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Economie rurale, mulualité, statisti- que Enseignement agri- cole . 8 Génie rural . 10 11 12 Horticulture et ar- boriculture. Sciences appliquées à l'agriculture, en- tomologie, parasi- tologre. Technologie agri- cole . L Viticulture —__—— —— MM. { FLAMMARION, GAYON, MANGIN, REUSS, Ta. SCHLŒSING | et SCHLŒSING fils. Président. Vice-présidents . Secrétaire déléqué. PRÉSIDENTS MM. SCHRIBAUX PRUDHOMME GIRARD MALLEVRE HICKEL J. HITIER GROSJEAN RINGELMAN NANOT D' REGNARD LINDET VIALA MM. TISSERAND. MUNTZ et HENRY. J.-E. LUCAS. MEMBRES MM. H. HITIER, PETIT, DE MONICAULT CAPUS, DUBARD ANDRE, ANGOT, BERTRAND, KAYSER Moussu, M. VACHER CHANCEREL, GUINIER LESAGE, DE ROCQUIGNY TROUARD-RIOLLE, WERY, CHANCRIN DE CONDE, VERMOREL COSTANTIN, D' POIRAULT MARCHAL, D'PORTIER, MARTIN-CLAUDE MAZE, SAILLARD, L. AMMANN J. CAZELLES, MASSIGNON Secrétaire de la Rédaction : M. J. Simons Secrélaire administratif : F.-L. BRANCHER SECRÉTAIRES MM. PLUVINAGE L. LEFÈVRE BRUNO J.-E. LUCAS GERDIL TARDY SAGOURIN COUPAN BUSSARD G. FRON NOTTIN P. MARSAIS ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE FONDÉES EN 1884 PAR LOUIS GRANDEAU PUBLIÉES TOUS LES MOIS SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE PAR L'ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DE L'INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE 16, Rue Claude-Bernard — PARIS 4° SÉRIE — 2° ANNÉE — 1913 Tome II ON S'ABONNE A LA LIBRAIRIE | AUX BUREAUX BERGER-LEVRAULT | DE LA REDACTION 5-7, RUE DES BEAUX-ARTS 21, RUE DU PONT-NEUF PARIS | PARIS 1915 COMITÉ DE RÉDACTION DES AWWALES MM. ( FLAMMARION, GAYON, MANGIN, RSUSS, TH. SCHLŒSING Membres d'honneur : et SCHLŒSING fils. MM. | Président. TISSERAND. Bureau : | Vice-présidents . MUNTZ et HENRY. | Secrétaire délégué. J.-E. LUCAS. SECTIONS PRÉSIDENTS MEMBRES SECRÉTAIRES MM. MM. MM. + Agriculture . SCHRIBAUX H. HITIER, PETIT, DE MONICAULT PLUVINAGE 2 j e colo- ; 2 Agriculture Colo- | Dopnomme CAPUs, DuBARD L. LEPÈVRE ntale. ren 3 Chimie, physique, | météorologie, mi: } GIRARD ANDRÉ, ANGOT, BERTRAND, KAYSER BRUNO crobiologie. \ 4 Économie du bétail. MALLÈVRE Moussu, M. VACHER J.-E. LUCAS 5 Économie forestière. HICKEL CHANCEREL, GUINIER GERDIL 6 Économie rurale , | mulualité, statlisti- } J. HITIER LESAGE, DE ROCQUIGNY TARDY que . | nseiqnement aqgri- ; 3 el AMIE L GROSJEAN TROUARD-RIOLLE, WERY, CHANCRIN SAGOURIN 8 Génie rural . e RINGELMAN DE CONDÉ, VERMOREL COUPAN ‘licullure et ar- Hoi l Nanor COSTANTIN, D° POIRAULT BUSSARD boriculture. \ 10 Scrences appliquées | à l’agriculture, en- grecuture, On nr REGNARD MARCGHAL, D'PORTIER, MARTIN-CLAUDE G. FRON tomologie, parasi- | 1010g1e; 7: | Technologie aqri- 11 ja da À J L LinDer MAZÉ, SAILLARD, L. AMMANN NOTTIN 12 Vrticullure VIALA J. CAZELLES, MASSIGNON P. MARSAIS Secrétaire de la Rédaction : M. J. Simons Secrélaire administratif : F.-L. BRANCHER ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE FRANCAISE ET ÉTRANGÈRE FONDÉES EN 1884 PAR LOUIS GRANDEAU PUBLIÉES TOUS LES MOIS SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE PAR L'ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DE L'INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE 16, Rue Claude-Bernard — PARIS 4° SÉRIE — 2° ANNÉE — 1913 Tome II ON S'ABONNE A LA LIBRAIRIE AUX BUREAUX | BERGER-LEVRAULT | DE LA RÉDACTION 5-7, RUE DES BEAUX-ARIS | 21, RUE DU PONT-NEUF PARIS PARIS 1913 Correspondants des Annales pour les colonies et l'étranger © GOLONIES FRANCAISES H. Lecomte, docteur ès sciences, pro- fesseur au Muséum d'hist. naturelle. ALLEMAGNE J. Kônig, directeur de la Station agro- nomique de Münster. Fr. Nobbe, directeur de la Station agronomique de Tharandt. Tollens, professeur à l’Université de Gôttingen. Em. Ramann, professeur à l’Univer- sité de Munich. ANGLETERRE R. Warington, à Harpenden. Ed. Kinch, professeur de chimie agri- cole au Collège royal d’agriculture de Cirencester. AUTRICHE-HONGRIE Eug. Vadas, directeur de la Station de recherches forestières de Hongrie, à Selmecbanya. BELGIQUE Grégoire, directeur de l’Institut chi- mique et bactériologique de l'État (Gembloux). Graftiau, directeur du laboratoire agri- cole de Louvain. CANADA Dr 0. Trudel, àOitawa. ÉCOSSE T. Jamieson, directeur de la Station agronomique d’Aberdeen. ESPAGNE ET PORTUGAL Joâo Motta dà Prego, à Lisbonne. ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE E.-W. Hilgard, prolesseur à l’'Univer- sité de Berkeley (Californie). Dr W.-H. Beal, Office des stalions d’ex- périence (U.S. Department of agri- culture) à Washington. HOLLANDE A. Mayer, directeur honoraire de la Sta- tion agronomique de Wageningen. ITALIE Dr L. Savastano, professeur d'arbori- culture à l'École royale supérieure d'agriculture. SUÈDE ET NORVÈGE Dr Al. Atterberg, directeur de la Sta- tion agronomique et d'essais de se- mences de Kalmar. SUISSE E. Schultze, directeur du laboratoire agronomique de l'École polytech- nique de Zurich. RUSSIE M. Ototzky, Privat-docent à l’Univer- sité impériale de Saint-Pétershourg. P. Kossovitch, professeur à l'Institut impérial forestier de Saint-Péters- bourg. PAR A. MUNTZ H. GAUDECHON MEMBRE DE L'INSTITUT INGÉNIEUR AGRONOME PROFESSEUR-DIRECTEUR DES LABORATOIRES DOCTEUR ÈS SCIENCES A L'INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE CHEF DES TRAVAUX A LA STATION DES RECHERCHES DU COLLÈGE DE FRANCE INTRODUCTION A la fin de la période hivernale, on constate dans la terre arable un véritable réveil, comme si, après un long engourdisse- ment, elle revenait à la vie, acquérant d’une manière brusque, et pour ainsi dire sans transition, une activité particulière. Il est difficile de définir ces manifestations, elles se sentent plutôt qu'elles ne se décrivent; la terre a une autre allure, elle se tra- vaille d’une manière différente, s’émiette et foisonne sous la bêche, émet des vapeurs, de petites herbes apparaissent subite- ment à sa surface, c’est tout un ensemble d'indices qui ont, de tout temps, frappé l'esprit des gens de la campagne, et, pour caractériser cette apparition, ils emploient des expressions locales souvent pittoresques, telles que : « la terre est en travail », ou « la terre est en amour », ou encore « la terre est amoureuse », sans d’ailleurs chercher la cause d’un état si visible, qui semble limité à une période de peu de durée, pour redevenir ensuite plus normal. À première vue, nous avons été portés à croire que c’est dans les phénomènes biologiques qu’on pourrait espérer trouver l’explication de ces apparences et que la cause détermi- ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 1 2 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE nante devait en être le relèvement de la température qui se produit au premier printemps. De toutes les actions microbiennes dont la terre est le siège, la nitrification est de beaucoup la plus palpable et la plus carac- téristique; c’est à son étude que nous nous sommes attachés pour voir si elle avait une relation de cause à effet avec ce qu'on peut appeler le « Réveil de la Terre ». Déjà, dans de précédentes études, nous avons constaté que la terre, prise dans la période hivernale, montrait beaucoup moins d'activité nitrifiante que celle prélevée au printemps, lorsqu'on les plaçait toutes deux dans des conditions identiques de tem- pérature favorable. Nous pensions que ce fait était dû à ce que les organismes nitrifiants avaient, dans le sol en place, déjà ressenti quelque influence des premières journées tièdes, qui auraient accru leur vitalité. Mais, en examinant de plus près, aux différentes époques de l’année, l’activité nitrifiante du sol, il nous apparut que ces faits n'étaient pas aussi simples et ne tenaient pas seulement à un relèvement de la température. Même quand celle-ci reste éga- lement favorable, on constate, en effet, après une période d’ac- tivité, un ralentissement notable. Nous avons cru constater dans le réveil brusque de ces orga- nismes et dans l’accalmie qui le suit, autre chose, une sorte de prédilection pour une période déterminée, une accoutumance, vrai fait d’atavisme, qui donnerait, indépendamment des condi- tions extérieures, une activité particulière aux organismes nitri- ficateurs, à un moment précis de l’année, où les conditions natu- relles lui impriment une recrudescence de fonctionnement. De pareils faits s’observent dans la germination des graines : on sait que les grains de blé provenant de pays situés sous une latitude élevée, comme la Norvège, lorsqu'ils sont semés sous nos climats, ne lèvent pas en même temps que les blés indigènes, mais plus tardivement, à une époque rapprochée de celle à la- quelle ils ont l'habitude de lever dans leur pays d’origine, par une ressouvenance, qui est en réalité de l’atavisme. Et les grains indigènes, semés à d’autres époques que celles qui sont usuelles, LE RÉVEIL DE LA TERRE 3 ne donnent pas les mêmes résultats que ceux que l’on constate avec les grains semés normalement. Pour élucider cette question du réveil de la terre, nous avons poursuivi, au cours de deux années successives, une série d’ex- périences que nous allons rapporter. EXPÉRIENCES PRÉLIMINAIRES Année 1910 Afin de rechercher si les bactéries nitrifiantes ont ce senti- ment d’une époque de prédilection pour leur optimum de déve- loppement et de fonctionnement, nous avons fait varier les époques d’ensemencement, utilisant comme milieux nitrifiants la terre ou le terreau préalablement stérilisés à 1009 et addi- tionnés de sulfate d’ammoniaque. I — EXPÉRIENCES AVEC LA TERRE Terre d’ensemencement. — Dans la première année d’expé- riences (1910), on a prélevé la terre d’ensemencement à mesure des besoins dans un carré de terre en plein air, délimité par une grande cuvette en tôle renversée qui servait de couvercle et qui empêchait le lavage de la terre par les eaux de pluie; on pré- levait 500 grammes de la terre de semence sous ce couvercle en des points différents à chaque époque de prélèvement, une partie servait à l’ensemencement, l’autre était séchée à 1000 et on y dosait la quantité d’azote nitrique qu’elle contenait. Dans ces conditions, cette terre de semence était soumise aux variations de la température extérieure mais non lavée par les pluies. | Terre stérilisée. — La terre destinée à servir de milieu nitri- fiant était une terre de potager argilo-siliceuse, préalablement passée au tamis de 2 millimètres. Elle a été stérilisée ou du moins 4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE privée de ses microbes nitrifiants par un chauffage d’une durée de trois heures à l’autoclave à 100-1029, Pour cette stérilisation, la terre était placée en flacons bouchés d’une façon non hermé- tique, mais suffisante pour éviter qu’elle ne se gorge d’eau; on opérait chaque fois sur 4 kilos de terre. Une quantité suffisante ayant été stérilisée, on y incorporait aseptiquement, par un mélange prolongé, avec les précautions voulues, du sulfate d’am- moniaque à la dose de 2 grammes par kilo de terre. La série comprenait sept pots de porcelaine vernissée contenant chacun 1xe 1 de terre ainsi préparée; chaque pot était recouvert d’un disque de verre et abandonné dans un sous-sol jusqu’au jour de l’ensemencement. A titre de contrôle, un des pots, aussitôt son remplissage, a été placé dans l’étuve à température constante de 230, sans ensemen- cement préalable, afin de constater que le sulfate d’ammoniaque n’y nitrifiait pas. Chacun des pots était préalablement taré avec son disque et on y maintenait à mesure le taux d’eau constant, en suppléant la perte due à l’évaporation par l’addition d’eau stérilisée. Ensemencement. Prélèvement des échantillons. — De quinze en quinze jours on ensemençait un des pots en y incorporant, par un mélange prolongé, 20 grammes de la terre d’ensemen- cement; ceci fait, on le plaçait à l’étuve à température constante de 230 et, quinze jours après l’ensemencement, on prélevait un premier échantillon de terre, qu’on séchait immédiatement à l’étuve à 1100 et sur lequel on déterminait la quantité d’azote nitrifié, ainsi que la teneur en eau. On continuait à prélever des échantillons de terre dans le même pot de quinze en quinze jours, pour suivre la marche de la nitrification, en séchant chaque fois l’échantillon à 1100 aussitôt son prélèvement. II — EXPÉRIENCES AVEC LE TERREAU Terreau stérilisé. —: On a conduit, en même temps que la série des expériences avec la terre, une série correspondante en em- LE RÉVEIL DE LA TERRE 5 ployant comme milieu nitrifiant le terreau des feuilles mortes, stérilisé à 100-1020 à l’autoclave. Le mode expérimental était calqué sur celui employé pour la terre; une série de pots avait été préparée, chaque pot conte- nant 375 grammes de terreau humide stérilisé par un chauffage de trois heures à 100-1020 et enrichi ensuite aseptiquement en sulfate d’ammoniaque à la dose de 3 grammes par kilo de ter- reau; les pots étaient tarés, recouverts d’un disque, et on sup- pléait à la perte due à l’évaporation par l’addition d’eau sté- rilisée. L’ensemencement, la mise à l’étuve à 230 et le prélèvement des échantillons étaient opérés, en même temps pour le terreau et pour la terre, en un mot l’expérience était identique à celle faite avec la terre, sauf qu’on employait du terreau comme milieu nitrifiable. RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX Année 1910 Le premier ensemencement a été effectué dans la saison d’hiver, le 18 février 1910, le dernier le 2 mai 1910, au printemps avancé. Les prélèvements d'échantillons ont été faits du 3 mars au 13 juin. I — TERRE D'ENSEMENCEMENT Chacun des jours où l’on procédait à un ensemencement de terre et de terreau, on séchait un échantillon de terre de semence à 1000 et on y dosait l’azote nitrique. DATE des prélèvements & sl £ 3 | 5 8 | £ ë 4 6 oo hi) = Température du sol à 40 cen- timètres de profondeur. .| + 4° | L 5o + 120 | + ge | L 100 | HE 160 Azole nitrique en milligrammes par kilogramme de terre séchée à 4000 3,8 6,0 6,2 6,2 12,5 12,0 0. ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE La terre, dans ces conditions, ne dispose que d’une quantité limitée d'azote nitrifiable, qui est elle-même sous la dépendance de l’activité d’autres espèces microbiennes; on constate toutefois, entre le 18 avril et le 2 mai, un relèvement brusque du taux d'azote nitrique dans le sol. Mais ces résultats ne peuvent donner aucune indication sur l’activité propre des microbes nitrifiants. IT — TERRE STÉRILISÉE, ENSEMENCÉE ET MISE A L'ÉTUVE A 230 Expérience de contrôle. — Pour voir si la terre stérilisée, en- richie en sulfate d’ammoniaque, ne s'était pas ensemencée en ferment nitrique au cours des manipulations, un des pots pré- parés, le pot 1, a été mis à l’étuve à 250 sans ensemencement préalable, le 18 février, et abandonné jusqu’au 13 juin; tout en y maintenant un taux d'humidité constant. Le 18 février, la terre contenait 7mM8r 1 d’azote nitrique par kilo et, le 13 juin, on y trouvait 8mE8r 6, c’est-à-dire qu'aucun phénomène de nitrification ne s'était produit au cours de cette période, la terre était restée stérile au point de vue nitrifiant. Le pot de terreau ! soumis au même contrôle contenait, le 18 fé- vrier, 66 milligrammes d’azote par kilo de terreau sec, le 13 juin on y trouvait 65 milligrammes. Voici maintenant les résultats relatifs à chacun des pots de terre stérilisée, placés à l’étuve à 230 à mesure de l’ensemence- ment dont on indique la date pour chaque pot et les dates successives de prélèvement des échantillons. L’azote nitrique existant dans l'échantillon prélevé à cette date est exprimé en milligrammes par kilo de terre séchée à 1000. TABLEAU LE RÉVEIL BE LA TERRE 7 TABLEAU I Terre stérilisée ensemencée et mise à l’étuve à 23, Date du prélèvement d'échantillon Azote nitrique en milligrammes par kilogramme de terre séchée à 1000 Date de l’ensemeneement A8 férier Smars 18mars 2avril 1i8avril 2 mai Pot 2 Pot 3 Pot 4 Pot 5 Pot 6 Pot 7 RU MAUR % Ë 4557 23,0 » » » » DE OM Tran gui * : 938,5 430,6 340,0 31,5 < : 373,0 PRO O AANMO 0) 25 18 ; UE 0 “473.0 239.8 ‘22,1 » » 725,0 » 42k,2 228,3 » » » 506,0 496,2 369,0 TaBzeAU II Terreau stérilisé, ensemencé et mis à l’étuve à 230. Azote nitrique en milligrammes par kilogramme de terre séchée à 1000 Date de l’ensemencement Pot 2, 18 février . . tt iemars. — 4, 18 mars . . — 5, 2 avril... — 6, 18 avril . . — 17; 20mMmA =" 9; 47 mai: : Dates du prélèvement — Sons 076 148 mars — 207, toPmare—"1170 2 avril = 353; Liste 2 avril = 135,1 18 avril — 516, JADE ASTANrIN=—=1153 ,5 2#mav 1570! NS D'mtabt— 12037 47 mal — 1580, .. . A7 mai — 119,3 30 mai — 245, 30 mai — 278,2 13 juin — 337, 6) 2 5] 0 5 0 0 Pour comparer l’activité de la nitrification dans les divers pots ensemencés à des époques différentes, on examine la quan- tité d’azote nitrique formé au cours d’une période de temps dé- terminée après l’époque d’ensemencement. Pour la terre, qui nitrifie moins rapidement, on peut examiner soit la quantité d’azote nitrique formé au cours de la troisième quinzaine après la date de l’ensemencement ou au cours de la période de un 8 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE mois qui s'étend quinze jours après l’époque d’ensemencement. La première quinzaine étant une période transitoire d’incubation qui doit être éliminée. Pour le terreau, milieu dans lequel la nitrification est toujours plus rapide, on s’est servi, comme terme de comparaison, de la quantité d'azote nitrique formée au cours de la seconde quin- zaine qui suit la date d’ensemencement. TABLEAU III Azote nitrique en milligrammes par kilogramme de terre ou terreau séché à 1000 a ——" — n Date de l'ensemencement Terre Ternes A pendant le mois pendant}atas pendant la 3e qui suit la quinzaine L ARE 1re quinzaine SL: 17416 vrier 41.) 1600 40 k7 129 D AIMATENR AE te 249 407 236 AS FMATS EN NS UNE 294 494 381 PA N'a 1 NON ECS 333 Lk42 416 1 5 RET 5 à | RENNES à 491 398 454 2 AN ALES EE RUE 141 347 425 17 MAI $ Lee La, » » 58 Ces résultats montrent, aussi bien avec la terre qu'avec le terreau, que ce sont les pots ensemencés entre le 3 mars et le 18 avril dans lesquels on constate une intensité de la nitrifica- tion notablement plus grande, intensité qui semble indiquer une époque de prédilection dans le pouvoir de multiplication et l’activité des microbes nitrifiants. En présence de ces premiers résultats, un contrôle effectué au cours d’une seconde année d’expériences nous a paru néces- saire. Nous avons recommencé une série d’essais au cours de l’année 1911, en modifiant un peu la méthode expérimentale de façon à donner plus de rigueur aux conclusions en cherchant à éliminer les causes d’erreur qui pouvaient se produire. LE RÉVEIL DE LA TERRE 9 MODIFICATIONS APPORTÉES A LA MÉTHODE D'ÉTUDE Année 1911 19 Terre d’ensemencement. — Dans les expériences précédentes, la terre de semence était restée, on l’a dit, en plein champ, recouverte par un couvercle destiné à empêcher le lavage par l’eau des pluies; dans ces conditions, la terre était encore soumise, dans une certaine mesure, aux variations de la température extérieure; bien que le réveil de la nitrification se soit produit alors qu'il n’y avait pas encore eu de relèvement notable de la température, ce n’est, en effet, qu’au commencement d’avril que la température a commencé à se relever de 7 à 120. Nous avons voulu éliminer cette influence possible d’un relèvement lent, mais continu de température. A cet effet, on a prélevé, dans le même carré que l’année pré- cédente, un bloc de 7 kilos de terre au commencement de fé- vrier; on l’a mis dans un pot de porcelaine qu’on a placé aussitôt dans une glacière. Entre février et mai, la température de ce lot de terre a varié de 00 à + 20, On utilisait ainsi comme se- mence une terre dont la température n’avait pas sensiblement varié au cours de la période d’ensemencement; elle était restée dans un état hivernal, aucun changement biologique ne pouvait s’y produire. 20 Milieu nitrifiant. — Comme pour les essais précédents, on a utilisé la terre et le terreau préalablement stérilisés à 100-1020, puis enrichis en sulfate d’ammoniaque à la dose de 2 grammes par kilo pour la terre et de 3 grammes par kilo pour le terreau. On a préparé une série de pots en porcelaine vernissée qu'on ensemençait de quinze en quinze jours comme il a été fait en 1910. Mais une fois le pot de terre ou de terreau ensemencé et mis à l’étuve à la température constante de 269, chaque fois que de quinze en quinze jours on prélevait un échantillon destiné à 10 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE doser lazote nitrique formé, on y dosait immédiatement le sulfate d’ammoniaque, et chaque fois on incorporait au milieu restant dans le pot une quantité de sulfate d’ammoniaque telle que le taux en fut maintenu constant, on rendait ainsi les mi- lieux également concentrés en substances nitrifiables et, par suite, comparables entre eux à cet égard. Les pots contenant la terre et le terreau stérilisés étaient couverts d’un disque de verre et conservés dans une cave en attendant le jour choisi pour leur ensemencement. Chaque pot de terre en contenait 4 kilos, ceux de terreau en contenait 3 kilos, ils étaient tarés et on y maintenait un taux d'humidité constant au cours des essais. On ensemençait les pots avec 80 grammes de la terre prélevée au moment même dans la glacière; et, avant de les mettre à l’étuve à 260 C, on prélevait un échantillon de la terre ou du terreau destiné à indiquer qu'aucun phénomène de nitrification ne s'était produit dans la période d’attente. En fait, ni la terre n1 le terreau ne se sont ensemencés spontanément en ferments nitriques pendant cet intervalle de temps. Les échantillons des milieux ensemencés étaient, comme dans la série des essais précédents, prélevés de quinze en quinze Jours après la période d’ensemencement. En résumé, ce qui différenciait la série des essais de 1911 par rapport à ceux de 1910, c’est que : 10 La terre servant de semence était conservée à une tempéra- ture voisine de + 20 pendant toute la durée des essais; 20 La quantité de matière nitrifiable, le sulfate d’ammoniaque, était maintenue constante dans chaque lot de terre ou de ter- reau ensemencé. Résultats expérimentaux. — Les premiers pots furent ense- mencés le 14 février 1911 et le dernier ensemencement effectué le 23 mai, c’est-à-dire que la période d’étude s'étend du milieu de l'hiver à la fin du printemps. Les derniers prélèvements d'échantillons eurent lieu le 17 juillet 1912; la durée totale des expériences s’étendait done sur une LE RÉVEIL DE LA TERRE 41 période de cinq mois comprenant la saison pendant laquelle, sous le climat de Paris, l’activité de la végétation est la plus grande. Nous indiquons, dans une série de tableaux, les résultats concernant : 19 La terre d’ensemencement conservée dans la glacière; 2° La terre stérilisée, enrichie en sulfate d'ammoniaque, puis ensemencée et placée aussitôt à l’étuve à 260; 39° Le terreau stérilisé, enrichi en sulfate d’ammoniaque, ensemencé et placé à l’étuve à 260 comme la terre. TABLEAU I Année 19141 Terre de semence de la glacière (t — 0° à + 20) Azote nitrique en milligrammes par kilo de terre séchée à 1000 Date des prélèvements Aévrier 28{évrier 44 mars 98mars AA avril 95 avril 9 mai 93 mai 4° Terre de semence de la glacière 21 ER PS 2° Terre identique à la terre de semence, mais enri- chie en sulfate d’ammo- miaque 28P. Dar KI. ALIM AS NM L9 049 0049.47 Ces résultats montrent que, dans la terre conservée à la gla- cière, aucun phénomène de nitrification ne s’est produit pen- dant tout le temps du séjour à la température voisine de zéro. TABLEAU 49 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE TABLEAU II Année 1911 Expériences avec la terre stérilisée ensemencée et mise aussitôt à l’étuve à 26° Azote nitrique en milligrammes par kilo de terre séchée à 1000 Dates h; des Dates de l’ensemencement prélèvements Pots Pot2 Pots Pol4 Pots Pot6 Pot7 Pot8 d'échantillons —- — == 2< LE == 2 EL A4 février 28 février 44 mars 28 mars 44 avril 25 avril 9 mai 23 mai 4% 16vrier." 4.420 — — — — — — — DO CT LUEUR 12608107 — — — — — — L'EMMNATS CN 20 0 ETC EDS — — — —— — DIS NN NOM 388 180 1168010439 — — — — TANT, E UE MANE SOLS LOIS MULLER 1130 — — — DO re bail 82240756 2658204439, 150 1410 — — DAMAL, TRE: MSIE 78100632, 2556: 24590425 — DE Mn LES 1 SN END CEA "1982 : 800 : 752 547 ‘243 115 COURTES A PL OL RON 1 810) 789 16390 50802219 20? SEAL RES PP DIE RAA CNE DESIRE APE PAPER PTE — 806 787 687 472 RO VE AR SA ANT ET: APR ER NE NS —41.045 852 797 APN RS Ets et à MÉRIAL e Cie Sables ee 2e — 871 836 TABLEAU III Année 4941 Expériences avec le terreau stérilisé, ensemencé et placé aussitôt à l’étuve à 269 Azote nitrique en milligrammes par kilo de terreau séché à 1000 Dates — des pré- Dates de l’ensemencement lèvements SE ————————— “cr d’échantil- Pot 1 Pot 2 Pot 3 Pot 4 Pot 5 Pot 6 Pot 7 Pot 8 % 44 férier 28 férrier 14 mars 28 mars II avril 25 avril 9 mai 23 mai 14 février. 108 — — — — — — — 28 — . 246 97 — —= == — — — 14 mars . 375 171 125 — — — — — 28 L— .11,.427 526 168 133 — — — — 41 avril. .…..2.6504,44485 875 174 110 — — — 25 —,. 3.562 2.800 2.695 1.878 231 110 — — DPMAT — 3.504 3.113 2.112 932 194 114 — 201 2 AR — 4.005 2.751 1.285 648 288 115 S' Juin. 4 nd ei et — 2.765 1.425 963 598 381 20 ee cu RU NS ENT alu TU — 1.775 1.887 1.800 1.400 BUT han ele a CM RENTE UE — 2.300 2.550 2.337 17 VOOR". ORAN ESA RECRROPE — 3.050 3.175 LE RÉVEIL DE LA TERRE 19 Pour permettre de comparer entre eux les résultats et de se rendre compte de l’activité nitrifiante dans les différents pots ensemencés à des époques différentes, on a réuni, dans le tableau ci-dessous, la quantité d’azote nitrique en milligrammes formée par kilo de terre, au cours des quinzaines successives adoptées pour le prélèvement des échantillons; ce qui permet de com- parer l’activité nitrifiante dans chaque pot à des époques cor- respondantes de la date d’ensemencement et pendant des pé- riodes de temps égales. TABLEAU IV Année 1911 Azote nitrifié dans la quinzaine en milligrammes par kilo Lot prélevé de terre séchée à 1000 après chaque = quinzaine Date de l’ensemencement qui suit la date EEE d’ensemence- 4% février 28 février 1/4 mars 18 mars 11 avril 25 avril gmai 23 mai t = 2 mi Pot 1 Pot 2 Pot 3 Pot 4 Pot5 Pot 6 Pot7 Pot8 Terre 1re quinzaine . 6 9 43 9}. 20149 118 104% 2e — ; 144 64 90 291 406 388 265 253 3° — ; 128 251 420 243 196 92 179 325 Go 409-7305 448118. 370448 014165 39 He MAT og 4138 151 10 © 47 258 19 » Terreau 17e quinzaine . 138 74 43 41 121 84 174 266 2e — - 129 399 707 1.704 701 45% 270 1.019 3° — 082 959 1.820 234 353 315 1.242 937 4e 7 LL DL 315 418 639 140 924 … 750 838 5e + ) 912 704 892 1% 350 413 500 » Le graphique ci-dessous montre les intensités de nitrification aux deux périodes formées par les deuxième et troisième quin- Zaines qui ont suivi la date d’ensemencement. On a représenté pour la terre et le terreau la quantité d’azote nitrifiée pendant ces deux quinzaines. Cette quantité a été portée en ordonnée et exprimée en azote nitrique en milligrammes par kilo de terre sèche. Les nombres successifs inscrits au-dessous de la ligne des abscisses représentent les numéros des pots dont les dates d’en- semencement sont indiquées dans le tableau 4. [ls représentent 14 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE les six premiers pots pour la terre et les six premiers pots pour le terreau. 2000 1.800 1.600 Fr o o 1.200 800 600 Azote nitrifié (er mm3"par Kilog de terre sèche) dans une quinzaine Numéros des 1 2 3 #4 5 6 7 l'ANPRS, VMS VEN 7 | 2.234 576 t2, 305 P PA ; > . - e . . dr 2°TE Quinzaine 3°T* Quinzaine 2*T*Quinzaine 3° Quinzaine TERRE TERREAU CONCLUSIONS Ces résultats confirment et accentuent ceux de la première année d'expérience (1910). Il ressort, en effet, très nettement, de ces diverses données, qu’il existe un maximum d’action, une activité de multiplication ou de fonctionnement plus grande de ferments à une époque correspondante au réveil de la terre, c’est-à-dire entre le 28 mars et le 25 avril, sous le climat de Paris. En dehors de toute action possible de la température, celle-ci ayant été maintenue constante, tant pour la terre servant de semence, qui était restée au voisinage de 00, que pour les terres ensemencées, qui étaient maintenues à 260. C’est surtout dans le terreau que cette activité est devenue = LE RÉVEIL DE LA TERRE 15 manifeste. Après l’intensité maxima de la nitrification, il y a de nouveau un ralentissement notable persistant pendant un certain temps, et si l’on constate ensuite un relèvement, il n’a atteint dans aucun cas celui de la période d’activité maxima. Le fait d’une nitrification plus abondante, à un moment donné de l’année, nous semble être hors de doute par les résul- tats qui précèdent et coïncide avec l’époque du réveil de la terre, qui se trouve ainsi expliquée. | De pareilles manifestations semblent déjà avoir été observées, même à basse température, par KING et WuHiTson, par LôHnis et quelques autres expérimentateurs (1). Cependant les conditions rigoureuses de l’activité exceptionnelle des organismes nitri- fiants au début du printemps méritaient un nouvel examen. Nous rappelons que des faits analogues ont été constatés dans la formation de lammoniaque aux dépens de l’urée, de la cya- namide de calcium (2). (1) Lônis, Handbuch der Landwirthschaftlichen Bakteriologie, p. 619. (2) Lônnis et SABASCHNIKOFF, loc. cit., p. 596. LA PRODUCTION DU THE DANS LE MONDE ENTIER Par Em. PRUDHOMME INGÉNIEUR AGRONOME DIRECTEUR DU JARDIN COLONIAL AIRE DE DISPERSION Le théier (Thea sinensis Sims) parait être originaire des régions montagneuses comprises entre l’Hindoustan et la Chine. De là, cet arbuste s’est répandu, à une époque très ancienne, dans toute la Chine où 1l est devenu très commun et d’un emploi général. La culture du thé fut ensuite introduite au Japon, puis en Indochine. Elle n’a pris une très sérieuse extension aux Indes que dans le courant du siècle dernier; puis s’est propagée sur une grande échelle, à une époque plus récente, dans Pile de Ceylan qui est devenue un centre de production de première importance. Elle s’est enfin implantée à Java, dont les récoltes sont en grande progression, surtout depuis une dizaine d’années. En dehors du continent asiatique, d’où 1l est originaire, et des iles voisines, le théier s’est peu répandu dans le reste du monde. On doit signaler, néanmoins, qu’on le cultive avec un certain succès au Natal, qu'on a commencé à le planter, il y a environ vingt-cinq ans, dans la Russie méridionale et qu'il a donné lieu à quelques cultures expérimentales intéressantes en Amérique (États-Unis et Amérique du Sud), aux Antilles, à la Réunion et même à Madagascar. { LA PRODUCTION DU THÉ DANS LE MONDE ENTIER 17 ÉVALUATION DE LA PRODUCTION MONDIALE. — Il est impos- sible de se faire une idée précise de la quantité de thé annuelle- ment produite dans le monde entier, car la consommation locale de la Chine, qui est énorme et représente certainement une très forte proportion de la récolte mondiale, ne peut être exactement connue. En y ajoutant le thé produit dans les autres pays, les déchets et poussières employés pour préparer la théine et les exporta- tions de la Chine sous forme de « thé en feuilles » et de « thé comprimé » on arrive, comme le montre le tableau suivant, à une production globale annuelle qui, en ce moment, peut être évaluée à plus de 1.360.000 tonnes. Année 1911-1912 Tonnes Chine. sale sb subite girveion 44,089 ,600 LUCE SP T es EE 123.200 (1) VENIR. Me ent en 2 eee EU à 85.000 (1) PU RD nr R en en een ea ORUS auvet 28.400 (1) FARINE EE GI, 900 er MEN. 22.900 (1) Foot ent diaiu af dep 11.600 (1) NAS ANNAM: ELC Se AN en ee te 1.400 (1) BOL AD NT Re 1.362.100 Sur cette quantité, environ 347.900 tonnes sont livrées à l’ex- portation et se r'partissent comme suit : Tonnes CE Rate cb. rs DAS Lt 89.600 RE TE Ne rl OR à use nn des rise 24140 DUO RONA LU M het LUE Ee ST a VEE à 8e 85.000 (2) LE PAU EL EOS LEPEUS Ie CRE DEFSEEE à 1 OUES LEVRETTE SES ECS 22.900 (2) Japoñien-asval bat. hiigoinÿ 84 dis 19.400 (2) RÉ MOSE sT en el ee à os vec dia 11.600 (2) Lo LE dl 5 ET É DN AU F1 ESARSANS AUS SAS RES 1.400 (2) OR ER EME AE. PSE RAS GUU La culture du thé n atteint donc une ré2lle importance qu’en Asie et dans les îles voisine:. Comparée aux récoltes asiat ques, (1) Bulletin de l’Institut international d'Agriculture de Rome, 1912. D’après Indian Agriculturist (The World's Tea Trade). (2) Sans tenir compte de la consommation locale, ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉKI& — 1913 — II 2 18 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE la production des autres pays peut être considérée comme tout à fait insignifiante. Nous examinerons successivement le développement pris par cette culture en Asie, dans le reste du monde et dans les colonies françaises. ASIE ET RÉGIONS VOISINES La Chine, en raison de l’importance de sa production nous occupera d’abord. Nous passerons ensuite en revue les Indes anglaises, Ceylan, Java, le Japon et Formose, en réservant pour un paragraphe spécial l’étude de la culture du thé en Indochine. CHINE La Chine est le centre de production le plus important du monde entier. Le théier parait y avoir été connu bien avant l'ère chrétienne; 2.700 ans avant Jésus-Christ croit-on; mais il semble bien que la culture de cette plante n’y a pris une sé- rieuse extension que vers le quatorzième ou le quinzième siècle. A l'heure actuelle, le thé occupe en Chine des millions d’hec- tares et donne du travail à plusieurs millions d'hommes. I] s’agit donc là, en réalité, d’une culture nationale à laquelle toute la population prend une part plus ou moins directe. Les Chinois, on le sait, ne boivent jamais d’eau pure; leur boisson favorite est le thé, dont le Céleste Empire fait une con- sommation vraiment fantastique qui, suivant certains auteurs, atteindrait et dépasserait même un million de tonnes, soit un mil- liard de kilos par an. En y ajoutant le thé livré au commerce d'exportation, on arrive à une production globale annuelle voi- sine de 1.100.000 tonnes. La Chine a d’abord été le seul centre d’approvisionnement des consommateurs européens; mais, ainsi que nous le verrons, d’autres contrées, comme les Indes et Ceylan, ont pris, dans le courant du dernier siècle, une importance considérable comme producteurs de thé et ont provoqué un notable ralentissement des exportations chinoises. LA PRODUCTION DU THÉ DANS LE MONDE ENTIER 19 Les envois de cette vaste contrée qui, en 1890, s’élevaient en- core à 104.282 tonnes n’ont pas dépassé 89.600 tonnes en 1911- 1912, dont 36.000 tonnes de thé comprimé en tablettes. Pour la consommation locale le thé est exploité dans presque toute la Chine. Les principaux centres de culture sont situés dans les ré- gions traversées par le Yang-tsé-Kiang (Fleuve Bleu) et dans la partie de la Chine située sur la rive droite, c’est-à-dire au sud de ce fleuve. Parmi les provinces intérieures produisant le plus de thé, on peut citer, en partant de l'embouchure du Yang-tsé-Kiang, celles de Ngan-hoei, du Houpé, célèbre par ses fabriques de thés com- primés et du Setchouan, puis celles du Kiang-si du Hounan et du Yunnam, situées au sud des précédentes. Cette dernière province fournit les thés connus en Chine sous le nom de thés de « Pon-eul » qui passent pour avoir des propriétés médici- nales spéciales. Sur le littoral, les régions les plus intéressantes sont, en allant du nord au sud, celles du Tché-kiang, qui fournit des thés verts très renommés et entièrement consommés en Chine, du Fou- kien, situé en face de Formose, et du Kouang-toung. Les exportations se font surtout par les ports suivants : Hankow ou Hankéou, capitale du Houpé (port intérieur situé sur le Yang-tsé-Kiang); Kuikiang(autre port intérieur également situé sur le Fleuve Bleu), Foo-chow (province du Fou-kien); Shanghaï (province du Kiang-sou); Canton (province du Kouang- toung) et Santon (province du Fou-kien). Les thés de Chine sont connus et consommés dans le monde entier, mais trouvent, depuis quelques dizaines d’années, de re- doutables concurrents dans les thés de Ceylan et des Indes anglaises et même de Java, où les méthodes de préparation sont constamment améliorées. Les provenances de Foo-chow (pro- vince de Fou-kien) sont très estimés en France; celles de Canton, au contraire, souvent fraudées, mal préparées et de qualité infé- rieure sont peu appréciées en Europe. Les meilleurs thés noirs du Foukien proviennent des régions 20 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE de Fou-tchéou, de Founing, de Kienning, de Yenping et de Chao-wou (1). Les « Pouchong» sont surtout produits dans les dé- partements de Hing-honz, de Ting-tchéou et de Tch’ang-tchéou. Les désignations commerciales employées dans le Fou-kien pour désigner les diverses sortes de thé sont les suivantes : 19 Thés noirs : « Congou », «Oolong » (surtout destinés à l’Amé- rique et supplantés maintenant par les Oolongs de Formose), « Souchong », « Pouchong », « Flowery Pekoe », «Orange Pekoe », « Scented Coper ». 20 Thés verts : « Young Hysom, « Hysom, « Imperiah, « Gun- powder ». La province de Houpé fournit aussi de très bons thés et notam- ment du thé comprimé en tablettes ou en briques préparé à Han- kow dans des usines pourvues d’un outillage tout à fait moderne. Pour préparer cette sorte commerciale, dont on fait une con- sommation considérable en Russie et en Asie, on emploie, en général, les résidus de la fabrication du thé noir qui sont ex- pédiés aux usines de Hankow par les centres de production voisins du Houpé, du Hounan et du Kianghi. On fabrique aussi à Hankow des briquettes de thé vert que l’on expédie principalement en Mongolie et dans le Turkestan chinois. INDES ANGLAISES La culture du thé a pris une rapide extension aux Indes an- glaises à une époque relativement récente. Les premiers essais sérieux ont été effectués en 1835 en Assam, mais ne paraissent guère avoir attiré l’attention des capitalistes pendant les dix ou quinze premières années. Cette culture provoqua ensuite un enthousiasme extraordi- naire et entra dans une période d'évolution extrêmement active qui se termina malheureusement, en 1865-1867, par une véri- table débâcle financière; mais elle avait déjà pris, à ce moment, un développement trop considérable pour disparaitre complè- (1) Communication de M. Leduc, consul de France à Fou-tchéou. LA PRODUCTION DU THÉ DANS LE MONDE ENTIER PA tement et l’on eut à constater, peu après, une nouvelle phase de progrès, plus lents peut-être, mais plus soutenus, qui classa bientôt le thé parmi les produits d'exportation les plus impor- tants des Indes anglaises. À l'heure actuelle, le thé est surtout cultivé en Assam, dans le Bengale, dans les provinces du nord-ouest, dans le Punjab, dans la présidence de Madras et en Birmanie. On y produit surtout du thé noir exporté principalement par Calcutta, Bombay, Madras, Karrachi et Chittagong. La première expédition de thé indien, comprenant douze caisses de ce produit, fut faite en 1838 à destination d'Angleterre. En 1896, cette culture occupait, d’après M. D. Hooper, de l’Indian Muséum de Calcutta, 185.040 hectares (117.931 hectares en Assam) ayant fourni une récolte totale de 70.861 tonnes dont 62.383 ont été livrés à l'exportation. En 1908, cette plante couvrait 221.443 hectares (139.639 hecta- res en Assam) donnant une récolte globale de 111.006 tonnes dont 102.840 pour l'exportation. Enfin, pour l’année 1911-1912, le Bulletin de l’Institut inter- national de Rome évalue, d’après l’/Zndian agriculturist, l'ensemble de la production des Indes à 123.200 tonnes et l'exportation à 118.000. Le thé des Indes est connu dans le monde entier et, en général, très estimé. Les principales exportations se font à destination de l'Angleterre ou de ses colonies. Les envois sont effectués en caisses de bois dur, de forme géné- ralement cubique, renfermant 20 ou 40 kilos de thé et quelque- fois, mais beaucoup plus rarement seulement, 10 kilos. CEYLAN C’est vers 1840 qu’on essaya, pour la première fois, la culture du thé à Ceylan; mais, au début, ces essais attirèrent à peine l'attention des planteurs qui préféraient s’adonner à la culture du café et du quinquina donnant, à cette époque, de très brillants résultats. L’anéantissement des caféiers par l’ÆHemileia vastatrix 22 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE et l’accaparement du marché du quinquina par les planteurs de Java (1), déterminèrent ultérieurement les habitants de cette belle colonie à s’occuper plus sérieusement du thé qui a donné, par la suite, de si remarquables résultats à Ceylan. D’après Boutilly (2) l'exportation du thé, qui ne montait qu'à une dizaine de kilos en 1873, atteignit plus de 38.000 tonnes vingt ans après, en 1895. Depuis, cette culture n’a pas cessé de faire chaque année d’im- portants progrès à Ceylan et, en 1907, l'exportation du thé dépassa 81.000 tonnes dont environ 78.000 tonnes de thé noir et 3.000 tonnes de thé vert. La production de 1911-1912 a été évaluée à 85.000 tonnes. A l'heure actuelle, le thé est devenu le principal produit d’ex- portation de Ceylan qui consacre à cette culture environ 180.000 hectares surtout répartis dans la « Central province ». On en trouve des plantations à toutes les altitudes, depuis le voisinage de la mer jusqu'à Nuvara-Eliya situé à plus de 2.000 mètres au-dessus de l'Océan; mais l’on a remarqué que si les terres pla- cées à une faible élévation donnaient les plus forts rendements, c’étaient au contraire les plantations les plus élevées qui four- nissaient le thé le plus fin et le plus estimé. Pratiquement, toutes les exportations se font par Colombo, principalement à destination du Royaume-Uni et des colonies anglaises. JAVA À Java, les débuts de cette culture remontent à 1826; elle fut d’abord classée parmi les cultures gouvernementales. Les parti- culiers commencèrent à s'y intéresser vers le milieu du siècle dernier. Depuis 1870, la culture du thé à Java a fait des progrès consi- dérables; mais l'accroissement a surtout été rapide depuis 1899. (1) Accaparement déterminé parl la mise en pratique de méthodes de culture et de sélection tout à fait perfectionnées. (2) Voir Le Thé, sa culture et sa manipulation, par BouTiILLY, inspecteur adjoint des forêts (1898). LA PRODUCTION DU THÉ DANS LE MONDE ENTIER 23 De 5.400 tonnes à cette époque, les récoltes annuelles se sont élevées à 22.900 tonnes en 1911-1912. La culture du thé est surtout développée dans l’ouest de Pile et notamment dans la région des Préangers, puis, dans le centre, dans les provinces de Kedoe et de Semarang. On s'efforce d’y obtenir, en cultivant les variétés d’Assam, un thé analogue à celui de Ceylan. Les méthodes de préparation, assez défectueuses au début pour être la cause d’une véritable dépréciation dont les provenances de cette colonie ont d’abord eu à souffrir, ont été considérablement améliorées; aussi existe-t-il maintenant, dans les Indes Néerlandaises, des plantations et des usines dont l'installation peut rivaliser avec celles de Cevlan. La plus grande partie de ces thés est dirigée sur les marchés d'Amsterdam et de Londres. Les exportations se font, en grande partie, par Batavia. JAPON Le Japon, où la culture du thé n’a commencé à se répandre d’une manière sérieuse que vers le seizième siècle, est devenu de nos jours un centre de production d’une certaine importance; mais les qualités fournies par ce pays, quoique présentées de la façon la plus agréable pour les yeux, sont, en général, peu appréciées en Europe et ne plaisent même pas à l'aristocratie japonaise qui achète à l'étranger les thés de premier choix des- tinés à sa consommation. Le Japon, semble-t-il, pourrait pro- duire d'aussi bons thés que la Chine; mais cette culture y est négligée au profit d’autres produits, et les méthodes de prépa- ration employées sont, de l’avis de tous les auteurs, très défec- tueuses. Les exportations se font surtout à destination des États- Unis, du Canada, de la Chine et de l'Australie. Depuis quatre ou cinq ans, la production japonaise est à peu près stationnaire et oscille entre 24.000 et 28.000 tonnes, dont 9.000 tonnes pour la consommation locale et environ 19.000 tonnes pour l’exportation. 24 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE En 1908, l'exportation totale s’est élevée à 15.900 tonnes (1). La production s’est élevée à 28.400.000 kilos en 1911-1912, dont 19.400.000 kilos pour lexportation. Le Japon produit et exporte surtout du thé vert, dont les feuilles se présentent sous forme d’aiguilles allongées; mais il fournit aussi du thé noir, du thé en poudre et du thé en briques (thé comprimé). Les thés verts sont principalement exportés aux États-Unis, au Canada et en Chine; les thés noirs à destination des États- Unis et de l'Australie, les thés en poudre aux États-Unis et au Canada, le thé comprimé à destination de la Russie d'Asie. FORMOSE La grande ile japonaise de Formose, située Juste en face et à peu de distance de la province chinoise de Fou-kien, fournit des thés d’une qualité bien spéciale appelés commercialement « Oolong » et « Pouchong ». La culture du théier y est d’origine assez récente et s’est sur- tout développée dans les régions montagneuses du nord de Pile. Les trois quarts de la production sont constitués par des Oolongs présentant un parfum tout à fait spécial et le reste par des thés Pouchong. Les Oolongs sont exportés, en presque totalité, par le port de Kelung, situé dans le nord-est sur le bord du Pacifique et sont surtout expédiés à Londres et en Amérique du Nord. Le thé Pouchong, qui n’est qu'une sorte d’Oolong artificiel- lement parfumé avec des fleurs de gardenia ou de Jasmin, est exporté par Tamsui et dirigé vers la Péninsule malaise, Saïgon, le Siam et les Indes Néerlandaises, pour la consommation des Chinois résidant dans ces régions. D’après le Daily Consular and Trade Reports de Washington, 2 Tonnes (1) LRO NEL SE LS RAR PDO URI Es ire 13.800 Thé:en poudres Hisstitreiseodfiene Mes 1.660 T6 NON, Fr ms craie et 350 LA PRODUGTION DU THÉ DANS LE MONDE ENTIER 95 les plantations de Formose contenaient, à la fin de 1911, 83.452 acres (33.380 hectares). On estime que la production annuelle qui s'élevait, en 1867, à 12.684 kilos atteignait 5.110.746 kilos en 1880, 6.730.000 kilos en 1890, 7.248.000 kilos en 1900 et 9.739.840 kilos en 1911. LA CULTURE DU THÉ EN DEHORS DE L'ASIE ET DES RÉGIONS VOISINES En dehors des contrées qui viennent d’être passées en revue, la culture du thé n’a été tentée, jusqu’à ce Jour, avec un certain succès, qu'au Natal et au Caucase, où les premiers essais furent entrepris 1l y a environ vingt-cinq ans. La production caucasienne, n’atteignant même pas 100 tonnes par an, ne peut exercer aucune influence sur le marché. Au Natal, dont les premières exportations remontent à 1886, les récoltes ont atteint 945.000 kilos en 1911. Les quelques essais tentés en dehors de ces régions (Amérique du Nord et Amérique du Sud, etc.) paraissent ne présenter qu’un intérêt purement expérimental. COLONIES FRANÇAISES Sauf en Indochine, la culture du thé est fort peu répandue et même à peine connue dans la plupart des colonies françaises, soit à cause du manque de main-d'œuvre, soit à cause d’un climat trop sec. Cette plante est à peu près inconnue dans nos possessions de l'Ouest Africain (Afrique Équatoriale française, Afrique Occiden- tale française) et ne donne lieu à aucune culture dans nos établisse- ments des Antilles, de l'Amérique du Sud et de l'Océan Pacifique. En ce qui concerne nos possessions de l'Afrique Orientale, bien qu'elle ait été introduite à Madagascar par l’ancien gouverne- ment hova, elle n’a pas donné lieu, jusqu’à présent, dans cette colonie, à de véritables essais de grande culture. On doit rap- peler néanmoins qu’on a pu préparer, à la station d’essais de Plvoloina, en 1902- et 1903, quelques échantillons rappelant, sur tous les rapports, le goût et l'aspect du thé de Ceylan. 96 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il reste à signaler enfin, pour nos colonies de l'Océan Indien, les très intéressantes tentatives faites à la Réunion par le Crédit Foncier Colonial, à la suite d’un voyage d’études à Ceylan de M. Boutilly, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, qui a d’ail- leurs publié une brochure très documentée sur le théier. Le thé obtenu à la Réunion, suivant les méthodes en usage dans les colonies anglaises, est de qualité satisfaisante. Cette culture pourrait peut-être y donner d’assez bons résultats si la main- d'œuvre y était plus abondante. En réalité, l'Indochine est la seule colonie française où le théier est exploité d’une manière courante. Il est d’ailleurs si- gnalé comme existant à l’état sauvage au Tonkin. La culture du thé est connue des Indochinois depuis fort longtemps, et semble susceptible d'y prendre une assez grande extension; mais il n’y a guère plus d’une vingtaine d'années que les colons s’en occupent d’une manière suivie. En 1896, on ne signalait pour l’Indochine qu’un envoi d’en- viron 4.500 kilos de thé; en 1914, cette exportation s’est élevée au-dessus de 559 tonnes atteignant ainsi près de la moitié de la consommation française annuelle (1.348 tonnes en 1911). Cette culture est surtout pratiquée au Tonkin (provinces de Phu-tho, de Bac-giang, etc.) et en Annam (régions de Quang- nam, de Binh-dinh, etc.). Les méthodes de préparation actuellement en usage en Indo- chine ne sont pas assez perfectionnées et ne permettent malheu- reusement pas encore, malgré les progrès réalisés dans le courant des dernières années, d'obtenir un produit capable d'être com- paré, comme qualité, aux thés provenant de Chine, des Indes anglaises et de Ceylan; mais rien ne permet de croire que l’on n’arriverait pas promptement à un résultat convenable si l’on avait recours à une préparation soignée comme dans les colonies anglaises ou néerlandaises. On prépare aussi en Indochine, avec le bouton floral du théier, un nouveau produit intéressant, appelé « Fleur de Thé » encore peu connu, analogue au thé en feuilles et dont l'exporta- tion prendra peut-être un jour un développement important. LA TENEUR EN AZOTE DES BETTERAVES A SUCRE ET DES MÉLASSES PENDANT LES DERNIÈRES ANNÉES Par Émile SAILLARD PROFESSEUR A L'ÉCOLE NATIONALE DES INDUSTRIES AGRICOLES DIRECTEUR DU LABORATOIRE D'ÉTUDES DU SYNDICAT DES FABRICANTS DE SUCRE DE FRANCE (PARIS) AVANT-PROPOS L’année 1911 a été une année sèche par excellence et a donné une faible récolte; l’année 1912 a manqué de lumière et a donné cependant une récolte abondante. Voici les quantités de pluie annuelles qu’on a enregistrées au cours des années précédentes. Laon Cambrai Arras Vouziers Compiègne Meaux millim. millim. millim. millim. millim. millim. Année 1909. . . 725,7 662,7 754,2 769,2 711,0 676,7 — 1910, . . 900,6 734,6 902,9 864,4 882,4 910,5 100 D CS 7 02) 6975. 5499) 597 4 550 — 1912. . . 525,0 760,1 759,0 704,5 693,0 644,6 L'objet de ce travail est de fixer la teneur moyenne des bet- teraves en azote, sous ces conditions climatologiques différentes. Matières azotées. — Dans la betterave et les produits de fabri- 98 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE cation : Jus, sirop, mélasse, on rencontre surtout comme ma- tières azotées : 19 Des matières albuminoïdes et peptones; 20 Des amides et acides amidés : asparagine, glutamine, acide aspartique, acide glutamique, ete.; 30 Des bases organiques : bétaïne, etc. Les matières albuminoïdes peuvent être précipitées par le sous-acétate de plomb ou par l’épuration industrielle calco-car- bonique; mais les autres matières azotées ne sont pas élimimées par ces deux moyens d'épuration. Il y en a cependant quelques- unes qui se décomposent partiellement par le chauffage (en milieu alcalin), en produisant un dégagement d’ammoniaque. Celles qui ne sont ni précipitées, ni décomposées s'accumulent dans la mélasse et tendent à en augmenter la quantité : leur azote est désigné sous le nom d’azote non éliminable ou mélas- sigène ou nuisible. En nous plaçant au point de vue de la fabrication du sucre, nous dosons donc dans la betterave : l’azote total, l'azote albu- minoïde, l’azote amidé et ammoniacal et l’azote nuisible. L'azote total est dosé par la méthode Iodlbauer-Kjeldahl : on fait agir sur la râpure de betteraves, de l’acide phénylsulfurique et de la poudre de zine, puis on continue suivant la méthode Kjeldahl. L'azote albuminoïde est précipité par l’hydrate d'oxyde de cuivre. L’azote total du jus de digestion aqueuse des betteraves est dosé par la méthode Kjeldahl après précipitation des matières albuminoïdes par l’hydrate d'oxyde de cuivre (soit A le résul- tat). L'azote ammoniacal et amidé est obtenu par distillation en présence de la magnésie, après ébullition (deux hieurès), du jus de digestion aqueuse des betteraves, acidifié par lPacide sulfu- rique (soit Aaa le résultat). La différence (A-Aaa) représente l’azote non éliminable ou l'azote nuisrble. Le résultat Aaa ne représente pas exactement l’azote amidé LA TENEUR EN AZOTE DES BETTERAVES A SUCRE 29 et ammoniacal total; mais cette méthode conventionnelle rend de grands services en pratique. ORGANISATION DES ESSAIS Chaque année, nous avons une quinzaine de champs d’expé- riences qui nous servent à comparer les différentes variétés de betteraves et les différentes fumures appliquées aux betteraves. Ces champs sont répartis sur les divers points de la région bet- teravière française. Les essais sur les variétés portent, chaque année, sur douze à quatorze variétés et sont faits dans une douzaine de champs. A chaque variété, il est réservé une parcelle de 10 ares ou deux parcelles de 5 ares. Les essais sur les engrais sont faits dans sept à neuf champs d'expériences et comportent plusieurs parcelles; à chaque engrais il est réservé deux parcelles de 5 ares ou une de 10 ares. Les récoltes sont pesées au moyen d’une bascule; pour chaque parcelle de 10 ares, il est constitué un échantillon de 60 à 75 bet- teraves qui est envoyé à notre laboratoire à Paris, en caisse fermée, par grande vitesse, pour réduire l’évaporation au mini- mum. Voici les résultats obtenus au cours des essais de ces dernières années. Année 1907 Les analyses ont porté sur sept champs et, pour chaque champ, sur douze parcelles correspondant chacune à une variété de bet- teraves. Je ne donnerai que les résultats moyens : pour chaque variété, ils représentent la moyenne des sept champs. TABLEAU 30 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Azote total Azote Richesse pour 100 albuminoïde Variétés saccharine de ae sucre l GomeD (7 champs) (7 han A Steel ts Téa le 15,82 1595 0,84 Bis: 15,61 1525 0,78 CE ERA LIRE: 16,62 1,28 0,79 Dies ae 45,91 1,932 0,81 15e 16755 4,20 0,76 À Sr yet 3 eee do 15779 4,29 0,81 Getahars 16,02 4,25 0,76 an ir 16,16 1,26 0,78 IPB 1060279 1518 0,74 Jo 16,26 1529 0,76 REUTERS 16,20 1,36 0,80 sr ae 15,61 1,43 0585 Moyennes . 16,10 1,28 0,79 Année 1909 Azote ammoniacal et amidé our 100 P de sucre (champs) 0,13 s'arrete 2e Où 5 © © À NN D © Azote nuisible pour 100 de sucre (7 champs) Co - - - - © O9 O2 C2 CD Co D O1 © NI SI - e2 D NI Qt NI Ji - D'OISE OS © HF #7 © Co C0 0 [Se - Les analyses ont porté sur six champs comportant chacun cinq parcelles ayant reçu les mêmes principes fertilisants sous des formes différentes. Les résultats qui suivent représentent la moyenne des six champs. icl Azote total Azote_ Richesse pour 100 albuminoïde Parcelles saccharine de Res 00 ah: sucre s Gehamp®) Géhampo (Eu : FA 15,96 1539 0,75 214 45,81 4,35 0,76 3. « 15,97 4,37 0,78 k. . 15,69 1,36 0,77 9. 15,91 1,34 0,76 MoYEnNNES . 15,87 1,35 0,76 Année 1910 Azote ammoniacal et amidé pour 100 de re suc (6 champs) 0,09 0,11 0,12 0,13 0,11 0,11 Azote nuisible pour 100 de sucre (6champs) Les analyses ont porté sur cinq champs comportant chacun six parcelles ayant reçu les mêmes principes fertilisants sous des formes différentes. Les résultats qui suivent représentent la moyenne des cinq champs. LA Parcelles mor we MoYENNES . Richesse saccharine (champs) 15,91 16,16 16,04 16,06 16,18 16,28 16,10 TENEUR EN AZOTE DES BETTERAVES A SUCRE Azote total Azote LME LL pres 100 albuminoiïde et amidé e pour 100 pour 100 sucre de de sucre (5 champs) sucre (5champs) 1,30 0,80 0,09 1,34 0,85 0,09 1,32 0,82 0,11 1195 0,85 0,12 1,34 0,84 0,10 1,36 0,84 0,16 1,33 0,83 0,11 Année 1911 ol Azote nuisible pour 100 de sucre (5 champs) 0,41 0,40 0,39 0,38 0,40 0,36 a ————— 0,39 Les essais ont porté sur sept champs de sept parcelles ayant reçu respectivement les mêmes fumures que pour l’année 1910. Parcelles . A CT 0 le MoOYENNES . Richesse saccharine (6champs) 16,11 16,05 15,99 16,10 16,43 16,50 16,40 16,22 Azote total Azote albu- Azote PORPEPO minoide ammoniacal de pour 100 8% ST de et amidé (7 champs) e Camps) (3 champs) 1,88 0,98 0,23 1,91 0,9% 0,25 1,81 0,90 0,22 1,84 0,93 0,23 Aa 0,95 0221 1,87 0,9% 0,23 1,83 0,93 0,23 1,85 0,9% 0,23 Année 1912 Azote nuisible sucre (7 champs) 0,67 0,72 0,69 0,68 0,65 0,70 0,67 0,68 Les essais ont porté sur neuf champs de sept parcelles. Parcelles D SAN 2e 0 OPA MOYENNES . Richesse saccharine (g champs) 17,27 17,41 17,36 17,22 17,38 17,77 17,05 17,35 Azote total pour 100 de sucre (gchamps) ” 1 © © “ a - » LR À LR LL À © À ND © © © ND Lo] » d oo ” _— D I F. Azote albuminoïde eur Die Fo pour 100 sucre x dE (9 champs) (9 Chen 0,75 0,11 0,74 0,10 0:77 OS 0,81 0,11 0575 0,10 0,73 0,09 0,79 0,13 0,76 0,11 Azote nuisible pour 100 de sucre (gchamps) 0,42 0,3 0,4 0,40 0,4 0,3 0,4 0,40 82 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE En rassemblant les moyennes on peut dresser le tableau sui- vant : Azote Azote am- À 3 : zote Richesse AZote total Albumi- moniacal me pour 100 noïde et amidé ù saccharine Ge sucre POUr 100 pour 100 Pour 100 de sucre desucre de sucre Année 490745" .,1:"0416,10 8 0,79 0,11 0,38 1,2 2 40008, "2 2415507 00,95 0 JON TR Des VOD. PSE A6 AO LA 00 ADS CE D! 'agtat L TPE 06 90 04 66 +000 "00 PREND LT CO Re 0 D I en ConcLusions. — Les betteraves de l’année 1911 (année très sèche) contiennent plus d'azote total, plus d’azote amidé et ammoniacal, plus d'azote nuisible que celles des autres années. Elles contiennent aussi plus d'azote albuminoïde; mais lPaug- mentation relative n’est pas aussi marquée que pour les deux autres groupes de substances azotées. On dit souvent que les variétés de blé sont plus riches en gluten, c’est-à-dire en matières albuminoïdes dans les années sèches que dans les années humides. Cette observation, si elle est exacte, s'applique donc aussi, à la betterave à sucre. Il faut noter que dans les résultats moyens qui précèdent entrent des chiffres souvent très inégaux; mais je tiens surtout à caractériser la teneur en azote des betteraves de chaque année. CONSÉQUENCES DE LA FORTE TENEUR EN AZOTE DES BETTERAVES DE 1911 (AU POINT DE VUE DE LA FABRICATION) 19 Pour doser le sucre dans la betterave nous employons la méthode de digestion aqueuse à chaud, c’est-à-dire que nous faisons digérer à chaud de la râpure, en présence d’eau et de sous-acétate. Ainsi que je l’ai dit plus haut, il y a des matières amidées (asparagine, glutamine, acide aspartique, acide glu- tamique) qui ne sont pas précipitées par le sous-acétate de plomb et qui ont un pouvoir rotatoire. LA TENEUR EN AZOTE DES BETTERAVES À SUCRE 33 D’après PasTEUR (1851), DuBRUNFANT (1851), CLERGET (1852), ANDRLIK (1907), ces matières ont un pouvoir rotatoire lévogyre en solution aqueuse ou en présence des alcalis (potasse, soude, ammoniaque) mais un pouvoir rotatoire dextrogyre en présence des acides. La lecture qu’on fait au polarimètre ne représente pas seule- ment du sucre; elle est influencée par la présence des matières azotées, de sorte que quand on lit 16 au polarimètre, cela ne veut pas forcément dire 16% de sucre. On en a la preuve en déterminant le sucre Clerget des jus de betteraves. Sur vingt-cinq échantillons que nous avons analysés en 1911, la différence entre la polarisation directe et le sucre Clerget s’est élevée à 0,10, 0,20, 0,30 et même 0,38 par 100 kilos de betteraves à 16% de sucre. Cette différence n’est pas due à de la raffinose, attendu que pendant les différentes phases de la fabrication, épuration, éva- poration, cuite, elle diminue peu à peu. Dans le sirop évaporé et cuit, elle ne s'élevait plus qu’à 0,05- 0,07 par 100 kilos de betteraves. Ces quelques expériences montrent que la méthode d'analyse par digestion aqueuse n’est pas une méthode scientifique et que, pendant la fabrication, on peut perdre jusqu’à 0,30 de polarisa- tion pour cent de betteraves sans que ces pertes soient réelle- ment des pertes de sucre (Il s’agit de betteraves saines, décol- letées, fraichement arrachées). 20 [1 y a une autre conséquence qui ressort des résultats pré- cités : les matières azotées non précipitables par l’épuration industrielle grossissent la proportion d’impuretés contenues dans les produits sucrés d’usine et augmentent la proportion de mélasse par 100 kilos de betteraves. C’est ce qui ressort des statistiques publiées par le ministère des Finances et qui accusent les rendements suivants : E RSR EST Année 1910 Année 1911 Sucre extrait par hectolitre de jus épuré et par degré de densité. : . . . . . . FLE 1,81 4,72 Mélasse obtenue par-hectolitre de jus ... . 0,55 0,71 ANN. SCIENCE AGRON. — 4€ SÉRIE — 1913 — II 3 94 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Pour terminer cette question, J'ajouterai que la sécheresse n’est pas la seule cause qui puisse augmenter la proportion d’azote nuisible dans les betteraves : les fumures azotées abon- dantes à lente nitrification produisent aussi le même effet. Tout cela revient à dire que les betteraves de même richesse, de même densité, n’ont pas forcément la même valeur au point de vue de la fabrication du sucre. Quand on fait des essais pour comparer les fumures à betteraves, il faut donc aussi voir l’in- fluence que peut avoir la fumure sur la qualité de la betterave et en particulier sur la teneur en azote nuisible. LES MÉLASSES DE 1910 ET 1911 C’est en 1901-1902 que j'ai fait la première brochure pour préconiser l’emploi de la mélasse dans lalimentation du bétail et indiquer le mode de préparation de quelques fourrages mé- lassés. Jusqu'à cette date, toutes les mélasses allaient en distil- lerie. À l'heure actuelle, il y a plus de 50.000.000 de kilos de mélasses qui vont à l’alimentation du bétail. Les mélasses ne tirent pas seulement leur pouvoir alimentaire du sucre qu’elles contiennent; elles le tirent aussi de leurs ma- tières azotées organiques. Il est donc utile de comparer à cet égard les mélasses de 1911 à celles des années précédentes. C’est une étude que nous avons faite. Elle a porté sur des mélasses provenant d'environ quatre-vingts fabriques, répar- ties sur les divers points de la région betteravière française. Nous avons employé pour les mélasses les mêmes méthodes d'analyse que pour les betteraves. Voici les résultats obtenus : Année 1910 Année 1911 Azote total pour cent de matière sèche. . . 2.75 2,02 Azote de nature albumineuse pour cent de ma- tiére Séche" LA IEROLERE EC RNNNeN 0,17 0,34 Azote amidé et ammoniacal pour cent de ma- LOTE SEC OO RE ar es à PAM Net 0,04 0,09 Azote nuisible pour cent de matière sèche . 1,79 2,19 Azote total pour cent. de matières organi- ques conventionnelles. . . . , . . . . . 9,10 10,29 PE LA TENEUR EN AZOTE DES BETTERAVES A SUCRE 39 Donc les mélasses de 1911, à égalité de teneur en sucre, devaient avoir une valeur alimentaire plus grande que celles des années ordinaires, et ce, à cause des matières azotées qu’elles conte- naient en plus grande abondance. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE Bacillus Chlororaphis G. Er S. PAR A. PHILIPPE LASSEUR DOCTEUR ËS SCIENCES NATURELLES (Suite) (1) INFLUENCE DES ACIDES Nous savons que les cultures s’alcalinisent à mesure que la végétation se poursuit, et qu'une certaine alcalinité s’oppose au développement microbien. Nous allons maintenant recher- cher les doses d’acidité compatibles avec la vie de la cellule et les manifestations de la fonction chromogène. Le tableau ci- dessous montre l'influence de doses croissantes d’acide sulfu- rique additionnées au milieu synthétique type. RÉACTION MODIFICATIONS à l'apparition des cristaux DÉVELOPPEMENT | FLUORESCENCE CRISTAUX mor- exprimée phologiques à 100cm3 de bouillon en H°S0: DÉSIGNATION DES CULTURES H° SO' ADDITIONNÉ grammes grammes 0,02/45| Alcalinité : 0,0245 abondant éphémère abondants } Billes courts 0,0/90 — 0,0098|assez abondant | éphémère abondanis | mobiles. 0,0735| Acidité : 0,0098 faible 0 peu nombreux} Raccourcissement 0,0980 très faible des cellules à me- 5 1 sure que l'acidilé 0,1225 louchissement croit dans le bouil- 0,1470 louche faible lon. 0,1960 nul (1) Voir Annales de la Science Agronomique, 1911, 22 semestre, n° 4, p. 374; n°0 5, p. 447, 1913, 1% semestre, n° 5, p. 366; n°6, p. 471. ET PP TT TT CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 937 Dans le tableau ci-dessus, je n’ai cité que quelques-unes des doses d’acide essayées; j’ai négligé tous les chiffres intermédiaires qui correspondaient à des actions que l’on peut ramener à celles du chiffre le plus voisin. Il ressort de l’examen de ce tableau que des doses faibles d’acide minéral retardent l’apparition des cristaux, mais sans en supprimer la formation. Les doses plus élevées empêchent la production de la chloro- raphine et peuvent arrêter le développement bactérien. Lorsque l’acidité est compatible avec la végétation, elle détermine un raccourcissement de la cellule. L'action de l’acide phosphorique est comparable à celle de l’acide sulfurique. Enfin l’acide succinique aux doses faibles ne paraît pas influen- cer la production des cristaux. Causes déterminant l’apparition d’une forme définie dans un milieu donné. — Nous avons observé d’assez nombreuses varia- tions morphologiques sous l'influence de divers agents chimi- ques, bases, acides, etc., dans les cultures de B. chlororaphis. Mais aucune n’est fixée. Une culture anormale quelconque, réensemencée dans des conditions favorables, acquiert bientôt les propriétés caractéristiques des cultures normales. Ces varia- tions de caractères paraissent donc avoir la valeur de ce que l’on appelle aujourd’hui fluctuation. Peut-on espérer déduire de l’étude que nous venons de faire les causes déterminant l'apparition d’une forme définie dans un milieu donné? A ce sujet, nous avons deux faits d'ordre général; les bases produisent un allongement de la cellule et les acides déterminent un raccourcissement. Mais l’action des bases, et de l’ammoniaque en particulier, n’est pas toujou's facile à mettre en évidence lorsqu'il s’agit de milieux contenant de l’acide aspartique. On sait que cet acide aminé, lorsqu'il n’est pas accompagné de NH,, permet l'obtention de cristaux. Or, en présence de NH,, la production des formes cristallines 38 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE est supprimée et les cellules s’allongent considérablement quoi- que l’ammoniaque soit en faible quantité. Deux hypothèses peuvent être émises pour l'interprétation de ce phénomène : 10 l’acide aspartique joue le rôle de produit microbien en présence d’ammoniaque, et son action propre s’ajoute à celle de la base, l’acide aminé redevient alimentaire en l’absence d’alcali; 29 l’ac- tion de l’ammoniaque est augmentée du fait qu’elle agit en présence d’un aliment moins assimilable que l’asparagine. Quelle que soit la valeur de ces hypothèses, 1l reste acquis que l’acide aspartique, en présence de faibles quantités d’ammonia- que, provoque l'apparition de formes filamenteuses et le brunis- sement des cultures, et que le succinate d’ammoniaque et le propionate de sodium déterminent des formes nouvelles d’évo- lution. INFLUENCE DE LA SEMENCE Parmi les causes qui influent sur la production de la chloro- raphine, nous avons négligé jusqu’à présent un facteur impor- tant : c’est le Bacille lui-même. Sans aller, ainsi que E. DucLaux (1898), jusqu’à considérer l’organisme vivant comme étant (en état de mutation continue», il faut cependant reconnaître qu'il est soumis à toutes les influences du milieu où il vit, milieu qu'il transforme incessamment pendant toute la durée de son exis- tence, et que ces transformations peuvent, inversement, déter- miner des variations de la cellule microbienne et de ses propriétés. Nous sommes ainsi amené à étudier les modifications appor- tées à la production de la chlororaphine du fait de la qualité de la semence. Lorsqu'on ensemence des ballons renfermant le milieu synthé- tique type avec des cultures de deux à trois jours, on obtient de nombreux cristaux. Au contraire, les germes provenant de vieilles cultures ne produisent qu’une très faible quantité de chlororaphine. On peut admettre, pour l'interprétation de ce fait, que, sous l'influence du milieu devenu de plus en plus antiseptique par CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 39 suite de la végétation, la fonction chromogène du Bacille à di- minué. Il faut remarquer, toutefois, que cet affaiblissement ne porte pas sur toutes les cellules de la culture. En effet, si on ensemence avec une culture âgée une série de plaques (gélose asparagine), on obtient, au bout de deux à trois jours, des colonies nombreuses qui, transportées en entier sur bouillon synthétique, donnent des résultats très différents; alors que certains ballons offrent une assez belle production de chloro- raphine, d’autres ne montrent que quelques cristaux verts, et enfin un certain nombre en sont totalement dépourvus. Or, même en admettant que chacune des colonies obtenues sur gélose a pour origine plus d’un germe primitif, il résulte de cette expé- rience que toutes les cellules d’une culture âgée ne sont pas éga- lement aptes à la production de la substance chromogène. On ne peut cependant pas affirmer que toutes les cellules des cultures achromogènes ont perdu la faculté de donner de la chlororaphine. En effet, si on soumet une de ces cultures dépour- vues de cristaux à des séries de passages successifs sur bouillon synthétique et sur plaque de gélose asparagine, il est toujours possible d'isoler des colonies chromogènes; je dirai même que jamais je n’ai observé de cultures qui, soumises à ces séries de passages, n’aient pas donné au moins quelques colonies à cristaux. L'âge de la culture dans laquelle on prélève la semence influe donc sur la production de la chlororaphine. Mais, à côté de ce premier facteur, nous devons en signaler un second que DucLaux (1898) et GrimBerT (1893) ont appelé l’ «éducation de la semence ». Le milieu de culture dans lequel la semence est prélevée a, en effet, une très grande importance. Cultivé en bouillon peptoné, le Bacille donne une faible pro- duction de chlororaphine; reporté en milieu synthétique, cette production, bien qu’étant de beaucoup supérieure, n’en reste pas moins assez peu importante. Au contraire, les pommes de terre, la gélose asparagine permettent l’obtention d’abondants cristaux verts et les semences prélevées dans ces cultures donnent en bouillon synthétique une formation abondante de chlorora- phine. Mais il y a plus; lorsqu'on soumet des cultures à cristaux 40 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE abondants à des passages successifs sur plaques de gélose aspa- ragine et bouillon chimiquement défini, on arrive à obtenir des colonies qui, ensemencées dans des conditions convenables, don- nent une quantité de cristaux de beaucoup supérieure à celle du type moyen. J'ai ainsi isolé une semence produisant environ 35 milligrammes de chlororaphine par litre de bouillon, alors que la majorité des races n’en donnent au maximum que 15 à 20 milligrammes. (A titre d'indication, j’ajouterai que la production des cristaux en milieu peptoné ne dépasse pas quelques milligrammes par litre.) Le type à haute production cristalline ainsi obtenu ne conserve cette faculté que pendant un certain temps. Peu à peu, l’inten- sité de la fonction chromogène diminue et retombe à celle du type moyen. On peut, par des passages convenables, non seule- ment arriver à augmenter le poids de chlororaphine produite, mais encore hâter son apparition dans les milieux. C’est ainsi que des cultures peuvent déjà montrer des cristaux le deuxième ou le troisième jour, alors qu’en général, ceux-ci n’apparaissent que vers les cinquième, sixième jours et plus tard. Un autre exemple de l’influence de l’ «éducation de la semence» nous est fourni par l'observation suivante. Au début de mes recherches, le type de B. chlororaphis que j'étudie attaquait très peu les sucres mis à sa disposition. Je le cultivais alors uni- quement sur bouillon peptoné. À cette époque, le saccharose était sensiblement respecté, aujourd’hui ce sucre fermente activement. Il semble donc que l'éducation de la semence a permis de sélecter des races différentes du type moyen. Cette hypothèse semblerait impliquer que l'échantillon étudié de B. chlororaphis n’est pas homogène. En effet, c’est ce que nous avons eu maintes fois l’occasion de constater. Cette question d’ « éducation de la semence » ne suffit pas d’aul- leurs à elle seule pour expliquer toutes les variations que j'ai eu l’occasion d’observer; le problème, dans son ensemble, est beaucoup plus complexe. Je rappellerai qu’alors que la majorité des cultures ne manifeste plus à 35° C. la faculté de donner des cristaux, il en est qui offrent une belle production de chlorora- CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. A1 « phine à cette température, et même quelques-unes, très rares, qui présentent encore des formes cristallines à 370. D’autre part, alors que quelques germes ensemencés sur milieu synthétique y déterminent l’apparition d’une coloration jaune, d’autres provoquent un léger brunissement de la culture. kr De plus, certaines semences, transportées sur gélatine (en tube), liquéfient le substratum avec formation à la surface de la partie liquéfiée d’une pellicule rosée. Enfin, non seulement les variations s'expriment par des colo- rations différentes du milieu de culture, par une production va- riable de cristaux, mais encore par la propriété de faire fermenter les sucres. De même, nous avons vu que les milieux galactosés n’offrent généralement pas de cristaux. Or, la réduction (par Zn et HCI) de ces cultures y détermine un très léger verdissement, et le sucre est peu attaqué. Cepen- dant, certaines semences peuvent faire fermenter cet hexose et les cultures offrir de rares cristaux, tandis que la réduction du milieu fait apparaître une magnifique teinte verte. En résumé, des semences différentes peuvent donner, dans un même milieu, des cultures présentant des caractères varia- bles. PasTEurR (1876), A. F1rz (1876-1882), PEerprix (1891), GRIMBERT (1893), etc., étaient déjà arrivés à des conclusions analogues. Les variations physiologiques les plus importantes apportées dans les cultures de B. chlororaphis semblent être sous la dépen- dance de l’origine de la semence et de l’âge de la culture dans laquelle elle est prélevée. Enfin, nous avons vu qu’il est possible, par des passages appropriés, d’exalter ou d’atténuer les différentes fonctions d’une semence donnée. MÉCANISME DE FORMATION DES CRISTAUX VERTS Nous avons vu que, dans certaines conditions d'expériences, la précipitation des cristaux est faible ou nulle, mais qu’en revanche, on peut par l’action du Zn et de l’HCI, faire apparaître 42 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE dans les cultures une teinte verte (1). Considérons une culture présentant un ou deux amas cristallins et qui, d’ici vingt-quatre ou quarante-huit heures, donnera une abondante production de cristaux verts. J’ai émis l’hypothèse qu’à ce moment, la chlo- roraphine existe déjà dans le milieu sous la forme d’une substance mère soluble à laquelle j’ai donné le nom de xanthoraphine. Je vais d’abord démontrer que l'apparition de la xanthora- phine précède celle de la chlororaphine. À cet effet, des ballons sont ensemencés et on prélève aseptiquement dans une même culture et à intervalles réguliers des échantillons qui, après fil- tration, sont réduits en liqueur acide. 12 heures d’ensemencement. » Pas de coloration 24 = ee » 22, 36 — — » — 48 _ = » dr. 72 — —— | » Teinte verdâtre fugace 96. — — » Légère teinte verte 108 — » Coloration verte LAON — Quelques rares cristaux Coloration verte, intense 144 — — Cristaux abondants |Coloration verte un peu plus faible Il ressort de cette expérience que la Bactérie produit d’abord une substance soluble susceptible de verdir par réduction et ce n’est que lorsque ce corps est en quantité suflisante dans le milieu que la précipitation des cristaux s'effectue. Cette substance soluble n’est autre que la xanthoraphine. Nous verrons plus loin qu’il est possible d'isoler ce chromogène des cultures sous la forme d’un corps cristallisé soluble donnant, par réduction en milieu acide, une belle teinte verte; de plus, les cultures ainsi privées de xanthoraphine ne verdissent plus sous l’action de Zn et HCI. La xanthoraphine existe dans toutes les cultures pouvant (1) Je rappelle que cette coloration n’a rien de commun avec le chro- mogène fluorescent, et il reste bien entendu que j’étudie exclusivement les chromogènes du groupe de la chlororaphine. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 43 verdir par réduction même dans celles qui semblent n'’offrir aucune teinte jaune; d’ailleurs, filtrées sur bougies Chamber- land, elles donnent toujours un liquide jaune plus ou moins foncé. La filtration met donc en évidence là présence du chromogène qui n’était apparent que dans les cultures colorées et que, seule, la réduction décelait dans les milieux paraissant incolores. Nous venons de démontrer que l’existence de la xanthoraphine dans les cultures précède l’apparition des cristaux verts. Il nous reste à prouver que c’est aux dépens de ce chromogène que ceux-ci s’organisent, ce qui revient à déterminer le mécanisme de préci- pitation des formes cristallines. On sait que la production de certains chromogènes bactériens est sous la dépendance de phénomènes d’oxydation (exemple de la pyocyanine, de la syncyanine), mais le jaunissement des cris- taux verts sous l'influence de l’air et les propriétés nettement réductrices de toutes les cultures de B. chlororaphis dans lesquelles la chlororaphine s’est précipitée plaident peu en faveur d’une intervention oxydante. L'expérience suivante conduit à la même conclusion. Des cultures donnant par Zn et HCI une belle teinte verte sont fil- trées sur bougie et le filtrat obtenu est fractionné. Certaines par- ties sont soumises à des modes d’oxydation variés, d’autres sont réduites par des réducteurs divers. Les premières ne donnent jamais de cristaux et lorsqu'une coloration apparaît, elle varie du rose au rouge vineux. La réduction en milieu acide donne une teinte verte, mais jamais de formes cristallines, ce que l’on comprend aisément si l’on sait que les cristaux verts sont solubles dans les acides; nous avons vu, d’ailleurs, les formes cristallines se précipiter presque toujours en milieu alcalin et bien exceptionnellement en présence d’une acidité extrêmement faible. Il était donc logique d’orienter les recherches vers l'emploi de réducteurs agissant en milieu neutre ou alcalin. Après de nombreux essais, j'ai adopté le mode de réduction suivant : La culture filtrée est additionnée de sulfate d’ammoniaque, de lamelles de Zn et de fer en fil. On la porte à 400 C. pendant 4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE quelques minutes pour amorcer la réaction et on l’abandonne à la température du laboratoire. La réduction est très lente; au bout de vingt-quatre heures, généralement, on observe la forma- tion d’un précipité cristallin très fin en suspension dans le liquide. Vers la quarante-huitième heure, le précipité commence à se déposer au fond du vase sous l’aspect de flocons verdâtres. Après soixante-douze heures, la réaction est terminée. L’examen microscopique montre de magnifiques cristaux verts présentant les mêmes groupements crista'lins que dans les cultures. On peut améliorer sensiblement la méthode en transvasant le liquide dans un autre récipient dès l’apparition du louche cristallin dans le filtrat réduit et en y ajoutant un peu de sulfhydrate d’ammoniaque. On obtient ainsi, après quelques heures, d’admi- rables cristaux verts qui souvent flottent à la surface du liquide et peuvent former un voile d’un vert magnifique. Les cristaux verts sont-ils de la chlororaphine? L’examen microscopique montre les rosaces, les faisceaux, les houppes que l’on trouve dans les cultures. D'autre part, le point de fusion de la chlororaphine n’étant pas assez précis, nous allons transformer nos cristaux verts en cristaux Jaunes insolubles et nous comparerons le point de fusion du corps ainsi obtenu avec celui de l’oxychlo’oraphine. A cet effet, les cristaux verts sont dissous dans l’acétone. Dans cette solution se déposent des cristaux Jaunes fondant à 236-2370 C. De plus, mélangés à l’oxychlororaphine, le mélange fond égale- ment à 236-2370, L’oxychlororaphine fondant à 236,8 (Fc), on peut conclure qu’il y a identité complète entre les cristaux obtenus par réduction chimique de la xanthoraphine et ceux précipités dans les cultures sous l’influence du Bacille. Il est à remarquer que j'opérais sur un liquide filtré et d’une richesse saline considérable qui devait entraver tout développe- ment bactérien; néanmoins, pour éviter toute critique, j'ai répété les expériences en opérant en milieu rigoureusement asep- tique. A cet effet, le liquide filtré était distribué dans des vases stérilisés, le zinc et le fer d’une part, le sulfate d’ammoniaque de l’autre l’étaient aussi séparément. De plus, je me suis assuré CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 45 que, pendant toute la durée de la réaction, aucun développe- ment microbien ne s’était produit dans la liqueur réduite. Même en opérant ainsi, J'ai obtenu des résultats rigoureusement iden- tiques aux premiers. Il résulte de ces essais que la chlororaphine dérive par réduction de la xanthoraphine qui, sous l’action de HCI et Zn, colorait en vert les cultures filtrées. La précipitation des formes cristallines dans les milieux de culture est donc sous la dépendance d'agents réducteurs. Mais si nous connaissons le rôle capital de la réduction dans la formation des cristaux, nous ignorons encore la nature des agents réducteurs; doit-on attribuer ce phénomène à une intervention diastasique ou à l’avidité considérable de la Bactérie pour l’oxygène? D’autre part, si nous avons démontré comment s'effectue le passage de la substance soluble au composé insoluble, nous n’avons fait encore aucune recherche pour essayer de déterminer par quel mécanisme s’édifie la molécule de xan- thoraphine. L’édification est-elle sous la dépendance d’un phénomène réducteur ou d’une oxydation, ou bien encore des deux actions agissant simultanément ou successivement? Autant de questions qui nous conduisent à la recherche des diastases dans les cultures de B. chlororaphis. Lorsqu'on cultive le Bacille en présence de soufre précipité, de sulfoindigotate de soude, de sels ferriques, de chlorhydrate de tétraméthyl-paraphénylène-diamine, on constate que les liqueurs sont réductrices. J’ai essayé de déceler la présence de diastases en opérant directement sur des cultures d’âges varia- bles. A cet effet, J'ai utilisé les réactifs ci-dessous : : ; : K Es PRET |. Solution incolore ; Chlorhydrate de tétraméthyl-paraphénylène-diamine | Solution bleue: Teinture de résine de gaïac; Teinture de résine de gaïac et H,0;; Hydroquinone ; Pyrogallol; Oxydes manganeux et manganique. 46 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Tous les essais ont été effectués comparativement avec des tubes de culture portés préalablement à l’ébullition et avec des milieux non ensemencés. Dans aucun cas, je n’ai mis en évidence de caractères oxydants de la liqueur, je n’ai pu que confirmer le pouvoir réducteur. On peut émettre l'hypothèse que le milieu renferme des agents oxydants et réducteurs, mais que l’action réductrice l'emporte sur l'oxydation. J’ai alors effectué une série d’essais pour tenter de mettre en évidence successivement chacun des agents de ces deux groupes. J’ai, à cet effet, à l’aide des réactifs cités plus haut, recherché les caractères des cultures dans des conditions spéciales : 1° En effectuant le mélange culture-réactif à des températures variant de 17° à 400 C; | 20 En modifiant préalablement la réaction du milieu, la rendant succes- sivement acide, neutre, alcaline à l’hélianthine et à la phénolphtaléine, avant l'introduction des réactifs; 3° En filtrant sur bougie Chamberland et Berkefeld; 4° En utilisant l'influence de la réaction du milieu sur la filtrabilité des diastases (HoLnERER, 1909-1910); 5° En procédant à des précipitations fractionnées par l'alcool; 6° En portant préalablement les cultures à des températures variant de 50° à 1000 C. Les essais { et 2 montrent que lorsque les cultures ont une action sur les réactifs, cette action est toujours de nature réduc- trice. Les filtrats provenant de bougies Chamberland ou Berkefeld ne présentent ni caractères réducteurs ni caractères oxydants. Abandonnés aseptiquement soit à la température du laboratoire, soit à celle de l’étuve, ils ne donnent jamais de cristaux. La modi- fication préalable de la réaction de la liqueur à filtrer n’mfluence nullement la nature du filtrat qui présente les mêmes caractères négatifs que ci-dessus. La précipitation par l’alcool donne des ré- sultats du même ordre. Enfin, les cultures chauffées sont réduc- trices tant que la Bactérie n’est pas affaiblie ou tuée; au-dessus de la température mortelle, le caractère réducteur cesse de se manifester. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 47 De ces essais, 1l résulte que le pouvoir réducteur de la culture disparaît lorsqu'on la prive de cellules microbiennes vivantes. Il n’a pas été possible de constater l’existence de diastases oxy- dantes ou réductrices, ce qui, d’ailleurs, n’infirme pas leur existence. Néanmoins, le pouvoir réducteur pourrait s’expliquer par l’avidité considérable de la Bactérie pour l’oxygène. La précipitation de la chlororaphine est donc sous la dépen- dance d’un phénomène de réduction. En étudiant l'influence de l’oxygène sur la production de la chlororaphine, nous sommes arrivé à des conclusions analogues. XANTHORAPHINE Nous avons démontré que les cristaux verts dérivent par réduction d’une substance soluble dans l’eau que nous avons désignée sous le nom de xanthoraphine, c’est cette substance que nous allons étudier. Mais, auparavant, afin d'éviter toute confusion entre les composés cristallins, je rappellerai le schéma indiquant comment dérivent l’un de l’autre les corps colorés. Xanthoraphine _/édution __ Chlororaphine 22744100 Gxychlororaphine Substance jaune Substance verte Substance jaune cristallisable cristalline cristalline soluble insoluble extrêmement dans l’eau. dans l’eau. peu soluble dans l’eau. Extraction. — L’oxychlororaphine présentant, comme nous le verrons plus loin, toutes les propriétés des alcaloïdes, 1l est logique de rechercher si la culture renfermant la xanthoraphine précipite par les réactifs des bases alcaloïdiques. L’expérience vérifie cette hypothèse et les cultures ainsi traitées donnent par filtration un liquide qui n’offre plus de teinte verte par réduction. La xanthoraphine a donc été complètement précipitée et l’extraction de cette substance est basée sur cette propriété. J’ai opéré comparativement avec des cultures filtrées sur papier et d’autres filtrées sur bougie Chamberland. Ces derniers filtrats offrent l’avantage de donner ultérieurement des liqueurs d’une 48 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE filtration beaucoup plus rapide du fait de l'élimination des corps microbiens. Le tanin et l’oxyde de plomb permettent d’obtenir la xanthoraphine à l’état cristallin. A cet effet, la culture filtrée est additionnée d’un excès d’une solution aqueuse de tanin. Après agitation, on abandonne quelque temps la liqueur au repos, puis, on centrifuge et on décante le liquide clair surna- geant. Le précipité est remis en suspension dans l’eau et on centrifuge à nouveau. Ces opérations doivent être répétées plusieurs fois lorsqu'il s’agit de cultures filtrées sur papier afin d'éliminer le plus possible les corps microbiens. Enfin, le précipité est essoré rapidement, remis en suspension dans l’eau et traité par l’oxyde de plomb. On porte le mélange quelques instants au B. M. à 400-509, puis, on abandonne à la température du laboratoire. Au bout de vingt-quatre heures, on décante le liquide surnageant, le résidu est épuisé par l’eau une ou deux fois. On réunit entre eux les liquides provenant de ces épuisements et, après filtration, on évapore à basse température et sous pression réduite à quelques centimètres cubes. La xanthoraphine cristallise par refroidissement. On la purifie par une deuxième cristallisation. Il n’est pas possible de pousser la purification aussi loin qu’on le voudrait à cause de l'instabilité de ce corps dont l'obtention très délicate exige de grandes précautions. L’acidesilicotungstique et l’ammoniaque [G. BerrrAND (1899) ]. l’acide phosphomolybdique et la baryte donnent de mauvais résultats; néanmoins, les rendements sont un peu améliorés par la substitution de l’oxyde de plomb à la baryte. Propriétés. — La xanthoraphine récemment extraite se présente sous la forme d’une poudre jaune brun; elle cristallise en prismes ou en aiguilles. Chauffée, elle émet des vapeurs âcres qui, condensées, donnent des cristaux jaunes; puis, elle fond sans présenter de point de fusion net et se décompose. Elle est très soluble dans l’eau qu’elle colore en jaune plus ou moins foncé suivant la concentration de la liqueur. Elle est très peu soluble dans l’acétone et presque entièrement CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 49 insoluble dans l’alcool éthylique; l'alcool amylique, par contre, et le 'chloroforme en dissolvent d’assez grandes quantités, beau- coup moins que l’eau cependant. La xanthoraphine se dissout dans les acides. Sa solution aqueuse, réduite par Zn et HCI offre une coloration verte, tandis que la réduction en milieu neutre par le zine, le fer et le sulfate d’ammoniaque permet l'obtention de cristaux verts. Ces cristaux dissous dans l’acétone donnent, par cristallisation, l’oxychlororaphine. La xanthoraphine est une substance très instable et qui subit des modifications profondes lorsqu'elle est conservée à l'air à la température du laboratoire. Abandonnée plusieurs jours à 400, elle passe du jaune brun au jaune pâle. Sous cette forme, elle ne se dissout plus entièrement dans l’eau et, même à l’ébullition, il reste des aiguilles jaune serin qui refusent de se dissoudre. D'ailleurs, la réduction de la substance modifiée ne donne plus qu’une teinte verdâtre faible. A la température de 1009, la décomposition est beaucoup plus rapide et elle est encore accentuée par la présence de bases. En résumé, la xanthoraphine est une substance jaune cristal- lisable sans point de fusion net. Elle est très soluble dans l’eau et les acides. Réduite en milieu acide, elle donne une coloration verte, tandis que la réduction en milieu neutre précipite des cristaux verts qui par oxydation se transforment en oxychlo- roraphine. La xanthoraphine précipite par les réactifs des alca- loïdes. Elle se décompose avec une grande rapidité au contact de l'air. BRUNISSEMENT, DES CULTURES DE BACILLUS CHLORORAPHIS Après avoir étudié le mécanisme de formation des cristaux verts, il nous reste à rechercher les causes du brunissement de certaines cultures. En milieu synthétique type, on note parfois une légère fluo- rescence qui, bientôt, est remplacée par une teinte jaune brun ou brune. Le brunissement est beaucoup plus net en présence ANN. SCIENCE AGRON. — 4° SÉRIE — 1913 — II 4 50 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE d’acide aspartique et d’ammoniaque; les cultures sur milieux renfermant ces corps offrent généralement au début une belle fluorescence à laquelle succède bientôt une teinte rose ou jaune brun, puis brune. Pour tenter l’explication de ce phénomène, il est bon de rap- peler d’abord les travaux effectués dans cet ordre d'idées par GEssarD (1901-1902). Cet auteur a montré que certains germes pyocyaniques produisent un pigment rouge et noir à condition de se trouver en présence de tyrosine. Il a assimilé ce pigment au chromogène de même couleur que donne la tyrosine sous l'influence de sa diastase oxydante : la tyrosinase. J’ai donc recherché si la coloration brune de certaines cultures de B. chloro- raphis était due à un phénomène analogue. A cet effet, j'ai ap- proprié la technique de l’auteur aux exigences de B. chlorora- phis. Des milieux synthétiques types, différant entre eux par la proportion des éléments constituants et des milieux divers, sont additionnés de tyrosine à doses variables. La présence de ce composé phénolique dans ces différents bouillons n’a jamais influencé la production de la teinte brune. D'autre part, des cultures fluorescentes ou jaunes ont été additionnées de solution stérile de tyrosine sans que cette substance ait jamais provoqué le brunissement des cultures. Enfin, je rappellerai que les cultures de B. chlororaphis sur pomme de terre, dahlia, lait, ne présentent jamais un brunisse- ment ou un noircissement capable d'évoquer la présence dant ces cultures d’un agent oxydant de la tyrosine. GEssARD fait aussi remarquer que la production du pigment rouge ou noir dépend non seulement de la présence de la tyro- sine, mais encore du rapport dans lequel se trouvent les éléments constituants du milieu et de l« aptitude fonctionnelle du microbe ». J’admettrais done que je n’ai su réaliser les conditions favo- rables à la production du pigment s1 d’autres faits ne me per- mettaient de donner une explication plus satisfaisante du bru- nissement. Nous avons vu, lors de l’étude de la fonction fluorescigène, que l'addition de fer aux milieux favorables à la production PP ET CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. D de la fluorescence masque cette dernière et fait apparaître une teinte jaune du milieu. Nous savons aussi que les milieux synthétiques types dépourvus de fer donnent des cultures fluorescentes, mais ne brunissant jamais. Il semble donc que la coloration brune ne puisse se manifester que dans les milieux renfermant du fer. La fluorescence qui se manifeste au début dans les milieux synthétiques types qui doivent brunir plus tard persiste quelques jours; or, nous savons qu'à mesure que la végétation se poursuit, du fer se redissout dans le milieu. Ce n’est donc que lorsque la culture renferme une quantité suffisante de fer dissous que la fluorescence disparaît. D'ailleurs, l'examen des cultures en milieu aspartique conduit aux mêmes conclusions; alors que la partie supérieure est encore fluores- cente, la partie inférieure, plus riche en fer, est déjà brune ou jaune brun, la partie moyenne présentant une coloration inter- médiaire entre la fluorescence verte et la teinte brune. On peut vérifier aisément que l’addition de fer à des cultures fluorescentes vertes détermine instantanément une coloration rose, rougeâtre, jaune brun ou brune suivant l'intensité de la fluorescence et la quantité de fer ajouté. Cette coloration peut même apparaître avec des quantités extrêmement faibles de fer. Ainsi, des cultures très fluorescentes additionnées à des solutions de sulfate de fer donnent encore une coloration avec des doses de 1/200.000 de Fe. | De plus, nous avons vu que si on précipite à l’aide de NH, ou de sulfhydrate d’ammoniaque le fer existant dans les liqueurs brunies, la fluorescence réapparaît. Enfin, si par des opérations appropriées, on isole à un état de pureté relative le pigment fluorescent, l'addition de fer à la solution de ce chromogène en détermine le brunissement. Tous ces faits tendent à montrer que la coloration brune de certaines cultures de B. chlororaphis ne semble pas être sous la dépendance d’un phénomène analogue à celui signalé par GEs- SARD, mais paraît due à une combinaison du fer et du chromo- gène fluorescent. 02 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE CHLORORAPHINE ET OXYCHLORORAPHINE Formes cristallines dans les eultures. — La propriété caracté- ristique de PB. chlororaphis est de donner, dans les milieux de culture, des cristaux vert émeraude à côté desquels on peut en observer parfois d’autres vert bleu, plus rarement vert foncé presque noir; mais ces formes ne se rencontrent, en général, que dans les cultures jeunes seulement. À mesure que le pouvoir réducteur du milieu diminue avec l’âge, les cristaux verts jaunis- sent, si bien que l’examen microscopique montre, à côté de cris- taux verts, des formes cristallines jaunes et souvent des faisceaux d’aiguilles vertes à une extrémité et jaunes à l’autre. Dans quel- ques cas, les cristaux restent verts plusieurs mois lorsqu'ils sont soustraits à l’action oxydante de l’air. La coloration dépend, en eflet, des circonstances qui favorisent l’oxydation ou la réduction; ainsi, une culture de six Jours à magnifiques cristaux verts est mise à l’étuve à 450; en quarante-huit heures tous les cristaux sont devenus Jaunes, c’est que, dans ce cas, la température a agi : 1° en arrêtant la végétation et en diminuant, de ce fait, le pouvoir réducteur; 2° en favorisant l’oxydation qui, ainsi que nous l’avons signalé, transforme la chlororaphine en oxychloro- raphine jaune. Certaines cultures en bouillon, dans lesquelles la production des cristaux est en dégénérescence, présentent, à la surface du voile, des arborisations cristallines jaunes. On en observe parfois d’analogues à la surface de certaines plaques de gélose. En dissolvant dans l’acétone ces formes arborescentes constituées, le plus souvent, par des prismes ou de courtes aiguilles jaune pâle, on obtient, par cristallisation, des cristaux de forme et de coloration semblables à ceux de l’oxychlorora- phine. Ils fondent à 2360-2370 et leur solution devient verte sous l’action de Zn et HCI; il ne s’agit done pas d’une substance nouvelle, mais simplement d’un mode de cristallisation différent de l’oxychlororaphine. Lieux d'apparition de la chlororaphine. — Peu de temps après l'isolement, vers 1907, lorsqu'ils se produisaient en milieux mA à dé -dnile CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 53 liquides, les cristaux verts se formaient presque exclusivement à la surface de la culture, en plein voile, et étaient soutenus par lui; ils tombaient au fond du vase lorsqu'ils avaient atteint un développement suffisant. Actuellement, ils apparaissent indiffé- remment contre les parois du vase ou en plein voile. Lorsque le degré de cohérence du voile lui permet de soutenir longtemps les cristaux, les petits points verts de la culture finissent parfois par devenir des rosaces ou des faisceaux franchement cristallins à l’œil nu. Ces formes s’observent plus fréquemment lorsque les cristaux se déposent dès le début contre les parois du vase. Examen microscopique des cristaux. — Les cristaux ont la forme d’aiguilles longues et flexueuses, plus rarement nettement prismatiques, souvent réunies en faisceaux ou disposées en ro- saces; elles peuvent aussi former des mâcles, des houppes (fig. 3). Fig. 3.— Culture sur bouillon synthétique type. Photographie d’un fragment du voile, x 400 environ. C, C;, C>, C3: cristaux de chlororaphine montrant des groupements cristallins variables (C,, faisceau ; C:, houppe; C3, rosace) ; — m, cristaux minéraux ; b, corps bactériens du voile. 04 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Ces modes de cristallisation avaient conduit GuiGNaARD et SAu- VAGEAU à rapprocher la chlororaphine de la tyrosine. Extraction de la chlororaphine. — C’est aux milieux liquides que l’on s’adressera pour l'isolement de la substance verte et de préférence aux milieux synthétiques. Les bouillons peptonés ne permettent, en effet, qu’une faible production de chlorora- phine; ils deviennent, en outre, très visqueux en vieillissant, ce qui rend les filtrations extrêmement lentes et pénibles. La culture dont on veut extraire les formes cristallines est essorée; puis, le précipité est remis en suspension dans l’eau; on centrifuge et on décante la partie liquide, toujours très opales- cente par suite de la présence des corps bactériens. Le précipité est remis à nouveau en suspension dans l’eau et on profite de la légèreté de la chlororaphine pour la séparer, par décantation, des cristaux minéraux qui se forment toujours dans les cultures. On répète les centrifugations et décantations Jusqu'à ce que les eaux de lavage n’entraînent plus de cellules bactériennes. Enfin, le précipité est essoré une dernière fois. La chlororaphine ainsi obtenue est toujours impure, elle ne saurait être utilisée pour des réactions précises et il est nécessaire de purifier les cristaux ainsi isolés. L’extrême facilité avec laquelle la chlororaphine s’oxyde, surtout à l’état de solution ou à la température de sa fusion, impose l'obligation d’effectuer sa purification en l’absence d’oxygène. Cette opération peut être faite par deux modes différents : la cristallisation et la subli- mation. Purification par cristallisation. — La cristallisation est effec- tuée à l’aide de l’appareil schématisé page 55. Le ballon À, refroidi à 09, sert de réservoir à l’acétone. En B le solvant est porté à l’ébullition. Un long tube S plonge dans le mercure, il sert de soupape de sûreté et de tube barométrique. La substance verte est introduite par la tubulure 7 dans le ballon €, où s’effec- tue l’épuisement de la chlororaphine. La solution est filtrée en D sur coton préalablement épuisé à l’acétone. En Æ les liqueurs “sta e soouid ‘’oge ‘€q ‘a ‘4 “ana ‘H ‘1910889 e 9q01 ‘A *onoqom0e2 ep aq} ‘2 “a1U8I 21800 9P aUU0[09 & 2m ‘( *alI9A 9p 90 ‘1 *SIPL01J91 n0 89/89 01,9 QJU0I0A E& queanod suoyyeq ‘9 ‘4 ‘D ‘ ‘Y “auqde10107qo ej 9p uoneoyrmd ej mod prozeddy — ‘# “Brx 7 o d (4 ue — 7 (( 9 NA 06 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE d’épuisement après réunion sont concentrées, par évaporation dans le vide V,, jusqu’à saturation. Puis le contenu du ballon E est refroidi vers — 5° ou — 100 C. et agité jusqu’à précipitation com- plète des formes cristallines. Enfin, les cristaux sont essorés en F et les eaux mères recueillies en G. En compliquant un peu l’appa- reil, on peut utiliser ces eaux mères en les ramenant dans le ballon C. On isole F et les cristaux sont desséchés dans le vide V;. Le maniement de l’appareil est trop simple pour que j’entre dans de longs détails opératoires. Je ferai seulement remarquer que la pince P, étant fermée, on fait le vide simultanément ou successivement en V, et V,, de telle façon que l’acétone n’ar- rive au contact de la substance que lorsque tout l’air est expulsé de l’appareil et remplacé par une atmosphère d'hydrogène ou d'azote. Nous avons vu dans les cultures, à côté de cristaux verts, des formes cristallines jaunes et d’autres mi-partie verte, mi-partie jaune. La cristallisation étant effectuée à l’abri de l'air nous donne donc une substance verte à l’œ1l nu, mais dans laquelle le microscope montre sensiblement les mêmes nuances que dans la substance primitive isolée des cultures. Aussi, pour obtenir exclusivement des cristaux verts, j'ai dû utiliser deux procédés très délicats. L'un est basé sur la propriété qu’a la chlororaphine d’être plus soluble dans l’acétone que l’oxych'ororaphine, et de se précipiter la dernière lors de la cristallisation d’un mélange de ces deux substances. On peut, par des cristallisations fraction- nées, arriver à éliminer de plus en plus les cristaux jaunes du mélange initial, mais cette méthode, longue et pénible, donne de mauvais rendements. Le second procédé est préférable; il consiste à traiter rapide- ment par le chloroforme la substance isolée des cultures. L’oxy- chlororaphine est dissoute tandis que la chlororaphine est sensi- blement respectée; il est, toutefois, nécessaire d’opérer à l’abri de l’air. Après avoir été rapidement essorée, la substance qui a résisté à l’action du chloroforme est introduite dans le ballon C et on continue l’opération comme à l’ordinaire. Quels que soient le procédé utilisé et les précautions prises, on n’est jamais abso- CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. D7 lument certain d'obtenir des cristaux verts rigoureusement exempts d’oxychlororaphine. Purification par sublimation. — Ce procédé, que j’ai peu utilisé, ne donne pas de meilleurs résultats que le premier et, s’il est réalisé, avec un appareil plus simple, il n’en exige pas moins de grandes précautions, afin d'éviter toute décomposition de la chlorora- phine. La sublimation est exécutée dans une atmosphère d’azote ou d'hydrogène et en l’absence rigoureuse d'oxygène, car, à cette température élevée, l’oxydation de la chlororaphine est instan- tanée. Avec les cristaux tels qu’ils ont été retirés des cultures, le pro- duit de sublimation est un mélange de substances verte et jaune. Il est par conséquent nécessaire de les traiter préalablement par le chloroforme, ainsi que je l’ai expliqué, pour les débarrasser de l’oxychlororaphine. Il résulte donc de ce qui précède que l’obtention de chloro- raphine exempte de forme oxydée est extrêmement délicate. Obtention de l’oxychlororaphine. — Il n’en est pas de même pour ce qui concerne l’oxychlororaphine, que l’on peut obtenir avec une très grande facilité. A cet effet, les cristaux isolés des cultures sont dissous à chaud dans l’acétone. La solution saturée et filtrée est refroidie à —100; par agitation, il se précipite de petits cristaux jaunes qui sont essorés et lavés avec quelques centimètres cubes d’acétone. On répète ces cristal- lisations jusqu’à obtention d’un corps à point de fusion cons- tant. Propriétés physiques de la chlororaphine. — Chauffée en l’ab- sence d'oxygène, la chlororaphine se sublime vers 2109 et donne des cristaux verts par condensation des vapeurs émises; tandis que, sublimée à l’air, elle donne des cristaux jaunes. Il est très difficile de déterminer exactement son point de fusion et cela pour plusieurs raisons dont la plus importante est son oxydation. En effet, lorsqu'on projette de petites parcelles de substance, 98 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE soit sur le mercure, soit sur le bloc de Maquenne chauffés vers 2300, on observe un éclair verdâtre. Une partie de la substance s’est sublimée, l’autre partie fondue est jaune, elle s’est oxydée durant la fusion. On peut espérer tourner la difficulté en prenant le point de fusion dans une atmosphère d’azote ou d'hydrogène avec le bain sulfurique. Mais en opérant ainsi, on voit, vers 1900, la substance devenir vert foncé, puis, la coloration fonce de plus en plus à mesure que la température s’élève pour arriver finalement au vert noir. Enfin, la substance fond vers 22509, le point de fusion n’est pas net et le noircissement des cristaux peut faire craindre une décomposition partielle. Il faudrait donc, à l’aide d’un dispositif spécial, pouvoir projeter la substance sur le mercure ou sur le bloc de Maquenne chauffés dans une atmo- sphère rigoureusement exempte d'oxygène. On arriverait par tâtonnement à déterminer la température pour laquelle la fusion de la substance est instantanée et, dans ce cas, on n’aurait pas à redouter un commencement de décomposition dû à un chauf- fage trop prolongé. Je n’ai pas pu réaliser un dispositif répondant à ces desiderata. Nous considérerons donc 225° comme voisin du point de fus'on de la substance verte. La chlororaphine est pratiquement insoluble dans l’eau, même à l’ébullition, ainsi que dans le sulfure de carbone, le chloroforme, l’éther de pétrole, le toluène, le xylène, le benzène et les alcalis; elle est faiblement soluble dans les alcools méthylique, éthy- lique. L’acétone, le phénol, l’aniline, les acides chlorhydrique, perchlorique, sulfurique, azotique, phosphorique, acétique, lactique, la dissolvent aisément. Son coefficient de solubilité dans l’acétone est plus grand que celui de l’oxychlororaphine; cette propriété a été utilisée dans la purification des formes cris- tallines isolées des cultures. Le tableau suivant indique les colorations de diverses solu- tions de chlororaphine. TABLEAU. PTE CONTRIBUTION À L’ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. DJ SOLUTIONS DE CHLORORAPHINE NATURE DU SOLVANT C : oloration : obus Coloration après un certain temps Acide dilué .....| Vert jaunâtre Jaune chlorhydrique concentré . . .| Vert foncé Brun verdätre - 2 dite Lee Jaune Jaune Acide azotique : concentré . . . Jaune Jaune Acide dé re. ve Vert brunâtre |Jaune brunâtre après quelques minutes. sulfurique concentré . . .| Brun verdâtre » à 22 dilué. . . . . . Jaune verdâtre Jaune après quelques minutes Acide acétique À concentré . . Jaune Jaune TT FR TOME. LS Jaune Jaune Nedora en présence d’O.| Jaune verdâtre Jaune pâle Acé 3 4 4 en absence d'O.| Jaune verdâtre Jaune verdätre ADdine MAS r. AUX. JOIE Jaune Jaune Enfin, la solution chlorhydrique faite à l'abri de l'oxygène est verte. Propriétés chimiques de la chlororaphine. — La chlororaphine, dans une atmosphère limitée d'oxygène pur, jaunit en absorbant ce gaz. Les essais effectués ayant porté sur une trop faible quan- tité de substance pure (0° 050), je ne puis donner de chiffres in- diquant la quantité d'oxygène absorbé pendant cette oxydation. Dans l’air sec et à la température de la chambre, les cristaux exigent plusieurs semaines pour s’oxyder complètement. En pré- sence de l'humidité et de la lumière, la réaction, beaucoup plus rapide, peut être complète en une semaine. Avec l’élévation de la température la rapidité de la réaction croît. Ainsi, à 400, en présence d’eau, toute la substance n’est oxydée qu’en deux ou trois jours, tandis qu’elle l’est en quelques minutes vers 1500- 1800 et en quelques secondes à 2200. A l’état de solution, l’oxydation est très rapide. La difficulté considérable que l’on éprouve à préserver la chlororaphine de l'oxydation fait que j'ai délaissé son étude pour celle de son dérivé, loxychlororaphine, qui est beaucoup plus stable et s’obtient plus facilement. Propriétés physiques de l’oxychlororaphine. — La forme des cristaux est variable avec la nature du solvant et le mode de cris- 60 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE tallisation; ils n’atteignent pas de dimensions suffisantes pour être déterminables cristallographiquement; généralement, ils offrent l’aspect d’aiguilles plus ou moins allongées, PRES de prismes ou de longs filaments flexueux. Par évaporation lente d’une solution cétonique, on obtient de fines aiguilles pouvant atteindre et dépasser 1 centimètre de longueur et groupées en houppes ou en rosaces. Par contre, la cristallisation troublée donne de petits cristaux qui se feutrent à l’essorage et, de ce fait, rendent assez pénible la manipulation de la substance. L'’oxychlororaphine chauffée à l'air émet des vapeurs âcres qui, par condensation, donnent des formes cristallines jaune-pâle, la sublimation dans une atmosphère de gaz inerte donne de magnifiques cristaux jaunes fondant à 2410, alors que la substance pure, obtenue par cristallisation, fond brusquement à 2360,8 (F. c.). (À suivre.) LE BRIANCÇCONNAIS FORESTIER ET PASTORAL Par Pierre BUFFAULT (Suite) (1) Il est à noter que les érosions glaciaires et torrentielles et le surcreusement des vallées, en façonnant celles-ci en gorges plus ou moins étroites dans certaines parties et notamment à leur débouché sur la vallée principale, leur a donné, dans ces par- ties, des versants rocheux et abrupts d’où ni l’homme ni le bétail n’ont pu déloger la forêt, laquelle descend souvent fort bas, même à l’exposition sèche et chaude. Tels sont les versants de la Pinée de Briançon sous la Croix de Toulouse, de la Combe au-dessus des Alberts, où serpente la route du Mont-Genèvre, de Poët-Morand au-dessus de la Cerveyrette, de Pied-Sec au- dessus du torrent des Ayes, de la Pinée de l’Argentière au-dessus du Fournel, de Rocher-Roux au-dessus de la rivière d’Arvieux, du Rouet au-dessus du torrent de Souliers; telle est toute la combe du Queyras. La morphologie des vallées ou, plus simplement, la configu- ration du terrain, exerce donc une influence indirecte sur la répartition des forêts. La constitution géologique et la nature (4) Voir Annales de la Science agronomique, 1911, t. IL, p. 440; 1912, t. L p. 30, 394, 401; t. IL, p. 105; 1913, t. I, p. 494. 62 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE minéralogique du sol sont, elles, sans aucune influence à ce point de vue. Elles influent seulement sur la répartition des essences et des espèces végétales, comme on l’a vu. $ 3 — Limite supérieure d'altitude 1. Limite actuelle La limite supérieure de la végétation forestière est relative et variable. Elle est fonction, dans les Alpes, de la latitude et de la hauteur absolue des massifs voisins (1). Elle dépend aussi du niveau où cesse la condensation des eaux météoriques. Elle est la limite supérieure normale de la zone subalpine (2). M. FLa- HAULT admet pour moyenne de ces montagnes 2.300 mètres (3). Ce chiffre moyen se vérifie dans le Briançonnais, où on trouve cependant le maximum de 2.650, au moins pour les arbres isolés (2.650 forêt de Névache, canton du Creuzet, et bois Foran ou Châtelard d’Aiguilles). Il est assez difficile d'indiquer séparément la limite d'altitude de l’arbre en massif et de l’arbre isolé. À quel degré de consis- tance du peuplement les arbres cessent-ils d’être en massif? Dans les forêts briançonnaises on peut faire les remarques suivantes : 19 Conformément à la loi générale, la limite supérieure de la végétation forestière s’élève avec l'altitude d’ensemble de la montagne; (1) ScaærrFEr, Alpes et Forêts (Revue des Eaux et Forêts, 1911, p. 129). (2) Cf. Ch. FLanauLT, Les Limites supérieures de la végétation forestière. Contra, pour les Alpes orientales, voir Dr Marek, in La Géographie du 15 août 1910, page 126. (3) Ch. FLAHAULT, La Flore de la vallée de Barcelonnette. En Haute-Mau- rienne, M. P. Moucin indique 2.400 mètres (Dégâts torrentiels en Savoie, Revue des Eaux et Forêts, 1909, p. 609). Dans les Alpes-Maritimes le mé- lèze atteint 2.450 et 2.500 mètres (L. F. Tessier, La Distribution des essences forestières dans les Alpes maritimes, La Géographie, 15 sept. 1910). Le chiffre de 2.000 donné par certains auteurs est certainement erroné et bien inférieur à la réalité. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 63 20 La limite supérieure de la végétation forestière se tient au- dessous de la crête du versant qu’occupe la forêt, d’une quantité qui varie de zéro (dans la partie aval de la vallée principalement) à 1.000 mètres et plus (au Pelvoux par exemple); mais cette quan- tité est extrêmement variable, dépendant des conditions topo- graphiques et — en fait — des conditions de l'exploitation hu- maine (pastorat); il n’y a pas de différence appréciable sous ce rapport entre l’endroit et l’envers; | 30 Abstraction faite des parties aval des vallées où la forêt atteint la crête, sa limite supérieure (massifs ou arbres isolés) varie entre 2.000 et 2.650 mètres, suivant la topographie, l’expo- sition, l'abri, les vents, etc.; elle est le plus souvent 2.300, au moins à l'envers, et 2.200 à l’endroit; la forêt dépasse beaucoup plus rarement 2.300 à l'endroit qu’à l’envers. (On relève : Envers, 2.436 mètres à Aïlefroide, 2.520 et 2.500 à Villar-Saint- Pancrace, 2.400 aux Ayes et à Queyrellet de Saint-Chaffrey, 2.500 au Monêtier, 2.400 et 2.650 à Névache, 2.500 au Janus [arbres épars], 2.650 à Bois-Foran [arbres épars], 2.600 à Ma- rassan, 2.400 à Molines et Saint-Véran. Endroit, 2.280 à Villar-Saint-Pancrace et Saint-Martin-de- Queyrières, 2.300 à la Vachette); 40 La limite supérieure de la forêt a une tendance (parfois peu marquée) à s’abaisser de 100 à 200 mètres, vers l’amont de la vallée, là où la forêt se morcelle en petits cantons isolés et entre en con- tact plus intime avec les pâturages (Exemples : Vallouise, de 2.400 à 2.300 et 2.100 mètres à l’envers, de 2.108 à 2.000 mètres à l’endroit; Villar-Saint-Pancrace, de 2.520 à 2.290 mètres à l'envers, de 2.280 à 2.230 mètres à l’endroit; le Monêtier, de 2.500 à 2.373 mètres à l'envers; Névache, de 2.650 et 2.400 à 2.100 et 2.000 mètres à l’envers, de 2.200 à 2.000 mètres à l'endroit; Ar- vieux, de 2.200 à 1.900 mètres à l’envers; Ristolas (Ségure), de 2.300 à 2.200 mètres à l’envers, de 2.350 à 2.250 mètres à l’en- droit); ce fait est bien un résultat de l’action humaine; 59 La limite supérieure maxima des massifs atteint 2.400 mètres. 64 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Si l’on représente schématiquement la vallée par un triangle, l'aire forestière y sera un triangle inscrit, ayant même base dans le cas de projection horizontale, ayant même base et un côté commun (celui du thalweg) dans le cas de coupe longitudinale. SCHÉMA DE LA LIMITE SUPÉRIEURE DE LA VÉGÉTATION FORESTIÈRE Projection horizontale Coupe longitudinale A leur limite supérieure les massifs forestiers ne cessent pas brusquement, mais les arbres s’éparpillent, la forêt se clairière, par suite des difficultés rencontrées par la végétation et par la régé- nération; les mélèzes ou les pins s’égrènent sur la pelouse alpine ou sur des tapis de rhododendrons, ou parmi des buissons de saules alpestres et glacials et de sorbiers. Ils sont courts, trapus, tourmentés, mais non buissonnants. 2. Abaissement de la limite Ces massifs atteignent-ils actuellement la limite supérieure maximum que comporte la végétation dans la montagne ou restent-ils en dessous par suite des exploitations humaines et notamment du pâturage? Question fort intéressante, à laquelle il est difficile de répondre en toute assurance, faute d’observa- tions précises et multiples et qui ne relève encore que de l’appré- ciation, D’éminents forestiers n’estiment pas à moins de 500 mè- tres, pour certains sommets, l’abaissement en verticale que le pâturage fait subir à la limite supérieure actuelle des forêts (1). (4) A. Maruey, Au Pays du mélèze (Revue des Eaux et Forêts, 187 mai 1908), et Conférence à Grenoble (Bulletin Soc. forest. Franche-Comté, 1911, p. 169). — M. Mathey se base, notamment, pour le Briançonnais, sur une observation faite par lui au Prorel. Or, ce sommet n’a que 2.572 mètres et l'arbre y atteint sensiblement 2.400 mètres. Donc, l’abaissement de 500 mètres est impossible. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAI. 69 Cette évaluation nous parait fort exagérée. Un abaïissement de 100 mètres en moyenne, de 200 mètres au maximum, nous sem- ble plus proche de la réalité. Car un certain abaissement, une «usure des bordures », n’est pas niable. Une question non moins intéressante que la précédente et, à notre avis, encore moins soluble, est celle de la régression natu- relle de la imite supérieure de la végétation forestière. Cette limite s’abaisse-t-elle — ou s’est-elle abaissée — progressivement, indépendamment de l’action de l’homme et de ses troupeaux, par suite d’une modification de climat ou autre? La plupart des savants et des géographes l’affirment. Et, alors que les forestiers mettent sur le compte du pâturage l’abaissement — momentané et accidentel — de cette limite (1), les autres auteurs estiment que cet abaissement est général, permanent, provoqué par une cause climatique, ou au moins indépendant de l’action humaine. Ils y voient plutôt une conséquence d’une diminution des préci- pitations atmosphériques, concomitante de la régression des gla- ciers. Le premier, en 1889, M. David Martin, a signalé cet abaisse- ment, dont 1l trouve des preuves dans « l’état lamentable des forêts même vers 1.800 mètres », « forêts mourantes, forêts mortes, sans régénération », alors que vers 2.000, 2.200 et même 2.500 mètres, il a constaté sous le sol des prairies alpestres des vestiges d'anciennes forêts disparues (col du Lautaret, hautes prairies de Saint-Véran, col Longet, etc.) (2). M. Falsan rapporte les mêmes faits et en tire les mêmes conséquences (3). Enfin M. Kilian, rappelant les observations de M. D. Martin, ajoute : « Il est d'observation constante, dans le Briançonnais par exemple, de voir, dans des régions escarpées, inaccessibles à l’homme et (4) Voir les articles de MM. BroïLLiARD, BRETON, MoRELz, Ducamp sur La Marche rétrograde de la végétation forestière, dans la Revue des Eaux et Forêts, 1892, p. 268; 1893, p. 10 et 310; 1894, p. 210; 1908, p. 289. (2) D. MarriN, Congrès des Sociétés savantes de 1889, et Bulletin de la Société d’études des Hautes-Alpes, n° 34, Gap, 1890. — Toutefois B. CHaix, dès 1845, avait signalé les mêmes découvertes et les mêmes faits et en tirait les mêmes déductions (Préoccupations statistiques). (3) FaLsAN, Les Alpes françaises, op. cit. ANN. SCIENCE AGRON. — 4t SÉRIE — 1913 — II 5 66 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE aux troupeaux, la limite supérieure des forêts marquée par une zone d’arbres morts que ne vient remplacer aucune nouvelle poussée forestière... on assiste pour ainsi dire à cette disparition de la végétation arborescente dans les hautes régions; il est possible que ce processus ait son point de départ dans le déboise- ment intense que l’homme a fait subir, à une époque historique déjà reculée, à notre région alpine et qui a eu pour conséquence d’en modifier singulièrement le climat, mais il semble hors de doute qu’actuellement cette marche rétrograde de la végétation forestière alpine dans les Alpes dauphinoiïses se soit transformée en un phénomène naturel continu, qui se poursuit avec une inexo- rable régularité en dehors de l’intervention humaine (1) ». On a même donné des chiffres, qui, à notre avis, n’offrent pas de garantie d’exactitude : le pin cembro et le pin à crochets seraient descendus de 2.300 à 1.800 mètres, le rhododendron de 2.350 à 2.000 mètres (2), etc. D’après M. Briot, «l'arbre s’étiole à partir de 2.000 mètres et ne dépasse jamais 2.300 mètres » (3). Les altitudes observées dans le Briançonnais par les botanistes et par les forestiers, qui ont eu à en parcourir maintes fois les montagnes pour leurs études et leurs travaux, sont très supé- rieures à ces chiffres. Et ces altitudes, à très peu de chose près, ne sauraient être contestées. La thèse généralement soutenue maintenant sur le recul de la végétation arborescente nous pa- rait entachée d’une forte exagération pour le Briançonnais tout au moins, où une observation attentive lui découvre de nom- breux démentis. D'abord est-on bien sûr que tous les bois trouvés sous le sol des prairies alpines, près des cols, ete., fussent bien des arbres en place et non des bois transportés? En second lieu, peut-on affirmer (1) W. KizraAn, Les Glaciers du Dauphiné, in Grenoble et le Dauphiné et la Houille blanche, octobre 1904. — Voir dans le même sens les obser- vations de M. P. Girarpin pour la Maurienne et la Tarentaise (La Géo- graphie, 1905, t. II, p. 11), et de M. Ch. Ragor sur semblable régression dans les pays scandinaves et les mêmes régions (Lecture pour tous, mars 1904). (2) L. BRETON (Revue des Eaux et Forêts, 1893). (3) F. BrioT, Nouvelles études, page 189. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 07 qu'ils datent d’une époque relativement récente et non pas d’une époque extrêmement reculée (on sait que les bois enfouis dans le sol se conservent indéfiniment), et que par conséquent l’abais- sement qu'ils indiqueraient est bien récent et se poursuit de nos jours, au lieu d’être, par exemple, très ancien et non continu? Même dans le cas de l’affirmative, cela n’établit pas que l’abais- sement de la limite de la forêt et la destruction des anciens boi- sements ne soient point le fait de l’homme et de ses troupeaux. B. Chaix, en effet, en relatant les mêmes trouvailles (« Près du col du Galibier,.… de grosses racines d’arbres, sur le col de la Croix du Queyras de même, dans tous nos lacs des grandes hau- teurs, dans celui du col de la Poussonnière,.… comme dans celui de Cristaouh..…. de grandes tiges de bois forestiers dans l’eau »), parle de « souches de bois coupés, quelques-unes de bois brülés, de racines de gros bois », ce qui indique évidemment l’interven- tion de l’homme dans la destruction de ces anciennes forêts ou de ces anciens arbres, intervention qui, continuée de nos jours, empêche la reconstitution de ces boisements (1). Il est vrai que M. Kilian parle d’arbres morts et d'absence de régénération dans des lieux inaccessibles à l’homme et aux trou- peaux. Nous nous permettrons de faire observer d’abord que, si ces lieux sont inaccessibles à l’homme, il est difficile d'affirmer qu'il n’y a pas de régénération, qu'il n’y a pas de jeunes semis, encore non visibles à distance, mais appelés néanmoins à rem- placer les vieux arbres morts ou mourants. Quant aux vieux arbres morts ou mourants, aux forêts mou- rantes et sans régénération, le fait n’est pas nouveau et ne doit pas étonner les forestiers. Ceux-ci le constatent à toutes les alti- tudes et sous toutes les latitudes, même en plaine, quand cer- taines conditions défavorables se réunissent. Ce fait est presque normal, oserons-nous dire, dans une région de haute montagne, à chmat rude, où la végétation est lente et où la régénération (1) Le lac de Christol n’est qu’à l’altitude de 4.850 mètres, que dépassent les forêts voisines de la vallée de la Clarée. Donc ici ce serait bien l’action de l’homme qui aurait refoulé la forêt, d'autant plus aisément que les vents passant par le col contrariaient la végétation. 66 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE demande beaucoup de temps (vingt ans, trente ans, cinquante ans même) parce que les conditions favorables ne sont réalisées qu’à intervalles éloignés. Cela ne veut pas dire du tout que la régénération soit impossible ni qu’elle ne soit pas obtenue au bout d’un certain laps de temps, toujours long. Nous en citerons plus loin de nombreux exemples pour le Briançonnais. Le mélèze reste des années, des siècles presque, avec sa flèche morte, et ce « mourant » continue toujours à vivre (1). Cela peut faire illusion à ceux qui ne sont pas très au courant de la vie des massifs fores- tiers, ou qui méconnaissent l'importance qu'a le temps dans le développement de ces massifs. Nous voyons déjà, au début du dix-neuvième siècle, B. Chaix s'inquiéter de ce que « la reproduction se montre en défaut ou très faible sur beaucoup de points », de ce que « sur le plateau d’Auréas, commune de Saint-Vincent. en Vallouise, on n’ob- serve plus de jeunes plantes de mélèze »; énoncer que « les mé- lèzes. ont en grande partie disparu des sites où 1l y en a eu an- ciennement », etc. Or, sur beaucoup de ces points où la régéné- ration manquait de 1815 à 1840, sur le plateau d’Oréac (Auréas) notamment, et à la Pousterle, elle s’est produite depuis, par places, et se produit encore; de jeunes mélèzes ont remplacé les vieux et de tout jeunes s’y voient, mais abroutis pour beau- coup (2). De même voit-on en Savoie la régénération du pin cembro se faire à 2.430 mètres d’altitude sur un terrain soustrait au pâturage (3). Nous n’assistons pas d’ailleurs à un recul de la forêt tel qu'il devrait être d’après les observations alarmistes, lesquelles, on le voit, datent du début du dix-neuvième siècle (B. Chaix était sous-préfet à Briançon sous le premier Empire). (1) Voir Pierre BurrAuLrT, Notes sur les mélézaies briançonnaises. (2) La voilà, la cause du défaut de régénération et de la régression de la forêt : c’est l’abroutissement par le bétail. (3) P. Mou«iw, Le Reboisement en Savoie, Assoc. fr. pour l’avanc. des Sciences, Congrès de 1908. — M. Mathey, dans sa conférence de Gre- noble (Bull. Soc. forest., F. C. B.), a exposé de très intéressantes observa- tions sur des régressions de forêts alpestres et la régénération aux hautes altitudes. Mais, à notre avis, en ces matières, il faut se garder de généraliser. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 69 On parle de forêts existant anciennement jusque sur les cols. Mais n’y a-t-il pas à cela une impossibilité biologique? Si les forêts peuvent monter très haut dans les stations abritées (et l’on vient de le voir dans les pages qui précèdent), elles ne peu- vent vivre, même à de basses altitudes, dans des stations, comme beaucoup de cols, exposées à des courants d’air froids, violents et prolongés. On tre argument de la découverte dans les tufs calcaires du Lautaret de cônes et rameaux de pins à crochets (1). Mais cela ne prouve pas la régression, au moins générale, de la forêt. Le Lau- taret n’est qu'à 2.075 mètres d'altitude et sur plusieurs points du Briançonnais on trouve aujourd’hui des pins à crochets à 2.600 mètres. M. Charles Rabot se base sur ses propres constatations en Scandinavie et dans la Laponie russe et sur celles de divers obser- vateurs en Norvège, Suède et Sibérie (2) pour déclarer qu'il y a une régression générale de la limite altitudinale supérieure des forêts, indépendante de l’action humaine, que le cas des Alpes françaises n’est qu’une manifestation locale de cette régression générale, que «le mouton n’est pas l’agent génétique du recul de la forêt. Le phénomène est d’ordre entièrement physique ». Nous ne saurions contester la valeur indiscutable des observa- tions rappelées ci-dessus. Il nous sera toutefois permis de dire que la lecture de leur exposé n’impose pas la conviction qu'il s'agisse bien d’un recul permanent et non passager (comme en de nombreuses forêts), que l’homme y reste toujours étranger (par exemple en Laponie), et qu'il ne s'agisse pas seulement du recul d’une seule essence, le pin sylvestre (en Suède au moins) fuyant les froids trop rigoureux. Enfin, en admettant ces obser- vations comme absolument concluantes, leur application à nos Alpes n’en paraît pas moins une généralisaiton très discutable. (1) W. Kicraw, Soc. Écon. du Dauphiné, t. XXII, 1896, Grenoble. (2) Ch. RaBor, Les Limites d'altitude des cultures et des essences forestières dans la Scandinavie (Revue générale de Botanique, Paris, t. VIII, 1896; Les Forêts du Briançonnais, La Géographie, t. 1, 1910); Le Recul du pin sylvestre, dans les montagnes de la Suède (La Géographie, t. I, 1911). 70 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Comme l’a excellemment écrit M. Schæffer, il y a, à la limite supérieure des forêts, une zone douteuse dans laquelle les végé- tations forestière et alpine se pénètrent et alternent au cours du temps, selon les circonstances climatériques et l’importance de l’action humaine. Bref, tout en admettant parfaitement la possibilité d’un abais- sement, d'ordre physique, de la limite supérieure de la végéta- tion forestière, nous ne voyons pas cet abaissement démontré dans le Briançonnais. Nous y reconnaissons un certain abaisse- ment dû principalement, sinon exclusivement, à l’action directe ou indirecte de l’homme; mais cet abaissement ne nous paraît pas considérable. 3. Comparaison des différentes limites d'altitude Le tableau suivant rapproche les limites d’altitude précé- demment indiquées en les groupant par vallée. T'ABLEAU. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL « « 0G9"& oc£'e ocg°1 | ocÔ'r 02061 | g10'& ggg'r | OZg'I &GG'I SIOAUG |JI01puT (Cu y anonbuo] 11n9 NQ 3311VA « « e « « « Li 00ÿ"& 00€°& 00€ °'& 00€°G 08C'& 00€ "& 00€" ocÿ°1 | 000'& | ocg'r | 008°1 | oct'1 | ooù'r | o0g'1 « « 001°& « 00&°‘& | 000°& | 0G0'& « 0go'‘z | oog'1 | geL'r | gog°1 | ogg'1 | ooc'r « 0C0°& « OgC'1 | Oÿc'I | O98'I « S91)QUI |S91JQUI | S91JQU1 | S91JQUI « 005°1 | oo6'1 | 006'& « « « oL&'a | ggÿ'a | gor'e | gec'a | ooz'e | ogg'z | o0c'& 006*1 | oog'1 | oce‘r | 00g'1 | ooL'1 008'I ogo'a | ogL'r | ozg'1 | ocg'1 | o6g'e | oÿo'e | ogi'æ 0061 | oog°1 | ogc'1 | oëÿ'r | ocg'r | octÿ°r | 1ÿ9'1 ocg'1 | o1ÿ°1 | oge'1 « oLt°r | oet'1 IYO' I SJJ}QUI | SAT}QUI |SATJQU | S9JFQUI |S21)QUI | SAIT QUI S9T}Qui | SaT}qUI | S91)QUI | SAIFQUL SIJAUG |JOIPUA|SIIAUG | HOIPUH| SHIAUF |JOIPUA |SIOAUG |HOIDUA|SAIAUT |JLOIPUH| SLIAU |JI0IPUG | SIIAUG | HOIPUH Te" |" | — —_“— (uw 27 ananbuo] (ux y anonfiuo] do: 3-g264 sopnige)| Cut € ananbuor o0sr-076 Sopmnie) [006 3-0rc" + sopmnie) g62° 8-00 +sapnine)] NBA NS SINTTON |ong-z-012° 7 sopnpe) 10 3NvunQ V1 10 XN3IAUVQ 3371VA 3311VA JATIYA (‘ux 84 ananfuo] S3431A439 30 3311VA | — — — (w4 6% 2nanbuo] (ux 0€ anonbuo] (‘wy 63 anonbuo] 098-908 E SapniNIE) | 0013-00 + Sapnnle) 90£°€-000° + Sapmtyie) ANNYSIN9 V1 30 334v19 V1 10 2 3S1N011VA 3311VA 3311VA * sajuejsisiad soBrau * 2191JS0107 uore79B9 À “San + + te + «n7a,p SIeeq) * * * soertra *SOUNUIUIO9 9P XNAI-SJ94;) ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE d50r Fa data 747 4d 27 S? Lounge z s 2 Fra 77 ed" #J24107 fav 7 F7 lt 72 U// 7/1 ZM Wl, 5), goeg Len 12 4,1 Le RALELECS Ê fe er £ FN 6 S 77 Am 7 TE Û El Du KM 07,720 7? S24n77n, AA OET. LUN Sr AMARTS FL 01717484; 4 FA E77 = ©S LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL $ 4 — Forêts particulières Dans le Briançonnais, les propriétaires particuliers ne possè- dent que de petits bois ne dépassant pas chacun 5 hectares d'’é- tendue au maximum. Ce sont de petites parcelles, le plus sou- vent très morcelées (moins d’un hectare), qui se trouvent en bor- dure des parties basses des forêts communales, principalement en Vallouise, au Monêtier et à la Salle, dans le Queyras. Elles sent peuplées de mélèzes ou de pins, sauf quelques-unes qui sont en taillis d’aunes, de saules, de trembles ou de chênes (Vallouise, basse Durance). Leur rendement moyen annuel a été évalué à 587 mètres cubes grume, pour les 1.141ha 5{a qu’ils occupent, soit 0° 500. Ce chiffre n’est qu’approché; d’ailleurs ces bois ne sont pas l’objet d'exploitations régulières et ordonnées. $ 5 — Forêts communales 1. Soumission au régime forestier La propriété forestière, dans le Briançonnais, est, en somme, toute aux mains des communes et ce depuis plusieurs siècles. Elle occupe 32.375ha 77a, dont 30.186h2 854 sont soumis au régime forestier (1908 jet 2.188ha 922 ne sont pas soumis à ce régime. Ces derniers, ainsi laissés à la libre disposition des communes, sont, comme les bois particuliers, de petites parcelles peu éten- dues, de moins de 30 hectares (une cependant, à Cervières, at- teint 59ha 662), situées en bordure des forêts communales sou- mises au régime forestier, dans les parties d’altitude moyenne ou basse de ces forêts. Elles servent surtout de terrain de parcours pour le bétail, et les habitants y prennent souvent, sans règle ni hmite, les bois utilisables qu'ils y trouvent. C’est dire que leur rendement est tres faible. Il est évalué, approximativement comme pour les bois particuliers, à 495 mètres cubes grume par 74 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE an, soit seulement 0° 220 par hectare. Mis en regard du rende- ment des bois particuliers et du rendement qui va être donné des forêts communales soumises, ce chiffre minime indique com- bien la jouissance de ces parcelles est abusive et quel avantage les communes propriétaires auraient à les laisser incorporer à leurs forêts soumises et à en abandonner la gestion aux agents de l'État. Si ces parcelles ont été laissées en dehors des forêts soumises, c’est qu’on les avait, à l’origine, jugées — bien à tort d’ailleurs — sans importance et sans intérêt ou qu'on avait voulu, par mesure de conciliation vis-à-vis des communes qui acceptaient difficile- ment la tutelle du régime forestier, leur laisser quelques bois à leur libre disposition... et abus. Ce régime, défini: par le Code de 1827, confie, comme on sait, aux agents de l’État (Administration des Eaux et Forêts) la gestion complète des forêts communales qui y sont assujetties, ne laissant aux municipalités que le droit d'émettre leur avis sur tous les actes de l'Administration gérante et celui de disposer à leur gré des produits dont la réalisation est jugée possible par celle-ci. Son but est de conserver les forêts en les préservant de toutes dégradations et abus de jouissance, même de la part des communes propriétaires, et de les mettre en valeur tant dans l'intérêt des générations futures que de la génération pré- sente. Ce but, il l’a toujours et partout admirablement atteint (1). En somme, les forêts soumises du Briançonnais, dont la sur- face est de 30.186ha 85a, seules comptent. La soumission au régime forestier des bois communaux du Briançonnais, décrétée en bloc en 1791, futrevisée et nommément déclarée par ordonnances royales ou décisions ministérielles de 1834 à 1837. Un rapport du 12 septembre 1837 (pour le Briançonnais pro- prement dit, Queyras non compris) en évalue la contenance globale à 12.053 hectares et déclare qu’elles sont en bon état, (4) Voir Pierre BurFAULT, Le Régime forestier, 2e Congrès du Sud-Ouest navigable. Toulouse, Privat, 1904. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 75 bien garnies, bien peuplées (on ne cite que 40 hectares de vides au Ban de Saint-André). Il ajoute que les communes ont assez de pâturages de montagne pour les bêtes à laine et qu’on ne laisse pas, en fait, pacager celles-ci dans les forêts, bien qu’on ne puisse officiellement l’interdire. En 1840, dans son Mémoire sur l’état des forêts dans les Hautes- Alpes (1), M. Delafont, inspecteur des forêts de ce département, fait un tableau analogue de ces forêts qui, toutefois, dit-il, ont été réduites par l'effet du pâturage, l’abus des exploitations, les usurpations et défrichements, et épuisées par les délivrances de bois aux villages incendiés. Il en réclame une meilleure sur- veillance, les délits étant nombreux; la délimitation; l’aména- gement («continuer le jardinage dans la plupart»), avec des éclair- cies judicieuses et des « exploitations raisonnées » dans les can- tons depuis longtemps réservés pour protection contre les ava- lanches et les torrents. Une revision des forêts soumises eut lieu en 1854, motivée par le désir des pouvoirs publics de gagner au nouveau régime politique les sympathies des montagnards. Mais, à l’inverse de ce qui se passa dans les Pyrénées, cette revision ne se traduisit pas par des distractions importantes du régime forestier. Le déboisement était déjà trop accentué pour qu’on risquât de l’aggraver encore. 2. Rendement Actuellement, toutes les forêts sont aménagées en coupes régulières (sauf deux en voie de l’être) et l’on a profité de ces aménagements pour placer sous le régime forestier bien des par- celles, non susceptibles de revenu, mais dont la conservation est nécessaire pour la protection des vallées, cultures et habita- tions inférieures et pour le régime des eaux. La surface des forêts soumises s’est ainsi peu à peu assez notablement accrue. Dans toutes ces forêts, les aménagements distinguent, d’une (1) Op. cit. 76 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE part, les « séries de coupes régulières » ou « aménagées », seules productives; d’autre part, les « séries hors cadre », c’est-à-dire laissées en dehors du cadre de l’aménagement, mais soumises au régime forestier comme jouant un rôle de protection clima- térique, géologique et hydrologique et où l’on ne fait de coupes qu’accidentellement et de façon très restreinte. D’après ces deux catégories, les forêts soumises du Briançon- nais se répartissent comme suit en surface : Séries aménagées Hors cadre Total (1) hectares hectares hectares Briançonnais proprement dit. . . 9979, 27e 100072.02%% 0 210-7028 QueEpras EE TMOMENETIMRERE LA 5.630,04 3.338,90 8.968,54 Briançonnais (total). . . . 15.605,31 14.312,52 29.917,83 On voit que, par le fait de leur situation en haute montagne, les forêts soumises briançonnaises ont la moitié seulement (exac- tement 52%) de leur surface apte à la production, l’autre moitié jouant simplement un rôle de protection. Cette moitié produc- trice est aménagée, soit en futaie régulière, soit, plus générale- ment, en futaie jardinée (2). Pendant la décennie 1898-1907, la production moyenne an- nuelle des séries aménagées a été, en matière ligneuse : Briançonnais proprement dit. 7.057" grume, soit 0" 707 par hect. Coeyras.% 2; ri etes rl prime Soit 077 6577-par he Briançonnais (total) . . . . 10.873" grume, soit 0" 696 par hect. La valeur en argent de cette production ligneuse annuelle (coupes de bois principales et accidentelles) a été : 08, soit 2153 par hectare Briançonnais proprement dit. . . . 25.3 13.291, soit 2 36 par hectare Queyras . . . Briançonnais (total). . . . 38.599, soit 2f 40 par hectare (1) En ajoutant à ces chiffres 269h2 02? de la commune d’Arvieux (Queyras) soumis au régime forestier pour reboisement et dont il sera parlé plus loin, on a le total de 30.186h 852, précédemment indiqué. (2) Cf. Pierre BurrauLr, Notes sur les mélézaies briançonnaises. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL WW Dans plusieurs forêts, le taux de la production par an et par hectare s’élève progressivement. À Puy-Saint-Pierre, il est monté de 0°° 6 en 1856, à 0"° 9 en 1886, puis à 1°° 1 en 1907. Pour la même décennie 1898-1907, la valeur moyenne annuelle des produits de toute sorte (produits ligneux, menus produits, chasse, valeur du pâturage, bénéfice des travaux d'amélioration, condamnations civiles, etc.) a été, pour tout le Briançonnais, de 125.230! 55, soit 4f 18 par hectare; et le chiffre moyen des dépenses (frais de surveillance, de gestion, impôts, etc.) de 22,1171 93, soit 0f 74 par hectare; ce qui donne pour bénéfice net : 103.112 62, ou 3f 44 par hectare. Le revenu (brut et moyen) varie forcément et considérablement d’une forêt à l’autre, la produc- tion variant avec la situation, l’âge des bois, et la fertilité du sol et les dépenses variant aussi. Ainsi le revenu net annuel est de 0f 30 par hectare pour la forêt du Pelvoux, la plus pauvre; de 3 et 4 francs pour les forêts du Val-des-Prés et Névache; de 2 francs pour celle de Briançon; de 7 francs environ pour celles de la Salle, Saint-Véran, Saint-Chaffrey; de 3?50 pour celle de Château-Ville-Vieille. Dans le calcul de ces chiffres, nous tenons compte des frais de surveillance incombant réellement aux communes. Ces frais sont nuls ou très réduits; car, d’une part, les communes qui ont des périmètres de reboisement sur leur territoire (Briançon, Le Monêtier, Névache, Puy-Saint- André, Saint-Martin-de-Queyrières, Val-des-Prés, les Vigneaux), ne paient pas de gardes, ceux-ci étant payés par le Trésor (L. 4 avril 1882, art. 22); d’autre part, l'État, par une très judi- cieuse mesure prise en considération de ce que les forêts de mon- tagne sont très peu productives, mais sont nécessaires à l’intérêt général, rembourse aux autres communes la totalité ou la majeure partie de leurs frais de garde. De ce chef, une somme annuelle de 4.287 francs, en moyenne, est versée par l’État à dix-neuf com- munes. 3. Utilisation des produits Presque toutes les coupes annuelles sont affouagères, c’est-à- dire délivrées en nature aux communes et partagées entre les 78 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE habitants. Très peu sont vendues en bloc et sur pied au profit de la caisse communale. Les habitants préfèrent se partager les bois des coupes, afin d’avoir leur bois de chauffage pour l'hiver et quelques bois d’œuvre pour la réparation des bâtiments, des instruments aratoires, des mobiliers, etc. Dans les communes ayant des mines de charbon à proximité, les montagnards font une petite spéculation : ils vendent leurs troncs de mélèze et de pin, susceptibles de fournir du bois d'œuvre, au commerce local, aux scieries, voire aux Italiens, et ils vendent aussi, pour Briançon principalement, leur bois de chauffage qu’ils remplacent par de l’anthracite. Dans ces conditions, la nouvelle disposition de l’article 105 du Code forestier, autorisant le partage entre les habitants de l’argent provenant de la vente de l’affouage, pourra recevoir d’utiles applications et être appréciée des mon- tagnards briançonnais. La part d’affouage est très souvent insuffisante pour les besoins de chaque ménage, tant l'hiver est rude et long. En outre, les communes s'imposent souvent des fournitures de chauffage relativement élevées pour les fruitières, pour l’école et l’insti- tuteur, pour le curé ou le pasteur, si bien que la quotité restant à partager est par trop minime. On s’en plaint dans le Queyras surtout. Dans les vallées de la Durance et de la Guisanne, l’an- thracite vient heureusement suppléer à l'insuffisance du bois. Les municipalités pourraient alléger ces charges trop lourdes en restreignant les fournitures imposées par l’usage, dans la mesure du possible. Il y a là, en tout cas, un argument très puissant pour la conservation des boisements existants et leur extension. Mais en même temps, les habitants sont assez ménagers de leurs bois, bien que communaux, sachant qu'au double point de vue économique et physique, ils sont un élément essentiel de la vie dans la montagne. Dans certaines communes du Quey- ras dont les forêts sont de l’autre côté du Guil (Abriès) et aux- quelles on accède par un pont, la municipalité fait tenir ce pont fermé lorsque est passée l’époque à laquelle on va à la forêt pour débiter et transporter le bois, les souches et autres produits. Parfois des municipalités ont refusé des aménagements proposés LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 79 par les agents forestiers, parce qu’elles trouvaient qu’ils compor- taient des coupes annuelles trop fortes et qu’elles craignaient l'épuisement de leurs forêts. Ailleurs, c’est par peur des ava- lanches qu’elles refusaient les coupes. Un habitant de l’Échalp se plaignit un jour à nous de ce qu’autrefois l'Administration avait fait faire des exploitations à Praroussin, au-dessus du vil- lage, ce qu’il estimait très dangereux (1). Dans certaines communes riches en bois, les habitants, par égoïisme individuel, ne veulent pas laisser la municipalité vendre certaines des coupes annuelles, dont le prix, versé dans la caisse communale, servirait à améliorer surtout la vidange, si pémible et si onéreuse, de ces forêts et à pourvoir celles-ci de voies de desserte indispensables pour leur mise en valeur. Ils font main- tenir pour toutes les coupes le partage en nature. Quelques com- munes cependant (Val-des-Prés, l’Argentière, la Roche-de-Rame, Château-Ville-Vieille) ont paru disposées à entrer dans cette voie où les pousse l'Administration forestière. Mais elles sont encore hésitantes et ont bien peu fait. Ainsi la routine égoïste et aveugle étreint encore le montagnard briançonnais et on n’arrive pas à l'en affranchir. C’est pourtant de ce côté qu'est l’avenir de celles des forêts briançonnaises dont la production est supérieure aux besoins de consommation des habitants. Il faut, de toute néces- sité, pour les mettre en valeur, commencer par créer les chemins de desserte qui manquent complètement. Et cette mise en valeur s'impose d'autant plus qu'avec les progrès dans la région de l'industrie hydro-électrique et la raréfaction générale du bois d'œuvre, les beaux mélèzes et les pins si droits du Briançonnais trouveront des débouchés et un écoulement qu’ils méritent hautement, mais qu’on ne leur soupçonne encore point : bois d'œuvre, poteaux télégraphiques, etc. Le rendement financier de ces forêts s’élèvera alors considérablement et les communes ainsi que les habitants s’enrichiront (2). (1) Voir de même pour Guillestre : Pierre BurrAuLT, Les Forêts et pâturages du mandement de Guillestre. (2) Comme cela est déjà obtenu à Lus-la-Croix-Haute, dans les Alpes provençales et dans le Jura. 80 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le développement de l’industrie forestière, l'augmentation de la consommation ligneuse, dans les Alpes, ne pourront qu'y faire mieux apprécier les forêts et étendre les boisements existants. « Les forêts inutilisables disparaissent fatalement par un moyen ou un autre et la cause du déboisement général des grandes Alpes ne doit pas être cherchée ailleurs », disait, non sans raison, M. Guinier. « Les usines qui consomment le bois sont donc une condition de la conservation des forêts (1). » En 1906 et 1907, neuf coupes, d’une production d’environ 2.055 mètres cubes grume, dont 1.440 de bois d'œuvre et 615 de bois de feu, se sont vendues ensemble 11.197 francs, soit 5f 45 le mètre cube l’un dans l’autre, ce qui est un faible prix. Ce sont de petits commerçants de la région qui ont acheté. En général le mètre cube grume de mélèze, admirable bois d’œu- vre, se paie 7 francs en forêt. À Sainte-Catherine, sous Briançon, il vaut 22 francs; mais il a payé 8 francs de transport par jour (depuis Névache, par exemple). Le bois de feu se vend 6 francs le stère à Briançon. Le commerce local des bois est encore peu développé. Quelques scieries de Briançon, quelques magasins à Saint-Clément et Guillestre le constituent à peu près uniquement. Il se développera forcément, d’une part en raison des demandes croissantes de la consommation mondiale, d’autre part en raison des véri- tables richesses que renferment les nombreuses parties exploi- tables des forêts briançonnaises, richesses qui n’attendent que des voies de desserte pour être utilisées. Le jour où elles le seront et où le revenu des forêts briançonnaises (et des pays de mon- tagne) sera rémunérateur, la question forestière aura fait un grand pas et l’œuvre du reboisement sera grandement facilitée. 4. Exploitation Une amélioration très importante réalisée par le service fores- tier dans les forêts briançonnaises et qui doit être signalée, est (1) E. Guinier, Les Forêts de la Savoie, in Revue des Eaux et Forêts, 1906, p. 614. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL sl la création de nombreux chemins muletiers ou sentiers de piéton. Cette création a été obtenue petit à petit, grâce à de longs et patients efforts, au moyen de redevances en argent ou en presta- tions fournies par les concessionnaires de menus produits (sou- ches principalement) et de certaines taxes de pâturage. On a ainsi, à peu de frais, doté la majeure partie de ces forêts, si pénibles à parcourir, d’un réseau de petits chemins extrêmement utiles pour la surveillance et le contrôle et qui sont l’amorce de chemins plus larges et à pente plus douce utilisables pour la traite des bois. La rigueur et la longueur de l'hiver, en interdisant l’accès des forêts, rendent l’exploitation de celles-c1 difficile et pénible à cause de la brièveté de la saison pendant laquelle le montagnard peut vaquer à tous les travaux agricoles, pastoraux et forestiers. Le haut-alpin est d’ailleurs très en retard sur les autres monta- gnards de France pour la traite des bois. La moindre difficulté l’embarrasse. Il a des moyens tout primitifs et 1l ne fait preuve d’ingéniosité ni en les employant tels quels ni pour les perfec- tionner. En même temps, il est si peu ménager de son temps et de sa peine qu’on le voit, dans bien des communes, descendre à dos de mulet sa part d’affouage. La pauvre bête ne peut porter que quelques bûches à la fois, tant le voyage est long et la des- cente raide, et l’on se représente ce qu’un stère de bois de feu demande alors de voyages! En Vallouise, à Puy-Saint-Vincent notamment, les habitants, plus actifs, profitent des gelées de l'hiver pour descendre le bois sur des traîneaux, rappelant un peu la schlitte des Vosges, qu’un homme guide et qui dévalent avec une rapidité inquiétante. $ 6 — Reboisements 4. Historique L'insuffisance en étendue et, pour certains points, en consis- tance des boisements existants, pour le maintien du sol et le régime des eaux, même dans le Briançonnais, a frappé dès long- ANN. SCIENCE AGRON. — Je SÉRIE — 1913 — IT 6 82 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE temps les hommes éclairés. B. Chaix, au début du dix-neuvième siècle, ne se fait pas faute de la signaler, de déclarer nécessaires « le reboisement et un emménagement plus productif du terri- toire » et de réclamer pour y parvenir : la proscription des chè- vres, la imitation de | «exubérance des troupeaux de moutons », le repeuplement en « arbustes des sites qui ne peuvent plus espérer d’arbres », et enfin, ces mesures n’étant que provisoires, « l'établissement du régime phalanstérien ». Et il signale, en ces termes un peu dédaigneux, la publication du Traité des tor- rents de Surell : « L’écrit de M. Surel, l’ingénieur distingué, fort bon résumé de tout ce qui avait été dit et redit par les pré- fets et sous-préfets de l'Empire. » Un éminent forestier, M. Broilliard, garde général des Forêts à Briançon de 1854 à 1857, et qui travailla efficacement à l’as- siette du régime forestier dans le pays, c’est-à-dire à la sauve- garde et à la mise en valeur des forêts existantes, a rappelé sou- vent les pluies diluviennes et la soudaine fonte des neiges du printemps de 1856, qui faisaient « descendre les Alpes à la mer ». C’est à cette époque qu’eurent lieu les premiers reboisements dans le Briançonnais, sans doute à limitation du reboisement de Chorges fait vers 1840 (1). Dans la vallée de Cervières, un versant exposé au sud-ouest, face aux chalets du Laus, boisé au dix- huitième siècle, avait été exploité pendant les guerres du premier Empire, puis dépeuplé, raviné et dénudé. Les propriétés infé- rieures étaient envahies par les pierres et débris descendant de ce versant. Vers 1850, on commença à y planter des mélèzes, aujourd’hui très bien venus. On continua quelque temps. La commune avait une pépinière, l'État fournissait les graines, les habitants la main-d'œuvre. Plus tard, dans le Queyras, M. Tissan- dier, inspecteur des Forêts, fit faire des reboisements, dits encore- «les semis », à Arvieux et Château-Ville-Vieille. Il y eut une pépi- nière avec un kiosque rustique en bois près de Ville-Vieille. Au-dessus d’Abriès, des gardes forestiers firent des semis sur (1) DELAFONT, op. cit. nÉR. 2ù de. bn. en. 2 LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 83 la montagne de Cros-la-Garenne, il y à cinquante ans. Ces semis ont partiellement réussi et donné des bois qui spontanément s’é- tendent peu à peu aujourd’hui. Malheureusement, tout cela fut abandonné. Désarmé d’ailleurs, sans pouvoirs ni crédits néces- saires, le Service forestier se bornait à lutter, dans la faible me- sure possible, en interdisant le pâturage dans les cantons dé- gradés. Ces mises en défens, excellentes par elles-mêmes, n'étaient d’ailleurs guère respectées sur le terrain. L'application de la loi du 28 juillet 1860 fit étudier la consti- tution de périmètres de reboisement autour des torrents alors les plus dangereux. Des enquêtes eurent lieu en 1863 et leurs dos- siers nous conservent quelques détails intéressants sur létat, à cette époque, des torrents et de la montagne. Un premier périmètre embrassait le torrent de Malefosse, dan- gereux, ayant un énorme cône de déjections et qui provoqua en 1856 une débâcle de la Durance, laquelle dévasta les terrains cultivés du Fontenil, y détruisit quinze maisons et menaça l'usine de Sainte-Catherine; le torrent du Vallon, moins dange- reux, mais très violent par moments; et le versant de la Lauze de Dormillouse, naguère boisé, dénudé par les abus de pâturage; au total : 774 hectares, entièrement sur terrain communal, com- prenant quelques parties déjà boisées. Les habitants du Val-des- Prés protestèrent à cause des restrictions de pâturage qu'ils allaient subir et de l'impossibilité pour la commune de supporter aucune dépense. Le Conseil municipal de Briançon (28 juin 1863) déclara le projet « impossible », les terrains non reboisables, les barrages inutiles ou dangereux. La commission spéciale approuva le projet, le Conseil d'arrondissement aussi, mais en demandant que l’État supportât tous les frais. Le Conseil général donna aussi son adhésion. Un décret du 8 décembre 1874 (seulement!) déclara l'utilité publique du périmètre. En 1876, l'État acheta à l'amiable les 66ha 584 situés sur le territoire de Briançon et les travaux commencèrent. Un second périmètre fut étudié au Monèêtier. Il n°y a pas vingt ans, lit-on dans le dossier de 1863, la Guisanne et ses affluents ne donnaient aucune crainte; mais depuis quelques années, les 84 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE choses ont changé (1); les habitants en abusant du pâturage ont déboisé et même dégazonné tous les versants de la rive gauche. De là des crues, des torrents, des charriages de matériaux, sur- tout en 1848 et 1856 où « de grandes étendues autrefois cou- vertes de riches cultures ont été transformées en plaines de gra- viers stériles », des usines ont été ruinées, des habitations et des routes menacées (2), etc. « Le mal n’est qu’à son début », il faut vite y remédier (3). Les torrents les plus mauvais sont en amont du Monêtier, on les appelle dans le pays « torrents blancs »; ils sont ordinairement à sec et leurs cônes de déjections s’étalent en « plages de graviers ». « Le Saint-Joseph est très dangereux. » A l’enquête, au Monêtier, les habitants, puis le Conseil muni- cipal, repoussent avec véhémence le projet, attendu que « les berges des torrents signalés sont, de temps immémorial et jusqu’à leur sommet, dénudées...; elles se refusent à recevoir n1 plan- tations ni semis (4) »; que les autres parties du projet englobent des pâturages situés au-dessus des torrents et où il n’y a ni dégra- dation ni danger; qu’enfin le tiers des habitants n’a de ressources que dans «les propriétés de la montagne et l'élevage ». Le Conseil d'arrondissement reconnait l'utilité des travaux, mais aussi l'opposition « fondée » de la commune et demande « que les reboi- sements ne soient faits que dans des limites très restreintes ». Le Conseil général se déclare «entièrement favorable » au projet. Plus tard, les habitants modifient sensiblement leur manière de voir et entrent dans les vues de l'Administration forestière, mais, pour les contrecarrer. En effet, en 1872, le Conseil muni- cipal du Monêtier demande que cette administration arrête (1) Erreur d’appréciation, les phénomènes torrentiels et la dénudation dans la vallée de la Guisanne sont antérieurs de plusieurs siècles à 1843. Cf. les documents historiques. (2) A cette époque, le service des Ponts et Chaussées construit les tunnels pour faire passer la route sous les torrents qui la coupaient constam- ment. (3) Même erreur d’appréciation de temps que tout à l'heure. (4) C’est la contre-partie de l'affirmation des agents forestiers sur la date récente des phénomènes torrentiels; là, il y a exagération en sens contraire. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 8) les éboulements de berges des torrents des Vers et des Rey- mondes (rive droite de la Guisanne), et le maire, M. Izoard, demande le regazonnement des berges du Tabuc et de ses affluents, plus dangereux, dit-il, que le Saint-Joseph (où sont projetés les travaux). Cependant, en mai 1875, l’adjoint du Casset se plaint vivement des dépôts du torrent de la Pisse « malgré les travaux que les habitants y font tous les ans ». Il semble, du reste, y avoir, à cette époque, une recrudescence de torrentia- lité. Un rapport du Service forestier de 1872 dit que le Saint- Joseph « a grandi démesurément », que la Pisse et la Moulette coupent souvent la route, que le Tabue des Grangettes et ses affluents « ont pris des proportions énormes depuis peu ». De son côté, l’administration des Ponts et Chaussées déclare que le « mal est très général et le remède connu »; qu'il faut saisir l'Administration forestière, les digues au moyen desquelles les habitants luttent contre les divagations des torrents dans leur cours inférieur n'étant que des « palliatifs impuissants et rui- neux ». Un décret du 24 juin 1876 déclare d'utilité publique le périmètre de 1.248 hectares projeté sur la commune du Moné- ter. Les travaux commencent en 1878. : Un troisième projet intéresse la commune de Névache. Le rapport du Service forestier du 6 mars 1863 dit que la Clarée « n'avait jamais été dangereuse » et que son immense bassin de réception est « encore dans un parfait état de conservation » (ce qui paraït bien optimiste); mais que « depuis quelques années » le déboisement a ravivé les torrents du Creuzet, des Acles, de Robion, du Vallon. A l’enquête, les habitants et la municipalité repoussent vivement le projet : le pâturage leur est indispensable ; la constitution d’un périmètre les exposera, lorsque leurs bêtes s’y échapperont, à des procès-verbaux ruineux; du reste, le pâtu- rage est favorable et non nuisible au repeuplement naturel, parce que le bétail enterre la graine; ainsi, depuis vingt ans, on met en défens le quartier des Combes (1) sans aucun résultat, pendant que les cantons du Villard, de la Souchère et de la Poux, où (1) Sous le col des Thures, bassin de réception du Robion, 86 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE l'Administration laisse pâturer, se repeuplent si dru « qu’on sera obligé d’en arracher (1) ». Le Conseil d’arrondissement remarque que le reboisement dépossède la population de leurs droits de pâturage, « leur seule et unique ressource », et demande qu’au moins l’État supporte tous les frais. Finalement, un décret du 5 mars 1874 déclare d'utilité pu- blique la constitution d’un périmètre de 2.246 hectares, com- prenant 1.383 hectares de bois déjà soumis au régime forestier, mais dégradés. Les travaux commencèrent en 1879. Enfin, à la même époque, furent périmétrés 416 hectares autour du torrent de Sachas, dont les crues, les dégâts (route de Briançon souvent coupée) et le vaste cône de déjections, rappelaient les plus mauvais torrents de l'Embrunais. Le périmètre englobe, sur la rive droite (commune de Saint-Martin-de-Queyrières), une ancienne forêt, dite du Mélézet, ruinée par les abus de dépais- sance, et sur la rive gauche (Puy-Saint-André) des terrains de transport en éboulement (2). En 1884-1885-1886, eut lieu, par application de la nouvelle loi du 4 avril 1882, encore en vigueur, la revision de ces péri- mètres. On les réduisit considérablement, de 4.684 hectares à 1.352 pour l’ensemble, mais en laissant sous le régime forestier et incorporant ou réincorporant aux forêts communales les par- ties qu’on avait périmétrées pour les mieux conserver. On ne peut qu'applaudir à cette dernière mesure, même si l’on estime excessives les réductions faites. Mais il est regrettable que ces réductions aient replacé hors de l’action de l'État des torrents dangereux comme celui du Creuzet, du Vallon, de Sainte-Élisa- beth, etc. Les communes refusant la vente à l’amiable des ter- rains périmétrés, ceux-ci furent acquis par expropriation. A ces périmètres, actuellement appelés «séries » en langage administratif, il faut en ajouter un autre, acquis à l’amiable par (1) Autre exagération évidente qui touche l’inexactitude absolue. (2) Certains sont des marnes noires analogues à celles de l'Embrunais ou des Basses-Alpes. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 87 l'État en 1894 et comprenant le bassin du Rif-Cros, mauvais torrent né dans les calcaires et schistes gypseux et dolomiteux de la chaine de Montbrison « grandiose et triste », coupant la route de Vallouise et dévastant le village des Vigneaux qu'il traverse. Le Rif-Cros, en activité surtout depuis 1856, a eu des crues vio- lentes en 1890, 1893, 1894, 1905. En 1894, la commune offrit à l'État de lui vendre 237 hectares de rochers, casses et terrains en mouvement pour 80.000 francs. L’Administration estimait ce terrain 5.000 francs (21! l’hectare); elle arrêta les offres à 11.866 francs, puis enfin l'acquisition eut lieu à l’amiable pour 25.758 francs. 2, Reboisements actuels par l'État Actuellement, les « séries » de reboisement du Briançonnais, propriété de l'Etat, formant le « périmètre de la Haute-Du- rance », sont donc les suivantes : nr | MODE D'ACQUISITION | DÉPENSE PRIX ; , : move DÉNOMINATION TORRENTS ENGLOBES | ue d'ac- 3 de ce | NANCE :s RE ESA : : | | actes ou jugements | quisition | l’hectare | | fl | | | | | | hectares francs francs Es Robion, le Vallon L : Névaehe’ «1.7. \ MC $ { 238,91 | Expropriation, 16 férrier4887.|118.679,84| 496,77 . | (parte). \ à À (La Lauze, Malefosse NE: ; | Val-des-Prés. . . ee L 296,59! — — 110.612,62| 372,98 | (partie). Mer CE el Briançon . . .. [Malefosse (partie). 66,581 Amisble, 7 octobre 4876. 2.090,70 31,40 Rifblanc, les Plattes, l'Etret, la Ponson- nière, le Pervou, le Chardoussier, la Le Monétier . Pisse, le Saint-| | | | ; 560,83 | Expropriation, 46 férrier 1887. |113.199,93| 201,76 Joseph, la Moulette. Puy-Saint-André.|Sachas (partie). St-Marlin-de-Queyrières . | Sachas (partie). Les Vigneaux . . [Rif-Cros. 45,89 T4 SR | 3% 841 ,73 799,24 143,29 | — — 86.029,86! 600,39 236,73| Amiable, 30 avril 4903 25.758,07| 108,80 1491.168,75)| 309,1/ | Totaux et moyenne. . 1.588,82 EEEZEZ— On voit combien les expropriations sont onéreuses pour le Trésor et combien les jurys font payer à l'État les terrains très au-dessus de leur valeur et très au-dessus même des prix déjà forts que l'État paie dans les acquisitions à l'amiable. 88 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Des projets de constitution de périmètres domaniaux ont été étudiés ces dernières années pour les bassins du Guil et de La haute Romanche. Une loi du 7 août 1910 vient de déclarer d'utilité publique la création du périmètre du Guil, 1.780 hec- tares, comprenant principalement les sommets des versants dénudés du Queyras. A côté de ces séries domaniales, précédées par conséquent de l'acquisition du terrain par l'État, a été constituée en 1905, par une procédure des plus heureuses et que nous voudrions voir généralisée dans toutes les régions de montagne, la série communale d’Arvieux, appartenant au périmètre du Guil, en plus des 1.780 hectares précités. La route stratégique de Briançon à Château-Queyras, aussitôt après avoir franchi le col d’Izoard, descend en lacets sur les versants sauvages et dénudés, par suite de pâturage, de la Casse déserte et de Brunissard qui appar- tiennent au bassin de réception de la rivière d’Arvieux. Les ter- rains, Calcaires dolomitiques, cargneules, schistes, se délitent et se désagrègent facilement, menaçant l’existence de la route. Sollicité par le Service des Eaux et Forêts, le Conseil municipal d'Arvieux a consenti à soumettre au régime forestier 248°* 97° de communaux dénudés et en démolition superficielle, sous con- dition que l’État y ferait entièrement à ses frais tous les travaux de restauration et de reboisement nécessaires. On y a ajouté une parcelle, de 20° 05, de la forêt communale, qui était dégradée et la série communale de reboisement a été ainsi constituée avec une surface de 269"? 02%, En même temps, une pépinière était établie en aval de Château-Queyras, sur terrain loué. Les travaux effectués au 31 décembre 1906, depuis l’origine, dans ces différentes séries, dont la contenance totale est ainsi de 1.857" 84% étaient les suivants : TABLEAU Plantations : LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 89 Dépenses francs Travaux forestiers Semis : 386 hectares, 7.230 kilos de graines résineuses. 32.885 1.562 hectares (1), 15.157.000 plants résineux; 751.000 plants feuillus. . 180.950 947.745 En herbement : parties des surfaces ci-dessus. 17.447 | ; Pépinières : (y compris la valeur des graines). . 56.630 Ouverture et entretien de chemins : 103.364 mètres. . 59.803 Travaux de correction Barrages : 5 grands en maçonnerie, 1.077 petits en pierre sèche. . : 135.805 Clayonnages, 48. 383: HR 3. 110. 58.482 230 .052 Curage de lit des torrents. Fe 28.212 A Drainages, 3.834 mètres 7902 Divers, frais de surveillance, etc. . 62.459 ToTaAL. . 640.226 Par série, la situation était la suivante au 31 décembre 1906 : Restant à reboiser hectares NÉE es pente . 100 LAEC CRE «19: NOMONNINSR RE EE 14 BAD OMe NN LS PESNT 2 Le Monêtier (2). . . . . . 82 Puy-Saint-André.. . . . . 10 SAM UT à. » Le NRA Re Tee 97 ANA ERA MA CAR 216 POTAUX LUN AN 181 Non boisable Dépenses effectuées hectares francs 9 87.727 60 103.418 8 43.402 50 229.646 » 88.446 25 35.858 128 12.334 45 39.395 325 640.226 La plantation est le mode de reboisement le plus généralement (1) Y compris 966 hectares réfectionnés. adopté ct de beaucoup préférable. Les essences employées sont, en première ligne, le pin à crochets et le mélèze, accessoirement le pin cembro (la réussite de cette essence est difficile). Les plants, (2) Le bassin du Saint-Joseph, à peu près entièrement repeuplé, est un bel et intéressant spécimen de reboisement. 90 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE mis en place à l’âge de trois ans en moyenne, sont élevés dans des pépinières établies dans les séries mêmes, à proximité des terrains à reboiser, sauf dans le Queyras où une seule pépinière centrale existe, un peu en aval de Château-Queyras. On plante, en outre, sur les berges des torrents, dans les boues glaciaires, sur les éboulis, des feuillus : aunes, saules et surtout l’hippophaé. Le saule se bouture plutôt qu’il se plante. Les semis, en pin à crochets ou mélèze, ne sont faits que sur de petites surfaces, à titre d’essai ou dans des circonstances spéciales : semis sur la neige, semis dans des casses. D’ordinaire on peut planter immédiatement le terrain à re- boiser. Mais lorsque ce terrain est dénudé, très déclive et qu'il se délite facilement à la surface, il faut passer par l’intermédiaire préalable de l’enherbement. Cet enherbement s'obtient par des semis en cordons horizontaux de sainfoin et fenasse, des planta- tions, en cordons également, de touffes de bauche. On les com- plète au besoin par des plantations de feuillus, ou des boutures, ou encore par des clayonnages. Quand ces cordons se sont déve- loppés et que le terrain a pris un peu d’assiette, on peut planter les résineux. Le reboisement des diverses séries, sauf de celle toute récente d’Arvieux, est presque terminé. Mais le travail de réfection, par plantation, des parties manquées restera encore longtemps assez notable. Il a été très considérable pendant la période précé- dente. C’est jusqu’à sept et huit fois qu’il a fallu revenir sur cer- tains points pour y réinstaller la végétation. Les parcelles qui restent à regarnir sont plutôt des vides dans les semis ou plan- tations déjà faites, surtout dans les parties élevées des séries, où, comme l’a recommandé M. Bénardeau dans sa tournée d’inspec- tion générale de 1906, doivent porter les efforts du service. Là, il y a à lutter contre les rigueurs d’un climat excessif de haute altitude, où l’on est tout proche de la limite de la végétation forestière, Cependant le reboisement de ces parties importe parce que c’est souvent là que naissent les premiers ravinements qui engendrent le torrent. Parfois aussi il peut y avoir lieu d'y combattre les avalanches à la suite desquelles des ravinements LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 91 se forment aisément (1). Dans les autres parties des séries, ce sont aussi des vides ou des taches de terres gypseuses (Névache) ou des boues glaciaires (Puy-Saint-André) ou des schistes (La Pisse) sur lesquelles la végétation est à réinstaller. Les cordons d'herbes (fenasse, sainfoin, bauche) y précéderont au besoin les plantations de résineux; pour les terres gypseuses ou schisteu- ses, les semis de bugrane ou lasers, plantes qui y sont spontanées, sont tout mdiqués. Des bouturages et marcottes de feuillus tra- çants et drageonnants, des clayonnages, et, dans les petits ravins, des garnissages de rameaux de pin permettront d’en vite venir à bout. En 1906 et 1907, nous avons fait mettre à l’essai dans diffé- rentes séries des essences exotiques, introduites par plantation. Il est encore trop tôt pour juger des résultats. Abies Nordmar- miana, Picea Alcokiana, Menziesii, Engelmanni, Pseudotsuga Douglasi, Pinus Banksiana sont assez bien venus jusqu'ici. Chamæcyparis Lawtsoniana semble avoir réussi. Au surplus ces essais demandent à être suivis avec méthode et continuité, ce qui n’a pas toujours lieu. Dans le périmètre de la haute Durance, les travaux fores- tiers (enherbements, semis, plantations) sont et doivent rester prépondérants. Les travaux de correction (maçonnerie.et hydrau- lique), notamment l’établissement de barrages, ont eu une impor- tance bien moindre, en raison de la nature des torrents périmé- trés, qui sont surtout des torrents à casses (Malefosse, Lauze, Rif-Cros) ou des torrents à affouillements donnant peu (Sachas, Ponsonnière, Pervou, Chardoussier, ravin d’Izoard). Dans les premiers, la raideur du profil en long fait que les grands barrages n'auraient qu’une utilité très restreinte et momentanée, parce que la moindre crue suffit pour les atterrir (ainsi les deux barrages du Rif-Cros en 1906) et que, d’autre part, la source des matériaux est inépuisable, puisque c’est le pan de montagne lui-même d’où descend le torrent. Dans de tels ravins, il n’y a qu’à reboiser le (1) Des banquettes contre les avalanches ont été établies en 1907 dans le haut du Rif-Blanc. 02 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE plus possible et attendre que la montagne atteigne un état d’équi- libre relatif, à l’abri de tout pâturage et de toute exploitation. Mais si un jour vient où l’on entreprenne l’extinction de tous les torrents du Briançonnais, il y aura, en dehors des torrents à affouillements déjà périmétrés et non encore corrigés, dans les- quels des barrages en maçonnerie seraient Jjustifiés (Rif-Blane, la Moulette), des barrages à établir dans la plupart des autres torrents à affouillements (Creuzet, torrents de Val-des-Prés, du Vallon, de Sainte-Élisabeth, de Quevyrières, de Parcher, des Meyries). Les travaux de correction et barrages, contre l’abus desquels on s’est élevé récemment non sans quelque raison, mais non aussi sans exagération, s'imposent souvent dans les ravins à berges instables et affouillables des Alpes ou lorsque, comme il arrive souvent, la forêt est prise à revers par un ravin né, soit au-dessus d’elle, soit dans une clairière ou un vide intérieur (1). Nous en avons vu précédemment (I, Il, 7) la preuve dans les cas du torrent de Sainte-Élisabeth et des ravins de Queyrières, de Sainte-Margue- rite et de Maratra. z (À suivre.) (1) Voir E. Tiéry, « Réponse à M. Briot » (Revue des Eaux et Forêts, 1906, p. 1). LE MOIS AGRONOMIQUE SOCIÉTÉ NATIONALE D’ENCOURAGEMENT A L'AGRICULTURE JE CONGRÈS HIPPIQUE DE PARIS Le 9€ Congrès hippique de Paris, organisé par la Société nationale d’Encouragement à l'Agriculture, a eu lieu à l'Hôtel Continental, les 19, 20 et 21 juin, sous la présidence de M. Emile LouBer. | Dans son allocution, M. le PRÉSIDENT traite particulièrement la question de nos exportations de chevaux et mulets. Voici, dit-il, la comparaison des chiffres de l’an dernier avec ceux des deux années précédentes : en 1910, nous avons exporté 45.197 chevaux, mules et mulets (valeur : 41.038.000 francs); en 1911, 53.000 (47.183.000 francs) ; en 1912, 50.885 (46.835.000 francs). I est à rs que si le nom- bre de têtes exportées a baissé l'an dernier d'environ 2.200, la valeur n’a que légèrement diminuée. Pour les quatre premiers mois de 1913, notre x POrta tion de che- vaux et de mulets n’est que de 16.716 têtes contre 19.911 pour la période correspondante de 1913 et 17.413 pour les quatre premiers mois de 1910. | En ce qui concerne l'importation, les chiffres pour les quatre pre- miers mois de l’année sont en décroissance : 3.837 têtes en 1911, 3.187 en 1912 5.197en 193. S'il n’y a pas lieu d’être pleinement satisfait de nos exportations chevalines pour 1912 et le commencement de 1913, il ne faut pas s’alarmer de la petite dépression que l’on constate. Des achats impor- tants ont été faits, ces derniers temps, par les étrangers en Normandie, et en Bretagne et, si l'on tient compte, d'autre part, dessacquisitions considérables que la remonte de notre armée va faire dans le cours de l’année, il est permis à l’éleveur d’envisager l'avenir avec confiance. L’exportation reprendra certainement; les prix sont de plus en plus élevés et cette constatation justifie l'effort de la Société nationale d’En- couragement à l'Agriculture, qui a pris la tête du mouvement par la création, en 1905, du Congrès hippique de Paris. 94 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE M. pe LAGORSSE retrace, dans un rapport très substantiel, les réformes souhaitées par les congrès précédents : la nouvelle augmen- tation du prix d’achat des chevaux d’armes; la mise à la disposition des cultivateurs de 400 juments de cavalerie et 200 juments d’artil- lerie aptes à faire de bonnes poulinières, et, enfin, le développement de la production du cheval de selle. « Ceux d’entre vous, dit-il, qui pourront assister au Concours hippique de Vichy, y verront un ensem- ble d'épreuves nouvelles extrêmement intéressantes au point de vue de la mise en valeur des chevaux, sous la haute direction de notre éminent collègue, M. le baron Du TEIL. » Au total, conclut M. pe LaGorsse, l'horizon qui s'était un peu assombri pour nos éleveurs, ces dernières années, se rassérène, car 1ls peuvent compter, à l'avenir, sur des prix rémunérateurs pour les pro- duits de leur élevage. M. G. BaRRIER, inspecteur général des Ecoles vétérinaires, exprime le vœu que les sociétés de courses doivent rigoureusement prohiber et réprimer le doping, qui porte atteinte à la sincérité des épreuves. favorise la fraude, compromet la santé des chevaux, les intérêts de l'élevage, la valeur et Pavenir de la production nationale. Pour remédier à la crise du demi-sang, M. Boucuer, professeur à l’École nationale vétérinaire de Lyon, propose les moyens suivants : 1° Relèvement du prix moyen d'achat des chevaux destinés à la remonte, au-dessus des sommes déjà consenties, afin de pouvoir payer convenablement, à l’occasion, des chevaux « faits » et « prêts », que les bons élevages peuvent parfaitement livrer «en forme »; 20 Achats nombreux de chevaux de {rois ans pour la grosse cava- lerie, afin de stimuler les initiatives du petit et du moyen élevages, plus enclins à « produire » qu’à affûter le cheval « fait »; 30 Relèvement du nombre et de la quotité des primes de toute nature, spécialement en ce qui concerne les poulinières ; 40 Enienie des éleveurs sur les meilleurs moyens à mettre en œuvre pour produire le cheval de selle pour poids lourd; 20 Multiplication des concours d'adaptation au service de la selle, sous des formes propres à faciliter la sélection sur le « modèle » et la « qualité »; 60 Extension des encouragements au « dressage » et aux « sports équestres ». Dans sa communication sur lélevage normand, M. GaLLIER de- mande que l'Administration des haras n’achète dorénavant en Nor- mandie, comme demi-sang, pour la remonte de ses dépôts, que des étalons à deux fins, répondant aux types des étalons de selle pour poids moyen et pour poids lourd et fortement charpentés. Il demande en outre Que les étalons de pur sang de croisement soient d’une bonne confor- mation, épais et compacts, près de terre, courts dessus. longs dessous, sans tares et de performances suffisantes; — Que l'Administration des haras n'accepte que des géniteurs de bonne origine, d’une confor- mation irréprock able, du modèle selle, aux membres nets et bien te tin me int nat: LE MOIS AGRONOMIQUE 95 d’aplomb; — Que le prix des chevaux de remonte soit de nouveau et uniformément augmenté de 125 francs; — Que. conformément aux arrêtés ministériels, les primes attribuées aux pouliches et aux juments poulinières ne soient pas décernées quand les animaux présentés ne réunissent pas les qualités suflisantes pour en faire de bonnes mères et que l’économie réalisée serve à majorer les primes des meilleures; — Que des brochures de propagande sur nos diverses races françaises, brochures traduites en plusieurs langues, accompagnées de photo- graphies et qui seraient distribuées à l'étranger, soient publiées par les sociétés intéressées. M. Baume montre l'intérêt qu'il y a à ce que la Remonte ne fasse pas de tournées d'achats sans avoir de chevaux à acheter et il demande qu’elle soit autorisée à donner des bons payables par le Trésor dans un délai de deux à trois mois. Il serait désirable, ajoute M. Baume, que la Remonte établisse pour plusieurs années le régime de ses achats de chevaux d’âge, avoi- nés, dressés et prêts à entrer en service, pour un prix majoré des frais d'entretien du cheval ajoutés à la valeur d'achat qu'il représentait à trois ans et demi. D'autre part, le ministère de la Guerre devrait étudier un système de primes de conservation aux chevaux réquisitionnables, comme il donne des primes d'achat et d'entretien aux camions automobiles. Enfin, l'Etat pourrait acheter annuellement les chevaux néces- saires aux effectifs de paix et les augmenter du nombre des chevaux nécessaires aux réserves, chevaux qui seraient placés en dépôt chez des particuliers dignes de confiance et que FÉtat pourrait toujours reprendre quand ses besoins l’exigeraient, en temps de paix comme en temps de guerre. M. le vicomte Marrix pu Norp, au sujet du surmenage des jeunes chevaux de demi-sang, donne lecture du vœu suivant : « 19 Que les épreuves montées soient aussi douces que possible; que les poulains de trois ans soient toujours présentés en filet: qu'il ne soit imposé aux jeunes sujets ni un parcours prolongé à un galop rapide, ni des sauts d'obstacles: 20 que les augmentations de crédit qui seront ultérieurement accordées aux concours soient dorénavant consacrées en plus grande partie aux chevaux de quatre ans et au-dessus. » M. LavaLarp indique que les deux races de c'evaux bretons doivent vivre à côté l’une de l’autre et présenter deux stud-books, celui du | postier breton et norfolk-breton et celui du cheval de trait breton. Les livres généalogiques permettront d’espérer un avenir prospère pour les deux races, qui profiteront ainsi de l'amélioration des procédés de la culture bretonne, des choix pratiqués pour contrôler les meil- leures origines et s‘lectionner les familles du type le plus pur, aussi bien pour le postier breton que pour le cheval de trait breton. Il faudra surtout se bien pénétrer de ce qu’enseignait Baudement : « Pour conserver et améliorer une race, disait-il, il faut d’abord choisir pour reproducteurs les types les plus parfaits, ceux qui offrent au plus 96 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE haut degré les caractères et les qualités de cette race; ensuite avoir un registre d'inscription au moyen duquel la fihation des animaux puisse être fixée. » M. Lagar, directeur de l’École nationale vétérinaire de Toulouse, demande que lon facilite aux éleveurs le rachat des juments qui leur sont confiées. Il estime que les primes de conservation devraient être réparties de manière à favoriser le propriétaire qui fait naître. Il demande, en outre, que l’on facilite davantage aux éleveurs l'accès des concours et que des primes de conservation plus élevées et plus nombreuses contribuent à la sélection des mères. | M. Charles pe SALVERTE fait une très intéressante communication sur l'emploi des chevaux français aux chasses à courre de Pau. Il montre que les anglo-arabes ou pur sang nés en France, bons sauteurs, adroits, intelligents, remportent aujourd’hui le plus grand succès. « Sur environ 250 chevaux qui ont régulièrement chassé à Pau, cette saison, J'en ai compté, dit-il, 120 de races françaises, tant pur sang qu’anglo-arabes et demi-sang de tout genre. Et ce nombre ne pourra qu’augmenter. » M. le Dr Nrcoras présente les vœux suivants : « Que les concours épreuves ou d’aptitudes pour étalons de selle de gros poids soient étendus à tous les reproducteurs de selle, étalons et juments, du Nord et du Midi, de l'Est et de l'Ouest; « Que les reproducteurs ainsi sélectionnés soient qualifiés selle sur leur carte de naissance et inscrits sur un stud-book spécial, qui sera l’origine d’une race de chevaux de selle, le Stud-Book pouvant avoir autant de subdivisions qu’il sera nécessaire pour conserver l’indigénat; « Que les étalons de l'État, ou primés par l'Etat, pour faire la monte, soient classés et étiquetés dans les stations d’après leur adaptation fonctionnelle (étalon de selle, étalons de trait léger, d'artillerie); « Que tous les concours hippiques comprennent les mêmes classes et les mêmes étiquettes; k « Que les primes provenant de l'État soient revisées et affectées plus directement, qu'à l'heure actuelle, à la création d’une race com- merciale de chevaux de selle. » | M. Viseur montre que, depuis fort longtemps, on a reconnu qu’au sujet de la reproduction, il fallait s'occuper surtout des Juments. L’orateur a toujours défendu les juments boulonnaises, dont il a déter- miné le rôle un des premiers. M. le comte be RoBien ‘demande que le ministre de la Guerre favorise le contrôle des aptitudes à l'endroit des chevarvx d'artillerie, qui font, dans la plus grosse proportion, appel à la réquisition pour les unités actives. Il appelle également l'attention du ministre sur l’inté- rêt capital qu’il y aurait à organiser des expériences qui sembleraient devoir être constituées par l’organisation, aux prochaines manœuvres d’armées, d’un groupe d'artillerie de campagne par corps d'armée LE MOIS AGRONOMIQUE 97 constitué exactement comme s’il était à la mobilisation, et dans les conditions exactes du temps de guerre. Ces expériences pourraient être complétées par des encouragements attribués sous la forme de bons-primes, en faveur des unités ayant ‘ satisfait complètement aux expériences, et qui seraient représentées en bon état lors du classement suivi desdites expériences. Les diverses conclusions qui précèdent ont été adoptées par le Congrès ANN, SCIENCE AGRON. — 4e SERIE — 1913 — IT £ REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES AGRICULTURE Action de l'acide sulfurique sur les plantes. — E. RABATE (Le Progrès Agricole et Viticole, 3, 10, 17 novembre 1912). — CROCHETELLE (La Vie Agricole et Rurale, n° 10, 8 février 1913). — E. PrrcLauD (La Technique moderne, n° 12, 15 juin 1913). L'emploi de lPacide sulfurique dilué pour détruire les ravenelles et autres mauvaises plantes qui envahissent les champs de céréales tend de plus en plus à se généraliser dans le midi de la France. La température très douce de cette région rend ineflicaces les solutions de sulfate de cuivre à 4 % ou de sulfate de fer à 15 % que l’on emploie dans le Nord et dont l’utilisation s’est faite d’une facon particulière- ment intensive cette année. Il a donc fallu recourir à ces moyens plus énergiques et les nombreuses expériences faites par les profes- seurs d'agriculture ont démontré que l’acide sulfurique dilué donne des résultats tout à fait satisfaisants. Les constructeurs n’ont pas hésité à créer, pour son emploi. des pulvérisateurs spéciaux, dont la fabrication en cuivre plombé les rend inattaquables par cet acide. C’est là une preuve que ce procédé est passé du domaine des essais dans celui de la pratique. M. RABaTÉ a fait de nombreuses expériences pour déterminer quelle est la proportion d'acide sulfurique qu’il convient d'employer. Il a obtenu les résultats ci-après : Avec 3 litres d'acide sulfurique à 60 ou 660 B. pour 100 litres d’eau, le blé conserve deux ou trois feuilles indemnes sur les six qu'il présente. Les ravenelles sont brûlées en un ou deux jours, mais les vesces et les gesses sauvages peuvent résister et envahir le blé au point de provoquer une verse prématurée. \ mesure que la dose augmente de 5 à 10% en volume, les résultats sont plus marqués et plus rapides. Avec 10 litres d'acide sulfurique pour 100 litres d’eau, toutes les feuilles de blé sont brûlées, mais la tige reste indemne et le temps d'arrêt est rattrapé en huit ou dix jours. On détruit d’une facon complète les ravenelles, les vesces et les gesses:; par contre la folle avoine, le chiendent et le chardon résistent et repoussent. REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 99 Le résultat est sensiblement le même avec 8 litres d'acide par 100 litres d’eau, et c’est cette dose qui est la plus employée. On doit laugmenter un peu lorsque le liquide est répandu avec les appareils à traction animale. La pulvérisation s'effectue quand le blé d'automne a pris cinq à six feuilles. L'action est favorisée lorsque le liquide gèle sur les plantes pendant la nuit. Il faut environ 10 hectolitres de solution par hectare. Pour Pobtenir bien homogène, on verse peu à peu, en brassant vigoureusement, 14 à 16 litres d’acide dans une barrique contenant 100 litres d’eau, puis on complète le volume à 200 litres de liquide. M. RABaTÉ a constaté que cet acide ne corrode pas seulement les feuilles, mais qu’il attaque les minéraux et l’humus du sol pour former des sulfates dont l’action fertilisante se fait parfois sentir. La verse se trouverait aussi atténuée dans les sols riches en azote. Les inconvénients signalés sont les suivants : Traitement assez coûteux (35 à 40 francs par hectare); Retard momentané dans la végétation du blé: Réduction de la récolte en paille; On peut y ajouter le danger que présente la manipulation de Pacide sulfurique concentré. Malgré cela, les cultivateurs n'hésitent pas à employer ce procédé dont les résultats sont très satisfaisants. H.: Przraup. os * E. HASELHOFF. — Action des composés du Bore sur les plantes (Dre Landwirtschaftlichen Versuchstationen, vol. LXXIX et LXXX, p- 399-429, . 1913). L'auteur, après avoir fait l'exposition critique des travaux concer- nant cette question, relate les expériences qu'il a faites sur le maïs et le haricot (en solutions) et sur le haricot et l’avoine (en terre). Il arrive aux conclusions finales : lobservation de HoïrTEr sur les taches foliaires dues à l’action du bore est confirmée; ces taches se produisent même avec des quantités minimes de bore en solution ou dans le sol, bien qu'il ne se produise aucun effet défavorable sur la quantité de la récolte. L'action nocive du bore est évidente; en solution, la limite maxi- mum est probablement d 1 milligramme de bore par litre; sous forme de borax, cette quantité a avantagé la récolte de haricots, tout en ayant un effet défavorable sur l'aspect des plantes; sous forme d’acide borique, la même quantité a provoqué des effets nocifs sur la récolte également; des doses plus fortes sont manifestement préjudiciables; le bore, à la dose de 1,13 milligramme dans 1 litre de solution nutritive, a produit des effets nettement défavorables sur le maïs. Dans les cultures en terre, le bore, à la dose de 1 milligramme pour 8 kilos de terre (soit 0,00001 %) n’a pas nui aux haricots lorsqu'il fut appliqué sous forme de borax, tandis qu’il fut nuisible sous forme d'acide borique; dans les deux cas des doses plus fortes furent nocives. 100 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Selon les autres expériences précédentes, les limites seraient au contraire plus élevées. Cependant, quelques expériences sembleraient indiquer une influence favorable sur la masse de la récolte, influence qu’il faudrait attribuer à ce qu’on appelle l’action stimulante du bore; pour cette action, les limites sont inférieures à 0,00001 % de terre. L’assimilation du bore par les solutions et par le sol est générale- ment proportionnelle à la quantité de bore présente; il semble que le bore se dépose dans la tige et non dans les graines. Tandis que les effets extérieurs des taches foliaires semblent les mêmes pour les diverses plantes, 1l n’en est pas de même pour l’action sur la quantité de la récolte; c’est probablement de là que provient le désaccord entre les résultats ici mentionnés et les résultats pré- cédemment obtenus. J. SIMoxs. RIPPERT. — Dommages causés par la fumée des industries Rhéno- Wesphaliennes (Glückauf, 7 et 14 décembre 1912, p. 1992-2000 et 2026-2037). L'auteur examine d’abord la fumée au point de vue de sa compo- sition et de ses effets en général. Ainsi dans la fumée d’une locomo- tive, on trouve une forte proportion de noir de fumée, de la vapeur d’eau, de l'acide sulfureux et de l'acide sulfurique libre dont la quan- tité peut s’élever, en une heure, à près de 2 kilos. L’effet nuisible de la fumée de charbon dépend surtout de sa teneur en S0?; le noir de fumée encrasse les plantes, mais n’attaque pas les tissus. | L’auteur rapporte de nombreuses analyses de poussières; en trois mois il a recueilli dans une capsule de 25 centimètres de diamètre 167 689 de poussières contenant : matières solubles, 0,159 % ; chlore, 0,012 % ; chlorure de sodium, 0,0198 % ; oxyde de carbone, 0,0422% ; acide sulfurique, 0,0585 %; carbonates, traces; matières goudron- neuses, traces. L’air contient, en outre, de l’anhydride sulfureux dont la dose varie de 1/390.000 à 1/2.043.000 suivant l'éloignement du lieu où lon a prélevé l'air du lieu d'émission des fumées. WISLICENIUS a trouvé que la teneur limite nuisible en SO? est 1/500.000. D'ailleurs, de jeunes plants de blé et de froment peuvent supporter des teneurs plus élevées atteignant 1/50.000. D’autres essais ont été effectués sur des haricots : Teneur en SO? Durée I LR ETES de l'essai au début à la fin Résultats en heures de l'essai de l'essai 6 1/2 1/82.300 1/87.500 non endommagé. 10 1/108.000 1/130.000 légèrement endommagé. 9 1/76.000 1/96 .000 résultat douteux. 9 1/147.000 1/227.000 non endommagé. REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 101 Les fumées ont aussi une action très nette sur le sol : le carbonate de chaux est transformé en sulfate qui se solubilise dans l'excès d’acide sulfurique et est entrainé dans les profondeurs. A l’appauvrissement du sol, il est aisé de remédier par l'apport de fumures. On peut enrayer l’action nocive des fumées soit par neutra- lisation des vapeurs acides, soit dilution des vapeurs au moyen d'un système de ventilation approprié. J. SrMons. * * * ÉCONOMIE DU BÉTAIL M. CapiotT. — Transmission de la fièvre aphteuse des animaux à homme (Comptes rendus de l’Académie de Médecine, séance du 13 mai 1915.) M. Capior rappelle que cette transmission fut regardée comme douteuse depuis la communication faite, en 1838, à l'Académie par Royer, jusqu’en 1872, date de l’épizootie européenne au cours de laquelle on constata de nouveaux et de nombreux cas de transmission à l’homme. Celle-ci se fait souvent par l’usage du lait cru provenant de vaches aphteuses, quelquefois par inoculation accidentelle chez les personnes qui vaccinent ou soignent les bêtes malades. Ces atteintes sont quelquefois graves, surtout chez des enfants. Tout porte à croire que la fièvre aphteuse ne conservera pas indéfiniment son actuelle gravité et que l’on reverra les épizooties bénignes. La stérilisation du lait par l’ébullition ou le chauffage prolongé pendant quelques minutes à une température voisine de 1009 n’est pas recommandable seulement comme moyen de préservation contre la fièvre aphteuse ou d’autres maladies spécifiques; elle constitue en tout temps une excellente mesure d'hygiène alimentaire, car le lait est un produit souvent malpropre pouvant contenir des souillures de toutes sortes. À propos de la fièvre aphteuse, M. GaLrppe insiste de nouveau sur les réserves qu’il a formulées, en 1902, concernant l'existence de stomatite aphteuse banale chez l’homme. Quant à la transmission à l’espèce humaine de la fièvre aphteuse des bovidés, il faut connaître les résultats de l'enquête à laquelle il s’est livré et qui confirment ceux de M. Capior sur l'extrême rareté de cette contagion, au moins dans notre pays. Etant donnée l’imprécision des caractères cliniques de la stomatite aphteuse banale chez l’homme, il est facile de se rendre compte des nombreuses erreurs de diagnostic qui ont pu être commises par les médecins. Etudiant la pathogénie des aphtes, M. Garipre montre quelle influence exercent sur leur apparition les états généraux héréditaires ou acquis. [] rappelle enfin l’histoire d’une de ces terribles épidémies d’angines aphteuses et gangreneuses qui, au dix-huitième siècle, ont ravagé certaines provinces françaises et ont légitimement porté le nom de choléra-morbus aphteux; ces épidémies se sont éteintes. J. Simoxs. + k x 102 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE A. CHRÉTIEN. — Recherches sur l'acidité du lait de vache (//ygiène de la viande et du lait, n° 5, 10 mai 1913, p. 244). L’acidité des laits de vaches normaux est relativement constante; elle ne varie qu'entre les limites extrêmes 18r 4 à 28r 1 d’acide lactique par litre. Un certain nombre de causes pouvant influencer lacidité du lait ont été examinées. Des laits de vaches ayant accompli un certain trajet en chemin de fer ont été analysés; sur 8 échantillons, 7 présentèrent un excès d’acidité : cette hyperacidité est probablement due à la fatigue et peut-être aussi au jeûne presque absolu qu'ont subi les animaux pen- dant le voyage. Certains nourrisseurs de la région parisienne font entrer dans lPah- mentation de leurs vaches des résidus liquides de distillerie. Ces résidus, comme d’ailleurs tous les résidus industriels utilisés comme aliments, n’ont modifié ni lacidité, ni la composition chimique du lait, au moins d’une façon appréciable. Enfin le lait des vaches atteintes de mammite a une acidité qui varie dans des limites très étendues : le lait provenant de mammites tuberculeuses accuse une diminution souvent très notable du chiffre d’acidité; les laits dont l’acidité est inférieure à la moyenne et pour lesquels on n’a pu établir la nature exacte de la maladie, ne semblent pas provenir exclusivement de vaches atteintes de tuberculose mam- maire. Enfin le lait envahi par les autres microorganismes (strepto- coque de la mammite contagieuse), bacillis mastitidis, contagiosæ, bactérium coli, staphylocoques, etc.) a généralement une acidité égale ou plus souvent supérieure à la normale. J. SIMONS. * %* MM. WEINBERG et À. JuLieN. — Recherches sur la toxine Ascari- dienne (Æygiène de la viande et du lait, 10 mai 1913, p. 225). Le liquide péri-entérique de l'Ascaris megalocephala est nocif non seulement pour les animaux de laboratoire, mais aussi pour le cheval lui-même; lascaride sécrète done une véritable toxine. Instillée dans l'œil du cheval, la toxine ascaridienne provoque dans les deux tiers des cas une réaction locale caractérisée par l’œdème des pau- pières, la congestion de la conjonctive et le larmoiement. Quelquefois, la réaction locale est accompagnée d'accidents plus graves (dyspnée, diarrhée, sueurs profuses). La réaction oculaire ne dure que douze à vingt-quatre heures, les phénomènes généraux parfois très mena- cants disparaissent au bout de deux à trois heures. L'action de la toxine est très variable suivant les échantillons du liquide péri-enté- rique recueilli; on peut encore provoquer les phénomènes oculaires avec des dilutions de toxine à 1 p. 5.000. Le liquide péri-entérique doit son action non pas à une seule, mais à une série de substances actives. La toxine est thermostabile, traverse le filtre Chamberland et se REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 105 dissout, en partie, dans l’aleool et léther; ses produits volatils sont également toxiques. Les chevaux infestés par les ascarides s’immunisent petit à petit contre l’action de la toxine sécrétée par ces parasites: l’instillation de liquide péri-entérique ne provoque pas, en général, chez eux de réaction oculaire. Le sérum des chevaux porteurs d’ascarides renferme ‘des anticorps spécifiques capables de neutraliser in vitro les dilutions très faibles de toxine ascaridienne. Parmi les autres parasites de l'intestin du cheval. le sclérostome seul sécrète une substance capable de provoquer une réaction oculaire; cette réaction est moins fréquente et plus faible que celle provoquée per le liquide péri-entérique de lascaride. J. SiMoxs. * + *% VALENTI — Contribution à l’étude de la valeur alimentaire de la viande congelée (Giornale della Reale Societa Italiana d Igrene. n° 4, 30 avril 1913, p. 148). L’auteur a entrepris une série d'expériences dont il donne, dans cette note, les premiers résultats. Il a cherché à restreindre le plus possible les différents facteurs tels que la race, l’âge et le mode d’ali- mentation des animaux. En ce qui concerne la teneur en matières azotées, l’auteur est d’accord avec les expérimentateurs précédents, et prouve que la viande congelée contient plus de matières azotées que la viande fraiche. D'autre part, les premières expériences de l’auteur démontrent que la teneur en eau augmente par la congélation alors que GAUTIER, en France, Ascorr et SiLvesrri, en Italie. ont démontré le contraire. Ces expériences se poursuivent actuellement et l’auteur examine les modifications qui affectent la matière protéique et si durant la congélation il peut se former des toxines. J. Simoxs. % + Carlos Pucer. — L'utilisation des aliments par les Zébus (Zaboratorio di Zootecnia di Perugia. L A gricoltura Coloniale, n° 1, janvier 1913, p. 11). L'auteur a conduit des expériences comparatives sur l'alimentation d’un Zébu Guyerat, âgé de deux ans, et d’un jeune Taureau, âgé de vingt mois, de race locale. Les deux sujets n’ont pas présenté de différence notable au point de vue de l'absorption des diverses substances, sauf en ce qui concerne les matières grasses que le zébu absorba en plus grande quantité. Toutefois, on constata chez le zébu une légère différence en faveur de Pazote et chez le taureau, en faveur des extractifs non azotés et des matières minérales. Avec des rations plus concentrées on constata chez les deux ani- maux une augmentation de l’absorption de presque tous les principes 104 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE nutritifs, augmentation qui fut plus grande pour le zébu que pour le taureau. Ces faits concordent, par ailleurs, avec l'augmentation du poids des animaux et leur bilan d’azote pendant les expériences. L’auteur fait remarquer que le zébu se montra toujours plus sobre que le taureau au point de vue de la boisson. J. Simoxs. 0 ré TECHNOLOGIE AGRICOLE Pozzi-EscorT. — Recherches sur une méthode de dosage exacte de la glycérine dans les liquides fermentés (Bulletin de l Association des Chimistes de Sucrerie et Distillerie, t. XXX, 1913, p. 743). Le dosage de la glycérine dans les liquides fermentés ne peut, à l'heure actuelle, s’opérer avec certitude; la séparation de la glycé- rine d’avec les sucres, les alcools, les produits azotés, ete... est d’au- tant plus délicate que la glycérine est facilement volatilisable. L'auteur a expérimenté une nouvelle méthode de dosage compre- nant deux opérations principales : 19 Extraction de la glycérine pure par distillation dans le vide en présence de vapeur d’eau. — Les produits volatils étant chassés par ébuilition, on neutralise le liquide par quelques gouttes de potasse; ce liquide, ne renfermant plus que la glycérine, du sucre et des sels, est soumis à la distillation dans le vide; l’auteur décrit l'appareil utilisé (figure dans l'original) et indique les précautions à observer. La glycérine aqueuse, condensée dans un réfrigérant de Liebig, est recueillie dans un ballon plongé entièrement dans un mélange réfri- gérant de glace et de sel marin; 29 Dosage. — La glycérine aqueuse est oxydée à chaud par le bichro- mate de potasse (solution titrée à 19 0/4) en milieu très fortement sulfurique. Le bichromate est versé jusqu’au moment où la teinte bleu-vert se nuance de jaune (vert-jaune). L'auteur conseille de bien s'exercer à ce virage très délicat. P."NorTTin. *"* R. Marcizce. — Sur l’emploi des sels ammoniaeaux en vinification (Comptes rendus de l Académie des Sciences, t. 156, 1913, p. 1336). L'auteur a examiné un moût de raisins, provenant des environs de Tunis, qui exige chaque année plusieurs semaines pour se vinifier, alors qu’en général les fermentations des autres cuves ne durent que quatre à cinq jours. Le ferment faisait fermenter normalement les moûts d’autres origines: sa vitalité n’est donc pas en cause. Par contre, le moût ne contenait que 04 007 d’azote ammoniacal et Or 114 d'azote total par litre; alors que, dans trente autres moûts, Pazote ammoniacal variait de 02 040 à 0er 155 et l'azote total de 0er 216 à 0er 600. L’addition de phosphate d’ammoniaque à ce moût pauvre en azote rend normale la durée de la fermentation, REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 105 L'auteur attribue la faible teneur en ammoniaque à la nature du cépage, le Beldi, et à la pauvreté du sol. P. Norrin. # * *% Emm. Pozzi-Escor. — Remarques sur le dosage de l’ammoniaque par le formol et sur le dosage du formol par l’ammoniaque (Annuatre de Chimie analytique, t. XVIIE, 1913, p. 193). L’auteur présente quelques observations relatives aux méthodes préconisées par M. GarLLor (Ann. Sc. À gr., 1913, t. I, p. 116 et p. 119). Il reconnait comme exact le dosage du formol par un sel ammoniacal; mais il trouve le dosage de l’'ammoniaque par le formol moins rigou- reux que par la méthode usuelle (distillation). P. NoTrin. *# + * LumET. — La question du carburant à bon marché (Technique mo- dérne, LVL 1913; p.376): D’après les statistiques indiquant le nombre de voitures automobiles et leur force moyenne, l’auteur estime à 200 millions de litres la con- sommation annuelle en essence pour la France. Si l’accroissement annuel du nombre des automobiles continue à se manifester avec une valeur moyenne de 15 % pendant cinq années encore, la consommation en essence atteindra, en 1918, environ 400 millions de litres. Pour satisfaire à cette demande importante, quelles sont les ressources en combustibles ? $ L’essence provient surtout de la Roumanie et des Etats-Unis; on constate un accroissement certain dans la production du pétrole. mais il faut craindre que cette production ne suive pas une progres- sion parallèle à la consommation. L'alcool, pour être utilisé dans les moteurs, doit être additionné d'un corps développant plus de calories, plus volatil et ayant une chaleur latente de vaporisation moindre; c’est ainsi qu’on à carburé alcool avec du benzol, de la benzine ou des essences de pétrole dissoutes dans l'alcool grâce à de la benzine ou de l'alcool amylique. D'autre part, M. Lixper, puis M. GiraRpviLLe ont cherché à utiliser action de l'alcool aqueux sur le carbure de calcium de façon à obtenir un combustible gazeux. mélange d’alcool et d’acétylène. Le benzol, extrait des goudrons de houille, subit une hausse per- sistante qui rend son emploi, chaque jour, plus onéreux. La naphta- line et l'essence de schiste ont été essayées comme combustible pour les moteurs. L'auteur conclut que l'alcool est le seul combustible qui puisse concurrencer l'essence; mais l’alcool dénaturé doit être livré au prix maximum de 30 francs l’hectolitre. P. NoTTin:. x #k *# 106 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE DEJEANNE. — Méthode de dosage pondéral de l’acide earbonique (Bul- letin de la Société Chimique de France, t. XII, p. 556, 1913). Cette méthode a fourni à l’auteur des résultats précis pour le dosage de l’acide carbonique dégagé par des moûts en fermentation ou contenu dans les vins; cette méthode repose sur le principe suivant : l'acide carbonique est absorbé par de l’eau de baryte titrée; l'excès de baryte est transformé en chloruré de barvum par addition de chlorure de magnésium; la magnésie se précipite en entraînant le carbonate de baryum. Le tout est jeté sur un filtre, et l’on détermine la teneur en baryum du liquide filtré limpide. Le baryum précipité à l’état de carbonate est calculé par différence. P.. NOTTIN. * * * J. Garçon. — Les produits accessoires de la brasserie (Bulletin de la Société d'Encouragement pour l Industrie nationale, t. CXIX, p.679, 1913). L'auteur rend compte d’une conférence dans laquelle M. Perir a exposé le parti que l’on peut tirer des résidus de la brasserie. Les purures deviennent facilement le siège d’une fermentation acé- tique ou lactique; pour utiliser cette bière éventée, il faut la stéri- liser par un chauffage en vase clos. La drèche ne peut être utilisée à l’état frais qu’au voisinage des grandes villes; la drèche séchée se conserve longtemps et la production de l’année entière peut se vendre durant l’hiver à des prix rémunérateurs; la drêche mélassée (2 kilos mélasse pour 3 kilos drèche séchée) a la même valeur alimentaire que lavoine et peut remplacer les deux tiers du grain dans la ration des chevaux. Le houblon épuisé est un résidu de médiocre valeur; cependant, séché, il peut être vendu à diverses industries. La levure peut être vendue aux boulangers; pour la blanchir et enlever son amertume, on peut la laver avec un peu de carbonate de soude ou de carbonate d’ammoniaque; un traitement à l’acide phos- phorique ou au phosphate acide d’ammoniaque rend l'énergie au levain affaibli par les lavages alcalins. La levure sèche constitue, d'autre part, un aliment concentré de haute valeur : on la sèche en mélange avec la drèche, les houblons épuisés, les petites orges réduites en farine, les touraillons, etc. En Allemagne, on essaie même de lancer la levure fraiche ou sèche comme aliment pour l’homme. La levure produite annuellement en France, représenterait un aliment d’une valeur alimentaire égale à celle de 30.000 bœufs. L’acide carbonique peut être utilisé dans l’intérieur de la brasserie pour la gazéification de la bière ou le soutirage en bouteilles. P. NoTTix REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 107 2RIOUX et GUERBET. — Évolution du soufre dans le sol, étude de son oxydation (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. CLVI, p. 1476, 1913). BouLLANGER, dans son étude sur les engrais catalytiques (Ann. Se. Agr., 1912, t. L, p. 177), avait montré que l’accroissement de récolte dû à l'addition de soufre au sol ne se produisait pas avec une terre stérilisée. MM. Brioux et GuERBET vont plus loin : ils ont constaté que le soufre, introduit dans la terre, s’oxyde à l’état d'acide sulfurique; cette action est favorisée par la peptone, retardée par les hydrates de carbone; la présence de carbonate de chaux est néces- saire pour saturer l'acide formé. L’oxydation est presque nulle dans une terre stérilisée; mais si l’on ensemence avec de la délayure de terre, l'oxydation a lieu. Les auteurs ont isolé quelques bactéries produisant cette oxydation et ils en continuent l’étude. PINOTTEN: %k + *% Pierre Marié. — Dispositif nouveau facilitant lexamen mierosco- pique des objets opaques ou non et en relief (insectoscope) (Bulletin de la Société dEncouragement pour l Industrie nationale, t. CXIX, p. 638, 1913). Sous le titre modeste d’insectoscope, l’auteur a présenté à la séance du 14 mars de la Société d’Encouragement, une plateforme s’adap- tant aux microscopes, loupes et tous instruments destinés à l'examen de très petits objets. Le principe, très ingénieux, de ce dispositif consiste à donner au support de l’objet à examiner deux mouvements de rotation perpendiculaires entre eux, mais de façon que lobjet soumis à l'examen reste à une distance invariable de l’objectif du microscope ou de la loupe. Le bras qui supporte l’objet en étude décrit done, dans l’espace, deux grands cercles d’une sphère dont la préparation est le centre. La réalisation mécanique de ce principe est obtenue très simple- ment, ce qui permet à l'observateur, sans enlever l'œil de lPoculaire, de voir l’objet sous toutes ses faces, tout en conservant une mise au point rigoureuse. Un troisième mouvement de rotation permet, en changeant l'orientation du système, de trouver le meilleur éclairage du point examiné. Enfin une vis à pas rapide permet d’obtenir le centrage d’un point situé en dehors du support de l’objet (figures dans l'original). Cet appareil s’adresse aux entomologistes et aux botanistes: il peut servir aussi à l'étude des fossiles, des cristaux, des pierres précieuses avant ou pendant la taille, des petites pièces d’horlogerie ou de mécanique. (Extrait du rapport de M. C. FERY.) 108 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE KaysEer. — Contribution à l’étude de la bière visqueuse (Comptes rendus de l Académie des Sciences, t. CLVI, p. 1266, 1913.) L'auteur a isolé d’une bière visqueuse de Normandie un microbe qui rend filants le moût de bière, l’eau de levure, le bouillon peptoné sucré, la bière. Ce microbe transforme le sucre en acide lactique inactif et en acides volatils (acétique, propionique, valérianique); il est dif- férent des ferments analogues isolés par M. Kayser du vin et du cidre. Le mode de préparation des moûts et du brassage, la composition des eaux, le manque de soins de propreté doivent contribuer à sa pro- agation. P. Norris. PRE # # % MoHax. — L'industrie des conserves (Journal of the Soc. of chemical Industry, février 1913, p. 167). Après un aperçu historique sur les conserves alimentaires, l’auteur expose l’état de cette industrie aux États-Unis. La durée de Ja sté- rilsation est la somme du temps nécessaire pour atteindre la tempé- rature voulue au centre de la boite de conserve et du temps nécessaire pour tuer les microorganismes. Pour déterminer la durée de la péné- tration de la chaleur, on se sert d’une boîte de conserve munie d’un couvercle à vis; on y place un thermomètre enregistreur de facon que la boule soit au centre, ou un couple thermo-électrique relié par des fils conducteurs à un appareil de mesure placé en dehors de autoclave. La durée du chauffage et la température nécessaires pour tuer les microorganismes varient suivant leur nature; les conditions saison- nières influent sur la résistance des microbes présents dans les récoltes: il faut également tenir compte de la réaction du milieu à stériliser : pour les aliments acides (fruits) la température de 1009 est suffisante: les aliments neutres (légumes) exigent une température plus élevée. L’essai des conserves se fait en abandonnant quelques boîtes, prises dans chaque lot, à la température de 37° pendant cinq jours; on les ouvre alors. et on examine l’état de conservation. Il est très difficile de distinguer si l’altération provient de microbes s’introduisant par un trou de la boîte, ou de microbes ayant résisté à la stérilisation. Les liquides acides peuvent attaquer le fer, et les sels de fer noir- cissent les fruits; il y a donc intérêt à vérifier l’étamage; dans ce but on recouvre le fer blanc avec une solution de gélatino- ferricyanure de potassium et d’acide sulfurique : après une demi-heure, les points non recouverts d’étain se signalent par des taches bleues. P. NorTrix. * * * Pozzi-EscorT. — Nouveau dispositif pour la culture pure continue des microbes à l’usage des laboratoires, et spécialement adaptable aux applications industrielles de fermentation en milieux neutres ou contaminables : distillerie, vinification, industrie du lait (fromagerie) (Bulletin de l'Association des Chimistes de Sucrerie et Distillerte, t. XXX, p. 621, 1913). REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 109 Plusieurs appareils existent déjà pour préparer de grandes quan- tités de cultures microbiennes pures soit au laboratoire, soit dans l’industrie; l’auteur reproche à ces dispositifs de ne pas donner une asepsie complète et durable, car il se produit plus ou moins rapide- ment une infection par les joints de caoutchouc et par les robinets, l'infection est plus redoutable pour les cultures en milieux neutres. Dans le dispositif décrit par l’auteur, cette cause de contamination a été évitée, en coiffant les ouvertures et les joints d’une sorte de ca- lotte formant un espace clos, que l’on peut stériliser par la vapeur sous pression indépendamment de l'appareil principal (détails et figures dans l'original). P: NOTTIN. *# * *% PIERAERTS. — Dosage de la matière amylacée dans les produits com- merciaux (1'e communication) (Bulletin de l’ Association des Chi- mistes de Sucrerie et Distillerie, t. XXX, p. 628, 1913). L’auteur dose la matière amylacée contenue dans la fécule de pomme de terre en ayant recours soit à des solutions d’acide citrique, monochloracétique ou succinique à 2,5 %, soit à des solutions d’acide citrique à 9 %, soit à l’asaprol citrique (74 5 d’asaprol dissous dans de l'acide citrique à 2,5 % de facon à obtenir 1 litre). o grammes de fécule sont introduits dans un ballon jaugé de 200 ou 2950 centimètres cubes: ajouter 100 centimètres cubes de réactif; agiter pour bien imprégner toute la fécule; chauffer une heure à l’au- toclave, soupape ouverte. Refroïdir à 15°; verser 1 centimètre cube de crème d’alumine; compléter le volume avec de l’eau distillée; agiter; filtrer et polariser : «, — + 1920. Pour les fécules riches en matières azotées, donner la préférence à Pasaprol citrique; dans ce cas le chauffage dure seulement quarante- cinq minutes et &, — + 1950, L'auteur a étudié l’action de ces réactifs dans diverses conditions de chauffage: il a suivi l’action hydrolisante à l’aide de l’iode, et a déterminé le pouvoir rotatoire à chaque opération (16 tableaux de résultats dans l’original). P. NoTrTinx. *% * * SCHWAREZ. — Dosage polarimétrique de l’amidon (Zeits f. d. ges. Br., p*8571913) 28 5 de farine, placés dans un vase jaugé de 100 centimètres cubes, sont agités avec à centimètres cubes d’alcool à 969; ajouter 50 cen- timêtres cubes d’acide sulfurique à 50 %; agiter, et laisser au contact pendant une heure à 189 ou 220. Après une addition de 10 centimètres cubes d'acide phosphotungstique à 2%, compléter à 100 centimètres cubes avec de lacide sulfurique à 40%; agiter, filtrer, polariser; æ, — —+ 1980, P. Norri. 110 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE DucHEMix. — Position de la question de l’aleool dénaturé destiné à la production de la force motrice (Bulletin de l Association des Chi- mistes de Sucrerie et Distillerie, t. XXX, p. 600, 1913) (Communi- cation faite au Congrès de Paris, avril 1913). La baisse récente de lalcool ayant remis à l’ordre du jour lutili- sation de ce corps pour les usages industriels, l’auteur examine les critiques adressées à l’alcool moteur au point de vue technique. Pouvoir calorifique. — alcool dégage par combustion environ 59 % de la chaleur engendrée par l’essence. Mais 1l y a lieu de consi- dérer le rendement thermique, c’est-à-dire le rapport entre la chaleur transmise et la chaleur réellement utilisée; d’après les chiffres indi- qués dans le mémoire, et en comparant le travail utile obtenu par combustion de ! kilo d’essence ou de 1 kilo d’alcool, on obtient pour l'essence 1.980 calories utilisées et pour l'alcool dénaturé 1.771 calories utilisées. L'écart est faible et aurait pu être réduit si tous les essais avaient été pratiqués sur des moteurs spécialement étudiés pour l'alcool, au lieu de l’être sur des moteurs à essence. Pendant deux ans les autobus de Paris ont marché à l'alcool carburé à 50% de benzol; la marche fut excellente et la consommation moyenne dépassa à peine de 5 à 6% celle de l'essence. L’auteur en conclut qu’à prix égal, le litre d’alcool est plus avantageux que le litre d'essence. Attaque des organes des moteurs. — La combustion incomplète de l'alcool détermine la formation de produits acides, mais surtout lorsque l'alcool est mal rectifié. On peut éviter l'attaque du moteur par ces produits acides, en nettoyant et en graissant fréquemment les sou- papes. Mise en route du moteur. — 11 est diflicile de provoquer les pre- mières explosions, surtout par les temps froids; on pare à cet incon- vénient en mettant en marche à l’essence, grâce à l’adjonction au moteur d’un petit réservoir d'essence. Alcool moteur au point de vue économique. — L'auteur montre que les variations du prix de l’alcool ont nui à son emploi industriel: il examine diverses solutions proposées pour rendre ce prix plus stable, P. NoTTIN + #X % W. HoFFMANx. — Fabrication industrielle de l'acide lactique au moyen de la fécule de pomme de terre (Zeztschrift für Sprritus Indus- trie, n°8 7 et 8, 1913). La fécule est saccharifiée dans une cuve matière au moyen de malt vert; l'opération dure quatre heures et quart et le liquide ne doit plus donner de réaction avec l’iode. La solution de maltose ainsi obtenue est chauffée à 800 pour détruire la diastase, et diluée de manière à obtenir 10 à 11% de maltose. Le moût est additionné de craie pulvé- risée, et est ensemencé, à la température de 500, à l’aide d'une culture pure de ferment lactique; le Bacillus Delbrucki est lun des meilleurs REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 411 ferments à employer. Après six à huit jours où les cuves sont laissées à la température de 459, la fermentation doit être terminée, sans qu'il reste plus de 2 grammes de maltose non fermenté par litre. L’acide lactique est alors saturé par de la chaux éteinte; on recueille le lactate de chaux impur au filtre-presse. Ce lactate de chaux est décomposé par Pacide sulfurique, et le sulfate de chaux formé est éliminé au filtre presse. La solution d’acide lactique est clarifiée par le noir animal, puis concentrée dans des appareils à vide construits en bronze ou en fer recouvert de plomb. Pour éliminer le fer, on le précipite par du ferrocvanure de potassium. Les acides lactiques du commerce titrent soit 50 %, soit 80 %. L’acide lactique est très employé dans les industries tinctoriales et en tan- nerie; l’acide chimiquement pur sert pour les besoins pharmaceu- tiques. On trouvera des analyses plus détaillées de ce travail dans les périodiques suivants : Pullelin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale, t. CXIX, 1913, p. 559; Bulletin de l'Association des Chimistes de Sucrerie et Distillerie, t. XXX, 1913, p. 760; Annales de Brasserie et Distillerie, 25 février 1915. | P:: Norris. Gabriel BERTRAND et H. AGULHON. — Présence du bore dans la série animale (Bulletin de la Société Chimique de France, t. XI, ‘p. 395 et:549, 1913). Les auteurs ont décelé des traces de bore dans la plupart des or- ganes du cheval, du bœuf, du mouton, du lapin et du cobaye, dans la souris. Porque le pigeon, la tortue, la grenouille, dans huit espèces différentes de poissons, dans divers insectes, crustacés, céphalopodes. gastéropodes, lamellibranches, hirudinés et échinodermes. Le bore existe donc normalement en très petites proportions dans l’organisme de tous les animaux. PNOTITN: H. Hitier. — Observations relatives à la culture du houblon dans quelques-uns des principaux pays houblonniers étrangers : Bohême, Bavière, Kent, Belgique (Bulletin de la Société d’ Encouragement pour l'Industrie nationale, t. CXIX, p. 685-698, 1913). Ces derniers mois une campagne a été entreprise dans la presse technique et dans la presse quotidienne en faveur du houblon fran- çais, dans le but de rendre la brasserie française indépendante de l'étranger. Il est certain qu’on peut organiser, dans différentes régions françaises où la culture du houblon n’a pas encore été tentée, des essais de plantation et d’acclimatation d'espèces que, jusqu'ici, produit seul l’étranger; étant donnée l’extrême variété des sols et des climats de la France, nous possédons des pays qui donneraient des crus de houblon analogues aux crus les plus fins de Bohême, de Bavière, etc. 112 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Dans tous les cas, dès maintenant, des améliorations très notables peuvent être introduites dans la culture, la cueillette et le séchage du houblon, améliorations qui auraient une influence considérable sur la valeur et la qualité des cônes récoltés en France et employés par nos brasseurs. M. Hirier montre les conditions naturelles de milieu et les prinei- paux caractères de la culture du houblon dans les pays étrangers les plus réputés pour cette production. Il étudie d’abord la Bohême comprenant trois régions principales : 1° le pays rouge de Saaz, qui fournit le houblon le plus apprécié; 20 le pays rouge d’Auscha, où la variété de Saaz produit une récolte plus abondante, mais de moins bonne qualité; 3° le pays vert de Dauba; les modes de culture, de récolte et de séchage contribuent à déterminer la qualité du houblon de Bohême. La Bavière cultive le houblon à tige rouge importé de Saaz; mais le cône, produit sur un terrain moins riche, est plus petit sans avoir perdu ses qualités; l’auteur insiste sur le soin avec lequel se fait le séchage, à Spalt notamment. L’Angleterre et la Belgique sont également des pays réputés pour la production du houblon; mais ici, il s’agit surtout de la quantité de cônes recueillis. La culture anglaise est confinée dans le comté de Kent; en Belgique, le houblon se cultive dans le pays de Poperinghe, dans les environs d’Alost, et dans le petit rayon de Buvrinnes-lez- Binche. Dans ces régions, il y a à craindre les cryptogames et les insec- tes; l’auteur indique les procédés employés pour lutter contre ces parasites. Actuellement les cultivateurs belges tâchent d'améliorer leurs produits par des soins culturaux plus appropriés et un séchage plus rationnel des cônes. PS NOTES: NANCY-PARIS, IMPRIMERIE BERGER-LEVRAULT INFLUENCE DES TRAITEMENTS GERMINATION DU POLLEN DES VIGNES" Par le Dr E. GARINO-CANINA, d'Asti. Les produits anticryptogamiques, insecticides ou insectifuges appliqués sur les vignes sont de jour en jour plus nombreux; à toute époque de leur développement, celles-ci reçoivent des quantités importantes de matières chimiques qui, semble-t-il a priori, ne peuvent être sans action sur leur végétation. La germination du grain de pollen, si délicate, et d’une im- portance si grande pour l'obtention subséquente des raisins, est- elle influencée par les traitements que l’on pratique au moment même de la floraison ? Nous avons voulu nous en rendre compte, et c’est pour ré- pondre à cette question que nous avons entrepris les expériences suivantes. Constatons, tout d’abord, que les praticiens n’ont signalé, jusqu’à ce Jour, aucune action néfaste des traitements cupriques ou autres sur la marche de la fécondation; cela tient-il à ce que le phénomène est assez difficile à suivre macroscopiquement, ou bien à ce que le nombre énorme des grains de pollen qui sont libérés par les étamines assure la fécondation même lorsqu'une grande partie des grains ont avorté? Il nous semble qu’une partie des cas assez fréquents de mille- (1) Études poursuivies au laboratoire de M. le professeur VrALA, Station de recherches viticoles de Paris. ANN. SCIENCE AGRON. — 4° SÉRIE — 1913 — II 8 114 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE randage ne sont pas attribués par les viticulteurs à leur vraie cause, malaisée à saisir : la détérioration et, par suite, l’infé- condité du grain de pollen. Quoi qu’il en soit, on peut supposer que certains traitements, ou excessifs ou intempestifs, nuisent à la germination du pollen. Des essais de laboratoire sur cette intéressante question n’ont pas encore été entrepris (à notre connaissance, du moins); nous en avons poursuivi quelques-uns, que nous compléterons, d’ici peu, par des examens dans des champs d’expériences. CONSTITUTION DU GRAIN DE POLLEN. — Le pollen de la vigne est le plus souvent sphérique, parfois subovoïde, avec des orne- ments, de teinte jaune clair; les fentes de déhiscence sont au nombre de trois, placées sur trois axes faisant 1209 (on les révèle facilement par l’action de l'acide sulfurique au tiers). Les dimen- sions du grain varient suivant les espèces, mais en général il mesure de 20 à 30 pr. On distingue très bien l’exine et l’intine. Le pollen observé en milieu gélatiné est gonflé et offre l’aspect représenté à la figure I. Lorsqu'il est mort, ou observé à sec, il est flétri et ressemble à un grain de blé (Voir fig. V, VI, VIT). Le pollen se forme par bipartition de la cellule mère; chaque grain a deux noyaux : le noyau végétatif et le noyau germi- natif. Le noyau végétatif passe le premier dans le tube polli- nique, il se transforme et disparaît bientôt. Le noyau germinatif subit la kariokynèse et se dédouble; un des noyaux va féconder l’oosphère, l’autre va féconder le noyau secondaire du sac em- bryonnaire (1). GERMINATION. — Les grains de pollen germent avec difficulté dans Peau distillée où ils se déforment en laissant sortir le contenu protoplasmique. Cette constation vérifie et explique les cas de coulure dus aux pluies qui surviennent au moment de la floraison; la présence d’eau de pluie sur le stigmate nuit à la fécondation autant que l’abaissement de température. Le (14) P. Vraza, Traité général de Viticulture, vol. 1, p. 128-129 de l’Am- pélographie. LES TRAITEMENTS ET LA GERMINATION DU POLLEN DES VIGNES 145 POLLEN D'ARAMON = RUPESTRIS GANZIN N° 1 Aspects et germinations dans divers milieux Fig. I. — Aspect du Pollen d’Aramon X Rupestris , _ PRE e dans le milieu putritif témoin. Gr. —160 diam. ge IT. — Germination du Pollen d'Aramon X Ru- pestris après 18 à 20 heures en chambre humide à 209 C, Gr, — 150 diam. Fig. III. — Phénomènes du vieillissement du Pollen d’Aramon X Rupestris. Gr. — 160 diam. Fig. IV. — Germination du Pollen d’Aramon X Ru- Fig. V. — Pollen d'Aramon X Rupestris tué par pestris dans l’eau distillée. Gr. — 160 diam. a l’action des sels métalliques. Gr. — 160 diam. 116 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE liquide qui convient le mieux pour l’évolution rapide du grain de pollen et pour l’examen facile de son développement est une solution dans l’eau distillée, de saccharose à 15 % contenant 1,5 % de gélatine. Dans ce milieu, en moins de douze heures, à la température constante de 209 C., le grain de pollen émet des tubes nets et droits. Le phénomène que nous appellerons « vieillissement du grain de pollen » (déformation du grain, émission de diverticules secon- daires, diffusion du protoplasme par l'extrémité du tube, ou plus rarement à travers les parois latérales) (Voir fig. IT, III, IX), se manifeste, dans les cultures, deux jours après la germination, en-moyenne. Dans les milieux défavorables, où la germination ne s’est pas produite en quarante-huit heures, on constate des altérations morphologiques du grain, variables avec la nature du produit expérimenté; en thèse générale, on peut conclure que les grains qui n’ont pas germé au bout de deux jours ne germeront pas dans la suite. Les grains de pollen peuvent garder leur faculté germinative plusieurs mois, s’ils sont conservés en milieu sec et à l'abri de la lumière. ExPÉRIENCES. — Le pollen que nous avons mis en expérience a été récolté dans les serres de Thomery, appartenant à M. SaLomon. Séché dans du papier buvard, il a gardé presque complètement sa faculté germinative. Le pollen choisi est celui de lAramon x Rupestris Ganzin n° 1, qui possède un fort pouvoir germinatif. Dans nos recherches, nous avons étudié presque tous les trai- tements les plus communs mis en œuvre tant pour la lutte contre les maladies cryptogamiques, que pour la lutte contre les parasites animaux. Nous avons étudié : Le cuivre, sous la forme d’eau céleste, de sulfate de cuivre, et d’acétate de cuivre; L'arsenic, sous la forme d’arséniate de potassium et d’arsénite de plomb; Le plomb, sous la forme d’acétate de plomb et d’arsénite de plomb ; LES TRAITEMENTS ET LA GERMINATION DU POLLEN DES VIGNES 117 POLLENS DE MUSCAT D'ALEXANDRIE, DE BLACK ALICANTE ET DE BICANE Aspects et £erminations dans divers milieux Fig. VI. — Pollen de Muscat d'Alexandrie observé Fig. VII MPG. LOT ram . — Pollen de Black Alicante observé à sec. Gr. — 160 diam. Fi g- VIIL. — Pollen de Bicane observé à sec. Gr. — 160 diam. Fig. IX. — Phénomène de double germination Fig. X. — Pollens de Muscat d'Alexandrie et du (vieillissement) en milieu témoin. — Muscat Black Alicante, observés en milieu aqueux. d'Alexandrie. Gr. — 160 diam. Gr. = 160 diam. c 118 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le bichlorure de mercure; Le chlorure de baryum; Le permanganate de potasse; L’hydrate de chaux; Le sulfure de potassium; Le soufre; L’acide sulfureux; . L’acide acétique; Le phénol; La nicotine; La pyridine; Le savon noir; Le savon nicotiné. Les premiers essais de germination dans l’eau distillée nous ont donné de mauvais résultats à cause des phénomènes d’os- mose (tableau I). Une solution sucrée à 5 % ne nous a pas donné de résultats satisfaisants; il y a bien germination des grains, mais il n’y a plus formation de tube net; il se forme dans ce cas de simples her- nies protoplasmiques. Une solution d’acide malique à 1 % s’est montrée tout à fait toxique, même lorsqu'on y ajoute du saccharose (5 %). Comme il a été dit, la meilleure solution est le liquide con- seillé par STRASBURGER (1) (15 % de saccharose et gélatine 1,5 %#). Ce milieu, légèrement acidulé par l’acide sulfurique, s’est mon- tré encore plus favorable. C'est dans la solution de Strasburger que nous avoïis fait toutes nos recherches pour l'étude de la germination normale, et c’est elle que nous avons choisie comme milieu témoin. Nous avons ensuite constaté sur les autres milieux que presque tous les traitements faits par les composés utilisés dans la pra- tique, ont une action plus ou moins toxique sur la germination du grain de pollen (Voir tableaux IT, ITT, IV, V). Nous avons ensuite étudié la limite de sensibilité pour l’eau (1) STRASBURGER, Anatomie végétale, 1886. dt le tent le nt. bn. ms dsl I EP ON PPT RE PO titi + ft bc ÈS. je LES TRAITEMENTS ET LA GERMINATION DU POLLEN DES VIGNES 119 céleste et le sulfate de cuivre, et nous avons trouvé qu’au delà de la concentration de 0,05 %, l’eau céleste gêne la germination; pour le sulfate de cuivre, la limite de concentration semble être aussi voisine de 0,05 % (Voir tableaux VI, VIT). Le cuivre et les autres métaux lourds agissent sur le proto- plasme en le tuant. En effet, du pollen placé préalablement pen- dant six heures dans une solution à 0,75 % de Cu SO,, jeté ensuite sur filtre et lavé avec de l’eau distillée jusqu’à l’entraînement com- plet du cuivre libre, a été mis en observation parallèlement avec du pollen placé dans l’eau distillée pendant la même durée. Seuls les grains traités par l’eau ont poussé; les grains ayant subi lac- tion du sulfate sont demeurés inactifs, malgré le lavage. Ensuite, nous nous sommes attachés à vérifier l’action des soufrages, pratiqués de longue date au moment de la floraison. L'opinion communément admise c’est que le premier soufrage contre l’oïdium favorise la fécondation; son action bienfaisante a été signalée pour les variétés coulardes notamment, mais cela tient évidemment à la dissémination du grain de pollen par les mouvements de l’air déterminés par les appareils de soufrage. Car d’après nos expériences faites in vitro, le soufre accuse, au contraire, une action retardatrice sur la germination du pollen; on peut expliquer cette action par la production d’acide sulfu- reux ou d’oxyde de soufre, toxique pour le grain de pollen comme il l’est pour la plupart des microbes (Voir tableau IT). Nous notons dès maintenant ce résultat, en contradiction avec l’opinion le plus généralement admise, nous réservant le soin de vérifier de plus près et pratiquement l’action nocive du soufrage sur la fleur. Après avoir étudié le pollen de l’Aramon X Rupestris Ganzin n° 1, nous avons porté notre observation sur le pollen du Vitis Vinifera. Dans les forceries de M. OmEr-DEcuGis, à Thiais, nous avons choisi le pollen de trois cépages différents, simultanément en fleurs : Le Black Alicante, que les praticiens considèrent comme cépage à pollen très fécondant; 120 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le Muscat d'Alexandrie, dont la fécondation est souvent irré- gulière; Le Bicane, dont le pollen aggloméré, amassé en grumeaux très denses, est considéré comme non fécondant. Les tableaux IX et X montrent que les résultats obtenus avec les diverses matières employées pour les traitements, sont de même ordre pour le pollen des vignes européennes que pour celui de l’Aramon X Rupestris Ganzin n° I. Il est à remarquer que le pollen de Bicane, placé dans le milieu témoin, pourtant très favorable à la germination des autres pollens, n’a donné aucun résultat, ce qui confirme les observations faites par les viti- culteurs. Observé à l’état sec, le pollen du Bicane se distingue d’ailleurs nettement par sa forme, des autres pollens secs mis en observation (Voir tableau IX et figures..….). #*% Nos premières recherches ont démontré l’action plus ou moins toxique des produits que les praticiens emploient et dont la liste figure aux tableaux joints, sur le pollen des vignes. Il serait intéressant de répéter ces expériences sur des fleurs, pour cons- tater si ces mêmes produits ont également une action toxique sur l’ovaire. Ces recherches feront l’objet d’un prochain travail. BIBLIOGRAPHIE P. Viraza, Ampélographie générale (Tome I de l’Ampélographie, P. VIALA et V. VERMOREL). Louis MANGIN, Recherches sur le Pollen (Extrait du Bulletin de la Société de Botanique de France, 23 juillet 1886). Léon GuIGNARD, Étude sur les phénomènes morphologiques de la fécondation, 1890. A.-N. BERLESE, Studi sulla forma struttura e sviluppo del seme nelle Ampelidei, 1892, Genova. Léon GuiGNarp, Nouvelles recherches sur la fécondation | Annales des Sciences naturelles, VIIe série : Botanique, 1891). 191 DES VIGNES LES TRAITEMENTS ET LA GERMINATION DU POLLEN ‘UOIJPUWAIOJ9P 9 PIPI9Y |'99APIFUS UOIFBUIUMII TN |'AYABIFU9 UOIJBEUTUMIIE |9Y9ABAJUI UOIJBUIUAIIN) |'UOIJEUIOJ9P 39 PIPF9Y : JeJINS9u ‘PI + PT ‘PI ‘PI ‘Sainou 6 R ‘EFGE EU ‘UOIJ29IIP SUPS ‘SJU1I0]9p SIPUI JUOU suouSIou sonbronû T -195 Suieis sonbronl" ‘Of «0 R “£Y6F Ie ‘PI ‘I © ‘OS u0r R ‘EYG6F eur ‘juossrededde sa[not} -J9A1Ip Sadea sonbronb ‘VI ! ‘uOrJeUIUIeS op sedql” ‘0£ 0H R £I6F (eu ‘Sa9s ‘Sgouoy snjd "INno[n09 U9 JUu99 |-INAX9 9SSICIS 9p Sa} ‘ae, Snjd uorpod JUOS uaJ[Od 9p SUIPIS |-UO0J U9[Od 9p SUIPIS |- J9[997n08 Smaisnd ‘UOIJBUIUI9S 9P Std ‘UOIJBULUI9S 9p SEd|S9] ‘UOIJEUITUH9S 9p SE |S9I ‘UOIJEUIUI9S 9p SE |‘UOIJEUIUM9S 9p seq|/l'S2N9u 6 & ‘EYGF TP « « « « « ‘Saanau 6 %X ‘£T6F Ie SUOIJEAJIISO S9p 79 0/o GI e o/o GI V HNILODIN 0/0 GI Y HNIQIW44 0Jo & V SASATHO NV4 AATTILSIA NVA 2OU9H9dx9 u9 9S1uI EJ 2p AUAIND 44 ALVAINS AUNSH LA ALVA *sosnonbD SU01/N]0S U9 T où 7) S111S94NnY X UOWDAF P U9/0J NP UOUDUIWAIS 9P SIDSSF J AV4TA VI, ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 122 PRET) ‘AUETHUOEI 79 pit ‘HAUSON ‘FBSON ‘HRS9N -J1 UOIJUIUM9S auuog : JUMS9x ‘PI ‘PI ‘PI PI "Samou 6 € ‘EFGF IPU 08 ‘sjano09 sou} sonb -IUI[Od saqn7 sonbrand PI ‘PI ‘PI ‘Sanou 6 % “EFGF TUU 6} ‘Jualuas ‘PI ‘PI ‘PI -SIITI9IA 9P SSUQUIOUQUd | S9IMOU 6 % ‘EI6F [EU 8 ; 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LE . . . Le "XI AVA4I4V] 9 ANN. SCIENCE AGRON, — 4e SÉRIE — 1913 — II OMIQUE NCE AGRON ANNALES DE LA SCIE 150 ‘sJin09 "JIJES9N x ‘JUBSAN ‘JB59N “HISOd XNPAOG J9 PIPJ9Y ‘PI ‘PI ‘PI ‘PI ‘PI "JUAUIOSSII PI ‘PI PI PI -[I9IA 9P SouQuOuaUd ‘saagu -939p ‘soguoe nod ‘so ‘PI SIPUL ‘Saqn} SAN9ISN[d ‘PI ‘PI -n} S9p JuotoddoaA9C ‘saqn} 9p nod S91} ‘SJUaU ‘UOTJPUTUI9S 9p Seq|-OuUU098IN04 SAINIISNId ‘UOIJPUIUI9S 2P Sd ‘UOIJBUIUM9S 9P Std |'a191N$91 UOIREUTUHX) « « « « « (ouryeef op 0/0 fr + JIOU UOABS 9p umiIsse}0d 2p 2}8rU9S18,p 99][1ISIP NE9,I SUEP :OS.P PIOIJ e 941n7es 9API 91JN0S NP 9948 0/0 1 9p °]o G1‘0 ap oo Ge NIONAL HONV'IAN NIONYL 9S018U99ES 9pP uo1}n[0S) ANNOILIAGUV NIONTL HNNOILIGOV NIONYHI Ë NIONGL : JeJINSoY — * "Of u6 © ‘6767 umf 9 * ‘066 % ‘667 umf € * ‘O6u6 R ‘667 umf % * ‘06u6 ® ‘6I67 umf £g ‘Soanoy 6 ‘EYGY uni & SUOTJRAI9SO SaP 9 2OU2I9UX9 U9 2381 EI] ap AUQNAH LA ALVA oo ES *S2U170798 XNAIJLU U9 914PUDXI]F P J]D9SNJU 9P U97904 NP UO1DUTWUA98 9P SIDSST X AVATAVI, AMEROPOS DES CAOÛTCHOUCS DE < TABERN/ÆMONTANA >» DESCRIPTION DE DEUX ESPÈCES DE CE GENRE Par MM. MARCEL DUBARD PHILIPPE EBERHARDT PROFESSEUR INSPECTEUR A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE L'AGRICULTURE EN INDO-CHINE DE CLERMONT-FERRAND A plusieurs reprises, on a signalé des espèces de Tabernæmon- tana qui donneraient un latex plus ou moins riche en caoutchouc : a San-Thomé, ce sont le T. stenosiphon Stapf, dénommé pao- lirio par les indigènes, et le T. angolensis appelé Cata grande ; d’après MoLLeR, le premier donnerait un rendement si faible qu'il mérite à peine d’être exploité; le second présenterait au contraire plus d'intérêt; sur la côte occidentale d'Afrique, c’est le T. crassa Benth., dénommé ÆXpokoka au Sierra Leone, où on l’exploite ainsi qu'à la Gold Coast; cependant, d’après les dires de Morris, un individu de cette espèce cultivé à Peradenya n'aurait fourni qu'une matière visqueuse et sans élasticité, fait qui n’infirme pas d’ailleurs la production de caoutchouc par la plante dans son pays d’origine; c’est enfin le T. Thurstoni Horne aux iles Fidji, pour lequel les renseignements sont encore contradictoires, puis- que, suivant une note parue en 1899 dans le Bulletin de Kew, un spécimen du produit envoyé à Londres se rapprochaït plus, par son aspect et ses propriétés, de la gutta-percha que du caout- chouc. Ces données, quelque vagues qu’elles puissent paraitre, sem- 132 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE blent bien indiquer cependant que les Tabernæmontana peuvent être considérés comme fréquemment caoutchoutifères; de fait, leur latex renferme chez beaucoup d’espèces une certaine quan- tité de caoutchouc, mais on n’en peut déduire que leurs produits aient une haute valeur commerciale ; en effet, ils contiennent en outre une proportion assez élevée de résines qui en altèrent profondément les propriétés élastiques. Il y aurait alors un véri- table intérêt à rechercher un procédé chimique pratique et sus- ceptible d'application industrielle permettant de séparer sur place, avant même la coagulation du latex, le caoutchouc des impuretés qui l'accompagnent; c’est ainsi, pensons-nous, qu'il convient de poser le problème, plutôt que de songer à un trai- tement du produit brut après son importation en Europe. Lorsqu'une solution sera apportée à cette question, il est cer- tain qu'un assez grand nombre de Tabernæmontana et d’autres Apocynées deviendront exploitables pour la production du caout- chouc et même d’un rendement avantageux. Aussi devons-nous rechercher dès maintenant quelles sont les espèces qui doivent particulièrement fixer l'attention, par leur abondance, la teneur élevée de leur latex en caoutchouc et la qualité de celui-ci après séparation des résines. Dans cet ordre d'idées, nous tenons à signaler aujourd’hui deux petits arbrisseaux, extrêmement abondants dans les plaines sa- bleuses bordant la côte d’Annam, et qui pourraient jouer en Indo-Chine un rôle assez voisin de celui de ces Carpodinus et de ces Landolphia qui fournissent le caoutchouc, dit des herbes, sur la côte occidentale d'Afrique. En effet, les parties souter- raines de ces plantes paraissent particulièrement riches en caoutchouc et leur système radiculaire acquiert une impor- tance au moins égale, quelquefois même supérieure à celle de leurs parties aériennes, étant donnée la difficulté qu’éprouvent ces plantes à se procurer l’eau nécessaire à leur végétation, ce qui les oblige à enfoncer très profondément leurs racines. Quoique associé à des résines, le caoutchouc de ces plantes n’en est pas moins de fort bonne qualité et prendrait un véritable inté- rêt s’il pouvait être purifié d’une façon pratique. A PROPOS DES CAOUTCHOUCS DE & TABERNEMONTANA » 133 L'un de ces arbrisseaux correspond vraisemblablement au Tabernæmontana bovina de Loureiro, décrit par cet auteur dans Flora cochinchinensis; mais la diagnose contenue dans cet ouvrage est d’une brièveté telle qu’en l'absence du type elle ne peut per- mettre une identification certaine; aussi pensons-nous que, pour éviter toute équivoque, il est bon de donner ici une description complète de la plante que nous avons en vue et de considérer cette diagnose comme définissant le T. bovina, en admettant Fidentité de notre espèce avec celle de Loureiro. La description suivante a été faite sur des échantillons recueillis par l’un de nous dans les environs de Hué et déposés à l’herbier du Muséum de Paris. Description du T. bovina Lour. Les rameaux à l’état jeune sont légèrement comprimés; par la suite ils deviennent cylindriques et se recouvrent d’un liège brun rougeâtre. Les feuilles sont opposées, brièvement pétiolées, munies de petites stipules axillaires embrassant la tige; leur limbe est mince, membraneux, obovale ou presque elliptique, très nettement acuminé, parfois émarginé et porte des ner- vures secondaires fines, au nombre de 7 à 9 paires reliées par des arcs vasculaires bien nets séparés du bord du Himbe par un intervalle de 1 millimètre, les nervures tertiaires sont à disposi- tion très lâche. Dimensions moyennes : pétiole : 4 millimètres; limbe : 7 centi- mètres X 4centimètres et demi; acumen : 5 millimètres. Les inflorescences, pseudo-axillaires ou terminales, sont for- mées de cymes pauciflores, comprenant de { à 4 fleurs assez nette- ment réfléchies; le pédoncule de Pinflorescence mesure en moyenne 4 centimètres et les pédicelles, de 3 centimètres à 3 cen- timètres et demi; ceux-ci portent deux bractéoles, petites, aiguës et appliquées. La fleur comprend 5 sépales charnus, libres presque jusqu’à la base, glabres, ovales-aigus, hauts de 2 millimètres, larges de 134 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Î millimètre, munis à la base de petites glandes, oblongues, le plus souvent au nombre de quatre, disposées en deux paires; la corolle est formée de 5 pétales, concrescents en un long tube de 8 millimètres, élargi à la base, un peu étranglé vers le milieu, très nettement tordu sur lui-même dans le bouton; les lobes sont recouvrants à gauche, recouverts à droite (préfloraison tordue), longs de 3 millimètres un peu avant l'épanouissement, largement ovales, dissymétriques. Les étamines, au nombre de 5, épisépales, sont insérées vers le tiers supérieur du tube; leurs filets sont com- plètement soudés avec la corolle, de sorte que les anthères parais- sent sessiles; celles-ci sont ovales, oblongues, basifixes et me- surent 2 millimètres de longueur. L’ovaire est constitué par deux carpelles, libres jusqu’à la base du style, c’est-à-dire dans toute la région correspondante aux loges (hauteur : 2 millimètres et demi), allongés, renfermant de nombreux ovules disposés en quatre séries. Complètement glabre, il est terminé par un style glabre également, grêle, fili- forme, long de 8 millimètres, muni à son extrémité d’un stigmate globuleux, cupulé à la base et couronné d’une touffe de poils. Le fruit est constitué par des follicules faiblement charnus, longs de 3 centimètres, d'environ 1 centimètre de diamètre, un peu arqués et terminés par un appendice aigu et stérile mesurant presque 1 centimètre. Les graines sont anguleuses, subtétraé- driques; elles mesurent environ 6 millimètres dans tous les sens et sont entourées d’une pulpe (arille) d’une belle couleur orangée; leur albumen est faiblement ruminé. L'autre espèce est très voisine de la précédente, mais s’en dis- tingue à première vue par la forme des feuilles; c’est, à notre avis, une forme nouvelle ayant une véritable valeur spécifique et que nous baptiserons T. annamensis. Description du T. annamensis Dub. et Eber. Les rameaux jeunes sont encore ici légèrement comprimés, puis s’arrondissent en vieillissant et se recouvrent d’un liège 135 DES CAOUTCHOUCS DE € TABERNÆMONTANA } A PROPOS Tabernæmontana bovina. — 1, rameau avec inflorescences ; 3, aspect de la Corolle avant l’épa- nouissement ; 4, lobe étalé de la corollé; 5, fleur dépourvue de sa corolle montrant le calice et le style ; 6, un sépale avec ses glandes basilaires ; 7, anthère vue par sa face dorsale et sa face ventrale ; 9, coupe de l'ovaire dans la région des loges ; 10, un follicule; 11, une graine avec son arille ; 12, coupe transversale dans la graine montrant l'albumen ruminé. Tabernæmontana annamensis. — », deux aspects des feuilles ; 8, aspect de l'anthère. ’ 136 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE brun. Les feuilles, opposées, sont munies d’un court pétiole qui porte de petites stipules axillaires, embrassant la tige; le limbe, mince et membraneux, est oblong-lancéolé, beaucoup plus étroit que dans l’espèce précédente, parfois un peu obovale acuminé; il est parcouru par 7 à 9 paires de nervures secondaires fines et parallèles, reliées entre elles par des arcs vasculaires bien nets; les nervures tertiaires sont à disposition très lâche. Dimensions moyennes : pétiole : 3 millimètres; limbe 6 centimètres X 1! centimètre et demi. Les inflorescences, terminales, sont formées de cymes pauci- flores, comprenant le plus souvent deux fleurs, à pédoncule réfléchi; le pédoncule de l’inflorescence mesure en moyenne 1 centimètre et demi et les pédicelles 1 centimètre; ceux-ci portent deux très petites bractéoles, aiguës et appliquées. La fleur comprend 5 sépales membraneux, libres presque jus- qu’à la base, glabres, ovales-aigus, hauts de { millimètre et demi, larges de trois quarts de millimètre, munis à la base de très pe- tites glandes au nombre de 2 (?) par sépale. La corolle est formée de 5 pétales, concrescents en un long tube de 5 millimètres, élargi vers la gorge, tordu sur lui-même dans le bouton; les lobes sont à préfloraison convolutive, recouvrants à gauche, recouverts à droite et présentent le même aspect que dans l'espèce précédente, avec une hauteur de 2 millimètres et demi, un peu avant l’épa- nouissement. Les étamines, au nombre de 5 épisépales, sont insérées vers le tiers supérieur du tube; leurs filets sont soudés avec la corolle sur toute leur longueur, de sorte que les anthères paraissent ses- siles; elles sont oblongues aiguës, beaucoup plus étroites que chez T. bovina et hautes de 2 millimètres et quart; les an- thères fournissent de bons caractères pour distinguer les deux espèces. L'ovaire est constitué par deux carpelles, libres jusqu’à la base du style, c’est-à-dire dans toute la région correspondant aux loges (hauteur trois quarts de millimètre), subglobuleux, ren- fermant de nombreux ovules disposés en quatre séries. Com- plètement glabre, il est terminé par un style glabre également, A PROPOS DES CAOUTCHOUCS DE ( TABERNÆMONTANA » 137 grêle, filiforme, long de 5 millimètres et muni à son extrémité d’un stigmate piriforme appendiculé. Les follicules et les graines présentent les mêmes caractères que dans l’espèce précédente, mais avec des dimensions un peu plus grandes. En résumé, cette deuxième espèce est très voisine du T. bo- ina ; mais on peut cependant facilement la reconnaître à l’étroi- tesse de ses feuilles, à la gracilité de ses inflorescences, à ses fleurs notablement plus petites, à ses anthères relativement plus lon- gues, oblongues lancéolées, à la forme subglobuleuse de ses car- pelles, à l'aspect bien distinct de son stigmate, etc. LES VALEURS COMMERCIALES DE L'AZOTE Par PAUL MESSIER La valeur du kilo d’azote est sujette à des variations étendues. Son prix marchand ne dépasse pas 85 centimes dans le crude- ammoniaque, pour atteindre 150 dans le cyanamide, 1f90 dans le nitrate de soude et le sulfate d'ammoniaque, il est recher- ché à 21 40 dans le sang desséché, payé 2175 et même 3 francs dans certains tourteaux. Ces variabilités de cours sont-elles théoriquement et pratique- ment justifiées? Ou bien la dépréciation des uns, la faveur dont jouissent les autres ne sont-elles que des manifestations d'un ostracisme injuste ou d’un engouement immérité ? La question nous a semblé intéressante à étudier. De suite nous donnerons notre conclusion. Dans l'immense majorité des cas, les divergences constatées dans le prix du kilo d'azote ne sont point le fait de caprices; bien au contraire, ici encore le bon sens, l'esprit d'observation de l’agriculteur ont précédé l’enseignement du technicien; en con- séquence, le jeu normal de la loi de l'offre et de la demande a pratiquement établi, dans les cotations, une classification logi- que, rationnelle, scientifiquement justifiable. Si l’agriculteur consent à payer le kilo d'azote très cher dans certains engrais, alors qu'il pourrait l'acheter à bien meilleur compte dans des matières azotées d'une autre origine, c’est LES VALEURS COMMERCIALES DE L’AZOTE 139 parce que son expérience lui a prouvé qu'il avait intérêt à le faire. ; Les facteurs qui déterminent cet intérêt, les règles qui pré- sident à la fixation des cours, sont les points que nous avons tout d’abord cherché à dégager. Deux principes fondamentaux, à notre sens, régissent les valeurs commerciales de l'azote. Le prix du kilo d’azote est fonction : 19 De son degré d'assimilation, donc de sa solubilité dans l’eau; 20 Des caractères utiles ou nocifs des éléments qui l’accom- pagnent dans ses combinaisons. Secondairement doivent entrer en ligne de compte certaines particularités : qualités ou défauts, ayant un caractère nettement physique. Discutons ces divers points. INFLUENCE DU DEGRÉ D'ASSIMILATION. — Étant donné que les apports d'azote confiés au sol ont un but alimentaire carac- térisé, il est rationnel que la valeur de cet élément doive varier proportionnellement à son degré d’assimilation, c’est-à-dire avec sa puissance de création de tissus végétaux. L’agriculteur qui incorpore à sa terre des quantités considé- rables d'aliments sous une forme difficilement, lentement assi- milable, commet une lourde faute économique, pour la seule raison que le but qu'il doit poursuivre n’est point d’accumuler dans son sol des réserves longtemps inutilisables, mais seulement d'assurer à la plante, par l'intermédiaire du sol, tous les aliments nécessaires à une production végétale intensive. Étant donné que le degré d’assimilation de l’azote est déter- miné par sa solubilité dans l’eau, il est rationnel qu’un azote soluble dans l’eau possède une valeur marchande supérieure. En azote organique, tout particulièrement, cette considération est capitale, elle explique pourquoi le cuir brut vaut 90 centimes le degré d'azote, alors que le cuir torréfié vaut 1° 25, que le cuir dissous dans les acides est accepté aux cours de 2f 20 à 2150. Un procédé, qui permettrait d'obtenir du cuir en totalité 140 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE soluble dans l’eau, assurerait à cet élément, ainsi traité, une valeur commerciale bien supérieure. Si, à l'heure actuelle, le sang desséché est vendu couramment 21 40 le degré, il le doit à sa grande solubihté. INFLUENCE DU SUPPORT. — Utilisable, l'azote ne se présente jamais à l’état simple, mais sous forme de combinaisons variées, minérales ou organiques. Dans les engrais minéraux, il est utilisé à l’état de composés salins. Dans les engrais organiques, ce sont des combinaisons quater- naires très complexes, qui supportent l'azote. La présence inévitable de ces supports joue un rôle Sonsiies rable dans la valeur d’un azote. Actuellement, en effet, les lois en vigueur obligent le vendeur et l’acheteur à faire supporter aux éléments azote, acide phos- phorique et potasse, la valeur des matières utiles qui accompa- gnent ces éléments. Lorsque, dans les tourteaux, le cours de l'azote atteint 2175 et 3 francs, ce n’est point seulement la qualité de l'azote qui intervient, mais aussi et surtout la présence d'éléments organi- ques, hydrocarbonés, ayant une valeur fertilisante élevée, élé- ments qui ne se rencontrent que dans les tourteaux. Un fait reconnu de tous les cultivateurs est que la valeur d’une fumure de fond est moins déterminée par sa richesse en azote que par la quantité de matières fertilisantes, d'humus, qu'elle contient. Logiquement, vendu légalement au cours de l'azote, un engrais apportant des matières secondaires utiles doit, à dosage égal, avoir une valeur supérieure à un produit dans lequel l'azote n'est supporté que ‘par des éléments neutres. Cette valeur devra baisser si cette neutralité se mue en noci- vité, comme le cas se présente dans le crude-ammoniaque. Ce dermer engrais est toujours afiligé d’une teneur importante de cyanures, qui, incorporés au sol, peuvent, au delà d'une cer- taine quantité, frapper une terre de stérilité. LES VALEURS COMMERCIALES DE L’AZOTE A4 Si nous cherchons à déterminer les raisons qui incitent le cultivateur à classer les engrais minéraux azotés, nous constatons que le cyanamide offre l'azote à meilleur compte que les nitrates de chaux et de soude, parce que l'acheteur lui reproche sa caus- ticité. Nous pourrions multiplier les exemples justificatifs, mais tel n’est pas notre but, ayant lieu de penser que notre argumenta- ton justifie la variation des cours de l’azote basée sur la valeur active ou nocive des matières qui l’accompagnent. CONSIDÉRATIONS SECONDAIRES. — Aux considérations domi- nantes qui précèdent, nous devons faire suivre un court examen des caractères secondaires influant sur les cours de l’azote, d’un engrais déterminé. A juste titre, l’agriculteur recherche des engrais secs, pulvé- rulents, passant facilement au semoir, ne blessant point le semeur; de ce fait, il fait subir une dépréciation marquée aux produits industriels humides, pâteux, caustiques, acides. Aussi est-elle à considérer, la plus ou moins grande résistance de l’azote au pouvoir rétentif du sol. Fourni sous une forme minérale, filtrant facilement, l'azote aura toujours une valeur moindre que celui constitué sous une forme organique, soluble, grâce à laquelle le pouvoir rétentif du sol s'exerce au maximum. l Nous avons tenu à résumer, aussi succinetement que possible, les considérations que nous croyons avoir déterminées pour expliquer et justifier les valeurs commerciales de l’azote. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE Bacillus Chlororaphis G. Er N. PAR A. PHILIPPE LASSEUR DOCTEUR ES SCIENCES NATURELLES (Suite) (1) La différence constatée entre le point de fusion de la substance primitive et celui du produit sublimé peut être expliquée par les deux hypothèses suivantes : 19 L’oxychlororaphine est un mélange, et, parmi les compo- sants, l’un se sublime plus facilement que les autres; 20 La sublimation est accompagnée d’un commencement de décomposition. Malheureusement, la faible quantité de substance dont J'ai pu disposer dans ce but, ne m'a pas permis de les vérifier. La solubilité de l’oxychlororaphine dans l’eau croit avec la température; 400 grammes d’eau dissolvent 0,010 de substance à 459 et 0*°,120 à 1000. L’oxychlororaphine est insoluble dans la benzine, l’éther de pétrole, faiblement soluble dans les alcools éthylique et méthylique et l’éther, assez soluble dans le chloro- forme et l’aniline, soluble dans l’acétone qui en dissout 0*°,150 % à 159 et 0,740 % à l’ébullition. Les acides minéraux (solutions commerciales) concentrés ou étendus au tiers ou au quart, dissolvent aisément les cristaux jaunes. Dans les acides très étendus, les solutions normales (1) Voir Annales de la Science agronomique, 1911, 2° semestre, n° 4, p. 374, n° 5, p. 447. — 1912, 22 semestre, n° 2, p. 81. — 1915, 1°7 se- mestre, n° 5, p. 366, n° 6, p. 471, 2e semestre, n° 1, p. 36. CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 143 N Ru Où le coefficient de solubilité de la substance est sensible- ment le même que dans l’eau. Les acides acétique, lactique, succi- nique, sont d'assez bons solvants de l’oxychlororaphine. Par contre, les alcalis concentrés ne peuvent la dissoudre. N Les solutions alcalines normales ou 10 comportent sensible- ment comme l’eau en tant que dissolvant. L’oxychlororaphine, en solution cétonique, acétique (0°°,291 de substance dans 20 centimètres cubes d’acide), est inactive sur la lumière polarisée. Composition. — Recherche des éléments minéraux. — Étant donnée l’origine de l’oxychlororaphine, on pouvait espérer y déceler des éléments minéraux. Le tableau ci-dessous indique les résultats des recherches effectuées dans cet ordre d'idées. POIDS DE SUBSTANCE EXAMINÉE ELEMENTS CHERCHES METHODES EMPLOYEES ELEMENTS TROUVES grammes 0,1924 Soufre Carius 0,1304 Phosphore Carius 0,120} Halogènes Carius 0,0891 Halogènes A la chaux D'autre part, la calcination ménagée de 0*,1514 de substance ne donne pas de cendres. Les cristaux, ne renfermant pas d'éléments minéraux, ne peu- vent donc être composés que de C, H, O, N, c’est sur quoi l’ana- lyse va nous renseigner. Dosage du carbone et de l'hydrogène I. 0£1389 de substance ont donné 08,3566 de CO, et 08r,0543 de H, O II, 08r1327 — — 08r,3409 de CO, et 08,0500 de H, O Soit pour cent : — _ 144 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Dosage d'azote I. 08r,1497 de substance ont donné 24cm3,2 d’'N mesuré humide à 6° sous 754mm,5 II. 08r,1139 de substance ont donné 19cm3 d’N mesuré humide à 149,5 sous 729mm Soit pour cent : Ï IL NU SUR 19,54 19,44 Le corps répond donc à la formule brute suivante : C14,59 H10,42 N3,45 O Cryoscopie La substance est dissoute dans l’acide acétique POIDS DE SUBSTANCE DISSOUTE ABAISSEMENT dans 100 gr. d'acide acétique du point de congélation FORES PE ERP ROUE 4,90 00,830 230 2,87 00,495 226 1,98 00,345 22/4 Poids moléculaire à l’origine : 222 Poids moléculaire calculé pour : (1) C4 Ho N3 O = 236 Ci5s Hu N; O = 263 J’ai calculé le poids moléculaire pour (1) et (2), car les données analytiques nous ont conduit au schéma suivant : C14,59 H10,42 N3,45 O _ dans lequel l’exposant de chaque élément comprend une fraction très voisine d’une demi-unité. La premuère idée qui venait à l'esprit était de considérer cette forme comme étant exacte à un exposant près, la remenant ainsi au schéma général (C,;59 H40,22 N345 O)n; or, la cryoscopie montre que (n) ne peut être supé- rieur à l’unité. Si de tels résultats ne sont pas imputables à des erreurs expérimentales (quatre dosages de carbone et d’hydro- gène ayant donné des chiffres concordants), on ne peut guère CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET s. 1445 songer à les interpréter, à moins que la substance analysée ne renferme plus d’une espèce chimique. Il résulte de ce que je viens d’exposer que nous n’avons plus le choix qu'entre les schémas (1) et (2). Chloroplatinate. — C’est au chloroplatinate que nous nous adresserons pour décider entre les formules (1) et (2). A cet effet, on prépare une solution d’oxychlororaphine dans l’acétone aci- dulée par HCI à laquelle on ajoute une solution cétonique de chlorure de platine. On obtient instantanément un précipité jaune cristallin. On essore, on lave les cristaux à l’acétone, et on purifie par deux nouvelles cristallisations dans l’alcool. On obtient une poudre rouge brun cristallisée sous forme de prismes. Le chloroplatinate ainsi obtenu ne présente pas de point de fusion net. Projeté dans l’eau, 1l se décompose; sa composition semble varier quelque peu avec les conditions de cristallisation et, malgré toutes les précautions habituelles, les résultats d'analyses restent peu satisfaisants. Dosage du platine : 081580 de substance ont donné 08r,0369 de Pt. Dosage du chlore : 08r,2518 de substance ont donné 08r,246 de AgCI (1). Calculé pour : Calculé pour : PER (Cis Hu N; OHCI), Pt CL, (Ci: Ho N3 OHCI), Pt CA, Fronvé Pt, pour cent. 20,81 22,09 23,35 CL pour cent. h-22;;28 24,12 24,15 Le peu de concordance entre le poids de platine trouvé et celui calculé d’après le schéma (C,, H,, N; O HGi), Pt CI, rend difficile le choix de la formule; néanmoins, il semble bien que c’est au schéma C,, H,, N; O qu’il faut accorder la préférence, puisqu'il fournit les chiffres les plus rapprochés de ceux donnés par l’expé- rience. (1) Ce dosage est un peu incertain. En effet, le chlore est dosé par la méthode à la chaux et, comme la substance est assez riche en N, il a pu se former un peu de cyanure d’argent. ANN. SCIENCE AGRON, — 4€ SÈRIE —- 1913 — II 10 146 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Propriétés chimiques. — Il semble résulter des propriétés examinées que l’oxychlororaphine possède une fonction basique; cependant, je n’ai pas pu obtenir de sulfate, ni de chlorhydrate d’oxychlororaphine; d’autre part, en essayant de déterminer la quantité d’acide nécessaire pour saturer un poids connu de sub- stance, j'ai obtenu les résultats suivants : 08r,2954 de substance dissous dans 300cm3 d’acétone additionnés de 40cm3 HCI N}5 exigent 40cm3,3 de Na OH correspondante à l’acide, pour être neutralisés. Témoin : 300cm3 d’acétone additionnés de 40cm3 HCI N/5 exigent 40cm3,2 de Na OH correspondante pour être neutralisés. Il ne paraît donc pas certain que l’oxychlororaphine possède une fonction basique. Action du chlore et du brome (1). — Lorsqu'on fait passer un courant de chlore dans des solutions aqueuses ou chlorhydriques d'oxychlororaphine, on obtient un précipité blanc cristallin, soluble en jaune dans l’ammoniaque. De même, le brome préci- pite l’oxychlororaphine de ses solutions aqueuses sous forme de belles aiguilles jaunes. Action de la potasse. — La potasse ajoutée en excès aux solu- tions d’oxychlororaphine précipite de grandes aiguilles jaune- verdâtre ou de longs filaments flexueux. Lorsqu'au contraire on superpose une solution cétonique d’oxy- chlororaphine et une dissolution aqueuse saturée de potasse, on observe après un certain temps, partant du plan de contact des deux liquides, la formation d’un corps coloré qui diffuse bientôt dans toute la masse cétonique, celle-ci se colore successivement en bleu clair, bleu foncé, violet, orange, et enfin en jaune. Chauffée en présence de potasse et d’eau, l’oxychlororaphine dégage de l’ammoniaque. L’azote dégagé peut atteindre 13,91 %, alors que la matière en renferme 19,4%. (1) Comme, pour effectuer toutes les réactions qui vont suivre, je ne dis- posais que d’une faible quantité de substance, je ne pouvais songer à vou- loir déterminer la nature des produits obtenus avec tel ou tel agent; les réaclifs qui déterminent, dans la substance, un changement visible à l'œil, seront donc seuls étudiés. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 147 Oxydation. — Les solutions acides d’oxychlororaphine aban- données à l’air ne tardent pas à être le siège de phénomènes nouveaux. C’est ainsi qu’une solution chlorhydrique, abandonnée en vase ouvert à la température du laboratoire, présente, au bout de cinq jours, une teinte rouge et un précipité rouge-brun constitué par de petites sphères brunes. Chaque sphère est elle- même formée d’une infinité d’aiguilles. Dans le même temps et dans les mêmes conditions d’aération et de température, une solution azotique (additionnée de quelques gouttes d’HCI) donne un dépôt cristallin rouge brique et de petits cristaux jaunes flottant dans la solution. Le premier précipité est constitué par des sphères brunes et le second par des cristaux cunéiformes extrêmement réguliers. Suivant les conditions d’oxydation, on obtient soit une teinte rouge clair des solutions et un précipité cristallin, soit seulement la coloration rouge foncé des liqueurs. Dans ce dernier cas, le traitement de la solution par le chloroforme montre que l’on peut séparer une liqueur chloroformique jaune, souvent fluorescente, dont la coloration augmente avec le temps et une liqueur acide rouge vineux qui devient de plus en plus violacée. L’eau oxygénée, le perborate de soude, l’acide nitreux, lé bichromate de soude, le permanganate de potasse, la mousse de platine, ne déterminent aucune coloration nouvelle de la sub- stance jaune. Réduction. — Lorsqu'on traite une solution aqueuse d’oxy- chlororaphine par Zn et HCI, on observe le verdissement de la liqueur. Mais, si la réduction se prolonge, la solution devient successivement verte, jaune verdâtre, jaune d’or et incolo:e. De la teinte jaune verdâtre, on peut revenir au vert par H,0,, mais à partir de la nuance jaune d’or, les oxydants ne le permettent plus. Avec les solutions cétoniques, on observe une succession de teintes analogues. Le fer et HCI, le fer et l’acide acétique, donneat les mêmes résultats que Zn et HCI. : La poudre de zinc en présence d’eau et à 1000 durant quelques secondes, le fer et le zinc en présence de sulfate d’ammoniaque 148 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE et d’eau, déterminent la précipitation de cristaux verts qui parais- sent semblables à ceux de chlororaphine. Lorsque l’on fait passer un courant d'hydrogène dans des solu- tions d’oxychlororaphine, on n’observe aucun verdissement de la liqueur. Il n’en est plus de même lorsqu'on chauffe la substance jusqu’à sa température de fusion dans une atmosphère d’hydro- gène, on obtient alors par sublimation de beaux cristaux verts. L’acide sulfhydrique produit à chaud, dans les solutions aqueuses, un précipité cristallin vert; dans les solutions céto- niques, il colore seulement la liqueur en jaune d’or, mais l’évaporation, à l’abri de l'air, de la dissolution donne de beaux cristaux verts. Le sulfhydrate d’ammoniaque se comporte comme lacide sulfhydrique. Réactifs généraux précipitants des alcaloïdes. — J'ai consigné dans le tableau ci-dessous quelques-uns des résultats obtenus avec les réactifs des alcaloïdes. OXYCHLORORAPHINE EN SOLUTION DÉSIGNATION DU RÉACTIF aqueuse cétomique Acide phosphomolybdique Pp. (1) jaune serin amorphe Acide métatungstique Pp. jaune serin amorphe Tanin Pp. jaune serin amorphe Iodure double de bismuth} { et de potassium \ l Acide picrique Rien Pp. jaune cristallin Pp. blanc cristallin, grandes) aiguilles groupées en rosaces \ Bromure de potassiun bromé| Pp. blanc cristallin, aiguilles » Pp. orangé, grandes aiguilles) Chlorure d’or ‘ jaune brun (précipitation s’ef-/ Précipitation instantanée ( fectue après quelques minutes). Pp. rouge brique amorphe Bichlorure de mercure » Pp. cristallin instantané (V. chloroplatinate) Chlorure de platine Rien { | \ | (à) Pp. signifie précipité. S'il est impossible d'obtenir le chloroplatinate en utilisant les solutions aqueuses, on obtiendra néanmoins ce sel en partant de la solution chlorhydrique de la substance. Ges liqueurs sont, en effet, plus concentrées que les dissolutions aqueuses. à rit te Ctabse.i CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET $s. 149 - Enfin, les réactifs colorants des alcaloïdes donnent, avec Poxy- chlororaphine, des colorations variant du jaune au rouge grena- dine. Spectre. — Les solutions cétoniques ou acides d’oxychloro- raphine, les solutions réduites et vertes, ne présentent pas de bandes d’absorption caractéristiques. On constate seulement l'extinction du spectre dans la région la plus réfrangible. Action physiologique. — L’oxychlororaphine, soit par inges- tion, soit par introduction dans la cavité abdominale à la dose de 1 à 12 milligrammes, ne paraît pas déterminer de troubles appréciables chez le Cobaye et la Souris. Sa faible solubilité dans l’eau rend difficile l’introduction dans l'organisme de doses suffisantes pour mettre en parallèle son action avec celle de cer- tains pigments d’origine animale, la bilirubine par exemple, qui tue aux doses de 0,05 à 0,1 par kilog. d'animal. Les résultats signalés plus haut sont comparables à ceux qui ont été obtenus avec la pyocyanine. GEssarp (1882) a, en effet, injecté sans succès une faible quantité de pyocyanine à un oiseau, et LEGros (1900), opérant avec des doses de 5 milligrammes, n’a pu déter- miner aucun trouble sensible chez le Cobaye. RÉSUMÉ Chlororaphine. — La chlororaphine cristallise dans les milieux de culture sous forme d’aiguilles vertes groupées en rosaces, en faisceaux. Elle se sublime vers 2100 et donne des cristaux verts dans une atmosphère de gaz inerte, et des cristaux d’oxychloro- raphine en présence d'oxygène. Elle fond vers 2250, sans point de fusion net. Elle est insoluble dans l’eau et la plupart des solvants neutres. Elle se dissout dans l’acétone, l’aniline et les acides. Par contre, elle est insoluble dans les alcalis concentrés. Aban- donnée à l’air, elle absorbe l’oxygène et se transforme en oxy- chlororaphine. L’oxydation est activée par la chaleur; ses sol tions sont très oxydables, d’où la nécessité d’effectuer la purifi- cation des cristaux verts à l’abri de l’air. 159 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE . Dissoute à chaud dans l’acétone, elle laisse déposer, par refroi- dissement, des cristaux jaunes d’oxychlororaphine que l’on puri- fie par des cristallisations successives. Oxychlororaphine. — L’oxychlororaphine se sublime facile- ment et fond à 2360,8 (F. c.). Elle est faiblement soluble ou inso- luble dans les solvants neutres, très soluble dans les acides concen- trés, mais les alcalis concentrés ne peuvent la dissoudre. Les cristaux jaunes répondent vraisemblablement à la formule sui- vante : fs Ci4 Ho N3 oO L’oxychlororaphine forme des sels doubles avec le chlorure de platine (C,, H,, N, O HCI), Pt CI, et le chlorure d’or; mais il n’a pas été possible d’obtenir de chlorhydrate ou de sulfate. La potasse à froid et dans des conditions spéciales détermine l’apparition d’un chromogène passant du bleu à l'orange à mesure que la réaction se continue. L’oxychlororaphine, chauffée en pré- sence de potasse et d’eau, dégage de l’ammoniaque. Fondue avec l’oxyde de potassium, elle donne naissance à un produit cristallin brun, soluble dans l’eau. L’oxydation par l’air des solu- tions de substance jaune permet d'isoler de nouveaux chromo- gènes (violet, jaune fluorescent, jaune, rouge brun). La réduction en liqueur acide de loxychlororaphine donne de belles solutions vertes; en milieu neutre ou légèrement alcalin, 1l y a précipitation de cristaux verts. Les solutions de substance jaune précipitent par tous les réactifs des alcaloïdes. Le spectre des diverses solu- tions d’oxychlororaphine ne présente pas de bandes d'absorption caractéristiques. Enfin, cette substance paraît dénuée de pro- priétés toxiques. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 191 TROISIÈME PARTIE PATHOGÉNIE De nombreuses observations ont déjà montré le pouvoir pathogène pour l’homme et les animaux de plusieurs bacilles fluorescents parmi lesquels je citerai : B. pyocyaneus (GESSARD (1882), CHarriN (1891), B. de la diarrhée verte des enfants du pre- mier âge, de LESsAGE (1888), B. fluorescent non liquéfiant, de LEPIERRE (1895), B. fluorescent liguéfiant de Ducamp et PLAN- CHON (1894), B. fluorescent de RocuA, LEPIERRE et FONsEcA (1900), etc. D’autres auteurs ont constaté la présence de bacilles fluo- rescents dans les cavités naturelles de l’homme et des ani- maux. Enfin, Küpzik, Jirouet Étienne (1899) ont décrit chez l’homme certaines infections dues à des bactéries fluorescentes. IL est donc intéressant de vérifier si B. chlororaphis, qui n’a jusqu'ici provoqué aucune affection morbide nosologiquement classée, ne peut pas, sous certaines conditions, s'implanter dans des organismes vivants et y déterminer des troubles profonds ou même mortels. Dans ce but, j'ai moculé diverses cultures de B. chlororaphis à des Souris, Cobayes, Grenouilles, Poissons, Écrevisses, et ce sont les résultats de ces expérimentations que je vais résumer maintenant. Les cultures de B. chlororaphis sont pathogènes pour la Souris, le Cobaye, la Grenouille, divers Poissons et l’Écrevisse. La Souris et, plus particulièrement, les Poissons, paraissent être les animaux les pius favorables à l’expérimentation. 159 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE L’infection par mgestion a toujours donné des résultats néga- tifs avec la Souris et le Cobaye, tandis que l’inoculation intra- péritonéale ou sous-cutanée déterminent la mort plus ou moms rapide de l’animal inoculé, lorsqu'on opère avec des cultures convenablement choisies. En effet, nous verrons que la viru- lence de PB. chlororaphis varie avec les échantillons consi- dérés. Étant donnés les animaux expérimentés, je classerai les tenta- tives d’infection en deux catégories : 19 Inoculation d’animaux à température constante (Souris, Cobaye). 20 Inoculation d'animaux à température variable (Batraciens, Poissons, Arthropodes). 1° INOCULATION A CERTAINS ANIMAUX A TEMPÉRATURE CONSTANTE INOCULATION A IsA SOURIS Je vais d’abord étudier l’action de B. chlororaphis sur les animaux du premier groupe. Et parmi ceux-ci je commencerai par la Souris, cet animal étant le plus sensible au Microorga- nisme de GUIGNARD et SAUVAGEAU. Inoculation | 1. Étude générale sur l’Inoculation. à la Souris | II. Variation expérimentale du pouvoir chromogène. I. Étude générale sur l’inoculation. — L’inoculation intra- péritonéale ou sous-cutanée tuent la Souris parfois en deux à quatre heures, d’autres fois en sept à vingt-quatre heures, mais plus rarement la survie se prolonge jusqu’au douzième jour. L’affection peut donc évoluer d’une façon aiguë ou suraiguë suivant la qualité et la quantité du virus introduit dans l’orga- nisme et suivant le degré de réceptivité de l’animal. Dans les formes les moins rapides, les principaux symptômes sont l’abat- CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET s. 1453 tement, l’inappétence, la somnolence et parfois, à la fin, des convulsions. L’autopsie ne montre généralement pas de lésions caracté- ristiques, cependant, on peut observer, dans le cas d’inoculation intrapéritonéale, un épanchement péritonéal, plus rarement des exsudats pleural et péricardique. ‘Enfin, très rarement, le foie est décoloré. Quelles que soient les lésions observées, le bacille s’est géné- ralisé à tout l’organisme, on le retrouve plus ou moins abondam- ment dans le foie, la rate, les reins, et l’ensemencement du sang du cœur donne des cultures de B. chlororaphis pures. La dose mortelle varie avec les échantillons injectés ainsi que l’atteste l'expérience suivante SUITES DE L'INOCULATION nu “a CARE © Z 57e Z & BE HE 2 CNS= Le} un [eo] [| D'INOCULATION | QUANTITÉ DE CULTURE INOGULÉE NOMBRE DE SOURIS INOCULÉES La mort survient de 16 à 24 heures après l’inoculation. La mort survient de 15 à 21 heures après l'inoculation, Trouble passager, quérissent rapidement. La mort survient de 18 à 2 heures après l'inoculation. Trouble passager, quérissent. La mort survient de la 12e heure au 4e jour après l’ino- culation intrapéritonéale. sous-Cutanée . . Sn ; SERRE nd C ptet itonéale. Nous voyons donc que toutes les cultures de B. chororaphis ne sont pas également virulentes. Par contre, les modes d’ino- culations intrapéritonéales ou sous-cutanées donnent sensi- blement les mêmes résultats. La virulence varie non seulement avec les échantillons consi- dérés, mais encore avec l’âge de la culture. On le démontre aisément en opérant de la façon suivante : à l’aide d’un dispo- sitif spécial, on prélève 20 centimètres cubes d’une culture de 154 ANNALES DE LA te AGRONOMIQUE vingt-quatre heures; la prise effectuée, la culture est remise à l’étuve. Le liquide prélevé sert à inoculer (un centimètre cube en inoculation intrapéritonéale) un lot de quatorze Souris. Des animaux ainsi traités, quatre survivent, les autres meurent respectivement après trois, quatre, cinq, six, sept, huit, dix jours. Neuf jours après le prélèvement des 20 centimètres cubes, on inocule, avec la culture, alors âgée de dix Jours, neuf Souris (injection intrapéritonéale de 1 centimètre cube) et les animaux meurent respectivement après 245, 3 heures, 4 heures, 4° 30, 5 heures, 615, 7 heures et 7° 15. Ce fait s’expliquera aisément lorsque nous aurons montré, dans les cultures âgées, l’existence de produits toxiques solubles. D'autre part, les résultats d’inoculation varient avec les individus expérimentés et, en inoculant un assez grand nombre de Souris, il n’est pas rare de rencontrer des individus qui résistent à des doses doubles de celles qui sont mortelles pour la majorité des Souris. Enfin, le dernier facteur qui intervient dans l’expérimenta- tion du pouvoir pathogène de B. chlororaphus, c’est la tempé- rature du local où les Souris sont logées. A une température de 259, les Souris succombent à une dose de virus beaucoup plus faible qu’à 170. Malgré toutes les causes qui influencent la virulence de B. chlororaphis, on peut admettre qu’en général une culture de huit jours, présentant de nombreux cristaux, est mortelle pour la Souris à la dose de 1 centimètre cube (inoculation intrapéri- tonéale). La mort survient de la quatrième à la vingt-quatrième heure après l'injection. A la dose de 0°"°,8, la moitié des animaux inoculés résistent, pour l’autre moitié, la mort survient de la quatrième à la vingt-quatrième heure après l’inoculation. Ces conclusions s'appuient sur les observations fournies par soixante-dix inoculations intrapéritonéales ou sous-cutanées. En utilisant des semences qui ne tuent qu’au centimètre cube, on peut, par passages sur Souris, obtenir aisément des cultures mortelles au demi-centimètre cube. Agglutinines. — Enfin, trois Souris, qui ont reçu chacune CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 129 . 3 Q A successivement 0%°,4; 0%%,5; 0%%8; 1 centimètre cube ; 19,3; 1%%,5 de culture de vingt-quatre heures, fournissent du sérum qui agglutime à 1% B. chlororaphis. Il. Variation expérimentale du pouvoir chromogène. — Au cours des différentes manipulations destinées à renforcer la virulence d’une semence donnée, on constate que B. chlororaphis, après un seul passage par l’organisme souris, présente la faculté de donner de la chlororaphine à 370. C’est là un exemple de vamation expérimentale que j'ai cru devoir étudier (en colla- boration avec L. Mercier (1911), car, durant ces dernières années, la « variation » dans le domaine de la bactériologie a été l’objet de nombreuses recherches. En effet, si Roner (1894) croyait pouvoir admettre que les tentatives faites jusqu’à cette époque pour obtenir une «transformation spécifique » de types bactériens n’avaient donné que des résultats bien imparfaits, des bactériologistes, parmi lesquels nous citerons BARBER (1907), Massin1 (1907), Burx (1908), JAGEr (1908), KowaLEenxo (1910), ont démontré l’existence, chez les Bactéries, de mutations au sens de DE VRIESs. Or, 1l nous semble, étant donnée la difficulté d’expérimenter en partant d’une seule cellule bactérienne, que ce n’est qu'avec une grande prudence que l’on doit appliquer le mot de « muta- tions » aux variations morphologiques et physiologiques signa- lées par certains auteurs; car des cultures obtenues en partant d’une colonie isolée sur plaque peuvent renfermer une popu- lation hétérogène formée d’éléments préadaptés à certaines conditions d'existence; de sorte que, dans certains cas, la muta- tion aurait pu être antérieure à l'expérience qui la rend objec- tive, cette expérience n'étant, en quelque sorte, que le réactif qui met les mutants en évidence. Les observations que nous avons faites sur B. chlororaphis montrent la valeur qu’il convient d'attribuer à cette restriction. 1. Exposé des faits. — ExPÉRIENCE @. — Bacillus chlororaphis, avons- nous vu, est caractérisé par la production de chlororaphine; il produit cette substance d’une façon constante à la température de 25-309 C. 156 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE lorsqu'il se trouve dans des conditions convenables de culture (Voir p. 56), mais la fonction chromogène paraît ne pas se produire à 37°. En effet, si on ensemence vingt ballons, par exemple, et que l’on place dix de ces ballons à 250 et dix à 370, on constate que les ballons du premier groupe donnent tous de la chlororaphine, tandis que cette substance fait défaut dans les cultures du second lot. Cependant, si l’on ensemence, en partant chaque fois d’une culture provenant d’une seule colonie, des séries de cent ballons et plus qui sont placés à 37°, on observe, dans chacune de ces différentes séries, un certain nombre de cultures chromogènes. À titre de documentation, j’indique les résultats extrêmes : Série À : 450 ballons ensemencés, un seul donne de la chlororaphine. Série B : 100 ballons ensemencés, sept donnent de la chlororaphine: Le pouvoir chromogène de la semence qui a servi aux expériences a été contrôlé à chaque essai sur vingt-cinq ballons placés à 250. Tous, sans exception, ont donné des cristaux. EXPÉRIENCE $. — Ces expériences montrent que, pour obtenir une cul- ture chromogène à 370, il faut opérer sur un nombre considérable de ballons; aussi, avons-nous cherché à obtenir, d’une façon relativement constante, la production de la chlororaphine à cette température. A cet effet, nous avons fait passer B. chlororaphis par l'organisme de la Souris. Des Souris sont inoculées avec des doses de 1°m°,5; elles sont sacrifiées lorsque les pre- miers symptômes de l’agonie apparaissent. Le sang du cœur, prélevé asep- tiquement, sert à l’ensemencement d’un certain nombre de ballons qui sont placés à 370. Dans une première expérience, sur 14 ballons ensemencés, 3 restent stériles, 11 cultivent et, parmi ceux-ci, 9 donnent de la chlorora- phine (sur 100 ballons ensemencés avec la culture ayant servi à faire l’ino- culation et placés à 37°, un seul a donné des cristaux). Une seconde expé- rience a donné les résultats suivants : sur 30 ballons ensemencés, 5 restent stériles, 25 cultivent, parmi lesquels 22 donnent de la chlororaphine (Pex- périence comparative a donné 7 ballons à cristaux sur 100; voir série B de l’expérience &). D’après les résultats fournis par ces expériences, on voit que le passage de B. chlororaphis dans la Souris augmente de beaucoup la proportion du nombre des cultures donnant des cristaux à 370. De plus, les cultures obtenues par ensemencement avec le sang de Souris conservent la propriété de donner de la chlorora- phine à 370, ainsi que nous avons pu nous en assurer par une série de quinze repiquages en milieux appropriés. La modification est donc devenue permanente. 2. Hypothèses que suggèrent ces deux séries d’expériences. — CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 197 Faisant abstraction des indications fournies par l’expérience à, on pourrait être tenté d'admettre que le passage d’une culture par l’organisme souris a déterminé l'apparition brusque d’une race chromogène à 370, c’est-à-dire d’une mutation au sens de DE VRies. Mais nous savons, d’après les résultats fournis par l’expé- rience &, qu'une culture provenant d’une seule colonie renferme quelques éléments capables de donner de la chlororaphine à 37°; dès lors, une seconde hypothèse s’impose à l’esprit, et cela d'autant plus qu’elle s’appuie sur une observation faite par Hansen (1905). Ce savant, étudiant différents types de levures dont Saccha- romyces validus (—=S. Pastorianus IIT), espèce bien connue comme levure haute typique, a constaté, dans les cultures de cette levure, la présence de quelques éléments du type de fermentation basse dans la proportion de 3% environ. I en conclut que les levures hautes et basses ne sont pas des espèces indépendantes, mais peuvent se développer simulta- nément et inégalement dans des cultures que l’on pourrait supposer homogènes d’après le résultat global de la fermentation produite, et que l’une des deux formes peut supplanter l’autre suivant les conditions de culture. De même, nous pouvons admettre qu’en inoculant une cer- taine dose d’une culture de PB. chlororaphis l'organisme souris agit sur la population hétérogène inoculée pour sélecter des éléments préadaptés qui, entre autres propriétés, ont celle de donner de la chlororaphine à 37°. Le mécanisme de cette sélec- tion pouvant être ramené au schéma général suivant : soit une population P qui est un mélange de deux biotypes À et B. Au biotype À appartient la plus grande partie de P. Considé- rons un milieu A] dans lequel À ne puisse se développer que très difficilement, mais où, au contraire, B rencontre des condi- tions de vie facile. Que se passera-t-1l lorsqu'on transportera P dans le milieu M? Le biotype B, qui avait passé presque ou même inaperçu en P, va se développer énergiquement et deve- nir dominant en nombre, en sorte que la nouvelle population P”, 158 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE que l’on obtiendra ainsi, différera par son ensemble de P qui lui a donné naissance. Il y aura eu filtrage des formes préadap- tées, au sens de DE VRIESs, de DAVENPORT (1903), de MorGan (1903), de Cuénor (1909, 1911). Peut-on admettre l’existence d’un phénomène de ce genre en ce qui concerne B. chlororaphis? Étant donnés les faits dont nous disposons jusqu’à présent, il est difficile de se prononcer sur la valeur des deux hypothèses que nous avons émises. Il est évident que l’existence de quelques cultures chromogènes à 379, sans avoir passé par l’organisme souris, donne quelque créance à l'hypothèse d’un filtrage; mais doit-on rejeter toute idée d’une variation lente ou brusque (mutation au sens de DE Vries)? C’est là une question à laquelle il ne sera possible de répondre qu'après de nouvelles expériences. Conclusions. — Quelles que soient les hypothèses, nous croyons pouvoir dire, quant à présent, qu’une colonie de B. chlororaphis, isolée sur gélose, renferme au moins deux sortes d'éléments: les uns susceptibles de donner de la chlororaphine à 25-300 et ne présentant pas cette propriété à 379; les autres, très peu nombreux, produisant des cristaux à 37°. De plus, le passage d’une culture, obtenue en partant de cette colonie, par l’orga- nisme souris, augmente dans de très fortes proportions le nombre des éléments chromogènes à 370. INOCULATION AU COBAYE Avec le Cobaye, les résultats obtenus sont bien plus incons- tants encore qu'avec la Souris où nous avions cependant déjà vu le pouvoir pathogène varier avec la nature et l’âge de la culture. Le Cobaye ne saurait donc constituer un réactif de choix. Le mode d'infection préférable est l’inoculation intrapéri- tonéale. L’injection, dans le péritoine du Cobaye, d’une culture de vingt-quatre heures a une action variable avec les semences considérées, ainsi qu'il résulte des expériences suivantes : 49 Cinq Cobayes (pesant chacun de 220 à 310 grammes) reçoivent 2 à 5cm° de culture À de vingt-quatre heures. Les animaux ne présentent CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 129 qu’un trouble passager; l’inappétence dure un à deux jours et on n’observe pas de variations sensibles de la température. Un mois après l’inoculation, la pesée accuse une augmentation de poids chez deux d’entre eux. Puis les animaux étant sacrifiés, l’autopsie montre le foie de volume normal, mais présentant un piqueté blanchâtre à sa sur- face. Certains individus offrent, en outre, des kystes de la grosseur d’un petit pois. Les ganglions mésentériques sont parfois hypertrophiés. Mais la mise en culture des différents viscères n’a pas permis l'isolement de B. chlo- roraphis. 20 Quatre cobayes (de 400 à 600 grammes) sont inoculés dans le péri- toine (6cm° d’une culture B de vingt-quatre heures). La mort survient du huitième au quinzième jour. Elle ne paraît pas avoir été précédée d’aucun symptôme; seul, l’amaigrissement est constant. L’autopsie ne montre au- cune lésion caractéristique. Les cultures de vingt-quatre heures sont donc, en général, peu virulentes. Lévy et Gransrrom-WoskoBoinIkow (1908) ayant montré que des cultures de vingt-quatre heures de B. pyocyaneus pouvaient après filtration Jouer le rôle d’agres- sines, J'ai cherché si celles de B. chlororaphis présentaient des propriétés analogues; mais les essais effectués ne furent pas coa1cordants et ne permettent de tirer aucune conclusion. Toxines solubles. — Nous avons remarqué, à propos des Souris, que la virulence des cultures augmente avec l’âge. Il en est de même dans l’expérimentation sur le Cobaye. Ainsi, cinq Cobayes (de 400 à 500 grammes), qui ont reçu 2 centimètres cubes d’une culture âgée de quinze jours, en injection intrapé- ritonéale, meurent de la douzième à la vingt-quatrième heure après l’inoculation, et l’autopsie montre un exsudat péritonéal roussâtre très abondant. Cette augmentation de la virulence avec l’âge de la culture nous conduit à la recherche des toxines solubles dans les milieux où se développe B. chlororaphis. Je prends ici le terme de toxine dans le sens le plus large « appliquant cette dénomination à toutes les substances chimiques qui, formées au cours des fermentations microbiennes, sont susceptibles d’influencer l’organisme à titre d'agents toxiques ou phlogogènes, quel que soit, d’ailleurs, le méca- nisme de leur action » (Hugounenq [1896)). 160 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Pour mettre en évidence les toxines solubles, des cultures âgées de dix à vingt jours sont filtrées, soit sur bougie Cham- berland (F), soit sur bougie Nordtmeyer-Berkefeld. Le filtrat est fractionné; certaines portions sont chauffées, d’autres sont soumises à des précipitations par l’alcool. Dans ce dernier cas, on obtient un précipité floconneux qui, après centrifugation et essorage rapide, est redissous dans l’eau physiologique: En inoculant respectivement les animaux avec de la solution filtrée non chauffée, du filtrat chauffé à 1009 pendant cinq minutes et de la solution physiologique, je suis arrivé aux résultats suivants : 149 Quatre Cobayes (de 0Kk8,400 à 0k8,500) reçoivent en injection intra- péritonéale 5 centimètres cubes de filtrat non chauffé. La mort surviert respectivement après 6-8-10-18 heures. 29 Trois Cobayes (de 0k8,400 à 0K8,500) reçoivent 5 centimètres cubes de filtrat chauffé. Un animal meurt le dixième jour et l’autopsie montre la congestion des poumons. Les deux autres Cobayes ne paraissent pas réagir à l’inoculation. 30 Deux Cobayes (05,300 à 0k£,400) reçoivent 5 centimètres cubes de solution physiologique. Les animaux ne présentent aucun symptôme de maladie. Il résulte done de ces expériences que B. chlororaphis sécrète des produits toxiques solubles. Il semble aussi que le chauffage les détruise, mais cela n'implique nullement qu'ils soient de nature albumosique. En effet, nous savons que la xanthoraphine, tout en présentant les caractères des alcaloïdes, est cependant décom- posée à 1000. Agglutinines. — On pouvait espérer, par des inoculations progressives et répétées de jeunes cultures, faire apparaitre dans l’organisme du Cobaye des anticorps spécifiques et en particulier des agglutinines. Par suite d'accidents survenus aux animaux (quinze cobayes) mis en expérience, je n’ai pu jusqu’à présent obtenir des sérums agglutimant à plus de 4 de sérum pour 200 de culture. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 101 2° INOCULATION A CERTAINS ANIMAUX D'EAU DOUCE Nous venons de voir que PB. chlororaphis peut, dans certaines conditions, déterminer des troubles mortels chez le Cobaye et la Souris. Et, comme d’autre part, à une exception près (type de GuiGNaARD et SAUVAGEAU) ce bacille a toujours été isolé d’eaux de puits, de sources ou de rivières, il m’a paru intéressant de rechercher s’il était pathogène pour des animaux d’eau douce. A cet effet, j'ai (en collaboration avec L. MERCIER (1911)) inoculé des doses variables de cultures de B. chlororaphis à des Écre- visses, à des Poissons et à des Grenouilles. INOCULATION A L'ÉCREVISSE (Astacus fluviatilis Fabr. — Potamobius astacus L.) Des Écrevisses saines (les témoins n’ont pas donné de mor- talité) reçoivent des doses faibles (0° 2) d’une culture de quarante-huit heures (température de l’eau 90). Quelques heures après l’inoculation, les Crustacés se montrent agités, ils ne fuient plus la lumière; à cette première période en succède une seconde durant laquelle ils perdent progressivement de leur agilité et présentent de la contraction des muscles des pattes. Finalement, la mort survient entre vingt-quatre et quarante- huit heures. Ces symptômes, peu caractéristiques, sont diffé- rents de ceux de la peste des Écrevisses dont l’agent est, comme on le sait, Bacillus pestis astaci Hofcr.: INOCULATION AUX POISSONS Bacillus chlororaphis s’est montré pathogène pour toutes les espèces de Poissons d’eau douce auxquels nous l'avons inoculé : Carpe (Cyprinus carpio L.), Tanche (Tinca tinca L.), Brème (A bramis brama L.), Gardon (Leuciscus rutilus L.), Perche (Perca fluviatilis L.). ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 11 162 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Les inoculations ont été faites, soit dans la cavité du corps, soit dans la masse musculaire dorsale; nous noterons tout de suite qu'à dose égale la mort est moins rapide dans le cas d’une injection intramusculaire. Une inection dans la cavité du corps d’une dose de 0°%5 d’une culture de quatre jours tue les Poissons entre vingt-quatre et quarante-huit heures; les animaux meurent sans présenter de lésion constante et caractéristique. Nous noterons que, quelques heures après l’inoculation, les Poissons sont moins vifs, la région caudale parait paralysée:; dans quelques cas, nous avons constaté les traces d’une hémorragie branchiale. De tous les Poissons sur lesquels nous avons expérimenté, c’est le Gardon qui s’est montré le plus sensible. Or, tandis que des Gardons sont tués en vingt-quatre heures par une injection de 05 d’une culture de cinq jours, la même dose d’une ceul- ture de vingt-quatre heures ne tue qu’en cinq à dix jours des animaux de même poids (170 à 180 grammes). Par conséquent, à doses égales, la mort est d’autant plus rapide que la culture inoculée est plus âgée. Je rappellerai que nous sommes arrivé aux mêmes conclu- sions dans l’expérimentation sur Souris et sur Cobaye, et que ces conclusions nous ont conduit à la recherche de toxines solu- bles dans les cultures de B. chlororaphis. Nous allons donc répéter, avec les Poissons, l'expérience faite sur la Souris et le Cobaye. A cet effet, de vieilles cultures sont filtrées sur bougie Chamberland (F), ou Nordtmeyer-Berkefeld. Le filtrat inoculé à des Gardons, à des doses variant entre 0°7”,5 et 1% détermine la mort entre un et cinq jours. Les cultures filtrées renferment donc des substances toxiques pour les Pois- sons. INOCULATION A LA GRENOUILLE (Rana temporaria L.) Des Grenouilles sont tuées en vingt-quatre heures par une . . . . . . 3 , injection intracavitaire d’une dose de 0°" ,5 d’une culture de trente-six heures et en quarante-huit heures par une injection CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET s. 163 d’une dose de 1°” de la même culture dans le sac lymphatique dorsal. | Pour établir d’une façon complète le pouvoir pathogène de B. chlororaphis, il resterait à réaliser l'infection par la voie d ges- tive. Il serait intéressant également de maintenir des Poissons et des Écrevisses avec certains de leurs ectoparasites (Argulus foliaceus, Piscicola, Branchiobdella) dans une eau contaminée, et de voir si les plaies causées par ces parasites peuvent servir de porte d’entrée au bacille. On connaît de nombreux bacilles pathogènes pour les animaux d’eau douce. Mais, pour beaucoup de ces bacilles, nos connais- sances sont encore très incomplètes, ainsi que l’on peut s’en rendre compte en consultant des ouvrages spéciaux tels que ceux du professeur HorEr (1904), et de ne DrRoOuIN DE BOUVILLE (1908); aussi est-il très difficile de rapprocher B. chlororaphis de l’un d’eux. C’est ainsi, par exemple, que B. chlororaphis présente des caractères morphologiques et culturaux communs avec le Bacille de la « peste des eaux douces » de BATAILLON et DusarD (1893-1894), avec le Bacille de A. CHarRrIN (1893), avec le Bacille de BABÈS et RIEGLER (1903), avec B. hydrophilus fuscus de SANARELLI (1891-1893), et avec B. ranicida de P. ErNsr. Comme ces Bacilles il est mobile, liquéfie la gélatine, peut donner une culture jaune brunâtre sur pomme de terre. Comme le Bacille de BaBès et RIEGLER, 1l ne prend pas le gram; comme lui, il est très polymorphe. Ces quelques exemples que je viens de citer prouvent suff- samment que PB. chlororaphis a des caractères communs avec d’autres bacilles déjà connus et qui sont pathogènes pour les Poissons. Pour le moment, il est donc difficile de voir en B. chlo- roraphis une individualité nouvelle, cause de maladies pour les Poissons. Car si le caractère de la production de la chlororaphine a été négligé, il est de toute évidence qu’un auteur s'étant con- tenté d’une étude relativement sommaire a pu très bien isoler une forme de bacille qui n’était autre que B. chlororaphis. Maintenant que l’on sait que le Bacille de GurcNnarp et Sau- VAGEAU est pathogène pour les Poissons, que l’on peut d’autre 164 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE part réaliser un milieu de culture permettant une formation rapide et constante de chlororaphine, je pense qu'il sera possible à l’avenir d'identifier, à l’occasion, un bacille pathogène pour les Poissons avec B. chlororaphis et de définir ainsi le rôle que joue ce dernier microbe dans la pathologie des habitants de nos eaux douces. SIGNIFICATION DE BACILLUS CHLORORAPHIS DANS LES EAUX D'ALIMENTATION ImBEAUx (1897) considère comme très suspectes les eaux riches en B. fluorescens liquefaciens et B. fl. putridus. BONJEAN (1899-1906), ayant attiré tout particulièrement l’attention sur la présence de B. pyocyaneus dans les eaux d’alimentation, fait remarquer que les infections pyocyaniques à caractère épidémique d’origine hydrique ont été de plus en plus fréquem- ment observées (Moynier et ViLLEPOIX, PAPIN, LAUNAY, etc.). Or, B. chlororaphis présente, d’une part de nombreux carac- tères communs avec les bacilles énumérés plus haut, d’autre part il peut, sous certaines conditions, devenir pathogène pour divers animaux; enfin il a été isolé généralement d’eau douce. Il aurait donc été intéressant d’établir la signification hygié- nique de ce bacille dans les eaux d’alimentation. Malheureuse- ment les renseignements statistiques que j'ai pu recueillir sont trop peu nombreux pour permettre une conclusion. Je me bornerai à signaler que M. Ed. BongJEAN (1) le considère plutôt comme un hôte des eaux contaminées. C’est aussi mon avis. Cependant, actuellement, sa présence ne saurait à elle seule jeter un dis- crédit sur la qualité de l’eau qui le renferme. Pour émettre une opinion exacte sur la signification de ce bacille dans l’eau, il serait nécessaire de connaître son habitat normal et son milieu d'élection, ce que je n’ai pu établir d’une façon précise, faute de documents statistiques. (1) Communication par lettre. CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 169 CONCLUSIONS GÉNÉRALES 19 La rareté apparente de B. chlororaphis peut tenir à ce qu’il a été méconnu lorsqu'un mode de culture peu favorable n’a pas permis l’apparition des cristaux caractéristiques. 20 Bacillus chlororaphis se présente sous l’aspect d’un bâtonnet dont la taille diminue à mesure que les cultures vieillissent. Indépendamment des cellules allongées, on rencontre aussi dans les cultures des cellules rondes. Bacillus chlororaphis peut, sous l'influence de certains milieux, offrir des formes d’involution différant surtout de la forme normale par la longueur des cellules. Sous l’action des bases les bâtonnets s’allongent, tandis qu'ils se raccourcissent en présence des acides. Sur gélose lithinée, la cellule s’entoure d’une auréole hyaline. 30 Bacillus chlororaphis est mobile, il possède des flagella polaires au nombre de un à six. 40 Le type de B. chlororaphis que j'étudie ne présente pas de spores. 59 Bacillus chlororaphis est aérobie. Il est tué par chauffage à 630 C. (dix minutes). 6° Bacillus chlororaphis liquéfie la gélatine, coagule le lait et réduit les nitrates en nitrites. 7° Suivant les conditions de cultures, B. chlororaphis donne une substance soluble fluorescente ou fournit une matière verte cristallisée (chlororaphine). 8° La production de la matière fluorescente est influencée par la nature des aliments azoté et carboné, par la proportion relative des aliments azoté, carboné et minéraux entre eux. 90 La formation des cristaux verts est très faible en bouillon peptoné, elle atteint son maximum d'intensité en milieu chimi- quement défini (milieu synthétique type). L’oxygène étant indispensable au développement bactérien, les cultures seront faites avec une épaisseur de liquide déterminée. La température optima est de 259-300 C. 166 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 100 La végétation de B. chlororaphis dans un milieu approprié détermine la formation d’une matière soluble, la xanthoraphine. Cette substance, très instable, a été obtenue à l’état de cristaux, mais en quantité beaucoup trop faible pour être analysée. 119 Les solutions de xanthoraphine, soumises à une action réductrice, laissent précipiter des cristaux verts (chlororaphine), à condition que la réduction s’effectue en milieu neutre. 129 Dans les cultures, la précipitation de la chlororaphine a lieu au détriment de la xanthoraphine et cela grâce à un phénomène de réduction. 139 En présence de l'oxygène, les cristaux verts de chlorora- phine s’altèrent rapidement en donnant des cristaux jaunes d’oxychlororaphine. 149 Les propriétés physiques et chimiques de la chlororaphine et de l’oxychlororaphine ont été établies, ainsi que la formule de cette dernière : C2 10 N3 : O 159 Bacillus chlororaphis est pathogène pour la Souris, le Cobaye, la Grenouille, divers Poissons d’eau douce et l’Écrevisse. “Bacillus chlororaphis sécrète des toxines solubles. Il est doué de pouvoir agglutinogène. Le passage de PB. chlororaphis par l’organisme souris permet de déterminer une variation expérimentale du pouvoir chromo- gène de ce microbe. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE (*) 1891 ARNAUD (A.) et CHARRIN (A.). — Recherches chimiques sur les sécré- tions microbiennes. Transformations et élimination de la matière organique azotée par le B. pyocyanique dans un milieu de culture déterminé. (C. R. Acad. Sciences, t. CXII, p. 755.) (1) Le signe (*) marque les travaux dont je n’ai eu connaissance que par des analyses et dont il ne m’a pas été possible de me procurer l'original. 4 L CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE B. CHLORORAPHIS G. ET S. 1067 1891 Arnaup (A.) et CHAHRIN (A.). — Recherches chimiques et physiolo- giques sur les sécrétions microbiennes. Transformation et élimina- tion de la matière organique par le B. pyocyanique. (C. R. Acad. Sciences, t. CXII, p. 1157.) 1901 *Ascozr. — Zur Morphologie der Bakterien und ihre Beziehungen zur Virulenz. (Deutsch. med. 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C’est la force de la nature, qui agit dès que l’homme, en lui assurant le repos, ne la contrarie plus. Dès qu’un terrain, en montagne comme en plaine, quel qu’il soit, pourvu que non placé dans des conditions spéciales impropres à la végétation (sommets, cols ou erêtes non abrités), est abandonné par l’homme et ses troupeaux, les plantes, herbacées et ligneuses, ou herbacées d’abord, ligneuses ensuite, s’en emparent et s’y propagent. Ce repeuplement spon- tané est parfois long, surtout aux hautes altitudes, mais il n’en est pas moins réel. C’est la raison d’être de cette mesure de con- servation et de restauration forestière, vieille comme le monde, (1) Voir Annales de la Science agronomique, 1911, t. 11, p. 440; 1912, t. 1, p. 30, 33, 40.: t. IL, p. 105, 259 ; 1913, t. I, p. 494 ; t! AL, p. 61. 176 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE si pratiquée par nos aïeux : la mise en défens (embannement, en Briançonnais, bedat en Béarn, defensum, devesum en bas-latin, d’où Devèze). L'achat d’un terrain par l’État, la soumission au régime forestier, en assurant le respect du défens par une sur- veillance rigoureuse, fournissent un premier élément certain de restauration, quelquefois suffisant même pour l’extinction de torrents peu importants. Plusieurs de nos préposés, depuis longtemps dans le pays, nous ont affirmé qu'ils constataient un changement dans l'aspect et l’état de nombreuses parties des séries de reboisement. Aïnsi le versant gauche du torrent du milieu des Plattes (série du Mo- nêtier) s’enherbe peu à peu et se montre moins dénudé. Le bassin du Saint-Joseph s’est de même beaucoup regazonné dans le haut depuis Pexpulsion des moutons. De même à la Lauze de Val-des- Prés. Nous avons, au surplus, rappelé ici et ailleurs (1) les exem- ples de reboisement naturel du Grand-Bois du mont Genèvre, du Clot des Gamattes de la même forêt, du bas des forêts du Villar-Saint-Pancrace et de Saint-Martin-de-Queyrières, du cône de déjections de Malefosse, des délaissés du Guil, de la partie incendiée du Bois de France de l’Argentière, de la montagne du Cros-la-Garenne d’Abriès, reboisement consécutif à une simple diminution dans l'exercice du pâturage. « La suppression du pâturage suffirait au regazonnement et au reboisement spontanés en-dessous de la limite climatérique de chaque plante (2). » 3. Reboisements communaux et particuliers Il n’y à pas à compter, pour le moment, de reboisements en dehors de ceux de l'État. Les communes n'en ont fait aucun (sauf quelques parcelles à Cervières) ou les ont depuis longtemps abandonnés. Les particuliers en ont fait quelques-uns, mais ne (1) Pierre BurFAULT, Notes sur les mélézaies briançonnaises. — M. BrioT cite des faits semblables dans ses Nouvelles études. (2) Ch. BrorzLrArp, Les Alpes pastorales (Revue des Eaux et Forêts, 1896, p. 351). LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL PTE portant que sur de minimes surfaces. Notons cependant les jolies plantations de résineux indigènes et de sapins Pinsapos à M. le Dr Bompard, près de la route de Briançon à Saint-Chaffrey. $ 7 — Appréciation de la situalion actuelle 1, La situation actuelle et son origine Le déboisement ou, si l’on préfère, le faible boisement actuel du Briançonnais, remonte à une époque fort ancienne, multi- séculaire. À part la disparition, au dix-neuvième ou au dix-hui- tième siècle, de quelques cantons ou parties de cantons boisés, d’ailleurs peu étendus, près des crêtes ou en haut des vallées, comme au fond de la vallée de Cervières, la physionomie fores- tière du pays ne semble pas avoir changé depuis bien long- temps. B. Chaix nous parle bien de déboisements, mais sans préciser, et comme effectués à une époque reculée. «La destruction des bois, dit-il assez justement, a commencé ici au besoin de la destruction des bêtes féroces, ensuite au passage des armées gauloises et romaines, au séjour des Sarrazins. » Tous les anciens textes nous montrent les forêts là où elles sont aujourd'hui, et non ailleurs. En 1553, les habitants de La Salle, en procès avec ceux du Villar-la-Madeleme, déclarent qu’ils « ont tousjours heu et ont, dans leurs terroyr et parroisse leurs boys en l’envers, de l’autre cousté, oultre le ruysseau seu rivière de Guisane, notoyrement, en grand habondance (1) ». Par des actes de 1276 et 1296, il est cédé à bail des prairies à la Pousterle et à Oréac, au-dessus de l’Argentière, aux Aiguilles au-dessus de la Roche-de-Rame (enclave dans la forêt commu- nale) (2). En 1287, la Pinée de Briançon a les mêmes limites qu’aujour- (1) Archives départementales des Hautes-Alpes. (2) P. GuizzaumE, Documents inédits relatifs à L’ Argentière. Gap, 1884. ANN. SCIENCE AGRON, — 40 SERIE — 1913 — II 12 178 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE d’hui (1). Les chartes et textes de 1166 à 1314 parlent de mon- tagnes pastorales qui sont celles d'aujourd'hui, à Cervières, Vallouise, Arvieux, Saint-Véran, Ristolas, Névache, La Salle, le Monêtier, etc. Dans son testament, le patrice Abbon, grand seigneur qui, en 739, lègue ses propriétés du Briançonnais à divers monastères, mentionne ses « affranchis, colons et serfs » du Briançonnais et de Vallouise; ses « colomies » de Vallouise, ses «champs, prés, pâturages, forêts, alpages, montagnes, rifs », description qui, bien que sommaire, s’appliquerait encore aujourd’hui. Donc le déboisement actuel du Briançonnais ne date pas d'hier, comme beaucoup lont cru, affirmé, écrit; mais il est réalisé depuis le haut Moyen Age et sans doute depuis l’occupa- tion romaine (2). Comme l’hydrologie — et réserve faite des ra- vins et torrents qui naissent ou s’éteignent d’un moment à l’autre sous l'influence ou en l'absence de l’action de l’homme — comme l’hydrologie, le taux de boisement du pays n’a pas sensiblement changé depuis près de dix-neuf cents ans. Le mal torrentiel dont souffre le Briançonnais et dû à un boise- ment insuffisant, y est donc fort ancien lui aussi; et il y a exagé- ration à déclarer qu'il est de la dernière argence d'y remédier. Mais il importe évidemment de ne pas trop attendre et de ne pas laisser s’aggraver telle dégradation qui, facilement corrigible aujourd’hui, le sera difficilement demain. Il faut reboiser pour réparer ou maintenir l’armature végétale du sol; il faut reboiser pour améliorer le régime des eaux, pour empêcher le ruissellement, pour augmenter le débit des rivières et entretenir la houille blanche. Le reboisement se présente donc dans ce pays, non comme une mesure urgente de salut public (3), mais comme une amélio- (1) Archives municipales de Briançon. Transaction-règlement du 25 sep- tembre 1287. (2) Nous sommes arrivés à la même conclusion pour le mandement de Guillestre (Voir notre étude précitée). Cf., dans le même sens, C. JULLIAN, Histoire de la Gaule romaine. (3) Ce qui est le cas dans d’autres régions. 11 ne s’agit ici que du Brian- çonnais. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 179 ration de premier ordre, une mise en valeur qu’un grand pays comme la France ne doit pas trop différer et que réclament l’in- térêt général et l’intérêt local. Les forêts briançonnaises sont insuffisantes en consistance : elles couvrent souvent mal le sol, ne le protègent, pas assez et présentent d'innombrables lacunes et déchirures (ravins et tor- rents) qu’il faudrait réparer. Elles sont insuffisantes en étendue : n’occupant que le quart du territoire (en projection horizontale, done moins encore pour la surface réelle ou développée), étant absentes d’un nombre considérable de versants déclives et dénudés où le ruissellement s'exerce sans retenue (pâturages inférieurs). Les séries de reboisement actuellement constituées ne sont qu'un bien faible palliatif à cette situation. Que sont leurs 1.857 hectares sur les 100.000 hectares de landes, pâturages et incultes, c’est-à-dire de terrains nus, situés au-dessous de la courbe de 2.500 mètres, limite pratique de la végétation forestière? Pas même 2%! Et ces séries sont morcelées, émiettées. Celle du Monëêtier est en neuf parcelles. A côté de certaines bien comprises (bassins du Pervou, du Saint-Joseph), d’autres (la Moulette, 4 hectares) sont si exiguës qu’elles ne peuvent jouer aucun rôle; elles n’embrassent même pas toute la surface dégradée ! D'éminents forestiers, comme M. Cardot, frappés surtout des dégradations de la zone alpine, leur attribuent la majeure partie des dégâts torrentiels et pensent qu'avec une bonne réglementa- tion pastorale on arrivera à supprimer à peu près tous ces dégâts. Mais, dans le Briançonnais et dans bien d’autres pays monta- gneux, les dégradations de la zone alpine sont bien moindres que celles de la zone sulbalpine, et la restauration pastorale ne guérirait qu'une faible partie du mal. Les reboisements actuellement réalisés sont donc tout à fait insuffisants. Il faudrait les étendre sur les «adroits » dénudés des vallées de la Clarée, de la Guisanne, de la Cerveyrette, du Guil, du Fournel, de la Durance, qui fournissent une part si impor- tante du ruissellement, cause des débordements de la Durance. Il faudrait reboiser les pâturages de printemps et d'automne, 180 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE pâturages inférieurs, et former un rideau continu de forêt sur tous les versants, entre le fond de la vallée où seraient concen- trées les cultures et les prairies, et la zone alpine où seraient exploités les hauts pâturages (1). Pour avoir des résultats hydrologiques appréciables, une amélioration réelle du régime des eaux, ce sont, en effet, de grands, d'immenses tènements qu’il faudrait reboiser et non de petits morceaux décousus. Réparations au sol forestier actuel, extension efficace des boi- sements, restauration pastorale, il y a là une entreprise démesu- rément vaste, formidable, et, de prime abord, déconcertante. Elle est tellement vaste qu’on se demande s’il est raisonnable de l’entreprendre. Mais, en matière sylvo-pastorale, c’est l’accumulation des infi- niment petits qui produit les grands résultats. Pour le moment, cette œuvre est irréalisable dans son ampleur en raison de deux obstacles qui ne permettent que de réaliser de petites restaurations très localisées. Ces deux obstacles sont la législation actuelle, opposition des montagnards. De la législation en vigueur (L. 4 avril 1882), à laquelle nous de- vons les périmètres de reboisement actuels, étriqués et morcelés, la critique a été faite déjà maintes fois (2). Cette législation, à l'égard du mal torrentiel, n’est que curative et non préventive; elle attend que le danger soit né et actuel pour permettre à l’État d'intervenir. De plus, pour le reboisement, elle ne laisse celui-c1 faire des travaux qu'après qu'il a au préalable acquis le terrain, (1) « Aucune opération ne serait plus fructueuse » que le reboisement de ces pâturages de printemps, dit M. Brior (Études, p. 48). (2) L. Tassy, La Restauration des montagnes. Paris, Rothschild, 1877. — Pierre BuFFAULT, Insuffisance de notre législation en matière de conservation et de restauration des forêts ; Nécessité de réformer nos lois forestières ; L’Obs- tacle au reboisement, Congrès du Sud-Ouest navigable, 1902, 1904, 1905. Toulouse, Privat, etc. — L. A. FABRE, La Lutte pour et contre l’eau, Congrès du Sud-Ouest navigable, 1902, et ses nombreuses et remarquables études. postérieures : L’Exode montagneux en France ; L’ Achèvement de l'œuvre du reboisement ; L'Évasion contemporaine des montagnards français ; Légis- lation protectrice du sol montagneux en France; (Journal des Économistes, 1910), etc., etc. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 181 « nationalisé » le sol; et, quant à la réglementation et aux amé- liorations pastorales, elle institue une procédure qui est restée lettre morte et inappliquée, tant l’État est désarmé vis-à-vis des représentants des intérêts locaux aussi bien pour les travaux à effectuer que pour les prescriptions à faire observer. L'État, à qui elle donne mission de réparer les dégradations, une fois qu’elles sont « nées et actuelles », est donc «paralysé » : d’un côté, parce qu'il est limité étroitement dans la constitution des périmètres, qu’on réduit aux « berges vives », et qu'il ne peut donner aux tra- vaux techniques l'ampleur nécessaire pour être efficaces; d’un autre côté, parce que son action est subordonnée à l’achat du terrain et à la question des ressources budgétaires. La modification qui vient d’être votée par la Chambre, sur la proposition de M. Fernand David, sera de portée restreinte et ne changera pas considérablement la situation, parce que, si elle ne limite plus l’action de l'État aux « dangers nés et actuels », si elle lui permet de reboiser un terrain simplement parce que dénudé, elle maintient toujours le principe paralysant de l’acquisition préalable, de la « nationalisation spoliatrice » du sol. Il en résulte que, en fait, l’œuvre du reboisement est très res- treinte sur le terrain et n'avance pas, dans le Briançonnais comme ailleurs. L'État, gêné d’abord dans la constitution des périmètres qu’on ne lui permet que réduits aux terrains dégradés, aux lits des torrents, est ensuite empêché par la question dépense. Les acquisitions par expropriation lui sont tellement onéreuses, en raison des prix formidables qu'imposent les jurys, qu’il y a renoncé depuis longtemps à peu près complètement. Il attend que les montagnards lui consentent la vente amiable de leurs terrains dont ils ne tirent plus profit; mais, ce faisant, il institue une prime à la dégradation, au déboisement. Cela n’arrive pas souvent, à vrai dire, sauf dans quelques régions en proie plus particulière- ment aux dévastations torrentielles et à l’exode rural. Cela n'arrive pas, en tout cas, dans le Briançonnais. Et quant à la réparation des dégradations dans les forêts communales, elle est impossible. L'État ne peut rien faire puisqu'il n’est pas pro- 182 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE priétaire et les communes sont trop pauvres pour pouvoir affron- ter les dépenses nécessaires (1). Le second obstacle que rencontre l’œuvre du reboisement est l'opposition du montagnard. Certes, cette opposition se comprend aisément, et, si elle est aveugle, elle est justifiée en soi. Il est naturel que le montagnard ne consente pas, de gaieté de cœur, à se priver de ses terrains de pâturage, soit particuliers, soit communaux, qui sont ses principales ou uniques ressources. D’autant qu'avec la législation de 1882 on l’en dépossède à jamais. Il est vrai qu'on lui paie son terrain et fort cher. Mais ce n’en est pas moins pour lui un bouleversement, souvent total, de son existence, de son genre de vie. En outre, lorsque l’État achète des communaux, il en verse le prix à la commune, mais les habitants, uf singuli, n’en reçoivent aucun dédommagement. [ls jouissaient auparavant des communaux, Ils en sont évincés maintenant sans aucune compen- sation. Leur groupement, la commune en est indemnisée, et lar- gement; mais eux-mêmes, personnellement, ne reçoivent rien (2). Il y aurait, à cet égard, quelque chose de plus juste à faire. Il faut dire, pour rester dans la réalité, que, souvent, l’opposi- tion au reboisement n’émane pas de toute la population, mais de cette « aristocratie pastorale » justement dénoncée par Tassy (3) et qui existe dans plusieurs communes du Briançonnais comme du reste des Alpes. Ce sont seulement quelques propriétaires de troupeaux qui jouissent de la montagne, des pâturages com- munaux et qui, naturellement, ne veulent pas voir restreindre cette jouissance et les ressources qu'ils en retirent. Mais, à côté d'eux, bon nombre d'habitants, n’ayant pas les mêmes intérêts, ne verraient pas souvent de mauvais œil le reboisement et y trouveraient même au contraire profit dans la main-d'œuvre que les travaux nécessitent. (4) L'État pourrait subventionner les communes; mais son budget ne le lui permettrait sans doute pas. (2) Cf. à ce sujet la réclamation, partiellement fondée, de M. Toy-Riont, député de Briançon, lors de la discussion du budget de l’agriculture à la Chambre des Députés, 1911. (3) L. Tassy, op. cit. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 183 2, Les remèdes Pour sortir de cette fâcheuse situation, il faudrait d’abord armer suffisamment l’État, compléter ce qu'a commencé la Chambre des Députés sur l'initiative de M. Fernand David, en modifiant plus profondément la loi du 4 avril 1882, en suppri- mant l’obligation d'acquérir pour l’État, en lui permettant de faire les travaux, sur terrains particuliers aussi bien que sur terrains communaux, après simple soumission au régime fores- tier. C’est à peu près ce qui se pratique en Italie, en Suisse, en Autriche-Hongrie, en Allemagne (1). Ainsi l’État réserverait tout son argent pour les travaux et ne le gaspillerait pas en acqui- sitions coûteuses qui poussent à la dépopulation de la montagne au lieu de l’enrayer. Nous avons eu déjà à exposer et préconiser ce système (2). Il pourrait réparer les dégradations dans les forêts existantes aussi bien que restaurer les terrains dénudés. On réali- serait ainsi au mieux « l’idée sociale de protection des sols pau- vres (3)°.C'est cette même procédure qu’on a appliquée à Arvieux pour la constitution de la série communale de reboisement, qui fut — plus ou moins explicitement — appliquée à Chorges en 1843, qu'on était sur le point d'appliquer dernièrement à Val- des-Prés. Elle serait féconde en résultats. Elle serait ration- nelle puisque souvent — et cela condamne la loi de 1882 — le repos, la mise en défens suffit à restaurer les terrains dégradés. Pourquoi, dès lors, déposséder le montagnard quand l'imposition seule d’une restriction de jouissance, d’une servitude, peut suflire à satisfaire l'intérêt public et ménager les intérêts privés? La récente constitution du périmètre du Guil montre tout le vice de la procédure actuelle. La majeure partie des 1.780 hec- tares appartient à la zone alpine et n’est pas reboisable. L'État (1) Pierre BuFFAULT, Solutions du problème forestier à l'étranger, Congrès du Sud-Ouest navigable, Toulouse, Privat, 1906. (2) Dans nos études précitées et, notamment : Nécessité de réformer nos lois forestières ; Cf. le projet de M. L: A. Fagre, in Législation protectrice du sol montagneux. (3) L. A. Fagre, L’Évasion contemporaine des montagnards français. 184 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE va donc dépenser des sommes relativement énormes pour acquérir des terrains sur lesquels il ne pourra à peu près rien faire et qu’une simple réglementation efficace de jouissance restaurerait ! Une fois l'État armé de pouvoirs suffisants et mis à même de vaincre, lorsqu'il le faudrait, l’opposition des montagnards, il faudrait s’attacher à faire cesser ou atténuer celle-ci. Sans doute, elle serait déjà moins vive avec une procédure comportant, non plus la dépossession perpétuelle, mais une simple suspension de jouissance avec indemnité, s’il y avait lieu, qui laisserait au pro- priétaire la perspective de jouir à nouveau, plus tard, mais sage- ment, des produits de son terrain restauré. Mais cette opposition ne cesserait pas néanmoins, 1l ne faut point s'illusionner à cet égard. D’autant plus que les reboisements devant se faire dans la zone subalpine et ne pouvant se faire que là, c’est aux dépens des pâturages de printemps et d'automne et, souvent, des cultu- res, qu'il faut les effectuer. Là giît la difficulté. Et elle est telle que beaucoup d’économistes et de forestiers la jugent invincible et pensent que le reboisement des montagnes, lequel doit être in- tensif pour être efficace, ne pourra se réaliser que le jour où ces montagnes seront à peu près dépeuplées. Il heurte trop, disent-ils, les intérêts immédiats des habitants, pour que ceux-ci puissent s'y convertir. Néanmoins la difficulté peut être vaincue ou tournée à la longue par la transformation de l’économie pastorale du montagnard, par la substitution de la vache au mouton, au mouton indigène. Cette substitution, depuis longtemps préconisée, serait, en effet, un des meilleurs moyens de rendre le reboisement possible en supprimant pour le montagnard la nécessité d’avoir des pâtu- rages de printemps et d'automne. ; Certains ont espéré que l'installation de l'industrie dans la montagne, par l’exploitation de la houille blanche, pourrait résoudre le problème (1). Nous avons déjà examiné la question (chap. VI) et indiqué ce que ce développement industriel ferait contre la dépopulation et au point de vue pastoral. Dans la ques- (1) Ph. Baugy, op. cit. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 185 tion strictement forestière, pour le reboisement, il agirait fort peu. Il n’aurait d’effet qu’à condition d’être assez considérable pour absorber toute la main-d'œuvre de la montagne, pour em- pêcher que les habitants, hommes et femmes, aient le temps de s’adonner si peu que ce soit à l’exploitation du sol pastoral et spécialement des pâturages inférieurs. Or cela ne peut être. Si importante, si absorbante que devienne l’industrie, elle n’em- pêchera pas qu’il ne reste des hommes ou des femmes pour ex- ploiter le sol et surtout les parties basses des versants où, justement, la dégradation torrentielle est fréquente. Du reste, on voit, par l’existence de l’usine de Briançon et de l’industrie locale actuelle, que la question forestière et pastorale n’a pour cela rien perdu de ses difficultés. Pour réduire l’opposition du montagnard, il faut changer sa mentalité à l’égard de l'exploitation du sol (1). 1] faut lui faire renoncer à la culture extensive, lui faire adopter la culture inten- sive et là seulement où elle peut être rémunératrice et lui faire transformer son économie agricole et pastorale selon le plan déjà indiqué : multiplication des prairies irriguées surtout dans les fonds de vallée, élevage intensif du bétail sur de moindres espaces, substitution de la vache au mouton, amélioration des hauts pâtu- rages. Ce n’est — et cela se conçoit — qu’en lui montrant qu’il peut, en faisant autrement, obtenir autant et mieux, qu’il renon- cera à ses errements actuels. « Dans l’œuvre du reboisement entendue dans son sens le plus général..., on n’aura pour soi véri- tablement et décidément les populations que quand leur intérêt actuel sera engagé dans la question aussi bien que l'intérêt des générations à venir (2). » L'intérêt lui fera faire ce que la coerci- tion ne pourra réaliser. À cette œuvre d'éducation devront co0o- pérer et les agents forestiers et les professeurs d'agriculture et les hommes éclairés du pays qui y constituent les « autorités sociales » dont Le Play a montré le rôle considérable. Les sociétés forestières, telles que l'Association pour l’aména- (2) Lettre de M. Faré à M. Brior, Études sur l’ Économie alpestre, Intro- duction. 186 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE gement des montagnes, pourront beaucoup dans le même sens. Cette éducation du montagnard doit être même leur principal, leur unique objectif, le seul pour lequel elles ont toutes Les apti- tudes et tous les moyens de réalisation. Il ne faut pas compter que dans des pays de hautes mon- tagnes, à climat rigoureux, comme le Briançonnais, l'initiative privée puisse exécuter des travaux, tant soit peu notables, de reboisement. Celui-ci y est trop diflicile, trop coûteux et sans aucun profit pécuniaire, au moins de longtemps. L'État seul peut s’en charger et en supporter les frais. Mais ce que peut et doit faire l'initiative privée, c’est la propagande en faveur des idées fores- tières, des améliorations pastorales et de la transformation néces- saire de l’économie agricole et pastorale du pays, transforma- tion d’ailleurs possible et réalisée ailleurs en France (1). CHAPITRE VIII LES PATURAGES $ 1 — Siatistique pastorale La surperficie pastorale du Briançonnais comprend les pâtu- rages découverts ou pelouses et, en outre, mais très accessoire- ment, une parte des forêts communales. La surface des pâturages découverts du Briançonnais est éva- luée approximativement à 65.000 hectares, dont 41.000 pour le Briançonnais proprement dit et 24.000 pour le Queyras (Ces chiffres sont douteux, mais on n’en a pas de plus approchés). On peut compter environ 18.000 hectares de pâturages infé- rieurs dits de printemps et d'automne (soit une surface égale à peu (1) Voir F. NæœrTiNGEr, La Suisse niçoise (Annuaire du Club-Alpin français, 1896). "1 LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 187 près à la moitié de la superficie boisée), et 47.000 hectares de pâturages supérieurs, dits d’été, ou alpages. La majeure partie des uns et des autres est communale; le reste appartient aux particuliers. Les pâturages particuliers ne sont pas cantonnés dans les parties basses ni les communaux sur les hauteurs. Il y a un peu partout des uns et des autres, et, notamment, des pâturages particuliers au Lautaret et sous le Galbier, au mont Genèvre, au Gondran, dans les vallées du Quey- ras; c'est-à-dire que, souvent, les meilleures montagnes ont été l’objet d’appropriation individuelle. Les pâturages inférieurs, dont le rôle est de fournir la subsis- tance des moutons indigènes au printemps et à l’automne, sont situés au bas des versants ou sur leur moitié inférieure et géné- ralement à proximité des villages. Existant depuis des siècles, ils sont dans un état de ruine complète, ne se présentant plus que sous l’aspect de pentes dénudées, arides, où ne se voient que des pierres ou la roche sous-jacente, avec quelques brins d’herbe clairsemés, quelques tiges minuscules et rampantes de coto- néaster, de mahaleb, de nerprun, qui se collent dans les fentes du roc, pour échapper à la dent du mouton. Ce sont de véritables «ruines » (1) où l’on s'étonne souvent que même un ovin trouve à brouter. Tous ces pâturages inférieurs appartiennent à la zone subalpine, la zone des forêts. C’est au détriment de celles-ci que les premiers exploitants du pays les ont créés. Ils sont fréquemment le siège de ravinements torren- tiels. Les types les plus nets en sont les pentes au-dessus de Ville- Vallouise, celles au-dessous de Puy-Saint-Pierre et tout autour de Briançon, le versant de rive gauche de la Durance au-dessus de La Roche-de-Rame, les versants de rive gauche de la Gui- sanne et de la Clarée, au-dessus de La Salle et du Monêtier, au-dessus de Névache, le versant de rive droite du Guil au-dessus de la vallée, de Château-Queyras à Abriès (2). Les forêts n’apportent qu’un faible appoint aux ressources (1) BrotLzraArDp, Les Alpes pastorales. (2) Voir des vues de ces pâturages dans Brior, Études, p. 48, et Nou- velles études, p. 224, 225, 226. 188 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE pastorales du pays, soit comme superficie, soit comme quantité et qualité de fourrage. Les pineraies sont très pauvres en herbes. Seuls les clairs mélézeins ont un gazon fin qui constitue un aliment passable, mais non à rechercher. « L’herbage du mélézein, dit M. Ma- they (1) est formé de 6/10 de graminées, 3/10 de plantes diverses, 1/10 seulement de légumineuses. Ce n’est pas très nourrissant.…. » M. Briot a vérifié que le lait des bêtes se nourrissant dans les forêts de mélèze du Queyras ne renferme pas plus de 8% de crème, tandis que celui des bêtes nourries sur les pâturages décou- verts en renferme 17 % (2). Le Service forestier n’admet le bétail en forêt que dans les parties « défensables », c’est-à-dire dans celles où le bétail ne peut causer de dégradation notable ni aux peuplements, ni au sol lui-même (le piétinement favorise les éboulements et ravine- ments). La surface ouverte au pâturage des bêtes aumailles est, en moyenne, pour ces dernières années, de 14.400 hectares sur lesquels sont admises 7.050 bêtes, soit 1 bête par 2 hectares. La surface ouverte au parcours des bêtes ovines est de 6.450 hec- tares, sur lesquels on admet 11.550 bêtes, soit 1,8 tête par hec- tare ou 56 ares par mouton. Suivant les forêts et leur situation, le bétail y est admis de mai-juin (20 avril en Vallouise), à septembre- novembre (15 juillet à Saint-Chaffrey, 15 décembre à La Roche- de-Rame et en Vallouise). Ces forêts ne jouent souvent que le rôle de pâturages de printemps et d'automne, avant et après l’inalpage. En 1906, on avait, pour les communes faisant pâturer leurs bêtes à cornes en forêt, les chiffres suivants (bêtes de cheptel, bêtes de commerce) : Briançonnais Queyras Total Nombre d'habitants "24 AT RE AS SOU 4.400 18.000 Nombre de bêtes possédées .-. . . . . 5.712 3.757 9.469 Nombre de bêtes admises en forêt . . . &.227 DATA 6.958 hectares hectares hectares Étendue de forêt ouverte au parcours . 12.049 2.844 14.893 Etendue des pâturages communaux dé- COUVEr ts... M NO 100 RIT PR EURE (1) A. MATHEY, Au Pays du mélèze. (2) Brror, Études, p. 147. \ LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 189 Le nombre des vaches est en augmentation légère. Pour les moutons, les statistiques du Service forestier nous per- mettent les rapprochements suivants : 2 (ee) J [a] yras Que Queyras Total Brianconnais Brianconnais Population des communes . . .[13.238| » | » Nombre de bêtes ovines possé- 10.463| 3.249|\13.712113.600! 4./400!18.000 dées (y compris les transhumants). . .[24.541| » | » |23.105|10.299 33.404[24.687| 8.757133.44/ Nombre de bêtes ovines admises ERMOTÉL er LE e . 117.687) » | » |12.576| 3.85/4\16.430| 8.061| 3.160!11.221 Nombre d'hectares livrésen forêt. 4.870! » | » Nombre d'hectares de pâturages communaux découverts . . . [41.092 3.584! 1.060! 4.644| 4.614! 1.836! 6.450 35.102|12.554|47.656|39.100|15.292| 54.392 | N. B. — Les chiffres du Queyras manquent pour 1873. En faisant la part des erreurs auxquelles n’échappent pas les meilleures statistiques, il ressort du tableau ci-dessus, qui com- prend les transhumants en outre du bétail de cheptel et de com- merce, seul compté probablement dans la statistique agricole (Voir chap. IV, $ 4), que, contrairement à l’opinion actuelle, le nombre des moutons n’est pas, dans l’ensemble, en décrois- sance marquée, du moins depuis 1873, sauf dans le Queyras (1). Mais c’est le nombre des moutons venant pâturer en forêt qui a notablement et constamment diminué, ce dont on doit se réjouir et ce qui indique une certaine amélioration dans les procédés d'élevage du pays. Des moutons transhumants viennent, depuis un temps immé- morial, estiver dans les montagnes briançonnaises, notamment dans celles des communes suivantes : L’Argentière, Pelvoux, Ville-Vallouise, Le Monêtier, La Salle, Val-des-Prés, Puy-Saint- (1) Cependant la diminution du troupeau français est considérable. Voir L. PERRUCHOT, Le Mouton de France et ses produits (La Géographie, 15 déc. 1909) 190 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE André, Aiguilles, Ristolas, Saint-Véran. Ils n’entrent pas dans les forêts, ne les traversent même qu’exceptionnellement et se can- tonnent sur les hautes pelouses. Les statistiques nous donnent à leur égard les chiffres ci-dessous : 1895 1399 1907 Contenance affermée. . . hect. 141.156 IRBEP 7.098 Prix annuel de location . . fr. 9.871 147370 11.450 Nombre de moutons admis. . . 1454162 118995 11.800 Là encore, mais depuis 1895 seulement, nous ne trouvons pas de diminution dans le nombre des ovins montant de Provence. Ce nombre augmenterait plutôt. Mais ce qui se réduit, c’est la surface affermée aux troupeaux provençaux et en même temps le prix de location s'élève. Si ce dernier résultat est heureux pour les communes propriétaires, les deux premiers (augmentation des moutons, réduction des surfaces louées) peuvent devenir regrettables, car l'augmentation aveugle de la possibilité pas- torale est susceptible de provoquer des dégradations non encore produites pour le moment. $ 2 — Exploitation En outre de son bétail propre, bétail de cheptel, le montagnard souvent tient du bétail de commerce (qu’il ne garde que l'été) ou prend en location des animaux de:pays voisins (l’été seule- ment). Sur la frontière italienne, certains envoient du bétail hiverner dans les vallées piémontaises, sans autre rémunération que l’a- bandon des produits. Le bétail indigène passe les longs mois d’hiver (en moyenne du 1% novembre au 15 mai) à l’étable, dans des conditions aussi peu hygiéniques pour lui que pour ses propriétaires. Dès que la neige fond sur les « endroits », on l’y conduit. Puis, en été, entre le 1er et le 24 juin, on le mène à la montagne. Là les vaches pas- sent la nuit dans les chalets, où on les trait et où l’on manipule LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 491 le lait. Les bœufs et veaux sont rentrés avec elles, ou couchent dehors dans des parcs. Les ovins sont envoyés plus haut et par- qués, le soir, auprès de la cabane du pâtre. Dans les hautes val- lées du Queyras, notamment à Ristolas et à Molines, les vaches n’inalpent pas; elles montent le matin au pâturage et redescen- dent le soir au village. Vers le début d'octobre, le bétail quitte les hautes pelouses et passe les deux ou trois dernières semaines du mois sur les pâturages de printemps, avant de reprendre la stabulation hivernale. Les moutons de Provence inalpent, en général, de la mi-juin à la fin de septembre ou jusqu’au 15 octobre, soit de trois à quatre mois. La redevance qu'ils paient est en moyenne de 1 franc par tête. Plusieurs communes ont des règlements pour leurs montagnes pastorales, règlements qui affectent tel canton aux bovins, tel autre aux ovins et aux chèvres, qui donnent les dates du com- mencement et de la fin de l’inalpage, mettent en défens les quar- tiers fatigués, etc. La mise en défens successive et à tour de rôle des différents quartiers de la montagne, qui serait si nécessaire pour la restauration et l’amélioration de celle-ci et que préconise M. Cardot, n’est pas encore admise par les montagnards. Même Administration forestière ne peut la faire accepter des communes assujetties à la réglementation des pâturages par la loi du 4 avril 1882 et celle-ci ne lui donne pas les moyens de l’im- poser. On sait que les articles 12 à 14 de cette loi et les articles 23 et suivants du décret du 11 juillet 1882 portant règlement d’admi- nistration publique pour l'exécution de ladite loi, obligent les communes sur le territoire desquelles des périmètres de reboise- ment ou de mise en défens ont été constitués, à établir, chaque année, un règlement pour l’exploitation de leurs pâturages com- munaux. L'article 24 du décret donne les éléments de ce règlement qui est soumis à l’approbation du préfet après avis de l’Administra- tion forestière. Si les communes n’établissent pas de règlement ou en établissent d’insuffisants, le préfet, après avis d’une com- 192 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE mission spéciale, leur en impose un d'office [En pratique, dans le Briançonnais, c’est le Service forestier qui élabore ces règle- ments (1)]. Une telle mesure est excellente en principe. Dans (1) Voici quelle est la disposition schématique des règlements de pâtu- rage élaborés par le Service forestier dans le Briançonnais. Le règlement se compose de deux parties essentielles : A) Un tableau en une vingtaine de colonnes, donnant : 19 La désignation des cantons ouverts au parcours (noms, limites, éten- due, avec, s’il y a lieu, mention des parties non défensables de ces cantons); 20 Les chemins que les bestiaux pourront fréquenter (ordinairement les « drayes » existantes); 30 Pour chaque espèce bovine, chevaline, ovine, caprine, le nombre total de bêtes existant et le nombre à introduire (colonnes m à n); 4° Les périodes pastorales, pour les espèces bovine et chevaline d’une part, pour les espèces ovine et caprine d'autre part, sauf pour les animaux transhumants (les dates de ces périodes varient avec les cantons; elles sont, par exemple : dans le canton A, 15 mai au 1€ juin et 15 octobre au 1€7 no- vembre pour les bovins et les chevaux, 17 mai au 1€ juillet et 14 octobre au 40 novembre pour les moutons et les chèvres; dans le canton B, 29 août au 15 octobre pour les bovins et les chevaux, 10 septembre au 15 octobre pour les moutons et les chèvres; dans le canton C, réservé exclusivement aux bêtes aumailles, 10 juin au 20 octobre; dans le canton D, réservé exclusivement aux ovins et aux chèvres, 1® juillet au 10 août, etc.); 5° Le nombre des troupeaux de chaque catégorie (gros et petit bétail); 6° Les noms, prénoms et domiciles des pâtres des divers troupeaux; Ce tableau est divisé, s’il y a lieu, en plusieurs paragraphes : inalpage des bestiaux transhumants, inalpage de tel groupe de hameaux, inalpage de tel autre hameau; B) Les conditions d’ordre et de police pour l’application des règlements, rédigées par articles, dont les principaux sont ainsi conçus : « ART. 1. — L'introduction des bestiaux sur les parties non défensables désignées au tableau qui précède est formellement interdite. Sur les parties défensables cette introduction aura lieu : 1° de proche en proche en com- mençant par les parties basses; 20 jusqu’au moment où les animaux intro- duits ne trouveront plus une nourriture suffisante, sans parcourir en un seul jour une trop vaste étendue de terrain. « ART. 2. — Les chiffres de la possibilité pastorale par canton, portés dans les colonnes n°8 .. (m à n).. ne seront dépassés sous aucun prétexte. « ART. 3. — L’inalpage des bestiaux transhumants résulte d’une adjudi- cation faite le... au profit de M.., demeurant à Arles (Bouches-du-Rhône), pour les six années allant du 1e janvier 19... au 31 décembre 19... Aucun autre troupeau que le sien ne pourra pénétrer dans les montagnes louées, réserve faite (s’il y a lieu) des’bêtes ovines des habitants de la commune, qui pourront pâturer dans le quartier de. seulement, du... au... (période), LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 193 l'application, elle reste malheureusement illusoire pour les rai- sons suivantes : le Service forestier, représenté par un seul agent dans la commission spéciale de cinq membres, ne peut faire pré- valoir facilement les mesures nécessitées par l’intérêt général; même s’il y parvient, et dans tous les cas, le règlement reste lettre jusqu’à concurrence de... (nombre) bêtes seulement ensemble et marquées. Le bétail transhumant sera aussi marqué. « ART. 4. — L'inalpage des troupeaux des... hameaux de la commune n’a lieu qu'au profit des habitants qui y sont propriétaires ou fermiers. « Les chiffres portés dans les colonnes n°5... (m' à n') … sont ceux du recen- sement des étables, fait en due forme, au mois de septembre précédent, par la commission des trois conseillers municipaux. « ART. 5. — Les propriétaires des bestiaux portés dans les colonnes n°5... (m à n) … seront tenus, avant l’inalpage de ces bestiaux, de les mar- quer conformément aux indications qui seront données par la commission de visite des étables susdite. « ART. 6. — Le rôle d’inalpage est fixé sur les bases suivantes : 49 Transhumants : . Pour les bêtes du troupeau, par tête . . . . . 1 ILE) Pour les mulets ou ânes, par tête. , . . . . . Pour chaque bête à laine ou autre en plus, par ÉCLATER EN AE Cr RER EE CDS: 22 20 Bétail des habitants : a) Animaux hivernés ou d'usage, ROVIRSS DAT ACL en nt à man scie as site ÜÙ OÙ Espèce chevaline, par tête. . . . . Espèce ovine, par tête. . . . . . . s ESpécacaprine par ébe. — etenteuieer open LR D b) Animaux estivés ou de commerce, Provins paré} MERE UERE PLU RS su Espèce chevaline, par tête. . . . . . . . . » C2 Hspicepyine,-par (étés. pate à sante 0:50 Espécecaprine par tète.": "4... 4), «+ Æ » « ART. 7. — Seront notifiés au Service des Eaux et Forêts, aussitôt connus : 1° la répartition en troupeaux du bétail à inalper; 2° les noms, prénoms et domiciles des pâtres de ces troupeaux. « ART. 8. — Les infractions audit règlement seront pénalement pour- suivies dans la forme prévue par l’article 15 de la loi du 4 avril 1882. Les réparations civiles, auxquelles ces infractions pourront donner lieu au profit de la commune, seront déterminées par la municipalité. » (Dans les règlements de l’espèce les possibilités pastorales généralement adoptées sont, par hectare, 4 ovins et 1 bête aumaille.) | ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — JI 13 194 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE morte et n’est pas observé par la commune, en raison des sanc- tions tout à fait insuffisantes prévues par l’article 15 de la loi pour les contraventions. Quant à la mise en défens des pâturages en voie de dégradation (art. 7 à 11 de la loi), l'Administration n’y a jamais eu recours dans le Briançonnais, soit crainte de ne pouvoir les faire accepter des montagnards, soit crainte de n’aboutir qu’au prix d'énormes indemnités. La difficulté de constitution des périmètres de reboi- sement lui avait suffi sans doute. Les pâturages actuellement soumis à la réglementation nomi- nale de la loi de 1882, sont les suivants : Hectares NÉVACRE ME PMR. en Re Rene 0e DA TN ENS A 5720 VALUE TES Este en Ch en Eee ie a EN On UT 4.487 1e Monietier les PAIN SEEN EEE 4.943 ; ) 45.480 BAR CONS NE RTS CAES nie LOL 86 Saiñt-Martin-de-Quevyrieres "LR 0 8 0% 2 320 Fuy=Odint- ARTE: Ne LS Re nee 934 ) En moyenne et approximativement, dans le Briançonnais, une vache rapporte 70 francs par an; une brebis, 8 francs; une chèvre à peu près autant. L'élevage des ovins qui avait autrefois surtout pour but la production de la laine, s'oriente de plus en plus vers la produc- tion des agneaux et du lait, qui s’exportent, conséquence de « l'échec du coton à la laine (1) ». Une brebis briançonnaise donne en moyenne 350 litres de lait par an; une vache 1.200, une chèvre 700. Depuis longtemps cependant on fabrique du beurre et du fromage. C’est en 1806 qu’on commença dans le Queyras à faire des imitations de Mont-d’Or, qui furent vite très estimées et recherchées (2). Plus tard, vers 1840, deux Queyrassins, MM. Bertrand et Gorlier, entreprirent la fabrication de fromages façon Roquefort, au lait de brebis, et la continuèrent jusque vers 1884. D’après (1) L. A. FaBre, L’Échec du coton à la laine (Bull. Soc. forest. Franche- Comté et Belfort, 1909); Cf. L. PERRUCHON, op. cit. (2) Abbé P. GuiLLAUME, L’Industrie laitière dans les Hautes- Alpes d’après les anciens documents (Annales des Alpes. Gap, 1902). cle 4, mn ri tn nds LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 195 M. Briot (1), une brebis queyrassine rapportait 22! 80, dont 15f 80 revenaient au propriétaire (7 kilos de fromage à 2f 20 — 15 40; 3 kilos de laine à 1° 30 — 3 90; 1 agneau — 3£ 50; total : 224 80). Maintenant encore les fromages bleus du Queyras, imitation de Gex, ont une certaine réputation; mais la qualité s’en est beaucoup abaissée par suite d’une fabrication moins soignée. Le prix de vente est descendu en même temps de 200 à 120 francs les 100 kilos. Quelques Queyrassins le font encore « à l’an- aenne » et en trouvent 200 francs, mais ils sont rares. Dans la vallée de la Durance, on fait la « tome », fromage assez grossier et médiocre. La laiterie briançonnaise, dont nous avons parlé, fait des fromages fins. Tous ces fromages sont fabriqués avec les laits de vache et de brebis mélangés. On n’a pas la quantité de fromages annuellement produite dans le Briançonnais. La statistique est muette à cet égard, alors qu’elle s’occupe avec recherche du beurre! La laiterie briançon- naise a la plus grande part dans la production. Les fromages, ainsi que ceux du Queyras, sont en majeure partie exportés, principalement dans les villes du Sud-Est. Ceux du bassin de la haute Durance sont consommés dans le pays. La fabrication du beurre demanderait, en général, à être beau- coup plus soignée, de façon à relever la qualité. Mais elle est en progression continue comme quantité, et c’est là un fait heureux et significatif pour l'avenir du pays. En 1906 la production moyenne annuelle était de 75.000 kilos, dont 40.000 consommés sur place ou dans la région et 35.000 exportés; en 1910, elle a atteint 124.960 kilos, dont 40.730 consommés sur place et 84.230 (67 %) exportés (ces chiffres comprennent le canton de la Grave). L’exportation se fait dans les villes du Sud-Est et jusqu’en Al- gérie. Les principaux centres de production sont Briançon et Villar-d’Arène (laiterie briançonnaise : 50.000 kilos à Briançon, 22.000 à Villar-d’Arène, en 1910, soit, au total : 72.000 kilos ou 57,6 % de la production totale); vient ensuite Cervières (13.200 (1) F. Brior, Études sur l’ Économie alpestre, p. 95. 196 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE kilos en 1910, ou 10,5 %). Le Queyras a produit, en 1910, 10.110 kilos (soit 8% de la production totale), dont 6.730 ont été ex- portés. Les principaux marchés locaux sont : Briançon, Le Mo- nêtier, L’Argentière, Ville-Vallouise, Aiguilles, Château-Ville- Vieille. Le lait, pour la production beurrière et fromagère, est manipulé, soit dans les chalets d’été par les montagnards eux-mêmes, avec un outillage primitif, soit dans des fruitières ou laiteries instal- lées généralement dans les villages. Dans ce cas, la manipulation est faite par un ouvrier aux gages de la commune, ou de l’asso- ciation, ou d’un industriel exploitant. Ces fruitières, dont la mul- tiplication est à souhaiter et à favoriser, sont actuellement au nombre de 38 (plus une dans le canton de la Grave, à Villar- d’Arène). Les unes sont d'installation rudimentaire, les autres, les plus récentes et généralement subventionnées par l’Adminis- tration forestière, construites alors sur des plans contrôlés par le Service forestier, satisfont mieux aux conditions de salubrité et d'organisation modernes. L’Administration forestière a jusqu'ici, dans le Briançonnais, dépensé de ce chef 47.880 francs, pour 11 fruitières, dont 9 dans le Queyras ayant absorbé 46.935 francs (Ristolas, 21.750 francs à elle seule; Fontgillarde, 10.735 franics). D’après M. Briot (1), les 60 fruitières du Briançonnais, en 1896 (2), alimentées par 2.200 vaches, produisaient annuelle- ment pour 300.000 francs de fromage, soit 136 franes par vache. En y ajoutant le produit des vaches des propriétaires non asso- ciés en fruitières, on avait une valeur totale de production de 320.000 francs, correspondant à une production de 57 francs par tête d’habitant (5.600 habitants). En 1821, Faure évaluait à 150 francs la vente du beurre et du fromage produits par un ménage queyrassin de six personnes. Aujourd'hui, dit M. Briot, cette vente donne 342 francs; « l'association a donc doublé l’im- (1) Études, P. 133. (2) Sans doute fruitières véritables ou chalets à installation sommaire, car il est loin d’y avoir soixante fruitières dignes de ce nom dans tout le pays. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 197 portance des exportations du Queyras ». Mais cette appréciation est bien trop optimiste. L'association n’est souvent que nominale ou très imparfaite, ne comprenant pas la gestion de la fruitière ; les habitants — du village ou de la commune — ou le Conseil municipal — se bornent souvent à réunir des fonds pour la construction de la fruitière, puis à consentir la vente du lait à prix déterminé (0f 10 le litre en moyenne en 1906; 0f 12 et même 01135 actuellement) à un industriel qui s’installe dans la frui- tière et l’exploite pour son propre compte. $ 3 — Situation pastorale actuelle Les hautes pelouses appartenant à la zone æyine, au-dessus des forêts, sont dans un état généralement satisfaisant. Des rap- ports du Service forestier en 1899 et 1902 confirment cette situa- tion assez heureuse, dont on peut se rendre compte soi-même en parcourant les montagnes. Dans les portions de pâturages découverts des communes qui « depuis un temps immémorial » reçoivent des transhumants, lit-on dans ces rapports, on ne constate aucun dommage ou dépréciation causés par ce bétail; les cantons qui leur sont attri- bués sont «en assez bon état de conservation », grâce à leur grande étendue et à la faible possibilité pastorale généralement adoptée. Le bétail indigène et les chèvres viennent sur les parties non louées de la montagne et n’y causent point de dégâts. Dans les commu- nes (qui ne reçoivent pas de transhumants les moutons indigènes ont de vastes espaces à parcourir. Dans trois communes seulement du Queyras, Aiguilles, Ristolas, Saint-Véran, « l’état de la mon- tagne dans les parties livrées aux transhumants laisse à désirer et porte des signes caractéristiques de dégradation (1) ». Un classement, fait dans le Queyras et qui n’existe malheureu- sement pas pour le Briançonnais proprement dit, donne, sur les 23.805 hectares de pâturages découverts, 5.633 hectares bons, (1) Notamment à Peinin. 198 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 8.026 médiocres et 3.836 mauvais; il y aurait 6.116 hectares à mettre en défens. Pour le moment, dans le Briançonnais, il n’y a donc pas « sur- charge » des hauts pâturages; les abus de dépaissance se concen- trent dans la zone subalpine, zone des pâturages de printemps et d’automne du mouton — indigène. « Aucun bayle de Provence ne surcharge plus les montagnes (1) ». Ce n’est pas à dire qu’il n’y ait point quelques ombres à ce ta- bleau satisfaisant en outre des trois montagnes dégradées du Queyras. Par exemple, la montagne de Dormillouse de Val-des- Prés (2), où vont les transhumants, présente, du côté de la fron- tière, des versants un peu dénudés, dégradés, où des taches ter- reuses apparaissent. D'ailleurs, en face d’elle, la montagne de Granon, réservée aux indigènes et portant aussi des prairies fauchables, présente également des lacunes et des taches. Sur plusieurs points les dégradations, même légères, de la zone alpine donnent naissance, nous l'avons dit, à des ravins et tor- rents qui prennent la forêt par le haut et y ouvrent parfois de larges brèches; elles ont alors de graves conséquences. Dans ces cas la mise en défens et les améliorations pastorales doivent com- pléter dans le haut ce que le reboiseur exécute en-dessous. Il faut peu de chose souvent pour que, à ces hauteurs, le pâturage et le piétinement du bétail engendrent de graves dégradations. C’est un fait reconnu que les torrents de la rive gauche de la Guisanne ont dû à ces deux causes leur formation. Depuis que les moutons ne viennent plus dans le bassin du Saint-Joseph, par exemple, ce bas- sin s’est spontanément tout regazonné. Par contre, le Merdarel, près de là, même rive, doit sa lave de 1906 au séjour et au piétinement de nombreux moutons dans le haut de son bassin. Mais, en somme, les hauts pâturages du Briançonnais sont en assez bon état. Cependant la composition de leur flore fourragère aurait besoin d’être améliorée. Il y a trop peu de bonnes espèces, beaucoup trop de médiocres. (1) F. Brior, Nouvelles études sur l’ Économie alpestre. (2) Que M. Briot dit être « en état presque parfait ». LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 199 Nous avons dit à quel degré de ruine en sont les pâturages de la zone subalpine, les pâturages de printemps et d’automne. Ils doivent au mouton et parfois à la charrue leur antique dénu- dation. Car si, comme on l’a vu, le parcours restreint et modéré du bétail n'empêche pas sur bien des points la reprise naturelle de la végétation forestière, il est hors de doute que le bétail s’at- taque volontiers aux essences ligneuses. Tous les montagnards de bonne foi reconnaissent que le mouton mange tout, mélèze et pin. La vache est moins vorace et ne broute les jeunes plants résineux qu'à défaut d’herbes assez succulentes. Autrefois, quand les moutons étaient très nombreux et arrivaient (au moins les provençaux) en hordes faméliques, ils dévoraient tout ce qu’ils pouvaient happer et c'était vraiment la « surcharge » des surfaces pâturées qui y causait les dévastations que l’on sait, mais que nous ne voyons plus aujourd’hui, du moins dans le Briançonnais. Les montagnards de ce pays n’effectuent dans leurs montagnes pastorales aucune amélioration; ils n’en soupçonnent même pas l'éventualité. La fumure y est inconnue. Le fumier des animaux inalpés est généralement abandonné sur place, même celui des parcs à moutons. Ou bien il est descendu, ainsi que celui accumulé par les vaches dans les chalets, aux cultures de la vallée (1). La seule mesure à laquelle ils aient recours, — encore bien rare- ment, car chaque village a d'ordinaire un quartier de montagne à lui attribué et où il ne souffre aucune restriction, — c’est la mise en défens des parties trop usées. Un éminent forestier, qui a atta- ché son nom au réveil pastoral des montagnes de France, avait étudié et tracé pour la commune de Ristolas tout un aménage- ment pastoral avec programme de restauration et d'amélioration. Il avait, avec de fortes subventions du Trésor, fait édifier un refuge à génisses en montagne et fait ouvrir une route d’accès. De toute cette intelligente et bienfaisante organisation, il ne reste plus rien que la route, parce qu’elle mène à la forêt et aux alpages. Mais le refuge est tombé en ruines et tout l'aménagement x (1) On le nomme mison, souvent on le mélange à des aiguilles sèches de mélèze dites bletton. 200 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE s’est évanoui. Là encore le montagnard n’a pas tenu ce qu'il avait promis et il est resté enlisé dans sa routine. La situation des fruitières suscite les mêmes réflexions. L’Administration des Eaux et Forêts, « sous l’inspiration de cette idée juste et féconde, préconisée par MM. Marchand, Calvet et Briot, que le développement de l’industrie laitière dans les Pyrénées et dans les Alpes amènerait peu à peu la substitution de l’espèce bovine à l’espèce ovine dans l'exploitation des pâtu- rages et par là même favoriserait la restauration de ceux-ci (1) », encourage, par des subventions en argent assez élevées, la création des fruitières. Ces fruitières, pour porter leurs fruits, devraient être administrées par les habitants eux-mêmes, qui, groupés en sociétés coopératives, recueilleraient tous les bénéfices de l’ex- ploitation. Au lieu de cela, nous l’avons dit, la plupart du temps, et dans le Queyras notamment, les habitants, se méfiant les uns des autres, craignant d’être dupes de celui ou de ceux qui auraient la gestion de l’entreprise ou en redoutant les soucis, s’empressent, dès que la fruitière est bâtie et la subvention de l’État versée, d’en passer l'exploitation à un industriel qui travaille pour lui seul et garde tous les bénéfices. La création des fruitières man- que ainsi son but, et le montagnard ne tire pas parti des éléments de progrès qu’on met à sa disposition. $ 4 — Améliorations à réaliser. Transhumance 1. Améliorations à réaliser. En somme toute la question de la dégradation et de la restau- ration des montagnes se résume bien dans celle de « l'abus du pâturage (2) » et, spécialement, du pâturage du mouton. Les améliorations à réaliser seraient d’abord l'aménagement pastoral dont M. E. Cardot a donné plusieurs fois la formule (1) BrorzzrArDp, Les Alpes pastorales. (2) M. GEORGE, président et rapporteur de la Commission des améliorations agricoles et forestières, 1899 (Journal officiel et Reoue des Eaux et Forêts). du. LE LOTS Che TATEN st en éétantittethhté à 3 dot mit sedt ts RÉ 08 d-— a LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 201 et dont M. Briot a fixé les détails. [ n’y a qu’à suivre ces deux guides éminents (1). Rappelons, avec M. Cardot, que cet aménagement comprend essentiellement : 19 Une réglementation fixant la possibilité du bétail, les heures et périodes de parcours, et toutes mesures de bonne exploitation; 20 Un plan général d'organisation indiquant : la classification des terrains, les travaux d'ensemble pour rendre l’exploitation facile et fructueuse, la division en coupons des surfaces à mettre en culture pastorale: 30 Un plan cultural établissant le programme de ces travaux et des améliorations de détail, « améliorations pastorales » pro- prement dites, avec évaluation de la dépense; 40 Un plan financier assurant les ressources nécessaires. Mais pour que ces aménagements, si utiles, soient étudiés et appliqués, il serait indispensable qu’une modification à la légis- lation en vigueur donnât au Service forestier les pouvoirs néces- saires pour saisir les municipalités, leur donner les directions dont elles auraient besoin et leur imposer même les mesures qui con- viendraient. 11 faudrait assujettir à la réglementation toutes les communes de montagne, sans se limiter à celles qui renferment des périmètres. Il faudrait renforcer les sanctions insuffisantes de la loi actuelle. C’est done une revision complète du titre IT de la loi du 4 avril 1882 qui est nécessaire. En un mot, il faudrait instituer un « régime pastoral » analogue au régime forestier ei qui serait, comme lui, bienfaisant. Dans l’état actuel des choses, les communes n’étant obligées à rien, ne feraient rien (2). Il ne faudrait cependant pas négliger les moyens de persuasion (1) E. Carpor, Restauration, aménagement et mise en valeur des pâtu- rages de montagne et Aménagement des pâturages communaux (Bull. Soc. Franche-Comté et Belfort, 1903). F. BR1oT, op. cit., où l’on trouvera notam- ment les améliorations de détail à réaliser dans plusieurs communes du Briançonnais. Voir aussi BrotrzzrArRD, Le Reboisement des montagnes (Bull. Soc. Amis des Arbres, 1909). (2) Le régime pastoral a été préconisé par MM. Cardot, Broilliard et d’autres (Voir aussi J. MaiTre, Conférence à la Société forestière de Franche- Comté et Belfort, 1897, et vœu de cette société). 202 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE et d’éducation : conférences, exemples, encouragements, par les agents forestiers, les professeurs d'agriculture, les groupements agricoles. C’est par une semblable action de persuasion, durant sept années, qu’un jeune professeur d’agriculture est arrivé à transformer les habitudes agricoles et pastorales de la région de Saint-Martin-en-Vercors, très analogue au Briançonnais, et à en enrichir les habitants, misérables auparavant. Il faudrait continuer à développer les fruitières et amener les montagnards à gérer celles-ci eux-mêmes; on leur en démontrerait les avantages, et l’État pourrait subordonner, par exemple, à certaines conditions, le paiement des subventions qu’il accorde à ce sujet. Du reste, il faudrait convertir les montagnards à l’idée d’asso- ciation et les convaincre des bienfaits du groupement et de la mutualité pour tous les objets de leur exploitation : bétail, cultu- res, engrais, pastorat, vente des produits, etc. La vente des produits est toute à organiser. Le Briançonnais devrait, à ces points de vue, s'inspirer des exemples suggestifs qui lui sont donnés par les laiteries coopé- ratives des Charentes et du Poitou, par celles de la Haute-Italie, par la Laiterie du Haut-Var. Les laiteries charentaises groupent 47.000 sociétaires possesseurs de 113.000 vaches et vendent annuellement pour 15 millions de francs de beurre. Les produits de la laiterie, fromages et beurre, ont des débouchés énormes qu'attestent les progrès étonnants des laiteries charentaises et du Var et la concurrence que viennent faire aux beurres français et danois les beurres de la Lombardie. Il y a là tout un avenir pour nos montagnards alpins et pyrénéens, s'ils ne perdent pas trop de temps toutefois. Mais il semble que c’est surtout vers la fabrication des fromages, denrée moins délicate et plus transpor- table, qu'ils devraient s’orienter. Un autre objectif préconisé depuis longtemps et qui doit être poursuivi dès maintenant et parallèlement avec les autres, c’est la substitution de la vache au mouton, au mouton indigène. C’est là, nous l’avons dit, à peu près le seul moyen de rendre pos- sible le reboisement. Mais c’est aussi le meilleur moyen et le plus LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 203 immédiat de rendre lucrative pour le montagnard l’industrie pastorale qui, telle qu’elle est pratiquée actuellement, suffit à peine à le faire végéter. « On peut dire que, par la vache et les fruitières, on retirerait des fourrages, dans les Alpes, un rende- ment double environ de celui qu’on obtient par le mouton (1). » En tout cas pourrait-on commencer par orienter l’oviculture vers l’engraissement d'hiver ou mieux l'élevage, partout où celui-ci sera possible. Dans tous les cas, il est bien certain et l’on ne doit pas oublier que « rien ne se fera de sérieux et d’utile dans la montagne, en fait de reboisement et de regazonnement, sans le concours des habitants (2) ». Il faut les intéresser à la restauration projetée, il faut qu’ils y trouvent des compensations et des profits maté- riels, un « intérêt actuel » (3). 2% La transhumance, Nous insistons sur la suppression ou la restriction considérable du mouton indigène. Et il peut sembler qu’il y aurait d’abord, parmi les améliorations pastorales, à signaler la suppression de la transhumance, suppression si fort en vogue actuellement. Tel n’est pas notre avis, et nous estimons, au contraire, que s’atta- cher à supprimer la transhumance, c’est faire fausse route. L'Administration centrale forestière avait pensé devoir entrer dans cette voie et en 1899 et 1902 avait demandé aux agents locaux de négocier avec les communes le rachat de la transhu- mance, soit la mise en défens des pâturages où elle s’exerçait, soit la location à l’État. Les agents répondirent que les pâturages loués étaient généralement en bon état (nous l’avons vu), et que l'État n’avait pas à s'engager dans la voie du rachat ou de la loca- tion; il consentirait, en le faisant, « des sacrifices très lourds qui ne répondraient pas à une utilité bien démontrée ». A leur avis, cette méthode d'exploitation de la montagne par la transhumance (4) F. BrioT, Études, p. 148. (2) J. Kranrz, discours au Sénat, 1er juillet 1880. (3) Lettre précitée de M. FARÉ- 204 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE est évidemment loin d’être irréprochable, mais elle n’a pas pro- duit les effets désastreux qu'on pourrait craindre en raison des conditions dans lesquelles elle se pratique. Les communes tirent ainsi des vastes étendues de terrain qu’elles ne pourraient ex- ploiter par elles-mêmes, à cause de l'impossibilité où sont leurs habitants d’hiverner un nombre de bêtes égal à celui qu'ils pour- raient estiver, des revenus assez importants, mais peu avanta- geux cependant si on les compare à ceux qu'elles pourraient en obtenir par la mise en valeur directe. Personnellement, nous ne pouvons que nous approprier cette manière de voir. | A Aiguilles en 1905, le Service forestier proposa à la commune de supprimer la transhumance dans sa montagne de Peinin, très dégradée, « totalement ruinée sur les deux tiers », moyennant une subvention de l'État. La commune, reprenant pour elle le Timeo Danaos des Troyens, refusa cette subvention, dans la crainte de ne plus être maîtresse de ses pâturages et de laisser l’État s’y créer des droits (1); mais, reconnaissant qu'il y avait une amé- lioration à réaliser, elle décida de supprimer la transhumance à Peinin et de mettre la moitié de la surface en défens, l’autre moitié restant ouverte aux seuls bestiaux de la commune. (A suivre.) (1) Idée absolument fausse d’ailleurs, au moins avec la législation actuelle. REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES CHIMIE AGRICOLE G. BERTRAND et H. AGuzHox. — Emploi du sulfate d’aluminium comme engrais catalytique (8 Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 37). Les auteurs ont obtenu un accroissement sensible de récolte avec des doses de sulfate d'aluminium correspondant à 2 milligrammes d'aluminium (Al) par kilo de terre. Ces résultats confirment ceux publiés en 1911 par Stoklasa. P. Norris. * * * G. BERTRAND. — Emploi du manganèse comme engrais catalytique (82 Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 39). De nouvelles expériences, effectuées à la station agronomique de Meudon et à Marchais, ont confirmé la valeur du manganèse comme engrais catalytique; les doses les plus favorables en pleine terre ne semblent pas devoir dépasser, en général, 30 à 40 kilos de sulfate desséché à l’hectare. P. Norris. Philip Brownixc. — La conservation des phosphates de l’urine (8 Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 41). En traitant l’urine par la chaux, on obtient un précipité contenant 24% d'acide phosphorique (P205). Si les gisements de phosphates viennent un jour à s’épuiser, l’auteur propose d’utiliser cette réaction; 206 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE un homme élimine 2#5 d’acide phosphorique par vingt-quatre heures. P. NoTTix. * # * Davis. — Mouvement de l’humidité des sols (82 Congrès interna- lional de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 75). Les variations de l'humidité dépendent surtout des forces capil- laires et des espaces lacunaires du sol; la température, l’état hygros- copique, la pression sont des causes de moindre importance. P. NorrTix. FonparT et GAUTHIÉ, — Composition et exigences des bulbes-fleurs en éléments fertilisants (8 Congrès international de Chimie appli- quée. New-York, 1912; t. XV, p. 75). Tableaux indiquant la composition des principaux bulbes cultivés dans le midi de la France, et l'exportation en éléments fertilisants causée par la vente des bulbes-fleurs. P. NorTTix. JAVILLIER. — Emploi du zine comme engrais catalytique (8° Congrès internalional de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 145). Les expériences faites en 1910 et 1911 sur le maïs ont montré un accroissement de poids sec variant de 5% à 25%; avec les autres plantes les résultats ont été irréguliers. PNorren: * & %X P. NorTrix. — Étude agrologique du manganèse (8 Congrès inter- national de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 207). Ci, Ann. Sc. Agr., 1913 (1), p. 1. *k *X * H. AGuLHON. — Emploi du bore comme engrais catalytique (82 Con- grès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, DO) L'auteur signale que les nouvelles expériences entreprises en 1910 et 1911 confirment les premiers résultats; il faut employer de très faibles doses d’acide borique : 3 kilos à l’hectare pour les graminées. P.:Norrix. eNsi vers, Nés DO EP. 77 SE EN de CONTE. TPE APT LE] REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 207 Dr A. STuTzZER. — Augmentation de l’action fertilisante de la cyana- mide sous l’influence de l’oxyde de fer (8° Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 301). L'emploi de la cyanamide présente quelques difficultés auxquelles l'auteur a cherché à remédier : 19 Pour empêcher la poussière qui se produit à l’épandage, on peut mélanger deux parties de cyanamide avec une partie de nitrate de calcium séché à 409 (mélange broyé). 2° Tous les sols ne transforment pas facilement la cyanamide en ammoniaque, forme sous laquelle l’azote deviendra utilisable pour les plantes. L'auteur a déjà montré (Biochemicher Zeitschrift, t. XXV, p. 476) que la cyanamide se transforme dans le sol en urée, et que, par une intervention microbienne, l’urée se convertit en ammoniaque. La transformation de l’urée est due à une réaction chimique produite par action catalytique de loxyde de fer. D'autre part, le calcium de la cyanamide se transforme en carbonate de chaux sous l’action de l’acide carbonique de la terre; aussi, dans les sols pauvres en humus, la cyanamide a-t-elle une action peu fertilisante. ‘ Les expériences culturales relatées par l’auteur montrent que les rendements en seigle et en avoine sont augmentés dans de notables proportions, lorsqu'on met, en plus de la cyanamide, soit de l’oxyde de fer, soit une matière organique telle que la mélasse, soit ces deux substances réunies. 11 est à remarquer que dans certains sols riches en oxyde de fer (1 à 2%) l'addition de 50 kilos d'oxyde de fer a néanmoins une action favorable. P':NOTTEN, * * * G. BERTRAND et MEDIGRECEANU. — Présence normale du manganèse chez les animaux (8e Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; vol. XV, p. 35). CI: Ann. Sc. Agron. 1913 (2),:p. 111. ENTOMOLOGIE F.-M. Wegsrer et W.-J, Pnizcips. — The Spring Grain-Aphis or « Green Bug » (Bull. n° 110 U. S. Dep. Agr. Bur. Ent. In-80, 153 p., 48 fig., 9 pl. Washington, 1912). Les auteurs font une étude aussi complète que possible de tout ce qui se rapporte au puceron des céréales (Zoxoplera graminum RoNn- DANI) qui a causé de sérieux dégâts aux Etats-Unis, surtout depuis 208 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 1907. Cet aphidieu est signalé encore comme nuisible en Itale, Hongrie, Belgique, Afrique australe et Afrique orientale anglaise. Il se nourrit aux dépens d’une foule de graminées (Æordeum, Avena, Trilieum, Zea Mays, Oryza sativa, Bromus, Lolium, Festuca, ete.) et de certaines autres plantes : sarrasin, luzerne, etc. Les auteurs, après avoir indiqué les caractères des lésions et des dégâts, donnent les résultats fort intéressants de leurs observations sur la biologie du T. graminum ; ils ont constaté en particulier Pin- fluence tout à fait remarquable : 1° De la température sur le mode de reproduction (viviparité ou oviparité) et sur la. durée de celle-ci; 20 Du vent sur la propagation de l'espèce, si à la même époque, par suite d’une diminution de nourriture, le nombre de formes ailées a été notablement augmenté (expériences de PaiLziPs et URBAHNS). Des millions d'Aphidiens ainsi entrainés par les courants aériens arrivent à constituer des pluies (comparables aux migrations des Acridiens) comme on en a observé en Italie et aux Etats-Unis. Le Toxoptera à un certain nombre d’ennemis naturels qui sont de vrais parasites et des prédateurs. Le plus important de tous est un petit Hyménoptère, À phidius testaceipes CRESSON, auquel VIERECK a identifié une quinzaine de formes décrites sous des noms différents. Les auteurs donnent longuement la biologie de ce précieux auxiliaire et décrivent tous les effets qu'ils ont pu observer du parasitisme chez le Toxoptera. Parmi les prédateurs, le plus répandu semble être une coccinelle, Æippodamia convergens. Mais les auteurs ont observé en outre des Syrphidæ, une Chrysopa et un Cecidomiidæ. Certains oiseaux peuvent détruire un grand nombre d’Aphidiens. Comme moyens de destruction ou mesures préventives, le meilleur traitement parait être une sorte de hersage ou de roulage que l’on fait précéder dans le cas d’invasion sur une surface restreinte d’un traitement d’extinction par le feu. Les méthodes culturales semblent être préférées par les auteurs, surtout celle qui consiste à semer les céréales dans une terre bien propre et nettoyée évidemment de toutes graminées (Poa pralensis en particulier). Les insecticides et le transport artificiel des parasites n’ont pas encore donné de résultats permettant aux auteurs de les conseiller. P. VAYSSIÈRE. TECHNOLOGIE AGRICOLE DeniGès. — Conservation des échantillons de lait destinés à l’analyse (Annales de Chimie analytiques, t. XVIII, 1913, p. 189). Malgré l'emploi du bichromate de potasse comme agent de conser- vation, les échantillons de lait destinés à l’analyse sont fréquemment remis aux experts dans un état de décomposition avancée, qui en rend lanalyse particulièrement laborieuse et délicate et qui ne REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 209 permet pas toujours, dans les cas difficiles, de formuler des conclu- sions fermes. L'auteur rappelle que 1e"3 de phénol, maintenu liquide par 20% d'alcool à 950, assure la conservation parfaite de 100% de lait (Thèse pour le doctorat en pharmacie, présentée en 1900 à la Faculté de Bordeaux, par M. A. Dusois, élève de M. DexnrGÈès). Les dosages de l'acidité, du lactose, du beurre, de la caséïne, des cendres et de l'extrait ont donné les mêmes résultats après dix ans de conservation. L'analyse de ces laits s'effectue sans difficulté, après avoir émul- sionné la couche de beurre; le phénol ne trouble en rien l'exactitude des divers dosages. P. NoTrTix. % + * Rogix. — Caractérisation de traces infinitésimales de bore, à l’aide de la teinture de fleurs de mimosa (Bull. Soc. Chim. de France, t. XIII (1913), p. 602). L'auteur signale que la teinture de fleurs de mimosa permet de caractériser des traces infinitésimales de bore dans le vin, le lait, ete. ; la teinture de fleurs de mimosa dépasse de beaucoup la sensibilité du papier au curcuma. P. Norris. Le Minez. — Recherche du chlore et des composés chlorés dans les cidres issus de pommes lavées à l’hypochlorite de chaux (Ze Cidre et le Poiré, juin 1913, p. 41). MM. Azror et GImEL ont proposé de tremper les pommes dans une solution d’hypochlorite de chaux (Le Cidre et le Poiré, octobre 1909); ce procédé aurait l’avantage de tuer les microorganismes nuisibles tout en laissant indemnes les levures naturelles (Saccha- romyces mali). M. Le Mixez a constaté l'absence de chlore libre et seulement des traces d'acides hypochloreux dans des cidres préparés suivant cette méthode. P. NoTTIN. * * * TruezLe. — Le salage du cidre, du vin et de la bière (Vie Agricole et Rurale, t. IV, 1913, p. 48). Le service de la répression des fraudes considère comme illicite l'addition du sel marin au cidre; au contraire les pays producteurs de cidre réclament vivement contre cette décision. L’auteur a re- cherché si l'addition de sel au cidre avait été signalée en France et à l'étranger; cette étude lui a montré que le passé historique de la question était pour ainsi dire nul. Après avoir relaté les opinions émises au Congrès de l'Association française pomologique, tenu à Alencon en octobre 1912, l’auteur rend compte des expériences de ANN. SOIENCE AGEONe — 4€ SÉ: 1: = 1913 == II 14 210 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE M. CROCHETELLE, seul travail scientifique publié sur la question. (CE Anny Se. Apr. 19135117, p.519 P. Norris. *k + * G. Hixarp. — La stérilisation des vins (8 Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912, t. XIV, p. 89). Cf. Ann. Sc. Agr., 1913 (t. I), p. 425. + + Vox G. Kira. — Levure principale des moûts de soja (Se Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912, t. XIV, p. 99). L'auteur a isolé de plusieurs moûts de soja une levure dont il donne les caractères morphologiques. Cette levure fait fermenter le glucose et le maltose; mais elle n’attaque pas le saccharose, le galactose, le lactose, le raffinose et l’arabinose. Elle produit de la sucrase, mais probablement après sa mort seulement, car la levure vivante n’assimile pas le saccharose. P. NorTrTix. + * * Ph. L. pe Vizmorix et F. LEvarrois. — Sur l’hydrolyse de lévu- losanes et son application à l’analyse végétale (Bull. Soc. Chim. de France, t. XIII, 1913, p. 684). Les auteurs ont essayé les méthodes indiquées par divers auteurs pour doser linuline dans les végétaux. Les acides sulfurique et oxalique donnent dans l’hydrolyse des résultats inconstants. L’acide acétique employé à 80° aux concentrations de 3 à 10% convient parfaitement; 1l présente cependant Flinconvénient d’exiger des doses massives qui peuvent gêner ensuite la détermination des sucres réducteurs:; 1l investit très lentement. Les auteurs proposent l’acide sulfosalicylique, qui à la dose de 0,72 à 4,3 par litre et à la température de 809 à 100 donne en 11 30 des résultats constants; cet acide n’a pas d'influence sur le dosage consécutif par la liqueur de Fehling. P. Norris. L. Linper et L. Amumaxx. — Influence de la pression sur la fermen- tation alcoolique (Bull. Soc. Chim. de France, t. XI, 1912, p. 953; et 8e Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912, tUX LV 1p4407); La pression de trois atmosphères ne gêne pas la prolifération de la levure: la fermentation suit une marche identique et produit une REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 911 même quantité d'alcool, quelle que soit la pression supportée par la levure, au moins jusqu’à 2" 80 de mercure. Mais si l'augmentation de pression est réalisée par le dégagement d’acide carbonique en vase clos, la fermentation est plus lente et la récolte de levure est moins abondante. P. NoTrin. *k * * Émile BarBer. — Nouveau procédé industriel de distillation du mais par saccharification acide, avec utilisation de tous les sous- produits (8° Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912, t. XIV, p. 25). Devant les hauts rendements en alcool obtenus par le procédé de saccharification par le malt vert et par l’amylo, les industriels ont abandonné la saccharification acide. L’auteur rappelle son procédé industriel bien connu depuis 1888; des perfectionnements récents permettent d’obtenir l’utilisation avantageuse de tous les sous- produits : drèche alimentaire dont les lavages ont éliminé l'acide, huile et tourteau alimentaire deshuilé, glycérine. Les dépenses d'installation seraient sensiblement moindres que pour les autres systèmes. P.. NoTrix. * * * L. Moreau et E. Vixer. — La désacidification des moûts et des vins (Annales des falsifications, t. VI, 1913, p. 329). ; Les moûts de raisin se sont présentés en 1912, dans toute la France, avec une acidité très supérieure à la moyenne et la nécessité de pou- voir pratiquer la désacidification artificielle s’est impérieusement fait sentir dans les régions du nord de la culture de la vigne. Les moyens naturels et les moyens légaux étant insuffisants, certaines années, pour améliorer les vins trop acides, on se préoccupe à l’heure actuelle de la désacidification artificielle des moûts et des vins (Voir le Journal officiel du 5 juin 1913). L'auteur étudie le mécanisme de la désacidification à l’aide de poudre de marbre, de potasse à Palcool et de tartrate neutre de potasse. Le meilleur désacidifiant semble être la poudre de marbre employée sur le moût à la dose de 300 grammes environ par hectolitre. P: NoTTiw. % * * André Kzixc. — Teneur minima des laits en matières azotées totale (Annales des falsifications, t. VI, 1913, p. 340). De trente cinq échanulions provenant de dépôts des environs de Pa- ris, il ressort que, lorsque l'extrait dégraissé est supérieur à 90 grammes, la teneur en matière azotée totale est voisine de 33 grammes. P. Norrin. * * * 212 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE A. FEerxBacx et J. CrorBois. — Sur la détermination de la valeur des masses filtrantes pour la filtration de la bière (8° Congrès inter- national de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XIV, p. 71). Les brasseurs estiment la valeur des masses filtrantes par un essai de filtration; cette méthode conduit à des pertes notables de bière si la masse est défectueuse, et devient inapplicable lorsqu'il s’agit de comparer la valeur de diverses pâtes proposées comme masses filtrantes. Les auteurs décrivent une sorte de petit filtre qui permet d'opérer sur 5 grammes de pâte à filtrer; le pouvoir filtrant est le nombre de centimètres cubes qui traversent le filtre en quinze minutes, la pâte subissant la pression d’un poids de 4 kilos, et le liquide ayant une pression représentée par une colonne de bière de 2 mètres. P. NoTrTin. Ph. pe Vizmorix et F. LEvarrois. — Sur l’hérédité de la richesse en fécule des tubercules de pommes de terre (82 Congrès inlerna- tional de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 333). Des chiffres indiqués dans le mémoire, il ressort qu’il n’y a aucun rapport entre le poids ou la richesse du tubercule de plant et le poids ou la richesse de la touffe résultante. Dans plus de 85 % des cas, il y à la relation la plus étroite entre la partie aérienne et la partie souterraine de la plante. D: NOPTIN: % * *% VUAFLART, — Influence du bichromate de potasse employé comme conservateur du lait sur l’écrémage et le barattage et sur la compe- sition du beurre (8° Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 365). Le bichromate ajouté au lait pour la conservation des échantillons ne gêne aucunement l’écrémage et le barattage et il semble que son action sur la composition du beurre puisse être négligée. Le degré de maturité de crème ne paraît pas non plus avoir une grande influence sur les résultats de l'analyse du beurre. P. Norrix. k *X *X DEJEANNE. — Méthode de dosage de l’acide carbonique (Annales des falsifications, t. VI, p. 335). Cf. Ann. Se. Agr., 1913 (t. IT), p. 106. REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 219 A, Vivier. — Recherches sur la fumure minérale de la betterave à sucre (8 Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 343). 19 L’auteur a comparé l’action des nitrates de soude, potasse et chaux, et du sulfate d’ammoniaque sur le rendement en poids et sur la composition de la betterave; les différences très faibles seraient en faveur du nitrate de chaux et du sulfate d’ammoniaque. 20 L’auteur n’a pu vérifier la loi formulée par M. E. SaizcarD en 1903, savoir : « Plus les betteraves sont riches en sucre, moins elles contiennent de soude pour cent de cendres, abstraction faite de la partie insoluble dans l’acide chlorhydrique. » 30 L'influence du chlore apporté par les engrais (chlorure de potas- sium) a plutôt été désavantageuse; la richesse en sucre est plus faible, ou tout au plus égale; le quotient de pureté et le coeflicient salin sont moins bons; le chlore détermine une plus forte exportation de potasse. 40 L'auteur a étudié la composition de la betterave à différentes époques de son développement (tableaux dans loriginal). P. NorTrTix. L. VuarLarT. — Sur l’hérédité des défectuosités du gluten (8° Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 367). Un blé de 1910 avait un gluten de mauvaise qualité sans qu'on puisse en expliquer la cause; le même fait s’est reproduit en 1911 dans la descendance de ce blé cultivé dans trois localités différentes. P. NorTrTin. L. VuarLarr. — Azote et acide phosphorique dans le blé et dans la farine ($2 Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 191251. XN D AL L’acide phosphorique et l’azote contenus dans le blé et dans la farine sont dans un rapport constant pour une même récolte, mais la valeur du rapport varie un peu suivant les années. Les fortes fumures phosphatées n’enrichissent pas la farine en acide phospho- rique, mais seulement le grain; elles n’exercent pas une action favo- rable sur la richesse en azote. Si la chose est confirmée, 1l faudrait renoncer à l’espoir d'améliorer la valeur boulangère des farines par de fortes fumures phosphatées. 214 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Dr G. Wiecner. — Contribution à la chimie des colloïdes du lait (8e Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XV, p. 581). L'auteur a étudié l’état de division des albuminoïdes du lait, et déterminé la conductibilité spécifique et de l'indice de réfraction du sérum. P. Norrix. %k * * Dr P, Carces. — Les vins blanes de la Moselle et du Rhin (8° Congrès international de Chimie appliquée. New-York, 1912; t. XIV, p. 61). Les douze analyses complètes faites par l’auteur montrent que la constitution de ces deux espèces de vins est assez rapprochée; elle est de part et d’autre assez irrégulière. Les points les plus saillants sont lélévation relative du degré alcoolique et celle de lacidité totale. P. Norrin. — Browx et Ciugs. — Sur les propriétés antiseptiques du houblon (Journal of the Institute of Brewing, t. XIX, 1913, p. 261; et Annales de la Brasserie et de la Distillerie, t. XVI, 1913, p. 193). Pour étudier les propriétés antiseptiques du houblon, les auteurs font infuser 1 % de houblon pendant une heure à 1009, et déterminent le volume de cette infusion nécessaire pour arrêter pendant quarante- huit heures le développement du bacterium X dans 10°" d’une macération de malt. Cette méthode-type fournit des nombres très différents suivant la nature du houblon employé (tableau). L’infusion contient les cinq sixièmes de la matière toxique du houblon à Pétat de solution vraie et non à l’état colloïdal. Les principes volatils du houblon n’ont aucune propriété antiseptique. On considère souvent que les propriétés toxiques du houblon sont en rapport avec la présence des résines et plus spécialement des résines molles. Bien qu'il y ait quelque relation entre la teneur en résines molles d’un houblon et sa valeur antiseptique, il n’y a pas, d’après les expériences des auteurs, proportionnalité directe entre les deux chiffres; les propriétés toxiques du houblon dépendent de quelque corps associé aux résines molles, mais plus soluble dans l’eau que ces résines. On sait qu'on peut séparer des résines molles deux corps acides appelés généralement acides amers « et B; l’acide « semble quatre fois plus nocif que l'acide 8 vis-à-vis du bacterium X. Les auteurs ont comparé l’action inhibitrice des matières toxiques du houblon et celle de quelques antiseptiques; ils ont trouvé ainsi qu’une partie en poids de matière toxique du houblon équivaut à : 41,7 parties d'acide phénique. 1,2 parties d'acide salicylique. 11,2 parties de sulfate de cuivre. 0,0125 partie de chlorure mercu- 3,3 parties de métabisulfite de rique. potassium. REVUE DES REVUES AGRONOMIQUES 215 Ces nombres ne sont qu’un minimum, car on a supposé comme matière toxique la totalité de l’extrait sec de l’infusion de houblon. Le bacterium X est un ferment lactique, isolé d’une bière aigre, que l’on rencontre assez rarement; les auteurs l’ont choisi comme organisme d’épreuve à cause de la vigueur et de la rapidité avec lesquelles il se développe. Les résultats obtenus avec le bacterium X sont rigoureusement égaux à ceux fournis par le Saccharobacillus pastorianus ; on peut supposer qu'il en serait de même avec les pediococus acidifiants. Les auteurs avaient cherché à simplifier leur méthode en utilisant l'acide lactique formé comme mesure du développement microbien et par suite des propriétés plus ou moins antiseptiques du houblon: mais les procédés de ce genre sont plus délicats et moins rigoureux que la méthode-type. Le bacterium X s’acclimate à l’action antiseptique du houblon: ceci peut expliquer certains cas d'apparition de maladies en bras- serie. P. Norrix. * * * Henri Brin. — Les fromages dits « Petits Suisses » (Zndustrie Laitière, 1913, p. 416). Détails pratiques sur le mode de fabrication. P."NOTTIN. # * * Léon Percer. — Comment doit-on effectuer les chauffages en su- crerie pour travailler économiquement à l’évaporation (Bull. Ass. Chimistes Sucrerie et Distillerie, t. XXX, 1913, p. 694). Communication faite au Congrès de Paris, avrit 1913. + *k *% E. Sarzcarn. — Le triple effet sous pression (avee premier corps à 1220) (Journal des fabricants de sucre, 14 mai 19143, n° 20). Au système de concentration des jus de sucrerie par évaporation dans le vide, on cherche depuis quelque temps à substituer l’évapo- ration sous pression; la question de savoir quel est le système le plus avantageux est encore très discutée. M, L. PEeLLer estime à 40 kilos la dépense de vapeur nécessaire pour traiter 100 kilos de betteraves; tous les réchauffages doivent être effectués par de la vapeur prélevée dans l'appareil à évaporer. L’auteur réalise ces prélèvements de vapeur à 1000 et 1120, en évapo- rant sous pression dans un triple effet ayant ses trois caisses respec- tivement aux températures de 1220, 1110, 1000; la moitié des jus seulement est envoyée dans la première caisse, l’autre entre directe- ment dans la seconde. Les eaux de condensation très chaudes sont rentrées aux générateurs ou servent à différents emplois. L'économie 216 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE en charbon serait 1k 2 par 100 kilos de betteraves. L'auteur reproche à l’évaporation par le vide d’envoyer au condenseur 5 kilos de vapeur par 100 kilos de betteraves. Il conclut que le système le plus écono- mique est l’évaporation sous pression; il n’y a pas à craindre la coloration des sirops grâce aux appareils Kestner. M. SaizLarD est d’un avis tout différent. Il compare au triple effet sous pression un quintuple effet ayant les caisses respectivement à 1120, 1040, 940, 860, 600; pour traiter 100 kilos de betteraves, il faudrait pour le quintuple effet 43*5 de vapeur et par le triple effet sous pression 48K 185. L'alimentation des générateurs se fait dans les deux systèmes à l’aide des eaux condensées par la première caisse, réchauffées à 1740. Pour cette opération le quintuple effet exige 23.707 calories et le triple effet 25.778 calories, soit 2.070 calories de plus que pour le quintuple effet. L’évaporation par le vide écono- miserait donc 2 kilos de vapeur environ, soit 0K235 de charbon pour 100 kilos de betteraves. M. SaiLLARD conclut que le système d’évaporation qui n’envoie pas de vapeur au condenseur et qui occasionne la consommation minima de charbon, est celui qui, avec la température d’ébullition la moins élevée dans le premier corps, permet de faire tous les chauf- fages avec de la vapeur de jus et donne, directement ou avec des vapeurs de cuite, des sirops prêts à être cuits. P. NorTTiN. BIBLIOGRAPHIE F. Borpas et F. ToupLain. — Laiterie, Vol. de 289 pages. Ch. Bé- ranger, éditeur, Paris. Prix : 6 francs. MM. Borpas et ToupLaix viennent de publier sur la laiterie un ouvrage très intéressant, où ils ont examiné successivement le lait, le fromage et les œufs. Après avoir défini les différents laits : lait pur, lait condensé, lait en poudre, lait en tablettes, laits fermentés, lait colostral, ils étudient pour chacun d’eux les opérations régulières et les opérations facul- tatives dans leur traitement. Ils passent en revue les propriétés physiques et chimiques, les altérations et falsifications du lait. Dans un deuxième chapitre les auteurs indiquent, avec leur com- pétence bien connue, les moyens de prélever et de conserver les échantillons destinés à l’analyse et présentent des considérations analytiques très précieuses sur les principaux dosages de l'analyse proprement dite du lait. Ils donnent dans un troisième chapitre l'interprétation des résul- tats généraux de l'analyse, les méthodes de recherche et de dosage des produits d’addition, ainsi que la composition centésimale du lait pour les différents animaux. Les auteurs font une étude analogue pour la crème, les fromages et les œufs et donnent un résumé des législations françaises et étran- gères réglementant la vente de ces produits. MM. Borpas et ToupLaiN, qui ont vu la laiterie sous l’un de ses aspects peu connu et particulièrement intéressant, méthode d'analyse et fraudes, ont donné, en publiant leur volume, un document pré- cieux pour l’industrie laitière qui disposera maintenant d’un ouvrage complet mettant particulièrement au point les méthodes d'analyses et la réglementation des fraudes. J.-E. Lucas. 218 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Lucien Coquer. — Les Indications d’origine et la Concurrence dé- loyale. Vol. in-18 jésus de 504 pages. Rey, éditeur, 8, boulevard des Italiens, Paris. M. Lucien Coquer, dans son livre, qui vient de paraître chez Eugène Rey, sur Les Indications d’origine et la Concurrence déloyale, étudie et met en valeur les trois points suivants : 19 La législation française; 20 Les conventions internationales ; 30 Les lois étrangères de vingt-trois pays. Son ouvrage est à la portée des négociants, des juristes et du grand public; il est très clair et très documenté. M. CoquEeTr s'occupe spécialement de la défense des produits. français qu'il faudrait organiser contre certaines formes de la concur- rence étrangère. Il indique pour cela deux solutions. La première, c’est de poursuivre la fraude aussi bien en France qu’à l'étranger, et il soutient cette thèse en étudiant tous les textes des lois françaises et étrangères ainsi que la jurisprudence récente concernant non seulement les. fausses indications d’origine, mais encore les contrefaçons de marques, dessins et modèles. La deuxième solution, c’est de fortifier et de créer des Syndicats de défense des grandes industries régionales françaises. C’est, du reste, le vœu présenté au dernier Congrès national du commerce extérieur, que M. Coquer a repris. L'auteur donne aussi les premiers résultats d’une enquête faite par lui auprès des Chambres de commerce et des Chambres syndicales françaises ayant pour but de faire l'inventaire de nos richesses provinciales. Il se déclare régionaliste et demande la reconstitution de toutes nos anciennes industries nationales qui étaient une source de fortune pour chaque région. L'ouvrage de M. CoquEer est divisé en quatre parties : Dans la première, l’auteur étudie les lois de 1824 sur le nom com- mercial; de 1857 sur les marques; de 1892 sur les douanes; de 1899 sur les vins étrangers; de 1905 sur les fraudes; de 1906 sur Pappli- cation des conventions internationales et les conserves alimentaires. Il examine encore les lois spéciales aux produits viticoles et aux dénominations régionales, les règlements d'administration publique et les projets PaAms, Fernand Davip, Darrac, DENAIS, etc. Dans la deuxième partie, M. Coquer s’occupe de la protection de la propriété industrielle, des conventions de Paris, de Bruxelles et de Washington. Il étudie encore les arrangements de Madrid de 1891, sur la protection des fausses indications de provenance et l’enregis- trement international des marques. Dans la troisième partie il étudie la coneurrence déloyale et la protection des indications d’origine dans les principaux pays d'Europe, d'Amérique et d'Asie. Dans la quatrième partie, il est question des grandes marques des plus importantes industries françaises. L'auteur conclut en demandant de conserver intacte la haute ur BIBLIOGRAPHIE 9219 renommée que la France a acquise dans le monde, tant par ses ri- chesses naturelles que par son travail et ses aptitudes artistiques. LT C. Duvaz. — Défendons nos cultures, Jardins d'agrément et de serres. T. I, 1 vol. in-16 de 350 pages et 136 figures dans le texte. Librairie Hackette, Paris, 1913. Prix : 5 francs. Le but de ce manuel est largement défini dans la préface : manuel avant tout pratique qui permet, à l'exemple du médecin vis-à-vis de son malade, de diagnostiquer à l’instant même : 10 les affections dont vos plantes sont menacées ou peuvent être atteintes du fait des insectes, petits animaux ou des maladies cryptogamiques; 2° les traitements à leur appliquer pour les préserver ou les guérir. Et, de fait, c’est là un ouvrage réellement pratique pour lutter avantageusement contre les maladies courantes des plantes de serre et de jardin d'agrément. 11 est conçu sur un plan tout particulier “qui répond bien aux préoccupations du lecteur. La première partie comprend la liste des plantes de plein air et de serre classées par ordre alphabétique avec l'indication pour chacune d'elles des principales affections qui la menacent, lésion des feuilles, des tiges et des racines et une description sommaire de l’aspect de la lésion. A la fin de chaque description se trouve un numéro qui renvoie à un paragraphe correspondant de la deuxième partie. Là se trouvent condensées les indications sur les auteurs mêmes des dégâts constatés, insectes ou autres animaux, cryptogames ou para- sites végétaux, affectés chacun d’un numéro d’ordre. Chaque individu est décrit sommairement au point de vue de son évolution, des con- ditions de son développement, des précautions à prendre et du trai- tement à effectuer pour l'empêcher de se développer ou le supprimer. Dans une troisième partie se trouvent groupées les principales formules conseillées, chaque formule affectée aussi d’un numéro d'ordre afin d'éviter les répétitions lors des méthodes conseillées au chapitre précédent. L’ouvrage se termine par une liste des insectes utiles avec des indications suffisantes pour permettre de les reconnaître et, par suite, de les ménager. C’est là un volume qui vient bien à temps, alors que de plus en plus on comprend mieux la nécessité de se mettre en garde contre les ennemis des plantes et alors que les études scientifiques permet- tent de grouper les principales maladies en précisant leurs conditions d'évolution. Ce petit manuel rendra service aux jardiniers et horticulteurs- fleuristes. Il forme la première partie d’une série de trois volumes, les deux autres devant s'attacher à l’étude des maladies des plantes de jardin potager et de grande culture, de jardin fruitier et du vi- gnoble. G. FRoN. 220 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Jean LaHAcHE, docteur en pharmacie, et Francis MARRE, chimiste expert près la cour d'appel de Paris et les tribunaux de la Seine. — Beurre de vache et graisse de coco. 1 vol. in-12. Paris, 1913. Chez Maloine, 5 et 7, rue de l’École-de-Médecine. Les auteurs montrent que la graisse de coco, offerte actuellement par Pindustrie, est un produit excellent pour l'alimentation humaine et qu’elle est de plus en plus utilisée, portant ainsi remède à « la crise de la vie chère ». La hausse du prix du beurre est due à des causes durables : impôts, charges diverses, exigences de la main-d'œuvre, qui détournent les cultivateurs de la production beurrière; d’autre part, l'application des procédés modernes à la fabrication du beurre n’est encore réalisée que dans des régions relativement peu étendues de notre territoire. Malgré les avantages économiques et sociaux résultant de son emploi, le beurre de coco est l’objet d’attaques incessantes : on considère à tort ce produit comme uniquement destiné à la fraude, et de nombreux efforts ont été faits pour imposer des restrictions prohibitives à sa fabrication et à son commerce. Les auteurs s'élèvent contre tout protectionnisme à outrance : la graisse de coco peut exister à côté du beurre, l’un des produits s'adressant aux classes peu fortunées, l’autre aux classes riches. L’emploi généralisé du beurre de coco fera augmenter la consommation du produit agricole, comme cela s’est produit pour les essences naturelles depuis que les parfums synthétiques à bas prix ont été introduits sur le marché. Les diverses mesures proposées contre l’industrie de la graisse de coco se ramènent à trois ordres d’idées : 19 Elévation des droits de douane et de circulation des coprahs, ainsi que des produits qui en dérivent; 20 Restriction dans la vente au détail de la graisse de coco; 30 Dénaturation de ce produit par addition de substances étran- gères. Les auteurs montrent que ces mesures n’empêchent pas la fraude et présentent de graves inconvénients au point de vue hygiénique et au point de vue économique. Un contrôle de la fabrication et du commerce du beurre de vacae, comme il existe en Hollande ou au Danemark, et surtout des peines sévères seront plus eflicaces. Dans un autre chapitre, MM. Lanacne et Marre décrivent le traitement des coprahs : expression et raflinage (neutralisation par la chaux, désodorisation par la vapeur d’eau, décoloration par le noir animal ou la terre à foulons). L'examen des méthodes d'analyse constitue la majeure partie du volume : après avoir indiqué les constantes du beurre de vache et de la graisse de coco, les auteurs font un examen critique de toutes les méthodes chimiques proposées Pour la caractérisation de la graisse de coco dans le beurre de vache : les unes sont basées sur les caractères différentiels des acides gras volatils ou sur ceux des acides gras fixes, les autres sur les constantes d’oxydation des acides gras, sur l'examen des indices argentiques ou sur la recherche de la phytos- térine; une seule méthode, celle de Horox, repose sur l'emploi com- BIBLIOGRAPHIE 9291 biné de déterminations physiques et chimiques; d’autres procédés caractérisent le coco par ses propriétés optiques (méthode de C£- SARO). Malgré les objections faites à ces méthodes, notamment au sujet des beurres anormaux, l'expert est bien armé pour déceler l’adulté- ration du beurre jusqu'aux limites où les fraudeurs ne trouvent plus de bénéfice à exercer leur coupable industrie; d’une enquête faite auprès des chimistes faisant autorité en la matière, il résulte que les procédés de Bômer et de CÉSARO permettent de caractériser la graisse de coco au-dessous de 5 %. La conclusion de MM. LanacHe et MARRE est que le beurre est suffisamment défendu par les méthodes d'analyse et qu'il est inutile de prendre aucune mesure législative. P. NoTTIn. * *k % Ch. TELLIER, ingénieur civil. — La conservation de la viande et des matières organiques alimentaires par des moyens naturels. Brochure (14 X 23) de 63 pages. Dunod et Pinat, éditeurs. Paris, 1913. Prix :°2£50. L’infatigable inventeur vient de publier ce petit ouvrage qui constitue en quelque sorte une monographie des procédés de conser- vation des matières alimentaires et principalement des viandes. Il débute par un court examen des moyens antiseptiques utilisés cou ramment dans ce but; quelques-uns ne constituent pas un danger pour la santé publique, mais tous dénaturent le produit dont ils assurent la conservation et peuvent apporter des troubles dans le fonctionnement du tube digestif s’il en est fait un usage prolongé. Après avoir songé à conserver les denrées périssables par le vide, TELLIER à dû avoir recours au froid sec. Puis il a recherché quels sont les effets de l’état hygrométrique sur la marche de la conserva- tion: il est arrivé à la conclusion qui a été vérifiée plusieurs fois dépuis, que principalement la déshydratation assure une conserva- tion parfaite de la viande. Cette déshydratation est obtenue par TELLIER en plaçant la viande dans un récipient dans lequel on fait le vide en présence de potasse. La déshydratation commence dès l’émission des premières vapeurs dont la production amène le refroidissement progressif de la viande. C’est ce mode d’opération qui est partiellement appliqué lorsqu'on ventile les chambres des entrepôts frigorifiques. Cet, ouvrage, écrit dans le style simple et précis qui est propre à Ch. TELLIER, présente un très grand intérêt par tous les détails et tous les chiffres qui y sont mentionnés. J. SIMoNs. Compte rendu du Congrès national des Importations et des Exporta- tions des produits de l’Agriculture, tenu à Paris, les 18, 19 et 20 février 1913, par la Société nationale d'encouragement à lAgri- 292 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE culture, compte rendu publié, au nom du bureau, par M. J.-M. DE LAGORSSE, secrétaire général du Congrès. Un volume in-8° de 232 pages et un graphique hors texte. Prix : 3 francs; franco : 325. En vente aux bureaux de la Société, 5, avenue de l'Opéra, Paris (Ier). | Il n’est pas de sujet plus vaste que celui de l’importation et de l'exportation des produits de Pagriculture, puisqu'il traite de lutili- sation commerciale de toutes les matières que nous produisons et de celles que nous pouvons demander à l’étranger. L’exportation et l'importation marquent l’étiage de la richesse d’un pays. Le programme du Congrès des Exportations de 1913 comprend les céréales, le bétail, les légumes, les fruits et les fleurs, les vins et le cidre, les beurres, les fromages, l'huile d'olive et, enfin, les produits forestiers et piscicoles. Tous les sujets, traités par des spécialistes d’une haute compétence, bien connus par leurs travaux et leur enseignement, sont reproduits dans un volume destiné à prendre place dans la bibliothèque de l’agronome, de l’agriculteur et de léconomiste. * % INSTITUT INTERNATIONAL D'AGRICULTURE. — La produetion et la consommation des engrais chimiques dans le monde, Brochure de IV-138 pages avec 3 graphiques, 2 cartes (Znst. Intern. d?A gri- culture. Rome, 1913). Prix : 3 francs. La production, le commerce et la consommation des engrais chi- miques ont un caractère éminemment international. En fait aucun des pays qui doivent recourir à emploi des engrais chimiques n’est en mesure de pourvoir complètement à sa propre consommation en ce qui concerne les trois éléments fertilisants les plus nécessaires, : acide phosphorique, potasse et azote. Mais le caractère international du mouvement des engrais est mis encore plus en évidence par le fait que la consommation s'étend toujours plus dans les régions cultivées du globe, alors que la production de la matière première dont ils dérivent n’est encore concentrée que dans un petit nombre de régions. Une situation semblable rend diflicile la connaissance, avec une exactitude suflisante, du mouvement des engrais dans le monde. Voici quelques données sommaires sur la production mondiale. Production en tonnes 1903 1910 1911 Engrais phosphates : Phosphates minéraux . 2.433.779 5.344.981 6.055.073 Scories Thomas . . . 2.243.500 3.275.845 (3.485.500) Superphosphates . 5:130.900 9.604.260 — ŒUARDR UE ENT (58.000) (66.044) — BIBLIOGRAPHIE 9393 Production en tonnes 1903 1910 1911 Sels potassiques (pour l’agriculture) : Sels potassiques (calcu- lés en potasse pure) . 301.414 766.583 848.400 Salpêtre de l'Inde . . 20.570 15.581 15.278 Autres engrais potassi- ques (calculés en po- tasse pure) . . . . CRIE — 40.000 Engrais azotés : Nitrade desoude . . . 1.466.993 2.432.949 2.487.000 Sulfate d’ammoniaque. 537.520. 1.045.905 1.187.425 Gianamide ”. . . . . — 30.000 52.000 Nitrate de chaux . . . 25 25.000 50.000 Total engrais azotés . . 2.004.538 3.533.854 3.776.495 Parmi les questions d'actualité on mentionne les tentatives inces- santes faites aux Etats-Unis pour extraire la potasse des algues. Avec ce procédé on compte sur un rendement annuel de 4 million de tonnes de chlorure de potasse correspondant à 630.000 tonnes de potasse pure. On s’est aussi proposé, toujours aux Etats-Unis, d'employer les feldspaths pour l’extraction de la potasse sous forme soluble; on pourrait ainsi obtenir une production de potasse pure calculée à 400.000 tonnes par an. En ce qui concerne la question de l’azote, il faut noter que la pro- duction du sulfate d’ammoniaque a quintuplé en vingt ans. On a essayé dernièrement le procédé Mond-Frank-Caro pour utilisation de l'azote contenu dans la tourbe. Ce procédé permettrait d'extraire de 40 à 80 kilos de sulfate d’ammoniaque d’une tonne de tourbe. En se basant sur les données anciennes et actuelles et sur létude des procédés les plus récents appliqués à l’industrie des engrais, On a pu faire quelques évaluations de la production et de la consommation probables des engrais azotés synthétiques pour les années 1913 et 1914. Les chiffres ainsi déterminés sont mis ci-dessous en parenthèses. Cianamide de calcium Nitrate de Chaux tonnes tonnes TOUS SEE LEE Tee — 2 NIV ESS SE RSS a 7 —— 590 LIDSERREES PE SR RE CE 0 — 1.600 LIOGER CR PETER SRE TR 500 1.600 LOUER Re" 2.200 15.000 LISE A LOU 8.300 15.000 DOUTE ERREUR, he 16-000 25.000 LOTO HSE LT TL ee 30.000 25.000 OT RE RE PRET + 52.000 (50.000) ONDES NT Te. 95.000 (75.000) 204.000 LORS NS a AT QU UN (97.000) (140.000) LOT nn nat au a CAE O0 4 224 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE En ce qui concerne la consommation mondiale des engrais chimiques on a pour 1911 les quantités suivantes, représentant dans l’ensemble une valeur de 2 milliards. Consommation mondiale des engrais chimiques en 1911. Tonnes Phosphates naturels 2:06 10001 5.669.000 Superphosphates ere: Lee ONE 8.604.000 PCOMES LEONGIRAN ES. Le ere TE ee 3.300.000 CAT ds RS eo ie à MA ON NU dde 70.000 Dé DOLASSIQUES Des dep he deu 4.100.000 HPOLASSE D'UN) Le Ub0 EI Re (848.400) Nitrate dé souder ei, 0e. rs 2.313.450 Sulfate d’ammoniaque ©. .:.: :,1:0,% 1.100.000 Engrais azotés synthétiques . . . . . . 100.000 Les données sur la consommation par unité de surface cultivée dans chaque pays sont surtout très intéressantes parce qu’elles constituent un essai tout à fait nouveau, qui par son approximation relative ne peut cependant être qu’une simple indication des ten- dances actuelles de la consommation internationale des engrais. Chaque Etat est classé d’après l'intensité de sa consommation d'engrais chimiques par hectare. Les pays qui consomment plus de 2 quintaux par hectare de superficie cultivée sont : Belgique, Ile Maurice, Luxembourg; de 1 à 2 quintaux : Allemagne, Pays-Bas; de 0,5 à 1 quintal : Danemark, Etats-Unis (partie méridionale), France, Angleterre, Australie, Italie, Suisse; de 0,1 à 0,5 quintal : Autriche, Hongrie, Espagne, Etats-Unis (nord-est), Norvège, Indes néerlandaises, Portugal, Suède. | Tous les autres pays appartiennent aux catégories Ve à VIIIe avec une consommation inférieure à 0,1 quintal ou avec une consom- mation indéterminée. Cette publication du Bureau des Renseignements agricoles et des Maladies des plantes, de l’Institut international d'Agriculture, sera toujours tenue au courant au moyen de revues semestrielles sur la production, la consommation et le commerce des engrais en automne et au printemps (époques des achats et des applications d’engrais). NANCY-PARIS, IMPRIMERIE BERGER-LEVRAULT ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN (Procédé bactériologique de M. ÉMILE FEUILLETTE) Par MM. Max RINGELMANN et Fernand DE CONDÉ CHAPITRE I EXPOSÉ DU PROCÉDÉ. La culture du lin a été longtemps très rémunératrice en France; mais la concurrence des textiles exotiques (en particulier du coton) a fait diminuer la surface ensemencée avec cette plante textile. En 1860, les emblavements en lin étaient de 105.000 hectares; en 1908, ils n’atteignaient pas 18.000 hectares (H. Hirier); cependant la culture du lin semble reprendre une certaine impor- tance depuis 1910 pour différentes raisons, dont l’une est l’obli- gation dans laquelle se trouvent certains agriculteurs de rempla- cer la betterave par une autre plante, sur une certaine étendue de la sole; or le lin, nécessitant une terre riche et bien ameublie, convient parfaitement pour cette substitution. La presque totalité du lin français n’est pas traitée sur notre territoire, mais est expédiée en Belgique où se fait l’extraction de la filasse. C’est dans la vallée de la Lys, où le rouissage à l’eau courante est pratiqué dans cette rivière, que sont localisées les industries du rouissage et du teillage. ANN,. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 15 226 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Les conditions économiques (abondance de la main-d'œuvre dans la vallée de la Lys) et une organisation spéciale font que nos agriculteurs ont intérêt à vendre leur récolte qui est alors expé- diée en Belgique; cet état de choses nécessite de gros frais de transport, de courtage, de manutentions diverses arrivant à dé- truire tout le bénéfice du producteur, qui se trouve à la merci des gros acheteurs. Ajoutons aussi une certaine routine et le préjugé qui a fait admettre que, seule, l’eau de la Lys était capable de fournir une filasse de bonne qualité. Le rouissage en eau courante est une opération saisonnière; elle ne peut s'effectuer que pendant une certaine période de l’année, lorsque les conditions de température sont réalisées; de plus, le séchage sur prairies immobilise une grande étendue de terrain dont la location se trouve supportée par la filasse. Des procédés chimiques de rouissage ont été souvent essayés, mais aucun n’a paru donner de résultats satisfaisants; aussi s’en est-on tenu plus généralement au rouissage microbiologique. Le procédé de M. Feuillette, que nous avons eu l’occasion d’ex- périmenter à la Station d’Essais de Machines, est basé sur le principe du rouissage microbiologique. Le procédé Feuillette comprend les opérations suivantes : Après battage, le lin ést mis en gerbes appelées bonjeaux, qui sont placés verticalement dans de grandes caisses en bois à claire-voie, appelées ballons. Ces ballons sont maintenus immergés dans une cuve ; cette cuve (ou routoir) qui peut être en bois, en maçonnerie, en ciment armé, etc., reçoit constamment une petite quantité d’eau tiède, de manière à maintenir la température à près de 250 C., température qui a été reconnue la plus favorable au développement des microbes du rouissage. ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 997 Le rouissage développe une certaine chaleur contribuant à maintenir cette température optimum; cependant, 1l est néces- saire, dans certaines saisons, d'entretenir cette température : on peut utiliser pour cela un serpentin à eau chaude ou à vapeur placé dans le fond de la cuve, la vapeur étant celle d’échappe- ment du moteur. Un'faible courant d’eau tiède, arrivant d’une façon très régu- lière, assure le renouvellement de l’eau dans la cuve de rouissage; le rouissage en eau stagnante donne en effet des produits colorés de qualité inférieure; un courant d’eau trop fort aurait pour effet de diluer le bouillon de culture; la bonne qualité du lin roui à la Lys tient surtout, croyons-nous, à la vitesse convenable du cou- rant de cette rivière. L’eau tiède amenée dans la cuve de rouissage est conduite par des tubes verticaux au fond de cette cuve; le départ d’eau se fait au contraire au niveau supérieur, à l’endroit où le bouillon de culture est le plus riche, par un déversoir; le débit de l’eau est réglé à l’arrivée. Les ballons pleins de bonjeaux tendent à flotter; on les main- tient immergés par un dispositif mécanique quelconque : ero- chets solidaires de la cuve par exemple. Les ballons sont disposés de façon à mettre les tiges de lin verticalement, et, chaque jour, les ballons sont élevés, retirés de l’eau, retournés, puis immergés à nouveau, de façon qu’au total les tiges de lin aient été immergées le même nombre d'heures la tête en haut et la tête en bas; on a rémarqué en effet que le lin rouit plus rapidement près de la surface de l’eau; ce retournement a donc pour buf de régulariser le rouissage sur toute la longueur de la tige. Ce retournement des ballons a encore pour effet d’aérer le lin, favorisant le développement des microbes du rouissage, qui sont aérobies, au détriment des microbes de la putréfaction ou autres microbes gênants qui pourraient avoir tendance à se mul- tiplier. Un pont roulant permet la manœuvre facile des caisses immergées dans la cuve. On voit immédiatement un des avantages de cette méthode : l'industriel devient maître des conditions du rouissage; 1l peut 228 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE régulariser le travail des microbes en évitant les variations de température qui se produisent toujours en rivière dans la journée et dans la nuit, tout abaissement de la température se traduisant par un retard dans la marche du phénomène; le lin met donc beaucoup moins de temps à rouir qu’en rivière et l’on peut avoir un débit continu et uniforme; chaque jour on retire de la cuve un certain nombre de ballons de lin roui et l’on remet le même nombre de ballons contenant du lin non roui. Le lin non roui est placé dans la cuve à l'extrémité opposée à l’arrivée d’eau; 1l est donc mis d’abord dans un bouillon très concentré, et, au fur et à mesure que le rouissage avance, on déplace le ballon (au moment du retournement) de façon qu’il se trouve dans un bouil- lon de culture de moins en moins riche; la tige de lin est en effet de plus en plus sensible à mesure que le rouissage s’accentue. Le lin roui sort donc vers l’arrivée d’eau, et les dimensions de la cuve sont calculées d’après la durée du rouissage, la quantité à rouir et le nombre de retournements à effectuer. Le lin sortant de la cuve est mis dans une laveuse-essoreuse. Cette machine est constituée par une roue horizontale munie de compartiments radiaux; les tiges de lin sont placées dans ces compartiments suivant les rayons de la roue et l’on fait tourner lentement l’appareil; on fait arriver en même temps un courant d’eau qui a pour effet de débarrasser les tiges de lin de lexcès de matière gommeuse et de toutes les impuretés qui peuvent rester adhérentes aux tiges. On arrête alors le courant d’eau et l’on fait tourner rapidement l’essoreuse. Par la force centrifuge, le lin perd une partie de son eau qui glisse le long des tiges et s'échappe de la machine par des ouvertures convenablement SES RES à à ménagées dans la paroi latérale. La dernière opération est le séchage; le lin est placé dans des vagonnets sur des sortes de claies formées de bâtons ronds, afin de ne pas détériorer les fibres. Ces vagonnets sont introduits dans un long couloir constituant le séchoir. Ce couloir comporte à une extrémité un ventilateur envoyant un courant d’air sur un radiateur dans lequel circule de la vapeur; il existe donc dans le séchoir un courant d’air tiède. Le lin est ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 2929 mis dans le séchoir à l’extrémité opposée au ventilateur; les vagonnets remplissant exactement la section du couloir, l'air passe entre les couches de lin et à travers ces couches. Au fur et à mesure que l’on fait avancer les vagonnets vers le radiateur, les tiges de lin roui rencontrent un air de plus en plus chaud et de moins en moins humide, et, en arrivant à l’autre extrémité, le lin est complètement sec; on a donc un séchage progressif et continu. Les tiges de lin sont disposées parallèlement à l’axe du séchoir, c’est-à-dire parallèlement à la direction d'avancement des vagonnets. On voit que, dans le système que nous venons d’exposer briè- vement, tout est rationnel et progressif et que toutes les opéra- tions sont naturelles; celles-ci sont réunies et effectuées dans une usine où l’on peut alors travailler d’une façon continue et méthodique, toutes les conditions du travail se trouvant soumises à la volonté de l’homme au lieu d’être laissées au gré de la nature. Les essais faits à la Station d’Essais de Machines’ont également prouvé que la croyance qui prétendait que l’eau de la Lys pos- sédaït des qualités spéciales pour le rouissage n’était qu’un pré- jugé. Le lin contient d’ailleurs naturellement ses microbes rouis- seurs (le rouissage à terre n’en est-il pas la meilleure preuve?) et point n’est besoin de faire un ensemencement quelconque, pas même avec de l’eau de la Lys. % % * La préparation du lin se complète par le teillage, que l’on peut effectuer par les procédés ordinaires employés en Belgique ou par des machines appropriées. On voit que l’on peut, dans une même usine, en toute saison et en une région quelconque, effectuer le rouissage, le séchage et le teillage du lin. Une grande conséquence est l’installation possible, dans les centres mêmes de production du lin, d'usines pour le traitement de cette matière première. Nos ouvriers agri- 230 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE coles trouveraient là un travail pendant les mois de chômage, l'été étant réservé aux travaux de la ferme et des champs, lorsque l'agriculture a besoin de tous les bras disponibles. Peut-être y aurait-il là un moyen de diminuer l’exode de nos populations rurales. De plus, tout le travail, qui, actuellement, est effectué à l’étranger, reviendrait à nos nationaux. Il en résulterait un bénéfice pour le producteur et pour l’ouvrier rural. CHAPITRE Il L'INSTALLATION A LA STATION D'’ESSAIS DE MACHINES Le procédé de M. Feuillette, que nous venons d’exposer, fut, en 1910, soumis à une Commission nommée par le Ministre de l'Agriculture. Après examen théorique de la question, il fut admis que le pro- cédé semblait des plus intéressants, mais qu’il était indispen- sable avant de se prononcer, au moins pour ce qui concerne le lin, d’en faire une vérification expérimentale. Considérant l'intérêt que le procédé Feuillette peut présenter pour l’agriculture d’un grand nombre de nos départements, 1l fut décidé que la vérification expérimentale serait effectuée par la Station d’Essais de Machines, dans une installation temporaire plus grande qu’un laboratoire, mais bien plus petite qu’une usine. Les fonds nécessaires à l’installation et aux expériences furent fournis par le Ministère de l'Agriculture, la Société Centrale d'Agriculture de la Seine-Inférieure, et par la Société d’Encou- ragement pour l’industrie Nationale. +" + L'examen du procédé de rouissage de M. Émile Feuillette nécessita l'établissement, à la Station d’Essais de Machines, d’une installation spéciale. Des bâtiments légers furent construits pour ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN Pr | ces essais sur une partie de l'emplacement réservé aux expé- riences en plein air (fig. 1). Trois hangars furent édifiés : pour emmagasiner le lin (fig. 2), pour abriter la cuve de rouissage (fig. 3) et pour couvrir le séchoir (fig. 4). Toutes les opérations concernant le lin (battage, surveillance du rouissage, teillage) furent exécutées par un ouvrier belge que l’on avait fait venir spécialement de Menin. Le battage fut effectué à la Station par le procédé manuel à l’aide d’une batte (fig. 5). La cuve de rouissage mesurait intérieurement 5" 60 de lon- gueur sur 2 mètres de largeur et 1 30 de profondeur, ayant une capacité totale d’un peu plus de 14 mètres cubes. Construite tout en bois, en lames assemblées à rainures et languettes (fig. 6), elle s’est montrée d’une parfaite étanchéité. Les ballons dans lesquels on met les bonjeaux mesuraient intérieurement 4 90 de longueur, 1" 20 de largeur et 1" 10 de hauteur. La cuve de rouissage pouvait en contenir quatre. La manœuvre des ballons était exécutée à l’aide d’une grue roulante (fig. 3). L’essoreuse (fig. 7) mesurait 3m 30 de diamètre. Une chaudière verticale (fig. 8) fournissait la vapeur pour porter d’abord l’eau de la cuve à la température voulue; pour maintenir cette température, l’eau de Seine, après passage à un compteur (fig. 9), circulait dans un petit réchauffeur. Un petit moteur à vapeur actionnait l’essoreuse et le venti- lateur du séchoir (fig. 10). La vapeur d'échappement de ce mo- teur passait dans un radiateur placé en tête du séchoir. Le séchoir était constitué par un couloir en lames de parquet; il mesurait 1% 20 de largeur sur 1% 60 de hauteur et 10 mètres de longueur. La manutention des vagonnets dans lesquels on dispose le lin par couches minces pour l’introduire dans le séchoir était faci- litée par des rails et un système de plateaux roulants. Une partie du lin roui a été mis en chapelles dans la prairie de la Station d’Essais de Machines pour le séchage (fig. 11). PH°ARA wO+ G 8 L 9 S 7 £ G 2 7 17,9 26e) AN3P4A0q SUE SL Lys NOILV'ITVLSNIT A4 TVUANAI9 NVIX — ‘I "OI AUICUPIPAL MES TL IDAOUANS EN TOR SR TS TA PT DS €, 9 à roy? 4 vo 287 774 72 X7 e2/40g : Se Lier [2274 eo BREST see | SEL EME | ni @ ee CE Re E js EL —————_——————— CAS expne y) | Fi À Jn2]e|1]U2A | spauuvoen sep sex ee ve LOU NUIT V UVONVH AT — ‘& ‘OI HLNV'IAOU HAUOTVI LA HOVSSINON HA SAND VI ‘ASAAUOSSAT — ‘€ ‘OL SLHNNONVA SHS LA UIOHOHS AI ASNAUOSSIT — ‘1 ‘DIX NII ANG HOVLLVE AT — ‘CG ‘OM give Le dr TT { x 2 mn LT Rs F1G. 6. — LA CUVE DE ROUISSAGE ASAHMOSSH-ASAHAV'I VT — sb, "DIX MAHLON AT LA AMMANVHO V'I ‘YSNHMOSSAT — ’G ‘DIN LE COMPTEUR A EAU ET LE RÉCHAUFFEUR MIOHOHS NX UAALV'IILNAA HI LU HAAAdVA V HAALON HT — ‘OÙ ‘OI "6 SÉIIE — 1913 — IT SCIENCE AGIROIN. — de ANNs 242 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Les essais ont été effectués au mois de Janvier 1911, pendant la période la plus froide de l'hiver 1910-1911. Le teillage n’ayant pas suivi immédiatement, par suite de Po- bligation où l’on fut de transporter le lin roui, il fut nécessaire d'effectuer un nouveau séchage avant le teillage; ce deuxième séchage eut lieu dans un séchoir rudimentaire (fig. 12) composé d’une armoire dans laquelle on faisait circuler de bas en haut un colürant d’air chaud. Il est bien entendu que, pratiquement, ce deuxième séchage n’aurait pas à intervenir. Le teillage a été effectué par les moyens les plus commodes dont on disposait alors; on employa pour le teillage une défibreuse ou broyeuse du système Feuillette (fig. 13) (faisons remarquer que cette machine n’avait pas été construite spécialement pour le lin, mais pour le chanvre). Cette machine se compose, comme partie active, de pilons placés horizontalement et munis de can- nelures horizontales. Ces pilons sont animés d’un mouvement de va et vient horizontal et frappent contre des matrices égale- ment cannelées, les saillies de l’un s’emboitant dans les canne- lures de l’autre. Les tiges de lin se trouvent frolïssées dans les cannelures qui déterminent une série d’ondulations de la tige, brisant la paille et détachant le bois ou chènevotte par petits fragments. Un battage et un secouage activent la séparation de la chènevotte. Cette chènevotte est aspirée par un courant d’air et tombe dans un appareil collecteur destiné à rassembler chè- nevotte et poussières. Des rouleaux cannelés assurent la progres- sion du lin sous forme de nappe continue entre les pilons. L'opération du teillage fut complétée par le passage au moulin flamand ou écangueuse. Le moulin flamand (fig. 14) se compose d’une roue verticale portant à la périphérie des écangues ou sortes de battes en bois mince. Il est animé d’un rapide mouvement de rotation et les écangues viennent frapper les poignées de lin qu'un ouvrier présente au moulin en les maintenant sur une planche verticale munie d’une échancrure ainsi qu’on le voit sur la figure 14. La fibre se trouve soumise à un violent battage en même temps qu’à un frottage qui détache le restant de la paille. Ilse produit aussi des étoupes que l’ouvrier sépare à la main. FiG. 11. — LE SÉCHAGE EN CHAPELLES F1G. 12, — SÉCHOIR VERTICAL F1G. 13. — DÉ£ÉFIBREUSE FEUILLETTE F1G. 14. — MOULIN FLAMAND OU ÉCANGUEUSE ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 945 Faisons observer que le teillage a été pratiqué par les moyens les plus rapides dont on pouvait disposer. Les essais portaient surtout sur le rouissage; le teillage effectué par des procédés quel- conques ne fut que le moyen de constater la qualité du lin roui. CHAPITRE III RÉSUMÉ DES CONSTATATIONS A) ROUISSAGE ET TEILLAGE (Transformation du lin en filasse) I. Préparation du lin. Le lin qui a servi aux essais, que nous avons été obligés d’a- cheter en Belgique, à Wevelghem-lez-Coutrai, provenait de la Seine-Inférieure (Doudeville). Le lin fourni a été préparé pour le rouissage par un ouvrier belge venant de Menin. Le lin a été battu et bottelé en bonjeaux à trois liens; le poids des bonjeaux variait de 5k8 7 à 7K8 2, avec un diamètre moyen de 34 centimètres et une hauteur moyenne de 1 mètre. Il résulte des constatations que, sur 100 kilogs de lin brut arrivé à la Station d’Essais de Machines, on a eu les résultats sui- vants : CAR AUS CON ER CA in à, eu 82k8 12 CPGE COMME Eee en ME te 2 Per rase ANNEE Pertes et déchets (petit lin, poussières, etc.). . . . . 6 73 Tous les calculs qui vont suivre sont relatifs à 100 kilogs de ce lin préparé en bonjeaux pour le rouissage, correspondant à 121Xx8 70 (82,12 %) de lin brut arrivé à la Station d’Essais de Machines. 246 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE IT. /ndications météorologiques. Le procédé présenté par M. Émile Feuillette, que la Commis- sion devait examiner, a pour caractéristique principale de fonc- tionner toute l’année. Il était donc intéressant de rouir en hiver, dans la période la plus froide. Pour être dans de plus mauvaises conditions que celles d’une installation industrielle, l’essoreuse et le séchoir étaient simple- ment abrités par une toiture; le bassin de rouissage était disposé sous un hangar clos de simples bâches. Ajoutons que ces condi- tions défavorables, qu’on ne rencontrera pas dans une installa- tion définitive, n’ont pas influencé les résultats des essais, qui ont été des plus significatifs : on peut rouir très régulièrement et pendant toute l’année, condition économique avantageuse pour l’établissement d'usines coopératives comme le projette la Société centrale d'Agriculture de la Seine-Inférieure. Les indications météorologiques relatives aux journées d’ex- périences proviennent de l'observatoire du Parce Saint-Maur (Voir tableau 1). Les observations locales intéressant les expé- riences et relatives à chaque ballon ont été relevées à la Station d’Essais de Machines. III. Résultats des essais. Nous résumons dans le tableau ci-contre le résultat des diffé- rents essais en ramenant tous les chiffres à 100 kilogs de lin battu et mis en bonjeaux (correspondant à 121Kk£ 70 de lin brut arrivé à la Station d’Essais de Machines). La durée du rouissage a varié de cent dix-huit à cent quarante- six heures. TABLEAU ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 947 = 2 PRODUITS OBTENUS UE SE Etoupes A À M — NUMÉRO du ballon et mis au séchoir' sorti du séchoir sorti de la cuve sortant de l’essoreuse Etoupes grossières au moulin flamand sortant de la défibreuse | Bonnes étoupes sortant du 2e séchage et passé à la défibreuse Filasse après teillage = 3 Le + £ = E # = a 2 = © = ei Lo —— kilogr. | kilogr. [kilogr. | kilogr.| kilogr.| kilogr.| kilogr. 364,60 12,22 356,16 361,82 347,05 356,10 337,19 320,69 313,11 Q0 =t Où O1 > O9 29 MOYENNES des ballons 1, 2, SE Rene Le détail relatif à chaque ballon est donné en pièces annexes (Voir tableaux IT à IX). Nous avons dit que le lin avait été préparé par un ouvrier belge que nous avons fait venir de Menin. Cet homme était des’ plus consciencieux et très habile en son art; aussi, croyons-nous indispensable de résumer ici ses obser- vations et estimations, tant sur la valeur du lin brut travaillé que sur la conduite des opérations et sur le résultat final indus- triel de l’ensemble des appareils provisoires installés à la Station d’Essais de Machines constituant, en définitive, une première réalisation matérielle du procédé de M. Émile Feuillette. «Le lin brut, employé pour les expériences, est de qualité ordinaire, plutôt médiocre. «Le bouillon de la cuve est encore bon après douze jours (cela lPétonnait énormément), alors qu’à Bernheim il fallait changer l’eau après deux à quatre jours. « Le rouissage marche d’une façon très régulière » (Cela lui per- mettait de nous fixer vingt-quatre heures à l’avance le moment où le lin serait suffisamment roui pour sortir le ballon). 248 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE «La filasse obtenue à là Station d’Essais de Machines est très résistante. «Le même lin brut, roui à la Lys, donnerait une filasse moins forte, moins belle, moins bonne. «Dans les bonnes années, 100 kilogs de bon lin roui et sec don- nent 25 kilogs de filasse. Cette année (mauvaise récolte de 1910) les lins ne donneront à la Lys que 15 à 18 kilogs. » Les 18 kilogs de filasse, fournis par 100 kilogs de lin roui et see, correspondent à 12k£04 de filasse retirée de 100 kilogs de lin battu, mis en bonjeaux, prêt à rouir. Or, les expériences faites à la Station d’Essais de Machines, montrent qu'avec le procédé expérimenté, nous avons obtenu pratiquement 13Kk8 63 de «bonne filasse», avec 100 kilogs de lin mis en bonjeaux, et dont la « qualité était ordinaire, plutôt mé- diocre ». Lin mis en chapelles. — Une partie du lin sorti de la cuve (237K£ 50), provenant du ballon n° 1 a été mis en chapelles le 9 janvier dans la prairie de la Station d’Essais de Machines; après les manutentions habituelles, le lin était sec et a été bottelé le 16 janvier; il pesait alors 54K8 5, (100 kilogs de bonjeaux.) en bonjeaux mis A FOUR. Red. À à. fesne teste 100K8 00 SOTTLAE TA CUVE A Re LE APE 364 60 DC: Ms Brbies des rs EU ee de Da LT one de Re 6570 Lin { sortant du deuxième séchage et passé à la défibreuserls: see terne Ts AE 70 87 sortant de la:défibreuse 1. . 4. 4.7, 55.10) Ce lin fut bien moins beau que celui qui avait été passé à l’es- soreuse et au séchoir. La mise en chapelles ne peut se faire pratiquement que par la belle saison, et elle nécessite une grande étendue de prairie natu- relle ainsi que de nombreuses manutentions pour retourner les chapelles. Pour 100 kilogs de lin mis en bonjeaux (correspondant à 364k860 ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 249 sortant de la cuve), il faut disposer, pendant huit jours, d’une étendue de 92 mètres carrés en prairie naturelle, soit { are en chiffre rond. Une partie du lin essoré (93k£ 50) provenant du ballon n° 8, fut mise en chapelles le vendredi 20 janvier. Voici les résultats constatés ramenés à 100 kilogs de lin mis en bonjeaux : en bonjeaux mis àrouir. . . . . . . . . . 100kg8 00 L ba ee RARE Ne TE ET ONEee SAS: 24 | sorti de l’essoreuse et mis en chapelles. . . . 281 42 ES et CN a Pan ER ne + "ADIEU Les conditions météorologiques ayant été défavorables au séchage de ce lin mis en chapelles, le produitobtenu était si mé- diocre que, étant à court d’argent, il fut impossible d'engager des dépenses en vue de son défibrage et de son teillage. En tout cas, cette dernière tentative met une fois de plus en relief le grand intérêt que présente le séchoir, même établi dans les conditions rudimentaires de notre installation d’essais. B) PEIGNAGE, FILATURE ET BLANCHIMENT (Transformation de la filasse en fil) Nous venons de voir que 100 kilogs de lin brut, provenant de la Seine-Inférieure, arrivés à la Station, ont donné 82K£ 12 de lin préparé, mis en bonjeaux, prêt à rouir. Nous avons obtenu pratiquement 13k£ 63 de bonne filasse avec 100 kilogs de lin mis en bonjeaux et dont la qualité était «ordinaire, plutôt médiocre ». La filasse obtenue a été travaillée à Lille et aux environs dans différentes usines. I. Peignage. Le peignage a été effectué chez M. Louis Nicolle, filateur de lin, à Canteleu, par Lille. 250 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE La préparation, faite sur une table à étaler, à quatre passages et un banc à broches, s’est comportée régulièrement. Le peignage a donné un rendement de 52 % et une freinte de 8 % considérée par l'industriel comme excessive et provenant probablement d’un léger excès de dégommage de la fibre. Peignage effectué chez MM. A. Van de Weghe et L. Delesalle, filateurs de lin, à Fives-Lille. - On a obtenu : Peignés. : . -melmets che net 02980 /er la lasse brute OURS RUES MIE MT ee 33,33 = mouches 0 LOU EU 8,42 = Erpinte aciers en 2. D (ie 3,86 — Le peigné fut préparé pour être filé. IT. Filature. Chez M. Louis Nicolle, précité, la préparation a été faite avec un écartement un peu trop court pour la qualité de la matière. Le filage a été bon et le fil a une bonne force moyenne; cette dernière aurait été certainement améliorée si l’écartement avait été mis au point. Chez MM. A. Van de Weghe et L. Delesalle, précités, la matière filée à l’eau chaude s’est comportée au métier d’une façon très normale et donna l'impression d’une bonne qualité de lins dits du pays; on estima que le procédé de rouissage expérimenté à la Station d’Essais de Machines n'avait en rien enlevé de la qualité au lin. III. Essais des fils. Les fils n° 35, obtenus chez M. Louis Nicolle, furent soumis à l'examen du Bureau de la Condition publique des Matières tex- tiles, de la ville de Lille, 17, rue du Nouveau-Siècle; les résultats sont consignés dans trois certificats n° 3307. . ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 951 a) Conditionnement : Humidité moyenne pour cent : 8k8 421; Reprise officielle de 12 %; Poids moyen de 1.000 mètres à la reprise de 12 % : OK£ 046070; Le paquet de 329.040 mètres de fil soumis à la reprise officielle de 12 % pèse 15K8 158. Numéro du fil : 35,909 ou 37 3/4 français. b) Essais de torsion (Voir tableau X). Nombre moyen de tours au mètre de fil : 386. c) Essais dynamométriques des fils (Voir tableau XI). 1re épreuve 2e épreuve 3e épreuve Résistance moyenne en grammes. 1198,5 4222,5 1269,5 Variation moyenne en moins pour une résistance de 100 . . . . . 40-727 16,155 17,388 IV. Blanchiment. Essais faits chez M. Georges Ovigneur (blanchiment et teintu- rerie, à Halluin). Les résultats obtenus en lessivé, crémé, quart blanc, trois quarts blanc, quatre quarts blanc et blanc parfait, par les ma- nutentions absolument normales, permettent de classer le fil parmi les meilleurs. Essais faits par M. René Larivière, ingénieur civil, de la maison J. Scrive et fils, de Marquette-lez-Lille. Deux échantillons de filasse ont donné les résultats suivants : Freinte du crémé par rapport à l'écru Filasse obtenue à la Station d’Essais de Machines. . 16,0% Filasse de Courtrai, fournie par la maison Lévi Fari- natux, de LA ESA CREER ES 0. 2945 Essais avec les fils provenant de la filasse obtenue à la Station d’Essais de Machines; fil n° 35, lin écru, filé par M. Louis Nicolle, précité : La force du fil écru est normale et représente celle d’un bon n° 35 moyen. 259 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Ce fil représente une bonne qualité courante, il est nerveux bien qu’un peu irrégulier, ayant été filé avec des écartements insuffisants. Ce fil écru a une nuance verdâtre. Au débouillissage le fil s’est dépouillé de beaucoup d’impuretés (gomme et matières pectiques) et s’est complètement transformé sous le rapport de la coloration. La nuance après le lessivage était uniforme et régulière (Voir tableau XIT). Fil écru Fil lessivé Premte OCR RE VE ee Re nee à SEA » 19,282 Résistance moyenne en grammes . . . . . . 1175 962 Variation moyenne en moins pour une résis- tance de 100. RER a GATE 6,018 16,839 Allongement moyen à la rupture (millimètres). 9,8 9,5 Le fil, après crémage, a donné une nuance intermédiaire, uni- forme et régulière, entre le ton beurré et le ton grisâtre. Après le quart blanc, la nuance est un peu terne, mais très uniforme et très régulière (Voir tableau XIIT). Fil crémé Fil quart blanc Freinte (comptée sur le filécru). . . . . . . 14,88 % 19,00 % Résistance moyenne (grammes). . . . . . . 914 868 _ Variation moyenne en moins pour une résis- tan Ce ODES SR RIT LE ARE 24,229 10,906 Allongement moyen à la rupture (millimètres) 9,0 6,6 Les pertes de poids sur le fil écru sont normales. CHAPITRE IV RÉSUMÉ En résumé, toutes les constatations faites sont des plus satis- faisantes si l’on songe que notre ln était de qualité ordinaire, plutôt médiocre. ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 953 La conclusion finale est que le procédé soumis à notre examen est excellent, tout én étant on ne peut plus simple. Dès le dé- but des essais, avec de l’eau de Seine, et dans une installation de fortune, par la période la plus froide de l’année, nous avons réussi à rouir aussi bien que les praticiens de la Lys, soi-disant possesseurs de nombreux secrets ou tours de main. Il nous à simplement suffi d'étudier et de suivre les diverses opérations d’une façon rationnelle. Il est plus que probable qu'il en serait de même pour le rouis- sage du chanvre. La quantité d'eaux résiduaires est assez faible pour être, sur des surfaces restreintes, utilisée en irrigation ou épurée par le sol nu, sans qu’il soit nécessaire de l’envoyer dans les cours d’eau. Le procédé expérimenté permet donc de supprimer, d’une façon complète, la contamination de ceux-ci. L'ensemble des résultats montre, heureusement, qu'il n’y a pas lieu de regretter l’argent employé à ces essais, et, en termi- nant ce rapport, 1l est permis de souhaiter que nos compatriotes exploitent, par coopératives, des procédés de ce genre, dont l’ap- plication constituerait une source importante de revenus à nos cultivateurs de lin. TABLEAU. ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ‘JI9ANO9 SdW9 I, « 0‘0 IN SE] 0 Tr —|c0—|9" 7 16 7LL |" 32 omueurq ‘JI9ANO9 SdW9Y ‘UTJEU 91 UNI « 0‘0O |'H-S [08 —|7‘0 GT 9016 0LANTE IDJUES ‘IT0S 9[ UMA ‘JIBANO9 SdWAIT, « 0‘0 l'H-N|r0 +188 VE 8‘0 L'GLL |* * OS 1pazpusA ‘JMIAANO9 SdW9Y ‘UIJEUL 9[ PAPI[MOIG J9 SEJHI9A « 00 l'H-"NIOE—ÎF}I Ga 0‘0 COLLINE Ipnaf *XNOUINAIG SW UIJBUI 9 PARITIMOIG ‘9IAIS ‘OUOUBIG 99102) « 0‘0 | SU | 200) 0‘7—19"38L |" * SV IPaI9Io ‘Sdtu97 ne9q ‘UIJEUL 9 AUAURIG 99192) « G'q 0627 CN ENIS LA OUT IDIEN ‘SdW97) NEA ‘UIJBUI 9[ AUOUPIG 29191) « (CU —|8 r —16‘£ 918 LL AI NOT IPun'T ‘Sdu9} nr94 S91} ‘UIJPUW 9[ UOUPIG 29199 « 0°8 —|# 3 —1|1 T8 0‘G—18°TLL |‘ * GY syoueunq ‘Sdiu9} ntaq SQL « al male | SAT 8° —1%°69L |” * %1 IPAUIES ‘Sdu97} ne9q SQL f 0'8 —|}‘0 [eh & € —1G'Y9L |" * EF IparpuoA “JJuMMmof E] amd ‘soinou 8F 39 QE ul & 2810N | 6‘E 0‘0 Un 0€ BAD 97 Ipnaf ‘JIOANO9 SdW9Y ‘UIJEU 9, AIAIS J9 AUOUPIG 9909 « 0‘0 —|6"0 —|9‘0 SOIT OL ENTI IP9J9J9 IN ‘na SdW9F ‘UIJEU 91 AUOUEIG 29109 | &‘0 c°G +|9°8 6 L 6-1 ]L 921 + #07 IPIEN : ‘JOUET 39 UTJBU 9[ AU ad | 0'£ 0‘0 +|£"£ 9°L MS] 16,742) rs IPUNT fs “Soinou 9F 9p aaed & out 9MIA ‘UIJEU 1 PIPI[INOIG J9 aUouRIE 29199 | L‘O 0‘0 —|#°0 —19‘0 L'Y—Ï%°LLL |" © & ououeuiq ‘AI0S 9] PARIINOIG ‘JA9ANO9 SdW9J ‘JINU EI 2810N | 9°T Y‘0 —|9*0 C°T G‘O0-—17°692 |: ° L IPaUIRS ‘I10S 9[ 981dU ‘JJ9ANO09 Sd | L‘I & 0 réa tard GO Loan IP91pUu9 A ‘JI9ANO9 SdW9Y ‘UIJEU 91 SUNAY « 0‘0 —|0‘7 LT #0 PÉDALE Ipnaf ‘UIJRUI 9[ [IS918 ‘JI9ANO9 SdWAI, | 0‘0 0‘0 — |} re ‘0 —1S°192 |: : # IP919419 ‘110$ a[ FI9ANO9 *‘JINU BI AU 94 | &'0 £'G —|1}Y VAre CUS 09/2108 E IPIEN “IPTU-SQA1d® 7 [IS918 ‘UIJEUI 91 AUINAG Jo ayourIq 29/99 | 0‘0 9‘0 g‘I 4 0 —18 662 l° ° & Ipun'T “qu | Sainaq soibap | sosap | saibap | “ui PRET Ne Mn © PS RE = | $ É à a Es E B = 5 5 - a Cl fo) © © E. JI0I Joraurf E = DISAIS 4, A FA “ . < Sn = 5 5 5 SHSMMAIG SHNÔÜUVNAU ER 5 ENT 5 & 5 Z = ë 2 n a > ce S no 2 = SHLVA LA Sunof à 5 AA LV ANAL SHAÜIDOTOHOALAN SNOILVOIGONT ‘I SIXI1NNV S931d ‘À HHLIAVHI ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 25) II — TRAVAIL DU LIN DU BALLON N° 1 Poids du meurs PR RE M RE US 1M9ES 60 2 oo EE MARCHE DU ROUISSAGE 2 a TEMPÉRATURE EN DEGRES CENTIGRADES EE = 2 oo — | Opérations subies 35 & Eau de la cuve du hangar Janvier Heures É de | oi a À 4| Arrivée Sortie | rouissage nr mt] degrés degrés degrés Mercredi 4.| 12 Immersion 184 | 23 à26 |23: à 26 5 à 10 Jeudi 5.| 45 Avancé 180 | 24,5 à 25 | 23,5 à 25 6 à10 Vendredi 6. 15 |Retournéet avancé] 160 | 22 à 24 DA 28 D 5e at Samedi 7.| 45 Avancé 122 29 JAù à92 |45à 8 Dimanche 8.| 10 Retourné 120 | 20,5àaà21 |20 à2 |45à 7,5 Lundi 9.| 10 Sortie 952922004930 21,5 4,22 |/700 243 Durée du rouissage. . . . RE ER, D RAM SE MRANT ER Poids dur sortidelascuve. 0 0502. 08 99k620 Resultats obtenus. (Ramenés à 100 kilogs de bonjeaux.) en bonjeaux mis à rouir. . . . . . . . . 100K8 00 SOL AIT CUVE SRG, 260 sortant de l’essoreuse ue mis au échos Ler3291 50 PineSortane duiséehor #20 l 7299 sortant du deuxième séchage 4 passé à Te défibreuse. THE RFA APRIL 632007 sortant de la bee See di SR RP DJ 94 Filasse obtenue après teillage au moulin fEmand: 13 28 ROIRESTOIOUNTESS TES A VE Een, 280 Etoupes grossièress ja. O0 - au + 1 ANRT AN à GY45 III — TRAVAIL DU LIN DU BALLON N° 2 Poids duslin.miss FOUR vetement KE () EU TEMPÉRATURE EN DEGRÉS CENTIGRADES > © MARCHE DU ROUISSAGE 4 à EE = £ © CN e ; Opérations subies |2 © £ Eau de la cuve du hangar Janvier Heures LT me — de par le ballon à = Arrivée Sortie rouissage degrés degrés degrés Jeudi 5.| 14,30 Immersion 180 | 24,5 225 | 22,5 à 25 6 à 10 Vendredi .c. 15 |Retournéet avancé] 160 | 22 à24 | 21,5à23,5,5 à11 Samedi 7.1 15 |Retournéet avancé] 122 22 6.99 LAS Dimanche 8.| 10 Retourné 120 | 20,5 à 21 20 NA A LA Ms Lundi 9. 15 |Retournéet avancé 95 | 22 à 23 24594 22 TROUS Mardi 10. 17,30 Sortie 18 | 22,5 à 23 220 A 2228, A AT Durécdu/rouissage.—… . : . .", +... ..vanaairr 1429rHe8res Poids du lin sortide la cuve. . . eur. ee Lau ul 2246190 256 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Température en degrés centigrades A ——" — Séchade dans le séchoir Durée Ms térieur Re re CA Mal EXSELIEUTE Entrée Sortie u secaage de l’air de l'air degrés degrés degrés heures Vagon n° 1 — 2 à 0 30 19 12 — 2 — 2. à 1 30 17 13 — 3 — 1 à 2 30 17 15 — Be pr 0 à 2 30 17 23 = 7 ttes DEA 2 30 17 27 1/2 _ 6 — 2 à 1 30 à F7] 27 42 — 7 — 2 à 1 30 17 28:42 — 8 — 2 à 1 30 17 28 Chaque vagon du séchoir contenait en moyenne 45K8 96 du lin sortant de l’essoreuse correspondant à 44Kk8 91 de lin mis en bonjeaux. Résultats obtenus. (100 kilogs de lin mis en bonjeaux.) l en bonjeaux mis à rouir. . . . . . . . . ‘4100ke00 sorti de la cuve. . . . MES Ve, D VHDOeLC sortant de l’essoreuse et mis au sécHoirs AL TS 08% 22 Lin « sortant du séchoir. . . . RE URS 78 34 sortant du deuxième ee on ca à la défibreuse. . . . AE OUI AO ! 5 DS 1: € 66 80 sortant de la AE fibre tee; =. (508995 -35 Filasse obtenue après teillage au moulin Tant 420,42 & 565 Bonnésrétoupes. +102 «fer PNAAUT SPAS & 96 Étoupes grossières. 5 85 IV — TRAVAIL DU LIN DU BALLON N° 3 Poids du non TOUTE RENE Re ARE re 97Kk8 70 MARCHE DU ROUISSAGE TEMPÉRATURE EN DEGRÉS CENTIGRADES A À © |! Opérations subies Eau de la cuve du hangar Janvier A —— de all F7 : ï par le ballon Aenivee Sortie rouissage > © 4 cs 5 à PRE | 1 AS A n E Oo À 2 À = degrés degrés Vendredi 6. Ù Immersion Samedi di : Retourné et avancé Dimanche 8, j Retourné Lundi 9.| Retourné et avancé Mardi 10. Retourné et avancé Mercredi 11. Retourné Jeudi ÿ LA Sortie EE 09 1 O1 Durée ‘du rouissage.."- .!, SN CROATIA NNReureS. Poids du lin sorti de la cuve. . . 166% 100, QU 853k850 ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN Det Température en degrés centigrades Séchage dans le séchoir Durée extérieure Entrée Sortie du séchage de l’air de l’air degrés degrés degrés heures Vagon n° 1. — 2 à 1 30 17 24 1/2 — VAE = 21 30 47 27/2 — or 56 30 47 293%1/2 — k. EEE 30 47) 47 — D 4 EL po e L 30 17 22,472 — 0": CE 30 47 12 _— PR Et, 30 17 T324/2 —- "2 — k& à 0 30 17 8 — DES "40380 30 A7) 13:12 — 40:° — BUT 30 P7 13 — as: "4400 30 17 TNA 2 — 1228 SEUL 30 47 13 Chaque vagon du séchoir contenait en moyenne 25K8 01 de lin sortant de l’essoreuse correspondant à 8k8 08 de lin mis en bonjeaux. Résultats obtenus. (100 kilogs de lin mis en bonjeaux.) / en bonjeaux mis à rouir . . . . . . . . 4100Kk8 00 sorti de la cuve. . . 11001.2#864:;. 82 sortant de l’essoreuse et mis.au séchoir. . . 309 21 Lin { sortant du séchoir. . . A 45 sortant du deuxième séchage et passé à la défibreuse. . . TEL G:11611028:49 765 | sortant de la défibreuse. : 42967 4 DO Filasse obtenue après teillage au moulin flamand . 13 93 Honnes -étaupes nt ct ba nSITint RTS om 5 16 BEoupDes prOssléress tam t Job AN See NIUE 6 44 V — TRAVAIL DU LIN DU BALLON N° 4 PONS EN INLS TOUL ee RQ CIN EPA OSEN ED [Z MARCHE DU ROUISSAGE è eo TEMPÉRATURE EN DEGRÉS CENTIGRADES Fe D | < Opérations subies È 8 Eau de la cuve du hangar Janvier Heures LT —— de age ét de à = Arrivée Sortie rouissage degrés degrés Samedi à Immersion Dimanche 8. Retourné Lundi - Retourné et avancé Mardi , Retourné et avancé Mercredi - Retourné Jeudi M2; :30| Retourné et avancé Vendredi .| 46 Sortie Durée du rouissage. … . dv et m4 RAENMOL Ut ineRres Poids du lin sorti du routoir. 2 1 ,0vo 0h UE nil 14655#0D ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 17 258 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Température en degrés centigrades Séchage dans le séchoir Durée extérieure Entrée Sortie du séchage de l’air de l’air degrés degrés degrés heures Vagon n° 1. — 6 à 0 30 47 12 41/2 — 22 — 6 à 0 30 17 11° 4/2 — 3. — 6 à 0 30 17 11:172 — k, — 6 à 0 30 17 11 —- 5. — 6 à 0 30 17 5 Ho 6. 6 à 0 30 17 7 1/2 22 + =25 40 30 17 14 1/2 — 5. — 6 à 0 30 117) 45 1/2 — 9. — 6 à 0 30 17 15 41/2 — 10% — 6à 0 30 17 17 Le 11. EYE A 40 30 17 15 1/2 — 42% — 6 à 0 30 17 15 2 PRET Nb 0 30 17 15 1/2 fi AT LS MUEPUES ESA ND 30 17 21 1/2 Chaque vagon du séchoir contenait en moyenne 23K8 6 de lin sortant de l’essoreuse correspondant à 7%8 52 de lin mis en bonjeaux. Résultats obtenus. (100 kilogs de lin mis en bonjeaux.) en bonjeaux mis à rouir. . . . . . . . . 100ke 00 sorti de la cuve. . . IPN US 27705 sortant de l’essoreuse et mis au séchoir, . : 313 38 Lin { sorti du séchoir. . . . 76 96 sortant du deuxième séchage et passé à la défibreuse. . . QUE ‘ 68 28 sortant de la défibreuse. . . 35 43 FilasSe obtenue après teillage au moulin flamand. 14 35 Bonnes étoupes. «4 NU 1. Ru 0 Nano 3 63 LOUDESAPTOSSIÈRES. LOT LÉ QU ARTS Us SE RE 6 64 VI — TRAVAIL DU LIN DU BALLON N° 5 Poids-du-lin\mis-à POI nas à 0 is ec DEAD MARCHE DU ROUISSAGE TEMPÉRATURE EN DEGRÉS CENTIGRADES Eau de la cuve du hangar de rouissage Opérations subies Janvier Heures par le ballon CR ä es “1 © DEA CEE a ATA EQUES A Ho A _— Immersion Mardi " Retourné et avancé Mercredi x Retourné Jeudi Vendredi : Retourné et avancé Samedi : Retourné Dimanche 15. Sortie Durée) du rouissage. $ . 4 . . ./. ©: UMA VMEGThOUrES Poids du lin sorti de la cuve. . . . . . . . . . . 367k8 50 ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 959 Température en degrés centigrades Séchage dans le séchoir Die extérieure HN: Sat du séchage de l'air de l'air degrés degrés degrés heures Vagonk-n° +471. — 3 à 0 0 17 1& 1/2 — 2. — 3 à 0 30 47 14% 1/2 — date — 3 à 1 30 17 14% 1/2 — LB. . — 3 à 1 30 17 12942 _— EEE — 3 à + 2 30 47 14% 1/2 — OL — 3 à + 2 30 17 16 1/2 == PER — 3 à + 2 30 17 21 — 8. — 3 à + 2 30 17 45 1/2 — one — 2 à + 2 30 17 14 1/2 — 40. — 2à +2 30 17 16 — 44; — 2à + 2 30 17 45 1/2 — 42... —2à + 2 30 17 16 1/2 — 492: 06e. 274 + 4 30 17 1% Chaque vagon du séchoir contenait en moyenne 24k£ 04 de lin sortant de l’essoreuse, correspondant à 7k8 93 de lin mis en bonjeaux. Résultats obtenus. (100 kilogs de lin mis en bonjeaux.) en bonjeaux mis à rouir . . . . . . . . 400K8 00 sorti de la cuve. . . Eur 3 506 nm T0 sortant de l’essoreuse et mis ‘au séchoir 9022893 Lin { sortant du séchoir.. . . 7510271 sortant du deuxième séchage et passé à la défibreuse . . . : . 66 75 sortant de la défibreuse . RALE 5 40 58 Filasse obtenue après ee au moulin flamand. . 13 98 Bonnes étoupes. . . . . ee PE SES ME CRE LE 2 45 ÉTONReR PROS IO MERE ANA A LEE Te R RR 6 47 VII — TRAVAIL DU LIN DU BALLON N° 6 Poids du lin à roue UN LR 4 10928 50 MARCHE DU ROUISSAGE 2 È TEMPÉRATURE EN DEGRES CENTIGRADES —— |" & a Onde entre LE & Eau de la cuve | du hangar Janvier Heures mL —— de par sale à 2 | Arrivée Sortie rouissage degrés degrés degrés Mercredi 11 11 Immersion 90 | 21,5 à 22 21 RON ENT Jeudi 12.1 15,30 Retournéet avancé] 155 | 20 à 22 20 à 21 5h arAé Vendredi 12 48 |Retournéet avancé] 174 | A. à 21,5 21 à 21,5] 5 à 10 Samedi 14.| 17 Retourné 186 | 20,5 à 21,5] 20,5 à A | 4,5 à 10,5 Dimanche 15.| 17,30 Retournéet avancé] 175 | 20 à 22 20 à 21 SAME Lundi 16.| 17,30 Retourné 294(*)120 4922/5124 à 22,5) 3 à 7 Mardi 17.1 13,30 Sortie 0 AP 219 17 à 19 2 1war19 (*) Jusqu’à 12 heures. Duréiduitouissages. 4 4 22. 200 eu UNE à 44027 /2 Poids du lin sorti de la cuve. RENE MSA SAN SZ UE EE () () 260 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Température en degrés centigrades hide dans le séchoir Durée extérieure Ba Sortie du séchage de l'air de l'air degrés degrés degrés heures Vagon n° 14.. —2à +1 30 47 14 — PAR — 9 à +41 30 4 17 19042 — Date — 2 à 0 30 47 8 1/2 — ei —— 41 à00 30 17 9 — LES = 4-à00 30 17 102072 — 64 — 4 à°0 30 1 17. 9/2 — JE — 1 à 0 30 17 11 — 8 2 — 4 à 0 30 47 JA? — 9%: HAN 30 lg 13 — LUE = 4 à +1 30 47 12 — ae = 4 à +2 30 11) 14-172 2 12 —1à +3 30 17 12:42 — 43. — 1 à, +13 30 4/7 13 #12 — 14. — 1 à +3 30 17 13 Chaque vagon du Sete contenait en moyenne 21K8 55 de lin sortant de l’essoreuse correspondant à 7K8 39 de lin mis en bonjeaux. Résultats obtenus. (100 kilogs de lin mis en bonjeaux.) mis en bonjeaux mis à rouir. At US UE TER Fat 400800 in sorte IA QUVer eut. surdtsh 337049 sortant de l’essoreuse et mis au séchoir, neMR29T 50 sortant duisSéChoit Nr He MIRE TONER OC 79 39 VIII — TRAVAIL DU LIN DU BALLON N° 7 Poids du nm mis A LOUE A ER PET OS ER EPE (D) MARCHE DU ROUISSAGE TEMPÉRATURE EN DEGRÉS CENTIGRADES À 7 si D RE A d © 2 | CEE œ A2 £ E D 5 D Opérations subies Eau de la cuve du hangar Janvier Heures 2 ——, de pare AR Arrivée Sortie rouissage degrés degrés degrés Jeudi jee: Immersion 20 à 22 20 à 21 Dirà11 Vendredi .| 48 |Retourné et avancé 215 10: 2146112107 9160) 5.410 17 Retourné 20,5 à 21,5! 20,5 à 21 4,5 à 10,5 17,30| Retourné et avancé 5 | 2 à 22 20 - à 21 8 là 41 17,30 Retourné À 20) #8.22,6 421008 22:00 44 7 17, 30| Retourné et avancé 0 | 17 à19 17 à 19 D'ART RE 14 Sortie 150447 15#54@ 17 2n' à Na: (*) Jusqu'à 12 heures. Durée du rouissage. « . “ “+ + 47,414 440"heures Poids du lin sorti de la cuve. SAPYES IN PIC LE 334860 ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 261 Température en degrés centigrades EE Séchage dans le séchoir Durée extérieure TT ur ra du séchage de l'air de l'air degrés degrés degrés heures Vagon n° ïi.. —1à +3 30 17 13 — 2 —A1à +3 30 119 LEA ar — da —1à +3 30 18) ER AE NE — L&. Où + 3 30 17 12 — G Où +3 30 17 12/2 —— 6 GET D 30 47 à AE V2 —- 7 » 30 17 » — 8. » 30 7 » — 9. 2 30 17 45 — LOT: 2 30 17 42% 0/2 — 142 64: 2 30 47 14 4/2 — 412.4 2 30 47 45 - 1920 IE 30 17 16 Chaque vagon du séchoir contenait en moyenne 22k8 61 de lin sortant de l'essoreuse correspondant à 7Ks 95 de lin mis en bonjeaux. Résultats obtenus. (100 kilogs de lin mis en bonjeaux.) en bonjeaux mis à rouir. .-. . ....,. . + ., 100K&00 SURÉT CES RENE A iv Lens RE TEE 320: 69 sortant de l’essoreuse et mis au séchoir . . . 284 33 COPTADETAUS SCOR EE ER 78 49 Lin IX — TRAVAIL DU LIN DU BALLON N° 8 Poids dun miearromi. 4 20e. 09e 102ES 20 MARCHE DU ROUISSAGE TEMPÉRATURE EN DEGRÉS CENTIGRADES a Opérations subies Eau de la cuve du hangar Janvier Heures D EN de ar le ball : : d 4 Arrivée. | Sortie. rouissa ge D LR Et GE DR a a x Le ATE n En ro [se] ee ÉNE EVE degrés degrés Samedi 14: | A7 Immersion 1 20: DIMOD MANIA AMD; Dimanche 15.| 17,30| Retourné et avancé 1520 AZ: 20 APT SALE 5 | Lundi 16.| 17,30 Retourné 22 ‘ 22391kE E Key Mardi 17.| 17,30 | Retourné et avancé d è RDA 09 Mercredi 18.| 16 Sortie 0 è 2MTAtS,0 (*) Jusqu'à 12 heures. D'ÉTÉ à ARR UE NS, PAR Routes Poids du linsorti de la cuve. . ...u. 4. + « … + 820%8 00 262 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Température en degrés centigrades — Séxhase __dans le séchoir ne extérieure Entrée Sortie du séchage de lair de l'air KA degrés degrés degrés heures Vagon n2°47,:: 4 à°2 30 17 16 — FAURE 4 à2 30 17 19:11 —- Sie 0 à 2 30 47 9 _ k. 0 à 2 30 17 14 — En :: 0 à 2 30 17 14 1/2 — + — 1 à 2 30 17 11 — ; à — 1à 2 30 17 42 1/2 — LR — 1à1 30 47 15 Chaque vagon contenait en moyenne 28K8 31 de lin sortant de l’essoreuse correspondant à 10% 05 de lin en mis bonjeaux. Résultats obtenus. (100 kilogs de lin mis en bonjeaux.) en bonjeaux mis à rouir. . . . . . . . . 100Ke 00 Lin SO CE AB A AICUVES APR PE RENE ATX 7040 AA sortant de l’essoreuse et mis au séchoir . . 281 42 SODÉANE TUSSÉCROIL AL PURE EEE TEEN FES 74162 X — Essais DE TORSION DES FILS Nombre de tours au mètre de fil I 1re épreuve 2e épreuve 3e épreuve LE 420 320 500 2: 485 330 365 QE: 420 355 425 1° 280 360 450 5% 450 300 470 6”: 360 370 300 7 DE 390 295 465 8. 410 300 345 9% 425 390 355 10 400 480 385 ÉOPAXTE eh LE 4040 3480 4060 MoYENNES. . . . . . 40% 348 0028 0) 6 MOYENNE GÉNÉRALE. . . . . . . 386 ESSAIS DE ROUISSAGE DU LIN 263 XI — Essais DYNAMOMÉTRIQUES DES FILS LS) MP 2e .. Se. 0 ge LŸ: fev: ci 6e . FLAT ge ge. 10e . . 11e . 12 . . Toraux des 10 forces Moyennes. . . : ToTraux des forces en dessous de la moyenne. . . Sous-moyennes . . Différences entre les moyennes et les sous-moyennes . . Différences entre les moyennes et les sous - moyennes pour cent. . . Freinte. . . 1re épreuve 2e épreuve 3e épreuve EE ©, © Allon- Allon- Allon- Résistance gement Résistance gement Résistance gement 2 à la _ à la Fe. à la rupture rupture rupture grammes en milli- grammes en milli- grammes en milli- mètres mètres mètres 1150 10 850 6 850 “# 950 9 1000 6) 4575 10 1410 9 1100 8 1425 9 1050 9 1250 8 1550 9 720 7 1575 9 1070 5 1140 9 1500 ÿ 625 A 1060 10 1375 7 11795 5 1250 12 950 6 1875 9 1500 11 1475 SJ 1275 8 1600 13 1100 6 1300 6 1200 10 1500 8 1375 7 1275 8 975 6 1100 6 11985 12225 12695 1198,5 1222 ,5 1269,5 9390 9125 4195 1070 1025 1048 ,75 128,5 197,5 220 ,75 10,721 16,155 17,388 XII — BLANCHIMENT Fil écru Fil lessivé Re 0 12% 294% 9264 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Résistance À la rapture Résistance Éarapuure D LACMIES tres SJARIORE nilinètes ACCES à 1 PSE OS PES À ROUE LT 1120 111 1020 10 De A RE UT 4100 9 800 10 DORA AMEL ARTE 1400 12 760 6 PARENTS 247 VE CR CRUE BAR AT 920 9 1240 9 Hs far Me LI CARS De LL: : RG LU Lg ir Le 1130 7 1000 11 Gedteme RS ME daden 1120 8 1120 9 D Are Eee Rod TEA | CA ae Ent 8 LL 1380 10 560 11 BE Re TE ee ré LP LA ARIANE ARE 1520 ai 880 6 DEAR MES AA CAN, VE MER 1120 8 1240 9 LOL ES EN AEA En ONPATe TRES 1240 11 960 11 TO ÉTAT TR ECTS VAR 1060 10 760 10 4 AD ANR UT ARE ER EE NET y le 1060 al 1080 10 Toraux des 10 forces.. . . 11750 98 9260 95 Moyennesaatse ne à 1175 9,8 962 9,5 SOus-MmMoyennes. « . . . . . 1104,285 » 800 » Différences entre les moyen- nes et les sous-moyennes DOUF'CeRL: eue lie. deb 018 » 16.839 » XIII — BLANCHIMENT Fil crémé Fil quart blanc Freinte (comptée sur le fil écru). 14,88% 27440008 RéSIHANCE Alaripire DAS Fa pure SAR linatees grammes te A PAS EU RSR SRE OR E ANU LE 1100 11 840 9 DCR OE TEEN CR 720 7 780 7 Dertet OOETE RAR RIVE ET 580 7 4120 12 HS a" ENEPORNENMARIE PEU 980 40 760 A) DORE: Je: NUE ET D VEe 820 8 1000 10 CPP en Ur LEE TN EC Rene 1000 9 700 7 DCS RE 0. C SUR PRE 620 7 1000 9 ele Dee PISE sé 940 10 720 7 De EI NT ROME 980 8 1080 10 LOST. LS" METAL RSS 940 10 840 9 ALTER CLS OP AURA PTE OT PE 1040 10 640 ÿ 128 Ho NORTON Le ER 1260 14 960 10 ToTAUx (des HOMorces. 9140 90 8680 86 Moyeanes AE TEEN mL 914 9,0 868 8,6 Sous-moyennes. . . . 720 » 773,333 » Différences entre les moyen- nes et les sous - moyennes DOUN CONTES RTS AT RS 217225 » 10,906 » LA RÉPARTITION TERRITORIALE ET LE PROGRÉS AGRICOLE” Par Pierre DE MONICAULT DE VILLARDEAU INGÉNIEUR AGRONOME L’agronomie, malgré les magnifiques progrès des sciences ap- pliquées réalisés à la fin du dix-neuvième siècle, ne donne pas l'impression d’un art rationnellement étudié. Il semble plutôt qu'on ait tiré parti, par une série d’expédients et sans beaucoup de méthode, des découvertes successives de la science. On constate, en effet, qu'après quarante ans d’eflorts, les exploitations scientifiquement menées sont relativement rares en France, qu’elles sont concentrées dans des régions restreintes, et que non seulement des départements entiers ne profitent qu’em- piriquement du progrès agricole, mais encore que des régions étendues, en sol de fertilité suffisante, sont désertées ou que des ressources naturelles remarquables sont négligées. Est-ce à dire que la science agricole ait fait faillite ou y a-t-il des causes qui s’opposent à une marche plus normale du progrès et peut-on indiquer des idées directrices d’une évolution? C'est ce que nous voudrions étudier pour en tirer les conclusions pra- tiques que comporte la situation. La nécessité d'améliorer notre agriculture est, en effet, impé- rieuse. Les crises se succèdent depuis la grande crise du blé, (1) Ce mémoire a été communiqué au Congrès des [Ingénieurs Agro- nomes. Paris, février 1913. 266 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ce pendant que les charges de toutes sortes augmentent. L’éco- nomie remarquable du paysan français lui permet encore de vivre, mais ses enfants répugnent à cette vie de perpétuel labeur sans aucune satisfaction, au moins apparente, de bien-être, et, si l’on ne porte pas remède, la génération qui monte aura déserté nos champs avant qu’on ait pu lui ouvrir des horizons nouveaux. L'amélioration, dans le cadre actuel, par l'application des méthodes scientifiques est un palliatif insuffisant. Un cultiva- teur qui n’a que quelques vaches ne ressentira pas nettement le bienfait de l’application de rations zootechniques calculées. Leurs heureux résultats, sensibles pour des étables de 30 ou 40 têtes, sont infimes pour 2 ou 3 têtes, et le paysan ne renoncera pas pour cela au pâturage gratuit du bord de la route. Il en est de même pour les engrais chimiques et pour tant d’autres progrès dont les bénéfices insignifiants pour une unité croissent selon des lois géométriques avec le nombre de ces unités. Par ailleurs, les situations offertes aux jeunes savants que créent nos écoles sont trop rares et trop modestes pour les tenter, de sorte que leur nombre ne s’accroît pas suffisamment pour qu’ils puissent exercer une action d’ensemble sur le territoire et amorcer une évolution nécessaire. N'y aurait-il pas là un défaut d’organisation; la science agri- cole s’étant constituée petit à petit depuis quarante ans, ne peut-on pas penser que les agriculteurs, dont la grande masse ne sortait pas des écoles, se sont absorbés dans les applications de détail, négligeant les conceptions générales, et qu’aujourd’hui, de peur de passer pour révolutionnaire et de voir dépasser sa pensée, nul n’ose remarquer que les détails sont suffisamment au point et suffisamment nombreux pour nécessiter une coor- dination scientifiquement étudiée. À La question doit maintenant être examinée de haut, de façon à mieux juger l’ensemble. En effet, les progrès de détail ne se font plus qu'avec une extrême lenteur; les résultats grossiers sont vulgarisés, mais le perfectionnement des méthodes est extrêmement complexe. C’est l’organisation scientifique de l’agro- nomie tout entière qui demande à être aujourd’hui mise au LA RÉPARTITION TERRITORIALE ET LE PROGRÈS AGRICOLE 267 point, et, comme dans toute organisation il faut une base, un point de départ, nous allons rapidement rechercher quelle base nous pourrons trouver qui soit propre à l’agriculture. Un lieu commun, malheureusement capable de fausser les esprits, consiste à dire que l’avenir de l’agriculture réside dans son « industrialisation ». Qu'est-ce que veut dire ce mot? Veut-il dire que la culture doit développer avant tout le machinisme; qu’ensuite elle doit envisager la main-d'œuvre comme les usi- niers, au point de vue salaires et organisation; qu’elle doit varier ses productions sur l'indication impérative du prix de revient; qu’elle doit s'appuyer sur de gros capitaux pour s'imposer sur le marché et vendre les produits de telle ferme mieux que ceux de telle autre ou pour faire un trust et écraser des concurrents gênants; qu’elle doit enfin pratiquer les amortissements rapides et renouveler constamment son matériel ? L’énumération de ces caractéristiques de l’industrie montre bien que, si quelques propositions sont communes à ces deux branches de l’activité française, comme du reste à toutes les branches, la oi ne sauraient, au contraire, $ Re à l’agriculture comme à l’industrie. Ce sont deux arts absolument différents, qui ont commencé leur évolution à peu près à la même date; si l’industrie Pa accomplie si longtemps avant l’agriculture, c’est précisément parce que des différences fondamentales les séparent l’une de l’autre, et, pour rattraper ce retard, l’agriculture n’a que peu d'exemples à prendre dans l’industrie. Passons rapidement en revue notre énumération de tout à l’heure et voyons ce qui peut s'appliquer à l’agriculture. L'industrie évolue aussi rapidement qu’elle peut sur l’indica- tion de ses prix de revient, et, la même usine, en quelques années, change son matériel ou même sa fabrication sur l’indica- tion de sa comptabilité. Peut-il en être de même en agriculture? D'une façon absolue on peut répondre non. Quelle que soit la facon dont est tenue une comptabilité agricole, elle ne peut séparer nettement l’enchevêtrement de la plupart des comptes. Ils ont une répercussion les uns sur les autres, les réalisations 268 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE dans le temps sont impossibles à apprécier exactement, et la prépondérance des estimations à faire est telle qu’elle ôte toute valeur absolue aux résultats. Il en résulte que l'établissement de prix de revient agricole est une des opérations les plus décevantes et les moins certaines, que l'appréciation personnelle du culti- vateur est indispensable par conséquent pour décider de l’utilité d'évoluer ou de transformer à l’encontre de ce qui se passe dans lPindustrie. La concurrence des industriels entre eux, cause première de leurs progrès, n’existe pas en agriculture. Les hausses ou les baisses sont dues à des variations de production si importantes qu’un trust est impossible à réaliser par des cultivateurs. Au contraire, pour les grandes exploitations comme pour les petites, l'effort donné au même moment par plusieurs facilite considéra- blement le succès. Nous reviendrons plus loin sur ce point. Les amortissements rapides nous sont, hélas ! interdits. L’agri- culture ne peut jamais réaliser, dans les meilleures années, des bénéfices inespérés, sans relation avec la valeur du capital, et permettant de l’amortir rapidement; au contraire, les intem- péries, les variations climatériques peuvent nous ménager des séries d'années déficitaires telles qu’il faut plusieurs campagnes de bonnes récoltes pour les compenser. En industrie, s’il y a des ruines rapides et complètes, celui qui a trouvé la bonne voie est assuré de réaliser, pendant plusieurs années, des bénéfices consi- dérables. Par contre, il est vrai, une exploitation rationnelle- ment organisée et mise en valeur n’a pas à craindre les brusques modifications économiques qui obligent fréquemment l’industrie à changer sa fabrication ou à transformer son matériel. Enfin, fait qui confirme ces oppositions, en industrie les évolutions se font tout d’une pièce et à coups d’argent; en agriculture, on doit exécuter progressivement les améliorations, parce qu'il faut compter avec le temps pour leur réalisation. On pourrait croire qu’il y a un point commun dans le déve- loppement à outrance du machinisme. Évidemment l’agriculture est obligée de se préoccuper du développement de son outillage, mais le résultat est bien différent dans l’agriculture et dans LA RÉPARTITION TERRITORIALE ET LE PROGRÈS AGRICOLE 269 l'industrie. Dans l’industrie les machines fonctionnent d’une façon continue, toute l’année, et, produisant beaucoup, permet- tent d'économiser beaucoup d'hommes. Dans l’agriculture, pour beaucoup de ces instruments, l’outillage moderne économise peu de monde : il permet surtout de produire un peu plus avec un personnel moins vigoureux ou moins énergique. De plus, et surtout, les machines ne fonctionnent que par périodes intermit- tentes et le rendement de chacune est absolument limité. Cette constatation nous amène à une autre, c’est que la main-d'œuvre agricole présente une différence essentielle avec la main-d'œuvre industrielle. Les cultivateurs ne prennent la machine que quand l’ouvrier leur manque, parce que loutil remplace l’ouvrier, mais n’améliore pas la qualité du travail et pas très sensiblement le prix de revient. De plus, la machine ne fonctionne qu'avec un ouvrier seul, sauf exceptions, et, comme chaque machine ne fonctionne que pendant une période limitée, le même ouvrier est appelé à diriger plusieurs sortes de machines. L’ouvrier agri- cole joue donc un rôle beaucoup plus varié, et beaucoup plus intéressant, puisqu'il est plus étroitement lié à la marche géné- rale de l'exploitation et que son individualité compte. Il en a un sentiment confus, qui fait qu’il a tendance à s'intéresser aux récoltes, au bétail, dont il peut, du reste, suivre toute l’évolution. Ce goût, cet intérêt qu'il porte à la culture en général, en dehors de son travail personnel, constitue la éradition. Nous devons nous efforcer de maïntenir cet esprit traditionaliste qui améliore considérablement la qualité de la collaboration, plutôt que d’en faire bon marché, et, par imitation servile, de le négliger et d’uti- liser l’ouvrier comme une unité quelconque, dont la mentalité n'aurait d'importance que quand il s’agit d'éviter des possibi- lités de grèves. Malgré le revers de la médaille, qui est l’excès mal interprété de la tradition, c’est-à-dire la routine, c’est la tradition seule qui nous permettra de conserver de bons élé- ments pour les diverses catégories de cultivateurs que nous aurons à utiliser. Il faut ajouter que, en dehors des avantages de la tradition au point de vue de la qualité du travail, il en est d’autres qui 270 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE contribuent, dans une large part, à fixer le paysan français au sol. La tradition est, en effet, nécessaire pour permettre à l’in- dividu qui travaille aux champs d’en tirer tous les avantages. Les théories économiques et ménagères édictées pour les villes sont très souvent fausses dans les campagnes auxquelles la tra- dition fournit d’autres méthodes qui, pour n’avoir reçu que partiellement la consécration théorique, ne nous en paraissent pas moins bonnes. C’est parce que ces notions ont été méconnues des protagonistes du progrès trop pressés, que tant de cultiva- teurs ont quitté les champs. Si nos paysans ne peuvent être comparés aux ouvriers de l'industrie, le progrès nous a obligés cependant à modifier les cadres du personnel de nos exploitations par l’apparition de classes nouvelles analogues à celles de l’industrie. C’est le seul point de ce parallèle qui paraisse commun. Le développement du côté scientifique et du côté commercial ne permet plus à l’exploitant de s’occuper de la direction générale en même temps que de la direction pratique. La division du travail s’est imposée, créant entre le chef de l'exploitation et les ouvriers la situation nouvelle d’un intermédiaire, le contremaître, sans parler de la nécessité, dans beaucoup de cas, d’utiliser des comptables, des courtiers, etc. La présence de ces intermédiaires tend évidem- ment à modifier la mentalité de l’ouvrier en rapprochant sa condition de celle de l’ouvrier d’usine, mais les grandes exploi- tations seules présentent relativement cet inconvénient, les petites y échappent. La conclusion que nous pouvons tirer de ce parallèle, c’est qu'il faut se garder du lieu commun qui consiste à préconiser lindustrialisation de la culture. On risque de fausser les idées et de retarder le progrès qui doit être réalisé par d’autres moyens. Ceci nous ramène à notre sujet. Nous venons de voir qu’une des causes de bonne marche des usines est la possibilité d’effec- tuer le travail « en séries », spécialisant au maximum chaque ouvrier et concentrant chaque série de machines et d’ouvriers sur un point donné pour exécuter une portion de travail, et qu’en agriculture, au contraire, notre travail ne peut être LA RÉPARTITION TERRITORIALE ET LE PROGRÈS AGRICOLE 271 concentré : il est dispersé sur une surface territoriale. Il nous semble que cette différence capitale, la plus importante de celles que nous avons énumérées, nous indique une base absolument propre à l’agriculture, capable de donner un point de départ utile à une étude d’ensemble sur l’organisation qui permettrait d'utiliser au maximum les progrès de détail si poussés depuis vingt ans. Nous pensons qu'il y a lieu de modifier, selon les cas particuliers, la formule des exploitations agricoles; l’extension des exploitations dans certaines conditions de sols, de cultures et de main-d'œuvre, le morcellement dans d’autres sont néces- saires pour arriver à solutionner bien des crises et réaliser un progrès sérieux. Cette modification profonde, mais qui devra être très progres- sive, exige la réalisation de certains desiderata auxquels on peut donner satisfaction aujourd’hui. Les écoles supérieures et secondaires nous fournissent, en effet, un état-major suffisant pour mener à bien une évolution. La question du capital nécessaire à cette transformation reste délicate, mais elle n’est pas insoluble. Les milieux financiers commencent à se faire à l’idée que l'exploitation de l’agriculture peut leur offrir un emploi intéressant de l’argent. En France, on ignore encore trop les formes multiples de l’emploi de cet argent, commandites, sociétés, régies intéressées, etc... mais en traitant souvent ces questions on habituera l’opinion à envisager ce débouché et à considérer que l’évolution agricole peut modifier non seulement l’avenir de l’agriculture, mais aussi le loyer de l'argent qui lui est consacré. Cette étude ne serait pas complète si nous n’essayions pas de montrer l’application de cette théorie et son importance à propos de la crise de la main-d'œuvre. Le but à atteindre est d’obtenir une organisation qui permette d’approprier, le mieux possible, les spéculations au milieu économique et géologique, de confier le travail à la forme de main-d'œuvre la plus appropriée, d’uti- liser, au maximum, les connaissances scientifiques acquises et de pouvoir faire les efforts financiers nécessaires pour attendre la réalisation d’un plan ou créer, dans un milieu donné, un 272 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE courant favorable soit au point de vue main-d'œuvre, soit au point de vue commercial. La réalisation de ces desiderata suppose donc la mise en train de capitaux relativement importants, mais dès maintenant nous nous défendons contre l’idée de reconstituer des latifundia. Ce n’est pas que le principe en soit absolument critiquable, mais leur mauvaise utilisation surtout a été défectueuse, et l’application en reste délicate au point de vue social. C’est de tout autre façon que nous envisageons l’action essentiellement variable de ces capitaux. L'agronome muni de capitaux peut exploiter directement ou agir indirectement et même se borner à jouer un rôle plus étroi- tement commercial. Si les considérations économiques l’engagent à entreprendre les grandes cultures qui nécessitent beaucoup de main-d'œuvre, céréales, sarclées, etc., l'exploitation directe nous parait préfé- rable. Il y aura donc lieu pour lui de rechercher, selon le rende- ment du sol, ses difficultés de culture, etc. à réunir la surface suffisante pour amortir ses frais généraux sans trop charger l’hectare. Ces frais généraux ne seront plus comparables à ce qu'ils étaient jusqu’à présent, car un homme qui doit assumer une lourde direction générale, étudier constamment les amélio- rations techniques, surveiller l’écoulement de ses produits ne peut le faire efficacement que s’il est secondé dans l'application de tous les jours par des chefs de culture, des comptables, et même des courtiers. Dans cette partie de notre étude comme dans la suite nous ne sommes, du reste, pas dans l’inconnu. Les fermes de Brie, du Soissonnais, du Nord, et bien d’autres grandes exploi- tations ont réalisé, dans les terres à betteraves principalement, ce que nous préconisons même pour d’autres terrains. Mais l’étude de l’organisation technique nous entraînerait hors de notre sujet. Supposons l'état-major constitué et le territoire suffisant mis à sa disposition, nous abordons la partie la plus délicate, toute d’actualité, c’est la question du travail. A elle seule elle mériterait plusieurs volumes, nous ne pouvons donc qu'indiquer des lignes très générales et des exemples très parti- culiers pour nous limiter. LA RÉPARTITION TERRITORIALE ET LE PROGRÈS AGRICOLE 273 Peu de régions ont encore une main-d'œuvre suffisante, et celles où il est urgent d’évoluer sont précisément celles qui ont été désertées par les travailleurs. L’agriculteur à la tête d’une exploitation moyenne ou même assez grande se trouve à peu près désarmé; en effet, s’il attire un ou deux ménages, les raisons qui ont amené la désertion des autres agissent sur ceux-ci; a-t-il besoin de main-d'œuvre saisonnière, s’il n’y a pas déjà un courant dans la région qu'il habite, il est impuissant à en créer un. Au contraire, si l'exploitation est plus considérable et surtout si plusieurs grands exploitants entreprennent une même région, on saisit la possibilité d’une action d'ensemble plus utile et sur- tout réduisant les inconvénients du déracinement plus funeste aux ouvriers de la campagne qu’à n'importe quelle autre caté- gorie d'individus. Ainsi une puissante organisation peut envisager les conditions sociales d’autres régions françaises, et constater, par exemple, que nos pays de moyenne culture emploient les garçons et ne réservent aucune situation pour les hommes mariés; de plus l'étude leur montrera que les filles de ces régions, effrayées par la somme de travail que donnent leurs mères dans les petites fermes, cherchent des maris leur assurant plus de loisirs. Nos chefs d'exploitation peuvent donc, si leurs calculs leur montrent la possibilité d'offrir des gages assez avantageux, venir chercher dans ces régions un nombre important de ménages heureux de cet avenir nouveau. Dans leur nouveau pays, ces émigrants pourront conserver leur patois, leurs coutumes; si de plus les femmes peuvent élever leur famille dans une petite maison ayant des dépendances qui leur permettent de s'occuper sans avoir à travailler à la terre, elles en entretiendront les jeunes restées au pays et un courant s’établira, détournant au profit de la culture un exode qui se serait certainement dirigé vers la ville. Cette même exploration procurant ce même avantage de consti- tuer des groupes importants de même origine se fera pour la main-d'œuvre saisonnière. Des efforts ont été récemment tentés à propos d'ouvriers polonais. Nous avons vu un cultivateur, M. Ulysse Roussez, se dévouer pour aller sur place étudier, au ANN. SCIENCE AGRON. == 4€ SÉRIE — 1913 —- II 18 274 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE profit de ses voisins, l’émigration polonaise. Ce fait peut servir d'exemple, et l'expérience indiquera les meilleures organisations à réaliser dans ce sens. Enfin, parmi tous les moyens de retenir à la culture l’ouvrier rural, on a parlé de l’accession à la petite propriété, ou d’une retraite au bout de vingt-cinq ou trente ans de services. N’est-1l pas évident qu’une organisation assez importante s'appuyant sur deux ou trois exploitations analogues sera mieux placée pour réaliser des encouragements de ce genre qu'un cultivateur qui n’a que cinq ou six ouvriers sous ses Ordres. Ces rapides indications montrent quel vaste horizon s’ouvre à des initiatives de ce genre. Ce que nous avons fait pressentir pour la main-d'œuvre se répéterait pour le machinisme. Seules des firmes importantes peuvent suivre des expériences, acquérir le matériel coûteux, etc. Les régions betteravières nous en procurent encore un exemple. Des groupes de cultivateurs se sont déjà formés pour acheter un matériel de labourage à vapeur. Mais il faut remar- quer que chacun de ces cultivateurs exploite 200 ou 300 hectares. D’autres régions de la France évolueraient rapidement si les fermes n’y étaient pas si morcelées et si de vastes exploitations rassemblaient les moyennes propriétés pour réaliser une agri- culture plus rationnelle. L'amélioration de la question commerciale, si importante aujourd’hui, est également liée intimement à la réalisation de nouvelles organisations de ce genre. Le champ est vaste, M. ArDoOUIN-DumazET évoque fréquemment, dans ses articles si passionnants, les nombreuses régions qui bénéficieraient d’ef- forts puissants. Mais toutes les régions où il y a des progrès à réaliser ne se prêteraient pas à la très grande exploitation directe. Il est des cas où la configuration du sol, la possibilité de créer des pâturages et une population locale encore nombreuse, rendent plus avantageuse la culture familiale dans laquelle la basse-cour et l'élevage du bétail jouent le rôle principal et qui n’exige, pour chaque famille, que des surfaces territoriales relativement LA RÉPARTITION TERRITORIALE ET LE PROGRÈS AGRICOLE 275 restreintes. Dans ce cas l’agriculteur adoptera un des nombreux modes de colonat usités, et, comme l’ont fait à une époque certains fermiers généraux du Bourbonnais, dirigera la culture sans intervenir dans l’exécution pratique de chaque jour. Il devra constituer, au centre, un magasin central, une réserve d'outils d'usage peu courant et toute autre organisation, selon le cas, donnant de grandes facilités à ses colons. Enfin il est un troisième cas qui se présentera de plus en plus fréquemment : quels que soient les progrès réalisables dans le choix et l’utilisation de la main-d'œuvre, il y a des cultures délicates, des soins minutieux qui ne sauraient être donnés par des salariés même intéressés, si tant est qu’on arrive jamais à trouver une formule régulièrement réalisable pour cet encoura- gement. Faut-1l que les agronomes s’en désintéressent et se bornent à donner quelques directions théoriques ou bien y a-t-il là encore un champ ouvert à leur activité? Nous estimons, quant à nous, que de ce côté encore il y a beaucoup à faire, et beaucoup de choses intéressantes à réaliser. Qu'il s’agisse de laiterie, d’engraissement à l’écurie, de culture de plantes à graines, à fruits, il y a, dans beaucoup de cas, une difficulté particulière dans la nécessité d'employer des spécia- listes, vachers, bergers, etc., ou même simplement des ouvriers soigneux et méticuleux. Parfois cette difficulté ne sera pas insur- montable, mais la plupart du temps, l’agriculteur aura intérêt à entrer dans la voie tracée par les coopératives de production. Ces coopératives s’efforcent d’agglomérer les cultivateurs d’une région et d'obtenir d’eux certains de leurs produits, le lait, les fruits, les graines, dans les meilleures conditions possibles de qualité, pour les revendre en gros à une clientèle éloignée. Avec certaines populations l’affaire ainsi montée peut réussir, mais si la mentalité de la population ne s’y prête pas ou si la division des exploitations ne répond pas à la formule exigée, l’imitiative privée aura là un vaste champ livré à son activité. Elle rassemblera par baux un territoire agricole suffisant pour l'affaire commerciale, le répartira entre des familles agricoles, en 270 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE indiquant les conditions de culture et en se réservant un produit déterminé et le contrôle de sa production, les laissant entière- ment libres d’agir à leur guise pour le reste de l'exploitation. J’estime, en effet, que la coopérative de production comme au reste toute intervention de l'État, ne devrait être qu’un instrument de transition, et que son expérience et son exemple devraient décider des agronomes à substituer une organisation personnelle à cette initiative. La coopérative ne peut qu'utiliser l’état de choses existant et est, la plupart du temps, inapte à faire évoluer une région en ce qui concerne la répartition de la surface territoriale. Je crois qu’il faudrait envisager l'application théorique de la façon suivante : « Un agronome prend possession d’une région importante en vue d’y développer la culture d’un produit. Il y arrive soit en passant des traités avec de petits cultivateurs peuplant déjà la contrée, soit en amodiant un ter- ritoire et en le répartissant à bail ou par tout autre contrat entre des familles d’exploitants importés de régions plus peuplées ou entraînées à cette spécialisation. Il profite de l'autorité qui lui est ainsi conférée pour faire l’éducation technique de son personnel, se réservant le produit en question et contrôlant facilement si les meilleures méthodes de production sont utili- sées. Il obtient ainsi dans des conditions très favorables le ou les produits dont il a besoin pour une industrie, ou dont il a le débouché commercial. Le cultivateur se prête volontiers à cette vente par contrat et à cette surveillance, parce qu'il y trouve son bénéfice, si toutes choses sont bien calculées, et parce que les autres produits de lexploitation peuvent lui être abandonnés moyennant un très faible fermage. Cette combinaison, peut-être plus commerciale qu’agricole, existe, du reste, surtout dans l'Est pour le bétail; mais précisé- ment parce qu’elle est uniquement commerciale jusqu'ici elle ne réalise aucun progrès ni économique, ni personnel au cultivateur. Son avenir exige l'intervention, soit comme directeur, soit sim- plement comme inspecteur, d’un agronome, donnant les indica- tions nécessaires pour améliorer la qualité et la quantité, et contrôlant l'application des méthodes indiquées. LA RÉPARTITION TERRITORIALE ET LE PROGRÈS AGRICOLE 971 Nous en avons fini d’énumérer les applications de la nouvelle base de progrès que serait la meilleure répartition du territoire agricole et d'exposer quelques conceptions très générales concer- nant cette répartition. Il faut nous arrêter un peu plus longuement sur des détails que le public n’est pas habitué à envisager et qui nécessitent d’un peu plus longues explications. Nos conclusions tendent à préconiser une concentration ter- ritoriale relative entre les mains d’exploitants qui, selon les cas, groupent ou morcellent l'exploitation ou le territoire amodié. Ce remaniement est-il possible dans un pays aussi morcelé que la France. Nous ferons remarquer que nous avons toujours parlé « d’ex- ploitations », jamais de « propriétés ». Il nous paraît indispen- sable de séparer deux termes que l’on ne distingue pas suffisam- ment : cette confusion est la cause de la plupart des échecs qui ont discrédité par avance quelques-unes des évolutions que nous avons proposées. En toute affaire, il y a deux sortes de capitaux : ceux qui sont garantis par un objet qui ne risque pas de disparaître rapportent peu, et ceux qui, utilisés pour des transformations, peuvent rapporter plus ou moins, mais aussi peuvent être perdus. Ce sont, en agriculture, le capital foncier et le capital d'exploitation. C’est une erreur trop commune que de les confondre, c’est souvent une erreur économique que de les mettre dans les mêmes mains, et, en tous cas, ce n’est pas un avantage. Qu'un industriel, un usinier, ua commerçant soit propriétaire des bâtiments ou des terrains qu’il utilise, cela n’a pas beaucoup de répercussion sur laffaire, car ces terrains ou bâtiments ne représentent, en général, qu’une très faible valeur dans leur inventaire. De plus, cette valeur doit être soumise à la même loi d'amortissement que les autres capitaux, car à fin d'exploitation des bâtiments d’usine n’ont pas de valeur, et le terrain n’en a que si les parcelles voisines sont occupées par des industries en prospérité, En agriculture, au contraire, la relation de valeur est très 278 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE étroite entre le capital foncier et le capital d'exploitation. Cette relation varie selon des lois connues, mais en général le capital foncier, pour une exploitation donnée, est supérieur au capital d'exploitation. De plus, la valeur foncière n’est ni amortissable à cause de sa pérennité et de son importance, ni en proportion exacte du revenu agricole du sol. En dehors des agréments qui augmentent le prix d’une pro- priété, chasse, pêche, habitation, nous nous trouvons surtout en présence d’habitudes fâcheuses, de conceptions fausses qui majorent toujours la valeur d’une propriété petite ou grande. Nous nous bornerons à en énumérer quelques-unes : tels sont les procédés d'évaluation des notaires lors d’une succession ou d’une vente; les procédés d'évaluation du fisc; la mentalité du paysan qui achète la terre comme on achète un animal de luxe et non comme on achète une bête de rente; les usages des capitalistes fonciers qui accumulent de génération en génération les répa- rations et les constructions de bâtiments sans règles d’amortis- sement et sans oser envisager une estimation réelle de ces frais lors d’un achat ou d’une vente, ete. Pour terminer cette liste, qui pourrait être beaucoup plus longue, mettons bien en évidence les droits de mutations qui, au bout de dix mutations, ont doublé le prix payé pour une propriété sans qu'on puisse en tenir compte à chaque revente, Nos usages, ou les conditions qui nous sont faites tendent donc à conserver au capital foncier une valeur absolument arti- ficielle, trop élevée, pour son revenu, trop faible si on établissait le prix de revient. Ce capital foncier, à l'heure actuelle, ne peut donc pas être envisagé, en général, d’une façon logique en ma- tière financière. à Si donc un agriculteur se charge du capital foncier, il traîne un poids mort dont le revenu réel, à l'heure actuelle, ne dépasse pas 2,50% dans les conditions moyennes les plus favorables. Nos aînés voyaient à cette réunion dans les mêmes mains l’avan- tage d’une plus grande liberté d’action et la solution de la fa- meuse question de l'indemnité d'amélioration. Ces avantages sont balancés facilement. Peu d'améliorations à longue haleine LA RÉPARTITION TERRITORIALE ET LE PROGRÈS AGRICOLE 279 peuvent être réellement payées par la terre, et il est rarement sage de les entreprendre, sauf l’amélioration par la culture im- possible à évaluer. Le fermier aura moins de tentations que le propriétaire exploitant, et, en tous cas, sera contraint de chiffrer beaucoup plus exactement ses prévisions. Quant à la liberté de modifier des assolements, un baïl bien conçu par un exploitant qui sait le faire comprendre au propriétaire donne des latitudes bien suffisantes à cet égard. Pour ces raisons, nous estimons done que l’agriculteur soucieux. d'exercer sa profession avec profit, n’a pas besoin d’être pro- priétaire du sol. Cette proposition admise, nous voyons immédia- tement que nous sommes beaucoup plus à l’aise pour évoluer, mais que cette situation de locataire crée quelques difficultés spéciales contre lesquelles 1l faut être armé. En effet, nous serons plus à l’aise pour évoluer parce que tous nos capitaux seront réservés à l’évolution, point important; parce que nous aurons beaucoup moins à nous préoccuper de la répartition actuelle de la propriété, puisque, dans une certaine mesure, nous pourrons superposer des cadres différents à l’en- cadrement actuel; et parce que nous échapperons, en partie, aux considérations extra-agricoles qui faussent la valeur du sol. Mais nous aurons comme difficultés spéciales : 19 La réalisation de contrats nous permettant des coudées franches et nous autorisant à réunir plusieurs propriétés sous une même main, ou à diviser en plusieurs exploitations une grande exploitation; 20 La grosse question des constructions nouvelles exigées par une nouvelle répartition territoriale des exploitations, que les propriétaires ne pourront supporter et que l'exploitant doit amortir au cours de son bail. Il nous paraît indispensable d’élucider ces questions. Je ne m’étendrai pas sur la possibilité de réunir des exploita- tions pour n’en faire qu’une ou de morceler en petites cultures une grande propriété; nous le voyons faire tous les jours, peut- être pas avec toute l'ampleur que nous prévoyons, mais la dé- monstration est suffisante pour prouver la possibilité de la chose. 282 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il faut construire pour la durée d’un bail ou pour la durée d’une spéculation agricole. On peut donc faire appel à de nou- veaux matériaux, à des épures plus légères, à des éléments inter- changeables et établis en série. Les ingénieurs et les construc- teurs ont commencé timidement, mais la clientèle ne les presse pas assez pour les exciter à réaliser de réels progrès. C’est un cercle vicieux dont nous ne pouvons sortir que par un effort général, et c’est encore un des buts de cette étude d’attirer l'attention sur cette nécessité. En terminant, nous ferons ressortir à nouveau que toutes les propositions que nous avons énoncées ont déjà reçu une appli- cation pratique plus ou moins ancienne, plus ou moins complète. Mais ces évolutions partielles ont été accomplies au fur et à mesure de nécessités immédiates ou de circonstances économiques spéciales, par conséquent sans ligne de conduite bien définie à l’origine, sans rassembler, par conséquent, tous les éléments de succès : état-major spécialisé, capital d'exploitation suffisant et larges conceptions évitant les tâtonnements pour la superficie des exploitations et le choix de la main-d'œuvre. Il nous a donc paru utile de déterminer la base d’un plan général en coordon- nant le résultat des efforts épars. Nous exprimons le souhait que l'opinion publique s’habitue à ces conceptions et facilite leur réalisation plus générale. Nous avons, en France, des régions étendues qui ont été abandonnées faute de pouvoir évoluer à temps, certaines régions du Gers, de Lot-et-Garonne, de la vallée du Rhône, de la Champagne, ete. nous en avons d’autres qui végètent malgré de magnifiques possibilités, et d’autres enfin où des étrangers viennent remplacer nos nationaux. M. ARbOuUIN-DuMAZET nous les signale avec toute l'autorité qui s'attache à son talent et à son expérience. Il im- porte qu’on sache ce qui peut être réalisé en France; il y a de quoi utiliser avantageusement bien des initiatives et des capi- taux qui se dispersent à l'étranger ou aux colonies, et trouver un emploi plus général et plus utile à l’activité de l'élite intellec- tuelle qui sort de nos écoles. LE BRIANCONNAIS FORESTIER ET PASTORAL Par Pierre BUFFAULT (Suite et fin) (1) D’autres communes, ainsi L’Argentière, à qui nous avons eu à faire en 1907 des propositions analogues, bien que ses monta- gnes pastorales ne fussent pas dégradées, acceptaient en principe les offres de l'État. Cette acceptation provenait d’ailleurs de l’intérêt qu’auraient eu à la chose trois ou quatre principaux pro- priétaires; ils auraient immédiatement augmenté le nombre de leurs moutons et eussent réalisé des bénéfices à les envoyer au lieu et place des transhumants. Ici c’est « l'aristocratie pas- torale », c’est l'intérêt privé de quelques-uns qui se trouvait en concordance avec les vues de l'Administration. Mais la muni- cipalité ne voyait que la question budgétaire; il fallait que la somme versée par l’État fût égale à la somme que payaient les Provençaux, et l’État n’entendait pas dépasser la moitié ou les deux tiers. L'affaire n’eut pas de suite pour cette divergence. La leçon qui s’en dégage, c’est que les montagnards n’apprécient pas l'avantage qui résulterait pour eux d’un moindre nombre de bêtes sur leur montagne. Ils y envoient tout le bétail qu’ils peu- (1) Voir Annales de la Science agronomique, 1911, t. II, p. 440; 1912, t. I, p. 80, 334, 401: t. IL, p. 105; 1913, t. I, p. 494. 289 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il faut construire pour la durée d’un bail ou pour la durée d’une spéculation agricole. On peut donc faire appel à de nou- veaux matériaux, à des épures plus légères, à des éléments inter- changeables et établis en série. Les ingénieurs et les construc- teurs ont commencé timidement, mais la clientèle ne les presse pas assez pour les exciter à réaliser de réels progrès. C’est un cercle vicieux dont nous ne pouvons sortir que par un effort général, et c’est encore un des buts de cette étude d’attirer l'attention sur cette nécessité. | En terminant, nous ferons ressortir à nouveau que toutes les propositions que nous avons énoncées ont déjà reçu une appli- cation pratique plus ou moins ancienne, plus ou moins complète. Mais ces évolutions partielles ont été accomplies au fur et à mesure de nécessités immédiates ou de circonstances économiques spéciales, par conséquent sans ligne de conduite bien définie à l’origine, sans rassembler, par conséquent, tous les éléments de succès : état-major spécialisé, capital d'exploitation suffisant et larges conceptions évitant les tâtonnements pour la superficie des exploitations et le choix de la main-d'œuvre. Il nous a donc paru utile de déterminer la base d’un plan général en coordon- nant le résultat des efforts épars. Nous exprimons le souhait que l’opinion publique s’habitue à ces conceptions et facilite leur réalisation plus générale. Nous avons, en France, des régions étendues qui ont été abandonnées faute de pouvoir évoluer à temps, certaines régions du Gers, de Lot-et-Garonne, de la vallée du Rhône, de la Champagne, etc... nous en avons d’autres qui végètent malgré de magnifiques possibilités, et d’autres enfin où des étrangers viennent remplacer nos nationaux. M. ArpOUIN-DuMAZET nous les signale avec toute lPautorité qui s'attache à son talent et à son expérience. Il im- porte qu’on sache ce qui peut être réalisé en France; 1l y a de quoi utiliser avantageusement bien des initiatives et des capi- taux qui se dispersent à l’étranger ou aux colonies, et trouver un emploi plus général et plus utile à l’activité de l’élite intellec- tuelle qui sort de nos écoles. LE BRIANCONNAIS FORESTIER ET PASTORAL Par Pierre BUFFAULT (Suite et fin) (1) D’autres communes, ainsi L’Argentière, à qui nous avons eu à faire en 1907 des propositions analogues, bien que ses monta- gnes pastorales ne fussent pas dégradées, acceptaient en principe les offres de l’État. Cette acceptation provenait d’ailleurs de l'intérêt qu'auraient eu à la chose trois ou quatre principaux pro- priétaires; ils auraient immédiatement augmenté le nombre de leurs moutons et eussent réalisé des bénéfices à les envoyer au lieu et place des transhumants. Ici c’est « l'aristocratie pas- torale », c’est l’intérêt privé de quelques-uns qui se trouvait en concordance avec les vues de l'Administration. Mais la muni- cipalité ne voyait que la question budgétaire; il fallait que la somme versée par l’État fût égale à la somme que payaient les Provençaux, et l’État n’entendait pas dépasser la moitié ou les deux tiers. L'affaire n’eut pas de suite pour cette divergence. La leçon qui s’en dégage, c’est que les montagnards n’apprécient pas l'avantage qui résulterait pour eux d’un moindre nombre de bêtes sur leur montagne. Ils y envoient tout le bétail qu'ils peu- (1) Voir Annales de la Science agronomique, 1911, t. II, p. 440; 1912, t. I, p. 30, 334, 401: t. IL, p. 105; 1913, t. L, p. 494. 284 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE vent hiverner, mais qui n’occupe qu’une partie des pâturages. L'autre partie, peu leur importe qu’elle soit occupée par les transhumants ou inexploitée, pourvu qu’elle leur rapporte le revenu normal, et peu leur importe que ce revenu leur vienne de la caisse de l’État, quand ils n’ont pas de prévention à son égard, ou de celle des propriétaires d'Arles (1). Mais ils ne saisis- sent pas l’avantage de la mise en valeur directe, pour leur propre bétail, et ne sont pas disposés à consentir des sacrifices pécu- niaires dans ce sens. Du reste, leur économie culturale actuelle, en raison de la question d’hivernage, ne le leur permet pas. C’est donc à transformer cette économie qu’il faut s’attacher d’a- bord. Mais revenons-en à la transhumance. On en a depuis long- temps signalé les ravages et stigmatisé les vices intrinsèques; cependant que des poètes la chantaient, des économistes et des forestiers y ont vu un pâturage des plus primitifs, « bi- blique », une «inondation vivante », une « plaie d'Égypte ne lais- sant que le désert après elle », un « fléau pire que la guerre et l'incendie », ete. « Rien de plus inexact, répond M. Briot. Ces pâturages à transhumants sont en passable état, en assez bon état (2) .» Et c’est en effet ce que nous constatons dans le Brian- çonnais, avec les agents forestiers locaux. On dit que les transhumants, habitués à marcher en files for- mant des colonnes serrées, délitent plus vite le sol que les mou- tons indigènes qui marchent éparpillés, « en tirailleurs ». Ce peut être vrai, mais cette différence de « tactique » pastorale est sans importance; tous les moutons ont le pied coupant et délitent le sol. On critique le « nomadisme permanent » des transhumants, la perte de fumier, etc. Tout cela peut être fondé; mais nous n’avons pas à nous placer à ce point de vue. C’est affaire aux pro- (1) N'est-ce pas aussi le raisonnement des montagnards, auxquels les Associations pour l'aménagement des montagnes louent des pâturages ? Peu leur importe que l’argent vienne d’Espagne ou de Bordeaux, pourvu qu’il vienne. Quant à l'amélioration de la montagne, ils n’en ont nul souci. (2) F. BrioT, Études et Nouvelles études, op. cit. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 285 priétaires de Provence à voir s'ils ne pourraient trouver mieux. Nous devons voir la chose au point de vue forestier et hydrolo- gique et au point de vue des communes de la montagne. Or, de là, la transhumance se montre comme une exploitation très rationnelle, ingénieuse et fructueuse. Certes, elle a causé et cause encore bien des dégâts, voire, nous le concédons, des désastres. Aussi certains auteurs lui attribuent- ils quasi exclusivement la dénudation des montagnes, les faits torrentiels et même la dépopulation des régions montagneuses (1). Et il y a là un beau thème à conférences et à publications. Mais si l’on observe les choses de près et sans parti pris, on reconnait que la transhumance n’est pas la cause unique, pas même la cause primordiale des dégradations et désastres, malheureuse- ment très réels, qu’on lui impute. Tous ceux qui font le procès de la transhumance ne reprochent rien au transhumant qui lui soit spécial et qui ne s'applique aussi bien au mouton indigène. Ils ne visent que celui-là et c’est aussi bien celui-ci qu'ils critiquent (2). Demontzey, après Surell, a depuis longtemps affirmé que le trans- humant était beaucoup moins nuisible que le mouton indigène, sans cesse, lui, accroché à la montagne durant toute l’année (3). Nous affirmons de nouveau, après ces maîtres, et avec beaucoup d’au- tres, forestiers ou écrivains (4), que le mouton du pays a la ma- jeure part de la responsabilité de ces dégradations et désastres. N'est-ce pas lui, en effet, qui exige les pâturages de printemps et d'automne sur les versants ensoleillés et qui, depuis des siècles, en a chassé la forêt? N'est-ce pas lui qui surmène et dégrade ces (1) Voir E. CaARDoT, op. cit. ; L. A. FABrE, L’Exode montagneux en France (Bull. de Géogr. hist. et descript., 1908, n°8 1 et 2); L’Exode du montagnard et La transhumance du mouton en France (Revue d’'Économie politique, mars 1909); ainsi que les publications de M. Descomges, président de l’Associa- tion centrale pour l’aménagement des montagnes. (2) Exagérant dans ce sens, dans certaines associations on finit par faire du transhumant un bouc émissaire, auprès duquel le mouton indi- gène est une bête tout à fait inoffensive. (3) DEMONTZEY, Traité pratique du reboisement. (4) Notamment : A. MATHEY, op. cit. ; E. CHABRAND, Le Pâturage dans les Alpes, Grenoble, Drevet, 1906. 286 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE pâturages qu’il parcourt aux premiers dégels, alors que le sol est encore détrempé par la fonte des neiges, et où les plantes ne peuvent fructifier, les premières fleurs étant broutées au prin- temps et les secondes à l’automne avant la dissémination des graines? Et ces pâturages sont toujours pris dans la zone des forêts, zone subalpine, de moyenne altitude, sur des versants très déclives où la végétation forestière serait nécessaire et dont la dénudation est la cause principale des ruissellements et inon- dations et une cause générale de désordres torrentiels. Et c’est le mouton indigène qui est l’obstacle, unique ou à peu près, et presque invincible, au reboisement de ces versants. Tandis que le transhumant, qui ne fait que traverser la zone des forêts et n’y demande ordinairement que des drayes ou passages peu con- sidérables, va estiver sur les hautes pelouses, dans la zone alpine, d’où l'altitude et le manque d’abri excluent la végétation fores- tière et où seule est possible la végétation herbacée. Il n’arrive qu’à l’époque où la végétation est en pleine activité et vigoureuse. Il n’exerce d’action nuisible que dans cette zone alpine et seule- ment lorsque, en nombre excessif, supérieur à la possibilité du pâturage, il dégrade celui-ci et provoque alors les ravinements et érosions de la limite supérieure des forêts. Mais à cela le remède est facile : il suffit de limiter le nombre des têtes de bétail, de réglementer leur dépaissance. Les transhumants peuvent, il est vrai, en pâturant à la limite inférieure des pelouses, refouler la forêt, contribuer du moins à l’« usure des bordures ». Mais cela n’est pas général, et, en tout cas, c’est encore une question de réglementation. « La suppression même du pâturage n’est pas indispensable », dit le maître Broilliard du pâturage montagneux en général. «Ce qui est nécessaire, c’est d’en régler l'exercice sur chaque terri- toire communal (1). » Rien n’est plus vrai, plus juste, plus sensé. Il est nécessaire, mais suffisant, de régler l'exercice du pâturage sur la montagne. Est modus in rebus. Ce n’est pas plus difficile que de faire respec- (1) BrorzzrARD, Le Reboisement des montagnes. LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 287 ter en forêt les restrictions de pâturage ou la réserve des bali- veaux. Si on avait eu la force et les moyens de le faire autrefois, quand les transhumants venaient nombreux et affamés, on n’au- rait pas vu les désastres qu’ils ont alors provoqués. Et la preuve en est que dans les régions où la transhumance s’exerce modéré- ment, dans le Briançonnais notamment, elle ne cause aucune dégradation ni aucun effet désastreux. Il n’est donc nul besoin de supprimer ce mode d'exploitation, très naturel et assez profitable pour les communes monta- gneuses, qu'est la transhumance. Il leur apporte de précieuses ressources pécuniaires. C’est la transformation de l’oviculture indigène, la restitution à la forêt des pâturages inférieurs, qu’il faut poursuivre. Sans doute il pourra être utile, dans certaines communes, de supprimer la transhumance pour permettre l'amélioration des pelouses communales et un meilleur élevage local, ou encore comme amorce à une meilleure réglementation pastorale. Mais si cette mesure n’est pas accompagnée ou suivie de la substitution de la vache au mouton et du reboisement des pâturages infé- rieurs, elle produira plus de mal que de bien et elle est à con- damner. Elle ne fera que développer l’actuelle et routinière oviculture indigène, obstacle au reboisement et à la restauration générale de la montagne. Aussi estimons-nous que l’Administra- tion forestière agit sagement en ne se lançant pas à corps perdu dans l’éviction des transhumants par la location à son compte des pâturages communaux; que les efforts faits dans ce sens par les Associations pour l’aménagement des montagnes resteront stériles ou peu féconds; que de telles locations, contrairement à certains vœux (1), ne sont pas à généraliser et doivent rester des solutions d’espèces. Encore une fois, dans le Briançonnais — et nous sommes tenté de dire : dans toutes les Alpes et les Pyré- nées — l'obstacle à la restauration de la montagne n’est pas la transhumance, c’est l’oviculture indigène. C’est celle-ci qu'il faut supprimer ou modifier. (1) J. MaîrTRE et Société F, C. B., op. cit. et d’autres. 288 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE CINQUIÈME PARTIE CONCLUSIONS Les conclusions qui se présentent à l’esprit au bout de cette longue et cependant bien incomplète étude sont sommairement les suivantes : 19 Dans le Briançonnais, la culture pastorale et la culture forestière, bien comprises et pratiquées, s’accompagnant d’un certain développement industriel par l'exploitation de la houille blanche, sont les seuls modes d’exploitation rationnelle et pro- ductive du sol; 20 Le reboisement y est, non une mesure urgente de salut public, sauf pour certaines dégradations très localisées, mais une opération de mise en valeur et de restauration économique et physique demandée par l'intérêt général et par l’intérêt local; 30 L’arrêt de la dépopulation de ce pays dépend de la produc- tivité du sol et du mieux-être des habitants; 4° Aucun des résultats désirés, tant pour l’exploitation du sol que pour le mieux-être des habitants, ne sera obtenu si, au préalable, on ne fait pas l'éducation de ceux-ci, si on ne les con- vertit pas à l'association et si l’on ne transforme pas leur économie culturale, pour compenser par d’autres profits matériels ceux que la restauration sylvo-pastorale leur retirera pour un temps. Enfin, l’on peut redire avec M. le député Maurice Ajam : «Plus que jamais nous avons besoin d’unir toutes les bonnes volontés pour aménager notre pays, favorisé entre tous par la nature, et qui serait trois fois plus riche qu'il n’est s’il était mis en état de bonne exploitation. » APPENDICE CLIMATOLOGIE (Cnap. Il, $ 5) En 1629, il ne neigea ni ne plut; il y eut une régression marquée LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 289 des névés et des glaciers; plusieurs sources tarirent; on vit « alpages et pasquerages bruslez de la sécheresse ». Durant l'hiver 1634-1635 il y eut une si grande abondance de neige que toutes communications furent interrompues pendant deux mois (FROMENT, Æssais). PHÉNOMÈNES TORRENTIELS (Cap. IL, $ 7) ET REBOISEMENTS (Carr. VII, $ 6) « L’année 1623, la communauté de Saint-Chaffrey fut, le jour de la Visitation (1), visitée du torrent qui y descend le long d’un ancien petit ruisseau à travers, ceste fois la si enflé et si impétueux que pesle-meslé avec les quartiers de rochers qu’il rouloit, il sembloit faire bransler toute la vallée... Les Foresvilles bourgade de cette communauté de la mesme ravine ou lavace d’eau » virent le torrent de l’Adou déborder, ensabler les maisons et couper la route de Brian- çon au Monêtier (FROMENT, Essais). En 1789, la communauté de la Roche-sous-Briançon (Roche de Rame) souffre de grands dégâts causés par la Durance et par les torrents de Pra-Reboul, la Fare, Géro et les Gillys (Réponses des communautés au questionnaire des Procureurs généraux des États de Dauphiné, 1789; Archives départementales, Hautes-Alpes, C2 etsuiv.). En 1789, le syndic de Brunissard (vallée d’Arvieux) demande à PIntendant une nouvelle subvention pour une digue contre le torrent qui descend du col d’Izoard, et qui menace le village et la « grande route tendante du”Château-Queyras à Briançon ». Devis établi par ingénieur Rolland et s’élevant à 3.665 livres 11 sols 3 demiers, en 1789 [Archives départementales, Hautes-Alpes, G 129 (2)]. INSTRUCTION, MIGRATION (Cap. III, $$ 8 et 11) L’instruction a été de bonne heure très répandue dans le Brian- connais et dans le Queyras en particulier. Il y a très peu d'illettrés. On lit et on s’instruit beaucoup dans les étables en hiver. Autrefois, en hiver, les jeunes gens descendaient dans la plaine en quête d’un emploi de maitre d’école et ils se présentaient aux foires et marchés (1) 2 juillet. (2) Les digues étaient alors le seul moyen — simple palliatif — pour combattre les divagations et les débordements des torrents. Il fut usité dès le Moyen Age; le Dauphin percevait des bans au sujet des digues de la Durance (Ladoucette). Aujourd’hui encore les montagnards y ont parfois recours. ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — IT 19 290 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE une plume d’oie passée dans la ganse de leur chapeau (J. TIvoLLIER, Monographie de la vallée du Queyras). ANCIENNE SITUATION ÉCONOMIQUE ET PHYSIQUE (CHap. IV, $4; cHap. III, $$ 3 et 10; cap. IT, $ 7; cuap VI, $ 5: cHAP. VIII, $ 2). À la réunion du grand Escarton (1), du 5 décembre 1671, le pré- sident expose : Que le Bailliage « n’a aucuns deniers d’octroi, ni revenus communs ou patrimoniaux; que ce pays situé dans des montagnes fort hautes, froides et stériles, éloignées de tout commerce, composé de petits villages qui ne subsistent que par l’extrême frugalité, les soins et le travail des habitants, obligés d’aller en Italie ou autres pays, durant six mois de l’année, pour gagner leur vie et quelques sols pour le paiement de leurs tailles.…...; que les seuls biens qui leur restent en Commun consistent en quelques montagnes, la plupart pelées et stériles, et les autres entièrement nécessaires pour nourrir, durant l'été, quelque peu de bétail qui leur fournit le moyen de sub- sister; de sorte qu'ils ne pourraient aliéner lesdites montagnes sans se mettre dans la nécessité d'abandonner le pays. D'autre part, qu'il n’y a, dans toute l’étendue du Bailliage, aucunes personnes exemptes, soit gentilshommes, officiers ou autres... attendu que ce pays a été, de tout temps, cadastré et, par conséquent, en droit de faire payer la taille à toutes sortes de personnes Le .» (In Dr Ca- BRAND, La Guerre dans les Alpes.) Observations de la communauté de l'Argentière en réponse au questionnaire des Procureurs généraux des États de Dauphiné, en 1789: La communauté est pauvre; il n’y a pas d’eau, les aqueducs ayant été détruits ou non entretenus; les maisons sont couvertes en chaume et souvent incendiées; depuis les encouragements accordés par le Roi, sept à huit habitants ont couvert en ardoise; la terre est légère et sèche; elle produit du foin, du seigle, des pommes de terre (3), (1) Assemblée des députés des communautés. Le grand Escarton com- prenait alors les cinq escartons de Briançon, Oulx, Valcluson, Queyras et Château-Dauphin, soit cinquante et une communautés. En 1713 il fut réduit à deux escartons et dix-neuf communautés. (2) Ce n’est que depuis 1343 que tout le pays était cadastré et la taille payée également par tous les habitants. (3) La pomme de terre n’est employée que depuis le milieu du dix- huitième siècle; auparavant on consommait des raves et autres légumes, (Observations de M. P. Guillaume, d’après des documents du treizième au quinzième siècle.) LE BRIANÇONNAIS FORESTIER ET PASTORAL 24 peu de chanvre, fort peu de froment, du petit vin blanc; il y a quel- ques noyers, fort peu d’arbres fruitiers; les terres de la montagne (Alp-Martin) produisent du foin, quelque peu de seigle et treme- saille ; 11 y a déficit de grains pour la consommation des habitants qui en font venir du Briançonnais et de Vallouise (1). « Il y a quelques bois et forest dans la communauté, qui sont des peins, sapeins et mélèzes. Le plus près sont peins et réservés pour empêcher les ravins et coulées de neiges. Les mélèzes et sapeins sont situés dans les montagnes fort pénibles, éloignées et la plus part sur leur retour (2). « Les rivières (3). grossissent très souvent par la fonte des neiges et grosses pluyes, endommagent une partie de la Plaine... « Ladite communauté se trouve encore traversée par le ruisseau ou torrent de l’Alp-Martin (4), qui prend sa source à ladite mon- tagne,.… ravageant et dévastant tous les terrains qui le bordent, depuis son commencement jusqu’à son embouchure, sans pouvoir le contenir dans ladite montagne. Ses débordements ou les torrents qui tombent dans ledit ruisseau au nombre de vingt-sept, des plus considérables, à la moindre pluye, forment des torrents qui dévastent toute la Plaine de ladite montagne. « Dans le bas il y a plusieurs torrents, entre autres celuy des Feuil- laras, de Bascoul, de la Peire-Taillac et des Rouyes, qui ont fait et font continuellement des grands ravages dans les fonds...; ils ont englouty une grande partie du terrain du meilleur... « La communauté, afferme, depuis quelques années, aux bergers de Provence, quelques sommités des montagnes, pour faire dépaîitre, pendant trois mois de l’été, quelques troupeaux; ce qui donne un petit produit. Mais les maladies que ces troupeaux transmettent au bétail indigène, les escarts qu’ils font dans les prairies ou pasque- rages réservés, la fourniture des bois que la communauté leur fait, tout ce considéré, réduit ce revenu à la somme de quatre-cents livres. » (Archives départementales, Hautes-Alpes, série C, 2, et série L, 16.) (1) La situation agronomique de la commune de l’Argentière est bien supérieure aujourd’hui. D'ailleurs elle était volontairement assombrie, en 1789, par crainte des impôts. (2) Même répartition qu'aujourd'hui : les pins sont autour de la vallée, à la Pinée, au Bois de France, au Bois noir; les mélèzes et les sapins sont au-dessus et au loin, notamment au Grand Bois la Sapée, dans la vallée du Fournel. (3) La Durance et la Gyronde. (4) Ou torrent du Fournel. 292 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE CULTURES, IRRIGATIONS (Cap. IV, $ 4) « Tout ce qui pouvait servir à un champ, à une vigne, quelle que fût son élévation, devint la victime, soit de la dent des chèvres, soit de la hache et de la pioche des habitans. On cultive dans ce dépar- tement jusqu’à près de 2.200 mètres au-dessus du niveau de la mer. » Il y a dans le Briançonnais 323 canaux d’arrosage pour 7.400 hec- tares, remontant aux treizième et quatorzième siècles. (LADOUGETTE, Histoire, topographie et antiquités des Hautes-Alpes, Paris, Fantin, 1834.) ANCIENNES SUPERFICIES FORESTIÈRES ET PASTORALES (CHap. VIL $ 1, et VIIL $ 1) Ladoucette ne compte en 1834, pour le Briançonnais, que 10.315 hectares de forêts communales en soixante-dix-huit forêts ou boque- teaux et 22.000 hectares de pacages communaux (?) (LADOUCETTE, Histoire, topographie et antiquités des Hautes-Alpes). INDUSTRIE PASTORALE ET LAITIÈRE (Cap. VIII, $$ 2 et 4) L'élevage en Queyras se fait surtout par les moutons. Autrefois il y avait 40.000 moutons dans la vallée; des troupeaux allaient paître en Piémont. Aujourd’hui cela ne se fait plus; mais on reçoit des transhumants de Provence. Jadis, chaque particulier fabriquait lui-même son fromage. Ensuite on établit des fruitières pour lutter contre la concurrence. Le fromage le plus fabriqué en Queyras est le bleu, dit gavot, en pièces de 6 à 7 kilos. En 1690, d’après le consul Challe, le quintal de fromage, à Briançon, valait 3 livres 10 sols. (J. Trvozcier, Monographie de la vallée du Queyras.) La transhumance des troupeaux d’Arles dans le Dauphiné se pra- tique depuis des temps très reculés. Des actes historiques en attestent l'existence dès 1232. (J. Fournier, Les Chemins de transhumance en Provence et dans le Dauphiné, d'après les journaux de route des conduc- teurs de troupeaux au dix-huitième siècle, Congrès des Sociétés sa- vantes, 1900.) VF 7 ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE Par A. BARBEY EXPERT FORESTIER CORRESPONDANT ÉTRANGER DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE (Suite) (!) 6. Chênes Quercus pedunculata Ehrh., Q. sessiliflora Smith, Q. Tozza D. C., Q. Mirbecki Dur., Q. cerris L., Q. rubra L., Q. ilex L., Q. suber L., Q. occidentalis Gay. RACINES Gryllus gryllotalpa L. Melolontha vulgaris L. (2). Voir : Chapitre de l'Épicéa. Noctua segetum Schiff. Voir : Chapitre des Pins. Elater lineatus L., subfuscus Mull., æneus L. Coréopr., Elateridæ Taupins ou Forgerons Ces trois Insectes peuvent être envisagés ensemble, car leur importance comme ravageurs des racines, des semis et parfois aussi des rameaux de Chênes est presque identique. Au point de vue de la forme extérieure, ils présentent une certaine analogie avec les Buprestes. Ils se distinguent par la tête fortement en- (1) Voir Annales de la Science agronomique 1911, 2’ semestre, n° 5, p.348, n° 6, p. 419; 1912, 1° semestre, n° 3, p. 181, n° 4, p. 241, n° 6, p. 426; 2° semestre, n° 3, p. 167; n° 4, p. 271; n° 5, p. 348; 1913, 1° semestre, n° 5, p. 379. (2) Melolontha hippocastani Fabr. espèce voisine, a une biologie presque semblable à celle du Hanneton commun; dans certains cas cependant, son évolution dure de quatre à cinq ans. 294 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE châssée dans le corselet et inclinée en avant. Les antennes ont onze ou douze articles. Le corselet se prolonge postérieurement en deux pointes et pousse en avant une pièce pectorale qui sup- porte la tête. Les élytres sont fortement convexes et striés. Lorsque les Insectes au repos, c’est-à-dire couchés sur le dos, veulent reprendre leur position habituelle, ils exécutent un bond pour retomber sur leurs pattes. Une musculature particulière et extrêmement développée leur permet d'accomplir cet exercice qui est aussi un moyen de se soustraire à leurs ennemis naturels, et que nous ne retrouvons pas chez d’autres Insectes de notre faune. Les Larves, recouvertes d’une carapace chitineuse et poilue, ont une tête aplatie et comptent six pattes thoraciques. L’extré- mité anale porte, suivant les espèces, une ou deux pointes; les yeux manquent. Le premier de ces ravageurs a les dimensions suivantes : Insecte parfait : 11-16 millimètres; Larve : 20-23 millimètres. — Le second, Insecte parfait : 9 millimètres; Larve : 18-20 milli- mètres. — Le troisième, Insecte parfait : 7-10 millimètres; Larve : 15-18 millimètres. L’Elater lineatus L. porte sur les élytres brunâtres deux bandes longitudinales plus foncées. Les bords antérieur et postérieur du corselet ainsi que les pattes et les antennes sont d’un brun rouge. Cet Insecte se rencontre de préférence dans les pépinières. L’Elater subfuscus Mull. est plutôt allongé, d’un brun jaunâtre plus ou moins clair. Le corselet est plus large que long, d’une teinte brun foncé, excepté les bords qui sont jaunâtres. Les élytres sont striés-ponctués avec interstries portant des lignes de points extrêmement fins. La Larve biconvexe, jaunâtre, avec tête et prothorax foncés, porte sur le dernier anneau une plaque terminée par quatre pointes dont les deux externes sont plus fortes et recourbées en dehors et en haut. L’Elater subfuscus Mull. ravage surtout les glands semés et les cotylédons des jeunes Chênes. On le trouve également dans les semis de Hêtre. L'’Elater æneus L. se distingue par sa couleur métallique grise ou bleuâtre, un corselet plus large que long et des élytres élargis ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 9295 en arrière du milieu. La couleur des antennes, dont les articles 3 et 4 sont d’égale longueur, est d’un brun rougeâtre. Les pattes sont jaune foncé. Le dernier anneau des Larves porte deux diver- ticules brun foncé et insérés l’un près de Pautre. A l’état larvaire, ce Taupin ronge les radicelles et parfois aussi le collet des brins. Comme Insecte parfait, il peut également prendre rang parmi les ravageurs des rameaux. Au point de vue biologique, on ne sait pas encore grand’chose sur la durée de l’évolution de ces Insectes, mais on est porté à admettre que la génération est de trois ans. Certaines espèces hivernent à l’état parfait sous les feuilles ou fixées aux rameaux. La ponte a lieu en général dans la couverture du sol. Les Élatérides ne sont pas des ravageurs très répandus et | redoutables. Si l’on constate leur présence dans une pépinière, 1l faut les détruire au moment du labour des carreaux et surveiller les composts qu’on répand sur les planches de semis. Lacon murinus L. Coréorr., Ælateridæ Lacon gris de souris Longueur, Insecte parfait : 11 à 16 milli- mètres; Larve : 20 à 26 millimètres. Cet In- secte, très répandu, est élargi, recouvert d’une pilosité grise et soyeuse. La Larve, également aplatie, prolonge son extrémité anale échan- crée en deux pointes recourbées en dedans. Comme pour les espèces précédentes, c’est la forme larvaire de cet Élatéride qui commet des ravages dans les pépinières et spéciale- ment dans les semis de Chênes. Fig. 195.— Lacon murinus L. 1/2 gr. nat. (orig.). Cynips aptera Fabr. Hyméxorr., Cynipideæ (Biorhiza pallidæ Oliv.) Longueur, Insecte parfait : 4 millimètres. Cet animal est la forme agame (sans sexe) du Cynips terminalis Fabr. dont nous parlerons plus loin à propos des parasites des feuilles. 296 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il ne peut être question dans cette étude, qui est avant tout d'intérêt pratique, d’entrer dans des détails relatifs à la famille des Cynipides, dont l’évolution compliquée de ses représentants est encore peu fouillée. Au point de vue morphologique et biolo- gique, elle n’a qu’une importance secondaire pour la protection des forêts. Nous estimons que le sylviculteur ne doit pas envisager les multiples espèces de ces Hyménoptères comme ravageurs im- portants des forêts. Nous passerons done sous silence la des- cription de chacune des espèces qu’on trouve spécialement sur les feuilles, les rameaux et les fruits de certaines essences feuillues et nous nous bornerons à indiquer les noms et à reproduire les galles des espèces les plus communes de façon à permettre au forestier de les identifier (1). Les Cynipides ont de commun avec les représentants d’une autre famille du même ordre, les Séricides (Sirex), que nous avons décrits au chapitre de l’Épicéa, la présence d’un oviscapte pointu leur permettant de déposer leur ponte parfois à quelques milli- mètres de profondeur dans la matière ligneuse. Le corps est ramassé, l’abdomen bien séparé du thorax porte une tarière de longueur variable suivant les espèces, insérée en dessous et se recourbant en haut. La tête élargie porte des an- tennes de douze à seize articles. Les ailes antérieures ne sont pas bordées et comptent de six à huit cellules. Les Larves sont blanchâtres, sans pattes, recourbées sur leur face ventrale, la tête est peu apparente, non chitineuse, mais avec mandibules bien formées permettant à l’animal de se mou- voir dans le bois. Une disposition spéciale relative à la reproduc- tion s’observe chez plusieurs des représentants des Cynipides, chez lesquels la parthénogénèse cyclique est fort répandue. On distingue chez certaines espèces deux formes sexuées (gamogénie) ; (1) Nous devors signaler ici le récent et remarquable ouvrage de Houarp (1908) sur les Zoocécides des Plantes d'Europe, ouvrage de première valeur, richement illustré et qui jette un jour nouveau sur cette branche si vaste de la parasitologie végétale. L’ordonnance parfaitement claire de cette pu- blication rend son étude accessible. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 297 chez d’autres, seule la femelle agame est connue; dans ce cas, la reproduction est parthénogénétique. Enfin, la reproduction est à la fois gamogénétique et parthénogénétique, avec alternance constante (HENSCHEL, 1895, p. 269). Dans l'étude des dégâts occasionnés par les Insectes de cette famille, on s’attache surtout à observer la forme que revêtent les galles ou excroissances ligneuses qui, suivant les espèces, se Fig. 196. — b, Cynips aptera Fabr. (forme des racines); 4, Cynips terminalis Fabr. (forme des feuilles). 1/2 gr. nat. (orig. coll. Müuséum, Paris). développent sur tous les organes de l'arbre, en particulier du Chêne, et de certains feuillus et arbustes. Le Chêne est cependant l'essence sociale qui compte le plus grand nombre de Cynipides. Ces derniers sont presque toujours monophages. La femelle, à laide de sa tarière, dépose un ou plusieurs œufs dans un des organes de l’arbre. La piqüre, ainsi faite dans la matière ligneuse, emprisonne l’œuf en se refermant. La substance qui entoure ce dernier s’altère et s’hypertrophie par suite d’une perturbation dans la formation des cellules. Ce développement anormal du 298 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE bois se traduit au dehors par une déchirure ou une monstruosité de lépiderme, c’est la galle. L’hivernement a presque toujours lieu à l’intérieur de cette galle. La formation de celle-ci coïncide le plus souvent avec l’époque d’éclosion de la Larve. Dans les cas où la déformation corticale apparaît immédiatement après la ponte, 1l faut admettre que la piqûre introduit dans la matière ligneuse une substance toxique qui pénètre dans l’épiderme en même temps que l’œuf. Si l’on ouvre une galle d’une certaine grosseur et vieille d’une année (par exemple : Cynips terminalis Fabr.), on remarque plu- sieurs cavités qui toutes donnent naissance à un court couloir avec ouverture sur la périphérie; cette disposition indique que plusieurs œufs ont été déposés dans le tissu épidermique au moment de la ponte. Il est évident que si les galles sont abondantes sur les racines, la tige ou les bourgeons d’un jeune pied de Chêne, on aura alors à déplorer un ravage d’une certaine importance, mais ce sont là des cas individuels et rares qui bien rarement compromettent la vitalité d’une plante. Les Cynipides sont surtout très abondants sur les feuilles des différentes espèces de Chênes des forêts euro- péennes. Il est à peine besoin d’affirmer que la protection des forêts ne peut envisager une lutte possible et opportune contre un ennemi d’une importance aussi négligeable. Nous nous bornerons done, comme nous l’avons dit plus haut, à indiquer les espèces les plus connues et à reproduire leurs galles. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Lachnus longirostris Alt. Raynouotes, Aphrrdæ Longueur : 4 à 6 millimètres. Ce Rhynchote, comme son nom spécifique l'indique, est caractérisé par un rostre très allongé; il atteint parfois une dimension trois fois plus longue que le corps. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 299 Ce critère varie, du reste, avec les individus, et l’on rencontre des Lachnus longirostris Alt. dont le bec n’est pas plus long que le corps. Ce dernier est de couleur brunâtre. Cet Insecte, dont le développement est parthénogénétique, peut se présenter sous la forme ailée et sous la forme aptère. Il cause des dégâts à peine sensibles sur l’écorce des branches de petite dimension en intro- duisant le rostre dans les fentes corticales pour sucer la sève. Il provoque parfois des boursouflures sur les rameaux ou les troncs de jeunes Chênes. On a observé que les fourmis (Formica fuliginosa Latr.) se servent des perforations exécutées par les Lachnus pour pénétrer dans le bois et en hâter la désagréga- tion. Cet Insecte est un parasite des Chênes, des Bouleaux, des Peu- pliers et des Érables, mais sa nocivité est à peine perceptible (1). Agrilus viridis L. Coréopr., Buprestidæ (Buprestis fagi Ratz.) Bupreste vert Longueur, Insecte parfait : 5 à 8 millimètres; Larve : 10 à 12 millimètres. En raison même de sa coloration et de sa grandeur variables, ce Bupreste ne compte pas moins de onze noms diffé- rents dans la littérature entomologique. Il varie comme couleur du vert ou du bleu au bronze brillant. Cet Insecte est caractérisé par un corselet beaucoup plus large que long, ruguleux, portant de chaque côté, en arrière du milieu, deux renflements obliques dirigés vers les côtés. Les élytres sont étranglés à leur base et présentent des épaules proéminentes. Ils sont très allongés, arrondis à leur extrémité, finement ridés et glabres. La Larve est blanchâtre, aplatie, privée d’yeux et de pattes. La tête à sa partie postérieure chitineuse, profondément (1) Deux autres espèces vivent également sur le Chêne, ce sont le Lachnus quercus L. et L. roboris L. 300 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE encastrée dans le premier anneau thoracique qui est très grand. Ce type de Larve se répète à peu près identique pour les quatre espèces suivantes. | L’Agrilus viridis L. est très répandu dans les forêts de feuillus. Il attaque principalement le Chêne et le Hêtre. Au milieu de l'été, la femelle dépose ses œufs au nombre d’un à cinq dans l'écorce, à la façon des Charançons ou des Céram- - bycides. Après l’éclosion, la Larve fore un couloir snueux entamant les couches cor- ticales et souvent aussi l’aubier surtout dans les tiges et les branches dont l’é- corce est mince. La section transversale de ces couloirs est elliptique; cette con- figuration est subordonnée à la forme aplatie des Larves. Durant la période de forage, ces dernières se tiennent en géné- ral arquées et la partie postérieure de leur corps est dirigée dans la direction de la tête (fig. 197, b). Cette caractéris- Fig. 197. — Agrilus viridis L. a, galerie larvaire remplie de sciure ; tique ne se retrouve pas dans d’autres b, Larve dans sa position normale ; c, Chrysaïde dans son berceau ; = | " “once de sorte elliptique tamilles du monde des Insectes xylo 1/1 gr. nat. (orig.). phages. Les berceaux de chrysalide, éga- lement à section elliptique, sont creusés obliquement dans l’in- térieur du bois. Dans les écorces épaisses, on trouve parfois les Chrysalides nichées dans le liber. L’Insecte parfait creuse dans la paroi du berceau de chrysalide un orifice de sortie opposé à l’orifice d'entrée de la Larve (fig. 197, c). Le plus souvent les systèmes de couloirs des Buprestes appa- raissent sous une forme embrouillée, car les galeries larvaires s’entre-croisent en tous sens. Elles sont constamment remplies de sciure digérée et solidement comprimée entre les parois des couloirs. L'évolution de ces Xylophages dure en général deux ans et l’on a remarqué que l’Insecte parfait butine sur les fleurs de certaines essences à feuilles caduques et se nourrit de pollen. On reconnaît facilement, en particulier sur les branches des ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 301 baliveaux en voie de dépérissement, les traces des ravages des Fig. 198. — Agrilus viridis L. — Aspect d’un système de couloirs dans l'aubier d'un tronc de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). Buprestes, car l’écorce se dessèche rapidement et se détache très 302 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE vite de la matière ligneuse. Ces dégâts sont en outre très com- muns sur les piquets et perches de Chênes et de Hêtres. Moyens préventifs. — L’Agrilus viridis L. attaque presque exclusivement les Chênes et les Hêtres, mais fait rarement périr les arbres sains et d’une certaine taille; il en déforme plutôt la frondaison. Là où le traitement et la nature du sol le permet- tent, 1l y a lieu de constituer des peuplements d’âges et d’essences mélangés. De toute façon, 1l faut éduquer des perchis bien consti- tués et ne pas négliger de faire très tôt des éclaircies qui auront pour but d'éliminer les tiges anémiées, trop faibles ou déjà atta- quées par d’autres parasites. Plus les jeunes arbres seront sains et normalement constitués, plus ils offriront de résistance aux Insectes. Lorsqu'on emploie des bois de Chêne ou de Hêtre pour les constructions, clôtures, etc., 1l faut à tout prix les écorcer, car le bois écorcé ne peut être infesté par les pontes des Buprestes. Moyens répressifs. — Ceux-ci sont difficiles à mettre en action dans la grande culture forestière. Cependant, lorsque dans les éclaircies et coupes, on découvre une certaine proportion de tiges ou de branches renfermant des Larves ou des Chrysalides de Buprestes, on doit brûler ces branches et tiges avant le mois de juin, c’est-à-dire avant l’essaimement des Insectes parfaits. Les Buprestes suivants ont une biologie à peu près analogue à celle de l’Agrilus viridis L.: Agrilus angustulus lg. Agrilus elongatus Hbst. ! Agrilus biguttatus Fabr. Agrilus subauratus Gebl. Un autre Insecte de cette famille, très répandu dans les Chênaies, l’A grilus affinis Fabr. (Chrysobothrys affinis Fabr.) pro- cède à peu près de la même façon que l’Agrilus viridis L.; tou- tefois, le berceau de chrysalide est ovale, entaillé soit dans Paubier, soit dans le liber. En outre, la Larve avant de se méta- morphoser, se place de façon à avoir sa tête dirigée du côté de ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 303 l’orifice d'entrée de telle sorte que l’Insecte ailé gagne le dehors sans être obligé de creuser un trou de sortie particulier, mais en se servant de l’orifice pratiqué par la Larve pour pénétrer dans la chambre de nymphose. L'évolution de cet Insecte dure de deux à trois ans et son importance forestière peut être assimilée à celle des espèces que nous venons de décrire. Agrilus bifasciatus Oliv. Coréorr., Buprestidæ (Coræbus bifasciatus Lap.) Bupreste ou Coræbus du Chêne (PI. VI, fig. à) Longueur, Insecte ailé : 11 à 15 millimètres; Larve : 11 à 42 millimètres. Ce Bupreste, qui est du même type que les autres espèces que nous avons étudiées dans le paragraphe précédent, se distingue facilement par sa couleur d’un vert bleu métallique. Chacun des élytres porte sur sa partie postérieure deux bandes transversales d’un noir bleuâtre. La Larve, qui est d’une dimension très variable en raison même de sa longue exis- tence et du travail intense qu’elle accomplit à l’intérieur du bois dur, modifie légèrement sa forme durant son évolution. En effet, au début, elle est grêle et aplatie, puis pendant la période qui précède sa métamorphose, elle devient pres- que cylindrique. Le premier segment, qui est le plus élargi, porte sur les faces supérieure et infé- Fig. 199.— Agrilus bifas- ciatus Oliv. a, jeune Larve; b, Larve adulte ; c, Chrysalide, rieure une plaque circulaire jaunâtre et chiti- : Fe Bat CPU DS neuse, Le dernier segment est terminé par deux petits appendices d’un brun foncé, dentelés sur leur côté interne. La Chrysalide est ovoïde, plutôt aplatie dorso-ventralement et mesure de 16 à 20 millimètres. En examinant le graphique ci-contre, on peut se rendre compte de l’évolution de cet Insecte qui est si nocif dans les taillis sous futaie du centre de la France et dans les peuplements de Chênes verts et de Chênes-liège du Midi et de l'Algérie. Dans les autres 304 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE régions forestières de l’Europe Centrale, ses dégâts ne se ren- contrent que tout à fait exceptionnellement. C’est en mai, juin ou juillet, suivant le oh state climat, laltitude et l'exposition de la forêt, re CEE A que la femelle dépose un seul œuf à la fois | Mars. .| 18] 1 1Àl dans l’écorce d’un rameau, en général de Avril. 1 ge 13 l’année. Après son éclosion, la Larve com- mai lo [1 | mence à ronger les couches corticales in- Par | = Pvernes: puis le cambium et pénètre ensuite ME EN A dans l’intérieur du bois, toujours en redescen- | * |__| dant la branche qu’elle perfore parfois sur Août | 1 TE une longueur de 4 mètre à 1m 50. Ce canal Sept. .| 1 | 1$ || larvaire est toujours de section elliptique et oies Qe els demeure, après le passage de la Larve, bourré Nov. li l1 | | de sciure digérée. On remarque de curieuses Fée. li la | | bizarreries dans le tracé du chemin par- couru; en effet, l’Insecte se laissant proba- blement influencer par des causes extérieures et le mouvement de la sève, s'éloigne durant ce travail de forage plus ou moins du canal médullaire qu'il traverse ou suit parfois (fig. 200, b). Si l’on s’en tient aux recherches fort complètes qu’a entreprises, dans le midi de la France, de TRÉGoMAIN (1876), 1l faut admettre que dans un climat aussi tempéré, la Larve se chrysalide environ vingt mois après sa naissance, donc en mai ou Juin. À ce mo- ment-là, elle arrête sa marche descendante, puis décrit une courbe dans la périphérie de la branche sans révéler cependant au dehors sa présence (fig. 200, c); puis elle remonte générale- ment de quelques millimètres en décrivant souvent des spirales irrégulières pour entailler finalement sa chambre de nymphose oblique et fortement arquée (fig. 200, g). L’Insecte, arrivé à son développement complet, gagne lextérieur en forant un trou presque circulaire et mesurant de 3 à 4 millimètres de diamètre. Il est à peine besoin d’insister sur le fait que le système de couloirs d’un animal qui a une évolution aussi compliquée et dont la durée est si longue, peut présenter des développements anormaux et infiniment variables. ALrum (1879, p. 130) affirme ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 305 qu’en Alsace, où il a observé les ravages de ce Bupreste, la période larvaire peut durer de trois à quatre ans. Fig. 200. — Schéma du travail de forage de l’Agrilus bifasciatus Oliv. a, Larve descendant dans l'intérieur de la branche de Chéène ; b, couloir de larve évitant les couches corticales ; c, Larve adulte forant la galerie annulaire; d, galerie annulaire ; e, Chrysalide ; /, Imsecte gagnant le dehors ; y, berceau de chrysalide. 3/4 gr. nat. (orig.). ANN. SCIENCE AGRON. — 4€ SÉRIE — 1913 — II 20 306 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Au point de vue pratique, on peut facilement s’imaginer qu’une Dre a = ” 2 Fig. 201. — Branche de Chêne vert ravagée par la Larve de l’Agrilus bifasciatus Olhv. a, galerie annulaire forée dans la zone cambiale ; b, orifice de sortie de l'Insecte parfait, 3/4 gr. nat. (orig.). perforation ininterrompue qui intéresse à la fois tous les organes, ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 307 entraine fatalement et rapidement la désagrégation d’une tige ou d’une partie de la frondaison. Ce sont surtout les Chênes méridionaux qui sont attaqués, en particulier les Chênes-liège et verts. Cependant les autres espèces ne sont pas indemnes et dans es _ Sms | Fig. 202. — Galerie remontante et croisée de l’Agrilus bifascialus Oliv. sur une branche de Chêne vert. 3/4 gr. nat. (orig.). les taillis sous futaie du Centre, de l'Est et de l'Ouest, le pédonculé et le rouvre le tentent particulièrement. Le dégât est facilement reconnaissable pendant toute l’année sur les frondaisons des Chênes à feuilles persistantes et durant la période de végétation sur les autres espèces, car la branche se flétrit rapidement en dessus de la chambre de nymphose. En effet, la circulation de la sève est interceptée par l'anneau qu’a foré la Larve et la désagré- 908 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE gation s'opère facilement en dessus de cette zone. Si, à ce mo- ment-là, on tire sur la branche, cette dernière se brise imman- quablement à cet endroit et le plus souvent une pression exercée sur le bois fouillé écrase la Larve ou la Nymphe. Nous avons souvent expérimenté la chose en examinant des Chênes imfestés par le Coræbus dans les Chênaies à hège du littoral méditerranéen. LE = AE En. Fig. 203. — Berceau de chrysalide de l’Agrilus bifasciatus Oliv. a, entrée ; b, orifice de sortie de l'Insecte parfait (trou presque circulaire) ; e, niche de nymphose. 3/4 gr. nat. (oriq.). L’Apgrilus bifasciatus Oliv. est bien un des ennemis les plus nuisibles des Chênes-liège et verts. Nous avons parcouru dans le Midi des peuplements de ces essences dont les frondaisons étaient complètement déformées par ses attaques répétées. Cependant, on ne peut assimiler à ces ravages ceux causés par les Bostryches aux essences résineuses et il ne faut pas oublier que le Bupreste opère seulement sur une plus où moins grande proportion de la cime, sans cependant provoquer dans la règle la mort de larbre. Moyens préventifs. — Le Coræbus attaquant surtout les bran- ches exposées au soleil, donc celles qui sont placées en évidence, on a remarqué que certains oiseaux, les Pics en particulier, perfo- ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 909 raient les rameaux en voie de dépérissement pour tâcher de déni- cher les Larves. La protection des oiseaux insectivores est donc une mesure utile dans le cas présent. Malheureusement le Bu- preste du Chêne étant surtout un parasite des Chênaies du Midi, il ne faut pas trop compter sur la protection des oiseaux dans une région où l’on fait une guerre acharnée à tout ce qui vole. Moyens répressifs. — Il n’est pas facile de faire la chasse à cet Insecte dont l'existence se passe en grande partie à l’intérieur du bois. On ne peut pas songer à tendre des pièges durant le vol de la forme ailée. En France, on a cherché à combattre l’A grilus bifasciatus Oliv. en brisant ou coupant les rameaux en voie de dépérissement, de façon à le capturer à l’état larvaire. Ce procédé est actuellement le seul qui soit à recommander; mais il faut, autant que possible, intervenir durant la première période de la vie de la Larve, alors que la branche commence à souffrir des atteintes de l’Insecte encore occupé à forer dans la partie supé- rieure. Plus tard, au moment du creusage du couloir en anneau et à l’époque de la métamorphose, on a bien des chances d’écraser l'animal en tirant sur la branche au moyen d’un crochet; mais à cette époque, on détruit du même coup un Ichneumon décrit par de TRÉGOMAIN (1876, p. 115) (pas encore déterminé) et qui peut être rangé au nombre des parasites destructeurs des Larves de Buprestes. En somme, lorsqu'on ne peut absolument pas agir au début des ravages, 1l est cependant opportun de couper ou casser les branches sèches, car il ne faut pas espérer compter d’une façon absolue sur le concours des Ichneumons. On détruira ainsi une certaine quantité de Coræbus prêts à se reproduire. Agrilus undatus Fabr. Coréopr., Buprestidæ (Goræbus undatus Fabr.) Coræbus du liège Longueur : 12 à 14 millimètres. Ce Bupreste a le corselet et la base des élytres d’un brun clair métallique. La région postérieure de ces derniers, d’un bleu noir, porte trois bandes transversales 310 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE dentelées, de teinte claire. La Larve est à peu près de même taille que celle du Coræbus bifasciatus Oliv.; les deux pointes chiti- neuses qui terminent le dernier segment sont lisses, c’est-à-dire non épineuses. On ne sait pas grand’chose sur l’évolution de cet Insecte qui est surtout répandu dans les forêts de Chênes-liège du Midi et de l'Ouest de la France. Son évolution doit certainement être aussi longue que celle du Coræbus du Chêne. La Larve de l’Agrilus undatus Fabr. creuse de très longs cou- loirs sinueux dans la couche cambiale du Chêne-liège; une fois Fig. 204. — Agrilus undatus Fabr. dans le liège. a, coupes transversales des galeries larvaires. 1/1 gr. nat. (orig.). parvenue à sa pleine maturité, elle pénètre dans le hège qu’elle parcourt en tous sens, finissant par désagréger les assortiments les plus épais et les mieux formés. Durant la première période de ravages, la Larve, fouillant sur- tout le cambium, entrave la formation des couches corticales et provoque des écoulements de sève qui, .à la longue, anémient l'arbre. Dans le Sud-Ouest, ce Xylophage est devenu très gênant, car ses ravages techniques prennent une certaine importance dans les Chênaies établies en vue de la production du liège. Pour entraver la marche des ravages, on en est réduit à récolter et détruire les Larves et Nymphes qu’on découvre lors de la décor- tication ou du débitage du liège dans les chantiers de mise en valeur de ce produit ligneux. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 3 Apate sexdentata Oliv. Coréopr., Anobuideæ (Sinoxylon sexdentatum Oliv.) Vrillette ou Apate à six dents Longueur : 6 à 7 millimètres. Le groupe des Vrillettes dont les ravages techniques déprécient presque toutes les essences ligneu- ses employées dans lindustrie, est aussi représenté parmi Îles parasites des branches de Chêne. L’Apate sexdentata Oliv. a le corps subcylindrique, plutôt ramassé, avec tête verticale, presque invisible, vue d’en haut; il est d’un brun foncé. Les antennes ont dix articles; les deux Fig. 205. — Apale sexdentala Oliv. (oriq.). premiers sont à eux deux plus longs que les cinq suivants. La massue, aussi longue que le funicule, est formée de trois articles. Le corselet est épais, convexe, tuberculé, fortement granulé et muni, sur le devant, d’épines courtes et relevées. Les élytres sont profondément et irrégulièrement ponctués, leur déclivité est munie de six dents dont les deux plus fortes sont insérées au milieu de la troncature, de chaque côté de la suture (fig. 205). Les tibias sont dentelés et les tarses allongés; le premier article tarsal est atrophié, le second est aussi grand que les deux suivants réunis. La Larve est du type de celle des Anobndes. Cette Vrillette vit en parasite dans les troncs de petites dimen- sions et les branches d’une foule d’essences ligneuses de la région de l’Europe méridionale. Elle fore les tiges du figuier aussi bien 312 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE + que les souches de la vigne. C’est comme parasite des Chênes, du Chêne-rouvre en particulier, qu’elle présente un intérêt pour le forestier. La femelle pénètre dans les rameaux ou perches ayant de 1 à Fig. 206. — Branche de Chêne ravagée par l'Apate sexdentata Oliv. 1/1 gr. nat. (orig.). 2 centimètres de diamètre au minimum, puis creuse une cavité plus ou moins circulaire dans laquelle l'accouplement se produit. La ponte est déposée irrégulièrement sur le pourtour et les Larves forent ensuite des galeries particulières, parfois allongées qui, restant isolées les unes des autres, courent parallèlement aux ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 313 fibrilles ligneuses. Le réseau de ces couloirs ressemble un peu à celui du Xyleborus dispar Fabr. Il semble que cet Insecte ne produise qu’une seule génération par an, cependant le fait doit être encore confirmé surtout pour les stations au climat doux où 1l est possible que deux généra- tions arrivent à maturité. C’est surtout dans les branches plus ou moins sèches, tombées à terre, qu'on découvre les vestiges ‘ du forage des Vrillettes à six dents. On remarque souvent dans les Chênaies infestées par le Coræbus, que les branches brisées par le vent à la suite du cerclage causé par la Larve du Bupreste, renferment des Larves ou des Insectes parfaits de l’A pate ; ils achèvent rapidement la désagrégation du bois. Il est manifeste que dans des cas de pullulation intense, ce Xylophage peut s'attaquer à des rameaux et à des tiges de petit calibre et en pleine vitalité. Au point de vue de la protection des Chênaies, ce Coléoptère n’a qu’une importance secondaire, il est infiniment moins à redouter que le Coræœbus. Tout au plus, peut-on conseiller dans les cas de multiplication intense de ses ravages, de récolter et brûler les rameaux qui gisent à terre, car ils peuvent renfermer _des Insectes parfaits ou des Larves occupés à forer le bois. Nous signalons aussi trois autres proches parents de l'Apate à six dents : Apate bispinosa Olv. Apate pustulata Fabr. Apate capucina L. Les Larves de ces Insectes sont polyphages et s’attaquent un peu à toutes les espèces de Chênes. | L’A pate capucina L. qui mesure 8 à 10 millimètres et dont les élytres sont rougeâtres, recherche spécialement les bois débités du Chêne dans lesquels 1l provoque des ravages d’ordre technique. Deux Cérambycides : Rhagium mordax de Geer; Rhagium sycophanta Schrk., ravagent également les grosses écorces et fouillent à la fois 314 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE les couches libéreuses et cambiales des bois de Chênes abattus et non écorcés. Nous avons exposé dans le chapitre du Sapin - blanc les procédés typiques de forage des Rhagies, aussi n’en- trerons-nous pas dans d’autres détails biologiques au sujet de ces deux espèces qui, en ce qui concerne la protection des Chênaies, ne jouent qu’un rôle secondaire. Callidium variabile L. Callidium sanguineum L. Voir : Chapitre du Hêtre. Clytus arcuatus L. CoréortT., Cerambycideæ (Plagionotus arcuatus Muls.) Longueur : 16 à 22 millimètres. Ce petit Longicorne est de Fig. 207. — Berceau de nym- Fig. 208. — Couloirs de larves phose du ©/ylus arcua- etorifices de sortie du Clytus tus L. 1/1 gr. nat. (orig. arcualus L. 1/1 gr. nat. coll. Muséum, Paris). (orig. coll. Muséum, Paris). couleur noirâtre avec un corselet orné de deux bandes étroites, ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 319 obliques, interrompues. La base de chaque élytre porte quatre points jaunes dont un sur l’écusson et l’autre sur la suture; en outre, ces organes sont ornés de quatre bandes également faunes, Fig. 209. — Galeries larvaires du Clytus arcuatus L. remplies de sciure comprimée et entaillées dans l’aubier d’un tronc de Chène. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). transversales, arquées et dont la dernière est terminale. Les an- tennes et les pattes sont d’un brun rougeâtre. A l'instar des autres Cérambycides, le Clytus arcuatus L. qui recherche en général les essences feuillues et en particulier le 316 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Chêne, dépose ses œufs sous l’écorce. Les Larves forent des cou- loirs snueux dans les couches cambiales et finissent par pratiquer à l’intérieur du bois une galerie coudée où se passe la nymphose. Cet Insecte, dont l’évolution dure probablement deux ans, est fréquent dans les branches et troncs en décomposition ou qu’on a négligé d’écorcer après l’abatage, et ce n’est que dans des cas tout à fait exceptionnels qu’on peut lui attribuer le dépérissement de tiges déjà anémiées (1). Scolytus intricatus Ratz. Coréorr., S'col/ytidæ (Eccoptogaster intricatus Ratz.) Scolyte du chène (PI. VE, fig. 11) Longueur : 3,5 à 4 millimètres. Ce Bostryche, comme tous les représentants du genre Scolytus, vit en parasite exclusivement dans les bois feuillus. Les Insectes européens de ce groupe sont peu nombreux; ils se distinguent très facilement des Tomicides et des Hylésines par la tête visible d’en haut, par le corselet qui est généralement plus foncé que les élytres. Ces derniers, non convexes à leur extrémité, recouvrent l’abdomen qui, vu de profil, est relevé à partir du deuxième segment. Le Scolytus intricatus Ratz. porte un corselet plus court que large, brillant, à ponctuation fine et serrée sur les côtés, fine et éparse sur le disque. La massue grande, squamuleuse, est légè- rement plus longue que le funicule qui compte sept articles. Les élytres, rétrécis en arrière du milieu, portent des stries indis- tinctes, fines, parfois interrompues par des strioles obliques. Tout le corps est recouvert d’une pubescence grise. Sauf quelques cas exceptionnels constatés sur le Hêtre, on peut affirmer que ce Scolyte est bien monophage. Il y a, d’une façon générale, chez les Scolytes un couple par système. La femelle creuse dans les branches ou les tiges des Chênes un court couloir de ponte mesurant de 1 à 4 centimètres de longueur. Les (1) Clytus detritus Li. et C. tropicus Panz. sont deux espèces voisines qui causent des dégâts analogues dans le Chêne. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 317 galeries larvaires quittent ce couloir dans les deux directions mn Fig. 210. — Ravages du Scolytus intricalus Ratz. dans une branche de Chêne. 3/4 gr. nat. (orig.). opposées; elles sont plus ou moins sinueuses et atteignent une 318 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE longueur de 10 à 15 centimètres, au maximum. Suivant l’épais- seur de l'écorce, les berceaux de chrysalide sont entaillés plus ou moins obliquement ou longitudinalement dans le liber ou l’au- bier. L'évolution dure en général une année; parfois, sous l’influence de circonstances climatériques propices, on observe deux géné- rations dans l’espace de douze mois. L’hivernement a toujours lieu à l’état de Larve ou de Nymphe. Souvent en décortiquant une branche de Chêne, on aperçoit la femelle morte à l'extrémité de la galerie de ponte. Celle-ci est chez tous les Insectes du genre Scolytus privée d’une chambre d’accouplement, le rapprochement des sexes ayant lieu soit à l’orifice d’entrée, soit dans son voisi- nage immédiat. Le Scolytus intricatus Ratz. est très fréquent dans les Chênaies et à chaque pas on rencontre les vestiges de ses ravages sur les tiges et branches gisant à terre, rarement sur les troncs d’une certaine dimension. Les piquets et perches qu'on laisse à l'air, revêtus encore de leur écorce, sont dans la plupart des cas infestés par ce Xylophage qui ne redoute pas de s'attaquer même aux tiges et aux branches en vigueur. On cite le cas de la forêt de Vincennes, dans laquelle, au commencement du dix-neuvième siècle, 50.000 Chênes de vingt à trente ans ont été infestés par le Scolyte, puis abattus après un rapide dépérissement (Jupercx et NiTSCHE, 1905, p. 483). Moyens préventifs. — Ils consistent à éviter de créer des peu- plements de Chênes purs, étendus et du même âge. Les éclaircies doivent être entreprises tôt et serviront de prétexte pour enlever de la forêt ou de détruire tous les débris pouvant offrir un appât au Scolyte qui ne dédaigne pas de pénétrer dans les branches gisant à terre. Moyens répressifs. — Les arbres-pièges ou aussi les branches- pièges peuvent rendre de bons services à condition de les fixer en terre, pour leur conserver le plus longtemps possible le mou- vement de la sève; il faut ensuite les surveiller attentivement. #4 ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 319 Dryocætes villosus Fabr. Coréopr., S'colytidæ (Bostrichus villosus Ratz.) Longueur : 2,5 à 3 millimètres. Au point de vue systématique, ce Bostryche se classe à côté du Dryocætes autographus Ratz., dont nous avons parlé à propos des Scolytides creusant des cou- loirs dans les troncs et les souches de l'Épicéa. Le corselet a la Fig. 211. — Couloirs de ponte du Dryoccætes villosus Fabr. dans l'écorce de Chêne. 1/1 gr. nat. (oriq.) forme d’une demi-ellipse, il est rétréci antérieurement, tronqué transversalement à la base où il égale à peu près Ia largeur des élytres. La face dorsale est entièrement couverte de granulations serrées. Les élytres ont des stries à encoches profondes avec 320 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE interstries garnies de points très fins. Les deux stries juxtasutu- rales sont plus enfoncées que les autres. Tout l’Insecte est recou- vert d’une pubescence blonde. Les couloirs que. creuse le Dryocætes villosus Fabr. rappellent ceux du Bostryche curvidenté, c’est-à-dire que leur type normal est horizontal avec deux à sept galeries de ponte coupant trans- versalement les fibres du bois. Comme cet animal fouille surtout le bas des troncs et les souches à écorce épaisse, son évolution se passe exclusivement dans les couches corticales. Les couloirs de larves sont courts, irréguliers et embrouillés. Il semble que, dans des conditions favorables au point de vue chmatérique, ce Xylophage peut produire deux générations par an. Le Dryocætes villosus Fabr. attaque le Chêne, le Châtaignier et accidentellement d’autres essences feuillues. C’est un Insecte très peu répandu et en somme très peu nuisible aux Chênaies (1). Hylesinus crenatus Fabr. Voir : Chapitre des Frênes. INTÉRIEUR DU BOIS Lucanus cervus L. Voir : Partie spéciale. Cerambyx heros Fabr. Coréorr., Cerambycideæ Hamaticherus cerdo L. Capricorne ou héros du Chène (PI. VI, fig. 1) Longueur : Insecte parfait : 20 à 50 millimètres; Larve : 65 à 80 millimètres. Ces chiffres nous montrent que le Capricorne du Chêne est un des plus volumineux parasites des forêts euro- péennes, Sous sa forme parfaite, il est de couleur brune très foncée, (1) On rencontre deux autres Bostryches dans les écorces épaisses du Chêne, ce sont : Taphrorychus Bulmerinqui Kolen et T. villifrons Duft; ils sont encore plus rares et moins importants que l’espèce décrite ci-dessus. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 321 sans reflets métalliques. Le corselet, grossièrement et irréguliè- rement sculpté, porte sur chacun de ses bords latéraux un tuber- cule épineux dirigé en dehors. Les yeux, très convexes et appa- rents, ont des facettes facilement visibles à l’œil nu. Les an- tennes sont, chez le mâle, plus longues que le corps. Les élytres rétrécis, brunâtres et finement chagrinés à la partie postérieure, présentent une base plus foncée et grossièrement chagrinée. On remarque, en outre, à leur extrémité une épine suturale. La Larve, dont les proportions sont les mêmes, a ses segments bien dégagés; sept d’entre eux portent des plaques dorsales chagrinées. Elle est couleur de cire, avec une petite tête brune, aplatie et chiti- neuse. La partie antérieure du premier segment thoracique porte une bande transversale brunâtre. Les antennes, qui comptent trois articles, sont très fines; peu apparentes, les pattes sont rudimentaires. Le Capricorne du Chêne est commun; 1l essaime en général au commencement de l’été (juin ou juillet) et au crépuscule. Après l’accouplement, la femelle dépose ses œufs dans les anfrac-. tuosités, défauts ou blessures des Chênes à écorce épaisse. La Larve ne tarde pas à pénétrer non seulement dans les couches corticales, mais encore aussi dans le bois le plus sain, où elle creuse des couloirs sinueux, proportionnés aux dimensions de son corps qui se développe durant trois ou quatre ans. A la fin de cette période larvaire, l’animal atteint la grosseur d’un index humain et gagne souvent le cœur du bois qui est perforé en tous sens. La métamorphose se produit dans une niche garnie de débris ligneux et creusée parfois dans les parties les plus reculées de ce réseau compliqué. Lorsque l’Insecte aiïlé est formé, il gagne l'extérieur en suivant les galeries larvaires. De l'extérieur, on peut facilement reconnaître la présence de ces ravageurs aux écoulements de sève qui se montrent aux ori- fices durant la période de végétation, comme aussi aux amas de sciure brunâtre et jaunâtre qui s’échappent de ces orifices. Par- fois on peut observer, surtout le soir, l’Insecte ailé qui dégage difficilement ses antennes de ces ouvertures jamais circulaires, mais généralement elliptiques. ANN. SCIENCE AGRON, = 4€ SÉRIE — 1913 — II 21 329 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le Capricorne héros est donc le plus volumineux ravageur de nos forêts et celui dont l’existence est la plus longue. C’est surtout au point de vue technique que le Cerambyx heros — Fig. 212. — Cerambyx heros Fabr. dans un tronc de Chêne. 1/2 gr. nat. (oriq.). Fabr. est à redouter, car il est évident que des grumes de Chênes qui sont fouillées par sa Larve sont inutilisables au point de vue industriel. Cet animal est capable de s'attaquer à des arbres parfaitement sains et naturellement, après des forages répétés, 1l peut pro- voquer le dépérissement partiel ou total d’une branche ou d'un ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 323 tronc. Nous connaissons toutefois un Chêne des environs de Genève (que nous représentons par la figure 213), dont la partie inférieure du tronc est ravagée par ce Longicorne. Voici trente ans que nous l’observons d’année en année et, jusqu’à présent, 1l n’est pas encore complètement desséché., La circulation de la sève Fig. 213. — Aspect d’un Chêne pédonculé dont le tronc a subi 30 ans de ravages du Cerambyx heros Fabr. (orig.). est donc encore possible par les couches cambiales demeurées indemnes sur la moitié environ de la périphérie du tronc. Le Cerambyx heros Fabr. est très commun surtout au centre et au sud de l’Europe; il attaque principalement les arbres âgés, isolés des parcs et des plantations routières; toutefois, il cause aussi des dégâts dans les Chênaies et parfois dans les plus beaux assortiments de bois de service. Par le fait de sa biologie particulière et de son existence passée 324 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE presque entièrement dans la matière ligneuse solide et saine, la capture des Larves ou des Chrysalides est très difficile; 1l en est autrement lorsque, après avoir abattu des Chênes, on sectionne Fig. 214. — Même tronc que sur la Fig. 213 montrant le détail des galeries larvaires et la décortication naturelle. 1/5 gr. nat. (oriq.). des troncs ou des branches infestées. On peut aussi au moyen de crochets et avec beaucoup de patience, attirer au dehors des orifices de sortie les Longicornes timides qui attendent la tombée du jour pour essaimer. Les injections et fumigations n’ont plus d'effet si l’on intervient dans un arbre de grosses dimensions envahi depuis longtemps. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 325 En somme, ces moyens ne peuvent être utilement mis en œuvre par les forestiers et sur une grande échelle, car ce ravageur ne cause que rarement des déprédations physiologiques compro- mettant la vitalité de peuplements entiers (1). Lymexylon dermestoides L. Xyleborus Saxeseni Ratz. Voir : Chapitre du Sapin blanc. Lymexylon navale L. Coréopr., Lymexylonidæ Dermeste du Chêne Longueur, Insecte parfait mâle : 5 à 10 millimètres; femelle : 12 à 13 millimètres; Larve : 11 à 14 millimètres. Nous avons Fig. 219. — Lymexylon navale L. dans une poutre de Chêne. a, galerie maternelle; b, couloirs larvaires. 1/1 gr. nat. (orig.). déjà parlé dans le chapitre du Sapin blanc d’une espèce voisine, le Lymexylon dermestoides L. qui perfore le bois sain des résineux (1) On confond souvent un Longicorne voisin, mais plus petit, le Ceram- byx Scopolii Fussl (C. cerdo Scop.) avec le Capricorne héros. Nous parlerons de cette espèce polyphage dans le chapitre du Châtaignier. 326 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE et de certaines essences feuillues. Le Dermeste du Chêne présente à peu près les mêmes caractères; on lui a donné le nom de « Der- meste naval » parce que ses ravages ont, à l’origine, été cons- tatés dans les coques des navires. Cet Insecte est de couleur variable. En général, le femelle a le corselet et l’extrémité pos- térieure des élytres noirâtres, tandis que le reste du corps d’un Fig. 216. — Poutre de Chêne rats par le Lymeæylon navale L. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). ? jaune brun, est recouvert d’une pilosité fine et serrée. Le corselet du mâle se colore le plus souvent de brun foncé. Les pattes sont, dans les deux sexes, jaunes, les antennes simples et d’un noir de suie. La Larve, dont le thorax est convexe, porte sur son dernier segment une protubérance épineuse, relevée. La biologie de ce Xylophage est encore peu connue; on admet que son évolution complète se produit dans l’espace d’une année. La ponte a lieu au commencement de l'été et la femelle cherche ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 397 presque toujours pour y déposer ses œufs les parties du tronc des Chênes sur pied ou abattus et dont l’écorce a été détachée. Les couloirs de ponte et de larves sont transversaux et obliques, on a parfois de la peine à les distinguer les uns des autres. Comme c’est le cas pour le Lymexylon dermestoides L., on remarque qu’une grande quantité de sciure d’un brun jaunâtre s'échappe des ori- fices dont les dimensions sont variables. Ce sont surtout les bois ouvragés et les zones de l’aubier riches en amidon qui deviennent la proie de ce Xylophage. Un badigeonnage au goudron ou au carbolineum avenarius ou même encore une imprégnation à la créosote, peuvent préserver les grumes de Chêne des atteintes des Dermestes. Ces derniers s’attaquent également au bois du Châtaignier. Xyleborus monographus Fabr. Coréopr., S'colytidæ (Tomicus monographus Ratz.) Bostryche monographe (PI. VI, fig. 5) Longueur : 4,2 à 2,3; ® : 2,3 à 3,2 millimètres. Ce Bostryche a le corselet plus long que large, finement ponctué postérieurement, granuleux antérieurement avec côtés parallèles. Les élytres portent des stries ponctuées avec interstries ornées de lignes de points très fins. La déclivité des élytres est abrupte, lisse et munie de quatre tubercules dentiformes disposés presque en carré et éloignés de la suture; en outre, plusieurs autres petits tubercules moins apparents garnissent les bords externes de la troncature. Le mâle, incapable de voler, a le corselet plus court, excavé, se prolongeant en avant en une corne recourbée vers le haut. On n’est pas encore exactement fixé sur l’évolution de ce Bos- tryche qui est assez commun dans les bois de Chênes et surtout dans les branches gisant à terre et en voie de dépérissement. Le système des galeries creusé par la femelle est toujours disposé sur un seul plan horizontal. Le couloir d’entrée, qui peut aussi passer à travers les couches corticales, a de 2 à 8 centimètres de longueur, il est souvent sinueux. Des deux côtés de ce dernier, 328 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE partent un ou plusieurs bras secondaires de même calibre, égale- ment forés par la femelle. Ces ramifications procurent à la mère pondeuse des sucs nourriciers durant la période de ponte. Ce sont ces embranchements secondaires de la galerie maternelle qui logent les œufs déposés très irrégulièrement, mais probablement arrangés ensuite par la mère. Les Larves une fois écloses, se mettent à ronger la surface des parois de la galerie qui a servi de berceau, mais sans forer de couloirs particuliers. Elles se conten- tent de sucer à la fois les sucs qui suintent sur le pourtour de leur Fig. 217. — Schéma des ravages du Xyleborus monographus Fabr. a, Larves ; b, Chrysalides c, Insectes parfaits prêts à sortir ; d, œufs. 1/1 gr. nat. (orig.). demeure cylindrique, ainsi que les champignons désignés dans ce cas sous le nom d” « Ambroisie » et dont le mycélium teinte en noir les parois du bois. Nous avons signalé le même phénomène en décrivant dans le chapitre de l'Épicéa les ravages du Xyloterus lineatus Oliv. Pendant leur métamorphose en Chrysalides, les Larves sont placées dans leurs galeries de telle façon que leur tête regarde l’orifice d'entrée; elles sont allongées les unes derrière les autres. Le Xyloborus monographus Fabr. est très répandu. S’il n’est pas à redouter au point de vue physiologique, il n’en est pas moins, aussi bien que les Vrillettes et que le Cerambyx heros Fabr., un hôte redouté dans les chantiers de bois débités. Il y a lieu de ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 329 préserver les grumes de Chênes au moyen des divers procédés d’immunisation dont nous avons déjà parlé. Xyleborus dryographus Ratz. CoréoPr., Scolytidæ Longueur, J : 2; @ : 2,3 à 2,6 millimètres. Ce Bostryche xylo- phage, comme toutes les espèces du genre Xyleborus, présente un dimorphisme sexuel très prononcé. Le mâle, plus petit que la femelle, est privé de la faculté de voler. Ses élytres sont soudés en- semble à la suture. C’est la mère pondeuse qui opère en entier le travail de forage. Le mâle se distingue par le tubercule médian, prolongeant antérieurement le corselet en une pointe acuminée dont l’extré- mité est recourbée en arrière. Les élytres sont ornés chez les deux sexes de stries finement striées-ponctuées, qui sont creusées sur la partie postérieure. Les interstries portent à la déclivité une rangée horizontale de petits tubercules. Le corps est allongé, étroit et cylindrique, le plus souvent de couleur brun rougeâtre. Ce que nous avons dit de la biologie du Xyleborus monographus Fabr. concerne aussi le Xyleborus dryographus Ratz., Insecte beaucoup plus rare. Le système de couloirs de cette dernière espèce pénètre plus profondément dans le cœur du Chêne et l’on trouve parfois des œufs déposés soit dans la galerie principale, soit dans ses ramifications latérales, qui sont toujours disposées sur le même plan horizontal. En raison même de la profondeur que peuvent atteindre ces couloirs de pénétration, le dommage technique causé par ce Xylophage est considérable. Son évolu- tion est encore peu connue, mais il est probable qu’il essaime deux fois par an. On trouve le Xyleborus dryographus Ratz. occasion- nellement dans les troncs du Hêtre et de l’Orme. 330 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Xyloterus signatus Fabr. Coréopr., Scolytidæ (Trypodendron quercus Eichh.; Bostrichus 5 lineatus Adams.) Longueur : 3,5 millimètres. Ce Bostryche, qui vit également dans le bois de Chêne, est plus allongé que l’espèce précédente. Fig. 218. — Xyloterus signatus Fabr. Couloirs en échelons dans le bois de Chêne. 1/1 gr. nat. (orig.). Comme le Xyloterus lineatus Oliv., que nous avons décrit dans le chapitre de l « Épicéa », cet Insecte porte une bande noirâtre longitudinale sur chacun des élytres. Ces derniers sont finement striés-ponctués avec interstries faiblement ruguleuses. Les côtés du corselet sont également bordés de noir. La massue des an- tennes est relativement grande, non articulée, élargie antérieure- ment et obtusément acuminée à l’angle interne. Chez le mâle, la partie antérieure du front porte au milieu un petit tubercule et le corselet est faiblement arqué antérieurement. Cette partie du thorax est plus fortement arquée chez la femelle. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 331 La biologie de cet Insecte du bois ressemble beaucoup à celle du Bostryche liseré que nous avons étudié dans le chapitre de l« Épicéa ». Les couloirs de ponte sont ramifiés sur un plan généralement horizontal, ils sont munis en haut et en bas d’en- coches de ponte. A la suite du travail de forage des Larves, ces encoches sont transformées en petites niches de 5 millimètres de longueur qui deviennent les berceaux de chrysalides. Sous sa forme larvaire, l'animal parcourt ainsi un espace très restreint et, durant cette période, il se nourrit à la fois de débris et de sucs ligneux. ; On compte deux générations par an, car le Xyloterus signatus Fabr., parasite du Chêne, ne se rencontre guère que dans les régions tempérées. ï Dans la pratique forestière, et dans le domaine de l’industrie des bois ouvragés, on ne peut guère appliquer en grand des pro- cédés avantageux d’immunisation, Dans certains cas, où l’on n’a pas à préserver des assortiments de Chène destinés à l’ébénisterie, on peut appliquer sur les grumes écorcées des liquides toxiques protecteurs qui empêchent les Xylophages de pénétrer dans la matière ligneuse. Xyloterus domesticus Er. Voir : Chapitre du Bouleau. Xyleborus dispar Fabr. Voir : Chapitre des Érables. Cossus aesculi L. Platypus cylindrus Fabr. Voir : Chapitre du Châtaignier. Le Platypus cylindriformis Reitt. est une variété dont la biolo- gie ressemble beaucoup à celle du Platypus cylindrus Fabr. Get Insecte fore des couloirs sinueux dans le bois du Chêne, du Hêtre et peut-être aussi d’autres essences feuillues. STROHMEYER (1907) 332 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Fig. 219. — Système de couloirs du Platypus char onnes Reitt. dans le bois de Chêne. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). a décrit les ravages de ce Xylophage très rare, dont nous repro- duisons les dégâts (fig. 219). Sesia asiliformis Rott. Lépinopr., Sestidæ (Sesia cynipiformis Esp.) Grande Sésie du Chêne « Longueur, Papillon étalé : 20 à 25 millimètres; Chenille : 22 à 25 millimètres. Les Sésies constituent une famille tout à fait à part dans l’ordre des Lépidoptères. En effet, ces Papillons se ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 333 distinguent au premier abord par la structure des ailes; les anté- rieures sont par places non écailleuses et transparentes. Les pos- térieures ne sont jamais recouvertes d’écailles, mais sont d’une couleur uniforme, transparente. Le dernier segment abdominal porte une touffe de poils foncés. La Chenille, munie de seize pattes, est en général blanchâtre, avec tête brune. Le Cocon est brunâtre, légèrement ceintré sur la face ventrale. La face dorsale des seg- ments abdominaux porte des rangées transverses de pointes recourbées en arrière. L’extrémité anale est garnie d’une cou- ronne d’épines. Les Chenilles des Sésies ravagent plusieurs essences feuillues, en creusant des couloirs sinueux à l’intérieur des jeunes tiges ou des branches. L'évolution dure deux ans environ et l’animal hiverne le plus souvent sous la forme larvaire. La Chrysalide brune reste généralement fixée à l’entrée de l’orifice de sortie d’où s'échappe le Papillon. La Sesia asiliformis Rott. porte sur les segments abdominaux deux, quatre et six taches transversales jaunâtres; en outre, on remarque sur chacune des ailes antérieures une bande transver- sale de couleur orange. Cet Insecte, qui ronge parfois les tiges des taillis de Chênes, est très rare et son importance forestière est minime (1). Parmi les Vrillettes, qui rentrent dans une famille dont nous avons décrit les mœurs dans le chapitre de l’ « Épicéa », nous pourrons citer les : Anobium tesselatum Fabr. Anobium rufovillosum de Geer. Anobium plumbeum III. Anobium pertinax L. qui perforent les bois ouvragés du Chêne et sont particulièrement à redouter dans les meubles. Nous avons indiqué plus haut par (1) On trouve parfois dans les tiges de Chênes une autre Sésie, Sesia conopiformis Esp., mais ses ravages n’ont qu’une importance tout à fait secondaire. 334 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE quels procédés les industriels du bois peuvent se prémunir contre leurs atteintes. Au point de vue forestier, ces Insectes sont d’un intérêt minime; cette raison nous dispense de les étudier ici de plus près. Ptilinus pectinicornis L. Coréopr., Anobnidæ Longueur : 3 à 5 millimètres. Cette Vrillette appartient à un groupe de la famille des Anobiüdes chez qui le mâle porte des antennes longuement pectinées et couleur de rouille. Les élytres Fig. 220. — Ptilinus pectinicornis L. dans l’aubier de Chène. 1/1 gr. nat. (oriq.). sont allongés, bruns, recouverts d’une fine pilosité grise. Le cor- selet est antérieurement granuleux. La femelle a des antennes dentelées et, de chaque côté du corselet, on remarque une petite tache glabre. Après sa sortie de l’œuf, la Larve fore le bois le plus sain dans toutes les directions, laissant ses couloirs remplis de sciure, L’Insecte parfait dépose souvent sa ponte dans les anfractuosités de l'écorce ou les défauts du bois. Au point de vue biologique, le Ptilinus pectinicornis L. est très semblable aux espèces du genre Anobium ; il attaque le Hêtre et d’autres feuillus encore (1). (1) Une autre espèce voisine vit également en parasite dans les bois ouvragés de Chêne; c’est le Ptilinus costatus Gyll. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 339 Lyctus canaliculatus Fabr. Coréorr., Cryptophagidæ (Lyctus unipunctatus Herbst.) Longueur : 3 à 4 millimètres. Cet Insecte, de dimension varia- ble, est allongé, brunâtre, avec pattes et antennes couleur de rouille, La tête et le corselet sont chagrinés. Ce dernier, de forme rectangulaire, est creusé en son milieu d'une fossette longitudi- nale, les élytres sont finement striés-ponctués. On remarque une ligne de poils très fins entre chaque strie. Fig. 221. — Lyctus canaliculatus Fabr. dans le bois de Chêne. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). Le Lyctus canaliculatus Fabr. agit à peu près de la même façon que les Anobides, dont nous avons déjà parlé. Les ravages ont beaucoup d’analogie avec ceux des Vrillettes et sont reconnaissa- _ bles aux amas de sciure très fine qui se forment autour des orifices de sortie. C’est naturellement l’aubier, très riche en amidon, qui tente surtout ce Xylophage. A l'instar du Callidium bajulus L., cet Insecte évite en général de forer ses galeries larvaires dans la périphérie des objets ligneux qu’il a infestés. Ce sont de pré- férence les bois écorcés, ouvragés, abattus à la sève ou insuffi- samment desséchés dans des locaux mal aérés, que ce Coléoptère recherche. Il est polyphage. Moyens préventifs. — Ne pas employer en menuiserie ou en parqueterie du bois de Chêne abattu à la sève ou mal dessiqué et refuser, pour les assortiments de premier choix, le bois d’aubier, 330 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Moyens répressifs. — Incinérer dans les chantiers les fragments ligneux renfermant des vestiges du forage des Larves. Cossus ligniperda Fabr. Voir : Chapitre des Saules. RAMEAUX Polydrusus cervinus L. Coréopr., Curculionidæ Longueur : 4 à 4,5 millimètres. Ce Charançon, de couleur noi- râtre, tacheté de vert ou de gris sale, a le corselet à peu près aussi large que long. On trouve cet Insecte, au moment de la formation des feuilles, occupé à ronger l’épiderme de ces dernières ainsi que celui des bourgeons et des rameaux. Sa biologie est peu connue (1). Strophosomus obesus Marsh. (2). Hylobius abietis L. Voir : Chapitre des Pins. Nous signalons ici: Ælater aterrimus L., E. marginatus L., E. tesselatus L., E. aeruginosus Oliv., qui, surtout comme Insectes parfaits, détériorent l’épiderme des pousses de Chênes, mais sont des rongeurs d’une importance secondaire, Cantharis obscura L. Coréopr., Cantharidæ Longueur : 9 à 13 millimètres. Les Cantharides qui, à l’état larvaire, sont carnivores, se nourrissent, comme Insectes parfaits, (1) Polydrusus micans Fabr. est aussi commun et attaque également les frondaisons des Hêtres. (2) Strophosomus coryli Fabr. vit spécialement sur le Chêne, ainsi que sur le Noisetier. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 337 des sues et de l’épiderme des rameaux de Chênes. La Cantharis obscura L. a le corselet carré, noir, avec les bords latéraux jau- nâtres. Les élytres, de même couleur, sont très allongés, pourvus d'une pilosité grise; ils recouvrent complètement l’abdomen. L'article basal des antennes et la région antérieure de la tête sont rougeâtres. Au point de vue forestier, on connaît encore peu la biologie des Élatérides. Cependant, dans certains cas, on a pu constater qu'ils provoquent des plaies sur l’épiderme des tiges et des rejets de Chênes à écorce fine (1). Coccus quercicola Sign. Ruyncn., Coccidæ On trouve ce pou fixé aux rameaux du Chêne et recouvert d’une calotte allongée, convexe, formée par une sécrétion de l'animal; cette calotte est bordée de franges cireuses. Le Coccus quercicola Sign. attaque presque toutes les espèces de Chênes et occasionne, par la succion des rameaux de petite dimension, des ravages locaux qui ne sont, toutefois, pas de nature à provoquer l'application de mesures prophylactiques. Un autre Rhynchote, le : Lecanium cambii Ratz. a été trouvé sur les rameaux du Chêne. Cet Insecte est encore tort peu connu au point de vue biologique. Vespa crabro L. Voir : Chapitre des Frênes. Andricus rhizomæ Htg. Andricus testaceipes Htg. (2). (1) Cantharis fusca L. et C. rustica Fall. causent des ravages à peu près identiques. (2) Fig. 222 et 223, orig. coll. Marchal, Paris. ANN. SCIENCE AGRON.— 4€ SÉRIE — 1913 — II Le Lo 338 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Fig. 222. — Andricus rhizomae Htg. Fig. 223. — Andricus testaceipes Htq. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris). 1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris). BOURGEONS Barypeithes araneiformis, Sch-ank. Voir : Chapitre des Saules. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 339 Le Phyllobius piri L. attaque parfois les Chênes. Voir : Chapitre des Bouleaux. Tinea lutipenella 211. Léprnopt., 7ineidæ Longueur, Papillon étalé : 15 millimètres; Chenille : 10 milli- mètres. Ce Papillon, de petite dimension, se distingue par ses Fig. 224. — Cynips quercus-calicis Burgsd. sur Chêne pédonculé. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris). ailes antérieures qui sont d’un jaune terreux avec franges plus claires; les postérieures ont un aspect grisâtre. Les antennes 340 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE sont claires avec des articles foncés. La Chenille est grise, glabre ; sa tête est noirâtre. Ce très rare Lépidoptère a Jusqu'ici causé un seul ravage d’une certaine importance, celui de la chênaie de Sonderburg, en Prusse (R. HarrTiG, 1870). Fig. 225. — Cynips quercus-tozæ Bosc. sur Chêne Tauzin. 1/1 gr. nat.(orig. coll. Marchal, Paris) Au moment de la sève printanière, la Chenille pénètre dans le bourgeon, le fore partiellement, puis, lors de l'épanouissement de la végétation, elle se fixe sur un rameau, s’entoure d’un sac soyeux et attaque ensuite les. feuilles. La métamorphose en Papillon a lieu en juillet, précisément avant la sève d’août qui ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 341 permet à la frondaison attaquée de se reformer et à l'arbre de reprendre sa vitalité. Le même phénomène biologique se pro- duit avec la Tordeuse du Chêne que nous décrivons plus loin. Fig. 226. — Synophus politus Htg. sur Chène-liège. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris). On n’est pas encore fixé au sujet du mode d’hivernement de la Tinea lutipenella ZA, que bien peu de forestiers ont eu l’occa- sion d'observer. Fig. 227. — Cynips Kollari Htg. sur Quercus Mirbecki Dur. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris). Fig. 228. — Andricus fecundalor;Htg. sur Chêne pédonculé. 3/4 gr. nat. (orig.). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 343 FEUILLES Orchestes quercus L. Coréopr., Curculionidæ Longueur : 2,5 à 3,5 millimètres. Ce Charançon, qui est un proche parent de l’Orcheste danseur, dont nous parlerons dans le chapitre du « Hêtre » est de couleur brun jaune qui tourne parfois au rouge. Seuls les yeux, le corselet et le premier anneau abdominal sont noirs. Les élytres sont recouverts d’une pilosité jaune sensiblement plus dense et apparente à la base; elle affecte la forme d’une tache prolongée posté- rieurement en pointe. L'évolution de ce Curculionide se pour- suit durant l’espace de douze mois, avec hivernement à l’état d'Insecte parfait caché dans la couverture morte du sol. En général, au commencement de mai, l'animal apparaît et gagne la frondaison précisément au moment de l’épanouis- sement des bourgeons. La femelle, après avoir fait une incision le plus souvent dans la nervure centrale de la feuille, dépose ses œufs un par un. La Larve commence par ronger cette nervure, puis ne tarde pas à s’introduire entre les deux épidermes du limbe où elle fore un couloir sinueux dirigé vers la périphérie. La chrysalidation se produit dans l’épiderme même, déjà au commencement de juin. A partir de son éclosion, l’Insecte par- Fig. 229. — Feuille de Chêne pédon- culé ravagée par la Larve de l'Or- chestes quercus L. a, origine du couloir larvaire ; b, région fouillée par la Larve. 3/4 gr. nat. (oriq.). fait parachève l’œuvre de destruction de la Larve, car, étant très mobile, il saute de feuille en feuille et ronge ces dernières d’une façon désordonnée. Comme cette période de ravages se produit précisément au moment de la sève d'août, il résulte de cette diminution de l'appareil foliacé une perte d’accroisse- 944 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ment. Cette dernière peut aussi avoir pour conséquence, surtout dans les invasions répétées, une anémie de l’arbre qui prédispose ce dernier aux attaques d’autres Xylophages pes dangereux et de Champignons lignifuges. Pratiquement, aucune intervention efficace et économique ne peut être entreprise contre ce Charançon (1). Attelabus curculionoides L. Coréopr., Curculionidæ Longueur : 3 à 5 millimètres. Cet Insecte porte un rostre rela- tivement court, épais, moins allongé que le reste de la tête. Le . 230. — Allelabus curculionoides L. sur Ghène pédonculé. a, rouleaux ont tionnés par l’Insecte parfait, b, nid de la Tordeuse verte. 3/4 gr. nat. (orig.). corselet, régulièrement concave, est, de même que les élytres, rougeâtre. Ces derniers sont striés longitudinalement de lignes (1) Orchestes ilicis Fabr. se rencontre aussi sur les feuilles de Chênes. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 349 de points relativement gros et distants et d’interstries très finement ponctuées. La tête et l'abdomen sont d’un noir intense. Ce Charançon fait partie de ce groupe dont les représentants, à l’état d’Insectes parfaits, enroulent les feuilles de certaines essences forestières et de la vigne pour y déposer leur ponte. Au commencement de l'été, l’Attelabus curculionoides L. coupe la feuille transversalement à une distance variable de la base, mais sans toucher à la nervure médiane. L'animal confectionne ensuite un cylindre dans lequel un seul œuf est déposé, il don- nera naissance à une Larve qui hiverne dans ce rouleau. La partie de la feuille qui a été épargnée est formée de deux lobes souvent de grandeur différente. En général on ne remarque qu’un seul rouleau par feuille, mais souvent sur un même rameau on peut constater que cha- que feuille a été déformée suivant ce procédé. L’Attelabus curculionoides L. recherche surtout les Chênes, mais on a observé ses dégâts également sur le Châtaignier etsur les Aunes. Apoderus coryli Oliv. CoréoPr., Curculionidæ (Attelabus coryli L.) Apodère cigareur Longueur : 6 à 7 millimètres. Porte un rostre court et épais, à peine plus long que la moitié du reste de la tête. Cette dernière, bien détachée et d’un noir brillant, se relie au corselet par un étranglement. Le corselet rétréci antérieu- rement, porte en son milieu une tache noïi- râtre, étroite, qui atteint la moitié de sa longueur. Le reste du thorax et les élytres sont rouges ou Jaune rouge. Les antennes sont de douze articles avec une massue ramassée et pileuse. Cet Insecte, très polyphage, est surtout très abondant sur les Noisetiers ainsi que Fig. 231. — Apoderus coryli Oliv. sur certains autres arbustes; il vit égale- (orig.). 346 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ment sur beaucoup d’essences feuillues et recherche aussi les Chênes. Fig. 2#2. — reuille de Noiselier enroulée par l'Apoderus coryli Oliv. 3/4 gr. nat. (orig.) ! La femelle déforme — comme c'est le cas pour l'espèce pré- cédente — la feuille pour y déposer un œuf donnant naissance Fig. 233. — Travail de l'Apoderus coryli Ov. a, extrémité de la coupure; a-c, axe du rouleau ; b, plissements de la partie enroulée. 1/1 gr. nat. (orig.) à une Larve et celle-ci à une Chrysalide dont l'existence se passe dans cette niche foliacée. Le ravage est done uniquement causé ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 347 par la forme parfaite et l’évolution entière de l'animal se para- chève dans l’espace de deux mois seulement. : Chez cette espèce, la femelle coupe transversalement la feuille à peu près à la même hauteur que le fait l’Attelabus curculio- noides L, mais en sectionnant aussi la nervure médiane et une partie de l’autre lobe. Ensuite l'animal enroule en spirale fermée aux deux extrémités cette portion détachée de la feuille. On obtient ainsi une sorte de cigare qui reste suspendu au rameau par la partie de la feuille demeurée intacte. On ne peut songer à entreprendre une lutte contre ces Cha- rançons dont les atteintes n’ont qu'une importance très réduite au point de vue de la conservation des Chênaies. Phyllobius viridicollis Fabr. Voir : Chapitre du Hêtre. Melolontha vulgaris L. Coréorr., Scarabæidæ Hanneton vulgaire (Fig. 18 c) ‘ Le Hanneton commun est trop connu pour que nous donnions ici une description détaillée de ce Coléoptère polyphage qui est aussi redouté des maraichers, des arboriculteurs que des sylvi- culteurs de la plaine. En parlant des ravageurs des racines de l'Épicéa, nous avons déjà signalé son importance, alors qu'il est à l’état larvaire et indiqué les moyens propres à défendre les pépinières contre ses atteintes. Il convient cependant d'envi- sager dans ce chapitre sa vie aérienne, c’est-à-dire la période relativement courte durant laquelle, sous la forme d’Insecte ailé, il se jette sur les frondaisons des Chênes en plein épanouis- sement printanier. Le Hanneton est caractérisé par des taches triangulaires d’un blanc mat, rangées sur les côtés de l'abdomen. Ce dernier est prolongé postérieurement en une pointe. Les élytres sont d’un brun plus ou moins violacé avec pilosité très fine. Le mâle a les antennes lamellaires beaucoup plus développées que celles de la femelle. 348 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le Hanneton a une existence relativement longue, puisque, suivant les régions, il lui faut de trois à cinq ans pour évoluer. En Suisse, en France et dans une partie de la vallée du Rhin, les Hannetons apparaissent en règle générale tous les trois ans, tandis que dans d’autres parties de l’Europe, en Prusse par exemple, ce n’est que tous les quatre ans qu’on constate leur sortie de terre et leur ascension. On observe en Suisse trois systèmes d'évolution suivant les zones. D’après une obligeante et récente communication que nous devons à M. DECoPPET, professeur à l'École forestière de Zurich, lequel s’est fait une spécialité de l’étude du Hanneton, nous pouvons admettre qu'ac- tuellement cette question n’est nullement fixée définitivement. DecoPprr affirme que ces trois zones s’enchevêtrent et dans certaines régions l’évolution dure quatre ans, ce qui complique encore la question. La biologie de ce ravageur est donc fort embrouillée et il faut espérer que de nouvelles recherches vien- dront bientôt fixer d’une façon précise les différentes phases de sa vie, car comme nous l’avons dit dès le début de cet ouvrage, les mesures de protection des forêts contre les attaques des Insectes doivent toujours être basées sur la biologie animale. La figure 234 représente d’une manière schématique l’évolu- tion du Hanneton. Ce dessin est tiré d’un article du Professeur Decoppzr (1912) paru depuis la publication de la première partie de notre ouvrage. Nous verrons plus loin quelles sont les con- clusions qu'on peut tirer de ces recherches toutes récentes. Examinons maintenant très brièvement les phases de l’exis- tence de ce ravageur qui est surtout à redouter dans les Ché- naies. L’Insecte parfait que dans le Jura, nous trouvons encore à l'altitude de 800 à 900 mètres, essaime en mai, plus ou moins tôt suivant la température et le degré d’humidité de l'atmosphère qui ont une influence considérable sur ses mouvements et sa puissance nocive. Il surgit à ce moment là, par de fraîches ma- tinées ensoleillées ou au crépuscule, et, poussé par le vent et surtout par l'instinct, il se jette sur les forêts de Chênes dont il ronge les feuilles en voie de formation, provoquant des ravages ‘qonmz ‘‘JSUI ‘JAY ISSN I-[R410O avd otrqnd atom ‘oddosoç mossajorq af ‘Iù ed 7 s220 na Dy}U0)0]a]t) uoyauue np UONIOAG — ‘Yes “Pr MCE NE GIGT ITGT OTGT 6O6T 390 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE plus intenses aux lisières et à la périphérie des grandes clairières qu'à l’intérieur des massifs denses. Fig. 235. — Rameau de Chêne pédonculé ravagé par les Hannetons. 3/4 qr. nat. (orig.). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 54: L’accouplement qui se produit généralement dans l'air est suivi de la ponte qui dans la règle, a lieu au commencement du mois d'août. La femelle cherche un sol meuble, sec, pas trop recouvert d'une végétation herbacée ou buissonnante et pénètre à une profondeur de 10 à 20 centimètres pour y déposer en une fois une trentaine d'œufs, en un ou plusieurs tas. Elle succombe aussitôt cet effort accompli. Le mâle, qui est resté dans la cime des arbres, subit le même sort. À ce moment, le végétal, débar- rassé de ses hôtes de deux mois, bénéficie de la sève du mois d’août et peut alors reconstituer une frondaison nouvelle. Quatre semaines environ après la ponte, les jeunes Larves se mettent à ronger les radicelles de tous les végétaux ligneux et herbacés qu’elles trouvent à leur portée immédiate. Au com- mencement d'octobre, subissant déjà les effets des premiers froids, elles pénètrent plus profondément dans le sol où, enfouies parfois à la profondeur de 80 centimètres, elles s’engourdissent du sommeil hivernal. L’ascension à la surface du sol commence suivant la précocité de la saison, souvent déjà en mars et c’est à partir de cette époque que les Vers blancs causent de vrais désastres dans les jeunes plantations, dans les pépinières, les cultures agricoles ou simplement dans les prairies. Pendant la première année de l’existence larvaire, les ravages sont limités aux radicelles ou aux parties tendres de la racine, mais durant la deuxième année, alors que les Larves ont acquis leur dimen- sion maximale, elles se disséminent, et leurs exigences en fait de nourriture sont telles que les parties les plus coriaces de l’appareil radicellaire ne les rebutent pas. En juin ou en juillet, toujours suivant les conditions climatériques, l’existence lar- vaire cesse, l'animal pénètre profondément dans le sol, parfois jusqu'à 1" 50 et s’y transforme en Nymphe. Avant le commen- cement de l’hiver les Hannetons sont entièrement formés, mais ils restent blottis dans ces cachettes profondes jusqu’au prin- temps, époque à laquelle leur courte existence aérienne com- mence. Nous avons déjà vu plus haut que ce sont plus spécialement les Chênes qui tentent le Hanneton. Il y a lieu de remarquer que les 302 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE autres essences feuillues des forêts et des parcs lui servent égale- ment de pâture. Il en est de même des arbres fruitiers placés dans des conditions spéciales, par exemple entre des champs à terre meuble et les grands massifs de futaies feuillues ou de taillis composés des régions de plaine. Il s'établit alors dans ces conditions un mouvement intense entre les champs et la forêt, mouvement dû aux vols qui se répètent tous les trois ans dans la règle. Les arbres fruitiers vivant dans la zone comprise entre les berceaux de nymphose et les Chênes constituent les premiers appâts sur lesquels l’animal se jette. Il arrive parfois que les résineux sont attaqués et plus spécialement les Mélèzes au feuil- lage tendre. La caractéristique des ravages du Melolontha vulgaris L. est précisément cette longue existence et cette double activité nocive qui est exercée par l'animal, soit sous la forme d’Insecte ailé, soit sous celle de Larve. C’est cette dernière qui est incontes- tablement la plus préjudiciable au point de vue de la vie des végétaux. Il résulte de ces faits qu’on peut intervenir de deux façons dans l’existence de ce redoutable Coléoptère. La première, de beaucoup la plus répandue, est expérimentée depuis plus d’un siècle; elle consiste à récolter les Insectes ailés au moment de leur assoupissement, alors qu'alourdis par leur repas, ils demeurent immobiles sur les arbres des vergers et des forêts. C’est le « Hannetonnage », coutume qui, dans certains pays, est rendue obligatoire et qu’on encourage d’ailleurs par des primes accordées par l’État ou les Communes. Dans d’autres régions, on oblige le laboureur à faire récolter les Larves que la charrue met au jour. Il est bien difficile de dire quelles conséquences ont ces diffé- rentes mesures coercitives, qui sont d'autant plus sévèrement appliquées que les régions dans lesquelles le Hanneton est à l’état endémique sont cultivées d’une façon intensive. En d’autres termes, est-il permis d'affirmer que si cette lutte entre- prise contre cet ennemi ne se faisait pas, les désastres causés par les Vers blancs et les Hannetons seraient plus grands? Nous ne croyons pas qu'il soit possible de répondre à cette question. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 300 Moyens préventifs. — Ils consistent, au point de vue fores- tier, à créer avant tout des massifs mélangés soit d’essences, soit d’âges différents et à protéger les ennemis naturels des Hannetons et des Vers blancs. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer la Marte et le Renard, la Chauve-Souris et la Taupe, puis parmi les Oiseaux, le Corbeau-freux, la Corneille, le Ghouca, la Pie, le Moineau, etc. Mais de quelle minime utilité sont, dans une Chênaie, quelques centaines de ces auxiliaires — dont plusieurs sont d’autre part nuisibles aux agriculteurs par la destruction de certaines graines — en comparaison des myriades de Vers blancs et de Hannetons qui vivent aux abords de nos forêts de plaine en produisant toujours de nouvelles générations ! Moyens répressifs. — Nous avons déjà signalé dans le chapitre de l’Épicéa comment il faut envisager, uniquement au point de vue de la protection des forêts, la lutte contre le Melolontha vulgaris L. Les dernières recherches de DEcopPperT (1912) ont mis en lu- mière les procédés de destruction par le sulfure de carbone. Si actuellement, le résultat n’est pas encore absolument concluant, il convient d'enregistrer avec satisfaction les expériences de ce sylviculteur, qui du reste n’a pas achevé ses études dans ce domaine. DEcopperT a expérimenté certains des procédés connus jusqu’à présent et que nous avons énumérés au commencement de cet ouvrage. Il reconnaît que celui que nous avons cité et qui con- siste à empêcher la ponte en répandant sur les carreaux d’une pépinière menacée une couche de feuilles, n'empêche pas la femelle du Hanneton de pénétrer dans le sol à travers ce matelas végétal pour y déposer ses œufs. Par contre, cet auteur préconise le traitement au sulfure de carbone qu'il décrit dans tous ses détails et qui a le mérite, non seulement de détruire partielle- ment les Larves rongeuses, mais surtout de provoquer, comme agent fertilisateur, une nouvelle vigueur du plant, favorisant ainsi la reformation rapide des racines. Nous croyons qu'il serait opportun de compléter ces recher- ANN, SCIENCE AGRON. — 4€ SÉRIE — 1913 — II 23 304 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ches par de nouvelles expériences qui auraient pour but de dé- terminer le parcours que les Vers blancs sont capables de faire horizontalement dans une pépinière, car ces constatations sont d’une importance capitale lorsqu'on est appelé à entreprendre la lutte au moyen du sulfure de carbone dans une pépinière de valeur qu'on veut à tout prix maintenir et défendre contre ces redoutables dévastateurs. En résumé, la question n’est nullement résolue; elle mérite cependant de l'être, car les pépinières forestières ne comptent pas de pire ennemi que le Ver blanc (1). Haltica erucæ 01. Coréopr., Chrysomelidæ (Haltica quercetorum Foudr.) Altise du Chêne Longueur : 4 à 5 millimètres. Cet Insecte peu répandu est reconnaissable à sa couleur d’un bleu vert métallique très bril- lant. Le corps est allongé, ovoide. Le corselet lisse porte en avant du milieu un sillon transversal atteignant presque les bords latéraux. Les élytres ont une ponctuation très fine et le bord externe plissé. L'Insecte aïlé hiverne dans la couverture morte du sol ou dans les crevasses de l'écorce. Dès que les feuilles s'épanouissent au mois de mai, l’animal gagne la cime et dépose ses œufs sur la face inférieure des feuilles, évitant d'entamer l’épiderme supérieur; plus tard, au moment d'atteindre leur forme adulte, les Larves dévorent tout, sauf les nervures. La feuille ainsi « squelettée » ne tarde pas à sécher. La chrysalidation a lieu à la fin de juillet dans le sol ou les anfractuosités de l'écorce et le même ravage se reproduit jusqu'à l'apparition des froids de l'automne, mais cette fois par les soins de l'Insecte ailé. Cet animal relativement peu dangereux attaque occasionnel- lement les aunes et les noisetiers. (1) Le Melolontha hippocastani Fabr. a la même biologie. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 399 Il n'y a pas lieu de faire la guerre à l'Altise du Chêne, car ses ravages n’ont qu'une portée secondaire. Tout au plus dans les pépinières menacées par ses apparitions fréquentes, peut-on conseiller de la capturer dans des récipients avec pièges gluti- neux. Toutefois, ce procédé est assez difficilement applicable, vu la grande mobilité de l’animal. Sphinx tilæ L. Voir : Chapitre des Tilleuls. Liparis chrysorrhoea L. Lépinopr., Bombycidæ (Porthesia chrysorrhoea L.) Bombyce chrysorrhée ou cul-brun [PI. VE, fig. 9, 9 a] Longueur, Papillon étalé : 35 à 40 millimètres; Chenille : 25 à 30 millimètres. Ce Papillon est d’un blanc brillant. Le mâle porte souvent au milieu des ailes antérieures une tache foncée. La partie postérieure de l’abdomen est chez la femelle d'un jaune brunâtre, tandis que chez le mâle cette partie du corps est plus foncée. Les antennes du mâle, de couleur jaunâtre, sont longuement et doublement pectinées. La Chenille, qui compte seize pattes, est d’un |": brun plus ou moins foncé, elle porte des touffes de || Juin - . longs poils jaunes. La face dorsale est ornée de || Juin. . taches d’un brun rouge foncé. Les anneaux un à trois présentent plusieurs taches transversales, les quatre à dix deux bandes en zigzag disposées de chaque côté de la ligne médiane foncée. Sur les anneaux quatre, cinq et onze, on remarque une petite tache poilue noirâtre; elle est frangée de blanc sur les autres anneaux. Parmi les Papillons nuisibles au point de vue forestier, il en est peu qui, dans les régions tempérées et chaudes de l’Europe, ont une aire d'extension aussi étendue. En effet, le Bombyce Mars Avril... Août , . Sept . . 396 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE cul-brun est fréquent dans toute l'Europe centrale, sur le pour- tour de la Méditerranée et jusque dans l'Hymalaya. On le ren- contre rarement au nord de la France et dans la région bal- tique. f. | Son évolution rentre dans le cadre de celle de la plupart des autres Lépidoptères dont les Chenilles se nourrissent des feuilles de nos essences forestières sociales. Fig. 236. — Nid d’hivernage de la Liparis chrysorrhoea L., 3/4 gr. nat. (orig.). Le Bombyce cul-brun essaime en général à la fin de juillet comme l'indique le graphique ci-contre. C’est surtout à la fin de la journée, au crépuscule, qu’on le voit prendre son vol. La femelle dépose ses œufs un peu à la façon du Bombyce disparate, par paquets qui ressemblent à de minuscules éponges jaunâtres. Deux à trois semaines après la ponte, les jeunes Chenilles apparaissent et se mettent à ronger l’épiderme de la feuille sur laquelle elles sont écloses, en respectant généralement les ner- vures les plus importantes. Lorsqu'elles ne trouvent plus assez de nourriture sur cette première feuille, elles s’attaquent à ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 357 d’autres et l’automne venu, en réunissent quelques-unes par des soies, formant ainsi un nid solide qui leur sert de chambre d’hi- vernage. La présence de cette dernière constitue en hiver le critère le plus facile pour la détermination des dégâts (fig. 236). Au réveil de la végétation, en général en avril, les Chenilles sortent de cette cachette et se jettent sur les feuilles qui s’épa- nouissent, dévastant ainsi avant leur développement les boutons Fig. 237. — Colonie de Chenilles de la Ziparis chrysorrhoea L. 3/4 gr. nat. (orig. coll, Pauly, Munich). à fleurs. Ce travail est interrompu par les mues qui se produisent alors que les individus sont réunis en colonies fixées à l’intersec- tion des rameaux (fig. 237). En juin, on observe la chrysali- dation, l’animal étant fixé aux feuilles ou caché dans la cou- verture morte du sol. Le Liparis chrysorrhoea L. est avec le Bombyce disparate un des Lépidoptères les plus polyphages qui se rencontrent dans les régions forestières de l'Europe centrale. Il recherche avant tout les Chênes et les arbres fruitiers et nous l’avons trouvé dans la vallée du Rhône, à Ardon (Valais, Suisse) rongeant les feuilles de vigne à proximité de Chênes isolés. 398 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le Bombyce cul-blanc a été signalé en 1903 dans les Conser- vations de Nimes dont les taillis de Chênes verts étaient infestés. Fig. 238.— Rameau de Chêne pédonculé déformé par les Chenilles de la Ziparis chrysorrhoea L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris). On a remarqué alors que l'Insecte s’attaquait à toutes les es- sences feuillues du sous-bois et en particulier à l'Arbousier. Fait remarquable, cette invasion a pris fin brusquement en mai 1904, à la suite d’un brouillard épais et froid qui a provoqué la mort ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 399 instantanée des Chenilles au moment de leur activité printa- nière (R. D. E. F.). Fig. 229. — Liparis chrysorrhoea L. sur un rameau de Chêne pédonculé. a, Chenilles de différentes grosseurs ; b, colonie de Chenilles ; ç. Cocon ; d, Papillon. 3/4 gr. nat. (orig.). 360 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Ce Papillon n’est toutefois pas à ranger parmi les ravageurs les plus communs et les plus redoutables des Ghênaies. Moyens préventifs. — Comme ce Lépidoptère n’attaque pas les résineux, on n’a pas à redouter de dégâts importants dans les forêts mélangées de résineux et de feuillus, mais il est surtout à craindre dans les vergers avoisinant les Chênes qui poussent dans un climat tempéré. Aucune mesure culturale n’est à même de prémunir un massif de ses atteintes. Moyens répressifs. — Dans certains cas qui intéressent plutôt les cultures fruitières à proximité des Chênaies, on peut inter- venir en faisant couper et brûler en hiver les nids ou bourses qu'il est possible d’atteindre à l’aide d’un échenilloir. En avril et mai, on peut également écraser les colonies de grosses Che- nilles au repos. Il faut toutefois prendre certaines précautions lors de cette chasse, car la Chenille a un pouvoir urticant rap- pelant celui des Processionnaires du Chêne et du Pin. Bombyx quercus L. Lérinorr., Bombycidæ Bombyce du Chène (PI. VI, fig. 2, 2 a, 2 b). Longueur, Papillon étalé, J : 4,5 à 5,5; @ : 6 à 7 millimètres; Chenille : 5 à 6,5 millimètres. Les ailes antérieures et posté- rieures sont barrées transversalement et à peu près au milieu de leur longueur par une raie claire qui est moins bien arrêtée à l’extérieur qu'à l’intérieur. Chez les deux sexes, on remarque à peu près au centre des ailes antérieures une tache blanche encadrée d’une bordure foncée. La femelle est ocre jaune, tandis que le mâle est brun chocolat. La Chenille est brun-jaune, fortement velue; chaque anneau est séparé du suivant par un cercle noir velouté, très étroit. Les côtés sont tachetés longitudinalement de blanc. Ce Bombyce, peu répandu et polyphage, essaime en juin et hiverne à l’état de Chenille. Cette dernière, devenue adulte, peut détruire la frondaison des Chênes et d’autres essences feuillues. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 9361 On a observé également les ravages du Bombyx quercus L. dans les semis de Pins sylvestres. Fig. 240. — Bombyx quercus L. Chenilles de différentes grosseurs rongeant les feuilles de Chêne pédonculé. 3/4 gr. nat. (oriq.). Il s’agit ici d'une espèce rare qui se rencontre plutôt isolé- ment et qui n'apparaît généralement pas sous la forme d’inva- sions. Nous nous dispenserons donc d’étudier les moyens propres à prévenir l'extension de ces Papillons. (A suivre.) LE MOIS AGRONOMIQUE SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE On sait qu’au cours de la discussion du budget de l'Agriculture au Sénat, M. CLÉMENTEL a fait connaitre qu'il allait solliciter du Par. lement le vote d’un crédit de 100.000 francs dans le but d’instituer un concours national d'appareils de culture mécanique. Le ministre de l'Agriculture a demandé à la Société de participer à cette importante manifestation, en concourant tant à son organisa- tion par l'intermédiaire de six membres délégués à cet effet, qu’à la distribution des récompenses par une contribution en argent. Le Conseil a décidé que la Société des Agriculteurs de France par- ticiperait, dans la forme indiquée, au concours national d'appareils de culture mécanique et il a voté, pour cet objet, un crédit de 10.000 francs. Le Conseil, estimant, d'autre part, que la Société ne peut poursuivre des expériences parallèlement avec celles du ministère de l'Agriculture, a décidé, en outre, d’ajourner les essais de motoculture aw’elle devait entreprendre à l’automne prochain. M. le vicomte de Vanssay, président de la section de production chevaline, a récemment appelé l'attention du Conseil sur le sérieux danger qui menace la remonte de la cavalerie de deuxième ligne en France et sur l'urgence des mesures à prendre pour assurer cette remonte. | I! a montré combien les chevaux de réquisition qui, en cas de mobi- lisation, constitueraient la principale ressource de notre cavalerie de réserve, pourraient causer de désillusions fatales au point de vue du nombre comme au point de vue de l’entraînement. 11 importe donc de remédier à cet état de choses. L’un des moyens qui permettrait d'atteindre ce but consisterait dans la suppression des taxes établies sur les chevaux de luxe. Cette suppression n’occasionnerait qu’une perte minime pour l'Etat et les communes; elle serait aisément compensée par l'impôt qui frappe les automobiles. On doit chercher, en outre, à retenir dans les écuries de leurs pro- priétaires tous les chevaux réquisitionnables, âgés de six à douze ans et, pour cela, une pension-prime pourrait être attribuée aux prc- LE MOIS AGRONOMIQUE 308 priétaires à la condition qu’ils se conformassent à certaines exigences du ministère de la Guerre. Cette pension pourrait être, par exemple, de 150 ou de 200 francs suivant qu’elle s’appliquerait à des chevaux destinés à la remonte de la troupe ou à celle des officiers. Le cheval ainsi pensionné deviendrait immédiatement réquisitionnable; son propriétaire prendrait à cet égard un engagement annuel. La dépense qu'assumerait l’État du fait de cette mesure ne serait pas exagérée. Élle permettrait d'assurer, dans de bonnes conditions, la remonte de notre cavalerie de réserve. Aussi M. le vicomte de Vanssay concelut-il à l'adoption des mesures suivantes : ) 19 Réduction ou suppression des taxes, soit d'Etat, soit municipales, qui frappent les chevaux de luxe; | 20 Attribution de primes annuelles de conservation aux chevaux d'âge (six à douze ans) maintenus en bon état d'entraînement et prêts à faire campagne. Ces propositions ont été adoptées par le Conseil. On a souvent exprimé le regret que nos races d'animaux domestiques ne fussent pas suffisamment connues à l’étranger. Il est probable qu’elles y seraient plus largement représentées et très estimées si nos éleveurs recouraient au mode de publicité employé avec succès dans plusieurs pays. En Angleterre, par exemple, des publications illustrées, répandues à profusion, permettent d'apprécier les qualités du bétail britannique et contribuent à lui créer de nombreux et 1m- portants débouchés. Or, en France, il n'existait jusqu'ici rien de semblable. “La section de production chevaline de la Société s’est préoccupée de combler cette lacune, en ce qui concerne la production hippique française. A la suite d’une entente intervenue entre les représentants de cette section et l'administration de la revue La Vie à la Campagne, celle-ci a fait paraître, à la date du 1er juin, sous les auspices de la Société, un numéro spécial consacré à l'élevage hippique français. Il contient la description de nos diverses races de chevaux dont 1! présente, dans de magnifiques gravures, les plus beaux spécimens. À ces portraits sont joints des notices d’un très grand intérêt; elles sont dues à la plume d’éleveurs distingués, appartenant pour la plupart à la Société. Ce numéro de la Vie à la Campagne constitue un ensemble unique dont la divulgation en France et surtout à l'étranger ne peut manquer de servir très utilement les intérêts de l'élevage hippique français. Il a été tiré à un grand nombre d'exemplaires de façon à pouvoir être propagé autant que possible, Au cours de ses dernières séances, le Conseil de la Société a émis plusieurs vœux. Dans l’un d’eux, il demande : 1° que la vente des volailles et gibiers d’origine étrangère réfrigérés ou congelés ne puisse se faire en France que dans des établissements spéciaux et sous une étiquette indiquant leur nature et leur origine; 2° que la même mesure soit prise à l’égard des volailles et gibiers français avant subi une congélation. Un autre vœu est relatif au projet de loi déposé le 26 mai dernier 864 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE et tendant à l’établissement d’un impôt personnel et progressif sur tout contribuable ayant un revenu global de 10.000 francs et au- dessus. La Société, sans contester la valeur des motifs invoqués à l'appui de l'émission de l'emprunt que cet impôt serait destiné à gager, proteste, au nom du principe de l'égalité des citoyens, contre l'établissement de l'impôt, qualifié « national » qui pèserait exclusive- ment sur une très faible catégorie de contribuables. Elle demande que le service de l'emprunt projeté soit assuré soit par des économies, soit par des taxes portant sur certains revenus ou objets qui échap- pent encore, totalement ou partiellement, à l'impôt. à Par un troisième vœu émis à l’occasion de la discussion du projet de loi sur le service de trois ans, le Conseil a demandé que le Parle- ment rétablisse l’Institut national Agronomique parmi les écoles supérieures bénéficiant d’un régime spécial pour l’application de Ja loi militaire, Signalons enfin la création récente de deux nouveaux services de là Société : le service des plantes cultivées ou de biologie végétale et le service d’entomologie agricole. Les directeurs de ces deux ser- vices sont à la disposition des agriculteurs, membres dela Société, qui désirent les consulter sur des questions relatives aux services à la tête desquels ils sont placés. Les déterminations faites à la suite d’envois de plantes, de graines ou d'insectes et les consultations données par écrit sont soumises à l’application d’un tarif spécial pour les membres de la Société ou d’un tarif plus élevé pour les agriculteurs étrangers à la Société. REVUE AGRONOMIQUE CHIMIE AGRICOLE GORTANI. — Terre rouge, bauxite et latérite (Giornale di Geologia Pratica fase: I, p. 21, 1913). L'auteur détermine, d’une facon précise, les caractères de ces éléments, au point de vue agrologique. La terre rouge est surtout composée par un résidu insoluble de calcaires et de dolomies, constitué par de l’hydrate d’alumine uni à des hydrates ferrugineux et à d’autres minéraux soit antigènes, soit plus ou moins allotigènes. La bauxite est une roche constituée essentiellement par des hydrates d’alumine et de fer et se révèle, somme toute, comme une terre rouge antique. La latérite est une roche constituée par des hydrates d’alumine de fer, de titane et de manganèse, et dérive d’altérations de roches sili- ceuses. J. SIMONS. F * * % BERNARDINI et MAZzONE. — La latérisation dans les terrains de VItalie Méridionale (Le Stazioni Sperimentali Agrarie Italiane, vol. XLVI, fasc. 2, p. 146, 1913). Les roches alumineuses, très répandues dans l'Italie Méridionale, y donnent naissance, par suite de leur décomposition atmosphérique à la formation de latérite. Il est difficile de se prononcer sur la diffu- sion et l’intensité du processus de latérisation, le nombre de sols examinés étant encore trop faible. J. SIMONSs. *# * * meme Frank CAMERON. — Concentration des solutions du sol (V/TIe Congrès intern. de Chimie appliquée; New-York, 1912, t. XV, p. 43). Les phénomènes qui se passent dans le sol sont plutôt d’ordre dynamique que d'ordre statique, car l'humidité, l'acide carbonique sont en proportion sans cesse variable, Les composés solides contenus 366 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE dans le sol peuvent être ainsi classés : 19 composés définis ou espèces chimiques (orthoclase, gypse, etc.) qui se dissolvent dans l’eau sui- vant les lois ordinaires de la solubilité; 20 composés non définis, mais homogènes (solutions solides d'acide phosphorique dans la chaux ou le fer), dont la solubilité dépend des masses relatives des corps en présence; 30 complexes non définis et hétérogènes (potasse absorbée par la surface des particules argileuses ou sels ammoniacaux condensés sur les débris organiques, etc.), dont la solubilité varie avec les masses relatives des solides et des liquides, ou plutôt avec le volume relatif de la solution et la surface absorbante du solide. P. NorTrin. %k * *% J. WaLTER-LEATHER. — Détermination de la perméabilité des sols à l’eau (VZIIe Congrès intern. de Chimie appl.; New-York, 1912, t. XV, p. 155). Description d’un appareil destiné à évaluer cette propriété, en mesurant le régime de filtration à travers un cylindre de terre (pho- tographies). P. NorTTix. "x Richard B. Moore. — La radio-activité de quelques sols des États- Unis (V/IIe Congrès intern. de Chimie appl.; New-York, 1912, t. XV, p. 187). %* % *% J. A. VŒLCKER. — Le rapport de la chaux à la magnésie dans les sols (The Journ. of the Roy. Agric. Soc. of England, vol. 73, p. 325, 1912). Les expériences ont porté sur du bli, cultivé : 1° dans un sol conte- nant 0,40% de CaO et 0,20% de MgO avec application de MgO et de MgO + CaO à doses diverses; 2° dans un sol contenant 0,83 % de CaO et 2,29% de MgO avec application de CaO à doses diverses. Les conclusions sont les suivantes : La magnésie peut être avantageusement appliquée au blé dans un terrain qui en est pauvre jusqu’à égaler la teneur en chaux; plus le rapport chaux-magnésie se rapproche de l'unité, plus l’action bien- faisante est grande; mais, si la proportion de magnésie est excessive, il se produit une action toxique et la récolte diminue. Dans les sols contenant un excès de magnésie, le blé ne donne pas de bons résultats; toutefois l’addition de chaux devient utile. La chaux employée en excès n’a pas les effets toxiques de la magnésie. La magnésie et la chaux peuvent modifier le développement du bli; elles altèrent l’ap- pareil radical et les caractères du grain. Ces modifications se mani- festent surtout par le verdissement et la vigueur des feuilles, la fibro- sité et le plus grand développement des racines, et la plus forte assi- REVUE AGRONOMIQUE 307 milation azotée, qui a pour conséquence la production de grains glutineux. (Voir les notes parues sur ce sujet dans les Annales de la Science Agronomique française et étrangère, 2e semest'e, 1912, n° 5, p. 387 et n° 6, p. 451.) J. SimMons. H. IMMENDORFF. — La chaux riche en silice comme amendement (Die Landwirtschaftlichen versachs Stationen, p. 891, 1915). Au cours d'expériences faites avec divers matériaux calcaires conte- nant de 0,03 % à 1,9,51 % de silice soluble dans l’acide chlorhydrique sur six sols argilo-sableux contenant de 1,7,90% à 36,18 % d’argile et de 53,07 % à 75,97 % de sable, l’auteur n’a pas observé les incon- vénients qu'ont mentionnés divers auteurs. Il est même arrivé à conclure que la correction avec de la chaux vive contenant de l'acide silicique agit sur le sol aussi bien que la chaux vive ordinaire. La for- mation de durcissements cémenteux peut être complètement évitée si la chaux est épandue soigneusement sur le sol et est bien mélangée à celui-ci dans des conditions de température suffisamment favorables. Enfin, l’auteur note que l'acide sihcique hydraté qui se forme a une influence avantageuse en tant qu’il augmente le pouvoir absorbant du sol. J. Simoxs. MAsonI. — Sur la réaction alcaline que peuvent provoquer les acides et les sels acides dans les sols (Le Staziont Sperimentali A grarie Italiane, vol. XLVI, fasc. 4, p. 241, 1913). Les recherches ont porté soit sur des sols placés dans des matras : PAROLE N IN et qui ont été traités par des solutions acides 50 55 soit sur les liquides de percolation, provenant de sols traités dans des rallonges. Il a été constaté que les acides minéraux et organiques et leurs sels acides peuvent provoquer dans les sols la réaction alcaline; on ex- plique ce phénomène par la formation de bicarbonate de chaux. On observe, par contre, la persistance de la réaction acide avec acide phosphorique, ce qui s'explique par la formation de phosphate monocalcique qui, à cause de sa très faible affinité acide, peut rester inaltéré malgré l’excès de calcaire. Enfin, la réaction alcaline qu’on peut obtenir avec du phosphate monopotassique s'explique par la formation de carbonate alcalin au dépens du calcaire. L'auteur déduit ensuite de ce qui précède la nature de la réaction entrainée par les divers sels et acides utilisés ou préconisés en agri- culture. D'autre part, les sécrétions des racines ont une action certaine sur la réaction du sol : CO* dû à la respiration provoque une réaction 368 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE alcaline en présence de calcaire; il en serait de même pour les autres acides sécrétés par les racines. Ces expériences seront poursuivies relativement à l'étude des causes de la chlorose. | | J. Simoxs. * # J, E. GREAVES. — Quelques facteurs influençant la détermination quantitative de l’arsenie dans les sols (V//172 Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XV, p. 121). Application de l'appareil de Marsh au dosage de l’arsenic dans la terre. P. NoTrTin: 2 # % J. A. VæœLcker. — Action des sels de lithium, de zine, de plomb sur le blé (The Journ. of the Roy. À gric. Soc. of England. vol. LXXIHI, p. 314, 1922), La conclusion générale de ces expériences, poursuivies depuis 1908, est que la présence dans le sol de quantités très petites des élé- ments généralement rares dans le sol de culture, exerce sur la végé- tation une influence marquée. En ce qui concerne le lithium, toute forme saline exerce une action toxique lorsqu'elle existe dans le sol à la dose de 0,003 % ou plus; l’action toxique est proportionnelle à la quantité de lithium présente, la forme de nitrate étant la plus toxique; au contraire à la dose de 0,002 % le lithium exerce une action stimulante; parmi tous les sels de lithium, le plus stimulant. semble être le nitrate, lorsqu'il ne dépasse pas la dose de 0,001 % ; cette action des sels de lithium s'exerce surtout durant les premiers stades de la germination des graines. A une dose supérieure à 0,02%, les sels de zine ont une action toxique; au contraire, à une dose inférieure, ils exercent une légère action stimulante, plus sensible avec les sels les plus solubles et, en particulier, avee le nitrate, l’action toxique et l’action stimulante du zinc sont environ dix fois plus faibles que celles du lithium. Jusqu'à la dose de 0,03% le plomb n’a aucune action toxique; au-dessous de cette dose il a, sous forme de nitrate, une action sti- mulante, des expériences ultérieures sont nécessaires pour déterminer les limites exactes de sa convenance. J. Simoxs, * * * H, D. HALL. — La valeur des analyses du sol pour les agriculteurs (The Journal of the Royal Agricultural Society of England, vol. L'AATEL, D: LULU) Au point de vue pratique, les analyses du sol présentent les inté- rêts suivants : l'analyse mécanique permet de classer les sols d’après des types définis; le type d’un sol étant déterminé et la situation et le climat de la région étant connus, on peut établir l’aptitude ou la REVUE AGRONOMIQUE 369 non-aptitude de ce sol à une production déterminée. L'analyse chi- mique indique si un sol devient acide ou nécessite une correction calcaire afin que ce sol fonctionne normalement et permette l’utili- sation de l’engrais appliqué qui n’est d’ailleurs choisi qu'après exa- men de cette analyse. L'analyse chimique peut aussi mettre en évi- dence les insuffisances d’un sol; mais pour que ce fait soit établi avec certitude, il faut que l’on connaisse la composition et la façon de se comporter du type de sols auquel appartient le sol analysé. J. SIMoNSs. *# *X %* G. Parurer. — Les traitements cupriques et la nitrification du sol (Le Progrès Agricole et Viticole, p. 711, 8 juin 1913). Le sol des vignobles reçoit chaque année une certaine quantité de sulfate de cuivre qui, outre son action catalytique, peut avoir une influence sur la nitrification. Des expériences que l’auteur rapporte en détail, conduisent aux conclusions suivantes : la présence de cuivre dans les sols n’entrave pas complètement la nitrification : avec une dose de 2% la nitrification est encore de 60 % de celle du sol témoin: elle s’élève à 90% avec une dose de 1%. En contact avec les sels de chaux, de fer et d’alumine du sol, les sels de cuivre prennent rapide- ment la forme insoluble et ne peuvent avoir, par suite, que peu d'’in- fluence sur la nitrification; d’ailleurs souvent ce cuivre arrive direc- tement au sol sous une forme insoluble comme dans les bouillies alcalines. J. SIMons. MICROBIOLOGIE Hjalmar WinrHer.— Le bacille visqueux; son action sur les moûts de bières américaines avant, pendant et après la fermentation alcoolique (VZIIe Congrès intern. de Chimie appl.; New-York, 1912, vol. XIV, p. 231). Les facteurs agissant sur la fermentation visqueuse sont : 1° la race et la proportion de levure employée pour la fermentation alcoo- lique; 2° la température et l’atténuation de la bière; 30 l'acidité initiale du moût. P. NoTrix. *k * *# Professeur Dr A. J. J. VANDEVELDE. — Sur la symbiose des races de levure (V/IIe Congrès intern. de Chimie appl.: New-York, 1912, vol. XIV, p. 191). L'auteur a réalisé la vie symbiotique de diverses levures prises deux à deux : Sacchar. cerev. de Carlsberg et de Saaz (levures basses), S. cerev. Fronberg et Logos (levures hautes); Zygosacchar. Priorianus extrait d’un hydromel; Schizosacch1r. Pombe (levure haute). La symbiose est favorable dans la plupart des cas; le milieu de culture ANN. SOIENCE AGRON. — 4° SÉRIE — 1913 = II 24 370 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE a une influence : les résultats sont meilleurs dans le glucose + peptone que dans le saccharose + peptone; le moût au maltose est encore moins bon. La marche de la fermentation a été déterminée par la perte d'acide carbonique. P.. Normix. Francis WyarrT, Emil ScaricarTinG et H. Winter. — Récents pro- grès dans l’étude de la levure et de la fermentation (V/Z71° Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XIV, p. 255). Revue des travaux publiés de 1909 à 1912. * * * Em. BourQuELoT. — La synthèse des glucosides à l’aide des ferments (Reversibilité des actions fermentaires). — Conférence faite devant la Société Chimique de France, le 9 mai 1913 (fase. hors page, n° 14, 20 juillet 1913). M. BouRQUELOT a résumé dans sa conférence tous les travaux qu'il a publiés sur ce sujet (Voir Comptes rendus de l’Académie des Sciences). Sans entrer dans le détail des expériences, il est utile d'indiquer ici les conclusions d’ordre général : 1° Les enzymes (émulsine) peuvent exercer leur action dans des liquides fortement alcooliques (alcools éthylique et méthylique), même dans lPacétone; il n’est pas nécessaire que l’enzyme soit en solution et son action peut s’exercer par simple contact; 20 Des recherches portant sur trois enzymes différents établissent que ces enzymes sont à la fois hydrolysants et synthétisants, c’est-à- dire que leur action est réversible. On peut donc penser, avec l’auteur, que la réversibilité des actions fermentaires, qui eut pour premier défenseur A. CrorT HiLz, est à ranger parmi les grandes fonctions organiques les plus importantes qui soient aujourd’hui connues. $ P. Norrin. F, AxDo. — Saccharification de l’amidon par la diastase du koji en présence des acides ou des sels (VZZIe Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, vol. XIV, p. 13). La présence des sels acides ou neutres est, jusqu’à un certain point, favorable à la saccharification, exception faite pour le phosphate acide de calcium. Les sels alcalins, sauf le phosphate de potasse, retardent la saccharification. Tous les acides minéraux et organiques retardent la saccharification, excepté l’acide azotique et l'acide chlo- rhydrique. P. Normnx. PUS OS REVUE AGRONOMIQUE 371 Henri Vax LAER. — La diastase saccharifiante du malt et la réaction du milieu (VZ/1e Congrès intern. de Chimie appl.; New-York, 1912, vol. XIV, p. 203). L'auteur étudie l'influence des acides et des bases sur la diastase et montre que la perte d’activité, constatée au cours d’une sacchari- fication en présence d’un excès d'ions H ou (OH), est la résultante de trois effets principaux : 1° accroissement d’activité due à la dispa- rition d’un certain nombre d'ions H ou (OH), sous l'influence des substances agissant comme « tampon »; 20 destruction irréversible d’une portion de la diastase; 39 immobilisation temporaire d’une partie de l’enzyme. P. Norrix.$ % + * Dr Robt. WauL. — Nouvelles recherches sur l’enzyme protéolytique du malt (VIe Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912 vol. XIV, p. 215), , L'auteur étudie l'influence sur ce ferment soluble des acides et spécialement d’acide lactique qu’il appelle « acide lactique bactérien » et qu’il obtient à l’état de solution à 1 ou 2% par la fermentation lactique du malt. L’extrait de malt, préparé par broyage du malt avec cet « acide bactérien », possède une activité protéolytique bien plus grande que celle des extraits préparés à l’eau pure ou à l’eau acidulée par les acides minéraux ou organiques du commerce (même l'acide lactique). L'auteur a obtenu ainsi la digestion complète des albumines coagulables de l’extrait de malt, tandis que FERNBACH et HugerT n’ont jamais obtenu plus de 45%. L'action de l’enzyme commence à se manifester à 5° C., pour atteindre son maximum à 300 C.; la température mortelle est 500 C. L’addition d’une petite quantité de cet « acide bactérien » à une maische de brasserie augmente les rendements grâce à l’accroissement de l’activité peptique. P. NorTTIn. GÉNIE RURAL. HYDRAULIQUE BENKER et MILLBERG. — L’exeavation mécanique des fosses à su- perphosphate et notamment au moyen de l’appareil du système Wenk (Bull. Soc. d’Encouragement pour l’Ind. nationale, t. CXIX, 1913, p. 792). Ce système comporte une ou plusieurs fosses cylindriques, disposées horizontalement, construites en ciment armé ou en maçonnerie ordi- naire; le cylindre est fendu dans sa partie basse et suivant une géné- ratrice; pendant l’emplissage de la fosse, cette fente est bouchée au moyen de planches. Quand le superphosphate a fait prise, on enlève ces planches, ainsi que l’un des bnds de la fosse : on bouche celui-ci 912 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE au moyen d’un bouclier métallique; au centre de ce bouclier et en avant de lui, est un appareil rotatif armé de couteaux, tournant pa- rallèlement au bouclier, et avançant lentement à l’intérieur de la fosse; les couteaux débitent la masse en petits fragments, qui pas- sent à travers la fente et tombent dans des wagonnets. Le bouclier fermant complètement la fosse, on peut, pendant tout le travail d’excavation, mettre celle-ci en communication avec le ventilateur et les appareils de condensation; enfin le courant d’air passant sur la masse chaude débitée en fragments fins, permet de lui enlever la plus grande partie de son eau (Extrait du Rapport de M. L. Lindet). J. STEPHENSON. — Le colmatage en Angleterre (Journ. of the Royal Agricultural Sociely of England, vol. LXXIITI, p. 104, 1913). Dans le nord du Lincolnshire et dans le sud-est du Yorkshire, on pratique le colmatage sur de grandes surfaces (77.700 hectares). La surface à traiter est entourée d’une digue et reliée au fleuve par un canal à écluses. L’eau de marée, très limoneuse, est introduite dans le bassin à marée haute, dépose son limon et se retire claire à marée basse. Comme chaque marée forme un dépôt qui, sec, mesure 3 millimètres, la surface peut être surélevée de 60 à 90 centimètres en deux ou trois ans. On arrête alors la submersion et l’on sème du trèfle blanc. Pendant la croissance de cette plante, le terrain est drainé par des fossés qui se déchargent dans le canal de colmatage devenu collecteur principal. Plus tard Je terrain est réparti en fermes de 60 à 90 hectares qui, pourvues de bâtiments, sont louées à raison de 125 francs et plus par hectare. J. Simmons. BOTANIQUE — PARASITOEOGIE — ZOOLOGIE Von F. SrRroHMER. — Influence de la lumière sur la croissance des betteraves porte-graines (V//72 Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, vol. VIII, p. 79). L'auteur a coupé trois betteraves en deux parties égales et a planté le premier groupe de moitiés au soleil et l’autre groupe à l'ombre d’un arbre. A la récolte, on observe les résultats suivants : les ren- dements en racines, en feuilles et tiges, et en semences sont plus forts au soleil qu’à l'ombre. Les graines sont plus grosses et plus lourdes au soleil, et elles ont un taux de germination plus élevé. P.'NOTTIN. REVUE AGRONOMIQUE 313 Orazio Comes. — De la résistance des blés à la rouille (A4 del Real Instituto d'Incoraggiamento di Napoli, sér. VI, vol. IX, p. 22 1913} L'auteur, examinant tout d’abord l’état actuel de la question géné- rale de la résistance plus ou moins grande des plantes aux maladies cryptogamiques, estime que cette variation de la résistance, suivant les conditions, n’est pas seulement due à la plus ou moins grande compacité des tissus, mais plutôt aux variations chimiques que subis- sent les sucs de la plante. Les fumures azotées tendent à faire croître la teneur de ces sucs en hydrates de carbone et à faire diminuer la teneur en acides orga- niques; en rapprochant ce phénomène du fait que les plantes, au fur et à mesure de leur éloignement de l’état sauvage, deviennent plus sensibles aux maladies, l’auteur conclut qu’une plante est d’au- tant plus résistante aux maladies cryptogamiques que ses sucs pré- sentent une plus grande acidité. Si les blés dars sont plus résistants «ue toutes les autres races constituant les blés tendres, ceci dépend du fait que la production de l’amidon (et par conséquent des sucres) n’est pas la même pour les deux groupes : chez les blés durs (à caryopses riches en gluten et pauvres en amidon) la production des sucres est relativement plus faible que chez les blés tendres (à caryopses pauvres en gluten et riches en amidon). Si bien qu’à mesure qu’augmente la quantité d’amidon des graines, doit augmenter aussi la réceptivité des plantes aux « rouilles ». J. StMoxs. Mac DoucaLrz, R. STEWART. — Le Red Clover Gall Gnat, Amblys- patha Ormerodi (The Journ. of the Board of Agric. and Fisheries, vol. XX, n° 3, p. 225, 1913). Durant lhiver de 1912 et le printemps suivant, les cultures de trèfle rouge ont été ravagées par une cécidomye : À. Ormerodi. Comme moyen de lutte préventif possible, on a signalé le fait que, sur les points du champ où les moutons avaient brouté le trèfle à ras de terre, la maladie ne s’était pas développée, alors que les plantes étaient gravement attaquées partout ailleurs. Après la récolte des céréales, si les conditions sont de nature à favoriser un développe- ment florissant du trèfle (ce qui offrirait à la cécidomye le moyen de déposer ses œufs), il est prudent de faucher le trèfle au ras du sol ou de faire paître des moutons dans le champ. Les plantes fortement attaquées devraient être enfouies par un labourage. De cette facon, les larves et les pupes qui se trouvent dans la terre avoisinant les pieds de trèfle seraient mises dans l’im- possibilité d’arriver à la surface. J. SiMoxs. 374 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE J. C. Jonxsox. — Influence du traitement anticryptogamique sur .la germination des graines de céréales (Journ. of the Board of Agric. and Fisheries, vol. XX, p. 120, mai 1913). Le blé immergé pendant quinze minutes dans une solution de formaldéhyde à 0,25 % germa dans la proportion de 80%; on obtint le même résultat à la suite d’une immersion de cinq minutes dans une solution de sulfate de cuivre à 2%. L’orge et l’avoine montrèrent une résistance encore plus grande, mais l’auteur recommande, pour la pratique, l'immersion pendant quinze minutes dans une solution de formaldéhyde à 0,125 % ou pendant douze heures dans une solution de sulfate de cuivre à 0,5% pour l’usage général, ou une solution à 4% et une immersion de six heures pour l'orge et l’avoine. De la comparaison entre les deux séries d'expériences, il ressort que le sul- fate de cuivre retarde la germination deux fois plus que la formal- déhyde. ! J. Simonxs. Dr Chas. A.-Q. CamPpBELL. — Protection des chauves-souris en vue de la destruction des moustiques (Communication à l’Inst. Intern. d'Agricult. — Bull. mens. des Renseig. agric. et des maladies des plantes, n° 8 août 1913). L'auteur a observé que les chauves-souris font une grande consom- mation de moustiques pour leur alimentation : dans le guano de chauve-souris, on trouve de très petits fragments de toutes les parties chitineuses du corps du moustique. Outre cet avantage purement hygiénique, les chauves-souris pro- duisent un guano qui peut servir d'engrais; les analyses ont donné : eau, 10%; acide phosphorique total, 1,45%; acide phosphorique soluble dans l’eau, 1,00 %; soluble dans le citrate, 0,35 %; azote, 11,76 %; ammoniaque, 14,26 % ; potasse, 0,98 %. L'auteur préconise donc l'établissement d’abris pouvant contenir 500.000 chauves-souris : les frais de construction s'élèvent à 6.200 francs au maximum; 200.000 chauves-souris produisent en moyenne 202.176 quintaux de guano par mois, soit un revenu brut de 3.140 francs environ. J. SImoxs. TECHNOLOGIE Formation et disparition du sucre dans la betterave (5ull. Ass. Chim. Sucrerie et Distillerie, t. XXX, p. 382, 517, 684, 796, 809, 817 et 869, 1913) Une hypothèse a été émise par M. Vivien au Conseil de l'Association des Chimistes de sucrerie et distillerie (p. 382 et 684) : le sucre ne se REVUE AGRONOMIQUE #15 forme pas dans les feuilles et, d’autre part, le sucre qui est dans la betterave ne:se détruit pas et ne sert pas la seconde année à élaborer les feuilles et les graines. M. Vivien montre (p. 809) qu’en examinant les analyses hebdomadaires faites par M. SaïLLaRD, on constate que la quantité de sucre contenue dans une betterave entière (et non pour 100 grammes) va sans cesse en augmentant. Il existe des bet- teraves montées à graines et très riches en sucre (p. 889). M. F. LevaLLois (p. 517) a constaté que les racines, mises en terre pour porter graine, perdent leur sucre et leur matière sèche d’une façon continue, jusqu'à une limite inférieure où ces quantités sont réduites au minimum; l’augmentation du poids des racines ne com- pense pas les pertes relatives de réserves nutritives. M. J. ne GRrogeRrT (p. 796) fait un résumé historique de la question et montre que la théorie admise généralement repose sur des faits expérimentaux. Pendant la deuxième année de végétation, une partie du sucre sert à l’élaboration de nouvelles feuilles, mais ces feuilles produisent à leur tour du sucre qui peut masquer la disparition an- térieure. M. L. CasseL (p. 869) donne les mêmes conclusions. Il est désirable que des expériences nouvelles montrent la valeur des deux théories en présence. L’Association des Chimistes de sucrerie et distillerie est d’ailleurs disposée à encourager les essais effectués sur la saccharogénie (Voir Bull. Ass. Ch. S. D., t. XXX, p. 785 et 788, 1913). PANOTITN: FA * * Jules Rogarr. — Procédé de carbosulfitation à basse température (Bull. Ass. Chim. Sucr. et Distill., t. XXX, p. 836, 1913). L'auteur apporte quelques modifications au système de carbosul- fitation introduit en sucrerie par M. WeisBerG. Le jus chaulé est réchauffé à 580-600, carbonaté en première, réchauffé à 659-689 et filtré. Le jus filtré, sans réchauffage préalable, est carbonaté en se- conde et sulfité dans la même chaudière; ce jus est ensuite réchaufté et filtré. Ce procédé serait très économique et donnerait d'excellents résultats. P. NoTTiN. # + * Von F. SrronHMER et O. FarLapa. — Inversion du sucre de canne par le chlorure d’ammonium (V//1° Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912; vol. VIII, p. 85). L’action de ce sel s'explique par le fait qu’il est dissocié dans ses solutions à l’état d’ammoniaque et d’eau. Les auteurs chauffent à 110 pendant une heure, 50 centimètres cubes d’une solution de sucre de canne à 26% avec 30 centimètres cubes d’une solution saturée de chlorure d’ammonium légèrement acidulée; après refroidissement à 200 l’inversion continue lentement et devient complète après une heure, Si l’on change les conditions opératoires, l'équilibre est atteint plus lentement, 376 ANNALES. DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le chlorure d’ammonium ne change pas le pouvoir rotatoire du sucre même en présence de non-sucre. Au contraire, dans l’inversion chlorhydrique avec neutralisation postérieure par la soude ou lam- moniaque, la présence de substances telles que l’asparagine ou l’acide glutamique fausse les lectures polarimétriques. P. NoTTIx. + *X * Eug. Cozuix. — Les chicorées commereiales (Ann. des Falsifications, LNVIE EDS 9 TOME) L'auteur rappelle les diverses opérations industrielles de la prépa- ration; l'examen microscopique permet de reconnaître les matières étrangères et de déceler les falsifications (figures). P. NOTTIN. %k * * Geo. Derren. — Relation entre le pouvoir rotatoire et l'aptitude à la fermentation des matières amylacées traitées par un acide (VIIIe Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912; vol. XIV, p. 67). On sait que les dextrines ne fermentent pas sous l’action de la levure, spécialement sous l’action du Saccharomyces Cerevisiæ. Si la fermen- tation se déclare quelquefois, c’est que la dextrine a été plus ou moins hydrolysée, comme le montrent les pouvoirs rotatoire et réducteur. L'auteur prépare des moûts de pouvoirs rotatoires différents et dé- termine la proportion x d’hydrates de carbone fermentés; la courbe x — f («,) est sensiblement une ligne droite. P. NorTrTix. %# * * A. FERNBACH. — Sur une nouvelle forme d’amidon soluble (VZ77e Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912; t. XIII, p. 131). L'auteur a préparé de l’amidon soluble à froid (1 gramme dans 100 centimètres cubes d’eau) de la façon suivante : un empois, d’une concentration inférieure à 2 %, est versé dans un grand excès d’acé- tone pure, fortement agitée; le précipité floconneux est recueilli, lavé à l’acétone pure, essoré et séché. La solution de cet amidon filtre facilement sur du papier, se colore en bleu par liode, ne pos- sède pas de pouvoir réducteur et se saccharifie par l’extrait de malt. P. NoOTTIN. *% * * Frédéric-T. Biozerri. — L’acide sulfureux en vinifieation (V//7e Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912; vol. XIV, p. 31). L'alcool, l'extrait, les cendres et la couleur sont augmentés dans presque tous les cas par l'emploi de SO?; la destruction des acides REVUE AGRONOMIQUE 977 fixes et la production des acides volatils sont évitées ou diminuées. Ces faits résultent d’une fermentation plus pure, ce que l’auteur a constaté par l’examen microscopique et la numérotation des microorganismes. Mais pour obtenir un bon résultat et éviter tout accident, l’acide sul- fureux doit être employé en quantité exactement calculée pour chaque Cas. P. NoTTix. * * * L. Marieu et P. CHAUVET. — Solubilité de la crème de tartre dans les vins (Bull. Ass. Chim. Sucr. et Dist., t. XXX, p. 845, 1913). La solubilité de la crème de tartre est diminuée par l'acide tartrique, mais il ne semble pas que l'élévation de la dose d’acide ait une in- fluence notable sur la solution; les acides malique et citrique augmen- tent la solubilité de la crème de tartre. P. Norris. * + % A. TRUELLE. — Le salage du cidre, du vin et de la bière (Vie agri- cole et rurale, 1913 [2], p. 159). Dans cette seconde étude, l’auteur montre que la présence natu- relle du chlore a été constatée dans les cendres du cidre, du vin et de la bière; les teneurs indiquées par des divers auteurs sont assez variables. Le salage des boissons peut avoir un double but : 1° Ja cla- rification et la conservation, qui sont réellement facilitées par le sel; quant à l'augmentation de la saveur et de la couleur, les faits sont moins bien confirmés; 2° l’augmentation de poids de l'extrait sec en vue de dissimuler le mouillage a été affirmée par plusieurs chimistes experts; mais l’auteur ne connaît aucune expérience justifiant cette opinion et les expériences de M. CROCHETELLE prouveraient le con- traire (Voir Ann. Sc. Agr., 1913, t. I, p. 319). P, NOTTIx. 4% x Sante CETTOLINI. — Utilisation des figues d'Inde pour la production de l’aleool (Società degli Agricoltori Ltaliani, anno 18, n° 12, p. 456, 30 juin 1913). Les figuiers d'Inde croissent en Sardaigne; les fruits, petits mais lourds, pèsent une centaine de grammes; 196 kilos de fruits pelés, écrasés, pressés, donnent 122 litres de moût peu fluide, de densité [ PES les peaux représentent 37,64% du poids total; les graines, A2 Os L’analyse du fruit entier a donné : matières albumineuses, 6,75 %; matières grasses, 0,2758 % ; matières cellulosiques, 1,342 %. L'analyse du moût : matière extractive, 15,54%; acidité, 0,0102%; cendres, 0,692 %:; matières sucrées, 11,20 %. Les matières sucrées sont toutes à fonction aldéhydique. Le mode opératoire qui a donné les meilleurs résultats est le suivant : broyer 378 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE les figues non pelées, les presser, ajouter au moût 2 grammes d’acide tartrique par litre, ensemencer par levures alcooliques. Le liquide fermenté contient 5,98% d’alcool. On peut compter sur 6 litres d'alcool par quintal de fruits, soit environ 9 hectolitres d’alcool par hectare. Le tourteau sortant du filtre-presse peut servir à l’alimenta- tion du bétail. J. Simoxs. k + * Gustave GuiTTONNEAU. — Étude comparative sur les industries lai- tières en Europe Septentrionale (Annales de lPInstitut national A gronomique, 2e série, t. XIT, fase. 1, p. 41, 1913). M. G. GUITTONNEAU, ingénieur agronome, en mission d’études, publie un certain nombre de documents recueillis sur les industries laitières, au cours d’un voyage en Allemagne du Nord, Danemark, Suède, Hollande et Belgique. Dans la première partie de son étude, Pauteur décrit la préparation du lait pour la vente en nature; il montre qu'outre la pureté chimique, le consommateur doit exiger la pureté microbiologique; or cette pureté microbiologique est obtenue plus facilement en maintenant le lait à basse température et en filtrant, qu’en employant la pasteurisation; c’est ce principe qui a dirigé la Société laitière d’approvisionnement de Copenhague; le fonction- nement de cette société est tellement satisfaisant que la législation danoise s’est inspirée de son organisation et a rendu obligatoires cer- taines dispositions. À Stockholm, on vend deux sortes de lait : le « lait contrôlé » (contrôle de l'Etat), qui est traité comme celui de Copenhague, et le « lait du commerce », qui est pasteurisé; la vente de ces produits est réglementé par un arrêté très sévère, Au contraire, l’approvisionnement de Hambourg est fait comme celui de Paris. Un deuxième chapitre est consacré à la fabrication du beurre et du fromage (détails sur la fabrication des fromages de Gouda, d’Edam et de Cheshire). L'auteur étudie enfin l’organisation de l’exportation des produits de laiterie en Hollande, Danemark et Suède; 1] montre l'influence des sociétés privées puissantes et celle du contrôle officiel de l'Etat : ce contrôle est basé en Hollande sur l’analyse chimique; au Danemark, il repose surtout sur l'examen physique et organoleptique. P. NorrTiIx. * * * A. Pappez. — Analyses de lait de bufflesse (The Cairo Scientific Journal, vol, VII, n° 78, p. 63, 1913). L'auteur rapporte les chiffres des analyses de quatorze échantillons de lait provenant d'animaux sains et bien nourris; chaque échantillon provient du mélange des laits de six animaux en moyenne. L’auteur espère pouvoir obtenir ainsi huit à dix échantillons par mois pendant un an au moins et pense que si d’autres laboratoires veulent colla- borer avec le sien pour les recherches en question, ils voudront bien suivre la même méthode de prélèvement et exprimer les résultats de: REVUE AGRONOMIQUE 379 la même façon que lui. Dans ce but, l’auteur expose les méthodes suivies par lui. En particulier pour le calcul de la matière sèche totale diminuée de la matière grasse, en partant de la densité et de la teneur en matière grasse, l’auteur a établi une formule qui, pour le lait de bufflesse, donne de meilleurs résultats que la formule de Fleischmann. Ceci est pour satisfaire à une observation de M. Lucas, qui a fait observer que l'interprétation des données analytiques est souvent difficile du fait qu’on manque de chiffres types basés sur un nombre suffisant d'analyses d'échantillons reconnus absolument purs. J: SiMoxs. % * *# Camille Mariano. — Le problème de la fixation industrielle de Pazote (Bull. Soc. d'Encouragement pour l'Ind. nat., t. CXIX, p. 805, 1913). Les résidus organiques et la bouille sont des sources d’azote limi- tées et indépendantes des besoins agricoles et industriels. Les gise- ments de nitrate du Chili, malgré leur abondance, s’épuiseront un jour; de plus, cette source d’azote, pour ainsi dire unique, est entre les mains d’un nombre restreint de producteurs, tous unis par le même intérêt; aussi comprend-on les efforts réalisés ces dernières années pour fixer industriellement l'azote de l’air. M. MariGnon rappelle le procédé bien connu de BYRKELAND et EYDpE, mis en pratique aux usines de la Société Norvégienne de Pazote. M. ScaLæsixG fils a donné récemment un procédé d’absorption par voie sèche qui permet, en faisant passer les vapeurs nitreuses sur la chaux maintenue à 3000, d'obtenir immédiatement le nitrate de chaux; on supprime ici les volumineuses tours de granit, les opéra- tions de neutralisation de lacide et de concentration du nitrate, D'autre part, grâce aux perfectionnements apportés par Georges CLaAuDE et LiNpe au problème de l’enrichissement de l'air en oxy- gène, la substitution possible à l’air ordinaire d’un mélange d’oxy- gène et d'azote à volumes égaux doit conduire à une amélioration économique du rendement. Le professeur HAÜSsERr, dans son usine d’essai à Nuremberg, dé- termine la formation des composés nitriques par l'explosion d’un mélange d’air et de gaz de ville; M. MariGnon a déterminé la richesse de ces gaz en vapeurs nitreuses après l'explosion. Dans le procédé BENDER, on produit l’acide azotique par combustion sous pression d’un gaz naturel constitué par du méthane presque pur. Après avoir rappelé la fixation de l’azote atmosphérique à l’état de cyanamide de calcium, M. Mariaxon étudie en détail les divers procédés ayant pour but de combiner directement l’azote et l’hydro- gène pour obtenir lammoniaque. La réaction n’est possible qu’en présence de catalyseurs permettant d’abaisser la température à la- quelle la combinaison peut commencer. La Badische Anilin- und Soda-Fabrik paraît avoir trouvé la réalisation industrielle du pro- blème par l'emploi du fer comme catalyseur; les gaz sont comprimés à 50 atmosphères et chauffés à 5500, Le Dr SErRPEk a préparé l’azoture d'aluminium par chauffage à 380 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 1.8009 d’un mélange d’alumine et de charbon dans un courant d’azote; la température peut être abaissée par l’emploi de catalyseurs tels que l’hydrogène et le fer. Ce procédé, exploité en France par la Société des Produits chimiques d’Alais et de la Camargue, permet de réaliser la préparation d’aluminium pur en passant par l’azoture d'aluminium, avec synthèse simultanée d’ammoniaque; on peut aussi rentrer l’alumine dans la fabrication. M. Marino décrit les fours tournants employés à l’usine de Saint-Jean-de-Maurienne et montre les avantages du dispositif. M. MaTiGxoN a préparé de l’azoture de glucinium, dosant près de 51 % d’azote; la glucine, substance rare, est rentrée dans la fabrication et sert indéfiniment. M. MATIGNoN a également préparé directement l'ammoniaque synthétique, en employant le tungstène et la poudre de zinc comme catalyseurs. Divers essais de transformation chimique de lammoniaque en acide nitrique permettent de prévoir l'utilisation du nitrate d’ammo- niaque comme engrais; ce corps aurait l'avantage d’être riche en azote et de diminuer les frais de transport. L'auteur dans ses conclusions fait ressortir que le nitrate du Chili restera longtemps encore le régulateur du prix de J’azote, les procédés synthétiques réalisant difficilement les prix actuels de cette substance fertiisante. P. Norris. % * *# E. Konw-AgresT. — Nouvelles recherches sur les applications de l'aluminium activé. — Les alungallines (Bull. Ass. Chim. Sucr. et Distill., t. XXX, p. 862, 1913). L’aluminium activé par le bichlorure de mercure possède la pro- priété de précipiter le tannin de ses solutions : cette propriété peut être utilisée pour recueillir des précipités tanno-aluminiques, dont on régénère le tannin. L’auteur appelle alungallines les produits obtenus par l’action des acides sur les précipités qui se forment par contact de l'aluminium activé avec les liquides tannifères. L’aluminium activé peut servir au dosage du tannin, en déterminant l’extrait sec de la solution avant et après traitement par la lame métallique. P. NoTTin. BIBLIOGRAPHIE E.-J. Russezz, D. Sc. (Lond.). — Lessons on Soil. Goldsmith Com- pany's Soil Chemist, Rothamsted Experimental Station. 2e édition. — Vol. relié de xv-130 pages et 56 figures. — Prix : 1f 85. — Cambridge University Press, Fetter Lane, Londres, E. C. 1912. Ce livre, dont la première édition parut en 1911, constitue un abrégé de la chimie du sol. L'auteur étudie successivement : la composition du sol, les propriétés de l’argile, l’action des sels de chaux sur l'argile colloïdale, les propriétés du sable, la matière organique, les éléments nutritifs que contient le sol, les organismes vivants du sol, les rapports du sol avec la plante, le travail du sol, l'amélioration du sol, la cons- titution progressive du sol. Les exposés contenus dans cet ouvrage reposent tous sur des expé- riences préalables. Il faut, en effet, signaler que ce livre a été écrit spécialement pour l'instruction agricole de jeunes gens de quatorze ans; cependant le Dr RusseLr, dont les récentes recherches sur les microorganismes du sol et leur influence sur la fertilité sont célèbres, a condensé les principes scientifiques de la chimie du sol dans ces quelques chapitres qui, tout en restant parfaitement compréhensibles pour de jeunes esprits, contiennent des renseignements précieux pour des agriculteurs plus avertis. J. SiMoxs. *"* Edward-J. PRANKE, B. Sc. — Cyanamid (Manufacture. Chemistry and Uses). — Un vol. 106 pages. 1913, The Chemical Publishing Company; Easton, Penna, Etats-Unis. L'auteur a réuni en un volume les nombreux travaux publiés sur la cyanamide de calcium. Après quelques indications sur la prépa- ration industrielle de ce corps, divers chapitres sont consacrés aux propriétés des composés chimiques, cyanamide et dicyanamide, aux méthodes analytiques (azote total, dosages de la cyanamide, de la dicyanamide, de l’urée, etc.) et à la conservation de la cyanamide 389 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE commerciale. L'auteur aborde ensuite Je problème de la décompo- sition de cet engrais dans le sol : sous l’action de la terre humide, la forme ammoniacale est atteinte en trois périodes distinctes : 1° Le calcium se sépare du radical azoté et passe à l’état de carbonate; 20 Ja eyanamide CN° H? se transforme en urée, probablement sans intervention microbienne; 39 l’urée est convertie en sels ammonia- caux qui sont nitrifiés. Dans certaines expériences, la cyanamide de calcium a eu une influence défavorable sur la végétation; mais les travaux effectués à ce sujet montrent que cette toxicité n’a pas lieu dans les conditions normales d'emploi de cet engrais. L'auteur examine les avantages et les inconvénients du mélange de la cyanamide de calcium avec d’autres engrais, notamment les engrais ammoniacaux et les superphosphates acides. L'ouvrage se termine par un chapitre relatif à l’action du permanganate sur la cyanamide. Ce volume peut rendre de grands services à tous les chimistes agri- coles qui seront appelés à s’occuper de la cyanamide. Il est regrettable qu'un chapitre spécial ne rende pas compte des essais culturaux actuellement effectués sur cet engrais dans presque toutes les parties du monde. P. NoTTIn. # * * M. Waurers et Mme HAEnTiENSs. — La Laiterie moderne. — Un vo- lume broché de 130 pages. — Librairie Larousse, Paris. — Prix : 2 fr. Cet ouvrage est plus spécialement destiné aux fermières et aux élèves des écoles ménagères. Les auteurs étudient rapidement et succinctement les soins princi- paux à donner au lait à la ferme, en passant en revue la composition du lait, les microbes du lait, le contrôle du lait, la vente du lait et sa conservation. Le premier chapitre donne des renseignements géné- raux suffisamment clairs pour permettre de tirer dans la pratique un enseignement utile de la préparation proprement dite du lait. Dans un deuxième chapitre les auteurs passent en revue l’écré- mage, la maturation de la crème, le barattage, le délaitage et ma- laxage, la conservation et l’expédition du beurre, l’utilisation du lait écrémé et du babeurre la fabrication du beurre à la ferme. Toutes ces opérations sont parfaitement décrites et donnent de bonnes notions aux élèves des écoles ménagères. Enfin les auteurs insistent sur la nécessité de fonder des laiteries coopératives et montrent tout le bienfait de ces organisations. Le dernier chapitre est consacré à la fabrication du fromage, aux maladies des fromages, à l'installation d’une fromagerie. La lecture de ce travail permet d’acquérir des notions générales de l’industrie fromagère. Les auteurs ont rempli le but qu’ils poursuivaient. Ils ont édité un travail parfaitement approprié à l’usage des élèves des écoles ména- gères et pouvant donner des indications précieuses aux fermières désireuses d'éclairer leurs modes de traitement du lait dans les fermes. J.-E. Lucas. BIBLIOGRAPHIE A5 383 T.-B. Woop, M. A., Professeur d'agriculture à l'Université de Cam- bridge. — The Story of a loaf of bread. — Un volume de 137 pages et 17 figures. Prix : 1125. — Cambridge University Press, Fetter Lane, Londres, E. C. 1913. L'auteur a décrit, dans ce petit livre de vulgarisation, les différents aspects qu’affecte la matière avec laquelle est fait le pain. Deux chapitres sont consacrés tout d’abord à la culture du blé et à sa vente; là l’auteur passe en revue brièvement les exigences de cette céréale, se basant, pour conclure, sur les nombreuses expériences faites en Angleterre et particulièrement sur celles de LAWES et GILBERT à Rothamsted. Sont ensuite rappelés, les différents usages qui régissent la vente du blé ainsi que les qualités que le meunier doit rechercher de préférence dans le blé. Puis l’auteur, abandonnant ces considérations agricoles et commer- ciales, se place à un point de vue purement technologique pour étu- dier la mouture du grain, examinant successivement les appareils anciens et modernes, puis la pratique elle-même de la mouture. Enfin, il discute les différentes méthodes de panification. Les deux derniers chapitres sont consacrés à l’étude de la compo- sition chimique du pain et à l’examen des différentes espèces de pain. Les quelques dernières pages de l’ouvrage sont consacrées à la bibliographie des ouvrages et publications anglais qui ont paru sur. ces diverses questions. J. SIMONS. G. Capus, docteur ès sciences, ancien directeur général de l’agricul- ture en Indo-Chine, et D. Bois, assistant au Muséum d'histoire naturelle, professeur à l’École coloniale. — Les Produits coloniaux, Origine, production, commerce. 1 vol. in-18 jésus de 680 p., avec 202 grav. et cartes dans le texte. Librairie Armand Colin, rue de Mézières, 5, Paris. — Relié toile : 7 fr. A une époque où les colonies ont pris, dans la vie économique des nations, une place considérable, il n’est plus permis d'ignorer leurs richesses propres, c’est-à-dire leurs produits naturels. L’administra- teur, le colon, le commercant, l'industriel doivent connaître les diffé- rentes productions coloniales et leur rôle dans le commerce local ou mondial. C’est en vue de répondre à ce besoin de connaissances précises que MM. Capus et Bois ont publié leur ouvrage : Les Produits coloniaux. Ils ont constitué un recueil d'informations scientifiques, économiques, industrielles et commerciales sur les produits coloniaux provenant des règnes minéral, végétal et animal. Leur ouvrage est donc une sorte d’encyclopédie de la production coloniale générale qui épargnera, à toute personne cherchant des renseignements sur tel ou tel produit, 384 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE les recherches longues et parfois malaisées dans les ouvrages spéciaux et les publications savantes. Le lecteur y trouvera les renseignements qu'il désirera sur l’origine, la production, la préparation, l'emploi et le commerce de tous les produits originaires des colonies, et particu- lièrement des colonies francaises. Les produits sont étudiés selon leur origine naturelle, c’est-à-dire qu’ils ont été groupés en trois classes, qui forment trois parties dans l'ouvrage : Produits du règne végétal, produits du règne animal et produits du règne minéral; et pour cha- cun d’eux, on part de l’origine pour aboutir à l’usage pratique que l’on en peut faire. De nombreuses figures accompagnent le texte, et un index alphabétique permet de trouver rapidement ce qui se rap- porte au produit que l’on se propose d'étudier. On se rend compte que cet ouvrage, unique aujourd’hui en son genre, sera le complément nécessaire de tout enseignement commercial et colonial. Il sera de première utilité aux élèves des écoles coloniales. commerciales et agricoles. Mais il prendra place également dans la bibliothèque du planteur, de l'industriel, du négociant et de ladmi- nistrateur, qui auront ainsi près d’eux un répertoire complet et dé- taillé des richesses naturelles qu’ils doivent exploiter et conserver. ———— NANCY-PARIS, IMPRIMERIE BERGER-LEVRAULT L'ACTION FERTILISANTE DU SOUFRE SON ÉVOLUTION DANS LE SOL) Par MM. CH. BRIOUX Le D' M. GUERBET INGÉNIEUR AGRONOME DIRECTEUR DU LABORATOIRE DE BACTÉRIOLOGIE DIRECTEUR DE LA STATION AGRONOMIQUE DE ROUEN DE LA SEINE-INFÉRIEURE Le soufre n’est pas un nouveau venu en agriculture; depuis longtemps déjà on utilise ses propriétés anticryptogamiques pour combattre certaines maladies des plantes, mais son rôle semble devoir s'étendre. Des expériences récentes ont montré en effet qu'il jouit aussi de propriétés fertilisantes, parfois très marquées, vis-à-vis d’un grand nombre de plantes cultivées. MM. CHancrin et DEsrior à Beaune et à Gennetines, puis M. BouLLANGER à Lille, et M. DEmoLon dans le département de l’Aiïsne, ont obtenu notamment de forts excédents de récolte en essayant l’action du soufre comme engrais. L'un de nous a également expérimenté l’effet du soufre enfoui à la dose de 100 et 200 kilos à l’hectare, dans un sol léger silico- calcaire. La plus-value constatée fut, en moyenne, de 15 % pour les pommes de terre, de 12% pour la moutarde blanche, de 43 % pour le céleri, et de 30 % pour les rutabagas. Mécanisme de l’action fertilisante du soufre. — Tous ces résul- tats étaient de prime abord trop imprévus, pour que l’on ne (1) Les analyses nécessitées par cette étude ont été exécutées avec le concours dévoué de M. G. SrRÊcHER, chef de laboratoire à la station agronomique. ANN. SUENCE AGRON. — 4€ SÉRIE — 1913 — II 25 386 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE cherchât pas à élucider le mécanisme de cette action fertili- sante, M. DEmoLon constata, au cours de premières expériences (1), que le soufre est susceptible de s’oxyder lentement dans le sol en donnant de petites quantités de sulfates; mais l’oxydation qu’il observa n’atteignait pas 1 % du soufre introduit. Dans des essais ultérieurs (2), l'oxydation qu’il obtint fut plus élevée et atteignit, en quarante jours, 7,7 et 12,4% du soufre total, pour deux terres peu calcaires, maintenues à l’étuve à à 200. M. DEMoLoN montra aussi que des microorganismes doivent intervenir, l’oxydation étant moins forte dans une terre préa- lablement chauffée à 1050, que dans une terre non chauffée. Il en conclut que le soufre utilisé comme engrais peut agir comme aliment sulfaté, et se comporter, en outre, comme un mobilisateur des réserves minérales du sol. MM. BouLLanNGER et DuGarpiN ont envisagé la question à un autre point de vue, et ont étudié l’action du soufre sur les microorganismes du sol (3). Û Ils ont montré : 19 Que le soufre, employé à faible dose, n’agit pas sur les ferments nitreux ; 20 Qu'il favorise à faible dose le travail des ferments nitriques, mais devient nuisible à forte dose; 3° Qu'il favorise nettement le travail des microbes ammoni- sants, c’est-à-dire de ceux qui transforment en ammoniaque les matières organiques azotées; 40 Qu'il n’a pas d'influence sur les bactéries fixatrices d'azote. D’après ces auteurs, le soufre ne jouerait done, dans le sol, qu’un rôle purement indirect, en agissant comme modificateur de la flore microbienne, et la généralisation de son emploi en agri- culture devra être subordonnée à l’étude approfondie de son action sur les réserves organiques azotées des sols. (1) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 19 février 1912. (2) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 3 mars 1913. (3) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 5 février et 22 juillet 1912. L'ACTION FERTILISANTE DU SOUFRE 387 M. BouLLANGER néglige, ou tout au moins considère comme très peu importante, l’action que le soufre est susceptible d'exercer en tant que source d’acide sulfurique et de sulfates. Cette opinion est, croyons-nous, trop absolue, car nous allons relater des expériences qui démontrent que le soufre incorporé au sol est susceptible, dans des conditions favorables d'humidité et de température, de s’oxyder beaucoup plus rapidement et plus complètement qu’on ne l’avait montré jusqu'ici (1). Évolution du soufre dans le sol. — Au cours d’essais prélimi- naires, l’un de nous prit deux lots de 1.500 grammes de terre de jardin sablo-calcaire. Le premier lot fut enrichi en azote à l’aide de 10 grammes de sang desséché; le second reçut la même dose de sang desséché, plus 5 grammes de fleur de soufre. Le taux d'humidité fut maintenu voisin de 20 %, et les deux lots contenus dans des cristallisoirs où la terre était bien aérée, furent placés pendant quelques jours dans une étuve chauffée à 250, puis maintenus ensuite, l’étuve devenant indisponible, à la température du laboratoire. Après quinze jours, 100 grammes de chacune des terres furent épuisés à chaud par de l'acide chlorhydrique dilué, et dans les liquides d’épuisement, on dosa l’acide sulfurique. Les chiffres ci-dessous sont rapportés aux 1.500 grammes de terre : Anhydride SUAURIQUE ; Terre avec sang desséché seul MAT ne 2 . . sr 689 Terre avec sang desséché et soufre . . . . . . . 8: 632 La terre ayant reçu le soufre renfermait donc, après quinze jours seulement, un excédent de 7£#7 943 d’anhydride sulfurique, qui s'était combiné à la chaux du sol au fur et à mesure de sa formation. Cette dose d’acide correspond à l'oxydation de 38r 17 de soufre (1) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 13 mai 1913, p. 1476. 388 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE soit 63,4% des 5 grammes introduits. Au bout de vingt-sept jours, l'oxydation atteignait 72,2 %. Ces résultats, très supérieurs à ceux précédemment publiés, nous engagèrent à entreprendre une série d’essais pour mettre en lumière les causes qui peuvent influer sur loxydation du soufre dans le sol. Les recherches développées ei-dessous montrent quelle est l'influence, sur la marche de l’oxydation, de la nature du sol, de sa teneur en carbonate de chaux, et de certaines substances hydrocarbonées ou azotées ajoutées à la terre. Elles prouvent, en outre, que cette oyxdation est presque exclusivement due à des microorganismes que nous cherchons en ce moment à 1s0ler. [J. — INFLUENCE DE LA NATURE DU SOL ET DE L’ADDITION DE SUBSTANCES HYDROCARBONÉES ET AZOTÉES 19 Terre de jardin légère, silico-calcaire. Cette terre d’alluvions anciennes de la Seine, contenant 6% de carbonate de chaux, est additionnée de 4 °/0 de fleur de soufre, et, pour certains lots, de 5 0/0 de saccharose, d’amidon, ou de peptone Collas. Nous avons choisi ces substances comme types des matières hydrocarbonées et azotées, parce qu’elles n’apportent pas de soufre ou de sulfates pouvant compliquer nos essais. La terre est ensuite placée, par lots de 500 grammes, dans des germoirs métalliques carrés de 0M16 X 0M16; l'humidité est amenée à 20% avec de l’eau distillée, et les récipients, recou- verts d’une lame de verre pour modérer l’évaporation, sont maintenus à l’étuve à 25°. Tous les cinq jours, on prélève 50 grammes de terre et l’on y dose l’acide sulfurique. La terre restante est remaniée à la main, et tous les deux ou trois jours le taux d'humidité est ramené à 20 %. L'ACTION FERTILISANTE DU SOUFRE 389 Voici les résultats trouvés, ramenés à 1 kilo de terre et à l'humidité initiale. Résultats 10) Témoin 2e) Terre 3) Terre 4e) Terre 5) Terre avec avec avec avec trouvés sans f saccharose amidon peptone après : SUITE et et et soufre seul soufre soufre soufre 5 : SOS par kilo. . . 08r113 08236 08180 08257 O8r 515 JOUTS- | S oxydé p. cent(1) » 1,2 0,7 1,4 4,0 FE SOS par kilo. . . 08154 281520 08353 08" 485 18' 060 JOUE: | S oxydé p. cent. » 23,6 2,0 218 9,0 or SOS par kilo. . . 08205 48656 08682 08838 48' 200 JOUÉS: À S oxydé p. cent. » 44,5 4,8 ÉL3 4069 SO GUrE SOS par kilo. . . 08230. 58" 204 18628 18 294 78r 083 JOUS- | S oxydé p. cent. » LE LAON A0 IG 681 : SOS par kilo. . . 08253 68420 38046 28 680 88 450 30 jours. S oxydé p. cent. » 59,9 27,9 24,3 82,0 Nous constatons que la teneur en sulfates du lot témoin sans soufre, triple presque pendant la durée de l’expérience, cette terre de jardin étant particulièrement riche en produits sulfurés, organiques Où minéraux, qui se sont oxydés peu à peu. L’oxydation du soufre introduit dans les autres lots, d’abord lente au début, devient rapide à partir du dixième jour; elle atteint 60% au bout de trente jours dans le lot n° 2 n'ayant reçu que du soufre. Les matières hydrocarbonées (saccharose et amidon), intro- duites dans les lots 3 et 4, ont une influence très retardatrice, en créant vraisemblablement un milieu peu favorable au pro- cessus de l’oxydation. Celle-ci, après dix et quinze jours, est sept à huit fois moins forte que dans le lot n° 2; mais après un mois, elle devient un peu plus active. Il est possible qu’une forte fumure au fumier de ferme, où dominent les matières hydrocarbonées, agisse dans le même sens lorsqu'elle est incorporée au so] en même temps que du soufre. (1) Déduction faite des sulfates trouvés dans le témoin sans soufre. Vu l'importance de l’oxydation, nous avons négligé, dans nos calculs, l'influence de la minime quantité de SOS libre ou combiné, que peut apporter la fleur de soufre. 390 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE En dernier lieu, nous voyons que la peptone, en tant que matière azotée organique, a une action favorisante très marquée dès le vingtième jour. L'oxydation atteignant finalement 82% en trente jours. 20 Terre de limon des plateaux du Pays de Caux. Puisqu'il se forme au cours des essais ci-dessus, jusqu’à 857 45 d’anhydride sulfurique par kilo de terre, il était intéressant de rechercher si l'oxydation du soufre est capable d’aller aussi loin dans une terre non calcaire, où l’acide sulfurique formé trouve moins facilement à se saturer. C’est pourquoi nous avons effectué une seconde série d'essais en utilisant de la terre de limon des plateaux du Pays de Caux, ne renfermant au total que 2 °/60 de chaux, et seulement des traces de carbonate de chaux. Dans cette terre il y a prédomi- nence marquée du sable fin, et relativement peu d’argile. L'expérience fut conduite dans les mêmes conditions que ci-dessus, en portant seulement l'humidité à 18%, à cause de la nature physique du sol. L’un des lots, le n° 3, fut additionné de 20 0/6 de carbonate de chaux précipité. Voici les résultats obtenus, les prélèvements ayant été faits, au début, de semaine en semaine. : 1° Terre 2 Terre 3 Terre o Terre 5° Terre Résultats 4 : trouvés sans PSS COS Ca Meuse épibie après: soufre et SL et soufre seul soufre soufre soufre FER SOS par kilo. . . O08r 053 81270 08859 O8 344 Or 562 JOUS: | 8 oxydé p. cent. » 2,9 8,0 2 ,9 5,1 ; SOS par kilo. . . 08053 18573 Aer 458 Or 4hkk 3er 523 15 jours. ; ; 2 S oxydé p. cent. » 152 kk ,0 3,9 JE 7 ours \ SOS par kilo. . . 08056 28r727 5er 690 Aer 098 4er 339 JOUÉS oxydé p. cent. » 26,7 1 564 :\ù 40% -vi42%8 3 | SOS par kilo. . . O08r.069 38r129 68152 18r412 Aer 567 LANDIS AR 1S oxydé p. cent. » 30,6 60,8 43 ,4 45,0 le SOS par kilo. . . 08088 381193 68785 28r633 Aer 950 40 Jours. S oxydé p. cent. ) 31,0 67,0 25,4 48,6 L'ACTION FERTILISANTE DU SOUFRE 991 Dans son ensemble, l'oxydation est moins rapide que dans la terre légère silico-calcaire, et n’atteint pas à un taux aussi élevé. Pour le lot n° 2, n'ayant reçu que du soufre, elle n’est que de 30,6 % après trente jours, alors qu’elle atteignait 59,9% dans le même laps de temps, pour la terre de jardin, Le carbonate de chaux, ajouté au lot n° 3, joue un rôle essen- tiel en saturant l’acide sulfurique au fur et à mesure de sa for- mation; l’oxydation y est deux fois plus élevée que dans le lot n° 2, ce qui tend déjà à prouver qu’elle est due à un processus microbien, car un phénomène chimique de cet ordre ne serait pas entravé par un excès d’acidité. Le rôle respectif des matières hydrocarbonées et azotées (glucose et peptone) est le même que dans les expériences pré- cédentes. La terre des lots 2, 4 et 5 était, à la fin des essais, très forte- ment acide au papier de tournesol. Nous verrons plus loin quelle peut être l'influence de cette acidité au point de vue de la solu- bilisation des divers éléments minéraux du sol. II. — INFLUENCE DES BACTÉRIES SUR L’OXYDATION DU SOUFRE Le soufre incorporé au sol peut s’oxyder à la fois par voie purement chimique, et par voie microbienne; nous avons cherché à préciser la part afférente à ces deux modes d’oxydation. Des lots de 50 grammes de terre sèche de limon des plateaux, additionnés chacun de 1 gramme de carbonate de chaux préci- pité et de 25 centigrammes de peptone Collas, furent introduits dans des fioles d’Erlenmeyer de 500 centimètres cubes, laissant au-dessus de la terre un cube d’air suffisant. Ces fioles, après avoir été bouchées au coton, furent stérilisées au four à flamber à 180° pendant une heure. On assurait ainsi la destruction de toutes les bactéries sporulées qui foisonnent dans le sol. Après refroidissement on introduisit dans certains lots soit 0% 2 de fleur de soufre commerciale, soit 04 2 de soufre précipité, 399 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE soit 0# 5 d’un polysulfure de calcium, marque « Milo », dont l'emploi agricole est préconisé actuellement en Italie, puis de l’eau distillée stérile pour amener l'humidité à 18%. Les fioles furent ensuite passées à l’autoclave à 1020 pendant une heure. Après refroidissement final, certains lots furent conservés sté- riles, d’autres réensemencés à l’aide de 1 centimètre cube de délayure de terre, et les fioles furent placées à l’étuve à 250. L'humidité de la terre était maintenue à 18 % par addition d’eau stérile tous les deux ou trois jours. Les flacons avaient été tarés avant la mise à l’étuve, et il suffisait chaque fois de les ramener au même poids. La terre des n°5 { et 2 n’avait pas été stérilisée. Après seize jours, les résultats furent les suivants : : SO? SO3 S. oxydé ans les : Nature des essais 50 Jrotnmes SES pour 100 terre soufre 19 Terre non stérilisée sans soufre. . . O8r 003 » » 20 Terre non stérilisée avec soufre. . . 0 183 08r 180 86,0 Terres stérilisées. SOS ANS SOUITE 7 MCE EC CR O8r 022 » » 40 Avec 087 2 de fleur de soufre . . . 0 039 0 017 PE 5° Avec 1 centimètre cube de délayure de terre et O8r 2 de fleur de soufre. 0 342 0 320 64, 69 Avec 08r 2 de soufre précipité . . . O0 030 0 008 1 7° Avec 1 centimètre cube de délayure de terre et 08r 2 de soufre précipité 0 493 0 471 94,2 80 Avec 08r 5 de polysulfure de calcium CMUGn (DEEE, Let en0 SDS 0 013 13,4 90 Avec 1 centimètre cube de délayure de terre et 02 5 de polysulfure . 0 102 0 070 72,5 Il apparait très nettement que l’oxydation du soufre est due presque exclusivement à un processus microbien. Alors que les lots stérilisés n°8 4 et 6 donnent respectivement 3,4 et 1,6% de soufre oxydé, les lots n°5 5 et 7, réensemencés (1) Le polysulfure de calcium « Milo » que nous avons utilisé renfermait 19,3 % de soufre à l’état de sulfures. L'ACTION FERTILISANTE DU SOUFRE 393 avec de la délayure de terre, donnent une oxydation très élevée de 64,0 et 94,2%. Comme il était à prévoir, le soufre précipité, à cause de son extrême division, est oxydé plus rapidement que la fleur de soufre, sauf dans le lot n° 6 resté stérile. Quant au polysulfure, nous voyons qu'il subit aussi l'influence de l'oxydation micCro- bienne; mais les divers sulfures qu’il renferme peuvent aussi s’oxyder par voie purement chimique (13,4% en seize Jours). Nous pouvons faire aussi une autre remarque en comparant les résultats fournis par les lots n°8 { et 2 non stérilisés et par les lots n°8 3 et 5 préalablement stérilisés. La stérilisation à 1809 a provoqué une oxydation chimique notable des matières orga- niques sulfurées du sol, puisqu'on trouve 08 022 de SO* dans le n° 3, contre 0% 003, dans le n° 1 non stérilisé. De plus le lot n° 2 additionné de soufre, mais non stérilisé, n’a donné qu'une oxydation de 36,0 %, contre une oxydation de 64,0 % pour le lot n° 5 stérilisé puis réensemencé avec de la délayure de terre. La stérilisation préalable du sol aurait donc pour effet d’aug- menter la prolifération ultérieure des microorganismes, et ceci concorde avec les faits constatés par RusseL et HuTcinson (1), en étudiant l’action des antiseptiques volatils et de la chaleur sur la flore microbienne du sol. Nous cherchons, en ce moment, à isoler les bactéries qui pré- sident aux phénomènes d’oxydation que nous avons observés; cette étude n’est encore qu'ébauchée. Nous pensons d’ailleurs que le processus d’oxydation est assez compliqué, qu’un certain - nombre de bactéries y concourent, peut-être par une voie moins directe que celle de l'oxydation pure, et, dans certains cas, avec formation intermédiaire d'hydrogène sulfuré. Mais la connaissance des bactéries qui oxydent le soufre, si intéressante soit-elle, a moins d'importance pratique, en elle- même, que les faits que nous venons d'exposer. (1) Bulletin mensuel des Renseignements agricoles et des Maladies des plantes, 1913, n° 1, p. 29, et n° 6, p. 899. 394 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Influence de l'oxydation du soufre sur les dissolutions du sol. Si, dans des conditions favorables d'humidité et de tempéra- ture souvent réalisées en été, le soufre incorporé au sol peut s’oxyder presque intégralement pendant la période végétative de nos cultures annuelles, on peut penser, avec juste raison, que l’acide sulfurique ainsi produit est susceptible d'exercer une action fertilisante soit par lui-même, dans les terres pauvres en sulfates, soit en solubilisant et en rendant mobilisables certains éléments minéraux du sol. Deux chimistes américains, E. B. HarT et W.-H. PETERSON, qui ont étudié l’exportation d’acide sulfurique par les plantes, ont trouvé qu’une récolte de céréales enlève deux parties d’acide sulfurique pour trois parties d’acide phosphorique, que les foins de prairie exportent autant de soufre que de phosphore, mais que quelques crucifères comme les choux, les navets, Les colzas, etc., peuvent prélever jusqu’à trois fois plus d'acide sulfurique que d’acide phosphorique. Un certain nombre de plantes peuvent donc être directement sensibles à l’action du soufre, en tant que source d’acide sulfu- rique et de sulfates. Voyons maintenant quelle peut être l’action indirecte de l’acide sulfurique produit au contact des particules du sol. Nous avons noté précédemment que la terre de limon des plateaux du Pays de Caux, non additionnée de carbonate de chaux, était fortement acide au papier de tournesol, à la fin de nos essais d’oxydation. L'acidité du lot n° 2 (p. 390), déterminée le quarantième Jour par la méthode de Pagnoul (1), était susceptible de saturer 98mer 6 d’ammoniaque pour 100 grammes de terre. Certes, en emplovant le soufre à dose culturale, l’acidification des sols dépourvus de carbonate de chaux serait notablement plus faible; mais question de proportions à part, il nous était (1) A. Pacnouz, Méthode pour l'analyse de la terre arable, p. 89. L'ACTION FERTILISANTE DU SOUFRE 395 possible, en partant de nos essais, de rechercher la composition des dissolutions du sol avant et après oxydation du soufre. Nous avons opéré d’après la méthode utilisée par M. Th. ScHLŒSsING fils, pour déterminer la teneur des dissolutions du sol en acide phosphorique : 300 grammes de terre séchée à l’air sont agités avec 1.300 centimètres cubes d’eau distillée, pendant dix heures. Or laisse reposer, on filtre, et l’on prélève 1 litre de liquide que l’on soumet à l’analyse. Voici les résultats que nous avons trouvés pour la terre de jardin silico-caleaire, et pour la terre de limon des plateaux : = ; 2 Terre de limon rerre de jardin erre d x li (cai - des SRAMRIRENNENNE plateaux non calcaire nn — + Tr — —— sans soufre avec soufre sans soufre avec soufre 2 Résidu sec par libre . 7... + -08r985 28r260,. 0#150 187 580 Anhydride Der ut Li noeue te es US. Te RU QU 2028 De 797 CHÈRE HAVE HERO TR COTE 0 066 0 913 0 022 0 303 Poftasse &:.2. sub ge 0 036 0 042 O0 004 0 019 Peroxyde de fer Fi re sr 000020 1 /0402%.0, 0071011 0 208 Oxyde de manganèse (Mn* O‘). traces traces traces 0 051 Anhydride ER MINES 10081. 0007 20.000664" 0006 SRE ES à thés RANTURE 0140350: 020425508015 0 017 Pour la terre de jardin renfermant 6 % de carbonate de chaux, il était facile de prévoir que l'acide sulfurique produit aux dépens du soufre se fixerait presque exclusivement sur la chaux du carbonate. En ce qui concerne les autres éléments du sol dissous par l’eau, nous ne constatons d'augmentation que pour la potasse, qui passe de 36 à 42 milligrammes par litre; on connait d’auil- leurs, depuis les recherches de M. DEHÉRAIN, l’action du sulfate de chaux sur la potasse du sol. Il n’y a pas de variation pour le fer et l’alumine, pas plus que pour l’acide phosphorique. Mais les résultats sont très différents pour les dissolutions extraites de la terre de limon des plateaux ne renfermant que 2 0/50 de chaux totale. L’acide sulfur:que s'empare d’abord de la partie la plus mobilisable de la chaux, de celle qui est com- 396 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE binée à l’acide carbonique et aux humates, puis l’excès d’acide solubilise d’autres substances telles que la potasse, l’oxyde de fer et l’alumine, et même le manganèse. La quantité de peroxyde de fer et d’alumine dissoute passe de 11 à 208 milligrammes par litre; la quantité de potasse solu- ble est quintuplée, et le manganèse, qui n'existait qu’à l’état de traces dans la dissolution de la terre n’ayant pas reçu de soufre, se trouve en proportion notable dans la dissolution de la terre où le soufre a été oxydé. Cette terre de limon des plateaux contenait 0,3 °/o0 de man- ganèse (Mn) soluble dans l’acide chlorhydrique. Comme pour la terre de jardin, on constate que la quantité d’acide phosphorique soluble dans l’eau n’a pas augmenté. C’est done surtout dans les terres dépourvues de carbonate de chaux que l'utilisation du soufre comme engrais est suscep- tble d'agir indirectement en solubilisant certains éléments miné- raux autres que la chaux. Mais au bout de quelques années, on pourrait arriver à acidifier la réaction du sol au détriment de sa fertilité, si l’on ne prenait la précaution de recourir à des mar- nages ou à des chaulages subséquents. En résumé, le mécanisme de l’action fertilisante du soufre nous apparaît assez complexe, et de nombreux essais culturaux restent nécessaires pour juger si son adjonction aux fumures mérite d'entrer dans la pratique courante. Comme mobilisateur des réserves organiques et minérales du sol, il tend à appauvrir le fonds sur lequel on l’introduit, si de bonnes fumures ne viennent en compensation, et l’on peut encore se demander s’il ne serait pas préférable, dans des terres de fer- tilité moyenne et non calcaires, de le remplacer par une dose supplémentaire d'engrais azotés et sulfatés. Néanmoins, nous croyons que le soufre peut déjà être utilisé avantageusement en culture maraïîchère, dans des sols riches en humus et ne manquant pas de carbonate de chaux, où il agira à la fois comme engrais et comme anticryptogamique. DE LA NITRIFICATION DANS LES TERRES HUMIFÉRES ACIDES Par A. PETIT INGÉNIEUR AGRONOME PROFESSEUR A L'ÉCOLE NATIONALE D'HORTICULTURE DE VERSAILLES On admet actuellement que la nitrification ne s’accomplit jamais dans les terres humifères acides et que la présence d’un carbonate est indispensable à ce phénomène. Cependant, Bous- singault a trouvé des nitrates dans une terre de bruyère de forêt, qui, vraisemblablement, devait être acide. Cette question présente un certain intérêt au point de vue horticole, car les plantes calcifuges sont cultivées dans des terres humifères plus ou moins acides. J’ai eu l’occasion d'examiner plusieurs terres de forêt em- ployées dans ce genre de culture. Toutes étaient franchement acides, puisque 100 grammes de ces diverses terres se sont montrés capables de décomposer des quantités de calcaire com- prises entre 0% 63 et 1#33. Or, dans toutes ces terres, J'ai constaté, après les avoir conservées quelque temps à l’abri de la pluie, la présence de nitrates, au moyen de la diphénylamine en solution sulfurique. Je les ai même dosés dans trois de ces terres qui étaient à l’abri de la pluie depuis plusieurs mois, et j'ai trouvé, par kilo, Of 148 d’azote nitrique dans l’une, 08r 196 dans une autre, et 02 397 dans la troisième. On pourrait objecter que les nitrates ainsi trouvés ont pu être apportés du dehors à ces terres. 398 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Bien que toutes les précautions possibles aient été prises à cet égard, j'ai tenu à répondre par avance à cette objection, et, dans ce but, quelques-unes de ces terres furent lavées à l’eau distillée jusqu’à ce que l’eau de lavage ne donnât plus de réaction avec la diphénylamine, puis elles furent abandonnées à elles- mêmes dans des conditions convenables. Au bout de quelques mois, j y ai constaté à nouveau la présence de nitrates en quan- tités notables, et j’ai procédé à leur dosage dans les deux plus acides de ces terres : l’une d’elles, dont l’acidité était telle que 100 grammes pouvaient décomposer 18 06 de calcaire, renfer- mait, après deux mois de séjour dans une serre, 08 133 d’azote nitrique par kilo; l’autre, dont l’acidité était telle que 100 grammes pouvaient décomposer 17 33 de calcaire, en renfermait, au bout de cinq mois, 08 360 par kilo. La nitrification est donc bien quelquefois possible dans les terres humifères acides, de sorte que la présence d’un carbonate n’est pas, comme on le croit généralement, une condition néces- saire de ce phénomène. Dans ces sortes de terres, la saturation de l’acide nitreux produit d’abord peut, en effet, s'effectuer aux dépens des bases combinées à l’acide humique, qui est un acide faible. Il reste donc à chercher la raison pour laquelle certaines terres acides ne nitrifient pas ou ne mitrifient que très faiblement, comme l’ont observé MM. ScaLœsiNG et Münrz. Cette inapti- tude à nitrifier serait-elle due à une trop grande pauvreté en bases salifiables? Nous espérons avoir l’occasion de revenir plus tard sur cette question. LE MARCHÉ DU CAOUTCHOUC ET LA. PRODUCTION BRÉSILIENNE () Par V. CAYLA INGÉNIEUR AGRONOME CHARGÉ DE MISSIONS AU BRÉSIL Le caoutchouc, inconnu du monde civilisé 1l y a moins de deux siècles, est devenu aujourd’hui une matière de toute néces- sité dont l’homme moderne ne saurait plus se passer. Chacun se rend compte de l’énorme importance économique et sociale qu'il a prise : d’une part ce sont les capitaux considérables engagés pour produire la matière première et la transformer en objets manufacturés, d'autre part le nombre très grand d'hommes à qui ces deux industries (agricole et manufacturière) fournissent du travail, le rôle primordial que cette substance a joué depuis vingt ans dans le développement de nos moyens de transport (cycle, automobile, aéronautique). Enfin la constitution, en ces dernières années, de très nombreuses sociétés de plantation qui n’adressaient plus seulement leur appel aux grands capitalistes, mais aussi à la petite épargne, a fait que rares sont aujourd’hui ceux qui ne s'intéressent pas à la production de la « gomme élastique ». Et pour beaucoup cependant, en raison de motifs divers, l’histoire et les conditions actuelles de cette production sont mal connues. Rappelons quelques dates. Le premier échantillon de caout- chouc arrive en Europe vers 1738, envoyé des rives de l’Ama- zone à l’Académie des Sciences de Paris par La CONDAMINE; (1) Communication au congrès des Ingénieurs agronomes. Paris, février 1913. 400 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE quelques dizaines d’années après, l’Inde en dirige aussi sur l’An- gleterre. Jusque vers le milieu du dix-neuvième siècle on l’em- ploie uniquement pour imperméabiliser les étoffes, fabriquer des tissus élastiques, effacer le crayon. Mais, en 1837, Ch. Goop YEAR découvre la vulcanisation qui, conférant au produit. brut des qualités nouvelles, rend ses applications beaucoup plus nom- breuses. La production mondiale qui était de 120 tonnes en 1836, de 400 tonnes en 1840, passe à 1.800 tonnes en 1850. En 1890, peu avant l'invention du pneumatique, il s’en produit annuellement 22.000 tonnes, qui sont devenues, en 1900, plus de 53.000 tonnes. Et, dès lors, c’est un accroissement assez régulier, plus ou moins rapide suivant certaines conditions : en 1910 nous sommes à 75.000 tonnes et, en 1912, aux environs de 100.000 tonnes. Ces chiffres, en effet, ne sont qu’approchés en raison surtout des sources secondaires pour lesquelles on ne possède guère que des évaluations, si bien que, pour 1912, les appréciations varient entre 99.000 et 104.000 tonnes. Pendant cet accroissement remarquable qui, de 1880 à 1912, fait décupler la production, la consommation a suivi une marche sensiblement parallèle. Elle est annuellement inférieure de 1.000 à 4.000 tonnes à la production, et c’est rarement que le léger stock de l’année précédente a été mis à contribution. Nous ne parlons ici bien entendu que de la consommation de caoutchouc brut naturel. Nous laissons de côté les caoutchoucs régénérés dont, en 1911, il s’est consommé plus de 40.000 tonnes; les factices, produits qui n’ont, dans quelques-unes de leurs propriétés, que des analogies avec le caoutchouc; enfin le caoutchouc synthéti- que, qui est peut-être aujourd’hui une réalité de laboratoire, mais qui est encore loin d’être une réalité économique, c’est-à-dire une matière abondante, bon marché, ayant les mêmes qualités que lé produit naturel. Le développement considérable de la production était prévu depuis quelques années, en raison surtout de l’extension de la culture. Dès 1908, certains ont jeté un cri d’alarme : nous allons à la surproduction. Pour la plupart des spécialistes cependant Ia capacité d'absorption de l’industrie rendait une crise impro- LE MARCHÉ DU CAOUTCHOUC ET LA PRODUCTION BRÉSILIENNE 401 bable. Le résultat a dépassé toutes les espérances : l’année 1912 a montré une augmentation de production surpassant de beaucoup les prévisions et les plus optimistes sont étonnés eux-mêmes de « la facilité avec laquelle l’industrie a absorbé des quantités tou- jours croissantes de caoutchouc des plantations », comme le re- marquent MM. HecurT. En effet, actuellement encore, les cours se maintiennent très fermes (1). La valeur du caoutchouc a varié d’une façon considérable depuis qu’on utilise cette matière première. L’échelle des prix est assez étendue — sans tenir compte des mauvaises sortes résineuses qui exigent, pour être utilisables, un traitement préa- lable spécial (dérésination, etc.), — depuis certaines sortes d’Afri- que qui, comme le Gambie moyen, se paient 6 francs le kilo, jusqu’au Para fin du Haut-Amazone atteignant 12 francs le kilo (fin janvier 1913). Cette dernière qualité, reconnue jusqu'ici la meilleure et payée le plus cher, a subi des fluctuations importantes. Aux époques loin- taines où le caoutchouc n’était qu’une curiosité, en 1825, elle a valu 40 centimes le kilo. En 1910, on l’a payée 34? 50 le kilo; prix qui, il est vrai, était, pour une bonne part, le fait de la spéculation. Depuis deux ans, son prix, redevenu normal, varie peu, malgré l'augmentation de la production : c’est la preuve que cette augmentation correspond à une nécessité du marché. Les grandes sources géographiques actuelles du caoutchouc peuvent se répartir en quatre groupes : 19 l'Amérique du Sud, avec le bassin géographique de l’Amazone, d’autres régions du Brésil, les Guyanes, le Vénézuela; 20 l'Amérique centrale et le Mexique; 3° diverses régions de l'Afrique tropicale et Madagascar; 40 le Moyen-Orient avec le sud de l'Inde, les États fédérés malais, Ceylan, Java, Sumatra, Bornéo, auxquels nous ajoute- (1) Depuis que cette communication a été faite au Congrès des Ingénieurs Agronomes (février 1913), les prix se sont abaissés momentanément un peu au-dessous de 10 francs le kilo pour le Para fin (début d'avril 1913). Ces prix, passagers comme Fétat de stagnation du marché depuis quelques mois, sont uniquement l'effet de la crise économique, résultat de la tension politique de l'Europe (Note de l’auteur). ANN. SCIENCE AGRON. = 4€ SÉRIE — 1913 — II 26 402 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE rons l’Indo-Chine. Chacune de ces régions a sa physionomie par- ticulière en ce qui concerne la production du caoutchouc, mais l'exposé nous mènerait trop loin. Nous allons tenter seulement d’esquisser l’histoire de deux d’entre elles, les plus importantes, qui ont engagé, pour la prépondérance sur le marché, une lutte acharnée : le Brésil d’une part, l’Indo-Malaisie d’autre part. Par son bassin de l’Amazone, le Brésil est, sans conteste, le berceau de la production caoutchoutière et, grâce à l'abondance dans ses forêts de l’essence à caoutchouc reconnue la meilleure, il a pu, depuis plus d’un siècle, accroître régulièrement ses expor- tations. Exportations de caoutchouc de l Amazone. Tonnes Tonnes DOCS RE Men et FA CL DS Le Led our ue Pgo 0 à | 20.710 LOTO RE ECNLE L,225 140002120008 PRE 26.876 5 100 PAS SP Te 0 GE SOOS TOO EE AR RE RAR VEN) ASBOP de Te MEMT Re ORADO, ATOUT ESS CERTA Ce 38.915 LORD ERP UN EE. eue 122700 TL PE VTN-Rn ee 42.310 PRIE RISRX 05: AIME HSLEEO00 Ce tableau montre qu’en vingt ans (1890-1910) la production brésilienne a plus que doublé. Mais si nous comparons ces chiffres à ceux de la production mondiale, nous voyons que la part contributive du produit sud-américain dans l'alimentation du marché est tombée, pendant ce temps, de 75% à 48% en- viron; en 1912 elle avoisine 42 %. La production totale de l’Amé- rique centrale et de l'Afrique, après avoir passé par un maximum, vers 1905, a décru de façon sensible depuis cette époque et dans l’ensemble — il peut y avoir des exceptions pour certaines pro- vinces — ne doit pas pouvoir, dans l’avenir, prendre une grande extension. [l n’en est pas de même des régions que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de Moyen-Orient. Longtemps produc- trices de « gomme élastique », l'Inde et Java arrivèrent assez vite à détruire l’arbre à caoutchouc de leurs forêts, le ÆFicus elastica. L'arbre de l’'Amazone, l’Hevea brasiliensis, importé à Ceylan d’abord, puis dispersé dans les contrées voisines, y fait aujourd’hui l’objet de cultures très importantes, qui accroissent LE MARCHÉ DU CAOUTCHOUC ET LA PRODUCTION BRÉSILIENNE 403 chaque année leur étendue et dont chacune augmente annuelle- ment sa production. L’effort méthodique, la culture raisonnée ont porté leurs fruits; et voici le résultat : Exportations du caoutchouc des plantations du Moyen-Orient. Tonnes Tonnes G 1e) 148 69) CONS EOUIS FAMALRER SAR TILOEUR EST. Fe: LEUR 8.225 1905 CAPE Mer en AIOP. MO de US l'as EE 15.000 LODO RMS. RS Ne DÉTAODETORPRE SRE EL fe 28.000 1909 3.700 La production des États malais, qui figure dans ce total, a eu un accroissement encore beaucoup plus rapide. En 1902, cette région n’exportait rien (les 8 tonnes du tableau précédent provenaient de Ceylan); en 1903, moins de 500 kilos; en 1910, 6.500 tonnes et en 1912, 15.746 tonnes. Quel est l'avenir de ces plantations? Étant donnés le rende- ment moyen, déterminé par l'expérience, des arbres aux divers âges, l'importance des surfaces plantées et l’âge des arbres qui les couvrent, on a établi des prévisions, qui du reste varient dans de très larges mesures. Il semble qu’une estimation raisonnable * doive prévoir pour 1915 une production voisine de 55.000 tonnes, beaucoup plus que la production brésilienne de 1912. Et la pro- duction indo-malaise — sauf imprévu — doit continuer à aug- menter annuellement dans les mêmes proportions que ces der- nières années. Pendant que les exportations du Moyen-Orient progressent régulièrement et rapidement, que font les exportations brési- liennes? Elles s’accroissent très lentement : depuis dix ans en moyenne de 1.000 tonnes par an, ce qui, remarquons-le, serait insuffisant pour la progression de la consommation. Encore de 1909 à 1912 sont-elles restées sensiblement stationnaires, un peu au-dessous de 40.000 tonnes. Il y a eu cependant à la fin de lan- née dernière une reprise : des chiffres tout récents, indiquant les recettes au Para, montrent, pour les six derniers mois de 1912, une augmentation de plus de 3:000 tonnes sur la période corres- pondante de 1911. 404 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Cette différence de fortune est due aux systèmes différents de mise en valeur adoptés dans ces deux régions. Au Brésil, on en est resté à l'exploitation des forêts par les procédés en usage dès les premiers temps; en Orient, on en est au stade, beaucoup plus avancé dans l’évolution agricole, de la culture qui utilise tous les perfectionnements mis à sa disposition par la science agronomique. C’est la lutte de la grande exploitation contre la grande culture. C’est, d’une part, la matière exploitable, répartie au hasard, parfois bien loin des moyens de communication; la nécessité, pour un même travail de récolte, d’une main-d'œuvre plus abondante; les conditions de lutte pour la vie dans la grande forêt équatoriale qui fournissent des végétaux naturellement sélectionnés, mais provoquent un déchet considérable de plantes dont l’utilisation serait profitable. C’est, d'autre part, l’établis- sement en milieu choisi, dans les meilleures conditions pour faci- liter les exportations, de jeunes plants qu’on a pu sélectionner, que l’on soigne pour obtenir le meilleur rendement avec le minimum de frais. La question de la prépondérance sur le marché du caoutchouc se pose uniquement de cette façon. Il ne saurait être question, en effet, pour le Brésil d’épuisement de ses ressources naturelles. Les Hevea, qui peuplent les immenses forêts du bassin de lAma- zone, sont aujourd’hui en quantité assez considérable, suivant les évaluations les moins optimistes, pour produire facilement le double de la consommation mondiale actuelle en caoutchouc brut. Mais ces énormes richesses réelles et, pour la plus grande part, latentes, ne mesurent pas la capacité de production du Brésil. Celle-ci est réglée par les cours du marché, que nous avons vus avoir varier dans de larges mesures, et par le prix de revient de la gomme, qui ne s’est guère modifié depuis de longues années. En raison de la concurrence croissante des plantations indo-malaises, la part contributive du Brésil sur le marché du caoutchouc ne peut plus laisser espérer à ce pays d'imposer les cours, comme il l’a fait pour un autre produit; il faut donc pour sauvegarder l’avenir diminuer le prix de revient. Ce prix de re- vient dépend surtout de la facilité des communications, de la LE MARCHÉ DU CAOUTCHOUC ET LA PRODUCTION BRÉSILIENNE 405 main-d'œuvre, des taxes locales qui frappent le produit brut. Il varie naturellement avec les diverses parties du bassin de Amazone; dans certaines régions, il est très voisin du prix payé à Para ou à Manaos pour la gomme : ces régions doivent done cesser leur production lorsque les cours s’abaissent. Par suite, au Brésil, la quantité produite et la surface de production sont, dans certaines limites, sous la dépendance des cours. Il faut donc, non seulement pour accroitre les exportations, mais même pour défendre la production actuelle contre un abaissement pos- sible de la valeur du caoutchouc, diminuer le prix de revient. Cela nécessite la connaissance complète des conditions actuelles et des améliorations à leur faire subir. L'étude a été faite; elle a abouti à une loi, appelée loi de défense du caoutchouc, qui se réfère aux divers facteurs concourant à l’établissement du prix de revient de la gomme. Ces facteurs comprennent les conditions locales de production qui dépendent des moyens de communi- cations et de la main-d'œuvre, les taxes des « municipes » et des États. [I — MoYEenNS DE COMMUNICATION 19 Voies de communications — Dans le bassin de l’Amazone, elles sont constituées, sauf de très rares exceptions (la voie ferrée du Madeira-Marmoré, dans le haut bassin, et quelques « raccourcis » à travers la forêt vierge) par l’admirable réseau du grand fleuve et de ses affluents. Or, la plupart des affluents de lAmazone sont semés de rapides dangereux et beaucoup d’entre eux, en période de décrue, ne sont navigables que sur une portion très restreinte de leur cours. D’où deux énormes difficultés. 20 Moyens de transport. — La nature des voies fluviales limite leur développement; en bien des endroits le canot ou la pirogue peuvent seuls passer : on pourrait cependant accroître l’impor- tance de la navigation à vapeur. Tout cela finalement occasionne 406 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE des transports longs et coûteux, non seulement pour le caout- chouc, mais aussi pour les marchandises indispensables (vête- ments, outils, vivres, etc.) apportées dans l’intérieur. II — La MAIN-D'ŒUVRE Elle est généralement trop chère parce qu’elle est trop peu nombreuse et cela tient à deux causes principales. 19 La cherté de la vie. — Le caoutchouc est récolté, dans un pays inhabité, par de la main-d'œuvre immigrée, qui ne se fixe pas. L’ouvrier ne peut s’occuper qu’à la récolte et à la prépa- ration du caoutchouc : toutes les substances alimentaires, qui pourraient se produire sur place, lui viennent de la côte. Il les paie des prix exhorbitants, par suite de la difficulté des moyens de communication et de l’absence de concurrence. 20 Les conditions hygiéniques. — Elles sont mauvaises, non que le climat soit plus malsain que dans les autres régions équato- riales du monde, mais parce qu’on ne prend aucune des précau- tions coutumières, à Java par exemple, et qui sont d'autant plus nécessaires 161 qu'il s’agit d’immigrants mal acclimatés. D'où une mortalité trop grande qui, raréfiant la main-d'œuvre, aug- mente son prix. III — DROITS MUNICIPAUX ET D'ÉTAT Les municipalités et les États perçoivent des droits considé- rables sur la gomme produite dans les limites de leur territoire. Bref, en prenant une région soumise à des difficultés moyennes, le caoutchouc peut arriver au port de Para, grevé de 53% de sa valeur, du seul fait du transport et des droits officiels, comme nous avons pu le constater en mars 1912 pour de la gomme du rio Xingu. Les droits fixes entrant pour la plus grande part LE MARCHÉ DU CAOUTCHOUC ET LA PRODUCTION BRÉSILIENNE 407 dans ce total (30 °% sur 53 0), il se trouve que le pourcentage de ces frais, actuellement inéluctables, augmente quand le prix de la gomme diminue. Les droits ad valorem sont d’environ 23 04. Pour remédier à cet état de choses, le Gouvernement a pris des mesures tendant à favoriser l’industrie extractive et à en- courager la culture. On doit améliorer la navigabilité des rivières, accroître l’importance de la navigation à vapeur, construire cer- taines voies ferrées; dégrever la gomme à la sortie, exonérer à l’entrée tout ce qui peut pousser au développement économique du pays, à l’industrie ou à la culture, les machines comme les engrais; amener de la main-d'œuvre qu'il faudra nourrir (créa- tion de cultures vivrières, de centres d’élevage, de pêcheries) et soigner (création d’hôpitaux centraux, d’un service médical et d’un service scientifique pour l’étude des maladies); donner des primes à la culture des essences à caoutchouc, des encoura- gements à la polyculture; créer des stations d’essais où seront faites des recherches et qui devront diriger les efforts des plan- teurs. Mais, si toutes ces mesures officielles sont des adjuvants pré- cieux, nous croyons que la meilleure assurance d’un heureux ave- nir pour la production brésilienne serait dans l'établissement, en Amazonie, de plantations comme en Moyen-Orient. Installées aussi près que possible de la côte, dans les régions les plus saines, on y fixerait facilement une main-d'œuvre, moralement supérieure à celle d'aujourd'hui, qui trouverait, grâce aux cultures et aux élevages voisins, des conditions de vie meilleures. La question de la main-d'œuvre et des moyens de communication serait résolue du même coup; le prix de revient de la gomme serait sensiblement abaissé et la production amazonienne aurait alors devant elle un avenir bien supérieur encore à celui de la pro- duction asiatique, puisque le bassin amazonien constituerait toujours une réserve inépuisable d'arbres à caoutchouc spon- tanés auprès desquels se serait installée la culture. LE RÔNIER EN AFRIQUE OCCIDENTALE ET LA VALEUR DE SES NOIX Par G. DE GIRONCOURT INGÉNIEUR AGRONOME ET D’AGRICULTURE COLONIALE CHARGÉ DE MISSIONS DU MINISTRE DES COLONIES DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DE L'INSTITUT Le port élégant du Rônier (Borassus flabelliformis Murr. — æthiopium Mart. — flabellifer Linn.), — dont le stipe élancé, lisse, parfaitement vertical, légèrement ovoïde à sa partie supé- rieure, atteint de 15 à 35 mètres de hauteur, — retient toujours l’attention des voyageurs. Le tronc de ce beau palmier fournit, dans les régions souda- naises limitrophes de la zone sahélienne (Haut-Sénégal et Niger) dépourvues d’arbres de forte taille, un bois de charpente extrè- mement avantageux par sa grande dimension et sa résistance à la flexion. Cet avantage entraîne malheureusement pour ses peuplements des conséquences regrettables : son utilisation pour les construc- tions européennes primant les nombreux usages de ses feuilles et nervures (vannerie, sparterie, corderie, édification des cases), de ses fruits (alimentation indigène), l’arbre est abattu de tous côtés; son exploitation à outrance a pris des proportions telles qu’elle fait craindre pour la conservation de l’espèce. En certains points, tous les sujets de grande taille ont déjà disparu et l’on n’observe plus que des palmiers de semis naturel à l’état jeune LE RÔNIER EN AFRIQUE OCCIDENTALE 409 dont les feux de brousse entravent malheureusement le dévelop- pement. Ce sont ces palmiers de repousse à l’état jeune (genres Borassus et Hyphæne), que les indigènes vendent en grand nombre dans la région de Djenné pour la consommation du stipe naissant à l’état cru ou cuit à l’eau. La disparition de l’espèce ne serait tou- tefois pas à craindre de ce fait seul, car lors de la saison des pluies les fructifications à maturité germent avec la plus grande faci- lité. Mais ce palmier n’atteint sa taille élevée qu’au bout de lon- gues années et il n’a pas fallu moins de deux à trois siècles pour donner aux bouquets de dattiers du Niger et de l’Adrar; plantés par les immigrés du Nord à des époques aujourd’hui précisées, la dimension du plein développement que nous admirons en eux aujourd’hui à Bamba et à Kidal. A Djenné, pour les seuls besoins officiels du cercle, il n’est pas abattu annuellement moins de 60.000 de ces beaux arbres; des villages entiers s’acquittent du paiement de l'impôt par la four- niture d’un grand nombre de leurs troncs. Cette perception en nature au moyen d’un tel produit équivaut à la suppression mé- thodique intensive et progressive du plus bel arbre du pays; elle est des plus fâcheuses, car elle représente la plus grave atteinte portée au patrimoine de la colonie. La réfection récente (1910) de la mosquée de cette ville de Djenné ayant exigé 45.000 poutres formées chacune d’un quart de tronc, l’inauguration de ce bâtiment a correspondu à l’acte de décès de près de 12.000 de ces hauts palmiers sous lesquels la plu- part des villages du Niger aimaient à s’abriter, et où ils n’existent plus maintenant qu’exceptionnellement et isolés, semblant les derniers témoins d’une flore antérieurement privilégiée. #*% Peut-être, pour assurer la protection des rôniers d'Afrique occi- dentale, convient-il de signaler la valeur industrielle de leurs noix récemment affirmée. Les indigènes utilisent seulement le péricarpe du fruit de ce 410 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE palmier, qu’ils séparent pour leur consommation après cuisson; ce péricarpe est extérieur à un, ou deux, ou trois épais noyaux très durs, Jusqu'ici restés sans valeur, et contient lui-même, incluse dans son tissu, une masse fibreuse complètement à rejeter. La pulpe, partie comestible assez réduite, est, au reste, un aliment de faible intérêt; toutefois, cuite en adjonction aux bouillies de graines spontanées (Cenchrus, Paspalum, Panicum, dont le P. bourgou, graines de la pomme de nénuphar, bulbilles de lotus), elle offre une ressource alimentaire nullement négligeable pour l’indigène, durant les périodes de l’année où il se trouve à court d'aliments : ce fait se présente régulièrement au Sénégal et au Niger entre deux récoltes successives des plantes de culture. Les noyaux eux-mêmes, ou, pour mieux dire, les amandes, qui constituent le tiers du fruit en poids, peuvent être consommés à l’état cru, lorsqu'ils sont encore aqueux ou gélatineux dans le fruit très jeune; ils ont alors la saveur du lait de coco. Mais avec la maturité, ils acquièrent une compacité, une dureté, une imper- méabilité aux mordants de teinture qui, avec leur couleur claire, ont fait songer à les utiliser comme succédané du coroso : la ma- tière utilisable de chacun d’eux peut constituer une masse ovoïde de 8 à 10 centimètres de longueur, 5 à 7 centimètres de largeur et 3 à 4 centimètres d'épaisseur. Toutefois, la couleur blanc sale de ces amandes les classe de valeur moindre en dépit de leur très satisfaisante texture; aussi les premières tentatives d'exportation avaient-elles échoué par suite de ce défaut de pureté dans la teinte de la matière. Cependant, à plus ample examen, l'emploi en marqueterie, en touches de piano, en faces de dominos, en imitations de corne, etc., vient d’être-reconnu possible et un prix de 400 francs a été offert de la tonne à Hambourg. La noix de Guayaquil, véritable coroso ou ivoire végétal. malgré la moindre dimension de ses diamètres, atteint le prix de 900 francs la tonne, grâce à la pureté et à la blancheur de sa masse et les industries européennes utilisent, on le sait, plusieurs millions de tonnes de coroso importées d'Amérique. Parmi les quelques régimes de 50 kilos qu'un arbre produit annuellement, se comptent environ 80 kilos de beaux fruits, dont LE RÔNIER EN AFRIQUE OCCIDENTALE 411 le tiers en poids est constitué par la partie utilisable pour l’in- dustrie; on conçoit dès lors que l'exploitation du rônier afri- cain, dans la récolte de ses amandes, puisser laisser une marge à de beaux bénéfices. L’obtention d’un produit industriel marchand de ce genre exige néanmoins quelques précautions. Les fruits sur les régimes du rônier parviennent à maturité dans une même saison et non successivement pendant toute l’année comme ceux du cocotier; la chute des noix, qui en indique le degré parfait, a lieu au Niger de mai à juillet. Il convient de ramasser les fruits sans retard et, afin d’éviter une germination que la saison humide favorise, de les placer sous un hangar pour la dessiccation des amandes. Les indigènes séparent d’ailleurs facilement à la main la pulpe fibreuse qui les contient. La dessiccation doit être obtenue com- plète, c’est-à-dire qu'aucun liquide ne doit plus exister à l’inté- rieur. À ce dernier moment, on scie longitudinalement chaque amande en deux parties égales pour permettre à l’acheteur un examen immédiat du produit; mais si ce sciage est pratiqué pré- maturément sur l’amande insuffisamment sèche, le produit moisit et perd sa valeur. On peut estimer à un mois le temps nécessaire entre la récolte et l'ouverture, pendant lequel la germi- nation doit être absolument empêchée; aussi la surveillance des noix sous hangar est-elle importante : tous les germes, qui appa- raissent au détriment de la qualité, doivent être de suite brisés et enlevés. La récolte se prolongeant pendant trois mois, les opérations de préparation peuvent se terminer en quatre mois. Chaque fruit sphérique du rônier (diamètre moyen : 0m 15) contieat de une à trois amandes selon qu’il y a avortement d’une ou deux d’entre elles. Ceux ne contenant qu’une amande sont dans la proportion d’environ 5 % ; celle-ci en est plus grosse d’as- pect, mais, à l’ouverture, vient souvent la déception de la voir creuse. Les fruits à deux amandes sont de beaucoup les meil- leurs; le poids moyen de chacune alor: qu’elle est sèche est de 125 grammes. A l'heure actuelle, deux concessions d’exploitation viennent d’être déjà demandées en Afrique occidentale pour les pre- 412 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE miers essais : l’une dans la région de Kayes et l’autre dans celle de Djenné. La première, celle des peuplements de Séro, a été accordée par arrêté du 4 mai 1910, pour cinq années, moyennant une faible redevance annuelle. « Cette forêt, d’après M. J. MENIAUD, s’étend sur une longueur de 80 à 100 kilomètres et une largeur moyenne de 3 à 4 kilomètres. Elle est, pour la plus grande partie, dans une dépression que sillonne le lit du Kolombiné et qu’on appelle étang de Magui. «Cette dépression, inondée totalement pendant la période des pluies, est à sec pendant la fin de l’hivernage et le printemps. «Sur les bords, s'élèvent différents villages sédentaires de Kassonkés, de Sarakolets et de Maures, cultivateurs de mil et d’arachides, qui possèdent de bons troupeaux de bœufs, moutons et chèvres et quelques chevaux. Pendant la saison sèche, des Peuls pasteurs et quelques tribus maures nomades descendent avec leur bétail sur les excellents pâturages qui poussent dans la mare après le retrait des eaux. Dès que les premières pluies arrivent, les pasteurs abandonnent les terrains détrempés pour regagner, au nord, le pays de Diafounou. » La seconde concession se trouve sur les alluvions mêmes du Niger; elle comporte une étendue de 35 kilomètres sur 25 kilo- mètres occupée pour une bonne part par une véritable forêt de ces rôniers, dont les stipes sont écartés entre eux jusqu’à un mi- nimum de 4% 50. Mais des peuplements aussi denses sont fort rares, sinon exceptionnels. A l’époque de ma mission, l’exploita- tion espérait envoyer l’année même à Hambourg 400 tonnes de ces amandes pour lesquelles les frais de hangar se sont élevés à 10.000 francs et ceux de transport étaient évalués à 22.000 francs; les noix devaient, vers octobre, être acheminées sur Kayes en vue de leur embarquement en ce point. La zone véritable du Borassus appartient au climat soudanais et se poursuit presque sans interruption suivant une bande orien- tée de l’ouest-nord-ouest à l’est-sud-est du Sénégal au Haut- Cameroun. Toutefois, sur cette bande, les peuplements sont très discontinus; tels d’entre eux se trouvent, pour ainsi dire, voisins LE RÔNIER EN AFRIQUE OCCIDENTALE 413 de la grande forêt comme ceux du Nzou, en Haute Côte d'Ivoire; tels autres, au contraire, quoique moins denses, se trouvent en sentinelles avancées vers la zone plus septentrionale au climat plus sec du Sahel. D’après M. J MEnrauUD, les peuplements les plus importants sont dans la région de Bougouni, Sikasso, Banfora, dans les can- tons de Say, Karadougou et Pondory, du cercle de Djenné, sur Fig. 1. — Peuplements de rôniers (Borassus flabelliformis) au Haut-Dahomey. les bords de la Marilla, dans le cercle de Bamako, et, enfin, dans la province de Séro, du cercle de Kayes. «On trouve également des lots importants de cette essence en certains points du bassin de la Falémé, près de Golongina-Coba en particulier, et dans le cercle de Nioro, près de la mare de Toya. » Ils se retrouvent en zones interrompues et irrégulières, vers les régions du Haut-Dahomey (fig. 1), où le voyageur venant du nord est saisi d’admiration à la vue de leurs magnifiques stipes M4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE clairs, droits et renflés, supportant les bouquets merveilleux qui jettent une ombre agréable sur son chemin. Mais si l’on rencontre le rônier pour ainsi dire partout dans la zone soudanaise, ses peuplements serrés sont des plus rares, sinon exceptionnels; grand préjudice a été porté déjà à ses groupements les plus voisins de nos points d’établissement. La conservation de ces arbres importe cependant beaucoup à l'intérêt général tant au point de vue de leur valeur économique de production qu’à celui de l'influence extrêmement précieuse qu’exercent leurs hauts bouquets de verdure sur le climat. Quelque sommaires que soient les indications précédentes et premières, il en ressort que la « noix » de rônier représente un pro- duit du plus grand intérêt dont la valeur apparaît comme une nouvelle source de richesse pour l’Afrique occidentale. L'existence démontrée de cette valeur peut avoir, à un point de vue plus gé- néral, le grand avantage d'appeler l'attention sur la protection à donner à ces magnifiques palmiers dont l'existence est si me- nacée. Plus au nord, d’autres espèces réclament notre ménagement : les nécessités de nos constructions nous ont amenés à utiliser à peu près la totalité des palmiers doums l’espèce de Æyphæne thebaica, var. æthiopica, bordant autrefois le Niger entre Niafunké et Tombouctou (fig. 2 et fig. 3). Ces Hyphæne ou doums typiques du Sahel sont les derniers grands arbres s’avançant dans les dépressions humides de la zone désertique. Leur végétation forme au sud du Sahara le pendant de celle des dattiers des oasis du nord, suivant la succession continue des palmiers types figurant en chacune des zones climatiques afri- caines du nord au sud : Chamærops (Méditerranée), dattier (Sud algérien), palmier doum (Sahel), rônier (zone soudanaise), pal- mier à huile (zone voisine de la forêt clairsemée et grande forêt avec raphias aux cours d’eau. Les palmiers doums étaient la parure du Niger septentrional; LE RÔNIER EN AFRIQUE OCCIDENTALE 415 ils ont tous disparu au sommet de la boucle du fleuve et les exi- gences de nos besoins font s’étendre de plus en plus vers le sud leur disparition (Voir photographie représentant leur coupe à Kentadji) au regret très justifié des indigènes. Il y a là un danger qu’il me paraît important de signaler en même temps que la nécessité de chercher à y remédier le plus possible. Fig. 2. — Peuplements de palmiers doums (Hyphæne thebaica) dans la zone sahélienne semi- désertique du Niger (Kentadji) et leur abatage comme bois de charpente au bord du Niger. Déjà, l'exploitation européenne, par la consommation effrénée des foyers de ses machines (fig. 4), cause aux boisements sahé- liens et soudanais des préjudices énormes, auxquels s'ajoutent les dégâts de la nomadisation, dont le grief, peut-être exagéré, a été tant reproché aux pasteurs. En chacun des points d’atter- rissage de nos vapeurs sur le fleuve, les indigènes doivent accu- muler des provisions de bois qu’ils vont chercher à la ronde de plus en plus loin; or, ces provisions. dans les régions nord du 416 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE fleuve sont peu en rapport avec la productivité locale de ces ter- ritoires semi-désertiques (1). Cette productivité serait pourtant susceptible de s’accroître et rien ne frappe davantage que la vue de la zone sud de Tom- bouctou, entre la ville et le fleuve, autrefois blanche de sables. Fig. 3. — Peuplements de palmiers doums (Æ/yphæne thebaica) dans la zone sahélienne semi- désertique du vire (Kentadji) complètement détruits en vue de l’utilisation de leurs troncs comme bois de charpente pour les constructions des résidences administratives. que cinq années de judicieuse mise en réserve ont rendue mécon- naissable et qui est aujourd’hui boisée et touffue. Aussi, aucun fait de nature à mettre davantage en relief l’im- portance capitale de la conservation des essences forestières de nos territoires africains ne doit-il être laissé sous silence. (1) Un administrateur s’étant opposé dans ses rapports à l'exploitation abusive du bois, une commission spéciale serait venue et, sans avoir quitté le bord du vapeur ni examiné l’intérieur du pays, aurait déclaré les ressources du pays en bois dépassant de beaucoup les besoins de l’approvisionnement en combustible ! LE RÔNIER EN AFRIQUE OCCIDENTALE 417 Partout, en ces pays sahéliens ou soudanais, il importerait, non seulement de protéger par tous les moyens susceptibles d’effi- cacité les peuplements arbustifs existants, mais de planter le plus possible, et à outrance. Toutes les amandes de rônier non utilisées devraient être mises en terre; l’insouciance de l’indigène ne l’empêche nulle- ment, ainsi qu'un préjugé trop répandu nous le fait croire, de Fig. 4. — Approvisionnements en bois de chauffage pour les vapeurs du Niger dans la zone semi-désertique sahélienne (Niafunké). comprendre parfaitement, sinon de lui-même, du moins par per- suasion, l’utilité de planter; rien, à cet égard, ne m'a plus frappé que les résultats obtenus au Togo par l'effort expér:- menté et patient du gouverneur comte ZEcxH (1). Dès mon arrivée des confins de notre Haut-Dahomey dans le haut pays, à l’intérieur de cette colonie allemande, je ne fus pas peu surpris de voir les indigènes des villages où je campais s’em- presser de recueillir avec soin les noyaux de mangues que je con- (1) Ayant précédé l'actuel gouverneur, duc de Mecklemboursg. ANN. SOIRNCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 27 418 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE sommais. MM. les administrateurs de Parakou et Djougou avaient eu l’aimable attention de me munir d’une caisse de ces précieux fruits, dont nous avons fort avantageusement introduit la culture dans les jardins de nos postes. En nos villages du Haut-Dahomey, certains indigènes avaient bien, à mon passage, apprécié la chair de ces fruits, mais n’avaient accueilli mes conseils de semis des noyaux qu'avec le scepticisme bien connu de tous les porteurs de bonne parole en pays noir. Trouver, la frontière franchie, chez les populations du Haut- Togo, d'apparence beaucoup plus primitive, et vivant à l’état nu, le souci de planter, était un paradoxe dont l’explication me fut bientôt fournie : convaincu de l’utilité considérable écono- mique et climatique de toute plantation, le comte ZEcx s'était appliqué de tous ses moyens à la favoriser, à la provoquer. Ce gouverneur de haute expérience, dont toute l’existence colo- niale fut consacrée au progrès du Togo, qui a été appelé depuis non sans raison, par les Allemands, « la colonie modèle (Muster Kolonie) », s’efforça de développer chez l’in- digène le goût de la plantation : aucune éducation ne fut donnée à l’indigène, qui ne visât ce point particulier. Il n’im- porta pas à l'autorité que les populations du haut pays fussent maintenues dans leur ignorance, dans l'intégrité de toutes leurs coutumes, dans la simplicité de leur genre de vie si proche de la nature; mais des instructeurs agricoles durent visiter régulière- ment tous les villages et y séjourner assez longtemps pour y faire œuvre utile. Nulle faveur ne fut accordée, sinon à l’indigène ayant contribué à la mise en valeur du sol. Et à Misahôhe, l'administrateur GRÜNER, qui, l’un des premiers pionniers de Togo, créa le cercle de ce nom et, suivant l'habitude coloniale allemande, y fit toute sa carrière, recevait en ma présence un indigène solliciteur en lui demandant selon sa coutume : « Fort bien, mais dis-moi d’abord ce que tu as planté, ce que tu plantes maintenant et ce que tu te proposes de planter... » LE RÔNIER EN AFRIQUE OCCIDENTALE 419 Ce souci de protéger et développer les peuplements arbustifs forestiers et fruitiers, déjà pris cependant en considération par des ordonnances, qui malheureusement ne reçoivent pas tou- jours d’efficace exécution, doit aussi entrer en ligne importante parmi les préoccupations de notre Administration coloniale : nulle considération économique peut-être n’a plus d’impor- tance pour l’avenir de nos possessions d'Afrique occidentale, où trop de parcelles du sol, après une intense culture indigène, sont abandonnées après épuisement du sol, et deviennent la proie facile du désert. L’envahissement de celui-ci n’est nullement, ainsi qu’on l’a représenté, le sort fatal inéluctable échu à nos domaines du Soudan; il nous appartient de lutter victorieusement contre lui, ce que l'expérience de Tombouctou démontre possible. En cette ville même, aux rues de sable, les efforts de plus de cinq années de plantation et d’entretien du Parkinsonia Barkit reçoivent leur récompense : les plus forts de ces arbres ont atteint sous les sables, par leur système radiculaire, la couche d'humidité sous- jacente, et ornent maintenant les places et les principales artères de la ville d’une verdure et d’une ombre fort appréciées. Si les soins Jusqu'ici donnés avec tant de patience à ces arbres venaient à faire défaut, seuls les plus anciens d’entre eux subsisteraient; les plants plus jeunes périraient bientôt et les avenues ainsi nou- vellement créées retourneraient bien vite à la primitive désola- tion des sables. Ce n’est que par un inlassable et constant effort que la lutte contre la stérilité deviendra victorieuse dans les zones souda- naises et sahéliennes proches du désert. Aucun des éléments de cet effort ne peut demeurer sans profit, et aucun d’eux ne doit demeurer négligé. : ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE Par A. BARBEY EXPERT FORESTIER CORRESPONDANT ÉTRANGER DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE (Suite) (!) Bombyx neustria L. Lépinopr., Bombycidæ Bombyce livrée [PI. VE, fig. 4, 4 a] Longueur, Papillon étalé, 4 : 25 à 30; © : 35 à 40 millime- tres; Chenille : 30 à 50 millimètres. Ce Bombycide n'a pas la tache blanche située près du centre des ailes antérieures. Le corps, les antennes, les pattes et les aïles antérieures sont en général d’un jaune ocre ou d’un brun rougeâtre. On remarque sur les ailes antérieures une large bande transversale de couleur foncée. Les ailes postérieures sont d’une teinte plus claire avec bande transversale à peine visible. La Chenille est bariolée et facilement reconnaissable à sa tête d’un bleu grisâtre et à la ligne médio-dorsale blanchâtre qui se détache sur un fond brun. Des deux côtés, on remarque une bande longitudinale de même teinte que la tête. Le premier et le onzième anneaux portent deux petits points verruqueux foncés. La face ventrale de la Chenille est bleuâtre ou d’un jaune sele. (1) Voir Annales de la Science agronomique, 1911, 2e :emestre, n° 5, p. 348; n° 6, p. 419 ; 1912, 1°" semestre, n° 3, p. 181; n° &, p. 241; n°6, p. #26; 2° semestre, n° 3, p. 167; n° &, p. 271; n° 5, p. 348; n° 6, p. 420; 1913, 1°T semestre, n° 5, p. 379; 2€ semestre, n° 3, p. 293. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 491 C'est en général au mois de juillet qu’on observe le vol de ces Papillons dont la femelle a une curieuse façon de déposer sa Fig. 241. — Bombyx neustria L. sur un rameau de Prunier. a, anneau d'œufs; b, Chenilles ; c, Chrysalides ; d, Cocon ; e, Papillon. 3/4 gr. nat. (orig.). ponte. En effet, elle colle ses œufs, serrés les uns contre les autres, sur le pourtour d’un petit rameau d’une essence quel- 492 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE conque, formant ainsi un anneau de 1 à 1 1/2 centimètre de largeur (fig. 242). a C’est sous cette forme que l’animal hiverne. En | avril, les petites Chenilles éclosent et se mettent à ronger les jeunes feuilles et les bourgeons des Chênes ainsi que de plusieurs autres essences feuillues. Ce dégât est sérieux, car à ce moment là, la végétation _s’épanouit, et les feuilles à peine formées et très ‘ tendres sont dévorées en grande partie par la Che- I ne nille qui est précisément en pleine croissance. Les nat. A) eo ravages de cette dernière se produisent au moment où elles sont réunies en colonies qui tissent souvent à l'intersection des rameaux des filets soyeux dans lesquels les mues s'effectuent. À la fin de la période des rava- ges, les Chenilles se disséminent et se chrysalident dans des Cocons jaunâtres qui sont accrochés aux rameaux entourés du filet soyeux. Mars . Ce sont surtout les vergers qui sont exposés aux |! avril. . attaques de ce ravageur polyphage. Cependant les | taillis de Chênes et les cultures de pépinières sont parfois envahis par cette Chenille. JU Juill . Moyens préventifs. — Ils consistent à surveiller || 4. de près les cas isolés qu’on peut constater dans les Chênaies. Moyens répressifs. — Le Bombyce livrée se tenant en général sur les branches basses des rejets et des baliveaux de Chênes, il faut, lors d’invasions sé- rieuses, écraser en hiver, au moyen de brosses métalliques fixées à des perches, les anneaux d'œufs, ou bien plus tard, au prin- temps, anéantir les colonies de Chenilles réunies dans les filets soyeux. On peut également faire des aspersions de savon noir liquide, procédé qui donne de bons résultats. Bombyx lanestris L. Voir : Chapitre du Bouleau. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 493 Liparis dispar L. (1). Voir : Chapitre du Hêtre. Liparis monacha L. Voir : Chapitre de l’'Epicéa. Liparis similis Füssl. Lépinopr., Bombycidæ Bombyce semblable Ce Bombyce a, sous ses différentes formes, les mêmes dimensions que le Bombyce cul-brun. Il s’en distingue par la pilosité plus claire de l’anus ainsi que par l’absence de la cinquième nervure aux ailes postérieures. La Chenille est de couleur brune avec tête foncée; la bande dorsale noirâtre est bordée de chaque côté par une ligne rouge vermillon. Le Papillon essaime en juillet, dépose ses œufs sur la face inférieure des feuilles. Les œufs sont jaune paille et agglomérés en miroir. Les Chenilles apparaissent en automne et hivernent dans un petit Cocon soyeux fixé dans les anfractuosités de l'écorce ou dans la couverture morte. Les ravages commencent au premier printemps et s'étendent aux bourgeons et aux feuilles. Ce rare Insecte est encore plus nuisible dans les vergers que dans les futaies feuillues où il est peu à redouter (2). Phalera bucephala L. LépinoPr., /Votodontidæ [PI. VI, fig. 12] Longueur, Papillon étalé, & : 45 à 50; @ 50 à 60 millimètres; Chenille : 30 à 40 millimètres. La famille des Notodontidæ ne (1) Le Liparis detrita Esp. est une espèce très voisine du Liparis dissem- blable et qu’on a observée dans l’Allemagne du Nord ainsi qu’en Russie. Elle est monophage et trop rare dans l’Europe centrale pour faire l’objet d’une description spéciale (Judeich et Nüsche, 1895, p. 793). (2) On peut signaler ici la Piéride gazée (Pieris crataegi L.) bien connue des jardiniers et des arboriculteurs. On l’a observée parfois sur la frondaison des chênes. 424 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE compte qu'un représentant parmi les ravageurs européens des forêts. Le Papillon est très facilement reconnaissable à ses ailes antérieures grisâtres dont l’angle externe est orné d’une tache jaune clair en demi-cercle et dont le bord interne arqué est épaissi d’une teinte chocolat. Les ailes postérieures sont d’une nuance crème. Les plaques nucale et anale de la Chenille sont noir brillant, chitineuses. Le corps est foncé, mat, recouvert d’une pilosité brunâtre avec plusieurs lignes longitudinales d’un jaune ocre, coupées à l'intersection de chaque anneau par une bande trans- versale brune. La Phalera bucephala L. essaime en mai ou juin et dépose ses œufs sur la face supérieure des feuilles qui, peu après l’appari- tion des Chenilles, sont rongées et (squelettées ». A la fin de la pé- riode de ravages, qui se prolonge jusqu’en septembre, l'animal dévore la feuille entière en ne respectant que la nervure mé- diane. La chrysalidation a lieu sous terre, durant l'hiver et sans la protection d’un Cocon soyeux. Le Papillon attaque tous les feuillus, et il peut être oppcrtun, en cas d’invasion dans les parcs, de détruire les Chenilles au mo- ment où elles ont acquis leur développement maximal. Dans les chênaies, il apparait fortuitement sans causer de ravages sé- rieux. Noctua aceris L. (1). Voir chapitre des Érables. Cnethocampa processionea L. Lépinopr., Bombycideæ Processionnaire du Chêne [PI. VI, fig. 7, 7 a] Longueur, Papillon étalé, 4’: 25 à 30; © : 30 à 35 millimètres; Chenille : 30 à 40 millimètres. La Processionnaire du Chêne (1) Noctua coryli L., N. aprilina L., N. incerta Hfn., N. trapezina L., N. pulverulenta Esp. se rencontrent parfois sur les frondaisons des Chênes, mais ne peuvent cependant être considérées comme des ravageurs typiques de cette essence. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 495 rappelle beaucoup sous le rapport des dimensions et du tache- tage des ailes la Processionnaire du Pin. Le corps et les ailes antérieures sont d’un gris jaunâtre. Ces dernières ont des ner- vures saillantes. Les bandes transversales foncées des ailes antérieures sont plus marquées chez le mâle que chez la femelle. Les ailes postérieures sont plus claires et sans dessins. Les an- tennes du mâle sont pectinées et d’un jaune orange. La Chenille a la tête noire, à peine velue; le corps est d’un gris foncé plus ou moins bleui avec côtés blanchâtres. Les seg- ments quatre à onze portent chacun une tache rougeâtre. Chaque anneau est orné en son milieu d’une rangée transverse de fais- ceaux de longs poils très blonds. La Chrysalide, qui mesure 15 millimètres au maximum, est brune, régulièrement rétrécie antérieurement et obtusément arrondie à son extrémité; elle est munie d’une pointe de chaque côté de l’anus. L'évolution de ce Lépidoptère se déroule suivant le graphique ci-joint, qui nous montre que la période nocive est très courte. Le Papillon essaime en août et dépose ses œufs par rangées juxtaposées fixées sur l'écorce des branches supérieures des grands arbres, ou sur les tiges des Chênes de petites dimensions. L’Insecte protège le | Mars. . Fév. . . plus souvent sa ponte en la recouvrant d'un fin || avri.. duvet soyeux et choisit comme emplacement de | | ponte la face sud des branchages ou des troncs. JUIN L'hivernement a lieu sous la forme d'œuf, et les JULIE jeunes Chenilles apparaissent précisément au mo- ment de l'épanouissement des feuilles. Ces der- nières sont aussitôt rongées en totalité ou en partie; || Sert: Aout: la Chenille adulte s'attaque ensuite aux bourgeons. |! oct... Comme c’est le cas pour la Processionnaire du Pin, [x .. dont nous avons décrit les mœurs dans le chapitre des Pins, les Chenilles de la Processionnaire du Chêne ont une activité nocturne. C’est en effet parce qu'elles circulent de nuit sur la frondaison des Chênes, qu'elles laissent sur le chemin qu’elles ont parcouru un fil conducteur qui, après Déc 426 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE leur repas, leur permettra de regagner le nid dans lequel elles se réunissent durant le jour. Ces nids revêtent les formes les plus variables et sont le plus souvent placés à l'intersection des branches. Ils hébergent les Chenilles lors de leurs diffé- Fig. 243. — Nid de la Cnethocampa processionea L. 3/4 gr. nat. (oriq. coll. Pauly, Munich). « rentes mues et, à la fin de l’évolution d’une génération se trouvent, malgré leur taille qui peut parfois atteindre une longueur de 1 mètre sur une largeur de 20 à 30 centimètres, rem- plis de débris de Chenilles, de Cocons et d’exceréments. La métamorphose a lieu à la fin de juillet dans ces cachettes soyeuses où la Chenille se sent à l'abri des rayons solaires et de la pluie. Il arrive fréquemment que dans les chênaies l’on rencontre de jour des processions de deux ou trois rangs de Chenilles cir- culant sur les troncs ou sur le sol. Ce phénomène se produit en général] lorsque l'invasion est intense; alors les Chenilles quittent ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 497 un arbre dont le feuillage ne leur offre plus de nourriture en suffisance. Il y a de grandes variations dans les dégâts. En effet, à la fin de la période des ravages, on remarque parfois que les Chenilles dévorent toute la feuille, sauf la nervure médiane et certaines nervures latérales, spécialement celles des feuilles Fig. 244. — Cnethocampa processionea L. sur un tronc de Chêne pédonculé. a, Chenilles ; b, Papillon 9; ce, miroir d'œufs. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). anciennes. L’intensité de l'invasion varie suivant le développe- ment de l’arbre, la forme et l'exposition de sa frondaison. On peut envisager les conséquences des invasions de la Pro- cessionnaire comme ayant à peu près la même importance que celles de la Tordeuse du Chêne et que nous examinerons plus loin. Dans les cas normaux, la période de ravages prenant fin précisément au moment où la sève d’août provoque une refor- mation de l'appareil foliacé rongé, la vie du végétal n’est pas 4928 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE compromise, seul l'accroissement est diminué. Lors des inva- sions intenses et lorsque les bourgeons à fleurs sont détruits, il est évident que la production des glands est compromise, Dans certains cas exceptionnels, la Processionnaire devient polyphage. En toutes circonstances, le pouvoir urticant de ces Chenilles rend la circulation et le travail dans les forêts envahies très malaisé durant la phase de nocivité de l'animal. Les invasions durent en général deux à trois ans au plus, et en Allemagne, plus spécialement, on a observé que dans cer- taines chênaies elles se renouvelaient tous les huit à dix ans (Judeich et Nitsche, 1895, p. 911). En France, dans les départements de l'Aube, de l'Yonne et de la Côte-d'Or, on a constaté de 1902 à 1906 une forte invasion qui a atteint son apogée en 1904 et 1905. Dans la Côte-d'Or en particulier, les dégâts de la Procession- naire ont eu pour effet de détruire les fleurs et par conséquent d'annuler à peu près complètement la production des glands (RU DB Moyens préventifs. — Ils consistent à propager et à protéger dans les chênaies menacées la Chauve-Souris, qui fait la chasse aux Papillons et aux Cocons, et le Calosoma sycophanta L, qui est avide de Chenilles et parfois de Chrysalides. Moyens répressifs. — Lorsque l’on surprend à la fin de la période de ravages des processions de Chenilles qui circulent d'arbre en arbre, on peut employer des enfants à écraser ces dernières qui, allourdies par leurs copieux repas, ne peuvent s'échapper facilement. Un autre procédé, qui donne également de bons résultats, consiste à détruire l'animal durant la période larvaire, alors que les Chenilles se sont, pendant le jour, retirées dans leurs nids. Des ouvriers, portant des perches munies à une de leurs extrémités d'éponges ou de tampons d'étoupe, parcourent alors Is peuplements infes'és. L'éponge ou l’étoupe, étant imbibée de pétrole, puis allumée, sert à enflammer les nids de la Procession- naire. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 429 Geometra defoliaria L. Lépinopr., Geometridæ (Hibernia defoliaria L.) |P1. VI, fig. 10, 10 a] Hibernide ou Phalénide défeuillée Longueur, Papillon étalé, j : 35 à 40 millimètres; Chenille : 30 à 35 millimètres. Cette arpenteuse présente un caractère spécial que nous ne retrouvons chez aucune autre espèce fores- tière de l’ordre des Lépidoptères. En effet, la femelle, longue de 8 à 10 millimètres, est complètement privée d'ailes, d’un blanc sale tacheté de noir. Le mâle se distingue facilement par les caractères de ses ailes antérieures qui sont, de même que le corps, d’un jaune citron, avec deux bandes transversales brun chocolat très variables dans leur forme. Les bordures des ailes sont souvent blanches. On rencontre parfois des individus de la Phalénide défeuillée dont le tachetage alaire est embrouillé ou même effacé. Les ailes postérieures sont blane crème avec franges non tachetées. La Chenille, jaune blanchâtre, porte dix pattes. Après la der- nière mue, la face dorsale revêt une teinte orange foncé, tandis que la face ventrale demeure beaucoup plus claire. Les pattes postérieures sont rougeâtres. Ce Papillon très polyphage essaime en septembre ou en octo- bre, parfois seulement en novembre. La Chenille recherche par- ticulièrement les feuilles des Chênes et des Hêtres dont elle découpe les bords en évitant en général d’entamer les nervures. On n’a pas remarqué que cette espèce réunisse quelques feuilles en faisceau par un filet soyeux pour en faire un nid. L’hivernage a lieu à l’état d'œuf. Au point de vue forestier, ce ravageur, qui est à redouter dans les vergers, a la même importance que la Geometra brumata L., mais il est beaucoup moins répandu (1). (1) Les Geometra aurantiaria Esp. G. aescularia Schiff., G. progemmaria Hb. jouent, au point de vue de la protection des chênaies, à peu près le même rôle, tout en étant encore moins fréquentes que la G. defoliaria L. y 430 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Geometra brumata L. Lépipopr., Geometridæ (Gheimatobia brumata L.) [PI. VI, fig. 6] Cheimatobie hiémale Longueur, Papillon étalé, Ç : 25 à 30 millimètres; ® longueur du corps : 5 à 6 millimètres; Chenille : 18 à 22 millimètres. Bien que la Cheimatobie hiémale soit à proprement parler un rava- geur des vergers, on la redoute également dans les chênaies, ainsi que sur tous les autres feuillus, sauf le Hêtre. Ce Papillon présente un dimorphisme sexuel très accusé. En effet, le mâle est pourvu de deux ailes antérieures d’un gris plus ou moins rougeâtre avec rayures transversales un peu foncées. Les ailes postérieures claires portent parfois des taches transversales très effacées. La femelle est munie de rudiments d’ailes qui n’atteignent pas la longueur du corps. Les antérieures, d'apparence verdâtre, portent deux bandes transversales brunâtres, les postérieures seulement une. La Chenille se reconnaît à ses dix pattes et à Mars. . la teinte vert jaunâtre de son corps dont la ligne Avril. . dorsale est plus foncée. RP La biologie de cet Insecte présente ceci de par- ticulier — son nom l'indique — que l’essaimage se produit au moment des brumes automnales, presque au commencement de l'hiver. En effet, les mâles apparaissent à la moindre température clé- mente de l’arrière-automne et volent, le soir sur- HN Juill . . Août . . tout, autour de la couronne des arbres pour y rechercher les femelles. Ces dernières, fécondées, déposent individuellement leurs œufs sur les bour- geons à fleurs et sur les rameaux. Ces œufs sont solidement collés, ce qui leur permet de ne pas être détachés durant l'hiver par la pluie et la neige. L'apparition des jeunes Chenilles a lieu au moment du réveil de la végétation, et ce phénomène est naturellement sous la ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 431 dépendance complète des conditions atmosphériques. L'animal pénètre en général en avril dans les bourgeons dont il dévore partiellement l’intérieur durant la nuit. Pendant le mois de mai et une partie de juin, le ravage se poursuit et atteint les feuilles en voie de formation qui sont ordinairement perforées. Plus tard, les ouvertures sont agrandies à mesure que la Chenille devient plus grosse et active et, à la fin de la période des dégâts, on remarque des faisceaux de feuilles réunies par un filet soyeux. Parvenue à cette étape de son existence, la Cheimatobie hié- male suspendue à un fil se laisse tomber à terre et se cache dans le sol ou dans les débris ligneux pour s’y métamorphoser. Cette phase de nymphose dure environ quatre mois. La Geometra brumata L. est surtout à redouter dans les vergers où elle compromet souvent la fructification et, à la suite d’in- vasions successives, provoque la mort de l’arbre ou de certaines branches, préparant ainsi le chemin aux Insectes polyphages. Parmi les essences forestières feuillues, ce sont le Chêne et le Charme qui semblent le plus exposés à voir non seulement leurs feuilles, mais surtout leurs graines détruites. Les forêts de la Haute-Marne ont été envahies par ce Papillon de 1904 à 1906. La Cheimatobie évoluait en compagnie de la Tordeuse du Chêne et du Bombyce livrée (R. D. E. F.). Moyens préventifs. — Comme il s’agit d’un Insecte essentielle- ment polyphage et mobile, on ne peut guère prémunir les vergers et les chênaies contre ses atteintes, à moins de prendre les devants et d'appliquer préventivement le procédé indiqué plus loin. Moyens répressifs. — Le moyen le plus employé dans le monde des arboriculteurs consiste à fixer, par une ficelle autour du tronc des arbres envahis ou à protéger, des bandes de papier de 10 à 15 centimètres de largeur. Sur ce papier on dépose de la glu en un anneau de 1 à 2 centimètres de largeur sur 2 à 3 cen- timêtres d'épaisseur. Le piège est placé en octobre, soit au début de la période d’accouplement des Papillons; il a pour but d'arrêter l’ascension des femelles. En effet, ces dernières avec leurs rudiments d’ailes sont incapables de voler et deviennent 432 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE facilement prisonnières dans cette matière gluante qui leur obstrue le passage lorsqu'elles gravissent le tronc. L'usage de ce bracelet de papier offre en outre un autre avan- tage dans la culture arboricole, c’est qu'entre l'écorce et le papier viennent souvent hiverner d’autres Insectes ravageurs qu'on détruit à la fin de l'hiver en détachant le piège glutineux. En protection forestière, on ne peut guère faire usage de pro- cédés aussi coûteux; du reste ce ravageur est peu nocif dans les chênaies. Tortrix viridana L. Lépinort., Z'ortricidæ Tordeuse verte ou du Chène [PI. VI, fig. 8, 8 a] Longueur, Papillon étalé : 21 à 24 millimètres; Chenille : 10 à 14 millimètres. Cette Tortricide se reconnaît facilement à Fig. 245. — Ravages de Tortrix viridana L. sur un rameau de Chêne pédonculé. a, Papillons ; b, Chenilles rongeant les feuilles. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 433 l'aspect verdâtre, couleur de jeunes feuilles de Chêne, des ailes antérieures et à la teinte grisâtre de l’abdomen. La Chenille, munie de seize pattes, est également verte ou d’un vert noirâtre, à peine pileuse; sa ponctuation et la tête sont noires. La Chrysalide, d’un noir brillant, est de forme allongée. La Tordeuse du Chêne est répandue dans toutes les forêts de Chênes de l'Europe; on l’a même observée dans les Alpes grisonnes (Suisse) à 1.100 mètres d'altitude. La biologie est très simple et ne présente aucune particularité, l'hivernement ayant lieu sous la forme d'œuf. Ce Microlépidoptère apparaît fréquemment dans les chênaies et ses invasions durent en général de trois à six ans. Join : © Lin ee Août . . C'est à la fin de juin ou au commencement de juillet que le Papillon essaime, et ce vol s'effectue || Sert -- non seulement au crépuscule, mais encore en plein soleil. Le vol est très agité et les Insectes ne de- meurent jamais posés longtemps au même endroit. On sait que la ponte s'opère dans la frondaison, mais on n'a pas encore pu préciser si les œufs sont fixés aux rameaux ou aux bourgeons; cependant la plupart des entomo- logistes forestiers penchent pour cette dernière alternative. Comme c’est le cas pour tant d’Insectes phytophages, la pé- riode nocive coïncide précisément avec l'épanouissement de l'appareil foliacé, c'est-à-dire en plein mois de mai. A cette époque, la Chenille commence son carnage et s’attaque en pre- mier lieu aux bourgeons à fleurs, puis aux jeunes feuilles dont les parties tendres sont dévorées. A la fin de son existence lar- vaire, la Tordeuse entame les feuilles formées et se plaît à les enrouler de diverses façons, parfois en cornet, en cigare, en portefeuille triangulaire (fig. 246). Ces travaux de pliage sont consolidés par l’adjonction d'un réseau soyeux. Dans certains cas, on remarque également des nids formés de plusieurs feuilles ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 28 434 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE agglomérées par de la soie. Ces feuilles tordues ou réunies ser- vent de retraite aux Chenilles à la fin de la période de ravages; c’est dans ces cachettes, à l’abri de la pluie et du soleil, que ces animaux achèvent de se gaver de débris et qu'ils subissent leur métamorphose en Chrysalide. Lors d’invasions intenses, l’animal change de branche ou se laisse tomber à terre, suspendu à un fil qu'il tisse au fur et à mesure de la descente. Il atteint ainsi des rameaux couverts de feuilles plus ou moins indemnes. On observe aussi, lors de ces invasions, que d’autres Papillons arrivent en masse dans les forêts et, par un temps calme et sec, on peut entendre la chute Fig. 246. — Différentes formes de nids de la Tortrix viridana L. 3j4 gr. nat. (orig.). bruyante des excréments dans les massifs densément infestés; à la fin de la période des ravages, la circulation sous les Chênes est parfois rendue fort désagréable par les fils qui pendent de la cime des arbres. La nature se montre dans ce cas si bien équi- librée que les dégâts qu'occasionne la Tordeuse prennent pré- cisément fin avant la sève d'août. Si donc au commencement de juillet, les frondaisons des Chênes peuvent paraître dépouil- lées à divers degrés, un mois plus tard, sous l'influence de la sève montante de l'été, la couronne se garnit à nouveau de feuilles plus ou moins anormalement formées il est vrai, mais qui assu- rent cependant la vie de l’arbre. Il est évident que cette pertur- ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 433 bation, qui atteint les organes vitaux du végétal, entraine une diminution d’accroissement qu'il est facile de constater après l'abatage des Chênes, par l'examen des cernes, car ceux qui correspondent aux années d’invasion sont plus minces que l'urs voisins formés dans des conditions normales. En outre, il faut reconnaître que, dans les chênaies ravagées une ou plusieurs Fig. 247. — Rameau de Chène pédonculé ave: ravages de la Tortrix viridana L. photographié au mois d'août au moment de la reconstitution foliaire. 1/2 gr. nat. (orig.) années de suite, la production des glands est sérieusement com- promise. Nous avons eu l’occasion de suivre attentivement l’évolution 436 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE de la Tortrix viridana 1 dans les forêts du plateau vaudois (Suisse) durant les années 1903 à 1908 (BarBe y, A. 1907, p. 49-56). Durant cette période, ce Papillon fut également observé un peu partout dans les chênaies de l'Europe centrale. On peut affirmer que, lorsque la Tordeuse agit seule, sans le concours d’autres ennemis des bois, elle ne détermine pas en général la mort des Chênes, même de ceux qui sont attaqués par elle plusieurs années de suite. Nous avons été amené à lui attribuer en partie le dépérissement des trois quarts des bali- veaux de Chênes du taillis sous futaie de Chassagne (Ville d’Orbe, Vaud, Suisse). En effet, l'invasion citée plus haut a chevauché sur deux périodes d'apparition du Hanneton et surtout sur les néfastes sécheresses de 1906 et de 1907, cette dernière moins caractérisée il est vrai. Ces trois facteurs combinés ont causé un vrai désastre forestier dans cette forêt dont l'aménagement a dès lors été bouleversé. Il est difficile d'attribuer à la Tordeuse la part prépondérante dans cet accident forestier; cependant, nous demeurons convaincu que la Chenille, si abondante durant cinq années consécutives, a contribué sérieusement au dépouil- lement des rameaux et à la destruction des bourgeons qui ont pu être ensuite facilement desséchés par l’été torride de 1906. L'invasion citée ci-dessus a pris brusquement fin à la suite de la gelée tardive du 27 mai 1908 qui, jointe à une forte chute de neige, a surpris la Chenille en pleine activité et mis ainsi fort heureusement un terme à son évolution. Bien que la Tortrix viridana L. soit essentiellement mono- phage, nous avons remarqué qu’au moment de la pullulation des Chenilles, ces dernières s’attaquent même aux feuilles des arbrisseaux qui constituent le sous-bois des chênaies. Moyens préventifs. — Ce sont les seuls qu’on puisse indiquer pour la lutte contre l’extension et le renouvellement des ravages de la Tordeuse verte. Il y a lieu de favoriser dans les forêts la nidification des Oiseaux utiles, tels que les Mésanges, les Étour- neaux, ete. C'est la seule mesure préventive que l’on puisse ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 437 conseiller, à moins que par le mélange des essences, on ne cherche à créer des forêts de constitution variée, dans lesquelles les Insectes monophages auront de moins en moins la possibilité de se propager librement. Moyens répressifs. — Il n'existe pas de procédé économique efficace pour détruire les Chenilles ou les Papillons de la Tortrix otridana L. Phycis tumidella Zk. Lérinopr., 7ortricidæ (Acrobasis consociella Hb., Acrobasis Zelleri Rag.) Tordeuse des rameaux de Chêne Longueur, Papillon étalé : 20 millimètres; Chenille : 20 milli- mètres. Ce Papillon, légèrement plus petit que l’espèce décrite Fig. 248. — Nid de la Phycis tumidella Zk. 3/4 gr. nat. (orig.). ci-dessus, porte sur chacune des ailes antérieures qui sont d’un gris violacé ou rougeâtre et plus foncées à la base, deux taches transversales grisâtres, ondulées en zigzags; elles occupent à peu près la moitié de la surface alaïire. On distingue dans la 438 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE tache grisâtre interne deux points d’un brun fencé, parfois réunis l’un à l’autre. Les ailes postérieures, de même que l’abdo- men, sont revêius d’une teinte gris sale. La tête et le thorax sont couleur rouille. La Chenille, dont la tête est foncée et le corps d’un vert pâle, présente une nuque partagée longitudinalement par un sillon Fig. 249. — Feuilles de Chêne pédonculé ravagées par la PhAycis tumidella Zk. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). et sur chaque segment, on remarque deux paires de plaques chitineuses revêtues de poils. L'évolution de cet Insecte monophage coïncide à peu près avec celle de la Tordeuse verte; cependant la façon dont la Phycis tumidella Zk. entame les feuilles de Chêne varie lége- rement. La Chenille de la Phycis tumidella Zk. construit des nids compcsés de feuilles inclinées les unes contre les autres et dont ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 439 plusieurs des internes sont enroulées en forme de cigare et par- tiellement « squelettées ». La chrysalidation s’opère en juillet dans la couverture morte du sol, la Chenille se calfeutrant dans un Cocon soyeux renforcé par de menus fragments de terre agglu- tinés. Ce ravageur est rare, son importance forestière est presque nulle. Tinea lutipenella Z1l. Lépinopr., Tortricidæ (Argyresthia lutipenella Hbn.) Teigne des bourgeons de Chène Longueur, Papillon étalé : 15 millimètres; Chenille : 10 muilli- mètres. Cette Teigne a les ailes antérieures et le thorax d’un ocre jaune effacé avec franges alaires plus claires. Les ailes posté- rieures ainsi que l'abdomen sont d’un gris sale. Les anneaux noirs des antennes se détachent sur la couleur fondamentale blanche. | On ne connaît pas encore exactement la biologie de ce Papillon fort peu répandu du reste dans les chênaies. Toutefois on a observé (Jupeïcx et Nirsce, 1895, p. 1061) que la jeune Che- nille pénètre au commencement de l’été dans les bourgeons dont elle perfore les écailles et les jeunes feuilles, En juin, la Chenille se tisse un cocon qu’elle promène avec elle sur la surface foliaire des Chênes, puis elle se fixe solidement sur un rameau pour subir sa métamorphose. L’essaimage se produit en juillet, mais on ne sait pas encore si la Tinea lutipenella ZI. hiverne à l’état d’œuf ou de jeune Chenille. Les Chênes attaqués reverdissent avec la sève d'août. Aucune mesure protectrice n’est opportune dans les cas d’in- vasion de cette Teigne. Tinea complanella Hbn. Lépinopr., 7ortricidæ (Tischeria complanella Hbn.) Teigne déprimée Longueur, Papillon étalé : 12 millimètres; Chenille : 6 milli- 440 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE mètres. Le Papillon rappelle beaucoup la Tinea lutipenella ZM: cependant il est sensiblement plus petit et ses ailes antérieures sont légèrement brunâtres vers la pointe. Les antennes, la tête et le thorax sont jaunâtres, tandis que l’abdomen est d’un gris semblable à celui des ailes postérieures. Fig. 250. — Feuilles de Chêne pédonculé minées par la Tinea complanella Hbn. a, chemin parcouru par la Chenille entre les deux épidermes ; b, Chenille perçant l'épiderme desséché. 1/1 gr. nat. (orig.). La Chenille est de couleur claire indistincte, presque glabre, avec tête et extrémité anale à peine plus foncées. Seules, les | trois paires de pattes thoraciques sont bien formées, tandis que les postérieures restent à l’état de mamelons.: Le Papillon essaime en mai et dépose ses œufs dans les feuilles en formation. La jeune Chenille passe toute son existence, qui ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 441 dure en général dix mois, emprisonnée entre les deux épidermes des feuilles de Chêne et de Châtaignier, pratiquant des couloirs sinueux qui augmentent de calibre avec l’âge de l’animal. Fina- lement ce dernier, avant de se métamorphoser, creuse un élar- gissement de grandeur variable dont les parois supérieure et inférieure, se desséchant, prennent une apparence claire (fig. 250). Ce ravage que l’on constate surtout sur les rejets ainsi que sur les rameaux près de terre est commun, mais il ne peut être envisagé comme la cause du dépérissement des Chênes. On trouve aussi occasionnellement sur les feuilles de Chêne la Tinea cognatella Fr. Tinea ferrugana Tr. Lépipopr., T'ortricidæ Tordeuse ferrugineuse Longueur, Papillon étalé : 16 à 17 millimètres; Chenille : 11 millimètres. Ce Papillon qui figure dans la littérature ento- mologique sous huit noms différents porte une tête et un thorax en général ocre Jaune ou brun rougeâtre; l’abdomen, de même que les ailes postérieures, présentent de nombreuses variations de couleur. Le plus souvent ocre jaune, tachetées de foncé chez certains individus, elles apparaissent parfois d’un gris rougeâtre. La bordure antérieure est ondulée et le bord antérieur porte deux taches brunâtres qui se confondent parfois avec une autre tache de même teinte occupant le centre de l'aile. Les franges se dessinent en plus clair sur la couleur du fond. La Chenille, munie de seize pattes, a la tête et la plaque nucale brun foncé; le corps se teinte de brun pâle ou de vert sale. Le dos et les côtés sont sillonnés longitudinalement par cinq bandes d’un vert olive foncé. Sur le milieu du corps, on remarque des deux côtés de la ligne médio-dorsale qui est plus large et d’appa- rence bleuâtre de petits points noirs. La période du vol de la Tordeuse ferrugineuse a lieu en août et se poursuit parfois jusqu’en octobre. Chose curieuse, l’hiver- nement se passe sous la forme parfaite, l'animal se blottissant 442 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE durant la mauvaise saison dans des feuilles sèches repliées, for- mant des nids fixés aux rameaux. L’accouplement et la ponte s'effectuent au premier printemps et la Chenille se met en mai ou juin à attaquer les jeunes feuilles révnies en faisceaux soyeux irréguliers. Elles sont rapidement « squelettées » et tombent en débris qui, avec les excréments, constituent des amoncellements informes retenus par le réseau soyeux. Dans la plupart des cas, les rameaux qui portent plusieurs de ces faisceaux de feuilles rongées dépérissent. Il résulte donc de ces dégâts, cependant rares, des déformations de la frondaison. La Tortrix ferrugana Tr. attaque également d’autres essences feuillues et certains arbrisseaux qui forment le sous-bois des chênaies. Le forestier n’est guère appelé à intervenir pour entraver l’évolution d’un Insecte dont les dégâts sont aussi rares que peu prononcés. Pour achever l’énumération des parasites des feuilles de Chênes, nous signalons encore deux ennemis plus rares : Phylloxera quercus Fonsc. Ruyncu. Phylloxeride On observe trois formes chez cette espèce. En été, les Insectes aptères parthénogénétiques apparaissent et se mettent à sucer l’épiderme de la partie inférieure des feuilles de Chênes. En automne, les femelles aïilées, de couleur rosée, déposent leurs œufs qui donnent naissance à des Insectes des deux sexes. Sur les feuilles attaquées, on remarque des pustules jaunâtres qui n’ont pas grande importance au point de vue de la protection forestière. Phyllopertha horticola L. Voir : Chapitre des Aunes. Fig. 251. — Trigonaspis megaptera Panz. Chêne pédonculé. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). Fig. 252. — Andricus inflator Htg. Chêne pédonculé. 3/4 gr. nat. (orig.). Fig. 2:38. — Neuropterus quercus baccharum Ov: (gin. agame) = Diplolepis lenticularus Ohv- Chêne pédonculé. 3/4 gr. nat. (org. coll. l'uséum, Paris). Fig. 254 — Dryomyia circinans Giraud. Chène pédonculé. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Museum, Paris). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 447 Fig. 256. — Cecidomyia Lichtenstein Fr. Lôv. Chêne yeuse. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). GLANDS Balaninus elephas Gyll. Coréopr., Curculionidæ Balanin éléphant Longueur : 9 à 10 millimètres. Les Balanins sont reconnais- sables à leur corps trapu, élargi. La tête porte un long rostre plus ou moins rectiligne, repliable sous le corps. Les yeux sont saillants et relativement grands; les antennes, fines et allongées, sont terminées par une massue ovoïde. Les élytres sont plus larges que le corselet, avec épaules anguleuses, arrondies. L’écus- son, très visible, est régulièrement arrondi. Les cuisses sont dentelées et les jambes antérieures portent une épine; les cro- chets des tarses sont munis à leur base de dentelures pointues. Le Balanin éléphant, de couleur brun clair, se rencontre sur- 418 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE tout sur les Chênes verts du Midi. Il attaque également les Châtaignes. Son évolution, de même que celle des deux espèces suivantes, peut avoir lieu en une année, mais souvent elle chc- vauche sur un laps de temps plus grand. Ce ravageur essaime en été, parfois même en automne. La femelle, dont le rostre est légèrement plus long que celui du mâle, se promène sur les glands demeurés sur l'arbre, puis cherche un fruit encore in- Fig. 257. — Glands de Chêne pédonculé détériorés par la Larve du Balaninus elephas Gyll. a, ravage larvaire ; b, Gland montrant l'orifice de sortie de la Larve. 3/4 gr. nat. (orig.). demne dans lequel, par un travail de forage très long, elle enfonce son rostre aussi profondément qu'il peut pénétrer. Après l’avoir retiré, elle se retourne et présente l'extrémité de son abdomen à l’orifice dont la dimension est celle d’un trou d’une très fine aiguille, l'œuf est alors déposé dans cette cachette. Fagre (1912, p. 197-221) a découvert que l’abdomen de la fe- melle porte dans son intérieur une gaine extensible dont l’extré- mité en forme d’ampoule lui permet de prendre l'œuf à sa sortie de l’oviducte, puis de le pousser au fond du canal foré préala- blement à l’aide du rostre. L'œuf arrivé dans le cœur même du gland donne naissance à une Larve qui, durant plusieurs semaines, parfois pendant des mois, se nourrit de la masse cotylédonaire. Le gland tombe à terre, finit par être excavé et prend une couleur noirâtre. La Larve gagne le dehors en automne ou en hiver en forant dans l'enveloppe un orifice circulaire (fig. 257, b), puis elle se chry- salide dans le sol ou la couverture morte. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 449 Les dégâts ont souvent pour conséquence la destruction d’une bonne partie de la glandée. Dans les cas où l’on tient à obtenir le maximum de glands sains, il peut être indiqué de récolter en automne les fruits attaqués et de les incinérer sur place. Balaninus glandium Marsh. Coréorr., Curculionidæ (Balaninus venosus Germ.) Balanin des glands Longueur : 6 à 8 millimètres. Ce Balanin dont le rostre de la femelle est aussi long que le corps et deux fois plus long que Fig. 258, — Rostre du Balaninus glandium Marsh. 5/1 gr. nat. (orig.) celui du mâle, porte des élytres roux à marbrures et taches brunes; l’écusson est grisâtre. On remarque une sorte de touffe pileuse à l’extrémité postérieure de la suture des élytres. Balaninus nucum L. Coréopr., Curculionidæ Balanin des noisettes Longueur : 5 à 7 millimètres. Le Balanin des noisettes est reconnaissable à ses élytres qui sont d’un brun grisâtre avec taches obliques pileuses plus claires. Tous les tibias sont munis du côté interne de forts crochets recourbés. On rencontre éga- lement la Larve de ce Charançon dans les glands. Balaninus tesselatus Fourc. CoLéopr., Curculionidæ Petit Balanin du Chêne Longueur : 4 à 6 millimètres. Ce Charançon qui vit également dans les noisettes est de couleur gris jaune et tacheté de brun sur les élytres. Ces derniers ne sont pas arrondis à leur extrémité, ANN. SOIENCE AGRON, + 4€ SÉRIE — 1913 = II 29 450 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE mais leurs pointes se touchent à la suture. Le rostre de la femelle est légèrement plus long que celui du mâle. Ces trois espèces provoquent également à peu près les mêmes ravages dans les glands que le Balaninus elephas GyIL, et le forestier appelé à protéger les chênaies contre de multiples ennemis, n'aura généralement pas à prendre des mesures spé- ciales à l'égard des Balanins. En effet, les déprédations de ces derniers n’ont d'autre conséquence que celle de diminuer la glandée, laquelle demeure presque toujours assez abondante pour assurer le rajeunissement des peuplements (1). Tortrix splendana Hbn. Lérinopr., ortricidæ (Garpocapsa splendana Tr.) Longueur, Papillon étalé : 15 à 18 millimètres; Chenille : 8 à 9 millimètres. Ce rare Papillon est reconnaissable à la couleur d’un blanc sale de ses ailes antérieures qui sont striées en dia- gonale par des taches foncées. Le centre de chacune des ailes est marqué par une zone plus claire. La Chenille est d'apparence claire ou légèrement teintée de rose, avec tête, extrémité anale et plaque nucale noirâtres. Cette dernière est divisée par un sillon médian longitudinal en deux moitiés. Chaque anneau du corps porte deux rangées transver- sales de plaques pileuses. On n’est pas encore parfaitement au clair sur l’évolution de cette Tordeuse dont la Chenille pénètre dans les glands pour en dévorer le contenu. La chrysalidation doit s’opérer au prin- temps, soit dans la terre, soit à l’intérieur des glands dans les- quels l’hivernement se produit le plus souvent. Les Papillons apparaissent en Juin. Lorsqu'on ramasse des glands perforés, on reste souvent per- plexe en examinant les Larves qui ont fouillé leur intérieur. Si (1) D’autres Coléoptères, tels que Elater subfuscus Mull., E. æneus L., Lacon murinus Li. sont également, à l’état larvaire, des ravageurs de glands. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 451 ces rongeurs ont des pattes, il s’agit de la Tordeuse ou d'Elaté- rides ; dans le cas contraire, ce sont des Balanins (1). 71. Hêtre Fagus sylvatica L. RACINES Gryllus gryllotalpa L. Melolontha vulgaris L. Voir : Chapitre de l'Épicéa. Hylobius abietis L. Noctua segetum Schï1ff. Voir : Chapitre des Pins (2). ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Lachnus exsiccator Alt. Ruyncu., Aphidæ Longueur : 5 millimètres. La forme ailée de ce Pou de cou- leur noire porte des antennes de six articles, plus courtes que le corps. Les ailes antérieures translucides ont la moitié externe tachetée de noir. Le Lachnus exsiccator Alt. attaque les branches et tiges de faible dimension du Hêtre, exceptionnellement du Chêne et du Châtaignier. Les Poux, réunis en colonies sur l'écorce, sucent (1) Tortrix amplana H., espèce voisine, ravage, outre les glands, les noi- settes et les châtaignes. (2) Un petit Charançon, le Strophosomus coryli Fabr., incapable de voler, ronge les radicelles des plants de Hêtre; ses dégâts sont plutôt rares et peu importants. 459 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE celle-ci durant l’été. Cette opération provoque un développement anormal de la zone cambiale qui, s’accroissant irrégulièrement, produit des déchirures corticales longitudinales. Le ravage est rare et sans grande importance (1). Coccus fagi Bärensp. Ruyncu., Coccidæ Longueur de la femelle : 6 millimètres. Cette dernière, de forme presque circulaire, d’un blanc sale, est privée de pattes et d’ailes. Le mâle est encore inconnu. On trouve en général durant l’été les colonies d’Insectes fixées sur les troncs ou branches de Hêtre de toute dimension. Un duvet blanchâtre sécrété par l'animal recouvre la colonie pendant que les Coccidies sont occupées à sucer l’écorce qui se crevasse et revêt une apparence chancreuse. Le dégât, répété plusieurs années de suite sur le même Hêtre, peut provoquer le dépérissement soit d’une branche, soit de la tige entière. Agrilus viridis L. Agrilus angustulus LL. Agrilus elongatus Hbst. Voir : Chapitre des Chênes. Cimbex variabilis Klug. Hyménopr., 7'enthredinidæ Longueur, Insecte parfait : 15 à 30 millimètres; Larve : 20 à 30 millimètres. Comme son nom l'indique, cet Insecte est non seulement de couleur, mais de dimensions très variables. Le genre Cimbex est très voisin du genre Lophyrus dont nous avons étudié plusieurs espèces dans les chapitres des Pins et du Pin (1) Un autre Insecte du même genre, le Lachnus fagi L., qu’on trouve également en colonies dans les forêts de Hêtres, est reconnaissable au duvet blanchâtre qui le recouvre. Il s’attaque aux cotylédons et aux feuilles en plein épanouissement. On constate parfois des ravages appréciables dans les semis, mais dans la grande cultu:e forestière, on ne peut facilement intervenir contre lui. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 453 cembro. Il règne encore une grande confusion dans la nomen- clature relative à ce genre, certains auteurs ayant créé des es- pèces suivant les essences sur lesquelles ces Hyménoptères opèrent leur évolution. Nous ne pouvons entrer ici dans l'examen de ces formes, qui n’offrent que peu d'intérêt au point de vue de la protection forestière. Le Cimbex variabilis Klug. a la tête et le thorax noirs, jaunes Fig. 259. — Deux variétés du Cimbex variabilis Klug. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). et noirs ou brunâtres. Entre le thorax et l’abdomen on remarque une large plaque articulée blanchâtre. Les ailes sont translucides avec l’extrémité parfois d’un brun opaque. Les antennes ont un funicule de cinq articles et la massue semble à peine articulée. La Larve, munie de vingt-deux pattes, est ornée de verrues blanchâtres en rangées transversales et de stigmates encadrés de plaques chitineuses en forme de parenthèse. Il est très difficile de préciser la couleur des Larves de cette espèce, car elle présente tous les tons compris entre le vert jaune et le brun rougeâtre. La face dorsale est parfois tachetée longitudinalement de brun foncé ou de noir. En général, les Larves ramassées sur les fron- daisons du Hêtre ne sont pas de même couleur que celles qui se nourrissent des feuilles de Bouleaux. 454 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Cet Insecte essentiellement polyphage (essences feuillues seu- lement) essaime en avril ou mai et la femelle, se servant de sa tarière, dépose les œufs dans l’épiderme des feuilles. En général, Fig. 260. — Branche de Hêtre ravagée par le Cimbezx variabilis Klug. 1/1 gr. nat. (orig.). a, piqüre récente; b, dé- la Larve commence par ronger la feuille à partir de sa base en se dirigeant vers la pointe. Au re- pos, elle se tient volontiers repliée sur elle-même. A la fin de l’été, lorsque la période larvaire est achevée, il ne reste de la feuille, le plus souvent, que la nervure médiane. L’animal hiverne à l’état de Larve cachée dans un cocon qui reste fixé aux rameaux et la nymphose s’opère en avril. Ce qui doit surtout intéresser le forestier dans les mœurs du Cimbex variabilis Klug., ce n’est pas tellement la défoliaison effectuée par la Larve, mais bien plutôt les piqûres que font les Insectes ailés qui, un peu à la façon de celles du Frelon, décortiquent les branches et tiges de faible dimen- sion. Cependant les Cimbex ne pratiquent que des anneaux très minces qui souvent encerclent com- plètement les branches; ils dessinent parfois des spirales qui, année suivante, se recouvrent d’un bourrelet (fig. 260). Ce dégât ne doit pas être confondu avec celui occas'onné par les Souris ou gât plus ancien avec bour- es Pics qui souvent provoquent des blessures an- relet. nulaires beaucoup plus importantes sur les grosses tiges et branches des Hêtres et d’autres arbres. Le Cimbex varia- bilis Klug. s'attaque par contre à des rameaux et rejets de très petite dimension dont l’écorce est encore tendre. Dans certains cas où l’Insecte pullule, on peut se donner la peine de récolter les Larves au moment où elles sont fixées aux feuilles. Callidium variabile L. Cocéopr., Cerambycide Longicorne variable ou du Hêtre [PI VIT, fig. 8, 8 a] Longueur, Insecte ailé : 8 à 15 millimètres; Larve : 10 à 14 mil- Lmètres, Cet Insecte appartient au groupe des Cérambycides qui ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 459 est caractérisé par la tête penchée et non perpendiculaire, par les jambes antérieures non sillonnées d’une rigole; les côtés du corselet sont arrondis. Le Callidium variabile L. est le plus sou- vent d’un jaune brun avec tête foncée; chez certains individus, les élytres sont bleuâtres (PI. VIE, fig. 8 a); ces derniers sont très | + es | ———— nr — à ER EM 2 es PC TARRE Fig. 261. — Callidium variabile L. Fig.262.— Tronc DRE ravagé pie parve à À di jabile L. (Voir légende fig. 261. a. toranerdans Ja.zone/canbiale: 0, Darven Cmidium variable M g L duos tre c, section elliptique Aa ere 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). loir larvaire ; d, berceau de chrysalide ; e,tam- on de détritus; f, Chrysalide. 3/4 gr. nat. Er Lg. 4 finement striés-ponctués et le corselet présente quelques petites tubérosités lisses. La femelle pond ses œufs dans les anfractuosités de l’écorce. La Larve est du type de celles des Longicornes et ressemble beaucoup à celle du Callidium bajulus L. Une fois formée, elle creuse des couloirs sinueux qui entament à la fois les zones cambiale et corticale; ils augmentent de calibre à mesure que la Larve devient plus grosse, puis sont remplis de sciure com- primée et abandonnés. Pour se métamorphoser, ce Longicorne s'enfonce perpendiculairement et ensuite longitudinalement dans 456 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE le bois même le plus sain, formant ainsi un crochet assez sem- blable au nid du Pic-bois et au berceau de chrysalide du Calli- dium luridum L. Le Callidium variabile L. évolue probablement dans l’espace de deux ans. Il est très fréquent dans les dépôts de bois de Hêtre dont les troncs et branches n’ont pas été écorcés avec le plus grand soin immédiatement après l’abatage. Souvent nous avons entendu le bruit produit par les mandi- bules en action de ce Longicorne à l’intérieur des bûches de Hêtre en dessiccation dans les bûchers. Le Callidium variabile L. présente plus d'intérêt au point de vue technique qu’au point de vue forestier. Trois autres Cérambycides provoquent également des ravages du même genre dans le bois de Hêtre non écorcé, ce sont : Cerambyx Scopoli Laïich.; Cerambyx alpinus L. (Rosalia alpina Serv.); Callidium sanguineum L. (1). Cryphalus fagi Fabr. Coréorr., Scolytidæ (Ernoporus fagi Thoms.) Bostryche du Hêtre Longueur: 1,5 à 1,8 millimètre. La massue des antennes de ce Bostryche de petite dimension présente des su- tures courbées en cercle; le premier article est ovalaire; les suivants, en forme de croissant, en- tourent le premier de leurs lignes concentriques. Le corselet est relativement petit, aussi long que large, arrondi antérieurement et porte sur le mi- lieu du bord antérieur deux petits granules fai- Fig. 263.— Corselet du Il: Cryphalus fagi Fabr. SAN saillie en avant. On remarque en outre sur Cortgr) la région antérieure du disque du corselet une plaque à granules disposés en lignes arquées (fig. 263). Les (1) Necydalis major L. et abbreviatus Panz. de grande dimension se ren- contrent également dans les bois de Hêtre en décomposition. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 457 élytres sont deux fois plus longs que le corselet, très densément striés-ponctués et chagrinés, couverts de rangées de soies pili- formes dressées. Le type des couloirs creusés par le Cryphalus fagi Fabr. est Fig. 264. — Couloirs du Cryphalus fagi Fabr. dans une branche de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig.). difficile à décrire, car rarement on découvre à la face interne de l’écorce du Hêtre si crevassée une figure bien nette. La ga- lerie maternelle a une tendance à suivre les fibres ligneuses, mais elle se ramifie un peu dans tous les sens. Les galeries lar- vaires, peu nombreuses, sont aussi courtes et disposées très irré- gulièrement. Les berceaux de chrysalides, creusés parfois dans l’'aubier, apparaissent souvent remplis de sciure blanchâtre. L’Insecte, qui pullule dans les branches tombées à terre, a une influence presque nulle sur les Hêtres en pleine végétation. 458 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Taphrorychus bicolor Herbst. Coréorr., Scolytidæ Longueur : 2 à 2,3 millimètres. Un peu plus allongé que l’es- pèce précédente, ce Scolytide porte également sur la partie antérieure du corselet une ligne de gra- nules, mais il est dépourvu de pointes proémi- nentes. Les élytres sont à côtés droits parallèles, densément striés-ponctués, brusquement obtus à la partie déclive où les stries suturales sont en- Fig. 265. — Corselet du : F . 4 , ; Taphrorychus bicolor foncées. Les stries et interstries ont à peu près Herbst. (orig.). } ; ; une ponctuation aussi prononcée. La femelle porte sur la partie antérieure du front une touffe de poils rigides et blonds. 3 On ne sait pas grand’chose au sujet de l’évolution de ce Bos- tryche, moins fréquent que le précédent et qui montre les mêmes ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 459 préférences pour les branches et les tiges dépérissantes du Hêtre. Les couloirs présentent un aspect presque aussi confus avec un type de galeries maternelles plus rapproché de la forme étoilée. Bien que parasites du bois non écorcé du Hêtre, ces deux Coléoptères, en tant qu'Insectes nuisibles, n’ont que fort peu d'importance (1). Scolytus intricatus Ratz. Voir : Chapitre du Chêne. INTÉRIEUR DU BOIS Buprestis berolinensis Herbst. Cocéort., Buprestidæ Bupreste de Berlin Longueur : 15 à 20 millimètres. L’Insecte parfait est de cou- leur bronzée ou parfois d’un vert à reflets métalliques. La Larve, du type de celles des Buprestes dont nous avons déjà parlé dans les chapitres précédents, creuse des couloirs sinueux dans le bois en décomposition du Hêtre et du Charme. La biologie de ce ravageur xylophage est encore peu connue. Lymexylon dermestoides 1. Xyleborus Saxesent Rat. Voir : Chapitre du Sapin blanc. Anobium tesselatum Fabr. Anobium plumbeum WI. Ptlinus pectinicornis L. Xyloterus signatus Fabr. (1) Taphrorychus Bulmerincqui Kolen. est une espèce voisine qu’on trouve dans le midi de l’Europe et qui creuse également des couloirs embrouillés sous l’écorce du Hêtre. 460 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Xyleborus dryographus Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. Xyleborus dispar Fabr.; Voir : Chapitre des Érables. Fig. 267. — Galeries du Bupres!is berolinensis Herbst. dans une poutre de Hêtre. 1/1 gr. mat. (orig. coll. Muséum, Paris). Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier. Ægosoma scabricorne Fabr. Voir : Chapitre des Peupliers. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 461 Cossus ligniperda L. Voir : Chapitre des Saules. Fig. 268. — Ptilinus pectinicornis L. dans Fig. 269. — Anobium tesselatum Fabr. dans un une branche de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig. tronc de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, coll. Muséum, Paris). Paris). Dorcus parallelipipedus L. Coréopr., Lucanideæ Longueur : 16-22 millimètres. Cet Insecte ressemble beaucoup au Lucane cerf-volant, mais il est sensiblement plus petit. Le mâle est caractérisé par de fortes mandibules munies en leur milieu d’un denticule relevé. Ce Coléoptère se nourrit des sucs ligneux, tandis que la Larve fouille les troncs en décomposition [n 462 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE des Hêtres et d’autres essences feuillues; son importance fores- tière est très secondaire (1). Fig. 270. — Mäle et Femelle du Dorcus parallelipipedus L. fouillant un tronc de Hètre en décomposition. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). FEUIELES Un certain nombre de Charançons, dont quelques espèces auraient pu à la rigueur figurer dans le chapitre de l’Épicéa, (1) Pas d’Insectes spéciaux aux « Rameaux » et aux « Bourgeons ». ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 463 des Pins, du Mélèze et des Chènes, causent particulièrement sur les feuilles de Hêtre des dégâts très communs, mais ne compro- mettant jamais la vitalité des arbres et ne causant guère de perte d’accroissement. Le Polydrosus cervinus L. qu’on recon- naît à la couleur cuivrée brillante de ses élytres tachetées de foncé et à son bec arrondi, est un des ravageurs les plus répandus de cette catégorie. Les Phyllobius argentatus L., maculicornis Germ., oblongus L., viridicollis Fabr., glaucus, Scop., les Metallites mollis Germ. et atomarius Oliv. sont des Phytophages polyphages qui, à l’état parfait, perforent les feuilles du Hêtre et d’autres essences feuillues. Melolontha vulgaris L. Melolontha hippocastani Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. Melolontha fullo L. Voir : Chapitre des Pins. Orchestes fagi L. CoréoPr., Curculionidæ Orcheste danseur ou du Hètre [PI. VIE, fig. 1] Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Ce Charançon de petite dimen- sion et de couleur chocolat est caractérisé par un bec plutôt allongé, portant de chaque côté en son milieu une antenne à funicule de six articles. Les côtés du corselet sont arrondis et les élytres striés-ponctués avec interstries planes. Les fémurs anté- rieurs sont munis d’un petit crochet et les antennes, tibias et tarses sont brun-jaune. L'évolution de l’Orcheste du Hêtre s’accomplit en une année, comme l'indique le graphique ci-joint. C’est après avoir hiverné à l’état d’Insecte parfait dans le sol ou les anfractuosités de l'écorce que les femelles se jettent sur les feuilles en voie d’épa- nouissement pour déposer leurs œufs en général des deux côtés 464 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE de la nervure médiane. Huit à dix jours après la ponte, les jeunes Chenilles se mettent à forer entre les deux épidermes de la feuille PÈRE Q |__| I ‘| o St surtout nocif, car il lement. A première vue, et pour celui qui n’observe pas de près les causes de ce ravage, les hêtraies sem- blent avoir subi les atteintes de la grêle ou de la gelée, tellement les feuilles perforées et à moitié sèches sont en forte proportion (fig. 272). On a déjà beaucoup discuté sur les effets que ces ravages peu- vent avoir sur la vitalité des Hêtres qui, au milieu de lété, voient leur frondaison à moitié décimée, ainsi que ce fut le cas un peu partout dans l’Europe centrale en 1912, en plaine comme dans les stations les plus élevées de cette essence dans les Alpes et le Jura. feuilles qui ne tardent pas à un minuscule couloir décrivant des méandres plus ou moins sinueux, pour atteindre une ou deux se- maines plus tard la périphérie de la feuille. Le fo- rage s’élargit un peu à la façon de celui creusé par la Tinea complanella Hbn. (Voir Chapitre des « Chênes») et forme le berceau de nymphose. Déjà à la fin de juin apparait l’Insecte parfait. Il est très mobile, saute de feuille en feuille, — de là son nom de danseur — jusqu’au moment où le feuil- lage devenant trop coriace, il songe à hiverner. C’est sous la forme parfaite que cet animal est perfore de part en part les à se dessécher partiel- Fig. 271. — Feuille de Hêtre ravagée par l’Orchestes fagi L. a, origine du couloir larvaire; b, zone fouillée par la Larve; ce, perforations opérées par l'Insecte parfait. 1/1 gr. nat. (orig.). En 1902, et dans certaines régions durant les années suivantes, on a constaté une forte invasion de l'Orcheste danseur. Aïnsi, la ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE A65 forêt de Fontainebleau, entre autres, fut très éprouvée par ce ravage plus particulièrement intense dans les parties à sol super- Fig. 272. — Rameau de Hêtre présentant des vestiges de ravages intenses de l'Orchestes fagi L. 1/2 gr. nat. (orig.). ficiel. Les Hêtres ont beaucoup souffert depuis et nous avons pu constater sur place le desséchement de nombreux arbres et de ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 30 466 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE branches d’une certaine grosseur. Certains sylviculteurs (R. D. E. F.) ont alors cru pouvoir rendre le Charançon responsable de ce dépérissement du Hêtre; nous ne pouvons nous ranger à cet avis, car, dans les peuplements décimés à ce moment-là, les vestiges de Champignons lignifuges étaient surtout abondants. Nous demeurons convaincu que le dépouillement partiel de la frondaison durant deux à trois années consécutives, détermine certainement une perturbation dans la vie du végétal, mais dans la grande majorité des cas, il anémie seulement les Hêtres, préparant ainsi la voie à d’autres ennemis xylophages. Il n'existe aucun moyen répressif capable d’arrêter l'invasion de ce, ravageur phytophage qui apparaît dans des proportions fantastiques et qui, à l’état larvaire, ne semble redouter que certaines gelées tardives. Rhynchites betuleti Fabr. Coréopr., Curculionidæ (Rhynchites alni Mull.) Longueur (rostre compris) : 6 à 9 millimètres. Ce Charançon, Fig 273. — Feuilles de Hêtre déformées par le Rhynchites betuleti Fabr. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 467 d'apparence verte ou bleue, a un corselet large et lisse; les élytres sont striés de lignes ponctuées. Il est très fréquent dans le vignoble, mais déforme également les feuilles de Hêtres et parfois aussi d’autres arbres feuillus. Sa biologie ressemble beaucoup à celle de l’A poderus coryli L. et de l’Attelabus curculionoides L. Insectes que nous avons décrits dans le chapitre précédent. Les dégâts de ce Coléoptère phytophage ressemble singulièrement à un cigare. Nous signalons en passant le Rhynchites betuleti Fabr. sans lui attribuer d'influence nocive sur le développement des hêtraies. Geometra boreata Hbn. Lépripopr., Geometridæ Arpenteuse du Hêtre [PI. VIE fig. 5] Longueur : Papillon étalé, 4 : 35; ©, 10 millimètres; Chenille : 20 à 25 millimètres. Le mâle est caractérisé par des ailes anté- rieures allongées, d’un gris jaunâtre avec des taches transver- sales à peine plus foncées, peu distinctes, formant un angle aigu avec le bord antérieur qui est également foncé. Les ailes posté- rieures plus claires, portent quelquefois une tache brune au centre. La femelle, à l'instar de celle de l'espèce voisine Cheimatobia brumata L., a des ailes anormales, c’est-à-dire que lorsque les antérieures sont repliées, elles atteignent chez l’Arpenteuse du Hêtre à peine l'extrémité de l’abdomen. Les ailes antérieures du mâle sont grises avec une large bande transversale d’un brun foncé. Le corps est également grisâtre, mais tacheté de blanc. La Chenille se distingue par sa couleur verdâtre et ses deux lignes longitudinales blanches courant de chaque côté de la ligne médiane dorsale. Les stigmates, de même que la tête, sont noirs. Cette Arpenteuse, qui s'attaque également aux Bouleaux, a une biologie rappelant singulièrement celle de la Cheimatobie hyémale que nous avons étudiée dans le chapitre des Chênes et avec laquelle on est facilement porté à la confondre dans la nature. Les conséquences des déprédations de la Chenille sur les feuilles 468 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE « de Hêtres sont identiques à celles des invasions de l’espèce précitée, c’est-à-dire que la frondaison partiellement anémiée au moment de son épanouissement, ne permet pas à l'arbre de bénéficier d’un accroissement annuel normal et la production des faînes en est souvent également compromise. Quant aux moyens préventifs et répressifs à opposer à la pro- pagation de ce Papillon rare, nous en référons à ce que nous avons dit à propos de la Geometra brumata L. Geometra defoliaria L. Geometra aurantiaria Esp. Phalera bucephala L. Liparis chrysorrhoea L. Liparis sumilis Fussl. Bombyx neustria L. Voir : Chapitre des Chênes. Orgya pudibunda L. Lépinort., Bombycidæ (Dasychira pudibunda Stph.) Orgye pudibonde ou du Hêtre [PI. VIL, fig. 5, 3 a] Longueur, Papillon étalé : 35 à 65 millimètres; Chenille : 35 à 40 millimètres. Ce Bombycide, de relativement grande dimen- sion, est d’un gris plus ou moins jaunâtre, parfois couleur chaudron, avec des dessins d’un brun effacé sur les ailes anté- rieures. Ces derniers forment spécialement deux bandes trans- versales nettement détachées, à peu près au milieu de la longueur des ailes. Celles-ci sont, en outre, couvertes d’une fine poussière formée d’écailles et de même teinte que les tachetages transver-. saux. Les franges insérées entre les nervures sont foncées. Les ailes postérieures portent à peu près aux deux tiers antérieurs de leur longueur une bande brunâtre peu distincte. La tête et l'abdomen présentent approximativement la même couleur que les ailes. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 469 Si le Papillon n'offre pas de caractères bien saillants au point Fig. 274. — Orgya pudibunda L. sur le Hëtre. a, jeune Chenille ; b, Chenilles adultes; c, Cocon; , Chrysalides ; e, feuilles rongées par les Chenilles. 1/1 gr. nat. (orig.). de vue morphologique, il n’en est pas de même de la Chenille que le forestier peut déterminer au premier coup d’œil, car 470 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE aucun autre animal du monde des bois ne lui ressemble. Elle est d’un vert jaune avec tête claire; cependant il y a lieu de remar- quer que la couleur dominante du corps peut varier du jaune ocre au brun rouge, c’est du reste un phénomène que nous avons signalé en décrivant la Chenille monophage du Bombyce du Pin. La Chenille de l’Orgye du Hêtre porte au sommet des anneaux 4 à 7 une touffe de poils très serrés, qui semblent avoir été coupés au même niveau avec des Fév. .. Mars. . ciseaux et dont la surface de section forme un rec- Avril. . tangle transversal. Entre ces quatre houppes pi- Ereur leuses, on remarque quatre bandes d’un noir in- tense, puis sur les côtés des anneaux 8 à 10, une raie également d’un noir velouté. Mais le critère principal réside dans le pinceau rougeâtre fixé sur le onzième anneau et dont l'extrémité est dirigée AVE en arrière. JUIN. Juil | Août . . Les Chenilles, à leur sortie de l’œuf, sont recou- vertes d’une pilosité dense permettant de distin- guer avec peine la couleur du corps. Les toupets de poils et le pinceau leur font également défaut, ces appendices n’apparaissant qu'après la deuxième ou troisième mue. Ce Bombycide est peu répandu; il n’a été constaté comme causant des ravages importants que dans certaines régions bien déterminées de l’Europe centrale, en particulier sur les côtes de la Baltique, dans les Vosges, le Hartz, etc., soit dans la patrie du Hêtre (Jupeicx et Nirscue, 1895, p. 790). Le Papillon essaime au moment de l’épanouissement des feuilles et vole plutôt bas dans les futaies. La femelle dépose ses œufs par tas qui comptent parfois plusieurs centaines d’élé- ments rangés en séries Juxtaposées sur la partie inférieure des troncs. Les jeunes Chenilles apparaissent au commencement de juillet, entament généralement les feuilles par leur face infé- rieure et les transpercent également. Ce n’est qu'après la première mue qu’elles rongent les régions latérales, détachant de grands fragments qui, inutiles, tombent à terre. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE | A4TA Ce ravage foliaire ressemble beaucoup à celui causé par la Nonne. Bien que la Chenille montre moins de vivacité que celle de la Liparis monacha L.., elle se laisse choir sur le sol au moyen d’un fil, dès qu’elle se sent peu en sûreté dans la frondaison ou que le vent agite les branches. La chrysalidation a lieu le plus souvent dans la couverture morte ou exceptionnellement sur les rameaux du sous-bois. C’est à l’état de Chrysalide que l’In- secte hiverne. Bien que l’Orgye pudibonde soit essentiellement un ravageur du Hêtre, on la rencontre parfois sur d’autres arbres feuillus et accidentellement sur les résineux. Dans la plupart des invasions un peu importantes de ce Lépidoptère, on a remarqué que les Cocons et Chenilles souffraient particulièrement de l'humidité et étaient attaqués par des Champignons (Cordiceps) dont l’in- fluence avait pour effet de mettre un terme à la propagation de l'épidémie. Au point de vue de la protection forestière, on constate que les Hêtres, dont la frondaison a été envahie par l’Orgya pudi- bunda L., peuvent résister à une forte diminution de lappareil foliaire, grâce au fait que la période de ravages se produit rela- tivement tard, c’est-à-dire après que le mouvement de la pre- mière sève du printemps a permis à l’arbre de constituer ses organes de reproduction. Toutefois, après deux ou trois années d’invasions répétées, les Hêtres peuvent voir une partie de leurs branches se dessécher. Nous n’avons pas affaire ici à un ennemi aussi dangereux que la Nonne, dont les déprédations, qui sont surtout à redouter parmi les résineux, peuvent avoir des conséquences désastreuses sur des arbres au feuillage persistant. L'efficacité et l'opportunité des mesures à opposer à l'Orgye du Hêtre sont très discutables, car la mise en action de ces moyens peut entraîner des dépenses hors de proportion avec . l'importance des déprédations, puisqu'il s’agit seulement d’une perte partielle d’accroissement ou d’une diminution de la pro- duction des faines et rarement du desséchement d’une portion de la frondaison. Dans certains cas exceptionnels, il peut être 472 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE indiqué de racler les œufs fixés sur l’écorce du tronc ou de circonscrire par des fossés et des perches glutineuses, tel canton- nement dans lequel on désire emprisonner et affamer les Che- nilles (Voir : « Nonne », chap. de l’ « Épicéa »). Un autre Bombycide, d'importance tout à fait secondaire et aux instincts également polyphages, peut être rangé au nombre des parasites des feuilles du Hêtre, c’est le Jalias prosinana L. Liparis dispar L. Lépinopr., Bombycidæ Bombyce disparate [PI. VIT, fig. 2, 2 a, 2 b] Longueur, Papillon étalé, g : 20 à 25; ® : 45 à 75 millimètres; Chenille : 40 à 70 millimètres. Son nom l'indique, ce Bombyce offre non seulement une grande divergence de dimension, mais aussi de couleur entre les deux sexes; les écarts sont si grands qu’on pourrait, à première vue, envisager les deux sexes comme des espèces différentes. La femelle se distingue par son corps ramassé, couleur café au lait, avec l’extrémité abdominale plus foncée et la tête très pileuse, d’un blanc laiteux. Les ailes anté- rieures sont ornées de taches transversales brunes, rappelant, sous le rapport de leur forme et de leur disposition, celles de la Nonne. Les postérieures sont saupoudrées de jaune et à peu de distance de leur bord externe, elles sont sillonnées d’une étroite bande transversale fractionnée par les nervures. Chez la femelle, les franges de toutes les ailes ont des taches brun foncé disposées entre les nervures. La Chenille a une tête grisâtre, parsemée de taches noires. Le corps, de teinte gris-jaune, est orné de dessins noirâtres aux formes irrégulières. Le principal caractère distinctif de cette Chenille, réside dans les six rangées longitudinales de verrues munies de longs poils et qui sont disposées par lignes transver- Sales de six sur chaque anneau. Les quatre rangées médianes des anneaux 1 à 5, sont de couleur bleue; celles des anneaux 6 à 11, sont brun rouge. En outre, au centre des anneaux 9 et 10, ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 473 on remarque une petite protubérance verruqueuse également de couleur rougeâtre. La Chrysalide est d’un brun foncé brillant avec des touftes de poils rougeâtres allongés. Peu de Papillons ont une aire de dispersion aussi vaste et un tempérament souvent porté à s’accommoder d’une nourriture phytophage aussi variée. On peut affirmer qu’on a trouvé sa Che- nille attaquant presque toutes les essences sociales et bon nombre d’arbustes, qui constituent le sous-bois de nos forêts. Cependant, en dehors des vergers, c’est bien dans les hêtraies que les forestiers ont le plus souvent l’occasion d'étudier l’évolution du Liparis dispar L. et de constater ses ravages. Le Bombyce dissemblable évolue suivant le gra- phique ci-joint. La période de nocivité dure environ trois mois qui sont précisément ceux de la végéta- tion printanière. Après avoir été fécondée, la femelle dépose ses œufs sur l’écorce des branches ou, parfois, lors d’invasions intenses, sur des corps étrangers tels que des piquets, des clôtures ou des bâtiments en forêt. Les œufs sont groupés par paquets agglutinés et recouverts d’un duvet soyeux, brunâtre, qui constitue une protection pour l’hiver- nage (fig. 276). En avril ou mai, suivant l'altitude et les circonstances climatériques, les Chenilles apparaissent et, durant deux à trois semaines, demeurent réunies en colonies sur le miroir de ponte dont les débris paraissent leur servir de nour- riture. L’ascension commence peu après, elle coïncide avec l’épa- nouissement des jeunes feuilles. La manière dont ces dernières sont dévorées varie beaucoup, mais il y a presque toujours un énorme gaspillage de débris foliacés. Dans certains cas, la Chenille s’attaque également aux rameaux non lignifiés ou même aux bourgeons. A l'instar de la Nonne, la Liparis dispar L. a la faculté de circuler dans la frondaison et de se laisser choir au moyen d’un fil. En cas de mauvais temps ou d'inquiétude, les Chenilles se 474 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE réunissent aux fourches des branches, dans les anfractuosités de l'écorce ou dans le sous-bois; c’est dans ces retraites qu’elles se chrysalident au commencement du mois d’août. Bien que les ravages du Bombyce dissemblable soient surtout à redouter dans les forêts de Hêtres et de Chênes, on a constaté Fig. 279. — Liparis dispar L. sur un tronc de Chêne. a, Femelle occupée à pondre; b, miroirs d'œufs; ce, Mäle. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). la présence de ces Insectes sur les résineux, l'Épicéa et le Pin sylvestre en particulier. En 1909, nous en avons même observé une invasion dans la forêt de Mélèzes d’Isérables, située à 1.300 mètres d’altitude dans les Alpes valaisannes (BARBEY, 1909, p. 468-470), mais c’est là un cas exceptionnel. En France, c’est surtout sur le Chêne-liège que ses dépréda- tions ont été nocives. LomEy (1886, p. 359-363) relate une invasion de ce Papillon dans les chênaies de la région de Constan- tine (Algérie), où 2.000 hectares environ furent dévastés; 1l en ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 475 est résulté une diminution sérieuse de production du liège et un important déchet dans la glandée. Les mêmes phénomènes ont été observés il y a une quarantaine d’années en Espagne. Fig. 276. — Miroirs d'œufs de la Liparis dispar L. recouverts d’un duvet protecteur et fixés sur l'écorce du Hètre. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). Plus récemment, dans les départements de la Gironde, de la Creuse, du Loiret, du Loir-et-Cher et de la Côte-d'Or, on a pu enregistrer, durant les années 1902 à 1906, des déprédations assez sensibles dans les forêts feuillues et surtout dans celles où le 476 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Chêne occupe une place prépondérante. Dans la forêt d'Orléans, la perte d’accroissement a été particulièrement intense. En 1902, cette forêt fut, sur une superficie d’environ 1.100 hectares, dépouillée de sa frondaison et, pendant l'hiver qui suivit, on réussit à détruire la ponte sur 500 hectares au moyen d’appli- cation, sur les miroirs, d’un mélange de goudron et de pétrole. Dès l’année suivante, le nombre des Insectes diminua sensible- ment, et la disparition n’eut lieu toutefois qu’en 1904 (R. D.E.F.). On observe cependant que dans les régions précitées du centre et du midi de la France, le Liparis dispar L. vit à l’état endé- mique et isolé. Les invasions sont particulièrement néfastes dans les vergers, car aucune Chenille ne montre aussi peu de préférence pour une espèce spéciale de végétaux, tout lui est bon et sa voracité est excessive. Les forestiers et arboriculteurs américains sont actuellement aux prises avec ce destructeur importé d'Europe, qu'ils cherchent à combattre en l’infestant de parasites de la famille des Tachi- naires, également importés de l'Ancien Monde. Les premiers résultats obtenus avec cette nouvelle méthode sont encoura- geants, et celle-ci a également été appliquée à la Liparis chrysor- rhoea L. Moyens préventifs. — Cette Chenille est tellement polyphage, qu'on ne peut guère modifier la condition culturale des peuple- ments exposés à ses ravages par l’adjonction d’essences résistant à ses attaques. 11 faut se borner à éduquer des arbres normale- ment constitués, et surtout surveiller attentivement la multipli- cation de l’animal dans le canton où il a été signalé par cas isolés, puis intervenir énergiquement suivant les procédés men- tionnés ci-dessous. Moyens répressifs. — Le moyen le plus simple, et que nous avons déjà signalé plus haut à propos de l'invasion dans la forêt d'Orléans, consiste à faire en hiver la chasse aux miroirs d'œufs, qu'on peut détruire au moyen de crochets, brosses métalliques ou autres outils plus ou moins rigides qu’on fixe à des perches. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 477 Il est prudent d’écraser ou de brûler sur place ces pontes tombées à terre, car dans des situations abritées, les intempéries ne par- viennent pas toujours à compromettre l’éclosion. Il est égale- ment indiqué d'intervenir en juin et juillet contre les agglomé- rations de Chenilles adultes, alors que gavées de nourriture, ces dernières se reposent aux intersections des branches ou dans les anfractuosités des écorces. Si, dans des cas exceptionnels, l'animal pullule d’une façon intense dans un peuplement, on peut alors, au moyen de fossés à pièges, restreindre son activité, l’affamer et permettre ainsi à ses ennemis de le décimer. Liparis monacha L. Voir : Chapitre de l'Épicéa. Halias prasinana L. Lépinopr., Bombycidæ Longueur, Papillon étalé : 32 à 35 millimètres; Chenille : 30 millimètres. Ce Bombycide est aussi peu connu que répandu. On le reconnaît à ses antennes rougeâtres et à la couleur ver- dâtre de sa tête, de son thorax et de ses ailes antérieures qui présentent, en outre, des bigarrures transversales obliques d’un jaune effacé. Le mâle a le bord antérieur des ailes de devant teinté de rouge, tandis que cette partie est, chez la femelle, d’une nuance jaunâtre. La Chenille qu’on trouve accidentellement sur les feuilles du Hêtre et encore moins souvent sur d’autres feuillus, est d’un vert jaune avec trois lignes dorsales d’un jaune foncé. La tête est lisse, verte, avec marbrures Jaunâtres. Seul, ALTUM (1882, p. 114) a décrit une invasion de ce papil- lon qui, en 1878, a eu pour théâtre une hêtraie de Westphalie. Liparis chrysorrhoea L. Liparis similis Fussl. Bombyx neustria L. Phalera bucephala L. Tortrix viridana L. 478 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Tortrix ferrugana Tr. Voir : Chapitre des Chênes. Une Noctuelle, la Noctua coryli L. a une Chenille polyphage qu’on rencontre parfois sur les frondaisons des Hêtres. En consé- quence, on ne peut pas, à proprement parler, ranger ce Papillon au nombre des Insectes parasites de cette essence. Il en est de même des deux espèces suivantes : Noctua aprilina L. Voir : Chapitre des Chênes. Noctua aceris L. Voir : Chapitre des Erables. Megachile centuncularis L. Hyménorr., Anthophilæ Megachile ou Abeille découpeuse Cet Insecte qui, étalé, mesure environ 30 millimètres, appar- tient à la même famille que les Abeilles. Il est d’un noir violacé à reflet très brillant. L’abdomen est large avec partie supérieure aplatie chez la femelle, rougeâtre à la face inférieure. Chez le mâle, l'abdomen est convexe avec les deux derniers segments recourbés en dessous. L'Abeille découpeuse n’a que peu d'importance au point de vue de la protection des forêts. Nous ne reproduisons ses dégâts sur les feuilles du Hêtre que pour permettre de les identifier aux ravages que causent les Chenilles nuisibles. Le Megachile centuncularis L. découpe d’une façon très régu- lière et méthodique les feuilles de plusieurs essences notamment du Hêtre, des Érables et aussi des Rosiers (fig. 277). A l’aide de ces fragments foliaires, l’Insecte confectionne un petit cigare avec couvercle qui ressemble parfois à un dé à coudre de dimen- sion moyenne. C’est dans cette cachette que la femelle dépose un œuf noyé dans une provision de miel. Ces nids se rencontrent dans les bois pourris, parfois aussi dans les couloirs forés par d’autres Xylophages de grande dimension ou encore dans la ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 479 terre. La biologie de cet Hyménoptère rappelle d’une façon frappante celle de la Xylocope violacée, décrite dans le chapitre des « Saules ». 1 “| L ; Lars É. LR Aie ee Ve Fig. 277. — Feuilles de Hêtre découpées par la Megachile centuncular:s L. ° 1/1 gr. nat. (oriq.) Quand nous aurons encore signalé un Orthoptère, le Pezo- tettix alpinus Koll., qui ravage très exceptionnellement les hé- traies, nous aurons passé en revue les ennemis les plus typiques des frondaisons des Hêtres. | Deux Diptères, de la famille des Cécidies, provoquent, sur les feuilles du Hêtre, des galles bien connues des forestiers, mais qui &+ Fig. 278. — Galles de la Cecidomyia fagi Th. Htg. sur des feuilles de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig.). Fig. 279. — Galles de la Cecidomyia annulipes Th. Htg. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 481 n’ont aucune importance en matière de protection des peuple- ments, ce sont : Cecidomyia fagi Th. Htg. Cecidomyia annulipes Th. Htg. FAINES Un seul Insecte ravage les faines, c’est la Tortrix grossana Hbn.; sa biologie rappelle beaucoup celle de la Tortrix splen- dana Hbn., dont nous avons décrit les forages dans les glands. 8. Châtaignier Castanea vulgaris Lam. RACINES Les racines des Châtaigniers peuvent, surtout dans les cultures en pépinières, être endommagées par les Insectes que nous avons décrits dans les chapitres précédents, en particulier par les Vers blancs et les Courtilières. Le Châtaignier, sous ce rapport, n'offre pas de particularité. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Callidium variabile L. Callidium sanguineum L. Voir : Chapitre du Hêtre. INTÉRIEUR DU BOIS Cossus æsculi L. Lépinorr., Cossidæ (Zeuzera æsculi Latr.) Cossus du Marronnier Longueur, Papillon étalé Ç : 50, @ : 60 à 70 millimètres; Chenille : 4 à 5 millimètres. Les ailes de ce Papillon sont d’un blanc brillant parsemé de multiples taches bleuâtres, plus effa- ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 31 482 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE cées sur les ailes postérieures. La tête, le thorax et l'abdomen sont également blancs; le thorax porte de chaque côté trois taches Fig. 281.— Chrysalide du Cossus æsculi L. dans son berceau. 3/4 gre nat. (orig. coll. Pauly, Munich). bleues bien marquées et l'abdomen des bandes transversales également bleues. La Chenille, de couleur jaune, munie de 16 pattes, possède ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 483 une tête d’un brun foncé au sommet de laquelle se trouve une tache jaune en forme d’ancre. La plaque nucale, partagée longi- tudinalement et s'étendant sur le premier anneau, est également d’un brun très brillant. Les anneaux abdominaux 2 à 11 sont ornés de granulations verruciformes noirâtres, le douzième porte deux taches de même cou- leur. Le Cossus du Marronnier, plutôt répandu dans le sud et le centre de l'Europe, est ce- pendant peu commun. C'est un des Lépidop- tères les plus polyphages que nous connais- sions, ne montrant pour ainsi dire pas une préférence plus marquée pour une espèce feuillue que pour une autre; 1l n’a pas de raison d'être appelé « Cossus du Marronnier » plutôt que Cossus du Châtaignier, de l'Érable ou des arbres fruitiers. Les ravages provoqués par la Chenille rap- pellent beaucoup ceux causés par les Sésies. La femelle dépose sa ponte en juin ou juillet dans les anfractuosités de l’écorce. La Che- nille ronge la zone libéreuse en laissant der- rière elle un couloir très irrégulier et rempli de sciure. Après un premier hivernage, l’ani- mal, toujours à l’état larvaire, remonte en gé- néral l’arbre en forant une galerie cylindrique qui s'enfonce plus ou moins profondément Fig. 282. — Cossus æsculi L. dans tige de Châtaignier. 1/1 gr. nat. (orig.) vers le centre de la branche ou du tronc. Après avoir passé encore un hiver dans le bois, la Chenille redescend et se chrysalide près de l’orifice par lequel les excréments ont été rejetés au dehors. Au moment de la dernière métamorphose, la Chrysalide appa- rait à cet orifice et le Papillon:est ainsi en état de prendre direc- tement son vol. Comme le Cossus du Marronnier attaque surtout les tiges de petite dimension, il est, dans la plupart des cas, très difficile de mettre la main sur un système de couloirs normale- ment établi; le plus souvent les traces de forage de cet Insecte 48% ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE apparaissent sous la forme que nous avons reproduite par la figure 282. Ces dégâts sont du reste rares et se produisent par cas isolés plutôt que par invasions. Les atteintes de la Chenille du Cossus æsculi L. sur les tiges des feuillus cultivés en pépinière ou édu- qués dans les perchis, ont pour conséquence de provoquer des bris ou le dessèchement de troncs ou de branches. Bien rarement le forestier sera amené à intervenir contre ce Xylophage autrement qu’en faisant brûler les troncs et branches qui, lors des coupes ou éclaircies, recèlent des Chenilles de ce Lépidoptère. Cerambyx Scopolii Laich. Coréopr., Cerambycidæ (Cerambyx cerdo Ratz.) Longueur : 20 à 30 millimètres. Ce Longicorne prête souvent à des confusions de détermination avec son proche parent le Grand Capricorne dont la biologie a été décrite dans le chapitre des Chênes. Le Cerambyx Scopolii Laïich. se distingue de ce dernier par l’absence de pointe épineuse à l'angle sutural des élytres. par la forme non étranglée pos‘érieurement de ces derniers et leur couleur franchement noire. Au point de vue des ravages et de ses travaux de forage dans le bois de plusieurs essences feuillues, nous n'avons rien de par- ticulier à signaler. En général, on admet que cet Insecte évolue en deux ans; sa présence a été constatée non seulement dans les arbres forestiers, mais aussi dans les fruitiers. Il n’est cependant pas commun et semble peu redoutable au point de vue physio- logique. Xyleborus dispar Fabr. Voir : Chapitre des Erables. Anobium tesselatum Fabr. Lymexylon navale L. Dryocætes villosus Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE Valgus hemipterus L. Voir : Chapitre du Robinier (Acacia). Fig. 283. — Piquet de Châtaignier rongé par le Valgus hemipterus L. 1/1 gr, nat. (orig. coll. Muséum, Paris). Qt 480 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Platypus cylindrus Fabr. Coréopr., //latypodæ Longueur : 5 millimètres. Nous avons déjà parlé, dans le cha- pitre des Chênes, d’une espèce, le Platypus cylindriformis Reitt. qui est à proprement parler une variété du Platypus cylindrus Fabr. Ce dernier est caractérisé par une tête verticale plus large que le corselet; les yeux sont arrondis, très saillants, les antennes courtes, à funicule de quatre articles, portant une grande massue comprimée et solide. Le corselet rectangulaire, densément ponctué, présente postérieurement une plaque lisse partagée en deux par une profonde ligne longitudinale. Les élytres, irrégulièrement ponctués, portent des stries longitudi- nales creusées en sillons avec interstries relevées en carène. La couleur générale de l’Insecte est d’un brun plus ou moins foncé avec pilosité blonde. Chez le mâle, la plaque du corselet est lisse et brillante; à l'extrémité des élytres on distingue deux denticules distants l’un de l'autre. La femelle a cette plaque du corselet très finement ponctuée et mate, ainsi que des granulations éparses à l'extrémité des élytres. La biologie de ce rare Xylophage a été décrite par STROH- MEYER (1906, p. 329, 409, 506). Le Platypus cylindrus Fabr. fore des couloirs de ponte très profondément dans le bois sain; des galeries larvaires courtes en échelons aboutissent à ces cou- loirs principaux. Cependant, suivant la nature des bois attaqués, les systèmes peuvent présenter des variétés multiples quant à la disposition et à la direction des couloirs. Outre le Châtaignier, les Chênes et le Hêtre sont le plus recher- chés par le Platypus cylindrus Fabr., qui peut provoquer une sérieuse dépréciation des bois ouvragés. Les forestiers seront bien rarement mis dans l'obligation d'intervenir pour préserver les grumes de Châtaigniers ou d’autres essences contre les atteintes de ce Coléoptère xylophage. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 487 RAMEAUX Lachnus exsiccator Alt. Voir : Chapitre du Hêtre. Fig. 284. — Rameaux de Châtaignier attaqués par le Lachnus exsiccator Alt. a, colonie d’Insectes, b, écorce crevassée longitudinalement. 1/1 gr. nat. (orig.). 488 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE BOURGEONS Barypeithes araneiformis Schrank. Voir : Chapitre des Saules. FEUILLES Attelabus curculionides L. Voir : Chapitre des Chênes. Liparis dispar L. Voir : Chapitre du Hêtre. Noctua aceris L. Voir : Chapitre des Erables. CHÂTAIGNES Balaninus elephas GyW. Tinea amplana Hbn. Tinea splendana Hbn. Voir : Chapitre des Chênes. Les Chenilles de deux autres Tineides, répandues dans le Midi, ravagent parfois les Châtaignes. Il s’agit de la Tinea Reaumuriana Hein. et T. grossana Hw. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 489 9. Bouleaux Betula alba L., B. verrucosa Ehrh., B. pubescens L., B. nana L. RACINES Mêmes ravageurs que ceux mentionnés dans les chapitres pré- cédents. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES A grilus viridis L. Voir : Chapitre ces Chênes. Agrilus betuleti Ratz. Coréopr., Buprestidæ Longueur : 5 millimètres. Ce Bupreste se distingue de l'A grilus viridis L., que nous avons décrit dans le chapitre des Chênes, par la forme du corselet qui, plus large que les élytres, a les côtés aplatis et impressionnés. La couleur de ces deux Insectes est à peu près semblable. L'Apgrilus betuleti Ratz vit en parasite dans les branches de Bouleaux en voie de dépérissement; il est très peu connu. Scolytus Ratzeburgi Jans. Coréorr., Seolytidæ (Eccoptogaster destructor Ratz.) Scolyte destructeur ou du Bouleau [PI. VI, fig. 6] Longueur : 4,5 à 6,5 millimètres. Les Scolytes constituent un groupe très peu nombreux de la Famille des Bostryches et 490 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE sont faciles à distinguer par le corselet dont les côtés sont bor- dés et par l'extrémité des élytres relevée en auvent; l'abdomen ascende vers la partie postérieure. Les Scolytes ont des antennes insérées au-devant des yeux, non coudées, avec scape raccourci et massue non articulée. Autre caractéristique de ce groupe : jamais on ne trouve de Scolyte ravageant les essences résineuses. Le Scolyte destructeur est une des plus grandes espèces du Fig. 285. — Écorce de Bouleau avec « encoches d'accouplement » (vues de l'extérieur) du Scolytus Ratzeburgi Jans. 1/1 gr. nat. (orig.) groupe; son corselet est d'un noir brillant, finement ponctué, tandis que les élytres sont bruns, striés-ponctués, à interstries larges, planes, généralement avec une ligne de points très fins. Chez le mâle, le troisième segment abdominal est muni d’un tubercule verruqueux; le bord du quatrième est relevé en carène; ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 491 le front est distinct, densément garni de longs poils jaunes. Chez la femelle, les troisième et quatrième segments abdominaux sont simples. La biologie de ce Scolytide est fort simple. Les Insectes par- faits apparaissent en mai ou juin, pondent aussitôt et ce sont les Larves et les Chrysalides qui hivernent dans les berceaux de nymphose entaillés plutôt dans le liber que dans l’aubier. Le système des galeries du Scolyte est assez caractéristique. En effet, on ne trouve dans chaque réseau qu'un seul couple: c’est la femelle qui commence le forage en creusant l’orifice d'entrée et, suivant CHEWYREUW (7905, p. 36), l’accouplement se produit dans cette niche où la femelle, à moitié engagée, présente son abdomen à celui du mâle dont la tête est dirigée en bas. Dans cette position, les deux Insectes sont fixés à angle droit ou aigu, le sommet de l’angle étant formé par les extrémités des élytres. Aussitôt après ce premier accouplement, la femelle commence à creuser la galerie maternelle qui, sur les arbres debout, est toujours dirigée en haut, rarement en diagonale. Si de l'extérieur, on regarde un système de couloirs du Scoly- tus Ratzeburgi Jans. le tracé de la galerie de ponte est très sou- vent reconnaissable à la ligne d’orifices qu’autrefois on appelait « Soupiraux » et qui ne sont nullement destinés à l’aération des forages des Bostryches, mais à permettre des accouplements répétés durant la période de ponte. Comme CHEWYREUw l’a prouvé (1905, p. 52) et comme nous l'avons déjà signalé au com- mencement du chapitre de l'Épicea, ce sont les mâles qui pra- tiquent ces « Encoches d’accouplement » tout en visitant la femelle dans la galerie maternelle, et en l’aidant à faire tomber la sciure au dehors. Ils utilisent ces cavités pour l’accouplement de la même façon que lorsqu'ils fécondent pour la première fois les femelles sur l’orifice d'entrée. Chez cette espèce, les galeries larvaires sont très nombreuses et rapprochées, ce qui prouve que la mère a la faculté de déposer rapidement et beaucoup d'œufs au cours du forage du couloir de ponte (Voir fig. 286). Le Scolyte destructeur est monophage: il abonde surtout dans 499 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE le nord de l'Europe, particulièrement en Scandinavie et en Fig. 285. — Système de couloirs achevés du Scolytus Ratzeburgi Jans. dans l’aubier d’un tronc de Bouleau. 1/1 gr. nat. (orig.). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 493 Russie, pays dans lesquels le Bouleau occupe une place impor- tante dans la forêt. Rarement il provoque le dépérissement des arbres sains; le plus souvent on constate sa présence sur des Bouleaux brisés par l'ouragan, la neige, ou anémiés par des Cham- pignons parasitaires. Scolytus rugulosus Ratz. Coréopr., Scolytidæ Scolyte ruguleux Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Ce Scolyte est sensiblement plus petit que le précédent; son corps est ovale, allongé, presque également rétréci antérieurement et postérieurement. Le cor- selet est plus long que large, parsemé de points serrés et profonds, un peu plus petits sur le disque, généralement étirés dans le sens de la longueur et formant de grossières rugosités. Les élytres sont couverts de tubercules ruguleux. L’abdomen ne présente pas de protubérances, comme s’est le cas chez le Scolytus Rat- zeburgi Jans. L'évolution est parfois plus rapide que chez l'espèce précé- dente, c’est-à-dire que, dans des contrées tempérées et grâce à des circonstances climatériques favorables, on constate parfois deux générations en une année. Le couloir de ponte est le plus souvent très court et vertical. parfois coudé, oblique ou horizontal, suivant la position des troncs ou la direction des branches infestées. Les galeries lar- vaires sont, proportionnellement au couloir de ponte, beaucoup plus allongées, sinueuses, se croisant dans tous les sens. Les ber- ceaux de chrysalides sont en général pratiqués dans les couches cambiales, surtout si l'écorce est mince. | Ce Bostryche est à proprement parler un parasite des arbres fruitiers; il intéresse plutôt les horticulteurs que les forestiers. Nous le citons 1ci, car il arrive parfois qu'il se Jette sur les Bou- leaux et sur d’autres feuillus forestiers, sans qu'il soit indiqué de prendre à son égard des mesures prophylactiques spéciales. dans une branche de Pommier, 1/1 gr. nat, (orig.). Fig. 287. — Scolylus rugulosus Ratz. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 495 INTÉRIEUR DU BOIS Anobium plumbeum NI. Voir : Chapitre des Chênes. Melasis buprestoides L. Coréopr., £ucnemidæ Longueur : 7 à 9 millimètres. Ce Coléoptère appartient à une famille intercalée entre les Buprestides et les Elatérides. On reconnaît le Melasis buprestoides L. à son corselet légèrement élargi sur le devant et dont les côtés sont droits, sa ligne médiane est enfoncée. Les élytres sont plus étroits que le corselet, profon- dément striés et ornés de granulations. Le corps entier est d’un noir mat, recouvert d’une pilosité brunâtre. Les galeries que creuse ce Xylophage sont irrégulières et cou- rent en général perr er diculairement aux fibres ligneuses. On ne sait pas encore grand’chose sur l’évolution de cet Insecte qui est plutôt rare et en tous cas peu nocif. Lymexylon dermestoides L. Voir : Chapitre du Sapin. Cryptorrhynchus Lapathi L. Voir : Chapitre des Aunes. Xyphidria dromedarius Fabr. Voir : Chapitre des Saules. Xyloterus domesticus Er. Coréopr., S'colytidæ (Trypodendron domesticum Er.) Longueur : 3 millimètres. Ce Bostryche, qui est un parasite des feuillus, se rencontre plus spécialement dans le bois de Bouleau et dans celui de Hêtre et de Chêne. Son corselet présente une 496 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE bande transversale de points ruguleux. Les antennes sont termi- nées par une massue solide dont le bord interne se prolonge en un denticule nettement accusé. Les élytres, sillonnés de chaque côté de la suture, présentent un angle sutural saillant. La suture et l'extrémité des élytres se détachent en noir sur la couleur brune du fond. Le mâle a le front profondément concave, muni antérieurement Fig. 288. — Couloirs en échelons forés dans le bois de Bouleau par le Xylo'erus domesticus Er. 1/1 gr. nat. (orig.). en son milieu d'une cornicule longitudinale; le corselet est beau- coup plus large que long. La femelle a le front convexe; le corselet, arqué antérieurement, est muni en son milieu de deux denticules très rapprochés qui s’avancent Jusque sur l’occiput. Le plus souvent, le Xyloterus domesticus Er. hiverne à l'état d'Insecte parfait et apparaît au premier printemps pour donner naissance à une ou deux générations, suivant les conditions clima- tériques. Nous avons étudié, dans le chapitre de l'Épicéa, la manière de forer propre à un Insecte du même groupe, le Xyloterus linea- lus Oliv. Notre Xylophage du Bouleau opère à peu près de la mê ne façon, c’est-à-dire en établissant un réseau de galeries en Cchelons dont nous avons décrit les détails en parlant du Bos- tryche liseré. ErcHnorr (1881, p. 294) a presque toujours trouvé dans les systèmes de couloirs de cet Insecte un nombre égal de -ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 497 mâles et de femelles, ce qui n’est pas le cas pour les colonies des autres espèces du même groupe où les mâles sont en infime minorité. Les moyens de combattre cette espèce qui ne cause généralement pas de ravages dans les arbres sains, sont identiques à ceux que nous avons exposés à propos du Xylo- terus lineatus Oliv. Xyloterus signatus Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. Xyleborus Saxeseni Ratz. Voir : Chapitre du Sapin. Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier. Cossus ligniperda L. Voir : Chapitre des Saules. Sesia culiciformis L. Lépinopr., Sesiidæ Longueur, Papillon étalé : 25 millimètres : Chenille, 18 à 22 millimètres. Le corps de cette Sésie est d’un bleu noirâtre, avec le quatrième anneau abdominal de couleur brun rouge. La racine et la bordure anté- rieure des ailes de devant sont rougeâtres. ê LES La Chenille a 16 pattes de couleur crème; la rig. 289. — Branche de Bouleau tête chitineuse, brune, porte sur chacun des anneaux des poils dressés. Les quatre der- ravagée par la Chenille du Cos- sus æsculi L.1/1qr. nat. (oriq.). nières paires de pattes abdominales sont munies d’une couronne de simples crochets. C’est au mois de mai ou en juin que la femelle recherche les ANN. SCIENCE AGRON. — de SÉRIE — 1913 — II 32 498 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE anfractuosités ou les blessures de l’écorce des Bouleaux pour y déposer sa ponte. Après l’éclosion de l’œuf, la Chenille pénètre dans les couches libéreuses et cambiales, puis, lorsqu'elle a acquis un certain développement, elle pénètre profondément dans le bois, surtout des tiges et des branches de faible dimension. Sur les arbres debout, elle remonte le tronc généralement sur une longueur de 5 à 6 centimètres. Les excréments tombent à terre par une ouverture pratiquée au bas de la galerie larvaire. La chrysalidation s’opère au haut du couloir et dans un cocon garni de détritus ligneux agglomérés par un réseau de fils soyeux. La caractéristique des Sésides réside dans la dernière méta- morphose. En effet, au moment où l’animal va prendre son vol, la Chrysalide est à moitié sortie de l’orifice marquant l’ouverture supérieure de sa galerie larvaire. En examinant un tronc ravagé par une Sésie, on observera souvent le long de la tige ou des branches contaminées des fragments de/Chrysalides qui sortent, semblables à de petites cornes. Cette espèce a une génération par an avec hivernement à l’état de Chenille. Elle s'attaque également aux Aunes et peut parfois provoquer des dégâts sérieux tout en étant un Xylophage rare (1). Moyens préventifs. — Il n'en existe pour ainsi dire pas, tout au moins pour la grande culture forestière. Moyens répressifs. — Lorsqu'on constate dans ure forêt ou un parc la présence de Sésides, on peut préserver les arbres de valeur en badigeonnant de goudron ou de glu les parties blessées et les sections de tranches élaguées; cela entravera certainement la ponte. On peut aussi, avant l’éclosion des Papillons, déposer de la glu autour des tiges ou branches infestées et sur lesquelles on a constaté des orifices laissant échapper de la sciure. Sesia spheciformis Grng Voir : Chapitre des Aunes. (1) Une autre espèce voisine, la Sesia scoliæformis Bkh., cause des rava- ges à peu près analogues sur les Bouleaux. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 499 RAMEAUX Polydrusus cervinus L. Strophosomus coryli Fabr. : Voir : Chapitre des Chênes. Cimbex variabilis Klug. Voir : Chapitre du Hêtre. Vespa crabo L. Voir : Chapitre des Frênes et « Partie spéciale ». BOURGEONS Tortrix ferrugana Tr. Tinea lutipenella ZM. (1). Voir : Chapitre des Chênes (2). FEUILLES Melolontha vulgaris L. Melolontha hippocastant Fabr. Strophosomus coryli Fabr. Orchestes 1licis Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. Rhynchites betulæ L. CoréoPr., Curculionidæ Rynchite du Bouleau Longueur : 2, 5 à 4 millimètres. Ce Charançon, de couleur noire, recouvert d’une pilosité brunâtre, porte un rostre épais et court chez le mâle, plus allongé chez la femelle. La cuisse des pattes (1) Tinea milvipennis ZI]. est une espèce voisine très rare, qu’on rencontre parfois sur les feuilles de Bouleaux. (2) On peut encore signaler, parmi les Insectes qui occasionnellement ravagent les Bourgeons des Bouleaux, un Puceron, le Vacuna betulæ Kalt, et un Acarien, le Phytoptus calycophthirus Nol. 200 ANNALES DE LA SCIENCE MEHONOMIQUE postérieures du mâle est 4e munie intérieurement d’une rangée de denticules. Nous avons déjà parlé à propos de l’Attelabus a É; dans le Chapitre des « Chênes », des mœurs et travaux de ce groupe F Fe RAR PR EE Let Fig. 290. — Feuilles de Bouleau enroulées par le Rhynchites betulæ L. 1/1 nat.(orig.). de Curculionides qui découpent les feuilles suivant un système propre à chaque espèce. Le Rhynchite du Bouleau fabrique, avec la feuille découpée en S plus ou moins irrégulier à la base, un cornet dont la pointe reste fixée à cette base par la nervure médiane. Ces cornets hébergent au commencement de l'été un ou plu- sieurs œufs qui donnent naissance à des Larves tombant sur le sol pour s’y chrysalider dans un cocon terreux. Les dégâts causés par cette catégorie de Coléoptères phyto- phages sont sans portée pour la vitalité des arbres. _ Rhynclutes betuleti Fabr. Cimbex variabilis Klug (1). Voir : Chapitre du Hêtre. (1) Æylotoma pullata Zadd. (Hylotoma enodis L.), qui appartient à la famille des Tenthredinidæ, a été décrite par Azrum (7882, p. Ses comme rongeant, à l’état parfait, les feuilles de Bouleaux. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE Galeruca alni L. Chrysomela ænea L.. Fe Voir : Chapitre des Aunes. Galeruca capreæ Fabr. Voir : Chapitre des Saules. (A suivre.) 901 REVUE AGRONOMIQUE AGRICULURE E.-C. Duncrox. — L’Électrieité en agriculture (Lincluden House, Dumiÿries, Grande-Bretagne). Dans la ferme de Lincluden Mains, près de Dumfries, Miss E.-C. Dupceon effectue depuis plusieurs années des expériences suivies d’électroculture. Elle s’est attachée surtout à étudier l'influence des décharges élec- triques à haute tension et celle de la lumière électrique sur la végéta- tion des plantes de grande culture et de serre. Ses expériences de grande culture ont été effectuées sur des surfaces importantes et possèdent de ce fait une réelle valeur pratique. En 1911, elle a fait des essais sur pommes de terre qui ont porté sur une superficie de 8 acres, soit 3ha 2, Depuis l’époque du labour jusqu’à la plantation, la terre fut traitée d’une façon uniforme et les parcelles d'expérience et témoin choisies avec grand soin, de façon à renfermer des proportions égales de chaque nature de sol. Par suite du temps humide, la plantation fut tardive et à partir de juin, les plantes eurent à souffrir de la sécheresse, qui se fit sentir jusqu’à la récolte. L'appareil utilisé pour les décharges électriques était celui à haute tension de Lodge Newmann. On sait que le dispositif Newmann comprend essentiellement une source d'électricité dont l’un des pôles communique avec la terre et l'autre avec un système de fils placés au-dessus du champ d’expé- riences. De distance en distance sont enroulés sur les fils d’autres petits fils de cuivre terminés par des pointes dirigées vers le sol. C’est par ces pointes que s’écoule l'électricité devant agir sur les plantes. Les fils conducteurs sont supportés par des isolateurs analogues à ceux utilisés dans les lignes télégraphiques. La différence de potentiel entre la terre et le réseau de fils est considérable et variable avec la distance des pôles. Malgré cela, il arrive que, par les temps humides, les plantes et le sol ne sont pas influencés par suite des déperditions d'électricité qui se produisent. Dans les expériences de Lincluden Mains, la décharge fut appliquée journellement du 17 mai au 18 août en moyenne pendant quatre heures par jour. REVUE AGRONOMIQUE 903 Les heures de mise en action de la décharge étaient réglées par les conditions atmosphériques : pendant les journées à temps couvert, l'application se faisait le matin et l'après-midi, et lors des journées chaudes et claires, pendant deux ou trois ou quatre heures dans la soirée. La décharge fut appliquée au total pendant deux cent treize heures. Dès le commencement de l'expérience, on constata une différence entre les deux parcelles; les pommes de terre placées sous les fils élec- triques depuis le début de leur croissance jusqu’à la maturité furent e1 avance sur les autres. Les tubercules müûrirent plus rapidement et l’on remarquait une exubérance sensible de la végétation. Le tableau ci-après donne le poids par acre et par hectare des récoltes faites sur la parcelle électrisée et la parcelle témoin. Parcelle non électrisée Parcelle électrisée Augmentation ee — ° ——— TT paracre parhectare paracre parhectare par acre par hectare t. cwt. (1) kilogs t. cwt. kilogs t. cwt. kilogs Ringleader ., - .: 5,17 14.700 8,1 20-02 5.750 Windsor Castle. . 9,18 25.145 44,45 29.815 147 k.670 Golden Wonder . 8,2 20.575 8,15 22.225 0,13 4.650 GreatiScot. 2260010 7;6 26.160 41,16 29.975 4,10 3.815 Le coût de l’application de la décharge électrique fut de 1471 50, y compris 31 francs de pétrole, 7 francs d'huile et une dépréciation de 10 % de l'appareil, soit 4371 50 par an, ou, pour trois mois, 108f 50. La même dépense aurait couvert les frais de l’électrisation d’une sur- face de 15 acres (6 hectares), au lieu de 8 acres expérimentés. Pendant l’hiver 1910 et le printemps 1911, Miss Dudgeon a fait également des expériences suivies pour déterminer l'influence sur la végétation de la lumière obtenue avec la lampe à vapeur de mercure. La lampe employée se compose d’un long tube de verre d'environ 25 millimètres de diamètre, comportant à l’une de ses extrémités une ampoule dans laquelle se trouve une petite quantité de mercure. Lors- qu’on fait passer le courant, une partie du mercure se volatilise en donnant une lumière jaune bleu d’un très curieux effet. Les expériences ont eu lieu dans une serre mesurant environ 6 mètres de long sur 3 mêtres de large. La serre témoin, placée dans le prolonge- ment de la précédente, était plus petite et a toujours bénéficié d’un léger avantage de température provenant de son orientation. Bien qu’on se soit appliqué à rendre les conditions de germination et de végétation tout à fait comparables en maintenant la tempéra- ture de l’air et celle de la terre aussi semblables que possible dans les deux serres, on a constaté les différences de température ci-après pendant les trois premiers mois de l’année : Serre d'expérience Serre témoin Mois —— A < — Maximum Minimum Maximum Minimum Janvier’ 7201: 54100:0 70 7 459 0 8° 8 HÉNTIET EE. 1500 6 6 49 4 1207 Marsa. 799,8 8 3 2505 10 0 (1) 4 tonne = 1.016 kilos; 1 cwt. — 50K8 8. 904 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Les indications du thermomètre étaient relevées chaque matin à 9 heures. La température moyenne a varié de 109 à 470, sauf pendant les journées très ensoleillées. La lampe fut maintenue allumée pendant cinq heures environ à partir du coucher du soleil. Les premiers essais ont eu pour but de déterminer l'influence sur la germination de la lumière produite par la lampe à vapeur de mer- cure. Des graines diverses ont été semées le 7 décembre dans des pots de 15 centimètres de diamètre qui ont été placés dans la serre d’expé- rience et la pièce témoin. On a constaté que les graines soumises à l’action de la lumière de la lampe ont germé beaucoup plus rapidement que les autres. Les résultats comparatifs sont les suivants : Durée de la germination Nature des graines D ODMEENI TRES DLJUX serre d'expérience serre témoin FAO VErE SL ETS nbnrs 21 jours CATOCtie se es ER RE UM EEE 26 — Choux-fleur . 6 — 26 — Laitue 6 — 42 — Pois 6 — 16 — Awvoine . 7 — 42 — Orge . div 42 — Blé. Be —= . 46 — Au point de vue de la végétation, les laitues, les carottes et les choux- fleurs ont paru très sensibles à l’action de la lumière artificielle et ont poussé vigoureusement alors que les laitues de la serre témoin ne sont jamais venues à maturité et que les carottes ont accusé un retard de trois semaines. Les fraises fleurirent abondamment et les fruits müûrirent très vite. On constata une augmentation de récolte de 25 %. Le professeur PRIESTLEY a remarqué que les pois de senteur soumis à l’action de la lampe présentaient des couleurs plus vives et une plus grande vigueur que les pois ordinaires. La chlorophylle était plus abondante et les feuilles contenaient une grande quantité de fibres, alors que les plantes témoin n’en possé- daient pas. Les expériences ont porté également sur plusieurs autres végétaux ; on a toujours observé une germination plus rapide, une très grande vigueur et une coloration plus intense. H. Prrraup. * # *% H. Hrrier. — La Culture de la betterave à suere aux États-Unis (Bull. Soc. d'Encouragement pour l'Ind. nationale, 1913, t. CXX, p. 76). Analyse d’un mémoire de M. E. SaiLLaRD, montrant la situation prospère de l’industrie du sucre de betteraves aux États-Unis. P. Norrix. REVUE AGRONOMIQUE ! 905 L. Tragur. — Sur un Allium de la région méditerranéenne pouvant être utilisé comme légume (Revue Horticole, 85° année, n° 13, p. 311, 1 fig. Paris, 17 juillet 1913). L’Allium triquetrum L, qui est très commun sur :e littoral d'Alger, surtout dans le voisinage des habitations et dans les jardins, est fort estimé de la population kabyle qui en fat, pendant l’hiver, une grande consommation. Des essais culinaires ont permis à l’auteur d’établir que la plante entière peut jouer, pendant tout l'hiver, le rôle de poireau dans les potages; le parfum est léger et fin, les feuilles très tendres fondent presque par la cuisson. Après ce premier essai l’auteur a tenté la culture; à la Station bota- nique il a été fait des semis; mais l’expérience a rapidement démontré que, pour obtenir des pieds aussi gros et aussi présentables que de beaux poireaux, il suffisait, à la fin de l’été, de planter assez profon- dément, à 15 ou 20 centimètres, les bulbes que l’on trouve en abon- dance à l’état spontané, car l’Allium triquetrum forme des touffes compactes très étendues. Les bulbes isolés et profondément plantés en bonne terre produisent pendant l'hiver une grosse plante dont la partie en terre est blanche, très tendre, fort appétissante. Ces plantes, débarrassées des feuilles vertes, deviennent un légume très fin, com- plètement dépourvu du parfum d’ail ou de poireau et s’accommodent à toutes les sauces. Aussi l’auteur n'hésite pas à recommander lPAI- lium triquetrum, ainsi traité, comme un légume fort intéressant pour les jardins des bords de la Méditerranée. J. Simoxs. AGRICULTURE COLONIALE Marquis et HEIM. — Sur une méthode de dosage du caoutchoue pur dans le caoutchouc brut (Bulletin Soc. Chim., t. XIIE, 1913, p. 824). * * * L. Ricararp. — Contribution à l’étude du riein (ZA gronomie Colo- niale, 1'e année, n° 1, p. 15 à 21. Paris, juillet 1913). L'auteur donne quelques rendements en huile obtenus avec des ricins provenant de l’Afrique Occidentale Française. Guinée. — Graines à marbrures brunes, huile : 42,50 à 46,20 % de la graine entière: Côte d’Ivoire. — Graines à marbrures brunes. Tiges vertes ou rouges; huile 43,36 à 46,02 %. Haut-Sénégal-Niger. — Diverses variétés (Ricin sanguin, vert, du Brésil, de Zanzibar, etc.), huile 41,7 à 54,6 %. Ce dernier chiffre (qui correspond, pour l’albumen, à une richesse de 64,77 % d'huile) a été 906 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE obtenu avec des graines provenant du Brésil et cultivées en Afrique Occidentale Française. Comme terme de comparaison, les ricins de l’Inde ont donné une moyenne de 47 % d'huile environ. J. SIMONS. "x U. Varvaro. — Expériences de fumure du cotonnier en Italie (Le Stazioni Sperim. Agrarie Italiane, vol. XLVI, fase. 4et6, p. 274 et 385). L'auteur indique l'importance de la culture du coton en Sicile. Une culture donnant un rendement de 15 quintaux par hectare enlève au sol: N, 70Ke 45 — P205, 31Ke 20 — K20, 66Ks 30. Comme dans la rotation généralement adoptée, il vient un blé après le coton, il faut restituer au sol par hectare : N, 163Kke 73 — P20ÿ, 80ke 50 — K20, 129% 01. Des expériences effectuées, l’auteur a conclu comme suit : La fumure par 300 quintaux de fumier par hectare élève sensible- ment la production et le rendement; elle favorise la maturité précoce des capsules. L’engrais vert de féveroles donne les mêmes résultats dans une plus faible mesure cependant; toutefois, la maturité est encore plus précoce. Les exigences en P?05 sont mises en évidence par ce fait que la fumure par un engrais vert de féveroles, ayant reçu lui-même une forte fumure phosphatée, augmente considérablement la production coton- nière. Par le même procédé, on a constaté que le cotonnier est exigeant en ce qui concerne la potasse. Le plâtre n’a produit aucun résultat appréciable. Au point de vue économique, la préférence devra être accordée à l’engrais vert de féveroles fumé lui-même avec 6 quintaux de super- phosphates et 2 quintaux de sulfate de potasse. J. SIMONXS. * * * Dr CHaxpLeRr et John Me Ewax.— Culture, préparation et commerce du thé (Bull. of the Imper. Institute, vol. XI, n° 2, avril-juin 1915, p. 292). Après avoir rappelé le mode de culture, de récolte et de préparation du thé en Orient, l’auteur donne des renseignements statistiques sur la production mondiale du thé. J. SIMONS. * *X * C. CamPBELL. — La Culture de l'olivier en Tunisie (A gricoltura colo- niale, juin 1913, p. 201). Après avoir fait un résumé de ses études au point de vue botanique REVUE AGRONOMIQUE 907 et biologique de l'olivier, l’auteur examine les conditions économiques des exploitations tunisiennes. 11 conclut ainsi : « Il faut approfondir les études botaniques et biologiques des diverses espèces d’olivier, opérer une sélection rigoureuse de plantes productrices sans greffage, créer au besoin de nouvelles variétés plus aptes à certains milieux. » L'auteur recommande la culture des espèces du genre O'ea, qui peu- vent devenir d’utiles porte-greffes. J. SIMoNs. CHIMIE DU SOL Oswald ScHREINER. — Constituants organiques du sol et leur relation avec la fertilité du sol (V/7Z1e Congrès intern. de Chimie appl.; New- York, 4912, 4.%V, p.231). * * J.-J. Skinner. — Effets de l’histidine et de l’arginine comme cons- |: tituants du sol (Même publication, t. XV, p. 253). Ces deux auteurs donnent les mêmes conclusions : la créatine, la créatinine, l’histidine, l’arginine, l’hypoxanthine, l’acide nucléique sont absorbés par la plante en l’absence de tout autre aliment azoté. S'il y a une forte proportion de nitrate dans la solution nutritive. l’arginine et l’histidine ne produisent pas un accroissement de récolte appréciable. PANOTTIN. * * * Ruby WaLLacH. — Analyse thermique des argiles (C. A. Ac. Sc. t. CLVII, 1913, p. 48). L’auteur a étudié, par les méthodes de l'analyse thermique, les conditions de déshydratation du kaolin, du mica, de la glauconie et de plusieurs argiles (courbes). P. NorTrin. Le Edmond SHOREY. — Quelques constituants de l’humus (V/71e Con- grès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XV, p. 247). Analyse immédiate de l’humus. PF NOTTIn k *X *X Elbert G. LATHROP. — Constituants normaux et anormaux de la ma- tière organique du sol (V//1° Congrès intern. de Chimie appl.; New-York, 1912, t. XV, p. 147). L'auteur considère comme éléments normaux de la terre : pento- D08 ANNALES DE LA SCIENCE , AGRONOMIQUE sanes, pentoses, histidine, xanthine, hypoxanthine, cytosine, et peut- être la créatine. Au contraire, quelques corps ont pu être rencontrés dans certains sols particuliers et doivent être considérés comme cons- tituants anormaux de la terre : arginine, adénine, acide dihychoxys- be pinacoline, acide carboxylique. . gd | P. NoTTIN. % CE John STEWART. — Phosphore organique du sol (V/7/7€ Congrès intern. de Chimie appliquée ; New-York, 1912, t. XV, p. 273). L'auteur a étudié les méthodes proposées pour doser le phosphore organique de l’humus : méthode Mooers-Hämpton et méthode Gran- deau-Hilgard. La première donne une solution de matière noire exempte de matière minérale en suspension colloïdale. Le fer et l’alu- mine présents dans la matière noire sont combinés à la matière orga- nique. P. NorTrix. CHIMIE DE LA PLANTE E. Rosé. — Énergie assimilatrice chez les plantes cultivées sous dif- férents éelairements (Ann. des Sc. natur., vol. XVII, avril et mai 1913). Les expériences ont porté sur Teucrium Scorodonia et sur Pisum qui représentent respectivement des plantes typiques d’ombre et de lumière. Les intensités lumineuses ont été obtenues par lemploi d’abris recouverts de tissus à mailles plus ou moins serrées; on les a graduées suivant cinq degrés d'intensité : 1/9, 1/3, 1/2, 3/4 et 1 de la lumière solaire directe. Le poids et la surface des feuilles atteignaient leur maximum avec léclairement, mais le poids par unité de surface, ou, en d’autres termes, l'épaisseur de la feuille, était le plus élevé à la lumière solaire directe et diminuait à chaque réduction de l'intensité lumineuse. En ce qui concerne la plante entière, à mesure que l'intensité lumineuse s’affai- blissait, le poids frais et le poids sec diminuaient, alors que la propor- tion d’eau augmentait; mais l'effet de la diminution de léclairement agissait en sens inverse sur la racine et sur l'appareil aérien, la pro- portion relative de l’appareil aérien augmentant à mesure que dé- croît l’éclairement. Avec le Pisum salivum les résultats généraux furent semblables à ceux obtenus avec Teucrium Scorodonia, sauf que le Pisum sativum s’est montré beaucoup moins tolérant pour lombre, de sorte que l’optimum d’éclairement pour le développement des feuilles est passé de 1/2 à 3/4. Il résulte des essais que, à partir du second stade, le Pisum sativum peut être divisé en deux groupes; l’un dans lequel la plante, mettant en usage le faible degré d'adaptation qu’elle possède, remédie à la REVUE: AGRONOMIQUE 909 diminution de l'intensité lumineuse en modifiant sa structure et son contenu chlorophyllien; et l’autre, dans lequel les énergies assimi- latrices sont sensiblement abaissées et proportionnelles aux valeurs des intensité lumineuses auxquelles les feuilles se trouvent exposées. D'autre part, le Teucrium Scorodonia montre, au cours de son dé- veloppement, une très grande faculté d'adaptation à lombre, bien que la forte énergie assimilatrice des plantes de la classe IT ne soit pas développée avant le troisième stade. J. SiMons. + * * Laxcewortay et Mizxer. — Une forme perfectionnée de calorimètre pour l’étude des problèmes de physiologie végétale (V/71° Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XVIII, p. 229). * * * F. Janin et A. Asrruc.— L’arsenie et le manganèse dans les feuilles jeunes et âgées (Comptes rendus de l Académie des Sciences, t. CLVT, 1913; p. 2023). Les auteurs ont dosé l’arsenic et le manganèse dans des feuilles jeunes et âgées d’un même végétal à feuilles persistantes : les feuilles jeunes sont moins riches que les feuilles âgées; ces différences sont plus sensibles, rapportées au poids frais que rapportées au poids sec. Au contraire, en calculant le manganèse contenu dans 100 de cendres, les feuilles âgées paraissent moins riches que les feuilles jeunes. P. NoïTTin. Morse. — Effet de quelques engrais sur la croissance et la compo- sition des asperges (VIII Congrès intern. de Chimie appl. ; New- York, 1912, t. XV, p. 191). # * * TaxreTt, — Sur l’hydrolyse de l’inuline (Bull. Soc. Chim., t. XITT, 1913, p. 771). MM. pe ViLmorin et LEVALLOIS ont montré que les acides inver- tissent seulement 90 % d’inuline (Cit. Ann. Sc. Agr., 1913 (2), p. 210). M. Taxrer a vérifié les expériences de ces auteurs : en exprimant les produits réducteurs en glucose, il semble, en effet, que le rendement soit 90%; mais si l’on tient compte du pouvoir réducteur du lévu- lose et de la proportion de lévulose formé, on trouve que 97,2% d’inuline sont hydrolvsés. F./NOTTIN. 910 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE W. LæB. — Action de la décharge silencieuse sur l’amidon (Biochem. Zeuschrift, t. XLVI, 1912, p. 121). L’empois d’amidon à 1% est transformé en produits réducteurs au bout de deux ou trois heures. P. Norrix. ———— MICROBIOLOGIE E. Kayser. — Revue de microbiologie agricole (année 1912) (Bulletin de l'Office des Renseignements agricoles, t. XII, 1913, p. 687 et 799). * * * Pierre THomas. — Sur les substances protéiques de la levure (C. À. Acad. Se., t. CLVI, 1913, p. 2024). Pierre THomas et Me S. KoLopziEJsKA. — Les substances protéiques de la levure et leurs produits d’hydrolyse (C. À. Ac. Sc., t. CLVIT, 1913, p. 243). M. Taomas a isolé de la levure deux substances, l’une très voisine de la caséine, l’autre voisine des albumines. L’hydrolyse acide de ces deux substances confirme les premiers résultats qualitatifs. P. NorTrin. ÉCONOMIE DU BÉTAIL H. W. GRAYBILL. — L'action des bains arsenicaux pour la protection du bétail contre les tiques (Department of Agriculture. Bureau of Animals Industry. Bulletin n° 167, p. 27. Washington, avril 1913). L'auteur examine dans ce travail les facteurs qui déterminent l'efficacité des bains employés contre les tiques qui infestent le bétail. Ces bains ont soit une action destructive directe, soit aussi une action protectrice capable de prévenir l’infestation. L'action prophylactique des bains peut être de nature destructive ou simplement répulsive, tandis qu’un autre facteur de leur influence bienfaisante peut être trouvé dans l’action qu’ils exercent sur la ponte des œufs et sur la vitalité de ces derniers. Les recherches de l’auteur eurent pour but la solution de ces pro- blèmes. Leur exposition est précédée d’une courte discussion sur la composition des bains arsenicaux et sur la fonction connue ou pro- bable de chacun des éléments qui les composent. Les expériences ont démontré que la faculté protectrice de lar- senic est due à son action toxique et non à une action répulsive; toutefois, cette efficacité prophylactique est de courte durée. Tandis qu’on sait avec certitude qu’elle existe encore deux jours après le REVUE AGRONOMIQUE o11 bain, elle n’existe plus quand l’infestation des animaux a lieu cinq jours ou plus après le bain. Les cas d’empoisonnement arsenical qui se manifestèrent chez les animaux au cours d’une expérience furent causés par la présence d’arsenic non dissous dans le bain. Il semble donc que l’arsenie non dissous doive être considéré comme très dangereux pour les animaux. J. Simoxs. # # * Utilisation des résidus de la fabrication de extrait de tomate (Z°/n- dustria, vol. XXVII, n° 32, p. 508, 10 août 1913). Ces résidus contiennent les peaux et les pépins. Tout d’abord on extrait l'huile que contiennent les pépins. I] reste un tourteau dont voici la composition, d’après le professeur ABari : eau, 10,10%; ma- tiéres sèches, 89,90 , qui comprennent : cendres, 4,81; cellulose, 5,90; matières grasses, 11,63; matières protéiques, 38,13; protéine diges- tible, 23,75; extractif non azoté, 29,43 (amidon, 3; pentosanes, 4,92; autres substances, 21,51). Ces tourteaux peuvent être utilisés comme aliment du bétail (Voir Annales de la Sc. Agron. franç. et étrang., 1913, 1er semestre, n° 5, p. 418). J. SIMoNs. "+ Taxe et Weiser. — La Valeur alimentaire des épis de maïs (Die landwirtschaftlichen Versuchstationen, vol. VIII, p. 35, 1913). Ces expériences faites par les auteurs sur les moutons, en employant des mélanges de recoupe de maïs (75 %) et de rachis broyés (25 %), ont démontré que les épis de maïs, finement ou grossièrement broyés, sont également digestibles et que leur digestibilité est inférieure à celle de la recoupe de maïs. J. S:Moxs. * * * F. Taxcr. — Un calorimètre pour les animaux de petite taille. (Biochemische Zeitschrift, vol. 53, fase. 1/2, p. 21. Berlin, 15 juillet 1913). Ce calorimètre est basé sur le même principe que celui de Bon et HAssELBALCH qui sert à déterminer la production de chaleur de ’embryon du poussin. Cette production est mesurée thermoélectri- quement : le courant thermoélectrique produit par l’accroissement de température déterminé par la production de la chaleur animale est mesuré par comparaison avec la quantité de chaleur provenant d’une autre source thermique et qui engendre un courant électrique exactement égal (compensation). Le calorimètre en question, dont l’auteur décrit minutieusement la construction, le fonctionnement, les méthodes d'emploi, et dont il donne trois illustrations, diffère de celui de Bonr-HasseLBALcH surtout par la façon dont les chambres 51X ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE contenant les animaux sont thermiquement isolées; en effet, leur isolement est encore augmenté grâce à l’emploi des bouteilles de Dewar. On tient compte aussi, dans l’établissement de la méthode à suivre, du fait que les animaux effectuent des mouvements durant l'expérience. En se servant de rats, de souris, de grenouilles et de sangsues, l’auteur put établir que les expériences demandent de dix- à vingt-quatre heures. Si l’on déduit de ces chiffres le temps nécessaire pour arriver à la compensation la plus exacte qu’il soit possible d'obtenir, soit une heure ou une heure et demie, il reste de huit à vingt-deux heures pour le calcul de la production de chaleur. Les pesées du corps et de toutes ses sécrétions peuvent être effectuées avec une approximation de Oer O1. J. Simons. %k * * ARNOULD. — La pratique de Ia traite des vaches (/Zndustrie Laitière, CRAN ITL TOR POSTE ÉCONOMIE RURALE — ENSEIGNEMENT AGRICOLE Les Magasins généraux de riz au Japon (Bull. mens. des Institutions Economiques et Sociales, juin 1913, p. 153). Les beiken-soko, où magasins généraux de riz, sont, au Japon, parmi les plus importantes institutions de caractère agricole social, surtout parce que des causes multiples en ont fait sentir depuis long- temps la nécessité. Parmi ces causes, les principales sont la fréquence des incendies et des inondations, qui mettent trop souvent en danger les récoltes déjà engrangées ou encore sur pied. Les beiken-soko actuels ne sont qu'un type spécial de futsce-soko, ou magasins ordinaires. Ils reçoivent en dépôt des agriculteurs ou des commerçants des quantités déterminées de céréales, dont la conservation leur est directement confiée. Ils se différencient des magasins ordinaires, d’abord en ce que leur constitution élimine toute idée de lucre, et, en second lieu, parce qu’ils ne reçoivent en dépôt que le riz qui est classé et sélectionné scrupuleusement. Les beiken-soko peuvent être constitués sous forme de sociétés par actions, en nom collectif ou en commandite, ou sous forme de coopé- rative. Dans des cas déterminés, ils peuvent être créés par l'initiative privée. On a dernièrement fondé quelques fédérations de beiken-soko et trois magasins centraux. Les principales opérations qu’effectuent ces magasins généraux sont : la garde des récoltes, émission de warrants sur les récoltes déposées, les avances contre les dépôts, l'amélioration de la production de cette céréale, la surveillance sur les marchés, les expéditions et les transports, l’organisation d'expositions, la diffusion de l’usage des engrais, des machines et des instruments agricoles, etc. REVUE AGRONOMIQUE 013 L'opération du dépôt se fait de la manière suivante : le déposant adresse sa demande à la direction du beiken-soko et met à la disposition du bureau d'inspection le riz qu’il désire déposer. Le bureau d’ins- pection procède alors à un soigneux examen de cette céréale, après quoi il émet son avis. Si celui-ci est favorable, le riz passe à la section de la distribution, qui s’occupe de l’emmagasiner en le distribuant selon la catégorie où 1l aura été classé. Après le magasinage et le plom- bage des sacs, le riz reste définitivement à la garde du berken-soko. Le bureau de garde délivre alors le warrant, ainsi qu’un second récépissé de dépôt. Ces warrants peuvent être escomptés directement dans les magasins ou dans les banques qui font des opérations de ce genre. Le déposant qui désire retirer son dépôt en fait la demande à la direction du magasin, en joignant le warrant à sa demande. Au mo- ment de la remise, le déposant est tenu de rembourser tous les frais qu'a occasionnés le dépôt, tels que les frais d’examen de la céréale déposée, les frais d'assurance, de magasinage, etc. On peut grouper comme il suit les principaux avantages des beiken- soko. C’est d’abord la sûreté complète du magasinage, due à la sur- veillance rigoureuse et à l’excellente organisation de ces magasins, meilleures qu’elles ne le sont dans les magasins privés, car il leur est aussi plus facile d’assurer leurs dépôts. Par le fait, les particuliers n’ont plus besoin de magasins et il en résulte pour eux une grande économie. Enfin, les produits se trouvant centralisés et les intermé- diaires supprimés, l’achat et la vente en deviennent beaucoup plus faciles. En regard de ces avantages, il y a cependant quelques inconvé- nients, tels que la facilité relative avec laquelle on peut falsifier les warrants où en faire un usage irrégulier, l'avantage limité qu’en retire le petit agriculteur et les facilités que ces magasins peuvent offrir aux accapareurs de céréales. Toutefois ces inconvénients sont presque négligeables en présence des avantages réels de ces magasins. On ne possède pas de données générales pour tout le Japon sur le dévelop- pement des beiken-soko ; on n’a que des données relatives à certains des magasins existants. Il est naturel que le total des dépôts varie considérablement suivant les années et les récoltes dans les différentes régions. Un relevé de chiffres isolés n’aurait donc qu’une valeur très relative. Toutefois, pour donner au lecteur une idée du mouvement qui s’est produit à cet égard pendant la période de dix années 1899- 1908, nous dirons que le montant moyen des dépôts annuels y fut de 166.000 hectolitres environ, pour le seul magasin de Sakata, dans la province de Yamagata, lequel est le plus ancien et le plus florissant des beiken-soko existant actuellement au Japon. * % * Les coopératives agricoles en Suisse (Bull. des Instit. Écon. et Soc. Rome. N°5 3 et 4, mars et avril, 1913, p. 34 et 42). L'Union des Paysans suisses a effectué à ce sujet une enquête qui a donné les résultats suivants : L'enquête s’est bornée à relever le nombre des associations existant ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SERIE — 1913 — IT 33 514 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE au {er janvier 1910, le nombre de leurs membres, la date de fonda- tion et leur degré d’activité économique : elle distingue les associa- tions en deux groupes (le premier comprend celles qui se proposent des buts d'utilité générale (sociétés d'agriculture, etc.), le second, celles qui tendent plus directement à des fins économiques (syndi- cats, coopératives, etc.). Le premier groupe embrasse en tout, y compris les fédérations, 856 associations, avec 266.876 membres : on compte parmi ces dernières 494 sociétés locales d'agriculture, avec plus de 60.000 membres, 158 sociétés locales d’ornithologie, d’avi- culture et d'élevage du lapin (8.153 membres), 121 sociétés locales d’apiculture, avec 7.330 membres. On compte en outre 30 sociétés cantonales d’agriculture, 11 sociétés cantonales d’ornithologie, 16 d’apiculture, etc. Le second groupe comprend les différentes formes d’association qui tendent à procurer à leurs membres des avantages économiques : il embrasse, y compris les fédérations, 5.552 sociétés, avec 603.855 membres. On compte parmi celles-ci 557 syndicats agricoles propre- ment dits, avec plus de 48.000 sociétaires, et 10 fédérations; 2.785 laiteries sociales avec plus de 77.000 membres et 14 fédérations; 1.263 syndicats d'élevage du bétail, avec 42.000 membres et 29 fédé- rations; 68 associations d’arboriculture et fructiculture, 50 associa- tions de viticulture, 133 sociétés pour le battage des céréales, 53 dis- tilleries, 39 moulins et 3 boulangeries sociales, 68 associations dites d'améliorations foncières, avec 3.500 membres groupés dans le but d'entreprendre des travaux d'aménagement de parcelles et de bomifi- cation. Viennent ensuite 227 associations d’alpage avec plus de 7.000 membres, 4 associations de sylviculture, 2 associations pour la culture du tabac, 2 pour la culture de la betterave à sucre, 6 pour la culture et la vente des légumes. La coopération de crédit, qui, en Suisse, ne remonte pas à plus de vingt ans, est représentée par 939 caisses rurales, comprenant 10.000 membres, groupées presque toutes dans l'Union suisse des Caisses Raïffeisen, ainsi que par 5 asso- ciations qui favorisent au moyen de prêts l’achat du bétail. L’assu- rance agricole mutuelle prend en Suisse un caractère que nous appel- lerons obligatoire et demi-ofliciel par suite de l'appui financier que lui donnent les autorités fédérales et cantonales; elle n’a done pas été prise en considération par l'enquête, qui ne s'occupe que des associations spontanées et libres. On signale toutefois 31 mutuelles d'assurance pour les chevaux et 2 sociétés d'assurance contre la grêle. | Ces multiples manifestations de l’activité sociale dans l’agriculture suisse trouvent leur coordination dans l'Union des Paysans qui compte 26 sections avec 144.377 membres. | En résumant les résultats de l'enquête, nous voyons qu’au 1€r jan- vier 1910 la Confédération comptait 6.231 associations agricoles locales avec 293.719 membres, plus 95 associations cantonales, inter- cantonales et nationales ayant 86.410 membres et enfin 81 fédéra- tions avec 346.225 membres. Si, enfin, l’on tient compte de PUnion des Paysans et de son grand nombre de sociétaires, on a un total de 6.408 associations, avec 870.731 membres. * * * REVUE AGRONOMIQUE 015 Les sources qui alimentent le crédit rural aux États-Unis (Bull. des Instit. Écon. et Soc. Rome. N° 4 et 5, avril et mai, 1913, p. 119 et 68). Grâce aux résultats d’une enquête faite par le ministre de l’Agricul- ture, on peut calculer l’importance de la dette agricole des États- Unis. En ajoutant au montant global de la dette hypothécaire la somme garantie par la récolte du coton ou par des produits d’autre genre et le crédit accordé par les marchands on voit que, le chiffre total de la dette agricole n’est pas inférieur à 5 milliards de dollars. La dette hypothécaire représente 55,9% de ce chiffre; la dette garantie par la récolte du coton, 7,8%. La dette garantie par d’autres récoltes et celle sans aucune garantie représentent le reste. D’après l’opinion des correspondants, 17% des propriétaires et 46% des fermiers étaient en mesure d’offrir une bonne garantie ou des effets avalisés pour obtenir un prêt. Les correspondants qui signalent une insuffisance de crédit rapportent que 36% des pro- priétaires et 37% des fermiers capables d’offrir une garantie, ne pouvaient pas obtenir de prêts à court terme, et que, respectivement, 40% et 44% ne pouvaient pas obtenir de crédit à long terme. Les banques locales et les magasins généraux, pris dans leur en- semble, subvenaient à l’exigence totale du crédit pour plus des trois quarts. Les voisins y contribuaient pour un septième environ, et le crédit exercé à distance représente à peu près la même proportion. Il semble donc que ce sont des sources purement locales qui alimen- tent les six septièmes du crédit global. Ces conclusions regardent les centres où se trouvent des sources locales fournissant des capitaux ; mais ces sources n'existent pas partout. Les données concernant le coût des prêts offrent un intérêt spécial. Le taux de l'intérêt que paient les agriculteurs pour se procurer l'argent destiné à l’achat d’un domaine est de 6 à 8%. Le taux relatif à la propriété urbaine est le même. Le taux d’un prêt à court terme garanti par une propriété rurale va de 6 à 10 %. Depuis 1890, le taux d'intérêt des prêts hypothécaires tendait manifestement à diminuer dans toutes les parties des États-Unis, soit parce que les sources d'apport augmentaient, soit parce que le risque des prêts hypothé- caires était moindre. En 1890, le taux d’intérêt moyen des prêts sur les propriétés exploitées directement par le propriétaire était de 7,1% et il atteignait 99% dans les États où le sol est monta- gneux. On rapporte qu’en LE RR de centres où l’industrie agricole est pauvre et négligée, et où l'offre des prêts ne correspond pas à la demande, les conditions du crédit sont anormales. Un correspondant de la Floride affirme que, dans ce pays, le taux de l'intérêt est de 1 % par mois; que 10% des terres ont été expropriées, ou vendues par leurs propriétaires à un prix au-dessous de leur valeur, pour cause d'emprunts à rembourser. D'autre part, les caisses d'épargne du Massachusetts accordent des prêts aux agriculteurs au taux de 5 ou 6%; et l’on rapporte que dans une contrée du Wisconsin les agriculteurs peuvent obtenir des o16 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE prêts à 4 ou 5 % et que beaucoup d’entre eux ont des capitaux dispo- nibles. On demanda aux correspondants s'ils connaissaient le nombre des agriculteurs qui consentiraient à s’unir en sociétés coopératives de crédit, et 32% des correspondants répondirent qu'aucun agricul- teur n’y consentirait, tandis que les autres déclarèrent que 40 % des agriculteurs établiraient volontiers des sociétés de ce genre. Les coopératives de crédit sont pratiquement inconnues aux États- Unis. L’opinion générale tend plutôt à la création de grandes compa- gnies hypothécaires qui émettraient des titres garantis par la masse des hypothèques grevant les immeubles, et ces titres qu’on pourrait émettre à un taux d'intérêt modéré seraient considérés comme une garantie de premier ordre. C’est à l’aide des fonds ainsi recueillis que les compagnies pourraient accorder des prêts à un taux dépassant de peu le taux même des titres. * * * Les banques de crédit agricole au Japon (Bull. des Instit. Écon. et Soc. Janvier 1913, p. 116). Comme les tenures agricoles sont généralement très petites au Japon, et que leur culture requiert plus de travail que de capitaux, la nécessité de ce genre de crédit n’a jamais été jusqu'ici très pressante. Toutefois, le développement des moyens de culture scientifique implique l'emploi de capitaux plus considérables, et le Gouvernement japonais a été forcé de procurer aux agriculteurs, à un taux d’intérêt peu élevé, l’argent qui leur est nécessaire. Les mesures prises dans ce but sont exposées dans un article paru dans le numéro de janvier du Bulletin des Institutions économiques et sociales, publié par l’Institut international d'Agriculture. En dehors des sociétés coopératives de crédit qui sont constituées en vertu d’une loi promulguée en 1900, les plus importantes organisations de crédit, au Japon, sont la « Banque hypothécaire du Japon », et les établis- sements désignés sous le nom de « banques agricoles et industrielles ». La première fait des opérations dans tout le pays, et les prêts qu’elle consent sont généralement d’un montant élevé. Les autres limitent le champ de leurs opérations à une simple préfecture, et accordent de petits prêts. À Formose, le crédit est fourni par la « Banque de Formose », et en Corée, par la « Banque de Corée » et la « Compagnie orientale de Colonisation ». Le caractère de ces institutions est semblable à celui des banques agricoles et industrielles. A Hokkaïdo et dans la partie japonaise de l’ile de Sakhalien, il existe une banque d’un caractère Quelçue peu différent, connue sous le nom de « Banque coloniale de Hokkaïdo ». La Banque hypothécaire du Japon fut fondée en 1896 et commença ses opérations l’année suivante avec un capital de 10 millions de yen, dont 2.500.000 étaient versés. La Banque a faculté d'accorder des prêts sur garantie de propriétés foncières, ou même sans garantie s’il s’agit de corps municipaux et de certaines classes de sociétés. Le REVUE AGRONOMIQUE 517 montant total des prêts, cependant, ne peut pas dépasser les deux tiers de la valeur attribuée à la garantie sur laquelle le prêt est accordé. L'intérêt maximum que la Banque peut exiger est fixé par le ministre des Finances, et ses affaires sont soumises au contrôle de deux inspec- teurs nommés par le Gouvernement. En 1910, les prêts accordés par la Banque hypothécaire s’élevèrent à 97.080.044 ven et les prêts non remboursés à la fin de l’année à 88.423.147 yen, dont environ la moitié représentait des prêts agricoles. Pour les prêts remboursables par annuités, le taux d’intérêt maximum a varié de 7,0 à 7,5%, selon la classe des emprunteurs, et pour les prêts remboursables à terme fixe, le taux pour chaque classe était majoré de 0,5 %. Les banques agricoles et industrielles furent créées en vertu d’une loi promulguée en 1896. Il y en a maintenant 46 au Japon, et chacune d’elles a un capital de 300.000 yen ou plus. Elles accordent des prêts principalement sur garantie de propriétés foncières, mais elles pré- tent aussi de l’argent sans garantie aux corps municipaux et aux sociétés, et, sur garantie personnelle, à des groupements de vingt personnes ou plus solidairement responsables. Les banques sont soumises au contrôle d’inspecteurs choisis parmi les hauts fonction- naires des préfectures. Le montant global des prêts accordés par les banques agricoles et industrielles en 1910, s’éleva à 61.295.314 ven et le montant global des prêts non remboursés à la fin de la même année à 51.551.476 ven, dont les deux tiers environ étaient des prêts agricoles. Le taux d’in- térêt maximum (fixé par le ministère des Finances), était de 8% pour certaines classes d’emprunteurs, et de 8,5% pour les autres. La Banque hypothécaire du Japon aussi bien que les banques agricoles et industrielles ont le droit d'émettre des obligations. Le montant total des obligations émises par la Banque hypothécaire et non amorties à la fin de 1910, était de 74.775.470 yen. À la même date, 21 banques agricoles et industrielles avaient des obligations en circulation pour un total de 11.697.580 ven. Pendant les dix premières années qui suivirent la création de la Banque hypothécaire, celle-ci était autorisée à demander au Gou- vernement une subvention lui permettant de payer un dividende de 5%. Afin de contribuer à fournir des fonds aux banques agricoles et industrielles, le Gouvernement décida qu’une somme de 10 millions de ven serait distribuée entre les préfectures, afin de leur permettre de devenir actionnaires des banques; on établit ultérieurement que les obligations possédées par les préfectures ne porteraient pas d’intérêt pendant les cinq premières années à dater du moment où la Banque a commencé à fonctionner, et que durant les cinq autres années suivantes, les dividendes inhérents à ces obligations seraient accu- mulés pour constituer un fonds de réserve. La Banque Coloniale de Hokkaido a commencé ses opérations en 1910 avec un capital nominal de 3 millions de yen et un capital vers“ de 750.000 yen. Par suite de l’absence d’organisation commerciale à Hokkaïido et dans la partie japonaise de Sakhalien, les affaires de la Banque sont beaucoup plus variées que celles des autres banques dont nous avons déjà parlé. Le total des prêts accordés en 1910 était de 32.326.927 ven et les prêts non remboursés à la fin de l’année o18 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE s’élevaient à 14.720.371 yen; la différence entre ces deux chiffres indique qu’une grande partie des prêts avait été effectuée pour de courtes périodes. Le taux d’intérêt maximum autorisé par le ministre des Finances a varié de 7,9 à 10 %. Dans une certaine mesure, l’épargne postale est utilisée pour accorder des prêts par l'entremise des différentes banques que nous avons décrites. Pour l’année courante, on estime que 20 millions de yen seront alloués dans ce but par la Section des Dépôts du départe- ment des Finances. # %k * Le Crédit hypothécaire au Chili (Bull. des Instit. Écon. et Soc. N°S 3 et 4, mars et avril 1913, p. 97 et 111). Le régime foncier, dans la République du Chili, est constitué sur des bases solides, de sorte que le crédit hypothécaire a pu se déve- lopper notablement. La législation en cette matière est très précise et explicite : on ne reconnaît ni les hypothèques judiciaires ni les hypothèques légales, toute hypothèque devant être constituée par contrat inscrit au registre du conservateur des Hypothèques. En général, le créancier hypothécaire est juridiquement bien garanti : la loi fondamentale en cette matière est celle du 28 août 1855. Le crédit hypothécaire est exercé par une institution d'Etat et par d’autres établissements de caractère privé. L'institution d'Etat, qui s'appelle Caja de Crédito Hipotecario (Caisse de Crédit hypothé- caire) se borne à exercer des fonctions d’intermédiaire entre capita- listes et propriétaires fonciers ayant besoin de crédit. Fondée en 1855, la Banque a pour tâche de faciliter la concession de prêts hypo- thécaires remboursables par annuités à longue échéance. Elle émet dans ce but des titres fonciers qu’elle place en général sur les marchés européens. L’emprunteur recoit, contre hypothèque, le prêt en titres ou en espèces calculé sur la base de la valeur réelle des titres, et il est obligé de payer chaque année, pendant toute la durée du contrat, un intérêt n’excédant pas 8%, une prime d'amortissement, une somme destinée au fonds de réserve et aux frais d'administration égale au plus à 1/2%. Les paiements se font chaque semestre et d'avance; l'intérêt moratoire est de 2% par mois. On ne peut accorder les prêts qu’en première hypothèque et pour une somme qui n’exeède pas 40% de la valeur d’estimation des immeubles hypothéqués, s’il s’agit de terrains de première classe. On ne doit pas évaluer les bâtiments au delà du quart de leur valeur. L’estimation est faite d’après des principes rigoureux. La plus grande prudence administrative préside également à lestimation et à la concession des prêts sur fonds urbains pour lesquels on ne tient guère compte que de la valeur du terrain. Quant au montant de chaque prêt, on a établi une limite de 500 pesos (1 peso — 189 au pair), l'immeuble devant valoir au moins 2.000 pesos. Toutefois, en pratique, la Caja Hipotecaria nw’ac- corde pas de prêts inférieurs à 5.000 pesos, ni sur immeubles dont la valeur est inférieure à 20.000 pesos. REVUE AGRONOMIQUE 919 La Caja à un fonds de réserve qui s’élevait, au 31 décembre 1911, à 7.283.347 pesos, somme qui correspond au 3,335 % des titres en circulation, lesquels représentaient, à la même époque, 218.347.700 esos. : Le développement des opérations de la Caya est très notable : les prêts existants, représentés par l’émission de titres, se montaient en 1868, à 4 millions de pesos; en 1910, ils atteignaient la somme considérable de 205 millions. La même année, l’amortissement s'élevait à 25.791.800 pesos. Une grande partie des titres est placée à l'étranger, spécialement en Angleterre et en France. En 1911, la Caja Hipotecaria fit une émission à l'étranger, pour 40 millions de francs en or, à 5%. La souscription publique fut complètement couverte en quelques jours. côté de la Caja, quelques banques privées exercent le crédit hypothécaire. La loi admet que ces banques peuvent être constituées sur la base coopérative du type des Landschaften, ou sur la base capitaliste. Cette seconde forme est seule pratiquée au Chili; la banque verse à lemprunteur l'argent comptant contre cession de lhypothèque, et elle a la faculté d'émettre des titres pour une valeur correspondante et de les négocier. Le prêt hypothécaire est remboursable par annuités, et les banques ne peuvent pas stipuler avec l’emprunteur le paiement en une seule fois. Il est aussi interdit aux banques de s'occuper d’affaires de spécu- lation ou d’entreprises industrielles; elles peuvent affectuer, outre le crédit hypothécaire, les opérations accessoires destinées par exemple à convertir ce crédit en prêt d’autre nature. Il existe actuellement au Chili 3 banques hypothécaires privées plus les sections hypothécaires de quelques banques de caractère commercial. La situation des 3 banques privées était la suivante, en 1910 : titres en circulation : 100.557.200 pesos; émission en 1910 : 39.647.500 pesos; amortissement en 1910 : 15.704.800 pesos; titres en circulation : 118.589.800 pesos. L’une des banques privées les plus importantes est le Banco Hipotecario de Chile, qui a un capital de 6 millions de pesos et un fonds de réserve de 1 million. En 1912, cette banque a donné à ses actionnaires un dividende de 16 %. Le montant total de la dette hypothécaire, représenté par les émissions de la Caja et par celles des banques hypothécaires privées, était, en 1910, de 232 millions de pesos. Pour juger l’importance de cette donnée, il faut considérer qu’en 1909 la valeur de la proprété immobilière appartenant aux particu- liers s’élevait, pour toute la République, à 2.488.817.574 pesos, dont 718 millions représentaient la valeur de la propriété rurale; la circu- lation des titres hypothécaires correspondait, la même année, à 13 % de la valeur totale de la propriété. Il faut noter, en outre, qu’alors que pendant une première période (1856-1868), les titres rapportaient un intérêt de 8%, au 31 décembre 1911, presque la moitié des titres en circulation ($ 100.595.200) rap- portait moins de 6%. Ce bienfaisant allégement de la charge pesant sur les débiteurs se produisit grâce à des opérations successives qui furent menées à bonne fin. Les caisses d'épargne sont en rapport avec le crédit hypothécaire, par le fait qu’elles ne placent leurs fonds disponibles qu’en titres 920 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE hypothécaires de la Caja. A la fin de 19f1, les dépôts dans les caisses d'épargne atteignaient en tout 46.138.381 pesos. * * * L’ Enseignement et Expérimentation agricoles en Angleterre et dans le Pays de Galles (Board of Agric. and Fisheries, Leaflet n° 197, juin 1913). En Angleterre et dans le Pays de Galles les instituts d'enseignement agricole supérieur et moyen reçoivent de l’État une subvention an- nuelle totale de 465.938 francs; les écoles élémentaires d’agriculture instituées par les comités reçoivent du Gouvernement une somme to- tale annuelle de 17.630 francs; le « Development Fund » ou caisse d'encouragement. peut accorder d’autres subventions dont le mon- tant s’élève à 780.761 francs. L’Angleterre et le Pays de Galles comptent quatorze écoles supé- rieures et facultés d’agriculture qui délivrent après trois ou quatre années d’études un baccalauréat en sciences agricoles. Ces instituts comportent tous des cours pratiques durant lPété. Il existe en outre 4 écoles spéciales d’agriculture, 12 écoles d’agricul- ture pratique ou de laiterie; ces dernières sont créées et entretenues par les autorités locales. Enfin il existe des cours spéciaux de sylviculture dans certaines universités; les universités d'Oxford et de Cambridge comprennent chacune un tel cours. J. SIMONS. HYDRAULIQUE A. Müwrz et E. Lainé. — Études sur l’arrosage des terres (C. R. Ac. DC CAC N IRAQ, De AAU Les auteurs ont déjà exposé (C. À. Ac. Se., t. CLIV, 1912, p. 481) leurs recherches sur l'influence de la perméabilité du sol; ils étudient actuellement les autres facteurs : pente et état de la végétation, débit de la nappe arrosante, largeur des calants et module, longueur des calants. P,. Norris. PARASITOLOGIE — ENTOMOLOGIE P. Vuizemin. — Le Verdissement du bois de poirier (C. À. de l’Aca- démie des Sciences, t. CLVIT, n° 5, 4 août 1913, p. 323). Le verdissement du bois de poirier est dû à des champignons de la famille des Discomycètes, qui renferment dans leurs cupules et leur mycélium un pigment vert. Les filaments plongeant à l’intérieur des REVUE AGRONOMIQUE 021 éléments ligneux y introduisent la matière colorante qui subsiste à l’état de dépôts internes lors même que les filaments ont disparu. Ces champignons que pe NoraRis avait reconnus comme apparte- nant au genre Chlorosplenium, doivent en réalité être rangés dans le genre Helotium. Les plus fréquemment rencontrés sont : l’Helotium œruginosum Fr. (Chlorosplenium œruginosum de Not.) et l’Helo- tium œruginascens Schrœter (CAl. œruginascens Karsten). J. Simons. % * * Pierre BERTHAULT. — « Lasiodiplodia Theobromæ » parasite du ca- caoyer, au Dahomey. — Sur une maladie du eacaoyer dans l’Ouest Africain (L’Agronomie Coloniale, bulletin mensuel du Jardin co- lonial. Nouvelle série. — 1'e année, n° 1, p. 8-14, fig. 1-3. Paris, 30 juillet 1913). Les plantations de cacaoyer, au Dahomey, sont actuellement ra- vagées par une maladie — désignée dans la colonie sous le nom de « coup de soleil » ou d’ « apoplexie » — qui, en attaquant les racines, le tronc et les branches, provoque rapidement la mort des arbres et fait disparaître en quelques jours des plantes jusqu’alors saines et productives. L'examen du matériel qu’il a eu à sa disposition amène l’auteur à croire que la maladie en question est due au parasitisme du Lasiodi- plodia Theobromæ (Pat.) Grifion et Membl. Pour tenter d'arrêter immédiatement le mal dans la plantation envahie, l’auteur suggère d’expérimenter l'efficacité des bouillies cupriques ou de la bouillie sulfo-calcique; en outre, pour défendre les racines contre le champignon, quand la valeur de la plantation le permet, on pourra expérimenter la désinfection du terrain avec le sulfure de carbone, en employant le pal injecteur. De toute façon, des études sur ce sujet sont nécessaires. J. SIMoNSs. * * * A. LENDNER.— « Asterina sp. », Périspariacée vivant sur les feuilles du maté ou thé du Paraguay (« Ilex paraguensis »), en Argentine (Bulletin de la Société botanique de Genève, 2€ série, vol. V, n° 1, p. 34-35. Genève, 1913). Au cours de l’été 1912, l’auteur a reçu de Rosario (Argentine) des feuilles de maté (/lex paraguensis), qui présentaient, sur les deux faces, des taches noires dues à la présence d’un champignon super- ficiel (Asterina sp.). Cette Périsporiacée apparait çà et là dans les plantations de maté, mais dès qu’un arbuste est atteint toutes ses feuilles en sont couvertes. Sur la face inférieure le champignon forme un réseau noir assez régulier, alors que sur la face supérieure il se présente sous forme de taches arrondies de 1 à 2 millimètres de dia- mètre. Il ne semble pas nuire aux feuilles; toutefois, sa présence déprécie certainement la qualité du produit. J. £1moNs. C * * 022 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE C. FRENCH. — « Orthorrhinus Kluggi », nouvel insecte nuisible aux ro- siers dans l’État de Victoria (Australie) (The Journal of D2part- ment of Agriculture of Victoria, Australia, vol. XI, part. 4, p. 240- 241, avril 1913). Cet insecte, dont les acacias sont les plantes hôtes naturelles, est commun sur de nombreux points de l’État de Victoria. Au cours des dernières années il a gravement endommagé les vignes; en 1909, on le trouva sur les jeunes rameaux terminaux de pommiers et d’abri- cotiers. Actuellement, sa larve commence aussi à attaquer les rosiers, amenant la mort des rameaux. L'auteur propose des pulvérisations sur les œufs à peine déposés par limsecte sur les vignes et sur les rosiers avec un mélange de goudron de houille et d’eau, préparé de la façon suivante : on fait bouillir 1 kilo de goudron dans 20 litres d’eau; quand le liquide est encore bouillant, on ajoute de l'eau jusqu’à formation de 500 à 1.000 litres de mélange. On peut aussi expérimenter l’émulsion de benzol. Il est, en outre, opportun de détruire par le feu tous les exemplaires morts ou mourants d’acacia qui se trouvent éventuellement à proxi- mité du jardin. J. SIxons. M. Karer. — Expériences de lutte contre les larves du taupin rayé («Agriotes lineatus ») (Fühling’s landwirtschaftliche Zeitung, 62 an- née, fase. 9, p. 313-318, 17 mai 1913). En 1912, on a entrepris, à la Station expérimentale de Dresde, une série d'expériences en vue de la lutte contre les larves de l'A griotes lineatus, qui causent tous les ans de grands dégâts à l’agriculture. Trois seulement parmi les moyens de lutte expérimentés peuvent être recommandés dans la pratique : a) l’enfouissement dans le sol de tubercules de pommes de terre coupés par la moitié qui servent d’appâts pour les larves : b) le roulage répété du sol; c) l'emploi du nitrate de soude, du nitrate de chaux et de la kaïnite. J. S'MONS. VITICULTURE M. Garn. —— Les Éléments sexuels des hybrides de vigne (Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, t. CLVIT, n° 3, p. 226-228, juillet 1913). 19 Qu'il s'agisse de fleurs mâles (à étamines longues) ou de fleurs hermaphrodites (à étamines courtes et recourbées), le pollen des espèces sauvages est normal, la proportion de grains vides ne dépas- sant pas 10 à 12%. Cependant, parmi les variétés sélectionnées par REVUE AGROXOMIQUE 529 la culture, quelques-unes offrent une altération plus élevée, pouvant atteindre 50% et au delà. 20 Chez la vigne européenne cultivée, deux cas se présentent : a) le pollen est souvent normal; b) il renferme trois sortes de grains; les normaux, les vides et tous les intermédiaires. Selon le cépage, tantôt les deux dernières catégories s’équivalent, tantôt l’une prédomine sur Pautre, mais les grains pleins sont généralement plus nombreux. Aussi bien chez les espèces sauvages que chez les variétés culti- vées, les cas de pollen normal sont plus fréquents que les cas de pollen altéré. Nous ne sommes, du reste, nullement renseignés sur les causes de cette altération. 30 Le pollen est toujours modifié chez les hybrides binaires, à un degré plus ou moins élevé, il est vrai, qu’il s’agisse de mâles, d’her- maphrodites à étamines courtes ou d’hermaphrodites à étamines longues. Souvent, il existe des grains petits, déformés, d’aspect anor- mal, ne gonflant pas dans l’eau, très variés par le contenu, qui offre l'aspect d’une calotte, d’un croissant ou d’une couronne en coupe optique, de même que chez quelques cépages cultivés. C£ez les hybrides trois-quarts, ternaires, quaternaires, il y a aussi des différences considérables selon l’hybride envisagé, la proportion de grains vides pouvant être presque normale ou être très élevée. La quantité de pollen peut aussi offrir de grandes variations. L’or- gane femelle, par contre, est aussi bien constitué chez les hybrides que chez les espèces. Les ovules ne manquent jamais de sac embryon- naire et les pépins sont, en moyenne, plus nombreux aue chez les parents. 40 Le pollen des étamines courtes a, comme on sait, des caractères morphologiques bien distincts de ceux du pollen des étamines longues. Au point de vue cytologique, l’auteur y a reconnu une cellule généra- trice libre et un noyau végétatif comme chez le second, alors que les grains déformés, en partie vides ou presque vides, manquent, chez l’une et l’autre sorte, de cellule génératrice ou bien le noyau de celle-ei est dégénéré. Sans être impropre à la fécondation comme on l’a cru, le pollen des étamines courtes est considéré comme incapable de féconder son propre pistil. L’auteur a vérifié l'exactitude de cette opinion chez V. cordifolia, Jacquez d’Aurelles, Blue favorite, Massassoit, Black eagle, contrairement a ce qui a lieu pour les fleurs à étamines lon- gues. Les faits présentés par les éléments sexuels des hybrides de vigne ne constituent donc pas une exception à ceux déjà connus et ne concor- dent pas avec ceux énoncés par M. Coudere. L'élément mâle est altéré en proportion plus ou moins considérable, tandis que élément femelle reste intact, conformément à la règle d’après laquelle les ovules ne subissent aucune dégradation lorsqu'ils sont en petit nombre. M. Boorx a décrit deux formes distinctes de pollen, dont l’une serait active, l’autre inactive, sans connexion avec la longueur et le port des étamines et qui peuvent coexister chez certains cépages américains. Elles correspondent, sans aucun doute, aux grains nor- maux et aux grains altérés des hybrides et de certains cépages. Leur existence chez les variétés étudiées par l’auteur n’a pas lieu de sur- 024 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE prendre, puisque ce sont des hybrides naturels, fait qu’une certaine École américaine n’a jamais voulu admettre, sous l'influence des idées d'ENGELMANN. J. SImoxs. ŒNOLOGIE MariivaND. — Microorganismes que l’on rencontre sur les raisins au moment de leur maturité (Bull. Assoc. Chim. et D'stull., t. XX XI. p82%1915) L'auteur a recommencé les expériences classiques de PASTEUR, consistant à cueillir sur la vigne, avec les précautions nécessaires, un grain de raisin qu’on laisse tomber dans du moût de raisin stérilisé; il a constaté que les raisins ne contiennent pas plus de ferments alcoo- liques à la fin de la vendange qu’au début; l’ensemencement de la vendange se produirait pendant le transport des raisins et dans les vases vinaires. L’auteur a constaté la présence d’un grand nombre de fausses levures qui consomment d'importantes quantités de sucre sans produire d’alcool. P. Norrin. Jules VENTRE. — Influence de quelques Levures elliptiques sur la constitution des vins et des liqueurs fermentés (Annales de l'École nalionale d'Agriculture de Montpellier, t. XTIT, fase. TI, juillet 1913). L’auteur parvient aux conclusions suivantes : Toutes les levures ne réagissent pas de la même manière vis-à-vis d’un même milieu et cela tant au point de vue organoleptique qu’au point de vue chimique. Ainsi on observe chez quelques-unes d’entre elles une faculté d’atténuation comparable à celle connue depuis longtemps pour certaines levures de brasserie. L’atténuation observée plus particulièrement chez la levure de Verzenay porte surtout sur la glvcérine et l’acide succinique. La levure de Médoc donne toujours un extrait sec plus considérable que celui que l’on trouve dans les autres milieux sans qu’il y ait pour cela un restant de matières réductrices non utilisées. Certaines levures, celle du Médoc en particulier, ont une proportion toute particulière à la production d’acides volatils. La production, par quelques levures, d’acidité volatile en propor- tion plus considérable, n’est pas corrélative de la présence dans le milieu de germes pathogènes, tels que la tourne, qui, utilisant à leur profit une partie du sucre, donnent des acides volatils et, partant, appauvrissent le milieu en alcool. On se trouve donc bien en présence d’un caractère biochimique nettement déterminé. Les acides fixes sont différemment et plus ou moins attaqués par les diverses levures. La quantité d’éthers contenus dans les vins REVUE AGRONOMIQUE 9929 paraît également tenir à un processus biologique; en effet, il n°y a pas toujours correspondance absolue entre les quantités d’acides volatils déterminées et les quantités d’éthers formées. J. Simoxs. J. VENTRE. — Influence des levures sur les variations de l’extrait see et de la glycérine dans les vins (Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie des Sciences, t. CLVIT, n° 4, p. 304-307. Paris, 28 juil- let 1913). Au cours d’études effectuées dans le but de rechercher qu’elle était l’action de quelques levures elliptiques sur la constitution générale des vins, l’auteur a été surpris de constater que tous les ferments ne se comportaient pas de la même manière vis-à-vis des matières extrac- tives du moût de raisin. De l’ensemble des expériences qu’il a entre- prises il ressort que : 1° Toutes les levures ne se comporteat pas de la même manière vis-à-vis des matières extractives du moût. Certaines d’entre elles, et notamment la levure de Champagne, paraissent donner une dimi- nution sensible de l’extrait sec, comparable à l’atténuation produite par certaines levures dans les moûts de brasserie. La levure de Médoc, par contre, donne toujours une proportion plus grande d’extrait sans que pour cela ü y ait dans le milieu un restant de matières réductrices non utilisées; 20 11 paraît intéressant de connaitre l’espèce de levure qui a trans- formé un moût en vin, et cela notamment pour la recherche du vinage; il suffirait, en effet, que cette atténuatior corresponde à un fort degré alcoolique pour que le vin soit déclaré viné; 30 L’addition d’acide sulfureux au moût diminue dans une notable proportion la faculté d’atténuation donnée par certaines levures. principalement par celle de Champagne. L'auteur s’est proposé également de rechercher à quoi pouvait tenir cette diminution de l’extrait sec et a été amené à faire le dosage de la glycérine. De l’ensemble de ses recherches il ressort que : 19 La glycérine, d’origine biologique, est sous la dépendance étroite du ferment ayant transformé le milieu. La proportion de gly- cérine formée varie entre 3,2 et 4,1 % du poids du sucre initial pour les vins blancs et entre 3,6 et 4 2% pour les rouges; 20 Dans les milieux additionnés d’acide sulfureux les quantités de glycérine produites sont sensiblement les mêmes dans tous les essais, quelle que soit la levure employée. Les proportions varient entre 4,53 et 3,7 % pour les vins blancs et 3,5 et 3,68 pour les rouges; 30 Les variations de la glycérine dans un même milieu sont, dans les essais de l’auteur, inférieures à celles indiquées par M. LABoRDE. Ce dernier donne, en effet, des variations dont l'importance est consi- dérable puisque, selon les levures, elles oscillent entre 25 et 7,759 du poids de sucre transformé. J. Srmoxs. 526 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE P. Durorr et M. Dusoux. — Dosage des acides tartrique, malique et suceinique du vin (Bull. Soc. Chim., t. XIII, 1913, p. 832). Les auteurs étudient un procédé de dosage des acides fixes du vin, basé sur la volumétrie physico-chimique. Leurs expériences les ont conduits à adopter le mode opératoire suivant : on précipite les sulfates au moyen d’une quantité exactement mesurée de baryte, et les phosphates au moyen d’un excès de nitrate d’uranyle: les acides tartrique, malique et succinique sont isolés à l’état de sels d’argent et transformés en sels de soude par le bromure de sodium. Ces sels dissous dans l’eau alcoolisée à 50% constituent ce que les auteurs appellent la solution des sels organiques, solution qui est le point de départ de toutes les titrations, faites dans l’ordre suivant : 1° Dosage de la somme tartrique + malique + succinique, par le nitrate de lanthane en milieu légèrement acide; 20 Dosage de la somme tartrique + malique par le nitrate de lan- thane en milieu fortement acétique; l’acide succinique est calculé par différence; 3° Dosage de l'acide tartrique par l’acétate de baryum en milieu acétique; l’acide malique étant calculé par différence, on en déduit ac. tartrique . UP ae ———#— ; 81 ce rapport est inférieur à 3,7, ac. malique il y a lieu d’effectuer une deuxième titration sur une nouvelle partie de la solution de sels organiques à laquelle on aura ajouté du tartrate neutre de sodium. Pour ces dosages les auteurs déterminent la conductibilité après chaque addition de réactif; la courbe de précipitation présente une inflexion nette correspondant à la fin de la précipitation. La méthode a été vérifiée sur quarante et un vins artificiels et appliquée à des vins naturels avec ou sans addition de quantités connues d’acides organiques. la valeur du rapport P. NoTTIn. % + % MEsTRE. — Sur les vins rouges girondins de la récolte 1912 (Bull. de l'Association des Chimistes de sucrerie et distillerie, t. XXXI, 1913, p. 36). TECHNOLOGIE 1. DE GROBERT. — Sur la précipitation incomplète par le carbonate de soude de la chaux combinée dans les jus sucrés (VZZIe Congrès int. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. VIII, p. 21). Quand on ajoute à un jus sucré du carbonate de soude pour éliminer la chaux combinée et transformer les sels de chaux en sels de soude, qui sont moins nuisibles à la cristallisation, on constate que le carbo- REVUE AGRONOMIQUE 997 nate de soude ne précipite pas une quantité équivalente de chaux : une partie du réactif est employée à précipiter la chaux, une partie se combine à certaines matières organiques (notamment aux amides); le surplus reste à l’état libre dans le jus dont il augmente l’alcalinité. P. Norris. %k * * L. Lixner et GuarpentTier. — Contribution à l’étude des tourteaux d’éeumes de sucrerie (V/77° Congrès intern. de Chimie appl.; New-York, 1912, t. VIIL p. 31). Les tourteaux d’écumes ne renferment pas de chaux libre quand ils sont bien préparés et lavés, comme on le fait ordinairement, avec des eaux ammoniacales; le sucre que le lavage n’a pas enlevé s’y trouve, non pas à l’état de sucrate soluble, mais à l’état libre; les tourteaux se montrent en outre plus ou moins chargés de sucrate tribasique insc- luble, que la carbonatation n’a pas eu le temps de décomposer. P. NorTrTin: # + * J. RogarrT. — Sur la solubilité du sulfite de chaux (Pull. Ass. Chimistes de sucrerie et distillerie, t. XXXI, 1913, p. 108), La solubilité du sulfite de chaux dans l’eau pure est d'environ 78 milligrammes par litre, exprimé en chaux; elle est diminuée par la présence du sucre et devient 37 muilligrammes par litre, exprimé en chaux. I1 n’est pas indispensable de porter les jus sulfités à l’cbul- lition avant filtration, mais il faut filtrer à la température à laquelle le jus a été porté, c’est-à-dire éviter le refroidissement avant filtration, car l’abaissement de température augmente notablement la solubilité du sulfite de chaux. P. NorTrTix. 27 # %k ManrTiNAnp. — Nouveau mode de fermentation des betteraves et des mélasses (Bull. Assoc. Chim. Sucr. et Disull., t. XX XI, p. 29, 1913). L'auteur propose l'emploi de l'acide sulfureux, qui a avantage sur l'acide sulfurique de ne pas user les diffuseurs, d’augmenter la richesse des salins de mélasse, de ne pas gêner la fermentation alcoolique et de retarder la prolification des bactéries. P. NorTin. *k * * L. Lixper. — Sur le rôle antiseptique du sel marin et du sucre (VIIIE Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912,t. XVIII p. 237). L'action antiseptique, étudiée sur la levure de distillerie, se mani- feste par la diminution du nombre de globules et une moindre vitalité D28 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE des cellules; la plasmolyse porte sur la potasse (73 à 96 % de K?20 contenue primitivement dans la levure) et à un degré moindre sur l’azote (1,9 à 11 %) et l'acide phosphorique (0,6 à 11 %). P. NorTTin. * * * J. SANARENS. — Composition de quelques rhums authentiques (A7- nales des Falsifications, t. VI, 1913, p. 488). Analyses complètes de quatre-vingt-trois échantillons de toutes provenances. EN # * *% Jérome ALEXANDER. — La Coagulation du lait par la présure au point de vue chimie-physique (V//1e Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. VI, p. 12). D’après l’auteur, la caséine reste en suspension colloïdale grâce à l’action protectrice de la lacto-albumine. La présure altère la lacto- albumine et détruit son action protectrice. C’est pourquoi le lait de femme, plus riche en lacto-albumine que le lait de vache, caille plus difficilement que ce dernier. P. NoTTIn. *k *k *% Dr Borpas. — Sur l’analyse du phosphore dans les cendres du lait (VIIIe Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XVIII, p. 65). Le phosphore total d’un lait peut être dosé directement sur ses cendres. D'autre part, en précipitant le lait par l'acide trichloracé- tique, on détermine le phosphore minéral dans le lactosérum et le phosphore organique dans le coaguleur. P. NorTrTin. % * * Dr Borpas. — L’Acidité originelle du lait (VZ/7° Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XVIII, p. 67). L'acidité à la phtaléine d’un lait est due exclusivement à la caséine bre; il n’existe dans le lait frais aucun acide libre, lactique, citrique, ni aucun sel à fonction acide. L'augmentation de l'acidité d’un lait provient tout d’abord de la caséine déplacée de sa combinaison cal- cique par l’action de l'acide lactique formé aux dépens du lactose, et l'acidité lactique n'apparaît ensuite que lorsque cet acide a réagi sur les sels de chaux du lait. P. NorTrTin. REVUE AGRONOMIQUE 029 Dr Borpas. — Action du lait sur certains réactifs (V/77e Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XVIII, p. 69). Pour expliquer les phénomènes peroxydasiques obtenus au sein du lait, on s’appuie sur l’existence de substances diastasiques qu’il n’a pas été possible jusqu'ici d'isoler à l’état de pureté. L'auteur a reproduit artificiellement les réactions peroxydasiques de la paraphénylène- diamine sur le lait, à l’aide de substances minérales telles que ‘craie, citrate de chaux, phosphate de chaux, pierre ponce non lavée aux acides. La caséine donne la même réaction, si elle n’est pas privée de sa chaux. La caséine coagulée par le chauffage du lait et la crème, iso- lées par centrifugation, donnent cette réaction bleue, tandis que le lait bouilli ne se colore pas. Le lait chauffé et homogénéisé donne la réaction, mais avec moins d'intensité que le lait cru. Ces expériences démontrent que les peroxydases ou les catalases qui ont été signalées dans le lait, doivent être considérées comme des combinaisons organo-métalliques jouant un rôle chimique et non biolo- gique. P. NoTrTix. # * * P. Rürers. — Le Froid dans l’industrie laitière (Zezstchrift fur die gesamte Külle-Industrie, 20€ année, fasc. 5, p. 96-101. München, mai 1913). Dans la conférence qu'il fit à Berlin au mois d’avril dernier, à l’oc- casion du Congrès du Deutsche Külteverein (Association allemande du froid), l’auteur a divisé les laiteries en trois groupes principaux. Le premier, et le plus nombreux, comprend les laiteries rurales propre- ment dites (ländliche Melkereien) qui s’adonnent presque exclusive- ment à la fabrication du beurre et peuvent travailler 4.000 litres de lait environ par jour. Elles possèdent le machinisme nécessaire pour mesurer le lait, l’écrémer, le chauffer et pour travailler la crème obtenue pour faire le beurre. Le second groupe comprend les laiteries urbaines qui vendent directement le lait au détail et lui donnent ainsi une valeur plus grande. Leur importance est très variable. Quelques-unes ne vendent que 1.000 litres de lait par jour; d’autres atteignent le chiffre de 100.000 litres. On peut comprendre dans le troisième groupe toutes les laiteries qui donnent au lait des valeurs diverses et qui, par conséquent, se rapprochent des établissements industriels. En ce qui concerne l'emploi du froid artificiel dans les laiteries, on peut dire que c’est dans les laiteries rurales que les appareils de réfrigération sont les plus faciles à employer, et ce au moindre coût. Après le chauffage de la crème. on refroidit immédiatement avec de l’eau de puits et de l’eau salée à 2-40 C. Le refroidissement se fait dans des réfrigérants appropriés; ce sont de grands récipients munis de serpentins d’un système de tubes réfrigérants, ou de doubles parois, au travers desquels passe l’eau froide, rarement l’eau salée. On introduit souvent dans la crème des boîtes contenant de la glace, ou encore de la glace de lait. ANN« SCIENCE AGRON. — 4c SÉRIE — 1913 — II 34 930 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le réfrigérant est indispensable dans les laiteries urbaines; on em- ploie de préférence l’évaporation directe dans l'appareil réfrigérant, car l'effet spécifique est alors bien supérieur à celui qu’on obtient par le refroidissement avec une solution saline, Dans le troisième groupe de laiteries, la réfrigération est impor- tante en ce qu’elle permet de tenir le lait à basse température et par suite de le conserver à l’état frais, jusqu’au moment de le tra- vailler. J. SiMoxs. Ê2 * * Lanzoni OLiviEro. — Modifications apportées par certains médiea- ments dans le pourcentage des éléments constitutifs du lait de vache (La Clinica Veterinaria, 36° année, fasc. 1 et 2, p. 11-23 et 58-69. Milano, 15 et 30 janv. 1913). L'auteur a étudié la question expérimentalement. Les médicaments choisis furent : 1° le sulfate de soude; 29 Je sulfate de magnésie; 3° la rhubarbe; 40 laloës; 5° l’arsenic; qui sont tous employés très fré- quemment dans la pratique thérapeutique journalière. On peut résumer comme suit les résultats des expériences par rap- port aux divers composants du lait : 1° Le résidu fixe présente des oscillations d'augmentation avec les sels (+ 0,81 % avec le sulfate de soude, + 2,64 % avec le sulfate de magnésie), de diminution, au contraire avec les drogues et avec l’ar- senic (— 1,38 % avec la rhubarbe, — 1,40% avec l’aloès, — 1,46 % avec l’arsenic); 29 La matière grasse est l’élément qui subit les variations les plus notables : avec les sels elle augmente dans une mesure remarquable (+ 0,94 % avec le sulfate de soude; + 2,05 % avec le sulfate de ma- gnésie), tandis qu’elle diminue avec les drogues et avec l’arsenie (— 0,80% avec la rhubarbe; — 0,14 avec l’aloès; — 0,26% avec l’arsenic); 39 La caséine est Pélément le plus variable après la matière grasse elle augmente aussi avec les sels (+ 0,19% avec le sulfate de soude, + 1,03 % avec le sulfate de magnésie) et diminue, au contraire, avec les drogues et avec l’arsenic (— 1,50 % avec la rhubarbe, — 1,91 % avec l’aloès, — 0,95% avec lParsenic); { 40 L’albumine augmente dans tous les cas (+ 0,02 % avec le sul- fate de soude, + 0,10 % avec le sulfate de magnésie, + 0,04% avee la rhubarbe, + 1,43 % avec l’aloès, + 0,09% avec l’arsenic); 5° Le sucre de lait (lactose) diminue avec tous les médicaments, sauf avec la rhubarbe (— 0,26 % avec le sulfate de soude, — 0,28% avec le sulfate de magnésie, — 0,75 % avec l’aloès, — 0,26 % avec l’'arsenie, + 1,01 % avec la rhubarbe); 6° Les cendres diminuent constamment (— 0,08 % avec le sulfate de soude, — 0,26% avec le sulfate de magnésie, — 0,13% avec la rhubarbe, — 0,03 % avec laloès, — 0,08 % avec l’arsenic): 79 La densité du lait et celle du petit-lait, peu variables dans l’ensemble, augmentent avec les sels (densité du lait : + 0,004 avec la soude, + 0,004 avec la magnésie; densité du:petit-lait : + 0,002 avec la soude, + 0,004 avec la magnésie), diminuent avec la rhu- REVUE AGRONOMIQUE 031 barbe, avee l’arsenic (densité du lait: —0,002 aveclarhubarbe, — 0,004 avec l’arsenic; densité du petit-lait : — 0,002 avec la rhubarbe, — 0,002 avec l’arsenic) et ne changent pas avec laloës. En se basant sur ces résultats, l’auteur se croit autorisé à formuler les conclusions suivantes : 19 Il est très probable (en laissant de côté la question du passage des drogues — rhubarbe et aloès — et de larsenic dans le lait) que les sulfates de soude et de magnésie ne passent pas dans le lait (contrai- rement aux afhirmations de MALAPERT); 20 Les sels, les drogues et l’arsenic produisent réellement des modi- fications notables (physiologiquement explicables) dans la composi- tion chimique du lait et qui portent sur les principaux constituants nutritifs; 39 Done, ces laits (d’origine pathologique), soit qu'ils perdent tout pouvoir nutritif (par suite de la diminution notable des principes fixes), soit qu'ils deviennent impropres à l'alimentation (par exemple, du fait de augmentation de la caséine qui rend le lait indigeste), ne sont pas hygiéniques, par conséquent ne sont pas marchands, à moins que l’on ne veuille les destiner à un usage spécial et les ranger parmi les laits dits « laits médicamenteux ». Cette dernière conclusion traduit le résultat fondamental de lex- périence. J. SIMONS. FA * * { L. Lixper. — Solubilité des albuminoïdes du lait dans les éléments du sérum. Rétrogradation de leur solubilité sous l’influence du chlorure de caleium (17€ note) (/ndustrie laitière, août 1913, p. 543). Parmi les albuminoïdes solubles du lait, on distingue la caséine (x, — — 1160) et l’albumine (4, — — 300). Les expériences de l’au- teur montrent que l’albumine est une caséine, ne différant de la pre- mière que par son pouvoir rotatoire. M. Linper donne le nom de caséme 8 à l’albumine, réservant le nom de caséine « à celle qui forme la grosse masse des albuminoïdes. La distinction que l’on fait entre la partie soluble des albuminoïdes du lait et celle qui reste en suspension colloïdale, relève bien plutôt des phénomènes simples de la dissolution que des phénomènes de capillarité et d’osmose invoqués en général. Les deux caséines sont solubles au même titre, dans les éléments du sérum. Pour déterminer ces éléments, en éliminant les substances minérales qui fonc partie intégrante des caséines, l’auteur a eu recours à la précipitation de tou- tes les matières albuminoïdes du sérum, au moyen de 5% d’acide phénique saturé, en présence d’une faible acidité lactique (0,2 %). Connaissant la constitution exacte du sérum, l’auteur a pu déter- miner la solubilité de la easéine ordinaire dans un sérum artificiel de même composition : ce sérum contient 387 556 de caséine « par litre; si l’on admet que la caséine $ a la même solubilité, on arrive au. total de 7 grammes par litre de caséines solubilisées, ce qui dépasse légère- ment la moyenne (6er 45). La présence des sels suflit donc pour expli- quer la solubilisation des caséines. 532 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Si l’on ajoute à du lait, avant de le cailler, une certaine quantité de dissolvant, du citrate de sodium par exemple, on obtient un sérum plus riche en caséines solubles; cette augmentation est due pour la to- talité à de la caséine « : le lait contient en effet assez peu de caséine 8 pour que celle-ci soit entièrement dissoute par les éléments du sérum: tandis qu’un dixième seulement de la caséine « trouve à se dissoudre, le reste demeurant à l’état de suspension colloïdale. Les expériences de M. Linper expliquent le rôle du chlorure de calcium dans la coagulation du lait cuit et du lait cru. Les phosphates et citrates alcalins se transforment en sels de calcium; les caséines solubilisées perdent alors une partie de leurs dissolvants et rétrogra- dent. De plus, le phosphate bicalcique produit se dissocie et donne du phosphate tricalcique et du phosphate monocalcique acide; ce dernier attaque le caséinate de chaux jusqu’à ce que les caséines soient privées de la chaux qui facilitait leur dissolution. Le phosphate tricalcique enrichit en acide phosphorique le précipité de caséines. Cette théorie a été vérifiée de six façons différentes. Les deux caséines sont insolu- bilisées de la même façon. P. NoTrix. EL. Lixper. — Sur les caséines solubles du lait (2° note) (/ndustrie Laitière, 1913, p. 557). La chaux attaque progressivement la caséine en formant de l’am- moniaque et en saponifiant l’acide phosphorique qui est fixé sur la molécule organique (Cf. Ann. Se. Agr., 1913, I, p. ). Il ne faut pas confondre les albuminoïdes solubles du lait avec les produits de dégra- dation de ses caséines. La somme des caséines solubles du lait est sujette à de faibles varia- tions (Der 71 à 7er 57 par litre); mais la proportion des deux caséines oscille au contraire dans de larges limites. La caséine en suspension colloïdale exerce une attraction capillaire, vis-à-vis des deux caséines solubles, d'autant plus importante que la caséine est plus distendue; la solution des caséines est plus concentrée à l’intérieur des micelles que dans le sérum lui-même. Ces faits expli- quent en partie les différences qui existent dans le goût et l'odeur des fromages : les caillés de fromagerie mûrissent avec une rapidité va- riable, qui dépend des quantités d’eau et de matières alimentaires que les microbes rencontrent, et ces quantités elles-mêmes sont sous la dépendance de la température à laquelle on a maintenu le caillé, de la façon dont on l’a brisé avant de le mettre en moules. Les deux albuminoïdes solubles du lait, par leur solubilité et par leur insolubilité en présence de CaCP, par leur adhérence capillaire, par leur précipitation fractionnée au moyen de l'acide phénique, par leur coagu- lation partielle à la chaleur, présentent des propriétés analogues qui permettent de dire que ce sont deux caséines. P. NoTTIN. REVUE AGRONOMIQUE 933 Dr A. Lorr. — Lait condensé et diarrhée d’été (Associalion française pour l'avancement des Sciences, Nimes, 1912, p. 1088). L'auteur a pu constater au Havre, lors de la grande mortalité infantile de l’été 1911, que les enfants élevés au lait condensé n'étaient pas atteints de diarrhée; l’auteur explique cette observation par le fait que le lait condensé, contenant du sucre, est à l’abri des conta- minations. P. NorTrix. O. ALLEMANN. — Signification des ions hydrogène pour la coagula- tion du lait (Brochem. Zeitschrift, 1912, t. XLV, p. 3406). La coagulation par la présure ne dépend pas de l’acidité déter- minée par le titrage chimique, mais de la concentration en ions H. P. NoTrTix. * * * W. MuLLer. — Influence du traitement subi par le lait sur sa coa- gulation (Biochem. Zeitschrift, t. XLVI, 1912, p. 94). Le lait caille par la présure plus lentement quand il a été refroidi préalablement. P. NorTrix. *# * * Influence de la congélation sur la composition du lait, d’après M. C. Mar, de Hanovre (/ndustrie Laitière, t. XX XVIII, 1913, p. 613). Les basses températures produisent, au sein du lait, de la glace qui entraine la matière grasse; la portion liquide est plus pauvre en beurre et plus riche en extrait débeurré que le lait originel. Les glaçons du lait fondent plus lentement que ceux d’eau ordinaire. L'auteur recommande une grande prudence dans le prélèvement des échantillons de lait en hiver. P. NorTrTin. * * * L.-A. RoGers, N-W. Berc, C.-R. PorTeIcERr, I.-B. Davis. — Facteurs qui modifient l’odeur du beurre conservé en magasin (U. 8. Depart. of. Agric., Bur. of Animal Industry, Bulletin 162. Avril 1913). Le beurre conservé en magasin subit des altérations plus ou moins prononcées suivant la température des salles de conservation. Ces altérations sont dues à des causes diverses que les auteurs ont cher- ché à isoler. [s ont recherché quel était le rôle des phénomènes protéolytiques. Ceux-ci ne jouent pas un rôle appréciable dans les altérations du beurre durant la conservation en réfrigérant. Les expériences mon- 034 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE trèrent en outre que le chlorure de sodium exerce une action inhibi- toire contre Je processus protéolytique. Les altérations peuvent avoir pour cause indirecte la présence de bactéries dans le beurre. Celles-ci ne se développent évidemment pas à la température des réfrigérants, mais 1l est possible que la présence dans le beurre d’un grand nombre de cellules vivantes et des diverses enzymes actives qui proviennent de la mort des bac- téries ait une influence sur les qualités du beurre. D'autre part il peut se produire des phénomènes d’oxydation résultant de l’action de oxygène du gaz retenu entre les particules graisseuses. Le beurre contient en gaz 10% de son volume; ces gaz renferment : 33% d’azote, 20% d'oxygène. Enfin les métaux exercent sur le beurre une action néfaste. Des traces de fer ou de cuivre communiquent au beurre un goût de poisson (fishy flavour) que lemmagasinage accentue encore. On suppose que le métal agit catalytiquement dans une réaction oxydante; quelques expériences corroborent l’hypothèse en expliquant la possibilité plus rationnelle que le lactose soit oxydé par l’action d’un peroxyde organique et du métal. J. SIMONS. * * * P. Dornic. — Le Beurre pasteurisé (/ndustrie Laitière, 38° année, 118 pr 500; Détails pratiques sur la fabrication du beurre au moyen de crème pasteurisée. P. Norrix. *k *% *% Marre. — Une fromagerie de Roquefort (Vie Agricole et Rurale, 1913 [21 p. 400). x" + M. Bensox et H.-R. Evans. — La Fabrication du fromage avec du lait pasteurisé (The Journal of the Board of Agric. and Fish., juillet 1913, p. 281). Les auteurs exposent les résultats d'expériences relatives au degré de la pasteurisation. Des laits pasteurisés à l'air libre donnent de mauvais fromages, lorsque la pasteurisation a été portée au delà de 7308 C. Si le lait est pasteurisé en vase clos en présence d’acide carbonique, la préparation du fromage est rendue très difficile : la coagulation est très lente et la séparation du caillé n’a lieu qu'avec grande difficulté. En général, le lait pasteurisé demande moins de ferment sélectionné que le lait cru, sauf lorsqu'il est chauffé à plus de 879 7 C.; par contre, il nécessite environ deux fois plus de présure pour la coagulation. Le fromage fabriqué avec le lait pasteurisé manque toujours un peu de cohésion. * J. SIMons. * * REVUE AGRONOMIQUE 099 G. PATUREL. — La Conservation des œufs (Vie Agricole et Rurale, 11919, LL Den). Description sommaire des principales méthodes de conservation des œufs, notamment par le procédé Lescandé (conservation par le froid dans une atmosphère d’acide carbonique et d’azote). P. NoTTiN. FA #k *% J.-M. BARLETT. — Œufs conservés avee le silicate de soude (VZ77e Con- grès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XVIII, p. 51). Les œufs traités par le silicate de soude ne contiennent pas plus de silice ni de cendres que les œufs frais. Le poids total de l’œuf, lhumi- dité ne changent pas. La valeur nutritive, dans les limites où l’analyse chimique permet sa détermination, est la même pour les œufs conservés et les œufs frais. Les pores de la coquille étant bouchés, les mauvaises odeurs ne sont pas absorbées. P. NorrTin. * * * G. Sani. — Le froid dans la conservation des olives (At. Accad. Linc., t. XXII [F], 1913, p. 459). Les olives conservées deux mois au-dessous de 00 ont fourni une huile de qualité parfaite et plus facile à clarifier que celle obtenue avec des fruits conservés à température ordinaire pendant huit à dix jours. *# *X * Jehan pu Boys. — Quelques oléagineux nouveaux (Leur production, leur conservation et leurs emplois) (Bull. Ass. Chim. de Sucr. et Distst. XXI, 1013%p, 114). L'auteur énumère les oléagineux exotiques offerts à l’industrie; il insiste sur leur conservation pendant les transports maritimes, et décrit le procédé de stérilisation MARoOT, consistant en une dessicea- tion dans un courant d’air mélangé d’acide sulfureux. P. NOTTIN. Ets Geo. A. OLson. — Sur le gluten (V//1e Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XVIII, p. 283). L'auteur a déterminé l'influence, sur le rendement en gluten, de : é a Aa%o4N N | diverses substances minérales en solutions diluées (To et 100): l’action défavorable augmente dans l’ordre suivant : phosphate de sodium, 990 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE chlorure de sodium, sulfate de magnésium, phosphate de potassium, phosphate de calcium, sulfate d'aluminium, soude, potasse, acide sul- furique, acide phosphorique, acide chlorhydrique. L'action défavorable des acides sur le rendement en gluten est en- core accentuée si la farine a été privée de ses sels par dialyse et sur- tout par décantation. Les sels n’ont aucun effet sur les caractères phy- siques du gluten; les acides et les alcalis produisent un gluten sans cohésion. La teneur en azote des glutens n’est pas influencée par les acides. La farine, privée de gliadine par l'alcool, ne fournit que des traces de gluten avec les acides, les bases et les sels. La farine, privée de ma- tières azotées par la potasse 50 + additionnée de gliadine, ne donne pas de gluten avec les acides, les bases et les sels. L'auteur en déduit que les propriétés physiques du gluten sont dues à une substance inconnue. P. NorTTin. Les mines de potasse dans la Haute-Alsace (Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse, t. LXXXII, avril 1912). Les gisements occupent une superficie de 200 kilomètres carrés et se trouvent situés entre Mulhouse, Reïningen, Cernay, Soultz, Rœdersheim, Regisheim et Sausheim. Ils sont constitués par deux couches superposées, représentant ensemble 300 millions de tonnes de K?O pur, soit une valeur de 50 milliards de marks au cours actuel des engrais potassiques. Le rapport rend compte des travaux de forage entrepris dès 1904 par M. J. Vocr et de l'installation des puits d'extraction (congélation des terrains aquifères, fonçage, etc..). L'exploitation se fait à la per- foratrice mécanique et à l’aide d’explosifs; en marche normale l'ex- traction journalière est d'environ 400 tonnes de sel (150 tonnes en morte saison et 800 tonnes au moment de la pleine campagne). Le minerai remonté à la surface, est broyé pour servir directement à l'agriculture ou est transformé en chlorure de potassium pur (attaque du minerai par une solution saturée et chaude de chlorure de sodium, et cristallisation de KCI par refroidissement). Douze planches et de nombreux tableaux sont joints à cette étude technique très détaillée. P. NorrTin. *k *X *X William H. Ross. — L’Extraction de la potasse des roches silicatées (VITIe Congrès intern. de Chimie appl. ; New-York, 1912, t. XV, p. 217). L'Amérique cherche à s'affranchir du monopole allemand des engrais potassiques. L’auteur étudie un certain nombre de brevets améri- cains et rend compte de ses expériences tendant à obtenir la potasse REVUE AGRONOMIQUE 5971 soluble par chauffage de la roche avec du chlorure de calcium et de la chaux, ou avec du chlorure de sodium et de la chaux. P. NoTrTix. % * * G. BERTRAND et H. AGuLHoN. — Recherches sur la présence du bore dans le lait et dans les œufs (Bull. Soc. Chim.,t. XIII, 1913, p. 824) et C. R. Ac. Sc., t. CLVI, 1913, p. 2027). Les auteurs ont constaté 08r 08 à 0e 5 de bore par litre dans des laits de femme, de vache et de chèvre. Les œufs de poule, de pigeon, de canard sauvage, de dinde et d’oie contiennent du bore, surtout dans le blanc (Cf. Ann. de la Sc. agron., juillet 1913, p. 111). P. NorTrTin. BIBLIOGRAPHIE Maurice LEMOIGNE, ingénieur agronome, docteur ès sciences physi- ques. — Contribution à l’étude du rôle des microbes du groupe Bacillus subtilis dans l’épuration des eaux d’égouts, leur action sur les matières azotées et hydrocarbonées (Thèse pour le doctorat ès sciences, Université de Paris, série A, n° 742, n° d’ordre, 1513, juin 1913). Sous ce titre, l’auteur a présenté à la Faculté des Sciences de Paris un travail du plus haut intérêt scientifique; par des recherches pré- cises et délicates, il a déterminé l’action des microbes du groupe du Bacillus sublilis sur les matières azotées et hydrocarbonées. Comme ces microbes jouent le principal rôle dans l’épuration des eaux d’égouts par les lits percolateurs, la thèse de M. LEMOIGNE aura un résultat pratique. Au point de vue de la nutrition azotée de ce groupe de micro-orga- nismes, l’auteur établit que la peptone est attaquée énergiquement, mais sans dégagement d’azote gazeux, et que l’azote nitrique est trans- formé rapidement et complètement en azote ammoniacal et en azote organique; les nitrites, termes intermédiaires nécessaires, n’apparais- sent qu'accidentellement. La réduction des nitrates est le processus de digestion de l’azote nitrique par ces bactéries, mais l’oxygène en combinaison ne peut remplacer l’oxygène libre, qui est absolument indispensable à la vie de ces microbes. | Pour assimiler les matières ternaires, spécialement le saccharose, les bactéries commencent par les faire fermenter; cette dislocation a lieu au contact de l'air, dans les conditions de vie normale, et se produit suivant le schéma suivant : CH: CH° | CHOH CHOH CSH'205 ++ C:H°0O: te | + | CHOH ue CH* CH* Glucose Acide lactique Butylèneglycol Acétylméthylcarbinol BIBLIOGRAPHIE 539 Les produits résultant de cette fermentation sont ensuite oxydés. L'auteur montre, avec la plus grande netteté, la succession de ces deux phénomènes : fermentation, puis oxydation, par la mesure du quotient 2 respiratoire _ au cours de l’attaque du saccharose. | Parmi les méthodes d’expérimentation employées, il faut signaler celle qui a servi à déterminer ce quotient respiratoire. Au cours de ses recherches, l’auteur a été amené à perfectionner, ou plutôt à créer une méthode analytique pour le dosage de l’acétylméthylcarbinol. La thèse de M. LEMOIGNE constitue un travail de microbiologie très complet, qui fixe certains détails du processus de l’épuration des eaux d’égouts; quelques conclusions pourront intéresser plus directement le monde agricole, notamment au point de vue des fermentations du fumier. PB. NorTin: Compte rendu du IX° Congrès hippique, tenu à Paris, les 19, 20 et 21 juin 1913, publié, au nom du bureau, par M. de LAGORSSE, secré- taire général du Congrès. — Un vol. in-8 raisin, broché, de 240 pages. En vente aux bureaux de la Société nationale d’Encouragement à l'Agriculture, 5, avenue de l'Opéra, Paris. — Prix : 3 fr. Envoi franco contre 3! 30. Le Congrès hippique de 1913 s’est attaché, comme toujours, à l'étude des questions qui intéressent au plus haut degré nos éleveurs. Quand on étudie les améliorations de nos diverses races chevalines, on trouve toujours le pur-sang à la base. Aujourd’hui, la France se suffit presque à elle-même pour ses étalons, ne recourant que dans une faible mesure à l’étalon anglais. Nos grandes sociétés de courses ren- dent les plus grands services pour cette production, et il convenait de signaler une pratique dangereuse : le dopping. M. Gustave BARRIER, le savant inspecteur général des écoles vétérinaires, s’est élevé avec force contre le dopping. Sa protestation éloquente vient à son heure, à un moment où la question est pendante devant les tribunaux. Après le pur-sang, le Congrès s’est occupé de la crise du demi-sang. Nous avons eu, sur cette crise, les considérations générales de M. Bou- cHER; les réflexions de M: GazLier, particulières à la Normandie; celles de M. LaBar, spéciales au Sud-Ouest; une communication de M. le vicomte Marrix pu Norp, qui s’élève contre le surmenage des jeunes chevaux; un discours de M. L. Baume sur les achats de la re- monte et les réserves; les considérations du Dr Nrcoras sur le cheval de selle; dans le même ordre d’idées, la communication réconfortante de M. Charles pe SALVERTE sur l’emploi des chevaux français aux chasses à courre de Pau; enfin, un travail de M. le comte de ROBIEN sur les primes-épreuves de contrôle de mobilisation pour chevaux d’ar- tillerie. Le Congrès s’est moins occupé de nos races de trait; la raison en est vraisemblablement dans ce fait que leur élevage est plus prospère que celui du demi-sang. I1 y a même une tendance, aujourd’hui, à livrer la jument demi-sang à l’étalon percheron, tendance qui, en s’accen- 540 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE tuant, menacerait de détruire la race anglo-normande que nous avons mis plus de trente ans à faire, et dont la conservation est si nécessaire pour la remonte de l’armée. Cette réserve faite, M. LavaLarp a loué comme il convenait la race de trait et la race postière de la Bretagne, et M. Viseur, la race boulonnaise, toutes deux, comme les autres du reste, si bien représentées à l'Exposition chevaline du Champ de Mars. Émile BLANCHARD, ingénieur agronome, docteur en droit, professeur d'agriculture. — La Main-d”’ œuvre étrangère dans l’agriculture fran- çaise (Etude d'économie rurale et sociale). Marcel Rivière, éditeur. 31, rue Jacob, Paris (1913). Le livre de M. É. BLANCHARD permet de se rendre compte rapide- ment de ce gros problème d’actualité, la main-d'œuvre étrangère et les travaux agricoles en France. L'auteur constate d’abord la pénurie de main-d'œuvre agricole et, après avoir examiné les causes de la désertion des champs par les sala- riés français, il est amené à juger nécessaire l’apport de la main-d’œu- .vre étrangère. Les pays qui peuvent nous être utiles en la circonstance sont : la Belgique, l'Italie, l'Espagne et l’ancienne Pologne. Les immi- grations belges, italiennes, espagnoles sont déjà anciennes; beaucoup plus récente est l'immigration polonaise. M. BLANCHARD, ayant étudié la valeur de travail et morale de chacune de ces catégories et l’organi- sation actuelle de leur recrutement, arrive à déplorer, surtout en ce qui concerne les travailleurs polonais, cette organisation. Le recrute- ment a besoin d’être assaini et il compte sur les efforts de la Société nationale de Protection de la main-d'œuvre agricole, pour mettre fin à l’œuvre néfaste des négriers. Il est à noter que les ouvriers étrangers jouissent en France à peu près des mêmes avantages que les ouvriers indigènes, aussi est-il utile d'apprécier les conséquences juridiques, politiques et sociales de leur immigration. Leur présence ne serait nuisible sous aucun de ces rapports. En outre, ils ne font pas concurrence aux ouvriers français, ils viennent combler les vides. Leur immigration est donc de la plus haute utilité pour la production agricole française et il est urgent de l’organiser. Il ne faut pas, en effet, se faire d'illusions sur la désertion des campagnes; le mouvement d’exode continuera et l’on ne pourra pas se passer en agriculture de la main-d'œuvre étrangère. « Le fait est brutal, matériel, et, bien qu’il existe depuis longtemps déjà, on n’a pas encore réussi à le modifier. IT nous faut des bras pour mettre en valeur le sol de notre pays; cer- tains peuples voisins nous en offrent, prenons-les. » F.-L. BRANCHER. BIBLIOGRAPHIE 541 Edmond Roxse. — L’Émigration saisonnière belge en France. Imprimerie G. Eylensboch, 16, rue du Lac, Gand (Belgique). «homme, par son instinct même, est porté vers les pays où la vie est plus facile, où le travail est mieux rémunéré. » Dans son livre, M. RoxsE ne s'occupe que de l’immigration saison- nière française des ouvriers agricoles belges « Franschmans ». Ce phénomène remonte à 1820; mais ce n’est qu'après 1870 (effets de la guerre et extension de la culture betteravière) qu’il se développe avec ampleur. La baisse de la natalité en France et la dépopulation des campagnes, opposées à la très grande densité de la population ouvrière belge, sont les principales causes du mouvement migratoire. On peut fixer à une quarantaine de mille le nombre des Franschmans qui viennent en France pour les betteraves et la moisson. [ls abondent surtout dans les départements du Nord et des environs de Paris. [ls descendent jusqu’au Puy-de-Dôme, s’écartent dans l'Est et un peu en Normandie. Ils se placent par l'intermédiaire d'agences de placement ou direc- tement. Depuis quelque temps, cependant, fonctionne un organisme de placement : la Bourse du travail du Syndicat des Emigrants. [ls travaillent en général à la tâche et la moyenne des salaires journaliers serait la suivante : binage, 5 francs; moisson, de 10 à 13 francs; arra- chage, 5 francs Les conséquences de cette émigration sont intéressantes à noter. Au point de vue belge, l’émigration occasionne un gain important pour l’'émigrant et elle amène nécessairement une hausse de salaires pour l’ouvrier qui ne quitte pas le pays par le jeu des lois de l’offre et de la demande. On estime en moyenne le bénéfice net par campagne d’un ouvrier de 700 à 800 francs. Les « Franschmans » drainent donc en Bel- gique chaque année une vingtaine de millions de francs. Au point de vue français, l'importance de l’émigration saisonnière est capitale, les ouvriers belges étant indispensables à l’agriculture de la France, à qui, p our cette raison, il ne sera guère possible d’entrer dans la voie du pro- tectionnisme ouvrier. M. Ronse conclut en disant qu’il n’est pas de ceux qui pensent qu'il faille décourager cette émigration ou la désorganiser. En attendant qu’elle ne soit plus nécessaire à la Belgique, on doit, au contraire, l’or- ganiser et l'améliorer. F.-L. BRANCHER. Farvre et More. — La Question de l’abandon des campagnes. — Édition de la Société française d’Émulation agricole contre laban- don des campagnes, 3, rue Baillif, Paris. Pour arriver au retour à la terre, M. MÉLINE a passé par la surpro- duction industrielle. M. RINGELMANN, qui sourit à la phraséologie d'usage, n’a pas craint d'ajouter que, seule, la misère physique et mo- rale serait provocatrice de ce vaste mouvement économique. Et si, 042 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE en termes vulgaires, on n'hésite pas à cristalliser la pensée de nos mai- tres, en économie rurale et en mécanique agricole il n’est pas incongru de déclarer que le retour à la terre n’est qu’une très simple question de « pièce de cent sous ». Si tout le monde admettait cette manière de voir ce serait un désas- tre pour ceux qui, depuis le livre de M. MÉLINE. et même avant, ont empli des lignes au fur et à mesure que les campagnes se vidaient. Heureusement, de très braves gens se font encore des illusions, fort louables, du reste, et très académiques sur le repeuplement de nos cam- pagnes. De bons conseils pleuvent sur les hôtes futurs de nos villages mo- dernes. Pour eux, on cinématographierait presque des perspectives idylliques empreintes du charme de ce hameau versaillais que traversa Marie-Antoinette. Or, pour construire leur livre La Question de l'abandon des cam- pagnes d’après les travaux présentés au Concours national de Mono- graphies, organisé par la Société française d’Emulation agricole, MM. Faivre et Morez ont dû compulser bon nombre d’excellentes choses qui furent redites et exposées bien des fois depuis que l'abandon des campagnes existe et qu’on fait des enquêtes à ce sujet. Leur mérite est d’avoir su résumer et présenter sous une forme élégante ce que nous avons appris chez M. MÉuINE et chez d’autres écrivains de moindre importance, ainsi que dans l’Enquête sur les sa- laires agricoles, effectuée par le ministère de l'Agriculture, à l’aide des monographies de nos directeurs des services agricoles. Préfacé par M. NouLexs, député, l'ouvrage comporte cinq parties : Causes; Effets; Remèdes; Résolutions; Documents. Les causes sont philosophiques et matérielles. Inutile de les rappor- ter 1c1, tout le monde les connaissant depuis longtemps. Les effets peuvent être condensés en un seul : les travaux agricoles s'effectuent de plus en plus difficilement. Les remèdes sont également d'ordre philosophique et matériel et doivent être apportés (Résolutions) par l'Etat, les particuliers et les sociétés. Une série de documents d’ordre général termine le livre. Si les correspondants de MM. Farvre et MOREL ont apporté des enseignements utiles en ce qui concerne les petits propriétaires, jour- naliers agricoles ou non, et les petits fermiers, ils semblent avoir omis d'envisager nettement la situation spéciale des journaliers agricoles non propriétaires et des domestiques et servantes de fermes. Nous nous permettons cette remarque parce que, en aucun endroit, il n’est fait allusion au véritable remède qui leur est particulier, le plus eflicace, sans nul doute, économiquement parlant : le placement. Pour ceux qui ont étudié le problème qui fait l’objet de La Question de l'abandon des campagnes, soit en Allemagne, soit en Italie, soit en Autriche ou ailleurs, 1ls ont pu constater que le premier chapitre était toujours le placement : organismes d'Etat ou organismes particuliers (Voir à ce sujet les travaux considérables des chambres d'agriculture allemandes). « En France, ainsi que lécrivait M. BLANCHARD en son livre La Main-d'œuvre étrangère dans l'agriculture française, tout est à créer dans cet ordre d’idées et il semblerait que la grosse question des migra- BIBLIOGRAPHIE 543 tions intérieures et de l'immigration ne soit pas digne d’attirer l’at- tention de ceux qui cherchent des solutions. » Là est pourtant la clef de voûte du marché du travail en agriculture, car il ne suffit pas de dire aux salariés de la terre qu’on a besoin d’eux, il faut encore leur indiquer l’endroit où leur concours est nécessaire. Nous regrettons que les correspondants de MM. Faïvre et MOREL n'aient pas apporté leur contribution à cette partie si importante du problème, car elle aurait harmonieusement complété leurs intéres- santes monographies. F.-L. BRANCHER. CHAMBRE DE COMMERCE DE BEAUVAIS ET DE L'OIsE. — Compte rendu des travaux de l’année 1912. — 1 vol. broché de 410 pages. — Impri- merie Centrale administrative, à Beauvais. Ce recueil des comptes rendus des séances de la Chambre de Com- merce de Beauvais et de l’Oise présente un très grand intérêt pour les agriculteurs français, par la nature et la variété des questions qui ont été discutées au cours de l’année 1912. Une, entre autres, est particulièrement intéressante pour nos agricul- teurs de la région du Nord : la création d’un oflice des transports pour la région du Nord : cette institution n’est encore qu’à l’état de projet, mais sa création est adoptée et son organisation a déjà fait l’objet de nombreuses discussions. La Chambre a discuté, en outre, des sujets très variés concernant soit le commerce et les taxes douanières, soit des questions d'économie sociale telles que les salaires ouvriers et le nombre d'heures de travail. Au cours de l’année passée, la Chambre de commerce de l'Oise a émis un vœu tendant au maintien de la Bergerie nationale de Ram- bouillet. Enfin, les comptes rendus comprennent, sous la rubrique : Situation industrielle et commerciale du département de l'Oise en 1912, un ex- posé de l’état de certaines industries parmi lesquelles sont à noter : la Sucrerie, la Distillerie agricole, la Féculerie, la Meunerie, les Vins et spiritueux, la Brasserie, les Engrais, l’industrie du Bois et l’industrie des Moteurs et Machines agricoles. J. SIMonws. * * * R. TEyssiEr. — La Sucrerie. — 1 vol. in-12. Paris, 1913, chez Gau- thier-Villars et chez Masson et Cie, éditeurs. L'encyclopédie scientifique des aide-mémoire, publiée sous la direc- tion de M. LÉAUTÉ, membre de l’Institut, vient de s'enrichir d’un nouveau volume, Il était bien difficile de condenser en 173 pages des industries aussi importantes que celles du sucre de betterave et du sucre de canne. Grâce à sa compétence toute particulière, l’auteur a pu réunir dans ce petit volume toute la fabrication du sucre, et mettre le lecteur au courant des procédés les plus modernes. Les appareils les 544 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE plus compliqués sont décrits dans un style si clair qu’on regrette à peine l’absence de figures schématiques. Ceux qui s'intéressent aux industries agricoles auront plaisir à lire ce volume, et les industriels y trouveront des chiffres utiles. Un second volume sera consacré au raffinage des sucres. P. NorTrTix. L. Marcuis, professeur à la Faculté des Sciences de Paris. — Le Froid industriel. — 1 vol. in-16 de la Nouvelle Collection Scientifique, avec 104 gravures dans le texte. — Prix : 3f 50. — Librairie Félix Alcan. La conservation par le froid de la plupart des denrées périssables est actuellement l’objet d’une pratique industrielle bien définie. I] existe d'immenses entrepôts dans lesquels on sait, par une applica- tion rationnelle des basses températures, maintenir durant plusieurs semaines à la viande, aux poissons, aux fruits, etc., leur fraicheur et leur comestibilité. Cependant, pour obtenir le succès, il est nécessaire de suivre cer- taines règles, soit pour le mode de construction des chambres froides, soit pour l'introduction des denrées dans ces chambres, soit pour leur sortie. Ce sont ces règles qui sont exposées dans l’ouvrage de M. le profes- seur Marcus sur le froid industriel. L’entrepôt frigorifique y est étu- dié dans toutes ses parties : construction des bâtiments, leur isolement ; machines frigorifiques; organes de transport du froid; aménagement des chambres froides, leur réfrigération. Le constructeur trouvera dans cet ouvrage les coefficients d’instal- lation sanctionnés par la pratique. L’usager de l’industrie frigorifique apprendra à connaître les garanties qu'il doit exiger des maisons de construction, ainsi que les règles de conservation susceptibles d'amener le succès de son exploitation. Tous ceux enfin qui doivent se tenir au courant du développement d’une industrie appelée à transformer le développement économique de notre pays et à résoudre le problème de la diminution du prix des denrées, liront sans effort cet ouvrage dont la plupart des chapitres sont écrits pour être compris de tous. NANCY-PARIS, IMPRIMERIE BERGER-LEVRAULT CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION Par A. DEJEANNE LICENCIÉ ÈS SCIENCES NATURELLES INGÉNIEUR AGRICOLE PRÉPARATEUR A LA STATION ŒNOLOGIQUE DE L'AUDE, À NARBONNE La CHALEUR ET L'ÉCOLOGIE DES FERMENTATIONS. — a) Les températures extrêmes de la vie; les optima fonctionnels, l’optimum harmonique ou écologique; b) la simplification moléculaire des matières organiques; les étages biologiques; c) quel- ques caractères biochimiques des industries de fermentation. La chaleur et la lumière participent au mécanisme de la vie; ce sont des facteurs universels de l’évolution de la matière inor- ganisée ou des structures végétales ou animales. Une science les fait connaître comme conditions physiques des milieux biolo- giques : l'écologie, ainsi nommée par Ernst HæKkeL, en 1865. On sait le rôle énergétique de la lumière dans les fonctions chlo- rophylliennes. Cet acte biochimique est le fondement des synthèses végétales qui sont la suprême condition de l’agriculture; on a souvent cité ses corollaires : la nourriture humaine, l'élevage et l'avenir de ses méthodes. Les effets contrôlés de la lumière sur les cryptogames vivant dans l’obscurité sont peu nombreux. Quelques observations com- posent'son histoire expérimentale dans les fermentations. Telles : les constatations de MarrinanD, en 1871, sur l’affaiblissement vital des levures en bocaux ensoleillés, et les déductions de ANN. SCIENCE AGRON, — 4e SÉRIE — 1913 — IT 35 946 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE M. KaysEr sur une pénurie probable en levures, les années chau- des, dans certaines contrées méridionales, des vendanges qui fer- mentent péniblement; l’étude récente de MM. WaRCOLLIER et Mauraix sur les radiations ultra-violettes, inhibitrices de l’acti- vité fermentaire des levures; les observations de PasrEuR sur les équilibres chimiques du vin modifiés à la lumière solaire. Le point de vue spéculatif excepté, la lumière n’a pas l’intérêt prépondérant de la chaleur dans les technologies qui concernent les produits agricoles : œnologie, pomologie, brasserie et distil- lerie. Au seuil de cette étude, je veux renouveler une critique biolo- gique du zéro centigrade, critère des physiciens. L’équivalent thermique qui solidifie l’eau distillée n’est pas une cause suffi- sante, une condition nécessaire de l’arrêt définitif ou provisoire des phénomènes de la vie. A vrai dire, le besoin calorique des microbes est indéterminé. Leur résistance au froid ou leur effort de vie latente doit être con- sidérable, Il est provisoirement irréductible. L’extinction de leurs espèces est improbable par les rigueurs de climats et les froids industriels. Il n'importe. L'autre température extrême est une limite mortelle facilement accessible; elle est connue pour les espèces banales, et, quant à celles que ces recherches ignorent encore, on peut induire du principe des individualités protoplas- miques qu’elle leur est spécifique. Des lacunes autrement regrettables pour la biologie générale regardent loptimum calorique. Ainsi que mon éminent et vénéré maitre le professeur FLanauLT l’a écrit (1), « chaque fonction de toute plante a ses températures minimum, optimum et maxi- mum, germination, feuillaison, maturation des fruits, chute des feuilles. Les conditions de température les plus favorables à la vie d’une espèce répondent à un optimum harmonique commun à toutes les fonctions. Cet optimum n’est pas la moyenne arithmé- (1) Les Progrès de la Géographie botanique depuis 1884, p.260. Iéna, 1906. CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION 047 tique de tous les optima fonctionnels; 1l varie au cours du déve- loppement, il s’élève, en général, jusqu’à la maturation des fruits. La connaissance de l’optimum harmonique fixe la possibilité pour une espèce de vivre en tel ou tel lieu, de s’y installer, d'y élire un domicile définitif, de s’y naturaliser, si elle n’y est pas indigène. Cette possibilité répond à l’optimum écologique de l'espèce. » L'étude des optima fonctionnels est arriérée pour les végétaux des cultures, elle reste inachevée pour les organismes unicellu- laires qui jouent un rôle dans les industries précitées. Les températures inhibitrices (minimum et maximum) et accé- lératrices (optimum) des principales fonctions végétatives des levures (bourgeonnement, sporulation, formation des voiles) sont connues. Ces déterminations reviennent pour la plupart à l'illustre HANSEN ; ses remarquables travaux de la diagnose des levures sont de précieuses acquisitions pour la systématique de cette cryptogamie. Tandis que les connaissances actuelles des technologues se réfèrent à la résultante des effets physiologiques d’un optimum harmonique commun à toutes les fonctions, l’opti- mum écologique, une donnée globale en relation avec la spécificité morphologique — si elle existe — des ferments; elle est je quefois de nature à permettre leur analyse. Il faut convenir des difficultés expérimentales. Les microbes des fermentations ont une période d'activité assez brève; cet âge, c’est le cycle accéléré des fonctions diverses qui se succèdent, rapprochées, chevauchantes, enchevêtrées. Encore, pour les levures, les stades végétatifs (bourgeonnement, sporula- ton, etc.) se discernent et se peuvent délimiter. Cependant, «ici, lexpérimentateur peut être témoin de remarquables trans- formations en peu de temps » (HANSEN). Il m’a semblé aussi que l'étude analytique des métamorphoses des microbes de la tourne des vins pourrait se faire. Mais les périodes de la nutrition cellu- laire et du métabolisme qui englobent le pouvoir ferment sont inséparables. Des hypothèses les dissocient. Mais, par l'expérience, comment mesurer leur étendue, y découvrir les intervalles pro- pices à des évaluations thermométriques ? Il faut dire notre dépendance reculée vis-à-vis des documents D48 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE physiologiques. « La connaissance des propriétés chimiques des levures a précédé de beaucoup celle de leur nature. Le vieux mot de levure (lever), qui indique les propriétés chimiques des le- vures, date d’une époque où l’on ne se faisait pas la moindre idée de la signification biologique d’une levure, où l’on ignorait sa nature vivante. » (GUILLERMOND.) Les données acquises depuis Pasteur sont considérables ; des recherches en accumulent chaque jour. Je voudrais entreprendre une étude générale des caractères thermiques des actions microbiennes que préparent les industries agricoles. Je ne veux décrire ni les appareils mi les procédés courants. Je demande qu’on excuse les digressions élargies sur les mécanismes de biologie. #7 # Je préciserai les réactions usitées en technologie agricole. Les principales sont des procès analytiques d’essence vitale que reven- diquent des microbes, spécifiques dans un sens relatif. La dislo- cation des molécules est rarement intégrale, c’est-à-dire accomplie jusqu'aux termes difficiles à réduire de CO? et de H?0. Une rup- ture biologique de tels édifices chimiques est déclenchée par des ecto- et endo-enzymes élaborées par des ferments figurés. Par un premier clivage, les unes scindent les molécules et les débitent en morceaux que d’autres disloquent et désagrègent en débris, pulvérisés à leur tour. Le broyage moléculaire des produits naturels s’accomplirait par échelons. C’est sous l'empire d’une intervention obligatoire- ment méthodique de différents êtres vivants que j’emploierai l’ex- pression d’étages biologiques ; je désigne ainsi les séries micro- biennes des étapes du processus analytique d’une matière orga- nique. Cette appellation ne se justifie qu’au regard de la propriété dominante ou de l’'enzyme essentielle d’un ferment. Nos connais- sances des levures et des microbes prévoient en eux le siège de diastases secondaires, la manifestation de réactions accessoires entraînant des adaptations nombreuses. Cette réserve exprimée, je conçois qu’un étage réunira quelquefois des microbes destruc- CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION 549 teurs ayant même nourriture, un mécanisme respiratoire ana- logue, mais éliminant des déchets inégalement oxydés. Ces êtres, parfois botaniquement différents, seraient physiologiquement séparés par la seconde partie de leur nutrition cellulaire. Je vou- drais préciser que, dans un étage considéré, ils s’y Juxtaposent sur un même plan imaginaire, leur évolution ayant pour base le substratum d’une certaine nourriture. Il en est ainsi des milieux fermentaires. On y observe l’exercice concomitant des fonctions les plus diverses; c’est la conséquence de la flore complexe des cryptogames participants. Les tribus d’un étage, qui déclanchent au premier choc des sucres fermentes- cibles, entrent en jeu simultanément. La nourriture devient le litige d’une lutte sans merci. A l’origine, c’est d’après limpor- tance numérique, la vigueur individuelle, et, dans la suite, les mo- difications du milieu, la prépondérance d’une tribu, l'effacement et l’atrophie des autres. Avant la fin d’une réaction, au fur et à mesure des dispomibi- lités alimentaires qu’elle détermine, on peut constater la partici- pation prématurée des microbes de l'étage inférieur. Si lon veut bien admettre que les déchets d’assimilation sont généralement des toxiques pour les microbes qui les élaborent, ces substances ainsi détruites dans le métabolisme des êtres qui suivent dans l'échelle microbienne, ce serait là une mesure vitale bienfaisante, de l’entr’aide, un cas de symbiose. En vérité, l’idée que j’exprime de ces associations est encore intuitive. M. E. BouRQUELOT a mis en lumière la subordination des pro- cessus enzymatiques dans l’hydrolyse des polysaccharides. M. E. GLey accentue les conclusions du précédent auteur : il suggère que « ces lois ne s'appliquent peut-être pas seulement à la décomposition des polysaccharides. On peut se demander si des lois semblables ne régiraient pas l’hydrolyse des corps à poids moléculaires élevés et si, pour désagréger la molécule compli- quée de l’un de ces composés, il ne faudrait pas l'intervention sériée de plusieurs ferments agissant successivement (1). » (1) Traité élémentaire de Physiologie, 22 édition, p. 88. Paris 1910. 990 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Je voudrais élargir ou préciser l’idée lumineuse de ce savant contemporain, professeur au Collège de France. J’en dirai peu de chose actuellement; ultérieurement, j'en approfondirai le sens. Les produits végétaux issus des manufactures agricoles sont des substances épurées, isolées de la gangue des tissus par des opérations mécaniques et chimiques, en féculerie, en amidonnerie et en sucrerie, ou des substances aux molécules simplifiées, d’or- dnare par un travail chimique, en glucoserie, ou par un travail «ssentiellement biologique, dans les industries de fermentation. Une réaction est primordiale dans ces dernières à laquelle on s'arrête, on évite d’aller plus loin, c’est la transformation des hvdrates de carbone en alcool. Dans les fruits, les graines, les racines, ces hydrates de carbone peuvent être des monoses (glu- cose et lévulose des moûts de raisins et de pommes), des bioses (saccharose des racines de betteraves), des polyoses (amidons des tubercules et des grains). Les hydrates de carbone seraient, dans les processus d’inté- gration des êtres aérobies, ramenés à ce fragment moléculaire, l'alcool éthylique. Le trait philosophique de cette théorie de l'alcool aliment serait de faire admettre que la levure se prive, par un séjour en milieu non aéré, de cette molécule qu’elle ne peut comburer et intégrer, faute d'oxygène hbre; elle rejette ce corps comme un déchet, toxique en excès pour elle-même, mais surtout pour les microbes de son étage qu’elle peut ainsi dominer. L'homme consomme lalcool. Il à domestiqué la levure; 1l ex- ploite son pouvoir ferment; il lui succède dans Péchelle des êtres qui pulvérisent la matière organique, réalisée par synthèse chlo- rophyllienne. Quelle que sort la technique qui le désigne, le producteur d’al- cool oriente ses efforts vers le rendement maximum de Péquation de Gay-Lussac, corrigée par PasrEuR et ses disciples. Pour cette mise en œuvre, naguère on fit appel à la fonction CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION 1 alcoogène des mucors. De nos Jours, la production alcoolique industrielle est dévolue aux levures; c’est la plus courante et la plus recherchée. Ainsi, la zymase isolée par BücHNer dans la levure résout le glucose de la saccharification des amidons et des dextrines, le glucose et le lévulose naturels, le sucre inverti, en deux produits principaux : alcool et CO?. Les progrès successifs des techniques ont consisté à réserver aux levures l'exclusivité de cette transformation. On a pu y réussir en brasserie et distillerie. Pendant ces années dernières, ces indus- tries ont été très attentives aux investigations de la bactériologie; très avisées, elles ont sollicité son contrôle. Elles ont abouti à des résultats quasi théoriques. Le procédé Amylo et ses dérivés, plus perfectionnés ou plus avantageux, sont des nouveaux venus en distillerie; ils sont lexpression séduisante de pareilles initiatives; ils ont été suggérés par les études de M. le professeur CALMETTE sur une symbiose remarquable d’un mucor et d’une levure dans la fabrication indigène de Palcool d’Indo-Chine. Pour la philoso- phie des sciences, je déduis des succès de ces procédés que les moyens exclusivement biologiques sont aussi peu onéreux — et même moins — que les mêmes transformations des hydrates de carbone par voies combinées, chimique et biologique. Ceci indi- que un enclanchement subtil des réactions dans les procès de des- truction naturelle de la matière organique. Les ensemencements spontanés sont coutumiers en œnologie et pomologie; d’autres microbes y forment le cortège des levures. Je ne puis les citer dans le cadre de cette étude. Ils sont consom- mateurs de sucre; 1ls sont, par un mécanisme de vie anaérobie, producteurs d’acide carbonique et d’acides gras volatils. S ous ce régime, ils appartiennent à l'étage des levures. Entre ces divers individus qui s’entremêlent, aucune harmonie constatée ni pos- sible. Les molécules des sucres reçoivent des congénères micro- biens étrangers aux levures une destination préjudiciable à lin- dustriel; toutes n’aboutissent pas à lalcool éthylique; c’est un déficit d’alcool que dénoncent les prévisions des mustimètres ou la réaction de Felhing. En outre, il y a des microbes métamorphosés de vagues cryp- 552 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE togames de la flore des vendanges ou des cuvaisons diverses ; rangés dans un étage sous-jacent, ils accentuent les dislocations anté- rieures : mycodermes et bactéries acétifiantes qui oxydent l'alcool et le transforment en aldéhydes, acide acétique et CO?. De même, pendant et à l’achèvement des fermentations alcooliques, les molécules associées aux hydrates de carbone, les acides organi- ques et les matières albuminoïdes sont oxydés ou réduits par d’autres microbes. Je montrerai plus tard comment le principe du chauflage des moûts a été déduit de la connaissance des températures mortelles des microbes pour opérer au moyen de levains cultivés une trans- formation avantageuse, à l’abri des incertitudes de fermentations capricieuses. | Je mentionne l’action palliative des antiseptiques (acide sulfu- reux et sulfites, acide fluorhydrique et fluorures, acide lactique des levains, etc.) dont une dose favorisante aux levures peut être déprimante ou toxique pour les autres microbes de son étage. Au gré de l’industriel, ils effectuent une sélection capable d’accroître la prépondérance aux levures. Nous envisagerons 11 les vicissitudes de nos populations micro- biennes avec les variations de température endogène et exogène. Nous en déduirons que, par un exercice judicieux des optima thermiques spécifiques de la fonction des cryptogames des moûts, on peut instaurer un régime qui peut suppléer dans une certaine mesure à la pasteurisation préalable. Je voudrais rattacher à l’étude des minima thermiques cer- taines considérations biologiques et agronomiques que je me plais à en faire découler. CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION RE: IT Les MINIMA THERMIQUES. — 4) l’origine des levures, les levures locales et les crus; b) la résistance des ferments aux froids; les circonstances du traitement des moûts par le froid; ec) les températures minima du bourgeonnement des levures. Sur la température inhibitrice de l’activité de la zymase; d) de la constance des écarts thermiques des minima et des maxima, et de l’ascension corrélative de l’optimum et du maximum. Application aux microbes parasites des fermentations; e) la pro- phylaxie des fermentations défectueuses par déficit calorique. HANSEN a constaté, le premier, l’hivernation des levures dans le sol des vergers et des vignobles de Copenhague. Il a trouvé que Saccharomyces apiculatus, une levure asporogène cependant, y conserve sa vitalité pendant deux ou trois années au moins. Ce fait a eu deux conséquences scientifiques imprévues. Il précise les phénomènes de l’évolution périodique des levures. Nos levures cidricoles et vinicoles sont reconnues des espèces vé- gétales définies, autonomes et fixées autant que peuvent l'être des végétaux; elles s'adaptent; elles engendrent des espèces dissi- dentes par mutations brusques. « En y regardant de près, on trouve les levures à peine plus variables que les végétaux supé- rieurs, mais leur génération se produit avec beaucoup plus de rapidité, et, par suite, les phénomènes de variations apparaissent plus vite. » (HANSEN.) Les questions de phylogénie mises à part, les levures actuelles ne seraient nécessairement plus des champignons adoptant, en prévision de la fermentation, un facies unicellulaire transitoire, la forme levure, à la manière du classique Mucor alternans. Quoi- que très malléables, il était singulier que, peu de temps avant les vendanges, elles réalisent aussi vite le degré de différenciation du- rable qu’on leur sait; elles seraient transportées du sol, où elles vivent, à la surface des raisins par des remous atmosphériques, les pérégrinations des insectes ailés. Ces constatations sur l'habitat des levures donnent un relief inattendu à la notion des levures régionales. Il y a des levures locales, des espèces bourguignonnes, bordelaises, champenoises...? Oui, 1l y a des levures locales. J94 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il y a des espèces distinctives de chaque contrée viticole. Et ce sont des artisans de leur renommée. Je l’expliquerai au prix de quelques hypothèses, en pénurie de faits. En m'’aidant d’une théorie fort suggestive de M. ROSENSTHIEL sur la formation des bouquets des vins, je contribuerai à définir le eru, je dégagerai sa sigmfication biologique, méconnue d’or- dinaire. Les bouquets sont des corps chimiques, impondérables et dis- sous dans le vin; volatiles, la tension de leurs vapeurs s'élève aux températures ordinaires. La chimie les ignore. Les sens du goût et de l’odorat les reconnaissent. Quoique subjectives, ces impres- sions organoleptiques sont variées, assez nettes pour être spée- fiques des vins d’une région, d’un cépage, d’un cru... et d’une récolte annuelle; la diagnose de ces produits n’a pas d’autres cri- tères. D'après M. RosEensSrHIEL sur les expériences duquel Je veux baser mes déductions (1), leur formation serait due à Paction cata- lytique d’un substance élaborée par certaines levures, lAntho- phore, sur une autre substance incluse dans le jus des raisins d’un cépage déterminé, l’anthogène. L’anthophore prendrait naissance dans les levures séjournant dans les sols et aux expositions qui composent un cru donné. Cette particularité physiologique serait la raison d’être de cer- taines d’entre elles. Serait-ce une condition passagère ou persis- tante? survenue par adaptation ou brusque mutation ? Les cons- tatations des brasseurs et leur persévérance à sélectionner des races levures; les beaux travaux de Hansen sur la physiologie des levures et Papparition soudaine et progressive de quelques apti- tudes fonctionnelles, fugitives ou persistantes; les appréciations des œnologues, et, plus particulièrement, les conseils autorisés de M. U. Gayox (2) sur l’épandage à tenter des levures de coteaux dans les plaines de même encépagement, constituent un impor- tant faisceaux d'arguments en faveur de l'existence de lPantho- (1) Revue de Viticulture, t. XX XVI, p. 202. Paris. 1911 12) d.Vp-22095" CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION 999 phore. Son hypothèse serait légitime. Je crois modestement qu'il ne faut pas en médire; la science biologique en recèle, hélas, de moins suggestives, n'ayant nullement ébranlé l'inconnu de la vie. L’anthophore serait-ce un produit enzymatique? Peut-être. Pour nous résumer, 1l y aurait des levures à bouquet : ce sont des levures nobles. Il y aurait des levures qui ne développent aucun bouquet : ce sont des levures roturières. Les crus classés sont le domaine d'élection des premières; l'habitat des autres est vulgaire. Une province viticole comme la Bourgogne a des levures nobles et des levures roturières. Dans leur hiérarchie féodale, les levures de tête de cuvée se classent avant celles de première, seconde et troisième cuvées ; ces dernières confinent aux plaines et arrière-côtes, les régions des ordinaires. Nous avons eu des étages et des situations topographiques aussi caractéristiques dans nos sociétés humaines de la féodalité. Et nos forêts, des sociétés spontanées, comprennent un sous-bois apparent, une flore cryptogamique aérienne ou souterraine, peu visible ou invisible. L'hypothèse de l’anthogène est-elle aussi probante ? 11 serait anodin de rappeler longuement que les moûts de cé- pages divers, stérilisés, puis ensemencés de levures identiques, produisent des vins gustativement différents. Les raisins d’un cépage ont des caractères essentiels et secon- daires. Pour les espèces végétales, les phénomènes de la nutrition sont maintenus dans un cadre rigide, héréditaire, qui persiste. Dans une certaine mesure, l'assimilation végétale, et ses produits de synthèse, semble soustraite aux contingences des climats et des particularités agrologiques, pourvu que ces contingences tolèrent un acchmatement convenable. J’en déduis qu'entre un cépage, qui produit ses raisins en plaine ou en vallée mal ensoleillée, et le même cépage qui les müûrit en coteaux, les différences équi- valent aux inégalités de rapports des molécules constituantes; les phénomènes de maturation et d’enrichissement en hydrates de carbone, variables en des lieux climatologiques dissemblables, seraient les causes de différences quantitatives. Une même struc- ture chimique subsisterait dans les moûts considérés. Je veux dire 906 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE que, dans l’un et l’autre cas, un produit, désigné ou hypothétique, y serait constant ou fréquent; la dose serait variable. Je fais l'hypothèse de l’anthogène, « un infiniment petit chi- mique » selon lexpression jolie de M. G. BERTRAND, un produit organo-métallique, complémentaire active de l’anthophore, sub- stance activante. Ou bien, leur choc mutuel engendrerait le corps du bouquet, ou plus logiquement leur soudure en un com- plexe diastasique, provoquerait l’action déterminante sur un produit du moût, produit organique binaire, ternaire ou quater- naire. Quoi qu'il arrive pour l'avenir de cette hypothèse supplémen- taire que j’émets, l’anthophore et l’anthogène seraient, l’un et l’autre, indispensables à la formation des bouquets. Les levures seraient les auxiliaires du cépage et des facteurs du cru. Les levures sont des êtres unicellulaires, partant, plus impres- sionnables aux variations écologiques que leur tuteur végétal, la vigne. Dans le cours de générations innombrables, elles se sont adaptées aux territoires des crus, et plus étroitement que les cépages. S'il en est ainsi, les levures seraient les réactifs du cru, la véritable, l'unique pierre de touche du sol et du climat. En tout cas, on peut conclure que, faisant partie intégrante du milieu écologique du cru, on ne peut dissocier substratum géologique et climat, cépage et levure. L'examen écologique d’un lieu comme le cru implique donc l'étude du milieu édaphique, du milieu climatique et du milieu biologique. Cette dernière donnée est ignorée, sinon insoup- connée. Par contre, MM. VraLa et PécHouTre ont fourni dans l’ampélographie générale une étude magistrale des deux premières sur lPacclimatation de Vitis vinifera. «L’acclimatation résulterait de la possibilité acquise par une plante d’étendre la gamme des variations qu’elle pourrait subir entre son minimum et son maximum écologiques, sans cesser de parcourir toute son évolution dans des conditions normales. » (FLanauzr.) La vigne réalise cette possibilité; des cépages pros- pèrent sous des climats et dans des sols très voisins des climats et des sols d’origine; les nuances et les faibles écarts écologiques CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION D37 leur sont apparemment peu préjudiciables. En est-il de même des levures? Quelques-unes ont adhéré à l’écorce des sarments, participé à leurs expéditions lointaines et subi leur sort; elles ont été l’objet d’une dissémination inconsciente en des pays éloignés du nôtre. Dans ces nouvelles conditions, leur extension fut-elle facile ou bornée par une réaction des éléments autochtones, hos- tiles et à même de les évincer? Des viticulteurs exotiques ont vainement tenté d’imiter nos crus célèbres et nous ravir ce privilège national; ils nous sont res- tés inférieurs. Heureusement ! Un cru n’est pas un monument ar- chéologique qui se peut transposer outre-mer, pierre à pierre. Ces viticulteurs ont eu l’oubli d'importer les microorganismes du sol dans les levures révélatrices des anthogènes de leurs moûts. Toutes proportions gardées, exemple des mycorhyses m’encourage dans cette idée d’une relation nécessaire entre un cépage et sa levure d’origine. Une contre-épreuve des expériences de M. Rosensthiel consis- terait à ensemencer un moût stérilisé d’un cépage de cru (pinot, cabernet, etc.) avec une levure étrangère sans anthophore ou d’un anthophore réduit. J'ignore les résultats de telles expé- riences, j'ignore même si elles ont été entreprises. Elles me sem- blent mériter d’être instituées ou renouvelées, et par de nombreux intéressés, pour annuler les causes suggestives. Mais on en a effectué depuis longtemps en inversant les choses; et je dois dire que les résultats n’ont pas été à la louange de ceux qui ont prôné sans discernement ou mesure l'emploi des levures sélectionnées; on a bien voulu les supposer créatrices, en tout état de cause, des bouquets spécifiques de grands crus. Or, une levure de bourgogne n’a jamais donné du bourgogne aussi peu ressemblant que possible avec de l’aramon de Coursan. « Tous les cépages ne sont pas bouquetés », déclare M. le professeur ROSENSs- THIEL. Eh mais? notre aramon de Coursan serait-il pourvu d’an- thogène, ne resterait-il pas à connaître si l’anthophore d’une levure de pommard lui peut correspondre? En cette matière, la discipline scientifique née des belles recher- ches de M. E. BourQuELoT sur les spécialités hydrolysantes des 298 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE enzymes de polysaccharides exige que l’on s'efforce à discerner la diastase et ses réactions spécifiques. Il faut s’évertuer à décou- vrir le talent particulier d’une levure capable de la transforma- tion recherchée. En appropriant à ce cas biochimique les termes imagés du célèbre chimiste FiscHEeR, il faudrait une clef antho- phore particulière pour ouvrir une serrure anthogène déterminée. Il y a de fausses clefs, me dira-t-on. Oui, il y a de fausses clefs, et de fausses clefs anthophores. Une fausse clef ne vaut pas une clef exacte, répondrai-je : sa rotation utile dans le pivot de la serrure peut être limitée. M. Ro- SENSTHIEL obtint un succès relatif dans des essais systématiques . de levures à bouquet de régions différentes (Bourgogne, Bordeaux, etc.) mises en Jeu sur un même moût étranger d’un cépage à bouquet. Mais il à tait connaître que la portée biologique de ces expériences a été limitée. Si le bouquet est apparu typique, son intensité a varié selon les levures, la levure normale l’ayant développé au maximum. Ici, l'expérience a révélé des consé- quences faciles à prévoir. Est-ce là peut-être une preuve négli- geable de l’accoutumance nécessaire et réciproque de la levure au cépage ? Ces hypothèses me suggèrent des recherches sur les degrés d’accoutumance des levures de crus aux moûts de cépages divers; elles invitent aux acclimatations parallèles des cépages et des levures, en faisant état des causes pouvant gêner la cohabitation avec des levures indigènes. Il serait alors curieux, sinon utile, de rechercher les moyens d’y remédier. Des ensemencements périodiques seraient entrepris dans les vignobles aux intervalles de plusieurs années ou de quelques semaines avant les vendanges. Si des analogies écologiques font prévoir un succès, l’espérer complet serait illusoire. L’acclimatation des êtres vivants, sur- tout des végétaux, est laborieuse, pour les raisons de la fixité relative des phénomènes de nutrition. « Le plus souvent, il n’y à pas acchmatation et les plantes transportées dans un pays nou veau ne font que s’y maintenir grâce à la protection de l’homme. » Voyez que les agriculteurs renouvellent les semences des espèces qui ne sont pas autochtones dans leurs régions de culture. Cons- CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION DD9 tatez que les éleveurs savent le lent travail de dégénérescence qui s’accomplit dans les races introduites dans un pays divergent de l'habitat d’origine. Tous rétablissent les choses par le moyen factice des infusions de sang ou de sève. Pour nous, biologistes viticulteurs, ce sont là des exemples à méditer. J'étudierai à présent la partie expérimentale sur la résistance des ferments aux froids. Les levures ont été choisies comme ma- tériel d'expériences : elles sont volumineuses; on les discerne vite; après épreuves, on peut s'assurer qu’elles vivent et qu’elles sont actives : leur fermentation est rapide, nette, visible. Je m’attar- derai à l'exposé raisonné des faits pratiques. Picrer et YunG ont fait impunément supporter à des levures des températures de —1300, pendant deux cent quatre heures. Dogmus a plongé la levure de Frohberg, cinq à vingt minutes, dans de l’air liquide, sans lui créer de préjudice. De ces expé- riences et d’autres moins retentissantes, il résulte que les fonc- tions vitales des levures reprennent leur facilité coutumière, dès le retour aux températures normales. Les froids industriels ne pourront donc devenir une opération de stérilisation complète et relative. Le pouvoir ferment n’est pas détruit; il est suspendu, provisoirement arrêté. Je voudrais signaler les circonstances accessoires de laction du froid modéré sur les fermentations. Ces questions sont à l'étude. Un moût refroidi abandonne par précipitations successives une partie de ses éléments dissous à saturation à la température ordi- naire. C’est ainsi pour la crème de tartre. Une chute des subs- tances salines s'accompagne d’un entrainement par adhérences chimiques et contacts adhésifs des éléments figurés comme les microbes en suspension dans le vin. L'action du froid réduit l'amplitude des oscillations microbiennes; inertes et passifs, les forces attractives les accolent aux particules solides, et eux-mé- 000 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE mes n’opposent plus aucune résistance à la gravité qui les amène par étapes successives dans les fonds des tonneaux où s’accom- plissent les divers sédiments des bourbes. Ces phénomènes sont aggravés dans les moûts de raisins ou de pommes, lorsque les fermentations sont empêchées par le froid ou par un agent chimique : un phénomène de flocculation des matières solubles, albuminoïdes et pectiques y apparaît par ac- tion des tanins et de diastases coagulantes. Le froid active la flocculation, parce qu’il condense les précipités organiques qui rétrécissent les mailles des réseaux. De ce collage naturel, découle un appauvrissement spontané du liquide en microbes. Ainsi, que l’on débourbe ou que lon écume les dépôts qui surnagent par poussée des premières bulles de la fermentation, on Jugera, par un examen microscopique, de la réduction notable du contin- sent des microbes et des autres germes. Pour l’œnologue ou le cidriculteur, c’est le moment précis d'intervenir avec des levures sélectionnées et vigoureuses; en ce faisant, la fermentation sera normale. Dans les installations non frigorigènes, les techniques différen- ciées de la préparation des vins blanes et des cidres reposent sur l'emploi de l’acide sulfureux. L’acide sulfureux est un succédané du froid : il anesthésie les microbes, il abolit les mouvements. La fermentation empêchée et l’émnission de gaz carbonique retar- dée, des bourbes se forment : un soutirage en dépouille le moût. De même aussi, la clarification des vins et des cidres nécessite l’immobilité du plus grand nombre des ferments qu'ils recèlent; on les intoxique à l’acide sulfureux. D’après ce qui précède, son emploi pourrait être éludé en réfrigérant pendant le collage ou le filtrage. Les saisons froides, savent les cavistes, sont favora- bles à la réussite des collages. A quelles températures précises les fonctions dominantes des ferments sont-elles suspendues? Hansen a relevé les tempéra- tures extrêmes du bourgeonnement, de la sporulation et de la CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION 96! formation des voiles des levures principales. Les températures minima du bourgeonnement varient d’après les espèces; elle n'est jamais inférieure à 00 5, ni supérieure à 30. En possession de ces données, j’expliquerai l’évolution des fer- mentations alcooliques aux basses températures. La vitesse de multiplication des levures dépend de la facilité de bourgeonner. Aux températures optima, un petit nombre de levures croissent et peuplent vite un milieu de culture. Une température basse interdit le bourgeonnement; elle est une entrave à la progression des levures : si l’effectif des levures est au début peu considé- rable, l’inclémence de la température devient la cause du ma- rasme des fermentations. Mais le froid atténue directement la propriété de fermenter. Je veux dire qu’un individu ferment, fictivement inapte à bour- geonner, cesserait d’agir, deviendrait inerte ou ralentirait ses eilets par l’action du froid. La recherche de cette cause inhibitrice proprement dite de la fermentation alcoolique associe deux séries d'efforts à tenter : 19 la détermination de la température à laquelle le protoplasma cesse d'élaborer la diastase; cette température doit probablement coïncider avec la survenue de l’état de vie latente; 20 la déter- mination de la température qui enraie le mécanisme enzyma- tique de l’action fermentaire. Les froids excessifs immobilisent au sein d’une solution des molécules aux affinités puissantes. A —1250, SO,H, et 2 (Na[OH}} ou SO,H, et 2(K[OH]) ne réagissent plus; vers —1000, les fonc- tions chimiques du tournesol et de la phénolphtaléine cessent de virer avec des acides et des alealis forts. Ces exemples singuliers d’atonie moléculaire se répètent-ils aux basses températures dans le clivage des monoses? En fait, l’action des diastases est nulle ou très faible au voisinage de 00. La zymase de BUCHNER doit probablement se comporter de même. Mais on ignore le degré de cette température inhibitrice quand la zymase est incluse dans la levure et que celle-ci vit. Ici, j'in- troduirai une hypothèse. Si les zymases sont pareilles ou dépour- vues de qualités individuelles, les vitesses différentes de produc- ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 36 062 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE tion alcoolique que réalisent, à une même température, des levures de races diverses, toutes conditions égales d’ailleurs, se tradui- raient par les quantités sécrétées de ces zymases. L'activité phy- siologique de la levure ferait varier le rendement de cette sécrétion spéciale. Quoi qu'il en soit à cet égard, l’accoutumance au froid pèse héréditairement sur la physiologie de certains ferments. PASTEUR a observé, le premier, en brasserie, des levures hautes et des levu- res basses; c’est l'exemple resté classique chez les levures des variations physiologiques durables et définitivement persis- tantes. Les levures basses accomplissent des fermentations tumul- tueuses à 50 et des fermentations ralenties à +19. Dans les premières, le bourgeonnement des levures est intensif et la fer- mentation est conduite rapidement dans un délai de quinze jours à trois semaines. Dans les secondes, les levures ne bourgeonnent plus sans doute, et leur activité d’une vie quasi latente doit être celle des minimes et délicates réactions de la formation des bou- quets. Quelle doit être la température minimum des autres microbes qui dégradent les matières organiques? Peu de données existent. Peut-être reste-t-il à découvrir ou à formuler une loi d’après laquelle le minimum et le maximum de chaque fonction auraient un écart à peu près constant pour les espèces du même genre. Cependant les données de HANSEN que M. GUILLIERMOND a repro- duites dans son ouvrage, n’affranchissent pas cette hypothèse de toute exception. Si les températures minima du bourgeonne- ment et de la sporulation s'élèvent en général comme les maxi- ma, cela n’a pas lieu invariablement. Moyennant une restriction pareille, il faut remarquer que les températures optima d’une fonction considérée se déplacent dans le sens des températures maxima. Les données actuelles pour les microbes de fermentation sont insuffisantes, à ma connaissance, pour accuser le sens de cette CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION 963 indication générale. J’ignore si elle a été déjà formulée. Mais il est pratiquement reconnu que de hautes températures affectent les levures, alors qu’elles accentuent la vitalité des microbes du même étage (ferments lactiques, tourne et maladie mannitique), et qu’au contraire de basses températures incommodent,. Je précise quelques faits où se révèle l'application inconsciente de ce phénomène biologique qui, peut-être, mérite le prestige d’une loi. En vinification on redoute dans les moûts en fermen-. tation l’échauffement pouvant causer la rupture de l’équilibre vital qui assure la suprématie aux levures. Les vins piqués, tournés et mannités des celliers chauds et mal tenus de l'Afrique du Nord sont exceptionnels, au contraire, dans les cuveries froides de Bourgogne. En distillerie, on sait que de basses températures dans les cuves compromettent l’évolution des ferments lac- tiques. | | La coutume séculaire de conserver des vins en caves froides en hiver de 119, en été de 139, est suffisamment expressive. J'ajoute que, dans ces conditions, les soutirages, les filtrages et les collages périodiques, qui conduisent à des épurations micro- biennes, atrophient les colonies de tourne. Les fermentations des vendanges pluvieuses et froides ont sou- vent un départ incertain. Les causes se discernent à première vue. Les levures sont posées à la surface des grappes et des organes fo- liacés de la vigne; elles y adhèrent comme des poussières que des pluies torrentielles ou prolongées peuvent entrainer. Et de plus, les Saccharomyces utiles (S. ellipsoideus), qui restent, bour- geonnent peu aux températures de ces encuvaisons froides. Une conséquence biologique sera la suivante : S. apiculatus est une levure peu alcoogène. Dans une fermenta- tion spontanée, elle prélude à S. ellipsoideus. MM. MaRTINAND et Riesrcx à Romanée-Conti, et M. LaBorpE dans le Sauternais, ont observé ce développement initial de S. apiculatus ; ils incli- 064 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE nent à penser que c’est là l’existence indubitable d’un étage bio- logique, non seulement précurseur, mais préparatoire de l’étage prépondérant de S. ellipsoideus. L'évolution prolongée de S. api- culatus est une cause des fermentations paresseuses; maîtresse du substratum, elle épuise la provision d'oxygène dissous dans le moût à la faveur des manipulations qui l’aèrent. Or, un régime d’anaérobiose est nécessaire à la levure qui doit succéder. Car le bourgeonnement est l’une des circonstances de la vie végétative qui, pour un temps, nécessite la respiration libre. Les levures alcoogènes subissent les basses températures et la privation d'oxygène; elles ne se développent guère. Et qu’ad- vient-il? Dans les portions surnageantes et à la surface du cha- peau, où l’aération est facile, le moût se recouvre de bactéries acétifiantes, de moisissures et de mycodermes. Aïlleurs, dans les portions inférieures, des parasites successeurs immédiats à S. apiculatus, les ferments anaérobies de la tourne, de la graisse (et certains ferments lactiques) le dénaturent. L’étage des S. ellip- soideus, en déficit numérique, sombre dans cette concurrence. Il arrive que des produits élaborés, les acides lactique et acétique, corrompent le milieu qui devient inaccessible aux levures ense- mencées. Cette analyse succincte suggère les moyens d’amender la fer- mentation de telles vendanges. L'intervention de ces moyens sera simultanée ou successive selon la gravité du cas. Ce sont : Le pied de cuve initial; il apporte des levures actives. Elles fermentent et abrègent le cycle de S. apiculatus, elles engendrent de la chaleur et prolifèrent plus vite; elles font avorter les inva- sions prématurées des ferments nuisibles. Le réchauflement des moûts au départ ou en cours de fermen- tation exerce pour ces mêmes raisons des eïfets favorisants sur les levures utiles. Il en va de même pour l’aération. Elle est réalisable : a) par l'immersion bi-quotidienne du chapeau flottant; il doit être sain; b) par le repompage des moûts à l'air hbre; cette méthode a été instituée par M. Muxnrz, l'éminent directeur des laboratoires de l'Institut agronomique, dans un autre rôle, où l'oxygène fortifie CHALEUR ET MICROBES DES INDUSTRIES DE FERMENTATION 969 les ferments débilités par les températures excessives. Le moût ou le vin inachevé coulent sur une planche au libre contact de l'air jusque dans un baquet d’où on le refoule dans le même fou- dre ou dans un autre récipient; c) pour les cuvées de vins blancs entonnés dans des foudres et des cuves, on peut avec une pompe refouler de l'air par le clapet inférieur, ou y disperser des bulles d'air par un tube plongeant dans les petits fûts. En étalant ou déplaçant d’un foudre à un autre du liquide, une chute de sa tem- pérature est possible en cave non réchauffée; elle serait nuisible dans les circonstances présentes. Je suis assuré a priori des effets recommandables de laération à air chaud. Sa réalisation m'est un peu suggérée par un artifice que nous, chimistes, employons pour sécher des récipients de verre (on chauffe de l’air en faisant lécher par une flamme sur un certain trajet le tube de verre qui le conduit de la soufflerie dans le récipient). De la même sorte, de l’air réchauffé dans une enceinte serait insufflé dans le moût, aéré et chauïfé ainsi simultanément. Dans les vineries des temps futurs, l’air sera complémentairement filtré de ses poussières or- ganiques, puis aseptisé définitivement par la chaleur. (A suivre.) SUR LES PROPRIETSE DES TERRAINS TOURBEUX DE PICARDIE Par Eugène COQUIDÉ INGÉNIEUR AGRONOME DOCTEUR ÈS SCIENCES NATURELLES PROFESSEUR AGRÉGÉ DE L'UNIVERSITÉ LAURÉAT DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE ET DE L'INSTITUT LA TOURBE EN PICARDIE On sait que la Picardie, — c’est-à-dire la région de craie recouverte ou non d'argile à silex et de lœss qui se trouve au nord de Paris, sensiblement comprise entre le pays de Bray et le Boulonnais, bordée par le littoral de la Manche et s’éten- dant jusqu’au delà de Cambrai, de Laon, de Noyon, s’avançant jusqu'à l'Oise, touchant au Vexin, de Beaumont-sur-Oise à Liancourt-Saint-Pierre, puis continuant le flanc droit de la vallée de la Bresles, — possède de la tourbe dans une grande partie de ses vallées et dans de grandes surfaces déprimées dans la région maritime (marais de Ponthoiïle, d’Arry, de Saint-Josse, etc.) et le long de ses limites (Ardres, Saint-Omer, Arleux, Bou- chain, Sissonne, Ardon, Sacy-le-Grand, Arronville, Liancourt- Saint-Pierre, Bresles, vallée de la Bresles). Aussi bien toutes les vallées ne sont pas forcément tourbeuses et, dans celles qui le sont, la tourbe n’est pas la seule formation qui en remplisse le fond. SUR LES PROPRIÉTÉS DES TERRAINS TOURBEUX DE PICARDIE D07 La tourbe n’affleure pas toujours. Il arrive assez fréquemment qu’elle soit recouverte par d’autres sédiments, sable, argile, tuf calcaire et surtout limon charrié. Bien mieux, dans bien des points, on constate qu’il y a plu- sieurs formations tourbeuses superposées et séparées par des bancs de terrains différents. La tourbe de Picardie est le plus souvent formée aux dépens de mousses se rapportant au type Hypnum et de Carex, de Jones, de Linaigrettes. Néanmoins il existe des taches de tourbe à Sphagnum (vallée de l’Avre, marais de la bande littorale du Marquenterre). Cette seconde catégorie de tourbe est mous- seuse, de teinte claire; elle se rapporte aux types de tourbe des pays granitiques ou sableux, notamment : Bretagne, Irlande, Hollande, Allemagne du Nord... Le type le plus commun en Picardie est noir, compact (Specktorf des auteurs allemands) et, après dessiccation, prend l’aspect d’une pierre fendillée et dure : c’est un vrai combustible plutôt qu’une éponge comme la tourbe à Sphaignes. Une dernière remarque préliminaire. Qu'elle affleure ou non, la tourbe forme presque toujours un sédiment subfossile, portant une végétation non génératrice de tourbe. Ce n’est pas qu’il n’y ait point de tourbières vives en Picardie. Elles sont nom- breuses, mais peu étendues, formant un grand nombre de petites taches çà et là. En général, la ourbière est done morte. L'état actuel des vallées est des plus variables, depuis le maré- cage jusqu’à la lande aride, quel que soit le substratum. Les termes de marécages et de tourbières même actives ne sont donc pas synonymes. Ii existe beaucoup de marécages argileux ou, en tout cas, dépourvus de tourbe et à côté des tourbières mortes paraissant très sèches. La tourbe, depuis très longtemps, a été exploitée en Picardie; elle l’est encore un peu actuellement. De l’extraction, parfois jusqu’à 7 et 8 mètres de profondeur, il est résulté de grands étangs où 1l n’y a plus de tourbe et où il existe une trop grande épaisseur d’eau pour qu’il se forme de la tourbe; ce ne sont donc D68 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE plus des tourbières, comme on les désigne encore couramment. Ce sont des endroits qui ont contenu jadis de la tourbe et où il ne s’en reforme plus, donc des ex-tourbières, dont le bord à pie, résultant de l’extraction, constitue l’entaille. Dans ces ex- tourbières, une foule de sources de fond, dont le résultat est de drainer, non seulement la vallée, mais même le pays, de nom- breux poissons, une végétation de marécages sur les bords. IT ALLURE DE LA VÉGÉTATION SPONTANÉE DANS LES TOURBIÈRES MORTES L'un des moyens les plus précis que nous ayons pour déceler les propriétés des sols et orienter nos recherches dans ce sens est d'analyser la flore spontanée du terrain à étudier. La nature des espèces dominantes, communes, leurs carac- tères extérieurs et anatomiques, les dimensions de leurs organes, l'examen comparé de ces diverses constatations avec d’autres analogues faits sur la flore spontanée venue en d’autres milieux situés sous le même climat, permettent d’arriver à des résultats souvent inattendus. La plante est un organisme d’une délica- tesse extrême et, comme tous les êtres vivants, subissant lin- fluence du milieu et réagissant contre lui, elle en reflète en quelque sorte les propriétés. On voit donc que la géographie des sols et des cultures peut üirer un grand parti de la biogéographie en général, dont elle n’est, à la vérité, qu’une subdivision. Sans entrer dans tous les détails botaniques, nous allons indi- quer rapidement les grands traits des résultats auxquels conduit l'étude méthodique de cette flore spontanée. Tout d’abord, dans les parties marécageuses, les plantes vi- vaces l’emportent de beaucoup sur les plantes annuelles ou bisannuelles (88 %). [Il faut remarquer que la flore est la même (taches de tour- SUR LES PROPRIÉTÉS DES TERRAINS TOURBEUX DE PICARDIE 969 bières actives mises à part) dans les marécages tourbeux et dans ceux qui ne le sont nullement. Je n’insiste done pas plus sur ce facies, renvoyant pour l'étude de sa flore à celle des marécages en général. A côté de ces surfaces, 1l existe de grandes étendues qui por- tent une végétation soufreteuse, alors que le substratum est fon- cièrement tourbeux, parfois sur plus de 5 mètres de profondeur. Dans ces sortes de /andes, la proportion des espèces communes vivaces est encore très forte (61 %). Ces résultats nous montrent déjà que la végétation spontanée sera difficile à détruire. J'ai examiné successivement le port, la taille, les dimensions des tiges, des feuilles, des appareils souterrains sur un grand nombre d'espèces venues dans des terrains divers de la région : tourbe marécageuse, lande tourbeuse, argile marécageuse, læss, craie, sable. J’ai mesuré les dimensions relatives des entrenœuds, des parties souterraines et aériennes, etc. J'ai semé des lots de ces mêmes plantes sauvages, tant sur un sol tourbeux que j'avais fait constituer dans les jardins du Laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau qu’en pleine tourbière vierge, à Bresles (Oise), et, sur ls plantes obtenues j’ai procédé aux mêmes mesures. J'avais, du reste, à Fontainebleau, des cultures juxtaposées en sols argileux, calcaires, sableux. Voici les résultats que ces études m'ont révélés : 19 Dans les marécages tourbeux, rien de particulier. Les es- pèces sont celles que l’on rencontre dans tous les marécages tourbeux ou non, par exemple sur un substratum argileux. Les caractères de ces végétaux sont également les mêmes que ceux présentés par les végétaux qui ont cru dans tous les marécages de nos pays..Les plantes sont des Hygrophytes typiques, recon- naissables à leur taille élevée, à leur système aérien très déve- loppé par rapport à leur système souterrain, à l’abondance et aux grandes dimensions de leurs feuilles, ainsi qu'aux décou- pures de celles-ci, à leurs racines souvent fasciculées, à l’abon- dance des tissus aquifères, etc. ; 970 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 20 Peu d’intermédiaires entre les marécages tourbeux et les landes tourbeuses ; 30 Dans les landes tourbeuses, une végétation xérophile très nette, analogue, d’une part, à celle des décombres et de l’autre à celle des terrains secs par excellence, sable, craie, soit que les espèces soient des xérophytes typiques (Sedum, etc.), soit qu’elles appartiennent à des mésophytes, qui prennent ici comme sur la craie ou le sable, l'allure de xérophytes. Les caractères principaux sont les suivants : prédominance du système souterrain (très pivotant) sur l’aérien; exiguité de la tige, souvent feuilles disposées en rosettes, feuilles peu nom- breuses, réduites et souvent entières; parfois, feuilles charnues, stomates protégées, etc. Abondance du sclérenchyme, réduction vasculaire, parfois hydrenchyme protégé. De tels caractères se rapportent à plusieurs causes. 10 Le fait que le sol, analogue à un sol de décombres, est constitué de petits fragments offrant peu de résistance, de stabilité pour la plante; 20 La pauvreté du sol en éléments fertilisants. Toutefois cette cause ne rend pas compte de certains caractères, comme la car- nosité de quelques espèces et les dispositifs diminuant l’évapo- ration par les feuilles; # 30 La sécheresse du sol. Or le sol des landes tourbeuses est frais. Il y a donc là un problème à élucider. Comment se fait-il que, dans un sol qui est loin d’être dépourvu d’eau, des plantes meurent de soif? Nous allons passer en revue l’action de ces divers facteurs. TI ANALOGIES D'UN SOL TOURBEUX AVEC UN SOL DE DÉCOMBRES Lorsqu'un bloc de tourbe tiré de l’eau est mis à sécher, il se rétrécit peu à peu en perdant de l’eau et, à un moment donné, il se fendille. SUR LES PROPRIÉTÉS DES TERRAINS TOURBEUX DE PICARDIE 971 Ce fendillement se fait en tous sens et envahit peu à peu la masse. À la fin, le bloc est recouvert sur ses faces desséchées de petits fragments noirs très durs, qui se détachent et qui rap- pellent le mâchefer pulvérisé et le poussier de charbon. Les frag- ments ont à peu près les dimensions suivantes : les uns affectent une forme plus ou moins cubique, de 1 centimètre cube environ de volume: la taille des autres rappelle celle des graviers. Dès lors les plantes, mal soutenues, ont une tendance à se coucher, à traîner sur le sol. Polygonum aviculare ou traînasse est justement une des espèces le plus répandues dans ces facies. IV PAUVRETÉ DU SOL EN ÉLÉMENTS FERTILISANTS De nombreuses analyses nous renseignent sur ce sujet. En voici que j’emprunte à l’ Étude sur l’utilisation des tourbes fran- çaises en Agricuiture de M. H. Hirier (Ann. Inst. nat. Agron., n° 12, 1891, p. 68 et suiv.). HUMIDITÉ RÉSIDU POUR 100 insoluble dans les acides AZOTE POUR 100 KOTT POUR 100 ACIDE PHOSPHORIQUE pour 100 CALCAIRE POUR 100 CENDRES POUR 100 Vaux-sous-Corbie (Somme et Ancre). — Tourbe mousseuse, surface . . . . .. 5 0,105 Vaux-sous-Corwie (Somme et Ancre). — Tourbe mousseuse, dure du fond. . . . DA UE 0,01 Picquigny (Somme). — Tourbe dure du fond, MR I mL 5 14 17,30 2,28 0,04 Long (Somme). — Tourbe mousseuse. . . 6,00 1,90 0,000 — — CRE EE 5 9,90 1,19 traces Rülly-sur-Noye (Noye). — Tourbe dure . . 70,00 1,99 traces — — — grise... 71,00 0,66 0,03 Fossemanant (Selle). — Tourbe dure. . . 17,50 2,29 0,02 Moreuil (Avre). — Tourbe dure 6,70 1,95 0,000 Vallée de l'Oise. — Tourbe dure » 2,41 0,043 Pontvallain (Sarthe). — Tourbe mousseuse. 18,70 ) 2,05 0,031 — — — à cendres. 31,20 2,26 0,015 — — — dure ... 28,20 1,92 0,017 972 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Autres analyses faites par M. Coupon et empruntées au Rap- port sur l’utilisation agricole des terres tourbeuses, par M. ScHri- BAUX (Ann. Hydr. Agric., fase. 33; 1905). Analyses de tourbes le plus souvent calcaire d’Andryes (Yonne). ue | Teneur en Ca O TR ee (0) PRE 1eS Teneur en calcaire à l’état à la matière tourbe sèche de carbonate organique 902 4,50 PO 4,67 38 ,4 JO traces k,28 D TRUE traces k,22 4,34 < 2550 11e) FR) DRE 52,8 traces traces 3 ,03 Teneur en matières fertilisantes en tenant compte de l'humidité - pour 1.000 de matière sèche Azote Acide phosphorique Potasse 21,16 2,25 0,76 15,87 127 3,94 20,87 1,64 1,83 J’ai fait moi-même un certain nombre d'analyses dont voici quelques résultats : Tourbe de Camon (près Amiens), brune, incomplètement décomposee ; ’ pour 100 de matière sèche Cendres Azote total AU Potasse Calcaire 16 ,20 2410 0,033 0,004 Si 16,0 2,22 0,014 0,009 6,31 14,62 2,36 0,033 0,005 7545 Tourbe de Camon, noire, complètement décomposée et exempte de coquilles ; pour 100 de matière sèche 21142 2,94 0 ,026 0,003 2,32 22,24 2,2 0,018 0 ,00% 3,71 De toutes ces analyses, 11 résulte que la tourbe de Picardie est très riche en azote, d’ailleurs organique, très pauvre en acide phosphorique et en potasse. En effet, on compte qu'une terre arable doit contenir 1 % d’acide phosphorique et 1 % de potasse. De plus, on voit qu’elle est très riche en calcaire. Cette richesse SUR LES PROPRIÉTÉS DES TERRAINS TOURBEUX DE PICARDIE 573 se conçoit si l’on songe que la craie constitue le substratum de la région et que toutes les eaux en contiennent une grande pro- portion à l’état de bicarbonate. A la suite des auteurs allemands, on se représente souvent la tourbe comme très pauvre en chaux. Ce cas est, en effet, réalisé pour les nombreuses tourbières à Sphagnum établies sur des substratum siliceux. Mais, dans le cas que j’ai examiné, il en est tout autrement. Une conséquence de ces faits consiste dans la réaction de la tourbe. On dit couramment que la réaction de la tourbe est acide et on attribue cette qualité à l’acide humique (?). Or, il n’y a acidité que pour les tourbes à Sphaignes. La tourbe de Picardie est rigoureusement neutre, la chaux saturant les produits acides qui, peut-être, tendent à se former dans ces tourbes aussi. D'autre part, l’eau qui imprègne les tourbes de Picardie est extrêmement pauvre sauf en calcaire et en oxyde de fer. Par conséquent, il est certain que les plantes des landes tour- beuses calcaires ont très peu de nourriture à leur disposition et ce manque de fertilité explique un certain nombre de leurs carac- tères. V LA TOURBE ET L'EAU Nous allons examiner successivement comment la tourbe absorbe l’eau et comment elle la cède. Il est certain que la tourbe a un très grand pouvoir d’absorp- tion pour l’eau, comme le prouve ses emplois pour absorber les déjections des animaux, les mélasses, ete. Toutefois, ajoutons qu’on se sert, comme absorbant, de la tourbe de Sphaignes et non de celle d’Hypnacées, dont le prin- cipal rôle industriel est, jusqu’à nos jours, le chauffage. Je laisse de côté les expériences de SCHUBLER que VALLOT, dans ses Recherches physico-chimiques sur la terre végétale et ses rap- 974 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ports avec la distribution géographique (Paris, 1883), a justement critiquées. M. Hirier, dans son mémoire précédemment cité, a trouvé que 100 grammes de tourbe séchée à l'air et plongée pendant vingt-quatre heures dans l’eau, retiennent, selon les cas, de 4 à 600 grammes pour les tourbes de Picardie, de 500 à 900 grammes pour les tourbes de Bretagne et de Hollande. Les tourbes mousseuses, les tourbes à Sphaignes ont un pouvoir absorbant bien plus grand que les tourbes compactes. Il est à retenir que l’on est ici parti de tourbes préalablement séchées à l'air et que l’immersion n’a duré que vingt-quatre heures. Or, selon que l’on part de tourbe préalablement dessé- chée ou de tourbe seulement un peu fraîche (et dont on connaît la teneur initiale en eau), on n’obtient pas les mêmes pouvoirs d'absorption. Il ne peut être question de jeter de la tourbe sur un filtre, ce qui modifierait sa teneur en eau, ni de l’émietter, de la tasser, etc. Il faut la prendre comme elle se présente dans la nature. J’ai opéré selon deux méthodes : 19 par immersion; 20 par pénétration verticale de haut en bas. La première opération est très simple : on détache un échan- tillon de tourbe; une partie est pesée et séchée à l’étuve; on pèse l’autre partie, on l’immerge dans l’eau et on la pèse de temps à autre après égouttage jusqu’à ce que l’on tombe sur un nombre indéfiniment constant. On répète l’opération sur un grand nombre d'échantillons. J’ai ainsi trouvé qu’en moyenne, un bloc de tourbe noire saturée par immersion contient 89,17 % d’eau, soit près de 90 %. L’absorption de l’eau par la tourbe est accompagnée d’ure augmentation de volume. Ainsi, parti d’un parallélipipède ce tourbe dont les dimensions initiales étaient en centimètres : 2,8 6,3 et 7,7, soit un volume de 135cm3 828, les chiffres sont devenus, après saturation : 3,8 6,8 et 8,3 soit un volume de 214cm3,472 L'augmentation a été de 78mM8,644, soit plus de 57 %. SUR LES PROPRIÉTÉS DES TERRAINS TOURBEUX DE PICARDIE 079 Le bloc de tourbe saturé a ensuite été desséché à l’étuve et ses dimensions en centimètres sont devenues : 1,6 3,4 et 4,8, soit un volume de 26cm341412 La diminution a été de 188cm5 36. Donc si la tourbe peut ainsi gorfler dans l’eau, on conçoit qu’à l’état de nature, il existe une pression interne dans la masse, la matière ne pouvant se distendre ainsi Hbrement. Ainsi, quand on retire du sol un bloc de tourbe, on voit les bords de l’entaille se resserrer une fois le bloc enlevé. Examinons donc quel sera l’absorption de la tourbe à pression variable. Autrement dit, passons à la deuxième méthode. I] suffit de prendre un cylindre en tôle galvanisée et à bords infé- rieurs tranchants, pour découper un cylindre de tourbe com- pacte. On règle cette hauteur de tourbe pour qu’il reste de quoi mettre de l’eau dans le cylindre au-dessus de la tourbe. On peut ensuite fermer le cylindre par le haut pour éviter l’évaporation. On a déterminé le volume du cylindre de tourbe et la teneur initiale en eau de cette matière. Puis, on assujétit le cylindre sur une allonge. Avec de la graisse consistante, on lute le cy- lindre sur le col de l’allonge dont la partie effilée se rend dans un récipient bien fermé pour éviter l’évaporation, où pourtant la pression atmosphérique s'exerce. On peut monter ainsi une série d'appareils bien verticaux. On mesure la quantité d’eau que l’on a versée en excès sur la tourbe et on mesure la quantité d’eau recueillie après saturation de la tourbe. Par différence, on a l’eau absorbée en ajoutant toutefois l’eau contenue au début de l'expérience au chiffre ainsi trouvé. On vérifie à la fin de l’expérience la justesse de l’opéra- tion par la mesure directe de l’eau totale contenue finalement. Avec WoLLnY et VALLOT, j'appellerai coefficient de saturation la quantité d’eau totale contenue dans 100 parties de la matière saturée. On trouve, dans ces conditions, que notre tourbe absorbe, en moyenne, 82,77, soit environ 83% d’eau et non plus 90 %, lors- qu'on tient compte de la pression interne. 070 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Lorsque la tourbe est saturée, si l’on vient à verser une certaine quantité d’eau au-dessus d’elle, on recueille cette même quantité d’eau. D'ailleurs, j’ai pu constater également qu'après saturation, la perméabilité de la tourbe est complète également de bas en haut. En opérant d’une façon analogue pour du lœss, terre idéale de culture, j'ai obtenu comme coefficient de saturation 22,7 %. J’ai étudié aussi le pouvoir absorbant de la tourbe pour les substances salines. J’ai choisi comme exemple un engrais très soluble, le chlorure de potassium. Après avoir constaté qu’une tourbe ne contenait pas de chlo- rures et après avoir lavé cette tourbe à l’eau distillée, j’ai reconnu que des échantillons de tourbe saturés d’eau à 88% ont retenu, de 100 centimètres cubes d’une eau contenant 100 grammes par litre de chlorure de potassium, des quantités de ce sel variant entre 63 grammes et 71 grammes °/% de tourbe sèche. En opérant pareillement sur du limon bien tassé, j'ai constaté que 1.000 grammes de limon sec retiennent 19 grammes de chlorure de potassium. Or le limon passe pour un des sols qui retient le mieux les engrais. La tourbe absorbe donc 3 fois et demie plus de chlorure de potassium que le limon. Je me suis ensuite proposé d'étudier ce que de l’eau distillée enlèverait de chlorure à la tourbe, qui en avait ainsi retenu. J'ai obtenu pour 100 centimètres cubes d’eau distillée, passant sur 214 grammes de tourbe saturée, à 89% et ayant retenu 18,618 de chlorure, un enlèvement de 35% de cette quantité de sel; 100 centimètres cubes d’eau sont encore versés dans le cylindre et enlèvent 32% de la quantité de sel qui restait; une troisième opération a enlevé 36% du reliquat de chlorure. Il se passe là quelque chose d’analogue à l’osmose. Dans une solution à N % d’un sel, dans laquelle on plonge de la tourbe ou toute substance capable d’être le siège de phénomènes d’os- mose, il se produit un équilibre entre la quantité a% de sel dans l’eau mère et la quantité b% de sel dans la substance. a Le rapport est 3: SUR LES PROPRIÉTÉS DES TERRAINS TOURBEUX DE PICARDIE D77 Dès lors, si la substance est placée, toutes conditions sem- blables d’ailleurs, dans une solution contenant plus de a% de sel, elle s'enrichit en sel et inversement si on la met dans de l’eau pure ou du moins contenant moins de a % de sel. 11 résulte de là que ce que l’on appelle pouvoir absorbant d’un sol pour une substance chimique est une résultante de plusieurs propriétés complexes, peut-être pas entièrement connues; les unes sont dues à de véritables actions chimiques, comme celle des sels ammoniacaux par les terres dans lesquelles se passe une réaction entre ceux-ci et le calcaire, et les autres sont d’ordre purement physique, comme cela a lieu dans la rétention de sels par des substances colloïdales (argile et probablement tourbe). La tourbe, dont j'ai examiné les propriétés, étant calcaire, il était intéressant de voir s’il y a réaction chimique dans le cas de l'absorption des sels ammoniacaux. J’ai opéré sur du chlo- rure d’ammonium. J’ai constaté que la réaction de la liqueur saline recueillie après passage sur la tourbe (calcaire) était acide. Il y a donc bien eu cette fois action chimique. J’ai mesuré qu’en opérant comme précédemment dans le cylindre, 1.000 grammes de tourbe sèche retiennent entre 52 et 61 grammes, alors qu’en opérant par immersion, la quantité de sel retenu a été sensible- ment plus grande. Examinons maintenant comment la tourbe perd, cède son eau. J’ai d’abord procédé par dessication à l'air libre. Un parallé- lipipède de tourbe saturé d’eau pesait 200 grammes lorsqu'il a été mis à sécher. Ses dimensions étaient : eut 6cm 3 _5em 4, soit un volume de 2070m8 522 cent trente et un jours après, poids et dimensions ne variaient plus. Le poids s'était réduit à 2787,75 et les dimensions à 30m 6 3cm,35 20m,79, ce qui donne un volume : 330m3,637 dix jours après ces mesures, j'obtenais encore les mêmes nombres. ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 37 078 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le volume initial 207M3522 est donc devenu, après dessi- cation, 33°M3,637. Donc 100 volumes de tourbe humide se ré- duisent, après dessication, à 16,2. On peut ainsi se rendre compte des énormes variations de volume de la tourbe pourtant non mousseuse que j'ai étudiée. La dessication de la tourbe à l’étuve n’est intéressante que par les variations rapides de volume qu’elle nous donne. Je suis parti d’un bloc de tourbe saturée à 88% d'eau, de dimensions en centimètres : 3,95 3,4 et 2,8, donnant un volume de 37°m3,604 Le poids était de 328,37. Après huit heures dans une étuve à 1000, le poids et les dimensions du bloc ne variaient plus. Ces quantités sont devenues 3,5 1,6 1,3 (soit 70m3,28) Le poids est devenu 38,57. J'ai répété plusieurs fois des mesures analogues et trouvé ainsi une variation moyenne de volume d’environ 85 %. Après sa dessication complète, la tourbe est durcie, fendillée. Elle s’en va en écailles, se casse facilement, mais ne se laisse plus couper. Elle a un aspect tout différent de celui qu'elle à d'habitude, elle est coagulée. Enfin, j’ai examiné ce que devient le degré d'humidité d’un bloc de tourbe non saturé d’eau, quand on le plonge dans de l’eau bouillante. Je suis parti de 50 grammes d’une tourbe à 75% d’eau; les dimensions du bloc étaient les suivantes en cen- timètres : ES nr 6 pour un poids de 50 gr. AGhétres aprés. "OM 3,522 268 5900 — 48 24 heures après les 16 heures 3,4 2,75 5,3 — 47 24 heures après les 24 heures 3,3 2,7 He: — 43 Donc au sein de l’eau chaude, la tourbe à perdu de Peau, a diminué de volume et de poids. Voilà encore un fait qui rapproche la tourbe noire des substances colloïdales. SUR LES PROPRIÉTÉS DES TERRAINS TOURBEUX DE PICARDIE 579 Enfin, après une dessication absolue, la tourbe peut regonfler dans l’eau, mais elle ne reprend plus autant d’eau que si elle n’a pas été préalablement desséchée. Voyons donc à présent quels sont les facteurs qui permettent à la tourbe de retenir une aussi grande quantité d’eau. Un grand nombre d’expérimentateurs ont rapporté ce grand pouvoir à la capillarité de notre matière. Le fait est que la capillarité de la tourbe est très élevée. J’ai mesuré ce pouvoir capillaire que Vallot définit la quantité d’eau absorbée par 100 grammes de terre sèche. Toutefois, nous venons de le voir, les propriétés de la tourbe n’étant pas les mêmes exactement si l’on part de tourbe humide ou de tourbe desséchée, j’ai opéré sur une tourbe contenant 68 °, d’eau, donc non saturée et J'ai mesuré le pouvoir capillaire en rapportant l’eau absorbée à la tourbe humide initiale d’une part, à la tourbe sèche contenue dans la tourbe initiale d’autre part. Je me suis encore servi de mes cylindres métalliques et j'ai opéré par la méthode indiquée par Vallot. J’ai étudié compara- tivement le pouvoir capillaire de la tourbe noire par rapport à celui du limon. Pour le limon, la capillarité est déjà de 21 après un quart d'heure (rapportée évidemment ici au limon sec initial), de 32 après une heure; puis elle varie peu : 36 après trois heures et demie, 37 après vingt-trois heures, après quoi les chiffres se maintiennent. Pour la tourbe, la durée de l’absorption par capillarité est bien plus longue et le pouvoir bien plus élevé. Ce pouvoir a augmenté pendant cent soixante-sept heures. Par rapport à la tourbe initiale, il est de 99; par rapport à la tourbe sèche, de 260. Comparons avec les résultats analogues trouvés par Vallot : de 22 à 28,8 pour les sables, après un temps qui varie entre 8 et 25 heures; de 21,8 à 34,2 pour le calcaire, après 17 et 18 heures; de 60, après 66 heures, pour l’argile. Le limon, mélange de sable et d’argile, a un pouvoir intermédiaire, environ 40, entre celui de ses deux principaux composants. 980 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE La tourbe, on le voit, est douée du plus grand pouvoir capil- laire et de la plus longue durée d'absorption. A la fin de l’expé- rience, la tourbe contenait un peu moins de 90% d’eau. C’est donc bien par capillarité que la tourbe retient au moins la plus grande partie de son eau. Toutefois, comme après tout, je suis parti de tourbe contenant déjà une assez forte proportion d’eau, 1l y avait lieu de se de- mander si d’autres facteurs ne pouvaient pas concourir à ce fort pouvoir de rétention d’eau. On peut mettre en évidence, à ce sujet, un phénomène osmo- tique. La tourbe, nous l’avons vue, possède, en effet, un grand pouvoir d’absorption pour les matières salines en particulier. Dès lors, si de la tourbe non saturée et contenant une grande quantité de substance saline est mise en présence d’eau, tout se passe comme si la solution et l’eau se trouvaient de part et d’autre d’une membrane perméable. De l’eau entrera dans la tourbe et du sel se rendra dans l’eau jusqu’à équilibre. Aussi bien, si l’on avait plongé de la tourbe non salée dans une solution le phénomène inverse se serait produit. C’est ce que des expé- riences directes m'ont permis de vérifier. Enfin nous avons constaté que la tourbe présente certaines des qualités des colloïdes. Or, on sait qu'une de leurs propriétés est de gonfler en absorbant une énorme quantité d’eau. A ce propos, j'ai comparé la tourbe avec la gélatine et l’ovalbumine. J’ai pu constater que la tourbe saturée à 88% d’eau cédait de l’eau à de la gélatine à 70%. De même, J'ai pu observer le passage de l’eau de la tourbe saturée dans une solution d’oval- bumine contenant 4 parties d’ovalbumine pour 70 d’eau. Inversement des solutions très aqueuses de gélatine et d’oval- bumine ont cédé de l’eau à des blocs de tourbe non saturée, contenant l’un 78% d’eau et l’autre 72% et, après deux jours, j'ai obtenu pour la tourbe des teneurs en eau respectivement de 87% et de,79 %. Donc, selon les concentrations, il peut y avoir tous les échanges entre des matières colloïdales et de la tourbe noire. Par consé- quent, de ce chef encore, la tourbe peut retenir de l’eau. SUR LES PROPRIÉTÉS DES TERRAINS TOURBEUX DE PICARDIE D81 VI LA TOURBE ET LA PLANTE Nous avons vu avec quelle puissance se fait l'absorption de l’eau par la tourbe et l’on sait, d’autre part, quels moyens non moins puissants possède la plante pour se procurer cette même eau. Dans les parties marécageuses, d’ailleurs les plus répandues, aueune difficulté. La tourbe est saturée et il y a encore un grand excès d’eau. Dans le cas des landes tourbeuses, au contraire, 1l y a lutte pour la possession de l’eau entre la tourbe et la plante, lutte avec des moyens en partie communs. Il en résulte que certains végétaux peuvent enlever de l’eau à la tourbe et végéter, mais cette eau n'est cédée par le substratum qu'avec parcimonie et la végétation prend une allure xérophile, alors qu’il peut y avoir encore dans le sol près de 50% d’eau. La tourbe n’est done pas un terrain sec à la façon du sable, des calcaires tendres ou des calcaires durs. Elle retient bien l’eau, mais tant qu’elle n’est pas arrivée à son taux de satura- tion, elle n’abreuve que fort peu le végétal et, bien qu'humide, elle se comporte comme un terrain sec. C’est un sol non direc- tement, mais phystologiquement sec. Mais alors, comment se fait-il que le faciès marécageux soit le plus répandu? C’est que, le plus souvent, la tourbe s’est dé- veloppée dans les bas-fonds. Or, c’est dans les endroits les plus déclives de la vallée que l’eau s’exsude de la contrée. C’est une coïncidence qui amène la tourbe et l’eau à se rencontrer au même endroit. Ou bien cette coïncidence résulte encore de lex- traction de la tourbe. Mais ce n’est pas parce qu'il y a de la tourbe que le sol est marécageux. Au contraire, la capacité de la tourbe pour l’eau est telle, son taux de saturation est si élevé que le terrain est physiologiquement sec et porte normalement, avec notre régime de pluies, une végétation xérophile. C’est D82 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE parce qu'il se trouve que la tourbe de Picardie prend naissance dans des parties très basses et que là aussi se rendent les eaux de la région. [1 y a simplement juxtaposition de deux faits. Au surplus, certaines déclivités à base de sable sont aussi maréca- geuses que les sols tourbeux bas. Ainsi, les mares que l’on ren- contre dans les dunes ou dans les forêts de sable. VII CONCLUSIONS PRATIQUES Le sol tourbeux est compact, mal aéré, impropre naturelle- ment à la nitrification; 11 est pauvre; il est trop humide lorsqu'il n’est pas physiologiquement sec. Est-ce à dire qu’il ne peut rien produire? Si. On en tire parti actuellement par l'exploitation des peupliers ou par celle des légumes cultivés près des villes en hortillonnages. On en tire un abondant gibier et de nombreux poissons. Des essais parti- culiers ont montré, d’une façon encore hésitante, qu’on pourrait obtenir mieux. En assurant une meilleure répartition de l’eau, en aérant le sol, en y mettant des engrais, puisque ceux-ci sont bien retenus, peut-être pourrait-on obtenir une assez bonne herbe, sans oublier toutefois que l’on doit engager une lutte äâpre contre les nom- breuses espèces vivaces qui constituent le fond de la végétation spontanée. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE Par A. BARBEY EXPERT FORESTIER CORRESPONDANT ÉTRANGER DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE (Suite) (1) Bombyx lanestris L. Lépiporr., Bombycidiæ (Gastropacha lanestris Ochsh.) [PI. VIL, fig. 4, 4 a] Bombyce laineux Longueur, Papillon étalé : 30 à 40 millimètres; Chenille 35 à 40 millimètres. La couleur de ce Bombyce est variable; chez certains individus, elle est d’un brun rouge, tan- dis que chez d’autres, elle est gris bleu. Les ailes [ranv. .| o | antérieures sont plus foncées à la base sur laquelle | |, apparaissent des taches blanches que l’on retrouve FE. à peu près au milieu de l’aile. Les ailes antérieures et postérieures sont sillonnées en travers par une bande claire. Les antennes du mâle sont longues et doublement pectinées; la femelle porte à l’ex- |} Juin. trémité abdominale une touffe de poils laineux. Juill... La Chenille compte 16 pattes, est de couleur bru- | ou. | nâtre avec tête d’un gris foncé. On remarque, sur chacun des anneaux 2 à 11, deux rangées de points d'un jaune rouge très marqué; ils sont garnis de Mars. .| o AVES Mae Sept. OC poils rigides de même couleur. Au dessous de ces Eee) touffes pileuses, chaque anneau porte le plus souvent trois points blanc. (1) Voir Annales de la Science agronomique, 1911, 2e semestre, n° 5, p. 348; n°6, p. 419; 1912, 1€7 semestre, n° 3, p. 181; n° 4, p. 241; n° 6, p. 426; 2° semestre, n° 3, p. 167; n° 4, p. 271, n° 5, p. 348; n° 6, p. 220; 19143, 17 semestre, n° 5, p. 379; 2€ semestre, n° 3, p. 293 ; n° 4, p. 420 D84 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le Bombyce laineux essaime en avril, dépose ses œufs sur les rameaux et recouvre sa ponte d’un duvet soyeux très caracté- ristique. Aussitôt après l’éclosion, en général en mai, les Chenilles e] LE " nl Fig. 291. — Nid du Bombyx lanestris L. sur un rameau de Bouleau. 3/4 gr. nat. (orig.). commencent à gagner les jeunes feuilles qui viennent de s’épa- nouir et qui sont entamées de façon fort variable. Les Chenilles aiment à vivre et à travailler en colonie; aussi, dès qu'elles sont dérangées par le mauvais temps, elles se réunissent à l’intersec- tion de branches ou de rameaux où elles construisent un nid ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 8 soyeux qu'elles agrandissent à mesure qu'elles augmentent de grosseur (fig. 291). A la fin de la période des ravages, les excré- ments alourdissent le nid qui finit par s’allonger et prend la forme d’une bourse pendante qu'on peut apercevoir du pied de l'arbre. Durant la dernière phase de la période de ravages, la Chenille opère plutôt seule, puis en Juillet, ou au commencement d'août, elle se laisse choir sur le sol et, s’entourant d’un cocon soyeux, hiverne dans la couverture morte. Parfois la chrysalidation a lieu déjà en automne. Le Bombyx lanestris L. attaque surtout les Bouleaux et, le plus souvent, ne provoque que le dessèchement de certaines branches. Exceptionnellement, il s'attaque aux Chênes, Tilleuls et Saules ainsi qu'aux arbres fruitiers. Il est plus répandu dans le nord de l'Europe, peuplé de Bouleaux, que chez nous. Moyens préventifs. — Comme il s’agit en somme d’une espèce peu répandue et ne causant pas de dégâts très redoutables, on n’a pas à prendre de mesures spéciales pour prémunir les massifs de Bouleaux des atteintes de cette Chenille. Moyens répressifs. — Ils consistent à détruire, de mai à juillet, les bourses qui pendent des branches et qu'on peut facilement atteindre au moyen d’un échenilloir. Cette opéra- tion doit ètre entreprise de préférence par le mauvais temps, alors que l’animal s’est retranché dans son nid protecteur. On peut également détruire les colonies d'œufs fixées aux ra- meaux. Bombyx neustria L. Liparis chrysorrhoea L. Liparis similis Fussl. Phalera bucephala L. Geometra brumata L. Geometra defoliaria L. Geometra progemmaria Hbn Geometra aurantiara Esp. ’ 086 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Noctua incerta Hifn. Noctua coryli L. Voir : Chapitre des Chênes. Liparis dispar L. Orgya pudibunda L. Geometra boreata L. Halias prasinana L. Voir : Chapitre du Hêtre. Liparis monacha L. Voir : Chapitre de l'Epicéa. Orgya antiqua L. Lériorr., Bombyciaæ Orgye antique Longueur, Papillon étalé : 30 à 33 millimètres; Chenille 35 millimètres. Les deux sexes de cette espèce sont fort différents. Tandis que le mâle a toutes les ailes brunâtres et l'extrémité des antérieures plus foncées avec une tache blanche en demi-lune à leur angle inféro-externe, la femelle est d’un gris sale avec des rudiments alaires qui ne lui permettent pas de voler. La Chenille, munie de 16 pattes, a la face dorsale du corps gris foncé, la face ventrale est jaune; les côtés, dont la teinte fonda- mentale est grise, sont ornés de taches rouges. Les anneaux 4 à 7, portent des touffes de poils jaunâtres coupés ras. Sur le pre- mier anneau, on distingue en outre deux pinceaux foncés dirigés en avant et, sur chacun des côtés du quatrième, un autre pin- ceau perpendiculaire au corps; enfin, au sommet du onzième anneau se trouve un appendice semblable et dirigé en arrière. On est d'accord pour reconnaitre que ce Papillon, excessive- ment polyphage, essaime deux fois durant l'été, soit en Juin et en septembre. La ponte est déposée dans le voisinage immédiat du cocon fixé aux branches et l’hivernement a lieu à l’état d'œuf. Nous avons signalé ce Papillon dans le chapitre des « Pins». La Chenille peut être rencontrée sur n'importe quelle essence fores- tière ou fruitière, mais elle n’est presque jamais la cause du dépé- ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE D87 rissement d'un arbre, car elle ne provoque qu'une défoliaison partielle (1). Geometra betularia L. Lépinopr., Geometridæ (Amphidasis betularia Tr.) Longueur, Papillon étalé : 50 à 60 millimètres; Chenille 45 à 55 millimètres. Le Papillon de cette arpenteuse a les ailes d'un blanc crayeux tacheté de noir. Des bandes foncées en zigzag se prolongent sur les ailes postérieures. La Chenille à dix pattes, elle est d'un brun marbré, glabre. La tête est carrée et présente des dessins en V sur le front. Le Papillon essaime en mai et les Chenilles opèrent dans la frondaison durant tout l'été. La chrysalidation a lieu dans le sol et l’animal hiverne à l’état de Nymphe. Ce Phytophage est aussi peu connu que rare. Nematus septentrionalis Ratz. Hyménorr., Z'enthredinidæ Longueur, j : 7; @ : 11 millimètres: Chenille : 25 à 30 milli mètres. Cette espèce est très voisine du VNematus abietum Htg. que nous avons décrit dans le chapitre de l’ « Épicéa ». La tête, le thorax et les extrémités antérieure et postérieure de l'abdomen sont noirs. Les anneaux abdominaux, 2 à 6 de la femelle, et 9 à 12 du mâle, sont couleur de rouille; les ailes sont transpa- rentes et veinées. La Chenille, d’un vert jaunâtre, se confond avec le feuillage. Le premier anneau et les pattes abdominales sont ocre jaune. La tête, les pattes thoraciques, ainsi que six rangées de taches dorsales et une abdominale, sont d’un noir intense. (1) Les Chenilles des deux Microlépidoptères : Tortrix cratægana Hbn. et Tinea fuscedinella ZA. (Arrum, 1894, p. 639-648), ont été parfois observées sur les feuilles de Bouleaux et d’autres essences feuillues. Au point de vue forestier, elles sont presque sans importance, étant fort rares. On peut encore citer, parmi les ravageurs du feuillage des Bouleaux, la Chenille d’un Bombycide, Endromis versicolora L. Cette espèce fort rare est à peine connue des forestiers. 088 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Suivant Junercx et NiTscHE (1895, p. 668), cet Insecte peut produire deux générations par an, essaimant en mai et en août. La femelle dépose jusqu’à 150 œufs sur les nervures de la face inférieure des feuilles. Les jeunes Chenilles, rangées en procession, se mettent à ronger les feuilles de Bouleaux et parfois des Frênes, des Aunes, des Peupliers, etc., en respectant le plus souvent la nervure médiane. Ces dégâts ne peuvent provoquer le dépéris- sement des arbres. Le Nematus septentrionalis Ratz. est rare, presque sans importance au point de vue de la protection fores- tière. 10. Peupliers Populus alba L., P. nigra L., P. canadensis Desf., P. tremula L., etc. RACINES Mêmes Insectes que ceux des autres essences feuillues (Voir les chapitres précédents). ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Agrilus viridis L. (1). Voir : Chapitre des Chênes. (1) Trois autres Buprestes pratiquent à peu près un même système de galeries dans les couches cambiales du bois de Peuplier; ce sont : Agrilus sexguttatus Hbst., Buprestis decastigma Fabr. et B. variolosa Paÿk. Au point de vue de la protection forestière et de la déformation des jeunes tiges de Peupliers, ils ont la même importance que lAgrilus viridis L., tout en étant beaucoup plus rares. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 589 Glyptoderes granulatus Ratz. Coréorr., Scolytidæ Longueur : 2 à 2,2 millimètres. Ce Bostryche de petit calibre est caractérisé par quatre denticules disposés en une rangée transverse au bord antérieur du corselet; ce dernier est légère-. ment étranglé sur le devant. Les élytres sont finement striés- ponctués avec léger enfoncement sutural près de l'extrémité. Glyptoderes binodulus Ratz. Couéopr., Scolytidæ (Cryphalus asperatus Gyll.) Longueur : 1,5 à 2 millimètres. Encore plus petit que le précédent, avec des denticules presque semblables sur la partie antérieure du corselet qui est demi-sphérique. On remarque en arrière de ces quatre denticules, une large tache formée de mi- nuscules tubercules. La biologie de ces deux Bostryches est encore peu connue; on a observé que la ponte est déposée sous l’épiderme cortical et que les Larves rongent d’une façon désordonnée sans forer de galeries distinctes. Les ravages n’ont guère d'influence sur le développement des Peupliers attaqués. Cryphalus Grothi Hagd. Coréopr., Scolytidæ Longueur : 1,1 à 2,2 millimètres. Le corselet porte sur le devant 4 à 6 denticules, et en arrière de ces derniers se trouve une tache de rangées concentriques de granulations qui, sur la partie postérieure, se confond avec la ponctuation. Les élytres ont les stries juxta-suturales enfoncées et profondément ponc- tuées. Le mâle est muni de chaque côté de la déclivité, d’une pointe plus ou moins obtuse suivant les individus; la femelle en est privée. Cette espèce, encore peu connue et peu répandue, attaque les - Trembles. HacEenorx (1904, p. 228 à 233, 372 et 373), décrit sa 590 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE biologie et la forme de ses ravages qui intéressent surtout, les couches corticales extérieures, comme le montre la fig. 292. Les Trembles ne paraissent pas devoir pâtir de ces atteintes superficielles. Fig. 92. — Écorce de Tremlle ravagée rar le Cryphalus Grothi Haçd. 1/1 gr. nat. (orig.). INTÉRIEUR DU BOIS Xyleborus Saxeseni Ratz. Voir : Chapitre du Sapin. Scolytus multistriatus Marsh. Voir : Chapitre des Ormes. Cryptorrhynchus Lapathi L. Voir : Chapitre des Aunes. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 591 Saperda carcharias L. Coréorr., Cerambycidæ (Saperda punctata De Geer) Saperde chagrinée [PI. VII, fig. 9] Longueur : 22 à 30 millimètres. Ce Longicorne, d'apparence Jjaunâtre, possède un corselet dont les côtés sont arrondis, sans épines. La tête, échancrée au milieu, porte des antennes pileuses, à peu près de même longueur que le corps; le troisième article est plus long que le quatrième. Chacun des anneaux, à l'exception du dernier, est tacheté de noir à l’extrémité distale. Les élytres, sensiblement plus larges que le corselet, ont des épaules saillantes ; ils sont profondément et grossièrement ponctués, présentent dans la déclivité des granulations peu distinctes, et sont recouverts d’une pilosité jaune. L’extrémité postérieure du mâle est plus étroite que celle de la femelle. La Larve, qui peut atteindre 38 millimètres de longueur, est du type de celle des Lamiites dont la tête se détache très peu du prothorax; ce dernier est recouvert dorsalement par une plaque chitineuse brunâtre. Le corps, privé de pattes, est lisse et brillant ; il porte quelques courts poils isolés. L'ouverture anale est limitée par une paroi dont les contours ont la forme d’un Y. Ce Coléo- ptère essaime en Juin ou juillet et recherche en général les parties inférieures des troncs de Peupliers, de Trembles ou parfois encore les branches, les anfractuosités de l'écorce dans lesquelles la femelle dépose sa ponte œuf par œuf. La jeune Larve, qui nait sous l’écorce, commence par forer une galerie irrégulière. A mesure qu'elle augmente de volume, elle pénètre plus profondément et, remontant le tronc, pratique un couloir sinueux, aplati, ayant une section elliptique. Les systèmes sont remplis de débris ligneux qui tombent au dehors et, se coagulant avec la sève, forment des grumeaux qui pendent en dessous des orifices de dégagement pratiqués par la Larve. Pour opérer sa métamor- phose en Chrysalide, qui a lieu après deux hivernages, la Larve bouche l’orifice de sa niche à l’aide d’un tampon de fragments 592 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE de bois (fig. 293). L’Insecte parfait gagne Le dehors en mai, donc après une évolution de deux ans, en pratiquant un trou de sortie presque rond. Fig. 293. — Berceau de Chrysalide pratiqué par la Saperda carcharias L. dans un tronc de Peuplier. 1/1 gr. nat. (orig.). De l'extérieur on reconnait facilement les arbres attaqués aux écoulements de sève mêlée de sciure et de débris, ainsi qu'aux boursouflements provoqués par la déformation de l’écorce. Les ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 93 Peupliers et Trembles de faible dimension qui ont subi, pendant deux ans consécutifs, les atteintes d’une ou de plusieurs Saperdes ne tardent pas à dépérir. Dans les pépinières surtout, les tiges et les branches infestées se brisent facilement sous le poids de la neige ou par les coups de vent. Ces dégâts sont aussi à redouter lors du débitage des grumes de Peupliers dont le bois est actuellement fort recherché pour la fabrication des caisses d’emballage. La culture du Peuplier est fort en honneur en ce moment, et c’est à juste titre qu’on cultive cet arbre en grand dans les terrains marécageux assainis, ainsi que le long des chaussées et des canaux, car son bois trouve un placement assuré et avantageux. Moyens préventifs. — Lorsqu'une jeune plantation, une allée, une pépinière sont infestées par les Saperdes, on peut préserver de la ponte la partie la plus exposée des tiges, soit une zone de 1,50 à 2 mètres au-dessus du sol, en la recouvrant d’un mélange de fumier de vache et d’argile ou encore de glu (tRaupenleim»). Moyens répressifs. — Lors de l’abatage des arbres infestés par ces Longicornes, il faut s’efforcer de détruire l’animal sous ses différentes formes. Au moment de la période de ponte, alors que l’Insecte parfait gagne le dehors ou quand la femelle dépose sa ponte, on peut également capturer les Saperdes sur la partie inférieure des troncs. Saperda popuilnea L. CoLéopt., Cerambycide Saperde du Tremble ou du Peuplier Longueur : 8 à 43 millimètres. La Saperde du Tremble, qu'on appelle parfois aussi la Saperde du Peuplier, est surtout fréquente dans le Tremble, dont elle constitue le ravageur le plus commun. Elle ne peut être confondue avec l’espèce précédente. En effet, elle est d’une teinte noire tout en étant beaucoup plus petite. Le corselet porte trois ligneslongitudinales jaunâtres dont la médiane est souvent effacée. Chacun des élytres est recouvert de quatre ou cinq taches d’un jaune plus ou moins clair. ANN. SOIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 38 594 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE La durée de l’évolution de ce ravageur est également de deux ans et coïncide à peu près avec celle de la Saperde chagrinée. La Larve, qu’on trouve surtout dans les tiges, rejets et les petites branches de la grosseur du pouce, pratique au début un : < E . ge teeT* À Fig. 294. — Tiges de Tremble déformées par la Larve de la Saperda populnea L. a;"origine du ravage (encoche de ponte); b, couloir circulaire; c, couloir central ; d, galle vue de l'extérieur ; e, orifice de sortie. 1/1 gr. nat. (orig.). couloir semi-circulaire creusé entre l’écorce et la moelle; c’est le dégât périphérique, suivi l’année suivante du dégât central. En effet, la Larve adulte fore au centre de la tige une courte galerie remontante dans laquelle elle se chrysalide, la tête tournée vers le bas, puis l’Insecte parfait gagne l'extérieur en passant par un orifice rond (fig. 294). Ce réseau de couloirs, si ramassé et qui héberge l'animal durant deux ans, est plus ou moins rempli de sciure et de débris ligneux. De l’extérieur, les tiges et branches envahies des Peupliers et ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 595 des Trembles sont facilement reconnaissables aux renflements (fig. 295), qui peuvent se multiplier et parfois se souder l’un à Fig. 295. — Rameau de Tremble avec galles de la Saperda populnea L. a, $ occupée à pondre; b, Larve adulte ; e, Chrysalide dans le berceau de nymphose ; d, Insecte parfait prêt à sor- tir ; e, galerie larvaire centrale. 1/1 gr. nat. (orig.). 596 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE l’autre. Ces boursouflures sont la conséquence d’une déformation des couches cambiales et corticales qui, fouillées au moment de la végétation, provoquent une perturbation dans la formation du tissu ligneux. Les bris de vent et de neige achèvent souvent d’endommager les arbres. Comme le Tremble est dans bien des cas un végétal encombrant et nuisible dans certains peuplements ou chantiers de reboisement, ses ennemis naturels ne sont pas à redouter. Par contre, dans les pépinières de Peupliers, nous avons constaté que ce Longicorne est plus répandu et encore plus nuisible que la Saperde chagrinée. Il y a lieu d'appliquer aux jeunes Peupliers les procédés de préservation que nous avons décrits plus haut et de faire la chasse aux Insectes parfaits au moment opportun. Ægosoma scabricorne Scop. CoréoPr., Cerambycidæ Longueur : 35 à 50 millimètres. Ce Longicorne peu répandu, qui, au point de vue forestier, n’offre qu'un intérêt très secondaire, est caractérisé par la teinte brun rougeâtre uniforme de son corps et surtout par les trois à quatre côtes longitudinales plus ou moins sail- lantes des élytres. Le mâle a les antennes presque aussi longues que le corps et den- tées du côté interne (fig. 296). Chez la femelle ces organes sont lisses, sensiblement plus courts que ceux du mâle. Le corselet, plus large que long, est étranglé antérieure- ment, en arrière il est muni de chaque côté d’une épine. La biologie de ce Xylophage de gros ca- Fig. 296. — Ægosoma scabricorne Ubre n’est presque pas connue; il est à pré- a ep OS CE sumer que l’évolution rappelle beaucoup celle de l’Ergates faber L. que nous avons décrite dans le chapitre des « Pins ». La fig. 297 donne une ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 597 idée de la disposition et du calibre des galeries larvaires sont forées parfois dans le boïs sain. À ‘# LE Li n ! À * 4 | J Fig. 297. — Tronc de Peuplier foré par la Larve de l’Ægosoma scabricorne Scop. 1/1 gr. nat. (orig. coll, Standfuss, Zurich). Cossus ligniperda L. Voir : Chapitre des Saules. Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier. Sesia apiformis L. Lépinopr., S'esude (Trochilium apiforme L.) Longueur, Papillon étalé : 35 à 40 millimètres. Ce Papillon a la tête jaune avec antennes teintées de noir en dessus et couleur 998 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE | de rouille à la face inférieure. Le thorax, d’un brun foncé, est orné antérieurement d’une bande bleue; en arrière il présente Fig. 298. — Ravages ce la Sesia apiformis L. Fig. 299. — Papillons de la Sesia apiformis L. et branche de Peu-… dans un tronc” de Peuplier. a, 9 $ occupées à plier forée par la Chenille, 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, pondre ; b, Chenille adulte ; ce, détritus ligneux Zurich). ! entassés au bas de la galerie larvaire. ie gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). deux taches anguleuses jaunâtres'qui touchent la racine des élytres. L’abdomen est également jaune avec les anneaux 1 et 4 entièrement, les autres partiellement, tachetés de brun ou de à bleu métallique. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 599 L'évolution de cette Sésuide dure deux ans avec double hiver- nement à l’état larvaire. Les femelles déposent plus volontiers RE) Fig. 300. — Sesia labaniformis Rott. dans une branche de Peuplier partagée en deux. a, Che- nille prête à se chrysalider ; b, aspect des couloirs larvaires encombrés de détritus ligneux. . 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). leur ponte au pied des troncs ou des jeunes tiges de Peupliers ou de Trembles cultivés en pépinière. La Sesia apiformis L. évolue à peu près de la même façon que la Sesia culiciformis L. que nous avons étudiée dans le Chapitre des « Bouleaux ». 600 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE La Sesia tabaniformis Rott. peut être également rangée au nombre des Xylophages des Peupliers. I] s’agit ici d’un In- secte rare et presque sans importance forestière (PI. VII fig. 10). RAMEAUX Cimbex variabilis Klug. Voir : Chapitre du Hêtre. Vespa crabro L. Voir : Chapitre des Frênes. et Partie spéciale (1). BOURGEONS Pas de ravageurs spéciaux aux Peupliers. FEUILLES Melolontha vulgaris Fabr. Voir : Chapitre de l'Épicéa. Melolontha hippocastani Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. Orchestes populi Fabr. CoLéopr., Curculionidæ Orcheste du Peuplier Longueur : 1,5 à 2 millimètres. Ce Charançon, qui porte des antennes dont le funicule compte six articles, est d’une couleur fondamentale noire atténuée d’une pilosité grise; le corselet est blanchâtre, les pattes d’un jaune rougeûtre. B L’Orcheste du Peuplier est fort peu répandu; il opère à peu (1) Deux Rhynchotes : Aspidiotus salicis L. et À. populi Bärsp. dont les femelles se couvrent le corps d’une carapace cireuse ovale, sucent l’écorce des Peupliers et des Trembles; ils ne jouent aucun rôle au point de vue de la protection forestière, ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE GO près de la même façon que l’Orcheste danseur du Hêtre, c’est-à- dire que les dégâts foliaires sont l’œuvre à la fois de la Larve et de l’Insecte parfait. Rhynchites populi L. CoréoPr., Curculionid:æ Rhynchite du Peuplier Longueur : 4 à 6 millimètres. Ce Charançon de taille minus- cule, a le front profondément sillonné; le dessous du corps est bleuâtre, le dessus d’un vert bronzé à reflets métalliques par- fois rougeâtres. L'Insecte parfait enroule les feuilles des Peupliers et des L di 4%] Fig. 301. — Feuilles de Peuplier enroulées par le Rhynchites populi L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). Trembles, en fait une cigarette de petit calibre dans laquelle la ponte est déposée (fig. 301). Les déformations n'apparaissent en général que par cas isolés et ne provoquent pas de perturbation dans la vie du végétal. Rhynchites betulæ L. Rhynchites beileti Fabr. Voir : Chapitre des Bouleaux. LL Galeruca alni L. Voir : Chapitre des Aunes. 602 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Galeruca capreæ 1. Voir : Chapitre des Saules. Lytta vesicatoria L. Voir : Chapitre des Frênes. Lina populi L. CoréoPr., Chrysomelidæ (Chrysomela populi L. [P!. VIT, fic. 7] Clrysomèle du Peuplier Longueur : 8 à 10 millimètres. Les Chrysomélides sont carac- térisées par la forme ramassée de leur corps; la tête, dépourvue de rostre, porte des antennes relativement courtes. Les Larves sont facilement reconnaissables à leurs pattes articulées ainsi qu'à leur tête, thorax et abdomen nettement distincts les uns des autres. La Lina populi L. a le corselet, la tête, ainsi que la partie infé- rieure du corps d’un bleu verdâtre, presque noir; les élytres, par contre, sont d’un rouge vermillon avec le bord interne de leur extrémité noir. La Larve blanchâtre, est rétrécie aux deux extrémités, la tête est noirâtre, le premier anneau thoracique porte dorsale- ment une plaque chitineuse transversale de teinte foncée, les anneaux 2 et 3 sont ornés chacun de 4 verrues noires, et de chaque côté se trouve une protubérance blanche. Sur les 8 anneaux antérieurs de l’abdomen, on remarque huit lignes longitudinales composées de taches foncées; les quatre centrales sont plus ou moins fondues ensemble. C’est une forme de Larve de Coléoptère que nous n’avons pas encore eu l’occasion d’étudier chez les espèces précédentes, elle ne peut être confondue avec celle d’au- tres Insectes phytophages. Les Insectes parfaits, qui hivernent dans la couverture morte, apparaissent au premier printemps et s’accouplent sur les feuilles à la face inférieure desquelles la femelle dépose ensuite ses œufs ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 603 par tas allongés. Peu après, donc en mai ou en juin suivant les conditions climatériques, les Larves entament le parenchyme et dévorent presque toute la matière foliaire comprise entre les nervures (fig. 302). Les Insectes parfaits coopèrent également à Fig. 302. — Feuille de Peuplier « squelettée » par la Zina populi L. a, Larves adultes. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). cette œuvre de destruction, et l’on observe en général deux, parfois même trois générations par an. La chrysalidation a lieu sur la feuille même; la Nympbhe, d'un brun jaunâtre, recouverte de lignes depointsnoirs, restesuspendue à la feuille par son extrémité anale et attend dans cette curieuse position sa transformation en Insecte parfait. 604 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE La Lina populi L. anéantit parfois les feuilles des rejets de l’année. A plusieurs reprises nous avons observé des dégâts intenses sur les Trembles dont les feuilles squelettées jonchaïent le sol, formant ainsi, à la fin de l’année, un tapis de plusieurs centimètres d'épaisseur. Les Saules souffrent également des mêmes atteintes et dans les oseraies en particulier, on redoute beaucoup ce dépouil- lement toujours intensif qui peut parfois anéantir une récolte d’osier. Moyens préventifs. — Il n'existe aucune mesure capable de prémunir les Peupliers contre ces Insectes. Moyens répressifs. — La seule opération qu’on puisse tenter, lors d’invasions répétées dans un même peuplement ou dans des pépinières, consiste à ramasser en hiver la couverture morte et de l’incinérer, afin de détruire les Chrysomèles qu’elle peut renfer- mer. À Lina tremulæ Fabr. CoLéorr., Chrysomelidiæ (Chrysomela tremulæ Fabr.) Chrysomèle du Tremble Longueur : 7,5 à 9 millimètres. Ressemble beaucoup à l'espèce précédente. L’extrémité des élytres n’est pas tachetée de noir et les ongles des tarses sont à peine visibles. Le corselet a les côtés plus droits et presque parallèles sur le tiers antérieur de leur longueur. Au point de vue biologique, on ne fait guère de distinction entre la Lina tremulæ Fabr. et la Lina populi L. La Chrysomèle du Tremble attaque également les feuilles de différentes espèces de Saules. Les dégâts de ces deux Phytophages sont tellement semblables qu’il est presque impossible d'indiquer auquel des deux Insectes il faut les attribuer, si l'on n’a pas l’auteur sous les yeux (1). (1) Lina longicoilis Suffr. plus rare, est également une Chrysomélide qui vit en parasite sur les Peupliers, le Tremble et les Saulss. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 605 Galeruca alni L. Voir : Chapitre des Aunes. cie ee Fig. 303. — Rejet de Tremble de l'année ravagé par la Zina tremulæ Fabr. 1/1 gr. nat. (orig.). Lytta vesicatoria L. Voir : Chapitre des Frênes. 606 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Chrysomela vitellinæ L. Chrysomela vulgatissima L. Chrysomela viennensis Schrk. Galeruca capreæ L. Liparis salicis L. Voir : Chapitre des Saules. Endromis versicolora L. Voir : Chapitre des Bouleaux. Liparis monacha L. Voir : Chapitre de l'Épicéa. Liparis dispar L. Voir : Chapitre du Hêtre. Les Chenilles de deux Papillons de la Famille des Nymphalidæ attaquent les arbres fruitiers, et occasionnellement les Peupliers, sans cependant provoquer des dommages appréciables à la fron- daison de ces arbres; ce sont : Vanessa antiopa L. et Limentis populi L. Il en est de même des Sphinx populi L. et S. ocellaia L. que nous ne faisons que signaler. Liparis chrysorrhoea L. Liparis similis Fussl. Bombyx neustria L. Geometra defoliaria L. Geometra aurantiaria Esp. Geometra progemmaria Hp. Voir : Chapitre des Chênes. Bombyx lanestris L. Nematus septentrionalis Ratz. Voir : Chapitre des Bouleaux. Cladius viminalis Pall. Hyménorr., Tenthredinidæ Longueur : 9 millimètres. La tête et le thorax de cet Hymé- noptère sont noirs, sauf cependant la bordure postérieure du ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 607 prothorax qui est jaunâtre, de même que l’abdomen; la face infé- rieure des antennes apparaît sous une teinte rouge. La Larve, munie de 20 pattes, mesure de 15 à 25 millimètres ; elle est jaune, velue, avec la tête noirâtre. Chaque anneau porte c | - . | E de Fig. 304. — Galles produites par la piqûre du Pemphigus pyriformis Licht. 1/2 gr. nat. (orig.). une ligne transversale de points foncés distincts. La femelle pond en mai, parfois aussi en août, ses œufs dans le pétiole de la feuille. Au début, les jeunes Larves, groupées en colonies, commencent par ronger l’épiderme, puis le ravage s'étend en n’épargnant que les nervures. La chrysalidation a lieu dans les anfractuosités du tronc ou à l'intersection des rameaux; c’est à l’état de Nymphe que l’animal hiverne. Celui-ci n’a, du reste, qu’une importance secondaire pour la vitalité des Peupliers. Quand nous aurons encore cité deux Rhynchotes, les Pemphi- 608 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ous bursarius Li. et P. pyriformis Licht. ainsi qu'un Acarien, Fig. 305. — Eriophyes dispar Nal. sur des feuilles de Peuplier. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). l’'Eriophyes dispar Nal., nous aurons passé en revue les principaux Insectes parasites des Peupliers. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 609 11. Tilleuls Tilia parvifolia Ehrh., T. grandifolia Ehrh. RACINES Mèêmes ravageurs que ceux mentionnés dans les chapitres précédents. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Agrilus viridis L. (1). Voir : Chapitre des Chênes. Cryphalus tiliæ Panz. Coréorr., Scolytidæ (Ernoporus tiliæ Thoms.) Bostryche du Tilleul Longueur : 1,3 à 1,8 millimètre. Ce Bostryche qui vit en parasite presque exclusivement dans l'écorce et Paubier du Tilleul, a un corselet conique, armé antérieurement de quatre pointes proéminentes. Immédiatement en arrière de ces dernières, cinq ou six rangées concentriques de granules sont disposées en arc de cercle; sur la première, les granules sont épars, la deuxième est interrompue pig. 306. — Gorselet au milieu, enfin sur les autres, les granules sont PL Ki presque soudés entre eux. Les élytres sont indis- tinctement striés, à rangées de soies fines, blanchâtres. (1) Agrilus auricollis Kies. est une espèce voisine qui, jusqu’à présent, parait n’avoir ravagé que les branches de faible dimension du Tilleul et dont les dégâts sont rares et peu importants. AXN. SCIENCE AGRON. = 4° SÉRIE — 1913 -- II 39 610 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le type de couloirs creusés par cet Insecte est double, hori- zontal. Le système établi par une même femelle peut parfois présenter des anomalies, ainsi l’une des deux galeries mater- nelles peut être atrophiée; dans d’autres cas, elle manque Fig. 307. — Galeries maternelles transversales du Cryphalus tiliæ Panz. dans une tige de Tilleul. 1/1 gr. nat. (orig.) complètement. Les galeries larvaires sont courtes et longitu- dinales. Dans les régions tempérées, il se produit souvent deux géné- rations par an et l’hivernement a lieu à l’état parfait. Le Tilleul semble rarement souffrir des atteintes de ce Xylo- ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 611 phage qui, le plus souvent, précipite le dépérissement de cer- taines branches dont la vigueur a déjà été amoindrie par une autre cause (1). INTÉRIEUR DU BOIS Buprestis rutilans L. Coréopr., Buprestidæ Bupreste du Tilleul Longueur : 10 à 14 millimètres. Ce Bupreste est un des Insectes les plus élégants qu’on puisse rencontrer dans le monde des bois de nos régions. En effet, il est d’un vert à reflets métal- liques, souvent bleuâtres. Le corselet et les élytres semblent parfois avoir été dorés tellement leur éclat est brillant. La Larve est du type de celle des Buprestides dont nous avons énuméré les caractères à propos du Bupreste vert (Voir : chapitre des « Chênes »). Elle fore des couloirs sinueux dans le Liber, plus tard dans le boïs et pratique une chambre de nymphose en forme de crochet dans laquelle l’animal est placé la tête en haut; il en sort en creusant un orifice elliptique. On n’est pas encore fixé sur la durée de l’évolution du Bu- prestis rutilans L., mais on présume que la génération est de deux ou trois ans. Les Tilleuls sont rarement mutilés par les ravages des Bu- prestes dont les systèmes de couloirs achèvent de dessécher certaines branches anémiées, atteintes par d’autres Insectes, par des Champignons ou encore brisées par la neige et le vent. Xyleborus Saxesent Ratz. Voir : Chapitre du Sapin. Xyleborus dryographus Ratz. Xyloterus signatus Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. (1) Nous mentionnons une espèce voisine, le Cryphalus Schreineri Eichh. qui vit également dans les couches corticales du Tilleul; il est aussi rare que peu important pour la protection des forêts. 612 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Xyloterus domesticus Er. Voir : Chapitre des Bouleaux. Cossus æsculi. L. Voir : Chapitre des Châtaigniers. Cossus ligniperda L. Voir : Chapitre des Saules. RAMEAUX Strophosomus coryli Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. Strophosomus obesus Marsh. Voir : Chapitre des Pins. Cimbex variabilis KI. Voir : Chapitre des Hêtres. Vespa crabro L. Voir : Chapitre des Frênes et « Partie spéciale ». Lachnus exsiccator Alt. Voir : Chapitre du Châtaignier. BOURGEONS Pas de ravageurs spéciaux. FEUILLES Melolontha vulgaris L. Melolontha hippocastani Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 613 Deux Charançons, le Polydrosus cervinus L. et le P. micans Fabr., se rencontrent occasionnellement sur la frondaison des Tilleuls dont, à l’état d’Insectes parfaits, ils perforent les feuilles. Phyllobius viridicollis Fabr. Voir : Chapitre du Hêtre. On rencontre parfois sur les Tilleuls un Papillon de grande dimension, le Sphinx tiliæ L. dont la Chenille ronge les feuilles de plusieurs essences, mais sans causer aucun dommage au développement du végétal, car cette espèce n'apparaît pas sous forme d’invasions. Liparis monacha L. Voir : Chapitre de l'Épicéa. Rhynchites betuleti Fabr. Bombyx lanestris L. Voir : Chapitre des Bouleaux. Noctua aceris L. Voir : Chapitre des Érables. Orgya pudibunda L. | Noctua apriina L. Noctua coryli L. Voir : Chapitre du Hêtre. Liparis similis Fussl. Geometra defoliaria L. Geometra aurantiaria Esp. Geometra brumata L. Voir : Chapitre des Chênes (1). Nematus septentrionalis L. Voir : Chapitre des Bouleaux. (1) Au nombre des Insectes se nourrissant occasionnellement des feuilles de Tilleul, on peut encore citer une Noctuelle, la Noctua cœruleocephala L., qui est plus connue des arboriculteurs que des forestiers. 614 ; ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Un Hyménoptère, le Selandria annulipes Klug., a été signalé par Jupgicx et Nirsce (1895, p. 670) comme ravageant les Tilleuls, sans causer cependant des dommages appréciables, 12. Ormes Uilmus campestris Smith, U. montana Smith., U. effusa Wild. RACINES Mèmes ravages que ceux mentionnés dans les chapitres pré- cédents. ÉCORCE DU.TRONC ET DES BRANCHES Scolytus Geoffroyi Gœtze. CoréoPr., Scolytidæ (Eccoptogaster scolytus Ratz.) Grand Scolyte de FOrme Longueur : 4 à 6 millimètres. Nous avons déjà indiqué dans les chapitres précédents que le groupe des Scolytes est très facile à distinguer de ceux des Hylésines et des Tomicides. En effet, la forme de leur massue, de leurs élytres et surtout de leur abdomen est ca- nt ractéristique (fig. 308). - Le Scolytus Geoffroyi Gœtze a le corselet noir, Fig. 308. — Abdomen . L . te Geaffroui tandis que les Éires sont bruns; ces déPHIGrS sont en outre rétrécis postérieurement, striés- ponctués, avec interstries parsemées de points réguliers. Dans les deux sexes, les troisième et quatrième segments abdominaux sont munis en leur milieu d’un tubercule verruqueux (fig. 308). = ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 615 Ce Bostryche creuse un couloir de ponte vertical, relative- Fig 309. — Système de couloirs du Scolytus Geoffroyi Gæœtze dans l'écorce d’Orme. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). ment court, toujours dirigé de bas en haut dans les arbres sur 616 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE pied. Les galeries larvaires sont d’abord perpendiculaires, plus tard elles deviennent sinueuses et finissent par suivre plus ou moins irrégulièrement les fibres ligneuses. Lorsqu'une forte invasion s’est abattue sur les Ormes, lPécorce de ces derniers se détache par grandes plaques et les systèmes apparaissent parlois tellement rapprochés et enche- vêtrés qu'on a de la peine d’en distinguer les différents éléments. Fig. 310. — Ecorce d'Orm: perforée (côté extérieur) par le Scolylus Geofroyi Gœtze (gros trous) et le S. mullistriatus Marsh. (petits trous). 1/1 gr. nat. (orig.). On observe en général une seule génération par an. Cepen- dant, à la faveur de circonstances climatér:ques favorables, il se produit un second essaimage en août. Les Scolytes sont de dangereux ennemis des Ormes et dont on a surtout à craindre l’apparition à la suite des atteintes de la Galéruque. Les arbres plantés dans les boulevards des villes « 7? ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 617 sont particulièrement exposés à être décimés par ces Xylo- phages car, poussant dans des conditions anormales sous le rapport du sol, il sont facilement anémiés et, par cela même, attirent les Insectes de l'écorce. Les boulevards de Paris ont de tout temps souffert des ra- vages des Scolytes et actuellement avec les pavages en bois et les canalisations multiples qui occupent la surface et le sous-sol de ces artères, la culture des végétaux ligneux devient bien aléatoire. Ce n’est guère que le Platane, essence peu exigeante, très résistante et qui ne compte presque pas d’ennemis, qu’on peut installer en bordure des artères des grandes villes. En général, le Grand et le Petit Scolyte occupent les mêmes écorces et, bien que la dernière de ces espèces ait une prédilec- tion pour les petites branches et les rameaux, on observe par- fois aussi le début d'une invasion du Scolytus Geoffroyi Gœtze dans les parties extrêmes de la frondaison. L’Insecte, redoutant de s’attaquer au bas du tronc qui bénéficie encore d’un mou- vement intense de sève, dépose ses œufs à l’intérieur des rameaux dans lesquels la végétation, pour une cause ou pour une autre, a déjà été compromise; c’est là le point vulnérable de l'arbre que les Insectes décortiqueurs recherchent, et une fois installés dans le haut de la frondaison. ils attendent pour poursuivre leur forage dans les parties inférieures du tronc, que la sève ascende avec moins de vigueur, grâce à la détérioration qu’ils ont accom- plie dans les rameaux et bourgeons terminaux. Moyens préventifs. — Les Scolvtes de l’Orme que nous décri- vons ici et dans les paragraphes suivants sont tous des Insectes monophages très actifs et qui apparaissent par invasion. L’Orme étant plutôt cultivé à l’état isolé, on peut affirmer qu'il est toujours exposé à être décimé par les Scolytes, surtout à un âge avancé et à la suite d'accidents, de dépouillement partiel de la frondaison ou d’invasions de la Galéruque. Seuls, les arbres normalement constitués et poussant dans un sol favo- rable à leur tempérament peuvent résister. Moyens répressifs. — Certains arboriculteurs et architectes 618 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE paysagistes se sont ingéniés à activer par des movens radicaux le mouvement de la sève et à provoquer la formation de nou- velles couches corticales dans le bas du tronc des arbres par- tiellement attaqués, en détachant l’écorce par bandes longitu- dinales. Des procédés de ce genre ont, paraît-il, donné de bons résultats dans certains cas, mais il faut agir avec prudence et examiner chaque arbre menacé ou attaqué partiellement. De toutes façons, dans les parcs et les allées, il faut surveiller les Ormes, enlever les branches infestées, puis brûler sur place les écorces qui renferment des Scolytes. LM Scolytus multistriatus Marsh. Coréopr., Scolytidæ (Eccoptogaster multistriatus Ratz.) Petit Scolyte de l'Orme Longueur : 8,4 à 3,5 millimètres. Il est facile de distinguer cette espèce de la précédente, car, outre la dimension sensible- ment plus réduite du corps, le corselet est un peu plus long que large, densément ponctué, avec des élytres dont les inter- stries ont une ponctuation serrée presque aussi pro- noncée que celle des stries. La base du deuxième segment abdominal est munie d’un appendice épi- : ñ neux dirigé en arrière et terminé en bouton. Fig. 311. — Abdomen Le mâle a le front déprimé, garni postérieure- AU ue 14 ment et sur les côtés de longues soies dirigées du 0 côté de la ligne médiane longitudinale, tandis que la femelle a le front convexe, faiblement impressionné antérieurement, avec les deuxième, troisième et quatrième seg- ments abdominaux plus accentués aux angles latéraux. Au point de vue biologique, le Petit Scolyte ressemble beau- coup au Grand Scolyte sur les mœurs et les instincts duquel nous nous sommes étendu dans les pages précédentes. En examinant la figure 312, on se rend compte de la caractéris- tique du système des couloirs dont le calibre est proportionné aux dimensions réduites de l’Insecte ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 619 Les dégâts du Scolytus multistriatus Marsh. sont aussi fré- quents et ont la même influence su: les Ormes que ceux causés Fig. 312. — Systèmes de couloirs du Scolytus mullistrialus Marsh. dans l’aubier d'un tronc d'Orme. 1/1 gr. nat. (oriq. coll. Muséum, Paris). par le Grand Scolyte. Dans la plupart des cas, quand ces deux Insectes travaillent en commun sur le même arbre, le premier 620 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE est, d’une façon générale, plus abondant dans les branches que dans le tronc. Lorsqu'on veut à tout prix immuniser des arbres de valeur et qu'on a lieu de redouter une invasion, on peut badigeonner les trones et les branches principales avec du goudron ou de la glu (« Raupenleim »). Fig. 313. — Système de couloirs du Scolytus lævis Chap. 1/1 gr. nat. (oriq.). Les Scolytus pygmæus Fabr., S. Kirschi Skal. et S. læpis Chap. sont aussi des parasites des Ormes, mais beaucoup plus rares que les espèces précédemment décrites. Le Scolytus lævis Chap. pratique un couloir de ponte légèrement plus long que celui du Petit Scolyte; ses berceaux de nymphose sont en général entaillés dans l’aubier. Scolytus vittatus Fabr. CoLéorr., Scolytidæ Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Le corselet de cet Insecte est plus large que long, étranglé antérieurement, finement ponctué, ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 621 recouvert d’une pilosité jaunâtre et parsemé de granules; sa ligne médiane est à peine distincte. Les élytres sont convexes à l'extrémité postérieure, recouverts de squamules qui forment as FR) mn # Fig. 314. — Écorce d'Orme ravagée par le Scolytus vittatus Fabr. 1/1 gr. nat (orig. coll. Muséum, Paris). des bigarrures irrégulières variant de forme avec chaque indi- vidu. Le système des couloirs du Scolytus vtttatus Fabr. diffère absolument de celui des espèces précédentes. Nous avons ici une galerie maternelle horizontale, longue de 2 à 3 centimètres avec couloirs larvaires également très courts, mais verticaux 622 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE (fig. 314). Cette espèce est rare et encore peu connue au point de vue biologique (1). INTÉRIEUR DU BOIS Buprestis rutilans (2). L. Voir : Chapitre des Tilleuls, Cerambyx Scopoli Laich. Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier. Cossus ligniperda L. Voir : Chapitre des Saules. Xyleborus dryographus Ratz. Voir : Chapitre des Chênes. RAMEAUX Cimbex variabilis KI. Voir : Chapitre du Hêtre. Saperda linearis L. Voir : Chapitre du Charme (3). BOURGEONS Schizoneura lanuginosa Th. Htg. Ruynou., Aphididæ Longueur : 1,5 à 2 millimètres. Au point de vue systéma- tique, ce Pou est très voisin du genre Lachnus que nous avons (1) Dans l’Europe méridionale on rencontre encore sur les Ormes : Scolytus Perrisi Chap. et $. vestitus Muls. (2) Buprestis decipiens Mannerh. qui a été trouvé dans le bois d'Orme est envisagé par certains entomologistes comme synonyme de B. ruti- lans L. (3) Un Puceron, le Coccus ulmi Geoffr., cause certains ravages sur l'écorce des tiges et rameaux des Ormes, provoquant parfois le dépérissement des jeunes arbres ou des branches infestées. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 6923 mentionné dans le chapitre du Châtaignier. La figure 315, b représente la galle provoquée par la piqüre de la femelle « Fecundatrix » qui attaque au printemps le bourgeon terminal d’un rameau latéral, ou parfois plus tard le pétiole ou la nervure médiane d’une feuille en voie de formation. L’excroissance Fig. 315. — Déformation de bourgeons et de feuilles d'Orme champêtre. a, Schigoneura ulmi L. ; b, Schisoneura lanuginosa Th. Htq. 3/4 gr. nat. (oriq.). qui se produit à la suite de cette piqûre prend la dimension d’une noix, dans quelques cas, celle d’une grosse pomme de terre recouverte par places d’une sécrétion blanchâtre. Cette galle a la forme d’une grosse bourse côtelée qui finit par s'ouvrir en automne et laisse échapper les habitants ailés. En hiver, cette excroissance, à la base de laquelle on remarque presque toujours une ou plusieurs feuilles atrophiées, finit par se des- sécher et apparait sous forme de grosses coques épanouies et de couleur brune. C’est surtout l'Orme champêtre qui est attaqué par ce Rhyn- chote, commun sur cette essence. Dans la vallée du Rhône 624 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE supérieur (canton du Valais, Suisse), nous observons depuis longtemps l’évolution de ce parasite qui n’épargne pour ainsi dire aucun Orme poussant à l’état isolé ou en bordure de route. Comme, dans cette région, les agriculteurs récoltent en automne les rameaux de l'Orme pour en donner les feuilles à leurs che- vres, cette nourriture foliacée est sérieusement dépréciée per les atteintes de la Schizoneura lanuginosa Th. Htg. FEUILLES Les feuilles des Ormes sont également déformées par deux autres Poux, dont la figure 316 donne la représentation des galles ; il s’agit de la T'etraneura ulmi De Geer, qui par sa piqûre FEERRE EE 5 j SEA i Fig. 316. — Tetraneura ulmi De Geer sur des feuilles d'Orme champêtre. 3/4 gr. nat. (orig.). produit des excroissances sur les feuilles et de la Schizoneura ulmi L. qui enroule longitudinalement un des côtés de ces feuilles (fig. 315, a). Ces deux dégâts sont également fréquents et, sans occasionner la mort des Ormes ou de certaines parties de la ramure, provoquent cependant une certaine diminution d’accroissement (1). (1) Les Tetraneura alba Ratz., T. rubra 3. Lcht., et Schizoneura compressa Koch. produisent également des galles sur les feuilles des Ormes. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 625 Anisoplia ænea De Geer. Voir : Chapitre des Pins. Orchestes alni L. Voir : Chapitre des Aunes. Galeruca xanthomelæna Schrk. Coréorr., Chrysomelidæ (Galeruca calmariensis Fabr.) [PI. VIIL, fig. 3] Galéruque de lOrme Longueur : 7 millimètres. Ce Coléoptère, bien connu des hor- ticulteurs et des arboriculteurs, ne peut être confondu avec d’autres Insectes ravageant les feuilles des essences feullues. En effet, on le reconnaît à sa couleur d’un brun jaunâtre; il est faiblement pileux. La tête, très courte, porte des yeux volumi- neux; le corselet brillant a les côtés à peine arrondis, il est un peu plus fortement ponctué que la tête; de chaque côté de sa ligne médiane on distingue deux petites fossettes et trois ou quatre taches foncées, peu apparentes. Chacun des élytres porte sur le bord externe une bande longitudinale brun noir. Les pattes sont Jaunes, tandis que la partie inférieure de l'abdomen est foncée. La Larve, avant sa deuxième mue, est d’un brun noir; plus tard, son dos s’orne de deux lignes jaunâtres ainsi que d’une bande plus large et de même teinte sur chacun des côtés. Le prothorax porte un double bouclier chitineux. Les deux autres anneaux thoraciques, ainsi que les anneaux abdo- minaux sont munis de trois bandes chitineuses longitudinales. Au printemps, la femelle dépose ses œufs sur la face inférieure des feuilles, tout en rongeant ces dernières. La jeune Larve « squelette » les feuilles, comme le montre la figure 317. Au commencement des ravages, seul l’épiderme inférieur est entamé par la jeune Larve, plus tard, la feuille est transpercée. La chrysalidation a lieu dans la terre ou dans la couverture morte; on ne sait encore exactement si l’hivernement se produit à ANN, SCIENCE AGRONX, — de SERIE — 1915 — 11 40 626 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE l'état d’Insecte parfait ou de Nymphe. On compte dans certaines circonstances favorables trois à quatre générations par an Fig. 317. — Ravages de la Galeruca æanthomelæna Schrk. sur des feuilles d'Orme champêtre. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). Jupgicn et Nirscne 1895, p. 609). Souvent, lorsque le vent oufle, les Larves, au lieu de descendre le long du tronc pour se chrysalider, se laissent tomber à terre, ce qui rend leur cap- ture difficile. ( S ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 627 Nous avons l’occasion de constater assez souvent dans la région du bassin du lac Léman les invasions de cette Galéruque qui est exclusivement monophage et s'attaque aux Ormes de tout âge, mais surtout aux arbres plantés dans les parcs ou cultivés le long des routes. Ce Coléoptère est surtout répandu dans les régions tempérées et méridionales de l’Europe, plus rarement dans le Nord. DAvaLL (1878, p. 181 à 183) a décrit une invasion qui s’est prolongée pendant plusieurs années dans les parcs des environs de Genève. De 1900 à 1906, nous avons eu l’occasion de suivre l’évolution d’une nouvelle invasion qui a eu pour effet de produire en plein été le desséchement des feuilles. Seuls, certains rameaux de faible dimension ont péri et nulle part nous n’avons pu découvrir d’arbres ou de branches importantes ayant séché à la suite des atteintes de la Galéruque. Ce que l’on est en droit de redouter à la suite des ravages foliaires causés par cette Chrysomélide, ce sont les Scolytes qui peuvent profiter d’une anémie de l’arbre pour pénétrer sous l’écorce et y opérer des ravages qui entrainent fatalement la perte des Ormes. C’est là le principal danger des invasions de la Galeruca xanthomelæna Schrk. Moyens préventifs. — L’Insecte étant monophage et phyto- phage, on ne peut conseiller de mesures propres à immuniser d'avance les Ormes des parcs et des promenades publiques. Moyens répressifs. — Dans certains cas, comme le conseille DavaLLr, on peut disposer au pied des troncs un amas circulaire de mousse qui sert de piège pour capturer les Larves descendant à terre en suivant le tronc. On récolte au moment propice cette mousse, puis on la brûle sur place avant que les Insectes aient réussi à s’en échapper. Naturellement, lorsque les générations se succèdent dans l’espace de quelques mois d'été, il faut renou- veler cette opération après avoir déterminé avec soin les diffé- rentes phases de l’évolution et constaté que l’animal gagne plutôt le sol en descendant le tronc qu’en se laissant choir. En « culture forestière, on n’aura que bien rarement à intervenir 628 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE contre la Galéruque de l’Orme. Cependant, mentionnons un cas particulier cité par Maruey (R. D. E. F.). Dans la Côte- d'Or, ce sylviculteur a constaté la mort des Ormes cultivés en forêt et avant subi l'invasion de 1900 à 1906. Vanessa polychloros L. Lépinorr., hopalocera Longueur, Papillon étalé : 50 à 60 millimètres. La couleur est d’un rouge jaunâtre avec taches noires; il existe en outre Fig. 318. — Rameau et feuilles d’Orme champêtre ravagés par la Chenille de; Vanessa poly- chloros L. 3/4 gr. nat. (org. coll. Marchal, Paris). sur le bord antérieur des ailes de devant d’autres taches plus ou moins circulaires d’un bleu pensée. La Chenille, qui adulte mesure de 40 à 59 millimètres de longueur, est d’un bleu noirâtre, ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 629 parfois aussi gris brun; elle est munie sur la face dorsale de poils épineux ramifiés, couleur de rouille. Entre ces derniers on remarque une pilosité plus courte, simple et blanche. Ce Papillon, peu connu des forestiers, hiverne à l’état parfait; il dépose ses œufs par anneaux autour des rameaux ou dans les anfractuosités de l'écorce. La période des ravages dure de mai au milieu de juillet; à ce moment, la Chenille adulte se suspend aux rameaux la tête en bas et, dans cette position, subit sa métamorphose. Les jeunes Chenilles, réunies au début de leur existence, tissent un réseau de fils autour des feuilles qu’elles ont entamées. Le Vanessa polychloros L. apparaît rarement par invasions; il est polyphage et se rencontre également sur les arbres frui- tiers. Liparis monacha L. Voir : Chapitre de l Épicéa. Bombyx neustria L. Liparis similis Fussl. Liparis chrysorrhoea Li. Noctua coryli L. Geometra brumata L. Geometra defoliaria L. Voir : Chapitre des Chênes. Orgya pudibunda L. Liparis dispar L. Voir : Chapitre du Hêtre. Orgya antiqua L. Voir : Chapitre des Bouleaux. Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier. Cossus ligniperda L. Voir : Chapitre des Saules. 630 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 13. Érables Acer pseudoplatanus L., À. platanoides L., A. opulifolium V., A. campestre L., A. Monspessulanum L. RACINES A part les ravages cités dans les chapitres précédents et qui sont communs aux EÉrables, nous pouvons signaler un Cynipide RCE Mrs - 2 Ÿ Les La | Fig. 319. — Forme agame de Pediaspis aceris Foerst. sur les racines d'Érable. 1/1 gr. nat. (oriq. coll. Standfuss, Zurich). dont la forme agame produit des galles sur les racines de cette essence. Il s’agit de la Pediaspis aceris Foerst. dont la figure 319 ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 631 représente le dégât, du reste sans grande importance au point de vue économique. Otiorrhkynchus niger Fabr. Voir : Chapitre de l'Épicéa. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Callidium hungaricum Hbst. Coréorr., Cerambycidæ Longueur : 18 à 24 millimètres. Ce Longicorne, de couleur noire, a le corselet privé de pointes latérales, lisse au milieu, finement ponctué sur le reste de sa surface. Les élytres ver- dâtres sont légèrement rétrécis vers le centre, leur base est grossièrement chagrinée, tandis que les extrémités le sont extrêmement finement. j Cet Insecte monophage est souvent confondu en classifica- tion avec le Callidium insubricum Germ. dont certains auteurs font une espèce spéciale. Il opère au début de la période larvaire dans les couches corticales, puis, après un premier hivernement dans des galeries sinueuses du type de celles des Callidies que nous avons décrites dans les chapitres précédents, l’animal pénètre dans le bois, y pratique un couloir en crochet dont l'extrémité est dirigée en bas. C’est dans cette niche que la Larve passe un deuxième hiver et attend sa seconde métamorphose. L'évolution dure donc vingt-quatre mois environ. Au point de vue technique, ce Longicorne céprécie assuré- ment les grumes d’Érables, mais il est rare et peu redoutable dans les parcs et les forêts. INTÉRIEUR DU BOIS Xyleborus dispar Fabr. Coréopr., Scolytidæ Bostryche disparate [PI. VIIL, fig. 4 et 5] Longueur, g': 2; @: 3 à 3,5 millimètres. Son nom l'indique, ce Bostryche présente une grande différence entre les deux 632 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE sexes, non seulement sous le rapport de la dimension, mais aussi sous celui des caractères morphologiques. Le mâle est caractérisé par sa forme ovoïde, son corselet étranglé et abaissé antérieurement, ses pattes allongées, le manque d'ailes posté- rieures. La femelle a le corselet globuleux, lisse avec ligne médiane Fig. 320. — Tige d'Érable avec galeries du Xyleborus dispar Fabr. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). terminée en avant par un petit bourrelet tronqué. Les élytres sont ornés jusqu’à leur extrémité de rangées régulières de points. Chaque interstrie porte une ligne de points encore plus fins qui, vers la déclivité, se transforment en granules obsolètes. Chez les deux sexes, l’animal adulte est noir de poix et couvert d’une pubescence blonde. Les figures # et 5 de la planche VIIT repré- sentent le Xyleborus dispar Fabr. à l’état semi-adulte. Le forage des galeries est uniquement l’œuvre de la femelle qui construit un couloir de ponte plus ou moins perpendiculaire aux fibres ligneuses, puis des ramifications secondaires souvent sinueuses, de longueur variable, mais dont la direction générale ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 633 est psrallèle aux fibres. C’est dans ces galeries que les œufs sont déposés par tas et plus tard les Larves s’y placent les unes à la suite des autres. Elles subissent leur métamorphose dans cette position et se nourrissent des sucs ligneux et d”’ « Ambroisie », évitant tout travail de forage. On compte en général deux générations par an et l’on sait que ce Xylophage s'attaque à toutes les essences feuillues faisant périr des tiges et des branches parfaitement saines. Les forestiers ne peuvent songer à opposer des moyens de lutte à un ennemi dont les déprédations, sans être isolées, sont loin de constituer un danger pour la vitalité des peuplements feuillus. Xyleborus Saxeseni Ratz. Xyloterus signatus Fabr. Ptilinus pectinicorn is L. Anobium tesselatum Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. Xyloterus domesticus Er. Voir : Chapitre des Bouleaux. Lymexylon dermestoides L. Voir : Chapitre du Sapin. Cossus ligniperda L. Voir : Chapitre des Saules. Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier (|). FEUILLES Melolontha vulgaris L. Melolontha hippocastani Fabr. Liparis similis Fussl. (1) De même que c’est le cas pour le Hêtre et d’autres essences feuillues, les bourgeons et rameaux des Erables sont indemnes de dégâts dus aux Insectes. 634 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Liparis chrysorrhoea 1. Bombyx neustria L. Phalera bucephala L. Geometra brumata L. Voir : Chapitre des Chênes. Liparis dispar L. Voir : Chapitre du Hêtre. Lytta vesicatoria L. Voir : Chapitre des Frênes. Noctua aceris L. Lépinopr., Voctuidæ (Acronycta aceris Ochsh.) Longueur, Papillon étalé : 40 à 45 millimètres; Chenille : 4 à 5 millimètres. Ce Papillon commun et répandu du nord au sud de l’Europe, se distingue par la couleur gris bleu de ses ailes antérieures qui sont ornées de dessins brunâtres et blancs formés par des lignes transversales brisées. Les ailes posté- rieures sont d’un gris sale. Détail caractéristique propre à cette espèce : les deux sexes ont les antennes identiques. La Chenille adulte a le corps d’un jaune rougeâtre avec tête noirâtre et des faisceaux de longs poils fauves sur les anneaux 4 à 12; en outre, chacun des anneaux 1 à 11 porte sur la face dorsale une tache blanche frangée de noir. Avec l’épanouissement du feuillage, apparaît la jeune Che- nille qui ronge les feuilles en ménageant en général les nervures. D’après Juneicx et NirscHe (1895, p. 952), les arbres peuvent refaire leur frondaison le même été, comme cela se passe avec la Tordeuse du Chêne. La chrysalidation se produit dans un Cocon solidement fixé aux anfractuosités de l’écorce; l'animal hiverne sous forme de Nymphe dans cette enveloppe : La Noctua aceris L. ravage également la frondaison des Hêtres, des Châtaigniers, des Ormes et des Tilleuls, mais elle n’intéresse pas spécialement le sylviculteur. En somme, les Érables font ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 639 partie des essences feuillues de la forêt européenne qui attirent le moins les [Insectes rongeurs. Parmi les Hyménoptères, on a signalé la Larve du Phyllotoma aceris Kiltb. comme ayant ravagé une fois en Hollande des feuilles d'Érables (Rirzema-Bos, 1892, p. 9-16). GRAINES Les graines d’Érables sont attaquées par la Chenille d’un Microlépidoptère minuscule, la Tinea sericopeza ZI. Chose curieuse à noter relativement à cette espèce : tandis que les jeunes Chenilles de la première génération vivent dans le paren- chyme foliaire, celles de la seconde génération — celle du mois d’août — fouillent la pulpe de la graine (Jupeicx et NiTsCcuE 1895, p. 1080). 14. Frênes Fraxinus excelsior L., F. oxyphylla Bieb., F. ornus L. RACINES Mêmes espèces que celles citées dans les chapitres précédents. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Scolytus Geoffroy Gœtze. Scolytus multistriatus Marsh. Voir : Chapitre des Ormes. 636 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE A Hylesinus fraxini Fabr. CoLéopr., Scolytidæ Hylésine du Frêne Longueur : 2,5 à 3 millimètres. Cette espèce, ainsi que la sui- vante, sont très facilement reconnaissables à la très grande largeur de leur corselet. Ce dernier, chez l’'Hylésine du Frêne, est tronqué, presque droit à la base, sensiblement plus large que long, finement rugulcusement ponctué et tuber- culé en-dessus, couvert de squamules d’un gris Jaunâtre et marqué à la base, de chaque côté, Fig. 321. — Corselet de près de l’écusson, d’une tache brune. Les élytres l'Hylesinus fraxini Fabr. s rise = : (orig.). sont convexes de la base vers l'extrémité qui est à peine en pente. Ils sont irrégulièrement marqués de squamules d’un gris sale et portent des stries finement ponc- tuées avec interstries planes, tuberculées à la base et munies en arrière d’une rangée de granulations. L’abdomen, convexe, est relevé vers l’anus. Tout le corps est recouvert d’une abon- dante pubescence grise. L’essaimement de ce Bostryche se produit en avril, parfois encore une seconde fois en août ou septembre. Les galeries ma- ternelles sont en accolade et les couloirs larvaires perpendicu- laires, très serrés, entourent l’aubier dans les troncs et branches à écorce fine et le Hber dans le cas inverse. Les systèmes de cou- loirs sont en général très nombreux et souvent enchevêtrés sur le même tronc. Les ravages de cet Insecte se remarquent parfois dans les branches de la grosseur d’un crayon. Une particularité très curieuse qui ne se retrouve chez aucun autre Xylophege, c’est que l’Insecte parfait se creuse dans les cou- ches corticales, en vue de l’hivernage, un petit couloir particulier où il se réfugie durant la mauvaise saison. Comme conséquence de ce ravage minuscule, apparait une excroissance anormale de l'écorce qui se crevasse dans tous les sens; il se produit ce que lon appelle en entomologie forestière des «roses de Frêne » (fig. 323). Le Frène semble pâtir assez sérieusement des ravages de cet ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 637 Insecte aussi commun qu'abondant et qui vit à l’état endémique dans presque tout le groupe de cette essence poussant soit en lig. 322. — Système achevé des couloirs dé l'Æylesinus frazini Fabr. dans l’aubier du Frêne, 1/1 gr. nat. (orig.). lorêt, soit le long des rivières, des routes ou dans les parcs. Partout où le Frêne a des branches en voie de dépérissement 638 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ou brisées par le vent ou la neïge, l’Hylesinus fraxini Fabr. attaque et provoque rapidement leur désagrégation. Il n’est pas de dépôt de bois de Frêne non écorcé, par exemple les chantiers de bois de charronnage, qui ne soit infesté par ce Coléoptère, lequel Fig. 323. — « Roses de Frêne » (Hylesinus fraæini Fabr.). 1/1 gr. nat. (orig.j. attaque parfois aussi l’Olivier et les arbres fruitiers. 11 peut éga- lement provoquer le desséchement de Frênes parfaitement sains, surtout si ces attaques se répètent plusieurs années de suite. Moyens préventifs. — Comme c’est le cas pour la lutte en géné- ral contre les Insectes vivant sous l’écorce, il faut enlever les ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 639 branches des arbres et les tiges des peuplements qui, pour une cause quelconque, se dessèchent, offrant ainsi un appât à cette catégorie de ravageurs. Fig. 324. — Galeries de l’Hylesinus orni Fuchs. a, berceaux de nymphose entaillés dans l’aubier du Frêne. 3/4 gr. nat. (orïg. coll. Standfuss, Zurich). Moyens répressifs. — Ils sont fort simples à mettre en vigueur, car peu de Bostryches sont aussi friands des troncs et bran- chages laissés à terre. On s’efforcera donc, en vue d’entraver la diffusion de l’espèce soit dans une forêt, soit dans un dépôt de bois, d’écorcer les Frênes avant la sortie de l’Insecte parfait (1). (1) Fucus (1906, p. 291 à 293) a décrit les ravages d’une nouvelle espèce 640 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Hylesinus crenatus Fabr. Coréopr., Scolytidæ Hylésine crénelé Longueur : 4 à 5 millimètres. Cette espèce, beaucoup moins répandue que la précédente, est munie d’un corselet dont la largeur égale presque la lon- gueur et qui se prolonge en pointe vers l’écus- son. Ses côtés sont fortement arrondis, sa ponc- tuation est profonde, serrée avec un point lisse sur le disque et une impression de chaque côté en avant de l’écusson. Les élytres sont Fig. 325. — Corselet de Er Pur = ; PU Re déclives postérieurement avec stries créne- lées et interstries très ruguleuses munies de tubereules à soies très courtes: Le corps est presque glabre, brillant et noir lorsque l’Insecte a atteint son complet déve- loppement. La biologie de cet Hylésine est encore peu connue. La forme de ses couloirs est très peu régulière. La figure 326 donne une idée du type le plus courant du système de ses galeries, mais on observe un peu toutes les formes de galeries maternelles et sou- vent des couloirs larvaires très allongés, sinueux et enchevêtrés les uns dans les autres. C’est plus fréquemment sur les Frênes âgés des parcs et des avenues que sur les arbres de forêt que l’on trouve l’Hylesinus crenatus Fabr. Au point de vue protection, nous pouvons renvoyer le lecteur à ce que nous avons dit dans les pages précédentes à propos de l'Hylesinus fraxini Fabr. commune, l’Hylesinus orni Fuchs, dont nous donnons la reproduction des dégâts (fig. 324). La caractéristique de ces derniers réside dans les ber- ceaux de nymphose qui sont entaillés perpendiculairement dans le liber après que la Larve, ayant achevé son couloir, est revenue en arrière, plus ou moins près de la galerie maternelle. aus Fabr. 1/1 gr. nat. (oriq.). Hylesinus cren , Fig. 326. — Écorce du Frêne ravagée par l at ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SERIE — 1913 — II 649 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE INTÉRIEUR DU BOIS Cerambyx heros Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. Xyleborus dispar Fabr. Voir : Chapitre des Érables. Cossus ligniperda L. Voir : Chapitre des Saules. Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier. RAMEAUX Vespa crabro L. Hyménorr., Vespideæ Guèêpe-frelon ou Frelon Dans la « Partie spéciale » nous avons déjà parlé du Frelon, qui ne mérite pas une descr:ption détaillée, car tout le monde connaît cet Hyménoptère que chacun redoute. Au point de vue forestier, 1l est également à craindre, car il cause aux jeunes tiges et rameaux de Frêne en particulier, des détériorations qui, surtout dans les jeunes cultures et pépinières d’arbres d’avenue, peuvent anéantir les plus beaux Frênes, Bouleaux, Chênes, Aunes, ete., en général toutes les essences feuillues. On est enclin à admettre que le Frelon décortique les arbres, d’une part, pour se procurer des débris ligneux qui lui permettront d’édifier son nid, et, d'autre part, pour provoquer des écoulements de sève qu'il suce (Voir fig. 327, a). Les plaies produites à la suite des piqüres de cet Hyménoptère revêtent des formes très variables; plus elles encerclent la tige ou la branche, plus elles sont à redou- ter, car la partie située au-dessus de la plaie ne tarde pas à sécher et le jeune Frêne est alors déformé. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 643 Durant l’été torride de 1911, nous avons, dans une plantation de 3 mètres de hauteur, compcsée de Frênes âgés de douze ans, constaté jusqu’à trois Frelons occupés à décortiquer la tige sur Fig. 327. — Vespa crabro L. décortiquant un tronc de Frêne. a, blessures sur la surface de l'aubier, 1 1/2 gr. nat. (orig.). une longueur de 20 centimètres. Cette année-là, grâce à la cha- leur exceptionnelle, les Frelons ont été abondants. Il est facile de les capturer le soir et de les détruire dans leurs nids (1). (1) Les rameaux de Frêne sont également attaqués par un Rhynchote de peu d’importance, le Coccus fraxini Kitb., dont la larve hiverne dans les anfractuosités des bourrelets de recouvrement. 644 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE BOURGEONS Tinea curtisella Don. Lépinopr., 7/neidee Longueur, Papillon étalé : 14 à 17 millimètres; Chenille : 7 à 10 millimètres. Ce Microlépidoptère a les ailes antérieures blan- ches, avec une tache grise triangulaire, dont la base arrive au bord antérieur de l'aile. Les postérieures sont foncées et pour- vues sur leur bord de franges grisâtres. Au début de son existence, la Chenille est jaune paille; la tête, la plaque nucale et l’extrémité anale sont brunes; dans la suite, le corps devient verdâtre, avec reflets rougeâtres sur la face dorsale. La Tinea curtisella Don. apparaît en juin et dépose ses œufs sur les feuilles de Frêne. Aussitôt après leur éclosion, les jeunes Chenilles se mettent à ravager les feuilles dont, au début, elles entament seulement l’épiderme, puis transpercent plus tard le parenchyme et finissent par « squeletter » la feuille entière. Par- fois, plusieurs de ces dernières ont été préalablement réunies entre elles par un réseau soyeux. La chrysalidation s'opère en août dans la couverture morte. Une deuxième ponte a lieu durant le même mois par les soins de la seconde génération dont les Chenilles se mettent, comme celles de la première génération, à ronger les feuilles, puis, au mois d'octobre, quand ces dernières tombent à terre, la Chenille gagne le bourgeon terminal qu’elle entoure d’un réseau de fils de soie retenant prisonniers les excréments (Voir fig. 328 b). L'animal, qui a pénétré dans le bourgeon, y passe l'hiver, puis, au mois d'avril, creuse un court couloir médullaire qui redescend de 1 à 2 centimètres le long de la tige. La chrysalidation a lieu en mai dans un filet de soie qui pend au rameau et duquel le Papillon s'échappe en août (JupEicx et Nirscne, 2895, p. 1062- 1065). On voit que la biologie de ce Papillon est assez compliquée et que la première génération compromet le feuillage, tandis que ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 645 celle d'automne, détériorant les bourgeons, provoque vraiment un dommage appréciable, car les Frènes sont ainsi déformés, leurs tiges s’atrophient et deviennent fourchues. Fig. 328. — Ravages de la Tinea curtisella Don. dans les bourgeons du Frêne. a, orifice de sortie de la Chenille ; b, Chenille prise dans le filet; c, excréments ; d, couloir entaillé dans le bois ; e, Chenille. 1/1 gr. nat. (orig.). Dans la grande culture forestière, on ne peut songer à faire la récolte des bourgeons de Frêne renfermant des Chenilles de ce Papillon, lequel est fort peu répandu et n’offre en somme qu'un intérêt secondaire. FEUILLES Melolontha vulgaris L. Melolontha hippocastanr Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. Cionus fraxini De Geer. Coréopr., Curculonidæ Longueur : 3 à 3,5 millimètres. Ce Charançon, de couleur très variable, mais en général d’un brun rouge, a le corselet ovoïde, les élytres sont striés-ponctués. Sur le disque on remarque une tache et sur les élytres une bande transversale de squamules foncées; le rcstre et les antennes sont couleur de rouille. Cette espèce, de même que la précédente, pourrait figurer aussi bien dans le groupe des ravageurs des bourgeons que dans 646 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE celui des ravageurs des feuilles, car ce Coléoptère, qui produit deux à trois générations durant le même été, s'attaque aux deux organes. Au début de son existence, la Larve se met à ronger l’épiderme inférieur ou supérieur de la feuille en évitant de toucher aux nervures. Avant de se chrysalider, l’animal se replie sur lui-même et se fixe sur une feuille ou dans la couver- ture morte, puis s’entoure d’un cocon muqueux dans lequel il attend sa dernière métamorphose. Il sort de cette cachette après avoir pratiqué un orifice circulaire et se met alors à ronger aussi bien les feuilles que les bourgeons. On ne sait pas encore exacte- ment sous quelle forme l’Insecte hiverne et l’on admet que l’évo- lution d’une seule génération dure en été de trois à quatre semaines (Jupercx et NiTscHE, 1895, p. 397). Dans le Midi, où ce Charançon est assez répandu, ses dégâts sont encore plus redoutés sur l'Olivier que sur le Frêne, car en dévorant les feuilles, il compromet la formation des fruits. Comme ravageur des forêts, le Cionus fraxini De Geer ne joue qu’un rôle peu néfaste et n’a guère plus d'importance que la Tinea curtisella Don. Lytta vesicatoria L. Coréorr., Meloidæ Cantharide du Frêne ou Mouche espagnole [PI. VIIL fig. 6] Longueur : 11 à 15 millimètres. Cet Insecte élégant est assez connu; il apparaît d’un vert brillant, aux reflets infiniment variables. Les antennes, plus longues que la moitié du corps, comptent onze articles non renflés. La tête est triangulaire, sa base présente un sillon médian; le corselet, plus large que long, a ses angles antéro-externes saillants en pointe mousse. Les élytres sont allongés, finement chagrinés et portent des lignes longitudinales relevées. Nous ne pouvons nous étendre ici sur le développement de la Cantharide, qui est anormal (Hypermétamorphose). Qu'il nous suflise de signaler que la forme primaire de la Larve compte ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 647 six pattes, que la génération est annuelle, que l’Insecte parfait Fig. 329. — Ravages de la Ly/fa vesicatoria L. sur les : a, Fraxinus eæcelsior L.; b, F. oxyphylla B'eb.; F. ornus L. 3/4 gr. nat. (oriq.). apparait en masse en mai ou juin, dévore les Frênes, puis dépose en terre ses œufs par tas de 40 à 50. La Larve vit parfois en para- 648 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE site dans des nids de l’Abeille domestique. L’hivernement a lieu sous la forme larvaire dans la couverture morte. L'animal attaque exceptionnellement d’autres essences feuil- lues et certains arbrisseaux. Les dégâts que les Cantharides commettent ne sont pas indif- férents, bien au contraire, surtout dans la région méridionale où elles sont abondantes. Nous devons à l’obligeance de M. le baron d'ENCAUSSE DE LaBarur une observation fort curieuse qu'il a faite en été 1912 dans la région de Toulouse. Dans une plantation de différentes espèces de Frênes poussant sur un terrain superficiel, l’Insecte a montré ses préférences en attaquant le F. excelsior L. d’une façon intense, le F. oxyphylla Bieb. moins sérieusement; il a complètement épargné le F. ornus L. cultivé au milieu de Pespèce précédente. C’est là un cas curieux dont la figure 329 donne une idée. La récolte et la destruction à l’aide d’essence de térébenthine des Mouches espagnoles est, dans bien des cas, nécessaire. On sait qu’en pharmacie on utilise ces Insectes desséchés pour en extraire la Cantharidine. Liparis dispar L. Voir : Chapitre du Hêtre. Liparis nonacha L. Voir : Chapitre de l'Epicéa. Geometra brumata L. Voir : Chapitre des Chênes. On observe parfois sur les feuilles des Frènes les ravages de deux Microlépidoptères : Tinea syringella Fabr. et T. podana Scop. Deux Hyménoptères : Macrophya punctum Fabr. et Se- landria nigrita Fabr., dépouillent les frondaisons des Frênes. A cette liste des ennemis des feuilles et des bourgeons de cette essence, on peut encore ajouter un Acarien, le Phytoptus fraxint Nal. (fig. 330), ainsi qu'un Rhynchote, le Pemphigus nidificus Fr, Lüw (fig. 331). Fig. 330. — Phytoptus fraxini Nal. a, déformations des bourgeons de Frêne. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). Fig. 331. — Pemphigus nidificus Fr. Lôw. a, déformations des feuilles de Frêne. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 690 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE GRAINES Les graines de Frênes hébergent parfois la Chenille de la Tortrix Conwayana Fabr. 15. Charme Carpinus betulus L. RACINES Les racines de Charme peuvent être attaquées par les ennemis que nous avons signalés dans les chapitres précédents. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Scolytus carpini Ratz. Coréorr., S'eolytideæ Scolyte du Charme Longueur : 3 à 3,5 millimètres. Ce Scolyte très rare, que bien peu de forestiers ont eu l’occasion de voir à l’œuvre, porte un corselet à peine plus long qu'il est large à sa partie postérieure; antérieurement il est étranglé, sa surface est finement et densé- ment ponctuée. Les élytres presque parallèles sont plus longs que le corselet, à peine rétrécis en arrière; leurs stries sont très rapprochées et très régulièrement ponctuées, mais pas chagrinées. La femelle creuse un couloir transversal qui court surtout dans l’aubier; les galeries larvaires sont plutôt forées dans le bois que dans les couches corticales généralement minces chez le Charme. Le Scolytus carpini Ratz. est pour ainsi dire le seul Xylophage de l’écorce qu'on trouve dans les troncs et branches de cette essence qui est bien un des feuillus les plus épargnés par les Insectes. 651 ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE Fig. 332. — Système de couloirs du Scolylus carpini Ratz. dans l'aubier d’une branche de Charme 1/1 gr. nat. (orig.). Callidium variabile L. Callidium sanguineum L. Voir : Chapitre du Hêtre. INTÉRIEUR DU BOIS Anobium tesselatum Fabr. Buprestis berolinensis Herbst. Voir : Chapitre du Hêtre. 692 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Ptlinus pectinicornis L. Voir : Chapitre des Chênes. Xyleborus dispar Fabr. Voir : Chapitre des Érables. Xyloterus domesticus L. Voir : Chapitre des Bouleaux. Saperda linearis L. Coréopr., Cerambycideæ Longueur : 11 à 15 millimètres. Ce Longicorne d’un noir intense porte un corselet sans pointe latérale. La région anté- rleure des élytrcs ainsi que les pattes sont jaunes. La Larve, du type de celle des Lamiites, est privée d’yeux et apode; adulte, elle mesure de 25 à 30 millimètres. L'Insecte ailé essaime en mai ou juin et la femelle dépose ses œufs individuellement dans l’épaisseur de lécorce. Les Larves commencent en général par fouiller l’écorce autour de la branche, puis durant le premier été, forent une galerie descendante dans le centre de la branche ou de la pousse de Pannée précédente. L’année suivante, la Larve ayant acquis une dimension et des forces plus grandes, s'attaque à des bois plus anciens et par conséquent moins tendres. La chrysali- dation a lieu à la fin de la seconde année ou au printemps de la troisième, de sorte que toute l’évolution dure deux ans. Les perforations de ce Longicorne dans les frondaisons de certaines essences feuillues, en particulier dans celles du Charme et du Noiïsetier, ont pour conséquence d’entrainer le dépéris- sement de certains rameaux, mais la Saperda linearis L. n’appa- rait pas par invasions. Un autre Cérambycide, le Leptura scutellata Fabr. dont la figure 333 reproduit les ravages, a été trouvé accidentellement dans le Charme. En outre un Sirex plutôt rare, le Sirex fusci- cornis Fabr. dont nous reproduisons les ravages (fig. 334), vit dans les feuillus, en particulier dans le Charme ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE Fig. 333. — Couloirs de la Leptura scutel- Fig. 334. — Galeries du Sirex fuscicornis luta Fabr. dans une branche de Charme. Fabr. dans une planche de Charme. a, In- 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). secte formé dans le berceau; b, coupe à travers la galerie larvaire. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). RAMEAUX (l) Saperda linearis L. Voir ci-dessus. Cunbex variabilis KI. Voir : Chapitre du Hêtre. (1) Les bourgeons du Charme, comme ceux du Hêtre, semblent être à Pabri des atteintes des Insectes. 1 694 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE FEUILLES Apoderus coryli L. Melolontha vulgaris L. Melolontha hippocastani Fabr. Geometra defoliaria L. Geometra brumata L. Geometra progemmaria Hb. Liparis similis Fussl. Liparis chysorrhoea L. Bombyx neustria L. Phalera bucephala L. Tortrix viridana L. Noctua coryli L. Voir : Chapitre des Chênes. Fig. 335. — Phytoptus macrotrichus Nal. sur des feuilles de Charme; a, boursouflements de la nervure centrale. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich), Rhynchites betulæ L. Voir : Chapitre des Bouleaux (1). (1) On trouve parfois sur la face inférieure des feuilles de Charme les traces des dégâts d’un Acarien : le Phytoptus macrotrichus Nal., Insecte très rare et peu nocif (Voir fig. 335). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 655 Liparis monacha L. Voir : Chapitre de l'Épicéa. 16. Aunes Alnus glutinosa Gaertn., À. incana D. C., À. pubescens Fausch. RACINES Les racines des Aunes ne sont pas exposées à être ravagées par des Insectes spéciaux. Seuls, les semis en pépinière peuvent souffrir des atteintes de certaines espèces que nous avons étudiées dans les chapitres précédents. Otiorrhynchus niger Fabr. Voir : Chapitre de l'Épicéa. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Agrilus viridis L. Voir : Chapitre des Chênes. Hylobius abietis L. Voir : Chapitre des Pins. Deux Bostryches, les Dryocætes alni Georg. et Glyptoderes alni Lind., creusent des couloirs irréguliers dans lécorce; ils sont rares et sans importance. 6956 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Fig. 336. — Galeries du Dryocætes a/ni Georg. forées dans l'écorce d'Aune. 1/1 gr. nat. (orig.). Cryptorrhynchus Lapathi L. Coréopr., Curculionidæ Cryptorrhynque ou Charançon de l’Aune [PI. VII, fig. 2] Longueur : 7 à 9 millimètres. Ce Charançon ne peut être confondu avec les autres Xylophages de cette famille. En effet, il porte un rostre fortement arqué aussi long que la tête et le corselet réunis. L:s élytres rétrécis à l'extrémité sont d’un brun noirâtre; leur tiers postérieur ainsi que le corselet et le milieu des fémurs sont recouverts d’une pilosité blanche plus ou moins bleuâtre ou rosée. On remarque en outre sur le corselet et les élytres de petites touffes courtes et éparses de poils noirs. Les ouvrages d’entomologie forestière renferment un bon nombre d'indications erronées et contradictoires sur l’évolution de cet Insecte. Tout dernièrement, SCHEIDTER (1913, p. 279 à 300) à publié une remarquable étude sur la biologie du Cryp- à ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 657 torrhynchus Lapathi L. dont il a pu suivre le développement soit en laboratoire, soit dans la nature. D’après cet entomolo- giste, l'animal apparaît en août et jusqu’à lhiver, se nourrit en forant superficiellement l'écorce des tiges et rameaux de l’année. Il hiverne rarement dans la couverture morte, le plus souvent dans les anfractuosités de l’écorce ou dans les couloirs abandonnés par les générations précédentes. Pendant les pre- miers beaux jours de la saison printanière, l’In- secte acquiert son complet développement, s’ac- couple et en mai ou juin commence la ponte. A cet effet, la femelle blesse légèrement l'écorce et dépose dans la plaie un œuf à la fois. Cet œuf, chose curieuse à noter, hiverne dans cette cachette et ne donne naissance à la jeune Larve qu'au mois de mars ou d’avril de l’année sui- vante. La période larvaire durant laquelle le Charançon perfore en premier lieu les couches cambiales, puis plus tard laubier et le centre des petites tiges Pure jusqu’à la fin de juillet, époque à laquelle animal se chrysalide à lex- trémité de la galerie plus ou moins sinueuse pratiquée de bas en haut. Lorsqu'on découvre la cachette dans laquelle le Charançon est blotti en vue de sa première métamorphose, on constate que l’animal s’est retourné la tête dans la direction de l’orifice du couloir lar- vaire. Pour gagner le dehors, l’Insecte ailé ne perfore pas directement le bois comme c’est le cas pour les Pissodes, mais se fraie un passage à travers les détritus ligneux comprimés par la Larve à mesure qu’elle allonge sa galerie. Nous constatons donc chez le Cryptorrhkynchus Lapathi L, un premier hivernage à l’état d’œui et un second à l’état d’In. secte parfait. Souvent, et le cas se rencontre surtout dans les tiges de lAune d’une certaine dimension, les ravages sont opérés par plusieurs Larves dont les systèmes finissent par se confondre. Mars . . Avril. . Mare Juin? © Juill... Août... SEDL SCHEIDTER observe également que chaque été on peut trouver ANNs SCIENCE AGRON. == 4° SÉRIE — 1913 — IL 42 658 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE des Larves adultes en travail de forage; c’est la preuve que Fi € ki: se: ' à 1É ÿ: Fig. 337. — Tiges d'Aune ravagées par le Cryptorrhynchus Lapathi L. &, débris liyneux compri- més sous l’écorce; b, galerie larvaire ; e, déchirures de l'écorce; d, orifice de sortie. 3/4 gr. nat. (orig.). deux cycles d'évolution peuvent simultanément être constatés dans le même peuplement. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 699 Un des caractères les plus frappants des détériorations de ce Charançon sont les déformations superficielles extérieures dont notre figure 337 donne une idée. Ces excroissances qui vont en s’accentuant à mesure que la tige ou la branche gros- sissent, sont la résultante des forages superficiels de la Larve qui travaille, comme nous l’avons exposé plus haut, dans le liber avant de s’enfoncer dans le centre de la tige. Ces déformations extérieures permettent très facilement d'identifier au premier abord l’Insecte xylophage. Le travail des Charançons ne peut être confondu avec celui des Sésies dont nous parlons plus loin. Moyens préventifs. — Dans les plantations ou cultures com- plémentaires faites dans les peuplements d’Aunes infestés par le Cryptorrhynque, il peut être indiqué de badigeonner en avril les jeunes plants avec de la glu «Raupenleim», ce qui aura pour effet d'empêcher la ponte. Mais cette opération doit se renou- veler plusieurs années de suite, car la glu finit par se dessécher et se crevasser à la fin de l'été. Moyens répressifs. — Seuls, l'enlèvement et l’incinération des tiges renfermant des Larves peuvent être recommandés. Les branches et rejets infestés sont facilement reconnaissables à la sciure brunâtre qui s'échappe de l’origine des couloirs larvaires, cette constatation permet de tirer la conclusion que la Larve est en activité à l’intérieur. La récolte des Insectes parfaits est une opération fort coûteuse et qui ne donne pas un résultat satisfaisant. INTÉRIEUR DU BOIS Buprestis rutilans L. Voir : Chapitre des Tilleuls. LES Anobium tesselatum Fabr. Ptilinus pectinicornis L. dy Voir : Chapitre des Chênes. 660 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Xyleborus dispar L. Voir : Chapitre des Érables. Xyleborus domesticus L. Voir : Chapitre des Bouleaux. Xyleborus Pfeili Ratz. Coréopr., Scolytidiæ Longueur : 2,7 à 3 millimètres. Ce Bostryche dont le mâle est une des plus grandes raretés parmi les Insectes xylophages européens, est caractérisé par un corselet plus long que large, Fig. 338. — Galeries du Xyleborus Pfeili Ratz. dans le bois d'Aune. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). arrondi antérieurement et dont le milieu du disque porte un tubercule allongé, très finement et éparsément ponctué posté- rieurement. Le corselet du mâle rappelle celui du Xyleborus ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 661 dryographus Ratz. Les élytres sont finement striés-ponctués avec interstries ruguleuses munies d’une rangée de points plus fins; la déclivité est obliquement déprimée. La suture ainsi que la troisième interstrie sont munies de tubercules denti- formes. La biologie de ce Bostryche est encore fort peu connue. Cet Insecte fore des galeries qui rappellent celles creusées par le Xyleborus monographus Fabr., mais elles pénètrent moins pro- fondément dans l’intérieur du bois. Le Xyleborus Pfeili Ratz. semble rechercher spécialement le bois d’Aune. Il a été trouvé exceptionnellement sur le Tremble. Sesia spheciformis Grng. Lépinopr., Sesudeæ (Sesia sphegiformis Ratz.) [PI. VII, fig. 8] Longueur, Papillon étalé : 25 à 30 millimètres. Ce Papillon est d’un noiïr bleuté, quelques taches jaune mat ornent la face ventrale du thorax, directement au-dessous de la naïssance de chacune des paires d’ailes, de même que les côtés du thorax, la face dorsale du deuxième et la face inférieure du quatrième segment abdominal. La face ventrale des pattes est blanchâtre. Nous avons exposé dans le chapitre des Bouleaux les mœurs des Sésides qui comptent plusieurs espèces s’attaquant en par- ticulier aux Bouleaux, aux Peupliers et aux Aunes, quelquefois aussi aux Chênes. L'évolution de la Sesia spheciformis Grng. dure une année en général, et la façon d’opérer de sa Chenille est semblable à celle de la Sesia culiciformis L. qui ravage également les Aunes. Nous avons vu que la caractéristique de ces types de ravages réside dans la façon dont l’[nsecte ailé prend son vol en s’échap- pant de la Chrysalide à moitié sortie de l'écorce (fig. 340). En parlant de la Sesia culiciformis L., nous avons dit ce que les forestiers pouvaient entreprendre pour entraver la multi- plication des Sésides en général. 662 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Sesia culiciformis L. Voir : Chapitre des Bouleaux. Fig. 339. — Couloirs larvaires de la Sesia Fig. 340. — Tige d’Aune RABCONEE Grng. dans une tige ravagée par la Sesia ‘Aune. 1/1 gr. nat. (orig.). spheciformis Grng. a, femelle déposant sa ponte; b, Chrysalides. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 663 Cossus ligniperda L. Voir : Chapitre des Saules. Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier. Saperda linearis L. Voir : Chapitre du Charme. Xyphidria camelus L. Hyménopr., Uroceridæ — | Longueur (tarière compr se) : 20 à 25 millimètres. Cet Hymé- Fig. 341. — Tronc d’Aune ravagé par la Larv2 du Xyphidria camelus L. 1[1 gr. nat (orig. coll. Muséum, Paris) 664 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE noptère qui au point de vue systématique est très voisin des Sirex, a la tête fixée à l’extrémité d’un prolongement aminei, émanant du thorax; les ailes antérieures ont deux cellules radiales. La Larve qui compte neuf stigmnates de chaque côté (JupEIcx et NiTscHE, 189,5, p. 677) fouille le bois des Aunes et exception- nellement des Bouleaux et des Peupliers sans que le type des ravages se différencie sensiblement de celui des Sirex (fig. 341). Cet Insecte est aussi rare que peu connu. Melasis buprestoides L. Coréopr., Æ£uchnemidæ Lor gueur : 8 à 9 millimètres. Cet Insecte, de couleur notrâtre, Fig. 342. — Couloirs larvaires du Melasis buprestoides L. dans un tronc d'Aune. 1/1 gr. nat. ‘ ‘orig. coll, Muséum, Paris). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 669 porte un corselet qui est élargi antérieurement; ses côtés sont droits et la ligne médiane enfoncée. Les élytres sont plus étroits que le corselet, profondément striés. Tout le corps est couvert d’une pubescence brune. La Larve de ce Coléoptère peu répandu et encore moins connu des forestiers, fouille horizontalement les troncs des Aunes. Liopus nebulosus L. CocéoPr., Cerambycidæ (Hesperophanes nebulosus Oliv.) Longueur : 8 à 9 millimètres. De couleur grise, avec pubes- cence fauve, ce Cérambycide très voisin du genre Lamia a des élytres qui portent deux bandes transversales noires et glabres. La racine des fémurs est rouge et leur extrémité noir foncé. Les Larves fouillent le bois de certaines essences feuillues, en particulier de l’Aune, en pénétrant parfois assez profondé- ment dans la matière ligneuse où elles laissent derrière elles des galeries ayant en général une direction verticale (fig. 343). Cet Insecte, peu répandu, n’a qu'une importance tout à lait secondaire comparativement à celle des Insectes xylo- phages qui compromettent la vie des végétaux ligneux. Fig. 343. — Dégâts du Liopus nebulosus L. dans le bois d'Aune. à, couloir larvaire avec marques des mandibules ; b; excréments. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 667 RAMEAUX Cimbex variabilis Klug. Voir : Chapitre du Hêtre. Vespa crabro. Voir : Chapitre des Frênes et « Partie spéciale ». BOURGEONS Tinea fuscedinella 211. Lépioopr., Tinexdæ Longueur, Papillon étalé, 4 : 10, @ : 12 à 13 millimètres. Ce Microlépidoptère aux ailes antérieures d’un brun grisâtre foncé, a souvent des reflets métalliques couleur laiton. La Chenille qui mesure 7 millimètres est de teinte chocolat ; elle porte sur le dos six lignes longitudinales de tubercules peu apparents; elle compte douze pattes, les deux paires abdomi- nales étant atrophiées. Au premier printemps, la femelle dépose un œui dans le bourgeon des Aunes qui, au bout de deux ou trois semaines, est fouillé par la jeune Chenille et finit par s’atrophier au moment où il devrait donner naissance aux feuilles. Devenue adulte, la Chenille s'attaque aux feuilles dont elle ronge l’épiderme, plus tard elle les perfore aussi. La chrysalidation s'opère dans un petit fourreau un peu à la façon de la Tordeuse du Chêne. Suivant Juneicx et NirscHE (1895, p. 1355), la Tinea fusce- dinella ZI]. aurait une seconde génération au milieu de l'été, mais en somme l’évolution de cette espèce très rare est encore à étudier plus à fond. Mes PAS La We REUNELES Les feuilles d’Aunes sont occasionnellement ravagées par un Coléoptère de la famille des Melolonthini, le Phyllopertha 668 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE horticola L. bien connu des jardiniers et des horticulteurs. Un Charançon, le Phyllobius Fabr., aussi rare qu'insignifiant, peut être rangé également au nombre des Phytophages des Aunes. (A suivre. REVUE AGRONOMIQUE AGRICULTURE Ch. Brioux. — Germination des Avoines. (Vie Agricole et Rurale, 1913 (2), p. 531.) L'auteur présente quelques observations à propos des essais de germination qu'il a effectués sur des échantillons d’Avoine de la ré- colte 1912 (graines humides et de faible énergie germinative). L’aéra- tion ayant une influencé favorable sur la germination des semences défectueuses, il convient de ne pas enfouir trop profondément ces oraines. La dessiccation des semences à basse température fit passer leur faculté germinative de 56 à 74 % dans un cas, et de 68 à 84 % dans un autre cas, tout en accélérant notablement l'apparition des germes; ces faits, d'accord avec les expériences de ScxriBAux et celles de MAzÉ, montrent que le meilleur moyen de remédier, au moins par- tiellement, à la mauvaise qualité des semences récoltées dans des condi- tions d'humidité défavorables, consiste à les aérer le plus possible pour favoriser leur dessiccation. L'auteur termine par quelques con- seils pratiques pour les semailles d'avoine. P. NorrTix. Dr A. ROBERTSON ProscHOwWSsKY. — Fruitiers exotiques sur la Côte- d'Azur. (Petite Revue À gr. et Hort. : Antibes, 1913.) L'auteur a décrit une série d'espèces fruitières originaires des pays chauds et que lon peut importer ou que l’on a même déjà acclimatées sur le littoral méditerranéen; cette énumération contient les caractéris- tiques de ces espèces et les services qu’elles peuvent rendre à nos popu- lations. J. SIMONS. 679 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE CHIMIE DE LA PLANTE P.MAZzÉ.— Recherches sur la physiologie végétale. (Premier mémoire.) (Annales de l’Institut Pasteur, 1911, n° 10, p. 705.) Dans ce premier mémoire, M. P. M4zé étudie successivement lex- crétion radiculaire, le phénomène des pleurs et l'influence de la forme chimique des engrais azotés. Les végétaux supérieurs ne fixent pas également toutes les sub- stances minérales du sol : elles font une sélection. Par quel mécanisme ? DE CANDOLLE, LiEBIG admettaient qu’elles éliminaient par les racines les substances inutiles. Une expérience classique de WALTER tend à prouver que cette excrétion radiculaire n’existe pas : c’est là actuelle- ment l'opinion qui prévaut. M. MA4ZÉ reprend cette question en utilisant le maïs. Il emploie la méthode qu’il a autrefois décrite et qui consiste à faire pousser asepti- quement les plantes dans des solutions minérales stériles. Dans de telles conditions aucune action microbienne ne vient masquer les résul- tats et les expériences peuvent être poursuivies longtemps. Les solu- tions employées par l’auteur donnent des maïs très beaux qui peuvent complètement évoluer et donner des graines mûres normales. Les cul- tures sont faites dans des flacons de 3 à 4 litres, munis de tubulures latérales qui permettent de soutirer complète nt la solution miné- rale, de laver les racines à l’eau distillée, et de les remettre en contact avec une solution quelconque. Toutes ces opérations sont faites asep- tiquement. M. MAzÉ démontre ainsi que si, après avoir lavé les racines d’un maïs bien développé, on remet dans le flacon de l’eau distillée, ou mieux une solution nutritive incomplète, les éléments minéraux, accu- mulés dans la plante, font retour à la solution. Il y a donc bien excré- tion radiculaire. Les résultats contraires de WALTER tiennent aux mauvaises conditions expérimentales et à la brièveté de l'essai. L'auteur montre ensuite que les substances organiques sont égale- ment excrétées par les racines : il trouve un sucre réducteur et des acides dont l’acide malique. Leur quantité est telle que la désagré- gation des coiftes ne peut l'expliquer. L’excrétion radiculaire est ainsi prouvée dans toute sa généralité. Les pleurs sortent des stomates aquifères et se forment surtout après les journées chaudes, dès le coucher du soleil. Elles contiennent les éléments minéraux de la sève et des composés organiques. La sélection des substances minérales par les plantes peut done s'expliquer par l’excrétion radiculaire et par le phénomène des pleurs. Après avoir étudié l'influence de la concentration et indiqué la solution qui donne les meilleurs résultats, M. MAzÉ recherche lin- fluence de l’état chimique des éléments azotés sur le développement du maïs. Pour une même richesse en azote, le nitrate de soude et le sulfate d’ammoniaque donnent, dans les conditions de l'expérience, de moins bons résultats que le nitrate d’ammoniaque. Cela tient à l’excrétion radiculaire et à l'accumulation dans la solution de soude, dans le premier cas, et d’acide sulfurique dans le second. Le nitrate REVUE AGRONOMIQUE 671 d’ammoniaque ne laisse n1 résidu acide ni résidu alcalin. Le chlorhy- drate d’ammoniaque devrait avoir le même effet que le sulfate : l’ex- périence a prouvé le contraire et les résultats obtenus avec ce sel sont identiques à ceux que donne le nitrate d’ammoniaque. Il y a là une anomalie sur laquelle auteur se propose de revenir. . M. LEMOIGNE. *k * * P. Mazé. — Recherches sur la physiologie végétale. (Deuxième mé- moire.) (Annales de l’Institut Pasteur, 1913, p. 651.) L’étude de la répartition des matières minérales dans les végétaux a provoqué de nombreux travaux. M. MAz£ la reprend avec sa méthode de cultures aseptiques. Comme dans son premier mémoire, il utilise le mais. La proportion de cendres dans les tiges et les racines est très varia- ble; elle offre au contraire une certaine fixité dans les feuilles. C’est que les premiers organes sont des lieux de réserve, tandis que les der- niers sont constitués par des tissus en pleine activité physiologique : il en résulte une certaine fixité dans leur constitution. La richesse des feuilles en cendre dépend de leur activité. En milieux sucrés ou pep- tonés, la plante effectue moins de synthèses, et les feuilles contiennent moins d'éléments minéraux. M. Mazé confirme ensuite les résultats qu'il a précédemment ob- tenus au sujet de lexcrétion radiculaire. Il étudie également l’ab- sorption des substances colloïdales par les racines de maïs et montre avec l’humus et l’empois d’amidon que cette absorption est possible. Les résultats qu’il obtient sont en dehors des erreurs d’expériences. Enfin, M. MAz£ établit avec le maïs et avec des végétaux inférieurs tels que l’Aspergillus niger, que les récoltes ne dépendent pas seulement de la quantité absolue des éléments fertilisants, mais surtout de leurs rapports. À la loi classique du minimum, il substitue ce qu’il appelle la loi des rapports physiologiques. Un élément utile devient nuisible s’il est en excès par rapport aux autres principes fertilisants. Cette loi des rapports physiologiques est des plus importantes et peut se vérifier en agriculture. Mais en général, l’excès d’un engrais ne nuit pas, car cet engrais est en grande partie insolubilisé dans le sol. La terre ne cède que peu à peu les éléments solubles et c’est le rapport de ces éléments solubles qui seul importe. Tout ce qui modifie ce rapport a une répercussion sur la végétation. C’est ce que fait le calcaire qui insolubilise certains composés. C’est ce que font également tous les corps solubles ou susceptibles de donner naissance à des corps solubles. [ls réagissent en effet directement sur les solutions du sol ou sont absorbés, décomposés, et provoquent des excrétions radiculaires, tantôt acides, tantôt alcalines. Dans tous les cas, le rapport des éléments fertilisants solubles est modifié et la végé- tation s’en ressent favorablement ou défavorablement, suivant les circonstances. M. Mazé voit là l'explication des résultats contradic- toires obtenus avec la plupart des engrais catalytiques. M. LEMOIGNE. 672 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE C.-F. WorraY et R.-D. Mizxer. — La maturation des Bananes. étudiée à l’aide du ealorimètre de respiration; premiers résultats obtenus aux États-Unis. ( Yearbook of the United States Departmen! of Agriculture, p. 293, 1913.) Pour conserver les fruits pendant longtemps en bon état, il est né- cessaire d’en retarder ou d’en accélérer, selon les cas, la maturation et d'empêcher les phénomènes subséquents de détérioration. Le succès dépend donc d’une connaissance exacte des phénomènes qui se mani- festent durant la maturation, à maturation faite et dans le processus de la détérioration, de leurs causes et des moyens de les régler. Le calorimètre de respiration offre un nouveau moyen d’étudier les phénomènes de maturation des fruits; les auteurs exposent les premiers résultats qu’ils ont obtenus en étudiant à l’aide de cet appa- reil les bananes en période de maturation active. Il ressort des expé- riences que l'intensité des phénomènes de maturation s'élève régu- lièrement jusqu'à un maximum et diminue ensuite. Au maximum d'intensité, la chaleur produite est d'environ 1 calorie par kilo de bananes, et l’on peut dire que la chaleur libérée représente un indice de l’activité d’un ou de plusieurs des phénomènes de maturation. Les analyses ont montré que, durant la maturation, lamidon des bananes est transformé en saccharose et celui-ci en sucre inverti; en outre, les tannins subissent d'importantes transformations; d’autres transfor- mations sont dues à la formation de larome et des corps sapides et probablement à d’autres phénomènes. Durant la transformation des hydrates de carbone, il se produit une perte réelle de matières nutri- tives. Etant donnée la quantité d'oxygène consommée, d’anhydride car- bonique formée et de chaleur libérée, il semble que celle-ci soit due en grande partie à la destruction des hydrates de carbone. J. SIMONS. k * * J.-S. MACHARGUE. — Sur la présence du baryum dans le Tabac et d’autres plantes. (4m. Chem. Soc., t. XX XV, 1913, p. 826.) *k *X *X NicLoux. — Sur l'alcool méthylique des feuilles. (Bull. Soc. Chimique, t: XIII; 1918#p..939:) L'auteur a trouvé dans des feuilles de lierre et de fusain environ 0,497 d'alcool méthylique; il a reconnu l'absence d’aldéhyde formique, ce qui fait penser que l'hypothèse de BAEYER doit être modifiée en ce qui concerne la formation des hydrates de carbone par polyméri- sation de laldéhyde formique. P.. NoTrTix. REVUE AGRONOMIQUE 673 H. Marnes et F. Kœxic. — Sur le dosage de la fibre brute et de la cellulose. (Arch. d. Pharm., t. CCLI, p. 223, 1913.) CHIMIE DU SOL M. Srrirar. — Dosage du manganèse dans le sol. (Zezf: anal. Chem. t. LIT, 1915, p. DO) On oxyde à 17-189 le manganèse au moyen de B®0* en solution azotique; les perturbations, apportées dans le dosage par le fer, sont évitées en traitant la solution oxydée par un excès d’eau oxygénée en quantité connue, avec retour au permanganate de potasse (RAMAGE, Chem. News., t. LXXXIV, p. 209). Le chlore doit être éliminé; les matières humiques ne gênent pas. P. NoTrTin. % x *% C. FaBre. — Sur l'attaque des silieates par les moisissures. (Bull. Soc. Chim.,'t. XIII, 1913, p. 876.) Les roches, polies et observées à la façon des métaux destinés à lex a- men métallographique, sont plus ou moins rapidement attaquées par les diverses moisissures qui existent dans l’air ou dans le sol. P. NoOTTin. FA % * H.-B. Hurcxixsox. — La stérilisation partielle du sol au moyen de la chaux caustique. (Journ. of Agric. Science, vol. V, part 3, juin 1913, p. 320.) Des expériences effectuées par l’auteur, les conclusions suivantes ont été tirées : en général, les conditions physiques du sol sont amé- liorées par l’apport de chaux caustique ou éteinte. En mettant en liberté les substances nutritives et en neutralisant les acides, la chaux favorise le développement des microorganismes du sol. La chaux caustique est un antiseptique puissant et lorsqu'elle est appliquée au sol même en présence de grandes quantités de carbonate de cal- cium, elle modifie ou détruit l’état d'équilibre existant normalement entre la microflore et la microfaune du sol. Elle détruit la plus grande partie des protozoaires qui semblent exercer un effet néfaste sur les bactéries du sol. L'action inhibitrice de la chaux caustique sur les bactéries du sol varie avec la nature du sol, et dépend de la présence de la matière organique; elle semble persister jusqu’à ce que oxyde se soit complètement converti en carbonate; cette action est suivie par une période d’activité bactérienne puissante qui entraîne une pro- duction végétale plus intense. J. SIMoNs. * *X * ANN, SOIENCE AGRON, = 4€ SÉRIE — 1913 — II 43 074 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE GAUDECHON. — Les engrais, revue des questions à l’ordre du jour. (Vie À gricole et Rurale, 1913 (2), p. 549.) * * %* Dr J. Trônr. — Le « Micrococeus mucofaciens », nouvelle bactérie du Lait filant mucilagineux. (Schwezzerisches Zentralblatt für Milch- wirischaft, année 1911, n° 29, p. 230. Brugg, 17 juillet 1913.) Cette nouvelle bactérie, isolée par l’auteur, du lait commercial, cultivée en culture pure sur gélatine, rend filant, à la température normale et au bout de dix-huit à quarante-deux heures, un lait stéri- lisé, et l’altère de telle façon qu’il se forme à la surface une couche épaisse de crème et au-dessous de celle-ci une couche mucilagineuse, de couleur jaune brun, d’abord mince, puis de plus en plus épaisse; au-dessous une autre couche de lait maigre apparemment inaltéré. A 990 C., le lait devient filant au bout de quatorze à seize heures. Pour détruire ce microorganisme, il suffit de chauffer le lait à 600 C. pendant une demi-heure ou à 700 C pendant cinq minutes; le traite- ment au lait de chaux à 1 % pendant une demi-heure produit le même effet. J. SIMoNs. *k * %* W.-H. WeLkeRr et J. MARSHALL. — Précipitation des enzymes de leurs solutions au moyen de l’hydrate d’alumine. Ann. Chem. Soc., t. XX XV, p. 822, 1913; cf. Bull.. Soc. Chim., t. XIV, 1913, p. 1224.) ÉCONOMIE DU BÉTAIL S. J. M. Auzp. — La valeur nutritive du Marron d'Inde. (Journ. of the Soc. of Ch. Indust., n° 4, vol. XXXII.) Les analyses faites pour déterminer la valeur alimentaire du marron d'Inde montrent que l’amande contient : eau, 3,04 %; matières miné- rales, 2,66 %; protéine brute, 10,99 %; extrait étkéré, 3,54 %; hy- drates de carbone, 73,97 %. La méthode la plus satisfaisante de pré- paration est la suivante : les marrons, en partie concassés, sont mis à tremper dans de l’eau froide pendant une nuit, puis on les cuit dans cette eau pendant une demi-heure et on jette l’eau de cuisson. Le résidu est desséché et réduit en farine. Quoique cette farine soit lége- rement amère, elle a un goût agréable et a bon aspect; elle contient : eau, 8,2 %; matières minérales, 2,5 %; protéine brute, 9,3 %; extrait étl éré, 6,3 %; cellulose brute, 9,5 %; hydrate de carbone. 64,2 %. Des essais d'alimentation ont été faits sur des veaux, des moutons et des porcs, et ils ont prouvé que le marron d’Inde n’est pas toxique et peut devenir un aliment concentré précieux. J. SIMONS. REVUE AGRONOMIQUE 679 W. Gavin. — Sur la sûreté de l’estimation de la production laitière d’une Vache, basée sur la première lactation. (Journ. of Agric. Science, vol. V, part. 4, october 1913, p. 377.) La première lactation montre un plus grand rendement que les suivantes. L’estimation d’une lactation d’après la précédente ne peut pas être faite avec précision. Il est nécessaire pour classer une vache d’après sa production en lait de connaître sa production lorsque la vache était en pleine maturité; on à pensé par ailleurs, que le mode préférable de classement était basé sur la lactation maximum. | J. SIMONS. + * * S.-J.-M. Auzp. — Formation d'acide eyanhydrique pendant la diges- tion. (Journ. of Agric. Science, october 1913, p. 409.) Par suite de phénomènes d’'hydrolyse d’un glucoside, il se produit de l'acide cyanhydrique. L'auteur examine l'influence de la cellulose sur la formation d’acide cyanhydrique, l'effet des acides et des alcalis sur la digestion et les conditions d’empoisonnement par les matières génératrices d'acide cyanhydrique. Il parvient aux conclusions sui- vantes Dans les conditions ordinaires de la digestion, la formation d’acide cyanhydrique est vraisemblablement entravée par les acides, les alcalis, la cellulose, le glucose, les sels et autres matières constituantes des ali- ments. Avant d’être mélangées avec le suc gastrique, les matières généra- trices d’acide cyanhydrique sont mélangées avec les sucs salivaires qui, étant alcalins, suppriment l’action nocive que ces aliments pour- raient avoir. C’est là vraisemblablement la cause du caractère inoffensif du tourteau de graines de lin. Dans le cas de moutons nourris avec du tourteau de graines de lin et très peu de temps après, de petites quantités d’acide cyanhydrique ont été trouvées, principalement dans le rumen. Les matières alimentaires génératrices d'acide cyanhydrique sont le plus généralement dangereuses lorsqu'elles sont ingérées avec d’au- tres matières contenant un acide, ou bien lorsque l’acide est formé avant l’ingestion, comme cela a lieu dans certains tourteaux de lin mal conservés. Enfin, la formation de très petites quantités d’acide cyanhydrique peut exercer quelquefois une action bienfaisante. J. SIMONS. * %X *% Rations pesées et non pesées pour les Vaches laitières. (Univ. of Illinois Agric. Expt. Stat., Bull. n° 159, 1913.) En vue de démontrer la perte que subissent les éleveurs, par suite de l’alimentation de leurs vaches, au moyen de rations non pesées, 076 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE le Department of Dairy Husbandry a effectué les expériences sui- vantes : Deux lots de neuf vaches ont été alimentées avec des rations composées de maïs ensilé, de foins de trèfle, de gluten et de mais concassé. Les rations qualitativement les mêmes différaient quant à la composition quantitative. L’une régulièrement pesée présentait une relation nutritive de un sixième; l’autre de un onzième. Les conclusions sont les suivantes : la qualité de la ration influe sur les conditions physiques de l'animal et par suite sur la production en lait. Par ailleurs, les vaches nourries avec la ration non pesée, perdent en viande; à ce point de vue, le lot nourri avec une ration régulièrement pesée a présenté un rendement supérieur d’un tiers à celui des vaches dont l’alimentation a été mal réglée. J. SIMons. k * * Expériences d'alimentation des Pores. (Journ. Dept. of Agric. for Ireland, avril 1913.) Des essais d’alimentation des porcs avec des pommes de terre et de la farine d’une part, et avec de Ja farine seule d’autre part, ont été effectués. Les résultats ont montré que les porcs pouvaient être parfaite- ment engraissés avec les pommes de terre. L’emploi de ce procédé dépend uniquement des prix respectifs des tubercules et de la farine; il n’y aura avantage à l’employer que lorsque la valeur des pommes de terre sera inférieure au quart de celle de la farine. D’autres essais ont été faits pour comparer la valeur de la farine de maïs et celle de la farine d’orge. Les résultats ont montré que la farine de maïs revenait à un prix plus élevé que la farine d’orge; quant à la qualité du porc, celle des animaux nourris par la farine d'orge semble être supérieure à celle des bêtes nourris par la farine de maïs. J. SimMons. *# * % J. Henprick. — Essais d'alimentation des Veaux au moyen de lait écrémé et d'huiles. (North of Scotland. Coll. of Agric. Bull. n° 17. 1913.) Des essais que l’auteur a effectués dans cette voie, les conclusions suivantes ont été tirées. Les veaux peuvent parfaitement être nourris au moyen de lait écrémé auquel on adjoint des huiles (huile de graine de coton, huile de foie de morue) et des farines. Une ration ainsi composée revient à un prix moins élevé que la ration de lait entier, à valeur nutritive égale. L'huile de graine de coton donne d’aussi bons résultats que l'huile de foie de morue, et à un prix moins élevé. J. Simons. * * * REVUE AGRONOMIQUE 677 E. Grarr et H. Winrz. — Influence de l’ingestion de nitrate de soude sur léchange de l’azote. (/Æoppe-Seyler's Zeitschrift für Physiologische Chemie. Vol. 86, fasc. 4, p. 283. 21 juillet 19153.) Les auteurs résument les résultats des expériences de BARTH, RÔHMANN, BIiNz GERLINGER, GÉRARD, OPPENHEIMER HARNACK et d’autres sur la façon dont se comporte le corps des animaux aux- quels on a administré du nitrate de soude. Ils exposent ensuite leurs toutes récentes expériences effectuées sur un chien et sur trois pores, dans le but d’étudier l’action réductrice du nitrate de soude sur l'élimination d’azote par l’organisme. [ls ont trouvé, comme ABBER- HALDEN et HrrscH, que le nitrate de soude peut avoir quatre actions diverses : 19 l'échange d’azote n’est généralement pas modifié; le nitrate est éliminé à nouveau quantitativement; 20 le nitrate est éliminé quantitativement, mais il provoque une grande diminution de la perte d'azote kjeldahl; 3° une proportion de 10 à 15 % de l'azote du nitrate de soude ingéré est retenue d’une façon stable et n’aban- donne pas le corps sous une autre forme. En même temps l'échange d’azote kjeldahl peut, ou non, être modifié dans un sens favorable: 40 de fortes doses de nitrate accentuent l'élimination d’azote kjeldahl -hors du corps. La diversité des résultats des expériences semble être due prinerpa- lement à la quantité de nitrate administrée: J. Simows. *k *% *% Valeur de la farine de banane pour l'alimentation des pores. (Arbetten aus dem Landw. Institut der Univ. Halle, Sonderabdruck.) La farine de banane est très riche en hydrate de carbone et prin- cipalement en amidon, la teneur en cellulose et en graisse est faible. La teneur en protéine n’est pas très élevée, ce.qui oblige de mêler cette farine à des aliments plus riches en matières protéiques. Les matières minérales sont peu abondantes et principalement com- posées de potasse et d’acide phosphorique. La farine de banane a un haut coefficient de digestibilité. La farine de banane pelée est plus digestible que la farine de banane non pelée, mais il n’y a pas une grande didférence; il est à remarquer en effet que la fibre a un coeflicient de digestibilité assez élevée. J. Simons. ÉCONOMIE RURALE Les Caisses d'épargne postales et les intérêts de l’agriculture. (Bull. mens. des Inst. Ec. et Soc. Rome, août 1913, p. 85.) Après avoir exposé l’origine du développement de l’organisation économique et de Pactivité des caisses postales dans le monde entier, et après avoir étudié la répartition des dépôts par classes de dépo- 078 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE sants, l’article, riche en données statistiques, met en évidence le fait que la classe agricole, à laquelle les caisses postales donnent un intérêt inférieur à celui que les caisses d’épargne les plus accréditées accordent ordinairement, voit son épargne employée de telle sorte que l’agriculture n’en retire aucun avantage direct. En Russie même, où plus qu’en tout autre pays les capitaux des caisses d'épargne du Gouvernement sont placés en faveur de l’agriculture, les dépôts à l'actif des paysans furent évalués, au 31 décembre 1911, à 42,58% du total de l’épargne, tandis que les capitaux ayant servi à l’achat de titres fonciers ruraux ne représentent, à la même époque, que 37,16% des capitaux placés. En Italie, pays agricole par excellence — où manque le crédit rural alors que l'épargne postale pourrait très bien y subvenir — les caisses postales versèrent, de 1876 à 1911, à la Caisse des Dépôts et Consignations, 1.873.612.872 francs, et l'on employa tout au plus 2% de cette somme en faveur de Pagri- culture ! Il s’est pourtant manifesté une nouvelle tendance dans la légis- lation des caisses postales avec la récente loi des États-Unis, en date du 25 juin 1910, où il est disposé que les capitaux reçus par les caisses d'épargne postales seront déposés, en vue de leur placement, dans les banques locales reconnues solvables. Cette disposition sanctionne le principe de la localisation dans l'emploi de l'épargne et elle offre aussi la possibilité d'employer les capitaux provenant de ces banques locales en faveur des classes mêmes auxquelles appartiennent les déposants. * * *# Le Crédit agricole en Tunisie. (Bull. mens. des Inst. Éc. et Soc. Rome, juillet 1913, p. 109.) Le gouvernement de la Régence, dans ses efforts en faveur du crédit agricole, a eu d’abord en vue la lutte contre l’usure. Dans ce but sont créées des sociétés qui se proposent : 1° de permettre par des prêts en nature ou en argent à leurs adhérents de faire leurs ensemencements, de développer et d'améliorer leurs cultures et leurs plantations et d'améliorer et d'augmenter leur outillage agricole et leurs troupeaux; 2° de consentir des prêts à d’autres sociétés indi- gènes de prévoyance; 30 de venir en aide, par des secours temporaires, aux indigènes pauvres, cultivateurs ou ouvriers, gravement atteints par les maladies, les accidents, les calamités agricoles, les épizooties, ete.; 4° de contracter des assurances collectives contre lincendie, la grêle, ete.; 59 de créer des associations coopératives d’achats et de ventes entre leurs adhérents. Un décret de 1911 ajoute à ces opé- rations les prêts à long terme (maximum quinze ans). Durant la campagne 1910-1911, les prêts de semences consentis par les sociétés de prévoyance indigènes se sont élevés à 1.737.523 francs. C’est dire toute Putilité de l’institution. Ajoutons qu’indépendamment des sociétés de prévoyance indi- gènes fonctionnent depuis 1904 des caisses de crédit mutuel ayant pour but de faciliter à leurs membres des opérations agricoles produc- REVUE AGRONOMIQUE 679 tives de bénéfices directs, comme l'achat d'animaux d'élevage ou lexécution de travaux de récolte. Ces caisses ne peuvent prêter que de petites sommes (4.000 ou 5.000 francs au maximum), la respon- sabilité solidaire ne pouvant être soumise à de gros risques. Les indigènes sont admis; les agriculteurs français y ont non seulement un intérêt moral, mais aussi un intérêt matériel, car la prospérité collective ne peut qu’accroitre la valeur de leurs terres. Le crédit mutuel comprend une caisse régionale, dont le siège est à Tunis, et 22 caisses locales affiliées, réparties dans les principaux centres du nord du pays. Sur 571 sociétaires, on compte 458 Français et 113 indigènes, ces derniers ayant emprunté 35.180 francs au 31 décembre LOT. Jusqu'ici le remboursement des sommes prêtées aux indigènes a généralement été effectué à l’échéance. Ces prêts n’ont pas occa- sionné de pertes. D’accord avec la dernière assemblée générale, le Conseil d'administration de la Caisse régionale étudie la possibilité de faire entrer un plus grand nombre d’indigènes dans les caisses locales existantes, et même d’en créer pour eux, là où elles n’existent pas encore. Le petit nombre des indigènes adhérents aux caisses locales tient non seulement aux préceptes du Coran auxquels nous avons fait allusion en commençant, mais aussi à ce que les adminis- trateurs de la Caisse régionale étaient absorbés jusqu'ici par les difficultés de l’organisation; il fallait aussi faire l'éducation de l’em- prunteur, lui apprendre le respect de l’échéance, etc. Mais les esprits s'ouvrent petit à petit, et au fur et à mesure qu'ils en comprendront l'utilité les indigènes viendront plus nombreux aux caisses de crédit. * * * La Colonisation intérieure en Norvège. (Bull. mens. des Inst. Étc. et Soc. Rome, juillet 1913, p. 134.) Depuis quelques années, le double phénomène de l’émigration à l'étranger, d’une part, et de l’immigration vers les villes, d’autre art, a pris, en Norvège, des proportions de plus en plus notables. L'Etat a cherché à remédier par la colonisation intérieure à ce phé- nomèêne qui acquiert une très grande importance par le fait que plus des deux tiers de la superficie cultivée du pays consistent en de vastes exploitations agricoles ayant besoin de bras. La colonisation intérieure en Norvège est basée sur la loi de 1913, par laquelle on a fondé un établissement spécial de crédit, la Norsk Arbeiderbruk og Boligbank (Banque norvégienne des petites pro- priétés et des maisons à bon marché), qui accorde des prêts pour favoriser la colonisation intérieure, Le capital de cet établissement se compose de fonds versés par l’État et qui s'élèvent actuellement à 10 millions de couronnes. Les fonds de roulement sont obtenus moyennant l’émission d'obligations au porteur garanties par l'Etat; le montant total des prêts ne peut pas dépasser le sextuple du patri- moine de lPétablissement. Les obligations sont amortissables par annuités dans un délai de trente à cinquante ans. Les prêts accordés par la banque peuvent être de deux sortes: 680 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ce sont les brukslaan, prêts destinés à l’achat de petites exploitations rurales, et les boliglaan, pour l'achat ou la construction de maisons à bon marché. Les premiers sont accordés à un intérêt maximum de 3 1/2%, et les seconds, à 4%. La concession des prêts de ces deux catégories exige des formalités spéciales, qui varient à leur tour selon que les prêts sont accordés à des personnes dépourvues de moyens financiers ou à des administrations locales. Ces formalités sont exposées avec toutes leurs particularités dans l’article précité. En ce qui concerne les résultats obtenus par la Norsk Arbeiderbruk og Boligbank, nous dirons que, de 1903 à 1912, elle a accordé pour une somme totale de 16.098.430 couronnes, 11.579 prêts destinés à l'achat de petites propriétés rurales et 8.142 prêts équivalant à 11.161.057 couronnes pour la construction de maisons. Le total des intérêts payés durant la même période s’est élevé à 3.632.384 couronnes. GÉNIE RURAL AE. Parr. — Élévateur d’eau égyptien. (The Agricultural Jour- nal of India, vol. XIIT, part Ill, p. 293, juillet 1913.) On a reçu récemment d'Egypte un élévateur d’eau très utile pour canaux d'irrigation nécessitant une faible élévation de l’eau. Cet appareil se compose de deux pièces de fer circulaires montées aux extrémités d’un axe d'environ 40 centimètres. Ces deux roues sont reliées par un certain nombre de palettes faisant avec le rayon un angle d'environ 379. L'appareil, construit pour tourner à une faible vitesse, dans un bassin de maçonnerie très étanche, peut être actionné par un bœuf. Les roues déversent l’eau à la hauteur de leur axe. L’auteur recommande cette machine comme étant la meilleure qu’il ait essayée pour l'irrigation avec faible élévation d’eau. * * * H. PizLaup. — Le Concours et le Congrès de motoeulture de Soissons. (Technique moderne, t. VIT [1913, INT, p. 268.) Ce concours a eu lieu du 22 au 31 août 1913. PATHOLOGIE VÉGÉTALE L. Perri. -—— Desséchement des « Ramuseules » de « Pseudotsuga Douglasii», produit par une variété de « Sphæropsis Ellisii ». (Annales Micologici, vol. XI, n° 3, p. 278. 1913.) Au printemps de 1912, on a constaté à Grezzano nel Mugello (Toscane, Italie), à 350 mètres au-dessus du niveau de la mer, le desséchement de l'extrémité des ramuscules chez un grand nombre REVUE AGRONOMIQUE 681 d'individus de Pseudotsuga Douglasir, cultivés depuis cinq à sept ans sous le couvert de gros pins (Pinus sylvestris), dans un terrain sableux et frais. Le desséchement de la portion apicale des ramuscules s’arrêé- tait brusquement à une faible distance du sommet et l’on notait, au point de séparation entre la partie desséchée et la partie encore verte, la présence d’un mycélium qui avait envahi les tissus corti- Caux. Sous cloche humide, il se développa, à la surface des ramuscules, des fructifications pycnidiennes qui font attribuer l’agent de l’alté- ration susdite au genre Sphæropsis et précisément à une varicté du Sp. Ellisit Sacc., espèce fort riche, de formes distinctes les unes des autres, beaucoup plus par la diversité de la plante haute que par les caractères morphologiques. La principale cause d'infection doit être recherchée dans la situa- tion des plantes attaquées, qui, malgré leur exposition au sud, sont insuffisamment éclairées et dans une atmosphère excessivement humide. On a expérimenté avec succès, contre cette infection, des pulvé- risations de sulfate de cuivre en mélange avec de la chaux à 1%. J. SIMONS. O. MExGEL. — Évolution du « Mildew » suivant les conditions de milieu. (Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Scien- ces, 1913, 2e sem., t. 157, n° 4; 28 juillet 1913, p. 292, 1913.) D’après les observations faites en France, il semble que l'invasion par le mildew tient : «) à des causes générales; b) à des causes secon- daires dépendant de la nature et de la vitalité du cépage, de son adaptation au milieu, de la composition du sol et de son exposition; c) à des causes accidentelles (fumure, labour, stagnation d’eau d’inon- dation, etc.). Les causes générales étant liées uniquement aux variations géné- rales de l'atmosphère, c’est au météorologiste qu'il appartient de donner contre elles les avertissements opportuns. La lutte peut toujours être efficace, en année normale, quand les périodes de contamination, comme cette année en Roussillon, ne chevauchent pas l’une sur l’autre. C’est dans les causes secondaires et accidentelles qu'il faut chercher la raison des variations de l’évolution de la maladie. Par exemple, les spores resteront stériles sur le grand noir entouré de carignans fortement atteints : un carignan de la Salanque, en sol normalement humide, sera préservé par les sulfatages en raison de son adaptation au milieu, tandis qu'un carignan de coteau, inondé accidentellement, nécessitera double traitement. Les spores du mildew se disséminant, comme celles de tous les Phycomycètes, par les plus faibles remous de l'atmosphère, on doit s'attendre à les trouver en nombre plus que suffisant pour la conta- mination à toutes les expositions. L'auteur ajoute, sur la base d’exemples probants, qu’une région attaquée antérieurement ne lui 682 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE paraît pas plus prédisposée à l'infection qu’une autre, si les causes locales qui ont déjà provoqué l’invasion ne jouent pas à nouveau. D'autre part, il ne pense pas qu'il faille attribuer à linfluence de l'exposition d’un versant un plus grand apport de spores sur ce ver- sant par les vents venant des régions contaminées antérieurement, Si, cette année, en Roussillon, où les vents dominants en périodes de contamination ont été des vents marins, les régions les plus mildiousées ont été précisément les coteaux exposés aux effluves marines, évidemment peu sporifères, c’est, d’après l’auteur, parce que ces effluves tièdes ont joué le rôle d’accélérateur dans la ger- mination des spores, germination que des sulfatages plus intensifs auraient certainement contrariée. Le viticulteur doit s'inspirer des modes d’action des causes secon- daires et accidentelles et agir en conséquence. Ainsi, il est reconnu qu'un labour en période de contamination est néfaste; il sera donc logique ou de retarder ce travail ou bien, en cas d'urgence, de sulfater derrière la charrue. Dans les vignes fumées, il sera bon de doubler le traitement ou d’effeuiller partiellement pour donner de Pair à la grappe. On empêche ainsi les causes accidentelles de créer loca- lement pour la plante des situations identiques à celles qui dérivent normalement des causes générales. J. SImMons. *k * * G.-T. Spivks. — Facteurs influençant la susceptibilité des plantes aux maladies. (The Journ. of Agric. Science, 30 juin 1913, p. 231.) Les expériences ont porté sur la susceptibilité du blé aux atteintes de l’Erysiphe graminis, du Puccinia glumarum et du Puccinia gra- minis. Les recherches ont été faites simultanément sur cultures en dissolutions nutritives, sur cultures en pots et sur parcelles expéri- mentales. Les conclusions auxquelles est parvenu l’auteur sont : la suscepti- bilité du blé au «blanc » et à la «rouille jaune » et de l’orge au «blanc » augmente quand des quantités notables d'azote assimilable sont mises à la disposition des plantes; à ce point de vue, le sulfate d’ammo- maque et le nitrate semblent jouer le même rôle. Au contraire, les engrais minéraux, surtout les sels potassiques, diminuent la susceptibilité susdite, mais non pas de façon à contre- balancer Paction de fortes applications d'engrais azotés. Les plantes semi-affamées d’azote possèdent un degré notable d’im- munité aux maladies susmentionnées, même quand les phosphates et la potasse ne sont présents qu’en petites quantités. Les sels de lithium produisent également l’immunité, alors que les nitrates de plomb et de zinc, surtout le dernier, rendent les plantes ex- trêmement susceptibles ; toutefois les autres sels de plomb et de zinc n’exercent qu’une faible action. Quand une variété de blé est presque indemne d’une maladie don- née (par exemple la variété « Little Joss » de la rouille jaune), elle tend à garder son immunité même quand on lui fournit un excès d’azote. L’accroissement de limmunité du fait de quelques fumures ne REVUE AGRONOMIQUE 683 semble pas due à un manque de matières nutritives dans lhôte, comme le supposait Warp, puisque les plantes rendues relativement indemnes par l'application de phosphates ou de potasse se mainte- naient aussi saines et bien développées que celles qui ne furent pas l’objet de semblables applications. J. SIMONS. * *X * « Hendersonia Rubi » et « Ascochyta pallor ». (Board of Agriculture and Fisheries Leaflet, n° 269.) Ces cryptogames attaquent depuis quelques années les framboi- siers et un hybride de framboisier-ronce, désigné en Angleterre par le nom « loganberry ». Les dégâts sont assez importants. L’infection a lieu durant l'été; le cryptogame attaque les jeunes rameaux sur lesquels apparaissent les tâches rougeâtres qui devien- nent blanchâtres en hiver, l’écorce étant morte, et qui sont pointillées en noir par les corps fructifères contenant un très grand nombre de spores tétracellulaires colorées. L’année suivante, ces spores se répan- dent dans l’air, et lorsqu'elles atteignent les tissus d’un bourgeon, elles germent et y pénètrent, propageant ainsi la maladie. Les branches qui portent plusieurs taches d'infection meurent durant lhiver; celles qui n’en portent qu’une ou deux peuvent survivre et produire une certaine quantité de fruits. Il est bon cependant d'enlever ou de brûler toutes les branches atta- quées, même si elles le sont légèrement, car il n’existe que ce moyen pour enrayer la maladie. L’infection se manifeste le plus souvent du- rant la période de l’année où la plante est en rapport; on ne peut donc pas recourir aux pulvérisations de bouillie bordelaise, à moins que l’on ne sacrifie les fruits. Même les branches fructifères devraient être supprimées dès qu’elles apparaissent malades. L’Ascochyta pallor Berk. parasite parfois les branches des rosiers et des ronces sauvages. Il forme des taches nécrotisées blanchâtres, poin- tillées en noir par les corps fructifères. Le traitement est le même que celui qui vient d’être mentionné pour l'Hendersonia Rubt. J. SiMONS. k * * F.-J.-F. Snaw. — «Selerotium Oryzæ », nuisible au Riz, dans l'Inde. — (Memoirs of the department of Agriculture in India, Botanical Series, Vol. II, n° 2, p. 11-23, juillet 1913.) Le Sclerotium Oryzæ — décrit pour la première fois en 1879, par CATTANEO, comme nuisible au riz en Italie (Novare et Lombardie) et retrouvé sur la même plante, au Japon, en 1910 — est signalé à présent aussi dans l’Inde (Noakhali, Mandalay, Samalkota et Pusa), où il a été observé en 1912. L'auteur a procédé à la culture du champignon et à des essais d’infection, avec un résultat positif. Après quelques observations morphologiques sur le sclérote du pa- rasite, qui ne concordent pas avec les observations faites par CATTANEO, et après avoir remarqué que l’aspect du champignon est susceptible 684 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE de modifications (particulièrement accentuées dans la couleur et dans la forme des hyphes) selon la nature du substratum nutritif, l’auteur déclare enfin qu'il est difficile de trouver des remèdes efficaces con- tre le Sclerotium Oryzæ. Sans doute, ses sclérotes restent à l’état de repos dans le terrain, où, dans des conditions favorables, ils germent et produisent un mécylium qui attaque le riz. CATTANEO a suggéré l'application du chlorure d’ammonium pour tuer les sclérotes dans les terrains. L’auteur observe que, quoique ce moyen de lutte se montre efficace, appliqué sur une petite échelle, il est manifestement impos- sible d’en étendre l'emploi comme l’exigerait l'Inde. Le seul moyen approprié serait, probablement, la culture de variétés de riz résistantes; mais, heureusement, les dommages produits jus- qu'ici dans l’Inde par le parasite ne sont pas encore de nature à récla- mer l’étude pratique d’un semblable problème. *% * * Eva MameLr. — Sur la présence des cordons endocellulaires chez les Vignes saines et chez les Vignes atteintes de Roncet. (Æendicontr delle sedute della Reale Accademia dei Lincei, vol. XXIT, 1er sem., fase. 12, D.879421913: En se basant sur les résultats de recherches faites sur des vignes américaines et sur des vignes européennes, tant malades que saines, l’auteur observe, dans cette note préliminaire, que la présence des cor- dons endocellulaires, considérée par PETRI, comme F « indice cons- tant » de la maladie de l « arrieciamento » ou « rachitisme », ou « na- nismo », ete., « roncet », « court-noué », ne constitue pas, comme il le soutient « un caractère étroitement lié aux causes mêmes de la ma- ladie ». Ces cordons se trouvent fréquemment, d’après l’auteur, chez les vignes saines, tant américaines qu’européennes, de même que chez les conifères et chez d’autres plantes ligneuses, comme Pont démontré SANIO, KNY, MULLER, RAATZ et PENZIG. Chez les vignes saines, selon l’auteur, les cordons endocellulaires peuvent se trouver tant dans les parties élevées que dans les parties basses de la plante, tant dans les entre-nœuds de la base que dans les entre-nœuds supérieurs; tandis que, selon P£rrr, « chez des plantes malades depuis longtemps seulement, ces anomalies peuvent se trou- ver dans les entre-nœuds supérieurs », et «lorsque la formation des cordons a lieu contemporairement dans les parties élevées et basses de la plante, le dépérissement est plus soudain et plus grave ». ENTOMOLOGIE H. O. Mars. — « Mamestra trifolii», parasite de la Betterave suecrière aux États-Unis. (U. S. Depart. of Agric. Bur. of Entomology. — Bull. n° 127, 1913.) Dans les États de Colorado et de Kansas, les betteraves sucrières sont fréquemment attaquées par les larves de Wamestra trifolu Rott. Stripped beet caterpillar, Garden Mamestra, Clover cutworm). REVUE AGRONOMIQUE 689 Ces larves ne sont rencontrées que sur la betterave sucrière, dont elles détruisent les feuilles, et sur le Chenopodium album. Souvent les ravages s'étendent jusqu’au collet et la plante est tuée. Les premiers papillons apparaissent dans la première moitié de mai; ceux de la seconde génération, au début de juillet; ceux de la troisième, à la fin d’août et au début de septembre; les larves issues des œufs de cette dernière génération arrivent à maturité vers la fin de l'automne, les chrysalides hivernent dans le sol à proximité de la surface et se transforment en papillons en mai de l’année suivante. Les travaux superficiels d'automne et hiver sont très utiles, car ils détruisent les chrysalides soit directement en les blessant, soit indirectement en les exposant au froid et aux attaques de certains autres parasites parmi lesquels on cite le Microdus inedius Cress., le Meteorus Sp., le Phosrocera claripennis Macq., et aux prédateurs tels que la Perilloide bioculata Fab. et la Phidippus coloradensis Tho- rell. Les pulvérisations arsenicales donnent de bons résultats. L’auteur recommande aussi le mélange suivant : Mertide Paris our R504 2OGIOIMON 09 1360%r: Savon d'huile de baleine . . . . . . 720 RO MALTE CE et AGDE ECHOS) J. SIMONS. *X *% Recherches sur la maladie des Abeilles dite « Maladie de l'Ile de Wight» (« Isle of Wight disease »). (Further Report on the Isle of Wight Bee Disease, Suppl. n° 10 to the Journal of the Board of À gri- culture, juillet 1913.) Compte rendu détaillé des recherches faites pour découvrir les causes de la « Maladie de l'Ile de Wight », qui peut se manifester avec divers symptômes : incapacité de voler; présence de nombreux cadavres d’abeilles devant les ruchers; diminution de l’essaim. Elle provoque la mort d’un grand nombre d’abeilles et même d’essaims entiers, sur- tout quand la saison est froide et humide et en hiver. Elle est vraisem- blablement endémique; mais lorsqu'elle se manifeste avec peu de gravité, elle échappe parfois à l'observation et la mort des abeilles est attribuée à d’autres causes : froid, inanition, ete. Au cours des recherches en question, on a observé, dans presque toutes les ruches atteintes de la maladie, la présence (sur les abeilles, dans le miel, dans le pollen, ete.) du Nosema apis ; quant aux bactéries, on n’en découvrit aucune autre en plus de celles qui se trouvent normalement sur les abeilles. T1 y a donc tout lieu de croire que le Nosema apis est la cause de la maladie. J. Simoxs. 080 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE A. VuiLLer. — « Melitomma insulare » et « Rhina nigra », Coléoptères nuisibles au Cocotier dans la région malgache. Deux ennemis du Cocotier de la région malgache. (/° Agronomie coloniale, 1*° année, n° 2, p. 33-37, 1 pl. Paris, 31 août 1913.) L'auteur décrit, tout d’abord, le WMélilomma insulare Fairm. (adulte, larve désignée aux Seychelles sous le nom de « petit moutouc » et nymphe), ses mœurs et les moyens de lutte préventifs et curatifs. Le parasite a été trouvé aussi dans l’ile de Berafia (nord-ouest de Ma- dagascar), où il causait de graves dégâts dans une importante plan- tation de cocotiers; il est probable qu’il est très répandu dans la région malgache. De nombreux exemplaires en ont été envoyés au Jardin colonial de Nogent-sur-Marne (Seine). L’autre insecte dont s’occupe l’auteur, le Rhina nigra Drury, existe non seulement à Madagascar, mais aussi à Berafia où il a été signalé comme étant très nuisible et d’où il a été envoyé au Jardin colonial de Nogent. À Berafia, on a observé que l’attaque du coléoptère avait lieu, d’une façon constante, à une hauteur d’environ 1" 50, bien que, dans la plantation, de nombreux arbres aient eu leur base fortement endommagée par les larves du Welilomma insulare. Ceci ne concorde- rait pas avec les observations que fit F.-W. Uricx à la Trinité, rela- tivement au Ahina barbirostris. La ponte a lieu dans une petite cavité de l'écorce creusée par la femelle au moyen de son rostre. Les larves ne tardent pas à pénétrer dans les parties les plus dures du bois où elles creusent de nombreuses galeries. La lutte contre ce parasite doit être surtout préventive. Il faut éviter, autant que possible, toute lésion de l'écorce, brûlures ou bles- sures. Les plaies qui n’auront pu être évitées seront recouvertes d’une couche de coaltar. Si l’on constate que la ponte a lieu régulièrement en un point bien déterminé du tronc. on pourra préventivement recouvrir la zone sensible avec, par exemple, un lait de chaux épais additionné de 1 kilo d’arséniate de plomb par hectolitre. A Berafia, on a procédé à la destruction des pontes par grattage et application de coaltar. Enfin, on pourrait peut-être utiliser avec avantage les arbres-pièges : palmiers sectionnés de façon à assurer la fermentation du bois; la ponte aurait lieu de préférence dans ces arbres où il serait facile de détruire les larves en temps voulu, par exemple au moyen d’eau bouil- lante. J. Simoxs. TECHNOLOGIE G. Moussu. — Les variations dans la composition du Lait et ses propriétés, d’après Eckles et Shaw (États-Unis). (/ndustrie Laitière, t. XXXVIII, 1913; p. 639.) S 0 0 . . 19 Influence de l’époque de la lactation. — La période de lactation peut être divisée en trois phases. La première commence avec la lac- tation et se prolonge durant trois à six semaines; la teneur en pro- REVUE AGRONOMIQUE 087 téines et en matière grasse diminue régulièrement à partir du cin- quième jour (fin du colostrum); durant cette première période, les globules butyreux diminuent de dimension; la matière grasse a un très fort indice d’iode et un indice de saponification élevé; elle contient une forte proportion d’acides volatils. — La deuxième phase corres- pond à la composition moyenne du lait; elle se prolonge jusqu’au moment où le rendement commence à décliner rapidement; durant cette période, la composition du lait reste à peu près uniforme. — Pendant la troisième phase, les protéines et les graisses augmentent; les globules butyreux deviennent très petits, le point de fusion du beurre et l'indice d’iode augmentent, les acides volatils et l'indice de saponification diminuent. 20 Influence de la race et de l’individualité. — Les chiffres obtenus corroborent les faits connus concernant les variations de la propor- tion de matière grasse; les caractères chimiques du beurre varient également avec la race. La race exerce une influence marquée sur la teneur en matières albuminoïdes. Le lactose ne subit que peu de variations. 30 Variations chez une même bête. — La quantité de matière grasse varié d’une traite à l’autre, ainsi que ses caractères chimiques. Toutes les données des expériences de MM. Eckles et Shaw confir- ment des faits connus pour la plupart, mais avec des précisions qui ont leur importance. Ps Notre FLEISCHMANN et WIEGNER. — Augmentation du poids spécifique du Lait fraichement récolté. (Journal für Landwirischaft, vol. LXI, fasc. 3, p. 281, 21 juillet 1913.) Les auteurs ont soumis à une critique sévère toutes les expériences faites jusqu'à maintenant sur le sujet en question et ils ont dans ce but effectué eux-mêmes d’amples expériences dans le laboratoire de chimie du lait de Université de Gôttingen. Les résultats mon- trent que la volatilisation de gaz n’est pas une hypothèse soutenable pour expliquer le phénomène. Il n’y eut pas non plus d’altération du sucre de lait, ni de mouvement des globules, pouvant avoir pour effet une augmentation du poids spécifique. Aucune donnée ne permit d'ajouter foi à l’hypothèse de Reck- nagel sur le gonflement de la caséine. Mais les auteurs observèrent existence d’une influence réciproque entre le poids spécifique et les globules du lait. Quand, par exemple, les auteurs conservèrent pen- dant vingt-deux heures du lait de vache à la même température qu'au moment de la traite, ils n’observèrent aucune augmentation du poids spécifique. Le poids spécifique du lait fraichement trait et refroidi à 30 C. augmenta de 0,00015; en chauffant ensuite le lait à 490 C, on fit retourner le poids spécifique à sa valeur primitive. Le lait écrémé, pauvre en matière grasse, n’augmente pas de poids spéci- fique, ni après un temps plus long, ni après un refroidissement plus intense. Plus la teneur en matière grasse du lait était élevée, plus Paugmentation de poids spécifique était grande si l’on conservait 688 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE le lait à des températures inférieures au point de fusion de la matière grasse. Conservés à la température du corps, ni le lait pauvre en matière grasse, ni le laït riche en matière grasse ne subirent de variations dans leur poids spécifique. La matière grasse solidifiée possédait un poids spécifique supérieur à celui de la matière grasse liquide. Le poids spé- aifique des émulsions de matière grasse et d’eau était inférieur à celui de la matière grasse. Les oscillations de température des globules du lait se produisaient avec la même rapidité que celles du plasma du lait. Les auteurs sont arrivés, à la suite de leurs recherches, à conclure que l'augmentation du poids spécifique du lait de vache fraîchement trait résulte de la coagulation des globules gras du lait. J. Simoxs. Pi W. H. Werker et H. L. Marsx. — Emploi de l’hydrate d’alumine comme précipitant des protéines, en vue de la détermination du lactose dans le Lait. (Ann. Chem. Soc., t. XXXV, p. 823, 1913; et Bull. Soc. Chim., t. XIV, 1913, p. 1224.) *k *k * G. JaAHNson-BLonM. — Observations sur l'influence du sulfate d’am- moniaque sur le dosage polarimétrique du lactose. (Zeztsch. für prysiol. Chem., t. LXXXIII, 1913, p. 441.) Dans la méthode de Sazkowsxtr pour le dosage du lactose dans le lait, on commence d’abord par se débarrasser des substances protéi- ques à l’aide de sulfate d’ammoniaque. L'auteur constate qu’en pré- sence de ce corps on obtient toujours, à la lecture polarimétrique, un chiffre trop faible. Il convient de faire une correction de 0,1 %. * * * Daire.— L’acidification de la crème. (/ndustrie Laitière, 1913, p. 691.) En maturation spontanée, on obtient difficilement des acidités normales, c’est-à-dire voisines de 609 Dornic, tandis qu’en Normandie, avec les crèmes pasteurisées, l’acidité dépasse 800 et atteint même 1000, L’auteur pense que cette différence est due aux crèmes trop épaisses, refroidies après l’écrémage sans être réchauffées à 159, trop faiblement ensemencées de levain, et pas assez agitées pendant la maturation. : P. NorTrTix. FA *X * Ph. MaLvezix. — Étude d’une méthode de séparation rationnelle et de dosage rigoureux de lextrait see des vins et boissons fer- mentées. (Bull. Société Chimique, t. XIII, 1913, p. 943.) L'auteur propose de substituer à l’extrait sec dans le vide et à l'extrait sec à 1009 un seul dosage dont il a vérifié lexactitude : l'extrait sec vrai déglycériné. La glycérine est éliminée par entraîne- REVUE AGRONOMIQUE 689 ment à la vapeur d’eau dans le vide, procédé analogue à ceux de Ni- cLoux et de Pozzi-Escor (Cit. Ann. Science Agronomique, 1913, 28 semestre, p. 104). PE NOTrEN *k * * H. Voss. — Séchoir universel perfectionné pour sécher les pommes de terre, les feuilles de betteraves, les céréales, les graines de bet- teraves, ete. (Deutsche landwirtschaflliche Presse, 408 année, 1915, p. 672.) Appareil constitué par un tambour cylindrique; un dispositif inté- rieur permet de diviser la matière pour offrir une plus grande surface de dessiccation. Résumé de la description et figures, dans le Bulletin de L'Institut international d'Agriculture (T. IV, 1913, p. 1458). P. NorTrTix. + # Rousseaux et JORET. — Composition comparée des scories de dé- phosphoration quant à leur teneur en P?05 et Ca0. (Bull. Off. de renseignements agricoles, t. XII, 1913, p. 957.) Il n’existe aucun rapport dans les scories entre leur teneur en acide phosphorique et leur teneur en chaux; le préjugé que les scories à bas titre en acide phosphorique doivent être riches en chaux, est erroné. P. NoTTix. FA G. DeBessow. — De l’utilisation des chaleurs perdues des moteurs à explosion. (Technique Moderne, t. VII, 1913, p. 209.) L’auteur montre, par quelques exemples, dans quelles proportions la récupération des chaleurs perdues par les moteurs à explosion peut intéresser les industriels : il n’est pas une industrie qui n’ait besoin de chauffage ou de séchage; il n’est pas un industriel qui ne songe à réduire au minimum ses frais de fabrication ou ses frais généT AUX. PeNOTTIN: k * *% J. IzART. — Le pouvoir ealorifique des charbons. (Technique Moderne, t. VII, 1913, 2e semestre, p. 282.) CHIMIE ANALYTIQUE Dr P. CarLes. — Les conserves de Tomates. (Annales des Falsifica- hons, t: NEA D. 591) L'auteur publie la composition de vingt-cinq purées de tomates, ANN. SCIENCE AGRONX. — 4€ SÉRIE — 1913 — II 44 690 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE de huit échantillons de tomates réduites et de deux échantillons de tomates pelées; 1l indique les fraudes les plus usuelles. P. Noix. k * * Composition des vins d’Algérie de la récolte 1912. (Annales des Falsi- fications, t. VI, 1913, p. 550.) Résultats de l’analyse complète de cent échantillons; l’origine et la nature du vin, la situation du vignoble, la nature du sol et les cépages sont indiqués. P: Norrin- %# * * J. Karas. — Recherche de la saccharine dans les produits alimen- taires. (Annales de Brasserie et Distillerie, 1913, p. 254.) Pour éviter les émulsions dans l’extraction de la saccharine par l’éther ou l’éther de pétrole, l’auteur clarifie préalablement la subs- tance à examiner par le tannin et le sous-acétate de plomb. La mé- thode se prête également au dosage quantitatif. D. Norris. * * *% A propos de la recherche des huiles de graines dans l'huile d’olive au moyen de la réaction de Bellier, d’après Mario Malacarne. (Technique Moderne, t. VII, 1913, 2€ semestre, p. 275.) La réaction colorée donnée par les huiles de graines avec la résor- cine ou la phloroglucine, en présence de l’acide nitrique, est telle- ment caractéristique qu'elle ne saurait conduire à des erreurs au cours de lanalyse de lhuile d’olive. Seules les huiles tunisiennes pourraient prêter à confusion; elles donnent, en effet, avec le réactif de Bellier, une légère coloration qui n’a jamais été observée avec les huiles d'olive européennes. BIBLIOGRAPHIE Henri Hirier, membre de la Société nationale d'Agriculture de France, maître de conférences à l’Institut national agronomique. — Systèmes de culture et assolements. — Un volume in-18 de 160 pa- ges, avec 32 illustrations. — Librairie agricole de la Maison Rusti- que, 26, rue Jacob, à Paris. — Prix : 1150. Le livre de M. Hirrer, membre de la Société nationale d’Agricul- ture, dont la Nouvelle Bibliothèque du Cultivateur vient de s'enrichir, répond à un problème qui se pose constamment devant les agricul- teurs : quel est le meilleur système de culture, quel est le meilleur asso- lement à adopter? Ce problème n’a pas de solution unique, car celle-ci dépend d’une foule de facteurs qui échappent à la volonté humaine : climat, nature du sol, capital, débouchés, et, aujourd’hui plus que jamais, quantité de travail exigée par la production. C’est à dégager l'influence de ces facteurs et à montrer comment on peut et on doit les utiliser, que le livre de M. HirTier est consacré; il montre comment, dans chacune des régions agricoles du pays, on peut tirer le parti le plus profitable du sol, et comment on peut, avec sagesse, améliorer la production des terres qui paraissent les plus ingrates. Les meilleurs systèmes de culture et les meilleurs assole- ments à adopter, du nord au sud ou de l’est à l’ouest, sont minutieuse- ment décrits, avec des exemples typiques que le succès a couronnés; l’auteur a eu soin d'exposer séparément ce qui concerne chaque région, et en indiquant les améliorations ou transformations qui y ont été accomplies, de montrer comment elles peuvent se généraliser. Agriculteur praticien, conduisant la charrue ou la herse, autant que professeur autorisé, connaissant les difficultés journalières auxquelles se heurte la conduite d’une exploitation, M. Hirier était parfaite- ment placé pour traiter à fond le sujet, et pour donner des conseils éclairés. [1 a atteint le but avec une réelle élégance et donné des leçons qui seront utiles. Henri SAGNIER. 692 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Dr Emile Rey, lauréat de la prime d'honneur, sénateur. — La Culture rémunératrice du Blé. — Un volume in-18 jésus de 144 pages, avec 44 figures. — Librairie Baïllière, 19, rue Hautefeuille, à Paris. Cartonné : 1150. 11 y a an intérêt de premier ordre à faire connaître les moyens les plus simples, les plus pratiques, les plus économiques d'augmenter les rendements de l’agriculture et notamment celui du blé, et c’est à cette œuvre qu’est consacré ce travail. M. Ræy indique la possibilité de mieux utiliser les découvertes déjà acquises, grâce aux recherches des savants, des agriculteurs d'élite, des constructeurs de machines perfectionnées, et de leur faire pro- duire les heureux effets qu’elles comportent. Ce volume est divisé en trois parties. Dans la première, l’auteur expose le mode de végétation du blé et sa prodigieuse fécondité, afin de faire ressortir l'énorme production dont il est capable. Dans une seconde, il cherche à déterminer les causes de la faiblesse des rendements de la plupart de nos terres et, par suite, celles de Pab- sence ou de la médiocrité des bénéfices qui en sont la conséquence. Dans une dernière partie, M. Rey étudie les moyens que la science, l'expérience et la mécanique mettent aujourd’hui à la disposition de l’agriculteur pour remédier à l'insuffisance de ses récoltes et augmenter ses profits. Le premier soin de l’agriculteur, en présence de récoltes insuffi- santes, doit être de découvrir, dans cet organisme si compliqué et si obseur qu'est la terre végétale, la partie qui laisse à désirer, qui fonc- tionne mal, pour se rendre compte des moyens les plus eflicaces à employer. On est beaucoup trop porté à attribuer presque exclusive: ment la faiblesse des récoltes à la pauvreté du terrain en éléments fertilisants, et on ne fait pas une part suffisante à la constitution phy- sique du sol dont l’action est cependant prépondérante dans bien des cas, en raison surtout du rôle capital qu’elle joue dans l’œuvre des agents fécondants de la nature : l'air, l’eau, la lumière et tout ce monde des infiniment petits qui peuple la terre végétale. Enfin, n'est-il pas étrange que, tandis que pour les autres cultures on s'applique avec soin à tenir la terre constamment propre et meuble par des sarclages et binages répétés pendant tout le cours de la végé- tation, le blé soit livré à l'invasion des herbes parasites qui viennent dévorer les substances fertilisantes dont il avait été pourvu et qu’on laisse le sol se tasser, se dureir, se fermer à l’action fécondante des éléments atmosphériques et des agents de la nitrification, d'autant plus que la plante avance davantage dans son évolution et aurait un plus grand besoin de ce concours pour la mener à bonne fin? N'ob- tiendrait-on pas une augmentation importante du rendement si on lui donnait les mêmes soins de propreté et d’ameublissement qu'aux récoltes sarclées ? BIBLIOGRAPHIE 693 Félicien LEesourD, ingénieur agricole. — La Culture du Cresson. — Un volume in-16 de 120 pages, avec 6 illustrations et 2 planches hors texte. — Librairie agricole de la Maison Rustique, 26, rue Jacob, à Paris. — Prix : 11 25. La presque totalité du cresson actuellement consommé dans les villes provient des cressonnières artificielles. M. Lesourp a eu l’occa- sion d'étudier les cultures industrielles des départements de l'Oise et de Seine-ct-Oise; il a réuni, dans ce volume, tout ce qui est relatif à la création et à l’entretien des cressonnières. En écrivant cet ouvrage, l’auteur a surtout cherché à être utile aux propriétaires désirant installer une petite cressonnière pour les besoins de leur famille. On peut faire en petit ce que les cressiculteurs font en grand et récolter du cresson en toute saison. Mais, pour cela, ilimporte de savoir établir les fosses, choisir les bonnes variétés, régler la circu- lation de l’eau, fumer le cresson, etc. La culture de cette plante a grandement évolué; on trouvera dans l’ouvrage de M. LEsourp les méthodes actuellement en usage dans les cressonnières les plus répu- tées. Le choix de l’eau et des engrais exerce une influence prépon- dérante sur la qualité du cresson. En appliquant les indications de l’auteur, on sera assuré de récolter un légume excellent pouvant être consommé en toute sécurité à l’état cru et méritant véritablement le nom populaire de « Santé du corps » sous lequel on se plaît à dési- gner le cresson. +743 Lucien BRÉTIGNIÈRE, professeur à l’École nationale d'Agriculture de Grignon. — Les Plantes industrielles, oléagineuses, textiles, aro- matiques, ete. — Un volume in-18 de 160 pages, avec 26 figures. — Librairie agricole de la Maison Rustique, à Paris. — Prix : 1150. La culture de la plupart des plantes industrielles, c’est-à-dire des plantes dont l’industrie transforme les produits, n’a plus en France la même importance qu’autrefois. Des causes diverses ont restreint les emplois de ces produits, ou des produits naguère inconnus se sont substitués à eux. Néanmoins, les plantes industrielles occupent tou- jours, dans des régions variées, une place plus ou moins importante, et elles jouent, dans les assolements, un rôle qu’on ne saurait négliger; il en est même qui ont trouvé, depuis quelques années, un regain de faveur. À tous ces titres, le volume consacré à ces plantes dans la Nouvelle Bibliothèque du Cultivateur, qui a paru récemment, mérite de fixer attention. Son auteur, M. L. BRÉTIGNIÈRE, professeur à l’École nationale d'Agriculture de Grignon, connaît à fond, dans tous leurs détails, les modes de culture de ces plantes. Il a vu, comparé, et il a pu ainsi apprécier les méthodes adoptées dans toutes les régions où elles sont répandues; il a ainsi réuni les éléments d’une critique solide, appuyée d’ailleurs sur un grand nombre d'expériences personnelles. La principale place est donnée naturellement aux plantes les plus 694 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE importantes : le colza, parmi les plantes oléagineuses; le chanvre et le lin, parmi les plantes textiles; le tabac et le houblon, parmi les plantes aromatiques. Mais, dans chaque catégorie, les autres plantes ne sont pas oubliées. Pour chaque plante, des détails sont donnés sur les caractères, le sol et le climat qui lui conviennent, les fumures qu’elle exige pour donner des récoltes abondantes, la place qu’elle occupe dans la rotation, les semis, les soins d'entretien, la récolte, l’utilisation des produits. Le cultivateur trouve ainsi un guide expérimenté derrière lequel il est certain d'arriver au succès. + * * Paul Messter, ingénieur agricole. — Étude sur les engrais azotés. leur valeur comparative et leur emploi. — Une brochure de 23 pages. — Imprimerie P. Dupont, 4, rue du Bouloi, Paris, 1913. — Prix : Tir: Après avoir complété la définition de l’engrais, émise autrefois par DEHÉRAIN, l’auteur démontre que la valeur d’un engrais est propor- tionnelle à son degré d’assimilation, et, par suite, à sa faculté de se solubiliser dans l’eau. Outre cette considération, la valeur d’un engrais azoté est aussi basée sur les principes constitutifs autres que l'azote qu’apporte cet engrais; deux catégories d'engrais peuvent être distinguées : les en- gras de nutrition, qui ne contiennent que des éléments absorbables par la plante, et les engrais fertilisants, qui contiennent en outre des substances organiques aptes à améliorer la constitution physique du sol. Cette dernière sorte d'engrais est absolument nécessaire, et lon cons- tate qu'actuellement maints agriculteurs sont dans obligation d’em- ployer l'azote d’origine organique pour atténuer l'action déprimante exercée par les engrais minéraux. L'auteur, se basant sur ces principes, examine la valeur des diffé- rentes sortes d'engrais azotés en tenant compte aussi de ce que cer- tains d’entre eux renferment, outre les éléments utiles, quelques sub- stances nocives qui naturellement les déprécient dans une certaine mesure. Cette brochure, dans laquelle toute une série de considérations, de constatations et de résultats d'expériences sont résumés, offre une source de renseignements précieux pour l’agriculteur qui se soucie de nourrir la plante au maximum en ménageant le plus possible la consti- tution du sol. J. Simoxs. . TROUETTE, vétérinaire, professeur à l'École d'Agriculture algé- rienne, — La Produetion du cheval agricole en Algérie. — 64 pages. Chez l’auteur, Ée. d’Agrie. algérienne, Alger. L'auteur montre que jusqu’à ces temps derniers les chevaux avaient BIBLIOGRAPHIE 695 été simplement sélectionnés au point de vue perfection des formes et rapidité d’allure. La nécessité d'employer le cheval aux travaux agricoles a imposé l'accroissement de la masse. Deux méthodes ont été mises en présence : a) La sélection du cheval barbe, qui, depuis des siècles, sélectionné uniquement pour la vitesse, n’accroit que très lentement son poids; b) Le croisement avec des chevaux plus forts. Des essais ont été tentés avec des ardennais, des percherons et des bretons. L'auteur montre que seuls les croisements bretons peuvent être intéressants; l’ardennais vivant sous des climats très différents de l'Algérie dégénère rapidement; le percheron demande une alimentation trop copieuse et trop parfaite; le breton, au contraire, habitué aux climats durs et aux nourritures pauvres, s’acclimate beaucoup mieux. Le breton du sud du Finistère et du Morbihan, vivant en plein air, pa- raît tout indiqué. L'auteur décrit les qualités à demander aux étalons et aux pouli- nières, le choix a faire des métis pour améliorer la race et montre toute l'importance que jouent l'alimentation et l’éducation des chevaux. 11 donne d’heureuses formules de rations et des conseils précieux d’éle- vage. Enfin, il montre tout l'intérêt que devrait porter l’indigène à cette amélioration, soit individuellement, soit sous forme d’association, syndicat d'élevage, herd-book, etc. ; M. TrouETTE termine en montrant tout l'intérêt qu'il y aurait pour l'Administration à encourager ces initiatives. J.-E. Lucas. * * *# J, Cüuré et M. Maravar. — La Maisonnette et son jardin. Manuel d'économie ménagère, de jardinage, d’avicullure, etc., à l'usage des familles habitant une petite propriété. — Un volume in-16 de 201 pa- ges, avec figures. — Librairie agricole de la Maison Rustique, 26, rue Jacob, à Paris. — Prix : 2 fr. Le manque de main-d'œuvre se fait sentir actuellement dans l’'hor- ticulture comme dans l’agriculture, et partout on se préoccupe de retenir les populations dans les campagnes. Aussi ne saurait-on trop encourager la propagande en faveur du jardinage, dont les œuvres de jardins ouvriers ont prouvé la puissante efficacité. Le travail de la terre engendre des vertus particulières; M. Jean BRUNHES, professeur de géographie humaine à la Sorbonne, le cons- tatait à la dernière assemblée générale des œuvres de jardins ouvriers de Paris et banlieue : « Prenez, disait-il, des jardiniers indiens, chinois, japonais ou européens de n'importe quel pays, vous leur trouverez à tous les mêmes qualités : courageux, laborieux, tenaces, persévé- rants, modestes et économes. » On ne saurait apporter à l'Œuvre des Jardins ouvriers une plus haute justification. En associant à l’utile propagande horticole celle qui s'adresse à la femme de ménage, en lui apprenant à tirer le meilleur parti des pro- duits de la terre, à élever ses enfants, à s'acquitter habilement de la 696 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE tâche familiale qui lui incombe, on achèvera l’œuvre de la reconstitu- tion du foyer heureux et prospère. C’est dans cette pensée que M. Cur£ et Me MAravaL ont rédigé ce petit manuel d'instruction ménagère, plein de recettes pratiques et d'excellents et judicieux conseils. * * *% Dr Ernest Laur. — Comptabilité agricole de la petite et moyenne culture. (Traduit de l'allemand par Henry Narer.) 2€ édition, 1913. — Un volume de 176 pages. (Publié par l'Union suisse des Paysans, Brougg [Suisse]). Dans ce livre, l’auteur étudie successivement quels services la comptabilité peut rendre dans une ferme, quelles sont les diverses méthodes de comptabilité agricole, par quels moyens on peut procéder à l'estimation du coût de production et des rendements, et enfin quels sont les divers livres et la manière de les tenir. Sous ce dernier rap- port, l’auteur donne des spécimens copieux de tenue de livres, qui peuvent être d’une très grande utilité à agriculteur. Le principal défaut de nos fermes est de manquer plus ou moins totalement de comptabilité; à laide de cet ouvrage, d’une lecture très facile, et qui met bien en évidence tous les bienfaits que peuvent apporter l’ordre et la méthode dans une exploitation agricole, un culti- vateur quel qu’il soit peut parfaitement établir une comptabilité identique soit au modèle donné en appendice à ce volume, soit au type de comptabilité simplifiée que signale lauteur#' J. Srmoxs. + # * x! J. Escarp, ingénieur civil. — Les Applications de l'électricité à l’agri- culture. — Une brochure de 73 pages, illustrées de nombreuses figu- res. — Librairie Baillière et fils, 19, rue Hautefeuille, Paris. « En tant que source d’énergie, dit l’auteur, les avantages de lélec- tricité sont les mêmes que ceux concernant son utilisation dans lin- dustrie. Sa facilité de production et de transformation, son maniement aisé, la sécurité et le peu d’entretien et de surveillance qu’elle néces- site, enfin l’économie qu’elle réalise par son emploi judicieux et mé- thodique sont autant de facteurs qui la rendent à juste titre appré- ciable et recommandable. » L’électricité peut être utilisée de différentes manières en agriculture. L'auteur examine successivement l’électroculture directe, c’est-à-dire Pemploi du courant électrique ou de la lumière électrique pour activer la végétation, et lélectroculture indirecte, ou travail électro-méca- nique du sol. Les fermes sont nombreuses aujourd’hui qui utilisent l’électricité comme force motrice, soit pour actionner les divers appa- reils et machines travaillant à l’intérieur de la ferme, soit pour action- ner les fortes machines aratoires. L'ouvrage de M. Escarp contient de nombreux renseignements relatifs à ce dernier point et peut rendre de grands services aux agri- culteurs. J. Simoxs. % * %*% dtudartdr BIBLIOGRAPHIE 697 FRaxcois et Rousser. — Destruction des parasites. — Un volume in-12 broché de x-312 pages. — H. Desforges, éditeur, 29, quai des Gr: nds-” ugustins, Paris, 1913. — Prix : 150. Dans ce nouveau volume de la collection des Recueils de recettes ralionnelles, les auteurs ont résumé les principales maladies causées par les champignons et les insectes, et les remèdes pratiques à y ap- porter. Ce collationnement a été fait en trois parties : la première est con- sacrée aux êtres et choses parasites, rangés par ordre alphabétique. La seconde contient la description des parasites animaux et végétaux et la troisième est réservée à la description des antiparasites divers. Ce livre constitue donc un dictionnaire des animaux et plantes para- sites, ainsi qu'un traité de préparation des mixtures antiparasitaires. Un index bibliographique et un index alphabétique permettent des recherches faciles et intéressantes. J. SIMoNSs. * + * L. DuceLLier, professeur à l’École d'Agriculture de Maison-Carrée (Alger). — FL” « Oxalis cernua » en Algérie. — Brochure de 21 pages. Imprimerie Montégut, Alger, 1913. Après quelques considérations sur les mauvaises herbes en général, l’auteur fait une monographie de lOxalis cernua; c’est une plante à multiplication très rapide, à laquelle aucune plante herbacée ne semble résister. La destruction de POxalis est ensuite étudiée très en détail, en par- tant du mode de multiplication que possède cette plante en Algérie. Mention est faite de quelques essais qui ont été effectués en vue d’uti- liser POxalis cernua pour l'alimentation des vaches. J. SIMONS. 3% * * J. VERCIER, professeur d’horticulture de la Côte-d'Or. — Le Cassis. Culture, utilisation, débouchés. — Un volume de 122 pages. — Li- brairie agricole de la Maison Rustique, 26, rue Jacob, Paris. — Prix : 1150. La France, dont les ressources agricoles sont si nombreuses et si variées, possède une foule de productions souvent fort importantes et parfois ignorées parce qu’elles sont très localisées. Le cassis est de ce nombre; pourtant nous en produisons bon an mal an près de 10 mil- lions de kilogs et le seul département de la Côte-d'Or cultive 1.800.000 pieds de cassis, produit 2.000 tonnes de ce fruit et tire un demi-million de francs de cette exploitation. M. VercrEeR, professeur d’horticulture à Dijon, était ainsi tout indiqué pour traiter la culture de cet arbuste. I] Pa examinée, du reste, dans cet ouvrage, avec une véritable science botanique et horticole. Mais son livre n’est pas seulement un traité horticole et cultural, car toute une partie est consacrée à l’industrie 698 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE du cassis, et à la fabrication de la liqueur, de la crème et du suc de cassis et du fruit séché. C’est là un nouvel ouvrage où fourmillent les renseignements et les indications utiles. * * P. Tricaup, directeur des pépinières du Limousin. — Le Châtaignier. es PER Ernie Culture et utilisation. — Un volume in-16, avec figures. — Librairie agricole de la Maison Rustique, 26, rue Jacob, Paris. — Prix : 1? 50. Cette excellente et complète monographie mérite d’être recom- mandée et répandue, non seulement pour sa valeur technique et cultu- rale, mais pour lutilité de la propagande qu’elle fait en faveur d’un bel arbre des plus utiles, un peu trop délaissé dans notre pays. Que de pentes dénudées dans le sol desquelles le châtaignier pourrait croître avec toute la vigueur et la beauté désirables ! Que de chemins creux en bordure desquels il prospérerait au lieu et place du chêne, par exemple, dont la croissance est si lente et dont la fructification a si peu de valeur! Certes, le mouvement entrepris depuis quelques années en faveur de la reconstitution des châtaigneraies a déjà donné des résultats encourageants; mais cette œuvre de longue haleine néces- sitera encore beaucoup de temps et d'efforts. Ainsi que l'écrit dans son Introduction M. GARRIGOU-LAGRANGE, secrétaire général de la Société Gay-Lussac et du Congrès de l’Arbre et de l'Eau, « il faut aujourd’hui donner aux agriculteurs des conseils pratiques et les renseigner d’une facon précise sur les meilleures variétés à cultiver d’après le climat, F exposition, l'altitude et la nature de leur sol... 11 y a toute une édu- cation à faire pour apprendre aux gens que le châtaignier doit être traité comme un arbre fruitier : que la plantation, la greffe, la taille, sont soumises à des règles précises, et qu’il en est de même des soins à donner à la récolte des fruits, à leur conservation, dessiccation, em- ballage, expédition, si l’on veut atteindre un rendement rémunérateur. » A tous ces points de vue, l’ouvrage de M. Tricaup, fruit d’une longue expérience pratique, rendra les plus signalés services. % *X * A.-E. pe MaziÈèRes. — L’Avenir du Prunier dans l Afrique du Nord. — Opuscule publié par F. Montégut, éditeur, Alger. C’est une monographie de la culture du prunier dans le nord du continent africain, où il peut rendre de très grands services. Le pru- nier est, en effet, un arbre rustique s adaptant parfaitement bien dans certaines contrées du littoral méditerranéen et qui est peu exigeant au point de vue du sol, En ce qui concerne les rendements, ils sont sufli- samment importants pour que la culture soit rémunératrice, car de sérieux débouchés sont offerts aux prunes desséchées et aux confitures et marmelades. J. SIMONS. BIBLIOGRAPHIE 599 J. DuyrarpiN. — Supplément à la 4 édition de la notice sur les ins- truments de précision appliqués à lœnologie, contenant les règle- ments d'administration publique, les méthodes officielles d'analyses (lois et réglementations), les nouveautés ænologiques de 1906 à 1912, et les renseignements et documents pour l'interprétation des résultats de l'analyse des vins par le Service de répression des fraudes, d’après ces méthodes. — Un volume, cartonné toile, de 500 pages, 250 figu- res. Chez l’auteur, 24, rue Pavée, Paris. — Prix : 4 fr.; France, 4f 85: étranger : 5f 50. M. Duyrarpin, dont les travaux sur la vulgarisation de la chimie œænologique mise à la portée du viticulteur et du négociant sont si appréciés, vient de publier un supplément à sa Notice éditée en 1906, et qui, on s’en souvient, eut un gros succès, parce qu’elle arrivait à un moment où l'analyse du vin était devenue pour le commerce une ques- tion de haute importance. Ce supplément a été rendu nécessaire par les nombreuses nouveautés œnologiques qui ont été la conséquence des lois de répression des fraudes, et des règlements et circulaires qui les ont accompagnées de 1906 à ce jour. II contient les règlements d’ad- ministration publique, les méthodes officielles d'analyses (lois et régle- mentations), les nouveautés œnologiques de 1906 à 1912, et les rensei- gnements et documents pour l'interprétation des résultats de l’analyse des vins par le service de répression des fraudes, d’après ces méthodes. Ce travail complète très heureusement la Notice de 1906; comme elle, 1l est appelé à se trouver constamment sous la main de tous les industriels ou chimistes spécialisés dans cette branche si intéressante de notre industrie nationale. Ajoutons qu’il renferme un grand nombre de figures, parmi lesquelles des reproductions empruntées aux ouvra- ges d’œnologie rétrospective, dont l’auteur est un collectionneur très documenté. * * * A. DEJEANNE. — Appareil d'absorption des gaz par les liquides. (Brevet d'invention ‘n° 453793.) C’est la description d’un appareil constitué par une enceinte formée d’un cylindre terminé à ses deux extrémités par deux parties coniques, à l’intérieur desquelles les gaz et les liquides circulent en sens inverse sous l'effet de la gravité se rencontrant sur des surfaces d'absorption, méthodiquement disposées de manière à distribuer alternativement le liquide sous forme de gouttes constamment renouvelées et le gaz sous forme de bulles qui se renouvellent également. J. SIMONS. * * * Emile SaILLARD, ingénieur agronome, professeur à l’École nationale des Industries agricoles, directeur du laboratoire du Syndicat des Fabricants de sucre de France. — Betterave et suererie de betteraves. 2€ édition, 1913. 1 vol. in-18 de 618 pages. Librairie J.-B. Baillière et fils, 19, rue Hautefeuille, Paris. — Prix : 5 franes. Ce volume est destiné à remplacer dans l'Encyclopédie agricole, 700 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE publiée sous la direction de M. G. WéÉry, un ouvrage du même auteur, intitulé Technologie agricole; mais cette première édition portait sur la sucrerie, la meunerie, la féculerie, l’amidonnerie et la gluco- serie, de sorte que 232 pages seulement étaient consacrées à la sucrerie. Dans la seconde édition, M. SarLLaRD, disposant de 600 pages pour la sucrerie de betteraves, a pu écrire un volume du plus grand intérêt sur cette industrie où il est considéré à juste titre comme un des maîtres les plus compétents. L'ouvrage débute par l'exposé des méthodes de contrôle chimique du travail et des pertes. Cette partie, qui constitue presque le quart du volume, était à peine esquissée dans la première édition. L’aug- mentation de ce chapitre est justifiée par le rôle important des chi- mistes de sucrerie et par la tâche écrasante qui leur incombe. L'auteur étudie successivement les caractères des sucres et les méthodes générales de dosage, l’analyse de la betterave, des jus, sirops, masses cuites et mélasses, l'analyse des produits résiduaires, celle des gaz (gaz des générateurs, du four à chaux et du four à soufre), l'analyse du calcaire, du lait de chaux et des charbons. L'autorité de M. Sair- LARD, comme directeur du laboratoire du Syndicat des Fabricants de sucre, donne un intérêt particulier à la lecture de ces pages. Dans un chapitre consacré aux généralités, il faut remarquer les données techniques sur les générateurs et sur l’utilisation de la vapeur comme moyen de chauffage et comme force motrice. M. SaiLLarD ne se contente pas d'étudier la betterave telle qu’elle arrive à la râperie; il la suit depuis les semailles, montrant par des expériences personnelles les exigences de cette plante, l'influence de la fumure, du sol et de l'espèce cultivée. Les enquêtes faites à l'étranger par l’auteur, lui permettent de comparer la culture de la betterave dans les différents pays producteurs. M. SarLLARD indique la composition de la betterave et les propriétés des diverses subs- tances qu'on y rencontre, notamment celles des matières azotées qui présentent des particularités intéressantes au point de vue du pouvoir rotatoire. La partie de l'ouvrage relative à l'extraction du jus a été triplée. L'auteur expose les lois de chimie physique sur lesquelles repose le principe de la diffusion; il fait l’histoire des procédés d'extraction industrielle du jus de betteraves et décrit la diffusion telle qu'elle fonctionne aujourd’hui. On doit noter quelques paragraphes nou- veaux ou entièrement remaniés, ceux relatifs aux antiseptiques à la diffusion, aux modifications de la marche ordinaire de la batterie (procédé Nauper, échaudage STEFFEN), au contrôle des pertes, à la diffusion et à la dessiccation des pulpes. L’épuration du jus se fait à l'heure actuelle par les mêmes procédés qu’en 1904; néanmoins le chapitre consacré à ce sujet a plus que doublé. Les données numériques sur les fours à chaux et l'étude de la sulfitation des jus sont du plus grand intérêt. L’évaporation est toujours une grosse question en sucrerie; l’atten- tion des spécialistes se porte surtout vers la meilleure utilisation du charbon nécessaire au chauffage : effets multiples, préévapora- teurs, thermo-compresseur PrAcHE et BoulLLon, caisses diverses. M. SAiLLaRD étudie le problème à la fois en théoricien et en praticien; BIBLIOGRAPHIE 701 outre les résultats de ses expériences, il indique plusieurs exemples d'installation, avec le calcul de la surface de chauffe à donner aux appareils, et il consacre quelques pages au contrôle de lévaporation. Rompant avec la tradition établie par les anciens ouvrages de sucrerie, M. SaicLarp explique directement la cuite m‘thodique des sirops avec rentrée des égouts; l’auteur évite ainsi de décrire, sous le nom de cuite, un procédé abandonné dans presque toutes les usines, et de reléguer l’opération usuelle à un chapitre spécial, qui passe inaperçu pour le profane. Après l'étude des turbines, M. SarrLarD établit le bilan du sucre et celui des calories. L'ouvrage se termine par un chapitre sur la mélasse et son utili- sation : extraction du sucre par les procédés de sucraterie, fermen- tation des mélasses, et préparation des fourrages mélassés. Nous ne pourrions juger ce livre mieux que notre maître, M. LINDET, ne l’a fait en ces termes : « Nul n’était mieux désigné que M. SAILLARD pour écrire un livre sur un pareil sujet : directeur du laboratoire du Syndicat des Fabricants de sucre, il est, depuis de longues années, mêlé à l'étude des appareils et des procédés nouveaux proposés à la sucrerie, et au sujet desquels il applique, à la fabrique même, les procédés de contrôle les plus rigoureux, de façon à renseigner sur leur valeur les fabricants de sucre. M. SarLLarD professe en outre à l'École nationale des Industries agricoles le cours de sucrerie, et il ne faut pas oublier que si lamphithéâtre fait l’instruction des élèves, il fait aussi éducation du professeur, qui, attentif à la façon dont les élèves le comprennent, peut réformer ses méthodes pédago- giques. Le double rôle de M. SarLzarDp lui permet done d’exposer, dans ce traité, tous les faits qui intéressent la sucrerie, avec l’autorité que donnent la pratique et observation journalières, et de les exposer avec la clarté d'esprit que confère la longue habitude du profes- sorat. ) P. NoTTin. P. PENET. — L’hydraulique agricole dans la Tunisie méridionale. Les travaux d’hydraulique agricole et plus spécialement l’utilisa- tion rationnelle de l’eau en vue de l'irrigation est un des problèmes les plus intéressants de la mise en valeur de certaines régions réputées HS et dont la stérilité n’est due qu'au manque d'eau dans le so Pénétré de cette idée que l’exemple, même en matière scientifique, est plus instructif que la théorie, M. PELLET a condensé dans son ouvrage les observations les plus documentées qu’il a pu noter sur l'aménagement et l’utilisation de l’eau dans la région du contrôle civil de Gafsa et de son annexe de Tozeur. L'auteur débute par un aperçu géologique et hydrologique des grandes oasis Djérid et de celles du Tamarza et de la région de Gafsa; c’est en réalité une étude approfondie et du plus haut intérêt d> tout le Bas-Sahara tunisien. M. PENET passe en revue tous les différents caractères géo-tecto- 702 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE niques de cette contrée, puis décrit le mode de présentation de chaque source qu'on y rencontre; il en dégage enfin une théorie d'ensemble sur l’origine des eaux qui les alimentent. Dans la deuxième partie, M. PEneT décrit les irrigations propre- ment dites des oasis; il étudie les systèmes de répartition des diffé- rentes oasis et en déduit les principes fondamentaux des partages et les modalités d’appropriation qui en découlent. Après une descrip- tion des irrigations elles-mêmes, il conclut que de nombreuses amélio- rations peuvent être apportées dans les ouvrages de distribution de l’eau dans les oasis. Îl termine par des considérations générales sur les besoins des oasis, la nécessité pour la vie même de leurs habi- tants de défendre « la source » et d’entretenir le réseau de circulation des eaux; il passe en revue les différents ennemis de l’oasis, et les moyens employés pour les combattre; il étudie enfin la législation nouvelle qui vient d’être appliquée aux grands groupements d’irri- gants. M. PENET consacre la troisième partie de son ouvrage à une étude qui, pour n'avoir pas l’envergure scientifique des deux premières, ne laisse pas que d’intéresser vivement le lecteur, car elle met en lumière un procédé de culture qui présente quelque analogie avec les méthodes du « Dry-Farming » et qui consiste à utiliser pour lirri- gation les eaux pluviales elles-mêmes, ruisselant de pentes voisines ou éloignées. Dans certaines régions de Tunisie, ces eaux de ruissellement pren- nent une importance exceptionnelle lorsqu'elles proviennent d’un grand oued après une forte pluie. Ce sont alors des régions entières qu'on peut irriguer avec ces « crues d’oued ». Certains bas-fonds, appelés garaats, servent également parfois de réceptacles à des quantités considérables d’eau de ruissellement; leur sol se gorge d'humidité et après le retrait des eaux est cultivé avec succès. Enfin certaines vallées à pente douce, dénommées séguis, profitent comme les garaats des eaux pluviales et sont fertiles. M. Pexer étudie les méthodes d'utilisation agricole des eaux pluviales ainsi accumulées dans les oueds, les garaats et les séguis. J. NaAcrvErT. % %X * A.-E. Garnier. — Monographie sur la Cardère ou Chardon à foulon. Brochure de 84 pages, en vente chez l’auteur, 22, rue Robert- Fleury, Paris. La cardère, voilà certes une plante industrielle dont on se préoc- cupe aujourd’hui bien peu. Sa culture est confinée, chez nous, dans des régions de plus en plus restreintes; on la chercherait vainement désormais en Bourgogne et dans les Ardennes, où jadis elle fut flo- rissante; quelques hectares dans l'Eure, la Seine-Inférieure, Seine- et-Oise, c’est tout ce qu’elle occupe encore en Normandie et dans l’He-de-France; elle a presque déserté le Languedoc, et la Provence paraît être son dernier refuge. Encore a-t-elle reculé dans le Gard comme en Vaucluse; mais les Bouches-du-Rhône lui restent fidèles BIBLIOGRAPHIE 703 et l’on y produit, bon an mal an, 1.500.000 kilos de têtes propres à carder les draps. En tout, elle occupe encore en France environ 1.500 hectares; c’est peu, c’est assez cependant pour qu’une monographie de la plante ait mieux qu’un intérêt rétrospectif. Au reste, l’auteur, rassu- rant quant à la concurrence que fait au chardon la carde métallique, nous présente la production du Dipsacus fullonum comme nettement rémunératrice, d’où la conclusion que les cultivateurs ne doivent pas l’abandonner. Après avoir décrit la plante, indiqué — un peu trop brièvement peut-être — les sols et les fumures qui lui conviennent, M. GARNIER traite successivement des semis, en place et en pépinière, du repiquage et de la faille, de la récolte et des rendements. A cet exposé cultural font suite des considérations sur l'emballage, la vente et l'expédition des chardons, leur emploi dans l’industrie. La production de la cardère en France et dans les autres pays d'Europe, aux Etats-Unis, dans l'Amérique du Sud, au Japon, fait l'objet d’une seconde partie, très documentée. L'auteur n’est point, dit-il, un spécialiste des questions agrico'es, mais un publiciste passionné des choses de la terre, qui a voulu faire œuvre utile en groupant des renseignements par lui recueillis et vérifiés. Ces renseignements sont abondants, clairement et agréable- ment présentés; tous ceux, industriels ou cultivateurs, que la cardère intéresse, consulteront avec fruit lopuscule de M. GARNIER. Léon Bussarp. L. DucELLIER, professeur à l'École d'agriculture de Maison-Carrée (Alger). — Le Géranium Rosat; sa culture en Algérie. Alger, imprimerie Algérienne. 1913. 40 pages. On peut se demander si la prospérité de l’industrie des parfums artificiels n’est pas susceptible de menacer la belle industrie des parfums naturels; l’auteur montre que ces deux industries, rivales en apparence, se prêtent en réalité un appui mutuel dans la voie du progrès où elles sont l’une et l’autre engagées; il en résulte que les surfaces cultivées en plantes à parfums peuvent être augmentées sans crainte. M. DuCcELLIER a réuni quelques données sur la culture du géranium rosat en Algérie et sur l'extraction de l’essence, afin de permettre, à ceux-qui veulent tenter cette culture, de le faire dans les meilleures conditions possible. La brochure comporte les cha- pitres suivants : historique, étude botanique, climat, sol, multipli- cation par boutures, entretien des plantations, parasites et maladies, récolte et distillation, frais de culture et commerce de l'essence de géranium. Le coût annuel de la récolte est estimé à 500 francs par hectare dans la Mitidja; il en résulte que le prix de revient du kilo d'essence est de 25 francs pour un rendement de 20 kilos à l’hectare, ou 17 francs pour un rendement de 30 kilos à l’hectare. L’essence d'Algérie a été vendue 24 à 45 francs le kilo de 1902 à 1906; puis 18 à 30 francs 704 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE dans la période mauvaise 1907-1909; depuis cette époque les cours ont remonté et atteignent actuellement 60 francs. La culture du géranium peut donc être très rémunératrice; mais, en 1908, cette culture a payé à peine les dépenses engagées; aussi y aurait-il grand avantage pour les cultivateurs, à se grouper en coopératives pour la préparation et la vente des essences; les frais généraux étant diminués, le cultivateur peut supporter plus facilement les fluctua- tions du marché des huiles essentielles. D'ailleurs, si la culture du géranium cesse d’être rémunératrice, on peut lui substituer immédiatement d’autres cultures, quitte à la reprendre si les conditions redeviennent favorables; en effet, on peut faire une petite récolte la première année de la plantation et atteindre la pleine production dès la seconde année. P. NoTrTin. , NANCY-PARIS, IMPRIMERIE BERGER-LEVRAULT LA CIRCULATION DES NITRATES DANS LE SOL LEUR MODE D'EMPLOI Par MM. L. MALPEAUX G. LEFORT DIRECTEUR PROFESSEUR ÉCOLE D'AGRICULTURE DU PAS-DE-CALAIS Nous avons continué, en 1912, nos expériences commencées en 1911 sur la circulation des nitrates dans le sol et la meilleure manière de les employer. Comme MM. Münrz et GAUDECHON, nous avons pu conclure, de nos premiers essais, à l'extrême lenteur du cheminement des nitrates au sein de la terre arable lorsque la diffusion seule intervient. Nous avons trouvé, par exemple, que, dans une terre fraiche (du sable à 13,5 % et de la terre argilo-siliceuse à 16,8 9/0 d'humidité), après quatre mois, les quantités de nitrate diffusé à une distance de 15 centimètres du point où on l'avait déposé étaient encore relativement faibles, les doses réellement impor- tantes ne s'étant pas déplacées au delà de 10 centimètres. Mais dans les conditions ordinaires de la pratique culturale, la diffusion n’est pas la seule raison des mouvements du nitrate dans le sol; deux autres phénomènes, dont les effets sont plus importants, interviennent : Le déplacement en profondeur par les pluies; L’entrainement de bas en haut par capillarité. ANN. SUENCE AGRON. — 4€ SÉRIE — 1913 — II 45 706 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE On a beaucoup exagéré le danger de l'entraînement des nitrates par les pluies, et plusieurs auteurs, parmi lesquels il convient de citer spécialement MM. DEmoLox et BROUET, ont fait observer que pendant la période de végétation active, dans tous les sols normaux, aucune déperdition de nitrate par infiltration n’était à redouter. Nous avons montré également l’an dernier que l’évaporation de l’eau du sol détermine le transport vers la surface des nitrates enterrés profondément. [l nous a été permis de constater, l’été de 1911, qui fur exceptionnellement sec il est vrai, qu'après onze jours seulement, du nitrate déposé à 25 centimètres de pro- fondeur avait déjà pu arriver dans les 8 centimètres superficiels. Après un mois, celui qui se trouvait à 50 centimètres de profon- deur avait été déplacé suffisamment pour qu'il figurât dans la même zone dans une très forte proportion. Il avait franchi un espace de plus de 40 centimètres, alors que par diffusion simple il n'aurait guère pu se porter qu’à une distance dix fois plus res- treinte de son point initial. Dans le même laps de temps, le nitrate placé à 75 centimètres commençait d’ailleurs à manifester sa présence à la surface. Cette présence s’affirmait bien davan- tage quinze jours plus tard. Nous arrivions donc à cette conclusion, déjà formulée d’ail- leurs par d’éminents agronomes se basant uniquement sur les résultats constatés à la récolte, qu’on peut enterrer profondé- ment les nitrates au printemps sans avoir à redouter aucune déperdition, car, au heu d’un entrainement en profondeur, nous avons constaté plutôt une répartition rapide des solutions nitri- ques dans les couches supérieures. C’est en nous appuyant sur cette observation que nous avons conseillé à la culture d’enfouir le nitrate destiné à la betterave par le labour précédant le semis. Mais beaucoup de cultivateurs sont bien hésitants à entrer dans cette voie par suite de l’idée, persistante malgré tout, que, s’il vient à pleuvoir beaucoup, s’il survient une saison très humide, une partie du nitrate sera entraînée dans les eaux de drainage et à jamais perdue pour la végétation. soil “bd LA CIRCULATION DES NITRATES DANS LE SOL 707 Les nouvelles recherches que nous avons poursuivies en 1912 à Berthonval vont nous permettre de démontrer, une fois de plus, que ces craintes sont absolument exagérées. Dans ces recherches nous nous sommes eflorcés de suivre les mouvements et la répartition dans le sol du nitrate appliqué au printemps à différentes profondeurs. Parallèlement nous avons noté soigneusement toutes les pluies afin d’en discerner les effets sur cette répartition. En plein champ, sur un com de terre homogène, préalable- ment défoncé à deux fers de bêche sur toute son étendue, nous avons délimité, le 12 avril, six petites parcelles rectangulaires et contiguës, et le nitrate de soude, finement pulvérisé, y fut appli- qué, aussi régulièrement que possible, à la dose de 500 kilos à l’hectare, de la manière suivante : Parcelle n° 1. — Témoin sans nitrate. — n°9 II. — Nitrate laissé à la surface. — n° III. — Nitrate enterré au râteau (à 5 centimètres). — n° IV. — Nitrate enterré à la houe (à 10 centimètres). — n° V. — Nitrate enterré à un fer de bêche (à 17 centimètres). — n° VI. — Nitrate enterré à deux fers de bêche (à 30 centi- mètres). La terre était fraiche, mais convenablement ressuyée à cette époque. Elle renfermait environ 14% d’eau. Du même côté dans toutes les parcelles, une partie fut réservée pour rester sans culture, et sur le reste, le 18 avril, on sema des betteraves à sucre suivant neuf lignes parallèles coupant en tra- vers toute la rangée des parcelles. Au démariage, effectué de bonne heure, le même nombre de plantes fut laissé partout. Avec cette disposition nous avons pu étudier l'influence de Ja profondeur d’enfouissement de Pengrais : 1° Sur la répartition des nitrates dans une terre nue; 20 Sur la répartition des nitrates dans une terre ensemencée en betteraves; 30 Sur la végétation et la récolte de la betterave elle-même. Pour nos dosages de nitrates, nous avons continué de suivre la méthode colorimétrique basée sur l'emploi du réactif phénolsul- 708 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE furique de Grandval-Lajoux, méthode que PAGNouL a bien mise au point dans son ouvrage sur les meilleurs procédés d'analyse des terres. Elle nous a donné, comme lan dernier, complète satisfaction, nous permettant de mener de front et d'effectuer rapidement tous les dosages d’une même série. Pour prendre nos échantillons de terre à diverses profondeurs nous avons fait construire une sonde spéciale consistant en un tube en acier de 8 centimètres de diamètre et de 10 centimètres de hauteur fixé à une tige de fer de 1! mètre de long. Cette tige se divise, à 10 centimètres de sa base en, deux branches rivées au tube d’acier. En frappant sur l’extrémité de la tige avec un mail- let on la fait pénétrer successivement à la profondeur voulue. L’enfoncement est réglé par des marques transversales que porte la tige de l'instrument de 10 en 10 centimètres. Dans chaque parcelle nous avons ainsi prélevé facilement, dans le même son- dage vertical, des échantillons de 10 en 10 centimètres en profon- , deur jusqu’à 40 centimètres. Répartition du nitrate dans le sol à l’origine des expériences. Ie série d'analyses (15 avril). — Les premiers prélèvements ont été faits le 15 avril, trois jours après l'application du nitrate, leur analyse nous fait connaître la répartition de l'azote nitrique à l’origine des expériences. Les résultats figurent dans le tableau ci-dessous Azote nitrique en milligrammes pour 100 de terre sèche. Numéros des parcelles . . . . . I Il III IV Y Au r A1 ZA à la à ä à à one rélévement were : - Ê Zone Apres ment LéMO curface 5 cent. rocent. Jzcent. 3ocent. De 0: à 10 centimètres. 1,2 7,8 7,0 6,8 . 1,6 122 De 10 à 20 GE et EARONE a SO ENG ENAERS ROIS De 20 à 30 Æ e00%0s' ft 019 atiihataness sua De 30 à 40 pe : 20,9 110492 086 HQE TE SUR ——— “À ——————— «à ———— ———— TOTAUXS tk 01044:,0, dd Bat PRO RE RUE Le témoin indique une proportion d'environ ! nulligramme d'azote nitrique existant naturellement dans le sol au 15 avril. Les autres analyses renseignent approximativement sur la répar- LA CIRCULATION DES NITRATES DANS LE SOL 709 ütion de l’engrais en profondeur dans chaque parcelle, et les résultats totaux montrent, par comparaison au témoin, qu'après l'addition de l’engrais on trouve dans la même tranche verticale un excédent de 6,5 à 7 unités d’azote nitrique. Or, le calcul nous apprend qu’une répartition régulière de 500 kilos de nitrate, à 15,5% d’azote, à l’hectare équivaut à 77m8 5 par décimètre carré. D’autre part, la dose de nitrate employée étant la même partout, quelle que soit la profondeur à laquelle on lait enterré, la totalisation des dosages sur les quatre zones analysées dans chaque parcelle nous donne sensi- blement pour toutes les mêmes résultats. Si maintenant, pour faciliter notre raisonnement, nous suppo- sons que tout le nitrate se trouve rassemblé dans les 10 centi- mètres superficiels, son dosage doit donner pour le témoin 4 mil- ligrammes pour 100 d’azote nitrique et pour le carré au nitrate en couverture, par exemple, 11 milligrammes pour 100, soit un excédent de 7 milligrammes pour 100 dû à l’apport d’engrais. Puisqu'un décimètre carré sur 10 centimètres de profondeur égale un décimètre cube, si nous admettons 1,2 comme densité de la terre défoncée, nous avons sur un décimètre carré 1.200 grammes de terre à 7 milligrammes d’azote dû à l’engrais nitrique, soit 84 milligrammes d’azote. Pour la parcelle VI, le total étant 10,5, l'excédent représente Gmer 5 pour 100 grammes de terre et pour 1.200 grammes (ou par décimètre carré de surface) 6mer5 x LES 78 muilli- 100 grammes d’azote. Ces chiffres concordent assez avec la répartition théorique uniforme de 77Mër 5 au décimètre carré pour confirmer la pré- cision suffisante du procédé suivi pour les analyses, surtout si l’on tient compte des difficultés d’un épandage absolument régu- lier et des différences qui peuvent provenir de l’échantillonnage. Pour permettre de discuter utilement tous les résultats des analyses que nous avons effectuées, il est indispensable que nous commencions par fournir le tableau des quantités de pluies tom- bées pendant toute la durée de nos essais (Voir page 710). 710 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Hauteurs de pluies en millimètres tombées pendant la période de végétation (avril-août 1912). Dates Avril Mai Juin Juillet Aout 1 0,8 DMDIAC Er eLe » 2 » » 2-02 MR 3 » » (op 14 CU 4 » 4,0 7,8 » 0,8 D 030555908078 » 2,6 6 ) » DJ 2, OO G 7 » SUEDE TE 0 RS A0 5 » » 2,8 » 0,5 9 4,8 » DOM 0AS MP OC: 10 0,1 ri ST » 3,4 11 OS OUP SUR » » 42 » » 0,0 » 2230 15 » 0, 010077 » 2,0 14 » 30401040 » 4,3 15 » ETES ST) » 0,6 Toraux de la 17e quinzaine. .. 6,3 22,4 64,2 15,5 43,6 16 k,0 » 6,5 » 0,0 47 » » » » 0,0 18 » 0,8 » PA MOSS | 19 » LELATOS ER EME EMNOEG 20 0,0 0,0 » 0542272 21 » 4%5 » TOMNIES 29 » 0,4 » (HER RENTE 23 » » 1,6 » 20 2% » » »-W111 en02,8 25 » » 2,8 6,9 8,8 26 » » » » 62 27 » » » 13,8 0,0 28 )] » » » » 29 » » 100 1,0 A0 30 1,0 » EAN GTR 34 » » » 193,0 0,2 Toraux de la-2° quinzaine. .. 5,0 7,4 26,5. 62,7. 53,4 ToTaux par mois. . ... 11:93208058, 60077882 67 I. — EXPÉRIENCES SUR LA TERRE NUE. — Cette terre fut entre- tenue propre par des sarelages et des binages donnés en même temps que sur la terre ensemencée de betteraves. Des échantil- LA CIRCULATION DES NITRATES DANS LE SOL 711 lons furent pris à différentes reprises à un mois d'intervalle. Les seconds prélèvements eurent donc lieu le 16 ma. 2e série d'analyses (16 mai). — Le mois d'avril a été caractérisé par sa sécheresse; 1l n’a fourni que 11m 3 de pluie dont 5 nulli- mètres dans la deuxième quinzaine. Dans la première quinzame de mai, la précipitation d’eau a été de 22Mm%, ce qui porte la quantité d’eau tombée pendant la période du 15 avril au 15 mai, à 27mm 4 seulement. Azote nitrique en milligrammes pour 100 de terre sèche. Numéros des parcelles . . . . . I cui I IV MI VI Nitrate appliqué témoin al à a à ME DURE ET ONE Se CODES surface 5 cent. rocent. 17cent. 3ocent. Dent i0icentuneress 26) de ,8,2:",6,0 ‘#,0.7-3:0 De 10 à 20 I AN MINE ENn4 et DoNGUALEG DEN De 20 à 30 Œ A AS AL A5 motte De 30 à 40 . 1e ON AS OL PONS Tam 0e Foto OU QUE 044 00 10 17 11800187 AT ,1 Durant cette période, la terre a certainement évaporé plus d’eau qu’elle n’en a recu, et le mouvement ascensionnel de liquide ainsi déterminé a fait remonter les nitrates. Ceux qui avaient été enterrés à un fer et à deux fers de bêche sont déjà arrivés en bonne proportion dans la zone superficielle. Il est même curieux d'observer qu’en un mois seulement (et peut-être encore en moins de temps) le nitrate ainsi enterré profondément s’est réparti presque uniformément dans toute la couche arable. C’est là un sérieux avantage en temps de sécheresse durant lequel du nitrate mis en couverture n'aurait presque pas changé de place. Il n’est pas surprenant de constater dans la parcelle VI, au nitrate enterré à deux fers de bêche, une dose plus forte de 0 à 10 centimètres que dans la zone sous-jacente (de 10 à 20 centi- mètres) plus proche de l’endroit où le sel a été répandu. Il y à accumulation du nitrate à la surface, parce que l’eau qui le con- tenait en dissolution l’abandonne au moment où elle s’évapore dans l’atmosphère. 712 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Dans la même parcelle VI, entre 30 et 40 centimètres nous constatons aussi une dose de nitrate plus forte que dans les par- celles voisines; cela ne résulte pas tant d’une diffusion de haut en bas que de la répartition de l’engrais faite à l’origine, réparti- tion qui n’a pu être faite exactement à 30 centimètres de la sur- face, mais au voisinage de la limite nécessairement élastique qui doit correspondre à deux fers de bêche. Remarquons en passant que le témoin donne plus de nitrates que le 15 avril. C’est là le fait de la nitrification. 3e série d'analyses (16 juin). — Pendant la dernière quinzaine de mai, il n’est tombé que 7m 4 de pluie. Mais il a plu tous les jours de la première quinzaine de juin, pour laquelle nous avons recueilli au total 64 millimètres; aussi la terre paraissait-elle très humide à la surface lorsque nous avons prélevé notre 3€ série d'échantillons. Azote nitrique en milligrammes pour 100 de terre sèche. Numéros des parcelles . . . . . I Il III IV \4 VI à la à à à 1 & Re SPA ë à Nitrate appliqué. }. 0, 0. LEMOIN Surface 5 cent. 1ocent. 17cent. 30 cent. De”0"4"10"centimetres 10,9% 2,9, "9258,/ 02,20 2 0e De 10 à 20 = LEON LOL AS AMEROMMEA OURS De 20 à 30 -— ft, 45 12,944 Pi 7e 22 MERS: Car De 30 à 40 — 1,41 1102 SO EEE LA M2AG TOTAL. A OUNEUS 10,8 11088107 “41,9 11,7 L'effet de ces pluies continuelles a simplement ramené le maximum d'azote nitrique, des 10 centimètres superficiels où il existait le mois précédent, dans la zone comprise entre 10 et 20 centimètres. Entre 20 et 30 centimètres nous constatons aussi une légère augmentation de la teneur en azote nitrique, mais dans la zone comprise entre 30 et 40 centimètres il n’y a pas eu de modifications sensibles, ce qui montre que les nitrates ne sont pas descendus jusque-là. 4 série d'analyses (16 juillet). — Au cours de la deuxième quin- zaine de juin, la hauteur totale de pluie a été de 26mm5 dont LA CIRCULATION DES NITRATES DANS LE SOL 115 17 millimètres au début. Le reste du mois, comme la première quinzaine de juillet, a été relativement sec, et les petites pluies que nous avons eu à enregistrer (il n’est tombé que 11mMm5 répartis en six Jours) pendant cette période, qui fut la plus chaude de l’année, ont été bien inférieures à la quantité d’eau évaporée. Du 10 au 16 juillet le thermomètre maxima sous abri a marqué des températures variant de 30° à 330 et les moyennes journalières ont dépassé de beaucoup la normale. Azote nitrique en milligrammes pour 100 de terre sèche. Numéros des parcelles . . , . . I I [IT IV V VI Nitrate appliqué . . . . . . - + témoin he ont PT tent Ho dBnt, Dev i10centimerres 02 20040" 5,9... 5,0" 482) 9 De 10 à 20 RTE MEN GLAGTCOCIÈE 381620 De 20 à 30 Sn PET IR Pre ee EL AMEN meute De 30 à 40 = M AE CE SR TP RC RE LE APR ET COPA A. 22, 5,6 411,1 12,8 147 11,8 12,0 Le maximum d’azote nitrique se retrouve à la surface, et les quelques pluies survenues, en donnant une meilleure continuité aux agglomérats terreux, n’ont probablement fait que favoriser le transport des solutions salines de bas en haut. 3e série d'analyses (16 août). — C’est le 16 août que nous avons effectué le dernier prélèvement sur la terre nue. Dans l'intervalle de temps écoulé depuis l’échantillonnage précédent, du 16 juillet au 16 août, il a plu presque tous les jours et nous avons mesuré au total 106mm3. Il était donc très intéressant de voir quels résultats allaient nous donner les analyses après des pluies aussi anormales. Voici les chiffres que nous avons obtenus : Azote nitrique en milligrammes pour 100 de terre sèche. Numéros des parcelles , , . .. Il IL Il li V VI Nitrate appliqué . . . . . ... témoin Ze 5 . Micent. 17 PEU tent è DECO EE CEn MOTS, 1520 0 Te CA AT EEE 0 De 10 à 20 — Sr er, SC GET EESTI USA De 20 à 30 — Perd (0,0 010 8 108020 De 30 à 40 = 1 Pa AC TOTAUX. ... .. 6,3 41,2 412,5: 11,9 714 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il est facile de constater que l’effet de ces pluies, aussi fréquentes qu'abondantes, s’est borné à répartir les nitrates à peu près régu- lièrement dans la zone comprise entre 10 et 30 centimètres. De 30 à 40 centimètres il y a eu aussi une augmentation, bien que moins accentuée; mais il n’y a pas eu de perte de nitrate par entrainement dans les profondeurs. Nous en trouvons la preuve dans l’examen des totaux qui restent sensiblement égaux entre eux et continuent de surpasser d’une quantité toujours à peu près égale le total de la parcelle témoin. Les écarts observés sont d'ordre pratique et l’on conçoit aisément qu'il soit difficile d’ar- river à plus d’approximation dans des recherches de ce genre. Nous récapitulons tous nos résultats sur la terre nue dans le tableau ci-après En faisant la moyenne des dosages effectués dans chaque parcelle, pour chaque zone de 10 centimètres en profondeur, on arrive aussi à des constatations dignes d'intérêt. Pour les rendre plus apparentes, nous avons reproduit les résultats obtenus de cette manière, sous forme de diagramme. Dans la terre sans engrais les variations sont très peu marquées. Les parcelles IT, ITT, IV (nitrate en couverture, nitrate à 5 centi- mètres, mtrate à 10 centimètres) ne présentent entre elles que des différences peu accentuées. Les tracés de la répartition du nitrate offrent un parallélisme presque régulier. Cependant le nitrate à 10 centimètres (parcelle IV) tend à atténuer les extrêmes et son dosage entre 10 et 20 centimètres est notablement plus élevé que dans les deux parcelles précédentes. Les résultats des parcelles V et VI sont particulièrement ins- tructifs. TABLEAU ogE « [grtrlggtilgetrlet til * * rouuofour t way oc'élgs'cloetcl « « [gy'eleg'eltLteloctel « Tegtrlog'e o‘Velc‘oz|6te 1'gcleterl1tGrlLter|cterlgtgclof£ lofÿr o‘rx|tftr Qterlate lon pte lote FLterpote late [ute |g'e Fofrrlgfe |gfe [pe |1°e cterlote late late [Lte Feturletr late |g‘e lo'z fe‘o letr [efz [efr |e‘x A 'INOUNOI ITA :qopml 91 ote |g‘g lo‘y fo'c Jetr [fr |G‘o |g'2 ofgilote [64e l6te [gt# Hetrilgtr lofe [tte |gf# LtrrlGtr life [Le |0'c WII ofrrlotr [Le letn gta Feforfgtr ete lot [6te Fete [rér [fr [gtx 6‘o ‘um iterlota litr letr |2‘8 rérrlotr gti ci ç‘L ofe nu latr letr ofl LA TOC NES Ur ts) fées |iwut ÿ'La M | \ @ |juae g‘orloto [11 [Gr lpf4 Jofrr Go hornet ratoN72l0 "080 04/0 tr ENT SEE | ESS ESTRINGEGT + So D = = [29 D nl Z os Q = = [20 D En = © D = os Q _ © Ô F3 © © (= © ; © © © © ë © © © = S | S ; ; elSalsals 1 |°alSelSel° 2. e 5 |oal alone 04l6 àl° à 3 Sal al° SJUQUIDA = o lomln®oloo® a &i S lo vmlowmloo® o à 5 ao floñlsñlosl es |s$loclonlor = aolomlomælasl cela no0la J[IBAHOIUI D æ |® ..|[® © .|® æ |[®@..1® .|® © ®ON æ |©œ,..1&@,.|l® œDE œ lo..l1®,.|@ ® æ lo... l'® | © lo æ | © ® 1914 5 ISulSulsnls ol & Sels nuls ss ol & léuSs és ol € lus s|sSlsol © ES 58 IS 550) £ |58538|26|20 QI É 01201201 «A OIL OISOlS | RON RONS HER 7 (| 0050! + | mOn OS © le e 0152012012 SIOUL 1 V E Isle Sel à lÉolsalt el E'etl 4 LES) E'al dal bel X LÉto) d'a) Eole 4 helE'a ls als) À LÉals Re S p|5'al + ; : ‘ MEME E MEMEME MEME B°R°|BP)B" B'|B"|EPIE Be | Eee RENE Jar SUIE RE — RE — COR _ he nn SR, > All = "+ ET es 94094 9 SI9J XN9p E 9994 9pP J9J un e onou EI e 1e9JPI ne (2494 op S19J XN9p ) (EL CIRE RE e) \ LU R) (nvorpx nv) SAUNINMANOD NH SIN (HLVULIN SAYS) Id aa “RLLNHO Of V SUNTINT "RILNAO LI V AUUMENH “NILNHO OL V SUMALNE “NLENSO CG V HUMTINA sop : ai r Tv LL ONYL HOALAV FT LV ULIN AL VALLIN AL VULIN TÉVULIN LLVULIN NIONAI IOALNVH SALVU ‘099$ 9119} 9P 007 mod souueafrqpu ue onbrajiu epioy — ‘onu 21407 ANS SH SUOTIUEIT 4 440$ 4 AILVULIN NQ INANASSINOANAA HAHANOIOUA V'T HAS SHONAIMAXA — L [IVOTIV “onadDin dv D) 9p 30 soinqd sop sagu1qu09 soouony/ur 716 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Dans la parcelle V (nitrate enterré à un fer de bêche : 17 centi- mètres) l’on peut constater que la dose de nitrate est restée nettement dominante dans la zone où on l’avait enterré, c’est- à-dire entre 10 et 20 centimètres. La zone de 20 à 30 centimètres en a profité aussi d’une manière évidente. Par contre, la zone de 30 à 40 centimètres n’accuse aucune différence avec celle, correspondante des parcelles IT, IIT, IV. — Cela montre bien que l’engrais soluble enterré par un labour ordinaire est resté tout l’été dans les 30 centimètres superficiels où il s’est assez régulièrement répandu. C’est certainement dans la parcelle VI que nous constatons la meilleure répartition de l’engrais. Dans chaque zone de profondeur on trouve une dose d’azote nitrique satisfaisante, et à ce point de vue, le sol, sans arriver évidemment à l’homogénéité absolue (d’ailleurs impossible à cause des déplacements occasionnés par les pluies) présente dès le début une tendance vers plus de régu- larité que dans les parcelles voisines. Le maximum se maintient également, malgré toutes les pluies de l'été, dans la zone de 20 à 30 centimètres, par conséquent plutôt au-dessus de l’endroit où l’engrais avait été enterré. Si nous en trouvons en outre une dose assez forte dans la zone de 30 à 40 centimètres, nous pouvons être assurés contre l’idée d’un plus grand enfoncement du sel, car le total global de la par- celle VI est avec celui de la parcelle V le plus élevé de tous, si lon fait exception pour le résultat correspondant de la par- celle ITT qui est sans doute un peu fort, les chiffres de l'analyse de cette parcelle au 16 juillet dépassant les autres de la même date d’une manière anormale. II. — ExPÉRIENCES SUR LA TERRE ENSEMENCÉE EN BETTE- RAVES. — re série d'analyses (16 avril). — L'analyse du 16 avril est la même que celle sur terre nue. Le semis des betteraves eut lieu le 18 et un roulage fut effectué aussitôt après. F 2e série d'analyses (1% juin). — 1 n’a pas plu beaucoup en mai. Nous avons recueilli seulement 30 millimètres d’eau. Dans LA CIRCULATION DES NITRATES DANS LE SOL 111 la deuxième quinzaine 1l n’en est tombé que 7MM 4 et par suite de vents assez forts soufflant constamment du nord-ouest la terre eut à subir une dessiccation assez active. Azote nitrique en muilligramumes pour 100 de terre sèche. Numéros des parcelles . . . . . Î Il III IV V “I à la à à à à Nitrate appliqués... "0.0, témoin 2 é : - Nitrate appliqué surface 35 cent. 1ocent. 17cent. 3ocent. De 0 à 10 centimètres. 2,0 6,8 GE On M ALGA NS De 10 à 20 24514107. DRM 6 096 De 20 à 30 ue Miraces LL MIE EN 7 OS 0 De:30 à 40 == DA feiDre SA NO CSL. MATE 6 PorAUNe LOUE 5 10 6 19181011 111070 T2 Il n’est donc pas surprenant, maintenant que nous connaissons l'influence prépondérante de l’évaporation sur le déplacement ascensionnel du nitrate, de constater que la zone la plus riche en azote nitrique est déjà celle comprise entre 0 et 10 centimètres. H' n’y a d'exception que pour la parcelle VI, au nitrate enterré à deux fers de bêche, et encore la différence n’est que bien faible. Ce qui nous parait le plus digne d’être remarqué pour cette VIE parcelle, c’est l’uniformité relative déjà bien caractérisée entre les différentes zones. Nous l’avions déjà constaté sur la terre nue; le fait est donc confirmé. C’est là un avantage très appréciable, dans la culture de la betterave surtout, puisque la racine, qui gagne rapidement les profondeurs, trouve ainsi par- tout de l’azote nitrique à sa portée. Dans toutes les autres parcelles ayant reçu du nitrate, lengrais n'est guère descendu au delà de 20 centimètres comptés à partir de la surface. L'analyse du témoin marque seulement des traces de nitrate pour léchantillon pris entre 20 et 30 centimètres. Ce résultat est d'autant plus bizarre que, dans les zones contiguës et notam- ment dans la zone sous-jacente, nous dosons 1 milligramme pour 100 d’azote nitrique. Nous n’en connaissons pas l'explication; mais tous ceux qui ont poursuivi des recherches analogues savent que de semblables anomalies se constatent encore fré- quemmenL. as0? FE 28 w20£ P0G 9P u203P01 2P u»0IPO 2p Sau0Y PRO à CIC ? ht ANT CA) ae 7e = oT — 2 : 7 e Re E2 F2 KI Fo, ee Se 27 JBIIUUI ue ee XXXXXXXXXXM 7 ST JBt[[Uu ua anbii}iu 2)07Yy LUE À enbIJAIU 9107 ARE VUE to DaAl HU CORALIE TE AT EUR EU 290JJ0S e] e anbitdde gjegunp — ++-+-+:+ IL UIOW9] NP ANDIIU QOZÿ ——" ——— I Se|[2Jeq Anopuojoad op ouoz aed enbrxjiru 2J02e,I ep euue4our uoryrz1edey IA À Al III Il A: S2|I221Lel nn, ne, em, ares, en, 30% 0 08 O1 w0% 0€ 08 01 w0% 0€ 08 O1, w0% 0S 08 ‘O1 0% 0£ 08 O1 0% 0C 08 O1 2P SAU0Z EE ; 0 Fo LEMRIE AVE : Re A 3 ee Des ë JBrqiu ua JBI[Uu Va anbIIU 2]07Y anbIAJIU 2]07Y (o72ns) xnopuoroid op euoz xed enbraqru 930Ze,] op euue4outr uoryraedoy 720 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 3e série d'analyses (1® juillet). — On a démarié les betteraves vers le milieu de juin. La première quinzaine de ce mois avait été très humide. Il a plu tous les jours du 1% au 8. La pluie ayant débuté par un orage qui a donné 11mm 8, il est tombé pendant cette huitaine 45 millimètres d’eau. Les pluies se sont espacées davantage le reste du mois pour arriver au total de 90 millimètres. Azole nitrique en milligramunes pour 100 de terre sèche. Numéros des parcelles . . . . . [ Il [il IV 4 VI Nitrate appliqué témoin RS È : è : SE MESINUNCRRE gone NP surface 5'cent-MOocCent. 17Cent. 30 cent: De O0 à 10 centimètres. 1,0 2 4 24 AAA 20) 2,4 De 10 à 20 == ml O0 UD QUE ASE AURAS De 20 à 30 ME (NRA 60 PR +9 Cote aes De 30/2020 . Lo Let RUE. AA ETES APE ARS MOTAUXSS A ROUE 0 JPA CRONRRONS DEOMMMORS Nous constatons que ces pluies n’ont pas descendu très pro- fondément en terre et que le nitrate dans l’ensemble n’a pas été déplacé de plus de 10 centimètres. Sauf la parcelle VF (nitrate enterré à 30 centimètres), toutes les autres parcelles accusent le maximum d'azote nitrique dans la tranche de terre horizontale comprise entre 10 et 20 centimètres. 4e série d'analyses (1® août). — Les pluies ont encore été abon- dantes en juillet; nous avons recueilli pendant le mois 78mm 2, — Dans la deuxième quinzaine nous avons eu onze jours de pluie qui ont donné 62m 7, mais les quelques orages survenus à cette ‘époque n’ont jamais fourni de grandes quantités d’eau. Les hau- teurs les plus forces recueillies en vingt-quatre heures n’ont été que de 11mm8 Je 24, 14mm8 Je 28, 13 millimètres le 31. Azote nitrique en milligrammes pour 100 de terre sèche. Numéros des parcelles . , . . . [ IL [ET IV V VI Nitrate appliqué témoin à ja 3 à à à ANALEA PE EP PALTUE ER REA RE surface 5 cent. rocent. 17cent. 3ocent. De 0 à 10 centimètres. 1,0 LOT 1,4 (PS EMA De 10 à 20 —— 1078 1,8 1,8 enr (EN TL A | DÉS RU EN CRT co De 30 à 40. —— TES 1,6 Ra, 1,6 d2 2,0 TOTADXS CONS 07 OT AVE 10e 0e LA CIRCULATION DES NITRATES DANS LE SOL 721 La dose d'azote nitrique est en diminution très nette dans les 20 centimètres superficiels. Les résultats maximums sont dans la zone de 20 à 30 centimètres sans que les nombres qui les repré- sentent soient cependant plus élevés en valeur absolue que lors des analyses du mois précédent. Cela ne tient donc pas à la con- centration dans cette zone des nitrates déplacés par les pluies, mais plutôt à leur absorption en plus grande quantité par les betteraves. Les résultats totaux qui faiblissent en comparaison de ceux des mois antérieurs prouvent d’ailleurs irréfutablement cette absorption de l’engrais, puisque nous savons, par nos expériences en terre nue, qu'il ne s’est pas perdu de nitrate au-dessous de la zone explorée par nos analvses. 3e série d'analyses (30 août). — Nous avons effectué les derniers prélèvements d'échantillons à la fin d'août. Ce mois a été encore plus pluvieux que celui de juillet. Nous avons recueilli, du 1e au 31, 96Mm 7 répartis assez régulièrement dans tout le mois — six Jours seulement sur trente et un n'ont rien marqué au plu- viomètre. Le 12, nous avons eu 22 millimètres et le 29, 13 milli- mètres. Chacune des autres pluies journalières reste au-dessous de 10 millimètres. Azote nitrique en mailligrammes pour 100 de terre sèche. Numéres des parcelles . . . . . ( Il [LI IV V VI à la ä ä ä à sur!ace cent. rocent, 17cent. 3ocent. Nitrate appliqué 2.7. + . . témoin De <0Famioncentintètres 10:96 45401 2m 1 EL CE 0 De 10 à 20 -— COTE Ne A DE Re ON EL SANS De 20 à 30 — en t)e7 EU PSS RIDE 2 LORS De 30 à 40 — RP Rime IE DATANT NE RONA TR MANS rec OO D OO INC MERS RONS Nous observons une certaine tendance à lumiformité dans la répartition de l’engrais. L'influence des pluies n’est plus marquée comme sur la terre nue parce que les betteraves rejettent par transpiration une grande partie de l'eau tombée; d'autre part, les plantes s'emparent des nitrates, ainsi que continue de Pindi- ANN. SCIENCE AGRON. == 4€ SERIE — 1913 — II 46 729 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE quer la décroissance des résultats totaux par rapport à ceux de la série d’analyses précédente. Comme pour les expériences en terre nue, nous rassemblons en un tableau récapitulatif tous nos dosages concernant la circulation des nitrates dans la terre cultivée en betteraves (Voir page 723). Nous avons encore calculé la répartition moyenne du nitrate de soude dans les différentes zones de profondeur, bien que les chiffres ainsi trouvés aient une signification moins précise que lorsqu'il s’agit d'expériences sur la terre nue. “ En effet, les mouvements de l’eau dans le sol ne sont pas sem- blables dans les deux cas. Sur la terre ensemencée l'entrainement par les pluies est diminué par une dessiecation du sol plus mar- quée : les betteraves évaporant par leurs feuilles de fortes quan- tités d’eau. Pour la même raison, la circulation de bas en haut qu’on attribue à la capillarité se trouve favorisée. En outre, il n’est plus possible d'admettre que tout le nitrate qui disparaît d’une zone analysée doit se retrouver dans les zones voisines puisque nous savons que la plante en absorbe une cer- taine partie. Mais, toutes choses égales d’ailleurs, nous continuons d’ob- server cependant, comme sur la terre nue, que l’uniformité de répartition des nitrates est d'autant mieux réalisée qu'ils ont été enfouis plus profondément. Nos résultats sur terre nue nous ont autorisé à conclure que l’engrais soluble est certainement resté localisé dans la couche arable de 40 centimètres explorée par nos analyses. Nous pouvons en déduire, à plus forte raison, qu’il ne doit se produire aucune déperdition au profit des régions profondes lorsqu'il s’agit d’une terre couverte de végétation. Dès lors, ce qui fait varier le total global des résultats d'analyse dans chaque parcelle, c’est unique- ment la disparition des nitrates absorbés par les plantes, et la différence entre ces totaux et ceux des parcelles correspondantes en terre nue peut être considérée comme étant la mesure appro- ximative, sinon rigoureusement exacte, de lazote nitrique absorbé depuis le semis jusqu’à la fin d'août, époque de nos derniers dosages. « [c6tr|co‘glzc‘elgLtr 1‘cilititlgtg g°r [8°r loft ofe [y'a [1° [ÿ't ct6 gi ‘€ gta LEA & le fn |» EN EE TS o lomlacloelo S [Salons Ie © REED ENES en ERA ER TIES * [Ses È# (24994 2p Say Xn9p re) *NILNAD 0 V HUMAINE UT V'HLIN g —]—]—]———]…_]—— ——]—]_]—— ———_—…""—”—”…"…" ——"”…"—…—"”—"”—”—”…"”…—"…”…”…"”…”…’…"”…"…"…"”…”"”…”"”"’”——__— — g'erl6tr |etr [etc |g‘y L‘or|ÿfo [er |s'e 6e o‘yilgtieletcrfo‘oclytL |a‘orlotar|rez © Ayrrlpeteloctelurtel « loytrlogtrlenteluyte itcp|Lta [Lterlotgr|L'orf6*cYylo*L |6°6 ÿtarlc‘Li ÿto [etr [ga late lotr Ho‘o | lo‘z oz T'ù 6cL ler Ip'e letr [gti DgfL lotr l'a |L‘r [y°x 06 lotr [gt dote lo‘z Î8‘6 |L'—r te nte [yte 6‘orlo‘r [L'r dote |gt# frtrifytr |Yfr [ste |c°c L'o ge [ge lgfr Éc‘r1|6‘o lo‘r |g'e |g‘a + go D = & so D = CA IE: SAN IEUE = sRlañlssloe 5 loñloñloloe E [Solouln=ltols lSesulés|S REGEQDENEN EREGDENENES # [Éelpelsels Pl, 4 |Belsels es TT — nn (4994 9p 497 un +) “KLENOO LI V SUUAINT AL VHLIN (ano er *) *WIENGD O1 V MHMAINA YLVUHLIN Gérrletr fete lite [eg ÉG'G foto [sfr e‘y |6‘e Dr‘o [g‘o [ag [er loft o‘6clotz lotrrlytyrlo‘gele‘caclg‘o [r‘orle‘ÿrlottelc‘oc|6c |6‘9 Ig‘a |1°L © TostilgLtiloytelg6tel « [gztrlogfrlertelcoÿh « lgo‘r|yL'oloo"i &c'I 1 ‘Lt e‘9 Lt g‘erlg‘6r etc e‘g c'e g‘or r'ozlr'oc e‘e Le oc 1‘9 eL |otr [gtr letz |ytr Go ler |Ltr |gtz |gfr Rate [Go |L‘o |L'o 6‘o Ye [Lt ete [gtx [Lt fote [ofr lo‘e letr lofr Leg ler [L‘o |g'o jo‘r 96 |yer [ge [L'e life EetG or lote [2e [Y‘a lofy Ietr [ÿfr lotr of gtærlrtr Jets |Yte |gtz Lg‘orlo‘r |1°x L'r g‘a Ic‘y lo‘r Iswenla‘r |0°2 g‘orlg‘o fire [661 lptz fo‘ir|6‘o [6‘o |ytr 84 lo‘y [6*o {Go loft A = oo D = = © D # + © D = js |[SalSalS2l° ns SalolsSals | s (Sels als al, eo lomlanlanloe]l s lotlomlnoolarl s lovmlowloolor 5 1[S&|8 & ë LNOON Solo les ele) & [le LE IS Is D ÉMERIENEN MAENIEUDENEN FREE EUES p Se el ol ol 52) 54 OPA EDP EDR ED CT EDP = DPI OP SO " De)s &)E 26 dl DPIBPIE SE A SH 25 215 Sn — TE — TT. — (nrayex ne) HMHALUHANOND NH SIN "WILNAHD G V AUHHLNA HILVUHLIN HLVHLIN (HLVULIN SNYS) NIONYHL 8"Œ "ce ‘100 0 ne 24IOSŒE APRAIIN anu 2119} ANS XNPJOT, * aUULAOU UOrArdIY ‘XAVLOT, ÿ° 10€ 8‘0€ “afp SJUQUI9A -Q192d XU9pP 94}U9 D AIN'I4 44 MNAHLAVH jnov 0€ jNoB x fn x UNE * [HAR GI a[[RAIAJUI P U IR a Re SLNINIAXMIMUHA sap SL “299$ 01107 8p 007 anod souwmeuftyrut ue enbratu 9702 — ‘SAEA9/19Q U9 29OUAUIOSUE 214197 EI ANS STI SUOTIIIUEYIY “on40)nd02 Dj op 19 sainqd sep sagurquioo Soouon{uT 44N00S 40 ALVULIN NG INAMASSINOANAA HAAONOAOHd V'T ANS SAONAIHIAXA — Il AV4TIaVvEL 79% ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il semble par conséquent que l’on puisse dire, sans toutefois attacher aux chiffres une signification trop absolue, que tandis que la parcelle témoin (1) ne pouvait céder aux betteraves que 6,1 d'azote nitrique, La parcelle IT au nitrate en couverture s’est trouvée en mesurer-de-leur-Tournirs-z Sie eine pere er 7 9,9 La parcelle ITT au nitrate enterré à 5 centimètres. . . . . 11,9 La parcelle IV au nitrate enterré à 10 centimètres . . . . 10,7 La parcelle V au nitrate enterré à 17 centimètres. . . . . 13,5 La parcelle VI au nitrate enterré à 30 centimètres . . . . 13,5 Dans l’ensemble, et malgré le résultat légèrement discordant entre les parcelles TIT et IV, on distingue nettement l’avantage qu'il y a à enterrer le nitrate profondément. Pendant les deux mois qui suivent le semis, la croissance de la betterave est relativement faible et le poids d'azote absorbé ne dépasse guère les trois centièmes de ce qu'il atteindra à la matu- rilé. Et, de fait, l'analyse du 17 juin (six semaines après le semis) ne révèle aucune diminution appréciable de lazote nitrique existant dans le sol. Cela tient uniquement à la petitesse de la plante, car durant cette période de premier développement Fab- sorption de cet élément croit plus vite que la formation de ma- tière sèche, et la betterave, qui concentre alors l'azote dans ses üissus, a besoin de s’alimenter avec facilité. Cela suffit à justifier l'influence très grande de l'azote assimilable pour lancer la végé- tation. Les totaux du 1°T juillet et ceux qui suivent montrent labsorp- tion continue de l’azote nitrique par la plante. On sera peut-être surpris de voir qu'il reste encore beaucoup plus d'azote nitrique dans le sol à la fin d'août qu'il n’en a été absorbé. La chose est cependant facile à expliquer. Tout d’abord la plante a assimilé plus d'azote que n’en révèlent les analyses car, en supplément des nitrates qui ont été incorporés à la terre, 1] y a heu de tenir compte de ceux qui se sont formés naturellement par suite du phénomène de la nitrification. I ne faut pas oublier non plus que la betterave fait plus que doubler le poids de sa racine pen- LA CIRCULATION DES NITRATES DANS LE SOL 129 dant les deux derniers mois de sa croissance et qu’elle v emma- easine pendant ce temps les réserves nécessaires pour la deuxième année de son existence. GAROLA estime que l’absorption de l’azote durant cette dernière période atteint 60 % de ce que la plante doit contenir à sa maturité; mais il est vrai de dire qu’elle dispose alors de tous ses moyens d'absorption. III. — RÉSULTATS CONSTATÉS SUR LA VÉGÉTATION ET SUR LA RÉCOLTE DES BETTERAVES. — Nous n'avons pas cru devoir pro- longer au delà du mois d'août nos dosages d'azote nitrique. L'ob- servation de la végétation, encore mieux peut-être que nos résul- tats analytiques, renseigne sur la meilleure façon d'utiliser le nitrate de soude pour la betterave. Aussitôt après le démariage, des différences qui ne firent que s’accentuer Jusqu'au mois d'août se manifestèrent entre toutes les parcelles. L'on pouvait alors remarquer une vigueur, nette- ment croissante, de la parcelle servant de témoin jusqu’à la par- celle opposée, où le nitrate avait été enterré le plus profondément. Dans celle-ci, 1l apparaissait au premier coup d’œil que la récolte dépassait le double de celle de la parcelle au nitrate en couver- ture. Par la suite, les différences dans le développement foliacé s’atténuèrent sans arriver cependant à s’égaler. A lParrachage effectué sur la fin d’octobre, les pesées et les analyses nous ont donné les résultats très significatifs résumés dans le tableau ci-après : Résultats comparatifs ramenés à l’hectare. Sucre Numéros ET JA Feuilles Densité Sucre Nitrate 4 : pour 100 : des et Racines du jus A appliqué Ce de bet- , parcelles apphqui collets à 152 feraves l'hectare kilos kilos kilos LÉ Témoins SE 30500 135.700! 808 17,20:..6.140 IT à la surface . . . . 38.200 38.500 806 16,80 6.468 IIT à 5 centimètres. 01.400 40.600 804 16,95 6.882 IV à 10 -— PP D 2007000 URSS Nat} — 002,000 452000460316 20039 VL .à:80 — 00046000 55900-80416 2529:4195 Le nitrate en couverture n’est que médiocrement utilisé. 726 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Plus il est enterré profondément, plus le rendement qu'il fournit est élevé. Si l’on veut bien retenir que ces recherches ont été effectuées pendant lété 1912 dont on se rappellera longtemps l’excessive humidité, on voit qu’elles confirment entièrement ce que nous disions au début de cette étude, à savoir qu’il est avantageux, dans toutes les bonnes terres à betteraves, d’enterrer tout le nitrate de bonne heure au printemps. Cela ne signifie pas, bien entendu, que nous soyons hostiles à son emploi supplémentaire, à petite dose, lorsque la plante souffre (soit au démariage, soit par suite d’une invasion d'in- sectes); mais si, dans ce cas, le nitrate joue un rôle de médicament très utile, 11 ne convient pas d’opposer son application ainsi faite à celle qui doit être à la base, comme engrais de fond destiné à garantir la croissance régulière de la récolte, Conclusions. — En résumé, toutes nos expériences démontrent que pour assurer la répartition la plus prompte et la plus régu- lière des nitrates dans la terre arable, condition essentielle de leur utilisation au maximum, il est indispensable pour les cultures de printemps de les enfouir par le labour précédant le semis. Tous les résultats mentionnés ci-dessus attestent en eflet que la mobilité des nitrates dans le sol est surtout liée à leur déplace- ment de bas en haut, par suite de l'influence prépondérante, à l’époque de la végétation active, des phénomènes de capillarité ramenant constamment les solutions salines vers la surface. Ces résultats nous fournissent également la preuve scientifique que les nitrates ne sont jamais entraînés hors de la portée des racines sous l'influence des pluies d’été et qu'il est bien inutile, par conséquent, d’en fractionner les doses pour en échelonner les applications. L'ENSEIGNEMENT MÉNAGER AGRICOLE A L'ÉTRANGER Par P. SCHINDLER INGÉNIEUR AGRONOME L'enseignement ménager attire de plus en plus Pattention géné- rale; en France, il se présente sous diverses formes et notamment comme le complément de nos institutions d'enseignement agri- - cole; j'ai eu l’occasion de résumer son évolution au Congrès imter- national de Démographie rurale qui s’est tenu à Bruxelles en 1910. 11 n’est pas moins intéressant de montrer ce qu’elle fut à l’étranger. L'idée de donner un enseignement ménager à l’école est an- cienne; toutefois, ce n’est guère que dans les vingt dernières années du dix-neuvième siècle qu’elle se manifeste clairement et que les écoles ménagères se multiplient réellement en Europe : de nouveaux besoins sociaux sont nés et en même temps il est devenu possible d'utiliser de nouveaux moyens pour les satisfaire : ces deux manifestations de la civilisation moderne semblent être fonction d’une évolution qui est presque une réorganisation de la société. C’est en septembre 1888 que l’Association de bienfaisance de Carlsruhe commence à s’occuper de la formation ménagère des jeunes filles pauvres. C’est en 1882 que dans le pays de Bade la grande-duchesse Louise crée le premier cours de cuisine et les deux premiérs cours de laitérie dans la propriété de Mainau, près du lac de Constance. La plus ancienne école ménagère de Haute- 728 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Autriche est celle qui fut fondée en 1884 à Ranardiedl et fut transférée en 1885 à Mittelsbach. C’est en 1896 que le Gouverne- ment hongrois modifie les écoles du dimanche et en fait des écoles de répétition agricole où l’on enseigne aux jeunes filles la laiterie, la culture maraichère, laviculture, l'hygiène, l'économie domes- tique, la couture. En Bohême, la première école ménagère agri- cole est fondée en 1887. En Belgique, l'organisation de l’enseigne- ment ménager dans les écoles primaires est tentée dès 1862, mais n'est définitivement achevée qu’en 1887. La première école ména- gère agricole est créée en 1889 sous le nom d’école de laiterie, Au Danemark, la plus ancienne école, dont la directrice soit affiliée à l'Association ménagère d’Instituteurs et d’Institutrices, fut fondée en 1884 à Gentoîte. En Angleterre et dans le Pays de Gal- les, c’est en 1875 que le Board of Éducation subventionne pour la première fois enseignement de la cuisine, du lavage et du ménage dans les écoles primaires. L'enseignement de Ia cuisine n’était donné que dans 64 écoles fréquentées par 1.251 élèves; la statis- üque ne relève aucune école donnant l’enseignement du lavage et du ménage. La première école de cuisine de Hollande fut ims- tallée en 1888 et la première école ménagère en 1901. Les sœurs des Écoles chrétiennes fondèrent, en octobre 1891, les deux pre- mières écoles ménagères agricoles du Luxembourg. En Norvège, la fondation de la première école ménagère remonte à 1865; ce n’est qu'en 1889 que la Société Royale pour la prospérité de la Norvège fonde de nouvelles écoles ménagères; une commission du Riksdag suédois estime, en 1867, que l’enseignement de la cuisine et du ménage est impossible à l’école, bien qu'il existe des écoles de servantes depuis 1860, mais en 1882 Mme FIErTA Rerzivs prend l'initiative d'organiser une école de cuisine. En 1881, Mine WyÿDpEeR-INEICHEN fonde, au nom de la Société Lucernoise d'Agriculture, les deux premiers cours de cuisine de la Suisse. En 1885, elle fonde la première école ménagère agricole fixe à Reusport près Lucerne (1). (1) Les renseignements précédents ont été tirés des rapports présentés au premier Congrès international d'Enseignement ménager. Fribourg, 1908. L'ENSEIGNEMENT MÉNAGER AGRICOLE À L'ÉTRANGER 799 La création de ces écoles répond d’ailleurs à une préoccupation nouvelle, celle de parer aux inconvénients que présente lPemploi des femmes dans l'industrie; cette préoccupation se manifeste également dans tous les pays, non que l'emploi des femmes dans Pindustrie soit un mal absolu, qu'il faille combattre; c’est une cou- tume nouvelle, bienfaisante même, mais dont 1l faut combattre les inconvénients graves par la création d'institutions nouvelles. « À mesure qu'augmente le nombre des jeunes filles qui, vers «leur quatorzième ou leur seizième année, entrent en apprentis- «sage dans l’industrie, 1l devient plus important de les préparer «à leurs devoirs futurs de maïitresses de maison et de mères de «famille, car c’est sans aucune formation pratique que se ma- «crient, d’après la statistique, 80 % des apprenties. » (MIE Au- ousta Forster, de Cassel, Prusse.) «La culture de l'esprit se développe, mais la vie de famille «n’en tire malheureusement pas profit. Les Iycées et les collèges «cultivent trop exclusivement l'esprit et il en résulte un certain «égoisme et une fàcheuse sécheresse de cœur. On commence à «sentir vivement le besoin de lutter contre ce courant et on com- «mence à comprendre qu'il faut tout faire pour fortfier la vie «de famille. Comme les mères sont généralement trop faibles pour « détourner les jeunes filles des influences extérieures, l’école doit «leur venir en aide. » (Mme Renata TyrsovA, de Prague.) «Le développement de l’industrie au cours du dix-neuvième «siècle a apporté de grands changements dans la vie familiale «en Suède comme dans la plupart des autres pays de Europe. «Nombre d'objets, faits autrefois à la maison, sont fabriqués au- «jourd’hui à lusine et achetés tout faits. I n’y a plus de travail «à la maison pour toutes les jeunes filles et les exigences de lPin- «dustrie en main-d'œuvre les attirent souvent, même les femmes «mariées. Dans les classes bourgeoises, les jeunes filles reçoivent «une éducation qui se rapproche de plus en plus de celle des «garçons pour qu'elles puissent gagner leur vie. La connaissance «des arts du ménage n’est plus un ütre de gloire pour la femme «quelle que soit sa position sociale et d’ailleurs les nécessités de «la vie ne lui permettent pas de S'y entrainer. 730 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE « Cet état de choses ne pouvait manquer d’avoir une influence « profonde sur l’économie domestique du pays et le besoin d’un «enseignement pratique pour les filles se faisait cruellement sen- «tir. » (MIE KERSTIN HESSELGREN, Suède.) «Le mouvement en faveur de l’éducation ménagère, qui, actuel- «lement, renaïit chez toutes les nations, n’est pas une nouveauté... ES A nous 1l se présente aujourd’hui comme une nécessité créée par Pimmense transformation que le siècle dernier a suscité dans toutes les manifestations de l’activité humaine. » 2 = 2 «Le laboureur se nourrit mal, soit parce que sa femme a été ouvrière et n’a pas appris à être maîtresse de maison, soit parce qu’elle ne sait pas bien utiliser toutes les ressources qu’elle a à sa disposition et ne fait que continuer les habitudes et préjugés alimentaires qu'elle a acquis avant son mariage. » (Professeur S. Bazp, de Bergame, Italie.) 7 + = = = 2 Il est donc manifeste qu’à la fin du dix-neuvième siècle un mouvement se précise qui a pour but d’instruire la femme des choses de la maison et qui prétend le faire à l’école et non dans le ménage, ainsi que cela se faisait autrefois : il concentre cet ensei- gnement en un nombre de mains relativement petit, permet à des femmes de s’y consacrer exclusivement, ou presque, et d’aug- menter considérablement le savoir des jeunes ménagères. Les connaissances acquises reviennent ainsi plus cher que si la jeune fille n’avait pas quitté la maison ou, pour la domestique, si elle s'était placée sans apprentissage préalable. Le coût de cette ins- truction spéciale s'élève à 300 ou 400 francs au moins, si Pon compte à la fois le paiement de la pension, les subventions aux écoles et la perte de gains; mais le progrès des sciences a été tel depuis un siècle à peine que le bénéfice est pourtant considérable : si une Jeune femme voulait acquérir par un autre moyen toutes ces connaissances, elle devrait faire des dépenses énormes, hors de proportion avec les bénéfices à en tirer, et encore ne le pour- rait-elle qu’à peine. Elle pourrait, il est vrai, recourir à la lecture de journaux spéciaux, maïs ce mode d’enseignement ne saurait donner l’éducation pratique que l’on acquiert à l’école; en outre, L'ENSEIGNEMENT MÉNAGER AGRICOLE À L'ÉTRANGER 731 ces Journaux, bien que relativement nombreux aujourd’hui, ne le sont pas encore suffisamment pour répondre à toutes les exi- gences et leur organisation n’est possible que s'ils peuvent at- teindre un tirage assez élevé. L'institution d’écoles ménagères, indépendamment de son but social, qui est le plus apparent, présente un aspect économique fort intéressant. On pourrait, en effet, la comparer à une maison de commerce : grâce à la concentration des recherches dans les laboratoires et sous la direction de spécialistes, elle peut produire un grand nombre de connaissances nouvelles, comme l’industrie des textiles peut produire un grand nombre de tissus nouveaux. Ces connaissances, données par les laboratoires sous un état ana- lytique, sont ensuite combinées et synthétisées dans des écoles d'application pratique, écoles supérieures, écoles normales, comme les divers tissus et nouveautés sont réunis par les commerçants en gros; enfin, l’école élémentaire, l’école pratique, les donne à peu de frais à la masse du peuple, comme le détaillant fournit aux coutu- rières et aux mères de famille tous les tissus, fils et autres objets dont elles ont besoin. Pour bénéficier des avantages de l’école ménagère, 1l faut faire une avance de fonds, comme doit en taire la mère lorsqu'elle achète du fil au lieu de le faire; dans l’un et l’autre cas, cependant, il y a un avantage considérable à faire cette avance, car elle est rapidement remboursée par les écono- mies ou par les gains qu’elle permet de faire ultérieurement. Cette manière de considérer la création des écoles ménagères, bien qu’elle ne paraisse pas avoir contribué jusqu'ici à leur déve- loppement, mérite cependant d’être retenue. Elle montre que l’école ménagère n’est pas seulement une œuvre de bienfaisance sociale luttant contre un mal créé par l’évolution de la civilisa- ton; elle lui donne une place plus indépendante, un rôle plus vaste : elle est une œuvre économique; sa naissance marque une étape de la civilisation, comme la naissance de la grande indus- trie; par son côté moral, elle complète l’action civilisatrice de celle-ci et doit en corriger les graves défauts. Au point de vue purement pratique, cette conception met plei- nement en lumière les avantages que le monde agricole peut retirer Ton ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE de Pécole ménagère : sans doute, au point de vue moral, on lui a donné la mission de combattre la dépopulation des campagnes: son rôle véritable est plus vaste et plus profond et persisterait alors même que les campagnes seraient surpeuplées. L'exemple de la Belgique montre que plus la population agricole est dense, plus le rôle de l’école ménagère est considérable; c’est que, dans ces conditions, le « marché de la science » s’augmente considéra- blement : l’organisation de sa recherche et de sa vulgarisation devient plus aisée, comme l’organisation de la vente de toute autre marchandise. L'école ménagère peut donner plus de connaissances pratiques et à meilleur compte que les anciens modes familiaux d’enseignement ménager; elle le fait même lorsqu'elle n’a à combattre aucun mal social, si tant est que Pignorance dans les choses du ménage ne doive être considérée comme un mal social, au même titre qu'une disette ou un ren- chérissement général de la vie. CARACTÈRE NATIONAUX DES DIVERS SYSTÈMES D'ENSEIGNEMENT MÉNAGER La conception que lon se fait de l’enseignement ménager à l’école est loin d’être uniforme. L'étude comparée de l’enseigne- ment ménager dans plusieurs pays révèle trois types principaux qui se trouvent assez bien définis en Angleterre, en Belgique et en Suisse. La première différence que l’on rencontre entre ces conceptions, réside dans la manière analytique ou synthétique de grouper les enseignements. L'enseignement ménager est-il un ensemble résul- tant de la combinaison intime de plusieurs disciplines, ou bien faut-1l le considérer comme la simple juxtaposition de plusieurs cours, cours de cuisine, de blanchissage, de tenue de la maison, ete.? Dans la plupart des pays d'Europe, on trouve des cours de eui- sine : les uns sont destinés à former des cuisinières et relèvent à proprement parler de Penseignement technique. D’autres appar- L'ENSEIGNEMENT MÉNAGER AGRICOLE A L'ÉTRANGER 1935 tiennent nettement à l’enseignement ménager, car ils sont des- tinés aux futures maitresses de maison, aux ouvrières, etc... On trouve également des cours de laiterie ou d’horticulture, qui sont des cours professionnels destinés aux jeunes filles, bien qu'ils puissent se rattacher aussi à l’enseignement ménager. C’est en Angleterre que cette manière analytique de considérer lenseigne- ment ménager semble être le plus fréquemment adoptée. M. Robert de Moranr, secrétaire du Board of Education, fait rentrer dans l’enseignement ménager (domestic subjects), à côté de la cuisine, du blanchissage, et de la tenue de la maison, d’au- tres cours tels que ceux de jardinage, de laiterie, d'hygiène, de soins à donner aux malades et aux enfants et, dans une certaine mesure, ceux d'économie domestique et sociale. Le Gouverne- ment donne des subventions spéciales pour la plupart de ces disciplines : 2 shillngs (2150) par élève pour le blanchissage; 4 shilings (57) par élève pour la cuisine; 7/6 à 15 shilhings (9f 40 à 181795) par élève ayant suivi l’ensemble des cours d’enseigne- ment ménager. En 1906-1907, il fut ainsi distribué 47.973 livres sterling (1.211.218f) de subventions pour l’enseignement culi- naire ; 5.558 (140.339) pour celui du blanchissage ; 2.166 (54.6911) seulement pour les cours d'ensemble. Le nombre des écoles don- nant ces enseignements était, pour la cuisine, de 5.749 avec 282.902 élèves; pour le blanchissage, de 1.484 avec 68.213 élèves, et pour les cours de ménage complets, de 239 avec 6.436 élèves. Les travaux à l’aiguille sont obligatoires dans toutes les écoles primaires; les cours de jardinage et de laiterie recoivent des sub- ventions spéciales de 2 à 4 shillings (21 50 à 51) par élève, suivant la durée du cours. Les subventions pour les écoles professionnelles s'élèvent au maximum à 40 shillings (50f50) par élève lorsque les cours annuels ont une durée d’au moins 200 heures et à 60 shillings (751 75) pour les cours de plus de 400 heures. Pour les cours normaux, en 1907, les subventions ont été, par élève : TABLEAU 734 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE De 7 livres sterling (176 75} pour les cours de cuisine; 3 — (75 75) — de blanchissage:; 2 — (50 50) — de tenue du ménage; 12 — (303 00) — d’ensemble. Des subventions spéciales sont accordées aux cours qui pré- parent des maîtresses de cuisine et des maîtresses de couture pour les écoles élémentaires. Les écoles sont réparties chaque année entre plusieurs classes auxquelles on donne des subventions plus ou moins élevées. Ce système affirme l'influence prépondérante des inspecteurs et du Gouvernement dans toutes les branches de l’enseignement, tout en laissant à l’initiative privée toute liberté pour s'adapter aux besoins locaux et en assurant la responsabilité du directeur et des professeurs. Le Gouvernement central occupait à lui seul, en 1908, 11 inspec- trices chargées de l’enseignement ménager pour l'Angleterre et le Pays de Galles. Dans plusieurs cas, les autorités locales, qui sont hbres de subventionner l’enseignement ménager, rétribuaient d’autres inspectrices. En dehors de l’enseignement ménager, les sciences agricoles et surtout la laiterie sont enseignées dans des cours de plus ou moins longue durée; l’élève peut rester autant qu'il veut et venir à l’époque qui lui convient le mieux, à Reading, à Chelmsford dans l’Essex, et dans d’autres écoles de laiterie, ouvertes aux jeunes filles comme aux jeunes gens. Il existe aussi des cours ré- duits d’une durée fixe de quelques semaines. Toutefois, 1l existe aussi en Angleterre des écoles qui donnent un enseignement ménager complet : ces écoles, considérées comme des écoles professionnelles, s'adressent tantôt aux élèves qui quittent l’école primaire, tantôt à celles qui quittent l’école se- condaire et peuvent parfois donner un enseignement professionnel proprement dit, entre autres celui de l’horticulture. __ La seconde et la troisième conceptions de l’enseignement mé- nager trouvent ici leur application : l’une consiste, en eflet, à grouper toutes les disciplines et à les enseigner uniquement au point de vue de l'application familiale : c’est ainsi que les écoles L'ENSEIGNEMENT MÉNAGER AGRICOLE À L'ÉTRANGER 735 de Fribourg et de Berne comprennent l’enseignement de l’horti- culture; il ne doit pas alors y avoir de distinction entre écoles ménagères et écoles ménagères agricoles; même dans les écoles de cuisinières et de domestiques, l’idée directrice y est de former des ménagères autant que des professionnelles, car toute femme, en principe, doit un jour devenir ménagère (M. PyrHon). Sous l'influence de cette pensée, les écoles ménagères préparant aux différentes professions et les écoles purement ménagères sont réunies dans les mêmes bâtiments, sous la même direction immé- diate et rattachées à un seul et même service administratif. La dernière conception repose sur l'importance prépondérante que peut acquérir le côté professionnel; des écoles de ce genre exis- tent en Angleterre et ce sont même celles qui sont le plus direc- tement visées par les Regulations for Technical Schools, les écoles du type purement analytique résultant principalement du rôle de linitiative privée dans la création des écoles. La Hollande possédait en 1908 neuf écoles industrielles et mé- nagèrés combinées sur 21 écoles ménagères, mais c’est en Belgique que l'importance de cette conception se manifeste le mieux Penseignement ménager agricole y est tout à fait distinct de l’enseignement ménager et ne relève pas de la même administra- ton. Un débat qui eut lieu au Congrès international d’'Enseigne- ment ménager de 1908, à Fribourg, semble confirmer la valeur de cette distinction; la plupart des orateurs affirmèrent que l’on ne peut imposer les mêmes programmes, ni surtout les mêmes méthodes dans les écoles ménagères à la ville et à la campagne. C’est que la termière n’est pas seulement une ménagère, elle col- labore le plus souvent aux travaux de la ferme : sa profession se mêle intimement aux soins ménagers. En outre, les conditions de la vie de famille sont profondément différentes à la ville et à la campagne, et cela d'autant plus que les villes sont plus populeuses et que les habitations rurales sont plus dispersées ou plus éloi- gnées des grandes voies de communication. En Belgique, l’enseignement ménager agricole relève du minis- tère de l'Agriculture; le Gouvernement est intervenu de diverses manières dans son organisation, mais, comme en Angleterre, c’est 730 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE principalement en accordant des subventions aux écoles et en les soumettant à l'inspection. En outre, le Gouvernement créa une école fixe, encouragea la formation de cours normaux, facihta la publication d'ouvrages spéciaux en organisant des concours; il multiplia les expositions d'enseignement ménager et les con- cours entre institutrices dans les écoles primaires. Les écoles ambulantes ont leur fonctionnement assuré grâce à des subventions de l'État, mais, comme les limites des régions dans lesquelles elles vovagent sont celles des provinces et non celles des districts des agronomes de l'État, on doit les considérer comme des institutions provinciales. Dès le début, elles furent organisées avec le concours de l'État, qui mettait à la disposition des autorités provinciales des chargés de mission spécialisés dans cette question. Au nombre de deux, 1ls ont d’abord eu comme tà- che d’inspecter les écoles ménagères agricoles ambulantes et fixes; ultérieurement, ils ont été rattachés au service d’inspec- tion de agriculture. En 1910, l’enseignement agricole a été rat- taché à un service spécial, ayant ses inspecteurs particuhers. Quelques années auparavant, une inspectrice de l’enseignement ménager avait été nommée. ; Comme en Angleterre, le Gouvernement décerne un brevet spécial pour l’enseignement dans les écoles ménagères : en raison du petit nombre des écoles spéciales (25 à 30 en 1908), 11 n’était organisé d'examen que lorsqu'il y avait des places vacantes. Il s'agissait donc en fait d’un concours. La subvention de l'État aux écoles ambulantes est donnée, non pour l’année entière, mais par session et sans tenir compte du nombre des élèves entre certaines limites : elle peut être plus ou moins élevée, suivant les notes données par les inspecteurs. Enfin le Gouvernement donne des bourses pour les écoles fixes. encourage les conférences et cours publics, fait distribuer des tracts, favorise le développement des cercles de fermières. Le Gouvernement suédois n’intervint pas, dès Pabord, en faveur de l’enseignement ménager : celui-ci apparaissait comme irréali- sable au Rikstag, en 1867. Lorsque l'initiative privée et celle de sociétés en eurent démontré l'intérêt, le Gouvernement accorda des L'ENSEIGNEMENT MÉNAGER AGRICOLE A L'ÉTRANGER 737 subventions aux écoles normales et aux séminaires spéciaux ces subventions, qui étaient de 5.000 kronor (7.000) en 1893 pour la « Hôgre Lârarinne Seminariets Huashlls Skola », s’éle- vèrent en 4908 à 24.000 kr. (33.600!) pour cinq écoles préparant des maîtresses d’enseignement ménager. Une loi de 1902 accorde une subvention de 500 kr. (700f) au plus à toute école secon- daire qui donne des cours d’économie domestique, à condition toutefois que les municipalités accordent une subvention égale; en 1908, vingt-huit écoles recevaient des subventions variant de 150 kr. à 500 (210 à 700). La même année, un crédit de 60.000 kr. (84.000!) fut accordé pour subventionner les cours ménagers dans les écoles primaires, primaires supérieures et dans les écoles populaires supérieures. Les cours de trente jours au moins peuvent recevoir des subventions variant de 100 à 600 kr. (140 à 840f), mais, pour cela, ils doivent réaliser diffé- rentes conditions (Mlle KERSTIN HESSELGREN, présidente de PAssociation des Institutrices d’ers’ignement ménager) : 19 L’instruction doit être conforme au Code de 1900 sur Pen- seignement primaire ; 20 Le personnel doit être suffisamment compétent; 39 I} doit y avoir au moins quatre heures -de travail par Jour; 4° Les élèves doivent avoir douze ans au moins et dix-huit ans au plus; 59 Le nombre des élèves par classe doit être de 8 au moins et 20 au plus; 60 L'enseignement doit être gratuit; toutefois les élèves peu- vent payer une rétribution pour leur nourriture ; 79 Des hôtes peuvent participer aux dîners, mais leur nombre ne doit pas excéder celui des élèves. [ls ont été admis parce que, dans certaines localités, on nourrit ainsi des enfants pauvres ou des employés. Une particularité de l’intervention gouvernementale en Suède est la création, faite sur la demande de l'Association des Mai- tresses d’écoles ménagères, de bourses d’études complémentaires, dont le total s'élève à 2.000 kr. (2.800f), En 1908, il fut ainsi ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — IT 47 738 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE accordé 17 bourses d’études pour voyager dans le pays, et 5 pour aller à l'étranger. D’après Mie Théa HoLer, le Gouvernement norvégien est inter- venu en faveur de l’enseignement ménager, soit en subvention- nant les institutions privées ou communales, soit en organisant des écoles. I1 semble que l'initiative d'associations, telles que PAs- sociation pour la défense des Intérêts téminins et l'appui des com- munes ait suffi pour provoquer la création des écoles ménagères; les subventions de l'État (subvention de 800 kr. (1.120*), par exemple, à Drammen et de 200 kr. (280f) à Christiania) les ont encouragées et ont assuré leur fonctionnement. L'État n’a pris aucune responsabilité dans leur direction. Il s’est occupé toutefois d’assurer la valeur de l’enseignement ménager et de donner toutes facilités aux initiatives à venir en assurant la pré- paration d’institutrices spéciales : leur recrutement a rencontré de grosses difficultés : on a essayé de faire suivre des cours com- plémentaires de quelques mois par des institutrices déjà formées : elles trouvèrent la profession de maîtresses d’enseignement mé- nager trop pénible. En s'adressant à des Jeunes filles compé- tentes en matière ménagère, mais sans préparation pédagogique, des difficultés d’autre sorte surgirent, aboutissant également à un insuccès relatif, car la maîtresse d’école ménagère ne doit pas être seulement une bonne ménagère ou une bonne institu- trice, elle doit être l’une et l’autre à la fois. La création de cours ménagers d’une durée de deux ans dans les écoles normales de Levanger et de Hamas ne réussit pas à résoudre ce problème. Une commission de emq membres fut nommée en 1907 après accord entre les Départements de l'Éducation et de l’Agricul- ture pour élaborer un plan d'enseignement spécial. Il est important de signaler ces difficultés, car elles se retrou- vent, plus ou moins apparentes, dans tous les pays, et tiennent, me semble-t-il, à ce que la pédagogie ménagère est profondément différente de la pédagogie générale : logiquement, cela peut s’ex- pliquer en considérant la pédagogie comme une science appliquée, une sorte de psychologie appliquée; elle varierait nécessairement suivant le but de l’application et même suivant les élèves, leur L'ENSEIGNEMENT MÉNAGER AGRICOLE A L'ÉTRANGER 739 âge, leur condition, car leur psychologie est elle-même changeante. Il est également important de noter le fait que le Gouvernement prend l’initiative d'organiser les études supérieures et celles-là seulement, et qu'il le fait après accord entre les Départements de l'Agriculture et de l'Éducation : ces deux faits montrent à la fois l'importance générale du problème, qui intéresse toute la nation, et son double aspect éducatif et agricole. Le Gouvernement fédéral suisse favorise l’enseignement mé- nager par des subventions et en lui donnant une impulsion con- venable par l’intermédiaire d’agents spéciaux appelés experts. Les subventions fédérales peuvent atteindre pour chaque éta- blissement la moitié de la somme totale reçue en subvention ou comme don de la part des cantons, des communes ou des particu- liers. En 1892, le Conseil fédéral consacra, pour la première fois, une somme de 2.000 francs à l’enseignement ménager; l’année sui- vante, sur les instances de la Société d’'Utilité publique (section des hommes), 1l vota la première subvention régulière. En 1907, le total des subventions fédérales s’est élevé à 341.470 francs. Il n’a pas semblé au Gouvernement fédéral que lattribution de subventions suffisait à assurer le bon développement de l’en- seignement ménager : 1l a fait inspecter régulièrement les écoles subventionnées à partir de 1895, en donnant à l’inspectrice, Mme CorADI-STAHL, la mission d’étudier les questions ménagères et de favoriser les progrès dans cette voie: cette mission est bien exprimée par le titre d’expert fédéral donné à la directrice. Celle- ei (ne prend pas dans les écoles ménagères un rôle dirigeant, elle «se contente d'imprimer une impulsion et de donner des directions «pratiques ». Il appartient d’ailleurs à chaque canton de rendre ou non obli- gatoire l’enseignement ménager : le canton de Neuchâtel, par exemple, laisse à chaque commune le soin de rendre ou non obli- gatoire l’enseignement ménager, suivant ses disponibilités finan- cières. D’une façon générale, il semble que l’intervention gou- vernementale dans un canton ne saurait être comparée à celle qui se produit dans un grand État, L'enseignement ménager est obligatoire en Hongrie pour les 740 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE enfants de douze à quinze ans qui ne fréquentent pas les écoles moyennes ou professionnelles : ils doivent avoir de sept à douze heures de cours par semaine. Le Gouvernement de ce pays est done intervenu en faveur de l’enseignement ménager et, particu- lièrement, de l’enseignement ménager agricole autant qu’il lui était possible. Pourtant l’organisation d’un enseignement obli- gatoire ne peut se faire rapidement : au début, les institutrices locales ou des institutrices qui avaient suivi des cours d’agricul- ture en furent chargées; les résultats obtenus ont paru insuff- sants. Sous l’impulsion active de M. DarANYiI, ministre de l’Agri- culture, on a créé des écoles de laiterie et des écoles normales pour préparer les institutrices. Le Gouvernement hongrois a done pris, pour ainsi dire, l’ini- tative du mouvement ménager agricole. Toutefois, il faut se rap- peler qu’il a trouvé un appui auprès des institutions locales et, si extension de l’enseignement ménager agricole fut très rapide dans ce pays, 1l est permis de se demander s’il est bien compris dans toutes les écoles et si les traditions qui se sont formées ainsi ne seront pas difficiles à réformer un jour. Il est probable que la méthode suivie par le Gouvernement hongrois, si différente de celle adoptée dans les autres grands États, répond à la civilisa- tion particulière de ce pays et à un esprit national qui sont profon- dément différents de ceux de nos contrées. L'action prépondérante du Gouvernement dans l’organisation de l’enseignement ménager en Hongrie, se retrouve dans les très petits États, comme le grand-duché du Luxembourg, ou certains cantons suisses. Dans ces petits États, la raison de cette prépon- dérance est aisée à saisir : toute l’activité sociale se concentre dans le Gouvernement et toutes les initiatives privées peuvent ai- sément se coordonner avec celle de l'autorité : celle-ci, enfin, peut connaitre les besoins locaux dans leurs plus infimes détails. La Hongrie est trop grande pour qu’il puisse en être ainsi dans ce pays, et le système qui lui a valu le même succès que celui obtenu dans les autres États, parait donc provenir d’un état social qui lui est particulier : les coutumes, les conditions économiques et parfois même géographiques ou climatologiques ont ainsi con- L'ENSEIGNEMENT MÉNAGER AGRICOLE A L'ÉTRANGER 741 tribué à donner à l’enseignement ménager dans chaque pays un caractère propre; il en est résulté des détails d’organisation parti- culiers à chaque État et qu’il pourrait être impossible ou diffi- cile d'importer ailleurs : l’état actuel de la pédagogie ménagère rend malaisée la préparation des maîtresses : il faut que celles-ci se forment presque entièrement elles-mêmes et créent la science appliquée qu’elles doivent pratiquer. La longueur des vacances en Suède a permis de multiplier les bourses complémentaires d'étude; la formation des maîtresses fut ainsi facilitée. Ailleurs, comme en Suisse ou en Belgique, ce sont les inspecteurs spéciaux qui ont contribué à établir les traditions. En Angleterre, l’indé- pendance séculaire et l’organisation par collèges des universités prêtant à la concurrence et favorisant l’initiative privée, 1l s’est créé un cours supérieur d'enseignement ménager à l’Université de Londres. Plusieurs universités ou collèges d'agriculture jouent le même rôle aux États-Unis. En Angleterre, l’enseignement de la laiterie aux jeunes filles s’est développé en même temps que celui destiné aux garçons : cet enseignement est pratiquement mixte et le personnel même se compose tantôt de professeurs hommes, comme à Reading, et tantôt de professeurs femmes, comme à Chelmsford, dans l’Essex. A Cambridge, des jeunes filles peuvent suivre les cours d’agriculture de l'Université et ces cours corres- pondent approximativement à l’enseignement donné dans nos grandes écoles d’agriculture, à l’Institut Agronomique, ou à l'École de Grignon, par exemple. Aux États-Unis, le professeur E.-J. Wicxson, doyen du Collège d'Agriculture de Berkeley (Cali- fornie), estime que l’économie domestique est le côté féminin de l’enseignement agricole. Ces exemples montrert combien les institutions ménagères (ou ménagères agricoles) se ressentent profondément des cou- tumes nationales: vouloir les importer d’un pays dans un autre sans les modifier en rien serait courir à un échec certain. Mais on peut affirmer que dans tout pays l’enseignement ménager et agricole devra se donner à plusieurs degrés et que, à côté de l’en- seignement immédiatement pratique, 1l convient de créer un en- seignement plus élevé, qui facilitera la formation des institutrices. 749 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE et les écoles destinées à ce rôle peuvent même s'élever au niveau des universités. L'organisation de ces enseignements ne se borne pas, d’ailleurs, à la création d’écoles; cela fait, 1l convient de cher- cher les programmes et les méthodes qui donnent les meilleurs résultats. Il ne semble pas improbable, à« priori, que ces pro- orammes et ces méthodes doivent évoluer, comme ont évolué les programmes et les méthodes des écoles d'agriculture; si, dans nos pays, en effet, les ménagères demandent surtout des recettes pratiques, dans d’autres pays, comme aux États-Unis, il v en a qui trouvent utile d’avoir des connaissances d’un ordre plus général et plus théorique. D'ailleurs on pourra toujours soutenir, avec quelque apparence de justesse, que la pratique ménagère ne peut s’approfondir que dans le ménage, comme la pratique agricole ne peut s’acquérir qu’à la ferme. Le rôle de l’école n’en garde pas moins d'importance et consiste à préparer les individus à acquérir cette pratique plus rapidement et à leur donner le moyen de la modifier, s’il y a lieu. INFLUENCE DU MERCURE SUR LA FERMENTATION ALCOULIQUE Par P. NOTTIN INGÉNIEUR AGRONOME PRÉPARATEUR A L'INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE MM. Linper et AMMANN, au cours d’un travail dans lequel ils ont étudié l’influence de la pression sur la fermentation alcoo- lique (1), ont été amenés à mettre des moûts sucrés au contact du mercure; ils ont constaté qu’en présence de ce métal la fermen- tation se déclare plus lentement, mais donne lieu à une produc- tion de levure plus abondante que dans les conditions ordi- naires. Sur les conseils de M. LiNDET, j'ai cherché à vérifier et à expli- quer ce double phénomène; mais tandis que, dans la majorité des cas, le mercure donnait une augmentation de la production de levure, on constatait quelquefois des résultats opposés : ils se produisent quand on dose la levure dans des moûts qui ne sont pas parvenus au même stade de leur fermentation. En effet, aussi- tôt qu’elle a terminé son travail de fermentation, la levure perd de son poids, même en présence d’un excès de sucre; voici par exemple la moyenne des résultats d’une expérience faite en double : Levure sèche id Sucre restant grammes grammes grammes AIDES M ZRIQUESS A/R AU RIAIO 0490 2,07 21,10 ll ab 40 Jon 5,44 10,62 ns on 0 420 5,56 9,75 (1) Bull. Société Chimique, 1912, t. XI, p. 953 (Voir Ann. Sc. Agr. 1913, (2), p. 210). 744 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il faut donc éviter de comparer les moûts avec ou sans mercure en se basant sur le temps écoulé depuis ensemencement, puisque les sels de mercure occasionnent un retard de vingt-quatre heures environ. On doit au contraire considérer les fermentations arri- vées au même degré d'avancement, par exemple celles où la quantité d’alcool formé est la même Lorsqu'on évite cette cause d’erreur, les faits observés par MM. Linper et AMMANx se confirment, et l’on constate : 19 Que le retard est dû à la formation de sels de mercure par le contact plus ou moins prolongé du métal avec le moût de tou- raillons, naturellement acide, servant de milieu de culture; 20 Que le mercure, en qualité de métal, augmente la produc- tion de levure, parce qu’il désature continuellement le moût de son acide carbonique, par un phénomène d’ordre purement phy- sique ; 30 Que la présence du mereure et de ses sels modifie la fonction végétative de la levure, mais n’a aucune action marquée sur sa zymase et sur sa fonction ferment. RÔLE DES SELS DE MERCURE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA LEVURE L'attaque du mercure par un moût présentant une très faible acidité organique peut paraître invraisemblable; mais l’eau de touraillons sucrée était stérilisée à 1209 en présence du mercure, et l’on peut au besoin invoquer une action du liquide sucré sur le métal, analogue à celle observée par KLEIN et BERG pour le zinc et le fer (1). Toujours est-il que les sels de mercure se for- ment plus ou moins abondamment dans les conditions de nos expériences, même à froid, et que leur présence se manifeste par leur influence sur la levure, quoique les méthodes usuelles de l'analyse chimique ne permettent pas de déceler le mercure. L'action antiseptique des sels de mercure vis-à-vis de la levure (1) Annales de Chimie et Physique, 1887, p. 1. INFLUENCE DU MERCURE SUR LA FERMENTATION ALCOOLIQUE 745 a été étudiée d’une façon détaillée par plusieurs savants : Du- MAS (1), Scauzz (2), Biernacki (3), Manx (4), Bokorwy (5). De l’ensemble de ces travaux nous retiendrons ce fait que, suivant la proportion de sels de mercure contenue dans un moût, la fer- mentation est favorisée ou arrêtée; la dose mortelle est voisine de 08 050 en sublimé corrosif par litre. Dans les fermentations en présence de mercure métallique, il est possible d'augmenter la proportion de sels formés, soit en préparant les milieux de culture plus d’un mois avant l’ensemencement, soit en acidifiant légèrement le moût : on constate alors que la fermentation se déclare encore plus lentement, et même que le développement de la levure est complètement arrêté. RÔLE DU MERCURE, EN TANT QUE MÉTAL, SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA LEVURE Pour distinguer l'influence du mercure sur la fonction végé- tative de la levure et sur sa fonction ferment, j'ai utilisé une série de fioles, avec ou sans mercure, identiques d’autre part, et ensemencées comparativement le même jour. La régularité de la fermentation d’une série était constatée par la perte de poids des fioles, déterminée plusieurs fois par jour. Les fioles étaient analysées successivement, de facon à suivre les variations des produits au cours de la fermentation, M. Linper a démontré (6) que, dans les conditions ordinaires, le glucose disparait le premier, et il a appelé rapport de consommation, la valeur TE 3 il était intéressant de constater l’influence du mercure sur ce rapport de consommation. Dans le calcul des sucres disparus, il a été tenu compte de la moitié du saccharose disparu, ramené à l’état de sucre inverti. (1) Comptes Rendus de l’ Académie des Sciences, t. 75, 1872, p. 277. (2) Pluger’s Archiv, 1888. (3) Pluger’s Archiv, 1891, p. 112. (4) Annales de l’Institut Pasteur, t. VIII, 1894, p. 785. (5) Dinglers polytechnisches Journal, 1897 et 1913. (6) Annales de l’Institut National agronomique, 1911, p. 49. 746 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Une première expérience a été faite sur un moût sucré à 10 % de saccharose. Levure Alcool Sucres disparus Rapport Levure Sécl De nm ee de consom- pour 100 seche CR Pol(S Glucose Lévulose mation d'alcool grammes grammes grammes grammes Sans mercure : Aprés Cluour 250 107125202602 1222200780 4,4 20 ,1 RD EE PANNES 01 D metre Lot 26 15 J#9 NOUS NL An Em0922 D 28 NO OS TENRO 1,2 8,3 Avec mercure : Après 2 jours. ... 0,069 0,29 1,11 0,64 4157n0123 4 SR SO 5 2 SN OT SE 1,6 9,5 EP ON TIU TRS PR Jo NUE 1,3 9,5 Üne seconde expérience ne diffère que par la concentration plus forte, 20% de saccharose. Levure Alcool Sucres disparus Rapport Levure Æehe Aa et Un de consom- pour 100 SEEN en PoIQS Glucose Lévulose mation d'alcool grammes grammes grammes grammes Sans mercure : Aprés 2100182022, 0,158" 4992, 3:90 1-08 2 su dans D 200 0 4, 9 TOUTE 40 2,8 4,6 ES M CE D MIA EPER0 0 4027008206 2,8 QUE Avec mercure : Aprés + Jours 1:1 10079784 AGO IHS OU MU ot) 13,6 HOT Eat OP LO PS CMS 2 T0 R 05 1:97 548 D Re 0: 288 05 22 ES 6540 AT 2517 k,4 En tenant compte des observations faites plus haut, on peut construire des courbes et constater que la récolte de levure pour 100 d'alcool formé est plus élevée sur mercure dès le début, et que le rapport de consommation n’est pas modifié par la présence du métal. D’autres expériences ont montré que la récolte de levure aug- mente comme la surface de contact entre le moût et le mercure. Par exemple, en faisant varier la quantité de mercure, on obtient, pour un même poids d'alcool formé : 9 Surface de contact en centimètres carrés. (sans mercure) 95cm? 104ecm? 113 em? Levure pour 100 d'alcool formé. . . . 8,9 9,2 9,8 9,9 INFLUENCE DU MERCURE SUR LA FERMENTATION ALCOOLIQUE 747 Ces résultats ont été confirmés par une autre expérience, dans laquelle un même volume de mereure présentait des surfaces de contact différentes, grâce à la forme dissemblable des fonds plats. L'influence favorable du mercure sur la prolifération de la levure s'explique aisément si l’on dose l’acide carbonique qui, contenu dans les moûts soit en dissolution, soit en sursaturation, gène la prolifération de la levure ainsi que l’ont montré de nom- breux expérimentateurs (1). La méthode publiée par M. DE- JEANNE (2) permet d'effectuer ce dosage très facilement et très correctement; ici encore, il y a lieu de comparer les fermentations lorsque la quantité d’alcool formé est la même, car la proportion d’acide carbonique dissous varie au cours de la fermentation. On constate alors que dans les fermentations en présence du mercure, le liquide contient moins d’acide carbonique que celui fermenté en l’absence de métal, par exemple 08r 062 % avec mercure contre 0er 224 % sans mercure. Il faut d’ailleurs remarquer que, durant ces expériences faites dans un laboratoire situé en contrebas d’une rue passagère, les trépidations ont certainement favorisé cette action du mercure. Pour montrer que l'augmentation du poids de levure par le mercure est bien due à la présence d’un métal dans le moût et que ce phénomène est purement physique, il était intéressant d'étudier l’action d’autres agents solides. Le platine, que l’on peut considérer comme inattaquable, détermine le même accrois- sement de récolte dès le début du développement; le moût con- tient moins d’acide carbonique en présence du platine qu’en l'absence de ce métal, et le rapport de consommation n’est pas modifié. Les matières poreuses, telles que le kieselguhr et le papier à filtres, augmentent la production de levure. Mais, avec tous ces corps, la fermentation se déclare aussi vite qu’en leur absence : ceci montre que le retard occasionné par le mercure est uniquement attribuable à la formation de sels toxiques. (1) Duczaux, Microbiologie, t. III, p. 301 à 317 et p. 519. (2) Bull. Société Chimique, 1913, t. XIII, p. 556 (Voir Ann. Se. Agr., 1913 (2), p. 106). 748 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ACTION DU MERCURE SUR LA FONCTION FERMENT DE LA LEVURE Deux expériences, dont les résultats détaillés sont indiqués plus haut, permettent de constater que le pouvoir électif de la levure vis-à-vis des deux sucres, glucose et lévulose, provenant du dédoublement du saccharose, c’est-à-dire le rapport de con- sommation, n’est pas changé par la présence du mercure dans le moût, à condition de comparer les fermentations au même état d'avancement. En employant un moût sucré à 5 % légèrement acidulé (0cme 5 d'acide sulfurique normal pour 100 centimètres cube de moût), . on peut obtenir une récolte de levure très faible en présence du mercure; néanmoins l’action de la zymase n’est pas entravée et tout le sucre fermente au bout d’un certain temps : Date de l'analyse Levure Alcool après l’ensemencement sèche en poids grammes grammes 3 jours. Moût naturel sans mercure. . . . . . . (0,230 (perdu) 3 — Moût acidulé sans mercure. . . . . . : 0,247 2,45 18 — Moût acidulé avec mercure. . . . . . . (0,079 2,41 Si l’on met un liquide sucré au contact de levure toute déve- loppée, en quantité telle qu’elle n’ait plus de tendance sensible à proliférer, on n’observe aucune différence appréciable entre la fermentation du moût naturel A, celle du moût au contact du mercure B, et celle d’un moût C contenant les sels de mercure pouvant exister dans la fiole B. Perte de poids après: 25bt/q 50 heures 95 heures grammes grammes grammes + OR MEL ET AU. de: 5,39 6,94 8,14 | See ÉCRAN PR CON PME 7,50 8,10 ‘as 4,40 6,40 7,80 En résumé, le phénomène observé par MM. Linper et AMMANN INFLUENCE DU MERCURE SUR LA FERMENTATION ALCOOLIQUE 749 est dû à des actions essentiellement mécaniques; si la dose des sels de mercure, dont on ne peut éviter la formation, n’est pas trop élevée, le mercure agit comme agent solide, détruisant la sursaturation de l’acide carbonique, permettant à la levure de mieux respirer et par conséquent de mieux végéter. D'autre part, les sels et le métal ne semblent avoir aucune action ni sur la fonction ferment, ni sur le pouvoir électif (1). (1) Un mémoire plus détaillé paraîtra dans les Annales de l’Institut Na- tional Agronomique. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE Par A. BARBEY EXPERT FORESTIER CORRESPONDANT ÉTRANGER DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE (Suite) (1) Galeruca alni L. Coréorr., Chrysomelidæ (Agelastica alni) [PI. VIE, fig. 1] Galéruque ou Chrysomèle de l’Aune Longueur : 5 à 6 millimètres. D’un beau bleu métallique sur le dos, cet Insecte a la face inférieure noire, son corselet est plus large que long, fortement rétréci sur le devant, de même que les élytres; il est grossièrement et éparsément ponctué. La Larve qui, adulte, mesure 12 millimètres, est noire avec reflets verdâtres, fortement pileuse, la tête est aplatie. On remarque que chacun des anneaux thoraciques porte une paire de fortes pattes. Tous les anneaux thoraciques et abdominaux sont relevés de chaque côté de la ligne médiane en une petite verrue allongée transversalement. L’Insecte parfait hiverne et apparaît au moment où la végétation s’épanouit pour déposer par paquets sur les feuilles des œufs jaunes. Au bout d’une ou de deux semaines environ, les jeunes Larves éclosent; leur existence dure approxima- tivement un mois et pendant ce temps, elles s’attaquent aux feuilles, comme c’est du reste aussi le cas pour les Insectes parfaits. Les uns et les autres « squelettent » les feuilles d’Aune, (1) Voir Annales de la Science agronomique, 1911, 2° semestre, n° 5, p. 348; n° 6, p. 419 ; 1912, 1eT semestre, n° 3, p. 181; n° &, p. 241; n° 6, p. #26; 29 semestre, n° 3, p. 167; n° &, p. 271; n° 5, p. 348; n° 6, p. 420; 1913, 127 semestre, n° 5, p. 379; 2€ semestre, n° 3, p. 293 ; n° &, p. 420; n°5; p. 583: ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 751 comme le montre la figure 344. L’hivernement et la chrysali- dation se passent sous terre et il arrive parfois qu’on découvre au milieu de l'été, sur les feuilles d’Aunes, la Chrysomèle sous Fig. 344. — Feuilles d'Aune ravagées par la Galeruca alni L. 3j4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). ses trois formes; c’est la preuve que la femelle a une longue période de ponte. La Galeruca alni L. est un Insecte excessivement commun et répandu dans toute l’Europe; il attaque exceptionnelle- ment les Saules et les Peupliers. 752 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il est évident, comme le fait se présente à la suite des dépré- dations de tant de ravageurs phytophages qui agissent surtout au commencement de la période de végétation, que les essences à feuilles caduques peuvent, dans une certaine mesure, recons- tituer leur frondaison sous l’influence de la sève d’août ou en tous cas, l’année suivante. Il résulte donc en premier lieu, de l'apparition des Galéruques qui opèrent en masse, une dimi- nution d’accroissement, rarement le desséchement de certaines branches ou de tiges d’Aunes. Moyens préventifs. — Il ne saurait être question d’immuniser une plantation d’Aunes pour la tenir à l’abri des attaques de la Chrysomèle. Fig. 345. — Psyla alni L. sur des feuilles d’Aune, 1/1 gr. nat. (orig.). Moyens répressifs. — Dans certains peuplements, les parcs en particulier, on peut se donner la peine de secouer sur des draps les branches sur lesquelles les Insectes parfaits sont fixés, puis on incinère ces derniers sur place. Une opération 9] ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 7193 aussi minutieuse et coûteuse ne pourra guère être exécutée en forêt (1). Un Pou très commun sur les feuilles d’Aunes, le Psylla alni L., est facilement reconnaissable à la carapace cireuse d’un blanc de neige qui recouvre les Larves (fig. 345). L’Insecte parfait est d’un vert bouteille et très mobile. Nous avons rencontré ce Rhynchote en grande abondance jusque dans ies stations les plus élevées de lPAune blanc dans les Alpes valaisannes (Suisse); il attaque également l’Aune vert, mais ne provoque guère de dégâts appréciables. Nematus septentrionalis L. Voir : Chapitre des Bouleaux. Parmi les Insectes de la famille des Tenthredinides, la Selan- dria ovata Li. peut encore être rangée au nombre des ravageurs de PAune. En effet, la Larve de cet Hyménoptère commence par percer des trous circulaires dans l’épiderme de la feuille: elle agrandit toujours davantage ces ouvertures jusqu'à ce que la feuille soit dévorée presque entièrement. Apoderus coryli L. Bombyx neustria L. Phalera bucephala L. Tortrix ferrugana Tr. Voir : Chapitre des Chênes. Liparis dispar L. Voir : Chapitre du Hêtre. Orgya antiqua L. Voir : Chapitre des Bouleaux. (1) La Chrysomela ænea L., espèce voisine, à l'aspect d’un vert métal- lique plus ou moins foncé, provoque à peu près les mêmes ravages; elle est beaucoup moins répandue et moins connue au point de vue biologique que la Galeruca alni L. Une Tortricide aussi rare que peu importante, la Tortrix cratægana Hbn., peut occasionnellement s'attaquer, sous forme de Chenille, aux feuilles d’Aunes. ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SERIE — 191% — II 48 754 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 17. Saules‘ RACINES Les Saules sont rarement cultivés en pépinière, mais plutôt propagés par boutures d’osiers qui sont directement mis à demeure. Le forestier a donc bien rarement l’occasion de cons- tater des ravages d’Insectes sur les racines des Saules dont certaines espèces (Saule Marceau, par exemple) poussent spon- tanément en forêt. Il est évident que certains ravageurs des radicelles tels que le Ver blanc et d’autres Insectes que nous avons décrits dans cette catégorie peuvent occasionnellement détériorer les jeunes oserales. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Hylobius abietis L. Voir : Chapitre des Pins. Cryptorrhynchus Lapathi L. Voir : Chapitre des Aunes. Callidium pygmæum Fabr. Coréopr., Cerambycidæ (Gracilia minuta Fabr.) Longueur : 4,5 à 6 millimètres. On reconnait ce Longicorne (1) Nous nous dispensons d'indiquer les noms des multiples espèces et hybrides du genre Salix. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 755 aux caractères suivants : Il est de couleur brune avec fine pilosité grisâtre; son corselet, qui n’est pas épineux sur les côtés, Fig. 346. — Tiges d'Osier ravagées par la Larve du Callidium pygmæum Fabr. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 756 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE est plus long que large, à peine plus élargi que la tête, rétréci postérieurement et finement ponctué. Les élytres étroits, plutôt aplatis, sont superficiellement et éparsement ponctués. Le Callidium pygmæum Fabr. est polyphage, mais assez commun sur les rejets et branches des Saules. La ponte est déposée par tas à la naissance des rameaux et la jeune Larve commence par pratiquer des galeries sinueuses dans les couches libéreuses (fig. 346). Devenue adulte, elle s’enfonce dans l’aubier et s’y chrysalide dans un berceau à section elliptique. Au bout de deux ou trois ans seulement, comptés à partir de la ponte, l’Insecte parfait gagne le dehors en forant un orifice également ovale. Le plus souvent ce Longicorne s'attaque à des Saules en voie de dépérissement, principalement à des branches cassées ou coupées, de sorte que sa nocuité est minime. INTÉRIEUR DU BOIS Lamia textor L. Coréorr., Cerambycidæ Longueur : 14 à 20 millimètres. Nous avons déjà parlé dans le chapitre de l’Épicéa de deux Insectes du groupe des Lamiites (Lamia sartor Fabr. et L. sutor L.). Le Lamia textor L., espèce propre aux Saules, se distingue par sa couleur noire et sa forme trapue. Son corselet chagriné porte de chaque côté une protu- bérance épineuse horizontale et dirigée en dehors. Les antennes ne sont pas plus longues que le corps entier, leur deuxième article, épaissi, est aussi long que le quatrième. Les élytres sont recouverts d’une ponctuation fine, dense et granuleuse, avec pilosité éparse présentant parfois des taches jaunâtres. La Larve de ce Cérambycide fouille l’écorce et le liber des troncs et branches de Saules, exceptionnellement d’autres feuillus, recherchant de préférence le bois sain. Les dégâts sont plus appréciables dans les oseraies qu’en forêt, ce fait nous dispensera de nous étendre plus longuement. sur les mœurs de ce ravageur. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 757 Cerambyx moschatus L. Coréorr., Cerambycidæ (Aromia moschata Serv.) Longueur : 15 à 30 millimètres. On identifie très facilement Fig. 347. — Cerambyx moschatus L. dans le bois de Saule. a, galeries larvaires ; b, Insecte parfait dans le berceau de nymhose. 3/4 gr. nat. (orig.). ce Longicorne dont la couleur d’un bleu verdâtre le place parmi les plus beaux Insectes du monde des bois. Les antennes du mâle, également bleuâtres, sont plus longues que celles de la 758 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE femelle. Chez les deux sexes, le corselet est de forme triangu- laire, sa sculpture et sa couleur varient suivant les individus. Les élytres chagrinés sont à leur naissance deux fois plus larges que la partie postérieure du corselet, puis se rétrécissent vers leur extrémité et sont ornés de lignes longitudinales à peine visibles. La Larve qui, adulte, mesure 30 à 35 millimètres de longueur, ressemble beaucoup à celle du Cerambyx Scopoli Laïich., elle est pourvue de pattes et presque glabre. Le Cerambyx moschatus L. vit, comme l’espèce précédente, dans les Saules et pénètre parfois assez profondément dans le boïs sain où la Larve laisse derrière elle des galeries à section ovale et remplies de détritus ligneux. Ce sont surtout les souches des oseraies qui sont recherchées par ce Xylophage plutôt rare et peu important au point de vue de l’économie forestière. Oberea oculata L. Coréorr., Cerambycidæ (Saperda oculata L.) Longueur : 15 à 20 millimètres. Cette Saperde, propre aux Saules, se distingue par son corselet d’un jaune rougeâtre, sans protubérances latérales et présentant deux points noirs sur le disque. Le tête et les antennes sont foncées, ces dernières ne sont pas tout à fait aussi longues que le corps qui est allongé et cylindrique. Les élytres sont noirs avec des lignes profondes ornées de points et taches jaunes sur la partie antérieure; les pattes et le corps sont également jaunes. L’essaimement de ce Longicorne se produit en juin ou juillet, époque à laquelle la femelle dépose ses œufs individuellement dans les anfractuosités de l’écorce. La jeune Larve, après avoir pénétré à l’intérieur des couches corticales, s’enfonce jusqu’au centre de la branche, puis fore un couloir presque cylindrique atteignant parfois 30 centimètres de longueur. Le plus souvent ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 759 il est dirigé de bas en haut, parfois en sens inverse. La nymphose a lieu à l'extrémité de cette galerie longitudinale qui est en Fig. 348. — Tige d'Osier avec forage de la Larve de l’'Oberea oculata L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). général forée dans les tiges d’osier ou les branches de Saules âgées de deux ans. La conséquence de ces détériorations est le dessèchement des branches ou des tiges infestées. 760 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Dans les oseraies on pourra utilement couper et incinérer sur place les parties atteintes en automne pendant que l'animal est encore dans sa cachette. Saperda populnea L. Voir : Chapitre des Peupliers. Ptilinus pectinicornis L. Voir : Chapitre des Chênes. Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier. Cossus ligniperda L. Lépinorr., Bombycidæ (Cossus cossus L.)[PI. VI, fig. 7] Cossus qgâte-bois Longueur, Papillon étalé : 50 à 70; @ : 70 à 90 millimètres; Chenille adulte : 80 à 100 millimètres. L’apparence générale du corps est d’un gris blanchâtre avec thorax encerclé de noir à la partie postérieure. Les ailes antérieures sont ornées de taches transversales d’un brun foncé velouté (fig. 349), tandis que les postérieures présentent des ondulations de même teinte, mais moins importantes et plus effacées. La Chenille ne peut être confondue avec aucune autre des Papillons vivant dans la matière ligneuse (PI. VIIT, fig. 7). Munie de seize pattes, elle est de couleur brune ou carminée sur le dos; les flancs et la partie inférieure sont jaunes. La tête est large, d’un brun foncé; la plaque chitineuse dorsale du premier anneau thoracique est divisée en deux par un sillon longitudinal. La tête et chacun des anneaux sont munis de poils fins disposés en lignes transversales. Une caractéristique de cette Chenille est l’odeur pénétrante et désagréable qu’exhale son corps. Le Cossus gâte-bois est à la fois le plus polyphage des Papil- «“ Lu] ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 761 lons forestiers et le plus gros des ravageurs qu’on trouve dans les forêts de l’Europe. Nous avons déjà mentionné ce Lépi- doptère dans presque tous les chapitres des essences feuillues et l’on peut affirmer que presque tous les arbres à feuilles cadu- Fig. 349. — Papillons du Cossus ligniperda L. 1/1 gr. nat. (oriq.). ques de nos forêts le tentent. Il y a lieu de remarquer qu'il évite de s’attaquer en général aux Conifères, probablement à cause de la résine qu'il redoute. A l’aide de son oviscapte la femelle dépose en juin ou juillet ses œufs par paquets dans les crevasses des grosses et vieilles écorces, de préférence au bas du tronc, souvent au niveau du sol. Après un forage de quelques semaines dans l’écorce, la Chenille, qui augmente de volume et par conséquent de vigueur, pénètre dans le bois sain ou en voie de putréfaction et pratique, en remontant le tronc, des couloirs sinueux, embrouillés, rem- plis de sciure, et d’une section elliptique. L'animal hiverne deux fois sous la forme larvaire et la chrysalidation se produit en mai de la troisième année, en général à l’extrémité d’une galerie. 762 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Au moment de sortir, le Papillon entraîne avec lui le cocon qui, de même que celui des Sésies, reste à moitié engagé dans l’orifice pratiqué par l’Insecte parfait (fig. 350). Dans certains cas, la # PRIT OT TIR" OR NT Le Fig. 350. — Tronc de Saule fouillé par la Chenille du Cossus ligniperda L. a, Papillon opérant sa ponte; b, Chenilles semi-adultes; ©, Chrysalides à l’onifice de sortie. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). nymphose a lieu dans la couverture morte, alors la Chenille se niche dans un cocon ovoide formé de débris ligneux qu’elle recueille au pied du trone, à l’origine d’un réseau de galeries larvaires. Les conséquences de ces ravages très communs sont plutôt ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 763 d’ordre technique. En effet, le Cossus gâte-bois prépare les végé- taux parfois en plein épanouissement à être décimés par d’autres facteurs, tels que bris de neige, coups de vent, champignons, etc. Le sylviculteur est rarement aux prises avec ce Lépidoptère que les jardiniers et arboriculteurs se contentent d’anéantir en brûlant et écrasant les Chenilles qu’ils trouvent lors du débitage des bois infestés. Sesia formicæformis Esp. Lépinorr., Sesuidæ Longueur, Papillon étalé : 18 à 20 millimètres. La couleur Fig. 351.— Forage de la Sesia formicæformis Esp. dans une tige d'Osier partagée en deux. a, Chenilles adultes; b, base de la galerie larvaire. 1/1 gr. nat. HE, coll. Standfuss, Zurich). 764 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE dominante de ce Lépidoptère est bleu noir avec l’anneau abdominal 4, la partie inférieure du cinquième et parfois, chez le mâle, le sixième ainsi que la bordure antérieure des ailes de ES PE CRE 5 Fig. 35%.— Ravages de la Chenille de la Sesia crabroniformis Lew. dans une branche de Saule. 1f1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). devant d’un rouge brique. La face dorsale des deuxième et troisième anneaux est saupoudrée de jaune. La Chenille, du même type que celle des autres Sésies que nous avons décrites dans les chapitres précédents, commence par forer légèrement les couches corticales, puis pénètre direc- tement dans la moelle des rejets et branches ayant 2 à 4 centi- : INR ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 10 mètres de diamètre et se chrysalide à l'extrémité de la galerie larvaire remontante (fig. 350) (Azrum, 1885, p. 1 à 12). La dernière métamorphose se produit le plus souvent dans les couches ligneuses externes et le cocon vide, comme c’est le cas chez les autres Sésides, demeure à moitié engagé dans l’onfice de sortie. De même que la Sesia crabroniformis Lew. dont nous reprodui- } ER re E 7 Fig. 353. — Couloirs du Xyphidria dromedarius Fabr. dans le bois de Saule. 1/2 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). sons les travaux de forage (fig. 352), cette espèce est rare et pres- que sans importance pour la conservation des forêts, car l’une et l’autre s’attaquent surtout aux oseraies. Le Xyphidria dromedarius Fabr. est un Sirex peu connu qui attaque le bois de Saule et y pratique des galeries larvaires 766 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE qu'il n’est guère possible de distinguer de celles creusées par les autres espèces de ce genre (fig. 353). Nous mentionnons dans cette catégorie de ravageurs des bois de Saules, un Diptère, la Cecidomyia saliciperda Duft., dont la femelle dépose ses œufs par chaînons sur les branches et le tronc. Les jeunes Larves perforent l'écorce et atteignent perpendiculairement les couches cambiales précisément au Fig. 354. — Coupe à travers une branche de Saule déformée par la Cecidomya saliciperda Duft. a, épaississement de l'écorce; b, cellules larvaires de l’année; e, cellules de l’année pre- cédente à moitié bouchées par l'accroissement du bois. 1/1 gr. nat, (oriq.). moment de la formation de la couche ligneuse printanière. L'animal hiverne dans une niche et, au mois d’avril, l'écorce en éclatant, permet à l’Insecte parfait de gagner le dehors. Lorsque le dommage encercle la plus grande surface du pourtour de la tige, le recouvrement ne se fait pas facilement et cette der- nière sèche. Dans les oseraies, ces dégâts sont sérieusement redoutés. Xylocopa violacea L. Hyménorr., Anthophora Xylocope violacée Longueur, ailes étalées : 2,5 à 3,5 millimètres. La Xylocope violacée rappelle le Bourdon, mais son abdomen est plus mince et plus velu et ses ailes sont plus foncées avec des reflets métal- ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 767 liques bronzés (fig. 355). La base du troisième article des antennes est amincie en forme de pédicule, ce segment est aussi long qu’ les trois suivants réunis. Suivant Réaumur (1742, p. 33), la femelle voltige au premier printemps et en juillet; cet Insecte aurait donc deux généra- tions par an, mais il est fort probable que dans certaines régions, une seule arrive à maturité. La Xylocope recherche les poutres, troncs et branches en ee tie ee Rod > A LES Lo : 1 CRE 2 ; > STE ll Fig. 355. — Xylocopa violacea L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). voie de décomposition et fore un couloir qui est d’abord dirigé vers l’axe du tronc, mais ne tarde pas à prendre une direction longitudinale. Cette galerie maternelle peut avoir jusqu’à 30 centimètres de longueur et mesure 6 à 8 millimètres de dia- mètre. Dans la partie inférieure de cette galerie, la femelle dépose un amas de pollen mélangé à du miel, puis y pond un œuf. Ensuite elle construit immédiatement au-dessus, à environ 1 centimètre, un plafond avec anneaux -concentriques faits de sciure de bois agglutinée avec de la salive. Ce plafond constitue aussi le plancher d’une deuxième cellule qui reçoit également une provision de nourriture et un œuf. Ces différentes loges peuvent être au nombre de douze, parfois moins. La Larve sortie de l’œuf mène une existence de recluse, car elle se nourrit pendant trois semaines environ des provisions qui lui ont été amassées par sa mère, puis elle subit ses métamorphoses en Chrysalide et en Insecte parfait. D’après BREHM (1892, p. 242), lorsqu'il s’agit de la seconde génération, l’Insecte parfait né dans la cellule inférieure attend, pour gagner le dehors, que les autres individus plus jeunes 768 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE aient pris leur essor en remontant la galerie. Par contre, en août, lorsque la première génération arrive à son complet déve- Fig. 356.— Système de couloirs de la Xylocopa violacea L. dans un tronc de Saule. a, plafond % de la cellule; b, Nymphe; ce, boulette de pollen, 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich), loppement, les Xylocopes les plus âgées n’attendent pas néces- sarement que leurs sœurs, nées au-dessus d'elles, aient perforé ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 769 les plafonds des différentes cellules; à laide de leurs mandibules, elles pratiquent souvent, chacune pour son compte, une galerie Fig. 357. — Tronc de Saule présentant des systèmes rapprochés de galeries de la Xylocopa g: 907 L P Ysl ppro q y I violacea L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). transversale qui par les chaleurs'de l'été, leur permet de gagner, rapidement et indépendamment les unes des autres, le dehors où elles peuvent alors butiner sur les plantes leur offrant du nectar. AXNN. SCIENCE AGRON, — 4° SERIE — 1913 — II 49 770 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Comme on le voit par cette brève description des mœurs si curieuses de cet Insecte, et par l’examen des figures 356 et 357, le travail de la Xylocope est fort singulier et ingénieux, il cons- titue une véritable merveille biologique dans le monde des Insectes xylophages. C’est à ce titre seulement que nous signalons cet Hyménoptère qui, au point de vue forestier, est très peu nocif. RAMEAUX Vespa crabro L. Voir : Chapitre des Frênes. Fig. 358. — Déformation corticale d'une branche de Saule par le Nematus pentandræ Ratz. 1/1 gr. nat. (orig.). ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE =] LS | — Cimbex variabilis Klug. Voir : Chapitre du Hêtre. Un Hyménoptère, le Nematus pentandræ Ratz., provoque des déformations corticales sur les rameaux de Saules (fig. 358) (1). BOURGEONS Un Curculionide, le Barypeithes araneiformis Schrk., est un Insecte polyphage qui peut occasionnellement ravager les bour- geons des Saules. Enfin la Larve d’un Diptère, la Tipula pra- tensis L., est à ranger dans la même catégorie. FEUILLES Galeruca capreæ L. Coréopr., Chrysomelidæ Galéruque du Saule Longueur : 5 à 6 millimètres. Ce Coléoptère porte un corselet jaunâtre dont les angles postérieurs sont coupés en biais. Les élytres, de la même teinte que ce dernier, sont densément ponctués, mais sans lignes relevées. La tête, le thorax, l'abdomen et les cuisses sont noirs. La Galéruque du Saule est un Phytophage polyphage dont la Larve « squelette » les feuilles. Le ravage est continué par l’Insecte parfait qui entame en général le bord de la feuille et perfore cette dernière (KRoHE, 1886, p. 193 et 243). On compte une, deux ou trois générations par an. La Galeruca lineola Fabr. provoque à peu près les mêmes ravages sur les feuilles des osiers. Dans la même catégorie d’Insectes ravageant les feuilles, (1) Nous nous bornons à mentionner encore les Cecidomyia salicis Schrk. et C. terminalis H. Low. dont la description sort des limites de notre do- maine d’'Entomologie forestière. 142 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE nous plaçons encore quatre autres Chrysomélides qui n’ont qu’une importance absolument secondaire en économie fores- tière, ce sont : Chrysomela vulgatissima L., C. viennensis Schrk., C. vitellina L., C. versicolora Laich. D’après Jupeicx et NITSCHE Fig. 359. — Feuilles de Saule Marceau rongées par la Galeruca capreæ L. 1/1 gr. na. (oriq.). (1895, p. 600-605), ces Insectes hivernent sous la forme parfaite dans la couverture morte et l’on compte deux, parfois trois générations dans l’espace de douze mois. Les dégâts sont causés à la fois par les Larves et par les Insectes parfaits. Lina longicollis Suffr. Rhynchites populi L. Orchestes populi Fabr. Voir : Chapitre des Peupliers. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 7173 Rhynchites betuleti Fabr. Voir : Chapitre des Bouleaux. Fig. 360. — Feuilles de Saule « squelettées » par la Chrysomela versicolora Laich. a, Insectes occupés à ronger. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). Galeruca alni L. Voir : Chapitre des Aunes. Halias chlorana L. Lépinorr., Cymbideæ Longueur, Papillon étalé : 20 à 22 millimètres; Chenille 20 à 25 millimètres. Ce Papillon peut être confondu avec la Tordeuse du Chêne dont il a la même couleur verte dominante. La tête, les ailes postérieures, l’abdomen et la bordure anté- rieure des ailes de devant sont blancs. La Chenille, renflée en son milieu, est blanchâtre avec une bande longitudinale brune plus ou moins interrompue sur chacun des côtés; la tête est également brune avec col blanc sur le premier anneau thoracique. | La Chenille apparait probablement deux fois par an et réunit ensemble plusieurs feuilles de Saules par un réseau de fils à peine 114% ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE visibles de l’extérieur. Elle dévore partiellement ce faisceau de feuilles et ne craint pas de ronger également le bourgeon terminal autour duquel les feuilles ont été réunies. Le dommage est peu important; dans les oseraies il est facile de couper ces nids, puis de les incinérer sur place avec la Chenille unique que chacun d’eux renferme. Fig. 361. — Nid de la Bombyx neustria L. sur une branche de Saule Marceau. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Paulv, Munich). à Liparis chrysorrhoea 1. Liparis sumilis Fussl. x = ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 775 Orgya pudibunda L. Bombyx neustria L. Phalera bucephala L. Geometra brumata L. Voir : Chapitre des Chênes. Liparis dispar L. . Voir : Chapitre du Hêtre (1). Liparis salicis L. Lépinopr., Pombycidæ (Dasychira salicis L.) [PI VIIL, fig. 9, 9 a] Bombyce du Saule Longueur, Papillon étalé, @ : 50 à 52; ': 40 à 45 millimètres: Chenille : 40 à 45 millimètres. Ce Bombycide est facilement reconnaissable à sa dimension, à la couleur d’un blanc laiteux de ses ailes dont la frange des antérieures est d’une teinte jaune citron (surtout dans les exemplaires de collection). Les tibias et tarses ont des cercles noirâtres. La Chenille, munie de seize pattes, a la face inférieure et les côtés d’un gris sale. On remarque sur le dos de chaque anneau une rangée transversale de six verrues étoilées d’un brun rouge et portant de longs poils. Les deux verrues médianes sont plus développées que les quatre autres, et entre elles se trouve, exactement sur la ligne médio-dorsale, un point blanc ou jaune clair; il est remplacé dans chacun des anneaux #4 et 5 par deux verrues noires ayant une base commune. Ce Papillon, qui est plutôt commun en Europe, essaime en juin ou juillet et dépose ses œufs par paquets sur lécorce des Saules et parfois des Peupliers. Les Chenilles apparaissent soit à la fin de été, soit seulement le printemps suivant; elles hiver- nent dans les crevasses de l'écorce. (1) Deux autres Papillons de la famille des Rhopalocera, les Vanessa polychloros L. et V. antiopa L., ravagent également les feuilles d'Osiers. 110 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Les dégâts sur les feuilles sont néfastes, surtout s’ils se pro- duisent dans l'intervalle compris entre le mois de mai et celui de juillet, car, durant cette période, les Chenilles ne se contentent pas seulement de « squeletter » mais parfois de dévorer les feuilles jusqu’à la naissance du pétiole. La nymphose a lieu le plus souvent dans la frondaison ou sur le tronc, l’animal s’entourant pour cette transformation d’un léger réseau soyeux. La Liparis salicis L. apparait en général par invasions et devient nocive surtout dans les oseraies où elle peut anéantir la feuillaison d’une saison. [Il est possible de lui faire la guerre en raclant les œufs, en écrasant les Chenilles ou les Cocons fixés aux branches. Deux Hyménoptères, le Nematus septentrionalis L. (dont nous avons donné la description dans le chapitre des « Bouleaux ») et le N. salicis L., sont, à l’état larvaire, également nuisibles aux feuilles de Saules. 18. Alisiers et Sorbiers Sorbus aria Crantz., S. scandica L., S. latifolia Pers., S. chamæmes- pilus Crantz., S. terminalis Crantz., S. hybrida L., S. aucupara L. Si le nombre des espèces de ce genre est élevé, il n’en est pas de même des Insectes qui semblent redouter particulière- ment les Sorbiers et les Alisiers pourtant si répandus dans les taillis. Il nous est impossible de donner une liste exacte des Insectes qu'on peut trouver accidentellement sur les différents organes de ces essences feuillues. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 7171 Jamais nous n'avons pu constater, par exemple, des Bostry- ches en activité sur l’écorce des Alisiers ou des Sorbiers sains, probablement parce que le bois de ces essences exhale une odeur très prononcée qui éloigne les Xvylophages. Il est fort possible que l’un ou l’autre des ravageurs de l'écorce et du bois puisse fortuitement pénétrer dans le tronc ou les branches à moitié desséchées et brisées par le vent ou la neige, mais ce sont là des cas exceptionnels qui ne peuvent être envisagés dans ce « Traité ». De même, certains Buprestes (A grilus viridis L. par exemple) ont été également trouvés dans l’écorce des Sor- biers. En ce qui concerne les dégâts observés sur les feuilles, nous ferons remarquer que plusieurs des Lépidoptères polyphages qui ont été mentionnés dans les chapitres précédents peuvent, lorsqu'ils apparaissent en masse dans les chênaies ou les hêtraies, s'attaquer occasionnellement et par erreur ou par besoin aux feuilles de certains Sorbiers ou Alisiers poussant dans les peu- plements contaminés. Nous citerons comme rentrant dans cette catégorie en particulier la Nonne et, parmi les Coléoptères, le Hanneton. En résumé les Sorbiers et les Alisiers européens sont, parmi les essences feuillues de la forêt, celles qui ont le moins à pâtir des ravages dus aux Insectes. 19. Robinier ou Acacia Robinia pseudo-acacia L. Le Robinier est aussi très pauvre en Insectes; cependant, il compte quelques espèces monophages que nous indiquons ci-dessous. 1 =] (®,+] ANNALES .DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE RACINES Mèêmes rongeurs que ceux mentionnés dans les chapitres précédents. ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES Hylesinus jraxinr L. Voir : Chapitre des Frênes. INTÉRIEUR DU BOIS Un Coléoptère encore très peu connu de la famille des Scara- bæidæ, le Valgus hemipterus L., recherche les essences feuillues pour y déposer sa ponte, en particulier le bois de Robinier et de Chêne. Les Larves fouillent le bois en voie de décomposition et forent des couloirs à section elliptique (fig. 362). Les piquets de Chêne, Châtaignier et Robinier sont parfois attaqués par cet Insecte précisément au niveau du sol et sous terre, là où la pourriture commence. Xyleborus dispar Fabr. Voir : Chapitre des Érables. Xyleborus Saxeseni Fabr. Voir : Chapitre du Sapin. Xyloterus domesticus L. Voir : Chapitre des Bouleaux. Cossus æsculi L. Voir : Chapitre du Châtaignier. RAMEAUX Une seule espèce semble déformer les rameaux des Robiniers, c’est un Coccide, le Lecanium robiniarium Dougl., dont les Larves ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 174 sucent les feuilles tendres et aussi l'écorce des rameaux en voie de formation (1). L Fig. 362. — Branche de Robinier (Acacia) fouillée par la Larve du Valgus hemipterus L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). FEUILLES Noctua aceris L. Voir : Chapitre des Érables. (1) Pas de ravageurs des Bourgeons 780 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Melolontha vulgaris L. Melolontha hippocastani Fabr. Voir : Chapitre des Chênes. GRAINES Les graines du Robinier peuvent être ravagées par un Coléo- ptère, le Brachus villosus Fabr., qui, sous la forme parfaite, pénètre = LE TRE Z DRE | Fig. 363. — Gousses du Robinier (Acacia) avec ravages du Bruchus villosus Fabr. 1/1 gr. nat. (oriq.). dans la gousse et y dévore les graines tendres (fig. 363). La Chenille de la Tinea sericopeza ZM. commet aussi les mêmes dégâts. INSECTES UTILES Les Insectes utiles sont en infime minorité comparativement aux centaines d'espèces de ravageurs dont nous avons étudié ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 781 les principaux représentants dans ce Traité. Certains Insectes sont les auxiliaires indirects des forestiers, en ce sens qu'ils vivent aux dépens des ravageurs des bois. Plusieurs de ces derniers — nous l’avons vu en décrivant l’évolution de la Nonne, par exemple — pâtissent également d'infections ceryptogami- ques qui provoquent des maladies chez les ravageurs et souvent l'arrêt complet d’une invasion. Nous ne pouvons allonger démesurément notre étude’ en énumérant tous les Insectes qui vivent aux dépens des Insectes nocifs; qu'il nous suffise de signaler, parmi les Coléoptères, les Calosoma sycophanta L. (PI. V, fig. 8 et 8 a) et C. inquisitor L.., deux Carabides qui, soit à l’état de Larve, soit à celui d’Insecte parfait, dévorent les Chrysalides et les Chenilles de la Ziparis dispar L. du Bombyx puni L. et de la Liparis monacha L. Parmi les Staphilins, on peut signaler le Staphylinus erythropterus L. qui se jette sur les Insectes morts ou sur ceux qui sont arrêtés dans leur évolution par une cause quelconque. Enfin le Clerus formicarius L. (PI. V, fig. 9 et 9 a) fait la chasse, dans les galeries de l'écorce, aux Larves et Nymphes de certains Bostryches, Pissodes et Cérambycides. Certains Diptères, les Tachines par exemple, jouent un rôle important comme entomophages, en ce sens qu’ils déposent sur les Larves, Chenilles ou Nymphes leurs œufs dont les Larves minuscules pénètrent dans leurs hôtes, y opèrent une partie de leur évolution et provoquent la mort rapide des Insectes aux dépens desquels ils tirent peu à peu leur nourriture. Mais ce sont incontestablement les /chneumons (Hyméno- ptères) qui jouent un rôleimportant dans l’existence des Insectes forestiers. En effet, ces parasites vivent à l’état larvaire sur les Insectes de tous les ordres qui opèrent des ravages en forêt. Les Ichneumons sont ou monophages ou polyphages et se répartissent en un nombre considérable de groupes, de genres et d'espèces. Enfin les Fourmis sont utiles en faisant la chasse à une foule de ravageurs des bois. Nous ne pouvons entrer dans d’autres considérations de détail touchant les Insectes nuisibles dont l’évolution présente 182 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE parfois un intérêt capital, lors des invasions de Chenilles des Bombycides par exemple. Le lecteur aura l’occasion de prendre connaissance de ces procédés prophylactiques dans les « Conclusions ». CONCLUSIONS Le lecteur qui nous aura suivi Jusqu'ici dans la description des Insectes nuisibles aux essences de la forêt européenne, aura acquis la conviction que chaque espèce d’arbre réagit diffé- remment contre les ravageurs xylophages ou phytophages. A part quelques exceptions (Cossus ligniperda L., Xyleborus dispar Fabr., Liparis dispar L., Melolontha vulgaris L., etc.), on peut affirmer que chaque Insecte qui vit aux dépens des végétaux a ses préférences, sa vie propre, des mœurs particu- lières et provoque des dégâts particuliers qui constituent le critère de l’espèce. Si cette diversité dans l’évolution, l’instinct et les goûts n'existait pas, la forêt serait impitoyablement condamnée et le sylviculteur resterait désarmé devant une tâche tout à fait hors de proportion avec les moyens dont il dispose. La nature est tellement bien équilibrée, que la forêt, sauf certains cas qui constituent plutôt des exceptions, est en état de se maintenir sans être anéantie par les invasions de ces êtres minuscules dont évolution ne peut se produire qu’au dépens de la matière ligneuse. On peut affirmer que, lorsqu'une puissance nocive prend le dessus, elle est en général la conséquence d’un acei- dent météorologique (cyclone, avalanche, sécheresse), et le plus souvent encore, le fait d’une erreur de traitement cultural. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 783 Les exemples ne manquent pas pour prouver cet axiome. Nous n’en citerons qu'un, celui des invasions répétées de la « Nonne » dans les forêts d'Allemagne dont le traitement est depuis un demi-siècle orienté vers une production intensive, mais peut-être au. mépris des lois organiques culturales. Cette culture métho- dique qui, d’un côté, a eu incontestablement pour effet d’aug- menter la rente de la forêt, a, de l’autre, placé celle-ci dans des conditions défavorables au point de vue de la résistance contre les attaques des parasites. Actuellement, après de néfastes constatations, la sylviculture européenne réagit contre cette tendance et de tous côtés s'élève le cri de « Retournons à la nature » qui, au-delà des frontières, trouve un écho dans tous les milieux sylvicoles progressistes. IT La forêt résineuse pure, qui, en général, donne les meilleurs rendements, est infiniment plus exposée aux ravages des Insectes que le peuplement composé d’essences résineuses et feuillues ou encore que celui uniquement formé d’arbres à feuilles caduques. En effet, le pouvoir de reconstitution de la frondaison permet aux feuillus de réparer les brèches que peut avoir cau- sées l’année précédente un dépouillement de la couronne par les Insectes. Avec les résineux, la reconstitution des organes d’assimi- lation est moins certaine et plus lente; par conséquent, ces derniers sont incontestablement plus vulnérables. En outre, le groupe des Xylophages de l’écorce des Conifères comprend des individus autrement plus actifs et redoutables que celui des Insectes vivant aux dépens des couches corticales des feuillus. Nous courons avec les résineux un double danger: d’une part, celui d’une destruction rapide et irrémédiable lors des invasions intensives de l'appareil d’assimilation aérien; d’autre part, un danger beaucoup plus grand de désagrégation rapide 784 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE de lPécorce, que chez les essences à feuilles caduques. En effet, écorce est la cuirasse protectrice des organes essentiels de la circulation. Privé de cette protection, l'arbre ne tarde pas à succomber et c’est cet organe que la technique forestière doit, lors d’invasions présumées de Xylophages, tendre à préserver contre toute atteinte et maintenir en pleine vitalité. III Les facteurs qui, en dehors de l’intervention malheureuse de l’homme agissant par application de mesures culturales erron- nées, peuvent favoriser l'extension et la propagation des inva- sions d’Insectes, sont surtout d’ordre météorologique. Derniè- rement, nous en avons eu en Europe deux exemples frappants. Ce sont les sécheresses des années 1906 et 1911, lesquelles, suivant les régions, ont décimé les cultures artificielles récentes en provoquant le dépérissement de peuplements entiers ins- tallés dans des conditions anormales et dans des stations ne correspondant pas à leurs exigences propres. Nous faisons surtout allusion à l’Épicéa cultivé en dessous de sa station naturelle dans des régions de plaine où, privé de précipitations atmosphériques suffisantes, il a été anémié et a succombé finale- ment aux atteintes des Bostryches. IV L'avenir forestier est à la production des bois d'œuvre et à la diminution de la proportion des bois de feu, par consé- quent à l’extension de la futaie. La terre en général et le conti- nent européen en particulier, ne sauront bientôt plus où trouver le bois de service que réclament l’industrie et les constructions sans cesse en voie d'extension. Nous pouvons en outre, serrant les faits de plus près, affirmer qu'avec la généralisation de Pemploi du fer et du béton qui tendent toujours plus à remplacer ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE . 785 les bois durs, le Chêne par exemple, ce sont les bois résineux qui seront de plus en plus demandés à la forêt. Les taillis et le taillis sous futaie en particulier, qui consti- tuent une notable proportion de la forêt française, sont bien- à l'abri des ravageurs les plus communs et redoutés des peu- plements équiens résineux. Cette catégorie-là de forêts est bien moins exposée à être compromise que les pessières bava- roise, saxonne, où la pineraie champenoise ou du Brandebourg dont les arbres se développent trop schématiquement en ordre: régulier, quand ce n’est pas, en outre, sur un sol d’une nature peu fertile. Ces deux types de forêts bien différents constituent les deux extrèmes; entre ceux-ci, on peut intercaler la futaie feuiliue pure qui pâtit relativement peu des attaques des Insectes, et la futaie mélangée de feuillus et de résineux qui, par la diversité de son facies cultural, revêt forcément un caractère jardinatoire, qui exclut les vastes peuplements purs et uniformes ainsi que la régénération uniquement artificielle. Si nous faisons abstraction des régions les plus basses du nord du continent européen, dont le climat maritime assure à la futaie feuillue un aspect luxuriant et. un développement rationnel, nous pouvons admettre qu’à peu d’exceptions près (par exemple, les pineraies sur sol sablon- neux de qualité inférieure), la plus grande partie des forêts européennes peut, au moyen d’un traitement cultural approprié, être petit à petit ramenée à la nature, c’est-à-dire constituée d’essences mélangées et d’âges différents. V Notre préface fait ressortir lémulation qui règne actuelle- ment parmi tous les amis de la forêt et particulièrement en France chez les propriétaires du sol, que ce soit F État qui cherche à entraver l'érosion dans les Hautes-Alpes, ou les. communes. et les particuliers de la plaine ou des coteaux d'altitude moyenne, qui désirent mettre en valeur des terrains abandonnés par ANN. SCIENCE AGRON. — 4€ SÉRIE — 1913 — II 50 786 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE l’agriculteur, le viticulteur ou le pâtre. On reboise de tous côtés, à toute altitude et dans des circonstances les plus variables. En France particulièrement, le monde des forestiers qui a pour tâche de cultiver la futaie feuillue et le taillis composé, n’a heureusement pas été appelé jusqu’à présent à lutter en grand et d’une manière permanente contre les Insectes des- tructeurs de la forêt. Les sylviculteurs allemands, autrichiens et russes, qui traitent surtout des peuplements résineux, ont une tâche singulièrement plus compliquée. j* Nous pouvons prédire, en ce qui concerne les conditions françaises et avec l'extension toujours plus grande des surfaces forestières plantées de Conifères, que le danger d’invasions de Xylophages et de Phytophages ira sans cesse en grandis- sant. Comment prévenir le mal et empêcher dans une certaine mesure ce danger futur? Car, il faut bien le reconnaître, on ne crée pas de nouvelles surfaces de taillis ou de futaies feuillues, mais plutôt des pessières et des pineraies qui, par leur nature et le caractère d’uniformité de leurs peuplements, constitueront pour les Insectes nuisibles de favorables champs de propaga- tion. Là encore, nous répéterons aux reboiseurs la devise : « Retournons à la nature », et, lorsqu'ils auront à élaborer des projets de reboisement, nous leur conseillons d'étudier à fond les exigences du sol et les conditions elimatériques, pus de chercher à créer des massifs aussi panachés que possible en groupant par petits paquets des espèces ligneuses variées et surtout en mélangeant intimement les feuillus aux résineux. Assurément cette diversité dans le choix n’est pas toujours possible et dans bien des cas on devra se contenter d’installer seulement deux essences sur la même surface; cette solution permettra d’obtenir, au point de vue protection, des garanties plus certaines qu'avec le peuplement pur. # Nous ne saurions assez insister sur la nécessité qu'il y a de faire en art forestier de la culture intensive et d’éduquer des peuplements sains dont chaque arbre soit placé dans les meil- leures conditions hygiéniques en vue de mieux résister aux attaques des Insectes. ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 787 La culture intensive, les éclaircies précoces, l’écorçage et l'enlèvement rapide des chablis, une surveillance minutieuse des boisés sont tout autant de mesures qui diminuent dans une notable proportion les chances d’invasion et d'extension des Xylophages et des Phytophages. En France, où la forêt privée occupe plus de la moitié de la surface boisée, on n’a pas encore compris que la culture intensive et méthodique ne sera obtenue que lorsque tous les particuliers possédant de grandes forêts auront confié la gestion de ces der- nières non pas à des comptables, mais bien à des gens du mé- tier, soit à des agents sortis d’une école forestière supérieure. VI Aux États-Unis, on est actuellement aux prises avec les dégâts provoqués dans les cultures fruitières et forestières par la Liparis dispar L. et la Liparis chrysorrhoea L. Aussi a-t-on créé, de l’autre côté de l’Océan, un vaste service d’Entomologie pratique qui a pour tâche d’étudier les diverses manifestations de la vie des Insectes nuisibles et plus spécialement d’assurer la diffusion et la propagation des parasites des [Insectes nuisibles. Jusqu'à présent les premières expériences tentées semblent couronnées de succès (VuiLLET, 1911) et il y a bien des chances pour que cette nouvelle branche de la protection forestière prenne de l’extension; il faut espérer que la vieille Europe entreprendra à son tour des essais de ce genre. VII En résumé, l'extension des invasions d’Insectes dépend en tout premier lieu des conditions météorologiques, puis de la nature des peuplements, de leur composition, de leur état de conservation et enfin de la vigilance du personnel forestier 788 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE supérieur et inférieur. Plus ce dernier connaîtra la vie des Xylophages, plus son intervention pourra devenir efficace. ‘: Espérons que le Traité d’Entomologie forestière contribuera dans une certaine mesure à augmenter ces connaissances de zoologie appliquée ayant comme corollaire la conservation et le maintien de la forêt européenne. APPENDICE Un certain nombre d’Insectes d'intérêt et d’importance secondaires n’ayant pu être intercalés à temps dans les chapitres précédents, nous les groupons ici suivant le plan admis, c’est- ä-dire d’après les espèces ravagées. Épicéa. — Brachyderes incanus L. A l’état de Larvé, ce Charançon est nuisible aux racines d’Épicéa et, sous sa forme - parfaite, aux aiguilles. Voir : Chapitre des Pins. Cecidomyia abietiperda Hensch., Cecidomyia piceæ Hensch. sont deux Diptères dont les Larves vivent dans les bourgeons et les pousses d'Épicéa où elles s’entourent d’une petite galle ovoïde. Le dégât est rare, mais peut cependant détruire la flèche des arbres. Sapin blanc. — Nous avons cité en note, page 165, le Chermes piceæ Ratz. comme un des ravageurs importants du Sapin blanc. Depuis l'impression du chapitre du Sapin blanc, cet Insecte s’est révélé comme très nuisible, en particulier dans les forêts, de la ville de. Heidelberg. Tout dernièrement, nous apprenions par une communication privée de M. Du PAsqQuIER; inspecteur .des Forêts, à Areuse (Neuchâtel, Suisse) que cet, Insecte -vient d’envahir les: sapinières exposées au midi du ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE aus 789 bas Jura neuchâtelois, provoquant le desséchement et la mort Fig. 364. — Chermes piceæ Ratz. Sur des rameaux de Sapin. a, femelles pondeuses (forme « Exulans ») ; 6, pousses de l’année avec déformation des aiguilles, 1/1 gr. nat. (orig.). rapide de Sapins de tout âge. Les moyens propres à combattre cet ennemi sont encore à trouver. Pins. — Chrysobothrys solieri Lap. est un Bupreste voisin de lPAnthaxia quadripunctata L., dont la Larve creuse des galeries sinueuses dans le liber et l’aubier des Pins. Buprestis mariana L., très voisin du Buprestis berolinensis Hbst. que nous avons décrit dans le chapitre du Hêtre, a une Larve longue d'environ 30 millimètres et qui vit dans le bois dépérissant des Pins. Spondylis buprestoides L. est un Longicorne assez fréquent dans les pineraies du Midi. Sa Larve, longue de 30 à 35 milli- 790 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE mètres, munie de pattes assez développées, est d’un violet pâle, translucide. L’Insecte parfait, qui mesure de 15 à 22 millimètres, est noir, mat; chacun de ses élytres porte deux lignes relevées n’atteignant pas l’extrémité. Lamia ædilis L. est un Cérambycide caractérisé par ses Fig. 365. — Galeries creusées dans le Pin maritime par la Larve de Æesperophanes cinereus Villers. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). antennes qui chez le mâle sont cinq fois plus longues que le corps. La Larve creuse des galeries sinueuses dans les bois des Pins avec berceaux de nymphose en forme de crochet entaillé dans le bois. Hesperophanes cinereus Villers est également un Cérambycide ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 791 dont la Larve perfore les troncs du Pin maritime; c’est un Xylophage propre au Midi et que les forestiers du Centre et du Nord de l'Europe n’ont pas l’occasion de rencontrer. La figure 365 donne la reproduction de ses ravages. Enfin la Chenille d’un Papillon, l’Orgyia selenetica Eps., ravage les frondaisons des Pins et des Mélèzes. Mélèzes. — L’Orgyia selenetica Eps., citée ci-dessus. Chênes. -- Phyllopertha horticola L. Voir : Chapitre des Aunes. Callidium lividum Rossi est un Cérambycide dont les mœurs et les forages dans le bois de Chêne et de Châtaignier rappellent ceux du C. bajulus L. Le Cossus æsculi L., également connu sous le nom de Zeuzera pyrina L., et que nous avons décrit dans le chapitre du Chä- taignier, a été récemment signalé par DE PEYERIMOrr (1912) comme causant des ravages très sérieux aux Chênes-lièges d'Algérie. Ce forestier entomologiste préconise l’emploi de capsules gélatineuses pleines de sulfure de carbone qu’on intro- duit dans les galeries logeant les Chenilles en activité. Hêtre. — Platypus cylindrifornis Reitt. Voir : Chapitre des Chênes. Peupliers: — Xyleborus Pjeili Ratz. Voir : Chapitre des Aunes. Tilleuls. — Les feuilles de Tilleuls peuvent porter des galles d’Eriophyes tiliæ Pag. (fig. 366). Fig. 366. — Feuilles de Tilleul déformées par l'Eriophyes Hliæ Pag. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Museum, Paris). TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PIRE A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp. INSECTES DE L'ÉPICÉA 1. Lamia sartor L. — 2. Pissodes harcyniae Hbst. — 3. Callidium luridum L. 4. Sirex gigas L. — 5. Formica herculeana L. — 6, 6a. Grapholita tedella CI. — 7. Nematus abietum Htg. 8, 8a. Tortrix histrionana Fr. — 9. Grapholita pactolana Zell. -—— 10, 10a, 10b. Liparis monacha L. TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PIAIT: A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp. INSECTES DU SAPIN 1, la. Pissodes piceae [IL — 2. Tomicus curvidens Germ. — 3. Rhagium indigator Fabr. — 4,7. Sirex juvencus L. — 5. Cerambyx bajulus L. — 6. Tortrix nigricana H. Sch. — 8, 8a. Tortrix murinana Hbn. — 9,9a. Tortrix rufimitrana H. Sch. — 10. Rhagium inquisitor L. TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PIE Less Sr ÊS: CR A. BARBEY, del. et pinx SADAG, imp. INSECRES'DES:PINS 1. Lophyrus pini L. — 2. Pissodes notatus F. — 3. Hylobius abietis L. — 4. Pissodes pini L. — 5,5a. Retinia turionana Hbn. — 6. Sphinx pinastri L. — 7. Noctua piniperda Panz. — 8,8a,8b. Retinia buoliana Schiff. — 9. Lophyrus rufus Rtzb. 1 M TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PIAIVE z SA! & Aa: DA A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp. INSECTES DES PINS 1, la, 1b. Bombyx pini L. — 2. Noctua piniperda Panz. — 3, 3a, 3b. Fidonia piniaria Tr. — 4. Phycis abietella Z. K. — 5, 5a. Cnethocampa pityocampa Schiff. — 6. Cnethocampa pinivora Tr. TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PI AE AS as: 2a. d E Had A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp. INSECTES DU PIN CEMBRO ET DU MÉLEZE ET INSECTES UTILES 1, la. Tomicus cembrae Heer. — 2,2a. Tomicus bistridentatus Eichh. — 3, 3a. Tortrix zebeana Ratz. — 4,4a, 4b. Tinea laricella Hbn. — 5, 5a, 5b. Steganoptycha pinicolana ZII. — 6,6a. Tinea laevigatella H. Sch. — 7, 7a. Tinea copiosella Frey. — 8,8a. Calosoma syco- phanta L. — 9,9a. Clerus formicarius L. fur 2! és Fr RURe ui MINT pére per ce #0 PRES “> + q PDA L Dar Au TRE ol A é ha | Nr TE NANTES, RD hs EE TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PI. VI. &e “rt D 1.02 m imp. SADAG. A. BARBEY del. et pinx. INSECTES DES CHÊNES 2, 2a,2b. Bombyx quercus L. -— 3. Avgrilus bifasciatus Oliv. 5. Xyleborus monographus Fabr. — 6. Geometra brumata 8,8a. Tortrix viridana L. — 9,9a. Liparis 11. Scolytus intricatus Ratz. — 12. 1. Cerambyx heros Fabr. - — 4,4a. Bombyx neustria L. — L. — 7,7a. Cnethocampa processionea L. -— 10,10a. Geometra defoliaria L. chrysorrhoea L. Phalera bucephala L. 0 . 4" i . e i 0 * n) 4 [A 1 ya b, $ C2 7 L Ù À CE ; A à Ê = [Fr EL i ' 1 ra ! VS PA « à 0 nn, l i Li et e f 4 U < de . "4 ae 4 LARE F4 : r PE RESULT ANSE nn OLPC ire) . ü 1 aitfcten cm Le me ST TS GREEN 120 | Via ENT DELL dl Ve TT ré LS Fra me LUN AA CAS ES & ; D OR Li QT 146 “ MERE 6 1 NTANES | ' i { 10 { . i 1 , $ ï Û N NN + ny AE . f she L NN AGE l b : i F i LU UT ANNE % t Ÿ L \ "L . 0 di Vas EL ! CE { » er + nl er? p à "A Eur Tes Lt, LE TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PI. VII. s # + " * } $ L A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp. INSECTES DU HÊTRE, DES BOULEAUX ET DES PEUPLIERS 1. Orchestes fagi L. — 2, 2a, 2b. Liparis dispar L. — Bombyx lanestris L. — 5. Geometra boreata Hbn. somela populi L. — 8,8a. Callidium variabile L. — 9. Saperda carcharias L. — 10. Sesia tabaniformis Rott. 3, 3a. Orgya pudibunda L. 4, 4a. - 6. Scolytus Ratzeburgi Jans. — 7. Chry- PTE Et fa + , . : À | FA | Su * W j 2" à 4 n (N : es 6 f Vus di) KP LS ANS + 2 MA ” . | ; ne ‘4 à n y 2 L ‘ ee bi 1 Or \ : &l | 7 | | ar : s FL FA. , L d Fr ee | De . NS p D} ln “ L É < = L \ L : e p" ss LIVES APE NETÉNEEN DRE “CA dl WT . RAC LULU DER T, de 25° OT ASE D ON UT > "1 VIA PT 4 nu. 0 L- | : "A LA d 7 [A : ni ù [4 PS PR LACS "4 4 n o D AP AT a TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE Let Te 4, ch : . E in ou ALETT TE 9 a. SADAG, imp. A. BARBEY del. et pinx. INSECTES DES ORMES, DES ÉRABLES, DES AUNES, DES FRÊNES ET DES SAULES ain L. — 2. Cryptorrhynchus Lapathi L. — 3. Galeruca xanthomelæna — 6. Lytta vesicatoria 1. Galeruca Schrk. — 4. Xyleborus dispar Fabr. O — 5. Xyleborus dispar Fabr. L. — 7. Cossus ligniperda Fabr. — 8. Sesia spheciformis Grng. — 9, Ja. Liparis salicis L. h D A M AT LU à : He “À À Las an . * # ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 793 Saules. — Le bois en décomposition du Saule est fouillé par Fig. 367. — Tronc de Saule perforé par la Larve de la Mordella fasciala Kabr. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). la Larve d’un Coléoptère, la Mordella fasciata Fabr. (fig. 367). INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1879. — Arrum (B.), Der ziweibindige Prachtkäfer (Buprestis bifasciata OL.) (Zeitschrift für Forst- und Jagdwesen). 1881-1882. — Arrum (B.), Forstzoologie. Berlin, J. Springer. 794 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE 4885. — Azrum (B.), Ueber jorstlichwichtige Sesien (Zeitschrift für Forst- und Jagdwesen). 1903. — Bzænr (W.), Beobachtungen über Lyda hypotrophica Htg. (Thar. forstl. Jahrbuch). 4895. — BarBey (A.), Une Invasion de la Fidonie du Pin dans les Forêts de Nuremberg (Journal Fcrestier Suisse, n° 12. Berne, A. Francke). 1901. — Bargey (A.), Les Scolytides de l’Europe Centrale. 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À une époque où le rôle de la femme grandit chaque jour en agriculture, un congrès où ce rôle sera précisé en même temps qu'honoré vient tout à fait à son heure. Voici la liste provisoire des questions qui seront traitées à ce Congrès : Le rôle de la femme en agriculture; les cercles de fermières; les concours d’étables et les soins à donner au fumier; la laiterie et l'élevage du porc; l'élevage de la volaille; lélevage du lapin pour fourrures; l’apiculture; l’enseignement horticole pour les jeunes filles; les jardins ouvriers. M. TisseRAND a fait remarquer qu'il serait particulièrement utile de faire ressortir l’utilisation des déchets et des sous-produits de la ferme, tels que les peaux de lapins et les plumes des volailles, et M. Marcel VAacHER a indiqué qu’il serait désirable d'inciter la fer- mière à tenir une comptabilité, simple sans doute, mais qui serait quand même de nature à l’éclairer, ainsi que son mari, sur la marche de leurs affaires. # *# * SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE La Société des Agriculteurs de France, préoecupée de l'amélioration du bétail là où il existe en variation désordonnée, et soucieuse de favo- riser ses progrès là où il est en voie de perfectionnement, a créé depuis longtemps un bureau d'encouragement à l'amélioration du bétail. LE MOIS AGRONOMIQUE 799 Celui-ci a pu obtenir d’heureux résultats par des conseils et des distri- butions de tracts, de primes et de médailles. Des sociétés d'élevage se sont créées, d’autres se sont développées, au point que l'initiative des Agriculteurs de France a attiré l’attention des Pouvoirs publics qui n’ont pas hésité à ouvrir un crédit important aux sociétés et aux syndicats d'élevage. La Société des Agriculteurs de France, ayant à cœur de continuer son rôle essentiellement utile, a pensé qu’elle pour- rait atteindre le but qu’elle s'était proposé en aidant lélevage à obtenir les encouragements votés par le Parlement. Le Bureau d'amélioration, saisi de la question, a mis en harmonie avec les règlements ministériels les statuts qu’il avait précédemment rédigés pour servir de guide aux sociétés d'élevage. Il a ajouté des spécimens de herd-books ou livres généalogiques. En effet, pour qu’il soit possible de participer aux subventions qu’elle a mission de ré- partir, l'Administration exige : 1° l’exploitation d’une race officiel- lement décrite; 20 la tenue de livres généalogiques. Dès que les descriptions officielles des races lui seront communi- quées, la Société des Agriculteurs de France en fera l’objet d’une publication dans son Bulletin. En attendant, elle a fait imprimer des modèles de statuts et de livres zootechniques qu’elle tient à la disposition de ses membres. Ces livres, dont la tenue doit être laissée au bureau du Syndicat d'élevage ou de préférence à celui de la Fédération de tous les syndi- cats d'élevage d’une même race, sont les suivants : 1° un herd-book ou livre zootechnique pour les taureaux; 20 un herd-book ou livre zootechnique pour les vaches; 39° un registre des jeunes; 4° un registre des saillies par les différents taureaux. Dans les deux herd-books, on ne s’est pas contenté de dresser un état civil abrégé des animaux. Afin d’obtenir des renseignements aussi complets que possible, ces livres ont été divisés en deux parties : la partie généalogique proprement dite, donnant l’origine des ani- maux et permettant d'établir leurs descendances; la partie plus spé- cialement zootechnique, donnant la valeur de l'animal par la mensu- ration, le pointage et le contrôle laitier à différentes phases de son existence, ainsi que la valeur de ses ancêtres par des renseignements sur le pointage et la production laitière de chacun d’eux. Les deux autres registres recommandés par le Bureau d’améliora- tion du bétail donnent aussi d’utiles indications. En vue d’admissions ultérieures au herd-book, il y a lieu d’avoir un livre des jeunes, registre d’attente fournissant tous les renseigne- ments sur l’origine du veau et sur les particularités de sa jeunesse. Il est également logique de consigner pour chaque taureau les saillies qu’il opère afin de connaître parfaitement l'influence de ce taureau sur la race. Le Bureau d'amélioration du bétail ne s’est pas borné à établir des livres zootechniques. Il s’est proposé, en outre, de faciliter la tâche du secrétaire d’association d'élevage tant pour la recherche des ren- seignements désirés que pour celle du contrôle des indications éma- nant des éleveurs; à cet effet, il a préparé divers types de livrets et de circulaires (carnets à souche de saillies et de naissances, procès- verbaux de contrôle, rapports pour la Commission chargée de l’ad- mission des animaux au herd-book). SU0 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Il semble qu'avec une telle organisation, si on dispose d’un bon secrétaire, doublé dans chaque canton d’un contrôleur habile, la: tenue des herd-books peut avoir son plein effet et répondra exacte- ment au caractère de véracité qu'il est rationnel de lui demander. Muni des divers registres qui viennent d’être indiqués, chaque orga- nisateur de herd-book pourra aisément se rendre compte du méca- nisme de la tenue d’un herd-book et, si tous les syndicats qui se créent consentaient à adopter la méthode consacrée par la Société des Agri- culteurs de France, il en résulterait dans l’avenir de nombreux avan- tages pour la fusion des diverses sociétés d’une même race. De plus, au moyen des registres généalogiques, on offrirait aux pays importateurs de bétail français sélectionné des garanties de pureté ou, tout au moins, d'amélioration de race qui inspirerait confiance et contribueraient à développer la vente à l'étranger de nos animaux reproducteurs. La Section des relations internationales et coloniales s’est occupée de la culture du cotonnier et de l'intérêt qu'il v aurait à la propager dans nos possessions d'outre-mer. Il serait à souhaiter, en eflet, que l’industrie cotonnière française, actuellement tributaire des États-Unis, pût s’alimenter, tout au moins en partie, dans nos colonies. Il en résulterait d'importants bénéfices pour ces dernières, une heureuse répercussion sur les transports et une foule d’autres industries françaises. Comme, d’autre part, les essais culturaux tentés dans nos possessions d’outre-mer, en Algérie, en Nouvelle-Calédonie et en Afrique occidentale notamment, ont donné des résultats très satisfaisants, la Section s’est associée au vœu suivant émis par l'Association de l'Industrie et de l'Agriculture francaises : « Que les Pouvoirs publics, s'inspirant de l'exemple du Royaume- Uni et du Gouvernement allemand, favorisent dans la plus large mesure possible, par des subventions, l'extension des essais de culture cotonnière pratiqués dans toutes nos possessions lointaines où ce genre de culture est susceptible de réussir. » _ La même section a également adopté le vœu suivant : « Que des mesures soient prises par le pouvoir réglementaire, conformément aux dispositions de la loi du 17 août 1905, pour assurer la présen- tation des viandes congelées et réfrigérées au public avec Pimdication de leur origine, à limitation de ce qui se pratique dans la boucherie hippophagique. » REVUE AGRONOMIQUE AGRICULTURE F. V. Covizr.e. — [> Utilisation agricole des terres acides au moyen de récoites résistant à l’acidité. (QU. S. Depart. of Agrir., Bull. n° 6, 1913.) L'auteur commence par exposer que, aux États-Unis, certaines plantes très répandues, en particulier le trèfle, la fléole, la luzerne et le froment, poussent très mal en terres, même très fertiles, présentant une réaction acide. Pour y remédier, la coutume s’est implantée d’ajouter au sol de fortes quantités de chaux. Est-ce le meilleur pro- cédé, et ne vaudrait-il pas mieux adopter un assolement où toutes les plantes soient résistantes à l'acidité? L'origine des acides du sol est la décomposition des feuilles d'arbres. M. G. H. Basrow, du Bureau de l'Industrie végétale, a évalué Paci- dité contenue dans une couche de feuilles épaisses de 6 pouces (0m 15), pesant environ 500.000 livres (220.000 kilos) par acre (4) ares). L’aci- dité, exprimée en poids de chaux nécessaire pour la neutralisation, varie de 14 tonnes (1.550 kilos) environ par acre (soit 35.000 kilos à l’hectare), pour des feuilles de tulipier, à 25 tonnes (60.000 kilos à l’hectare) pour des feuilles de chêne blanc. L’acide produit par la décomposition des feuilles peut être neutralisé par lalcalinité da sol d’une part, et d'autre part, quand le phénomène se continue, même sans intervention de chaux du sol, les acides se décomposent spon- tanément et la réaction devient alcaline, au bout d’un temps variant, de un an pour Pérable, à plusieurs années pour les pins par exemple. De même, l'acidité des engrais verts, exprimée en chaux, varie de 9 tonnes (25.000 kilos par hectare) pour le trèfle rouge, à 13 tonnes (39.000 kilos) pour la luzerne. Cette acidité, bien qu’on n’ait pas déterminé avec précision le pro- cessus de l’action, est nuisible à la plupart des plantes. En particulier, les bactéries nitrifiantes se développent mal en milieu acide, et l'azote de lhumus ne peut se transformer en nitrates, d’où la difficulté pour les récoltes de s’approvisionner en azote. Ces préliminaires étant posés, l’auteur indique une liste de plantes adaptées aux sols acides. 11 signale en particulier : L’airelle myrtille. qui nécessite un sol très humide et acide, et dont par conséquent lemploi est limité: ANN« SCIENCE AGRON, — 4€ SERIE — 191% — II 51 802 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Le fraisier, qui peut être cultivé sans application de chaux; Les divers groseillers, à grappe ou à maquereau: La pomme de lerre : la culture de cette plante en milieu acide est d'autant plus à recommander que l’acidité fait échec au développe- ment de l’'Oospora scabies, champignon qui produit la gale des pommes de terre La palute, très répandue dans le New-Jersey et les États du Sud; Le seigle, l'avoine, le muillet, le sorgho, le maïs, la carrotte et le navet. Mais pour fournir les engrais verts nécessaires, il est impossible de s'adresser au trèfle et à la luzerne. Les légumineuses qui viennent bien en terrains acides sont : Les pois à vaches (cowWpea), qu’on fait croître comme engrais vert, et aussi comme aliment. La culture en est très développée dans le Massa- chussetts et le Michigan, ainsi que dans l'État de New-York; Le soja, qui est de plus récente importation aux États-Unis, et dont la culture peut se développer plus au nord: La vesce velue, qui est une plante semée en automne, tandis que les deux précédentes sont semées au printemps; Le {refle rouge, qui convient aux terrains sablonneux. On peut aussi recommander le lupin et la serradelle. L'auteur cite ensuite un exemple d'amélioration d’un sol très sableux et très acide, sans addition de chaux, qui a été réalisé dans le Maryland, à quelques milles au nord-est de Washington. Le sol était planté en pommiers, avec application de fumier la pre- mière année. L’année suivante, en mai, on ensemencça des pois à vaches enfouis en septembre. Immédiatement après, semailles d’un mélange de seigle et de vesce, enfoui en mai suivant. Mêmes cultures la seconde - année, et même assolement annuel ultérieurement. Le sol est devenu très fertile et on a pu faire une récolte de pois en grains sans nullement nuire au développement du verger. Un autre assolement annuel à recommander est l’assolement maïs et trèfle rouge, on enfouit le trèfle en avril, puis le maïs étant récolté en août, le sol est aussitôt réensemencé en trèfle, I, M. VITICULTURE Dr Gx DE ISTVANFFI et GY PALINKAS. == Études sur le mildiou de la vigne. (Revue de Viiculture, n°% 1056, 1037, 1038, octobre-no- vembre 1913.) Les auteurs étudient le mode de pénétration du mycélium, issu de la zoospore du Plasmopara vilicola, dans les organes de la vigne, la période d’incubation (c’est-à-dire le temps qui s'écoule entre cette pénétration et l'apparition des symptômes externes de l’invasion), les caractères des taches sur les organes verts, les efflorescences blanches, les conidies, les infections artificielles et les conclusions pratiques que lon peut tirer de ces essais, poursuivis au laboratoire et en plein vignoble. Ils ont été amenés à étudier limportante question de la receptivité de la plante pour le mildiou, et l'influence des conditions de milieu REVUE AGRONOMIQUE 803 extérieur sur les possibilités d’invasion, ces conditions de milieu sont mises en évidence dans les essais d'infections artificielles. Par un temps sec et chaud, le développement du mycèle est arrêté par suite du manque d’eau, mais, si on rétablit artificiellement la teneur en eau, l'infection prend un cours rapide. Ainsi, sur des ceps arrosés et recouverts d’une caisse vitrée, il y avait au bout de cinq à six jours, de nombreuses et grosses taches d'huile... La receptivité dépend en général de la teneur en eau de l'organe, de la tension de la vapeur d’eau dans les chambres sousstomatiques et dans les méats intercellulaires en général, et, en quelque sorte, de la composition chimique du suc cellulaire (sur les souches chlorotiques, on observe à peine quelques taches); la sensibilité spécifique des cépa- ges dépend probablement de la composition chimique du suc, mais la structure des stomates peut aussi y avoir un rôle; les facteurs dimi- nuant l’évaporation (ciel couvert, abaissement de la température)... augmentent la réceptivité. Les fleurs écloses et à peine nouées peuvent être infectées sur toutes leurs parties et dans chaque stade du développement; il en est de même pour les grains de la grosseur d’un grain de plomb de chasse, qui possèdent encore des stomates ouverts: sur les grains de la grosseur d’un pois, l'infection prend rarement, parce qu’une partie des stomates est supprimée. Sur les grains en véraison, l'infection ne prend plus. Des grains de la grosseur d’un pois ou plus gros ne peuvent être infec- tés qu’indirectement, à travers le bourrelet, le pédoncule ou la râfle. Au moyen de conidies conservées pendant trois semaines (à la fin de l’automne), dans une glacière, à + 6 ou + 80 C, les auteurs ont pu cultiver tout l'hiver, sur des souches forcées, de Plasmopara viticola. La période d'incubation a pu être prolongée artificiellement pendant sept à huit semaines, en contrariant les conditions favorables à l’appa- rition des efflorescences. Ces études originales ont obligé les auteurs à faire une étude bota- nique approfondie du mildiou, et les faits qu’ils signalent, à ce point de vue, ajoutent à l'intérêt des questions biologiques qui ont été soulevées et résolues dans cet important mémoire. P2M. k * * Paul Marsais. — La reconstitution du vignoble de Malaga et de Jérez. (Revue de Viticulture, n°5 1031 et suivants, septembre-décem- bre, 1913.) L'auteur publie une monographie d'ensemble du vignoble de Malaga et du vignoble de la région de Jérez. Ces deux régions andalouses, fameuses par les vins spéciaux qu’elles produisent, ont été ravagées et profondément modifiées par le phylloxéra. L'étude du choix des cépages et des porte-greffes que l'épreuve du temps et de la pratique y ont mis en évidence intéresse le monde viti- cole tout entier. Avec l'historique de l’invasion dans chaque région, l’auteur publie une description agronomique et une statistique des -dégâts commis, des frais de reconstitution. Les généralités sont com- plétées et vérifiées par la description d’ exploitations modèles qui ont été choisies à Malaga et à Jerez. 804 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE La conclusion générale de cette étude, dont la documentation a été recueillie sur place, au cours d’une mission, est que les porte-greffes qui ont été mis en valeur, dans ces conditions difficiles de climat, de sol et d’aflinité, sont ceux que les viticulteurs français avertis ont employés dans les sols calcaires ou arides. À Malaga et à Jerez, comme dans les Charentes, en Champagne ou dans le Midi de la France, en Sicile ou en Algérie, on retrouve au premier rang les hybrides de Berlandieri. Quelques créations d’hybrideurs espagnols, à sang Ber- landieri, viennent se placer à côté des 420 À, 41 B, 157 H, etc.; le . 1202 a donné, lui aussi, des résultats satisfaisants dans les cas moins difficiles de reconstitution. PM * + * Auguste CHAUVIGNÉ. — Ampélographie tourangelle. (Revue de Viti- culture, n°% 1023 et suivants, juillet-novembre 1913.) L’auteur décrit, d’une manière très complète, les cépages cultivés en Indre-et-Loire : Pinots, Gamays, Grolleau, Cots, Gros-Noir. Folle- Blanche, etc., ete. Le plant des descriptions est celui qui a été adopté par MM. Vrara et VerMoretz, dans leur Ampélographie. Un chapitre spécial est réservé à l’étude des porte-grefles employés, en particulier à celle du Riparia-Martineau. P. M. ENTOMOLOGIE Rapport phytopathologique pour l’année 1912, par le Directeur de la Station de Pathologie végétale et le Directeur de la Station Ento- mologique de Paris. (Annales des Epiphyties, Publication du minis- tère de l'Agriculture, 1912; p. 1 à 12.) Après avoir signalé les principaux actes ofliciels relatifs à l’organi- sation, en 1912, de la lutte contre les ennemis des cultures (institution du Comité consultatif des épiphyties; fixation d’un arrêté type, apph- cable à tous les départements, des principales mesures sanitaires indis- pensables pour combattre et prévenir d’une façon permanente l’ex- tension de parasites très redoutables pour l’agriculture; organisation du service phytopathologique, etc.), les auteurs passent en revue les ennemis et les maladies qui ont fait le plus de mal pendant l’année d’après des renseignements fournis, pour la plupart, par les Directeurs des services agricoles des départements. Signalons pour les animaux, ’apparition de lAylemyia coarctata dans les blés en ‘Tunisie, de l’Icerya purchasi dans les cultures méridionales ; les ravages du Négril dans les luzernes (Aude, Pyrénées-Orientales, etc.), de la teigne de la pomme de terre dans le département du Var, de PAntho- nome en Bretagne et Normandie, des Campagnols surtout dans les départements de l'Est, ete. Parmi les Cryptogames et autres végétaux nuisibles, notons le piétin pour les céréales, le mildiou de la pomme de terre et celui de la vigne, l’oïdium, le blanc du chêne, ete... P. VAYSSIÈRE. *k + * REVUE AGRONOMIQUE 805 Paul MarcHaLz. — L° «Ecerya purchasie» en France et l’acclimatation de son ennemi d’origine australienne, le « Novius eardinalis ». (An- nales des Epiphyties, 1912, p. 13 à 26, 1 pl. h.t.) Dans une première partie, l’auteur donne l'historique de la propa- gation de l’/cerya purchasi, d’abord en Californie, puis au Cap, à la Nouvelle-Zélande, aux îles Hawaï, au Portugal, en Italie et enfin en France, où il fut signalé en mars, dans les Alpes-Maritimes. Les me- sures d’extinction ne purent se rendre maîtresses du ravageur des agrumes, contre lequel on appliqua la méthode qui avait donné des résultats miraculeux dans les pays antérieurement envahis : l’accli- matation du Vovius cardinalis fut un succès complet. Dans les pages suivantes, l’auteur donne, d’une façon très complète, la description de la Cochenille australienne et sa biologie (nombre de générations, re- production, faculté de dispersion, ennemis naturels, traitements); puis la description et la biologie de la Coccinelle, notre grande alliée dans la lutte qu'il a fallu soutenir contre l’/cerya. EN *# * * G. PorrAuULT et A. Vuizzer. — L’Acelimatation du « Novius cardi- nalis » dans les jardins de la presqu'île du Cap Ferrat envahis par V «Icerya purechasi ». (Annales des Epiphyties, 1912, p. 27 à 33.) Les auteurs relatent, dans ces quelques pages, les différentes phases de l’acclimatation du Vovius en France. Personne n’était mieux qualifié pour cela que ces phytopathologistes qui avaient été chargés par le ministère de faire les élevages de la précieuse Coccinelle; le premier envoi reçu d'Italie, comprenant 3 nymphes, 1 larve et 3 imagos, fut l’objet de soins remarquables qui permirent, trois semaines après, grâce aussi à l’arrivée de renforts, l'essai d’une colonisation de ces prédateurs en plein air. La réussite fut aussi parfaite qu'on pouvait l’espérer : les Iceryas peuvent être considérés, maintenant, dans les Alpes-Maritimes, comme des cochenilles moins nuisibles aux agrumes que certaines autres (chrysomphalus distyospermi, var exemple). Pa *k * * A. VüILLET — Protection des plantes cultivées contre les Insectes d’origine exotique. (Annales des Epiphyties, 1912, Tome I, p. 34-50.) Après une introduction dans laquelle est montrée la nécessité de la Protection des cultures contre l'importation d'insectes nuisibles, sont exposées avec détails les mesures préventives à prendre dans ce but : Inspection des cultures du pays exportateur; Certificats d’ins- pection phytopathologique (France); Certificats de fumigations, [ns- pection à l’arrivée (C£. la station de protection des plantes, installée sur un des quais du port de Hambourg); Fumigations à l’arrivée (îles Hawaï, Algérie); Quarantaines (Guyane anglaise); Exclusions (végé- taux américains et certaines plantes d’origine italienne en France). Ce- données conduisent l’auteur à concevoir un système idéal de surveils 806 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE lance contre l'importation de parasites exotiques (inspection à l’arri- vée par un personnel compétent utilisant comme garanties complé- mentaires les certificats d'inspection phytopathologique, les fumiga- tions et les quarantaines). L'auteur signale en outre des mesures curatives qui se subdivisent en Traitements d'extinction (cas du Doryphora decemlineata en Europe en 1877) et en Traitements d'adaptation soit par modification du milieu (/cerya purchasi et Novius cardinalis) soit par modification de la résistance du végétal (Hybridation, Greffage). PEN * %X *X A. VuiLLer. — Tableaux illustrés pour la détermination des insectes nuisibles aux plantes cultivées en France et dans les pays voisins. (Revue de Phytopathologie appliquée, Tome 1, 1915, n9 9 et sui- vants.) L'auteur ayant constaté depuis longtemps l'absence de Faunes pra- tiques pour des débutants qui correspondraient aux Flores ordinaires, s’est décidé à entreprendre un travail considérable, destiné à combler cette lacune, mais seulement pour les /nsecles nuisibles aux plantes cullivées. Il s'adresse aux agriculteurs praticiens et aux débutants en entomologie, aussi cherche-t-il à distinguer les divisions de ses tableaux par des caractères simples et essentiellement pratiques. Dans une courte introduction, l’auteur indique comment on doit récolter les échantillons à étudier et comment on doit se servir de ses tableaux. Le premier tableau, après définition des Insectes, permet de déterminer à quel Ordre appartient un insecte phytophage donné. L’auteur passe ensuite à l'étude des Aptères, pour lequel nous trouvons des tableaux pour la détermination des Familles. puis des Genres et des Espèces nuisibles qui entrent dans ces familles. Tous les Ordres d’Insectes seront considérés dans la suite, d’après le même plan; ce qui facilitera considérablement les recherches. Nous appelons l'attention des agriculteurs sur lutilité pour eux d’une détermination rapide, des Insectes qui sont nuisibles à leurs cultures et pour lesquels ils trouveront aussi dans ces tableaux les moyens de destruction. PV: %# * *% L. GaumonT. — Myriapodes nuisibles aux plantes eultivées. (Rev. de Phylopathologie appliquée, Tome 1, n°$ 6 et 7, p. 85-86.) L'auteur donne successivement les descriptions des myriapodes nui- sibles aux cultures (Strongylosomes et Polydesmes, Inles et Blaniules, Craspédosomes et Brachydesmes), et termine en indiquant les prin- cipaux moyens de destruction de ces animaux, dont les dégâts, sou- vent très importants, sont la plupart du temps attribués à des causes toutes différentes (gelée, humidité, ete.). Des dessins viennent com- pléter heureusement les descriptions. PM %k % *% REVUE AGRONOMIQUE 807 A. Vurzser. — Le Thrips du Poireau «Thrips tabaei Lind ». (Revue de Phytopathologie appliquée, Tome 1, 1913, n° 10, p. 136-137.) La Sarthe ayant eu ses cultures de poireaux envahies par cet insecte, l’auteur, spécialiste dans la famille des Thysanoptères (Thrips), trace à cette occasion la description, la biologie et la répartition géographi- que du minuscule ravageur. Les plantes nourricières sont très nom- breuses et appartiennent aux familles les plus diverses. Après avoir indiqué la nature et l'importance des dégâts, l’auteur donne les métho- des de lutte, soit préventives, soit répressives. INR US * % ©k S.-A. Rouwer. — Chalcidiens nuisibles aux graines d'arbres fo- restiers. (U. S. Depart. Agric. Bur. ent., Techn. Ser., n° 20, part. VI, in-8, 7 p., Washington, 1915.) Beaucoup de personnes ne connaissent les Chalcidiens qu'en tant qu'auxiliaires de l’homme dans la destruction des insectes nuisibles. L'auteur donne dans ce travail un ensemble des connaissances actuelles sur les espèces de cette famille qui sont nettement phytophages et qui s’attaquent à des végétaux cultivés : il résume en particulier ce que l’on sait sur Syrniomaspis druparum qui attaque les graines du pommier, de divers sorbiers, ete.; WMegastigmus strobilobius qui vit dans les graines de divers Abies, de Picea ercelsa, ete.; W. Spermo- trophus, le plus nuisible, dans les graines du Sapin de Douglas, ete., ete. Le mode de vie et Ja biologie de ces différents hyménoptères sont à peu près les mêmes et l’auteur en donne tous les détails nécessaires. Une bibliographie de la question se trouve à la fin du travail. BA. xx Décret réglementant limportation des plantes d'origine italienne. (Journ. off. Rép. franç., 18 octobre 1913.) Ce décret, pris après avis du Comité consultatif des épiphyties, a pour but d'éliminer le plus de causes possible d'introduction en France d’une Cochenille, le Diaspis pentagona, existant en Italie et qui est très nuisible à de nombreuses cultures (müriers, abricotiers, amandiers, cerisiers, fusains, lilas, pêchers, pruniers, etc.). RW # *% % La dispersion du liparis dispar. (US. Depart. of Agricull. Bur. of Entom. Bull. n° 119.) On sait les ravages causés aux Etats-Unis par le liparis dispar, ou porthetria dispar. M. BurGess a étudié les moyens de dissémination de linsecte et l’influence des agents de propagation. 808 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Une des principales causes de dispersion est naturellemnet le vol des insectes adultes. Mais l’auteur signale d’autres moyens qui inter- viendraient d’une manière bien plus active. Le procédé le plus intense de dispersion serait l’automobilisme, le transport des chenilles et des œufs se faisant aussi par les vêtements, les produits de pépinières, les bois, les légumes voyageant d’un point à un autre, etc. Une autre cause serait la dissémination par les oiseaux, les œufs passant à travers le tube digestif des oiseaux sans être tous détruits: une expérience au- rait montré que sur 356 œufs ingérés, 142 étaient restés intacts dans les excréments. Enfin, il convient de signaler Pinfluence du vent. D'autre part, toutes les plantes ne conviennent pas à lalimentation de ce parasite, et on a observé en particulier que les conifères ne leur conviennent pas. Aussi la dissémination est-elle très difficile, si les divers agents indiqués plus haut déposent la chenille dans une région où il lui est impossible de trouver sa nourriture. D'ailleurs, pour trouver cette nourriture, la larve ne semble pas capable d’une bien longue rep- tation, des expériences de laboratoire ayant démontré que, après l’éclosion, la larve, sans nourriture, ne peut ramper que de 36 à 140 pieds, avec une moyenne de 100 pieds (33 mètres). Aussi de vastes forêts ou groupes d’arbres, constitués principalement de pins et d’au- tres conifères, s'opposent à la dissémination de l’insecte et n’exigent aucun traitement. Comme conséquences, l’auteur propose diverses mesures de lutte : 19 La législation devrait intervenir pour ordonner l'inspection des bois et autres matières qui interviennent dans la dissémination; 20 L'on devrait déterminer avec précision les essences qui ne peu- vent servir d'aliments aux jeunes chenilles, afin de réduire, dans les forêts, la dissémination par la constitution d’un milieu défavorable; 30 Le vent ne contribuant à la dissémination des jeunes larves qu’en provenance d’une région très infestée, il conviendrait de com- battre directement linsecte, à l’état d'œufs ou de chenilles, dans les régions où il abonde. II convient aussi d’éclaireir les bois le long des routes, notamment celles où passent de nombreuses automobiles. L. M. HYDRAULIQUE DienerT. — Remarques au sujet des expériences avec la fluores- céine. (C. À. Acad. Sciences, t. 157 (1913), p. 660.) Pour retenir la fluorescéine contenue dans un grand volume d’eau et la remettre en liberté, au moment où on le désire, l'auteur préconise de faire passer l’eau, contenant la fluorescéine et additionnée de 1 gramme par litre d’acide sulfurique, sur du sable des alluvions de la Seine, préalablement lavé à l’eau acidulée. La fluorescéine, retenue par ce filtre spécial, est remise en dissolution en traitant le sable par de l’eau ammoniacale. P. Norris. REVUE AGRONOMIQUE 809 CHIMIE DU SOL Audebeau Bey. — La Perméabilité des terres d'Égypte. (C. 2. Acad. Sciences, t. 157 (1913), p. 231.) * *X *# STOKLASA. — Influence de la radioactivité sur les micro-organismes fixateurs d'azote ou transformateurs de matières azotées. (C. R. Acad. Sciences, t. 157 (1913), p. 879.) L'émanation favorise la fixation de l'azote, mais nuit à la réduction des nitrates. P. Norrix. LEMMERMANN. — SPA quel point peut-on remplacer les sels potassiques de Stassfurt, par des roches éruptives finement mou- lues : phonolite, leueite, ete...? (Bull. des Renseignements agricoles (/nsutut international d'A griculture), t. IV, 1913, p. 1545.) Pendant ces derniers temps on s’est efforcé d'introduire la phonolite dans la pratique agricole pour concurrencer les sels de Stassfurt (Voir Ann. Sc. Agr., 1913, I, p. 415). Diverses expériences ont été en contradiction avec celles de Weix, de sorte que l’auteur estime que la phonolite exerce bien un certain effet, mais nullement égal à celui des sels de Stassfurt. La poudre de feldspath a une valeur sensiblement inférieure à celle du chlorure de potassium. Les essais de M. PRIANICHNIKOW et de ses élèves ont montré l’inefficacité de la leucite; mais la néphé- line aurait une valeur égale à celle du chlorure de potassium : M. LEM- MERMANN fait des réserves au sujet de ce dernier résultat. L'auteur. indique aussi les recherches effectuées en vue du traitement chimique des silicates potassiques (Voir Ann. Se. Agr., 1913, IT, p. 536.) P. Norris. k + *% G. ANDRÉ. — Déplacement de la potasse contenue dans certaines roches feldspathiques par quelques substances employées comme engrais. (C. À. Acad. Sciences, t. 157 (1913), p. 856.) L'auteur triture, pendant cent trente heures, 10 à 12 grammes de feldspath pulvérisé dans 100 centimètres cubes d’eau avec Pun des corps ci-après indiqués. Le liquide limpide, recueilli après fil- tration sur un filtre de collodion, sert au dosage de la potasse : TABLEAU. 810 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE K?20 solubilisée pour 100 de K?0 Matières ajoutées contenue dans le feldspath Néant as AT De A MEL SUD MORE D IS AMIE Chlocure, de Sn eu 1. ANANAUSESAN D 20 NitraterdedSOdiune 00e MEME PR EPS PR RENE ail Phosphate /(rIGaLGue tt" 00e MEN ENTER RTE 1,96 Cérbonaäte’ de’Chaux Pr NOR EPA LEE, PHRASE 2,38 Sulaterderchaux:t rime ete detanfter 228 Phosphate monocalciquesydteneetasntt AN MX 3,90 Suliate d'ammoniaque the A PONT EURE 7,38 Les substances additionnelles ont toujours déplacé une quantité de potasse supérieure à celle qu’a fournie Peau seule. On peut donc attribuer l'élaboration des dissolutions du sol à de semblables actions de contact. L'auteur fait remarquer le déplacement de la potasse par la soude du chlorure de sodium ou du nitrate de soude; les sels de chaux agissent d'autant mieux qu'ils sont plus solubles. P.2 NOTTIN: # *% *# H. GaupEecnox. — Relation entre l'effet thermique qui accompagne l'immersion des corps pulvérulents sees dans les corps liquides et l'aptitude de ces derniers à former des molécules associées. (C. R. Acad. Sciences, t. 157 (1913), p. 209.) L'auteur avait été conduit, dans un travail fait en collaboration avec M. Müwrz, à mesurer le dégagement de chaleur produit par des corps solides pulvérulents et secs, immergés dans l’eau et quelques liquides organiques. De nombreuses déterminations nouvelles per- mettent à l’auteur de constater que la chaleur dégagée décroit lors- que, avec des liquides d’une série homologue, on s'élève vers les termes supérieurs; d'autre part leffet thermique en question dépend de l'étendue de la surface du solide rapportée à sa masse. Il semble donc que c’est à l'association agrégation ou polymérisation des molécules au contact de la surface des solides qu’il faut attribuer, en grande partie, l'effet calorifique observé dans l’immersion des pou- dres sèches dans un liquide. P« Norris. *% * * W. H. Fry. — Nature de l’anhydride phosphorique du sol, insoluble dans l’acide chlorhydrique. (The Journal of Industrial and Engi- neering chemistry, VOl. V, n° 8, p. 664-665. Easton, Pa, août 1913.) La méthode officielle américaine d'analyses de terres (10 grammes de terre, dix heures au bain-marie avec de l'acide chlorhydrique d — 1,115) ne décèle bien souvent qu'une partie de Pacide phospho- rique total. Dans une série d’ analvses de sols du Maryland, les 42,4% de l'acide phosphorique sont, en moyenne, restés inattaqués. REVUE AGRONOMIQUE S11 Or, le sol ne contient que très peu de minéraux phosphatés reconnus insolubles dans l'acide chlorhydrique, et l’on s’expliquerait mal ces différences si des analyses minéralogiques n'avaient démontré que beaucoup de terres contiennent de l’apatite, soluble dans l’acide, enrobée de quartz qui lui constitue une gaine protectrice et en em- pêche la dissolution. VIEILLE, *% * * W. A. Davis (Rothamstedt Experimental Station). — Un appareil de laboratoire pour l’évaporation continue de grands volumes de liquide. (The Journal of agricultural Science, vol. Ÿ. part. 4, octobre 1913, p. 434-430.) Appareil permettant de concentrer aisément de grands volumes de liquide dans le vide et d’un emploi courant pour la fabrication des extraits végétaux et animaux. |] se compose d’un ballon de distil- lation complété par un cylindre à capter les mousses, d’un récupéra- teur de dissolvant (réfrigérant et bocal); et d’une trompe à eau avec valve régulatrice de Hutchinson. VIEILLE. FA * * F. Janin et A. Asrruc. — Le manganèse dans les eaux d’alimenta- tion et les eaux minérales. (C. 2. Acad. Sciences, t. 157, n° 5, 4'août 1913/p: 338.) De très nombreux dosages ont conduit les auteurs à conelure que : 19 Les eaux d’alimentation contiennent, en général, fort peu de manganèse; tout au plus celui-ci se manifeste-t-1l dans les eaux ayant parcouru des massifs montagneux: 20 Par contre, les eaux minérales en relation directe avec les roches volcaniques sont assez riches en manganèse. L’assnnilation d’origine et de constitution des eaux de Vichy st du Boulon se manifeste encore dans la proportion de cet élément qui s’y trouve dissous. J. Simons. CHIMIE DE LA PLANTE H. Osr. — Hydrolyse et acétolyse de la cellulose (Ann. Chem., t. 398 b (1913),p. 313) L’hvdrolyse totale de la cellulose fournit seulement 45 7 du glucose prévu par la théorie. l’auteur a opéré lPacétolyse, c’est-à-dire la transformation en acétates suivie de l’hydrolyse de ces derniers; après avoir identifié les produits de la réaction, l’auteur conclut que la molécule de cellulose est entièrement constituée par des molécules de glucose. P. NoTTIN. 812 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Pozzi-Escor. — Analyse d’une pâte de cacao du Cuzco (Pérou). (Bull. Soc: Chim.. t. 20 (1913), p. 1011.) HUMIALES 271000, 0 URL PAM SR AN ROUE MANIÈTES OTARSES PE MEL PEN EN MA TE NRN CIRLARNT Genres NT Aer NL AMEN RER Tai 08 NE RTC MEME. k,10 Extrait aqueux . . LT à 2 MR AAA Hydrates de carbone insolubles . . . . . . . .. 13,78 Géllulose ‘étrautrestimsolubles 17 740 EM 22538 L’auteur indique de plus l'analyse des cendres riches en acide phosphorique; il pense qu’une partie de cet acide existe dans le cacao sous forme de combinaison avec la matière grasse. P. NoTrin. *# * * Vivien. — La Betterave en Europe et la saccharogénie. (Bull. Ass. Chimistes de sucrerie et distillerie, t. XX XI (1913), p. 164.) L’auteur continue à soutenir lhypothèse que le sucre ne se forme pas dans les feuilles (Voir Ann. Se. Agr., 1913 (2), p. 374). En com- parant les chiffres publiés en France, en Allemagne et en Autriche- Hongrie pour la récolte 1913, il semble que l'excès de feuilles nuit à la richesse saccharine: mais les chiffres de Magdebourg (O0. Licar) montrent le contraire. L’auteur conclut que les feuilles sont un organe d’évaporation, une sorte de pompe aspirante qui attire la sève élaborée par les racines. P. NorTrTin. + R. WiILLSTAETTER et L. ZECHMEISTER. — Contribution à la connais- sance de l’hydrolyse de la cellulose. (Berichte der deutschen chemi- schen Gesellschaft, t. 46 (1913), p. 2401.) La cellulose est saccharifiée par les acides chlorhydrique (D—1,209), bromhydrique et fluorhydrique, à froid en un ou deux jours. Le rendement en glucose est de 95 à 45% de la théorie; il ne se forme pas d’isomaltose. Dans les premières heures de l’hydrolyse il se forme un autre sucre que le glucose, probablement du cellobiose. P. Norrin. *# * * P. LesaGEe. — Contribution à la critique des expériences sur Paction de l'électricité atmosphérique sur les plantes. (C. R. Acad. Sciences, t. 157 (1913), p. 784.) L'auteur critique les expériences de culture dans lesquelles on compare deux plantes se développant d’un côté en plein air, de l'autre sous une cage métallique isolant la plante de l’électricité atmosphérique. L'auteur a répété ces essais en ajoutant un troisième terme de comparaison : la culture sous cage non isolante. Les cultures en plein air sont plus hautes et plus fournies que les cultures sous cage entre lesquelles les différences sont assez faibles et se compensent REVUE AGRONOMIQUE 813 plus ou moins. L'action des cages, isolantes ou non isolantes, s’ex- plique par le fait qu’elles entravent les mouvements de l'air et ralen- tissent les échanges gazeux ainsi que l’évaporation. P. Norris. %k + *% Gabriel BERTRAND et A. Compron. — Sur la présence d’une nou- velle diastase, la salieinase dans les amandes. (C. R. Acad. Sciences, t. 157 (1913), p. 797.) Les auteurs montrent la complexité de la préparation diastasique retirée des amandes et désignée sous le nom impropre d’émulsine. La température et la réaction du milieu qui favorisent le mieux activité de l’émulsine sont différentes suivant l’hydrolyte étudié : salicine, amygdaline et cellose. PANOTENE *k * * D. CHoucnak. — Sur l’absorption de différentes formes d’azote par les plantes. (C. À. Acad. Sciences, t. 156, n° 23, 4 juin 1913, pré- senté par M. Scazæsina fils.) L’absorption de l’azote minéral ou organique par les jeunes plants du blé ne dépend pas immédiatement de la matière vivante; elle est déterminée par des substances qui sont contenues dans les racines et que l’eau bouillante n’enlève pas; toutes autres conditions égales, le pouvoir absorbant, la vitesse de diffusion sont proportionnels aux concentrations jusqu’à une certaine limite à partir de laquelle ils croissent plus vite qu’elle. La diffusion d’une substance nutritive dans la racine dépend de l’ensemble des conditions physico-chimiques qui déterminent le coef- ficient de partage entre le milieu et la racine; ainsi que de sa concen- tration et des pressions osmatiques qui s’établissent dans les deux milieux. VIEILLE. *k + * Marcel MIRANDE. — Sur l’existence d’un composé eyanique dans une papavéracée. (C. R. Acad. Sciences, t. 157, n° 17, 27 oct. 1913, p. 727.) Le papaver nudicaule L, originaire des régions arctiques (Sibérie) et de l'Himalaya, introduit il y a quelques années en Suisse, a donné avec le papaver alpinum L des hybrides dont les feuilles sont remar- quables par l’extrême variation des découpures, tandis que les fleurs ont pour teintes fondamentales le jaune, le rouge orangé et le blanc. Cet hybride, cultivé au jardin alpin du Lautaret, contient une substance, qui, sous l'influence d’un enzyme agissant à la façon de l’émulsine et contenu aussi dans la plante, se décompose en donnant entre autres produits de l'acide cyanhydrique. Ce dernier composé se trouve en quantité variable dans les plantes, les termes extrêmes A 44 et 08 0012 d'acide cyanhydrique pour 100 parties de feuilles raiches. 814 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Les plantes à fleurs jaunes sont les plus riches en C Az H et le sont d'autant plus qu’elles se rapprochent davantage du type nudicaule pur qui contient probablement des composés cyaniques puisque le papaver alpinum n'en possède pas. Les produits élaborés par la subs- tance vivante constituent des caractères profonds de cette substance. On conçoit donc l'intérêt que présente, au point de vue de la connais- sance de l’hybridation et de l’hérédité, l'étude de la variation de ces composés cyaniques. VIEILLE. F. WaGxEer. — Expériences comparatives de fumure potassique avec farine de phonolite et sel de potasse à 40 °/,, faites à Geisenfeld, Bavière, de 1910 à 1912. (Pracktische PBlaller für Pflanzenbau und Pflanzenschutz. Stuttgart, avril-mai-juin 1915.) L'union allemande pour la culture du houblon a entrepris ces expé- riences dans une houblonnière datant de 1908, en sol sableux humi- fère, peu fertile et pauvre en potasse. Le sol a été divisé en parcelles; chaque plant a recu 100 grammes de sulfate d’ammoniac, 150 grammes de scories à 18% d’acide phos- phorique et 100 grammes de calcaires en couverture, puis, sauf les témoins, une quantité variable d'engrais potassique, savoir : Phonolite à 9,87% K20 — 142 et 284 grammes, correspondant à 7455 et 143*5 de K20 à l’hectare; Sel de potasse à 46 84% K20 — 30 et 60 grammes, correspondant à 71*5 et 143*5 de K20 à l’hectare. Voici un extrait des chiffres obtenus par l'auteur, chiffres se rap- portant à l’hectare et desquels se dégage nettement la conclusion de ces expériences. Surplus FR RTE Application de potasse de (à 185 marchande récolte ie kilo) Ee los) SPA os CE MERS) CPR 92 88,50 130,10 ( | Sel de potasse . . . 466 557,30 134,10 ebno RP honolite CON ee 245 252,10 129,15 | Sel de potasse . . . 763 906,89 130,10 Aucune SNS € » » 434,10 VIEILLE. % * %* W. A. Davis et A. J. Daisn. —— Étude sur les méthodes de dosage des hydrates de carbone, principalement dans les extraits de plantes. Nouvelles méthode pour le dosage du maltose en présence d’autres sucres. (The Journal of Agricultural Science, vol. V, part. 4, octobre 1913, p. 437-468.) Les auteurs ont étudié, à Rothamstedt, les méthodes d'analyse des sucres dans les extraits de plantes et ont découvert certaines erreurs REVUE AGRONOMIQUE 815 qui sont sans doute commises d’une facon courante. Voici leurs conclusions : 19 Le procédé de dosage gravimétrique employé est celui de Sox- LETH : un volume donné de solution sucrée réagit sur un excès de liqueur de Fehling, et l’on recueille oxyde de cuivre sur tampon d'amiante. De graves erreurs peuvent être faites si lon ne prend pas la précaution de purifier lamiante en la faisant préalablement bouillir pendant trente minutes avec une solution de soude caus- tique à 20%. Une amiante même calcinée et lavée à l’eau nitrique bouillante perd ensuite une notable partie de son poids si on la met avec de la liqueur de Fehling ou toute autre solution fortement alcaline; elle semble done contenir une certaine quantité, variable d’ailleurs, de silicates aisément décomposables qu'il importe d’éli- miner dès le début. Si l’on pèse l’oxyde de cuivre, et non le cuivre réduit par lhydro- gène, on s'expose à de graves erreurs que l’on peut éviter si l’on observe les recommandations formulées par les auteurs : laver le précipité à l'alcool, à l'éther, le sécher à 1009 et le mettre dans un creuset que l’on dispose dans un autre plus grand au-dessus d’un brûleur de manière à éviter le contact de la flamme avec loxyde. On chauffe jusqu’à poids constant : une demi-heure environ. Tout l’oxyde ronge Cu O est passé à l’état d'oxyde Cu O que l’on pèse. Le chalumeau ne doit pas être employé, car il donne une température trop élevée et la disso- cation du Cu O peut se produire partiellement; 20 Les méthodes volumétriques de Linc et de BERTRAND ont été étudiées. La première (Emploi de la liqueur de Fehling avec thio- cyanate ferreux comme indicateur) paraît préférable à la seconde (dissolution du Cu?S dans une solution acide de sulfate ferrique et titrage au permanganate) comme exactitude, rapidité... :; 30 Dans les extraits végétaux, l'accumulation d’acétate de sodium dans les liqueurs analysées empêche généralement linversion totale par l'acide citrique à moins de 10%; mais ne gêne en aucune façon inversion par l’invertine. 11 est à recommander de faire l’inversion du saccharose par ces deux procédés. L’emploi du sous-acétate de plomb ne produit aucune perte de sucre, comme il a été dit quelque- fois; la perte supposée est due, sans doute, à ce que, par suite de la présence d’une grande quantité d’acétate de sodium, l’inversion par l'acide n’a pas été complète; 49 Une étude détaillée de l’action de l'acide chlorhydrique, dilué sur différents sucres, prouve qu’il est impossible d’hydroliser complé- tement lé maltose à 70° ou à 1000 sans détruire simultanément de grandes quantités de glucose et de lévulose;: 50 La seule bonne méthode pour le dosage exact du maltose consiste dans l’emploi de levures spéciales secrétant de la maltase (S. exiguus : S. marzianus ; S. anomalus) et en introduisant une correction (pour les pentoses...) obtenue par une fermentation spéciale avec la levure de bière; 69 L'étude se termine par une méthode pour le dosage quantitatif des sucres dans les substances végétales. VIEILLE. 816 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE J. S. Joxes, C. W. Cover (Laboratoire de chimie agricole, Université de Idaho, États-Unis). — Influence de l'irrigation sur la composi- tion des pommes. (The Journal of agricultural Science, vol. V, part. 4, octobre 1913, p. 424-428.) Les fruits obtenus avec le secours de lirrigation sont-ils bien, comme on le dit fréquemment, plus fades, plus difficiles à conserver, plus riches en eau que les autres? Et, par conséquent, l'analyse per- met-elle de distinguer l’origine et, dans une certaine mesure, de dé- terminer la qualité des pommes? Les variétés les plus connues dans le nord-ouest des Etats-Unis, ont été étudiées, tous les échantillons récoltés sur des arbres irrigués venant de régions où le climat et le sol nécessitent l'irrigation et tous les échantillons de pays non irrigués provenant de districts où la chute annuelle des pluies, le sol ou la topographie rendent les arro- sages impraticables. Pour une même variété, les fruits ont généralement moins de ma- tière sèche, de sucre total et d’acide et toujours moins de tourteau soluble et de matière azotée si l’on a recours à lirrigation. Pour l’ensemble des variétés, on trouve que les arrosages n’influent pas sur le pour cent de sucre mais qu’ils font tomber celui de chacun des autres éléments déjà nommés. En tous cas les écarts sont si faibles pour le sucre et l’acide qu’il est impossible de tirer aucune conclusion de ces données analytiques; seule, la faible teneur en tourteau inso- luble permet de supposer que les arbres irrigués donnent des fruits plus fragiles, un peu moins faciles à conserver. Pour cent d'extrait sec, on trouve de même que les fruits des pays arrosés ont plus de sucre, autant d’acide et moins de tourteau inso- luble et de matière azotée. Ici encore les écarts sont faibles. Il en résulte que le commerce des pommes séchées, qui se développe beau- coup dans le nord-ouest des Etats-Unis, ne pourra pas tirer de ren- seignements de l’analyse des produits; les différences entre produits commerciaux devant être plus faibles encore que celles mentionnées dans cette étude. VIEILLE. % * * RussELL et PETHERBRIDGE. — Sur la croissance des plantes dans les sols partiellement stérilisés. (The Journal of agricultural Science, vol. V, part. 3, juin 1913, p. 248 à 287.) Au cours des expériences entreprises à la station expérimentale de Rothamstedt, les auteurs ont constaté que la stérilisation du sol avait pour effet de modifier assez profondément la croissance et les «habitudes » des plantes. Les auteurs exposent ces différences et les hypothèses qu’ils émettent pour les expliquer; leur étude renferme de plus les données expérimentales obtenues et est accompagnée de photographies. La stérilisation du sol a été faite : 19 Par des antiseptiques volatils ou aisément décomposables que l’on chasse dès qu’ils ont produit leur effet (Toluêne, sulfure de cal- cium.….); REVUE AGRONOMIQUE 817 20 En le chauffant à 559, température juste suflisante pour mettre les bactéries hors d'action; 30 En le chauffant à 1000, Une étude attentive des faits observés montre que la stérilisation a eu les effets suivants : 1° Elle provoque généralement un retard dans la germination et, quelquefois, une accélération partielle (n’affectant qu’une partie seu- lement des semences); 20 I] y a généralement une accélération de la croissance vers le moment de lapparition de la troisième ou quatrième feuilie, mais quelquefois aussi un ralentissement marqué, surtout dans les sols riches chauffés à 1000, On ne connait pas les conditions qui régissent ce ralentissement et on n’a jamais pu prévoir avec certitude le moment où 1l devait s'arrêter. D’une façon générale il a été observé plus sou- vent pendant les sombres journées d'hiver que pendant les jours plus lumineux du printemps et de l'été: 30 Quand ce ralentissement se manifeste, les feuilles prennent une couleur d’un vert très foncé; et l’on remarque : ou la formation d’un pigment pourpre, ou la tendance de ces feuilles à s’enrouler du côté de la face inférieure. L’apparence générale dit nettement qu'il y a une tendance de la plante à réduire son assimilation; 49 Plus tard, la couleur pourpre disparaît et l’enroulement cesse: un développement rapide de la plante se produit, puis, finalement, la croissance devient proportionnelle à la quantité de principes nutri- tifs qui existent dans le sol; 50 La stérilisation à 1909 provoque un développement tout à fait remarquable de racines fibreuses, que l’on ne retrouve pas dans le sol témoin non traité : 6° Dans les sols chauffés à 1000, les plantes ont des feuilles plus larges, d’un vert plus foncé, des tiges plus fortes et à entrenœuds ordinairement plus courts, une floraison plus précoce et plus abon- dante, une matière sèche plus riche en azote et quelquefois en acide phosphorique et en potasse; de plus les racines et la tige cèdent plus complètement aux fruits leurs principes minéraux: 79 Les plantes des sols chauflés à 55° ou traités avec des antisep- tiques, montrent ces phénomènes à un moindre degré; il n'y à que rarement un retard à la germination des semences et ordinairement une accélération, quelquefois rapide, à laquelle succède une croissance régulière. Le développement des racines fibreuses et le raccourcisse- ment des internœuds ne se produisent pas, mais on fait les mêmes remarques que précédemment au sujet de la teneur en matières miné- rales et de la migration de celles-ci vers le fruit. VIEILLE. *k * * Em. BourQuELoT, HÉRISSEY et Corrre, — Synthèse biochimique d’un sucre du groupe des hexobioses : la gentiobiose. (C. A. Acad. Serences, t. 157, année 1913, n° 17, 27 octobre, p. 732-734.) Synthèse de la gentiobiose C2 H22 ON par action à la température du laboratoire, de l'émulsine sur les solutions aqueuses concentrées de glucose et additionnées de thymol, phénol ou toluène. Lorsque l’'émul- ANN. SOIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 — II 52 818 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE sine a produit son action, on la détruit par la chaleur et on se débar- rasse de l’excès de glucose par de la levure de bière haute. De la liqueur neutralisée et évaporée, on a pu extraire la gentiobiose, C’est le premier exemple d'obtention par voie biochimique d’un polyose pur et nettement défini. r VIEILLE. MICROBIOLOGIE JonaAnNessonn. — Action des acides organiques sur la fermentation par la levure. (Biochemische Zeutschrift, t. 47, 1912, p. 97.) La fermentation alcoolique est accélérée par l'acide formique et ses homologues supérieurs à faible dose. A une certaine concentration, la fermentation est arrêtée, mais sans que la levure soit tuée. P. NorrTin. %k + * LEmoiGxe. — Fermentation butylène-glycolique du glucose par les stapyhlocoques et les tétragènes. (C. À. Acad. Sciences, t. 157, 1913; p: 653.) L'auteur a déjà montré que les bactéries du groupe du B. subtiles pour assimiler les hydrates de carbone et les alcools supérieurs, leur font subir une fermentation butylène-glycolique aérobie (Voir Ann. Sc. Agr., 1913, 2, p. 538). De nouvelles expériences prouvent que les staphylocoques et les tétragènes produisent la même fermentation caractérisée par la formation de 2.3-butylène-glycol ou par celle de l’'acétylméthylcarbinol. P. NoTTIn. * * * H. Eurer et D. JonanNessonx. — Sur les modifications simultanées de la teneur en invertine et en enzyme fermentaire dans la levure vivante. (Zeztschrift für Physiol. Ch., t. 84, 1915, p. 97.) Si l’on compare une même levure cultivée sur mélange salin et sur mélange contenant du saccharose, on constate que la culture sur saccharose a augmenté considérablement la teneur en invertine des cellules. Mais Pactivité fermentaire a diminué. Le rapport prentates dUI était ® avant la culture sur sacchorose, passe après à 9. + + 7% Enriicu. — Recherches sur les échanges d’albumine par la levure et les champignons de moisissure. (Zeitschrift für Spiritusindustrie, 25 sept. 1913.) L'auteur a constaté que la levure transforme la leucine et lPiso- leucine en alcools amyliques correspondants; la levure attaque, suivant REVUE AGRONOMIQUE 819 le même processus, les acides aminés les plus divers : acide gluta- mique, tyrosine, tryptophane. Quantitativement 70% de tyrosine se transforment en l'alcool correspondant ou tyrosol, et 30% se retrouvent sous forme d’éthers composés. Des essais analogues ont été faits par l’auteur sur plusieurs moisissures. P.-NOrTin. Charles LEPIERRE. — Inutilité du zine pour la culture de l « Asper- gillus niger ». (C. À. Acad. Sciences, t. 157, 1913, p. 876.) L'auteur montre que le zinc n’est pas indispensable à la vie de l’'Aspergillus niger, contrairement aux conclusions classiques de RauziN et à celles plus récentes de M. Javizzrer. Si l’on cultive la moisissure dans des fioles coniques, de telle sorte que la hauteur de liquide soit grande par rapport à son volume, c’est-à-dire que la surface libre soit proportionnellement plus petite, on recueille, dans des milieux privés de zinc, des récoltes atteignant le maximum obtenu par RAULIN et confirmé par J'AvViLLiER. Cependant, en pré- sence du zinc, la plante atteint plus vite son poids maximum : c’est là un rôle utile, qu'il ne faut pas confondre avec le rôle indispensable des éléments physiologiques. Par des expériences antérieures, l’auteur evait montré que le zinc pouvait être remplacé par d’autres éléments. FE. NorTriw. TECHNOLOGIE J. PreraErTs. — La féeule de « Dolichos multiflorus ». (Bull. Assoc. Chimistes de sucrerie et distillerie, t. 31, 1913, p. 230.) Caractères microscopiques et analyse de cette fécule. — P. Norris. *k * *% © J.-B. Ratuer. — Acide phytique dans la farine de semences de coton et le son de froment. (Am. Chem. Soc., t. 35, 1913, p. 890.) L'auteur a isolé de ces deux produits un acide phytique ou inosite- phosphorique, correspondant à la formule CE H# PS8 O4, — P, Nor- TIN. % * * E.-J. PRANKE. — Fabrication et emplois de la eyanamide. (Chem. News., t. 107, 1913, p. 292 et 306.) 820 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE VAssEUx. — Sur un moyen pratique et économique de conservation des viandes et produits alimentaires. (Bull. Assoc. Chimistes de sucrerte et distillerie, t. XXXI, 1915, p. 180.) La viande fraîchement tuée est mise dans le sucre en poudre. Pen- dant les trois ou quatre premiers jours, le sucre absorbe l’eau de la viande et se réduit à l’état de sirop; après avoir décanté ce sirop, on recouvre la viande avec une autre partie de sucre en poudre. Il se produit une déshydratation profonde; les éléments du sang restent dans la viande qui se raccornit sans perdre ses propriétés nutrilives. On peut enlever le goût sucré par simple immersion dans l’eau avant cuisson. L'auteur a conservé du poisson par le même procédé. P. NorTTin. * * *% H. Perzer. — Nouvelle méthode pour la détermination de faibles quantités de principes réducteurs en jhpeeuiee d’une forte propor- tion de sucre cristallisable. (Bull. Assoc. Chimistes de sucrerie et distillerie, t. 31, 1913, p. 183.) L’auteur montre que le saccharose pur réduit la liqueur cupropo- tassique sous l’influence de la chaleur; la quantité de cuivre précipité varie avec la concentration en sucre, avec l’alcalinité, avec la durée d’ébullition. Au contraire, l’action réductrice du saccharose est très faible vis- à-vis des liqueurs cuivriques carbonatées; d'autre part, la quantité de cuivre déposée pour un même poids de réducteur est 1,5 à 1,8 fois plus forte avec les liqueurs cuivriques carbonatées qu'avec les liqueurs cupropotassiques alcalines. L’auteur a réussi à supprimer totalement l’action du saccharose sur la solution cuivrique en abaissant la tempé- rature de chauffage : en maintenant 10 minutes au bain-marie à 600-620, il n’y a plus trace de précipité ni de coloration avec 10 gram- mes de sucre pur, et le réducteur réagit complètement sur la liqueur cuivrique. Par cette méthode, l’auteur a pu déceler de faibles quantités de sucres réducteurs dans le jus de betterave (08 060 à Osr 080 pour 100 centimètres cubes de jus); il se propose de suivre les réducteurs dans les divers produits de la sucrerie de betterave durant la prochaine fabrication. Le mémoire est suivi de plusieurs notes sur la préparation des liqueurs cuivriques, sur les vases à employer pour la réduction, sur la filtration du précipité d’oxydule de cuivre, sur la quantité de réducteurs contenus dans des sucres de diverses qualités, sur l’apph- cation du nouveau procédé de dosage à la sucrerie de cannes. P.-Noarrine * * * ELoiRE. — Le Mouillage du lait, son contrôle par l'examen du petit lait au densimètre. (L’/ndustrie laitière, t. 38, 1913, p. 740.) L’auteur propose le procédé suivant pour le contrôle rapide du lait : caillage du lait par la présure sèche, filtration, densité du petit lait REVUE AGRONOMIQUE 821 (1.027 à 1.030), extrait sec du petit lait (67 grammes à 70 grammes par litre). P. Norris. % *X * Urz. — Dosage de l’eau dans le fromage. (Zeitschrift für angewandele Chemie, 1913, p. 271.) L’auteur effectue ce dosage en déplaçant l’eau par distillation avec du pétrole et en mesurant le volume du liquide recueilli. P. Norri. 22 *k *% Gabriel BERTRAND et Robert SAzErAc. — Action favorable exercée par le manganèse sur la fermentation acétique. (C. À. Acad. Scien- ces} 62457,:1913,:p::149.) Le mycoderma aceli de Pasteur (aujourd’hui bacterium aceli) oxyde beaucoup plus rapidement l'alcool, pour le transformer en acide acé- tique, dans un milieu additionné d’une petite quantité de manganèse, que dans le même milieu non additionné et naturellement très pauvre en ce métal. Avec un 10.000€ de sulfate de manganèse, il s’est formé les quantités suivantes d'acide acétique : après trois jours 02 552; après six Jours, 28 322, Le témoin sans manganèse a fourni des résultats plus faibles : après trois jours, 087 378, et après six jours 121 986. Ces résultats portent à supposer que le rôle oxydasique du manganèse existe chez les bactériacées comme chez les plantes supérieures. P. NoTrin. *k * * BErRGEIM et HawKx.— Action empêehante des eaux adoucies à la chaux sur le pouvoir des enzymes. (Journal of (he american chem. Society, 6394913; :0: 10492) Les eaux adoucies par l'emploi de la chaux exercent une influence inhibitrice très nette sur l’action des amylases solivaire et pancréati- que. Cette action n’est pas due à lalcalinité, mais à la présence d’hy- drate de magnésie colloïdal et de carbonate de chaux. Ces observations, si elles sont générales pour toutes les diastases, peuvent avoir un intérêt pratique pour certaines industries agricoles, la brasserie par exemple. P. Norrix. # * * F.-B. Power, F. Turix et M. RoGErson. — Les constituants du hou- blon. (Chem. Soc., t. 103, 1913, p. 1267.) Les auteurs ont retiré de 25 kilos de houblon sec les principes solu- bles dans l’eau dont l’énumération suit : choline, l-asparagine, tannin, nitrate de potassium, sucre donnant la d-phénylglucosazone, matière amorphe de goût amer et de couleur foncée, une trace de base volatile à odeur de coniine. En traitant par l'alcool le résidu insoluble dans l’eau, ils ont extrait 14% d’une substance huileuse dont ils ont retiré 822 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE les corps suivants : alcool cérylique, hentriacontane, phytostérol, phytostéroline, acides formique, acétique, butyrique, valérique, f-isopropylacrylique, nonylique, palmitique, stéarique et cérotique, un isomère de l’acide arachidique, acides chrytinique et linolique; les auteurs ont en outre trouvé plusieurs corps nouveaux dans cette subs- tance huileuse : des phénols, C1? H18 O4 fusible à 1969, de couleur fauve et de goût amer (humulol), et C4 HO, fusible à 1720, de couleur jaune orangé et de goût fade (xantho-humol). Les auteurs n’ont pu retrouver l'acide lupulique et attribuent lamertame du houblon à une partie des produits solubles dans l’eau ou dans l'alcool. P. NorrTin. k# # * GERBER. — Identité entre la présure, la easéase et la trypsine d’un même latex. Existence de deux types de ferments protéolytiques végétaux. (C. À. Acad. Sciences, t. CLVII, 1913, p. 241.) Présure, caséase et trypsine d’un même latex ne sont que trois aspects différents ou successifs d’une même diastase, coagulant le lait et poussant l’hydrolyse de la caséine et de la fibrine, jusqu’à la forma- tion des acides aminés. Il existe bien des caractères séparant les trois actions protéolytiques des latex et provenant de différences dans action des sels calcifiants et décalcifiants, des acides et des bases, en particulier sur la coagulation et la digestion diastasique du lait: mais ces différences sont uniquement dues au rôle précipitant (cal- cifiants, acides) ou solubilisant (décalcifiants, bases) des composés ci-dessus vis-à-vis d’un des premiers produits de désintégration de la caséine par le ferment protéolytique unique des latex. Les ferments protéolytiques des latex appartiennent à deux groupes : l’un ne coagule ni ne digère le lait cru pur et ne digère pas la caséine et la fibrine en présence de traces de sels neutres d'argent, de cuivre, de mercure, d’or, de platine, de chlore, de brome, d’iode, d’eau oxy- génée. L'autre coagule et digère le lait cru pur et digère la caséine et la fibrine, presque aussi bien en présence de traces et même de doses assez élevées des composés et éléments précédents, qu’en leur absence. P. Nous. Fr Gabriel BERTRAND et G. WEISWEILLER. — Composition de l'essence de café, présence de la pyridine. (C. À. Acad. Seiences, t. 157, 1943, p.212.) * %k *X HÉBERT. — Composition des graines grasses de deux espèces de Sym- phonia, de l’est de Madagascar. (Bull. Soc. Chim., t. 13, 1913, p. 1039.) L'auteur a étudié les graines de deux espèces de symphonia. Ces graines servent pour l'extraction de l'huile aux indigènes de l’est de Madagascar, qui dénomment les arbres Kizalahy (Symphonia lœvis) et Kizavavy (Symphonia Louveli). La proportion de matières grasses REVUE AGRONOMIQUE 823 contenues dans ces graines est 35 % pour #. lœvis et 40% pour S. Lou- veli. Les tourteaux possèdent, dans les deux cas, une texture fibreuse qui doit les rendre désagréable à manger pour les animaux. l’auteur indique la composition de ces tourteaux et les constantes des deux matières grasses qui sont très voisines. P.:NorTriw: ŒNOLOGIE J. LABORDE. — Détartrisation partielle des vins par le froid. (Revue de Viiculture, n° 1032.) L'auteur expose les résultats obtenus par lui en traitant des vins de la Gironde par le froid, les ondes hertziennes et certains adjuvants chimiques. Les conclusions sont que ces résultats « tendent à démontrer que si on veut faire de la réfrigération artificielle des vins un traitement économique, 1l faudra, dans bien des cas, l’aider par des actions laté- rales, de façon à obtenir du froid industriel son maximum d’effet dans le temps le plus court. Et, si des adjuvants chimiques tels que le tar- trate neutre ou le citrate de potasse ne peuvent être employés, on devra se tourner du côté des adjuvants physiques, l'électricité par exemple, pour favoriser la précipitation partielle de la crème de tartre qui entraine avec elle d’autres principes, en déterminant ainsi un dépouillement précoce du vin, favorable à sa conservation et aussi, vraisemblablement, au développement de ses qualités ». P. M: * * Bois. — La Volumétrie physico-chimique, ses applications ‘à l’ana- lyse des vins. (Annales des falsifications, t. 6, 1913, p. 447, 495 et 238.) L’auteur expose les diverses méthodes de dosage que MM. Durorr et Düusoux ont mis au point en ce qui concerne l’analyse des vins, et qu'il a expérimentées lui-même au laboratoire de chimie-physique de Lausanne : 19 Dosage simultané des sulfates et de l'acidité forte; renseigne- ments qualitatifs sur l’acidité faible et les matières tannantes, au moyen de la baryte ? comme réactif; 2° Dosage des sulfates directement sur le vin avec le chlorure de baryum normal; 39 Dosage des chlorures directement sur le vin avec le nitrate d’ar- gent normal: 1° Dosage des phosphates minéraux directement sur le vin au moyen du nitrate d’uranyle normal; 9° Dosage de la chaux après séparation à l’état de sulfate, au moyen de loxalate de potasse normal; 69 Dosage des cendres, à partir de la conductibilité spécifique du 824 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE vin à 279, connaissant le degré alcoolique à laide d’une formule empi- rique ; 79 Dosage de la potasse totale, sur la solution des cendres, au moyen du “chlorure de platine normal: 8° Dosage de l’alcalinité totale, élément nouveau, c'est-à-dire de la somme des alcalis inorganiques et organiques combinés aux acides organiques du vin, après séparation des sulfates et des phosphates et avec le nitrate de plomb normal comme réactif: 99 Dosage de l'acide tartrique, après séparation des sulfates et des phosphate, au moven de l’acétate de baryum normal: 100 Séparation et dosage des acides tartriques, malique et succi- nique (Noir, Ann Sc.asr., 1913/0)p°520). L'auteur décrit le mode opératoire et le matériel employé pour la mesure des conductibilités par le dispositif de Kohlrauch : cave pour recevoir le vin, burettes graduées en 1/100€ de centimètre eube. La technique opératoire de ces dosages consiste à ajouter à un volume connu de vin des quantités croissantes de réactif, à déterminer la conductbilité électrique du vin après chaque addition de réactif, et à construire une courbe en portant en abcisse les volumes de réactif et en ordonnée les conductibilités. Sur la courbe obtenue, on observe un ou plusieurs points d’inflexion, qui correspondent à la saturation d’un élément constituant du vin par le réactif. MM. Bruno et TurQuAND p'AuzAY ont critiqué le dosage des sul- fates dans les vins par cette méthode (Voir Ann. Sc. agr., 1912 (2), p. 98): M. Boxis répond à leurs objections. Il conclut que la tech- nique indiquée par MM. Durorr et DuBoux présente un intérêt indis- cutable pour le chimiste œnologue et Fexpert, soit que les modes de dosage indiqués permettent, à précision égale, d'opérer avec une plus grande rapidité que par les méthodes ordinaires, soit qu'ils apportent des éléments nouveaux d’ appréciation. Norman ÉCONOMIE RURALE — ENSEIGNEMENT H. Hirier. — Enquête sur les salaires agricoles. (Bull. Soc. d'En- courag. pour l'Industrie nal., t. 120, 1913, p. 347.) L'auteur commente les renseignements publiés par le ministère de l'Agriculture à la suite d’une enquête sur les salaires agricoles en France. Le nombre des salariés agricoles est des plus variables sui- vant les départements, ce qui s "explique par la diversité des systèmes de culture, D’une façon générale, la main-d'œuvre agricole salariée se fait de plus en plus zare, sauf dans quelques localités du littoral méditerranéen où s’est récemment développée la culture maraïchère et florale; l’auteur indique les nombreuses causes de cette diminu- tion. I résulte de l'enquête, que la situation des salariés s’est partout améliorée dans nos campagnes. L'auteur pense que la véritable solu- tion de la crise de la main-d'œuvre est d'établir les systèmes de culture de façon à pouvoir paver des salaires élevés et à occuper le personnel toute l’année. P. NoTrix. * % % REVUE AGRONOMIQUE 825 STRUTT et Edward GÉRALD. — La dépopulation des campagnes en Angleterre (Transactions of the Surveyors Instituie, vol. 45, no- vembre 1912). La population rurale de l'Angleterre et du Pays de Galles, qui était de 1.025.482 en 1851, n’était plus que de 951.439 en 1901. D'ailleurs, les statistiques mentionnent en même temps un accrois- sement de l'étendue des pâturages au détriment des terres cultivées, Depuis 1851 jusqu’à 1911, la diminution totale des terres cultivées s’est élevée à 1.215.800 hectares. L’auteur pense que cette transfor- mation agraire a eu pour conséquence la désertion partielle des cam- pagnes. Il semblerait done qu’un des moyens les plus eflicaces d'accroître la population agricole serait d’affecter une portion considérable de ces pâturages médiocres à l’emploi qu'ils avaient primitivement L'auteur a tenu rigoureusement la comptabilité de deux fermes auxquelles il est intéressé et il a constaté que la culture du blé donne des bénéfices plus considérables que l'élevage. La culture entraine plutôt une augmentation du nombre des petits propriétaires, cette division de la propriété ne devrait être faite que suivant des mesures très strictes : ainsi elle ne devrait avoir lieu que dans les régions où les petits propriétaires possèdent des facilités pour les marchés, pour l'écoulement de leurs produits: les conditions de sol, de climat, de transit doivent y être telles qu'elles rendent possible et avantageuse la culture intensive, qui seule peut retenir la population agricole. La culture du houblon et principalement la culture de la betterave, nécessitant beaucoup de main-d'œuvre, rendraient là d'immenses services. D’autre part, le Gouvernement peut arrêter en partie cet exode vers la ville, en donnant au petit propriétaire une éducation pratique et en multipliant les moyens de communication locaux. On propose aussi, comme autre moyen, l’extension des étendues boisées. Enfin l’auteur signale, comme principal moyen, l'érection de petites maisons avec jardins, ainsi que cela s’est fait en Irlande : les conseils de district établissent les plans; le Local Government Board fait une enquête locale et approuve le plan s’il le juge convenable. Le capital est alors avancé par la Land Commission et il est remboursé en soixante-huit ans et demi par paiements égaux. L'intérêt est de 3.25 %, l'intérêt pur étant de 2,75 % et l’amortisse- ment de 0,50 %. Au 31 mars 1912, il existait 49.000 plans dont 40.000 construits et habités et 9.000 en construction. L’auteur signale enfin le morcellement de la très grande propriété dans certaines régions comme une conséquence de l'élévation des droits de succession. 155 BIBLIOGRAPHIE 23e Rapport annuel des Établissements de sélection de graines de Betteraves de Wohanka et Ci°. Brochure éditée, avec 4 photogra- vures, par les noce généraux pour l’Europe occidentale. --MM. J.- B. Puvrez et fils, 91, chaussée de Vleurgat, Bruxelles. Généralement les maisons de graines de betteraves publient des rapports annuels n'ayant d'autre but que la mise en évidence de pro- cédés de sélection utilisés par ces mêmes maisons — ou de résultats culturaux souvent assez discutables. La maison Wohanka a fait exception, cette année comme les années précédentes, en éditant une brochure de 64 pages, dans laquelle on trouve des aperçus très complets et très originaux sur les progrès et nouveautés réalisés au cours de l’année 1912 2 dans le domaine de la culture et de la sélection de la betterave et des graines de betteraves. Etant donnée l'abondance des travaux sur ce sujet on n’a pu, dans cette revue d'ensemble, que donner un court aperçu sur les travaux les plus remarquables sur : La préparation, levée, culture, récolte et conservation; L’anatomie, physiologie et chimie; La fumure: L'analyse chimique de la betterave sucrière; La sélection, les porte-graines et graines de betteraves: Les résidus de la betterave à sucre ; Les ustensiles de culture de la betterave et machines de récolte; L’usage du sucre, l'emploi de la betterave à sucre comme fourrage et les résidus de la sucrerie; Les animaux nuisibles et les maladies de la betterave à sucre: Et à la fin de la brochure se trouve une table bibliographique donnant les titres des travaux mentionnés dans le livre ainsi que des travaux que le manque de place n’a pas permis d'examiner. En somme,.sous une forme modeste, la maison Wohanka, repré- sentée par M. PreurGaAT, vient de faire paraitre un résumé présen- tant le plus grand intérêt pour tous ceux, industriels ou fermiers, qui s'occupent de betteraves à sucre. Ch. "P: # *X *% BIBLIOGRAPHIE 827 La Déperdition de l’azote des fumures dans les sols sableux. Recherches entreprises sous le patronage de ta Section des Engrais de la Société d’A gricullure allemande, par le Dr E. vox SurHorsr, professeur et directeur de l'Institut agronomique de l'Université de Gotlingen; avec la collaboration de MM. les Drs MürHer, MAYER, BOTHE, Haas, AHLMER, Dr comte Rosrworowsktr et Dr Sixz. Edité à Berlin, SW. 11, à la Société d'Agriculture allemande Dessaues Srasse 14. l’auteur, dans son travail, s’est eflorcé de se rendre compte des proportions d'azote qui passent dans les eaux de drainage ou qui restent dans le sol pour une fumure donnée. Les recherches sont faites en prenant des cases de végétation et en y cultivant tous les produits ordinaires céréales et plantes sarclées. Les recherches ont porté sur six années consécutives, de 1904 à 1910. Dans les trois premières années, on appliqua des fumures de différentes teneurs en azote et on suivit les proportions d’azote fixé et d’azote entraîné. Dans les trois dernières années on détermina les mêmes quantités, mais sans fumer toutes les cases. L'auteur a soin de dire que ses conclusions sont données sous toutes réserves, les résultats établis comportant des exceptions et n'étant pas suflisamment prouvés. L'auteur a remarqué que dans les cases à céréales la proportion d'azote fixé est plus élevée que dans les cases à pommes de terre, alors que la proportion d’azote contenue dans les eaux de drainage est plus élevée dans les cases à pommes de terre, que dans les cases à céréales. La proportion d’azote entrainé dans les eaux de drainage est, dans tous les cas, plus grande avec les fumures d'automne qu’avec les fumures de printemps. L’auteur recommande de toujours tenir sous une culture les sols légers sableux. L'intérêt de l'ouvrage réside dans le fait que de nombreux tableaux sont donnés sur la répartition de l'azote suivant les diverses cultures, les différents sols, les différentes époques d’enfouissement de la fumure, son action dans les années qui suivent la fumure. CI LE *% * * Les Engrais potassiques dans les Prairies, Pâturages et Pacages. Brochure in-8 avec 16 photogravures. Cette brochure est envoyée gratuitement, sur demande, par le Bureau d’études sur les Engrais, 18, rue Clapeyron, Paris (VITTe). L’agriculteur tend de plus en plus à produire des animaux, cette opération Jui rapportant un double profit : il est, en effet, certain de trouver un débouché avantageux et sûr, et grâce à l'extension sur son domaine de la surface réservée aux prairies, il peut diminuer la main-d'œuvre moins nécessaire à ce genre de culture qu’aux autres. Toutefois, pour tirer des fourrages tout ce qu’ils peuvent donner, il est indispensable de leur apporter, par une fumure bien comprise, 828 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE une alimentation complète: on en récoltera davantage et leur valeur alimentaire sera plus grande, ce qui permettra en fin de compte de nourrir sur une même surface, un bétail plus nombreux. La brochure que nous signalons à nos lecteurs étudie d’une un complète l'application des engrais chimiques en général et potassiques en particulier sur les prairies naturelles et artificielles, les pâturages et les pacages. *# + *% Gaston Caxu et Albert Daurry. La Industria Moderna de la Chicha. 1 vol. in-8, 385 "pages, à Fe Station œnologique de Santiago du Chili, 1911. La chicha est une boisson préparée avec le jus de raisin (après concentration par la chaleur), que toutes les classes de la société chi- lenne consomment à toute époque de l’année. La cuisson du jus, au large contact de l'air, donne au produit une saveur et une eouleur toutes spéciales et très différentes de celles du vin ou du moût. Par suite de la concentration et grâce aux caractères des levures qui se réensemencent spontanément après refroidissement, la fermentation qui survient est lente et prolongée, parfois jusqu’à plusieurs mois. Donc, suivant le moment où elle est consommée, la chicha convient aussi bien à des tempérants qu’à des amateurs de boissons fortes, et se substitue à Ja fois aux sirops, à la bière ou au vin. Cet avantage capital explique que la chicha trouve un énorme débouché dans le peuple, dans les classes aisées et est recherchée autant par les hommes que par les femmes et les enfants. Jusqu'à ces dernières années, la production de la chicha était restée entre les mains des petits cultivateurs mais, actuellement, les grands propriétaires de vignes organisent une production industrielle et ra- tionnelle de cette boisson nationale: pour eux, surtout, l'étude entre- prise par M. CAN, ingénieur agronome, et par M. DaAuTrY, ingénieur agricole, Français tous deux, tous deux spécialisés au Chili dans les questions œnologiques, présente un très grand intérêt. Après avoir exposé les procédés actuels de fabrication, les auteurs signalent tous les faits techniques sur lesquels la fabrication indus- trielle moderne devra s'appuyer. Ils envisagent successivement l’'ap- plication des procédés œnologiques r rationnels à la fabrication, à la conservation et à la gazéification de la chicha. Retenons surtout quelques chapitres, particulièrement intéressants par la nouveauté des idées émises. En premier lieu, les auteurs ont étudié la matière première, le jus des cépages cultivés au Chili, et montré qu’un choix devait être fait, pour chaque région, suivant la richesse en sucre et les qualités de bouquet spéciales qui se développent pendant la fermentation. Les auteurs signalent les innovations que l’on pourrait apporter aux procédés d’extraction des jus (pressoirs ordinaires, pressoirs continus, presses hydrauliques), aux méthodes de clarification (dé: bourbage, action du froid artificiel, ete.). Mais c’est surtout pour la cuisson que MM. Caxu et DauTRY pro- posent des modifications essentielles au mode de procéder actuel. BIBLIOGRAPHIE 829 Après une étude approfondie de cette opération, ils conseillent d’aban- donner les coutumes courantes et d’y substituer une autre méthode satisfaisant mieux aux connaissances de la technologie moderne, en ce qui concerne la concentration des liquides sucrés. Deux types d’ap- pareils nouveaux sont décrits par les auteurs : l’un pour le chauffage à feu nu, et l’autre pour le chauffage continu à la vapeur. En ce qui concerne le premier, l'économie de son emploi tient à ce fait que le jus sucré est d’abord chauffé, en couche mince, par des gaz éloignés du foyer, vers lequel il descend lentement; il y a donc à la fois chauf- fage progressif et meilleure utilisation des gaz de combustion que dans le procédé courant. Pour le deuxième appareil, le jus dans lequel plonge un long ser- pentin, est concentré de telle sorte que 2.000 litres de moût, dosant 180 grammes de sucre par litre, sont portés à la richesse de 315 gramme en deux heures; avec les appareils courants, la concentration n’est que de 223 grammes pour la même durée. Pour récupérer la chaleur fournie aux moûts, chaleur qui est ac- tuellement perdue pendant le refroidissement à l'air libre, les auteurs proposent d'employer des appareils connus (réfrigérants, récupéra- teurs, pasteurisateurs, échangeurs, etc...) qui présentent, en outre, l'avantage de maintenir le moût qui se refroidit à l’abri des germes de fermentation et de maladie. Le levurage de ces moûts, rendus stériles par la cuisson, sera pré- féré au réensemencement naturel. Mais ici, au contraire de ce qui est conseillé pour les vins, on s’adressera à des races spéciales de levures, assurant une fermentation lente et incomplète. La fabrication industrielle de chichas claires, douces et mousseuses peut être obtenue par gazéification de chichas mutées par collages et filtrations; même la pasteurisation des chichas gazéifiées est étudiée par MM. Canu et DAuTRY. : Enfin, un dernier chapitre traite des falsifications et des altéra- tions auxquelles la chicha peut être exposée, et des moyens de l'en préserver. En somme, l’ouvrage très complet de MM. Caxu et DAUTRY, traite de tous les points spéciaux de la fabrication de la chicha; il propose des modifications profondes dans les coutumes actuelles, et justifie bien son titre : L’Industrie moderne de la Chicha, puisque c’est une véritable fabrication industrielle qui sera organisée lorsque les viticulteurs chiliens suivront les excellents conseils des auteurs. E. CRrisrTi. * * * Raymond Bruxer. — A travers les grands vignobles français et étran- gers. Un vol. in-4, de 273 pages, avec 150 figures et 3 planches en couleurs. Librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob. Paris, : 1913. M. Raymond BruxerT, ingénieur agronome, propriétaire viticul- teur, offre au public un nouvel et important ouvrage qui sera lu avec fruit. L'auteur a parcouru tout le vignoble français et visité de 830 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE nombreux vignobles étrangers; ce sont les monographies qu'il a rédigées au cours de ces voyages qu’il a réunies en un volume rempli de documents et d'illustrations. Voyager, voir, noter, c’est sans doute la facon la plus agréable et la plus complète de s’instruire; M. BRruNET nous fait profiter de cette excellente méthode de travail: nous parcourons avec lui les régions enrichies par la vigne, depuis l’Anjou jusqu’à la Roumanie, du Beau- jolais aux bords du Rhin en passant par la Suisse, de Bordeaux à Beaune et à Reims, en visitant la Touraine, lAuxois et la Champagne. La plupart de nos crus fameux sont décrits avec soin, avec enthou- siasme, par un viticulteur éclairé, doublé d’un œnologue et d’un dégustateur avertis. Une agréable variété se rencontre dans ce livre; ici la géographie viticole occupe la première place, là ce sont les pra- tiques œnologiques qui sont mises en relief; ailleurs ce sont les mœurs locales et, pour tel vignoble, ce sont les questions Éabie ou fis- cales qui sont exposées, avec méthode et clarté. De sorte que la lecture de ce bon livre est reposante et fructueuse: on fait, avec l’auteur, un beau voyage, et l’on s’instruit en se diver- tssant. L'ouvrage de M. BrüNET a bien d’autres qualités; n’aurait-il que celle-là que nous devrions le remercier de lavoir écrit et recommander sa lecture à tous ceux qui aiment la vigne et ses produits. PM * * * Jean Burxar et 1. Axken. -- Contribution à l’étude de la reconsti- tution des vignobles. — Les cépapes-greffons, ou Essai d’ampélo- graphie vaudoise. Un vol. in-8 de 125 pages, avec 16 ri hors texte. Paris, O. Doins et fils, 8, place de l'Odéon. 1911, et Librairie Georg et Cie, à Genève. Cet ouvrage est le premier des trois volumes que M. Jean Bu RNAT, viticulteur des cantons de Vaud et de Genève, et M. I. ANKEN, ingé- nieur agronome suisse, se proposent de publier, comme cotation à l'étude de la reconstitution du vignoble. Les auteurs veulent étudier successivement : les cépages-creffons, les porte-greffes, les produc- teurs directs, et publier les résultats obtenus par eux tant dans les champs d'expériences de Suisse, de la zone franche et du midi de la France, que dans le vignoble vaudois. L’Essai d'ampélogr aphie vaudoise fait bien augurer des deux autres volumes à venir : c’est une très bonne description des cépages cultivés en Suisse : parmi les blancs, les chasselas (Fendant, Blanchette, Giclet) sont particulièrement étudiés; ensuite viennent le Vermentino, le plant de la Roche, le Portairie, la Roussanne et la Marsanne, les cépages dits Plants du Rhin (Pikolit, Savaguin jaune, Sylvaner, Chardonnay), enfin les cépages moins fréquents : Pinot gris, Gouais blanc, Clottre. Gringet, Muscat blanc, Aramon gris. Pour les cépages rouges, les auteurs donnent es monographies des Pinots, des Mondeuses, des Gamays qui dominent dans lencépage- ment, puis ils décrivent le Montmélian, le Portugais bleu, le Lim- berger, les cépages du Bordelais et le noir de Genève. BIBLIOGRAPHIE 831 MM. J. Burwar et |. ANKEN s’arrétent aux conelusions suivantes : Le viticulteur doit s’efforcer à limiter son choix à des types bien dé- finis et peu nombreux, pour donner aux vins produits des caractères nets et constants « que beaucoup de crus ont acquis déjà, et auxquels tous peuvent arriver, au moins pour les vignobles dignes de ce nom ». Les conditions économiques influeront au moins autant que les condi- tions culturales dans ce choix: pourtant les auteurs placent, par ordre décroissant de qualité : pour la production du vin blanc : le Fendant roux, la Blanchette, le Fendant vert et le Giclet; pour les vins rouges, les Pinots et les Gamays, en réservant la Mondeuse pour la boisson du ménage. Cet intéressant ouvrage sera utile non seulement aux vignerons vaudois, mais à tous les viticulteurs, qui y trouveront, à côté de descriptions bien étudiées, d’excellents conseils donnés par de bons praticiens. P.:M: René Laron, professeur à l'École pratique d'Agriculture de la Cha- rente. — La culture de la vigne dans les Charentes. Un vol. in-8&, de 170 pages, avec 49 figures: chez J. B. Baillière et fils, 19, rue Hautefeulle, Paris, 1912. Sous ce titre, M. Larox publie, en somme, un véritable traité de viticulture, où il développe surtout les points qui intéressent plus particulièrement la région charentaise. C’est ainsi que la reconstitu- tion du vignoble en plants greffés occupe la majeure partie de l’ou- vrage, avec l'étude des maladies et des traitements. L'auteur insiste, à Juste titre, sur l'examen des sols avant la replantation, sur l’échan- tillonnage et l'analyse du sol et du sous-sol, sur le choix du porte- greffe, du système de taille, ete. Si les bons conseils de M. Laron étaient exactement suivis, la reconstitution du vignoble charentais serait grandement facilitée et la culture des plants greffés sur porte-greffes bien adaptés donnerait des produits abondants, que le viticulteur pourrait sauvegarder des attaques des parasites. Comme ces conseils sont présentés sous une forme très claire, dans un but pratique avant tout, le viticulteur charentais pourra facilement trouver dans cet ouvrage et les formules et les données précises qui lui sont nécessaires pour faire de la bonne viticulture. PME V. VERMOREL. — Le greffage pratique de la vigne. Brochure in-8, de 90 pages. Prix : 1 fr. 50, sixième édition, chez Coulet et fils, éditeurs, à Montpellier. Cette brochure, rédigée dans un but essentiellement pratique, est destinée aux viticulteurs et aux apprentis-greffeurs. Elle expose les différents modes de greffage mis en œuvre pour la multiplication des 832 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE cépages francais sur pieds américains : greffage sur place et greffage sur table : greffe en fente pleine, greffe à cheval, greffe en fente évidée, greffe anglaise, etc... Mais l’auteur ne s’est pas borné à cette des- cription; il a donné d’intéressants renseignements sur les principales variétés qui serviront de porte-greffes : Riparia, Rupestris, et les hybrides de ces deux espèces : Vinifera et Berlandieri. Il a décrit aussi les machines à greffer, les soins à donner aux greffes, ete., ete. De sorte que ce petit traité contient tout ce qu’il est utile de connaître pour bien greffer, depuis le choix des greffons jusqu’à l’organisation des écoles de greffage. C’est donc un ouvrage de vulgarisation à la fois suceinct et complet. PME 0 NANCY-PARIS, IMPRIMERIE BERGER=LEVRAULT TABLE DES MATIÈRES TOMES I ET II — ANNÉE 1913 Agriculture (Voir Engrais, Céréales, Betterave, Fourrages.) . Tomes Pages Gulturerdu houblon. (HimieaMater oncntiet der rit chicuhate Ilan Gulture-de la cardeère-(GARN1IER)AL gui nvinmiaooos sd sig ll 64102 Plantes industrielles (BRÉTIGNIÈRE) «its cdi ea eo at. 22411698 Systèmes de culture (H1ITIER). . . fs uno inni oui Assolements et microbes du sol (BRow, Percy). ROBOT, Etre 22/7 Utilisation des terres acides (CoviLLe). . . . . . . . . . . II 801 Namur des HavelsiLe, MU 2 one ranat st Mt tah nf I 413 Fumure des betteraves. . . . Her une RON EMA IE Électricité en agriculture (Durerow). 2 ss er -t50p Destruction des moutardes et ravenelles par la kaïnite . save Jouet Destruction des mauvaises herbes par l’acide sulfurique (RABATÉ) I 72 Destruction de la mousse (HANK) . . . à I 72 Destruction des graines de cuscute par la chaleur (Brésos a). , I 416 Défendons nosteultures (DuvAr). 27. '.souge ro zoo fo b:#2219 Agriculture coloniale Agriculture tropicale (WILLES). x I 70: Agriculture indigène en Tunisie (Decker- Davis) : L0225 Engrais verts au Cameroun (DE GIRONCOURT). ng ‘ T: 425 Irrigations et cultures coloniales (BARRoIS). . . . . . . . . I 316 Produits coloniaux (CAPus). . . . sd de ‘2 LV AEES Le cacao dans les colonies françaises (Paunxomwt) ae I 13 Préparation du cacao (PERROT) . . . LAN AIRE FUERAUEE, Valeur nutritive des coques de cacao (Lucas) ee et an à OL ASE L2S Une maladie du cacaoyer (BERTHAULT). . . . mie Va CNP Je Coagulation du latex caoutchoucifère (HENRI et Her). BAC | ad 11% Valeur du caoutchouc de Landolphia (CHénevEAu et Heim). . I 126 Sur les caoutchoucs de Tabernæmontana (DUBARD, EBERHARDT) II 131 Le marché du caoutehoue (CaAyLA). . . . . . . . . . . . . II 398 Culimieïcotonnière (DunsrTANd.).,6540 58 2e De LUN NI 74 CE colonmier. 2.226425. ut vite 0 em; 5800 ANN« SCIENCE AGRON, — 4€ SERIE — 1915 — J1 53 834 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Fumure du cotonnier (VARVARO) . . Culture du riz à Madagascar (CARLE). ; Culture mécanique du riz en Indo-Chine (Mans). Une maladie du riz (SHAW). Culture du thé (CHANDLER et Ewan). FA Production mondiale du thé (PRUDHOMME) . . Un parasite du maté (LENDNER). Utilisation des graines d’Hevea et de Mur dmia (Héserr). Étude du ricin (RIGATARD) . . . Culture de l'olivier (CAMPBELL) tee Analyse du fruit frais de l’avocatier (Pozzi- -Escor). Un ennemi du cocotier à Madagascar (VuILLET) . . Maturation des bananes (WorrTay et MILNER). . Le rônier (DE GIRONCOURT). £ à Produetion ovine en Afrique (Cou TTE) À Pisciculture et paludisme (LEGENDRE) . Agriculture étrangère Europe : Industrie laitière en Europe (GuITTONNEAU) . Caisse centrale des coopératives de la Prusse . Coopératives agricoles en Allemagne. ; Colonisation intérieure en Allemagne du Nord. Commerce du poisson en Allemagne (PoHER) . Dépopulation des campagnes en Angleterre (Srrurr, GÉRALD). Le porc en Danemark (TISSERAND) . Colonisation intérieure en Espagne. . Italie agricole (VALENTI). . Budget agricole de l'Italie . Colonisation intérieure en Norvège. . Caisses de crédit en Russie . Culture et industrie des prunes en Serbie (Sroy KOWITCH). Assurances agricoles en Suisse. SAP EAU agricoles en Suisse . . Ai : Culture de l’opium et commerce du pav ot (Mu. AU Tr). Crédit coopératif aux Indes. : Magasins généraux de riz au Japon . Banques de crédit agricole au Japon. A érique : Récoltes en Argentine et au Brésil. Coopératives de producteurs de fruits en Californie. . Contrôle et commerce des grains au Canada. . Chili viticole (Canu). : Crédit hypothécaire au Chili : Betterave et industrie du sucre aux États- Unis (SarLLARD). ; Crédit agricole aux États-Unis . ; Sources de crédit agricole aux États- Unis. Alimentation du bétail Valeur nutritive des résidus du criblage du blé . Valeur nutritive des coques de cacao (Lucas). . Tomes Pages IT — I — —1 Dé pd jeuné end eut jemnd jnt end peut jeunt juud jeumd jm Jun jeund und Jeunt jeun Jemnd Jung juuëf jend Dumd md Dent Jen jen md jet nd nd I 506 124 528 683 906 16 921 126 505 506 539 686 672 408 82 124 73 I, 123-125 TABLE DES MATIÈRES Tomes Drèche de féculerie et déchet d’anis (Haxson). . . . . . . . I Nouveau-produit alimentaire (AGUET) . . . . . . . . . . . I Valeur de quelques aliments (HoncHamP). . . . . . , . . . ] Utilisation des résidus de tomates . . . . . HAN TI Valeur alimentaire des épis de maïs (TANGL et Weisen) . es à: Valeur nutritive du marron d’Inde (Auzp) .. . . . . . . . Il Rations pesées et non pesées . . . IT Formation d’acide cyanhydrique pendant la digestion (AuzD). PI Influence de l’ingestion du nitrate de soude sur M tree d’azote (GRAFF et WINTz). . : IT Relation nutritive pour les bovidés en croissance (Gourx et ANDOUARD). . . La te TRE TU L'utilisation des aliments par les 2ébus (Pucai) | TO es Te, CI Succédanés du lait dans l'élevage des veaux (ScHuppLi) . . . . nlrmenaftion des veaux | HENDRICK) US Une Le der re Qi Alimentation des porcs . . . . Roue Alimentation des porcs par la farine de banane . SANS SN ir UE Amendements (Voir Engrais.) Action de la chaux vive dans le sol (HuTciINson). . . . . . I Chaux riche en silice, comme amendement (IMMENDORFF) . . II Anticryptogamiques Bouillies fungicides mouillantes (VERMOREL, DANTONY) . . . I Influence des anticryptogamiques sur la Hu des céréales (JOHNSON). . . . II Influence des antieryptogamiques & sur 4 germination du pollen des vignes (GA:INO-CANINA) . - LR ACTE ER AN EEE A PQ 2? Effets de la bouillie bordelaise (Ewerr) PSE I Bouillie sulfocalcique contre la fumagine de l'olivier (CALABRESI). I Traitements cupriques et nitrification CÉANDUMED)). 24 te certe DL Action de l’acide sulfurique sur les plantes . . . . . . . . . II Apiculture Maladie de l'ile de Wight. . EC EE CRI Arboriculture Pulvérisation par le chaulage des arbres (MAURIN). . . . . . I Fruitiers exotiques (RoBErTsoN et PRoscCHOwSsKkY). . . . . . Il Verdissement du bois de poirier (VuILLEMIN). . . . . . . . II Mapimidliadie des:framboisiens 14114 dora 03 tt los LE Een 2100) a. à lou abat) nb di HAT open. (Tarcaus 1). 0 Beer do Gil 6) db alger at) AI Cr (RE MP AXERRES)) de. 25 des Len 2 2lu mr CAS dress TI 839 Pages 228 418 419 911 o11 67% 675 675 677 419 103 418 676 676 677 414 367 533 374% 113 130 423 369 98 685 317 669 920 683 697 698 698 830 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Aviculture Nourriture des poules (DT CaARLEs MESLAY). Betterave Culture de betteraves à sucre aux États-Unis (HiTiEr). . La betterave en Europe (Vivien) . Amélioration de la forme (SÉVÉRIN) . Sélection des graines de betterave (Puvrez) Fumure minérale de la betterave (VIviEN) . Influence de la lumière sur les betteraves porte-graines s (SrKon MER). ; Parasite de: la betterave (Marsa) TS Or EP ET La teneur en azote des betteraves à sucre (E. SAILLARD) Formation du sucre dans la betterave . Saccharogénie (VIVIEN). : RNCS S Betterave et sucrerie de betterave (SarzzarD). Beurrerie Humidité du beurre (HunziKer, Mizis et SPITZER) Facteurs modifiant l’odeur du beurre (RoGEers, BERG, Porrere ER eb Davis) : : Beurre pasteurisé (Dorwic) 2 A UMR Beurre de vache et graisse de coco Du son, Bovidés Tomes Pages I (Voir Alimentation, Pathologie animale, Laiïterie, Zootechnie.) Bovidés (Gu£rauD DE La Harpe). h Élevage des bêtes bovines (pe Lapp ARENT) NE Us Pigments des poils chez les bovidés AN D LA L Traite des vaches (ARNOULD) . . . L Estimation de la lactation d’une vache (Gav VIN) : Transmission de la fièvre aphteuse des animaux à l'homme (CADIOT). . Brasserie Les produits accessoires de la brasserie (GARÇON) Culture du houblon (H1rrER) Propriétés antiseptiques du houblon (Brow: N et @ LU BB) Constituants du houblon (Power, FUTIN et RoGERSON) . Diastase saccharifiante du malt (Van LAER) Filtration de la bière (FE NBacu et De | Salage de la bière (TRUELLE) . NAPEERL SIT Danton à l’étude de la bière visque use (KAYSER). . Bacille visqueux (WINTHER). Il Il I IT IT IT 58 504 812 316 826 . > Œ C9 C2 2 © æà SJ] NW O0 =] — DO D ee 1 & ©2 TABLE DES MATIÈRES 837 Caramel : Tomes Pages Les caramels de glucose (CHUFFART) . . . .. . . . , . . . Puu532 Caoutchouc Sur les caoutchoues de Tabernæmontana(DuBarD et EBErHARDT) IT 131 Valeur des caoutchoucs de Landolphia (CHÉNEVEAU et HEerm). I 126 Coagulation des latex caoutchoucifères (Henri et Heim) . . I 124 Dosage du caoutchouc pur (Marquis et HEIM) . . . . . . . II 505 Le marché. du caoutchouc, [CAYEA). =... 0, nm Re. gare : Lls 998 Caséine (Voir Laitertie.) Dosage des matières protéiques du lait (pe Grarret Mi®Scraar) I 428 Le phosphore et la chaux dans la caséine (LinpeT). 229 Casémes! solubles, (LINDET|:- +. 2: 250.10 MO 2 AU SN ROININGUE3? Céréales Commerce des céréales (BRÉTIGNIÈRE) . . . PTE - Influence des anticryptogamiques sur la germination (JouNsoN). FR STE Puceron des céréales (WEBSTER et PuiLLirs) és He dde LS te Tage 1 CuHurerémunératrtee "du Die (NET) MAR VUE, Se Lutte PRE EG Résistance des blés à la rouille (Comes). . . . RQ LA A Javelage de l’avoine (D D’'ARBOIS DE Juratx VILLE) AR EP SA ro do Germination des avoines (BRroux). . . RS PRE PENDU Valeur alimentaire des épis de maïs (Tan GL ‘et W BISER) de PTT RSTT Marasins: généraux de m7 AJ ADONU SN deals re ete ects EI VODZ Charbons Emmagasinage des charbons (Garçon). . . . . . . . . . . . [ 319 Pouvoir calorifique des charbons {(IzanT) . . . . . . . . . . II 689 Chimie analytique (Voir Sols, Vins, Lait, Charbons, etc.) Instruments de précision pour analyses (DusaRDiN) . . . . . II 699 Appareil d'absorption des gaz (DEJEANNE) . . . . . . . . . II 699 Appareil à évaporation continue (Davis) . . . . . . . . . . II 811 La volumétrie physico-chimique (Boris) . . . PP 6807 Dosage de la matière amylacée dans les produits commerciaux (PIERAERTS). . . RER CP, à À OS GAL Dosage polarimétrique de Tamidon (ScHWAREz) . ol ht Male L0 Matières azotées solubles des farines (RoUssEAUXx, SrROT). DxS Bu:320 Dosage de Pazote ammoniacal (GarzLor) . . . . . . . . . . I 116 Dosage de l’aldéhyde formique (GarizLor). . . . . . . . . . I 118 838 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Tomes Pages Composition et analyse du crude ammoniac (DEMOLON). . 1: "498 Réactions colorées des chlorates (PIERAERTS) . . . s IL 7169 Remarques sur le dosage de nes par le formol et vice versa (Pozzr-Escor) . . IT 40% Hydrolyse de lévulosanes et son application à à l analys se végétale (VizLmoriN et LEVALLOIS). IE RE | 1 Dosage de la cellulose (MATHES et KœNIG). IT - 678 Dosage des hydrates de carbone (Davis et Daisu) FT "1028 Détermination des principes réducteurs (PELLET) . s II 820 Dosage du lactose dans le lait (WELKkER et Mars) . . II 688 Influence du sulfate d’ammoniaque sur le dosage polarimétrique du lactose (Jonxson et Bron). II 688 Contrôle du lait (ÉLorrE). : IT * (820 Dosage des matières protéiques du lait (pe Draare et Mie ScHapr). I 428 Action du lait sur les réactifs (Borpas). IT 1529 Dosage de l’eau dans le fromage (Urz) . . IT. 820 Dosage des acides des vins (Duroir et DuBaux). Hl:,5596 Dosage de l’extrait sec du vin (MALVEZIN) . II 688 Composition des vins d'Algérie en 1912. . II 690 Recherche de la saccharine (Karas) . L1271690 Recherches sur une méthode de dosage exact de la glycérine dans les liquides fermentés (Pozzr-Escor) . II. 408 Dosage du tannin par le réfractomètre (FarcroLA et Corrr). 1,589 Les alungallines (KoHN-ABREST) à LE, S80 Détermination Mt de humidité des grains par voie électrique (BRriGes). LL: 554 Composition des conserves de tomates (CARLES). II 689 Pâte de cacao du Cuzco (Pozzi-Escor). ; LLe,:612 Recherche des huiles étrangères dans l’huile d olive $ ; LE 690 Séparation qualitative des acides gras volatils (AGu RON 5 I, .:5938 Le manganèse dans les eaux (JADIN, ASTRUC). FI:,,7821 Caractérisation du bore par la teinture de fleurs de mimosa (RoBin). : LI: 5209 Dosage du calcium à l'état de tungstate (Samr- SERNIN) ; LE Méthode de dosage pondéral de l’anhydride carbonique (De- DA NE }e LUE Da LUS 000 LOUOMAU P'ÉROUONAE RE RANGERS Chimie animale Présence du bore dans la série animale (BERTRAND et AGULHON). II 111 Présence du He chez les animaux rs D» et MEpi- GRECEANU). . . LE, 51207 Calorimètre pour animaux : de petite taille (T ANGL . LI, 2584 Le bore dans le lait et les œufs (BERTRAND et AGUL Ho) IL.,1957 Chimie végétale Absorption de l’azote par les plantes (CHOUCHACK). II127843 Teneur en azote des betteraves à sucre (SAILLARD). IT 27 Synthèse biochimique d’un sucre (BourQuELoT, Hérissey et COIRRE). . 11849 TABLE DES MATIÈRES 839 Tomes Pages Acide phosphorique dans le blé (VuArLART}). . . . . . . . . I[ 213 Amiden/poltble (Rennr AC) AMP ICE MAN EE Eu ITS, 3976 Hydrolyse de l'nuline (TANRET);, x Lis haute Loisalaite ee soit ss 4509 Électrisation de l’amidon (Lors) 15" cote den Et :510 Hydrolyse de lévulosanes (Vizmorin et LE vaiLoIs) MP CS CET 270 Hydrolyse, acétolyse de la cellulose (OsT). . . . . REC EN TT Hydrolyse de la cellulose (WiLLSTAETTER et AECHMEISTER). A A RO Arsenic et manganèse dans les feuilles (JADIN et AsTRUC). . . IT 509 Baryum dans le tabac (MACHARGUE). . . . PUR CRE EUR RP F1 PE Alcool méthylique dans les feuilles (NrcLou DICAESR Maditésornginelle "du lait (BoRDAs es 00 LL UN NS OT 50e Action du lait sur les réactifs (Borpas). . . . ns not) RDS Influence des médicaments sur la composition (Ouryixno! ee RE Les ions hydrogènes et la coagulation (ALLEMANN) . . . . . . II 533 Bore dans le lait (BERTRAND et AGUHLON). … . à . 0... Al 537 Bactérres du lait Hlant(PRONT) RE ee ENS TIC Variations de la composition (MOUSSU), 1... te lent 001l0.1686 Poids spécifique du lait (FLEISCHMANN et WIEGNER) . . . . . II 687 Détermination du lactose (WELKER et Mars). k II 688 Influence du sulfate d’ammoniaque sur le dosage du lactose (Jounson et Bron). Liuloréola 2 AAVT COMPTE ENGSE Moudlage dub (BLoinE), 45 UE ER NN RTE Laiterie {Voir Lait, Beurre, Fromasges.) Projet de loi concernant la vente du lait (Lucas). . . seu AT1808 Succédanés du lait dans l’élevage des veaux (ScHupPLI). . . . . I 418 Rôle de l’eau dans l’industrie laitière (DAIRE) . vœis Frs 535 Lits caillés oentaux/(Duarne)? 7eme l yo ROLE" Foum536 Laiterie (Borpas et TOUPLAIN). : ba 3 MU RES DER Pol) IN PIE Industries laitières en Europe (Gurrron NEAU). LEE EP CT RS TE Laiterie moderne (WauTEnrs et HAENTGENS). . . ... « . . . II 382 Pratique:de la traite (Annovin IREM ERA. UN MONTRES Le froid en industrie laitière (RUreus).' 100 EI ER Lait condensé et diarrhée d’été {(Lor }:" 10702404 © A TRES Traitements du lait et sa coagulation (Muzzer). . . . . . . . II 533 Congélation du lait (Mar) . . . . AS QE PS FR RTE Fromage de lait pasteurisé (Benson et Evans) SE BRAS IN EN RME MASSE Estimation de la lactation d’une vache (Gavin). . . . . . . . II 675 Alimentation des veaux par le lait écrémé (Henpricn). . . . . II 676 Acidification dela crème (DaAIRE}); 2,4, 34 904 EUR LUI AIN 688 TABLE DES MATIÈRES 847 Législation Tomes Pages Indications d'orimmetGoqguer) 20.400 Le SD MOQUE 2 1918 Importation des plantes italiennes . . . errea os os) ANNE 07 Projet de loi concernant la vente du lait (Lucas). ÉD AIN EG 17900 Machines agricoles (Voir Motoculture.) Fenaison (Tony BaLLu). . . Ne ee a 4 TARDE Revue de culture mécanique (RINGELMANN) ee Lioé 247 Pulvérisateur pour le chaulage des arbres (Mau un. l51827 Arrosages à la pompe (RINGELMANN). à br 846 Apprentissage du mécanicien (MARTIN) . . . DAME L L44 1028 Culture mécanique du riz en Indo-Chine (Man). uit hé sl otlohr528 Quelques anciennes laboureuses (bE CoNDÉ). Lin:929 I I Culture mécanique .… . . ARRET es ad 362 Séchoir pour tubercules, graines et feuilles (Voss).. nssidasd 4h 689 Main-d’œuvre Crise de la main-d'œuvre agricole (H. GÉRARD). . . . . . . . J 308 La main-d'œuvre étrangère (BLANCHARD) .. . . ... .......… (nl 14540 Emigration saisonnière belge (RonsE). . . . . . . . . ., . II 541 Abandon des campagnes (FArvRE et MoREL) . . . . . . . . . II 541 Caisses d’épargne postales. . . . SE ARRE ARSRIMLR EE SE ME RE] Enquête sur les salaires agricoles (Hrrrex) ERFEA II © 824 Dépopulation des a ce en Angleterre (Savrr. et Gér RAETR IT 825 Météorologie Sur les paratonnerres (VIOLLE). . Ne 16527 Meunerie (Voir Farines.) Nourriture des poules avec les issues de mouture (CARLES et MEs- LAY) . Dre] Cri rur si 0 EE 58 Valeur nutritive des résidus de criblage du blé. PRES Ce LIEN SAT 73 Microbiologie (Voir Chimie biologique, Fermentation, Vins, Cidres, Bière, Laiterie, Sols, Nitrification et dénitrification, Pathologie animale et végétale.) Fermentation des EU ins cycliques et formation de l’humus (PERRIER). . ra Re mMots Gi I, 321-454 Le réveil de la terre (Mir NTZ et GAUDECHON) SA ns AN 1 4089 D 1 Attaque des silicates par les moisissures (FABRE). . . . . . . II 673 848 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Tomes Pages Influence de la radioactivité sur les Mr du sol (STOKLOSA) . . . Jet 4 HS Rôle des microbes dans d'épuration des eaux à’ égout (Le- MOIGNE). . . LES UGS 60 Roi TOME Rouissage du lin (RinceLu MANN et DE Connt}. A) HIS INT EN DITES Symbiose des races de levures (VANDERVELDE).. . . . . . . . II 369 Microbes des industries de fermentation (DEJEANNE) . . . + cle SES Influence du mercure sur {a fermentation alcoolique (Norrin). IF. 748 Action des acides organiques sur les levures (JOHANNESSOHN). . II 818 Teneur en enzymes de la levure vivante (EuLer et JoHANn- NESSOHN). . ... LORS TS Échanges d’albumine par Ja levt ure et les champignons (Eur- LLC) es de de LAS CON CPR IR RENE RER Rôle antiseptique dus sucre (Linper). 144 ARE er LUS PS uen 7 Ferment de l’amertume des vins (VoIsEN in PAU ED EN MER REP 0 ETC) Étude de la bière visqueuse'{RAYSER) LP 108 CRE EE RL OH BHIRROMINTENNMOS Bacillus chlororaphis (LASsEUR). . . . . . . . . I, 366-471 II, 36-142 Présence de bactéries dans les viandes d'animaux sains (GRUNT CHOTIOKRAR): 0 PR RNA 1017 Filtration sur porcelaine d’ amiante (Hinaro). re Dane T'ES Laits caillés orientaux (DAIRE). . . . #4: 2590 Inutilité du zinc pour la culture de r Aspere re er (Le- PIERRE). te ré 1 KT CS DATES Réversibilité des he En cote. (Bou RQUEL rit AVENUE START 370 Saccharification de l’amidon (ANDo}). . . + 2, ‘sauge Xp 10390 Diastase saccharifiante du malt(VAan LarBR) -... LEO or RTS 74 Enzyme protéolytique du malt (WAHL) . . . ; IE0r87a4 Précipitation des enzymes par l’hydrate d’alumine (W ELKER et MARSHALL) . . . RTE Rs a AIM RANE Salicinase des amandes (BERTRAND et CoMpron). Casse 27878 ER empêchante des eaux adoucies à la chaux sur les enzymes (BERGHEIM et HAWK). . . . ann Elf 824 Identité entre la présure, la caséase et la try psine (GERBER) Fa: OI 072 Motoculture Expériences de motoculture . I 59 Tracteurs agricoles (RINGELMANN) : 1. 230 Animaux d’attelage et tracteurs (RINGELMAN n). L-RESTA Sur la motoculture (DUFAURE). b HBa0 La motoculture (VENrou-DucLAUXx) x À |” a81 Labourage électrique en Tunisie (RINGELMAN IN}. 1 "529 Culture mécanique en Haute-Garonne . . 10628 Congrès de motoculture (PiLLAUD) . : II 680 Utilisation des chaleurs perdues dans les moteurs (Des BESSON). II 689 Mutualité Caisse centrale des coopératives de la Prusse . . .. . . . . . [ 75 Coopératives de producteurs de fruits en or I 77 Socrétées de secours MUTUBIS TP PAPER ELAENT MENE ER ReRErRe I 78 TABLE DES MATIÈRES Crédit agricole en France (Worms) . . Caisses de crédit en Russie. ; Coopération agricole en Allemagne . À 4840 Sociétés d’assurances mutuelles en 1911. Crédit agicole mutuel en 1911. . . Crédit coopératif aux Indes . MEME Chemin de fer coopératif (VoITELLIER). . Coopératives agricoles en Suisse. . . Nitrification (Voir Dénitrification, Sols, Engrais.) Évolution du crude-ammoniac (DEMOLON). . Le réveil de la terre (MünTz et GAUDECHON) . . Traitements cupriques et nitrification (PATUREL) . Nitrification dans les terres humifères (PETIT) . Circulation des nitrates dans le sol (MALPEAUX et Lérônr) : Déperdition de l’azote dans les sols sableux (SuLHORST). Œnologie (Voir Vans.) Œufs Conservation (PATUREL). . . Conservation par le silicate de soude (Bauer). Bore dans les œufs (BERTRAND et AGULHON) . Ostréiculture Les huîtres et la fièvre typhoïde (Vincey). Ovidés (Voir Alimentation, Zootechnie.) Ovidés, moutons et chèvres (GÉRAUD DE LA HARPE) . Production ovine (COUTTE). Pathologie animale Transmission de la fièvre aphteuse à l’homme (CaprorT). . L’helminthiase (GRrIMALD1I). L’hypoderme du bœuf (Wacner). ; : Toxine ascaridienne (WE1INBERG et Jus) . Bains arsenicaux contre les tiques (GRAYBILL) . Modifications apportées pe les médicaments dans la composi- tion du lait (Orrviero). . ANN. SCIENCE AGRON. — 4e SÉRIE — 1913 —- IL 849 Tomes Pages I EE ee IT IT 422 132 139 143 14% 233 315 513 939 939 937 426 67 82 890 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Pathologie végétale (Voir Anticryptogamiques, Entomologie, Insecticides.) Tomes Pages Germination des née d'hiver de Plasmopara viticola (RAVAZz et VERGE). . . : FPORI XUG AEGTE I 424 Dommages causés par ‘Ja fumée des industries. 2 41 ORTRTG ONU SIERRA Défendons nos-cultures (Duvaz) . . : . . . . . . . . . . . II 219 Résistance des blés à la rouille (Comes). . . . . . . . . . . . Il 373 Red Glover Gall Gnat (DoucaLL et STEWART). . . . . . . . . II 373 Verdissement du bois du poirier (VuILLEMIN). . . . . . . . . I[ 520 Lasiodiplodia theobroma du cacaoyer (P. BeRTHAULT) . . . . . II 521 Asterina, parasite du maté (LENDNER). . . . . . . . . . . . ÏÜ[ 521 Pseudotonza douglasti.(PÉTRI) CU RS SR NRC Évolution du mildew (MENGEL) . . . RE Et es ce 4 RIDE Susceptibilité des plantes aux maladies (Spies). ts Se date ML Hendensonte FULL. a et enclin 21608 el cRElE I1.,..683 Selerotiumoryzæe (SHAWN Ua ste dust ddtepel 208 lité CHE PA Le roncet chez la vigne (MAMELI). . . . . . . . . A. . . . [1 684% Pisciculture Pisciculture et paludisme (LEGENDRE). . . à DRE MES, ve RIRES Commerce du poisson de mer en Allemagne (Pouer). ET LS I 315 Porcs Leéporcen\ Danemark (TISSERAND) 4-0 CMS ARS Alimentation des porcs EUR AU RE EENERR 11, 676-677 Radioactivité Influence sur la germination (BApEr et FAIVRE) . . . I 304 Synthèse des sucres par les émanations (STOKLASA, SEBOR et ZDOBNICKY). . . . Er ARR OS Influence sur les microorganismes du sol (SrokLas a). FE 2, LCI RS Résines Industrie résinière landaise (VÈZES}: : . 000 ex M TETE Gemmage du pin maritime (RICARD). : 4 4147 . . . . . . . LI 538 Semences (Voir Germination.) Détermination de l’humidité des graines par voie électrique IBargpe) 2 74 CNRS CNT mens lu te NÉ UN RSR SRI SIRET TABLE DES MATIÈRES 81 Sols (Voir Amendements, Engrais, Irrigations, Nüitrification, Dénitrification, Analyse des sols Humus Tomes Pages MOIS D ÉANRRE he SP ROUE 388 Leçons sur les sols (RussEeL). . . a out NT TENUE AD Formation de la matière noire de Phumus (Perrier). se 1 ETS 21-208 Constituants organiques du sol (SHREINER). . . . . . . . . . II 507 Constituants de l” humus (SHorE y). RS LAN T T CR 607 Histidine et arginine du sol (SxINNER). + Feu non 15507 Constituants de la matière organique du sol (SrewarT). torse Dbit506 Terrains tourbeux de Picardie (CoQuIDÉ) . . . . . . . . . . IT 566 Utilisation des terres acides (CoviLze). . , . . . . . . . . . II 801 AZOTE Mouvement des nitrates dans le sol (ROUSSELLE). . . . . . . I 7 Circulation des nitrates (MALPEAUXx et LEFORT) . . . 1 A Toxicité et évolution chimique et biologique du crude-ammoniac (DEMOLON) . . Le NaabeTe2S Déperdition de l'azote dans les sols sableux (SuzHorsr). ste Me 527 MATIÈRES MINÉRALES Action de la chaux vive sur le sol(HuTCHINSON). . . . . . . . L 414 Rapport de la chaux à la magnésie (VŒLCKER) . . . sn oh Mc railLéar DD Chaux riche en silice comme ‘amendement (IMMENDO RER). ons mi NAS Stérilisation du sol par la chaux (HuTcHINSON). . IL,,4673 Nature du phosphore insoluble dans l’acide chlorhydrique (Fay . LE 2850 Phosphore organique du sol (SrEwanrr) . nn Ch leo taf DL AUS Étude agrologique du manganèse (NoTTIN) M sa On nor I 2206 Solubilité du manganèse des sols (ne SoRNAY). CRM EURNE PER] RE TT Évolution du soufre dans le sol (Brroux et GuERBET). PONTS RE SEEU7 Action fertilisante du soufre (Brioux et GUERBET). . . , . . II 385 Réaction alcaline provoquée par les acides (Masoni). . . . . . II 367 Concentration des solutions dans le sol (CAMERON) . . . . . . II 365 Terre rouge, bauxite, latérite (GoRTANI). . . 24 LD 02665 Latérisation dans l’Italie méridionale (BerNaRDI et MazzoNs) th LÉL:9; 365 HUMIDITÉ Influence de l’arrosage et de l’ameublissement sur le refroidisse- ment des végétaux (PETIT) . . . ae DRE NES Perméabilité des sols à l’eau (WALTER et LEATHER) . RUN MIN SG ES Arrosage des terres (MüxrTz et Da RE aie 2 ER UT 20 Perméabilité des terres d'Égypte (Be l Lara cd qu Mr dt 5 ge 2 Humidité des sols (Davis). . . . M AE ont ee MR QE 5 Labbe A MI=ROBES Assolements et microbes du sol (Brown et Percy). . . . . . . J 227 Le réveil de la terre (MüNTz et GAUDECHON) . . . . . . . . II 892 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Tomes Pages Attaque des silicates par les moisissures (FABRE) . . . . . . . IT 673 Croissance des plantes dans les sols stérilisés (RusseL et PETHER- BRENGE) RS US Le ee MONA AS RE EN RER SRE RADIOACTIVITÉ Radioactivité des sols (Mo0RE). . . . TPE ends SE Influence sur les microorganismes du sol (STokLasA). Os SR DT RENE Sols (Analyse) (Voir Analyse chimique et Sols.) Détermination de l’humus (BÉAM). . . . CT E L:,:1226 Nutrition azotée des végétaux (PouGET et CHoUCHAGK). Les Et AR TEA Détermination de l’arsenic (GREAVES). . . . . . . . . . . . Il 368 Dosage du manganèse (NOTTIN). . . . . . . . . . . . . … . I 1 Dosage du manganèse (STRITAR) . . . Pl ne tie fe a a TO ES OE Analyse thermique des argiles (Wazracu) . Sérs Pear SIETSSERETE Valeur dés'analySes du Sol (HALL) 2e" ce 2e er ne SET ETES Statistique (Voir Économie rurale.) Production du thé dans le monde (PRUDHOMME) . . . . . . . II 16 Jecongres PIppique de Paris UC EN UN PCR RAI 93 Importations et exportations AS MEME, REREGUE NE ANSE DESIRE Sur les engrais dans le monde. 2174 MEME EEE EE SD ERNEET Marché du caoutchouc (CAYLA) . . 29 FI TV Culture de la betterave à sucre aux États- Unis (SAILLARD) Ab RODRINSUE Commerce du thé (CHANDLER et Ewan). . . . . . . . . . . II 506 Travaux de la Chambre de commerce de l'Oise . . . . . . . . II 543 Prix de la viande à Paris (VINCEY). . . . HU D PIS MOESA SIREN Consommation mondiale des engrais (Hrrier). Ds GES US 0 STE Sucrerie (Voir Beiteraves.) Betterave et sucrerie aux États-Unis (SAILLARD' . . . . . . . L 69 Chemin de fer agricole coopératif (VOITELLIER). . . . F7, "348 Synthèse des sucres par les émanations radioactives (Srokzasa SEBOR Et ZDOBNICKY) . . im I 318 Modifications des betteraves pendant leur conser vation (FRIEDL) . . . DA St fo ANUS EVE [,_ 948 Sucre de maïs (DE VILMORIN et LE VALLOIS). Che lite SRE SEC 1: 428 Azote des betteraves et des mélasses (SAILLARD). . . . . . . II 27 Chauffage économique pour l’évaporation en ete Enr EN STE CUS Triple effet sous pression (SAILTARD). 008 JS RENE ONINIRRERE Carbosulfitation à basse température (RoBAR cr). Fax II 375 Inversion du sucre par le chlorhydrate d’ammonium (Srrou- wonat PALtApA).". OPEN A ESS ER SR SE TABLE DES MATIÈRES 893 Tomes Pages Précipitation Se de la chaux par le carbonate de soude (DE GROBERT). . À LD. KI Tourteaux d’écumes de sucrerie e(Lenner et CHARPE NTIBR). PE À: Solubilité du sulfite de chaux (RoBART) . . . ATENT AL! Fermentation des betteraves et des mélasses (MantINaND) : IT Sucrerie (TEYSSIER). . . . Fo do es nur ta pt Sucrerie de betterave (Sami aRn). a DO ANNE Ta er à ne mondes DT Sylviculture (Voir Résine.) Crise JermenUS Dors CERQUEBEAU UN LUN ET LEeEtTe, SA RENE LE ATUT CORSESVALION deSioréts (GOUCER FT). UE AMEN PORN SN Ar I Engrais en pépinière (CUIF). . . SONORE HER I Briançonnais forestier et pastoral (BurrauLx). 494 RE 6184175 Entomologie forestière (BARBEY). . . . . I, 379 II, 293, 420, 583, Desséchement des ramuscules de Pseudotsuga (PETRI) PRO RPEN PEER à | Chalcidiens nuisibles aux graines (RoHWER) . . . . . . . . . Il Tannerie Dosage du tannin par le réfractomètre (FazLcroza et CorRipi). . I Sur le tannin (FEisT) . . RE N ARE TRÉ E ETÉPER PSE TER : Les alungallines (Kou \- Apnest|.. PORTE PAU NP RE RS CRE Technologie 308 306 k3 283 750 680 807 539 318 380 (Voir Huilerie, Graisses, Laiterie, Farines, Meunerie, Caoutchouc, Résines, Textiles, Tannerie, Sucrerie, Vins, Cidres, Bière, Fermentation.) Séchage des fruits et légumes (MANoT et GATIN). . . . . . . . I Industrie des fruits en Serbie (STOYKOWITCH). . . . . . . . . Il Industrie des conserves (MoHAN). 6 PEAR SRE AA SAUT OUTRE ROTE Culture pure des microbes (Pozzi- Escor|. LAN ESRI RER ANRT Éhicorée commerciale [COLEIN): 28000 RE PAPER BOUET Histoire du pain (Woob). . . . RAA SAN CARRE EAN STI Utilisation des résidus de tomates nt RP ERELRN SEL MTS EM ETS Conserves de tomates (CARTES): Us OCTO MRNRE TUE ATTRT Géranium rosat-(DUCEELIER).: > À MNT UT AA TM SOUL UN LÉ Cotenatondes viandes (VASSEUX) C3 000,8 RIT Te A NTI Textiles Textiles végétaux (BEAUVERIE). d HEC TAPIE Fe I Rouissage du lin (RINGELMANN et DE HOT AU EU NP OTPATIE Végétaux (Composition et Physiologie) (Voir Chimie de la plante, Engrais, Germination, Semences.) Effets de la bouillie bordelaise (EWERT) . . . . . . . . . . . Il Toxicité du erude-ammoniae (DEMOLON). . . . . . . . . . . Il * 127 538 108 108 3706 383 511 689 703 820 tb Qu 1 OÙ CO 894 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Soleil et végétation (MÜNTz). JL Stachyose dans les graines (TANRET) . . . Nutrition azotée des végétaux (PouceT et CHOUCHACK). Physiologie de la plante (MAzË). à L Croissance dans les sols stérilisés (RUSSELL et PETHERBRIDGR). Acide phytique dans la farine de coton (RATHER) . . Viande (Voir Froid, Zootechnie, Technologie.) Vins Influence du greffage (VERDIÉ). Exportation des vins (LAFFORGUE, ROLAND et CousarD). Vins de Bourgogne (MATHIEU) . LAIES Vins rouges girondins de 1911 (MESTRE). . Chili viticole (CANU) . À ne Filtration sur porcelaine d amiante (HENARD) fée Ferments de l’amertume des vins (VoISENET). Le collage (BRUNET) . . Composition des vins tunisiens (Mare LE). Vins de la récolte 1911 (BLAREZ) . Acidité et alcoolicité des vins (HALPHEN . Du Sels ammoniacaux en vinification (MARCILLE) . . Salage du vin (TRUELL E). - Stérilisation des vins (Hinar»). s Désacidification des vins (MoREAU et ViNET) | Vins blancs du Rhin (CARLES) . . ; Acide sulfureux en vinification {Brocerri) : Solubilité de la crème de tartre (Maruieu et CH suver. Microorganismes des raisins (MARTINAND) . : Levures elliptiques et constitution des vins (V ENTRE). Dosage des acides dans le vin (Duroir et DuBoux). Vins rouges girondins de 1912 (MESTRE) . . Dosage de lextrait sec (MALVEZIN). . . . Composition des vins d’Algérie en 1912. . . Instruments pour l’ænologie (DUJARDIN). . . Détartrisation des vins (LABORDE) . . . AR LSEA à Volumétrie physicochimique pour Panalyse des : vins (Bons) J Industrie de la Chicha (CaNu et DAUTRY) . . Viticulture Greffage de la vigne (VERDIÉ). Destruction des cochylis par les arséniates (Monra AU et Viner). Chili viticole (CANU) . . Septicémie bacillaire d’un parasite de la x vigne (Pic ARD et BL anc) Germination du pollen des vignes (GARINO- CANINA) . Éléments sexuels des hybrides des vignes (GARD). . Évolution du mildew (MEXGEL) . Le roncet chez la vigne (MAMELI) . / Étude sur le mildew (IsrvanrFri et PAL INKAS). Reconstitution du vignoble de Malaga (MARSAIS) . . Tomes Pages 225 230 281 670 816 819 D © D I TABLE DES MATIÈRES 899 Tomes Pages Ampélographie tourangelle (CHAUVIGNÉ). . . . . . . . . . . II 804 Atravers les #randSvienobles (BRUNET). "V0", er ©, » ,. . [TI 829 Reconstitution des vignobles (BURNAT et ANKEN). . . . . . . II 830 Culture de la vigne dans les Charentes (LAFON). . . . . . . . II 831 Éranasb'do laine (VERMOREE),: 2 Mn surtt VIT 831 Zoologie (Voir Entomologie.) Destruction des campagnols (PONDRET) . - : . . + . . . .. I. 421 Zootechnie (Voir Bovidés, Ovidés, Porces, Alimentation du bétail, Hippologie.) HérdbebpetiLe propriété (VACHER. SE CNVE eSex FAN, 7, LATE TS PAS Pete tavionte Paris | VENCEN). 22 ORNE ENNEUE AU LEE DUT T-220 Industrie mulassière au Poitou mure DIN M A UM ENT. F:1101 Viandes frigorifiées . . . PA Im I10P17/et278 Marché de la Villette et commerce du bétail (Ror TA) PEU MEN à hd 216 Commerce du bétail et de la viande (Lucas). . . . HE ST vel Bactéries dans les viandes d'animaux sains(GRUNTS et Orrokar). l d7 Vaccination contre le charbon (LEGLAINCHE et VALLÉE) . . . I 418 Briançonnais forestier et pastoral (BurFAULT). 1 494 II, 61, 195 et 283 L'ARRRESYAE EN ul PE SERRE ME SES DES EC 2 20799 TABLE DES AUTEURS Aguet, I, 418. Agulhon, I, 538; IL, 113, 205, 206, 537. Alexander, II, 528. Allemann, II, 535. Ammann, II, 210 Ando, II, 370. Andouard, I, 419. André, I, 225; II, 809. Anken, II, 830. Arbois de Jubainville, 1, 215. Ardouin-Dumazet, I, 316. Arnould, II, 512. Astruc, II, 509, 811. Auld, II, 674, 675. Bader, I, 304. Pallu- 1467, 221 Barbet, II, 211. Barbey, I, 379; II, 293, 420, 583, 750. Barlett, II, 535. Barrois, I, 316. Beam, I, 226. Beauverie, I, 5483. Bellettre, I, 220. Benher, II, 371. Benson, II, 534. Berg 11, "533: Bergheim, II, 821. Bernardi, II, 365. Berthault, II, 521. Bertrand, II. 113, 205, 207, 237, 537, 813, 821. 822, Bey, II, 809. Bioletti, II, 376. Blanc, I, 531. Blanchard, II, 540. Blarez, I, 537. Bho IT; 215. Blohm, II, 688. Bocher, I, 122. Bonis, II, 823. Bordas, II, 217, 528, 529. Boris, II, 803. Bourquelot, II, 370, 817. Boys (du), II, 533. - Brésola, I, 416. Brétignière, I, 218; II, 693. Briggs, 1, 541. Brioux, II, 107, 385, 669. Browning, II, 205. Brown, I, 227; II, 214. Brunet, I, 536; II, 829. Buffault, I, 494; II, 61, 175, 283. Burnat, II, 830. Bussard, I, 127. Cadiot, II, 101. Cadoret, I, 422. Calabresi, I, 423. Cameron, II, 365. Campbell, II, 374, 506. Canu, I, 350,828. Capus, II, 382. Carles, I, 58; II, 214, 689. Cavaignac, I, 317. Cayla, II, 398, 399. Cettolini, II,.377. Chandler, II, 506. Chapelle, I, 219, 422, 537. Charpentier, II, 527. Chauvet, II, 377. Chauvigné, II, 804. Cheneveau, I, 126. Choin (de), 1, 68. Chouchak, I, 281; II, 813. Chrétien, IT, 192. Chuffort, I, 534. Clubb, II, 214. Coirre, 11, 817. Collin, II, 376. TABLE DES Colver, II, 816. Comes, II, 373. Compton, II, 813. Condé (de), I, 316, 529: IT, 225. Coquet, II, 218. Coquidé, II, 566. Corridi, I, 539. Coubard, I, 219. Coutte, I, 82. Coville, II, 801. Crobbois, II, 212. Crochetelle, I, 319. Cuif, I, 433. Curé, II, 695. Daire, I, 535, 536, 688 Daish, II, 814. Dangelli, II, 373. Dantony, I, 533. Dautry, II, 828. Davies, I, 420. Davis, II, 206, 533, 811, 814. Debesson, II, 689. Decker-David, I, 223. Defren, II, 376. Dejeanne, II, 106, 212, 545, 699. Demolon, I, 178. Denigès, II, 208. Dienert, II, 808. Dornic, II, 534. Dougall, II, 373. Dubard, II, 131, 421. Duboux, II, 526. Ducellier, II, 697, 708. Duchemin, II, 210. Dudgeon (Miss), II, 502. Dufaure, I, 310. Dujardin, II, 699. Dunstan, I, 71. Dutoit, II, 526. Duval, II, 219. Eberhardt, II, 131, Egorolf, I, 130. £hrlich, II, 818. Eloire, II, 820. Escart, II, 696. Escot, I, 539. Euler, IT, 818. Evans, II, 506, 534. Ewan, II, 506. Ewert, I, 130. Fabre, II, 673. Faivre, 1, 304, 541. Falciola, I, 539. Fallada, 11, 375. Feist, I, 318. Fernbach, II, 212, 376. AUTEURS 8957 Fleischmann, II, 687. Fondart, II, 206. François, II, 697. French, II, 522. Friedl, I, 318. Ery ll, 1810: Gaillot, I, 116, 118. Garçon, I, 319, 424. Gard: 11 522; Garino-Canina, II, 113. Garni, I, 423. Garnier, II, 702. Gabin 11 127: Gaudechon, II, 1. Gaumont, II, 806. Gauthié, II, 206. Gavin, II, 674, 675. Gérald, II, 825. Gérard, I, 308. Géraud de La Harpe, I, 67, 419. Gerber, II, 68, 822. Gironcourt, 1, 125. Gortani, II, 365. Gouget, I, 309. Gouin, I, 161. Graff, II, 428, 677. Graybill, II, 510. Greaves, II, 368. Grimaldi, I, 73. Grobert (de), II, 526. Grunt, I, 417. Guerbet, II, 107, 385. Guittonneau, II, 378. Haentgens (Mme), II, 382. Hall, IE, 368. Halphen, I, 537. Hansson, I, 228. Haselloff, II, 99. Hawk, II, 821. Hébert, IL, 822. Heim, I, 124, 126; II, 505. Hendrich, II, 676. Henriet, I, 124. Hérissev, II, 817. Hinard, 15425: "11,210; Hinziker, I, 425. Hitier, 1, 220, 315; IL, 111, 504, 824. Hoffmann, II, 110. Honchamp, I, 419. Hutchinson, I, 414, 673. Immendorff, II, 367. Istvanffi, II, 802. Izart, II, 689. Jadin, 11, 509, 811. Javillier, II, 206. 898 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Johannessohn, II, 818. Johnson, II, 374, 688. Jones, II, 816. Joret, II, 689. Julien, II, 102. Karas, II, 690. Karel, II, 522. Kaserer, I, 415. Kayser, II, 108. Kling, II, 211. Kohn-Abrest, II, 380. Kæning, II, 673. Kosowitch, I, 415. Kotolow, I, 415. Laborde, II, 828. Lacombe, I, 310. Lafforgue, I, 219. Lafon, II, 831. Lahache, II, 220. Lainé, I, 303, 520. Langworthy, II, 509. Lapparent (de), 1, 314. Larue, I, 308. Lasseur, I, 366, 471; II, 36, 142. Laur, II, 696. Leclainche, I, 418. Lefort, II, 705. Legendre, I, 124. Le Minez, II, 209. Lemoigne, II, 538, 818. Le Moult, I, 122. Lendner, II, 521. Lennermann, II, 809. Lepierre, II, 819. Lesage, II, 812. Lesourd, II, 693. Levallois, I, 428; II, 210, 212. Emdet, 121022911527 531. Loch, II, 510. Loir, II, 533. Lucas, I, 123, 125, 241, 309. Lumet, II, 105. Machargue, II, 672. Mai, II, 533. Main, I, 528. Malpeaux, II, 705. Malvezin, II, 688. Mameli, II, 684. Maquenne, I, 313. Maraval, II, 695. Marchal, I, 529; II, 805. Marcille, I, 537; II, 104. Mari, I, 219. Marie, II, 107. Marquis, 11, 505. Marre, II, 534. Marsais, II, 684%, 808. Marsh, II, 688. Marshall, II, 674. Martin, I, 524. Martinaud, II, 524, 527. Masoni, II, 367. Mathes, II, 673. Mathieu, I, 219; II, 377. Matignon, II, 379. Maurin, I, 316, 317. Mazé, II, 670, 671. Mazières, II, 698. Mazzone, II, 365. Ménard, I, 432. Mengel, II, 681. Meslay, I, 58. Messier, II, 138, 694. Mestre, I, 320; II, 526. Millaut, I, 124. Millberg, II, 371. Mills, I, 425. Milner, II, 509, 672. Mirande, II, 813. Mohan, II, 108. Monicault (de), II, 265. Montard, I, 527. Moore, II, 366. Moreau, I, 306; II, 211. Morel, II, 541. Morse, II, 509. Moussu, I, 216, 217; II, 686. Muller, II, 533. Müntz, L, 225, 303, 520; IL, 1. Nanot, I, 127. Nicloux, II, 672. Nottin, I, 1; II, 206, 743. Oliviero, II, 530. Ost 112811: Ottokar, I, 417. Palnikas, II, 802. Pappel, II, 378. Parr, II, 680. Passalacqua, I, 423. Paturel, II, 369, 535. Pellet, II, 215, 820. Penet, II, 701. Percy, I, 227. Perrier, I, 321, 454. Perrot 1153981146: Petherbridge, II, 816. Petit, I, 528: 41, 397: Pétri, II, 680. Phillips, II, 207. Picard, 1531: Pieraerts, 1, 129, 229; II, 409,819. Pillaud, 1, 316; II, 680. TABLE DES Poher, I, 315. Poirault, II, 805. : Pondret, I, 421.- Potteiger, II, 533. Pouget, I, 281. Power, II, 821. Pozzi-Escot, I, 539; II, 104,105,108,812. Pranke, II, 381, 819. Proschowsky, II, 669. Prud’homme, I, 13; II, 16. Pucer, 11403: Rabaté, I, 72. Ragerson, II, 821. Rather, II, 819. Ratouis de Limay, I, 309. Ravaz, I, 424. Rey, II, 692. Ricard, I, 538. Rigatard, II, 505. Ringelmann, I, 230, 316, 317, 527, 528, 529; II, 225. Rita, II, 210. Robart 01979529: Robin, II, 209. Rogers, II, 533. Rohwer, II, 807. Roland, I, 219. Rolet, I, 429. Rollin, I, 216. Ronse, II, 541. Ross, II, 536. Roulleau, I, 308. Rousseau, I, 320; II, 689. Rousselle, I, 97. Rousset, II, 697. Russel, II, 381, 816. Rüters, II, 529. Sabaschnikoff, I, 416. Saillard, 1, 69; 11, 27, 215, 5047699. Saint-Serain, I, 417. Sanarens, II, 528. Sani, II, 535. Sazerac, II, 821. Schaap, I, 428. Schribeaux, I, 426. Schindler, ZI, 727. Schlichting, 11, 370. Schreiner, II, 507. Schuppli, 1, 418. Schwarez, II, 109. Sebor, I, 318. Severin, I, 316. Shaw, II, 683. Shorey, II, 507. Sirot, I, 320. Skinner, II, 507. Sornay (de), 1, 130. AUTEURS Spinks, II, 682. Spitzer, I, 425. Stephenson, II, 372. Stewart (J.), II, 508. Stewart (R.), II, 373. Stoklasa, I, 318; II, 809: Stoykowitch, I, 538. Stritar, II, 673. Strohmer, II, 372, 375. Strutt, II, 825. Stutzer, II, 207. Sulhorst, II, 827. Tangl, II, 511. Tanret, I, 230; II, 509. Tellier, II, 221. Teyssier, II, 543. Thôni, II, 674. Tisserand, I, 62, 219. Tony-Ballu, I, 67, 221. Touplain, II, 217. Trabut, II, 505. Tricaud, II, 698. Trouette, II, 694. Truelle, II, 209. Lutin: 1 821: Urbain, I, 421. Utz Il, 820: Vacher 100731293216 2172218 Valenti, I, 20; II, 103. Vallée, I, 418. Vandervelde, II, 369. Van Laer, II, 371. Varvara, II, 506. Vasseux, II, 820. Ventou-Duclaux, I, 431. Ventre, II, 524. Vercier, II, 697. Verdié, I, 60. Verge, I, 424. Vermorel, I, 533; II, 831. Vèzes, I, 319. Vilmorin (de), I, 428; II, 210, 212. Vincey, I, 131, 220, 426. Vinet, I, 306; II, 211. Violle, I, 527. Vivien, Il, 212, 213. Vælcker, II, 366, 368. Voisenet, I, 429, 540. Voitellier, I, 315. Voss, II, 689. Nuaflart, II, 212, 213. Vuillemin, II, 520. Vuillet, II, 686, 805, 806, 807. Wagner, I, 122; II, 814. Wahl, II, 371. 860 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE Wallach, II, 507. Walter-Leather, II, 366. Warcollier, I, 219. Wauters, Il, 382. Webster II, 207. Weinberg, II, 102. Weiser, II, 511. Weisweiller, II, 822. Welker, II, 674, 688. Wiegner, II, 214, 687. Willstaetter, II, 812. Winther, II, 369, 370. Wintz, II, 677. Wood, II, 383. Worms, I, 122. Worthy, II, 672. Wyatt, II, 370. Wyllie, I, 129. Zdobnicky, I, 318. NANCY-PARIS, IMPRIMERIE BERGER-LEVRAULT Re M Re ER AK 0 es on "4 1 Ja Hi 11 + he 0e = he 4h — Th 0-8 - + 0-0 tete 1 118 . 1 ? 4 2 dde me md T rit 141 nn + M pur rt 11 0 he De D “dde de 00 de te Dee 2872 + Ne 0 ee + + . Patti # Tqat tie V2 #1 5 2 + { ri : 15 tete 97e M + > nn he 448 0 4-0 + 0-0 = a — CORRE me de ne = %ù — 0 Un ue 0 0-4 he 0 0 de 9 0 4 = à 4 de mn — 9 he de 20 4 à he “né tie nl ete ter MR MEENR 14418 % N1 frtripate te tater te Mrs tte fes Mer * } ? L 241 fiat tel j Te RE EE + —+ à > Ne 44 mm si totieint 2 Mn BTTNN Fe 1 4 fn 1e 1 pit tit dtete tt ul tete % 74 b ssh ste fs * Fettite jetrite es £ tirer foie * Te Ha HE fe ne 0 © 220 0 0 me 0 “ee en 4 — D + ere __ _ 8 cn 4 4 en