MAC > CO ag ae . RES A Fe, Ce AS NA RÉ AS STE 4 RSR REV. Ee ph Eu a e es ee EX en RS Eee ND ee RUES nt RS ANNALES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE du département DE MAINE ET LOIRE | | _ 4e ANNÉE. — 1864 ANGERS IMPRIMERIE DE COSNIER ET LACHÈSE L | : Chaussée Saint-Pierre, 43 ns 10 ANNALES LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE du département DE MAINE ET LOIRE ETES LS ANGERS , IMPRIMERIE DE COSNIER ET LACHÈSE ANNALES DIEM SOCIÈTÉ LINNÉENNE DU DÉPARTEMENT DE MAINE-ET-LOIRE eme + Année. ANGERS, 16 061. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DU DÉPARTEMENT DE MAINE ET LOIRE. BUREAU. MM. Socan» (Aimé de), président. Lacnëse (Adolphe), vice-président. Masicre, secrétaire-général. Farce (Emile), secrétaire. Conranss (Edmond, baron de), archiviste-trésorier. COMMISSION D’ADMINISTRATION (1). MM. Lacaëse (Adolphe). MoxrreuL (Jules, comte de). COMMISSION DE RÉDACTION. MM. Lemarcxanr. VixceLor (l'abbé). (4) Les membres du bureau font également partie des commissions d’adminis- tration et de rédaction. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DU DÉPARTEMENT DE MAINE ET LOIRE. BUREAU. MM. Soran» (Aimé de), président. Lacuèse (Adolphe), vice-président. Magie, secrétaire-général. Far (Emile), secrétaire. Conrapes (Edmond, baron de), archiviste-trésorier. COMMISSION D’ADMINISTRATION (1). MM. Lacnÿse (Adolphe). Moxrreurz (Jules, comte de). COMMISSION DE RÉDACTION. MM. LemarcHann. VinceLor (l'abbé). (1) Les membres du bureau font également partie des commissions d’adminis- tration et de rédaction. Il MEMBRES TITULAIRES. MM. Anniré (Aimé d’), ancien officier. AnDiGNé (Aimé d’), lieutenant de louveterie. ANDIGNÉ DE Mayneur (comte d’), maire du Lion-d’Angers. Baracé (Raoul de). Barassé (E.), imprimeur-libraire. Berceuvre (Paul). BéraunièRE (comte de la). Brain (Frédéric), préparateur du cours d’histoire naturelle à l’école d'enseignement supérieur. BéccarD (Philippe), avocat à la Cour impériale. Bzavier (Aimé) , ingénieur des mines. Bourmonr (Louis, comte de). Bricuer (Paul), avocat. Brisser, ancien gouverneur de Mayotte. BrossarD pe CorBiGny, ingénieur des mines des départements de Maine et Loire et de la Vendée. Canet (l’abbé), chanoine titulaire du chapitre de Saint- Maurice d'Angers. CHEnuAU, juge au tribunal civil de première instance d'Angers. Coïscin (Ernest, comte de) Conranes (Edmond, baron de). Corneau (Jules). Cosxier (Léon), imprimeur-libraire. Cumoxr (Vt Arthur de), rédact. en chef de l’Union de l'Ouest. Desrais (Cyprien), négociant. DELALANDE (François), avocat. DELHOMEL , aocat. Decocxe, conservateur du cabinet d'histoire naturelle. III MM. Desui pe L’[sce (Ludovic), membre de plusieurs Sociétés savantes. DuronrT ommandant de cavalerie. Farce (Emile), docteur en médecine, directeur de l'Ecole d'enseignement supérieur. Garexarp (Charles), maire de Marcé. Giraup (Charles), agronome. Guérin (Lucien). Guérin (Paul). GuiLory (ainé), président de la Société industrielle d'Angers, membre de plusieurs Sociétés savantes. Houpax (Eugène d’), membre de plusieurs Sociétés savantes. Lacnèse (Adolphe), docteur en médecine. Lacuèse (Paul), imprimeur-libraire. LaAREvELLIÈRE (Ossian), membre de plusieurs Sociétés savantes. Lanpreau (baron du) Las-Cases (comte de), membre du Corps législatif. LEmarcHanp, conservateur-adjoint de la Bibliothèque de la ville d'Angers. Leroy (André), horticulteur, président du Gomice horticole de Maine et Loire. Lorioz DE BARNY, avocat. Mare, docteur en médecine. Mérivier, premier président près la Cour impériale d’Angers. Moxrreuiz (Jules, comte de), membre de plusieurs Sociétés savantes. Pavie (Victor), membre de plusieurs Sociétés savantes. Piastre (Gustave), avocat. Prévosr (Emile), avocat à la Cour impériale. PréAUzx (marquis de). Romans (baron de). Romans (Fernand de). IV MM. MM. SAINT-GENYS {marquis de). SarwauD (Edmond, comte de). SozanD (Aimé de), membre de plusieurs Sociétés savantes. SozanD (Théobald de), substitut du procureur général. THouix (Urbain), maire de la Meignanne. Touriorce (Gustave), lépidoptériste. Vezixs (baron de). Vincezor (l'abbé), chanoine honoraire, aumônier des Ursu- lines d'Angers. MEMBRES TITULAIRES NON RÉSIDANTS. AcarD, docteur en médecine, à Thouarcé. ACKERMANN, négociant à Saumur. AUBERT, Juge de paix à Conlie (Sarthe). BaurouIx (l’abbé), aumônier des Incurables de Baugé. Bercer (Eugène), sous-chef du personnel au Ministère de l'intérieur. BernarD pu Porr, agronome à Miré. Berarnt (chevalier). Brrau, notaire honoraire, Briau, docteur en médecine, bibliothécaire de l’Académie de médecine. CEsBroN-Lavau, agronome, à Cholet. Courrizcer (jeune), directeur du cabinet d'histoire naturelle de Saumur. CrocarD (de), à Milon. Desrais (Auguste), docteur en médecine , à Morannes. DELAGENEVRAYE, chimiste. Drourr, maire de Morannes. Dumas (Jules), pharmacien, à Limoges. Duserexeur, de Brest, membre de plusieurs sociétés savantes. y MM. Fouousr, docteur en médecine, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Vannes. Guizcer (l'abbé), professeur d’histoire natureile à l'institution de Combrée. GuizLou, administrateur de la caisse d’épargne de Cholet. Hawure (Victor), chef de division au ministère des cultes. Lamserr (Paul), docteur en médecine. Lacrorx {de), desservant de Saint-Romain-sur-Vienne. Lamorre-Baracé (comte de), membre de plusieurs Sociétés savantes. Mexière (Prosper), médecin en chef de l'institution des Sourds- Muets ,'a\Paris. Mesurer, docteur en médecine, à Saint-Georges-sur-Loire. RagouN, docteur en médecine, à Saint-Florent-le-Vieil. Rocxarp (l’abbé), principal du collége de Beaufort. Roranp, ingénieur civil, à la Ferté-sous-Jouarre. SougEtrAN (Léon), licencié ès-sciences naturelles, professeur à l’École de pharmacie de Paris. TrouiLLARD (Charles), banquier, à Saumur. ViGer , agronome. MEMBRES CORRESPONDANTS ADMIS DEPUIS LA PUBLICATION DU TROISIÈME VOLUME. MM. AroNDEAU , inspecteur de l'Académie de Rennes. CEssac (Pierre de). Fieurer (Louis). FromenTez (de), docteur en médecine, à Gray. VI MM. Gen, pharmacien, à Metz. Héserr, professeur à la Faculté de géologie de Paris. Héricourr (comte de), secrét. perpét. de l'Académie d'Arras. Lesvizce (de). Lonçuemar (de), ancien officier d'état-major. Maupuyr, conservateur du Cabinet d’his. naturelle de Poitiers. Napaup DE Burro, substitut à Chälon sur Saône. Norgerr-Bonarous, professeur à la Faculté d'Aix. Pape , naturaliste (Basses-P yrénées). Prapaz, naturaliste à Nantes. PaLouse, docteur en médecine, à Rennes. TasLé, notaire à Vannes. Vrenwer, membre de l’Académie française. NOTE SUR LE VENIN D’ABEILLE L'abeille domestique ou mouche à miel (apis mellifica) est un des insectes dont l’histoire offre le plus d'intérêt, tant à raison de l’ins- tinct admirable dont ce petit animal est doué, qu’à cause des produits de son industrie. Tout le monde sait que c’est à elle que nous devons le miel et la cire. Chaque colonie ou ruche se compose d’un nombre très considérable d’ouvrières (quinze à trente mille), desix à huit cents mâles ou bourdons, et d’une seule femelle qui paraît y régner en souveraine. Ce sont les abeilles ouvrières qui exécutent tous les tra- vaux nécessaires à l'existence et à la prospérité de la société. Les unes nommées cirières, sont chargées de la récolte des vivres et des matériaux de construction, ainsi que des bâtisses à élever: les au- tres. appelées nourrices, s'occupent presque exclusivement du soin intérieur du ménage et de l’éducalion des petits. La reine et les ouvrières portent un peu au-dessous du dernier anneau de leur ventre, une arme dangereuse dont elles se servent, la première pour se défaire quelquefois d’une rivale redoutable, et les se- condes pour les besoins et la défense de la société. Cette arme est un aiguillon rétractile destiné à verser une liqueur vénéneuse au fond de la plaie faite par cet instrument. 2 L'appareil sécréteur est assez compliqué : il se compose de l’ai- guillon où dard renfermé dans un étui qui porte à sa base la vessie contenant le venin, ainsi queneufécailles cartilagineuses ou cornées, pourvues de muscles, dont huit paraissent destinées à porter au dehors la pointe de l'instrument, et dont la neuvième a pour fonction d'en opérer la rétraction. Le venin de l'abeille est un liquide incolore, transparent, d’une saveur styplique et un peu amère ; ilse dessèche promptement à l'air, et prend à cet état un aspect gommeux. Renfermé dans un tube de verre, il acquiert en peu de lemps une couleur jaunâtre qui bientôt passe au rouge foncé. Il est très soluble dans l’eau , la salive, le blanc d'œuf, ainsi que dans l'acide acétique étendu d’eau. L'alcool et l’é- ther sulfurique le coagulent s’il est pur et le précipitent sous forme de poudre blanche, s’il est dissous dans l’eau. L’ammoniaque liquide, l'eau de chaux et l’eau de baryte, ainsi que la sesquioxyde de fer donnent, avec sa dissolution aqueuse, un précipité fort abondant. Ce venin est sans action sur le sirop de violette, ainsi que sur les papiers rouge ou jaune cucurma. Vu au microscope, tandis qu'il sèche à l'air sur un verre, il pré- sente de distance en distance des taches noires, rondes ou triangu- laires, d’où partent des prolongements en forme d’aiguilles. Toutes ces lignes se réunissent entre elles, s’entrecroisent et forment bien- tôt un tissu dont la structure ressemble assez à celle de la partie ligneuse d'une feuille d'arbre. Le venin du frélon, de la guêpe, du bourdon et de la vipère pré- sente le même aspect. Le venin de l’abeille frais, introduit sous la peau au moyen d’une aiguille ou d’une lancette, détermine à peu près les mêmes accidents que ceux qui dépendent de la piqüre de l’insecte. Desséché à l'air, il conserve, à l’état latent, sa propriété vénéneuse pendant plusieurs années. Il suffit de le dissoudre dans un peu d’eau et de l’ino- culer. L'on ressent à l'instant une vive cuisson et il survient à l'endroit un gonflement plus ou moins fort qui disparaît en quelques heures. Ces accidents varient suivant l'idiosyncrasie des individus, la partie lésée et la quantité de venin dont est chargé l'instrument. L’action de ce venin est à peu près nulle chez les animaux à sang froid, tan- dis que chez les animaux à sang chaud, elle est d'autant plus éner- gique que la circulation est plus active. Dix piqûres d’abeille peu- vent faire périr une souris ou un oiseau en dix minutes. Cinquante piqûres paraissent sans action sur une grenouille; cette quantité suftirait cepeudant pour tuer un lapin. 3 Voici les principaux symptômes que présentent les animaux qui succombent à la suite de la piqûre de ces insectes : Sentiment de vive douleur au moment des piqûres ou de l’inocu- lation du venin, anxiété extrême, convulsions dans les membres, tremblement de iout le corps. Tous sont pris d'une paralysie des membres, commençant toujours par le train de derrière ; bientôt les jambes de devant se paralysent à leur tour, et les animaux tombent pour ne plus se relever. Les battements du cœur, d’abord forts et ré- guliers, deviennent tumultueux, perdent de leur fréquence, de leur force et finissent par ne plus se faire entendre. La respiration se montre de plus en plus difficile, et les animaux meurent en présen- tant des symptômes d’asphyxie. L’agonie est d'autant plus courte que le nombre des piqûres a été plus considérable. Pendant long- temps je n'ai rien trouvé à la suite des nombreuses autopsies que j'ai faites. Ce fut le hasard qui contribua à me donner l'explication de la mort des animaux. Un jour, j'ouvris une pie que je croyais morte; son cœur baltait encore et j'assistai aux derniers moments de son existence. La vie ne s’éteignit en elle qu’à l'instant où le cœur droit et les vaisseaux qui y aboutissent furent énormément distendus par un gaz. Je com- pris alors pourquoi je ne trouvaisrien à l’aulopsie, el je pus, en même temps, me rendre compte de la manière dont ce poison agit sur l’é- conomie. En effet, en ouvrant les animaux, je lésais presque tou- jours avec l'instrument tranchant soit le cœur, soit un gros vaisseau, el le gaz disparaissait ; ou bien, je pratiquais l’autopsie trop tard, et le gaz s’élait échappé par endosmose à travers les parois d’un tissu privé de sa force vitale. Depuis, en faisant les autopsies avec précaution, aussitôt après la mort, j'ai presque toujours trouvé le cœur droit rempli de gaz. À la suile de mes premières expériences, j'ai cru que le principe actif du venin de l'abeille était un acide particulier qui agissait chimique- ment sur le carbonate de soude du sang, en dégageait l'acide carbo- nique, el que ce gaz se trouvait porté par le système veineux jus- qu’au cœur droit qu'il distendait de manière à en suspendre les contractions. Mais, n'ayant jamais pu découvrir un acide dans ce venin, j'ai fait depuis d’autres recherches qui prouvent que ce prin- cipe aclif est un ferment contenu dans le mucus albumineux que l'on oblient facilement, sous forme d'extrait, en traitant le venin ou le résidu de sa solution aqueuse par l’acoo!l pur. Ce ferment agil spé- cifiquement sur le sang, et le produit de celle action est un gaz dont la nature n’est pas connue, ni même encore éludiée. 4 Fontana, observaleur célèbre et consciencieux, avait bien raison de dire que le venin de l'abeille a beaucoup de ressemblance avec celui de la vipère. En comparant ces deux venins, j'ai pu constater leur identité sous le rapport de leurs propriétés physiques et chimi- ques : je pense que dans lous les deux, le principe venimeux est le même. Dès le moment d’une piqüre d'abeille, on doit se hâter d'enlever l’aiguillon, car les muscles qui sont à sa base peuvent se contracter et lancer le venin dans la plaie plusieurs minutes après la sortie de tout l'appareil sécréteur du corps de l’insecte. Il ne faut pas cher- cher à l’ôter avec les doigts, l’on ferait sortir toute la liqueur con- tenue dans la vésicule. Il vaut mieux extraire l’aiguillon avec une épingle ou le couper avec des ciseaux. Parmi les moyens employés contre l’action de ce venin figurent : l'ammoniaque liquide, le sel commun, l’eau de chaux, l'huile d’'o- live, le miel, l'alcool, l'urine, la salive, etc... Il faut avouer que la pratique n’a pu en retirer de grands avantages, lorsque le nombre des piqûres a été considérable. Le meilleur re- mède, à mon avis, est un mélange d'huile d'olive et d'ammoniaque liquide avec lequel on frictionne les endroits où existent les pi- qûres. Si l’on mêle du venin d'abeille avec du vaccin frais, ce dernier ne peut plus se transmettre par l’inoculalion. Faut-il en conclure que le mélange d'un venin et d’un virus fait perdre à chacun la pro- priété qui le distingue ? C’est encore une étude importante à faire. Pris à l'intérieur et même à forte dose, le venin d'abeille west pas un poison. J'ai fait avaler à beaucoup d'animaux le produit de plu- sieurs milliers de vésicules, et jamais je n’ai pu en faire périr un seul. Plusieurs s’endormaient d'un profond sommeil pendant quelques heures, puis se réveillaient en bonne santé. J'ai donné à l’intérieur plus d'un gramme de ce venin desséché à plusieurs chiens atteints de diarrhée, et tous ont été guéris. Cette substance desséchée res- semble beaucoup à l'extrait d'opium; elle répand, comme lui, une odeur vireuse quand on la fait dissoudre dans l’eau. Son action sur l’économie, quoique moins énergique, paraît être la même. Pour- quoi ne l’essaierait-on pas dans la dyssenterie et dans le choléra? On fait bien, ces temps-ci, des expériences avec le curare qui est un agent plus dangereux. D' PHILOUZE. RECHERCHES SUR . LA TOILE D'ARAIGNÉE La soie avec laquelle les arachnides se construisent des demeures, tendent des pièges aux insectes dont elles se nourrissent et forment des cocons pour leurs œufs, est sécrètée par un appareil logé dans la partie postérieure de l'abdomen. Cet appareil consiste en plusieurs paquets de vaisseaux contournés sur eux-mêmes et aboutissant par des pores percés au sommet de quatre à six mamelons coniques ou cylindriques, appelés filières et situés au-dessous de l'anus; la ma- tière gluante expulsée à travers ces pores, prend de la consistance par le contact de l’air et constitue des fils d’une ténuité extrême et d'une lougueur non moins grande. On a calculé que dix mille fils sortant des pores d’une des filières de nos araignées communes, n’é- galent pas en grosseur un de nos cheveux; tandis que d’autres es- pèces propres aux pays chauds forment des trames si fortes qu'elles suffisent pour arrêter de petits oiseaux. Chaque espèce d'araignée a ses mœurs particulières et construit sa toile d'une manière différente. Il est prouvé que ces insectes sont doués d’instincis variés, donnent des signes d'intelligence el se prè- tent à une sorte d'éducation. Afin d'obtenir de la toile parfaitement pure, j'élais parvenu autrefois à réunir un certain nombre d’arai- 6 gnées à l’état de domesticité, en les renfermant dans des cloches en verre. Elles étaient tellement carnassières et voraces que si j'en met- tais plusieurs sous la même cloche, les plus fortes dévoraient tou- jours les plus faibles. Une seule mouche suffisait pour nourrir une araignée pendant plusieurs jours. Cependant, chaque malin je trou- vais une nouvelle toile et cela durait des mois entiers; de sorte qu’en somme la quantité de soie donnée par une de ces araignées était beau- coup plus considérable que celle fournie par un ver à soie ordinaire. La toile d’araignée de notre pays est blanche, soyeuse, d’une té- nacité peu grande, vu son extrême ténuité; elle est revêtue d’une couche très gluante à laquelle adhère promptement la poussière et les autres corps étrangers. Si on la laisse tremper dans l’eau pendant plusieurs jours, elle entre en fermentalion sans se décomposer; brû- lée à la flamme d’une bougie, elle répand une odeur caractéristique que je ne puis mieux comparer qu’à celle que donne une mouche grillée. Cette substance est insoluble dans l’eau à toutes les tempé- ratures; l’éther sulfurique, l'alcool et l'acide acétique paraissent sans action sur elle; les acides sulfurique et nitrique la détruisent ; elle se trouve blanchie par l’acide chlorhydrique sans être totalement décomposée. D'après une analyse de M. Muller, la toile d’araignée aurait beau- coup de rapport avec la soie. Cette matière a été employée comme hémostatique et fébrifuge. On en forme un tampon qu'on applique sur l'endroit d’où part le sang ; il en résulte une sorte de mastic qui arrête promplement l'hémorrhagie. Des empiriques l'ont recom- mandée pour guérir les fièvres intermittentes à la dose de plusieurs grammes à la fois. J’ai vu des paysans prendre des pilules de toile d’araignée, et par ce moyen faire passer des fièvres d'accès qui avaient résisté à l'emploi des préparations de quinquina. A quoi doit-on altribuer ces résultats ? Est-ce à la répugnance que doivent éprouver les individus qui prennent une substance aussi dégoûtante ? Est-ce à la matière gluante qui recouvre ces fils ? Enfin est-ce la toile en- tière qui jouirait d’une propriété fébrifuge particulière ? Telles sont les questions qui m'ont été suggérées par les succès obtenus. Jusqu'à présent, la toile d’araignée n’a pu être utilisée que dansla confeclion des lunettes astronomiques. Cependant, dès l’année 1837, j'obtins avec cette substance divers produits assez curieux. J'envoyai dans le temps à la Société académique de Nantes de la toile d’arai- gnée blanchie au chlore, du fil, du papier et une bourse sans cou- ture, teinte en bleu-ciel. Je fis aussi un sac à tabac, qui m'a servi pendant plusieurs années. Depuis cette époque, je ne m'en étais plus occupé, lorsque je lus dernièrement dans le journal La science pour 7 tous, un article qui me détermina à envoyer à M. le secrélaire du cerele de la Presse scientifique quelques petits échantillons qui ont élé accueillis avec un intérêt plein de bienveillance. Voici les pro- cédés que j'emploie pour obtenir ces divers produits : Toile nettoyée et blanchie. — Comme il serait difficile de se pro- curer une grande quantité de toile d’araignée pure, on la ra- masse telle qu’elle se présente dans les caves, les greniers ou partout ailleurs, en ayant soin d'ôter les pailles et autres corps étrangers un peu volamineux qui s’y trouvent mêlés ; on lave la masse à grande eau ou plutôt dans de l’eau courante pour commencer à la nettoyer, puis on la fait bouillir dans une lessive de savon. On la met à sécher au soleil, et quand elle est bien séchée, on la bat avec des bâtons sur une claie en bois, comme on fait pour la laine. La substance gluante étant détruite par la lessive, les corps étrangers qui y étaient adhé- rents sortent plus facilement par le battage. Dans cet état, celle substance peut être blanchie en l’exposant à la rosée pendant plu- sieurs semaines, au printemps ou à l'automne. Si l'on veut la blan- chir promptement, on la plonge dans de l’eau de javelle plus ou moins étendue d’eau, ou mieux dans une solution de chlorure de chaux. Après celte opération, il est bon de la laver de nouveau et de la battre encore sur la claie, afin de l'avoir plus pure. Après celte opération, elle ressemble heaucoup à de la soie; comme elle, avec les mordants ordinaires, elle est susceptible de prendre les couleurs les plus di- verses. Toile réduite en poudre. — Pour la réduire en poudre, il suffit de la piler dans un mortier avec un peu de sucre. On met le tout dans un vase plein d’eau; le sucre se dissout et la toile d’araignée en poudre se dépose au fond du vase, en même temps que beaucoup de corps étrangers nagent à la surface du liquide. On décante et on fait sécher cette poudre. Elle est très blanche si elle a été trailée convenable- ment par le chlore. : Pâte de toile desséchée. — En mêlant cette poudre avec une solu- tion de gomme ou de colle forte, on en fait une pâte plus ou moins consistante, susceptible d'être moulée ou sculptée quand elle est desséchée. Quand on se sert de gomme adraganthe, on peut oblenir des sculplures extrêmement fines ; avec la colle forte, cette subs- tance acquiert la dureté de la corne. Papier de toile d'araignée. — Le papier se fabrique avec de la toile blanchie à la rosée ou au chlore, réduite en poudre grossière en la pilant dans un mortier. On en fait avec de l’eau une pâte que l’on étend sur un morceau de drap tendu ou sur une planche polie. Lors- que ce papier est presque sec, on le retourne avec précaulion, au 8 moyen d’un couteau en bois; on le laisse sécher complétement, puis on le colle, on le lisse, si l’on veut. Ce papier animal a le mérite d'être promptement obtenu et ressemble beaucoup au parchemin ; quoique non collé, il ne boit pas l'encre. Fil de toile d'araignée. — L'on peut filer la toile blanchie, ou bien, tout en la ramassant à l'état naturel, on la file avec les doigts un peu humides. Si l’on a soin de ne point mouiller un bout de ce fil, il se renoue facilement avec une nouvelle toile, de manière à former une longueur indéterminée. Ce fil ne présente pas une grand résistance, cependant, je me rappelle en avoir donné un peloton à une dame qui en broda un fichu. Je pense que cette broderie ne fut pas de longue durée. Tissu de toile d'araignée. — Il est facile d'obtenir des tissus de toile d’araignée en imitant les filandières, qui, en passant plus ou moins souvent sur le même endroit, forment avec leur soie un ré- seau plus où moins dense. Afin d'y parvenir, on prend un moule en toile de la forme que l’on veut, on l’altache au bout d’un bâton, et l’on va recueillir dessus, en tournant, toutes les toiles d’araignée que l'on trouve. Il se forme par superposilion un tissu qui ressemble à du cuir, et qui sera d’autant plus épais et plus solide que la quantité de toile sera plus grande et la grosseur de la soie plus considérable. Il est bon de se servir des toiles les plus propres pour appliquer les premières couches du tissu, car ce sont elles qui forment le beau côté. Quoiqu'on puisse être moins difficile pour les couches suivan- tes, il faut cependant avoir soin d'ôter les corps étrangers un peu volumineux à mesure qu'ils se présentent, car ils pourraient laisser des trous dans le tissu. Par cette espèce de feutrage, le tissu prend la forme du moule qu’on a employé. Après l'avoir enlevé de dessus ce moule, on le détourne, on le lave à grande eau, on le lessive, et on le blanchit avec de l’eau de javelle, comme on le fait pour la toile. fl est susceptible de prendre avec les mordants les couleurs les plus éclalantes. Quoique ce mode de fabrication paraisse long et minutieux, l’on peut cependant, avec de la patience, s’en procurer, en peu de temps, une certaine quantité. La toile d’araignée n’entrera jamais en concurrence avec la soie, la laine ou le coton; mais, peul-être, sera-t-elle appelée, dans la suite, à rendre quelques services dans les arts. Qui sait si ce papier animal n’est pas inaltérable ? s’il ne peut pas être utile dans la peinture, la photographie ? En général, il ne faut jamais rejeter avec mépris ce que le Créateur a répandu avec profusion dans la uature, car tôt ou tard l’homme s’en empare à son avantage. D' PHILOUZE. NOTE SUR UNE LORANTHACÉE TOXIQUE Les plantes de la famille des loranthacées sont caractérisées en général par la présence d’un principe astringent qui les a fait em- ployer en médecine, et plus souvent encore dans la teinture (aux Indes) pour colorer les étoffes en noir. En outre elles renferment de la gomme, de la chlorophylle, des sels, une matière ligneuse inso- luble et une matière particulière, la glu, dans laquelle Macaire a dé- couvert un principe immédiat, qu'il a nommé le viscine. Plusieurs des plantes de cette famille, appartenant aux genres Loranthus et Viseum, sont employées au Brésil, à Java, dans lesIndes, contre diver- ses affections, el il serail extrêmement intéressant de voir si la va- riété de leur action, au cas où elle serait aussi efficace qu’on le pré- tend, dépend de la nature spéciale de ces plantes, ou ne tiendrait pas plutôt aux végétaux, aux dépens desquels les loranthacées vivent en parasites. Cette hypothèse pourrait être confirmée par l’observalion, si nous en jugeons par l'exemple dont nous avons AQU hui l’hon- neur d'entretenir la Société linnéenne. M. Lépine, pharmacien distingué de la marine, a adressé entre autres substances intéressantes, au musée du ministère de la marine et des colonies, sous le nom de Poulourivi, des tiges et des feuilles 10 d’un Loranthus , d'espèce botanique indéterminée, qui croît sur les collines du premier plat des montagnes des Mighorrices (Indes), et qui est parasite du Strychnos nux vomica. D'après cet habile obser- vateur la plante paraît jouir des mêmes propriétés toxiques que le végétal nourricier, et déterminerait des accidents très graves. Du reste déjà en 1837, le docteur O’Shaughnessy, ayant reçu du lieute- nant Kittoé des échantillons de Viscum monoïcum, recueillis dans les environs de Cattah, sur les rameaux du Strychnos nux vomica, a pu empoisonner des chiens avec de très faibles doses de ce Viscum. Ayanteu à ma disposition une petite quanliite de Loranthus parasite ou Strychnos, grâce à l'extrême obligeance de M. Aubry-Lecomte, j'ai cherché à vérifier par l'expérience l'observation de M. Lépine, et à isoler le principe toxique qu’il renferme. J'ai pris six grammes cinquante de la plante suspecte et j'ai fait un extrait alcoolique sec, dont j'ai obtenu soixante centigrammes. Une partie de cet extrait, lraitée de façon à obtenir les alcaloïdes contenus, m’a donné un résidu, qui, par l’action de l’acide azotique, s'est coloré en une belle teinte rouge, caractéristique de la brucine. Le reste de l’extrait donné à des animaux tels que chardonneret, pinson, a déterminé leur mort en quelques minutes avec tous les phénomènes de soubresauls tétaniques, que produisent les logania- cées ; j'ai donc pu ainsi vérifier la certitude des observations de M. Lépine. Malheureusement je n’avais à ma disposition qu'une très petite quantité de substance, et je n’ai pu, quant à présent, donuer à ces recherches toute l'extension qu'elles méritent. J.-L. SOUBEIRAN. RAPPORT SUR DES GRAINES DE VÉGÉTAUX CULTIVÉS A SHANG-HAI (CHINE) ET ESSAIS D'ACCLIMATATION EN ANJOU. Messieurs, Vers la fin d'avril 1859 , Sa Majesté l'Empereur recevait de M. de Montigny, notre consul général à Shang-Haï, des graines de plusieurs plantes dont la culture est assez étendue en Chine et concourt à l’a- limentation de la population de cette contrée. D’après les analogies de sol et de climat de l'extrême Orient où ces végétaux sont pro- duits , ils paraissent pouvoir également réussir en France, et parti- culièrement dans nos contrées; aussi, Sa Majesté a-t-elle cru devoir en faire expédier une certaine quantité à M. le Préfet, pour être dis- tribuée et cultivée dans notre département. J'ai élé assez heureux, Messieurs, pour me procurer de ces graines, que j'ai soumises à des expériences sérieuses , et je confiai à la terre, le 4 mai suivani, ce précieux dépôt. 12 1° LEON-KO-MIE OÙ LO-KOMIE. « Cette plante, d’après la traduction d’une pièce chinoise, se sème au printemps, dans le courant du mois d'avril et se récolte en au- lomne. » Les terrains légers, secs et sablonneux sont préférables pour sa culture aux terrains argileux ou humides. — Les pluies abondantes lui sont contraires, tandis qu’elle supporte facilement une sécheresse un peu forte. » Avant l’'ensemencement, la terre doit avoir subi une préparation convenable. Elle doit avoir été bien labourée, bien ameublie et bien fumée. La semence doit être soigneusement enfouie. Le semis se fait en ligne. Les graines des semences ne doivent pas être dépouillées de leur enveloppe pailleuse. » Les jeunes pousses sortent de terre huit jours après les semailles, quand le temps est très-favorable : si, au contraire, le temps a été froid et pluvieux, douze jours sont nécessaires. » La jeune plante est très-sensible. On ne doit la toucher que lors- qu'elle a alteint 5 centim. de hauteur. Alors on débarrasse la terre où elle a levé des mauvaises herbes. On éclaircit les lignes de plants comme on le fait dans les bonnes cultures de plantes sarclées. Le nombre de pieds laissés ensemble ne doit pas dépasser quatre par touffe. Les touffes doivent être autant que possible équidistantes et séparées les unes des autres par un intervalle de quarante centim. au moins. » Il est bon de répéter les binages pour rendre le sol parfaitement net de mauvaises herbes, jusqu'à ce que la plante, ayant atteint 50 à 60 centim. de hautvur, soit devenue tout à fait maîtresse du ter- rain. À partir de ce moment on ne touche plus au champ. » La fleur ne tarde pas à paraître, puis le grain se forme. Il est rond, vert; il devient blanc, il ressemble, quand il est décortiqué, à de l’orge mondé. Son enveloppe pailleuse est brillante, dure; elle est percée à ses deux bouts d’un petit trou. » La récolte a lieu en automne, du 15 septembre au 15 octobre. » Celte plante sert en Chine à faire de grandes baies et d'excellents abris autour des champs, sa tige est à peu près de la grandeur de celle du sorgho, ce qui donne à ces deux végétaux quelques rapports de ressemblance. » Le Leon-Ko-Mie ou Lo-Komie fournit des fourrages verts en été 13 et pendant l'hiver la partie ligneuse de la plante peut être employée comme combustible, surlout dans les contrées où le bois est rare. » Son grain est considéré en Chine comme un aliment très sain et très forlifiant : la matière farineuse qu'il renferme est blanche et très riche en gluten et en fécule. » J'appelle votre sérieuse attention, Messieurs, sur les précieuses qualités de cette plante, qui, si elle pouvait être acclimatée dans no- tre département, rendrait, je n’en doute pas, de grands services à l’agriculture. Je dois avouer que les expériences auxquelles je me suis livré n’ont pas été satisfaisantes, et je m'empresse de vous faire connaîlre la culture à laquelle j'ai soumis celle plante, en suivant toutefois les lignes tracées dans la traduction de la pièce chinoise , dont je -viens de vous donner copie. OBSERVATIONS SUR LE LO-KOMIE. Après un cerlain nombre de labours dans une terre légère et meu- ble, bien fumée avec du fumier de cheval, j'ai semé en lignes une vingtaine de graines qui, au bout d’un mois, ont montré leur plumule verte et vigoureuse; malgré ce commencement de végétation et la belle venue de cette plante, le rendement a été complétement nul après une croissance de 15 à 20 centim. Les pluies abondantes tombées peu après les semailles ont beau- coup contribué au relard de la germination qui ne s’est effectuée, comme j'ai l'honneur de vous le faire remarquer, qu'après un mois et non douze jours, ainsi que l'indique la notice ci-dessus. Cependant vers la fin de septembre une nouvelle croissance est survenue. Les fleurs et les graines sont apparues au milieu d'octobre, mais ces dernières ne sont pas arrivées à un parfait élat de maturité en raison de la saison avancée où elles se montrèrent. Le Lo-Komie appartient à la grande famille des graminées ; ses Li- ges sont élancées, au nombre de lrois à cinq, cylindriques, articu- lées; une feuille longuement lancéolée part de chaque articulation. Ces feuilles à pétioles engainants enveloppent la majeure partie comprise dans l'intervalle de deux nœuds. Chaque tige est termi- née par une panicule dressée, ample, fournie, supportant des fleurs de peu d'apparence et verdâtres. Chaque pédoncule supporte une graine verdâtre percée dans toute sa longueur d’un trou à l’extrémilé duquel s’épanouit une petite pa- nicule. Telles sont, Messieurs , les observations que j'ai failes sur celte 14 plante dont je m'empresse de meltre sous vos yeux un panicule por- tant des fleurs et des graines. 2° RIZ SEC, ROUGE ET BLANC: Ce riz croît en Chine dans des districts plus froids, plus septen- trionaux que le nord de la France ; rien ne peut s'opposer , ajoute M. de Montigny, à la réussite de ce végélal dans nos provinces. Toutes les terres lui sont bonnes. On le cultive soigneusement en Chine associé à d’autres plantes : ainsi on le sème le plus ordinaire- ment entre les lignes de plants de coton. OBSERVATIONS. J'ai semé cette cotylédonée comme la précédente, dans la même terre et dans les mêmes conditions atmosphériques. Les jeunes plan- tes sont sorties de terre vigoureuses, mais les sécheresses étant sur- venues tout à coup, elles se sont arrêtées dans leur croissance sans donner de semence, après toutefois avoir formé des touffes de 6 à 10 tiges. | La germination s’est faite dans un espace de quinze jours à trois semaines. 3° SEYA OÙ IGNAME DU HAIMEN. « Dans le nord de la Chine, la culture en est faite presque partout, mais sur une très petite échelle. Chaque agriculteur chinois ne lui consacre en cffet guère plus de 1/3 à 1/4 d'are. Cette surface suffit néanmoins à lui fournir environ 1,006 kilog. de racine comestible. Ge produit concourt pour une part assez notable à l’alimentation de la population rurale pendant toute la durée de l'hiver. On retire de terre les tubercules au fur et à mesure des besoins. On rend l’arra- chage facile en divisant le terrain en petits billons de 40 à 50 cent. de hauteur, dont les crètes sont séparées par des sillons d’une lar- geur à peu près égale. C’est sur les crètes des billons que se plantent les bulbilles ou les tronçons de tubercules. On les place à une faible profondeur. On doit espacer les plants sur la ligne de 15 centim. au moins. Dès que ces tiges apparaissent, on enfonce des rames ou échalas autour desquels elles s’enroulent pour se réunir à l’extré- mité de ces supports et former des touffes où une quantité considé- 15 rable de bulbilles se développent. On fera bien assurément de netto- yer les sillons des mauvaises herbes qui y croissent et de relever les terres du fond des raies contre les billons, comme cela a lieu pour le bultage des pommes de Lerre. Il y aurait intérêt du moins à essayer comparalivement les deux modes de culture, à plat et en petits bil- lons. » Pour faire la réculte des racines pendant l'hiver, on profite au- tant que possible d’un temps sec et sans gelée. La culture en billons la facilitera beaucoup, puisqu'il suffira de rabattre dans le sillon la terre qui se trouve de chaque côté des tubereules. » Cet igname donne une nourriture très saine. En en plantant quelques mètres carrés dans les formes, on ajouterait sans beau- coup de peine une ressource de plus à celle que la pomme de terre nous offre déjà, ce qui permettrait de varier un peu le régime ali- menlaire des classes rurales. » La fécule d’igname du Haïmen est blanche et peut entrer pour 25 °/, dans la panification. » Tel est, Messieurs, le genre de culture auquel les Chinois soumet- tent ce tubercule. OBSERVATIONS. J'ai cultivé ce tubercule de la même manière que la pomme de terre : après plusieurs labours, j'ai planté en raie, puis butté, lorsque la plante a eu une dizaine de centim. Sur six tubercules plantés, un seul est sorti de terre sans donner de résultat. Si ces trois espèces, comme vous le voyez, Messieurs, n’ont pas produit de résultats satisfaisants, il ne faut cependant pas se découra- ger. Là ne doivent pas se borner les essais. Je suis persuadé que le riz, céréale rendant de si importants services à l'alimentation publique, pourrait probablement êlre cultivé avec succès dans les terrains hu- mides de nos vallées, et que le cultivateur trouverait un bénéfice assez lucratif pour lui faire entreprendre une cullure qui serait ap- pelée à rendre de si grands services aux populations peu aisées dans les années de disette. EF n'en est pas de même de deux espèces de haricots, également envoyées de Shang-Haï, et dénommées sous le nom de haricots bruns de Shang-Haï, et de haricots blancs de la même province. Ici je dois m'’arrêter, el vous décrire cette plante, qui, je crois, est digne de fixer notre attention par les abondants produits qu’elle donne. 16 Tige grimpante et volubile de 4» 50e à 2 50°; folioles ovales poin- tues, légèrement pubescentes; fleurs blanches en grappes axillaires, légumes pédonculés, geminés, semences brunes rougeâtres ou bian- ches arrondies, à ombilic blanc. Les Chinois cultivent ces haricols, à ce qu’il paraît, en bordure autour de leurs champs; ils les sèment encore entre les sillons lais- sés entre les lignes de leurs principales plantes sarclées (cotons el autres). Semé le 4 mai 1859, dans la même terre que les espèces qui pré- cèdent, j'ai déposé de 10 en 10 cent. en ligne. un haricot, qui, au bout de dix à quinze jours, a fail apparaître ses cotylédons. Je dois vous faire connaître qu’à ce moment les limaces se sont montrées d’une voracité sans exemple pour ces jeunes plantes et qu’il m'a été très difficile de pouvoir les conserver. J'ai dû employer la poussière de chaux, que je répandais sur la terre. Lorsque les premières feuil- les sont apparues vertes et arrondies, semblables à celles de nos ha- ricots ordinaires, j'ai opéré un premier binage, puis de légers arro- sages. Par ces soins j'ai oblenu des plantes fortes et vigoureuses qui ont atteint 2m à 2» 50 c. de hauteur dans les rames que j'avais eu soin de placer afin qu'elles pussent se prendre et se soutenir. Je dois vous faire remarquer que ces haricots n’ont pas souffert comme ceux que nous cultivons, des 25 à 30 degrés de chaleur qu'ils ont eu à sup- porter. Je crois aussi, Messieurs, que celte légumineuse peut être assi- milée à sa congénère, sous le rapport nutritif, en raison du principe féculant qu’elle contient. Ge haricot tient la place entre la fève et notre haricot commun. J'ai récolté des haricols pour semis depuis le milieu de septembre jusqu'aux premières gelées. Vingt-cinq à trente pieds m'ont donné à peu près 1 kilog. de graines. Enfin une troisième espèce, dénommée sous le nom de petits ha- ricots rouges, doit être aussi citée pour ses produits, destinés à un tout autre usage que ceux des premiers, qui, au lieu d'être mangés secs, paraissent devoir l'être comme nos haricots verts, connus sous le nom de pois de mai. Voici la description de ce haricot : Tige peu élevée, non volubile, folioles ovales pubescentes, fleurs d’un beau jaune, en grappes, légumes pédonculés, geminés, cylin- driques, pendant, de 10 à 15 centimètres àe longueur, sur 1 à 2 cen- timètres de circonférence, semences rougeâtres, petites, à ombilic blanc. | Cette dernière espèce conviendrait parfaitement à nos maraîchers 17 en raison des abondantis produits qu'elle donne, et je ne doule pas qu'elle ne devienne promptement très recherchée sur nos marchés. Malheureusement je n’ai pu récolter que très peu de semence, mais je compte bien, Messieurs, apporter un soin tout particulier à la cul- lure de cette espèce. En résumé, loutes ces plantes ont été semées dans des conditions atmosphériques et de cultures identiques, car ce qu'il importe au cultivateur, c’est un rendement suffisant, rémunérant les sacrifices qu’il ne cesse de faire pour acclimater telle ou telle plante, et si nous avions soumis à une culture exagérée de soins, les plantes qui font ici le sujet de cette notice, assurément elles eussent eu grande chance de se voir délaissées, sans même donner peu ou point de ré- sultals. Dans ce compte-rendu il importait, Messieurs, de spécifier pour chaque espèce la nature du terrain, les époques du semis et de la récolte, les phases qui ont caractérisé la végétation. Telle est, Mes- sieurs, la tâche que je m'étais imposée et que je crois avoir en partie remplie. FR. BLAIN. REMARQUES SUR LES NOUVEAUX SCLERANTEUS DE LA FLORE DE FRANCE. De Candolle n’admit dans sa Flore française que deux espèces de scleranthus, l'annuus L. et le perennis L. Plus tard, quand il publia la famille des Paronychiées du Prodrôme, il leur en adjoignit une troi- sième trouvée par lui uniquement dans les sables de Gramont , près Montpellier, et qu'il appela Scl. polycarpus, croyant que c'était l'espèce des mêmes parages ainsi nommée par Linné (1). En 1848, les auteurs de la Flore de France, MM. Grenier et Godron, s'en tinrent aux lrois espèces que le Prodrôme assigne à nos contrées, et se bornèrent à désigner Narbonne, où M. Delort l’avait recueillie, comme seconde localité de la plante du midi. Deux ans après, le 15 juillet 1850, M. le docteur Martin d’Aumessas (Gard), découvrit à Notre-Dame-du-Bonheur, dans les Cévennes un scleranthus d’un aspect spécial, et le communiqua à M. Grenier. Celui-ci crut y voir le Scleranthus polycarpos, et c’est le nom qu'il lui donna, en le décrivant dans les Archives de la Flore de France (1852, t. 1°, n° 4, p. 206). En même temps, il appela Scl. Delorti Gr. (1) Linné a écrit Sc/. polycarpos. 19 la plante de Montpellier et de Narbonne. Comme il prévoyait pour- tant que le nom donné à l'espèce des Cévennes, et son assimilation à celle de Linné seraient contestés, il lui appliqua secondairement la dénomination de Sel. Martini, Gr. En présence de l’hésitation, de l'erreur même dans lesquelles pa- raissent être tombés des botanisies comme MM. de Candolle, Grenier et Godron, au sujet du Scl. polycarpos linnéen, il est naturel de vouloir remonter à la source, et connaître l’idée qui nous a été laissée par Linné de la plante à laquelle il impose ce nom. L'abbé Sauvages, son correspondant, l'avait trouvée à la Salle, dans les environs de Montpellier. Après l'avoir reçue de lui, Linné la cultiva sous le nu- méro d'ordre 145 qui indique le rang qu’elle occupait au milieu des plantes curieuses ou nouvelles du jardin d'Upsal. C’est avec le même numéro qu’elle figure à la page 313 du tome 4° des Amænitales aca- demicæ où elle fut primitivement décrite, ainsi qu'il suit : 145. SCLERANTHUS (polycarpos). Calycibus fructus palentissimis Spinosis, caule subvilloso. Polycarpus. Dalech. hist. 444. Polygonum montanum vermiculatæ foliis. Bauh. Pin. 281. Habitat Monspelii et in I[taliä. Sauvages. Differt à Scl. annuo planta longe minore; caule magis divaricato, subpubescente. Calyces secundum totam longiludinem caulis, nec in corymbum congesli, patentes, acutissimi ut ferè spinosi, ventre sulcati; nec calyces habent margines membranaceos ut in Scl. annuo ; adeoque synonymon Columnæ ad hanc spectat speciem. De cette citation il résulte que le Sci. polycarpos, transmis par Sau- vages à Linné, doit avoir une certaine ressemblance avec Scl. annuus, mais être beaucoup moins grand (longe minore); — êlre chargé d’un bien plus grand nombre de fleurs et de fruits, comme l'indique son nom spécifique (polycarpos), — el conséquemment les avoir beaucoup plus petits ; — avoir les fleurs fasciculées axillaires et ter- minales, et non pas en cîmes dicholômes corymbiformes (nec in corymbum congesti); — avoir les lobes calycinaux très ouverts (patentissimi, patentes), et non pas simplement étalés (patuli); — les avoir épineux ou presque épineux (spinosi, acutissimi ut ferè spinosi), et non pas simplement aigus (aculi), enfin les avoir dé- pourvus de membranes à leur bords (nec... margines membrana- ceos). | D'après cela, le Scl. polycarpus du Prodrôme dont les lobes cali- cinaux sont à peine élalés (subpatuli), et simplement aigus (acuti), ni plus ni moms marginés que dans le Scl. annuus, dont Decandolle 20 répèle l'expression de lobis immarginatis, ne peut être la plante lin- néenne. | Le Scl. polycarpus de la nouvelle Flore de France ne l’est pas da- vantage, du propre aveu des auteurs, puisqu'ils le rattachent à celui du Prodrôme, et que M. Grenier a, comme nous l'avons dit, donné particulièrement à l’une et à l’autre le nom de Scl. Delorti. En effet, son inflorescence est disposée en cimes dichotômes; ses divisions calicinales sont dressées et garnies d’une marge membraneuse rendue un peu moins apparente que dans le Scl. annuus par leur teinte jaunâtre. Je sais bien que la Flore de France affirme le con- traire (divisions du calice non marginées-scarieuses), néanmoins j'ai constaté l'existence de cette membrane sur des échantillons ty- pes de Narbonne récoltés par M. Delort, et sur d’autres parfaitement semblables que M. Rossignol a'recueillis a Rive-Haute, près Bé- ziers. Quant au Scl. polycarpus des Cévennes, pour lequel M. Grenier ex- prime un doute dans l’article des Archives que j'ai déjà mentionné, je vais bien plus loin que lui, et je formule frauchement une néga- tion d'identité, appuyée sur l'examen d'échantillonsauthentiques que je dois à l’obligeance de l'inventeur lui-même, et sur celui d’exein- plaires pareils, qu’en 1854 j'ai récollés derma main au Petit-Gourzy, près des Eaux-Bonnes, daus les Basses-Pyrénées, et depuis aux Eaux- Chaudes. Cette plante ne se distingue bien clairement du Scl. annuus que par les lobes oncinés de ses calices qui sont aussi plus ouverts. Dans le reste rien ne diffère, et il nous est impossible d’y reconnaitre le longe minore planta des Amænitates, ni le caule magis divaricato. La taille, le port, l’inflorescence , jusqu’à la marginalure scarieuse des lobes calicinaux s'y retrouvent. L'endroit où celte dernière apparaît tout d'abord et dans une grande évidence, est celui qui attire le plus vivement l'attention ; je veux dire la courbure des divisions calicinales. Cette forme communique à la membrane une tension qui ne lui permet pas de se rouler avec les bords, et de se dissimuler sous eux. La remarque en a déjà été faite par M. Boutigny (Bull. de la Soc. bot. de Fr. 1855, t. 2,\p. 768). À la page 221 du même tome, M. Timbal-Lagrave nous apprend que M. Godron a trouvé la plante dont il s'agit à Escandorgues, près Lodève, el à Ganges, près Montpel- lier, el que M. Lézat l’a rencontrée sur la montagne de -Basibé, près le Port-de- Castanèze. L'herbier Lalanne la signale également à Oleron. Avec Gourzi et les Eaux-Chaudes, voilà donc quatre localités py- rénéennes pour celle plante prétendue méridionale. La présomption favorable au nom de Scl. polycarpus déduile de la proximité qui 21 existait entre Montpellier et la station du Gard, s’amoindril graduel- lement. M. le D: Martin contribue plus que tout autre à ce résuilat, car il admet la parfaite ressemblance de sa plante avec le Scl. unci- natus, Schur, découvert quelque temps auparavant dans la Tran- sylvanie, l'Allemagne, l'Asie-Mineure, et il la regarde comme une espèce des régions montagneuses et alpestres. Sa manière de voir est confirmée par M. Victor de Janka, dans son histoire du Scl. uncinatus ; Schur, publiée par la feuille botanique autrichienne (OEsterr-botan. Zeitschrift. Ne 7, 1859). L'auteur expose toutes les discussions auxquelles la plante a déjà donné lieu depuis 1850 que Schur l’a décrite dans la 1r° année des Actes el communications des sociélés transilvaines pour les sciences naturelles (Verhandlungen und Sittheiluagen des Miebenbürgischen Vereines für Naturwis- senchafien, 4, 1850, N° 7, p. 107-108); il indique le motif qui a en- gagé le professeur Grisebach à refuser de confondre le scleranthus des Cévennes avec le Scl. uncinatus qu’il mentionne dans son Jter hungaricum ; et ce motif est le manque de marge scarieuse fausse- ment attribué à l'espèce française « Ab ülo (Scl. Martini, Gren.) re- cedit: calycis laciniis margine anguste scariosis. » Enfin il ajoute la synonymie actuelle de l’espèce , ainsi qu'une description et les sta- tions connues. Voici la reproduction de ces trois documents : Scleranthus uncinatus, Schur in « Verhandl. u. Miti. des scieb. Ver. f. Naturw. » 1. 1850. p. 107. Scleranthus polycarpus Gren. in F. Schultz. Archives de la Flore de Fr., etc. 1852, p. 206 (non. L. nec DC.) Scleranthus Martini Gren. I. c. Scleranthus uncinatus Marlin ex Timbal-Lagrave in, buil.‘soc. bot. de Fr. 1. (1855; p. 222. Scleranthus annuus var. uncinatus, Boutigny, 1. c. p. 768. Radix perennans, primo anno jam caules proiïiferos profert. Calicis laciniæ 5 demuim patentes apice inflexo-uncinatæ; pars inflexa nunc trientem, rarissime dimidiam tolius laciniæ longitudinis adæquans, nunc brevior apice spinuloso-subulata ; rarius una alierave lacinia apice recla (hand uncinala). Habitat in Galliæ australis montosis (in M. Cebennis: in Pyrenæis centralibus et occidentalibus); in Transsilvaniæ montibus Carpaticis, tam septlentrionalibus : e. g. in Alpe, Korongyis ! quam in australio- ribus ; atque in Asiæ minoris provinc. Armenia, jugis Bulgardagh, Argée et Ali. On l’a vu, la descriplion est fort accommodante ; elle admet des ormes moyennes fleurissant dès la première année, ayant leurs di- 22 visions calicinales plus ou moins oncinées, quelques-unes même loutes droites, bien que rarement. Je possède un rameau détaché par le bon docteur Guépin d’une touffe qui lui avait été envoyée du Luc, dans le Var, et qui est en cet état. À côté de lobes en hamecçon s’y rencontrent des lobes peu courbés, el d’autres à mucron simple- plement oblique. Mais on trouve aussi cela dans le Sul. annuus, par- liculièrement dans quelques échantillons poitevins de ma collection, et sans doute dans les échantillons parisiens dont parle M. Gay. Il y a la une série de transilions qui me feraient incliner vers le senti- ment de M. Boutigny. En effet, le signe qui demeure le plus frap- pant comme caractéristique de celte forme, est la divergence des lobes. Or, dans les modificalions de transition dont je viens de parler, les lobes le plus étalés sont précisément ceux qui se montrent le plus oncinés ; en sorte qu'on est porlé à considérer cetle corrélation comme un résullat pour ainsi dire mécanique. Cette plante est re- marquable par le développement et la constance de ses dix étamines toutes munies d’anthères. Car on sait que ce nombre normal est souvent réduit par soudure, avortement et autres causes. A côlé des espèces qui viennent d'êlre signalées, et qui ont porté plus ou moins légilimement le nom de Scl. polycarpos, s'en place une autre que j'ai trouvée, ce printemps, sur les pelouses sablon- neuses de ma paroisse, St-Romain-sur-Vienne, et celles de St- Sulpice-des-Ormes. Je l'ai publiée à la session extraordinaire de la Société botanique de France tenue à Bordeaux, le mois d'août dernier. Je l’appelle Scleranthus pseudopolycarpos de Lacroix, parce que plus que toute autre elle est capable de faire illusion, et qu'elle se rapproche de la description des Amænitates plus qu'aucune de celles qu'on y à jusqu’à présent rapportées. En voilà la diagnose : Racine blanche, simple, déliée, pivotante, garnie de quelques ra- dicelles; — tiges couchées-redressées , rameuses , courtes, tétrago- nes, pubescentes sur deux faces opposées, glabres sur les deux autres, à feuilles opposées, divergentes , linéaires-aigues , canali- culées, ciliées-membraneuses à la base où elles sont conniventes; — iuflorescence en forme de grappe allongée : fleurs petites, nom- breuses, disposées en faisceaux axillaires et lerminaux; divisions calicinales dressées el non étalées après l’anthèse, lancéolées,, ai- gues, à bords légèrement rnais dislinctement scarieux, à peu près égales au tube, couronne membraneuse insérée au sommel du tube calicinal large relativement à celle des autres espèces, portant sur un premier verticille des rudiments pétaloïdes au nombre de cinq placés devant la séparation des lobes, el sur un second verticille plus intérieur deux élamines ferliles; celles-ci sont disposées en a 23 croix avec les styles qui se dressent sur une portion de la capsule saillante au-dessus de la base des élamines d'une quantité égale à celle qui est renfermée dans le tube. Avril. — Mai. La plante a une couleur jaunâtre qui la fait distinguer à première vue du Sci. annuus parfois mêlé avec elle. Elle est éminemment printanière, et, passé le mois de mai, on n’en rencontre plus de ves- tiges. Elle végète, comme je l'ai dit, sur des pelouses sablonneuses arides. J'ai lieu de penser qu'on la trouvera sur beaucoup de points de la France, à la condition de la chercher dans des lieux analogues et à l’époque indiquée. C'est ainsi que M. le Dr Sauzé l’a rencontrée dans le département des Deux-Sèvres. Celte espèce est intermédiaire entre le Scl. annuus et le Scl. Delorti. Elle a la petite taille et les petites fleurs à divisions calicinales re- dressées du second ; mais elle en diffère par le port et l’inflorescence; puisque le Scl. Delorti est dressé, à rameaux dichotômes et à cime corymbifère. Elle possède le port et l’inflorescence du premier ; mais elle n’en a ni la taille, ni les feuilles étalées et non divergentes, ni la grandeur des fleurs, ni les labes calicinaux étalés, ni la partie saillante de la capsule plus petite que la partie cachée, ni la floraison estivale; ce caractère est si sensible, que les pieds de Sc. annuus, mélangés à ceux du Sc/. pseudopolycarpos entraient à peine en fleurs quand les autres laissaient déjà tomber leurs calices chargés de la graine mûre. Le scleranthus du Poilou possède en outre des rudiments corollins courts et obtus. Ces organes séparent nettement notre espèce de ses congénères , et particulièrement du Scl. verticillatus Tausch, qu’on lui rapporlerait volontiers au premier coup d'œil; ils rattachent aussi plus intimement le genre scleranthus à ses voisins, et donnent raison à MM. Grenier et Godron qui ont admis cinq pétales filiformes (le mot rudimentaire va mieux à mon espèce), dans les caractères du genre scleranthus. Que l’on se remelte en mémoire la phrase diagnostique et la glose que les Amoænitates appliquent au Sc. polycarpos L. et qu'on les compare à ee que nous venons de dire du Scl. pseudopolycarpos ; on - se convaincra, suivant mon assertion, que, tout en étant un faux polycarpos, c’est lui qui rend le mieux l’ensemble de la plante lin- néenne, et qui peut en donner l’idée la plus complète. Il en a la pe- titesse que n’a pas l’uncinatus, — le port et l’inflorescence qui man- quent au Delorti, — l'abondance relative des fruits qui lui est ex- clusivement propre ; restent les lobes sans marges scarieuses dont sont privées les trois espèces, — leur acuité et leur divergence pro- noncée dont jouit le seul uncinatus ; mais celui-ci a dépassé le but ; 24 il a retourné les extrémités en hamecon, et gâté par son exagération ce qui aurait pu le mettre en balance avec le pseudopolycarpos, dans le cas où l’on voudrait donner une valeur égale à chacun des carac- tères , el ne pas accorder la prime à la physionomie générale. Que dirons-nous actuellement du Sci. polycarpos véritable? Sui- vrons-nous le conseil de M. Martin qui propose de « Je rayer des ca- » talogues botaniques, parce que les recherches faites par M. Babing- » ton dans l’'herbier de Linné ont prouvé que les échantillons » conservés sous ce nom dans la collection linnéenne sont grêles, » chétifs, peu satisfaisants, sans aucun trait original, et n’offrent » rien qui les distingue du Sci. annuus ? » Quand il faudrait accepter sans conteste l'observation du botaniste anglais que je viens de nom- mer, ce ne serait pas peut-être une raison pour en venir à l’extré- mité demandée. L’herbier de Linné nous a habitués à des mécomptes de ce genre, sans qu'on se soit cru réduit à biffer les espèces qui sont bien décrites dans ses ouvrages et mal représentées dans ses collections. Ce serait une réaction un peu forte contre l’entraînement du jour qui porle à séparer en plusieurs les espèces dont nos pères dans la science ont posé les limites, que de fondre en une seule deux espèces séparées par eux ordinairement si sévères et si judicieux. Depuis plus d’un demi-siècle le Sci. polycarpos a pu échapper aux recherches ; mais une planie distinguée par Sauvages, admise par Linné qui a pris la peine de la culliver pour la mieux décrire, ré- coltée par Goüan, à l'Espérou, l'Hort-de-Diou et Banahu, cette plante, j'ai bon espoir qu’elle se retrouvera un jour sur quelque point maintenant ignoré. Elle ne doit pas, elle ne peut pas être assi- milée à ces espèces récentes et de création éphémère à qui des ca- raclères sans valeur ne permettent un instant de vivre que pour aussilôl mourir. Sa place demeure invariablement fixée au milieu des plantes françaises. En la retrouvant, le studieux avenir justifiera les observations exactes du passé. S. DE LACROIX, prêtre, Membre de plusieurs sociétés savantes. QUELQUES MOTS SUR LA GÉOLOGIE DU MORBIHAN GÉNÉRALITÉS. Le sol du Morbihan a été peu tourmentépar les cataclysmes, et ce n’est que dans une certaine mesure qu’il semble avoir participé aux premières et aux dernières perturbations du globe. Les assises inférieures du terrain de transition ( étage cambrien ), recouvraient seules le département dans sa totalité, lorsque la pre- mière convulsion (système de Westmoreland) vint redresser ces cou- ches en faisant apparaître les granites à grains fins. Dans les dépressions de ce nouveau sol profondément modifié par l'apparition et le contact de celte production ignée, s’accumulèrent les dépôts siluriens, qui furent relevés eux-mêmes par une nouvelle perturbation (système des Ballons) qui mit au jour des graniles à gros grains. Ce second soulèvement éleva notre sol au-dessus de toutes les mers environnantes, si bien qu'on n'ÿ trouve pas la moindre race du terrain carbonifère, du terrain pénéen, du grès vosgien, du trias, du terrain jurassique et du terrain crétacé. On n’y rencontre même pas l'étage inférieur du terrain tertiaire. Cependant, soustrait au domaine des eaux, le Morbihan n’en a pas 26 moins subi l'influence de deux nouveaux cataclysmes terrestres. Le premier (système du sud du pays de Galles), s'y est manifesté par l’é- ruption des granites porphyroïdes ; et le dernier (système de la Corse), a produit les masses amphiboliques et les filons métallifères. Il n'existe donc du terrain de transition, dans le Morbihan, que deux étages, le cambrien et le silurien, séparés l'un de l’autre par l’é- ruption des graniles à petits éléments. L’élage cambrien est formé de grès à grains fins, de schistes tal- queux ou chloritiques et de micaschistes staurolidifères. L’étage silurien comprend les gneiss, les poudingues, les quartziles, les schistes argileux, les grauwackes schiteuses et les micaschisties maclifères. Etage cambrien. — Une grande bande de schistes cambriens, cou- pée par les granites de Houat et de Quiberon, s’élend le long de nos côtes, de l'embouchure de la Vilaine jusqu’à l’île de Groix. Ce schiste micacé commence en Arzal jusqu’à Si-Gildas; il esl généra- lement verdâtre et se désagrège facilement. Belle-Isle est entièrement composée de schistes micacés, bieuâtres, nacrés, fissurés el remplis de noyaux de quartz. L'île de Groix est formée de schistes micacés jaunâtres à grandes feuilles de mica. Où observe une seconde bande de schistes cambriens, moins puissante et surtout moins continue, dont les traces sont reconnais- sables entre Muzillac et la Vilaine, entre Vannes et la rivière d’Au- ray, et aussi en Plæmeur el en Guidel. Entre Vannes et l’anse du Parun, sur la rivière d’Auray, on trouve des amas de grès dans le schisle cambrien quartzeux non modifié. Non loin de Baud commence une vaste formalion schisteuse qui, au contact du granite en fusion, s’est profondément modifiée. Ce mélamorphisme est caractérisé par les slaurolides qui s'y mon- treni très nombreuses. A l’est de Baud le micaschiste renferme beau- coup de grenals, et, plus à l’est encure, d'énormes masses de disthène cristallisé. Entre Napoléonville et le Finistère, on trouve des lambeaux de micaschiste généralement compacte, cristallisé, riche en talc et en mica. On y rencontre de beaux grenats. Les schistes des environs de Napoléonville, tantôt bleuâtres, altérés, talqueux , lantôt verls avec des parlies blanches, sont des schistes modifiés par ies roches amphiboliques et dioritiques. Le grès quart- zilte de l’écluse du Colliazé, très dur, très compacte, avec teinte ver- dâtre, est un grès cambrien amené au jour par l’éruption de la roche amphibolique. Les schisies cambriens non modifiés sont d'un noir bleuâtre, sa- 27 linés, doux au toucher, le plus souvent lalqueux. Ils contiennent à leur parlie inférieure de minces assises de quartz d’un bleu gris. Les schistes se rencontrent de Goarec à Baud ; au nord de Napoléonville ; à l’est du Blavet, près Credin, à Rohan. entre La Nouée et la Trinité ; à Ploërmel, à Néant, etc., etc. Etage silurien.— La vallée de l’Ars est composée de schistes mac- lifères. Les macles y sont d'autant plus abondants qu'on se rappro- che de Rochefort-en-Terre. Sur la route de Rochefort à Limmerzel, près la chapelle de Brespan, on alteint un schiste micacé jaunâtre qui renferme du quarlzite si- lurien. À Limmerzel le schisle est maclifère. Celui de la vallée de St-Nolff l’est aussi. D’Aucfer à Berganne les macles sont peu abon- dantes quoique très distinctes; mais c’est à l'étang des Sables, sur la limite du département des Côtes-du-Nord, qu’existe le plus riche gî- sement maclifère. Les assises inférieures de l'étage silurien renferment de puissants amas de poudingues et de grès. Dans les environs de Maleslroit, de Missiriac, de Ploërmel, de Guilliers, d'Augan et de Guer, on trouve des bancs de poudingues formés de blocs composés de noyaux de quartz blanc, empâtés dans un ciment siliceux. Les grès siluriens sont blancs, à grains fins, à cassure esquilleuse ; ce sont de vrais quarlzites, car leur struclure est réellement inter- médiaire entre celle du quartz pur et celle des grès modernes. On trouve ces grès de Malestroil à Cournon, de Malestroit à Guer, de Guer à Josselin, de Beignon à Tréhorenteuc, de Guilliers à Mauron ; de St-Aignan à Croixanvec, et sur les bords äu Blavet. Ces grès sont disposés par bandes interrompues et par nids. Le schiste argileux qui fournit l'ardoise est aussi disposé par ban - des, de Sérent à la Gacilly, de Ploërmel à Guer, de Ploërmel à Mau- ron. La vallée de l’Ars, dans la commune de Pluherlin et de Malansac, fournit les plus belles ardoises du Morbihan, connues sous le nom d’ardoises de Rochefort. Le grauwacke et le schiste rouge, ocreux et micacé, se trouvent par pelites couches, entre St-Vincent et St-Perreux, entre le Roc- St-André et Guillac ; et par masses dominantes du Pont du Segrais (limite de l’Ille-et-Vilaine), jusqu’à l'AfF près la Gacilly. Le gueiss est-il une roche primitive? un granite remanié? un schiste profondément modifié par le granite ? ou enfin un granite d'accident produit par des circonstances particulières de cristallisa- tion on de refroidissement ? A cel égard voici ma manière de voir et les raisons qui me portent à lé ranger dans le terrain silurien. Après l’éruption des premiers graniles, les parcelles de mica, les 28 grains de quartz et les cristaux de feldspath, désagrégés de ces roches, durent être entraînés par les cours d’eau et versés dans les mers qui recouvraient alors certains points du sol. Ces débris graniliques s’y accumulèrent par couches successives , suivant leur densilé spéci- fique; et lorsqu'une nouvelle éruption granitique vint à se produire , elle dut changer en roches par son contact, et soulever par sa pres- sion ce terrain sédimentaire. De là les gneiss qui ont tous les élé- ments du granite, mais dans des dispositions différentes, et qui ne se rencontrent, chez nous, qu'entre les granites modificateurs et les schisles cambriens modifiés, tantôl en longues bandes comme de Silz à Billiers, de Nivillac à Muzillac, tantôt en amas comme en Vannes et en Arradon. Le catalogue suivant des espèces géologiques que l’on trouve dans le Morbihan ou qui y font défaut, doit donner une idée assez exacte de la simplicité de son sol et de son peu de variété en roches. ROCHES SILICÉES. 1° Quarrz.— Compacte, fétide, hyatin , laiteux, carié , sublamel- leux, radié, straliforme, etc. Dans une carrière près St-Gravé on trouve des eristaux de quartz bi prismé et d'autres cristaux encroûtés d’une couche mince de cal- cédoine encastrés dans des cellulesd'argile siliceuse. Ces échantillons son! fort curieux. Une route au-delà d'Elven, vers Malestroit , est ma- cadamisée de quarlz où la tournaline noire abonde. Sur la roule de Vannes à St-Avé, onjtrouve beaucoup de phosphate de fer dans le quartz. 20 GRÈS.—Quartzite (caradoc des Anglais), lustré, fissile, micacé, bigarré, gris, rougeâtre, blanc à grains fins, elc. En Théiac, à la limite du Morbihan el de la Loire-Inférieure, on trouve sur le sol, eLen masses profondes, un grès tellement fissile qu'on le réduit en aiguilles avec la main seule. 3° SILEX. — Corné, rougeâlre, agathe grossier, jaspoïde. Les silex sont rares dans le Morbihan. On en rencontre des échan- tillons épars sur le sol. 4 JASsPE. — Résinite, rouge, marbré, tacheté, etc. Véritables échantillons géologiques et encore assez rares. 9° Tripozr. — N'existe pas dans le Morbihan. 6° PoupiNeuss. — Ferrugineux, quarlzeux, schisteux , amphibo- leux (avec quartz et feldspath), etc. 29 Les poudingues formés de quartz roulés et de ciment ferrugineux sont très communs. 7° BRÈCHES. — Quartzeuse et ferrugineuse. 8° PSAMMITES. — Point. 9 MAcrIG&Nos. — Point. 10° GOMPHOLITE. — Point. 11° ARKOSE. — Point. ROCHES SILICATÉES. 1° ScxistE. — Maclifère, staurotidifère, saliné rose, argileux, pail- leté, tégulaire, lalqueux, grenu, carburé, etc. 2 AMPÉLITE. — Point. 3° THERMANTIDES. — Point. 4 PSÉPHISTE. -- Point. 5° CALSCHITE. — Point. ROCHES ARGILEUSES. 4° KAOLIN. — On trouve le kaolin à Plæmeuret un gisement d'une grande puissance à la Roche-Bernard. Malheureusement ce koalin rougit au feu et pour cette raison n’est point utilisé. 2 ARGILE. — À Si-Jean-la-Poterie près Redon, au Rohu près Lo- rient, et à Malansac près Rochefort, l’argile est employée dans la fa- brication des poteries légères à bas prix. 3° SMECTITE. — Point. 4o MARNE. — Point. 5° OCRE. — Point. 6° SANGUINE. — Point. ROCHES FELDSPATHIQUES. 1° FezpspATH. — Orthose. On trouve dans les granites porphy- roïdes de très gros cristaux de feldspath et des nids de ces cristaux dans quelques gneiss. 2 PEGMATITE. — Graphique, granulaire, à ciment ferrugineux. 3° GRANITE. — A grains fins, à gros grains, porphyroïde, etc. Le granite forme les 3/4 du département; il varie en couleur sui- vant la nature variable de ses éléments. 4° SYÉNITE. — Point. 30 5° PROTOGINE.— En rares échantillons. 6° LEPTINITE. — Se trouve sur les bords el dans le lit de l'Evel ; elle est remplie de petits grenats. 7° EURITE. — Je n’en connais point dans le Morbihan. 8° PETROSILEX. — Point Jo VARIOLITE. — Point. 10° PYROMÉRIDE. — Point. 11° PORPHYRE. — Point. 12° ARGILOPHYRE. — Point. 13° ARGILOLITE. — Point. 14° STIGMITE. — Point. 15° PONGE. — Point. 160 TRAss.— Point. 17° DomitE. — Poinl. ROCHES ALBITIQUES. 1° TRACHYTE.— Point. 29 PHONOLYTE.— Point. 3° OBSIDIENNE. — Point. 4o RÉTINITE. — Point. ROCHES LABRADORIQUES. 1° LABRADORITE. — Point. 2° EUPHOTIDE. — Point. 3° HYPERSTÉNITE. — Point. 4 JADE. -— À Roguédas près Vannes, on trouve, sur le rivage, un rocher doni la cassure à presque l'aspect de l’euphotide de Corse. L’amphibole et la diallage entrent dans sa composilion et l’idocrase s’y lrouve par nids. Cette roche unique dans le Morbihan est bien en place au milieu d’un lambeau de gneiss, de veines de feldspalh et de quartz. On retrouve dansila falaise, en arrière de ce rocher, un filon de la même substance, mais sous un aspect plus vitreux. Ce filon est perpendiculaire dans le sol. 5° TÉPHRINES. — Point. ROCHES AMPHIGÉNIQUES. 1° LEUCITOPHYRE. — Point, 31 ROCHES GRENATIQUES. 1° GRENAT. — On trouve des grenats dans la leptynile et dans quelques micaschistes ; point de grenat compacte. 2 EcLogiTe. — Point. ROCHES MICACIQUES. 1° MicASscmISTE.—Bacillaire, quartzeux, maclifère, staurotidifère, talqueux, argileux, philiadien, etc. 20 GNEISs. — Talqueux, à feldspath rose, porphyroïde, à gros grains , à grains fins, etc. ROCHES CHLORITIQUES. 1° CHLORITE. — On trouve près St-Vincent des quarlz contenant des nids de chlorite. ROCHES TALCIQUES. 1o Tarc.—Stéatiteux, lamelleux, schistoïde, écailleux, par échan- üillons. 20 MAGNÉSITE. — Point. 3° OPHIOLITE. — Dans les landes de Coquidan, en Guer, près de schistes rouges , on trouve une ophiolite d’un gris verdâtre à veines rouges. La roche fissurée en tous sens, ne peut donner de beaux blocs. 40 STÉACHISTE.— Point. ROCHES AMPHIBOLIQUES. 1° HORNBLENDE. — Point. 2 HÉMITHRÉNE. — Point. 3° DIORITE. — On trouve beaucoup de diorites dans l’arrondisse- ment de Napoléonville et surtout autour de cette ville, près de Rohan, et aussi de Gourin. 4° AÂPHANITE. — Point. 32 ROCHES PYROXÉNIQUES. 1° LHERZOLITE. — Point. 20 DOLÉRITE, — Point. 30 MÉLAPHYRE. — Point. 4e TRAPPE.— Point. 5° BASALTE. — Point. 6° VAKE. — Point. 7° PÉPÉRINE. — Point. 8 SPILITE. — Point. ROCHES CALCAREUSES. 10 CALCAIRE. — On trouve à la côte, près Billiers, un filon calca- reux d'un blanc sale, qui fait une très lente effervescence avec les acides. C’est un calcaire plutôt manganésifère que magnésien et dans lequel on trouve de la grammalite. Son peu de puissance le rend sans usage. Il en est de même pour un pelit dépôt calcareux qui existe au Bois-David. 2 GLAUCONIE.— Point. 3° CYPOLIN. — Point. 4° OPHICALCE. — Point. 5° DOLOMIE. — Point. ROCHES GIOBERTIQUES. 1° GIOBERTITE. — Point. ROCHES GYPSEUSES. 19 GYPSE. — Point. 20 KARSTÉNITE.— Point. ROCHES BARYTINIQUES. 4° BARYTINE. — Point. 33 ROCHES ALUNIQUES. 4° ALUNITE. — Point. ROCHES CHLORURÉES -SODIQUES. 4° SEL MARIN. — On fait dans le département beaucoup de sel pour l'usage domestique; mais on n’y trouve point de dépôts de sels gemmes. ROCHES FLUORURÉES. 1° FLUORINE. — Point. ROCHES PHOSPHORÉES. 1° PHOSPHORITE. — Point. ROCHES MÉTALLIQUES. Fer.— Les minerais de fer sont assez abondants dans le Morbihan qui compte trois hauts fourneaux en aclivité, et qui en a compté jusqu’à six. Etain. — On exploite aussi, sur une assez grande échelle, à la Ville d'Air, près le roc St-André, l’étaim oxidé qu'on y trouve en masses el en cristaux dans le quartz (l’étaim oxidé). ROCHES COMBUSTIBLES. Dans les schistes métamorphosés de St-Jacut (vallée de l’Ars), on a découvert un peu d'anthracile, dur el peu combustible, destiné à rester sans usage. FouQuEr. Vannes le 27 janvier 1860. DISCOURS PRONONCE A BORDEAUX LE 8 AOÛT 1860, PAR M. LE Dr MENIÈRE Vice-président de la Société botanique de France, membre correspondant de la Société linnéenne ‘le Maine et Loire. La Société Botanique de France, déjà si puissante par le nombre et l’aclivité de ses. membres, par la haute position que beaucoup d’entre eux ont occupée ou occupent encore dans les sciences, les arts, la magistrature et le gouvernement de l'Etat, a eu la noble el géné- reuse pensée de lenir tous les ans une session extraordinaire dans un des principaux centres de végétation de la France. C’est ainsi que , successivement, elle a étudié les montagnes volca- niques de l'Auvergne el les plaines de la Limagne (session de 1856, à Clermont-Ferrand); les basses-Cévennes et les bords de la Médi- terranée (session de 1857, à Montpellier) ; les Vosges alsaciennes (session de 1858, à Strasbourg). Fidèle à ses errements, elle a, dans la séance du 23 février 1859, choisi pour la session de celte année Bor- deaux et la Gironde dont la Flore offre des caractères tout particu- liers, sans parler de l'intérêt spécial que les explorations doivent trouver dans les dunes. les marécages et les étangs du bassin d’Arca- chon et de La Teste, sans parler surtout des marais de la Canan, localité précieuse d’une droseracée des plus remarquables, décou- 39 verle autrefois par Dunald et retrouvée avec le plus grand bonheur par M. Durieu de Maisonneuve. Le lundi 8 août l'ouverture des travaux de celle session exlra- ordinaire a élé faite dans la grande salle de l'Académie, mise à la disposition de la Société, par M. le docteur Menière, vice prési- dent de la Société Botanique de France , et en cette qualité délégué spécialement par la Sociélé pour inaugurer la solennité ; il était as- sisté de MM. E. Cosson et de Schænefeld, secrétaires de la Société : de M. Fournier, vice-secrétaire, et de M. le comte Jaubert, ancien président et actuellement membre du conseil de la Société. On remarquait dans l'auditoire un grand nombre de membres de la Société. M. le docteur Lecog, de Clermont-Ferrand, le savant au- teur des Etudes de géographie botanique sur le plateau central de la France, et son collaborateur , M. Lamotte ; MM. Kralik et de la Per- raudière , infatigables explorateurs de l'Algérie et dignes continua- teurs de l’œuvre entreprise par MM. Durieu et Cosson ; M. Ducou- dray, de Nantes; le docteur Theveneau, d'Arles ; Pacquerie, de Cas- lillon ; Sabu, de Montpellier, MM. de la Savinière père et fils, Le Dieu, Réveil, Gontier, Hacquin de Pommaret, Jamain, etc., etc. ; des membres de la Société linnéenne de Bordeaux, MM. le comte de Kercado, docteur Lafargue, Gassies, Soubervie, Ch. Lalerrade ; MM. Petit-Laffitte, professeur d'agriculture ; le docteur Gintrac père, directeur de l’école de médecine de Bordeaux ; MM. H. Gintrac, Jeannel, Barbet, professeurs à cette même Ecole ; Baudrimont, professeur à la Faculté des sciences ; Georges, professeur d’arbori- culture ; Charropin, membre du conseil municipal, etc., ete, Après avoir invité M. le Préfet à prendre place au bureau et dé- claré la séance ouverte, M. le docteur Menière, président, a prononcé le discours suivant : « Messieurs, » La Société Botanique de France, poursuivant le cours de ses travaux, vient inaugurer aujourd'hui sa cinquième session extraor- dinaire au sein d’une ville où tout lui promet un bon accueil. Dans celle antique el noble cilé où le culte des lettres, des sciences et des arts fut loujours en honneur, nous sommes assurés de trouver des hôtes bienveillants. Vos portes s’ouvriront volontiers devant nous, pélerins de la science, venant de si loin pour fraterniser avec ceux qui, comme vous, lui donnent chaque jour des preuves de leur dé- vouement. » Poussés par un ardent désir de voir et de connaître, les mem- 36 bres de la Société Botanique demandent à leurs collégues des dépar- tements une part de la gloire qu'ils recueillent dans des localités où la nature n’a pas de secrets pour eux. Avant même que nous eus$ions sollicité un asile, vous nous avez offert vos demeures hospitalières. Nous trouvons au bord de votre fleuve harmonieux des hommes chez qui les plus nobles instincts sont au service des plus belles intelli- gences , et qui cultivent avec un zèle et des succès égaux toutes les branches des connaissances humaines. » Bordeaux est la digne capitale d’une terre privilégiée, que le soleil caresse de ses rayons les plus propices, où naît sur un sol fécond un arbuste dont les fruits excellents sont à la fois la richesse et l'honneur de la Gironde, et qui répandent dans le monde entier son nom et sa renommée. Quelle table peut se passer de votre vin sans rival ! Quel hôte, respectant ses convives et jaloux de leur bonheur , oublierait vos flacons élégants dont la liqueur attiédie s’a- dresse à tous les sens, réjouit l’œil par sa teinte pourprée, chalouille l'odorat par son bouquet si fin, si pur, si délicat, et produit enfin sur les papilles d’une langue exercée, la plus délicieuse stimulalion que l’on puisse éprouver dans un festin élégant et poli ? » Bordeaux possède un trésor incomparable, et c'est un trésor bo- tanique ; c’est une plante qui lui rend en flots d'or les soins intelli- gents qu’on lui prodigue ; c’est un humble végétal qui couvre ses campagnes florissantes, qui occupe des milliers de bras, qui fournit des produits capables de charger des flottes nombreuses , et qui donne la vie à ce fleuve aux eaux profondes, magnifique grande route qui s'embranche avec l'Océan et louche, grâce à lui, à tous les rivages des deux mondes ! » Bordeaux doit peut-être une partie de sa renommée scientifique et lilléraire aux condilions matérielles qui la distinguent si heureu- sement. La merveilleuse sagacilé de ses habitants, la vivacité de leurs impressions, la chaleur de leur débit, ce don de bien dire qui semble inné dans la race gasconne , comme le parfum dans le vin de vos cépages, tout cela tient, qui pourrait en douter ? au climat si doux de ses côteaux, au Soleil qui échauffe et les têles et le sol, à ces influences méridionales qui exaltent la vie et donnent de la puis- sance à la pensée. Comment rester froid au milieu de cetle nature ardente qui vous entoure ? Comment ne pas ressentir un certain enthousiasme à l'aspect d’une terre qui s’entr'ouvre chaque année pour vous prodiguer ses faveurs les plus précieuses ? L'homme qui vit au sein de ces merveilles sans cesse renaissantes s’exalte et les célèbre avec une vivacité passionnée ; l’idée rayonne, l'expression se colore ; on se sent poële.. Il me semble que je vais céder à ces ins- 37 tincts généreux, et que, votre hôle d’un moment, je suis presque de- venu l’un de vos compatriotes. » Mais chantons un peu moins haut, et n'oublions pas que la science et la muse n’ont qu'une parenté lointaine. Et cependant, ceux qui, dans un ordre d'idées plus restreint, se consacrent à l'étude dela nature, ne perdent pas le sentiment enthousiaste que fait naître l'aspect de tant de merveilles. Les naturalistes qui voient se dérou- ler devant eux la chaîne immense des corps organisés, consacrent des efforts inouïs à l'étude, non pas assurément de l’ensemble (qui pourrait se flatter aujourd'hui de l’embrasser tout entier ? ) mais de chacune des parties qui le constituent, et les plus heureux sont ceux qui savent choisir certains sujets plus isolés, mieux circonscrits. Parmi les botanistes, il en est dont l’ambilion s'étend jusqu'à la Flore complète d’un vaste pays, comme la France, mais le plus grand nombre se borne à bien connaître toutes les plantes d'un départe- ment, et ceux-là trouvent qu'il n’est pas déjà si facile d'atteindre le but , et qu'il serait à désirer que les collecteurs fussent plus nom- breux, plus persévérants. | » Le département de Maine et Loire, dans lequel je suis né, compte déjà quatre Flores. Des hommes comme Merlet de la Boulaye, Bas- tard, Desvaux, Guépin, le professeur Boreau, et M. Aimé de Soliland l'ont exploré depuis près d’un siècle et l'explorent encore tous Îles jours avec un soin extrême ; on croyait qu'il ne reslait plus rien à découvrir, et il ne se passe pas d'année que la Société linnéenne d'Angers n’enregistre quelque nouvelle conquête. C'est que le goût de la botanique s’est heureusement répandu , non-seulement parmi la jeunesse studieuse et parmi les gens du monde, mais encore parmi les ecclésiastiques de ce département ; c’est que plusieurs de MM. les curés et leurs vicaires parcourent en toute saison des loca- lités peu étendues, suivent le développement des plantes, herbori- sent toujours et ne laissent rien échapper. D’autres amateurs, parmi lesquels on comple des dames d’un vrai talent, sont occupés d'entomologie ; d’autres observent les oiseaux, recueillent leurs œufs et leurs nids ; quelques uns sont à la recherche des productions fossiles, de sorte que toutes les branches de l’histoire naturelle sont cultivées avec un soin égal, et fournissent d’amples moissons à la Flore et à la Faune d’un pays où ces richesses sont si bien appréciées. » La Gironde n’est pas moins favorisée, et sous ce rapport, Comme sous tant d’autres, elle peut servir de modèle. Des renseignements que je dois en partie à l’obligeance de M. le docteur Henri Gintrac (un beau nom , et dignement porté), élablissent que, dès l’année 1629, Bordeaux eut un jardin botanique où Maurès et Lopès démon - 38 traient la science des végélaux, et ces premiers maîtres eurent de savants et zélés continuateurs. En 1718, alors que votre grand Mon- tesquieu présidait l’Académie des sciences de Bordeaux, le docteur Cardoze montrait à ses collègues une Fritillaire désignée sous le nom de Aquitanica, et recevait les hautes félicitations de l’immorlel auteur de l'Esprit des Lois. Ce fait, dont la dale est authentique, prouve, ainsi que l’a remarqué avec raison M. Laterrade , que longtemps avant la publication du Species plantarum , qui ne parut qu’en 1763, on dési- gnait déjà certaines plantes par deux noms lalins. » Deux médecins, Grégoire et Séris, établirent en 1726 un nou- veau jardin botanique qui fut remplacé en 1730 par celui qu'ouvril le médecin Pierre Campaigne. Celui-ci mourut en 1743, et ses suc- cesseurs dans l’enseignement furent d’aulres médecins, Caslets et Chardavoine , ainsi que l'abbé Venutti qui rédigea le catalogue de l'herbier de Campaigne, lequel se composait de huit volumes in- folio. Les professeurs Bethbeder et Caze, en 1750, donnaient des leçons de botanique ; le goût de celle science commençait à se ré- pandre , et nous ne devons pas oublier un savant amateur, Aymen, de Castillon, près de Libourne, qui ful l'ami de Linnée , de Jussieu, et qui termina en 1760 un herbier composé de six mille espèces. Enfin, vers 1780, Latapie fut chargé du cours de botanique, et pu- blia le catalogue du jardin situé dans l’ancien enclos de Baratet. » Depuis Latapie jusqu’à M. Laterrade, on compte plusieurs pro- fesseurs distingués, Villers, Antoni jeune, Dargelas et enfin Gachet qui disposa les plantes d’après la méthode naturelle. Mais on peut dire avec juste raison qu’il manquait à tous ces travaux un complément indispensable , et il était réservé à M. Lalerrade de publier l’inven- taire exact des richesses de la Flore bordelaise. En 1811 parul son livre qui a eu les honneurs assez rares de quatre éditions, et qui restera sans nul doute comme le meilleur specimen de ces sortes d'ouvrages. Mettre aux mains du public nne Flore méthodique et claire, indiquant tout ce que peuvent désirer les personnes qui font une étude sérieuse de la botanique locale, ainsi que celles qui n’y cherchent qu'une agréable distraction, c’est un but que beaucoup d'auteurs se proposent et que peu savent atteindre ; M. Laterrade a montré la route à suivre pour y parvenir, et nous sommes heureux de rendre cet hommage public à la mémoire d’un homme dont la perte récente est digne de tous nos regrets. » Le nom de M. le docteur de Grateloup se présente ici tout natu- rellement. Explorateur habile et passionné, il a étendu ses excursions au-delà des limites de votre département, et vous lui devez des dé- couvertes précieuses, Enfin, M. Charles des Moulins qui a publié tant 39 de travaux éminents sur toutes les parties de l’histoire naturelle, et M. Lespinasse qui connaît si bien les algues marines et d’eau douce de votre littoral, sont des guides excellents pour quiconque veut étu- dier avec soin la végélation de la Gironde. » Ceux qui suivront les traces de ces honorables maîlres recon- naîtront qu'après leurs récoltes abondanles il reste peu de choses à glaner. Mais cette difficuité même est un stimulant pour le zèle des amateurs, et déjà un nouveau venu à Bordeaux, M. Durieu de Mai- sonneuve, a fait voir ce que l’on pouvait attendre de son ardente collaboration. » On semble croire, ou du moins on dit dans le monde que la bo- lanique pratique, celle qui consiste dans la recherche des plantes, dans leur détermination et dans la composition d’un herbier, de- mande beaucoup de loisir ; on recule devant l’immensité du travail, et peu de personnes se décident à l'entreprendre, tant on craint de n’en pouvoir venir à bout. C’est une erreur fâcheuse que nous devons combattre et que nous serions heureux de détruire. Parmi les bo- tanistes les plus connus il se rencontre un certain nombre de per- sonnes qui ont dû consacrer la plus grande partie de leur lemps à l’'accomplissement de devoirs impérieux, qui, dans la direction des affaires publiques, ont noblement payé leur tribut à l'État: et cepen- dant, même au milieu de ces soins, ils ont pu trouver quelques loisirs pour les consacrer à la botanique. Les noms de Delessert, de Jaubert, de Passy, sont placés à la tête de cette noble phalange, et leur exemple prouve, jusqu'à l'évidence, que le temps ne manque ja- mais à ceux qui savent l’'employer. » Il est des conditions qui paraissent bien plus défavorables , qu'on croirait absolument incompatibles avec l'étude des sciences nalu- relles. Vous avez tout près de vous, à Saint-Sever, un homme qui, médecin militaire, sous les drapeaux, en paysennemi. alors que des dangers de tout genre l’entourxient, lrouvail moyen d'éludier l'en tomologie des contrées que parcourait son régiment, el organisait des recherches d'une telle valeur, que vingl fois l’Académie des sciences les a couronnées, que ving! fois le nom du docteur Léon Dufour a retenti dans,ces séances solennelles où de nobles palmes sont décer- nées aux vainqueurs. Un autre médecin militaire. M. le docteur Mon- tagne , a commencé, pendant les guerres du premier Empire, un immense travail qu'il poursuit encore en ce moment avec une ardeur qui ne s’est jamais démentie , et l'Académie des sciences de l Institut a ouverl ses rangs au premier cryptogamisle de notre époque. Si je ue craiguais de blesser la modestie d'un de nos plus honorables collègues, je désignerais à vos applaudissements un brave militaire 40 qui, associant avec un énergie admirable ses devoirs d’officier et son goût pour l'étude des végétaux, a recueilli dans l'Algérie, non seule- ment des lauriers légitimes, mais une ample moisson de plantes pré- cieuses, pacifiques conquêtes dont le nom figure avec honneur dans la Flore de ces régions devenues françaises. » Vous le voyez, Messieurs, et il importe qu'on le sache bien, l'étude de la botanique (ne la considérât-on que comme une dis- traclion charmante) est compatible avec la plupart des positions so- ciales ; tout le monde peut, dans un cercle étroit, recueillir les plantes qui croissent au milieu des localités les moins riches en appa- rence , tout le monde peut en dresser la liste exacte, et ce sera un service rendu à la science, car de ces catalogues, si bornés qu'ils soient, peuvent naître des renseignemenis utiles et dont certains savants tirent un grand parti. MM. de Candolle fils, Lecoq et Puel sauront bien achever, grâces à ces Flores locales, la géographie bo- tanique de la France, et poursuivre l’accomplissement du magnifique programme que traçait Al. de Humboldt au début de ce siècle. Donc, que chacun dans sa modeste sphère, récolte les plantes qui s’y dé- veloppent ; que chacun les conserve et indique avec soin le lieu où il les a trouvées, l’époque de leur floraison, et à l’aide de ces matériaux précieux, la science fera des progrès rapides, car c’est la vraie base sur laquelle s’appuie l'élément dont elle a surtout besoin. » Ne sommes-nous pas suffisamment autorisés à promettre aux personnes qui suivent cette voie une somme de plaisirs qu'on ne trouve que rarement ailleurs ? Demandez à tous ceux qui cherchent et qui trouvent, quand ils ont appris à bien chercher, quelle joie fait naître la découverte d’une espèce rare ou seulement nouvelle pour les lieux que l’on explore ? Demandez à M. Durieu de Maisonneuve la con- fidence de ses émotions quand il a vu , pour la première fois , dans l’élang de la Canan, l’Aldrovanda vesiculosa, plante que Dunald avait déjà signalée dans la Gironde, mais que l’on n’avait pas revue depuis longtemps! La correspondance échangée entre cet honorable collègue et M. Jacques Gay, peint avec une naïveté charmante le bonheur qu'il a éprouvé, et les lettres de ces deux éminents botanistes sont pleines de renseignements précieux sur les espèces qu'ils découvrent el qu'ils soumettent au contrôle de leur vaste expérience. Ajoutons que ces lettres, où brillent l'esprit et le bon goût, exhalent le AbRE con- tentement des vrais amis de la nature. » C’est qu'en effet, Messieurs, il est peu de plaisirs plus vifs que ceux qu’on éprouve en pareille circonstance ; aussi les botanistes les recherchent-ils avec un empressement extrême. Sans doute, il est utile de poursuivre ardemment l'étude de la structure intime des 41 organes de la végélation ; sans doute, le microscope ouvre au savant des régions inconnues, et lui fait voir les premiers rudiments des tissus qui composent la plante ; mais on sait que, là aussi, les erreurs sont faciles . les illusions fréquentes. Un instrument plus puissant, tenu par une main plus habile, détruit les travaux des prédécesseurs. Dans le monde des infiniment petits, on est sujet à s'abuser sur la valeur des objets, et l'explorateur se laisse aller au charme d’un mirage non moins trompeur que celui qui montre, aux yeux du voyageur égaré et mourant de soif, les riantes prairies, les eaux abondantes du désert africain. Mais l'homme qui parcourt des pays lointains, qui aborde un rivage inconnu, qui escalade de hautes mon- tagnes, celui-là rencontre sous ses pas des piantes nouvelles qui offrent des caractères spécifiques bien certains. qui ont un droit in- contestable à prendre place dans l'immense catalogue de nos ri- chesses : et celui qui a eu le bonheur de découvrir une espèce vrai- ment inédite, un genre destiné à resler intact parmi ceux si nom- breux que la science condamne et rejette, celui-là se crée une sorte d'immortalité moins caduque que telle autre bien plus retentissante et partant plus enviée. » Un jour, il a déjà bien longtemps, je visilais Bologne et sa célè- bre université. Le professeur Bertoloni m'avait montré toutes les richesses du jardin botanique, et non moins obligeant, le professeur Ferucchi livrait à ma curiosité les trésors de la bibliothèque dont il est le savant conservateur, La médecine et l'histoire naturelle étaient surtout l'objet de mon examen, et j'éprouvai un certain sentiment de respect et d'admiration en présence de l'immense collection des ma- nuscrits d’Aldrovandi. Deux cents volumes in-foho ! Que d'efforts ! Quelle prodigieuse application ! On se demande quel a été le résultat utile d’un labeur aussi persévérant? quelle découverte l’on doit à cet homme ? quelle idée nouvelle il a introduite dans la science el quelle reconnaissance lui doivent les siècles futurs pour ce travail hercu- léen ? » Un auteur moderne, un peu trop sévère, ce me semble, a dit à propos du célèbre naturaliste bolonais : « Telle est l'espèce d’infério- » rité de la science que les derniers venus tuent leur prédécesseurs » et rendent leurs ouvrages à peu près inutiles. Buffon, sans le style, » ne serait guère un jour moins oublié qu’Aldrovandi. » Celte ré- flexion décourageante non moins qu'’injuste, n'empêchera pas ceux qui ont le goût des sciences physiques de poursuivre une étude si pleine de charme. Les découvertes de chaque siècle n'ont pas toutes un droit égal à braver les efforts du temps, mais il restera toujours aux hommes laborieux la satisfaction d’avoir contribué à élever le 42 grand édifice de la philosophie naturelle. Et si, dans notre superbe dédain pour les travaux de nos devanciers, nous oublions trop ceux qui ne se sont pas illustrés par quelque œuvre capitale, si Aldrovandi ne peul réclamer une grande place dans le panthéon bolanique élevé par la reconnaissance du dix-huilième siècle, personne assurément ne trouvera mauvais que Joseph Monti ait donné le nom du célèbre Bolonais à une petite Droséracée qui se cache au sein des eaux sla- gnantes, et ne s’est rencontrée jusqu'ici que dans un petit nombre de localités. Aldrovandi, qui est né à Bologne en 1522, et qui mou- rut à l’âge de quatre-vingt trois ans dans un hôpilal, avait perdu la vue, dit-on, et dissipé Lout son patrimoine en des travaux incessants. Joseph Mouti a payé la dette de la science à l’un de ses martyrs, et en inscrivant le nom d’Aldrovandi dans la Flore de l'Europe, il l'aura transmis à la postérilé plus sûrement que n'auraient pu le faire les nombreux in-folios de cet infatigable compilateur. » Travaillons donc à reculer les limites de la science qui n’esl jamais ingrate envers ceux qui s’y consacrent avec zèle. Ajoulons un nom, si cela est possible, à ceux que révèrent les bolanistes, el Bor- deaux marche en avant dans celle voie glorieuse. Ce sont là des triom- phes que la Société Botanique de France enregisire avec orgueil et qu’elle vient vous demander à partager avec vous. Les sessions extraor- dinaires n’ont presque pas d’autre but. Nous trouverons à Bordeaux, comme nous avons rencontré à Strasbourg, à Montpellier el à Cler- mon! , des hommes à qui la science doit des progrès sensibles, des hommes qui poursuivent avec ardeur une tâche infinie et dont les noms sont en honneur parmi les botanisies. Pionniers infaligables d'un champ où les plus brillantes découvertes sont souvent réservées aux plus modestes ambitions, ils explorent sans relâche et la plaine el la montagne, les élangs et les dunes, les relais de mer et les ma- rais salants, les roches que le flot inonde, el les écueils que l'Océan laisse à sec, et dans leurs courses remplies de fatigues, d'émotions et même de dangers, ils signalent avec soin le lieu où la forlune leur a fait rencontrer une planie qui avait échappé à lous leurs prédéces- seurs, Dans la vaste superficie de ce département, combien d’aspects divers du sol, quelle variélé de terrains et que d'espèces inléres- santes transportées par le fleuve qui, descendant des Pyrénées, en- traîne avec lui une végétation que l’on croirait devoir vous être étran- gère ! » Nous allons suivre vos pas, vous, nos guides naturels dans des régions que vous connaissez si bien, et marchant sur vos traces, nous serons bientôt initiés aux secrets de la Flore bordelaise. Pour la plupart d’entre nous, tout sera nouveau dans ces excursions sa- 43 vantes : mais, permeltez-moi de vous le dire, quelques-uns de vos collègues retrouveront dans votre pays des souvenirs qui, pour être déjà lointains, ne manquent ni d'intérêt ni de charme. Pourrions- oublier qu’à une époque grave, conduit par les hasards de notre exis- tence médicale, nous avons séjourné pendant près de quatre mois dans un des lieux les plus intéressants de la Gironde? Si nous devions revoir les murs du fort de Blaye, s’il nous élait permis de parcourir son enceinte, nous retrouverions la place où nous avons recueilli un bon nombre de belles plantes et composé un herbier, sans doute bien restreint, mais qui a du moins le petit mérite de renfermer toutes les espèces qui croissent spontanément dans ce lieu. » Ainsi nous avons payé notre tribut à la Flore de la Gironde, ainsi nous avons contribué à la collection des végélaux de ce pays, et cet herbier , objet de tant de soins, celte Florula oppidi Blavü, qui a donné d’heureuses distractions aux ennuis d’une illustre captive, a suivi dans son exil la princesse pour qui nous l’avions formé, et demeure comme un témoignage des services que peul rendre la bo- tanique dans une siluation douloureuse et presque désespérée. » On ne refusera pas d'admettre avec l’auteur de Picciola, que la cul- ture d’une petite p.ante peul faire naître, dans l’âme d’un prisonnier, des impressions heureuses, capables de rendre supportlables les en- nuis d’une solitude comme celle du fort de Fenestrelle. Cette fable ingénieuse et délicate, sous la plume d’un écrivain de talent, a mon- tré les ressources que l'esprit et le cœur puisent en celle contem- plation passionnée des phénomènes de la végélalion. Mais, veuillez m'en croire , la réalilé est plus saisissante encore, et je puis attesler que la récolle des plantes, le soin de les dessécher, de les placer entre des feuilles d’un papier choisi, de les déterminer, de les éliqueter, consliluent une occupation attrayante au plus haut point et font envoler les heures avec une rapidité sans égale. A l’aide de ce moyen puissant, le passé disparaît comme un songe, le présent fuit, l'ave- nir apparaîl léger et souriant, plein de promesses, rêve heureux qui ne se réalise pas toujours, mais dont ceux qui souffrent jouissent avec délices, jusqu'au moment où les illusions s’'effacent pour faire place à d’autres illusions, hélas ! non moins mensongères ! » Ce qui reste de tout ceci, mes chers collègues, c’est un pelit herbier qui, j'aime à le croire, conservera longlemps dans une con- trée lointaine, le parfum et la grâce de la patrie absente. » Vous pardonnerez, messieurs, ces délails tout personnels à celui que des circonstances singulières ont placéaujourd’hui à la lête de la Société Botanique de France, et qui peut déclarer , sans la moindre modestie, qu’il n'élait pas digne de tels honneurs. Ii a fallu que des 44 empêchements graves se rencontrassent pour que votre bureau dût être représenté par le plus humble, le moins autorisé de vos vice- présidents. J'avais mille raisons pour décliner celte tâche dange- reuse, mais M. Duchartre, MM. Montagne, Decaisne et Brice en avaient tout autant et de plus sérieuses encore pour rester à Paris, et il a paru convenable au conseil d’aministration de la Société que je vinsse inaugurer cette session. Le savant audiloire qui me fait l’hon- neur de m'écouter, avait droit d'attendre autre chose que ce que je pouvais lui donner ; il comptait sur le haut enseignement des maî- tres de la science et non sur la parole d’un simple amaleur. Mais rassurez-vous ; le président que vous allez choisir parmi vous saura bien vous dédommager du temps que vous m’aurez accordé, sans utilité pour vous, mais non sans péril pour moi. » Commencez donc vos travaux sous le bienveillant patronage de l’autorité administralive de ce beau département, sous la protec- tion éclairée d'un corps municipal qui a donné de si magnifiques preuves de dévouement à la science, en créant un jardin botanique qui, nous pouvons l'avouer sans peine, sera bientôt sans rival en France. Cette serre monumentale, ces eaux abondantes, tout promet une collection d'espèces rares, el sous la main de son habile directeur, le jardin botanique de Bordeaux ne tardera pas à devenir un élablisse- ment modèle. Suivons donc, chers collègues, ces guides excellents, el grâces à ces maîtres habiles dont vous connaissez le mérite et le zèle, vous ne pouvez manquer de donner à celte session exlraordi- naire un éclat et une ulilité dont la Société Botanique de France ne se montrera pas moins fière que reconnaissanle. » MÉMOIRE SUR L'ORIGINE DES CAUSES qui jeltent depuis quelques années LA PERTURBATION DANS LES TRAVAUX DE L'AGRICULTURE Messieurs, Un fait dont la gravité a frappé tout le monde, et surtout les per- sonnes adonnées à l’économie rurale, m'avait engagé à appeler l’at- tention publique et celle du Gouvernement, sur l’une des principales causes qui depuis quelque temps jettent la perturbation dans les travaux de l’agriculture et arrêtent la marche de celle grande in- dustrie sur laquelle s'appuient toutes les autres. Quelques-uns d’entre vous ont peut-être conservé le souvenir de la polémique engagée entre le rédacteur du Journal de Maïne et Loire et moi, à l'occasion des réflexions {que j'avais jugé à propos de lui adresser sur ce sujet. Je ne vous parlerai pas des lettres anonymes qu’elles m'ont attirées ni de la gracieuse épître d’un sieur B. B. ouvrier de la ville et de la campagne insérée dans le même journal , à la suite de ma première réponse. Le charme du style, les vérités, les raisons sans réplique, 46 les nobles sentiments qu’elle renfermait, ont dû, si toutefois vous l'avez lue, se graver dans votre mémoire. Pénétré de l'importance de la question, convaincu par ses propres yeux de la gêne et des inquiétudes des cullivateurs, notre honorable président m'a vivement sollicilé de reprendre mes études, et d’éveil- ler les méditations par un travail plus approfondi. J'ai dû céder à sa prière, et sans m'inquiéter de savoir si mes ef- forts seront couronnés par le succès, j'entreprends cette nouvelle tâche. Le prix de la main-d'œuvre, les gages des domestiques au service des cultivateurs ont-ils considérablement augmenté depuis quel- ques années ? Les travaux de l’agriculture sont-ils en souffrance faute de bras ? Personne, je pense, n’élèvera le moindre doute à cet égard. Mais d’où cela vient-il ? Quelles sont les causes et l’origine des causes de ce renchérissement et de celte déplorable pénurie? Sont-elles les conséquences naturelles, comme on le prétend et comme on l’affirme, de cerlaines allérations dans les mœurs des habitants de la campagne? — Les modifications que le temps et les instilutions amènent toujours et insensiblement dans les habitudes el les usages de la société, y ont-elles aussi puissamment contribué qu'on veut se le dire ? Nous éviterons de soumettre à l'examen la première de ces aflir- mations,; il ne convient pas, il n’est pas bon selon nous, de soulever le voile et de scruler les mystères du foyer domestique. Nous nous contenterons de dire cela peut-être, et de l'enregistrer au nombre des causes de dépeuplement des campagnes, sans toulefuis lui accor- der l'importance qu'on veul lui donner. Nous tiendrons compte sans doute de l'influence que les change- ments apportés par le cours des temps, les grandes entreprises in- dustrielles et les institutions doivent exercer sur les mœurs et les habitudes de la population. Au reste nous élions tombé d'accord sur ce point. Nous avions reconnu et conslaté que le trop court séjour de la plupart des propriétaires sur leurs domaines, que l’habitude qu'ils ont contraciée de passer les deux tiers de l’année au moins dans les villes, que le désir immodéré des fausses jouissances, le be- soin d’un luxe sans bornes et descendu jusque dans les derniers rangs de la sociélé, contribuaient à faire refluer vers les villes les jeunes campagnards, et qu’ainsi chaque année s’augmentail autour des cultivalteurs le vide dont ils se plaignent, el auquel il leur est presque impossible de remédier, malgré leurs efforts et leurs sacri- fices, 47 = « Mais, dit-on, si nous comprenons vos embarras, vos plaintes sont-elles justes ? Ne seriez-vous pas les premiers auteurs de votre dé- tresse, avez-vous fail ce qu'il fallait, avez-vous pris les mesures né- cessaires pour conjurer le mal? Les ouvriers vous quittent parce qu'on leur donne ailleurs le double du prix d’une journée à la campagne, ne sont-ils pas libres, n'ont-ils pas raison de choisir, de préférer une condition meilleure? Pourquoi vous plaindre, ne pou- viez-vous les retenir en leur offrant l'équivalent de ce qu'ils reçoivent autre part? » Au premier aperçu ce raisonnement semble sans réplique, et pour- tant il n’est que spécieux ; il sera facile de le prouver, et de faire voir qu'en raisonnant d’une façon en apparence si rigoureuse et si juste, on trace autour du cultivateur un cercle dont il ne peut sorlir que par sa ruine et notre ruine à tous. Il y a quelques années, Messieurs, vous ne l'ignorez pas, une température anormale apporta dans le rendement des récolles un déficit considérable, c'était presque la disette, on put la craindre. Qu'arriva-t-il? L'ouvrier ne trouvant plus dans le prix de la journée d'alors de quoi fournir à sa subsistance et à celle de sa famille, su- -bitement et d'un commun accord entre le journalier et le cultiva- teur le prix de 1 fr. 25 s’éleva à 1 fr. 75, c’est-à-dire d’un tiers. Cela élait équitable. L'agriculture trouvait dans l'élévation de sa prin- cipale denrée une compensation à la faiblesse du rendement. Cependant ce ne fut pas sans une juste appréhension que les cul- tivateurs virent cette augmentation; ils prévoyaient qu’une fois aug- mentée la main-d'œuvre ne diminuerait plus, et que, le prix des blés et des autres produits baissât-il au-dessous d’un cours ré- numérateur, il n'en faudrait pas moins payer la journée et les gages élevés d’un tiers el peut-être plus encore. Dira-t-on qu’ils se sont trompés ? non, les faits ont confirmé leurs prévisions. Quels conseils vient-on leur donner maintenant qu'ils ont toute raison de se plaindre? Eh! mon Dieu, on leur dit: «Redoublez d'efforts, payez encore plus cher vos ouvriers et vos domestiques. Cependant faites en sorte de vendre aux industriels, aux ouvriers, aux habi- lants des villes, à nous enfin consommateurs, votre bétail et vo- tre blé à un prix modéré, de manière à ne pas nous troubler dans les dépenses qu'il nous importe de consacrer à certains plaisirs très in- nocents, dont un citadin ne doit ni ne peut se passer. Sinon, voyez- vous, nous parlerons haut. Au nom de l'humanité nous appellerons les blés et les bestiaux étrangers , nous demanderons et on nous ac- cordera leur entrée libre sur les marchés de notre territoire. » — «Très bien, répondent les cullivateurs, amusez-vous, divertissez- 48 | vous, soyez heureux, vous êtes nos frères, mais nous sommes aussi les vôtres. Donnez-nous le fer à plus bas prix; il entre, vous le savez, dans la fabrication de presque tous les instruments dont nous faisons usage, consentez à la libre entrée des fers étrangers, puisque nous consentons à l'entrée libre du blé et du bétail, et qu'il en soit ainsi des autres matières imposées , uliles à nos besoins comme aux vô- tres : nous serons bientôt d'accord, et ne tarderons pas à nous serrer fraternellement la main. » A ce langage si vrai, si fort de raison et d'équité, la réponse est toute prête, je l'ai déjà entendue tant de fois ! — « Vous voulez donc ruiner nos fabriques, mettre sur le pavé, réduire à la misère des mil- liers d'ouvriers ! Quoi ! la libre entrée des fers, des draps el d'une foule d’autres produits manufacturés ! Mais ce serait nous perdre, nous mettre à la merci de l'étranger et surtout de la perfide Albion. Imprudents, vous êtes fous ! Comment, parce que le prix de la main- d'œuvre s’est élevé d’un tiers, que le prix de voire principale denrée n’est pas toujours rémunéraleur et que les bras vous manquent, vous prétendez nous ruiner! Eh ! payez-les plus cher, vos ouvriers, vos domestiques, ils vous resteront; ils ne viendront plus nous trouver en si grand nombre dans les villes, où trop souvent, nous vou- lons bien en convenir, ils s’étiolent et se perdent dans la pratique de travaux malsains et de jouissances impures et dégradantes. Vos cris d'alarme ne nous touchent pas parce que encore une fois vous êtes les principaux auteurs de vos souffrances. » — «Très chersfrères, habitants des villes, répondent les cullivateurs à l'adversaire qui s’est chargé d’être leur interprète, ne nous irri- tons pas, et veuillez écouter avec patience nos observations, » Vous avez le désir que nous vouslivrions les productions du sol et de notrejtravail à un prix modéré. C'est aussi le nôtre. Mais pour vous plairenous ne voudrions pas nous exlénuer et nous ruiner. Vous nous donnez le conseil de rémunérer plus largement nos tra- vailleurs, de redoubler de zèle, de raccommoder nos mauvais che- mins afin de faciliter nos transporls, nos débouchés, d’alléger les peines de bêtes el gens, de changer notre mode de culture. À mer- veille ! Nous vous remercions de vos excellents et charitables avis, nous les accueillons ; cependant une pelite difficulté nous arrête. Vo- yez : Si nous payons plus chèrement nos ouvriers, nous ne recevrons pas un prix plus élevé de nos denrées, fussent-elles même tombées au-dessous du cours rémunéraleur, ainsi nous irons plus sûrement et plus vite à notre ruine. Pour nous exposer à de pareils dangers il faudrait au moins qu’on nous offrit la chance d’une compensation , et vous nous la refusez. Pour l’avoir cette compensation, nous vous 49 disons : Donnez-nous le fer à plus bas prix; afin de nous couvrir à meilleur marché, laissez entrer chez nous les tissus étrangers libres de tout droit. Cette exonération causera la ruine de nos fabriques, diles-vous. Soit, et pourtant il faut bien vous le répéter, voyez quelle situation est la nôtre et si nous ne devons pas redouler l’ave- nir. Faute de bras nos cultures ne peuvent plus recevoir les façons indispensables à leur développement. Les ouvriers s’éloignent, se rendent dans les villes où ils sont attirés par l’appât des plaisirs et du gain. Ce sont principalement les immenses travaux de Paris qui nous les enlèvent, et vous le savez, vous en êtes convenu, une fois qu'ils ont goûté de la vie de Paris, ils ne veulent plus en connaîlre d’autres. Mais si le Gouvernement modérait ses encouragements, Paris mettrait sans doute un frein à ses énormes dépenses , et d’ail- leurs, à moins d'une mine inépuisable, il n’est pas possible qu’un jour ou l’autre Paris et le Gouvernement ne se irouvent pas dans l’ab- solue nécessité de suspendre, ou tout au moins de limiter les travaux d’embellissement. Que deviendront alors ces innombrables ouvriers réunis sur un même point, dans la ville où est établi le siége du Gou- vernement. Reflueront-ils vers les villes et les campagnes de nos dé- partements ? Non, vous l’avez dit, une fois entrés à Paris ils y restent et ne reviennent plus. N'y a-t-il pas là un véritable danger, tous les bons esprits n’y voient-ils pas une menace incessante pour l’ordre et la sécurité du pays. » — « Nous n'avons pas à nous inquiéter de l'avenir, répondent nos contradicteurs. Il a fallu retenirles ouvriersdans le devoirparletravail, et d’ailleurs ces embellissements qui excitent votre jalousie vous en avez volre part. Ne brillez-vous pas d’un nouvel éclat, le reflet de leur magnificence ne s’étend-il pas jusqu’à vous ? Vous devriez les contempler avec un juste orgueil, ces magnifiques palais, ces super- bes el nombreux hôlels, ces vastes et longues rues, ces délicieux jar- dins, ces boulevards admirables, car enfin vous êtes Français. » Vous voudriez entrer dans le partage des millions alloués à Paris et prélendez qu'ils seraient plus ulilement employés à la réparation de vos chemins, à l'ouverture de nouvelles voies de communication dans les communes trop pauvres qui, faute de ressources, sont obli- gées de laisser leurs chemins dans un état déplorable. Pourquoi ne les réparez-vous pas ces chemins? Vous avez du temps de reste. En- core une fois si les habitants des campagnes vous ont quittés, s'ils ont élé à Paris pour n’en plus revenir, vous l’avez bien voulu, et sileur nombre grossit chaque jour, c'est voire faute. Que ne les relenez- vous en leur donnant non pas 2 fr. mais 3 et 4 fr. par jour, vous auriez ainsi, comme on dit, fait d’une pierre deux coups : évilé un 4 50 danger sérieux pour le pays, et assuré le travail nécessaire à vos cul- lures. » Vous appelez l'attention du Gouvernement sur votre situalion, le Gouvernement n’y peut rien, vous êles les vrais, les seuls auteurs de vos embarras el de votre détresse. EL si l’on vous abandonne, ne vous en prenez qu’à vous-mêmes. L'idée d'embellir Paris, d'y orga- niser de gigantesques travaux dans le double but d'y entretenir le goût des belles choses et d'enlever aux périls de l’oisivelé des mil- liers d'hommes agilés, troublés par la tourmente révolutionnaire, a élé une idée heureuse. » Ces objections sont-elles fondées, sont-elles sérieuses, en vérité nous ne pouvons le croire. Et pourquoi celte terrible et impru- dente menace : l’on vous abandonnera? Les cullivateurs ont-ils jamais manifesté la pensée aussi fausse que ridicule d'engager le Gouvernement à user de violence envers les ouvriers acluellement occupés dans les immenses el incessants travaux de la capilale, afin de les faire revenir aux champs? Non, lel n’est pas leur désir. Ils sa- vent le respect qu'ils doivent pour la liberté de lous, mais lorsqu'un gouvernement est omnipolent comme le nôtre, lorsqu'il fail Lout ou presque Lout et qu'on Ini laisse tout faire, n'est-il pas naturel de s'a- dresser à lui, d'éveil'er sa sollicitude, lorsque la première des indus- tries, celle qui alimente toutes les autres, est paralysée faute de bras? Ne leur est-il donc pas permis de dire sans encourir le reproche de jalousie : Les travaux de la capilale sont uue des causes de notre malaise ; si on ne les modère, le dépeuplement des campagnes loin de diminuer grandira, parce que dans l’ordre moral comme dans l'ordre physique, les masses attirent les masses, d'énormes agglomé- rations d'ouvriers sont comme l’aimant, dont l'énergie augmente en raison du poids qu’on lui donne à porter. Ne peuvent-ils encore faire remarquer sans qu'on leur adresse le même reproche, que si la créalion de grand fravaux dans un moment de crise fut une heureuse inspiration, l'idée de les restreindre quand le calme est rétabli ne serait pas moins heureuse? Ne peul-on faire comprendre aux ouvriers qu'il est urgent de songer à la détresse des cullivateurs, que le moment où la mère-nourrice punira ses enfants de leur ingratitude n’est peut-être pas éloigné ? — « Non, répondent les adversaires, nous vous l’avons cependant répélé bien des fois, vous vous obslinez à ne pas nous comprendre et faites la sourde oreille; qu'il y ailoui ounon destravaux à Paris,enlen- dez-vous bien, les ouvriers voudront y rester, ils ne reviendront pas. » —«Ainsi donc, répondront les cullivateurs, quelque soient nos sa- crifices, nos efforts, nous devons désespérer de voir revenir vers nous 51 les jeunes gens qui nous quittent pour aller dans les villes, et cepen- dant, admirables logiciens, vous ne cessez de répéter : C’est à vous qu'il faudra vous en prendre si l'on vous abandonne. Oui, l’on vous abandonnerasi vous ne suivez l'élan imprimé à toutes les industries.» Eh mais! intrépides raisonneurs, pour suivre le mouvement il faut nous meltre en élat de marcher. Est-ce que par hasard nous devrions nous mouvoir dans le vide et tenter des efforts superflus! » Ne vous inquiétez pas, n’enviez pas les millions que le Gouver- nement accorde à Paris afin de l'encourager à des embellissements. Notre capilale devenue la merveille du monde, attire les étrangers et leur or, et devient ainsi un immense débouché pour vos produits. Non, nous n’avons aucun souci sur l'avenir de l’agricullure, et vos plaintes nous rappellent les malédictions contre les machines et les méliers, lorsque les manufacturiers les introduisirent dans leurs ale- liers. Quel trouble, quelle misère ne prédisait-on pas alors! Le temps a fail justice de ces craintes. » — « Est-ce que les débouchés offerts aux produits du sol par les ca- pilaux étrangers peuvent entrer en ligne de comple avec le déficit occasionné dans le rendement de nos cullures, faute de bras ? Les cullivaleurs ne se plaignent pas de l’avénement des machines, au contraire, si toutefois il est permis de comparer les bras de l'homme el des machines. A quel esprit sensé pense-t-on en imposer par de telles raisons, et ne voit-on pas que la comparaison à laquelle on semble allacher un si grand prix, porte à faux ? » Nous n'insisterons pas, Messieurs, sur les preuves des embarras et des difficullés qu'éprouve l’agriculture par le manque de bras. Pour tout homme impartial ils sont incontestables. Si nous voulons éviter les redites, il faut rester dans les limites où la question a été posée, il faut nous arrêler ici. Le moment esl venu, nous le pensons, de nous résumer, el de voir par une analyse rapide si nous avons ac- compli nos promesses, si nous avons répondu victorieusement aux objections de nos adversaires. Nous nous élions proposé, avant tout, de rechercher les causes de la détresse qu’éprouve l’agricullure : nous croyons que nous les avons suffisamment signalées et que nous avons démontré claire- ment leur origine. Nous passons aux objections. On nous a dit : « Vos inquiéludes sont réelles, nous ne les mécon- naissons pas. Mais ne seriez-vous pas les premiers auteurs de votre malaise ? Le vide se fait autour de vous, les ouvriers vous abandon- uent, payez les plus largement, ils resteront près de vous. » Nous avons répondu : « Si nous les payons plus cher, bien que le 52 prix de la journée ait été augmenté d’un tiers depuis quelque temps, et que les gages de nos domestiques se soient élevés en proportion, il nous sera permis de chercher une indemnité, une compensation à nos sacrifices, soit dans un prix plus élevé de nos denrées, soil dans une diminulion du prix des divers objets dont nous faisons usage ,et pour cela nous demandons la libre entrée des fers et des draps, etc. On nous oppose qu’une pareille mesure aurait pour résullal in- faillible la ruine de nos fabriques. Que faire? faut-il donc nous rési- gner ? Non ! redoublez d'efforts, changez vos assolements, votre mode de cullure, vous trouverez dans ce changement la compensalion désirée. Nous le voulons bien, mais les moyens nous manquent, les bras nous font défaut, les travailleurs sont dans les villes et le plus grand nombre à Paris d'où ils ne reviendront pas. Vous voulez rire et vous moquer de nous. De mauvaises plaisanteries ne sont pas des rai- sons. On nous a dit : L'idée d’embellir Paris, d'y créer de grands et in- nombrables travaux afin de prévenir de graves dangers est une idée heureuse, une habile et excellente polilique. — Oui, sans doule, avons-nous répondu, c'est pourquoi nous ne désirons pas la cessalion imimédiale el radicale de ces travaux, nous désirons seulement qu'on les modère, lorsque la tranquillité est ré- tablie. Il y a des limites à tout : si le Gouvernement les prolonge en - core quelque temps, loin de diminuer l’'émigration augmentera. Nous persistons dans celle affirmation. Eufin, on ne se contente pas d’objections, on est allé presque à la menace. On nous a dit: « Si vous n’entrez dans le mouvement qui nous presse de toutes parts, l’on vous abandonner, el si ce malheur vous arrive, vous ne devrez vous en prendre qu’à vous-mêmes. » . Nous avons répondu : « Pour agir el marcher en avant, suivre le mouvement, il faut avoir un point d'appui el le lerrain nous manque. Pour lravailler, changer nos assolements, nolre mode de cullure, il faut des bras, el nous n’en avons plus. On nous affirme d’un côté qu'il n’en est rien, qu'il.dépend de nous de les avoir, el de l’autre qu'il faut renoncer à l'assurance de les voir revenir. » On nous dit : « Entretenez vos chemins , comblez les fondrières, et les mauvais pas dont ils abondent. » Nous répondons : « Si nous el nos voisins passions notre Lemps à combler les ornières, qui ferail nos semailles, nos labours, nos trans- ports, et le resle, car la besogne ne manque pas. C'est à peine si nous pouvons suflire aux prestations, et celte année bon nombre d'entre nous se rachèle afin de ne pas enlever à la culture leurs ani- 53 maux et le peu d'ouvriers dont ils disposent. Ah ! si l’on nous venait en aide, si quelques-uns de ces petits millions alloués aux décora- tions de Paris abordaient nos campagnes, nous nous déciderions sans doute à prendre quelques heures sur le Lemps du repos pour les consacrer à un travail dont nous comprenons l'importance aussi bien que vous. Mais non ! tout pour les villes et surtout pour Paris, bras et capitaux s’y rendent, elles nous enlèvent tout, et nous sommes forcés de conclure que tous les beaux raisonnements, les charitables conseils de nos adversaires, arrivent toujours à cet admirable ré- sultai, de tracer, comme nous le disions ci-devant, un cercle autour du cultivateur, qu'il ne pourrait franchir sans être sûr de courir à sa ruine. Au lieu d'approuver et de reconnaître la justesse de nos réclama- lions, d'accueillir nos plaintes, ils les Laxent de vaines clameurs, de chimériques alarmes, et quand nous les prenons par leurs propres paroles, quand nous leurs montrons leurs contradictions, ils n’en con- tinuent pas moins à nous opposer la même réponse, le même refrain : Payez vos ouvriers plus cher, ils vous reviendront. Puis ils se hâient d'ajouter : Ils sont à Paris; une fois là, ils n’en reviennent plus. Ces contradiclions, cette obstination inqualifiable de la part de nos adversaires, a mis notre palience à bout, et nous oblige à terminer par ce court argument: De deux choses, l’une, disons-nous, ou vous êtes de mauvaise foi, ou élrangement absurdes , choisissez ! Messieurs, en appelant les regards attentifs des hommes chargés de veiller aux intérêts de notre pays, sur la silualion affligeante de l’agriculture ; en leur confiant nos appréhensions, nos iñquiéludes ; en nous faisant l’écho de plaintes justes et sérieuses dont nous sommes chaque jour les témoins, nous avons la conscience d’avoir rempli un devoir, d’avoir fait acte de bon ciloyen. Si, contre notre attente, certains contradicleurs mal avisés ne voulaient voir dans notre persévérance qu’une ridicule jalousie, nous leur répondrions : Votre accusation ne nous inlimide point, nous attendrons du temps, le grand maîlre en toutes choses, notre arrêt ou notre justification. CH. GIRAUD. RAPPORT SUR LE TRAVAIL DE M CH GIRAUD INTITULÉ : Mémoire sur l'origine des causes qui jettent depuis quelques années la perturbation dans les travaux de l'agriculture. Après les convulsions politiques qui ont bouleversé de fond en com- ble notre vieille société française, après nos grandes guerres suivies d’une paix bienfaisante, pendant laquelle les sciences et les arts ont monté à pas de géant, un fait considérable s'est produit dans nos campagnes, fait qui devient chaque année plus menaçant pour la première, la plus utile de nos industries : je veux parler du défaut de bras pour exécuter en temps opportun et d’une manière sa- tisfaisante, les travaux qu’exigent impérieusement l’exploilation et les progrès de nolre agricullure. Le fait est démontré pour quiconque vit un peu de la vie des champs, et pour l'expliquer on a présenté une foule de causes qui sont plus ou moins acceplables suivant les localités, suivant les habitudes, la moralité des habitants. On a dit que les populalions fuyaient les champs, parce qu’elles trouvaient dans les villes des travaux moins pénibles, plus profitables el des plaisirs plus faciles ; d’autres ont attribué cette dépopulalion à ce que les familles ne suivent pas les préceptes du saint livre, ne croissent plus et ne multiplient plus comme autrefois; d’autres enfin ont 99 pensé que les immenses travaux en voie d'exéculion pour l'embel- lissement de Paris et des grandes villes, pour l'exploitation des che- mins de fer, des canaux, elc., offraient au paysan, surtoul quand il a reçu un commencement d'éducalion, une condition bien plus douce, bien plus profitable, bien plus assurée que celle qu'il trouve- rail en {raçant péniblement les sillons de sa charrue. Tout cela peut êlre vrai, mais n’est discuté que d’une manière secondaire dans le mé- moire qui vous a élé envoyé pour concourir au prix si généreuse- ment offert par le Conseil général. L'auteur de ce mémoire cherche avant lout quel remède on pourrail apporter à celle falale dépopu- lation des campagnes. Le prix de la main-d'œuvre, les gages des do- mesliques au service des cullivaleurs ont été, dit il, angmentés de 1/3, alors qu'un déficit considérable dans le rendement des récoltes pouvait faire craindre que l’ouvrier des campagnes ne trouvât plus dans les prix de la journée d'alors de quoi fournir à sa subsistance el à celle de sa famille. La chose élait équitable el l'agriculteur trou- vail dans l'élévation de sa principale denrée une compensation à la faiblesse du rendement ; mais depuis il a fallu conserver ces prix, même alors que ceux du blé et des autres produits ont été au- dessous du prix renuméraleur, el on comprend que le taux de la main-d'œuvre reslant aussi élevé, quand l'objet récollé n’est plus vendu qu'un prix inférieur à celui qu'il coûle, le cullivalcur doit nécessairement se ruiner si on ne lui donne pas pour compensalion la libre entrée des objets étrangers nécessaires à son exploitalion. Ainsi, augmentation du taux de la main-d'œuvre, modicilé du prix de vente de l'objet récollé, charges toujours aussi lourdes par le prix élevé des matières premières indispensables, des instruments araloires, voici les raisons qui donnent à tant d’agriculleurs la fu- nesle pensée d'abandonner les travaux des champs pour ceux cent fois plus profitables, en apparence du moins, qui sont depuis long- temps déjà si largement entrepris à Paris, dans beaucoup de grandes villes, sur les chemins de fer, etc. Rendre libre ou presque libre l'entrée des fers, des houilles, des draps; modérer et arrêter quand cela sera possible les gigantesques embellissements de la capitale, voici les moyens d'assurer à l’agricullure une suffisante aisance et de lui rendre les bras qui lui manquent. En formulant ces deux vœux, l’auteur du mémoire était bien loin de croire que l’un d'eux, celui qu'il regardait comme le moins ac- ceplable, était sur le point de se réaliser, et de prévoir la signature, si prochaine cependant, du trailé de commerce avec l'Angleterre. Ici, Messieurs, je dois m'arrêler, car tout me semble effrayant dans la solution de cet immense et dangereux problème. L'agriculture 56 profilera-t-elle aussi réellement que l’auteur du mémoire le pense, de ces nouvelles combinaisons qui intéressent la fortune et l'exis- tence même de nos centres commerciaux les plus importants ? Je le désire plus que je ne l'espère ; l'avenir nous l’apprendra. Après avoir dit à quelles raisons il attribue la dépopulation des campagnes el les moyens d'y remédier, l’auteur du mémoire combat l’une après l'autre chacune des objections qu'on a présentées à son système , et il m'est impossible de vous analyser ses démonstra- tions aussi claires que concises, aussi posilives que consciencieuses. Il faut les lire dans leur ensemble pour bien en voir toute la justesse, toute la portée. Pour se conformer aux prescriptions des concours, l’auteur n’a pas signé son travail, mais à ce style heureux et serré, à cetle con- viction ferme et énergique, on reconnaît un agriculteur instruit, éclairé, qui ne quitte jamais les champs, qui se rend compte et jusque dans les plus petils détails, de lout ce qu'il paye, de lout ce qu'il reçoit, et on a d'autant plus confiance en ce qu'il dit, qu’on sait que ce même homme a longtemps fail partie des corps délibé- rants les plus éminents, qu'il a siégé dans le conseil général de son département et longtemps à la Chambre des Députés de la France. La commission à laquelle vous avez renvoyé le mémoire croit donc devoir vous proposer d'accorder le prix donné par le conseil général à M. Ch. Giraud, agriculteur à Corzé, arrondissement de Baugé. A. LACHESE. NOTE SUR L'OROBANCHE ULICIS Les Orobanches sont des plantes parasites, herbacées, à tige plus ou moins charnues, garnies d’écailles, scarieuses au lieu de feuilles, et dont les fleurs sont disposées en épi terminal. Les Orobanches sont d’une étude difficile. Il est indispensable de connaîlre à quelles plantes appartiennent les racines sur lesquelles elles végétent, et on ne doit admettre en herbier que des échantillons adhérant à ces plantes. On compte en France près de quatre-vingls espèces d'Orobanches et un grand nombre de variétés. Voici celles connues en Maine-et-Loire : La plus commune est l'Orobanche rapum (Thuiller), vulgaire- ment Orobanche du genêt à balai. Cette Orobanche croît à l’extré- mité des racines du Sarothamnus scoparius Wimmer, il esl très-rare de pouvoir suivre sans la briser une racine de genêt. Nous possédons dans notre cabinet un genêt sur la racine duquel s'est développée une Orobanche ; cette racine a près d’un mètre de long. Nous le de- vons à notre collègue, M. Frédéric Blain, dont la dextérité pour arra- cher les Orobanches avec leurs plantes nourricières est vraiment merveilleuse. ! L’Orobanche rapum est très-commune dans toutes les forêts et bois taillis de l'Anjou. J'ai observé dans le bois de la Guinaise, commune de Chavagnes- les-Eaux, deux curieuses variétés de l'Orobanche rapum. L'une est la variété bracteosa (Reut), bractées plus longues que celles du ra- pum et formant-une houpe conique au sommet; l’aulre est la va- riélé glabrescens , tige presque glabre , bractées-puberculentes-furfu- racées 58 Orobanche cruenta (Berloloni), Orobanche pourpre, croît dans nos terrains calcaires. Je l'ai trouvée à Pontigné sur les Lotus corniculatus L. et siliquo- sus L.; aux Noyers, commune de Marligné-Briant , sur l’Hippocrepis comosa L.; à Chavagnes-les-Eaux sur le Genista tincloria L. ; au Pont-Barré, sur le Trifolium pratense L. ; à Pellouailles , sur le Triolet, Trifolium repens L.; à Chaloché, sur le Lotus angustissi- mus L., variélé diffusus L. J'ai encore observé celle plante à Saint- Cyr, dans une charmante herborisalion que la Société Linnéenne fit aux environs de Saumur, sous la savante direction de notre collègue M. Courtiller jeune. M. le docteur Guépin a conslalé son habilat à Doué, à Soulangé et à Lué, sur plusieurs légumineuses. Orobanche epithymum (DC), Orobanche du serpolet, très-commune dans les vallées de la Loire. Orobanche scabiosæ (Koch), Orobanche de la scabieuse; sa seule localité connue et signalée par le docleur Guépin, est à la garenne Saint-Nicolas, sur les racines de Scabiosa columbaria L. Orobanche Galii (Duby), Orobanche des gaiilets, très-commune sur les racines du Galium verum L. Orobanche Teucrii Schullz, l'Orobanche de la germandrée a élé trouvée à Ponligné par M. l'abbé Baudouin notre collègue; j'ai aussi observé celle plante à Pontligné sur le Teucrium chamædrys L., près le dolmen de Pierre-Couvertle. Orobanche picridis (Schullz), l'Orobanche de la picride vient sur le picris hieracioides L., observée à Thouarcé, Martigné-Briant, Au- bigné-Briant, à Chaloché, au Pont-Barré L. Orobanche hederæ(Vauch), Orobanche du lierre, sur les racines des lierres qui couvrent l'enclos de Chaussis près la Baumetle, à Mûrs, au chateau de Fontaine, commune de Thouarcé, au pied du château de Marligné-Briant. Orobanche minor (Sutton), vient sur les trèfles et les medicago, elle est assez commune et on la rencontre à Lasse, à Mouliherne, à Linières-Boulon et dans tout le Baugeois. Orobanche, amethystea (Thuillier), très - commune, croît sur l'Eryngium campestre L. Orobanche concolor (Duby), très-rare, elle n’a été trouvée en Maine- el-Loire, d’après la flore du docteur Guépin, que dans deux localités, la première à la Baumette, par M. le docteur Guépin , et la seconde aux environs d'Angers par M. Viclor Pavie. Une autre Orobanche encore bien rare est l'Orobanche bleue. Orobanche cœrulea (Willars), trouvée à Saint-Florent-le-Vieil et à Sceaux par le docteur Guépin, à Pouancé et à Combrée par le pro- fesseur Harran. s13BUY 2sseubg {ANT ëy 1 £ 96 2] / Vo 107 Y ; AR E 26 inapuork DONNAIT ORAT SOU "96 Cp A s2220/0 1722 UD ?7 27 D21722).4 Æ? 728" Gurnousag) soin oyourqouf | 2p queue ddojenoq ré a Lie = Frs 59 Orobanche arenaria (Borckhausen), l’Orobanche des sables, vient sur l’Artemisia campestris L.; M. Cadol l’a trouvée aux Ponts-de-Cé ; je l’ai observée dans la prairie d'Erigné,. Orobanche ramosa. L'Orobanche rameüse croît sur le chanvre; je l'ai cependant trouvée sur les racines Polygonum fagopyrum L., commune dans les vallées de la Loire. L'Orobanche, selon nous, la plus rare du département de Maine-et- Loire, est l'Orobanche ulicis (Desmoulins), Nous n'avons jusqu’à ce moment constalé son habilat que dans deux localités, Bécon et Mûrs. Voici la description donnée par les auteurs : — Racine pourvue de nombreuses radicules, fixée très-profondé- ment sur la racine des Ulex europœus L,, el nanus Smilh par un renflement sphérique duquel partent plusieurs tiges de 3-6 décimè- tres, grêles, creuses, quelquefois rosées à la base , jaunes au sommet, poilues- glanduleuses, visqueuses, à écailles étroiles, aigues, écarlées. Fleur d'une odeur douce, fade, jaune citron au-dehors, rouge, violette, au-dedans , el sur les bords en épi court, lâche, flexueuse, sépales entiers, rarement bidentés. Corolle trigone déprimée, élranglée à la base, évasée au sommet, loule velue, à limbe irès-plissé, crénelé ; lèvre supérieure échancrée , lobes obtus, arrondis. Filets staminaux fixés un peu au-dessus de la base de la corolle, très-velus à la base, glanduleux au sommet. Anthères d’abord jaunes, puis brunes. Style rougeâtre, velu-glanduleux, à sligmates profondément bilobés, gros, d’un beau jaune vif, ovaires glabres. L’extraction de l'Orobanche ulicis offre la plus grande difficulté ; les nombreuses épines, dont l’ajonc est pourvu, rendent son approche peu facile ; en oulrelesracines de l’ajonc tracent profondément, per- cent les rochers les plus durs; il a fallu pour se procurer celui dont nous donnons le dessin, faire jouer la mine. J'ai constaté sur les deux seuls échantillons que j'ai pu me procurer et venant de loca- lilés différentes, que les bourgeons se développaient en formant une rosace régulière, composées de sept bourgeons purpurins, qui malheureusement perdent leur forme et leur éclal à la dessiccalion. Rien n'est régulier dans le développement des autres Orobanches, qui Lantôt croissent isolées, tantôt sociétaires ; je serais donc porté, d'après la parilé des échantillons mis sous mes yeux, à croire que l'Orobanche ulicis a une végélalion toute particulière qui le fait dif- férer essentiellement des autres espèces de ce genre. Aimé DE SOLAND. NÔTE SUR LE CABINET D'HISTOIRE NATURELLE D'ANGERS. Messieurs, Depuis la fin de l’année 1854, époque à laquelle le logis Barrault restauré par les soins généreux el intelligents du Conseil municipal, a reçu les différentes collections de la ville, le cabinet d'ornithologie n’a cessé de fixer l'attention et de mériter les suffrages des Angevins et des élrangers. Toutefois, si tous élaient unanimes à admirer la fraîcheur des oiseaux et leur pose si naturelle el si gracieuse, tous remarquaient avec peine les vides trop nombreux qui exislaient dans les rangs des espèces rares. Partageant celle peine et ce regret, le conservateur du cabinet, M. Deloche, laissa de côlé, momentanément, les espèces exotiques et travailla à se procurer les oiseaux nécessaires au complément de l’ornithologie européenne. La difficulté était grande, il s'agissait non seulement de trouver des sommes assez considérables, mais il fallait surtout une correspondance suivie el étendue avec les différentes contrées de l’Europe et du Nord de l'Afrique. Un des amis de M. De- loche lui prêta son concours et essaya, de concert avec lui, à réaliser la pensée de faire du Musée d'Angers un tableau vivant d’ornitholo- gie européenne, renfermant les nids, les œufs, les petits en duvet et les oiseaux avec leurs livrées des diverses saisons et des différents âges ; tableau dans lequel les savants pourraient trouver un sujet d'étude el tous les visiteurs, un motif d’agréable distraction. 61 La correspondance entreprise se continua avec persévérance, et après trois années d'efforts incessants, un certain nombre d'espèces rares étaient offertes à M. Deloche. Confiant daus les sentiments éle- vés du Conseil municipal, le conservateur du Musée accepta les sujets qui lui étaient proposés , pensant qu'on lui viendrait en aide. Son espoir ne fut pas trompé, M. le maire fit nommer une com- mission dans le mois de juin 1857, et sur le rapport des membres qui la composaient , 1,500 francs furent volés pour rembourser M. Delo- che des frais qu'il s'était imposés. Comme sanction du travail éner- gique et confiant du conservaleur du Musée, le Conseil municipal ajouta deux cents francs à l'allocation annuelle destinée à la collec- tion ornithologique. Ce secours, tout en soutenant le courage du conservateur du Musée, lui permeltra d’alteindre plus sûrement le but qu'ils’est proposé. Le nombre d'oiseaux acquis par le Conseil mu- nicipal, en celte circonstance, s'élève à 124. Voici les noms de quel- ques-uns des plus rares. GRAND DUC DU VOLGA (STRIX SCANDIACA). © à. Cet OEgolien avait été confondu jusqu’à nos jours avec le grand duc ordinaire Strix bubo, dont il diffère par la proportion, la couleur du plumage et les bandes transversales de la queue. Le couple qui fait partie du Musée, se compose de deux sujets de la plus grande beauté. CHOUETTE LAPONE (STRIX LAPONICA). Q à. Ces rapaces nocturnes, irès remarquables par les nuances si variées de leurs plumes et surtout de celles qui encadrent leur disque facial, n’habitent que la Laponie et le Groenland où l'espèce est rare. CHOUETTE DE L’OURAL (STRIX URALENSIS). ©. Celle accipitre se trouve dans les forêts de certaines par- ties des monts Ourals et de la Laponie. Les trois sujets acquis pour le Musée sont de la plus grande fraîcheur. CHOUETTE HARFANG (STRIX NYCTEA). à. Le cabinet possédait deux sujets de celte espèce, mais ils étaient jeunes et celui qui vient d’êlre achelé, est un mâle adulte dont le plumage presque entièrement blanc se rapproche de la cou- Jeur des montagnes de neige et de glace « u Groenland, où ce rapace fait son séjour ordinaire. À ces oiseaux de premier ordre, il faut joindre une chouette Ca- paracochy, Strix funerea (&); une chouelte Tengmalm (Strix teng- malmi) (Q) et deux pelits ducs (Scops) © 6. 62 Pour compléter la série des rapaces nocturnes de l’Europe, il ne manque plus que le hibou Ascalaphe Strix ascalaghus el la chouette chevechette, Strix passerina et encore celte dernière a été achelée par M. Deloche pour faire partie du Musée. La série des rapaces diurnes s’est augmentée : D'un FAUCON BLANC (FALCO GROENLANDICUS) &, de deux FAUCONS ISLANDAIS (FALCO ISLANDICUS) Q 6. Ces trois magnifiques rapaces apparliennent à l'espèce qui dans les temps de la fauconnerie élait réservée aux rois. Joints aux deux Falco gryfalco que possédait déjà le Musée et à un très vieux mâle du Faucon blanc envoyé récemment à M. Deloche, ces accipilres com- pléteront les trois espèces du faucon Gerfaut. De deux FALCO LANARIUS (FAUCON LANIER) &Q ; De deux FALCO PALLIDUS (BUSARD BLAFARD OU PALE) 80. Celte dernière espèce, originaire d'Afrique, n’a été bien détermi- née que dans ces dernières années. Sans développer plus longuement toutes les richesses introduites dans le Musée, je me bornerai à eiler dans l’ordre des Echassiers : LA GRUE VIERGE (GRus virGo) & 9. Les deux sujets sont re- marquables par la fraîcheur de leur plumage et l'élégance de leur tête noire ornée de deux touffes de plumes blanches allongées qui pren- nent racine derrière les yeux pour tomber de chaque côté sous forme de panache. Cette grue habile la Russie méridionale el niche dans les steppes de la Crimée. Dans l’ordre des Sylvains : LE PIC LEUCONOTE (Prcus LEUCONOTUS) 6. Ce grimpeur habite les forêts les plus froides de la Laponie el de la Sibérie. L'ALOUETTE NÈGRE (ALAUDA TARTARICA) &Q, remarquable par son plumage couleur d’ébène, strié de blanc, et par son bec d'ivoire. L'ALOUETTE SIBÉRIENNE (ALAUDA SIBERICA) 6 Q, originaire comme la précédente des steppes de la Sibérie et de la Tarlarie. Dans l’ordre des Palmipèdes : LE GOELAND BOURGUEMESTRE (LARUS GLAUCUS) 6 ; LE GOELAND LEUCOPTÈRE (LARUS LEUCOPTERUS) 6. Ces deux espèces habitent le Groenland et les îles Feroé. LA MOUETTE SENATEUR (LARuS EBURNEUS) Q. Celle mouette est lrès rare et séjourne dans les régions arcliques les plus froides. 63 LE CANARD CASARCA (ANAS CASARCA) © à, habite les bords de la mer Noire. LE CANARD HUPPÉ (An4s sPONSA) à , séjourne dans les marais de l'Amérique septentrionale et se montre très rarement en Europe. Par les reflets métalliques de son plumage, par ses vives et riches couleurs et l'élégance de sa huppe, ce palmipède le dispute en beaulé aux oiseaux les plus brillants des tropiques. LA FULIGULE de BAROW (FULIGULA BAROWU) à, qui vit sur les rivages de l'Islande. LA FULIGULE HISTRION (FuuiGULA HISTRIONICA) & Q. Ce pal- mipède doit son nom d’arlequin ou d'histrion aux taches si origina- les et si variées qui composent son plumage; il se trouve sur Îles côtes d'Islande el dans les mers Arctiques. Les individus qui habitent ces dernières régions sont plus riches en couleur que ceux des para- ges de l'Islande. Les fuligules Arlequin que possède le Musée appar- liennent à la race de la mer du Groenland. LE PLONGEON LUMME (CorymBus ARTICUS) 6Q. LE PLON- GEON Cat. Marin (COLYMBUS SEPTENTRIONALIS) ©. Ces deux espèces habitent les mers glaciales et se montrent quelquefois sur les côtes marilimes de la France. Les trois sujets acquis par le Musée sont adulles et en plumage complet de noces. Tous les auires oiseanx compris dans le calalogue des 124, sont remarquables par la fraîcheur de leur plumage. Grâce à celte impor- tante acquisition , le cabinet d’'Ornithologie de notre ville l'emporte non seulement sur lous ceux de France par le nalurel el l'élégance de ses sujels, mais encore commence à le disputer en richesse aux collections des villes les plus importantes. Fort des encouragements des aulorilés de notre ville, de l'appui du Conseil municipal , M. Deloche continue avec une persévérance incessante ses recherches et ses demandes, et il vient de recevoir récemment du Maroc un très bel aigle botté © (Falco pennalus) et du nord de la Norwège un canard de Steller (Anas dispar). Ici je termine cet aperçu bien pâle et bien incomplet des nouvelles richesses ornithologiques de notre Musée, mais en le traçant j'ai cru répondre aux intentions de la Société Linnéenne , el fournir à M. De- loche un nouveau motif de persévérance el un encouragement à ses généreux efforts. VINCELOT, Chanoine honoraire, ADDITION A LA PALEÉONTOLOGIE DE MAINE ET LOIRE. Les Allemands ont l'habitude de donner le litre modeste de con- tributions (Beitrage) aux travaux dans lesquels loin de vouloir refaire les ouvrages de ses devanciers, un auleur apporte simplement sa part, si petile qu’elle soit, à l'édifice de la science. Tel est le seul nom qui convienne aussi à ces recherches encore à leur début, et qui ont besoin de leur caractère local pour mériter votre indulgenle attention. La publication consciencieuse et longuement élaborée de notre honorable collègue M. Millet, réunit dans un même ouvrage les nolions les plus généralement admises sur les terrains de l’Anjou, et le catalogue de tous les fossiles rencontrés jusqu'ici. Mais ce champ ne peut tellement moissonner Que les derniers venus n’y trouvent à glaner. C'est ce glanage qui n’aura pas même la prélention d’être un sup- plément, que nous nous permellrons d'apporter de temps en temps à vos séances, cherchant toutefois à faire pardonner par quelques indications plus générales et plus fécondes, l'aridilé d’une énuméra- tion de noms ou de la discussion des diagnoses spécifiques. 1° TERRAINS CRÉTACÉS. Le terrain crétacé occupe une vaste étendue du département de Maine-et-Loire, un tiers d’après M. Caccarié (1). Il y est représenté (1) Géologie de Maine et Loire. 65 par trois étages distincts admis par la plupart des géologues, ce sont: les grès verts on craïe chloritée, la craie tuffeau et la craie blanche ou supérieure, correspondant aux élages cénomanien , turonien et sénonien d'Al. d'Orbigny. Malgré celte extension, si l’on compare au nombre des espèces signalées par le Prodrome de Paléontologie géné- rale, daus les mêmes étages, le catalogue des fossiles de Maine-et- Loire, on est affligé de son exiguité. A peine comptons-nous, en effet, la onzième, la dixième ou même la cinquante-cinquième partie des espèces connues (1) ; des genres, des familles, manquent entièrement. Cette pauvreté peut êlre réelle ou seulement apparente, mais il importe dans les deux cas d'en rechercher les causes; vous jugerez si celles que nous indiquons sont suffisamment démontrées. Pour plus de clarté étudions chaque étage en particulier, com- mençant par le plus ancien et le plus répandu : Iles grès verts et craies chloritées ou étage cénomanien. À. Etage 20° cénomanien (d'Orbigny). On sait d'abord que malgré la grande anologie des faunes dans un même étage, l'identité n’est pas complète si l’on compare les espèces de plusieurs mers ou bassins éloignés. Beaucoup d'espèces sont communes, quelques-unes spéciales à chaque contrée, ce n’est donc point l’ensemble de la faune, mais celle du bassin Anglo-Parisien auquel nous appartenons, qu'il faut prendre pour terme de compa- raison. Ce bassin contient encore plus de la moitié des espèces (2), et nous n’en aurions guère plus du huitième sur notre sol. Remarquons cependant que le type de ce terrain a élé pris à nos porles, et que les géologues de la Sarthe ont justifié ce nom d'étage cénomanien en décrivant ou signalant dans leur pays près de cinq cents espèces. Ces richesses qui nous avoisinent, l’analogie frappante, pour ne pas dire l'identité qui relie à la Sarthe l’un de nos arrondissements, nous portent à croire qu'ici la pauvreté n’est qu'apparenlie, et qu'elle tient à des recherches incomplètes, trop limitées par le temps d’un seul explorateur et le peu d’étendue des terrains étudiés. Prodrome. Millet. Pal. de Maine-et-Loire. (1) Etage cénomanien, 809 14. Etage turonien, 400 44. Etage senonien, 1552 28. (2) (434 sur 809) avec les espèces ajoutées depuis par les découvertes de M. Gué- rarger, plus de 500. 5) 66 Les limites administratives du département ne sont point, en effet, des bornes géologiques, et quand nous voyons la géographie physique, le sol, la culturese continuer sans interruption de l’arron- dissement de la Flèche à celui de Baugé, nous pouvons, sans trop de présomption, espérer rencontrer la plupart des espèces signalées si près de nous chez nos voisins. C’est ainsi que les communes de Gouy, Cheviré-le-Rouge, Durtlal, elc., nous ont donné avec beau- coup d'espèces déja connues quelques-unes de celles qui ont été trouvées à Bazonges, la Fièche el Sainte-Colombe dans la Sarthe. Serait-ce même commettre un empiélement déloyal que d'ajouter à notre catalogue les fossiles de celle contrée naguère encore ange- vine, et de limiter nos recherches moins au département de Maine- et-Loire qu’à l’ancien Anjou? Nous ne le croyons pas, mais nous prendrons d’ailleurs la précaulion d'indiquer avec exaclitude la lo- calité. Les points même les plus explorés par notre savant collègue ne sont point épuisés, des débiais, des carrières, des tranchées sur- tout peuvent s’y ouvrir et favoriser de nouvelles exploralions. Tels sont les éléments des additions'qui suivent; bien qu’en petit nombre ces fossiles recueillis dans une seule campagne, nous per- mellent d'espérer l'accroissement rapide el assez prochain de notre catalogue. J’ajouterai, en lerminant, que presque loules mes déler- minalions ont été vérifiées, et je l’avoue souvent rectifiées par M. Edouard Guéranger : que cet aimable et savant paléonivlogiste veuille bien en recevoir ici tous mes remerciements. CLASSES DES ANNÉLIDES. SERPULIDÉES. SERPULA Linné. 1. carinella. Sowerby. Tab. 598, fig. 2. ; sur les Ostera colomba et Biauriculata. — Localité. Suette. 2. antiquata. Sowerby. Tab. 598, fig. 5, 6, 7. Cette espèce est re- marquable par son volume et sa surface adhérenle qui s'étale comme le pied d’un gastéropode. — Loc. Suelle. De ane espèces indéterminées. — Loc. Souläire, la Guyonnière. MOLLUSQUES. CEPHALOPODES. NAUTILUS Breynius 1732. 1. alternatus. Ed. Guéranger 1853. Essai d’un répertoire paléonto- logique du département de la Sarthe, p. 28. « Chaque tour de spire 67 »esi constamment moilié anguleux, moitié arrondi, tandis que » l'espèce figurée par d'Orbigny est anguleuse dans tout son pour- » tour: » Nous ajouterons que l’échancrure formée à la bouche par le retour de spire étant également arrondie, cetle courbure substi- tuée à l’angle aigu du premier tour, ne peut être un effet de l'usure. — Localités. La Guyonnière, Cheviré-le-Rouge (Hautpignel). 2. Largilliertianus. D'Orbigny 1840. Prodrome, n° 5. Paléont. franç. Ter. crélacé. T. I, p. 86, pl. 18. Echantillon incomplet et très- comprimé. — Loc. Cheviré-le-Rouge (Hautpigncl). La même localité renferme des exemplaires des N. triangularis Monf. Très-comprimés; épaisseur 30 0/0 du diamètre au lieu de 42 0/0 type, et d’autres au contraire dont l'angle est plus ouvert et plus mousse. C’est sans doute la 2° variété dont d'Orbigny avait fait son N. fleuriausianus (Paléont. franç., loc. cit.) qu'il réunit au triangularis, en 1850, dans le Prodrome ; Etage cénomanien, n° 3. AMMONITES Bruguière, 1789. 3. obliquatus. Ed. Guéranger, 1853. Essai d’un répertoire paléont. de la Sarthe, p. 29 : « diffère de l'A. mantellii, par les lours de spire » qui S'enroulent un peu obliquement. » Loc. Sainte-Colombe (buite des Roussières), Cheviré-le-Rouge (Hautpignel). GASTÉROPODES. AVELLANA d'Orbigny, 1842. 4. elongata? Ed. Guéranger, 1853. Essai d'un répert., p. 30. Je mets un point de doute à cause de la briéveté de la description de M. Ed. Guéranger : « Coquille plus allongée que l’A. Cassis, spire » moins enveloppée par le dernier lour, bourrelet du bord droit plus » épais, labre plus fortement denté. » Nous ajouterons que d'après le moule, le bord collumellaire doit être muni de 3 plis, le médian plus gros. L'aspect général et les dimensions rappellent ceux de l'A, Archiaciana d'Orb., mais celle-ci appartient aux couches les plus in- férieures des grès verts et notre moule, à la partie supérieure de la craie chloritée marneuse. — Loc. La Guyonnière. GLOBICONCHA d'Orbigny, 1842. 5. rotundata d'Orb. Prodrome, n° 82, Pal. franç. Terr. crélacés, t. II, p.143, pl. 169, fig. 17. Le moule assez rare est dans nos exem- plaires plus gros que dans la planche cilée, et la spire un peu plus dégagée, mais avec le même angle, 99° — Loc. Cheviré-le-Rouge (Bulle-des-Vaux), Corzé. Dans la couche supérieure desgrès chlorités. PTERODONTA 1iNFLATA d'Orb. Millet. Paléont. de Maine et Loire, ét. Cénoma- nien, no 12. Remarques. — Cette espèce très commune en Maine et Loire à l’état de moule, 68 nous a présenté d’une manière constante, le caractère suivant dont nous ne voyons aucune trace dans la description de d'Orbigny. Ter. crétacés, t. II, p. 518. Les deux côtés sont carénés depuis le sommet de la spire jusqu'à la partie infe- rieure de la bouche. Gette-disposition ne peut tenir à une déformation par com- pression, car nos exemplaires ont été recueillis à de grandes distances et dans des conditions différentes, et le grand diamètre qui s’étend d’une carène à l'autre n’est presque jamais parallèle à la direction des couches qui renferment ce fossile. NATICA Adanson, 1757. Disse Plusieurs espèces indéterminées, à l’état de moulage. — Loc. La Guyonnière, Corzé, Suette, Bazouges. VOLUTA Linné, 1753. FR Moulage; très-voisine du V. Lahayesi d'Orb., Etage turonien, par la forme générale et les côles du dernier pli, peu nombreuses, onduleuses, peu marquées et effacées en avant, mais elle diffère par la taille plus grande et la présence de quatre plis à la columelle, laissant sur le moule trois bourrelets arrondis volumineux el quatre sillons égaux. — Loc. La Guyonnière, craie marneuse. ROSTELLARIA Lam., 1801. 8. inornata d'Orb., 1843. Prodrome, n° 184. Paléont. franç. Ter. crélacés, p.297, pl. 210, fig. 4 et 5, à l’état de moule et d'empreinte. — Loc. La Guyonnière, craie immédiatement inférieure aux grès verts supérieurs. FUSUS Bruguière, 1791. 9... Noyaux et moules indéterminés. — Loc. La Guyonnière, craie, sous le grès vert supérieur. DENTALIUM Linné, 1758. 10. deforme Lam. Cette dentale très-recourbée, ornée de sept côtes très -saillantes, est généralement aujourd’hui classée parmi les serpules, néanmoins comme on la trouve entièrement libre et qu’elle caractérise une assise lout-à-fait supérieure el très- coquillière de grès cénomaniens, nous la conservons ici. — Loc. Ba- zouges, Gouy. LAMELLIBRANCHES. CLAVAGELLA Lam., 1807. 1174.80 Le moule est pourvu de digitations tubifères assez nom- breuses.— Loc. La Guyonnière, craie, sous le grès supér. PANOPŒA Ménard de la G., 1807. 12. mandibula d'Orb., 1844. Prodr., n° 232. Paléont. franç., Ter. crélacés, 1. IL, p. 344, fol. 360. Mya mandibula Sowerby, pl. 43. Notre exemplaire, comme celui que décrit Sowerby, porle sur le moule 25 ondulations concentriques au bord. Sa dimension dé- 69 passe un peu celle de la figure citée de d'Orbigny. — Loc. Che- viré le-Rouge (Hautpignel), craie chloritée. 13. gurgitis d'Orb., 1844. Prodrom., n° 233. Paléont. franç., Ter. crétacés, L. IL, p. 345, pl. 361, fig. 1-2. Le moule. — Loc. Suelte. CRASSATELLA Lam., 1801. 14. Guérangeri d'Orb.. 1843. Prodrome, n° 299. Paléont. franc., Ter. crétacés, 1. LL, fol. 76, pl. 265, fig. 1-2. — Loc. La Guyonnière, craie marneuse. 15. ligeriensis d'Orb., 1843. Prodrome, n° 300. Paléont. franç., Ter. crétacés, t. IT, p.77, pl. 265, fig. 3-5. Le moule. — Loc. Corzé, grès verls. GARDIUM Bruguière, 1791. 16. productum Sow., 1831. Prodrome, n° 344. Paléont. française, Ter. crétacés, t. IX, p. 31, pl. 247. Le moule, très-commun, les valves rares, déjà signalé à Saumur par M. d’Archiac, il avait échappé au recensement de M. Millet. — Loc. Suette, Corzé (moule), Bazouges, Gouy (valves). Dans la couche supérieure à dentalium deforme. PECTUNCULUS Lam. 1801. 17. subconcentricus Lam., 1819. Prodrome, n° 366. Paléont. franç., Ter. crétacés, t. IL, p. 189, pl. 306. M. Millet signale n° 31 un pectunculus sans indiquer l'espèce. — Loc. Suelle, Bazouges, grès chlorités supérieurs. ARCA Linné, 1758. 18. Marcéana d'Orb., 1844. Prodrome , n° 334. Paléont. française, Ter. crétacés, t. III, p. 232, pl. 319, fig. 3 à 5. Le moule. Loc. Saint- Georges-des-Sept-Voies. LIMA Bruguière, 1791. 19. ornata d'Orb., 1845. Prodrome, n° 436. Paléont. franç., Ter. crétacés, L. I, p. 551, pl. 421, fig. 6-10. — Loc. La Guyonnière. 20. cenomanensis d'Orb., 1845. Prodrom., n° 437. Paléont. franç., Ter. crétacés, 1. Lil, p. 552, pl. 421, fig. 11-15.—Loc. Corzé, grès verts, Bazouges, assise supér. à dentalium. PECTEN Guallieri, 1742. 21. subacutus Lam., 1819. Prodrom., n° 479. Paléont. franç., Ter. crélacés, t. HI, p. 605, pl. 435, fig. 5-10.— Loc. La Guyonnière, Sou- laire, craie marneuse. 22. Calypso? d'Orb., 1847. Prodr., n° 484. Celte espèce voisine de P. orbicularis n’a en effet aucune saillie sensible des lames concen- triques, mais celle brève diagnose nous laisse beaucoup de doutes. — Loc. La Guyonnière, grès verts. 23. nov. sp. Celle espèce remarquable est orbiculaire, ornée de 18 à 20 côtes égales, séparées par des sillons égaux. — Loc. Bazou- ges, Gouy, assise supér. à dentalium, 70 24. nov. sp. Cette belle espèce est orbiculaire, lisse du crochet au 1/3 de son diamètre, ornée au-delà de sillons très-fins, arqués, quelquefois dichotomes, interceptant des côtes plus larges, très peu saillantes. — Loc. Bazouges, Gouy , assise supérieure à dentalium. Nota. Ces deux espèces, que nous croyons entièrement nouvelles, seront ulté- rieurement nommées, décrites et figurées pour les Mémoires de la Société. JANIRA PHASEOLA d’Orb. Cette espèce, indiquée par M. Millet, p. 106, n° 42, est-elle bien le type de d’Orbiguy? Celle que nous avons rencontrée à profusion dans toutes les localités, n’est point le Pecten phaseolus que d’Orb. donne comme synonyme, mais comme l’a fort bien indiqué M. Guéranger le Neithea cœvis Drouet. Ce serait donc le nom de Janira lœvis que devrait porter notre espèce. PLICATULA Lam., 1801. 95. inflata Sow? Min. conch. Tab. 409, infrà ad sinistram, PIJ. Inflata. E. Deslongchamps, Mém. Soc. linnéenne de Normandie, L. XI, p. 100, pl. 46, fig.31, exclus. La valve droite ou adhérente seule d'un individu en bas-âge. — Loc. La Guyonnière. OSTRÆA Linné, 1752. 26. vesiculosa Ed. Guéranger. Essai d’un répert. paléont. de la Sarthe, p. 39, non Vesiculosa Sow. Min. conch. Tab.369 non Vesicularis Lam. Celle espèce reconnue nouvelle aujourd'hui par M. Gué- ranger sera décrite el nommée par lui. — Loc. Durtal, Gouy, Ba- zouges, Sainte-Colombe, Cheviré-le-Rouge (Hautpignel), Soulaire, craie marneuse, au-dessous de Ostræa columba et biauricularis. Nous n'avons pas trouvé de Brachiopodes nouveaux pour le pays, mais peut- être les espèces déjà connues offrent-elles quelques variétés qu'il sera bon de si- gnaler plus tard. La riche localité de Cheviré-le-Rouge nous a présenté quelques exemplaires de la Tereb. Menardi, rare en Anjou. Deux d’entre eux de 2 et 3 millim. de diamè- tre n’offrent point les tubercules costaux que d’Orb. donne comme un caractère du jeune âge. BRYOZOAIRES. PELAGIA Lamouroux, 1821. 26. infundibulum Michelin, 1845, p. 305, pl. 52, fig. 1. — Loc. La Guyonnière, craie inférieure au grès supérieur. ENTALOPHORA Lamouroux, 1821. 27. pavonina d'Orb., 1847. Prodr., n° 607. Diastopora pavonina Michelin; Icon. Zoophyt., p. 218, pl. 53, fig. 17.— Loc. Suelle, etc., sur l'Ostræa biauricularis. LATEROCGEA d'Orb., 1855. 28... Celte espèce ressemble presque complètement au Laterocea 71 simplexæ, pour lequel d'Orbigny a créé le genre, mais le type de cet auteur est classé dans le terrain senonien ! — Loc. Cheviré-le-Rouge (Bulte-des-Vaux), grès coquillier supérieur. ECHINODERMES. HEMIASTER Desor., 1847. 20. similis d'Orb., 1854. Paléont. franç.. Ter. crétacés, t. IV, p.229, pl. 874, fig. 1 à 10.— Loc. Corzé, Villevêque (Grande-Fontaine), La Guyonnière, craie marneuse.| H. Buro Desor : 1847. L’exemplaire adulte de Briollay nous offre ceci de remar- quable qu’il est sensiblement moins large que long. Long. 32 millim. larg. 29, hauteur 14. Le reste de ces caractères coincidant avec le type, nous ne nous croyons pas autorisé à créer une variété pour cette différence de largeur. ECHINOBRISSUS Bruguière, 1732. 30. similis d'Orb., 1855. Paléont. franç., Ter. crétacés, L. VI, p. 405, pl. 958, fig. 1-6. Très-pelits exemplaires dans le calcaire coquillier de la Bulte-des-Vauxfavec d’autres échinodermes et de nombreux bryo- zoaires. — Loc. Cheviré-le-Rouge. PSEUDODIADEMA Cotleau. 31... Petile espèce; exemplaires nombreux, presque tous incom- plets, avec le précédent el le Catopygus carinatus, etc. — Loc. Che- viré-le-Rouge. AMORPHOZOAIRES. POLYCŒLIA E. de Fromentel, 1859. 32. Esp. indét. Ce genre étant formé aux dépens des genres Hip- palimus Lam. et Scyphia Michelin, notre espèce appartient pro- bablement aux n° 774 à 778 du Prodrome, mais les éléments de vé- rification nous manquent encore. Quelques heures de recherches et quelques voyages en courant, nous on! ainsi donné plus de 30 espèces à ajouter aux 74 recensées par M. Millet dans le terrain cénomanien. La riche collection de M. Courtiller fournira, nous en sommes persuadé, aux élages turo- nien et senonien, un contingent encore plus considérable, auquel nous serons heureux d’ajouler le résultat de nos trop rares explo- rations sur ce lerrain. D: E. FARGE. ÉTUDES SUR LE RECENSEMENT DE. LA POPULATION DE LA COMMUNE D ANGERS EN 1856. ” La commune qui, dans la division actuelle du territoire de la France, forme le premier degré de l’échelle des circonscriptions ad- ministratives, se compose de deux parties distinctes : 4° Un centre d'habitations agglomérées, chef-lieu administratif où viennent se concentrer tous les intérêts communaux : il prend, sui- vant son importance, le nom de ville ou de bourg ; 2% Le surplus de la superficie communale, livré à l'exploitation agricole ou industrielle du sol, où les habitations plus isolées les unes des autres ne se rencontrent qu’à des distances parfois assez éloi- gnées. De cette division du territoire découle une division analogue dans la population qui l’habite et l’exploite ; une partie peuple le bourg ou la ville et forme ce qui prend le nom de population agglomérée ou urbaine ; le surplus forme la population éparse ou rurale ; enfin leur ensemble constilue la population municipale. Mais à ces deux éléments de la population des communes vient souvent, surtout dans les centres importants, s’en ajouter un troi- sième qui, sous le nom de population flottante, comprend des indi- vidus que des nécessités d'éducation, de service mililaire ou d'autre nature appellent à une résidence plus ou moins prolongée, mais qui 73 toutefois n’a rien de définitif, de sorte que chaque jour apporte des variations dans le nombre et le personnel des individus composant cet élément (1). Nous nous sommes donné pour but, dans les pages qui vont sui- vre, d'étudier la marche de la population de la commune d'Angers dans ses diverses éléments telle que l’a établie le recensement opéré en 1856. Mais avant d'aborder l'étude des résultats de ce recensement, il est nécessaire de faire connaître la population d'Angers à des époques antérieures et de signaler l’augmentalion incessante de cette popu- lation. Nous sortirions des limites où nous devons restreindre ce travail en allant rechercher quelle fut la population d'Angers à des époques antérieures à 1789, où la révolution vint changer la division admi- nistrative du territoire de la France en lui donnant celle qui existe encore de nos jours. En 1789 la population de la ville d'Angers s'élevait à 27,596 habi- tants. Des recensements officiels devaient établir les chiffres de popula- tion du territoire français à chaque période quinquennale ; mais peu exactement faits pendant les premières années de ce siècle, ils ne l'ont été régulièrement qu’à partir de 1831. Nous avons cependant pu y puiser sur la population de la commune d'Angers les renseigne- ments suivants: En 1801 elle s'élevait à...,... 33.000 habitants. LOT AM ler 29.873 — LIDANAN IAE SES EMA 31.978 — ASS D NT ORUR ITS 32.743 — LSSOPRBNAE SCO ERPPMOE 35.901 — ASGULSTUNIONT PRISES 36.531 — ASADLTO LD ATOS ON 40.628 — ASSDL AU IR OS AN 43.085 — 18 H6L SAME ER ANA UE OA LE RUT A 45.635 — Observons tout d’abord que ces chiffres s'appliquent seulement à la population municipale, c’est-à-dire à l’ensemble des populalions (1) Les recensements quinquennaux opérés par l'autorité administrative com- prennent sous le titre de population flottante : l’armée de terre et mer, les détenus des établissements pénitentiaires de toute nature et des dépôts de mendicité, les élèves internes des lycées, séminaires, écoles spéciales, maisons d'éducation et écoles avec pensionnat , les individus appartenant aux communautés religieuses , les réfu- giés à la charge de l'Etat, les marins absents pour des voyages de long cours. 74 agglomérée et éparse ; la population flottante en a été exclue, nous en dirons quelques mots plus tard. Par les chiffres ci-dessus ilest déjà établi que, de 1789 à 1856, c'est-à-dire dans l’espace de 67 années, la population de la com- mune d'Angers s’est accrue de 18,039 habilants, c’est-à-dire des 2/3 de ce qu’elle était à Ja première de ces deux époques ; ce qui repré- sente un accroissement annuel moyen de 269 habitants. Le tableau qui va suivre donne la répartilion des trois éléments de la population de la commune d'Angers aux trois derniers recense- ments. 4846. 1851. 1856. Population agglomérée............. 36.392 37.719 41105 — ÉDATSO ARE. ET POUISS 4.236 5.369 4.530 Ensemble, ou population municipale. 40.628 43.088 45.635 Population floltante................ 4.153 3.511 5 091 — totale générale ....... .. 44.781 46.599 50.726 De ce tableau nous tirons les déductions suivantes : 1° De 1846 à 1851, la population municipale s’est accrue de 2467 habilants ou 1/17. Dans cel accroissement, la population agglo- miérée figure pour 1327 habitants, la populalion éparse pour 1133 habitants. 2 De 1851 à 1856, l'accroissement a été de 2547 habitants, soit encore 1/17. Si l’on recherche la part prise par chaque élément dans cet accrois- sement, on reconnaîl que la population agglomérée a gagné 3386 habilants, tandis que la population rurale en a perdu 839. Un sem- blable résultat, de prime abord paraît très extraordinaire; il s'explique par ce fait qu’en 1855, c’est-à-dire, au cours de la période quinquen- nale qui nous occupe, une plus grande parlie du terriloire de la commune a élé soumise au régime de l'octroi dont les limites forment la séparation entre les deux populalions agglomérée el éparse. 3° Dans la période décennale de 1846 à 1856, l'accroissement de la populalion a été de 5007 habilants ou 1/8. Pendant la même période pour le département entier, l'accroissement n’a été que de 1/26, c'est-à-dire trois fois moindre. En comparant la population de 1789 à celle de 1851, nous avons trouvé un accroissement annuel moyen de 269 habitants. Si l’on compare les populalions de 1831 à 1856, on trouve pour chiffre d'accroissement annuel moyen 487 habitants. 75 Enfin dans la période décennale de 1846 à 1856, l'accroissement annuel moyen a été de 501. Ces chiffres confirment le fait d’ailleurs bien établi de l’accroisse- ment important qu'a pris la population d'Angers dans les trente dernières années qui viennent de s’écouler. Il y a peu à dire sur la population flottante ; le tableau nous donne une preuve de ses fluctuations qui d’ailleurs reposenl principalement sur la plus où moins grande quantité de troupes qui viennent tenir garnison à Angers. Nous arrivons à l'étude de la répartition de la population d’après le recensement de 1856 dans les divers éléments qui la composent : le sexe, l’état civil, les professions, l’âge des habitants. Mais avant de parler des habilants, nous dirons quelques mots de la superficie qu'ils occupent. Le territoire de la commune d'Angers présente une surface de 3869 hectares. Administralivement il est subdivisé en trois cantons, mais géographiquement il l’est d'une manière plus stable et plus imporlante pour l'étude qui va suivre par la rivière la Maine qui le sépare en deux parlies que nous dési- gnerons dans la suile, d’après leur position, par les appellations de rive gauche et rive droite. La rive gauche, dont la superficie est de 1995 hectares, est de beaucoup la partie la plus importante. Là se rencontrent à peu près tous les services administralifs et judiciaires ; là aussi le commerce et l’industrie ont leurs siéges les plus actifs et les plus importants; sur celte rive le chemin de fer de Tours à Nantes a élabli sa gare el elle est presqu'exclusivement occupée par la garnison ; aussi pré- sente-l-elle tout le mouvement, touies les agitations de la grande ville, et nous verrons que sa population est presque triple de celle de l'autre rive et qu’en 1851 elle dépasse la population de la commune entière en 1831, en ne considérant que les populations agglomérées. La rive droite, au contraire, dont la superficie s’élève à 1874 hec- tares , présente un aspect beaucoup plus calme ; quelques établisse- ments publics s'y rencontrent, il est vrai, mais à l’exceplion de l'École des arts et métiers, ce sont tous des établissements fondés par la charité publique : hôpital, hospices, dépôt de mendicité, asiles de souffrance ou de recueillement qui font naîlre la différence que l'on remarque entre l’aspect des deux rives. Revenons maintenant à la population. Le tableau A ci-joint nous en présente le détail dans tous ses élé- ments ; population agglomérée, éparse, de la rive droite, de la rive gauche, total municipal, s'y rencontrent élablis par sexe et par état civil dans les tranches horizontales À, B, C. 76 La tranche D et la tranche E présentent les mêmes documents, la 1°° pour la population flottante, la 2e pour la population totale géné- rale. Dans l’élude des rapports qui va suivre nous n’aurons à nous préoccuper que des seuls nombres compris dans les tranches A, B,C, car la mobilité de la population flottante ne permet pas de tirer des chiffres que fournit le tableau de cette population des renseigne- ments sur l'exactitude desquels on puisse fonder des appréciations ; et cet élément flottant venant se fondre dans la population totale générale, celle-ci ne présente plus des résullais assez rigoureuse- ment exacts. Nous avons dû nous borner à étudier les rapports des sexes et de l’état civil dans ce qui compose la population municipale. Le tableau B comprend l’ensemble des principaux rapports déduits des chiffres du tableau A. En cherchant tout d’abord à se rendre compte des rapports qui existent entre la population agglomérée et la populalion éparse, on reconnaît qu’elles sont entre elles comme 9 à 1 ; c'est-à-dire que la population éparse ne compose que 1/10 de la population tolale. Celte proportion de la population éparse paraît être moins élevée sur la rive droite que sur la rive gauche, mais comme il ne nous a pas élé possible d'arriver à la détermination des superficies occu- pées sur chaque rive par chacune des populations agglomérée et éparse, nous ne pouvons, à défaut de comparaison des terriloires, rien affirmer sur ce point. En comparant la population de la rive droite à celle de la rive gauche, nous avons oblenu pour ces deux populations, dans l’en- semble, le rapport de 1 à 2,774 ou autrement la rive gauche ne com- porte que environ 4/15° de la population totale. Or comme les su- perficies des deux rives se rapprochent beaucoup l’une de l’autre, on voit de suile que la population présente sur la rive gauche une densité de beaucoup supérieure à celle de l’autre rive. Nous revien- drons plus loin sur ce sujet. Passons à l'étude de la répartition des sexes. Le seul examen du tableau'A fait de suile remarquer dans la po- pulalion considérée soit en entier, soit dans chacun de ses éléments une prédominance marquée du sexe féminin sur le masculin, et c’est principalement chez les célibataires qu'ellese fait sentir. Dans celle classe de personnes, la proportion s'élève : Dans la population totale municipale à 1322 filles pour 1000 gar- Çons ; Dans la population agglomérée à 1356 filles pour 1000 garçons. Dans la population éparse à 1054 filles pour 1000 garçons. 77 Ainsi dans la population éparse, il y a presqu'égalité des deux sexes, mais dans la population agglomérée l’excédant de filles s’é- lève presque à 1/7° de l’ensemble des deux sexes, et dans la popu- lation lolale, il est de 1/7° également. Mais c’est sur la rive droite que se rencontre la proportion la plus élevée de filles ; elles sont dans le rapport de 1437 à 1000 ou un peu plus de 1/6°, tandis que sur la rive gauche les filles ne présentent qu'un excédant de 1/8. Chez les personnes mariées l’excédant féminin se réduit à des proportions bien plus minimes car, là où il est le plus élevé, dans la population agglomérée , on ne constate que 1022 femmes pour 1000 hommes, soit 1/92e seulement d’excédant sur l’ensemble des deux sexes. La population éparse présente même ce résullat singulier que le nombre des hommes mariés et celui des femmes mariées y est exaulement le même (974); mais il ne faudrait pas conclure de là que dans celte parlie de la population il se rencontre une parfaite union dans les ménages, car en la décomposant, on rencontre sur la rive droite un nombre d'hommes mariés supérieur à celui des femmes, tandis que le contraire a lieu sur la rive gauche. Chez les veufs, l’excédant féminin prend des proportions très élevées, car pour 1000 hommes veufs on rencontre dans la populalion tolale 3177 veuves : leur nombre s'élève sur la rive gauche à 3195, et il atleint même dans la population agglomérée le chiffre de 3266 ; c’est dans la population éparse qu’elle est le plus faible : 2345. Enfin les deux sexes comparés dans leur ensemble donnent les rapports suivants : Pour 1000 hommes, 1285 femmes dans la population agglomérée ; — 1080 femmes dans la population éparse ; — 1247 femmes sur la rive gauche ; — 1308 femmes sur la rive droite ; — 1263 femmes dans l’ensemble de la population. Ce dernier chiffre constate un excédant de femmes de 1/8° de l’ensemble des deux sexes. Pour la population du département l’excédant féminin n'était en 1856 que de 1/80, c'est-à-dire dix fois moindre, et pour la France entière de 1/350 soit 42 ,1/2 fois moindre. L'imporlant excès du sexe féminin que nous venons de constater dans l’ensemble de la population et principalement chez les céliba- taires, ne peut s'expliquer que par une immigration qui amène du dehors vers notre ville, une assez grande quantité de femmes qui 78 viennent y chercher, soit dans la domesticité, soit dans les travaux des manufactures, des moyens d’existence qui leur font défaut dans leur pays. En recherchant la proportion pour laquelle figurent les célibataires dans la populalion entière, nous la trouvons presque constamment supérieure en nombre à la moilié. Dans l’ensemble de la population on compte 1000 célibalaires pour 196% habitants, c’est-à-dire 1/54. Pour les hommes, c’est chez la populalion éparse que se trouve la plus grande proportion de célibataires ; ils sont de 1000 pour 1945 soit 1/35, c’est sur la rive droite ou la proportion est la plus faible, 1000 pour 2096, c'est-à-dire qu'ils perdent 1/21° de l’ensemble. Chez les femmes, les célibataires surpassent toujours la moitié : c’est dans la population de la rive droile que se rencontre l'excédant le plus élevé, 1000 sur 1909 ou 1/21°; il est le moindre dans la popu- lation éparse, 1000 sur 1992, ou 1/249° seulement. Le rapport des veufs aux mariés donne pour la commune entière 1 veuf 5,163 mariés. Ce rapport varie singulièrement selon les sexes, car pour les hommes il est de près de 4 pour 11 seulement, tandis que pour les femmes il s'élève jusqu’à 4 sur 3,311 ; en effet la seule inspection du tableau de la réparlilion de la population, présente un grand excédant de femmes veuves sur les hommes veufs, excédant dont nous avons signalé les rapports, dans le n° 4 du lableau B. Pour les hommes, la proportion la plus grande de veufs se ren- contre sur la rive gauche; il en est de même pour les femmes. Si nous revenons à la population spécifique ou densité de popula- tion dont nous avons dit quelques mots déjà, nous trouvons les rapports suivantsentre la population et le terriloire qu'elle occupe. Rive gauche, 18, 25 habilants par hectare. Rive droite, 7, 64 habitants par hectare. Commune entière, 13, 11 par hectare. Dans ces derniers calculs, nous avons dû faire entrer en ligne de comple la population flottante qui, quelque variable qu’elle soit, ne laisse pas que d'occuper une certaine partie du terriloire. Les chiffres qui viennent d'être rapporlés nous montrent la popu- lalion bien plus dense sur la rive gauche que sur la droile, et le rapport de ces densilés est de environ 1 à 2 1/3e. D'un autre côlé le n° 5 du tableau B nous montre les populations des deux rives pré- sentant entre elles le rapport de 1 à 2 3/4° environ ; dans le calcul] de ce rapport n'est pas entrée la populalion floltante, mais si on veul l'y faire entrer on oblient un nouveau rapport de 1 à 2 1/2. Tous ces rapports se rapprochent beaucoup les uns des autres. En prenant à part la population flottante, on y remarque une 79 prédominance très marquée dans l’ensemble, en faveur du sexe mas- culin, dont le chiffre s'élève à environ 1 3/4° du chiffre du sexe fé- minin. Sur la rive gauche, occupée par la majeure partie de la garnison, les principaux élablissements d'éducation, la prison, le sexe mas- culin présente une prédominance de 5 1/2 à 1. Sur la rive droile au contraire le chiffre du sexe féminin est à peu près double de celui du sexe masculin. Celle différence s'explique par l'existence sur celte rive de plu- sieurs communautés religieuses de femmes, nolamment celle très nombreuse du Bon-Pasteur. Il nous resle maintenant à étudier la répartition de la population eu égard aux âges el aux professions ; cette élude fera l’objet d’une seconde parlie de ce travail. DELALANDE. TABLEAU A. Répartition de la population. Recensement de 1856. LA Il POPULATION RIVE GAUCHE. RIVE DROITE. PA EOMAUR er entière. É COMMUNE DANGERS. E ie g 5 3 É g à ë ÿ 2 = ê É. É = Æ a É Fa | S7 Célibataires. | 6 645| 8 159/15.404| 2 243| 3.200) 5.082l 8.888 10 040 20 09 . & \Mariés. 6.008| 6.144112.152! 2.309! 9.354| 4.663| 8.317| 8 498 16.815 < £)Veufs. 573] 1.896) 2.469! 213) 671) 884) : 786) 2.567| 3.353 # Ensemble. |13.226/16 799/30.025| 4 765! 6.315/11.080|17.99123 114 41 105 . { Célibataires. 864 882| 1.746 956 299 5551 1.120! 1.181! 2.301 . #\ Mariés. 772] 777) 1.549] 902] 197| 399] 974 974) 1.948 La &)Veuts. 691 155! 224 15 42 57 84l 197| 981 Ensemble. | 1.705) 1.814| 3 519| 7 472l 7 888 11011 2.178 0 350) 4 530 5) Célibataires. |"7.509| 9.641117.150| 2.400| 3.58)| 6.088[10.008 123 230 23 238 . E\ Mariés. 6.780) 6.921113.701| 2.511! 2.551| 5.062| 9.291] 9 472,18.762 S £)Veufs. 642| 2.051] 2 693] 228] 713] 941] 870) 2 764] 3.634 En ile 14 931118 613133 5441 5.938| 6.853112. 091 [20.169,25 466 45.635 :, Célibataires. | 2,302] 394| 2 6061 5281 1.265| 1.102] 2.820 1.059! 4 489 . É( Mariés. 104 21| 125] 106 51| 1571 210 72| 989 ñ À) Veuts. 18 24 421 1401 138] 9278] 158| 162! 320 & (Ensemble. | 2.424] 499] 2.863 774 1.454| 2.298| 3. 198| 1.892/ 5 091 Célibataires. | 9.811110.035/19.846| 3 027! 4 804| 7.881112.858 14.880 27 727 : y Mariés. 6.884) 6.942113.826| 2.617! 2.602! 5.219| 9.501| 9.544 19.045 En 660! 2.075| 2.735| 368! 851| 1 219] 1.028! 2 926! 3 954 Ensemble. _|17.355/19.052/36 4071 6.012! 8.307114.319123.367127.359 50 726 80 TABLEAU B. Céliba- r tes. Mariés. Veufs. |Ensemble. ! Population agglomérée . . . .. 1.356| 1.022! 3.266| 1.285 — ARÉDATSOS dd nt ltre 1.054! 1.000! 2 345| 1 080 1° Rapport des sexes . .. — municipale . . . .. .322| 1.019] 3.177| 1.263 — de la rive gauche. 1.021! 8 195/°1.247 — de la rive droite. . . 1.016. 3:127| 1. Hommes, | Femmes. | Ensemble , Population agglomérée . . . . . . . .. 2.024! 1.918| 1 963 moe à lon Eux MÉDAISE RL ee 1.945! 1.992! 1.970 et a Le à l'en-\ RO LL Re ts din ueis ‘svilouse Rapports entre les éléments du tableau A, — . de la rive gauche . . . . .. 1.988! 1.931] 1.956 — de la rive droite. . ... , .. 2 096| 1.909! 1.986 ñ Popuaio ALOlNDÉTÉPEE 10.582] 3.311| 5.015 \ Cparse Et ER delr 11 595] 4.944] 6.932 30 Des veufs aux mariés. A PNUNICIRAIE SU NAS 10 679| 3.497| 5.163 | — de la rive gauche ; : : | 10 561| 2.374] 5.088 — de la rive droite. . . .|11 014! 3.5378| 5 379 Rive gauche Rive droite. Lu 4 De la population éparse à la population Le ns di | Re re rilatiéus Amie dit gauche te de ET op. Ls 0. ! 2.116 10.074|11.738 1.761| 9.261 8.260! 9.827 2.660 3.605! 3.372 2 850| 2.716| 2.774 6° Superficie de la rive gauche de la rive droite Superficie totale 1,995 1,874 — hect. 3,809 (POPULATION TOTALE GÉNÉRALE). rapport 1,065 00 à To Population spécifique (nombre d'habitants par hectares). . . . . . . R.gauche.|R. droite.| Totale. 18.25 | 1 64 13.11 PE SE RAPPORT A S. M. LE ROI DE PORTUGAL SUR UN VOYAGE D’EXPLORATION SCIENTIFIQUE AUX ILES AÇORES, Effectué par MM, MORELET et DROUET pendant le printemps et l'été de 1857. SIRE Au milieu des soucis el des préoccupations du trône, Votre Majesté a-t-elle gardé le souvenir de deux zoologistes français poussés par l'amour des sciences naturelles à explorer les îles Acores, encou- ragés par vous dans ce dessein, et, dès le début du voyage, accueillis par la cour de Portugal avec une bienveillance qui ne s’effacera ja- mais de leur pensée ?.. Après avoir accompli leur tâche autant qu'il a été en leur. pouvoir, ces deux naturalistes viennent déposer à vos pieds leur tribut de respectueux hommages et exposer à Votre Ma- jesté le résumé sommaire de leurs découvertes et de leurs travaux. Je commencerai par une esquisse des différens trajets que nous avons effectués, pour passer ensuile en revue les trois règnes de la nature. 2 Partis de Lisbonne le 18 avril 1857, une heureuse navigation nous porla en huit jours à San-Miguel, la première des îles Açcres ; le 25 6 82 avril nous débarquions à Ponta-Delgada, ville capitale, el immédia- tement ont commencé nos invesligalions. Après avoir minutieuse- ment exploré les environs de cette ville, notre attention s’est portée particulièrement sur les points les plus intéressants de l’île, et c'est ainsi que nous avons successivement visité la belle Caldeira das Sete-Cidades, remarquable par sa grandeur et par l'étendue de son lac ; le Lagoa do fogo, si pitloresque par lui-même et par les cas- cades qui l’avoisinent ; la vallée de Furnas, fameuse par ses eaux miuérales, par son beau lac, et surtout par son élonnant volcan d’eau (séjour vraiment enchanteur el qui mériterait d’être connu davantage); et enfin, plus à l’est, le Pico da Vara, montagne ardue de 1100 mètres d’élévation, qui est le point culminant de l’île. II est à remarquer que la plupart des cratères de volcans, aujourd’hui éteints et tapissés intérieurement d'une végétation plus ou moins variée, prennent aux Açores le nom de Caldeira (chaudière); ces cal- deiras sont quelquefois si étendues, qu’elles ressemblent dans ce cas à de larges vallées circulaires. Les montagnes prennent générale- ment le nom de Pico, qui exprime parfaitement leur forme aigue ; serra se dit plutôt d’une montagne à forme mamelonnée ou déchirée. Nous avons parcouru en outre beaucoup de localités secondaires, gravi un grand nombre de pics et de chaînes de montagnes, exploré toute la côle méridionale depuis Mosteiros jusqu’à Povoaçao, et vi- sité les environs de Ribeira-Grande, de Villa-Franca, l’ilot du même nom. L'île de San-Miguel, qu'on ne-peul mieux caractériser qu’en la comparant à un vaste jardin volcanique planté d’orangers (ou à un nouveau jardin des Hespérides), étant la plus grande, la plus importante et certainement aussi la plus intéressante, à tous égards, de l'archipel açoréen, nous avons cru devoir apporter à son explo- ration une attention plus scrupuleuse, et par conséquent y faire un séjour plus prolongé. C’est ainsi qué, par suite de ces vues et de la difficulté des communications avec les autres îles, nous sommes reslés là deux mois entiers. Dans l'intervalle, à la vérilé, nous avons trouvé l’occasion d'aller à Santa Maria. Un séjour d’une semaine dans cette île, la plus riante peut-être de tout l'archipel, des excursions quotidiennes et des re- cherches assidues, nous ont permis de la sillonner en tous sens et de rendre ce séjour aussi fructueux que possible. Santa Maria est très- fertile et très pittoresque. On y trouve une argile plastique avec la- quelle les habitants fabriquent une poterie grossière dont ils appro- visionnent les îles voisines, industrie que l’on retrouve à Graciosa. Dans la baie de San Lourenzo, nous avons pu visiter l’ilheo dos ro- meiros, célèbre par sa grotte et par ses stalactites, Nous avons égale- 83 ment constalé dans celte Île la présence d’un terrain calcaire, riche en débris fossiles. Quant au prétendu ossement fossile gigantesque, mentionné par quelques voyageurs et attribué par la tradition lo- cale à un géant, ce n’était qu’un os de cachalot ou de baleine, long- temps enfoui dans le sable près du rivage et maintenant disparu. Débarqués à Fayal le 12 juillet, je me suis séparé de M. Morelet, mon compagnon de voyage, afin de profiler d’une occasion qui me permettait de visiter les trois îles de Graciosa, de Florès el de Corvo. Je partis en compagnie de M. Hartung, géologue prussien plein de zèle et de savoir, que le hasard avait aniené presqu'en même temps que nous dans l'archipel açoréen dont il éludiait la disposition géo- gnoslique, comparativement à ceux des Madères et des Canaries. M. Morelet demeurait momentanément seul, avec la mission d’ex- plorer Fayal et Pico. Graciosa est une petite île, fertile et riche en céréales. Sa Caldeira est extrêmement intéressante pour le gévlogue et remarquable par une prodigieuse variété de roches basalliques. Elle présente en outre un phénomène des plus curieux qui lui est particulier : c’est une fissure énorme, de près de cent pieds de profondeur, dont les parois sont à pic. Le long de ces parois croissent de nombreuses fougères, el dans les anfractuosités nichent des bandes de pigeons sauvages. Au fond de ce gouffre immense est une excavation profonde et un lac à émanations sulfureuses; de sorle que par suile de ce phéno- mène de configuration , la caldeira de Graciosa renferme deux lacs superposés : l’un à l'extérieur, l’autre au fond de la caverne ! On descend non sans danger au fond de ce forno, comme on l'appelle, au moyen de cordes passées autour du eorps et l'on remonte de même. De Graciosa nous sommes passés à Florès, non sans peine à vrai dire, car une violente bourrasque nous fit mettre sept jours et sept nuils pour opérer un trajet d'environ soixante lieues. Un jour peut- être il me sera donné de raconter les émotions de cette traversée et les dangers courus sur un frêle esquif (le Santa-Cruz, mauvais pelit yacht de 36 tonneaux), au milieu de celte mer terrible. Que Florès mérite bien son nom gracieux d’ile des fleurs ! Il est impossible en effet de rencontrer une plus abondante végétation. Fougères aux larges palmes vertes, Composées aux fleurs plus bril- lantes que l'or, Bruyères arborescentes aux pelites clocheltes roses el blanches, Ombellifères larges comme de blancs parasols, Renon- cules gigantesques, Hypéricinées éclatantes, Rosacées vigoureuses, Convolvulus souples et élégants, Labiées odoriférantes, Orchidées semblables au velours, toutes ces richesses de Flore et cent autres 84 sont là réunies et prodiguées avec une profusion telle qu'on les croi- rait placées à dessein par quelque main inconnue sur un fond de mousses toujours vertes et de graminées délicates. Je ne parle pas de la profondeur des vallées, de la hauteur des escarpements, de la fraîcheur des cascades, du bruit des torrents, de l'horreur des préci- pices, de la lranquillité des pâturages, de la mélancolique verdure des bois de genevriers, de la menaçante attitude des rochers sus- pendus ; toules ces scènes de la nature forment un ensemble et des tableaux si pleins de grâce, d'harmonie, de mystère, de grandeur et de majesté, qu'il est presque impossible de les dépeindre ; ma plume, du moins, est impuissante à les décrire; il faut voir et sentir... Cette île produit beaucoup d'orseille (Roccella tinctoria), lichen linctorial que d’audacieux herboristes vont recueillir sur les rochers les plus escarpés, au péril de leur vie, en se suspendant à des cordages au dessus d'affreux précipices. On m'a assuré que deux hommes pou- vaient ainsi gagner une piastre el plus (5 à 6 francs) par jour, ce qui est un gain énorme pour le pays. L'orseille s’exporle particulière- ment pour l’Anglelerre au prix de 13 à 14,000 reis (63 francs en- viron) le quiutal. La plus petite île de l'archipel, Corvo, qui touche presque Florès, a une Caldeira digne d'intérêt, et surtout une race singulière de taureaux et de vaches remarquable par sa petile taille et déjà connue de Votre Majesté qui, celte année même, a fait hommage à S. M. la reine d'Angleterre de plusieurs individus de choix de ces animaux. La hauteur d’un taureau est à peine de 40 pouces anglais. Mais on y chercherait vainement le souvenir ou les traces de la fameuse stalue de pierre montrant du doigt le Nouveau-Monde, dont parlent les an- ciens chroniqueurs ( Daniiào de Goes, Fructuoso, Cordeiro, Freire), statue qu’aurait vue Christophe Colomb suivant eux, non plus que d’une inscription en caractères inconnus dont on aurait relevé l'em- preinte, sur les rochers, au commencement du xvi® siècle. Après une semaine passée à Florès, je revins à Fayal au commen- cement d'août, el je retrouvai M. Morelet ayant fini d'explorer Fayal et Pico, et prêt à s'embarquer pour Terceira. Fayal a aussi son genre de beaulé, des vallées profondes, une vé- gétation variée el abondante, des sites charmants, et plusieurs de ses montagnes rappellent les formes pittoresques de Florès. Les en- virons d'Horta, son chef-lieu, sont dignes de toute l'attention du naturaliste. Mais sa localité la plus curieuse est sans contredit la Caldeira. Là, le botaniste et le géologue sont assurés de faire une ré- colte abondante, le peintre y trouvera des perspectives inconnues, le poète des. inspirations nouvelles. La zoologie seule, ià comme 85 ailleurs, fait le plus souvent défaut, ainsi que Votre Majesté le verra tout à l'heure. On dit qu’un gentilhomme portugais s'était construit dans ce lieu paisible et retiré une chaumière où il venait, en été, se reposer du commerce des hommes. Aujourd’hui la chaumière a dis- paru, mais la belle et brillante végétation, mais les ravins, les sources, les cascades, le lac bleu, les fleurs sauvages, subsistent tou- jours. Le gracieux vallon connu sous le nom de valle dos Flamengos mérite également d’être mentionné : ce site est réellement enchan- teur. Fayal passe à juste titre pour l'île industrieuse et commerçante par excellence : la baie de Horta est fréquentée par la plupart des bâtiments venant du Nouveau-Monde. L'ile de Pico, si voisine de Fayal qu'on traverse le canal qui les sépare en moins d’une heure, a une physionomie plus sauvage. Ses rivages, couverts d'énormes laves rocheuses, sans cesse battus par des vagues courroucées, ont un aspect sombre et désolé, plein de mélancolie. On fait ainsi des lieues entières sur ces côtes dénudées, sans voir autre chose qu’un sable noirâtre et mouvant, des rochers noirs et bizarement contournés, et çà et là la fleur brillante du Solidago azorica. Mais cette île est justement fameuse par son Pic volcanique (0 Pico), haut de 2320 mètres. De temps en temps, le pain de sucre qui termine cette montagne allière dont la cime porte presque toujours une triple couronne de nuages, lance encore quel- ques bouffées de fumée et dégage des vapeurs sulfuriques. Les gens du pays disent que l’intérieur de la montagne est rempli de feu, et ils ajoutent très-sérieusement « qu'il y a aussi là dedans beaucoup d’or et d'argent. » C’est une tradition invétérée chez eux et quia pour base les parcelles nombreuses de mica renfermées dans les rochers et dans le sable. On aperçoit, dit-on, à vingt ou trente lieues en mer ce cône colossal, placé dans ces parages comme un phare immense pour guider les navigateurs. La production principale de Pico est son vin. La vigne, chose étonnante à voir, croîl sur la lave, au milieu des rochers les plus arides. L'île produit également une grande quantité de fruits estimés, figues, abricots, prunes, coings. Je pensais clore mon voyage par l'ascension du Pic, et couronner par là mon entreprise, quand au moment même où je meltais ce projet à exéculion, élant déjà arrivé à moitié hauteur de la mon- lagne, je ressentis les atteintes d’une maladie dont j'avais puisé le germe dans les fatigues incessantes de ce voyage, et notamment dans les mauvaises traversées de Graciosa et de Florès : une hépatite in- flammiatoire, qui dégénéra bientôt en ictère, me retint près d'un mois au lit et mit terme, pour ainsi dire, à la partie scientifique de mon voyage (15 août). Plus heureux que moi, M. Morelet avait pu 86 faire l'entière ascension du Pic, non sans labeur à la vérité et au prix des plus pénibles incidents. Pendant ce temps là M. Morelet explorait l'île de Terceira; deux semaines d'excursions continuelles l’ont mis à même de bien re- connaître ce point important de l'archipel, et de porter ses investi- galions non seulement sur les environs d’Angra, sur la Caldeira de Santa-Barbara et sur le Caldeiräo, mais encore sur plusieurs localités secondaires, non moins intéressantes pour le naturaliste. Terceira paraît êlre la plus giboyeuse des Açores, et ses pâturages passent pour excellents. Tel est, Sire, le récit abrégé de nos courses, l'exposé sommaire de nos navigations. Sur neuf îles dont se compose l'archipel des Açores, huit ont été visitées par nous. Une seule, San-Jorge, échappe à nos invesligalions ; malgré nolre grand désir, les circonstances ne nous ont pas permis d'y séjourner. D'ailleurs son analogie de constitution et de végélalion avec Pico, et sa proximilé de cette dernière île, nous font moins regreller celte lacune dans l’ensemble de nos opérations. Il me reste maintenant à présenter à Votre Majesté un tableau du résultat de nos recherches. Ce tableau sera court et succinct, comme le comporle ce résumé ; je tâcherai néanmoins de donner à Votre Majesté une idée générale des productions naturelles du pays que nous avons exploré. Ce sera l’objet de la seconde partie de ce rapport. IL. Je commencerai par la zoologie, but principal de ce voyage, et sur laquelle notre attention s’est particulièrement reposée. ZOOLOGIE. Ua fait qui ne peut manquer de frapper l'observateur le moins attentif, en arrivant aux Acores, c’est le peu de développement, dans cet archipel, de la vie animale ; le règne animal y est encore, pour ainsi dire, à l’élat d'organisation, Ce fait peut s'expliquer par deux causes principales : d’une part, la formation peut-étre relativement récente de ces terres volcaniques ; d'autre part, leur complet isole- ment, leur éloignement des continents voisins. Peut-être aussi les phénomènes volcaniques, si terribles et si multipliés dont elles ont élé le théâtre, le manque de forêts et de bois de haute futaie, elc., 87 ne sont-ils pas étrangers à cet état de choses. Quoi qu'il en soit, la plupart des animaux vertébrés sont ceux de l'Europe tempérée et paraissent, en grande partie, avoir été introduits par les colons por- tugais et flamands. Les mammifères sauvages se réduisent à sept ou huit espèces des plus petites; ce sont : une chauve-souris (Vespertilio Leisleri), espèce du nord-ouest de l’Europe, qu'il est assez étrange de retrouver dans cet archipel; le furet (Mustela furo), la belelte (Mustela vulgaris), la souris (Mus musculus), le rat noir (Mus rattus), le surmulot (Mus decumanus), le lapin (Lepus cuniculus). Evidemment la plupart de ces mammifères sont venus à la suite de l'homme, soit par le fait de sa volonté, soit accidentellement. Les mammifères domestiques sont les mêmes que ceux du midi de l’Europe : le chien, le chat, le porc, le cheval, l’âne, ce dernier très-abondant et habituellement employé comme monture pour les voyages et les promenades et aussi comme bêle de somme; le bouc (fort belle race à cornes très-développées, que le Muséum de Paris a jugée digne de figurer dans sa ménagerie), le mouton (peut-être aussi une race à part, petite, à laine très-blanche et très-frisée), et le taureau (j'ai déjà parlé de la race particulière de Corvo, remar- quable par l’exiguité de sa taille). Il n’y a point de chameaux, comme à Madère et aux Canaries. Les oiseaux sauvages sont plus nombreux ; j'estime qu'il y en a quarante espèces au moins. Je ne les ai pas toutes observées, et je ne puis ciler que les principales, savoir : la buse ( Buteo vulgaris), que les Portugais de la découverte ont confondue avec l’autour (açor) et qui a donné son nom à l'archipel ; une chouette (Strix flammea), un bouvreuil (Pyrrhula coccinea), qui peut à bon droit passer pour l'un des oiseaux les plus intéressants de l'archipel, le cini (Fringilla serinus), aussi commun que chez nous le moineau domestique, le pinson de Ténériffe (Fringilla canariensis), autre espèce régionale et intéressante, le roitelet (Regulus cristatus), l'étourneau ( Sturnus vulgaris), le merle (Turdus merula), quelques fauvettes (Silvia atricapilla et rubecula) et bergeronnettes (Motacilla boarula), le pic épeiche (Picus major), deux pigeons (Columba turricola et Col. trocaz), la tourterelle (Columba turtur), la perdrix rouge (Perdix rubra), la caille (Perdix coturnix), des hérons (Ardea purpurea, À. cinerea), la bécasse (Scolopaxæ rusticola), la bécassine (Scolopax gallinago), la poule d’eau (Gallinula chloropus), le sterne pierre-garin (Sterna hirundo), deux goëlands (Larus argentatus, L. tridactylus), quelques canards (Anas nigra), les thalassidromes (Thalassidroma Bulweri) oiseaux que je n’ai pu me procurer malgré mes efforts, et quel- 88 ques autres encore. J'ai recueilli les œufs et les nids des principales espèces. Les oiseaux domestiques sont peu variés : les pigeons de volière, le faisan, le dindon, la pintade, le paon, le coq, le canard, el deux espèces d'oies, l’oie ordinaire, et une autre toute blanche, moins grosse, à bec largement caronculé. C’est avec le plumage de ce der- nier oiseau que se font, à San-Miguel, les fleurs en plumes, si remar- quables quelquefois par leur ressemblance avec la nature ; cette in- dustrie, ainsi que l’oie, viennent du Brésil. L'absence presque complète de reptiles est bien remarquable ; il n’y en a que deux dans tout l'archipel, savoir : un lézard (Lacerta Dugesi), que j'ai découvert à Graciosa el dont personne, avant la rencontre que j'en fis, ne soupçonnait l’existence aux Açores ; il exisle également à Madère; et la grenouille commune (Rana escu- lenta), qui, introduite il y a une trentaine d'années à San-Miguel, pullule aujourd'hui dans toutes les eaux douces de celte île. Les poissons d’eau douce sont pareillement d’une rarelé extrême : les lacs des montagnes renferment tous le cyprin doré de la Chine (Cyprinus auratus), qu’il est assez singulier de rencontrer dans ces conditions ; et dans les petites rivières torrenlueuses qui descendent des montagnes on pêche une anguille (Anguilla canariensis) spéciale aux Canaries, aux Madères et aux Açores, et qui est l’un des ver- tébrés les plus intéressants de ces régions. Je ne me suis occupé que superficiellement des animaux vertébrés marins, faute de temps et de circonstances favorables. Je dois pour- tant citer comme étant plus dignes de remarque, parmi les mammi- fères, le cachalot (Catodon macrocephalus) et quelques autres espèces des genres Delphinus et Phocæna. Les cachalots sont assez communs dans la mer des Açores pour que leur pêche fasse, de la part des baleiniers américains, l’objet d’une industrie étendue. On évalue à cent cinquante environ le nombre des individus annuellement cap- iurés dans ces parages. On dit qu'il y avait autrefois des phoques : si cette allégalion est exacte, ces animaux ont depuis longtemps dis- paru. — Parmi les reptiles, la torlue franche (Chelonia midas) se capture assez fréquemment sur les côtes et fournit un aliment sain et assez agréable. — Les poissons de mer sont nombreux en espèces et très-abondantis; on m'a remis une liste comprenant les noms populaires de plus de cinquante espèces édules et très-connues. Plusieurs de ces poissons sont vraiment délicieux et forment la base de la nourriture quotidienne des Açoréens. L'île de San-Miguel, seule, compte plus de huit cents pêcheurs. Les animaux mollusques ont parliculièrement fixé notre atlention, 89 et c’est sur cet embranchement du règne organique que se sont plus spécialement dirigées nos recherches. Près de soixante-dix espèces de gastéropodes terrestres se sont offertes à nos minutieuses investi- galions, el parmi elles, près de la moilié nous paraîl inédit. Ces mol- lusques appartiennent tous aux genres Arion, Limax, Testacelia, Vitrina, Zonites, Helix, Bulimus, Glandina, Pupa, Balea, Auricula, Cyclostoma, el l'espèce la plus curieuse nous paraît une limace tout à fait particulière, dont la limacelle à spire naissante donnera lieu probablement de créer un genre nouveau (1). Un fait qui nous a frappés, c'est que tous ces gasléropodes habitent presqu'exclusi- vement sous les pierres et dans les feuilles mortes. Jamais on ne les voit sur les arbres, sur les plantes herbacées, rarement contre Îles murs et les rochers, et tous, à l'exception des limaces, de quelques hélices et de certains bulimes, sont de petite taille avec peu de viva- cité dans la coloration. Il n’y a pas, aux Açores, un seul mollusque fluviatile ! Les mollusques marins sont peu nombreux dans ces parages, et en général de petile taille. C’est tout au plus si nous avons pu réussir à nous procurer soixante-quinze espèces, parmi lesquelles un très-petit nombre nous paraît inédit. Les céphalopodes appartien- nent aux genres Argonauta, Octopus, Onychoteuthis, Loligo, Sepia, Spirula. Les gastéropodes, de tous les plus répandus, se rattachent aux genres Carinaria, Bulla, Pedipes, Littorina, Vermetus, Janthina, Liliopa (deux espèces dont une nouvelle), Trochus, Solarium, Sca- laria, Cerithium, Purpura, Nassa (une espèce nouvelle), Cassis, Murex, Tritonium, Columbella, Fusus, Mitra, Oliva, Cyprœa, Halio- tis, Patella (neuf espèces, dont trois nouvelles). Les acéphales appar- tiennent aux genres Hinnites, Pecten, Lima, Avicula, Arca, Pinna, Cardita, Cardium, Ervilia, Tellina, Cytherea, Solen. Enfin la classe des cirrhopodes a présenté trois espèces se rattachant aux genres Analifa, et Balanus. Il est à remarquer és le genre Ostrea fait défaut aux Açores. L’embranchement des animaux arliculés ner in pour être suffisamment connu, plus de temps que nous n’en pouvions dépen- ser. Cependant, parmi les insectes, nous avans accordé une altention particulière à l’ordre des coléoptères, peu riche en espèces locales, à ce qui nous à paru. Ceux que nous avons caplurés comprennent environ soixante espèces appartenant aux genres Calosoma, Pristo- (1) Depuis notre retour en France, il a été reconnu que le limacien en question appartient au genre Viguesnelia, récemment établi par M, Deshayes (Conf. Journal de Conchyliologie, tome V, p.283 et 290). 90 nychus, Calathus, Anchomenus (une espèce nouvelle), Agonum , Argutor, Amara, Anisodactylus, Ophonus, Harpalus, Stenolophus, Acupalpus, Bembidium, Parnus, Dermestes, Saprinus, Onthophagus, Aphodius, Ampedus, Oophorus (une espèce nouvelle), OEolus (espèce nouvelle), Attalus (espèce nouvelle), Dasytes, Opilus, Anobium , Sitones, Oliorhynchus, Laparocerus (espèce nouvelle), Hylotrupes , Clytus, Toæniotes (le T. scalaris, vraisemblablement importé du Brésil), Coccinella, Rhizobius, Blaps, Hegeter, Gonocephalum, Pha- leria, Tribolium, Tenebrio, Anaspiss Sitophilus, Xantholinus, Staphy- linus, Ocypus, Philonthus. Les autres ordres, orthoptères, hémiptères, hyménoptères, né- vroptères, et diplères, sont également représentés par des espèces plus ou moins remarquables. Quant aux lépidoptères, ils m'ont paru peu abondants : ce sont pour la plupart, les espèces communes de l'Eu- rope tempérée se rattachant surtout aux genres Pieris, Vanessa, Sa- tyrus, Macroglossa, Deilophilus, Sphinx, Acherontia, Noctua. Les my- riapodes sont plus nombreux, du moins en individus, et leurs formes assez étranges. Nous avons remarqué en outre quelques annélides d'apparence as- sez parliculière, un petit nombre de crustacés terrestres, et quelques espèces marines dont plusieurs sont édules, se raltachant aux genres Cancer, Grapsus, Nautilograpsus, Homarus, Scyllarus, Palinurus, Palæmon, Phronima. Les arachnides sont plus répandus et paraissent variés en espèces ; malheureusement nous n’avons pu diriger nos observations sur cette classe d'animaux intéressants. Enfin l'embranchement des zoophytes nous a paru, à un degré spécial, digne de l’atlention des zoologistes. La classe des échinoder- mes nous a offert plusieurs échinides et astéries ; celle des acalè- phes, plusieurs béroïdes et médusaires ; celle des polypiers, un assez grand nombre d'espèces curieuses dans les alcyonaires, les madré- pores et les sertulaires; et finalement, les spongiaires ont aussi quel- ques représentants. De la revue qui précède il est aisé de conclure avec nous que l’ar- chipel des Açores, zoologiquement parlant, se rattache au continent européen. | Pour ne point fatiguer l’attention de Voire Majesté par de plus grands délails, je borne là, quant à présent, cet exposé de nos ob- servations zoologiques, heureux si, par ce rapide aperçu, j'ai réussi à vous donner, Sire, une idée approximative de la zoologie de l’ar- chipel qui nous occupe. 91 BOTANIQUE. Bien que les végétaux de l’archipel des Açores aient été déjà l’ob- jet des recherches de plusieurs bolanisles anglais et allemands (Mas- son, Gutnick, Fr. et Ch. Hochstetter, Watson), il est à présumer que le nombre des espèces observées sera encore augmenté, et nous pensons que la brièveté du séjour n’a pas, jusqu'à présent, permis aux naturalistes de prendre une connaissance complète des produc- tions du règne végétal dans ce pays. Le Flora azorica du docteur Seu- bert (1) composé sur les documents et avec les herbiers des Hochs- tetter, et les catalogues de Watson (2), portent à près de quatre- cent-soixante-dix le nombre des végétaux spontanés de ce groupe d'îles. Sans être fort éloigné de la vérité, nous croyons que ce chiffre est un peu au dessous de la réalilé, et que des recherches ultérieures, dans les différentes saisons, accroîtront ce résultat, surtout pour les plantes cryptogames. Quant à nous qui n’avons recueilli que les es- pèces principales, celles surtout qui ont paru propres à l'archipel, nous ne pouvons guère avoir la prétention d’avoir découvert beau- coup de choses nouvelles ; nous avons vu en masse, plutôt qu’exa- miné en détail. Voici cependant quelques plantes spontanées re- cueillies par nous aux Açores et qui paraissent avoir échappé à nos devanciers : Ulex europœus, Trifolium arvense, Tr. patens, Orni- thophus perpusillus, Spergula arvensis, Marrubium vulgare, Chrith- mum maritimum, Erigeron canadensis, Statice limonium, Vinca me- dia, Sambucus nigra, Mentha pulegium, Cynoglossum pictum, Clino- podium vulgare, elc., plusieurs espèces encore imcerlaines appartenant aux genres Ærythrœæa, Rumex, Iris, Equisetum, Epilobium, Cerasus, Papaver, Myrtus, OEnothera, Barbarea, Geranium, etc. et, en outre, - plusieurs acolylédones. Le docteur Seubert partage le sol des Açores en cinq régions bo- taniques : 1° Région de la plaine, ou cullivée ; 2° Région montagneuse inférieure, ou sylvatique ; (1) Seubert. Flora azorica. Bonnæ, 1844; in-4o. cum tab. (2) Watson. Notes on a botanical tour in the Western azores ; in Hooker’s Lond. Journ. of Botany, t. Il, p. 1, 125, 394 (1848); t. III, p. 582 (1844); ett. VI, p. 380 (1847). 92 3° Région montagneuse supérieure ; 4° Région des bruyères ; 5° Région des sommets, ou des pâturages. Ces distinctions sont naturelles et peuvent être adoptées : chacune de ces régions a, pour ainsi dire, sa flore et sa physionomie spéciales. Dans la plaine, ou plutôt au fond des vallées et sur les côtes, au mi- lieu des cultures, brillent entre toutes les fleurs jaunes de l’Andro- sæmum Webbianum, du Solidago azorica, et les capitules blancs et roses du Senecio malvæfolius. On y voit mürir les fruits de la zône subtropicale, la banane par exemple. Dans la région sylvatique, si fraîche, si vivante, si délicieuse, s'élèvent les bois de lauriers et les arbustes à feuilles luisantes, épaisses et presque toujours verles(Lau- rus indica, Perseaazorica, Myrica faya, Picconia excelsa); l'innombra- ble cohorte des fougères déploie son gracieux feuillage, et les ronces (Rubus Hochstetterorum), redoutées du naturaliste, se multiplient avec une rare abondance. À la région montagneuse inférieure appartien- nent plus particulièrement les bois de genévriers (Juniperus oxyce- drus), dont le port rappelle celui du cèdre, les myricas, plusieurs grandes fougères, entre autres le Diksonia culcita, dont le rhizôme soyeux est employé par les habitants à faire des malelas et des cous- sins, et un grand nombre de plantes rares ou éclatantes, propres à l’ar- chipel (Tolpis, Microderis, Bellis, Sanicula, Euphrasia, etc.). Au des- sus, apparaissent les bruyères (£rica azorica. Calluna vulgaris, Myr- sine relusa, Vaccinium) qui recouvrent souvent des espaces énormes mêlées aux genévriers, aux houx, et aux lauriers. Enfin sur les som- mels, occupés le plus souvent par des pâturages, croissent au mi- lieu des rochers plusieurs peliles plantes rabougries (Polygala, Thymus, Agrostis) el même encore les bruyères (Calluna vulgaris, Daboecia polyfolia, Erica azorica). À cette région appartient exclu- sivement le Daphne laureola, que l’on ne rencontre guère qu’à Pico. En résumé, les acotylédones forment un quart au moins de la flore açoréenne ; les monocotylédones sont un peu moins abondants ; plus de la moilié appartient aux dicotylédones. Les arbres indigènes sont peu nombreux et restent le plus souvent à l’état d’arbustes, ce qui tient en partie aux localités dans lesquelles ils croissent, et en partie au déplorable déboisement des montagnes. L'allention des autorités devrait, nous pensons, être éveillée sur ce point, el leur sollicitude pourrait en arrêter les résultats d'autant plus fâcheux, que le reboise- ment par les végélaux exoliques (pins, lauriers, chataigniers) ne compense en aucune façon la destruction des espèces indigènes. A l'étude des végélaux sponlanés se rattache celle des végétaux 93 cultivés ; c’est donc ici le lieu de dire un mot des orangers, de la vi- gne et des céréales. Les Açores passent à bon droit pour la terre classique des orangers. L'île de San-Miguel, seule, exporte annuellement de 100 à 150,000 caisses d’oranges; 50,000 caisses environ sortent des autres îles. Or, ainsi que Votre Majesté ne l’ignore pas, les orangers enduraient depuis plus de dix années une double maladie. Un hémiptère para- site de la famille des gallinsectes, le Coccus hesperidum, venu dit- on des Antilles, avait envahi ces arbres précieux, source de richesse pour le pays, el en attaquant le tronc, les feuilles et les fruits, avait presque ruiné le commerce des oranges. Déjà une maladie de la sève, connue sous le nom de lagrima, et se traduisant au dehors par un suintement gommeux, s'était manifestée chez les nobles arbres et avait menacé de les anéautir. Depuis deux ans, grâce à Dieu, le dou- ble fléau diminue et aujourd’hui il a presque disparu. Déjà les oran- gers ont en partie repris leur vigueur accoutumée, et dans peu de temps il ne sera plus question, aux Açores, ni du {agrima, ni du Coc- cus hesperidum. Malheureusement, nous ne pouvons pas en dire autant dela vigne. Survenue depuis tantôt cinq années, la maladie est actuellement en pleine activité, et l’on ne rencontre partout que des ceps maladifs et rabougris, portant à de rares intervalles des grappes avortées et attein- tes par l’oïdium. Le commerce du vin de Pico n'existe plus à propre- ment parler, et l’île a subi, par cela même, un notable appauvrisse- ment. Une pipe de vin de 500 bouteilles, qui se vendait 30 piasires, ou 150 francs, il y a dix ans, à Fayal, vaut aujourd'hui 100 piastres (500 francs) et plus, et d’une qualité inférieure. San-Miguel ne ré- colte plus de vin depuis plusieurs années. Quand disparaîtra le fléau? C’est ce que personne ne peut prévoir. Les céréales, fort heureusement, sont en bon état de rendement. Partout, cette année, les récoltes du blé et de l'orge ont été satis- faisanties, parlout les greniers sont abondamment fournis. Le maïs, base principale de la nourriture du peuple el de l'habitant des campa- gnes, le maïs se trouverait dans les mêmes conditions, si par malheur un ouragan terrible, éclaté le 24 août dernier, n'avait détruit en trois jours les deux liers au moins de la récolte et dissipé ainsi les espéran- ces que l’on avait jusque là conçues. Probablement à cause de ce désas- tre, sera-t-il nécessaire d'autoriser l'importation temporaire ; les au- torités locales ne manqueront pas de s'occuper sans délai de celte importante question, et de la soumettre au gouvernement de Volre Majesté. 94 GÉOLOGIE. Déjà plusieurs voyageurs ont parcouru l'archipel des Açores en géo: logues, et quelques uns d’entre eux ont publié, sur ce sujet, de sa- vantes et curieuses observations. C’est ainsi que Webster, Mousinho d’Albuquerque, Boid. Vargas de Bédémar, Darwin, et quelques au- tres, ont écrit sur la constitution géologique de ces îles des pages pleines d'intérêt. N'est-ce pas aussi le lieu de citer les cartes levées par le capitaine Vidal, de Ia marine d'Angleterre, et de ren- dre à leur exactitude, à leur fidélité, l'hommage qu'elles méritent ?.… Pour nous qui n’avons fait qu’effleurer, pour ainsi dire, celte branche de l’histoire naturelle, préoccupés que nous étions par d’autres étu- des, nous ne pourrions guère que répéler ce qui a déjà été dit par nos devanciers, et ce qui est trop connu aujourd'hui. Ne serait-ce pas d'ailleurs empiéler, en quelque sorte, sur le terrain de notre savant et honorable compagnon de voyage, M. Hartung, qui se propose de publier le résultal de ses observations géologiques comparatives sur les trois archipels des Madères, des Canaries et des Açores ?.. Je me bornerai donc à résumer ici nos observations principales, n’ayant rien d’ailleurs de bien nouveau à révéler sur ce point à Votre Ma- jesté. Toutes les îles Açores peuvent être considérées comme le produit d’une action volcanique sous-marine ; Loules aussi, par suite des vio: lents cataclysmes dont elles paraissent le résultat, sont des terres élevées, présentant les formes les plus variées, les plus bizarres même, et portant, dans leur relief, un cachet parliculier de pitlo- resque hardiesse. L'époque de leur formation paraît relativement ré- cente. Les éléments géologiques composant leurs chaînes de montagnes et leurs masses énormes de rochers ne sont pas très nombreux ; ceux qu'on y rencontre le plus ordinairement sont : le basalte, le trachyte, les laves basaltiques et trachytiques, présentant d'innombrables mo- difications d'état, de forme et de couleur, des pierres ponces, des conglomérats de scories, de ponces et d’obsidienne, des tufs variés. Les rivages de la mer sont en général bordés de blocs énormes de rochers trachyliques, à formes bizarres, et contenant de nombreux cristaux d'olivine, amphibolie, pyroxène et mica. Partout se révèlent l'empreinte et les traces de l’action des feux volcaniques : toutes les montagnes sont des cratères éteints (Caldei- 95 ras) ou des cônes d'éruption ; le fameux pic de l'île de Pico, haut de près de 7,000 pieds, fume encore quelquefois el dégage des va- peurs sulfuriques et des gaz inflammables ; plusieurs îlots se sont formés à diverses époques sur ce point du globe, et ont élé soudai- nement engloulis (1811 : Sabrina !) ; l’île de San-Jorge a été, en 1808, le théâtre d’une éruption mémorable ; des tremblements de terre plus ou moins violents ont à plusieurs reprises porté l’épou- vanie et la désolation dans l’archipel, notamment à Terceira, San- Jorge, Fayal (le dernier mouvement ressenti date de 1852, à San- Miguel) ; les étonnants volcans d’eau de Furnas, analogues sur une petite échelle aux fameux geysers de l'Islande, sont en pleine activité, recouvrant le sol qui les entoure de dépôts de soufre et de stalagmite siliceuse ; enfin, l’on rencontre à chaque pas, si l’on peut dire, des sources d'eaux thermales et minérales. Santa-Maria seule ne porte pas à sa surface les traces récentes de l'effort des feux souterrains. On y trouve des couches puissantes de terrain calcaire assez riches en débris fossiles, et une argile plastique utilisée pour la fabrication de la poterie. Sur la côte méridionale, au bord de la mer, on rencontre le feldspath vitreux, en cristaux abon- dants. À Graciosa existerait, selon Vargas de Bédémar , une couche de schiste argileux primitif, et à Fayal, non loin de Horta, l’opale commun. Dans la vallée de Furnas, à San-Miguel, on trouve une subsiance minérale assez rare, l’élatérite ou bitume élastique. On rencontre assez fréquemment dans ces îles et notamment à San-Miguel, des troncs de genévriers enfouis profondément, très- légèrement carbonisés el parfaitement conservés. Sans s'arrêter, pour expliquer ce phénomène, à l'opinion des habitants qui font remonter ces troncs au déluge, nous pensons qu'il faut simplement atiribuer ces faits à des éboulements considérables, et à l’action des matières enveloppantes et des vapeurs volcaniques sur les corps en- sevelis. En somme, les Açores sont-elles sorties, par exhaussement et par l'effort des feux souterrains, du sein de la mer; ou bien sont-elles les cimes isolées des montagnes primitives de l'univers; ou bien encore, sont-elles les fragments épars et aujourd'hui isolés d’une grande île (l’Atlantide) et même d’un continent disloqué par une ca- tastrophe violente, comme l’avancent quelques auteurs ?..…. On peut, à cet égard, dire tout ce que l’on veut, mais quoi de certain et quoi de positif ? Et qui sait encore si un nouveau cataclysme ne les fera pas disparaître un jour et s’abîmer dans les flots? Quoi qu'il en soit de leur origine et de leur destinée future, il est constant que ces îles présentent à l'observateur, dans leurs phénomènes géologiques 96 et volcaniques, un sujet inépuisable de profonde méditation. Le spectacle affreux d’une ancienne dévastation, de vastes plaines de laves rejetées des entrailles de la terre en torrents enflammés, des masses compacles et rugueuses d’un aspect sombre et triste, vomies dans les siècles passés et formant aujourd’hui d'énormes montagnes dures et rocheuses ; à côlé de ce tableau ou plutôt au milieu de cet encadrement, une végétation gracieuse, des pâturages toujours verts , des vallées délicieuses, des campagnes fertiles et bien culti- vées, des bois de lauriers et de genévriers, des lacs, des torrents, des cascades ; tout cela pénètre l'homme du sentiment de sa faiblesse, l’oblige en dépit de lui-même à reconnaître le pouvoir mysté- rieux, et incompréhensible, pour lequel ces prodiges ne sont qu'un jeu (1). En résumé, les collections formées pendant ce voyage compren- nent plus de deux cent cinquante espèces animales, trois cents vé- gétaux environ, le tout représenté par un grand nombre d'individus, plus de trois cents échantillons de géologie el de minéralogie, et une série assez complèle des différentes essences de bois de l'archipel ; à quoi il faut ajouter encore bon nombre de documents bibliographi- ques et statistiques, quelques vues et quelques dessins, et enfin, une collection des principaux produits industriels de l’archipel. A ce pro- pos je rappelle ici les fleurs en plumes de San-Miguel, si remarqua- bles le plus souvent par leur ressemblance avec la nature, et les ins- truments de musique fabriqués dans la même île. A Fayal, on utilise les mousses de mer et la moëlle du figuier pour composer des grou- pes variés et des fleurs d’une délicatesse el d'une élégance extrêmes ; la même île produit différents petits ouvrages en fil d’agave el des pa- niers aux formes les plus originales. Les femmes de Pico tressent la paille avec une adresse merveilleuse et en font de très jolis chapeaux à larges bords et différents ouvrages de sparlerie. Florès est re- nommée par ses couverlures en laines de diverses couleurs el ses broderies en dentelles. Ainsi chaque île a, pour ainsi dire, son in- dustrie particulière et sa spécialité. Tel est, Sire, l'imparfait tableau que j'ai l'honneur de vous pré- senter ; tel est le résultat de cinq mois de recherches incessantes. Je ne sais si nous avons trop auguré de nos forces, mais nous avons du moins la conscience de n’avoir point faibli devant les difficultés, de n'avoir point reculé devant les obstacles et d’avoir mené la tâche entreprise à sa fin. Nous nous estimerons trop heureux si, dans notre (1) D’Avezac. Îles de l'Afrique. Paris, 1848, in-8° p, 44. 97 dévouement aux sciences naturelles, nous obtenons l’assentiment de Votre Majesté. Et maintenant, Sire, permeltez-nous de rendre un hommage pu- blic à la parfaite hospitalité des Açoréens. Partout nous avons reçu, des auturités comme des simples particuliers, le meilleur accueil; partout nous avons trouvé aide et assistance et le concours le plus empressé. Parmi les hommes de mérite qui nous ont secondés de tout leur pouvoir, quelques noms sont dignes d’être signalés à Votre Majesté. En première ligne nous devons citer l'honorable M. José do Carlo, de San-Miguel. C’est à ses connaissances étendues, à sa parfaite obligeance et à ses bienveillantes communications, que nous sommes redevables d’une foule de précieux documents concernant San-Mi- guel. Personne ne connaît mieux que lui les choses de son pays. M. le commandeur Antonio Borges, de la même île, nous a prêlé un concours obligeant, et plus d’une fois il nous a permis de mettre à contribution son adresse de chasseur. M. Guillaume Ribeiro, vice-consul de France à Fayal, nous a reçus avec cet officieux empressement que tous les Français qui touchent à Horta lui connaissent , et je lui suis en particulier reconnaissant pour l'hospitalité toute paternelle qu’il m’a donnée pendant le cours de ma maladie. Enfin, comment ne pas nommer la famille de M. Dabney, consul des États-Unis à Fayal, toujours si empressée pour les étrangers, et toujours prête aussi à les obliger avec cette délicatesse et cette dis- tinclion qui semblent héréditaires chez elle ? C'est un devoir pour nous de porter , en celte occasion, ces noms à la connaissance de Votre Majesté, et cet hommage rendu au talent, à la distinction et à l'hospitalité, n’est que l’acquittement partiel et imparfait de la dette de la reconnaissance. Nous n’oublierons pas non plus que nous sommes en partie re- devables de cet accueil, qui n’a pas peu contribué à la réussite de notre voyage, aux hautes recommandations dont nous étions munis, et aussi à des lettres émanées d'un savant aussi éminent que modeste, d’un de ces hommes d’élile dévoués à leur patrie et qui contribuent de tout leur pouvoir à l'avancement des sciences : j'ai nommé M. le docteur Bernardino-Antonio Gomès, médecin de Votre Majesté, pro- fesseur d'histoire naturelle médicale, de matière médicale et de phar- macie à l'École de médecine et de chirurgie de Lisbonne. Mais,ce qui restera toujours présent à notre souvenir, c’est l'inlé- rêt que daigne prendre à nos études et à nos travaux un jeune Sou- verain, aussi distingué par l'étendue de ses connaissances acquises 7 98 qu'heureusement doué par la nature, c’est le bienveillant accueil qu'il a bien voulu nous faire, ce sont enfin les faveurs parliculières qu'il s’est complu à nous accorder. C'est dans ces sentiments, Sire, que je prie Dieu de vous accorder une longue el heureuse vie, et que je demeure, avec le plus profond respect, De Votre Majesté, Le très-humble et très-obéissant serviteur. Henri DROUET. Ile de Pico, septembre 1857. Structure ‘de la glande à venin, dans Le genre VIPERA et le genre CERASTES. 6. gr. Angers , lith. E.Barassé DE LA STRUCTURE DE LA GLANDE À VENIN DANS LE GENRE VIPERA ET LE GENRE CERASTES, Dans les animaux appartenant aux genres vipera (qui se trouve fréquemment en France) et au genre cerastes (qui habite les sables de l'Afrique septentrionale et principalement de l'Algérie) le venin est sécrélé par une glande particulière, située en arrière des yeux, en dessus de la mâchoire supérieure, dans la fosse temporale dont elle oc- cupe la plus grande partie. Placée, comme le serait la glande sus-maxil- laire des serpents non venimeux, elle en diffère par la nature toute spéciale du liquide qu’elle secrète, et par sa structure anatomique. Des ‘ recherches, commencées il y a deux ans, sur la vipère de nos pays, el que j'ai pu conlinuer cette année sur deux individus vivants de cerasles ou serpent cornu, que j'aireçus d'Algérie, m'ont permis de con- naîlre complétement laslructure de ces glandes, qui n'avaient été jus- qu'à présent décrite que d’une manière {rès imparfaile par les anato- mistes, el dont je n'avais moi-même, en 1855, pu faire une anatomie salisfaisante dans mon mémoire sur la vipère, son venin et sa morsure. Le procédé auquel j'ai eu recours pour pouvoir arriver à une étude complète des glandes à venin, consiste à les faire macérer pendant quelques heures dans une solution aqueuse d'acide tartrique. Sous l'influence de cel agent chimique, le tissu musculaire, les aponé- vroses qui entourent la glande sont réduits à l’élat d'une matière gé- latinoide, dont la séparation s'opère très facilement, tandis que le tissu glandulaire n’est pas attaqué et peut alors être examiné avec la 100 plus grande facilité sous le microscope; et par suite l'observateur peut en donner les détails sans crainte d’être induit en erreur par des por- tions de tissus étrangers. D’une manière générale on peut distinguer dans l’appareil vénénifique d’une vipère trois parties : l'organe sécré- teur, le conduit excréleur, et le crochet ou organe inoculateur. Les crochets ou dents venimeuses sont situées des deux côtés de la bouche, en avant et portés par les os sus-maxillaires. Comme on lesait, c’est par un mouvement de bascule de l’os sus-maxillaire sur le palato- maxillaire que l'animal peut à volonté redresser ces crochets, ou les appliquer le long des os ptérygoïdiens. Ces dents, comparées aux lon- gues canines des animaux carnassiers par les anciens qui les nom- maient chiendents (1) sont remarquables par le canal qui les traverse pour donner passage au venin. Pour que l'introduction du venin se fasse avec plus de certitude, le canal au lieu d’être prolongé jusqu’à l'extrémité libre du crochet, vient former un sillon sur sa courbure antérieure; un fait très remarquable que présentent les serpents veni- meux, c'est l'existence derrière chaque crochet bien développé et apte à rendre à la vipère tous les services qu'elle peut en attendre, d'autres moins avancés dans leur développement, reslant cachés dans les replis de la muqueuse et qui sont destinés à remplacer les crochets quand ils tombent : on lrouve ainsi cinq ou six dents venimeuses d'autant plus développées qu’elles sont placées plus en avant, et dont chacune vient à son tour s'implanter sur l’os sus-maxillaire, chaque fois que l'animal dans une morsure a perdu un crochet bien déve- loppé. La glande à venin est enveloppée par la base dilatée du muscle plerygoïdien externe, qui lui forme surtout à sa partie antérieure une enveloppe blanchâtre nacrée très résistante. Sa couleur est blanc jaunâtre, son aspect comme spongieux. Traitée par l'acide tartrique étendu d’eau, elle s’est présentée sous l'aspect d'’ampoules ou acinis de forme variée, entières ou bilobées, venant déverser le produit de leur sécrétion dans un tube commun. Les ampoules dont la figure I donne une idée très exacte ont de quatre ou six centièmes de milli- mètre de longueur sur deux ou trois cenlièmes de millimètre de largeur. On ne saurait mieux comparer la disposition de ces acinis sur leur conduit excréteur qu'a celle des pétioles d’une feuille pen- née par rapport au pétiole commun : et l'aspect général que présente la glande par suite de cette disposition, est parfaitement rendue par (4) (La vipère) A qui l’on voit sous peau deux chiendents fort mortelles Vomissant le venin, mais bien plus aux femelles. (Grévin, ©spraxx de Nicander p. 24). 101 l'expérience pinnatified structure que Home a employée pour cette glande. Le venin sécrété par les acinis coule dans les conduits excréteurs primaires au nombre de cinq, six, sept ou huit principaux pour se rendre dans un canal commun, le plus ordinairement nommé ré- servoir. Outre ces conduits principaux qui forment avec les acinis qui les entourent autant de lobes bien distincts, on trouve à l’origine du canal principal un nombre de petits lobules très variables sur les in- dividus, mais souvent assez peu distincts les uns des autres. Les lo- bes principaux de la glande sont toujours plus ou moins flexueux, et quelques uns, surtout les plus postérieurs, semblent formés de l'ac- colement de deux lobes plus petits. Le canal ou conduit excréteur du venin part de la partie antérieure de la glande, passe au dessous de l'œil et vient déboucher à la partie inférieure de l'os sus-maxillaire, dans la tête du crochet avec le con- duit duquel il se continue. Il est étroit et cylindrique et suit une di- rection horizontale, quoique cependant sa partie dentaire soit un peu plus élevée que sa partie glandulaire. Vers sa partie moyenne, un peu au-dessus du bord inférieur de l'orbite, il offre un renflement ovoïde, long de trois dixièmes de millimètre environ sur un à deux de large. Ce renflement, qui a été nommé par les auteurs réservoir à venin, examiné au microscope, m'a offert dans ses parties un système glanduleux particulier, non encore décrit. Ce système glanduleux consiste en unesérie defolliculessimples, allongés, situés dans la paroi même du réservoir et venant y déverser le produit de leur sécrélion. Ces organes, qui paraissent beaucoup plus nombreux à la partie pos- térieure du réservoir qu'à sa parlie antérieure, sont longs de cinq à six centièmes de millimètre et larges de un à deux centièmes de milli- mètre : chacun d'eux paraît s'ouvrir directement dans le réservoir et ne pas avoir de conduit commun à plusieurs follicules. Quelle est l'utilité de ce système sécrétoire nouveau? sert-il à sécréter le prin- cipe qui donne un produit de la glande toxique ? est-il une sorte de prostate, qui donne un liquide chargé de rendre le produit de la glande plus fluide ? je ne puis répondre à cette question et je crois irès difficile, pour ne pas dire impossible, de donner une solution. L'examen du canal excréleur, de cette dilatation qu'on a nommée réservoir du venin, ne me permet pas de lui reconnaître le caractère du réservoir : en effet son diamètre transversal ou longitudinal est si faible qu'elle ne pourrait guère remplir la fonction qu'on lui at- tribue, et d'autre part je ne vois guère la nécessité d'un réservoir spacieux pour contenir le venin, tel que l'ont décrit et figuré les au- teurs, et je suis plus disposé à croire que, chez la vipère, la sécrétion 102 se fait d’une manière active seulement au moment où le besoin d’une afflux de liquide se fait sentir, exactement comme il y a augmen- talion d’activilé dans la sécrétion de la salive chez l'homme au mo- ment des repas. Si le liquide sécrélé ne s'écoule pas continuellement par le canal du crochet, cela tient à ce que le crochet en se repliant le long de l’os palato-maxillaire, détermine un pli prononcé dans la direction du conduit, et par suite obstrue le canal en rapprochant ses parois l’une contre l’autre. Quand, au contraire, le crochet est redressé, le pli disparaîl et l'écoulement du liquide venimeux se fait sans obstacle. Dans un travail très intéressant du docteur Thisseire sur la vipère céraste, ce médecin dit s'être bien trouvé de l'emploi du suc de l'Euphorbia Guyoniana. Il serait très intéressant de vérifier, si l’oc- casion s’en présentait, l'efficacité du suc de nos euphorbes dans le cas de morsure par la vipère de nos pays. On objectera peut-être que ces plantes sont moins actives que leurs congénères d'Algérie, mais il ne faut pas oublier que le venin de la vipère de nos pays est bien moins redoutable que celui de la céraste. Voici le mode d'emploi in- diqué : mellre dans uu verre d’eau huit goulles du sue laiteux qui découle des tiges coupées de la plante et faire avaler au malade; une heure après prendre un second verre, mais avec cinq goulles seu- lement de suc; deux ou trois heures plus tard donner une troisième dose à cinq gouttes. Dans l'intervalle faire prendre une tisane slimu- lante et sudorifique avec quelques gouttes d’acétate d’ammoniaque. J.- LÉON SOUBEIRAN. SUR LES ABEILLES ET SUR LE MIEL Longtemps on a cru qu’une seule espèce d’abeilles, l’Apis mellifica, fournissait à l’homme dans les diverses régions du globe, les produits dont il irait profit ; mais aujourd’hui la question est micux éclairée, el outre que nous connaissons un assez grand nombre d’abeilles, dont le miel est employé dans différentes contrées, il a élé reconnu que les abeilles, dont les anciens exploitèrent les produits, n’appartenaient pas à l'espèce généralement cultivée en France (1). En 1819 Latreille dans son mémoire sur les insecles peints ou sculptés sur les monuments antiques de l'Egypte (Mém. du mus.d'hist. nat.,{. v, p.249) a démontré que les Egyptiens, qui très probablement sont le plus ancien peuple du monde qui ait observé les abeilles, tiraient leur miel de l’apis fasciata : mais très probablement ils récollaient seulement le miel fourni par des essaims sauvages, car rien ne démontre qu'ils soient, comme on a voulu le dire, les plus anciens apiculteurs du monde ; en effet les hypogées et les autres monuments sur lesquels les anciens Egyptiens ont figuré leurs animaux domestiques et aussi des espèces sauvages, soit indigènes soil étrangères à leur pays, donnent seule- ment des représentalions des abeilles et des vases qui servaient à recueillir le miel, mais rien qui ressemble à des ruches.— Quant aux Grecs et aux Romains, très certainement ils ont peuplé leurs ruches d’une autre espèce, l'apis ligustica, qui vil sauvage dans l’Europe mé- ridionale, tandis que les peuples du nord ont tiré parti de l'existence (1) Pline, dans le livre XI de son Histoire naturelle, insiste en plusieurs endroits sur la différence des produits des abeilles dans les divers pays, mais faut-il voir dans ce fait la preuve que cet auteur connaissait les différentes espèces d’abeilles ? Des variations, sur lesquelles nous insisterons plus tard, nous semblent permettre de répondre négativement. 104 chez eux de l'apis mellifica. Mais à quelle époque ont eu lieu les pre- mières tenlalives de domesticalion de ces précieux insecles, c'est ce que les documents historiques ne permettent pas aujourd'hui de préciser neltement, mais tout le monde est d'accord pour reconnai- tre qu’elles doivent remonter à une haute antiquité. L'étude comparalive des différentes espèces d'apis nous paraît devoir être réunie à quelques considérations relatives à l'acclimalalion, et par lesquelles nous désirons terminer ce travail. Nous commencerons donc immédiatement l'étude du miel , qui forme la partie principale de notre étude, et quand nous aurons exposé tous les faits qu’il nous semble intéressant de faire connaîlre à nos confrères, nous repren- drons plus sûrement les questions relatives à l’acclimalalion et nous lâcherons de faire passer dans vos esprits la conviction dont nous sommes animé. Le miel aujourd’hui n’est plus considéré par personne comme un don du ciel (4erü mellis cælestia dona, Virg.), comme la salive des as- tres (quadam siderum saliva, Pline), le résultal de l’expectoration des éloiles (stellarum sputum esse somniant, Thom. Mouffei) ; tout le monde sait que les abeilles le produisent, ou pour mieux dire le re- cueillent et l’élaborent, apes mellis non opifices sed collectrices tantum (Pline). Mais par quels moyens ces industrieux insectes recueillent-ils et modifient-ils le nectar des fleurs? L'appareil buccal est organisé de la façon la plus admirable pour arriver à ce but. Avant d'entrer dans la descriplion de cet appareil que Réaumur le premier a su voir tel qu'il est conslilué, rappelons qu'avant cet illustre naturaliste, on croyail, avec Swammerdam, qu'il existait une trompe qui per- mettait à l’abeille de pomper le suc des fleurs ; aujourd'hui il est re- connu de tout le monde que l'abeille lèche plutôt qu’elle ne pompe. Pour recueillir le nectar, dont elle doit faire le miel, l'abeille possède une languelte, à laquelle on a mal à propos conservé le nom de trompe, allongée, étroite, obluse, couverte de stries transversales et de poils dirigés de sa base à son sommet. La base de cette languette esl portée sur un pédicule court, tronqué en avant, atténué en ar- rière, puis brusquement et considérablement dilaté : sa partie atté- nuée porle deux paraglosses, ou oreilles Lrès courtes, presque lancéo- lées, obtuses, et légèrement velues ; en arrière des paraglosses, sont deux palpes labiaux plus longs qu'eux, mais plus courts que la lan- guette, dirigés d’arrière en avanl et de dedans en dehors, tubulés, et formés d'articles inégaux ; plus en arrière encore sont deux mâ- choires lancéolées, subulées et offrant une sorte de nervure médiane. — L'ouverture buccale, située à la partie supérieure de la base de la languette, est fermée par un petit lobe charnu triangulaire, que Réau- 105 mur nommait la langue: elle communique immédiatement avec un œæsophage délié, et laisse exsuder une goutlelette de miel quand on comprime le corps d’une abeille (Moquin-Tandon). Les abeilles ne font-elles que puiser le miel sur les différentes par- ties des plantes ou font-elles subir dansleur estomac une élaboration plus ou moins marquée aux produits qu'elles ont ingérés ? Les expé- riences de mon grand père Bosc, qui a enfermé des abeilles avec du sucre blanc et a obtenu cependant de ces insectes du miel (à la vérité moins sirupeux que celui recueilli dans les campagnes), celles tentées d'autre part par l'illustre Huber qui a expérimenté avec de la casson- nade, démontrent bien évidemment qu'il se fait une élaboration dans l'estomac de l’abeille, avant qu’elle ne dégorge son butin dans les al- véoles, où elle emmagasine ses récoltes. Mais de ce que ce fait estbien constalé, ne tirons pas la conclusion que le suc des fleurs n’a au- cune importance sur la constitulion et la composition du miel; ce serait une grave erreur, et nous le démontrerons bientôt. Les abeilles, les plus habiles des hyménoptères pour trouver le suc mielleux des plantes, comme dit Burdach, quittent la ruche le matin, car c’est l'heure où le plus grand nombre de fleurs s’épanouissent, et restent dehors pendant toute la journée, à moins que la chaleur ne soit trop forte, auquel cas elles rentrent vers le midi pour ne plus sortir que vers le soir. Pour puiser les sucs dont elles doivent faire provision, elles parcourent la campagne, quelquefois à des distan- ces très considérables, mais quand elles trouvent à leur proximité les plantes qui leur conviennent, elles s’y rendent de préférence pour éviter de trop longs voyages qui détermineraient une grande fatigue el une perte de temps considérable. Elles bulinent de fleur en fleur. disent quelques auteurs, les poètes surtout, maisil paraît résulter des observations minutieuses de Sprengel, au rapport de Burdach, que ce n’est là qu’une image poélique, car ce patient observateur a remar- qué que, quand le matin les abeilles avaient puisé le nectar des renon- cules, elles continuaient tout le jour à demander leur butin à cette espèce de plante, bien qu’on leur offrit en abondance du fenouil et d'autres herbes aromatiques, sur lesquelles cependant elles se jettent d'ordinaire avec passion. | Quoique le miel qu’elles ont recueilli ait passé par l'estomac de ces insectes avant d’être déposé dans la ruche, il conserve encore en par- tieles qualités physiques qu'il avait dans la fleur : c’est ainsi que Com- merson a trouvé que les abeilles de l’île Bourbon, donnent un miel qui a le parfum des fleurs de l’Acacia heterophylla, tamarinier des hauteurs. MM. Biol et de Candolle ont remarqué, le premier dans les îles Baléares et le second dans les environs de Narbonne, que le ro- 106 marin seul donnait au miel de ces deux pays ses qualités supérieures, et desobservations positives confirment la vérité de ce qu'ils avaient soupçonné (1). Paul-Louis Courrier dit aussi: «La fleur d'orange est » cause qu'à Reggio, au royaume de Naples, on a du miel beaucoup » meilleur que celui de Virgile. Les abeilles de l’'Hybla ne paissaient » que le ihym, n’avaieni point d'oranger. » Le miel du mont Hymette doit son goût exquis avec juste célébrité aux labiées qui couvrent cette montagne ; celui de la Provence, à la lavande, et ceux de Valence et de Cuba à la fleur de l’oranger (2). C’est aussi grâce à celte influence d’ane flore plus riche et plus parfumée dans les pays chauds, que l’on peul expliquer cette assertion de Cardan que le miel des pays chauds est meilleur que celui des pays froids (3). Mais s’il est des plantes qui permettent aux abeilles de récolter un miel plus exquis, plus parfumé, il en est d’autres qui peuvent lui communiquer des propriétés moins parfaites, qui, dans quelques cas même, peuvent lui donner des vertus délétères, et les exemples ne manquent pas dans la science qui viennent confirmer celte asserlion. Le père de l’a- gricullure française , Olivier de Serre, avait parfaitement reconnu cette influence des plantes sur la qualité du miel, car il dit nelle- ment que les fleurs de l’orme , du genêt, de l'euphorbe, de l’arbou- sier el du buis, donnent de mauvais miel. C’est ainsi que Seringe a rapporté le fait de deux pâtres suisses qui sont morts empoi- sonnés pour avoir mangé du miel recueilli par des abeilles, qui l’auraient puisé sur un des Aconitum lycothonum et napellus. La Bil- lardière, au rapport de M. Couverchel (4), pense que la ciguë du Le- vant (Cocculus suberosus DC.) communique ses propriélés au miel de l'Asie Mineure, qui, bien que sucré, est souvent d’un usage très dangereux. Tout le monde se rappelle que lors de la retraite des dix mille (5), les soldats grecs qui mangèrent du miel dans la Colchide, furent pris de délire furieux et éprouvèrent tous les symptômes d’un empoisonnement. Tournefort, qui visita les mêmes contrées (6), a reconnu que ces faits, contestés par quelques auteurs, étaient iden- tiques à ceux qui se présentent encore quelquefois en Mingrélie (la Colchide moderne), et qu'on devait attribuer ces accidents à ce que les abeilles allaient récolter le nectar sur les fleurs de l’Azalea pontica et (1) Bibliothèque des propriétaires ruraux. Juillet 1807. (2) Revue Britannique. Mai 1835 (3) De varietate rerum. Caput XXV. (4) Couverchel, Traité des fruits, p. 644. (5) Xénophon, De expeditione Cyri, liv. IV. (6) Tournefort, Voyage du Levant, t. II, p. 228. 107 peut-être aussi sur celles du Rhododendron ponticum. Des phénomènes analoguesont été observés par B.-S. Barton (1) pour du miel récolté par des abeilles sur des plantes de la même famille, lelles que Kalmia an- gustifolia, latifolia et hirsuta et sur l'Andromeda mariana. A l'appui de nolre assertion nous rappellerons enfin le cas si curieux d’empoison- nement de notre regrettable maître, M. Auguste de Saint-Hilaire (2), qui sur les bords du Rio de Santa Anna (Amérique du sud) faillit périr pour avoir goûté quelque peu du miel recueilli par une guêpe, le Po- listes Lecheguana sur une espèce de Paulinia. C’est probablement à une cause analogue qu'il faut rapporter la mort de ces deux médecins de Rome qu’un homme empoisonna avec du miel, comme le rap- porte Gallien (3). En même temps que les abeilles puisent dans les fleurs le miel, tan- tôt inoffensif, tantôt délétère, dont elles doivent remplir leurs ruches, ellesaccomplissent une autre fonction, dont l'importance ne peut être contestée par personne. Elles sont un des instruments, variés à l’in- fini, dont le Créateur se sert pour déterminer la fécondalion des plantes. En pénétrant dans les fleurs pour chercher le suc que sé- crèlent les nectaires presque toujours placés dans le fond de ces par- lies de la plante, elles chargent de grains de pollen les poils nombreux dont leur corps est muni, et transportent ainsi les corpuscules proli- fères sur des pistils, qui sans elles seraient privés de ce contact fé- condateur ; et c’est sans doute pour que l'acte si important de la fé- condation soit assuré, que l'abeille continue pendant la journée entière à butiner sur des fleurs analogues à celle qui la première lui a livré son suc parfumé. C’est certainement aussi pour favoriser l'acte essentiel de la production des graines, espoir d’une future végétation, que l'abeille attirée d’abord par l'éclat des fleurs staminées, n’y trouve que de faux nectaires, qui ne lui donnent aucun sucre, s'y précipite et se charge des grains polliniques, qu'elle porte plus tard dans les fleurs staminées, moins brillantes, mais aussi qui renfermeni la ma- lière objet de ses recherches (Burdach). L'influence que les localités exercent sur la qualité du miel s’expliquera facilement pour nous par l'influence qu’exerce la flore différente dans chaque pays, suivant le climat, la lalitude, elc. La saison influe aussi pour les mêmes causes ; el en nous rappelant les fails que nous avons énoncés tout à l'heure, nous ne nous étonnerons (1) Transactions of American Society of Philadelphia, t. V, p. 51. (2) Relation d’un empoisonnement causé par le miel de la guêpe Lecheguana (Histoire des plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay, liv. V, p. 139). (3) Gallien, Opera, lib, I, cap. a. 108 plus si les marchands de pain d'épice de Rheims préfèrent le miel du printemps à celui de l'été : c’est que le premier est recueilli sur le saule marceau, et celui de l’automne est récolté au contraire sur le sarrazin (Bosc el Allaire). M. A.Siau (1) dans un travail trèsintéressant, a indiqué qu’à Argelès- sur-Merle miel de la première récolte (mai) estroux et peu estimé (il a été récolté sur des labiées mêlées de nombreux borraginées el d’Osyris aromalique) tandis que celui de la récolte d'août est blanc, mais il est récolté sur les albères, dont la flore est plus exclusivement aromati- que : à Rivesalles le miel de la récolte de mai, provenant des fleurs des cistes et des labiées, est blanc et parfumé; celui de la récolte d'août, qui provient des genêts et des légumineuses, est roux et moins beau. Un autre fait {rès curieux que nous emprunterons à M. Siau, mais qui a besoin d’être confirmé par une observation attentive, c'est que l'on croit avoir remarqué, dans les cantons viticoles des Pyrénées- Orientales, que la mortalité sur les abeilles est beaucoup plus grande depuis que l’oïdium existe. Puisque les fleurs exercent un influence aussi marquée sur la qua- lité du miel que fournissent les abeilles, le cultivateur a-t-il à sa dispo- silion quelques moyens qui lui permettent de remplir en toutes saisons ses ruches de miel de belle qualité? Un des moyens qui paraît avoir une heureuse influence. et qui est employé non seulement en France, dans le Roussillon, mais aussi à l'étranger, consiste à faire voya- ger les abeilles et leurs ruches. Quand les plantes qui fournissent le meilleur miel vont passer fleurs, il faut transporter ses essaims en des contrées plus heureuses, et c’esl ainsi qu'opèrent les Egyp- tiens, au rapport de Nieburh, qui a rencontré sur le Nil, entre le Caire el Damielle, un convoi de quatre mille ruches. « Dans la basse Egypte » On fait remonter les abeilles à la haute Egypte ; pendant trois mois » que dure le voyage, les baleliers qui les transportent, s'arrêtent » chaque jour dans les lieux où ils trouvent de la verdure et des » fleurs (2). » Dans le Roussillon le transport au lieu de s'opérer par eau, Se fail à dos de mulet et la nuit, et comme les distances à par- courir ne sont toujours que très faibles, de quelques lieues, les in- convénients de ce mode de transport ne se font pas sentir d’une ma- nière désastreuse sur les essaims. Ces courses, qu’on ne saurait mieux comparer qu’à celles des troupeaux transhumants, offrent de très grands avantages ; loute- (1j A. Siau, sur l’industrie abeïllère des Pyrénées-Orientales. 1858. (2) Conquêtes des Français en Egypte, p. 229, note 17. 109 fois elles ne sont pas toujours possibles. En toute circonstance il faudra examiner avec grand soin quelles conditions présente le pays où on veut établir des ruches : c’est ainsi qu’un pays sec est plus pro- ductif qu’une contrée humide parce que les plantes y sont plus ri- ches en nectar, etsont en même temps plus odoriférantes. La flore doit être à son maximum de développement vers la fin de l'été et l’au- tomne, car c’est alors l’époque où les abeilles travaillent le plus acti- vement à faire leurs provisions d'hiver : c’est en raison de cette abon- dance de la floraison, vers cette époque, des bruyères et dusarrazin, que dans quelques contrées, qui donnent des produits moins parfaits que les localités plus méridionales, on s’adonne plus particulièrement à la culture des abeilles, la quantité remplaçant la qualité. La chaleur du lieu où l’on place ses ruches doit être bien étudiée par l’agriculteur qui peut, s’il n’y prend suffisamment garde, perdre ainsi le fruit de ses pei- nes ; c’est ainsi que dans le canton de Millas (Pyrénées-Orientales), le miel est de deuxième qualité, malgré l'excellence de la flore prédo- minante, mais les paysans ne s’y préoccupent pas assez des graves inconvénients de l'exposition des ruches au soleil, bien que l’expé- rience leur ait démontré que mieux vaut trop d'ombre que trop de soleil, surtout dans les pays méridionaux (A. Siau). La récolle du miel, en France, se fera mieux en septembre qu’en octobre, contrairement à ce qui se pratique presque parlout, car les abeilles, jouissant encore de quelques beaux jours, peuvent réparer - quelque peu la brèche que l’on a faite à leurs provisions. Quand on habile un pays, où sous l'influence des saisons la flore change complétement de caractère, il sera bon de fractionner sa récolte el d'en faire concorder les époques avec les changements de végétation, de telle sorte qu'on puisse conserver séparément des miels dont les qualités ne seront pas identiques. Quant aux procédés à employer pour se rendre maître du miel d’une ruche, nous laisserons ici le choix à chaque apiculteur, car ces considérations nous feraient sor- tir du cadre que nous nous sommes tracé, et nous nous contenlerons de manifester notre préférence pour tout procédé qui permetlra de faire la récolte sans Luer les abeilles, car nous ne pouvons donner notre approbation à une méthode barbare, bien digne des Goths, auxquels on l’attribue. Le miel que laissent exsuder les gâteaux, placés sur des claies et exposés à une douce chaleur, a reçu le nom de miel vierge ; c'est tou- jours le meilleur. Celui que l’on obtient ensuite par l’action d’une chaleur plus intense et d'une compression plus ou moins forte, est moins bon, et le sera d'autant moins que l’on aura porté ces moyens adjuvants à un plus haut degré. Le miel ainsi obtenu est débarrassé 110 par le repos des matières étrangères qui le souillent, couvain, reste de cire, etc., et constitue alors le miel du commere. Mais, avant d'aller plus loin, examinons avec soin quelle est la com- posilion chimique du miel dans la ruche, et quelles modifications il éprouve lorsqu'il est conservé pendant un lemps plus ou moins long. Les recherches que mon père a faites (1) à ce sujet l’ont conduit à ad- mettre que le miel dans la ruche, ou pour mieux dire au sortir de la ruche, est formé de sucre cristallisant en grains et désigné ordi- nairement sous les noms de sucre de raisin, de miel, ou de glycose, et de deux autres sucres : l’un qui ne se transforme jamais en sucre en grains, et qui jouit de la propriété de dévier très fortement à gauche les rayons de la lumière polarisée ; son pouvoir rotaloire est presque double de celui du sucre interverli par les acides ; l'autre, qui se distingue du sucre en grains en ce qu'il n’est pas intervertible par les acides, et du sucre liquide en ce qu'il dévie à droite les rayons de la lumière polarisée. À mesure que le temps qui s'écoule depuis que le miel est extrait de la ruche devient plus considérable, la proportion d’abord assez forte de ce sucre dans le miel, diminue peu à peu et il finit par disparaître entièrement. Quels sont les signes caractéristiques d’un miel de belle qualité ? A ce sujet les avis sont un peu différents dans les divers pays, el c’est ainsi que les Orientaux n’apprécient que le miel jaune, préten- dant que celui qui est de couleur blanche n’a pas été suffisamment élaboré par les abeilles, tandis que chez nous les miels les plus blancs sont estimés plus que ceux qui sont colorés. Aussi ne serons-nous pas étonnés de voir que les marchands usent de plusieurs procédés pour lui donner la blancheur qui lui manque souvent. Quoi qu’il en soit, il existe des miels très colorés qui cependant sont de première qualité, car ils offrent au plus haut degré les caractères d’odeur suave et aromatique, de saveur parfumée et sucrée, de consistance grenue que l’on doit demander au miel. Remarquons cependant qu'en France la blancheur est presque toujours le signe d’une bonne qualité, ex- cepté dans le cas de falsification. On doit préférer le miel qui est ie plus nouvellement déposé dans les alvéoles, c’est-à-dire celui du printemps, à celui de l’aulomne ; celui des jeunes essaims est meil- leur que celui des vieux, les gâteaux, dans ce cas, élant moins souil- lés de matières étrangères. Pour conserver le miel il faut le tenir dans des barils ou vases de terre que l’on place dans des lieux où la température reste toujours assez basse : on évite ainsi la fermentation qui fait perdre au miel (4) Composition du miel. (Jour. de pharm. t. XVI, p. 252, 849). 111 beaucoup de sa qualité. Une précaution que prennent les marchands de miel et qui leur permet de conserver leur miel avec une belle appa- rence, consiste à le laisser dans les vases où il s’est solidifé, car, en le transvasant, on détruit l’arrangement queses molécules avaient pris pendant leur concrétion, el par suite il s’allère beaucoup plus vite. Lesmiels ducommercefrançaisse distinguent en plusieurs qualités : 4° miel blanc surfin ou miel vierge, que l’on oblient tel qu'il découle des gâleaux mis au soleil ou exposés à une température très modé- rée ; 2 miel blanc fin, oblenu des gâleaux brisés, et soumis à une chaleur un peu plus forte ; 3° miel jaune ou ordinaire, de qualité in- férieure, oblenu par pression (il contient toujours de la cire, d'autant plus que la pression a élé plus forte); 4° miel brun, toujours chargé d’impuretés ; il résulte de la dernière pression. Suivant les provenances on distingue : 4° le miel de Narbonne, très blanc, grenu, odoriférant , à saveur aromatique très prononcée due à ce que les abeillles le recueillent presque en totalité sur des plan- tes odoriférantes telles que lavande, romarin, etc. Sous ce nom on désigne tout le miel du Roussillon, qui fournit la majeure partie du miel dit de Narbonne. Son goût très aromatique fait qu’il n’est pas toujours recherché à Paris autant qu'il mériterait de l’être ; 2° le miel du Gatinais, le plus employé à Paris, moins aromatique que le miel de Narbonne, quelquefois moins blanc. Les qualités inférieures sont d’un jaune plus ou moins citrin, se durcissent moins que le miel de Narbonne , et entrent facilement en fermentation : il est récolté par les abeilles, sur les bruyères et sur les safrans qu’on cultive abon- damment dans le pays; 3° le miel de Normandie ou miel d’Argences, analogue aux bonnes qualités de Narbonne et du Gatinais ; ce miel, qui est presque exclusivement réservé pour la table, se vend en petits pots de grès dit canettes ; 4° le miel de Bretagne, plus ou moins rouge, toujours de qualité commune, qui doit son goût et son odeur parli- culiers au sarrazin, Polygonum Fagopyrum, sur lequel les abeilles le butinent. | Comme bien d’autres substances, pour ne pas dire comme toules les substances alimentaires, le miel a été l’objet de frandes nom- breuses, destinées à lui donner la blancheur qui lui manque souvent, ou l’apparence d'autres qualités qu'il ne possède pas. C’est ainsi qu’on y a mêlé de l'amidon, de la craie, du blanc de Briançon, mais le dé faut de solubilité de ces subslances dans l’eau, permet de découvrir promplement leur adjonction, qui se pratique depuis longtemps, puisque Cardan (1) au XVI:siècle, indique la farine de millet comme (1) De sanitate tuenda, lib. IE, cap 78. 112 une des substances qui servent à falsifier le miel. Souvent aussi on fait du miel de Narbonne en le versant sur des branches de romarin, mais les fragments, qui restent dans le miel, dénoncent facilement la falsification. Un procédé assez grossier, mais contre lequel il faut êlre en garde, consisle à recouvrir d’une couche de miel de première qualité, un baril qui est rempli aux trois quarts de miel inférieur. Doit-on ranger parmi les falsifications le procédé employé par les juifs de l'Ukraine pour blanchir le miel, et qui consiste à le laisser exposé à la gelée , pendant environ trois semaines, dans des vases opaques et non conducteurs du calorique (1)? On oblient par ce procédé un miel entièrement blanc et d'une consistance presque saccharine, ainsi que semblent le démonirerlesexpériences de M. Guil- bert. Le miel est employé comme aliment dans un grand nombre de pays, et à ce titre il a eu des prôneurs envers et contre tous, qui ont dit que son nom mêmeindiquait sa bonté, Mel qui a melle nihil melius est (2). Ses défenseurs ont fait son apologie presque dans les termes où Sga- narelle fait l'éloge du tabac : « Quoi qu'en puisse dire Aristote el toute » Ja philosophie, il n’est rien d'égal au miel ; c'est la passion des hon- » nêtes gens, et qui vit sans miel n’est pas digne de vivre ; non seu- » lement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il » instruit les âmes à la vertu, etc. » Par contre, d’autres l’ont honni et vilipendé et lui ont attribué tous les maux qui peuvent assail- lir l'humanité. Il est juste de dire que le miel n'a mérité Ni cet excès d'honneur ni cette indignité, et que son emploi dans l'alimentation, utile dans certains cas, ne doit pas dépasser cerlaines limites. L'emploi du miel en thérapeutique est trop connu aussi pour que nous insistions sur ce sujet ici. Il existe, dans les diverses régions du globe, un grand nombre d’es- pèces d'abeilles distribuées en divers genres, Apis Melipona, Tri- gona, elc. qui fournissent des miels dont quelques-uns sont très es- timés. En France on cultive presque exclusivement l’Apis mellifica, et dans quelques localités, depuis ces dernières années, l'abeille ligu- rienne, Apis ligustica, Spinola. On dit aussi que dans certaines parties (4) Rohrer, Versuch über die Judischenbewohner der Œsterreichischen Monar- chie 1804. (2) J. B. D. Benedictis, Notæ ad Pindarum. 113 de la région méditerranéenne les ruches renferment l'Apis fasciala (Latreille). On peut distinguer ces trois espèces de la manière suivante. entièrement brun. Apis mellifica L. noirâtre ; abdomen { ayant les 2 premiers anneaux rougeätres. Apis ligustica Spin. Abeilles à écusson | rougeâtre; abdomen ayantles 2 1ersan.fauves. Apis fasciata. Latr. Ces espèces donnent ou donneront chez nous des miels de qualités analogues à celles que nous avons indiquées dans le cours de celte con- férence: mais pourrons-nousavec avantage introduire, dans nos pays, les espèces exotiques qui fournissent ces miels si parfumés, que les voyageurs mettent tellement au dessus des nôtres? la question nous semble facile à résoudre. Nous ne croyons pas que l’acclimatalion de nouvelles espèces d’abeilles soit suivie d’une amélioration très grande de nos miels, car nous avons vu l'influence que la flore exerce sur la qualité de ce produit, el pour que les insectes acclimatés continuent à donner ces miels exquis de l'Amérique et de l'Inde, il faudrait in- troduire avec eux la flore de ces contrées privilégiées, ce qui est im- possible. Pour avoir des miels plus parfaits, nous devons nous con- tenter d'élablir nos essaims dans les conditions les plus favorables, c'est-à-dire dans de bonnes ruches, et au milieu des plantes les plus aromatiques et les plus recherchées des abeilles. J.- LÉON SOUBEIRAN. CATALOGUE DES COLÉOPTÈRES GYMNOPLEURUS pillularius. — flagellatus. Sisyraus Schæfferi. Copris lunaris. — emarginala. ONTOPHAGUS medius. — cœnobila. — fraclicornis. — nuchicornis. — xyphias. — laurus. — Schreberi. — furcatus. — ovalius. ONITICELLUS flavipes. APHODIUS fossor. — fœtens. — fimetarius. — scybalarius. — erralicus. — lugens. DU MORBIHAN. LAMELLICORNES. APHODIUS rufipes. luridus. nigripes. sordidus. rufescens (variété du sor- didus.) subterraneus. (assez rare) granarius. slicticus. porcus. bimaculatus. immundus. prodromus. contaminalus. conspurcatus (variété me- lanostictus). merdarius. nilidulus. hemorroïdalis. inquinatus. testudinarius, 115 APHODIUS lessulatus. — quadrimaculatus (variélé 4 quilatus. — sus. —— nivalis (très rare). — quadripustulatus (rare). — aler. — anachorela (très rare). Oxxomvus porcalus. (rare) PSAMMODIUS porcicollis (rare). TRrox sabulosus. —- hispidus. GEOTRUPES thyphœus. — Slercorarius. — hypocrila (assez rare). — sylvaticus. — vernalis. ORICTES nasicornis. ANISOPLIA agricola. — arvicola (trés rare). — horlicola. — Campesiris (assez rare). — uslulalipennis (variélé de l’horticola). MELOLONTA fullo (assez rare). — vulgaris. —. hipocastani (rare). CATALASIS pilosa. RHISOTROGUS transversus (très- rare). RHISOTROGUS æslivus. — Solstilialis. — thoracicus. — œquinoxialis (rare). — marginipes (rare, de Che- vrolat). — fallenïii (très rare). OmALoPLrA brunnea. — variabilis. — aquila (rare) HopLrA ergentea. — pulverulenta (variété de l’argentea). GNorIMuS octopunclalus (assez rare). — nobilis. TRICHIUS gallicus. VALGUS hemipterus. CETONIA aurala. — morio. — hirla. — Slictica. — urcina ({rès rare). L'UGANUS cervus. — capreolus. Dorus parallelepipedus. PLATYCERUS caraboides. 25 genres. — 91 espèces. LONGICORNES. Æ6Go0sONA scabricorne (lrès rare). PRIONUS coriarius. HAMMATICHERUS heros. — cerdo. AROMIA moschala. CRIOCEPHALUM ruslicum. ISARTHRON luridum. HyLoTRUPrEs bajulus. CALLIDIUM sanguineum. — thoracicum. — variabile, CLYTUS arcualus. — arielis. — massiliensis. — quadripunctatus (rare). — mysticus. STENOPTERUS rufus (rare). Leropus nebulosus. Poconocerus hispidus. PAcuysrogA texlor. Dogcapion fuliginator. SAPERDA Carcharias (assez rare). SAPERDA scalaris. — populnea. ANÆTIA prœusta. OBEREA oculata (assez rare). — pupillata. — linearis. AGAPANTHIA asphodeli. RHAGIUM mordax. — bifasciatum. PAcHYTA octomaculala. — collaris (assez rare). 116 | STRANGALIA Calcarala. STENURA aurulenla. — melanura. — cruciala. LeprTurA. rubrotestacea (rare). — tomentosa. GRAMMOPTERA lævis. — ruficornis. 24 genres. — 41 espèces. Dr Fouquer. ÉPONGES FOSSILES DES SABLES DU TERRAIN CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DES ENVIRONS DE SAUMUR. ÉTAGE SÉNONIEN DE D’ORBIGNY. L’étage sénonien de d'Orbigny, parfaitement caractérisé par les fossiles qu’il conlient, ne termine pas probablement chez nous, la série des terrains crétacés. Il est presque parlout recouvert par une couche de sable rouge ou blanc, quelquefois composée de ces deux nuances alternant d’une manière assez régulière, qui alteint souvent une puissance assez considérable. Les coteaux au sud de Saumur en sont presqu'entièrement formés, et un puits creusé sur la butte de Bournan, à un kilomètre de notre ville, n’en a pas atleint l’extré- mité à trente cinq mètres de profondeur. Ces sables, dans leur par- lie inférieure, ne renferment aucune trace d’êlres vivants, mais à leur surface ils sont terminés par une couche de fossiles qui varie de vingt cenlimèlres à un mètre d'épaisseur, et qui ren- ferme une faune ou inédile, ou classée par les auteurs dans la craie blanche ou terrain crélacé supérieur, étage sénonien de d'Orbigny. C'est dans celle couche seulement, qu'on trouve, chez nous, tous ces Amorphozoaires, Syphonia, Jerea, elc., que je n'ai jamais ren- conlrés mêlés à tous les autres fossiles de l'étage sénonien propre- ment dit. Quelquefois seulement ils existent à la surface du sol, ou 118 empâtés dans une argile blanche sableuse, mais lorsqu'on les re- garde aves attention , on voit qu'ils ont été transportés dans ces lieux par une cause accidentelle, el on trouve toujours leurs cavités rem- plies du sable rouge où ils ont été primitivement déposés, ce qui confirme leur première origine. Ces sables, auxquels pour me re- connaître j'ai donné le nom de sénonien supérieur, forment le sol de toutes nos landes et le sommet d’une parlie de nos côteaux. Les landes de Vernantes, de Marson, de la forêt de Fontevrault en sont entièrement composées. Ayant réuni un assez grand nombre, de fossiles de ce terrain, j'ai trouvé beaucoup d'espèces d’amorpho- zoaires, que je crois inédites. C’est dans l'intention de faciliter le tra- vail qui pourra peut-être se faire un jour sur ces genres de polypiers, encore si peu observés, que je publie les espèces que j'ai pu rencon- trer, laissant à plus savant que moi le soin de rectifier les erreurs que j'aurai pu commettre. La grande difficulté de celte étude, c'es d’avoir des échantillons bien conservés, ce qui est assez rare ; aussi, souvent des espèces ont-elles été mal déterminées parce qu'elles étaient ou incomplètes ou tellement usées, qu'il était impossible de les classer d’une manière posilive. Comme ce n’est pas un ouvrage régulier que j'entreprends ici, je ne chercherai pas à suivre un ordre méthodique : je décrirai les genres à mesure qu'ils se présenteront et qu'ils seront assez nom- breux pour offrir quelque intérêt. Ainsi, je commencerai par le genre Rhysospongia, de d'Orbigny, qui n’en a décrit qu'une seule espèce, et cependant les formes sont si variées, qu'il est impossible de les réunir toutes. Ayant eu à ma disposition un assez grand nombre de ces polypiers, j'ai trouvé assez de types semblables pour former des groupes assez réguliers que je donne comme espéces pour en faciliter l'étude, sans y allacher une importance réelle; car pour en êlre bien certain, il faudrait connaître l'animal qui les à formés, et tout le monde conviendra que c’est assez difficile. GENRE RHYSOSPONGIA (D'ORBIGNY) (1). Ensemble polymorphe, souvent en forme de coupe, pourvu au centre d’oscules pénétrant jusqu'aux racines, et à la circonférence d’oscules s'éteignant promptement dans la masse. Racine ram- (1) J'ai dessiné toutes les figures demi-grandeur des échantillons qui font partie de notre galerie de paléontologie. 119 panle, très-ramifiée, dicholome, et couverte d'une épithèque très- marquée. RHYSOSPONGIA PICTONICA (D'ORBIGNY). Forme d’une coupe arrondie à moitié ouverte, cavité assez pro- fonde, pédicel épais. C’est, je crois, la seule espèce décrite. Planche 1e, fig. 1 et 2. Variété a. Forme plus globuleuse, ouverture beaucoup plus res- serrée, pédicel grêle. Variété b. Globuleuse, cupule moins profonde. Variété c. Plus petite, cupule plus évasée el peu profonde. C’est le Jerea excavala de Michelin, qui n'avait eu qu'un échantillon dé- pourvu de racines, el en avail fait un Jerea. R. PATERÆFORMIS. Cupule très-aplatie, en forme de patère. PI. 2 fig. 1. R. CYATHIFORMIS. Cupule élancée, à pédicel long et mince, profonde et étroite. PI. 2 fig. 2. R. VESTITA. Courte, ramassée, et comme couverle d'un manteau dont l’exlré- imilé s'arrête aux bords de la racine, cupule étroile et assez pro- fonde. PI. 2 fig. 3. R. CRASSA. Espèce sans pédicel, presque aussi large à la base qu’à l’extré- milé, cupule assez profonde, à bords minces. PI. 2 fig. 4. Variélé a. Plus alongée. Oscules très-larges et peu nombreux, doit former une espèce. R. ELONGATA. Ovale, alongée, cupule petite et peu profonde. PI. 2, fig. 5. R. SEMIGLOBOSA. Cupule très-peu profonde, forme d’un œuf coupé par la moitié, pédicel mince. PI. 2 fig. 6. Variélé a. Plus grande et plus resserrée à la partie supérieure. R. CLAVATA. Espèce s'élargissant de la base au sommet, qui est arrondi. Cu- pule pelile el très-peu profonde. PI, 3, fig. 1 et 2. 120 R. ATTENUATA. Ovale, très-allongée, aminceie au sommet qui se Lermine en pointe. Une très-petile cupule, quelquefois même elle est entièrement nulle, et les oscules sont placés à l’extrémité qui est arrondie. PI. 3, fig. 3. R. TRUNCATA. Ovale alongée coupée obliquement, oscules placés sur un plan très-uni. PI. 3, fig. 4. Variété a. Forme globuleuse, également tronquée obliquement. R. COSTATA. Presque globuleuse, sessile, mais ornée de sept à huit côtes très - saillantes, cupule resserrée, oscules extérieurs très-pelils. PI. 4, fig. 1. Variété a. Ovale, pédicel épais, mais distinct, côtes beaucoup moins prononcées, plutôt ondulcuses. R. DIGITATA. Digitée, oscules placés à l'extrémité des rameaux. PI. 4, fig. 2. Quoique cette espèce semble s'éloigner par sa forme des autres rhysospongia, j'ai cru devoir la réunir, parce que la racine offre tous les caractères de ce genre, que les oscules sont placés à l’ex- trémité comme dans cerlains individus de l’attenuata, et que la racine est aussi percée par le parasite, que je n’ai encore renconliré que dans ces polypiers. Toutes les racines des rhysospongia sont attaquées, comme je viens de le dire, par un parasite qu'on avait observé, mais qu’on n'avait pas rencontré en assez bon élat de conservation pour le dé- crire et lui assigner une place. Michelin, qui n'avait connu que des racines de rhysospongia isolées, garnies de ces parasites, avait pris le tout pour une espèce, et l'avait nommée polypotecia pictonica. Ayant été assez heureux pour rencontrer des individus complets, je joindrai ici leur description et leur figure comme complément du genre que j'ai essayé de décrire, car ils se trouvent dans presque toutes les racines de ces amorphozouires. , POLYTREMA (D'ORBIGNY), PARASITICA. Partie supérieure globuleuse, garnie de cellules piriformes, for- mant l’extrémité de tubes partant tous du centre du polypier, qui est allongé et garni dans sa longueur d’étranglements, qui indiquent les époques d'accroissement. 121 PI. 4, fig. 3. Racine de Rhysospongia, dont la lige n'est pas déve - loppée et garnie de ses Polytrema. PI. 4, fig, 4. Polytrema extrait de sa racine, grandeur naturelle. PI. 4, fig. 5. — très-grossi. PL. 4, fig. 6. — très-grossi, coupe verlicale. GENRE SCYPHIA. Dans son iconographie zoophytologique, Michelin a donné le nom de Scyphia trilobata à un polypier d’une forme singulière, mais n’a- yant aucun rapport avec les autres fossiles auxquels il a donné le même nom générique. Ayant trouvé plusieurs espèces de spongiaires offrant les mêmes caractères que le Scyphia trilobata , jeles ai réunis à celte espèce, mais en leur donnant les caractères suivants. Ensemble plus ou moins ovoïde, à surface inégale ayant une ou- verture centrale se divisant en plusieurs conduits irréguliers péné- lrant jusqu’au pédicel et se faisant quelquefois jour à la partie laté- rale. Oscules terminant des tubes ondulés traversant une masse lâche et spongieuse. Pédicel très mince et probablement assez long. Je partage ces scyphia en deux divisions qui formeront probable- ment plus tard deux genres. PREMIÈRE DIVISION. Cavilé centrale ayant une ou plusieurs issues au milieu des lobes de la surface. DEUXIÈME DIVISION. Cavité centrale se divisant à l'intérieur sans double issue, parlie supérieure ornée d'appendices qui varient de forme suivant les es- pèces. PREMIÈRE DIVISION. SCYPHIA PERFORATA. Grande espèce presque sphérique à large ouverture centrale el iraversée en Lous sens par des canaux qui se terminent à la surface par une ouverture allongée. Celte onverture est rélrécie au milieu par deux lobes opposés qui lui donnent un aspect réniforme. PI: 5, 122 fig. 11e, Le pédicel n’est pas toujours placé obliquement comme dans celle figure, S, ATTENUATA. Beaucoup plus petite que la précédente et très altenue à la partie inférieure. Peut-être une variété d'âge ? PI. 5, fig. 2. Coupe inté- rieure, pl. 5, fig. 3, S, TRILOBATA. Scyphia trilobata de Michelin. Surface extérieure à un ou plusieurs lobes irrégulièrement placés. Ouverture centrale large, communi- quan à l'extérieur par une seule ouverture se faisant jour au milieu des lobes. PI. 5, fig. 4. Coupe intérieure, fig. 5, probablement une racine, fig. 6. S. CONICA. Ouverture centrale plus étroite que dans l'espèce précédente. De son pourlour parlent dix à douze côles irrégulières qui descendent en augmentant d'épaisseur, presque jusqu'auprès du pédicel et don- nent à l’ensemble une forme conique. Ouverture inférieure placée sous une des côles. PI. 5 fig. 7. DEUXIÈME DIVISION. SCYPHIA MAMILLATA. Ensemble plulôt cylindrique qu'’ovoïde, à surface légèrement iné- vale, à ouverture centrale placée au milieu de mamelons arrondis, dont quelques-uns sont terminés par une pointe ouverle au sommet. PI. 6, fig. 1. S. ECHINATA. Ensemble conoïde. Ouverture centrale large, saillante. Surface couverte de pointes plus ou moins obluses. P]. 6, fig. 2. S. DIGITATA. Ouverture centrale entourée de huit ou dix pointes longues, di- vergentes et irrégulièrement placées. PL. 6, fig. 3. S. CORONATA. Ensemble ovale très allongé terminé par quatre tubercules coni- ques placés aulour de l'ouverture. PI. 6, fig. 4. S. SPHOERICA. Ensemble sphérique orné aulour de l'ouverture de quelques lu- bercules irréguliers et de lames minces conlournées en S, quelques individus n’ont que des lames. PI. 6, fig. 5. Variété Elongata, fig. 6. S. PALMATA. Ensemble ovoïde, pourtour de l'ouverlure garni de lames plales plus épaisses à la base et qui varient de trois à six. PI. 6, fig. 7. S. ALATA. Pelite espèce très allongée; mais garnie de quatre lames plates el larges qui vont de l'ouverture centrale au pédicel en diminuant de iargeur, PI. 6, fig. 8. GENRE DIMORPHA. Partie inférieure ayant la forme des cupulospongia. Partie interne du bord de cetle cupunle donnant naissance à des expansions de formes variées qui seules portent des oscules à l’extérieur et qui se réunissent presque loujours à leur parlie supérieure pour ne laisser qu'une ou deux pelites ouvertures au sommet. DIMORPHA BALANUS. Cupule allongée porlant une expansion ovoïde percée à son ex- trémité. PI. 7, fig. 1 et 2 sur ses deux faces. D. SIPHONIA. Cupule courte el épaisse terminée par une calolte sphériqueayant une ouverture ronde un peu excentrique. PI. 7, fig. 3. D. SPHOERICA. Cupule largement évasée porlantune expansion sphérique percée au sommet, rétrécie à la base et laissant aulour d'elle une espèce de goullière. P]. 7, fig. 4 et 5. D. APERTA. Cupule oblique, courte, expansion largeinent ouverte à bord mince el légèrement anduleux. PI. 7, fig. 6. 124 D. TUBERCULATA. Cupule conique, expansion la fermant presque horizontalement mais surmontée de plusieurs tubercules irréguliers, PL. 7, fig. 7. D. CORNUTA. Cupule conique fortement rebordée, expansion lerminée par deux Cigitations, percée au sommet, PI. 8, fig. 1". D. ciILINDRICA. Cupule conique à bord renversé, surmontée d’une expansion cy- lindrique plus élevée que la cupule, à surface inégale et terminée par une cavilé irrégulière au fond de laquelle il y a deux petites ou- vertures. PI. 8, fig. 2, | D. conIcA. Cupule conique, expansion également conique à surface irrégu- lière lerminée par une cavité ovale au fond de laquelle sont deux ouvertures. PI. 8, fig. 3 ; intérieur, fig. 4. D. OBLIQUA. Cupule peu distincte de l'expansion qui est oblique, concave d'un côlé et convexe de l'autre. Une seule ouverture à l'extrémité, Aucun des échantillons que je possède n’a l'extrémité complète. PI. 8, fig. 5. Extrémité vue de face fig. 6. D. PROLIFERA. Cupule conique donnant naissance à d’autres cupules couchées horizontalement. PI. 9, fig. 1re. D. PILEATA. Cupule a!longée, expansion ayant la forme d’une loque, séparée de la cupule par un profond sillon. PI. 9, fig. 2. D. INOŒEQUALIS. Cupule à bord ondulé portant une expansion irrégulière, large- ment ouverle, ayant à l'extérieur des parties lisses et saillantes. PI. 9, fig. 3. D. ELONGATA. Cupule petite à bord peu prononcé, expansion cylindrique, venirue, el terminée par un bourrelet qne surmonte une partie presque plate. Echanlillon usé et incomplet. PL. 9, fig. 4. 125 D. PLANA. Expansion se dirigeant d’un seul côté, terminée par une surface horizontale percée de larges oscules. PI. 9, fig. 5. GENRE POCILLOSPONGIA. Ensemble ayant la forme d’un vase à ouverture plus ou moins resserrée. Cavilé intérieure irrégulière, garnie de stries ou sillons horizontaux et d'oscules. Parlie extérieure inégale, souvent dépri- mée, oscules placés de préférence dans ces dépressions. POCILLOSPONGIA PYRIFORME. Bords de l'ouverture se réunissant et formant plusieurs entrées irrégulières à la cavité centrale. Dépressions extérieures très pronon- cées et garnies de larges oscules. PI. 10, fig. 1'°, coupe verticale fig. 2. P. SINUOSA, Partie supérieure plus large que dans l'espèce précédente et garnie d'ouvertures sinueuses ou arrondies, oscules très petits. PI. 10, fig. 3. P. LIMBATA. Bords larges et relournés en dehors comme un vase Médicis ; os- cules assez pelits. PI. 10, fig. 4. P. CRASSA. Espèce pelile, courte, épaisse; dépressions extérieures garnies d'oscules assez grands. PI. 10, fig. 5, coupe verticale fig. 6. P. OVULA. Presque ronde, atténuée aux deux extrémilés, ouverture étroite et oblique. PI. 10, fig. 7. P. LAPICIDA. Ouverture centrale irrégulière, surface inégale et tuberculeuse, un des côlés prolongé en bec, portant également une ouverture, ce qui lui donne assez la forme d’une lampe. PI. 11, fig. 1°, P. VERRUCOSA. Espèce conique, à surface converte de petits tubercules. Je crois, 126 malgré le mauvais état de conservation de cet échantillon, que cette espèce doil faire parlie de ce genre. PI. 11, fig. 2. P. GRACILIS. Pelite espèce très allongée, à bords larges et retombants, plusieurs ouvertures centrales. PI. 11, fig. 3. P. DISCOIDEA. Espèce très plale, à large ouverture, peu profonde et à bords épais el Lombants. PI. 12, fig. 1e. P. BIAPERTA. Partie supérieure ayant deux cavités à ouvertures réniformes, à bords saillants et arrondis. Peut-être une variété du sinuosa? PI. 12, fig. 2. P. CLAUSA. Forme ovale irrégulière, ouverture très resserrée, étroile et allon- gée. PI. 12, fig. 3. P. FISSURELLA. Espèce très comprimée, à surface réticulée, une fissure dans le bord qui est plat. Ce caractère est constant dans plusieurs individus que je possède. PI. 12, fig. 4. GENRE POLYSTOMA. Ensemble très variable, mais toutes les espèces sont pourvues à l'extérieur de plusieurs ouvertures très pelites donnant issue à des canaux étroits qui se réunissent à l’intérieur et dans lesquels vien- nent s'ouvrir les oscules. Ce genre sera certainement divisé d’après la position des oscules. Ces spongiaires, surtout ceux dont les oscules sont réunis dans une cupule à la partie supérieure, semblent avoir été couverts d’une épithèque dont on retrouve encore les traces sur quelques-uns. POLYSTOMA IRREGÜLARIS. Ovaleallongé, très irrégulier, plasieurs élévalions arrondies percées à leur extrémité. PI. 12, fig. 5. 127 P. CONTORTA. Des lames épaisses, conlournées, terminent ce spongiaire qui est percé sur les côlés de pelites ouvertures assez nombreuses. La par- tie supérieure seule semble porter les oscules. PI. 12, fig. 6. P. BOLETIFORMIS. Parlie supérieure lisse, arrondie, ayant trois ou quatre petites ou- verlures. Les oscules abrités sous la saillie du chapeau. PI. 13, fig. 1, coupe verticale fig. 2. P. ELONGATA. Ovoïde allongé porté sur un picd épais, ouvertures placées à l’ex- trémité de petits mamelons, surface ridée en travers. PI. 13, fig. 3. P. SIMPLEX. Presque cylindrique, légèrement mamelonné à la partie supé- rieure, chaque élévation porlant une ouverture, pédicel oblique. PI. 13, fig. 4. P. LOBATA. Partie supérieure divisée en plusieurs lobes portant chacun une ou deux ouvertures. PI. 13, fig. 5, coupe verlicale fig. 6. P. PLANA. Surface plate, irrégulière, discoïdale, portée sur un pied court et épais, garnie d'ouvertures inégalement distribuées. PI. 14, fig. 1°. P. AMBIGUA. Ovale allongé, fusiforme, inégalement mamelonné. Quelques os- cules placés sur une parlie plate, saillante, Celte espèce semble faire le passage des deux genres qu'on pourra établir. PI. 14, fig. 2. P. FICOIDÆA. Forme d’une figue très déprimée au milieu, les ouvertures irrégu- lièrement espacées sur la partie supérieure, PI. 14, fig. 3. P. sIPHONrA. Ovoïde avec des prolongements irréguliers, portant presque tou- Jours les ouvertures à leur extrémité. PI. 14, fig. 4, 5 et 6. Cette espèce vagie beaucoup. 128 P. CRISTATA. Espèce globuleuse, porlée sur un pied épais terminé par deux ra- cines. Ouvertures placées au fond d’une pelile cavité entourée d’une crête saillante. PI. 14, fig. 7. Oscules réunis à la partie supérieure, dans une cavité plus ou moins profonde et pénétrant obliquement dans la masse. P. CUPULA. Oscules placés dans une cavité profonde. Cette espèce se confon- drail facilement avec un cupulospangia, si on ne faisail pas attention à son organisalion intérieure. PI. 15, fig. 1°. P. FUSIFORMA. Forme allongée, oscules placés dans une cupule peu profonde. PI. 5, fig. 2, coupe verticale fig. 3. P. INOEQUALIS. Cupule presque plate, presque toujours oblique. PI. 15, fig. 4. P. RAMOSA. Ensemble cylindrique, à cupule un peu rélrécie et peu profonde, émeltant sur les côtés des ramifications quelquefois percées. PI. 45, fig. 5. P. LOEvIS. Surface lisse, cupule petite el profonde, expansions lalérales ma- melonnées. PI. 15, fig. 6. P. CRASSA. Espèce trapue , à surface lisse, ayant deux forles racines. Cupule très large, inégale, peu profonde et comme rebordée. PL. 15, fig. 7. P. GIBBA. Espèce courte, bossue, s’allénuant subilement et lerminée par deux pelites racines parallèles. PI. 15, fig. 8. Societé Linn"® de Maine -&-Loire. Demi-grandeur Lire PL À Courtiller, del. Lilh P Codot, Saumur. e CRE E Soci £& Linn?® de Maine-£&-Loire Demi grandeur PL 4. Semi-globosa. À.-R. Elongata. À. Courtier. del. Zith.P Godeé, Saumur. CRT N LA CS û mu) deMaine-&-Loire 21.3 Demi-Grandeur, ne Societe Linn 1- Rhysospongia Clavata. le. 1Ca ?- /em. Coupe ver 3. R. Attenuata.. Lith. P Godeë, Sara. À. Courtier, dei. 26e PRES. É 2 3 Societe Linn"® de Maine- B-Loire Demi-Grandeur. 2124. =: Digitata. Æ- Polytrema Parasilica. SE 4- Polytrema Parasihca. Grandeur naturelle. Grandeur naturelle. 3.— Racine de Rhysospongia, garnie de Polytrema È 6.- Jdem Coupe verticale. Sem -Brossi. EU ÎUÛU UN ————————— NN! À. Gurkiller dei. Zétr 2 Codet Saumur Societe Linn?° de Maine-&-Loire. À Gurliller, Del. Demi-Grandeur. Genre Scyphia. Lr4 De Sc. Conica. PER Perforata. 6 -/dem..Une racine. Lith. P Codel, Sarmur ZA Demi-Crandeur. Societe Linn?* de Maine- &-Loire ia Mécullete S cyph [ \ gitalta. Le} 1 (Coronata. 4 -S$c. Sphærica — Jdem Variete. £ Fe Sc. Palmata. À Gurtiller, Det. P Godet, Saumur. Zik. Societé Linn?® de Maine- &- Loire. Demi-Grandeur. PI. 4- Dim. Sphærice. : vs 7. Dim. Tuberculata. 6.- Dim. Aperta. A.Coùrliller: Del. | Zilh.P Godet, Saumur. f (one Societe Linn”® de Maine-&-Loire. Demi-Grandeur. PLS. 6.-ZTdem. Vue de Face. £.-Dim. Obliqua. À Gurtillur Del. Lith.P Codek Seumur. Sociète Linn”® de Maine-&-Loire Demi-Grandeur PL ?.- Idem. Pileata. 3 Idem. Plana. 4. Idem. Elongata. À. Courtillez Del. Lilh. P Godet Saumur. * gs 3 du EL Ut: due 2e ete UT ne, dur NÉE 2283 2e hr f 0 Société Linn° de Meine-&-Loire. Demi-Grandeur. PI #0. Genre Pocllospongia 7 - Poc. Uvula. 6.-Îdem . Coupe verticale. 4. Poc. Crassa. À. Courtiller Del. Lith. P. Godeb, Saumur. 0 CALE LEE SSSR À ! Societé Linn"® de Maine- &-Loire. Demi- Grandeur PT 11. J.— Pac. Gracilis. ?- Poc. Verrucosa. A.Qourtiller, Del. Lith. P Godel, Saumur: Seciété Linn'* de Maine-&-Loire Demi- Grandeur. | PI. 19 6.— Pol. Contorta. = Polystoma Îrrégularis. AGrurkter Del, Lith.P Godel, Saumur. - Societé Linn"°de Maine-&-Loire. Demi-Grandeur. 6.- Ilem. Coupe verticale. ÿ.—Pol. Lobata. À Courtiller, Del. PT, 4). Lilh.P. Godet, Saumur Société Linn°*de Maine-&-Loire. .Demi-Grandeur PI 14. 1. Polys toma Plana. TRE d.-Pol. Ficoidœa. = Pol. Cristeta. 6-laem . Coupe verhcale. dois Siphonia. À Courtier. Del. Lith.P Godeë, Saumur. Societe Linn° de Maine -&-Loire . Demi-Grandeur. FM 3.- Idem Coupe verticale. 9 - Pol. Fusiforme. = Polystoma Cupula. Î- Pol. Gibba. PE Crassa À. Courliller Del. ; Lilh. P Godeb, Sawnur Grandeur Der Genre phontw. -&-Loire! * de Maine ë Linn” ét Soci u = oo - m4 RP 4 honie D ec Sp = Lith.P Godet, Saumur. Ve Siphoni a. À Courtiller Del. Societe Linn?® de Maine-&-Loire. Demi-Grandeur. Pl 1 2- Idem . Coupe verbale. 1. Siph. Decipiens . d.- Siph. Parasita ue Siph. Parasita. 6.-Siph. Sphærica . A.Qurtiller, Del. Lith. P. Godet, Sam. cotée lee 16 lin à es ie. RE LE 7 Societe Linn°* de Maine-&-Laoire. Dermi- Grandeur. JAL. 18. Arbusçula A. Siph. Arbuscula Elongata. a - Siph. Arhuscula Emarginata. 6.- Siph. Piriformis. À Courtiller Da. c Lith.P. Godel, Saumur. fr sr at ARAUL Société Lmn® de Maine-&Loire. Demi-Grandeur. P119 : À.Courkller, Dot. ; Lilh. P Godet, Saumur Sociète Linn"t de Maine-&Loire Demi-Çrandeur. PI. 20 À = Siph. Rariosculalta. PE Siphonia Compressa. 6= Siph. Variele ? B. 3-Tdem Coupe verticale, A.Courtiller Del. Liüth.P. Goûet, Saumur Societe Linn®* de Maine-&-Loire . fe Siph. Minime. A. Courliller, Del. Demi-Grandeur. 6.— Siph. Globosa ie Siph. Ovalis. PI. 91 Lüth. P. Godel, Saumur. Société Linn € de Maine-&-Lorre. Demi-Crandeur. JA E0) SZ: à Je 4 Siph. Gracilis. 6 — Siph. Difformms. Difformis . Lith.E Godet Saumur. Societe Linn?® de Maine-&-Loire Demi-Grandeur. PI. 23. 2 Siph. Cespitosa. A. Courtiller, Del Lith.P Godeb, Saumur Societe Linn”®? de Maine-&-Loire. Dern-Grandeur PI 94. 9- Siph. Arborescens. À Courtiller, Del Lith.?. Godet, Saumur. r a (ff 23. T4 Dem-Crandeur. Societé Linn”® de Maine-&-Loire. Fe 2 CD L°# LS D CSI a 6 E H 5 .æ S 5 3 ] 2 LE a A (l l es à a Fa d F gr) < É ss cd 19 8 a Fa (ae) e Ces 24 Je 22) [ & & A. Courtiller, Del. PT, 26. Lith. D Godel Saumur. ifera. pe verticale ia Prol ou: S Grandeur naturelle CL iphon te Linn®*° de Maine-&-Loire. ocie Ç ù A.Cvartiller, Del. Societe Lann° de Maine-&-Loire. Demi-G:andeur. PI. ? 4- Siph onia Hybride. 6.— Siph. Idem. 4. Siph. Coronata. À Courtiller Del. Lith. P Godet, Suumur P1.28. Li.P Godet, Saumur. a Ë Le] — &! o en ] a El el ia = udos > Genre Fseudostphoni . Pse iphon 9 — Idem Coupe verlicale. 4 Socieke Linn"® de Maine & Loire. À. Courtiller, Del. Socielé Linn"°de Maine-&-Loire. Demi-Grandeur. PI. 9 (. Genre C upul in. Pocillum. 8. Cup . Glomerata. A Courtiller, Del Lith. P Godet, Saumur. Societe Linn?° de Maine-&-Loire. Demi -Grandeur P1.30. = Cup. Elongata 7 Cupulina Parallela. 4-Idem Coupe verticale. 4-Cup. Capitate. ta Cup. Acaulis. 1. Courier, Del. Lilh_P Goûet, Saumur. Sociéte Lin de Maine-8&-L aire Demi-Grandeur. PL'41: Tubulosp ong De 3.- Idem Coupe verhcale. 2.- Tub. Elegans. À. Courtiller, Del. Züh P. Goèet, Saumur. Societe Linn'® de Maine-&-Loire Demi- Grandeur. PIN 2.-Tub. Elongata. 2.-Tub. Tuber. À.Courtiller, Del Lih.P Godet, Saumur OP : Nues A 24 Societe Linn° de Maine- é-Loire Dam-Grandeur PL 38. une Racine. 4.— Tub. Multporella -3.— Tub. Dendroïdæa. À. Courtiller, Del. Lith.P Godet, Soumur 34. Sn Denn-Grandeur. Loire. te Linn € de Maine-&- Sccie Mar l SE Margino spongia Irregulanis. Genre Jereu. nTre Ge 2— Jerea Pyriformis Lith.P Godet, Sonmur. À Courtiller Del. Saciélé Linn® de Moine - &-Loire. Demi-Crendeur, PL. 35 Genre Pic upulu. 2 Idem sa racine. 6.- Bic. Clavata. d.— Bic. Excavalta. A. Courtier, Dal Lilh.P Godet, Saumur. Socièté Linn*® de Maine-&-Loire. 3-Bic. Prolifera. À. Conrtillar: Del Demi - Grandeur. 2 - Bic. Pateræformis. Lith P Godek Sammur. Sociète Linn?° de Maine-&-Loire. Demi-Crandeur. ' PI. 37. 4.- Bic. Conica. 9.- Bic. Conica. À. Courtiller Del. Lith. P Godel, Saumur. CAPOT 79e 2 PP in (or Pr en éor e SX Societe Linn?° de Maine-&-Loire Demi- Grandeur PI 36. Genre Plalispongta . ÿ . E x Verticalis. 4, — PI. Obliqua. Lith.P Codet Saumur. Societé Linn.de Maine-&-Loire. Demi-Grandeur. PL. 30. Cupulospongta. Contorta 4 Cup. Infundibulum. (Varièté). 3- Cup. Infundibulum. 6—Cup. Elegans. Fe Cup Terebralta. À Courtiller, Del. Lith. P Godet, Saurur. Société Linn”°de Maine-&-Loire Demi-Grandeur. PL 40. Genre ! Ti urori®. 9.-Tur. Variabihs. 1.-Turonia Sulcala. +.-Tur. Mamillata / d-Idem Coupe verhcale. Lüh.P Godet, Saumur. 2, 129 GENRE SIPHONIA. Le genre Siphonia, caraclérisé par sa partie supérieure plus ou moins sphérique, et par sa cavité centrale pen profonde, dans laquelle viennent s'ouvrir les oscules qui pénètrent régulièrement dans tout l'intérieur de la masse, est un des plus nombreux des spongiaires de notre terrain. Il est probable que presque tous les Siphonia vivaient en société, ou réunis sur la même souche, ou partant de la même raciue. Souvent des Siphonia ont été pris pour des Jerea avant leur entière croissance, car la cavilé centrale, dans plusieurs espèces, semble ne se faire voir que lorsque l’ensemble est complet, et jus- qu'à ce moment l'extrémité n'offre qu'une partie plate percée d’os- cules ; souvent aussi, l'extrémité usée ou cassée en a fait des Jerea. SIPHONIA DECIPIENS. Très variable de forme et de grandeur, ou aplati comme une pomme, ou allongé en forme de figue, d’autres fois ondulé (Halli- rhoa brevicostata, Mich.), ou portant plusieurs cavités (Siphonia mul- tioculala, Mich.). Quelquefois ces Siphonia poussent latéralement des commencements de têtes; cela arrive surtout lorsque la cavité: centrale a élé délruile par une cause accidentelle ou rongée par un parasite dont on voit souvent le passage à travers la masse. J'ai figuré, pl. 16, fig. 2, un Siphonia qui, détaché de sa tige, encore vi- vant et ayant été renversé, repoussait, en sens opposé, trois têles, dont une a tout l'aspect d’un Jerea. PI. 16, fig. 1re, un individu avec loules ses racines; et pl. 17, fig. 1, 2, 3, 4, différentes formes. S. OSCULATA. Plus grande et plus épaisse que l'espèce précédente ; à surface inégale, déprimée par endroit ; oscules extérieurs très grands. PI. 17, fig. 5. S. SPHOERICA. Forme globuleuse, plus ou moins régulière ; pédicel long et grêle. PI. 17, fig. 6. S. PARASITA. Espèce globuleuse, sans lige; racines fines el nombreuses, s'im- plantant sur d’autres éponges mortes. PI. 17, fig. 7, 8. 130 S. CYLINDRICA. Allongé, cylindrique ; pédicel court, racines s’élendant sur les ro- chers ou autres corps marins; des excroissances latérales les soudent les uns aux autres ; oscules extérieurs nombreux. PI. 18, fig. 1". S. CURTA. Espèce courte, trapue ; pédicel également court ; oscules extérieurs grands et peu nombreux. PI. 18, fig. 2. S. ARBUSCULA EMARGINATA. Espèce placée sur une tige arborescente comme les deux suivantes: LD, ovale arrondie, sans pédicel et fortement échancrée d’un côté. Ce caractère est constant dans tous les individus que j'ai rencontrés. PI. 18, fig. 3. S. ARBUSCULA ELONGATA. Ovale irès allongé et terminé en pointe; pédicel court. PI. 18, fig. 4. S. ARBUSCULA (Mich.). Presque sphérique, longuement pédicellé. PI. 18, fig. 5. S. PYRIFORMIS (Goldfus). Forme d'une poire, parlie supérieure un peu déprimée, cavité centrale également enfoncée. PJ. 18, fig. 6, 7. S. INTERMEDIA. Plus arrondie que l'espèce précédente, pédicel long et gros, partie supérieure arrondie, bords de la cavité centrale un peu élevés. PI. 19, fig. 1e et 2. Variété ou peut-être une autre espèce. S. COMPRESSA. Uvale très régulier, s’allongeant aux deux extrémités ; assez forte- ment comprimé latéralement, surface rugueuse et réticulée ; oscules exlérieurs assez espacés. PI. 20, fig, 1re, S. RARIOSCULATA. Ovale, cavité centrale large, pédicel très gros, oscules grands el très rares. PI. 20, fig. 2. S. CONICA. Espèce conique, très allongée; pédicel court, racines assez fortes, PI. 20, fig. &: 131 Variété À plus courte et plus grosse. PI. 20, fig. 4, 5. — B plus ramassée encore que la précédente; pédicel mince. PI. 20, fig. 6. — C très déprimée, large à la base et se terminant subitement en pointe. PI. 21, fig. 1r°. — D inégale, bossue, assez raccourcie. PI. 91, fig. 2. Ces ciuq formes, que je rapporte à la même espèce, se rencontrent cependant loujours sans lransilion bien sensible ; la disposition des oscules semble aussi différer dans chacune d'elles. S. FITTONI (Mich.). Ovale très allongé, partie supérieure également très allongée, pé- dicel probablement assez long. PI. 21, fig. 3. S. CYDONIFORMIS. Partie supérieure arrondie, inégale et brusquement terminée en pointe inférieurement. Echantillon usé, mais ne pouvant se rappor- ter à aucune autre espèce. PI. 21, fig. 4. S. OVALIS. Ovale, ouverture centrale très large, pédicel mince, oscules très pelits. PI. 21, fig. 5. S. GLOBOSA. Espèce pelile, arrondie; pédicel très court. PI, 21, fig. 6. S. MINIMA. Très petit, ovale, ouverture centrale grande, pédicel long et gros comparalivement. PI. 21, fig. 7. S. CLAYATA. Forme d’une massue, ouverture centrale large, oscules extérieurs très petits. Plusieurs individus parlant d’une souche commune. PI. 22, fig. 1". S. ACUTA. Inégalement sphérique, partie supérieure terminée en pointe. PI. 22, fig. 2. S. POLYCEPHALA. Partie supérieure arrondie, se terminant inféricurement en cône ; poussant, de différentes parlies de sa surface ou de sa base, de nou- velles têles. PI. 22, fig. 3. 132 S. GRACILIS. Petite espèce, ovoïde, ayant un long pédicel qui donne naissance lui-même à d’autres tiges. PI. 22, fig. 4. S. DIFFORMIS. Ensemble amorphe ; 'porlant, soit aux extrémités soit au milieu, des cavités renfermant les oscules. PI. 22, fig. 5 et 6. S. GREGARIA. (Jerea gregaria, Mich.). Rameaux nombreux, libres seulement à leur partie supérieure ; cavilé centrale petite el souvent délruile, ce qui l’a fait prendre pour un Jerea. PI. 23, fig. 1'e, où j'ai figuré une pelite partie d'un groupe de quarante rameaux. S. CESPITOSA. (Jerea cespitosa, Mich.). Rameaux nombreux, parlant d’une souche commune, se rélrécissant un peu vers l'extrémité qui est arrondie et que termine une petite cavité dans laquelle ne s'ouvrent qu'un petit nombre d’oscules. PI. 23, fig. 2. S. RAMOSA (Mich.). Tige rameuse, dichotome, formant des angles très ouverts et por- tant, soit à ses extrémités soit répandues sur les différentes parlies de l'ensemble, des petites cavilés placées sur une légère élévalion. PI. 24, fig. 1°. S. ARBORESCENS. (Jerea arborescens, Mich.). Tige droite, dichotome, rameaux for- mant des angles très aigus et recouverts d’une épithèque (1) qui laisse voir, dans les parlies où elle manque, les oscules extérieurs petits et nombreux; cavités portées seulement à l'extrémité des rameaux. PI. 24, fig. 2. S. TRILOBA. Un pédicel gros, portant trois tiges courtes et sessiles ; oscules ex- térieurs très petits. PI. 25, fig. 1e. S. HASTATA. Une masse allongée, inégale, portant à son extrémilé la cavilé centrale, et munie latéralement de deux appendices se dirigeant vers la parlie inférieure. PI. 25, fig. 2. (1) Il est probable que presque tous les spongiaires possédaient cette enveloppe à l'état vivant. 133 S. ACAULIS. Masse sans racines, terminée par plusieurs mamelons portant cha- cun une cavité centrale; oscules extérieurs assez grands et rares. PI. 25, fig. 3. S. PYRAMIDALIS. Espèce paraissant également n'avoir pas de racines, formant un cône assez pointu qui semble vouloir donner naissance à d’autres individus semblables. PI. 25, fig. 4. S. PROLIFERA. Espèce très variable, offrant ou des boules ou des tiges ovoïdes, en massue, pyriformes, bossues, quelquefois triangulaires, etc.; les oscules, placés au fond de la cavité centrale, peuvent, en s’allon- geant, donner naissance à d’autres individus qui semblent alors greffés les uns sur les autres ; des peliles tiges latérales les soudent les uns aux autres. PI. 26, fig. 1re, un groupe de grandeur naturelle : fig. 2, 3, 4, d’autres formes 1/2 grandeur. S. HYBRIDA. Ensemble inégal, allongé, pédicellé, présentant à son extrémité ou latéralement les oscules placés dans une cavité ou sur une partie plate, comme dans les Jerea. PI. 27, fig. 1°. S. GORONATA. Ensemble pyriforme , orné à sa partie supérieure d’une couronne de tubercules qui, en s’allongeant , peuvent donner la forme d’une coupe à bords ondulés ; oscules de la cavité centrale pouvant, comme dans le Prolifera, s’allonger et former une ou plusieurs liges cylin- driques portant à leur extrémité la cavilé centrale; oscules extérieurs très pelits. PI. 27, fig. 2, 3, 4, 5, 6. Il est possible qu'il y ait dans ces différentes formes plusieurs espèces. GENRE PSEUDOSIPHONIA. Forme très irrégulière, ayant une ou plusieurs cavités plus ou moins profondes, dans lesquelles prennent naissance des canaux plus petits qui, en se ramifiant eux-mêmes, pénèlrent toute la masse et semblent venir s'ouvrir à la surface, sous une épilhèque très pro- noncée, et remplacer les oscules qu’on voit dans les autres spon- 134 giaires. Ce genre semblerait se rapprocher de la première division des Scyphia. PSEUDOSIPHONIA TUBERCULATA. Cette espèce, dans sa jeunesse, offre quelques rapports de forme avec le Siphonia pyriformis, mais couvert de gros tubercules et d'une forte épithèque. Le bord des cavités est ordinairement saillant, les oscules placés sous l’épithèque, et qu’on ne voit que dans les endroits où elle est détruite, varient beaucoup de grandeur et se dirigent daus tous les sens. Dans un âge plus avancé, la partie supérieure se déve- loppe en formant soit des espèces de grosses liges, soit une suile ir- régulière de gros mamelons. PI. 28, fig. 1, un individu adulte; fig. 2, coupe verticale d’un jeune. On voit souvent ce spongiaire garni d’eschares, de serpules et de petites huîtres qui trouvaient facilement à se loger entre ses inéga- lités el sur l’épilhèque, qui devait, par conséquent, offrir une assez grande solidité. GENRE CUPULINA. Spongiaire ordinairement en forme de massuc plus ou moins allongée , terminée supérieurement par une cavilé peu profonde , à bords minces et rentrants, et dans laquelle les oscules, qui pénètrent dans toute la longueur de la masse, viennent s'ouvrir. Ces oscules varient beaucoup de grandeur suivant les espèces. CUPULINA POCILLUM. (Chenendopora pocillum, Michelin ; Cupulospongia, d'Orbigny). Ra- cine presque horizontale qui, en se recourbant el en se renflant, supporte une cupule garnie intérieurement d’oscules assez pelils. PI. 29, fig. 1°. À C. ELATA. Grande espèce, ovale, allongée, portée sur une racine forte et épaisse ; oscules très petits. PI. 29, fig. 2. C. GLOMERATA. Plusieurs têles réunies sur une seule Lige, cupule très peu profonde, oscules très grands, surface extérieure un pêu ridée. PI. 29, fig. 3. 135 C. LATIOSCULATA. Forme assez conique, cupule large, peu profonde, oscules très grands. PI. 29, fig. 4. C. PARALLELA Ensemble presqu'aussi gros à la base qu’au sommet, cupule petite placée un peu de côté, oscules très pelits. PT. 30, fig. 1°. C. ELONGATA. Conique, très allongée, surface inégale, partie supérieure renflée, puis se resserrant pour former l’ouverlure de la cupule qui est petite et arrondie intérieurement ; oscules assez grands. PI. 30, fig. 2. C. RHYSOSPONGIOIDES. Forme d'un Rhysospongia dépourvu de sa racine, mais facile à distinguer par la petitesse de ses oscules. PI. 30, fig. 3. C. CAPITATA. Tige forte, renflée presque subitement pour former une tête por- tant une cupule petite, déjetée un peu de côlé; à oscules petits et très serrés. PI. 30, fig. 4; coupe verticale fig. 5. C. FICOIDOEA. Forme d’une figue, cupule pelite, déjetée de côté; oscules grands. PI. 30, fig. 6. C. ACAULIS. Espèce courte, large, sans racine el ornée de six grosses côles ; cupule large, peu profonde; oscules assez grands. Echantillon très faligué et roulé. PI. 30, fig. 7. J'ai placé provisoirement celte espèce avec les Cupulina; il est probable que plus lard on lui trouvera une place plus conve- nable. GENRE TUBULOSPONGIA. Ce genre, voisin des Eudea, s’en distingue facilement par l'absence d'oscules plus grands placés au sommet. Comme dans les Eudea, le Lube central occupe ou toute la hauteur où une grande parlie des liges, dont la forme est très variable. Plusieurs partent d'une souche 136 commune qui semble n'avoir jamais eu de racines et n’avoir adhéré au sol que par quelques inégalités. Ce genre aura grand besoin d’êlre revu. TUBULOSPONGIA INSIGNIS. Une forte souche, garnie de commencements de tubes, supporte une très grosse tige à sommet inégal, ayant au centre une ouverture irrégulière dans laquelle on aperçoit les {races de quelques oscules. PI.31, fig. 4re T. ELEGANS. Une souche irrégulière donne naissance à une tige grossissant un peu supérieurement, largement ouverte et garnie de liges latérales qui portent à leur extrémité des oscules comme quelques Siphonia. PI. 31, fig. 2; coupe verticale fig. 3. T. LIMBATA. Une tige droite, percée dans toute sa longueur, soutient une ou plusieurs têtes élargies en coupe à bords ondulés, qui communiquent avec le Lube central. PI. 32, fig. 1"°; une cassure laisse voir des traces de tubes vermiculés. T. ELONGATA. Spongiaire très long, à surface inégale et ridée, portant même quelquefois des espèces de verrues et des tiges latérales percées d’os- cules à leur extrémité. Sommet à bords évasés, portant au centre une large ouverture ; lube pénétrant à peu près à moitié de la lon- gueur. PI. 32, fig. 2. T. FICOIDOEA. Espèce ayant à peu près la forme d'une figue; plusieurs liges laté- rales percées d'oscules à leur extrémité. PI. 32, fig. 3. T. TUBER. Forme tuberculeuse, portant l'ouverture des tubes à l'extrémité des mamelons; oscules extérieurs nombreux et profondément en- foncés. PI. 32, fig. 4. T. CONTORTA. Grande espèce, offrant ou de larges expansions portant sur leurs bords les ouvertures des tubes ou des espèces de mamelons quel- quefois largement ouverts au sommet, On voit souvent des traces d'épithèques à la surface. PI. 33, fig. 1"; une racine fig. 2. 137 T. DENDROIDÆA. Espèce très rameuse, la surface garnie d’oscules très petits; extré- mité des rameaux élargie en coupe irrégulière, à bords minces, mais souvent détruits. PI. 33, fig. 3. T. MULTIPORELLA. (Spongia multiporella, Michelin). Espèce branchue, dont l'extré- milé arrondie est percée d'une petite ouverture ; surface garnie de nombreux oscules et de pores. On voit encore souvent des traces d'épithèque. PI. 33, fig. 4. GENRE MARGINOSPONGIA (d'Orbigny). Ensemble en forme de coupe, des oscules placés seulement sur le bord et pénétrant perpendiculairement dans la masse. MARGINOSPONGIA IRREGULARIS (d'Orbigny) ? Echantillon incomplet dont la partie supérieure seule existe; forme d’une coupe irrégulière à bords fortement échancrés. PI. 34, fig. 1°. GENRE JEREA. Oscules placés sur une surface plane, formant des canaux ver- licaux. * JEREA PYRIFORME (Michelin). Celle espèce, qu'on a rapportée peut-être à tort au Pyriforme de Lamouroux , qui a figuré un échantillon tout usé et roulé, semble très différente par sa forme générale. Ensemble ovale allongé, se ter- minant en forme de pédicel assez mince ; oscules placés sur un plan terminal. PI. 34, fig. 2. J. INTRICATA. Espèce très courte, poussant, sur des racines fortes el épaisses, des plans qui semblent se superposer les uns sur les autres. PI. 34, fig. 3. 138 GENRE BICUPULA. (Chenendopora, Mich.: Cupulospongia, d'Orb.). Tige forte, élevée, donnant naissance à une pelile cupale terminale dont un côlé des bords s’allonge et soutient une seconde coupe, grande, plus ou moins régulière, striée à l'extérieur, plus où moins profonde et porlant sur ses deux faces les oscules qui se dirigent horizontale- ment sur les côlés et verticalement dans le fond, en pénétrant jus- que dans l’intérieur du pédicel. BICUPULA GRATIOSA. Coupe grande, régulière , à bords plats el horizontaux ; cavité de la coupe atteignant environ la moilié de la hauteur. PI. 35, fig. 1°; une lige et sa racine, fig. 2. B. COMPRESSA. Coupe irrégulière, toujours comprimée, à bords sinueux et déjetés en dehors. PI. 35, fig. 3. B. CAPITATA. Coupe petite, quoique portée sur une lige forte; bords très déjetés en dehors, cavité à peine prononcée, cupule de la base également très peu profonde. PI. 35, fig. 4. B. EXCAVATA. Coupe régulière, presque toujours cylindrique; cavité de la coupe s'étendant dans presque toule sa hauteur, bord légèrement ondulé et presque plat, souvent même rentrant en dedans. PI. 35, fig. 5. B. CLAVATA. Espèce en cône allongé, arrondi à sa parlie supérieure; ouverture de la coupe étroite, cavilé profonde, bords très abaissés en dehors. PL'35 4806; B. AURICULA. Grande espèce très irrégulière, à bords très épais et très ondulés; cavité peu profonde, irrégulière ; tige placée obliquement el se diri- geant également de côté. PI. 36, fig. 1r°. 139 B. PATERÆFORMIS. (Chenendopora pateræformis, Michelin). Coupe régulière , très peu profonde, à bords arrondis et renversés en dehors. PI. 36, fig. 2. B. PROLIFERA. Coupe profonde , à bords un peu renversés, ayant du même côlé du prolongement de la cupule le commencement d'une seconde coupe, ayant également à la base une pelite cupule. PI, 36, fig. 3. B. LATA. Grande espèce formant une coupe très large et peu profonde, à parois plus minces que dans les autres espèces. PI. 37, fig. 1". B. SINUATA. Dans sa jeunesse, la coupe arrondie d’un côlé, à l’autre côté for- lement comprimé de manière à le faire rentrer dans l’intérieur; puis. en se développant davantage, les deux côtés, dont le milieu est comprimé, se rapprochent, se réunissent et finissent par se sou- der, en laissant au centre une cavilé dont le bord s’allonge et simule une seconde coupe dans la première. PI. 37, fig. 2 et 3. B. conIcaA. Ensemble en cône allongé, cupule grande, à bord très développé d'un côté et venant toucher le bord, très déjelé en dehors, de la coupe lerminale qui est régulière et peu profonde. Pi. 37, fig. 4 et 5. GENRE PLATISPONGIA. Ce genre diffère du précédent en ce que la cupule, au lieu de don- ner naissance à une seconde coupe, ne forme qu’une expansion plale ou seulement rebordée. PLATISPONGIA DISCUS. Une tige toujours oblique donne naïssance à une petite cupule centrale dont les bords s'étendent horizontalement et forment un large disque. PI. 38, fig. {re. P. SPECULUM. Tige renflée à sa partie supérieure , sous la cupule, dont le bord, fortement rebordé, s'élève verticalement. PI. 38, fig. 2. 140 P. VERTICALIS. Cupule petite, irrégulière, un des côlés s'élevant verticalement en une large expansion irrégulière, porlant de larges oscules. PI. 38, fig. 3. P. OBLIQUA. Une tige courte et grosse porte à son sommet une petite cupule irrégulière, dont un des côlés seulement s’élend horizontalement, PI. 38, fig. 4. P. pupPA. Tige grosse, renflée au milieu, rappelant la forme d'un Pupa; ex- pansion plus fermée que dans le Speculum. PI. 38, fig. 5. GENRE CUPULOSPONGIA (d'Orbigny). Une tige courte, épaisse, supporte une ou plusieurs coupes simples mais jamais superposées. CUPULOSPONGIA CONTORTA. Celte espèce, comme le Bicupula sinuosa, a dans sa jeunesse un des côtés rentrant dans la coupe, el de même, en grandissant, les deux côlés se rapprochent, se soudent dans toute leur longueur et forment au milieu une seconde coupe. On pourrait, dans cet état, le prendre pour un Marginospongia; mais en examinaul la position des oscules, on voit que ceux du centre descendent seuls verlicale- ment. Cette forme n’est pas l'effet d'une compression artificielle, comme on pourrail le croire ; les nombreux individus que j'ai ren- contrés dans tous les âges m'en ont fourni la preuve. PI. 39, fig. 1e. C. GLOMERATA. Coupe peu profonde, à bords arrondis, produisant à sa base plu- sieurs autres coupes ou rudiments de coupes. PI. 39, fig. 2. C. INFUNDIBULUM. Coupe allongée, à bord plat, saillant en dehors et très ondulé; ca- vité de la coupe pénétrant jusque dans la tige. PI. 39, fig. 3. La figure 4 représente une aulre forme beaucoup plus courte, à bord plus épais et sans ondulalion. Est-ce une espèce? 141 C. TEREBRATA. Coupe à bord plat; un peu ondulé, très épais, ne laissant qu’une petite cavité au centre. C’est probablement le Sciphia terebrata de Michelin, placé, je ne puis savoir pourquoi, avec les Siphonia par d'Orbigny. PI. 39, fig. 5. C. ELEGANS. Coupe d’une forme très régulière, à bord plal, légèrement ondulé, sans saillie extérieure. PI. 39, fig. 6. GENRE TURONIA (Michelin). Corpsspongieux , traversé par des conduils irréguliers qui viennent s'ouvrir sur la surface ; pas de cavilé intérieure. TURONIA SULCATA. (Spongia sulcatoria, Michelin). Forme ordinairement conique, creusée de sillons dans lesquels viennent s'ouvrir les oscules ; partie inférieure mamelonnée , sans pédicel et ordinairement fixée sur un silex. P1. 40, fig. 1e. Je possède un individu beaucoup plus mince et à tubes très petits, qui me semble devoir former une autre espèce. T. VARIABILIS (Michelin). Corps très irrégulier et très variable, mais loujours porté sur un petit pédicel. PI. 40, fig. 2, 3, 4. T. PLANA. Plaques irrégulières, couvertes d’oscules d'un côté et dont le des- sous est garni d’inégalités ou de sillons qui pouvaient servir à les fixer au sol. PI. 40, fig. 5 el 6. T. MAMILLATA. Corps presque demi-sphérique, couvert de petils tubercules, sur- face rude et comme vermiculée; une grande quantilé de pe- lits oscules s’ouvrant au milieu de toutes ces inégalilés. PI. 40, fig. 7 el 8. T. RADIATA. Beaucoup plus plate et plus grande que l'espèce précédente et cou- verte de forts sillons se dirigeant à peu près du centre à la circonfé- rence ; surface également vermiculée el poreuse. PI. 40, fig. 9, 10, 142 Ces deux dernières espèces ne doivent peut-être pas faire partie des Turonia. Les genres Gueltardia et Coscinopora, si fragiles et si nombreux, ne m'ont encore donné que des fragments trop incomplets pour être décrils. J'aurais pu figurer un bien plus grand nombre d'espèces ou de formes que celles que j'indique ici; mais leur rareté, leur mutilation ou leur peu de fixilé m'en ont empêché. Je n'ai presque jamais nommé une espèce sans en avoir au moins deux semblables, et j'ai cherché, dans leur organisation intérieure, le moyen de caractériser les genres que j'ai élé obligé de créer. Cependant, je n’attache qu'une très faible importance aux noms que j'ai choisis, plusieurs même seront sans doule inutiles, beaucoup d’espèces que j'indique ayant peut-être élé décrites par divers auleurs dont je n'ai pas pu consul- ter les ouvrages. Je répéterai donc ce que j'ai dit en commençant : que ce ne sont que des matériaux que j’apporte à une étude qui est encore dans l'enfance, et si j'ai relevé quelques erreurs, j'en ai pro- bablement fail beaucoup d’autres qui pourront, je l'espère bien, être aussi relevées à leur lour. Quand on voit ce qu’une seule localité a pu produire el produira encore, j'en suis bien certain, par le nombre de débris que j'ai pu examiner, on doit êlre persuadé, comme le fait observer avec juste raison M. le docteur de Fromentel de Gray, dans son introduction à l’élude des Eponges fossiles, ouvrage plein d’in- lérêt et de science, que l'étude des espèces est entièrement à faire, et comme l'étude des espèces entraîne nécessairement celle des genres, c’est un travail neuf à entreprendre. Espérons. Toutes les produclions de la nature n'allirent pas toujours égale- ment les regards, mais toutes ont pour le naturaliste le même inté- rêt, et connaîlre non-seulement les êlres existants maintenant, mais ceux qui avant nous ont peuplé la terre et enfoui avec eux l’histoire des temps passés, est loujours un mobile assez puissant pour faire rechercher l'étude si curieuse de toutes ces existences détruiles et jetées avec lant de profusion autour de nous, par celte puissance in- finie, immense, qui dans son passage crée et soulève les mondes comme la poussière se soulève sous les pas du voyageur. Saumur, mai 1861. CoURTILLER. ÉTUDE SUR UNE NOUVELLE RACE DE PERDRIX (PERDIX ATRO-RUFA Soc. Linn.) Le département de Maine et Loire compte deux espèces de per- drix : la perdrix rouge, perdix rubra Briss., et la perdrix grise, per- dix cinerea Lath. Une race ayant de grandes analogies avec la perdrix rouge, sauf la taille qui est plus petile, se rencontre partout en Anjou. Elle est vulgairement appelée petite perdrix rouge. Généralement nos chas- seurs désignent sous le nom de Bartavelle la grosse perdrix rouge : c’est une erreur. La Bartavelle (perdix saxatilis Meyer), est une es- pèce toule différente; elle n’habile pas l’Anjou (1). La Roquette (per- dix damascena Lath.), appartient à une race très-voisine de l'espèce perdrix grise. « Elle ressemble, dil Brisson dans son Ornithologie, tellement à la perdrix grise par sa couleur, qu'on a peine à la distinguer du premier coup d'œil : elle en diffère cependant en ce qu'elle est plus pelile; son bec est plus allongé et ses pieds lirent sur le jaune. » Cette race voyage en bandes nombreuses. Elle arrive en Anjou à (1) C’est à la bartavelle que Buffon rapporte avec raison tout ce que les anciens ont dit de la perdrix. C’est elle qui est souvent indiquée dans les livres hébreux. Elle est répandue dans tout l'empire Ottoman, dans les îles de l’Archipel, en Sicile, dans tout le royaume de Naples ; on la trouve aussi sur la région moyenne des Alpes alle- mandes et sur celle de la Suisse : elle ne descend jamais dans les plaines. (Diction- naire des Sciences naturelles, verbo perdrix.) 144 l'automne. Autrefois elle élait très commune à l’époque de l’ouver- ture de la chasse, aujourd'hui elle semble déserter nos contrées ; ainsi, on ne la retrouve plus sur plusieurs points de notre province. À l’époque de l'exposition d'Angers qui eut lieu au mois de mai 1858, M. E. Guillou, naturaliste de Cholet, membre correspondant de la Société Linnéenne de Maine et Loire, envoya pour la section d'histoire nalurelle (1), une perdrix d’une couleur toule particulière qu'il avait récemment 6bservée dans les environs de Cholet. Une commission composée du bureañ de la Société el de MM. Raoul de Baracé, Courliller jeune, Deloche et l'abbé Vincelot, se réunit le 18 mai afin de procéder à l'examen de l’oiseau soumis à son apprécialion. La perdrix fut étudiée avec un soin extrême : la commission dé- clara qu'elle n’avait jamais rencontré un individu du genre perdrix ayant des analogies avec celui qui lui était présenté, mais elle re- grellait de ne pouvoir se prononcer, n'ayant sous les yeux qu'un seul sujet, car sa couleur étrange pouvail provenir de mille causes diverses. Était-ce l'effet d’une de ces maladies qui occasionnent tanL de bizarreries parmi les oiseaux, ou bien était-ce une variété acci- dentelle? l'absence de lous renseignements rendait une solulion impossible. M. Deloche, conservaleur du cabinet d’hisloire naturelle de la ville d'Angers, frappé des caractères de la perdrix exposée par M. Guillou, pensa qu’en faisant des recherches sur les lieux mêmes où elle avait été découverte, on pourrait peut-être connaître la vérité sur ce fail d'ornithologie. Pendant deux années consécutives il se livra aux investigalions les plus minulieuses, se mit en rapport avec les chas- seurs et les amateurs d'histoire naturelle des environs de Cholet, et finit par se procurer quatre perdrix de divers âges, semblables à celle envoyée à l’exposilion. Il consulta d’intelligents naturalistes de Paris ayant de grandes relations par toute la France, pour savoir si la per- drix en queslion était connue. Sur leur réponse négalive, il se mil à observer ses mœurs, et lorsqu'il fut suffisamment éclairé il s'em- pressa de soumellre au jugement de la Sociélé Linnéenne les données qu'il avait pu recueillir. ; La taille de cette perdrix est celle de la perdrix rouge (pelite race); son plumage est entièrement roux, sauf le front et la gorge qui sont noirs : chez les vieux sujels on remarque au bas de l'abdomen quelques plumes blanches. (1) L'organisation de la section d'histoire naturelle avait été confiée aux soins de la Société Linnéennie, ('uy- cos) VANt-OHIY XICHI 145 Elle est connue dans l'arrondissement de Cholet depuis dix ans, ainsi que dans le département de la Vendée où elle habile également. Comme la perdrix rouge dont elle se rapproche plus que de la grise, elle vit avec ses congénères et forme des compagnies nombreuses. Ja- mais on ne l’a vue se mêler avec des bandes de perdrix rouges ou grises. Son vol est très-rapide. Sa chair rougeâlre tirant presque sur le violet a le goût de celle de la pintade (Numida Meleagris Linn.). En 1860 on en comptait cinq compagnies en Maine et Loire. Cette perdrix figure dans plusieurs collections d'ornithologie, entre autres celles de MM. Baugas (1) et Guillou. Le cabinet d'histoire naturelle de la ville en possède un jeune couple. En présence des documents si précis communiqués par M. Deloche, il fut facile à la Société Lin- néenne de donner son avis. Aussi, dans la séance du mois de février dernier, fut-il déclaré que, jusqu’à preuve contraire, la perdrix de Cholet pouvait être considérée comme appartenant à une race non encore décrite à laquelle on proposa de donner le nom de perdix atro-rufa. Ses caractères sont beaucoup plus tranchés que ceux des autres races. Ainsi, comme nous l'avons dit, la perdrix rouge petite race ne varie du type que par sa laille. La roquette a des différences très- peu sensibles avec la perdrix grise, tandis que l’atro-rufa s'éloigne complétement par sa couleur et son port des autres perdrix connues en Maine et Loire (2). La constatation de son habilat dans l’Anjou est une heureuse dé- couverte pour l’ornithologie angevine, qui chaque jour, de plus en plus éludiée, fait de nouvelles conquêtes (3). (1) MM. Baugas ont envoyé à M. Deloche quatre de ces perdrix tuées sur la mé- tairie du Puy-Pinson commune de Saint-Aubin près Mortagne sur la limite des dé- partements de Maine et Loire et de la Vendée. (2) Les caractères qui tiennent à la mensuration ne pouvant être donnés exacte- ment que d’après des individus en chair et non montés, nous nous voyons forcés de remettre à une autre époque la description définitive de l'atro-rufa. (3) Au mois de décembre 1856, M. Deloche nous adressait la lettre suivante : « Un fait bien intéressant pour l'ornithologie de Maine et Loire vient de se pro- duire ces jours-ci et de fortifier une des indications du tableau de M. l'abbé Vincelot. Le 7 novembre dans une course que je faisais sur les bords de la Loire , j'aperçus un échassier que je ne pus atteindre et qui, à différentes fois, fixa mon attention et stimula mes poursuites par ses grandes dimensions et par son plumage éclatant de blancheur. J'invitai lés habitants de la Daguenière à surveiller cet oiseau et le 17 novembre je recevais par leur entremise un magnifique aigrette. Cet échassier est un des plus beaux qui aient été étudiés en France et même en Europe. Il a de la pointe du bec à l'extrémité des doigts 1 mètre 53 centimètres, 2 mètres d’envergure et 0, 50 10 146 Ainsi, au mois de janvier dernier il est passé aux environs de Sau- mur une pelite bande d’oies d'Egypte (Anas Ægyptiaca Lath) (1); les chasseurs ont pu en luer une qui figure dans la collection d'orni- thologie de la ville de Saumur, confiée aux soins intelligents de notre savant collègue M. Courtiller jeune. Maintenant qu’on cherche de tous côlés à acclimater dans nos forêls de nouveaux oiseaux tels que la perdrix de Californie et le Colenicui (2), les chasseurs com- prendront qu’il est de leur intérêt de voir se propager une remar- quable race de perdrix ; si une guerre opiniâtre ne lui est faile, nous sommes persuadé que celte perdrix qui tend à demeurer en Anjou se mullipliera dans quelques années, au grand contentement des amateurs de la chasse et de l’ornithologie. AIMÉ DE SOLAND. de la plante du pied au genou. La pointe du bec est noire et le reste est jaune. La peau nue des yeux jusqu'aux narines est d’un vert clair légèrement teintée de jaune. Les dimensions de ce héron sont d’autant plus remarquables qu’il n’est pas parvenu à son entier développement, le sujet étant un jeune mâle dans sa deuxième année. » Dans l’année 1856, il a été tué en Anjou deux bihoreaux à manteau noir (Ardea Nycticorax Linn.) adultes, mâle et femelle, ces deux biboreaux font , ainsi que le héron aigrette (Ardea egretta Linn.), partie de la collection ornithologique de la ville d'Angers. (1) Le 27 avril 1820, il a été tué une oie d'Egypte sur les bords de la Seine, près Saint-Germain-en-Laye. Cet oiseau fut envoyé au cabinet d'histoire naturelle de la ville de Paris. (2) Dans les parcs des environs de Paris on est parvenu à acclimater une très- belle espèce , la perdrix de roche, perdix Gambra Temm., perdix petrosa Lath. C’est un oiseau ayant le dos d’un roux cendré , le haut de la poitrine et la gorge gris, le ventre roux ; les croissants qui colorent les flancs sont plus larges et plus blancs que ceux de la bartavelle et la couleur marron des croissants qui bordent les premiers est beaucoup plus foncée. Sur le devant du cou il y a un demi collier roux parsemé de points d’une blancheur éclatante. Sur les ailes on voit huit ou dix taches d’un beau bleu de turquoise , entourées d’un cercle orange. Cette espèce tient le milieu, pour la taille, entre la bartavelle et la perdrix rouge. Elle ne se trouve que par hasard dans les provinces méridionales de la France, le long de la Méditerranée ; mais elle est commune en Espagne, dans l’Andalousie, ainsi qu’en Sardaigne, en Corse, en Calabre et en Sicile. Elle est aussi répandue en Afrique, jusque sous les tropiques : on la trouve en Barbarie , à Ténériffe, au Sénégal, sur les bords de la Gambie. Elle niche dans les buissons ou sur des lieux déserts et monteux. Quelquefois elle pond dans les champs. Le nombre des œufs est de quinze; leur couleur est jaune sale, semée d’un grand nombre de petits points verdâtres. Il serait aussi facile d'acclimater en Anjou que dans les environs de Paris la perdrix de roche, qui est une des plus belles du genre. ÉTUDE CHIMIQUE SUR LES OLÉACÉES. La mannitea élé découverte par M. le baron Thénard dans la manne en larmes dont elle est le principe purgatif. Elle se trouve encore dans les sucs exsudés par cerlains cerisiers et pommiers, dans le suc des oignons et des betteraves, dans le céleri, les asperges, les champi- gnons, dans l’aubier de plusieurs espèces de pin, et particulièrement du larix, elle exisie encore dans le miel fermenié selon M. Guibourg- La mannile se forme en outre dans des sucs végétaux sucrés où elie ne préexisle pas, lorsqu'ils subissent la fermentalion visqueuse. Mais elle n’avait point été indiquée dans les feuilles de lilas, de frêne et de troëne où Je viens de la trouver. Si celte découverte a quelqu’importance, cette importance est pu- remenl scientifique. Elle démontre en effet avec quelle sagacilé nos savau{s botanistes ont su ranger dans un même groupe des plantes qui ont entre elles de si grands rapports dans leur composition in- time. L'existence d’un même principe dans le tissu des feuilles de ces différents végélaux, prouve la justesse de leurs observations qui porlaient uniquement sur les caractères physiques, et confirme en même temps l'exactitude de ces derniers. Nous trouvons une preuve des rapprochements qui existent entre ces différentes plantes, dans un fail assez extraordinaire, et cepen- dant nalurel. de dis nalurel, parce que l'instinct seul guide les can- (harides dans le choix de ces plantes pour en faire leur nourriture. 148 C'est, en effet, spécialement sur les frênes, les troënes et les lilas que l'on rencontre ces coléopières. A quoi attribuer ce choix ? N’est-on pas en droit de supposer qu’il existe dans ces végétaux un priucipe commun, particulier, qui engage ces insectes à leur donner la préférence ? Il n’est pas ce me semble déraisonnable d’admellre que ce principe puisse être la mannile, puisque nous la trouvons dans chacun d'eux. Sa saveur sucrée expliquerait jusqu’à un cerlain point le choix qu’en font ces animaux. On se demande s’il existe quelque analogie entre ces végélaux et ces insectes, où plutôt entreles produits qu'ils fournissent, la mannile el la cantharidine. Leurs caractères physiques font certainement re- pousser toute idée de ressemblance. Il est impossible en effet de comparer une substance âcre et vésicante comme la cantharidine, à une substance douce, sucrée et purgative eomme la manuite. Mais si l’on examine la composition chimique de ces deux prin- cipes, on voit qu'avec quelques changements, la mannite peut devenir de la cantharidine. En établissant les formules chimiques, en se rendra plus facilement compte de cette observation. La mannite esl représentée par C2 H'# O5 d’après Liebig (1), la cantharidine par G10 H6 O* d’après Guibourt (2). La mannite contient donc deux atômes de carbone, huit atômes d'hydrogène, et deux atômes d’oxigène de plus que la cantharidine. Mais la quantité excédante de ces différents corps est telle, qu'ils peuvent former deux composés bien définis. Ainsi avec le carbone et une partie de l'hydrogène on lrouve l'hydrogène demi-carboné et avec l’autre partie d'hydrogène et l’oxigène, on peut former de l’eau. Si donc on enlève à la mannite deux alômes d'hydrogène demi-car- bone et deux atômes d'eau, on obtiendra la cantharidine. Voici com- ment on peut formuler ce dédoublement : C2 Hé 05—C10 H6 04+-2 (CH2)+-2 (H20). Ceci n’est bien entendu qu’une théorie. Il n’est cependant pas im- possible que les choses se passent ainsi; car on peut aisément sup- poser que l’éliminalion de ces deux corps, hydrogène carboné et eau, (1) CS HT 06; d’après Malaguti. (2) C5 HT AZ° OS d’après Liebig. 149 a lieu pendant l'élaboralion des substances qui ont été absorbées par les cantharides. On trouve un exemple d’une semblable transformation de la sali- cine en castorine dans le Trailé de pharmacie de Soubeiran. Voici ce que dit à ce sujet cet habile praticien : « La salicine retirée de l'écorce des saules, est changée sous l’in- » fluence de l'acide chromique, en hydrure de salicile, ou acide sa- » licileux : celui-ci, chauffé avec de la polasse, se change en acide » salicilique » C!4 HS 0° » qui ressemble à l’acide benzoïque. A leur tour les salicilates alca- » lins distillés se changent en acide carbonique et en acide phé- » nique (1) ou carbolique » C2 H 0 » qui est aussi un des produits à la distillation de la houille. Les » castors qui mangent les écorces qui contiennent de la salicine, font » donc subir à celle-ci dans leur organisme, cette même transformation. » Je laisse à des observateurs plus habiles le soin d'approfondir cette question. La découverte de la mannite dans le lilas est une de ces déceptions que l'on rencontre souvent en chimie ; en opérant sur ces feuilles mon but était tout autre. L'éloignement du pays qui produil le quin- quina ; la disparition possible dans un temps plus ou moins éloigné de cet arbre par suite de la manière défectueuse dont on l’exploite, et enfin la cherté des écorces de quinquina et des produits qu’elles fournissent ; toutes ces considérations réunies, font, que depuis long- lemps déjà, les personnes qui s'occupent de travaux chimiques, cher- cheni un succédané indigène au roi des fébrifuges, le sulfate de qui- nine. C'est donc müû comme bien d’autres par le désir de détrôner ce remède souverain que j'ai entrepris des recherches, supposant bien qu’elles seraient inuliles a cause de mes faibles capacités. Je me mis cependant à l’œuvre avec l'espoir que le hasard seconderait ma bonne volonté. Jusqu'ici l'expérience a démontré que les anti périodiques se trou- vent particulièrement dans la classe des amers. C'est donc parmi ceux-ci que j'ai dû chercher un sujet d'étude. Afin qu'un semblable travail pût rendre tous les services qu’on est en droit d'en attendre, il était indispensable, selon moi, d'agir sur une plante dont la cul- (1) La castorine est identique à l'acide phénique (acide carbolique). 150 ture fût facile el peu coûteuse. Sans cela le but ne serait pas atteint. La saveur amère du lilas et la facilité avec laquelle cet arbre croît dans nos climats, m'avaient fait croire qu'il remplissait toules les conditions favorables. C’est daus le courant des diverses manipula- tions que je m'élais proposé de faire, que je rencontrai la mannite. Ma surprise fut grande de trouver dans ces feuilles un principe qui se retire ordinairement de la manne. Mais en me rappelant la source de celte dernière substance, je fis facilement un rapproche- ment. En effet la manne est un suc qui découle de plusieurs espèces du genre Fraxinus, lequel est voisin du genre Syringa ; et tous les deux apparliennent à la même famille. Je voulus voir si la mannile qui se trouve dans lesuc exsudé par ces frênes, existait aussi dans leurs feuilles. J'opérai comme je l'avais fail pour les feuilles de lilas, et j'obtins également de la mannile, quoiqu’avec un peu plus de difficultés. Encouragé par ces succès, je poursuivis mes invesligalions sur d’autres plantes de la même famille. Le troëne que j'avais à ma dis- posilion, fut soumis à des manipulations conformes à celles que j'a- vais employées pour les feuilles de lilas et de frêne, et le résultat fut aussi le même, c’est-à-dire que j'y rencontrai également de la man- nite. Voici donc trois genres appartenant à lrois tribus différentes de la famille des oléacées, qui contiennent le même principe purgatif. Ces trois tribus sont 1° les Fraxinées, 2 les Syringées, 3° les Oléinées. J’au- rais voulu expérimenter sur des plantes de la quatrième tribu, les Chionantées, mais j'ai été arrêté par la difficulté de m’en procurer. Pendant longtemps'on a considéré les Jasminées et les Oléacées comme faisant partie de la même famille (les Jasminées), dont elles formaient deux tribus principales. De nouvelles observations ont engagé à séparer ces deux tribus pour en faire deux familles dis- linctes. Pour vérifier jusqu’à quel point cette séparation était fondée, j'ai cherché si je trouverais dans le jasmin de la mannite, comme J'en avais découvert dans les vraies oléacées. Les résultats que j'ai oble- nus ayant élé négalifs, on cst porté à croire que la division de ces deux tribus élait conforme aux caractères extérieurs qui l'avaient molivée. Je dois dire aussi que j'ai trouvé de la mannite dans les fruits du lilas, et si ce n’était la différence de solubilité dans l’eau qui existe entre ce principeet la lilacine obtenue par M. Meillet des cap- sules vertes de la même plante, je considérerais ces deux produils comme une même substance ; car dans le courant de mes recher- ches, j'ai aperçu de petites aiguilles qui avaient par leur forme le 151 plus grand rapport avec la cristallisation de la lilacine que décrit ce chimiste, cristallisation qui du reste est à peu près semblable à celle de la mannile. Pour extraire de la mannite, j'opère de la manière suivante. Je fais une forle décoction de feuilles de lilas ; je passe avec expression, et j'évapore la liqueur en consistance de sirop épais. Je‘traite par l'alcool, jusqu’à ce que celui-ci ne dissolve plus ni matière coloranle, ni principe amer. Je laisse déposer el même je filtre s’il en est besoin. Je distille les 3/4 environ de l'alcool employé, puis j’abandonne le résidu de la dislillalion dans un endroit frais. Au bout de quelques jours la mannitle est déposée. Je la purifie en décantant la matière colorante et en lavant avec de l'alcool pour ôter celle qui reste sur les cristaux. Lorsque l'alcool n’enlève plus rien, j'achève la purification avec de l’éther. Je fais alors dissoudre les cristaux dans de l’alcool bouillant, puis je filtre sur du charbon. On voit bientôt la mannite se déposer, et il ne s’agit plus que de la jeter sur un filtre ou sur une toile, et de la faire sécher. La mannile ainsi obtenue est très blanche et très pure, mais pour les besoins de la pharmacie on peut bien se dispenser de laver avec de l’éther. On évile par là une dépense assez considérable. Je me suis assuré d’ailleurs qu’on avait obtenu des résullals Lout-à-fait salisfai- sants avec de la mannile qui n’avait pas subi ce irailement. Celle nouvelle source d’un purgatif très-agréable trouvée, je de- vais chercher les moyens de l’introduire dans la pratique médicale, en la mettant à la portée de tout le monde. Pour cela il élail néces- saire de l'obtenir à un prix aussi modéré que possible. De nouvelles études devenaient alors indispensables. IL fallait {1° trouver un pro- cédé plus économique que celui que je viens d'indiquer ; 2 savoir à quelle époque de l’année il serait plus avantageux de faire la ré- colle des feuilles de lilas. Je fis ea conséquence cueillir du lilas tous les mois, depuis l'ap- parilion des feuilles jusqu’à leur chute. Ces expériences m'ont démontré que le mois de juin élait celui qui offrait le plus d'avantages. Ce point éclairci j'ai essayé plusieurs procédés d'extraction, mais aucun n’a réussi d'une manière salisfaisante. Pour gagner du temps et économiser du combustible, j'ai opéré par la méthode de déplacement à l’aide de l’alcool. Ce moyen ne m'a pas paru avantageux, parce qu'on dissout une matière verle très abondante qui gêne les manipulations ullérieures. Par le déplacement au moyen de l’eau, on n'éviterait que les frais 152 de combustible et cela ne m'a pas paru suffisant, pour amener une grande amélioralion. Ce qu'il importe surtout, c’est d'éviter le plus possible l'emploi de l'alcool. Cet agent coûteux augmente beaucoup les frais par la perte qui a lieu pendant les opérations. En décrivant la manière dont j'ai obtenu la mannite, j'ai eu pour bui de tracer une ligne de conduite à ceux qui voudraient s'occuper de ce corps afin qu'ils pussent trouver des modifications qui permet. traient de la retirer avec moins de frais. Il est facile de se rendre compte de l’imporlance qu’il y aurait à ‘découvrir un tel procédé. La mannile est le principe purgatif de la manne, el celle-ci qui est fréquemment employée en médecine, nous vient de pays étran- gers. De sorle que si nous trouvions chez nous le moyen de rem- placer cette substance, nous nous affranchirions du tribut énorme que nous sommes obligés de payer aux pays qui la produisent. J'ai parlé plus haut des fébrifuges, je dois avant de terminer, et quoique ce soit en dehors de mon sujet, faire connaître l’opinion que je me suis formée sur la valeur de nos amers indigènes, considérés comme antipériodiques. J'ai fait bien des tentalives pour extraire le principe amer d’un certain nombre de plantes, telles que la petite centaurée, l’absinthe, le lilas, le cardére, les écorces d’oranges amères, etc..…., ele... Dans ces différents travaux, j'ai toujours remarqué qu'arrivés à un degré de concentration très avancé, les produits que j'obtenais avaient une réaction acide sur le papier de Tournesol. Cette propriété indi- que nécessairement ou que le principe amer est acide ou qu'il est accompagné d’une substance acide. Lorsqu'on y ajoute un alcali, ou polasse, ou chaux, l’amerlume disparaît complétement, sans doute qu’il y a combinaison entre la base ajoutée et le principe amer qui joue le rôle d’acide. Si l’on fait la comparaison de ces propriétés à celles de la qui- nine, on voit qu'elles sont diamétralement opposées La quinine, en effet, joue le rôle de base puisqu'elle sature les acides de manière à former des sels. On sait aussi qu’elle renferme de l'azote parmi ses éléments, caractère propre aux alcalis végélaux qui se combinent aux acides. Quant aux principes immédials qui ont été isolés de nos diffé- rentes plantes amères, ils on! tous été rangés dans la classe des prin- cipes neutres. Aucun de ceux dont la composition est connue ne contient d’azole. Ainsi la salicine que l’on peut mettre en première ligne comme succédané indigène est composée seulement de 153 C2 HS 0!*; la phlorizine, le gentianin etc. ele. renferment aussi les mêmes éléments el point d'azote. Ces principes, pas plus que les autres plantes de nos pays qui ont élé essayées comme antipériodiques, ne peuvent êlre regardés comme de véritables fébrifuges. Ils réussissent quelquefois dans les fièvres vernales, mais ils échouent généralement dans les fièvres in- termiltentes. Ces propriétés négalives de nos végétaux indigènes se retrouvent ‘également dans des plantes exotiques qui ont élé proposées pour rem- placer le quinquina. Des essais ont été tentés sur des substances re- marquables par leur saveur amère, et les principes immédials que l’on a pu en extraire ont été aussi classés dans le groupe des princi- pes neutres, c’est-à-dire de ceux qui sont privés d’azole. Le Colombo, l'Auguslure vraie, le Tulipier, le Quassia amara, le Caïl cedra, ainsi que les malières amères isolées ne peuvent couper les fièvres inter- mittentes d'une manière définitive. ; C'est donc seulement par leur saveur que toutes ces plantes ont quelque ressemblance avec le quinquina. Quant à leurs propriélés médicinales, eiles ne peuvent être mises en rapport, car la quinine est assurément le fébrifuge par excellence, tandis que lous ces amers le sont très peu ou point. De ces différences entre les diverses propriélés de la quinine el de tous ses succédanés indigènes et même exoliques, lant sous le rap- port thérapeutique que sous le rapport chimique, ne peut-on pas tirer cetle conséquence : Que c’est parmi les substances amères al- calines et azotées qu’il faut chercher les véritables succédanés de la quinine ? H. ENON. ÉTUDES SUR LE RECENSEMENT DE LA POPULATION DE LA COMMUNE D'ANGERS EN 1856 (), Le tableau A nous a présenté la populalion répartie suivant les sexes el l'état-civil des habitants ; le tableau C qui va suivre pré- sente la répartition de la population suivant les professions. Six grandes catégories composent ce tableau : 1° Agriculture et horticulture, 7,976 individus soit 1/6 de la popu- lalion ; 90 Industrie, 22,750 individus, a très peu près 1/2 ; 3° Commerce, 3,952 individus, soit un 1/12°; 4° Profession intéressant les trois précédentes et se composant à peu près exclusivement des personnes qui se livrent au commerce de la banque, 224 individus ou 1/204 de la population ; 5° Professions libérales, 4,711 individus ou 1/10" ; 6e Sans profession, 6,022.individus ou 1/8° de la population. Parmi les professions industrielles, celle qui fournit l'existence à un plus grand nombre de personnes esl l'industrie du bâtiment qni présente un effectif de 6,142 individus. Viennent ensuile . L'industrie de l'habillement el de la toilette, 3,946 individus. L'industrie des lissus, 3,18 — Enfin le voisinage des grandes exploilations des carrières d’ardoise (1) Voir page 72. 155 fait compiler dans la population d'Angers 2,251 individus dont l'exis- Lence se rallache à celle importante industrie. Au premier rang parmi les professions commerciales figure le com- merce de l'habillement et de la toilette qui est représenté par 1594 in- dividus. Vient ensuite celui de l'alimentation qui compte 1331 indi- vidus. Les chiffres des autres divisions de celle catégorie sont de beaucoup inférieurs à ceux qui viennent d’être cités. Un simple coup d'œil sur la division des professions libérales per- met de se rendre compte de l'imporlance de leurs différentes bran- ches et l’on voit de suile que l'administration et en second licu le clergé y prennent un rang bien supérieur aux autres branches. J'aurais désiré, mais je n'ai pas élé à même de le faire, élablir pour ce tableau, comme pour le tableau À une division entre la rive gau- che et la rive droite de la Maine. De la répartition des professions sur chacune des deux rives, j'au- rais certainement pu tirer des renseignements intéressants pour les appréciations auxquelles je me suis livré plus haut sur les aspects différents qu’elles présentent. DELALANDE. TABLEAU C. RÉPARTITION DE LA POPULATION SELON LES PROFESSIONS. HOMMES, | FEMMES. | ENSEMBLE [. AGRICULTURE. — HORTICULTURE 3. Travail des métaux .............. 33 26 59 4. — des objets en métal........ 582 573 | 1.155 D NOIRS 2 ie Pts MURS RE ARE 111 107 218 GARROS NS POS ECTS NS ne 173 152 325 TOITS NOMME RENTE C ETC NEE 5 2 7 8. Produits chimiques.............. 72 70 142 OPBatimentralt RCA Er. 3.086 | 3 056 | 6.142 10. Ameublement................... 60 127 187 11. Habillement, toilette. ............ 1.297 | 2.649 3.946 192 PAlimentationentse meet js 2 984 1.018 2.002 19#00ransports CARMEN 1.072 | 1.014 | 2.086 14. Industries relatives aux sciences... 103 107 210 15. — de luxe et de plaisir ..….. 148 161 309 16. — de GUERRE Re a. » » » DÉOMAEEULR TONER Le 33 39 12 18. — diverses, non classées... 32 89 121 156 RÉPARTITION DE LA POPULATION SELON LES PROFESSIONS. ne LIT. COMMERCE : . Habillement , toilette . Alimentation . Chauffage, éclairage . Transports . Sciences et arts . Luxe et plaisir . Divers LO CO 1 OUR GO RO IV. PROFESSIONS INTÉRESSANT L'AGRICULTURE, L'INDUSTRIE ET LE COMMERCE : Banques, &. V. PROFESSIONS LIBÉRALES : 1. Judicaires . Médicales 3. Enseignement . Sciences , lettres et arts VI. SANS PROFESSIONS ....... ANRT RÉCAPITULATION. HOMMES. 1.773 HOMMES. | FEMMES. Agriculture Industrie Commerce Professions se rattachant aux trois ci-dessus Professions libérales. .....,.... Sans profession 4.256 12.256 2.179 116 2.889 3.168 FEMMES, 156 94 2.179 2.889 3.768 ENSEMBLE ENSEMBLE| PrOpor- 7.976 22 748 3.952 224 4.711 6 022 tionnalité 17.478 49.853 8.660 491 10.323 13.195 20.169 | 25.466 | 45.635 |100.000 LES CIGOGNES SOUVENIRS DE POLOGNE ET DE HONGRIE Ma sympathie pour les cigognes date de loin, ce qui, soit dit en passant, ne prouve pas que je sois bien jeune. Avant de parler de ce grand et bel échassier, qu’il me soit permis de dire quelques mots des circonstances auxquelles j'ai dû de pouvoir en étudier les mœurs et les habitudes. Après avoir suivi à travers de nombreuses contrées les chances si diverses des événements d'alors, je fus fait prisonnier de guerre dans l’une des dernières campagnes d'Allemagne de Napoléon Ier, et le sort m’ayant adjugé moi et mes collègues du service de santé à l’empereur d'Autriche, nous fûmes envoyés au fond de la Hongrie où nous demeurâmes jusqu’à la solution du grand drame qui s’ac- complissait alors dans notre patrie. On nous y répartit chez les habitants des campagnes, où nous ne lardâmes pas à trouver dans la facilité de notre caractère et dans le prestige de nolre nationalité, les moyens de rendre notre position plus que supportable. Les populations rurales des pays seplentrionaux, beaucoup plus instruites d’ailleurs que les nôtres, sont disséminées sur de grands espaces entrecoupés de lacs et de vastes forêls. Cet isolement fait qu'on trouve debout chez elles, des croyances respeclées, de vieux usages consacrés par le temps, avec une légère teinte de supersli- lion qui rappelle qu’on se trouve au berceau des légendes. On y dit encore : Ne fais pas celle action, mon enfant, elle te porterail 158 malheur; on le dit, et de plus on le croit. Préjugés que tout cela, dit notre réalisme qui ne croit plus guère qu’au trois pour cent, mais préjugés qui répandent dans les relations individuelles, une douceur, une bienveillance et une charité qu’on ne peut s'empêcher de regretter auprès de la sécheresse toujours croissante de nos mœurs, perfeclionnées à la vapeur. Outre l’idiome magyare et l’al- lemand, on y parle encore très purement la langue laline (1), dont la présence est ici plus intéressante qu'ailleurs, par le souvenir d'Ovide qui y pleura si longtemps son éloignement de Rome, el qui, par l'harmonie de ses chants, y naluralisa sa langue que parlent encore aujourd'hui, après dix-huit siècles, les successeurs des Sar- males. Me voici bien loin des cigognes, dont mes souvenirs m'ont trop éloigné, j'y reviens sans transition, et, comme leur description se trouve partout, je n’en reproduirai ici les principaux caractères qu'à l'occasion de cerlaines particularités qui m'ont semblé présenter quelque intérêt. La cigogne, de la famille des échassiers cullrirosires, est, comme chacun sait, un grand et bel oiseau de marais, dont le corps est blanc el les rémiges noires. Il est long d’un mètre dix à un mètre treute centimètres, et l’envergure de ses ailes en mesure le double. Son cou est d’une longueur remarquable; son bec, également fort long (du double au moins de celui de la grue), est épais à sa base, et, comme ses jambes et ses patles, il est d’un rouge éclatant. Il en existe une autre espèce eutièrement noire, mais elle est peu répandue, vit solitaire, ne fréquente que les marais les plus écarlés, el niche sur les arbres élevés et dans l'épaisseur des forêls. Je n'ai jamais eu occasion de la voir. La cigogne élait très répandue dans l’ancienne France, mais elle en a peu à peu déserté les parages, et ne se rencontre plus guère que dans les départements du Haut et du Bas-Rhin el dans celui des Vosges. Je l'ai vue {rès communément en Pologne et en Hongrie; on la trouve de même en Hollande et dans presque loue l’Allema- gne, C’est un oiseau de passage. Elle se montre dans les premiers jours de mai et émigre vers la fin d'août ou au commencement de septembre pour passer en Egyple, en Nubie el jusque dans l'Inde, ainsi que le prouve le fait suivant : Dans une chasse au tigre, un nabab de l'Inde anglaise prit un jour, le long d’une rizière, une cigogne vivanle. Il s’aperçut avec (1) Fluide loquimur latine, me disait un laboureur de mes voisins. 159 surprise qu’elle portait un collier de fer sur lequel élaient gravés ces mots : « Hæc ciconia ex Polonia. » (Cette cigogne vient de Pologne.) Le printemps suivant, au retour de la migration, celte même ci- gogne fut reprise en Pologne et présentée au comte Ladislas Bo- rouski, sur les terres duquel elle nichait tous les ans ; mais quel ne fut pas l’étonnement de ce seigneur en voyant l'anneau de fer qu'il avait fait meltre au cou de son oiseau, remplacé par un riche collier d’or sur lequel on lisait : « Hæc ciconia cum donis remittit India Polonis. » (L'Inde renvoie à la Pologne cette cigogne ornée de ses dons.) La cigogne se plaît dans les lieux élevés, et fait son nid sur les tours des vieux châteaux et sur les édifices publics. Elle nourrit longtemps ses pelits, et son attachement pour eux est exirême: parmi les exemples nombreux qu'on en pourrait ciler, il n'en est pas de plus touchant que celui qui se produisit dans un incendie de la ville de Delft, en Hollande, où l'on vit une cigogne qui avait construit son nid sur une cheminée, faire lous ses efforts pour sau- ver ses pelils. On la voyait déployant ses ailes autour d'eux, rece- voir les étincelles et les charbons, braver la flamme qui déjà com- mençait à la saisir; mais insensible pour elle-même, elle ne pensait qu’à ses chers pelits, déplorait leur perte par des cris plaintifs, et, préférant mourir plulôt que de leur survivre, elle finissait par être brûlée aux yeux de la population attendrie. C'est le seul des animaux qui montre quelque tendresse pour les auteurs de ses jours, après qu’il a acquis la force de suffire à ses pro- pres besoins et qui les défende et pourvoie à leur nourriture quand ils sont affaiblis par l’âge. C’est sans doule pour cette raison que dans l’anliquité les cigognes élaient considérées comme des oiseaux sacrés, el qu’en Thessalie, la peine de mort était décernée contre ceux qui les tuaient (Pline, lib. X, cap. xx. — Plat., de Isid. et Osir., tom. II, pag. 380). Voilà aussi pourquoi les Romains leur ont donné le nom d’Avis pia (oiseau pieux.) Les peuples du nord ont, comme les Grecs et les Romains, la plus grande vénéraiion pour les cigognes. Les maisons sur lesquelles ces oiseaux viennent s’élablir, sont regardées comme favorisées du ciel. On soulient au besoin, par des élais, le nid qu'elles se sont 160 construit sur le sommet des toits, el si quelqu'un s’avisait de leur faire du mal, il serait poursuivi comme un Egyplien qui tuerait un ibis. Chez nous, la même protection est loin de leur être acquise, el lorsque, par hasard, quelqu’une de ces. pauvres bêles s’aventure dans nos marais, il n’y a pas assez de fusils dans le pays pour la pu- uir de s’êlre trompée de roule. Dans le temps que j'étais prisonnier, j'ai été à même de juger à quel point on les respecte et on les soigne. La chaumière du paysan chez lequel j'élais logé, n’excédait pas en hauteur celle d’un pre- mier élage, et je vois encore, appuyé contre le tuyau de la chemi- née, le gros nid de sa cigogne qui, fidèle au toit qui l'avait vue naïî- tre, y revenait constamment, tous les printemps, occuper avec une sécurilé parfaile le nid où elle avait reçu le jour et où elle élevait sa jeune famille. Leur principale nourriture consistait en poissons qu'elle apportail avec une abondance telle, que mon paysan pouvait facilement y prélever, à l'occasion, un fort bon plat, dont je sup- portais assez doucement qu'il rehaussät mon ordinaire. Lorsque durant la mauvaise saison, quelque ouragan avait dérangé l'habita- lion alors solitaire de son oiseau, le bonhomme, s’aidant d’une échelle, ne manquait pas de la consolider en altendant qu'elle fût occupée de nouveau. Le soir, dans la belle saison, lorsqu'assis sur le banc placé à la porte de la maison, nous devisions paisiblement des choses de l’agriculture ou de celles de France, que le rustique audiloire écoutait toujours avec avidilé, notre cigogne, partie des marais voisins d’où elle revenait régulièrement trois fois par jour porter à manger à ses pelits, rentrait enfin pour la dernière fois à la tombée du jour. Nous l’apercevions de loin venir à une grande hauleur, puis arrivée au-dessus de la maison, sans que notre pré- sence la troublât le moins du monde, elle y descendait en décrivant avec lenteur, des cercles gracieux qui se rétrécissaient de plus en - plus jusqu’à ce qu'elle se posât sans bruit sur son nid, tenant pen- dant plusieurs heures son long cou, droit comme un obélisque, puis finissant par le replier sous ses ailes. DELAGENEVRAYE. Ancien pharmacien du roi, en cour. NOTE SUR LE LIAS MOYEN EN MAINE ET LOIRE. Le Lias moyen (Etage Liasien d'Orb.) est jusqu’à présent à peine connu en Maineel Loire, et les quelques fossiles retirés d’un puits foré à 95 mètres, dans la commune de Huillé, ou trouvés sur le sol de Lezigné, par M. Millet, ont permis à ce savant de soupçonner plutôt que d'affirmer l'existence de cet important étage du terrain jurassique (1). Pourtant sur nos limites actuelles ct dans l’ancien Anjou, la commune de Précigné venait de montrer aux patientes recherches de M. l'abbé Paumard une précieuse localité offrant, parmi des types incontestables, de rares et curieux fossiles liasiens. En visilant à Lézigné une carrière qui a sans doute échappé aux investigations de notre collègue, nous avons pu trouver avec quelques espèces peut-être nouvelles (2), l’une de celles qu'indiquait à 15 ki- lomètres plus loin la collection de M. le professeur de Précigné. Les Spiriferina (d'Orb.), genre dans lequel nous rangeons ce fossile, sont exclusivement liasiques.Onze seulement étaient connues au mo- ment de la publication du prodrome, six dans le Lias inférieur, qua- tre dans le Lias moyen et une dans le supérieur. Tout en augmentant ce nombre, les découvertes récentes ne paraissent pas avoir étendu les limites stratigraphiques (3). C'est au Sp. oxigona (Deslongchamps) (1) Paléontologie de Maine et Loire, p. 63. (2) Ces espèces à l'exception d’un Pecten et d'articles du Pentacrinus basalti- formis (Miller), sont malheureusement dans un très mauvais état de conservation. Nous les rapportons avec doute aux genres suivants: Pleurotomaria, Astarte, Ostrea, Rhynchonella, Anabacia. (3) Voy. mémoire sur la couche à Lepiæna, bulletin de la Société Linn. de Normandie, tome 3. 11 162 que nous rapporlons l'espèce de Lézigné. Bien que nommée dans le Mémoire sur la couche à Leptæna (1), cetle espèce n’y est pas décrite, mais de la diagnose différentielle de trois espèces voisines et des figu- res délaillées de la planche IT, on peut tirer les éléments d'une des- criplion complète. Si uous la hasardons ici, ce n’est qu’en rapportant au savant doyen de la faculié de Caen tout ce qu'elle a d'important et d’exact, et ne réclamant pour nous qu’un faible complément, ou les varialions présentées par nos échantillons angevins. SPIRIFERINA (d'Orb.) 1847. Oxigona. E. Deslongchamps. 1858. Bullet. de la Soc. Linn. de Normand. t. IT, pag. 168, pl. IN, fig. 4 à 10. Sp. Munsteri (pars). Dimensions. jeune. moyen. grand. Larsen, Le 20 18 30 36 Loneueur.:s... 12 18 22 Epaisseur. . . . . . . 9 15 18 Coquille transverse un 1/3 plus large que longue, valves médiocre- ment disproportionnées, surface ornée de 12 à 14 côles (qq f. plus) latérales aiques, simples non dichotomes. Grande valve recourbée avec un sinus médian assez profond, égalant en largeur 2 ou 3 côtes latérales, augmentant de dimensions avec l'âge, sans plis longitudinaux. Petile valve légèrement bombée, offrant un bourrelet médian correspondant au sinus de la grande valve. Plis de la coquille marqués de punctures sur toute la surface, sans épines perforées sur l'arête. Crochet et area presque planes et n'offrant qu'une légère courbure. Aspect général de la coquille anguleux et aigu dans toutes ses parties. M. Deslongchamps insiste sur la forme plane el sans aucune cour- bure de l’Area. Tous nos échantillons nous ont offert une surface légèrement concave et une courbure faible mais évidente. Voy. fig. 5. Rapports et différences. Voisine des Sp. Tessoni, Davidsont, Des- lonchampsü, elle diffère d'eux tous par l'absence de plis au sinus; du premier par les plis simples; des deux derniers par les punctures sur toute la surface des plis. Sa forme anguleu$e el son area presque plane sont caractéristiques. O8s. Cette espèce doit être très voisine du Spirifer oxyplerus, Buvignier 1843, Mémoires de la soc. Philomatique de Verdun, t. 2, p. 238, pl. 5, fig. 8. Spiri- ferina oxyptera, d'Orh. 1847, Prodrome, Et. Liasien, n° 229. (4) Ball. de la Soc. Linn. de Normandie, t. III, p. 168. 163 Voici en effet les caractères communs : Longueur 400, largeur 182, hauteur 68 ; « L’area dépasse la longueur de la coquille pour se terminer en ailes très aigues. » La surface de la coquille est couverte de petites aspérités qui vues à la loupe » la font paraître comme une râpe » ; mais par opposition: « Les plis sont » arrondis au nombre de quatre à six de chaque côté, les derniers à peine sensibles. » Pour compléter cette diagnose qui pourrait laisser quelques doutes, nous avons ajouté à notre planche fig. 7, la figure unique donnée par M. Buvignier dans le mémoire cité. Localité. Lézigné, Maine et Loire, dans le Lias moyen au des- sous de la couche tabulaire de l’Oolite miliaire. Les seules localités où on l’ait trouvée jusqu'ici appartiennent ex- clusivement à la région nord-ouest des terrains jurassiques. May, Fontaine-Etoupefour, Bretteville sur Laize (Calvados), Précigné (Sar- the) (1). Les échantillons de Lézigné sont très nombreux mais rarement en bon état de conservation; aucun de ceux que nous avons recueillis ne dépasse la dimension de 25 millim. en largeur. EXPLICATION DE LA PLANCHE N° II. Fig. 1. Détails des punctures grossis à la loupe d’après M. E. Des- longchamps et vérifiés sur nos exemplaires. Fig. 2. Exemplaire déformé de Lézigné et analogue à la fig. 8 de M. E. D. Fig. 3. Pelite valve du plus grand exemplaire de Lézigné. Fig. 4. a ct b. Faces antérieure et postérieure des grands individus d’après M. E. D. Fig. 5. a face dorsale d’après nos exemplaires. Fig. 5. b profil latéral montrant la courbure et l'excavation de l’area exempl. de Lézigné. Fig. 6. Détails intérieurs de la pelite valve. Fig. 7. Sperifer oxypterus, Buvignier. Dr. E. FARGE. (1) Ball. de la Soc. Linn. de Normandie, loc. cit. ADDITIONS A LA PALÉONTOLOGIE DE MAINE ET LOIRE, NOTE SUR LE PECTEN GUERANGERI Nous annoncions dans le fascicule précédent parmi les additions à la faune fossile de Maine-et-Loire deux espèces nouvelles du genre Pecten (voy. p. 70, n°s 23 et 24). Avant de décrire notre découverte, el pour ne pas nous exposer à encombrer sans utililé la synonymie, nous avons soumis nos échantillons à deux savants dont l’autorilé peut être hardiment invoquée, M. Hébert, professeur de géologie à la faculté des sciences de Paris, et M. Ed. Guéranger, du Mans. Pour le premier notre n° 23 est vraiment inconnu et le n° 24 serait le Pecten virgatus Nilsson, nouveau seulement pour notre pays. Pour M. Guéranger, si compétent à tous égards et si accrédilé quand il s’agit de cetle faune cénomanienne enrichie de ses découvertes, le n° 23 est complètement nouveau et le n° 24 est également inédit ; il diffère du P. virgatus par les limites, les dimensions et la forme des sillons, la posilion straligraphique, etc. En présence de ces doutes nous croyons devoir nous borner, pour aujourd’hui, à la des- cription de l'espèce inconnue sans conteste, et nous la dédions à l’aimable savant qui a plus d’une fois guidé nos études paléontolo- giques. PECTEN (Guallieri), 1742. Guerangeri Em. Farge. 1860. P. nov. sp. additions à la Paléont. de Maine-et-Loire. Annales de la Soc. Linnéenne, t. 1v, p. 69, no 23. h 165 Dimensions : Largeur, 48 millim. Longueur, 95 0/0. Epaisseur, 26 0/0. Larg. des orcilles, 50 0/0. Angle apicial, 1000. Coquille orbiculaire, déprimée, inéquivalve, la valve supér. plus bombée :: 10 : 7, ornée à chaque valve de 18 à 20 côtes simples arron- dies, aussi larges que les sillons qui les séparent, pourvues de distances en distances d’élévalions squammeuses presque nulles sur les côtes moyennes qui sont obsolètes excepté vers le limbe, plus constantes, par- fois mucronée sur les 2 ou trois côtes latérales. Sillon intercostal lisse ou légèrement marqué d'une ou deux lignes longitudinales et faiblement strié en travers par les lignes d’accroissement. À l'intérieur les côtes for- mées par les sillons externes sont à surface plane et à côtés verticaux. Oreilles bien marquées, un peu inégales, pourvues de côles rayonnantes et de stries d’accroissement très-prononcées. La face interne de l'oreille droite porte quelques petites dents qui semblent la trace du passage du byssus. Rapports et différences. Voisine du P. subacutus, celte espèce s'en distingue nettement par sa forme orbiculaire, le nombre de ses côles, leur forme et celle des sillons. Localités. Elle appartient à la strate supérieure du terrain céno- manien, couche à Ditrupa deformis de M. Guéranger. Nous ne l'avons rencontrée que sur les coteaux de Gouy (Maine-et-Loire), et de Ba- zouges (Sarthe), elle y est extrêmement abondante mais très-rare- ment bien conservée. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE N° [. Nes 1. 2. 3. Différents âges du Pecten , indiquant la prédominence de l'accroissement transversal. 4. Profil des deux valves. a Denticules des oreilles. 5. Fragment vu par la face interne. a Denticules de l'oreille. 6. Figure qui accuse en l’exagérant la différence de forme des côles et des sillons exlérieurement et intérieurement. Décembre 1860. 166 Nous profitons de l'impression tardive de celte note pour ajouter à notre catalogue supplémentaire de la faune cénomarienne, en Maine-et-Loire, quelques fossiles trouvés depuis sa publication : VENUS Linné, 1758. EE PERTE Petite espèce indéterminée à stries concentriques rappe- lant la V. Rothomagensis. — Loc. Ticrcé, strale à Ostrea columba. CORBIS Cuvier, 1817. 34. rotundata d'Orb., 1843. Paléont. franç., Ter. crétacés, t. I, p. 113, pl. 280. — Loc. Epinard, Soulaire, strate à Ostrea biauricula- ris, craie marneuse. LIMA Bruguière, 1791, 35. subabrupta d'Orb. Prodrom., Etage cenoman.., n° 441. L. abrupta d'Orb., Paléont. franç., Ter. crélac., t. II, p. 559, pl. 493, fig. 6, 9 (non Goldfuss, 1836). — Loc. Bazouges, Gouy, strate à Ditrupa de- lormis. PERIASTER d'Orb., 1854. 36. undulatus d'Orb., 1854. Paléont. franç., Ter. crét., t. VI, Mi- craster undulatus Agass., 1847, catal. syst. Notre exemplaire remar- quable par les dimensions el la conservation a 60 millim. de lon- gneur. — Loc. La Guyonnière, strate à Terebratula biplicata, craie marneuse. 37. …. Radioles de 10 à 12 millim., lisses, appartenant à un échi- nide régulier indéterminé. — Loc. Bazonges, Gouy, strale à Ditrupa deformis. Dr En. FARGE. Gx: GES LA BRL ce PARU (a Éd TRE » ù JRAL na F. Blain dln. Angers, Laith.E. Barassé . Angers, Luth.E Barasse. . Blain delin. DE L’ACCLIMATATION EN FRANCE DU BOMBYX CYNTHIA (Ver à soie de l'Ailante ou Vernis du Japon) ET DE SON ÉDUCATION EN ANJOU MESSIEURS, L'acclimalaiion, en France, du Bombyx cynthia se trouve aujour- d’hui un fait accompli, ainsi que je vais avoir l'honneur de vous le démontrer. Ce n’est point une découverte vulgaire, mais une de ces conquêtes par lesquelles le génie de l’homme appropriant à ses be- soins une créature chélive et minime en apparence, en relire d'ad- mirables et magnifiques produits. Qu'il me soit permis, Messieurs, d'adresser les sentiments de mon admiration à M. Guérin-Meneville, pour l’hcureuse importation en France de cet intéressant insecte, et je ne doute pas que je ne sois l'interprète de notre Société Linnéenne auprès du savant secrélaire de la Société Zoologique d’acclimatation. Ce nouveau ver à soie est originaire de la Chine, et son importa- tion en Europe est due au Père Fantoni, missionnaire piémontais, qui 168 er envoya quelques cocons à Turin, le 4 novembre 1856, à deux naturalistes distingués, MM. Comba et Griseri. C’est à ces messieurs que M. Guérin-Meneville, l’introducteur en France de cet insecte, doit les premiers œufs, et, grâce à ses soins assidus et conslants, dès ce moment l'espèce était acquise à nos contrées. Il ne restait donc plus qu’à continuer l’œuvre si heureusement commencée par M. Guérin-Meneville et mise en pratique avec lant de bonheur et d'intelligence par M. le comte de Lamotte-Baracé. Le remarquable rapport fail à l'Empereur par M. Guérin-Meneville, sur les produits qu'il était possible de retirer de ce ver à soie, m'en- gagea à écrire à ce savant naturaliste qui s’empressa de meltre à ma disposition quelques centaines d'œufs qui me donnèrent les plus beaux et les plus heureux résultats. Dans ces circonstances, j'ai cru devoir vous soumettre ce rapport ayant pour but d'activer en Maine-et-Loire la culture de l’Ailante et de son intéressant ver à soie ( Bombyx cynthia), si heureusement acclimaté en France et en Algérie. La France a le plus grand intérêt, au point de vue de son industrie manufacturière, à encourager la propagation de cette nouvelle malière textile, appelée à rendre, dans un temps peu éloigné, de si importants services. En effet, les Etats-Unis, fournissant à l’Europe la majeure partie des colons destinés à la fabrication, ont peine à approvisionner les manufaclures du continent et chaque année la quantité des cotons importés tend à diminuer. La France à elle seule en consomme an- nuellement pour 160 millions de francs, qu'elle lire principalement des Etats-Unis et de l'Egypte, el maintenant un peu de l'Algérie, et, si cette grande ressource venait à lui manquer {out à coup, ce serait une véritable calamité. Ce danger menace même encore aujourd’hui à un plus haut degré l'Angleterre. Or, les expériences tentées depuis cinq années, par les soins et sous la direction de M. Guérin-Meneville, dans le jardin d’acclimatalion du bois de Boulogne, ainsi que par M. le comte de Lamotte-Baracé, à son château du Coudray-Montpensier, près Chinon (Indre-et-Loire), etc., etc., ayant démontré que la cullure de l’Ailante et de son ver (Bombyx cynthia) était aujourd'hui un problème résolu, c’est celle nouvelle culture, nous ne pouvons en douter maintenant, qui ap- portera à nosfilatures dans un temps peu éloigné, son riche con- tingent de matières premières. Déjà plusieurs échantillons de soie ont été expérimentés, des éloffes ont été tissées, el les manufacturiers sont unanimes pour té- 169 moignér de leurs bonnes qualités ; c’est donc vers la production de celle nouvelle soie que doivent se porter dès à présent tous les cforts des agriculteurs, sans toutefois négliger notre magnifique soie du müûrier. Les résullals remarquables oblenus par M. Guérin-Meneville, sur différents points de la France, et notamment en Touraine chez M. le comte de Lamolle-Baracé, dont il nous a élé permis de visiler les magnifiques domaines et la magnanerie champêtre, ne nous per- mettent plus de douter des résultats, lorsque l’on songe à la vigueur avec laquelle croît dans nos contrées, sans distinction de terrain, l’Ailante. D'un autre côté, il est essentiel de noter ici la température exceptionnelle de 1869, qui n’a été qu’une suite non interrompue de bourrasques et de pluies froides dont le ver n’a pas paru êlre incom- modé. M. Guérin-Meneville, non content d’avoir doté la France d’une aussi importante découverte, s’est assuré du placement des cocons. Un négociant (M. André Marchand, rue des des Petites-Ecuries, à Paris), qui se charge de fournir la graine du Bombyx cynthia à tous les éleveurs qui lui en feront la demande, leur promet en échange la vente de leurs cocons. Dès à présent donc, cette nouvelle cullure serait très avantageuse aux cullivateurs, en ce sens qu'ils pourraient planter quelques ares de vernis du Japon dans leurs terres arides et inculles, car cet arbre prospère partout el principalement dans les Lerrains secs. Nous espé- rons, Messieurs, qu’elle le ceviendra davantage, lorsque nous aurons donné l'exemple et que cette routine invélérée parmi nos popula- tions rurales aura fait place à cette marche progressive vers les amé- liorations agricoles qui, il faut l’avouer à notre honneur, se fail sentir de jour en jour dans notre bel Anjou. Il est de notre plus grand intérêt d'encourager et de répandre dans notre département, déjà si riche en produils agricoles, la culture et l'éducation du nouveau ver à soie; je suis persuadé qu’un jour nous serons amplement dédommagés des peines et des difficultés qu’il nous faudra surmonter pour implanter, si je puis m’exprimer ainsi, celle nouvelle industrie dans notre pays. Que les agronomes de notre riche Anjou se mettent donc à l'œuvre et qu'à l'exemple de S. M. l'Empereur (1) et de M. le comte de La- molte-Baracé (2), ils fassent planter leurs terrains inculles jusqu'ici, (1) S. M. l'Empereur a fait planter en 1860, sur sa propriété de la Motte-Beu- vron, 40 hectares d’Ailantes destinés à l'éducation du Bombyx cynthia. (2) M. le comte de Lamotte-Baracé, possède aujourd’hui à sa terre du Uoudray- 170 en vernis du Japon ; alors l'inilialive et l'impulsion seront données, et nos cullivateurs ne reculeront pas lorsqu'ils auront devant les yeux les beaux bénéfices qu’il leur sera loisible de réaliser, à peu de frais et pour ainsi dire à leur temps perdu. Comme il m'a élé facile de vous le démontrer, Messieurs, le prin- cipal obstacle qui eût pu arrêler les agriculteurs dans la culture de l’Ailante et de son ver à soie, n’existe plus grâce au dévouement in- cessant de M. Guérin-Meneville et au concours de nos habiles ma- nufacturiers qui attendent avec impatience cette nouvelle malière texlile (1). De plus une importante société séricicole sous le nom de l’AILANTINE vient de se former à Paris. Elle a pour but de continuer et de populariser l’acclimatation du ver à soie de l’Ailante en s'occu- pan : 1°. De la culture de cet arbre sur une vaste échelle; 2, De l'éducation de son ver à soie; 3. Enfin, de l'achat, de la vente et du filage des cocons produits par ve ver. Cette Société se propose non seulement d'acheter pour son compte, mais encore de vendre au cours et à commission tous les cocons qui lui seront remis; car il est dans l'intérêt de tous que celte matière nouvelle ne soit pas achetée par des industriels ignorant les procédés nécessaires à son cardage et à son filage etc., qui pourraient ainsi compromellre son succès. Ainsi vous le voyez, Messieurs, il ne s’agit plus que de produire, et de produire beaucoup, pour résoudre le problème qui doit nous préoccuper à plus d’un litre. Aujourd'hui, Messieurs, la sollicitude du Gouvernement pour une culture appelée à rendre de si importants services et à fournir à nos manufactures une matière première si importante est telle, que l'Empereur, désirant s'associer d’une manière plus intime à celle grande œuvre nalionale, a daigné mettre à la disposition de l'ArLAN- TINE une vaste élendue de la ferme impériale de Vincennes, où des pépinières el des plantations de vernis du Japon ont élé faites dès cette année par les soins de celle Société. L'impulsion donnée à cette récente industrie par nos principaux propriétaires et'industriels, doit appeler la sériense allention de nos agronomes angevins; elle offre à leur activité un moyen d'exploita- Montpensier, commune de Seuilly, près Chinon, cinq hectares d’Ailante, dont trois en plein rapport. (1) Voir les intéressants travaux de M. Guérin-Meneville, dans son rapport à l'Empereur, 5 juin 1860. 171 lion du soi jusqu'ici aride et stérile de quelques points encore in- cultes de notre département, et l’accasion de créer dans notre beau pays, de nouveaux établissements dont les résultats seront un litre de plus en même temps qu’une nouvelle richesse apportée à l’éco- nomie politique de la France. Cependant, avant de terminer ce rapport, qu’il me soit permis de vous rendre compte d’une visite que je fis, le 44 juillet, à M. le comte de Lamolte-Baracé, sur son aimable et gracieuse invilalion. L’antique château du Coudray-Montpensier, silué commune de Seuilly, sur une colline de craie-tuffeau, flanqué de hautes tours crénelées, s'élève majestueusement et semble dominer le vallon placé entre lui et le bourg de Seuilly, ce dernier si chanté par le spirituel Rabelais. Son parc tout entier est assis sur un sol crayeux recouverl çà et là de quelques centimètres de lerre végétale. Dans ce parc étaient plantés plusieurs Ailantes dont M. de Lamotte voulait se défaire parce qu'ils faisaient périr les arbres environnants, et la cognée mit fin à leur existence ; mais qu’en résulta-t-il? c'esl que, au lieu de posséder un ou plusieurs Aïlantes, M. de Lamotte se vit bientôt possesseur d’un véritable laillis, couvrant environ un hectare. A ce moment, avait lieu en France l'introduction par M. Guérin- Meneville du Bombyx cynthia, et les premiers essais en grand étaient tentés au Coudray-Montpensier. Dès lors la question de l'éducation en plein air élait résolue, et grâce au concours empressé de M. de Lamolte-Baracé, nous élions possesseurs du nouveau ver à soie. Les expériences commencées sous d'aussi heureux auspices, il y a {rois années, furent continuées au Coudray-Montpensier et ne se sont pas démenlies ; cet hectare, qui venait de donner d'aussi beaux résullals, fut neltoyé de tous les arbres pouvant nuire au nouveau genre de culture. Dans la mêmeannée, M. de Lamotte faisait planter avec les jets el les sujets qu'il pouvait se procurer ailleurs, sans re- culer devant aucun frais, deux nouveaux hectares, enfin aujourd'hui il se lrouve avoir cinq hectares dont trois en plein rapport. Quelle fut donc mon admiration lorsque j'arrivai dans la planta- tion (4), de voir les buissons d’Ailantes liltéralement couverts de chenilles, je dis littéralement couverts, car M. de Lamotte avait placé là 500,006 vers, la majeure partie ayant subi la troisième et la qua- (1) La plantation de Vernis de M. de Lamotte-Baracé, est disposée de manière à ce que les arbres soient plantés en ligne, à un mètre les uns des autres et chaque ligne espacée de deux mètres d'intervalle. Il entre ainsi à l’hectare 5,000 pieds d'arbres. Cette nouvelle industrie pourrait rapporter en moyenne 300 fr. à l’hectare. 172 trième mue et quelqués-uns: filant déjà leurs cocons aux feuilles mêmes des arbres. De la plantation, je fus conduil par mon aimable et gracieux hôte, à l'endroit où se fait la graine et l’éclosion de cette graine; c’est une chambre de quatre mètres carrés contenant des boîtes inventées par M. de Lamotte. Ces boîtes, qu'il m'est impossible de ne pas décrire, tellement le système est ingénieux, ont la forme carrée ou carré long, elles sont en bois blanc, d’une longueur de 50, 60 centimètres et plus, sur une largeur proporlionnée, profondes d'environ 50 centi- mètres. Au fond et aux côtés de ces boîtes, s’adaptent d’autres petites planches formant comme une nouvelle boîle placée dans la pre- mière et pouvant se relirer par morceaux, les uns après les autres, le tout recouvert d'un couvercle formé de canevas monté sur un cadre de bois. Lorsque les papillons sont accouplés, ils sont déposés dans ces boîtes qui sont chaque jour visitées, Alors les œufs pondus soit dans la journée, soit dans la nuit, sont détachés des parois s’en- levant à volonté et placés par date de ponte dans de petites boîtes ou tout simplement sur des feuilles de papier dont les côlés sont relevés pour les empêcher de rouler et de tomber, et dans lesquelles s’opère l'éclosion des jeunes chenilles (1). L’accouplement se fait généralement la nuit dans une vaste cage siluée en plein air, d'un mètre carré et plus, sur 14 mètre 60 à 2 mètres de haut, se composant de quatre châssis en bois sur les- quels sont tout bonnement cloués quatre morceaux de toile à em- ballage, avec un plafond semblabie el surmonté d’un pelit toit, soit en planches, en ardoises ou en chaume. Celle cage est destinée à recevoir pêle et mêle les papillons mâles et femelles, après leur sortie des cocons, et c’est de celte cage et lorsqu'ils sont encore accouplés, que M. de Lamotte les fait porler dans les boîtes décrites plus haut. Les cocons de leur côté sont enfilés légèrement et forment des espèces de chapelets de cent, pendus au plafond ou contre les mu- railles de la chambre. De cette manière, la sortie des papillons s'opère plus facilement. Enfin sur une petile plantation spéciale, M. de Lamotte m'a fait voir de jeunes chenilles ayant atteint leur deuxième mue, dont les œufs avaient élé pondus sur des branches de vernis par des papil- lons sortis de cocons restés par mégarde dans la plantation où ils (1) L’éclosion a lieu généralement quinze jours après la ponte à une température moyenne de 18 degrés Réaumur. 173 avaient passé l'hiver, et qui sont en ce moment aussi prospères que celles pour lesquelles on avait pris beaucoup de soin. Cette exploration terminée, je devais songer à quitter M. le comte et Mre la comtesse de Lamotte-Baracé, dont l'accueil flatteur m'avait vivement pénétré et dont je garderai un agréable souvenir. Il est évident que celte nouvelle culture est appelée à rendre des services signalés à l’agriculture et à l’industrie, et que comme me le faisait remarquer le judicieux éleveur, si on se hâtait de planter nos terres encore inculles en vernis du Japon, nous aurions là une source de véritable richesse nalionale. Les expériences failes par moi en petit cette année, justifient plei- nement tout ce qu'en atiendent M. Guérin-Meneville et M. le comte de Lamotite-Baracé, et plusieurs d’entre vous, Messieurs, ont pu voir mes vers se développer rapidement malgré les mauvais temps constants, et suivre avec intérêt les différentes métamorphoses qu’ils ont eu à accomplir depuis leur éclosion jusqu'à la formation des cocons. Fidèle interprète des sentiments de notre Société Linnéenne, j'ai pensé qu'il elait de mon devoir de vous rendre compte, Messieurs, d'un fait en apparence si petit par rapport à l’être qui en est l’objet, et cependant si grand par les bienfaits qu’il peut engendrer, que je n'ai pu résister au charme tout-puissant que cette étude m’a suggéré. Sicette première partie de mon travail peut vous paraître de quelque utilité, j'aurai l'honneur de vous faire connaître les expériences con- cluantes auxquelles je vais me livrer et les résultats que j'obliendrai de l'éducation de ce Bombyx, en Maine-et-Loire; alors, Messieurs, je me croirai dignement récompensé si, par ce modeste rapport, j'ai pu activer en Anjou la plantation de l’Ailante en vue de l'éducation de son ver à soie. F. BLAIN. LA pol * tnomom 99 119 102 to ,rovil'i be2eq In ‘ab qrésipèd 1 og 1 sv ogesllés - 8h (65 of 16 Mi à roguoz zinvob of, soil uoilitolquo oh EUR: Mr A DT oo an bcnheélfds ou RS ou mg: Bug to sen balt BSégateoigEt ét à de CrUn de 10 1e Au Mois Brief ve LES nogot Éiolstaenee confit pk hoBéut, ” Ar pe = a Ms “fol cs dés 1er tot asQ erist apoirai afro à Le MirosN ait nO UE bb ma pron due 1 emdgeor ÉCTIT der tq lo aufrteesM anov buis" b ete 3‘ LDossrtfse equal eiovrupit gel Srglsi fasobiitioq{olordls ue re eécdqoalon eohténbib et db doth 0 prriue 14 aoïrerio! sl S'apeu, noisotod quil diijob tilqiionss# 4 ie, SOL Re ja nihsontdétaelyés des à if étant biSGA Guou OH ehhbditagaiests dire CNET cofqidt abat erér botiors ble ob dit RETOUR (RAD I STE Prouqé WP Htsqiie démeten die 0 50p Hu ICE fus Pop eliasid el 16q bus ia gs br RUE PORTAIT LI SIOUE oi VE satisq ééor Lade Mal cat et ebtaqrtits ER é 1 edf né ti 6S dhidt arov 6h dbésned ti Mmes ÉISTDEOTEUIR UE LT ET ete of eaifortpnat certe désolés 201 or OO ob uv que Hbdifés Sfesbout 9 tél de dois ab Sife "ns AE stébiahe, #1 Es de ctilo gi al lorugu'lissant Fa UM M, de: luumotle Les tt a hr dans rs pote | LE LeS PO 7 | Lana DL NE Te Mé sut ds suite Cm ghitiot d si (Q a ein ‘fé. chape hohe de bit, dudus 14% vlafogé où dore vais die Je gbaqabre, Nn 05e pan èra;:té La lié LEE) Or. RER wa 2 = Le / Cadre 50 Mahé j'qéinio don : 1péaiells, ke ds es soir 44 jeust shopllie ay vi turnt tour defixiémertnié œufs me aiquE Ésdue: der Ernndhès de: vorais pe pi Rinés atde dés lt Plan TABLE DES MATIÈRES contenues dans le 4° volume DES ANNALES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DU DÉPARTEMENT DE MAINE ET LOIRE. Note sur le venin d'abeille, par M. le docteur PHILOUZE. ............... Recherches sur la toile d’araignée, par M. le docteur PHILOUZE Note sur une Loranthacée toxique, par M. J.-L. SOUBEIRAN OCR ECC Rapport sur des graines de végétaux cultivés à Shang-Haï (Chine) et essais d’acclimatation en Anjou, par M. FR. BLAIN CCC Remarques sur les nouveaux scleranthus de la Flore de France, par MES DEN LAGR OR... RL PER 20 su eecoues Quelques mots sur la géologie du Morbihan, par M. FOUQUET Discours prononcé à Bordeaux le 8 août 1860, par M. le docteur MENIÈRE. Mémoire sur l’origine des causes qui jettent depuis quelques années la per- turbation dans les travaux de l’agriculture, par M. CH. GIRAUD sous. Rapport sur le travail de M. Ch. Giraud intitulé : Mémoire sur l'origine des causes qui jettent depuis quelques années la perturbation dans les travaux de l'agriculture, par M. A. LACHÈSE CCC CCE Note sur l'Orobanche ulicis, par M. AIMÉ DE SOLAND CCC CCC CCE EC EEE Note sur le cabinet d’histoire naturelle d'Angers, par M. l’abbé VINCELOT. 60 176 Addition à la paléontologie de Maine et Loire, par M. le docteur E. FARGE. Études sur le recensement de la population de la commune d’Angers en 1856, par M. DELALANDE..................................... Rapport à S. M. le roi de Portugal sur un voyage d'exploration scientifique aux îles Acores, effectué par MM. Morelet et Drouet pendant le prin- temps et l'été de 1857, par M. HENRI DROUET............ ER De la structure de la glande à venin dans le genre vipera et le genre cerastes, par M. le docteur J.-LÉON SOUBEIRAN ............................. Sur les abeilles et sur le miel, par M. le docteur J.-LÉON SOUBEIRAN . .... Catalogue des coléoptères du Morbihan, par M. le docteur FOUQUET...... Eponges fossiles des sables du terrain crétacé supérieur des environs de Saumur (étage sénonien de d’Orbigny), par M. COURTILLER jeune...... Étude sur une nouvelle race de perdrix (perdix atro-rufa Soc. Lin.), par M. AIMÉ DE SOLAND...........4... 30 TAMATAAMT UE . .:.. Étude chimique sur les Oléacées, par M. H. ENON..................... Études sur le recensement de la population de la commune d’Angers en 1856 (suite), par M. DELALANDE ......................... PAR SD or Les cigognes. Souvenirs de Pologne et de Hongrie , par M. DELAGENEVRAYE. Note sur le Lias moyen en Maine et Loire, par M. le docteur E. FARGE, . Addition à la paléontologie de Maine et Loire. — Note sur le Pecten Gueran- geri, par M. le docteur E. FARGE..... hat. M ant oHnbtt sat ait De l’acclimatation en France du Bombyx Cynthia et de son éducation en Anjou, par M. FR. BLAIN......... Mbrans shirt ee celle RER ANGERS, IMPRIMERIE DE COSNIER ET LACHÈSE. Pages. 64 72 81 99 103 114 117 143 147 154 157 164 ni ï CCS n A N' A ” 1 We