sont les plus forts, les plus vigoureux, les plus sanguins, comme on dit ? Vous trouverez une foule de résultats dans les auteurs, sur la quantité de sang évacué par les règles, et vous observerez en même temps qu'aucun de ces résultats ne se ressemble : pourquot? parce que chaque matrice a, pour ainsi dire, son tempérament, qui souvent ne correspond point au tempérament général, parce que chacune est disposée par conséquent à un mode différent de vitalité. On rend donc plus ou moins de sang à chaque menstrua- tion, comme on en rend peudant plus ou moins long- temps, comme certaines femmes rendent d’abord un fluide séreux, tandis que d’autres rendent tout de suite du sang. Je ne saurois trop le répéter : tout phé- nomène vital est nécessairement soumis à une foule d'irrégularités, qui dépendent de celles auxquelles les forces vitales sont elles-mêmes exposées. Au con- traire, tout phénomène physique est presque immua- ble, parce qu'il est de Ja nature des lois physiques de rester toujours les mêmes, 570 SYSTÈME ER On voit, d'aprés ce que je viens de dire, comhien les hémorraoies des grosses artères, qisont sous l’in- fluence immédiate du cœur, doivent différer essen- tiellement de celles du système capillaire et des ex= halans, dont les phénomènes sont sous l’ivflience des forces de la partie où elles arrivent, soit qu’elles aient lieu par rupture, soit qu’elles arrivent par exhala- tion. En effet, quoique ces deux classes soient, comme je l'ai dit, essentiellement différentes parleurs phénomènes principaux, elles se rapprochent, parce que les modifications des forces vitales de la partie influent nécessairement sur elles dès qu'elles sont dans le système capillaire. Ainsi, les astringeps, les toniques, les styptiques, et autres médicamens qui agissent évidemment sur la sensibilité organique, et sur Ja contractilité insensible ,arrêtent fréquemment les hémorragies du système capillaire, Le contact de l'air, en modifiant ces propriétés dans les plaies , suf- fit même pour produire cet effet. Au contraire ,les li- gatures seules peuvent, dans les gros vaisseaux, s'op- poser à la puissante influence du cœur. Tous les styp= tiques iImagiuables accumulés sur une artère ouverte, n’y arréteroient pas l'effet de cette imtluence. C'est donc là la différence essentielle des hémorragies des capillaires et des exhalans, d’avec cellesdes artères, que tout médicament-qui agit sur la sensibilité orga= nique et sur la lonicité peutétre avantageusementem- ployé pour les premières, au lieu qu'il est nul pour les secondes. Je passe aux exhalations sanguines que se font par les exhalans récrementitiels. + EXHALANT. b7x Hémorragies des Exhalans récrémentitiels. Les membranes séreuses sont le siége fréquent d'hé- morragies. L'ouverture des cadavresle prouve incon- testablement. Rien n’est plns fréquent que de tronver dansle péritoine, dansla plèvre, dansle péricarde, etc. une sérosité, rougedtre si peu de sang s’est épanché, irès-rouge s’il s’en est exhalé davantage, et même du sang pur en certaines circonstances, J'ai fait ces remarques en deux cas différens: 1°. à Ja suite des inflammations soit aiguës soit chroniques, de ces dernières spécialement. La poche séreuse con- tient alors une plus ou moins grande quantité de sang quelquefois seul, plus souvent mêlé à de la sérosité, et parfois même à des flocons blanchätres et albumi- neux. L’inflammation antécédente paroît ranger ces hémorragies dans la classe des actives. 2°. Soavent à la fin des maladies organiques, où les exhalations de sérosité augmentent presque constamment dans les poches séreuses au point d'y produire des hydropisies visiblement passives, il se mêle une plus ou moins grande quantité de sang à celte sérosité. Quel anato- miste ne connoît ces épanchemens sanguinolens dans le péricarde, ‘la plèvre, etc.? J'ai observé que la tunique vaginale et la membrane arachnoïde y sont infiniment moins sujettes que les autres poches ana- logues; je n’en ai jamais vu pour celte dernière : deux seulement se sont présentés à moi dans la pre- mière. Je ne parle pas évidemment des hémorragies qui sont l'effet des plaies de tête, et où le sang s'é- panche entre les deux feuillets arachnoïdiens. J'aiscrupuleusement examiné la surfaceinterne du 572 SYSTEME péritoine, de la plèvre et du péricarde, à la suite deces sortes d’hémorragies produites soit consécutivement à l’inflammation de la membrane elle-même, soit par suite d’un vice organique : leur surface m’a paru exac- tement intacle, en sorte que bien évidemment ce sont les exhalans qui ont fourni le sang à la place de la sérosité qu’ils répandoient auparavant. Je compare unesurface séreuse versant accidentel lement du saug à la suite de son inflammation, aux hémorragies aclives des surfaces muqueuses. D'un autre côté, quand les exhalans séreux répandent du sang à la fio des maladies organiques du cœur, de ma- trice , de poumon, etc. , certainement c’est le même phénomène que quand on crache, on vomit ou on rejette par les selles, dans ces circonstances, du sang venu par les exhalans muqueux. Y at-il des cas pendant la vie, où le sang versé par exhalation sur les surfaces séreuses, est repris ensuite par absorption ? Je crois que cela peut arriver à la suite des inflammations, quoique cependant nous n’ayons aucun fait positif sur ce point. Cruikschank, Mascagni ont vu le sang absorbé par les vaisseaux Jymphatiques, à la suite des plaies de poitrine: pour- quoi ne surviendroit-il pas à la suite des hémorra- gies par exhalation, ce qui arrive à la suite de celles par rupture ? Les exhalans cellulaires versent fr equemment du sang dans les cellules. 1°. Ce phénomène est souvent tres-sensible dans le phlegmon ou dans d’antres tu- meurs analogues. En les fendant sur le cadavre, on trouve le sang extravasé dans les cellules; cela est si réel ,que quelques auteurs ont fait consister la nature: EXHALANT. 573 de l’inflammation danscette extravasation, Mais il est hors de doute que dans les phlegmons légers, le sang reste dans le système capillaire cellulaire; ce n’est que dans les cas où l’inflammation est très-intense que ce passage a lieu. 2°. Quant aux hémorragies passives da tissu cellulaire , qui ne sait que souvent l’eau des hy- dropiques est rougeâtre en certaines parties ? qui ne sait que dans le scorbut , des portions considerables de tissu cellulaire sont infilirees de sang , lequel n’a certainement pas été versé par érosion ? J'ai injecté, il n'ya pas long-temps, deux sujets avec des taches scorbutiques très-marquées aux jambes , et dans les- quels il n’y a eu aucune espèce d’extravasation dans ces parties; ce qui n’auroil pas manqué d'arriver si la rupture des vaisseaux produisoit les tachesscorbu- tiques. Comme ces matières ne m'occupoient pas spé- cialement dans les années précédentes, je n’ai pas fait beaucoup attention à plusieurs sujets que j’ai injectés avec ces laches scorbutiques. Cependant je ne crois - pas qu'ils aient Jamais présenté des épanchemens cel- lulaires, lesquels m'auroient sans doute frappé s'ils s’éloient rencontrés en faisant disséquer ces cadavres aux élèves. Quant aux hémorragies des exhalans médallaires, nous ne les connoissons point, Je n’ai jamais vu non plus, dans les ouvertures de cadavres, du sang épan- ché dans les articulations ,excepte lors des plaies, etc. Quant aux exhalans nutritifs, il est évident que toute évacuation sanguine doit leur être étrangere. Exhalations contre nature, non sanguines. Ce n’est pas seulement le sang qui passe quelque- P 5 | 574 SYSTÈME fois par les exhalans à la place des fluides que ces pe- üls vaisseaux versent na!urellement. Qui ne sait com- bien la sueur diffère ? Quelquefois l'eau est presque Seule transmise par la peau ; d’autres fois la sueur est chargée d’une foule de substances plus ou moins heterogènes ; elle est plus ou moins salée : on sait combien l'odeur qu’elle exhale est différente. Voyez la foule de substances qui sont rejetées à sa surface ex- terne par les exhalans , dans les petites véroles, dans la rougeole , la scarlatine , etc., dans les dartres, les éruptions diverses; comparez les sueurs criliques à celles qui sont naturelles, et vous verrez les exhalans être , si je puis m'exprimer ainsi, Un passage commun, que toutes les substances contenues dans le corps peu- vent traverser, pour ainsi dire, et qu’elles traversent en effet dans divers cas, suivant que , dans les mille modifications dont la sensibilité organique cutanée est susceptible, elles en rencontrent qui soient en rap- portavec elles. Parlerai-je des exhalanssérenx ? voyez les surfacesde même nom verser ,suivantqu'ellessont affectées , une foule de fluides differens , et la sérosité lactescente, et unesubstance dense quis’attacheà leur surface en forme d’épaisse membrane, etc. Pour peu que vousayez ouvert de périlonites chroniques , vous aurez élé etonné de la diversité des fluides renfermés alors dans le péritoine. Grisätres, jaunâtres, fétides, sansodeur, épais, visqueux, tres coulaus , etc. elc., à peine ces fluides sont-ils deux fois les mêmes. La séro- sité paroit bien étre toujours le véhicule général ; mais les substances dont elle se charge, par l'effet du chan- gement que la maladie a produit dans les forces vitales de la membrane , sont infiniment variables. EXHALANT. 575 Ainsi verrons-nous les glandes être une voie com- mune par où passent, suivant la manière dont elles -sout-affvclées , une foule ‘le substances qui diffèrent essentiellement de celles qui composent les fluides sé- .crélés dans l’état naturel. $ 1V. Du Développement accidentel des Ex- halans. Lesexhalansse développent accidentellement dans une foule de parties: c'est specialement dansle: kystes que l’on voit bien ce développement, Leur surface in- terne, ordinairement lisse , verse des Iluides très-dif- férens, suivant le mode particulier desensibilite qu'ils ont en partage. Quand.on ouvre. ces kystes, les exha- lans fournissent de nouveaux fluides, et il faut les em- porter souvent pour empêcher l’'exhalation. Quelque- fois à la place du fluide qui yestordinairementexhalé, c’estle sang qui s’y répand, comme cela arrive dans les surfaces séreuses : par exemple, j'ai trouvé de la séra- silé très-sanguinolente dans des hydropisies enkystées de l'ovaire; dernièrement j'y ai vu le saugen caïllot. Je remarque que c'est là une difference essentitIle à ajouter à celles indiquées plus haut , entre les fluides exhalés et ceux sécrélés. En effet, jamais ces der- niers ne sont accidentellement versés dans un kyste, On ne trouve point des amas contre nature de bile, d’uriue , de salive , de semence , etc. , tandis qu’on en trouve souvent de sérosité, comme dans les hydropi- sies enkyslées, de graisse comme dans les stéatomes et autres tumeurs qui présentent une humeur suifeuse analogue à ce fluide, de synovie comme dans les gaoglions, quaad ils ne sont.point des dilatations des 576 SYSTEME FXHALANT.. synoviales, mais qu’ils offrent des kystes accidentel- lement produits, etc. D'où naît cette différence ? de ce qu'il faudroit que des glandes se développassent accidentellement dansnos parties pour que les fluides sécrétés fussent ainsi accidentellement séparés du sang : or la structure de ces organes est trop compli- quée , leur organisation suppose trop de conditions, pour queleur développement puisse être ainsi un phé- nomène contre nature. Au contraire, l’organisation simple des surfaces exhalantes, qui n’offrent que des vaisseaux continus aux artères, eLsans organe intermé- diaire, exige un travail bien moindre pour croître ainsi accidentellement, dans des parties auxquelles elles sont naturellement étrangères. Quelquefoisles fluides exhalés contre l’ordre natu- rel ne se ramassent point dans un kyste ; ils s’écoulent continuellement au dehors : c'est ce qui arrive dans les fistules et autres égouts accidentels ou artificiels qui s’établissent sur nos organes. Alors le tissu cel- lulaire conservant toujours la modification acciden- telle de sensibilité qu'il a prise localement par un dépôt ou par toute autre circonstance, continu toujours à verser un fluide différent de Ja sérosité qu’il exhaloit dans l’état naturel, { a Dr mc + : AAA ISA AA ALT SYSTEME ABSORBANT. Cr système résulte de l'assemblage d’une multitude de petits vaisseaux qui naissent de toutes les par'ies, eten rapportent différens fluides qu'ils versent dans le sang noir , après les avoir fail passer à travers certains renflemens particuliers qu’on nomme glandés lym- phatiques , et qui font système avec eux. L'ensemble du système absorbant comprenddonccesdeux choses : 1% les vaisseaux , 2°. les renflemens ou glandes , mot impropre, en ce qu'il assimile les organes qu’il dé- signe avec ceux qui versent des fluides par les excré- teurs qui en naissent, ARTICLE PREMIER. Des l’aisseaux absorbans. Nous examinerons ces vaisseaux dans Jeur origine , leur trajet et leur terminaison. $ 1. Origine des Absorbans. L'origine des absorbans ne peut guère être dé- montrée par l'inspection : c'est comme la terminaison des exhalans, Telle est en effet l'extrême ténuité de ces vaisseaux à leur naissance, qu’ils échappent, dans le plus grand nombre des parties, aux yeux même armés des meilleurs instrumens d'optique. En quel- ques endroits on aperçoit bien des pores; mais il est difficile de distinguer quelle est leur nature, s'ils sont exhalans ou absorbans. Il faut donc déterminer l’ori- I, 38 576 | SYSTÈME gine de ceux-ci par les phénomènes qu'ils produisent en divers endroits. Là où il se fait des absorptions, il est manifeste que c’est la ou ils commencent. Or , en examinant attentivement les phénomènes des absorp- tions, on voit qu'ils se manifestent par-lout en géné- ral où il y a des exhalations; en sorte que le même tableau peut servir pour ainsi dire aux absorbans et aux exhalans : voici ce tableau pour les premiers. 1°. extérieurs nais= {1°. Muqueux. sant sur les systè- # ns mes , 2°. Dermoïde. 1°. Séreux. 2°, Cellulaire , eu ÿ 1°: la graine, © y prenant. 2°. a sérosité: 20, intérieurs nals- 19, des os courts, largess ù j s ' k et des extrémilés dés sant sur les systè-(., Médullaire. nu mes 2°. du milieu des os longs. ; ABSORBANS CS Mal _{ 1°. des articulations, 4. de 2°. des coulisses tendi- Deuscs. 30, de la nutrition. Reprenons ces diverses absorptions , dont je ne fournirai pas 1ci les preuves en détail, parce que ces preuves seront exposées dans chaque système d’où naissent les absorbans, 19. Les absorptions extérieures " ne répondent point exactement aux exhalations de même nature, En effet, ce n’est pas la sueuroul'insen- sible transpiration exhalées par la peau , qui sont re- prises paï les absorbans cutanés; ces fluides sont excré- mentitiels. De même les absorbans muqueux laissent se vaporiser la transpiration pulmonaire , laissent les ABSORBAN TS ,* 579 antres fluides exhalés sur leur surface , se méler aux alimens pour sortir ensuite au dehors.Ce sont les subs- tances contenues dans l'atmosphère , dans les corps environnans , elc., que ces sortes de vaisseaux pren nent par une absorption extrêmement irrégulière, comme nous le verrons, excepté cependant celle du chyle qui ne se fait point d’une manière continue, qui est sujette à de grandes intermittences , et qui d'autres fois a lieu avec une activité remarquable, 2°. Les absorptions intérieures, au contraire , cor- respondent par-tout aux exhalations analogues . Ainsi, lesabsorbansreprennent sur le système séreux la séro- sité;sur le système cellulaire la sérosite et la graisse,sur le système médullaire la moelle, sur le système syno- vial la synovie; fluides qui tousavoient , comme nons l'avons vu, été apportés par exhalation sur leurs sur- faces respéctives, et y avoient momentanément sé- journé. Ces absorptions’se font d’une D” côns- tante et régulière ; c'est ,ce qui les differenci essen- üellement des précédentes, Les absorbaus intérieurs ? sans cesse en aclion,reprennent dans le mê temps Ja : même quawtité de fluides; leur actioncorrespond e ac- tement à celle des absorbans. Remarquez que Co une doubledifférence essentielle entre lesabsorptions extérieures et les intérieures : savoir, que les unes s’exercent, d'une part, surdes fluides differens de ceux exhalés sur leurs sur faces, etqu'elles sont, d'ane autre part, sujeltes à des variations, et à des irregularités conlinuelles; tandis que lesautres, d’un côté , repren- nent toujours les #flaides exhalés sur leurs surfaces, d’un autre côté, sont constantes et régulières an mois dans l’état de santé. J’indiquerai, dans les systèmes 580 SYSTÈME | muqueux et cutané, la cause de celte importante : différence. AR 3°, Quant aux absorptions nutritives, nous les con- noïssons beaucoup moins que les précédentes; maisla nutrition les suppose évidemment. Il ya en effet, dans celte fonction, un double mouvement , l’un de com- position, l'autre de décomposition. Chaque organe, chaque partie d'organene sont plus à une époque for- més par les mêmes élémens qui les composoient à des époques précédentes. Les anciens croyoient , sans preuves posilives, que le corps se renouveloit tous les sept ans. Quelle que soit l’époque de son renou- vellement , on ne peut disconvenir qu'il ne soit ha- bituellement composé et décomposé : or, les exhalans répondent au premier mouvement nutrif; les ab- sorbans sont chargés du second. Remarquez en effet que les substances intérieures nerentrent jamais dans le torrent circulatoire pour être ensuite rejetées au dehors, que par la voie des absorbans. Les absorptions nutritives diffèrent donc des pré- cédentes, en ce que la substance déposée par exha- lation et reprise par .elles séjourne dans les organes, | en fait partie et concourt à les composer ; tandis que les fluides sur lesquels s’exercent les exhalations et les absorptions intérieures, après avoir été fournis par les uneset avant d'être repris par les autres, séjour- nent hors des organes, à leur surface ou dans leurs cellules, mais sans faire partie de leur structure. On concevra peut-être difficilement comment des substances nutritives solides peuvent être absorbées ÿ, par des vaisseaux aussi ténus. Hunter, à qui l'anato- mie doit beaucoup et sur les absorbans et sur leurs ABSORBANT, * 581 . sages , a déjà résolu cette objection. On pent ajouter à ce qu'ila dit , que la distinction entre les solides.et les fluides n’est réelle que quand ils sont en masse ; mais que quand il s’agit de leurs molécules isolées, ils ne diffèrent point : cela est si vrai, que la méme molé- cule fait alternativement partie d’un solide et d’un fluide , comme dans l’eau ordinaire ou soumise à la congélation , dans le plomb solide ou coulant , etc, Or, c'est molécules par molécules que les substances nulrilives sont absorbées : donc la distinction de fluide et de solide est nulle dans la fonction de l’ab- sorption. Puisque l’origine des absorhans est hors de la portée de nos sens , il est difficile, impossible même de dé- terminer la manière dont ils naissent | Ja structure particulière qui les distingue à leur origine, leurs commuuications, etc. Sans doute ils doivent différer essentiellement suivant les surfaces muqueuses, en tanées ,séreuses, synoviales, cellulaires, médullaires s auxquelles ils appartiennent : sans doute aussi que les. absorbans nutritifs différent singulièrement des. autres ; mais rien ne peut se démontrer par l’inspec- tion. Que n’a-t-on pas dit sur les villosités intesti- nales considérées comme origine des lactées, sur leurs ampoules , sur la forme des porosités péritonéales , plévriennes,ete., sur la spongiosité cellulaire? Je n’exposerai pas toutes ces hypothèses anatomiques, pour lesquelles on 2 abusé du microscope , et qui n'offriraient du reste , eussent-clles quelque fonde- ment réel , aucune induelion utile à la science. Les absorbans maissent-ils du système eâpillaire ? Si on eu juge par les injeetions, il semble que oui, 582 SYSTÈME cär plusieurs anatomisles distingués, én poussantune injection fine par les artères, ont rempli les absor- bans du voisinage. Je n’ai jamais vu rien de semblable. Cependant je suis loin de nier un fait attesté par Meckel. Si beaucoup d’autres expériences le confir- moient , il ést évident qu'il établiroit incontestable- ment l'origine des absorbans dans le système capil- laire, comme il prouve l’origine des excréteurs et des exhalans dans le même système. Au reste , les phé- nomèues des absorptions ne peuvent nous donner aucun aperçu sur le mode d’origine des absorbans. Au sortir des surfaces ou des organes dont ils naïs- sent, les absorbans sont extrémement ténus;ils échap- pent à tous nos moyens d'injection. Ils paroissent s’a- nastomoser les uns avec les autres, s’eutrelacer, for- mer un réseau multiplié, qui concourt beaucoup à la structure de certaines parties, des membranes sé- reuses spécialement. Au reste, nous connoissons peu cemode d’entrelacement. Cen'’est qu'après qu'ils ont parcouru un certain trajet ,que ces vaisseaux devien- nent accessibles à nos sens, que nous pouvons les etudier par conséquent d’une manière générale. S IT. Trajet des Absorbans. Nés des diverses parties que nous venons d’indi- quer , les absorbans se comportent de différentes manières, 1°. Dans les membres, ils se partagent lout de suite en deux plans très-distincts , l’un superficiel , l’autre profond. Le premier accompagne d’abord fée veines sous-cutanées, puis rampe aussi dans leurs in- ABSORBANT. b85 tervalles ; en sorte que quand les injections ont bien réussi, tout l'extérieur des membres paroït recouvert d’une espèce decouche lymphatique.Le second rampe dans les intervalles musculaires , principalement dans le trajet des artères et des veines. L’unet l'autre plans se dirigent vers la partie supérieure des membres. Leurs vaisseaux en y parvenant, s'y rapprochent les uns des autres, et s'y ramassent en un faisceau où ils sont plas rares, mais plus gros qu'inférieurement, et qui passe par cerlaines ouvertures qui les condui- sent daus le tronc : par exemple, ceux des membres supérieurs vienvent presque tous aboutir «u creux de l’aisselle, ceux des inférieurs au plide laine, et quelques-uns à l'échancrure sciatique. Or, comme c'est une règle générale , que tout absorbant doit passer par une ou plusieurs glandes, la nature a placé à ces ouvertures de communication des membres avec le tronc, un certain uombre de ces glandes. Ce- pendant , avant d'y arriver , quelques-uns ont déjà traversé de semblables glandes placées, en moins graud nombre, il est vrai, au jarret et au pli du bras. C'est dans les membres que les absorbans parcou- rent le trajet Le plus long saus traverser de glandes, 2. Dans le tronc, les absorbans forment d’abord deux plans, l’un sous-cutané, l’autre profond qui se trouve à la surface interne des parois des cavités, par exemple, entre ces parois et le péritoine pour l’ab- domen , entre ces parois et la plèvre pour la poitrine. : Le premier plan vient spécialement des paroïs char- nues et du tissu cellulaire abondant qui s'y trouve. Lé second appartient et à ces parois et à la surface séreuse qui les tapisse. Outre ces absorbans, chaque 564 | SYSTÈME viscère contenu dans les cavités précédentes en à de profonds et de superficiels : les premiers rampent dans l’intérieur même de l’organe; on voit les seconds à sa surface. Cette distinction est facile à faire sur le foie, larate , etc. Les absorbans extérieurs ayx parois du tronc parcourent un assez grand trajet sans ren- contrer de glandes. Ceux quirampent à la surface in- ierne.de ces parois offrent aussi une semblable dispo- sition. Mais à peine ceux venant des viscères en-sont- ils sortis, qu'ils rencontrent ces glandes, passent à travers un très-grand nombre de fois, parce qu’elles sont très-rapprorhees les unes des autres. 3°. On voit beaucoup d’absorbans à l’extérieur dæ crâne ; mais les anatomistes ne sont point encore par- venus à en découvrir dans sa cavité, ce qui coïncide peut-être, comme je l’ai dit, avec l’absence presque totale du tissu cellulaire dans cette cavité. On entrouve baucoup à la face , soit superficiellement, soit dans les intervalles musculaires, et autour des organes qui occupent cette région. Ils descendent au cou, où ils trouvent dans leur trajet un très-grand nombre de glandes qu'ils traversent successivement, Formes. des Absorbans dans leur trajet. Les absorbans diffèrent essentiellement des veines, en ce qu'ils parcourent de tres-longs trajets. avec le même volume. Tandis que le système veineux va toujours en se ramassant en troncs plus considé- rables, et qu’à peine un rameanu y parcourt quelques. pouces sans doubler son volume, celui des absors . bans reste lons-temns le même. Injectés, ces vais ne né: ABSORBANT. 585 éeaux paroissent de Join de longs fils blancs ram- pant sur leurs organes. Ï résulte de la, 1°.que la lymphe ne circule jamais comme le sang , en colonnes considérables, mais tou-, jours en filets très-ténus; 2°. que les absorbans sont irès-multipliés ; car le nombre supplée chez eux au volume : aussi toutes les surfaces en sont-elles cou- vertes , tandis que les veines s'y trouvent ramassées en troncs rarement disséminés; 3°. que le système absorbant n’a point réellement la forme d’un arbre, comme les systèmes artériel et veineux; le mode de division est absolument différent. Assez commu- nément les absorbans sont droits; quand ils sont flexueux, leurs courbures sont toutes différentes de celles des veines ou des artères. En effet, dans celles- ci, quand les tubes sont devenus aussi téaus que les absorbans, leurs courbures très-rapprochées ont une petitesse proportionnée à celle du vaisseau. Au con- traire, les flexuosités des absorbans sont grandes ; les courbes qui en résultent ont une étendue souvent très-considérable ; ils serpentent en longs replis sur les membres, quand ils n’y sont pas droits. Vus à l'extérieur , les absorbans ne sont pas tou- jours exactement cylindriques. Quand l'injection les remplit , ils paroïssent souvent noueux ; ce qui sans doute dépend principalement des valvules. Beaucoup d'autres lesont représentés comme une suite d’étran- glemens successifs; ce qui cependant n’est réel que jusqu'à uu certain point. Ce que j'ai vu souvent sur les animaux vivans, sur les chiens en particulier, ce sont des dilatations sensibles, des espèces de vésicules occupant le trajet 586 SYSTÈME dun lymphatique, et contenant de la sérosité. C’est à la surface concave du foie et sur les vésicules, qne j'ai fan le plus souvent cette observation, Si on vient à piquer ces vésicules avec une lancette, le fluide s’en écoule, et elles disparoissent aussitôt. Une fois, en faisant dés expériences dans d’autres vues ,je vis deux ou trois de ces petites dilatations aux environs de ja vésicule du fiel. Ayant laissé retomber le foie, pour examiner les intestins, je fus fort étonné un instant après de ne plus les retrouver : elles avoient disparu sansdoute par la contraction du vaisseau. Jeremarque; à ce sujet, que le foie est l'organe où ces sortes de vaisseaux se voient le mieux sur les animaux vivans:; mais il faut à l'instant où le ventre est ouvert, re- garder sa face concave ; car le contact de l'air , en les faisant resserrer, empêche bientôt de les distinguer. Au reste, je crois que, dans aucun cas , les absor- bans ne sont aussi distendus pendant la vie par la sérosité, qu'ils le sont par le mercure, à la suite des injections. Lorsque celles-ci ont bien réussi, on voit sur une foule de parties un lacis de vaisseaux très- marqués. Au contraire, le plus communément riende semblable ne s'aperçoit sur les animaux vivans. Quel- que promptitude que l’on mette à examiner la plupart des surfaces fe recouvrentles membranes séreuses, surfaces qu’on “ré mettre à découvert sans y faire couler le sang, on n’aperçoit rien , sinon quelquefois de petites stries transparentes, qui disparoissentbien- tôt sous l'œil. Orilest impossible que si les absorbans étoient pleins pendant la vie, comme ils le sont par des injections , leur transparence, contrastant avec Ja couleur des parties environnantes, ne les rendit pas ABSORBANT. 587 sensibles. J'ai choisi cependant de très-gros chiens, pour essayer de mieux voir leur trajet. Je crois que les injections doublent au moins le diamètre de ces vaisseaux. De la Capacité des Absorbans dans leur trajet. La capacité des absorbans est singulièrement va- riable; elle dépend absolument, sur le cadavre, de l'état où étoient ces vaisseaux dans les derniers ins- tans. Sur des sujets de même stature, de même âge, ils sont quelquefois plus apparens, d’autres fois à peine sensibles. Ils sont doubles , triples même , sur certains hydropiques, de ce qu'ils étoient dans l’état naturel. Plusieurs auteurs disent avoir vu des bran- ches presque égales au conduit thorachique, et plus grosses que le tronc du côté droit. Pour vous assurer de l'extrême variété des absorbans , sans le secours des injections, prenez des glandes lymphatiques en divers points , puis disséquez exactement leurs envi- rons; vous trouverez sans peine tous les absorbans qui s'y rendent. Alors vous pourrez vous convaincre de l'extrême variété de leur volume ; on peut même par ce moyen les suivre assez loin sans aucune injec- tion. Quelquefois, pour trouver la fin du canal tho- rachique , je prends une glande au voisinage de la deuxième vertèbre lombaire ; puis, suivant les filets lymphatiques vides, qui en partent pour se diriger ves ce canal] , je rencontre celui-ci sans peine. Quand on n’a pas l'habitude de trouver tout desuite les absorbans, cette méthode de les chercher par le moyen des glandes qui sont toujours très - apparentes réussitinfailliblement : on ne peut, ilest vrai, la mettre - 588 SYSTÈME en usage pour les membres ; mais dans la poitrine, et surtout dans l’abdomen, elle est très-commode. Par exemple, en prenant les glandes inguinales, on par- vient à suivre ces vaisseaux jusqu’au conduit thora- chique, en les injectant, ou même sans ce moyen. Quelques auteurs ont conseilléde faire une ouverture à la glande, et d'y placer le tube : cela réuissit rare- ment ; il vaut bien mieux ouvrir les vaisseaux qui partent de la glande, à l'endroit de leur départ. Ordiuairement aplatis sur le cadavre, parce qu’ils sont vides, les absorbans ne présentent jamais, dans cet état, un diamètre proportionné à celui que leur donnent les injections; quelles que soient les variétés de leur capacité, les fluides qu'on y pousse augmentent toujours. celte capacité. C'est leurapla- tissement après la mort, qui fait que souvent en vou Fant les ouvrir avec la lancette, on fend leurs deux parois ; ce qui rend plus difficile l'injection. La meilleure preuve del’extrême variété desabsor- bans dans leur capacité ,. c’est la nécessité de choisi certains cadavres déterminés pour kes injecter, les di£- ficultés. souvent très-grandes à les trouver sur des su- jets, tandis qu'ils se présentent tout de suite sur d’au- tres, lorsqu'on les poursuit dans les membres infé- xeurs ou supérieurs , à travers le tissu cellulaire, et. sans. avoir les glandes pour se guider. Il ne faut done point , d’après tout ce que je viens de dire, considérer le calibre des. vaisseaux absorbans d’une manière dé- reeminée. Sans cesse variables, suivant l’état de la lym- phe qu'ils contiennent, is n’ont pas même de terme oyeu auquel on puisse rapporter leurs augmenta- ER tions qu leurs diminutions. C’est là.le propre de tous, | ABSORBANT. 589 les canaux extensibles et contractiles, comme ceux de l’économie ; c’est ce qui fait qu’ils échappent né- cessairement à toute espèce de calcul de capacité, Ces variétés des absorbans ne sont point générales comme dansles veines, dont tous les grostroncs , par exemple , sont simultanément dilatés quand il y a un obstacle au poumon. Ici, c’est tantôt une seule, tantôt plusieurs branches qui s’élargissent ; les autres res- tent rétrécies. Quelquefois la dilatation est générale dans une partie , très-souvent il y a des dispropor- tions singulières de capacité dans le même vaisseau : il est dans un endroit double de ce qu'il se trouve dans un autre, quoiqu'il v'ait point recu de branches. Les auteurs ont été singulièrement embarrassés pour fixer la capacité du conduit thorachique, Je je crois bien ; car on ne la trouve jamais deux fois la mème. Ce n’est pas de la constitution du sujet. que dépendent ces variétés, mais uniquement des fonc- tions , et de: l’état où ces fonctions se trouvoient à la mort. Qu'il soit dilaté en haut, rétréci au milieu ; qu'en basil présente une ampoule, nommée par quel- ques-uns le réservoir du chyle, etc., ce sunt là des circonstances dont le plus grand nombre varie sans cesse pendant la vie, suivant la quantité, la nature de Ja lymphe, les obstacles à son cours en telle ou telle partie. Nous trouvons cent variétés du conduit thora- chique et des absorbans sur cent sujets différens, Eh bien!le même sujet a éprouvé peut-être ces cent varié- tés àdes époques différentes de sa vie. Si la vie revenait et s’anéanussoit plusieurs fois sur le même homme, les _ Systèmes veineux et absorbant nous présenteroïent ‘peut-être aulant de variétés qu’il mourroit de fois, 5go SYSTÈME On voit, d’après ces considérations, à quoi se ré duisent tous ces minutieux examens de proportion entre la capacité des vaisseaux , qui remplissent nos livres de-physiologie. Si on comparela somme des veines à celle des ab- sorbans, il est difficile sans doute, d’ aprés ce que je viens de dire , d’avoir quelque apercu précis; maïs on peut établir des approximations. Or, les absorbans ne paroissent guère inférieurs aux veines : sous le rap- port des branches, par exemple, la somme des lym- phatiques des membres inférieurs, mise à côte de la capacité des troncs veineux, ne lui est pas très-infe- rieure. De même, dans toutes les autres parties, les veines étant plus grosses, mais les absorbans. plus nombreux, la disproportion n’est pas très-grande. D’après cela, 1l semble qu’il ne devroit y avoir que peu de différence entre Les troncs qui terminent les veines et ceux qui sont les aboutissans du système exhalant : cependant cette différence est énorme, comme nous le verrons. Anastomoses des Absorbans dans leur trajet. Dans les membres, à l'extérieur du tronc et dela tête , dans les espaces intermusculaires, etc. ; les anastomoses sont très-sensibles. On voit des branches de communicalion se porter d’un absorbant à l’autre; eu sorte qu’on diroit que souvent ces vaisseaux se bifurquent. Mais cette apparence est le plus souvent illusoire ; car chaqué branche de la bifurcation est presque loujours aussi grosse que le tronc. Sous les surfaces séreuses, comme à la face convexe du foie, du poumon, de la rate, elc., les anastomoses ABSORBANT. bgt sont iohyiment plus mulüipliées : c'est une espèce de réseau daus les planches des auteurs; car j'avoue n'avoir jamais injecté celte portion du système ab- sorbant, Les anastomoses des absorbans se font, 1°, d’un vaisseau à un autre qui lui est contigu; 2°. des divi- sions sous-cutanées aux inter-musculaires dans les membranes, et dans les organes, des divisions sous-sc- reuses à celles qui occupent l’intérieur deces organes. 3°, Elles ont lieu entre les absorbans des régions su- périeures, et ceux des inférieures ; 4°. entre ceux qui vont au canal thorachique et ceux qui vont au grand vaisseau lymphatique droit, etc. | C'est par ces anastomoses qu’on conçoit comment le tube à mercure, étant placé dans un-absorbant, plusieurs autres se remplissent autour de lui, Elles sont d'autant plus nécessaires , dans le système qui nous occupe, que la lymphe est sujette, comme le sang noir, à une infinité de causes de retardement dans son cours, vu l'absence d'agent d’ Himpualsion à l'origine des absorbans. A pesanteur; les mouvemens M les com- pressions diverses, etc., ont sur Je mouvement de ce fluide la même influence que sur celui des veines; la pesanteur surloutin{lae beaucoup. Qu sait que pour peu que les forces soient affoiblies à la suite des lon- gues maladies, une station un pen prolongée rend les jambes œdémateuses : voilà pourquoi elles sont tou- jours alors plus gonflées le soir que le matin. Quant aux compressions, il n'en est aucune qui, un peu forte et agissant sur beaucoup d’aborbans,ne produise aussi l'oœdème. Ce n'est pas la largeur de la surface 592 | SYSTEME -comprimée qui influe sur ce phénomène ; “e'est uni quement la quantité d’absorbans qui traversent cette surface. Ainsi la tête de l’humérus, en se plaçant sous l’aisselle, fait fréquemment gonfler le bras, tandis que des compressions plus étendnes au niveau du del- toïde, où il y a beaucoup moins d’absorbans, ne pro- duisent point cet effet, etc. D'après ces phénomènes, il falloit donc les mêmes moyens pour favoriser la circulation lymphatique, que pour aider à la veineuse. Ces moyens sont sur- tout les anastomoses ; c'est par elles que la première de ces circulations se continue malgré tous les obstacles extérieurs que nos vêtemens lui opposent en certains endroits, malgré les pressions diverses que les organes exercent les uné sur les autres. Ce n’est que quand la totalité des absorbans d’une partie est comprimée , que le mouvement de la lymphe languit. Ainsi la ma- trice devenue très-volumineuse dans la grossesse, pesant sur tous ceux des membres inférieurs, ces membres s'infiltrent souvent. Je ne vois guère en de- dans, que cet organe qui par sa posilion puisse pro- duire ces infiltrations générales par compression. Le foie et tous les autres organes ne sont point suscepti- bles de déterminer un semblable phénomène. Quand l’hydropisie arrive par leur affection, ce sont plutôt les exhalans qui augmentent leurs fonctions. Remarques sur la Différence des Hydropisies , suivant qu'elles sont produites par plus d’ exha- lation ou par moins d'absorption. Ceci me mène à une remarque qui me paroît tres- importante pour les hydropisies, savoir, à déterminer ABSORBANT. 593 quand le défaut d’action des absorbans les produit, et quand elles dépendent de l'accroissement de celle des exhalans. 1°, Toutes Tes fois qu’ane higature trop serrée, ap- pliquéeàunmembre,en fait gonfler la partieinférieure, tontes les fois qu'une station trop prolongée, l'attitude perpendiculaire des membres supérieurs , ete., pro- duit le même effet, etc. , il est à présumer que l’infil- tration dépend de la compression deslymphatiques, et qu'ellearrive alors comme lesdilatations veineuses en pareille circonstance, parce que la lymphe éprouve de la difficulté à circuler. Voilà donc un cas où les exha- lans sont étrangers à l’hydropisie, qui arrive parce que les absorbans ne reprennent pas ce qu'ils fournissent. Si d’autres causes, comme. une meurtrissure , une plaie , etc., diminuent le ressort de la partie, les ab- sorbans, directement affoiblis, ne pourront reprendre leurs fluides. De même, si leur affoiblissement est sy m- pathique, c'est-à-dire, s’il dépend de la lésion de quel- que viscère, le même phénomène en résultera, Dans tous ces cas, on trouve les absorbans très-dilatés sur le cadavre; ils sont même souvent pleins de fluides. 2°. Mais dans les affections organiques auxquelles succède l’hydropisie, certainement ce sont les exha- Jans qui, dans le plus grand nombre de cas au moins, versent plus de fluides qu'à l'ordinaire. La plèvre se remplit dans la phthisie, comme la peau se couvrealors de sueur tous les soirs, comme on crache le sang, etc. Ce sont ces exhalations que j'ai appelées passives. Elles sont si réelles et si abondantes pour les surfaces sé- reuses , que, si on fait la ponction , souvent le péri- toine se remplit de nouveau avec une rapidité telle , Ie 59 594 SYSTEME que l'eau qui se ramasse en un jour , ne seroit pas fournie en un mois, si l’exhalation étoit à son degré ordinaire. Je ne dis pas que, dans ces cas, les absor- bans ne soient aussi affectés ; mais Id cause princi- pale des hydropisies est certainement alors dans l’ac= tion accrue des exhalans. Je pourrais citer d'autres exemples, mais celui-ci suffit. Il y a quatre ans que je m'occupois des absorbans ; je remarquai alors que ces vaisseaux ne sont pas toujours très-apparens dans les hydropiques, malgré ce qu'ont dit une foule d'auteurs, et que très-souvent on les voit plus facilement sur des sujets très-maigres. Je n’avois point encore alors songé à cette différence des by- dropisies; mais, en travaillant de nouveau sur ce système pour mon Anatomie descriptive , je me pro- pose bien de comparer les cas de sa dilatation ou de sa non dilatation, avec la cause de la mort. $ IL. Terminaison des Absorbans. Tous les absorbans connus vont se réunir à deux troncs principaux. L’un, qui est le canal thorachi- que, reçoit tous ceux des membres inférieurs et de l'abdomen, ceux d'une grande partie de la poitrine, ceux du côte gauche des parties supérieures, L'autre est formé par le concours des absorbans du côté droit des parties supérieures, tant de la tête que des membres, et de quelques-uns de ceux de la poi- trine. Ces deux troncs principaux se jettent dans la veine cave supérieure : autour d’eux, plusieurs plus petits viennent aussi s'y rendre. Pour peu qu’on examine Ja quantité d’absorbans répaudus dans toutes les parties ,1l sera facile de con- ABSORBANTe 595 cevoir combien est énorme, ainsi que je l'ai dit, leur disproportion de capacité avec celle de cesdeux tronc, Comment se fait-il que toute la sérosité contenue sur les surfaces séreuses et daus le tissu cellulaire , que tout le résidu de la nutrition , que loute la graisse, le suc médullaire et la synovie , quetoutes les boissons, tout le produit des alimens solides qui entrent sans cesse dans le torrent circulatoire , aient à passer, pour y pénétrer, à travers des vaisseaux si petits ? Cette observation a frappé tous les auteurs : elle offre, je l'avoue, une très - grande difficulté à résoudre. En effet, 1°. quand il y a disproportion de capacité en- tre les vaisseaux sanguins , alors la vitesse augmente là où le calibre est moindre , et les choses se trouvent compensées : ainsi, quoique la capacité des veines surpasse celle de l'artère pulmonaire , tout le sang des premières passe cependant par la seconde. Or, si on examine sur un chien le canal thorachique pen- dant la digestion , ce qu’il est facile de faire en ou- vrant tout-à-coupla poitrine à droite, en soulevant le poumon de ce côté ,et en fendant , le long de l'aorte, la plèvre qui laisse apercevoir tout de suite ce canal alors très-blanc à cause du chyle qui le parcourt; si, dis-je, on examine le canal thorachique en action, ou voit que la circulation s’y opère à-peu-près comme dass les veines. En l’ouvrant alors, un jet plus consi- dérable n'indique point une vitesse plus grande que celle du sang veineux. 2°. On pourroit dire que pen- dant la vie le canal thorachique est assez dilaté pour correspondre à tous les absorbans ; mais l'observation prouve précisément le contraire. Le canal thorachi- que, plein de chyle, est sans doute un peu plus di- 596 | SYSTÈME laté que sur le cadavre ; mais je me suis assuré un très-grand nombre de fois que la différence n’est pas trés-grande. 3°. En supposant qu’il passe par le caual thorachique une grande quantité de fluides, malgré sa petitesse , la veine cave supérieure devroit être proportionnellement dilatée entre lui et le cœur; or, cependant elle reste presque la même après avoir reçu ce canal. 4°. Heuson, en prenant du fluide daus les lymphatiques, a prouvé qu’il éloit analogue à celui des surfaces séreuses : sa transparence, lors- qu’on l’examine sur les vaisseaux d’un animal vivant, me le fait aussi présumer , quoique ce ne soit pas une raison concluante. Or, comment un fluide idenuque peut-il résulter d’un assemblage d’élémens si diffé- rens, savoir, de ceux qui composent les absorptions muqueuses, cutanées , nutrilives, graisseuses , elc. ? J'avoue que les différentes substances qui entrent dans le sang noir par le canal thorachique et par le conduit correspondant, peuvent y pénétrer en des temps différens ; que la lymphe, la graisse, le chyle peuvent avoir chacun leur moment de passage. Mais d’abord cette explication n’est appuyée sur aucun fait; ensuite la disproportion seroit encoretrès-grande. Une foule d’anatomistes distingués ont cru que les veines absorbent, et ils ont joint ces vaisseaux aux lymphatiques, sous le rapport de cet usage. Halier, Meckel , et avant eux, Kaw Boerhaave, ont élé de cet avis. De tels noms méritent sans doute un examen des raisons avancées : pésons done ces raisons. 1°. On a vu le conduit thorachique oblitéré, et Pabsorption s'exéculer encore, puisque la vie étoit conservée chez l'animal; mais comme on n’avoit point observé | ABSORBANT. 597 si legrand lymphatique droit et les accessoires éloient oblitérés également , ün ne peut rien conclure dé ce fait. D'ailleurs les observations sur ce point impor- tant ne me paroissent pas bien constatées. On déci- déroit, jé crois, cette question bien facilement , en liant, perdant là digestion , le canal thôrachique à son entrée dans la juguläire : ôn pourroit ÿ parvenir sur la partie inférieure du cou, où sà blancheur ser- viroit alors à le faire distinguer ; on ne blesseroit au- cune partie essentielle, Cette expérience jetteroit uñ grand jour sur la quéstion générale dés absorptions. 2°, Des'injections fines, faites par la veine mésaraïique, se répandent en rosée sur le péritoine; l’on en a con= ela que les absorbans viennent se terminer dans cette veime. Mais comme lesextrémités veineuses commu niquent avec le système capillaire, et que celui-ci donne naissance aux exhalans, l'injéction , en traver- sant ses anastomoses nombreuses, a pu facilement se répandre par cette voie, que la vitalité férmoit pen- dant la vie, mais que la flaccidité des parties ét l’ab- sence de sensibilité ouvrent après la mort. 3°. La com- pression des veines superficielles produit l’infiltration des membres; mais comme celte compression porte en même temps sur les absorbans, on n'en peut tirer aucunéiriduction pour l'absorption veineuse. 4°, Kaw Boerhaave ayant introduit de l’eau dans le conduit intestinal , cette eau s’est retrouvée dans lés veines mésaraiques ; mais cette expérience , répétée plu- sieurs fois dépuis, n’a point donné ce résultat. 2°. Ajoutez à ces considérations les nombreuses ex périences du docteur Hunter, pour prouver qu’il ne se fait point d'absorption veineusé sur la surface des 598 SYSTÈME intestins, et vous verrez que celle absorption vous paroîtra très-incertaine, sous ces premiers rapports, Mais si vous envisagez la question sous d’autres rapports, vous ne pourrez disconvenir que, certains faits n’offrent des probabilites en faveur de cette ab- sorption. 1°. Îl est presque certain que les extrémités veineuses pompent, par voie d'absorption, le sang épanché dans les corps caverneux. 2°, On ne voit point d'absorhans sur le placenta, et cependant la veine ombilicale reprend tous les fluides de ce corps. 3°. Meckel ayant ivjecté un vaisseau lymphatique qui se rendoit à une glande, le mercure injecte passa dans une veine voisine. Toutes ces observations jettent une grande obscu- rité sur la terminaison des absorbans. Je crois que, sid’un côté nous ne pouvons douter que le plus grand nombre de ces vaisseaux , ceux surtout qui viennent des surfaces séreuses, du tissu cellulaire, des intes- Uus, ne se rendent aux terminaisons connues ; d’un autre côté, nous devons suspendre notre jugementsur la manière dont finissent les autres, et que la question demeure absolument indécise sur ce point, jusqu’à ce qu’on soit éclairé par de nouvelles expériences. Ici, comme dans tant d’autres points, la physiologie a en- core besoin de grandes lumières, En effet, 1°. dispro- portion énorme entre les absorbans et leurs troncs communs; 2°. impossibilité de bien concevoir, d'après l'apalogie des veines, la circulation lymphatique, avec l'appareil que nous présentent les injections pour ses vaisseaux; 3°. beaucoup de probabilités contre, et quelques probabilités pour l'absorption veineuse; 4°, aucune autre voie connue pour que les, ABSORBANT. 599 fluides pénètrent des absorbans dans le sang , que les troncs indiquées plus haut. Tout n’est qu’obscurité ou contradictions dans les diverses données qui pour- ‘roient nous servir à résoudre ce problème. $ IV. Structure des Absorbans. ‘ Cette structure, susceptible seulement d’être obser- vée dans les gros troncs, par exemple, dans le conduit thorachique, nous offre d’abord, dans son organisation _ commune, une couche de tissu cellulaire dense, de même nature que celui dont nous avons déjà si sou- vent parlé, dont nous parlerons encore, et qui se trouve autour des artères, des veines, des excréteurs , sous les surfaces muqueuses, etc., etc. Ce tissu fila- menleux, étranger jusqu’à un certain poini au vais- seau , le fortifie cependant beaucoup, en l’entourant d'une membrane extérieure surajoutée à celle qui lui est propre. Si, comme le fait Cruikshark, on ren- verse le conduit, et qu’on y introduise un tube de verre d’un diamètre un peu supérieur au sien , cette dernière membrane se rompt. C’est comme dans les artères où une ligature coupe la membrane interne, et respecte la celluleuse. Même phénomène par l’in- sufflation de Fair : un effort beaucoup plus grand est nécessaire alors pour rompre le tissu cellulaire, que pour déchirer la membrane propre du conduit tho= rachique. Aucune fibre charnne ne se remarque, d’une ma- nière sensible au moins, dans les absorbans. Quelques auteurs y en out admis; mais l'inspection contredit leurassertion, même sur le conduit thorachique. Pro- bablement des vaisseaux sanguins parcourent les pa- 600 SYSTEME rois des absorbans : dansles injections ordinaires, ils sont souvent sensibles sur le conduit thorachique. On ignore s’il s'y trouve des nerfs: ils y sont peu mar- qués, si on en juge par l’analogie des veines, qui ont un grand rapport de structure avec ces vaisseaux. La membrane interne qui forme le tissu propre des absorbans est continne à celle des veines, et forme avec elle une suite non interrompue de petits tuyaux. Délicate, transparente, elle est humectée sur le cada- vre par un fluide onctueux ;qui lui est, jecrois, étran- gersur le vivant, comme celuides artères l’estäaces vais- seaux. Elle adhère à la membrane externe par un tissu cellulaire serré, qui, comme dans les veines , est rare- ment sujet à l’ossification, Mascagni en cite cependant un exemple dans les absorbans du bassin. Maïs il est une autre affection analogue à celle-ci, et que j’ai déjà vue plusieurs foissur cette sorte de vaisseaux. Souvent leur cavité contient une matière blanche, comme plâ- treuse, surtout à la surface externe du poumon. Alors, sans préparation, les absorhans présentent presque l'apparence qu'ils ont quand le mercure les remplit. La membrane propre forme , par ses replis , des val- vules semblables à celles des veines, mais beaucoup plusnombreuses, On trouve ces valvulesunies deux à deux; rarement une seule existe isolément. Elles lais- sent entr'eiles de fort petits intervalles, très-variables cependant en étendue, De là vient que le conduit tho- rachique peut tantôt être injecté de haut en bas dans toute sa longueur, tantôt ne recoit le fluide que dans un court espace, suivant qu'elles sont plus ou moins multipliées dans sa cavité; ce qui dépend aussi beau- coup du rapport de leur largeur avec le calibre du SO UE PE CE RE PS ABSORBANT. 6ot vaisseau , rapport qui varie par les mêmes causes que celles assignées pour les veines. De là vient qu’un ab- sorbant isolé ét rempli d’injections présente en très- grand nombre ou ne présente point ces nodosités qui, comme nous l’avous dit, indiquent les valvules, Par-tout où une branche se réunit à un uronc, deux de ces replis existent à l'endroit de leur jonction. Cela est remarquable surtout au conduit thorachique qui, injecté de haut en bas, offre une dilatation à l'origine de chaque branche, parce qu’en cet endroit les val- vules se sont opposéesau fluide, Peu nombreuses dans le système superficiel desorganesrevétus par des mem- branes séreuses, comme sur la convexité du poumon, de la rate, elles y permettent facilement le passage du mercure d’une division à l’autre, et s'y trouvent supplééés, dans leurs fonctions habituelles, par le grand nombre des anastomoses, Leur usage est le même qu'aux veines, savoir, de permettre l'ascension du fluide, et d'empêcher son retour; mais elles ne remplissent pas toujours exac- tement cet usage. Souvent l'injection en franchit sans peinequelques-unes. Dansles hydropisies, où lesabsor- bäns sont pleins , si on soulève la peau, on distingue fa- Clément ces vaisseaux à leur transparence; mais bien- tôt, malgré leurs valvules, ils se vident , et cessent alors d'être sensibles à l'œil. Divers anatomistes ont poussé de l'air,etmême d'autresfluides, dans un grand nombre delÿmphatiques par lemoyen du conduit thorachiqué, en sens opposé des valvules par conséquent. Tous ces phénomènes ne supposent point pour ces vaisseatx , comme pour leur conduit commun, des variétés dans lästeuctare des valvules, dans leur largeur ,etc., mais 602 | SYSTEME uniquement des degrés divers de dilatation ou de resserrement, degrés eux-mêmes indépendans de la structure, comme je l’ai git. Dans Ja dilatation, les valvules bouchent moins bien leur calibre que dans le resserrement. Les valvules des AB paeS ont la même forme, la même disposition que celles des veines; elles parti= cipent ; par leur absence constante d” RÉAL LL au caractère général de la membrane dont elles émanent, et qui les forme en se repliant, ARTICLE DEUXIÈME Glandes lymphatiques. S Ier, Situation, volumé, formes, etc. Crs glandes sont disséminées dansles diverses parties en nombre plus ou moius considérable. Dans les mem- bressupérieurselinférieurs,on n’entrouve qu’un petit nombre, si ce n’est à leur partie supérieure, comme à Faisselle , à l’aine. Au pli du jarret et du coude, il y en a quelques-unes, et même on en a fait graver au niveau de coude-pied. Mais sur le bras , la jambe, la cuisse, l’avant-bras, etc., on n’en trouve point, C'est au niveau des articulations que toutes se rencontrent; sous ce rapport, on peut dire qu'elles vont toujours en augmentant des inférienres aux supérieures, sans doute parce qu'en montant le nombre des absorbans va toujours croissant. Peu nombreuses au crâue, elles n'occupent que l’ex- térieur de celte cavité, et aucune ne s’est, Je crois,en- core trouvée dans sa cavité ; ce qui prouve peut-être { | 4 j | | ABSORBANT. 603 que ce n’est pas la ténuité des absorbans qui nous les y dérobe, mais que c’est parce qu'ils y sont d’une nature particulière et différente de celle des aûtres. La face contient beaucoup de ces glandes, surtout le long du conduit de Stenon , sur le buccinateur, etc. Quant au tronc, si l’on prend la colonne vertébrale pour terme de comparaison , on voit que les glandes Jymphatiques peu abondantes et même presque nulles à sa partie postérieure , sont très-multipliées antérieu- rement. Au cou, les veines jugulaires sont accom- pagnées par une suite nombreuse de ces sortes de glandes. A la poitrine, le médiastin postérieur en con- tient un assez grand nombre. Dans l'abdomen, elles se trouvent multiphiées le long de la colonne verté- brale , derrière le mésentère. T'out l’intérieur des cavités thorachique et abdomi- nale, considéré ailleurs qu'au-devant del’épine, en est aussi garni. Êlles sont très-rapprochées dans le mésen- tère , à la racine des poumons, autour des broncheset dans le bassin. Nous voyons, d’après cettedisposition, que , 1°. les glandes lymphatiques se trouvent en gé- néral plus multipliées aux endroits où domine le tissu cellulaire dans lequel elles sont comme plongées, rap- port remarquable dont nous ne pouvons précisé ment assigner la raison. Il est peu de parties abon- dantes en ce tissu, qui n'abondent aussi en glandes lymphatiques , et réciproquement il n'y a pas de ces espèces de glandes là où il manque. 2°, Oa voit aussique les parties les plus éloignéesdes troncs com- mups des absorbans, comme les membres, la tête, Je dos, etc., sont moins pourvues de,ces glandes ; que plus on se rapproche decesironcs communs, plus. 604 SYSTÈME élles déviennént multipliées; en sorte qu’on pourroit dire qu’elles établissent autour d’eux comme une es- pèce de limite qui les sépare des absorbans secondai- res, et qui en même temps les font communiquer avec EUX, Le volume des glandes lymphatiques est variäble depuis un dixième de ligne de diamètre jusqu’à là grosseur d'unenoisette,et même davantage. Souventil est si pelit, qu'on les découvre difficilement , et même qu'on ne peut lés apercevoir quand les maladies ne leé ont pas développées. Leur augmentation de gros- seur est un effet ordinaire des affections serophu- Jeusés qui nous montrent souvent des glandes lym- phatiques dans des éndroits où l’on n’en connoissoit point, sur certaines parties de la face et du cou spé- cialement. On ne peut pas dire alors que des engor- semens du tissu cellulaire en imposent; car la eom- paraison de ces Corps, qui se manifestent aiusi par là maladie et qui sans doute préexistgient , avec Îles glandes lymphatiques connues , et qui se trouvent alors également engorgés, fait voir une identité par- faite. T'ous présentent où la même substance lardacée et blanchâtre, où le même pus caséeux, suivant la période de la maladie. | ” Eu général, ces glandes sont très-développées chez l'enfant, diminuent chez l’adulte et disparoissent presque chez le ET On Hojonte à ce qu’il m'a l'HaRfée : dans les Vémpéciiené Rnn que dans les sanguins. Des divers engorgemens dont elles sont susceptibles én différens endroits, c’est Je car- réau qui leur donne le volume le plus considérable, ABSORBANT. Goï Leur forme, tantôt ovale, tantôt plus où moins alongée, rentre toujours dans les formes arrondies, qui sont généralement celles vers lesquelles tendent tous les organes des animaux, et même tous ceux des corps organisés ; tandis que les formes cubiques, prismoïdes , etc., sont plutôt celles des corps inorga- niques. Les glandes lymphatiques » quelquefois isolées comme aux extrémités des membres, se rassemblent en plus grand nombre à mesure qu'on avance vers les Uoncs communs. L’aisselle et l’aine en contien- uent déjà beaucoup, comme je l'ai dit ; mais dans l'ab- domen , elles sont réunies par groupe, et se pressent si fort dans le mésentère , qu’elles ont paru à Azelk former en cet endroit , non une réunion d'organes, mais un organe unique qu’il a pris pour un second | pancréas , et auquel il a donné son nom. SH, Orsanisation. La couleur de ces glandes, rongeätre dans l'enfant, grisâtre chez l'adulte, prend chez le vieillard cette teinte jaunâtre, cet affaissement et cette flaccidité qui caractérisent alors presque tous les organes. Cette couleur varie encore suivant les régions : ainsi les glandes bronchiques ont une leiale noirâtre , inhé- rente en partie a leur structure, mais due sroballe- ment aussi au fluide qu’elles contiennent, comme le prouve l'aspect de ce fluide , qu’on fait sortir par ex= pression de la glande coupée. Cette couleur ne dépend point du voisinage du poumonel de celle de cet organe qui est aussi parsemée, comme on sait, de taches noi- râres ; la preuve, c'est quetrès-souventj'aidejàtrouvé 606 SYSTÈME les glandes lombaires, més-ntériques, etc., noires aussi. Cependant il n’est aucune parue où cette cou- leur soit plus commune qu'autour des poumons. Cruikshank, pour prouverle passage deslymphatiques àtravers les glandes, dit avoir trouvé celles des envi- rons du foie teintes En jaune dans l’ictère , où il est assez probable qu’il ÿ à absorption delabile, Mais cette remarque est peu importante , puisque toutes Les par- ties du corps, sans exception, offrent , dans cette affection, cette couleur qui est seulement un peu plus sensible dans les parties celluleuses. Cependant, on ne peut nier que ces glandes ne pren- nent souvent une couleur semblable à celle du fluide qui remplit les absorbans , soit dans l’état naturel, soit dans les injections, à cause du grand nombre de divisions vasculaires dont elles sont pénétrées à l’in- térieur. Pendant la disestion, au moment où les vais- seaux lactés transmettent le chyle , les mésentériques deviennent presque blanches comme ce fluide , et per- dent bientôt cette couleur quand la transmission est finie.FEn remplissant de mercure le système absor- bant , le même phénomène s’observe. Parties communes. La structure des glandes lymphatiques, considérée dans ses parties communes, est celle-ci : un tissu cel- lulaire lâche , extensible ,tres-abondant, les eatoure, leur permet de se mouvoir et d’être facilement de- placées par le doigt qui les pousse. De là cette mo- bilité remarquable de la plupart de ces organes dans les premiers 1emps de leur engorgement , où ce tissu À ABSORBANT. 607 n'y participe point encore ; car peu à peu il s’affecte, perd salaxité,etalors à la mobilité succèdel'adhérence. Ainsi, d’abord roulantes dans le cancer, les glandes deviennent-elles ensuite fixes. Dans les inflammations aiguës, elles sont en général aussi fixes, parce que le tissu voisin participe presque Loujours à la maladie, Le tissu cellulaire forme en outre aux glandes une membrane dense qui les enveloppe plus immé- diatement , et qui, dépourvue de graisse et de séro- site, présente la nature de l'enveloppe celluleuse des absorbans. C’est celte dernière membrane qui, dans l'état ordinaire, donne aux glandes une apparence en général lisse et polie; car les injections de mer- cure y développent quelques aspérités dues à la saillie des vaisseaux qui les parcourent à l'intérieur, Quel- ques enfoncemens légers se voient aussi à leur sur- face ; ils sont à ces glandes, ce que sont au foie, à la râte, aux poumons, les sillons de leur face con- cave; c’est par là que les vaisseaux s'introduisent. On jugeroit, dans les glandes Jlymphatiques, les artères tres-nombreuses, si l’on s’en rapportoit aux injections qui les coforent en totalité, pour peu qu’elles soient ténues et poussées adroilement : mais nous avons reudu raison du peu de fonds qu’on doit faire sur ce moyen. L'inspection simple, infiniment plus sûre, sur ‘up animal vivant, ne fait découvrir dans ces glandes qu'’assez pen de sang. Dans le Rx et l’enfant, la quantité de ce fluide est beaucoup plus considérable; de là en partie la rougeur qui caractérise les organes à cet âge de la vie. On ignore si des nerfs y existent, et si quelques-uns des rameaux nombreux que les gapglious envoient daus leur voisinage, surtout dans 6Go8 SYSTÈME le mésentère, s’introduisent dans leur lissu : je n’y en ai jamais suivi. ; Tissu propre. La substance propre desglandes lymphatiqués pré- sente une pulpe assez analogue à celle des ganglions nerveux. Aucune fibre n’y peut étredistinguée. Molle chez le fœtus, flétrie dans le petit sombre de glandes qui restent au vieillard, cette substance est partculie- rement altérée, comme je le dirai, par les maladies scrophuleuses et par l'influence des affections des or- ganes voisins. | Ce tissu propre a une densité plus ou moinsgrande. On le trouve plus solide, et résistant mieux à l’injec- tion du mercure dans les glandes superficielles, que dans les profondes. Des cellules s’y trouvent d'espace en espace, surtout chez l’enfant ; elles contiennentun {laide blanchâtre qui disparoît aussi bien que ces cel- luleselles-mêmes, dansun âge avancé. Ce fluide, d’une nature toute particulière , ne peut être comparé qu’à ceux de la glande thyroïde et du thymus, qui, comme celui-ci, se trouvent pour ainsi dire extrayasés dans les intervalles des organes quiles séparent, n’ont point de réservoirs, et sont absolument inconnus dans leurs usages. Sans doute que la grande quantité de sang qui pénètre les glandës lymphatiques de l'enfant, est re- lauive à la surabondance de ce fluide. Quelquefois chez l'adulte, on en trouve encore une grande abon- dance dans les glandes bronchiques, où il est noi- râtre. Quelques phystologistes ont cru, sans preuve anatomique , qu'il se répand sur les bronches, et qu'il forme en partie les crachats noirâtres qu’on rend en ABSORBANT. 609 se levant. Le cit. Fourcroy est en particulier de cette opinion :il attache de l'importance à la couleur noi- râtre de ces glandes qui sont peut-être, selon lui, le réservoir de la matière charbonneuse du sang. Le fait est qu’elles appartiennent au système lymphatique ; que, dans-an grand nombre de sujets, elles sont gri- sâtres ou rougetres ; que nous ne leur connoissons aucun excréteur; que leur tissu est pulpeux comme celui des glandes analogues; que leur volume les dis- tingue cependant de, toutes les autres. J'ai observé que les acides, les alcalis et Ja coction n’altèrent que peu leur couleur noirâtre,non plus que celle du fluide qui s’y trouve. C’est dans le tissu propre des glandes lymphatiques que les absorbansse ramifient , après s’y être introduits en certain nombre, et chacun par de nombreuses ra- mifications, pour en ressortir ensuite par plusieurs autres branches auxquelles donnent aussi naissance une infinité de petits rameaux. Chaque glande, sous ce rapport , peut-être considérée comme le centre de deux petits systèmes capillaires opposés, et qui s’anas- tomosent ensemble. Dans l'intérieur de ces glandes, ces rameaux très-flexueux , repliés sur eux-mêmes de diverses manières, occupent une grande partie du tissu propre de ces organes , que plusieurs ont cru en conséquence n'être autre chose que l’entre- croisement des absorbans; idee qui n’est point prou- vée, puisque ce tissu n'est point encore bien connu. - J’aiobservéqu'ilestsusceptibled’'unracornissement moindre que la plupart des autres tissus animaux. I! se rapproche, sous ce rapport, de celui desglandes vé. ritables; mais ilen diffère en ce qu’au lieu de continuer Le 49 610 SYSTÈME à durcir par une coction prolongée , il se ramollithien- tôt, devient pulpeux , et s'écrase avec une extrême facilité sous le doigt qui le presse. Les acides; après l'avoir crispé, le fluidifient aussi plus facilement que beaucoup d'autres lissus : cela est remarquable pour le sulfurique et le muriatique. Exposé à l’action des alcalis , il perd quelques-uns de ses principes, qui af- foiblissent ces dissolvans ; mais il ne se dissout jamais entièrement. ARTICLE TROISIÈME. Propriétés du Système absorbant. Nous considérons dans le méme article les proprié- tés des vaisseaux absorbans et celles de leurs glandes. $ I. Propriétés de bissu. L’extensibilité de tissu existe dans le système ab- sorbant. En effet, 1°. le canal thorachique se distend d’une manière sensible par l'injection , ayant que la rupture de sa membrane propre ait lieu. 2°. J'ai dit que souvent les absorbans examinés autour des mem- branes séreuses sur un animal vivant, principalement au foie , offrent des ampoules ou dilatations très-pro- noncées. Ces dilatations sont-elles des varices ? y a-t-1l un caractère d’analogie , sous ce rapport, entre les ab- sorbans et les veines? Je l’ignore; quoi qu’il en soit; elles peuvent étre très-considérasles dans un vais- seau absorbant éloigné. 3°. Lorsqu’on lie le conduit thorachique , non-seulement il se gonfle, mais les vaisseaux lymphatiques de l’abdomen se dilatent éga- lement, et cette ligature est le meilleur moyen d’ob: ABSORBANT. Gui server convenablement les lactés. Cette extension à sans doute des bornes: poussée trop loin ; elle déter- mineroit probablement, dans l'élat naturel, la rupture des vaisséaux, comme cela arrive dans les injections. Nous n'avons encore aucune don née fondée sur l’ins- pection où sur l'expérience ; touchant cette rupture , quoique quelques’auteurs aient voulu expliquer par elle la formation de la plupart des hydropisies. La contractilité de tissu est évidente dans le. sys- tème absorbant. 1°. Lorsque le, conduit thorachique est distenda même sur un,cadavre frais ; et qu’on le pique, l'écoulement du fluide ayant lieu, il revient aussitôt sur lui-même. 2°. Tous les absorbans se res- serrentégalementaussitôtqu'aucunfluidenese trouve plus dans leur cavité. Ce phénomène est remarquable pendant l'absorption du chyle : dès qu’elle est finie, on voit sensiblement les vaisseaux disparoître par l'effet de ce resserrement, 3°. Des glandes absor- bantes, tuméfiées dans le moment où le chyle lestra- verse , diminuent ensuite beaucoup de volume en revenant sur elles-mêmes, 6 IL. Propriétés vitales. ; On a peu de données sur les propriétés animales des absorbans. La sensibilité de relation ne paroît point y exister ; il est difficile de s'en assurer par des expériences, Lorsqu'on pique un vaisseau Jacté dans le moment où il est plein de chyle , un lymphati- que rempli de sérosité sur la surface du foie , ou en: core le canal thorachique , l'animal ne donne ancunë marque de douleur. Mais quelle induction peut-on tirer dans une circonstance où le ventre étant ouvert , 612 SYSTÈME lessensationsdouloureuses multipliéesrendroientsans doute nulle , par comparaison , la sensationléseère dont il s’agit, en supposant qu’elle existât ? Aucune expé- rience, je crois, n’a élé tentée encore pour s’assurersi l'irritation portée à l’intérieur deces vaisseaux pro- duit un effet sensible. Probablement on obtiendroit des injections faites dans cette vué, le même résultat qu'on a obtenu sur les veines, d’après l’analogie de structure et la continuité de la membrane propre dans l’un et l’autre systèmes. Il est une circonstance cependant où les absorbans prennent une vive sensibilité, savoir dans leur inflam- mation. C’est un phénomène extrêmement fréquent dans les maladies , qu’un engorgement et même une rougeur très-sensible , suivant le trajet des absorbans sous-cutanés dans lesmembresinférieurs, faisant con- sidérablement souffrir le malade, se terminant au ni- veau des glandes inguinales , ou se propageant même au-delà. Dansles coupures avec ün instrumentimpré- gué de virus, dans les vives douleurs du panaris ,etc., on éprouve souvent aussi un sentiment très-pénible tout le long desabsorbans des membres supérieurs. Les glandes lymphatiques ne paroissent pas jouir, dans l’étatnaturel , dela sensibilité animale , lorsqu'on les irrite de différentes manières; ce qui est très-fa- cile. Mais l’inflammation peut la développer dans ces glandes comme dans les absorbans , en exaltant à un haut degré leur sensibilité organique. Ainsi la dou- leur est-elle très-vive lorsqu’aprèsla piqüre faite par un instrument infecté , après une foulure , etc., ces glandes vieunent à s’engorger.. On connoît la vive souffrance de celles de l’aisselle , lorsqu'elles s'engor- ABSORBANT. 6:3 gent et qu’un dépôt succède à cet engorgement. Par- lerai-je des douleurs qu’on éprouve dans les glandes mésenlériques devenues cancéreuses? Qui ne connoît celles qu'occasionnent les bubons, etc. , etc. ? Quant à la contractilité animale, elle est absolu ment nulle dans les absorbans et dans leurs glandes. Les propriétés organiques offrent dans le système absorbant la disposition suivante. La contractilité sen- sible y a été admise par Haller. Il se fondoit sur ce que les lymphatiques se vident facilement du chyle quiles traverse, sur ce qu’en les touchant avec l'acide sulfu- rique, ils se crispent sur-le-champ, etc. Mais l'acide sulfurique, comme tous les acides concentrés et le ca- lorique , produisent le même effet sur toutes les sub- stances animales, même après la mort : c’est le racor- nissement, Quand on touche les absorbans, et particu- lièrement le conduit thorachique, avec la pointe d’un scalpel , il n’en résulte chez eux aucun resserrement. S'ils sont susceptibles de revenir sur eux-mêmes, il paroît que c'est lorsqu'ils cessent d’être distendus, et non lorsqu'ils sont irrités; que c’est par conséquent en vertu de leur contractilité de tissu. La contractilité organique sensible y est donc au moins douteuse , et si elle y existe, elle est très-obscure et tout au plus comparable à celle du dartos. La sensibilité organique, et la contractilité organi- queinsensible setrouvent évidemment dans les absor- bans. C’est en vertu de ces propriétés qu'ils remplis- sent leurs fonctions , que les fluides sont absorbés par eux, qu'ils circulent dans leurs rameaux, etc., etc. Ces deux propriétés sont ici remarquables, en ce qu'elles durent encore quelque temps aprèsla mort. 614 \ SYSTÈME Un fluide injecté lorsque l’animal est encore chaud ; est absorbé , soit sur les surfaces séreuses, soit sur les muqueuses. Il l’est moins facilement dans le tissu cellulaire. On peut prolonger un peu cette faculté ah- sorbante, en entretenant artificiellement la chaleur par un bain ; mais ce moyen a en général moins d’efficacité que je ne l’ai cru long-temps: diverses ex- périences récentes m'en ont assuré. Cela tient, sans doute, à ce que c’est la chaleur vitale, et non unecha- leur artificielle, qui est nécessaire à l’exercice de cette foaction , ou plutôt la chaleur vitale et l'absorption sont deux effets d’une cause commune, savoir, des propriétés organiques. Tant que ces propriétésrestent encore un peu inhérentes aux solides , ils retiennentle calorique et absorbent, Mais à l'instant où elles de- viennent nulles, la chaleur s’en va, et en même temps l'absorption cesse. Vousexposeriez inutilement au ca- lorique des solides quela vie atotalement abandonnés: ils deviendront chauds ; mais aucun phénomène vital ne pourraëlre exercé par eux. De même vous perpé- tueriez inutilement la chaleur d’un animalrécemment tué,en enfarsant succéder une artificielle äla naturelle. Ce seroit la sensibilité organique et la contractilité in- . sensible qu’il faudroit empêcher de fuirpourprolonger l'absorption. Siune chaleur artificielle entretient cette fonction, ce ne peut être qu’en entretenant préliminai- rement ces propriétés. On ne peut point compter sur Pabsorption lorsque l’animal est froid, quoi qu’en aïdit Maseagni et plusieurs autres, J'ai inutilement essayé de la mettre en jeu alors; en général je ne l’ai jamais observée au-delà de deux heures après la mort. La sensibilité organique est en rapport avec plusieurs ABSORBANT. Gr fluides dans le système absorbant, et c’est ce qui le différencie des autres systèmes , du glanduleux, par exemple ,qui n’est jamaisen rapport qu'avec un fluide détermine, el qui rejette tous les autres dans l’état na- turel. L’eau et autres liquides doux peuvent être ab- sorbés facilement , quoique très-différens de 13 lÿm- phe. Dans l’état naturel, le conduit thorachique ad- met alternativement le chyle et la lymphe , etc. Caractère des Propriétés vitales. D'après ce qui vieut d’être dit, il est évident qne ce son les propriétés organiques qui jouent le principal rôle dans la vie propre du système absorbant. Ces propriétés y sont beaucoup pluscaractériséesque dans le système veineux; au moivsellessont beaucoup plus susceptiblesde s’y exalter. En effet, il y a dix inflam- mations des absorbans pour une des veines. Cette facilité à s’enflammer par le moindre virus qui par- court leurs tubes , par les douleurs un peu vives res- senties à leur extrémité, caractérise spécialement ces vaisseaux. Il est rare qu’on éprouve, dans le trajet d’une veine, ces engorgemens, ces douleurs, ces in- flammations si fréqueus dans le trajet des absorbans. Cette différence annonce une diversité de structure dans la membrane propre, malgré sa continuité avec celle des veines. En effet , à l’époque,où l’on faisoit les expériences sur la transfusion des #médicamens dans celles-ci, les auteurs n’ont point eité des in- flammations veineuses par le contact des substances étrangères sur la membrane des veines; tandis que la pratique nous présente fréquemment ce fait pour les absorbans. 616 | SYSTÈME Cesont surtout les glandes ]ymphatiques qui ontune grande tendance à l’engorgement inflammatoire, lors- que les substances déletères absorbées sont en con- tact avec elles. Dans les premiers temps, ces substan- ces bornent leur effet aux premières glandes qu’eiles rencontrent: ainsi l'absorption de la contagion véné- rienne ne s'étend guère au-delà des glandes de j'aine: ainsi lesaxillaires seules se gonflent-elles quand on se pique avec un instrument infecté, etc.; les glandes qui suivent restent intactes. Quoique très-disposées à s’enflammer, les glandes lymphatiques présentent cependant plus de lenteur dans cette affection, que plusieurs autres tissus ani- maux, que le cellulaire et le cutané, par exemple. On sait que le phlegmon et l’érysipèle ont toujours plus tôt parcouru leurs périodes, que les inflammations des glandes axillaires, inguinales, etc. La douleur dont ces glandes enflammées sont le siége diffère aussi! beaucoup de celle de ces deux affections; elle est plus sorwde, plus obscure, etc. Le pus est plus tardif à se former ; il se rapproche assez du pus cel- Julaire ;1l diffère beaucoup de celui de l'érysipèle. Il est peu de tissus dans l’économie qui soient plus dis- posés que celui-ci à l’'endurcissement, à la suite de J'inflammation. Pour une fois que la peau devient squirreuse après l’érysipèle, les glandes lymphati- ques le deviënnent vingt. C’est véritablement un de leurs caractères distinctifs. Les absorbans présentent souvent jusqu’à un cer- tain point, comme leursglendes, un caractère delen- teur dans les phénomènes auxquels président leurs propriétés organiques. Par exemple, lorsqu'ils ont été ABSORBANT. Gr7 intére ssés dans une plaie, ils se resserrent, se crispent etse ferment plustard que lescapillaires sanguins in- téressés aussi alors; de là , l'écoulement séreux qui subsiste encore quelques momens après que celui du sang a cessé. Ce phénomène est constant dans les plaies petites. Si les absorbansetles capillaires avoient le même mode de contractilité insensible, certaine- ‘ment il n’auroit pas lieu. Voilà encore denouvelles preuvesdes principesdont nous lavons à chaque instant occasion de présenter les conséquences dans cet ouvrage : savoir, que la vi- talitépropre à chaque système,le mode particulier des forces vitales qui le caractérisent ,impriment à toutes ses affections une teinte et un aspect particuliers, sije puis parler ainsi, étrangers à tous les autres systèmes. Différences des Propriétés vitales entre les Vaïs- seaux absorbans et leurs Glandes. Quoique nous ayons considéré en même temps les propriétés vitales dans les glandes et dans les absor- bans , quoique l'anatomie nous montre les premières commeétant un assemblage d’une foule de repliset de tortuosités vasculaires, cependant on ne peut discon- venir qu’ellès n’aient un mode particulier de vitalité qui les distingue des absorbans qui viennent s’y ren- dre.C’est ce mode particulier quiles expose à certaines maladies dont les absorbans ne sont pas le siége, d'une manière si sensible au moins. Le vice scrophuleux pa- roît plus spécialement se porter surelles, Dans le car- reau , dans les écrouelles, etc.,elles sont spécialement affectées. Dans les innombrables engorgemens dont elles sont le siége à la suite des maladies organiques, 6:16 SYSTÈME les absorbans ne semblent pas simultanément alté- rés dans leur tissu. I} paroït même que, dans un assez grand nombre de cas, les nombreux replis que ces vaisseäux forment dans les glandes ne participent point à leur lésion organique ; ils transmettent , en effet, la lymphe comme à l'ordinaire. Rien de plus commun que de voir les engorgemens abdominaux et thorachiques de ces glandes, dans les enfans, ne point donner lieu à des infiltrations séreuses , aux pé- riodes même les plus avancées. En ouvrant des eada- vres de petits sujets, j’ai été souvent étonné de ce phe- nomène. Les vaisseaux lymphatiques ne sont même pas plus dilatés; au moins on ne les tronve pas mieux sur les enfans affectés du carreau , que sur les autres. On ne peut presque jamais en apercevoir à cet âge pour les injecter. Sympalhies. Le système absorbant est très-disposé à recevéir Finfluence sympathique des autres organes. Celte disposition est relative, 1°. aux glandes, 2°. aux vais- seaux eux-mêmes. Un des phénomènes que l’onverture des cadavres présente peul-être le plus souvent, c’est le gonfle- ment des glandes lymphatiques dans les affections or- grniqnes des viscères principaux. On observe ce phé- nomène, 1°. au cou dans les affections de la thyroïde, et quelquefois du larynx pour les glandes jngulaires; 3° à la poitrine , dans le cancer au sein pour les glandes axillaires, et souvent pour les mammaires, ‘ans toute espèce de phthisie pour celles qui envi- rongent les bronches, très-rarement eLmême presque ABSORBANT. Gig jamais dans les maladies du cœur, soit anévrisme, soit ossification, soit maladies des valvules; 3°; à l'abdomen dans les maladies cancéreuses de l’esto- mac, du pylore surtout, et dans la plupart de celles où le tissu du foie est altéré pour le paquet de glandes accompagnant les vaisseaux biliaires.et, celles entou- rant le pancréas, dans les squirrosités des intestins, dans leurs cancers qui sont en général assez rares, pour les glandes mésentériques, dans les affections de matrice, du rectum, de la vessie, pour les glandes du bassin dans les squirrosités des testicules, les maladies de l’urètre pour les inguinales et les lom-. baires, etc.; 4°. aux membres supérieurs dans les piqüres, les morsures, la plupart des affections in- flammatoires pour les axillaires; 5°. aux membres in- férieurs dans une foule d’affections pour les glandes inguinales. | Ces gonflemens des glandes lymphatiques sont de même nature que l'affection qui leur donne lieu : ils ont le caractère aigu si c’est le sien, et chronique si elle suit une marche analogue. Le gouflement des glandes de l’aisselle est aigu s’ilest le résultat d’une piqüre au doigt, d’un panaris, etc., A csétadé s'il dépend d’un cancer. 144 _ Je suis loin de présenter ces gonflemens is comme étant tous un résultat d’une influence sym- pathique exercée sur la glande, Certainement le trans- port des matières absorbées y joue le principal rôle, comme cela arrive :dâns les virus, dans les piqüres avec des instrumens imprégnés, etc. Mais quelque- fois aussi la sympathie seule en est la cause, Quand, par la vive douleur que causent un pararis, une écaille 620 SYSTÈME de bois engagée sous l’ongle, une simple meurtrissure du doigt, les glandes axillaires s’engorgent ; quand les mêmes glandes se gonflent par l'effet d’un vésicatoire appliqué sur le bras ou l’avant-bras , elc.; quand ce phénomève arrive aux inguinales par un vésicatoire’ sis sur la cuisse ou sur la jambe, comme j'en ai vu plusieurs exemples , etc.,etc., certainement il nepeut y avoir de matière portée sur la glande : c’est un effet sympathique. La plupart des chirurgiens croient que tout cancer au sein avec des glandes engorgées exige leur extir- pation. Je pense bien que dans quelques caselles pour roient deveuir cancéreuses; mais je doute que cela arrive dans le plus grand nombre. En effet, 1°. dans jes vieux cancers au sein ulcérés, elles restent le plus souvent engorgées toute la vie sans s’abcëder. 2°. À ï« suite des opérations où quelques-unes trop pro- ondes n'ont pu être enlevées , on les voit rarement carcinomateuses. Lorsque le cancer se reproduit, c’est ia plaie qui se rouvre. 3°. J'ai comparé plusieurs fois Ÿe tissu d’une glande de laisselle engorgée par un coneer au sein, à celui des glandes bronchiques en- gorgées dans la phthisie , à celui des glandes sous-hé- patiques tuméfiées dans les stéatômes, dans les hyda- tides du foie, elc.; la différence m’a paru être nulle. 4°. Enfin, tous ceux qui ouvrent beaucoup de cada- vres peuvent se convaincre que presque toutes les maladies organiques des viscères qui ont beaucoup de ces glandes autour d’eux sônt accompagnées de leur engorgement, quelle que soit la nature de ces ma- iadies. Ce phénomène m'a même tellement frappé, sue, dans un temps, j'ai attribué les infätrations qui ABSORBANT. Gr terminent presque toutes ces maladies organiques, à la difliculé qu'éprouve la lymphe à traverser ces glandes. Mais l'absence de ces tuméfactions daus les maladies du cœur avec hydropisie, le non-gonflement fréquent des membres supérieurs coïncidant avec les glandes axillaires engorgées, l'infiltration des parties inférieures , les glandes d'en haut étant seules tumé- fiées , et beaucoup d’autres preuves semblables, qui m'ont fait considerer les infiltrations séreuses qui su: - viennent alors, comme desexhalations passives, ana- logues à celles qui produisent les hémorragies, ne permeltent plus d'adopter cette première opinion. Il est essentiel de distinguer les gonflemens des glandes lymphatiques par l'influence des maladies des viscères voisins, d’aveclestuméfactions qu’elleséprou- vent dansle carreau et autres maladies scrophuleuses analogues. 1°. Dans ce dernier cas, le tissu de la glande est toujours primitivement affecté ; il ne l’est que secondairement dans le premier. 2°, Ce gonfle- ment est l'apanage exclusif de l'enfance; le précédent. a lieu dans tous les âges, 5°. Enfin, une glande gon- flée par l'effet de l’affection d'un organe, conserve le plus seuvent un tissu, une couleur AREAS à sou état naturel. Ce n’est que danslesdernierstemps que le tissu devient quelquefois dur , comme cartilagineux et qu'il su ppure même ; mais ce n’est pas avec les mêmes phénomènes que le issu des glandes mésentériques, bronchiques, gonflées par le scrophule. L’apparence el la texture sont toutes différentes. Ce dernier pré- sente, dans ce Cas-là, une substance blanche qui se trouve peu abondante dans le premier temps; en sorte que, lorsqu'on fend Ja glande, on distingue très bien 622 SYSTÈME celte substance de son tissu qui reste, là où il existe encore, avec sa couleur et sa disposition naturelles. Dans les derniers temps, cette matière blanche a en- vahi toute la glande dont le tissu a disparu. Cepen- dant dans la phthisie , et quelquefois, quoique plus rarement, dans les cancers, lés glandes engorgées consécutivement offrent une apparence analogue ; mais dans tous les autres cas elle est différente. On sait que souvent la nature choisit ces glandes dans les fièvres essentielles, pour être le terme des crises. Elles sont le siége de ce qu’on nomme très-im- proprement parotide , dans les fiévrés adÿnamiques, Les absorbans sont, comme leurs glandes, in- fluencés par les affections des organes voisins. Je suis très- persuadé que les allérations diverses qu'éprouvé l'absorption du chyle, celle de la pare aqueuse de la bile et de l’urine , que le trouble de celles des sur faces séreuses dans beaucoup de maladies, sont des effets purement sympathiques. Mais il n’est pas bien facile de distinguer quand ils ne sont que tels. Il ÿ a certainement des absorptions comme il y a des ex- halations et des sécrétions sympathiques. D'un autre côté, Lrès souvent le système absorbant étant affecté, les autres organes en éprouvent des influences sympathiques. Dans le carreau et dans l'en- gorgement des glandes bronchiques qui lui corres- pond, il y a une foule de symptômes qui dépendent visiblement des rapporls sympathiques qui lient ces glandes aux autres organes. Il n’est pas de mon res- sort d'indiquer ces symplômes. Quant à l'influence des maladies des absorbans sur les autres organes, nous connoissons peu ces ABSORBA NT: 623 influences. Quand leur trajet est enflamme à la shile d'une piqûre, d’une coupure avec un instrument imprégné de virus, etc., souvent il y a des vornis- semens, des diarrhées, etc. ARTICLE QUATRIÈME. De l Absorption. S Er. Znfluence des Forces vitales sur cette fonction. Lis fonctions des absorbans ne sont aujourd'hui un objet de doute pour aucun anatomiste ; mais la ma- nière dont ces fonctions s'exécutentest loin d’être ua objet aussi convenu. La première idée a été de éom- parer l’action des absorbans à celle des tubes capil- laires. Mais pour peu qu’on réflechisse à cette action , il est facile de voir que ces phénomènes sont absolu- ment différens de ceux des tubes capillaires inertes, Je crois qu'on ne pourra jamais dire précisément com .- ment un orifice absorbant , étant plongé dans un li- quide , en prend, en saisit les molécules , et les fait monter dans son tube. Mais ce qui est incontestable dansl’absorption , c'est que les vaisseaux doivent cette faculté aux forces vitales qu'ils ont en partage ; que c'est uniquement le rapport existant entre le mode particulier de sensibilité organique dont ilssont doués, et les fluides avec lesquelsils sont en contact, qui est. la cause immédiate du phénomène. En voulez-vous des preuves mulipliées ? voyez les absorbans lactés choisir exclusivement le chyle parmi la foule des ma- tères contenues dans le tube intestinal ; voyez ceux de la vessie, de la vésicule hépatique laisser une foule C24 SYSTÈME d’élémensde l’urine et de la bile, pour ne prendre que Ja portion aqueuse de ces deux fluides; voyez les ab- sorbans cutanés, les muqueux des bronches, etc. , Jaisser dans l’air une foule de principes, pour n’en ab- sorber que certains déterminés. Inactifs souvent pen- dant de longs espaces, ils entrent tout de suite en ac- tion lorsque quelques substances en rapport avec leur sensibilité se présentent à eux. Voyez les fluides injectés ou épanchés dans le tissu cellulaire, être pris ou laissés par les absorbans de ce tissu , suivant qu'ils conviennent ou qu'ils répuguent à leur sensibilité, y disparoître avec promptitude, ou y staguer et y oc- casionner des dépôts. On ne peut donc disconvenir que dans l’état na- turel Ja sensibilité des absorbans n’ait un type déter- miné , auquel certaines substances sont seules accom- modées, et qui pour cela peuvent seules être absor- bées. L'exercice de la sensibilité organique préexiste donc toujours à l'absorption, comme il préexiste à la sécrétion, à la nutrition, etc. Ainsi, dans les phé- nomèves physiques, l'exercice de la gravité précède Ja chute des corps graves. Ainsi, la faculté d’attirer est mise préliminairement en exercice avant que le mou- vement des planètes ne s'opère, etc., etc. S IL. J’ariétés de l’Absorption. Il résulte de ce que je viens de dire , que toutes les fois que la sensibilité organique des absorbans est al- térée d’une manière quelconque , nécessairement l'ab- sorption doit éprouver un trouble correspondant : or c'est ce qui arrive constamment. La sérosité baigne souvent des mois entiers les orifices absorbans, dans ABSORBANT. 625 l'hydropisie, sans agacer assez leur sensibilité pour être prise par eux. Qu'une cause quelconque aug- mente cette propriété, à l'instant l'absorption se fait. Voyez certaines tumeurs indolentes rester pendant de longs intervalles dans le même état par la stagna- tion de leurs sucs, et se résoudre ensuite si certains médicamens appliqués sur elles viennent à réveiller la sensibilité jusque-là assoupie de leurs absorbans. Les résolutifs n’agissent donc pointsur lesfluideseux- mêmes ; ils ne les atténuent pas, ne les incisent pas, suivant le vague langage des médecins; mais en chan- geant le mode de force des absorbans, ils les rendent propres à agir. Îlest si vrai que c’est ainsi que s’opèrent les résolutions diverses, que souvent un léger degré d'inflammation est préliminairement nécessaire à leur développement : tous les chirurgiens le savent. De- sault ne regardoit point la plupart des engorgemens aux testicules comme un obstacle à l’opéralion de J'hydrocèle par injection. Au contraire, souvent à la suite de l'irritation produite dans les testicules par l'inflammation de la membrane environnante, il est parvenu à dissiper ce qui n’éloit entretenu que par le peu d'énergie des absorbans. Les altérations de sensibilité organique des absor- baus peuvent diminuer, augmenter ou modifier di- versement celte propriété. Cessons de nous étonner, d’après cela, de l'extrême variété des absorptions; cessons de nous étonner si une foule de fluides , au- tres que ceux ordinairement repris, peuvent passer dans le sang par les absorbans; si la bile, l’urine, les sucs muqueux qui ordinairement sont rejetés, peu- vent rentrer dans la circulation; si le sang épanché LE 41 626 - SYSTÈME dans le tissu cellulaire revient par ces vaisseaux: Les forces de ia vie impriment par leur extrême variété le même caractère à toutes les fonctions aux- quelles elles président. On a beaucoup parlé de matières putrides passées dans la masse du sang , et servant de cause aux mala- dies. Sans doute cette infection du sang a été exagé- rée; mais je suis persuadé que dans une foule de cas elle est réelle. Pourquoi la couleur, la consistance, l'odeur, la nature des excrémens sont-elles si fort va- riabies? Si les mêmes substances sont toujours absor- bées dans les alimens, il est évident que le résidu de ces alimens devroit toujours être le même. Voyez les innombrables variétés de l’urine, dela bile, des fluides muqueux, etc., suivant la différence des principes qui concourenta les former. Pourquoi le chyle ne présen- teroit-il pas les mêmes variations? il serait le seul fluide de son espèce dans l’économie animale , si sa vature ne changeoit pas dans une foule de circons- tances. Or , d'où peuvent venir ceschangemens, sinon de ce que les absorbans lactés présentent des variétés sans nombre dans leur sensibilité organique , varié- tés dont chacune n’admet que tels ou tels principes, et rejette les autres ? L’absorption des lactés qui, dans l’état ordinaire , n’introduit dans le sang que des substances nutriti- ves, peut donc être souvent une porte ouverte à une foule de principes morbifiques. Ainsi dansle poumon, les vaisseaux qui prennent dans l’air les substances propres à colorer le sang y puisent-ils souvent des principes funéstes aux fonctions , suivant les altéra- tions diverses que leur sensibilité peut éprouver. ABSORBANT: 627 Dans l’état ordinaire , le mode de sensibilité orga- nique et de tonicité des absorbans cutanés et mu- queux ferme tout accés aux subslances extérieures nuisibles. Mais que ce mode change , la voie peut à l'instant leur être ouverte. Est-ce que le pus ne sé- journe pas impunément sur le tissu cellulaire , dans la plupart des plaies ? Qu’une application imprudente y exalte un peu les forces des absorbans, il est repris par eux; l’ulcére se dessèche; il passe dans le sang ; et voilà toute la série funeste des symptômes de ré- sorption qui commence. On peut le dire , mille conduits sont sans cesse ou- veris, sur nos organes, aux principes morbifiques. Placée commeune sentinelle à leur embouchure, la sensibilité organique, suivant la maniere dont elle est affectée , indique à la contractilité insensible quand il faut les ouvrir ou les resserrer. C’est l’exhalation qui concourt à la formation de la plupart des tumeurs ; c'est l'absorption qui sert à leur guérison. Si je voulois parcourir les phénomènes de l’absorp- tion dans les différens âges, dans les sexes, dans les saisons, dans les climats, je montrerois constamment les différences de sensibilité organique précédant tou- jours les différences de cette fonction, J’en von 52 à pour les divers âges. Les causes qui font varier le Lype naturel de la sen- sibilité des absorbans sont, comme pour tontes les autres fonctions, directes ou sympathiques: 1°. direc- tes, comme quand par une friction préliminaire exer- cée sur la peau , on agace les absorbans, et on les force àagir; ce qu'ils n'auroient point fait sans cela: a°,sym- 626 SYSTÈME pathiques, comme lorsque les absorbans se ressentant de l'affection d’un viscére éloigné, augmentent ou diminuent leur action, suivant le genre d'influence qu'ils reçoivent. Nous avons parlé de ce phénomène dans les sympathies de divers systèmes. $ UT. Mouvemens des Fluides dans les Absorbans. Une fois absorbés sur les différentes surfaces dont nous avons parlé, les fluides se meuvent par un mou- vement successif jusqu'aux troncs communs qui les transmettent dans le sang noir. Nous Ignorons les lois de ce mouvement. Il est évident, d’après plusieurs observations faites précé- ‘demment, qu’il a beaucoup d’analogie avec le mou- vement du sang veineux ; mais aussi plusieurs diffé- rences l’en distinguent. Il paroît être en général plus lent. Le conduit tho- rachique ouvert pendant qu’il est plein de chyle ne fournit point un jet aussi étendu qu’une veine ana logue par son volume. Le mouvement de la lymphe ne paroït pas non plus être sujet à un reflux dans le voisinage du cœur comme le sang veineux. Par exemple, les veines cave, jugulaire , etc., sont d'autant plus dilatées, que le poumon plus engorgé , a opposé plus d'obstacles au sapg qui est revenu sur ses pas. Or, jamais en injectant Je conduit thorachique, je n’ai observé entre sa dila- tation on son resserrement, et l’état de l'organe pul- monaire, aucune espèce de rapport. D’unautre côté, on ne trouve jamais ce conduit plein de lymphe, comme on rencontre les veines pleines de sang, lors- ABSORBANT. 629 qu’un obstacle a gêné les mouvemens du fluide dans les derniers momens. Comment se fait-il que dans le reflux qui déter- mine le pouls veineux des jugulaires, le sang ne s'in- troluise pas dans l’un et l’autre tronc absorbant ? Les valvales disposées pour empêécher l'entrée de celui qui, dans l’état naturel, coule versle cœur ,sont visiblement inutiles ici. On ne peut évidemment attribuer ce phénomène qu’au rapport existant entre l'orifice de ces troncs et le sang noir, comme l'ori- fice du larynx , étranger par sa vitalité aux corps exté- rieurs, repousse Lout autre fluide que l'air. Jamais on ne trouve du sang dans le conduit thorachique. Il y a dans le sang veineux une continuité mani- feste de mouvement, depuis le système capillaire jusqu’au cœur; c’est de ce système qu’il part, pour ainsi dire , pour se propager jusqu’à l'organe, Le mouvement de la lymphe est au contraire sans cesse interrompu par les glandes, dont chacune, comme je l'ai dit, offre véritablement, par rapport aux vais- seaux qui y entrentou qui en sortent, un petit système capillaire. A chaque glande, le mouvement change donc nécessairement d’impulsion : or, comme l’état de ces glandes est susceptible d’une foule de variétés, on conçoit facilement que le mouvement des fluides circulant dans le système absorbant, en présente né- cessairement un grand nombre; qu'il peut être rapide dans une partie, très-lent dans une autre , régulier ici, la irrégulier , etc. D'après cela, il ne faut pas s'étonner si on trouve certains vaisseaux absorbans isolément dilatés, tandis que ceux des environs sont à peine perceptibles. Il y a bien une espèce de variété dans 630 SYSTÈME. les veines, mais elle a toujours sa source dans l’ori- gine de ces vaisseaux, et jamais dans leur trajet, comme cela arrive pour les absorbans. La continuité du sang veineux et les fréquentes interruptions de la lymphe doivent établir des dif- férences non-seulement entre les mouvemensde l’un et l’autre ordre de vaisseaux, mais encore dans la composition de l’un et l’autre fluide. Le premier est nécessairement par-tout le même; le second peut varier entre chaque glande, prendre des modifica- tions nouvelles à chacune de celles qu’il traverse. Je serois assez disposé à croire que le resserrement insensible dont est susceptible le petit système ca- pillaire de chaque glande , aide le mouvement de la lymphe, en diminuant le trajet que ce fluide auroit à parcourir, sans impulsion nouvelle, depuis l'origine des absorbans jusqu’au sang noir, si ces organes manquoient. En effet, on sait qu'aux membres où ils sont bien plus rarement disséminés, il y a des infiltrations plus fréquentes que dans le tronc où les absorbass les traversent à tout instant : j'entends parler de ces infiltrations qui doivent être attribuées évidemment au défaut de circulation de lalymphe, comme celles provenant d'une compression, d’une station prolongée, etc., et non üe celles qui dépendent d’une exhalation augmentée, comme à la suite des affections organiques. On voit, d’après ce que j'ai dit jusqu'ici, que nous n’avonsencore que quelquesapercus peuliésentr’eux - sur le mouvement de lalymphe ; que celuides veines, quoique nécessitant beaucoup de recherches, est en- core plus connu, et que pour offrir un ensemble de æ ABSORBANT. 631 connoissances sur ces deux points, sur le premier surtout, il faut un grand nombre d'expériences et de travaux ultérieurs. S IV. De l’Absorption dans les divers âges. Dans le fœtus et l'enfant , l’absorption relative à la putrilion n'est point en proportion de l'exbalation. Beaucoup de substances restent dans les organes; il en sort très-peu : de là l'accroissement. Les absorptions intérieures de la synovie, de la sé- rosité, de la graisse, de la moelle, etc., elc., sont peu connues dans les différences qu’elles présentent alors. Les absorptions extérieures paroissent plus ac- tives; car on sait qu'on gagne les contagions avec beaucoup plus de facilité dans le premier âge. Ce- pendant nous ignorons si la peau et les surfaces mu- queuses introduisent alors habituellement plus de substances étrangères dans le corps, ou si elles sont seulement plus disposées à les introduire. Il s'en faut donc de beaucoup que nous ayons des données positives sur l’état où se trouve l'absorption : dans l'enfance. Cependant, à en juger par celui des glandes Iymphatiques, il sembleroit qu’elle doit être très-énergique. Eu effet, ces glandes sont très-déve- loppées proportionnellement ; elles paroïssent être le siége de fonctions très--actives; elles ont une vie propre plus prononcée que par la suite; de là une dis- position plus grande aux maladies. On sait que jus- qu’à la puberté, ou plutôt jusqu’à la fin de l’ac- croissement, elles sont le siége d’une foule d'affec- tions qui disparoissent entièrement au-delà de cet 632 SYSTÈME âge, et diminuent la série nombreuse de celles aux- quelles nous sommes exposés. Cette double circonstance, 1°.le développement pré- coce et proportionnellement considérable des glandes ]ymphatiques de l’enfant, 2°. leur disposition très-mar- quée aux maladies, indique certainement une aclivi- té très-grande dans leurs fonctions; car elle suppose un grand déploiement de forces vitales : or, lesforces vitales plus développées doivent nécessairement pré- sider à des fonctions plus énergiques. En effet, voyez les organes dont nous connoissons les fonctions, et qui sont, d’une part, très-développés dans l'enfance, de l’autre part, très-disposés aux maladies; les fonc- tions de ces organes sont plus actives. Ainsi, le cer- veau et les nerfs plus prononcés donnent-ils plus d'activité à la sensibilité; ainsi, plus larges propor- tionnellement, les vaisseaux à sang rouge sont-ils en rapport avec l'énergie plus grande de la nutri- on, etc. Dans le jeune homme, c'est quand les or- ganes génitaux se développent davantage, et qu'ils deviennent plus exposés aux maladies, que leurs fonctions sont plus marquées. Examinez tous les or- ganes et leurs fonctions, vous verrez qu’une loi géné- rale de l’économie est que ces trois choses, 1°, grand développement, 2°. disposition plus marquée aux maladies, 3°, activité plus grande des fonctions, sont constammentréunies, Or, puisqueles deux premières existent dans les glandes des absorbans, nous devons conclure que la troisième s’y trouve aussi, quoique nous ne puissions positivement l’assurer, puisque , d’après ce que j'ai dit, nous ignorons les usages de ces petits organes. Grimaud les a bien considérés, il ABSORBANT. 633 est vrai, comme essentiels à la nutrition : il appelle même système nutritif l’ensemble de ces glandes et du tissu cellulaire; supposition gratuite, et que rien ne prouve. Tout ce que nous savons sur ce point, c’est que la nutrition d’une part, et le développement de ces glandes de l’autre, sont très-prononcés chez le fœtus. Mais s’ensuit-il de là que le premier pheno- mène dérive du second ? Non, sans doute; pas plus que si, parce que le cerveau , le foie, etc. , sont très- précoces chez le fœtus,et que la nutrition y est très- active , vous considériez ces organes comme les agens decette fonction. D'ailleurs, lanutrition estune fonc- tion qui n’a aucun organe particulier pour foyer et pour agent. Chaque organe est lui-même la machine qui sépare, du sang ou des fluides qui y abordent, les matériaux nutritifs qui lui conviennent, pour se les approprier ensuite. Le muscle sépare sa fibrine, l'os son phosphate calcaire, etc. Mais unorgane com- mun et central n’élabore point ces matières nutriti- ves,comme un viscère commun meut le sang ,comme un organe central préside à la sensibilité, etc. Quant à l’état anatomique des absorbans chez le fœtus et l'enfant, nous ne pouvons le connoître : je ne sache pas qu'aucun auteur les ait injectés compa- rativement à cet âge et dans l'adulte. Je n’ai qu'un fait sur ce point, c'est que les vaisseaux lactés, exa- minés dans une expérience sur deux jeunes chiens qui avoient cessé depuis huit jours seulement de teter leur mère, m'ont paru plus gros proportion- nellement que dans un âge plus avancé. Je ferai même à cet égard une remarque qui m'a frappé sou- vent; c'est que la stature influe moins qu'on ne le 634 SYSTÈME pourroit croire sur le diamètre de ces vaisseaux. Par exemple, un chien adulte, double d’un autre pour la grandeur, n’a point, à beaucoup près, ces vais- seaux doubles. Le hasard me les a fait examiner le même jour, il y a trois ans, sur deux grands lévriers qui se trouvèrent parmi les chiens qu’on m’appor- toit, et sur un de ces chiens qu’on nomme vulgaire- ment caniches : ils étoient à-peu-près égaux dans tous les trois: cela me frappa. Nous connoissons peu lesrévolutions diverses qu’é- prouve l’absorption dansles âges quisuccèdentà l’en- fance, Seulement il est hors de doute que l’époque de la puberté est le terme de cette espèce de prédo- minance dont les glandes lymphatiques jouissoient dans l’économie. L'âge de leurs maladies est alors passé; souvent même ces maladies, jusque-là inac- cessibles aux ressources de l’art, se guérissent spon- tanément. La prédominance des organes génitaux qui succède à celle-là et à quelques autres, comme à celles des organes sensitifs, etc. , semble étouffer le germe que cette première entretenoit. Soœmmering a peint , dans un ouvrage particulier , le rôle que les absorbans jouent dans les maladies di- _verses de l’adulte et des autres âges. Ce rôle me pa- roît souvent très-difficile à connoître, malgré ce qu’il en a dit. Je renvoie, du reste, à son ouvrave sur ce point. | Dans le vieillard, l’absorption nutritive reste assez active; car c’est elle qui décompose le corps, qui lui enlève les substances qui le nourrissoient , qui flétrit et dessèche les organes, par conséquent. Au contraire, les absorptions extérieuressont peu | ABSORBAN Te 635 prononcées; la peau gagne très-difficilement les di- verses contagions, comme je le dirai en traitant de cet organe; les surfaces muqueuses absorbent lente- ment; peu de chyle passe dans le sang ,en proportion de celui qui y pénètre dans l'adulte. Les deux ab- sorplions, nutritive et extérieure, sont donc exacte- ment inverses aux deux âges extrêmes de la vie : la seconde l’emporte sur la première dans l’enfance ; c’est la première qui prédomine chez le vieillard. Quant aux absorptions intérieures, comme celles de la synovie, des surfaces séreuses, du tissu cellu- laire, etc., je croirois assez qu'elles dominent chez le vieillard , et que c’est à cela qu'il faut attribuer plu- sieurs infiltrations et épanchemens séreux qui sur- viennentà cet âge, et qu’on observe sur les cadavres. Du reste, nous n’avons pas sur ce point de données aussi réelles que sur les deux autres. 6 V. Absorption accidentelle. On peut entendre deux choses par cette expression : 1°, l'absorption des fluides différens de ceux natu- rellement pris par les absorbans, comme celle du sang épanché, etc. ; j'ai déjà parlé de cette absorption : 2°, celle qui a lieu sur les kystes qui se développent contre l’ordre naturel dans l’économie. Or, cette der- nière présente un phénomène assez singulier , en la comparant à l’exhalation accidentelle. En effet, elle s'opère difficilement ; il est rare que vous voyiez les fluides destumeurs enkystées rentrer tout-à-coup par absorption en totalité ou en partie, dans le torrent circulatoire , comme cela arrive assez souvent dans les collections séreuses du péritoine, qui, sans se guérir, 636 SYSTÈME ABSORBAN : ont fréquemment une foule d' sent d'augmen- talion ou de diminution. Quel médecin n’a Ars re marqué les urinescouler à mesure que le venire s’af- faise, où se supprimer quand il s’emplit ? | Au contraire , observez que l'exhalalion se renou- velle avec une extrême facilité dans les tumeurs eukystées ; que si on vient à les vider et qu’on n’em- porte pas leurs kystes, elles se reproduisent bientôt, _ comme je l’ai dit, Est:ce que lesabsorbans ne se déve- loppent pas à proportion des exhalans dans ces sor- tes de tumeurs? je l'ignore ; mais le fait n’en est pas moins réel; | "observation des maladies le prouve cha= que jour. FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE, : RS RE Mon mme Su. re Le ROLE 1 Ps me dE “ 7 pe UNIVERSITY OF ILLINOIS-URBANA C001 VO02 ANATOMIE GENERALE, APPLIQUE A LA PHYSIOL Ton 3 0112 01 0233648 2