Rat — —— E Eu sA ms AE E — =: E 2 re Ii ec RUE ANNALES ACADEMIÆ GANDAVENSIS, MDCCCX VIT -- MDCCCX VII. ANNALES | ACADE MIE GANDAVEN SIS, — e an JOANNE. | GANDAVI, . Apud J.-N. Houpin, Academie Typographum, 1819. GUILIELMO I. UNIVERSI BELGII REGI SACRUM. i PA 2 * Am Dm À AN INDEX EORUM, QUA HOC- ANNALIUM VOLUMINE CONTINENTUR. r. Décrets royaux et autres Actes relatifs à l'institution et à l'or- ganisation de l'Université. 2. Discours prononcé le y octobre 1817, jour de l'Installation de l'Université de Gand, par M. le Comte nx Lens, président du Collége des Curateurs , et Bourguemaitre de la ville. 3. Jo. Can. van Rorrennam Oratio, a. d. 1x. Oct. mpccexvir pu- blice habita, quum, Academiæ Gandavensis ordinatione solemniter instituta, Rectoris Magnifici magisterium in se reciperet. 4. Binæ Series Lectionum. 5. Guir. Leon. Maine Protrepticus, publice dictus, a. d. 3 Nov. 1817, quum in Curia Gandavensis civitatis Academicarum Scho- larum rite initiandarum solemnitas celebraretur. 6. J. M. Scunant Redevoering over het beoefenenswaardige der Nederlandsche taal. 7. L. V. Raout Oratio inauguralis. 8. D. C. Muxcnen Oratio inauguralis. 9. P. De Rvckznz Oratio inauguralis. ro. J. G. GAnNE Discours sur l'Astronomie. — — — — a Géométrie. = — — — lArithmétique. ir. Kıuyskens Discours prononcé d l'ouverture de son cours de Chirurgie. 12, C. Havre Commentatio de usu Antliæ pneumatice in arte medica. 13. Series Dissertationum inauguralium paie defensarum. 14. J. C. van Rorreapam Prolusio. 15. Acta in Senatu. 16. J. C. van Rorrenpam Oratio. 17. Programma certaminis Litterarii, A. mpccexvut indicti. 18. STATUTA Academic. 55999559599 PPP UNIVERSITÉ DE GAND. — ME C060 ms JB - ipt * TRUM 410. j gil 5 Décrets RoYAUX., ET AUTRES. ACTES, RELATIFS, A; SON 3 ; ‚INSTITUTION ET A SON ORGANISATION. 5 JIG Outi T. Exirait du règlement sur l organisation de l'enseigne- ment supérieur dans les provinces méridionales du royaume des Pays-Bas , du 25 septembre 1816. Ant. vn. « Il y aura dans les provinces méridionales , trois » Universités, dans lesquelles les études poux obtenir les grades » scientifiques seront acheyées, et ces mêmes grades conférés ; en conséquence , l'instruction, s'y standen aux parties princi- pales des sciences humaines 8 ART. vm. « Ces Universités, seront établies à Lousain , Gand et Liège». x IL Un décret royal du-19 septembre Dr fixe Fouverture des classes au 3 novembre suivant. —— — | ni Par décret du 26 j juin 181 7, ont été nommés: Secrétaire-Inspec- teur du College des Curateurs., M. Ignace van Toers, greffier des Etats-provinciaux; et Secrétaire-Adjoint, M. Norbert Cornelissen, membre de l'Académie royale des Sciences et Belles- Lettres de Bruxelles. 1 Ww IV. Par décret du 2 Apis suivant, ont été nommés mem- bres du Collége des Curateurs : Le Chevalier de Coninck, à Bonselless M.' pan der Haeghen yan der Cruyssen, à Gand. 1 (2) | Le Baron de Keverberg de Kessel, à Gand. Le Prince de Gavre, à Bel d Le EPA LR Le Bourguemaitre de Gand. Par le même décret, M. le Comte de Lens est nommé Prési- dent du College, et il est arrêté que , si ‘ses fonctions comme Bourguemattre de la ville vénaient à cesser, il continuerait à exercer celles de Curateur extraordinaire , jusquà, 8 de la vacance d'une de ces places 4 au MC uL V. Par différens décrets succéssivemerit des , S. M. a nommé ~ Professeurs à l'Université: To im. Dans la faculté de Jurisprudence, MM. J.-B. Hellebaut, à Gand. - J.-J. Haus; à Wurtzbourg. P. de Ryckere, à Gand. Dans la faculté de Médecine, — MM. J.-C. van Rotterdam, à Gand. J.-L. Kesteloot, à La Haye. [ F. E. Verbeeck, à Gand. Professeur extraordinaire As LE Kish à Gand. "Bas celle des Sciences Physiques et Mathématiques , MM. E-P. Cassel, à Cologne. dini ; Anes A Hauf, à Cologne. ser J. C. Garnier, à Paris. | Dans celle de Philosophie spéculative et des Lettres, MM. G. IL. Mane, à Ziricuéen ^ |^ | u RE J.-M. Schrant, à Bore Kerspel. ob L.-V. Raoul, à Tourna. P. C. Lammens , Bibhothécaire ; à Gand. (3) Professeur extraordinaire demo la méme sr "N D. . bien à Luxembourg. f ; Lecteur dans wi faculté de ale M. C. —— à Sand. VI. Par dices, de S. M., en date du 23 septembre eh a été nommé Recteur magnifique de l'Université pour l'année 1817- 1818, Mr J.-C. van Rotterdam, Professeur dans la faculté de Medecine. i VII. En vertu de l'art. 108 du règlement organique du 25 sep- tembre 1816 , ont été. nommés Assesseurs dw Retteur ma- gnifique, pour la durée de l'année académique, M. Hellebaut , de la faculté de Droit. M. Cassel, de la faculté des Sciences Physiq. et Mathémat. M. Mahne, de la faculté de Fenn et Belles-Lettres. En vertu de l'article 193 du ha 5 règlement , et par les Curateurs, conjointement avec le Recteur et les, Assesseurs, a été nommé Secrétaire du Sénat, pour le méme espace de temps, M. J. -B. Hellebaut, Professeur de Ja faculté de Droit. À "Ea vertu de Tart. 197, ont té nomine Doyens dans chaque faculté : ^M. Kesteloot, dans celle de M édecitié. M. Hellebaut, dans celle de Jurisprudence. ` M. Garnier , dans celle des Sciences Physiq. et Mathémat. pl Maine, dans celle de Philosophie et Belles - Lettres. VIII. Par décret du 31 octobre 1817, le Roi a approuvé le projet de Sceau de TUniversité , proposé par le Collége des Cura- (4) teurs, représentant au dessous de lécusson: de la ville de Gand, lequel est au chef, la tête antique de Minerve, dor, entre un rameau d'Oranger: et un rameau d Olivier, avec le mot INTER UTRUMQUE, et la diag: Sage SIGILL. ACAD. REG. GANDENSIS. ERECT. ANN. MDECCXVIL IX. ARRÊTÉ du Collége des ner , contenant des dispositions réglementaires pour la. cérémonie de l'installation de Ë Université. ^ d LE COLLÉGE DES Gears VR si, vy, ping en date - 27 septembre . dernier, par niet le "das fixe le jour d'installation pour l'Université au ig ‘octobre prochain ; Arrête les dispositions suivantes : Le son des cloches et du carillon de la ville ‚annoncera, dès la veille, la sólennité de cette installation. | i La Régence de la ville, sera priée de faire. préparer, pour cette cérémonie, la salle dite du Trône, à la Maison-de- Ville. Les premiers Magistrats civils et militaires de la province et de la ville, les Chefs des institutions consacrées au progrès de lins- truction, les Directeurs de l'Académie et les Membres des Sociétés savantes dont cette ville shonore „seront, spécialement invités à cette solennité. 3 à umi Les Chefs et. LI Mechie ALE cinq of re civiles seront invités à se rendre en. grande tenue. et avec leurs insignes, avant une heure et demie, au vestibule de la Maison-de-Ville , pour partir de là, avec une députation du Collége des, Curateurs, vers l'hôtel où S. Exc. M. le Commissaire de l'instruction publique sera des- cendue, et revenir en cortége vers l'Hôtel-de-Ville, (5) La salle du Trône sera ouverte au public A.. . . . heures. La cérémonie est fixée à deux heures et demie ou à deux heures, si S. A. R. le Prince d'Orange, qui est attendue, y consent. Le Collége des Curateurs, le Sénat et tout le .corps de l'Univer- sité vont occuper les places qui leur seront spécialement destinées. ^S. Exc. M. le Commissaire-général , si toutefois elle veut bien accorder cette faveur aux Curateurs, ouvre la séance par un pre- mier discours. Ce discours terminé, le Secrétaire - Inspecteur donne succes- sivement lecture des arrétés et décrets royaux qui ont rapport à la nomination des Curateurs et à celle des Professeurs de l'Université. Le Président du Collége se lèvera, et après lecture de l'article 187 du règlement organique, du 25 septembre 1816, il lit la formule du serment et appelle nominativement chaque Professeur qui, vient se présenter sur le devant de lestrade, et y prononce la formule: Ainsi Dieu me soit en aide, Le Secrétaire - Inspecteur lit ensuite le décret du Roi, par lequel S, M. usant du droit de nomination, confère les fonctions de, Recteur magnifique, pendant l'année académique qui va s'ou- wir, à M. van Rotterdam, Professeur de la faculté de Médecine. Le Recteur magnifique , appelé par le Président du College , quitte sa place, et vient au-devant de lestrade prononcer la for- mule indiquée dans l'article 186. Le serment prononcé; il va se placer dans un fauteuil; resté vide à la droite du Commissaire-général. Son Excellence ayant déclaré que l'Université de Gand. est in- - stallée, l'orchestre entonne l'air national, et prélude ainsi à la re- connaissance publique que le Président du Collége , Bourgue- (6) maître de la ville, exprime, sous ce double nili , dans un discours solennel, Un troisième discours est prononcé en aii ‚ par le Rectéur magnifique:, et termine la solennité. sen Le même cortége reconduit S. Exc, à l'hôtel où elle loge. Arrêté en séance générale des Curateurs , le 24 septembre 1817: Pn. C.te pr Lens, Président. J. van 'Torns, Secrétaire. ( Ce règlement a été approuvé par S. E le emee: de Plostrüc- tion publique, des Sciences et. des Arts). * X. Pnocks-vgnBAL de l'installation de Y Université. Cxjounp'Hut g octobre 1817, à une heure et demie, MM. les Membres du Collége des Curateurs, nommés par S. M. le Roi, se réunissent à la Maison-de- Ville , dans la salle de la Chapelle, où arrivent successivement les Professeurs et les Chefs des Au- torités civiles et militaires. Une députation des Curateurs et des Professeurs part à deux heures, précédée des six Confréries de la ville, et se rend à l'hôtel du Gouverneur pour y chercher S. Exc. Mgr. le Commis- saire-général de l'instruction publique. A deux heures et demie , des acclamations prolongées annoncent larrivée de S. A. R. Mgr. le Prince héréditaire; elle est suivie de M. le Commissaire-général, et introduite par les Curateurs dans la salle de la Chapelle, destinée à sa or , et ensuite dans celle du 'Tróne. Le fond de la salle est orné du dais royal, sous lequel est placé le portrait de S. M. ; devant le dais est un: fauteuil non occupé, (7) S. A. Royale et S. E. M. le Commissaire-général occupent les fauteuils qui leur sont destinés ; à leurs côtés siégent les Mem- ¿bres du Gollége des Curateurs; les Sénateurs sont placés devant une table isolée à droite de l'estrade; un fauteuil vide à côté du Commissaire-général est réservé pour le Recteur magnifique, lors- qu'il sera proclamé. A droite et à gauche, sur l'estrade ‚sont placés les Professeurs et les Chefs des Autorités civiles et militaires. Les Membres du Collégé des Echevins et de la Régence, et les autres Autorités, sont placés au bas de l'estrade; les deux massiers de l'Université, Y droite et à gauche, et un nombreux auditoire est répandu dans les galeries et dans tous les pourtours de la salle. S. Exc. M. le Commissaire-général ouvre la séance par le dis- cours d'inauguration, où il appelle la reconnaissance publique sur le bienfait de S. M., et exprime les espérances que le Gouvernement a conçues du succès de la nouvelle institution dans une ville si ho- notablement distinguée par son amour pour les Sciences et les Arts. Après ce discours, le Secrétaire-Inspecteur donne lecture des ' décrets de S. M. qui nomment les différens Professeurs ; et ayant lu la formule prescrite par l'article 187 du. règlement du 25 sep- „tembre 1816, le Président la répète , et chacun des Professeurs , "appelé par son nom, se présente au- -devant de l'estrade, et fait le serment de- mains du Président des Curateurs. Le Séérétarre donne ensuite lecture du AS par. Teguel S. M. confie au Professeur van Rotterdam’, les fonctions de Recteur magnifique pour lannée académique qui va s'ouvrir, Il lit en méme temps la formule du serment prescrit par lar- ticle 186 du règlement , et le Recteur savance vers l'estrade , et CARS (8) ayant prêté le serment, va occuper le fauteuil rèsté vidé. ay côté de S. Exc. le Commissaire-général. ol iup -elusiuel 21 S. Exc. s'étant levé , proclame que l'Université de Gand est installée ; les acclamations puliiqués « et l'air national répondent à l'acte d'installation. n Après la symphonie, le Président du Callége se lave et prononce un discours , où il expriine la reconnaissance de la Régence de la ville et celle des habitans, et où, saisissant l'heureuse circonstance de l'ar- rivée du Prince héréditaire , il le présente, à la gratitude publique, comme le fils chéri de notre bienfaiteur, bienfaiteur.. lui-méme. des Sciences et des Arts, et digne rejeton du grand Guillaume, et de Maurice, l'un fondateur, l'autre élève de l'Université de Leyde. Une nouvelle symphonie précède le discours que le Recteur prononce en latin, sur le noble but de l'institution et sur les heu- reux résultats que la patrie a droit d'en espérer, si le : zèle. des Professeurs répond à l'étendue du bienfait. US k i Ce discours, comme ceux de S. Exc. le Commissaire-général, et de M. le Président des Curateurs, est accueilli Par le fone gnage de la plus vive satisfaction. La séance est levée à quatre heures et demie. | Les Autorités constituées descendent de l'estrade , et. dan: 2 te teurs reconduisent S. A. R. le Prince héréditaire et S. Exc. le^ Commissaire-général dans la salle dite de la Chapelle, au milieu des acclamations publiques, qui se répètent et se prolongent. Présens: M.* le Comte de Lens, Président; M." van der Haghen ; 3 M.*le Baron de Keverberg ; S. E. le Prince de Gavre, Membres du College des Curateurs; J, van Toers , Secrétaire-Inspecteur de l'Université ; et Norbert Cornelissen; Secrétaire-Adjoint. Pour extrait conforme : Pu. Cate DE Lens, Président. J. van Torns, Secrét.-Inspect. DISCOURS PRONONCÉ LE g OCTOBRE 1817, JOUR DE LINSTALLATION DE L'UNIVERSITE DE GAND, Par M LE COMTE DE LENS, ^ PRÉSIDENT DU COLLÉGE DES CURATEURS ET BOURGUEMAITRE DE LA VILLE , DANS LA SALLE DU TRÔNE A L'HÓTEL-DE- VILLE, EN PRÉSENCE De S. A. R. MONSEIGNEUR LE PRINCE HÉRÉDITAIRE ; pe S. E. MoNsEICNEUR LE COMMISSAIRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE; DU COLLEGE DES CURATEURS ; DU SENAT ACADEMIQUE ET DES AUTORITES CIVILES ET MILITAIRES DE LA PROVINCE- ET DE LA VILLE. % LIAISE DISCOURS PRONONCÉ LE Q OCTOBRE 1817, JOUR DE LINSTALLATION DE L'UNIVERSITÉ DE GAND, ran Mr LE PRÉSIDENT pu CorifÉcE DES CURATEURS. 4 AUGUSTE ET SÉRÉNISSIME Prince, \MonsEIGNEUR , NonLES ET HONORABLES CURATEURS , Très pocres MEMBRES pu SÉNAT ACADÉMIQUE , - Messieurs , U. grand bienfait du Roi vient d'illustrer celte ville. Le fonctionnaire à qui la magistrature suprême de l'instruction publique est confiée siége au milieu de nous , et proclame ce bienfait, Les acclamations de la reconnaissance laccueillent, et se confon- Ce) PE dent avec les transports de lalégresse publique qui salue, pour la première fois, le fils chéri de notre auguste bienfaiteur. Pace, Votre présence au milieu de nous, dans ce jour solennel, est un hommage que Votre Altesse Royale rend à l'utilité de l'ins- truction, à la dignité des sciences. | Descendant du grand Fondateur de l'Université de Leyde , comme lui, le Monarque à qui la Providence a confié nos destinées , a voulu attacher le nom de GUILLAUME à la création de l'Université de Gand, et à celle des deux institutions émules et rivales de la nôtre. En Vous voyant ennoblir de votre présence la solennité de l'in- stallation, nous nous rappelons sans effort que Leyde aussi con- serve le souvenir de Maurice ; — mais de Maurice qui, jeune comme Vous, n'avait pas encore combattu ni vaincu Spinola. .... M Messieurs, vous trouvez naturel que je rattache à ce jour, qui est un jour de fête pour vous, l'heureuse arrivée du Héros de la Belgique; et pourquoi n'y rattacherais-je pas encore ce local, cette enceinte méme naguères consacrée à l'inauguration de nos Souverai ins, et bien autrement célèbre encore par un acte non moins imposant qui l'illustra, il y a deux cent trente ans, et qui dés-lors , sous les auspices du grand Guillaume , devait resserrer les liens des dix-sept Provinces , inspirées alors et guidées par les principes de' cette phi- losophique et douce tolérance , que nous professons enfin après-un si long intervalle. Ce traité connu sous le nom de Pacification de Gand, signé entre les Etats généraux de la Belgique , et les Députés de la Hollande et de la Zélande ; ce traité où la Signature de plusieurs dignitaires de l'église catholique, et celles des commissaires du Prince d'Orange, étäient tracées sur la méme ligne; ce traité enfin qui reçut l'appro- (5) dation de l'Université de Louvain et l'adhésion de Don. Juan, par- lant au nom du roi d'Espagne „est, encore, avec l'Union Utrecht, Vacte le plus mémorable d'uhe époque. fertile en grands événemens. De traité ‘était un bienfait pour nos ancêtres, en ce qu'il tendait à calmer: les: passions; à rassurer les consciences, à ramener la paix religieuse ; et il y a je ne sais quel charme à rappeler cette période de l'histoire nationale dans ce local méme. où, après un si long espace de temps, un nouveau „bienfait, d'un petit-fils de Guil- laume-réunit autour d'un des. descendans de ‚ce Prince, les „descen dans de ces mêmes Gantois: qui, en. 1576, semblaient vouloir si intimement lier leur fortha à Ja fortune. du: Fondateur de l'indé- pendance Batave. Ph PT i Mais alors. déchirée dans intérieur. convoitée par l'avarice de tanga: notre malheureuse patrie était en proie. aux fléaux réu- nis de la guerre et des révolutions ; les bons esprits pouvaient seuls embrasser la grandeur des vues qui, diris la. noble pensée du Prince d'Orange, projetaient l'union des dix-sept Provinces, Aujour- d'hui, cette union s'est opérée sans déchirement , sans secousse , et l'antique faisceau de l'héritage de Bourgogne se trouve de nouveau soumis au méme sceptre, comme il l'était dans leà dernières an- nées du règne de Charles-Quint. rm | Messieurs, que ce jour de joie pour nous, en soit un que la reconnaissance aussi inscriye dans les fastes de cette ville. Quelle sapplaudisse d'avoir. mérité cette, honorable distinction de la part de Sa Majesté; il serait beau sans doute de la devoir à une gloire déjà ancienne et à d'anciens services; il est plus beau peut-étre de pouvoir. invoquer des titres moins éloignés ; ou. plutót , il est con- solant de penser que Gand, telle qu'elle est de nos jours ; inspire ; (6) au Monarque ce même intérêt que d'ineffacables souvenirs devaient si naturellement reporter sur cette Gand du seizième siècle, qui, Après avoir vu signer, dans son sein, l'illustre Pacification dont jai parlé, accéda encore, trois ans aprés, et la première. parmi les villes de la Flandre et du Brabant , à lUnion non moins célebre c Vrrerſii () 50985. low. eina . Bach 7 Osons nous en flatter, rt ig ‚cette renommée qu'au milieu des autres villes du royaume , notre ville natale s'est acquise par cet esprit public qui porte ses habitans à aimer les sciences et à encourager les beaux-arts, — cette renommée classique n'est pas le moindre de ses titres à l'équitable bienveillance du Roi, | PROFESSEURS Sor à l'enseignement dans cette auguste insti- tution, vous aurez à justifier de grandes espérances. Voyez autour de vous ces établissemens que le culte d Apollon et des Muses, le Génie des Sciences et des Arts, ont multipliés dans cette ville. Tous prospèrent à l'ombre ‘de l'Olivier consacré à Minerve et à la paix ; à l'ombre de l'Oranger, autre symbole qu'ils se sont choisi, pour indiquer le pouvoir tutélaire qui apprécie leur utilité et les encourage. (2) (1) L'Union d Utrecht fut signée le 25 janvier 1579; la ville de Gand y avait cédé par ses députés, dès le 4 février suivant. On trouve le fac-simile de Vacte d'adhésion et celui des signatures des députés envoyés à Utrecht , dans la précieuse collection qui fut imprimée en 1777, et dont M.* le Comte » Lens, Maire de la ville, doit à la bienveillante ‘attention de M. Jacques de Vaal, d'Utrecht, “un superbe exemplaire , qui lui fut envoyé le 2 juillet 1815, et qut a confié ` à la bibliothèque de l'Université. (2) Le Sigillum ou les armes de PUniversité, approuvées par le Roi, rendent cette idée; elles représentent la tête antique de Minerve entre un rameau d'Oran- geret un rameau d'Olivier, avec la devise, inter wtrumque. (7) Pnorrsseuns désignés, recevez de l'exemple de ces établisse- mens , votre première impulsion; bientôt vous la donnerez, et, sem- blable au chéne majestueux de la forét, l'Université elle - méme dominera au milieu des autres institutions de moindre importance ; cest d'elle que la ville aimera à emprunter quelques rayons d'un nouvel éclat, et la dix-septième année de chaque siècle qui suivra, sera aussi pour nos arrière-neveux, une fête séculaire qui en- tendra proclamer la mémoire et le nom du bienfaiteur, AUGUSTE ET SÉRÉNISSIME Prince, et vous, Ministre, dont la - sollicitude paternelle veille sur l'institution, daignez vous rendre auprès du Monarque, l'organe de la gratitude publique, comme je le suis envers Vous, au nom du Conseil de la Régence et du College des Curateurs ; jamais tâche plus honorable ne me fut confiée , et si jexprime moins ma reconnaissance personnelle, c'est qu'il m'est plus doux de la confondre dans le sentiment unanime de tous les habitans de cette ville. iios ng ul SUE x EH d : JOANNIS CAROLI VAN ROTTERDAM ORATIO, À. D. IX. OCTOBRIS PUBLICE HABITA, QUUM, ACADEMIÆ GANDAVENSIS ORDINATIONE SOLEMNITER INSTITUTA, RECTORIS MAGNIFICI MAGISTERIUM IN SE RECIPERET. — r mi JOANNIS CAROLI VAN ROTTERDAM A. D. 9 OCTOBRIS 1817 PUBLICE HABITA ; Evi iod QUUM; ACADEMIÆ GANDAVENSIS ORDINATIONE SOLEMNITER INSTITUTA; RECTORIS MAGNIFICI MUNUS IN SE RECIPERET. SERENISSIME ET AUGUSTISSIME PRINCEPS! l Vin EXCELLENTISSIME, LITERARUM ET SCIENTIARUM STUDII PRÆTECTE! CURATORES AMPLISSIMI ET ILLUSTRISSIMI! CÆTERIQUE AUDITORES OnNATISSIMI! In omnibus orbis terrarum partibus, in quibus, communi civium consensu et suffragatione , Scientia vigent, civibus accepta, jucunda, grata etutilia esse, quecumque ad illarum studia: evehenda insti- tuantur, nos sana mens et ratio credere jubent. Eaque de causa neminem Vestrum, A. O., inficias iturum arbitror, nisi alibi, certe in patria nostra, nihil solidam laudem et insignem fame. commen- dationem magis. mereri, quam quod hac in parte ex Principum. I e Pj ( 2 24 IV REF 4 ) Of benevolentia et singulari in cives amore proficiscatur, atque ab ipsis unice ad communem. civium salutem constituatur. Inest enim in salutiferis Principum beneficiis aliquid , quod, nescio quomodo, omnium, bonorum. animos praecipue capiat, et gratissimo voluptatis sensu perfundat. ; Sed quodnam est ex innumeris illis beneficiis, ab augustissimo Rege jam in nos collatis, quod, cum hac nove Academiæ nostre institutione, cujus ordinationem, hoc festo die, læti et gaudio! trium= phantes celebramus, comparari queat ? „Hoe eximio beneficio majus et excellentius quod sit, nihil omnino excogitari posse mihi videtur. Ejusmodi enim Schola, ut ita dicam, Universalis multum affert ad salutem publicam stabiliendam, universum regnum nominis sui famá implendum, civiumque ingenia ad doctrinarum et virtutum studia excitanda. | Verum illa diversi generis commoda, quæ ex bene ordinata Aca- demia proficiscuntur, et quee omnia enumerare nimis longum sit, continuo evanescere, et in fumum et cineres abire , nisi Professores caveant, ne doctrinarum disciplina quidquam | detrimenti accipiat , et summo studio enitantur, ut illius disciplinze severitas stabilis et inconcussa maneat, reique publicæ compendio inservire valeat, hoc ejusmodi quid est, quod Vos Vestra sponte perspicere arbitror. ; Qusenam autem illa esse putatis, A. O., quæ potissimum requi- runtur, ut non modo Professorum gloria vera atque solida fiat, sed etiam totius Universitatis veneranda dignitas in posterum ne hilum quidem infminuatur? Primo adspectu hee quatuor mihi occurrunt, quie veluti totidem precipua capita observanda videntur. ^ . Primum debent singuli singularum Facultatum Professores omnem curar; omnemque studii constantiam et assiduitatem impendere, (3) ut non nisi vera et genuina artium et doctrinarum preecepta dis- 'eipulis tradant. . "Secundo oportet eosdem. 'Concesst sibi potestate sic uti, ut, quæ- cumque ad totius Academiæ utilitatem , et alumnorum. disciplinam recte regundam spectant, a nemine labefactentur. Tertio i ipsos operæ pretium omnino facturos existimo , si omnes curas ‘et cogitationes | suas ad juvenum animos honestatis pore et divini Numinis culturà imbuendos adhibeant. Nam a virtutis et religionis studio omnem hominum felicitatem pendere, quis est qui negare audeat ? Hee demum studiis adolescentum verum pretium dat, disque. quasi animam addit. ET quarto denique loco a Proſessoribus, me quidem judice ; meritó postulatur , ut Regio auctoritati et voluntati obtemperent, . | beneque docendo ostendant, illos calumniatorum personam agere, qui ex hac Regia Academiarum institutione parum commodi in rémpublicam redundaturum esse petulanter crepitent. “Hec vero, si Professores firmiter tenent, et ‚pro fandamentis - future institutionis suc habent, non modo ipsorum studium et labor's voto et consilio Regis satisfacient, verum ingupsr etiam elf ur busdam insita sit, sed propriis meritis suis innitatur , et quibus- cümque malesanorum machinationibus resistere possit, Potissimum véro de hoc loco priore agere , neque. ab hujus diei solemnitate , neque à persona Rectoris mihi modo i imposita plane ; alienum videtur. Dixi igitur i debere: Fjolesapres in id omnes mentis animique vires intendere , üt non nisi vera et genuina Scientiarum præcepta civibus Academicis tradant. Quod ut ab i ipsis heri queat, ante om- (4) nia requiritur, ut non modo, que in Veterum scriptis. bona i inve- niuntur, doceant, sed etiam tradant, que posterior et recentior ætas nova invenerit, atque imprimis curent , ut ne juvenes prius ad. al- tiorum, uti vocantur, Scientiarum scholas admittantur, quam Lite- ras Humaniores didicerint, mentemque suam Philosophiæ Theo- reticæ preceptis. instruxerint, et ex illis limpidis fontibus salutares quasi haustus imbiberint. Non aliunde enim, quam ex neglecto Lite- rarum Humaniorum et Philosophiæ studio, oritur vulgaris ista igno- rantia, quæ pseudo-studiosos a juvenili ætate in decrepitam usque senectutem , tamquam umbra corpus, comitari solet. Utinam igitur in omnibus patrie nostre Academiis hac in parte severitas summa adhibeatur , nec quisquam in scholas aut Jurisconsultorum aut Me- dicorum recipiatur, nisi qui prius non nomine, sed re ostendat, sese in Literis Humanioribus et Philosophiæ Fenice admodum probabi- liter versatum esse! Hzc enim studia imprimis adolescentibus adi- tum ad altiora Musarum sacra aperiunt: hzc ipsos demum ad Jurisprudentiæ et artis Medicæ præcepta recte percipienda idoneos faciunt: hec denique prohibent, ne tenere juvenum mentes harum doctrinarum pondere et gravitate obruantur. Atque hoc jam illis dictum sit, quos hzc parum curare, et quoslibet ad quaslibet doctri- narum. scholas nimis cito aditum concedere , atque semidoctis adeo juvenibus gradus Academicos conferre, audio. Porro autem , quum maximi intersit famæ Universitatis , ut bonze institutionis disciplina suà inconcussa maneat , et nominis. celebri- tatem adipiscatur, sed Lingua Latina, quà olim sola in omnibus Scientiarum partibus Professores utebantur , jam per quatuor fere lustra in somnum profundum apud nos delapsa sit; fortasse non- nemo quiret, an adhucdum expediat, iere nt ni olim forte expediverit, ut prælectiones Latino sermone habeantur ? (5) Mirantur san? hodie quidam, quod olim nulli mirati essent, le- gibus scilicet Universitatis id negotii omnibus fere Professoribus datum esse, ut in lectionibus habendis; nullo alio, nisi Latino, sermone. uterentur : quum tamen pauciora hodieque in patria nos- tra hoc sermone scripta opera edantur, et in Anglie, Gallie et Germanie plerisque Academiis, e quibus tot et tanti viri proveniant , Professores. vernaculo sermone docere soleant. Hæc et ejusmodi, speciosa magis quam vera, nonnulli boni homines. in medium afferunt. Sed.cum his controversiam inire inutile duco, quum nobis sufficere debeat lata Lex Regia, quà cautum est, ut Latinus sermo Acade- miaruni, unicus et proprius habendus sit. Neque etiam necesse erit, hoc loco juvenes admonere „ut illius cognitionem sibi acquirant , siquidem nemo illorum ex Regio decreto ad altiores scientias in pos- terum admittendus erit , nisi qui illius sermonis scientià probe i im- butus sit. ET ¡Ae Tiu Ast objiciet fou Te" discipuli ke nails humanioribus peractis, ad graviores Scientias discendas progredientes, Latini ser- monis satis periti erunt, ; verum vos Professores recens creati, qui jam: per multos deinceps annos Latinitatis obliti estis, quomodo vos veterum scriptorum orationis puritatem et elegantiam assequi po- teritis? Vos, qui plurimorum recentiora opera Latina ne intelligere quidem mihi amplius videmini ? Lubens concedo , o bone! multos hodieque libros tam inficeto, duro, contorto et tot barbaris voca- bulis referto sermone conscriptos, in lucem prodire , ut vix a Latini sermonis peritissimis viris intelligantur, nedum a nobis, qui illius lingue suis numeris absolutam cognitionem , non. nisi diuturno usu acquirendam, adepti non sumus. Preterea probé scio, paucos modo reperiri , qui auream illam veterum eloquentiam aliqua ex parte asse- (6) quantur , et pauciores « étiam , qui illam. imitari queant. Sed minim? inde- mihi videtur sequi , Latini sermonis usum ideo in Acoderüiis deserendum esse, ‘quod multum. ab antiquorum elegantia ' oratio nostra distet. Nos priecepta Latini sermonis non damus : nos "illius proprietates ` et veneres non tradimus : hac’ provincia sigillatim Pro- fessori Lingua Latitize maridate est. Nos illo tantum: utimur tamquam instrumento , quo "doctrinarum | nostrarum præcepta cum juventute, illorum discendorum cupida!, communicemus. Nobis igitur , utpote magis ad res quam ad Aa cin verba spectantibus , jam sufficiat; ita perspicue et ad juvenum captum accommodate loqui- posse , ut ab ipsis modo intelligamur. Habent preterea singulèe artes et doctrinæ tot sibi propria vocabula, que frustra in’ scriptis Veterum quéesi- veris , attamen que jus Latii „ut ita dicam, accepisse quodammodo dici pod ah Uil: up Pm line eubnsifünbs cities Quinetiam , etsi nobis sermo aut Gallicus, aut vernaculus miagis ; $ quam Latinus, : lamiliaris est, tamen multis de causis utile nobis erit, Latinum sermonem in scholis nostris retinere; Nonne nobi lissima illa lingua jam nimis diu neglecta est? Profecto sand. Jam si diutius negligeretür, nonne verendum esset; ne cuncta per uni- versum regnum culta Literarum Humaniorum studia primam” in deteriorem etiam conditionem delapsura, et deinde penitus interi- tura essent? Id luce clarius mihi esse videtur.: Nonne praterea usu edocti scimus, consuetudinem, quee sub Gallorum imperio inva- luerat , Scientias sermone patrio docendi, et juvenes vix primis Li- terarum studiis imbutos ad honores Academicos obtinendos reci- piendi, studiorum cursum quidem breviorem et specie: faciliorem reddidisse , sed ipsas doctrinas ex isto instituto parum incrementi; imo multum detrimenti accepisse ? Denique , ne longior sim, La- (7) ‘tind sermone in desuetudinem migis etiam abeunte, 'orünino peri- culum éit ; ne nova non mode in omni doctrinarumm genere inventa intra limites regionis, ubi primum i inveniuntur, ; omnino éohibeantur, verum etiam 'sagacissimi alioquin discipuli , tam Anglorum. quam Hibernorum , tam Gallorum quam Germanorum, atque adeo mul- torum civium Batavorum continuo aut dimittendi, aut ipsi ine ab Academia nostta abitüri sin: SB (sf. an due Hæ et plures hujus generis aliæ rationes, quarum enumerationem temporis brevitate coactus silentió préterco, sufficere. mihi videntur - ad probandum , sine communi doctorum lingua, per universam Li- terarum-rempublicam intellecta, Scientias et artes elegantiores in renascentibus Universitatibus vere florere non Posse. x9 Gib Neque adeo fortasse deerunt nonnulli, Academic nôstræ cætero- quin perstudiosi ;' qui quserant, an non metuendum sit, ne, tribus in Meridionalibus Belgii partibus constitutis Academiis, eruditi Pro- fessores nobis défuturi Hints et ex'illorum inopia-exoritüra sint in- comoda, quie éfficiant ; ut hic doctrinarum stadium vacillare, illic lariguéré, et übivis brevi omnino interire incipiat? Fateor quidem omnium rerum majoris momenti initia plerumque ' vitiis quibusdam - laborare, quoriam, Hut Cicero ait, nihil simul inventum et perfec- tum est; neque ommino ausim negare, hance’ trium Academiarum ordinationem nullis impedimentis i initio obnoxiam futuram esse: sed simul etiam credo et pre me fero”, illa obstacula nec magni mo- menti, nec longi: temporis fore. Quoniam enim docendi conditio multo honestior, quam uper erat, nunc facta est; non modo hoc beneficio Professorum ardor et industria in dies stimulabitur , ipso- rumque studii assiduitate doctrine denuo reviviscent , et lzetius suc- crescent , verum etiam sperare nobis licebit, fore, ut uberior pro- (9) ventus virorum. in omni doctrinarum genere excellentium . rursus sensim in his patriae regionibus _exoriatur. Vincent omnia labor im- probus et optimi Regis in bonum publicum suprema voluntas. Neque æquitati Regie non conveniebat (ut aliquid etiam de Aca- demiarum Zernario numero dicam ) in his regionibus tres Academias constituere , quum totidem in Septentrionalibus Provinciis ordi- nari jam antea decrevisset. Studuit HEAR patriæ parti æqualiter prodesse. ut 5811 Preterea, videtur mihi Tux non inscius fuisse Die ratione d nestam et nobilem æmulationem exoriri debere , cujus acri stimulo optima. quaeque ingenia suscitantur , et omnis torpor, negligentia et socordia ex animis. docentium pariter atque discentium evanescere solent... Fac enim, Regem tantummodo «unam | constituisse Acade- miam, quid nobis tunc. sperandum, aut metuendum. fuisset ? Præ- teriti temporis experientia nos hoc abandé docuit. Nonne quum una tantum. per. plures. annos Academia adesset , in qua numerosa ju- ventus docebatur, tam jurisprudentie, quam artis medic studia adeo languida facta’ sunt, ut parum; abesset, quin omne pristinum decus amitterent ? Credite igitur mihi, Auditores! nihil in poste- rum respublica mali, tribus constitutis Academiis, experietur. Va- lebunt apud nos famz, honoris et officiorum sensus : valebunt , ut oratoris Romani verbis utar, ciyium sententiz , in quibus fama nostra pendet : valebit acris Curatorum vigilantia , sub quorum. oculis et tutela Scientias docebimus: valebit. severa ipsius Universitatis dis- ciplina, quà omnis ejus salus nitetur : ac denique certissime et maxim? valebunt grati ae memoris animi sensus, intima ac reli- giosà veneratione perfusi, erga Regem, qui unà publica utilitatis salute compulsus , tam singulare in nos omnes beneficium contulit. (9) Itaque quod ad Universitatis stabilitatem attinet, Auditores ! his validis rationibus jam confidite : stabit illa firma: atque equa Prin- cipis voluntate stabit illa, ut maxime salutare Principis opus, ne- quicquam vociferantibus almæ Academiæ nostræ adversariis , nequic- quam Regio beneficio insidias struentibus malevolis. Tales fuerunt semper, Auditores! qui propriis commodis unicè intenti , aliorum immemores sibi solis studerent : qui, dum ipsis res in contraria vergerent, omnia calumniis pervertere auderent, cives in cives , et hos in Regem armare non formidarent. Verum et errores et men- daciorum nebulae victricis veritatis luce dispellentur. -Etenim dubitari non licet, quin paternus WILHELMI amor erga - cives, et virtutes ejus regiæ effecturæ sint, ut omnes difficultates , nostro recens constituto regno huc usquè impendentes, mox feli- citer evanescant. A longissimis enim jam inde temporibus Princi- pum Nassavicorum virtutes nobis notæ sunt. Atque si, quod legi- bus human. nature, ut plurimum , consentaneum est, ut parentes in prole, non vultu tantum et corporis formà , sed etiam indole et virtutibus , reviviscant ; non mirabimur hodie , Nassavicam stirpem , quee olim in Belgio floruit, justam, humanam et bellicosam , eam- dem hodie post trecentos annos produxisse Justitiæ amantem Re- gem, er fortem: belli Ducem, Parncirem HEREDITARTUM : cujus heroica virtus jam præclarè increvit, postquam ille in ultimo terri- bili przlio, presente toto exercitu, primus apparens , et juvenili ardore moræ impatiens , rectá vid in hostem irruit , et summo impetu ipsius manibus victorie palmam eripuit, atque ejusmodi quidem , que toti Belgio libertatem , atque Europe pacem reddidit , et dilec- tissimo Principi immortale nomen peperit. Sed quemadmodum Principis , cui patria tantum debet , virtutes 2 (10) bellicas alii jam Oratores , iique majori eloquent pradid, summis laudibus extulerunt, et in posterum fortasse‘ magis etiam extol? lent ; sic maini bakita dd ærarii opes non ad saturandam 'am- bitionem , sed ad promovendam Reipublice: salutem et'veram' cie vium. felicitatem. impendentis, gratus omnium bonorum / civium amor let? agnoscit-, semperque in memoria retinebit. Verum quanta commoditas ex Academiarum scholis in Rempublicam re- ditura sit), et utrum illae rect? , an vero secus, in Belgio collocatæ sint, id hi potissimum: dijudicabunt, qui praeteriti temporis, quo longa bellorum. serie studia. in patria nostra, tamquam in inculto. et: deserto. agro. penitus: contemta jacuerunt, haud: immemores erunt. Jam vero novissimam et præcipuarn sermonis’ nostri partem as- secuti, animos nostros quasi in unum colligamus , ut, quantum grati animi sensu valeamus , dignas gratias agamus W'iLHELMO PRIMO , hujus jamjam nascentis Academie benefico conditóri, quem liberalium artium et: eruditionis publice studio ita captum et de- lectatum videmus, ut, licet variis undique emergentibus - curis veluti suffüsus hucusque fuerit, nihilo secius tamen ad Acade- miarum ordinationem celeriter animum adverterit. Regis benevo- lentià singulari hodie Relgice juventuti aperitur , por quam , modo velit, procedere, et ad summos honorum gradus pervenire potest. Hodie nostrae Provincie , et præcipüè huic Gändavensium ci- vitati, accedit novum decus et ornamentum , scaturitque novus ipsi prosperitatis fons, solemniter reseratis et in publicum effúsis om- nium Scientiarum, etiam T'ranscendentalium , uti vocantur , rivis. Enitimini nunc jam Vos igitur singuli bonarum artium et doc- trinarum Professores , ut summá curá et diligentiá discipulos vestros Cu) non nisi ipsis in posterum utilia doceatis. Operam date; ut ex Aca- demia nostra prodeant viri juvenes, qui patric aliquando prodesse, . et literati Belgii gloriam undiqueversus propagare queant! | Quem denique, ut vela contraham, non commoveant huic urbi hodie tam liberaliter. concessa beneficia ? Nonne unusquisque civis Gandavensis ex animi sententia maximas Regi pro collatis in ipsos beneficiis gratias aget? Quotquot igitur adestis, ad unum omnes, queso, exemplum meum sequamini, et mecum sonorá voce ac- clametis : Diu vivat atque sospes et incolumís nobis maneat Rex noster , WILHELMUS I, ¿psiusque Familia Regia ! DIXI. ESER ras oe SERIES LECTIONUM, IN ACADEMIA | GANDANENSI HABENDARUM, A DIE III Novemsris 1817, | heeele MAGNIFICO . | JOANNE CAROLO. VAN ROTTERDAM, M. D. FACULTAS MEDICA. „JC, van Rorrenpam. Pathologiam et Praxim Medicam docebit diebus Lun: ‚Martis et Mercurii, hora sexta pomeridiana , ut. et de Morbis acutis, diebus Jovis et Veneris, eadem hora, tractabit. Praelectiones. clinicas habebit in Nosocomio academico , hiberno tempore, singulis « diebus , die Saturni excepta, hora octava ma- . tutina ; Dieteticam "tradet tempore aestivo, hora et diebus deinde MU J.-L. Kxsrxzoor. Diebus Lune, Martis et Mercurii, hora secunda, aget de Materie Medica et de Pharmaceutica; insuper. eadem hora, diebus Jovis et Veneris, doctrinam tradet de Morbis Chronicis ; diebus Lune et Mercurii , hora post meridiem quinta, Medici- nam politicam et forensem exponet. Tempore estivo , ‘hora mane J (2) | septima, exercitationes clínicas habebit in Nosocomio academico, diebus Lune, Martis, Mercurii, Jovis et Venéris. P. Versteck. Diebus Lune, Martis, Mercurii et Jovis, hora nona matutina, Anatomiam, et iisdem diebus, hora post meridiem tertia, Physiologiam exponet. J.-F. Kıuyskens. Chirurgie institutiones præleget, diebus Lune, Martis, Mercurii et Jovis, hora undecima ; et hiberno tempore, isdem diebus, hora nona ante meridiem, Chirurgie clinice et operationibus chirurgicis vacabit. Artem obstetriciam, diebus Lune et Jovis, hora quarta post meridiem, docebit. PACA FACULTAS JURIDICA. J.-B. HELLEBAUT. Lectiones: habebit de Jure civile hodierno, die- bus Lunæ, Martis et Jovis, mane hora media ante decimam : Praxim Juris tractabit, hora quarta, diebus Lune, Martis et Jovis, ut et eadem hora, Jus criminale, diebus Mercurii et Veneris. ` Diplomaticam et. Statisticam exponet horis deinde dicendis: J.-J. Haus. Præmissis lectionibus ad scientiarum juridicarum Encyclopediam et Methodologiam generalem pertinentibus, Jus na- ture explicabit, diebus Lunse, Mercurii et Veneris, hora undecima matutina. Jus publicum , , Jus gentium et Politicam Europe Historiam ; diebus et horis tradet brevi indicandis. P. pn Rycxenr, Premissa Juris Romani historia, tractabit Institute, diebus. Lune, Mercurii et Veneris , hora octava; idem Pande tas interpretabitur, diebus Martis, Jovis et Saturni, eadem hora. ( 3.) TOR EAS DISCIPLINARUM MATHEMATICARUM ET. PHYSICARUM. 3.6. Gannien. Diebus Mercurii, Jovis et Veneris, Mathesim Elementarem, hora quarta post meridiem ; diebus. Lunze et Martis, eadem hora, Astronomiam physicam docebit. C.-F. Havrr. Diebus Lune, Martis, Jovis et Venetis, hora -nona matutina, Physicam mathematicam ; isdem diebus; hora un- decima, Chymiam tractabit. | | F.-P. Casse. Zoologiam et Mineralogiam ut et Anatomen com- paratam, diebus Lune, Martis, Jovis et Veneris, hora decima matutina, tradet. i Botanicam. et Plantarum Physiologiam exponet, hora octava matutina , diebus Lunæ, Martis , Mercurii, Jovis et Veneris. Ulterius, pro Auditorum commodis, Professor J.-G. Garnier suscipiet lectiones de Astronomia Mathematica ut et de Disciplinis Mathematicis vulgo Transcendentibus , Hydraulica et Hydrostatica etiam applicatis. — Professor J.-C.-F. Hauff, instrumentis porrec- tis, Physicam experimentalem demonstrabit. FACULTAS. PHILOSOPHIA | THEORETICÆ ET LITTERARUM. G.-L. Manner. Hora decima matutina, docebit Litteras Latinas, diebus Lune, Martis, Mercurii; eadem hora, diebus Jovis, Ve- neris et Saturni, Antiquitates Romanas interpretabitur. Y (14 ) Hora undecima, diebus Lune ‚Martis, Mercurii, Litteras Grecas explicabit; diebus autem Jovis, Veneris et Saturni, Antiquitates Graecas interpretabitur. Mox RESI J.-M. Schaanrt. Historiam Universalem sicut et Litteras Belgicas, exponere incipiet, diebus et horis, post Professoris adventum brevi futurum, promulgandis. J. CF. Havrr. Logicam. tradet, hora secunda pomeridiana , - diebus Lunæ, Mercurii et Veneris, F.-P. Casser. Metaphysicam, diebus Mercurii et Veneris, hora secunda, docebit. Professores qui Litteras Gallicas et Historiam Patria tirpliosbunt " postea indicabuntur. . Rector Academicus, J.-C. VAN ROTTERDAM. DE MANDATO RECTORIS ACADEMICI 5. ‚ Actuarius. Senatus academic, J.-B. HELLEBAU T. Pridie kalend. Novemb. MDCC CXVII. y sw! . SERIES LECTIONUM, IN ACADEMIA GANDAVENSI As DIE. I ArnIIIs 1818, RECTORE MAGNIFICO .. JOANNE CAROLO VAN ROTTERDAM, M. D. ue FACULTAS MEDICA. J.-C. van RoTTERDAM. Pathologiem et Praxim Medicam docebit dicbus Lime; Martis et Mercurii, hora sexta pomeridiana : et de Morbis acutis, diebus Jovis et Veneris, eadem hora, Scholas ha- bebit, Porro Dieteticam tradere continuabit cum Pathologia. d. Kxzsrgroor. Diebus Lune, Martis et Mercurii, hora secunda, aget de Materie Medica et Pharmaceutica; insuper eadem hora, diebus Jovis et Veneris, doctrinam tradet de Morbis Chronicis ; diebus Lune et Mercurii, hora post meridiem quinta, Medici- nam, politicam. et Jorensem exponet. Hora mane septima , exercis tationes clínicas habebit in Nosocomio Academico, diebus. Lune, Martis, Mercurii, Jovis et Veneris. | GX or | F.-E. VrnarEcr. Diebus Lunæ, Martis, Mercurii et Jovis, hora nona matutina, Analomiam, et iisdem diebus, hora post meridiem tertia, Physiologiam exponet. -` J.-F. Kruyskens, Prof. extraord. Chirurgie institutiones præ- leget, diebus Lunæ, Martis, Mercurii et Jovis, hora undecima ; et iisdem diebus, hora nona “ante "meridiem, Chirurgie clinice et operationibus chirurgicis vacabit. Artem obstetriciam, diebus Lune et Jovis, hora quarta post. meridiem, docebit. GM 0C FACULTAS JURIDICA. J.-B. HELLEBAUT. Lectiones habebit de Jure civili hodierno, die- bus Lune, Martis et Jovis, mane hora media ante decimam : Praxim Juris tractabit, hora quarta, diebus Lune, Martis et Jovis, ut et eadem hora, Jus criminale , diebus Mercurii et Veneris. Statisticam docebit , diebus Mercurii ei Veneris , hora poses indicanda. ato k 7 I. db a 1 J.-J. uir Jus naturale exponet , diebus Lunæ, Mercurii et Veneris, hora septima: matutina. Diebus, autem. Martis, Jovis et Saturni, eadem. hora, tradet. Jus publicum. et genlium. € P. bn Rvcxene: Continuabit Instituta, diebus Lune, Mercuri et Veneris, hora octava; idem Pandectas vri pete dienas Martis , Jovis et Saturni; ‘eadem — TE jm -— € 3) FAGY LIAS ebah sidi » DISCIPLINARUM MATHEMATICARUM ET PHYSICARUM. | J.-G. GARNIER. Diebus Mercurii , Jovis et Ar dies p Mathésim Elementarem, hora quarta post meridiem ; diebus Lunæ et Martis, éadem hora, Astronomiam physicam. docebit. CF. Havrr. Diebus Martis et Saturni, hora . | Phy- sicam mathematicam ; diebus Lune, Martis, Jovis et Saturni, hora undecima, Chymiam tractabit. - 13 FP. Cassrr. Zoologiam et Mineralagiain: ut et RATEN paratam, , diebus Lunæ, Martis , Mercurii et Jovis, hora decima matutina, Anett. M __Botanicam et. p Prin “Plaslaan. inne, Martis à Mer- curii | Jovis et Venenis diebus, hora sexta pomeridiana, i in Horto Academico exponet. j Ulterius, pro Auditorum commodis, Professor J.-G. Garnier suscipiet Tectiones de “Astronomia Mathematica ut et de Disciplinis Mathematicis vulgo Transcendentibus , Hydraulice et Hydrostatice etiam applicatis. — Professor J.-C.-F. Hauff, instrumentis porrec- tis, Physicam experimentalem demonstrabit. ENEN A.U PHILOSOPHLE THEORETICÆ ET LITTERARUM. G.-L. Manx. Hora decima matutina, docebit Litteras Latinas, diebus Lune, Martis, Mercurii; eadem hora, diebus Jovis, Ve- neris et Saturni, Antiguitates Romanas interpretabitur. (43 Hora undecima, diebus Lune, Martis, Mercurii, Li/teras Grecas explicabit; diebus autem Jovis, Veneris et Saturni, Antiguitates Graecas præleget. - J.-M. Scunant. Præmissis lectionibus de Litterarum Belgicarum Prestantia , earum historiam a seculo XIII usque ad seculum XVII exponet, diebus Lune, Mercurii et Veneris, hora tertia pomeridiana. Et Historiam Universalem tradere incipiet diebus et horis pro commodo auditorum mox constituendis. L-V. RAO. Litteras Gallicas , explicabit diebus Martis, Mer- curii, Jovis et Veneris, hora quinta pomeridiana. Historiam vero Patria, hora auditoribus commodeae.. * D.-C. Muxchzx, Prof. extraord. Historiam Philosophie præ- leget, diebus Martis , Veneris et Saturni, hora meridiana. Logices autem precepta explicabit illis diebus et “horis , quibus id commode fieri poterit. Rector Academicus, J.-C. VAN ROTTERDAM. _ DE MANDATO pM ji UNES gts ^o Actudrius Senatus academici, JB. HELLEBAUT. Pridie kalend. April, MDCCCXVIIL,- PROTREPTICUS, A. D. III. NOV. MDCCCXVIL, QUUM IN CURIA '"GANDAVENSIS CIVITATIS ACADEMICARUM SCHOLARUM RITE INITIANDARUM SOLENNITAS CELEBRARETUR , PUBLICE DICTUS A . GUILIELMO- LEONARDO MAHNE, Lit. Gr. et Lat. Prof. Ord. Nil dulcius est, bene quam munita tenere Edita doctrina Sapientum templa serena : Despicere unde queas alios ; passimque videre "^ + Errare , atque viam palanteis quærere vite. i LUCRETIUS. NOBILISSIMIS ATQUE- AMPLISSIMIS ACADEMLE GANDAVENSIS CURATORIBUS, LITERARUM UNIVERSITATIS MACENATIBUS MUNIFICENTISSIMIS, QUA DECET GRATI ANIMI RELIGIONE ET OBSERVANTIA, HUNC PROTREPTICUM L. M Q. d. d. d. GUILIELMUS LEONARDUS MAHNE. TES nb fil. „38 DIONI ! ano) 109 *r Carno neminem esse Vestrum; A. H., cui in mentem venlat scis- citari, qua de causa in hanc Curiam convenerimus. Ad unum omnes, opinor, nostis, hoc factum esse, ut scholárum Academica- rum auspicia rite atque more majorum olim usitata solennitate etiam in hac recens constituta Academia denuo caperentur. Atque idcirco; omissis multorum verborum AT in: rem presentem een: veniam. à: i 4 lov a MOI 91 ZI i In.omni bene constituta republica, in qua legos. 'sancte lee, nec temere cujusquam libidini cedere coguntur , ‘singulis civium classibus sua munera et officia imposita esse, quis est qui ignoret? Atque licet quedam horum officiorum fortasse "nonnullis videantur inter se repugnare, quin etiam sibi invicem: plane contraria esse; tamen „universa conjunctim. (re ab omni parte accurate perpensa) ad communem civium salutem spectare, in eáque assequenda arnice conjurare , mox videbimus et intelligemus. Est heee officiorum quasi catena a principe civitatis Puts mt ami üt ita loquar, nos cives sumus. (SO Et quum hoe: ita sit; neque- CEU facile quemquam inveneris , 7 ²˙ DA RNA PME OL PES qui hoc serio in Albus" vocare, aut adeo negare ausit, quivis Ves. trum lubens sibi persuadebit, uniuscujusque boni civis esse, illius catene, cujus ipse pars est, sedulo meminisse, et in id omni studio BEC es à ,ut ne- qua i ipsus culpà rumpatur. Nam ruptà eà, aliter evenire rion potest , quin statim reipublicas salus in deteriorem conditionem incidat, in dies se magisque marcescat, et tandem penitus intereat. Interim tamen singulari cura et providentia Dei cautum est, ut non sit quod anxie circumspectemus, aut sollicite anquiramus, qua ratione istiusmodi calamitatem a republica avertamus. Variis modis — hoc. fieri potest; Nam non solùm ii suas cogitationes, suas (curas y suum studium ad communem patric salutem conferunt, eique pro- desse. student, qui, imperii gubernacula tenientes, aut jura descri- bunt, aut leges servant, aut «erario prepositi sunt, aut illa admi- nistránt, quce ad belli studia et rem militàrem pertineant : verum idem: quoque : faciunt ¿quorum ópera et cura vel in rebus cum ho- nestate proxime conjunctis, vel ipsi certe non contrariis, posita est. Divinorum oraculorum interpretes, si cives: salutiferis preceptis ad vere, nec anilibus fabellis confertæ religionis cultum adhortantur et; excitant; causarum, patroni, si innocentes contra vim et injurias defendunt , eosque a malevolorum. vexationibus tutantur; medici, si arte sua egrotantium corpora sanant; bonarum: arlium et doctri- narum antistites , si juvenum ingenia acuunt, pectora formant, men- tes rerum utilium scientià imbuunt ; negotiatores; si vel exportandis, vel importandis mercibus curant; ut ne aut aliarum rerum nimiam copiam habeamus, aut aliarum, rerum nimis gravi inopia labore- mus; agricole , illi parsimoniæ atque diligentiæ magistri, illi priscæ simplicitatis. et frugalitatis patroni et cultores, si etatem in agris LJ (7) «colendis consumunt, in eoque honestissimo studio consenescunt ; - «artífices et opifices, si arium sellulariarum aut aliorum opificiórum Aractatione cavent, ut non modo ad victum: et; cultum riecessaria nobis non desint, verum etiam, quecunque ad peregrinarum mer- cium cupiditatem exstinguendam conducant in ipsorum. horreis et officinis adsint: — hi ad unum omnes, inquam si in! genere et munere quique suo caste et integre versantur; 1reipublicæposunr, et ipsius sáluti consulunt. Vera enim hominis dignitas, consentiente Nirotum omnis vi intelligentium judicio et auctoritate; in eo po- tissimum cernitur, ut, quocunque «tandem «loco divina providentia hominem locaverit, ipse-officia et munera sibi imposita fideliter ex- sequatur, in nullo eorum, quoad possit, claudicare studeat, et omnino sic se gerat, ut talis reapse sit, qualis esse debeat, et ab aliis haberi velit. Hane viam. Socrates, ille: quondam philosophiæ parens; ad gloriam esse proximam et quasi compendiariam verissime statuit. lam vero, ubi hanc: omnibus civibus communem oſficiorum disci- plinam propius in Cives Academicos transferimus, et cogitáte nobis- €um reputamus, quanam potissimum ipsorum. officia sint; nonne nobis luce clarius apparebit, hac maximam partem in docendo et discendo posita esse? Sed quale illud est, quod docere. et discere vocamus ? Quinam est hujus muneris vis et efficacia ?. Latius illud officium. patet , quam homines hatam rerum: non satis te vulgo _ putant. , Ne itaque yc cs zi reni Aten non satis nto omine capta dici possint ; mihi, cui illarum initiandarum honorifica provincia mandata est, non alienum ab hac solennitate. videtur „ De Academiarum scholis et docendi discendique in illis munere ac studio quidam yerba facere. Primum enim est hoc de medio pe- 95 0i rH e (8) titum argumentum non modo non disjunetum a ‘communi ömnium sensu, et intelligentid, imo cum vita mostres - rationibus arctissime conjunctum. Tum vero indicabit: ipsius explibatio futuris alumnis nostris quodammodo causas, cur Academiæ a prudentissimis qui- busque viris tanti momenti: et olim habiti sint, et adhucdum ha- beantur. Et denique: docebit eadem ipsos , quod per ætatem usu edocti nondum scire: possunt, nimirum , quid «ra distent jupinis, h. e. homo homini quid præstet, stulto intelligens: quid intersit. Quod igitur dum agam , Vos oro rogoque, ut quo animo adsitis, mihique dicenti benevolas aures præbeatis, quo facilius oratio mea um metam sibi propositam: T ve b drravesod Hoch us j i Cr í ‘ TIL y pi I6 jibg 9194 — UIT OU IUE n2 Poo schole , A: H. p FA ag me — — facturum modo dixi, sunt quasi officine publica, eo potissimum consilio constitute, ut juventus in illis bene honesteque vivendi artem discat et percipiat. Sed dixerit. fortasse quis: Quaenam est illa ars? Quamnam habet illa vim ? Quodnam habet momentum? Ut igitur , quid mihi velir, eo melius intelligatur; horum verborum sententiam fusius explicabo, atque ab ovo, ut aiunt , incipiam. Initiis enim bene perspectis, ducam intellectu semper multo faciliora sunt. ob Ut homo pre ceteris animantibus excelleret, Deus O. M. ipsum præcipuis dotibus exornavit. Primum ipsi dedit mentem et rationem , ut intelligendi facultate polleret. Harum dotum opera et vi non modo rerum externarum simulacra effingere, eorumque vel componere similitudines, vel discernere differentias, verum etiam rerum princi- pia, causas et progressiones vidére , quid quamque rem sequatur colligere ; et rebus presentibus futuras annectere potest. Deinde, ut simul etiam ad agendum homo idoneus esset, rerumque cognitie 1 rrró (9) in actionem abiré „et cum voluntate ac studio faciendi, quod facere debeas, conjungi- poser. numquam satis predicanda benignitas di- vina ipsi ingeneravit amimum , in eoque illa sapientiae et virtutum sémina deposuit, quibus alendis et excolendis sensim paullatimque ad summi boni et vitæ beatæ adeptionem pervenire posset. — De- nique tertio: loco hisce bonis , tamquam adjutrix et ministra, pos addita est; cujus ope et ministerio cogitata nostra cum aliis commu. nicaremus , et voluntatem nostram aliisexplicaremus. «^ ^^^ Jam autem, si cogitate nobiseum reputamus, et serio perpendi- mus, que harum dotum natura atque vis sit; luce clarius videbimus; ex ipsis, veluti ex totidem uberrimis fontibus omnes bonas artes et doctrinas proficisci , earumque: vinculum ab ipsa natura tam arcte nexum et copulatum esse „ut vox sine mente, tamquam corpus sine animo, nullius fere sit pretii, et mens vocis comitatu privata; enean valeat, manifestare nequeat, (ut. ii SE GUPI BEI ^ Ex his breviter dictis jam colita leri: Vobis; A. H., apparebit, opinor, quanta sit præstantia hominis præ ceteris animantibus, que natura ad pastum abjecit, et obedientia ventri finxit. Nunc " ad reliqua quoque animum. advertite! : Quia Deus in hac rerum natura nihil frustra — éà de caussá nos quoque homines minime tot eximiis dotibus frustra instruxit et exornavit. Quis igitur nostrúm, A. H., non suà sponte intelligat, etiamsi nullus admoneatur, hominis liberaliter educati inprimis esse, summa studii. assiduitate operam navare, ut dignitatem suam inte- gram et illibatam servet, præstantiam suam pre reliquis animantibus debità honestate et religioné sanctam et incorruptam tüéatur, atque in diés non sapientior tantum , sed melior etiam fiat ? Neminem certe nostrûm esse credo, qui hoc non videat; intelligat; sentiat, cupiat, = (ro ) „Verum queeritur, quà potissimum ratione quis hujus boni parti- «eps fieri, et simul tam in sapientiæ studio, quam in morum pro- bitate proficere possit ?- Respondeo :: ut hoc recte et prospere pro- cedat , utque una cum rerum cognitione virtutis quoque studium in animis nostris excitetur , nutriatur et augescat, inde a prima jam pueritia nobis prudentiórum et usu subactorum virorum preceptis et monitis ante omnia opus est. Quare? Ut illis preceptis et ad- monitionibus non modo ingeniüm nostrum: mature jam ad veri per- spicientiam acuatur , et nostree mentis facultatés sese pedetentim ex- serere incipiant, verum etiam, ut illa virtutum semina, quee in;animo humano , ut ita dicam ; abscondita latent, ex ‘suis veluti ‚latibulis excitentur, in dies magis magisque in lucem producantur; et maxima virium. intentione. excolantur.. Nam non sine “ratione sapientissimi quique viri jam antiquitus statuerunt, hominis atque agti eamdem esse. naturam atque rationem. Quemadmodum enim ager, ut ille ait, quamvis fertilis , sine cultura fructuosus esse non potest; sed quotidie: fere. diligentis et solertis agricole opera et manu indiget ; sic animus quoque noster fructus proferre nequit, nisi mature et assidue excolatur. Ab hac animi cultura nisi omnis omnino humana felicitas; certe longe maxima ejus pars pendet. — ut ille cañit : j a Nemo adeo ferus est,; ut non - mitescere: possit y il *9vpoup, B 1115 pát Si modo culluræ patientem, commode aurem, TM 10X 2 : #3 … Atque. quum. hoc, adeo: verum sit, quam quod est verissimum ; mec; facile quemquar sanz mentis compotem: reperturus sis „qui hac in parte non lubens mecum faciat; nulla sane caussa: mihi adesse videtur, cur verear, ne quis me!erroris arguat, ubi dicam ; ómnia illa, que ad mentis animique culturam! conducant et-utilia sint, ad hanc bene honesteque vivendi: artem pertinere; eàque; preter’ eos 18481 nig j cn) id inprimis effici; wt mature illa oſſicia oognoscere et in usum nostrum "convertere. discamus , quibus tam nostre; — aes commodis ac saluti consulere: possimuns .. Contra ea vero nonnullos alios audire mihi "un crepitantes : Sed fac hoc ita esse; fac nos tibi concedere, quod minime negamus, illam bene: honesteque vivendi artem arctissimo vinculo cum men- tis animique cultura conjunctam esse; tamen nondum perspicimus, cur potissimum Academiarum scholas hujus artis officinas vocaveris. Num hoc fortasse ideo a te factum est, quod ipse Academiæ Pro- fessor nuper creatus es, et te jam professorid lingud uti debere. putes? -Minime, o boni! Neque ego adeo vanus sum, neque res nostra istiusmodi callide excogitato aucupio indiget. Vulgi est ista consue- tudo, ut plurima ex -opinione, paucissima ex veritate æstimet. Ea- que de caussa hac sola veritate nititur, quod nihil ad hanc, de qua Joquimur , bene ‘honesteque © vivendi artem. recte: instituendam et commode regendam adhuc melius. et salubrius inventum sit, quam illa in Academiis precipue tradi solita Literarum humanitas. Hæc menti nostre quasi lumen accendit , cujus luce superstitionis nebulæ ‘dispelluntur; et caligo mentis sensim adeo discutitur, ut ipsa in sui ipsius intimos" recessus perspicere, et, qu vires ibi latent, cognos- cere demum recte queat. Hæc animos nostros praeparat, ut illa virtutum 'semina ; quee Deus in ipso sparsit, pullulare , succrescere, a maturitatem pervenire, et fractus proferre possint. e Neque ego tantum, qui ‘modo unus. de multis sum, hanc vim — hurnanitati tribuo : verum idem jam ante hos trecen- tos annos majores nostri fecerunt : idem fecerunt horum filii et ne- potes: idem fecerunt patres nostri : me facit aahue Ts; unt 1 Academiæ ordinationem debemus. He (12) Primum majores nostri, qui supra vulgus sapiebant, quum, in- telligere coepissent, quantum boni Literarum humanitati inesset, con- tinuo in celebrioribus patrie civitatibus. lados literarios. aperiri et constitui curarunt. Hos reipublice veluti seminaria esse voluerunt, in quibus diversi generis arbuscule diligenter- colerentur, a ventis , imbribus , et omni omnino ceeli intemperie custodirentur ; a nodis, stolonibus, clavis et aliis id genus vitiis purgarentur, quo letius ado- lescerent, inque alias regiones translate, fructuum suorum salu- britate humani generis felicitatem adaugerent. Neque hoe ipsorum — consilium vanum fuit, aut prospero successu caruit. Ex multis enim Belgii seminariis in omnes quoquoversus civitates tantum . boni re- dundavit, ut patria nostra jam primis post renatas Literas temporibus ab harum rerum idoneis: existimatoribus uberrima bonarum artium ei doctrinarum. procreatrix et altrix haberetur et predicaretun. o: T + Deinde , hominum solertiä et veri perspicientià minum in modum ans ‚scholarum beneficio auctà , patres nostri, parentum suorum vestigia prementes, ipsorumque studia in proferendis doctrinarum pomeeriis posita magni æstimantes, harum scholarum numerum: non modo valde auxerunt, sed etiam pro rerum temporumque condi- tione in meliorem formam amen et adeo se ebat ut pre se ferre merito possent : his e ple sers ob 5180 NE Du nt Di cris roster je Rettulit in melius. ist: „Verum utinam modo hoc admirabile bonum. nobis proprium et perpetuum mansisset s nec illà jpsà. zevi inutabilitate in miserabilem. conditionem aliquot abhinc annis delapsum esset! Omni enim Eu- ropa per hos viginti annos. continuis fere. bellis exagitata, quid mi- rum, aures nostras maxime tubarum clangore, armorum strepitu, (13) militum: vociferationibus circumsonasse ? quid mirum , Musas lue- tuosissimis et cruentissimis istis temporibus penitus fere obmutuisse, viclas victori manus dedisse, et sese; quamvis invitas “ad istius nu- tum et libidinem accommodasse ? Sed quoniam hæc et multa: hujus generis alia, nec Vobis auditu suavia, nec mihi dictu jucunda, ani- mus meminisse horret ; missas faciamus istas calamitates, quas res literaria per illud tempus perpessa est, ne repetità et iteratà illarum. recordatione: vulnera nostra, nondum | penitus. sanata , ipsi denuo , *xulcerare velle videamur. Immo potius gratias agamus Deo O. M., qui hisce: malis tandem finem fecit! Agnoscamus potius eximiam divini Numinis benignitatem , quà, GUILIELMUS , pater patriæ PR nn) y ¡oa et constitutus esset ; statim; etsi- allis gravissimis curis et negotiis dis- tractus, -nihilo secius tamen constitutis tribus Academiis, Lugduno- Batayá ‚„Rheno-Trajectind et Groningand , curavit, ut in Septentrio- nalibus. regni partibus res Literaria nullum: amplius: detrimentum. caperet." Deinde; peracto hoc negotio; item tres Academias i in Me- ridionalibus us patrie regi re zionibus ordinari et “constitu jussit : unam Lovanii „in hac — Gandavensium civitate alteram , et Leodii tertiam; Quo benevolo; prudente et salubri consilio optimus Rex non majorum modo et patrum vestigia pressit, quos summo studio operam navasse videmus, ut Literarum universitati bene esset , verum etiam . effecit, ut multis in locis omnia ad mentis animique culturam ne- | 64 cessaria ad manum essent, et sic nemini cuiquam justa aut querendi, aut invidendi caussa superesset (1). Lie dinde de sionieeROuS ^: C&écus itaque sit, qui non videat; stultus, qui non intelligat; in- ene qui non agnoscat; impius, qui non fateatur; ordinatis plu- ribus und Academiis GUILIELMUM regem exegisse, ut illé canit, monumentum ere perenniusa; wii america: do rio aria coa Verum enim vero, A. H., ut hee Academie bene honesteque vi- vendi artis, officinæ merito vocari. possint, et larga frugum messe tam Regis, quam omnium bonorum et intelligentium votis et ex- spectationi satisfaciant, hee ante omnia requiruntur. Primum, ut Cives Academici religiose, nec perfunctorie, suis oſliciis fungantur, nihilque prætermittant, quod ad doctrinarum studia recte colenda utile et salutiferum sits Deinde vero, ut de Literarum natura, finibus et mutuo communionis vinculo recte. sentiant, nec judicii inopià et levitate, aut preejudicatis opinionibus abrepti; que. naturà sua con- juncta. sunt, misere. discerpant, et sic (imprudenter. dicam. an im- pudenter? ) maxima pulchritudinis et — De W Bali: ‘breviter videamus. o ns OPAH waa 4 ahi À act OS As c Tra (i) Satis at mirari nequo, ' ssi) cd usine in Meridionalibus Belgii : regionibus tantum: una et sola Academia constituatur. Immo arbitror, omnes bonarum artium. et doctrinaram, fautores, atque patronos gratias maxi- mas debere Viro, Reverendo M. vx Bast, Canonico S. Bar quem huic prii opi- ` nioni viriliter restitisse , et DIENEN ‘constitaendarum # trium Academiarum vindicem publice utilitatis’ gratia se- prastitisse audio. Verte miki hase beribti atque de ima et sold Academia cogitanti , ultro in mentem, veniunt illa, Hesiodi , que suis monem conversa hue redeunt 5. |, 2360 AMARA d oa apio hos strot idet vicino vicinus, 2 figuli feudo” suocenset et fibro’ faber =" io tobt aan Utilis vero contentio hocce. hominibus. ' Hache a ES * : jam — — — T sed probe tamen tenendum est, hoc non ita accipi debere, ac si illee: partes, tamquam Absyrti membra hic illic sparsa , nullo plane vinculo ne xe essent. Longe aliter rem sese „non modo dili” | Sender- Meßib ———— RAUS p ' efedere jubent. Etsi! enim hoe apud plerosque omnes fere populos” — mo ut sud quisque ontermserit alterum, sed ih Sanh a ac Ta | ventie bed ete RASE Sp AO A uf Wai cesar DAA d rm A ro rai Mi Quodsi hoc ita esset; a vero penitus aberrassent viri in re Literaria principes, Plato, Cicero et ali. qui statuerunt / omnem doctfifiam ĩngenuarum et humatiarum artium ‘communi quodam. societatis virielo"cóntinert? Sed ne 8 | potius) quami rationis vi uti velle videar exemylo'rem: expediam, Nella et profecto: —— pate: ti a Griecarum et Latinarur irum i ópem; dignitatem et organ aire we poit PUNT nat dóc- trinarum studio inter omnes harum rerum peritos judices con- stitit, e veterum Græcorum et Romanorum seriptis non modo omnem doctrinam libero homine dignam'; omnem historiarum cognitionem , (116), omném philosophie et antiquitatis scientiam, omnem denique ser- monis elegantiam « et nitorem peti „posse, verum etiam tantam illis. scriptis: artium varietatem « et: 'copiam: inesse; . ut, qui illorum: assiduà. et diligenti lectione] ingenium suum subegerit et excoluerit, optimam et pulcherrimam. vite supellectilem sibi comparaverit. Sed ad me- diocrem , neduma | perfectam hujus utriusque antiquitatis seriptorum: intelligentiam nemo pervenire potest, nisi qui simul: Historico, Geos graphiæ, Chronologie, Mythologiæ et aliarum. hujus generis doctri- narum peritus sit, et non modo in rebus veterum populorum sacris, civilibus, militaribus et domesticis. cognoscendis ingens studium im- penderit, verum etiam Philosophie contemplative precipua capita perspecta habeat, et artibus Mathematicis ac Physicis quodammodo imbutus sit. Quod autem de his Literis: valet, atque hac in ‚parte verum est, idem profecto etiam de reliquis doctrinis verissime affir ras potes te Pme certe in quocunque artiumet doctrinarum genere viri numquam unius discipline. finibus contenti fuerunt , aut suum discendi studium et ardorem sterilis l cujusdam compendii paginis includi et circumscribi passi sunt, sed strenue. et laudabiliter. per omnia doctrinarum spatia decurrerunt , et saluberrima queque ex illarum penu depromserunt. Jam igitur A. H., quum nibil magis ineptum, putidum et absurdum excogitari queat , quam optima quæ- que ad imitandum: sibi non proponere ; Civés Academicos nihil ma- gis decet, quam horum. principum virorum. vestigia sequi, horum exempla: imitari , in horum. vitas, tamquam in totidem. specula, in- spicere, et firmiter sibi persuadere ‚ neminem posse, in quacunque tandem velit doctrina, ullo modo ibn nisi née — aliqua ex parte peritus sit. Sunt vero hi Cives Academici duplicis MP Aliis sunt diète: + 17 alii discentes. Illis artium et T eet vinculum notum est : his non item. Quare quæ hucusque dicta sunt, discentibus potissimum, ‘quorum maxime gratià hec panegyris instituta est, dicta putentur. At nunc venio ad illa officia, que utrisque sigillatim imposita eunt. — Et quidem quod ad docentes attinet, horum munera et officia commode ad duo capita referri posse mihi videntur. Primum ipso- rum esse arbitror, quavis datà opportunitate studiosæ juventuti os- tendere, quanta vis, quantumque momentum ad civitates multiplici fructuum proventu beandas in diligenti doctrinarum studio positum sit. Quo magis enim juventuti apparet, Cui bono discat, et quantum commodi ex studii assiduitate aliquando percipere queat, eo majori studio ipsam credo operam daturam esse, ut Literæ sancte colantur, earumque pomoeria magis magisque proferantur. Deinde vero eos- dem magistros oportet, si quid video, ex singulis doctrinarum parti- bus optima quique seligere , iisque ita uti, ut illarum tractatione non modo discentium ingenia acuantur, et mentes rerum utilium copià locupletentur, verum etiam, quod caput rei est, ad pietatis, fortitudinis , justitize, prudentiæ et reliquarum virtutum amorem et -exercitationem ipsorum animi formentur et excitentur. Nam quicun- que in docendo ita versantur, et quorum opera et studium eo unice spectat , illi demum non modo.utile dulci miscent, et digni sunt, qui more Veterum animi mentisque parentes vocentur , verum etiam; quantum in ipsos. est, praecavent , ut ne juvenes, finito vite Acade- mice curriculo, triste illud et flebile carmen sibi occentare cogantur : Mibi os - O mihi prateritos referat si Juppiter annos ! Atque hoc jam illud ipsum est, Academic Curatores , Viri No- bilissimi, Amplissimi! quod nos magistros facturos esse, non meo tantum nomine, verum etiam clarissimorum Collegarum meorum 3 10.2 fide. Vobis sancte et religiose. promitto. Scimus-atque sentimus, nos ea de causa in hanc Academiam vocatos esse , ut discipulorum sa- luti et commodis inserviamus. Nullum itaque laborem, nullum onus subterfugiemus , quominus in officiis nostris caste et integre verse- mur. Ut nihil in scholis nostris discipuli discant „ quod non didi- cisse ipsis aliquando melius sit, hic nobis labor, hoc nobis. opus. erit. Quemadmodum: autem magistrorum est docere , sic a. discipulis requiritur , ut discant. Discere vero nihil aliud est, nisi se docilem prebere, magistrorum. precepta diligenter accipere, memorize fit+ miter mandare , et in usum suum. fideliter. convertere. Quod ut recte instituatur et cum fructu procedat , ante omnia vitanda est improba Siren ; Desidia. RO Sissi nel dadie MWO ON el Hoc ingens et horrendum monstrum , quo haud scio an nullum aliud magis perniciosum excogitare possis, pestifero veneno quasi repletum est, suumque: virus in „corpora nostra non vi et magno strepitu, sed lente et occulte infundit; quo altius penetret , et quo certius. mens et animus noster isto veneno imbuantur et inficiantur. Utpote fecundissima aliorum: vitiorum procreatrix et altrix Lite- rarum studiosos, si quos corripuit. et amplexa est, ad omnem om- nino artium et doctrinarum. perceptionem ineptos facit. Desidie enim serva pecora in dies magis magisque hebescere , et tandem languore penitus tabefieri videmus. Et vel sic tamen haud facile aliud: ullum vitium. invenias, in quod Literarum studiosi, præser- iim juvenes, citius et. facilius. incidant, nullum aliud, e quo, quum semel inciderint, tardius et difficilius emergant. Hujus. morbi causa cum in aliis rebus , tum in eo inprimis quærénda est, quod studium illorum, qui Literis operam navant, maximam partem in ejusmodi (TGS (ad... rebus versatur, quarum tractatio ad ingenii animique facultates exer- cendas et excolendas pertinet , atque: assidua mentis agitatione indi- get. Atqui. experientia: homines omni «vo docuit, tum potissimium apparere, quam proclivis hominum: natura ‘ad : desidiam | sit; ; quüim ipsorum. mens in rerum a sensibus remotarum , et in sola intelli- gentia positarum studio versetur. Quamdiu igitur ‘juvenes nondam promtam discendi facultatem sibi acquisiverunt, et studii assiduitate usuque subacti dulces Literarum. fructus: percipere didicerunt, de- sidise petitionibus expositi. sunt. Quarum vero vim ut 'pertrinigann, dece discendi exercitatione opus ipsis est. Jam igitur ad Vos sese convertit oratio mea, nia inten: vissimil A Vobis jure summo postulatur y ut ad hiec tria animad- ver tatis non modo, sed ut illis etiam obséquamini. . Pritriarn ; ut in ipsis. scholis debita mentis intentione-auscultetis ad ea que tradun- tur, et ora intenti. teneatis, ne aut garriendo, aut oscitando et aliud agendo multa seitu utilia. magistrorum verba: aures vestras preeter- volent ; et fumi. iüstar in tenues auras labeant.) Deinde ut etiam extra scholas studii.assiduitatem adhibeatis, et non tantum ; Run audivistis, domi diligenter repetatis, serial le in li, untse ä cad scholas veniatis , res in illis. tractandas. præcipiatis et commentemini. Ex hoc repetitionis et præparationis officio. quanta commoda per- cepturi sitis, dici et enumerari vix potest. Valet illud officium in- primis ad labori: LO MEE daciliug perferendam : ad memoriam exe ércendam et firmar um idoneum. est : et ad mentes vestras. bonarum rerum copia, pr en a sapientissimis quibus- que viris semper optimum judicatum est, Et as: tandem requi- ritur, ut omni tempore, omnique studio, cum doctrinarum scientia morum elegantiam copuletis, Altera enim alterius opem poscit et t (20) 7 desiderat : ambæ conjunctæ amice. conspirant : : disjunctæ exigui momenti et usus merito, habentur. abs | . Hee igitur , quam Vobis tantummodo paucis: verbis indicavi, unica et quasi regia via est, quà ad metam in hoc stadio Vobis pro- positám , ad discendi artem, pervenire, et honoriſico discipulorum nomine digni evadere possitis. Eo omnes cogitationes et actiones Vestre spectare et dirigi debent. Quicunque et in scholis, et domi, bas partes suas strenue et laudabiliter agunt, illi, decurso vitæ Aca- demice spatio, non sine summa nimi voluptate transacti in Scholze umbra temporis recordabuntur , atque in Reipublicae luce aliquando collocati uberrimos studiorum suorum fructus percipient. Contra ea vero, qui tempus ad discendum destinatum aut futilibus rebus trac- tandis perdunt, aut, ut Seneca ait, inguietd inertid terunt, aut de- sidiæ illecebris irretiti exclamant. Wideo meliora proboque, deteriora ‘seguor ! isti mollioris et vitiosæ omnino nature homunculi mox sibi tedio et oneri, aliis. autem ludibrio et contemtui erunt. Quocirca Vos, Commilitones Carissimi! per Deum O. M. oro et Obtestor, ut; quum nihil Vobis desit, Vos vobis ipsi deesse dcr Imis infixa medullis Vobis hæreant illa Mantuani poëtæ : Stat sua cuique dies; breve et irreparabile 1 ed Omnibus est vitæ + sed famam extendere factis , Hoc virtutis. opus ? Quod reliquum est, faxis, Deus O. M.! ut ex beatissima magis- trorum et discipulorum concordia innumerabilia in patriam commoda redundent! Annue , adorandum Dei Numen precibus nostris , et hanc Academiam præsenti auxilio Tuo semper bea! DIX I. f 197 l fegi Ô Cito ble REDEVOERING “oven 9 HET BEOEFENENSW AARDIGE DER NEDERLANDSCHE TALE, ZOO OM HAAR ZELVE) ALS OM HARE VOORTBRENGSELEN. Triomf, 6 taal! verhef dan heerlijk Uw hoofd, voor zoo veel roems gespaard ; Uw’ wapenpraal is oud en eerlijk : En uw bedrijf uw’ adel ‘waard. Dat nieuw geslacht vrij t oude were, En de armoé 't glas als parel eere , Gij draagt nog d'ouderlijken krans : En, schitterend aan alle kanten , Huwt ge aan den gloed der diamanten Der echte paarlen stillen glans. Loors. REDEVOERING VAN JOANNES MATHIAS SCHRANT, OVER HET BEOEFENENSWAARDIGE DER NEDERLANDSCHE TALE, : ZOO OM HAAR ZELVE, ALS OM HARE VOORTBRENGSELEN. Gehouden , ter aanvaarding van het Hoogleeraarambt in de Nederlandsche Taal- en Letterkunde , aan de Hoogeschool te Gend , DEN DERDEN VAN LOUWMAAND MDCCCX VIII. AAN DE WEL EDELE GROOTACHTBARE HEEREN, - BEZORGEREN VAN DE HOOGESCHOOL TE GEND | WORDT DEZE REDEVOERING EERBIEDIGLIJK OPGEDRAGEN. mar ION Ars III WEL EDELE, GROOT ACHTBARE HEEREN, VOORSTANDERS DER WETEN- . SCHAPPEN, AAN WIE DE ZORG OVER DEZE HOOGESCHOOL IS OPGEDRAGEN ! VERDIENSTELIJK MAN, DIE IN NAAM VAN BESTUURDERS DEZER HOOGE- SCHOLE DE PENNE VOERT ! HOOGGELEERD , WEL EDEL HEER , DIE AAN HET HOOFD VAN DEN RAAD ONZER HOOGESCHOLE ZIJT GEPLAATST ! ZEER GEACHTE AMBTGENOOTEN, HOOGLEERAREN IN DE ONDERSCHEIDENE VAKKEN VAN WETENSCHAPPEN ! ‘WEL EDELE, GESTRENGE HEEREN, LEDEN VAN STAATS-, STADS-, REGTS- OF EENIG ANDER BESTUUR ! ZEER EERWAARDIGE BEDIENAARS VAN DEN GODSDIENST ! WEL EDELE, ZEER GELEERDE HEEREN, DIE HET REGT VERDEDIGT , DE GENEESKUNDE BEOEFENT , IN DE LETTEREN ONDERWIJST, OF U AAN DE SCHOONE KUNSTEN TOEWIJDT ! LEERGIERIGE JONGELINGEN , KWEEKELINGEN DEZER HOOGESCHOLE, TOE- KOMSTIGE STEUNSELS EN SIERADEN VAN HET VADERLAND ! WIE GIJ VERDER ZIJN MOOGT , DIE DEZE PLEGTIGHEID MET UWE TEGEN- WOORDIGHEID VEREERT, VEEL GEACHTE HOORDERS | D.. de kennis van uitheemsche talen nuttig ja in vele opzigten noodzakelijk is, zal niemand in twijfel trekken. Zij toch baant den weg tot den Tempel der wetenschappen , en leidt ons binnen des- zelfs heiligdom, alwaar de kostbaarste schatten verborgen liggen. Zij brengt ons in verband met de afgelegenste volken, die zelfs niet uitgezonderd, die van het tooneel der wereld sedert lang ver- dwenen zijn. Zij doet ons den omgang genieten met de vermaardste . mannen der oudheid,» die », zoo als SENECA zegt,» enkel ten onzen dienste schijnen geleefd en gearbeid te hebben; die wij 200 wel bij nacht als bij dag mogen aanspreken; die niemand met ledige handen wegzenden, wier n even onscha- delijk, als derzelver omgang onkostbaar is.“ (1) Alle zulke voordeelen, bij welke wij nog andere voegen konden, prijzen niet alleen een’ elk, wien het om wijsheid te doen is, het beoefenen van vreemde talen aan, maar maken het ook tot een' der gewigtigste pligten van een verlicht en letterminnend volk, geene middelen onaangewend te laten, welke die beoefening be- vorderen kunnen. (1) De brev. vit. C. XIV. ( to ) Hoe waarachtig nu ook dat alles zij, het kan even min in twijfel getrokken worden, dat, gelijk de zucht voor het uitheemsche de liefde voor het eigene niet mag uitdooven, zoo ook de taal des lands niet mag opgeofferd worden aan de beoefening eener vreemde. Elk volk, dat nog eenig gevoel van eigene zelfstandigheid over gehouden heeft, zal, ofschoon het andere talen niet verwaarloost , zijne moedertaal vooral op prijs stellen, en haar eene zorgvuldige beoefening waardig achten. De Grieken rekenden het zich niet tot ande bij de Feni- ciers en Egyptenaren schole te gaan; zij doortrokken afgelegene landen, ten einde hunne drift naar wijsheid te bevredigen; maar. waar was ooit de Griek, die zijne taal voor die van vreemde volken verwisselde ? De Romeinen kweekten de Grieksche letteren aan; zij maakten | de jeugd reeds vroeg er mede bekend ; nogtans werd daardoor geene afbreuk gedaan aan de tale des lands. Deze in de eerste plaats te beoefenen, en in alle hare zuiverheid den jongen lieden, over te leveren, hield elk echt Romein voor pligt. Zij genoot ook steeds de voorkeur bij het behandelen van openbare zaken, zelfs in den omgang met volken, aan eene andere taal gewoon. Men achtte het beneden de waardigheid : van het Romeinsche yolk eene vreemde taal te bezigen. (1) Zoo veel prijs stelden de ouden op de handhaving van de. eer hunner tale. Een gelijke naijver bezielt alle andere volken, dien naam slechts « eenigzins waardig. Wie heeft niet meermalen de En- gelschen van dien kant ‘bewonderd? Wie zal den Duitschers en — (1) Quincr. Inst. lib, I. C. 1. Var. Max. Memor, lib. II. C. 2. Car) Franschen een soortgelijk gevoel betwisten ? Ook uwe voorvaderen , 6 Nederlanders! verzaakten daarin hun karakter niet. Met geest- drift aangedaan voor alles, wat Nederlandsch was , hielden zij hunne taal in bijzondere eere; zij stelden derzelver behoud onder hunne heiligste regten , tot welker handhaving 's lands Vorsten zich op de plegtigste wijze verbonden. (1) En wij, die ons beroemen van dat doorluchtig volk te zijn voort- gekomen, wij zouden minder gevoel van eigene waarde bezitten ? Wij zouden het vreemde alleen toejuichen, en ons onzer landstale schamen? Wij zouden het schrale en ziellooze onzer naburen bewon- deren, en de schatten verwaarloozen, die onze eigen grond oplevert? Als een zelfstandig en onafhankelijk volk, behoorden wij reeds het grootste belang in het aankweeken onzer tale te stellen, als zijnde zij de taal van het grootste gedeelte des Koningrijks ; daarom alleen moesten wij 's Konings weldadige pogingen toejuichen, die, als een echt Nederlander, zijner tale gunstig, haar bij voorkeur in zaken van openbaar gezag wil gebezigd hebben, en daarenboven "Baren luister niet weinig bevordert, door, onder anderen, ook leer- stoelen op te rigten, aan haar uitsluitend gewijd. l Maar hoe moet niet onze belangstelling toenemen, als wij de innerlijke waarde onzer schoone moedertale oyerwegen , tegelijk met de keurige vruchten, waarop zij haren beoefenaar onthaalt! Dan toch kan het niet anders, of wij moeten haar onze hoogachting schenken, en zullen meer dan ooit ons sod handhaving aantrek- nid (2) Zie de Privilegien van Keizer KAREL (7 Mei 1555) en van Koning Fiurrs (18 Dec. 1556), als mede de blijde Inkomsten yan Hertog Finres I. (25 Mei 1427) van ALBERTUS en Isanzıra (24 Nov. 1599) enz. (12) ken ; van liefde jegens, haar ontgloeid , zullen wij niet rusten , voor dat wij in haar heiligdom binnengeleid zijn. Door Zijne Majesteit onzen geëerbiedigden Koning aangesteld, om, aan deze nieuw opgerigte Hoogeschool , den roem onzer tale te helpen uitbreiden, meende ik, bij de aanvaarding van dien mij zoo vereerenden post, geen onderwerp- te kunnen behandelen, dat verheven doel meer waardig, dan wanneer ik tot u sprak over het beoefenenswaardige der Nederlandsche tale, zoo om haar zelve, als om hare voortbrengselen. Belangrijk onderwerp voorwaar ! welk zich van zelf te zeer aan- beveelt, dan dat het eene bijzondere aanprijzing zoude behoeven. Verwacht nogtans niet, M. H. dat ik u een uitgewerkt vertoog ga voordragen, zoo als de aard der stoffe eischte, wilde men daar over met nadruk handelen. Al waren mijne krachten , wier onver- mogen ik te zeer gevoele, er voor berekend , zoude het eng bestek eener Redevoering zoo iets kwalijk dulden. Mij alzoo geheel op uwe toegevendheid verlatende, zal ik slechts ruwe schetsen leveren ; doch welke, van geen bewijs ontbloot, tot mijn oogmerk, gelijk ik vertrouwe, zullen ‚voldoende zijn. I. Is er iets, dat van 's menschen verheven’ aanleg getuigt, en rijke stoffe tot navorschingen geeft, het is de spraak of taal, dat heerlijk vermogen, waardoor wij onze denkbeelden en gewaarwordingen op eene geregelde en verstaanbare wijze aan anderen mededeelen. Uit dit oogpunt beschouwd, verdient elke taal, hoe ruw en onbeschaafd , de aandacht eenes wijsgeers, en houdt die werkelijk gaande. Hoe zal zij dan niet de aandacht opwekken , wanneer zij zich daaren (13) | boven door eigendommelijke schoonheden aanbeveelt ! Waarom deelen de Grieksche en Latijnsche talen in de bewondering aller eeu- wen ? Is het niet, om haren rijkdom , kracht en sierlijkheid? Waarom valt aan de Italiaansche en Fransche talen eene zoo gunstige on- derscheiding te beurt? Is het niet om hare welluidendheid, zacht- heid en bevallige losheid? Al wie de Nederlandsche taal meer dan bij name kent, en tot PA geest is doorgedrongen, zal ook haar geene bijzondere voorregten betwisten, der aandacht overwaardig. Verre van ons, dat wij, door partijdigheid verblind, haar ten koste van andere talen, zoo als die der Grieken en der Romeinen, zouden willen verheffen. Alle overdrevene loftuitingen, hoe schitterende ook, brengen een onderwerp niet dan nadeel aan. Zij mogen al eens verblinden; wel dra houdt de begoocheling op, en maakt voor wantrouwen plaats. Eere, alwaar eere behoort! Genoemde talen bezitten eigenschappen, welke haar voor altoos den eersten rang verzekerd ‘hebben. Ook aan geene der nieuwere talen willen wij iets van den aan haar ver- schuldigden lof ontnemen. Maar wie kan het ons ten kwade duiden, dat wij, met opzigt tot onze moedertaal, wederkeerig regt verzoeken? Dit nu zal haar geschieden, door haar eene plaats in te ruimen onder de schoonste der hedendaagsche talen, als waarvan zij er verscheidene in meer dan één opzigt overtreft, terwijl zij zelve door geene volkomen overtroffen wordt. Van welke zìjde wij haar beschouwen, de ee ebe taal vertoont zich in een aller voordeeligst licht. Zien wij op haren oorsprong ; deszelfs grijsheid doet ons met eerbied aan. Wij ge- voelen ons als in den ochtendstond der wereld overgebragt : dan toch reeds ; en, in weerwil der duisternissen, welke ons van alle Cu) kanten omgeven , ontdekken wij sporen van het roemruchtig ge- slacht, uit het welk onze taal haren oorsprong ontleent. Denkt niet, M. H. dat wij tot het getal der genen behooren, die, hun vernuft in allerlei gekunstelde. afleidingen botvierende , Onze taal in den mond der eerste menschen ja van den Schepper zelven leggen. Hoezeer ook hulde doende aan de kunde en geestdrift dier Schrijveren voor hunne taal, kunnen wij echter van ons niet verkrijgen, hunne gissingen als bewezene waarheden aan te nemen. (1) Maar even min kunnen. wij het dulden, dat, af- gunstige, vreemdelingen aan die zelfde taal hunne onheilige handen slaan , door haar tot eene telg van het tegenwoordige Hoogduitsch te verlagen. Neen! eerwaardige Moedertaal! zoo onaanzienlijk is uwe afkomst niet. Liever noem ik u beiden zusters, beiden, met nog verscheidene andere afzetsels, takken van dien alom beroemden Duitschen stam, beroemd zoo wel door de hoogste oudheid als door de wijde uitbreiding zijner armen. % d Dat er zulk eene naauwe betrekking tusschen onze taal en die der oude Duitschers ‘bestaat, daarvan zal men zich overtuigd houden, zoo dra men, op TEN KATEs voetspoor , de eerst gemelde met de oudste Duitsche tongvallen , het Mesogothische, Frank- duitsche , Alemannische en Angelsaksische vergelijkt. Hoe groot is niet de overeenkomst, welke men ontwaart! Wijst zij de zus- terlijke vermaagschapping dier talen aan, zij stelt niet minder derzelver wederzijdsche doorluchtige af komst buiten allen twijfel. (a) (1) Ik heb hier vooral het oog op JOANNES dti toads BECANUS, Zie zijn ati: Becceselana. Verg. ook la République des champs Elysées ou monde ancien ; par CHARLES-JOSEPH DE Grave, à Gand 1806. (2) Ten Kate, over de gemeenschap tusschen de Gottische ree en de Nederduitsche, en Aenleiding tot de kennisse van het verheven deel der Nederd. (15) Wat den hoogen ‘ouderdom des Duitschen taalstams , van welken onze taal een’ tak uitmaakt , betreft; daaraan valt evén min te twijfelen. Wie « heeft de werken van Rerrs, van DER’ MYLE of Yrer (x) ingezien, en stond niet verbaasd over de blijkbare overeenkomst, tusschen vele woorden der Duitsche en die der Grieksche, Latijnsche, ja Perzische en Hebreeuwsche talen aan wezig? Van waar ook die verwantschapping í ? Zij lat zich nooit bevredigend verklaren, ten zij men aan eene gemeene afstamming denke van eene oudere taal, welke zeer 'naauw verwant zal zijn geweest aan de oudste, oorspronkelijke taal der menschen, nergens meer zuiver bestaande, maar in menigvuldige tongvallen verdeeld, welke andere even 200 vele: onderscheidene taken voortgebragt hebben. au Doch waar toe ons Ne bij deve dorre beschouwingen opge- houden? Of geeft reeds eene doorluchtige afkomst op verdiensten regt? In het hart alleen schuilt de ware adel ; hij wordt door deugd. verkregen. Ook de Nederlandsche taal ontleent hare waarde niet van élders, maar uit haren aard en zamenstel. Zij bezit hoe- danigheden „welke haar boven het aanzienlijkste geslacht aanbe- velen. Wie zul die alle opnoemen? Wie die behoorlijk uit een zet- ten? Daartoe wordt de kunde van eenen SisGENBERK vereischt. Haar karakter mia hare afkomst aan. De oude Duitscher wordt. 14 a Lil n» rs à sprake. Verg. ook pr Uh. Recherches bp. et Zitt sur la dong Celtique , Gauloise et Tudesque , T. I. pi 88, etc. SIEGENBERK , Verh. over den rijkdom en de voortreffelijkheid der Nederd. taal, bl. 126. Werken der. Bat. Maatsch. van Taal en Dichtk. D. V. (1) Reıs, Belga Greeissans , bl. 162 - - 307. VAN DER MYLE , Ling. Belg., bl. $5 — 42, eur, Bekn. Gesch. der Nederd. tale, bl. go - 110. (16) ons Jog ah ae kloek van houding, sterk gespierd „ deftig, ernstig , van het wufte zoo wel als van het verwijfde afkeerig. Kan men nog ten huidigen dage, die zelfde hoofdtrekken in den echten Nederlander min of meer opmerken ; waar vertoonen zij zich dui- delijker dan in zijne taal? Haar geheele geest ademt deftigheid en waardigheid. Zij houdt van. het stevige , zenuwrijke, kernachtige ; ? en geeft aan het volklinkende de voorkeur boven het al te smel- tende en weeke. Zij heeft zoo iets mannelijks, achtbaars , krach- tigs, dat niet nalaat te treffen; terwijl dat krachtige daarenbo- ven niet weinig bevorderd wordt door de vrijheid, haar, ten aan- zien der woordvoeging, zoo bijzonder eigen. Dit maakt haar, boven andere talen, welke zachtheid tot derzelver hoofdtrek hebben, en aan strengere bepalingen onderhevig zijn, voor den deftigen, ver- heven’ stijl, en in t gemeen voor onderwerpen, waarbij het vooral op bondigheid en nadruk aankomt, uitnemend geschikt. (1) Maar zou men diezelfde deftigheid niet plompe ruwheid of -on- bevallige stijfheid mogen noemen? Verre van daar, dat eene dus- danige aantijging, door onze meer luchtige naburen wel eens in het midden gebragt, zoude gegrond zijn. De aangewrevene kladde moge op andere takken des Duitschen taalstams hechten; zij hecht op onze moedertaal niet. Deze vertoont zich onder eene aanmin- niger gedaante, wel niet zoo los en luchtig als de meer zuidelijke talen, echter bevallig genoeg, om ons tot zich te lokken en aan hare zedige bekoorlijkheden te boeijen. Hoe deftig ook van aard, zij laat, meer dan eenige andere taal van Duitsche afkomst, hare (a) Zie de Redevoering van den Hoogl. SIEGENBEEK over het verband tusschen de taal en he t volkskarakter der Nederlanderen , in het Museum. D. III. bl. 101, (17) neiging- tot het vlocijende en welluidende blijken. Vijandinne van ruwe klanken, tracht zij die, zoo veel mogelijk, voor te komen, weg te nemen of te verzachten. Zij houdt tussschen weekheid en ruwheid het. veilige midden, en omkleedt hare deftigheid met edelen zwier. : Mogte ik hier uitvoerig zijn, met hoe vele bewijzen konde ik mijn gezegde staven ! Ik behoefde slechts den weg te volgen, door den Hoogleeraar SIEGENBEEK zoo duidelijk aangewezen, en onze taal tegen over de Hoogduitsche te stellen. Ik konde aanvoeren, wat zij meer dan hare zuster, ten gevalle der welluidendheid , doet ; hoe zij, waar de laatste scherpe medeklinkers bezigt, dezelve door zachtere letters vervangt ; dat zij niet, gelijk de andere, eene wanluidende vereeniging van harde medeklinkers gedoogt; dat zij welluidendheidshalve nu eens letters tusschen voegt, dan weder weglaat, of die zamentrekt, of verwisselt, of verplaatst, naar mate de gemakkelijkheid der uitsprake het mogt eischen. Ik konde van verscheidene vrijheden gewagen, den beoefenaar onzer tale veroorloofd , waaronder de vrijheid tot achtervoeging of wegla- ting eener letter ja van geheele uitgangen , de verscheidenheid in het verbuigen der zelfstandige naamwoorden , zoo wel in het meer- youd als enkelvoud , de verscheidenheid ten aanzien. der woord- voeging en zamenstelling der volzinnen, en andere bijzonderheden behooren ; vrijheden , aan den beoefenaar der Fransche tale ont- zegd, en welke, doelmatig gebezigd, niet alleen den nadruk, maar ook de welluidendheid bij uitstek bevorderen kunnen (1). Wilde (1) Srecens., Verh. over den invloed der welluidendheid op de mie der Ned. taal. Werk der Bat. Maatsch. van Taal en Dichtk. D. I. bl. 40—66. Zie ook zijne Verh. over den rijkdom en de voortreff. der Ned. taal, bl. 140—180: 3 (18 ) ik nog verder gaan, ik konde het door voorbeelden bekrachtigen, hoe zeer onze taal zich tot het bevallige, zachte, vloeijende , ja zelfs, in weerwil harer deftigheid , zoo dikwijls het te pas komt, tot het losse en vrolijke buigen laat ; daarin nogtans den echten Neder- lander gelijk, » die,» zegt de geleerde SIEGENBEEK, «niet tegen- » staande zijne aangeborene deftigheid en ernst, zich somwijlen , » bij gepaste gelegenheden, tot het losse , vrolijke en blijgeestige kan ontspannen; doch ook hier bij zijn natuurlijk karakter niet geheel verloochent, maar zijne vrolijkheid zoodanig tempert, » dat zij niet tot uitgelatene dartelheid overslaat. » (1) Vergeten wij niet van eene andere eigenschap onzer tale mel- ding te maken, welke hare waarde niet weinig verhoogt, en als een onmiddelijk gevolg harer deftigheid mag aangemerkt worden, juist- heid namelijk of naauwkeurigheid. Al wederom een afdruksel van het oorspronkelijk Nederlandsch volkskarakter! Van nature tot bedaard en ernstig nadenken geschikt, vindt de onbedorven Neder- lander even min vermaak in het oppervlakkige als in het ligtzin- nige en verwijfde. Het is hem om juiste denkbeelden , bondige re- dekavelingen en grondige kennis te doen. Hij dringt door tot op den bodem der Mrs San en brengt alles tot vaste er selen te zamen. ^ Dezelfde geaardheid openbaart zich in zijne taal Is zij alkeerig | van het al te losse en het aan verwijfdheid grenzende weeke, zij is het even zeer van het onbepaalde. De Nederlandsche taal onder- scheidt zich zoo wel door keurigheid als door deftigheid. Zij noemt de zaken bij derzelver waren naam. Zij meet de woorden naar de (2) Redev. over Aet verband tusschen de taal en het volkskarakt, der Nederl, bl. 97« (19) denkbeelden eigenaardig af; en weet deze, met derzelver onderschei- dene wijzigingen, zoo bepaald en juist uit te drukken, dat zij daar in niet alleen de Fransche, maar soms ook de Grieksche en La- tijnsche talen overtreft. (1) 5 Daarenboven bezit zij een voorregt, waarvan de Grieksche, Latijnsche en alle andere talen, uit eenen vreemden stam oor- epronkelijk „verstoken. zijn, en dat meer dan alles van hare neiging tot naauwkeurigheid getuigt. Wie gevoelt niet, dat ik die eigenschap bedoele, volgens welke onze taal, in woorden haar oorspronkelijk eigen, altoos den klemtoon op het zakelijkste deel des woords, en nooit op andere deelen, vallen laat? Eene eigenschap, waardoor, bij de mondelijke voordragt, de aandacht tot het meest beteeke- - nende bepaald, en de nadruk zeer bevorderd wordt ; eene eigen- schap, welke den toetssteen levert, waar aan men basterduitgangen ván echt Nederlandsche onderscheiden kan; eene eigenschap, wel- ke, terwijl zij in het stuk van afleiding den gewigtigsten dienst be- wijst , door den wortel der woorden aan te toonen, tegelijk de taal voor ontaarding behoedt. » Door welke heerlijke, en, in t stuk van . » afleiding, zeer gewigtige wet" ,— het zijn de woorden van onzen grootsten taalopbouwer TEN KATH. niet alleen de welsprekentheid in » top raekt, en de aerdigste zinonderscheidingen kunnen uitgedrukt » worden; maar 't is ook daer door, dat onze voorvaderen op eene » allerzekerste wijze verhoed hebben, dat onze tael eeuw in eeuw uit » ván haren eersten en alleroudsten grondslag niet ontaerd is ge- » worden, nogte ook niet wel ontaerden kan, zo lang als die wet » onderhouden word. Want men spele vrij met de stille en zagte » (a) Vergelijk de zoo even gemelde Redevoering, bl. 108. (2) .» voor-en agtervoegsels, zo men will’, 20 lange het zakelijke voogd » blijft en boven klinkt, kan het wezendlijke van de tael geene » kreuk lijden.“ (1) | Mag ik ook niet, ala een bewijs voor de juistheid en tevens dui- delijkheid onzer tale, de lidwoorden bijbrengen? Die kleinste der taal-deelen, hoe weinig ook geacht, zijn in dat opzigt van een on- waardeerbaar nut, daar zij den zin der uitdrukkingen op het naauw- keurigste bepalen, en aan het dubbelzinnige den tóegang afsnijden. Behoeve ik wel aan te stippen, dat de Grieksche. taal slechts ge- deeltelijk, en de Latijnsche in het geheel niet van lidwoorden voorzien is? (2) Meer andere bijzonderheden, hoe veel zij tot sta- ving van mijn gezegde konden bijdragen , ga ik stilzwijgend voorbij. (3) Liever wil ik, M. H. uwe aandacht gevestigd hebben op eene hoedanigheid van de aller edelste soort , op den rijkdom onzer moe- dertale. Waar is de taal, vraag ik met een zeker ‘gevoel van zelf- verheffing, die haar daarin overtreft, om niet te zeggen, evenaart? Terwijl de meeste levende talen het kenmerk op haar voorhoofd dragen , van waar zij zijn ontleend, en, onder den vreemden tooi, waarmede zij overladen zijn, hare armoede niet kunnen verbergen; terwijl het haar aan woorden van de eerste noodzakelijkheid ontbreekt; schept onze taal, als eene echt oorspronkelijke, alles uit eigene bronnen, en dat in zulk een’ overvloed, dat die onitppte baar schijnt. (1) Aenleiding tot de kennisse van het verh. deel der Nederd. sprake, D. II. bl. 6. Verg. ook de Taal en Dichtk. bijdragen D. I. bl. 366. Nieuwe bijdragen D. I, bl. 505. SIEGENB. , Verh. over den rijkd. en de voortreff. der Ned. taal, bl. 136. (2) Zie BLAIR , Lessen over de Redekunst en fraaije letteren , D. I. bl. 182.- (3) Ten Karu, denleid. enge D. I. bl. 568-570. SIEGENB., t. a. pl. bl. 151, 152. (21) Dat men een voorwerp opnoeme, het zij uit het rijk der natuur, het.zij uit dat der wetenschappen. en kunsten , waáryoor zij geene gepaste benamingen heeft. Wat meer is, en waarin wel het voor- - naamste kenmerk van den rijkdom eener tale bestaat, zij bezit eene menigte van woorden, geschikt om de afgetrokkenste denkbeelden, met derzelver fijnste schakeringen, aan te duiden, (x) Waar is de wijsgeer, waar de kunstenaar; waar de geleerde, dien zij ver- legen laat? Een jeder wordt naar zijne behoefte gediend; elk vindt ^ de noodige bewoordingen, waarmede hij zijne gedachten omkleeden en verstaanbaar maken kan. | ' Men werpe vrij ons voor de uitheemsche: woorden, zoo vaak, ter uitdrukking van sommige zaken, in onze taal gebezigd. Mag men het der tale wijten, dat zij wordt onteerd? Zij, die zulke rijke schat- ten bezit, kan meer dan eenige andere taal vreemde hulp ontberen: Maakt zij al eens (waar in de Latijnsche taal haar wel is voorgegaan ) van het uitheemsche gebruik, men houde. dat voor eene inschik- kelijkheid jegens aangenomene uitdrukkingen, en men wijte hetaan de veelal onbepaalde beteekenis dier uitdrukkingen. zelve, dat zij zich niet zonder omslagtigheid laten overhpengenvi in eene. taal, wier ka- rakter juistheid is. (a) Bow „is 00 Jib HP! m minder rijk vertoont zich onze taal in haré Re i van deftige en keurige woorden, van eigenaardige , krachtige spreek- ` * van beeldrijke, schilderachtige en klanknabootsende uitdruk- kingen, welke ter verhefling en verfraaijing van een opstel zoo veel bijdragen, en den Redenaar, vooral den Dichter te stade komen, (1) Sekxn., Verh. over den rijkd, en de voortreff der Ned. taal , bl. 33 - 47. (2) SIEGENB., ease over het verb. tusschen de taal en het volksk. der Ned. bL 110,111. (aa) om zijne gedachten levendig voor te stellen, (1) — Doch wij zouden vergeefschen arbeid. doen , met daarbij nog langer stil te staan, vermits de reeds meer genoemde Hoogleeraar , in zijne met goud bekroonde Verhandeling over den rijkdom en de voortreffelijkheid der Nederduitsche taal; dat alles zoo bondig uiteengezet en vol- dingend bewezen heeft. Slechts ééne eigenschap onzer tale moet ik nog aanstippen, welke de Grieksche in den hoogsten graad met haar gemeen heeft, en eene harer grootste schoonheden uitmaakt, ik meen dat wonderbaar ver- mogen , om, door middel van zamenkoppeling , nieuwe woorden te scheppen. Wie ziet niet, dat daardoor de rijkdom eener tale als in het oneindige vermeerderd wordt? De stoffe ter uitbreiding harer schatten nooit ontbrekende, vormt zij daarvan ; wat zij verkiest: Zij heeft slechts uit hare bronnen te putten, en den rijken. voorraad harer grondwoorden aan te doen, welke, daar zij kort en eenvou- dig zijn, zich zeer gemakkelijk, volgens vaste regelen , laten ver- lengen, en zamenstellingen voortbrengen even behagelijk aan het oor als nuttig voor het gebruik. Hooren wij, wat de onsterfelijke Huic pr Gnoor daarvan zegt : » Geene zaak treft men bij ons » aan, hoedanig die ook zij, waar voor men niet ter zelfder tijd, in » dien men wil, het woord kan vinden ; en er is niet eens schran- » derheid of bijzondere vlijt van nooden, om er naar te zoeken. » Wij ‘hebben deze kunst ter zelfder tijd geleerd, toen wij leerden » spreken ; en wij hebben te gelijk leeren woorden nazeggen en woorden scheppen. Er ontvallen er dikwijls aan de kinderen onder (1) Srecexs., Verh. over den rijkdom en de woortreffel, der Nederd, taal, bl. 180, enz. j , (23) » 't spelen en dartelen, zonder dat zij er zelve om denken, die wel » nieuw zijn, doch geen de minste gedaante van nieuwheid ver- » toonen ; en die men niet alleen verstaat, maar zelfs niet anders » aanhoort dan ‘als de zulke, waaraan men dagelijks gewoon is. » Waarlijk eene Goddelijke taal! waarin het den kinderen zelfs » vrij staat, t geen Honarrus klaagde , dat aan hem, Vineirrus en » VARIUS misgund werd! De woorden zijn bij ons zoo talloos als » de gedachten. » (1) Ja wel eene: Goddelijke taal! Wie uwer herhaalt niet opgetogen van verwondering met mij dien uitroep, na zulke voortreffelijke eigenschappen overwogen te hebben? Maar wie verlangt nu ook niet te weten, hoedanig het gebruik zij van eene zoo schoone taal gemaakt , en of wij ons op voortbrengselen mogen verheffen , der stoffe waardig, welke zij aanbiedt? ‘Valt ook dat onderzoek gunstig uit, het zal den luister onzer tale niet weinig verhoogen, en eene des te sterkere uitnoodiging ter harer beoefening zin. IL. ^ Ds taal niets meer dan een. middel zijnde ter verzinnelijking onzer gedachten, prijst zich wel het sterkste aan door haren voorraad y van allerlei kunstgewroghten. Zoo deze ontbreken, hoe rijk en “schoon eene. taal ook zijn moge, zij mist de gelegenheid om haren glans naar buiten te openbaren ; gelijk aan het onbe- werkte goud, dat, in weerwil van deszelfs waarde , het oog niet (1) H. pe Groor, Vergelijking der Gemeenebesten , vertaald door MEERMAN P D. III. bl. 99. Zie ook SIEGENB, , over den rijkdom en de voortreffel. der Nederd. taal, bl. 102, enz, (24) aandoet noch de bewondering trekt. Op geene taal past dat beeld minder dan op die der Nederlanders. Men zal, onder de heden- daagsche volken, niet ligt een volk opnoemen, welk zich zijner tale meer aangetrokken , en meer schoons daarin geleverd heeft, dan dat, wat omvang van grond. betreft., onaanzienlijk detis door de Natuur in meer dan. één opzigt stiefmoederlijk behandeld. Hoe' laag ook onkundige vreemdelingen op haar nederzien , en een ver- basterde smaak hun toejuiche, de Nederlandsche Letterkunde ver- toont zich als eene ster van de eerste grootte aan den geletterden Hemel. Het gelukke het vooroordeel, haar een tijd lang te verduis- teren; weldra schijnt zij met nieuwen luister. door, en pane elks bewondering af. Dat de Ouden op hunne Dichters roemen ! zij ei het met thet grootste regt, welk wij even min aan latere volken betwisten. Ho- MERUS en Vıirsumvs, Ossian en Muron , Tasso en Prrnancua, CORNEILLE en Racine, Kiopsrocx , WIELAND , GöTHE en SCHILLER, ziin namen, welke niemand zonder eerbied noemt. Maar mogen wij ons niet met het zelfde regt op vernuften beroemen , die even waardig de lier behandelden, en in wier gezangen onze taal op het 5 pan ? Zij, > de „ 5 5 die schoone na- levenlooze bezielt, werelden’ nase‘ en ons ten 4 top van verrükking voert, vond onder alle hemelstreken hare ingewijden, > zij vond die van den ochtendstond der wereld tot op onze dagen toe; zonder de minste partijdigheid. en met eene verkwistende hand, strooit zij hare gaven onder de kinderen der menschen, Getuigt het, Ò Vaderlandsche Zangers! allen door dien zelfden geest aangeblazen, en met het zelfde gevoel bezield, getuigt het, (25) ij dat geene dikke , dampige lucht den toegang, tot ihat heiligdom der Dichtkunde belet. Moet ik u noemen, Vorst der Nederlandsche Barden! nooit vol- prezen Vonper! Wie gevoelt geen eerbied voor dat oorspronkelijk vernuft, rijk in de verhevenste gedachten, overvloeijende van het edelste gevoel voor het. schoone en groote, onuitputbaar in het scheppen van de stoutste en sierlijkste beelden? Wie roemt niet op den man, die alles, wat den Dichter vormt, in zich vereenigt ; die als een Adelaar in de hoogte stijgt, ja zich boven de sterren verheft? Vonper munt in allerlei soorten van dichtwerken uit, Hij is onze Homerus, onze SopmocrEs, onze Pinpanus, onze Ho- nATIUS, in alles de eenige, onvergelijkelijke Vonper. » Men mag hem," » zegt Bnawpr," vrij den vader der allerzuiverste en vol- ». komenste Poëzij noemen; van wiens lof gewaagt al wat Ne- » derduitsch spreekt of verstaat en de Poëzij bemint.— Wien men » wel in staat is te berispen, doch, op geen duizendste gedeelte. » in zoetvloeijendheid, hoogdravendheid, zuiverheid van stijl en » aardigheid van zin te evenaren.” (1) En die verheven Zanger had reeds gezongen ja met Néerlands taal getooverd ‚ toen Frank- rijk nog geen CoRNEILLE kende, de Britten niet dan wansmaak: _ hoorden , en Duitschland voor de kunst als in een’ dep» nacht: begraven lag. (2) Mag ik van Vonpez spreken, zonder zijnen voortreffelijken voor- ganger te gedenken, die rijzénde zon der Nederlandsche Letter- wijsheid, die, terwijl hij de taal van verbastering zuiverde , en haar het sieraad der westersche talen deed worden , ook als Dichter (1) BRANDT, het leven van VONDEL. (2) Hermens, de Hollandsche Natie. Z. VI. (26) den grootsten «roem behaalde? (1) Wie bemerkt niet, dat ik Hoorr bedoele? Waarlijk, men weet niet, wat men in hem het méest bewonderen zal, of de verhevenheid zijner gedachten, of de natuurlijkheid zijner schilderingen, of de geestigheid zijner slagen; of de fijnheid van zijn gevoel, of den zwieren kracht zijner uit- drukkingen-, of eindelijk de gemakkelijkheid , waarmede-hij de taal naar allerlei buigingen kneedt. Beschaafd gelijk VinciLrus , zacht zoo als TisuLLus, bevallig als ANAKREON, teeder gelijk Prrrarcha, streelt hij ons oor, en boeit hij ons hart. Ook op u roemt Neérlands taal, eerbiedwaardige doch vaak mis- kende Cars! Wie was u als Zede- Veld- en Minnedichter gelijk? Wie zong meer voor het hart? Wie-wist zoo als hij het nut met het vermaak te “paren? Hoe gemakkelijk rollen zijne verzen! Welke zoetvloeijendheid ! weelderigheid en ongekunstelde beval- ligheid LHij komt Ovrprus op zijde.: Wat men ook in Cars berispe, hij heeft als ‘volksdichter eene onschatbare waarde, en verdient ten volle de achting, welke de onverbasterde Nederlander. hem te allen. tijde schonk. | Wilde ik zoo voortgaan , en de reign onzer vaderlandsche Dichteren; doorwandelen : waar zoude ik eindigen? Zoo talrijk is de menigte, welke zich aan ons bewonderend oog vertoont! Wij zien daar eenen Huxenxs, die, door zijnen puntigen, geestigen, kruidigen dichttrant, den roem van MARTIAL verdooft: De edele, gevoelvolle ng DECKER verrukt ons door zijne zachte, bekoorlijke: taal. De lieftallige. Joncxrys vloeit van geest en natuurlijke schoon- heden. over. 'AxToNIDES, hoe weelderig van vernuft, neemt eene (1) BRANDT , het deven van Hoorr en Lofrede op denzelven. ($75). hooge vlugt, en munt uit door kracht welris schildering, zoo wel als door zwier van uitdrukking. Wat zal ik van den bevalligen Poor zeggen, dien lieveling der natuur, met de weligste en rijkste dichtader door haar bedeeld? Wat van Hoocvrizr, wien niemand in natuurlijk schilderen overtreft, en die ons op den aartsvader- lijken “bodem, zoo rijk in roerende tafereelen, verplaatst? Wat van de van Hanens, eerste meesters in de kunst, wier stoute, mannelijke, beeldrijke taal aan Vonpers lier doet denken? Ik sprak nog niet van eenen zinrijken CAMPHUIZEN , deftigen VoLLENHOVvEN , welluidenden Surrs, oordeelkundigen ve Hars, smaakvollen Hursisca - BAKKER , keurigen van WiwTER en fijn gevoelige VAN MERKEN; noch van den kinderlievenden van Al- | PHEN, geestigen , stouten BELEAMY , -oorspronkelijken”, teederen ANi&UwLAND. (1) Ik sprak nog niet van onzen onnavolgbaren Bır- -DERDYK , van Fir, van HALL, Hermens, DE KLYNEN, Loosszs, Loors, Simons j SeANDAW ; Torrens, WizkLrus en andere edele ver- nuften , die, ter vermeerdering van den luister des Nederlandschen Zangbergs, zoo veel hebben toegebragt , of die nog voortgaan met ons, door hunne Goddelijke zangen, te verrukken; Dichters, die in „schilderachtige en krachtige taal voor niemand behoeven te wijken, wier namen reeds der onsterfelijkheid gewijd zijn, en wier keurige lettervruchten — de Pipini onzer tale aen sterkste moesten aan bevelen. FRA n T fix: Gar AMO ied n Maar ine vält gij Meese en meent die te or in Methods teni te zoeken? Gij bedriegt u, M. H. 200 gij in dien = Mo ) as 2 Dichters heeft de geleerde J, DE VRIES een uitmuntend verslag geleverd in de erden der Bataafsche Maatschappij van Taal en Diehik. D. Ul en IV, (28) waan verkeert. Dat men vrij ons op Griekenlands en Romes Rede- naars wijze, door alle eeuwen als echte voorbeelden van Welspre- kendheid geroemd; dat men daarnevens ‚de -voortreffelijkste Spre- kers van andere volken voege : ook wij bewonderén het schoone en goede, waar het worde gevonden, en maken het ons ten nutte; doch schande treffe hem, die het vreemde ten-koste van het eigene verheft! Neen! het ontbreekt ons niet aan mannen, die, met def- tigen tred het voetspoor van DEMOSTHENES en Cicero drukkende, door hunne nadrukvolle en bevallige voordragt, getoond hebben, hoe veel onze taal ook in lossen stijl vermag. Het moge der meer zwierige Dichtkunde gelukt zijn, een grooter aantal vereerders tot zich te lokken ; ook de zedige Welsprekendheid heeft op Neérlands grond eenen tempel, waarin haar geofferd wordt. Gaarne erkennen wij, dat de vorige eeuwen- in dat opzigt te weinig geleverd hebben, om ons deswegens zeer te kunnen ver- heffen. Niet, dat wij onzen voorvaders alle aanspraak op Wel- sprekendheid willen ontzeggen. Er bevinden zich onder hen, die eene gunstige onderscheiding verdienen. Om niet van Hoorr te gewagen, die in «alle zijne werken eene bijzondere kracht van taal met sierlijkheid en rijkdom van uitdrukkingen paart, wijze ik u op de BANDEN, in wier geslacht de Welsprekendheid gezegd wordt zich als overgeplant te hebben; ik wijze. u op den taalkun- digen Moonen, vooral op den zinrijken , sierlijken VoLLENHOVEN, wegens zijne nadrukkelijke taal, de guldenmond zijner eeuwe ge- noemd. Dan, over het geheel ontbrak de noodige aanmoediging, om Redenaars te verwachten, aan die van andere volken gelijk. Dezulken te bezitten was voor onzen leeftijd bewaard. Niemand verwondere zich, dat wij aan derzelver hoofd VAN DER ( 29 ) | Parm plaatsen. Wie toch, wij durven het vragen, is welsprekender- dan hij? Wie heeft de taal meer in zijne magt, en weet zich daar van gepaster te bedienen? Wat kan vergeleken worden bij zijnen stijl ? Hoe juist is die naar den aard des onderwerps afgemeten! nu eens rijzende, dan dalende; nu sierlijk, levendig, verheven 3 dan «eenvoudig, ofschoon altoos deftig, bondig, voorbeeldeloos krachtig. Overal vindt men groote gedachten op eene grootsche wijze voorgedragen ; overal ziet men de zaken in het helderst licht geplaatst; men gevoelt zich verrast, getroffen, geschokt. Zijn. Gedenkstuk op Nederlands herstelling, waarin zuivere taal, bevallige uitdrukkingen, fraaije wendingen, keurige beelden en welluidende volzinnen elkanderen afwisselen, is eene dubbele ge- denkzuil , even geschikt , om des Schrijvers naam der vergetelheid te ontrukken, als om de groote gebeurtenis te jo ind VERS er aanleiding toe gaf. Met het zelíde regt mag ik mij op u beroepen, van HALL en KANTELAAR, Kempen en KiNKER, SrEGENBEEK, VAN SWINDEN, WESTERBAEN , en wie gij verder zijn moogt, sieraden van uw vaderland en van deszelfs taal! Leest, M. H. leest hunne rede- voeringen, aan de nagedachtenis van groote mannen , Of aan an- dere belangrijke onderwerpen gewijd, en gij zult dezelve met mij bewonderen. Het zijn meesterstukken van Welsprekendheid, waar- dig den lof, door bevoegde kunstregters er aan gegeven. In der daad, de Welsprekendheid ‘heeft onder ons eene zeer aanmerkelijke hoogte bereikt. Zelfs op den kansel, älwaar zij voorheen slechts zelden toegang vond, schittert zij met vollen luister. Er was een tijd, o Frankrijk! dat wij u uwe kerkelijke Re- denaars misgunden. Nog zijn wij van eerbied voor lien doordron- (3o ) | gen. Uw BounnALouE overtuigt ons; uw Bossver verrukt ons; uw: MassiLLoN roert ons het hart. Maar thans „ nu wij eenen Boncrn, CLARISSE., Hursnorr, K IST, ‘van DER Parm io SIEGEN- BEEK , STUART, en andere voortreffelijke Kansel-redenaars bezitten, behoeven wij niet langer voor u onder te doen, en mogen wij met u om den lauwerkrans der W elsprekendheid wedijveren. ; Wat zoekt gij dan nog elders, M. H. dat gij- niet op eigen bodem zoudt kunnen vinden ?. Geschiedschrijvers? Ook deze biedt awe moedertaal u aan, en dat wel dezulken, die zich met het opteekenen der belangrijkste gebeurtenissen onledig hielden. Wie ioch zal dien naam aan de Nederlandsche Geschiedenis durven betwisten ? Zij is die van een volk, dat, als uit het niet té voor- schijn komt, en, door eigene veerkracht, den hoogsten trap van roem bestijgt ; van een volk, dat, hoe „gedwee van aard, met leeuwenmoed zich wreekt, als deszelfs vrijheid. wordt belaagd , daarvoor goed en bloed veil heeft, en niet eerdef rust, dan na dat een zoo dierbaar pand in veiligheid is, gesteld ; met één woord, » zij is , i om met een’ voornaam Schrijver te spreken,” de Ge- » schiedenis der getergde, verdrukte , herlevende en —' » vrijheid des vaderlands. (a) vite) (odisea abo das Zal ook iemand eene. Geschiedenis opnoemen rijker in uitmun- tende Veldoversten , Scheepsvoogden en Staatsmannen, rijker in edelmoedige bedrijven van „zedelijke grootheid , zelfopoffering en vaderlandsliefde ? Wien klopt het hart niet, als hij de namen van vader WILLEM , MAURITS, FREDRIK i HENDRIK , TROMP; DE RUITER, OLDENBARNEVELD en Hure DE Gnoor. noemen hoort? {1) WAGENAAR, Vaderlandsche Historie , voorrede , bl. VIII. (31) Wie ry niet met verwondering op eenen Brune, SCHAFFELAAR, VAN ‘pen’ Wenr en Kenau Hassrraan? Wij zien ons in de röem- rüchtigste dagen der Grieken en Bönen verplaatst? wij me- nen hunne daden te lezen. lb; Maar wie zijn zij, die zulke belangrijke zaken in Neérlands taal geboekt en den nakomeling overgeleverd hebben? Ware het u slechts om eenvoudige : verhalen te doen , ik zoude u naar Bon en Reyp, vooral naar uwen VAN’ “Mrtentn zenden; man- nen, die, daar zij de rijkste bouwstoffen voor 's lands Geschiedenis verzamelden , eene loffelijke melding verdienen. Doch gij wilt iets meer; gij zoekt’ eenen Geschiedschrijver, in alle opzigten die benannt “waardig , die met den besten van andere volken, met eenen Tuveybines, PoLyBrus, Livios, Tacrrus , Home, Ro- BERTSON , mag vergeleken worden: wel zan, vestigt het oog op Hoorr, hij zal uwe wenschen bevredigen. Onpartijdige waar- heidsliefde, zonder de minste hartstogtelijkheid ; ; schrandere oor- deelkünde , welke het ware van het valsche schift ; diepe men- _ schenkennis met staatkundige wijsheid gepaard ; eene ‘aangenaam afwisselende voordragt, rijk in de nuttigste” leeringen ; eene zui- vere, deftige, nadrukkelijke en tegelijk bevallige taal, alle deze onontbeerlijke vereischtén eenes Geschiedschrijvers ‘vindt gij in hem op de uitstekendste wijze vereenigd. Gij moogt hem vrij den Nederlandschen Porymus of liever Tacitus noemen ; gelijk hij ook, door het invlechten” van meesterlijke redevoeringen en door het natuurlijk schilderen zijner verhalen, gezegd mag worden Tavevpipes en Livius op ‘zijde te komen. Maar waarom onze zwakke krachten aan den lof van Hoorr gewaagd, die zulk ee- Ben voortreffelijken: lofredenaar in Mod gevonden heeft ? (32) Denkt niet, M. H. dat met Hoorr de voorraad onzer Geschied- schrijvers uitgeput is. Al ware dat eens zoo, zouden wij, met, hem te bezitten, niet nog de grootste reden hebben om ‚ons te verheffen ? Intusschen kunnen wij ons nog op andere mannen beroemen, die, voor de Geschiedenis hunnes vaderlands met gelijke drift bezield, gepoogd hebben dien doorluchtigen voorganger na te streven. Men denke aan den netten, bevalligen Grnanp BRANDT : heeft hij niet, onder anderen, in zijn Zeven van DE RUITER de belangrijkste bijdragen tot onze Geschiedenis geleverd 2 Men denke aan den keurigen WAGENAAR , wiens Vaderlandsche Historie zich zoo wel door juistheid en onpartijdigheid, als door zuiverheid van taal, en eene duidelijke, onopgesmukte. voordragt 2 ten gunstigste onderscheidt. Men denke aan den Schrijver van. de opkomst. en bloei der vereenigde Nederlanden, den uitmuntenden SryL, die, op eenen echt wijsgeerigen toon en in eene manne- lijke taal, het gewigtigste gedeelte onzer Geschiedenis. behandelde. En, mogen wij ook alhier de jongste gebeurtenissen in ons vader- land, niet minder roemrijk dan die van het voorgeslacht, geden- ken, de wijze, waarop zij en door Bosscua en door SCHELTEMA geboekt zijn, toont het genoeg , dat Nederland nog heden van. geene bekwame Geschiedschrijvers onbloot is. Moet ik nu nog melding maken van die verdienstelijke mannen, die, door oudheidkundige nasporingen , de Geschiedenis des vader- lands opgehelderd en. alzoo de schatten onzer tale verrijkt hebben? Te groot is hun getal, om aan allen eene. plaats te geven. Genoeg zij het, eenen ENGELBERTS, VAN HasseLT, Kivir, MEERMAN, VAN Spaen, TE WATER en van Ww te noemen, om u derzelver moeije- lijken en tevens nuttigen arbeid, voor den geest te brengen. Elk Nederlander achte zich aan hen ten duurste verpligt. À (33) Tot dus verre bepaalde ik mij alleen bij zulke voortbrengselen, vella meer regtstreeks tot onze vaderlandsche Dichtkunde, Wel- sprekendheid en Geschiedenis behooren. Hoe veel bleef mij nog overig te zeggen, wilde ik deze beschouwing ook uitstrekken tot den grooten voorraad van kunstgewrochten, welken onze moedertaal in alle vakken van wetenschap, vernuft, kunst en smaak bezit! Wat ont- breekt ons? In welke behoefte is niet voorzien? Sruants meesterlijke pen heeft ons de lotgevallen van het oude Rome beschreven. Buis, VAN Gripen; MARTINET en UuLkENs voeren ons tot in de verborgenste schuilhoeken der natuur; zij ontrukken haar den sluijer, zoo dat wij nedervallen en: uitroepen : wat is de Schepper groot! Hoe be- langrijk zijn, niet de taalkundige. sali door: inis: i a Hur Jeverd! Wis. veel zijn. wij tee aan aiii. > la ‘gelijk mede aan DE Boscx, NAN EFFEN, FEITH, KANTELAAR, Luauxx, met opzigte. tot eenen; goeden: smaak, verschuldigd !. Munten HAAFNER , DE JONG | en Mexaman niet als Reisbeschrijvers uit? Werd ons tooneel niet door BU ůFr DK, Firn, HUIDECOPER , van Merken ,, Nomsz , STYL en van Winter van de schoonste „stukken, voorzien? Waar, vindt men meer, verauft en, boert dan bij Lancenpyx, Fokke- en Kisr? Welk een genoegelijk onder- houd verschaffen niet de schriften van BEKKER en DEKEN, van Post en Morns, dat edel viertal vrouwen! Men voege. daarbij de werken van den arbeidzarnen: Loossxs,. rijk in verhalen van de edelste soort; men voege daarbij zoo vele andere voortreffelijke stukken van God- geleerden , Wijsgeerigen, Regts- Genees-en Staatkundigen aard, en men bewondere den voorraad onzer moedertale van allerlei oorspron- kelijke schoone voortbrengselen: 5 (34) Na dat alles aangehoord en overwogen te hebben, kan, dunkt mij; de gevolgtrekking niet twijfelachtig zijn. Wij hebben de groot- ste reden om ons op onze taal te verheffen, en ons harer aan te trekken. Voortreffelijk uit haar zelve, prijst zij zich daarenboven door haren rijkdom. van kunstgewrochten aan, en is alzoo. eene ernstige beoefening overwaardig. | Kunt gij, M. H. aan deze gevolgtrekking uwe toestemming niet weigeren : wat belet u dan, ont overeenkomstig dezelve te hande- len? Of zoude het vreemde uwe zielen zoo geheel doortrokken heb- ben, dat het alle gevoel voor het eigene uitgedoofd” hadde? Verre van mij die gedachte! zij zoude eene beleediging zijn voor u, die nog onlangs zoo duidelijk het tegendeel toondet. Van waar toch anders die edele geestdrift voor de vruchten van eigene nijverheid, 200 ge- lukkig onder u ontstaan, en welke, behoorlijk” gewijzigd, de heil- rijkste gevolgen belooft? Ja, zij toont het: genoeg. dat gij van het voorbeeld uwer vaderen niet ontaard zijt, dat gij gevoel van eigene waarde bezit, dat gij den naam van een vrij en MM volk mét - moogt dragen. audeat En de taal alleen zoude eene uitzondering maken? Zij, dat kost- baar erfgoed der vaderen, zoude der minachting worden prijs gege- ven? Zij zoude zich nog langer in de schamele hutten verschuilen, en aan eene meer opgépronkte mededingster hare regten afstaan moeten? Hoe! bevinde ik mij dan niet op dien beroemden en der kunsten gewijden bodem, alwaar de eerste opbouwers onzer moe- dertale woonden? Moet ik uwen vas MAERLANT, VAN Herv, moet ik uwe Sappmo de zoetvloeijende Anna Byns; moet ik uwen «vaN Mannix, Harpuin , PLANTYN, vooral uwen KILIAAN noemen, wiens (35) 9 Woordenboek door Huimrcoren de eenige fakkel der Nederland- sche tale genoemd wordt, waaraan wij ons licht ontstoken heb- ben ?..(1) Maar neen! gij behoeſt deze herinnering niet. Gij kent de geestdrift uwer vaderen voor hunne taal, en wilt ook daarin voor hen niet „wijken. Bedrieg ik mij niet, de tijd is daar, dat gij elkanderen toeroept : laat ons in alles Nederlanders zijn ; dat wij onze moedertaal aankweeken! Weg met het vreemde, wanneer het aan het eigene afbreuk doet! Weg met alles, wat ons als volk zou kunnen, onteeren ! „Heil u, M. H. heil u met dit uw besluit! Het voert uwen luister ten top; het maakt uwe zegepraal volkomen. Nooit bood zich daar toe eene „betere, gelegenheid aan dan thans. Geene vreemde over- heersching drukt ons langer; geen scheidsmuur houdt ons verdeeld ; de oude veete bestaat niet meer. Die dagen zijn voorbij; dat zij nimmer wederkeeren! Onder eenen Nederlandschen Koning, die ons als zijne kinderen bemint, hereenigd, zijn wij allen leden van het zelfde groote huisgezin, en hebben wij allen een en hetzelfde belang, bevordering namelijk van elkanders geluk. Dat wij dan als broeders de handen in één slaan, en met vereenigde. krachten ook aan den opbouw onzer tale arbeiden. Verschil van tongval mag noch kan ons daarbij hinderlijk zijn; veel minder mogen moeijelijkheden ons afschrikken. Grootendeels zijn zij weg genomen. De kundigste man- nen hebben ons een pad gebaand. Hoorr en KIIIAAN, HUIDECOPER en TEN KATE, SIEGENBEEK en Weman bieden zich aan als gidsen. Wij kunnen ons veilig aan hunne leiding toevertrouwen ; terwijl de smakelijke vruchten, ons van alle kanten toegereikt, de aange- naamste verkwikking opleveren zullen , zoo ‘dat wij aan geene moeijelijkheden denken. (1) Proeven van Taal en Dichtkunde , D. II. bl. 169. (36) Zoo heb ik dan met deze Rede mijnen post aanvaard , en mij aan bezigheden gewijd , welke voor mij eenen geheel nieuwen werk- kring openen. Ik kan niet uitdrukken, wat ik in deze oogenblikken gevoele. Aandoeningen van verschillenden aard woelen in mijn bin- nenste. Gewoon aan den omgang met eenvoudige landlieden , wel- ken ik het Evangelie des vredes predikte, en in wier midden ik stille genoegens | smaakte , zie ik mij op een luistervoller tooneel over gebragt, en omringd van mannen, in het rijk der letteren niet zonder roem bekend. Hoe gevoelig ook over eene zoo gunstige onderscheiding , ofschoon van dankbaarheid doordrongen jegens hen, die mij dezelve toevoegden, kan ik echter niet ontveinzen , dat zij mij groote ongerustheid baart, zoo dra ik de pligten over- weeg , daar mede verbonden. Geene geringe besternming voorwaar ! den roem van Néerlands taal te helpen handhaven en anderen in liefde tot haar te ontsteken , hun gevoel voor het schoone in te boezemen , en hen tot welsprekende Redenaars te vormen ! Hoe vele bekwaamheden worden niet daartoe vereischt! Kan men die alle onderstellen in hem, die, tot eene geheel andere bestem- ming opgeleid, zich, erikel in oogenblikken van uitsparining , met de fraaije letteren konde bezig houden? Wat wonder, zoo het be- wustzijn van de geringheid mijner vermogens het genoegen ver- bittert, door de eer mij te beurt gevallen in mij verwekt ? Één middel blijft ter opbeuringe over , het is M. H. het vast vertrouwen op uwe inschikkelijheid. Hier door gesterkt, en mij verlatende op Hem, die mij nimmer verliet, trede ik welgemoed de nieuwe loopbaan in, met de plegtige verzekering , dat het mij aan geen” lust | (37) ontbreken zal , ter verkrijging van al dat gene, wat ik nu niet be- zitten, en, ter bereiking mijner bestemming, noodig hebben mogt. Op u vooral , wel edele, groot achtbare Heeren! Bezorgers van deze Hoogeschool! houdé ik het oog gevestigd. De Koninklijke keuze, waarbij u die zorge opgedragen werd, strekt mij ten waar= borge voor het goede , dat men van u verwachten kan. Gij zult er uwen roem in stellen, den luister, onzer Hoogeschole te bevor- deren; gij zult er uw vermaak in vinden, den genen, die zich haren belangen toewijden , uwe bescherming aan te bieden. Met een onbepaald vertrouwen geef ik mij aan u over. Mogten mijne pogingen uwe goedkeuring wegdragen! Mogte ik al meer en meer uwe genegenheid winnen! Wordt mijne bede verhoord, dan dalen 's Hemels zegeningen rijkelijk over u Wer, en ziet gij uwe zorgen op het heerlijkste beloond. Zoude ik u vergeten ? zeer geleerde, im; geachte Ambigenooten! t Hoogleeraren in de scheidene vakken van wetenschappen aan deze Hoogeschool ! Ook gij kunt het uwe bijdragen ter verligting van den last mij opgelegd. Uw meerder doorzigt kan mij voorlichten , uwe vriendschap mij onderschragen. Weigert mij dan uwen bijstand niet; vooral schenkt mij uwe vriendschap : zij is behoefte voor mijn hart. O dat gij de harten kendet , waarvan ik mij heb moeten losrukken ! Helpt mijne wonde verzachten. Uw omgang stelle mij schadeloos voor-het gene ik opgeofferd heb. Ziet daar mijne hand ! Ziet daar mijn hart! Geeft mij het uwe. Dat wij broeders zijn, en, bij de uitbreiding van het rijk der letteren, broederlijk elkanderen bijstand bieden. Niet minder wil ik van u verwachten, voortreffelijke Jongelingen ! die mij tot uwen leidsman op den weg des roems begeert. Van dezen (38 ) oogenblik af behoore ik aan u, Mijn ‘vermaak er steeds in vindende, met jongelieden om te gaan en hen tot nuttige leden der maat- schappij te vormen, zal ik mij met geen minder genoegen’ aan uwe belangen wijden. Gij moogt in alle gevallen over mij beschikken. Beschouwt mij als uwen vriend; vereert mij met uw vertrouwen: Ik wil mij aan niemand uwer onttrekken. Wij zullen zamen leer- lingen zijn, en elkanderen van ons licht mededeelen. Heil mij, zoo mijne pogingen bij u ingang vinden, en u voor alles, wat: Ne- derland schoons en edels bezit, gevoelig stemmen! Dan wenschte ik het Vaderland met zulke burgers geluk, en zag ik voor het. zelve eene “schitterende toekomst aanbreken. .. 706 De Almagtige en Algoede vervulle deze vooruitzigten ! Hij neme ons allen onder zijne vaderlijke bescherming! Hij bevordere den voorspoed van deze Hoogeschool, en make haar tot eenen vrucht- baren kweekhof van schrandere geesten ! 3 2 1 r A Tu UT EMT TRS se - e ORATIO INAUGURALIS. e ORATIO INAUGURALIS . ..HABITA DIE 28m MARTIL 1878, CORAM SENATU ACADEMICO GANDAVENSI , ss pita. dis NA rar PROFESSORE IN PHILOSOPHLE ET LITTERARUM ORDINE. AUDITORES ORNATISSIMI , ivy l studium immensum est, earumque partes omnes, præ sertim si veteribus recentiores adjungere libuerit , unius anni curriculo complecti opus vix tentandum videtur; non enim artis hic solum- modo peritia, sed et exemplarium intima cognitio, summum- que et exquisitum judicium expetuntur ; ‘heeretque animus et pro- positam provinciam inire dubitat , cum occurrit de nullo; scribendi genere, ab apologo ad epicum carmen, a simplici epistola ad or- G . r natissimam orationem, non esse disserendum ; auditorumque in con- spectum omnes ab omni eruditionis ævo, seu Grecos aut Latinos, seu Gallicos auctores esse adducendos. At si operis immensitate aliquantulum animi retardatur impe- tus, quantis per se illecebris ingenuum quemlibet allicit ejusmodi studium , cujus ope in altissimos præstantissimorum auctorum sen- sus descenditur, et nunc recondita illa patescunt ingenii arcana quibus suadet, movet, rapit eloquentia, nunc divine poeseos mi- racula panduntur, que , velut arte quadam magica, quidquid teti- gerit, ornat et amplificat, imaginesque objectis rerum formis per- fectiores creando, nihil quod naturam ipsam non vincat , efficit, Neque ad delectandum idonea tantum, sed et philosopho viro dignissima est litteratura quæ hominem , non illum quidem rudem et incultum , sed omni ingenii majestate ornatum considerat; que in nihilo versatur quod ejus excellentiam non demonstret; quæ, cum perfectissima continuo intellectus humani opera tractet, scrutetur , ac penitus introspiciat, non potest quin eosdem inde hauriat ac aliorum in animos infundat venustatis et elegantiæ stylique sublimioris sensus. Quam sapienter ergo Regis augustissimi providentia consultum est, cum novas in australibus provinciis Academias erigeret, ut litterarum preevia haberentur exercitia, quibus Græca Latinaque scholarum me- diarum studia complerentur, iterque ad cateras omnes tum juris- prudentiæ , tum medicine, tum niet etiam matheseos disciplinas, fieret proclivius!, Ut tamen quanta inde utilitas oritura sit facile quivis percipiat , paucis de lectionum in eum finem instituendarum , forma et materia dicendum; non enim tritam. peragrare viam animus est; novaque hzec , ni fallor, habebitur docendi ratio, cujus et principia et mo- (5) dum exponere opere pretium est; nam cum illud mihi inter alia munus demandatum esset, ut de litteris Gallicis agerem, nec satis utile videretur recentioris. linguæ scriptoribus ¿auditores docta antiquitate jam imbutos unice immorari , venit in mentem , et prudentissimo Curatorum Collegio non, ingratum fore confidi , tri- plicem Gallico sermone litterarum disciplinam tradere, ita ut non relicto ad quem tendere praeceptum erat scopo, et alium una attin- gere daretur , juvenesque , dum hodierna discerent, antiqua non obliviscerentur et in iis etiam firmiores. evaderent. * Hoc ergo intra me ratiocinium institui. Si e tribus linguis una existat, quæ media inter utramque. aliam | ponatur , easque ve- luti. nodo commauni devinciat ; que ab altera nihil non acceperit, nihil non tradiderit alteri; quam a teneris annis auditores didicerint ; cui diu et summo studio incubuerint ; cujus spe egregia scripta legerint ‚in maternam linguam verterint, memoriæ mandaverint ; illa profecto lectionibus nostris , instar fundamenti supponenda : illa com- parationis terminum suppeditatura est, unde quid utraque valeat, quid. similitudinis ignis quid discriminis intercidat , PHpdienee tuto queamus. . i EEP . Atqui litterarum PRE ea dos est, ea conditio inter itii positarum unde orte, et Gallicas quas pepererunt. Ro- manorum. jam longo tempore versandis exemplaribus assueti , optimi: Adolescentes , ad Graecorum. et Gallorum. cognoscenda re- cognoscendave scripta non imparati aderitis , Tullianaque et Virgi- liana vos opera , quasi preelucente ingenii. face, a cognitis ad ignota aut saltem ad minus cognita perducent. „Verum tot inter eximios scriptores , quorum operibus diuturniorem Roma et sanctiorem quam armis triumphum obtinuit, pauci eminent (6) à quibus vel qui præiere, vel qui successere, si ad excellentiæ gradum spectaverimus, longo intervallo distant ,quosque Augusti setatis scrip- tores, ut qui eo potissimum regnante et annuente floruerint, dixere posteri. Eorum ex libris preécepta artis, judicandi normam, perfectionis- que typum eruemus. Hine superius et inferius a Livio Andronico, et ipso quidem Accio Plauto; ad Claudianum, obwio j jam Annæo Seneca; per litteraturee campos exspatiati, nunc præmaturos et asperioris ævi aliquid adhuc retinentes , nunc nimium seros et ingenui saporis degeneres fructus , non injucundos tamen, referemus. Tum classica illa, ut aiunt, egressi terra, in aliarum linguarum provincias excur- remus, unde ampla facile reportabimus spolia, seu in Græciam ad D. Apollinis et Müsarum incunabula ascendere; sew ir Galliam ad recentiora libuerit magnorum scriptorum monumenta descendere , quorum comparätioné assidua: noster ille en, cursus Academi- cus recte claudetur. ng arnold. Mois aed Absit ut angusto unius anni — et tam varios triplicis litte- raturæ thesauros colligi , et lucro feliciter apponi posse ; confida- mus ; id neque mihi, Auditores, animo unquam propositum fuit, nee vestra refert tentare, quod alioquin cum frustra conaremur, tum idem ome Hal ac — vitaé — "— mit esau tidem merito terras dixerimus ntis feraces , quas fundies ex. hauriendas suscipere , inanioris foret ac ‘corifidentioris animi. Satis ergo, quod nostrum est, profecisse nobis videbimur , si ex his fodi- nis auri extrahendi artem sedulo didicerimus. Itaque singularum primo tentabimus superficiem; Deinde exeavabitur solum. Post hiec venas rimabimur ac postremo, ubi satis inmotuerit quam alto telluris sinu rerondantur ^ divitiee , qua via ad eas perveniatur * (7) qua rationë-éruipossint, suscepto officio: functus, sistam ego gradum , ac nullo deinceps magistro, nullo præeunte, inceptos una labores, soli, cum magno — ue et absolvetis. up OM diet into c5: ox IMU Te CSC Ian telligitis igitur quee nostra futura sit nen ratio, quis asse- quendus finis, quo itinere ac quousque progrediendum. Certis tam vasto in spatio limitibus cursum coërcere non facillimus labor fuit. lastituendarum lectionum modum duntaxat formamque exteriorem hactenus exposui, Restat ut ipsius doctrine Principia palam fiant. Duplici cardine, — ee. pnm volvitur omne litterarum | studium. : pnaka oboe ct epa Exemplaria legere, ex iis artis . deducere, ea nostra omnis eee enim ante artem extitere; et priusquam epici leges carminis describeret OP an W Homerica musa Pelide Achillis. 020480739 EI. 4G Assidui ergo circa præstantissimos omnium ætatum auctores versa- perans nec quicquam alicujus momenti quod vel ad eorum vitam vel ad eorum scripta attineat, silentio volentes prætermittemus. Quid enim ad erigenda ingenia, excitandamque discendi cupiditatem aptius quam historicæ ille aut litterariæ aut critiez disquisitiones , que ad summos hosceviros, æternum humani generis decus et ornamentum, spectant? ‚ "Absistitetamen credere: nos compilatorum, editorum , glossogra- phot » et omnis generis interpretum more , auctoris in quem in- ciderimus sensum , | intempestive eruditionis pondere oppressuros. Abest certe plurimum ut commentatorum animadversiones, emen- dationes, notas, contemnam ; fateorque quamvis nonnulli aliquando ineptierint, sæpius tamen illos de litteris meritos esse, nec tam fa- cilem ‚nostra tate, in veterum disciplinarum et artium humanio- (8) cum n campo, nisi indefesso labore spinas en avellissént , mes- sem futuram fuisse. 09 Ast alium ad finem tendimus ; et, salvo schieland! jure, Adolescentes erudiendi in Academias veniunt, non qui aliorum libros grammaticis annotationibus obruant, sed quorum digni olim libri eva- dant qui Heinsiorum et Salmasiorum elucubratis disquisitionibus amplificentur. Uno verbo, non in consulendis manuscriptis, non in comparandis lectionibus , non in textibus emendandis. , sed in sensu auctorum definiendo, in artificio scribendi detegendo , in Mun arcanis scrutandis , precipue immorabimur. | Cul Primum itaque in selectis exemplaribus „ dotes illas + omnis ordinis, omnis pulchritudinis fontem. quibus nulla scripta carere possunt, observabimus ; tum eas singulis proprias dispiciemus quas uniuscujusque ingenii sigillum appellare fas est. i Si quis egregio cuilibet operi, quacumque vel state, vel lin- gua, vel dicendi ratione exaratum illud sit, dotes inesse neces- sarias et cæteris omnibus communes aflırmayerit, quas apud Phæ- drum æque et apud Virgilium reperiamus , que Gallicorum apolo- gorum conditoris ingenuos versiculos non. secus. ac vatis Achillei sublimiora carmina insigniant , aliquid fortasse non absimile para- doxi enuntiavisse existimabitur. Vix tamen litteraria ulla est opi- nio exquisiti judicii viris probatior, quamque libentius admittat , quicumque scribendi artem vel paululum attigit. Nec ille perfectorum operum universalis typus , quo desiderato, vel ingeniosissimus liber inter exemplaria nunquam reponetur, in iis quærendus est locis. qui colorum claritate -oculorum perstringunt aciem, et stupentium insolita: pulchritudine admirationem rapiunt, Quod hominem quemlibet non male cordatum delectat, quod nulla (9) | non habet sana mente composita scriptio , quod, nullibi deest quin judicium offendatur, proximum illud. nature, ac proinde proximum esse nobis debet, totumque. in eo. situm. est quod. stylum.. decet. Recte enim Quintilianus. convenientiæ hanc. legem praecipuo loco habendam ratus; Z/ud, ait, diligentius. docendum, eum demum dicere apte qui non solum quid expediat, sed etiam quid deceat inspexerit. Nec me fugit hec esse plerumque. conjuncta ; aliquando tamen et hac dissentiunt, emn autem mre amen, tinten gincet quod decet. n Inſinitus luturus esset qui tam dei e principio rain con- sequatur, evolvendum sibi proponeret. Monere sufficiat ibi in operis summa unitatem, inter partes proportionem , in dicendi genere simplicitatem. et veritatem, in ipso bono modestiam. reperiri. Quem decenti@ prototypum characterem eo diligentius in optimis scriptis discernere intererit, quod „nihil : fulgentis, nihil -insoliti pre se ferat, et æquato veluti: tenore per omnes orationis partes diffusus , inattentos Plerumque et inexpertop oculos fugiat; Min occasio: aderit; ita. lnea nullibi. et nullo. MP pores seu legentibus seu. scribentibus , in boni judicii normam et werfe, exemplar, ad mentem, continuo non recur rat. 1, Omnibpe, autem quæ ad universum hoc pertinent pulchritudi- nis principium, rite obseryatis, non minore fructu sed sensu voluptatis adhuc vividiori, distinctas illas ingeniorum virtutes admirabimur, quas manu tam larga diversos inter auctores , variis natura gradibus , divisit; et orationis elegantiam, et figurarum colores, et sententiarum majesta- tem, et quidquid denique. singulis. proprium , uniuscujusque "ien scriptoris veluti signatum. peculiari nota producit, | , : 2 vs 21 1 aw s ? —— 44 » b * , ae iL , A Aars , | ( ro ) Vos omnes, quotquot adestis, litteraram studiosi, quos artis specimina cognoscendi cupiditas , aut imitandi ambitio tenet, quanta vestros animos «caperet voluptas, si quodam in Museo, omnium qui unquam extiterunt, doctrina preestantium virorum imagines contemplari: liceret? Ut eorum in ore, in fronte, in oculis, animique et ingenii discrepantias, similitudines, virtutes proprias , sensus intimos dispicere et recognoscere gestiretis "Ut in illius imprimis obtutu attenti hæreretis, ad quern vos aut indolis aut studiorum sympathicus ardor attraheret! Ut aspectus excitaret , vultus in- flammaret, magne, ut ita dicam , manañtes undique cogitatio- nes implerent! Ah! ne vos sollicitet imaginum , quas longa ætas delevit , inane desiderium ! Marmorea quidem et ærea periere monumenta; non periere opera «ere perenniora ; non periere Tibri in quibus ipsi sua manu haud delendis characteribus , non eor- poris quidem sed animi, non vültus sed ingenii lineamenta im- pressere. Hic immortalem adhuc vitam vivunt; ‘hic cum illis — cum illis conversari quotidie vobis concessum. (eR A Vultis ad sublimiora assurgere? Homeri poemata et quæ de eo Longinus , legite; legite et sacri libros antistitis quem jure Melden- sem aquilam dixere , cujusque toties torrentem et largo exun- dantem ingenii fonte eloquentiam ‘Europa’ Christiana mirata est. Civium prava jubentium minas , instantisve tyranni impetum vi- vidis orationibus frangere , aut blandis auditorum animos allicere sermonibus optatis ? Demosthenis iterum — iterum , aut Fene- lonis operibus incumbite. ! Carmina fingere paratis quie suavibus modis , delicatis sensibus ; memes stylo aures et animos demüleeant? Virgilium Raci- niumque diurna versate manu, et versate nocturna. Sic egregiorum tandem virorum ad exempla componemini; sic (n) eamdem paulatim sentiendi rationem , dicendi copiam , scribendi methodum mutuam accipietis; homines enim ad imitandum pro- dives nati sunt, illorumque vulgo mores induimus quibuscum agi- mus familiariter y ac quemadmodum bono loco ortus puer neminem. non recte dicentem audiens ipse vix potest non recte dicere , ita vel nihil. omnino , vel eleganter scribet quisquis, dummodo non sto- _ lidus , nullos nisi optimos legerit auctores. | _-Ækimiüs tamen et omni numero absolutis lloc Moa operam dare haud sufficiet; licetque plurimum expediat quid in opere pulchrum sit, quid exquisitius certo dignoscere , alicujus quoque momenti est ejusdem nævos, si qui occurrant, perspicaci judi- cio deprehendere. Vastum enim et innumeris infaustum naufragiis per mare currunt quicumque scribendi artem aggrediuntur; nec satis est astra primum ipsis monstrasse quorum veluti luce præ- via tuto cursum teneant ; cs di ig securi possint, indicande sunt, | 4 Ita in vituperando quod inconveniens et vitiosum — at- tenti ac in laudando quod decens atque perfectum invenietur, quamvis nulla Ovidii pagina ingenio prorsus careat , ibi aliquando vel ipsius ingenii luxum. reprehendemus ; rectumque in omni scriptione dis» cernere enixi, certos illos præscribemus fines quos ultra Lucretii vis poetica in asperitatem , Lucani emphasis in ampullas , Juvenalis elo» quentia in declamationem , Persii brevitas in obscuritatem mutatur. Recentiorum præsertim æqua lance suspendemus opera ; nulla» que nos vel nobilissimorum ingeniorum deterrebit auctoritas. Quinimo, cum ex ipsa scriptorum præstantia , ubi errores magno nomine commendantur , imitandi periculum crescat , eo accuratiori auctorem examini subjiciemus quo se fama tutabitur illustriori ; (12) illudque. omne, quamvis novum et inauditum, quamvis splendidum ac laudatum, repudiabimus, quod ad exactam veterum exempla- rium normam , veluti. ad unitatem quamdam mensure, aliquaterius: non referetur. Neque alio | adversus invalescentes- unique perversi exempli doctrinas, antidoto utemur, » 4 . Eo inodo per accuratam exemplarium notitiam ad: artis cogni tionem perveniemus , litterarumque ex ipsis litteris praecepta. nas- centur; Error forte hic aliquis me deludit, et peccare videor in Rhe- toricam; at omnis prope, meo quidem judicio, ejusmodi obser- vationum serie doctrina litteraria continetur; dicendique magis- trum omnium. fortassis non imperitissimum ille se praeberet , qui praxim in theoretice locum süfliciendo , his fere verbis auditores alloqueretur : | Tale apud Homerum epos fuit, et apud illos omnes quos ejus recte posteritatem nominaverimus, Virgilium , Torquatum, Miltonem: "Talibus, plaudente Grecia, sonis , olympicos athletas celebrabat ille "Thebanorum vates, cujus ædibus, capta patria, bis ira victoris pepercit, quemque lyra non impari ad astra evexit Horatius. "Tali. scribendi genere utebatur historie parens, quem legentem totius Græciæ concio lætis plausibus ita excepit, ut novem ejus Annalium libros totidem. Musarum nominibus. unanimi acclama: tione insigniret. LA l : Talem se quondam eloquentia , inr extincta libertate, præ stabat , seu cum apud Athenienses fervens et pleni moderatus theatri frena. Demosthenes, unus: adversus Philippum: niteretur, seu cum, rumpente vocem et. Marcellum defendente: Tullio ‘Cesaris e ma- nibus capitales tabulæ exciderent. : Escrita We | Talia imitati exempla Cornelius, Racinius, is: Fenelo ; (13) Bossuetius , ad eumdem fere perfectionis gradum ascenderunt , et egregios secuti * ipsi tandem digni facti sunt quorum alii vestigia premerent. Me ' Absit tamen ut Mes et imiiande} contenti, precepta dedi- gnemur. Praxis enim et natura, quamquam: præcipuum obtineant locum , non ideo artis auxilio carere possunt ; atque, ut ait poeta : Ego nec studium sine divite vena , Wee rude quid, possit video ingenium. Alterius sic Altera poscit pum res et conjurat amice. Præcepta ergo necessaria esse profitebimur ; hec vero non in rhetorum, sed in oratorum , poetarum, ceterorumque auctorum libris precipue quzeremus ; illudque nostra heee legendi: ratio pro- prie utilitatis habebit, quod per observationes singulas ad univer- sales, per exempla ad regulas, per specimina ad artem ipsam as- surgemus. Id enim omne ad veritatis normam , ad judicii principia necessario referendum quod ubique, omni ævo, in scripto quolibet, „omnium opinione probatum ac confirmatum est. Ea usi methodo ex dictis dicendi, ex creatis creandi educemus artem; theoriaque et praxi, ut modo dictum, amice conjurantibus, imminentes hinc et inde et latentes quidem scopulos facile vitabimus. Itaque nec istos sequemur antiquitatis superstitiosos sectatores , qui nihil i in auctore quem semel amplexi sunt, non mirantur, nihil quod lecerit, laciendum non putant, nihil quod in eo observave- rint, epi! loco non admittunt ; qui unam, qua scilicet veteres Processere , viam auctoribus patere arbitrantur ; qui innumeris ir- retitum vinculis humi serpere ingenium jubent; magnosque viros, nisi timidiora dedignarentur consilia , in orbem tam arctum conji- cerent ut, inde se expedire frustra conati, nihil fama dignum crearent, Nec minus accurate contemptricem illam preceptorum detrecta- (14) tionem fugiemus quam indociles alfectant animi „quibus omnis freni excussio ingenii. signum videtur; qui ideo viribus: se præpollere et exuberare confidunt, quod sint ferendi jugi impotentes ; M qui ertandi licentiam. summis aliquando viris condonatam, sibi, eodem. jure. j homunciones vindicant ; quique ingenium, arte, carere posse, et arte ipsi et Ingenio carentes „ continuo jactitant. . - Ejusmodi demum comparatæ lectiones non disciplinam t tantum, sed et litterarum fata nos edocebunt ; hincque discemus, quas nonnulla scribendi.genera mutationes passa sint; quid epici carminis elegan- tie seposita, aut certe. fastidita icit. mythologia detraxerit ; quid , popularium legum. deleta auctoritate, eloquentia perdiderit ; : quid e philosophorum commercio acceperit; quid, ut damna resar- ciret, ex religione christiana. deprompserit, quam vere ac native facundiæ uberrimam nutricem: esse, tam doctrina, quam exemplo, ostendit. summus Joh. Aug. Ernesti , immortaliter de Litterarum et Theologiæ studio meritus : quenam illa tandem recentiorum in litteris inventa. sint. quorum non. ita multis abhinc annis, veluti in- genii parturientis novi prodirent et admirandi fœtus , tantopere extol- litur excellentia.: an revera. nova, aut potius e veteribus renovata, et adjectis perfecta minus quam deformata ornamentis. Hine artium ; origine, incrementis, perlectione, decreseentia , vicissitudinibus: descriptis,: ex præteritis futura colligemus , agita- taque toties in medium revocabitur quæstio, utrum b sicuti cetera mortalium; fato quoque littere pareant; quod quidem cum nimium convincat et. veterum et recentiorum experientia 3 tum ipsa ratione confirmabitur. Nihil enim crescit quod non minuatur; nihil ad summum. pervenit quod non decidat; artibusque, ut imperiis, sua est in ipsa magnitudine ruinæ causa. Eximii primum in omni genere nas- ~ cuntur et eminent scriptores, qui precipuas, natura magistra, sedes OC- (15) cupant; altius. deinde assurgere conati qui sequuntur , meliorum spe delusi , bona negligunt. Accendit-omnium animos novitatis amor; nec jam corrupto judicio , pluris ille æstimatur qui dicenda, sed qui in- dicta profert ; viamque ita non tritam dum investigant, a recta omnes deflectunt. Ea rerum humanarum conditio. Attamen obstare malo si nequimus , periculum saltem retardari po- test. Non id omne subito preceps abit, quod labat; excelseque turris numerosa tabulata , quamwis ruina pendente , tibicine aliquando Julciuntur. Sustentari igitur et aliquatenus restaurari genuinæ disci- plinæ valent ; nec aliud quiequam , quod Academiarum nostrarum ‘est, sapientius ad hunc finem institui potuit quam publice Mæ, qua ad altiora animos preeparant , de litteris veteribus et recentio- ribus lectiones. Non enim , quantum conjicere licet, et facta jam confirmant, liberalioris doctrinæ purissimos fontes in hac litterarum emantissima civitate, frustra aperuit regia benignitas; non frustra doctissimos , quibus Collegis gloriari licet, viros ex omnibus advo- cavit provinciis; indeque in studiosam juventutem aliquid continuo dimanabit; ac bene et copiose dicendi artem , hoc reparatæ liber- tatis evo, satis magni illi æstimabunt, quos olim in republica et ad magistratus obeundos et ad leges proponendas sanciendasque , vel electio principis, vel civium vota designabunt ! Et quid enim, Cives Academici, esse posset impedimento quo- minus in aperta disciplinarum stadia præcipites rueretis? quis ves- trum e rarissima temporum quibus nati estis felieitate aliquem nollet fructum percipere? tunc cum patronos, judices, remuneratoresque viros consulares cernitis quibus et cure et cordi et ornamento sunt artes! Cum nulla vobis in posterum ad doctrinam, divitias , honores , famam per monstratum iter semita non patet! Cum ex flagran- tibus adhuc discordiarum bellorumque ruinis patria post longam ( 16 ) ht emergens , libera, sub legum preésidio , volente rege, conquiescit ! Cum lauro frontem. circumdata , olivamque manu gestans, Belgas et Batavos , consanguineum genus , materno sinu complectitur! Cum pax omnibus letissima tandem -arridet ! pacem dixi , optimi Adolescentes , cujus solo nomine prætrepidum cor agitatur; pacem quam, post tantos furores , jam nulli redituram sperabamus ; heu! dilecte pacis vox dulcissima , vix aliquandiu, ex quo ætatem hanc vestram egressi sumus, aures nostras longis demulsit intervallis et breves promisit inducias ! nec illius , nisi nar- rata, patrum felicitate , memineramus. Feliciora vos fata manent. Cruento Mars curru deturbatus, non amplius triumphis in funera toties versis gloriabitur. Non amplius a tenero vos Musarum gremio immaturos distrahet; non amplius vite fontes lethifero flatu de- siccabit. Mutilum ad hanc diem et in flore demessum denuo ger- minabit et in infinitum .crescet humanum genus. Priorem tellus iot pestibus exhausta ubertatem recipiet, patriaque nostra, in pris- tinum dignitatis gradum restituta, ad summum evehetur glorie et prosperitatis cumulum. Nos vero quibus sat diu, tam prospero rerum statu , ingravescente jam ætate, frui non licebit, perpetuo saltem vobis auctores erimus, ut felicia tempora apponatis lucro, uberrimosque e regia munificentia fructus colligatis ; nec ipsi nobis omni premio destituti videbimur si olim, inter negotia vite, privatis publicisve muneribus districtos , magistrorum vos recordari non pigeat, annorumque juvenilium letis imaginibus eorum aliquando memoriam adjungatis qui jam fato functi erunt, sed qui hodie, omnibus votis, omnibusque et auctoritatis et presertim amicitie consiliis vos ad laborem hortantur, ad virtutem instituunt , ad felicitatem præparant. - «> DIXI. um ORATIO INAUGURALIS . HABITA DIE 28 MARTII 1818, CORAM SENATU ACADEMICO GANDAVENSI, A DOMINICO-CONSTANTINO MUNCHEN, PROFESSORE EXTRAORDINARIO IN PHILOSOPHLE ET LITTERARUM FACULTATE. . + ILLUSTRISSIMI , EXPEATISSIMI , CONSULTISSIMI , DOCTISSIMIQUE DOMINI , DOMINI ! Quaxquam in celebri modo ut ut nova adhuc Gandavensium Aca- demia inter philosophiæ Doctores sessuro, preter ingenii tenuita- tem, Collegarum quoque doctrina præeminens publiceque recognita ; insueta insuper indigenis ac propterea auribus eorum gravis latinum pronuntiandi ratio , ipsius usque adeo vocis ( validissimae quondam ) | 9 20 | ex veteri desperatoque jam beak debilitas , multaque alia perti- mescenda esse videantur : de eo tamen jure merito laetandum mihi gratulandumque arbitror, quod docendi Poi contigerit ejus- modi, in qua non sölum (inter media etiam hypereriticorum aut pie delirantium agmina) iter satis tutum est, verum etiam ex agnita rerum docendarum utilitate, atque ex oritura inde discentium patientia levaminis aliquid licet sperare. Una enim cum primis Metaphysices principiis tradenda est Logica, quam tota retro antiquitas reliquarum omnium scientiarum fundamen credidit , eaque propter splendidissimum , quem a parente acceperat, titulum organi scientiarum eidem lubentissime reliquit. Nec mirum. Si enim sola rationis cultura diligentior, atque ea- rum presertim rerum, quas immensa magnitudine sua complectitur philosophia, meditatio cognitioque homines in hoc mortali et caduco vitæ curriculo: divina quadam mentis agitatione proxime ad Numen evehit , efficitque , ut quantum nature dignitate brutis animantibus antecellunt, tantum conditione vite et studiorum nobilitate ceteris hominibus sint prestantiores : illud profecto disciplinæ litterariæ genus, quod intellectus humani naturam atque regimen explicat primum , dein recte cogitandi, et que recte sunt cogitata apte lu- cideque enuntiandi , precepta suppeditat, in primo collocandum esse subsellio, et aut cum Tullio artem omnium maximam, aut cum Sancto Augustino disciplinam disciplinarum , scientiarum. judicem atque formatricem esse appellandum, quis poterit ire inficias?.. . Et quid scientias ego tantum commemoro, aut eas etiam artes, quas liberales vocamus , cum, quid in. illis ipsis usque adeo opifi- ciis, que tanquam servilia despicimus , et inferioris quodammodo ordinis hominibus tractanda relinquimus, valeat mens Logica cul- (3) tior et quotidiana experientia et libri de istiusmodi rebus sapien- tissime scripti luculenter commonstren t?! Jam vero et illud mente recolamus, quod, sicut Logica unica est ad veritatis cognitionem perveniendi via, atque veritatem inven- tam cum aliis communicandi ratio, ita unicum quoque sit tutissi- mummque contra’ errores presidium , in quos nunc horrenda illa, quie in rebus humanis est, incertitudo, nunc innatum nobis veri laboriose indagandi fastidium, et, quee inde oritur, in ferendis ju- diciis præcipitantia, aliæque mentis nostre zegritudines adeo frequenter nos agunt precipites, ut ipsa illa errandi promptitudo "quotidiana néc semper contempta evaserit erroris excusatio. Quantum vero dignitatis atque excellentize hoc ipso titulo Logicæ accedat, nihil “sane manifestius facit, quam philosophize sophisticæ historia, aut annales longi illius. infelicissimique témporis , quod, quoniam inter litterarum una cum imperio romano interitum. ea- rumque palingenesiam intercessit, aevum medium aut ignoranti etiam seculum dici consuevit. — Absit, ut viris in omni genere philoso- phis versatissimis nauseam creem referendo famosissimas illas græ- corum pseudosapientium argutias ipso suo acumine sæpe ridiculas! — Quid vero aut bilem vobis aut stomachum mihi moveam addu- cendo in scenam: numerum illum prope infinitum omnis setatis, sexus ac conditionis hominum ad atrocissimum ‘quodvis tormento- rum mortisque genus raptorum, eo quod converti, id est, a patrum majorumque sacris habitu sibi et conscientia probatis noluerint avertis... ... regna et imperia ab uno in alium contra omne fas ac non raro quasi per jocum translata, +... . subditos a fide- litatis sacramento sacrilege solutos , . . . Reges et Imperatores s eo quod majestatis gentiumve jura tueri- voluerint, ex salvandorum C4) albo expunctos; . . : . Principes, quoniam avita audebant repetere imperia, ultimo supplicio carnificum etiam manibus enecatos ceu perduellionis in ipsam Divinitatem reos; .. ... populos quæsti- bus, et qui alii tum erant tituli congerendis nummis inventi , in summam rerum omnium inopiam conjectos , atque alios ex adverso homines, nomine pauperes, re vero ipsa opibus ita auctos, ut luxurie haudquaquam in ipsis ferenda , quoniam a professione alie- nissima , primis etiam Europe imperantibus turpiter insultarent pauperiem ipsis facto exprobrantes? . . . Recedant inquam ex memoria atque ex cordibus nostris , et, si possibile id quidem esset, ex ipsis etiam generis humani fastis dispareant horrenda illa atque, nisi testatissima essent, prorsus quoque incredibilia opinionum por- lenta, que per corruptissimam «evi illius dialecticam non in scholis modo et Academiis omnia susque deque verterant, vernm in ip- sam quoque rempublicam atque in omnes societatis humane or- dines talem rerum juriumque omnium. induxerant subversionem ; et sacris presertim ita agglomeraverant profana, ut dure quidem, verissime tamen mihi loquutus esse videatur. ille ex seculi decimi sexti reformatoribus , qui natas ex corrupta philosophandi legesque et, jura interpretandi ratione miserias secum reputans, jocose, ut solebat, serio tamen et incunctanter pronuntiavit, superioris evi lo- gicam in id collimasse sibi videri , ut non rusticolis modo , sed ipsis quoque imperantibus prater fenum et stramen nihil pabuli maneret reliquum. i | | ! Jucundior non nihil est argumentorum vis, quibus isti ac sexcenti alii, erroresne dicam , an horrores? non probabantur modo , sed divino etiam jure constituti dicebantur. — Quid enim, ut unum saltem alterumye producam, quid, per Deum immortalem ! lepidum ma- (5) gis, quam summa quadam, et, si temporum illorum philosophiæ credere volumus , infallibili quoque auctoritate edictum audire , reges et principes spirituali sacerdotum potestati etiam in temporalibus esse subjectos, eo quod. duo Deus fecerit in firmamento luminaria magna, unum, ut diei, alterum, ut nocti praeesset? . . . . Quid mirabilius. ab intellectu hurnano unquam fuit excogitatum, quam septem omnino esse debere consanguinitatis aflinitatisque gradus , eo quod magnum illud in Templo Hierosolimitano candelabrum bra- chia habuerit præcise septem, et septem quoque sint in hebdomade dies? Que quidem demonstratio ita erat palpabilis et mathematica, ut iidem gradus ad quatuor non diu post visi fuerint reducendi, quod quatuor tantum essent in hominis corpore humores. . . . Atque ineptias has , ut non dicam insanias, orbis stupefactus cum profundissima excepit veneratione, ac exiguam , quæ relicta fuerat, libertatis naturalis portionem novis quotidie circumscribi limitibus patientissime tulit et vincula sua exosculans et vinctores adorans... In eum usque terminum perversa ratiocinandi methodus: non phi- losophiam modo pepulerat , sed omnem quoque ab hops genere vigorem rationemque ipsam abstulerat ! ! ! à Sed mittamus vetera illa, quum in foribus atque ante oculos etiam nostros recentiora sint documenta malorum, que populis parantur, dum eorundem doctores aut neglecta aut spreta philosophia cceci evaserunt cacorum ductores! — Age enim vero ! terribilis illa re- volutio, quæ non Galliam modo et vicinas aliquot eidem provincias, sed totam , qua late patet, Europam in imis cardinibus suis con- cussit, quassavit, labefactavit, quid fuit aliud, quam dudum præ- parata continuatio pugne illius internecine, que superioribus se- culis ex ipsis illis erroribus, de quibus jam sermo nobis erat, veri- (6) tatem. inter et mendacium, lucem inter et tenebras fuerat exorta, quæque ex causis, quas referre supervacaneum , inducias, non finem acceperat? Secretæ demum ille publicæque commotiones , que in hanc ipsam usque diem’ tranquillitati tum publice tum private adeo sunt perniciosæ, quæque non sine ingenti omnium bonorum scandalo efficiunt, ut publica Europe pax optatos diu ac omnibus. ex æquo necessarios ne tum quidem ferre valeat fructus , quum ipse ille, qui solus omnis pacis osor et eversor videbatur, secundo nunc ‘ab ipso quasi genere humano vivit segregatus ; quid sunt aliud, quam machiavellicæ eorum hominum machinationes, qui tot jura per summam quondam injuriam usurpata sibi dolent erepta, quique ignorantiæ secula; quee religiosiora vocant, quoniam ipsis, et ipsis quidem solis , feliciora fuerunt, quovis demum modo ner co- nantur ? | Scio equidem , ab aliis alias ac longe diversas illarum calamita- tum referri causas; neque etiam ignoro, multos adeo esse seu insi- pientes seu impudentes, ut malum ipsi philosophis: et philosophiæ cultoribus in acceptis referendum esse contendant : verum illud quoque scire mihi videor, posteriores hos (a prioribus enim verbis - potius quam re dissentimus ) idem prorsus facere, quod ageret in- firmus aliquis, qui morbi causam in medicum medelam ferentem rejiceret; aut lethali vulnere saucius, qui vulnus et tlg enn mons- trantem violentie sibi factæ incusaret. Atque ita sane est, IIlustrissimi Amplissimique Domini! Quo enim vero etiam fieri posset pacto, ut sapientie amor hoe enim nec aliud ex ipso etymo suo est philosophia, insipienti@ pater eva- deret ac impietatis? Aut ut, qui in veritatem unice tanquam in supremum hominis bonum inquirunt, injustitie se magistros con- (7) stituerent et mendacii ?..;. Errare potest philosophus, quoniam errare ita humanum, ut ne tolli quidem ab hominis conditione possit ; — ast ubi errorem, noxium præsertim, per malitiam propinat, eo ipso a dignitatis sue gradu descendens, congenitam ( ut creditur ) homini nequitiam, non philosophiam aut philosophos eo tituli non indignos , inculpandi ansam subministrat. Tandem igitur aliquando. sileant perpetui isti omnis veritatis oso- res, atque non injusti minus quam infatigabiles jam philosophiæ jam philosophorum oblatratores! Et si ex Tullio sciant , nihil tam ab- surde dici posse, quod non-dicatur ab aliquo philosophorum, eun- dem quoque Ciceronem. de philosophia. audiant ita disserentem : O vite philosophia dux ! o virtutis indagatrix , expultrixque vitio- rum ! Quid non modo nos, sed omnino vita -hominum sine te esse potuisset ? Tu urbes peperisti, tu dissipatos homines in societatem vite congocasti ; tu eos inter se primum domiciliis, deinde conjugis , tum litterarum et vocum communione junxisti! Tu inventrix legum , magistra. morum et disciplina fuisti!. :.. Ita in omne ævum immor- talis idemque Cicero, qui in rebus ad philosophiam spectantibus ita erat versatus, ut nullus aut synchronorum aut superiorum philosophorum error eidem ignotus esse potuerit, et cui non una modo fuerat, non dicam pia, discrimine tamen semper vacua pro conservatione reipublice nuncupandi pota, sed ipsum caput suum pro ejusdem salute periculis objiciendi occasio! Atqui tantum ta- men abest, ut, quod facillimum fuisset, ullius unquam in rempu- blicam conjurationis causam. dixerit philosophiam, ut summis potius eam semper laudibus tanquam divinitatem aliquam extulerit, immo ut vituperia in eandem ab imperitis temere conjecta parri- cidium appellare non dubitaverit impiamque ingratitudinem, Au- (8) diamus virum !.... At philosophia quidem tantum abest , inquit , uz perinde, ac de hominum est vitd merita, laudetur, ut a multis etiam vituperetur. Vituperare quisquam vite parentem ac hoc par- ricidio se inquinare audet ? et tam impie ingratus esse, ut eam accuset, quam vereri deberet , etiamsi minus percipere potuisset ? Et recte profecto! aliud enim est philosophia, et aliud philo- sophus ; plane sicut aliud est religio, et aliud religionis minister. — Quodsi secus id esset, atque, quod in rerum usu ab hominibus peccatur , id isi imputari potest rebus : nescio ego quidem, utrum philosophize, an vero religionis honor in majus præsentiusque pe- riculum foret adductus ..... Nunquam itaque, Senecæ verba sunt, in tantum conealescet nequitia, nunquam. sic contra virtutes con- Jurabitur , ut non philosophie nomen sacrum et venerabile maneat. Atque hæc, quantumvis modice tenuiterque dicta , et logices stu- dium abunde commendant , et honorem, qui illi universæque phi- losophie debetur, tutissimo certe loco ponunt. — Faxit Deus optimus maximus , ut et mihi in Alumnorum amore, in Collega- rum amicitia et in superiorum benevolentia par ac sque certum firmumque paratum sit presidium ! DIXE PETRI DE RYCKERE, JURISCONSULTI ET ANTECESSORIS . REGLEQUE BONARUM ARTIUM ET LITT. SOCIETATIS GANDAVENSIS SOCII $ ORATIO INAUGURALIS DE ELEGANTIORI JURIS ROMANI STUDIO, A. D. IV NOV. 1817 PUBLICE HABITA , QUUM IN ACADEMIA GANDAVENSI, RECENS CONSTITUTA, ORDINARIAM JURIS ROMANI PROFESSIONEM AUSPICARETUR. DDPDDDDDDDID DDD DDD DoeCEECCCCCCCCES CCE ORATIO INAUGURALIS DE ELEGANTIORI JURIS ROMANI STUDIO; A. D. IV NOV. 1817 PUBLICE DICTA A PETRO DE RYCKERE, QUUM | In Academia Gandavensi , recens constituta, ordinariam Juris Romani Professionem solemniter auspicaretur. VIII AMPLISSIMI, ACADEMIE CURATORES ! Macnirice RECTOR, CÆTERIQUE ARTIUM AG DISCIPLI- NARUM PROFESSORES , COLLEGA CONIUNCTISSIMI! CARISSIMI COMMILITONES ! VosQUE CATERI OMNIUM ORDINUM ÁUDITORES ORNA= TISSIMI ! y auiist»ol nibo 1 Gnaruzon vobis gaudium vestrum, vehementerque lætor illuxisse tandem gratissimum diem, quem jam dudum ut existeret ali- quando tot ardentibus sæpe votis exoptavimus, ubi regia prorsus liberalitate ac munificentia partam apud nos Academiam solem- niter inauguramus! Ex quo enim Princeps noster amantissimus , post tributum nobis otium triumphale acceptumque publicæ pacis obsidem regalem hymenseum, constituendam hac in urbe Acade- (4) miam decrevisset; omnis tanti in nos collati. muneris æquus æsti- mator avidissimo quodam animi fervore et impatientia in illud anhelabat temporis. punctum, quo insigne illud regis beneficium acquisitum plane ac præsens cerneret. Non latebat scilicet quan- tum ornamenti, quantum subsidii ex perfectiori liberalium scien- tiarum doctrina, artiumque se mutuo juvantium quasi congloba- tione ad puriorem litteraturæ gustum et in quolibet doctrinæ ge- nere Belgici nominis gloriam tuendam promovendamque redun- daret. Quod cum ego in provincia mihi demandata demonstrandum aggredior, de elegantiori Juris Romani studio dicturus, utilitate argumenti , tenuitatis me meæ veniam a vobis consecuturum confido. Quod in plerisque liberalium artium disciplinis observare licet , scientias prope omnes tam arcto inter se necessitudinis vinculo co- herere, ut aliz aliis non eximium modo ornamentum, sed egregiam quoque præstent utilitatem, id presertim illi, qui ad elegantioris Juris- prudentiæ laudem aspirant, sibi habeant persuasum oportet ; neque verum umquam Jurisconsulti nomen se adepturos sperent, si ex- sangui prorsus ac nuda legum cognitione contenti cæterarum om- - nium artium expertes existant. Cum enim tam late pateat Juris- consulti officium, ut , si doctrinæ ipsi necessariæ mensura quaeratur, non alia profecto quam ipsa legum rerumque litigiosarum immen- sitas statui possit, neque quid scire, sed quid ignorare ei liceat potius. sit inquirendum ; manifestum. omnibus esse debet, nihil esse ei pretermittendum , quod, ultra accuratam legum scientiam , ad rationis ingeniique cultum tendere possit. Quum tamen pre humani ingenii angustiis, in tanta rerum diver- sitale ac copia, quæ ad elegantioris, Juris doctrinam. conducunt, delectu. quodam. ac selectione opus sit, non abs re me facturum > (5) putavi, si litterarum super ac philosophiæ cognitionibus ; quee huie potissimum scopo inserviunt, pauca dissererem : quarum quidem disciplinarum justo veluti connubio, nescio quid præclarum ac sin- gulare solet in Jurisprudentia existere, quarumque alterutrius ne- glectu mancum sonda sterile ac jejunum jaceat Juris Lee necesse est. “Quod Seneca olim de otio prædicabat, illud nempe sine litteris mortem esse et vivi hominis sepulturam, idem ferme de nuda illa Juris cognitione, omni litterarum auxilio orbata, affirmare eamque Jurisprudentiæ mutilum quasi cadaver appellare licet. Tanta quippe estharum disciplinarum inter se conjunctio , ut sibi lucem mutuo fæ- nerentur, utque idem ferme utrisque sit ortus et Occasus; ex quo enim excitatum erat Juris studium, visa et non longo post tempore renasci litterarum elegantia, eaque semper Jurisprudentia fata ex- perta est , ut, "^ mm i — idem une an: Civili: uel ten iyi Sum ars) wine i Ut autem id étuis linai ponite vobis ob oculos omnes Ju- risconsulti partes ‚ omnia ejus officia, sive in foro, sive in subsel- lis, sive in publicarum rerum negotiis versetur, animo et cogita- tione percurrite : nulla omnino reperietis, quee non litterarum auxi- lic indigeant. llle quippe sunt que mentem” perficiunt; ingenium acuunt, judicium formant, et perfectiori legum: —— b rende planissimam- viam substernunt. ! Scilicet hane tantam Jurisconsulti laudem, ad tot tamque late diffusas partes obeundas aptitudinem non inerudita scientia, non crudum Juris studium, sed mentis quedam elaborata perfectio; sed acies ingenii et prudentia Juris et pulcherrimis rebus informati, sed animi“ humaniorum exculti scientiarum ornamentis potentia parit ; (6) ita ut, fis omnibus . detractis „nudus, tibi plerumque existat. ex Jurisconsulto rabula ac miserrimus leguleius. Ad Econtra contemplemini virum his litterarum presidiis instructum. Quam clare, quam ordinate, quam nervose sua proponit, asserit , probat! Sive enim nativam sermonis puritatem , sive splendorem et copiam , sententiarum pondera, rationum momenta, argumen- torum vim intueri sit animus, id totum ex hac uberrima litterarum scaturigine promanat. Quid de illa rerum omnium regina eloquentia? Hoc togam sibi quam maxime vindicat , hzc nullam Jurisconsulti partem immunem sui esse patitur ; conscendit cathedram , dominatur in foro, regnat in curia, ubique triumphat. Hæc si absit, si exuletur, quid conciones , quid causarum per- actio , nisi inanis loquacitas , imo mera barbaries, mera. infantia? Sed ne, ut Ixion pro Junone nubem , ita Juris studiosus pro vera ac germana eloquentia fucatam quamdam speciem multis dic- tionum pigmentis phaleratam, crebrisve acuminum et sententiola- rum non tam luminibus quam seintillis micantem amplectatur ; nulla profecto arte melius assequetur, quam si. elegantiorum litie- rarum studio, in quibus scilicet. succus ille et sanguis incorruptus sanioris eloquentiæ vigeat, adversus depravati gustus corruptelam quasi sepimento sese studet premunire, Ex hac enim optimorum. Scriptorum consuetudine accedit Jurisprudentiz id quod ebori, quod gemmæ addit manus artificis, nova lux , novum decus, nova opes: - hinc mirabilis hæc scribendi ac dicendi facultas colorem omnem ac- quirit ac vigorem ; huic purissimo litterarum igni ardentiores inter- dum faces suas accendit: hinc elegantem non minus quam mascu- lem dictionem , copiam ; lepores arcessit ; hinc, uti et gratias ; (7) uti et veneres , fulmen ome suum. ac. tonitru Dares mu» tuatur. - Hoc dia Jap ura docentur ej Academia, 4 dt cleghntiótes simul littere divinarumque et humanarum rerum sciendiee tra- duntur : nec ob aliam causam tot viri: omni eruditionis laude ful- gentes , quos Collegas meos appellare et gaudeo et glorior, ad hoc illustre bonze mentis domicilium undique: accesserunt, quam ne cuiquam aliquid ad uberiorem in quacumque: parte doctrinam capes- sendam deesse posset. Pudeat ergo illos, qui omnem politioris litte- raturæ gustum ita exuerint , ut in hoc feraci præstantium Juriscon- sultorum Belgio, tamquam in deserto agro , omnem Jurisprudentiæ elegantioris fœtum repressum , exustumque florem exarescere in perpetuum cuperent! Aliter profecto judicavit Rex noster sapien- tissimus : istic domicilium ; istic patriam, istic liberalium artium omnium sacrarium ac sedem esse voluit, ut ex desiderando illo scientiarum connubio quælibet quoque disciplina major atque excel- - lentior existat." Quid: enim ingeniorum. magis elimat aciem , vim et subtilitatem acuit certius, quam concursus ille et omnium ar- tium in Academia quasi conflictus? . ^ aov 075v Baer "Etenim pleræque artes sibi sole non ;Pufüciunt ; si nude, si solitarie remanent, nimia quadam subtilitate et unius aliunde: non satis illuminati objectus intuitu frangunt atque concidunt quidquid est in homine generosius; omnem succum ingenii bibunt et ossa detegunt. Idem profecto est de Jurisprudentia ; adeo ut, qui in ea excellere, qui locum "aliquem ; non inter circumforaneos illos cla- matòres, sed inter veros ac graves et veterum. illorum simillimos Jurisconsultos obtinere meditatur, animum quoque ad litteras ad- jungat necesse ſit. Non enim hic agimus de qualicumque Juris (8) cognitione comparanda ; que in leguleium forte aut formularum cantorem conveniret; sed de tali que juvenem fortem decet atque alti spiritus, cujus unicum est hoc propositum, ut in causis agen- dis vel judicandis talem se aliquando probet Jurisconsultum , qui non nudum usum forensem, non barbaram atque impexam, sed veram Jurisprudentiam didicisse credendus sit, sicque omnibus in- dustriæ nervis ad illam Jurisconsulti laudem aspiret , quam tuetur nemo, nisi summam quoque contulerit ad studia humanitatis ex- colenda contentionem. | E meh Nec vero plurimum modo utilitatis et ornamenti conferunt litteræ ad Jurisprudentiam, ast suo lepore atque amoenitate severioris illius studii asperitatem mire obleniunt ac temperant ; ita ut incredibili earum voluptate delectata et quasi refecta mens alacriori postea nisu in civilem sapientiam incumbat, Secedant ergo morosi ac obese naris homines , infelici prorsus ac Minerve. inviso sidere pro- geniti, qui vel poetam tangere Jurisconsulto néfas ducunt et non nisi Apollinem plane exsecratis Themidos adytum ‘patere existi- mant. | | | Infelices vero vos omnes, cordati Juvenes, qui dulciori hactenus Musarum lacte, quasi quotidiano cibo , aliti, ad pulcherrimam hanc, at multo tamen asperiorem Juris scientiam animum adjunxistis , si ulla sine intercapedine codicum rubricis insudare , si non aliquam saltem succisivi temporis horulam ad necessariam spiritus rélaxatio- nem tribuere , nec tanto huic voluptatum fonti exsiccata identidem labra admovere concedatur ! Ergone jam «eternum vale dixistis illis, illis quondam vestris deliciis, ipsarum “Gratiarum manu contextis operibus ? Ergone quos avida. nuper bibistis aure, Venusini oloris et Mantuani divinique illius Meonidis suavissimi pariter ac su- 69) blimes accentus verpennt vobis Re Non jam lieebit in remoto gee, ERE t Qua ia. ingens „alhaqne * . Unten hospitalem consociare amant, — dulciter philosophari cum Horatio, et in ¢repidanti rivuli fugacis lympha, aut in evanido rose decore mortalium vitæ intueri spe- culum : nec fas erit exinde recubantes sub fagi tegmine audire per sylvas resonans. formose nomen Amaryllidis ; } aut opacum captan- tes frigus ad fontis undam pendentes procul de rupe mirari capellas ! O quam cerebro his vestris amoribus inexorabili adeo rigore avulsi , quemadmodum Virgilianus ille juvenis, vos dulces quoque remi niscemini Argos ! jam vidéor vos, in arentibus quasi Ey bie arenis i destitütos audire ingemiscentes PALAU Tao laser. cS” Wb ampi D Sperchiusque et virginibus bacchata Lacenis Taygeta! O quis me gelidis in vallibus Hæmi Sistat , et ingenti ramorum protegat umbra ! Deponite vero hunc timorem, generosi Juvenes, nec exitiale adeo dissidium Themidem inter ac Musas existere arbitremini : li- cebit utique , modo delectus adsit, carpere undique obvium ac li- bare egregium native venustatis florem ; ex qua quidem perutili mentis recreatione non tantum incredibili quadam dulcedine altiora ‘Studia condiantur, sed insidens quoque ex illa familiari optimorüm Scriptorum consuetudine species pulchritudinis "eximia quædam „paulatim animum coloret ac roboret , donec denique, in succum et sanguinem versa, rapiat etiam non cogitantes ad similitudinem sui æisque exquisitum quemdam nitoris ac elegantiæ gustum ingeneret. Sic demper senserunt quicumque sive ex antiquis, sive ex recentio- ribus in re legitima floruerunt, qui non nisi decurso artium li- beralium stadio ad hoc studium se contulere : sic quoque sensit lg 9! TUT 2 (10) Rex noster, dum perfectioribus litterarum disciplinis imbuendos esse juvenes antequam Jurisprudentie sacris initientur , decrevit. Suasor tamen sim ut, sicut apud Homerum "Ulysses i in illo diuturno er- rore sepe lthacam yersus reflectebat oculos ; sic'et juris studiosus per litteras elegantiores ita peregrinetur , ut omnia referens ad Ju- risprudentiam , eamdem: sibi veluti. patriam statuat: Hac studia hocce consilio inita et philosophie adjuncta disciplinis Sulpicios, Labeones , Julianos, Papinianos , Ulpianos aliaque. Themidi nota nomina Romano quondam orbi dedere.: hac, hec sunt illa. pr&- clara meditamenta quibus preluserunt insigni illi doctrine quam in illorum fragmentis omnis posteritas, admiratur, Hæc eadem. poste- riori vo Cujacios, Daguessæos ceterosque summæ note Juriscon- sultos , qui hac via ad nominis immortalitatem. enitebantur , in excelsum lame theatrum extulerunt. Ex hac praeterea literarum, historiæ, prairie bcn nescio quid erecti atque excelsi ingenio accedat. Ez quippe titillatione qua- dam honestissim:e. voluptatis nos primo alliciunt, allectos preceptis ac exemplis: saluberrimis. complent į nec tantum bene dicendi, ve- rum etiam bene vivendi, commonstrant vias : quorum utrumque cum omnibus sit perutile , tum in primis Jurisconsulto, "utpote qui ex Ciceroniana eaque accuratiori definitione , sit, per excellentiam, vir probus dicendi et scribendi de jure peritus. Illic enim illustrium: vi- rorum praeclara facinora, illic continentiæ , gravitatis, justitize , fidei, atque omnis denique fortitudinis exempla continuo: obversantur , excitant in animis igniculos gloria, et virtutis splendorem vitiorumque deformitatem. vivis. ac spirantibus coloribus ‘adumbrant. Olim tro- pea Miltiadis excitabant e somno immortale. illud Grecia: decüs, 'Themistoclem ; quanto eos acrius incendi ac inflammari necesse est , qui quotidie non unius , sed innumerabilium hominum virtute præs- Gun) tantium tropa, non e marmore constituta ad exigui. prædicationem temporis, sed ad omnem. zeternitatem| consecrata litteris intuentur * .: Hisce virtutis ac gloriæ incitamentis consequetur, Juris. studiosus. invictum ; illud pectoris robur animumque generosiorem quibus tantopere. enituere summi illi veteres Jurisconsulti. Hac ei postea in defendendo cives suos adversus iniquorum. fraudes, vindictam, «calumnias , masculam sufficiet animi. firmitudinem. Non illum vo- luptatum illecebræ , non aurum, non. gratia, non minæ a pulcher- rimi. ministerii officio ac. honestatis ratione. ‚deterrebunt ; terror, qui prosternit vulgares animas, nobiliorem. motum et elationem spiritui addet ; cum periculo. crescet ipsius constantia ; alter fiet Papinianus, qui cum a teterrimo monstro, eoque tamen tempore „Romanorum. Imperatore „rogatus esset, ut atrocem fratris cedem. solemni pane- gyrico excusaret ; quamquam et mortem repulse premium et districtum carnificis gladium cervici imminentem jam animo, cer- neret, memor tamen sui officii, nec quid Tyrannus, sed quid. virtus , quid dignitas imperabat intuens , facilius committi parrici- dium, quam excusari viriliter e atque ita. aem ‘devo- tus fortem lubens projecit animam. j 1 00510 L onpi . Fruere vero, fruere hac tua iuit nobilis de Le Non. totum tjiBapiniane ; operit tumulus ;. meliore tui parte superstes, semper vives in crescenti posteritatis applausu ac laudibus. En! adstat urnee - vigil historia; hinc. gloria lauream tibi prætendit immortalem , hinc perpetuam Caracalle fronti ignominize notam. candenti ferro. inurit ! ~ Quod si ab enumeratis- hactenus litterarum. dotibus, in antiqui- tatum. praesertim . Romanarum non utilitatem modo, verum. etiam necessitatem ad elegantiorem civilis sapientiae cognitionem. promo- vendam. delabamur ; saluberrimum harum. artium in Jurispruden- (12°) tiam influxum magis magisque admiremur oportet: scilicet cum tota reipublice ac imperii Romani facies adeo frequenter versa atque immutata fuerit, ut nullum retineret veteris forma’ vesti- giurn , aliæ essent consuetudines , aliæ leges, alia religio, alii magis- stratus, alia judicia; sine præclaro illo historiarum lumine plurima Juris capita densissima offunderentur caligine : neque vero legum | interdum dissonantiam et inter se oppositionem’, nec frequentes Juris mutationes aut legislationis Romana vicissitudines et instabili- tatem recte et ad amussim quis intelliget, nisi accuratiori antiqui- iatum cognitione calleat. Homines autem hujus: reipublice i ignari cujus statuta ac leges tractant, quam frigide, quam jejune, quam misere Jus interpretantur! De rebus máxime scitu necessariis haud" aliter plerumque judicant, quam cæci de coloribus; et, tamquam in illuni nocte sine lumine errantes, sepe offendunt , "sepe labuntur, sepe quovis potius, quam quo instituerant perveniunt (i): übi econtra, sisquis paulo plus preesidii historiarum ad Jurisprudentiam contu- lerit, plerasque quas habebit obvias difficultates in fumum abituras animadvertet. Eténirh hec: excellens antiquitatum scientia facem ubique Jurisprudentiæ præfert, in tenebris alias ambulature ; fontes aperit ex quibus leges emanarunt, indicat circumstantias quibus ortum debuere, in abditissima consuetudinum penetrat, et levato sæculorum ‘velo, obrutam multa annorum nocte veritatem eruit atque, avulsam quasi temporis ex faucibus praedam , in Jue luce spectandam proponit. Ann Mentis ita vacuitate naturali istis suivant litterarum the- sauris impleta atque exsatiata, cum solidioris in re quacumque fa) Vid. A. And. Muret, opera. ex edit. Dav. Rulinkénii, tom. 1. pag: 188. (13) profectus, teste Horatio, sapere sit et principium et fons , Jurispru- dentiæ elegantiori operam navaturus optime rationibus suis consu- let, si præcipüis saltem philosophiæ disciplinis, we agen, intensius paulo inhæreat. Omnes nempe ignorantiæ he Fast nascimur ; plurimi preterea: errores, insulse in vulgus sparse opiniones, præpostera judicia, ex prava sepius institutione contracta , tenebris tenebras ad- dentes densiorem multo caliginem offundunt : his veluti malorum. cumulus accedit damnandus ille plurimorum habitus, quo, pulcher- rimo numinis divini munere veluti abdicato, ad similitudinem ma- gis, quam ad rationem componuntur; perpauca veritate, opinione quam plurima æstimant, et, ut preclare Seneca, pecudum ritu. sequuntur antecedentium gregem, euntes non qua eundum est, sed qua itur : hinc multa quotidie videmus in pretio haberi, que’ tamquam ex tripode dicta homines suspiciunt, arripiunt , exos- culantur ; ubi tamen, in philosophize ac recta rationis lance exac- tius librata, nihil nisi næniæ merzeque allucinationes deprehenduntur. Hine philosophorum artium , ac Dialectices in primis, necessitas ; quarum presidio, teterrima illa errorum nocte ac cæcitatis human. tenebris dispulsis ac fugatis, ex obscurarum falsarumve notionum labyrintho in pulcherrima veritatis luce continuo versabimur ; nec majori tantum cum dignitate gressuque firmiori per communes peregrinabimur vitæ civilis partes , sed eximios harum quoque ef- fectus in Juris studio mirifice experiemur, quibus tandem tuendo erimus insignes illos; quos impertit Ulpianus Jurisconsultis ; titulos, Sacerdotum puta Justitie, qui equi ac boni solidis fundamentis adstructi notitiam profitentur ; equum ab iniquo separantes , licitum ab illicito ;.... veram itaque philosophiam non simulatam affectantes. 1 (14) Enimvero sicut alie omnino artes ac discipline mutilæ sunt et imperfectæ, imo facillime concidunt, nisi splendorem suum et: firt mitatem mutuentur a Logica, ita et quam maxime Jurisprudentia ejus auxilio indiget. Ab illa quippe pendet ars interpretandi, nec rectæ interpretationis regulæ quid aliud sunt, quam ipsius rectæ ratiocinationis ad genuinam legum mentem sensumque verborum eruendum accommodatio. Hinc ipsius usus ac necessitas patet. Sci- licet præcipuus legis character est brevitas quædam imperatoria , que ad majestatem confert. Legislator, ut ait Visigothorum lex, non disceptatione debet uti sed Jure, et propterea Seneca: nihil sibi videri aiebat frigidius, nihil ineptius , quam legem cum prologo: sed quo magis rationes legis latent et in obscuro sunt, eó magis allaborandum, ut, duce Logica, appareant et. detegantur; alias enim, quasi Ariadneo filo destituti, in interpretatione legum earum- que applicatione gravissime errabimus : « que enim lex , ait Cicero, quod testamentum, que judicia, stipulationes aut pacti et conventi formula non infirmari potest, si ad verba rem deflectere velimus, consilium autem eorum qui scripserunt, et rationem et auctoritatem relinquamus » . Hac vero insigni Dialectices ope et solutionis princi- pium reperire et levi admodum negotio factis legibus non expres- sis legum aptare sententiam edocemur ; quod cum animadverteret summum illud Gallicae Curie ornamentum Daguessæus , non du- bitavit asserere, Justitie templum huic non minus scientie. quam legibus esse dicatum; solidamque illam doctrinam, quee genuinas legum rationes, ac mentem patefacit, ipsarum. legum cognitione multo. potiorem: preedicabat , juxta illud veteris Jurisconsulti : scire leges non esse verba earum tenere , sed vim ac. potestatem. Sic demum prosperis avibus ad elegantiorem Juris Romani scien- (15) tam perveniemus. Missam faciemus horridam i illam atque barbaram multisque subtilitatum implicatam nexibus, quas qui proſitentur Gee eis accommodavero id quod Cato de aruspicibus, nescire se Fare dine e possent, cum in mutuum conspectum venirent, 7 am iE — ^ sophista Z Par sectatores falsique esse de AS jam. multis pre att non nisi summo studio, cA summo l abore addiseatur. i 1 . os vero, | id ‚url, po potissimum fori esse ducimus., non AMOO ~ M de industria q quesitas antinomias contradictionesque i in legibus sta- pun X urrant, conciliare rfec stemati pe Sl verum y si que occurran periectemque tene egal is harmoniam perspicua, methodo. tradere allaborabimus. Nihil enim magi arbitror, discentium animos a pulcherrimo Juris studendi 1 QUE 7 prop sito eterrere, quam s subtilior illa intricatioris Juris i investigatio; as KD idem movendi « difficultates pruritu, qui e ex sequioris ævi ie atq que habitu, ut ita dicam, pedantico progenitus i in qui- ao olim i scholis invaluit, nescio an quid insulsius solidisque in hoc studio progressibus fanestius excogitari possit. Cum enim scientiæ limine vixdum salutato, nulla aut certe pertenui, princi- Prem notione t tradita , debiliora adhuc adolescentium i ingenia indi- yt t p y esta aut sem r intem estiva disputationum. mole obruere ant: od PES per intemp proi properant, contingere natum est id quod stomachis gravatis acci- y A 1.130 dere animadvertimus , „ut non solum cibos, quibus se ingurgitarunt, haud con ed et dox RE ba valeant. d sed etiam solidioribus 1s postea. spits igeren isque plane inepti reddantur. Ubi, ‚vero politioris ævi gustus subactior antiquam “te co cni uem deterserat, mirum; quantus inde studiis creverit honos et utili- (16) tas! Absirusiores disceptationes atque informis illius et pene sub- rusticæ eruditionis ostentatio locum cessere magis legitimæ docendi methodo atque aureæ illi, in primis cathedram decenti, simplicitati, que ad rudiorum quorumque captum sese accommodat, laudisque proprie immemor solam discentium utilitatem tamquam unicum eumque pulcherrimum scopum sibi proponit. Exhinc cavillationes, argutiores illæ corrupti juris fallaci, quee antea quasi civitate do- nate in scholis passim dominabantur, æquioris judicii trutina libratæ ex Academiarum sacrario plane exulare jussæ sunt : sensere enim sapientissimi viri, non separandum esse Jus ab zequitate, The- midemque et Astræam in unum veluti Numen coalescere voluerunt, memores illius Ciceroniani : Jus semper quærendum esse æquabile, neque enim aliter jus esse... et qui aliter Jus Civile tradunt, non tam Justitiæ, quam litigandi tradere vids. Sed ut redeat illuc, unde materiæ utilitate allecta paulatim aber. ravit oratio; vidimus, À. À. , quæ duo potissimum ad elegantio- rem Juris Romani cognitionem perducunt, litteras nimirum ac philosophiam , vidimus quid inter veri nominis Jurisconsultum et empiricum , ut ita dicam, intersit, qui de exacta ac politiore Juris scientia parum sollicitus , istius pulcherrimæ vs ren pretium ex lucro vel fama statuit. At nostrorum temporum ea est felicitas, ut de hujuscemodi fur- furis hominibus nulla sit apud nos existimatio : etenim hac nostra patria tot tantisque viris in elegantiori hac legum doctrina apprime versatis tantopere excellit atque eminet, ut curiæ ipsæ, mehercule , et tribunalia, hisce luminĩbus atque ornamentis ad summum digni- tatis et glorie fastigium evecta superbiant. Hos, patrie decora, viros, hee probata Themidi nomina æmuletur juventus ad Juris- (17) prudentiam animum appellens, horum sibi exempla proponat; quos cum omni virtutum Jurisconsultum in primis decentium laude insignes , tum Juris et doctrinarum omnium disciplinis eximios suspiciat ac admiretur , omnes sibi industrie nervos intendendos existimet, ut simili via, simili labore nomen suum civium me- morie gratitudinique commendet. Vos itaque , florentissimi Juvenes, patrie , parentum spes ac vo- luptas, qui preesertim Jurisprudentiæ sacris vos devovetis, alacri ani- mo in hanc nobilem disciplinam incumbite : et si quæ doctrinæ vos premia alliciunt, si virtutis ac honoris studium accendit , si clarissimorum virorum exempla movent, neu oblatam vobis tanti boni consequendi occasionem torpore atque ignavia evolare patia- mini. Memineritis vos Belgas esse. .. Quid possit Belgica for- titudo documento estis, fumantes adhuc hostili sanguine vereque palmares campi Waterloici! Vos, carissimi Commilitones, quid Belgarum ingenium, quid et eruditio valeat, litterato orbi aliquando spectaculum. prebitote, ne, cæteris omnibus pares, in hoc uno su- perari videamur. Faxit summus ille rerum Arbiter , ut egregium hunc olim Academiæ fructum nobis gratulemur! Faxit ut ipsa heec Academia et Regis et patrie exspectatione digna semper existat! DISCOURS A LOUVERTURE DES COURS D'ASTRONOMIE, DE GÉOMÉTRIE ET D'ARITHMETIQUE, A LUNIVERSITÉ DE GAND; PAR J. G. GARNIER, PROFESSEUR A CETTE UNIVERSITÉ, MEMBRE DE L'ACa- DÉMIE ROYALE DE BRUXELLES, DE LA SOCIÉTÉ DES BEAUX- ARTS DE GAND, ET ANCIEN PROFESSEUR AUX ÉCOLES ROYALE POLYTECHNIQUE ET MILITAIRE DE S.'=CYR. FDD DISCOURS | cepo)" SUR | eye 4 la séance d'ouverture de ce Cours, le novembre 1817, T par J. G. GARNIER. L/'asraowowiz, par la dignité de son objet et la perfection ac- tuelle de sa théorie, est le plus beau monument de l'esprit hu- main, et le titre le plus noble de son intelligence. Séduit par les illusions des sens et de l'amour propre , l'homme sest regardé long-temps comme placé au centre du monde ou du mouvement dés astres, et son vain orgueil se complaisait dans cette hypothèse incompatible avec la majesté de la création. Enfin, plusieurs siècles de travaux ont fait tomber le voile qui lui cachait le vrai système du. monde. C'est de ces travaux que nous allons tracer une esquisse, x (2) La marche de l'astronomie a été long-temps embarrassée et incertaine, et les vérités dont elle sest lentement enrichie , ont été souvent alliées à des erréurs dont l'observation et les progrès des sciences accessoires l'ont successivement dégagée. Aussi a-t-on dit qu'elle est fille du temps. L'histoire de cette science offre trois époques: la preraüne la considère depuis sa naissance (1) jusqu'à la fondation de la fameuse école d'Alexandrie ; il parait que l'astronomie» pratique des pre- miers temps, se bornait aux observations des levers et. des cou- chers des principales étoiles , de leurs occultations par la lune et les planètes, et à celles des éclipses; on suivait la marche du soleil au moyen des étoiles qu'effacait la lumiere des crépuscules, et des variations des ombres méridiennes des gnomons; on déter- minait le mouvement des planètes par les étoiles dont elles sap- prochaient dans leur cours : pour connaître ces astres et leurs mouvemens divers, on partagea le ciel en constellations, et la zone céleste nommée zodiaque dont le soleil, la lune et les pla- nètes alors connues, ne s'écartaient jamais, fut divisée en douze constellations. Les Chinois sont de tous les peuples celui dont les annales nous offrent les plus anciennes Observations que l'on puisse employer: malheureusement. l'incendie de leurs livres, qu'un de leurs Empereurs ordonna 230 ans avant notre Ere, en a fait dis- paraître beaucoup. En Chaldée et dans l'ancienne Egypte, lastro- nomie ne fut cultivée que dans les temples, par des prêtres qui fondérent sur elle des: — dont ils étaient les ministres. T: $ a ij : (a) Suivant une tradition tonstante renouvelés de “siècle en siècle , Jes bergers de Chaldée, placés sous le ciel le plus pur, jetèrent les fondemens de Pastrohomje. (3) Les mages ou prêtres de l'Égypte, appliqués par les lois de leur institution, à étudier et à recueillir les secrets de la nature, étaient devenus les dépositaires et les dispensateurs de toutes les connais- sances humaines, on venait de toute part les consulter et s ins- truire dans leur commerce: ils auraient mérité sans restriction le respect et la reconnaissance des hommes, si, contens de les éclairer, ils n'eussent pas cherché: à les tromper quelquefois, et à couvrir sous des voiles sacrés, l'orgueilleuse ambition de les gouverner. Liantique réputation des Indiens ne permet pas de douter qu'ils aient, dans tous les temps , cultivé l'astronomie: on sait que cest de l'Inde que nous vient l'ingénieuse méthode d'exprimer tous les nombres avec dix caractères, et que lorsque les Grecs et les Arabes commencèrent à se livrer aux sciences, ils en allèrent puiser chez eux les premiers élémens. Les nombreuses écoles des/Grecs offrent très-peu d'astronomes observateurs : leurs philosophes traitèrent l'astronomie comme une science purement spéculative ; cependant au milieu de leurs rêves, on voit percer sur l'astronomie des idées saines qu'ils recueillirent dans leurs voyages, et qu’ils perfection- nèrent. Thales, né à Milet, Yan 640 avant notre Ere, fonda l'école ionienne ; où on enseigna la sphéricité de la terre, l'obliquité de Técliptique et les véritables causes des éclipses du soleil et de la lune „et-d'où sortit le chef d'une secte très-célèbre , Pythagore , né à Samos , Yan 59o avant. J.-C. : ce philosophe , aprés ses voyages en Égypte et sur les bords du Gange , et forcé de sexiler de sa patrie, se retira en Italie, où il fonda son école dans laquelle il enseigna les deux mouvemens de la terre sur elle-méme et autour du soleil, mais en enveloppant cette vérité dangereuse alors, d'un voile obscur, pour la cacher au vulgaire : bientôt elle fut exposée au grand jour par son - (4 * EPE Philolaus. Suivant les pythagoriciens, les comètes elles-mêmes sont en mouvement autour du soleil, comme la terre et les planè- tés: ces notions parfaitement exactes du système du monde, ont été saisies et présentées par Sénèque, avec l'enthousiasme qu'une - grande idée sur Tun des objets les plus dignes de l'attention: des hommes, doit exciter dans l'ame du philosophe. On pensait encore dans la méme école, que les planétes sont habitées; et que les étoiles sont des soleils disséminés dans l'espace, et les centres d'autant de systèmes planétaires. Ces vues philosophiques auraient du, par leur grandeur. et leur justesse, entrainer les suffrages de l'antiquité ; mais il n'est pas étonnant que leur vérité, contraire aux opinions reçues et aux illusions des sens, ait été méconnue, Environ cent ans après Pythagore , le philosophe Anaxagoras. fut accusé d'im- piété et condamné au, bannissement, pour avoir dit gue le soleil était une masse de matière enflammée; quelques auteurs ajoutent quil n'échappa au dernier. werte - " le crédit bi Péricles, son disciple et son ami. BAH m Passons à la seconde époque. een que nous venons de laisser dans l'enfance, en sort et s'accroît dans l'école d'Alexandrie, qui a duré cinq siècles; les plus célèbres astronomes quelle a produits, sont Hzpparque , dé Nicée en Bithynie, qui vécut dans le second siècle avant J.-C., et Ptolomée, de Ptolomaïde en Egypte, qui fleurit vers l'an 130 de notre Ere. Un phénomène ex- traordinaire, la disparition presque subite d'une étoile de premiere grandeur, engagea le premier de-ces astronomes à faire le dénom- brement des étoiles, à indiquer leurs configurations, leurs posi- tions respectives , etc. pour mettre la postérité en état de recon- naître si elles sont des corps fixément attachés à la voûte du ciel (5) et conservant toujours enir eux les mêmes’ distances; ou si, indépen- damment de leur variation commune en longitude quivest en- core une de ses découvertes, elles ne sont pas d'ailleurs sujettes à d'autres mouvemens irréguliers et inconnus, auquel cas on né pour- rait plus leur rapporter le mouvement des astres errans. Cet in- mense travail fut le fondement sur lequel toute l'astronomie devait reposer. Ce grand homme réduisit en principes la méthode de déterminer la position des objets terrestres par la longitude et la latitude: nous avons de lui d'autres ouvrages , tels que ses recher- ches sur le calendrier, sur le calcul astronomique , ete. Hipparque, sécrie Pline, n'a jamais été assez loué; personne n'a prouvé mieux que lui que l'homme est lié avec le ciel, et que son esprit” est une portion de la divinité;... il a osé déplaire aux Dieux, en faisant connaître aux hommes le nombre des étoiles... , laissant ainsi le ciel en partage * ‘à ceux qui sauraient s'en emparer. Ptolomée , dans son grand ouvrage intitulé l''4/mageste, donna un système complet d'astronomie, bien inférieur à celui de l'école de Pythagore , et qui a duré pendant quatorze siècles : ce livre, considéré comme le dépôt des anciennes observations, est un des plus précieux monu- mens de l'antiquité. Les successeurs d'Hippargue et de Ptolomée se bornèrent à commenter leurs ouvrages , sans ajouter à leurs dé- couvertes ; l'astronomie resta stationnaire pendant un “intervalle de plus de 600 ans, et le flambeau des sciences ne se ralluma que chez les Arabes dont les travaux forment la troisième é , Ce peuple exalté par le fanatisme, après avoir étendu sa religion et ses armes sur une grande partie de la terre; et réduit en cendres la fameuse bibliothèque d'Alexandrie, se lut à peine re- posé dans la paix, qu'il se livra avec ardeur aux sciences et aux | (6) lettres. Vers le milieu du huitième siècle, le Caliſe Almanzor encouragea l'astronomie d'une manière spéciale ; mais parmi les princes arabes que distingua leur amour pour les sciences, l'his- toire cite principalement Almamon, de la famille des Abassides , et fils du fameux Aaron-al-Raschild qui régnait à Bagdad, en 814. Les encouragemens donnés à l'astronomie par ce prince, produisirent un grand nombre d'astronomes arabes auxquels on doit une multitude prodigieuse d'observations , et qui se sont fort occupés de la perfection des instrumens d'astronomie. Les Perses, soumis long-temps aux mêmes souverains que les Arabes, secouè- rent le joug des califes vers le milieu du onzième siècle, et plu- sieurs de leurs princes montrèrent une grande passion pour las- tronomie. Les annales de la Chine nous ont offert les plus an- ciennes observations astronomiques; elles nous présentent encore, vingt-quatre siècles aprés, les observations les plus précises que lon ait faites avant le renouvellement de l'astronomie, et méme avant l'application du télescope ‘au quart de cercle. L'histoire de l'Amérique ; avant sa conquête par les Espagnols, nous montre quelques vestiges d'astronomie ; car les notions les plus élémentaires de cette science, ont été chez tous les peuples, les premiers fruits de leur civilisation. Il existe dans les nombreux manuscrits que renferment nos bi- bliotheques , beaucoup d'observations anciennes encore inconnues, qui répandraient un grand. jour sur l'astronomie, et spécialement sur les inégalités séculaires des mouvemens célestes. Leur recherche doit donc fixer l'attention des savans versés dans les langues orien- tales; car les grandes variations du système du monde, ne sont pas moins intéressantes à connaître que les révolutions des empires. ETS Nous en sommes à l'histoire de l'astronomie dans l'Europe mo- derne qui doit aux Arabes les premiers rayons de lumière qui ont dissipé les ténèbres dont elle a été enveloppée penai plus de douze siècles, - Alphonse, roi de Castille, qui a commencé à régner en 1252 et qui est mort en 1284, fut un des premiers souverains qui encouragèrent l'astronomie renaissante en Europe ; mais il fut mal secondé par les astronomes quil avait réunis. Doué d'un esprit juste, Alphonse était choqué de la complication. des mouvemens célestes : Si Dieu, disait-il, m'avait appelé à son conseil, les choses eussent été dans un meilleur ordre. Par ces mots qui furent taxés d'impiété , il faisait entendre que l'on était encore loin de connaître le vrai mécanisme de l'univers. | Dans le quinzième siècle , Purbach et PT sont les plus grands promoteurs de l'astronomie; mais ce qui fait le plus d'honneur au premier est d'avoir formé le second qui donna plu- sieurs tradüctions en latin, d'ouvrages mathématiques grecs, et entr'autres une trés-estimée de lAlmageste de Ptolomée : son traité de Trigonometrie rectiligne et sphérique, est remarquable par plusieurs nouveautés. Sa réputation détermina le Sénat de Nuremberg à l'appeler dans cette ville où il forma un observa- toire qu'il garnit de bons instrumens inventés et perfectionnés par lui. On répandit le bruit que les enfans de Georges de Trébisonde, lun des traducteurs de Ptolomée et de Théon, l'avaient fait em- . poisonner pendant son séjour à Rome où il s'était rendu appelé par le pape Sixte IV pour travailler à la réforme du calendrier , et cela parce que cet astronome aurait relevé publiquement. plu- sieurs fautes de leur père dans ses traductions. | (8) -Enfin l'astronomie, sortant de la sphère étroite qui l'avait ren- fermée jusqu'alors, s'éleva par des progrès rapides et continus à la hauteur et à la perfection où nous la voyons aujourd'hui : aussi nous procèderons moins rapidement dans l'exposition de cette par- ‘tie de son histoire. Copernic, né à Thorn, dans la Prusse polonaise, en 1473, choqué, comme Alphonse, roi de Castille, de Yextréme compli- cation du système de Prolomée, chercha dans les livres des anciens philosophes une disposition plus simple de l'univers , et il re- connut que plusieurs d'entreux avaient mis les planètes Mercure et Venus en mouvement autour du soleil; que Nicetas, au rapport de Cicéron, faisait tourner la terre sur son axe, et, par ce moyen, affranchissait la sphère céleste de l'inconcevable vitesse qu'il fallait lui supposer pour accomplir sa révolution diurne. Ces idées lumi- neuses le frappèrent ; il les appliqua aux observations astronomi- ques que le temps avait multipliées, et il eut la satisfaction de les voir se plier sans effort à la théorie du mouvement de la terre. Ce grand homme ne vit dans les mouvemens directs et rétrogra- des des planètes, que des apparences produites par la combinai- son du mouvement de la terre autour du soleil, avec celui des planètes, et il en tira des conséquences que nous ferons connaitre dans ce cours. Enfin, tout annonçait dans ce système cette belle simplicité qui caractérise les œuvres du Créateur qui procède tou- jours par les moyens les plus simples. Les astronomes, dit-il dans sa dédicace au pape Paul III, s'étant permis d'imaginer des cer- cles pour expliquer le mouvement des astres, jai cru pouvoir également examiner si celui de la terre rend plus exacte et plus simple la théorie de ces mouvemens. Toute la doctrine de Copernic (9) est expliquée dans són célèbre ouvrage de revolutionibus celesti- zus, composé vers l'an 1530, mais qui ne parut qu'en 1543: l'auteur mourut le jour même qu'on lui en présenta le premier exemplaire. Ces vérités eurent à vaincre des résistances nées d'un fonds respecté; la religion fut invoquée et mise en œuvre pour détruire un système astronomique, et on tourmenta par des persécutions réitérées l'un de ses plus zélés défenseurs dont nous allons tracer Thistoire; enfin ces idées de Copernic ne prirent une grande fa- veur que vers le commencement du dix-septième siècle , et elles en furent principalement redevables aux travaux et aux malheurs de Galilée qui a bien prouvé qu'une des plus fortes passions de Thomme de génie, est l'amour de la vérité, et qu'il peut lui sa- crifier jusqu'à sa propre existence. Vn heureux hasard venait de faire trouver le plus merveilleux ‘instrument que l'industrie humaine ait imaginé, le télescope qui, en donnant aux observations astronomiques une étendue et une pré- cision inespérées , a fait découvrir dans les cieux de nouveaux mon- des; Galilée, né à Pise en 1564, eut à peine connaissance des premiers essais de cet instrument, quil sattacha à le perfection- ner : en le dirigeant vers les astres, il découvrit les quatre satellites de Jupiter, les phases de Vénus, un nombre infini de petites étoiles dans la voie lactée , l'existence et la hauteur des montagnes de la lune; enfin, il observa les taches et la rotation du soleil, et les apparences singulières occasionnées par l'anneau de Saturne. En publiant ces découvertes, il fit voir qu'elles démontraient le mouvement de la terre en faveur duquel. la probabilité la plus forte et celle sur laquelle il insistait le plus, était l'explication simple et naturelle qu'il en tire des stations et des rétrogradations ^ E (10) des planètes : mais cette doctrine ‘astronomique fut déclarée con- traire aux dogmes religieux. Pour ménager l'opinion sans lui sacrifier la vérité , Galilée imagina de présenter les preuves du mou- vement de la terre, sous la forme de dialogues entre trois interlo- cuteurs, dont l'un défendait le système de Copernic, combattu-par un péripatéticien. Le succès de ces dialogues dans lesquels le défenseur du système de Copernic avait tout l'avantage , et la manière triom- phante avec. laquelle toutes les difficultés contre le mouvement de la terre, y étaient résolues, réveillèrent linquisition qui d'ailleurs ne le perdait pas de vue: Galilée, à läge de 70 ans, fut obligé : de comparaître à son tribunal : on l'enferma dans un cachot où Lon exigea de lui un second désayeu de ses sentimens, avec menace de la peine de relaps, sil continuait d'enseigner la même doctrine, et on lui fit signer cette formule d'abjuration : Moz, Galilée, à la soiscante-discitme année de mon âge, constitué personnellement en justice, étant à genoux, et ayant devant les yeux les saints éan- giles que je touche de mes propres mains d'un cœur et d'une foi sincerès, j'abjure , je maudis.et je déteste l'erreur , l'hérésie du mou- vement de la terre, etc. Quel spectacle, s'écrie M. La Place, que celui d'un vénérable vieillard illustré par une longue vie consacrée toute entière à l'étude de la nature, abjurant à genoux, contre le témoignage de sa propre conscience, la vérité qu'il avait prouvée avec évidence! Un décret de linquisition le condamna à une pri- son perpétuelle ; il fut élargi, aprés une année, par les sollicitations du grand-duc: mais pour l'empêcher de se soustraire au pouvoir de linquisition qui ne pouvait se dessaissir de sa proie, on lui dé- fendit de sortir du territoire de Florence: trop fameux exemple des crimes innombrables qu'un tribunal absurde, fanatique , et toléré (ri) même aujourd'hui, a pu commettre contre la raison humaine! Mais malgré les inquisiteurs et les passages de la Bible qu'on ne cessait d'opposer au mouvement de la terre, le système de Copernic s'affermissait de jour en jour. Galilée mourut à Arcetri, en 1642, emportant les regrets de l'Europe éclairée par ses travaux. On ne doit cependant pas dissimuler qu'on avait proposé contre le mouvement de la terre une difficulté à laquelle Copernic et méme Galilée ne purent répondre dune manière péremptoire , mais dont ils prédirent qu'on trouverait un jour la parfaite ‘solution : c'était qu'en supposant la terre parvenue successivement aux deux extrémités du grand axe de son orbe annuel, on devait trouver une parallaxe, c'est-à-dire, un changement de position dans les étoi- les, ce qui pourtant n'avait pas lieu. Mais plus tard et suivant la prédiction de ces grands hommes, on expliqua le fait par la dis- tance infinie des étoiles, en comparaison de laquelle le grand axe de l'orbe terrestre devenant sensiblement nul, lorbe peut étre considéré comme un point. | vs Le système de Copernic était si simple, si satisfaisant, si con- | forme à toutes les lois de là mécanique et de la physique, qu'il aurait été universellement adopté sans les terribles argumens de linquisition : on doit donc regretter que Tycho - Brahé ait sacrifié ses lumières et peut-être même sa propre conviction à des considérations superstitieuses ; mais pardonnons-lui son erreur ou sa faiblesse en faveur des nombreuses observations et découvertes dont il a enrichi lastronomie : ne pouvant adopter en entier le système de Ptolomée que tout condamnait, Tycho rendit du moins à la terre sa prétendue immobilité, et il faisait tourner autour d'elle d'abord la lune, ensuite le soleil emportant dans \ (12) sa sphère de révolution Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Sa- turne. Or, une telle hypothèse choque presque autant que celle de Piolomee qui supposait qu'autour de la terre immobile, tour- naient dans l'ordre suivant des distances, en partant de son centre, la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. Ainsi le sentiment de Pythagore, embrassé et appuyé de fortes raisons par Aristarque de Samos, ne fut universellement. admis qu'après la mort de Copernic. Revenons à Tycho: il a découvert | deux des inégalités de la lune, dont les deux autres. l'ont été par Hipparque et Ptolomée ; le premier, il a tenu compte des. réfractions dans le calcul astronomique : on lui doit encore les élémens de la théorie des comètes, et d'abord il acheva de démon- trer qu'elles sont des corps solides, contre l'opinion encore exis- tante qu'elles étaient des météores , malgré les réflexions judicieuses de Sénègue. On a donné à Tycho le súrnom | de grand observa- teur : né en 1546, il mourut en 1601. l Kepler, né en 1571, à Viel, dans le duché de verdere Yun de ces hommes rares que la nature donne de temps en temps aux sciences pour en faire éclore les grandes théories préparées par les travaux de plusieurs siècles, doit être regardé comme le créateur de l'astronomie physique: parmi ses titres de gloire, il faut sur- tout compter la découverte des lois des.mouvemens planétaires, et de la courbe que les planètes décrivent autour du soleil. Ayant dé- terminé les dimensions de l'ellipse de Mars, et comparé ensemble les temps qu'à partir de l'une des extrémités du, grand axe de cette ellipse, cette planète employait à faire une révolution entière et une partie quelconque de cette révolution, il trouva que ces deux temps étaient toujours entr'eux dans le rapport de l'aire entière de l'ellipse (13) à celle du secteur compris entre l'arc décrit par la planète et les deux rayons vecteurs menés de ses deux extrémités au soleil. La même: proportion fut. vérifiée pour toutes les autres pla- nétes; on reconnut même qu'elle avait. lieu dans le mouvement des satellites autour de la planète principale: on l'appelle la pre- mitre loi de Kepler ou la loi de la proportionnalité des aires aux temps. Cette importante, découverte en amena une autre non moins remarquable vers laquelle il marcha, pour ainsi dire, à tátons, mais cependant guidé par son génie : elle consiste en ce que les carrés des temps des révolutions entières de deux planètes , sont comme les cubes. des grands axes des ellipses qu'elles décrivent, ce qui est la seconde loi de: Kepler (1). Il était trop près du principe dont ces lois dérivent, pour ne pas le pressentir; la recherche de ce principe exerga bien souvent son imagination active ; mais le moment n'était pas venu de faire ce dernier pas qui, supposait l'invention de la dynamique et du calcul infinitésimal; cependant, au milieu de ‚ses tentatives infructueuses et de ses nombreux écarts, l'enchaine- ment des vérités le conduisit à des vues saines. sur cet objet, con- signées dans l'ouvrage où il présente ses principales découvertes , et qui contient les premiers germes de la mécanique céleste, que Newton et ses successeurs ont si heureusement. développés. On doit être’ étonné que Kepler. n'ait pas appliqué aux comètes les lois du mouvement elliptique des planètes; mais égaré par une ` A ” A reis y es edet de 2 1 * 0) Voyez l'ouvrage ayant pour litre! Astronomia non. . celestis tradita eum commentariis de motibus stelle Martis (1609). On y remarque une imagi- nation vive, féconde en. ressources, et dans quelques passages une éspéce d'en- thousiasme "TT que la grandeur et l'intérêt du — rendent excusables. * (14) imagination ardente, il laissa échapper le fil de Tanalogie, qui devait le conduire à cette grande découverte. Les comètes, sui vant lui, n'étant que des météores engendrés dans ce fluide subtil quon nomme Ether, il négligea d'étudier leurs mouvemens, et il s'arrêta au milieu de la carrière qu'il avait ouverte, laissant à ses successeurs une partie de la gloire qu'il pouvait encore acquérir. - Il est affligeant pour l'esprit humain de voir ce grand homme, méme dans ses derniers ouvrages, se complaire avec délices dans les chimériques explications de la disposition du système solaire, par les lois de l'harmonie musicale, et les regarder comme l'ame et la vie de l'astronomie (1): leur mélange avec ses véritables décou- vertes , fut sans doute la cause pour laquelle les astronomes de son temps, Descartes lui-même et Galilée, qui n'auraient pas manqué d'en tirer parti, ne paraissent pas en avoir senti l'impor- tance: elles n'ont été généralement admises qu'après que Newton en eut fait la base de sa Théorie du’ Système du Monde. Avec autant de droits à l'admiration que lui en assurent ses découvertes en astronomie, ses ouvrages sur l'optique , remplis de choses neu- ves et intéressantes ; le perfectionnement du télescope et sa théorie ; l'explication du mécanisme de la vision, inconnu avant lui; celle de la lumière cendrée de la lune, et son ouvrage intitulé Sze- reometria doliorum, qui présente sur l'infini des vues qui ont influé sur la révolution que la géométrie a éprouvée avant la fin de lavant-dernier siècle, ce grand homme qui préférait la gloire de ses inventions à l'électorat de Saxe, vécut dans la misère, (1) On lit même que Kepler a cru que la terre était un véritable animal vivant, et qu'il regardait le flux et le reflux de la mer, comme Peffet de sa respiration. (15) tandis que i Indrclogia judiciaire , par-tout en: honneur, était magni- fiquement récompensée. Kepler avait obtenu des pensions qui lui furent toujours mal payées; étant allé à la diète de Ratisbonne, pour en solliciter les menge. il mourut dans cette ville, le 15 novembre 1631. Il ordonna qu'on mit sur son tombeau cette épi- taphe qui ne donne pas une haute idée de sa verve poétique : Mensus eram cælos s nunc terre metior umbras; Mens, cælestis erat; corporis umbra jacet. On rencontre vers cette époque Gassendi, né en 1592 et mort en 1655, auquel on doit la première observation d'un passage de Mercure sur le soleil; Horroccius, né en 1619, et mort en 1641, qui fit une semblable. observation. sur Venus; Heévelius (1), né en 1611, et mort en 1688, qui s'est acquis de la célébrité par des observations nombreuses. et délicates sur les taches du soleil et, de la lune, sur le mouvement des cométes, etc.; Riccioli, jésuite , né en 1598, et mort en 1671, qui, à l'exemple de Pzo- Jomée,, a, laissé un grand ouvrage intitulé Almagestum, novum, dans lequel il:a rassemblé toutes les théories. astronomiques ; tra- vail dans lequel il fut aidé par son confrère Grimaldi, auteur d'une sélénographie ; Mouton, chanoine de Lyon, né en 1618. et mort en 1694 , qui détermina les diamètres apparens du soleil et de la lune, et auquel on doit l'heureuse idée des méthodes d'interpolation. Le célèbre Huyghens naquit à La Haye ‚en 1629 : ses travaux suivirent de près ceux de Kepler et de Galilée: très-peu d'hommes ET (1) Hévelius, établi à Dantzick sy shout une preuve singulière de l'estime que Colbert et par suite Louis XIV lui accordaient : aprés un affreux incendie, résultat de la scélératesse d'un de ses domestiques , — lui écrivit que le roi lui faisait un présent de 2000 écus, j (16) ent aussi bien mérité des sciences par Timportance et la sublimité de leurs recherches : l'application du pendule aux horloges, est un des plus beaux présens que Yon ait faits à l'astronomie et à la géographie qui sont redevables de leurs progrès rapides à cette heureuse invention et à celle du télescope dont il perfectionna con- sidérablement la pratique et la théorie (1 J + il nous apprit que les singulières apparences de Saturné, sont produites par un anneau fort mince dont cette planète est entourée; son assiduité à les ob- server, lui fit découvrir un des satellites de Saturne , savoir, le 4.* dans l'ordre des distances à la planète. La géométrie et la méca- nique lui doivent un grand nombre de découvertes ; et si ce rare génie eût eu l'idée de combiner ses théorèmes sur la force cen- trifuge avec ses belles recherches sur les développées; et avec les lois de Kepler, il eüt enlevé à Newton deux de ses titres de gloire, sa théorie des mouvemens curvilignes, et celle de la pe- santeur universelle ou de l'attraction. Ce grand homme alla se fixer à Paris, d'après une invitation qui lui fut faite par Colbert, ainsi qu'à plusieurs savans étrangers, et il publia! dans le sein de l'académie des sciences, son admirable ouvrage de Horologio oscil- latorio : il aurait fini ses jours dans sa nouvelle patrie, sans Pédit désastreux quí, vers la fin de Vavant-dernier siècle, priva la France de tant de citoyens utiles. Huyghens revint à La Haye, où il mou- rut en juin 1695, âgé de 66 ans. | (1) I construisit lui-même deux excellens télescopes Pun de douze pieds , Pau- tre de vingt-quatre pieds de longueur. À cette époque où l'on ne connaissait en- core que six planètes principales, on était imbu de Vidée qu'il ne pouvait y avoir plus de six satellites , savoir: la lune, les quatre satellites de Jupiter: et celui de Saturne qu'il venait de doren : aussi, dans Pépitre dédicatoire au grand-duc de Toscane, de son Systema Saturnium, il déclara qu'on ne pouv ait j us espérer de trouver de nouveaux satellites ; mais il se trompa. (17) Le fameux Jean-Dominique Cassini, ‚né en 1625, fut pareillement attiré à Paris par les bienfaits de Louis XIV. Pendant quarante ans utiles travaux, il enrichit l'astronomie d'une foule de découvertes : on lui doit la théorie des satellites de Jupiter, dont il détermina les mouvemens par les observations de leurs éclipses ; la. découverté de quatre des satellites de Saturne qui, dans l'ordre des distances à la planète , sont le ret, le 2.*, le 3.* et le 5.*; celle de la rotation de Jupiter et de Mars; de la lumière zodiacale ; la connaissance fort approchée de la parallaxe du soleil; une table très-exacte des ré- fractions, et sur-tout la théorie complète de la libration de la lune : il fut secondé dans ses travaux par son digne fils, Jacques Cassini. Après avoir montré brièvement ( 1) par quels efforts successifs l'es- prit humain s'est élevé à la connaissance des mouvemens célestes, il nous reste à faire voir comment il est parvenu à découvrir le principe général dont ces lois dépendent. Le système des tourbillons de Descartes n'ayant pas résisté long- temps aux vérités nouvelles qui lui étaient opposées, nous ne le rappelons ici que comme l'erreur d'un grand homme, d'autant plus séduisante qu elle était soutenue de l'autorité d'un grand nom: mais en posant en principe quil fallait commencer par douter de tout, il nous a lui-même avertis de soumettre ses opinions à un examen sévère, et de nous méfier de ses tourbillons. D était binant a Newton e de nous faire connaitre le principe (1) Nous avons omis les noms d'un grand nombre d'astronomes qui ont plus ou moins concouru aux progrès de cette science, parce que ce n'est pas Phistoire de l'astronomie , mais un simple résumé que nous offrons aux élèves, (2) On annonce en ce moment un ouvrage du général Allix (Y) sur la Théorie - (*) Cet ouvrage a paru dernièrement à Francfort-sur-le-Mein , où l'auteur s'est retiré. 3 (18) général dés mouvemens célestes: la nature , en douant ce grand homme d'un genie prodigieux , prit encore soin de le placer à Mou) à 3 di xut j iub de l'Univers, dont il a été fait Le traduction italienne , $ par le chevalier? Do. pagnoni, Van: des savans les plus distingués de Milan: cette traduction est précédée d'un expost dans lequel l'auteur combat les principes, de la philosophie newtonienne , en méme temps qu'il professe VPadhésion la plus entière au système du général Allix. La préface du traducteur italien est publiée sous la forme d’une lettre à l’un de ses amis: suivant le général francais, et d’après son traducteur , tous les phénomènes de la nature sont dus à une seule cause, /a circulation du calorique et de la lumière, observe que les personnes qui ont lu le roman de l'univers par M. Azals, pourraient peut-être voir quelque ressemblance entre l'agent. que le général met en jeu, et les émanations stellaires par lesquelles M. Azaïs expliquait le monde astronomique, le monde physique et le monde moral. L'auteur de la lettre dit encore: outre les changemens que le général Allix introduit dans. les principes élémentaires de la chimie, il en apporte encore un plus grand dans ceux de la physique newtonienne, et fait disparaître d'un seul trait le miracle de la division des rayons lumineux. On ne dira plus que Newton en est Panatomiste ; mais on expliquera dorénavant d'une manière plus simple et plus convenable; l'existence et la nature des cou- leurs, en les rapportant à l'intensité de la lumiére..... Il ajoute: les gaz et les atmospheres planétaires d’Allix, sont une espèce de justification (mais, dans ce sens , justification ne serait pas synonyme de recommandation ) de la matière subtile et des tourbillons de Descartes; mais ces tourbillons et cette matière subtile n'étaient qu’un fruit de l'imagination de ce grand homme $ tandis que les gaz et les atmospheres @ Allix sont des choses de fait. On pouvait donc 'aban- Bonner les suppositions cartésiennes , : parce qu'elles m’ayaient pas de fondement réel, tandis que l'exposition d'4llix est exempte de tout reproche à cet égard, parce que sa base a l'évidence en sa faveur. M. le chevalier Compagnoni affirme que l'empire de Newton touche à sa fin, et qu'il va faire place à celui de la vérité, qui.seul doit être universel. Mais cependant , il nous permettra de croire ~ à la-légitimité de ce grand homme, jusqu'à ce que le prétendant au trône soit reconnu par le monde savant. Au reste, ce manifeste de M. Compagnoni contre Newton, tout extravagant qu'il peut paraître, n’a pas le mérite de la nouveauté : on connaît en ce genre les folies de Mercier, de M. le baron de Marivel , eto, ctc. Je terminerai par la citation d'un passage de la lettre, qui pourrait autoriser à penser que M. Compagnoni se livre facilement à l'enthousiasme: J'aurai dit-il, m mes Pie — (19) Yépoque- la. plus favorable ; la mécanique: céleste n'attendait qu'un homme qui, aidé des travaux de Descartes, de Wallis et de Fermat, et en généralisant les découvertes des Huyghens, des Galilée et des Kepler, sut s'élever à la loi universelle de la pesanteur: cest ce que Newton exécuta dans son immortel ouvrage des Principes mathé- matiques de la philosophie naturelle. Ce géomètre célèbre à tant de titre, naquit.à Woltrop, en Angleterre, sur la fin de 1642, l'année meme de la mort de Galilée» une lecture rapide des trai- tés élémentaires de mathématiques, lui suffit pour les entendre : il lut la géométrie de Descartes, optique de Kepler et l'arithmé- tique des infinis de Wallis; de là s'élevant bientôt à des inventions nouvelles, il fut, avant l'âge de 27 ans, en possession de son cal: cul des fluxions, et de sa théorie de la lumière : aussi Fontenelle lui a-t-il appliqué ce que: Lucai a dit du Nil: il n'a pas été donné aux hommes de le voir faible et naissant. Ce fut en 1666 que Newton, retiré à, la campagne, dirigea, pour la première fois, ‚sa pensée vers lé systeme du monde, et qu'il découvrit ce prin- cipe d'où découla naturellement l'explication de tous les phéno- menes célestes, savoir: qu'il existe entre tous les corps du sys- en quittant la vie, la grande consolation d'avoir pi procurer à nos concitoyens la connaissance. de deux ouvrages immortels dont, l'étude va répandre dans le mondé al et dans le monde physique, une lumière si vive, que nos neveux et les rations futures n'auront plus à craindre les tristes effets de l'erreur dont leurs añcétres ont été si souvent victimes. Ces deux ouvrages sont : la Théorie de l'Univers du général Allix , laquelle est en jugement, et les Élémens d'Idéo- logie de Tracy, qui sont jugés M. Destutt-Tracy , ex-scnateür, est mor ami particulier; ila bien voulu, dans le temps, me confier la révision des épreuves de ss Elémens ; J'ai même, fait un rapport sur cet ouvrage 3 mais j'avoue que 3 l'amitié et même la reconnaissance n'ont pu m’inspirer, au point où l'a été M. Com- pagnoni dont la verve en fait d'éloges, n'est pas celle d'un homme qui s'éteint. (20 ) ème solaire, une attraction mutuelle, proportionnelle aux masses , et réciproque aus carrés des distances, principe: qu'il étend à tou- tes les parties de la matière ; en sorte que chaque molécule de la matière attire toutes les autres, en raison de sa masse, et récipro- guement au carré de sa distance à la molécule attirée. C'est cette force qui donne et qui conserve à chaque corps sa forme par- ticulière; c'est elle qui en lie toutes les parties de manière qu'au- cune parcelle de la matière pondérable me puisse être perdue ; c'est elle enfin qui unit en un tout immense les corps dont l'uni- vers se compose, et qui contient leur mouvement dans un ordre et dans une harmonie éternels. Si le Créateur rommpait ce lien invisible, la nature retomberait dans le chaos. n L'imperfection du calcul de l'infini à sa naissance, n'a pas permis à Newton de résoudre complètement les problèmes difficiles qu'offre la théorie du monde, et il a souvent été forcé de ne donner que des aperçus toujours incertains, jusqu'à ce qu'ils aient été véri- fiés par une analyse rigoureuse, Malgré ces défauts inévitables , il faut reconnaître que l'importance et la généralité de ses décou- vertes, un grand nombre de vues originales et profondes qui ont été le germe des plus bri llantes théories des géométres du der- nier siècle , assurent au livre des Principes la prééminence sur les autres productions de l'esprit humain, et que ce livre doit rester comme un monument éternel de la profondeur du génie - qui nous a révélé la plus grande loi de l'univers € 1). Environ 1 (1) On demandait à Newton comment il avait fait pour arriver à ces grandes découvertes. « Je m'ai rien fait, dit-il, que suivre l'idée" fournie par là ques » tion, la suivre encore , approfondir jusque dans ses moindres détails ». 9 152 1). 3Xn1 i LEM (a) cinquante ans s'écoulèrent depuis la découverte de l'attraction newe tonienne , sans que lon y ajoutát rien de remarquable: il fallut tout ce temps à cette grande vérité pour être généralement comprise, et pour vaincre les tourbillons et l'amour propre des géomètres contem- porains. Cet homme extraordinaire, l'honneur du genre humain ; jouit d'une grande considération pendant sa longue vie ; il mourut en 1727, à l'âge de 85 ans, et sa patrie dont il avait fait la gloire, lui a élevé un mausolée à Westminster, auprès des tombeaux de ses Rois, sur lequel on lit cette belle épitaphe de Pope : Nature and natures laws lay hid in night; God said, let Newton be, and all was light. C'est-à-dire, la nature et ses lois étaient couvertes de ténèbres: Dieu dit, que Newton soit, et tout devint lumière. On cite encore la suivante : | y Sibi gratulentur mortales Tale tantumque extitisse y Humani generis decus, Ce grand homme s'est laissé aller à quelques mouvemens de vanité ; mais sa réflexion lui faisait combattre cette ennemie du repos quil appelait une chose très-substantielle : il écrivait : : serd demum, animadverti quod vanam gloriolam captans, perdidi quietem meam , rem prorsus substantialem. On sait qu'à l'occasion de son com- mentaire sur Apocalypse, un homme d'esprit disait : apparemment qu'il a voulu consoler la race humaine de son. immense supériorité sur elle. i Piolomèe a pris la peine de prouver que la terre n'est pas un plan; quelle nest ni un prisme, ni un cylindre, ni un cône, ni (22) enfin un solide à facettes, c'est-à-dire, un polyèdre. Mais déjà Arise tote, dans son Traité du Ciel, liv. II, avait dit que la terre était ronde. C'est une vérité mise hors de doute depuis long-temps , et il ne restait plus que deux choses à vérifier : la terre est-elle une sphère rigoureuse ou seulement un sphéroïde ? quelles sont ses dimensions? Ces questions ont dà , de tout temps, átti- rer l'attention et piquer la curiosité des astronomes. Il parait qu'Eratosiène est le premier qui ait enseigné ce qu'il fallait faire. pour trouver la grandeur de la terre qua cette époque on sup» posait ronde. Posidonius, au rapport de Cleoméde, indiqua une autre méthode beaucoup plus simple; mais on ne peut compter sur ces mesures des Grecs. Ptolomée dit simplement que, suivant les meilleures mesures, le degré terrestre est de 500 stades; or, il y a incertitude sur la véritable longueur du stade. Almamoun, prince arabe, demanda à ses mathématiciens si le degré terrestre était bien tel que l'annoncait. Péolomée, et il leur en prescrivit la véri- fication : il le trouvèrent, dit-on, de 562 milles; mais on n'est nullement d'accord. sur la valeur de ces milles. Fernel, premier médecin de Henri I, supposait qu'Amiens était sous le mème méridien que Paris, et , en effet , l'erreur est presqu'insensible. Parti de Paris pour Amiens , et comptant exactement les tours de roues de sa voiture, il s'avança vers le Nord jusqu'à ce que la hauteur sols- ` titiale du soleil fût d'un degré moindre qu'à Paris, et il trouva ainsi pour le degré d'Amiens , 57070 toises. La Caille trouva depuis pour le même degré 57074. Snellius, hollandais, par des mesures trigonometriques, détermina la distance entre Alcmaer et Berg- op-Zoom. Muschembroeck corrigea cetle opération dans plusieurs points; et Cassini de Thuri, par de nouvelles observations, porta (3) ce degré de 55020 à 57115 toises, résultat trop fort. Norwood en Angleterre, par une combinaison des méthodes de Fernel et de Snellius, wouva une valeur exagérée du degré terrestre. Enfin l'abbé Picart mesura l'arc céleste entre Amiens et Malvoi- sine ; ensuite, par la comparaison de cette mesure avec l'arc ter- restre correspondant, il conclut que la longueur du degré ter- restre était de 57060 toises. La mesure de Picart fut continude jusqu'à Dunkerque par La Hire, et jusqu'à Perpignan, par €as- sini II qui publia le tout en 1718, dans le livre de la grandeur et de la figure de la terre. La fameuse question de laplatissement de la terre aux póles, était démontrée par Huyghens et Newton, et l'on ne pouvait en révoquer en doute que la quantité précise que le premier avait faite trop petite et le second trop grande. Pour la déterminer avec exactitude, on proposa de mesurer deux degrés éloignés l'un de l'autre : Godin, Bouguer et la Condamine partirent pour le Pérou, où en dix années et avec des peines incroyables, et aidés par deux officiers espagnols, Don Georges Juan et Antonio de Ulloa , ils mesurèrent trois degrés : il résulta de cette opération que le degré de l'équateur était plus petit que celui de Paris. Mau- pertuis, Clairaut, Camus, Le Mounier et Outhier, allèrent en Laponie , et ils trouvèrent un degré plus grand que celui de Paris. L'abbé La Caille vérifia les degrés de France, sur l'exactitude desquels on avait élevé quelque doute; puis il alla au Cap de Bonne- Espérance, mesurer un degré. MM. Mason et Dixon, au moyen d'une lunette méridienne portative, tracèrent dans une plaine de Pensylvanie, un long alignement d'un degré, qu'ils mesurèrent à la toise. Les pères Maire et Boscovich, en mesurèrent deux entre Rome et Rimini: ce dernier a suggéré l'idée de mesurer les (24) degrés de Turin, d'Autriche, de Hongrie et de Pensylvanie ; ce qui fut exécuté par Beccaria et le P. Liesganig. Le colonel Mudge mesura trois degrés en Angleterre. Enfin, nous devons aux efforts réunis du major-général Roy, de Mechain, de Delambre, Borda, Legendre, Biot, Arago, la mesure d'un arc, depuis Greenwich en Angleterre, jusqu'à la petite ile de Formentara, la plus aus- trale des Pithiuses, en. Espagne. Ces opérations et celles qu'on fit, en méme temps , sur l'intensité de la pesanteur, ont fait connaître la quantité de l'aplatissement de notre globe (1), et ont fourni des données sur la figure de la terre qui, pour étre bien. connue, exigerait la mesure de quelques arcs de parallèles à l'équateur. C'est pour ne plus interrompre l'ordre des travaux des astronomes, que nous avons cru devoir exposer dans un seul récit tout ce quia a rapport à l'importante question de la figure de la terre. Halley, né à Londres en 1656, fut envoyé en 1676 à l'ile S':.-Hé- lene, la plus méridionale de celles que les Anglais eussent alors sous leur domination : il y fit plusieurs observations astronomiques. De retour dans sa patrie, il succéda au célèbre Wallis, dans la place de professeur de géométrie à Oxford, et à Flamsteed dans celle d'astronome du Roi : enti'autres ouvrages de cet astronome, on doit citer sa Cométographie, publiée en 1705, et qui contient les élémens des paraboles de 24 comètes: cette hypothèse du mouve- ment parabolique, due à Newton, ne peut donner qu'une première approximation. Une découverte à jamais célèbre par son influence sur toutes (1) La terre avait été pendant l'espace d'environ quarante ans, un sphéroide alongé , du moins en France, en dépit de Huyghens et de Newton ; mais enfin elle est et elle restera aplalie. ! (25) Tes paities de l'Astronomie , est celle de la cause qui produit l'aber- ration des fixes : on la doit à Bradley, surnommé, à juste titre, l'Hippärque de l'Angleterre; où il naquit en 1692. Nous avons dit plus haut qu'on prétendait infirmer le mouvement de la terre, en disant que lorsqu'elle se trouve ‘dans deux points diamétrale- ment opposés de son órbe, on devráit voir la méme étoile répon- dre à deux points différens du ciel : mais enfin, on reconnut que ce déplacement qu'on nomme parallaxe du grand orbe, devait être insensible, à raison de la distance de la terre aux étoiles, par rapport à laquelle le diamètre du grand órbe est nul : cependant il restait à expliquer certains mouvemens sensibles qu'on observait dans les étoiles, mouvemens contraires, pour la plupart , à ceux qu'auraient dú donner la parallaxe et la précession. Roëmer, à la fin de l'avant- dernier siècle, ayant trouvé que la vitesse de la lumière est à celle de la terre dans son orbite annuelle, environ dans le rapport de 10000 à 1 (1), découverte quil dut à l'ob- servation des éclipses des satellites de Jupiter, Bradley eut l'heu- reuse idée, pour expliquer ces mouvemens singuliers des étoiles, qui ne sont que des apparences, de combiner le mouvement de la terre avec celui de la lumière: Ainsi le système de Copernic fut confirmé de la manière la plus victorieuse. Environ dix ans après, le même géomètre appliqua la théorie de l'aberration aux pla- nètes et aux comètes. En 1745, il reconnut par l'observation, la nutation de laxe terrestre et ses lois, d'oà résulte la précession des équinoxes : ainsi il eut la gloire d'ajouter une nouvelle preuve à toutes: kanlise que l'attraction newtonienne comptait déjà en sa faveur. (1) Cette découverte prouva, contre l'opinion de Descartes, que la transmission de la lumière n'est pas instantanée, t (26) Les deux voyages entrepris en 1761 et en 1769, pour observer les deux passages de Venus sur le soleil; l'invention des lunettes achromatiques, des montres, marines, de loctant et du. cercle ré- pétiteur ; la formation par Mayer des tables lunaires, assez exactes pour servir à la détermination des longitudes en mer; la décou- verte de la planète Uranus par Vinfatigable observateur Herschell, en 1581; celle de ses satellites et de deux nouveaux satellites de Saturne , due au même observateur: telles sont les nouvelles obli- gations dont l'astronomie est redevable au dernier siècle tant ca- lomnié, et qui shonore encore. des. travaux des Bouguer , des Maclaurin, des Bernoulli, des Clairaut , des d'Alembert et des Eu- ler, dont les trois derniers ont puissamment concouru à défendre Newton que les cartésiens voulaient détróner. | Le siècle actuel a commencé sous les auspices les plus favora- bles à l'astronomie: son premier jour est remarquable par la décou- verte de la planète Cérès, faite par Prazzi à Palerme, découverte qui fut bientôt suivie de celle des trois autres planètes. Junon, Pallas et Vesta, dont on est redevable à Olbers et à Harding. Ce siècle et le précédent réclament le célèbre La Grange, dont le nom s'attache à toutes les parties des mathématiques, dont les seiences pleurent encore la perte, et qui voulut bien m'honorer, d'une ami- tié toute particulière; La Place, auteur de la Mécanique céleste, ouvrage qui fera époque (1); Lalande, Delambre, Legendre, qui ont pour successeurs Poisson, Gauss, Biot Arago, eto. BI, YUELEEY 30004 (1) On doit à l'auteur. de la Mécanique céleste; un tr&s-bel ouvrage: sur le calcul des probabilités, grand nombre de mémoires sur différens points de calcul inlégral, et des apercus neufs sur la chymie et la physique. À tous ces titres, M. La Place est incontestablement un savant du premier ordre ; mais si l'on ne (er) On peut dire que la perfection actuelle de la théorie de la lune, qui est ainsi devenue le guide le plus; assuré du navigateur qu'elle garantit des dangers auxquels il fut long-temps exposé par les erreurs de son estime, en lui fournissant les, moyens de fixer . avec certitude les lieux où il atterre, est le fruit des travaux des géomètres depuis un demi-siècle, et que, pendant ce court inter- valle, la géographie , aidée des tables lunaires et des montres, ma- rines, à fait plus de progrès que dans tous les siècles précédens : . mais il a fallu, pour cela, perfectionner à la fois l'optique, l'ana- lyse et la mécanique, qui sont principalement redevables de leurs progrès rapides aux besoins de la physique céleste. L'extrême perfection des instrumens dont les astronomes ob- servateurs sont en possession aujourd'hui, doit inspirer la plus grande confiance dans les résultats des observations modernes. Quant à la théorie, on pourra la rendte encore plus exacte et plus simple ; mais la postérité verra sans doute avec reconnaissance que les géomètres modernes ne lui auront transmis. aucun phénomène astronomique dont ils n'aient déterminé les lois et la cause. On doit à la France la justice d'observer que si l'Angleterre a eu PETS considère ces ouvrages que sous le rapport de l'instruction qu'on peut retirer de leur étude, on sera forcé de convenir qu'ils ne sont profitables qu'à un» trés-petit nombre de lecteurs obligés, en quelque sorte, de les: refaire pour les entendre, Peut-étre aussi pourrait-on s'étonner du silence de l'auteur sur les travaux de son illustre rival M. La Grange , qui a traité les mêmes ques- tions avéc cette profondeur et cette netteté qui caractérisent éminemment toutes les -productions de ce géomètre, qui d'ailleurs a attaché son mom à toutes les parties de cette vaste science, et qui, à l’âge de dix-neuf ans, avait déjà in- venté le calcul des variations dont M. La Place gest si 2 servi dans sa mécanique céleste. (28) ) l'avantage de dontler naissance à la découverte de la pesanteur universelle, c'est principalement aux géombtrés «francais. du siecle précédent et de celui-ci, et aux ericourágemens de l'Académie des sciences, que sont dus les nombreux développemens de cette de- couverte; et la révolution qu'elle a produite dans l'astronomie. . ... Appelé à exposer le système du monde à des élèves qui n'en sont encore qu'aux premiers élémens des mathématiques, je ne puis que leur faire entrevoir des résultats dont les démonstrations: appartiennent à un autre cours; ou, en d'autres termes, je dois m'en tenir à une simple description de la machine céleste et de son jeu. Je m'efforcerai de remplir ce but avec l'ordre et la clarté désirables dans un ‘sujet aussi vaste quil est intéressant. Il n'est personne ‘qui, en lisant les admirables écrits. que. l'anti- quité nous a transmis, ne reconnaisse combien leurs auteurs étaient versés dans les sciences de leur temps. Homère, Anacréon, Vir- gile, Ovide , Manilius , etc., n'étaient pas étrangers à l'astronomie, . à l'histoire naturelle , à la physique : leurs plus célèbres, traducteurs. ont souvent senti: quil leur était impossible d'avoir une parfaite in- telligence de ces ouvrages, sans le secours des savans qu'ils.consul- taient. Combien de fois n'ont-ils pas regretté de manquer de cette instruction première qui leur eût évité des sollicitations humiliantes , et quelquefois des erreurs ! Ges faits doivent rendre les littérateurs moins indifférens sur des sciences qui leur offrent encore tant de comparaisons brillantes et de fictions véritablement poétiques ; et puisqu'on recommande avec tant de raison l'étude et Timitátion des anciens, pourquoi ne pas les imiter dans. tous les points? Nous n'avons parlé que des poètes ; mais l’histoire, et sur-tout la chronologie emprunte de l'astronomie (29) les plus grands secours , comme nous aurons occasion de le prouver, en | parlant du calendrier, de la précession des: équinoxes, des éclipses DM LE ee - Mat Telles ont été, sans dites ‘les, pensées des hommes d'état « qui ont arrêté le plan d'enseignement des umiversités : ils ont senti qu'une instruction n'est solide qu'autant qu'elle unit la variété des connais- sances aux beautés du style : les sciences développent et fortifient la raison ; elles ajoutent à la masse des idées ; elles apprennent à les énoncer avec précision ; enfin elles donnent cette méthode qui est, en quelque sorte, la partie organique des productions de l'esprit. +" + (ie! : Tee vn: daga f NOTE. t ^u Titt Nous avons omis qum faits que nous allons rétablir. En 1672, Richer fut envoyé à Cayenne pour y observer la planète Mars que Picard, alors en Da- nemarck , Cassini et Roemer (1) en Provence, observaient en méme temps de leur côté, à l'effet de conclure de la comparaison de ces observations faites en différens lieux, la parallaxe de cette planète, et tirer de là quelques lumières sur l'im- portante théorie des parallaxes. Mais Richer fit mieux : ayant emporté avec lui un pendule qui battait les secondes à Paris, il trouva que, pour lui faire battre les secondes à Cayenne,; il fallait le raccourcir d'environ une ligne et un quart: cette observation neuve ayant été envoyée à Paris, le célèbre ZZuyghens en trouva aussitôt la raison physique: il dit qu’en, vertu du mouvement de rotation de la terre autour de son axe, la force centrifuge était plus grande vers l'équateur que sous le parallèle de Paris, et que par conséquent elle devait diminuer davantage la pesanteur naturelle dans le premier lieu que dans le second. On fut ainsi (1) Roemer, Danois, était fixé en France; il fut l'un des premiers membres de l’A- eadémie des sciences, (300 conduit à une première vue sur la figure de là terre; Huyghens conclut: de lx un aplatissement progressif de notre globe, en allant de Péquateur aux pôles H quelques années aprés, Newton confirma la chose, mais il fut conduit à un * aplatissement trop grand, comme nous l'avons dit (pag. 23). En citant (pag. 22 et 23) Snellius (1), nous avons passé sous silence une découverte qu'Huyghens , son compatriote, revendique en sa faveur , et que Descartes , qui, dit-il, avait vu en Hollande les manuscrits de Snellius , s'était appropriée : c'est celle de la dé- pendance réciproque des angles que le rayon incident et le rayon rompu font avec la verticale, au point d'incidence , lorsqu'un rayon passe d'un milieu dans un autre. Cette propriété fut le germe de la théorie des réfractions astronomiques _ dont les anciens connaissaient en gros les effets, et qui aujourd'hui, graces à Pat- traction, le sont enfin avec une précision d'autant plus nécessaire qu'ils affectent d'une manière sensible les observations astronomiques, puisque la réfraction fait _ paraítre les astres plus élevés qu'ils ne le sont réellement , déplacement contraire à celui qui résulte de la parallaxe dont nous avons parió plus haut, et qui les fait paraître moins élevés ou qui en diminue la hauteur. í (1) Snel ou Snellius , né à Leyde, en 1591, succéda à son père en 1613, dans la chaire de mathématiques, et mourut dans cette ville en 1626, âgé de 35 ans : il est auteur d'un grand nombre de savans ouvrages dont les plus connus sant: l'Eratosthenes Batayus et le Cyclometrium. ==> DISCOURS c. LA GÉOMÉTRIE, . VVV TTP n ind eren orah O i | par J.-C. GARNIER: PRE a CORPS PRE o 29r men Ox donne différentes origines plus ou moins anciennes à la géo- métrie; la plupart des auteurs la font naître en Egypte : de ce nombre est Hérodote, le premier qui ait commencé à écrire l'his- toire en prose; « On m'assura, dit-il, que Sésostris avait partagé » l'Egypte entre tous ses sujets , et qu'il avait donné à chacun une » égale portion de terre en carré, à la charge de payer par an un » tribut proportionné ; si la portion de quelqu'un était diminuée „par le fleuve, il allait trouver le Roi, et lui exposait ce qui était » arrivé dans sa terre : alors le Roi envoyait sur les lieux et faisait » mesurer l'héritage, afin de savoir de combien il était réduit, (32) » et de ne faire payer de tribut que proportionnellement à ce qui » était resté de terre. Je crois, ajoute Hérodote, que ce fut la que » la géométrie prit naissance, et qu'elle passa chez les Grecs ». Il y a, comme on voit, dans ce passage, deux objets distincts : le récit d'une vérification dépendante de la géométrie , et l'opinion particulière d'Hérodote sur l'origine de cette science qui n'aurait pré- cédé l'Ëre chrétienne que d'environ mille ans, si, comme le sup- posent plusieurs chronologistes , Sésostris est le méme que le roi Sésac qui fit la guerre à Roboam, fils de Salomon: mais elle peut dater de beaucoup plus loin; car la mesure ordonnée par Sésostris, semble indiquer que cette science avait déjà fait quelques progrès. Or, si l'on veut ne remonter quà l'époque où la géométrie prend le caractère d'une véritable science, il faut se transporter de suite dans la Grèce, au siècle de Thales que tous les anciens nous re- présentent comme un géomètre fort savant (1); on lui attribue la pre- mière idée de faire servir la circonférence à la mesure des angles; sans doute, il avait fait plusieurs autres découvertes géométriques perdues ou confondues parmi celles qui ont été recueillies et trans- mises à la postérité par les auteurs. Le nom de Pythagore vivra à jamais dans les fastes de la géométrie, par la découverte de la belle propriété du carré de l'hypothénuse (2). Nous dirons, pour abréger cet historique, que les propositions" qui forment le corps de ce que nous appelons aujourd'hui la géométrie élémentaire , sont (1) Voyez sur Thales et Pythagore le discours sur Spare r page 5. (2) Quelques auteurs racontent que, transporté de j joie et plein de reconnais- sance envers les dieux qui l'avaient si bien inspiré, il leur sacrifia’ cent boeufs ; mais on a de la peine à concilier cette hécatombe avec la fortune médiocre du. philosophe et avec ses opinions sur la transmigration des ames. (33) presque toutes de l'invention dos philosophes grécs. Hyppocrate de Chio, célèbre par la quadrature des lunules du cercle , qui portént son nom, et par ses connaissances fort étendues dans Ta géométric \ avait écrit des élémens estimés dans son: ‘temps mais que d'autres ouvrages du même genre, et, en particulier, ceux d'Euclide, ont fait oublier, Platon cultiva la géométrie avec soin, et s'y rendit "trés-profond ; à la vérité, nous n'avons de lui aucun ouvrage ex-pro- fesso sur cette science; mais on voit par divers traits répandus dans ses autres écrits , qu'il Ta possédée : d'ailleurs les anciens historiens nous ont transmis les résultats de plusiéürs découvertes dont il l'a enrichie ; on sait qu'il la mettait au premier rang des connaissances Weisse et qu il en faisait le texte principal des instructions qu'il donnait à ses ‘disciples : : il avait écrit sur la porte dei son école : Y que nul n'entre ici, s'il gas oon | raitre, dé temps en temps, des traités alcala dans 3 5 toutes les propositions découvertes étaient recueillies et rangées dans un ordre systématique. Tel est Tobjet qu 'Euclide, géomètre de l'école d'Alexan- drie , s'est proposé dans ses fameux élémens. Cet ouvrage est divisé - en quinze livres dont onze appartiennent Y la géométrie pure : les quatre autres traitent des proportions en général, et des principaux caractères des nombres commensurables et incommensurables. Ja- mais livre de science na eu un suceds comparable à celui des El mens d Euclide; ils ont été enseignés exclusivément pendant plu- sieurs siècles dans toutes les écoles de mathématiques ; traduits et commentés dans toutes les langues ; preuve irrécusable de leur excellence. Euclide s'est conformé à la méthode rigoureuse consacrée par l'assentiment des géornètres ses prédécesseurs ; aussi ses démons 5 ( 34 ) trations sont-elles quelquefois longues, indirectes , compliquées, et les lecteurs ont de la peine à les suivre. Peut-être faut-il imputer à cet inconvénient attaché aux anciennes méthodes, les difficultés que Pzolomée Philadelphe, roi d'Egypte, d'ailleurs homme d'esprit, éprouvait dans l'étude des mathématiques : fatigué par lextréme at- tention quil fallait y donner, il demanda un jour à Euclide, s'il ne pouvait pas aplanir la route en sa faveur : le géomètre philosophe répondit ingénument : non, prince, il n'y. a pas de chemin particu- lier pour les rois. 2 Archimède , le plus grand 0 de l'antiquité, est dá premier qui ait assigné le rapport de la circonférence au diamètre, non pas dans la rigueur géométrique , mais par une méthode d'approxi- mation , admirable dans son espèce, et source de toutes lés qua- dratures approchées des espaces curvilignes. Les nombreuses. dé- couvertes dont Archimède a enrichi les mathématiques , l'ont placé dans le très-petit nombre de ces hommes rares qui donnent une grande impulsion à toute la masse des sciences. Outre l'écrit de Dimensione Circuli dans lequel est consignée la recherche dont nous venons de parler, nous avons ses traités de, Sphera et Cylindro ; de Conoidibus et Spheroidibus ; de Spiralibus et Helicibus; de Qua- dratura Parabole; de Æquiponderantibus ; de Humido Insiden- tibus, etc. Ce grand homme (1) aimait la gloire, non pas ce vain fantôme que la médiocrité poursuit et ne peut atteindre, mais la gloire solide, cette considération due à l'homme de génie qui recule (1) Dans les discours sur l'application de Palgebre à la géométrie et sur la statistique des solides et des fluides, nous aurons occasion de revenir sur les dé couvertes. et les travaux de cet. homme extraordinaire. (35) les „bornes, des sciences, et à laquelle il sentait qu'il. avait droit de E étendre : il désira, en mourant, que, pour perpétuer 1 la mémoire de plus brillante de ses découvertes, on gravàt. sur son tombeau une sphère inscrite au cylindre — : son vœu fut rempli; mais les Sici- liens, ses compatriotes, distraits par, des intérêts étrangers, à la géométrie , eurent bientôt oublié l'homme qui. pouvait le mieux les recommander à la postérité. Deux cents, ans, apres sa mort, Cicéron, questeur en Sicile, rendit, suivant ses propres termes, une seconde fois Archimède à la lumière ; ; il fit chercher son tombeau d'après la simple connaissance, historique du signe que nous venons de rapporter, et de six vers grecs gravés autour de la base : après bien des peines, on le découvrit enfin sous un amas de ronces, dans une campagne voisine de Syracuse. Qu il est beau cet hommage rendu par le plus end Pomme de lettres, au a plus grand des géometres ! Il. s'était à peine écoulé cinquante ans del: PER 1 — qu'on vit paraître Apollonius, né,à Pergée en Pamphylie , d'où on. l'appelle Apollonius. Pergeus ; ses contemporains le surnommèrent le grand Géomètre, le, Géomètre par excellence : la postérité lui a conservé ce titre. glorieux ,. sans déplacer Archimède qui conserve le premier rang. nu parait que les inventeurs trop livrés 9 x aux Ps day abstraites. de la géométrie , attachaient peu d'importance aux ap- plications à la pratique telle est s sans, doute, la raison qui a fait tomber dans l'oubli la première origine de la trigonométrie plane : on a des indices que les Egyptiens en ont connu les premiers prin- cipes, etla certitude quils étaient familiers aux. Grecs : car, outre leur usage pour la mesure des distances terrestres, ils les appli- quèrent à plusieurs problèmes d'astronomie, (Disc. sur Astr.) (36) De cette trigonométrie des triangles rectilignes, on s'éleva à celle des triangles sphériques , c'est-à-dire , formés y par trois arcs de grands cercles; mais celle- -ci n'avait encore fait que peu de progrès avant Menelaus | qui était en méme temps habile géomètre et grand astronome (1). A quelque temps de là, Théodose se présente avec son Traité des Sphériques , qui peut étre regardé comme une introduction à la trigonométrie de ce nom. Les collections mathématiques de Pappus, offrent un des plus précieux monumens de l'ancienne géométrie : l'auteur y a ras- semblé le précis d'un grand nombre d'excellens ouvrages presque tous perdus aujourd'hui, et il y a joint de son propre fonds plu- sieurs propositions nouvelles, curieuses et savantes : ce recueil était divisé en huit livres ; les deux premiers sont perdus ; les autres ont, en général, pour objet des questions de géométrie , et quelques-unes d'astronomie et de mécanique, Les mathématiques florissaient toujours en P GR et principale- ment dans l'école d'Alexandrie , lorsqu' un peu avant le milieu du septième siècle, il s'éleva contre elles une horrible tempête qui les menaçait d'une ruine totale. Les successeurs de Mahomet ravagèrent la vaste étendue de pays, depuis l'Orient jusqu'à la partie méri- dionale de l'Europe. La bibliothèque des Rois d'Égypte , ce pré- cieux dépôt des connaissances humaines ; qui avait déjà été réduite en cendres sous Jules-César, fut entièrement livrée aux flammes par les Arabes : : le, farouche calife Omar ordonna qu'on brülät tous ces livres, parce que, disait-il, s'Zs sont conformes à l'Alcoran, ils sont inutiles; et s'ils y sont contraires, ils doivent être abhorrés et anéantis. Mais si le fanatisme d'une Seifen sanguinaire etouffa (1) Sur la trigonométrie sphérique , voyez le discours sur l'astronomie. (37 ) | chez les Arabes les germes précieux des connaissances dans les sciences, et sur-tout dans l'astronomie qu'ils avaient cultivée au- trefois comme tous les peuples de l'Orient , il nen dessécha pas entièrement les racines : las de sexterminer, leur férocité s'adoucit ; leur esprit actif se réveilla pendant la paix, et cent vingt ans après Mahomet , ils commencèrent à cultiver les arts et les sciences qu'ils avaient voulu proscrire : leur premier soin fut de traduire les ou- vrages élémentaires des Grecs, tels que les Elémens d Euclide , le Traité de Sphera et Cylindro ex de Humido insidentibus d Ar- chimède; les Sphériques de Théodose , etc.; nous leur devons les cinquième , sixième et septième livres d'Apo/lonzus; ils réduisirent la trigonométrie tant rectiligne que sphérique à un petit nombre de propositions faciles ; enfin ils eurent l'idée heureuse de substituer les sinus aux cordes des arcs doubles qu'on employait avant eux. On attribue principalement ces découvertes au géomètre astronome Mohammed-ben-Musa , auteur. d'un ouvrage subsistant, intitulé : de: Figuris planis et sphericis, et à un autre plus connu, Geber- ben- Aphla qui vivait dans le onzième siècle, et dont nous pos- sédons un commentaire sur P/olomée. On a sur la Géodésie un ouvrage de Mahomet de Bagdad. Les Arabes ont porté le goût des sciences en Perse et chez les 'T'ures, qui, dit-on, ne sont pas tout-à-fait aussi ignorans qu'on le croit communément ; on assuré qu'ils font les calculs numériques avec une promptitude extraor- dinaire ; que quelques-uns d'entreux ont poussé l'algèbre assez loin, et que la géométrie: est enseignée avec succès dans leurs médresses ou colléges (1): mais ce peuple n'a jamais fait aucune découverte dans les sciences. (1) Le baron de Tote qui a passé quelques années. au milieu d'eux, parle très- défavorablement de ces écoles. ( 38 ) Cette partie de l'histoire de la géométrie est généralement: connue; mais ce qui l'est beaucoup moins, ce sont les documens suivans que nous avons extraits d'une histoire sur l'algèbre des Indiens, dont l'authenticité ne peut être révoquée en doute : on la doit aux recherches des savans anglais; elle a été traduite de cette langue en francais par M. Terquem, ancien élève de l'école po- lytechnique , et professeur aux écoles royales d'artillerie. Dans un Ouvrage Indou (1), on trouve deux règles, l'une pour ebtenir l'aire du cercle ; l’autre pour calculer le volume de la sphère. A l'occasion de la première de ces deux questions, qui exige la connaissance du rapport de la circonférence au diamétre, il est prescrit, pour‘ obtenir ce rapport, de multiplier le diamètre par 3927, et de diviser le produit par 1250; ou bien de multi- plier le diamètre par 22, et de diviser le produit par 7. Le second rapport est exactement celui d'Archimède ; l'autre revient à celui de 1 à 3,1416, plus exact que celui dont les Européens faisaient usage avant les recherches de Je. On rencontre encore dans le même ouvrage, une formule pour calculer les cordes d'un cercle ét les valeurs en parties du diamètre, des polygones réguliers inscrits à la circonférence. Vers la fin du premier livre du Bija Ganita que les Indiens prononcent Beej Gunnit , et qui est attribué à Bhasker-Acharya , Yauteur du Leelawuttée, on trouve des pro- blémes d'analyse appliquée aux triangles rectangles, qui font pré- sumer que les Indiens connaissaient les propriétés de géométrie , contenues dans les Élémens d'Euclide. Dans le Bija Ganita, le théo- (1) Dans le discours suivant sur l'arithmétique, on trouvera d'amples détails sur les ouvrages que nous citons ici. (39 ) réme de Pythagore, c'est-à-dire, la propriété du carré de l'hypothé- nuse , est désigné par ces dénominations : figure de la fiancée, chaise nuptiale, probablement parce que la figure qui ‘sert à la démonstra- tion indoue de cette proposition, ressemble à la chaise dont on se sert dans le pays pour transporter la nouvelle mariée chez son époux, On y assigne encore le triangle rectangle dont l'aire est numérique- ment égale à son hypothénuse ; un triangle rectangle dont l'aire est égale au produit de ses trois côtés. Les règles du cinquième livre du Bija, feraient soupçonner que les géométres indous se sont élevés jusqu'à la considération des courbes. Il paraît certain que louvrage cité a été tiré d'ouvrages indous trés-anciens. Le Lilavan, autre ouvrage du méme pays , traite des mesures des corps. Së- rait-ce à ces sources que Pythagore aurait puisé ses connaissances en géométrie, qu'il a communiquées à ses —— à son re- tour en Grèce? Les chrétiens, en général, ont montré pendant très long-temps un grand éloignement pour les sciences ; ils regardaient avec mé- pris ou indifférence tout ce qui était étranger au culte religieux : cependant, ayant commencé à chasser les Arübes de quelques parues. de l'Espagne, ils entrèrent en communication volontaire ou forcée avec ces peuples , et il arriva que plusieurs d'entr'eux s'em: pressdrent de s'instruire auprès de ces mêmes Maures dont ils ab- horraient la religion, Cependant les sciences regurent encore un coup mortel par l'expulsion générale des Maures de l'Espagne > événement déplorable dans les annales de l'esprit humain , et avan- tageux à la seule religion chrétienne dont il étendit mes sur les ruines du mahométisme. Avant cette époque, Léonard, riche négociant de Pise, qui | ( 401) faisait de fréquens voyages en Orient pour lés affaires de son com- merce, y puisa des connaissances mathématiques qu'il répandit parmi ses compatriotes , et de làelles s épancherent dans l'Europe qui, au treizième siècle, comptait un grand nombre de savans : le quatorzième , fécond en théologiens, en alchimistes et méme en littérateurs estimables , fut un siècle ingrat pour les mathé- matiques chez toutes les nations occidentales de l'Europe : le quin- zième fut plus heureux; il a produit un grand nombre de géomè- tres et sur-tout de savans astronomes. Vers le commencement du seizième siècle, l'ancienne géomé- trie fut reprise et cultivée en Europe avec un succès toujours crois- sant: on prit pour guides les. géomètres grecs dont la plupart furent traduits en latin ou en italien: l'étude des langues ancien- nes, alors fort en vogue, multipliait les textes et les moyens d'ins- truction. Nous nous bornerons à citer Werner de Nuremberg; Tar- taglia et Maurolic, Italiens; Nonius , Portugais ;; Commandin ; le célèbre Ramus , fondateur d'une chaire de mathématiques au Col- lege royal de France, laquelle subsiste encore aujourd'hui; Fernel, médecin de Henri second, roi de France; Pierre Métius, Adria- nus Romanus; les mathématiciens hollandais , Leudolphe van Ceu- len et Snellius qui commença à dix-sept ans à écrire sur la géo- metrie, et qui se fit depuis une grande réputation par ses recher- ches sur les réfractions ; le fameux Viète; Descartes quil suffit de nommer; Fermat ; Cavaleri, auteur de la géométrie des indi- visibles, l'un. des ouvrages les plus originaux ; Roberval, qui, àun grand talent pour la géométrie, joignait malheureusement un caractère vain et hargneux ; car il fit mourir de chagrin Torricelli, disciple de Galilée, et fut dans une guerre continuelle avec Des- (41) cartes y le jésuite Grégoire de St.-Vincent(1), géomètre des Pays-Bas, qui se fit de la réputation dans les mathématiques ; Schooten, pro- fesseur de mathématiques à Leyde , qui s'était distingué dès 1646 par un ouvrage intitulé : Ewercitationes Geometrie, et qui déve- loppa et amplifia la géométrie de Descartes; le célèbre Huyghens et son compatriote ean Heuraet; Wallis; Sluze; Mercator; Wren; Barrow; Jacques Gregori; Wolf; Newton ; Leibnitz; Pascal; Ar- nauld (2); Robert Simpson (3); etc., etc. A cette liste que nous (1) Né à Bruges, en 1584, il professa d’abord les mathématiques à Louvain ; ensuite il fut appelé à psi par Pempereur Ferdinand II; puis Philippe IV, roi d'Espagne, voulut l'avoir pour enseigner les mathématiques au prince son fils. II suivit l'armée de Flandre pendant une campagne, et y reçut plusieurs blessures en confessant les soldats blessés : il mourut d'apoplexie à Gand , en 1667 , à l’âge de 83 ans. Leibnitz le place au-dessus de Galilée et de Cavalieri, pour l'invention, et le fameux père Castel, religieux de son ordre, disait que quiconque possédait bien les ouvrages de Grégoire de St-Vincent, savait tout Newton, et que le géo- = mètre anglais s'était enrichi des dépouilles du géomètre flamand. Mais aussi le célèbre Fontenelle dere qui on disait que le père Castel était fou, répondit : je le sais bien, et Pen suis fáché, car C’est grand dommage , etc. ) Ce grand homme a publié de nouveaux élémens de géométrie, imprimés pour la première fois à Paris, en 1667: cet ouvrage dans lequel l'auteur a entrepris de lever une difficulté qu’Euclide avait éludée dans la proposition fon— damentale des triangles semblables, est le premier où Pon a rendu l'ordre des propositions de géométrie, conforme à celui des abstractions , en considérant d'abord les propriétés des lignes , puis celles des surfaces et enfin celles des corps. Quoique ce traité ne soit pas exempt de reproches, et qu'on puisse en conclure que Pauteur n'était pas assez versé dans la géométrie pour en perfectionner les détails, on ne peut cependant y. méconnaître les observations et le coup-d'oeil d'un esprit supérieur qui conçoit, à la première vue, l'ensemble d'un sujet et. Penchainement de ses parties. On sait qu’drnauld était l'ami du célèbre Pascal. (5) u a remarqué et corrigé plusieurs imperfections des. Élémens . d’Euelide : voyez les éditions qu'il a données des principaux livres de ce père. de la science; la, première a paru en 1756, en latin : depuis, l'auteur en a donné plusieurs in-8 en anglais, et avec des additions considérables ; Legendre a profité de ses observations. 6 (42) sommes forcés d'abréger, nous ne pouvons, sans injustice, nous dispenser d'ajouter les noms de quelques géomètres vivans qui ont agrandi le domaine de la science: nous citerons donc Euler; Monge; Carnot; Legendre; Dauchy ; Bertrand de Genève; Lhuil- lier ; Puissant et les collaborateurs des Annales de Nimes qui con- signent périodiquement dans cette intéressante, collection, des re- cherches très-piquantes et très-précieuses sur la branche des ma- thématiques, qui fait le sujet de cé discours. of (e) Mais corame l'histoire de la géométrie importe moins que sa logi- que, nous allons nous arrêter à celle-ci, et chercher à définir, aussi bien que nous le pourrons, ce qu'on doit entendre et ce qu'on a longtemps entendu par les mots synthèse et analyse: cepen- dant si l'on veut connaître ce qu'on a écrit de plus précis et de plus lumineux sur le mécanisme du raisonnement, on ne pourra se dispenser de lire l'article V des Elemens de Philosophie par Dalembert, dans le tome IV de ses Mélanges de Littérature „ le supplément à cet article (Tom. V, pag. 46), et les articles II et HI des Pensées de Pascal, ouvrage auquel.on a peu ajouté (1). Quant aux diverses formes qu'on peut donner aux syllogismes, on les trouve exposées d'une manière aussi briève que lumineuse, dans le IL* volume des Lettres. d Ruler d une princesse d Allemagne. (1) Pascal avait senti Pabus des définitions et les avait réduites à leur juste valeur , c'est-à-dire, à des descriptions et à des impositions de noms ; mais loin de proscriré aucune manière de raisonner, comme on l'a fait dans ces derniers temps, il classe les différentes méthodes de traiter les sciences, de manière à. montrer le secours qu'on doit attendre de ehacune d'elles; (On peut, dit-il, » avoir trois objets principaux dans l'étudé de la vérité ; Pun , de la découvrir, » quand on la cherche; l'autre, de la démontrer , : ER on la ou 3 le el » mier, de la discerner gom le faux , quand on Pexamine. » (43) Nous débuterons par quelques notions. préliminaires, Démontrer un théorème, c'est, en général, prouver. par un raisonnement exact que ce théorème est une conséquence nécessaire d'un ou de plusieurs autres théorèmes antérieurement admis. Résoudre un problème, c'est en ramener la solution à celle d'un ou de ena autres P qu'on sait déjà résoudre, ` $154 , Il suit de ces notions généralement di qu'aucun FOR ne pourrait être démontré, qu'aucun problème ne pourrait. être résolu, et que conséquemment toute science certaine serait impos- sible, si tous les théorèmes avaient besoin de démonstration et tous les problèmes de solution. Mais heureusement, il existe des théorèmes et des problèmes dont il suffit de lire l'énoncé pour en reconnaître la vérité, ou pour voir clairement ce qu'il faut faire pour les résoudre. Les théorèmes dont la vérité s'aperçoit au seul énoncé, sont ce qu'on appelle des aæiomes ; et les problèmes dont l'énoncé fait suf- fisamment comprendre de quelle manière ils doivent être résolus , sont ce qu'on appelle des pétitions, demandes ou postulata. Les awio- mes et les demandes sont donc les bases de toutes nos connaissan- ces; par leur secours, on parvient à des théorèmes ét à des pro- blèmes qui eux-mêmes en font éclore de nouveaux, et dest ainsi que l'édifice des sciences s'élève peu à peu (1). t — (1) Il n'entre pas dans notre sujet d'examiner de quelle manière nous parvenons à l'intelligence des axiomes et des demandes; mais soit qu'on les énonce, soit qu'on les sous-entende dans les traités élémentaires , il n'en est pas moins vrai que tout théorème qui ne peut se réduire à un ou plusieurs axiomes, est une proposition fausse, et qué tout probléme qu’en ne pourrait faire dépendre de quelques deman- des, est tout-à-fait insoluble, Parmi les axiomes, on doit ranger les définitions + en effet, elles ne sauraient être contéstées ; car les mots n'ayant d'eux-mêmes au- cune signification , il est toujours permis d'en fixer arbitrairement l'acception. On (44) Mais souvent un théorème à démontrer ou un problème à ré- soudre, quoique dépendant bien réellément d'un autre théorème déjà démontré ou d'un autre problème déjà résolu, n'a pas avec lui une liaison immédiate : alors, pour rendre cette dépendance mani- feste, il devient nécessaire de remplir l'intervalle qui les sépare , par une suite plus ou moins étendue de théorèmes ou de problèmes tels qu'on puisse dire de chacun quil est un corollaire de celui qui le précède ‚et qu'il a pour corollaire celui qui le suit il est évi- dent, en effet, que de cette manière, la liaison entre les proposi- tions extrêmes sé trouvera solidement établie. C'est dans le choix du premier anneau et des anneaux intermédiaires de cette chaine, que consiste, à proprement parler, l'art de démontrer les théorè- mes et de résoudre les problèmes. On doit remarquer ici que, dans une science, il est peu de pro- positions qui ne puissent être considérées comme une espèce de centre où viennent aboutir les conséquences d'un grând nombre d'autres propositions dont chacune pourrait , conséquemment et à son tour, être prise pour point de: départ dans le raisonnement qui doit établir l'autre : de plus, le choix de la proposition dont on veut partir pour parvenir à une proposition nouvelle, étant fait, on peut souvent aller de lune à l'autre par plusieurs routes; et c'est par ces deux raisons qu'une même proposition peut souvent être établie de tant de manières différentes entre lesquelles on doit choisir la pus simple. m comprend sans doute que nous n'entendons parler ici que des définitions de noms : il m'est qu'un seul cas où les définitions ne soient pas arbitraires, c'est celui où se trouvent les auteurs des vocabulaires ; leur tâche n'est pas, en effet, d'expliquer le sens qu'ils attachent aux mots, mais de relater Paceeption sous laquelle ils sont reçus. . (45) ‘Supposons donc que la liaison des propositions étant déjà établie, i soit question dé montrer à quelqu'un comment un théorème de la vérité duquel il doute encore, se trouve dépendre d'un autre théorème qu'il a déjà admis, ou comment un problème quil ne sait: pas encore résoudre; se ramène à un ou à plusieurs autres dont il connaît déjà les solutions il est clair quil faudra lui faire faire une revue exacte des intermédiaires. qui lient l'un à l'autre, et lui montrer que, dans la chaine de ces intermédiaires, deux propositions eonsécutives quelconques sont une ene nécessaire une de l'autre ( 1). T ^ II est vrai que cette revue peut être faite dans eus sens diffé- rens , et. qu'on. peut établir une vérité nouvelle, soit en. montrant. quelle est une conséquence! d'autres vérités déjà admises, soit en faisant voir quelle se réduit, au fond, à ces mêmes vérités, — ke Ces deux manières inverses de procéder , ont recu, dès la plus haute antiquité, deux dénominations : on appellé synzh2se ou mé ihode synthétique, le procédé au moyen duquel on s'élève par de- grés des vérités les plus élémentaires à celles qui le sont moins ; et on appelle analyse ou méthode M aoa ak e 4 marche | par A) n west point 'hors de propos de” remarquer que, le plus souvent . "E propositions consécutives ne sont une conséquence nécessaire Pune de l'autre , qu'en vertu ‘de quelqu’a autre proposition exprimée ou sous-entendue , que Pon peut considérer" comme a auxiliaire ou collatérale de celles qui forment la chaine 1 raisonnement. \ ` (2) Analyse signifie décomposi sition ou résolution , et synthèse signifie. compo- sition. En chimie, on dit qu'on fait Panalyse d'un mixte, lorsque, par un moyen quelconque ‚on dégage de leur combinaison, les élémens ou les Na de ce mixte ; et on est dit en faire la synthèse, lorsqu'on compose ‚ou. qu'on Fecompose un mixte. Om sait encore trés-bien ce que c'est ane Panalyse d'un discours, d'un ouvrage, etc. Cependant il serait à désirer qu'on revint enfin de (46) laquelle on revient de celle-ci aux premières ou d'une vérité com- plexe à une plus simple, dans la vue de faire voir que la pre: TM a res ih id , + eette manie d'employer en toute rencontre, le mot | analyse ; car on abuse pas du mot synthèse. Aujourd’hui le lidia cad qui sous-divise un sujet, com- pliqué, et celui qui forme des groupes d'idées, auxquels, il impose des. noma, regardent ces opérations si diverses comme des analyses. Le commentateur qui développe. longuement: le texte d'un livre, et Pabréviateur qui, dans un cadre resserré, nous en offre la substance, prétendent l’un et l'autre l'avoir analysé, Le EUM Ud qui décrit une plante; le chimiste qui, après en avoir détruit Por- ganisation, en met à nu les principes constitutifs, sont également réputés avoir fait une analyse. On analyse des procès, des arrêts; on analyse l’homme; le cœur, humain ; on flatte l'amour propre d'un grand, en disant de lui qu'il a l'esprit analytique ; ; et un auteur qui veut attirer sur son ouvrage les regards et l'attention du public, ne manque guères de Pintituler : Traité analytique. Certes, si les mots sont des signes institués pour différencier nos idées, je ne vois pas ce qu'on peut gagner à tout appeler du „même nom ; et quand même on voudrait s'obstiner à voir quelque chose Wanalytique dans tous les actes de notre intelligence, on me serait pas mieux fondé à les désigner tous par la dé- nomination commune d'analyse , que ne le serait un bibliothécaire à inscrire le seul mot livre au dos de chacun des "volumen: dela collection sonmise à sa surveillance. Revenons à nos deux méthodes : Kant les nomme méthode progressive et re~ versive. À la fin de son „optique, Newton dit que l'analyse va des effets aux causes, et il fait procéder la. synthèse en sens inverse, Le célèbre. Hooke „ con- temporain et compatriote de Newton, prétend „au contraire , = l'analyse va de la cause à l'effet, et la synthèse de Peflet à la cause. Soit qu'on s'occupe de la, recherche de quelques vérités nouvelles , soit qu'on veuille démontrer une vérité déjà découverte, il n'existe et il ne peut exister qu'une seule méthode, disent Hobbes et Condillac; c'est la synthèse, suivant le premier: c'est Pana- lyse, suivant le second. Au reste, nous renvoyons les lecteurs curieux de con- naître les opinions des philosophes sur ce point, aux ouvrages suivans: Pappi Alexandrini mathematicæ Collectiones, traduction de Commandin , 1660, et sur- tout à la préface du VII livre. Voici la traduction de ce passage curieux qui ne peut manquer d'intéresser les lecteurs. « L'analyse est le chemin qui partant de » la chose demandée que l'on accorde pour le moment, méne par une suite de » conséquences à quelque chose de connu antérieurement, ou mis au nombre des » principes reconnus pour vrais: cette méthode mous fait donc remonter d'une (47) mière se réduit! au fond à la seconde. Ces deux méthodes font done parcourir la même route, mais dans deux — opposés, 2 » m ou d'une proposition à ses PAPIER et nous la nommons analyse ou . » résolution’, comme qui dirait une solution en sens inverse. Dans la synthèse} » au contraire, mous partons de, la proposition qui se trouve la dernière de » l'analyse; ordonnant ensuite, d’après leur nature , les antécédens qui, plus haut, » se présentaient comme des conséquens , et les combinant Lentr'eux , nous arrivons » au but cherché ‘dont nous ‘étions partis dans le premier cas. On distingue » deux genres analyse : dans Fun, que Pom peut nommer contemplatif „ On se » propose de reconnaître la vérité ou la fausseté d’une proposition avancée ; » Pautre se rapporte à la solution des problèmes où à la recherche des vérités o inconnues. Dans le premier, en posant pour vrai, ou en regardant comme » déjà existant le sujet de la proposition avancée, nous marchons par les con- » séquences de lhypothése à quelque chose de connu, et si cé résultat est vrai, » la: proposition avancée est vraie aussi. La démonstration directe se forme ensuite, » en reprenant dans un ordre inverse les diverses parties de Vanalyse. Lorsqwil »is'agit d’un problème, nous le suppesons d'abord résolu, et nous poussons les » conséquences qui en dérivent; jusqu'à ce qu'elles nous mènent à quelque chose » de connu ; si le dernier résultat peut s’obtenir ; sil est compris dans ce que » les géomètres nomment données, la question proposée peut se résoudre : la »-démonstration ou plutôt la construction, se forme encore en prenant dans un » ordre inverse les différentes parties de l'analyse. L'impossibilité du dernier ré- » sultat de Panalyse , prouvera évidemment dans ce cas , comme dans le précédent ; i » celle de la chose demandée. Il y a, en outre, dans la solution de chaque pro- » blème , la.détermination ou discussion; c'est-à-dire, la partie du raisonnement » par laquelle on montre quand, comment et de — duniihe le em PO résolu. » : Vieta opera Mathematica, 1646. Vid. e ee eee cap. ax Nés eroyons encore devoir rapporter ici los définitions que ce géomètre a données de la synthèse et de l'analyse, d'après Théon, géomètre d'Alexandrie, plus à portée que nous de juger de la méthode des anciens géomètres grecs. ` — — quedam in mathematicis , quam Plato primus invenisse dicitur; a Theone nomi- nate analyses, el ab eodem definita , adsumptio quesiti tanquam. concessi. per consequentia ad verum concessum. Ut contra synthesis y adsumptio concessi per consequentie ad quoesiti finem et comprehensionem. Continuons nos citations : Apollonii Pergæi de sectione rationis, etc. par Halley ; idem locorum planorum , F "m nd. nt il ( 48 ) et elles n'ont absolument aucun avantage l'une sur l'autre, soit sous le rapport de la rigueur, soit sous celui de la brièveté, du moins en thèse générale. 2 — EEE —— — . Pour mieux faire ressortir la marche et le senc tone. propre de ces deux méthodes , appliquons-les successivement aux théorèmes et aux problèmes. Soient, en premier lieu, X une vérité à éta- blir, A une vérité dont on veut la faire dépendre , et B, C et D- les vérités intermédiaires qu'on a choisies pour ‘lier X à A, en ob- servant que B dépend de A, C de B, D de G, et enfin X de D. La démonstration synthétique du théorème X, aura la forme suivante: lib. IL, par Robert Simpson, 1749. La logique de Port-Royal, ou Art de penser, par Arnauld : les auteurs, à l'effet de bien établir la différence entre l'analyse et la synthèse, ont employé deux comparaisons dont la. seconde peint beaucoup mieux que la première. Les articles II et III des Pensées de Pascal que nous avons déjà cités comme une des autorités les plus imposantes en cette matière, Z? Histoire des Mathématiques , par Montucla , 1758, tom. 1. pag. 172 et suiv. Propositiones geometricæ more |. veterum demonstrate, auctor Stewart, 1765. Roberti Simpson opera quedam. reliqua, Glasg. 1776. Dans ? Encyclopédie de Lausanne, 1778, un article de M. Castillon père, sur Panalyse des anciens; il se trouve aussi dans V Encyclopédie méthodique, 1748. Les Elémens de Géométrie, par La Croix , 1779, discours. préliminaire, ou Essais. sur l Enseignement. La IT sectioh des signes et de l. Art de penser „par Degerando, 1800, tom. IV, pag. 172. Les Elémens d. Analyse géométrique et d Analyse algébrique, par Simon Lhuillier, 1809. Les Annales de Mathématiques de Nimes, mémoire de M. Gergonne ; éditeur. La Géométrie. de position, par Carnot, de la page y à 16, etc etc. Enfin le livre de M. le Commandeur de Nieuport, ayant pour titre: Essai sur la théorie du Raisonnement; nous recommanderons sur-tout le chapitre intitulé : Digression sur la Synthèse et l'Analyse : voyez aussi un autre ouvrage du même auteur, savoir: Un peu de tout ou Amusemens d'un sexagénaire : nous devons encore à ce savant un grand nombre d'excellens mémoires sur différens sujets de Mathématiques pures, et appliquées. Nous aurions pu citer davantage ; mais nous avons cru devoir nous restreindre aux seules opinions qui sont d’un certain poids dans cette question. ( 49 ) Si A est vraie, B le sera aussi. Si B est vraie, C le sera aussi, Si € est vraie, D le sera aussi. Si D est vraie, X le sera aussi. Or, A est vraie ; donc X lest pareillement. La dltiotiétratton roster du même théorème , aurait, au con- traire , la forme suivante : j l ^X serait vraie, si D l'était. D serait vraie, si C l'était. C serait vraie, si B l'était. B serait vraie, si A l'était. Or, A est vraie ; donc X lest pareillement. ape en "e lieu, qu'il soit question de résoudre un pro- bleme, que X soit la chose quil sagit de trouver, A une chose ‘qu'on sait trouver et au moyen de laquelle on veut parvenir à Tautre, enfin que B, C, D, E soient les choses à l'aide desquelles on s'est déterminé à établir la liaison entre X et A (1). À étant connue, on peut trouver B, B étant connue, on peut trouver C. siut Gs étant connue, on peut trouver D. D étant connue, on peut trouver X. Or, on sait trouver A; S x X bb geo donc on sait trouver X. (1). Dans la section de la géométrie à laquelle se rapporte ce discours, nous avons donné peu de problémes, parce que nous avons pensé qu'il fallait faire Yinstrument en son entier, avant de Pappliquer : la seconde section en offrira un très-grand-nombre. 7 (50) Si, au contraire, on voulait procéder e e il faudrait raisonner de cette manière : X sera connue, si l'on soit trouver D. D sera connue ,.si lon sait trouver C. C sera connue, si lon sait trouver B. B sera connue, si lon sait trouver A. Or, on sait trouver A; donc on sait trouver & II paraît évident, d'après ces notions consacrées depuis uli siècles, que, lorsqu'on sait bien par quels intermédiaires les vérités sont en- chainées les unes aux autres , on peut toujours, dans l'exposition de ces vérités, suivre, à volonté, la méthode synthétique ou la méthode analytique : il n'est pas moins évident qu'on peut rendre analytique une démonstration ou. une solution synthétique, et vice versa: enfin, on conçoit qu'on peut méme , pour parvenir à une vérité , combiner entrelles ces deux méthodes de plusieurs manières différentes. Ainsi, par exemple, si A est une vérité élémentaire de laquelle on se propose-de déduire une autre vérité U d'un ordre plus élevé, et que K soit une des vérités intermédiaires par lesquelles on veut parvenir de l'une à l'autre, on pourra s'élever synthétiquement de A à K, et descendre ensuite analytiquement de U à K; ou bien descendre d'abord analytiquement de K à A, et monter ensuite syn- thétiquement de. K à U. Il parait donc incontestable que l'analyse est tout aussi bien que la synthèse, une méthode de doctrine ; que chacune d'elles est de nature à se suffire à elle-même, et qu'enfin , lorsqu'on les emploie concurremment dans un méme raisonnement, il suffit, à la rigueur, que l'une d'elles parcoure l'espace que l'autre n'aura pas parcouru. . Cependant, comme nous né pouvons compter assez sur notre attention, pour être certains de ne jamais nous tromper dans un raisonnement un peu étendu, il peut être bon, et il est même très- convenable , de vérifier par l'une des deux méthodes, les résultats obtenus par autre; à-peu-près comme on s'assure , par un calcul inverse, de l'exactitude d'un premier calcul qu'on vient de terminer: mais il ne faut pas confondre un simple procédé de vérification avec d'essence de la méthode nécessaire pour parvenir à un certain résultat, et regarder cette mesure de précaution comme faisant M" essen- tielle de la méthode. | | Observons que nous n'avons encore considéré dans tout ce qui précède , que le cas où ils'agit d'enseigner des vérités déjà dé- couvertes et dont l'enchatnement est déjà bien connu. Voyons main- tenant de quelle manière on devra se conduire dans le cas où il s'agira d'ajouter des vérités nouvelles aux vérités déjà connues, et d'élever ainsi de plus en plus l'édifice de nos connaissances. ` "ci il se présente deux cas très-distincts : tantôt, en effet, on n'a d'autre but que de découvrir des vérités nouvelles, sans en avoir spécialement aucune en vue; tandis que, dans certains cas, l'analogie ou le besoin nous conduit à pressentir l'existence de quelque vérité dont nous désirons nous assurer, sans savoir précisément à quelle vérité antérieurement établie elle peut se rattacher ; ou à désirer la solution de quelque probléme , sans entrevoir encore de quel 1 déjà résolu on peut le faire dépendre: ^ — eim Pour nous placer dans le premier des deux cas distingués, dans celui où l'on découvre une vérité sans la chercher; tandis que, dans le second, on cherche une verité qui peut se cácher, supposons qu'ayant un triangle, on mène au hasard différentes droites qui le (52) coupent ; et que nous nommerons transversales ; l'une d'elles passe par le sommet et se trouve parallèle à la base: de cette particularité dans la position de la droite, combinée avec les propriétés des angles entre parallèles , on tire facilement la valeur de la somme des trois angles d'un triangle : voilà. donc une propriété due à la synthèse et au hasard, ce père de tant de découvertes (1). Autre exemple : après avoir prouvé qu'en abaissant du sommet de l'angle droit d'un triangle rectangle, une perpendiculaire sur l'hypothénuse , chaque côté de l'angle droit, est moyen proportionnel entre l'hypothénuse entière et le segment correspondant, si, poursuivant les conséquences de cette propriété, on fait sur les proportions qui en sont les tra- ductions, le produit des extrêmes et celui des moyens, on découvrira que le carré de chaque cóté de l'angle droit, est équivalent au rec- tangle construit sur l'hypothénuse et le segment correspondant : d'oà l'on conclura immédiatement le beau théorème de Pythagore, sans qu'alors il y ait lieu à offrir une hécatombe. En général, lorsqu'on n'est mu que par le désir vague de parvenir à des vérités nouvelles, ce quil y a de mieux à faire , est de tirer des vérités déjà démontrées , toutes les conséquences qu'elles peuvent offrir, dans lespoir d'en rencontrer quelques-unes qui soient dignes de remarque; c'est alors quil faut s'abandonner à la méthode yi thétique , et Yemployer avec adresse. Dans le cas où, au contraire, on a besoin de s'assurer en parti- culier, de la vérité d'une certaine proposition, ou de parvenir à la découverte d'une chose inconnue, on ne voit guère d'autre moyen (1) Il faut pourtant reconnaître que ces bonnes fortunes n'arrivent jamais aux hommes médiocres, et que si, par extraordinaire, il leur en survient une, ils ne savent pas en profiter: c'est à cette impuissance.qu'on les reconnaît, (53) d'arriver au but, sil s'agit d'un théorème à démontrer, que d'en faire passer l'énoncé par une-suite de traductions de plus en plus simples, et qui soit telle que chaque énoncé nouveau supposé vrai, entraîne la vérité de celui dont il est la traduction immédiate, et de continuer ainsi, jusqu'à ce qu'on arrive à quelque proposition dont la vérité soit préalablement reconnue. Est-il question de résoudre un problème ? on tentera de ramener la découverte de la chose cherchée à celle d'une autre chose, la découverte de celle-ci à celle d'une troisième , ét ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on parvienne à une difficulté qui se dénoue d'elle-même. D'où lon voit que, dans Tun et l'autre cas, c'est la méthode analytique qu'il convient de préférer (1): mais on pourra passer continuellement de traduction en traduction, sans ja- mais rencontrer aucun théorème antérieurement démontré, ou aucun — antérieurement résolu. | Dans l'exposition des vérités déjà découvertes, on tient entre ses mains la chaîne du raisonnement, et il n'est question que de la montrer aux élèves ou aux lecteurs, et de leur faire parcourir successive- . ment les divers anneaux qui la composent ; ce qui, ‘comme nous l'avons observé, peut se faire ou dans deux sens opposés, ou partie dans un sens et partie dans un autre, Mais, dans la recherche des vérités nouvelles, on n'a plus la même liberté; on ne connaît alors que pus deux mw de cette Vatt y et suivant qe c'est 716 GAS 9 ^ 1) Cest Platon. quy au rapport de Théon @ diesandrie, a enseigné le premier dux géométres grecs cette manière de raisonner. On demande souvent si les mo- dernes ont plus fait pour les sciences que les anciens: à cela on doit «répondre que nous n'avons fait que continuer ee qu'ils ont commencé, et qu’en toutes choses les premiers pas sont toujours les plus difficiles. Qu'aurait fait Archimede , sil cüt vécu de notre temps! (54) le premier ou le dernier anneau qui est connu, c'est la synthèse ou l'analyse quil faut employer. On a comparé, avec beaucoup de vérité, ces deux méthodes à celles qu'on peut suivre dans la recherche et dans l'exposition des généalogies ; il est certain, en effet, que celui qui connaît bien une généalogie, pourra la faire connaître aux autres, en descendant sans. cesse du père au fils, ou en remontant sans cesse du fils au père : mais il n’en sera plus ainsi, sil veut lui-même découvrir une généa- logie qui lui est inconnue. Il est évident, en effet, que ce ne sera qu'en descendant du père au fils quil parviendra à connaître les descendans actuels d'un homme qui a vécu dans des temps antérieurs; tandis. qu'il lui faudra suivre la marche inverse pour découvrir quels devaient être, à une époque éloignée, les ancêtres d'un borne vivant dont il est question. i Pod | 10 II paraît résulter clairement de ces notions’, quii de méme que l'analyse est tout aussi bien que la synthèse une méthode de doctrine, la synthèse est, à son tour, aussi bien que l'analyse, une méthode d'invention : mais tandis que, dans l'exposition des vérités déjà dé- couvertes, ces deux méthodes peuvent être indistinctement employées, puisqu'on a les deux extrémités de la chaine généalogique des pro- positions, on est forcé , au contraire, dans la poursuite des. vérités nouvelles , d'employer exclusivement l'une ou l'autre, suivant que les recherches auxquelles on se livre, ont un objet vague, ou qu'elles sont relatives à une question déterminée. On serait méme tenté de considérer la synthèse comme étant plus proprement encore que lanalyse, une méthode d'invention, tant parce qu'il n'est rien de ce qui a été trouvé par l'analyse, qui n'ait pu l'être par la synthèse, que parce que le hasard , le plus puissant et le plus universel de tous bid 2 (55) , | lesagens de découvertes, procède toujours synthétiquement. Au reste, quelle que soit celle de ces deux méthodes qu'on se détermine à suivre , et dans quelque recherche que ce soit, son wage ne pe garantir le succès. Dans la doctrine que nous venons d'exposer, nous avons em- ployé les mots synthèse et analyse, suivant lacception qu'on leur a uniformément et constamment donnée jusqu'à la moitié du dix- huitième siècle, et c'est aussi celle qui est la plus rapprochée de l'étymologie de ces deux mots. Mais depuis lors, Condillac et les métaphysiciens de son école, ont tellement embrouillé toutes ces notions , quil n'est pas surprenant qu'on soit obligé de les reprendre aujourd'hui avec beaucoup de soin et de détails, lorsqu'il y a environ un siècle, elles pouvaient passer pour populaires. Comme le nom de Condillac fait autorité, du moins en France, nous dirons que sa doctrine sur ce point est d'un examen d'autant plus embarrassant et d'autant plus difficile, qu'après avoir lu son livre en entier, on ne voit pas. bien clairement ce qu'il entend par analyse et synthèse : tout ce qu'on: peut en conclure, c'est qu'il professe, pour la derniere de ces deux méthodes , le mépris le plus profond, et qu'il regarde l'autre, au contraire, comme la méthode unique , la méthode par excellence; et on a d'autant plus de raison d'en étre surpris, que , d'une part, il considere quelquefois ces deux méthodes comme n'en faisant qu'une , et que, d'une autre, il confesse ne rien comprendre à la dernière. Ce métaphysicien répète à chaque page de sa logique, cette vérité à-peu-près inutile, qu'on ne peut aller que du connu à l'inconnu ; et comme il avance quelque part que l'analyse commence toujours bien, tandis que la synthèse commence toujours mal, on est fondé à soupçonner qu'il (56) pense que l'analyse seule va du connu à l'inconnu, tandis qu'au . contraire la synthèse procède en sens inverse ; et cependant sil est une méthode dont on puisse dire'en quelque sorte qu'elle passe de l'inconnu au connu, cest l'analyse, tandis que la synthèse mène du connu à l'inconnu : en effet, cette dernière méthode, comme nous l'avons remarqué, s'élève peu-à-peu des vérités les plus simples et les plus populaires aux plus sublimes conceptions auxquelles l'esprit humain puisse parvenir ; tandis que l'autre redescend par degrés de celle-ci aux notions élémentaires dans lesquelles toute proposition vraie doit se résoudre. En dernier lieu, nous croyons que Condillac n'est pas un guide aussi sûr quil a l'air de l'insinuer dans le dernier chapitre de son ouvrage, et que, parmi les philo- sophes qui l'ont précédé, et qu'il traite avec un dédain si superbe, il en est qui ont vu avant lui, et peut-étre mieux que lui, en quoi consiste réellement tout Tartiſice du raisonnement. | On croit cependant que c'est par l'analyse que les géométres du, siècle dernier ont fait les nombreuses découvertes qui les ont illustrés, et qui ont servi de matériaux à leurs successeurs : mais, soit pour cacher leur marche , ou plutót parce que n'étant pas assez familiarisés avec cette méthode , ils n'osaient s'y confier entiórement, il est certain que lorsqu'ils étaient parvenus à une proposition, ils la montraient toujours synthétiquement. On a vu dans les écrits posthumes de Pascal et de Roberval, qu'ils faisaient d'abord usage de la méthode des indivisibles, due à Cavaleri (1), et qui est une (1) Cavaleri où Cavalieri , suivant d'autres , naquit à Bologne en 1655 : il fut disciple de Galilée et ami de Torricelli: on dit qu'étant tourmenté par la goutte, on lui conseilla de se distraire de ses douleurs , en se livrant à l'étude. de la géométrie: il le fit et s’en trouva bien; mais je crois que la science s’en trouva encore mieux. 57 ) méthode de décomposition, et x ‘ensuite ils | démontraient I la vérité de leurs résultats A la manière des anciens ;, ; ile ne cachaient leurs procédés d'invention que parce que ces procédés n'étant pas. réduits en règles et en méthodes générales G) % ils | avaient le plus grand intérêt à les tenir secrets, pour s'assurer des armes propres à les faire triompher des attaques que leur portaient leurs rivaux dans les défis qui, à cette époque, se multipliaient chaque jour (2). a Dans le. premier chapitre d'un ouvrage recommandable sous beaucoup de rapports (Géométrie de position, in. I. o, Paris 1803, pag. y et suly.), le célèbre Carnot a donné, sur l'analyse et sur la synthèse, une doctrine qui lui est propre, et. qui n'a pas plus d'analogie avec celle de Condillac T la. nôtre ; mais, au moins, j — , ^ i Yi 4 i 1 POR Pe, ^ LE à; i 15 Les règles > dit Condillac, sont comme des pr on d établis sur "pe ponts , non pas pour faire marcher les voyageurs, mais. pour les empécher de tomber. Celles qui ont été données par Pascal et Descartes, paraissent suffisantes nr les esprits justes; il n’y a pas de géométrie pour les autres. I e) Ce motif. n'était peut-être pas celui de: Newton ; mais du moins ü REN qu'une proposition de mathématiques n'était digne de voir le jour, que lorsqu'elle était revétue d'une démonstration synthétique. Voici comment il s'exprime : « Post- „quam área curve alicujus ita ( análytice ) reperta est et constructa, indaganda y est demonstratio constrüctionis , ut omisso, quatenus. fieri potest, calculo al- Miror T PAR fiat concinnum et elegans , AC LUMEN PUBLICUM SUSTINERE » valea Place, Lagrange et Carnot pensaient aussi que Newton avait découvert par Panalysela plupart de ses théorèmes, mais que sa prédilection pour la synthèse , el sa grande estime pour la géométrie des anciens , lui firent traduire sous une forme synthétique ses théorèmes et sa méthode mème des fluxions. L’il- lustre Lagrange qui m'honorait de son amitié, me répétait souvent qu'il avait à se reprocher d'avoir répandu et entretenu au sein de l'école polytechnique, le goût de Taualyse pure (des calculs algébriques ), et qu'il désirait qu'on rappelát - dans cet établissement la culture de la géométrie, a * is 8 (58) il diffère du métaphysicien français en ce sens qu'il exposé ses idées de la manière la plus. franche et la plus fümninetisd, Cet illustre géomètre semble ignorer d'abord e ce que pouftant il Sait aussi bien que qui que ce soit,c 'est-à-dire , quil semble croire que les mots synthèse et analyse ont une signification intrinsèque, tout-à-fait in- dépendante des conventions humaines, et il a l'air de vouloir cher- cher quelle peut être cette signification (1) : il posé d'abord en principe que l'analyse doit étre une méthode trés-différente de la synthèsé, qu'elle doit lui être de beaucoup supérieure, qu'enfin elle est en entier l'ouvrage des modernes ; mais on ne voit pas claire- ment sur quel fondemént il appuie ses assertións ; enfin, suivant la doctrine dé M. Carnot, soit qu'on "cherche la pag? soit qu'on veuille la montrer à autrui, soit qu'on parle la langue vulgaire ou qu'on emploie les symboles algébriques, soit enfin qu'on s'élève des vérités premières à d'autres d'un ordre supérieur, Où qu'on re- descende de celles-ci aux vérités simples, on procèdera. synthéti- quement toutes les fois qu'on né perdra pas son objet de vue, et que les intermédiaires dont on fera usage, seront des êtres réels tout-à-fait cohcevables | pour l'intelligence et de nature à pouvoir être montrés, ainsi qu'il arrive constamment dans la géométrie élémen- tairé, et tres-fréquemment en algebre: mais lorsqu'au contraire , dans la chaine des intermédiaires auxquels on aura eu recours pour lier deux vérités , il Sen trouvera un ou plusieurs non susceptibles N (i) Cette erreur ; trii -fiéquiesite cliez les philosophes parait . avoir sa source . dans l’habitude où Von est, d'admettre dés définitions de choses. Si Pon se per- suadait bien qu'il n'y a réellement dans les Sciences abstraites que des définitions de noms, on éviterait bien des erreurs. EG 59 d'être conçus par l'esprit et (doo ait i yintelligibles”] pour lui (1), la méthode ` sera des-lors analytique. Te lle est, en substance, la doctrine de Carnot, que nous laissons à nos lecteurs. le soin d'ap- précier, sans cependant que sa réputation, comme géomètre, puisse en recevoir la plus légère atteinte. Tous les gens éclairés conviennent de la difficulté de faire + bons élémens dans quelque science que ce soit : mais il faut pour- tant reconnaître qu'elle est moindre à l'égard de la géométrie, et parce qu'on possède déjà beaucoup de bons ouvrages sur cette matière, et parce. que Pascal, toujours admirable dans la partie . , philosophique , de ses pensées, nous a légué des régles que nous allons rappeler, règles dont l'observation à A, cependant € été négligée par 1 le plus grand. nombre de ceux qui, postérieurement pnt e sur ce sujet. 12 N'entreprendre « de définir « aucune des choses tellement ‘connues y ig a qu'on n'ait point de termes plus clairs | pour les. e- pliquer., deo y employer aucun p un pew obscur ou PER sans definition. 3% N'employer. dans les définitions que des termes parfaitement connus ou d, expliqués. 4% N'admettre aucun des principes ‘nécessaires , sans avoir. de- mandé si on l'accorde, quelque clair et évident qu'il paraisse. 5.° Ne poser en axiomes que des choses parfaitement évidentes d'elles-mémes. . o 0 Telles. , suivant Carnot, a quantités négatives isolées, et toutes les expressions. “M STE auxquelles des donnent lieu, et, en particulier, les ima- ER (Koyez U Algeb.) " (60) 6° N’ e de démontrer aucune des choses qui sont telle- ment évidentes d'elles-mémes, quon n vai: rien de plus clair à dire pour les prouver (1). 7.° Prouver toutes les propositions un peu obscures, en n'em- ployant à cet effet que des axiomes très-évidens d'eux-mêmes , ou des propositions déjà démontrées ou accordées. | 8 Ne jamais abuser de l'équivoque des termes, en manquant - de substituer mentalement les définitions qui les restreignent ou les expliquent. On jugera si je, me suis conformé à ces préceptes. Maintenant je vais tracer la marche que jai suivie dans la rédaction du traité que j'ai composé pour les élèves de notre université. J'ai divisé l'ouvrage en vingt-sept chapitres, dont on trouvera les ütres et le contenu dans la table générale des matières (2) : la géo- métrie à une dimension, fait le sujet des dix premiers. Comme la trigonométrie plane ne suppose, en aucune maniere, les plans et volumes, et que d'ailleurs les formules qu'elle fournit peuvent ser- vir, dans plusieurs occasions, à simplifier la démonstration de quel- eee des thearemer sur ren en "deu: et trois dime jai sacré les. quatre chapitres suivans : c'est une innovation dont je dois l'idée à l'auteur de la Mécanique céleste. J'ai accordé trois chapitres à ‘ R 3 * y nu (1) On observera que ce précepte n'est pas une redite du premier. , (2) Dans cette table, j'ai relaté les énoncés, les numéros des figures, le nombre de corollaires. et des remarques , afin que le lecteur puisse, à mesure qu'il aura étudié un chapitre, le résumer d’après les seules données de Vénoncé et de la figure, et tirer toutes les conséquences auxquelles la proposition donne lieu. - (6: ) la section des plans, que je considère comme une introduction à /z géométrie descriptive dont on trouve les élémens plus loin. Les pro- 'priétés de la sphère, et la trigonométrie sphérique qui comprend, soit implicitement, soit explicitement , toutes les formules de Fas- tronomie sphérique , sont exposées dans les chapitres dix-huit, dix-neuf, vingt et vingt- un. Les quatre suivans offrent la géo- métrie des corps ou des volumes : ¡ici la science se présente avec l'appareil de ses trois dimensions, sur lesquelles les spéculations précédentes nous avaient permis d'en écarter successivement deux et une. Dans le vingt-sixième dont l'étendue est proportionnée à son importance, jexpose les élémens de la géométrie descriptive, science moderne qui a pour objet, 1.° de représenter sur une feuille de papier n'ayant que deux dimensions, des corps qui en ont trois; 2.2 de donner. la manièré de reconnaître, d'après cette description, la forme des corps, puis de conclure de ces formes et de la po- sition respective de ces mêmes corps, toutes les vérités. qui en ré- sultent. Enfin, le tout est terminé par un chapitre entièrement neuf, ayant pour titre : les Réciproques , ou Inverses de la Géomé- trie. Pour faire sentir l'importance de ce complément, il est à propos d'observer qu'un théorème renferme deux parties, savoir, lhypo- thèse et la conclusion qui en est la conséquence. Or, il n'est pas toujours possible de renverser l'énoncé, c'est-à-dire, qu'en prenant la conclusion pour hypothèse, on n'a pas toujours pour conclusion l'hypothèse première; et cela parce que la conclusion primitive convient quelquefois à un plus grand nombre de cas que l'hypo- thèse : de R résulte la nécessité de démontrer les propositions in- verses, nécessité que sentiront sur-tout ceux qui, ne voulant pas sen tenir aux élémens de la géométrie, prendront la peine d'étu- (62) dier la seconde section de ce traité , qui renfermera un grand nom- : bre de recherches piquantes et de problèmes curieux (1). Comme un traité de géométrie ne comporte pas une analyse détaillée telle qu'on en trouvera en tête de quelques autres parties du cours complet dont je m'occupe , je me bornerai à faire con- naître le principe par lequel j'ai remplacé celui des limites, tou- jours nébuleux , et celui de la réduction à l'absurde , auquel on ne peut contester lavaniage de convaincre , mais qui, du moins, nia pas celui d'éclairer. 4 Je prendrai pour exemple la recherche de la alae du cer- cle: après avoir circonscrit un polygone régulier à un cercle , on est conduit à deux égalités, savoir : 1;° la surface du polygone égale à celle du cercle, plus une. quantité variable avec le nom- bre des côtés du polygone; 2. la surface du polygone égale à la moitié du produit de son contour par le rayon : or, en égalant les seconds membres de ces égalités, parce que les premiers sont égaux , remplaçant le périmètre du polygone par la circonférence , plus l'excès du périmètre. sur cette circonférence , et dégageant de cette égalité la lettre qui dénote la surface du cercle, c'est-à- dire, lisolant dans le premier membre, on trouve enfin l'aire du cercle, exprimée par le demi-produit de la circonférence par le rayon, augmenté d'une quantité variable avec le «périmètre du po- lygone circonscrit. Or, comme la surface d'un cercle ne peut va- 7 (1) Nous devons dire, à la decharge des géomètres actuellement existans, qu "on saccuse de s'étre livrés exclusivement à des spéculations analytiques, qu "ils peuvent revendiquer l'honneur d'une géométrie moderne qu’on trouvera dans la seconde section annoncée; et que d'ailleurs la mécanique céleste exigeait tous leurs ef- forts vers le perfectionnement du calcul intégral, | ( 63 ) rier quautant que son rayon varie, ou, en d'autres termes, comme sous un rayon déterminé , un cercle ne peut avoir qu une seule aire, ón doit donc rejeter de l'expression ci-dessus , le terme qui, par sa variabilité, multiplierait les valeurs de l'airé, exclusion qui denne enfin pour mesure de la surface, la moitié du produit de la cif- conférence par le rayon. Dans des notes qu'on trouve à la fin de ce traité, jai repris et présenté d'une manière qui, ce me sem- ble, ne peut laisser le plus léger nuage dans l'esprit, ce méme principe qui a l'avantage de s'appliquer dans tous les cas où lon emploie soit les limites, soit la réduction à l'absurde, et qui nous sert encore à passer du cas de la commensurabilité à celui de Lin- commensurabilité ; ce qu'on ne prenait pas la peine de faire dans le8 anciens traités ‘où on concluait sans facon de l'un.à l'autre. . On a beaucoup disserté sur la question de savoir sil fallait inter- poser la géométrie entre larithmétique et l'algèbre, ou la placer à la suite de celle-ci : il est hors de doute que si l'arithmétique a été réduite aux quatre premières opérations, il faut la compléter par l'algèbre avant de passer à la géométrie ; que si, à notre exem- ple, on lui a donné toute l'étendue et la généralité qu'elle comporte et qu'elle réclame , elle suffit alors pour l'intelligence de la géo- métrie, distraction faite des théorèmes que nous avons renfermés entre crochets , lesquels supposent l'algèbre jusques et y compris la résolution des équations du second degré, mais qu'on peut se dispen- ser d'étudier. - J'ai cru devoir multiplier les renvois, sur-tout dans les premiers chapitres , parce que le lecteur n'étant pas encore assez familiarisé avec les énoncés des théorèmes pour se les rappeler au besoin, il importe de lui montrer tous les anneaux de la chaine qui lie les ( 64 ) ) antécédens. Lorsque la proposition rappelée fait partie du même chapitre, je ne cite que le théorème ; mais lorsqu'elle appartient à un autre chapitre, j indique d'abord en chiffres romains le numéro de ce chapitre, puis le théorème, et , à la suite, le corollaire ou la remarque , selon que la propriété invoquée est établie dans le théorème , dans le corollaire ou dans la remarque : il m'est quel- quefois arrivé de renvoyer à une proposition plus avancée, ce qui est permis en saine logique, lorsque celle-ci ne suppose en aucune manière la première ; autrement, on ferait ce qu'on appelle un cercle vicieux. á od i La partie typographique de l'ouvrage, fait honneur aux presses de M. Houdin , capable de tous les sacrifices dans l'intérêt de son art et de sa réputation. Les planches ont été gravées par M. Au- bertin que le Collége des Curateurs, toujours occupé d'améliora- tions, a fait attacher comme lecteur á notre Université. La lettre a été gravée chez M. Houdin qui a fait monter dans son établissement une presse pour le tirage des planches. brrr DISCOURS .. SUR LARITHMÉTIQUE, | { ) GCC CC PRONONCÉ 4 la séance d'ouverture de ce Cours, le 18 novembre. 1817» ee J.-G. GARNIER. fok fio asini? Linus de Tatithmétidue; comme celle des nations, est enveloppée d'épaisses ténèbres que l'érudition la plus vaste et la critique la plus . saine essaieraient vainement de dissiper. Aussi passerons-nous ra- pidement sur les premiers âges, de cette science, pour nous háter d'arriver à l'époque où commence son histoire. Strabon , qui vivait sous Auguste, raconte, dans sa géographie , que, de son temps, on attribuait aux Phéniciens l'invention de larith- méthique ainsi que celle de l'écriture : cette opinion devait prendre d'autant plus de faveur que les Phéniciens ayant été les plus anciens commerçans connus , ont dà. naturellement chercher à perfectionner , (66) un instrument dont ils faisaient un usage journalier. Mais les élémens de Varithmétique étaient connus des Chaldéens et des Égyptiens bien long-temps avant quil ‘fae question des Phéniciens, qui, vrai- semblablement , les apprirent de ces derniers , leurs voisins. 7 Thalès fondateur de / École donienne dont il a déjà été question dans les deux discours précédens, voyagea long-temps dans l'Egypte et dans Inde, d'où il revint riche de connaissances en géométrie et en astronomie, qu ‘il augmenta. par ses propres méditations; mais on ne dit pas ce qu'il y a appris en arithmétique. T Les combinaisons des nombres furent une des méditations favorites de Pythagore de Samos , célebre | par son immense savoir et par la singularité de ses opinions philosophiques. Selon quelques auteurs , Pythagore est à la tête des invériteurs de Vancienne cabale; ce phi- losophe attachait aux nombres plusieurs vertus mystérieuses ; il ne jurait que par le nombre quatre qui était pour lui le nombre par excellence, Je nombre des nombres; il trouvait aussi dans le nombre trois plusieurs propriétés merveilleuses. Au reste , de toutes les dé- couvertes arithmétiques de Pythagore , vraies ou supposées, le temps n'a respecté que sa table dé multiplication; Le goût qu'il avait ré pandu dans son école: pour les recherches et les propriétés: des nombres , donna naissance à quelques théories ingénieuses; entr'au- tres celle des nombres figures „qui s'est développée par degrés et dont on a fait par la suite plusieurs applications tant curieuses qu'utiles: On juge par les ouvrages: qui nous restent des anciens qu outre l'addition, la: soustraction; la multiplication et la division; ils possé= daient des méthodes: pour extraire les racines carrées et cubiques, et qu'ils connaissaient la théorie des proportions arithmétique et géo- métrique. Le fameux crible d Eratosthérie; bibliothécaire" du Musée (67) d'Alexandrié, né l'an 280 avant J.-C., n'offrait pas seulement un éxpédient facile et commode pour trouver les nombres premiers dont la recherche est curieuse et importante en elle-même, mais éncore il fournissait le moyen de réduire une fraction-à sa plus simple expression. Diophante, né vers l'an 350 de re chrétienne; et l'un des plus célèbres mathématiciens de l'École d'Alexandrie , fit faire un pas immense à l'arithmétique par l'invention de l'analyse indéterminée qu'il a maniée avec une sagacité vraiment originale : nous allons essayer de donner une idée de ces sortes de questioris. On propose, par exemple, 1.° de partager un nombre carré en deux autres nombres carrés; 2.2 de trouver deux nombres dont la somme soit en raison donnée avec la somme de leurs carrés; 3° de former deux nombres carrés dont la différence soit un carré. La solution de ces énoncés ne présenterait aucune difficulté, si l'on permettait d'employer des nombres quelconques ; mais si l'on i impose la condition que les nom- bres cherchés seront entiers, alors la recherche devient laborieuse. Diophante a trouvé la manière de soumettre toutes les questions de cette nature à des règles certaines, et exemptes de toute espèce de tâtonnement, ce qui constitue la méthode proprement dite. Il avait écrit treize livres d'arithmétique ; les six premiers sont arrivés jus- qu'à nous, tous les autres sont perdus , si cependant un septième qu'on trouve dans quelques éditions de Diophante, n'est pas de lui: ce der- nier contient de savantes recherches sur les propriétés des nombres figurés. Diophante a eu parmi les anciens un grand nombre d'interprè- tes dont les ouvrages sont perdus en grande partie; on regrette sur- tout le commentaire de la célèbre Hypathia , née Yan 4 10 de l’Ere chré- tienne : les talens, les vertus et les malheurs de cette illustre victime du fanatisme, méritent, au moins, une courte notice. Le philo- (68) . sophe Théon, son père, avait pris un tel soin de son instruction ; et elle ſit en peu de temps de tels progrès, qu'elle fut choisie, étant tres · jeune encore, pour enseigner les mathématiques dans. l'école d'Alexandrie. Tous les historiens s'accordent à dire qu'aux graces de la figure , elle joignait une rare modestie, des mœurs pures et une prudence consommée. Ces avantages et ces qualités lui donnèrentune grande considération à Alexandrie ; et sur-tout auprès d'Oreste, gou- verneur de cette ville. De misérables disputes de théologie , ayant fait naitre une cruelle dissention entre Oreste et Saint Cyrille, les moines de la faction de ce dernier, excitèrent le peuple à massacrer Hypa- thia , en la représentant comme l'auteur des troubles, par les conseils qu'elle donnait au gouverneur. Cette action, dit l'historien Socrate , attira un grand reproche à Cyrille et à l'école d'Alexandrie ; car ces violences sont tout-à-fait contraires à l'esprit du christianisme. A Foc- casion de ce déplorable événement, M. I 4224 Bossut y géomètre que les sciences, et les lettres ont perdu, il y a quelques années, observe que Fleury, auteur. de l'histoire ecclésiastique, fort attaché. peut-être aux dogmes d'une religion qui se montra trop souvent intolérante, ne peint pas avec assez d'énergie toute l'horreur que ce crime abo- minable aurait dà lui inspirer. On voit. donc que les sciences peuvent aussi se glorifier d'avoir eu leurs martyrs. Retournons dans l'Inde. On a obtenu récemment des détails sur l'état des sciences dans cette contrée (1), et il est probable que les á " à 8 intitulé : Tracts on — etc. , 3 vol. in-8.°, Londres 1812. CE encore sur cette matière un mémoire très-important de TE Davis, dans le second volume des Recherches asiatiques ; et deux savantes dissertations sur la /rigomo- métrie et l'astronomie indiennes , par le professeur, Playfair , dans les deuxième et quatrième volumes des Transactions philosophiques d'Edimbourg: ( 69 ) recherches des savans anglais, nous procureront bientôt des renseigne- . mens plus circonstanciés. On avait depuis long-temps quelques raisons de soupçonner que les principes de larithmétique, ainsi que ceux de l'algèbre, qui nous ont été transmis par les Maures et les Arabes, leur venaient des Indiens: en effet, il y a déjà plus d'un, siècle qu'on. sait en Europe que ceux-ci Ai des PENA très- avancés sur l'as tronomie (1). Des renseignemens sur ce point, dus à des savans AA ont Gad publiés dans les mémoires de l'Académie, et élaborés. par Lin- fortuné Bailly, dans son ouvrage sur l'astronomie indienne. Depuis cette époque, des. communications importantes ont été faites par plusieurs membres de Ja société de Calcutta et par d'autres ama- teurs de la science, tels que MM. Williams Jones, Samuël Davis, Edouard Strachey et beaucoup d'autres, et l'on a maintenant acquis la certitude que les Indiens ont dû être en possession, trois à quatre mille ans; au moins, avant l'Ére chrétienne, de. plusieurs. observa- tions astronomiques très-exactes , et des règles de calcul, règles qui ‚supposent une grande connaissance de la géométrie, des deux trigo- nométries , et I ‘usage de tables bien faites de sinus et de sinus verses. On a trouvé dans l'Inde des ouvrages sur l'algèbre, composés dans la langue du pays, ou traduits de cette langue en persan. Quelques-unes de ces traductions persanes sont entre les mains de M. Davis, baronnet de Hill-Street et l'un des directeurs de la Compagnie de Indes orientales; elles sont en partie accompagnées — Mn (a) Il était naturel de soupçonner qu'un peuple qui avait des connaissances aussi étendues dans les diverses branches des mathématiques, ne pouvait pas être étranger à la science algébrique, (70) d'une traduction anglaise. M. Edouard Strachey a fait passer en . Angleterre quelques autres traductions d'ouvrages du même genre dont nous allons faire connaitre la substance. Le premier ouvrage communiqué par ce savant, est un mémoire imprimé sur l'ori- ginalité , l'étendue et l'importance des connaissances mathématiques des Indiens, avec quelques exiraits de Ia traduction persanne de deux ouvrages indiens, l'un nommé le Léelawuttée, et l'autre le Bee Gunnit, ou bien Bija Ganita, selon l'orthographe de M. Davis. M. Stra- chey nous apprend que ces deux ouvrages ont été composés par Bhas- ker Acharij, célèbre mathématicien et astronome indou qui vivait vers le commencement du 13. siècle de IEre chrétienne : le dernier de ces traités, relatif à l'algèbre et à ses applications, a été traduit en langue persanne par Utta Ulla Rusheedée, en 1634, probable- ment à Agra ou à Dehli: le premier a été traduit dans la méme langue, en 1587, par le célèbre Fyzée. | C'est un fait bien constaté, dit M. Strachey, que les Perses tien- nent leurs sciences des Arabes, et que ceux-ci doivent beaucoup de leurs connaissances mathématiques aux Grecs ; mais il n'en est pas moins certain que l'arithmétique desArabes, leur est venue des Indiens (Disc. sur l'Astr., pag. 3), et il devient très-probable qu'ils tiennent leur algèbre de la même source. Mais l'époque de l'introduction de cette science, et les circonstances qui l'accompagnèrent , sont en- tièrement inconnues. mes vt wiek oui ralgebre (i ) des Grecs, des Arabes et t des Eu- E (1) Cette différence sera discutée et appréciée dans le discours sur l’algèbre, qui sera inséré dans les annales suivantes, et dans lequel nous compléterons ce qui nous reste à dire sur l'état de cette science dans l'Inde. — (71) ropéens d'a d'aujourd'hui, avec les traductions persannes du Léelawuttée et du Beej Gunnit, on reconnaît que l'algèbre des. Arabes diffère essentiellement de celle de Diophante ; que l'une n'est pas déduite de l'autre ; que les Arabes n'ont pas beaucoup. ajouté à ce qu'ils ont emprunté des Indiens ; que les deux ouvrages que nous venons de citer, renferment les principes nécessaires pour résoudre toutes les questions de l'algèbre de Diophante et de celle des Arabes ; que dans ces. traductions se trouvent des questions résolues d'après des prin- cipes que l'algèbre de Diophante et celle des Arabes ne peuvent sup- pléer; enfin, que les Indiens étaient plus avancés dans toutes les par- ties de cette science que les Européens, vers le milieu du 18.* siècle (1). La traduction du Léelawuttée renferme un chapitre sur les combi- raisons et un autre sur les progressions : la règle prescrite pour ré- soudre cette question générale, trouver le nombre de mélanges. dont différentes choses sont susceptibles, est énoncée d'une manière très- verbeuse : on l'applique à cette question; les six saveurs appelées en indien Khut-rus étant 1.° le sucré, 2.2 le salé, 3. l'aigre, 4° le douæ, 5.2 Tamer, 6.2 l'ácre : trouver le nombre de mélanges qu'on peut pro- duire en combinant ces saveurs de toutes les manières possibles. On y trouve ensuite des règles pour sommer 1.° la progression dont le premier terme est l'unité et dont chaque terme surpasse le précédent dune unité; 2. pour obtenir la somme des termes provenant de l'addition continuelle des termes de cette progression ; ce qui revient ' à la sommation des nombres naturels et des nombres triangulaires. wu, (1) Cette assertion ne nous paraît pas résulter des documens que nous avons sous les yeux ; an reste, quoi qu'il en soit de l'état des sciences dans l'Inde et dans PEurope ; il est certain que, si elles ont eu une commune origine, elles marchent depuis long-temps sans sé donner la main. (72) Cette traduction persanne offre encore des règles pour la sommation des carrés et des cubes des nombres naturels, et une autre pour som” mer les termes d'une progression géométrique : cette dernière, qui revient à lanótre, montre que les Indiens sont en possession de signes particuliers pour la multiplication et la division des puissances. ll n'est pas certain qu'on ait connu en Europe, avant le 13. siècle; quel- ques-unes des règles contenues dans ces deux chapitres du Léla- wuttée. Pelletarius, dans son algèbre i imprimée en 1558, donne une table des carrés et des cubes des nombres naturels, et entr ‘autres propriétés de ces nombres, il fait remarquer que la somme des cu- bes, en partant de l'unité, est toujours un carré dont la racine est égale à à la somme des racines cubiques de ces nombres. Cette pro- priété s'accorde avec une règle consignée dans le Léelawuttée. Nous. allons terminer cet historique par quelques particularités , qui ne sont pas sans intérêt. Feu M. Reubou Burrow a recueilli dans les Indes grand nombre de manuscrits sanscrits et persans qui traitent des mathématiques ; ; les ouvrages persans : sont des traductions d'originaux sanscrits : ce savant orientaliste a légué plu- sieurs de ses manuscrits à son fils qui réside en Angleterre, sous la condition de ne les lui remettre que lorsqu'il aura acquis les connaissances nécessaires pour les entendre : il a aussi légué un ou deux manuscrits à son ami, M. Dalby, professeur de máthé- matiques à l'école royale militaire de Wycombe; les traductions persanes du Bija Ganita et du Lilavati , avec l'essai d'une traduc- tion anglaise de cet ouvrage, sont entre les mains de ce professeur ; mais celle de M. Burrow, écrite interlinéairement au crayon, courait risque d'être effacée ; heureusement M. Dalby a recu de M. Strachey une traduction anglaise complete du Bija que le tra- (73 } dueteur français M. Terguem a eu à sa disposition; de plus M. Dalby. a eu la complaisance de lui envoyer des remarques! sur les manus- crits originaux persans, et de son côté, M. Charles Wilkins, libraire de la conipagnie des Indes orientales , lui a fourni les caractères em- ployés dans ces traités avec leur signification. Voici, selon le dernier, les étymologies des noms sanscrits des deux ouvrages nommés Lilawati ou Lilavati et Bija Ganita: le premier nom est un adjectif du genre féminin , dérivé du mot Lila, qui signifie également jeu, amusement, plaisirs , recherches , efforts ; en sorte que le titre peut également se traduire ‘par livre de récréation, livre des recherches, ete. Bija, proprement dit Via, signifie une semence, ou l'origine de quelque chose ; Ganita est le participe passé du verbe Gan, qui veut dire comptes , calculs ; ainsi Bija Ganita signifie littéralement la sé mence calculée, la source ou la racine calculée. Nous observeróns que les titres des ouvrages sanscrits, indiquent rarement leur contenu. Nous avons dit, dans le discours sur la géométrie, que le Lila- patı. traite de la mesure des corps , de l'arithmétique, etc. : dans l'introduction de cet ouvrage, on lit que l'auteur Bhasker-Acharya ou Acharij , était de Biddur, sur la frontière septentrionale de Undostan; l'époque précise de sa publication n'est pas bien con- fiue; mais dans un autre ouvrage du méme auteur, de l'annéé 1105 du Salbahan(1), on trouve les motifs qui ont determine Bas. ker à le composer (2): Cet ouvrage contient les premières règles T (a) Suivant la chronologie des Indiens, le Salbahan commence à l'an 80 de notre Ère; donc le Lilavati a dà être composé vers Pan 1185 de PÈre chrétienne, (2) Dans la traduction anglaise de la préface dont le traducteur persan (Fuzy), à enrichi le Lilapati , on lit que ce livre a été composé à Poccasion de l'anec- » dote suivante : « Lilavati était le nom de la fille de l'auteur ; Pascendant ; ig | (74) de larithmétique , la théorie des fractions, des extractions: des racines , etc.; la règle de Talliage y est traitée avec beaucoup d'étendue : vers la fin, on trouve quelque chose sur ce que l'auteur appelle. /es formes ‚et qui paraît avoir de l'analogie avec nos rè- gles combinatoires. Les différentes modifications que les chiffres ont subies, et qu'on suit dans une planche annexée à la traduction, nous autorisent à croire que les chiffres sont d'origine indoue, et quils nous sont parvenus par l'Arabie, l'Afrique et l'Espagne; il serait donc plus exact de les appeler chiffres indiens que chiffres arabes, comme on le fait communément, Il résulte donc de ces précieux documens que les Arabes tiennent l'arithmétique des Indiens : le célèbre Gerber? qui, dans la suite, fut pape sous le nom de Silvestre II, alla puiser cette science en Espagne de l'étoile qui présidait à sa naissance, condammait cette fille à passer sa vie dans le célibat ; cependant le père attendait une heure favorable pour la marier : à l'approche de l'heure fatale, il fit venir sa fille et l'époux qu'il lui destinait , et ayant posé la coupe horaire près d'un vase rempli d'eau com- muniquant avec cette coupe, il choisit un astrologue connaisseur de l'état du ciel, pour observer le moment précis où la coupe horaire serait remplie d’eau : mais les destins étant contraires à cette opération, il arriva que la jeune pérsonne, poussée par une curiosité naturelle à son áge et sur-tout à son sexe, regarda dans la coupe pour voir entrer l'eau ; une perle se détacha ac- cidentellement de son vétement nuptial, tomba bel le vase, et boucha l'ou- verture par laquelle l'eau s'écoulait. Cependant l'astrologue attendait toujours Pheure promise; mais l'opération s'étant prolongée de beaucoup au-delà du temps ordinaire, le père était dans la consternation : en examinant l'appareil il trouva qu'une petite perle avait bouché Vorifice par où Peau devait s'é- couler, et qu'ainsi Pheure si impatiemment désirée était passée sans retour, Désolé de ce contre-temps, le père adresse ces paroles à sa fille: je vais com- » poser un ouvrage qui portera ton nom et passera aux temps les plus reculés ; » bonne renommée est une seconde vie et le principe d'une existence éternelle. » Cet ouvrage est divisé en trois parties, savoir; une introduction, des règles et une conclusion. Eee vv» - (75) où les premiers dominaient alors, et il la pépandit dans le reste de l'Europe, vers l'an 960 (1). | Au commencement du 15.* siècle, Emmanuel Moscopule , moine grec, fit l'ingénieuse découverte: des carrés magiques, qui, sans offrir d'utilité reelle, a pourtant l'avantage d'exercer l'esprit en l'amu- sant: ces recherches piquantes furent étendues et complétées par Corneille Agrippa , Bachet de Meziriac (x), Frenicle de Bessi, Poig- nard, chanoine de Bruxelles, qui, en 1703, publia sur les carrés magiques un livre où on trouve deux innovations qui embellisent et étendent ce probléme, par La Hire et Sauveur , membres de l'Aca- demie des sciences de France; enfin par Pajot Osembrai et Rallier des Ourmes. 1 y a lieu de croire que la matière est épuisée. Maurolic, abbé de Sainte-Marie du Port en Sicile, qui florissait dans le 15.* siècle, s'attacha à sommer plusieurs suites de nombres, comme la suite des nombres naturels, celle de leurs carrés, celle des nombres triangulaires, etc. : il donna sur ce . des théorèmes remarquables par leur simplicité. Le 17 siècle vit éclore la belle découverte des logarithmes , qui a rendu et qui rendra à jamais les services les plus signalés à toutes les parties de la science, et sur-tout à l'astronomie dans laquelle la patience méme la plus opiniátre, aurait été rebutée par l'exces- sive longueur des calculs à effectuer pour. réduire les formules en pS LIE CHENE (1) On a quelques raisons de croire que les Arabes étaient parvenus jusqu'à ré- soudre les équations du troisième degré, et méme quelques cas particuliers du quatrième : on avance même en “preuve qwil existe dans la bibliothèque de Leyde, un manuscrit arabe qui a pour titre: l Algèbre des équations cubiques , ou la résolution des problèmes solides. Le fait est aisé à vérifier. (2) Jésuite et géomètre très-distingué ; qui, dit-on, a trés-bien prouvé que le fabuliste Esope n'était ni bossu ni contrefait. On lui doit une traduction de Diophante. ' Un ). | tables. Cette mémorable invention est du baron de Neper, écossais d'une illustre maison qui subsiste encore en Angleterre: il l'exposa dans son ouvrage ayant pour titre : Logarithmorum canonis descriptio, seu arithmetica supputationum mirabilis inventio, publié pour la pre- mière fois à Edimbourg, en 1614. Ce système présentait un défaut que l'auteur reconnut lui-même; il en conféra avec Henry Briggs, son ami, professeur de mathématiques au Collége de Gresham : ils convinrent de substituer la progression décuple à celle qu'avait choi- sie Neper, et de conserver la progression arithmétique qui était celle des nombres naturels. Cet heureux changement rendit la construction des tables plus facile , et leur usage plus commode. Neper étant mort en 1618, avant d'avoir pu calculer les tables sur la nouvelle base adoptée, Henry Briggs resta seul chargé de ce travail auquel il se livra avec une ardeur infatigable : en 1624, il publia une table qui donnait les logarithmes des nombres naturels depuis 1 jusqu'à 20000. Gelibrand Gunther et Adrien Wlacq, élèves et amis de Briggs, ; remplirent quelques lacunes que ce dernier avait laissées, et ils pu- - blièrent de nouvelles tables de logarithmes, des sinus, tangentes, etc., - du quart de cercle. Nous nous dispenserons de faire ici l'énumération des travaux exécutés en ce genre depuis cette époque jusqu'à nos jours, parce qu'une telle nomenclature serait sans intérêt, Pascal, déjà cité dans le discours précédent, inventa le fameux Triangle ‘arithmétique qui est une espèce d'arbre généalogique: au moyen d'un nombre arbitraire écrit à la pointe du triangle , l'auteur. forme successivement et de la manière la plus générale, tous les nombres ‘figures; il: détermine les rapports qu'ont entreux les nombres des deux cases quelconques , et les différentes som- mes qui doivent résulter de l'addition des nombres d'une même 3 KH). rangée prise dans tel sens qu'on voudra: ‘Entr'autres applications que Pascal a faites de cette doctrine , il en est une qui donna naissance au calcul des probabilités, dont plusieurs personnes ont attribué la première idée à Huyghens, auteur d'un excellent traité publié en 1557 , ayant pour titre: de Ratiociniis in ludo aleæ : mais _ Huyghens avertit lui-même , avec toute la modestie digne dun homme si riche d'ailleurs en découvertes , quil ne prétend rien à la gloire de cette invention. Pendant que Pascal se livrait à ses recherches sur les nombres figures , Fermat en découvrait à Toulouse plusieurs belles propriétés , en suivant une autre voie; et quoique ces deux grands hommes se rencontrassent souvent dans cette carrière difficile, ils se rendaient cependant justice avec une franchise dont la médiocrité seule peut s'étonner: La prédi- lection de ce dernier pour les recherches numériques , se porta sur- tout vers les nombres premiers dont la théorie était à créer ; il y fit de “profondes découvertes; l'analyse de Diophante exerga aussi son génie: enfin il légua aux géomètreslés énoncés de plusieurs théorèmes sur les nombres premiers, dont les démonstrations ont été trouvées dans ces derniers temps par Euler, Lagrange, Legendre, Gauss, ete. Ce genre de recherches exige une profonde sagacité et une grande vigueur de tête; aussi n'a-t-il été tenté que par des géomètres du premier ordre. Le célebre Wallis „né en Angleterre, en 1525, publia son Arith- métique des infinis „ouvrage brillant de génie, et dont l'objet, comme celui du triangle arithmétique, était de sommer différentes suites des nombres. Il nous reste enfin à parler de la théorie des fractions conti- rues, dont on doit les premiers élémens à lord Brouncker, né en 1620, théorie qui depuis fut étendue , perfectionnée et appliquée à divers usages importans par Huyghens et par d'autres géométres célebres, | parmi lesquels il faut encore citer Euler, Lagrange et Legendre. (18 J. A cette histoire de la science doit succéder l'exposé de la marche que je me propose de suivre dans l'enseignement de l'arithmétique, ou du plan que j'ai adopté dans la rédaction du traité qui fera le texte de mes leçons. L'arithmétique , indépendamment de son utilité directe dans toutes les professions, doit être considérée comme faisant, avec la géométrie, un excellent cours de logique-pratique : si l'on veut qualifier, en peu de mots, ces deux sections par rapport à l'ensemble de la. science, il faut répéter avec lillustre Lagrange , qu'elles forment comme les deux ailes des mathématiques. Plusieurs auteurs ont appauvri Tarithmétique pour enrichir Tal- gèbre dans laquelle ils ont cru devoir rejeter l'extraction des racines carrée et cubique, la théorie des progressions improprement dites arithmétique et géométrique, et celle des logarithmes dont l'emploi est devenu indispensable dans les questions d’annuites, et dans la solution de plusieurs cas des règles d'intérêt simple et composé , d'es- compte, de change, etc. etc. Dans ce champ de questions qui ap- partiennent essentiellement à larithmétique, on en rencontre qui, sans sortir du. cercle des besoins, exigent quelques notions élémen- taires et quelques règles d’algebre : telles sont celles qui relèvent de la règle de double fausse position, l'une des plus importantes et des plus difficiles de l'arithmétique , et qui, dans le petit nombre de traités où on la trouve, n'est énoncée que comme une recette, et ré- duite à ce qu'on appelait autrefois regula ceci. Je fais rentrer toutes ces doctrines et ces questions avec les notions qu'elles supposent , dans larithmétique qui alors se sulfit à elle-méme et suffit à tous les besoins. J'ai écrit sur toutes les parties des mathématiques, je les ai toutes (79) professées, et j'avoue qu'il n'en est aucune dont la rédaction et l'en- seignement m'aient autant coûté que larithmétique : ce n'est donc jamais sans quelque surprise que jentends quelques jeunes enseig- nans en parler dédaigneusement : à cette occasion il est bon de leur dire que dans une distribution des cours entre les professeurs de l'école polytechnique , Lagrange qui tenait le sceptre en mathéma- tiques, se réserva l'enseignement de l'arithmétique, et parce que jétais son adjoint, il me livra une partie transcendante de la science, et javoue que je n'aurais pas changé mon lot pour le sien. Dans presque tous les traités, et conséquemment aussi dans l'en- seignement, on suppose connu le dispositif de chaque opération, et on fait le raisonnement dans cette hypothèse qui suppose implicite- ment l'invention méme de la science. Ce n'est pas là la marche na- turelle ; il faut procéder par des questions en commençant par la plus simple, s'élever de celle-là à de plus composées qui pourtant ne sont que des particularités ou des inverses de la premiere, les résoudre en suivant la marche de l'invention; alors par des simpli- fications successives et qui se présentent naturellement, on est amené pour chacune au dispositif et au procédé actuellement en usage. Il est bien entendu que cette route de l'invention n'est pas celle des inventeurs ; car avant de trouver le plus court chemin, il a fallu connattre les deux points extrêmes. Dans les parties élémentaires d'une science, on doit toujours pro- céder du simple au composé, c'est-à-dire, s'élever des cas particu- liers au cas général: c'est en cela que consiste la méthode qu'on nomme classique par opposition à la méthode académique qui em- brasse une question dans sa plus grande généralité; en sorte que toutes les particularités sont comprises et comme enveloppées dans (80) li formule à laquelle on parvient, Mais il faut dire que, dans ces derniers temps, quelques géomètres avides de célébrité, et qui n'en- tendaient pas mieux les intérêts de leur réputation que ceux de ‘la science, ont étrangement ábusé de cette permission de généraliser; ce’ qui a fait dire à Lagrange, qu'on avait assez enroulé el kate Bait temps enfin de dérouler. 204 "On doit particulièrement s'attacher à bien éclaircir tés notions fondamentales qui sont comme la matière première de la science: à cette occasion, nous observerons que dans les parties des mathé- matiques qui sont purement rationnelles , tout est de l'homme qui les à composées avec un petit. nombre de matériaux pris dans son intelligence, tandis que dans les branches physico-mathématiques , il emprunte de la nature des faits qui lui sont fournis soit par l'ex- périence soit par l'observation : aussi les conclusions qu'on obtient dans les sciences rationnelles, ont-elles le plus haut degré de rigueur, parce qu'elles ne dépendent que d'un petit nombre de conventions et de notions incontestables ; il n'en est plus ainsi des autres résultats qui sont subordonnés à la précision des instrumens au moyen des- quels on a interrogé la nature, ou à la sagacité de l'observateur. A mesure qu'on avance dans l'exposition d'une science, il convient, ce me semble , de resserter de plus en plus les explications ; car un livre pour être fructueux , doit laisser quelque chose à la méditation et aux recherchés. On dira peut-être et avec une apparence de raison, que jai sou- vent fait de l'algèbre dans le traité d'arithmétique qui est livré aux élèves : à cela je réponds qu'à la vérité, j'ai fréquemment appliqué ce principe aussi fécond qu'il est évident, et qui consiste en ce que si l'on fait une opération quelconque sur le premier (81) | membre. d'une égalité , pourvu qu'on la. répète. sur le second, les résultats seront égaux, ce qui revient à dire , que la seconde égalité est une-conséquence de la première (1). Or, une proposition dont la vérité se manifeste au simple énoncé, et qui prend ainsi le caractère d'un axiome, ne pouvant être déplacée en arithmétique, j'ai cru pouvoir l'employer avec toutes ses conséquences. D'un au- we côté, on ne fait pas de l'algèbre, par cela seul qu'on désigne un nombre inconnu par les symboles æ ou. ou z,etc., et quà l'effet den découvrir la valeur, on dégage peu-à-peu cette inconnue des données avec lesquelles elle est mêlée dans légalité, et on l'isole enfin dans l'un. des membres dont l'autre fournit sa valeur ou la réponse cherchée : car pour passer de la première forme de l'équa- tion, qui est la traduction immédiate de la question, à la dernière, on na fait que modifier les deux membres de celle-là , exactement de la méme manière, ce qui est permis en vertu du principe énoncé. Quelle que soit, en général, la question proposée, on peut dire qu'elle n'est complètement résolue que lorsque la valeur de lin- connue, qui est le sujet de la recherche, est énoncée au moyen d'opérations à faire’ sur les nombres connus ou de constructions à - effectuer sur ‘des lignes données. Ainsi la tâche, soit de l'arithmé- tique, soit de la géométrie, commence où finit celle des autres branches de calcul, qui concourent successivement à l'œuvre de la solution. C'est encore par larithmétique qu'on tire d'une formule générale une série de résultats numériques qu'on dispose en tables “ya! i ‘3 (1) Les deux membres d'une égalité, sont deux phrases &quivalentes , où qui répétent la méme chose en termes différens. II | (82 ) qui deviennent ensuite un instrument de calcul aussi sûr quil est expéditif, et qui ajoute à la longévité des géomètres (1). Les mathématiques pures ou rationnelles considèrent particu- librement tout ce qui est relatif à la grandeur ou quantité , à l'éten- due et à la figure; et comme ces idées de quantité , d'étendue et de figure se trouvent liées à toutes celles qu'on considère dans les autres divisions de la science, l'étude de ces dernières doit avoir pour préliminaire indispensable , celle des mathématiques pures qui forment comme l'entrée de ce grand édifice qui, depuis un siècle, s'est élevé à une hauteur immense. On ne peut disconvenir qu'il est nécessaire, ou, au moins, dési- rable, que toutes les parties d'une science aussi vaste , soient fon- dues d'un seul jet dans un corps d'ouvrage. En effet, celui. qui veut se livrer à l'étude de la mécanique, ou de l'astronomie, ou, ete., ne trouve dans les traités sous ces titres, que les élémens propres de la science en question; on lui suppose la préparation indispen- sable à l'intelligence de la matière : cependant il est souvent arrêté par des difficultés. qui naissent de quelques lacunes dans son ins- truction , et obligé de revenir sur ses pas, sans même savoir où il trouvera ce qui lui manque: ce n'est pas tout; en passant d'un traité à un autre, il faut se familiariser avec la notation, la ma- nière et les formes de l'auteur qu'on étudie actuellement. Or, tous ces inconvéniens seraient sauvés dans un ouvrage sorti de la même plume, et qui embrasserait la totalité de la science; car tout étant coordonné dans un ordre systématique et régulier, chaque partie (1) Le célèbre Euler qui, comme Va dit Lagrange, a façonné le calcul algé- brique, usait par an un Virgile et une Table de logarithmes. (83) est une introduction à la suivante, et d'ailleurs des numéros de renvoi, en évitant aux lecteurs des recherches pénibles, lui mon- trent dans ce grand ensemble, la dépendance et la filiation des choses. Les matériaux de cet ouvrage sont prêts; déjà même l'arith- métique, la première section de la géométrie et l'exposition du sys- tème du monde sont publiées ou sur le point de l'être; mais l'im- pression des autres parties exigerait des sacrifices auxquels la for- tune d'un particulier ne peut atteindre. Au reste, sil est reconnu qu'un excellent appareil d'instruction d'une part, et de l'autre des encouragemens accordés à de grandes entreprises littéraires et scientifiques, sont des moyens propres à donner une vive impulsion aux sciences et aux arts, nul doute quun gouvernement réparateur et créateur ne seconde par sa munificence les vues et les efforts qui tendent vers la noble fin qu'il s'est évi- demment proposée. DISCOURS DE M. LE PROFESSEUR KLUYSKENS. 11195 Dors. | l r 741% Ieri m m p PAR LE PROFESSEUR KLUYSKENS, A LOUVERTURE DE SON COURS DE CHIRURGIE, ^'^ “Chirurgo necessariam esse cognitionem physices , 'chemiz , „logices , omnis ambitus medicine; neque solo manus exercitio Yeros chirurgos fieri. '" Herm. BOERHAAVE method. or med. a no ead - * T ‘von Haller. MESSIEURS, | Poun que vous puissiez utilement fréquenter les cours de cette Université relatifs aux moyens de conserver la santé des hommes, il faut que vous ayez fait avec fruit vos études classiques, que vous soyez vivement animés du désir et de la volonté d'acquérir les connais- f (4) sances nécessaires à l'exercice d'un art tout-à-la-fois si difficile et si important. Sans une volonté bien prononcée, sans un désir ardent d'a acquérir du avoit et de vous distinguer de la multitude, vous ne pourrez jamais jóuir de cette confiánte et de cette consi- dération qui sont la récompense du travail et du talent. L'art de guérir, considéré dans ses limites les plus étroites, exige une étude approfondie de l'anatomie et de la physiologie, une con- naissance exacte des maladies auxquelles le corps humain est sujet, et dés moyens de les prévenir ét de les combattre; mais comme ces moyens appartiennent en partie aux trois règnes de la nature, ainsi qu'à. la chimie et à la physique, il en résulte que, pour pou- voir faire des progrès réels dans cette science, on ne peut pas se dis- penser d'étudier en même temps la chimie , la physique; ainsi que les objets, les lois et les phénomènes.de l'histoire naturelle. - Cet art sublime est indivisible par sa Nature ; les diverses par- ties dont il est composé sont aussi Tides entrelles que le sont les parties constituantes du corps, qui est leur objet. Il n'y a pas, iso- lément, de maladies externes et de maladies internes; l'art se refuse à être exercé par des hommes qui ne se seraient appli- qués qu'aux unes, ou aux autres. Tous les organes du corps sympathisent entreux et à des distances telles qu'une maladie un peu grave, n'importe où elle a son siége, ne manque jamais d'in- fluencer tout le système, et de produire des affections souvent très-éloignées du siége de la cause qui les a fait naître; c'est ainsi qu une maladie des viséètes peut donner lieu à deso affections ateiu. qui, lorsqu'elles: sont un peu importantes, entretien- nent à leur tour la maladie qui leur à donn naissance, ou en produisent de nouvelles souvent ‚plus; dangeréuses. - asas (5) Si donc, dans le traitement de ces maladies, on est dans la né- cessité de combattre aussi les causes qui y ont donné lieu, et qui en entretiennent la durée, il faut que le même homme possède à-la-fois la connaissance-des maladies externes et internes. L'apoplexie,la fièvre inflammatoire, dont la saignée est le principal remède, ne sont pas plus des maladies chirurgicales que les érési» pèles ét plusieurs autres éruptions ne sont des maladies internes; parce qu'elles cèdent aux remèdes administrés intérieurement. La división: qu'on a établie entre la pathologie interne et externe; est purement arbitraire: Rien ne peut la justifier, sinon l'étendue de la science qui ne permet point A un seul pes d'en faire fe position dans le cours de l'année séholaires ee. Les Grecs, les Romains et les Arabes: ds jamais que le corps humam fût susceptible de deux espèces de maladies, dont les unés appartinssent au domaine de la médecine, tandis que les autres seraient l'objet d'une science séparée qu'on appelàt chirurgie. Leurs ouvrages traitent successivement et tour-à-tour des fièvres ; des fractures, des plaies, des maladies nerveuses ; aucun d'eux ne paraît croire qu'il existe des maladiés que l'on puisse appeler externes, tardis que d'autres dussent être qualifiées d'internés. > - "pans les écoles de Cos, de Smyrne et d'Alexandrie, l'art de — fut considéré cómme indivisible. Lé méme individu initié dans toutes les parties les éxercait simultanément. Les traités d Hippocrate sur la chirurgie sont considérés comme les meilleurs de ses ouvrages. Galien écrivit dans le méme sens, d'après sa propre expérience. Celse, Paul d'Egine ; Albucasis, ete. ont écrit indistinctemient sur la médecine externe et interne. Au temps d'Ætius les médecins pratiquaient encore la chirurgie, Cette heureuse union entre les diverses branches (6) d'une méme science, union qui n'aurait jamais dû être détrüite, a cessé d'exister, quand, au déclin des écoles de l'empire, Justinien eût retiré leurs revenus pour les ‘consacrer tout entiers aux gens d'église, qui devinrent alors les seuls dépositaires des sciences médi- cales, comme de toutes les autres connaissances humaines. Mais ceux-ci ayant ensuite abandonné, pour des motifs, religieux, l'étude de l'anatomie et de la chirurgie, la première tomba dans l'oubli, et la chirurgie fut réduite à un petit nombre d'opérations abandonnées à une classe d'hommes sans instruction: La médecine, telle quelle était enseignée alors dans les colléges les plus célèbres de Bagdad, de Cordoue, etc. etc. n'était plus qu'une science d'érudition, qui, toujours stationnaire , se bornait aux observations et aux. faits. anté- rieurs. Les Lettres et les Arts ayant été ensuite portés en Italie, les Universités de. Bologne et de. Padoue, et. finalement celles de Montpellier et de Paris reprirent, dans le quatorzieme siècle, l'en- seignement de l'anatomie et de la chirurgie, deux branches es- sentielles, qui depuis ont contribué si éminemment aux waa: de l'art en général. Rien n'a été plus funeste à la science médicale et tà l'humanité que coló divisé les maladies en externes et internes, d'avoir confié leur traitement á deux personnes différentes, et borné leur instruc- tion à la branche de l'art qu'ils étaient appelés à exercer. Je le ré- pète, cette division n'est pas dans la nature, et l'homme ne saurait en marquer les limites. Vouloir que l'un ne s'applique qu'aux mala- dies internes et l'autre aux maladies externes seulement, c'est vou: loir ôter à l'an et à l'autre une partie des connaissances qui leur sont indispensables pour apprécier l'état d'une maladie et en diriger. le traitement; c'est vouloir en faire des êtres ignorans et éminemment dangereux. (7) La plupart des accidens graves produits par des causes extérieures , sont accompagnés de maladies internes ; ou de symptômes généraux; comment le médecin qui 'n'aura jamais étudié la pathologie chirur- gicale pourra-t.il juger de ces affections? quelles ne seront pas ses con= tradictions et ses erreurs ? et réciproquement, la pratique du chirur- gien qui se bornerait à ses opérations et à ses applications extérieures , ne serait-elle pas extrèmement funeste par la négligence d'une sage administration de remèdes généraux, destinés à paévpaiá ou à calmer les complications de la maladie externe ? "t y Il est constaté de la manière la plus évidente que l'un ne peut être utile à l'autre, à moins que tous les deux ne possèdent les con- naissances générales' et spéciales de l'art; et dès-lors le mot de chirurgie ou de chirurgien, qui n'indique que la partie mécanique de la médecine, ne trouve plus son application que dans la partie de la thérapeutique qu’on nomme les opérations chirurgicales. Disons avec: Frank : Nec minus chirurgo medicina, quam chirurgia medico opus est; ut male ex hominis superficie vel interna, vel externa, unius -scientie desumpta sit divisio. Le méme individu doit pouvoir traiter indistinctement toutes les maladies, et le nom de médecin doit s'étendre à tous ceux qui exercent l'art de guérir. Si parfois il sen trouve qui se dispensent de faire des opérations, que cette faculté, - qui est souvent un don particulier de la nature, ne les isole pas des autres disciples q Esculape; que l'art de guérir conserve son intégrité toute entière. Applaudissons aux vues bienfaisantes qui ont dirigé le gouvernement. francais, quand, le premier en Europe, il a professé ces principes et quil a rendu à la médecine sa véritable bannière, son lustre et son utilité, en réunissant: les diverses branches isolées au tronc commun dont elles n’eussent jamais dû être séparées. (3) | | . Qe projet, si plein de raison, avait déjà été conçu par le célèbre Vic d'Azyr, secrétaire perpétuel de la Société royale de-médecine de Paris, dans le rapport qu'il a fait au nom de la commission rioimmée en 1777 pour présenter un nouveau plan de constitution relatif à la mé- decine en France. Toute d'Europe médicale tend aujourd'hui à adopter les mêmes dispositions; partout les hommes distingués dans la pro- fession, exercent cumulativement les deux principales branches de Yart: espérons que bientôt on supprimera généralement la eréation de ces êtres mixtes, tout-à-la fois nuls et dangereux, de ces officiers de santé, de ces chirurgiens de campagne, dont on “exige que peu d'années d'études et une demi-instruction, de ces avortans.qui avilis- sent la science et les hommes véritablement digries de la professer. Si la loi vient de consacrer encore ces mêmes «principes, espérons, avec tous les amis éclairés de d'humanité, que le gouvernement ne tardera pas à reconnaitre cette erreur, et que, pour l'avenir, ilices- sera d'abandonner à des mains inhabiles la santé des hommes qui lui est si précieuse. Il pourra se convaincre que six Universités sont plus que suffisantes pour les besoins du royaume; que ‚dest Ja seule- ment que les hommes qui se:dévouent à Vexercice de lartide guérir, : devront dorénavant puiser leur instruction et demander leur admis- sion; qu'il est nécessaire au bien de la société de rendre à un art si utile toute sa dignité, et d'apporter la sollicitude la plus scrupu- Jeuse à cette partie importante de [l'administration publique. Mais espérons en méme temps qu'il prendra des mesures-énergi- ques pour prévenir les abus qui pourraient slintroduire. dans la promo- tion au grade de docteur. Les hommes instruits:se plaignent avec raison de la facilité avec laquelle le titre de médecin est accordé. Monfalcon pense que quatre années d'étude ne suffisent pas, ot. que les:examens (9) mêmes sont insüffisans. Il exprime le désir que les examinateurs des candidats ne puissent avoir aucun intérêt à multiplier les réceptions : « Non pas, dit-il, qu'on puisse penser qu'une considération de cette nature influe jamais sur leurs jugemens; mais enfin ils sont hommes, et leur honnéur: esti d'ailleurs nnn à Fouéeutién de la mesure que je propose - yi HU ) Les facultés eee be onlin p beitsen aujour- d'hui: un nombre de-docteurs bien plus considérable qu'elles ne le . faisaient. jadis ; les theses qui leur ont été présentées depuis vingt ans forment une masse de volumes prodigieuse: Aussi les jeunes prati- ciens languissent long-temps dans les grandes villes avant d'obtenir une. clientelle médiocre; et si les réceptions ne deviennent. pas moins faciles, bientôt le nombre des médecins sera égal, à la lettre, à celui des. malades.. L'abus est urgent; que le remède soit éner- gique ; que les examens des sie soient plus ere plos probatoiren.a« vin. ooh etl j . Faisons des vœux pour que les désordres que cet auteur vient à signaler dans les facultés de médécine de France, n'existent jamais chez nous.. Un accès trop facile à l'exercice de l'art de guérir peut entrainer un mal qu'on ne peut ni calculer ni réparer. La société entière est intéressée à ce que l'homme de l'art ait fait de bonnes études, et que sa capacité soit bien et duement reconnue ; cest un malheur bien «grand, pour l'humanité quand celui qui est destiné pour la secourir dans ses. n. est plus dangereux que la maladie. + Le temps que notre règlement consacre à l'étude de la médecine en général est. court; peu d'entre vous pourraient sans une grande diligence acquérir pendant cet espace les connaissances nécessaires. ^ — (r) | Tout le nde connaît la sentence d'Hippocrate à ce sujet: pita | brevis , ars longa , occasio: preceps , experientia fallax, judicium difficile. Ce n'est qu'après quelques années d'étude qu'on commence à pénétrér dans le sanctuaire de la science et à pouvoir juger du bien et du mal en médecine. Evitez:d'àtre d'aveugles instrumens du hasard. Le vrai, le sage observateur balance long-temps et juge - avec lenteur; il raisonne avant d'agir, et compare toutes les probabi- lités, toutes les chances de salut et de dangers. En procédant avec cette sagesse, vos premiers essais dans la. carrière vous feront acquérir tous les avahtages de l'expérience. ale bf lll i. Mais il s'agit d'utiliser votre temps, de faire fructifier vos études. Le règlement vous laisse sans guide au milieu d'une multitude de cours entre lesquels il importe de faire un choix (r). L'art de guérir a sur-tout besoin de la pratique et de l'expérience. Après avoir acquis les connaissances nécessaires en anatomie et en phy- siologie , et concurremment avec l'étude de ces sciences pféliminaires, il vous sera avantageux de commencer par la clinique des maladies externes. Suivre les leçons de pathologie, quand on na jamais vu de malades, ce serait fatiguer votre attention en pure perte, les objets dont on vous entretiendrait n'existant pas encore pour vous. Que pourriez-vous comprendre à la théorie de Tinflammation et de la suppuratión, lorsque vous n'avez jamais vu hi phlegmon ni ulcere? il faut done commencer par l'observation empirique des faits. Lexpli- cation théorique de ces faits et leur coordination systématique (1) La publication d'une méthodologie obligatoire pour tous les élèves us versités de notre royaume me paraît très-névessaire,. (x sont une étude secondaire qui vous coûtera moins. de peine quand vous aurez acquis. quelques connaissances pratiques. Oui, quelle que soit la branche de l'art de guérir. nen al'énidiaat veuille embrasser, il doit d'abord suivre la clinique et les autres leçons chirurgicales. Boerhaave a très-judicieusement fait observer que les maladies externes sont l'image de celles qui attaquent les -parties internes, et que leur étude doit précéder celle de la médecine proprement dite. Les maladies ne changent point de nature pour être situées à une profondeur plus ou moins grande; elles ne diffèrent des maladies qui se présentent à la surface du corps que par Vorganisation particulière et l'importance des parties qu'elles affectent, ainsi que par les fonctions qui en sont dérangées. Celui qui, muni «de connaissances suffisantes en anatomie et en physiologie, aura bien observé les maladies externes, pourra déjà se former une idée de celles dont le siége est caché ; il les reconnaîtra par l'ensemble des phénomènes généraux qui caractérisent les premières. | | Dans tous les siècles et chez toutes les nations, les plus savans . médecins ont été ceux qui avaient fait de bonnes études chirurgi- cales. Aussi les chirurgiens ‘instruits trouvent généralement une grande facilité à exercer la médecine interne, et sur: tout à distin- “guer la nature des maladies. Je pense, avec le plus grand nombre des méthodologistes, que, sans le secours des études chirurgicales, on ne peut que tres-difficilement se former une idée exacte de'la pathologie ‘interne. C'est ce qui faisait dire à Lanfranc, et ce qui a été répété mille fois depuis, que « Personne ne peut être bon médecin ai von chirürgien , et nül bon pe sil n'est médecin „ Oe , (12) Que ceux d'entre vous qui se destinent plus particulièrement à la chirurgie, dont nous conservons le nom, puisque cette division de art subsiste encore, sachent donc que les cours de la patho- logie et de la thérapeutique internes leur sont également nécessaires et indispensables. Il est d autant plus important que vous vous distin- guie dans ces dernières études , qu'il ya peu de maladies chirur- gicales qui, comme je l'ai déjà dit, n'offrent des. complications inter- nes, peu d'opérations graves qui ne produisent de grands changemens dans l'économie animale, et n'exposent aux diverses: espèces de fièvres, aux maladies régnantes, etc. Le chirurgien doit pouvoir combattre ces symptômes et se dispenser du secours du médecin dont les conseils pourraient devenir funestes s'il n'avait une con- naissance parfaite de l'influence qu'exercent les alieations extérieures sur notre organisation. j aid Celui qui réunit toutes les connaissances nécessaires pour secourir . homme dans l'état de maladie, possède. l'art le plus utile, le plus beau, le plus noble de tous les arts. Les fonc- tions d'un ministre de santé sont sublimes, et lui méritent. l'ap- plication de ce. beau passage de Cicéron : Homines ad Deos nulla ra propius accedunt, quam salutem hominibus dando, Mais ne perdez pas de vue, Messieurs, que cette partie importante des connais- sances- humaines est éminemment difficile A acquérir et à mettre en. pratique ; aucune autre science nexige autant de pénétration et d'intelligence, autant de talens.. et de. génie, autant de force d'esprit et de mémoire. On dit, avec. raison quon. doit avoir, des Aposrions et des qualités particulières, pour, s'adonner: à l'étude. et à la pratique de cette prolession, et sur-tout pour y exceller. n ne suffit pas de passer les plus belles années de la vie dans (15) les écoles et les amphitheätres, dans l'air infect des-hôpitaux , d'y avoir sacrifié ses amusemens et sa santé. Si vous êtes véritablement amoureux de l'étude, si vous désirez de vous signaler comme un homme distingué dans l'art de guérir, cet art est pour vous une occupation de toute la vie, un objet de méditations continuelles, La partie des sciences médicales, qui a rapport aux opérations chirurgicales, se distingue des autres branches par son importance ‚et par la difficulté qu'on a de sy former. Pour être un bon opé- rateur on doit avoir essentiellement une grande adresse de la main et beaucoup de fermeté d'ame. Mieux vaut quand on tient- ces qualités de la nature, mais on peut aussi les acquérir par de bonnes études anatomiques par des dissections fréquentes , par une attention suivie aux opérations que lon voit faire sur le vi: vant, et par limitation réitérée de ces opérations sur le cadavre: Dans une partie aussi difficile , et où la vie de l'homme est presque toujours exposée , il serait téméraire, cruel méme , de pousser au hasard. un instrument tranchant dans les chairs, d'errer à chaque instant autour de grandes artères , et de tour- menter le malade ‚par des manœuvres non moins douloureuses que multipliées.. Dans les opérations graves la moindre erreur; la moindre -déviation perunt entrainer les en les plus funestes: PES | Mais l'anatomie, telle qu on eee ey Pia ei dane les écoles, ne suffit. pas à la médecine opératoire; là on. présente les par- ties dans un autre état que celui dans lequel nous les troüvons dans l'homme malade; tout ici est altéré, la forme, la structure, les rapports, tout est changé: Le degré de morbidité que subis- sent les parties soumises aux opérations chirurgicales est tel quel- (14) quefois que le procédé opératoire doit étre entièrement interverti et ne conserve plus aucune analogie avec les procédés décrits dans les livres, où enseignés dans les cours. C'est ici que le jugement doit opérer plus que Tinstrument; que l'opérateur doit faire preuve de ses connaissances et de ses taléns, et conserver toute la pré sence d'esprit dont il peut être susceptible. Sif audax à in securis, timidus in periculis. Cet axiome de Guy de Chauliac , est plein de justesse-et de vérité, et doit faire la règle de conduite ha tous ceux qui exercent la médecine opératoire. C'est cette incertitude des obstacles que l'on peut rencontrer ae et tant d'autres circonstances qui accompagnent les opérations , qui rendent cette partie de Tart si difficile et si ingrate, au point que la pratique en est presque entièrement réservée aux chirurgiens qui habitent les grandes villes, et sur-tout à ceux qui sont placés à la tête des hôpitaux , où le nombre des cas qui s'y présentent chaque jour leur en donne l'habitude et leur en facilite l'exécution. J Ceux qui se dispensent de faire des opérations ignorent ces s. tuations désagréables, ces sentimens pénibles qui sont inhérens aux devoirs qu'on a à remplir dans cette partie. Rien mest plus acca- “blant pour l'homme sensible que le moment qui précède une opé- ration dangereuse. Cette peine, cette inquiétude sont dues naturel- lement au respect que nous avons pour la conservation de la vie et de la santé de l'homme qui se confie en nous, résigné à supporter toutes les souffrances pour être délivré de la maladie qui le précipite au tombeau. Le célèbre Haller envers qui la nature avait été ‘si prodigue , ce grand médecin l'avoue avec can- deur : » Quoique jaie, dit-il, enseigné la chirurgie pendant dix- sept années, et que j'aie fait pratiquer sur le cadavre les opérations (15) les plus difficiles, je n'ai jamais pu porter le tranchant du fer sur l'homme vivant , crainte de nuire ». Chesselden , qui fut un opérateur si renommé , ne dissimule pas combien les opérations l'affectaient. « Si jai, dit-il, quelque réputation dans cette partie, je lai acquise à un prix bien cher, car personne plus que moi; n'éprouve d'anxiété et d'agitation avant de commencer une opéra- tion». Je pourrais multiplier ces citations, vous dépeindre l'émo- lion que je ressens moi-méme dans ces circonstances, mais je ne veux pas vous éloigner de la pratique d'une branche si précieuse de la médecine; j'ai seulement voulu vous indiquer les obstacles. à surmonter. | Personne de vous, ceux même qui se destinent à ne pratiquer que la médecine improprement nommée interne, ne peuvent ignorer les circonstances qui nécessitent une opération , et le procédé qu'on met en usage ; les gens de l'art doivent tous la savoir prati- quer dans les cas urgens, où la vie est dans un péril éminent. Rien ici ne peut étre odas aux chances du hasard. Occidit qui non servat: > ` 3 Vous, Messieurs les officiers de santé militaires de diverses classes, qui fréquentez ce cours, sachez que tout ce que je viens de dire , vous est particulièrement applicable. Souvent seuls à la tête: d'un batai taillon, d'un régiment , quelquefois détachés avec un corps. considérable, la santé des hommes est confiée à vos soins. Dans. les situations les plus périlleuses , dans des lieux, dans des climats malsains, sur les champs de bataille où mille blessés réclament votre secours , où sans aides, sans conseils, vous devez agir par vous-memes et décider dans les cas les plus difficiles et les plus. dangereux , c'est Ta que se fait sentir limpérieux besoin. d'avoir. (1X Ä— une connaissance exacte de son art, que l'on aperçoit toute l'im- portance de ses fonctions. C'est au milieu des cris, de la confu- sion, des horreurs de la bataille que l'officier de santé est appelé à prodiguer ses soins; c'est là que son zèle, ses talens, son hu- manité sont inappréciables, inspirent la plus grande confiance au soldat, et sont devenus son unique espoir. “Tachez d'imiter dans ces places honorables les Petit, les Garen- geot, les Dionis, les Heister , les Ledran et tant d'autres chi- rurgiens attachés aux armées françaises, qui, par leur appli- cation et leur savoir , ont fait faire tant de progrès à. la science, et dont les ouvrages ont été si souvent et si servilement compilés et copiés par leurs successeurs. _ Heister, exposé à toutes les espèces de fatigues et de dangers, passa les étés dans les camps et les hôpitaux de campagne, les hivers dans les amphithéâtres d'anatomie de Ruisch, de Raw, d'Albinus et de Bidloo. ian Ce fut le vif désir de se former dans l'art de guérir, qui détermina Ambroise Paré encore très-jeune à suivre les armées. C'est au service militaire presque exclusivement , que cet homme a acquis tant de connaissances et de célébrité. Vivant dans la plus grande intimité avec les Rois et les Princes, dont il n'a discontinué d'étre pendant une longue série d'années le premier chirurgien, il était tellement estimé , on avait tant de confiance dans ses talens, que les généraux sollicitaient vivement, à leur départ pour l’armée, d'avoir Paré avec eux. Dans le temps, quand presque toute la noblesse du royaume était renfermée dans Metz , assiégée par Charles-Quint , à la téte de plus de cent mille hommes, les assiégés déjà fortement réduits dans (17) Jeurs subsistances, et privés sur-tout de sécours nécessaires pour leurs blessés et malades, ne firent d'autres prières au Roi leur maître que de vouloir leur envoyer Paré: Un capitaine. italien à qui les Francais avaient promis en récompense une somme con- sidérable , parvint à conduire cet hommé célèbre dans la ville. Son arrivée fut un véritable triomphe. Sa présence ranima tous les esprits, et c'est à lui seul qu'on áttribue la résistance de la forteresse jusqu'à ce que l'armée de l'Empereur ait enfin été forcée de lever le siége. La réputation d'Ambroise Paré était si univer- selle dans les armées, que le soldat ne connaissait plus le danger lorsque ce grand chirurgien était présent. H $ ‘La chirurgie avait fait des progrès immenses par les travaux des membres de l'Académie de chirurgie instituée à Paris; Desault, et son école y avaient fortement contribué depuis; mais le degré de perfection où nous la voyons maintenant, est dà entièrement au génie de ces hommes célèbres qui ont suivi les armées pendant la guerre de la révolution. Les Percy, les Larrey, les Dege- nettes ont fait l'admiration de l'Europe entière , et mérité la reconnaissance de l'humanité. Ce n'est pas isolément comme chi- rurgiens ou médecins, que ces praticiens ont tant contribué à res- treindre les limites de la destruction humaine, mais c'est parce qu'ils possédaient une connaissance approfondie et embrassaient toutes les parties qui constituent l'art de guérir, | Tous les désastrés qui ont suivi une bataille perdue ; ‘ont sou- vent coûté moins de monde qu'une simple fièvre, une dyssenterie ; ou une maladie épidémique. Si l'officier de santé aux talens duquel la santé du soldat est confiée, néglige d'en prévenir les influen- ces délétères, ou d'en détruire les causes premières, une seule de 3 ( 18 ) ; ées contagions suffit pour anéantir en peu ide temps la vigueur et le courage d'une armée entière, et pour flétrir à jamais la ré» putation des chefs les plus vaillans et les plus intrépides. Graces aux sollicitudes paternelles de notre auguste Souverain , nous ne sommes plus dans ces circonstances facheuses où le soldat ait à craindre les hôpitaux. Les meilleurs soins lui sont prodiguésdans ces asiles consacrés à l'hygiène militaire ; rien n'y est négligé pour son rétablissement etsa conservation. Les officiers de santé qui sont placés à la tête des hôpitaux, comme ceux qui occupent ce même posté dans les régimens et les bataillons, doivent se considérer comme personnellement responsables de la santé des hommes qui leur sont" confiés. C'est leur connaissance ou leur ignorance Ä leur zèle ou leur paresse qui décident de la vie ou de la mort des individus. , II importe donc , Messieurs , que vous vsaisissiez toutes les occasions d'augmenter vos connaissances : celles que vous offre la faculté de médecine de l'Université de Gand, sont inappréciables - pour vous; pendant votre séjour en cette ville, non-seulement vous pouvez profiter des leçons des professeurs de cette faculté, mais y prendre des grades, suivant que vous aurez satisfait aux intentions du règlement. Ces titres honorables seront une preuve évidente de votre application et de vos progrès, et vous garan- tiront la bienveillance et Ja protection honorable du savant et respectable chef qui dirige’ le service de santé des armées de terre et de mer dans ce royaume. Fr Que votre grade, que la confiance dont vous êtes investis me soient pas un obstacle à acquérir des connaissances nouvelles , ou à perfectionner celles que vous possédez déjà. Sachez , et vous tous, (19) Messieurs, pénétrez-vous bien de cette vérité, que la présomption et l'esprit de suffisance ne s'allient jamais au vrai savoir; que dans l'art de guérir sur-tout, le terme, semble s'éloigner en proportion méme. des efforts que Ton fait pour l'atteindre. Vous tous , Messieurs , appréciez bien le temps que vous passez ici pour votre instruction. Connaissez les difficultés à vaincre , les écueils à franchir. Sachez qu'aussi long-temps que vos pensées, vos actions seront dirigées par vos professeurs, et qu'ils vous.condui- ront, pour ainsi dire, par la main: dans le labyrinthe de la mé- decine, vous serez portés à croire que la route est facile à par- courir, qu'elle est sans obstacles ; mais la scène changera, quand vous serez obligés de penser et d'agir par vous-mêmes; c'est alors que vous serez convaincus que la théorie, si belle, si attrayante dans les livres , n'est souvent qu'un guide insuffisant ou infidèle auprès des malades, que tout est généralisé dans les auteurs, tan- dis que tout est particularité dans la pratique. C'est alors que dé- trompés sur les magnifiques promesses de la thérapeutique, comme sur la facilité des manœuvres opératoires, vous reconnaitrez la fai- blesse de vos moyens, les incertitudes et les dangers qui vous en- tourent. Alors peut-être vous regretterez , mais en vain, le temps que vous aurez si inutilement perdu et les occasions précieuses que vous aurez laissé échapper. Que ces vérités soient profondément imprimées dans votre ame ; qu'elles vous inspirent une juste méfiance de vous-mémes , et vous apprennent à ne pas vous laisser dominer par limpatience de voir approcher le terme de vos études, ni à regarder comme le suprême bonheur l'époque à laquelle vous pourrez vous passer de vos professeurs et de leurs lecons. Je voudrais, Messieurs , | (20) pouvoir vous inspirer cet enthousiasme pour les sciences médica- les, qui ne se borne pas à prendre un vain titre de docteur , mais à se faire une réputation solide, basée sur de longues années d'é- tudes et de vraies connaissances ; une réputation qui puisse résister à la prévention et à la jalousie ; une réputation telle que l'issue malheureuse d'une opération bien faite, que la non-guérison d'une maladie bien suivie, ne puissent servir d'armes à vos ennemis pour vous nuire; qu'applaudis par vos émules, par vos professeurs, une admission honorable vous serve de bouclier pour vous défendre contre les cris de la malveillance et du vulgaire ignorant. DE USU ANTLIÆ PNEUMATIC/E ARTE MEDICA COMMENTATIO, ACADEMIÆ GANDENSI FELICEM SUPELLECTILIS PHYSICÆ HARDEROVICENSIS ADVENTUM GRATULATUR CAROLUS HAUFF. ACADEMIZ GANDENSIS PROCERIBUS, PROFESSORIBUS, CIVIBUS S. N D KD ED Er DD DD ID ED DD IDD e «C c ccce EEE Te LECTURIS. CER ; quibus ad divulgandam hancce scriptiunculam dpud sum , precipue he fere sunt. ” Postquam hex augustissimus ‚ que singularis i ipsius est pon et in omnes bonas artes propensior voluntas , rebus nostris ita prospexit , ut egregiam instrumentorum physicorum collectionem a clarissimo Niewhoffio , Harde- A ovicensium Professore per longam annorum seriem optime merito , mille nummorum ducatorum hollandicorum pretio redemtam nobis donaret, tria florenorum millia in sup- plementum adderet, Chemie necessitatibus pari munifi- centia consuleret, cuilibet annuo cursui utriusque harum disciplinarum mille florenorum summam erogandam con- cederet , duos denique probate dexteritatis Adjutores ad- jungeret regiis stipendiis alendos , quorum opera in ob- eundis laboribus practicis , utriusque discipline lectiones perpetuo comitantibus , sublevarer ; mearum esse partium existimayi, primo curare ut tam cives quam exteri nulla mora interposita certiores fierent, omnia jam in nostra (6) esse potestate , quibus ab alumnos hodierna disciplinarum physicarum facie imbuendos opus sit, deinde publico documento ostendere, qua ratione opibus nobis creditis utamur , ut viros adolescentes e£ vitæ et scholc discere as- suefaciamus. | 2. Cum regio decreto sancitum sit, ut juvenes ad Me- dicinæ studium animum adjungentes disciplinis physicis ad illud cum fructu excolendum præparentur , haud alienum mihi visum est , illustribus aliquot exemplis com- probare, quantum preesidii profundior Physice atque Chemie cognitio afferat iis , qui ad artem salutarem ad- spirant, ut discant nostri cives Legislatoris humanissimi sapientiam , quæ ipsorum rationibus optime providit , ad- mirari, ejusque decreta leto obsequio prosequi. Idem intimus disciplinarum physicarum cum medicis nexus Baldingero , viro , dum viveret , multis nominibus illustri, et per extremum vitæ decennium quod Marburgi transegit „college, quoad commercium literarum , mihi conjunctissimo , occasionem dedit, me, ut Professorem Physice , semper compellandi manum dextram. ordinis medici. Ego vero cum is sim, qui non ultimam laudem ducam, Medicis, ingenio, consilio, usu excellentibus instar dextra manus esse, tanto impensius letor, me Gandæ | Gr) quoque tales collegas ordinis medici sodales nactum esse , qui, alienæ dextræ manus ope neutiquam indigentes , ii sint, quibus dextræ manus officia præstare , vel dex- terrimus non erubescat. Quod Antlie pneumaticæ aliquot usus novos ostendere mihi proponerem , id feci, quoniam , cum hoc instru- mentum , si a barometro discesseris , antiquissimum sit . eorum, e quibus hodierna supellex physica componitur , illius exemplo optime doceri potest , etiam in antiquissimis nostra ætati quaedam addenda relicta esse, qua ad scien- tiarum incrementa conferre possint, Quod vero hernias.mihi sumerem mediis a Physica et Chemia petitis tractandas , id hasce potissimum ob causas factum est : a) Quoniam inter omnes fere Medicos de eo convenit , herniæ curandæ non aliud exstare medium preter fasciam bene constructam, b) Quoniam de eo non minus convenit , ad reponen- dam herniam , que dicitur , incarceratam , si taxis haud succedat , nihil suppetere, prater operationem, quam herniotomiam vocant. c) Quod hucusque nullam Europe terram vidi , inter cujus incolas numerus herniis affectorum omnem fidem ita (8) | superaret , uti eum in Belgio et Batavia invaluisse inveni. Cujus rei argumento sunt preter multitudinem officinarum, in quibus fasciæ herniis coércendis destinate vel fabricantur, vel venduntur , in omnibus fere oppidis obviarum , cata- logi a Monnikhoffto , celeberrimo quondam Amsteloda- mensium Chirurgo , editi, quibus hernias a se tractatas , simili ratione uti Herschelius stellas nebulosas a se ob- servatas , in exemplorum millena digestas exhibuit. (1). d) Quod hucusque nullam Europe terram vidi , cujus incole oneribus iniquis vel levandis vel portandis tanta cum temeritate sese objicerent , quanta uti solent Belge Batavi- que. Sæpissime v. c. ut hoc unum afferam , e fenestris meis prospiciens vidi nautas , audax omnia perpeti genus, secun- dum Scaldim devectos , suo corpore vectem formantes , osse pubis —- horrendum dictu ! — hypomochlio facto , innixos arbori triginta, et quod excurrit , pedes longitu- dine , diametro tres pollices adæquanti , vel in alvei fundo velin ripa defixæ , pectore pronos pedibus oblique promotis naves, decem mille centenariis librarum carbonum fossilium onustas , tanta vi propellere, ut arbor supra longitudinis medium velut arcus chorda incurvaretur. (1) Verhandel. van de Haarlem. Maatschappy. T. XVIL P. 2. p. 251. ff "X ` €) Quod sub initium æstatis proxime elapse in frequen- tissimo urbis nostre vico deprehendi peregrinum quendam humi prostratum, hernia inguinali utriusque lateris affec- tum, qui, post fractam subito fasciam , herniis prolapsis infandis doloribus excruciabatur. J) Quod herniotomie operatio in hisce terris frequen- tissime exercetur. Cum Anatomia totius Artis medice fundamentum con- stituat , haud supervacuum esse duxi,. aliquot. exemplis ostendere , qua ratione hæc omm et Yen et Che- mie opibus juvetur. : Ad Antlias pneumaticas a me. propositas quod attinet , certissime confido, fore, ut, qui illis a dextro artifice di- ligenter constructis uti coeperint, brevi tempore convin- cantur, illas finibus propositis magis, quam alias hucus- que cognitas , satisfacere. | Si qui sint, qui cupiant nomina quorumdam artificum nosse , qui in construendis Antliis pneumaticis summa cum laude versati sint, iis ut principes commendari merentur Huck , Vindobonensis ; Mendelsohn , Berolinensis ; Schu- bart , Marburgensis ; Buzengeiger, Tubingensis; Fortin et Dumotiez, Parisienses ; Harris cum filio, Londinenses. Si vero quis sit , qui figuram undecimam Tab. III oculis (93 A anatomici contuens , eo offendatur , quod sacculus herniam condens non ex annulo abdominali, uti rei natura. et fi- gura duodecima exigit, sed prater eum prodire videatur, ab eo petimus, ut ipsi placeat primo conficere. delinea- tionem hernie, naturam precise imitantem, deinde eadem delineatione exprimere vasculum hemisphæricum seu cam- paniforme vacui nostri portatilis , hérniæ superimpositum , servata partium mensura conveniente et observata. condi- tione §. 8. n. 1. proposita. Cujus applicationi si invenerit locum deesse simul intelliget causam , qua inducti deli- neationem hac potius, quam alia, ratione adornavimus. Si vero sibi indulgeret inde concludere, quod non suc- cedit in delineatione corporis ad leges opticas. adornata , id etiam in ipso corpore non succedere , certe egregie fal- leretur, nobisque, qui non tenemur officio istius discri- minis indolem atque causas hoc loco exponendi , satis esset respondere hoc unum: fat experimentum ! OPI INICIEN SECTIO L DE ANTLUE PNEUMATIC: USU IN CHIRURGIA. — 0 () ——— A. Fundamentum applications chrirurgice Antlie pneumatice, $. 1. [ois mixtam vocamus, que ex parte quidem vi entis, voluntario motu et facultate fines sibi proponendi præditi, produ- citur, ex altera vero parte nature necessitate determinatur. $. 2. Sugere est aërem atmosphéricum ex dato spatio circum- scripto quacunque ratione extrahendo fluida sive liquida sive elas- tica in locum quendam determinatum deducere. Sic clystere vul- gari aquam sugere dicimur , dum embolo in cylindro elevato aëris columnam ipsi incumbentem atiollimus, quo facto aqua per orifi- cium fistule ipsi immersæ ingressa spatium ab embolo emensum occupat. Similiter in terris sacram vitem colentibus autumni tempore pueri mustum sugere dicuntur, dum arundinis altera ex- tremitate cupis musto repletis immissa, altera vero labris clausis compressa , aërem illa contentum inspirationis ope extrahentes per narium orificia exspiratione expellunt, quo facto mustum per arun dinis orificium inferius ingressum in os usque sugentis elevatur. 1 * pe- (2) $. 3. Suctionis operationem mixtam esse actionem asserimus. Quippe effectus suctionis, scilicet ascensus vel introitus fluidorum in spatia ab aëre extracto relicta a duabus virtutibus aëris atmos- phærici repetendus est, 1) Ab illius pondere determinato, pondus column aqueæ, ejusdem cum data' aëris columna diametri et alti- tudinis 32 pedum adæquante ; 2) A vi, ab illius pondere atque elasticitate pendente, qua semper tendit ad æquilibrium cum massa aérea spatii cujuscunque circumscripti, cujus vel densitas vel elasticitas utcunque mutata fuit , restituendum, simul atque contactui aëris liberi cum incluso locus detur. Experimentis enim omni dubio majoribus constat: a) Suctionis phænomena in vacuo gerickiano sive sub cam- pana antliz pneumatice locum omnino non habere. i 5) Ea pariter locum non habere ad elevationem 32 pedum; si de ascensu aquæ quæstio sit, excedentem. c) Si aëris liberi ad spatium quoddam circumscriptum, e quo aër quacunque ratione extractus sit , interventu fluidi cujusdam liquidi accessus impediatur, hoc idem fluidum liquidum pondere aëris atmosphærici incumbentis adigi, ut in spatium ab aére va- cuum succedat illudque occupet, simul ac illi liber ad istud acces- sus concedatur. d) Duobus corporibus, quorum aut alterum aut utrumque con- cavum est, sibi junctis, si aër e spatio cavo ab utroque terminato extrahatur, ambo corpora vi comprimi, totius atmosphere pres- sioni æquipollente ; quod evenire videmus in campana , disco antliæ pneumatice imposita, nec non in hemisphæriis magdeburgicis. e) Duobus corporibus, quorum alterum concavum alterum flexibile atque expansibile est, sibi junctis, si aër e spatio cavo (3) ab utroque circumscripto extrahatur , corpus expansibile in cavi- tatem alterius, usque ad terminum effectæ aéris rarefactioni res- pondentem, adigi. Hoc accidit digito, medio disci orificio impo- sito, nec non palm: appressz orificio superiori cylindri, minoris , quam palma , diametri, utrinque aperti discoque antliæ pneumaticæ impositi, denique vesicæ non nihil madefactæ talisque oylindri ori- ficio filo circumplicato firmiter alligatæ. $. 4. Hinc demum perspicuum est, qua ratione suctio a pullis animalium mammiferorum et a nostris infantibus peragatur. Dum scilicet ubera matrum labiis compressa tenentes aérem e tota oris cavitate primo ipspirando , mox per nares ejiciendo extrahunt, in ore formant spatium ab aére vacuum, cum quo «equilibrium res- tituere annitens aër atmosphæricus , actione in uberum superficiem labia circumdantem exercita , hac ita fortiter comprimit, ut lac in sugentis os vacuum ejaculatione adigatur. Hinc denique intelligitur, cur infantes coryza laborantes sugere nesciant. In hoc enim statu morboso inspissatione succorum ab ex- terno frigore producta , minima narium vascula, quee istis succis vel alluuntur vel permeantur , eo usque obstructa et inflata sunt , ut ex- spirationi per nares locus esse non possit. Quam ob rem infáns aë- rem, quem inspiratione attraxit, per os reddere, adeoque labia distendere , sive os aperire cogitur, eoque ipso momento , quo hoc evenit, cessat vacuum inspiratione formatum , cessat itaque etiam nisus aëris atmospheerici, æquilibrium , quod jam turbari desiit, resti- tuendi, quapropter etiam effectus hujus nisus, i. e. ejaculatio lactis cesset necesse est. Haud raro inveniuntur matres ac nutrices adeo rudes atque de- sipientes , quee, causam repudiate post appetitum vehementius mani- (4) festatum mammæ a morosa quadam pervicacia repetendam exis- timantes, parvulorum fletus gravi verborum castigatione coërcere non dubitent, quidquod quandoque nec manibus temperent. $. 5. Quod in exemplis prius allatis efficitur vel ore cujusdam animalis vel machina suctoria ipsi spatio, e quo aér extrahendus est, proxime admotis et junctis, id ope antliæ pneumatice effici potest corpore quodam intermedio in usum vocato. Sic v. c. si disco aniliæ pneumaticæ campana imposita evacuetur, deinde epistomio clauso discus cum campana adhærente a machina amoveatur, et orificio tubi, disci superficiei inferiori adjuncti aque stagnanti im- misso, epistomium aperiatur, aqua vi aëris externi illi incumbentis per tubum in campanæ cavitatem ita adigitur, ut fonticulum sa- lientem exhibeat. Similiter, si disci loco eum antlia pneumatica jungatur sphæra cava, cui ope tubi epistomio instructi annexum sit hemisphærium itidem cavum, clausoque epistomio intermedio aër e sphaera extrahatur, deinde altero quoque epistomio clauso si spheera ab antlia amoveatur, et hemispheerio vesica madefacta firmi- ter clauso, epistomium sphæram inter atque hemispherium inter- jacens aperiatur, vesica vi aëris externi irruentis in hemispheerii cavitatem adigetur. Et universe talis sphæra cum adjuncto hemisphærio seu segmento sphaerico cylindrove formabit vacuum portatile variis usibus egre- gie inserviens. , B. Historia applicationis chirurgice Antlie pneumatice. $. 6. Sub finem autumni anni 1811 cum in Moravia ruri de- | (5) gerem a vicino quodam barone primo mane diei cujusdam roga- tus sum, ut ipsius conjugi subvenirem , que pridie sub vesperam duorum ac semissis milliarium germanicorum viam rheda emensa ex intemperie coli graves ventris dolores contraxerit, quibus per noctem elapsam misere cruciata sit. Huic orationi fidem habendam esse nullus dubitans, dedi anisi stellati quantum satis erat ad pa- randas infusi pateras sex, quas subinde bibere jussi. Hora post meri- diem secunda idem baro reversus mihi retulit, conjugis dolores non tantum non sedatos esse, sed potius auctos videri. Dedi igitur olei menthæ piperitæ guttas sex, quas duabus pateris infusi flo» rum sambuci ex «quo admixtas deinceps haurire jussi. Hora quar ta audita, cum baro redux mihi nunciasset, nec hoc medium se« dandis doloribus par fuisse, respondi: « Si hoc medium. successu » caruit, tunc origo mali altioris est indaginis, nec a sola coeli in- » temperie repetenda; quare ipse videam audiamque conjugem tuam » necesse est ». Itaque virum comitatus inveni matronam triginta an- norum, septem liberorum matrem , valetudine satis bona adhuc usam, qu, examine, remotis arbitris, instituto mihi patefecit, se ex primo puerperio rudis obstetricis perversa agendi ratione herniam ingui- nalem dextri lateris contraxisse , quam hesterna die, priusquam rhe- dam conscenderet, fascia cocrcere neglexerit, inde evenisse, ut mul- tis succussibus , vel ex via aspera ac difficili, vel ex rhedæ construc- tione parum commoda, oriundis, hernia prolapsa sit, que jam dolores et anxietates intolerabiles pariat. Deinde herniam oculorum manuumque examini subjectam in- veni referentem figuram corporis polyedri spheeroidi inscripti, quod diametrum trium fere pollicum adæquans silicis duritiem «emularetur. Primo itaque conatus vomitorios, qui jam frequentes aderant, (6) mixtionis ex aqua menthæ piperitæ, liquore anodyno et laudano liquido parate aliquot cochlearibus propinatis repressi, mox pedibus ægrotæ aliquantum elevatis et capite deprésso repositionem herniz taxis ope tentare copi. Qua cum ob intestina maxime infarcta atque indurata non succederet, primo spongias aqua tepida ma- defactas, deinde, naphtham sulphuris, denique etiam laudanum | liquidum in usum vocavi. Que vero cum per duas fere horas frustra tentata , nec alia media nec instrumenta ad manus essent: vicus autem a metropoli duorum et semissis milliarium. germanicorum intervallo distaret , in novum incidi medium omnium longe sim- plicissimum atque efficacissimum. Quippe herniæ sollicita contemplatione convictus sum, eundem eventum , qui queritur, intestinis prominentibus digitorum solerti ac placida contrectatione versus cavitatem abdominis promovendis, per principia physica obtineri posse, si integumenta cutanea basin sacculi herniam condentis circumdantia juxta directionem oppositam ab abdomine aversam protraherentur , uti pes hominis pariter ocrea nudatur, si alius quisquam , pede immoto manente , ocream a fundo abdominis amovet, ac si ipse, ocrea immota manente , pedem abdo- minis fundo admovet. Jam igitur omnis quaestio eo redibat, ut in- veniretur medium ista integumenta cutanea protrahendi. Cum per se manifestum esset , integumentis cutaneis, sacculi basin formantibus , nec digitos nec ullum instrumentorum genus ita appli- cari posse, ut correpta et compressa super intestina conglomerata protrahereritur , proximum medium huic fini consequendo idoneum offerebat suctio. Sed qua ratione peragenda erat suctio, cum os ho- minis non caperet corpus tanti voluminis , et machina suctoria non ni promptu esset ? (7) Hujus quoque problematis solutionem suppeditavit physica docens, extractionem aëris e dato spatio circumscripto seu illius rarefactionem ad terminum usque evacuationi absolute proximum , non minus dila- tatione ope caloris efficienda, quam ipsa suctione posse peragi. Huic principio v. c. superstructa est conformatio vitrorum mammillarium, segmenta sphærica referentium , basis concavæ mammæ convexitati respondentis , in cujus medio orificium exstat papille mammillari recipiendæ idoneum, in circuitu vero foramen parvulum , que, si, postquam aér inclusus caloris ope rarefactus sit, mammis muliebri- bus ita applicentur, ut papillæ orificio medio inserantur, in extra- hendo lacte antlize suctoriz officio optime fungi videmus. Horum memor a marito ægrotæ petii, ut mihi daret ollam ex opere fictili nitido confectam , quales sunt istæ , in quibus servari so- lent unguenta melina (pot à pommade) capacitatis circiter sex vel Octo unciarum. Quam opinione celerius acceptam torno, qui in propinquo erat, applicui , ut fundum foramine parvulo perforarem. Deinde cavitatem ollæ sic præparatæ per aliquot minuta prima temporis desuper ob- verti flammze frustulorum chartaceorum stupa mixtorum. Denique aére in cavitate ollæ hac ratione satis rarefacto, saccu- lum herniz olla, cujus foramen parvulum digitus claudebat, ex- templo contexi, illius limbo inguini leniter appresso , quo facto in- testina, digito abstracto, dicto celerius in cavitatem abdominis cum strepitu resilire omnes lætabundi audivimus. Quod quidem secus fieri non potuisse ex prædictis manifestum est. Quippe aër gxternus|zequi- librium cum aëre ollæ rarefacto restituere annitens corpus interme- dium expansibile, scilicet integumenta cutanea, basin sacculi her- niam condentis circumdantia in cavitatem olle adegit, quibus faci- 2 A i.e. pafos inelufus, cs) lius intrandi uberiorem locum fecit pars aéris prius rarefacti jamque illorum introitu compressi per orificium parvulum abstracto digito excedens. Idem itaque circa sacculum herniam condentem evenire patet, quod experimento postremo §. 3 et 5 circa vesicam evénire ostendimus ; adeoque simili prorsus ratione hac encheiresi hernia : nudatur integumentis cutaneis , quibus prius constricta tenebatur, qua pes nudatur ocrea, dum hæc brachiis servi aut alius cujuscun- que hominis exuitur, quo facto intestina vinculis constringentibus soluta solius gravitatis vi in cavitatem abdominis sponte recidant necesse est, C. Expositio applicationis chirurgice Antlie pneumatice. $. 7. Hac methodus hernias reponendi, qua marito uxorem, septemque liberis matrem dilectam reddere mihi contigit, digna mihi visa est, quæ ulterius perficeretur. Quod quidem optime fieri posse judicavi, si in eum. statum adduceretur, ut vel a dexteritate administrantis, vel a casibus fortuitis, quibus ollæ usus obnoxius esse possit, pendere cessaret. Ex iis vero , quæ de fundamento hujus applicationis dicta sunt, patet, hunc scopum obtineri posse, si in locum ollæ acrem calore rarefactum continentis substituatur vacuum portatile sub finem $. 5. descriptum. Quod si enim, aére ope antliæ pneumaticze e spheera extracto, sacculus intestinorum prominentium tegatur hemisphærio, hujusque limbo abdomini leniter appresso ape- riatur epistomium sphaeram inter atque hemisphærium interjectum, aër ex hemisphærio in sphaeram illico transibit, adeoque eadem aéris ` massa, quee prius solum hemisphærium occupaverat, jam sphæram (9) integram cum hemisphærio occupabit. Hujus igitur aëris densitas longe minor erit, quam densitas aéris etmespheriet, cuti, hemispheerii | t li nelufi vaf basin | circumdanti , incumbentis ; quapropter hac vi fortiore inte- [ intus gumenta cutanea hemisphærio tecta in hujus cavitatem adigentur, - quo facto intestina istorum vinculis soluta in cava abdominis recep- tacula recident. | $. 8. Ut huic operationi certus semper respondeat successus, hæ leges observande sunt: r) Diameter hemisphærii diametrum basis sacculi herniam con- dentis non minus quam uno pollice cum semisse excedere debet. 2) Vertex hemisphærii a sacculi vertice, non minus quam uno pollice , distare debet. 3) Ut conditionibus 1 et 2 semper simul satisfieri possit, vasi intermedio magis convenit. cylindri aut campane, quam hemi- spherii figura, ‘ 4) Ut aris in vase intermedio contenti rarefactio sufficiens pro- ducatur, vasis intermedii capacitas ad sphæræ capacitatem sequatur rationem 1 ad 6. 5) Limbus vasis intermedii bene complanatus sit et circuitu sur- sum convexo terminetur. 6) Tuborum juncture atque epistomia aérem firmissime coër- cere debent. 7) Plura in promptu esse debent vasa intermedia diversarum dimensionum pro diverso sacculi herniam: condentis volumine in usum vocanda. $. 9. Adhibitis cautionibus, quas $. precedente 'enumeravimus , antliæ pneumaticæ usus olle applicationi has maxime ob causas anteferendus est: * (10) 1) Quod ex parte administrantis nullam aliam vim aut virtutem supponit, preter eam, quee cujusque sani hominis brachio inest. 2) Quod machina scite constructa et bene habita vim suam sem- per tuto exserit. 3) Quod semper et ubique, ubi opus erit, præsto esse potest. 4) Quod nulla alia media vel preeparatoria vel adjuvantia exigit. 5) Quod illius ope vis sugendi, seu integumenta cutanea in vas intermedium adigendi, ad libitum temperari potest, vel augenda capacitate vasis intermedii sphæra eadem manente, aut vicissim, vel moderando machinz exercitio, i. e. minuendo numero elevatio- num emboli, vel denique epistomio sensim sensimque et per gra- dus aperiendo. | $. 1o. Quamlibet jam fere sexcenties mutata sit antliæ pneuma- ticae constructio, tamen fatendum est, nusquam huc usque exstare descriptionem talis constructionis hujus machinæ, que usibus chi- rurgicis satis commoda videri possit. Quippe antlia pneumatica usibus chirurgicis apta, hisce potissimum conditionibus satisfaciat necesse est: I. Simplicissima sit, et a quovis etiam rerum physicarum imperito facile. tractabilis. (i 1 05 II. Amplius machine volumen ne impediat, quominus sit por- tatu facilis. III. Aéri vasis recipientis celeriter rarefaciendo idonea sit. IV. Non desit illi virtus. hujus rarefactionis gradum. sufficientern attingendi. | $. 11. Omnibus hisce. requisitis eam, cujus jam | descriptionem dabimus, antliam respondere, quolibet experimento comperient ii, qui illa a dextro artifice fabrefacta uti insfituent.. | (1) Fig. r. exhibet sectionem antliæ plano, illius fundo verticali per ejusdem axem posito, formatam. ABuo est corpus antliæ, seu cylindrus utrinque apertus, longitudine 10, diametro 2 pollices rhenanos adeequans, utrinque apertus, ad AB operculo in medio perforato claudendus ad ou vero limbo prominente , cujus latitudo uni, crassities dimidio pollici æquatur , instructus, cujus ope vi cochlearum w, «illi applicari possit fundus FE. Diameter hujus fundi, cujus crassities unum pollicem adæquat, cum limbi CD diametro convenit. In medio crassitiei hujus fundi juxta lineam re, ipsis CD, EF parallelam, terebra- formandus est canaliculus | rze , alio canaliculo en, per fundi centrum ipsi verticali secandus : quo facto canaliculus cn argilla humida obturandus est, et hac exsiccata ca- naliculus rn stanno liquefacto implendus. Denique argilla e cana- liculo cn retracta oriſicium conicum ae ita elaborandum est, ut illius superficies basi opposita, sive basis abscissæ coni partis ter- minetur extremitate e canaliculi ne; huic vero orificio conico exacte congruens parari debet obturaculum conicum, juxta directionem axis retro producti bacillo instructum, cujus longitudo a cylindri altitudine interna non nisi ipsa hujus coni truncati altitudine deficiat. Hic bacillus per coriorum strata compressa oleoque penetrata, ex quibus embolus MNOP componitur, ita transmittendus est, ut ad- frictus ope illis fortiter adhzereat , nec ari transitum permittat. Ceete- rum embolus MNOP ad + instructus est valvula, aëri vel arcendo, vel ope canaliculi ad R aperti transmittendo idonea, prætereaque ad R illi adhæret bacillus QR, cujus manubrium est ST. Denique ope cochleæ perforatæ c supra fundum FE prominentis illi adjungitur tubus cb sphere 2d/fg epistomio kl instructus. Ad f autem haec sphæra habet cochleam perforatam prominentem, que (12) inseritur tubo % hemispheerii pot, pariter epistomio As instructo. Hujus hemisphzrii loco vas intermedium cylindricum seu campa- niforme commode adhiberi posse ex supra dictis liquet. $. 12. Ponamus igitur embolum“, postquam fundo cylindri ita appressus fuerit, ut linea PO cum ipsa ow congrueret , ope manubrii elevari, manifestum est, illum attollere totam columnam aëris ipsi incumbentem , eamque per orificium operculi expellere, qua ratione intra fundum emboli ac fundum cylindri relinqueretur vacuum. Cum vero bacillus obturaculi conici ac ex hypothesi coriis emboli adfric- tus ope adhaereat, embolus hunc bacillum secum attollit, eoque obturaculum conicum ex orificio ipsi congruente extrahit, quare aéri in sphæra incluso locus datur in vacuam cylindri cavitatem succe- dendi. Embolus autem obturaculum conicum non ad majorem ipsius altitudine distantiam ex orificio conico extrahere potest, quo- niam, simul ac hunc terminum attigit, extremitas z bacilli ipsius punc- to m operculi AB apprimitur, ut non altius ascendere possit. Quo facto embolus juxta totam hujus bacilli longitudinem, superata af- frictus vi ascendere solus pergit. Quodsi denique, postquam in con- tactum operculi adductus fuerit, jam deprimi incipiat embolus, pa- riter affrictus ope: secum deprimere incipit obturaculum conicum , donec illud in orificium ipsi congruens reposuerit. Quod vero cum, statim sub initium: cujuscunque descensus eveniat, postea embolus solus juxta ejusdem bacilli longitudinem descendit ; cumque descen- dens aérem , qui ex sphera in cylindri cavitatem successerat , fortiter comprimat, hic vero aér orificio conico clauso in sphæram redire non possit; elasticitatis vi valvulam p versus superficiem MN mo- bilem aperiens per orificium R supra embolum excedit, cujus nova elevatione demum per orificium y expellitur. Eademque ratione (13) machina quacunque vel elevatione vel depressione emboli actionem suam exserere aëremque sphæra contentum magis semper magis- que rarefacere pergit, donec tandem aëris evacuatio eo usque per- ducta sit, ut sphæra , clauso epistomio kl, vacuum portatile formare reputari possit, cujus ad hernias reponendas applicationem $. m ostendimus. $. 13. Ut hac antlia commode possit. tractari, medio illius cor- pori affixus est annulus cylindricus GHKL crassitiei dimidii, altitu- dinis unius pollicis, cujus superficiei incisa est cochlea mas, remoto operculo atque embolo, cylindro sursum inserendo adigenda in fe- minam U, (fig. 2.) adhærentem tabulæ orichalceæ XZ, quatuor cochleis mensulæ machinam portanti affigendze, Ipsa hec mensula que (fig. 3.) ad mensuram contractam delineata exhibetur constat fundo duplici , superiori ad utramque extremitatem canteriis instructo , et inferiori, cochlea, cujus caput huic inserendum est, isti jungendo. Fundus inferior ejusdem quidem cum superiore latitudinis , sed talis esse debet crassitiei, ut ipsius superficies inferior cum canteriorum superficie in eodem plano constituta sit, longitudinis vero ejus, ut circa cochleam versatus extra canterios possit promoveri et intra illos retrahi, Quotiescunque enim antlia ad efficiendum vacuum adminis- tranda est, hic fundus inferior in eum situm adducendus est, ut ipsius planum superius fundi superioris planum inferius ad angulos ` rectos secet (fig. 4.), quo obtineatur, ut homo, machinam tractans, prominentibus ex utraque parte fundi superioris brachiis, inferiore fundo in situm descriptum adducto formatis , insistens ipsam men- sulam tabulato fortiter apprimere, eoque machine statum, quantum satis est, firmare possit. Fundo denique superiori ope commissuræ, quæ fabris lignariis hirundinis cauda vocatur , juncti sunt pedes men- sulæ, quibus ejusdem tabula imposita est. ( 14 ) $. r4. Ex ipsa antliæ nostræ constructione eamque administrandi modo hec tria sponte patent : 1) Eandem aniliam scarificationibus quoque efficiendis optime ad- hiberi posse, si cochleæ f sphere bd/g ope tubi fp (fig. 1.) junga- tur cucurbitula. i 2) Eandem antliam præterea omnibus reliquis usibus physicis ido- neam reddi, si cochleæ c per fundi centrum transeunti applicetur tubus utrinque recurvus «673, (fig. 5.) cujus extremitati 3 per men- sulam transeunti discus non minus, quam sphæra, ope cochleæ 3 pos- sit adjungi. 3) Fundum mobilem FE necessarium esse, ut tubus utrinque re- curvus aenc (fig. 1.) cum obturaculo conico ea, qua par est, dili- gentia possit elaborari. eu Ceterum, ut hic fundus mobilis limbo prominenti CD ita adjungi possit, utaéri omnis facultas , vel per minimum intervallum irrependi præcidatur , primo alter alteri smiridis ope tam diu atterendus est, donec limbus portet fundum halitu non nihil humefactum ipsique affrictum, uti magnes portat ferrum attractum, deinde tam limbus quam fundus prunis admovendus est, donec uterque satis calefac- tus sit; denique limbus unguento ex sebi puri et cere albæ partibus æqualibus parato illinendus, et , hoc liquefacto, fundo fortiter appri- mendus est, quo facto postremo quatuor cochlez w, æ, etc. ete. ope clavis firmiter adigende sunt. D. Obsereationes practice. 1. Herniam dicimus quemcunque tumorem in superficie eor- poris humani eo ortum quod vel intestinorum, e. g. ilii, pars, vel (15) omentum, etc, etc: , wek utramque peritonæi lamellam interiorem relaxatam ita impelleret, ut hæc vi superiori cedens formato sac- culo integumenta cutanea præ se acta in pröminentiam piliformem extenderet. Et circa hanc vocem medicis ignoscendum est, quod modo sacculum ipsum, modo contenta sacculi, modo sacculum cum con- tentis eodem termino insignire sueverint, cum vel ipsi geometræ modo lineam , qua figura quzdam plana determinate speciei circum- scribitur , modo aream figure ita circumscriptæ , modo aream figuras cum circuitu eodem circuli nomine designare non dubitaverint. 2. Hernia hujusmodi prominentiam in quacunque superficiei cor- poris humani parte formans dicitur prolapsa, que si dextre digi- torum applicationi, quam faxín vocant , ita facile cedat, ut contenta sacculi, ægroto in situm convenientem adducto, in cavitatem abdo- minis retro possint agi, hernia dicitur reponi ; si vero sacculi con- tenta ita sint constricta et conglomerata, ut nec digitis cedant, nec ullum | motum extrinsecus impressum admittant, hernia dicitur incarcerata (sit venia verbo !). 3. Contentorum ratione habita hernia est vel enterocele ‚ que partem intestinorum , vel epzplocele , que omentum , vel entero-epi- plocele , ' que omentum cum parte intestinorum, vel. hydrocele, que aquam continet. 4. Loci, quem occupat, respectu hernia est val umbilicalis , vel ventralis , vel inguinalis , vel cruralis, vel scrotalis. i 5. Hernia umbilicalis sæpissime oritur vel in feminis gravidis , improbi laboris damnatis, vel in infantibus a matribus nutricibusve destitutis fletibusque et lamentationibus effusis assiduisque diutius traditis. Ceeteroquin facillime et reponi potest et contineri, Ventrales „ herniæ rarissimæ sunt. Inguinalibus, que omnium sunt frequen- tissimæ, maxime obnoxii sunt homines equo vehi adsueti , præcipue equis nondum subactis utentes aut subigendis operam navantes, porro milites , qui exercitiis militaribus dediti accepto signo in genu alterum procumbere jubentur, nec non omnes, qui vite genus laboriosias sequuntur aut qui vehementioribus animi motibus ferun- tur, precipue si femoralibus utantur adstrictioribus. Cruralibus potis- simum feminæ afficiuntur vel puerperii vel alius generis laboribus ultra modum fatigata. Scrotales frequenter contrahuntur a pisto- ribus, molitoribus, cerevisiariis, nautis, bajulis, omnibusque iis, qui pedibus dispansis iniqua onera vel levare, vel promovere toto corpore connituntur , denique ab iis , qui feminarum effrenæ libidinis amplexibus indulgent. 6. Si e catalogo monnikhoffiano, cujus supra mentio facta est, eorum summam colligamus , qui non nisi ejusdem speciei herniis laborabant, iste catalogus docet, numero virorum litera V, femi- narum vero numero litera F, designato, fuisse respectu herniarum. a) Inguinalium V: Y = 142 : 55; b) Cruralum V:. F VEREND c) Umbilicalium V: F 3:20 7. Istæ herniæ , licet ratione partium e quibus sacculus formatur, I ratione contentorum sacculi, et ratione partium quas partes de- scendentes trajiciunt, diversissimæ sint, omnes tamen in eo conve- niunt, quod contineant partes, per eandem viam, qua exierunt, in eavitatem abdominis retro agendas. . 8. Herniis affecti licet optima valetudine gaudere videantur, tamen ut iniqua conflictantes reputandi sunt, cum sæpe vel levissima causa (17) herniæ descensum — ‚ qua semper in vite discrimen ad- ducuntur. 9. Si qua hernia prolapsa sit, nulla mora interposita ER est, quoniam differendo malum invalescit, et periculum est, ne incarcerationi, quæ dicitur, fiat locus; quse si evenerit , præsens auxilium adhibendum est , si eventum funestum præcidere cupiamus. 10. Omnes hernias incarceratas, si a scrotalibus, præter partes retro agendas alias quoque in abdomen nunquam reducendas con- tinentibus, discesseris, ope nostri vacui portatilis , certe non minus quam facile, reponi posse ex n. 7, coll. $. 7. perspicuum est. 11. Hanc repositionem ‚si in tempore fiat , omni periculo carere, - ex ipsa operationis indole patet , quippe quæ ab æquabili dilatatione orificii sacculi per totum illius circuitum , eaque extrorsum directa, orditur , qua effecta contentis sacculi nihil obstat, quo minus vi gravi- tatis in abdornen sponte recidant. 12. Quale pretium huic methodo ‘statuendum sit, optime judi- cabunt periti artis magistri pensitantes, quam difficilis sepe sit certa datæ herniæ quoad speciem determinatio, quam difficilis indicatio di- rectionis cultro præscribendæ, ne funiculus spermaticus , arteria cru- ralis, epigastrica, vel ali pars delicatior lædatur, quam difficilis de- nique et quam multis casibus obnoxia curatio vulneris herniotomia facti , que postremo, et si optime successerit, nihil ultra efficit, quam ut statum morbosum solitum hominis hernia affecti reducat.. 13. Ut euratio absolvatur duo efficienda sunt , scilicet : a) Intestina fascia apta coërcenda sunt, ne denuo in sacculum descendant; in quo quidem medici vulgo acquiescunt, b) Vasa regionis affect contrahenda sunt et roboranda, ut rup- tura primum intestinorum descensum prægressa ejusque repetitio- | (18) nibus ampliata quasi sarciatur partesque affectæ vi intestinorum ir- ruentium posthac sustinendæ ac reprimendæ pares reddantur; quod quidem arte obtineri: posse hodie quoque a plurimis temere negatur, ab aliis vix speratur. | 14. Ad fascias quod attinet , eæ, quæ in his terris fabricantur et venduntur, pluribus nevis atque incommodis laborant, scilicet : a) Ex ferro seu chalybe parate eoque rubigini obnoxiæ sunt, qua brevi tempore ita corrumpuntur, ut sæpe vel levissima causa e: g. risu, tussi, Sternutatione, vomitu, corporis subitanea incurvatione, rhedæ succussu, equi saltu, etc., etc., occasionem præbente, præ- ter opinionem fractæ, vitam hominum in discrimen adducant. b) Pulvillum compressorium (la pelote), nec satis habet convexi- . tatis, adeoque nec satis elasticitatis, nec figura gaudet cavitati in- guinis satis accommodata. c) Ob ipsam metalli, ex qua composite sunt, naturam , duriores sunt hominibusque fibrarum teneriorum haud parum molesta. 4) Unci, quibus instructæ sunt, rudes atque asperi indusia ac reliqua vestimenta brevissimo tempore atterunt. e) Tota earum compositio usus diuturnitatem non admittit. 15. Ab hisce nevis immunes predicare possum istas fascias, quas in Austria, Bohemia, Saxonia, etc., etc., passim fabricandas curavi et optimo cum successu semper adhibui. Scilicet fig. 6, ex- hibet fasciam ABC ex orichalco malleato , cui cum sufficiente elas- ticitate longe minor est rigiditas, fabrefactam, et primo tenui panno laneo ( flanelle}, deinde corio cervino obducendam, in qua super- ficies externa basis pulvilli compressorii tres portat clavos cylin- dricos capitellis hemisphæricis instructos. Extremitati C hujus fasciæ sutura jungitur lorum primarium CD e corio vitulino paratum , (19) cujus pars EF pluribus foraminibus pertusa est. Huic loro prima- rio jungitur lorum intermedium. GH ope annuli fibula instructi H, cujus altera extremitas G laminam portat corio impositam et sutura junctam , cui rima cum foramine incisa est, quæ clavos cy- lindricos supra memoratos recipere possit. Hac constructione obti- netur, ut fascie amplitudo pro necessitate corporis ægroti quovis momento et tantilla quantitate vel augeri possit vel minui. Lori intermedii ea est longitudo , ut annulus fibula instructus , substrato pulvillo e corio molli pilis equinis repleto, pubi incumbat, ne cutis ulla ratione vel premi vel lædi possit. Loro, quod vocant , crurali hæ fasciæ non indigent. Talis fascia , quatenus e lamina orichalcea constat, potest qui- dem fabrefieri ad mensuram lamina plumbea corpori applicita cap- tam, sed semper ejus debet esse flexilitatis atque elasticitatis, ut tota in directum extensa corpori ægroti possit applicari et in figuram convenientem conformari. Si vero ægrotus serius ocyus dolores sentiat fasciæ pressione excitatos, id certo argumento est, illam sinistre esse applicitam. 16. Hernia reposita, priusquam fascia applicetur, pars affecta multiplici cum fructu inungitur balsamo, cujus formula hzc est : R. Saponis hisp. opt. unc. — ijs. Infunde Spir. vini rectif. 5j Digerantur per dies ijj. Colaturæ adde sub continua agitatione Camphoræ, unc. j. Olei Rosmarin. drachm. ij. 17. Fasciæ supra descriptæ usus diei adstrictus est. Ante som- T num heee fascia exuenda, ut locus fiat topicoefficacissimo applicando, quod chemiæ acceptum refertur, cujusque usus me nunquam fefellit. Scilicet clar. Lewis primus observavetat , decocto gallarum con- tineri substantiam , que cum oxydis ferri præcipitatum nigri coloris et cum gelatina animali coagulum formet. Subsecutum deinceps dili- gentius examen virorum clarissimorum Deyeux, Seguin, Proust, Daey , Richter et Trommsdorf docuit , hzc duo phenomena duabus substantiis, in decocto gallarum coexistentibus quidem sed diversæ nature, esse tribuenda, præcipitatum videlicet nigrum acido gallico, coagulum vero aqua solvi nescium alii principio, quod, cum ab ipso pendeat vis contriti corticis quercini in re coriaria, scytodepsicz { le tannin) nomine insignire placuit. lisdem preterea experimentis compertum est, principium sey- todepsicum etiam cum materia albuminosa simile coagulum for- mare, ac utrumque horum coagulorum etiam in statu humidi ca- loris putrefactioni non obnoxium esse. Horum omnium memor animumque ad insignem gelatine copiam in regione inguinum ejusque confiniis latentem, adque materiæ albuminosæ copiam certe non minorem, que ope perspirationis invisibilis per, vasa: cutanea ejusdem regionis quotidie excernitur, advertens , operze. pretium me facturum existimavi, si institutis de industria experimentis in- vestigarem, num principium scytodepsicum in gelatina et materia albuminosa, quatenus ut partes constituentes corpori vivo insunt, simile quid przestare valeat ei , quod efficere illud. videmus in iisdem substantiis a corpore vivo disjunctis et aqua solutis. Hoc enim si experientia comprobaret , haberernus certe medium, sarciendis istis rupturis, quas hernias vocamus , omnium , que desiderari possint , longe præstantissimum. (21) 18. Prima itaque occasione data principium scytodepsicum viro 36 annorum hernia inguinali affecto hac ratione applicui. Ex Mol- davia atque Hungaria fere quotannis immensa multitudo. gallarum in Poloniam, Bohemiam, Austriam atque Italiam, importatur, quas omnes reliquas principii scytodepsici copia mirum quantum. supe- rare experientia coriariorum Vindobonensium precipue, Pragen- sium ac Brunnensium dudum constat. Hee galle, Germanis Knoppern dictee, ut sagacissimum perillustris de Burgsdorf (1) examen do- cuit, non in foliis quercus , sed in calice glandis oriuntur, et non cynipis quercus , non c. foliorum q. non c. petioli, non c. pedun- culi 9. non denique c. gemmæ g. Linnei, sed. cynipis calicis quercus Burgsdorfii punctu oriuntur. Arbor vero cujus calices istius cynipis punctu ita corrumpuntur, ut in illis fructuum. loco: gallæ calicis formentur , non alia est, quam quercus foliis, deciduis ,' oblongis , superne latioribus, sinubus acutis , angulis. obtusis Linnæi, Germanis Sommer-Eiche s. Stiel-Eiche dicta (2). Ex hisce gallis calicis con- tusis tincturam , quam vocant, spirituosam bene, saturatam paravi , qua ad temperiem ¿> adducta locum. affectum ter quotidie probe foveri jussi, Qua operatione ante somnum peracta eidem loco saccu- lum e linteo tenui confectum , atque. una. uncia. pulveris crassius- [ f 207 —— (1) Schriften d S. 1. ff. Ws | near j (2) Hoc tanto magis notandum est, cum clar. ‘Leonhard: , auctor cwleroquin diligentissimus , sententiam ‚qua gallas calicis in ea quercus specie, que quercus 'eegilops inde ex Plinii «tate vocatur, oriri statuit, Burgsdorfii auctoritate munire vidcatur. (Neue Zusæze und Anmerkungen zu Macquers Chy mischen W ocr- terbuche , Bd. 1, S. 416). er Berlinischen ‘Gesellschaft Naturforschender Freunde, Bd.. IV. (22) culi earundem gallarum repletum , postquam spiritus vini calefacti quantum satis imbiberat , imponi fasciisque linteis vulgaribus , quibus tamen prestant ille, que ex resina elastica (Caoutchouc ) seu ex massa pickeliana (x), confecte sunt, firmari jussi. Hujusmodi sac- culum quovis tertio die cum novo commutandum curavi. Hac cu- ratione per sex mensium noctes continuata æger ita convaluit, ut deposita fascia equo vehi, fossas saltu trajicere, onera 120 libras excedentia levare posset, quin ulla ratione pristinæ infirmitatis ad- moneretur. 19. Eundem successum in infantibus tenerioris statis nonnunquam totidem septimanarum spatio obtinere licuit, et adultorum nemini, licet quidam quinquagesimo setatis anno propiores atque ex decen- nio, et quod excurrit, herniis affecti essent, hoc medium ultra an- nuum spatium administrari necesse erat. Quid quod virum qua- draginta annorum , qui hac ratione octo mensium spatio ex hernia impotentia iræ contracta convaluerat, aliquot annis post ita stoma- chari vidi, ut spuma albida ex oculorum angulis pullularet , citra novam antiqui mali accessionem. 20. In hominibus extrema macie arefactis segniorem deprehendi principii scytodepsici effectum. His vero maxime conducit frequentior usus medii præparatori sub n. 16 propositi. Cum enim pariter ex- perimentis constet, principium scytodepsicum solutionem saponis disjungere , formans cum illius oleo coagulum solvi nescium, istius medicamenti usu primo per vasa cutis resorbentia sufficiens saponis quantitas loco affecto ingeri potest, quee deinde, supplendo gela- abs (1) Richter's, Chirurg. Biblioth, Bd. VL S. 512. (23) une defectu, principio scytodepsico materiam suppeditet coagulo formando idoneam. 21. Deficientibus gallis calicis glandis moldavicis seu hungaricis, earum officio simili cum successu fungi posse alepenses ex foliis quercus collectas, non est quod dubitemus, Preterea experimenta clar. Daey (1), spei locum faciunt, fore, ut in locum gallarum cujuscunque generis citra effectus detrimentum substitui possit succus inspissatus e fructu et ligno Mimosæ Catechu, qui in offi- cinis terre japonice nomine perperam designatur. 22. Eventus experimentorum clar. Vauguelin (2), circa gummi gambiense (Kino) institutorum spem facit, fore, ut hac substantia gallarum prestantissimarum vim in sanandis rupturis adequet, si non superet, ! 23. Denique principium scytodepsicum arte paratum vi gelatinam animalem saturandi et in coaguli formam redigendi longe superare id, quod natura sibi relicta in plantis quibuscunque producat , viro- rum clar. Davy et Hatchett (3) experimentis evictum est. - 24. Ceterum quanta in gallis calicis hungaricis vis sit vel ad- stringendi vel roborandi, Vindobonæ illustri exemplo ipse comperi. Quippe subinitium mensis octobris anni 1814 , ad matronam nobilem 25 annorum vocatus, que ex abortu, quem mense junio ejusdem (1) Systeme de Chimie de M. Thomson, traduit par M. Riffau/t, tom. III, pag. 297. (2) Dictionnaire de Chimie, par MM. Klaproth et Wolff, traduit par MM. Bouillon-Lagrange et Vogel, tom. II, pag. 475, F. (3) Systeme de Chimie de M. Thomson , etc., etc.; tom. III, pag. 503, 312. (24) anni passa fuerat, sanguinis profluvio fere continuo laborabat, in quo curando trium medicorum irritis tentaminibus tota fere phar- macopæa austriaca, quatenus huc trahi poterat , exhausta fuerat, instituto examine convictus sum, massam sanguinis residuam ma- jorem adhuc esse, quam quee vasis , quorum fibre mirifice relaxatæ erant, possit contineri. Quam ob rem primo sub vesperam ejus diei, venæ sectione in dextro brachio facta, sanguinis uncias novem abstrahi jussi, quo facto ægrota selle familiari, remotis vestimen- tis, imposita foculum prunis repletum subdidi, quibus pulveris crassioris gallarum calicis hungaricarum manipulum unum immisi, ut vapores e particulis combustis elevati, sella undequaque clausa, in vaginam ascenderent. Sed sanguinis irruentis tanta erat vis, ut spatio duorum minutorum primorum vix exacto prune penitus ex- stinguerentur. Nihilosecius profluvio sanguinis per noctem proximam mirifice sedato, primo mane sequentis diei idem experimentum repetii , eo - quidem cum successu , ut secunda repetitione non esset opus; proxi- misque duabus septimanis hac matrona ita convaluit, ut decimo- quinto post ven: sectionem die tres horas continuas saltationi daret, nihil omnino experta, quod tante audaciæ poenitentiam excitare posset. TEEN SECTIO IL DE ANTLIA PNEUMATICÆ USU IN ANATOMIA. — 22 —— A. Fundamentum usus anatomici Antlie pneumatice. $. 14. Usus antlie pneumaticæ in anatomia efficiendis injectio- nibus in vascula tenerrima absolvitur, cujus quidem applicationis fundamentum in propositione, $. 3, sub litera c enunciata, que- rendum. B. Historia usus anatomici Antlie pneumalice. $. 15 'Tanquam experimenta, quæ ad hunc usum proxime rec- taque via conducere possint, hzc fere spectanda sunt: L^ Lagena vitrea , collo longiore sed angustissimo instructa, vitro vulgari non multum supra mediam altitudinem aqua repleto ita immittatur, ut colli orificium vitri fundo insistat , deinde hoc vi- trum disco antliæ pneumatice impositum obtegatur campana vi- trea , clausisque commissuris antliz exercitio aër extrahatur. Simul- ac aér campana inclusus extracta illius portione aliqua rarefieri in- cipiet , in hujus locum succedet aquam trajiciens portio aëris lagena 4 (26) inclusi ad equilibrium restituendum tendentis, et sic rarefactio aëris lagena comprehensi, cum rarefactione aëris campana circum- scripti pari passu ambulari semper perget, donec ad terminum perventum sit, qui scopo proposito sufficiens reputari possit. Si de- nique aër extrinsecus intromittatur , hujus vi tantum aque in lage- nam adigetur, ut in illius fundo non nisi bullula aérea restet aci- cule capitellum vix adeequans. II. Ovum galline recens partum, apice tenuissima acicula per- tuso, vitro vulgari, foramine deorsum converso, immissum disco antlie pneumatice imponatur campanaque superaddita aër exhau- riatur ; quo facto aër ovo inclusus , ad equilibrium cum ambiente tendens, omne albumen ovi cum vitello per foramen parvulum ex- pellet. Denique aër externus denuo admissus utrumque per idem foramen in corticem redire adiget. : III Capiatur frustum ligni cujuscunque cavitatem aliquam comè plectens, et postquam bilancis ope ponderatum sit, disco antlize pneumaticæ imponatur, Deinde cavitati portione hydrargyri, quan- tam illa capere possit, infusa, campanaque imposita aër exhau- riatur. Quo facto aér extrinsecus admissus hydrargyri quantitatem in canales ligni tubiformes adiget, que ejusdem pondere ad bilan- cem denuo examinato innotescet. Hec tria experimenta jam Joannes. Musschenbroekius descripsit sub numeris II, IV et XLIX in appendice gallice versioni ape ris physici Petri Musschenbroekü adjecto (1). 4 (1) Essai de Physique, par M. Pierre van Wusschenbroek , traduit du hollan- dais , par M. P. Massuet, Leyde 1739. H (27) . Similia experimenta postea descripserunt Xraſſtius, in collectione Petropoli edita et Lowizius in sylloge enperimenipnum quee Norim- bergæ prodiit (1). C. Expositio usus anatomict Antlie pneumatice: $. 16. Levi tantum immutatione experimentorum §. precedente memoratorum , precipue primi ac tertii, opus est, ut illis ad me- thodum, injectiones anatomicas ope antliæ pneumatice efficiendi , quasi aliud agentes perducamur, Scilicet fornici campanæ vitreæ perforato ope capsule orichalceæ adjungatur cylindrus orichalceus cavus, discis coriaceis compressis et oleo probe penetratis ita repletus , ut juxta directionem axis filum quidem orichalceum crassiusculum , sed ne tantillum quidem aéris transmittat, Hujus fili extremitati inferiori ope cochleæ jungatur uncus sursum recurvus seu brachiolum vectis angularis speciem re- ferens. Denique huic unco seu brachiolo annectatur corpus quoddam animale seu vegetabile, e. g. frustum intestini cujusdam seu caulis alicujus plantæ, aut bacillus ligni amplioribus canaliculis tubifor- mibus instructi , quale inprimis abiegnum et pineum est. Postremo disco antliæ pneumaticæ imposita patina aquam seu hydrargyrum continens contegatur campana corpus predictum portante, et filo orichalceo eo usque elevato, ut corpus illi annexum superficiem liquoris in patina stagnantis contingere non possit, actio machine in- (1) Sammlung von Versuchen wodurch sich die Eigenschaften der Luft begreif- lich machen, etc., etc., lassen. Nürnberg 1754. ( 38) cipiat. Qua, quantum satis est, continuata, corpus filo orichalceo suspensum eo usque deprimatur, ut illius extremitas inferior pa- tine fundum proxime attingat. Quo facto, aére extrinsecus ad- misso, liquor patinæ orificia canaliculorum corporis tubiformium intrans totum illius volumen permeabit. Si itaque patinæ immissum sit hydrargyrum aut liquor injectitius pigmento quodam infectus , obtinebitur injectio anatomica omnibus numeris absoluta. $. 17. Mihi quidem, datis principiis data quoque esse consectaria réputanti , hec omnia ita sponte quasi sese offerre semper visa sunt , ut, postquam admodum juvenis legissem opusculum Lowizit supra laudatum , injectiones corporum vel vegetabilium vel animalium hac via efficere successu nunquam fallente instituerem. Quapropter nunquam ausus fuissem de hac re vel verbulum emittere , nisi haud ita pridem casu quodam incidissem in locum positionum physica- rum (Tom. II, P. L pag. 89, Pos. 185, Schol.), quo auctor illustris van Swinden suam de hac re sententiam hisce verbis pronunciat : « Hac extensione, ( quze scilicet pressione aéris, in solam externam corporis cujusquam superficiem exercita, producitur) « nitebantur » verosimiliter egregii Ruischiz et Lieberkühnit methodi , preparata » anotomica injectione liquoris parandi, quas, maximo anatomico- » rum damno deperditas , summo horum emolumento, ea, quam > hic declaravimus , proprietate usus, restituit doct. Beuth in Ver- » handel. van de Harlem. Maatschappy , Tom. XVII, P. 2, » pag. 263, ff. „. Cum igitur hec clar. Beuthii commentatio in opere condita sit, in paucis tantum bibliothecis publicis, et extra Bataviam fere nus- quam, reperiendo, cum preterea nec Germanus quisquam , quan- tum equidem sciam, nec Francogallus auctor illius mentionem + ( 39 ) faciat, cum denique ista methodus ad usus publicos in theatris ana- tomicis nunquam traducta fuisse videatur, quantumvis eximii sit pretii, precipue in præparandis partibus animalium delicaticribus, certe non inutilem operam me suscepturum speravi, si summam eorum, quæ clar. Beuthius hac de re divulgavit, e batavo idiomate latine reddita huc transferrem meaque qualiacunque adjicerem. D. Methodus Beuthiana injectiones ope Antliæ pneumatice. efficiendr. $. 18 Ita vero ille : Methodus injectiones efficiendi , qua Ruischius ac Lieberkühnius usus est, hucusque in secretorum numerum referenda fuit. Uter- que horum artem calluit, non tantum vasis singularum partium corporum animalium liquores injiciendi, sed et liquores injectitios per vasorum membranas et cuticulæ poros expellendi. Cujus rei exemplum vidi in fetu, qui hodie in collectione præparatorum Lieberkühnianorum Academic Petropolitanæ adservatur, insigni cuticula, panni serici rubri, altera parte RN , (velours) , speciem referente (1). Ad augendam physiologie perfectionem et vim consectariorum (1) Auctor hisce adjiciens, Zieberkühnium præterea artis quoque compotem fuisse, argentum et plumbum. partibus corporum animalium injiciendi , oblitus fuisse videtur, alterum horum metallorum non minorem caloris gradum quam 1000.° Fahrenh , alterum certe 540.° requirere , ut liquefieri incipiat , cui subeumlo nulla omnino corporis organici pars, in quam injectio cadere possit, par est, quin destruatur. Unde concludere licet, vasis renis, que, argento tali ratione injecto preparata , auctor se ipsum vidisse affirmat ,. Aydrargyrum injectum fuisse; quod , quominus via $. 16 exposita peragi possit, nihil omnino obstat. ( 3o ) in rem vel pathologie vel therapiæ inde repetendorum, diu in votis fuit, ut facultas ista preeparata imitandi, in cujusque anato- mici potestate esset ; ob eamque causam nemo erat, qui non im- pensb doleret, istam artem simul cum auctoribus interiisse. Quot controversias in hisce scientiarum partibus hac via dirimi, quot obs- curos hucusque locos illustrari potuisse credere licet ? His igitur rationibus inductus nulli opere peperci, ut istorum virorum secretum pervestigando eruerem , omnibusque methodis, quibus hujusmodi injectiones effici possint, probe pensitatis atque examinatis non nisi unam relinqui convictus sum, eam scilicet, qua in corpus preparandum ‘spatio ab aére vacuo immissum aut aéris externi pressione aut clysteris ope liquores adigantur. Quanto curatius hoc artificium ponderavi, tanto minus difficultatum in illo exsequendo deprehendi. Denique omnibus impedimentis e medio sublatis, instrumenti, cujus mox descriptionem dabo, compositio- nem , ad imaginem animo conceptam adumbravi , atque opera Steg- manni, professoris (tunc) Cassellani (1), fabrefaciendam curavi, (1) Stegmannus Cassellis , preter cathedram physicam præfuit laboratorio phy- sico-mechanico, famam, qua hodie Reichenbachianum gaudet, ista ætate ad- æquanti, quod post fata conditoris Lycei ac Musei Cassellani , cum facultas. ab humanitatis studiis secundis rebus ornamentum , adversis solatium ac perfugium petendi, primum hereditatis paternæ www, nature beneficio ad filium natu minimum, illustrissimum principem CAROLUM, tiara, fati invidia , ad maxi- mum transiisset, hujus jussu, simul cum Baldingero, Tiedemanno , Steinio , Moenchio, Marburgum translatus, eodem secum transtulit ; eaque illius fuit dexteritas , ab auctore justis laudibus celebrata, ut dubium non sit, quin, si illi integrum fuisset, hunc apparatum ad imaginem a se mente conceptam. con- siruere, et simpliciorem et commodiorem fuisset exhibiturus. (ds) quam omnibus meis desideriis satisfacientem omnibusque expe- rimentis instituendis idoneam ipso usu comperi. Hoc apparatu usus primo in fetum quendam, deinde in bovini intestini aliquod frustum, denique in pulmones vitulinos materiam injectitiam adegi, ita quidem, ut optato successu semper potirer , utque precipue pulmones vitulini preparatis, que Lieberkühnië arte confecta videre mihi contigerat, nulla ratione cederent. (Fig. 7.) a Exhibet discum antlize pneumatic, cui imposita est campana 5 cum fœtu ex illius operculo suspenso. } c Est fistula tenuis infantis funiculo umbilicali prius inserenda firmiterque adjungenda. d Fistula epistomio instructa, acri externo aditum negans, donec altera fistula e cum adjuncto infundibulo f massa dne re- pleta, aut clyster fistule 4 adjunctus sit. g Est operculum campane cum adhærente cylindro discis co- riaceis oleo penetratis repleto (cf. $. 16). h Est filum orichalceum juxta axis directionem per discos coria- , ceos transiens, et vi affrictum superante , vel sursum vel deorsum mobile, uncoque instructum, cui corpora injectioni subjicienda an- hecti possint. i Fistula est epistomio instructa et campanz operculo cochleæ ope adjungenda. k Fistula est ex altera parte cum epistomio i cochlez ope jun- genda, ex altera vero in annulum desinens, tubulum l in se sus- _cipientem , cujus cochlea mas superinducto obturamento m cochlea femina instructo , illi firmiter adstringitur. Idem vero tubulus 7 ex altera parte cochlea femina instructus est, cochlez mari tubi , aniliæ (32) pneumatice disco portando destinati, ita respondente , ut, siquando usus id exigat, illi nullo negotio applicari possit. : | Denique n amphora est, recipiend aque destinata. Quod si igitur hunc apparatum injectioni efficiendæ adhibere velis, primo e campana, postquam corpus præparandum ex illius operculo suspensum sit , disco antliæ imposita. aér extrahendus est. * Deinde clauso epistomio discus cum adhærente campana auferen- dus et per duas ad minimum horas aquæ calefactæ immergendus. Campana ad aque temperiem redacta una cum amphora cui im- mersa est, antlie admovenda et ope fistulæ k m cum illa jun- genda est. ; Quo facto aër calore elicitus exhauriendus est, interque machine exercitium liquor injectitius infundibulo f immittendus. Deni- que, epistomio d aperto, infusio tamdiu continuanda, donec nihil ultra a corpore recipi observetur. j E. Methodi Beuthiane censura. s. 19. Mihi quidem hic apparatus Beuthianus nec satis simplex videtur, nec scopo proposito satis conveniens. Quippe, | | 1) Calor, isque intensior, in coriis pinguedine penetratis, qualia in omnibus hujus apparatus commissuris adhibenda sunt, certe nihil boni efficit. 2) Si antlia officio suo, uti par est, fungatur, sique omnia episto- mia aérem strenue coérceant, aqua calida egregie carere possumus; si vero antliæ vel virtus vel tenacitas nos destituat , certe aquam calidam frustra auxilio vocabimus. (35) 3) Ne corpora animalia majora, uti v. c. fœtus, campanæ sub- jecta inter ipsum antliæ exercitium vapores emittant sufficienti aéris rarefactioni eaque efficiende injectioni inimicos, tutius cavetur ista. corpora prius exponendo actioni majoris machinæ ventifere , donee eo usque exsiccata sint , ut a residuis eorum humoribus nihil peri- culi timendum sit. In quo quidem ex ipsa scopi propositi natura; vel me non monente, perspicuum esse existimo, præviam istam ex- siccationem non eo usque esse continuandam, ut corporibus eorum: que vasis aliqua rigiditas inducatur. 4) Orificium campanæ laterale rejiciendum esse, multis alius generis experimentis fretus constanter affirmo. Quippe tale orifi- cium. lamina orichalcea tegendum est, cui capsula adhæret, per quam vel filum metallicum, vel fistula, vel aliud. quoddam instru- mentum motibus in spatio a campana circumscripto producendis idoneum, adigi possit. Sed ista lamina orichalcea ob figuram a plana parum recedentem omnis motus impatiens est. Si enim v. c. coch- leam quantum satis est adigere velis , et lamina bona maltha vitro adjuncta sit, rumpetur vitrum; si vero maltha sit minus tenax, fracta maltha lamina decidet. Denique vel optimæ malthæ frigoris vis eam fragilitatem inducit, ut postea in superficiebus ad planam tam prope accedentibus nulli vi motrici resistere possit. 5) Que cum ita sint, optime nobiscum actum esse fatendum est, quod isto orificio laterali omnino carere possimus. Aut enim tanquam materia injectitia hydrargyro utemur, aut liquoribus aquo- sis. Si prius, hydrargyrum ebullitione ab aére purgatum, discoque antlize impositum una cum corpore, cui injectio applicanda est, campane optime. subjicitur; si posterius, fistula deferens aut per operculum campane, uti Fig. 8, aut per discum antlie, uti | 5 (34) | Fig. 9 monsirat, facillime introduci potest , ut liquor aut deon- sum aut sursum actus in corpus propositum injiciatur. Quæ quidem methodus optime semper adhibetur, si in majoris voluminis cor- pora, v. c. in fetus liquores injiciendo adigendi sint. Si vero de singulis tantum vasis organisve agatur, ea. omnino súflicit, qua $. 16 descripta est. Í 6) Injectio, si de successu certi esse velimus , nunquam tentanda est, nisi aëre eo usque rarefacto, ut in barometro truncato cam- panæ subjecto superficies hydrargyri tubo inclusi non ultra unius lineæ duodecimalis spatium supra cyphram scalæ emineat. 7) Non adhibendi sunt liquores justo spissiores, qui e. g. per fistulam clysteris ejecti multo infra eum terminum subsistant , quem aqua pura per eandem ejaculata attingit. 8) Injectio nunquam instituenda est in loco, cujus temperies a 35° multum differat, quoniam, si contrarium admittamus, fieri non pot- est, quin vel corporum præparandorum vel materie injectitiæ sta- tus inter ipsum machine exercitium ratione successui parum com- moda mutetur. ; F. Noya Antliæ pneumatice usibus anatomicis maxime convenientis Descriptio. $. 20. Ut igitur Anatomie quoque necessitatibus consulamus, non ingentem minus, quam celerem aëris rarefactionem machinæ- que fidem tenacissimam exigentibus, jam subjungemus descrip- tionem antliæ pneumaticæ usibus anatomicis maxime convenientis. Fig. 10 exhibet sectionem machine verticalem , per cylindri axem factam. ABDC cylindrus est ei simillimus, cujus delineatio- (35) nem Fig. 1 exprimit, diametri 2, altitudinis 12 pollicam rhenanorum, ` simili quoque limbo prominente CD, earundem uti in Fig. 1 dimen- sionum, instructus, supra quem ad m, n ipse cylindrus eminet uno pollicis quadrante, Huic prominentiæ recipiendæ fundo mobili FE, cui cylindrus ope cochlearum w, æ jungitur , canalis idoneus incisus est. Hic fundus mobilis FE earundem pariter, uti in Fig. 1, dimen- sionum prominentem cylindri limbum CD ad E, F utrinque supe- rat unius pollicis latitudine, limbum formans crassitiei fundi dimidiæ, cujus ope corpus antliæ cylindro crassiori ligneo aut metallico con- cavo ratione satis stabili imponi possit. Centrum c fundi mobilis orificio conico perforatum est , claudendo obturaculo conico ipsi con« gruente, cujus basi annexe sunt spire elastica tubulo. cylindrico inclusz et circa bacillum ab, directionem axis retro producti sequen- tem, gyrantes. Extremitati 5 bacilli ad adjunctus est stapes d, in- ter duas columnas parallelas mobilis , cui pes possit imponi , quoties- cunque machine exercitium exigit, ut bacillo ab deprimendo ori- ficium conicum c aperiatur. EFGH. embolus est, in cujus dextra semisse orificium conicum f elaboratum est, obturaculo conico ipsi congruente claudendum. Hujus coni truncati superficies basi op- posita bacillum eg poriat axis producti directionem sequentem, et super emboli superficiem GH uno pollicis quadrante prominentem , cui infra eandem laminam GH circumvolutæ sunt spire elasticze tubulo cylindrico incluse, et retinendo obturaculo conico inser- vientes. Operculum AB cochleæ discorumque coriaceorum ope cylindro firmiter adactum est. Super medio operculo eminet tubus cylindricus Ak , discis coriaceis compressis oleoque penetratis reple- tus, per quem bacillus emboli ita transit, ut aérem penitus ar- eeat. Huic cylindro ad dextram applicitum est orificium conicum ( 56 ) | cum obturaculo congruente, bacillo spirisque elasticis instructo ; omnino simile eis, que modo descripta sunt, sed sursum aperien- dum. Centro superficiei basi oppositæ hujus coni truncati annexus est tubulus p, altitudine unum pollicis quadrantem adæquans, et ejus diametri, ut bacillum g super emboli superficiem GH emi- nentem , ceu vagina ensem , recipere possit. E cylindro spiras hujus obturaculi condente canalis ad discum antliæ procedit. Ad sinistram tubi cylindrici hk partem opereulo AB applicitum est alterum ori- ficium conicum g, cum obturaculo, bacillo spirisque cylindro in+ clusis , instructo, æquale ac simile ei, quod ad dextram positum est. Hujus obturaculi bacillus ad s junctus est vecti rs, cujus hypo- mochlium in o est. Vectis vero rs ope bacilli 72 ad Z junctus est vecti Io, habenti hypomochlyum in u, portanti ad e rotulam cha- lybeam circa axem mobilem, et instructo ad z verticulis (charnière ) atque elatere (ressort) partem zp sursum premente. Dorso den- tatæ partis MN bacilli KN duo canaliculi obliqui incisi sunt, alter ad superiorem extremitatem , ad inferiorem alter. Ille , dum bacillus ope rote dentate elevatur, arripit rotulam o, secumque fert, adeoque elevat brachium uy vectis lo, proinde. simul quoque elevat bra- chium os vectis rs, adeoque et bacillum s? obturaculi conici elevat, quo facto orificium conicum ꝙ aperitur. Hic vero rotulam v ipsi in- cidentem dimittit, quo facto uterque vectis in situm horizonti paral- lelum resilit et orificium conicum g clauditur. Si deinde bacillus descendit , rotula quidem denuo arripitur, sed ex opposita parte, ita ut deprimatur, cumque pars ez brachii uy secundum hanc direc- tionem cedere possit, revera cedit vi bacilli ipsam abripientis, donec justo tempore, rotula in alterum canaliculum incurrente , vi ela- teris in situm pristinum reducatur , et sic utroque vecte immoto ma- | (37) nente bacillus quoque sé non movetur, adeóque orificium 4 manet clausum. l $. 21. Quibus suppositis haud difficulter. intelligetur tota hujus machine operatio, que heec. est. Si embolus , postquam in contace tum fundi adductus fuerat, elevari incipiat, secum statim elevat brachium uy vectis dy, quo aperitur orificium conicum g. Per hoc itaque orificium apertum expellitur columna aéris embolo incum- bens, dum hic elevatur. Prius vero, quam emboli superficies GH in contactum operculi AB adducatur , extremitas g bacilli eg inseritur tubulo p, quo facto eodem momento, quo emboli superficies GH operculum AB contingit, orificium g clauditur, duo vero orilicia f et p simul versus ‘partes oppositas aperiuntur. Cum vero tubus cy- lindricus orificio p annexus ope fistulæ cum disco antlize cohzreat, ' eodem quoque momento nova aëris columna, e campana per duo orificia p et f transiens , in vacuum cylindri spatium embolum inter atque fundum succedit. Jam sub initium descensus emboli pes ime ponitur stapedi d, ut deprimendo bacillo 46 aperiatur fundi ori- ficium conicum c, quo facto nova aéris columna, que modo e campana in cylindrum transierat , ab embolo descendente per hoc orificium c expellitur. $. 22. Ex predictis facile patet : 1) Hanc antliam, licet uno tantum cylindro instructa sit, tamen machinæ duplicis vices prestare, aéremque non descendente mis nus, quam ascendente , embolo exhaurire. 2) Eam vel ob hanc rationem vel ob insigne cylindri volumen , 96 pollices cubicos rhenanos adæquans , veloci aëris rarefactioni. apprime idoneam esse. 3) Eam ab incommodis vel epistomiorum vel valvularum libe- ram esse. (38 ) 4) Spatium, quod dicitur , noxium ab illa omnino exulare. 5) Omnia orificia viribus externis et aperiri et claudi. $. 23. Cæterum obturaculorum conicorum spiris elasticis instruc- iórum (soupapes des fusils à vent) egregium usum cognovi in ba- rometro itinerario, cujus descriptionem: anno 1810 divulgavi (1). Antliæ pneumaticæ, sed ratione, quam nemo artificum probare qüeat, illa applicanda. proposuit clar. Schrader (2). Obturaculum conicum emboli ope mobile (Fig. 1.) primus, quan- tüm equidem sciam , adhibuit clar. Fortin (3). $. 24. Anatomiæ quoque uti in præparandis animalium corporibus Physica, ita in conservandis Chemia opera sua presto est. Ad con- servanda: corpora animalia , liquorum injectione bene preparata, huc usque non nisi spiritus vini adhibitus fuit. Sed certius et viliori pretio eidem scopo obtinendo inservit nitras argenti, cujus, cry- stallorum forma induti, quod ill. Hahnemanni experimentis comper- tum est, granum unum, aque destillate uncia una solutum, huic effectui producendo omnino sufficit. (1) Allgemeiner physiokratischer Briefwechsel, I Bd. 1 Heft. Erlangen, S. 129, ff. (2) Beschreibung einer neuen u. Vollkommeneren Einrichtung der Luftpumpe Flensburg u. Leipzig 1791. (5) Traité de physique Expérimentale et Mathématique, par Biot. Tom. I. Paris, 1816, pag. 129, fl. (639) EXPLICATIO TABULARUM. Tab. 1 exhibet novas antlias pneumaticas $. 11 et 20 descriptas, scil. fig. 1 et 3 eam, que chirurgicis, fig. 10 vero eam, que ana» tomicis usibus destinata est. Circa illam quidem monendum est: _ 1) Consultum esse, emboli bacillum QR. quadratum fieri, ut situm, bacillo obturaculi conici parallelum fundoque cylindri verticalem, inter machine exercitium eo certius servet. 2) Homines rerum physicarum non omnino imperitos carere posse tubulo cum epistomio sphæræ atque hemisphærio interjecto, cum , aëre e sphaera. extracto et epistomio Al clauso , hemispherium ori- ficio c tubi dc applicari possit. Constructio, quam figura exprimit, iis proposita est, qui vel cochleam marem femine immittere ne- _ sciant, quin, vi sinistre adhibita, utramque corrumpant, usuique ` accuratiori ineptam reddant. ; In antlia figura 10 expressa quatuor orificia conica cum obturaculis ipsis respondentibus summamartificis mechanici diligentiam exigunt, Tab. II fg. 6 exprimit fasciam herniæ inguinali dextri lateris coërcendæ aptam, ex orichalco malleato factam. | Fig. 7 ostendit delineationem apparatus a clar. Beuthio Clevensi injectionibus anatomicis faciendis . propositi. Fig. 8 et 9 duos alios in illius locum sufliciendos oculis subjiciunt. Tab. III fg. 11 ostendit abdomen cum cruribus hominis hernia inguinali dextri lateris affecti ad naturam delineatum. Fig. 12 eandem, quoad externam faciem, herniam , ad mensuram ampliorem delineatam, oculis subjicit, qualem , remotis, ex hypo- thesi, integumentis cutaneis, sese conspiciendam praeberet. Circa hanc figuran XIL""" notandum est, illam e tabula X VIL™ ill. Langenbeckii (1) decerptam esse, hac pro delineatione herniæ (1) Commentarius de structura peritonæi, testiculorum tunicis eorumque ex abdomine in scrotum descensu ad illustrandam herniarum indolem, auctore C. I-. . Langenbeck , etc. ete. cum 24 tab, wneis. Gottingæ , 1817. ( 4o ) lateris dextri accepta, quoniam, ut sinistri lateris herniam , uti per pag. 117 debet, referat, anteriori charte parte lumini obversa, a parte posteriori conspicienda est. Et licet, hac hypothesi admissa , non omnium omnino partium situs ratione, nature precise conve- niente , exprimatur, tamen partes primarie, de quibus hic precipue agitur, uti canalis abdominalis herniam condens, annulus abdomina- lis, musculus obliquus internus, cremaster et funiculus spermaticus satis accurate exhibentur, ut hzc figura scopo mihi proposito re- spondere censenda sit, cujus cardo in eo vertitur, ut clarus produ- catur intuitus rationis, qua hemisphærium vacui nostri portatilis (fg. 1, 3) hernize sacculo superintectum hujus repositionem efficiat. Qui quidem effectus , cum hemisphærii diameter sacculi diame- trum duobus fere pollicibus excedere supponatur, adeoque partes intestina constringentes epistomio aperto ad congruentiam cum cir- cuitu tanto majoris diametri avulse in hemispherii cavitatem vi aëris externi compellantur, revera non alius est, quam qui produ- ceretur si, manibus abdomen a tergo intrandi facultate, si id fieri Eo concessa, digiti annulo abdominali desuper ita immitterentur, , illis ex æquo dispansis , hic annulus cum fibris musculorum ad- de quas hernia descendens trajecit, vi i æquabili quaqua versus dilataretur. Quam ob rem hanc figuram in hunc usum transferre mihi in- dulgendum existimavi, cum desiderium, necessitati alius delineandæ supersedendi animo pluribus officiis distenti dierum brumalium bre- vitas injiceret. His igitur suppositis hæc figura XII." exhibet herniam inguinalem dextri lateris canalis abdominalis pariete interno a obtectam, inter- que musculi obliqui interni fibras 5 et cremasterem c ex annulo abdominali d prodeuntem. Porro e designat arteriam cruralem , f venam cruralem , g arteriam epigastricam , A denique funiculum spermaticum. Tab. II. DDDDPPODODDDDDDDDDeGGGGCCGCGGGG€G44G€44 SERIES DISSERTATIONUM INAUGURALIUM, "ux | ACADEMIA GANDAVENSI DEFENSARUM, | Inde a. d. yy Nov. mpccexvu, ad d. 11 Aug. MDCCCX VIH. — . neee D. xm Junii moccecxvm, Dissertatio de agnoscendis naturalibus Liberis , defensa ab Hippotyto MET DE PENNINGEN, Gandavensi , pro Doctoratu Juris Romani et Hodierni. D. xvi Junii mpccexvIm, Dissertatio de Portione disponibili , defensa a PnıLıppo van DE VELDE, Gandayensi, pro. Doctoratu Juris Romani et Hodierni. D. xx Junii wncccxvnr, Dissertatio de Juribus et Obligationibus Usufructuarü, defensa a JAcono van DAELE , Iprensi, pro Docto- ratu Juris Romani et Hodierni. D. xxiv Junii wpcccxvir, Dissertatio de Hepatitide, defensa a Josepno Livino Bonpazar , Drongenensi, pro Doctoratu Medicine. 62 D. xxvn Junii mneccxvm., Dissertatio de Publiciana in rem Ac. tione , defensa a CAROLO DE PATIN, Iprensi, pro Doctorata Juris Romani et Hodierni. D. 1 Julii Moccexvin , Dissertatio de Compensationibus, defensa a Jacopo DE WAEPENAERT, Alostano, pro Doctoratu Juris Ro- mani et Hodierni. 55 D. x Julii mpccexvin, Dissertatio de Testamentis et Donatio- nibus inter vivos, defensa a, FRANCISCO ANTONIO VAN W AMBERE , Gandavensi, pro Doctoratu Juris Romani et Hodierni. D. xvm Julii mncccxvi, Dissertatio de Legatis, secundum Jus Romanum, defensa a Canoro GoETHALS, Brugensi, pro Doctoratu Juris Romani et Hodierni. D. xxix Julii moeoëxvùr, Dissertatio de Successionibus ab In- testato , defensa ab Antonio Bonny , Fürnensi, pro Doctoratu Juris Romani et Hodierti. D. xxx Julii mpcocxvm, Dissertatio de Adoptione et ejus efec- tibus ; secundum Codicem Civilem Hodiernum , defensa ab Aucusto DE Larre, Furnensi, pe Doctoratu Jüris Romani et Hodierni. D. 1 Aug. mpccexvun, 550 de Emptione-V enditione , de: fensa a Francisco Herienavr, Gandayensi, ¿Pro Doctoratu Juris Romani et Hodierni. - PROLUSIO, A. D. XIII JUNI MDCCC XVIII. IN CURIA CIVITATIS GANDAVENSIS , QUUM Prima solemnitas Academica Doctoris creandi causa publice celebranda esset , | HABITA A JOANNE CAROLO VAN ROTTERDAM, RECTORE MAGNIFICO. DDDDDDPDDDDDDTDDDNCCEGCACECCECCCECS Avpitores Humanissim ! Com ea sit plerarumque institutionum , etiam optimarum , sors, ut ipse , nisi magistratuum et aliorum bonze note civium benevolo judicio excitentur, ac laudabili studio sustententur , primum obso- lescant, et deinde penitus evanescant ; e re civitatum omnino est, ut huic fatali veluti morbo cum maxime resistatur, nec quidquam pretermittatur ; quod ad bonas institutiones integre conser vandas conducibile videatur. Atque ubi hoc preceptum ad nostram bons mentis palæstram transferimus, lege Academica prudenter cautum esse videmus, ut honores Academici, sive privatim sive publice conferendi, semper apertis valvis celebrentur, et literarum fau- tores ad illas. solemnitates invitentur, quo magis ipsarum utilitas. perspiciatur , et integritas conservetur. IO PICCSCEAE SA Quai idcirco Senatus Academicus et supremus hujus Civi- tatis Magistratus, Collegii Curatorum Preeses, hanc primam pro- motionem , qua in alma nostra Universitate hodie locum habet, solemni quadam pompa celebrandam decreverint ; nolite credere, Auditores! hoc ad inanem puerilis ostentationis fastum ita ordi- natum esse. Longe aliter res sese habet. Fit hoc eo maxime consilio , ut tante institutionis bonum hoc festo quasi die eo lætius agnos- camus , atque ut eo efficacius sentiamus , quantum laudis et honoris inde redundare in posterum in hanc civitatem queat. Quis enim vestrúm ignorat, quantum splendoris , commodi et utilitatis intra hos viginti quatuor annos in hac celebri Gandavensium civitate præ ceteris civium communionibus cum aliæ artes, tum inprimis studium Botanices acceperint , repetitis passim publice celebrandis solemni- tatibus? Non frustra est, quod dicitur , Honos alit artes. Et quum hoc in artibus multum valuisse sciamus , idem illud in Academi- cis studiis locum habiturum esse negabimus ? Quicumque hoc serio statuat , is aut ignorantia rerum humanarum occæcatus , aut invidia exacerbatus, aut utroque simul. vitio: correptus omnino, stonigis. sit. Sed redeo ad rem Academicam. .. Exercitationes et defensiones publicæ speciminum Academicorum variis de: causis utiles, ideoque commendandæ sunt. Has omnes hodie enumerare- cum ob temporis brevitatem nequeam , tan- tum duas: commemorabo. | Prior est, ut omnes, quos visendi audiendique cupiditas hue al- lexit , intelligere possint , quid singulis annis agatur in scholis Aca- demicis, quinam. juvenes ad summos: honores Academicos produ- cantur, quanta ex Academie nostre institutione commoditas in sempublicam redundet, et quam Me recteque summum hoe (5) tegie liberalitatis monumentum , hzc artium et doctrinarum. pa- lestra, a Gandavensibus æstimetur, qualique in pretio. habeatur. -. Posterior, quee majoris etiam momenti est, ad ipsius studiosæ juventutis commoda proxime spectat. Specimina nimirum Acade- mica, quæ publice coram senatu et in civium congregatione pu- blica rite et legitime defenduntur , non sine ratione minus esse im- perfecta censeri probabiliter possunt, quam quæ privatim, non nisi paucis præsentibus , ad disceptationem proponantur. Nam quum dissertationes , quee publico examini subjiciuntur, ad majorem civium notitiam. perveniant, et plurium judiciis expositæ sint ; merito ab illarum auctoribus postulatur , ut summo studio operam navent, ne ipsorum lacubrationes gravioribus vitiis laborent , iisque tamquam totidem maculis inquinat in lucem prodeant. En. igitur non exi- guum industrie et diligentiæ stimulum , quo privata dissertationis defensio nescio quomodo mihi destituta videtur. Porro ex publica ejusmodi defensione , qualis hec est, quam hodie primum celebramus , possunt omnes omnium Facultaturn ci- ves Academici multo melius et certius perspicere , quid et quantum ad partes defendentis bene , caute et prudenter gerendas et susten- tandas requiratur, ubi vident illum undique premi, et eam ob cau- sam, ut factos in se ab omni parte impetus viriliter repellat, non leviter doctrina instructum , sed penitus ea armatum esse debere. Quod ideo dico, ne forte unus et alter in illam opinionis perversi- tatem incidat, potius magnam audentiam, quam quidem precipuam ipsarum artium et doctrinarum scientiam, necessariam esse ad gradus Academicorum honorum obtinendos. Scio enim non deesse , qui putent, se sine Philosophie scientia et Literarum humaniorum prasidio altiores, quie vocantur, doctrinas, facile percipere, et ad (6) gradum doctoratus sine illarum cognitione idoneos esse posse. Verum isti vehementer errant. Non sine causa Lex Academica nemini in posterum concedit aditam ad scholas Medicorum et Jurisconsultorum , qui non aritea aut ad gradum candidati Litera- rum ascenderit, aut Artium Matliematicarum et Physicarum can- didatus factus sit. Quicumque enim scientiis physicis, chyrnicis et botanicis, non prius probabiliter imbutüs est, quam ad scholas medicas accedat, iste ubivis offendet, et artis medicæ disciplinam difficiliorem non modo intellectu experietur, verum etiam magis injucundam et ardüam inveniet ; un is, qui illas modo memo- ratas scientias tenet. Garde vistáta Et quotquot porro rerum mathematicarum rudes sunt, scholis Philosophis theoreticæ non interfuerunt, Historie scientia destituti sunt, Græcas Literas ignorant , et Latinas leviter tantum attigerunt; isti in Jurisprudentia nullos , aut exiguos tantum, progressus facere possunt. Hac est, optimi Juvenes! multiplex omnigenæ eruditionis copia, qua vos antea instructos esse decet, quam vobis ad altiora ac- cedere liceat. Verum quamvis hec ingeniorum cultura per se utilis et neces- saria omnino habenda sit, tamen exigui illa momenti est, quod probe ienendum, nisi cum morum probitate simul conjuncta sit. Nam non solum eruditione instructos, verum etiam bonis mo- ribus conspicuos discipulos habere cupimus: tales, qui, quam debeant augustissimo Regi, et ab ipso constitutis Magistratibus re- - verentiam , tam factis quam verbis, ostendant, et quo animo erga Professores affecti esse debeant , probe sciant, idque se scire non nomine, sed re declarent: non vero istiusmodi, qui honestatem et (CJ probitatem parum curantes, in petulantia et contumacia famam et laudem quærendam putent, rixis exercendis delectentur, cer- tamina singularia inire imprudenter et temere cupiant. Interim tamen tantum abest, ut, qua dixi, ad multos literarum studiosos pertineant, ut potius admodum exiguus istorum numerus putan- dus sit: quosque spero hac amica admonitione ad saniorem men- tem redituros esse, ut cum reliquis commilitonibus, honestate et probitate insignibus , item Academicorum honorum participes eva- dere queant, et doctrinarum studiosis debita praemia, vita Acade- mica laudabiliter transacta, aliquando nanciscantur. DIXI. * . A DIDI n@ 444€ € 4 € € € 4 5€4 555 ACTA IN SENATU D. V. OCTOBRIS MDCCCX VIII. — emm —— Hoc ipso die in Senatu A mplissimo Viri Clar. , Franciscus Petrus Cassel, ab augustissimo Rege a. d. rv mensis Aug. Rector designatus, et Guilielmus Leonardus Mahne , secundum Legis Acad. $. 184 et 194 Actuarius electus, solemne jusjurandum praestiterunt. Deinde Rector Mag- nificus Joannes Carolus van Rotterdam , V. Cl., Ora- tionem in majori auditorio habuit; eaque finita, Actua- rio mandavit, ut questiones a Senatu civibus Acade- micis propositas recitaret. Atque denique , peracta præ- lectione illa, recens creatus Rector decessori pro inde- fesso studio, quo res Academicas tractaverat, gratias egit , seque Curatoribus et Senatui Academico commen- davit. JOANNIS CAROLI VAN ROTTERDAM ORATIO, DE FATIS , QUIBUS ARTIS MEDICÆ DISCIPLINA SUB GALLORUM IMPERIO IN HIS MERIDIONALIBUS REGNI PARTIBUS OBNOXIA FUIT, PUBLICE HABITA | DIE V OCTOBRIS HUJUS ANNI, CUM MAGISTRATU ACADEMICO SE ABDICARE T. = AUDITORES CUJUSCUMQUE LOCI, ORDINIS ET DIGNITATIS ADMODUM. SPECTABILES! T ——ů— MOV HIE ——— — vum nobis ille dies Yelictter ait quo mihi magistratum Aca- demicum non modo deponendum, et fasces commentariique suc- cessori clarissimo tradendi ( quod mox lubente et alacri animo faciam ), verum etiam , quod caput rei est, verba ad vos publice facienda surit; vereor omnino, ut hanc postremam provinciæ partem, quam in rectionis mee exitu lex Academica mihi imponit, cum suffragatione vestra administraturus, et rite legiti- meque ad finem perducturus sim. Primum enim, nonne tam veteris, quam recentioris ævi ad unum omnes viri docti in eo consentiunt, oratoris personam vel probabiliter agere et sustinere, rem admodum arduam et difficilem esse ? Et quum hoc ita sit, quo tandem animo me esse putetis, qui numquam vite instituto eloquentie et arti oratoriæ operam navavi, nedum oratorem me professus sum ? Deinde vero, quum Latine scribendi ét loquendi facultas non nisi studii assiduitate et diuturno usu acquiratur , sermo autem Latinus Gallorum duro jussu e scholis. nostris ex- pulsus, et quasi radicitus exstirpatus fuerit; potestne, quaeso, E cuiquam "vestrüm j jure mirum videri, dt fiat, ut ego me anxium et sollicitum dicam, meque aures vestras [parum bene Latine loquendo offensurum vix dubitem í r Quindecim - anni preeterierunt, per quos artem medicam sermone Gallico docui, et de Latina oratione facienda ne per somhium ' quidem. cogitavi. Atque idcirco. mihi Latini sermonis insolentiam meam mecum reputanti non preter rationem, Opinor, iterum. hodie omnia illa sese objiciunt, que superiori etiam anno haud parvo timore me afficiebant, quum prima vice mihi, ineunte Rectoris munere meo, verba fa- cienda essent. ss Verum quid agam?, Obmutescamnes eta. ut iHe ait (a), mali e instar iu extremo actu deficiam , quum initio fabulæ per- SÊRAP loquentem utcunque egerim ? Minime profectos Viderint enim alii, quam recte et honeste id ſieri queat, quum equidem id me assequi non posse, ultro ‚profitear, Alia vita alios mores. pos- tulat. Olim Gallorum ex voluntate. cage bamur a alieno more vivere, nunc, paternam et avitam vivendi. rationem in Academiis, nostris rursus sequi nobis liberum est, Quamvis, itaque Latine. indoctus videar, Lotino tamen, ut potero,. sermone utar, ne nimirum ingratus erga Regem, cujus prudent . consilio . obsequendum | esse statuo, aut, moris. Majorum immemor appaream. Dicam autem potissimum De fatis d quibus artis medice disci- plina sul Gallorum imperio in his meridionalibus regni ‘nostri partibus, obnoxia fuit. Dici, enim vix potest ,. in quam miseram conditionem ars salutifera per istos. annos. detrusa. fuerit , quibus didi — da NA 3 if 77 e y 0117 n (a) Cie. de Sen. e, 19. thaws iot HD 39 (5) | sub Gal dominatione viximus, et quanti publicas salutis interfuerit, illius. artis disciplinam. et studium institutione Acade- miarum rursus | ‚ad, pristinam em et: labs in rhi BE partibus revocasse. e | ri Interim tamen omnem lelicis eventus EN meam, A. O., in vestra humanitate. depono, vosque etiam atque etiam oro rogoque, ut me mon oratoris, sed potius. Harriers partes DEP vestra indulgentia, subleyetis. .. innen 39 .uMüsdonfihoTq TIm . Quo tempore ista post hominum memoriam maxima rerum ha (arum conversio . in Gallia exoriebatur, que universe Europe gra- yissinias alamitates iutaliv, et oh variis formis tandem in tyrannidem degeneravit, artium. et doctrinarum, studia. quóque xeesámo.. detri- menta cepisse , . et aliquamdiu i in ista republica fere penitus inter- missa luisse; quis est, qui inficias ire audeat ? Quum. enim. luc- kuosissimis ` istis, temporibus sacra pariter atque. profana hic illic furori infimee ; plebis, objicerentur , et heee; diversis in locis impune grassatretur, rapacissituique torrentis instar. omnia Wi perniciem secum traheret ;. tunc haud -pauci ex rerum novarum auctoribus , multitudinis. fayorem. sibi conciliare: studentes , phaleratis dictis, quo vellent, levem : plebeculam | ducebant., et sic, se gerebant, ac si. nihil: populari imperio. magis ; inimicum. et pesüferum: . esset, quam artium doctrinarumqus cultura. Ut populares et pattie vere amantes viderentur, iquat literarum cultores et fautores. adessent, totysese reipublice inimicos „habere ,. callide causabantur, Quid - multa?» Quum, isti, popularis: auræ: captatores variis lenociniis cre- dulam multitudinem: decepissent, dictuque. -speciosis.verbis.in. ¿partes suas illexissent "n et sic ex stultis insanos fecissent ;: non modo | LED _ | rerum usu subacti viri, utpote bonarum artium et tierin stu- diosi, muneribus privabantur suis, et a reipublicee administratione continuo amovebantur, verum etiam ques a majoribus prudenter instituta, et a patribus religiose servata, liberisque integre tradita erant; illa fere omnia subvertebantur et delebantur. Musee, quae utpote honeste. virgines hucusque decenter tráctatie , et pudice servate fuerant, nunc continuo ab ejusdem gentis tenebrionibus misere prostituebantur, et insanientis vulgi lasciviæ libidinose exponebantar. ^ En primariam rei literariee in Gallia Cahita t Quamvis enim haud ita multo post. queer iore pleDeje i insaniæ æstus , et ista destruendi uhD¹ñidO aliquantum deferbuisset, prudentiores luce cla- rius intelligerent et perspicerent, illam i ipsam rempublicam , quam mente et cogitatione sibi fingerent, sine artium et literarum hu- manitate ‘salvam esse non posse, easque idcirco quovis ‘modo ab interitu liberandas esse : quamvis, inquam, prudentiores hoc vide- rent, et lubentes agnoscerent ; tamen istud corrumpendi malum jam nimis altas radices egerat, et nimis late serpserat, quam ut e vestigio penitus sanari potuisset. Nec mirum. Prouti enim cor- pora humana, quee dissolutá vivendi normá nimis fracta sunt , et in gravissimos morbos implicita jacent, solertissimi quamvis medici arte pristinam sanitatem non recuperant; ita quoque doctrinarum studia, ubi semel maximo impetu, et publica lubidine oppressa sunt, difficulter rursus provehuntur , et vix aut ne vix quidem ad priorem integritatem perveniunt. Verissime enim dixit Seneca, desinit esse remedio locus, ubi, que vitia fuerant, mores sunt. Sed missis facinoribus in Gallia perpetratis , potius videamus , (7) quid TUN ratione: doctrinarum studii ab illo. inde-tempore acci- derit, quo Galli victricia arma sua in patriam nostram intulerunt, et has meridionales regni partes in proviriciaram formas redegerunt. Igitur quum tunc temporis , quo Galli has regiones occupabant, et império suo adjiciebant, talis fere. esset apud istos literarum. con- ditio, qualem illam modo breviter delineavi; Vestra sponte intel- ligitis, A. O., qualemcunque etiam Lovaniensis Academie splen- dorem oculis Gallorum molestum et odiosum fuisse. Ne. itaque, quum victores in doctrinarum: tenebris versarentur, victi -aliqua adhuc eruditionis luce illustrarentur, nihil victofibus:, qua erant J. H. Mussche, jam ante Academiam constitutam;, sub hoc titulo, prodiit : Hortus, Botanicus ; ow) Tableau . général de toutes les plantes exotiques et indigenes cle nn. trl, Botanique de la ville de Gand, A, 1817» Continet. enim: hic liber non, modo — — horti nostri descriptionem , sed etiam accuratam, et secundum systema Linn. ordinatam nomenclaturam omnis generis plantarum, que in ipso reperiuntur, idioto r uniuscujusque plante natali solo, et addita singulas,‘ colendi iver et li i ratione, Quum autem postea , libro, illo jam edito , plures ex diversis, ^. ai terrarum, plagis plante accesserint , speramus fore, ut m. vir. tissimus. aliquando opus suum Supplemento locupletet. AM — ibid, „ lin 15. Bibliotheca, — De utraque bibliotheca , tam eivitatis seit quam altera illa V. Cl. Lammens, hec legimus in Nov. Ganday. (Journal de. Gand). Ne 593. die 28 Fehr. 1818; (La Bibliothèque publique, p did une, des plus en manuscrits et en ouvr de Tre aug= 27 n zg de M” P. €. + e une des plus ont AN born. te Att celles que. possèdent de particuliers. Le Roi en a autorisé. 1 en faveur, de l'Université pour la somme de trente mille florins, S. M. par le méme . décrets a voulu récompenser les talens et les services de 9 2105255 Me Lainmens ‚en le nommant lui-méme le conservateur, des Bibliothéques rei nies y “avec la qualité et le traitement de Professeur ordinaire de l'Université dans-Ta-Faculté de Philosophie et dé Belles- Lettres , et avec le titre de Bibliothécaire. — ibid, lin, 18. Nosocomii. — Maximi momenti rem esse, bene constitutum — OE . valetudinarium in Academia habere, isti tantum ignorant, qui rerum Academi- carum et Artis Medicæ plane rudes et imperiti sunt. Proinde rem ab hoc loco non alienam me actürum opinor, si de instituti e et economia Nosocomii nostri pauca dicam. Constat igitur civitatis nostræ Nosocomium 8 quatuor spatiosis, altis et mundis conclayibus , que aére puro-libere perflantur. Horum conclavium duo continent ægrotos Medici arte et solertia indigentes: in duobus vero reliquis re- periuntur y qui Chirurgorum operam et manus auxiliatrices desiderant. Plerum- que ducenarii ægrotantes in hoo Nosocdmio-lectis adfixi tenentur. Hae hominum multitudo clinicis institutionibus habendis omni tempore anni satis s largam E suppeditat. Jam quod ad Clinicen interiorem" spectat} ex magno nig et bete orbis bei Monti i re observationibus faciendis maxime d ti et idonez judicantur, sedecim seligi solent: octo viri, et totidem femine: Adhuc quidem ipse prelectiones in uno herum quatuor conclavium "habite sunt: sed hoc anno quintum eo accedet, quod Academicis lectionibus poe Siparatim inserviat, , 4 1 Porro huic tante tegrotorum multitudini ni semper adsunt quatuor e Gete simis Medie Artis civibus Academicis. Quotiescungue autem unus e “quaternario illo juvenum numero ad res suas agendas ' sese accingit , ideoque Nosocomio va- ledicit; tunc optimi quique alumni convocantur , et instituto honoris certamine qui omnium præstantissimus a Professoribus judicatus est ^t abeunti succedit. Neque tantum sumtibus Nosocomii his juvenibus victus præbetur y verum etiam singulis honorarium ducentorum, Horenorum anotannie co RR ilea d Proterca adest Lector (1), vir diligens, sagax et ‘doctus, Hujus “fidet 2 mandata. est, sub auspiciis illius Professoris, qui Clinicen t (quod mecum far eid simus collega meus, Kesteloot, alternis per tres deinceps menses facit), cura faciendarum tabellarum, in quibus omnis generis per geet accurate et se- ' y y 5 > ¿AMS dulo ggn annotantur. ` M ^4 06 fie LE 773 * (1) Lector is clinici munere fungitur Ornatissimus Vir C. van Coërsem, Med. Doctor. ? (25) i Tum quüque sciendum est‚mullós in illis conclavibus reperiri famulos, Ori nis-operanecessariáy tam interdiu quam noctu , peragitur a virgi sacerdota- libus, que solo pietatis et religionis sensu excitate , incredibili vigila hu- ‚manitate, sordidissima et — ale nn quique: negotia in se reci- piunt et perficiunt. E z . Ceterum vero in docendo anneke. sean: peperisse Schola Vindobonensis | Fami. Stollii 4. et orum. digni successoris Hildebrandi (1), quorum. opera, clinica. scientie. Artis.Medice præcipuo . ornamento. sunt.: Initio nempe scholarum Academicarum pre’ ceteris segregantur ejusmodi ægri ; qui morbis simplicibus; recentibus. et non, neglectis affecti sunt, Deinde sensim pau- latimque gravioribus: et magis complicatis : morbis laborantes. eliguntur ; quippe quorum: indoles magis occulta, et diagnosis therapeaque difüiliores sunt, Febriles demque par y quam chromer, in patria, nostra frequentius occurrunt, et quorum. morbosus sı i ab, epidemico. genio proficiscitur. Interim tamen chronici.non omnino ER, tur; sed: ea 15U» aasan PUE UI re quorum curauo "m modo sperari potest. . gases uix ovsloton : Win Quod porro ad Soa in Nosocomium specia, , tiningenjssque. 1 nomen, gotas, vite genus et alia ab uno ex. .quatuor. illis junioribus Artis Medica alum- nis, in album Nosocomii referuntur, „Quo peracto y, quotidie _ huic annotationi _ omnia statum. ægroti comitantia symptomata, a morbi exordio deinceps. addun- tur. Scholarum: initio. coram professore et comilitonibus: ille juvenis , que an- notavit, recitare . — Quo facto, in statum. ægrolantis ulterius inquiritur, collectisque causi .phænomenis, Professor theoreticam ; quoad ejusfieri po- test, inductionem : ibilem applicat, RR FU cr wands indiati formanda sit, discipulis suis explicat. Quid . denique. de ‚encheresibus chirurgicis Pr Ho in -separatis, minori- Ay conclavibus a Professore ‚Chirurgie -coram studiosa. juventute quotidie pera- guntur , inque iis tractandis item ratio progressuum juventutis accurate habetur. n das dierum acta, tam ande: quam; adyersa , quie quidem ad rm 7 ED DA — @) Vid. Prefationes operum illorum trium virorum, — (26) ^ Medicinam Clinicam pertinent, a Nosocomii Lectore in singulari tabella annotan- tur, additis simul ordine et successione, quibus acuti morbi stadia sua percurrerunt. Quotiescunque vero eger , deficiente arte, diem supremum obiit, ¡cadaver incidi solet, ut, quæ probabiles ſunesti exitus cause fuerint; indagari, et ad singulorum morborum historiam annotari queat. Hac ratione, jam satis ma- gnam copiam pathologicorum casuum, tam felicis quam “infelicis éventüs, ‚hoc primo Academici anni curriculo collegimus : quee sane rationis medendi prime. typis: excudendæ parti sufficere — intet hac de clinica ‘institu- lione mostra satis dicta sint. Pag. 19, lin. 24. Theatrum Anatomicum. — Lectiones anatomicæ item in No- socomio habentur, utpote in quo etiam Theatrum Anatomicum exædificatum ‘est. Et quoniam cadavera raro aut nunquam desunt, Professori Anatomices sem- per presto est prosecton ts» , wu præsente Professore’ , cadavera dissecet , quam discocuonum rationem, absente ipso, discipulis amplius tradat. Quo fit, ut dis- cendi studiosa juventus: fere quotidie in Nosocomio studiis anatomicis exercendis occupata sit. Quod porro autem ad Artem obstetriciam pertinet, constitutum est, propediem puerperis unice destinatum conclave item Wesel ut sic huic arti magis etiam prospiciatur. ' s | — 20, lin. 10. Impensis pepercisse, — Operæ pretium est hoc VT addere; quee de hoc argumento Vir Exc. Repelaerius van Driel Hage-Comitum in Se- natu totius regni Procerum , die VII Maji, retulit :' « Tot aanschaffing van het noodige voor de verschillende vakken van Onderwijs, moest, volgens ^s Konings besluit, door de stedelijke regeringen, zoo veel mogelijk , voorzien worden. Aan haar werd bijzanderlijk opgedragen te zorgen voor de gebouwen, en om ten dienste der Hooge School af te staan dien voorraad van materieele subsidien , die als stedelijk eigendom binnen hare gemeente mogt voor handen zijn. De stedelijke regering van Gend heeft in dit opzicht het meest uitgemunt. Zij heeft zelfs meer gedaan, dan van haar konde gevergd worden , en besloten ten haren kosten een groot gebouw te stichten, het geen even zeer zal moeten strekken tot het nut, als tot den luister der Hooge School. Inmiddels heeft zij xorg gedragen voor de voorloopige aanschaffing van alle vereischte lokalen. Even ` eens heeft zij het eerst voldaan adn de aanwijzing van Art. 158 eant Regle- N | (27) | ment, en op hare FM beurzen gesticht , ten behoeve van min. vermogende leer- lingen der Hooge School? Vid. Staats-Courant N.° 108. Anno 1818, Reliquarum Flandriæ civitatum honoratissimos Magistratus hoc laudabile et salu- tiferum exemplum. secuturos, etypartem redituum suorum quotannis in eumdem usum seposituros esse , admodum speramus et optamus. Tali enim honestatis plena et civium præsidibus perquam digna liberalitate haud páuci juvenes, egregiis animi mentisque dotibus ornati, verum externis fortune bonis destituti, aliquando rei literarie ornamento et presidio fieri poterunt, qui nunc ob rei pecuniariæ diffi- cultates subinde in medio studiorum suorum cursu subsistere , et ab Academiarum scholis sese abstinere coguntur. Pag. 20, lin. 19. Instrumentis physicis. — Modo nobis nunciatur , dilectissimum Regem in usum Academiæ nostræ ilem insignem supellectilem instrumentorum physicorum » quibus Vir i demia Harderovicena quon- dam usus sit, emi jussisse. Que regiæ munificientiæ documenta — max, integra ad nos perveniant , valde speramus. — Ibid. lin. 20. Mineralogico. — Jam accepimus supellectilem partim orycto- gnosticam , partim genen dum tam numero, quam dimensione et pulchri- tudine speciminum insignis est. Denique etiam vasa affabre facta ad Laboratorium chymicum instruendum et ornandum nobis suppeditata sunt.’ Y (1) Prosectoris provincia ornatissimo viro jaak. J. L. Boppaznr , Med. Doctori, mandata — í i PROGRAMMA | CERTAMINIS LITTERARII; | A RECTORE ET SENATU ACADEMIÆ GANDAVENSIS , MENSE JULIO A. cho DCCC xvIII, INDIC T+ Ex Angustissimi Regis decreto (d. xxv Sept. moccexvi, N. 65, a. $. 140 ad $. 148),a Rectore et Senatu Academia Gandavensis pro- ponuntur omnibus Academiarum Belgicarum civibus hæ questiones : AB ORDINE MID. nan: Jio: Lien ais E. jg NOR viscerum chy? lopoeticorum totiusque economie animalis vitia , dificultèr "spe distinguenda , fiant ; petitur illius organi (Lienis) accurata anato- mica et phy siologica. expositio ;, precipue. rationis, quam cum, aliis vitæ wegetatiye functionibus "habet, dilucidatio exposcilur.: denique morbi y quibus. hoc eiscus, ratione sug structura. specialis. et vitali- tatis modi, obnoxium est, aliarumque functionum naturalium «egri- tudines exinde redundantes, queruntur. (2) AB ORDINE JURISCONSULTORUM. Quenam sunt principia de portione legitima, tam secundum Jus Romanum quam hodiernum ? iis In hujus questionis solutione hic imprimis ordo observandus est : Enarretur primum universa de necessaria heredis institutione et legitima portione historia, idque inde a Legibus XII Tabb. usque ad Justiniani Noyellam cxvm. — Deinde, explicita hujus materiei historia, exponantur : 1° Quibus competat legitima, et quenam sit inter jus legitimam. postulandi et suecedendi ab intestato differentia. 2.2 Quanta illa esse, qua ratione determinari, et quomodo hæredi- bus relinqui debeat. 3.» Expositis Juris hodierni de legitima portione principiis, comparentur hec cum Juris Romani constitutionibus. Et denique in fine exhibeantur rationes, que legislatorem impule- rint , ut a principiis Juris Romani recederet. AB ORDINE DISCIPLINARUM PHYSICARUM ET MATHEMATICARUM. L Generalis theoria compositionis ac resolutionis virium motuumque , e legitimis. principiis deducta , succincte exponatur , et idoneis exem- plis illustretur. II. Cum ex altera parte experientia. antiqua constet, emtractum Opit Beaumeanum (*) longa digestione ( sex mensium ) paratum, viribus J Elem. de Pharm. ed. 4. p. 236. (3) valetudini infestis liberum atque, immune, et morbis. ineeteratis maximeque rebellibus, contra guos, aliorum. opiatorum is. nulla sit , ' penitus curandis idoneum esse: cumque eac altera parte recentissima analy si compertum sit, extracti Opü vulgaris partes efficaces non esse, nisi morphium et acidum meconicum, de quarum singularum vi hucusque. nihil certi constat ; desideratur. diligentissima analysis comparata. extracti Opit vulgaris e Beaumeani, sex mensium di- gestione parati, qua solide dirimi possit questio, utrum istarum partium eficacium altera e Beaumeäno exsulet, nec ne? et, si qua uli deesse — — sit ista edis longa digestione expulsa, 111. Queritur expositio commodorum methodi naturalis punteria d tam in scientia Botanica psa, oe in ejus applicationibus. AB ORDINE, PHILOSOPHLE. THEORETIC, © Er Urin nn HUMANIORUM.. TT A Sag, cur sda: Von! Omnis syilogismorum theoria. ad. calculum. revocetur „et quidem ila, ut: (a) Calculo E A PB ie ren omnia , que rattan pos- sunt, syllogismorum genera, omnesque eorum species , sive omnes figure et modi syllogismorum. DAS (b) Universe ostendatur, quomodo ex datis duabus cujuscungue vel. figure vel modi premissis, conclusio ope calculi logici erui possit. (4) (e) Hujus theorie applicatio fiat ad seriem ratiociiorum x) Platonici, qui inscribitur Phadon, dilucide € exponer dan 3 II. | Invitantur 1 Humaniorum roo juvenes, ut-non onde argumentis ratione conclusis , verum etiam exemplis, ex Historia antigua et recentiore. petitis y. ostendant , verissimum esse illud de Studiis, Humanitatis preconium Ciceronis in Or. pro Arch. poëta, Sp VIII. € Hec studia. adolescentiam alunt, senectutem oblec- » lant, secundas. res ornant , adversis perfugium ét solatium: præ- bent; delectant domi, non impediunt foris, pernoctant nobiscum, » peregrinantur , rusticantur ». uten ited Okanda et exemplis Wr bahn, ir imomënti in Jurispru- dentia ; cum apud Romanos olim fuerit, tum apud hodiernos Europe populos etiamnúra sit, patrium sermonem suum probe cognitim et per- spectum habere , et pe quanteque utilitates . ex illius accurata et AN): AU 1114 14 interiore scientia in ipsos Jurisconsultos hucusque redundaverint, et in posterum quoque redundaturas esse, haud temere sperare liceat. 1 ^ii o ORE E ulii» 2 — os SU es oM Gommentationes Latino tantum de A et E i quam auctorum, manu describendz , ante diem primam Aug usti y EKO utili Gs pity iN A. c'9'ocecxix ," auctorum: 'sumtibus, mittantur ad Aca emiæ SM Ji arti DISS IVETU yes my tuarium. Preterea singulis comrhentationibus ins bat — x OL 19 ye venige et addatur ei schedula Ww oh Auctorum nomina" Konlınens, iS SOTO wipe) SIAP? inqüé exteriore parte eodem lemmate cons cya. = Ere a vero | DUR r RR tite e Regia mumificentia veis decreta” distribu entur primo die Lune mensis octobris A. c'o'occcxix. SGA e ACADEMIE GANDAVENSIS. 99989999 | ALUMNIS ACADEMIA GANDAVENSIS | S. Quum nulla omnino vitæ pars vacare officio possit, juvenes vero sibi relicti nec semper, quid in quaque re officium exigat, recte dispicere, nec, si dispexerint, concitatos animi motus continuo officii justo moderamini subjicere. valeant; Rectori atque Senatui Academico cum ad salutem vestram utile, tum ad Academiæ decus necessarium visum est, quedam universe et per anticipationem statuere, quibus hujus Academize Alumni teneantur. Et quum porro in colendis illis, que statuimus, ipsa vite Academice honestas, in negligendis autem turpitudo sita sit, nobisque non sine ratione omnia bona. de vobis vestroque in bonas Artes propenso animo sperare liceat ; nulli du- bitamus, quin magis nature bonitate ducti, quam poenarum metu coacti, hisce legibus Academicis, que paucis paragraphis conti- nentur, obtemperaturi sitis. STATUTA. A i Umicvigue Civi Academico non solum legibus atque statutis Academicis obsequendi necessitas tamquam privum et proprium (2) officium incumbit, secundum Lecem Rroram De Academico In- stitutionis Ordinatione, $ 105, sed ipsum quoque oportet, omnibus reliquis legibus et decretis Regiis, quibus cæteri urbis incole te- nentur, religiose obedire, et omnes Magistratüs ; cujuscunque or- dinis aut dignitatis illi sint, justo honore et reverentia prosequi. $m MRE Civium Academicorum numero a Rectore adscriptus vel ad- scribendus juvenis sedulo curet: primum, ut a Magistratibus civi- libus in tabulas incolarum urbis referatur : tum, ut de hac re Rectorem Academiæ certiorem faciat: et denique, ut domicilii sui mutationem, quotiescunque illa locum habuerit, tam Rectori, quam Magistratibus civilibus ad hoc constitutis, continuo indicet. : § TIL Quoniam Professores Alumnis Academicis amici, et parentum veluti vicarii debent censeri, summo jure ab Alumnis postulatur, ut Magistris suis honorem, reverentiam et debitas pro institutionis: et disciplinze cura gratias habeant, eos de omnibus vitæ Academicæ negotiis sincero et aperto pectore consulant, eorum consiliis ét ad- monitionibus benevole obsecundent, ét in universum sic sese gerant, ut nullo modo argui possint aliquid perpetrasse, quod Me m inde a a 9 usque ad $ 108 contrarium sit. 8 IV. Et quoniam Cives Academici, tam ‘tirones quam veterani, et peregrini pariter atque domestici, uno eodemque jure fruuntur, ca- veant Litterarum studiosi ad unum omnes sedulo, ut ne, aut propter etatis et annorum in Academia transactorum discrimen, aut ob patrie et natalium diversitatem , aut ob Divini Numinis colendi discrepantem rationem, aut ob alias quascunque tandem causas, (3) vel ipsi inter se motus et rixas ciéant, vel alios ad istiusmodi fa- cinora perpetranda instigent. Denique illa bella, parentibus de- testata, Academiisque pestifera, que certamina singularia vocantur, maxima cura pro se quisque fugiat, nec alios in illis gerendis ullo modo adjuvet. . yt $ V. Quemadmodum vero singulis Academie Alumnis permittitur , ut sigillatim res aut querelas , si quas habeant, suas, scripto ho- neste as decenter consignatas, Rectori magnifico offerant, ipsiusque patrocinium , exigente necessitate , invocent ; sic contra ea universis interdicitur, ut ne conjunctim quid vel ore vel scripto rogent, nisi quod, secundum $ 14 Leg. Heg., ad Scholes Academicas habendas pertineat : si quidem reliquarum rogationum, a pluribus simul quo- cunque tandem modo factarum, nulla ratio habebitur. $ VI. Quinetiam Litterarum studiosis non modo non conceditur facultas constituendarum inter se Sodalitatum , sine Rectoris et Senatus Academici auctoritate et consensu, sed ne aliis quidem Societatibus sese adscribendi, que propriis contineantur regulis atque statutis, nec publica auctoritate approbate sint. $ VII. Diligenter porro caveant Cives Academici ab ære alieno contra- hendo, quo aurea illa libertas et serena animi tranquillitas, que utraque felici in Litteris n iae. ex equo necessaria est, utraque simul perit. VIII. Denique ludos aleatorios, uti et omnes istas oblectationes, quas levioris notæ homines temporis fallendi gratia sectantur, atque, ut (4) verbo rem exprimamus, omnia illa, quibus aut morum honestas ledi, aut Academie dignitas diminui, aut Litterarum studii pro- impres impediri censenda sint, cane pejus et angue fugiant. $ IX. Magistratuum civilium sententiis damnatus Litterarum studiosus tantum. abest, ut poenis Academicis eximatur, ut potius, si quis forte flagitii alicujus infamantis (quod Deus avertat!) reus factus illorum Magistratuum poenam sibi contraxerit, ipsius nomen, tam- quam relegati, adjecta infamiz nota, in albo Academico delen- dum statuatur. $ X. Peene illis irrogande, qui hee Statuta ullo modo violaverint , constabunt Admonitionibus. | : Animadversionibus publicis. . Mulcta. Interdictione vel prodeundi omnino in publicum per certos et definitos dies, vel non nisi Scholarum causa exeundi domo. Custodia publica. Privatione vel partis stipendii, vel totius stipendii. Consilio abeundi. Relegatione. Que pœnæ a Senátu 8 infligentur pro læsionis gravitate et circumstantiarum modo. — Ceterum vero speramus fore, ut Cives Academici sibi persuadeant, verissime dixisse Ciceronem , Legum ideo nos servi sumus , ut liberi esse possimus. Ex Senatus Academici Consulto. ll Jeu. fus J. B. HELLEBAUT, pn s ACADEMIA ACTUARIUS. Vis, TN e A 6 : 7 ET . " JN M UE Vs ta sa a a UN A mee uns ic 3 ~ USA eA LE M i P" e to: M I < ‘ " * EN FM e 14 "i y r A E pet ye m 5 2 5 Ent LS RAC 1815 1 p huhi SN A ey Hi Hire in : AEG: