2 E Ex 1% # Hs # di nn A RETURN TO LIBRARY OF MARINE BIOLOGICAL LABORATORY WOODS HOLE, MASS. LOANED BY AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY ANNALES SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE BELGIQUE. ANNALES DE LA CITE ALACOLTIOE DE BELGIQUE TOME VIII Année 1873 BRUXELLES IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE DE Ve NYS, 57, RUE POTAGÈRE, 57 ji CON © fr: ] A US EL UN CAR 31 UM ant s-Dasy of 4 re À ï Ÿ L HENRE ANTOINE JOSEPH LAMBOTTE. HENRI LAMBOTTE NOTICE BIOGRAPHIQUE PAR H. DENIS. — SÉANCE DU 41 JANVIER 1874. — Le 6 avril 1863 eut lieu la première séance régulière de la Société Malacologique de Belgique, fondée le 1* janvier de la même année, il y a onze ans. Celui qui la présidait était entouré de la sympathie de tous; c'était un homme simple, bon et d’une droiture extrême ; chacun avait pu mesurer l’étendue de ses connaissances et apprécier la finesse et la profondeur de son esprit d'observation; mais derrière le savant modeste, qui, dédaigneux de tout pédantisme, s’attachait surtout à rendre la science familière et populaire, on n’avait pas toujours re- connu le naturaliste philosophe, capable de s’élever aux plus hautes généralités du savoir humain. Dans le discours d'ouverture qu'il prononça alors, Henri Lambotte, après avoir décrit l'attrait que la nature inspire à la Jeunesse, avide d’en pénétrer tous les secrets, laissa échapper ces paroles : « Il est bien peu d'hommes, au déclin de leurs Jours, et quand le repos leur sourit, qui n’éprouvent une sorte de tristesse et presque de découragement, en songeant qu'ils ij SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. quitteront la terre sans avoir pu satisfaire à ces aspirations de leur enfance. » Toute l’histoire d'Henri Lambotte était dans ces paroles, car elles n’exprimaient pas seulement un senti- ment vague et général, elles révélaient au contraire d’une façon discrète, toute l’amertume d’une âme ardente dont les circonstances avaient violemment comprimé l'essor, qui, après avoir conçu de grandes choses, s'était vu enlever la force né- cessaire pour les réaliser, et qui, sentant enfin s'approcher le terme de la vie, osait à peine regarder en arrière, tant elle portait douloureusement le deuil de ses espérances perdues. La vie intellectuelle d'Henri Lambotte se divise en effet en deux phases bien distinctes : la première qui s'arrête en 1850, est marquée par une activité extraordinaire ; on voit le jeune savant entreprendre et poursuivre des investigations labo- rieuses dans le domaine entier des sciences naturelles, soit seul, soit sous la direction ou avec le concours bienveillant de deux maîtres qui lui furent toujours chers, Cauchy et Fohmann; il accumule les matériaux d’une œuvre dont il a déjà nette- ment conçu et arrêté le plan, et dans des publications qui se succèdent rapidement, 1l livre au public les résultats partiels de ses recherches; la seconde période de sa vie contraste sin- gulièrement avec la première; la lassitude et le découragement se sont évidemment emparés de cet esprit si enthousiaste na- guêre ; le monument scientifique que ses travaux antérieurs annonçaient ne s’achêve pas; ses publications deviennent de plus en plus rares et semblent de moins en moins se rattacher à un plan d'ensemble ; il meurt enfin laissant une œuvre frag- mentaire et disséminée, imposant à ses amis le soin de re- chercher au milieu de travaux épars les idées générales aux- quelles il les rattachait, et leur imposant le devoir plus pénible encore de disputer sa mémoire à l'oubli. Dans cette dernière phase de sa vie, avait-il reconnu en lui une irremédiable im- puissance, ou des circonstances funestes avaient-elles glacé son ardeur ? C’est cette seconde explication qui est la vraie ; sa carrière scientifique avait été brisée, et chose plus triste en- NOTICE BIOGRAPHIQUE. ji] core, il avait dù lentement user ses forces dans des luttes poi- gnantes contre les besoins matériels. Les efforts tardifs que l’on fit pour le rendre tout entier à lui-même, à la science, à la philosophie, furent à peu prés infructueux; la foi dans l’avenir, qui seule enfante les grandes choses, ne lui revint plus; cette âme délicate et sensible avait été trop profondément blessée, on peut dire qu'Henri Lambotte est mort désespéré. = Essayons donc de rassembler ce qui reste de l’œuvre scien- tifique de ce savant modeste et malheureux à qui, plus que per- sonne, nous devons une complète justice. Né en 1816, Henri Lambotte fit ses études humanitaires au collége de Namur, il vint ensuite suivre les cours de l’Univer- sité de Liége; le savant Fohmann, qui professait alors, s’attacha bien vite le laborieux étudiant dont il avait reconnu les hautes aptitudes. C’est ainsi que la carrière scientifique de Henri Lam- botte commença à 18 ans. « En 1835, dit-il lui-même dans une note manuscrite, j'ai commencé à travailler avec le pro- fesseur Fohmann à la confection d’un grand nombre de pièces anatomiques et j'ai continué à être le collaborateur de ce sa- vant anatomiste jusqu’à sa mort; toutes ces pièces ont con- couru à former la belle collection qu'il a laissée à l’Université de Liége. Vers cette époque, le prosecteur d’anatomie tomba malade, et je me chargeai gratuitement de ses fonctions pen- dant près de deux ans. Après la mort du professeur Fohmann, le gouvernement sépara la collection d'anatomie humaine de celle d'anatomie comparée dont je fus nommé conservateur. C'est vers cette époque que j'obtins le grade de docteur en sciences naturelles. » C'était en 1837 et Henri Lambotte avait 21 ans; pendant la durée de ses fonctions de conservateur il devait préparer plus de 300 pièces anatomiques pour lUniver- sité. C’est aussi à cette époque que remontent ses premières pu- blications scientifiques. En 1836 il avait envoyé à l’Académie une Vote sur une roche feldspathique découverte à Grand-Manil près de Gem- 1e SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. bloux (Bull. de PAcad. I, p. 391.) Henri Lambotte y considé- rait différentes roches feldspathiques découvertes dans une carrière de Grand-Manil comme formant un dyke dans le ter- rain appelé alors ardoisier. On jugera en consultant l’abrégé de M. d’'Omalius (p. 509 de la 7° édition) et le prodrôme de M. Dewalque (p. 290) de l'exactitude de l’interprétation de Henri Lambotte. C’estle 8 mai 1837 que l’Académie couronna un mémoire de lui en réponse à cette question : Défermainer les modifications que subissent les appareils sanquins et respiratoires dans les métamorphoses des Batraciens anoures (Nouv. Mém. couronnés XII.) Henri Lambotte y établit que les têtards respirent par toutes les surfaces qui sont en contact avec le fluide ambiant : les branchies, la peau, le péritoine, les sacs pulmonaires. Il signalait pour la première fois l'existence d’une commu- nication entre la cavité branchiale et la cavité abdominale, et par suite l'existence d’une respiration abdominale ou périto- néale. C'était là un fait nouveau dans la science ainsi que le reconnurent les savants chargés de faire un rapport sur ce mé- moire (1). Ce rapport rédigé par Fohmann a paru dans le Bul- letin de l’Académie (vol. IV, p. 180-196.) La seule découverte de la respiration abdominale, disait Fohmann, méritait les suf- frages de l’Académie. La respiration cutanée des têtards était également un fait nouveau. Ce mode de respiration est ana- logue à celui des végétaux et des animaux les plus inférieurs. La surface du corps des têtards est criblée de petites fossettes qui pénètrent entre les mailles du réseau vasculaire, et Lam- botte pense que le liquide ambiant s’introduit dans ces cryptes et doit favoriser l’action de l'oxygène sur le sang qui y est ex- posé dans des capillaires très-tenus. Ce qui est plus original encore dans cette partie du travail de Lambotte, et atteste la (1) Voyez en outre le Rapport de M. Van Beneden dans le Cente- naire de l’Académie, NOTICE BIOGRAPHIQUE. V puissance d’induction du jeune savant, c’est le rapprochement qu'il établit entre la respiration cutanée des têtards et la respi- ration placentaire des mammifères à un certain degré de leur développement. L'influence de la lumière sur le développe- ment des organes respiratoires lui fournit également des con- sidérations intéressantes ; c’est ainsi qu'il croit que le Protée vivant dans les lacs souterrains de la Carniole et qui n’acquiert Jamais de respiration pulmonaire doit son origine à un batra- cien dont les œufs se seraient développés dans ces eaux et qui aurait subi un arrêt de développement devenu héréditaire. L’explication de l’atrophie du système branchial qui termine ce mémoire n’a pas été admise par Fohmann. Cette même année il publia une notice sur une araignée d'Italie, le Theridion malmignatte (Bull. IV, p. 488.) En 1839 il envoya à l’Académie une nouvelle note sur les globules du sang (Bull. VI, n° 8). Dans cette note il essaya d'établir à l’aide d'expériences ingénieuses que les globules du sang ne renferment point de noyau central, que l’anneau d'ombre qui s’y montre n’est qu'une illusion d’optique produite presque toujours par les objets environnants. Il établit en outre la solubilité complète de ces petites masses homogènes, non plus en les dissolvant directement dans l’eau, mais en expirant l’haleine sur une lame de verre où il étendait quel- ques gouttes de sang. C'est aussi à cette époque qu'il publia sur le système nerveux des articulés une note dont nous parlerons plus loin. LÀ L'étude de l’organisation intime des animaux qu'il menait de front avec ses études minéralogiques et géologiques, devait l’amener nécessairement à approfondir la chimie. Et cet esprit passionné et tenace devait aussi naturellement se donner tout entier pour un temps à cette branche du savoir humain. Aussi nous voyons en 1840, Lambotte publier une Vouvelle théorie de Chimie organique destinée à servir d'introduction à des re- cherches anatomiques et physiologiques sur les animaux. No- vi SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. tons ce fait, il atteste à lui seul le caractère synthétique de l'esprit de Lambotte, comme l’enchaînement philosophique de ses études. Ce livre, sur lequel nous allons nous arrêter un moment, fut conçu, comme bien d’autres, pour ramener définitivement à la théorie dualistique, la chimie organique tout entière. L'auteur y étudie plus spécialement les sucres, l’urée, l'acide hydrocyanique, les matières albuminoïdes et cherche à les ramener à une composition binaire, en admet- tant l'existence de radicaux qu'il croit susceptibles d’être ob- tenus à l’état isolé. C’est ainsi que dans le sucre il admet l'existence d’un radi- cal, le carbure trihydrique, et ramenant le sucre à une formule binaire, il en fait un carbonate à base de carbure trihydrique; dans l’acide hydrocyanique, il admet l’existence d’un acide nitrocarbonique qui se combine avec l’ammoniaque. Les matières albuminoïdes, albumine, fibrine, caséine et gélatine, sont des corps essentiellement binaires et dont les parties principales communes à la série, sont d’une part le carbure trihydrique dont j'ai parlé tout à l'heure, et de l’autre, l'acide nitrocarbo- nique ; les matières albuminoïdes différeraient par leurs par- ties complémentaires ou accessoires. Ce travail est évidemment basé sur un ensemble d’hypo- thèses. Aussi cette tentative de systématisation, qui révèle une grande puissance intellectuelle d’ailleurs, était condamnée par les circonstances au milieu desquelles elle apparaissait. Pu- bliée en 1840, la Vouvelle théorie chimique était précisément contemporaine de l’écroulement de la théorie dualistique à l'établissement de laquelle Berzelius avait consumé son génie. Par d'importants travaux publiés dès 1836 et 1837, Laurent avait fondé la théorie de Ia substitution, porté un coup mortel au dualisme, et Berzelius lui-même luttait en vain contre une révolution scientifique au milieu de laquelle le rêve de sa vie devait s’abimer. Cependant plus d’un passage de ce livre atteste qu'Henri Lambotte, à qui les travaux de Laurent, Dumas et Gehrart NOTICE BIOGRAPHIQUE. vi) étaient restés probablement inconnus, entrevoyait la théorie des substitutions. J’ajouterai encore un fait devenu intéressant aujourd'hui. Il admet que les matières albuminoïdes qui for- ment la base des organismes, ont par leur plasticité, un carac- tère physique intermédiaire entre l’état solide et l’état liquide, et que cet état est dû au carbone. Or, c’est précisément ce que, en recherchant les origines de la vie, soutient aujourd’hui le savant biologiste Haeckel, le plus illustre représentant du dar- winisme en Allemagne (Dumont : Haeckel et la théorie de l'Évolution, p. 75-76.) Ce mémoire sur la chimie, comme je l’ai dit plus haut, de: vait servir d'introduction à un ouvrage dont 1l annonça S pu- blication sous ce titre : Recherches anatomiques et physiologiques sur les animaux : 1"° partie, anatomie et physiologie générale. Cet ouvrage n’a jamais été publié, mais on en retrouve quel- ques fragments dans ses manuscrits. En 1840 il publia une Vote sur l'organisation des membranes séreuses (Bull. de l’Acad., vol. VII.) Ces recherches lui furent inspirées par ses études sur les Batraciens anoures. Il arrive à cette conclusion que les membranes séreuses ne sont formées que d’un lacis inextricable de vaisseaux capillaires qui sont directement en communication avec les artères, les veines et les lymphatiques. On consultera avec fruit ce travail et les planches qui l’accompagnent. Nous le voyons l’année suivante faire à l’Académie des sciences de Paris une communication sur un-système de cana- licules dans les plantes (Journal de l’Institut, année 1841.) Ses observations portaient sur la Vymphea lutea. C’est aussi en 1841 qu’il fut chargé provisoirement à l’Uni- versité de Liége du cours d'anatomie comparée. Mais il n’allait pas tarder à quitter l’Université. En 1842, en effet, il revint à Namur pour y remplacer son maître Cauchy dans ses cours de minéralogie, géologie et métallurgie ; il essaya de continuer en même temps à enseigner les sciences biologiques dans des cours publics. Néanmoins il faut reconnaître que l’ordre ordi- vii) SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. naire de ses études était complètement changé, et que le monde inorganique allait devenir le domaine principal du professeur qui s'était surtout préoccupé jusque-là des êtres organisés. Ce fut à mon avis un mal, car Henri Lambotte, par ses tendances naturelles, était et devait être avant tout un anatomiste. Quoi- qu’il en soit, il se consacra avec ardeur à ses études nouvelles ; dès 1842 il publia un 7aité de Minéralogie pratique qui est resté son ouvrage le plus répandu. Il était spécialement des- tiné à conduire à une détermination rapide et sûre des miné- raux, en se fondant sur l'influence de la chaleur et de quelques réactifs. | Les caractères des minéraux qui figurent dans ce livre avaient été directement déterminés par Lambotte, fidèle en cela à ses méthodes expérimentales rigoureuses. La classifica- tion qu'il en donnait était déduite de leurs propriétés les plus générales. Ce livré tout en conservant sa destination pratique n’est donc pas sans valeur au point de vue de la classification d’après la méthode naturelle. Ses fonctions nouvelles le ramenaient à la géologie en même temps qu'à la minéralogie. Aussi le voyons-nous, en 1843, envoyer une note à l’Académie sur des roches d'origine ignée intercalées dans le calcaire de transition de la Belgique (Bull, vol. X, 2° partie, p. 489 et suiv.). Dans cette note il signale la présence d’une roche feldspathique altérée, la vakife ou plus exactement d’après lui, là spilite (de Brongniart) intercalée dans les bancs du calcaire de Givet. Il établit que cette roche a dû être injectée à l’état de fusion ignée, et qu’elle a modifié sensiblement les roches calcareuses qui l’enveloppent. Les opi- nions émises par Henri Lambotte sur les injections plutonien- nes sont conformes à celles que M. d'Omalius d’'Halloy à déve- loppées dans son savant abrégé (p. 469 de la T° édition) ainsi qu'il a bien voulu d’ailleurs le répéter à M. Mourlon qui l’a interrogé à ce sujet. On devra consulter également sur ce point le chapitre XV du Prodrôme de M. Dewalque. Mais nous n'avons pas trouvé dans ces ouvrages d'appréciation spéciale NOTICE BIOGRAPHIQUE. ix de la découverte d'Henri Lambotte. M. Dewalque a néanmoins pris soin de la mentionner dans son important rapport sur les sciences minérales présenté à l’Académie (Centenaire de l'Aca- démie) (1). Cette étude partielle des roches plutoniennes se rattachait à un travail plus considérable sur les terrains primaires de la Belgique, dont il a annoncé la publication sous ce titre : Ætudes sur les terrains primordiaux de la Belgique. Observations faites de 1832 à 1842. Ce travail n’a point paru, mais on en retrouve une partie dans ses manuscrits. Il s’y occupe surtout du ter- rain houiller des environs de Namur. Henri Lambotte préparait donc des travaux d'anatomie et de géologie considérables lorsque la suppression de l’école des mines de Namur vint le surprendre en 1851. Ce fut là le coup dont il ne se releva jamais. La suppression de cette école devait l'éloigner du professorat pour de longues années, car le gou- vernement qui lui retirait son emploi, ne l’appela plus à d’au- tres fonctions. La retraite du professeur fut-elle due, comme Henri Lambotte le croyait, à un acte d’intolérance politique ? Après avoir lu sa correspondance, on devra l’admettre avec moi. Cette mesure arbitraire lui causa un mal irréparable. « Privé de cette chaire à laquelle il avait consacré tous ses soins, toute sa vie, comme l’a @it sur sa tombe M. Ernest Rous- seau, ne trouvant plus que dans des leçons particulières trop rares, dans des recherches scientifiques que le défaut de res- sources ne lui permettait guère de poursuivre, l’occasion d’uti- liser les nombreuses connaissances qu’il avait acquises, et les brillantes facultés dont il était doué, il fut, pendant de longues années, condamné à une inaction qui dut souvent lui être bien cruelle, lui pour qui le travail avait toujours été une impé- rieuse nécessité! Ce travail si ardemment désiré, si longtemps espéré en vain, il l’obtint enfin, et il apprit avec bonheur en (1) M. Dewalque est porté à croire néanmoins, d’après ce qu’il nous a communiqué verbalement, que Henri Lambotte a confondu sou- vent le calschiste avec la vakite. x SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. 1863, que le Conseil d'administration de l'Université libre l’avait nommé professeur des cours de zoologie, d'anatomie comparée, de minéralogie et de géologie. » : L'Université de Bruxelles, nous pouvons le dire aujourd’hui, l'avait recueilli trop tard, non pour ceux qui, comme nous, reçurent son enseignement et apprirent à l'aimer et à l’esti- mer, mais pour sa propre gloire. Les misères morales et matérielles avaient rendu désormais impossible l'achèvement de son œuvre. Aussi ne le voyons- nous, pendant cette dernière période, livrer au public que de rares travaux. En 1856, il avait publié une étude toute spé- ciale sur d'influence des fabriques de produits chimiques. Long- temps après, en 1870, il publia dans les Annales de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, des considé- rations sur le corps thyroïde qui doivent encore nous arrêter, parce qu’elles se rattachent à l’ensemble de ses idées. L'objet de cette étude est l'interprétation morphologique de cet organe dont la fonction physiologique, s’il en a une, est restée incon- nue. En examinant la série des vertébrés, il constate que le corps thyroïde n’apparaît que chez les Batraciens anoures, et qu'à partir de ce sous-ordre, ce corps singulier se retrouve d’une manière constante chez tous les vertébrés supérieurs, jusque et y compris l’homme. Comme on sait, les batraciens anoures ont une respiration branchiale à l’état de tétards; à l’état adulte, ils deviennent pulmonés ; ajoutons que les bran- chies des têtards sont renfermées dans une cavité. Or, Henri Lambotte ayant observé, d’une part, que les têtards ne présen- tent pas de corps thyroïde, et d’autre part, qu’une fois parvenus à la respiration pulmonaire ils présentent ce corps, exactement dans la position de leurs branchies primitives, il est arrivé à penser avec une haute apparence de raison, que la glande thyroïde n’est autre chose que le résidu, l’épave des branchies temporaires. En rapprochant ce fait du développement embryo- logique des vertébrés supérieurs dont les fœtus présentent des organes temporaires assimilables aux branchies, il conclut défi- NOTICE BIOGRAPHIQUE. xi nitivement que le corps thyroïde n’en est que la forme atavi- que. Il préparait sur la rate, le thymus et les capsules susrhé- nales des études comparatives analogues, dont on regrette de ne pas retrouver des traces dans ses manuscrits. Ce fut là sa dernière publication. Deux années avant sa mort nous l’avons vu corriger les épreuves d’une classification des animaux d’après la méthode dichotomique de Lamarck, mais cet ouvrage ne vit jamais le jour, sans doute par suite du manque de ressources de l’auteur. Il en fut de même pour les leçons publiques qu’il donna à l’Université sur la Géologie dans ses applications à l'agriculture et que plusieurs d’entre ses élèves ont recueillies. Quand la mort vint l’emporter cette année (17 octobre 1873), il avait sans doute déjà depuis longtemps enseveli dans son âme ulcérée tous les rêves de gloire de sa jeunesse ; mais il lui restait toujours l’amour profond de cette nature dont la large et sereine hospitalité pour les faibles et les déshérités est comme un reproche amer à l’ingratitude et à l'indifférence des hommes. Ceux qui se firent sur sa tombe les interprètes de ses collègues, de ses amis et de ses élèves, dirent éloquemment ce quine peut retrouver sa place ici. M. Ernest Rousseau rappela le professeur savant et dévoué ; M. Féron, président de la Libre Pensée, l’homme intègre et inébranlable dans ses conr- victions, et M. Depacpe, le maitre bien aimé, ouvrant de vastes horizons à la jeunesse qui l’entourait. . I] nous importe maintenant de rechercher quelle fut la con- tribution d'Henri Lambotte à la malacologie proprement dite. Il est certain d’abord que vers 1837 il fit sur les Céphalopodes des observations qu'il se proposait de publier, mais on ne retrouve pas de traces de ce travail spécial dans ses notes ma- nuscrites. Pendant les dix premières années de son séjour à Namur, au contraire, il recueilli, avec l’aide de son frère, une collection de fossiles qui est restée. Cette collection comprend les fossiles primaires des environs de Namur. D’après les ren- seignements que me fournit M. Mourlon, quelques-uns des gîtes explorés par Henri Lambotte ont complétement disparu xi) SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. aujourd’hui. L’acquisition de cette collection par l'État serait donc un véritable service rendu à la science. Mais ce qui doit rendre surtout son souvenir cher à notre Société, c’est la part qu'il prit à sa création. C’est autour de lui que l’on vit se grouper, à la fin de 1862, MM. Colbeau, De Malzine, Fologne, Roffiaen, Seghers et Weyers qui, joi- gnant leurs efforts à ceux de Henri Lambotte, donnèrent des fondements solides à la Société Malacologique de Belgique. L’étendue de son savoir et la haute position qu'il avait dans l’enseignement l’appelaient à présider ses travaux. Il devait y occuper par la suite une place spéciale en nous rappelant tou- jours les rapports étroits qui unissent létude des mollusques fossiles et vivants à l’ensemble des sciences naturelles, en fai- sant planer, pour ainsi dire, l’idée synthétique et philosophique sur les recherches analytiques qui sont propres à toute société. C’est dans cet esprit que furent conçus les travaux qu'il destinait à la Société malacologique. Le plus important de tous devait avoir pour titre : Le système nerveux des Mollusques comparé à celui des Articulés et des Vertébrés. I] annonça dès 1866 ; en 1867 il en présenta un résumé très-succinct à la Société (volume Il, p. 11); on n’en retrouve que la première partie dans ses manuscrits. On vient de voir par le titre même de cet important mé- moire, qu'il étudiait à la fois les articulés et les mollusques dans leurs rapports avec les vertébrés. C’est ce qui nous oblige à placer ici même le résumé de la note qu'il cCommuniqua en 1839 à l’Académie, sur le rapprochement qui existe entre la disposition du système cérébral des animaux vertébrés et celle du ganglion susæsophagique des articulés (Bull., 1839, VI, 1'° partie, p. 81). L'étude de l’organisation des vertébrés, disait- il, a fait connaître comment les divers ganglions qui composent cet organe sont disposés les uns par rapport aux autres, et a déterminé la vraie signification des masses médullaires qui, dans les vertébrés inférieurs, semblaient au premier abord si différentes de celles de l’homme. Si sous le même point de NOTICE BIOGRAPHIQUE. xii} vue, ajoutait-il, on compare le système cérébral des articulés à celui des vertébrés, on reconnaît que ce système est construit sur le même plan, et que les différents ganglions qui compo- sent le cerveau des articulés sont hés entre eux dans le même ordre que ceux qui par leur réunion constituent le cerveau des vertébrés. Ilretrouve en effet dans les ganglions susæsophagiens des articulés, les analogues des corps quadrijumaux, des nerfs optiques, du cervelet, du pneumo-gastrique et même de la queue de cheval de la moëlle épinière. Ces idées obtinrent peu de crédit à l’Académie, et le rapport récent &e M. P.-J. Van Beneden sur les travaux de zoologie en Belgique (centième anniversaire de fondation, vol. IT, p. 32) contient une condamnation formelle de la note d'Henri Lam- botte : « il est clair aujourd’hui, dit M. Van Beneden, que la comparaison anatomique d'animaux appartenant à des types si différents ne peut conduire à aucun résultat de quelque valeur.» La critique de M. Van Beneden s’adresserait sans doute avec non moins d'énergie aux recherches sur les mollusques. Lorsqu'on parcourt les travaux des naturalistes qui depuis Cu- vier ont étudié le système nerveux des mollusques, on constate d’une part qu’ils s’accordent de plus en plus à repousser l’idée d’un éype commun à cet embranchement et à celui des verté- brés, mais on constate aussi, ce qui me paraît bien remarqua- ble, que leurs observations tendent à multiplier les analogies des deux systèmes nerveux. Meyraud, dans son travail sur les Céphalopodes dont Ampère et Étienne Geoffroy de St-Hilaire ont rendu compte (Journal de l'Institut, 1833, p. 180) a distin- gué le premier, d’après ces grands critiques, deux systèmes nerveux chez ces animaux, un système cérébro-spinal et un système ganglionnaire, distinction jusque là regardée comme appartenant exclusivement aux vertébrés. On sait que Mey- raud, considérait les Céphalopodes comme des vertébrés re- pliés sur eux-mêmes. Souleyet, dans ses Observations anatomi- ques, physiologiques et zoologiques sur les mollusques Ptéropodes (Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1843) admet que XIV SOCIËTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. le système nerveux des mollusques correspond en fait, dans sa distribution, aux parties similaires qui le constituent dans les animaux supérieurs; mais il ajoute que la seule différence est dans le degré de développement et la disposition des parties qui est en rapport avec le rang que les mollusques occupent dans la série, et le plan que la nature a suivi dans leur type zoologique. Il soutient encore que le système nerveux des mollusques est toujours double et conséquemment symétrique, présentant cette analogie avec celui des articulés. Huxley a qualifié d’admira- bles les observations de Souleyet. M. Van Beneden, dans son beau Mémoire sur l’Argonaute (Nouv. mém. de l’Académie, XI, 1839), a signalé la disposition des nerfs stomacho-gastri- que et branchial de ce mollusque qui remplacent le grand sympathique et le pneumo-gastrique des vertébrés. Il dit encore en décrivant la position susæsophagienne du cerveau de lAr- gonaute : « On pourra sans grands efforts trouver de l’analogie avec les parties constitutives du cerveau des animaux supé- rieurs, puisque dans les uns comme dans les autres nous voyons les trois parties essentielles de cet organe : hémisphères, tuber- cules quadrijumaux et cervelet. Si l’on ne craignait de dimi- nuer l'importance des faits, on pourrait pousser l’analogie bien plus loin. » Plus tard Huxley, dans son grand travail intitulé : On mor- phology of the Cephalous Mollusca (Philosophical Transactions, 1853), établit une vaste série de rapports entre le système nerveux des vertébrés et celui de ces mollusques ; il retrouve les analogues du corps strié, du nerf trijumau, du nerf auditif de la $° paire, du nerf facial de la 7°, du pneumogastrique et des nerfs rachidiens même dans les nerfs pédieux, ainsi que du grand sympathique. Le dernier et le plus vaste travail entre- pris sur le système nerveux des Céphalopodes est de M. Jules Chéron (Système nerveux des Céphalopodes, Ann. des sciences naturelles, 1866, 5° série, vol. V) ; il conclut en ces termes : « La structure du cerveau des Céphalopodes, question négligée jusqu'ici, nous a donné une fois de plus, par les résultats aux- NOTICE BIOGRAPHIQUE. XV quels nous sommes arrivés, la preuve incontestable du rang élevé qu’occupent ces animaux envisagés au point de vue de leur organisation. Mais malgré ces résultats, des vertébrés aux céphalopodes, nous voyons bien évidemment la nature pas- ser dun plan à un autre. Si c’est une erreur d'envisager ainsi cette question, il n’en est pas moins vrai qu’il existe, entre les uns et les autres, une lacune tellement grande que l’imagina- tion seule est habile à la combler. (Voir encore Milne Ed- wards, Rapport sur les progrès des sciences zoologiques en France, Paris, 1867, pages 197 et suiv.). Si donc, malgré ces analogies, c’est une erreur de recher- cher pour ces embranchements wn {ype unique et absolu, n’est- ce pas également une erreur d'admettre des /ypes spéciaux absolument distincts? Comment se rendre compte alors des analogies de l’organisation ? Ces analogies de plus en plus pro- fondément étudiées ne doivent-elles pas mettre sur la trace d’une commune descendance, et révéler au moins au fond des types définitifs des embranchements et des classes, un type général plus ou moins effacé ? Les mollusques alors sans doute cesseraient bien évidemment d’être complétement assimilés dans leur composition organique aux vertébrés, ils cesseraient sans doute aussi d’appartenir à une série purement linéaire dont le dernier terme serait l’homme ; ils se détacheraient sim- plement de l’arbre généalogique de l’animalité en un point infé- rieur aux vertébrés, dont l'observation exacte des analogies fixerait la place réelle, pour former un rameau divergent, gar- dant ainsi une somme d'éléments communs, témoins d’un type primaire, tout en se rattachant plus étroitement à un type défi- nitif, plus complexe, en quelque sorte secondaire. C’est dans cette voie que la classification est du moins entrée avec Darwin et surtout Haeckel (ouvrage cité, p. 118) suivant la trace et complétant les travaux de Lamarck, Goethe et Geoffroy de St-Hilaire, etc. Pour moi c’est à ces idées que je m’arrête. Quoi que l’on pense de ces idées, toujours est-il qu'Henri Lambotte s’en rapproche plus qu'on ne le croirait à première Xvi SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. vue; son type unitaire des vertèbrés, des articulés, des mol- lusques,n’a pas un caractère étroit, circonscrit; il entreprend d'y faire rentrer même les différences profondes que l’on re- marque dans les trois embranchements, en soutenant qu’elles proviennent du développement plus ow moins considérable ou de l'atroplue de certains éléments chez les uns ou chez les autres. Il est regrettable que ce mémoire soit resté inachevé ; tout ce qui nous en reste, ce sont des considérations générales sur le système nerveux des vertébrés, qui devaient servir d’introduc- tion à son examen comparatif du système nerveux des mol- lusques. On aura remarqué sans doute que la tentative d’unification typique qu'Henri Lambotte faisait en 1867 était précisément la même que celle que l’illustre Étienne Geoffroy de St-Hi- laire avait faite lui-même en 1820 et en 1830, lorsqu'il soutint l'unité de composition des vertébrés, des articulés et des mol- lusques, contre un adversaire redoutable, Georges Cuvier. Ceci nous amène naturellement à quelques considérations gé- nérales et rapides sur les idées d'Henri Lambotte en philoso- phie naturelle, et sur sa tradition scientifique. Mais avant d'aborder ce point, il nous faut compléter ce qui est relatif à sa participation aux travaux de la Société malaco- logique ; je suis heureux de céder ici la parole à notre savant secrétaire, aussi soigneux de rendre justice aux autres que de s’effacer lui-même : « Si Henri Lambotte, m’écrit-il, a publié peu de notes dans nos Annales, chacun de nous sait néan- moins qu'il a suggéré à ses collègues l’idée de plusieurs tra- vaux, et leur a ouvert de nouveaux horizons. Il se plaisait à nous communiquer ses idées premières, à signaler les points à éclaircir, il indiquait la voie à suivre pour y parvenir, cher- chant toutes les occasions de répandre le goût des sciences. Et il faisait tout cela d’une façon si simple que les questions les plus élevées paraïissaient se résoudre tout naturellement ; nous pouvons, jusqu’à un certain point, nous dire aussi ses élèves, car nous ne revenions jamais d’une excursion faite avec lui, NOTICE BIOGRAPHIQUE. XVi) ou d’une de nos séances à laquelle il avait assisté, sans en rapporter des idées et des connaissances nouvelles. Il était né professeur, et je crois que l’on peut dire qu'il a fondé une école dans notre pays. ». Si l’on me demande maintenant à quel ensemble d'idées, ou même plutôt à quelle idée générale se rattachent tous les tra- vaux d'Henri Lambotte, quelle est celle qui le guida dans ses investigations, celle dont il voulait poursuivre la démonstration complète, je répondrai sans crainte de me tromper ; cette idée empruntée à la philosophie des sciences biologiques, n’est autre que le principe de l’unité de composition des êtres organisés, et sous un autre aspect leur /oi d'évolution se dégageant de la variabilité même des espèces. Derrière Henri Lambotte se trouvaient sans cesse deux maîtres qui l’inspiraient, bien qu'il ne les nomme presque jamais dans ses écrits, Étienne Geoffroy de St-Hilaire et Lamarck; celui-là surtout lui révélant l’unité du règne animal dans l’organisation intime et d’une manière abstraite, celui-ci la lui montrant agissante et vivante dans l'espace et le temps; mais il n’a dû venir à Lamarck qu’en partant de Geoffroy de St-Hilaire. Le principe de l'unité de composition, tel que l’a formulé Geoffroy de St-Hilaire, s’appuyait sur deux ordres de faits gé- néraux : d’une part, l’analogie des caractères transitoires des animaux supérieurs avec les caractères permanents des ani- maux inférieurs; d’autre part : la fixité des connexions des organes entre eux, fixité que Geoffroy de St-Hilaire avait essayé d'établir dans les trois embranchements supérieurs de Cuvier. Ce dernier principe avait un double corollaire : l’un, la loi de survivance, si l’on peut ainsi dire, des organes ayant perdu leur fonction, ou du maintien des organes rudimentaires groupés d’après leurs affinités électives ; l’autre, la loi du ba- lancement des organes ou de la compensation, d’après laquelle le développement extraordinaire d’un organe se fait aux dépens d’un autre. On sait que Geoffroy de St-Hilaire ne conçut complètement xviij SOCIÈTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. sa théorie de l'unité de composition qu'après ses vastes re- cherches sur l’embryogénie; c’est aussi en étudiant cette science nouvelle, à la lumière des vérités fécondes découvertes par Geoffroy de St-Hilaire, que Henri Lambotte s’attacha avec passion à l’idée de l’unité de composition. Il a dans l’introduc- tion d’un travail qu'il préparait sous ce titre : De la Genèse du règne animal, origine, généalogie et progression des diverses familles d'animaux, raconté lui-même l’évolution de sa pen- sée : « Avant d'étudier les sciences physiologiques, j'avais fait des études assez complètes de chimie et surtout de minéralogie et de géologie. Je reconnus bientôt les lacunes considérables qui resteraient dans mon éducation géologique si je n'étais initié aux connaissances anatomiques et zoologiques, parce que en effet les notions que je possédais sur les corps organisés fossiles n'étaient que bien incomplètes. Or, la succession des êtres organisés dans les formations géologiques m'avait bien vivement attaché et j'étais résolu à tenter tout ce qui était en mon pouvoir pour éclaircir la poignante ignorance où Je me sentais plongé relativement à l’origine et à la succession de l'animalité sur le globe. » Habitué à pousser toutes les réflexions scientifiques jusque dans leur extrême limite par un exercice constant, j'étais instinctivement porté à refuser toute proposition qui ne pût être rattachée logiquement à des lois générales d'ordre et d'harmonie. Je quittai le marteau et la boussole et je saisis le scalpel et le microscope. J’eus le bonheur de trouver un professeur bien distingué, c'était Fohmann. » J'étudiai l'anatomie descriptive, et cette géographie du corps humain me parut si peu propre à développer l’intelli- gence que j'étais sur le point de douter qu’en procédant par une telle étude on pût arriver à des idées philosophiques larges. Mais bientôt j'étudiai l’organogénie. Oh! dés le début, je fus saisi d’un espoir inouï en entendant cette proposition : l’homme avant d'arriver à la forme qui le caractérise, passe par une série de formes transitoires, lesquelles sont toutes les NOTICE BIOGRAPHIQUE. xiX formes définitives de divers animaux. Cette idée exprimée avec beaucoup de naïveté, par Fohmann, me frappa vivement; elle s’attacha à moi d’une manière si obstinée, que dès ce moment une nouvelle faculté s'était éveillée en moi. Je prendrais volon- tiers, pour rendre ma pensée, ce que Cuvier disait en parlant de l'instinct des animaux, que cette idée me poursuivait tou- jours comme un rêve ou une vision et me fit agir longtemps comme une sorte de somnambule ; je puis dire que cette idée et ses conséquences nécessaires ont influencé toutes mes pen- sées et toutes mes recherches depuis lors. » Dans ce morceau éloquent et enthousiaste, ce n’est plus seu- lement l’homme de science qui nous raconte comment il passa de l'étude de la nature inorganique à celle des êtres organisés, c’est bien le philosophe prenant possession de lui-même qui parle, et nous expose comment il chercha successivement dans l'étude des fossiles, dans l'anatomie comparée, et enfin dans l’'embryogénie, à la fois les lois d’apparition et d'évolution des êtres organisés sur le globe et les méthodes naturelles de les classer. Car à ce point du développement de la science, la gé- néalogie des êtres se confond avec leur classification naturelle. Aussi dans un Z'ableau généalogique des animaux, essai dont l’idée appartenait d’ailleurs à l’école de Geoffroy de St-Hilaire qui l’avait déjà mise en œuvre, essaya-t-il bientôt après d’indi- quer l’ordre de succession et de déviation des animaux. Ce tableau se retrouve dans ses manuscrits. Il serait fort intéres- sant de rechercher à quel point il est original; les matériaux m'ont manqué pour faire cet examen comparatif. Mais c’est sous la forme du principe de fixité des connexions que l'unité de composition inspira les travaux imprimés d'Henri Lambotte, et ceux qui doivent le plus intéresser la Société ma- lacologique. Pour ramener en effet les mollusques au même type organique que les vertébrés, veut-il faire autre chose qu’essayer d'établir la fixité des rapports des organes et de leurs parties dans ces deux embranchements, systématisant ainsi l’ensemble des analogies que l’on a constatées avant et XX SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. depuis Meyraud et Geoffroy de St-Hilaire. Quant aux diffé- rences plus ou moins profondes, il se proposait bien évidem- ment de les expliquer soit par la loi du balancement des or- ganes, soit par celle de la survivance des organes rudimen- taires. Ce que je viens de dire s'applique au travail de Henri Lam- botte sur les articulés. De même on a déjà compris que ses recherches sur la glande thyroïde lui sont inspirées par les mé- thodes de Geoffroy de St-Hilaire, et que cette épave sans fonc- tion des organes branchiaux, ne subsiste chez les vertébrés supérieurs, qu’à raison de la permanence d’un plan général, et pour s’y conformer. Ce n’est pas tout : la Vouvelle théorie de chimie organique dans laquelle Henri Lambotte révèle une véritable originalité, n’est elle-même à mes yeux qu'un rayonnement du principe de l'unité de composition. Au-dessus même de l’unité de composi- tion organique des êtres, il cherche à établir l'unité de compo- sition chimique des éléments, des principes immédiats de ces êtres, et des corps inorganiques; et cette théorie constituant un type chimique unique, doit, dans sa pensée, servir d’'intro- duction à ses travaux sur les êtres organisés ; c’est un pont qu'il jette entre la nature inorganique et la nature organisée. Est-il possible de méconnaître ici la hauteur de pensée de ce philosophe de vingt-quatre ans qui a conçu déjà le plan d’un édifice aussi grandiose ? Certes, en se rattachant à la théorie dualistique de Berzelius, il s’est trompé ; cette théorie léloignait de la nature elle-même, et l’on se prend à regretter qu'il n’ait pas mieux saisi la théorie récente alors des substitutions, qui devait nous apporter des lumières nouvelles et des vues peut- être aussi générales et plus rapprochées de la nature sur la composition intime des corps. Mais ce qu'il suffit de consi- dérer ici c’est la portée philosophique même de l’œuvre d'Henri Lambotte. | S'élevant à des idées de plus en plus générales, ou plutôt généralisant de plus en plus l’idée mère qui le guidait, et NOTICE BIOGRAPHIQUE. Xxi s’enivrant même de cette idée, il avait conçu le projet d’une philosophie scientifique sous le titre : ZZistoire générale de la nature réunie en corps de doctrine. L'unité de composition sous des formes plus abstraites y eût joué sans doute le principal rôle. | Il y travailla en 1842, quelques chapitres seulement en sont rédigés. Ils traitent de la matière et de la force. Il y reconnaït que la force et la matière sont inséparables, que la force émane de la matière et agit sur elle. Il admet l'unité de la matière avec l'identité des atomes qui la constituent; il admet l'unité de la force surtout à un point de vue abstrait et par cette con- sidération que tous les phénomènes de mouvement se réduisant à un rapprochement ou à un éloignement des atomes, toutes les forces peuvent être ramenées à l'unité. Il essaie enfin de tracer la série des combinaisons de la matière et des forces particulières correspondant à chaque groupement; il admet que de chaque groupement se dégage une force de surcroft qui agit sur les composés environnants, soit pour se les associer, soit pour les détruire ou les modifier. Là s'arrête ce travail ébauché, inachevé, comme presque tous les autres. Ainsi tout indique bien dans l'existence intel- lectuelle d'Henri Lambotte un brusque et fatal arrêt de déve- loppement pour me servir ici du terme de Geoffroy de St- Hilaire lui-même qui prend sous ma plume une expression bien pénible. Chargé de vous exposer son œuvre, je n’al pu que vous promener pour ainsi dire au milieu de matériaux épars, les interrogeant les uns après les autres pour découvrir le plan, pour pénétrer l’idée de ce pauvre architecte endormi mainte- nant dans la poussière des morts. Cette idée s’est enfin ré- veillée à notre appel, et vous lui aurez certainement reconnu de la grandeur et de la force, cette idée éclose du génie de Geoffroy de St-Hilaire, Henri Lambotte l'avait avidement re- cueillie ; sans des misères imméritées, nul doute que cette na- ture vive, originale et infatigable ne l’eût fécondée; nos so- XXij SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. ciétés modernes ne sauront jamais ce qu’elles étouffent ou détournent d’âmes délicates, élevées, puissantes, pleines de promesses pour l'humanité. ŒUVRES DE HENRI LAMBOTTE, TRAVAUX PUBLIÉS. Note sur une roche feldspatique découverte à Grand Manil, près de Gembloux. — Bruxelles, 1836, in-8°. (Bulletin de l’Académie royale des Sciences de Belgique. Tome III.) Note sur le Théridion Malmignatte.—Bruxelles, 1837, in-8°, planch. (Bulletin de l’Académie royale des Sciences de Belgique. Tome IV.) Observations anatomiques et physiologiques sur les appareils san- guins et respiratoires des Batraciens Anoures. — Bruxelles, 1837, in-4°, planches. (Mémoires couronnés de l’Académie royale des Sciences de Belgique. Tome XIII.) Note sur le rapprochement qui existe entre la disposition du système cérébral des animaux vertébrés et celle du ganglion susæso- phagien des animaux articulés. — Bruxelles, 1839, in-8°. (Bulletin de l’Académie royale des Sciences de Belgique. Tome V1.) Sur les globules du sang. — Bruxelles, 1839, in-8°. (Bulletin de l’Académie royale des Sciences de Belgique. Tome VI.) Nouvelle théorie de chimie organique basée sur les lois de la com- position binaire. — Bruxelles, 1840, in-8. Recherches sur l’organisation des membranes séreuses.— Bruxelles, 1840, in-8°, planches. (Bulletin de l’Académie royale des Sciences de Belgique. Tome VII.) Sur un système de canalicules dans les plantes. — Paris, 1841, in-4°. (Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris, Journal l’Institut.) Traité de minéralogie pratique. — Namur, 1842, in-12. Sur des roches d’origine ignée intercalées dans le calcaire de tran- sition de la Belgique. — Bruxelles, 4843, in-8°, planche. ï (Bulletin de l’Académie royale des Sciences de Belgique. Tome X..) Établissements de produits chimiques. — Bruxelles, 1855, in-19. Considérations sur le corps thyroïde dans la série des animaux vertébrés. — Bruxelles, 1870, in-8°. (Annales de la Société royale des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles.) NOTICE BIOGRAPHIQUE. xxiij TRAVAUX INÉDITS. Chimie, Minéralogie, Métallurgie, etc. Leçons de chimie. Chimie générale. Chimie analytique. Chimie organique. Notes de chimie organique. Cours de minéralogie. Tableaux des minéraux et des systèmes cristallographiques auxquels ils appartiennent. - Tableau synoptique de formes cristallines. Caractères des types cristallins et passage de ces types aux diverses formes dérivées. Méthode dichotomique appliquée à la détermination des minéraux. Distribution technique des principales pierres précieuses avec leurs caractères distinctifs. Usages immédiats des minéraux et des roches. Cours de minérallurgie. Métallurgie du fer. Géologie et Paléontologie. Conférences géologiques. Observations géologiques sur les terrains primordiaux de la Bel- gique. Etudes sur les terrains primordiaux de la Belgique ; observations faites de 1832 à 1842. Direction des couches dans divers points des terrains primordiaux de la Belgique. Des rapports qui existent entre la nature géologique du sol et des végétaux qui y croissent. Botanique. Cours de botanique. De l’action de la chaux sur la végétation. La Bryone envisagée sous le rapport agricole et industriel. XXIV SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. Zoologie, Anatomie et Physiologie comparées, ete, Méthode dichotomique appliquée au règne animal. Anatomie générale. Anatomie comparée. Recherches anatomiques et physiologiques sur les animaux. Le système nerveux des Mollusques comparé à celui des Articulés et à celui des Vertébrés. Sur quelques conditions matérielles des sensations. Observations sur le sang, Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure du tissu musculaire, la cause de la contractilité organique, etc. Des phénomènes essentiels de la nutrition dans les tissus musculaires. Histoire anatomique et physiologique des membranes séreuses. De l’organisation des membranes séreuses. Matériaux généraux sur la partie physiologique des membranes séreuses. Philosophie naturelle. Histoire générale de la nature réunie en corps de doctrine. Essai de philosophie de l'Histoire naturelle. Cours de sciences naturelles ou d’observation. Principes généraux des sciences naturelles. Des causes dans la nature ou philosophie de l'Histoire naturelle. Études d'histoire naturelle. De la genèse du règne animal; origine, généalogie et progression des diverses familles d'animaux. Tableau généalogique des animaux. Sciences sociales. Dieu, la nature et le monde. Principes sur l’éducation. Discours sur l'inégalité parmi les hommes. Henri Lambotte à ses frères. MÉMOIRES DE LA DUIRTE MALACOLOIOUE DE BELGIQUE TOME VIII Annee 1878. BRUXELLES IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE DE Ve NYS 57, RUE POTAGÈRE, 57 FALL MATERIAUX POUR SERVIR A LA FAUNE LAEKENIENNE DES ENVIRONS DE BRUXELLES PAR GG. VINCEN "EI. — SÉANCE DU 5 JANVIER 18753. — Notre système laekenien est constitué, comme on le sait, de deux étages, et chacun de ceux-ci possède une faune notable- ment distincte de celle de l’autre. Presque toutes les listes de fos- siles de ce système, publiées jusqu’aujourd’hui, ne nous ont fait connaître que sa faune générale ; de sorte qu’il n’a pas encore été possible d'établir les différences de faune existant entre les deux étages ni entre les zones de chacun d’eux. Ces listes ne permettent pas davantage de faire connaître les fossiles pro- pres aux différentes zones, ni de déterminer l’époque précise de l’apparition et de la disparition des espèces. Sous ce rapport, nous croyons qu'il reste quelque chose à faire et que la science, pour progresser, doit avoir non-seule- ment la liste des fossiles des deux étages, mais encore celle des fossiles de chacune de leurs subdivisions, de leurs zones. Or, l’existence de l’assise laekenienne a été constatée dans dif- férentes localités de notre pays, mais on a négligé de détermi- 8 SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. ner les zones de cette assise qui s’observent dans chacune de ces localités. Quant à nous, qui trouvons de la plus haute impor- tance de faire cette distinction pour établir le parallélisme des couches, tant de notre pays que des pays voisins, et qui nous appliquons à distinguer les zones au moyen de leurs faunes, nous ne pouvons trop, dans l'intérêt de la science, engager les naturalistes à toujours déterminer avec la plus grande exacti- tude le gisement, la zone des différents fossiles qu'ils recueille- ront. Nous nous inspirons depuis longtemps de cette idée en faisant nos recherches, et les résultats que nous avons obtenus de ce côté, seraient sans doute plus importants si nos moments de loisir'étaient moins rares. , On a pu remarquer que cette méthode a été adoptée pour la formation des listes qui se trouvent dans la notice publiée par M. Th. Lefèvre et moi sur le plateau de Laeken, Jette et Wem- mel, ainsi que dans ma publication sur les faunes bruxellienne et laekenienne de Dieghem. (1) Dans les environs de Bruxelles, l'étage inférieur du système laekenien se rencontre dans un état de développement assez puissant. Nous poursuivons depuis longtemps, dans ses diffé- rentes zones, de patientes recherches et notamment dans celle caractérisée par les Vummulites variwolaria, Ditrupa stranqu- lata et Orbitolites complanata. Cette zone a été fortement dénu- dée et les parties échappées aux ravages diluviens que l’on voit souvent à découvert dans les tranchées pratiquées dans nos environs, sont toutes fortement excavées. Disons aussi que la mer qui forma notre couche, a dû être fort agitée : c’est du moins ce que nous démontrent beaucoup d’entre ses fossiles tels que les dents de Squales, les Terebratula Kickxi et bien d’autres encore qui sont tous généralement fort usés. Elle est surmontée d’un dépôt de sable jaune verdâtre, dans lequel on n’a pu constater jusqu'aujourd'hui un seul fossile qui lui soit propre. Parfois c’est la zone inférieure de l'étage laekenien (1) Annales de la Soc. Malac. de Belg. Tome VII, 1872. MÉMOIRES. 9 supérieur qui la couvre et parfois c’est le limon hesbayen. Elle repose sur un lit de gravier contenant à profusion des Nummu- lites lævigata et scabra, etc., roulées. Notre zone est formée d’un sable généralement calcareux et présente presque toujours deux à trois lits de grès, qui sont tantôt durs et se séparent en feuillets lorsqu'on les frappe à coups de marteau, et tantôt ne sont que des concrétions sableu- ses qui se désagrégent facilement exposées aux intempéries de l'air. La faune que l'on trouve dans les sables diffère beaucoup de celle que l’on observe dans les grès. Outre ses fossiles caracté- ristiques mentionnés précédemment, on y rencontre très-com- munément les Pecten plebeius et multistriatus, la Terebratula Æickær, V'Idmonea coronopus, la Seutellina rotunda, la Lenita patelloïdea, les Nummnulites levigata et scabra, etc. Dans les grès et principalement dans le banc qui se présente vers la base de la zone, le faune a une plus grande analogie avec les zones de l'étage laekenien supérieur de Wemmel, Jette et Laeken. Les fossiles les plus communs que nous avons observés dans ceux-ci sont le Solecurtus Deshayesi, la Tellina plagia, le Cardium asperulum, le Cardium Edmwardsi, la Car- dita elegans, l'Orbitolites complanata, ete. Nous y avons égale- ment trouvé de grands amas de 7'urritella brevis presque ana- logues à ceux qui s’observent à Wemmel, ainsi que des frag- ments de plantes. De plus, sauf les fossiles caractéristiques mentionnés précédemment, les Terebratula Kickxi et les Crenaster poritoïdes qui sont communs partout, la faune de cette zone varie beaucoup de localité à localité. Ainsi, à Dieghem, ce sont les Échinides tels que la S'eutella rotunda et la Zenita patelloïdea que lon rencontre en grande quantité ; à Steenockerzeel, le Pecten duplicatus, qui est très-rare dans toute autre localité; à Woluwe-St-Lambert, la Z'urritella bre- vis; à l'Avenue Louise, le Z'ubulipora Grignonensis ; à Saint- . Gilles, les Échinides tels que l’Æchinolampas Galeottianus et le S'patanqus acuminalus, etc. 10 SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. Dans plusieurs localités, telles que Forest et Dieghem, notre zone offre aussi parfois vers sa superficie et en petits lits, des agglomérations de coquilles réunies ensemble par un ciment calcaire. Les fossiles qui constituent principalement ces forma- tions singulières, sont des Vummulites variolaria, des Ditrupa stranqgulata, des Turritella brevis, des Nucula lunulata, des Lunulites wrceolata. Pour terminer notre note, nous faisons connaître quelques unes de nos observations relatives à divers Foraminifères qui nous sont d’un secours fort grand pour la distinction de plu- sieurs de nos zones : ainsi, nous pouvons dire que les Vummu- lites scabra et levigata, qui se montrent dans notre pays à partir de la zone bruxellienne d’Aeltre, s’observent pour la der- nière fois, dans nos environs, dans la zone qui nous occupe ; que la Vummaulites Heberti et l'Operculina Orbignyi y appa- raissent et que l’Orbitolites complanata lui est propre. Le nombre des fossiles recueillis par nous, jusqu’à ce jour, dans cette zone, étant devenu assez considérable, nous avons pensé que leur liste pourrait offrir quelque intérêt à la science. Cette liste est cependant loin d’être définitive; nous nous pro- posons de la compléter plus tard. Nous n’avons pas cru inutile d'indiquer dans notre tableau et dans des colonnes séparées, les différentes zones de l'étage : bruxellien et les zones des étages laekeniens inférieur et supé- rieur dans lesquelles les mêmes fossiles ont été observés. LISTE DES FOSSILES TROUVÉS AUX ENVIRONS DE BRUXELLES DANS LA ZONE LAEKENIENNE A NUMMULITES VARIOLARIA, DITRUPA STRANGULATA ET ORBITOLITES COMPLANATA, AVEC L’INDICATION DES DIVERSES ZONES DES SYSTÈMES BRUXELLIEN ET LAEKENIEN DANS LESQUELLES CES MÊMES FOSSILES ONT ÉTÉ OBSERVÉS (1), | Assise ASSISE bruxellienne.|| laekenienne. LE L HUE —. z ue S.S ESPÈCES. (ESS [ES (ÈS |ÉS ÈS SES slegslès l£e [8e8 Sela8se SI Hsssluss|SSS| SE [SSE 2$2L2|02 8085) SÈ |[2È ISSAS|S 5 SISSS| SÈ E REPTILES. Emys Camperi, Gray. . . . .. Le UE TE RS VA : . Chelonia, Species?. . . . .. no TANGO TT AM GARE NeEr Gavalis Dixon OWen set Lee - C POISSONS. Cœlorhynchus rectus, Agass.. . . .. rl ce ANT Picnodus Toliapicus, Agass. . . . .. C : ACC INEE î Lamna elegans, Agass. . . . . . .. HG ACC rue Arr Lamna crassidens, Agass. . . .. sde MORTE A UULCE Lamna verticalis, Agass. . . . . .. . Ir r LNTE || Carcharodon heterodon? Agass. . . . | rr || rr PA | EN DIR Galeocerdo latidens, Agass. . . . .. Era DE ; r Galeocerdo minor, Agass. . . . . .. CCult ec c | ce Otodus macrotus, Agass. . . . . . . . Cl 60 TL CC Otodus obliquus, Agass. . . . . .. AIREr À rr Praistsatnhanmi Gal. à... 0 rr RAIUTE 5 : - Myliobates Toliapicus, Agass. . . . . CE RÈGL Cole GCUNRE r (4) Le degré d’abondance ou de rareté des fossiles est indiqué par les lettres €, cc, r, 17 qui signifient respectivement : commun, très-commun, rare, très-rare. 12 SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE, EE ASSISE ASSISE bruxellienne.| laekenienne. an % © 2 S u Le ro =. S = = LEE I SM EN ES , DR Ss |8S l'os /8Se ESPECES ass |3S [ÈS | ESS |5SS à 29% [3% |? EN [ENS SES mr QUrs 89 Eoe | À asiel*Rolz v © CE BCE 2 || RS EX © OS | 0.8 © B -| ES [SSSR 2Hmel2u la 2 > [ess œnrel|TÉs S2| &s% & à SEE 2= ST EE CEE = = T2 seeslsrcless || SES BAE|SS 21882] SA [SE NI N INT FIRE LA CRUSTACES. Pseudocarcinus Burtini, Gal. . . . .. T'IlA7rr À r Lrr re CÉPHALOPODES. Nautilus Lamarcki{Desh:7200.214 Beloptera belemnitoïdea, de Blainv. . r Q Q © — ” — = k RE 4 0 Belosepia Cuvieri, Desh. . . . ... de r re r r Belosepia Blainvillei, Desh. . . . . .. rr d r GASTÉROPODES. Fusus longævus, Brand: . ......|1T Cassidaria carinata, Brus 04-CeeTnr Natica/patula Lamkse 20 Crete r Turritella brevis, SOw. . , « . . . . . | CC Vérmetus NY Gal Rte NS SEE Scalania HODSNYSEU TE TMOUTEC RNN EEnIRnne Scalaria Gorisseni, Nyst. . . . . .. . | Sedlariat Vincent INYS EN LE tt UT Calyptrea trochiformis, Lamk. . ... | rr COEUR “Ad à Phorus agglutinans, Lamk. . .... | TT M EE BU D à POP e Bifrontid marpinata, Besh:}. 1.0004). r J | c : Parmophorus radiolatus ? Desh. . .. | Tr Ancilariarfustiormis ? Deshal.: er Hipponix cornu- copiæ. Lamk. . . .. C TornateliaiHons NYSE 20 en. EU EAU rr £ CCAIMEC Solarium marginatum, Desh. . . .. omIec 4 C C Scaphander attenuatus? Sow. . . . .. | IT ' ; À CAC Philine extensa, Sow. . . . M ANR s . CE LAMELLIBRANCHES. Clavagella coronata, Desh. . . . . .. rr ; EE PS à EE Là Téredo Burt Destin re Se rr c , RE — — ' ere . . D’ AONSO CR er . . ao © © >” © GO . . [æ] — ° ® (PR pal) [e . . (EU CDEN MÉMOIRES. 15 * ASSISE bruxellienne. ASSISE laekenienne. ESPÈCES. = à Teredo vermicularis, Desh. . . .. À Ristularnasaneusta®) Des ne ere : ; ë r à Solen vaginalis ? DESRSRR ER een : r : SANTE Solecurtus Deshayesi, Desm.. . . . . (5 : 5 sut CCC Panopæa intermedia? SOW.. . . . ; PA ES 6 à ; ; L r Ê Mactra semisulcata? Lamk. . :. . . |rr C-|NGC S ; É COPHAlADISURL SON. LE Li. : C : ë ‘HIFeCILce lustrés, caractérisée par les Cythereasub- erycinoïdes. careux à Rostellaria ampla, ete. lœvigata et scabra Zone des sables a grès Zone des sables cal- roulées. Zoneinférieureà Nummulites Heberti. Zone supérieure à Nummulites Heberti et Cyprina Roffiaeni. Tellina plagia, Edw. . . . .. Rev DURE | cevl'ceE Cytherea suberycinoïdes, Desh. . | r | ee |cclrrlrr |rr Cytherea Iævigata, Lamk. AN LE C SN. AE - : Cardium porulosum, Brand. SNS CAE CC PL MATE NMTOEr Cardinm 'Edwardsi; Desh: 9%... r ; cerNec Cardium Honi, Nyst SR TN EU Sen UTTE : : r T Cardium asperulum, Lamk. . . . .. | € ; 5 r r Ducina itS SON. LL SN AINrE rr : : 19 : POI Re ! DEN Corbis lamellosa, Lamk. LIN RAAUUTE } LR DA LE Cardita elegans, Lamk. a re C C cer Mec Crassatella” Nystana, FO LR rr rr CC: lce Pectunculus pulvinatus, Lamk. . .. T'AACe r £ CCC Nucularfragilis ? Desh: mire r Nueulainnulata NYSE OEM RER Se Leda Galeottiana, Nyst. . . . .. Hanie Pholadomya virgulosa, Sow. . . . . . | rr Lithophagus D PAseter Deshsenss L Lima obliqua, Lamk. ah ei RCE r Pecten corneus, EN AL NS COR Pécten nitiduins VINCs LE us UC NIETr Pecten solea, Desh. . . . .. SR - Pecten duplicatus, Sow. .-. . . . . . | ce Luna mutabilis Lamine ER à Ë ê Lucina pulchella, RER ANA EST TRES FA | CE ce ce ; À Pecten. plebeus "Eamky 0 7 2e À CHINOIS : Pecten multistriatus, Desh. . . . . . | cc | rr . c . : PeclentHonieNyst 5. "1". san C rt |:ce Pecten sublævigatus, NYSE. SE SNeen ? î Ra lUET : Spondylus radula, Lamk. . . . . .. ( ; C |. € 2 . Spondylus rarispinus, Déshi LU C : Fu /c é : DsirealcamosaDesh.;...1.", Li : SÉNEC ! at CC : Ostreaevmhula,ULamki: 52%, 2,0 CCE tel CC | Ostreatapelula Lamk. 3 10 L CAinec OstreasryphimasDesh;.: 1: ,....12ec À ; Ostrea uncinata, Lamk. . : . . . HICUTÉ è ; 14 SOCIÉTÉ MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE. ASSISE ASSISE bruxellienne.|| lJaekenienne. N d55 [ns [8S |2$ |[2eel ESPECES. ÉRMEFR IE 2ù |£RS Sésslesslie |£s |Ss REIN IFIE snelesaless|S$ 850 * SE AS|SSSISSe = Se Vulsella deperdita, Lamk. . ..... ce : L "ON RE 3 Anomia sublævigata, d'Orb. . .... CC r ë CAE | BRACHIOPODES. Terebratula Kickxi, Nyst. . . .. . .. cc ë . Ice : 2 Terebratula bisinuata, Lamk. . . .. rr : k AU Terebratulina Putoni, Desh. . . . .. rr : s ; : ; Craniatyariapiis; (Gal 0 re C : , C à : BRYOZOAIRES. | Lunulites radiata, Lamk. . . . . ... C à À ; à À Lunulites urceolata, Lamk:# 5.2.7, CC d k À rl CC Cellepora petiolus, Dix. . . . . . .. ir 3 : ANICCAMEC Chrysisina coronopus, Def. . . . .. cc L te ; . Hornera hypolythus, Def. . . .... cc 3 Ù C : L Eschara damæcornis ? Mich. . . . .. C à Ë C k Escharatexcayata Miche c : : c : $ Pyripora contexta, Gold, . . . .... C r cale rennes Tubulipora Grignonensis, Lamk. . . | cc ; ; ! 5 Tubulipora stelliformis, Mich. . . . . C L t TARN ; ANNELIDES. Ditrupa strangulata, Desh. . . . . .. cc : AC Serpula tricarinata, Gal. . . . . . .. cc : MAN COCA AEMINRE Serpula Mellevillei, Nyst et Leh. . . . | ç : AS AMANECNPIGC ÉCHINODERMES. Crenaster poritoïdes, Desm. . . . .. ce k RAGE M . Spatangus Omaliusi, Gal. . . .. .. C C - G'l'ce race Echinolampas Galeottianus, Forb. . . | ce ; nec MÉMOIRES. 45 ASSISE ASSISE bruxellienne.|| Jlaekenienne. | ses las S lat [Se x Sés las [Se |o$ |£S8 am & © © à ÊÈ ® Be ER assslemolst | S$S |2S, ssoslsasless| ES ESS BÉSETEsl es) 8e leii Ssablaselses| à » » < » LI" de. = de 7 % . Time WTPI2 —#t— Coupe À. de Grimmertingen à Jongres. Veerrepen Grimmertingen.. Scha-Posch . Ferme: Chateau. EUR Aasel-Posch. Recéngen. Henis. Tulerie . Gare de Tongres. ! 4) Ca) D ce ES ! ii 1 j L 1 ; ! , C ï 1 À ! 1 | ï ose ! 1 l \ LÉ, | SUR «ce ; = : \ : [@] diveau de la mer. Coupe P.de Hoesselt & Klein Spauwen. ; brinure 5.0. - trisure NE ï SE Sation de Hoesselt. Moulin. w) Chateau de lieux-vonc. Boryk. Âlein-Spauwen . ! 1) { (6)! u\ î 1 ( 1 [ ï 1 î Viveau de la mer . | : Dollfas et Ortlieb Legende. D Suites de Viermaet. CS; de Neerrepen . D Gt rqite de Hents . (| 54e dé lieux-vonce 1 77 de Beryh (ES) Piffeau a Nucules . Nota — /e profil an trail tique par son épaisseur la puissance da terrait quaternaure Echelles . DRE EE HO EU QE % 20000 70000 STE po et . AU Ki qu 4 4 SPP ON NRA KA Annales de la Soccte Malaclogrques de: Belgique Tome VIT PI & L A 2 _ re K 5. 2 Le. à ESS =. E< À K ai #: Fri \ (RE A. | | \ Ne ) \\ ) FIN ER A | | \ / \ ie ire ]/ \ / \ 7 7 \ 7 \ L/ \/ 6 Hyalæa tridentata. Lam. red Craver ad. nat. del Zithe par reures Bruxellès 7 l THI /] FE JDE V1 1 (LOU ZOCLQ 7e [a C4" # n 7 MACON OLTLE Me Sow. us e Il cor = per D 4 © D du Pe 1liles « € Anom Ga ér 7 : n . . a = È A X à +. #4