as Æ. Eee LT RS “e 7 CRILIL A nn Pt cer sé tés ne. SL SC te NUE, Le Ne = ANNALES DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE. AORE TOME XVI. — ANNÉE 4851. LE PUY, TYPOGRAPHIE DE J.-B. GAUDELET,. ANNALES DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU PUY. TOME SEIZIÈME. Nora. — La Société n'entend ni garantir les faits nt adopter toutes les opinions consignées dans les Mémoires que renferment les ANNALES. ANNALES DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES, ARTS ET COMMERCE DU PUY. TOME XVI. — ANNÉE 18514. LE PUY, LYPOGRAPHIE DE J.-B. GAUDELET. RUE GRANGEVIEILLE. 1853, ANNALES DE ln Societe Vendemique In Pup. DISCOURS PRONONCÉ PAR M, LE V° DE VOUGY, PRÉFEL DE LA HAUTE-LOIRE, PRÉSIDANT LA SÉANCE PUBLIQUE DU 24 AOÛT 1852. Messieurs , Appelé à l'honneur de présider la Société Acadé- mique du Puy, je suis fier de la haute marque de bienveillance qu’elle veut bien m'’accorder. Je suis heureux, en même temps, de rattacher 6 DISCOURS au début de mon administration l'inauguration de ce nouvel édifice. [Il témoigne des conquêtes que l'art a faites dans ce département. Ces collections si précieuses et si étendues, ces trésors artistiques accumulés par vous, trouveront ici désormais une place digne d’eux. Malgré les mauvais jours que nous avons traversés, vous n'avez pas cessé un seul instant de vous occuper d’études sérieuses; vos sacrifices journaliers et vos essais ont montré aux populations votre bon vouloir. En donnant surtout votre temps et vos soins à l'agriculture, vous rendez un grand service au pays, et vous faites comprendre aux populations qu’à côté d'elles se trouve une véritable richesse, qui se décuple suivant l'intelligence : la profession d’agri- culteur sera honorée, respectée et aimée le jour où l’on aura fait voir qu’elle peut satisfaire toutes les ambitions. Le Gouvernement a compris cette pensée; car après avoir raffermi l’ordre ébranlé, son premier acte a été de constituer le crédit foncier. Cette institution, que les populations ne connaissent en- core que de nom, c’est à vous, Messieurs, de la patronner; en vous plaçant à la tête de cette œuvre, vous [a populariserez. Les habitants des campagnes, qui vous aiment et vous estiment, viendront à vous pleins de confiance, et ils vous croiront, quand vous leur direz que le Prince, en créant cette institution, a voulu guérir cette lèpre qu’on appelle l’usure. D'OUVERTURE. 7 L'agriculture a fait, de nos jours, un pas immense: elle a pris place parmi l’industrie. Ce qui lui man- quait, les capitaux à bon marché et remboursables par annuité, elle l'a obtenu. Aussi, Messieurs, rendons grace à Louis-Napoléon qui, dans sa haute sagesse, à mis à notre disposition les ressources nécessaires pour faire fructifier notre travail, et ne perdons point de temps pour doter le département d’un aussi grand avantage. Après vous avoir entretenu de l’agriculture, je ne puis passer sous silence un commerce qui prend tous les jours une proportion croissante : je veux parler de lindustrie de la dentelle. L'exposition d'aujourd'hui montre au grand jour les succès qu’ob- tiennent en ce genre les fabricants, et cette pros- périté ne fera que s’accroitre, si nous parvenons surtout à assurer un travail régulier, Je erois qu'avec certaines améliorations que le temps permettra d’ef- fectuer, il sera possible d'arriver à ce résultat, en créant un caisse de prêt spécial sur dépôt. J'appelle l'attention de la Société sur cette importante question. L'exposition qui a lieu cette année témoigne des grands progrès de ce département : l'honneur en revient surtout au digne Président de cette Académie, qui en dirige les travaux avec tant de dévoument et d'intelligence, et à vous, Messieurs, qui comprenez si bien cette noble mission de propager les décou- vertes utiles, de développer l'instruction industrielle, de seconder de votre influence et de vos conseils 8 DISCOURS D'OUVERTURE. l'établissement d'institutions qui peuvent apporter au sein des populations un bien-être matériel ou un progrès moral. Comptez sur le concours et l'appui du Gouver- nement pour vous aider. Interprète de la sollicitude bien connue du Chef de l'Etat, qui ne cesse de vous donner des preuves de sa sympathie, soit par les subventions qu’il vous alloue, soit par la surveillance pleine d'intérêt qu’il exerce sur l’agriculture, il a voulu, dans cette circonstance, récompenser vos progrès, en vous envoyant huit médailles d'argent et quinze de bronze. Rendons hommage à cette généreuse pensée, qui excite en nous l’émulation : elle est d'un heureux présage pour la fortune de ce pays. Quant à moi, je ferai tous mes efforts pour vous obtenir, l’année prochaine, une plus grande part dans les libéralités de lEtat. COMPTE-RENDU DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ, PENDANT LA PÉRIODE BISANNUELLE 1850—59, LU LE MÊME JOUR PAR M. DE BRIVE, PRÉSIDENT. Messieurs , Je viens satisfaire à l’une des plus honorables fonctions de la présidence, en vous présentant, devant une assemblée composée de l'élite de notre population, le compte-rendu de vos travaux pendant la période bisannuelle qui vient de s’écouler. 10 COMPTE-RENDU. Aucun des devoirs qui vous sont conférés par le titre que porte votre Société, n'ont été négligés. Cependant l’agriculture, qui est la principale industrie de notre département, a spécialement aturé votre attention. Comment, en effet, auriez-vous pu rester indiftérents en présence des malheurs qui l’accablent depuis quel- ques années, et qui sont dus principalement à la dépré- ciation générale qui frappe tous ses produits. Un fait établi par les mercuriales, c’est que depuis 1848 la moyennedu prix des céréales, en France, est descendue de près d’un quart. ! Cet abaissement de valeur dans la principale récolte de l’agriculteur, qui n’a point eu d'exemple jusqu’à cette époque, a réduit pendant ces quatre dernières années, tous ceux qui tiennent une comptabilité agricole sérieuse , à régler eonstamment en perte leur culture; et si de prompts et salutaires remèdes n'étaient point apportés à notre situation, nous toucherions à cette époque où le propriétaire et le fermier, ne trouvant plus un prix rémunérateur dans la vente de leurs produits, n'auraient pas plus d'avantages à cultiver leur terre qu’à la laisser en friche. Le gouvernement, protecteur de tous les intérêts, 4 Pendant la période de trente années, qui s’est écoulée entre les disettes de 4816—17 et 4846—47, la moyenne du prix du froment, en France, a été fixée de 49 à 20 fr. l'hectolitre ; depuis 4848, elle est descendue et s’est maintenue jusqu'à ce jour à 44 et 15 fr, COMPTE-RENDU. 11 s’est ému d’un état si fâcheux pour le présent et si alarmant pour lavenir : il vient de nommer une commission dite des céréales, qui aura nécessairement pour objet de proposer les moyens de mettre un terme aux souffrances de l’agriculture en relevant ses prix. Espérons, Messieurs, qu’elle les trouvera dans la proposition de nouveaux tarifs qui, en donnant plus de facilités pour les exportations ou les impor- tations, suivant les années d’abondance ou de disette, maintiendraient le cours des céréoles entre deux limites très rapprochées, et mettraient obstacle à ces bausses ou à ces baisses extrêmes de prix qui portent alter- nativement la misère chez l’agriculteur ou chez le consommateur de ses produits. En attendant ce remède souverain d’un gouver- nement juste et désireux de faire le bien, tel qu'est celui du Prince auquel la France doit son salut, des mesures importantes, quoique d’un ordre inférieur, ont été prises par lui pour protéger les intérêts agricoles. Depuis longtemps les Sociétés, les Congrès et les Conseils généraux d'Agriculture sollicitaient l’organisation de l’enseignement agricole, une repré- sentation de l’agriculture et l’établissement du crédit foncier. Ces vœux ont été successivement satisfaits par des dispositions législatives, et vous en avez facilité la réalisation dans votre département par tous les moyens à votre disposition. La Ferme-Ecole établie à Nolhac accomplit sa mission sous Fhabile direction de M. Chouvon. Ceux 12 COMPTE-RENDU. d’entre vous qui font partie du Jury chargé de la surveillance de cette Ecole, ont pu constater que l’enseignement y est donné avec assiduité, habileté et convenance, et recu avee soumission et avec fruit par les élèves. Malgré les difficultés nombreuses, résultat d’une organisation nouvelle, le cadre des professeurs et des élèves y est au complet. Cette institution satisfera ainsi dans le département à un besoin qu’éprouvaient tous les propriétaires qui veulent faire valoir leurs terres eux-mêmes, et qu’exprimait très bien M. Moll, dans un rapport à la Société nationale d'Agriculture, lorsqu'il disait : « Les Fermes-Ecoles sont destinées à combler un vide qui existe dans la classe agricole, et à relier en quelque sorte la tête avec les bras. » Nous avions besoin de premiers valets de ferme, cet intermédiaire indispensable dans toute exploitation rurale : nous avons aujourd’hui l'assurance que la Ferme-Ecole nous les donnera. Le Conseil général du département a voulu aider encore à cet enseignement, en vous chargeant de réparür chaque année des récompenses aux insti- tuteurs primaires qui auraient joint le meilleur enseignement agricole à celui des programmes de leurs cours. En 1851, la somme allouée par le Conseil a dù être employée à l'acquisition d’un certain nombre de Manueis d'Agriculture ; qui ont été distribués à ceux de messieurs les Maitres d'école qui s'étaient fait remarquer par leur aptitude COMPTE-RENDU. 15 et leur zèle, pour servir de base à leurs démonstra- tions. Dès cette année, le rapport de messieurs les Inspecteurs nous a signalé plusieurs instituteurs qui ont rempli vos conditions et mérité les récompenses allouées par le conseil. Le commerce et l’industrie avaient depuis long- temps une représentation régulière pour faire valoir leurs droits et leurs besoins, tandis que l’agriculture, malgré son importance et ses réclamations, restait sans organes oflieiels auprès du gouvernement. De là son infériorité relative et l’abaissement continu dans lequel vivaient les hommes qui se dévouaient à la culture d’un art qui est la base de tous les autres, la source de la fortune publique et l’oceu- pation des trois quarts de la population française. Vous êtes intervenus dans les débats de cette grave question, soit dans le sein du Conseil général de lagri- culture par l’un de vos membres appelé à y représenter le département, soit devant l’Assemblée nationale, par un Mémoire qui a obtenu une approbation flatteuse de la part du plus grand nombre des Associations agricoles de France. Les Sociétés mixtes d’agricul- ture, telles que la vôtre, ont dû à vos efforts d’être comprises dans le corps électoral auquel la loi du 15 mars 1851 avait accordé Ia nomination des Chambres consultatives. Enfin le crédit foncier, qui préoccupe si vivement aujourd’hui et le gouvernement et les hommes qui veulent le progrès de l’agriculture, avait été l'objet 14 COMPTE-RENDU. de votre étude longtemps avant le déeret qui en à facilité l'application en France. Un profond écono- miste a dit : « Le secret d’une grande production est dans les frais faits pour améliorer les terres », et il démontre, par l'exemple, que les nations qui dépensent le plus dans leur culture sont celles qui ont le produit net le plus considérable. ? Sans tenir compte de la dette énorme qui pèse en France sur la propriété, et qu'on évalue au cinquième de sa valeur, ? l’agriculture, dans l'intérêt seulement de son amélioration, réclamait donc une mesure qui mit à sa disposition les capitaux dont elle avait besoin. Malheureusement, par sa constitution immobilière et les diflicultés que lui créait notre régime hypo- thécaire, la propriété éloignait d'elle le capital qui recherche non seulement la sécurité, mais encore une certaine facilité dans ses mouvements. Le décret du 28 février, qui a institué le crédit foncier en France, en mobilisant en quelque sorte Ja propriété par Pétablissement des lettres de gage, et en sim- plifiant les formalités pour la purge des hypothèques, a eu pour but de détruire ces obstacles. * Ainsi PAngleterre dépense 208 fr. par hectare pour obtenir un produit brut de 554 fr., la France 459 fr. pour 279 fr., ct Espagne 44 fr. pour 69 fr. [V. Boxwer.] 2 Les économistes évaluent la valeur de la propriété foncicre en France à 48 milliards, ct le chiffre réel de la dette hypothécaire à 40 milliards. COMPTE-RENDU. 15 L'agriculture peut ainsi compter encore sur une ère de prospérité, si elle entre franchement dans la voie qui lui est ouverte, mais à cette condi- tion que les associations de crédit, surveillées par le gouvernement , ne chercheront pas à faire leurs affaires aux dépens de la propriété. Le plus grand danger pour elle résulterait de statuts qui stipuleraient un intérêt déterminé en faveur de l'association; car le but définitif du crédit foncier, le seul qui puisse le rendre utile à l’agriculture, qui dès lors devrait être imposé à toutes les asso- ciations, est d'arriver à faire prêter à la terre des capitaux à un taux qui approche de la rente qu’elle produit, Une institution de crédit manquerait donc son objet principal, si elle ne conservait, par une disposition quelconque, aux prêts hypothécaires, le bénéfice progressif que la prospérité du crédit pour- rait porter dans le taux de l'intérêt des effets publics. Quatre villes importantes, Clermont, Lyon, Nimes et Avignon, ont formulé des projets de Société de crédit foncier, et ont demandé à comprendre le département de la Haute-Loire dans leur circons- criptions Un excellent rapport de votre collègue, M. Mandet, rempli de documents précieux et de vues élevées, vous a décidé à réserver votre appui et votre recommandation pour ceux de nos compa- triotes qui s'occupent de réaliser parmi nous cette philanthropique institution. Depuis quelques années le drainage, qui n’est 16 COMPTE-RENDU. autre chose qu’un moyen nouveau et économique d’assainir les terres humides, a été importé d’Angle- terre et appliqué dans quelques départements. Après une étude approfondie de la méthode, vous avez acquis la conviction que l'emploi de tuyaux en terre euite pouvait être substitué avee avantage, dans beaucoup de cas, à celui des pierrées, qui présentent plusieurs inconvénients. Sur votre demande, une machine à fabriquer les drains a été mise à votre disposition par M. le Ministre de l’agriculture, et plusieurs d’entre vous n’attendent que sa mise en œuvre pour faire l’essai de ce nouveau procédé. Nous devons ajouter que cette machine peut être employée à la fabrication des tuiles et des briques, et nous espérons qu’en donnant à ces divers produits de notre industrie locale une perfection qu’elles n’ont pas, elle en réduira Île prix à des proportions qui en multiplieront l'usage. En 1758 , une découverte précieuse pour le repeu- plement des eaux avait été faite par M. le comte de Golstein; mais la fécondation artificielle du poisson était restée sans application, jusqu'au moment où deux pêcheurs obseurs mais intelligents du dépar- tement des Vosges, eurent Pidée de lutiliser, et d'en faciliter la pratique par des méthodes perfec- tionnées. Les avantages d’un moyen simple pour fabriquer du poisson en quelque sorte à volonté, étaient évidents. Aussi votre Société, prenant en considération Ie dépeuplement des ruisseaux innom- COMPTE-RENDU. : ré brables qui parcourent nos vallons, s’empressa-t-elle de demander l'envoi de l’un des deux pêcheurs pour visiter vos cours d’eau, et faire en votre présence l'application d’une aussi utile invention. M. Gehin, après s'être assuré, dans un premier voyage, de Ja bonne qualité de nos eaux pour lélève du poisson, a fait espérer son retour pour l’époque du frai, et vous l’attendez à l’automne prochaine. Mais quel serait l'avantage de l’empoissonnement de nos rivières, si la conservation du poisson n’était point assurée à l’avenir contre sa destruction journa- lière et l'emploi d'engins prohibés ou de substances vénéneuses? Aussi m'avez-vous chargé d'appeler la sollicitude du gouvernement sur ce point important de l'alimentation publique, en demandant, comme moyen de rendre la surveillance plus efficace , d’embrigader les gardes champêtres, et de leur accorder une prime pour la constatation des délits de pêche, ainsi qu’elle existe pour les délits de chasse. Vous devez à la découverte du procédé pour fé- conder artificiellement le poisson, la solution d’un problème qui avait oceupé souvent les pisciculteurs du département et défrayé la conversation de maints gastronomes : le facon est-il un petit saumon? Un article sur la fécondation artificielle, tiré du « Livre du Saumon », par Ephémera, et publié dans les « Annales Agronomiques », a levé tous les doutes. Cet article est en effet accompagné de planches colo- 18 COMPTE-RENDU. riées représentant le saumon à tous les äges de la vie, et on y voit le petit saumon depuis sa naissance jusqu'à onze mois, avec la forme et la robe très caractéristique du tacon de nos rivières. Ce n’est qu'à douze mois qu'il revêt une couleur unie et argentée qui lui rend son véritable nom. Ainsi l'opi- nion que plusieurs d’entre vous avaient formulée dans le cours de nos séances, en se basant sur certains faits relatifs à la vie de ce poisson et sur Ja contexture de son squelette, a été confirmée par l'expérience, cette ullima ratio des gens les plus incrédales. Une des améliorations les plus utiles, sans con- tredit, que réclame le département et qui, de même que la pisciculture, dépend de l'administration des eaux et forêts, est le reboisement des montagnes. Sans rappeler que plusieurs de nos cantons manquent de combustible, et sont réduits à bruler, pour leur usage, des mottes séchées au soleil, personne n’ignore que lé meilleur obstacle à présenter au ravinage des terres en pente et à opposer aux inon- dations devenues si redoutables, surtout depuis quelques années, est le repeuplement de nos an- ciennes forêts. Mais en présence de trente-quatre mille hectares de communaux ineultes et qui pourraient être reboisés, et malgré le zèle et l'activité de notre collègue, M. de l'Eguille, chef du service forestier dans le dépar- tement, une somme de 500 fr. dont la Société peut COMPTE-RENDU. 19 disposer annuellement, est bien insuffisante. Si le conseil général voulait et pouvait entreprendre le reboisement sur une plus grande échelle, la Société pense qu'il ne pourrait être fait un meilleur emploi des sommes qui y seraient consacrées. Dans tous les temps, l’agriculture a dù au fumier ses plus beaux et ses plus sûrs produits. Aussi les Romains l’avaient-ils divinisé sous le nom de stercutus. De nos jours encore, les Flamands le nomment Le petit bon Dieu, « et c’est avec raison, ajoute Villeroy, car le fumier fait des miracles. » Hé bien! Messieurs, malgré cette ancienne possession, — il est vrai que nous vivons dans un sièele qui ne respecte rien, — quelques industriels ont voulu faire déchoir le fumier et mettre à sa place de prétendus engrais concentrés, qui, sous un volume infiniment réduit, devaient produire des récoltes merveilleuses. Cette fumure homæopathique avait séduit déjà un grand nombre d'agriculteurs, par le bon marché et la commodité du procédé. Cet engouement extraordinaire, qui a fait tant de dupes, a été très bien caractérisé par une conversation entre un lord et un fermier écossais, citée dans le club des fermiers de Londres : Donald , dit le lord, un temps viendra où nous pourrons porter la fumure d’un acre de terre dans notre tabatière.….…. Oh! sans doute, répond le fermier, mais alors nous pourrons aussi rapporter la récolte dans notre poche. Votre Société a été des premières parmi les Sociétés d'Agriculture de France, à prémunir, par des aver- 20 COMPTE-RENDU. tissements publics, les agriculteurs de votre dépar- tement contre cette fraude grossière. Vous avez presque en même temps porté votre attention sur une manœuvre frauduleuse dont avait à se plaindre plus sérieusement l'agriculture de notre pays. Le plâtre, cet engrais spécial des prairies artificielles, dont l’usage s’étend chaque jour davan- tage, était tous les jours sophistiqué par son mélange avee des matières inertes ou de peu de valeur. Il en résultait pour nos agriculteurs des déceptions fré- quentes ei des pertes souvent considérables. Deux rapports de MM. Joyeux et Gatillon, Bertrand- de Doue et Azéma, ont indiqué les moyens de recon- naitre exactement par l'analyse, ou approximative- ment par un procédé simple, la qualité des plâtres mis en vente. Qu'il nous suflise de vous rappeler, pour faire apprécier l'utilité des expériences indi- quées, qu’il a été démontré par l'analyse que le plâtre de 40 ce. le double décalitre ne contient que 20 p. 100 de sulfate de chaux, tandis que le plâtre de 80 ec. en contient 70 p. 100 : ce qui établit que le plâtre le moins cher coûte au cultivateur qui l’emploie près du double du prix qu’il paie le plâtre de pre- mière qualité. Les procédés pour reconnaitre la qua- lité du plâtre seront publiés dans l’Almanach agricole de la Haute-Loire. Vous avez été saisis de la question des grandes voies de communication du département, par l’envoi des plans et projets du chemin de fer qui doit con- COMPTE-RENDU. 91 tinuer la ligne du Centre jusqu’à Toulouse, en effleu- rant une partie de arrondissement de Brioude. Des trois voies les plus importantes qui partent du chef-lieu, deux sont des routes qui servent à l’expor- tation , la route du Midi et celle de St-Etienne, et une, celle d'Auvergne , est principalement destinée à l'importation. Nest-il pas déplorable et contraire aux intérêts de l’agriculture que cette derniére voie, la seule encombrante, la seule qui vienne établir la concurrence sur nos marchés, entre les céréales d’un pays riche, qui peut produire à plus bas prix que nous, et nos divers produits agricoles, soit la mieux achevée, celle dont les réparations les mieux entendues ont supprimé les pentes rapides, et celle sur laquelle les frais de transport sont dès lors les moins considérables ? Qui ne sait, Messieurs, que les pays doivent leur richesse aux exportations, et qui ne comprend que le seul avenir de prospérité réservé à notre département doit lui arriver par la route commencée depuis si longtemps sur les bords de Ia Loire, et laissée dans l'oubli aujourd’hui que la France entière s'occupe de travaux de grande voirie? Cette route, la seule qui donnerait un écoulement naturel à tous nos produits, intéresse vivement notre agriculture, et vous avez été heureux d'apprendre que le chef de l'administration de ce département, qui a bien voulu faire à notre Société l'honneur de la présider en cette circonstance, avec cette haute intelligence et ce coup d'œil rapide qui le distinguent, TOME XVI. 2 929 COMPTE-RENDU. a compris comme vous tout l'avantage de cette nou- velle voie. Tout nous fait espérer qu'il voudra bien user de sa puissante influence auprès du gouverne- ment pour procurer au département de la Haute- Loire le seul moyen de sortir de l'isolement dans lequel il se trouve réduit par ses obstacles naturels, et de l'abandon dans lequel il a été laissé pendant si longtemps. En attendant, vous avez fait des vœux pour que le projet de chemin de fer que vous aviez sous les yeux püt étreréalisé. Vous avez compris, en effet, que cette voie si rapide de communication, en donnant deux débouchés importants aux produits agricoles de l'Auvergne, les éloignerait nécessairement de votre marché, et annulerait cette concurrence dont nous parlions tout à l'heure et que nous considérons comme si funeste à la vente de nos produits. Mais vous avez manifesté toute votre sympathie pour cet autre projet qui, à notre époque où rien n’est impossible, deviendra peut-être exécutable : je veux parler, Messieurs, de la résurrection de cette antique via Bolena, qui, mettant en communication l'importante ville de Lyon avec l’extrémité des Aqui- taines, traversait par son milieu notre petite province. Inutile d'ajouter que la réalisation de ce projet, qui dirigerait une voie de fer de Lyon à Bordeaux, en longeant le cours de la Loire et passant par le Puy, rendrait la vie à nos montagnes, et nous ferait parti- ciper aux bienfaits sans nombre qui doivent résulter , COMPTE-RENDU. 25 pour tous les pays riverains, de la construction de ce réseau de chemins de fer, qui annulera les distances et fera un jour des habitants de toutes les villes, de toutes les provinces, du monde entier, de véritables concitoyens. Vous avez continué à encourager dans vos concours annuels Pamélioration des races bovine, ovine et porcine du département. Vous n'avez eu qu’à vous louer de l’émulation qu’excitent parmi les éleveurs les récompenses que les allocations du gouvernement et du Conseil général du département vous permet- tent de distribuer. Vous n’avez pu encore prendre part aux concours régionaux et au concours national de Versailles, et M. Benoit, dans un excellent rapport, a indiqué la seule cause de votre absence dans ces réunions agricoles : c’est votre éloignement. Ne serait-il pas équitable que l'administration agit pour les exposi- tions agricoles comme elle le fait pour les expositions industrielles , et que les frais de route fussent payés pour les animaux choisis, comme ils le sont pour les envois de l’industrie qui en sont jugés dignes par le Jury? Vous m’avez chargé de soumettre ces raisons à la justice éclairée du gouvernement. Les concours de la race chevaline ont continué comme par le passé; mais nous avons du vous signaler un fait grave qui s’est produit, et qui ferait craindre un sort fàächeux pour cette industrie. De 1839, — époque de l'établissement des premières stations 24 COMPTE-RENDU. d’étalons des haras dans le département , — jusqu'à 1847, le nombre des saillies s’est élevé progressi- vement du chiffre 44 jusqu'à celui de 584; mais depuis cette époque, leur nombre a diminué jusqu’à cette année, où il n’a été que de 164. Devons-nous attribuer cette décroissance à un décou- ragement produit parles hésitations du Conseil général, qui tantôt a réduit, tantôt a augmenté et tantôt a sup- primé les allocations à cette industrie? Ne devons- nous pas plutôt en faire un reproche à l'administration des haras, qui n'aurait point approprié aux besoins du pays les étalons qu’elle a envoyés ? Quelques bons esprits l'ont pensé, et un excellent Mémoire de votre confrère, M. du Chayla, a appelé votre attention sur cette question, et a motivé la nomination d’une commission. Dans un rapport écrit avec cette su- périorité qui caractérise tout ce qui sort de sa plume, M. Ch. Calemard de La Fayette, organe de cette com- mission, a établi que le cheval à deux fins répondait mieux que tout autre aux nécessités du pays; qu’en le produisant, nous éviterions une exportation considé- rable de numéraire, et nous assurerions au produe- teur un débit plus certain. Par ces motifs, la Société a résolu qu’elle demanderait à l'avenir à l’administra- tion des haras, concurremment avec quelques étalons de sang pour nos plus belles juments, des étalons de demi-force pouvant, avec nos juments ordinaires, donner le cheval à deux fins, si recherché partout en ce moment, et spécialement dans notre pays. COMPTE-RENDU. 25 Elle se résoudrait sans peine à appeler également, si ses ressources le lui permettaient, des baudets du Poitou, pour faire marcher parallèlement la pro- duction mulassière et la production chevaline. Elle a pensé toutefois que si l’élève du mulet offrait pour le moment des bénéfices plus certains au producteur, l'élève du cheval avait pour lui l’avenir qui, en améliorant les routes, rendra l'usage des voitures plus commun et celui du cheval plus nécessaire. La Société a continué à distribuer des primes pour encourager l'emploi des charrues et autres instru- ments perfectionnés. Elle s’est associée aux vrais amis de l'humanité, en cherchant depuis plusieurs années le moyen de détruire ou d’amoindrir la maladie des pommes de terre, qui enlève le second pain aux habitants pau- vres de notre département. MM. Dumontat, Chouvon et Aymard ont essayé, par les semis, de combattre ce fléau. Les résultats qu’ils ont obtenus n’ont pas été coneluants; mais persuadés par l’expérience que les pommes de terre précoces étaient les moins sujettes à l'invasion de l’épidémie , vous avez introduit dans le département la pomme de terre dite Comice d’ Amiens, qui produit plus tôt, en plus grande quantité et en aussi bonne qualité que la jaune naine hâtive, cultivée depuis longues années. L’abondance de la récolte obtenue par les membres de la Société, fait espérer que la pomme de terre Comice d'Amiens pourra être livrée à la culture moyenne dès le printemps prochain. 26 COMPTE-RENDU. Des rapports de M. Filhiot, sur une machine de son invention, propre à vider périodiquement les réservoirs pour l’arrosage des prairies; De M. Dumontat, sur la conservation des racines fourragères ; De M. Plantade, sur les moyens de détruire l’in- fluence pernicieuse de la rosée sur les céréales; De M. Porral, sur l’établissement des greniers d’abondance, et diverses communications de MM. Doguet, Chaurand, de Chalendar, Doniol, Chevalier, Bouix et Pomier, membres non résidants et cor- respondants, sont venus porter la lumière sur diverses questions relatives aux intérêts de l’agriculture. Enfin, Messieurs, un Mémoire des plus impor- tants, parmi ceux qui vous ont été lus, est celui de M. Azéma, sur les températures anormales des six premiers mois de cette année. Entre autres déductions, notre collègue y établit, d’après les observations udométriques faites avec tant d’assiduité et de soins par M. Guyot, ingénieur en chef, que la somme de la pluie tombée au Puy dans les trois mois les plus pluvieux de l’année, février, mars et avril, n’a pas atteint la moitié de son volume pen- dant les mêmes mois d’une année ordinaire; et en signalant la gelée intense qui a sévi dans tout le centre de la France, et qui ne nous a point épargnés dans les nuits des 19 et 20 avril, il rappelle que depuis près de trente ans un pareil accident ne s'était point présenté. Nous ne remonterons point COMPTE-RENDU. 97 avec M. Azéma aux causes problématiques, mais très ingénieuses, qu'il assigne à ces deux météores dont les conséquences ont été si funestes aux pro- duits de la terre. Qu'il nous suflise de faire remarquer que les pluies sans fin qui détruisent en ce moment, ou du moins amoindrissent beaucoup les légitimes espérances de nos cultivateurs, sont le résultat de la loi qui établit des compensations approximatives dans les températures annuelles. Ce Mémoire, qui touche à la fois aux intérêts agricoles et aux intérêts scientifiques, servira, si vous le permettez, de transition pour passer à la partie de notre compte-rendu relative aux sciences auxquelles vos travaux n’ont pas été étrangers. Et d’abord, pourrions-nous passer sous silence l'ouvrage qui a ouvert aux études sérieuses et profondes de M. Bertrand de Doue un nouvel horizon? Après avoir porté ses investigations sur les différentes couches qui composent nos terrains, il vient, en quelque sorte, de quitter la terre pour s'élever dans les cieux, et par l'observation nouvelle de la fréquence comparée des vents supé- rieurs et inférieurs sous notre climat, il est arrivé à formuler une loi d’interversion de ces vents, qui peut conduire un jour, [nous a-t-il dit lui-même }, — si jamais ce pouvoir est donné à l’homme, — à prévoir les variations du temps. M. Azéma a continué à vous donner le résultat régulier de ses observations météorologiques: et par 928 COMPTE-RENDU. une méthode qui les rend plus intelligibles et plus coneluantes, illes a réduites en roses. À celle des vents formulée par M. Bertrand de Doue, il a joint une rose barométrique, une rose thermométrique et une rose hygrométrique ; application ingénieuse d’un procédé qui, d’un seul coup d'œil, fait remarquer les tem- pératures moyennes de tous les mois d’une période quadrannuelle. M. l'abbé Roche vous avait adressé un supplément à la Flore du département, publiée par M. Arnaud. Afin de rendre ce travail plus complet, il a été convenu que M. Roche réunirait le fruit de ses recherches aux découvertes faites par M°° Arnaud et M. du Villars, et que la Flore du département serait refaite et complétée par le concours de ces trois savants botanistes. Dans la série des travaux paléontologiques exécutés sur les fossiles de la Haute-Loire, nous ne devons point oublier un Mémoire remarquable sur le eynodon, nouveau genre créé et dénommé par M. Aymard, qui, de même que l’entelodon, le bothriodon, le tetracus et le peratherium, a été introduit par lui dans la science et adopté dans les ouvrages de MM. Gervais, Pictet et d’autres savants. M. Aymard , dont le zèle et les investigations sont infatigables, nous promet pour les prochaines Annales un travail général sur le classement de tous les mammifères fossiles de notre département , couronnement digne des différentes monographies qu’il a déjà publiées. COMPTE-RENDU. 29 Nous devons un souvenir tout particulier à un travail archéologique du même membre, que vous avez tous lu avec tant d'intérêt dans le dernier volume de vos Annales, sur une ancienne peinture du Cloitre, représentant les arts libéraux, sur l’université de Saint-Mayol et l’école capitulaire de Notre-Dame. En le voyant d’une main sûre rétablir les dates confuses, donner l'explication d’attributs fort obseurs, et compléter, par des inductions très probables, les peintures qui ont décoré cette ançienne bibliothèque, due à la munificence d’un chanoine du Puy qui fut ambassadeur de Louis XI, nous admirons à la fois et les patientes recherches de notre confrère, et la puissance d’une science qui lève pour ses adeptes tous les voiles du passé. Si la transformation de cette ancienne librairie en une sacristie nous à valu la découverte d’une magnifique peinture murale de la belle époque de la renaissance, vous avez déploré la destruction d'un monument qui rappelait l'ancienne adminis- tration provinciale du Velay. La salle des Etats dans laquelle avaient figuré tous nos fiers barons du moyen-äge, dans laquelle avaient été discutés annuel- lement, par la représentation des trois Etats, les inté- rêts administralifs et financiers du Velay , était située au dessus de cette bibliothèque. Les nécessités de la nouvelle construction ont décidé l'architecte à imposer ce nouveau sacrifice à vos souvenirs historiques. Qu'il nous soit permis d'adresser , à cette occasion, 50 COMPTE-RENDU. un dernier adieu à la tour Saint-Mayol, dont la démo- lition a laissé un vide irréparable dans ce groupe de monuments qui encadraient si pittoresquement notre vieille cathédrale, et qui a été pleurée si sincèrement par l’un de nos confrères les plus dévoués à l’art et au culte des souvenirs. Nous n’oublierons pas non plus la porte de Pannessac, seul débris qui nous restait des fortifications d’une ville qui avait su défendre ses franchises et sa nationalité avec quelque éclat. « De cette porte Pannessac, qu’on appelle porte royale, dit notre célèbre chroniqueur Médicis, entrent les princes et grants seigneurs venans aw Puy en pélerinage ou autrement. » En pensant, Messieurs , que Charlemagne, Robert, Louis-le-Jeune, Philippe-Auguste, saint Louis, Phi- lippe-le-Hardi, Charles VI, Charles VIT, Louis XI, Charles VIT, François I”, un grand nombre de rois étrangers, de papes, de reines, de princes et de princesses, sont venus déposer leurs hommages et leurs prières aux pieds de la Vierge du mont Anis, nous ne pouvons nous empêcher de donner un pieux et dernier souvenir à cette porte que le temps, les guerres civiles et les canons de Blacons avaient res- pectée, et que la main des hommes et les besoins de la civilisation moderne viennent de détruire. Vous rappellerai-je les travaux historiques de notre confrère, M. Dumolin, qui ont exigé de lui tant de recherches, et dans lesquels on ne sait ce qu’on doit admirer le plus, de la fidélité des faits, de la COMPTE-RENDU. 91 distinction du style ou de limpartialité des appré- ciations ? Cette Biographie des Officiers-Généraux du département, «qui nous a révélé un état militaire égal, sinon supérieur à celui des départements les plus belliqueux », et dans laquelle chaque arrondis- sement, chaque canton, chaque famille, pour ainsi dire, reconnait des illustrations qui lui appartiennent, est un monument élevé à notre gloire départementale. Votre commission des primes a cru devoir cou- ronner un essai historique sur Craponne, écrit avec talent par M. l'abbé Maitrias, né dans cette ville, et aujourd’hui chanoine à Moulins. Ce travail, qui ouvre la meilleure voie pour nous conduire à une histoire générale de notre pays, a mérité une grande médaille d'argent, autant par l’heureuse idée qu’il produit, que parce qu’il répond, sous beaucoup de rapports, à ce que la Société peut désirer dans la forme à donner aux monographies des villes principales de notre ancienne province. Toutefois, la commission m'a chargé de faire remarquer l'utilité qu’elle trou- verait dans une division des matières par chapitres affectés à chacune des spécialités que doivent traiter ces histoires locales. Si M. Maitrias s’était soumis à cette forme commode, il n'aurait peut-être point omis de consacrer quelques lignes à la fabrication de la dentelle, cette intéressante industrie à laquelle le canton de Craponne doit sa principale richesse. Vous avez joint la culture des lettres à celle des sciences, et vous avez dû d’agréables délassements 52 COMPTE-RENDU. aux lectures de diverses poésies qui vous ont été adressées par MM. Gaubert, Aman Vigié, Vibert et Francois Bernard. Nous n’ajouterons aucun éloge à ces ouvrages d'auteurs accoutumés à plaire , et que vous aurez le plaisir d'entendre encore dans cette séance. Les établissements que vous avez fondés et que vous soutenez de votre appui, continuent à remplir la mission qui leur a été donnée. Les Écoles industrielles, dirigées par vos collègues MM. Bertrand de Doue et Vibert, soutiennent leur réputation déjà ancienne, et forment, sous le pro- fessorat de MM. Moiselet, Papon et Giraud, des élèves pour toutes les professions industrielles du pays. Plusieurs même ne sont sortis de ces écoles que pour trouver dans de plus grandes villes d’ho- norables positions dans les arts et l'industrie. La gratuité que vous avez admise pour l’école de dessin, comme elle existait pour les deux autres, tout en chargeant votre budget, a produit un excellent résultat, puisque le nombre des élèves qui suivent ce cours à considérablement augmenté. Vous devez principalement à M. Moiselet des remereiments pour le zèle qu’il apporte dans les lecons de son profes- sorat et le désintéressement qu'il a mis à enseigner constamment dans ses cours des règles et des prin- cipes d'architecture qu’il aurait pu, à la rigueur, réserver pour la pratique de son état. La Caisse d'épargne, qui avait recu des évènements COMPTE-RENDU. 39 de 1848 de graves perturbations, a retrouvé, dans le calme et la sécurité que nous éprouvons, tous les éléments de son ancienne prospérité. Au 51 dé- cembre dernier, les dépôts de la Caisse s’élevaient à 196,204 fr.; et malgré la réduction de l'intérêt à 4 p. 100 depuis le 1” janvier de cette année, la Caisse a suivi avec une nouvelle activité sa marche progressive. Dans les quatre premiers mois seulement, les versements ont été de près de 70,000 fr., tandis que les remboursements ne se sont élevés qu’à 50,000 fr. Comme l’observe avec tant de raison M. le président du conseil de ses directeurs ‘, le chiffre des rembour- sements ne doit point alarmer les amis de cette institution. Il est utile que l'argent ne fasse que tra- verser ces Caisses, qui deviendraient un fléau si elles l'immobilisaient : leur but est de faciliter l'épargne et de contribuer, par une espèce d’incubation, à faire éclore le capital des économies qui lui sont versées ; mais dès que le capital est formé , il doit retourner à sa source et aller revivifier l’industrie , qui périrait sans son Secours. Vous avez cherché à satisfaire à un besoin souvent exprimé, par la création d’un Almanach départe- mental, qui joint à la nomenclature des fonetion- naires, des notions agricoles et historiques. Cette brochure, qui laisse encore quelque chose à désirer, recevra du temps, de l’expérience et de vos soins, les perfectionnements qui lui manquent. 3 M. Souteyran. ” 54 COMPTE-RENDU. Vous nous aceusez intérieurement, Messieurs, du retard que nous mettons à vous rappeler celui de vos établissements qui prospère le mieux, qui vous impose les plus lourds sacrifices, pour lequel la ville n’a pas craint d’aliéner un capital considérable, et que vous affectionnez en quelque sorte comme votre premier-né. Votre Musée date des premières années de votre fondation. Depuis cette époque, vos collections, recueillies avec tant de soins, d’ha- bileté et de persévérance, avaient acquis une impor- tance à laquelle de nombreux visiteurs attirés par leur réputation, viennent tous les jours rendre hom- mage : il leur manquait un palais digne d’elles. Vous n'oublierez jamais l’aceueil empressé que reçut votre proposition au sein du Conseil de notre ville, lorsque vous vous décidàtes à lui soumettre le projet d’un nouveau Musée. Nous sommes heureux que notre installation dans cet édifice, — qui s’est élevé comme par enchantement, grace à l’habile direction de notre collègue M. Normand, —ait lieu en présence de ce magistrat à la fois ferme et éclairé, que lini- tiative du gouvernement vient d'appeler de nou- veau à la tête de notre administration municipale, et qui, le premier, donna à notre projet l'appui de sa recommandation. Le nom de M. Reynaud, joint à celui de M. Badon, qui posa la première pierre de ce Musée, restera attaché à une construction qui honorera toujours ses fondateurs. Qu'il nous soit permis, en cette circonstance solennelle, de leur LA 2 COMPTE-RENDU. 543) renouveler à tous les deux l'expression de votre reconnaissance. C’est sans aucun doute à cette nouvelle cons- truction que sont dus les dons nombreux qui, depuis la dernière séance publique, sont venus enrichir nos collections. Vous devez à la générosité du gouvernement et aux sollicitations de MM. Badon, Avond et Grellet, anciens représentants du peuple, un beau tableau de M. Tyr, votre compatriote, qui s’est fait un nom par les peintures murales exécutées à Notre-Dame-de- Lorette, sous la direction de M. Orsem. Ce tableau, qui rappelle les habitudes de M. Tyr, est remar- quable par la pureté du dessin et la suavité de l'expression. M. le marquis de La Tour-Maubourg, digne héritier d’une famille à laquelle le Musée doit déjà tant de richesses, a voulu marquer la première année de sa députation par l'obtention d’un objet d’art remar- quable. Depuis quelques jours vous avez recu l'avis officiel qu'un groupe en bronze, sorti des mains du célèbre sculpteur Barye, vous était accordé par le gouvernement, et allait être expédié à sa destination. Vous partagez tous nos regrets que cet envoi n'ait pu être fait plus tôt, et que cette belle et importante sculpture n’ait pu être l’un des principaux ornements de cette solennité. Nous voudrions acquitter ici le tribut de notre reconnaissance envers ceux de nos compatriotes qui, 306 COMPTE-RENDU. dans ces dernières années, sont venus ajouter tant d'objets rares et précieux à vos collections. La liste en serait trop longue pour le temps dont nous pouvons disposer en ce moment. Nos Annales leur rendront la justice à laquelle ils ont droit. Qu'il nous suflise de dire que toutes les classes de la population ont voulu concourir à l’ornementation de notre Musée départemental, depuis Mgr l'Evêque, auquel nous devons de nombreux spécimens d’anti- quités lapidaires , provenant des réparations de Ja ca- thédrale, jusqu’au modeste paysan qui nous a apporté la lampe ancienne ou la poterie romaine que le soc de sa charrue a sorti des entrailles de la terre. Nous ne pouvons cependant omettre ici la men- tion d’une collection ethnologique considérable que M. Louis de Vaux, votre compatriote, a recueillie avec tant de peines et de soins dans le cours d’un voyage de eireumnavigation qu'il vient de terminer, après quatre années d'absence du foyer paternel. Grace à son patriotique dévoüment et à ses patientes recherches, des armures complètes, des ustensiles de ménage, des tissus pour vêtements, des produits industriels, des manuscrits, des coquillages, et une infinité d'objets divers très curieux, viendront témoi- gner devant vous des mœurs et des habitudes de ces races océaniques jetées sur la terre à cinq mille lieues de notre méridien, dont les unes se font remarquer par une civilisation merveilleuse, et les autres par l'état sauvage le plus dégradé. Vous avez voulu témoi- COMPTE-RENDU. 57 gner vos remerciments à M. de Vaux, en lui décer- nant le titre de membre non résidant de votre Société. Nous voudrions pouvoir compléter ce compte-rendu par celui de la brillante exposition de nos produits artistiques, agricoles et industriels. Le temps et votre attention nous manqueraient, si nous en abu- sions encore. D'ailleurs, l’éloge que nous pourrions en faire est sur toutes vos lèvres : il est aussi dans vos cœurs; Car vous aimez tous votre pays, et ne pouvez voir avec indifférence cette émulation qui signale un progrès si considérable dans nos habi- tudes, et qui a conduit l'artiste comme l’ouvrier à exposer sous vos yeux les produits de son intelli- gence et de ses efforts. N'y a-t-il pas, en effet, une légitime espérance à concevoir d’un pays où l’art, l’agriculture et l’industrie viennent demander des juges à leurs concitoyens , dans lequel le sabot vient lutter de perfectionnement avec ces riches tissus que la main des dames peut seule toucher? Oui, nous devons croire à un avenir de prospérité fécondé par le calme des esprits, le repos des passions et l’acti- vité du travail. M. le Secrétaire donnera plus tard le détail des récompenses qu’une commission spéciale a cru devoir décerner à Messieurs les exposants. Tels sont les travaux divers par lesquels vous avez cherché à remplir la mission civilisatrice qui vous a été donnée, et en récompense desquels vous n’am- LA TOME XVI, o) 98 COMPTE-RENDU. bitionnez que l'approbation de vos concitoyens. Deux témoignages d'estime trop honorables pour ne point ètre rappelés, sont venus vous assurer que l'éclat de vos œuvres et des services que vous rendez ne s'était point arrêté aux limites de votre département. M. de Caumont, au nom du Congrès Scientifique de France,-vous a offert d’honorer votre ville par la tenue d’une de ces sessions qui réunissent tout le personnel actif de la science européenne. Vous avez dû vous excuser et refuser une proposition si flatteuse, jusqu’au moment où la prise de possession et la mise en ordre de votre nouveau Musée,vous per- missent de présenter au Congrès des salles dignes de lui, et des collections classées méthodiquement. Cette grande solennité n’est done que différée. En attendant, vous avez été représentés au Congrès des Sociétés savantes de 1851 par deux de vos membres, MM. Charles de La Fayette et Assézat de Bouteyre, qui ont pris part aux discussions intéres- santes de cette imposante assemblée. Cette session a été close par un rapport de M. le comte de Pontgibaud sur les travaux de toutes les Sociétés de France. C’est dans ce rapport que vous avez lu avec une profonde reconnaissance les lignes qui suivent : « Nous terminons ce rapide aperçu sur la Société « Académique du Puy, en déclarant qu’elle est, à nos yeux, une des associations de province qui ont le mieux compris et rempli leur mandat, une de celles dont l’organisation peut être proposée « comme modéle. » À RAR A COMPTE-RENDU. 29 Il me reste un devoir à remplir envers ceux de nos confrères que la mort à frappés pendant les deux années qui viennent de s’écouler. Cinq membres résidants ont disparu du milieu de nous : les trois premiers, MM. de Vertaure, Borie, avocat, et Filhiot aîné, étaient compris dans la liste des fondateurs de notre Société. MM, de Vertaure et Borie étaient déjà séparés de nous depuis longtemps: le premier par son grand âge, et le second par ses infirmités. M. Filhiot seul, malgré le poids des années, était lun des plus exacts à nos séances mensuelles, l’un des plus zélés dans toutes nos expé- riences agricoles, et quelques jours avant sa mort, son absence d’une commission dont il faisait partie, nous fit pressentir le coup qui allait nous frapper ; il laisse un vide, que nous aurons peine à remplir, dans la section de mécanique. MM. de Chardon ct de Jagonnas, jeunes cet pleins de force tous les deux, nous ont quittés presque au début de leur carrière. M. de Chardon nous avait apporté des connaissances horticoles, et M. de Jagonnas une pratique éclairée de l’agricul- ture, qui nous rendaient le concours de ces deux membres bien précieux et bien utile. Nous ne retrou- verons jamais cette sûreté de jugement, ce coup d'œil appréciateur que M. de Jagonnas montrait dans les concours d'animaux auxquels il était appelé comme l’un des juges les plus compétents. Une santé vigoureuse lui permettait de diriger et de 40 COMPTE-RENDU, suivre tous les travaux d’une immense exploitation rurale qu'il allait encore étendre au moyen d’une nouvelle et importante acquisition, lorsque la mort, — et la mort la plus subite , —est venue le frapper. De pareilles pertes sont toujours difficiles à réparer. Le nombre de vos membres résidants s’est accru de MM. Giron-Pistre et Emile Giraud; celui de vos membres non résidants, de MM. l'abbé Pagnon, l’abbé Pharisier, Delmas, Bravard, Pomel, Dauvergne, le général Carbuccia et Louis de Vaux; et enfin, celui de vos membres honoraires, de MM. Dubois de Niermont, ancien préfet, Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, et de Mgr de Morlhon, qui a bien voulu, en acceptant cette nomination et en honorant cette solennité de sa présence, donner à notre Société un témoignage précieux de ses sympa- thies et de sa haute approbation. Me sera-t-il permis en finissant, Messieurs et chers confrères, et au moment où vont cesser pour moi les honorables fonctions que vous m’avez continuées pendant six années consécutives, de vous remercier du concours soutenu , du zèle actif et de l’indulgence bienveillante dont vous avez aidé et encouragé mes efforts. Heureux si, après avoir obtenu votre confiance, je puis, en rentrant dans vos rangs, mériter et con- server votre affection. DISCOURS PRONONCÉ PAR M‘! DE MORLHON, ÉVÊQUE DU PUY ET MEMBRE HONORAIRE DE LA SOCIÉTÉ , DANS LA MÊME SÉANCE, Messieurs, Elle est grande, elle est noble la pensée qui nous réunit dans cette enceinte : un peuple vit de son passé non moins que de son présent. Ses mœurs, ses traditions, ses usages, ses lois, ses temples, ses monuments, sa gloire, sont une partie, non seulement de ses trésors, mais de lui-méme. D'ailleurs, dans la fâmille, l’aïeul épuisé d’années a sa place au foyer domestique aussi bien que lenfant à peine arrivé à la vie. Et qu'est-ce qu'une nation, sinon une famille sur une vaste 42 DISCOURS échelle. Honneur done à vous, Messieurs, qui recherchez avec soin et recueillez avec respect les débris que les siècles ont déposés sur notre sol : rien n’est moral comme le culte des souvenirs. A ce titre, la religion applaudit à vos efforts, et j'ai eru servir sa cause autant qu'obéir à un sentiment de profonde gratitude et de véritable bonheur , en venant siéger parmi vous, et en acceptant le titre si honorable de membre de votre Société, que vous avez bien voulu me conférer, et que je ne dois qu'à votre bienveil- lance pour votre premier pasteur. Vous le savez, Messieurs, et l'impiété ne tente guère plus de le nier, da -eivilisation est née avec le christianisme. Les temps écoulés se partagent en deux ères bien distinctes : les siècles qui ont précédé et les siècles qui ont suivi la venue du Christ. Consi- dérez le monde antique avec son hideux et stupide despotisme, avec ses mœurs si molles et si relàchées quand elles n’étaient pas ouvertement licencieuses, avec son goût pour le sang et son mépris pour la vie humaine, enfin avec l'esclavage répandu partout et consacré par toutes les législations , et jetez ensuite les yeux sur l’Europe moderne, ou, si vous l’aimez mieux, opposez aux nations chrétiennes les nations qui ont repoussé ou abjuré les doctrines de l’Evyan- gile : vous verrez la distance immense qui les sépare. Eh bien! Messieurs, en fouillant dans le sol, en réveillant l'antiquité de son long sommeil, en mettant au jour les restes plus ou moins mutilés que nous DE M“ DE MORLHON. 43 légua le paganisme, vous provoquez le parallèle; et ici établir le parallèle, c’est assurer le triomphe. Descendons maintenant davantage, Messieurs, et arrêtons-nous un instant à l’ère évangélique. Parmi les âges écoulés, il en est un trop longtemps méconnu, mais auquel notre époque commence à rendre une tardive justice. Le christianisme l'avait reçu des mains des barbares, et après avoir poli lentement sa rudesse, il lavait imprégné de son esprit : nous lui devons, avec la plupart de nos belles institutions, nos superbes moutiers, nos splen- dides cathédrales, et un grand nombre de nos magni- fiques hôtels de ville et de nos hardis beffrois, Vous ne l’ignorez pas, Messieurs, et quelques-uns d’entre vous en ont peut-être été les tristes témoins, peut- ètre même les victimes plus tristes encore : durant des jours de délire, je ne sais quel vandalisme aussi insensé qu'impie se rua sur nos monuments et les mutila à plaisir; trop souvent même il les abattit, et en jeta les pierres aux quatre vents du ciel. Bien différents, Messieurs, — et soyez-en à jamais bénis, — bien différents, vous rassemblez sous nos yeux tout ce qui échappa au marteau destructeur, ces tombeaux sur lesquels prient, pieusement age- nouillés, ces nobles guerriers aussi simples, aussi humbles devant Dieu qu'ils étaient terribles et impétueux en face de l'ennemi; ces reliquaires si ouvragés et si riches; ces clochetons, ces niches, ces culs-de-lampe où l'artiste chrétien, — car on ne 44 DISCOURS saurait dire l’ouvrier, — s’est joué avec la pierre ou le marbre aussi facilement que le peintre le plus savant se joue avec la toile et les couleurs, et la plus habile brodeuse avec l'or et la soie. Sauver de la destruction ces restes précieux et les offrir à l'admiration publique, c'est bien mériter à la fois de la religion et de la patrie. La patrie, Messieurs, voilà l’aspect prineipal sous lequel se présente votre œuvre : tous le sentent et le com- prennent; vous travaillez avant tout pour la France. Le Musée que vous avez fondé, et qui, sous votre action, prend tous les jours de nouveaux dévelop- pements, est destiné à mettre en relief quelques rayons de sa gloire qui se seraient égarés ou qui n'auraient pas été aperçus. Vous n’avez pas voulu rester en arrière des efforts tentés dans d’autres provinces: vous apportez votre contingent au trésor commun. Eh bien! Messieurs, votre Evèque n’en demanderait pas davantage. Tout ce qui sert ou peut servir à rehausser la France, à la recommander aux nations voisines et à la postérité, a et aura toujours ses sympathies. Et où trouver un corps qui aima cette belle France plus que Pépiscopat français? N’a-til pas toujours donné l'exemple du dévoument à la chose publique? Ce qu'il à fait jusqu'ici, il est prêt à le faire encore, eroyez-le bien, Messieurs, et il le fera toujours. Enfin, Messieurs, et pour ne pas abuser de votre. bienveillante attention, je me bornerai à cette obser- DE MÉ° DE MORLHON. 45 vation dernière : le Dieu dont je suis le ministre est le Dieu des sciences aussi bien que le Dieu des armées : Deus scientiarum dominus. Quoi qu’en ait dit l’impiété, loin de craindre les lumières, la reli- gion les appelle et les protège. Je vous le demande, Messieurs, je vous le demande en toute assurance, qui recueillit les lettres et les arts, quand les lettres et les arts fuyaient éperdus devant les traits des Huns et la hache des Vandales? Qui les réchauffa dans son sein, qui présida à leur premier essor? Qui s’associa à tous leurs triomphes? Qui, enfin, porta leur gloire plus haut que les Bacon, les Bossuet, les Fénélon , les Bourdaloue, les Massillon, les Mabillon , les Huet, les Montfaucon, et tous ces hommes immortels dont les noms sont inscrits dans les divers degrés du sacerdoce? Héritier, non de leur génie ou de leurs talents, —nous l’avouons sans peine, —mais de leur amour pour la Science aussi bien que de leur ministère, je m’associe d'autant mieux à votre œuvre, qu’elle remplit un des vœux les plus chers de mon cœur, ou plutôt qu’elle réalise une de mes pen- sées ; car j'avais songé à demander à mes prêtres ce que vous demandez à tous les habitants de ce départe- ment : c’est vous dire, Messieurs, que leur concours vous est assuré comme le mien. Puisse eette commu- nauté d'efforts resserrer chaque jour davantage les liens d'estime et d'affection qui unissent et doivent unir le clergé aux fidèles et les fidèles au clergé. Je ne vous ai entretenus que du Musée. J'aurais 46 DISCOURS DE M! DE MORLHON. bien voulu payer un juste tribut d'éloges et de féli- eitations à la riche et brillante exposition des produits de la Haute-Loire, étalés sous nos yeux; mais que pourrais-je ajouter à ce qu’en ont dit avec tant d’élo- quence, de distinction et d’à-propos, et le premier Magistrat dont se félicite et s’honore avec tant de justice notre département, et le digne Président dont vous avez consacré les titres en le plaçant à votre tête, et à ce que pourront dire les hommes de science, de talent et de patriotisme qui composent notre bureau ? Gloire, Messieurs, gloire à un pays dans le sein duquel les sciences, les arts et l’industrie prennent un si noble essor! De tels progrès, en contribuant au bien-être matériel des peuples, aident puissam- ment à sa moralisation. RÉSUMÉ DES SÉANCES, PAR M, AYMARD, SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ. 1851. SÉANCE DU 3 JANVIER. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Distribution des médailles qui avaient été décernées, en séance publique, aux agriculteurs, industriels et artistes. — Ouvrages reçus. — Obser- vations sur la culture hivernale de la pomme de terre, à l’occasion de l’une de ces publications. — Echange de publications avec la Société libre des Beaux-Arts de Paris. — Remerciments de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg, pour l'envoi des « Annales ». — Don au Musée de marnes calcaires avec em- preintes d’insectes et de poissons fossiles, par M. Aman Vigié. — Lettre de M. le Président à M. Duvernoy, administra- teur du Muséum d'histoire naturelle de Paris, au sujet de moulages paléontologiques. — Délibération pour lacquisition de bas-reliefs sur bois attribués à Vanneau, et représentant le mau- solée de Sobieski. — Lettre de M. Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, au sujet des constructions du nouveau Musée. — Don d'anciennes pierres sculptées, par l’administration des hospices du Puy. — Acquisition d’une machine propre à fabriquer les tuyaux de drainage; Lettre de M. le Ministre de l’agriculture. — Etude de la race bovine du Mezenc, comparée à celle des autres races voisines; Lettre de M. le Président à M. le directeur de l’école régionale de Saint-Angeau. — Etat des semailles d'automne dans le département; Renseignements fournis à M, Je Préfet, — Maladie des pommes de terre; Rapport 48 RÉSUMÉ DES SÉANCES. de M. Chaurand. — Envoi à l’exposition universelle de Londres des dentelles fabriquées au Puy; Lettre de Mlle Julien; Commu- nication de M. Aymard au sujet des articles envoyés à cette exposition par M. Ch. Robert. — Peinture sur toile représentant une vue générale de la ville du Puy; Communication de M. Ch. Néinké; Félicitations à cet artiste. — Circulaire de MM. les directeurs de l’Institut des Provinces, pour la deuxième session du Congrès des sociétés savantes; Nomination des délégués de la Société. — Décès de M. Bureaud-Rioffrey, membre non rési- dant; Communication nécrologique par M. Martel; Reprets ex- primés par la Société. À trois heures la séance est ouverte en présence d’un certain nombre de propriétaires, agriculteurs et fermiers, d’industriels et d’artistes, qui avaient été convoqués pour recevoir les médailles décernées à la dernière séance publique. Après la lecture et l'adoption du procès-verbal , M. le Président prononce une allocution en rapport avec la cireonstance. M. le Secrétaire appelle ensuite les noms des lauréats, et M. le Président fait la distribution des médailles. Pugcicarions. — Les personnes étrangères à Ja Société s'étant retirées de la salle des délibérations, M. le Président reprend l’ordre du jour par l’énu- mération des ouvrages recus. 2 ! Les prix décernés en séance publique ont été publiés dans une notice insérée à la fin du tome XV des « Annales ». ? Voir, à la fin du volume, Le catalogue de tous les ouvrages reçus en 1851. JANVIER. 49 Des commissaires sont nommés pour examiner quelques-unes de ces publications, qui intéressent les travaux de la Société. À l’occasion d’un Mémoire inséré dans l’un de ces Recueils, qui a pour objet la culture hivernale de la pomme de terre, pratiquée dans le but de préserver ce tubercule de la maladie, M. Chaurand fait observer que ce procédé n’a pas réussi sur son domaine de Tallobre. Un Membre répond que cette propriété est située dans une zone élevée de l’arrondissement, et que la température froide de cette région a pu nuire à l'efficacité de la culture hivernale. M. Martin [d'Angers], secrétaire général de la Société libre des Beaux-Arts de Paris, écrit pour solliciter l'envoi des « Annales » , et offre en échange la collection des Mémoires de cette Compagnie. Cette proposition est agréée. M. le Secrétaire de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg adresse une lettre de remereiments pour la collection des « Annales » qui lui a été envoyée sur sa demande. Musée. — M. Aymard fait hommage, au nom de M. Aman Vigié, membre non résidant, de plusieurs fragments de marnes calcaires avec empreintes d’in- sectes et de poissons fossiles, provenant des plà- trières d'Aix en Provence. 50 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Ce don intéressant est accueilli par un vote de remerciments. M. de Brive annonce que, conformément au vœu de la Société, il a écrit à M. Duvernoy , l'honorable et savant successeur de M. de Blainville au Muséum. d'histoire naturelle de Paris, pour lui rappeler les bienveillantes promesses de son illustre prédécesseur au sujet de moulages paléontologiques. M. le Pré- sident a fait valoir les considérations importantes qui doivent engager l'administration du Jardin-des- Plantes à encourager, par l'envoi de ces pièces, les progrès de la science dans l’une des contrées de la France les plus riches en fossiles. M. le Président fait un rapport, au nom de Ja commission nommée à la séance du 6 décembre, pour l'acquisition de bas-reliefs sur bois attribués au sculpteur Vanneau. Il dit que M. de Becdelièvre, l’un des membres de la commission, tout en reconnaissant à Vanneau le mérite d’avoir pu exécuter ces sculptures, a pensé cependant que, sous plusieurs rapports, elles n’ont pas une bien grande valeur artistique : elles datent seulement du règne de Louis XIV, c’est à dire d’une époque où les arts du dessin étaient loin d’être parvenus à la même hauteur que les lettres, et qui, à ce titre surtout, a reçu de la postérité la glorieuse qualification de « grand siècle »; quel- JANVIER. o1 ques-uns des personnages représentés sur ces bas- reliefs sont des copies de ceux figurés sur divers tombeaux par Michel-Ange; enfin, Vanneau n’est point né au Puy: il y a résidé seulement une partie de sa vie. M. Aymard répond que ces observations ne sont pas sans importance pour l’évaluation des œuvres de Vanneau, et qu’elles serviront à en déterminer sans engouement le prix réel. « ….Il est vrai, ajoute-t-il, que les œuvres de cet artiste ne sont pas exemptes d’incorrections, et qu’elles offrent des réminiscences, peut-être même certaines imitations de figures empruntées aux grandes et belles sculptures de Michel-Ange; mais la composition des sujets, l'ordonnance du monument de Sobieski, et la plupart des personnages qui y sont représentés sont bien louvrage de Vanneau, et il est juste de reconnaitre qu’en général l’exécution en est remar- quable. À un autre point de vue, et sans vouloir apprécier le style qui régna dans les arts de la seulp- ture et de l'architecture sous le règne de Louis XIV, sans essayer à cet égard une réhabilitation du grand siècle, qui exigerait ici trop de développement, il n’en est pas moins vrai que les bas-reliefs de Vanneau étant d’une époque bien déterminée, peuvent être considérés comme types d'époque, et offrir ainsi un véritable intérêt pour lhistoire de l’art. « Ces considérations, jointes à cette circonstance non moins importante que les bas-reliefs reproduisent 52 RÉSUMÉ DES SÉANCES. un monument exécuté dans un pays étranger par un artiste français, en l'honneur de l’un des per- sonnages les plus illustres du sièele de Louis XIV, ont déterminé la commission supérieure des monu- ments historiques à solliciter, en faveur de ces sculptures, l'attention particulière du Gouvernement. [Moniteur du 29 mai 1858.] « Enfin, la meilleure place qu’il conviendrait de leur donner est, sans contredit, au Musée du Puy. Si leur auteur n’est pas né dans cette ville, il Ja considérait comme sa patrie adoptive. C’est là que son talent s'était développé et avait grandi, grace aux puissants encouragements qu'il avait reçus et du cardinal de Polignac et de Mgr de Béthune, évêque du Puy, sous linfluence également des tra- ditions artistiques dont notre pays offre de si nom- breux témoignages. Nos pères avaient bien compris ce sentiment traditionnel des beaux-arts et les liens qui rattachaient Vanneau à notre ville, puisqu'ils avaient voulu conserver l’une des plus belles œuvres de cet artiste dans leur ancien hôtel consulaire, où j'eus le bonheur de la découvrir il y a quelques années. » Ces raisons recoivent l’assentiment de l’Assemblée, et il est arrêté qu’un secours sera demandé à M. le Ministre de l’intérieur pour cette acquisition. M. le Secrétaire lit une lettre de M. Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, con- JANVIER. D9 cernant les constructions du Musée. Il y est dit qu'il est impossible à la commission supérieure des mo- numents d’y concourir par un vote de fonds, mais que le gouvernement en accorderait peut-être pour le transport et l’agencement des antiquités dans le nouveau local. L'Assemblée prie M. Aymard d'exprimer ses re- merciments à M. Mérimée, et de solliciter sa bienveil- lante entremise pour l'obtention d’un secours. L'administration des hospices, répondant à une demande de la Société, relative à d'anciens chapi- teaux seulptés qui proviennent de récentes démo- litions, s’empresse de mettre ces sculptures à la disposition de la commission du Musée. Ce don est agréé avec de vifs remerciments. AGricuTure. — M. le Ministre de l’agriculture et du commerce, en réponse à une seconde lettre par laquelle M. le Président sollicitait des fonds pour l'acquisition d’une machine propre à fabriquer les tuyaux de drainage, écrit que les crédits des encou- ragements sont épuisés pour cette année, mais qu'il a fait prendre bonne note de cette demande, afin qu’elle lui soit représentée lorsqu'il s’occupera de l'exercice prochain. ! | ? Depuis lors, M. le Ministre de l’agriculture a accordé en effet à la Société une somme de 1200 fr. pour l'acquisition de la machine et d'outils de drainage. TOME XVI. k 54 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. le Président communique la lettre suivante, qu'il a adressée à M. le directeur de l’école régio- nale de Saint-Angeau : Le Puy, 24 décembre 4850. Monsieur LE DiRECTEUX , La Société d'Agriculture du Puy m'a chargé, dans sa dernière séance, d'appeler votre attention sur la race bovine indigène du département de la Haute-Loire. Cette race, dite du Mezenc, du nom de la montagne de notre département la plus riche en four- rages et qui nous donne les plus beaux élèves, offre une taille moyenne, une constitution robuste et une grande sobriété. Elle est surtout appréciée à cause de ses diverses aptitudes au travail, au lait et à l'engraissement. Sans avoir aucune de ces qualités à un haut degré , elle les possède toutes, et donne ainsi satisfaction à tous les besoins, dans un pays de moyenne culture, où le pro- priétaire ne peut multiplier ses races de bestiaux. La Société verrait avec intérêt introduire dans la ferme de Saint- Angeau, des sujets de la race du Mezenc, pour qu’elle pût y être comparée aux autres races qui y sont employées. La Société pense encore que, soumise à des croisements intelli- gents avec les belles races de Salers et d’Aubrac, elle pourrait donner une race améliorée, qui aurait plus de taille que les Mezenc, moins de jambe que les Salers, et plus de légèreté que les Aubrac. Dans tous les cas, les expériences auxquelles vous voudriez bien soumettre notre race indigène, auraient l'avantage de mettre en relief les qualités d’une race trop peu connue, et qui, dans des pays analogues aux nôtres, pourrait rendre de véritables services. Je vous prie, Monsieur , de voir dans cette proposition le désir qu'a la Société d'Agriculture du Puy d'établir, avec vous, des relations dont elle pressent toute l’utilité. Elle me charge, dans JANVIER. 5) le même but, de vous adresser la collection de ses « Annales » et de vous prier de lui faire parvenir les publications qui pourraient étre faites à la ferme de Saint-Angeau. J'ai l'honneur d’étre, etc. Le Président de la Socielé, Ais. DE BRIVE, M. le Président annonce que, d’après la demande de M. le Préfet, il s’est empressé de lui adresser des renseignements sur l’état des semailles d'automne dans le département. M. Chaurand fait la communication suivante sur la maladie des pommes de terre : Messieurs, Ce n’est point avec les prétentions d'un savant agronome, mais comme simple cultivateur, que j'ai lhonneur de vous soumettre quelques observations sur un point qui, depuis quelques années, préoceupe vivement l'attention publique. | Comme tous mes voisins, j'ai eu des pommes de terre atteintes de la maladie, mais cependant en moindre quantité que chez Ja plupart d’entre eux. Jai eu des champs où les tubercules ont été légèrement affectés, d’autres un peu plus, d’autres pas du tout ou presque point. Ces différences ont fait naître les remarques qui suivent, et que je ferai précéder des conditions de culture dans lesquelles se trouvait le terrain. Pendant l'hiver de 1847—48, je défonçai uniformément, à la profondeur. de soixante centimètres, avec la pelle et la pioche, un champ de nature rocailleuse, à lexception d’une faible partie qui était la meilleure du champ, et que je me contentai de tra- vailler à la béche. L'été suivant, je donnai à la terre, avec une 56 RÉSUMÉ DES SÉANCES. seconde façon, une légère fumure, et en automne je l’ensemencçai en seigle : j'eus, en 4849, une récolte qui répondit à mon attente. Au printemps de 4850, je fumai la même pièce convenablement, et j'y plantai des pommes de terre. La portion du champ qui était la meilleure avant d’étre réparée, et qui avait été seulement dé- foncée à la béche, m’a donné une faible récolte, et celle-ci a été altérée dans la proportion de 25 p. 100, tandis que la portion rocailleuse défoncée à soixante centimètres, m’a offert un grand produit sans altération aucune des tubercules. Je crois n'avoir jamais obtenu de meilleure récolte en qualité et en quantité. A la méme époque, je plantai des pommes de terre sur deux parcelles de terrain qui étaient demeurées jusqu’alors en mauvais état de culture, et que je fis précéder d’un labour énergique avec la charrue Dombasle, à la profondeur d'environ quarante centi- mètres; le tout convenablement fumé. La récolte a été magnifique, et aucun tubercule n’a été altéré. Enfin, je plantai des pommes de terre sur deux autres parcelles de terrain, lPune terre à chanvre et l’autre en très bon état de culture, le tout abondamment fumé; la terre à chanvre m'a donné un rendement prodigieux; mais les tubercules ont été altérés dans la proportion d'environ 20 p.100; l’autre parcelle a produit un peu moins, et les tubercules ont été altérés dans la proportion de 5 p. 100. De ce qui précede je déduis les conclusions suivantes : Les pommes de terre s’altèrent plus ou moins dans deux condi- tions différentes : l’une dans un terrain trop riche, et l’autre dans un terrain trop aqueux. Dans le premier cas la nature est forcée : la tige étant gorgée de sucs, résiste beaucoup moins aux influences atmosphériques; dans l'autre cas, lors des années pluvieuses, les eaux n’ayant pas d'écoulement et la terre n'étant pas aérée suffi- samment, le tubereule est nécessairement altéré. IL faut donc planter la pomme de terre sur un terrain sain et bien défoncé, en s’abstenant d’une trop grande fumure, et pendant la végétation lui donner des façons multipliées; c’est, selon moi, le meilleur moyen de conserver ce précieux tubercule. JANVIER. 57 INpusTRIE. — Îl est donné lecture d’une lettre par laquelle M" Julien, fabricante de dentelles au Puy, annonce qu’elle se propose d'envoyer les arti- eles de sa fabrique à l'exposition universelle de Lon- dres et sollicite les recommandations de Ja Société auprès des commissaires français pour que ces den- telles occupent une place convenable et suffisamment spacieuse. L'Assemblée, désireuse de reconnaitre les louables efforts de cette industrielle distinguée, pour l’amélio- ration de la fabrique du Puy, charge M. le Président d'en écrire à M. le ministre de l’agriculture et du commerce. M. Aymard informe l’Assemblée que la fabrique de dentelles de la Haute-Loire sera représentée éga- lement à l'exposition de Londres par des articles de choix que M. Ch. Robert a l'intention d'y expédier. La Société félicite ce négociant du zèle intelligent qu'il déploie pour, mettre en relief à l’étranger la plus importante manufacture de notre pays, et elle émet le vœu que d’autres fabricants suivent cet honorable exemple. BEaux-arrs. — M. Charles Neinké, artiste polo- nais, soumet à l'examen de la Société une grande et belle peinture sur toile, qui représente une vue générale de la ville du Puy. Cette, communication est accueillie par les félici- 58 RÉSUMÉ DES SÉANCES. tations de l'Assemblée, et l’auteur est autorisé à exposer son tableau au Musée pendant un mois. Onmsers Divers. — Une circulaire des directeurs de l'Institut des Provinces annonce que la deuxième session du Congrès des sociétés savantes s'ouvrira à Paris, le 20 février 1851, et invite la Compagnie à nommer ses délégués. MM. Ch. de La Fayette et Assézat de Bouteyre seront priés d'accepter cette mission. Nécrozocie. — M. Martel annonce la mort de M. Bureaud-Riofrey, membre non résidant, décédé à San-Franciseo , en Californie, le 6 septembre 1850. Il s'exprime ainsi : Messturs , C’est avec douleur que je viens vous annoncer la mort de Pun de nos collègues et compatriotes les plus distingués : M. Bureaud-Riofrey est décédé dans sa quarante-septième année, à San-Francisco, le6 septembre dernier; cette triste nouvelle a été portée en France par le Courrier des Elals-Unis, le The Mercury, le Journal of Commerce, et autres feuilles américaines; elle a été reproduite par plusieurs journaux français, et notamment par le Pays, dans son numéro du 7 novembre. L'amour de la science et l’activité d'esprit de M. Bureaud avaient fait naître en Ini le désir toujours croissant de voyages lointains et de l’observalion de grandes choses. Chargé de la mission d'étudier l'état de la médecine aux Etats-Unis, et désirant poursuivre dans divers elimals la recherche de la curabilité de la phthisie pulmo- naire, sur laquelle il avait déja publié, en 1847, un ouvrage FÉVRIER. 59 remarquable, il s'était embarqué au Havre, à bord du Zurich, le 40 août 1849, et il était arrivé à New-Yorck le 42 septembre. Peu de temps après son arrivée en Amérique, il eut l'honneur d'ajouter à ses nombreux titres scientifiques celui de membre de l’Académie de médecine de New-Yorek. Après avoir publié en anglais, dans le Journal of Commerce, une série d’articles qui fixaient sur Jui lattention des savants, il se mit en route pour visiter les principaux Etats de l'Union; à Boston , à Philadelphie, à Washington, à Richemond, partout il fut accueilli comme un homme de valeur par les sommités politiques et scientifiques; il avait ses entrées libres au Capitole, au Sénat et au Congrès; il assistait aux soirées du Président du gouvernement de l’Union et à celles de plusieurs ministres; il fréquentait des sénateurs et des membres du Congrès; il était reçu par plusieurs évéques, et il entretenait des rapports avec presque toutes les notabilités médicales. Après avoir admiré la chute de Niagara, ce grandiose et unique spectacle du fleuve Saint-Laurent, qui, sur une largeur de 700 m., se précipite d'un seul jet d’une hauteur de 444 pieds ; après avoir descendu la rivière Hudson, traversé la Delaware, vu couler le Potomac; après avoir assisté au méeting des Quakers, au Béthel des nègres ‘aux pompes catholiques sur les bords du Susquehannab, M. Bureaud-Riofrey revint à New-Yorck et s’y embarqua le 4 mai 1850 pour San-Francisco, où il arriva le 20 juin. À la date du 4er septembre, M. Bureaud m'écrivait combien il élait satisfait de son voyage en Californie ; il énumérait les grandes choses qu’il avait observées; il me communiquait ses projets, et fixait Pépoque de son retour en France ; tout dans sa lettre exprimait le contentement et le bonheur, et cependant, cruelle dérision du sort! il n’était séparé de la tombe que par le court espace de six jours! Le G septembre à onze heures du soir, après deux heures de ma- ladie, M. Bureaud-Riofrey est mort; ilest mort à San-Francisco, celte ville si lointaine, souvent détruite et Loujours mieux reconstruite, à San-Francisco, où il devait, disait-il, attacher son nom! Horace, son fils unique, âgé de quinze ans, a recueilli son dernier soupir. Messieurs, la mort de M. Bureaud-Riofrey est une perte pour la 60 RÉSUMÉ DES SÉANCES. science et pour votre Société, aux nombreux ouvrages qu'il avast publiés 1, il en aurait ajouté d’autres non moins savants et non ’ moins ütiles. IL avait recueilli de riches matériaux dont son expé- rience, son bon goüt et son rare talent d'écrire auraient tiré un excellent parti. Vous connaissez, Messieurs, les qualités éminentes d’esprit de M. Bureaud; eh bien! celles de son cœur leur étaient supé- rieures. Jamais il n'avait oublié le moindre service reçu; il poussait la reconnaissance au suprême degré; il était serviable et généreux outre mesure. Les détails de son enfance et de sa jeunesse présente- raient un enseignement utile : né au Puy dans la rue du Consulat, de parents honnétes mais d’une humble condition et privés de biens, il trouvait en lui, pauvre enfant de chœur de la Mère-Agnes, les ressources nécessaires à son entretien et à son éducation; et plus tard, lorsqu'il fut adolescent, il trouva dans un travail opiniâtre les moyens d’aider ses parents et de subvenir aux fortes dépenses que nécessifaient l'étude de la médecine et l’ubtention du diplôme de docteur de la Faculté de Paris , titre qui devait le conduire à une honnéte aisance et à une haute et bien méritée considération. Je m'arrête, Messieurs, Plus tard vous accueillerez, j'espère, avec intérét, dans l’une de vos publications, la biographie da collègue dont nous regrettons la fin prématurée. L'Assemblée associe ses regrets à ceux exprimés par M. Martel. À huit heures la séance est levée. 1 Voir, au XIVe volume des « Annales », les titres des ouvrages de M. Bureaud-Riofrey, p. 441, 442, 498, 499, 527. SÉANCE DU 7 FÉVRIER. = SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus ; Souscription au « Bulletin bibliographique des Sociétés savantes »; Envoi des « Annales » aux Comités historiques des arts et mo- numents; Envoi par M. Gaubert de deux fables imprimées. — Dons faits au Musée par M. de Becdelievre. — Sculptures an- ciennes données par les hospices du Puy. — Pierres sculptées provenant du portail Pannessac, offertes par M. le Maire de la ville. — Conservatoire agricole et industriel au Musée; Lettre de M. Chambellant, inspecteur général d'agriculture, — Prix décernés par le Comice de Brioude; Lettre de M. Gaubert, secrétaire de ce Comice. — Plantes fourragères précoces; — Rapport de M. de Chalendar. — Moyen d’empécher l'effet de la rosée sur les blés; Rapport de M. Plantade. — Progrès du reboisement dans la Haute-Loire. — Envoi des dentelles de Mlle Julien à Londres; Lettre de M. le Ministre de l’agriculture et du commerce. — Envoi de M. Falcon à Londres pour étudier les articles de industrie dentellicre; Rapport et proposition de M. Aymard; Vœu émis par la Société. — Ecoles industrielles du Puy; Rapports de MM. Bertrand et Vibert. — Monts-de-piété; Organisation nouvelle; Communication de M. Aymard.— Carte da département, par M. Hipp. Giraud; Délibération à ce sujet; Dessins lithographiés présentés par M. Emile Giraud. — Biographie des officiers-généraux de la Haute-Loire; Supplément à ce travail ; Communication de M. Dumolin. — Session du Congrès central d'agriculture; Délégués nommés par la Société. — Comptes et dépenses de la Société; Rapport du conseil d'administration. — Demande d'admission de M. Sauron, comme membre correspon- dant. — Election des officiers de la Société; Modification du Règlement proposée par M. de La Fayette pere; Renvoi à la prochaine séance. A trois heures la séance est ouverte. Le procès-verbal est !u et adopté sans réclamations. Ouvraces reçus. — Des commissaires sont nommés pour examiner plusieurs des ouvrages reçus depuis la précédente séance. 62 RÉSUMÉ DES SÉANCES. La Société décide qu’elle souserit au « Bulletin bibliographique des Sociétés savantes des départe- ments », publié par l’Institut des provinces de France. Elle donne en outre son entière adhésion aux vues importantes consignées dans l'introduetion qui pré- cède le premier numéro de ce Recueil, et qui ont pour objet de mettre en lumière les travaux des Sociétés scientifiques des départements, d’indiquer les problèmes divers qu’elles élaborent, et « de concentrer à la fois, sur les mêmes questions, tous les rayons épars de leur savoir et de leur génie. » Il est arrêté également, suivant le vœu exprimé dans cette introduction, qu’il sera envoyé au dépot central des publications des Sociétés savantes, à la bibliothèque du Luxembourg, une collection des « Annales. » Sur la demande de M. le Ministre de l'instruction publique, énoncée dans une lettre dont il est fait lecture, il est décidé que les « Annales » seront envoyées aux Comités historiques des arts et des monuments. M. le Secrétaire propose et l’Assemblée arrête que M. le Ministre sera prié d'envoyer en échange les publications de ces Comités. M. Gaubert, membre non résidant, fait hommage à la bibliothèque historique de deux fables impri- mées qui ont pour titre : la Ruche en discorde ; les Animaux à la recherche de la solution d'un problème. FÉVRIER. 65 Musée, — Les objets suivants sont donnés au Musée par M. de Becdelièvre : 1° Un titre écrit en latin sur parchemin, et por- tant la signature autographe d’Armand de Béthune, évéque du Puy, daté du 14 juin 1686. Cette pièce relate la nomination d’un ehapelaim dans la vicairie ou chapellenie de Saint-Sauveur , au château de Charrouilh, avec tous les droits, hon- neurs et charges qui y sont attachés; 2° Des lettres d’Etat écrites en français sur par- chemin, et signées du roi Louis XIV, à la date du 17 janvier 1689, pour le chevalier du Charrouilh, capitaine de cavalerie de nouvelle levée; 4° Deux fragments de verre peints dans le goût de la renaissance, et provenant d’une ancienne église du Puy. M. de Becdelièvre a acquis également, et offre de céder au Musée : 1° Un peigne en buis artistement découpé à jour et incrusté de nacre, des premières années du seizième siècle ; 2° Une petite clé ancienne; 9° Une excellente gravure représentant le portrait du cardinal de Polignac, par Cars. À l’occasion de ce dernier objet d’art, M. de Becdelièvre propose de réunir en collection , dans une pièce spéciale, une série de gravures choisies parmi les œuvres des plus habiles maitres. Déjà le Musée possède « les batailles d'Alexandre », d’après 64 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Lebrun , gravées par Audran, l’un des plus célèbres graveurs du dix-septième siècle, et M. de Becdelièvre fait hommage d’un fort beau portrait du cardinal Fleury, gravé par Drevet, d’après Hyacinthe Rigaud, qui ajoutera un ouvrage de plus à cette intéressante série. É L'Assemblée agrée avec reconnaissance ces dons précieux, et vote l’acquisition des objets qui lui sont proposés. Les sculptures romanes et gothiques qui ont été données au Musée par l'administration des hospices, sont exposées dans la salle des séances. L'Assemblée, afin de témoigner à cette administration sa gratitude et son désir d'encourager les essais de reboisement auxquels elle s'applique avec succès, décide qu’elle sera comprise dans les répartitions annuelles de plants et de graines d’arbres forestiers. M. le Secrétaire annonce que M. le Maire de la ville a bien voulu mettre à sa disposition les pierres sculptées qui ornaient le portail de Pannessac, et qui ont été conservées lors de la démolition regrettable de ce monument. M. le Président fait part des dispositions bien- veillantes de M. Chambellant, inspecteur général d'agriculture, en faveur d’une demande adressée à M. le Ministre de l'agriculture, pour la eréation d’un conservatoire agricole et industriel dans le local du nouveau Musée, FÉVRIER. 65 Répondant à une lettre que lui avait écrite M. le Secrétaire à ce sujet, M. Chambellant s'exprime ainsi : « L'intervention du ministère ne me parait pas rentrer dans lapplication des fonds destinés à l’encouragement direct de lagriculture , mais elle peut s’y rattacher , et j'en appuicrai très volontiers la demande lorsque je serai appelé à donner mon avis sur la distribution de cette année. » AGRICULTURE. — M. Gaubert, secrétaire du Comice Agricole de Brioude, adresse la liste des prix dé- cernés par ce Comice le 12 janvier dernier, et dans une lettre dont il est donné lecture, il fait connaitre la composition du bureau et du conseil d’adminis- tration pour l’année 1851. Cette communication est accueillie par un!!vote de remerciments. M. de Chalendar, membre non résidant, écrit ce qui suit relativement à des essais de culture de plantes fourragères précoces : Messieurs ET CHERS CONFRÈRES , J'aurais peut-être déja démérité, aupres de beaucoup d’entre vous, le titre de membre non résidant accordé avec tant de bienveillance , si je navais de bonnes raisons pour justilier ce trop long silence. Jai essayé depuis longtemps l’application du système Deséméris : je voulais vous reudre compte des résultats obtenus. Pour cela, J'avais besoin de la sanction du temps et de lexpérience, d'autant 66 RÉSUMÉ DES SÉANCES. plus que je voulais considérer ce système plutôt dans son influence sur les récoltes subséquentes que dans ses résultats obtenus. Pour ceux qui n’auraient pas présent à la pensée l'essence de ce système, je le rappellerai en deux mots : utiliser les jachères par des récoltes de plantes à végétation tellement. hâtive, qu’elles puis- sent se succéder sans interruption durant la belle saison pour lali- mentation des bestiaux ; leur emploi doit amener de grandes pro- ductions de bestiaux, d'engrais, l'amélioration du sol par lappli- cation réitérée des engrais ou consommation des débris de racines. Le 9 juin 4847, je semai isolément , sur quelques mètres, l’al- piste, le moka, le millet, le maïs quarantain , la moutarde blanche. Vers le 45 du mois d’août, ces plantes avaient atteint quarante à cinquante centimètres. En semant immédiatement sur la méme place après fumure, avant le froid, je pense qu’on avait le temps d'obtenir une autre récolte; je ne lai pas essayé. Je regrettais seulement de n’avoir pas fait le semis sur une plus grande étendue; j'aurais eu une abondante consommation. Tous les bestiaux auxquels ces fourrages ont été présentés les ont dévorés plutôt que mangés. Je n'ai remarqué aucune diminution dans la récolte subséquente prise à la même place, et comparée à la place voisine qui avait porté une culture de carottes. Sur une autre partie, j'avais semé ces mémes plantes en mé- lange avec le sarrasin substitué au maïs. Ces plantes se trouvèrent mal de cette combinaison. Ce rustique associé étouffa tout, à l’ex- ception de quelques plantes de spergule, qui atteignirent la même hauteur que lui. Tout allait pour le mieux jusqu'aux premiers jours de septembre. Je me réjouissais de cette abondance de fourrages qui devait me permettre de faucher quelques regains pour l'hiver, et actuellement nourrir copieusemtEnt mes besliaux. Quels ne furent pas ma surprise et mon désappointement, quand je vis toutes les bêtes le refuser opiniätrément, aussi bien seul que caché dans une poignée d’autres fourrages; je n’essayai pas de les faire jeûner pour le leur faire apprécier. Je me suis alors décidé à le faire faucher et conduire sur une autre terre à titre d’engrais vert pour un ensemencement en FÉVRIER. 67 seigle, pour lequel j'étais court d'engrais. Le produit de quatorze hectares en fuma vingt. Soixante litres de grains semés sur cette étendue ont rendu cent cinquante-six gerbes, tandis que la même surface tout près de la, après jachère, ayant reçu huit chars de fumier, n’en rend que cent vingt-six. Le rendement en grain est à peu près proportionnel au nombre de gerbes. D'un autre côté, la partie qui avait produit le sarrasin a donné un très mauvais blé; mais je attribue uniquement à sa mauvaise exposition, qui a dü le faire souffrir d’un semis trop tardif. Ici les semis tardifs ne sont beaux qu’accidentellement ; il ne faut donc rien conelure contre le sarrasin. Le 51 mai 4849, j'ai semé en mélange, sur à peu près trente- six ares, alpiste, moka, millet, moutarde blanche, navette et spergule, cinquante grammes de chaque par are [trois cents grammes]; un autre mélange maïs et pois quarantain m'a donné un produit également satisfaisant. Le produit d’un are pesé le 8 septembre, a été de cent vingt kilog. J’évalue le chaume resté en terre au profit du sol, au quart de la récolte. Ce serait donc cent cinquante kilog. qu'on aurait pu enfouir, si on eut voulu en faire un engrais vert. Les cent vingt kilos pouvaient nourrir largement quatre vaches par jour. Qu’on juge donc de cette masse de nourri- ture obtenue avec 5 à 6 fr. de semence. Le fumier, qui se serait appliqué au blé, fut devancé dans son emploi. Les labours ont été les mêmes. Fauché et donné à la crèche ou päturé sur place, tous les animaux l’ont consommé avec avidité ; les chevaux paraissaient les moins friands, quoique paraissant bien s’en accommoder. Deux sillons voisins ont reçu, comme terme de comparaison, Pun des raiforts, l’autre rien; ils présentent à peu près la même surface, soixante-seize ares. À la récolte, les trente-six ares qui avaient produit le fourrage ont rendu quatre cent quarante-huit gerbes ; les trente-six ares en raiforts ou jachère, ensemble trois cent quarante-cinq gerbes. Mes batleurs en grange ayant malheu- reusement mélé les gerbes, je nai pu savoir le vrai produit en grain, quoique déjà, à vue d'œil, il ne parut pas y avoir de différence sensible. Je crois donc pouvoir conclure que cette culture, 68 RÉSUMÉ DES SÉANCES. loin d’appauvrir te sol, l’enrichit. En effet, les principes puisés dans l'atmosphère viennent s'ajouter à: ceux puisés dans le sol; et, en définitive, les racines ou feuilles restituent plus qu’elles ont pris. Beaucoup de plantes adventices d’une végétation plus lente peuvent étre détruites, soit par la culture de semences, soit par l’étouffement causé par une végétation plus rapide. D'un autre côté, si on tient compte de cette masse d'aliments à donner à un plus nombreux bétail, d’où proviendra nécessairement üne grande masse d'engrais, de viande, graisse, ou laitage, on sacrifiera volontiers un peu de grains, — si toutefois cela a lieu, — tandis que j'ai l'assurance qu’on peut au contraire en obtenir davan- tage. Car, comme disait le grand maitre de notre agriculture, ïl ne s’agit pas de semer beaucoup de blé, il s’agit de le semer dans de bonnes conditions de succès pour obtenir d’abondantes récoltes. Je regrette que mes occupations ne me permettent pas de vous transmettre la continuation de mes tableaux météorologiques. Si vous le désirez, je ferai cependant mes efforts pour les mettre au net et vous les envoyer. Mon budget ne m'a pas encore permis de me procurer un baromètre plus exact. Celui que jai fournira les mêmes inexactitudes que par le passé, sauf une réduction de douze millimètres, erreur matérielle que j'ai reconnue dans le changement que je faisais des lignes en millimètres. L'Assemblée félicite l’auteur de ce rapport pour les expérimentations qu’il a continuées depuis plu- sieurs années avec autant de zèle que d'intelligence, sur un système de culture qui peut être appelé à rendre d'importants services à l’économie rurale de nos contrées. Elle l’engage à en poursuivre l'application. FÉVRIER. 69 M. Plantade lit le rapport suivant : Messieuns, Dans une de vos précédentes réunions, vous m'avez chargé de faire un rapport sur le moyen d’empécher Peffet de la rosée sur les blés, et, dans la même séance, M. le Président vous donna lecture d’un article relatif à cet objet, inséré dans les « Annales de la Société d'Agriculture de l'Allier. » Cet article, à peu près complet, me laisse peu à faire, et mon rapport n’a pour objet que de vous signaler l'expérience que j'avais faite, il y a quatre à cinq ans, du système indiqué dans ces « Annales », et de vous en faire connaitre le résultat. Mais avant de vous parler du remède , permettez-moi, Messieurs, de livrer à votre appréciation quelques réflexions sur les causes du mal. Ainsi qu'il est dit aux « Annales de Allier », les rosées des mois de juin et de juillet produisent sur les blés une altération connue sous le nom de blé echaudé ou de retrait. Dans nos pays, ces rosées sont vulgairement désignées sous le nom de manne, Comment la manne agit-elle sur les blés? Son action peut s'expliquer de treis manieres : Ou l’épi saturé d’eau par la rosée recoit facilement l'impression de la gelée, qui se manifeste avant le lever du soleil; Ou, se trouvant attendri par la grande humidité dont il est imprégné, il ne peut endurer impunément et sans altération la chaleur excessive du jour, qui, à cette époque de lannée, rem- place subitement la fraicheur du matin ; Ou bien encore, chaque goutte d’eau déposée sur lépi par la rosée, sert-elle de lentille, et vient-elle, par la concentration des rayons du soleil, crisper le grain en le brûlant. Je ne prendrai pas sur moi de décider quelle est celle des trois causes qui agit. Peut-être méme , dans le résultat ficheux dont nous pous occupons, y a-t-il concours de toutes les trois. TOME XVI. p) 70 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Toutefois, je pencherais à rejeter, comme plus prétentieuse que probable, celle de la concentration des rayons du soleil opérée par chaque goutte de rosée. Je croirais plutôt que l’épi, saturé et imprégné d’eau, puisse être altéré par la grande chaleur du jour , et qu’il se trouve en même temps plus disposé à l'atteinte de la gelée, qui se manifeste au moment où percent les premiers rayons du soleil, car nous savons tous qu'à ce moment l'intensité du froid redouble. Dans tous les cas, c’est à la présence de l’eau de la rosée sur l'épi à l'instant du lever du soleil, que nous attribuons le retrait ou altération du grain. Ceci posé, il ne s’agit que de débarrasser l’épi de l’eau que la rosée y dépose. Pour cela, voici le moyen que je fis employer à mes fermiers : Avant le soleil levé, deux hommes prirent chacun le bout d’une corde longue de vingt à trente mètres : l’un se mit à l’angle du blé et l’autre alla au bord du même champ, à la distance de la longueur de la corde, Ainsi placés, ils avancèrent parallèlement en tenant toujours la corde bien tendue et à une hauteur telle, qu’en passant elle courbât nécessairement la tête de tous les épis. Le champ sur lequel j’opérais était dans toutes les conditions voulues pour ressentir les effets de la roste : il est en plaine, sur le bord d’une rivière , et je savais par expérience que le grain en provenant avait, pendant plusieurs années, subi laltéralion ou retrait qui nous occupe. Pour être plus sûr de mon expérience, je n’opérai qué sur Ja moitié du champ, en ayant soin de la prendre de manière qu’elle se trouvät dans les mêmes conditions que la moitié sur laquelle je n’opérais pas, et qu’elle longeât, comme l’autre, le bord de la rivière. Je recommandai aux fermiers de séparer les gerbes de ces deux portions de champ, et après le dépicage des grains, j'eus la satisfaction de voir que ceux provenant de la partie sur laquelle on avait fait l'expérience étaient sensiblement moins altérés que ceux provenant de l’autre moitié. FÉVRIER . 71 Ïei je me hâte de dire que mon expérience est demeurée incom- plète, le moyen n’ayan( été employé que deux jours, au bout desquels mes fermiers négligèrent de continuer l’opération. Ils me donnèrent pour excuse le froid excessif qu'ils avaient enduré aux pieds et aux jambes pendant l'opération, et la crainte des rhumatismes. IL est facile de parer à cet inconvénient du froid et de l’humi- dité, au moyen de longues guétres de laine. Nous n’avons parlé ici que du moyen de la corde, parce qu'il nous parait le meilleur et occasionne moins que les autres nn piétinement nuisible aux récoltes. Du reste, les autres moyens indiqués dans Particle des « Annales de l'Allier » obtiendraient le méme résultat. Nous croyons devoir ajouter que la manne n’attaque guère que le froment ordinaire, et que l’espèce connue vulgairement sous le nom de garanion, est peu sujette à cet inconvénient. Comme ces deux espèces s’accommodent volontiers de la même nature de terre, on peut presque toujours semer l’une à la place de Pautre. Il y aurait souvent ayantage, dans les plaines , à remplacer le froment ordinaire par celui appelé garanion, qui produit davantage. M. de lEguille présente des explications sur les progrès de plus en plus sensibles du reboisement dans le département de Ja Haute-Loire. Elles donnent lieu à M. le Président de féliciter l'administration forestière sur son zèle et ses travaux intelligents, et de proposer à l’Assemblée qu’une grande partie des fonds alloués pour cet objet par le Conseil général soit mise à la disposition de M. le Sous-Inspecteur des forêts. A cet effet, le conseil d'administration de la Société aurait à déterminer le chiffre de cette 779 RÉSUMÉ DES SÉANCES. allocation , après avoir pris en considération les dépenses que nécessitent l'entretien de la pépinière el jardin d'expériences, et les primes à répartir aux silviculteurs, conformément au programme des prix. Cette proposition est approuvée par l’Assemblée. M. le Président est prié, en outre, d'appeler l’atten- tion du Gouvernement sur la tendance évidente que manifestent les communes à reboiser les terrains communaux, comme l’a fait observer M. de l’Eguille. Ixousrrie. — M. le Ministre de l’agriculture et du commerce répond à une lettre de recomman- dation que lui avait adressée M. le Président au sujet des dentelles expédiées par MY Julien pour l'exposition de Londres, que cet envoi ‘a été reçu à son ministère. Il ajoute qu’il veillera à ce que ces dentelles parviennent en Angleterre très prochaine- ment, et « qu’elles soient placées à l’exposition dans des conditions dignes de l'intérêt que mérite l’in- dustrie de M" Julien. » M. Aymard rappelle que l’Assemblée législative a voté une somme de 50,000 fr., pour envoyer à Londres des chefs d'ateliers chargés d'étudier les produits industriels sous le rapport des nouveaux procédés de fabrication et des perfectionnements qui y ont été apportés dans ces derniers temps. En conséquence, il propose de désigner M. Théodore FÉVRIER. 75 Falcon pour représenter la fabrique du Puy, et il lit à ce sujet la notice suivante, où sont énoncés les titres de cet habile industriel : Messieurs, Vous n’ignorez pas que la fabrique de dentelles du Puy est, dans ce genre, l’une des principales et des plus florissantes de France. Elle existe depuis longtemps, et compte dans le département de la Haute-Loire ou dans les départements voisins qui sont ses tributaires, près de quatre-vingt mille ouvriéres. Elle est une très grande ressource pour nos campagnes, où la détresse des agriculteurs sévit cruellement depuis quelques années. Cette fabrique fournit des articles très variés en dentelles de fil, coton, laine et soies, depuis les plus riches dentelles imitant ce que Angleterre et la Flandre ont fait de mieux, jusques aux dentelles les plus communes, et qu'on obtient au meilleur marché possible. Elle est seule en France à produire ces derniers articles, qui constituent une spécialité fort importante. Elle envoie ses produits non seulement dans toute la France, mais encore à l'étranger, en Angleterre, en Amérique, et elle a des dépôts nombreux à Paris, où sont fixés pour ce genre de commerce beaucoup de négociants du Puy et du département de la Haute-Loire. Cette fabrique a donc un puissant intérêt à ce que les produits similaires d’autres contrées étrangères soient étudiés comparati- vement avec les siens; à ce que, par exemple, elle s'éclaire sur les causes qui ont amené et maintiennent la concurrence des den- telles de Saxe et de Catalogne avec ses produits; à s’éclairer également sur les moyens qu’emploient les fabriques du Nord pour produire des articles de luxe à des prix peu élevés, ete., ete. Notre Société doit donc applaudir au but que s’est proposé l'Assemblée législative par la loi volée récemment, et qui est relative à l’envoi gratuit de chefs d'ateliers, fabricants, ete., à l'exposition universelle; et, désireuse de satisfaire à des vucs aussi 74 RÉSUMÉ DES SÉANCES. élevées, elle comprendra combien il pourrait étre utile pour notre pays qu'un de ses industriels les plus distingués, et par suite la fabrique de la Haute-Loire, soit appelé à prendre part au bienfait de cette loi. Voici, Messieurs, les titres qui recommandent M. Falcon au choix de la Société Académique et à celui du Gouvernement : M. Falcon appartient à une famille peu aisée, et par cette raison il a débuté dans Ja carrière industrielle comme simple ouvrier dessinateur. Son intelligence ne tarda pas à le faire re- marquer dans Ja maison qui l’employait, et qui en fit son chef d'atelier. Cest en cette qualité qu’il a étudié dans tous ses détails la fabrication de nos dentelles, et qu’en contribuant à la fortune de son patron , il est parvenu à imprimer à la fabrique du Puy des progres remarquables dans les nombreux et divers articles qu’elle produit. IL continue à expédier à Paris, à M. Charles Robert, fils de cet ancien patron à qui il a voué une reconnaissance filiale, toutes les marchandises qu’il fabrique. Ses succès ont élé dignement récompensés par l'estime générale dont il jouit, et par les distinctions nombreuses qu’il a reçues aux expositions industrielles instituées au Puy et aux expositions de Paris. En voici l’énumération : 4854. — Mention honorable à l’exposilion de Paris. 1856. — Médaille d’or à l'exposition du Puy, décernée par notre Société. 4858. —- Prime d'encouragement en argent pour ses ouvrières , décernée par la même Société. 1859. — Médaille d'argent à l’exposilion de Paris. 4859. — Un choix et une commande de dentelles faits par la reine et par la princesse Adélaïde; Paris. 1859. — Prime d'encouragement poursesouvrières, par notre Société. 1840. — Grande médaille d'or, par notre Société; exposition du Puy. 4840. — Prime d'argent et mentions honorables pour ses ouvrières; exposition du Puy. FÉVRIER. 75 Ces récompenses attestent les améliorations nombreuses que notre compatriote a apportées dans la fabrique, et qui le placent à la tête de cette industrie; ïls attestent aussi ses efforts laborieux et intelligents pour la maintenir au rang élevé qu’elle occupe au- jourd’hui en France. S IL a changé le mode de piquage au moyen de planches métal- liques de son invention; il a découvert une espèce de fil merveil- leusement propre à la fabrication; il occupe un grand nombre d'ouvrières dans plus de vingt communes du département, et depuis vingt ans il n’a cessé d'aller recevoir lui-méme la mar- chandise dans chaque village, et cela malgré l’äpreté de notre climat et en toutes saisons, exposant vingt fois ses jours à travers les neiges de nos montagnes. Il est le créateur d’une véritable école pratique, dans laquelle il distribue des couronnes d'honneur, des primes d'argent , et d’où sortent des ouvrières élevées à ses frais, toujours dirigées et surveillées par lui, et enseignant aux autres les bonnes méthodes pour fabriquer la dentelle, Outre les éloges qu':l a reçus bien souvent de notre Société pour tant de zele, d'intelligence et de succès, et qu'il serait trop long d’énumérer, voici ce que disent de lui les rapports du Jury central de l'exposition française : Rapport de 1859, £, IT, p. 512. « ....Dans le département de la Haute-Loire, au Puy, un indus- triel ingénieux, M. Théodore Falcon, a fondé une école de fabri- cation de dentelles qui promet d’heureux résultats, et qui tend à créer une rivalité sérieuse au point d'Alençon et aux autres den- telles de fil. Plus de mille ouvrières y sont appelées à s’instruire des procédés qui ont fait la fortune des fabriques septentrionales , et leurs premiers essais donnent à cet égard les plus légitimes espérances. » Même valume, p. 5416. — MipaiLce D'ARGENT. M. Farcon, au Pur [Haute-Loire]. €. a obtenu en 4854 une mention honorable pour ses 76 RÉSUMÉ DES SÉANCES. premiers essais de naturalisation de la dentelle blanche dans une contrée où l’on n'avait fait jusqu'alors que des dentelles noires communes. Les progrès rapides de sa nouvelle fabrication, le succès de lécole des dentelles qu’il a établie au Puy , et par dessus tout, les produits vraiment remarquables qu’il a exposés, placent cet habile fabricant à un rang très élevé. Le Jury lui décerne une médaille d'argent. » Rapport du même Jury en 1844, t. Ier, p. 590. « M. Théodore Falcon, au Puy [Haute-Loire], a obtenu en 4859 la médaille d'argent pour avoir créé dans le département de la Haute-Loire une fabrique de dentelles, dont il s’attache à étendre tous les jours l'importance et à varier les produits. Celles qu’il a présentées cette année altestent de plus en plus lesprit inventif de ce fabricant distingué, L'UN DE CEUX QUI ONT LE PLUS CONTRIBUÉ AU SUCCÈS DES DENTELLES DANS CES DERNIERS TEMPS. Le Jury lui décerne le rappel de la médaille d'argent. » ? Une nouvelle et importante preuve de l’aptitude éclairée de notre compatriote pour cefte fabrication, c’est qu'il a formé, avec les plus grands soins, une tres riche collection de dentelles fabriquées au Puy jusqu’à nos jours, suite précieuse classée avec une méthode parfaite, et qui offre l’histoire de cette intéressante fabrique dans Ja diversité chronologique de ses produits. Désireux de payer sa dette de reconnaissance à son pays pour les encouragements qu'il en a recus, M. Falcon vient de faire hom- mage au Musée du Puy de cette belle collection. Enfin, Messieurs, M. Falcon est lui-même membre correspondant de notre Société, et 1l est, plus que personne, capable de vous rendre un compte très circonstancié de tout ce qui, dans l’expo- sition de Londres, pourra se rattacher à une industrie que nous avons fant à cœur d'encourager. M. le Président et M. Robert appuient vivement cette proposition, qui est agréée par l’Assemblée avec des marques unanimes d'approbation. FÉVRIER. TT En conséquence, le vœu de la Société sera transmis à M. le Ministre de l’agriculture et du commerce. M. Bertrand de Doue fait un rapport verbal sur la section des: Ecoles industrielles, placées sous sa surveillance particulière. Il en résulte qu’elle continue à prospérer sous l’habile direction des maitres qui sont chargés de cette partie de l’enseignement. En ce qui concerne la seconde division des Ecoles, M. Vibert, l’un des directeurs, donne communication du rapport suivant : Messieurs, Depuis deux ou trois ans, le nombre des élèves allait toujours en diminuant à l’école de dessin; j'ai dû chercher la cause de cette décadence. Quelques personnes semblent attribuer au peu d'énergie du professeur ; je ne partage pas cette opinion. Un autre professeur, en lui supposant méme plus de mérite, n'aurait pas obtenu un meilleur résultat. L'expérience que j'ai faite, Pan passé, ma dé- montré que ce n'était ni sa personne, ni son système d’enseigne- ment qui ont porté atteinte à la prospérité de l’école dans ces derniers temps. Vous savez, Messieurs, que chaque professeur de l’école indus- trielle a un traitement de 600 fr. par an. l’année scolaire se compose de six mois pour MM. Papon et Moiselet, qui donnent chacun trois jours de lecons par semaine, et de dix mois pour M. Giraud, dont la classe de chaque jour ne regarde que lui seul. Ce dernier ne touchait pas son traitement sans retenue, comme les autres, et voici pourquoi : La classe des deux premiers est absolument gratuite, tandis que celle du professeur de dessin exigeait de chaque élève une rétri- bulion m:nsuelle de 4 fr, d0 c. À la fin de l’année M. Giraud 78 RÉSUMÉ DES SÉANCES. me donnait un état des sommes qu’il avait perçues, et leur totai était déduit de son traitement. Le terme moyen de ce total, pen- dant la période des dix dernières années, s'élève à environ 90 fr, par an. La déduction de cette somme réduisait donc les mandats que je lui délivrais à 510 fr., terme moyen. Cette somme de 90 fr. était une économie pour votre budget. En face de la situation de l'Ecole, il y avait deux partis à prendre : la fermer ou trouver un moyen de lui rendre la vie, La fermer? Ce moyen était peu rationnel devant le nombre de jeunes gens auxquels elle a ouvert une carrière au Puy, à Lyon, à Saint-Etienne et ailleurs. La deuxième voie m'a paru préférable, et voici le parti que j'ai pris : Dès le commencement de 4850, j'ai supprimé la rétribution. Quelle que fût sa modicité, j'y voyais une cause de répælsion, et, vous allez en juger, je n'ai eu qu'à m’applaudir de cette expérience. Aussitôt que cette mesure eut reçu de la publicité, les jeunes gens arrivèrent assez nombreux, non seulement pour emplir l’école, mais il fallut inscrire des surnuméraires obligés d’attendre les places vacantes. Cette émulation s’est soutenue pendant toute J'année dernière, elle se maintient jusqu’à ce jour, et j'ose croire que l'avenir la verra dans les mêmes conditions. Connaissant le zèle de la Société pour encourager tout ce qui a un caractere d'utilité publique, j'ai pensé que le sacrifice d’une somme si minime ne trouverait pas d'opposition. Cependant, quoique la réussite couvre un peu ma responsabilité, j'ai eu tort, peut-être, de prendre l'initiative de cette mesure. N’étant que votre mandataire, j'ai fait un pas dans le domaine de la témérité; Je m'en accuse, et je m’estimerai heureux si vous voulez bien m'ac- corder un bill d’absolution. En résumé, M. le Maire et ses Adjoints assistaient à notre distribution de prix dans le local des Ecoles, au commencement de 4850. Apres leur avoir fait connaître, sur leur demande, la situation telle que je l’ai exposée dans ce rapport, ces Messieurs furent d’avis que lEcole ne devait pas subir les conséquences fu- nestes d’une si minime économie, Ils offrirent le secours de la FÉVRIER. 79 caisse municipale dans le cas où la Société d'Agriculture ne pourrait se charger de cette dépense de 90 fr. C’est à vous, Messieurs, de prononcer si la Société doit céder dans cette lutte généreuse. S'il en est ainsi, je suis prêt à rappeler le souvenir de leur promesse à ces Messieurs, qui ne la laisseront pas en souffrance. L'Assemblée approuve les mesures utiles que M. le directeur de cette division des Ecoles a eru devoir prendre dans l'intérêt de cet intéressant établisse- ment, et elle remercie MM. les Directeurs du zèle qu’ils apportent dans l’accomplissement du mandat qu’ils ont reçu de la Société. Economie PUBLIQUE. — M. le Secrétaire annonce qu'une proposition vient d’être faite à l’Assemblée législative, tendant à organiser des monts-de-piété au moyen des Caisses d'épargne. Il rappelle que la Société a depuis longtemps émis le même vœu, et ajoute que le fonds de dotation de la Caisse d’é- pargne du Puy, qui était dans le principe de 6000 fr., s'élève aujourd’hui à 15,000 fr., par suite de la bonne gestion de cet établissement, Si ee fonds continue de s’accroitre , il contribuera un jour puissamment, sans toucher à peine au capital fourni par les déposants, à former le fonds roulant du mont-de-piété, puisque d’après les caleuls qui ont été faits, un fonds de 50 ou 40,000 fr. pourrait suflire tout d’abord pour l’organisation de cette excellente institution. En conséquenec de ces observations, l’Assemblée 80 RÉSUMÉ DES SÉANCES. s'associe aux vues qui ont motivé la demande dont la Chambre des représentants vient d’être saisie. GÉOGRAPHIE DÉPARTEMENTALE. — Îl est donné com- mupication d’une lettre de M. Hippolyte Giraud, libraire-lithographe au Puy, par laquelle cet indus- triel annonce qu’il s’oceupe activement de l’impres- sion de la carte de la Haute-Loire, et sollicite les instructions de la Société pour la compléter, en ce qui concerne les sites pittoresques et historiques du département, et en général toutes les données scien- tüifiques qui intéressent cet important travail. Après cette lecture, un débat s'engage, auquel pren- nent part plusieurs Membres. M. Giraud est ensuite appelé au sein de l’Assemblée : il donne de nouvelles explications sur tous les détails d'exécution, et pré- sente des spécimens de diverses portions de sa carte. M. Giraud s'étant retiré de la salle des séances, la délibération est reprise, et il est arrêté, entre autres dispositions, que l’auteur de la earte sera invité à y énoncer le plus grand nombre d’altitudes qu'il Jui sera possible, à indiquer le périmètre des cantons par un trait colorié, et à signaler les curiosités naturelles et historiques par des signes distincts dont la légende portera l’explica- tion. À cet effet, une commission composée de MM. Bertrand de Doue, Duvillars et Aymard, est chargée de fournir à M. Giraud la liste des sites et des monuments. FÉVRIER. 8l L'Assemblée décide, en outre, qu’elle accordera son patronage et allouera une prime de 200 fr. à l'œuvre de M. Giraud, si, après son exécution, la commission des primes l’en juge digne, et dans la même supposition, elle engage tous les membres de la Société à encourager cette entreprise par des souscriptions particulières. La liste des souscriptions est ouverte immédia- tement sur le bureau, et tous les Membres sem- pressent d'y apposer leurs signatures. Braux-arTs. — L'Assemblée est intéressée aussi par la communication de deux dessins lithographiés re- présentant des vues de la ville du Puy, par M. Emile Giraud, et elle en donne acte à cet artiste. LrrréraTure. — M. Dumolin, président à la Cour d'appel de Riom et membre non résidant, écrit qu’il s'occupe d’ajouter à la biographie des officiers-géné- raux du département, celle de plusieurs autres per- sonnages qui ont occupé de hauts grades dans les armées. Cette communication donne lieu à divers Membres de signaler plusieurs personnages qui pourrontoceuper un rang distingué dans cette nouvelle liste des illus- trations guerrières de la Haute-Loire, entr'avtres le baron de Saint-Vidal, qui, sous le règne de Henri IV, avait été chevalier de l’ordre du roi, eapitaine de cinquante hommes d'armes, vicomte de Beaufort, 82 RÉSUMÉ DES SÉANCES. baron de Saint-Vidal, etc., gouverneur aux pays de Velay et Gevaudan, grand-maître de l'artillerie de France, etc., etc. Opsers Divers. — La commission permanente du Congrès central d'Agriculture, adresse une cireu- laire annonçant que sa huitième session s'ouvrira à Paris, le 7 avril 1851, au palais du Luxembourg, et invite la Société à nommer ses délégués. MM. Charles de La Fayette et Assézat de Bouteyre sont priés de vouloir bien remplir cette mission. OBsETs D’ADMINISTRATION. — M. le Président fait l'exposé des comptes et dépenses de la Société pen- dant l’exercice 1850, et soumet à l’Assemblée le projet de budget pour 1851. Ces comptes sont approuvés par l’Assemblée, qui remercie en outre M. le Président des soins si in- telligents et si actifs qu'il a apportés dans la gestion des deniers de la Société. DemanoEs D’ADMISsION.—M. Sauron [J-B. Ambroise], propriétaire au Cros-Verdier, commune de Lafarre, sollicite le titre de membre correspondant, et :l appuie sa demande sur les récompenses agricoles qu’il a reçues de la Société, et sur la recomman- dation de M. de Chaumeils, membre du Conseil général, consignée dans une lettre où sont énoncés des renseignements très favorables. FÉVRIER. 85 Il sera procédé à cette élection à la prochaine séance. NOMINATION DES OFFICIERS DE LA SOCIÉTÉ. — L'ordre du jour appelle le serutin pour l'élection du Prési- dent, du Vice-Président et du Secrétaire. M. de Brive ayant donné lecture des articles du Règlement relatifs à la durée des fonctions des membres du bureau, M. de La Fayette père fait observer que les statuts s'opposent à la réélection du Président. Il ajoute qu'il serait cependant à désirer que M. de Brive, qui en a occupé le fauteuil avec tant de distinction et de succès, fut continué dans ce mandat. Il propose done de modifier le Règlement en ces termes : ART. 14. — Ç 4. Le Président et le Vice-Président sont de même élus au serutin et à la majorité absolue. La durée de leurs fonctions est de deux ans; cependant, ils peuvent être réélus indéfiniment. Cette proposition étant appuyée par trois Mem- bres, est renvoyée au conseil d'administration, et les élections sont ajournées à la prochaine séance. À huit heures la séance est levée. SÉANCE DU 3 MARS. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus. — Catalogue d’une collection de tableaux, donné par M. de Becde- lièvre. — Décoration architecturale de la façade du nouveau Musée au moyen de sculptures lapidaires antiques et du moyen: âge; Observations critiques de M. Aymard ; Rejet de ce mode d’ornementation. — Refus de M. le Ministre de l’intérieur au sujet d’une demande de secours pour transports d’antiquités au Musée et pour l'acquisition des bas-reliefs de Vanneau; Regrets exprimés par l’Assemblée. — Projet de loi relatif à la représen- tation agricole; Modifications proposées par M. de Brive; Adresse à la commission de l’Assemblée législative, délibérée et votée par l’Assemblée. — Conseil général d'Agriculture; Ajournement de la prochaine session; Lettre de M. le Ministre de l’agriculture. — Engrais concentrés de MM. Huguin, Bickès et Dusseau ; Communication de M. le Préfet; Extrait d’une lettre de M. Ed. Moride, publiée dans le « Journal d'Agriculture pratique » ; Délibé- ration défavorable à ce sujet.—Maladie des pommes de terre; Rapport de M. Doguet, membre correspondant ; Observations de MM. Benoit et Robert; Rapport de M. Dumontat sur les moyens de rémédier à ce fléau, d’après la méthode de M. Le Roy-Mabile. — Moyen mécanique pour donner à manger aux pigeons; Communication de M. Berger; Renvoi à l'examen de M. Moiselet. — Essais de culture de divers végétaux utiles encouragés par la Société; Lettre de M. Paganon, président de la Société d'Agriculture de Grenoble; Topinambour, blé-Doniol,-blé-miracle, seigle multicaule, etc. ; Renseignements demandés. — Associations ouvrières dans l’Isère ; Renseignements donnés par M. Paganon. — Enquête sur la pro- duction et la consommation de la viande; Données fournies par la Société à M. le Préfet. — Découverte d'anciennes peintures murales à l’église Saint-Michel d’Aiguilhe; Rapport de M. Dau- vergne; Observations de M. Aymard à ce sujet. — Altitudes de différents points de la Haute-Loire ; Observations de MM. de Brive et Bertrand de Doue. — Peinture murale exécutée à la cathé- drale par M. Dauvergne ; Lettre de M. de Becdelievre ; Observations de M. Aymard. — Tableaux exposés à Paris par M. Thuillier, membre non résidant ; Communication de M. Bertrand. — Congrès des Sociétés savantes tenu à Paris; Lettre de M. Assézat de Bouteyre, lun des délégués de la Société. — Demande d'admission par M. Dalmas [de l'Ardèche]; Commission nommée. — Admission de M. l'abbé Pagnon, comme membre non résidant. — Modification du Réglement en ce qui concerne l'élection des officiers de la Sociéte ; Scrutin pour ces élections. MARS. 8) La séance s'ouvre à trois heures. Le procès-verbal est lu et adopté. PugLicaTions. — Des commissaires sont nommés pour examiner plusieurs des ouvrages recus depuis la dernière séance. M. de Becdelièvre fait hommage d’un catalogue raisonné d’une collection de tableaux, dans lequel est mentionnée avec éloges une peinture du Musée du Puy, représentant une bacchante et un satyre, par M. Miéris. M. le Président, au nom de la Société, remercie M. de Becdelièvre de ce nouveau don. Musée. — L'Assemblée est consultée sur une modification à introduire dans la décoration des murs de facade du nouveau Musée. Les plans comportent un système d’ornementalion d’après lequel des antiquités lapidaires, des bas-reliefs et sculptures diverses seraient encastrés dans les par- ties de murs où trumeaux qui séparent les croisées. M. Aymard dit que cette disposition qui, au pre- mier aspect, semblerait heureuse comme décoration pittoresque, présente de graves inconvénients au point de vue archéologique. Ainsi, les trameaux n’offrent pas d’assez larges surfaces pour y placer certains sujets plus ou moins complets, des frag- TOME XVI. 6 86 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ments de bas-reliefs en série continue, provenant de grandes frises monumentales que possède le Musée. Dès lors on serait obligé de séparer ces débris et de les disséminer sur différents points de la facade, au risque d’en rendre la signification à peu près inintelligible. Ces pierres, ainsi bâties dans l'épaisseur des murs, ne seraient vues que d’un seul côté, tandis que beaucoup d’entre elles sont sculptées ou inscrites sur deux, trois ou même quatre faces. D'ailleurs il peut être utile, pour con- naître la destination d’une antiquité quelconque, — la pierre n'étant même pas seulptée, — d’en étudier toutes les formes et souvent même les pro- portions. Enfin, cet arrangement nécessairement confus de pierres de différentes époques, n’offrirait pas cet ordre méthodique qui en facilite l'étude aux artistes et aux archéologues. M. le Secrétaire ajoute qu'avant de soumettre ces observations à la Société, il a consulté M. Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, qui s'est empressé de les approuver, en remarquant même que ce mode d’incrustations des antiquités adopté autrefois dans plusieurs Musées, est aujour- d’hui abandonné; l'expérience, en effet, a appris que certains fragments, notamment des inscriptions, après avoir été disposés ainsi dans les murs, se com- plétaient plus tard par la découverte d’autres débris, auxquels il était alors impossible de les réunir. Ces considérations sont agréées également par MARS. 87 Assemblée, et M. l'architecte du Musée est prié de faire une étude de piédestaux qui pourraient être placés entre les croisées, ou d’une terrasse qui régnerait en avant des galeries pour recevoir des pierres sculptées, des bas-reliefs, des colonnes et chapiteaux, et des inscriptions disposés par groupes chronologiques. Quant à la facade de l’avant-corps, les niches qui la décorent seraient occupées par les statues et autres restes antiques recueillis dans les substruc- tions de l'établissement minéral de Margeaix. M. Aymard est prié, en outre, de présider à l’arrangement méthodique de toutes ces antiquités. M. Guizard, directeur des Beaux-Arts, au nom de M. le Ministre de l’intérieur, écrit qu’il ne peut accorder, sur les fonds des monuments historiques, aucun secours, soit pour l’acquisition des bas-reliefs de Vanneau, soit pour transports d’antiquités au nouveau Musée. M. le Président exprime l’étonnement et les re- grets de la Société que les boiseries du tombeau de Sobieski, ayant été classées par le Gouvernement comme monument historique, ne puissent être acquis sur les fonds affectés à cet objet dans le budget; il émet le vœu que M. le Ministre revienne sur cette décision. AGRICULTURE. — M. le Président expose qu’un 88 RÉSUMÉ DES SÉANCES, projet de loi relatif à la représentation agricole avait été soumis à la Chambre des représentants, et qu’une première lecture en a été faite. Il pré- sente l'historique de la question, et propose d’en- voyer à la Chambre et à toutes les Sociétés agrico- scientifiques de France, l'adresse suivante, dont la rédaction est votée après une longue délibération : A MESSIEURS LES MEMBRES DE LA COMMISSION DE L'ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE CHARGÉS DE PRÉPARER LE PROJET DE LOI SUR L'ORGANISATION DE LA REPRÉSENTATION AGRICOLE. Messreurs, La Société d'Agriculture du Puy [Haute-Loire] s’est préoccupée depuis longtemps de la grave question de l’organisation de la représentation agricole. Elle avait compris que l’agriculture a des intéréts spéciaux, etque lorsque le commerce et les manufactures, qui ont aussi les leurs, possedent des organes pour les faire connaître et des défen- seurs pour les protéger, il n’était pas équitable que cette impor- tante industrie demeurât seule privée de représentants officiels. Aussi la Société d'Agriculture du Puy a-t-elle lu avec le plus vif intérêt les considérations puissantes que votre éloquent Rapporteur a fait valoir pour démontrer la justice et la nécessité de l’orga- nisalion de l’agriculture. Nous nous sommes tous associés à sa voix, MARS. 89 lorsqu'il s’est écrié : « 1 est temps enfin qu’on prête l'oreille aux « plaintes de l’agriculture, qu’on interroge ses souffrances; il s’agit « des intérêts et de lexistence même des deux tiers de notre popu- “lation, et il faut autre chose qu’une stérile bienveillance pour « sauver l’agriculture de la ruine. Dans la grande enquéte qui se « poursuit depuis un siècle et demi sur les divers intéréts du tra- « vail, deux voix ont été entendues : celles du commerce et de « l’industrie; l’agriculture seule a été réduite au silence. IL est « juste, ilest nécessaire de compléter la représentation des intéréts « du travail par celle des intéréts agricoles. » Cette représentation ne pouvait reposer sur le suffrage universel plus ou moins modifié, parce que ce système trop compliqué n'offrait point des avantages qui pussent compenser les embarras que ferait naître la création d’un nouveau corps électoral pour l’agriculture. Vous avez pensé, avec une haute raison, qu'il fallait supposer à cette grande industrie la conscience de ses propres intéréts, et qu'il était convenable dès lors de chercher la base de sa représen- tation dans les institutions qu'elle s'était donnée elle-même, et qui fonctionnent utilement depuis si longtemps. Les Sociétés et les Eomices agricoles sont ainsi devenus tout naturellement le corps électoral sur lequel vous avez dû fonder la nouvelle organisation de l’agriculture. Par cette résolution, qui vous assure, comme l’a si bien dit votre Rapporteur, « le concours d'hommes de bonne « volonté, et qui n’ont pas attendu que la loi leur imposät le « devoir d'apporter à l’agriculture le tribut de leur dévoñment », sous avez pris l'engagement de reconstituer, d'après une règle uniforme, les Comices et les Sociétés agricoles. Le projet de loi que vous présentez a pour objet, dans le titre er, de pourvoir à l'organisation des Comices; mais il laisse dans l'oubli les Sociétés d'Agriculture. Un paragraphe de l’article 4 décide seulement : « Que les Sociétés s’occupant exclusivement d’agri- « culture pourront étre assimilées aux Comices. » La Société d'Agriculture du Puy, qui a le sentiment du bien qu'elle a fait et de celui qu’elle peut faire encore, n'a chargé de réclamer contre une parcille assimilation, et je viens vous 90 RÉSUMÉ DES SÉANCES. présenter, en son nom, les raisons qu’elle croit avoir pour de- mander une place distincte dans la nouvelle organisation que vous proposez. IL existe en France cent cinquante-trois Sociétés d'Agriculture, ioutes établies dans de grands centres de population, un grand nombre dans les chefs lieux de département. La nature de leurs attributions et l’usage leur ont donné presque partout une supré- matie sur les Comices, qui trouvent dans l’impulsion des Sociétés une direction uniforme et un stimulant utile à leurs travaux. Les Sociétés, composées de membres plus nombreux, plus éclairés, s'occupant à la fois de la théorie et de la pratique de l’agricul- ture, ayant des réunions plus fréquentes, plus régulières, publiant des Recueils instructifs sur toutes les sciences agricoles, sont des corps qui ont leur vie propre, et ne peuvent étre confondus avec les Comices. Les droits acquis dans le passé, les services qu’elles peuvent encore rendre dans l'avenir, ne doivent-ils pas valoir aux Sociétés une place honorable dans la nouvelle organisation projetée ? Ne pourraient-elles pas étre le trait d'union entre les Comices et les Chambres d'Agriculture, et combler un vide qui existera dans les attributions de chacune de ces deux associations? S’il en était ainsi, d’un côté elles apporteraient aux Comices des lumières et une direction qui leur manquent souvent, et de Pautre, par leur permanence, la régularité des travaux auxquels les Sociétés se livrent pendant tout le cours de l’année, elles suppléeraient à linsuffi- sance des Chambres d'Agriculture, qui, réunies à une seule époque, pendant une courte session, ne pourront ni préparer ni discuter convenablement les importantes questions qui leur seront soumises. Le plus grand nombre de ces questions doivent leur principale valeur à leur intérét d'actualité, Telle est en ce moment l’enquéte sur la production de la viande. Telles sont, à plusieurs époques de l’année, les demandes adressées par l'administration sur l’état des récoltes. L'expérience a démontré qu’à tout moment il peut surgir de ces questions qui réclament une réponse immédiate, et que l’agriculteur seul peut donner. A qui les demandera-t-on? Aux Chambres d'Agriculture? Mais MARS. 91 elles ne se réunissent qu’une fois l'an et pour quelques jours seu- lement. Aux membres individuels des commissions des Chambres d'Agriculture? Mais les réponses de chaque membre, outre les difficultés qu’elles eréeront dans la pratique, manqueront de ce eontrôle qui naît d’une discussion générale, et le Gouvernement n'obtiendra point l’expression vraie des besoins du pays. Des Sociétés d'Agriculture établies dans chaque chef-lieu de dépar- tement, ayant au dessous d’elles les Comices, et au dessus Ja Chambre d'Agriculture, dont elles seraient les commissions perma- nentes, compléteraient l’organisation si bien motivée de la repré- sentation agricole. La Société d'Agriculture du Puy, après une étude approfondie de la question , et éclairée par la longue expérience qu’elle a acquise desintéréts qui lui sont confiés, croit devoir proposer les modifications suivantes au projet présenté à l'adoption de l’Assemblée législative. Elle divise le projet en quatre titres, relatifs aux Comices, aux Sociétés départementales, aux Chambres et au Conseil général d’Agriculture. Le paragraphe 2 de l’article 4 assimile les Sociétés d'Agriculture aux Comices , pour les attributions seulement qui concernent ceux-ci. Les articles 6, 7, 8 et 9 forment le titre II, et constituent les Sociétés départementales d'Agriculture sur une base uniforme. Ces Associations sont essentiellement agricoles, mais elles admet- tent, dans une proportion plus grande que les Comices, des mem- bres dont les connaissances, quoique étrangères en apparence à l'agriculture, lui portent un utile secours. Elles se composent de membres résidants, dont le nombre est limité, et qui donnent à cette réunion le caractère de permanence qui la distingue des Comices et de la Chambre, et lui permet de diriger avec un esprit de suite les améliorations de tout genre vers lesquelles aspire l’agriculture. Elles ont pour membres correspondants tous les membres des Comices qui reçoivent une impulsion uniforme de la Société départementale, participent aux distributions générales de plants ou de graines qu'elle peut faire, et ont droit aux publications agricoles qu’elle produit. La Société départementale remplit, dans sa circonscription, les fonctions de Comice, et à ce titre, a également des membres corres- 92 RÉSUMÉ DES SÉANCES. pondants dans les cantons de sa circonscription, qui concourent à l'élection des membres de la Chambre d'Agriculture comme tous les membres des Comices Le titre IL est consacré aux Chambres d’Agriculture. Par suite de la constitution des Sociétés départementales, la composition des Chambres d'Agriculture subit une modification essentielle dans laquelle git le principal avantage de cette insti- tution. La Société départementale forme le noyau auquel viennent se joindre les membres élus par les Comices pour former la Chambre d'Agriculture. La présence, dans la Chambre, des membres résidants de la Société départementale, assure à ces Assemblées un nombre de membres suffisant pour délibérer, et des hommes capables, par leurs études spéciales, d'imprimer à la discussion des intérêts agri- coles une utile direction. Il résultera de celte organisation et des relations régulieres qui s’établiront entre ces diverses. associations agricoles, la possibilité d'entreprendre, de suivre et de conduire à des résultats fructueux des études sur les nombreux et grands intérêts de l’agriculture, ce premier des arts, cette mère nourricière du genre humain. Mais pour que ces relations soient possibles, il a paru nécessaire de stipuler au deuxieme paragraphe de Particle 20, la franchise de la correspondance entre ces Associations, avec la réserve de certaines garanties qui protegent les droits du fisc. L'article 21 remplace les commissions de la Chambre qui sont, dans notre systeme, une superfétation, et dans notre opinion une unpossibilité, par la Société départementale et par les Comices chargés de faire les enquêtes ou les études propres à éclairer les discussions qui s’ouvriront plus tard dans le sein des Chambres ou du Conseil général. Les autres articles du projet, et spécialement le titre relatif au Conseil général, sont maintenus. La Société d'Agriculture du Puy croit devoir insister sur les dangers qu'il y aurait à éloigner de la représentation agricole les Sociétés qui ne s'occupent point exclusivement d'agriculture; elle croit devoir faire observer que les Sociétés mixtes sont les plus MARS- 93 florissantes, l’agricullure ne pouvant suffire, dans le plus grand nombre de départements, pour alimenter des travaux réguliers et entretenir le zèle et l’émulation scientifiques; d’ailleurs la plupart des arts et des sciences à l'étude desquelles se livrent ces Sociétés, se rattachent plus ou moins directement à l’agriculture : telles sont Ja chimie, la physique, la botanique, et surtout la géologie, Ja mécanique, l’hydraulique, la météorologie, etc., ete. En admet- tant dans Ja Chambre un nombre limité de membres qui ne s'occu- peraient point exclusivement d’agriculture, on satisfait donc éga- lement à deux nécessités impérieuses : celle d'appeler le concours des hommes instruits en aide à l’agriculture, et celle d'éviter le danger de voir remplacer les Sociétés agricoles par des réunions purement académiques. Une institution semblable à celle proposée par la Société d’Agri- culture du Puy, fonctionne déjà utilement depuis plusieurs années dans le département de la Haute-Saône. Les Comices et la Société d'Agriculture concourent à former chaque année une assemblée générale qui, sous le nom de Congrès Agricole départemental, se réunit en une session de plusieurs jours, où sont traitées, par des hommes très compétents, toutes les questions qui touchent aux intérêts généraux de l’agriculture. Nous avons la conviction qu’en organisant Pagriculture de toute la France sur ce modèle, vous donnerez enfin à cette importante industrie la représentation légitime qu’elle réclame depuis si long- temps, pour discuter et faire valoir ses droits auprès du Gouver- nement. Tel est le but que s’est proposé la Société d'Agriculture du Puy, en me chargeant de vous présenter les modifications suivantes au projet de loi sur l'organisation de la représentation agricole qui va ètre soumis à la délibération de l’Assemblée législative. Je suis avec respect, Messieurs, Puy, 4 mars 1851. Votre tres humble serviteur. Ars. DE BRIVE, Président de la Sociélé d'Agriculture, Sciences, Arts et Commerce de la Haute-Loire, Membre du Conseil général de l'Agriculture. 94 PROJET DE LA COMMISSION de L'ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE ! TITRE le. DES COMICES AGRICOLES. Art. 4er. IL sera établi, dans chaque arrondissement, un ou plusieurs Comices agricoles. Art. 2. Ont le droit de faire partie du Comice, en se confor- mant au règlement, les proprié- taires, fermiers, colons et leurs enfants, âgés de vingt et un ans, domiciliés ou ayant leurs pro- priétés dans la circonscription du Comice. Les Comices pourront en outre admettre, par les délibérations spéciales prises à la majorité des deux tiers des votants, les per- sonnes qui ne remplissent pas les conditions prescrites par le para- graphe précédent, jusqu’à concur- rence du dixième du nombre de leurs membres. Le règlement constitutif de chaque Comice devra étre soumis à Papprobation du Préfet. Art. 3. Sur la proposition du Préfet, le Conseil général du dé- RÉSUMÉ DES SÉANCES. PROJET MODIFIÉ, ‘ TITRE Ier. DES COMICES AGRICOLES. Art. der. De même qu’au pro- jet ci-contre. Art. 2. De même. Art. 5. De méme. Art. 4. De même pour le G 4er. Les Sociétés s’occupant d’agri- culture, pourront étre assimilées aux Comices pour les circonscrip- tions qui leur seront assignées par le Conseil général. Elles devront , dans ce cas, remplir toutes les obligations des Comices. Art. 5. Les Comices corres- pondent avec la Sociélé départe- mentale et la Chambre d’Agricul- ture. [La suite du paragraphe de même.] F TITRE H. DES SOCIÉTÉS DÉPARTEMENTA LES D’AGRICULTURE. Art. G. IL sera établi dans cha- que chef-lieu de département une Société départementale d'Agriculture. Art. 7. Toules les personnes qui ont droit à faire partie des Comices, * Les parties imprimées en italique dans le projet de la commission, indiquent les suppressions, et dans le projet modifié, les additions. MARS. PROJET DE LA COMMISSION. partement fixera les circonscrip- tions des Comices et le nombre des membres à nommer par chacun d’eux à la Chambre d'Agriculture. Art. 4. Les Comices existant à l'époque de la promulgation de la loi sont maintenus, à la condition de se conformer aux dispositions de la présente loi pour l'élection des membres de la Chambre d’A- griculture. Les Sociétés s’occupant exclusi- vement d'agriculture pourront être assimilées aux Comices pour les circonscriptions qui leur seront assignées par le Conseil général. Elles devront remplir toutes les obligations des Comices. Art. à. Les Comices correspon- dent avec la Chambre d’Agricul- ture. Ils sont particulièrement chargés des intérêts agricoles pra- tiques, du jugement des concours, de la distribution des primes ou autres récompenses, dans leurs circonscriptions. TITRE IL. DES CHAMBRES D'AGRICULTURE. Art. 6. Il y aura, au chef- lieu de chaque département, une Chambre d'Agriculture composée de vingt à trente membres, délé- gues par les Comices. 95 PROJET MODIFIÉ. peuvent êlre membres de la Sociélé départementale, en se conformant aw Règlement. Elle a des membres ” résidants et des membres correspon- dants. Les membres résidants sont ceux qui, domiciliés dans un rayon de cinq kilomètres au plus du chef- lieu, peuvent se rendre avec régu- larilé aux séances ordinaires de la Socièlé. Ceux de ses membres qui, domiciliés dans sa circonscription comiliale, habilent au delà d'un rayon de cinq kilomètres et tous Les membres des Comices sont correspon- dants de la Société départementale. Ces Sociétés peuvent, en outre, admettre au mombre de leurs mem- bres résidants, par des délibérations spéciales prises à la majorité des deux tiers des votants, les personnes qui ne remplissent pas les conditions prescriles par le premier paragraphe du présent arlicle, jusqu’à concur- rence du tiers du nombre de leurs membres. Les membres correspondunts de la circonscriplion comiliale à laquelle appartient la Sociélé, sont appelés à délibérer dans son sein, dans tous les cas où elle remplit les fonctions de Comice, et notamment pour l'é- lection des membres de la Chambre d’Agricullure. Art. 8. La Société départemen- 96 RÉSUMÉ DES SÉANCES. PROJET DE LA COMMISSION. Art. 7. Les membres des Cham- êres d'Agriculture seront élus par tous ceux qui feront partie du Co- mice depuis un an au moins. Art. 8. Seront éligibles tous ceux qui, âgés de vingt-cinq ans, feront partie d’un des Comices du département. Art. 9. Dans le cas où un Comice n'aurait pas été formé dans l'une des circonscriptions déterminées par le Conseil gé- néral, il sera pourvu, par ce Conseil, au choix des représen- tants de cette circonscription. Le choix portera nécessairement sur les éligibles domiciliés dans la circonscription. Les fonctions des membres ainsi désignés cesseront de droit un an apres la formation du Comice. Art. 40. Les membres des Cham- bres d'Agriculture sont élus pour six ans, au scrutin secret et à la majorité absolue, au premier tour Seulement. Ils sont renouvelés par tiers tous les deux ans, et sont toujours ré- éligibles. Art. A4. Les président, vice- président el secrélaire sont nommés pour un an, à la majorité absolue des suffrages. Art. 42. En cas de vacance par PROJET MODIFIÉ. tale, outre les fonctions de Comice qui lui sont altribuées par l'art. 4, et celles que lui confèrent les art. 10 et suivants , élabore les questions de théorie agricole, publie des mémoires el instructions, surveille et entre- tient, s'il y a lieu, la pépinière de- parlementale et le conservatoire d’a- griculture, dirige les travaux pra- tiques des Comices de tout le dépar- lement, el en fait le compte-rendu annuel. Le Règlement constilutif de la So- ciélé départementale est approuvé par le Préfet. Art. 9. Les Sociétés d'Agricul- ture existant à l’époque de la pro- mulgation de la loi, sont mainte- nues, à la condition de se conformer aux présentes disposilions. TITRE IT. DES CHAMBRES D’AGRICULTURE. Art. 40.11 y aura au chef-lieu de chaque département une Chambre d'Agriculture composée des mem- bres résidants de la Société départe- mentale, et d’un membre par canton autre que eelui ou ceux du chef-lieu, délégué par les Comices. Art. 11. Les Comices nommeront, chacun dans sa circonscription, les délégués cantonnaux qui seront ap- pelés à faire partie de la Chambre MARS. PROJET DE LA COMMISSION. décès, démission ou autre cause, le Préfet convoquera le Comice dans les trois mois, pour procéder au remplacement. Cette élection devra, dans tous les cas, être faite avant la session de la Chambre d'Agriculture. Art. 45. Les Chambres d’Agri- culture auront une session an- nuelle, dont la durée ne pourra excéder huit jours; elles fixeront l’époque de leur session ordinaire, et règleront leurs travaux. Elles pourront avoir des sessions extra- ordinaires, sur la convocation du Préfet, ou sur celle de leur Pré- sident, avec l'autorisation du Pré- fet, qui fixera la durée de chacune de ces sessions extraordinaires, Art. 44. Elles présentent au gouvernement leurs vues sur tou- tes les questions qui intéressent l’agriculture. Art. 45. Leur avis est démandé, sauf les cas d'urgence, sur les changements à opérer dans la lé- gislation, en tout ce qui touche aux intérêts agricoles. Elles sont nécessairement con- sultées sur les changements à opé- rer dans la législation, en ce qui concerne les contributions indi- rectes, les douanes, la police et l'emploi des eaux; sur l'établisse- 97 PROJET MODIFIÉ. d'Agriculture. Ne pourront prendre part au vote, que les personnes qui seront membres d’un Comice depuis un an au moins. Art. 42. Seront éligibles tous ceux qui, âgés de vingt-cinq ans, feront partie d’un des Comices du département depuis le même temps. Art. 15. De même qu’à l’art. 9 du projet ci-contre. Art. 44. De même qu’à l'article ci-contre. Art. 45. Le bureau de la Société départementale d'Agriculture est le bureau provisoire de la Chambre d'Agriculture, qui Le conserve ow le renouvelle chaque année à la majo- rilé absolue des suffrages. Dans l’in- lervalle des sessions, Le bureau de La Sociélé devient le bureau permanent de la Chambre el peut, en cas d'ur- gence, après avoir consullé la So- cièlé, prendre des résolutions dont il rend comple à la Chambre dans la plus prochaine session. Art. 46. De même qu’à l’article ci-contre. Art. 47. De méme. Art. 48. De même. Art. 149. De même. Art. 20. Les Chambres d’Apri- culturecorrespondent directement, sur les matières qui leur sont attribuées, avec le Ministre de 98 PROJET DE LA COMMISSION. ment des foires et marchés; sur la distribution des fonds généraux et départementaux destinés à l’en- couragement de l’agriculture; sur établissement des fermes régio- nales et des fermes-écoles. Elles sont chargées de la statis- tique agricole du département. Art. 46. Les Chambres d’Agri- culture correspondent directement sur les matières qui leur sont attribuées, avec le ministre de l’agriculture et du commerce, avec le Conseil général d’Agri- culture, avec les Comices et les Sociétés agricoles du département où elles siegent. Art. 47. Elles se divisent en plu- sieurs commissions, qui ont le droit de se réunir dans l'intervalle des sessions, pour Les études qui leur sont confiées par la Chambre d’Agri- culture. Art. 48. Les Préfets fournis- sent, au chef-lieu du département, un local convenable pour la tenue des séances. Le budget des Chambres d’Agri- culture sera visé par le Préfet et RÉSUMÉ DES SÉANCES. PROJET MODIFIÉ. l’agriculture et du commerce, avee le Conseil général d'Agriculture , avec la Société départementale, les autres Sociétés agricoles et les Co- mices où elles siègent. La correspondance entre ces di- verses Associations sera faile sous bandes en franchise des droits de poste par l'intermédiaire el avee le contre-seing de leurs présidents. Art. 21. La Chambre d’Agricul- ture charge la Société départemen- tale et les Comices de l'étude des questions qui rentrent plus spéciale- ment dans les attributions respectives de ces Associations. Art. 22. De même qu’à l’arti- cle 48 du projet de la commission. Art. 25. De mème qu'à lar- ticle 49 idem. Art. 24. De méme qu’à l’ar- ticle 20 idem. TITRE IV. DU CONSEIL GÉNÉRAL D'AGRICULTURE. Ce TITRE reproduit le TITRE HIT ci-contre ; il n’y a à changer que le numérotage des articles. présenté au Conseil général. Il fera partie des dépenses départementales et sera porté au chapitre VII des dépenses ordinaires. Art. 49. Le Préfet, les inspecteurs généraux de l’agriculture , ont entrée aux séances, et sont entendus toutes les fois qu’ils le demandent. MARS. 99 PROJET DE LA COMMISSION. Le Préfet pourra se faire assister ou représenter par un délégué. La Chambre d’Agriculture pourra aussi appeler dans son sein les personnes qu’il lui paraitrait utile d’entendre. Art. 20. Les Chambres d'Agriculture sont reconnues comme éta- blissements d'utilité publique, et peuvent , en cette qualité, acquérir, recevoir, posséder et aliéner , après y avoir été dûment autorisées. TITRE HI. PU CONSEIL GÉNÉRAL D'AGRICULTURE. Art. 21. Il est établi, près du Ministre de l'agriculture et du commerce, un Conseil général de l’agriculture , composé d’autant de membres qu’il y a de Chambres d'Agriculture. Art. 22. Chaque Chambre élit à cet effet un membre dans sa session générale, au scrutin secret et à la majorité absolue des suffrages. Nul ne peut être élu, sil ne fait partie de la Chambre d’Agri- culture, ou d’un des Comices du département. Art. 25. Les membres du Conseil général d'Agriculture sont élus pour trois ans. Ils sont renouvelés par tiers, et sont indéfiniment rééligibles. Il sera procédé à un tirage au sort dans la première réunion du Conseil général d'Agriculture, pour désigner ceux des départe- ments dont les représentants devront sortir au premier et au second -renouvellement. Lorsqu'il y aura vacance par décès, démission ou autre cause, la Chambre d'Agriculture du département pourvoira à cette vacance avant la session du Conseil général. Art. 24%. Le Conseil général d'Agriculture est saisi directement de toutes les questions d'intérêt général qui ont dû étre soumises aux Chambres d'Agriculture. Les délibérations de ces Chambres lui sont communiquées, Il donne, en outre, son avis sur toutes les questions que le Ministre lui soumet. Il émet des vœux sur tout ce qui se rattache aux intérêts agricoles. Art. 25. Les président, vice-président et secrétaires sont nommés pour un an, à la majorité absolue des suffrages. 100 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Toutes les fois que le Ministre assiste à une séance, la présidence lui est déférée. Art. 26. Le Conseil général d’Agriculture se réunit chaque année en une session qui ne peut durer plus d’un mois. Art. 27. Des commissaires, désignés par le Ministre, assistent aux délibérations du Conseil général d'Agriculture, et prennent part aux discussions. M. le Ministre de l’agriculture et du commerce, en réponse à une lettre de M. le Président qui re- latait un vœu de la Société pour la convocation du Couseil général d'Agriculture , écrit que « le nombre des questions qui ont été soumises à cette Assemblée pendant la session précédente a été très considé- rable, et que le soin de faire passer dans le domaine des faits les vœux exprimés, doit créer à l’adminis- tration des occupations multipliées. » En consé- quence, M. le Ministre ne peut donner en ce moment une réponse précise à la question qui lui a été adressée à ce sujet. M. le Ministre envoie aussi des programmes im- primés relatifs aux concours d'animaux reproduc- teurs, d'instruments et de produits agricoles, institués à Versailles et à Aurillac. Des extraits de ces documents seront publiés , par les soins de la Société, dans les journaux du département. M. le Préfet adresse en communication diverses notices sur les engrais concentrés de MM. Huguin et Compagnie. MARS» 101 L'Assemblée décide qu’elle ne peut recommander ce genre d'engrais, sur l’eflicacité duquel les avis sont partagés et dont les résultats paraissent fort incertains. M. le Président lit à cette occasion une lettre de M. Ed. Moride à M. Neveu-Derotrie, inspecteur général d'agriculture, publiée dans le « Journal d'Agriculture Pratique » [n° du 20 février 1851], d’après laquelle les merveilleuses poudres et les engrais concentrés dits Bickès, Huguin , Dusseau, etc., ne peuvent réaliser les avantages exagérés que leur attribuent leurs in- venteurs. Soumise à l'analyse chimique, la poudre Bickès a offert les éléments qui suivent : Carbonate de chaux. . . . . 70 Charbon: dei: bois: 2..:1.41141.90 100 Golleïforte. she ht 8 A0 L’engrais Huguin est composé de : Noir de-raffinerie.: . 2: 1:90 pa Collenvérétale uen one ou] Enfin, celui de Dusseau contient : Nitrate de potasse. . . . ” Sels ammoniacaux. . . . 1 Colleffontes te. Hi SN 237410 Lun A neo 2e ee SU) M. Moride termine sa lettre en ces termes : « En définitive, nous croyons que cette nou- velle voie, dans laquelle on cherche à jeter exclu- sivement nos agriculteurs, si elle offre quelques avantages, a bien aussi des inconvénients; que là, comme partout, il faut être éclectique TOME XVI Savoir St DCE 102 RÉSUMÉ DES SÉANCES. choisir le bon et le mauvais. Ainsi, nous pensons que la méthode de praliner les semences avant de les mettre en terre, avec des engrais contenant des phosphates, des sels ammoniacaux ou calcaires, est excellente, et ne peut être trop recommandée. Seu- lement, il ne faut pas s’abuser et croire que, grace à ce moyen, les engrais deviennent inutiles. M. Dusseau le sent si bien, qu’il prescrit une demi- fumure; il ferait encore mieux d’en prescrire une entière. Nous avons tout lieu de penser, en effet, malgré les bonnes raisons de M. Moigno et de notre ancien condisciple Ville, qu’il faut restituer au sol les matières salines enlevées par les récoltes pré- cédentes, et y introduire le plus de débris d’êtres organisés possibles; ear la nature n’est point systé- matique, et elle sait tirer parti de tout être détruit pour en reconstituer de nouveaux sous d’autres formes variées. » Il est arrêté qu'un extrait de cette lettre sera publié dans les journaux du département. M. Doguet, membre correspondant à Confolent, adresse à M. le Secrétaire les observations qui sui- vent, relatives à la maladie des pommes de terre et aux moyens d'y rémédier : Messieurs , On ne saurait accueillir avec trop d’empressement les diverses opinions émises sur les causes de la déplorable maladie qui affecte depuis bientôt six ans le plus précieux tubercule que nous possé- dions. Quelques erronées qu’elles puissent paraitre, elles peuvent amener à découvrir des préservatifs plus ou moins efficaces. se OS MARS. 105 Depuis près d’un demi-siècle que date seulement l'importance de la culture de la pomme de terre, les cultivateurs se sont habitués progressivement à planter ce tubercule à des époques de plus en plus tardives, et, dans beaucoup de localités, après une première récolte. On sait encore que sans étudier suffisamment le sol qui lui convient le mieux, sans s'inquiéter du plus où moins de maturité auquel il avait pu parvenir, sans conserver et méme choisir, comme cela se pratique pour les céréales ou grains quel- conques, Les sujels les plus beaux et surtout les plus mürs, on livre annuellement à la culture le rebut des récoltes et le plus souvent de celles qui, plantées trop tardivement, ne peuvent avoir acquis toutes les conditions désirables d'une bonne reproduction. IL n’est pas invraisemblable de supposer qu'il soit résulté de cet abus renouvelé chaque année Pabätardissement successif de la ponime de terre, et que ce tubercule privé des principes suffisamment nutritifs qui, dans le principe, le rendaient inaccessible aux per- nicieuses influences de l’atmosphère, y succombe actuellement. Ces influences, auxquelles d'autres plantes sont également exposées, sans leur étre aussi funestes, prennent leur source dans la présence de brouillards très aqueux qui, transportés par certains vents, déversent sur les plantes, sous forme de pluie presque impercep- tible, les miasmes dont ils sont imprégnés. Les végétaux qui n'ont pas la puissance de résister à celte action funeste, éprouvent une répereussion de sève qui, semblable à celle occasionnée par la gelée, porte la perturbation dans tous leurs organes. Cest à ces brouillards, qu'ils désignent sous le nom de manne, que les habitants de nos campagnes attribuent généralement la cause unique de la maladie. Une fois les feuilles et principalement les rameaux du tubereule atteints par le fléau, ils se décomposent promptement, et tombent d'autant plus rapidement en pourriture, que l’atmosphere reste plus longtemps humide; le tubercule ne tarde pas à en subir aussi les effets, et Ja perte est d'autant plus grande que le terrain est plus aquatique et la maturité moins avancée. De cette corruption doivent naturellement naitre ces espèces de champignons, ces réseaux de moisissure remarqués par quelques 104 RÉSUMÉ DES SÉANCES. savants observateurs, et à la présence desquels a été attribuée la cause da mal, tandis que, à mon avis, ils n’en sont certainement que la conséquence. Là ne se borneraient point leurs pernicieux ravages : bien d’autres végétaux, arbres et arbustes, auraient également à en souffrir, si, moins robustes, ils ne pouvaient leur résister. En effet, j'ai vu des tiges et feuilles de cucurbitacées, telles que courges, concombres, attaquées en même temps et ainsi que celles des pommes de terre, ne point subir fout à fait le méme sort. J'ai observé également l'extrémité de quelques espèces de feuilles de vigne, de noisetiers et de frénes, complètement brülées; des feuilles de müriers, jaunies et percées à jour comme auraient pu le faire des gouttelettes d’acide sulfurique répandues dessus; enfin, l’épiderme de quelques fruits, tels que noix, pommes, etc., plus ou moins tacheté. Enfin, si la maladie qui frappe les pommes de terre avait plutôt pour cause, ainsi que d’autres le prétendent, l’existence d’animal- cules dans le tubercule, — existence que je suis loin de nier, mais que je crois étre encore une conséquence de son altération ,— est-ce que leur effet destructeur serait instantané, ainsi que cela a lieu pour la récolte d’un champ et méme d’une contrée entière? En résumé : le mal se déclare à la suite de certaines influences atmosphériques qui amènent une perturbation dans le tubercule, due soit à une répercussion de sève, dont un virus corrosif déposé sur les organes extérieurs vient arréter la circulation, soit à l'inocu- lation de ce virus au tubercule. Le seul moyen d'y remédier, si lon ne veut voir bientôt la culture des pommes de terre généra- lement restreinte, sinon abandonnée, serait d’en faire revenir des pays dont cette plante est indigène, et d’en confier la distribution ou le soin de la propagation à des mains sûres. Mais en attendant, pour obvier le plus possible aux atteintes du fléau et obtenir une meilleure récolte, on ne saurait donner trop de publicité aux conseils des agronomes qui recommandent la plantation précoce des tubereules entiers, les plus sains et les plus mürs [leurs germes ou œils, organes générateurs, leur étant tous indispensables], le choix des terres les plus légères, et autant que possible les moins humides. MARS. 105 M. Benoit, contrairement à l'opinion émise par M. Doguet, dit que, dans son domaine, les pommes de terre hâtives ont éprouvé les effets de la maladie aussi bien que celles de la deuxième récolte. M. Robert a fait une expérience comparative sur deux pièces -de terre, l’une qui offrait les conditions ordinaires de culture, et l’autre qui avait été marnée; dans celle-ci, les tubereules n’ont pas été atteints. M. Dumontat lit le rapport suivant sur-la même question : Messieurs , Vous m'avez chargé de vous faire un rapport sur la maladie des pommes de terre expliquée par la guérison qui en a été obtenue par la méthode de M. LeRoy-Mabile. Ce savant praticien est, parmi tous ceux qui s’en sont occupés, celui qui a le mieux réussi, parce qu'il n’a négligé aucun des moyens qui concourent à trouver le remède ; bien d’autres n’ont employé d’autres soins que de ne les planter en automne, de placer plus ou moins profondément les tuber- eules en terre, de Jes obtenir par la semence, de les fumer beaucoup, très peu ou pas du tout, suivant la nature du sol ; d'en supprimer la mère, Jorsque les tubercules commencent à se former, ce que nous n'adoptons pas : nous croyons au contraire que c’est la nourrice du plant jusqu’à ce qu'il puisse s’en passer ; on a cependant fait cette épreuve, et elle a réussi; mais cela peut tenir à d'autres causes que nous ne rechercherons pas ; enfin, on a employé une multitude d’autres moyens que nous avons trouvés dans divers ouvrages, qui sont aujourd’hui à la connaissance de presque tous nos cultivateurs; mais M. Le Roy-Mabile, constant dans ses épreuves, doit à ses heureux résultats d’avoir fait marcher de front, pour ainsi dire, tous ces soins à la fois, 106 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Nous avons examiné avec la plus grande attention les procédés qu’il emploie : nous vous les développerons et y joindrons quelques réflexions, fondées sur les expériences quenousavons faites nous-même. La méthode de M. Le Roy-Mabile repose sur une expérience de six années, ce qui rend plus concluante son heureuse découverte ; il faut cependant observer qu'il a eu des imitateurs : nous citerons notamment M. de Rainneville, savant praticien, fondateur d’une ferme-école près d'Amiens. Il rend compte, dans une notice, de l'application qu’il a faite lui-même d’un procédé semblable. Voici quelques extraits de son Mémoire; nous laissons parler ici auteur : « Nos observations sont pleinement confirmées par un intéressant Mémoire de M. Le Roy-Mabile, de Boulogne, que nous venons de recevoir, et qui renferme les faits les plus concluants. « L'étude de M. Le Roy date, comme la nôtre, de six années. « Nous affirmons trois choses, comme résultant de nos propres expériences : « 49 La plantation automnale, en terrain sec modérément fumé, avee emploi de tubercules sains, entiers, parfaitement mürs et déjà régénérés par le méme mode de plantation suivi depuis quelques années et préservés de la maladie. Appliqué sur une grande échelle, à un grand nombre de variétés, le succès a été complet, hormis sur [a ronde blanche de Saint-Jean , qui nous a donné des malades; mais elles provenaient d’une récolte de pommes de terre non régé- nérées antérieurement ; « 29 La plantation automnale donne des produits incontestable- ment supérieurs en quantité et en qualité sur celle de printemps; « 5° Ce mode de plantation ne présente aucune difficulté pour la grande culture; on a du temps libre pendant tout le mois de novembre pour l’exécuter. « Nous dirons done, avee M. Le Roy-Mabile, que la plantation d'automne, faite avec intelligence et persévérance, est un préservatif crtain de la maladie; il est probable qu'a mesure que l’on en fera usage, Ja maladie disparaitra. « Elle augmente le produit d’une manière notable. « Elle avance le moment de la récolte, à tel point qu’un champ MARS. 107 est en ce moment couvert de blé très avancé, et nous avons eu le temps de le faire amender par le pare, entre la récolte des pommes de terre et la semaille du blé. « Elle donne des tubereules plus parfaits et de meilleur goût. « JL faut fumer modérément. Planter à trente centimétres en terrain sec et meuble. £ Choisir des tubercules parfaitement sains; les planter entiers de la grosseur d’un œuf; rechercher le plan déja régénéré par des soins analogucs. « Quelques personnes de notre connaissance ont planté avant l'hiver, et elles ont récolté des tubercules gâtés. Nous les invitons à lire avec attention les conditions exposées plus haut : elles verront que toutes n’ont pas été sauvegardées, comme l'indique M. Le Roy. D’apres cette déclaration ,; M. Le Roy-Mabile, désirant faire partager sa conviction à tous ceux qui suivront sa méthode, offre de déposer 1000 fr. au profit des hospices de Bruxelles, si les résultats ne sont pas tels qu'il les avance, après l'expérience qui en sera faite par M. de Rainneville, sur des pommes de terre de telle variété qu'il voudra choisir. Elles devront étre plantées de mois en mois, en commençant en novembre dans divers terrains, pourvu qu'ils ne soient ni trop compactes ni trop humides, et qu’elles soient placées à diverses profondeurs. La plantation devra être faite jusqu’en juin. A la maturité, lorsqu'on les récoltera, on reconnaitra que celles qui ont été plantées les premières seront les plus saines, et elles perdront de leur qualité à mesure que la plantation aura été retardée; leur poids décroitra proportionnellement; enfin, les plantations les plus profondes produiront en plus grande quantité les tubercules les plus sains; ils seront aussi les plus productifs. L'ordre de la maturité suivra celui de la plantation, et il est à remarquer que les plus précoces permettront de dérober une seconde récolte. Les pommes de terre provenant de la plantation d'automne seront non seulement exemptes de la maladie, elles seront encore meilleures au goût que celles de printemps récoltées saines. 108 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Les pommes de terre qui proviendront des terrains secs, —toute chose étant égale d’ailleurs, — seront plus saines et meilleures que les autres. IL en sera de méme de celles qui auront végété dans les terrains les moins fumés. Les tubereules provenant des plantalions d'automne seront conservés pour la reproduction et replantés l’année suivante à la même époque ; ils devront donner des résultats encore meilleurs. Cette amélioration continuera d'année en année, jusqu’à ce que la maladie ait disparu. Tel est à peu près le système de M. Le Roy-Mabile pour par- venir à faire cesser le fléau qui règne sur les pomunes de terre depuis plusieurs années; ses expériences sont démontrées par des chiffres irrécusables, qui donnent la mesure de la progression de décroissement des produits et expliquent leur infériorité quand on s’en écarte. 11 observe, du reste, qu’il ne suffit pas de planter en automne pour réussir completement; il faut encore ne rien négliger des moyens améliorants; si on emploie des moyens qui les neutralisent, c'est une grande faute, car il faut que tout concoure à Ja guérison de la plante : plantation automnale, häâtive, terrain sec, tubercules choisis, profondeur convenable suivant la nature du terrain, fumure modérée, nous ajouterons le buttage pour préserver des gelées. Voilà les moyens desquels il ne faut pas s’écarter. Encore ne faut-il pas en conclure qu'on doive récolter les premières années des tubercules tous entièrement sains, quoique cela soit arrivé bien des fois; mais en persévérant, on obtiendra, sans nul doute, une satisfaction complète, comme celle qu'ont déja éprouvée beaucoup de corres- pondants de M. Le Roy-Mabile, qui conviennent qu'ils ont fit des écoles toutes les fois qu'ils n’ont pas rempli les conditions exigées. L'un d'eux cite, entre autres, un moyen de dérober une récolte, en semant les pommes de terre en octobre ou novembre : on enfonce les tubercules à vingt-deux centimètres de profondeur; apres qu'ils sont recouverts de terre, on sème, par dessus, des navets, dont les feuilles et les racines sont arrachées pendant l'hiver pour varier Ja nourriture sèche des bestiaux. Nous ajouterions qu'il est : MARS. 109 possible que le feuillage de la plante préserve les tubereules de la gelée; mais nous croyons que la profondeur de vingt-deux centi- mètres ne suffit pas dans nos pays. On a reconnu que les pommes de terre peuvent se planter depuis seize centimètres de profondeur jusqu’à trente, et même qu’elles peuvent parcourir les diverses phases de leur végétation jusqu’à quarante centimètres et plus encore; mais, en définitive, on conseille la profondeur de vingt à vingt- cinq. Quant à l’époque la plus favorable pour les planter, c’est le milieu de novembre pour la culture en grand. Quelques curieux peuvent dévancer cette époque, et si les tiges se gèlent, cela ne fera que retarder la récolte. Vous comprenez, Messieurs, qu'il est plus facile de faire de la théorie que de la pratique. Aussi, nous croyons devoir vous observer qu'il se présentera pour nos petits cultivateurs une grande difficulté d'exécution : c’est de pouvoir planter les pommes de terre à trente centimètres de profondeur, sans compter l'augmentation du travail pour les récolter, Quant à la grande culture, c’est différent : Ja plantation peut se faire au moyen de la petite charrue de Roville, en lui donnant une entrure suffisante. Du reste, nous croyons devoir assurer que certaines pommes de terre veulent étre plantées peu profondément; la jaune est de cette espèce. Voilà bien des observations et des conseils. Nous les croyons bien fondés, et nous voudrions pouvoir dire avec M. Le Roy qu'on en a fini avec ce fléau. Mais jusqu’à plus ample expérience, nous pensons qu'il ÿ aura encore longtemps des pommes de terre ma- lades, et nous ne sommes pas de avis de M. Le Roy, qui ne compte pour rien l'influence atmosphérique sur cette maladie; nous pensons le contraire, parce que l'expérience le prouve chaque année : cest précisément à lépoque où arrivent les premières rosées de septembre, vulgairement appelées mannes par nos culti- vateurs, que les pommes de terre commencent à s'altérer par Ja feuille; le mal gagne bientôt la tige, et por suite le tubercule. Comment se ferait-il, en effet, que la pomme de terre aurait seule le privilège de ne pas craindre ces rosées, quand elles sont funestes à presque toutes les plantes, telles que les tomates, qui, 110 RÉSUMÉ DES SÉANCES. aussitôt qu’elles recoivent cette sorte de manne, se gätent dans leurs fruits, qui subissent ainsi le sort des pommes de terre : c’est absolument la même maladie. Cette année les pommes, les poires et les oignons n’en ont pas été exempts; enfin, tout le monde sait le préjudice qu’elle porte au froment, méme quelques jours avant sa maturité; et du reste les pommes de terre ne sont pas également gâtées dans notre arrondissement; cependant on les plante à peu près de la même manière depuis fort longtemps. IL faut donc que les rosées, qui sont plus abondantes dans certains pays que dans d’autres, contri- buent à les gâter plus ou moins; on nous répondra que les rosées ont existé de {ous temps, et que cependant il n’y a pas toujours eu des pommes de terre malades. Nous en convenons: mais on conviendra aussi que l'air est plus vicié qu’autrefois, témoin le choléra-morbus, qui n’existait presque qu’en Asie, tandis qu’il parcourt aujourd’hui toutes les parties du monde. A la vérité, nous sommes peu compétents pour apprécier cette maladie; mais quant à celle des pommes de terre, nous soutiendrons que l'influence atmos- phérique y est pour beaucoup. Pour venir à l'appui de ce que j’avance, je citerai une expérience que j'ai faite dans mon jardin : je fis lever avec beaucoup de soins et sur couche un semis de pommes de terre qui provenait des graines distribuées par la Société; j'en repiquai le plant, et je me félicitais chaque jour des progrès qu'il faisait; j’allai méme jusqu'a vérifier ceux des tubercules; en les découvrant, j'en avais. vu au commencement de septembre de gros déjà comme des œufs et parfaitement sains; j'espérais avoir une précieuse récolte eu égard à ma pelite expérience, lorsque deux ou trois de ces rosées froides vinrent altérer mes plantes et les rendre malades. Ainsi, nul doute, c’est là le plus grand danger pour les pommes de terre, et ces rosées sont peut-être plus pernicieuses que les longues pluies. IL s’agit donc de trouver le moyen de les obtenir plus hâtives, pour éviter l’époque funeste. C’est précisément ce qu’a fait M. Le Roy, et la méthode qu’il préconise doit puissamment y contribuer; de plus, en plantant en automne, on évitera le long séjour qu’on fait subir aux pommes de terre dans les caves, où elles s’épuisent à force de pousser. ne lt Un ne en am mé ee ne dé MARS. 411 Nous conseillons aussi de planter des tubercules entiers, et non de ces petits morceaux qu’on réduit presque à des pelures; en les espaçant davantage, la dépense de la semence sera à peu près la méme, ainsi que la production. M. Le Roy a publié une nouvelle notice, dans laquelle il réfute victorieusement diverses observations qui lui ont été adressées par plusieurs agriculteurs. Ainsi, nous ne saurions trop conseiller à nos cultivateurs de mettre en pratique sa méthode, qui peut amener les plus heureux résultats; il n'y a d’autre difficulté que celle de préserver la semence des pommes de terre pendant l'hiver. Nous croyons, Messieurs, devoir vous proposer, quoique un peu tard, de faire planter le plus tôt possible quelques pommes de terr bien saines dans le jardin de la Société, afin d’observer par nous- mémes les avantages que promettent tous ces nouveaux procédés. Nous vous conseillons aussi de faire l’acquisition d’un ou deux décalitres de pommes de terre dites Comice d'Amiens, obtenues par les soins de M. Le Brun, jardinier fort distingué. Cette espece est la plus hätive connue, et son goût a élé reconnu préférable aux autres. On la plante fin février; mais nous pensons qu'elle peut subir les modifications conseillées par M. Le Roy-Mabile, Le prix en est fixé à 4 fr. le litre. [On peut s'adresser à MM. Bossin, Louesse et Cie, grainiers fleuristes, quai de la Mégisserie, 28, à Paris.] J'ai planté, le 6 janvier dernier, dans mon jardin, cinquante-quatre tubereules bien sains, pesant ensemble deux kilogrammes et quart ; ils sont à peu pres gros comme des œufs; je les ai placés à trente- trois centimètres de distance les uns des autres, et à vingt-cinq de profondeur; le terrain est assez meuble, mais peu fumé; je les butterai plus tard si le froid l'exige. Enfin, je prends l’engage- ment de vous rendre compte de cette expérience , et de la répéter avec les produits, pour savoir si c’est le moyen de régénérer la pomme de terre, comme l'indique M. Le Roy. Comme rien n’est à négliger à l'égard de la matière que nous venons de traiter, je vous dirai que M. Croze, maire de Saint- Pierre-Eynac et membre correspondant de notre Société, ne fume jamais ses pommes de (erre en les plantant; c’est lorsqu'elles sont 112 RÉSUMÉ DES SÉANCES. recouvertes de terre, qu’il répand par dessus le fumier qu'il leur destinait. 11 a remarqué qu’il avait peu de pommes de terre gâtées et beaucoup moins que ses voisins. S'il vient à notre connaissance quelques nouveaux procédés, nous nous empresserons d’en faire part à la Société. Le sieur Jean Berger écrit qu’il a inventé un moyen mécanique pour donner à manger aux pigeons éco- nomiquement et sans entrer dans le colombier. M. Moiselet est prié d’examiner ce procédé, et d’en rendre compte à la Société. M. Paganon, président de la Société d'Agriculture de Grenoble, écrit pour féliciter la Société des nom- breux essais de culture de végétaux utiles qu’elle a provoqués et encouragés dans Ja Haute-Loire, et dont le compte-rendu a été l’objet d’un Mémoire publié récemment par M. Aymard, secrétaire de la Société. « ....Ce travail, ajoute-t-il, me donne grande envie de connaitre le volume suivant, qui me don- nera le résultat de nouvelles expérimentations pen- dant l’année 1850. Vous avez essayé le topinambour, et vous vous plaignez que les animaux ne les mangent ni crus, ni Quils, particulièrement les pores. C’est là une erreur : on commente par présenter à ces animaux le tubercule cuit, on y met une poignée de son; au bout de quelques jours ils ont pris goût à cette nourriture. Alors on ne met plus de son, puis on donne le topinambour euit, et j'a vu les MARS. 115 pores préférer le topinambour à la pomme de terre. Le topinambour est précieux : il peut rester dix ans au même lieu, il ne demande pas de culture, il vient partout où l’on n’a pas besoin de le planter chaque année; car on laisse dans la terre plus de tubereules qu’il n’en faut pour la semence. On arrache quand on veut, au fur et à mesure des besoins. On à ainsi une nourriture fraiche en mars et avril: poules, canards, se nourrissent avec le topinambour cuit. Je ne puis croire que dans vos terrains où viennent le colza et le chanvre, le topi- nambour n’ait pas les mêmes qualités nutritives , le même goût que dans notre pays. « Nous aurions surtout intérêt, monsieur le Président, à connaitre les résultats de la culture de votre blé-Doniol et du blé-miracle. Les personnes qui les ont expérimentés voudraient bien indiquer la nature de leur sol, s’il est calcaire, argileux, siliceux, volcanique. « Le seigle multicaule nous a fort mal réussi nos terrains sont trop riches; le seigle n’y prospère pas; dans la montagne, on en fait quelque peu cependant. « La culture du trèfle existe de tout temps dans notre pays. On sait bien qu'il ne doit revenir dans la rotation des récoltes que tous les six à sept ans. « Chez nous, la récolte des vers à soie est un objet important : nos magnaniers, ou plutôt nos magnanières [car les dames surtout s'occupent de 114 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ce soin], sont fort habiles. Nous avons de nouveaux appareils fort peu coûteux, très faciles à placer, qui réunissent tous les avantages. Vous trouverez les détails dans mon compte-rendu de 1849. » Économie PUBLIQUE. — Dans la même lettre qui précède, M. Paganon fait les réflexions suivantes sur les associations ouvrières dont il a été question dans les comptes-rendus de nos séances : « Dans l’organisation de vos Sociétés d'ouvriers pour certains corps d’état, M. le Rapporteur ne cite point un des moyens employés depuis longtemps dans notre ville pour faire prospérer ces associations : les citoyens aisés ou riches sont affiliés aux Sociétés d'ouvriers, sous le titre de membres honoraires; ils versent une cotisation de À fr. par mois au moins; plusieurs d’entre eux sont affiliés à plusieurs Sociétés: c’est là un lien entre l’ouvrier et le rentier; ce lien est honorable pour tous les deux... « Pour être admis dans la Société, il faut faire preuve de bonne conduite, du consentement de tous les membres, et une faute grave fait exclure de la Société celui qui s’en est rendu incapable. Je fais partie de la Société des peigneurs de chanvre; les membres honoraires sont au nombre de cinquante- trois : c’est une somme de 656 fr. au moms qui est versée à la caisse. Il y a de quoi payer bien des journées de malades, et l’on a fait des économies. Hier j'ai assisté au compte-rendu pour l’année 1850. MARS. 115 La Société a économisé 2000 fr. cette année, et le total de son avoir monte à 16,000 fr. L'organisation remonte à 1804. » M. le Préfet envoie une série de questions rela- tives à la production et à la consommation de Ja viande , que lui a adressée la commission d'enquête nommée par l’Assemblée nationale, et il prie la So- ciété de lui transmettre des renseignements. Sur les indications fournies par plusieurs Membres, le cadre de ce questionnaire est immédiatement rempli, et sera envoyé à M. le Préfet. ARCHÉOLOGIE. — M. Anatole Dauvergne adresse un rapport sur des découvertes de peintures murales qu'il a faites à l’église Saint-Michel d’Aiguilhe, par suite du grattage des parois intérieures des murs. Des échantillons de mortiers offrant des restes d'anciennes peintures sont placés sur le bureau, et viennent à l'appui des assertions de l’auteur. M. le Secrétaire fournit ensuite des explications sur l’âge probable de l'édifice, les détails de son style architectural, et les rapports synchroniques des peintures avec les particularités diverses qui se rattachent à la construction de cet ancien édifice. Ces observations donnent lieu à l’Assemblée de prier M. Aymard de rédiger une description de cette curieuse église, qui serait publiée dans les 116 RÉSUMÉ DES SÉANCES. « Annales », et suivie de l’intéressant rapport de M. Dauvergne. M. le Secrétaire adhère à cette proposition. SCIENCES PHYSIQUES. — Au sujet d’un Mémoire inséré dans le « Recueil des Actes de l’Académie des Sciences de Bordeaux », M. le Président rap- pelle les opérations géodésiques qui ont été faites dans la Haute-Loire par les officiers d'état-major, pour la carte de France; il dit que les Ingénieurs des Ponts-et-Chaussées ont opéré aussi depuis quelques années divers nivellements, et que sur la demande de la Société, ils exécutent en ce moment plusieurs opérations tendant à donner les hauteurs de diffé- rents points pour la carte du département, que M. Giraud s'occupe d'éditer; il ajoute que l'on connaissait beaucoup de ces hauteurs faites au moyen du baromètre, et qui étaient consignées dans certains ouvrages, tels que la Statistique de M. Deribier et la Description Géognostique des environs du Puy, par M. Bertrand de Doue. Or, il y a des différences assez notables entre ces diverses indications; il serait cependant utile de se fixer définitivement sur les procédés les plus certains à adopter. M. Bertrand de Doue pense que les opérations géodésiques sont supérieures à celles du baro- mètre. Bien des causes, en effet, peuvent influer sur le jeu de l'instrument; on en a observé une importante, résultant des vents régnant dans le MARS. 117 pays. Quant aux opérations dont s'occupent MM. les Ingénieurs, elles sont faites avec beaucoup de soin et de précision; cependant, on n’est pas encore 4 parvenu à les mettre toutes d'accord entre elles, d'accord également avec celles des officiers de l’état- major. 11 y a lieu d'espérer qu’à cet égard l’admi- nistration satisfaira à ce besoin de la science, dont on apprécie de plus en plus l'utilité. BEaux-arts. — M. de Becdelièvre, à l’occasion d’un essai de peinture murale exécutée récemment par M. Dauvergne à la cathédrale, dans la chapelle Saint-Francois-Régis , écrit ce qui suit : IL y a deux sortes de peinture dans cette œuvre : celle d’orne- mentation, qui dépend de la science de l’architecture; la seconde, qui est du domaine de lart. Je ne parlerai pas de la première, qui peut être exécutée sur des dessins... C’est donc de la dernière que je vais vous entretenir. L'artiste a représenté le Saint debout sur un fond de paysage, où on croit reconnaître la ville du Puy. La tête est à peu près de face; il montre de la main droite le ciel; la main gauche est appuyée sur la poitrine : C'est la foi qui nous sauve. Si la pensée est du peintre, elle est bonne. La peinture de la téte et des mains, matériellement parlant, est suffisante; mais est-ce tout ce que l’on doit exiger de la part de l'artiste qui doit, à grands frais, exécuter des peintures religieuses? Je ne le pense pas. On ne le pense pas non plus à Paris, quand il s’agit de peintures murales pour les anciennes ou les nouvelles églises. Au reste, une figure seule est toujours un écueil pour tout tableau. Un vigoureux coloris, même un dessin pur n’y suffisent pas. Une figure pâle, mais inspirée par la foi, va à tous les TOME XVI. 8 118 RÉSUMÉ DES SÉANCES. cœurs. On en peut voir au Puy un exemple vivant, et dont le nom viendra à tout le monde. Je ne veux pas dire qu’il a manqué à l’artiste ce précieux véhicule, mais il a succombé à l’œuvre : on reste froid devant sa peinture quand on la regarde en haut, et presque dégoûté de l’art quand, à grands frais et grandes prétentions, on voit que l’auteur n’a obtenu en résultat qu’un si mauvais travailg Et comment l'artiste, qui avait connaissance de cette récente et précieuse découverte de peintures murales qui ornaient une ancienne chapelle, n'a-t-il pas cherché à prouver que dans notre siècle de lumières on fait mienx qu'au moyen-âge? Comment se fait-il aussi que le Ministre veuille nous faire subir des artistes étrangers, en accepte les mauvaises œuvres, quand nous aurions mieux que cela dans notre département, par exemple M. Tyr, élève et en même temps l'an des aides les plus consciencieux et les plus habiles qu’employait M. Orcel, de regrettable mémoire, chargé des importants travaux d'une des chapelles de Notre-Dame-de-Lorette; M. Tyr, peintre religieux , ayant appliqué depuis quatre ans tous les procédés nou- veaux de la peinture murale; pourquoi, dis-je, refuser à notre compatriote et à nous tous la gloire d’ornementer nos édifices publics? Certes, M. Tyr ne ferait pas de la peinture au mètre carré. M. le Secrétaire dit que, sans vouloir apprécier le mérite des sujets comme dessin et comme pein- ture, il pense qu’ils reproduisent avec intelligence, dans leurs détails d’ornementation, des motifs em- pruntés à l’art romano-byzantin. Ainsi, les füts de colonnes ont été peints d’après ceux du douzième siècle, qui existent encore à la cathédrale, les chapiteaux, d’après des types empruntés au cloitre de Notre-Dame et à la chapelle St-Michel d’Aiguilhe; les rinceaux qui ornent l’intrados des arcades ont leurs modèles dans la Bible de Souvigny ou dans MARS. 119 les voussures de la chapelle Saint-Gilles à la cathé- drale. Quant à la figure de saint Régis, elle a été faite d’après le portrait de l'édition in-4° de la vie de ce saint, por le P. Daubenton, et le costume reproduit exactement celui de l’époque où il vivait; l'allure du personnage est assez bien dans le style et le sentiment des figures représentées au dou- zième siècle. Mais ce qu'il faut reprocher à cette compo- sition, e’est le choix du personnage qui y est figuré : si l’artiste, au lieu de saint François-Régis, avait placé là un de nos saints évêques antériears au douzième siècle, il aurait moins provoqué la sévérité des critiques que fait naître cette sorte d’anachronisme, et qui réjaillit sur toute son œuvre. Il y aurait peut-être aussi à reprocher à l’ensemble de l’ornementation une disposition peu harmonieuse des motifs qui la composent, des contrastes de tons trop heurtés, en un mot peu d'entente de ce genre de décoration picturale. M. Bertrand de Doue communique l'article sui- vant, extrait d'un article sur le salon de 1851 [Revue des Beaux-Arts, mars 1851], au sujet de M. Thuillier, membre non résidant de la Société, et auteur de trois belles peintures que possède le Musée : « M. Thuillier est un artiste dont le nom ne rappelle que de légitimes succès; il se montre aujour- d’hui dans toute la force de son talent. M. Thuillier 120 RÉSUMÉ DES SÉANCES. appartient à cette école sincère qui admet toutes les beautés de la création, sans système, sans parti pris d'avance. Rien dans les compositions, la couleur ou la touche des tableaux de cet éminent artiste ne ressemble aux fameuses recettes échevelées ou aca- démiques qui règlent d'ordinaire les productions des sectaires outrés. « Les huit tableaux exposés par M. Thuillier té- moignent une fois de plus de l'avantage qu'il y a à suivre la nature dans son caractère d’admirable simplicité. » Onsers Divers. — M. Assézat de Bouteyre, lun des délégués de la Société au Congrès des Sociétés savantes, écrit de Paris qu’il a accepté avec empres- sement la mission de représenter la Compagnie , et que le Congrès fonctionne avee exactitude et régularité, et avec le concours des savants les plus distingués de France. « ...J'ai aujourd’hui même recu, ajoute-t-il [dans le sein de la commission chargée de rendre compte de l’organisation des Sociétés de province], de la part de MM. de Caumont et le vicomte de Cussy, président et vice-président de cette commission, les témoignages d'estime les plus flatteurs pour notre Société. Ces Messieurs connaissent non seulement nos travaux, non seulement nos « Annales », qu’ils considèrent comme un modèle du genre, mais en- core les noms de ceux de ros honorables collègues MARS. 191 qui, comme MM. de Becdelièvre, Bertrand de Doue, Calemard de La Fayette, Aymard, et vous, monsieur le Président, ont fondé la Société du Puy, ou imprimé à ses travaux une intelligente et utile direction. « J'ai été fort heureux, je l'avoue, monsieur Je Président, de ces sympathies spontanées témoignées à la Société d'Agriculture du Puy, par de semblables hommes et à une telle distance du rayon où nous avons le désir et la volonté d'étendre notre influence et notre nom. Je m’empresse donc de vous en trans- mettre l’expression, afin que chacun de nos collègues y reçoive une récompense pour ses travaux passés, un encouragement pour ses travaux à venir. « On m'a done demandé,—puisque l’on juge notre Société comme une des plus. importantes de pro- vince,—les renseignements les plus précis sur son organisation et ses travaux. J'ai dit de vive voix ce que je savais; mais comme notre procès-verbal doit être imprimé, je désirerais, monsieur le Président, des détails plus complets. Je serais bien aise que vous voulussiez m'adresser les solutions aux ques- tions suivantes : « 1° Date de la fondation de la Société ; « 2° Nombre exact de ses Membres; « 9° Ses budgets successifs depuis sa fondation jusqu’à nos jours; « 4° Nombre des livres de sa bibliothèque : « 2° Nombre de ses tableaux, objets d'art: 122 RÉSUMÉ DES SÉANCES. « 6° Enumération des différentes collections géolo- giques , numismatiques , d'histoire naturelle, ete.; « 7° Nombre des volumes d’Annales publiés. « Enfin, tous les renseignements que vous croirez devoir me fournir. « Ces notes, devant être publiées, seront aussi sommaires que possible. » Il est arrêté que les indications demandées par M. Assézat de Bouteyre lui seront transmises immé- diatement. OBsers D’ADMINISTRATION. — M. le Ministre de l’ins- truction publique, répondant à une lettre dans laquelle la Société demandait que sa subvention fut élevée à 1000 fr., écrit qu'il ne peut prendre encore d'engagement à cet égard, à raison des suppressions que la Chambre avait apportées cette année au budget des Sociétés scientifiques. DEMANDE D’ApmissioN. = M. Dalmas, ancien notaire à Rosières [Ardèche!, sollicite l'honneur d’être nommé membre non résidant, et envoie à l'appui de sa de- mande l'introduction à un ouvrage inédit qui a pour utre : la Cosmogonie et la Géologie, basées sur des faits physiques, astronomiques et géologiques , ete. Sontnommés commissaires MM. Bertrand de Doue, Azéma et Aymard. MARS. 195 Apmission. — M. Benoit lit un rapport sur un Manuel religieux présenté comme titre d'admission, au nombre des membres non résidants, par M. l’abbé Pagnon , vicaire à Coubon. M. le Rapporteur fait l’analyse de ce petit livre, qui contient d’excellentes idées religieuses, de bons préceptes écrits avec une clarté et une élégance de style peu ordinaires dans ce genre d’ouvrages; on: y remarque surtout une description intéressante des catacombes de Rome, refuge des premiers chrétiens et tombeau d’un grand nombre de saints confesseurs. M. Benoit conclut à l’admission du récipiendaire. L'opération du scrutin lui ayant donné la majorité des voix, M. Pagnon est nommé membre non résidant. ELECTION DES OFFICIERS DE LA SOCIÉTÉ. — M. le Président donne lecture de la délibération du conseil d'administration qui, appelé à émettre son avis sur une proposition tendant à modifier le Règlement en ce qui concerne la durée des fonctions du Président et du Vice-Président, lui donne son entière appro- bation. L'avis du Conseil est motivé sur la considé- ration suivante : « Attendu que l’article 14 da Règlement, en limitant à quatre ans la durée des fonctions du Président et du Vice-Président de la Société, met sans utilité une entrave à Ja liberté de ses choix. » Après un amendement proposé par M. de La 124 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Valette, et qui consiste à dire : « Mais aux deux tiers des voix seulement », la modification est adoptée dans ces termes : Anr. 14. — 4. Le Président et le Vice-Président sont de même élus au scrutin et à la majorité absolue. La durée de leurs fonctions est de deux ans; cependant ils peuvent être réélus indéfiniment, mais, dans ce cas, aux deux tiers des voix seulement. Il est ensuite procédé au scrutin pour la nomi- nation du Président. Les trente Membres présents prennent part au vote. M. de Brive obtient l’una- nimité des voix, moins une. Le scrutin pour la nomination du Vice-Président donne la majorité à M. Porral. M. Aymard obtient l'unanimité des voix, moins une, pour les fonctions de secrétaire. À huit heures et demie la séance est levée. SÉANCE DU 411 AVRIL. SOMMAIRE. — Lecture du proces-verbal. — Ouvrages reçus; Commissions nommées; « Traduction française de Macrobe », par M. Mahul; « Organisation, jurisprudence, etc., des Conseils de préfecture », par M. Dubois de Nicrmont; Dons de ces ou- vrages par leurs auteurs, anciens préfets de Ja Haute-Loire; Don des « Bulletins des Comités historiques », par M. le Ministre de l'instruction publique. Offres de services par M. Vidal, sous- chef au ministère de l’intérieur, pour envoyer à la Société les ouvrages donnés par le Gouvernement. — Collection importante d'objets d'art et de curiosité recueillis par M. L. de Vaux, officier de marine, dans un voyage de cireumnavigation. — Dons nombreux de médailles, d'objets d’antiquité et d’histoire naturelle, par MM. de Bonneville, l’abbé Morizon, Aymard, Mortelet, Dumontat, Louis Rogues, de La Tourette, de Lestang, l'abbé Aubazac, Louis Bertrand et Meussier ; Remerciments aux auteurs de tous ces dons. — Peinture sur toile du quinzième siècle, d’une composition et d’un style curieux, provenant de l'église des Carmes du Puy; Observations de MM. Aymard et de Becdelièvre; Vote pour l'obtention de ce tableau. — Orga- nisation de la représentation agricole; Communication de M. de Brive, relative à l'envoi des délibérations de la Société à MM. les Ministres, aux membres de l’Assemblée législative et à toutes les Compagnies scientifiques de France; Adhésions de beaucoup de ces Sociétés, pétition de celle de Lille ; Propositions de la Société défendues par MM. de Limayrac, de Montalembert et Chouvy, et adoptées par PAssemblée législative; Vote de la loi. — Concours régional d’Aurillac; Compte-rendu par M. de Brive, membre du Jury pour la Haute-Loire; instruments exposés: rigoleur, émotteur, machine à battre, machine à fabriquer les tuyaux de drainage; Concours de bestiaux ; Observations de M. Olivier, de Paulhaguet, renvoyées à M. le Ministre de l’agriculture. — Etat des semailles du printemps; Renseignements transmis à M. le Préfet. — Fixation de la somme affectée au reboisement de la Haute-Loire; Félici- tations à M. de l'Eguille, sous-inspecteur des forêts, pour les {ravaux accomplis à cet égard. — Blé-Doniol, blé-miracle, blé de Sainte-Hélène, blé de Saint-Lô, blé anglais, topinambour ; Renseigneinents envoyés par M. Doniol. — Colza, choux, navet blanc, cultivés à Pradelles; Envoi de Renseignements par M. Che- valier. — Blé raganiaud; Rapport de M. Dumontat. — Chambre des manufactures de la Haute-Loire; Regrets que cette Chambre n'ait pas élé représentée par un délégué au Conseil général des 126 RÉSUMÉ DES SÉANCES. manufactures; Vœu qu’elle soit appelée à fonctionner réguliere- ment. — Données sur la péche dans les rivières, étangs, etc, de la Haute-Loire, demandées à la Société par M. le Préfet ; Renvoi à M. de l'Eguille. — Etablissement hydrothérapique de Brioude : Résultats obtenus, Rapport de M. le docteur Andrieux. — Réduction des secours accordés à la Société par MM. les Ministres de l’agriculture et de linstruction publique; Regrets exprimés. — Demande d’admission par M. Dauvergne au nombre des mem- bres non résidants; Renseignements envoyés par le récipiendaire sur les anciens tableaux des églises du Puy et les peintres de la Haute-Loire; Commission nommée. — Demande d'admission par M. Dubois de Niermont, ancien préfet de la Haute-Loire; Election du récipiendaire comme membre honoraire. — Rapport de M. Ber- trand de Doue sur l'admission de M. Dalmas, de Rosières; Admission du récipiendaire comme membre non résidant. À trois heures la séance est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté. Ouvraces REÇUS. — M. le Président dépose sur le bureau les publications reçues depuis la dernière séance, et il nomme des commissaires pour en rendre compte. IL appelle l'attention particulière de l’Assemblée sur les ouvrages suivants : « Traduction française de Macrobe », avee le texte en regard et des notes, précédée d’une notice sur Macrobe, un volume grand in-8°, 1844, par M. Alph. Mahul, ancien préfet de la Haute-Loire; « Organisation, jurisprudence et procédure des Conseils de préfecture », un volume grand in-8”, 1841, par M. Dubois de Niermont, ancien préfet de la Haute-Loire. Ces dons, qui rappellent à la Société deux ma- AVRIL. 197 gistrats qui ont plus particulièrement encouragé ses travaux, et ont laissé dans le département les plus honorables souvenirs, sont aceueillis par un vote de remerciments. M. le Ministre de l'instruction publique éerit, à la date du 25 mars, que suivant le désir exprimé par la Société, il a donné des ordres pour que le « Bulletin des Comités historiques » soit envoyé à la Compagnie. M. Vidal, du Puy, sous-chef au ministère de l'intérieur, dans une lettre dont il est fait lecture, offre ses services à la Société pour retirer les ouvrages qui lui sont donnés par le Gouvernement, et annonce l'envoi prochain de plusieurs livraisons de la « Statis- tique monumentale de Paris. » Ces offres obligeantes sont agréées avec reconnais- sance par l’Assemblée. Musée. — M. de Brive lit une lettre par laquelle M. Louis de Vaux, lieutenant de vaisseau, écrit pour annoncer l’envoi de deux caisses contenant beaucoup d'objets d'art et de euriosité qu’il a re- cueillis dans un voyage de cireumnavigation, notam- ment dans l'Inde et les iles de l'Océanie. M. le Président est prié de transmettre à notre généreux compatriote les vifs remerciments de la Société pour ce don important, qui fournira les plus précieux éléments d’une galerie ethnographique. 128 RÉSUMÉ DES SÉANCES. L'Assemblée agrée aussi avec intérèt les dons suivants qui Jui sont faits Par M. de Bonneville, membre correspondant, au nom de M. l'abbé Morizon, succursaliste à Queyrières : Dague ou poignard du temps de la ligue, trouvée à Queyrières, sous un monceau de pierres; Par M. Aymard, secrétaire de la Société, de la part des personnes dont les noms suivent : M. Mortelet, officier en retraite : poisson marin d'Amérique, habilement préparé; canne à sucre; M. Dumontat, membre résidant : cachet gothique en fer; M. Louis Rogues, du Puy, chirurgien militaire en Afrique : lampe africo-romaine en terre; fibule- agrafe à l’usage des dames arabes; cornes de gazelle des montagnes; pommes de cèdre de Atlas; eristaux de fer sulfuré de l’Auas ; M. de La Tourette, membre résidant : monnaie du pape Louis XII; M. de Lestang, juge au Puy : monnaies et médailles en argent et en bronze antiques et du moyen-äge ; M. l'abbé Aubazac, curé de Saint-Paulien : médailles antiques et du moyen-àge; jeton de présence au Chapitre du Puy, au type de l’évèque Antoine de Sennectaire ; M. Louis Bertrand, juge d'instruction au Puy : petite AVRIL. 129 outarde canepetière [otix tetrax Lix.], tuée de- puis peu de jours au passage dans la Haute-Loire, et préparée par M. le docteur Moussier. M. le Secrétaire soumet à l'examen de l’Assem- blée une grande peinture sur toile du quinzième siècle, qu'il a fait apporter de l’église des Carmes du Puy. Ce tableau représente une figure colossale de la Vierge tenant dans ses bras l'enfant Jésus, aux pieds de laquelle se prosterne une double rangée de personnages de tout rang, pape, empe- reur, rois, princes, évêques, religieux, ete., tandis que deux anges relèvent et déploient de chaque côté de la Vierge les pans de son vaste manteau, comme pour placer sous sa protection la société tout entière figurée dans ses diverses conditions. M. Aymard propose de solliciter l'obtention de ce curieux tableau, dont l’exécution, le style et la composition si singulière peuvent offrir de l'intérêt pour l’histoire de l'art. M. de Becdelièvre, dans une lettre dont il est donné lecture, appuie cette demande, qui lui semble motivée par la valeur archéologique de la peinture. Il offre, de plus, de réparer les dégradations qu’elle a subies. Après délibération, il est arrêté que M. le curé sera prié de vouloir bien céder ce tableau au Musée. AGRIGuLTURE, — M. le Président dit que l’organi- 130 k RÉSUMÉ DES SÉANCES. sation de la représentation agricole vient enfin de recevoir une solution par le vote d’une loi. D’après le vœu de la Société, il s'était empressé de transmettre à MM. les Ministres, aux membres de l’Assemblée législative et à toutes les Sociétés Académiques, l’adresse imprimée qui avait été déli- bérée à la précédente séance. La plupart de ces Compagnies l'ont accueillie avec la plus grande faveur, ont adhéré aux vues de la Société, et les ont vivement recommandées par des délibérations adressées au Gouvernement, à MM. les Représentants et au Congrès central d'Agriculture. Plusieurs de ces Sociétés, entr’autres celles de Lille, de la Haute-Saône, de l'Aube et des Pyré- nées-Orientales avaient fait savoir à la Compagnie qu’elles agissaient activement et de concert avec elle pour défendre les intérêts communs. Voici comment s’exprimait la Société de Lille dans sa pétition à la Chambre : Messieurs , Malgré le voie qui a suivi la seconde délibération du projet de loi sur la représentation agricole, la Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de Lille, croit devoir insister pour que les Compagnies savantes qui s'occupent utilement d'agriculture puissent étre assimilées aux Comices. Elle vient, au nom de la science méconnue, revendiquer haute- ment le droit, dont elle n’a pas démérité, de continuer à représenter l'agriculture qui, dans le département du Nord , doit son importance et ses progrès à l’heureuse direction qu’une intelligente théorie, émanée de la Société, a su constamment imprimer à la pratique. AVRIL. 151 Quel esprit, même le plus imbu des préjugés que la routine entre- tient contre la science, oserait nier les services que la géologie, la chimie , l’histoire naturelle, la mécanique, l'architecture, Part vété- rinaire, le droit rural, rendent tous les jours à l’agriculture. Les noms de MM. Payen, Liébig, Kulhmann, Boussingault, Yvart, Gasparin , parlent assez haut. D'ailleurs, l’enseignement qui va de la Ferme-Ecole à l’Institut agronomique, prouve bien qu’on n’a pas toujours fait pareil mépris de la science. Et quand, dans un arrondissement , il se trouvera une Société dont tous les membres ne seront pas exclusivement laboureurs , qui en comptera quelques-uns assez heureux pour pouvoir initier leurs collè- gues des campagnes aux mystères de la science, et leur enseigner, dans d’intéressantes conférences, les moyens de connaître la nature du sol, d'analyser les engrais, de détruire les plantes et les animaux nuisibles, de perfectionner les instruments, d’assainir les habitations et les éta- bles, de traiter Les bestiaux, d'éviter les proces, source de ruine, cette Société ne sera pas considérée comme Comice : elle n’est pas exclu- sivement agricole ! Poser ainsi la question, n’est-ce pas démontrer l'erreur fatale des auteurs du projet de loi? Et cependant, telle est la position qu’ils font à la Société de Lille et aux autres Sociétés mixtes. S’il est vrai que, dans quelques localités, l’agriculture souffre d’être l'annexe négligée de la littérature facile, vous ne pouvez confondre, sans injustice, ces Académies légères avec les Sociétés plus graves dans lesquelles une heureuse organisation établit, entre les savants et les cultivateurs, des rapports tellement intimes, que nul ne sait si les progrès résultant d’un travail commun sont dus plutôt à la science qui découvre le procédé qu’à la pratique qui rectifie la méthode. Quel Comice péniblement recruté, difficilement réuni, sans lien central, sans périodicité, sans autorité, pourra remplacer, soit comme juge dans les épreuves des concours, soit comme guide dans les essais agricoles, la Société permanente, laborieuse, gardienne des procédés utiles qu'une expérimentation incessante peut seule améliorer, et 132 RÉSUMÉ DES SÉANCES. dominant enfin l'arrondissement rural de tout l’ascendant que donnent la science éprouvée et les services rendus? La Société de Lille qui admet dans son sein, et sans les assujétir à aucune cotisation, un nombre de cultivateurs égal au nombre de ses titulaires, a publié dix volumes de notices agricoles, distribuées gra- tuitement aux praticiens des campagnes, la Société de Lille aurait cru manquer à son devoir et déserter la mission poursuivie avec succès depuis plus de quarante années, si elle n'avait protesté de toutes ses forces contre un projet de loi qui, en paraissant favoriser les intéréts des cultivateurs , porte un coup funeste à l’agriculture. Elle persiste à demander, s’il en est temps encore, avec la Société du Puy, que le mot exclusivement soit rayé de l’article 4 de fa loi, et que les Sociétés des Sciences puissent, sur leur demande, étre assimilées aux Comices. Ces observations ont été agréées par M. le Ministre, et chaleureusement soutenues dans les bureaux de la Chambre et à la tribune par plusieurs représen- tants, entr’autres par M. de Limayrac, qui a écrit à M. de Brive une lettre pleine de protestations du plus bienveillant concours, et par M. de Montalem- bert, qui a bien voulu donner aussi dans cette circonstance, à MM. Didron ainé et Aymard, des marques d'intérêt pour la Société. Enfin, l’un des membres de la députation de la Haute-Loire, M. Chouvy, dans les deux dernières délibérations auxquelles la loi a donné lieu, a défendu les mêmes vues avec énergie et talent, en citant comme exemple les travaux et le zèle de la Compagnie. Par suite de cet ensemble de réclamations, la loi a été modifiée principalement dans l’une de ses AVRIL, 155 dispositions les plus essentielles, celle qui exeluait de lPorganisation agricole les Sociétés mixtes. Quant aux autres imperfections de la loi, elles seront étudiées et débattues par les Sociétés et Congrès scientifiques, et tendront successivement à disparaitre; l’essentiel est d’avoir enfin obtenu Ja représentation agricole, depuis longtemps réclamée par ces diverses Associations. Ces explications de M. le Président provoquent un vote de félicitations pour les personnes qui ont si généreusement défendu l'honneur et les intérêts de la science. Il est arrêté, en outre, que la Société attendra d’avoir connaissance des instructions ministérielles , pour modifier ses statuts, afin de les mettre en harmonie avec la nouvelle.loi. M. le Président rend compte du concours régional d’Aurillac, auquel il a assisté comme membre du Jury pour le département de la Haute-Loire, d’après l'invitation qui lui en avait été faite par M. le Mi- nistre de l’agriculture. Le Jury ayant été divisé en deux sections, M. de Brive appartenait à celle relative aux produits, ma- chines et instruments agricoles. Il cite à ce sujet plu- sieurs instruments qui avaient été exposés, tels qu’un rigoleur, sorte de charrue propre à pratiquer les fossés d'écoulement ou rigoles; un émotteur, qui produit des résultats analogues à ceux de la herse: TOME XVI. 9 154 RÉSUMÉ DES SÉANCES. des machines à battre, d’une construction trés simple, et établie sur le modèle de la machine écossaise du prix de 500 fr., laquelle, d’après le général Higonnet, donne une économie nette des deux cinquièmes; le trieur-Vachon, pour nettoyer le grain après avoir été vanné, rendant le blé telle- ment net, qu'il se vend par hectolitre 2 fr. de plus que celui obtenu par les procédés ordinaires; enfin , la machine à fabriquer les tuyaux de drainage, d’après le système d’Ainslye. A l'égard des produits agricoles, ils n’ont été ni nombreux, ni remarquables, comme on pouvait s’y attendre dans cette saison. M. de Brive dit ensuite que le concours des ani- maux reproducteurs attribué à la deuxième section du Jury, avait té partagé en trois catégories pour ce qui concernait l’espèce bovine : 1° races d’Aubrac et de Salers; 2° celles du Limousin, et 5° les races diverses, parmi lesquelles était comprise celle du Mezenc. Comme on devait le présumer, d’après la localité désignée pour siège du concours, les races du Cantal étaient représentées par un grand nombre d'élèves, à l’exclusion de presque toutes les autres. Le seul produit de la Haute-Loire qui eût été amené de nos montagnes, un taureau fort remarquable conduit par M. le docteur Olivier, de Paulhaguet, n’a pas obtenu de prix. M. le Président lit à cette occasion une lettre de cet éleveur, qui émet des plaintessur les décisions du Jury. AYRIL. 155 Après délibération et après avoir remercié M. de Brive des détails intéressants qui précèdent , l’Assem- blée arréte que les observations de M. Olivier seront transmises à M. le Ministre de l’agriculture. Le Gou- vernement sera prié en outre de ne point reverser la somme restée sans emploi sur des produits du Cantal réservés à cet effet par le Jury, cette somme n’ayant pas été affectée aux autres races, mais de les res- tituer au fonds commun de l’agriculture. M. le Président annonce qu’il a transmis à M. le Préfet des renseignements demandés dans le courant du mois de mars, sur l’état des semailles du prin- temps, complétés, suivant l'usage, par diverses données sur les développements et les progrès de la végétation en général. Il est donné lecture d’une lettre par laquelle M. de l'Eguille , sous-inspecteur des forêts, prie la Société de fixer la somme qui sera affectée en 1851 au reboi- sement. Ce fonctionnaire fait valoir l’urgence, dans celte saison, des travaux de semis et de plantations que nécessitera cette opération, et l'opportunité qu’il y aurait en ce moment « à encourager quelques com- munes qui, d’après les conseils de M. de l’Eguille, ont soumis au régime forestier des portions de ter- rains communaux, dans lespoir qu’elles seraient reboisées au moyen des ressources dont notre Société dispose, et dans l'espérance de recueillir ainsi plus 156 RÉSUMÉ DES SÉANCES. tard le fruit des sacrifices qu’elles se sont imposés par la privation du pacage. » L'Assemblée réitère ses félicitations à M. de l’Eguille pour le zèle qu’il ne cesse de déployer au sujet de l'une des améliorations agricoles les plus impor- tantes dans notre pays, et vote, à cet effet, une allocation de 500 fr. M. Doniol, membre non résidant à Barlière, ré- pondant à une demande de renseignements que M. le Secrétaire lui avait adressée, écrit ce qui suit : « Le blé que le très regrettable M. de Macheco avait baptisé de mon nom, a continué à donner les résultats les plus satisfaisants sur cer- tains points, quelle qu’ait été la nature du sol; mais il n’en a pas été de même partout en 1850. Les semis qui en avaient été faits dans les endroits bas el humides, ont beaucoup souffert du froid de l'hiver, encore plus des gelées printanières. Les semis, au contraire, faits sur les hauteurs ou sur les pentes, ont rendu chez moi, comme chez mes voisins de Barlière et de Clermont, où je l’ai répandu, jusqu’à quarante hectolitres à l’hectare. J’en ai cette année une pièce, sur ün défrichement de sainfoin, qui est remarquable par la vigueur de ses tiges. « Je ne connais pas du tout le blé-miraele, à moins qu’on ne désigne sous cette dénomination le tangaro ou Sainte-Hélène, qu’on cultive beaucoup dans les arrondissements de Clermont et de Riom, comme AVRIL. 157 spécialité pour la fabrication des pâtes dites de Gênes; mais il est très mauvais pour la fabrication du pain, etila nui au conserve des farines, Le blé-Doniol a, comme celui-ci, la propriété de se glacer parfaite- ment. Il serait bien tard pour le semer actuellement dans votre jardin d’expériences; je vous en adres- serai à l’automne prochaine. « J'ai introduit aussi dans ma localité le blé dit de Saint-Lô, et j'en ai retiré de grands avantages sur les terrains argilo-granitiques, tandis qu’il réussit mal sur ceux qui sont argilo-calcaires. Je suis à l'essai d’un autre dit anglais, dont M. Georges de La Fayette n'avait envoyé un échantillon. « Ayez foi à tout ce qu’on vous dit de bien sur le topinambour : c’est une plante-racine des plus précieuses. Je la cultive depuis six ans avec les meilleurs résultats. Mes voisins vont m'’imiter ecette année, et j'ai plusieurs demandes de tubereules. Les moutons en sont friands, et eela les engraisse rapidement; les vaches les mangent aussi avec avi- dité, et ils ajoutent à la quantité et à la qualité du lait, surtout lorsqu'on répand sur ces tuberecules, après avoir divisé, en deux ou trois, les plus gros, une petite quantité de sel pilé; les cochons, — comme on vous l'écrit de Grenoble ,—les repoussent d’abord, mais ils s’y accoutument bientôt. Je n’ai jamais eu besoin de les faire cuire. » M. Chevalier, membre correspondant à Pradelles, 158 RÉSUMÉ DES SÉANCES. adresse les renseignements suivants sur quelques essais de culture : « ….L'étude et la culture des plantes susceptibles de réussir dans notre rude climat occuperont, à l'avenir, mes loisirs. Le colza réussit à merveille sur notre sol : un double décalitre me donne dix livres d’une bonne huile; les choux prospèrent aussi bien qu’au Puy. « À votre séance de novembre, j’eus l'honneur de vous faire connaître le résultat de la culture de navet blanc sur nos montagnes. La graine, que je tenais de Ja Société, lève très promptement, et la plante croit en quelque sorte à vue d'œil; elle peut être un jour d’une grande utilité non seulement pour le ménage, mais encore pour les vaches laitières. Je erois qu’une petite quantité de cette nourriture donnée chaque jour, rendrait le lait plus abondant et doublerait le produit en crème. « Ce navet doit être semé clair, à raison du développement remarquable de sa touffe; il veut être biné à plusieurs reprises et par un temps sec, jamais après la pluie. » M. Dumontat lit le rapport suivant sur le blé dit raganiou : Messieurs , Dans votre dernière sance, vous m'avez chargé de vous faire un rapport sur la culture du froment rouge glacé d'Auvergne ; AVRIL. 139: dont la qualité s’est beaucoup améliorée à Clermont. Grace à M. Magnin, fabricant de pâtes façonnées, ce froment occupe aujourd’hui le premier rang dans la Limagne parini les grains qu’on y cultive, et par cette raison votre commission a dû examiner avee une attention particulière le rapport de M. du May, membre de la Société d'Agriculture du Puy-de-Dôme. Cette question aurait aussi pour nous un immense résullat, st nous avions, au Puy comme à Clermont, un établissement sem- blable à celui de M. Magnin, qui emploie, à ce qu'il paraît, une grande quantité de farine provenant de cette qualité de fro- ment, dont la valeur était jadis de 2 fr. par hectolitre au dessous de celle du froment blane, et qui, aujourd’hui, vaut 3 fr. de plus. Nous comprenons jusqu’à un certain point ce changement opéré sur les marchés de Clermont, à cause de la grande con- sommation qu'en fait M. Magnin pour la fabrication de ses pâtes façconnées, lesquelles rivalisent aujourd’hui avantageusement avec celles d'Italie; mais nous ne pensons pas que sur les marchés des autres villes de ce département on retrouve les mêmes avantages, et à plus forte raison sur les marchés des villes de Ja Haute-Loire. IL faudrait pour cela qu’on fit plus de pâtes faconnées, qu’on en fit du pain blanc, et ce n’est pas possible. Nous vous ferons remarquer cependant que ce froment rouge peut être employé avec beaucoup de succès pour faire le pain blanc de deuxième qualité et le pain passé; nous ne doutons pas non plus qu’on pourrait l’employer très avantageusement à la fabrication du pain ordinaire de nos cultivateurs, avec le mélange du seigle, qui, seul, ne produit qu’un pain humide, gluant et peu nutritif. Sous ce rapport, ce mélange produirait un pain plus nourrissant et plus économique. Ainsi, il serait bon d’encourager nos cultivateurs à se livrer plus largement à la culture de ce froment rouge glacée qui n'est autre chose, à mon avis, que ce que nous appelons le raganiou, espèce qui nous à été apportée du Midi depuis quelques années. 1 serait facile, d’ailleurs, de comparer ces deux espèces de froment, en faisant fabriquer des pâtes avee ce dernier, et si la différence 140 RÉSUMÉ DES SÉANCES. est en faveur du froment rouge glacé, on pourrait se procurér facilement de la semence achetée sur les marchés de Clermont ou d'Issoire. Il a déja été reconnu ïci que le raganiou végète très bien ; la paille est beaucoup plus forte que celle du froment blanc, ct par conséquent beaucoup moins sujette à verser ; l’épi est bourru, les arêtes et les enveloppes qui le recouvrent préservent bien mieux ce grain de l'influence des rosées blanches que pour le fro- ment blanc, et du reste, il est plus productif; seulement, la paille est beaucoup moins recherchée pour la nourriture des bestiaux. Nous n’en concluons pas moins qu'il faudrait encourager la culture de ce froment, sous le rapport du service qu’il peut rendre à la classe ouvrière, celle qui consomme le plus de pain; et si jamais il s’établissait chez nous des fabriques de pâtes façconnées, nous recueillerions, comme à Clermont, le bénéfice qu'offre la culture de ce froment rouge glacé. J'ai habité longtemps Issoire, qui est un pays éminemment agricole, et je puis vous certifier qu'une grande partie des terres de cet arrondissement est ordinairement ensemencée de cette espèce de grain. IL est donc tres utile d'en propager la culture : les environs du Puy, de Saint-Paulien, les plaines de Saint-Germain, de Lantriac et de lEmblaves seront très favorables à la production du froment rouge glacé. Anrs iNDusTRIELs. — M. le Président appelle l’at- tention de l’Assemblée sur la Chambre consultative des manufactures de la Haute-Loire. Il exprime le regret qu'elle n'ait pas été appelée à nommer un délégué au Conseil général de l'Agriculture et des Manufactures, bien que l’une de nos principales industries, celle de la dentelle, eût à provoquer en sa faveur la sollicitude de cette Assemblée et du Gouvernement. Ces observations donnent lieu à un débat sur les AVRIL. 1241 attributions de ce corps, lequel, dans aucune cireons- tance, ne semble pas avoir donné signe d’existence, au détriment des intérêts industriels de notre pays. En conséquence, M. le Président est prié d’en écrire à M. le Ministre de l’agriculture et du commerce. Dans une lettre dont il est fait lecture, M. le Préfet sollicite la Société de lui transmettre les notions et les faits numériques qui peuvent donner une connais- sance positive de la pêche dans les rivières, étangs, marais, et autres eaux douces du département, d’a- près une demande qui émane de M. le Ministre de l'agriculture et du commerce. Cette lettre est renvoyée à M. de lEguille, avec prière d’y repondre, et de communiquer à la Société le résultat de ses investigations. SCIENCES MÉDICALES. — M. Je docteur Andricux, membre non résidant, adresse la notice suivante sur l’organisation de l'établissement hydrothérapique qu’il a créé à Brioude, les moyens de traitement, les malades reçus et les résultats obtenus. Cet envoi est accompagné d’une « notice [imprimée] présentée à l’Académie de médecine sur l'appareil à sudation » de l'invention de M. Andrieux. INSTITUT HYDROTHÉRAPIQUE DE BRIOUDE. ORGANISATION , MOYENS DE TRAITEMENT, MALADES RECUS, RÉSULTATS OBTENUS. Messieurs , Il y a trois ans, j'eus l'honneur de vous adresser un Mémoire sur l’hydrothérapie, ou traitement de certaines maladies par Peau. 149 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Vous eütes l’obligeance d’accueillir ce travail avec faveur, et vous m'en témoignâles vos sympathies en m’inscrivant sur la liste des membres de votre Compagnie. Je disais alors que je me ferais un devoir de vous tenir au courant de mes actes et de mes résultats. Jusqu'ici ma promesse n’a pas élé remplie, et vous m'’excuserez en songeant au temps et aux soins qu'a dû me coûter l’organi- sation d’un établissement sans antécédents, et pour lequel il a fallu tout créer dans une localité aussi dépourvue que Brioude, de toute ressource industrielle. Graces à Dieu, pourtant, à force de soins et de travail, je suis parvenu, en très peu de temps, à un état de développement et de prospérité que je n'aurais pas osé espérer Jorsque je mettais mon projet et mes premiers pas sous votre patronage. © Vous avez accueilli mes premiers efforts, et dévoués, comme vous l’étes, aux progrès de toute nature, aux entreprises de tout genre qui peuvent intéresser le département, vous apprendrez.avec plaisir la situation de l'institut hydrothérapique de Brioude. Mes débuts ont été bien modestes : une douche, quatre cabinets. de traitement organisés. tant bien que mal dans une espèce de cave, étaient fout ce que je possédais en 4848. Sept malades vinrent réclamer les secours de ce que l’on nommait la médecine par l’eau froide, malgré les manœuvres et la malveillance des opposants, et ils étaient nombreux, puisqu'ils se recrutaient de tous les gens qui, par paresse, par mauvais esprit ou par intérét, se. mettent en opposition avec tout progrès qui les devance. Cependant, j'avais confiance dans mon entreprise; les faits étaient pour moi, et malgré tout, je fis de nouvelles acquisitions; Phiver tout entier fut consacré à d'importantes constructions. En 4849 j'eus vingt-un malades : c’était tout ce que je pouvais recevoir. Comme Pannée précédente, je passai tout l'hiver en amélioratjons. J'ai eu, pendant la campagne de 1850, soixante-deux malades; et comme l’année précédente, la place m'a manqué pour suffire à toutes les demandes. Au mois de novembre 4850, les ouvriers ont cté mis de nouveau a Pœuvre, el j'ai opéré les améliorations, les agrandissements que AVRIL. 145 le local a pu comporter. Malgré ce que je puis faire, je m’attends encore à manquer de place : une centaine de personnes sont déjà inscrites, et de toute parton me parle de malades qui se disposent à venir se soumettre au traitement. L'établissement se compose aujourd’hui de dix corps de logis, destinés soit au traitement, soit au logement des malades. Je suis loin de le citer comme un modèle d'architecture : toujours pressé par le temps, j'ai dû chercher à profiter des constructions qui exisfaient déjà. Malgré cela, je crois avoir réussi à réunir les commodités de l'habitation à toutes les ressources du trai- tement. Je ne pense pas que, sous ce rapport, il existe ailleurs un établissement plus complet. Les constructions sont groupées de telle façon, les moyens de communication sont ménagés de telle sorte, que presque tous les pensionnaires de l’établissement peuvent aller de chez eux aux salles ou aux cabinets de traitement sans cesser d’être à couvert, et les dispositions sont telles aujourd’hui, que les deux sexes sont complètement isolés. Une vaste salle de sudation ayant au centre une grande piscine, est destinée aux homines. Au lieu d’une seule salle, les dames en ont deux plus petites, et desservies par une piscine spéciale. Les bains de siège, les lotions, les ablutions, les applications de draps mouillés, etc., s’administrent aussi dans des salles séparées, dans un corps de logis pour les hommes, dans un autre pour les dames. Les malades que des raisons particulières m'obligent à placer sépa- rément, ou qui désirent étre seuls, ont des cabinets séparés, des baignoires, des bassins, ete., qui ne servent jamais à d’autres qu'eux. Désirant compléter et étendre autant que possible les ressources d’un traitement spécial, j'ai joint à l'établissement un bain russe ct oriental, qui se compose de quatre pieces bien distinctes : 1° létuve, carrée, de seize mètres de surface, voütée et chauffée par un tube de vapeur et un tube d’air chaud [des cheminées d'appel permettent d'en régler la température à volonté]; 2 Je vestiaire; 5° la douche; 4° la piscine. Pour les journées pluvieuses, qui ne permeltent pas la prome- nade au dehors, j'ai fait construire de grandes graleries couvertes, qui relient plusieurs corps de logis. 144 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Les eaux sont reçues dans cinq bassins ayant chacun une température différente, depuis 100 jusqu’à 5o au dessus de zéro, et les tuyaux sont disposés de telle façon que l’on peut avoir au méme instant, dans toute la maison, de l’eau à toutes les tempé- ratures intermédiaires. L'eau est élevée par une machine à vapeur, donnant de cent à cent vingt litres d’eau à la minute. Les dispositions du générateur sont telles, que, en même temps qu’il imprime le mouvement à la machine, il peut lancer de la vapeur dans l’étuve du bain russe et dans le bassin qui contient l’eau la plus chaude, maintenue ainsi à une température moyenne de 80 à 90. Les grandes douches ont quatre jets descendants de forme et de force différentes, et un jet horizontal mobile. Dans un cabinet séparé sont placées deux douches ascendantes. Je ne dois pas oublier, Messieurs, de vous signaler un nouvel appareil que j'ai imaginé, nommé appareil à sudation. Simple dans sa construction, cet appareil, que j'ai présenté à l’Académie de médecine, avec la notice a«-jointe, a l'immense avantage de réduire à deux heures et demie, au maximum, les enveloppements qui, avant son application, duraient cinq, six et même huit heures. Les malades doivent à cette idée, dont je cherchais depuis longtemps l'exécution, une économie considérable de temps et de patience. Outre ces grands moyens, qui constituent le traitement hydro- thérapique proprement dit, j'ai mis au service des malades des appareils hémospasiques ou grandes ventouses junod, des appareils électriques et galvaniques, des métrothermes, etc., qu’il est assez difficile de mettre en usage dans la pratique habituelle de Ja médecine. Cest en combinant les diverses ressources que je viens d’énumérer, que j'ai pu obtenir les heureux résultats que tout le monde connait aujourd’hui, et dont quelques-uns ont frappé d’étonnement les plus incrédules. En attendant que je puisse vous faire connaitre avec tous leurs détails les observations que je possède, permettez-moi, Messieurs, de les faire passer sous vos yeux en énonçant seulement leurs titres. Ce s2ra déja vous donner une idée de ce que peut nr AVRIL. 145 produire le traitement hydrothérapique administré rationnellement, et dépouillé des ridicules exagérations, de l’empirisme révoltant dont quelques hommes, sans pudeur et sans garanties, avaient cherché à Pentourer, afin de mieux surprendre le public, toujours trop disposé à devenir la dupe des charlatans. Maladies contre lesquelles j'ai employé le traitement hydrothérapique. 4° Maladies du tube digestif el du foie. Gastro-entérite chronique ; —affection chronique de l'estomac et du foie , éruption pustuleuse, perte de l'appétit, digestion tres pénible, affaiblissement extrême, teint jaunâtre, découragement extrême; — atonie générale, maigreur extrême, impressionnabilité excessive, digestions pénibles, dégoût pour les aliments, douleurs sourdes dans le trajet du tube digestif, constipation invincible; — atonie du tube digestif, diarrhée, pertes utérines, hystérie, âge critique; —débilitation extréme, incapacité de travailler, mauvaises digestions, maigreur excessive, scorbut ;—gastralgie franche; —affection chronique de l’es- tomac, engorgement du foie, rhumatisme erratique, faiblesse ex- tréme , découragement, hypochondrie;—gastrite chronique, rhuma- tisme, anémie, suite de l'abus des saignées, inertie de la peau, consti- pation extrême, mélancolie; —atonie de l'estomac, entrainant l’im- possibilité de se livrer aux travaux intellectuels, rhumatisme de l'épaule et vague, bourdonnements d'oreilles ; — affection du foie , douleurs d'estomac, rhumalisme articulaire ;—engorgement du foie, atonie de la peau ; —débilitation de Pestomac, suite d’un mauvais régime; — atonie générale , suite d'affection chronique de l’estomac, perversion des fonctions de la peau, digestions incomplètes, obligation de garder la chambre la plupart du temps à cause de limpressionna- bilité;—débilitation générale, perte d’appélit, douleurs épigastriques, vomissement de tous les aliments, déviation de la matrice. 20 Rhumatismes, Névralgies, Goutte. Rhumatismes articulaires aigus, violents; —rhumatisme du genou 146 RÉSUMÉ DES SÉANCES. avec commencement d'hydropisie ; —rhumatismes vagues chroniques ; —rhumatisme général, suite de couches, état lymphatique; —lumbagos aigus ; — lumbagos chroniques ; — rhumatisme musculaire crural; — rhumatismes de l'intestin , de l’épaule ;—coxalgie, ankylose, goutte; — rhumatisme goutteux, hydartrose ; — rhumatisme de la tête; rhumatisme du dos et de la tête, obésité; — rhumatisme erratique , gastro-entéralgie, perte d’appétit, digestions pénibles, embarras des idées, froid aux pieds et aux mains, découragement, hypochondrie; — sciatiques aiguës ;—scialiques chroniques ; —névralgie générale de la tête, chronique ; —névralgie faciale; —névralgie frontale et temporale, chronique; — névralgie intercostale ; — névralgie erratique et surtout de la tête; hystérie. 3° Maladies nerveuses, Névroses. Hystérie avec accès caractéristiques ; —hystérie avec accès de sept à huit heures, névralgie faciale, intercostale , urétrale, paralysie de la vessie, insomnie, crachements de sang dus à un dérangement de la menstruation ; — hystéricisme sans exces francs ; —chorée ou danse de Saint-Guy ; —épilepsie; —hypochondrie. 4° Maladies du cerveau et de la moelle épinière. Paralysie complète ou à peu près; —paralysie de plomb;—congestion permanente de la téte, froid aux extrémités ; — congestions successives et passives, engourdissement d’un côté du corps ; —céphalalgie rebelle à tous les moyens , et que j’ai cru de nature rhumatismale ;—absences fugaces, diminution des facultés intellectuelles, susceptibilité ner- veuse extréme;—affections de la moelle épinière non organiques, paralysie des membres inférieurs, douleurs vers un point limité de la région lombaire. 90 Maladies de la peau. Teigne faveuse ;—favus, eczèma chronique occupant les bras, les cuisses , les jarrets , impétigo sparsa , constitution plus que lympha- tique; — prurigo général ayant résisté à toutes les médications ; — mentagre, couperose, herpès;—vieux ulcères des jambes; — éruption furonculeuse datant de plusieurs années. AVRIL. 147 60 Maladies des organes génilo-urinaires. Métrite chronique, pertes blanches ;—engorgement , ulcérations de la matrice, stérilité; —engorgement, érosions, quatre fausses couches; —engorgement, élévation démesurée dela matrice, stérilité, ulcération du col, engorgement de la lèvre postérieure, fleurs blanches, mauvais état de toute l’économie, stérilité; —engorgement, excitation extrême des fonctions génitales, traitements intempestifs, bizarrerie du carac- tère , stérilité ;—engorgement, ulcérations, élévation de la matrice ; — cystite chronique; — catarrhe de la vessie ; — hématurie, pertes ‘utérines ; —hématurie sans douleurs. 79 Maladies diverses. Aliénation au début; —atonie de toute l’économie, sueurs visqueuses et froides, impressionnabilité extréme , paresse de toutes les fonctions, posilion rendant souvent la vie à charge ; —laryngite tuberculeuse ; — douleur extrême de l'épaule, impossibilité de travailler et de lever le bras, suite d’une ancienne fracture; —fièvres inflammatoires ;—fièvres typhoïdes à la période extrême. Sur cent dix-neuf cas concernant ces diverses affections, quatre- vingt-six ont été suivis de guérison, trente ont été plus ou moins améliorés, et trois ont élé sans effet. Vous le voyez, Messieurs, malgré la grande variété de cas qui se sont présentés, les résultats sont satisfaisants, et d’autant plus satisfaisants que la plus grande partie des malades mentionnés ci- dessus, — tous ceux traités dans l’établissement, — étaient affectés de maladies chroniques, ayant par conséquent résisté à d’autres traitements, Les moyens auxquels nous avons eu recours ont été extrêmement nombreux. L’hydrothérapie, pour quiconque sait l'employer, est une méthode d’une grande richesse, capable de produire des effets nombreux, car elle peut fournir les éléments d’une médication débilitante ou tonique, calmante ou excitante, dérivative, spolia- tive, dépurative, perturbatrice, ete., etc. Cest presque toujours Veau que nous employons , mais l’eau à des températures variables, 148 RÉSUMÉ DES SÉANCES. et appliquée en boisson, lavements, injections, bains généraux, douches, demi-bains, bains partiels, bains de pieds, de jambes, de bras, de siège, de téte, lotions, affusions, ablutions, appli- cations de drap mouillé sur tout le corps, de compresses isolées, calmantes ou excitantes, etc. Si l’on joint à tous ces moyens les sueurs provoquées par les enveloppements, le bain russe, etc., on est bien convaincu que les moyens d’action ne manquent pas; il ne faut que savoir les appliquer , les combiner rationnellement , et c’est là qu'est tout le secret de l’hydrothérapie. La besogne serait bien simplifiée si, au lieu d’un traitement variable selon chaque sujet et souvent chaque jour pour le même sujet, on suivait la manière d’opérer de quelques individus qui jettent tous les arrivants comme au méme moule. Chacun doit, quand méme, suer ou se gorger d’eau comme son voisin, et puis advienne que pourra. Il faut bien reconnaitre à la méthode hydro- thérapique une merveilleuse efficacité, lorsqu'on la voit produire quelques bons résultats même en pareilles mains. Pour réussir en hydrothérapie , il faut beaucoup de soins, beaucoup d'attention. Dans les établissements thermaux, lorsque les malades ont pris le bain ou bu quelques verres d’eau, tout est dit. La prescription est simple, le traitement nest qu’un instant. Chez nous, au contraire, le traitement dure toute la journée, les moyens se succedent sans relâche, nombreux et variés. Nous devons nous rappeler les pratiques déja mises en usage, les effets qu’elles ont produits; nous devons savoir quels phénomènes peuvent se manifester; nous devons nous attendre à être obligés de modifier chaque jour le traitement de la veille; enfin, quelques secondes de différence dans la durée d’une pratique, quelques degrés de plus ou de moins dans la température de l’eau, produisent des effets tout différents, parfois tout opposés. La direction d’un établissement hydrothérapique exige une sur veillance, une attention de chaque minute : il faut se soumettre à vivre avec ses malades, à ne pas les quitter un instant, à les suivre partout et dans les plus menus détails de leur traitement. Ce n’est qu'à cette condition que l’on doit espérer des succès. AVRIL, 149 Je suis parvenu, à force d'essais, à un moyen aussi simple qu'assuré d'éviter toute erreur dans les prescriptions et dans leur exécution. Voici comment je procède : À son arrivée dans l'établissement, chaque malade écrit son his- toire avec tous les détails et toute lexactitude dont il est capable; puis, par un interrogaloire minutieux, je complete l'observation, que j'écris. Ces deux pièces constituent un dossier au moyen duquel j'établis le diagnostic et les bases du traitement. Alors le nouvel arrivant reçoit un petit livret qu’il dépose chaque soir, et qui lui est remis {ous les matins. Sur ce livret le traitement est inscrit jour par jour, heure par heure, et le malade écrit en regard des prescriptions de chaque jour ses observations, les effets qu’il éprouve. De la sorte, rien ne peut étre oublié, ni par le malade, ni par le médecin; et comme les livrets restent entre mes mains au départ des malades, mes observations acquierent toute l'authenticité possible, Outre cela, des tableaux imprimés, remplis chaque jour et résumant tous les livrets, me permettent de pouvoir rappeler à toute heure à chacun de mes malades ce qu'il y a à faire. La confection journalière des livrets et des tableaux me prend beaucoup de temps; mais les avantages que j'en retire compensent largement la peine que je me donne. Sans cette précaution , il serait impossible de faire régner l’ordre, l'exactitude et la sécurité dans un établis sement de quelquè importance. Voilà, Messieurs, la marche que j'ai suivie pour l’organisation dé mon établissement, et les moyens à l’aide desquels ont été obtenus les résultats dont je vous ai donné le sommaire. 1 ! Depuis le moment où cette note a été écrite, les proportions de l'établissement ont singulièrement augmenté. En 4852 11 recevait quarante-cinq malades en même temps; il en recevra cinquaute-cinq en 1855. IL contient aujourd’hui trois salles de sudation: pour les hommes, pour les dames , et une pour messieurs du Clergé. Les jets des grandes douches sont aujourd’hui au nombre de quinze, de formes et de grandeurs différentes. De nouvelles fouilles ont amené la découverte de sources capables de TOME XYI. 10 450 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Onsets D’ADMINISTRATION.—M. le Ministre de l’agri- culture et du commerce écrit que les ressources du budget de l’agriculture ne lui permettant pas d’al- louer aux Sociétés Agricoles les secours qui leur avaient été accordés précédemment, il a fixé à 2500 fr. celui de la Société pour cette année. L'Assemblée regrette vivement que l’allocation ait été réduite de 1000 fr., et elle exprime le vœu qu'en 1852 M. le Ministre veuille bien restituer cette somme, sans laquelle la marche régulière de la Société pourrait être gravement compromise. Elle exprime les mêmes regrets et le même vœu à l'égard d’une décision semblable de M. le Ministre de l'instruction publique qui, pour des motifs ana- logues , a cru devoir supprimer la minime allocation accordée à titre d'encouragement pour les travaux scientifiques de la Compagnie. Dewaxpes p’Anmission. — M. Anatole Dauvergne, artiste peintre, écrit pour solliciter le titre de membre non résidant , et présente, comme titre d’admission , le Mémoire qu’il a envoyé à la précédente séance, sur les peintures murales de la chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe. Il ajoute : fournir trois cent mille litres d’eau par jour. Les piscines seules, au nombre de quatre, en consomment de cinquante à soixante mille litres, et des bassins élevés à la hauteur du premier étage tiennent constamment en réserve trente mille litres sans cesse renouvelés. Brioude, 9 février 4855, ANDRIEUX, docteur-médecin. AVRIL. 15 « Toutefois, je ne considère pas comme un titré suffisantpour mériter cet honneur, ma noticesurSaint- Michel. Frappé du mérite de certaines peintures qui ornent les églises de la ville du Puy, j'avais entre- pris de réunir les matériaux d’une étude biogra- phique et analytique des toiles de plusieurs peintres, tels que Guido Francisco, Jean François, Buffet, Staron, Guillaume Rome, ete., ete.; mais j'avais besoin de revoir les types conservés au Louvre, dé vérifier certaines dates , et si la Société Académique veut bien agréer cet hommage, j'aurai l'honneur de lui adresser prochainement ce petit travail. Il n'est point douteux pour moi que Guy François, digne émule des Cavaravage, Ribèra, Murillo, Va- lentin de Boullongue, ne soit le chef d’une école florissante au Puy dans le dix-septième siècle, et éteinte au dix-huitième. « Déjà, depuis mon départ du Puy, j'ai pu ajouter à l’article de Guy Francois quelques notes sur un très beau tableau conservé dans l’église de Gannat, et j'ai retrouvé dans celle de Montluçon une peinture capitale de Guillaume Rome, de Brioude. « Cette étude est, à mon avis, une des plus importantes pour l’histoire de l'art au dix-septième siècle; mais n’aurait-elle pour but ou pour résultat que de provoquer quelques mesures nécessaires de conservation des œuvres importantes qui enrichissent les églises du Puy, je me trouverais bien récom- pensé des peines que ce travail va me donner: » 152 RÉSUMÉ DES SÉANCES. MM. Aymard, de Vinols et Ch. Calemard de La Fayette sont nommés membres de la commission. M. Dubois de Niermont, ancien préfet de la Haute- Loire, a adressé à M. le Président la lettre suivante Monsieur LE PRÉSIDENT, Avant de quitter ce département, où j'ai eu le bonheur de trouver bien des sympathies imméritées, permettez-moi de vous prier de remercier la Société si distinguée que vous présidez, de l'honneur qu’elle m'a fait en m’appelant à la présider dans l’une de ses séances solennelles. J'aurais voulu , monsieur le Président , ainsi que je l’avais annoncé, réaliser quelques avantages pour votre savante Société; ce désir eût été satisfait, je n’en doute pas, tant il était vif en moi. J’aurais voulu acquérir, enfin, quelques titres réels et personnels à l’honneur dévola aux fonctions que j'occupais. Je me serais trouvé infiniment honoré d’être admis dans votre Compagnie, et à défaut d’une grande valeur littéraire ou scientifique, je vous aurais apporté un grand dévoûment, et on n'aurait pas oublié non plus que j'ai été assez heureux pour approuver le plan de votre nouveau Musée, et que j'ai obtenu pour son ornementation les bas-reliefs du Parthenon. Jai publié autrefois quelques ouvrages, particuliérement sur la science de l’administration publique. Je prends la liberté de vous offrir, monsieur le Président, ainsi qu’à la Société, le principal de ces ouvrages, qui a été, dans son temps, jugé avec trop d’indulgence. En appréciant aujourd'hui ce travail, il faut faire la part des révolutions, qui, nous le savons très bien, modifient profondément tout ce qui appartient à l'administration. Je serais très heureux que la Société Académique du Puy voulüt bien trouver dans mon livre un titre qui m’eût rendu digne d’étre admis dans son sein. Agréez, monsieur le Président , la nouvelle assurance de ma haute considération, Ex. DUBOIS,. AVRIL. 155 L'Assemblée, désireuse de donner à M. Dubois de Niermont un témoignage particulier de sa vive grati- tude et de ses regrets, le proclame par exception, séance tenante, membre honoraire. M. Bertrand de Doue fait le rapport suivant : Messieurs, Dans votre dernière séance, M. le Président de la Société a chargé une commission de vous faire un rapport sur les titres produits par M. J.-B. Dalmas, de Rosières, pres Joyeuse [Ardèche], à lPappui de sa demande d'admission au nombre de vos membres non résidants. Cest ce rapport que je vais avoir l'honneur de vous présenter. Depuis dix ans, M. Dalmas s'occupe , — c’est lui-méme qui nous l’apprend, — d’une « Cosmogonie basée sur les faits physiques, astronomiques et géologiques qui ont été constatés par les savants du dix-neuvième siècle, » Son principal but, en publiant cet ouvrage, qui aura nécessai- rement une grande étendue, si l’auteur embrasse les différents points de vue que comportent ces recherches, serait de montrer comment les faits concordent avec l’ordre dans lequel les récits de Moïse nous apprennent que les différentes classes d’étres inorganiques ou animés ont été produits par la volonté du Créateur. C'est là sans doute une laborieuse tâche, non que cet accord puisse étre mis en doute, car les travaux accomplis par les savants du dix-neuvième siècle, quoique entrepris, il est permis de le dire, dans la seule vue de ravir à la nature les secrets qu’elle semble ne céder qu'à regret, ont montré par quels rapprochements inattendus l'œuvre des six jours se trouvait en harmonie avec ce que Pon sait aujourd’hui de l'apparition successive des êtres à la surface du globe. Mais entreprendre, ainsi que se le propose M. Dalmas, d'exposer et de discuter les différents systèmes cosmogoniques pour mettre les lecteurs à même de juger de leur valeur, et de peser ensuite dans 154 RÉSUMÉ DES SÉANCES. la méme balance le mérite du sien, c’est la un projet dont l'accom- plissement exige du temps et du courage, et qui laissera à son auteur, — qu'il le termine ou non, — l'honneur d’avoir osé l’entreprendre, M. Dalmas écrit avec facilité, quelquefois avec élégance, ainsi que votre commission a pu en juger par l'introduction à ce grand ouvrage, qui vous a été adressée manuscrite, A ce titre, son auteur se recommanderait déjà à vos suffrages. M. Dalmas en aura bientôt un autre d’un genre plus positif, et par cela même plus en harmonie avec le but de notre Association. Il s'agirait, en effet, d’une carte géologique du département de l'Ardèche, dont les matériaux sont en grande partie réunis, et pour laquelle il aurait obtenu le concours du Conseil général de ce département. Les rapports qui lient intimément nos terrains volcaniques à ceux du Vivarais, ceux plus éloignés, mais non moins réels, qui existent entre les dépôts de calcaire d’eau douce de ce pays et du nôtre, doivent nous faire désirer que la publication de cette carte, dont il serait possible cependant que l’auteur n’eût pas apprécié com- plètement les difficultés et la dépense, ait lieu au plus tôt. Nous y trouverons matière à d’intéressants rapprochements. Tout se réunit donc pour vous faire considérer M. Dalmas comme un collaborateur précieux, et par ses connaissances et par l’activité de son esprit. Votre commission vous propose, à l’unanimité, de porter son 1om sur le tableau de vos membres non résidants. IL est ensuite procédé au scrutin, et le récipien- daire ayant obtenu l'unanimité des voix , est nommé membre non résidant. À huit heures la séance est levée. SÉANCE DU 3 MAI. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Circulaire de M. le Président au sujet de la représentation agricole, insérée dans le « Moniteur de la Propriété et de l'Agriculture. » — Mémoire de M. Aymard sur une porte romane de lPéglise de La Voûte- Chilhac, reproduit dans le « Bulletin Monumental » ; — Instruc- tions pour la conservation des objets d’art appartenant aux églises; Communication adressée à Mgr lEvéque. — Ouvrage d’archéo- logie grecque et latine, par Ph. Lebas, donné par M. de Becdelièvre. — « Mémoires de la Socicté pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans Le grand duché du Luxembourg », envoyés par cette Société. — « Statistique Monumentale de Paris », deux livraisons données par le Gouvernement. — « Recherches sur l'insurrection communale de Vézelay au douzième sicele », par M. Léon de Bastard; Don fait par l'auteur, — « Recueil administratif de la Haute-Loire » et. « Budget départemental » , envoyés par M. le Préfet; Dépôt à la bibliothèque historique. — Acquisition de soixante et dix exemplaires d’un petit » Traité d'Agriculture élémentaire » , par M. Lagrue, pour étre distribués aux instituteurs primaires. — Demande de la cellection des « Annales » par la Société des Antiquaires de France. — Ré- ception et énumération d’un grand nombre d'objets d’art et de curiosité recueillis par M. de Vaux, officier de marine, dans un voyage de cireumnavigation, et donnés par lui au Musée. — Dons de plusieurs autres objets d'art et de curiosité par MM. Is. Hedde, Joyeux, Torrillon, Duchamp, l'abbé Michel, ete. — Demande faite par M. le Curé de l’église des Carmes, du tableau de la Samaritaine, en échange d’une ancienne peinture ; Ajournement.—Programme des prix arrêté par le Comice Agricole de Brioude.— Gale observée chez les animaux de l’espèce chevaline à Champelause; Rapport de M. Bouix; Explications de M. Gire. — Tige d’épicéa de trois ans, offrant trois mètres de long ; Lettre de M. le docteur de La Bruyère; Observations de MM. Aymard et Lobeyrac. — Lettre de M. de Brive à M. le Ministre de lagriculture, au sujet des réclamations de M. Olivier sur le concours régional d'Aurillac; Observations de MM. Charles de La Fayette; Vœu de Assemblée sur le classement des animaux de lespèce bovine aux concours régionaux. — Communication de M. Aymard au sujet du concours offert par M. Chambellant, inspecteur général d'agriculture, pour la solution de diverses questions agricoles. — « Contrôle et législation des Engrais », ouvrage adressé par M, de Sussex; Renvoi à M: Chouvon. — Procréation des sexes à volonté chez les animaux de l'espocc 156 RÉSUMÉ DES SÉANCES. bovine; Communication de M. Porral. — Empoissonnement des rivières; Rapport de M. Lobeyrac. — Transport de jeunes an- guilles pour le repeuplement des cours d’eau; Communication de M. Aymard. — Situation de la péche dans la Haute-Loire; Rapport de M. de l’Eguille. — Demande d'admission comme membre résidant, par M. Emile Giraud; Envoi d’un dessin aux trois crayons et d’un Mémoire; Commission nommée. — Demande d'admission comme membre correspondant, par M. Jean, pro- priétaire à Farigoules; Renvoi à la prochaine séance. — Rapport sur l’admission de MM. Dauvergne, Pomel et Bravard, comme membres non résidants; Admission des récipiendaires. En l’absence de M. le Président, M. Porral, vice-président, est appelé à diriger la séance, qui est ouverte à trois heures. M. le Secrétaire donne lecture du procès-verbal ; il est approuvé sans réclamations. Pugricarioxs. — Au nombre des ouvrages reçus, M. le Président signale particulièrement ceux qui suivent : « Moniteur de la Propriété et de l’Agriculture », dans lequel a été insérée la circulaire de M. de Brive, président de la Société, relative à l’organi- sation de la représentation agricole, adressée aux membres de l’Assemblée législative et aux Associa- tions scientifiques ; « Bulletin Monumental », qui reproduit le travail archéologique de M. Aymard, secrétaire de la Société, sur upe porte du onzième siècle existant dans l’église de La Voüte-Chilhac [Haute-Loire], Mémoire extrait des « Annales. » MAI. 157 Ce dernier Recueil contient des instructions impor- tantes pour la conservation des objets d’art appar- tenant aux églises, et il est arrêté qu’elles seront communiquées à Mgr lEvèque. M. de Becdelièvre fait hommage de cinq volumes d'archéologie grecque et latine, par Ph. Lebas. On y remarque surtout une série d'inscriptions décou- vertes en Morée par l'expédition française. Ce don est accueilli par un vote de gratitude. Cette belle publication avait été offerte par l’auteur à M. de Becdelièvre, en témoignage de la satisfaction qu’il avait éprouvée à la lecture du Mémoire de notre honorable confrère sur les antiquités de Margeaix. L'Assemblée agrée également avee beaucoup de faveur les cinq premières livraisons des « Mémoires de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans le grand duché du Luxembourg », que eette Compagnie savante lui à adressées ; Et les vingt-sixième et vingt-septième livraisons de Ta « Statistique Monumentale de Paris » , ouvrage illustré de belles planches, qui lui est donné par M. le Ministre de l'instruction publique. Des remerciments sont votés à M. Léon de Bastard, membre non résidant, pour l'envoi d'un Mémoire ayant pour titre : « Recherches sur l'insurrection communale de Vézelay au douzième siècle », travail 158 RÉSUMÉ DES SÉANCES, intéressant pour l’histoire des communes, qui sera classé à la bibliothèque historique. Seront déposés à la même bibliothèque divers numéros du « Recueil Administratif » et le « Budget départemental », qui ont été envoyés par M. le Préfet. M. de Brive écrit pour proposer l'acquisition d’un petit traité d’agriculture élémentaire théorique et pratique, par M. Lagrue , un volume in-8°, « comme spécimen à bon marché propre à être répandu dans les campagnes. « Je lai lu avee soin, ajoute-t-il : il contient, dans un ordre très rationnel, très clair, mais suc- cinct, tous les principes propres à éclairer la pratique de l’agriculture. « Je le regarde comme pouvant être particulière- ment utile aux instituteurs primaires qui voudraient donner des instructions agricoles. » L'Assemblée adopte cette proposition, et vote. l'acquisition de soixante et dix exemplaires à 4 fr. 25 c., pour être distribués en prix aux institutions scholaires de la campagne. M. le Président de la Société des Antiquaires de France écrit que cette Société attacherait le plus grand prix à posséder la collection de nos « Annales », “ contenant une série de travaux qui, d’après Le . MAL. 159 dernier volume qu’elle a reçu, lui parait devoir pré- senter beaucoup d'intérêt. » Cette demande est prise en considération. Musée. — Sont déposés sur le bureau les objets suivants, qui ont été envoyés à la Société, Par M. Louis de Vaux, officier de marine de la frégate « La Poursuivante » : Casse-tête des iles Walis; — de la Nouvelle-Calcédonie ; — de Nouka-Hiva; — royal des iles Salomon; Poignard à dents de requin des iles Fidgi ; Epée — — — Deux sabres en lame de scie [poisson]; Are des Nouvelles-Hébrides ; Flèche des habitants de la Terre-de-Feu ; — des iles Vaucouver ; — du Tonga files des Amis]; Deux flèches empoisonnées des iles Fidgi ; Quatre — des Nouvelles-Hébrides ; Pagaie ou lance de Hova [Madagascar]; Cinq lances des iles Fidgi, dont une double; Pagaie des iles Vaucouver ; Trique en gutta-percha de Singapour ; Eventail de Nouka-Hiva ; — - de Ceylan; — [sans nom]; — de Vilnour {Indoustan|; 160 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Ecran, parasol et couvert chinois; Cuiller de Malgache ; Couteau [sans nom]; Bonnet d’Arvre ou Hope-lsland ; Bandeau [sans nom]; Chapeau des iles Carolines ; Tavaha ou diadéme de Nouka-Hiva ; Sabots indous ; Boite en feuilles de palmier de Pondichéry ; Deux œufs d’autruche; Une nombreuse collection de coquilles marines; Un madrépore blane très remarquable ; Mächoire de requiri de neuf pieds, pris aux iles Harwaï; Natte des iles Marquises ; Tapa [étoffe] d’'Harvaï [iles Sandwich) ; — de Nouka-Hiva iles Marquises] ; Etoffes de Mougariva [iles Gambières]; Papier-monnaie des morts chinois; Papier-prière chinois; Historiettes chinoises et monnaie de Cochinchine ; Deux petits livres en langue tamoul; Lettre d’un indou sur feuille de palmier ; Un manuserit en langue tamoul sur bandelettes d’écorce reliées très singulièrement; Deux portraits encadrés et eoloriés du raya et de sa 1emme à Tanjaour; Jonques chinoises peintes ; Costumes chinois peints ; Petites statuettes chinoises, MAL. 161 Ces dons, qui témoignent du patriotisme éclairé et généreux de M. de Vaux, sont examinés avee le plus vif intérêt par l’Assemblée, et agréés par un vote de remerciments. M. le Président énumère également les dons qui suivent, et qui ont été faits Par M. Isidore Hedde, membre non résidant: Caisse de coquilles terrestres et de minéraux recuallis par lui en Afrique; Par M. Joyeux, membre résidant : Bague gothique en bronze avec chaton gravé en creux; Par M. Louis Torrillon, employé à la préfecture : Ancienne rape à tabac en bois sculpté; Par M. Jean Duchamp, propriétaire cultivateur à Saint-Paulien : La partie supérieure d'un moulin à bras antique en pierre volcanique, trouvée dans les substructions de l’ancienne capitale de [a Vellavie [Ruessium] ; Par M. l'abbé Michel, curé du Pertuis : Inscription gothique sur pierre ; Par les entrepreneurs des travaux de Ja ca- thédrale : Une base de colonne antique. L'Assemblée remercie les généreux auteurs de ces dons, ainsi que M. Aymard , secrétaire de la Société, à la demande duquel ils ont été faits. 162 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. Dumontat sollicite, au nom de M. le Curé de l’église des Carmes, l'obtention du tableau de là Samaritaine, par M. Loubon, en échange de la peinture gothique dont il a été question à la pré- cédente séance. L'Assemblée en délibère et décide, à l'unanimité, qu’elle ne pourrait dispôser de cette œuvre d'art sans l'autorisation expresse du Gouvernement et des anciens représentants dont la bienveillante entremise avait valu au Musée cette acquisition intéressante , et que, dans tous les cas, l'importance artistique de cette peinture ne lui permettrait pas d’accéder à la proposition de M. le Curé. AGRICULTURE. — Îl est donné communication du programme des prix que le Comice Agricole de Brioude vient d'arrêter et d'adresser à la Société. Les sujets de prix sont les suivants : serviteurs ru- raux; plantation de müriers; taille du mürier ; édu- cation des vers à soie; filage de la soie; vins; instruments d'agriculture; reboisements; défonce- ments; endiguements; irrigations; cultures fourra- gères; étables; entretien du bétail; attelage d’une seule bête à cornes au moyen du collier. Le Comice distribuera aussi des récompenses äu concours cen- tral et au concours cantonal de bestiaux. M. Bouix, membre correspondant à Champclause, informe la Société qu'une maladie grave vient de se: MAI. 163 manifester chez les animaux de l’espèce chevaline dans sa commune. Il éerit ce qui suit : Monsieur LE PRÉSIDENT, Je m’empresse de vous signaler une gale dont sont infectés quelques clievaux dans ma contrée. J’en ai entendu parler depuis une année ou deux; mais, dans le principe, on comptait fort peu de malades. Aujourd’hui il y en a quatre ou cinq dans deux fermes du hameau que J'habite, et un cultivateur qui en avait deux, en a perdu un par lépizootie ou par les médicaments. Ce n’est pas tout : on m'a assuré que la contagion aurait atteint les personnes de cette famille. Cette épizootie serait donc aussi épidémique? Le plus grand malheur de nos pauvres cultrvateurs consiste en ce que ne connaissant pas les re- mèdes qui conviennent, ils ne savent pas non plus s'adresser à Messieurs les artistes vétérinaires; ils craignent qu'il ne leur en coûte trop chr. Si on leur dit qu’en pareils cas, sur Pinvitation de M. le Préfet, les vétérinaires se transportent gratis sur les lieux où les bestiaux sont atteints d’épizootie , ils persistent dans leur funeste préjugé en disant qu’alors les vétérinaires font payer plus cher leurs remèdes. Telle est la force de la routine. J'ai d’abord eu l’idée de m'adresser à M, le Préfet, ou plutôt à M. Gire, notre digne confrère, pour le consulter; mais j'ai pensé qu’il pouvait être convenable de le faire par votre hono- rable entremise. Pourrais-je savoir quel est le remède, comment se fait le pan- sement, et le coût des drogues pour chaque sujet? Cest à dire les renseignements nécessaires pour pouvoir traiter soi-même ses chevaux, lors même que la présence d’un médetin vétérinaire serait nécessaire. Ordinairement les chevaux et les juments se rencontrent et se grattent les uns les autres, dans les champs et surtout dans les communaux où ils pacagent ensemble, et il y a certaines personnes qui sont assez inintelligentes pour cacher la maladie au lieu d’en 164 RÉSUMÉ DES SÉANCES. prévenir les propriétaires, et d'éviter ainsi la contagion pour les autres animaux. Les chaleurs vont arriver, et ce qu'il y a le plus à craindre, c’est la communication du mal. Quel moyen serait le plus propre pour préserver les chevaux qui sont exposés à en rencontrer de galeux ou à manger après eux? Je vous serais fort reconnaissant de cet éminent service pour mes voisins £Cullivateurs, qui sont véri- tablement dignes de votre intérét. M. le Préfet, à qui M. le Président s’est empressé de transmettre le document qui précède, écrit qu'il a donné l’ordre au vétérinaire commissionné de l'administration de se transporter immédiatement dans la commune de Champclause, à l'effet de constater les caractères de cette maladie. M. Gire donne des explications, desquelles il résulte « qu’en effet l'affection signalée est bien la gale avec l’acare ou sarcopte, et si l’on s’en plaint à Champclause plus qu'ailleurs, c’est que là aussi s’observent plus généralement les causes qui engen- drent les maladies herpétiques. « Les maux de ce genre semblent être inévitables dans une localité où l’on ne récolte que de médiocres fourrages, et où la misère et la malpropreté parais- sent être un besoin. S'il s’est offert des cas d’épizootie et d’épidémie de cette nature, c’est moins à la conta- gion qu'il faut en appeler, qu’au soin que semblent mettre les propriétaires à provoquer tout ce qui peut faire naître et entretenir les épizoaires de toute sorte. « La stabulation complète pendant l'hiver, le MAI. 165 régime pastoral suivi pendant la belle saison, en- trainant un. contact continuel médiat ou immédiat des animaux, nous rendent compte des affections psoriques, si facilement transmissibles, et justifient, jusqu’à un certain point, l'opinion de ceux qui ont pensé qu'elles pouvaient être épizootiques. « Passant sous silence les théories émises sur la nature de la gale, sa transmissibilité, etc.; n’envi- sageant, pour le moment, que le fait incontestable de la contagion et l’emploi des moyens médicaux, nous établirons en principe que la première des mesures est l'isolement complet de Panimal galeux ; tout contact, même médiat, doit être interdit, et la place occupée par le malade blanchie à Ja chaux, ainsi que celle des harnais, brides, etc. « Dans l'emploi des remèdes, il ne faut pas perdre de vue que ce n’est que par tiers qu’on doit procèder à leur application, une onction générale, même avec des substances inoffensives, pouvant entrainer une mort immédiate [asphyxie cutanée], par l’obstruction des pores de la peau. Il va sans dire que les lavages au savon, la coupe du poil, doivent précéder toute application, et qu’une chaleur modérée devient né- cessaire , tant pour seconder l’action du médicament, que pour remplacer la fourrure qui protégeait l’ani- mal contre les rigueurs du temps, et prévenir toute espèce de répercussion à l’intérieur. « Les remèdes les plus simples et le moins coûteux sont l'huile de cade, employée en onctions avec un TOME XVI 11 466 RÉSUMÉ DES SÉANCES. pinceau; un mélange de fleur de soufre, de graisse blanche ou de saindoux fortement salé, remplit le même office; le goudron, une solution concen- trée de sulfure de potasse, de tabac à fumer cuit dans de l’eau de lessive, sont employés avec avan- tage dans le mème but. Il va sans dire que cette médication locale doit être secondée par tous les moyens que recommandent l'hygiène, par la propreté surtout, et l’usage d'aliments choisis. « Quant aux remèdes que débitent les charlatans, et qui sont en général très coûteux, comme ils con- tiennent, pour la plupart, des substances vénéneuses susceptibles de produire des empoisonnements par absorption, je ne saurais trop engager les proprié- taires à ne pas s’en servir, ma conviction étant que tous les cas de mort attribués à des gales dites rentrées, ne reconnaissent pas d’autres causes que l'emploi de ces drogues dangereuses. » M. le docteur La Bruyère, membre non résidant à Montfaucon, envoie une tige d’épicéa, comme spé- cimen des productions forestières de son domaine. « .….Cette tige de près de trois mètres, éerit-il, présente le jet ou la poussée de trois années de végétation. « Aux renseignements que j'avais fournis précé- demment, il fallait une preuve : je la donne, et je pourrais la donner plus péremptoire encore, si j'avais voulu sacrifier un arbre sur pied, MAI. 167 « Ceci peut devenir un encouragement pour les planteurs, et la Société peut s’en servir pour jus- tifier son influence et son action. « Dans mes précédentes communications, j'avais oublié de mentionner, comme planteurs en grand du mélèze et de lépicéa, MM. Dufaure, de Du- nières, et Olivier, de Tence; un cultivateur de Mont- faucon, nommé Juge, en a planté trois mille, que je lui ai procurés, et qu'il a mis en terre sur mes instantes recommandations. » M. le Secrétaire confirme les observations de l'auteur de la lettre, vérifiées par lui-même chez M. de La Bruyère, comme il l’a consigné dans un rapport inséré au compte-rendu des séances. M. Lobeyrac remarque qu’il n'est pas extraordi- naire que l’épicéa, dont Ja végétation active est bien connue, puisse fournir dans un an une pousse d’un mètre; mais ce qui est important, c’est la même vigueur de croissance pendant trois années consécutives. M. de Brive envoie en communication une lettre qu'il a adressée à M. le Ministre de l’agriculture, au sujet des réclamations de M. Olivier, de Pau- lhaguet, concernant le concours d’Aurillac. M. Ch. de La Fayette fait observer que le dernier Congrès Agricole n’a pas approuvé les classements adoptés pour les concours, et a exprimé l'opinion que toutes les races fussent admises indistinetement. 168 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. le Président ayant fait observer que la race du Mezenc avait été placée au concours régional en dernière ligne dans les races diverses, l’Assemblée manifeste le vœu qu’à l’avenir aucune race ne soit favorisée d’une priorité qui peut impliquer une su- périorité -contestable, toutes les races ayant leurs qualités respectives, et se trouvant en général appro- priées au pays d’où elles proviennent; ce qui im- porte, c’est de les améliorer. La race du Mezenc en particulier est, dans son genre, excellente, et mérite l'attention des éleveurs. M. le Secrétaire rend compte d’un entretien que M. le Président, M. le Directeur de la Ferme-Ecole et lui ont eu récemment avec M. Chambellant,-ins- pecteur général d'agriculture, lors de son dernier voyage au Puy, au sujet des intérêts agricoles dont il vient d’être parlé, et de plusieurs autres questions dont la Société se préoccupe. M. l’Inspecteur général a bien voulu promettre de continuer à la Société son obligeante coopération. En ce qui concerne les concours régionaux, il se propose de solliciter M. le Ministre de l’agriculture pour que cette solennité ait lieu l’année prochaine à Clermont, localité où il sera plus facile aux éleveurs de conduire leurs bestiaux, et que l’année suivante elle soit accordée à la ville du Puy. Les fonds affectés au dernier concours n'ayant pas reçu leur destina- tion, à raison de l'absence de concurrents pour les MAI. 169 prix relatifs aux races diverses, le Gouvernement aura dès lors des ressources disponibles sur les- quelles il lui sera possible de restituer la somme de 1000 fr. qui a été retirée à la Société, et, à cet égard, M. Chambellant appuiera la demande qui en sera faite. Enfin, M. l'Inspecteur général a déclaré qu'il partageait les vues de la Société relativement à l'organisation agricole au moyen des Sociétés et Comices Agricoles, et qu’il ferait tous ses efforts pour seconder la Compagnie dans la réalisation des vœux qui ont motivé l'écrit adressé à la Chambre des représentants. Au sujet d’autres questions que M. de Brive a rappelées à l’attention de M. Chambellant, telles que l'envoi au Puy de M. Guénon, l'obtention d’une ma- chine à fabriquer les drains, la création d’un conser- vatoire industriel et agricole au Musée, la Société peut compter aussi sur le concours de M. l’Inspecteur général. L'Assemblée accueille avec satisfaction ces expli- cations, et remercie M. Chambellant de l'intérêt qu’il ne cesse de prendre à ses travaux. Il est donné lecture de la lettre suivante de M. de Sussex : Monsieur Le PRÉSIDENT, J'ai l'honneur d'offrir à la Société que vous présidez mon « Traité du commerce, du contrôle et de la législation des Engrais », et 170 RÉSUMÉ DES SÉANCES. de vous prier, en considérant la gravité des faits qui ont motivé cet ouvrage et la haute importance des engrais réels, de proposer à vos prochaines séances l’adoption des mesures que je soumets à votre appréciation, comme étant de nature à éviter la déperdition des matières fertilisatrices ou le pillage commercial dont elles sont l’objet. Un vœu émis par votre Société exercera une grande influence sur l’agriculture locale, et je me trouverai très honoré de voir mes travaux concourir à ce résultat. M. Chouvon est prié de faire un rapport sur la question que soulève cette lettre. M. le Président signale un article inséré dans l’une des publications reçues, dont le sujet et les conclusions paraïitront singulières au premier abord, mais qui semble avoir été écrit avec assez de réserve pour qu’on le suppose émané d’un praticien et d’un auteur sérieux. Quoi qu’il en soit, cet article a pour objet les moyens de procréer, chez les animaux de l'espèce bovine, les sexes à volonté. Le procédé indiqué consiste à faire saillir la vache avant Ja traite si lon veut obtenir un taurillon, et après la traite pour une génisse. M. le Président ajoute que des éleveurs lui ont assuré qu’en effet ce moyen leur avait réussi. ÉconomE PUBLIQUE. — L'ordre du jour appelle Île rapport suivant sur l’empoissonnement des rivières. MAI. 171 Organe d’une commission spéciale, M. Lobeyrac s'exprime ainsi : Messieurs, Lorsque vous avez renvoyé à une commission le rapport sur l’'empoissonnement des rivières de M. le doyen de la Faculté des sciences de Paris, vous n'avez voulu sans doute que constater, comme un fait acquis et certain, la possibilité de reproduire le poisson par la fécondation artificielle des œufs, d'examiner ensuite si cette découverte pouvait être utilement mise en pratique dans notre département, et y produire des résultats avantageux pour la reproduction du poisson. C'est dans ce seul but que nous avons étudié ce rapport; loin de nous la prétention de pouvoir y ajouter aucun développement. IL faut d’abord reconnaître, comme un point incontestable, que l’on peut, au moyen de la fécondation artificielle des œufs, reproduire un grand nombre d'espèces de poissons; que cette découverte, faite en 1758 par M. le comte de Golstein, a été expérimentée depuis par plusieurs savants, et qu’enfin deux pécheurs des Vosges ont mis en pratique cette découverte de la science, et ont obtenu des résultats qu’il est impossible de révoquer en doute. Il est constant, en effet, qu’ils ont pu lâcher cinquante mille jeunes truites dans une seule riviere qui se jette dans la Moselle. Dans notre département, comme dans le reste de la France, la péche fluviatile est en général peu productive; nos rivières sont dépeuplées, certaines espèces de poissons ont disparu ou sont deve- nues fort rares. Cette rareté du poisson dans nos rivières dépend, il faut le reconnaitre, non seulement de la manière abusive dont la pêche y est pratiquée depuis longtemps, mais encore de l’in- suffisance ou du sommeil de la police qui s'exerce sur nos cours d’eau, et enfin de divers (ravaux ou barrages qui ont été établis dans l'intérét de l’industrie ou pour faciliter l'irrigation. Ce serait done une amélioration évidente d'introduire dans notre 4722 RÉSUMÉ DES SÉANCES. département une méthode qui non seulement pourrait faciliter la reproduction de la truite, mais encore de plusieurs autres espèces qui y réussissent parfaitement , comme le saumon, la carpe et la tanche. Mais si cette méthode de fécondation artificielle est facile, 1l ne faut pas croire que pour réussir elle n’exige pas des soins minulieux, de nombreuses précautions, et enfin certaines conditions qu’il n’est pos au pouvoir de tout le monde d'accomplir. Ainsi, c’est en novembre ou au commencement de décembre que la reproduction de la truite a lieu le plus souvent; pour se pro- curer les œufs destinés à étre fécondés artificiellement, il suffit de presser legerement d'avant en arrière l'abdomen d’une femelle prête à pondre. Les œufs qui en tombent doivent étre reçus dans un vase contenant de l’eau, et ensuite arrosés avec de la laite obtenue de la même manière, et également délayée dans de l’eau. Si les produits ne sont pas arrivés à terme au moment où l’on commence l'opération, ils ne s’écoulent que sous l’influence d’une pression forte, et il faut alors laisser le poisson dans une réserve pendant quelques jours avant de déterminer cette espèce d’accouchement forcé, car ni les œufs ni la laite ne pourraient être employés uti- lement dans un état d’immaturité, et la vie des poissons procréateurs serait mise en danger par des manœuvres violentes. Une truite âgée de deux ans senlement et pesant cent vingt-cinq grammes, peut fournir environ six cents œufs, et la laitance d’un mâle suffit pour féconder au moins les œufs fournis par une demi- douzaine de femelles. Une fois les œufs fécondés, on les place sur une couche de gravier, dans des boites en fer blanc criblées de trous; ces boîtes ont environ quinze centimètres de diamètre sur huit de profondeur, et peuvent contenir chacune environ un millier d'œufs; on les place dans un ruisseau dont les eaux sont vives et claires, mais peu profondes; on les y enterre un peu, et on les dispose de façon que le courant puisse opérer un renouvellement rapide dans l’eau dont les œufs sont baïgnés; car l'agitation du liquide est nécessaire, non seulement pour assurer la respiration des embryons, mais aussi pour empécher le développement des conserves, qui ne tarderaient MAI. 175 pas à envahir les œufs si l’eau était stagnante, et déterminerait la mort du frai. Le développement de ces embryons dure environ quatre mois, et c’est en général vers la fin de mars ou en avril que l’éclosion a lieu. Apres l’éclosion, le petit poisson a besoin d’aliment : il faut alors le faire sortir de la boite qui lui a servi de berceau, et le laisser vaguer librement dans le ruisseau ou l'étang que l’on veut peupler; et pour lui procurer une nourriture abondante et appropriée à ses besoins, il suffit d'introduire quelques grenouilles : leur frai est un aliment que les petits poissons recherchent avec avidité. Lorsque c’est dans des étangs ou des viviers qu'on veut les élever, il faut avoir la précaution de séparer complètement les produits de chaque année, car les grosses truites dévoreraient les petites. Pour éviter cette destruction, il faut que tous les individus réunis dans une même enceinte aient le même äge; de sorte que pour établir d’une manière régulicre ce genre d'industrie , il faudrait : avoir au moins {rois étangs, et en faire alternativement la péche trois ans après leur empoissonnement respectif, puis verser les nouveaux produils dans le vivier ainsi épuisé. Les nombreuses conditions que je viens d'énumérer, et dont le strict accomplissement est nécessaire pour réussir, doivent vous démontrer que si lempoissonnement de nos rivières peut s'opérer par la fécondation artificielle, il n’est pas cependant facile de mettre Ja méthede à exécution dans notre département. Combien y compte-t-on de propriétaires exclusifs d’un cours d’eau ? Quels sont les possesseurs de trois. étangs? Et cependant, sans ces conditions, comment disposer, avee quelque certitude de réussite, les boites où s'opère la fécondation; comment ensuite conserver , aprés léclosion des œufs, le petit poisson pour lui donner une nourriture appropriée à ses besoins, et lui permettre d'acquérir les forces et la grandeur qui lui sont nécessaires, avant de pouvoir l'abandonner dans le cours des rivières et dans les étangs? IL est vrai qu’en Angleterre et en Ecosse la reproduction du poisson par la fécondation artificielle a produit les plus heureux 174 RÉSUMÉ DES SÉANCES. résultats; mais là la propriété est constituée d’une manière diffe- rente qu’en France; les propriétaires possédant des eours d’eau d’une étendue considérable ou de vastes étangs ne sont pas rares, et ils ont pu dès lors mettre avantageusement en pratique cette méthode. Votre commission pense done , Messieurs, qu’on ne peut qu’appuyer le vœu émis par le savant rapporteur de Pinstitut, et demander que l’empoissonnement de nos rivières étant une opération d’utihté publique, l'Etat se charge d’y pourvoir, bien convaincue d’ailleurs que des essais faits sur une grande échelle, conduits avec sagesse, confiés à des hommes intelligents, n’entraineraient pas à de fortes dépenses, et pourraient produire des résultats importants qui seraient pour le pays tout entier un accroissement de richesses. Après diverses observations présentées par MM. Bertrand de Doue, Reynaud et Ch. de La Fayette, les conclusions de ce rapport sont adoptées. M. le Secrétaire dit, au sujet de l’importante question de la multiplication des poissons dans nos eaux douces, qui préoccupe beaucoup en ce moment l'attention des naturalistes : « ….Mon honorable et savant ami, M. Gervais, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier, dans l’une des séances de l’Académie de cette ville, s’exprimait ainsi : « Les travaux qui concernent l'espèce des anguilles « sont dus principalement à M. Coste, professeur au « Collège de France de Paris. On sait que ces pois- « sons ne fraient qu’à la mer. M. Coste a voulu « s'assurer si, pour suppléer à leur rareté dans « certaines localités, et pour éviter les obstacles « MAI. 475 qui s'opposent dans beaucoup d’endroits au pas- sage de la montée, c’est à dire à l’arrivée des jeunes anguillés nées à la mer, et que l’on voit chaque année s’introduire en quantités innom- brables dans l'embouchure des fleuves, on ne pourrait pas transporter directement la montée elle-même à de grandes distances, et la placer dans des eaux où l’on désire des anguilles. II signale deux modes de transport : l’un par la navigation, —et il décrit les précautions auxquelles il faut avoir recours, —l'autre par voie de terre. » « M. Coste raconte ainsi l’un des essais qu'il à faits pour éprouver le second moyen : « « Je me suis servi de paniers en osier très plats et très larges, à mailles assez étroites, pour em- pêcher les jeunes anguilles [{& montée] de passer, pas assez serrées pour être un obstacle à l’entrée et au renouvellement de Pair; j'ai fait remplir ces paniers d'herbes aquatiques et de paille préala- blement imbibée d’eau; puis on y a versé une certaine quantité de montée, et les jeunes an- guilles s'étant glissées peu à peu entre les brins d'herbe ou de paille, se sont réparties dans les interstices, de manière à éviter ainsi la trop grande pression à laquelle on les expose quand on les entasse. Cette opération terminée, les pa- niers ont été fermés avec leurs couvercles et mis immédiatement après à la diligence. Parüs de Caen à six heures du soir, ils ne sont arrivés au 176 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Collège de France que le lendemain de midi à 2 « une heure, et cependant la plus grande partie de la montée qu’ils renfermaient était encore vivante. Le même procédé a été employé dans plusieurs circonstances. » Li] = M. de l’Eguille lit ensuite son rapport sur la situation de la pêche dans les trois arrondissements de la Haute-Loire, qu'il a rédigé, sur l'invitation de la Société, pour satisfaire à une demande de M. le Préfet : PÊCHE. ARRONDISSEMENT DU PUY, 14° NOMENCLATURE DES LIEUX DE PÊCHE. Rivières. — L’arrondissement du Puy est traversé par deux rivières importantes, l'Allier et la Loire, qui prennent leurs sources hors du département. La première coule dans la direction du Sud au Nord-Ouest; la seconde dans la direction du Sud à lEst; elles pe deviennent flottables que dans les autres arrondissements. Lacs. — Il n'existe dans cet arrondissement qu’un seul lac qui puisse être mentionné à cause de son importance : c’est celui de Saint-Front. Il occupe une superficie de vingt-neuf hectares; ses eaux sont assez profondes. Le lac du Bouchet n’est pas poissonneux. Eraxcs. — On ne trouve également qu'un seul étang un peu étendu : il est situé dans la commune de Monlet. Marais. — Les marais existant dans l'arrondissement du Puy sont en petit nombre, et ne peuvent étre Pobjet d'aucune mention, parce que ce ne sont, à proprement parler, que des flaques d’eau qui restent desséchées pendant les trois quarts de l’année. MAÏ, 177 Viviens. — Il ne s'en trouve pas. AUTRES EAUX DOUCES. — Outre les rivières et étang ci-dessus, il existe quinze cours d’eau tous poissonneux , qui forment les uns de forts ruisseaux, les autres des torrents, sans compter beaucoup de petits ruisseaux dans lesquels remonte la truite; ces petits ruis- seaux ont tous leur degré d'importance sous le rapport de la pêche. 29 NOMENCLATURE DES ESPÈCES DE POISSONS COMESTIBLES. Les espèces de poissons comestibles sont assez variées : les rivières de l'Allier et de la Loire abondent en truites, barbeaux, ombres, meuniers, goujons, ableltes, vaudoises ; on y trouve aussi le saumon qui vient y frayer, et par suite le tacon. L’anguille s’y rencontre également. Le Jac de Saint-Front produit une grande quantité de truites fort recherchées qui atteignent de belles proportions, ainsi que des tanches. L’étang de la commune de Monlet contribue à approvi- visionner les marchés en carpes et brochets. Les autres cours d’eau sont peuplés presque exclusivement de truites qui seraient fort abon- dantes, sans la pêche continuelle en temps de frai et la destruction du poisson par le moyen de la coque, et autres substances nuisibles. SX APERÇU DU NOMBRE DE PÉÊCHEURS DE PROFESSION. On compte de trois cents à trois cent cinquante individus qui exercent le métier de pécheurs. Cependant, dans ce nombre, il ne s'en trouve guère plus de cinquante à soixante qui vivent exclusivement de cette industrie : ce sont en général des marau- deurs qui mènent une vie presque nomade, et colportent ça et la le produit de leur pêche. 49 LEUR GAIN OU SALAIRE JOURNALIER. Leur gain ne s'élève guère au-delà de 75 c. à À fr. par jour. Ces pécheurs sont en général misérables, par suite de leur défaut d'ordre et d'économie. 178 RÉSUMÉ DES SÉANCES. 30 INSTRUMENTS DE PÊCHE, FILETS, CARRELETS , LIGNES. Les instruments de péche les plus en usage sont l’épervier, le chaperon, le trémail, le trident, les nasses en fil et en jonc ; les maraudeurs emploient également le cordon avec amorces vives, la ligne plombée et méme les armes à feu. 6° FERMAGE, REDEVANCE, PERMIS DE PÈCHE. IL ny a aucun cours d’eau qui donne lieu à des fermages, redevances, ni à des permis de péche. 7° LEUR PRODUIT ANNUEL EN ARGENT. Nul. 80 QUANTITÉ, PAR APPROXIMATION, DES PRINCIPALES SORTES DE POISSONS PÉCHÉES ANNUELLEMENT. Le Sous-Inspecteur des foréts na pu se procurer à cet égard des renseignements qui puissent lui permettre de répondre approxima- tivement à cette question. Tout ce qu'il peut dire, c’est que le produit de la pêche est considérable et dépasse la possibilité de repeuplement des cours d’eau, par suite de l’inobseryation des règle- ments en ce qui concerne la péche; tout le monde remarque le dépeuplement des rivières. 99 PRIX MOYEN DE CHACUN: La truite se vend à raison de. . . . . . . . . 2 fr. le kilog Le barbeaux, ombres, brochets, anguilles, de, 4 20 — Carpes, goujons , ablettes , ete., de. . . . . . A — Le saumon, à raison de . . . . . : . : : . . 4 — 10° CONSOMMATION DES VILLES DÉTAILLÉE PAR ESPÈCES, QUANTITÉS ET VALEURS, D'APRÈS LES APPROVISIONNE- MENTS DES MARCHÉS OU POISSONNERIES. L'absence de poissonneries et la vente d’une assez grande quantité de poisson à domicile par le moyen du colportage, rendent fort difficile l’évaluation de la quantité consommée chaque année par MAI. 178 espèces; toutefois, nous pensons que d'apres les renseignements que nous avons recueillis à cet égard, — renseignements dont nous sommes loin toutefois de garantir l'exactitude , — la consommation peut étre évaluée approximativement ainsi qu’il suit : quite. ele Men 2555 kil. à 2 fr. le kil. . 5140 f. Barbeau , ombre , brochet et anguille "1-20. 840 — 1 fr. 20 c. . 7008 Carpe, goujon, ablettes, ete. 1410 — 14 fr. . . .. 5140 Saumon. . . .. RER 500 — fr. . ... 2000 44005 49228 Quant aux autres petites villes de l'arrondissement, où tout le poisson se vend à domiale, on ne peut se livrer à aucune appré- ciation au sujet de la quantité consommée dans l’année. 1419 USAGE POUR PROTÉGER OU FACILITER LA REPRODUCTION DU POISSON, Pour protéger la reproduction du poisson, il faudrait pouvoir faire exécuter les lois et règlements en vigueur concernant la péche, et surtout pour prévenir la péche en temps de frai et l'emploi des substances nuisibles qui détruisent une énorme quantité de poisson; mais il faut le reconnaitre, dans la plupart des dépar- tements, et notamment dans celui de la Haute-Loire, les moyens de surveillance et de répression manquent entièrement, et la dévas- tation s'exerce librement par les nombreux maraudeurs qui exploitent la péche, au grand préjudice des populations. 12° AMÉLIORATIONS A INTRODUIRE POUR ATTEINDRE CET IMPORTANT OBJET. Afin d'atteindre le but en question, il serait nécessaire, en premier lieu, dembrigader les gardes champêtres, et par une assimilation aux gardes-pêche, les rendre responsables des délits qu'ils n’auraient pas régulièrement constatés. Ces employés sont placés mieux que tous autres pour surveiller les nombreux et poissonneux cours d’eau qui prennent leurs sources dans les montagnes, et que les gardes 180 RÉSUMÉ DES SÉANCES. forestiers et les gendarmes ne peuvent visiter que rarement, et cependant leur surveillance à l'endroit de la péche est tout à fait nulle. En second lieu, il serait de toute nécessité d’accorder des grati- fications aux gendarmes et aux gardes qui constatent des infractions aux lois et règlements sur la péche, et pour cela ajouter à la loi du 45 avril 4829 une disposition semblable à celle existant dans la loi du 5 mai 4844. La répression de ce genre de maraudage est en effet tout aussi difficile que celle des délits de chasse; ceux qui l’exercent sont non moins hardis et non moins dangereux que les braconniers, et assurément la conservation du poisson, qui entre dans l’alimen- {ation dans une proportion bien plus grande que le gibier, mériterait tout autant d’intérét. Enfin, il faudrait établir autant que possible , dans chaque dépar- tement, un certain nombre de grands viviers qui seraient d’abord empoissonnés, et où la reproduction du poisson pourrait étre plus facilement protégée; 1l serait pris chaque année dans ces réservoirs une certaine quantité de poisson pour repeupler Jes différents cours d’eau; ces viviers seraient placés sous la surveillance spéciale des gardes-péche. On pourrait aussi employer pour les empoissonner les procédés nouvellement découverts pour la fécondation artificielle du poisson. ARRONDISSEMENT DE BRIOUDE, 1° NOMENCLATURE DES LIEUX DE PÊCHE. Rivières. — L’Allier est la seule rivière qui traverse l’arron- dissement de Brioude; elle suit la direction du sud au nord- ouest. Elle est flottable depuis Saint-Arcons-d’Allier jusqu’à Ja limite du département en aval. Lacs. — Néant. Erancs. — Les élangs de quelque importance sont au nombre MAl. 181 de cinq: Les plus considérables se trouvent dans les cantons de Paulhaguet et de Langeac. Marais. — Les marais consistent dans des flaques d’eau qui se dessèchent pendant l'été, et qui, par conséquent, ne méritent point d’être signalés. Vivicrs. — S'il en existe, le Sous-[nspecteur ne les connait pas. AurREs EAUX pouces. — Outre les rivières et étangs ci-dessus, il se trouve dix à douze cours d’eau formant de grands ruisseaux tous poissonneux, qui se jettent dans l'Allier, sans compter beau- coup de petits ruisseaux dans lesquels remonte la truite. 29 NOMENCLATURE DES ESPÈCES DE POISSONS COMESTIBLES. La rivière de PAllier produit, ainsi qu'il a été dit dans la statistique de Parrondissement du Puy, la truite, le barbeau, l'ombre, le meunier, le goujon, lablette, la vaudoise, le sanmon et le tacon. Ges espèces, à l'exception du saumon et du tacon, y abondent en général. Les étangs de Paulhaguet et de Langeac fournissent la carpe, la tanche et le brochet. Enfin dans les ruisseaux on trouve la truite, qui serait fort abondante sans Ja péche en temps de frai et l’empoisonnement de ces cours d’eau. 39 APERÇU DU NOMBRE DE PÉCHEURS DE PROFESSION. Méme observation que dans la statistique de l’arrondisssement du Puy. Toutefois le nombre de pécheurs et surtout des maraudeurs serait un peu moins considérable. 4° LEUR GAIN OU SALAIRE JOURNALIER. Mémes renseignements que pour la statistique du Puy. 5° INSTRUMENTS DE PÈCHE, FILETS, CARRELETS, LIGNES, Méme observation qu'a la précédente question, TOME XVI, 19 182 RÉSUMÉ DES : SÉANCES. 6° FERMAGE, REDEVANCE, PERMIS DE CHASSE. La péche de la rivière de Allier s’afferme au profit de l'Etat, depuis le bac de Saint-Arcons-d’Allier, à partir duquel cette ri- yière commence à être flottable, jusqu’à la limite du département, sur une longueur de soixante-deux kilometres. Cette étendue se divise en huit cantonnements. Les baux de sept cantonnements, renouvelés en 4850 pour neuf années, prenant fin au 51 décembre 4858, le quatrième cantonnement sera remis en adjudication cette année. Le nombre de fermiers, sous-fermiers et permissionnaires, est de quarante. C7 19 LEUR PRODUIT ANNUEL EN ARGENT. Les produits des baux s'élèvent à la somme de 1196 fr. pour les sept cantonnements affermés ; il y a tout lieu de penser que le quatrième produira une somme annuelle de 150 fr. 8° QUANTITÉ, PAR APPROXIMATION , DES PRINCIPALES SORTES DE POISSONS PÉCHÉS ANNUELLEMENT. Il se péche annuellement, dans les huit cantonnements de VPAllier qui sont affermés, environ deux mille huit cent cinquante kilogrammes de poissons de toute espèce; cette quantité s’augmente de tout le poisson pris dans les différents cours d’eau, mais il est impossible de l’évaluer même par approximation; toujours est-il qu’il est assez considérable. 90 PRIX MOYEN DE CHACUN. Le prix du poisson, dans l’arrondissement de Brioude, est à peu près le méme que dans celui du Puy. 10° CONSOMMATION DES VILLES DÉTAILLÉE PAR ESPÈCES, QUANTITÉS ET VALEURS, D'APRÈS LES APPROVISIONNE- MENTS DES MARCHÉS OU POISSONNERIES. Les marchés des villes de cet arrondissement ne reçoivent aucun approvisionnement en poisson; quelques pécheurs de profession MAI. 185 colportent journellement le produit de leur industrie qu'ils ven- dent à domicile; en outre, une certaine quantité de poisson est vendue hors du département. Ces circonstances mettent dans Pimpossibilité de fournir, méme approximativement, les renseignements demandés par la question qui précède. 11° USAGE POUR PROTÉGER OU FACILITER LA REPRODUCTION DU POISSON. Le Sous-Inspecteur ne pourrait répéter ici que ce qui a été dit dans la statistique de l'arrondissement du Puy, auquel il réfère pour la solution de cette question. 12° AMÉLIORATIONS À INTRODUIRE POUR ATTEINDRE CET IMPORTANT OB3jET. Les améliorations à introduire sont les mêmes que celles indi- quées dans la statistique de l'arrondissement du Puy. ARRONDISSEMENT D'YSSINGEAUX, 1° NOMENCLATURE DES LIEUX DE PÈCHE, Ruvières. — L’arrondissement d’Yssingeaux cest traversé par Ja Loire, qui coule du sud à lest; elle a été déclarée flottable depuis le moulin de Billard, commune de Retournac, jusqu'aux limites du département en aval. Elle est aujourd'hui flottable depuis Vorey : celte circonstance donnera lieu à provoquer une enquéte de commodo et d’incommodo, conformément aux dispositions de l'art. 4er, Ç 4, de la Loi du 45 avril 4829. Lacs. — Néant. Eraxcs. — Néant. Marais. — Quelques flaques d’eau qui se dessèchent pendant Vété et qui n'ont aucune espèce d'importance au point de vue de la péche, 484 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Viviers. — S'il en existe, le Sous-Inspecteur ne les connaît pas. AUTRES EAUX DOUCES. — Beaucoup de ruisseaux ‘poissonnetix. Les plus considérables sont au nombre de dix; les autres sont aussi fréquentés par la truite, qui remonte jusque dans les plus petits filets d’eau. 20 NOMENCLATURE DES ESPÈCES DE POISSONS COMESTIBLES. On trouve dans la Loire et les autres cours d’eau les mémes espèces que dans l'Allier et ses affluents. 3° APERÇU DU NOMBRE DE PÉCHEURS DE PROFESSION. On ne peut donner que des renseignements assez vagues à cet égard; toutefois le nombre de pécheurs vivant uniquement du produit de la pêche, ne dépasse guère celui de vingt à trente; ce sont presque tous des maraudeurs; quant aux autres individus qui exercent ce métier par intervalle, ils peuvent étre au nombre ‘de cent cinquante environ. 4° LEUR GAIN OU SALAIRE JOURNALIER. Mémes renseignements que dans la statistique de l'arrondissement du Puy. 5° INSTRUMENTS DE PÈCHE , FILETS, CARRELETS, LIGNES. Les pécheurs de cet arrondissement se servent des mêmes instru- ments que dans le surplus du département. 6° FERMAGE, REDEVANCE, PERMIS DE PÈCHE. La péche de la Loire est affermée par l'Etat depuis le moulin de Billard, commune de Retournac, à partir duquel cette riviere a été déclarée flottable, jusqu'aux limites du département de la Loire, sur une longueur de quarante-deux kilomètres, qui se divise en huit cantonnements : les anciens baux qui ont expiré à la fin de 4849, n’ont pas encore été renouvelés. Les tentatives d'amodiation faites à deux reprises différentes en 4850, sont de- MAI. 185 meurées sans résultat; il va être procédé, sous peu de jours, à . une nouvelle adjudication de droit de péche de cette rivière. 7° LEUR PRODUIT ANNUEL EN ARGENT. Les anciens baux produisaient une somme annuelle de 504 fr. 80 QUANTITÉ, PAR APPROXIMATION, DES PRINCIPALES SORTES DE POISSONS PÉCHÉS ANNUELLEMENT. Il se pêche annuellement, dans les huit cantonnements de la Loire, six mille huit cents kilogrammes de poisson de toute espèce; cette quantité s’augmente de tout le poisson pris dans les différents cours d’eau, qui est assez considérable, mais qu’on ne saurait évaluer. 9° PRIX MOYEN DE CHACUN. Le prix du poisson, dans cet arrondissement, ne diffère guère de celui des deux autres arrondissements. 10° CONSOMMATION DES VILLES DÉTAILLÉE PAR ESPÈCES, QUANTITES ET VALEURS , D APRÈS LES APPROVISIONNE- MENTS DES MARCHES OÙ POISSONNERIES. Les marchés des villes de ect arrondissement ne sont point approvisionnés en poisson; quelques pécheurs de profession colpor- tent journellement le produit de leur industrie, qu'ils vendent à domicile; une assez grande quantité est aussi portée sur les mar- chés de Saint-Etienne. Par suite de ces circonstances, il est impossible de répondre, méme approximativement, à la question qui précède. 119 USAGE POUR PROTÉGER OU FACILITER LA REPRODUCTION DU POISSON. Mémes observations qu’à la statistique de l’arrondissement du Puy. 120 AMÉLIORATIONS A INTRODUIRE POUR ATTEINDRE CET IMPORTANT OBJET. Mémes observations qu’à la statistique de l’arrondissement:du Puy. Les données contenues dans ce travail sont ap- prouvées. 186 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ARTS INDUSTRIELS. — M. Moiselet donne lecture de son rapport sur une machine pour donner à manger aux pigeons : Messieurs, Dans une précédente séance de Ja Société, vous m'avez chargé de faire un rapport sur une machine de l'invention du sieur Jean Berger, domestique chez madame de Mariol, destinée à distribuer du grain pour la nourriture des pigeons, et cela sans que l’on soit obligé de pénétrer dans le pigeonnier. Je me suis donc rendu le 46 du mois dernier dans une pro- priété de madame de Mariol, sise dans l’Emblaves, où le sieur Berger a fait l’essai de son invention, et après avoir examiné et vu fonctionner cette machine, jai reconnu qu’on peut en effet donner aux pigeons une quantité de grains quelconque, en impri- mant, par le moyen d’une manivelle, un nombre de tours déter- miné à une poulie placée au bas et en dehors du pigeonnier. Voici la description de cette machine, qui est d’une extrême simplicité. Deux poulies placées l’une au haut, l’autre au bes, et toutes deux en dehors du bâtiment servant aux pigeons, sont unies entre elles par le moyen d’une corde sans fin; le pivot de la poulie supérieure se prolonge dans le pigeonnier, et pénètre dans une caisse en forme de pyramide tronquée et renversée, pouvant contenir une quantité de grains sufisante pour nourrir les pigeons pendant plusieurs jours : Le bas de cette caisse est percé d’une ouverture rectangulaire, qui cst bouchée intérieurement par une brosse en forme d’écouvillon, formée par des poils rudes dont l'extrémité du pivot de la poulie supérieure est garni. Or, en imprimant un mouvement de rotation à la poulie inférieure, ce mouvement se transmet à la poulie supérieure et à son pivot, par le moyen de la corde sans fin, et la brosse entraîne avec elle une certaine quantité de grain qui, tombant par l'ouverture inférieure de la caisse, se répand sur une table où les pigeons viennent la becqueter. MAI. 187 On peut done par ce moyen donner une quantité de grains déterminée en faisant décrire un certain nombre de tours à Ja manivelle adaptée à la poulie inférieure. Cette petite invention, quoique très simple, — et c'est ce qui en fait le mérite, —peut étre d’une grande utilité dans les établisse- ments ruraux, en évitant l’assujétissement dans lequel on se trouve de monter au pigeonnier chaque fois que l'on veut donner de la nourriture aux pigeons, et mérite, à mon avis, un encouragement à son auteur. Les conclusions de ce rapport sont prises en considération, et renvoyées à;la commission des primes. Demanpes p’ADIssiON. — M. Emile Giraud , artiste peintre au Puy, éerit pour soumettre à l’Assemblée un dessin aux trois crayons représentant le génie civilisateur des arts, des sciences et de l’agricul- ture ; il adresse aussi un Mémoire relatif à diverses peintures du Musée du Puy, et sollicite le titre de membre résidant. Les commissaires nommés sont MM. Vibert et Charles de La Fayette. M. Jean, propriétaire à Farigoules, près Bains, écrit pour demander le titre de membre correspondant. Plusieurs membres s’empressent de signaler l'in- telligence et le zèle du récipiendaire pour les amé- liorations agricoles. En conséquence, il sera statué sur sa demande à la prochaine séance. 188 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Aouissiox. — M. Aymard fait un rapport favorable sur les découvertes archéologiques de M. Anatole Dauvergne, relativement aux anciennes peintures murales de la chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe. Il pense qu’il est inutile de donner une analyse de ce travail, qui sera publié dans les « Annales. » M. le Rapporteur conclut à l’admission du réci- piendaire. Le mème Membre fait aussi un rapport sur un Mé- moire de MM. Pomel et Bravard, naturalistes à Issoire : « Ces savants paléontologistes, dit-il, qui solli- citent lhonneur de s'associer à nos travaux en qualité de membres non résidants, sont connus depuis longtemps par des recherches du plus haut intérêt. M. Pomel a siégé avec distinetion au bureau de la Société géologique de France, comme l’un des secrétaires, et les « Bulletins » de cette savante Compagnie renferment de nombreux Mé- moires de cet auteur sur les faunes fossiles de l'Allier et de l'Auvergne. Je lui dois personnellement cette justice, qu'après avoir combattu dans le sein de la Société Géologique les déduetions que mes études paléontologiques avaient pu me fournir sur la géo- logie du Velay, et principalement en ce qui concer- nait la découverte d’ossements humains fossiles parmi les brèches et cendres volcaniques de la montagne de Denise, il a généreusement abandonné la lice lorsqu'il a pu reconnaitre l'erreur de ses suppositions. MAI. 189 « M. Bravard a débuté dans la carrière scientifique par une série d'excellents dessins qui font partie des planches des « Recherches sur les ossements fossiles par MM. Croizet et Jobert. » Depuis lors, il a pour- suivi ses investigations paléontologiques sur beaucoup de points de l'Auvergne, et il a exhumé un très grand nombre d’espèces fossiles qui constituent, dans leur ensemble, des faunes en partie distinetes de celles qu’on a signalées ailleurs, et particulière- ment dans le Velay. « Le Mémoire inédit que nous adressent en commun les récipiendaires, concerne un nouvel et important gisement qu’ils ont exploré ensemble dans le dépar- tement de Vaueluse, celui de Gargas ou de La Débruge, et où ils ont recueilli les restes fossiles d'un certain nombre de genres de carnassiers, de rongeurs, de pachydermes et d’autres mammifères voisins des ruminants, enfin de reptiles et de poissons. « La détermination spécifique de tous ces animaux, les caractères distinctifs de leur ostéologie, sont traités dans ce travail avee une haute intelligence de Panatomie comparée, et avec autant de méthode et de clarté que d'élégance de style. « Un compte-rendu détaillé de ce Mémoire ne vous en donnerait qu’une bien faible idée. Nous pensons qu’il serait plus convenable de le publier in extenso dans les « Annales », si toutefois les modestes ressources de la Société peuvent lui per- mettre d'éditer les nombreuses et belles planches 190 RÉSUMÉ DES SÉANCES. qui accompagnent cet important travail. Organe de votre commission, j'ai donc l’honneur de vous pro- poser de faire tous vos efforts pour mettre au jour une œuvre qui enrichira la science de découvertes nouvelles et vraiment intéressantes, et d'admettre leurs auteurs au nombre de vos membres non résidants. » Conformément aux conclusions des rapports qui précèdent, il est procédé au scrutin, et les réci- piendaires ayant obtenu l’unanimité des voix, sont nommés membres non résidants. Le Mémoire de MM. Pomel et Bravard est ren- voyé en outre au conseil d'administration. À huit heures la séance est levée. SÉANCE DU G JUIN. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus; Commissions nommées. — « Mémoire sur la maladie du raisin », par M. Desmoulins; Dépôt à la bibliothèque historique.—Compte- rendu du « Congrès des Sociétés savantes » ; Rapport sur les travaux de la Société; Explications de MM. les délégués de la Société; Proposition pour la tenue de la prochaine session du Congrès au Puy; Délibération; Ajournement; Vœu émis par le Congrès au sujet d'un grand nombre de questions économiques , agricoles , industrielles, historiques, géologiques, archéologiques, artisti- ques, ete.; Rapport de MM. les délégués. — Dons’ au Musée d'un héron pourpré, d’une perdrix rouge et d’un merle blanc, par MM. de Brye et Alirol. — Envoi d’un tableau peint par M. Tyr; Lettre de M. Vidal fils. — Engrais concentrés; Observations de MM. de Briveet Ch. de La Fayette. — Alimentation des veaux ; Etablissement d'un marché aux veaux; Observations de MM. Ch. de La Fayette, de Brive, Borie, Gire, de La Valette. — Enquête sur les sels; Circulaire de M. le Préfet; Réponse de M. le Président. — Hauteurs des principales montagnes du département: Rensei- gnements demandés par M. le Préfet; Renvoi à M. Aymard. — Vileté du prix des grains; Détresse des agriculteurs ; Rapport de M. Benoit; Observations de MM. de Brive, Charles de La Fayette, Best et Chouvon; Envoi du rapport à M. le Ministre de l'agriculture. — Rapport sur les usages locaux, ajourné. — Restauration de la fontaine gothique du Théron-Saint-Pierre au Puy; Communication de M. Aymard ; Félicitations votées à M. le Maire et aux Architectes chargés de ce travail. — Dix-huitième session du Congrès scientifique: Lettre de convocation adressée à la Société. — Demande d'admission par M. Giron-Pistre , avocat, comme membre résidant; Envoi d’un Mémoire sur l’industrie de la dentelle du Puy; Commission nommée. — Lettre de re- merciment de M. Dubois de Niermont, pour son admission comme membre honoraire. — Admission de M. Jean, proprié- taire à Farigoules, comme membre correspondant. À trois heures la séance est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté, 192 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Pugzicarions. — Des commissaires sont nommés pour examiner plusieurs des ouvrages reçus depuis la dernière séance. L'Assemblée ordonne le dépôt à la bibliothèque historique d’un rapport [imprimé] de M. Desmoulins, membre non résidant, au Congrès scientifique d'Or- léans, sur la maladie du raisin. Au sujet de la réception du volume renfermant le compte-rendu des travaux du Congrès des Sociétés savantes, M. le Président cite un passage du rapport sur les travaux de ces Associations, dans lequel sont consignés très favorablement ceux de la Compagnie, « qui a conservé, dit le rapport, dans l'esprit de la commission, le degré d'estime dont elle jouit depuis longtemps sans contestation. » Les conclusions de ce travail sont celles-ci : « .….Nous terminerons ce rapide aperçu sur cette « Société, en déclarant, Messieurs, qu’elle est à « nos yeux une des Associations de province qui ont « le mieux compris et rempli leur mandat, une « de celles dont l’organisation peut être proposée « comme modèle. » MM. Ch. de La Fayette et Assézat de Bouteyre, qui avaient été délégués au Congrès par la Société, donnent ensuite des explications sur les témoignages oraux de bienveillante sympathie qu’ils ont recus de la part des principaux organisateurs du Congrès, JUIN. 195 et en particulier de M. de Caumont. Ils ajoutent que ces Messieurs auraient l'intention de tenir au Puy l’une des prochaines sessions sous les auspices de la Société, si toutefois elle en exprimait ie désir. M. le Président rappelle qu’il a été question de cet objet à l’une des précédentes séances, d’après une proposition qui émanait de M. de Caumont. La Société, tout en reconnaissant combien cette réunion solennelle d’un grand nombre de savants, d'artistes et d'étrangers de distinction, serait utile au progrès des sciences dans notre pays, et combien elle pourrait contribuer à faire connaitre les richesses historiques et naturelles du département, a constaté, après mure délibération, que le moment ne serait peut-être pas favorable à la réalisation de ce projet; le Musée, en effet, ne pourra être complètement organisé que dans un an, et la Société n’a pas cru devoir solliciter de fonds auprès de l'autorité muni- cipale, dans un intérêt scientifique, avant l’achè- vement de cet important établissement. Il en a été écrit dans ce sens à M. de Caumont. M. Charles de La Fayette dit qu'il a donné les mêmes explications à Messieurs les organisateurs du Congrès; il y a été répondu que les dépenses seraient peu considérables. Ce Membre craint qu’une occasion aussi favorable ne se représente plus à l'avenir, ec qui serait fächeux dans l'intérêt bien entendu de la science, de la Société et du pays. M. Aymard répond que, d’après ce qui a été dit 194 RÉSUMÉ DES SÉANCES: par MM. Bertrand de Doue et Borie, anciens pré- sident et secrétaire de la Société, il paraïitrait que M. de Caumont aurait témoigné précédemment, et à différentes reprises, son désir de tenir au Puy une des sessions du Congrès; que cette persistance si flatteuse pour la Compagnie est une preuve d’un bon vouloir sur lequel on peut compter pour lavenir, et qui permettra de préparer cette solennité de Ja manière la plus digne et la plus imposante. M, de La Fayette père appuie ces observations. Il ajoute que la question est assez importante pour être mürement examinée. En conséquence il propose l’ajournement, qui est adopté. MM. les délégués énumèrent ensuite quelques-uns des vœux principaux qui ont été émis par le Congrès; ils signalent en] particulier les suivants, qui intéres- sent au plus haut point les vues de la Compagnie: 49 Etablissement d’un dépôt central à Paris de toutes les publi: cations des Sociétés scientifiques de France, et création, sous les auspices et la direction de l’Institut des Provinces, d’un Bulletin analytique et bibliographique des travaux de ces Sociétés. 2° Organisation complète et régulière des bibliothèques publiques dans les départements. 5° Organisation régulière et uniforme de tous les Musées de province 4°, par la publication d’un catalogue divisé en trois par- ties : d’abord l’histoire de l’ensemble des collections, le récit de son origine et de ses phases diverses; en second lieu, la description individuelle de chaque peinture, sculpture, objet d’art et de curio- sité, de chaque série d'histoire naturelle ou autre; enfin, l’histoire des artistes provinciaux qui sont nés ou ont travaillé dans la JUIN. 195 province 1; 20 classement des peintures [au moins sur le livret] en trois grandes catégories : italiens, flamands, français, avec un relevé soigneusement fait des signatures, dates, monogrammes, marques et inscriptions; 5° classement des sculptures par ordre chronologique, c’est à dire d’après la classification consacrée pour les monuments historiques; mais l’on distinguerait la sculpture par deux classes : antique et moderne; la première se subdiviserait en sculpture égyptienne, grecque, romaine, et la seconde en sculpture gallo-romaine, romane, gothique, de la renaissance et de Pépoque actuelle ; 4° galerie particulière pour les plâtres; 5° soins à apporter à la restauration des œuvres d'art; 69 distribution des collections d'histoire naturelle dans des salles ou galeries distinctes de celles des séries artistiques, et divisées elles-mêmes en deux parties : l’une qui offrirait tout ce qui se trouve dans le dépar- tement, l'autre les objets qui lui sont étrangers; les végétaux ren- fermés dans les herbiers ne pouvant étre offerts à la vue, un tableau présenterait la liste de tous les végétaux du département ; 7° création de collections spéciales et relatives aux industries prin- cipales et traditionnelles de chaque département. 4° Enseignement agricole et élémentaire donné dans les écoles normales et les écoles rurales. 50 Propagation de la pratique du drainage. 69 En ce qui concerne la détresse des agriculteurs : 4° établissement d'institutions de crédit; 2° que les approvisionnements en céréales soient maintenus dans tous les grands services publics; 5° qu’un mi- nimum d’approvisionnement soit imposé au commerce de la bou- langerie; 40 que l’on rapporte le décret du 44 janvier 4850, concer- nant la mouture des blés étrangers; 5° qu’on maintienne les tarifs protecteurs; 60 que les droits de Poctroi de la ville de Paris, rela- tivement au beurre, œufs et volailles, soient ramenés au chiffre : a. ; nr À laquelle on pourrait ajouter une notice historique sur? les naturalistes de la province qui ont enrichi la science et le Musée de leurs découvertes. 196 RÉSUMÉ DES SÉANCES. antérieur au décret de décembre 4849; 7° que l'Etat, en continuant le réseau des chemins de fer, consulte les populations, et ait égard à leurs vœux; 8° enfin que la confiance et la sécurité, premiers besoins de l’agriculture, se rétablissent promptement. 7° Botanique appliquée à l’agriculture, géographie botanique, botanique étudiée suivant les divers terrains géologiques où les végétaux croissent de préférence. 8° Acclimatation des arbres résineux; recommandation spéciale du pin maritime [pinus nigra austriaca]; les racines de cet arbre ont la propriété de s'étendre presque à fleur de terre, et méme à découvert, sur les rochers calcaires, lorsqu'elles ne trouvent aueun moyen de plonger dans le sol par une fissure. Ce pin atteint une hauteur de cent pieds d'Autriche [trente-un mètres soixante centi- mètres], sur un diametre de quatre-vingt-quinze centimètres à un mètre vingt-six centimètres. Il est fort important de ne pas confondre le pin d'Autriche avec le pin laricio, son congénère. Relativement à leur distribution dans les différentes zônes botaniques, et rela- livement au climat, le laricio , comme le pin maritime, appartient aux zônes méridionales, et sort de son milieu lorsqu'on lintroduit dans le nord. Le pin d'Autriche appartient à des zônes plus tem- pérées ; ce dernier pin, qui perd ses caractères sur les rochers des environs de Trieste, végète encore au nord de Berlin , où le laricio ne pourrait probablement vivre. Le pin d'Autriche est, en outre, le plus riche en résine de tous les bois d'Europe; son bois a plus de fermeté, de ténacité que celui du pin silvestre, et l'emporte sur le mélèze pour les cons- tructions immergées. Cet arbre croit en plaine à toute exposition; on le rencontre encore à douze cent vingt-cinq mètres au dessus du niveau de la mer, mais alors sur les versants méridionaux seulement. Du reste, il nest pas exigeant sur la nature du sol, pourvu qu'il ne soit point trop humide. 9° Encouragement à la culture du colza , principalement afin d’exo- nérer le plus tôt possible la France du tribut de trente-cinq millions qu’elle dépense annuellement en achats de colza venu du dehors. 4100 Etude des faits commerciaux qui peuvent exercer une influence JUIN, 197 nuisible ou salutaire sur les débouchés des produits de leurs cir- conscriptions respectives, — nature précise des améliorations qu’il faudrait faire apporter à ces mêmes produits pour leur assurer de meilleurs débouchés , — dispositions d'administration publique ou de législation qu'il conviendrait de provoquer dans lintérét de ces débouchés. 410 Organisation de jardins botaniques et de pépinières départe- mentales; enseignement horticole ; expositions publiques de végétaux. 420 Impulsion à donner aux études de zoologie agricole; connais- sance complète des conditions d'existence des animaux utiles et nui- sibles , afin d'arriver à introduction , à l'amélioration et à la conser- vation des premiers, et à la destruction ou à l'éloignement des seconds. Le Congres recommande : 4° de bien fixer le nom scientifique des espèces, en y rapportant, comme synonymes, tous les noms vulgaires et locaux employés pour les désigner; 2° d'étudier les mœurs des animaux nuisibles, faire connaître la nature et l'étendue du tort qu'ils font éprouver à l’agriculture, et tâcher d'indiquer, d’après ces données, les moyens de les éloigner ou de les détruire ; 5° faire des observations précises sur le régime des oiseaux plus ou moins polyphages on omnivores, afin de savoir si le tort qu'ils nous font n’est pas largement compensé par la destruction de cer- tains insectes qui nuisent beaucoup plus à nos cultures; 4° établir des catalogues des insectes qui vivent dans nos diverses localités, afin de parvenir à la connaissance de toutes les espèces propres à la France, en indiquant, autant que possible, celles qui sont particulières à certaines localités. 45° Organisation des expositions industrielles, régionales et départementales. 440 Etudes des gites de minerais. 459 Etude de la question du commerce de la boucherie. Le Congrès a adopté les conclusions suivantes : 49 l’organisation actuelle de Ja boucherie de Paris, notamment, est nuisible aux intéréts des pro- ducteurs ; 2° quelle que soit la décision à intervenir sur la limi- tation ou lillimitation du nombre des bouchers, le principe de l'existence de la caisse de Poissy doit être maintenu ; 5° Ja caisse doit TOME XVI, 15 198 RÉSUMÉ DES SÉANCES. être maintenue; 4° le Congrès pense ensuite qu'il appartient à uñ règlement d'administration publique de déterminer les conditions, la durée et les garanties de crédit à accorder par la caisse; 5° que l'établissement des marchés spéciaux et obligatoires de Sceaux et de Poissy est utile dans l’intérét des producteurs, des consommateurs et de l'approvisionnement de Paris ; 6° que la défense de la revente des bes- tiaux sur pied soit maintenue; 7° que la concurrence, par suite de lillimitation du nombre des bouchers, et la vente à la criée, suffiront pour empécher les abus du commerce dit à la cheville; 8° que la limitation du nombre de neuf jours pour la garantie de la mort naturelle des bestiaux vendus aux boachers de Paris, imposée aux producteurs, est trop étendue et trop onéreuse : le nombre de trois jours est suffisant; 9° qu’il faut attribuer principalement le bas prix du bétail à la détresse des laboureurs, et à l'offre surabon- dante des bestiaux sur les marchés; 400 que le tarif protecteur de la loi de 4822 a considérablement favorisé l’augmentation de la production des bestiaux; 41° que depuis l'établissement du tarif protecteur de 4822, il y a eu de toutes parts en France beaucoup plus d'engrais et par conséquent de progrès agricoles; 120 que sous l'influence des tarifs de 4822, la production a été encouragée, l'élevage s'est multiplié, et l’engraissement du bétail s’est accru dans la même proportion. La substitution du droit au poids au droit par tête, à lentrée des frontières de l’est de la France, causerait une véritable perturbation dans la situation agricole du pays; 459 que la substitution du droit au poids au droit par tête, aux frontières, serait loin de favoriser l’industrie de l’engraissemnent. Les pays d'élèves découragés produiraient moins, et la pénurie des bestiaux maigres rejaillirait sur les pays d’engraissement; 440 qu'on nourrit aujourd'hui en France, sur des prairies artificielles, un beaucoup plus grand nombre de bestiaux qu'avant 4822; 450 que les conditions de l’agriculture, relativement à la production, à l'élevage et à l’engraissement du bétail, ont été changées avanta- geusement par le développement des cultures fourragères et sarclées ; 46° que depuis 1822, il y a eu partout une amélioration considérable des races; 17° qu’il y a eu également une augmentation générale des JUIN. 199 races ovine et porcine; 48° qu’enfin la surface des prairies natu- relles et artificielles a été aussi partout considérablement étendue, 16° Etudes géologiques : examiner avec altention si, dans les localités explorées, certaines espèces fossiles ne se rencontrent pas constamment dans des zônes distinctes des mêmes terrains géolo- giques, ou si elles ne se trouvent jamais qu’à des niveaux bien définis ou dans des stations déterminées; faire des cartes géologiques sur carton sur la plus grande échelle possible; établir des coupes et profils détaillés fondés sur un nivellement exact pour chaque terrain géologique. 47° Etude des courants atmosphériques; utilité des observations nocturnes, la météorologie de la nuit étant encore moins avancée que celle du jour; orages de gréle; vent qui a amené la gréle; durée de laverse; densité de la gréle; grosseur et poids moyens des grélons, leur grosseur et leur poids extrémes; estimation du dom- mage causé par la grêle; observations de ses effets sur les différentes récoltes; enfin, sur l’ensemble des phénomènes concomitants. 48e Etude des étoiles filantes; nombre horaire moyen d'étoiles filantes par chaque heure de la nuit et méme pendant le jour; comparaison du nombre horaire de ces étoiles de janvier à la fin de juin, et de juin à la fin de décembre, ete. 49° Température des sources. 200 Archéologie : systeme de notation à adopter pour les cartes archéologiques; restauration des peintures et sculptures anciennes dans les églises et autres monuments publics; soins consciencieux et intelligents à apporter à ces réparations; limites géographiques à adopter pour la géographie monumentale de la France au douzième siècle ; écoles architectoniques diverses de la France. 21° Ethnographie française : rechercher avee soin quelles sont les races principales dont se compose la population française; à quels caractères on les reconnait, distinguer pour chaque localité les divers éléments ethnologiques de la population, tels que Gaels, “Kimrys, etc. 22° Histoire littéraire de chaque province; classement en trois branches principales : poésie, histoire et jurisprudence. 200 RÉSUMÉ DES SÉANCES. 250 Philologie : vœu que les Sociétés savantes entreprennent , où du moins encouragent puissamment la publication des glossaires des divers patois de la France, en y joignant des études sur les origines et les caractères littéraires et grammaticaux de ces dialectes ; ces plossaires pourraient étreaccompa gnés d’unebibliographieraisonnée des ouvrages écrits en patois, et de recherches sur les monuments littéraires du moyen-âge qui auraient subi l'influence des dialectes vulgaires. 240 Etudes musicales contemporaines; patronage des Sociétés scien- tifiques en faveur des écoles de chant, etc. 25° Artistes provinciaux : le Congrès engage les Conseils muni- cipaux des villes qui pensionnent à Paris ou à Rome des élèves peintres ou sculpteurs, à n’exiger d’eux, dans l’intérét mieux entendu de ces villes, durant les années d’études de ces jeunes pensionnaires, que l'exhibition annuelle de leur travail le plus important. 26° Comptes-rendus des travaux des Sociétés scientifiques des provinces. Cet exposé sommaire des questions principales qui ont été débattues au sein du Congrès, et à la discussion desquelles Messieurs les délégués de la Société ont pris une part très active, donne lieu à M. le Président de féliciter MM. Charles de La Fayette et Assézat de Bouteyre de l’empressement qu'ils ont apporté à remplir si honorablement leur mandat. Musée. — M. le Secrétaire fait hommage, au nom de M. le docteur de Brye, membre correspondant à Chomelix, d’un héron pourpré [ardea purpurea, Temmincx], quia été tué aux environs de cette ville, JUIN. 201 et dont on doit l’habile préparation à M. le docteur Moussier. M. Félix Robert donne, de la part de M. Alirol, traiteur au Puy, une perdrix rouge et un merle blanc, tués dans le département, et que cet orni- thologiste a bien voulu retirer de son cabinet pour en enrichir les collections du Musée. | Ces dons intéressants sont accueillis par un vote de remerciments. M. le Président lit une lettre de M. Vidal fils, du Puy, employé au ministère de l’intérieur, annonçant qu'il veillera à l'envoi très prochain d’un tableau peint par M. Tyr, qui avait été donné par le Gou- vernement à la demande de MM. Laurent, Grellet et Avond, représentants à l'Assemblée nationale. L'Assemblée remercie notre compatriote de ses bons et intelligents oflices en cette circonstance. AGRICULTURE. — À l’occasion d’un article sur les engrais concentrés inséré dans le dernier numéro du « Journal d'Agriculture Pratique », M. le Pré- sident dit que l'opinion de la Société sur cette ques- tion, manifestée dans une des précédentes séances, est généralement partagée par beaucoup d’agricul- teurs distingués. M. Charles La Fayette fait observer qu’au Congrès agricole on admettait que la pratique du pralinage, origine première des engrais concentrés, est bonne 202 RÉSUMÉ DES SÉANCES. en principe; qu'on dispose ainsi la graine, comme il Ja expérimenté [ui-même, à une végétation plus active: mais que l'application avait donné lieu à des abus, la spéculation s’en étant emparée, d’où étaient résultées des fraudes préjudiciables aux vrais intérêts de l’agriculture. M. de Brive cite à ce sujet un procédé qu’em- ploient certains habitants de la commune de Coubon pour activer la végétation de la pomme de terre : ils saupoudrent de plâtre le tubercule avant de le mettre en terre; ils emploient le même procédé pour faciliter la germination de la lentille. Dans le même Recueil agronomique, sont consi- gnées des expériences sur l’alimentation des veaux, au sujet desquelles M. Charles La Fayette se plaint que, dans notre pays, on tue ces animaux beaucoup trop jeunes, contrairement aux intérêts de l’agri- culture et de l'alimentation publique. M. le Président croit que siles veaux ne coûtaient pas si cher à élever , et si les éleveurs adoptaient les méthodes économiques pour les nourrir, il y aurait avantage à différer plus longtemps la vente de ces animaux. M. Borie dit qu’il avait eu occasion de proposer au Conseil municipal du Puy d'interdire l'abattage des veaux au dessous d’un poids déterminé. Si cette mesure venait à être réalisée, elle aurait peut-être quelque influence sur la solution de la question. M. Gire fait observer que le poids exigé à l’abattoir JUIN. 205 du Puy d’après les règlements, n’est pas inférieur à cinquante kilogrammes. M. de La Valette rappelle également qu'il avait demandé au Conseil municipal l'établissement d’un marché aux veaux, qui relèverait nécessairement le prix de ces animaux, en empêchant toute coalition de la part des bouchers. M. le Président, après avoir consulté l’Assemblée, déclare qu'il en écrira à M. le Maire du Puy. Économie PUBLIQUE. — Il est donné communication d'une dépêche ministérielle relative à une enquête sur les sels. M. le Secrétaire dit qu'on a reçu à la Mairie une circulaire semblable, et que M. le Maire se propose de convoquer à ceteffet la Chambre des manufactures. M. le Président ayant fait observer que la question pourrait avoir aussi de l’importance au point de vue agricole , est prié de répondre à cette lettre. Il est fait lecture d’une lettre de M. le Préfet, par laquelle des renseignements sont demandés, au nom du Gouvernement, sur les hauteurs des prin- cipales montagnes du département, leur structure géologique et leur boisement. M. Aymard est prié de satisfaire à cette demande: DATENT : . : L'Assemblée entend le rapportsuivant de M. Benoit, sur les causes de Ja vileté du prix des grains : 204 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Messieurs , Votre commission chargée d’examiner les causes de la vileté du prix des grains, et de vous indiquer les moyens de porter un remède à cette calamité qui amënera la ruine de nos campagnes, vous soumet Îles avis suivants : La trop grande quantité de grains étrangers importés depuis 4847, jointe à l’abondance des récoltes depuis la même année, ont pu contri- buer, dans une certaine proportion, à la baisse du prix des céréales; mais la cause principale de ce fléau git dans le peu de confiance qu’inspire le gouvernement de la France depuis 4848. Les menaces incessantes du socialisme paralysent le commerce, celui des céréales surtout, qui a besoin de compter sur l'avenir pour se développer. Peut-on, en effet, se livrer à des spéculations, quand le lende- main est aussi incertain, et quand l’émeute menace chaque jour la propriété? La libre entrée des grains établie en Angleterre depuis quelques années, en ouvrant ses marchés aux céréales d'Amérique et de Russie, eten diminuant l’importance de notre exportation, est peut-être pour quelque chose aussi dans l’abaissement de nos prix. Telles sont, Messieurs, aux yeux de votre commission, les causes du faible cours de nos grains. Mais il est souvent plus facile de reconnaitre le mal, d’en appré- cier les causes, que de le guérir. Votre commission ne peut, dans les eirconstances politiques où nous nous trouvons, indiquer d'autre reméde que lapplication rigoureuse de la loi dite de l'échelle mobile, sur les importations et exportations de céréales, l'exécution des reglements relatifs à la réserve que les boulangers doivent toujours avoir en magasin, et au besoin l'obligation pour toutes les villes d'établir des greniers d’abondance. Voila, Messieurs, les palliatifs plutôt que les remèdes que votre commission a cru pouvoir indiquer contre le mal qui frappe nos trop malheureuses campagnes, en attendant des jours plus sereins et plus prospères qu’elle appelle de tous ses vœux. JUIN. 205 Cette lecture soulève un débat dans lequel plu- sieurs Membres sont entendus. M. de Brive dit qu'on ne saurait appeler trop souvent l'attention du Gouvernement sur le mal que cause à l’agriculture l’abaissement exceptionnel du prix de ses produits. Ce prix est arrivé au point qu'il ne fait plus équilibre aux dépenses de culture. Aussi l’agriculteur voyant dépérir chaque jour entre ses mains le capital nécessaire à son exploitation, touche au moment où il devra nécessairement aban- donner la culture de ses terres. Qui pourrait pré- voir les résultats d’un pareil fait pour l’économie publique? M. Ch. de La Fayette fait observer qu’au dessous de 20 fr. l’hectolitre, le prix du froment n’est pas rémunérateur des frais et travaux sans nombre qu’im- pose au eultivateur l'exploitation de ses terres. En vendant 15 et 14 fr., comme il est obligé de le faire depuis deux ans, l’agriculteur court évidem- ment à sa ruine. M. Best ajoute que la perte occasionnée au pro- priétaire par le bas prix des grains, ne lui permet pas d'occuper des bras étrangers à sa culture, ce qui augmente la misère dans nos campagnes. M. Chouvon propose d’ajouter à l’indication des moyens propres à relever le prix des céréales, la suppression des règlements qui autorisent l’entrée en franchise des grains étrangers sur les côtes de la Méditerranée en faveur de nos minoteries, à Ja 206 RÉSUMÉ DES SÉANCES. charge d’une exportation égale en farine. Il arrive, en effet, que par suite de l'interprétation ou de l'inexécution de ces règlements, des quantités consi- dérables de grains étrangers restent en France, et viennent augmenter flencombrement de nos marchés. La Société approuve ces diverses observations, et invite M. le Président à en joindre un extrait au rapport de M. Benoit, pour être adressé à M. le Ministre de l’agriculture. Après lecture d'une lettre de M. le Préfet, M. Lobeyrac donne des explications desquelles il résulte que le travail sur les usages locaux, dont il avait été chargé par la Société, ne pourra s’effec- tuer qu’ultérieurement, lorsque les données voulues auront été envoyées de tous les cantons. CONSERVATION DES MONUMENTS. — M. le Secrétaire si- gnale, comme digne de l’intérêt des hommes de goût, la restauration intelligente de la fontaine gothique du Théron-Saint-Pierre, qui vient d’être exéeutée au Puy. Sur sa proposition, des félicitations sont votées à M. Badon, maire, et à MM. Moiselet , architecte de la ville, et Belut, surveillant-chef des travaux, chargés de cette intéressante opération. Des éloges sont éga- lement adressés à M. Habougit, à qui sont dues les sculptures du monument. AVRIL. 207 Opsers nivers.—MM. les organisateurs des Congrès scientifiques de France invitent MM. les membres de la Société, par une circulaire, à assister à la dix- huitième session de cette assemblée, dont louver- ture aura lieu à Orléans le 12 septembre 1852, et à la session du Congrès archéologique de France, qui se tiendra cette année à Nevers le 12 juin, et durera cinq jours. Deuanne p’apmIssION. — M. Giron-Pistre, avocat au Puy, sollicite le titre de membre non résidant, et envoie, à l’appui de sa demande, un Mémoire sur l’industrie de la dentelle au Puy. Sont nommés commissaires MM. Bertrand de Doue, Joyeux et Robert. Apuission. — M. Dubois de Niermont, ancien préfet de la Haute-Loire, écrit ce qui suit : Paris, 8 mai 1851. MOonsIEUR LE PRÉSIDENT, J'ai reçu la lettre que vous avez bien voulu m'écrire le 3 de ce mois, pour m'annoncer que la Société Académique du Puy avait daigné m’admettre dans son sein au titre de membre honoraire, réservé aux personnes qui ont rendu des services considérables au pays. Veuillez me permettre, monsieur le Président, d'exprimer par votre organe Îles sentiments de profonde gratitude que m’inspire honneur insigne que vient de me faire la Société Académique. {> chercherais vainement à exprimer l'émotion que cette nouvelle 208 RÉSUMÉ DES SÉANCES. m'a causée et les souvenirs qu'a réveillés dans mon cœur le nouveau témoignage de bienveillance que vient de m’accorder le département de la Haute-Loire par lintermédiaire de l’éminente Société que vous présidez si dignement. Veuillez agréer, monsieur le Président, l'expression de mes sentiments respectueux et dévoués. Eu. DUBOIS. Îl'est procédé au scrutin pour l'élection de M. Jean, propriétaire à Farigoules, comme membre corres- pondant. Le récipiendaire obtient l'unanimité des VOIX. À sept heures la séance est levée. SÉANCE DU 4 JUILLET. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. « L'Art en Province »: divers Mémoires de M. Anatole Dauvergne, membre non résidant, insérés dans ce Recueil. — « Catalogue du Musée de Lille », donné par M. Calemard de La Fayette père. — Réception d’un tableau de M. Tyr, représentant « Jésus enfant instruisant. » — Don d'une étoffe feutrée en écorce d'arbre, provenant d’Ota- hiti, par M. Nogier. — Floraison des grains; Données fournies à M. le Préfet. — Deux prix à décerner aux élèves-maitres de l’école Normale, pour les études agricoles ; Commission nommée. — Engrais concentrés; Adhésion de l’Assemblée aux vues expri- mées par M. de Sussex dans son ouvrage « sur le commerce et la législation des engrais. » — Destruction des insectes dits « courtilières »; procédé indiqué par M. le Président, — Gro- seiller à grosses grappes, communiqué par M. Mazoyer; Don au jardin expérimental; Remerciments. — Réduction de la sub- vention faite par M. le Ministre de Pagriculture; Lettre de M. le Ministre; Promesse d’un secours pour lacquisition d’une machine à fabriquer les drains. — Lettre du même Ministre au sujet de l’envoi de M. Falcon à Pexposition universelle de Lon- dres; Observations de M. le Président. — Fécondation artificielle du saumon; ce poisson observé dans le jeune äge n’est autre que le « tacon »; Communication de M. le Président ; Observations de M. Bertrand de Doue. — Essais de fécondation artificielle d'œufs de poisson dans le lac de Saint-Front; Communication de M. de La Valette. — Fréquence comparée des vents supérieurs et inférieurs sous le climat du Puy; Communication de M. Ber- trand de Doue; Problème de l’aéronavigation; Observations de MM. Aymard et Bertrand de Doue. — Brèches osseuses et ca- vernes; leur remplissage par des dépôts diluviens et autres; Climat à l’époque où les éléphants habitaient notre pays; Obser- vations de M. Aymard. — Monument à ériger au chroniqueur Froissart, à Valenciennes; Lettre de M. le President de la Société Académique de cette ville. — Création d'un jardin publie au Puy; Proposition de M. le Président; Commission nommée. — Rapport de M. Robert sur ladmission de M. Giron-Pistre, avocat, comme membre résidant; Scrutin; Admission du réci- piendaire. À trois heures la séance est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté. 210 RÉSUMÉ DES SÉANCES. PurzicaTions. — Parmi les ouvrages reçus, on remarque le dernier numéro de « PArt en Province », qui renferme divers Mémoires d’art et d'archéologie par M. Anatole Dauvergne, membre non résidant. M. de La Fayette père donne à la bibliothèque un « Catalogue raisonné du Musée de Lille » , avec des notices sur la vie et les ouvrages des principaux peintres; 1850 , un volume in-4°. M. le Président lui exprime les remerciments de la Société. Musée. — M. le Président annonce la réception du tableau peint par notre compatriote M. Tyr, et donné par le gouvernement, sur la demande de MM. Laurent, Grellet et Avond, représentants de la Haute-Loire. Cette peinture, qui est placée dans la salle des délibérations, représente « Jésus enfant instruisant. » L'Assemblée admire sa belle exé- cution, et M. le Président s’empresse de féliciter M. Tyr sur le mérite incontestable de son œuvre. La Société exprime aussi, par l'organe de M. le Président, sa gratitude au Gouvernement et à MM. les Représentants qui, en sollcitant et obtenant ce tableau, ont donné un intelligent témoignage de sympathie au progrès des arts dans notre pays. Le don suivant est agréé également avec recon- naissance : à JUILLET. 211 Fragment d’étoffe feutrée en écorce d'arbre, pro- venant d'Otahiti, etoffert par M. Nogier, capitaine en retraite. AGRICULTURE. — M. le Président lit une lettre de M. le Préfet, relative à la floraison des grains: et après avoir consulté l’Assemblée, il se charge de satisfaire aux demandes de l’administration. Sur la proposition de M. Huriez, il est arrêté qu'en outre des prix accordés aux instituteurs qui se livreront avec le plus de succès à l’enseignement des méthodes perfectionnées de l’agriculture, deux prix annuels seront décernés aux élèves-maitres de l’école Normale qui auront mis le plus à profit les leçons d'agriculture quileur sont données. Les fonds seront prélevés sur la somme de 100 fr. alloués par le Conseil général à l’enseignement agricole. La commission chargée de l’examen des élèves est composée de MM. Huriez, Chouvon et Charles de La Fayette. L'Assemblée, après avoir entendu un rapport de M. Chouvon, déclare qu’elle adhère au vœu exprimé par M. de Sussex dans son ouvrage sur le commerce, le contrôle et la législation des engrais, et qu’elle a confiance dans ce que décidera la Chambre des représentants au sujet des abus qu'a fait naitre l’industrie récente des engrais dits concentrés. 919 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Au sujet d’un Mémoire inséré dans l’une des publications reçues, M. le Président signale un travail où sont indiquées diverses expériences faites en vue d'opérer la destruction des insectes connus sous le nom de « courtilières. » On y signale comme très efficace l'emploi d’eaux grasses ou de Javures dont il faut avoir soin d’arroser le terrain sujet aux ravages des courtilières pendant tout le temps que dure la construction des nids, la ponte et l’éclosion des œufs. M. Mazoyer-Gazanhon présente un beau spécimen de groseiller à grappes, dit groseiller-cerise , couvert de fruits à très gros grains, et en fait hommage au jardin de la Société. Cette communication est accueillie avec intérêt et gratitude. L'Assemblée entend la lecture d’une lettre par laquelle M. le Ministre de l’agriculture, répondant aux observations que lui avait adressées M. le Président au sujet de la réduction de Pallocation ministérielle, s'excuse en ces termes : « J'aurais vivement désiré, monsieur le Pré- sident, pouvoir vous donner une réponse favorable ; mais les nouvelles charges fort considérables im- posées au crédit de l’agriculture n’ont pas permis d’allouer aux Associations agricoles les sommes qui leur avaient été accordées jusqu'ici. Plusieurs même, JUILLET. 215 et en assez grand nombre, seront privées complè- tement de subvention. C’est par une exception toute spéciale, et à raison de ses bons travaux, que, malgré la réduction qu’elle a dû subir, la Société d'Agriculture du Puy a cependant conservé une allocation de 2500 fr. » M. le Ministre annonce ensuite que s’il pouvait disposer de quelques fonds avant la fin de l’année, il aurait intention de les employer, au moins en grande partie, à encourager le drainage, et dans ce cas il lui serait très agréable d'accorder à la Société une somme suflisante pour l'acquisition d’une machine à fabriquer les drains, et pour aider à l’expérimentation de ce procédé dans la Haute- Loire, Il termine sa lettre par la promesse de prendre en sérieuse considération les observations de la Société relatives au concours d’Aurillae, dont il a été question à l’une des précédentes séances. Ixpusrrie. — M. le Président lit ensuite une lettre du même Ministre au sujet d’une demande qui lui avait été faite pour obtenir que M. Théodore Falcon fut compris parmi les délégués des villes manufac- turières à l'exposition de Londres. Le Gouvernement regrette de ne pouvoir accéder à cette demande. À cet égard, M. de Brive dit que M. le Ministre, répondant au désir qu'il lui avait manifesté, avait, TOME XVI. 1% 214 RÉSUMÉ DES SÉANCES. dit-on, adressé une première lettre à M. le Prési- dent de la Chambre des manufactures du Puy, dans laquelle il laissait espérer qu’une allocation serait faite pour cet objet, si la Chambre des prud'hommes et celle des manufactures donnaient un avis favorable. Malheureusement cette dernière ne fonctionnant pas, la lettre a été égarée ; il n’a pas été fait de réponse au Ministre, qui dès lors a refusé les fonds. Cet insuccès si facheux pour l’industrie dentellière de la Haute-Loire, donne lieu à l’Assemblée de réitérer le vœu que la Chambre des arts et manu- factures soit prochainement reconstituée. SCIENCES NATURELLES. — M. le Président appelle l'attention de lAssemblée sur un article des « Annales Agronomiques » relatif à la fécondation artificielle du saumon, extrait du « Livre du Sau- mon », par Ephemena [the Book of the Salmon, by Ephemena]. Cet ouvrage a pour objet l’histoire de ce poisson, et d'après les belles planches qu'il renferme, on voit que la variété connue dans la Haute-Loire sous le nom de « tacon », n’est autre chose qu’un très jeune saumon. À cet égard il ne saurait plus exister de doutes, puisque l’auteur a obtenu les jeunes sujets qui figurent dans les planches de son hivre, par la fécondation artificielle des œufs de saumon. L'expérimentation, poussée plus avant, à JUILLET. 215 montré que l'animal, à douze mois, perd sa pre- mière coloration, et revêt une nouvelle robe, qui est celle de l’âge adulte ou du saumon. M. Bertrand de Doue fait observer qu’il avait été conduit à la même conclusion par l'observation des formes dans les deux animaux : le tacon, en effet, a les nageoires et la queue disposées de la même manière que dans le saumon, et ces organes dé propulsion, qui sont considérés par les naturalistes comme fournissant les caractères les plus naturels pour le classement , ont le même nombre de rayons chez ces deux poissons; d’autres particularités ve- naient encore à l’appui : les pêcheurs ont remarqué que le tacon se tient habituellement, dès le plus bas àge, précisément dans les lieux où le saumon dépose ses œufs. À la vérité, on a rencontré quel- quefois des tacons pourvus de « laite », et on en coneluait qu’ils étaient aptes à la reproduction ; mais on n'en à jamais trouvé avec des œufs. Quant à Ja présence de la laite, elle prouve seulement que la nature en à doué le saumon pour opérer la fécon- dation , et qu'il peut l'effectuer quoique fort jeune. C’est là, du reste, ce qu’on observe chez des ani. maux de différentes classes, et en particulier chez les mammifères, qui souvent sont aptes à la copu- lation plus ou moins longtemps avant l’âge adulte, A ce sujet, M. de La Valette entretient l’Assem- blée des premiers essais de fécondation artificielle du poisson, qu'il a fait entreprendre par ses fermiers 216 RÉSUMÉ DES SÉANCES. du Jac de Saint-Front. II ajoute qu’il s’empressera de rendre compte des résultats à la Société. M. Bertrand de Doue offre à l’Assemblée, pour sa bibliothèque historique, un exemplaire du Mémoire qu'il vient de publier, ayant pour titre : « De la fréquence comparée des Vents supérieurs et inférieurs sous le climat du Puy-en-Velay, et de leur distribu- tion. » Il a été inséré dans le volume de 1851 de « l'Annuaire Météorologique de la France. » D’après l'invitation de M. le Président, M. Bertrand entre dans quelques détails sur l’objet de ce Mémoire. Il se croit autorisé à penser que le point de vue sous lequel il a considéré la fréquence des vents n’a pas encore été étudié, ce qui l’a amené à introduire dans la méthode météorologique un mode de nota- tion nouveau et l’expression de fréquence comparée qui manquait à la science. Il signale la station du Puy comme offrant des conditions extrêmement favorables à l'étude com- parée des vents supérieurs et inférieurs, dont la permanence et les nombreuses divergences caracté- risent le climat. Une troisième loi, à laquelle il a donné le nom d’interversion, consiste dans la pré- dominance des vents supérieurs qui soufflent de l'hémisphère occidental, sur leurs correspondants inférieurs, et réciproquement des vents inférieurs de l’hémisphère oriental, sur leurs supérieurs. Elle est établie sur vingt-quatre mois d'observations JUILLET. 9217 concordantes, et par sept autres mois d’observa- tions faites depuis la rédaction de son Mémoire. Il parait que Pinfluence de cette loi s’étendra bien au-delà des limites du plateau central de Ja France, auquel M. Bertrand avait eru devoir provisoi- rement la restreindre faute d’observations connues. C’est du moins ce qui résulte de la comparaison des nombres sur lesquels elle est établie au Puy, avec ceux que présente une moyenne de cinq années d'observations simultanées faites à Bruxelles par M. Quéiele, directeur de Fobservatoire de cette ville, qui se trouvent aussi dans le volume de « PAnnuaire de 1851. » Il y a là un rapproche- ment qui tendrait à donner à la loi d’interversion un degré inattendu de généralité. M. Bertrand ajoute que dans l’étude qu'il a faite des caractères géographiques des vents, de leur hauteur relative et de leurs allures générales, ïl a été conduit, entre autres résultats, à expliquer, par l’interposition du grand massif des Alpes, la rareté des vents d'est sous fe climat du Puy, et les sauts, brusques par lesquels ces vents et ceux de nord-est passent de ces deux directions aux vents méridionaux. Enfin, son travail se termine par un apercu sur les conditions de notre climat, et par des recherches relatives à l'influence des vents inférieurs sur Ja température des deux années 1849 et 1850, dont la dernière a été des plus exceptionnelles, ainsi que le 218 RÉSUMÉ DES SÉANCES. montre la comparaison des deux roses de fréquence jointes au Mémoire de M. Bertrand. M. Aymard fait observer que les lois établies par M. Bertrand de Doue, tendant à se généraliser et à s'étendre au-delà des limites du plateau central de la France, d’après les observations concordantes qui ont été recueillies dans d’autres contrées, la connaissance de ces lois ne sera probablement pas sans influence pour la solution du problème de l’aéronavigation. M. Bertrand répond qu’en effet il pourra ètre de quelque importance pour la direction des aérostats de déterminer rigoureusement les lois qui régissent les vents, principalement ceux de Ja région supé- rieure, et parmi ces derniers ceux qu’on doit consi- dérer surtout comme généraux, par exemple les courants alizés, ete. M. le Secrétaire signale un Mémoire intéressant sur les brèches osseuses et les cavernes à ossements observées auprès de la métairie de Bourgade, aux environs de Montpellier, par MM. Marcel de Serres et Jeanjean, qui est inséré dans le dernier « Bulletin de l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Mont- pellier. » Ces savants géologues rattachent le com- blement de ces cavernes aux grands phénomènes des dépôts diluviens, et ils signalent à ce sujet le nombre prodigieux d’ossements qu’elles renfer- ment. « Ces phénomènes, disent-ils, ont cela de JUILLET. 219 particulier de se présenter partout dans les mêmes conditions : en effet, ce comblement a toujours eu lieu par des limons rougeitres accompagnés d’une grande quantité de cailloux roulés et de roches fragmentaires, et le plus souvent surmontés par un glacis stalagmitique plus ou moins épais. » M. le Secrétaire dit que, sans nier Fexactitude de ces faits, il pense qu’on ne peut pas toujours assimiler , — comme l'ont fait les auteurs ainsi que d’autres naturalistes, — l’origine des brèches à ossements accumulés dans les fentes et fissures des rochers, avec celle des dépôts osseux des cavernes. Il a signalé, en effet, dans les fentes des brèches volcaniques anciennes de la montagne de Denise, près le Puy, un assez grand nombre de débris osseux appartenant à diverses espèces de rhinocéros, de cheval, de ruminants, d’ours, etc., sans qu’on put y reconnaitre le moindre vestige de dépôts diluviens, de galets, etc. M. Aymard est d’ailleurs porté à croire que ces dépouilles animales ont pu être bri- sées par la dent des carnassiers, et avoir été en- trainées dans ces fentes par les eaux pluviales. Les auteurs du Mémoire ont émis, en outre, une déduction considérée longtemps comme fort pro- bable, mais que l'avancement de la science ne permet plus d'admettre : « .….La présence des rhinocéros et des hyènes, « disent-ils, au milieu des fissures des environs de 220 RÉSUMÉ DES SÉANCES. « Bourgade, prouve qu’à l’époque où les ossements « de ces animaux ont été entrainés dans les fentes « verticales de la montagne de La Valette, la tem- « pérature devait être beaucoup plus élevée que « Mmaintepant. » « Or, ajoute M. Aymard, j'ai établi, dans mes précédents Mémoires, que la flore contemporaine de ces espèces animales était, dans notre pays, absolument semblable à celle d'aujourd'hui, et que les coquilles des mollusques, terrestres et fluviatiles, —animaux qui paraissent subir au plus haut point les influences de la température , — n’offraient aucune différence spécifique avec leurs congénères actuels; d’où il faut conclure que les rhinocéros, les élé- phants, ete., étaient organisés pour habiter un climat tempéré et méme assez froid. On a une autre preuve directe de ce fait dans les cadavres d’élé- phants qui ont été trouvés entiers dans les glaces de Ja Sibérie, et dont la peau était couverte d’une toison épaisse et en quelque sorte laineuse, tandis que les espèces de ce genre appartenant aux climats intertropieaux ont la peau parfaitement lisse et appropriée ainsi aux chaleurs ardentes de leur patrie actuelle. » Onsers pivers. — Une circulaire du Président de la Société Académique de Valenciennes annonce qu'un monument va être élevé, dans cette ville, JUILLET. 291 « à l’une des gloires littéraires de la France, au chroniqueur Froissart, let elle invite la Compa- gnie à joindre son nom à celui des souscripteurs. L'Assemblée regrette que la modicité de ses res- sources financières ne lui permette pas, cette année, de s’associer, par un vote de fonds, à l'hommage si mérité qu'on se propose de rendre à l’un des plus illustres chroniqeurs de la France. M. le Président appelle l'attention de l’Assemblée sur le projet de création du jardin public et expé- rimental dans la partie de la prairie du Breuil; comprise dans lenceinte de la promenade du Fer- à-Cheval, près du nouveau Musée. Il dit que ja Société s’est vivement préoccupée depuis longtemps de cette intéressante création , et que la commission du jardin expérimental, dans sa dernière réunion, prenant en considération l’opportunité de cette en- treprise, a été unanime pour en reconnaitre toute la convenance. Dans ce but, elle s’est attachée, depuis deux ans, à former dans son jardin provi- soire des collections d'arbres et d’arbustes rares et nouveaux, qui seront faciles à acclimater, et for- meront les éléments de ce nouveau jardin. « .….Le moment est venu pour la Société, ajoute- t-il, de prendre l'initiative d’un établissement dont Ja réalisation est impatiemment désirée par le public, les terrains destinés à eet emploi devant être vacants à Ja fin de janvier 1852, par suite de l'expiration 299 RÉSUMÉ DES SÉANCES. des baux à ferme, et le budget de la commune devant être élaboré au mois d’août pour être soumis au Conseil municipal dans la prochaine session ou à celle de novembre. » L'Assemblée se montre unanimement disposée à solliciter la création de plantations sur le terrain indiqué; mais un débat s'engage sur le genre de destination spéciale à donner au jardin. MM. de Brive et Charles de La Fayette penchent pour un jardin publie, qui joindrait à l'utilité des collections de botanique un but expérimental et d'agrément; ils citent différents exemples de jardins conçus dans ce plan. M. Bertrand de Doue fait valoir diverses consi- dérations tendant à faire ressortir les inconvénients qu'aurait un jardin des plantes, les dépenses et les difficultés qu’occasionneraient la direction et l’en- tretien, ete.; il se croirait obligé de s’y opposer au sein du Conseil municipal. En définitive, il émet l'opinion d’accidenter cet espace de terrain par des groupes d'arbres, des allées, et, si l’on veut, par quelques massifs d’arbustes et de fleurs : c’est l’opi- nion qu’il aurait toujours émise à cet égard, et il en avait même fait la proposition au sein du Conseil municipal. L'Assemblée, prenant en considération la propo- sition de M. le Président, nomme une commission composée de MM. Aymard, Charles de La Fayette, Martel, Plantade, Filhot, à laquelle les autres Mem- JUILLET. 995 bres de la commission du jardin expérimental seront priés de s’adjoindre. Apussion. — L'Assemblée entend le rapport sui- vant de M. Robert, sur un Mémoire qui a pour titre: « Quelques considérations sur la fabrique de den- telles du Puy », présenté par M. Giron-Pistre, comme titre d'admission au nombre des membres résidants. Messieurs , Rapporteur de la commission nominée par vous pour examiner un Mémoire que M. Giron-Pistre, avocat, vous a adressé comme titre d'admission, je viens vous faire part de nos observations sur ce travail, sans toutefois l’analyser : ce sont des considérations générales, mais parfaitement formulées, sur la fabrique de den- telles du Puy. M. Giron commence ainsi : « Qui de nous, dit-il, ne s'est senti blessé au cœur par le trait que l’auteur célèbre d’une carte malencontreuse a jadis décoché sur notre amour-propre de compatriotes? Mais parmi ceux qui ont relevé le gant avec le plus de courtoisie et nous ont vengés avec le plus d'éclat de cette injure départementale, figurent en très bonne ligne nos fabricants de dentelles. » Oui, Messieurs, c’est la vérité, et j’ajouterai que si cette teinte noire n’était pas effacée par les progrès de la fabrique de den- telles, que notre Société a tant de fois couronnée, elle disparaitrait completement aujourd’hui sous les éloges que M. Blanqui, de Pinstitut de France, vient de faire de notre exposition à Londres , et qui doivent rendre fiers le pays et les fabricants qui ont si puissamment contribué à sa gloire et à sa fortune industrielles 29% RÉSUMÉ DES SÉANCES. Le dessin fait surtout l’intérét de ce Mémoire : M. Giron l’exalte, et dit que c’est l'élément intellectuel de l’industrie de la dentelle et qu'il en constitue l’âme et la vie; c’est pourquoi il sollicite des mesures sévères pour empêcher le contrefacteur de dérober au fabricant consciencieux le prix de son invention; et pour le sauve garder, il demande l’établissement d’une salle de conserva- tion. Puis je vous dire, Messieurs, sur ce sujet, que le Conseil des Prud'hommes, qui a établi cette propriété du dessin, vient d'obtenir de Ja ville un local provisoire où seront déposés et conservés les archives et tous les trésors de la fabrique de dentelles, ce qui rendra la contrefaçon presque impossible. M. Giron termine son Mémoire par ces pensées : « La fabrique de dentelles, depuis bien longtemps a, dans notre pays, acquis droit de bourgeoisie par les services rendus. Pourquoi la reconnaissance publique ne lui consacrerait-elle pas une place dans le Panthéon artistique de notre chef-lieu ? L'établissement d’un conser- vatoire des dessins de fabrique , dans lequel seraient recueillies et conservées toutes les richesses du domaine public, produirait, à notre avis, un grand bien parmi nous, Ce serait ja un immense bazar où nos jeunes dessinateurs viendraient puiser à loisir. C’est là qu'ils trouveraient réunis et classés, dans un ordre méthodique, tous les matériaux, tous les éléments du monde connu, afin de s'inspirer et s’exciter sans cesse à en reculer les limites... Plaider Ja cause de la fabrique de dentelles devant la Société d'Agriculture, sa bienfaitrice, sa providence, c’est plaider pour une fille chérie devant Ja mére ïa plus tendre... » Vous le voyez, Messieurs, nous sommes heureux de rencontrer dans le travail de M. Giron les mêmes idées que la Société a déjà émises sur ce dernier objet. Vous vous souvenez des démarches que dernierement notre Président a faites auprès du Conseil municipal de la ville, pour solliciter auprès du gouvernement les fonds nécessaires pour l’adjonction de deux nouvelles salles au Musée. L'une d’elles serait destinée aux machines agricoles; l’autre serait consacrée au commerce et à l’industrie. Dans cette dernière, on exposerait fous les échantillons de dentelles de la fabrique du JUILLET. 295 Puy; je connais des fabricants qui donneraient leur collection, et cette salle serait bien vraiment le bazar, le dépôt de toutes nos richesses en dentelles. En conséquence, je vous propose, Messieurs, d'admettre parmi nous M. Giron, dont les pensées, je le repète, s'accordent si bien avec les nôtres. Il est ensuite procédé au scrutin, et le récipien- daire ayant obtenu l'unanimité des voix, est nommé membre résidant. À huit heures la séance est levée. SÉANCE DU 4 AOÛT. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus. — Nid d’une espèce de mésange, donné au Musée par M. Faure. — Question des concours cantonaux; Amélioration de la race chevaline; Industrie mulassière ; Lettre de M. Bouix; Observations de MM. Charles de La Fayette, de Brive, de La Fayette père, Lobeyrac, de Vinols, Porral, Borie et Plantade; Décision de l'Assemblée. =— Organisation de la représentation agricole; Lecture de deux articles de la loi relatifs à l'assimilation des Sociétés scientifiques aux Comices; Demande de la Société à M. le Ministre de l’agriculture pour cette assimilation. — Demandes d'allocations à présenter au Conseil général. — Nouvel engrais artificiel ; Lettres de MM. Truchet frères; Commission nommée. — Création d’un jardin publie au Puy; Rapport de M. Ch. de La Fayette; Obser- vations de MM. Lobeyrac, Aymard, Porral, Borie, de Brive; Conclusions du rapport adoptées. — Réorganisation de la Chambre des manufactures du Puy; Lettre de M. le Président à M. le Maire. — M. Martinon nommé délégué de la Société à l’expo- sition universelle de Londres.—Demande d'admission de M, Menut, comme membre correspondant; Ajournement à la prochaine séance. À trois heures la seance est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté. | = Pugcicarions. — Des commissaires sont nommés pour examiner plusieurs des ouvrages reçus depuis la dernière séance. Musée. — M. le Secrétaire fait hommage, au nom de M. Faure, membre correspondant, d’un nid d’une espèce de mésange, « qui, écrit-il, a été recueilli sur les bords du Rhône à La Vernède, entre Avignon et Beaucaire. Les gens du pays appellent cet AOÛT: 297 diseau bassaire, qu'on peut traduire par les mots « faiseur de bas, » à raison de la matière et de la figure du nid, lequel est formé d’une sorte de feutre composé de laine et de duvet que ce gentil architecte prend sur les peupliers. Solidement fixé à un faible et flexible rameau qui fait partie de la forte branche d’une aube [peuplier blanc], à une hauteur d'environ quinze mètres, ce petit édifice est suspendu avec grace, et il semble à chaque instant qu'il va se détacher, lorsque, jouet des vents, il éprouve les rapides balancements de l’escarpolette. » Ce don est agréé avec reconnaissance par l’As- semblée. AGRICULTURE. —- Îl est fait lecture d’une lettre de M. Bouix, membre correspondant à Champclause, dans laquelle, après avoir demandé que des concours cantonaux pour les bestiaux soient établis successi- vement sur différents points du département, 1l soulève spécialement la question d'amélioration de la race chevaline dans la Haute-Loire. Cette lecture fait naître un débat, dans lequel plusieurs Membres sont entendus. M. Charles de La Fayette rappelle ce qu'il a dit en d’autres occasions, qu'il conviendrait d'améliorer la race chevaline en introduisant dans le pays des juments de choix; il ajoute que dans la voie adoptée jusqu'à ce jour par l'administration, c’est à dire par le croisement des juments du pays avec des étalons 298 RÉSUMÉ DES SÉANCES. nationaux, il n’est résulté aucun avantage bien constaté, aucune spéculation heureuse pour l’éleveur. M. Porral voudrait qu’on amélioràât la race par les bons étalons du pays. F M. le Président répond que le système adopté jus- qu'à présent a eu la sanction de la Société et celle de l'administration des haras, et il cite les diverses considérations qui ont déterminé à le maintenir; il signale aussi plusieurs exemples qui déjà lui parais- sent établir des résultats fructueux. Ainsi, la re- monte a trouvé à se fournir de plusieurs sujets distingués élevés dans le département, et qui ont été achetés à bons prix; les concours ont montré également des progrès dans l'amélioration de la race. M. Charles de La Fayette est d’avis qu'avant de s’occuper de la remonte, il conviendrait de penser au pays; il croit que la montagne, aux environs de Fay, fournit d'excellents fourrages qui permettraient d'élever de bons et solides chevaux, non peut-être des chevaux pareils à ceux de la Normandie, mais des chevaux de gendarmes, par exemple; à cet égard, la race percheronne lui paraîtrait propre à être introduite avec avantages. Il faut se tenir en garde contre l'impulsion de la remonte et des haras, aui tend principalement à la production du cheval léger. M. de Brive dit que e’est là une question toujours débattue, et pour la solution de laquelle on n’a pas encore des éléments suffisants; il faut du temps AOÛT. 229 pour apprécier convenablement les progrès de l’amé- lioration par le système suivi actuellement, et qui parait très rationnel, puisque la race du pays est elle-même une race légère; en la croisant avec des étalons arabes, on ne peut donc que Ja perfectionner, M. Lobeyrac, tout en reconnaissant qu’on apercoit déjà une certaine amélioration dans la race du pays, fait observer qu'il existe de telles disproportions entre les juments et les étalons, qu’on sera trop longtemps à obtenir un résultat satisfaisant. Il voudrait donc que l'administration se décidàt à envoyer et des juments et des étalons. On éviterait ainsi d’avoir des produits décousus. M. Ch. de La Fayette conteste que les étalons soient satisfaisants. Il cite l'exemple du département de l’Aisne , où l’on ne veut pas des étalons nationaux, et où des souscriptions ont été organisées pour faire venir des percherons. » C'est là, dit-il, une bonne race, qu’on met au travail à trois ans, et qui, de bonne heure; paie sa nourriture et les soins qu’on lui donne, et s'emploie à deux fins; il n’en est pas ainsi dans notre pays, où les nouveaux produits ne trouvent pas d'acheteurs sur nos marchés; la remonte elle- même ne les prend qu'a quatre ou einq ans. Il est d’ailleurs reconnu que les chevaux fins ne peu- vent bien travailler qu’à six ans. La spéculation est donc désastreuse dans ces conditions. Non seulement il y aurait avantage à changer la race, mais encoré TOME XVI 15 250 RÉSUMÉ DES SÉANCES. il faudrait introduire des juments qu’on remettrait à des propriétaires, s’engageant à les consacrer à la reproduction. » M. de La Fayette père voudrait savoir si lon a des données sur le nombre des juments présentées aux étalons nationaux dans le département. La question devant être débattue au Conseil général, il faudrait vérifier si la décroissance qu’on avait constatée en 1850 a continué cette année. Cette consi- dération ayant vivement impressionné le Conseil, motiva le retrait de l'allocation accordée depuis plusieurs années à l'amélioration de la race che- valine. M. Lobeyrac rappelle que la question fut débattue à la Constituante, en 1848, qu’elle fut longuement élaborée, qu’on fit valoir toutes les raisons pour ou contre le système actuel, et qu’on finit par le re- connaitre comme le plus profitable. M. du Garay demande si, en encourageant la race chevaline de préférence à l'élève des mulets, on à sagement agi. Ce Membre pense que, depuis quelques années, cette dernière industrie à pris un nouvel essor dans notre pays, et qu'on doit s’en préoccuper. M. le Président répond que cette question n’a pas été suffisamment approfondie. Il cite cependant un Mémoire publié en 1851 par M. Deribier, ancien membre de la Société, et qui a pour titre « Est-il plus avantageux aux propriétaires de la Haute-Loire AOÛT, 251 de se livrer à l'éducation des chevaux que de faire des élèves de mulets? » question qui avait été mise au concours par le Conseil général du département. L'auteur concluait que tous calculs faits de revient, ils étaient à l’avantage de l’industrie mulassière : le mulet se vend, en effet, de très bonne heure, à six mois, et n'exige pas de le garder dans les écuries aussi longtemps que les chevaux. M. Chouvon pense qu’on donne au mulet des soins plus coûteux peut-être que pour le cheval : on lui donne du grain, on l’engraisse, etc.; il dit qu’il connait des personnes qui élèvent d'excellents chevaux, parce qu’elles leur donnent des soins convenables. Quelle que soit la race qu'on intro- duise, si les soins leur manquent, si on ne suit pas à leur égard les règles d’une bonne hygiène, tout est inutile. M. de Vinols fait observer qu’il a vu dans le Midi le mulet préféré au cheval pour la plupart des tra- vaux de la campagne : il est plus sobre, plus ro- buste, et on l’emploie même sur les grandes routes de préférence au roulage ordinaire. M. Porral remarque que le mulet est abandonné dans beaucoup de pays, à mesure que les routes s'améliorent. La Société, en préconisant l'élève du cheval, n’a done fait que suivre l'impulsion géné- rale : elle n’a pas cru devoir encourager la pro- duction mulassière, qui ne convient plus qu’au pays de montagnes. 252 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. de Vinols répond que le transport des mar: chandises entre Lyon et Marseille se fait en grande partie par des ‘mulets. Or, il n’y a point là de montagnes. M. de Brive fait observer que le mulet n’a pas varié de prix, ce qui prouve qu'on ne laban- donne pas. M. Borie propose de charger une commission d'étudier la double question qui vient d’être soulevée, et qu’un rapport soit présenté au Conseil général. MM. Plantade et de Brive répondent qu’en 1849 un mémoire bien motivé fut rédigé par M. Assézat de Bouteyre, et présenté au Conseil général, qu'on n'aurait pas de nouvelles considérations à faire va- loir, que d’ailleurs le Conseil devant se réunir très prochainement et avant une nouvelle réunion de la Société, il ne serait pas possible de lui présenter un travail approuvé par elle. En conséquence de ces observations, il est arrêté qu'une demande d’allocation de 1000 fr. sera faite au Conseil général; néanmoins, et sur la proposition de M. Charles de La Fayette, il est décidé que le Conseil sera informé que la Société apportera dans cette importante amélioration tous les per- fectionnements que l’expérience lui démontrera né- cessaires. En ce qui concerne des concours à instituer à Fay ou dans d’autres localités, que soulève la lettre de M. Bouix, l’ajournement est prononcé. AOUT. 255 M. le Président soumet à l’Assemblée les deux articles suivants de la loi relative à l’organisation de la représentation agricole; ils sont ainsi conçus : ART. 9. « Les Sociétés s’occupant d'agriculture pourront « être assimilées aux Comices, pour les circonserip- « tions qui leur seront assignées par le Conseil « général; elles devront remplir toutes les obli- « gations des Comices. » ART. 4. « Sur la proposition de M. le Préfet, le Conseil « général du département fixera l’organisation des « Comices. » M. de Brive dit ensuite qu'il est important que la Société demande à être assimilée à un Comice : que s'il en était autrement, les deux Comices de Brioude et d’Yssingeaux fonctionneraient seuls pour la représentation agricole. M. Bernard dit qu'on n’a encore reçu à la pré- fecture aucun avis, aucune instruction au sujet de l'exécution de la loi. Il est décidé que M. le Président en. écrira à M. le Ministre de l’agriculture. Il est fait lecture d’une lettre de M. le Préfet , relative aux demandes d'allocation à présenter au Conseil général dans sa prochaine session. 254 RÉSUMÉ DES SÉANCES. L'Assemblée, sur la proposition de M. le Prési- dent, arrête qu’outre la dotation annuelle de 4000 fr. accordée à la Société, les allocations suivantes seront demandées : 1° Pour amélioration de la race chevaline, comme il a déjà été dit ci précédem- HENTAI: 2AREDDISeRIENL,. 1,4 0e 2-0 NON 9° Prix agricoles aux instituteurs . 100 MM. Truchet frères informent la Société, par une lettre, qu’ils ont introduit dans leur exploitation un nouvel engrais artificiel. Une commission composée de MM. Gatillon, Filhot et Chouvon, est chargée de faire un rapport à ce sujet. Organe d’une commission nommée à la précédente séance, pour la création d’un jardin public au Puy, M. Charles de La Fayette annonce que la com- mission s’est prononcée unanimement en faveur de ce projet, et qu’elle l’a chargé de rédiger le rapport suivant, qui, s’il était approuvé par la Société, serait adressé au Conseil municipal : À MESSIEURS LES MEMBRES DU CONSEIL MUNICIPAL DU PUY. Messieurs, En venant soumettre à vos délibérations un ‘houveau projet agité dans son sein, la Société a besoin de se rappeler l'accueil sympathique qu’elle n’a jamais en vain cherché près du Conseil municipal, er Le AOÛT. 235 Et l'instruction professionnelle donnée à nos populations ouvrières, comme le patrimoine précieux du travail, et l’enseignement des beaux-arts, qui parlant à tous le langage éloquent de la civilisation, ennoblit l'esprit par le culte du beau, et l'épargne facilitée au travailleur, et l'asile ouvert à l'enfance; toutes ces philanthropiques institutions, tous ces établissements de haute utilité matérielle ou morale que des villes plus importantes nous envient à bon droit, attestent le concours permanent, continu, affectueux , que vous réservez à toute idée de véritable amélioration et de sage progrès. Cest là la tradition du Conseil de rotre cité : les hommes se succèdent, lesprit général reste, Divisés sur d’autres questions, vous retrouvez un accord honorable et précieux toutes Jes fois qu’un intérét public, manifeste, évident, vous convie. Honneur vous en soit rendu , Messieurs , et permettez aussi qu’en face des œuvres accomplies, nous ne rappelions pas sans quelque fierté la part que vous voulütes bien laisser toujours à notre étude, à notre iniliative, à cette collaboration officieuse que vous n'avez jamais déclinée. Ces encouragements que le passé nous donne, ces précédents pro- pices, nous les évoquons aujourd’hui avec gratitude comme avec confiance; et tandis qu'il conviendrait peut-être de nous borner à réitérer les bien vifs remerciments qui vous sont dus pour ce Musée qui s'élève comme un témoignage de plus de votre action féconde, nous venons déjà, — avec un projet dont l'importance est, il est vrai, secondaire, dont l’exécution est, il est vrai, facile, — vous demander de donner à votre œuvre un accessoire, qui n’est pas indispensable, sans doute, mais qui nous paraît conseillé par un luxe de bon goût, par.une préoccupation intelligente de lem- bellissement de la cité, comme des plaisirs de la population. L'idée d’un jardin publie à créer dans l’hémieycle allongé que orme l’intérieur de la promenade du Fer-à-Cheval, n'appartient certainement pas à la Société comme une inspiration récente et spontanée. Getle idée n’est, à proprement parler, à personne, tant elle est l'idés de tout le monde, et vous en trouvyeriez, CFOYOns- nous, des traces dans les procès-verbaux déjà anciens de vos séances. 256 RÉSUNÉ DES SÉANCES. Quoi qu’il en soit, Messieurs, la Société a pensé que, pour des raisons d'opportunité dont il sera parlé plus loin, il était temps d'appeler votre examen sur cette question, moins grave qu’inté- ressante, et elle a chargé une commission de préparer les bases du rapport que j'ai l'honneur de vous adresser en son nom. Je ne voudrais pas abuser, Messieurs, de ce que j'ai l'honneur de vous parler au nom d’un corps académique, pour me parer d’une érudition facile et banale. Je laisse Homère et ses descriptions grandioses dans leur simplicité, Milton et les prodiges de son Eden, Virgile et ses tableaux non moins attrayants, quoique plus humbles. Mais ayant à prouver que de tout temps l’homme a senti le besoin de concentrer, pour la jouissance de tous les jours, pour le repos et le charme des yeux, au sein même des villes, loin des trésors agrestes et de l'attrait rustique, quelques-unes des merveilles, des beautés et des graces, quelques-uns des plus suaves sourires de la nature en fleur, ne puis-je pas rechercher le souvenir de quelques jardins célèbres par le culte d’un sage ou l’amour d'un peuple? Combien n’y aurait-il pas ici à eiter, depuis ces temps où Platon, sur les bords du Eéphise, foulait les gazons d’Académus, jusqu'aux siècles illustres aussi où, sur les rives de PArno, les grands pins d'Italie abritaient tour à tour, dans les jardins publics, Dante, Michel-Ange, Machiavel et tous les Médicis, et toute la forte race des enfants de Florence, jusqu'aux jours enfin où notre génération contemporaine a pu rencontrer chaque soir l’Homère de notre âge, le vieux Châteaubriand, mé- lancolique comme sa gloire, brisé comme le génie, assis réveur sous les grands marronniers du Luxembourg. Et maintenant , Messieurs, pourquoi rappeler encore les splendides créations et le luxe inoui de la Rome antique, et ces profusions d'arbres de fruits et de fleurs, immortalisées par Cicéron, par Horace ou par Pline! Et ces jardins de la Chine, qui, moins connus, tiennent pourtant une large place dans les riches caprices de cette civilisation si étrange, si incomplète, et par endroits si supérieure? Ne suffit-il pas de constater que toutes les capitales, que toutes les villes importantes s’enorgucillissent aujourd’hui de AOUT. 257 quelque établissement riche ou gracieux où la culture étale ses plus intéressants spécimens ? Mais, hätons-nous de le dire, — sans crainte, en un tel sujet, d'emprunter une image aux pasteurs de l’églogue, — à ces cités fameuses, qu'est notre humble patrie? Moins encore, sans doute, que n’était la modeste Mantoue à la grande Rome : « Rome, — c’est Virgile qui parle, — élevant sa téte entre les autres villes autant que l’altier cyprès entre les viornes flexibles. » Aussi, pourrait-on bien nous dire que nous n'avons à prétendre ni à de si hauts destins, ni à des traditions si superbes ; lobscure capitale du Velay n’a guère à voir ni à imiter dans ces trop glorieux souvenirs. Et tant d’illustres exemples seraient peu coneluants, peu décisifs, si la question de luxe, de somptuosité et de splendeur locale était seule en cause; mais il en est autrement, Messieurs : la création des jardins publics présente un autre intérét très sérieux, bien qu’indirect. Il ÿ a là aussi une question d'influence morale, influence lente, toute subordonnée à des conditions d'époque, d’ha- bitudes, de mœurs, mais qui, comme toute aclion civilisatrice, s'exerce presque irrésistiblement, sous la pression de ce grand maitre, de ce brave homme, comme disent les Italiens, de ce progressiste sage mais inflexible, patient mais invaincu, qui s'appelle le temps. Or, sil convient à notre obscurité, et surtout à notre impuis- sance financière, de faire souvent bon marché de toute idée qui ne tendrait à créer parmi nons qu’une satisfaction, qu'un confort matériel, en fait de bonnes influences à exercer sur les populations, en fait d'améliorations ayant un but moral, il appartient à notre temps et aux plus modestes comme aux plus importantes de nos municipalités, de viser aussi haut, d’aspirer aussi loin que toutes les civilisations les plus fières du passé. Eh bien, Messieurs, les jardins, — et je crois n'être contredit par personne, — les jardins, les plantations, la verdure, les fleurs, ces tableaux les plus innocents, les plus sereins, les plus calmes de l’œuvre divine de la végétation; cette succession de douces merveilles et de charmants mystères, le printemps, la floraison, 258 RÉSUMÉ DES SÉANCES. la fécondation; cette échappée même étroite sur les grandes pers- pectives; ce pan de la nature, cet aspect si incomplet, si borné qu'il puisse étre, ouvert au profit de l'habitant des villes, du côté des splendeurs de la création, c’est là un ensergnement véritable, un spectacle sain, moralisateur, pacifiant. Je ne voudrais pas paraitre exagérer au profit de nos conclusions la portée philosophique de ces aperçus : on les acceptera du plus au moins, sans doute, mais sans pouvoir, je le répète, en nier complètement la justesse. Du reste, Messieurs, pour que ces pages ne soient pas suspectes de s'inspirer trop exclusivement des préventions favorables de la Société, de l’engoûment de la commission et de la partialité du Rapporteur lui-même, je me hâte, sur ce point, de céder la parole à un écrivain célebre, bien compétent, à coup sûr, au chantre des jardins, à ce poète enfant de l'Auvergne, né comme . nous au versant de pittoresques montagnes. Delille, dont les poèmes, sous une forme souvent affectée , res- pirent encore un amour sincère des champs; Delille, qui, s’il ne justifie pas aux yeux de nos contemporains son glorieux surnom de Virgile francais, put du moins, par un sentiment assez vif de la nature, sauver quelques écrits des langueurs de la périphrase et de la monotonie de la littérature impériale, Delille, qui valut mieux, enfin, par ses bonnes intentions de poète que par ses œuvres mêmes disait déjà, voici plus de quarante ans, à ses lecteurs très charmés : « L'art des jardins, qu’on pourrait appeler le luxe de Pagricul- « ture, me parait un des amusements les plus convenables, — « je dirais presque les plus vertueux, — des personnes riches. « Comme culture, ïl les ramène à l'innocence des occupations « champétres; comme décoration, il favorise sans danger le goût « de dépenses qui suit les grandes fortunes; enfin, il a pour cette « classe d'hommes le double avantage de tenir à la fois aux goûts « de la ville et à ceux de la campagne. Ce plaisir des particuliers « s’est trouvé joint à lutilité publique; il a fait aimer aux per- « sonnes opulentes le séjour de leurs terres; l'argent qui aurait entretenu le luxe va nourrir les cullivateurs, et la richesse AOUT. 259 « retourne ainsi à sa véritable source. De plus, la culture s’est « enrichie d'une foule de plantes ou d’arbres étrangers ajoutés « aux productions de notre sol, et cela vaut bien tout le marbre « que nos jardins ont perdu. Heureux, si le poème des jardins « peut répandre encore davantage ees goûts simples et purs! car, comme l’auteur la dit ailleurs : « Qui fait aimer les champs, fait aimer la vertu. » Plus loin Delille ajoutait encore : « Eh quoi! cet art charmant, le plus doax, le plus naturel et « le plus vertueux de tous, que les poètes ont peint comme le .« premier plaisir du premier homme; ce doux et brillant emploi « de la richesse des saisons et de la fécondité de la terre, qui « charme la solitude vertueuse, qui amuse Ja vieillesse détrompée, « qui présente la campagne et les beautés agrestes avec des couleurs « plus brillantes, des combinaisons plus heureuses, serait sans « intérét! Milton, Le Tasse, Homère, ne pensaient pas ainsi, « lorsque dans leurs poèmes immortels ils épuisaient sur ce sujet « les trésors de leur imagination. Ces morceaux, lorsqu'on les lit, « retrouvent ou réveillent dans nos cœurs le besoin des plaisirs « simples et naturels. Virgile, dans les « Géorgiques », a fait « d'un vieillard qui cultive au bord du Galèse, le plus modeste « des jardins, un épisode charmant qui ne manque jamais son « effet sur les bons esprits et les âmes sensibles aux véritables « beautés de l’art-et de la nature. » Aünsi parlait Delille. Combien d’autres autorités ne pourrais-je pas appeler à mon aide? Mais c'est assez certainement, Messieurs, si ce n’est déjà trop sur ce côté, quelque important qu'il soit, sur l'aspect meral de la question. Donc , après ce parcours un peu ambitieux des jardins de Vunivers, après avoir salué les uns d’un souvenir, en négligeant quelques autres; après avoir évoqué le Paradis perdu en oubliant le verger des Hespérides, rappelé les ombrages de l’Académie et - Platon, sans songer à Zénon et aux quinconces du portique, non plus qu'aux bosquets embaumés d'Epieure; après avoir passé des bords du Céphise aux quais de PArno ou aux rives du Tibre, 240 RÉSUMÉ DES SÉANCES. d’Athenes, de Canton, de Florence ou de Rome, — par Taulhac. ou par Brives, — arrivons jusqu’au Puy, descendons sur le Breuil. Quelques points vous sembleront à examiner plus spécialement ici; je les aborde en peu de mots : L'établissement d’un jardin publie comme annexe , comme premier plan du Musée, comme harmonie des agréments de la nature avec le charme des arts, est-il convenable, utile, attrayant, désirable et désiré? Ne répond-il pas à un vœu, à un besoin déjà existants de la population, à un instinct qu'il est bon de susciter, de provoquer ou de développer? Peut-on trouver, pour un jardin public, un emplacement plus à souhait , mieux en accord avec le site, avec le paysage, avec les alen- tours, plus accessible et plus souriant aux tendances des promeneurs ? L'exécution enfin, par le fait de circonstances particulieres, ne se trouve-t-elle pas tellement simplifiée, si peu dispendieuse, que la seule objection grave qui püt lui étre faite, — celle de l’éco- nomie, — tombera d'elle-même devant quelques considérations sommaires ? Poser les deux premières de ces questions, Messieurs, cela vous parait certainement les résoudre. Voyons d’abord quelle est la condition présente, En l’état actuel des choses , trois opinions pourraient, à la rigueur, se produire : On peut vouloir laisser lemplacement du Fer-à-Cheval en cul- ture maraichere, On peut ressemer la prairie, On peut enfin créer le jardin. En d’autres termes, on préférera, Ou des choux, Ou de lherbe, Ou de l'ombre, des bosquets, du gazon et des fleurs. Veuillez bien remarquer, Messieurs, que le bail passé aux jar- diniers expire prochainement; il faut prendre une décision; pour l'opinion publique, comme pour nous, nous l’espérons du moins, l'option ne sera pas difficile. = dr AOUT. 244 La culture maraichère, mon Dieul nous nous garderons bien d'en médire : le légume, en général, ést fort intéressant; le chou, la carotte, l'oignon et la laitue ont leur incontestable mérite ; nous reconnaitrons même qu'une riche végétation légumière n’est pas déplaisante à voir; mais à chaque chose son plan. Des rangées de pommes de terre sont un peu monotones; des ciboules alignées parlent imédiocrement à l’âme, et des concombres mêmes très fleuris n'ont rien de bien inspirateur; leur place est au faubourg, où nous admirerons volontiers leur vigueur, bien mieux qu'au milieu d’une promenade entre deux monuments. D'ailleurs, Messieurs, — et nul ne l’ignore, — l'affectation de ce terrain à la culture maraichère, dans la pensée des honorables administrateurs qui l'ont consentie, dût étre essentiellement pro- visoire; il s'agissait d’un intérét secondaire : préparer le renou- vellement du gazon, et d’un autre intérét plus sérieux, donner du travail à la population ouvrière qui pouvait en manquer. Nous croyons, du reste, pouvoir prendre acte de ce que personne encore n'a épousé l’idée de laisser définitivement l'intérieur du Fer-à-Cheval à cette destination sans attrait. Reste l’idée de la prairie, qui peut compter du moins des partisans éclairés et convaincus. Nous ne voudrions cependant pas laisser à ceux-ci l’illusion qu’une prairie et un vrai gazon seront jamais la même chose. La prairie s’affermant, mettra-t-on des restrictions à la jouissance des preneurs? Dans le cas de laffirmative, les preneurs se bor- neront sans doute à faucher l’herbe une fois par an; mais un beau gazon doit être rasé tous les mois. Et n’y aura-t-il pas après les foins de longues périodes de sécheresse où la motte aride com- promettra plus ou moins son beau nom d’émeraude? Que sera-ce si les preneurs jouissent sans restriction? L’herbe pacagée, en certaines saisons, présentera le plus triste coup d'œil. La promenade, où la surveillance des parents sur les ébats des jeunes enfants, paraît moins indispensable , les exposera cependant au danger du passage des bes- liaux qui peuvent causer de déplorables accidents. Les clôtures 1 D . , , d'enceinte, ouvertes sur nombre de points, seront partout délabrées. 9249 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Nous aurons enfin le spectacle hideux et bien connu de rosses mori= bondes ou convalescentes, étalant plus de plaies que de peau, et paissant écloppées dans l’herbage flétri. Toutes nos préférences sont donc, — et nul n’en doute, — pour le jardin, pour un jardin quelconque, pour une disposition qui comporte des massifs de verdure, des bosquets d’arbustes et des groupes de fleurs ; un jardin quelconque, et non telle ou telle forme. La commission n’a pu, la Société n’a dû rien préciser à cet égard. L'idée principale que nous produisons, c’est l’idée d’une création accessible à certains jours au public, d’un jardin où l’on puisse circuler, et c’est en cela que nous différons de ceux qui vous disaient : « Rétablissez la prairie, et pour le plaisir des yeux, comme parle Fénélon, semez çà et là avec art, avec goût, quelques touffes d'arbres, vous aurez l'harmonie et l'élégance. » Oui, mais la cité n'aura pas de jardin. Or, si l'utilité, si l’agrément d’un jardin public est déjà suffi- samment démontrée; si la population doit s’y plaire, si l'amour de l’ombre et des fleurs, si ces goûts simples et innocents sont bons à encourager, à favoriser; si, comme nous le croyons, ils concordent avec les bonnes habitudes de famille; si les heures oisives, données au repos sous les feuillages, ou à l'exercice de la promenade commune du père, de la mére et des enfants, sont des heures sans regret, des heures de bon conseil, donnons ce spectacle gratuit des beaux arbres et des belles fleurs, ouvrons cet asile de luxe et de repos à qui ne peut le trouver ailleurs. Des critiques éminents reprochaient au poète des jardins que nous citions tout à l’heure, de n'avoir écrit son poème qu’au profit des grandes existences et des hautes fortunes. Eh bien, l'institution des jardins publics répond au sentiment élevé de ces censeurs généreux : elle met à la portée de tous, les bosquets embaumés. L'institution est donc désirable, l’emplacement merveilleusement indiqué. Que reste-t-il encore? Il reste encore la question presque capitale, la question posilive, la question de dépense. Eh bien, Messieurs , de ce côté aussi les difficultés, par d’heureuses l AOÛT. 245 coïncidences , semblent devoir se simplifier, et les objections perdre de leur valeur. Le bail, nous l’avons dit, expire; voilà pour lopportunité. Si maintenant on veut apprécier le sacrifice que s’imposerait la ville en consacrant le terrain à une destination matériellement impro- ductive, il ne faut pas prendre pour base la location passée ou possible à des jardiniers maraichers, puisque tout le monde y renonce; il faut considérer simplement le revenu éventuel en prairie. Ce revenu sera évidemment minime, et nous avons pour preuve le produit des autres parcelles extérieures au Fer-à-Cheval. Quelles que soient les justes précautions d’une administration prudente, la ville est certainement au dessus, lorsqu'il s’agit surtout d’un intérét général, de calculs aussi secondaires. Nous arrivons donc aux frais d'établissement. Ces frais compren- nent deux articles : plantations et main-d'œuvre, Pour la plantation, la Société peut, dès à présent, disposer d’un grand nombre de sujets intéressants et bien venus. Les dons par- ticuliers, nous n’en doutons pas, ajouteront à ces premières ressources des compléments importants. Pour la main-d'œuvre, — et, s’il y a lieu, — pour des mou- vements de terrain, la sollicitude de l'administration en faveur des ouvriers sans travail dans la rude saison, a créé des précédents tout à fait rassurants. Le jardin serait l'indispensable chantier que la charité offrirait au travail durant l’hiver qui s’avance. Quant à lentretien, la Société d'Agriculture serait disposée à le prendre à sa charge : elle a pour élément d’appréciation et pour base, les frais d’entretien du jardin de la Préfecture. Vous le voyez, Messieurs, si l'utilité, si la convenance de la création est admise, l'exécution est facile et peut être prochaine. Plus de détails seraient superflus. Nous avons ,—il faut le redire, — “évité de trancher aucune des questions d'agrément, de conformation, de système, dont la décision vous revient, et pour lesquelles, si vous vous en remettez à ses soins, la Société devrait s'inspirer, dans tous les cas, de votre pensée et de vos préférences. 244 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Nous nous résumons donc en vous demandant de voter la création d’un jardin public, et d'augmenter d’un titre de plus les titres que vous avez déja à la reconnaissance de la cité, pour votre dévoü- ment intelligent et feécond à son embellissement comme à sa prospérité. Cette lecture, qui a été écoutée par l’Assemblée avec les marques les plus vives d'intérêt, donne lieu à quelques observations présentées par divers Membres. M. Lobeyrac craint qu’on n’objecte les droits du public au sujet du pacage de la seconde herbe. M. Aymard répond que la question a été décidée déjà en plusieurs circonstances, lors de la cession d’une partie des terrains pour la préfecture, le tribunal, le Musée, etc. M. Porral ajoute que la question fut complète- ment vidée, surtout au sujet de la construction de ce dernier édifice; M: Borie objecte que la dépense annuelle d’en- tretien du jardin étant onéreuse pour la Société, elle ne doit pas s’en charger; qu’il ne lui appartient pas, d’ailleurs, de s’immiscer dans cette affaire; que son existence est précaire, et qu’elle ne peut compter sur un avenir certain. M. le Président répond que jamais la Société n’a eu plus d'éléments de durée; qu’à aucune époque le zèle de tous les Membres ne répondit plus au but de l'institution; que ses finances sont prospères, et que rien ne fait supposer qu’elles cessent de l’étre; ions de AOÛT. 245 que, d’ailleurs, la cession du terrain ne serait que temporaire, la Société ne proposant, sous ce rapport, que de constituer une sorte de délégation de Padmi- nistration municipale, ainsi qu’elle en agit pour les écoles industrielles. Après ces observations, M. le Président met aux voix la question de savoir si ce local sera demandé pour un jardin public. Cette partie de la proposition est adoptée. M. Porie insiste pour que M. le Président mette aux voix la question de savoir si la Société se char- gera de l'entretien. L'Assemblée se prononce aflirmativement. En conséquence, il est arrêté que M. le Président adressera le rapport de M. Ch. de La Fayette à M. le Maire, en lui faisant connaitre [a complète appro- bation que la Société a donnée aux vues qui y sont émises. InpustRie. — M. le Président lit la copie de Ja lettre qu’il a adressée à M. le Maire du Puy, pour lui transmettre le vœu de la Société relativement à la réorganisation de la Chambre consultative des manufactures. Les vues utiles qui y sont énoncées recçoivent approbation de l’Assemblée. M. Gaubert, membre non résidant à Brioude, écrit pour demander que la Société veuille bien TOME XVI. 16 246 RÉSUMÉ DES SÉANCES. donner mission à M. Martinon, membre correspon- dant, de la représenter à l'exposition universelle de Londres. L'Assemblée s’empresse de déférer ce mandat, en priant M. Martinon de lui communiquer le résultat de ses observations en ce qui concerne les progrès des différentes industries qui ont leurs similaires dans la Haute-Loire, Demanne p’apmission. — M. J.-P. Menut, jardinier horticulteur à Moulin, commune de Saint-Voy, de- mande à être agrégé à la Société en qualité de membre correspondant ; il énumère dans une lettre ses titres à cette faveur, et mentionne en particulier la médaille d'argent qui lui a été décernée en 1849. Il sera statué sur cette demande à la prochaine séance. À huit heures la séance est levée. SEANCE EXTRAORDINAIRÉ DU 19 SEPTEMBRE. SOMMAIRE. — Lecture du proces-verbal. — Organisation de la représentation agricole dans ses rapports avec les statuts de la Socété; Adoption de nouveaux articles à ajouter au Règlement. — Lithographie représentant la médecine, donnée au Musée par M. Tyr. — Renseignements fournis à M. le Préfet par M. le Président, sur l’organisation du Musée, sur son origine, sur le local qui lui est consacré, ete.; Vœu que le Gouvernement vienne en aïde à la Société pour la construction du nouveau Musée. — Recommandation de M. le Président en faveur de M. Emile Badiou, artiste sculpteur, adressée au Conseil général. — Allocations votées par le Conseil général sur les demandes de la Société. — Mission de M. Géhin dans le département, au sujet de l’éclosion artificielle des poissons dans nos cours d’eau ; Communication de M. le Président ; Observations de M. de l'Epuille. — Nomination de M. Plantade, comme membre du conseil d’ad- ministration.—Admission de M. Menut, horticulteur à Saint-Voy, comme membre correspondant. À trois heures la séance est ouverte. M. le Secrétaire donne lecture du procès-verbal, qui est adopté. M. le Président expose que, sur l'invitation de M. le Préfet, il a convoqué une réunion extraor- dinaire afin de régler, d’après la nouvelle loi, l'organisation de la représentation agricole dans ses rapports avec les statuts de la Société. À cet effet , il donne lecture de la proposition sui- vante, qui, d’après les prescriptions du Règlement, a été faite par trois Membres, et approuvée par le conseil d'administration : 248 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Vu la loi du 20 mars dernier sur l’organisation des Comices agricoles, des Chambres consultatives d'Agriculture et du Conseil général de l'Agriculture, et l'instruction ministérielle du 45 août sur l'exécution de cette loi; Va la délibération du Conseil général du département, en date du 51 du même mois, qui assimile la Société d'Agriculture du Puy à un Comice pour lélection des membres de la Chambre d'Agriculture, et lui donne à cet effet pour circonscription l’arron- dissement du Puy; Il sera ajouté au Réglement de la Société, article 48, un second paragraphe ainsi conçu : « La Société nomme encore membres correspondants, à la majorité « absolue, les propriétaires-fermiers, colons et leurs enfants, âgés « de vingt-un ans, domiciliés ou ayant leurs propriétés dans « l'arrondissement du Puy, qui en auront fait la demande par « écrit. » Et un article 49, conçu en ces termes : « Tous les membres résidants, non résidants et correspondants de la Société, ayant leur domicile ou leurs propriétés dans ce même arrondissement, participeront au droit électoral pour la nomination des membres de la Chambre d'Agriculture. » Fait au Puy, le 42 septembre 1851. Aie. DE BRIVE. AYMARD. F. BERNARD. Après un long débat, auquel ont pris part beau- coup de Membres, ces articles sont adoptés. Musée. — M. Tyr a envoyé une lithographie re- présentant la médecine, qui reproduit une peinture de M. Orcel, son maitre. Ce don est accueilli avec gratitude. SEPTEMBRE. 249 M. le Président annonce qu'il a transmis à M. le Préfet une série de renseignements demandés par M. le Ministre de l’intérieur sur le Musée, le mode de son organisation, la date de son origine, le genre de bâtiments qui lui est consacré, les res- sources qui lui sont affectées, les objets d'art de toute nature qu'il possède, etc. L'Assemblée déclare qu’elle partage le vœu ex- primé par M. le Président que, d’après les titres de notre Musée à la sollicitude du Gouvernement, M. le Ministre veuille bien venir en aide à la Société pour l’achèvement du vaste édifice que la ville du Puy érige en ce moment à l'effet de recevoir nos collections artistiques et naturelles. Beaux-arts. — M. de Brive informe également l’Assemblée qu'il a transmis à M. le Préfet une lettre de M. Jouffroy, artiste seulpteur à Paris, en faveur de M. Emile Badiou ; il a lui-même vivement insisté auprès de l'administration et du Conseil général pour l'obtention d’un secours qui permette à ce jeune artiste de continuer ses études dans la capi- tale, sous la direction des grands maitres. Les Membres de la Société et du Conseil général ont pu voir àu Musée un buste modelé en plâtre représentant une femme dans les contorsions de la douleur, qui a été envoyé récemment par M. Em. Badiou , et qui atteste ses progrès dans la sculpture. 250 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Onmsers n'Apminisrrarion. — La Société est informée que le Conseil général a voté les allocations suivantes qui, pour la plupart, avaient été proposées par la Société : Dotation générale . . . . . . . . - 4000 fr. Allocation pour l'amélioration de la race chevaline. . . . . . . . . . 1000 — pour le reboisement . . 500 Aux instituteurs qui se livreront à l’enseignement agricole . . . . . 200 Budget de la Chambre d'Agriculture 100 Pour frais de translation et agence- ment des collections du Musée. . 500 Almanach historique et agricole du département. 5. 00-010 Ut Secours à M. Emile Badiou. . . . . 800 Inpusrie piscicoLe. — M. le Président rend compte d’une visite faite à nos cours d’eau par M. Géhin, que M. le Ministre avait envoyé, avec une mission spéciale dans le département. Un examen rapide de nos rivières, ruisseaux et lacs, a permis à cet habile pisciculteur de reconnaitre que les eaux de la Haute-Loire sont très propres à l'emploi de son procédé pour l’éclosion artificielle des œufs et la propagation des poissons. M. de Brive dépose sur le bureau une des boîtes en fer battu affectées à cet usage par M. Géhin, et SEPTEMBRE. 251 dont la disposition très simple est l’objet du vif intérêt des Membres de l’Assemblée. M. de l'Eguille donne aussi de nombreux détails sur l’ichthyogénie artificielle pratiquée par MM. Rémy et Géhin, d’après les renseignements que lui a fournis ce dernier. Il en résulte qu’on n'a pas encore publié toutes les particularités de leur méthode : ils se pro- posent de les faire connaitre ultérieurement. Ainsi, l’eau dans laquelle le lait et la laite ont été exprimés, doit être agitée immédiatement et puis renouvelée après cette opération. C'était là une partie de leur secret, qu'ils divulguent aujourd’hui qu'ils sont ré- tribués par le gouvernement. Aux ressources précieuses que peuvent fournir les procédés de MM. Rémy et Géhin, il faut ajouter une surveillance très sévère de nos cours d’eau, pour empêcher la destruction du poisson par l'emploi d'engins prohibés et de substances vénéneuses. L'embrigadement des gardes champêtres, demandé déjà par la Société, serait le meilleur moyen pour arriver à ce résultat. À ces conditions, on peut espérer que les rivières et ruisseaux de nos contrées, autrefois si riches en excellents poissons, se repeu- pleraient très promptement. L'Assemblée émet un vœu dans ce sens, et prie en outre M. le Président d'écrire à M. le Ministre que M. Géhin soit envoyé dans le département à l'époque du frai. 252 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ÉLECTION D'UN OFFICIER DE LA SOCIÉTÉ. — Le scrutin pour l’élection d’un membre du conseil d’adminis- tration , donne l’unanimité des voix à M. Plantade. Apussiox. — M. Jean-Pierre Menut ayant ob- tenu l’unanimité des suffrages, est nommé membre correspondant. À cinq heures Ja séance est levée. Al | SEANCE EXTRAORDINAIRE DU 20 OCTOBRE. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Nomination de nou- veaux Membres correspondants, à l’effef de satisfaire à la nouvelle loi sur l’organisation agricole. — Lettre de M. le Président de la Société d'Agriculture de Tarn-et-Garonne, relative à des demandes de renseignements sur Porganisation agricole; Décision de l’Assemblée. — Demande d’une copie du Mémoire de M. Giron- Pistre sur l’industrie de la dentelle, adressée par la Chambre des Prud'hommes; Adhésion de l’Assemblée. — Prix à instituer par le Gouvernement en faveur des Sociétés archéologiques; Lettre- circulaire de la Société des Antiquaires de Picardie; Vœu que ce prix soit fondé en faveur de toutes les Associations scientifiques. À trois heures la séance est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté. M. le Président donne communication de divers arrêtés de M. le Préfet, relatifs à l'assimilation de la Société en Comice agricole, d’après la loi du 20 mars 1851, et la délibération du Conseil général en date du 15 août dernier, par lesquels les modi- fications apportées au Règlement de la Société ont recu l’approbation de l'autorité préfectorale; il ajoute qu'un de ces arrêtés convoque les Membres de Ja Société pour procéder à lélection des Membres de la Chambre d'Agriculture le 28 octobre courant, et qu'il y à urgence, aux termes du paragraphe de l'article 48 du Règlement, adopté à la précédente séance, de nommer de nouveaux Membres corres- pondants. 254 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. le Secrétaire lit la liste suivante des personnes qu’il propose d’élire pour tous les cantons de l'arrondissement du Puy : MM. MM. MM. MM. MM. CANTON D’ALLÈGRE. Mauret fils, propriétaire à Fix-Saint-Genevys. de Nirande Francois, propriétaire à Allègre. Filère Marcellin, à Montagnac, commune de Vernassal, Dessimond Joseph, propriétaire à Saint-Just. Ampilhac Philippe, à Aubournac, commune de Céaux. Gilbert fils, à Théneville, c. de Varenne-St-Honorat. Lasalle Théodore, à Monlet. GANTON DE CAYRES. Gratuze J-L., pr. à Rossignol, c. de St-Jean-Lachalm. Chauchon, à Vabrettes , — — Chouvy Jules, maire à Saint-Jean-Lachalm. Falcon fils ainé, à Cayres. CANTON DE CRAPONNE. de Vinols père, propriétaire à Craponne. Boët Armand, — — CANTON DE FAY-LE-FROID. Riou Jean-Louis, propriétaire aux Vastres. Reynaud, notaire à Saint-Front. Guilhot Jean-Louis, pr. à Mathias, commune de Fay. Descours Jean-Jacques, maire à Saint-Front. Crespin Théofrede, pr. à Chabanne, commune des Estables. CANTON DE LOUDES. Perrin Victor, propr. au Thiolent, commune de Vergezac.. Boissiere fils aîné, propriétaire à Loudes. 920 ocroBRE. 255 MM. Blanc-Furnon , au Charrouil, maire de Loudes. de Morangier, propr. au Villars, c. de Saini-Privat. de Veyrac Oscar, propriétaire au Thiolent. Pascal Urbain, propriétaire à Sanssac-l’Eglise. CANTON DU MONASTIER. MM. Dulac L-R-F., propriétaire à Saint-Martin-de-Frugères. Cortial, curé à Freycenet-Latour. de Sauvages C-M., propriétaire à Freycencet-Lacuche. Chaussende André, propriétaire au Monastier. Eynac André, — — du Roure père, — —— CANTON DE PRADELLES. MM. Mercier J-B., pr. à Charbonnière, commune de Landos. de Ribains, propriétaire à Pradelles. Bonhomme, notaire à Pradelles. Gourgeon, propriétaire à Saint-Paul-de-Tartas. Brunel, pr. à Fourmagne, commune de St-Paul-de-Tartas. La Bastide, propriétaire à Vielprat. Merle Gédéon , propriétaire à Saint-Haon. Vigouroux Jean-Pierre, propriétaire à Mazemblard. CANTON DU PUY SUD-EST, MM. de Brive Félix, propriétaire à Coubon. Micamand Benoit, maire à Vals. Guilhaumet, propriétaire à Vals. Ginbert Pierre, adjoint à Vals. Marthory Paul, à Jandriac, commune de Coubon. de Pons, au Villard, commune de St-Germain-Laprade. Bernard , a Pebellier, — — Avit, maire à Brives-Charensac. Dubois-James, propriétaire au Puy. 256 RÉSUMÉ DES SÉANCES. CANTON DU PUY NORD-OUEST: MM. Liogier Louis-Joseph, propriétaire au Puy. Robert Jeanne-Marie, — — Achard-Chouvy Jean-Pierre, _— Chambonnet Etienne, à Aiguilhe. Visconte Augustin, à Espaly. Lashermes Sylvain, aux Extreix. Baldit, ancien notaire, à Bilhac, commune de Polignac. Espenel Joseph, à Chaspinhac. Chevalier-Harent, maire au Monteil. Reinier, à Rochelimagne. : CANTON DE SAINT-JULIEN-CHAPTEUIL. MM. Vauzelle A-J., juge de paix à Saint-Julien. de La Colombe, à La Boriasse, c. de St-Etienne-Lardeyrol- Lacombe Aimé, à Chamblas, — — Chapon, adjoint à Montferrat, — — Sabatier Antoine, à La Chapelette, c. de Saint-Julien. CANTON DE SAINT-PAULIENe MM. Aubazat, curé à Saint-Paulien. Garnier, propriétaire à Lissac. Bonnefoux fils aîné, à Champvert. Balme Charles, à Saint-Paulien. Garnier-Eymère, à Azenières , commune de Lissac. Cortial-Boyer, maire à Saint-Geneix. Debrye Philibert , à Borne. Savel, ancien maire à La Voüte-sur-Loire. Philip Prosper , notaire et maire à Saint-Paulien. Garnier Pierre, maire à Lissac. CANTON DE SAUGUES. MM. Torrent de Lavé Henri-Louis, pr. à Venteuges. de Saint-Germain Auguste, à La Bastide. 20 ocrogre. 257 MM. La Valette, notaire à Saugues. Brajon, propriétaire à Pinatelle, commune de Chanaleilles. Ricou, à Chanaleilles. Laurent Marie, à Saint-Préjet. Ranc, au Pinet, commune de Saint-Christophe-d’Allier. Cuoq, à Ombret, commune de Saugues. Limouzin, à Saugues. CANTON DE SOLIGNAC-SUR-LOIRE. MM. Jarousse Jean-Pierre, à Agizoux. Jean Jean-Claude, à Farigoules. Reynard Jean-Pierre, à Chassilhac. Rance, à Chassilhac. Chouvy Henri , notaire et maire à Bains. CANTON DE VOREY. MM. Jourda de Vaux Ch., anc. capit. d'infanterie, à Chamalières, de Brive Ernest, juge de paix et propr. à Conches [Beaulieu]. Roiron Marie, propriétaire à Mézères. Giraud Marie, à Saint-Pierre-Duchamp. La Batie Léon, ancien sous-préfet , à Vorey. Savelon François, percepteur à Vorey. Brunel, propriétaire à Adiac, commune de Beaulieu. L'Assemblée, après délibération, procède à la nomination des récipiendaires, lesquels sont tous élus. 4 Cette liste sera soumise à l'approbation de M. le Préfet, conformément à la loi et aux instructions ministérielles. Il est arrêté ensuite qu’un extrait des séances concernant l’organisation agricole sera envoyé à 258 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. le Président de la Société Académique de Tarn- et-Garonne, qui a adressé à la Compagnie la lettre suivante : Montauban, le 28 septembre 4851. Monsieur LE PRÉSIDENT, L'initiative que prit au mois de mars dernier la Société d’Agri- culture du Puy, pour faire modifier le projet de loi sur la repré- sentation agricole, n'ayant pas eu en tous points le succès qu’elle méritait, les Sociétés départementales d'Agriculture ont été placées dans une position indécise et embarrassante , qu’est venue augmenter encore la circulaire qui règle l’exécution de la loi. Pour prix d'un droit électoral restreint dans les limites du chef-lieu, on impose aux Sociétés l'obligation de modifier leur Réglement : de limité qu'était le nombre de leurs Membres, on veut le rendre illimité; leur accès n’était qu’entouré de précautions infinies : on veut que chacun puisse réclamer comme un droit le titre de sociétaire, en promettant de se soumettre au Règlement nouveau. Avant de proposer à notre Société des modifications aussi graves dans sa constitution, j'ai désiré m'éclairer par l’exemple de votre Compagnie, qui avait si vivement défendu les vrais intéréts de l’agri- culture dans le contre-projet de loi, et j'ai pensé que vous ne me refuseriez pas l'appui de vos conseils. Je prends donc la liberté de m'adresser à vous pour vous prier de me faire connaître quel parti a pris la Société du Puy, ou ce qu’elle se propose de faire pour l'exercice du droit d'élection que lui confere la loi, et que le Conseil général lui aura sans doute confirmé. Veuillez agréer, monsieur le Président , avec l'expression anticipée de mes remerciments, celle de ma haute considération. TEULIÈRES. = ne ve 20 ocrogre. 259 Inpustrie. — M. le Président de la Chambre des Prud'hommes du Puy sollicite, pour ses archives, une copie du Mémoire de M. Giron-Pistre sur l'indus- trie de la dentelle et sur l'utilité de la Chambre des Prud'hommes pour le progrès de ce genre de manufactures. L'Assemblée adhère avec empressement à cette demande. Opsers Divers. — Une circulaire de la Société des Antiquaires de Picardie transmet une demande adressée, sous forme de vœu, à M. le Ministre de Pinstruction publique, pour obtenir la fondation d’un prix de 5000 fr. à décerner tous les ans à celle des Associations savantes de la France qui se serait le plus distinguée par le mérite de ses publications. La Compagnie est invitée à s'associer à ce vœu, qui est développé avec un talent remarquable dans un Mémoire joint à la lettre-circulaire. L'Assemblée reconnait, comme les savants auteurs du Mémoire, que les Sociétés littéraires de la France départementale méritent, à tous égards, d’être puis- samment encouragées par le Gouvernement; mais, d’après les observations de M. le Secrétaire, elle ne saurait admettre que ce grand prix soit décerné aux seules Sociétés archéologiques et historiques, et elle exprime l’espérance que le Gouvernement admette au concours toutes les Associations, quelle 260 RÉSUMÉ DES SÉANCES. que soit la nature de leurs travaux, et qu’une commission de Membres de l’Institut de France veuille bien être juge du mérite respectif des So- ciétés départementales. | À cinq heures la séance est levée. SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 28 OCTOBRE. SOMMAIRE. — [Lecture du procès-verbal. — Nomination des membres de la Chambre d'Agriculture. À deux heures la séance est ouverte. Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et adopté, La réunion a pour objet l'élection des membres de la Chambre d'Agriculture pour les cantons de l'arrondissement du Puy, aux termes de l'arrêté de M. le Préfet, en date du 7 octobre courant. M. le Président a pour assesseurs, au bureau, MM. le Vice-Président et le Secrétaire. Après avoir donné lecture de l'arrêté précité et de la loi du 20 mars 1851, concernant l'organi- sation de la représentation agricole, il déclare que le scrutin est ouvert. Soixante et quinze membres résidants, non rési- dants et correspondants, prennent part à cette opération. Le scrutin est fermé à cinq heures. Le dépouille- ment, auquel il est procédé immédiatement, donne pour résultat l'élection des membres dont les noms suivent : TOME XWYI. 17 262 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Canton d'Allègre. . . . MM. de Nirande [Frédéric.| — de Cayres . . . . .. Chanial [Armand.] — de Craponne . . . .. De Vinols père. — de Fay-le-Froid. . . . Bouix [Louis.] — de Loudes . . . . . . De La Fayette [Charles] — du Monastier. . . . . Antier père. —\de Pradelles "1" de Jagonnas. — du Puy sud-est. . . . de Brive [Albert.] — du Puy nord-ouest . . Aymard [Auguste.} — de S-Julien-Chapteuil, Lacombe-Tharin. — de Saint-Paulien . . . Chouvon [Baptiste.] — de Saugues. . . . .. La Bilherie fils. — de Solignac. . . . . . Jarousse [J.-Pierre.] —deNOrEy- cd De Vaux [Charles.] À six heures le procès-verbal est lu et adopté, Après quoi la séance est levée. SÉANCÉ DU 7 NOVEMBRE. SOMMAIRE. — Ouvrages reçus; Récueil des Actes administratifs} Divers numéros envoyés par M. le Préfet. — Demande des « Annales » par le Conseil des Prud'hommes du Puy. — Orga- nisation de la collection ornithologique du Musée, et don de plusieurs oiseaux, par M. Moussier. — Visite du nouveau local du Musée par la commission; Travaux d’appropriation proposés à la Mairie. — Assolements adoptés sur le domaine de Barlière ; RUE AE Rapport de M. Doniol. — Amélioration de la race chevaline ; Observations de MM. de Brive, Ch. de La Fayette et Porral; Nomination d’une commission. — Emploi du sel pour les bestiaux et son influence sur le lait; Renvoi de Pexamen de cette question à M. Ch. de La Fayette. — Nouvelle variété de blé chinois; Lettre de M. Alphonse Richard. — Remerciments des instituteurs pour l'envoi de traités élémentaires d'agriculture; Vœu émis par l'instituteur de Vals quedes petits livres d’agriculturesoient donnésen prix aux élèves des écoles rurales. —Nouvel engrais artificiel employé chez MM. Truchet frères; Rapport de M. Chouvon.- Examen des élèves de la Ferme-Ecole de Nolhac par une commission spéciale ; Communication de M. de Brive; Félicitations à M. Chouvon, directeur de la Ferme-Ecole. — Maladie des pommes de terre; culture hivernale, d’après la méthode de M. Le Roy-Mabile; Obser- vations de MM. de Brive, Dumontat et Ch. de La Fayette. — Envoi de M. Géhin dans la Haute-Loire, au sujet de la pisciculture; Lettre de M. le Ministre; Observations de M. le Président. — Supplément à la Flore des environs du Puy; Communication de M. l’abbé Roche. À trois heures la séance est ouverte. Pugzicarions. — Des commissaires sont nommés pour examiner plusieurs des ouvrages reçus depuis la dernière séance. Divers numéros du « Recueil des Actes adminis- traufs », envoyés par M. le Préfet, seront placés à la bibliothèque historique, 264 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Le Conseil des Prud'hommes écrit pour prier la Société de le comprendre au nombre des corps admi- nistratifs et judiciaires qui reçoivent les « Annales. » Cette demande est agréée. Musée. — Des remerciments sont votés à M. le docteur Moussier, qui, pendant quelques jours passés au Puy, a mis dans le meilleur état la collection ornithologique, et l’a enrichie de beaucoup de nouvelles pièces. M. le Président rend compte d’une visite que la commission administrative a faite au local du nou- veau Musée. Elle a constaté qu'avant d’en prendre possession, il était indispensable d’y effectuer divers travaux d’appropriation, que M. le Président énumère. Il est arrêté qu’il en sera écrit à l'autorité mu- nicipale. AcricuuTure. — M. le Secrétaire donne lecture de l'extrait suivant d’une lettre que lui a adressée M. Doniol, membre non résidant à Barlière, près Brioude : MONSIEUR LE SECRÉTAIRE, Vous avez sans doute recueilli aujourd’hui bien des renseignements sur les produits agricoles de notre département pour l’année 4851 ; veuillez y ajouter les miens. Cest tout à la fois pour moi un devoir et une satisfaction de les mettre sous les yeux de la Société, NOVEMBRE. 265 après les témoignages d’intérét qu’elle m’a donnés, et pour lesquels je vous prie de lui faire agréer mes empressés remerciments. Vous savez que le domaine de Barlière, dont je dirige la culture, a une étendue d’environ cinquante-cinq ares, dont cinquante-trois sont soumis alternativement à la culture des fourrages de toute nature et des céréales. Vous pouvez aussi vous rappeler que j'ai adopté et que j’y pratique deux sortes d’assolement : l’un comprend le sainfoin ou esparcette et les vesces d'hiver; lautre le trefle bisannuel, le trèfle farouche et aussi les vesces d'hiver. Le premier dure huit années, dont les quatre premières sont en sainfoin, Ja cinquième et la sixième en froment, la septième en vesces, la huitième en froment. Le deuxième assolement est plus compliqué, quoiqu'il dure un an de moins. La premiere année est en raves ou turneps, qui ont recu tout le fumier des bêtes bovines et ovines de la ferme; Ja deuxième est en trèfle bisannuel semé avec une demi-avoine, que je fais couper avant sa complète maturité, afin d’avoir de Pexcel- lente paille et de ne pas gêner la végétation du fourrage; la troi- sieme est en trèfle, dont deux coupes, bien plâtrées, sont consommées en vert ou converties en foin , la derniere pâturée par les moutons ou enfouie seulement à la fin de septembre ou au commencement d'octobre; la quatrième année est en froment; la cinquième en avoine; Ja sixième, partie en trèfle farouche ou incarnat, partie en vesces, le tout aussi consommé vert; la septième en froment. Je ne fais défricher à l’araire Rosé le trefle de la troisième année qu'au moment où je dois semer le froment de la quatrième, afin de ne le recouvrir qu’à la herse. Par ce moyen, cette plante reste enfouie et forme un engrais pour la céréale, Ces deux combinaisons agricoles ont pour effet, en y ajoutant la prairie artificielle permanente qui est au devant de la maison, de comprendre une étendue d’environ trente hectares, qui sont destinés à la production des fourrages de toute nature. IL semblerait donc qu’il doit rester une quotité insuflisante de terrain pour la culture des céréales. Il n’en est rien cependant, et vous allez juger par le rendement de cette année, que le produit est de beaucoup 266 RÉSUMÉ DES SÉANCES. supérieur à celui qu’on obfenait avant moi. Alors on entretenait à grand peine sept à huit bétes bovines, toujours fatiguées et maigres, et on nourrissait mal quatre-vingts à cent moutons; alors on pratiquait l’assolement biennal, blé-froment et jachère; on semait annuellement trente-cinq hectolitres de céréales d'hiver, et on en récollait cent cinquante à cent soixante; on semait trois hectolitres d'orge, et on en récoltait treize ou quatorze; alors, non seulement on n’avait aucune bête bovine de reste, mais on était méme obligé de remplacer, sur le produit des céréales, celles que le travail avait épuisées et qui demeuraient presque sans valeur. Le rendement de cette année, dis-je, va vous faire juger combien il y a de la différence entre mon mode de culture et celui pratiqué avant moi. J'avais semé, lPautomne dernier, vingt-quatre hecto- litres de cinq variétés de froment fin sur environ dix hectares et demi : j'en ai recueilli trois cent dix; j'avais semé, à la méme époque, douze décalitres de froment gros blanc sur environ cent vingt ares : j’en ai recucilli quarante hectolitres; j'avais semé dix- huit hectolitres d'avoine sur environ onze bectares : j'en ai recueilli deux cent soixante; je vendrai prochainement une vache et deux bœufs gras; j'ai déjà livré à la boucherie deux lots de moutons, en tout cent cinquante-quatre, le dernier de la race limousine, le 45 de ce mois; j'en aurai un troisième de quatre-vingts pour la fin de novembre, et à celui-ci en succèdera un autre qui sera livrable en mars ou en avril 4852, après avoir consommé ma récolte de. topinambours, qui s'élèvera de quarante à cinquante milliers, et qui sera le produit d’un demi-hectare de terrain. Vous aurez remarqué que l’avoine a eu un rendement peu consi- dérable, comparé surtout à celui du froment : elle avait trop souffert d’abord des pluies froides de la fin d'avril, ensuite de la sécheresse continue du printemps et de l'été. Quoique mes secondes coupes de trèfle et de sainfoin aient été à peu près nulles, par suite de cette même sécheresse, les premières ont été si abondantes, que ma provision sera amplement suffisante pour l’hivernage de mon nombreux bétail race bovine. Il se compose. NOVEMBRE. 267 de vingt-quatre têtes qui sont dans un état parfait d’embonpoint , et qui sont admirées de toutes les personnes qui les visitent. Je vous ai annoncé que j'avais cultivé cinq variétés. de froment fin ou blanc. La première est un blé anglais à épis rouges sans barbes, à grain court et d’un rouge foncé, que j'ai introduit ici depuis vingt-cinq ans, et que les fariniers recherchent; il est aussi rustique que le barbu du pays, a la paille longue, forte; il est peu sujet à verser, et graine abondamment. La seconde est un blé à épis blancs, sans barbes, dont le grain allongé est de couleur rouge clair; on le cultive beaucoup dans le Puy-de-Dôme; il est rustique, mais il craint l’échaudure, parce qu’il est lent à mürir. La troisième variété est un blé dit de Saint-Lô : son épi est blanc, sans barbes ; la paille en est longue, forte, peu sujette à. verser ; le grain en est gros, court, de couleur rouge vif; il est moins fin que les deux précédentes, et se rapproche un peu des blés rouges ou durs; tous les terrains ne lui conviennent pas : il végète mal dans les argilo-siliceux. La quatrième est encore un blé anglais à épis blancs, carrés, sans barbes, dont un échantillon m'avait été envoyé par M. Georges de La Fayette; il est de très belle qualité, a le grain court; sa couleur est rouge clair; sa paille est longue, forte; c’est celui qui m’a rendu le moins. La cinquième variété est celle connue sous le nom d’Odessa : elle est bien supérieure à toutes les autres, quant à la qualité et au produit; elle est toujours vendue 4 fr. 25 ce. de plus l’hectolitre, mais elle fournit peu de paille. Si on la cultivait exclusivement, on manquerait de litière et on fabriquerait peu de fumier; elle n'entre à Barlière que pour un tiers dans les céréales d'hiver. J'ai encore à vous parler du froment gros blanc, qui me doit aussi son introduction dans nos contrées : son rendement dépasse beaucoup celui de tous les autres, ainsi que je vous lai déjà fait connaître; mais il eraint le froid, et ne réussit pas toujours dans les terrains bas. Je l'avais placé, cette année, sur une des parties les plus élevées du domaine : il était admirablement beau. Il me reste à vous apprendre, Monsieur, que ma récolte entiere, vetle de toutes mauvaises graines et sans carie, est de première 268 RÉSUMÉ DES SÉANCES. qualité; on n’y aurait pas trouvé cent épis noirs. Les moyens que j'emploie pour parer à ce tres fächeux inconvénient sont de deux sortes : d’abord je laisse mürir complètement les portions que je destine à la graine, et les fais couper hors les moments de rosée et de pluie; on lie et on met de suite les gerbes en meules ou en pignons. En second lieu, je fais saturer mes graines, la veille du semis, d’une dissolution de sulfate de cuivre. Indépendamment des forts amendements dont sont pourvues celles des terres que je destine à la production du blé, j'attribue une portion de sa végé- tation à la maturité parfaite de la graine; celle qui n’a pas atteint ce degré, me semble ne devoir produire qu’une plante chétive, et je crois qu’il en ést ainsi dans tout le règne végétal comme dans tout le règne animal. Vous devez juger, Monsieur, par ces détails, que mes assole- ments, surtout le second, qui a été le résultat de beaucoup d’études, de tâtonnements et d'observations, ont répondu à toutes mes espé- rances. Je cherchais deux choses : avoir de grands produits et améliorer mon terrain. Je crois y être parvenu, car mes blés de septième année étaient aussi beaux que ceux de la quatrième, ceux qui ont immédiatement succédé au trefle. Veuillez vous rap- peler que j'ai opéré sur le sol réputé le plus mauvais du bassin de Brioude et le plus appauvri par une culture immémoriale sans engrais. Cependant je mai fumé qu’une année sur sept. Je ne dois pas clore cette lettre sans ajouter que je suis admi- rablement secondé dans mes travaux par un jeune ménage que j'ai depuis deux ans, et qui sont, le mari, Pierre Nicolas, la femme, Marie Roland, auxquels la Société accorda une prime de 200 fr. il y quinze ans. Cette communication est accueillie par l’Assemblée avec le plus vif intérêt. M. Président lit un article sur l'élève des chevaux, extrait du « Bulletin Agricole du Puy-de-Dôme. » II NOVEMBRE. 269 paraitrait résulter de cet article que la race perche- ronne ne produit bien que dans le Perche, et que son transport dans d’autres localités tend à la faire dégénérer. M. Charles de La Fayette fait observer qu’il fau- drait faire l'essai de cette race, en améliorant par les mères. M. Porral croit, comme l’auteur de l’article, qu’en dépaysant les races, on arrivera toujours à des résultats négatifs. M. de Brive répond que les sangs croisés sont en effet dans ce cas, mais que les sangs purs, les sangs primitifs se perpétuent avec facilité; par exemple le sang arabe, qui s’est conservé en An- gleterre; la race de ce pays dérivant en définitive de la race arabe primitive. M. Charles de La Fayette objecte que l'expérience signalée dans Particle qu’on a cité a été faite en Auvergne, dans un pays de plaine, et qu’elle n’est pas coneluante pour un pays de montagnes comme le nôtre; il rappelle ce qu’il a dit dans les précé- dentes délibérations de la Société, relativement à la remonte, qui, trouvant à s’approvisionner en chevaux de grosse cavalerie, et ne trouvant pas en France un nombre suflisant de chevaux légers, pousse à l’élève de ce genre de chevaux. M. de Brive, de son côté, persiste à penser que l’ancienne race d'Auvergne n’existant plus, il faut en créer une nouvelle dans ce pays aussi bien que 270 RÉSUMÉ DES SÉANCES. dans le nôtre, en appelant des étalons dont Îles qualités et les formes se rapprochent de celles de nos juments. Les étalons arabes remplissant ces conditions, doivent obtenir la préférence sur Îles autres races; mais il reconnait que la question est très délicate, et peut nécessiter la nomination d’une nouvelle commission, pour l’élucider et la traiter dans un rapport. Cette commission est composée de MM. Charles de La Fayette, Gire et Martel. M. le Président signale, en outre, des chiffres sta- tistiques relatifs) à la production chevaline dans la Haute-Loire, et} dont il prie la commission de prendre connaissance. M. le Président cite aussi un article du dernier numéro des « Annales Agronomiques », au sujet de l'emploi du sel et de son influence sur la pro- duction du lait, et invite M. Charles de La Fayette à faire un rapport à ce sujet. M. de Brive lit la lettre suivante de M. Alphonse Richard , au sujet d’un essai de culture du froment de la Chine, envoyé par M. Isidore Hedde : Au Puy, le 50 août 1851. Monsieur LE PRÉSIDENT, En 1847, M. Aymard, secrétaire de votre estimable Société, me. remit quelques grains de blé apportés de la Chine par M. Isidore NOVEMBRE. 271 Hedde, délégué de l’industrie lyonnaise en Chine, et m’engagea à en soigner la culture, quoiqu’ils fussent à moitié rongés par les vers. Je les ensemençai au mois d'octobre de la même année, et j’eus le plaisir de les voir lever sans aucun engrais, sur une terre argilosiliceuse, aussi rapidement que le blé ordinaire. Je reconnus aussi, en suivant les diverses phases de leur germi- nation, que la paille en était belle, forte, et résistait bien aux coups de vent. Je comptai jusqu’à douze tiges provenant d’un seul grain; la plante qui en provient a l'avantage de croître en trochets touffus, c’est à dire de procurer une économie considérable sur la semence. Les épis, garnis de cinquante à soixante grains, atteignirent environ six pouces de longueur, et la paille, — dont la feuille est bien plus large que celle du froment européen, — s’éleva jusqu’à deux mètres de hauteur. J'ai l'honneur de soumettre à l'examen de la Société quelques épis récoltés cette année, afin qu’elle veuille bien constater les résultats que j'ai pu obtenir d’un blé qu’on peut désigner sous le nom de blé chinois. Agréez, etc. Acr. RICHARD. Il est donné lecture également de plusieurs lettres de remerciments envoyées par divers instituteurs, à qui un « Traité élémentaire d'Agriculture » a été remis par la Société. L’un d'eux, l’instituteur de la commune de Vals, émet la pensée que les écoles primaires des campagnes distribuent en prix de petits livres d'agriculture, au lieu de ces publica- üons très souvent insignifiantes qu'on donne aux enfants. Ce vœu est accueilli avec sympathie par l'Assem- blée, et M. Chouvon est prié de dresser un cata- 272 RÉSUMÉ DES SÉANCES. logue des livres qui pourraient être signalés comme les meilleurs en ce genre. M. Chouvon fait un rapport verbal sur une visite qu'il a faite à Fexploitation de MM. Truchet, à Chadrac, au sujet d’un nouvel engrais artificiel, et dit qu'il n’a pu constater tous les résultats ob- tenus; ils auraient exigé une série d’expériences qu'il ne lui a pas été possible de faire en une seule séance. M. le Président rend compte des examens auxquels la commission spéciale de la Ferme-Ecole a procédé récemment dans cet établissement, lors de la rentrée de dix nouveaux élèves, et ceux auxquels elle a soumis les élèves de l’année dernière. Il dit que ces jeunes gens ont parfaitement répondu aux espé- rances de la commission, et que l'institution continue à prospérer sous l’habile direction de M. Chouvon; toutefois, il émet le vœu que l’enseignement soit maintenu dans les limites fixées par les instructions, afin que les élèves sortants se consacrent spéciale- ment à l’agriculture, et ne soient point aptes à em- brasser d’autres carrières. M. de Brive soumet à l’Assemblée des carottes qu'il a recueillies dans sa propriété de La Darne, près Coubon, et il fait observer qu’elles sont atteintés d’une maladie qui n’est pas sans analogie avec celle des pommes de terre. NOVEMBRE. 275 M. Dumontat présente des pommes de terre d’une forte dimension, et dont aucune n’est atteinte de la maladie. Il dit qu’il en a été de même de toute sa récolte obtenue par un procédé qu'il emploie depuis quelques années : il en a eu vingt pour une. Elles ont été semées entières, fin décembre, d’après les conseils de M. Le Roy-Mabile. M. Charles de La Fayette remarque qu’il faut, en effet, de bien fortes gelées pour les atteindre en terre; mais que ces tubercules, ainsi reproduits, sont un peu plus aqueux étant cuits. M. Chouvon est invité, par la Société, à pour- suivre ce genre d'expériences à la Ferme-Ecole. Piscicurure. — M. le Ministre de l’agriculture éerit qu'il enverra M. Géhin dans la Haute-Loire à l’époque du frai. À ce sujet, M. de Brive dit que M. Géhin a visité au mois d’août tous les cours d’eau et lacs du département, et qu'il a fait au Ministre un rapport favorable sur la qualité des eaux de notre pays. SCIENCES NATURELLES, — M. l'abbé Roche, membre non résidant, adresse un supplément à la « Flore de la Haute-Loire », dont il est donné lecture. Ce travail intéressant , qui renferme l'énoncé d’un grand nombre de plantes nouvellement découvertes dans le département, sera inséré dans les « Annales. » À sept heures la séance est levée. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus. — Don au Musée de deux inscriptions lapidaires, l’une gallo-romaine, l’autre du quinzième siècle; Observations de M. Aymard. — Préparation du fumier par un mélange de sulfate de fer; Obser- vations de MM. de Brive, Gatillon, Ch. de La Fayette; Essai d’une nouvelle espèce d’engrais, inventée par M. Roland. — Semis de graines de pommes de terre; Résultats obtenus par M. Richard; Observations de MM. Dumontat et Chouvon. — Mission de M. Géhin dans la Haute-Loire, au sujet de la pisci- culture; Lettre de M. le Ministre de l’agriculture. — Rapport sur un ouvrage anglais relatif à la géologie volcanique du Vivarais, par M. Bertrand de Doue. — Congrès archéologique tenu à Clermont; Observations de M. le Président sur des erreurs archéologiques concernant la cathédrale du Puy. — Modèles de bas-reliefs pour un fronton destiné au Musée; Envoi par M. Em. Badiou. — Renseignements sur la Société fournis par M. le Pré- sident à M. le Ministre de l'instruction publique. — Création d’un jardin public au Puy; Communication de la décision du Conseil municipal. — Demande d’admission par M. Pharisier, vicaire à Coubon ; Commission nommée. À trois heures la séance est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté. PugLicaTions. — Des commissaires sont nommés pour examiner plusieurs des ouvrages reçus depuis la dernière séance. Musée ; archéologie. — M. Aymard annonce qu’on vient de trouver parmi les débris provenant des récentes démolitions de la cathédrale, un fragment qui complète une inscription gallo-romaine, dont il avait signalé une première partie dans un Mémoire DÉCEMBRE. 275 sur des inscriptions inédites ! , et successivement deux autres morceaux dans les précédentes séances de la Société. Ces quatre fragments réunis, qui tous appartien- nent aujourd'hui à la collection du Musée, forment ensemble un bloc cubique, dont la face antérieure, haute d’un mètre quarante centimètres et large d’un mètre, présente l’épigraphe suivante : ETMEMo RIEAT RME MIVLEMET 1 VO A ERREURS En OP SIMOMAR: AMARITO om [D. M.] ET MEMORIÆ ÆTERNÆ M. 3. ULCOMETI. . dulcissimo MARIA MArITo. . 0 «+ * Annales, tome XIII, page 429. 276 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Ce monument de piété conjugale devait comporter d'assez fortes dimensions et une ordonnance de quelque importance, à en juger par les proportions de ces débris et par un grand trou carré de tenon qui se voit à la face supérieure, et qui indique une autre pierre servant de couronnement. On est porté à supposer que celle-ci pouvait former une sorte de fronton, au tympan duquel aurait été gravée la for- mule p. M. |diis manibus|, motivée d’ailleurs par un usage à peu près constant, et surtout par le mot initial de l'inscription, la conjonction gr. Cette disposition particulière du monument donne l’idée aussi d’une base ou socle, comme on en voit dans la plupart des cippes funéraires. » J'avais dit dans mon Mémoire que l’imper- fection de l'écriture, les conjonetions de certaines lettres , assignent à cette inscription une date appro- ximative qu'on peut rapporter au deuxième ou au troisième siècle. Son mérite historique, — je dois le répéter, — est d'ajouter un nouveau témoignage à l’appui de celui que m'ont fourni une foule d’au- tres antiquités lapidaires, inscriptions tumulaires, débris de bas-reliefs, de colonnes et d’autres mem- bres d'architecture, tous recueillis sur le mont Anis ou bien autour de cette éminence, et qui semblent attester l'antique existence d’une popu- lation nombreuse, d’une bourgade peut-être, sur l'emplacement actuel de la ville du Puy. « Une curieuse inscription, probablement du _ DÉCEMBRE. 277 premier siècle de notre ère !, m'avait déjà révélé le nom de l’une des divinités adorées dans la localité, le dieu Adidon; de nouvelles recherches que j'ai pu faire au sujet de cetie déité, me portent de plus en plus à croire qu’elle était le génie tutélaire du heu, peut-être même celle à qui fut consacré l’un de ces temples somptueux .dont les énormes et nombreux débris ont été successivement exhumés de notre sol. « On sait aussi, par une autre inseription gallo- romaine, que l’un de ces édifices avait été érigé par les soins du conseil des Décurions, sorte d’as- semblée municipale à laquelle succéda, sous la monarchie mérovingienne, un sénat, et pendant plusieurs siècles du moyen-âge, le consulat, insti- tution dont l’origine lointaine n’a pas été suflisam- ment éclaireie par les témoignages de l’histoire. « En remontant même à une époque antérieure à l'ère romaine, il serait possible de trouver la preuve de lexistence d'habitations gauloises dans ? La mention dédicatoire du dieu Auguste [Aninonr Er Aucusro}, que porte cette inscription, parait signaler le premier siècle, d’après l'autorité de plusieurs archéologues très distingués. C’est à cette époque, en effet, que M. Jouannet attribue lépigraphe votive : AVGVSTO SACRVM ET GENIO CIVITATIS BIT VIT. [Dissertation sur (les inseriplions funéraires découverles en 1826 dans le mur d'enceinte de Bordeaux; Mémoires de l'Académie de Bordeaux, 1827.] De plus, la forme particuliere des lettres offre beaucoup d’analogies dans les deux inseriplions. TOME XVI. 18 278 RÉSUMÉ DES SÉANCES. des grottes taillées de main d'homme, vers la base du roc volcanique [brèches volcaniques] sur lequel a été établie une partie du jardin de l'évêché, grottes qui, en 1847, furent déblayées en ma présence. Elles formaient plusieurs pièces très rapprochées l’une de l’autre, et fort semblables à la plupart de celles qu'on à signalées à Ceyssac, à La Roche, ete. « Quelques monnaies gauloises furent recueillies dans les déblais qui les remplissaient. Au dessus existait une couche très épaisse de briques et de fragments lapidaires gallo-romains, parmi lesquels on trouva des médailles du Haut-Empire. « On peut citer également, à ce sujet, la grande table d’autel druidique ou dolmen, qu’on voit en- core à la cathédrale, et les noms celtiques Corneille [cor rocher, nei noir, sombre], du rocher qui couronne la ville, Verdun [ver grande, dun émi- nence], d’un quartier de la ville, ete., ete. » M. Aymard met sous les yeux de l’Assemblée une autre inscription qui, sur sa demande, a été donnée au Musée par M. Joyeux, membre résidant : elle provient de l’ancien couvent des Cordeliers, et elle est ainsi Conçue : ? Plusieurs autres monuments gaulois ont été signalés près du Puy, tels que Les trois pierres ou peulvans, sur la route de Brives, un tombeau celtique dans la prairie du Breuil, dont j'ai donné la description dans les « Annales », etc. DÉCEMBRE. 279 bte : queet : frat': petrvus : de: le | ues : : facra: | . pagunt : Mat: | 4: obut: anno : Dec : PU: xxi : april” + + + Hic jacet frater Petrus de Leves in sacrä pagina magister, qui obiit anno Domini 1406, 21 aprilis. « Cette inscription tumulaire, qu’il sera quelquefois intéressant de consulter à raison de sa date bien précisée et des formes particulières de l'écriture, est d’ailleurs de quelque importance par la quali- lication peut-être unique qui s’y trouve exprimée. Le frère Pierre de Leves était-il maitre ou professeur dans les saintes écritures, ou bien était-ce un de ces habiles paginatores qui consacraient une partie de leur vie dans le scriptorium des monastères, à 280 RÉSUMÉ DES SÉANCES. illustrer les manuscrits religieux de ces riches et élégantes peintures qui font encore l'admiration des artistes? Ses fonctions, dans la maison des Cordeliers du Puy, auraient-elles été même jusqu’à transcrire les manuscrits, et pourrait-on induire de cette donnée épigraphique un souvenir de cette sorte de culte que des religieux de notre pays, à l'exemple d’au- tres abbayes, auraient voué à la conservation des mo- numents littéraires de l'antiquité et du moyen-àgeP Questions qu'il scrait bien diflicile de résoudre, et qu'il suffira d’énoncer afin d’appeler les investigations des archéologues sur un point important de l’histoire locale. » L'Assemblée, intéressée par cette communication, vote des remerciments aux auteurs de ces dons. AGricuzrure. — M. le Président signale un procédé indiqué dans l’un des ouvrages reçus, d’après lequel le sulfate de fer est mélangé au fumier pour empêcher l’'évaporation de l’ammoniaque, principe très essentiel pour donner à la fumure toutes les qualités désirables. M. Gatillon dit qu’en faisant sur du fumier une affusion d’eau saturée de sulfate de fer, on fixe dans le fumier tout l’ammoniaque qui s’y trouve. Si lammoniaque y est à l’état libre, il déplace Voxide de fer du sulfate, et s’unit avec l’acide sulfurique pour former du sulfate d’ammoniaque. S'il y existe à l’état de phosphate ou de carbo- aate, il y a double décomposition entre ces phos- DÉCEMBRE. 19 SI phates et carbonates ammoniaeaux et le sulfate de fer, et il en résulte des phosphates et carbonates de fer et du sulfate d’ammoniaque. Dans les deux cas, au lieu de l’ammoniaque et au lieu de deux sels ammoniacaux volatils, ou du moins altérables à l'air, on obtient du sulfate d’ammoniaque parfai- tement fixe et inaltérable à l’air, et on conserve au fumier son principe le plus azoté, l’ammoniaque. M. Ch. de La Fayette dit que le plätre produit, comme le sulfate de fer, la décomposition de lam- moniaque, et se trouve plus facilement à la dispo- sition de nos cultivateurs, qui lemploient déjà sur leurs prairies artificielles. M. Gatillon craint que l’opération nécessitée par l'emploi du sulfate de fer ne soit difficile et ennuyeuse pour les cultivateurs, que le prix d’achat ne soit en- core trop dispendieux pour compenser la perte de lammoniaque à laquelle on veut obvier. M. de Brive cite l'expérience de M. de Limeyrac et d’autres agriculteurs, lesquels ont constaté de bons résultats. Il ajoute qu’un kilog. de sulfate du prix de 25 c. seulement, peut suflire pour deux hectolitres d’eau, dont il suflit d’arroser légèrement les fumiers. Quant à la difficulté de employer, elle n'existe pas, puisqu'on n’a qu'à arroser le fumier au moment où il est enlevé de létable pour être mis en (as. Au reste, le moyen pour fabriquer beaucoup de fu- mier consiste à le disposer en couches comme il suit : 282 RÉSUMÉ DES SÉANCES. 1° Fumier arrosé d’eau saturée de sulfate de fer ; 2° Feuilles et autres débris de végétaux arrosés avec de l’eau fraiche ; 5° Autre couche de fumier arrosée également avec de l’eau saturée de sulfate de fer. Et ainsi successivement d’autres couches. Au bout de quinze jours, il se développe une grande chaleur qui atteint jusqu’à quatre-vingts degrés, et par cette méthode on obtient prompte- ment une bonne et abondante fumure. M. Roland, auteur de la brochure que vient de mentionner M. le Président, et qui dirige une fa- brique de produits chimiques, utilise les résidus de sa fabrique, et livre à l'agriculture une sorte d’engrais concentré dans lequel entre une certaine proportion de sulfate d’ammoniaque, de potasse, de chaux, le tout à un prix très modique. M. le Président est autorisé à demander à ce fabricant l'envoi d’un quintal de cct engrais, et à faire un essai dont 1l voudra bien rendre compte à la Société, et qui aura lieu par zônes, sur terre à froment, sur prairie artificielle et prairie naturelle, M. Alphonse Richard a adressé à la Société la lettre suivante : Monsieur LE PRÉSIDENT, L’approbation que vous avez bien voulu m’accorder pour avoir, le premier, réussi dans la culture du froment chinois, m'engage Ex = DÉCEMBRE. 285 à vous présenter aujourd’hui trois pommes de terre pesant un kilog. deux cent cinquante grammes, et provenant de la graine distribuée en 4847 par M. Aymard, votre honorable secrétaire. Voici près de quatre-vingts ans que Parmentier introduisit et enseigna en France la culture de la pomme de terre, d’origine américaine. Depuis lors, elle a fait des progrès si considérables, qu’elle constitue dans beaucoup de pays la principale nourriture d'une grande partie de la population. Tout le monde est donc intéressé à tout ce qui se rattache à cette culture. En général, dans les expériences agricoles, on fait choix d’un bon terrain , meuble et bien fumé, où les sujets réussissent fort bien, mais dépérissent vite quand ils sont transportés sur un sol maigre et sans engrais, comme Îles montagnes de la Haute-Loire. C'est pour obvier à ce grave inconvénient, que je confiai la semence à un sol mauvais et sans fumier, espérant bien que les tubereules qui en proviendraient ne perdraient rien dans un terrain analogue, et gagneraient beaucoup dans un meilleur terrain quand ils y seraient transplantés. Les trois tubereules que je mets sous vos yeux. comme échan- tillons de la récolte de cette année, vous prouvent incontestablement que toutes mes espérances ont été confirmées, puisque à une grosseur extraordinaire ils joignent une bonté peu commune, de quelque manière qu’on veuille les accommoder. La graine ne produisit, la premiére année [1848], que des tiges d'environ trente centimètres de hauteur, et des tubereules guère plus gros que des grains de gros raisins. Je Jes semai au mois de mai de l’année suivante, et les recucillis vers la fin d'octobre, gros comme des noix. Leurs tiges avaient atteint environ soixante centimetres de hauteur. Je pensai qu'il était temps alors de les placer ailleurs, et j'en remis quelques-uns offrant les trois variétés, violette, jaune ct blanche, à M. Pelisse, qui, au printemps de 1850, les sema avec ls conditions voulues pour leur bonne culture, c’est à dire dans un terrain de bonne qualité, et surtout bien fumé. I eut le plusir den obtenir une récolte magnifique, comme les 284 RÉSUMÉ DES SÉANCES. trois échantillons qui vous sont soumis. Leurs iges dépassèrent un mètre de hauteur. Encouragé par cet heureux succès, ila pratiqué cette année les mémes procédés, et a obtenu d’aussi beaux résultats; en sorte qu'il est certain maintenant que la pomme de terre provenant de graine peut réunir, à la troisième année, des qualités supérieures à celle qui se reproduit annuellement à laide de tubercules. Joubliais de vous dire que M. Pelisse, en semant cette année ses tubercules, a eu soin de les saupoudrer avec du charbon pilé, pour les préserver de la maladie, et que jusqu'a ce jour sa récolte s’est conservée parfaitement saine. En résumé, la multiplication par graine doit être employée de temps à autre, car c’est le seul moyen d'obtenir des variétés et de régénérer la pomme de terre, qui peut s’abätardir à la longue, quand elle ne se reproduit que par tubercules. J'ai l'honneur, etc. Azr. RICHARD. MM. Dumontat et Chouvon confirment les obser- vations faites par l’auteur de la lettre, d’après leur propre expérience, « qui leur a fourni, disent-ils, des résultats fort satisfaisants. » Les semis des graines de pommes de terre distri- buées par la Société ont produit, en effet, des tuber- cules d’une grosseur et d’une qualité remarquables. Pisacurrure. — M. le Ministre de l’agriculture et du commerce a adressé à M. le Président la lettre suivante : MoxsiEur LE PRÉSIDENT, Par votre lettre en date du 6 septembre courant, vous m'entre- tenez des excursions que vous avez bien voulu faire le long dulit __ DÉCEMBRE. 285 de la Loire, avec M. Géhin, chargé, par mon minisiére, d'une mission tendant à reeonnaitre, dans les départements du sud-est , les eaux qui pourraient servir le plus utilement à Papplication des nouveaux procédés de fécondation artificielle du poisson. Vous me faites observer qu’une surveillance active et sévère est indispensable pour assurer le repeuplement des rivières de votre département, et vous sollicitez, à cet effet, l'adoption de nouvelles mesures de la part du Gouvernement. Je vous remercie de l’empressement avec lequel vous avez bien voulu accueillir M. Géhin, et du concours si obligeant qu’il a reçu de vous. J'ai appris avec satisfaction que vous vous proposiez de désigner, dans le sein de l'honorable Compagnie que vous présidez, une commission qui sera chargée de suivre les expériences faites dans votre département par M. Géhin, et je vous serai fort obligé de me communiquer le rapport qui sera fait par cette commission, J'ai, du reste, l'honneur de vous annoncer que j'écris par le courrier d'aujourd'hui à M. le Ministre des finances, pour le prier de donner aux agents gardes-péches placés sous ses ordres, les ins- tructions nécessaires pour qu’une surveillance sévère soit exercée sur les rivières où seront pratiqués les essais d’empoissonnement. Recevez, monsieur le Président, l’assurance de ma considération très distinguée. Le Ministre de l'agriculture et du commerce, L. BUFFET. SCIENCES NATURELLES. — M, Bertrand de Doue lit un rapport sur un ouvrage publié en anglais, relatif à la géologie voleanique du Vivarais, par M. James Forbes, membre de la Société royale de géologie de Londres. Cette lecture est entendue avec un vif intérêt, 286 RÉSUMÉ DES SÉANCES. et l'Assemblée en décide Pimpression dans les « Annales. » SCIENCE HISTORIQUE. — M. le Président signale une publication récente des travaux du Congrès archéo- logique de France, comme renfermant quelques indications sur les traditions historiques de notre pays; mais il est à regretter que ces données n’aient pas été accueillies par le Congrès avec toute la réserve désirable. Il est certain, en effet, qu’il a été induit en erreur par la mention d’une erypte qu'on a supposé exister à tort dans l’église de Notre-Dame du Puy. On a cité également à la séance du 25 juin, tenue à Clermont-Ferrand, à l’occasion de l’eau d’une citerne placée près du mur apsidal de la cathédrale, un prétendu « couteau miraculeux que lon trempait dans cette eau avant de s’en servir. » Ce Recueil contient, d’ailleurs, quelques rensei- gnements intéressants, des rapprochements curieux entre notre belle église cathédrale et les églises voi- sines de Auvergne et du Limousin. Beaux-arts. — M. Emile Badiou envoie de Paris deux modèles de bas-reliefs pour un fronton destiné au nouveau Musée. 1 Ce travail a été publié au tome AV, page 779 Œe 7 DÉCEMBRE. 287 Ces compositions, qui sont exposées sur le bureau, fournissent à M. le Président une nouvelle occasion de féliciter M. Badiou sur ses progrès dans les études difliciles qu’il a entreprises, graces aux encourage- ments de la Société et du Conseil général. Onsers pivers. —- Une cireulaire de M. le Ministre de l'instruction publique ayant demandé à Ja Société des renseignements sur son origine, le but et la substance de ses travaux, et les ressources dont elle dispose, renseignements qui sont destinés à la publication de « l'Annuaire des Sociétés savantes », M. le Président s’est empressé de fournir toutes ces données, ainsi que eeux qui se rapportent à la liste des Membres de la Compagnie, aux prix décernés dans l’année, à l’état de ses publications, ete.; il a profité également de cette occasion pour recom- mander au Gouvernement les vœux de la Compagnie sur les diverses questions scientifiques qui intéressent ses (ravaux. M. le Président informe l’Assemblée que le Conseil municipal du Puy s’est occupé, dans sa séance du 26 novembre dernier, du projet de création d'un jardin public. Une commission spéciale avait été nommée, et sur sa proposition, il a été arrûté : 1° que l'intérieur du Fer-à-Cheval sera semé en gazon; 2° qu’en dehors des trois murs de elôture du jardin de la Préfecture, il sera planté un massil 288 RÉSUMÉ DES SÉANCES. continu, mais à bords sinueux, et plus ou moins profondément découpés. L'Assemblée, tout en regrettant qu'il n'ait pas été donné une suite complète à sa proposition, espère néanmoins que la décision de l'autorité municipale, en réalisant une partie des vues de la Société, pourra amener un jour la création d'un établissement vivement désiré par la généralité de la population. DeEuanpes D’ADmissION.---M. l'abbé Pharisier, vicaire à Coubon, sollicite le titre de membre non résidant, et envoie, à l’appui de sa demande, un Mémoire qui a pour titre : « Etudes sur l’Agriculture. » Les commissaires nommés sont MM. Duvillars, Dumontat et Joyeux. À sept heures la séance est levée. Tu = RAPPORTS ET MÉMOIRES. RAPPORT HISTORIQUE DES OPÉRATIONS DE LA CAISSE D'ÉPARGNE DU PUY, depuis son établissement susqu'au 9 pÉcEnBRE 4851; PAR M. SOUTÉYRAN, MEMBRE RÉSIDANT. 5 décembre 4852. — Messieurs , Il ne reste plus à la tête de la Caisse d'épargne aucun des hommes qui présidèrent à sa fondation, Les directeurs actuels, tous nouveaux, ignorent, la plupart, comment elle a été établie, sous quelle forme et dans quelle voie elle a marché. Cependant il peut être utile, quand on à l'honneur de diriger une institution aussi importante, d’en 290 CAISSE D'ÉPARGNE. connaitre l’histoire. J’ai cru devoir vous la présenter, en vous traçant le tableau de ses opérations depuis son ouverture jusqu’au 51 décembre dernier. Vous verrez, dans un espace de seize ans, notre Caisse d'épargne naître, grandir et tomber, pour se relever ensuite et se développer avec une nou- velle énergie, montrant une vitalité surprenante et une force prodigieuse pour surmonter les obstacles que lui suscitent tour à tour, et souvent même à la fois, les évènements politiques et les changements de législation. Vous la verrez, à travers toutes ces vicissitudes, remplir toujours sa tâche philanthropique, et à l'aspect de ce grand nombre de familles dont elle féconda l’épargne et assura l'existence, vous com- prendrez quelle reconnaissance doit avoir le pays envers les Membres de la Société d'Agriculture, qui, obéissant à un patriotisme généreux, consa- crèrent leur temps et leur intelligence à le doter d’une institution aussi salutaire. La Caisse d'épargne du Puy a été établie sous forme de Société anonyme. On lit dans l'acte consti- tutif de la Société, recu M° Harent, notaire, le 15 décembre 1854 : « Arr. 1”. Il sera formé au Puy, avec l'autori- sation du Gouvernement, une Société anonyme pour l'établissement, dans cette ville, d’une Caisse d’é- = CAISSE D'ÉPARGNE. 291 pargne et de prévoyance de l'arrondissement du Puy [Haute-Loire], » « Arr. 5. Les opérations de cette Société commence- ront aussitôt que le présent acte aura reçu l’appro- bation du Gouvernement; sa durée sera de quatre- vingt-dix-neuf ans, à dater de l’autorisation. » Et dans l’ordonnance d’autorisation rendue le % janvier 1855 : « La Société anonyme formée au Puy [Haute- Loire] pour l'établissement, dans cette ville, d’une Caisse d'épargne et de prévoyance, est autorisée. « Sont approuvés les statuts de Jadite Caisse, tels qu'ils sont contenus dans Pacte passé le 15 dé- cembre 1854, devant M° Harent et son collègue, notaires au Puy, lequel acte restera déposé aux archives du ministère du commerce. » Cette Caisse forme done un établissement parti- culier et indépendant, et n'appartient pas, à pro- prement parler, au pouvoir municipal. Toutefois, les fondateurs erurent devoir ly rattacher pour des raisons justes, et qui font honneur à leur bon sens. En effet, toute institution nouvelle qui doit avoir des rapports étroits avec le public, a besoin d’un patronage imposant, surtout si cette institution s’oceupe de finances, et tend à appeler dans sa caisse les économies des classes laborieuses, ordi- nairement si méfiantes. Or, quel moyen plus efficace pour inspirer la confiance et écarter tout ce qui 292 CAISSE D'ÉPARGNE. pourrait faire ombrage, que l'appui d’un pouvoir connu, paternel, tel que l’autorité municipale? Une seconde raison devait encore déterminer les fondateurs : la Caisse d'épargne s’ouvrait aveé une dotation de 6000 fr., dont 5000 fr. montant d’une allocation du Conseil général, et 5000 fr. provenant de souscriptions privées. Comment, avec le revenu de cette somme, pour- voir aux frais de toute espèce, employés, registres et livrets, qu’entrainait sa gestion. Il fallait done avoir recours à d’autres fonds pour combler Île déficit, et ces fonds ne pouvaient être demandés qu’à la bourse municipale, toujours si généreuse quand il s’agit d'utilité publique. L'alliance de la Caisse d'épargne avec le Conseil municipal est consacrée dans l’article 8 des statuts, où la nomination des directeurs lui est déférée dans les termes suivants : « Le remplacement des directeurs sortants, décédés « ou démissionnaires, s’opèrera sur une liste de « présentation de trois candidats par place, laquelle « sera dressée par les directeurs restants. La nomi- « nation appartiendra au Conseil municipal de la « ville du Puy. » Et dans l’article 19, où il est dit : « En cas de dissolution, les sommes qui pourraient « rester à la Caisse, — tous dépôts et toutes dettes « payées, — seront employées à un objet d'utilité CAISSE D'ÉPARGNE. . 295 « publique, au choix du Conseil municipal de la « ville du Puy. » Cette alliance a porté ses fruits. La Caisse d’é- pargne a recu, sur le budget de la ville, une sub- vention annuelle de 200 fr., qui l’a soutenue et lui a permis de réaliser tout le‘bien qu’on en attendait. Autorisée par ordonnance en date du # janvier 1855, et ouverte le 10 mai suivant, la Caisse a rempli sa mission de bienfaisance avec une rapidité et un succès remarquables, si lon tient compte de la timidité avec laquelle les peutes bourses livrent leurs écus, et de la défaveur qui accompagne tout établissement nouveau, principalement dans les villes -peu considérables, où l'on est si enelin à blâmer l’œu- vre d’autrui, et où le blâme trouve tant d’échos. Ces obstacles ont bien pu modérer son premier essor; mais elle en triompha bientôt, et l’on voit le nombre des livrets et le chiffre dû aux déposants, s’aceroitre d'année en année dans une assez forte proportion. Au 51 décembre 1855, après sept mois d'existence, la Caisse devait à 49 déposants, 9114 fr. 19 e., ce qui donne une moyenne, par livret, de 186 fr. Au 51 déc. 1856, à 89 dép. 25029 64 — 958 75 Au 51 déc. 1857, à 112 — 54245 15 — 505 76 Au 51 déc. 1858, à 195 — 70196 25 — 565 71 Au 51 déc. 1859, à 285 — 101666 25 — 356 72 Au 51 déc. 1840, à 555 — 154919 41 — 580 05 Au 51 déc. 1841, à 424 — 182455 56 — 450 52 TOME XVI. 19 29% CAISSE D'ÉPARGNE. Au 51 déc. 1849, à 557 dép.246964 90 p.liv.445 59 Au 51 déc. 1845, à 627 — 292716 59 — 466 85 Au 51 déc. 1844, à 684 — 554540 59 — 489 09 Au 51 déc. 1845, à 715 — 557165 29 — 472 88 Au 51 déc. 1846, à 780 — 524545 65 — 415 82 Au 51 dée. 1847, à 781 — 524980 42 — 416 64 Je m’arrète ici, Messieurs, car avec 1848 s'ouvre une nouvelle existence pour les Caisses d'épargne. Il semble que, comme la chrysalide, elles s’enve- loppent tout à coup de la mort pour reparaitre ensuite plus brillantes et plus fraiches. Nous épui- serons donc tout ce que renferme d'instruction cette première période, avant d'entamer la seconde. Suivons, d’après ce tableau, les progrès parallèles du capital et des livrets : 1856 préseate dans le capital, sur 1855, un accroissement de 15,915 fr., c’est à dire d’environ 150 p. 100, tandis que les livrets augmentent de 40, pas tout à fait du double; En 1857, le capital augmente de 11,215 fr. 49 c., c’est à dire d'environ moitié, et les livrets de 25, c’est à dire d'environ le quart; En 1858, le capital augmente de 55,951 fr. 12 c., c’est à dire d’un peu plus du double, et les livrets de 79, c’est à dire des deux tiers ; En 1859, le capital augmente de 51,469 fr. 98 c., c'est à dire de plus des sept seizièmes, et les livrets de 92, c’est à dire d’environ moitié; En 1840, le capital augmente de 35,251 fr. 18 e., CAISSE D'ÉPARGNE. 295 c’est à dire d'environ un tiers, et les livrets de 70, d'environ un quart; En 1841, le capital augmente de 47,556 fr. 15 c., c’est à dire de quatre onzièmes, un peu plus du tiers, et les livrets de 69 ,.environ un cinquième; En 18492, le capital augmente de 64,509 fr. 54 c., environ un peu plus du tiers, et les livrets de 155, environ cinq seizièmes, ou un peu plus du quart; En 1845, le capital augmente de 45,751 fr. 49 ©, d'environ un sixième, et les livrets de 70, d'environ un huitième ; En 1844, le capital augmente de 41,824 fr. 20 c., d'environ un septième, et les livrets de 57, ou d’en- viron un onzième ; En 1845, le capital augmente de 2624 fr. 70 c., environ un cent vingt-septième, et les livrets de 29, un vingt-troisième environ ; En 1846, le capital diminue de 12,821 fr. 64 e.. c’est à dire de plus d’un vingt-sixième, et les livrets augmentent de 67, c’est à dire de près d’un dixième; En 1847, le capital n’augmente que de 656 fr. 77 ç., et les livrets de 1, c’est à dire que le capital et les livrets demeurent presque stationnaires. Ainsi, les trois premières années de la Caisse, — 1855 à 1858, — ont été trois années pénibles, laborieuses. On comprend qu’elle luttait contre l’es- prit de routine qui caractérise notre pays, et contre le sentiment de défiance avec lequel on Favait accueillie. 996 CAISSE D'ÉPARGNE. Son capital, bien qu’en progrès notable , ne s’é- lève, dans cet espace de temps, que de 9114 fr. 19 c. à 54,245 fr. 15 c., tandis que de 1858 à 1841, il s'accroît chaque année de 50 à 55,000 fr., atteint en 1841 47,556 fr. et en 1842 64,509 fr., pendant que les livrets, suivant la même impulsion, pré- sentaient un boni de 155 sur l’année précédente. Le temps, peut-être aussi l'usage, avait donc dis- sipé les préjugés, et l’on commencait à reconnaitre l'utilité de la Caisse d'épargne. En 1845, le chiffre de l'augmentation tombe à 45,751 fr.; en 1844, à 41,824 fr., et en 1845, à 2624 fr. 70 c., pour disparaitre en 1846, et faire place à une baisse de 12,821 fr., que ne put couvrir 1847, car cette année ne présente pas de résultats notablement différents de 1846. Cette évolution de la Caisse, descendant l'échelle de l’augmentation pour aboutir à la baisse, et puis à l’immobilité, est remarquable. Ne pourrait-on pas supposer d’abord que, de 1845 à 1845, époque de décroissance dans les versements, les 520 à 559,000 fr. qu'elle avait reçus, compo- saient, — la population et les besoins des industries de la ville étant donnés, — tout l'argent disponible susceptible d’être fécondé par elle? Quant à la baisse suivie de l’immobilité, elles trouvent probablement leur raison dans la loi du 22 juin 1845, qui, de 3000 fr. auxquels ils pou- vaient s'élever, réduisit à 4500 fr. le maximum des CAISSE D'ÉPARGNE. 297 versements, et à 2000 fr. le maximum des livrets, intérêts compris, et dans la cherté des subsistances,, qui commença après la récolte de 1846, et ne cessa qu'après celle de 1847. Les calculs suivants confirment ces dernières observations. Après avoir suivi, à peu d’exceptions près, les progrès du capital, le nombre des livrets diminue avec lui de 1842 à 1845, pour augmenter subite- ment de 67 en 1846, précisément à l’époque où le capital s’affaiblissait de 12,821 fr., et se remettre ensuite de nouveau à son allure. Ce fait assez singulier de hausse dans les livrets et de baisse dans le capital, ne s’est jamais re- produit. Il parait en effet contradictoire, et mérite notre attention. in 1846, Les ouvriers ont fourni . . 6 livrets de plus. Les doméstiqués. . . . . . 19 Les professions diverses . . 24 Les:mineurs.0:2.% er #1 1o0 MOTAL SE OO Les militaires en ont donné. 2 de moins. a — RESTE EN PLUS. . . 67 D'après ce tableau, chaque classe de déposants aurait apporté, en 1846, son contingent à peu près accoutumé de versements. D'où vient done la dimi- nution subie par le capital? 298 CAISSE D'ÉPARGNE. Le tableau comparatif des sommes retirées et versées nous l’apprendra peut-être. Il était dû aux employés : Au 51 décembre 1845. . . 16269 79 Au 51 décembre 1846. . . 15046 77 Différence en moins . 3223 02 Il était dû aux professions diverses : Au 51 décembre 1845 . . 176891 11 Au 51 décembre 1846 . . 161800 82 Différence en moins. 15090 29 Au 51 décembre 1845 il était dû : Aux militaires 4.1.0 4e 7840 96 Et au 51 dééembre 1846. . 3640 20 Différence en moins . . 4900 76 TOTAL DE CES DIFFÉRENCES . . . . Au contraire, Les ouvriers avaient en caisse : Au 51 déc. 1845 355089 98 Au 51 déc. 1846 54967 93 Différence en plus. . . 1878 65 Les domestiques avaient : Au 51 déc. 1845 75310 87 Au 5i déc. 1846 77541 19 Différence en plus. . . 2250 52 4108 97 5293 02 15090 29 4200 76 . 22514 07 Tous de CAISSE D'ÉPARGNE. 299 4108 97 29514 07 Les Sociétés de secours mutuels avaient: Au 51 déc, 1845. 4904 60 Au 51 déc. 1846. 4800 75 Différence en plus . . 996 07 Les mineurs avaient : Au 51 déc. 1845 25558 60 Au 51 déc. 1846 28545 99 Différence en plus. . . 4987 59 TOTAL DES DIFFÉRENCES EN PLUS 9699 45 9692 45 RE LT RL Lesquelles, déduites des premières, donnent pour diminution, de 1846 sur 1845, la somme déjà signalée de . . . 12891 64 Ainsi, cette diminution prend sa source unique- ment dans les retraits opérés durant 1846 par les employés, les militaires et les professions diverses. Or, ces retraits ont été évidemment amenés pour les militaires, par un changement ou un affaiblis- sement de garnison. Pour les autres, par la cherté des subsistances d'abord, qui a dû forcer beaucoup d'individus et les employés surtout, dont les revenus sont fixes et limités, à recourir à leurs économies et à y faire brèche pour subvenir à leurs besoins; ensuite par l'obligation imposée aux déposants d’aligner, aux exigences de la loi de 1845, tous les livrets qui approchaient de l’ancien maximum de 3000 fr. 500 CAISSE D'ÉPARGNE. Voilà donc nos premières assertions, qui sem- blaient un peu hasardées, hors de doute et deve- nues incontestables par la logique même des faits. Le mouvement en sens inverse du capital et des livrets n’est plus maintenant un mystère, et s’ex- plique tout aussi naturellement: L'augmentation des livrets par les versements des ouvriers, des domestiques , des professions diverses et des mineurs, opérés comme à lordinaire, Et la diminution du capital par l’abaissement des livrets au chiffre de 2000 fr., abaissement qui ne nuisait pas à leur nombre, puisqu'il n’entrainait le solde d'aucun. Après ces aperçus généraux, ne conviendrait-il pas, pour compléter ces études de l’histoire de notre Caisse, de savoir comment en ont usé les classes de la société pour lesquelles elle a été plus particulièrement établie : les ouvriers, les domes- tiques et les militaires. J'élague avec intention les mineurs. Bien qu’ils méritent notre intérêt et qu'il soit très louable qu’on leur inspire le gout de lé- pargne par la fréquentation de notre Caisse, nous devons les passer sous silence ; car l’expérience nous a démontré que la contrebande se faisait quelquefois sous leur pavillon, et que des pères aisés versaient des fonds à eux propres sur des livrets pris au nom de leurs enfants. Au 51 décembre 1855, sur 49 livrets, = CAISSE D'ÉPARGNE. 501 Les ouvriers en avaient 4, formant un eapital de 695 fr. 42 c., et une moyenne de 171 fr. 50 c. Les domestiques 25, formant un capital de 4728 fr. 07 e., et une moyenne de 187 fr. 40 c. Les militaires 2, formant un capital de 400 fr., et une moyenne de 200 fr. Au 51 décembre 1856, sur 89 livrets, Les ouvriers en avaient 15, formant un capital de 5982 fr. 96 c., et une moyenne de 506 fr. 04 c. Les domestiques 54, formant un capital de 8410 fr. 04 c., et une moyenne de 225 fr. 91 c. Les militaires 6, formant un capital de 2116 fr. , AC” ,et/une moyenne de 93952: fr. 79 C. Au 51 décembre 1837, sur 112 livrets, Les ouvriers en avaient 17, formant un capital de Mo) ir 70;c et une-moyenne de, 219) fr. 98 °c. Les domestiques 56, formant un capital de S655f., 57 c., et une moyenne de 240 fr. 45 c. Les militaires 5, formant un capital de 2299 fr. 04 c., et une moyenne de 459 fr. 80 c. Au 51 décembre 1858, sur 195 livrets, Les ouvriers en avaient 51, formant un capital de 10,509 fr. 89 e., et une moyenne de 552 fr. 57 c. Les domestiques 61, formant un capital de 15,646 f., 15 c., et une moyenne de 240 fr. 62 c. Les militaires 5, formant un eapital de 1495 fr. 01 c., et une moyenne de 498 fr. 55 c. 202 CAISSE D'ÉPARGNE. Au 51 décembre 1859, sur 285 livrets, Les ouvriers en avaient 41, formant un capital de: 9941 fr. 59 e., et une moyenne de 245 fr. 47 c. Les domestiques 85 , formant un capital de 24,576 fr. 97 c., et une moyenne de 249 fr. 47 c- Les militaires 4, formant un capital de 2284 fr. 56 c., et une moyenne de 570 fr. 19 c. Au 51 décembre 1840, sur 555 livrets, Les ouvriers en avaient 56, formant un capital de 10,258 fr. 19 c., et une moyenne de 284 f. 59 c. Les domestiques 95, formantun capital de 28,069 f., 07 c., et une moyenne de 295 fr. 46 c. Les militaires 6, formant un capital de 5191 fr. 711 Cet une moyenne.de 531 fr. 95 c. Au 51 décembre 1841, sur 424 livrets, Les ouvriers en avaient 50, formant un capital de 15,907 fr. 52 c., et une moyenne de 511 f. 89 ce. Les domestiques 100, formant un capital de52,098f. 44 c., et une moyenne de 520 fr. 28 c. Les militaires 8, formant un capital de 5962 fr. 35 c., et une moyenne de 495 fr. 29 c. Au 51 décembre 1842, sur 557 livrets, Les ouvriers en avaient 71, formant un capital de: 20,971 fr. 66 c., et une moyenne de 295 fr. 37 «. Les domestiques 159, forman tun capital de 48,257 f. 56 c., et une moyenne de 547 fr. 50 c. Les militaires 10, formant un capital de 5618 fr. 56 e., et une moyenne de 561 fr. 85 c. CAISSE D'ÉPARGNE. 305 Au 51 décembre 1845, sur 627 livrets, Les ouvriers en avaient 87, formant un capital de 28,960 fr. 90 c., et une moyenne de 552 fr. 88 c. Les domestiques, 176, formant un capital de 65,195 fr. 05 c., et une moyenne de 570 fr. 10 c. Les militaires 9, formant un capital de 5557 fr. 19 c., et une moyenne de 595 fr. 13 c. Au 51 décembre 1844, sur 684 livrets, Les ouvriers en avaient 90, formant un capital de 92,451 fr. 28, et une moyenne de 560 fr. 54 c. Les domestiques 185, formant un capital de 70,076 fr. 15 c., et une moyenne de 380 fr. 79 c. Les militaires 11, formant un capital de 6606 fr. 02 c., et une moyenne de 600 fr. 54 c. Au 5l décembre 1845, sur 715 livrets, Les ouvriers en avaient 95, formant un capital de 53,089 fr. 28 c., et une moyenne de 555 fr. 79 c. Les domestiques 187, formant un capital de 75,510 fr. 87 e., et une moyenne de 402 fr. 75 c. Les militaires 12, formant un capital de 7840 fr. 96 c., et une moyenne de 655 fr. 41 c. Au 51 décembre 1846, sur 780 livrets, Les ouvriers en avaient 99, formant un capital de 94,967 fr. 95 c., et une moyenne de 555 fr. 18 c. Les domestiques 200, formant un capital de 77,541 fr. 19 e., et une moyenne de 587 fr. 71 c, Les militaires 10, formant un capital de 5640 fr. 20 e., et une moyenne de 564 fr. 02 ce. 304 CAISSE D'ÉPARGNE. Au 51 décembre 1847, sur 781 livrets, Les ouvriers en avaient 95, formant un capital de: 32,224 fr. 56 c., et une moyenne de 559 fr. 24 c. Les domestiques 207, formant un capital de 75,405 fr. 46 e., et une moyenne de 564 fr. 26 c. Les militaires 12, formant un capital de 7151 fr. 78 c., et une moyenne de 594 fr. 51 c. Il résulte de ce relevé que les domestiques, soit qu'ils aient été éclairés par les conseils de leurs maitres, soit que l'épargne leur fut plus facile, se sont portés en bien plus grand nombre vers la Caisse que les onvriers. Les domestiques forment, au début, la moitié des déposants, descendent au tiers, et se balancent ensuite jusqu’au bout entre Îe tiers et le quart. Les ouvriers, au contraire, ne représentent, la première année, que le douzième des déposants, montent au dixième, s'élèvent jusqu’au septième, et finissent par s'arrêter et se maintenir entre le septième et le huitième. Les domestiques, prenant dès le prineipe une allure décidée, commencent par vingt-cinq, et attei- gnent, par un accroissement moyen de seize par année, le nombre de deux cent sept déposants. Tandis que les ouvriers ne figurent d’abord que pour quatre, arrivent péniblement, en se recrutant de sept, à peu près terme moyen par année, au chiffre de quatre-vingt-dix-neuf, pour retomber, en. 1847, à quatre-vingt-quinze. CAISSE D'ÉPARGNE. 205 Et qu’on ne pense pas que le résultat donné n'étant que celui des fins d'année, il y a eu peut- être compensation dans le mouvement d'entrée et de sortie, qui a pu se rencontrer plus actif dans la classe des ouvriers que dans celle des domes- tiques : ces derniers laissent encore ici bien loin derrière eux les ouvriers. Ils ont eu, dans l’espace de ces treize années, cinq cent quatre-vingt-sept livrets d’ouverts et trois cent quatre-vingts de soldés : c’est un mouvement de neuf cent soixante-sept livrets; et les ouvriers n'en ont eu que trois cent vingt-trois d’ouverts et deux cent vingt-huit de soldés : c’est un mouvement de cinq cent cinquante-un livrets, c’est à dire de près de moitié de différence en moins. Pour les uns et pour les autres, il est certain que la Caisse d'épargne n’a reçu que le fruit de leurs labeurs, que le denier économisé sur les gages ou sur la journée. Une moyenne, —celle des ouvriers,—qui, après diverses fluctuations entre 200 et 500 fr., s'élève jusqu’à 550 fr., arrive une seule année, —en 1844,— au maximum de 560 fr., et termine, en 1847, à 519 fr., ne parait pas receler des capitaux de placement. Les dépôts des domestiques n’en paraissent pas contenir davantage, bien que leur moyenne dépasse quelquefois celle des ouvriers de 20 à 50 fr. Cet excédant s'explique naturellement par la différence 206 CAISSE D'ÉPARGNE. 4 de leur position : la plupart sont célibataires et à l'abri des charges qui pèsent sur l’ouvrier; nourris chez le maitre, souvent presque entretenus, ils peuvent très bien économiser le montant de leurs gages, et plus que cela lorsqu'ils ont un patrimoine. Quant aux militaires, le petit nombre de leurs dépôts a sa raison dans l’exiguité assez constante, sous le gouvernement précédent, de notre garnison. Vous parlerai-je maintenant des Sociétés de secours mutuels ? Les ressources qu’elles offrent à l’ouvrier malade ou infirme, les secours qu’il y puise alors que ses bras ne lui permettent plus de travailler pour avoir du pain, les rendent bien dignes de notre intérêt. Malheureusement elles désertent la Caisse d'épargne, et peu. viennent y déposer. Dès 1858, quatre de ces Sociétés, celles des ouvriers menuisiers, cordonniers, tailleurs et des maitres cordonniers, ont apporté leurs fonds dans la Caisse, et les y versent encore aujourd’hui. Mais cet exemple n’a guère eu d’imitateurs. La Société des perruquiers a versé en 1840, et a retiré en 1841; celle des ser- ruriers a versé en 1859, et a retiré en 1845. Au reste, le capital dû à ces Sociétés n’a jamais été bien considérable, et la moyenne de leurs livrets n’a jamais dépassé 5 à 600 fr. Je n'ai plus, pour achever l’histoire de cette période, qu’à vous exposer le mouvement subi par le fonds de dotation. Nous l'avons vu, dans l'acte constitutif de la Société, se composer de 6000 fr., = CAISEE D'ÉPARGNE. 507 dont 5000 fr. fournis par des souscriptions, et 5000 fr. accordés par le Conseil général. Il est dit encore, dans l’article 18 de cet acte, que les in- térêts de cette somme seront employés à couvrir les frais de gestion de la Caisse. Nous verrons comment il s’est développé, tout en faisant face à cette charge. Au 51 décembre 18535, à l’aide de nouvelles souscriptions qui montèrent à 1005 fr., et d’une sub- vention municipale de 200 fr., le fonds de dotation HéIsnit ,AralS payés. «+ eee + «Le « + 7189189 7005 fr. 58 c. furent employés à l’a- chat d’une rente 5 p. 100, de 525 fr. Au 51 décembre 1856, de nouvelles souscriptions montant à 51 fr. 17 €., et la subvention municipale, fournirent 024 84 un boni de 524 fr. 84 e., qui l'élevaà. 7710 75 En 1857, 215 fr. 92 c. de souscrip- tions particulières et la subvention mu- nicipale, formèrent un excédant, sur les masode 445 fr 163c2tcien: Dore qe 445 65 ebulemonta tante oies vb ut46150 00 En 1858, les souscriptions particulières disparaissent; mais la subvention muni- cipale continue, et son montant, com- biné avec les bonifications faites sur les intérêts des versements, qui commencent Ab reporter. Lies ss 8100 90 508 CAISSE D'ÉPARGNÉ. Reporish con aim 10008 E56%a8 à devenir plus nombreux, produisent un bénéfice, de. #t49eett- ‘ 649 81 ce qui porte le fonds de dotation à . . 8806 17 De 1858 à 1842, malgré le surcroit de frais occasionnés par l’affluence de plus en plus considérable des déposants, une économie de 400 à 500 fr. par année, ÉNE Le dd Li RD So RER AIO TGS En 1845, cette affluence de déposants ayant nécessité l’adjonction d’un aiïde- caissier, les frais augmentent, et le boni, descendu AMEN ER ERREUR 999 85 porte 1e OS ne ee url ee II TRES Depuis cette époque, il ne s’augmente guère que de 500 à 400 fr. par année, et arrive, à 14 1m de 1847, a 19508 M Telle était donc la situation générale de la Caisse au 51 décembre 1847 : son fonds de dotation avait plus que doublé, le nombre des déposants était parvenu à sept cent quatre-vingt-un, et le capital qui leur était dû s'élevait à 524,980 fr. 45 ce. 1848 arrive, et tout à coup cette prospérité s’éva- nouit. Dans le mois de février, au moment de Ja sécurité la plus complète, une révolution éelate, qui ébranle la fortune de la France. Une panique extraordinaire s'empare des déposants, et nous les avons vus se presser, s’entasser dans nos bureaux et faire queue dès sept heures du matin, pour retirer miens sie CAISSE D'ÉPARGNE. 509 leur argent de la Caisse. Cette situation était géné- rale, et le Gouvernement s’en émut. Il pensa conjurer l'orage en offrant lappat de 1 p. 100 de plus sur les intérêts; mais la confiance était perdue , et les retraits ne diminuaient pas. Aussi, à à peine lé premier décret était-il rendu, qu’il était suivi d’un second à deux jours d'intervalle [le pre- mier porte la date du 7 mars, le second celle du 9], qui limitait les remboursements à 100 fr. par livrets. Cétait une véritable suspension de paiement fächeuse pour les classes qu’elle frappait; car c’est précisément au moment des révolutions, alors que le travail chôme et que les affaires sont arrètées, que lon a besoin d’user de ses ressources. Quel embarras si elles ne sont pas disponibles. Des plaintes nombreuses s’élevèrent, et l’Assemblée Constituante en fut touchée. Aussitôt que le calme fut rétabli dans la ruc, on s’occupa des Caisses d'épargne, et une loi fut promulguée à la date du 7 juillet, qui ordonnait : « 1° Le remboursement en numéraire des livrets « résultant de dépôts antérieurs au 2% février, et « dont le montant, en capital ét intérêts réglés à « ce jour [7 juillet], se trouvait inférieur à 80 fr.; « 2 La consolidation en rentes 5 p. 100 au cours « dé 80 fr., des livrets résultant de dépôts anté- « rieurs au 24 février, ét dont le montant, en ca- « pital et intérêts réglés à ce jour [7 juillet], s’éle- « vait à 80 fr. et au dessus. » TOME XVI. 20 510 CAISSE D'ÉPARGNE. Cette mesure était bonne, en ce qu’elle rendait disponibles les sommes dues aux déposants, car les, rentes pouvaient se vendre; mais elle avait le tort de forcer la liquidation générale de tous les livrets, et pouvait compromettre par là l’avenir des Caisses d'épargne. Il eût mieux valu rendre les déposants bres de laisser ou de retirer leur argent, et payer ceux qni retiraient en rentes, puisqu'on ne pouvait faire autrement. Cependant le taux de 80 fr. parut plus tard trop élevé; il se trouvait, en effet, au dessus du cours moyen de la rente. Et e 21 novembre 1848 parut une nouvelle loi, « qui accorda à chaque déposant « dont le compte avait été converti en rentes 5 p. 100 « au taux de 80 fr., un livret spécial sur lequel de- « vait être porté, à titre de compensation, la diffé- « rence entre le taux de 80 fr. et celui de 71 60, « cours moyen des trois mois qui avaient précédé « le jour où la conversion avait été ordonnée. » Ce fut done une somme de 8 fr. 40 c. par chaque 5 fr. de rente provenant de celte conversion, qui dût être inscrite sur le livret spécial, sous la condi- tion que le montant de cette compensation ne serait disponible qu’à l'époque fixée par la loi à intervenir dans le courant de 1849. La compensation, rétablissant en quelque sorte les livrets anéantis, et représentant une indemnité à laquelle on ne s’attendait pas, ne fut pas seule- ment une mesure réparatrice, mais elle fut aussi le salut des Caisses d'épargne. CAISSE D'ÉPARGNE. o11 Cette générosité fit du bruit. D'un autre côté, les inscriptions se réalisaient avec bénéfice. Les déposants finirent par beaucoup gagner à ce mode de liquidation, et la confiance revint. I est diflicile de concevoir l’étendue du surcroit de travail imposé par ces différentes lois qui se succédaient à de si petits intervalles. Aussi, pensons-nous faire un acte de justice en témoignant ici notre satisfaction à vos deux em- ployés, dont le zèle ne s’est pas démenti, et qui, par une assiduité constante, ont sufli, sans l’aide d'employés auxiliaires, à la tâche immense des rè- glements successifs d'intérêts, des états et borde- reaux ordonnés pour la conversion en rente des livrets qui en étaient susceptibles, et de l'ouverture des livrets spéciaux de compensation. Vous les en avez récompensés par une large gratification ; mais jamais elle ne fut mieux méritée. Il fut remboursé à quatre cent cinquante-cinq déposants, en quatre cent quarante-sept inscrip- tions de rentes, montant à 15,988 fr., une somme DERAET AU 00 1:5.5265808: fr. Et en espèces à divers, soit en à-compte des livrets au dessus de 100 fr., soit pour solde des livrets au dessous. 74596 96 Il avait été payé, du 1° janvier au 24 février . . . . 21680 81 Ce qui porte les rembour- sements en espèces, durant 1848, à. . 96207 07 d12 CAISSE D'ÉPARGNE. Et le total des remboursements, tant en rentes qu'en espèces, à . . . . . . . 562015 07 Les versements faits pendant cette même année, figurent, au 51 décembre, pour une somme de. . . . ... . . . . 45694 41 Mais en déduisant de ce chiffre les sommes versées du 1° janvier au 24 fé- vrier, par cent soixante-quinze déposants, dont quarante-quatre nouveaux, 17107 Les remboursements demandés et non effectués , reversés au crédit de Ja Caisse . . . . . . 15405 Le cautionnement du caissier, déposé le 20 février. . . . . . 2000 Le montant de la subvention mu- nicipale et de la rente . . . . . 925 ExSEMPLE &U6c! dut 33057 Reste pour versements opérés du 24% février au 31 décembre . . . . . .. + 10657 41 Mais, dans cette somme, est encore compris le montant de la compensation portée d'office sur les livrets spéciaux, en vertu du décret du 21 no- vembre 1848. En réalité, d’après un relevé exact, la Caisse n’a recu, du 24 février au 51 décembre, que 4501 fr. 50 c., savoir : En espèces, de 14 déposants, dont à nouv. 2597 fr. En deux transferts-recettes. . . . . . . . 1974 50 Totas.4 OMR, 1669 10 4901 = « CAISSE D'ÉPARGNE. 913 Au 51 décembre, six cent trente-huit déposants se partageaient la faible somme de 15,592 fr. 62 c. de la manière suivante : 76 ouvriers possédaient 765 92 moyenne 16 05 149 domestiques . . 1645 13 — 11 04 16 employés. . . . 247 59 — 15 47 10 militaires. ... : 87 27 — 8 72 265 professions div . 1789 54 — 6 75 Mimineurs... ...1 2276.26. — 19 96 6 Sociét, de see. m 4585 01 — 755 85 TorTas. . : 11592 62 Auxquels il faut ajou- ter lemontantdu cau- tionnem' du caissier. 2009 pour arriver à . . . . 15392 G) Ainsi, notre Caisse était tombée bien bas. Vous vous rappelez, Messieurs, la triste solitude üans laquelle nous demeurions tous les dimanches aux heures de recette. Nous en gémissions, et nous n’osions espérer des jours meilleurs. Mais une institution aussi éminemment utile ne devait pas périr; elle s’était tellement enracinée dans les mœurs par treize années d’existence et de bienfaits; elle répondait à un besoin si vrai et si profondément senti, que ces secousses pouvaient bien l’ébranler, mais non la détruire complètement. Nous venons de la voir près de sa ruine, nous la verrons bientôt réparer ses brèches, et reconstruire avec une nouvelle ardeur l'édifice de sa prospérité. 14% CAISSE D'ÉPARGNE. En 1849, les versements opérés pendant l’année s’élevèrent à 44,500 fr.; il ne fut remboursé que 829% fr. 49 e., et le capital dû aux déposants, au 51 décembre, parvint, intérêts compris, à 50,551 fr. D5 c.; il était, au 51 décembre 1848, de 15,599 fr. 62 e. : il avait done presque quadruplé. Cependant la situation ne se présentait pas sur tous les points aussi satisfaisante. Les livrets flé- chissaient sous un dernier retentissement de 1848, et descendaient de six cent trente-huit à six cent vingt : c'était une perte de dix-huit. Malheureuse- ment elle tombait sur les plus précieux; car sur ces dix-huit, einq appartenaient aux ouvriers, six aux domestiques, et les sept autres aux mineurs. Cette perte était donc regrettable; mais elle était le résultat foreé des circonstances. L'ouvrage manquait aux ouvriers; labaissement des revenus faisait diminuer, dans plusieurs maisons, le nombre des domestiques; la stagnation des affaires obligeait bien des déposants à retirer leur pécule de la Caisse d'épargne; et ces retraits venaient frapper les mineurs, parce que, comme je l'ai déjà fait remarquer, quelques-uns de leurs livrets ne sont souvent que supplémentaires à ceux de leurs parents, et que, dans le besoin ceux-ci les font toujours solder les premiers. Au fond, il y avait évidemment progrès. Chaque classe avait augmenté son capital d’une manière notable, et prouvait par là qu'on ne gardait plus rancune à la Caisse d'épargne. CAISSE D'ÉPARGNE. 515 Les institutions mêmes de bienfaisance, quand il s’agit de crédit, souffrent sous les entraves, quelque légères qu’elles soient; elles ne se développent plei- nement qu’au sein de la plus entière liberté. Les livrets de compensation n’étaient pas rembour- sables, et cette restriction pesait sur la confiance. En vain le législateur, pour remédier à cet in- convénient, déelarait-il à l'avance, et par la loi du 29 avril 1850 , que ces sommes seraient disponibles au 1° juin suivant : il semble qu’on attendait l’ex- périence pour y croire ; car vers la fin de la première quinzaine de juin seulement, la situation changea. Mais alors les voies de la Caisse reparurent pleines de peuple, et nous revimes briller ses beaux jours. Une profonde ligne de démarcation sépare les deux semestres de 1850. Du 1% janvier au 51 mai Ja marche de la Caisse est lourde, et ressemble à celle de 1849. Cent déposants, dont dix-sept nouveaux, versent Éenmmeide tt Le SCAN ee Mr 44601 fr. Les remboursements s'élèvent à. . . 415104 60 C’est une différ. en fav. des versem. de 1516 40 Mais en juin la scène change. Soixante-trois déposants, dont dix-sept nouveaux, laissent dans ce mois un boni, sur les retraits, de plus de 8000 fr. Chaque mois qui suit vient encore enchérir sur ce résultat; en sorte que dans cette période de temps, du 1° juin au 51 décembre, il 516 CAISSE D'ÉPARGNE. fut reeu de cinq cent vingt-trois déposants, dont cent cinquante-un nouveaux. . . . . . 4104668 fr. Il ne fut remboursé que . . . . . . ° 17440 60 Et le capital se trouva augmenté de. 87227 40 Notre Caisse d'épargne était sauvée. Les crises successives auxquelles elle venait d’être en butte avaient pu la paralyser un instant, mais elle en triomphait avec éclat, et il devenait évident à tous les yeux qu’une institution que sa nécessité rendait aussi vivace, ne pouvait pas périr. Bénissons-en la Providence, Messieurs. Car en excitant à l’économie, elle inspire l’ordre, elle dé- soûte de lintempérance, et prépare, mieux que toutes les vaines théories des rêveurs de notre épo- que, de bons pères de famille à la société, et à la patrie d'excellents citoyens. Les pertes de 1849 furent bien réparées. Il fut ouvert durant l’année : Pour les ouvriers 46 livrets nouveaux, formant un CRETE 0e: LORIE ATEN ENT ATTE Pour les domestiques, 34 — 6760 — employés . . 10 -—- 2700 — militaires . ., 19 — 4500 — profess”s div. 55 — 97925 — HIDEUTS- 0. 0021 —— 3830 — Sociétés dese- cours mutuels . . 1 — D9 ToraL ... « « 166 ee 52775 CAISSE D'ÉPARGNE. 517 Ainsi, les ouvriers dominaient par le nombre, les domestiques venaient en troisième ligne; mais à part les professions diverses, le crédit de ces deux classes intéressantes dépassait à peu près celui de toutes les autres. Arrivons maintenant à la situation générale au 51 décembre 1850 : Les livrets étaient au nombre de six cent soixante- huit; le capital de ces déposants avait atteint, intérêts compris, le chiffre de 178,575 fr. 72 c., et se dé- composait de la manière suivante : Il était dû fr. moyenne. AMMO7/'ouvriers. 7, - 1 96916 35 251 55 À 159 domestiques. . . . 28960 54 182 14 À 253 employés . .. . . 10555 98 456 78 M9 militaires . . : . ."" 5548 84 281 51 À 250 indiv. de prof. div. 75555 43 295 55 RMI mineurs. 1"... 9266935 56 264 99 A 9 Sociétés de secours HUTUÉIS ee eue 1e 110000 42 751 71 Lortaz Écaz …, 178375:79 L'année 1850 laissait donc le capital augmenté, sur celui de 1849 ,—qui n'était que de 50,551 fr., — de 127,822 fr. 49 c., c'est à dire de plus de 250 pour 100. Les quatre premiers mois de 1851 se ressentirent de la puissance de cet élan. Du 4" janvier au 50 avril, les versements dépassèrent les remboursements 918 CAISSE D'ÉPARGNE. de 56,000 fr.; mais à partir du 4° mai, les rembour- sements prirent le dessus, et durant le dernier trimestre de lannée, ils l’emportèrent, sur les versements de 24,000 fr. Sans doute, on aurait tort de s’effrayer de la multiplicité des remboursements. La Caisse d'épargne ne doit pas retenir pendant un temps indéfini l’ar- gent qu’elle recoit. Le but de son institution est de faciliter l’épargne et de contribuer, par une espèce d’incubation, à faire éclore le capital de l'accumulation des économies qu’on y dépose, com- binée avec le produit des intérêts; mais aussitôt que son rôle est rempli et que le capital est formé, il faut qu'il s'échappe pour aller à l'industrie, dont. il est le nerf et le soutien. Une grande rapidité dans l’entrée et la; sortie des: fonds ne saurait donc être un mauvais symptôme. Elle pourrait cependant le devenir, si, comme nous. le remarquons dans le dernier trimestre de 1851, la différence en faveur des remboursements acqué- rait une importance évidemment supérieure aux besoins, et qu’il ne fut possible de l'expliquer que par la défiance. Ici, heureusement, la cause est tout autre. Effrayé, par l’expérience de 1848, des embarras que pourrait lui susciter, dans un moment donné, le développement nouveau pris par les Caisses d’é- pargne, et l’élévation toujours progressive de leur crédit [il était de 458 millions au 54 décembre 1850}, CAISSE D'ÉPARGNE. 519 le Gouvernement résolut de les conjurer, et pré- senta à cet effet, dès le mois de mai, à l’Assemblée législative, la loi du 50 juin 1851, qui réduit de 2000 fr. à 1000 fr. le maximum des livrets, intérêts compris , et ordonne que cette réduction sera opérée dès le 1* octobre, c’est à dire trois mois après sa promulgation , sous peine de perte totale des intérêts à partir de cette époque. Bien que commandée par la prudence, cette loi n'en était pas moins fâcheuse; car le montant des livrets était réduit à un chiffre si bas, qu'il deve- nait impossible aux déposants de l’employer utile- ment à la moindre entreprise. Et cependant c’est là le principal mobile des versements et le plus grand bienfait des Caisses d'épargne. Que dire maintenant du délai accordé et des rigueurs dont on en punissait l'infraction? Quatre- vingt-dix jours étaient-ils suffisants pour ramener les comptes au niveau fixé, et trouver à la somme qui le dépassait un écoulement avantageux, Jorsqu’en 1845, où il s'agissait des mêmes opérations, on avait cru devoir donner dix-huit mois? Il est vrai qu’on proposait à ces capitaux pourehassés et éperdus, l'abri tutélaire de la rente; mais ils ne devaient pas y entrer, au moins dans notre pays; et il est probable qu’à l'exception de quelques grandes villes plus familiarisées avec elle, partout ils ont dé- daigné son hospitalité. On ne s’en étonne pas, quand on connait tous les inconvénients qu’elle offre aux habitués de nos Caisses d'épargne. 920 CAISSE D'ÉPARGNE. Outre leur aversion pour un papier sujet à se perdre ou à être brülé, les déposants ne trouvent pas dans ce mode de placement fixe et immuable Pavantage si précieux pour eux de retirer ou de verser suivant les circonstances. La réalisation de leur argent, une fois engagé dans les fonds publics, est au contraire longue, coûteuse et difficile : il y a des actes à passer devant notaire, des justifications à produire, du temps à attendre. Et dans cet in- tervalle le besoin presse, et lon ne sait comment sortir de Pembarras. Aussi, voyez ce qui est arrivé : Non seulement la loi du 50 juin 1851 n'a pu obtenir qu’un seul excédant de livrets fut converti en rentes, mais encore presque toutes les inseriptions provenant de la conversion forcée de 1848, ont été: vendues rapidement, malgré le taux avantageux auquel elles avaient été délivrées; et il est certain, d’après un relevé fait à la recette générale, et des renseignemen{s exaets, qu’il n’en reste guère plus que: les six qui sont entre les mains du caissier, et qui apparliennent à des titulaires que leur changement de domicile a empêéché de découvrir jusqu’à présent. Hätons-nous done de le dire : les espérances du Gouvernement, en ordonnant la réduction des li- vrets, de dégrever la dette flottante au profit de la dette consolidée ct de populariser Ja rente, ont été déçues, et cette nouvelle modification de régime dans les Caisses d'épargne n’a abouti qu'à y jeter CAISSE D'ÉPARGNE. 321 ‘encore une fois le trouble et l’inquiétude, elles qui avaient tant besoin de calme et de repos après les secousses déjà subies. Grace à l’expérience et au bon sens de nos dé- posants, cette nouvelle erise n’a pas été longue. Dès la fin de janvier dernier, les traces en étaient effacées, et la Caisse, malgré la réduction de Pin- térêt de 5 à #4 p. 100, avait repris avec vigueur sa marche progressive. Les résultats de 1852 pro- mettent done d’être aussi beaux que les précédents; mais quoique ceux de 1851 leur soient inférieurs, ils n’en constituent pas moins toujours un pas en avant. La Caisse a recu durant cette année : En six cent cinquante-quatre versements, dont cent quatre-vingt-quatre nouveaux livrets. 105555 fr. Elle a payé en trois cent quarante-cinq remboursements, dont cent vingt-quatre old 2 0e Rent 2e 9796951 Ce qui fait mille opérations en entrée et sortie, qui ont produit un mouvement ondes de:tie. hou nd 2 tax 902604 351 Rarement elle a été aussi active. Le nombre des premiers versements sur nouveaux livrets, qui avait été en 1850 de cent soixante-six, s’est élevé à cent quatre-vingt-quatre, donnant une somme totale de 57,598 fr. C'est, en livrets, une augmentation de dix-huit, et en argent, une augmentation de 46925 fr. 922 CAISSE D'ÉPARGNE. Sur ces 57,598 fr. couchés sur nouveaux livrets, 58 ouvriers ont versé. . . . . . . 5819 fr. 41 domestiques... : 32-10 -'DONOZ L employés 104 HAL: *0aurt-qeuet AMD 16 "militaires 440-2%b 13108. 40 0062 62 professions diverses. . . . . . . 15992 DSÉMINEUTS EE M MI - MCE 5756 184 qui ont versé. . . :!./. 4 157998 Plus de la moitié de cette somme, 19,650 fr., vient de bonne source, et représente le fruit de l'épargne des ouvriers, des domestiques, des em- ployés et des militaires; le reste, à part les 5756 fr. provenant des mineurs, émane des professions diverses. Il s’est introduit dans cette classe une nouvelle espèce de déposants qui mérite nos sympathies et a droit à une mention toute particulière : je veux parler des eultivateurs. Dans un pays plus agricole qu'industriel, tel que le nôtre, et où la culture de la terre occupe le plus de bras, leur mouve- . ment vers la Caisse d'épargne exeite un haut intérêt. Jusqu'à présent, le nombre de ceux qui y ont porté leurs économies a été assez restreint, mais il tend à s’accroitre d'année en année. 1850 en avait compté huit nouveaux, et 1851 en a eu treize. En présence de la misère qui règne depuis quelque temps parmi nos campagnards, et de leur méfiance si ombrageuse, si déraisonnable même, quand il s’agit de livrer leur argent, ce progrès, de plus de CAISSE D'ÉPARGNE, 325 moitié en sus du contingent fourni par l’année pré- cédente, sera trouvé sensible. Espérons que l'exemple donné par les plus éclairés sera suivi par beaucoup d’autres. Au 51 décembre dernier, la Caisse devait : fr. moyenne. À 120 ouvriers. 32458 69 21032 À 17% domestiques. 40110 55 230 51 À 18 employés. G441 71 357 92 À 27 militaires. 9079 96 356 29 À 265 professions div. 79871 65 501 40 À 109 mineurs. 21455 83 196 82 À 10 Sociét. de secours mutuels. 6807 61 680 76 795 déposants. 196204 06 DS Ainsi la situation de 1851 présente, sur celle de 1850, une différence en plus, sur les livrets, de cinquante-cinq, et sur le capital, de 17,850 fr. 54 c. Voyons comment se composent ces deux diffé- rences. Peut-être puiserons-nous dans cet examen quelques enseignements précieux pour le soutien de notre institution. Les livrets des ouvriers se sont accrus de Ceux des domestiques, de . . . : Ceux des militaires, de. . . . . . . . AUS Ceux des professions diverses, de. . . . 15 Ceux des mineurs, de. . . . . . 5 8 Ceux des Sociétés de secours AL de vi : Le 4000 Les livrets des employés ont diminué de 5 RESTE . se ee où DD 32% CAISSE D'ÉPARGNE. Le crédit des ouvriers offre une augmentation deniers: Lonenoadet Sie ss NON M0 2B00e Celui des domestiques, de. . . . . . . 11149 99 Celui des militaires; der. ... 7454 ot Celui des professions diverses, de . . . 6558 20 Celui des Sociétés de sec. mutuels, de . 299 19 TOTAL. : . 24 amtalOR ME Celui des employés a baissé de 4094 27 Celui des mineurs, de. . . . 5299 5 (x | ODA Re ter 9586 80 RESTE, DÉDUCTION FAITE . . . . 17850 54 D'où il suit que sur les cinquante-cinq livrets d’accroissement, trente six,—c’est à dire les deux tiers, — appartiennent aux classes pour lesquelles les Caisses d'épargne ont été plus spécialement instituées : les ouvriers, les domestiques et les militaires; et la proportion augmente encore d’un sixième et s'élève aux einq sixièmes, quand il s’agit du capital, puisque sur 27,164 fr. 14 c., les mêmes déposants fournissent, — sans compter les Sociétés de secours mutuels qui les regardent exclusivement, — Ja somme de 20,405 fr. 75 e. À ces faits, ajoutons-en un autre tout aussi concluant : celui de l’élévation extraordinaire du nombre des livrets d'ouvriers. Il dépasse, en 1851, de plus d’un cinquième celui des années les plus prospères qui ont précédé 2 ——— CAISSE D'ÉPARGNE. 3525 4848 ; et cependant, à cette époque, le capital du aux déposants était de 500 à 557,000 fr., et l’em- portait, par conséquent, d'environ 140,000 fr. sur le chiffre actuel. N'est-ce pas là une preuve évidente de lutilité de Ja Caisse d'épargne, et une réplique victorieuse contre les assertions de ses ennemis, qui prétendent qu’elle ne profite qu'à des gens qui n’en ont pas besoin ? Puisque nous sommes sur ce terrain, permettez- moi d’achever la démonstration, en prenant la si- tuation dans son ensemble. Il faut, sur un sujet aussi important, ne laisser aucun refuge à Ja calomnie. Et d’abord, entendons-nous sur ce qu’on veut bien appeler les frelons de la Caisse d’épargne. Tant qu'on n'aura pas trouvé le secret de s’in- sinuer dans l'intérieur des familles, et d’en con- paitre clairement les ressources, il sera difficile de les distinguer; mais enfin, en s’arrètant à la sur- face, on ne peut donner ce nom qu’à des déposants notoirement riches ou à l'aise, dont les revenus suffisent largement à leurs besoins, et qui ne sont pas obligés d'économiser, soit pour couvrir la perte d’une somme nécessaire à leur existence, soit pour former un capital indispensable au développement d'une position trop génée. Ainsi, par exemple, les versements des employés ne sont considérés nulle part comme un abus; ils sont au contraire tellement estimés, que l'Etat a TOME XVI. 21 326 CAISSE D'ÉPARGNE. voulu qu’on leur consacrät une place particulière sur les tableaux de situation qui lui sont annuel- lement fournis, et on le concoit : vivant la plupart d’un traitement assez modique, exposés à des dé- placements toujours coûteux, n’ayant en perspective qu'une médiocre retraite, n'est-il pas convenable qu’on ,leur facilite les moyens d’aceumuler et de faire fructifier leurs épargnes, pour soutenir leur famille ou soulager leur vieillesse. Combien de propriétaires, de rentiers et de mar- chands dont l’existence, comme celle des employés, se trouve resserrée dans les limites étroites d’un revenu fixe et souvent exigu, qu'une maladie, une perte, le moindre accident livrerait au minotaure de l'emprunt, s'ils n'avaient soin, par des économies faites à propos, de prévoir et d’annihiler ce danger. Ne sont-ce pas encore là d’excellents habitués de nos bureaux, et n’y aurait-il pas de l’inhumanité à les leur interdire? Pénétrons maintenant, à la lueur de ces prémisses, dans le sein de la Caisse d'épargne; et sans nous arrêter aux ouvriers, aux domestiques, aux em- ployés, aux militaires, aux mineurs et aux Sociétés de secours mutuels, — dont on n’oserait pas, après ce que nous venons de dire, contester les droits de s’y abriter, et qui font pourtant plus des sept dou- zièmes de son personnel et de son capital ,—arrivons à ce coin obscur des professions diverses, si propre à cacher les parasites qu’il importe de découvrir, CAISSE D'ÉPARGNE. 327 Gette classe comprend deux cent soixante-cinq livrets, dont le crédit s'élève à 79,871 fr. 65 c. En voici le détail par professions : 90 Liv. faisantuncap.de 8175 78 appart. aux instituteurs 21 — 5217 57 — marchands. 46 — 11948 85 — cultivateurs. 71 — 16768 71 — ouvriers-mait. L —- 1175 52 — clercs. 95 — 36587 20 —: rentiers. 265 — 79871 65 [Il n’y a de contestable ici que la présence des quatre-vingt-treize rentiers. Quant aux autres, s’il y avait doute, il ne pourrait frapper que les marchands. Or, l’exiguité de leur crédit et l'apport même de leurs fonds à la Caisse d'épargne, démontre assez clairement qu'ils ne sont pas riches, et vivent d’un petit tralic; car un mar- chand dont le commerce serait tant soit peu étendu, ne spéculerait pas sur un intérêt à 4 p. 100, ayant la possibilité de faire valoir Jui-même son argent à un taux bien plus considérable. Disséquons donc ces quatre-vingt-treize renticrs. On y rencontre des filles retirées de la campagne ou du service, d'anciens domestiques, des ouvriers, qui, par amour du repos ou vieillesse, ont quitté leurs métiers, et jouissent de la modeste fortune qu’ils se sont acquise; des employés en retraite, des propriétaires, peut être même de véritables rentiers; 528 CAISSE D'ÉPARGNE. en un mot, tous les déposants qui, n’exerçant aucune profession elassée, ne peuvent trouver leur place ailleurs. Et au milieu de ce péle-méle, combien comptez-vous de gens à l’aise dans le sens de notre définition? Vingt! Et encore, si l’on pouvait pénétrer dans le fond de leurs affaires, trouveraient-ils peut-être grace au- près des plus difficiles, soit à raison du nombre de leurs enfants, soit à raison de leur position de propriétaire et de l'incertitude de leurs revenus. Dans tous les cas, il me serait facile d’appliquer ici l’adage de l’école : Parum pro nihilo reputatur, et de dire que vingt livrets sur sept cent vingt-trois sont trop peu de chose pour légitimer les détractions dont on poursuit Ja Caisse d'épargne, et ne pas conclure, au contraire, qu’elle remplit en tous points et d’une manière irréprochable, la mission de bienfaisance qui lui a été confiée. Mais je vais plus loin, et je soutiens que ces vingt livrets, alors même qu'ils appartiendraient à des personnes riches, loin d’être un abus, ont leur utilité, et ne méritent pas d’être frappés d’anathème. Vous connaissez tous, Messieurs, la susceptibilité des pauvres et des ignorants; combien ils ont be- soin, pour user d’une institution même salutaire, d’un exemple qui la relève à leurs yeux et excite Jeur confiance. Eh bien, eroyez-vous que la rencontre d’un habit plus fin, d’une fortune plus considérable, d’une intelligence plus développée dans les bureaux CAISSE D'ÉPARGNE. 329 de la Caisse d'épargne, ne produise pas sur leur esprit un grand effet moral en sa faveur, et n’y attire pas leurs dépôts en plus grande abondance? Il serait difficile de le nier... Avouons donc franchement qu'il n’y a rien à retrancher dans les crédits de notre Caisse, et que, fière de sa prospérité et des nombreux services qu’elle rend, elle défie, dans son ensemble comme dans ses détails, la: critique amère des esprits cha- grins et la malveillance des calomniateurs. Reprenons maintenant le fonds de dotation. Nous l'avons laissé à la fin de la première période, c’est à dire au 51 décembre 1847, à 12568 fr. 78 c. Grace à un secours de 288 fr. fourni par le Gou- vernement, et au zèle de nos employés, qui, ainsi que je vous l’ai déjà dit, se sont passés d’auxiliaires, nous avons pu traverser les grands travaux de 1848 sans l’ébrécher. Depuis , il s’est successivement augmenté d’une moyenne, par année, de 296 fr., et est arrivé, au 51 décembre 1851, à 15,755 fr. 71 c. Ce chiffre suflit pour garantir les déposants des erreurs commises à leur préjudice; mais il est in- suffisant pour l’exécutiou du projet que nous avons conçu d’annexer à la Caisse d'épargne un Mont-de- Piété. Bien que votre intention ne soit pas de donner dans les commencements à ce Mont-de-Piété de grandes proportions, et que vous ne vouliez le faire servir qu’à détruire cette usure basse, souterraine, appelée le prêt à la petite semaine, qui désole la 3930 CAISSE D'ÉPARGNE. petite industrie et frappe son travail de stérilité , il a besoin, pour se mouvoir à l’aise, d’une somme d'environ 50,000 fr. Nous n’en possédons pas encore la moitié. Il serait facile de combler la différence, en em- pruntant, comme cela se pratique dans quelques villes, des capitaux à la Caisse d'épargne; mais il peut en résulter, dans les moments de crise, de graves embarras, et il est à craindre que le Gou- vernement nous en refuse l'autorisation, à présent surtout qu'éclairé par l'expérience il menace de retirer celles, — en très petit nombre, —- qu'il a déjà données. Espérons donc qu’à l’aide de l'augmentation tou- jours croissante des sommes versées par les dépo- sants, et de la retenue d’un 1/2 p. 100 faite depuis le 1% janvier dernier, en vertu de la loi du 50 juin 1851, sur les intérêts produits par ces sommes, il nous sera possible de réaliser bientôt une œuvre aussi impor- tante, et qui comptera parmi les améliorations les plus utiles au pays. Placé en avant de la Caisse d'épargne, le Mont- de-Piété en préparera les voies à une foule de malheureux qui en étaient éloignés par limpossi- bilité, — malgré de pénibles travaux, — de satis- faire à la fois aux nécessités impérieuses de la vie et aux dures exigences d’un prêteur impitoyable. Ainsi, Messieurs, avec vos propres ressources et sans vous endetter, — en tirant seulement votre CAISSE D'ÉPARGNE. 391 fonds de dotation de l'inertie où il reste plongé, pour le lancer dans la circulation, — vous aurez rendu un service éminent aux pauvres laborieux, et vous vous serez acquis de nouveaux titres à la recon- naissance publique. Permettez-moi de vous citer , en finissant, un fait bien propre à nous encourager dans les nouveaux efforts que nous allons tenter pour étendre la clien- tèle de Ia Caisse d'épargne, et en multiplier les bienfaits. Au milieu des orages que nous venons de tra- verser, la population ouvrière qui verse à la Caisse d'épargne, s’est montrée partout calme; et malgré les privations et les souffrances qui lui étaient 1m- posées par les évènements, on ne l’a vu nulle part s’agiter et prendre part aux drames sanglants qui ont contristé Paris et la province. Tant il est vrai que tout homme qui possède le moindre livret est irrévocablement acquis aux idées d'ordre et de propriété. « Plüt à Dieu, — s’écrie à propos de cette obser- vation, M. Prévost, agent général de la Caisse d'épargne de Paris, dans un rapport fait au conseil des Directeurs, — « qu'au lieu de deux cent mille « déposants, la Gaisse d'épargne en eût compté « six cent mille : la population honnëte et labo- « rieuse se serait grossie d'autant, et les fauteurs « de désordre et d’anarchie auraient été réduits à « l'isolement et à l'impuissance. » 9932 CAISSE D'ÉPARGNE. Sachons-le donc, Messieurs, et publions-le bien haut : en travaillant à rendre l’accès de la Caisse d'épargne plus facile aux classes qui souffrent, en les y attirant en plus grand nombre, nous contri- buons, dans une large mesure, à la pacification générale des esprits et à la destruction des mau- vaises doctrines, source de tous les maux dont la société a eu à gémir dans ces derniers temps. C'est ce qu'exprime un protecteur éclairé des Caisses d'épargne, M. François Delessert, dans un langage trop noble et trop au dessus du mien, pour ne pas le citer ici, et le faire servir de conclu- sion à ce rapport : « Comment, dit-il, ne puiserions-nous pas dans « les circonstances mêmes dont nous avons été les « témoins, des motifs de consolation et d’encoura- « gement? N'est-ce done rien pour une ville comme « Paris, que cent mille ouvriers formés par la Caisse « d'épargne, cette école primaire de l’économie, « et rangés irrévocablement sous les drapeaux de « l’ordre, de la famille et de la propriété? N'est-ce « rien pour nous que d’avoir pu opposer le contraste « frappant de leur raison éclairée, de leur noble « résignation, à la conduite si différente des ou- « vriers, — trop nombreux encore, — qui étaient « restés étrangers à Ja Caisse d'épargne? C’est « parmi ces derniers qu'il nous importe, pour leur « bonheur et pour le nôtre, d'étendre de plus en « plus nos conquêtes. Nous savons par expérience, CAISSE D'ÉPARGNE. 339 « et le Gouvernement ne l’oubliera pas, que chacun « de nos nouveaux clients est enlevé au prosély- « tisme du socialisme et de l’émeute. Que lPesprit « de: désordre continue à s’en irriter et à nous « combattre, — cela se concoit, — nous n’en « poursuivrons pas moins notre tâche, forts de « l’assentiment des véritables amis des classes labo- « rieuses, et de tous ceux qui se préoccupent avec « raison de l'avenir de la société tout entière. » ! 1 Les opérations de la Caisse d'épargne, durant l’année 4852, sont aujourd'hui connues, et nous sommes heureux d’annoncer que nos prévisions de prospérité n’ont pas été démenties. La Caisse à reçu de divers déposants. . . . 215077 66 Plus en intéréts capitalisés. . . . . . . . 9854 71 TOTALE 222912 57 BHeParrembhourse ste 0 MEN 000912048249 Qui, déduits du total ci-dessus, donne pour excédant des recettes sur les rembourse- MONIS ESS NS Sn a di 151707 83 À cette somme il faut ajouter le solde dû, au 51 décembre 1851 , à sept cent vingt- trois déposants. La Caisse devait done, au 51 décembre 1852, à neuf cent soixante-dix déposants. . . . 527911 94 Ainsi le capital s’est accru, durant 1852, de 451707 fr. 88 c., c'est à dire de plus des deux tiers, et les livrets de 247, un peu plus du tiers, NOTICE HISTORIQUE SUR LES GRANDS-JOURS TENUS AU PUY EN 1548 Er 1666 ; PAR M. P. MARTHORY, MEMBRE RÉSIDANT. 5 décembre 1852. Messieurs, De toutes les institutions judiciaires du passé, il ? n’en est point, nous le croyons, qui ait frappé plus vivement l'imagination populaire, qui ait éveillé plus d’espérances ou inspiré plus de terreur, que l’établis-- sement des grands-jours. Assises solennelles tenues, à certaines époques, par des juges choisis parmi les magistrats les plus éminents, les grands-jours étaient, dans notre ancienne législation, des tribunaux excep- tionnels que les rois de France créaient temporai- rement, dans les provinces éloignées, pour remédier GRANDS-JOURS TENUS AU PUY. Sa à des abus et punir des crimes que la justice ordinaire et locale était impuissante à corriger et à atteindre, Toute autorité s’abaissait devant les hommes que la volonté du monarque avait désignés pour remplir cette grande mission. Les honneurs qui leur étaient rendus dans les villes où siégeait une Cour des grands-jours, l'imposant appareil qui environnait leurs audiences, et, par dessus tout, les pouvoirs souverains qui leur étaient confiés, donnaient à leurs décisions la force nécessaire pour vaincre toutes les résistances et courber toutes les têtes. Le peuple, — qui ne se méprend jamais sur limportance réelle des institutions destinées à le protéger ou le défendre, — saluait avee bonheur l'établissement des grands-jours : ses poètes, dans des noëls pleins d’une malicieuse naïveté, chantaient en patois leur venue ct leurs effets salutaires sur ses puissants oppresseurs ! ; les érudits faisaient un appel à leur muse poétique pour célébrer en vers latins ces tribunaux extraordinaires 2; des médailles étaient frappées en l'honneur du monarque qui les 1 Lors des grands-jours qui se tinrent à Clermont en 41665, un habitant de cette ville composa, en leur occasion, un noël patois qui fut imprimé en 1670, et que le savant bibliothécaire de Clermont, M. Gonod, a publié et traduit dans la nouvelle édition qu'il a donnée des Mémoires de Fléchier sur les grands- jours de 4665. 3 Voir le poème latin de Fléchier sur les grands-jours de 4669. 356 GRANDS-JOURS avait institués ! ; les chroniques se plaisaient à ra- conter, dans leurs plus minutieux détails, toutes les cérémonies qui se rattachaient à ces solennités judiciaires ?; enfin, l’histoire elle-même ne manquait jamais de les enregistrer avec soin. Malheureusement, comme toutes les choses hu- maines, les noëls populaires, ces échos naïfs des émotions du passé, s’effacent de la mémoire ou- 1 Louis XIV, pour conserver le souvenir des grands jours de 4665 et 4666, fit frapper deux médaillons et une médaille. Les deux médaillons et la médaille portent tous les trois, sur la face, le buste de ce prince; au revers, dans les deux médaillons, on voit la Justice qui tient, de la main gauche, un glaive et une balance, et relève, de la main droite, une femme à genoux qui représente l'Auvergne ; une légende, commune aux deux médail- lons, porte : Provincia ab üinjuriis potentiorum vindicala; et, en exergue : MDCLXY. Le revers de la médaille représente la Justice, tenant de la main gauche, comme dans les deux médaillons, une balance et une épée, et relevant, de la main droite, une femme couchée sur un rocher, et dans laquelle M. Gonod voit un emblème de l'Auvergne. La médaille porte la légende : Salus provinciarum; et, en exergue: Repressa polentiorum audacia. MDCLXV—MDCLXYI. La légende et l’exergue expriment, dit M. Gonod, l’un le but,. l'autre le résultat des grands jours ; et comme ce but et ce résultat furent les mêmes pour le Languedoc que pour l'Auvergne, ne pouvons-nous pas, nous aussi, revendiquer pour nos grands jours de 4666, aussi bien que M. Gonod, la médaille frappée par le grand roi”. 2 Chronique de Ménicis et Burez. TENUS AU PUY. 557 blieuse des nouvelles générations; les vers latins des érudits dorment dans la poussière des biblio- thèques, les médailles dans les casiers, et les chro- niques elles-mêmes, malgré les curieux détails qu'elles renferment, ne tentent que peu de lecteurs. Le temps présent nous absorbe et nous entraine; et, de tous ces grands évènements qui, au moment où ils s’accomplissaient, excitaient si fortement l’at- tention des contemporains, il ne reste bientôt plus qu’une date lointaine et un souvenir presque effacé !.. Ce sont ces dates et ces souvenirs que, fils pieux du passé, nous devons nous attacher à recueillir précieusement, dans l’époque de transition où nous sommes, pour les transmettre, à notre tour, aux générations qui nous suivront; et ce travail ne sera certainement pas sans utilité ni sans agrément. En effet, si elle ouvre à la pensée un horizon moins vaste que l’histoire générale, si elle parle moins fortement à l'imagination, l’histoire particulière de la ville qui nous a vus naître, de la province que nous habitons, offre un charme qui sé fait sentir vivement au cœur. Raconter les évènements qui sont arrivés dans la cité où nous vivons, retracer une grande scène historique qui, de longues années aupa- ravant, se déroula dans ses murs et agita les popu- lations qui nous ont précédés, e’est une étude pleine d'intérêt, et qui semble donner à celui qui s’y livre la douce jouissance attachée à laceomplissement d'un devoir. L'époque actuelle est. favorable à ce De mur 298 GRANDS-JOURS genre de travail; et, pour ce qui concerne notre histoire locale, les modèles ne nous manquent pas: En effet, le Velay et son histoire politique, litté- raire, religieuse et physique, ont trouvé dans plu- sieurs de nos concitoyens , dont-les noms sont dans toutes les bouches, et les ouvrages dans toutes les bibliothèques, des plumes savantes ou gracieuses qui nous ont appris tout ce que l'amour du pays natal pouvait inspirer. M. le docteur Arnaud, dans sa savante Âistoire du Velay ; MM. Francisq. Mandet, Aymard, Charles de La Fayette, Bertrand de Doue, Sauzet, Bouchet, Dumolin, et tant d’autres que la Société Académique du Puy s’honore de compter parmi ses membres, nous ont montré, par leur exemple et leurs ouvrages, que, malgré laridité des recherches et la difficulté de réunir des docu- ments épars, il était possible de répandre sur des travaux d’érudition et de science un vif intérêt. Encouragé par leurs succès, nous aussi nous avons voulu apporter à l'histoire de notre province l’hom- mage de quelques recherches; et, trouvant dans les annales du Velay, qu’à deux reprises différentes, en 1548 et 1666, les grands-jours s'étaient tenus au Puy, nous nous sommes attaché à réunir et à reproduire dans cette notice tout ce qui était relatif à ces deux grands faits de notre histoire judiciaire. Malheureusement, la source la plus féconde à la- quelle nous aurions pu puiser, — les archives de la sénéchaussée du Puy, — ont été dispersées; ül TENUS AU PUY. 339 a fallu nous contenter des seuls documents que pouvaient nous fournir les histoires générales du Languedoc et du Velay, dans lesquelles les grands- jours tenus au Puy, en 1548 et 1666, ne forment qu’un épisode. Toutefois, pour les grands-jours de 1548, des chroniqueurs contemporains, Médicis et Burel, nous ont laissé des renseignements fort curieux, que M. Francisque Mandet a reproduits dans un ouvrage imprimé en 1842, sous le ütre de Documents relatifs à l'histoire du Velay ; et pour les grands jours de 1666, nous devons à une bienveillante communication de M. Aymard, le sa- vant conservateur de nos archives départementales, la connaissance de plusieurs pièces inédites jusqu’à ee jour. C’est à l’aide de tous ces documents que nous avons cherché à faire l’histoire des grands jours de 1548 et 1666; mais notre travail serait incomplet, et surtout nous n’aurions pas atteint notre but, — qui est de faire apprécier toute l’im- portance de «es deux grands faits historiques, — si, dans une esquisse préliminaire, nous ne com- mencions à examiner ce qu’étaient les grands jours, et le rôle qu'ils jouaient dans l’organisation politique et judiciaire de l’ancienne France. É ORIGINE DES GRANDS-JOURS, LEUR BUT, LEURS EFFETS. « Le nom de grands-jours se donne à des tribunaux extraordinaires, mais souverains, que nos rois ont 540 GRANDS-JOURS « quelquefois établis dans les provinces éloignées du « parlement dont elles ressortissent, pour réformer « les abus qui s’y introduisent dans l'administration « de la justice, pour juger les affaires qui y naissent, « et affranchir les peuples des droits que les seigneurs «_usurpent sur eux par autorité. » Cette définition que Denizart donne des grands- jours , nous fait connaitre le but pour lequel furent institués ces tribunaux extraordinaires; mais ce but apparait plus clairement dans la définition plus précise qu’en donne Nicolas Brunel dans son esti- mable Traité sur les Fiefs. Suivant cet auteur, « les grands-jours, dont l'autorité était sans bornes, « avaient été institués pour réprimer les abus et « subvenir aux opprimés, en contenant les seigneurs « dans leur devoir. » L'origine des grands-jours est fort ancienne. Ducange semble les faire remonter aux Wissi Do- minici, qui, sous la seconde race, étaient envoyés dans les provinces éloignées pour informer de la conduite des dues et des comtes, er réformer les abus qui pouvaient s’introduire dans l’administration de la justice et des finances. Cette opinion est fort plausible, car l’on ne saurait disconvenir qu’il n'existe en effet une analogie réelle entre la mission conférée par les successeurs de Charlemagne aux officiers royaux connus sous le nom de Missi Dominici, et 1 Gollection de Denizart, mot : &rands-Jours, vol. I. TENUS AU PUY. 941 celle que remplirent plus tard les magistrats cons- titués en cour des grands-jours. Evidemment ces deux institutions découlent de la même pensée, et avaient pour but de satisfaire aux mêmes nécessités sociales. Les grands-jours n'étaient point, dans le commen cement surtout, une institution soumise à des règles fixes et précises : c'étaient, comme leur nom lindiquait, des assises extraordinaires, des tribu- naux exceptionnels que le roi créait, par des lettres: patentes, quand il le jugeait nécessaire, et dont il réglait en même temps l'organisation, la juridiction et la durée. Les heureux résultats produits par les grands-jours né tardèrent pas à faire sentir à tout le monde le besoin de régulariser une institution si favorable à la fois aux intérêts du peuple et à la puissance du monarque; et, d’exceptionnelle qu'elle était dans l'origine, l'institution des grands-jours devint bientôt un des rouages les plus importants de l’organisation judiciaire de l’ancienne France, et le moyen le plus puissant peut-être pour faire pénétrer jusques aux extrémités du royaume, avec la crainte de l'autorité royale, l'idée de la justice et du droit. Louis XIT, le premier, dans une ordonnance rendue en consé- quence d’une assemblée de notables réunis à Blois, sur la réformation de la justice [mars 1498], donna à l'institution des grands-jours un caractère de fixité et de permanence dont elle avait manqué jus- TOME XVI. 22 249 GRANDS-JOURS qu’alors. Voici le texte même des articles relatifs aux grands-jours : « Arr. 72. Et pour le singulier désir que nous avons à rendre justice à ung chacun , et mettre nos sujets hors de procès; et eu égard à la grande multi- tude de procès qui sont de présent en nos cours souveraines, et que difficile chose seroit en avoir prompte expédition, si par nous ni estoit pourvu; pour ces causes, avons statué et ordonné, sta- tuons et ordonnons que les grands-jours se tien- dront par les présidents et conseillers de notre cour dit parlement à Paris, en leur ressort et ès-lieux, où d’ancienneté on a accoutumé les tenir, auxquels grands-jours assisteront d’an en an, aux gages accoutumés, l’un des quatre pré- sidents de notre cour, l’un des maistres des re- questes de nostre hostel, l’un des quatre prési- dents des enquestes, avec treize conseillers de nostre dite cour, savoir est: huit de ladite grande chambre, et cinq de ladite chambre des enquestes, selon leur ordre et ancienneté; et néanmoins avons voulu et ordonné que les conseillers jusques au nombre de treize, dont il y aura huit laïcs qui voudront vacquer à l’expédition des procès, tant criminels que eivils, avec nosdits présidens, du- rant le temps de vacations, seront payés tout ainsi que si le parlement seoit, et les jugements qui par eux seront donnés jusqu’à 100 livres tournois de rente, et 1000 livres une fois payés, TENUS AU PUY. 943 et des bénéfices jusques à 200 livres tournois; avons autorisé et autorisons tout ainsi que s'ils étaient donnés le parlement séant, en leur enjoi- gnant qu'ils vacquent préalablement à l’expédition des matières criminelles, le plus diligemment que faire pourront, en prenant lettre de nostre chan- cellerie, touchant les matières criminelles en la forme accoutumée. » « Arr. 75. Avons ordonné et ordonnons que les gens tenans nos cours de parlement de Toulouse et Bour- deaux tiendront lesdits grands-jours de deux ans en deux ans, chacun en leur ressort, respectivement ès-lieux qui verront estre à faire pour le mieux, en ensuivant la forme que nosdits présidens et conseillers de notre dite cour de parlement à Paris ont accoutumé de tenir réservé, qu'ils ne seront que neuf : scavoir est un président et huit conseillers, dont y aura cinq laïes et trois clercs ; et néanmoins ordonnons que un président avec huit de nosdits conseillers de nosdites cours, dont les cinq seront laïes et les trois cleres qui vou- dront vacquer à l’expédition des procès, tant criminels que civils durant lesdites vacations, seront payés tout ainsi que si lesdits parlemens seoient; et avons autorisé êt autorisons les juge- mens qui par eux seront donnés, jusques à la somme de 100 livres tournois de rente, et 1000 livres pour une fois, en leur enjoignant qu'ils vacquent premièrement à l'expédition des matières 527 GRANDS-JOURS « criminelles, en prenant nos lettres toucliant « lesdites matières criminelles en Ia manière « accoutumée. » Par cette ordonnance, Louis XIT fixait l’organi- salion et les attributions des cours des grands-jours, qui devenaient ainsi une institution permanente et régulière, appelée à fonctionner périodiquement, tous les deux ans, dans le ressort des parlements de Toulouse et de Bordeaux, toutes les années dans le ressort du parlement de Paris. Cette différence, que rien ne motivait, fut corrigée par Henri HE. Dans la célèbre ordonnance rendue sur les plaintes et les doléances des Etats-Généraux assemblés à Blois en 1576, ordonnance rendue en mai 1579, ce prince statuait ainsi : « Arr. 206. Les grands-jours se tiendront tous les ans « aux provinces les plus lointaines de nos parlemens « [suivant.le département qui en sera par nous fait], « pour le temps et espace de trois mois, et plus « s’il y échet. Auxquels grands-jours seront ‘tenus « les gouverneurs, nos lieutenans-généraux de pro- « vinces, avec les baillifs et sénéchaux d'icelles, « assister en leur personne, pour tenir main-forte « à la justice et exécution des arrests. » 2 # Recueil des anciennes Lois françaises, par IsauBenT et Decruzy, ‘vol. XI, p. 554 et 555. e Anciennes Lois francaises, par Isameert ; vol, XIV, p. 429. TENUS AU PUY. 343 L'aceroissement de force que linstitution des grands-jours donnait à l'autorité royale, ne pouvait échapper à l'œil pénétrant de Richelieu ; aussi voyons-nous cette institution recevoir, pour ainsi dire, une nouvelle consécration dans l’ordonnance de janvier 1629, cette grande et belle ordonnance connue sous le nom de Code Marillac, et qui fut rendue sur les plaintes des Etats assemblés à Paris en 1614, et de l’Assemblée des notables réunis à Rouen et à Paris en 1617 et 1628. Après avoir, par l’article 58 de cette ordonnance, créé, dans la personne des « maistres des requestes de l’hostel, » des magistrats chargés de visiter les provinces, de recevoir les plaintes et de constater les abus, en une foule de matières, et principalement dans l’ad- ministration de la justice, Louis XIH, ou plutôt son puissant ministre, s’exprimait ainsi dans Part. 59 de l'ordonnance : « Et pour remédier aux mêmes abus et autres « avec plus d'autorité, notre intention est d’or- « aonner à lavenir les séances des grands-jours « par tel nombre de gens de nos parlemens, en « tel lieu et pour tel temps qne nous aviserons , « pour la punition des crimes, violences, oppres- « sion et animadversion sur nos juges et ofliciers, « et autres, selon l'exigence des cas. » ! 1 Anciennes Lois francaises, vol, AVI, p. 242 el 245. 546 GRANDS-JOURS L'institution des grands-jours, d’exceptionnelle qu’elle avait été dans le principe, devint done, à partir de ces ordonnances, une partie essentielle et régulière de l’organisation judiciaire de la France; et, ce qu’il est important de constater, ce change- ment s’opéra sur la demande des populations, et toujours après la réunion d'Etats et d’Assemblées qui avaient été chargés de porter au pied du trône les plaintes et les doléances des provinces du royaume. Ce fait nous explique l'intérêt qui, de tous temps et en tous lieux, s’est attaché à la tenue des grands- jours. À l'annonce de ces grandes solennités judi- ciaires, les faibles reprenaient courage, les opprimés relevaient la tête, les puissants tremblaient. C’est qu’en effet les pouvoirs étendus et presque souve- rains dont étaient armés les magistrats qui compo- saient ces tribunaux extraordinaires , inspiraient aux coupables, même les plus puissants, une terreur salutaire, dont les histoires contemporaines nous tracent à chaque page un éloquent tableau. Les grands-jours se tinrent à Clermont, pour la province d'Auvergne, en 1665. Simple prêtre alors, Fléchier, à qui était confiée l’education du fils de M. de Caumartin, conseiller du roi, maitre des requêtes, et chargé des sceaux près la cour des grands-jours, accompagna dans cette ville le père de son élève; ct, dans de curieux Mémoires, il nous a laissé un récit fidèle de tout ce qu’il avait vu. Voici comment il peint l'état des esprits à l’ar- TENUS AU PUY. J47 rivée des magistrats qui venaient tenir les grands- jours : « Je remarquai par toute la campagne et dans « Clermont, lorsque j'y fus arrivé, que la terreur « était générale. Toute la noblesse était en fuite, « et il ne restait pas un gentilhomme qui ne se füt « examiné, qui n'eut repassé tous les mauvais « endroits de sa vie, et qui ne tàchàt de réparer « le tort qu’il pouvait avoir fait à ses sujets, pour « arrêter les plaintes qu’on pouvait faire. Il se faisait « mille conversions, qui venaient moins de la grâce « de Dieu que de la justice des hommes, et qui « ne laissaient pas d’être avantageuses pour être « contraintes. Ceux qui avaient été les tyrans des « pauvres devenaient leurs suppliants, et il se faisait: « plus de restitutions qu'il ne s’en fait au grand « jubilé de l’année sainte. La prison de M. de La « Mothe de Canillac était le principal objet de leur « épouvante. » { £& La terreur qu'inspiraient aux criminels les Cours des grands-jours, était parfaitement justifiée par les coups qu'elles portaient et les exemples terribles que ces Cours laissaient sur leur passage. Elles jugeaient sans appel, sans recours en grace; leurs décisions étaient immédiatement exécutées; souvent ” Mémoires de Fléchier sur les grands-jours de 1665, p. 55. 548 GRANDS-JOURS méme, pour frapper plus vivement les imaginations, les magistrats assistaicnt en personne aux supplices qu'ils avaient ordonnés. Il serait trop long d’énumérer chronologiquement les grands-jours qui furent tenus successivement dans les diverses provinces. À partir des grands- jours que Charles-le-Bel fit tenir à Paris en 1525 et 152%, pour la recherche de plusieurs malver- sations, jusques à ceux établis à Nantes en 1719, pour connaitre de la conspiration fomentée en Bretagne par le cardinal Albéroni, c’est à dire pendant les quinzième, seizième et dix-septième siècles, les rois de France employèrent souvent ces tribunaux extraordinaires comme un puissant moyen de réforme ou d’intimidation. C’est ainsi que nous voyons les grands-jours se tenir pour Île roi, à Bordeaux, sous Charles VIT; à Montferrand, en 145%, 1481 et 1520; à Angers, en 1559; à Mou- lins, en 1554, 1540, 1559 et 1666; à Poitiers, en 1454, 1551, 1541, 1567 et 1629; à Riom, en 1542 et 1546 ; à Tours, en 1555 et 1547; à Troyes, en 1402, 1555 et 1585; à Lyon, en 1596; à Clermont-en-Auvergne, en 1582, 1665 et 1666; enfin, au Puy-en-Velay, pour la province de Lan- guedoc, en 1548 et 1666. Le but que nous nous sommes proposé dans cette notice à été, — nous l'avons déjà indiqué, — de recueillir et classer tous les documents, tous les souvenirs qui nous ont été laissés sur les grands- L TENUS AU PUY. 949 jours tenus au Puy en 1548 et 1666, afin d’en donner une idée exacte et fidèle. Ce but, lau- rons-nous. atteint? Nous n’osons l’espérer. Trop d’arinées nous séparent de ces grands évènements, pour que, malgré tous nos soins, nous puissions nous flatter d’en reproduire la véritable physionomie et tous les résultats politiques et moraux; mais quel- que incomplet que soit ce travail, nous eroyons néanmoins qu’il ne sera pas dénué d'intérêt, puis qu'il tend à éclairer un des plus curieux épisodes de nos annales vellaviennes. IE. GRANDS-JOURS DE 1548. Le 5 mai 1548, par des lettres-patentes données à Aix-en-Othé, et qui furent enregistrées à Toulouse le 26 du même mois, Henri Il convoqua au Puy une Cour des grands-jours. Êl était d’usage autrefois que les lettres-patentes, portant établissement des grands-jours, nommassent les juges et les officiers dont ces Cours seraient composées, et réglassent à la fois la durée de leurs audiences, les matières dont elles devaient connaitre, et l’étendue de leur juridiction. Nous n’avons pu nous procurer le texte même. des lettres-patentes du 5 mai 1548; mais nous savons, par lanalyse qu'en a donnée dom Vaissette dans FlAistoire du. Languedoc , que, par ces lettres, Henri Il avait désigné un prést 390 GRANDS-JOURS dent et douze conseillers [deux cleres et dix laïcs] du parlement de Toulouse, pour tenir les grands- jours au Puy. Ces magistrats devaient siéger dans cette ville du 1” septembre au 350 octobre suivant: ils avaient pour mission de terminer toutes les affaires civiles , criminelles et de police des baillages du Velay, du Gévaudan et du Vivarais; leur juri- diction s’étendait même sur les sénéchaussées de Beaucaire et du Rouergue. Enfin, les lettres-patentes qui instituaient ce tribunal extraordinaire lui attri- buaient la même autorité qu’avaient les parlements dans leur ressort. Mais ce n’était pas seulement des juges criminels ou civils que Henri Il envoyait au Puy; la cour des grands-jours avait une mission bien. plus difficile encore : elle avait commission « d’extirper cette « malheureuse secte luthérienne, avee pouvoir d’en “ connaitre tant en première instance qu’en appel. » En effet, en 1548, à l’époque où les lettres-pa- tentes convoquaient au Puy ces grandes et solen- nelles assises, les guerres de religion n’avaient point encore éclaté en France, mais il était facile d'en deviner les approches à l'agitation des esprits et à l'irritation toujours croissante des catholiques et des protestants. Depuis que Luther, en 1518, avait levé dans l'Allemagne l’étendard de la réforme, étendard que Zwingle en Suisse, et Calvin à Genève, soutenaient avec ardeur, les questions religieuses, ces questions toujours si brülantes, avaient com- TENUS AU PUY. 51 mencé à troubler les consciences et à soulever les peuples. La réforme avait fait des progrès rapides dans l'Allemagne, son berceau; elle tenait la ma- jeure partie de la Suisse; et déjà elle commençait à envahir la France, sccondée ici par Pambition et la convoitise des princes, favorisée ailleurs par la misère des populations , à qui elle s’offrait comme un germe d'amélioration sociale, s’annonçant partout comme le triomphe de la raison et de la liberté d'examen. Ces progrès avaient alarmé l'Eglise, qui n'ayait pas tardé à invoquer le bras séeulier pour essayer de refouler et d’étouffer le mouvement religieux qui se produisait partout; mais les me- naces et les persécutions avaient été impuissantes pour extirper ce que les écrivains catholiques du temps appelaient « ces maudites et réprouvées « doctrines. » C'était surtout dans le Midi de la France que la réforme avait fait de nombreux prosélytes. Des temples avaient été ouverts à Agen, à Montauban, à Cahors, à Montpellier, dans les montagnes des Cévennes, dans toutes ces provinces où fermentait dans les esprits un vieux levain des hérésies albi- geoises. Sollieité par le cardinal de Tournon, son ministre, effrayé par le nombre toujours croissant des réformés, Francois I avait commencé contre eux de rigoureuses poursuites; et, dès le mois d'août 1545, il avait envoyé dans les diverses provinces de son royaume des conseillers du parlement de Paris, 992 GRANDS-JOURS comme commissaires pour la recherche et la puni- tion des hérétiques. { La mort de François [°°, survenue le 51 mars 1548, n'avait point interrompu ces poursuites : elles reçu- rent au contraire une nouvelle impulsion à lPavé- nement de Henri II : « Dès le commencement de son règne, dit « Théodore de Bèse, Henri Il n’eut rien en plus « grande considération que de poursuivre à ou- « trance la persécution et destruction des églises, « commencée par le feu roi son père. Suivant donc « cette résolution, les feux furent allumés plus « que jamais, et surtout la chambre du parlement « de Paris, qu'on appelait la Chambre ardente, en « envoyait au feu autant qu'il en tombait entre ses « mains. ? » La création d’une Cour des grands-jours au Puy pour les baillages du Velay, du Gévaudan et du Vivarais, était done un moyen d'arrêter, par la terreur et les supplices, les progrès de la réforme dans les provinces sur lesquelles cette Cour éten- dait sa terrible juridiction; et cette création parais- sait d'autant plus nécessaire, que déjà les populations de ces provinces commencaient à adopter les nou- à JsamBenr, Anciennes Lois françaises, t. XIT, p. S94. 4 Sismoxni, t. XVIT, p. 544. TENUS AU PUY. 59 O1 velles doctrines avec un enthousiasme qu’il était urgent d'arrêter. Les lettres-patentes du 5 mai 1548 ne contenaient point les noms des magistrats qui devaient siéger aux grands-jours. Ce fut par de nouvelles lettres, don- nées à Dijon le 10 juillet suivant, que Henri IE nomma, pour présider la Cour des grands-jours , messire Durand de Sarda, second président au parlement de Toulouse, et, pour lassister, douze conseillers, tous membres du même parlement. L'annonce qu'une Cour des grands-jours allait se tenir au Puy, causa dans cette ville une vive émotion. Sans doute, de vagues rumeurs avaient porté, jusque dans les hameaux les plus reeulés, la nouvelle que, de temps en temps, les rois de France, pour soulager leur peuple, établissaient dans certaines provinces de leur royaume des Cours souveraines auxquelles les pouvoirs les plus étendus étaient confiés; peut-être même, dans les voyages où les entrainait leur commerce, quelques marchands du Puy, se trouvant à Moulins en 1545, à Riom en 1546, avaient-ils pénétré, poussés par la euriosité, dans la salle où siégeaient, sur des fleurs de lys d’or, les graves magistrats qui y tenaient alors les grands-jours. Certainement, lPappareil imposant qui environnait ces tribunaux extraordinaires , avait frappé leurs esprits; et, de retour dans leurs foyers, ils avaient longuement raconté à leurs familles et à leurs voisins tout ce qu'ils avaient vu, tout ce 54 GRANDS-JOURS qu'ils avaient appris sur les Cours des grands-jours. Mais ces récits, que eeux-là qui les écoutaient taxaient peut-être d’exagération, allaient recevoir bientôt une confirmation éclatante. Déjà le parle- ment de Toulouse avait enregistré les lettres qui établissaient au Puy une Cour des grands-jours; de nouvelles lettres avaient donné la composition de cette Cour [10 juillet 1548]; et sous peu de jours allait se dérouler, dans la capitale du Velay, l'une de ces grandes scènes judiciaires qui ont eu de tout temps le privilège d'émouvoir vivement l'imagination populaire. Aussi les consuls du Puy étaient-ils dans un grand embarras. Ils se réunirent dans la maison consu- laire, et par « un grand conseil fut arresté : estre « envoyé l’un des seigneurs consuls à Tholoze en « parlement, pour faire révérence à la Cour de nos « seigneurs dudit parlement, et de s’enquérir avec « eulx comment sur cette affaire, qu’ils n’avoient « oneques mais faicte, ils s’en debvoient gouverner, « afin qu'ils ne faillissent à bien faire leur debvoir , « veuillant obéir au roy, nostre seigneur, et à « la Cour. « Sy, fut ordonné que honorable homme sire « Pons Bordel, dit Irailh, second consul, homme « de bon scavoir, prendrait la charge de cette « légation et ambassade. ? » 1 Nous avons emprunté aux Documents inédits sur L'histoire du Velay, UU TENUS AU PUY. 5h} Pons Bordel accepta et partit pour Toulouse, afin de s'entendre « avec les seigneurs de la vénérable « Cour du parlement. » Pendant son absence, les autres consuls firent les préparatifs convenables pour recevoir dignement les magistrats qui devaient tenir les grands-jours. Ce n’était pas seulement la question des honneurs à leur rendre qui les préoccupait; mais ils avaient encore, — et cela dans le délai de deux mois à peine, — à trouver et à préparer le local où siè- gerait la Cour; il fallait en outre disposer, dans le méme délai, des prisons assez vastes pour contenir le grand nombre de criminels qui seraient traduits devant elle, et assez sûres pour empêcher les éva- sions qu'il y avait à craindre. Après de nombreuses visites, les consuls choisi- rent, pour tenir les audiences des grands-jours, la maison de lévéché, et ils firent immédiatement sommer et requérir Mgr l'évêque du Puy ou ses vicaires, non seulement de Ja tenir à leur dispo- sition, mais aussi « de mettre ordre et accointer « Jadicte maison, dresser l'audience, pourvoir de « tapisseries, etfaire seurement appuyer icelle maison de M. Francisque Mandet, ces détails et ceux qui vont suivre, et nous nous sommes attaché à les reproduire, autant que nous l'avons pu, dans le langage naïf de l’époque, en citant textuellement les chroni- queurs contemporains. 556 ÉRANDS-JOURS « et pourvoir à aultres tels négoces ad ce urgens et « très nécessaires. À » L'évêque du Puy était, en 1548, Mgr François de Sareus, qui avait succédé, en 1555, à Antoine Chabannes. Ce prélat, dont les chroniques contem- poraines ne signalent pas la présence dans les céré- monies religieuses auxquelles donnèrent lieu Îles grands-jours, était sans doute absent du Velay à cette époque. Ses vicaires répondirent à la somma- tion qui leur avait été donnée, que MM. les consuls pouvaient prendre le palais de Mgr lévèque pour tenir les audiences des grands-jours, mais qu’ils ne voulaient contribuer en rien aux dépenses que de- vait entrainer cette nouvelle destination. Ce refus, auquel les consuls étaient loin de s’at- tendre, ne les découragea pas : ils firent appel à la bonne volonté des habitants du Puy, et « ils « commirent certains bons personnages de la ville « qui, de tout ce exécuter, prirent la charge, jes « ungs en ung endroit, les aultres en ung aultre, « et en telle sorte y s’employèrent, et par telle « diligence, que, en brief, le tout fut mis en bon « estat aux seuls despends de la ville. ? » Quant aux prisonniers, qui arrivaient de toutes parts, €t qui, par commission patente, avaient } Monuments inédits. 2 Monuments inédils. TENUS AU PUY. 597 èté expressément confiés à la garde des seigneurs consuls, ils furent déposés dans les prisons de Mgr l’oflicial, « avec établissement de bons concier- « ges et sûre garde, et illee Ieur fornirent paille « pour coucher. » Tous les matins un prêtre venait célébrer la messe dans la prison, dont toutes les issues avaient été murées, moins une seule, qui était sévèrement gardée. . Cependant l’époque fixée pour louverture des grands-jours approchait rapidement. Déjà était arrivé au Puy un huissier du parlement de Toulouse, pour voir les préparatifs qui avaient été faits, pour pren- dre et marquer les logements destinés aux conseillers de ce parlement, désignés pour tenir les grands-jours. Ïls arrivaient successivement, et avec eux venaient « procureurs, praticiens, et aultres gens plaidoyans, « et aultres de diverses qualités et estats. » Durand de Sarda arriva le 51 août, et la ville lui fit la réception la plus brillante. Les notables de la cité, les seigneurs de la cathédrale, les six consuls en robe rouge, allèrent au devant de lui, et une foule immense méla ses acelamations en- thousiastes aux décharges des canons que l’on tirait en son honneur. Mais laissons raconter à l’un des témoins oculaires des grands-jours de 1548, à Médicis, ce simple et exact chroniqueur que nous suivons pas à pas, les curieux détails des honneurs qui furent rendus à Mgr de Sarda. Ces détails, dans. leur naïveté gra- TOME XVI. 25 > 258 GRANDS:jOURS cieuse, ont un charme qu’on ne saurait méconnaitre; et peignent les mœurs d’une époque qui inspire un vif intérêt : « Mgr le commissaire, second président en par- « lement, appelé Mgr maistre Durand de Certa, « homme de prestente louange, et avoué de très « noble vertu et sçavoir, arriva en la présente ville « du Puy, le vendredi, dernier jour du mois d’aoust, « environ trois heures après midy, lequel avait « couché à Saint-Privat; au devant de Jui allarent « en bon ordre plusieurs des seigneurs de l’église « cathédrale, les seigneurs conseillers qui japara- « vant estoient arrivés, le seigneur viscomte de a Polignac, les seigneurs de justice de la présente « ville du Puy, Mgrs les consuls avec leurs robes « rouges, plusieurs nobles, bourgeois et marchands « de ladicte ville en grand nombre. « Sy, avoient iceulx seigneurs faist establir ès-tours, « tant de Pannessac que tour Gaillarde, environ « trente canons qu’ils firent tirer par coups réytérés « par un maistre artilleur de la ville, lorsque la « troupe fust à l'arbre Saint-Jacques, pour saluer « ladite compagnie; et entrarent par la porte de « Pannessac, et de là se montarent jusques au « logis de noble Jacques Maurin, seigneur de « Chasteauneuf et du Biadge, auquel avoit esté « eslu et assigné le logis pour ledit seigneur pré- « sident; et après de là, chacun print son party. TENUS AU PUY. 559 « Ce jour, lésdits seigneurs consuls envoicrent « ès-maisons et logis tant des présidens, conseillers « et aultres bons personnages de la Cour, hypocras, « dragées, torches; et en oultre à chacun, pour « une fois tant seulement à leur venue, pour leurs « chevaux et montures : foin, cinq quintaulx; « paille, cinq quintaulx; avoine, six ras; et chacun « jour, durant le temps qu’ils demeurarent en la « ville, à leur dyner, deux pots de bon vin clairet « et blanc. « Ce jour mesme que arriva le susdit monseigneur « le président, le roy de la basoche de Tholoze, « avec le roy de la basoche du Puy, en son costé « gauche, marcharent à cheval par la ville, accom- « pagnés d’un grand nombre de basochiens, tant « de Tholoze que de ceulx du Puy. » Il existait jadis, dans la pratique judiciaire des tribunaux et des Cours, une grande et solennelle coutume, encore suivie de nos jours, mais que surtout des magistrats du seizième siècle se seraient bien gardé de négliger : c'était, avant de monter sur leurs sièges, de venir en corps, aux pieds des autels, demander à Dieu, à la source de toute vérité et de toute justice, les lumières et la fermeté nécessaires pour remplir leur redoutable mission. A cet usage antique, les graves magistrats qui com- posaient en 1548 les grands-jours du Velay, ne pouvaient manquer; aussi, le naïf chroniqueur qui 566 GRANDS-JOURS nous a donné deg si piquants détails sur la réception qui leur avait été faite, n’oublie pas de mentionner dans son récit les cérémonies religieuses qui pré- cédèrent l'ouverture des audiences : « Le lendemain, bon matin, les seigneurs consuls, vestus de leurs robes et chaperons rouges, mon- tarent vers le logis du seigneur président, où ils trouvarent messeigneurs les douze conseillers du parlement, tous vestus, avee mondict seigneur le président, de leurs robes rouges; sy montarent en l'église cathédrale tous ensemble en moult noble facon et ordonnance, là où fust dicte et célébrée une belle et dévote messe du benoist Saint-Esprit, en grande chanterie et orgues. Et icelle finie, entrarent en audience en la salle haulte de la maison épiscopale, qu’ils trouvarent bien dressée et estoffée et en moult bon ordre, de quoi monstrarent signe de se contenter. . « Estre chacun assis et pris place selon son ordre, degré et dignité, ledit seigneur président fit une .oraison et élégante harangue, parlant de l’obéys- sance que doibt chacun à Dieu, au roy nostre seigneur, et à la très chrétienne et sacrée majesté, royale, et aussi à justice; entremeslée icelle de plusieurs nobles et exquits propos avec alloquances ‘et histoires de la Sainte-Escripture et aultres y convenables, que dura beaucoup. Et icelle finie, fit jurer les seigneurs conseillers de pourchasser TENUS AU PUY. 361 « l’honneur et profit du roy nostre seigneur et de « Ja Court, er utilité publique, et de ne porter « en leurs consultations ni aultrement pour faveur « ni hayne à personne, mais en tout procéder « fidèlement. 1 » Les grands-jours avaient été établis principalement pour arrêter les progrès de la réforme : ce fut aussi le premier objet dont s’oceupèrent les magistrats qui les tenaient. Le 5 septembre, à la requête du procureur-général , ils rendirent un arrêt pour continuer la recherche des hérétiques, et les procès qu’on avait commencés contre eux. Sept jours après ils défendirent, par un autre arrêt, de faire, sous prétexte de fêtes votives, des assemblées illicites, de porter des armes et de fréquenter des cabarets. Ces deux arrêts, dont l’un serait à la date du 5 et l'autre à la date du 10 septembre 1548, sont cités par M. le docteur Arnaud, dans son Histoire du Velay; mais ils ne figurent pas au nombre de ceux qu'a recueillis et publiés M. Francisque Mandet dans sa Notice sur les grands-jours de 1548. Il existait alors, sur une montagne qui avoisine et domine le Puy, la montagne de Ronzon, un plateau escarpé, en vue de toute la ville, et qui portait le gibet où l’on attachait les criminels; mais ce gibet était en ruine depuis plusieurs années. Un des premiers % Documents inédits sur l'histoire du Velay. 562 GRANDS-JOURS actes de la Cour des grands-jours avait été d’or- donner que ce gibet fût rétabli dans des proportions plus grandes que celles qu’il avait anciennement; et, persuadée qu’il fallait, dès le commencement, im- primer aux esprits une terreur salutaire, et parler aux yeux de la foule par un appareil menaçant, la Cour des grands-jours avait ordonné en même temps l'érection de trois piloris dans l’enceinte de la ville elle-même : « Fust enjoint à Messeigneurs les officiers de la Cour commune faire dresser le gibet de Ronzon à quatre piliers [que, par avant, ne estoit qu’à trois piliers], lequel avoit esté ruyné et abattu par ung merveilleux vent austral que fit le jeudy huitiesme de janvier de l'an 1522; reprenant grandement iceulx officiers, que Îles enseignes patibulaires, que sont la décoration de vraye justice, par sy grand laps de temps eussent de- meurées en Lel estat. « Ils firent faire en trois parties bien émynentes en la ville du Puy, trois piliers de pierre, bien taillés et faconnés aux armes du roy nostre sei- gneur, avee chaynes et cercles en fer, pour Y mettre au collier les gourmands qui se trouveront venant ès-tavernes et cabarets, et pareillement leurs hostes, sans espargner ainsy les infracteurs de toutes voyes, politiques ordonnances et arrest sur ce prononcés; et là, publiquement demeurer. par tel espace de temps que par lesdits ofliciers, TENUS AU PUY. 203 « et consuls en sera sur ce prononcé; et pareille- « ment ainsy faire des reigneurs et blasphémateurs « de Dieu. Lesquels piliers furent dressés l’un à la « fontaine de la Bédoyre, l’autre en la rue des « Tables, sur le for de Cothnol, et l’autre en « la rue de Vienne. » Ces curieux détails que nous avons puisés dans les chroniques contemporaines, et que nous avons cru devoir reproduire dans toute leur simplicité, nous donnent une idée assez exacte de la mission que remplirent au Puy, en 1548, les magistrats des grands-jours. Tout tomba sous leur juridiction souveraine : hérésies, crimes de toute nature, affaires civiles, détails de police, d'administration, rien n'échappa à leurs investigations. Is relevèrent ,. sur la montagne de Ronzon, le gibet que la négli- gence des ofliciers de justice laissait en ruine; ils ordonnèrent l'érection de piloris pour les débauchés et les blasphémateurs, en même temps qu'ils réfor- maient les couvents, réglaient les mesures à prendre pour la sureté intérieure de la cité, et condamnaient aux peines inscrites dans Île terrible code judiciaire de cette époque les nombreux eriminels qui étaient traduits devant eux. Quels étaient ces criminels, et pour quels actes avaient-ils été livrés à la haute justice des grands- jours? Ce sont là des questions que nous pouvons poser , mais auxquelles malheureusement il est 26% GRANDS-JQUES impossible de répondre. En effet, les chroniques contemporaines, qui décrivent avec tant de com- plaisance les cérémonies extérieures de la Cour des grands-jours, sont à peu près muettes, et sur le nom des personnes jugées par cette Cour, et sur la nature des erimes qui motivèrent les condamnations diverses qu'ils se bornent à énumérer. Les procès-verbaux des arrêts criminels ont disparu, et avee eux les renseignements précieux qu'ils auraient fournis, pour apprécier l’état moral de la société vellavienne à cette époque. Aux grands-jours de 1548, de même qu’à ceux de 1666, il a manqué, pour l’instruetion des générations futures, un esprit curieux et obser- vateur qui recueillit avee patience les détails variés des nombreuses accusations qui se déroulèrent de- vant la Cour des grands-jours, et qui, comme Fléchier le fit pour les grands-jours tenus à Clermont en 1665, nous apprit le nom des accusés et leur position so- ciale, la nature et toutes les circonstances de leurs crimes. Nous sommes donc, pour ce qui concerne la partie criminelle des grands-jours, réduits à de simples conjectures, et nous ne pouvons que donner, avec les chroniqueurs contemporains, un état som- maire des condamnations qui furent prononcées et des exécutions qui eurent lieu : « Pendant le laps de temps qu’ils [les magistrats « des grands-jours] furent icy, dit Médicis, furent « exécutés, pour leurs desmérites, comme crimi- « A À £ À TENUS AU PUY. 2065 neux ét bastards de toute vertu, trois qui furent bruslés, ung pendu, quatre qui furent deseapités et escartelés, entre lesquels en y avoit ung qui estoit prebstre, qui fut dégradé au for Tholon cal Nostre-Dame, dix hommes ou femmes fustigés, item furent pendus en efligie ou en portrait, treize; item furent auleuns bannis; aultres firent publiquement esmende honorable; aultres furent esmendables en argent; aultres condamnés et remis en leur ordinaire pour illec estre exécutés, aultres absoubs, aultres après retournés tant à Tholoze que en aultres lieux, desquels n’ay mérite de savoir quelle en sera la fin. * » Ainsi s'exprime Médicis. Burel, son continuateur, -est aussi laconique : « Durant lequel temps furent donnés plusieurs arrest tant civils que criminels dont plusieurs furent exécutés par justice au Martoret; mesme furent bruslés ung nommé Pierre Coste, et plu- sieurs aultres, comme le Seigneur de Montégut et aultres. « Audit an de 1548, ung nommé Pierre Molières, prebstre de Saint-Pierre-le-Monastier, tua ung nommé frère Pharien de Licques, dit Visseguet, religieux de Saint-Laurent, lequel Molières fut constitué prisonnier dans l’évesché ; enfin son À Documents inédits recueillis par M. Francisque Mandet. 366 GRANDS-JOURS « procès, fust condamné par les grands-jours à « manoir dans la prison, où il demeura longtemps, « et enfin brisa les prisons et sortit s’en estant fuy, « et enfin mourust hors du Velay; et lequel Molières « sortit par le brisement des prisons, comme fit avec « lui ung autre prebstre qui fut dégredé et habillé «_en habit de fol; pendant le temps qu’il fut dégredé, « la grande cloche sonnoit et jusques qu’il fut remis « en prison; et comme le lendemain on le voulut « faire mourir, il brisa les prisons. ! » Ainsi, du 1° septembre au 51 octobre, huit condam- nations et huit exécutions capitales par le feu, la potence et le glaive; dix personnes condamnées au fouet; treize pendues par efligie, plusieurs con- damnées au bannissement, d’autres à une amende pécuniaire, à faire amende honorable, sans compter ceux qui furent renvoyés devant leurs juges na- turels ou devant le parlement de Toulouse, tel fut, en 1548, le bilan criminel de la Cour des grands-jours; et, par le récit de Burel, on voit que ces condamnations ne frappèrent pas seulement des, criminels obscurs, mais qu’elles atteignirent des prêtres, comme l’abbé Molières; des nobles , comme. le seigneur de Montégut. Certes, il est facile de comprendre quelle terreur devaient inspirer aux * Mémoire manuscrit par Burec, p. A1; extraits faits par Ms D'AUTHIER SAINT-SAUVEUR, | TENUS AU PUY. 5067 populations ces magistrats souverains, dont les arrêts étaient sans appel, que rien n’arrêtait, quand _ il s'agissait de punir, ni les privilèges de la pro- | fession, ni la noblesse de Ja race, et qui, pour frapper plus vivement les esprits, ne craignaient pas de présider eux-mêmes aux supplices qu'ils avaient ordonnés. En effet, la chronique nous apprend que « à l'exécution de ces justices, par « plusieurs fois furent appelés les seigneurs consuls | « y venir à cheval, auleunes fois avec leurs robes « rouges, et aultres fois avec leurs chaperons et « robes ordinaires. » Mais la Cour des grands-jours n'avait point seu- lement pour mission de condamner des hérétiques et des’ criminels : elle avait encore à réprimer les abus de toute nature qui lui étaient signalés, et à | mettre un terme, par un règlement définitif, aux difficultés nombreuses que soulevait chaque jour l'administration de la justice. Ce fut l’objet de plusieurs arrêts, dont tous, malheureusement, ne nous ont pas été conservés. | Le 12 septembre, la Cour rendit un arrêt par lequel elle fixa la juridiction et la compétence des divers tribunaux existant au Puy et dans le ressort | de la sénéchaussée; le 5 octobre elle donna, par un second arrêt, le tarif des salaires et frais que | Jes notaires et sergents seraient en droit de réclamer pour les actes de leur ministère. Ces deux arrêts, qui seraient si importants pour 968 GRANDS-JOURS notre histoire judiciaire, n’ont point été recueillis par les chroniqueurs contemporains, qui se sont bornés à les mentionner. Malgré toutes nos recher- ches, nous n'avons pu parvenir à en découvrir le texte. Le 51 octobre, sur la requête des consuls, la Cour des grands-joursrendittrois arrêts, dontl’unavaitpour but de pourvoir à lasüreté de la ville, le second concer- nait la police ecclésiastique, et le troisième, enfin, décidait plusieurs questions relatives à l’administra- tion des hospices, le elos Saint-Barthélemi et la maladrerie de Brives, l'éducation de la jeunesse et l'administration des consuls. Dans son ouvrage intitulé : Documents inédits de l'histoire du Velay,— ouvrage où nous avons fait de si nombreux emprunts, —M. Francisque Mandet a textuellement reproduit ces trois arrêts, qui pei- gnent, d’une manière expressive, les mœurs et la physionomie de cette intéressante époque. Ils mé- ritent, à ce titre, d'arrêter notre altention, et nous ne pouvons résister au plaisir d’en donner une sommaire analyse. Nous passerons rapidement sur le premier de ces arrêts. En établissant un guet de nuit et de jour pour la ville du Puy, cet arrêt avait pour but de maintenir dans la eité la paix et le bon ordre, et d'obvier, ainsi que le dit son préambule, aux excès, forces et violences qui s’y commettaient journelle- ment. De là une série de mesures tendant toutes TENUS AU PUY: 569 à ce but : prohibition de porter des armes, d’aller aux tavernes, de faire des jeux publics; défense d'aller de nuit sans lumière ou en portant des lanternes secrètes; obligation pour les consuls de faire sonner tous les jours la retraite à sept heures de nuit, depuis la fête de l’Assomption jusques à Päques, et à huit heures depuis Pâques jusques à la fête de l’Assomption, et, immédiatement après la retraite sonnée, de faire fermer les portes tant de la ville que de la haute ville : puis l'arrêt fixe la manière dont le guet sera composé, désigne l’offi- cier qui devra marcher à sa tête, et « plaçant sous « la sauve-garde et protection du roy et de la Cour « les gens faisant le guet, fait mhibition et défense « aux habitans du Puy, à peine de la hart, de ne « rien entreprendre, ny faire outrage contre eux, « ni à ces fins faire aulcunes assemblées et congré- « gations illicites. » : Comme on le voit, cet arrêt est un véritable règlement de police judiciaire, où figurent néan- moins, à côté des prescriptions destinées à maintenir la sûreté intérieure de la ville, d’autres prescriptions relatives à la police municipale, telles que celle-ci : « est faict inhibition et défense aux manans et « habitans de ladicte ville, ne jeter aulcunes im- « mondices par les fenestres, de nuyt, sous peine « de dix livres. » Le deuxième arrêt, beaucoup plus intéressant à étudier, fut rendu sur la requête du proeureur- = 570 GRANDS-JOURS général de la Cour des grands-jours, après avoir entendu messire François de Sareus, évêque du Puy, Hugues de Coubladour, son vicaire-général, et le syndic de l’église cathédrale : il avait pour but d’obvier « aux abus, désordres et insolences « sur l'administration des saints sacremens, exac- «_ tions indues pour raison d’iceulx et malversations « des gens d'église, tant de l’église cathédrale du « Puy que aultres églises du ressort d’icelle Cour, « à luy dénoncées et résultant des actes et infor- « mations sur ce faits. » Certes, cet arrêt, par les défenses mêmes qu'il renferme, nous révèle d’étranges abus, et nous peint énergiquement le honteux relächement qui s'était introduit dans les mœurs de certains mem- bres du clergé, relâchement d'autant plus funeste à la religion catholique, que la réforme s’en faisait une arme pour la combattre et un prétexte pour l'attaquer. Aussi la Cour des grands-jours ne se borne-t-elle pas à prononcer des défenses générales : elle ordonne encore qu’il sera plus amplement in- formé sur les faits qui lui ont été signalés, et no- tamment elle enjoint « aux sénéchaulx, baillifs, « juges et aultres magistrats du ressort d’ycelle, de bien et duement se informer des femmes vivant « lubriquement avec lesdits prebstres, et procéder contre ycelles selon l'exigence des cas, le tout « par provision et jusques ad ce que aultrement en « soit ordonné. » 2 = TENUS AU PUY: 571 En soumettant ainsi au pouvoir séculier des cas exclusivement réservés à la juridiction ecclésiastique, les grands-jours de 1548 manifestaient hautement la volonté de réprimer des abus qui étaient aussi nuisibles à la religion elle-même qu'à la considé- ration des personnes qui se les permettaient. Veut-on avoir une idée de ces abus? La Cour défend, tant à l’évêque du Puy qu'aux autres évêques du ressort, « de conférer les ordres sacrés ou la « prestise à auleuns, sans au préalable les avoir « bien et duement examinés de leur vie, conver- « sation, sçavoir, et aultres qualités requises sui- « vant la disposition du droit, attendu que, pour « le grand et excessif nombre de prebstres, indifé- « remment reçus tant audict diocèse du Puy que « aultres du ressort de ladicte Cour, par l’igno- « rance et mauvaise vie d’iceulx surviennent jour- « nellement plusieurs scandales, hérésies et aultres « grands inconvéniens. » Défense est faite aux évêques, leurs vicaires et autres ofliciers, d'exiger aueune rétribution pour la promotion aux ordres sacrés; d'enlever aux trésors des fabriques, pendant les visites pastorales, les sommes nécessaires pour les réparations et l’entre- tien des églises; aux évèques, la Cour défend en- core de donner à ferme les revenus et émoluments de leurs évêchés ; enfin, elle leur enjoint de « bien « et diligemment informer et faire informer de la « dissolution, vagations, lubricité et indécences des 372 GRANDS-JOURS aus: * 4 « vestemens desdits prebstres; respectivement pro- « céder contre les coupables de punition exemplaire, « selon les saints décrets. » Pour bien comprendre combien était urgente et nécessaire la réforme morale du clergé, 1l suffit de citer quelques-uns des cas réglementés par larrèt qui nous occupe : « Et pareillement faict ladite Cour inhibition et « défense aux chanoines et habitans d’ycelle église « du Puy, de ne, pendant qu’on fait et célèbre le « divin sacrifice au chœur, vaguer et discourir par « ycelle, ne dehors; et pendant que lon fait la « procession générale du jour du sacre, faire « aulcune intermission, et s’arrester aux rues et « devant aulcune maison, laisser leurs vestemens, « ornemens ecclésiastiques, et s’arrester pour aller « boyre et manger en ycelles. » Nous avons déjà indiqué les différentes matières qui furent réglementées par le troisième arrêt. Des difficultés s'étaient élevées depuis longtemps entre les consuls du Puy et le Chapitre de l’église cathédrale, au sujet de Padministration de l'hôpital Notre-Dame du Puy; ces difficultés furent tranchées par la Cour des grands-jours. L'arrêt accorda au Chapitre le droit de nommer annuellement un où deux chanoines pour gérer les fonds et les revenus de lhospice; mais il ordonna que, chaque année , à la fin de leur gestion, les trésoriers réndraient leurs comptes à une commission présidée par l’évêque du Puy, et ur TENUS AU PUY. k 919 où figureraient, indépendamment des officiers de justice, tels que les baillis de la sénéchaussée et de la cour commune, un ou deux consuls du Puy, ainsi que deux notables de cette ville; en outre, il fut créé un conseil de surveillance, formé de deux personnes, l’une d'église, l’autre séculière, et qui devaient être nommées annuellement par l’évèque, les ofliciers de justice et les consuls. Par son arrêt, la Cour des grands-jours régla également l’admi- nistration des maisons établies pour recevoir les pestiférés et les lépreux : elle créa une taxe à ré- partir sur tous les habitants du Puy sans exception, pour le cas où les revenus de ces maisons ne pour- raient couvrir leurs dépenses, et elle ordonna que les comptes de leurs administrateurs seraient rendus annuellement devant la commission établie pour vérifier ceux de l'hôpital Notre-Dame, laquelle de- vait exercer gratuitement cette fonction. Dans cet arrêt, la Cour s’occupait aussi de l’édu- cation de la jeunesse. Elle décréta que les revenus de l'office fondé sous le nom de « maistre mage », seraient enlevés à celui qui en était pourvu, et consacrés, sous la surveillance des consuls, à payer « maistres, régens pour les écoles d’ycelle ville, « suffisans ydoines, et non suspects d’aulcune secte « d'hérésie. » Enfin, aux consuls eux-mêmes, la Cour des grands-jours accorda, par le même arrêt, des pou- voirs plus étendus que ceux dont ils jouissaient déjà. TOME XVI. 24 574 éRANDS-JOURS Elle leur donna la connaissance de toutes-les affaires concernant la police de la cité, « auxquelles affaires « de police leur sera permis et loysible user de « comminations, commandemens et injonctions, de « mulcter et esmender contre les rebelles et dés- « obéyssans, et aussy de pouvoir saysir et prendre « au corps, et conduire ès-prisons dé la Court « commune ou de la temporalité, ceux qui se trou- « veront, contre les arrests et prohibitions, aller « aux tavernes, tenir jeux publics et exerçant escan- « dales, pour, par les officiers desdites Cours com- « mune et temporelle, estre procédé à la déclairation « des peines et mulctes et punition des rebelles et « des délinquans, selon l’exigence des cas. » Il fut ordonné que, devant les baillis et juges de la Cour commune, en présence du procureur du roi, les consuls, sortant de charge, rendraient compte annuellement de leur administration; la méme obligation fut imposée aux personnes qui, dans les dix années précédentes, avaient été élévées au consulat. Comme la co-existence de deux justices rivales, — Ja justice épiscopale, représentée par le bailli et les ofliciers de la Cour commune, et la justice royale, représentée par les ofliciers de la séné- chaussée, qui jugeaient alternativement et se rem- plaçaient chaque année, — entrainait des Jenteurs, surtout dans les affaires criminelles, la Cour or- donna que le roi en serait informé; et, en attendant, TRNUS AU PUY. 519 et par provision, elle décida que la justice se ren- drait simultanément par les officiers tant du roi que de l’évêque, et que les lettres de justice porteraient les noms de tous les officiers, en commencant par le bailli du roi, puis celui de l’évêque, la préséance étant ainsi donnée à la justice royale. . Telles sont les notions que nous avons recueillies sur les grands-jours de 1548. Quoiqu’elles soient bien incomplètes, elles nous permettent cependant d'apprécier l'importance de cette institution, et de signaler l'influence qu’elle dut nécessairement exercer dans les provinces où elle fut appelée à fonctionner. Nous voyons en effet, par l’ensemble des mesures qui furent prises en 1548, qu’une Cour des grands- jours embrassait toutes les matières et tranchait toutes les questions; que, des diflicultés les plus ardues de l’administration et de la discipline reli- gieuse, elle descendait aux détails les plus infimes de la police municipale; que tous les privilèges de rang, de famille, de profession, disparaissaient de- vant elle; et que, souveraine dépositaire du pouvoir royal, à la fois cour criminelle et tribunal admi- nistratif, elle jugeait sans appel les coupables déférés à sa justice, les hérétiques dont l’existence était un danger pour l'Etat, et les pouvoirs de toute nature qui s’éloignaient du but de leur institution. 576 &RANDS-JOURS - II. GRANDS-JOURS DE 1666. Nous l'avons déjà remarqué : en 1548, le désit de combattre la réforme et d’extirper l’hérésie, fut le principal motif qui détermina Henri II à établir au Puy une Cour des grands-jours. Lorsqu’en 1666, Louis XIV crut devoir, à son tour, relever dans la même ville ce tribunal suprême, il obéit à une autre pensée et poursuivit un autre but. Délivré par la mort du cardinal Mazarin [1661], d’un ministre qui le gènait, Louis XIV avait pris l'administration de son royaume; et en même temps qu’il cherchait à en reculer les limites par la force des armes, il essayait de mettre fin aux désordres de toute espèce que les guerres civiles y avaient multipliés. Ce prince, qui avait une si haute idée de lui-même, qui croyait que tout devait trembler devant sa puissance, et qui avait appris, par les troubles de la Fronde, à redouter l'esprit turbulent et altier d’une noblesse accoutumée à se mettre au dessus des lois, voulut, par l’'imposant appareil et l'autorité extraordinaire des Cours des grands-jours, rendre à la justice toute sa force, et à l'autorité royale tout son prestige aux yeux des populations qui ne la connaissaient plus. C’est dans ce but que des Cours des grands- jours furent envoyées à Clermont en 1665, au Puy en 1666: elles le furent pour soulager le peuple, TENUS AU PUY. 977 effrayer les grands, et apprendre à tous que désormais il ne devait plus y avoir en France d'autre puissance que celle du roi, d’autre volonté que sa volonté souveraine. La relation des grands-jours qui se tinrent au Puyen 1666, sera malheureusement beaucoup plus incomplète que celle que nous avons donnée des grands-jours de 1548; car nous n'avons trouvé, malgré toutes nos recherches, que fort peu de documents. M. le docteur Arnaud, qui, dans son Histoire du Velay, traite avec assez de détails les grands-jours de 1548, n’a consacré à ceux de 1666 que cette courte mention chronologique : « La Cour des grands-jours fut tenue au Puy au « mois de novembre suivant : elle régla divers objets « concernant les audiences de la sénéchaussée du « Puy. » M. Mandet n’a point porté sur eette partie des annales du Velay ses lumineuses recherches et sa sagacité d’érudit; enfin, nous ne sachons pas qu’au- eune de nos bibliothèques renferme le récit de chroniqueurs contemporains, peigoant, avec le lan- gage naïf de l’époque, la physionomie des grands- jours de 1666. Nous nous bornerons done, pour raconter les grands-jours de 1666, à analyser les seuls docu- ments que nous sommes parvenus à découvrir, nous réservant de compléter cette étude, nécessai- jement fort incomplète, dans le cas où un heureux 578 GRANDS-JOURS hasard mettrait à notre disposition de nouveaux documents. Le 24 août 1666, par des lettres-patentes données à Vincennes, Louis XIV établit au Puy une Cour des grands-jours ; il donna le lendemain, 25, de nouvelles lettres qui commettaient, pour composer cette Cour, plusieurs magistrats du parlement de Toulouse. Ces lettres furent enregistrées en ce par- lement, le 6 septembre suivant. Le motif pour lequel Louis XIV instituait au Puy ce tribunal extraordinaire, — motif que nous avons déjà fait entrevoir en commençant ,—est nettement indiqué dans le préambule de la déclaration du 24 août 1666 : La licence des guerres étrangères et civiles qui « ont mis en désolation notre royaume, ayant non « seulement affaibli la force des lois et la vigueur des « ordonnances, maisencore produit uneiufinité d'abus « tant en l’administration de nos finances qu’en la « distribution de la justice, le premier et prineipal « objet que nous nous sommes proposé dans lac- « complissement de nos conquêtes; comme nous « sommes informé que le désordre est plus grand « dans les provinces éloignées du lieu de notre « résidence ordinaire; que les lois y sont méprisées, « les peuples exposés à toutes sortes de violences et « oppressions; que les personnes faibles et misé- « rables ne trouvent aucun secours dans l'autorité « et la justice; que les gentilshommes abusent sou- TENUS AU PUY. 1% « vent de leur crédit pour commettre des actions « indignes de leur naissance, et que d'ailleurs la « faiblesse des officiers est si grande, que, ne pou- « vant résister à toutes ces vexations, les crimes « demeurent impunis; pour rémédier à tous ces « désordres, dont le progrès pourrait, par succes- « sion des temps, diminuer notre puissance royale, « affaiblir la juridiction de nos Cours souveraines, « nous avons résolu d'établir une juridiction ou une « Cour vulgairement appelée des grands-Jours, et « faire tenir et exercer cette présente année en « notre ville du Puy-en-Velay. » Ainsi qu’il était d’usage, les mêmes lettres fixaient la juridiction de cette Cour, et le temps pendant lequel elle devait fonctionner. Les grands-jours étaient institués pour les provinces du Vivarais, du Gévaudan et du Rouergue, et les sénéchaussées de Nimes, Rhodez, Villefranche et le Puy. Toutes les affaires tant civiles que criminelles de ces provinces, y compris celles concernant les membres de Ja religion réformée, devaient leur être soumises, de même que la connaissance de tous les abus, fautes, malversations et négligences imputés aux officiers de ces différents ressorts. La Cour devait juger en dernier ressort, sans distinction de personnes, toutes les affaires portées devant elle, et réformer tous les abus qui lui seraient signalés. Pour accélérer l'instruction des affaires criminelles qui devaient être jugées avant les affaires civiles, il 580 GRANDS-JOURS était enjoint à tous baillis, sénéchaux , juges-mages, magistrats, lieutenants-généraux et particuliers, et à tous autres juges du ressort de la Cour des grands- jours, d'informer successivement des meurtres, rapts, violences et concussions commis tant par les ofliciers publics que par toutes autres personnes; permission était accordée au procureur-général de faire publier tous monitoires, et d'en obtenir des archevêques, évêques et prélats du ressort de la Cour des grands-jours, afin de contraindre toutes personnes à révéler les rimes à leur connaissance. Ces monitoires devaient être publiés sans intermis- sion par les curés, vicaires et autres ayant pouvoir de ce faire, et il était enjoint à ces derniers d’en- voyer sur-le-champ les révélations qu'on leur aurait faites au substitut du procureur-général, au plus prochain siège royal, à peine de saisie de leur temporel et d’une amende arbitraire. La Cour des grands-jours devait se tenir au Puy du 25 septembre au 50 novembre 1666, et, si les circonstances J’exigeaient, elle était autorisée à se transporter successivement dans toutes les villes principales des provinces pour lesquelles elle était instituée. Elle était composée du premier président du parlement de Toulouse, d’un second président et de douze conseillers pris parmi les membres du mème parlement. Le proeureur-général au parlement de Toulouse, assisté d’un substitut, devait porter la parole. TENUS AU PUY. 51 Le lendemain 25 août 1666, de nouvelles lettres- patentes nommèrent les magistrats qui devaient siéger aux grands-jours. La Cour fut composée : De messire de Fioubet, premier président au parlement de Toulouse; De sire de Puget, président au même parlement; De MM. de Boisset, Chanlet, Presentis, Vonand, Alatournelle, de Bootier, de Buota, de Lacrioultier, Drulhet d’Agret, Tiffaux de Rességuier, de Cathelan, Dupuy-Delong, conseillers au parlement de Toulouse. Le roi nomma, pour porter la parole aux grands- jours et y requérir en son nom, messire de Torreil, procureur-général au parlement de Toulouse. Les sieurs de Beignet et Cordurier furent désignés pour remplir les fonctions de grefliers. Les lettres-patentes qui nommaient ces magistrats leur ordonnaient de se rendre « incessamment » en la ville du Puy, pour y tenir les grands-jours; elles enjoignaient aussi au prévôt-géréral des maréchaux de se transporter sur les lieux, pour veiller à l’exé- eution des arrêts et des jugements qui seraient rendus. Ces lettres-patentes furent enregistrées au parle- ment de Toulouse, suivant un arrêt rendu, toutes les chambres réunies, le 6 septembre suivant; ct vers la fin du mois, la ville du Puy, à plus d’un siècle de distance, vit se renouveler dans ses murs ces grandes scènes judiciaires qui avaient si vive- ment impressionné, en 1548, l'imagination popu- 582 GRANDS JOURS laire, et dont les chroniqueurs de cette époque nous ont laissé un si piquant tableau. Les histoires locales ne fournissent aucun ren- seignement sur les honneurs qui furent rendus aux magistrats qui, en 1666, vinrent tenir les grands- jours; et nous ignorons également le nombre et la nature des accusations qui furent portées devant eux. Toutefois, nous ne pouvons douter que la ville du Puy n’ait fait à ces magistrats la réception la plus brillante, et que tous les honneurs dus à une Cour souveraine ne leur aient été rendus. Cer- tainement Mgr Armand de Béthune, qui oceupait à cette époque le siège épiscopal du Puy, où il avait été promu en 1665, vint les recevoir proces- sionnellement à la tête de son clergé; et, à leur ‘entrée dans la ville, messire Marcellin de Fillère, juge-mage en la sénéchaussée du Puy, accompagné de ses conseillers, le baiïlli de la Cour commune et ses ofliciers, puis les consuls Gu Puy, ayant à. leur tête sire de Vachon, premier consul, ne man- quèrent pas d'adresser à la Cour, comme il était d'usage à cette époque, de belles harangues bien étudiées : assurément les fauconneaux de Corneille et les canons des remparts tirèrent en leur honneur; et une population nombreuse cria noë sur leur passage. Toutes ces cérémonies, si intéressantes lorsque c’est un témoin oculaire qui les raconte nous ne pouvons malheureusement: qu'en donner une idée a — — TENUS AU PUY. 389 affaiblie, privé comme nous le sommes de toute espèce de renseignements. Nous ne pouvons égale- ment connaître que par induction les affaires qui furent portées aux grands-jours. Cependant, si l’on en juge par ce qui s'était passé l’année précédente à Clermont, où douze mille affaires furent soumises à un tribunal de même nature; si Pon en juge surtout par le monitoire qui fut donné dans le Velay à l’occasion des grands-jours de 1666, ces affaires durent être nombreuses et importantes, et bien des drames émouvants durent se dérouler devant la Cour. En effet, nous avons vu dans les lettres-patentes de 1666 que, pour rendre plus rapides et plus sûres les informations, permission était donnée au proeureur-général près la Cour des grands-jours, de publier tous monitoires, et d’en obtenir des archevêques, évêques et prélats, dont Fautorité spirituelle embrassait les provinces comprises dans le ressort des grands-jours. Dans notre ancien droit, on appelait moniltoire [du mot latin monitio|, un commandement solennel que l'Eglise faisait à tous les fidèles de déclarer, sous peine d’excommunication, ce qu’ils pouvaient savoir sur certains faits importants ou criminels dont la justice poursuivait la répression. Il est facile de voir qu’un pareil mode d’information qui-asso- . ciait à la découverte des crimes la religion et ses .Munistres, ne devait s'ordonner que dans des cas 584 GRANDS-JOURS fort rares; car la sanction qui lui était donnée, lexcommunieation, ne permettait pas de l’employer légèrement. C'était, en effet, quelque chose de bien imposant qu’une instruction par monitoire : sur la réquisition des juges royaux, les archevèques et les évêques, par le ministère de leurs officiers diocé- sains, décernaient des lettres énumérant les faits sur lesquels la justice tenait à être instruite, et par lesquelles ils enjoignaient à tous les fidèles de révéler ce qu’ils pouvaient savoir sur les faits qui leur étaient signalés. Ces lettres, adressées à toutes les églises du diocèse, étaient lues au prône de la messe parois- siale; elles étaient aflichées à la porte des églises et sur les places publiques; et, sous peine d’ex- communication, tous les fidèles étaient tenus de révéler aux curés et vicaires qui publiaient ces let- tres, les faits qui étaient à leur connaissance. Dans les idées du temps, avec les mœurs si pro-- fondément religieuses du dix-septième siècle, on comprend combien était puissant ce mode d’infor- mation que l'ordonnance du 24 août 1666 mettait à la disposition des magistrats des grands-jours. Nous possédons le monitoire qui fut publié en 4666 : il a, pour notre instruction, survécu aux, circonstances qui l'avaient fait rendre. Tableau élo- quent, mais malheureusement trop fidèle de la so- ciété à celte époque, nous aurions voulu reproduire dans toute son étendue ce précieux document ; mas. TENUS- AU PUY. 380 sa longueur s'y oppose, et nous avons dü nous borner à ne donner seulement que les passages prin- cipaux, ceux-là surtout qui peignent le mieux la physionomie morale du temps : « De l'autorité de Mgr l’oflicial du Puy, et par permission de la chambre des grands-jours establie dans la ville du Puy-en-Velay et ressort du parle- ment de Tholoze, suivant la déclaration du roy à Ja requeste de Mgr le procureur-général du roy en ycelles, soient admonestées toutes et chacunes les personnes qui ont vu fayre et donner les dommages SUIVANS : « Contre toutes personnes de quelque âge, estat ‘ou condition qu’elles soient et qu’elles sauront de ‘certaine science pour l'avoir veu, ouy dire, ou aultrement: « Quels sont les personnages qui ont commis ou faict commettre des meurtres et assassinats, pillages de jour et de nuïct, rapts, violences de femmes, filles ou religieuses, yneendies, violences, voyes de faict et aultres crimes ; « Ceux qui se sont battus en duel, qui ont porté ou faict porter des paroles ou cartels de défy pour se battre; « Qui sont ceulx qui ont retiré, recelé et cherché à cacher les corps des personnes tuées en duel, ou presté aultrement leur secours et ministère pour N N —410 Ja nuit, O-N-0 en bas le matin. 6 (0 N-N-0 7 | N-N-E | N-N-E |—20 la nuit et neige, O-N-0 le matin 8 0 S-0 —49 la nuit, un peu de neige le m. 9 N-N-E N-N-E |—50 Ja nuit, pluie la n. et neige le m 10 N E-N-E [00 la nuit et quelques atomes de neige 41 0-S-0 0 qqs cumulus blancs à midi. 42 0 O0 —109 Ja nuit, forte gelée. 15 0 (0) —100 idem. 44 | N-N-E N-N-E |—50 idem, N-E après midi. 45 N-E E-S-L |—5o idem. 46 (D O0 47 0 0 —80 idem. 18 O0 0 —8o idem, qqs vap. à l'horizon à midi 49 0 0 —8o idem , forte gelée c. les j. précéd. 20 (0) O0 —8o idem. 21 0 0 — 20 idem, le vent tournant au sud. 22 | O-N-0 | O-N-0 |—10 idem, assez beau. 23 |. E-S-E E-S-E |—4° idem. 24 S-E S-E |—40, 5 idem. 25 S S +50, à idem. 26 N N +10, 5. 27 | N-N-E | N-N-E |—5o idem et un peu de neige. 28 | N-N-E | N-N-E |-6°, 4 idem. ————————— ————…——_—— Température la’plus base du mois, les 12 et 45.—10° 468 OBSERVATIONS MARS. cuve er lle 2 Es |ielie| 2 S x SSI ë A OM ETS centigr 1 0,8 » » 82,0 2 0,4 » » 84,0 3 0,4 | 1,290]! « 82,0 4 -3,0 » » 84,0 b) 4,1 » 6,52 | 84,0 61698,21 4,9 | 4450! 5,24 | 88,0 71799, 5,0 | 0,550! 5,53 | 87,0 81704,70 4,5 » » 87,0 9 2,0 » 2,25 | 84,0 10/705,00 4,0 | 0,194! 0,45 | 86,0 141708,44 4,0 | 3,000 10,24 | 86,0 12170410 8,7 » 0,140 | 85,0 151706,55 6, » 3,15 |85,0 14 7,0 » 0,2 |84,5 151704,95 8,0 » 5,00 |85,0 161707,93 8,0 » » 85,0 171707, 414,0 | 5,250! 0,14 |86,0 18/710,98| 44,0 » 0,70 |87,0 49 709,77 41 À » » 85,5 20 44,0 » » 85,0 2 : 44,0 » » 85,0 221695,89| 42,0 | 4,145] 5,06 | 84,0 2 8,5 » 5,56 | 85,0 24170 8,5 | 6,261] 8,57 |84,0 25|707,61 9,5 » 0,62 | 85,0 2 45,5 » » 85,0 27|709,61 9,5 111,500! 5,52 | 85,0 28]744,50| 12,6 | 0,405| 0,18 | 87,0 291740,05| 45,5 » » 86,0 30|706,0 15,2 » » 87,0 311709,75 5,5 | 0,500! 5,59 | 85,0 ÉTAT DU CIEL A MIDI. couvert, qqs éclaire. neige peu épaisse très beau, qqs r. em. neige peu abondante très beau couvert atomes de neige couvert très beau, qqs cm. ho atomes de neige gr. em. blancs épars beau, mais lég. voilé grandscumulus épars très beau couvert éclaircies qqs écl., génér. couv. idem éclaircies, em. n. balayur. oucr.st. ép. éclaircies, em. n. idem couvert, cm. n. qqs éclaircies, em. n. éclaircies, em. idem nuageux cn. épars nuageux assez beau, cm. ép. nuageux neige et éclaircies 7,25 56,974 66,12 85,49 moyennes du mois. 0 MÉTÉOROLOGIQUES . 469 MARS. CL CP RE PRE TE ARS PI JT PORN QU SRE PT PETER SEINE RP PE SRE SEC pe & | pmecrion MON à de S rue al OBSERVATIONS Q es nuages B |éurieure | supérieurs. diverses. e] ms RE NT TE ER DR UE EE ER TE ADMET ERRERR AUS 4 | N-N-E | N-N-E | 8Solan., atomes de neige ap. midi. 2 | N-N-E N-NE |—5o, 5 id. et neige peletonnée. 5 0 N-N-E |—120 la nuit. 4 0 N-N-E |—119,5 la nuit. D 0 N-N-£ gelée. 6 0 N-N-0 20 Ja nuit. 7 | O-N-0 N-N-O |-—2° la nuit et neige peu abondante. 8 | N-N-0 | N-N-O |—2 id. et grésil. 9 | N-N-E | N-N-E |-—8o idem. 40 S S-S-O |— 10 idem. 41 0 N-0 |yelée et neige la nuit, fond à midi. 42 0 N-N-O |—40 la o. et tr. lég.c. de n. p. le s.p.S 15 (Ù N-O |—:10 Ja nuit. 14 0 OO |—%olan., gelée bl., E. en bas. 15 NIPS=S-E S-S-E 16 0 N-N-O |—320 la nuit. 17 (0) (D 18 0 0 +59 la nuit. 49 _0 (où +40 la nuit. 20 S-E S-E |-—4{0 Ja nuit. 21 S-E S-E assez fort, —20 la n., pluie le s. par O. 22 S-E C vitesse du vent—6"87, gib. à 8 h.dus 25 É E +40 [a nuit. 24 | O-S-0 0 Oid., leg. e. den.s.h., g.de pl. à41h 25 0 N-O |+00,5 la nuit. 26 S-E S-E 27 0 0 +00,5 la nuit. 28 0 O-N-0 {+60 idem. 29 0 0 +49 idem. 50 0 S-S-0 H-20,5 idem, petite pluie à midi etdem, 51 0 N-0 20 1 Température la plus basse du mois, le 5. — 129 TOME XVI: 50 70 OBSERVATIONS - AVRIL, GT TA EE 2 © Ace a 3 #13 SINEE 7 AIRE, SUIS ETAT DU CIEL 8 £s$l ÊS, | Éa | 3/0 = Æ LE 5 = 5 À E A MIDI. LS — TS 1 11701,52 9,2 » 0,90 |83,5 | beau, em. épars A] 21711,59] 12,8 » 0,12 |85,5 |balayures, lég. er. st 51711,50| 15,0 » 0,18 185,0 cumulus épars 41707,51 #,9 0,500! 2,94 |85,0 ‘cm. n. ép., qqs él. | 5 705. Cr à RG » 0,40 |85,0 idem 4! 61705,52 9,0 » 0,10 |S82,5 |eirrh.lég.delOà l'E 7 701,27 12,5 » » |82,0 balayures , hz. 81699,58 97 » » 84,0 voilé 91700, 91 7,8 2,452 | 5,95 |85,0 voilé 1101705, 54 9,2 | 2,060! 5,59 | 86,2 |couv.p.pl. del0à41 D 141701 ,5 11,5 | 0,500 | 0,12 |88,0 bruine 112 700 92 15,8 | 0,150 | 4,62 |91,0 couvert 1151705,45| 16,2 » 5,42 |90,0 | couv., qqs éel. Cn 1141702,58! 18,1 » » 87,5 | grands cum. épars 1151705,69| 19,0 | 0,855 » [86,0 |nim.auzén.ethetn 1161705,65| 17,1 5,900 | 0,78 |86,0 | beau, q. CM h. 1171706,91 |: 22,2 » » [86,5 |beau, lépèrem. voilé A 1S1708,67 | 21,0 » » 85,5 |beau, qqs CM. épars 1191708,67 | 24,7 » » |84,0 beau, qqs em. 11201705,121 20,0 » » 855 voilé p. unst. génér. 211704,20| 16,5 | 6,677 | 2,44 |88,0 petite pluie 4122170,161! 16,4 | 8,855| 4,12 |87,0 couvert n H25170,298 | 20,6 6,000! 9,63 |87,0 éclaircies 24 701,42! 49,5 » 4,74 86,5 éclaire. CM. ép. hz. 41251694,89 8,0 |24,540 17,65 |87,0 jpl. dep. lem. etlan. : 26 705,75 8,2 | 2,500 14,20 |85,0 |couv., bruine le m. H127 695,04 15,5 1,500 » 86 éclaircies, em. n. h. H1281699,87| 10,5 | 1,000! 4,05 [85,0 |éclaire., CM ép.. hz. 29/704,75 7,8 » 0,50 |85,5 em. épars hz. 30/707,04| 10,2 » 0,40 |85,0 CM. épars hz. —_—__—_—_—_—_—_—_—— 705,79 15,81 60,809 80,65 84,05 moyennes du mois. = de si MÉTÉOROLOGIQUES. 71 AVRIL. = É 2 | DIRECTION | pyrecTioN OBSERVATIONS A .de des nuages f 2 Ja girouette supérieurs. diverses. B | supérieure. La] | 1 | O-N-0 N-N-0 lumière zodiacale à 8 h. du soir. 2 | E-S-E O-N-0 |0-N-0 en bas, gelée blanche le matin. 5 | O-N-0 | O-N-0 scléebk. le m., E-S-E un inst. av. midi 4 | O-N-O | N-N-0 |Eo Ja nuit. B] O-N-0 N1-N-0 —10 Ja nuit, atomes de n. à 41 h. m.|8 6 | E-N-E | O-N°0 |—5°,5 la nuit, gelce. 7 N-E O-N-0 |—00,5lan., 5c.den.: s-0, 0-x-0, Nint. 8 N-E O-N-0 {80 la nuit. ; 9 | O-N-0 O-N-0 |09Ja nuit, N-E o-s-0, un peu de neigela|f 10 N-E S-0 nuit, surtout sur les hauteurs. 11 0-S-0 0 E-S-E en bas. 12 E S bruine le matin , premiere hirondelle. |R 15 E S-S-0. |S-E en bas, + ° lan., {re fir de sycom.|# 44 | S-S-0 S-S-O [lilas en petites feuilles. 45 | E-S-E E-S-E |orage par s-0, £-s-E, N-0 intermédiaire, |f 16 S-S-E S S-E tonnerre à 41 h. 574, petite pl. à gr. g. |} 17 S- S-S-0 18 S-F S-0 tr. fort, sa vit.—8"54, feuil. aux arb. tonnerre et petite grêle à 4 h. 472 du s.[k aubépine en feuilles. S-E en bas le matin. +4j20.la nuit. 4% Ja nuit, un peu de neige dans la m. +49 Ja nuit. 472 Jours DU MOIS SHOADGROID—= 110 50 ET Baromètre à zéro 704,44 700,55 705,68 699,10 705,01 704,94 705,83 702,10 702,75 702,75 699,02 705,79 707,45 706,76 707,68 709,14 706,57 708,26 740,26 715,02 745,15 2|705,52 714,78 744,57 714,15 700,41 704,46 1128 1706,55 PIRE 712,97 712,78 OBSERVATIONS MAI. . © er - mn = à © = = , ÊS | £&|£S | S | ÉTAT DU CIEL È Ê 2 É É É A MIDI Es ® > =] E A centigr. 11,1 0,571 0,85 |85,1 légers cirrhus 10,4 0,855 | 1,78 | 84,0 couvert n 9,4 5,526| 49,55 | 84,5 em épars h 15,6 » » 86,8 | éclaircies CMn h 9,9 » 4,10 | 86,0 | éclaircies CM st hz 9,9 » » 85,0 | éclaircies CM hz 42,0 » » 85,0 CM épars h 9,1 5,500! 4,10190,0 |bruine toute la mat. 15,8 1,840 | 5,10 | 86,0 [lépèrem. voilé Cr CM 44,5 » 0,26 | 87,0 |couvert, ggeséclaire. 8,4 122,000 | 29,45 | 88,0 pluie 15,5 14,274 | 41,81 | 87,ù éclaircies CMN 414,2 0,500 | 7,50 | 89,5 |éclaire CM z CMN h 7,3 4,000 | 40,28 | 88,0 petite pluie 7,8 |11,000! 4,08 | 90,0 |petitepluie dep. le m 40,9 2,000 » 89,0 | légerement couvert 15,5 » 0,10 | 86,0 CM épars hz 17,0 » » 85,0 | CM épars, beau. 17,0 » » 87,ù |éclaire., CMN épars 42,6 » 0,52 | 85,0 idem 16,5 » 0,10 | 84,0 | beau, CM épars 15,4 » » 86,0 couvert 19,5 » » 88,0 | assez b., CM ép. he 22,9 » » 86,0 |beau , CM épars, he 20,8 » » 84,0 jt. beau, qqsst lég. ép 22,5 » » 85,0 |lég. v. qqs lég. emst 12,9 11,500 | 48,65 | 86,0 couvert, cmn hz 4100 110,500 | 12,58 | 86,0 idem 42,0 0,509 | 5,99 | 87,0 idem 15,8 » » 86,5 |beau, qqs CM cp. hz 18,4 » » 88,5 |beau, qqs CM ép. h 86,566 155,70 moyennes du mois. a 4 MÉTÉOROLOGIQUES. 173 MAI. n 2 DIRECTION | DIRECTION OBSERVATIONS = 1 de des nuages u a girouette | à res SL LR 5 |supérieure. supérieurs. diverses. ESS Cemenmencerecr | sureseecrone-cen | eos mn mme | |] O-N-0 N-0 [0 en haut, gouttes de pluie à 9 h. du À 0-S-0 O-S-O |m.; id. le soir à 6 h, O-N-0 N-0 L O-S-0 0 —19, 5 la nuit ,—gelée blanche. O-N-0 | O-S-0 O-N- -N-0 N-0 |—20 la nuit,—gelce blanche. A NE |—50 id. id. N-E $ bruine la nuit. E S —20 Ja nuit ,—halo le soir. 1 S-S-E S-E {O0 plus haut encore. 1 0 (où S-E le m., pluie la nuit et le matin, 1 E 0 0 partout après midi. 15 0 0 14 N-0 N-0 15 O-N-0 N-N-O ncige sur les hauteurs. 16 | O-N-0 N-N-E pluie le matin. 47 | N-NO N faible gelée blanche, N-E le matin. 18 \-E NE 49 O-N-0 | N-N-0 20 O-N-0 N-N-0 21 N-N-E | N-N-0 22, |, N-N-E N-0 25 N-E N-E 24 E-N-E N 25 E-N:] N 26 | O-N-0 0 gouttes de pluie à 5 h. 412 du s. 27 N-N-E N-N-ÆE pluie la nuit. 28 N-N- N-N-O {vent froid, pluie la nuit et le matin. 29 E-N-E N-N-E 50 | E-N-E N-N-E 51 E N-N-E Température la plus basse du mois, le7 ; — 50 ja nuit. 474 OBSERVATIONS JUIN. LE AIMÉ JAN à # ÉTAT DU CIEL NÉE) ÆaU£E lŒS UN 5 5 5 # 5 = BA = A MIDI. centigr. 41744,47| 22,8 » » [85,5 beau, qqs CM épars 21709,45| 49,5 5,887 » 86,5 pluie fine dep. 41 h 5|706,70| 24,5 » 6,50 | 82,5 |beau, qqs CM ép. hz 4 706,57 22,6 » » 84,0 beau, CM ép. h oe 0|707,07| 22,5 | 6,555| 0,98 | 85,0 | gr. éc. CMN ép. hz 61709,48| 20,0 » 24,50 | 87,0 idem 71715,60! 20,5 » » 85,0 beau, CM épars 8]715,00 | 20,2 » » 86,5 | légerement couvert 91745,68| 21,0 » » 85,0 |beau, qqs r. cum. h. 401706,54| 20,6 » » 86,0 |beau, qqs CM cp. hz. 4141709,46| 47,0 » 0,58 |82,5 |beau, qqs CM. épars H1421709,07 | 24,6 » » 85,0 | très beau, ciel pur 4151710,47 | 24,7 » » 85,0 |gr. éclaire., CMNép. 4141744,47| 25,1 » » 84,0 beau, CM épars H1151715,08 | 18,0 » » 85,0 |légèrem. e., qqs écl. 4461745,92| 25,7 » » 85,5 [tres beau, ciel pur. 17174546] 20,7 | 0,094 | 4,22 |85,5 |assez beau, CM cp. z. ï 481746,76 17,9 » » 78,0 {rès beau B1191745,07 | 22,5 » » | 82,0 très beau ê 20 712,47 24,2 » » 85,0 {très beau E H1211709,90 | 25,0 » » | 80,0 |tr. beau, qqs r. em. ( 1221707,84| 21,5 112,109 » | 82,0 | légèrement couvert 412517141,97| 46,1 0,440 | 45,48 | 85,0 couvert 241712,65| 46,5 » 0,60 | 82,0 |q. éc. CMN nomb, bz H251715,42| 20,0 » » 81,8 {rès beau 1 26 711,40 25,5 » » 83,0 tres beau R271710,57| 26,6 » » 84,0 {rès beau 41281708,44 | 27,5 » » 85,0 {res beau H1291/715,55| 29,4 » » 81,0 |tr. beau, q. r. em 70 450709,59| 354,0 » » 85,0 beau, qqe CM z oo TAAA7T 22,25 22,585 47,86 85,47 moyennes du mois. | MÉTÉOROLOGIQUES. 475 JUIN. CEE TER KP PEER PRES CRIS MESSE SEE À DIRECTION | DIRECTION OBSERVATIONS A ue: des nuages. diverses. © 4 4 E-S-E E peupliers en feuilles vert tendre : celles Ê 2 -E 0 du platane commencent, 3 | S-S-0 -0 4 E-S-E O-S-O {pluie à 7 h. 20 m. du soir. Be S S-S-0 6 | E-N-E E 7 | N-N-E N 8 0 N-0 Fe : s à a aube du jour à 2 h. 20 m. 41 O-N-0 O-N-0 42 | E-S-E E-S-E 45 | O-N-0 0 14 | O-N-0 0 de RE ne platane à pleines feuilles. 6 EL -E \- 47 | O-N-0 O-N-0 |souttes de pluie le matin. 18 N-E N-E {un peu de vent. 49 N-E E-S-E 20 S S 24 S-E S-E 22 E-S-E S-0 pluie toute la soirée, 23 N-0 N-O {pluie fine le matin. 24 N-E N N-0 le matin. 25 N-E N-E 26 | N-N-E N 27 N-E N-E ; à re brise. 2 lég 29 S-0 O-S-0O |S-S-0 le matin. Température la plus basse du mois. + 4° 476 OBSERVATIONS JUILLET. | à © = à our 5 ÿ ? £ | À$ Es |2£s| ETAT DU CIEL 2| Bas | £é | ae S2| $ ILE & ë # rSiRss ENT an A MIDI. 8 a El © nm D 3 = | téntigr. 41708,52| 26,7 » » 85,0 |pouttes de pluie 21706,79| 149,2 M8,590 11,81 | 82,5 |légèrem. c., q. MN 51704,65| 18,4 | 5,958! 5,62 | 84,0 |légerem. couv., CMN 41707,55| 21,0 | 5,590! 7,20 | 85,0 \qqs éclaircies, CMN 5|706,45| 25,0 » 0,90 | 86,0 lassez beau, CMN ép. 61709,48| 24,5 » » 85,0 éclaircies, CMN 71709,57| 24,0 » » 86,0 |tr. b., qqs r. em ho 81705,52| 20,5 | 2,188 17,58 | 86,0 | lépèrement couvert 91705,02| 21,2 » 5,40 | 85,0 | éclaircies, CMN 0|705,55| 17,0 | 0,590| » |85,0 idem 11742,25| 146,5 | 4,125| 0,78 | 85,0 | légèrement couvert ! 21709,44| 49,0 » » 85,0 | grandes éclaircies. 5|706,64| 25,5 » » 86,0 \beau, qqs r. em. hz 41705,68| 24,8 » » 82,0 |beau, CM épars, hz. d|707,40| 18,8 » 4,75 |82,0 | beau, rares em. h. 61704,57| 24,0 » » 85,0 |gr. éclairc., em. hz. 71701,64| 17,5 115,500! 5,88 |85,0 pluie fine 181705,09| 148,7 | 7,781| 8,50 | 84,0 | éclaircies, emn hz 19/711,22| 20,1 » 7,25 | 84,0 jassez beau, em ép. hz 201709,82| 25,5 » » 84,0 | tres beau, ciel pur 211709,50| 29,1 » » 85,0 |tr. beau, q. r. em ho 221708,58| 27,7 | 1,455| 4,25 | 85,0 |pr. éclaircies, em ép. 25|701,76| 26,6 » » 81,0 |voilé par de lég. er. 01241705,06| 24,0 | 1,544| 2,50 | 82,0 | beau, qqs cm épars 25/70278| 21,6 | 1,875] 2,52 | 85,0 | éclaircies, CMN hz 261705,148| 16,2 | 5,000! 5,52 | 85,0 |or. éclairc., emst e. 27|709,97| 20,2 | 0,500! 0,30 | 85,0 jgr. écl., CMN ho é. 281709,50| 24,6 » » 84,0 | très beau, ciel pur 291706,28| 28,4 » » 86,0 lassez beau, CM cr ép 501705,59| 149,0 | 1,922! 4,64 | 84,0 | éclaircies, CMN 511704:77| 455 | 5,5005,00 | 84,0 Couvert 706,75 21,20 64,496 101,78 85,7 moyennes du mois. ——————— URS DU MOIS. Lo SHOADTGROID = MÉTÉOROLOGIQUES. 477 DIRECTION | DIRECTION 1 de des nuages cIponene supérieurs. supérieure. O-N-0 | O-S-0 O-N-0 O-N-0 O-N-0 | O-N-0 N-N-Ej | O-N-0 E-N-E S- O-N-0 0 N-E 0 O-N-0 O-N-0 N O-N-0 O-N-0 O-N-0 O-N-0 | N-N-0 N-0 N-N-0 N-E N-N-0 O-N-0 | O-S-0 O-N-0 \-0 0 (9) O-N-0 | O-S-0 O-N-0 N-0 E-N-E N-N-0 E-N-E | O-N-0 E-S-E O-N-0 S-S-E (0 S-S-E 0-S-0 O-N-0 | O-S-0 0 0-S-0 O-N-0 0 O-N-0 N-0 O-N-0 | O-N-0 S-E s-0 O-N-0 | O-N-0 N-0 N-0 JUILLET. OBSERVATIONS diverses. petit orage à 4 heure apres midi, à 5|$ heures du soir OSO:ENE bruine toute la soirée S-E en bas E tonnerre et gouttes de pluie à 5 h. soir|f trombe de poussiere sur le Breuil quilf enlève la pouss. tr. h., orage à 9 h mË gouttes de pluie et soleil à 5 h. 1128. O-N-ON-0j0 , pluie à 8 b. 412 du s. |] commencement des moissons ik grain de pluie à 6 h. è halo la nuit à 5 h. 25 m pluie la nuit pluie à 40 h. du matin É éclipse à 5 h., qui a 5 h. 50 fait subi-|f tement passer l'O-N-0 à PE-S-E S-S-0 en bas le matin orage à 4 h. 412 du soir, gréle gouttes de pluie le matin Température la plus basse du mois, - 4° TOME XVI, 51 478 OBSERVATIONS AOÛT. RL à EC PT RE EE RE D D D EVER SSSR USE | É = Le © cr] É] | S L É ÊE ms MENSNINES ETAT DU CIEL A A: Ë > Ë à 5 É 5: |[Sé ls ss | 6 A MI. 5 és [ess le A EEE cenligr H LD 4,047 22,26 86,0 couvert a 22,0 » 7,52 90,0 idem 5 23,0 | 4,766 1,54 |90,0 léclaire. , CMN épars 3 su » 0,10 |89,0 très beau ù 25,0 » » 88,0 | {res beau, em z 6 27,8 » » 84,0 ! beau, em épars 7 26,5 _0,500 0,54 86,0 | grandes éclaircies = 10 (79,205 26,82 86,0 em épars, hz x le 0,078 | 0,40 | 86,0 em épars, hz L 2-0 » » 87,0 cm épars, ho . 22,5 » » 84,0 |a. beau, q. GMéph 2 24,0 » » 85,0 très beau , clair 45 26,7 » » 84,0 nuages épars di) 28,0 » 0,50 |86,0 cm h 15 26,5 » | 2,75 |88,0 | beau, cm épars 16 28,0 » » | 86,0 nuages épars I 26,8 » D | 87,1 ciel pur 18 22,9 » 0,42 | 85,5 cm épars & Le » » |82,0 . em h so =: ED » » 84,0 ciel pur, em he cu 25,0 » » 85,0 très beau , ciel pur 2e 25,9 » » | 85,0 idem 2 21,2 »_ » | 85,0 tres beau 26,6 0,254 » 85,4 beau 2) 22,8 » » 85,0 couvert 26 20,2 » » 81,2 ciel pur 2 25,1 » ) 5,0 nuages épars 26 à ais à » 86,0 couvert 2 1,0 | 53,500 12,42 | 85,2 idem 50 10,9 H0154110,58 | 85,9 idem 5 45,1 | 0,500 | 0,98 [84,1 idem 709,61 22,7 99,962 86,05 85,2 moyennes du mois. nt ————————— MÉTÉOROLOGIQUES. 479 AOÛT. RÉ D ES oi nt < #f 2 VENTS. © Et ER Ne 4e SN fe RE OBSERVATIONS = . A | MATIN. MIDI. SOIR. diverses. FD ET | EE 1} nopxxo | Nojxxo NNO[NO |gouttes de pluie dans la journée . NIN NNOYNO NIN 9| NNEJNE NNEJNE | NNEJNE 4| NEJNE NEJNE NEJNE [500 à 5 h. du soir D| NEINE NE[NE OS0[NO 6! ofjexe SUJESE SOJESE 7| sopo SO[OIS OfS grain de pluie à 44 h. du m S| ONOJESE | ONojoNo | oNone 9! xoçoxo | oxogoxo | Nono | 10! NNOINNE | NOJNNE NINNE HAT NINNE NNEJE NEINE 42! NEJENE E[E ENFJE 45! soçexe | sogexe | sogexe |tonn.à 2h112 q. gr gout. de pl 414| soyese SO[ESE osopsse |Cou. à5 h. ton. à 4 h112et40s D| ssoys Sos NIN F 16| oNopese NIN NEJNE 47| NENE NEINE NEINE 18 oo ONOJSE NON 19, NJNNE | NNEJNNE | Nono 0! NEJNE NEINE NIN I NIN NINE NIN 22 NIN NEINE NEINE 3| NEJNE NEJONO ENEFNO 24| oNojNO | oNojoxo | onopono 25| NEINE NOfNE NIN 26 N[O NINE NINE CE \ 27| NEJNE NE[NO o[0 pluie à Get à 9h. t2dus . 28| nono oNo o1o gréle à 6 h. 414, pluie froide à 29| nowo oo 070 14° à 8 h. du soir 50! nopvo NO No nopvo |799,2 la nuit 31l Noyxo NONO NOfNO Température la plus basse du mois, le 50. 450,2 >= 0 480 OBSERVATIONS SEPTEMBRE. ñ e À Ci . | = s ei © 1S|É 1 35 | S£s|4£$)] £ | ETAT DU Ex || SS | 2 55 Ë A MIDI 2 a 2 4 = En . NÉ MEMEE FE ‘centigr. 11 11715,49] 45,5 » » |84,4 ciel pur 102174159911 46;7 » » [85,0 balayures 51708,51 | 419,5 » 1,98 1 85,0 cou vert 41707,75 | 49,2 » | 0,58 [87.0 idem 51708,86| 18,5 » » |87,2 éclaircies 61707,85 | 21,2 } 6,455| 6,22 | 87,2 couvert 71708,89| 46,5 | 8,500121,64 | 87,7 pluie 81712,25| 145,0 | 5,219| 4,56 |87,2 ciel pur 91712,62| 44,5 » » 86,5 idem 11101714,40| 415,0 » 0,20 |86,5 idem H141715,41 18,2 » » 88,4 idem 4121715,95| 48,9 » » |88,0 idem N151712,68| 48,5 » » [87,8 très beau 141745,41| 20,2 » » |88,9 idem 1151714,041 19,5 » » {89,0 idem H161714,60| 46,9 » » [89,0 | beau, qqs em épars 1171709,57| 46,7 » » |88,0 CMN épars 181708,42| 414,0 » » |85,0 couvert N1191705,49| 142,9 | 0,781| 2,54 |S5,0 [éclaircies , n. épars 120 707,14| 10,8 » | 5,90 |87,6 pluie 11241707,62| 14,0 | 1,625] 0,84 | 89,0 couvert 11221707,88 | 144,2 | 0,750! 5,84 | 91,0 pluie H1251708,86| 144,8 | 5,500 | 114,08 |91,0 couvert H12:1708,78 | 15,8 » 7,201 | 90,5 idem 1125/707,02| 15,1 » 4,24 |90,5 beau , n. h. 11261705,50 | 14,2 » 0,20 | 89,6 couvert 11271705,60| 14,0 |11,50511,70 | 90,0 idem H1281704,52| 40,4 » » |88,0 idem 1129 704,221 45,9 » 0,40 |88,7 pommelures : EU MORE 14,0 » » |88,8 [petite pl. de 41 à m. MATIN. fs. pu mois. A NNEINE 2 O[0 5| oNO[ONO 4 NIN D| ENEINE G| sine 7| Nono 8 NIN 9] NEINE 10! NI 111 NEINE 12| ENEÇENO o NO 14] ENEJENE 15] NyNE 16[ NINE 7| NNOJNE 18 ofo 4. o[o 20| nono 21 NOJO 22| soso 25| Nopoxo NNO[NNO 25! NEso 26| sopso 27| NNoyse 28] NNofx 29 NOIN 9Û| SEJSSE MIDI. NNEJINE N[O ONO[NE NINE NEINE SIS NOfNo NNE[NNE NEINE NEJNE NEJENE NINNE NEINE NE[NE NINE NINE NNOÇE (0 (0 (Qi NO[NO oo O[0 NE[NO NO[NO NIN o[o NNOJSE NNONNO S[S SEJSSE MÉTÉOROLOGIQUES. 48Y SEPTEMBRE. SOIR. NNENNE NOfNO NOINE NINE ENEJNE SEJSE (0 (J NIN NINE NE[NE NE[NE NINE NEINE NEINE NINE NINE NONE O[0 O[0 NNOIN 010 o[o NIN NNEJN ENESO o[o NNO[NNO NO[NO ESEJESE SEISE OBSERVATIONS diverses. brouillard le matin ciel pur le soir pluie le m. avantS h., tonnerre à 5 h. 474, pluie, brouil. les pl. dep. le m. jusqu’à 4 h. du s +20 Ja nuit +1729 la nuit brouillard épais le matin S-E en bas le matin +20 472 la nuit. couvert le matin très couvert le matin couvert le soir +20 Ja nuit +19 472 la nuit pl. pend. le jour par intermitt. pluie fine le soir pluie le soir pluie la nuit Température la plus basse du mois, le 40. +4720 482 OBSERVATIONS OCTOBRE. EU E S LIRE 2 | SANT ANT ME nt nee ÉTAT DUNIEL D 220 6 .2 © 5 2 a a | SUR INSES EIRE ie :] ä É ES a e1 D # E A MIDI. nt seen cernes | ORNE | anses ES cc) centigr. Le . 698,78 | 17,0 7,1 e 14,70 | 90,0 |nuageux, qqs éclaire. 21699,76 | 45,5 3,640 | 44,10 | 89,7 couvert 9|704,95 | 14,8 » » _|88,7 couvert, qqs éclaire. 41704,09 | 14,0 9,205 5,90 | 90,5 pluie 1, ©1706,59 | 17,0 » 5,50 | 90,2 couvert 4! 61710,70 | 15,6 4,750 | 0,96 | 89,5 gr. écl., CM épars 71710,12 | 18,7 » » [91,0 idem, em. st. épars. à| 81708,97 | 17,7 2,200 | 4,76 |91,0 | légèrement couvert HA! 91710,26 | 15,9 2,500 | 4,90 | 90,0 |qqs éclaircies, CMN 11101715,55 | 16,8 » » |91,0 couvert 1111716,25 | 49,5 0,590! 2,52191,0 | gr. écl., CM épars 21121717,59 | 17,5 » 0,50 | 91,0 tres beau N\15 715,75 49,0 » 0,12 | 91,0 idem 114 710,51 | 18,0 » 0,10 | 90,0 idem 1A1151704,08 | 18,6 » » 88,5 idem 4161702,61 | 7,5 |19,500 | 40,00 | 88,5 pluie A 17 702,65 | 9,0 |12,096| 41,56 | 88,0 couvert 4181706,57 | 8,3 0,051 » 88,0 idem 119/710,57 | 8,7 : » |89,0 idem h 20 708,12 | 41,0 » » 90,0 idem h211706,78 | 15,0 » 0,20 | 90,0 {rès beau 1221709,68 | 146,8 » 0,10 | 95,0 {tr. b.q.c.z.emstho à 25 742,85 | 15,5 » 0,15 | 92,5 |q. balayur. lég. cirr. 121 712,85 | 45,0 » » 95,0 itr. b.,q.r.cmheo H251710,62 | 9,5 » 0,92 |} 91, couvert 1261709,79 9,2 » 0,40 191,5 | légérement couvert 271709,57 | 11,0 0,528| 0,50 | 90,5 tres beau 11281708,94 | 12,0 » » 91,0 idem 11291698,55 | 45,5 » » [88,0 |a. b., q.emst. ép. hz 1150,696,91 | 42,0 5,578 | 6,20 | 88,0 | beau, gqs CM épars É 694,58 9,6 » » _|S8,0 beau , idem | 707,52 15,80 64,148 68,09 90,1 moyennes du mois. Âs. pu mois. S SDMDAIDCNOIN = MÉTÉOROLOGIQUES. 485 OCTOBRE. VENTS. À MATIN. MIDI. SOIR. SEJSSE SES SEJSE SEJO OSO[0SO o[o o[0 01050 O[o O[S OJS SO[S0 O[0 o[0 O[ONO ONO[O NOJONO ONOFNO ONOJENE o[o ONO[NIO NOJO NO[O NOJO NO[O NOfo NOJONO NOFONO NO[ONO NINO NEJNE EJESE OSO[S OS0[0 O[ONO O[0 O[ONO o[o o[0 oo 0[0 o[0 o[o SSEISSE SSOTS SSO[SSO SOJONO SO]SE NNOIN NNO[ONO NJONO NINE NISO[NN9 NIN NINE NIENE NJE NJENE NJENE NJENE ETE EE E[E E[ESE E[E NEÇNE NE[NE NEJO NEO NE[O NE[O NEINE NOINE NNEJENE NNOJENE NNOJNO NNOJNE NEINE NEINE NEJNE NEJNNE NE[O NE[O NEO ONOJSE ONO]SSO OSO[SSO ONO[O ONO[O NOJONO NINE NOFNIESE NOfSO Température la plus basse du mois. — 1° OBSERVATIONS diverses. tres fort la nuit +20 Ja nuit pluie à 9 heures du matin pluie depuis le matin s gouttes de pluie à 4 heures du £ soir, arc-en-ciel à 44 h. m. pluie à 40 heures du soir pluie le s, à 5 h. 4f2 et la nuit|k S-E en bas S-E en bas, brouillard le matin|h S-E en bas, gelée blanche É id., gel. bL., lég. cirr. r. le s. OK S-S-Esedess. p. nettem. à10h m| grain de pluie la nuit et le mat.|£ S-E en bas, pluie t. la journ.f S-E en bas brouillard le matin Ë E-S-E en bas le m.les. N-E en b brouillard épais la matin | brouillard le matin b. les. q. rar, str. r. S-E en bas brouillard le matin, beau, lég. er. st. roug. les. he o E-S-E}R en bas Ë gelée blanche, S-E en bas EEE ù 4814 OBSERVATIONS NOVEMBRE. RL ED REP CRDI ET PP A PE IST 415 | © RS os 2 2 2|S :| 25 EE Ie ul NINÉTAT DONNE les) 8 | ÊS MES = É 3% 5 S 5 = À MIDI. centigr. | 41700,92 5,0 » » 89,0 couvert | 21698,55 8,3 » » 90,0 idem 3]705,62 4,9 | 5,000 | 2,50 | 90,0 qqs éclaircies 41706,54 2,2 | 0,922] 1,25 | 88,0 |beau, qqs CM épars d|705,80 9,0 |1,852| 5,20 | 83,0 couvert 61705,28 4,1 0,575 | 1,80 | 89,0 idem | 71700,40 6,0 2,000 5,90 | 90,0 | neige peu épaisse H) 81710,90! 5,5 | 5,000! 2,50 | 90,0 couvert | 9/705,42 2,5 » 4,55 | 90,0 idem 1 101701,85 312 » » 88,0 idem #111702,76| 5,7 | 0,265 | 0,20 |89,0 idem U121707,87| 5,6 | 5,754| 2,50 | 90,0 idem d1151714,58 5,8 » » |94,0 idem 11141708,52 0,7 » » | 94,0 idem 11151701,16 25 » » | 90,0 | assez beau, CM ép. #161701,09! -0,5 » 4,70 |90,0 couvert l 17 697,68 0,8 » » 90,0 neige 181700,05| -2,0 | 2,000 | 2,80 | 90,0 idem H1191705,52 0,8 | 1,600 | 41,00 | 90,0 couvert #1201698,17 4,5 5,000 2,25 | 90,0 qqs éclaircies 211708,46 -0,5 0,591 | 40,50 | 90,0 |voilé p. la neige susp 22,702,58 159 » 1,90 | 91,0 neige #251704,09| 4,9 | 0,600 | 5,50 | 91,2 idem 11241705,59 5,3 1.000 4,90 | 90,0 |voilé p. la neige susp 1125 |699,85 5,1 | 5,500 » 91,8 | grandes éclaircies H126,699,45| 5,2 | 2,500 | 2,15 | 94,0 idem 027170%,74| 5,5 | 2551 | 2,60 | 91,0 idem 1,28 707, 92 9,6 » » 94,0 couvert h 29 71 1225 1 ,1 » » 91,0 idem 1501709,89 3,2 D » 91,0 idem (ES. D net ele ne AU Gel" En L'URL ORITEURES 700,83 5,12 58,050 55,50 90,04 moyennes du mois. 2 TS. | RER RE Re OBSERVATIONS = L A| mani. MIDI. SOIR. diverses. = mens | CREER | CORTE one TNA AE SEE DRE SENS IMAUAU NOJONO NJONO forte gelée blanche 2] NNoçoxo | NNOÇONO | NNOJONO |-29 Ja n.4er j. d'hiver prop. dit 3| Nojoxo | Nojoxo NO[ONO {neige le m., à midisur lesh. |} 4 NIN N[O NO |neige le m., légère c. au Breuilf 5] Njoxo N[ONO NIONO {neige la nuit et le matin à 9 h.[Ë 6] NNoçoxo | NNojoxo ONO[O |—40 Ja nuit 7| NOfoxo NO[ONO NO[ONO < 8] Nopo NO[O NOjO [neige la nuit et le matin 9 NIN NIN NIN 10! xyno N[NO NINO L 11 NJO N[O NINE |S-E en bas, gelée à glace la nuit}l 12] Neyxe NE[NE NENE [neige le m. f. en tomb. S-E en D'À 45| Ney NETE NENE [légrr brouillard toute la matinée|B HA| NEINE NEJNE NENNE [léger brouillard D] NEJNE NNE(N NNEJN #61 NNEIN ONO[NO NNEIN |[—59,5 la nuit, forte gelée 47] onojo N040 ONOfNO 48| xoyo NNO[NO Nono |[—60la n. forte gelée et n. lan. |f 19] nxorno NJO NNON |neige pelotonnée la nuit, —50{£ 20| yo NNE[O NNEJNE |—60 la nuit, neige idem 21| NNEjo NNO[O N\Oyo | —60 172 la nuit. 221 Nxxojo N[O NNO[O ë 25l jo [0 Njo ‘|-50la n. neigelan.et m. s-cenbf 24 O[0 NO[O osoye |S-E en bas à 25| oxopo ONO[ONO Noyo |dégel, verglas la n.,—50neige à 26| oxopoxo | NNojono | oNojoNo 2hs. Observ. que le p. p. def 27| opoxo N[ONO NINE corp. pl. ou ph. amérie. n’ont} 28| Njoxo N{ONO NJONO pas am. de var. sensibl. de t.|R 29! nono NJONO NjONO |—70 la nuit F0! NNOÇELESE | NNOJEJESE | NNOJEESE | —70,1 la nuit Température la plus basse du mois, le 50. — 70,1 MÉTÉOROLOGIQUES . NOVEMBRE. 486 OBSERVATIONS DÉCEMBRE. 213 s| 85 | 3 >| £ 8] + | ETAT DU CIEL sl ag] d ||) 2| 5 Si ss | S5| à A MIDI. 6 | à a 8 2 S|S>x > 2 Gi ELLE ut RER | DEEE CRREDESRSS | SEEN RSR | cenLigr. 11708,92 1,8 » » 91,5 couvert‘ 2 714,80 0,6 » » 91 ,0 idem 5 715,12 5,1 » » 91,0 idem ! 41712,81 5,0 » » 91,0 idem D 704,7 2,9 » » 91 AL idem 61716,58 2,0 » » 91,5 idem 7 716,05 À ,8 » » 91 ,Ù idem 81715,48 5,0 » » 94,0 très beau 9/708,55 3,6 | 1,000! » 92,0 brouillard 11101715,02 4,8 » 0,90 | 95,0 idem ' 141717,55 2,2 » 0,60 | 95,0 épais brouillard Ê 121747,19 2,0 » 0,98 | 95,0 \brouillard desc. à m. 151717,57 2,8 » 0,08 | 92,0 très beau 141717,85 2,5 » » 92,0 |tr. beau, brouil.lem DES SD 5,1 » » 91,0 idem 16,717,15 OT » » 92,0 |tr. b., vap. s. Corn. 171714,79 1,9 » » 92,0 idem 111817145,65 2,6 » » 90,0 idem 19/715,07 4,5 » » 89,0 idem 20 715,87 0,9 » » 89,1 idem 11211710,17 4,4 » » 90,0 |beau, q. vap. lég. er. 221708,70 6,7 | 4,500! 4,65 | 94,0 éclaircies 25|707,44 D,4 » » 95,0 | gr. éclaire., CM hz | 41241709,60 4,0 » » 95,5 couvert 1125 709,91 0,4 » » 91,5 | beau, qqs cM épars 1261711,27 0,0 » » 91,0 couvert | 127/741,64| -5,2 | » |1,52 | 91,0 idem 112€ 1707 ,04 -1 20 » » 91 5) idem 291715,28 | -2,5 » » 91,0 |beau, qqs CM épars 11501715,88| -4,1 » » 91,0 tres beau 1511715,10! 4,7 » » 90,5 | tres beau , vapeurs dû —_—_——_—_—_—_—_—_———…— …—…—…———…"…"—…——….…——…— …—…—…………—…——……—————— 71240 4,8 2,500 5,75 91,47 moyennes du mois. Température la plus basse du mois, le 51 la nuit. — 159,2 —— =D hi MÉTÉOROLOGIQUES. 487 DÉCEMBRE. S OBSERVATIONS G MATIN. | MIDI. SOIR. diverses. es) a men te 7 CS CS CE SE - : : } AT NNENNE | NNEFNNO | NNEINE 2] no NNEFNO NNENO 5] NNEJNO | NNEJNNE | NNEINO |—79 la nuit Al Neyno N[NO N[NO d| No NNEFNO NNEFNO |—49 Ja nuit 6! xyoxo NJONO NEE[ONO 7| oyso 0s0 [so S8| soyso soso sopso |—80 la nuit, givre 9] nvegso NNE[S0 NNEJSO br. ép. le m., lég. am.,—7°n 10! xxeyso NNEJSO NNEJSO [0° la nuit M nxeso NNEJSO NNEfSO |br. ép. à m., lég. le m.,—50 n. 12! NNeyso NNEfSO NNEGSO |—29 lan., brouil. dans le bas-f. 15 E[E EJE EJE —60 Ja n.giv., br. se diss. à m ANNEE NNOJE NNOJE |—8°,5 la nuit, givre 15[ nxoge NNOJE NNOÇE | —8° la nuit, brouillard épais 167 JE EJE NE |[—8 ,5la n., brouil. le m., giv. A7| SEE SEE SEE [br.de m.,piv.t.gir. v. Corneil A8] sep SEJE SEE |[—9°, 5 la nuit, givre A9! see SE[E see |[—9°.5lan., giv., brisede mont 20 E[E EJE EJE —114° la n., E 174 S-E 21[ NNoE NNOÇESE | NNOJSE |—11,,5 la nuit 22] soso NOJONO NOfONO |—14 ,2 25| Nojoxo NO[ONO | NOfONO 241 NNO[RNE | NNOÇENE NINNE |—2° Ja nuit 25] NINNE NINNE NEJN |—5° la nuit 26| NEIN NEIN NEIN 27| NEjONO | NNEJONO NNEJN |—S° la n., jour le pl. fr. à midi 28] NNEINE NNEJNE | NNEJNO |—59,5 la nuit 29] oJEjE OJEIE OfEfE |E à une gr. haut. mais sous O. 90! EJESE EJESE E[ESE |[—1459 la nuit, brouillard les. 51 EJSO E[SO EJSE |—15°,2lanuit, —99à 10h. m 19 Baromètre à zéro. . . . . . . 707,15 4850 {20 Therm. à l’extér. et à l'ombre. 12,09 Moyennes 5° Hygromètre de Saussure. . . . 85,76 Enuclles. ? QE Baromètre à zéro. re 0e Da 707,57 4851 ! 20 Therm, à l’extér. et à l'ombre, 142,19 5° Hygrometre de Saussure. . . . 86,69 Nora. — À partir du mois d'août, les vents ont été observés. trois fois par jour : le matin et le soir vers les sept heures, et puis à midi; les vents supérieurs, indiqués par les nuages, sont placés à gauche de la colonne: les vents inférieurs, donnés par la grande girouette, sont situés à droite; ils sont séparés les uns des autres par un trait vertical. Dans les cas peu fréquents où l’on a observé deux directions différentes dans les nuages, les courants atmosphériques intermé- diaires entre ceux dont la marche entravée par les nuages supé- rieurs et ceux indiqués par la girouette la plus élevée, occupent une position moyenne entre les deux précédents, dont ils sont séparés par deux traits verticaux. Quand ïl nous a paru utile de signaler les indications des girouettes les plus voisines du sol, nous les avons réléguées à la colonne des observations. Lorsqu’elles sont convergentes autour de l’axe du rocher Corneille, elles peuvent servir à constater l'existence locale des brises de montagne. Ce phénomène n’est pas très rare le matin ou le soir, quand le ciel est pur et l’atmos- phère tranquille. Les températures moyennes ci-dessus indiquées se rapportent à l'heure de midi. La moyenne générale, pour 1852, est seulement. de 70,59 centigrades. MERCURIALES LA HAUTE-LOIRE : PAR M. BERARD, EMPLOYÉ A LA PRÉFECTURE. 1851. MERCURIALES DE LA HAUTE-LOIRE ; PAR M. BERARD, EMPLOYÉ A LA PRÉFECTURE. MARCHÉS A , PRODUITS. de s DE 1D YSSIN- DU PUY. BRIOUDE| GEAUX. froment, 16 2845 8114 46 PÉRCAlEE méteil : 15 08! » » » [V'hect ] seigle, 7 50| 8 6811 11 ‘7 l'orge, 10 » | 7 75140 45 avoine , 6 85. 571870, 620 PRIX MOYEN ; lé umes pois, 10 » » » » » pour le mois 8 lentilles DA ED D El E0) [Phect.] É ? w “ haricots, 17501 hr ln D JANVIER pommes deterre[l’hect.]| 5 » | » » |» » | 41851. bœuf, 4 10) » » |» S8ù viandes | ** 2e RES CA [le kil.] veau , » S0| » S0| » 7ù ‘1 | mouton, » 90! » 80! » 70 porc ’ » 90! 1 20! » » fr. cl fr. cl. fr.c: froment, 46 04H4 5015 60 Jeter ] méteil, 15 04|» » |» | [lhect.] seigle , 9 50 6 95H11 57 7 Jorge, 40 » | 7 7511 42 ayoine , 8025 5000) 4e De AE ee : ER. ‘7 [haricots, 110000) IE pommes de terre[lhect.]| 5 » |» » |” ” bœuf , 4 40] » » » 90 r vache, » 80] » 80| » T7ù Pia ; veau, > SUIS 0) TO ‘7 | mouton, DOC MN) 7 (porc, » 90] 4 20] » 80 ha Cu, TER DES PE PERLE TIRE PTE SR SP T ETES SR TINTIN QE ANT P Ne) LRU PTT * ARR SERRE RENTE RTES EEE) PRIX MOYEN pour le mois de MARS. AVRIL. MERCURIALES , 491 MARS ET AVRIL. PRODUITS. céréales [Phect.] légumes [l’hect.] .froment, méteil , seigle , orge, avoine , pois , lentilles , haricots, MARCHÉS D'YSSIN- || GEAUX. DU PUY. BRIOUDE ES Ler | Ce © T1 © QE O1 10 25 17 pommes deterre[l’hect.]| 5 viandes [le kil] céréales [lhect.] légumes [l'hect.] pommesde terre[lhect. ] viandes [le kil.] bœuf, vache , veau , mouton , pore , froment , méteil , seigle , orge, avoine , pois , lentilles , haricots, bœuf , vache, veau , mouton, porc, 492 MERCURIALES. MAI ET JUIN. PRODUITS. ——_——_——— froment, céréales He ? [Phect.] } 28€? orge, avoine , PRIX MOYEN 3 à légumes Poe our le mois ; lentilles, Ë [lhect.] E “ ‘2 l'haricots, MAI. pommesde terre [l’hect.] bœuf, viandes es ? He kil.] | "0? mouton, pore , froment, céréales | Méteil , [l'hect.] seigle, orge, avoine , légumes on 4° ; lentilles JUIN. (Phecrsl haricots ; pommesde terre[lhect.] bœuf, viandes nee Î le kil. 0 REC) mouton , porc, MARCHÉS A, DE D'YSSIN- BRIOUDE| GEAUX. DU PUY. 15 50135 S5H5 76 15 08 » » » » 9 52] 8 9512 46 10 » |N7 76112 20 8 25125 82/17 7 45 5014 1215 98 45 09 » » » » 92051109 25/12) 10 » | 8 1212 » 8 25| 6 06] 7 46 10 » YO » _» 2502: |5 y » 0» 1 7 50 » » » » La n] » » » » » Fu * MERCURIALES , 495 JUILLET ET AOÛT. PRODUITS. DU PUY. BRIOUDE r. cl fr. | froment, ) D0|15 EL méteil, > 08 céréales Rate 9 32 e 52 [lhect.] Da orge ; ayoine , PRIX MOYEN , pois , : légumes k pour le mois ; lentilles, [l'hect.] haricots, de | JUILLET. À pommesdeterre [l’hect.] bœuf, . vache viandes 2 : veau le kil. Ê ELU mouton, pore , froment, HAE: méteil | céréales ol ? seigle [l'hect.] (EE - Jorge, avoine , ’ [PoIS, LRU lentilles, RE ‘2 [haricots, pommes de terre[l’hect.] bœuf, à vache viandes ? : veau [le kil.] 2 | mouton , porc , TOME XVI. ü RES 49% MERCURIALES, SEPTEMBRE ET OCTOBRE. MARCHÉS dl um te PRODUITS. Are PR RE ‘ [BRIOUDE| GEAUX. fr. scfr cc; litre . froment , 415 5012 5513 67 svéal méteil , 43-08") >» |» hot A Sesles 9 32] 9 0412 22 [hect.] | orge, 40 » | 7 50111 98 avoine, 6-50 5 2316 85 PRIX MOYEN 5 10 3 ’ pois » » » » » ROUE le mois Es lentilles , 48 » » » D» » de [ Es 3 haricots, 47 50!» » » » || SEPTEMBRE, pommesdeterre[l’hect.]| 3 75! » » | » » bœuf, 4 410| » 5 » 90 dndes vache , » 80| » S0| » 70 Le Lil veau , » 80| » S0| » 75 Een mouton , 3.901» 8075 porc , 5 90] 4 201» » fr. | fr; °c] Mr ect froment , 15 50!5 42/14 05 AIS méteil , 45 O8! » DE Le seigle 9. 321 9 25112 245 [hert-1 orge, k 40 .» | 7 551414 72 ayoine , 6 52] 5 18| 6 75 légumes pois , 10 » » »| » » F - £ lentilles, 18 » » »'| Ep 0 OCTOBRE: [Mhect.] haricots, 47 50!» DER pommesdeterre[lhect.]| 5 75| » »| » » bœuf , 4 10! » 80! » 90 de vache, » 80| » S80| » 70 Île KL veau , » 80] » 80| » 80 | mouton , » 90! » S0| » 70 porc, » 90|14 »| » » on MERCUPRIALES. 495 NOVEMBRE ET DÉCEMBRE. MARCHÉS À , PRODUITS. Ex CEE DE ID'YSSIN- BRIOUDE| GEAUX. fonc) irc) PT EcIR froment, 15 5015 50144 524 céréales méteil , 5 ® EM el. [l'hect.] seigle , 9 52| 9 5012 551 orge, 10 » | 8 42H41 55]! avoine, 6 50! 5 47| 6 SO PRIX MOYEN ; ; Jéou mes pois . | 0 » » » » » pour le mois [L'hect 1 lentilles , US ASC HT BLUE cb 4 haricots . 110050 1e NL) NOVEMBRE. £ pommes deterre[L'hect ]| 5 75] » » |» » bœuf, 1 40! » » |» 82 ? viandes } ‘* es, E sp pee ù [le kil.] veau, » SU] » 80 | » 85 1 \ mouton, » 90! » 80 » É porc ñ » 90 Î » ) orge ; avoine , )0 IS, légumes | DÉCEMBRE. | [lhect.] lentilles, haricots, pommes de terre[lhect.] bœuf, vach viandes vache, [le kil.] YEN mouton, | porc, \ fre fric: froment, 15 51H15 5714 551f | céréales méteil, 15 09 » » » » ! | ![hect.] seigle , 9 52/9 57/42 66 L 92141 471$ GNT MERCURIALES. 496 -2jU09 D) 0G ‘2PUUD WU D] 9 98 Or | g ec | ar vr | & o1c | z9 zr | & 227 « Sgr | ai 09 | 6 9ç+ | zo »9 ‘saaitt -5orty ‘sait “Soi “saut “Son ‘sas ‘Sam *Sofix “sa -Soyy nr | œmceumereee a Le} | | el | D NE | “AUI9P 19 “NIOVAUT *a1p09p Jo MNOWOUT ‘1709p Jo Re 10 {21{019UT *1j109p Ja nee i(ap SA OPer SaiJif 02 - sau}i} ua Sa4JI] ua : saut ua 5 Sa171f ua Sa3qi uo (à jeumb np p qeumb np jeaimb np è reumb np à reumb np ab teomb np auuaour uofout | ouuotour auuaÂout uofou | euuofour | ufour euuafour | uoAour æauo four uakour 2o0EnaU02 | sprog |2UEU9TU02 ouvuaqu02) sprog levueuaruor sprog [ouuamuorl cho [uruaruol prog 2p EE | ESS, DS D La dm à “apqpenb :e “appeob :z “)100b o1f “ayenb :e “oupenb :z *9)1fenb s1p TT, 2 © mm "© ‘1940 —_—————@———————_——————2e D — ‘soaqtt ‘Sortx "Banil J "#o1tx "saut ‘Son “Sani *S014 "Sani EUR “NITOPP 19 82H02 | NNWPP 12/2002 “rap 40 20/9 nywop Jo |2110004J|'aw0op A *109p 19 21110194 Saut] u9 Salt] u9 sai u9 S2IJ u9 ° Sadji ua 30 | Santy uo AS eumb np 4 peumb np ne reumb np P peumb np p qeumb np l eumb np l ouuofou | uofom | ouuofour uo{ou | suuafou | uoñout | suusfow uaion | ouuofour | uoñou . suuafou uaour Î 2ouUPU9]002 aou n] DuEU2/U02 our 1 sp'od euaJuo spog |?Ueueruor sproq ooneuaiuoo) prog |[22UEU21 Sprog ,°2UEUÎU0) sp'oq COLA ZOO IS SCC | 6V FL | L ICF | 62 c2 | LOS | 6S 92 | « sz+ | 69 62 D ce ET, nn À a re. | nn D 4 rer. lee “appenb ,e “oppenb 5x “apenb 51 “ayqenb 40 “arpenb :z “aprpenb ox EE = ARE *ENGNROUA surDub $09 ap anbrujow qnjuinb np S0411/109pP 19 sou) wo oouvu p suinab s2p 091 sprod 0j 4t0707su09 anod ‘quowuoyaodop 1 sup ÉESSF 24qu999p u9 sapin] saouontodara sap j0pnsp4 01 04 : PUDjUOSpAd jo ‘oupuu 27 ADd SpSS04p DIT + ‘ ‘ = e— À PR OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ PENDANT L'ANNÉE 41851. Agriculture élémentaite théorique et pratique, À vol. Almanach agricole de la Société d'Agriculture de Grenoble, 1845. Annales agronomiques, janvier, t. E. et If. Annales archéologiques, t. X, 6° livraison, et t. H. Annales scientifiques et littéraires de lAuvergne, tome XXIIT de mai 1850 à février 1851. Annales de la Société Linnéenne de Lyon, 1847 à 1849. Anvales des sciences physiques et naturelles, d’agri- culture et d'industrie de Lyon, 1849. Annales de la Société des Beaux-Arts, 1841 à 1848. Annales de la Société d'Agriculture de la Gironde, 1850 et 1851. Annales agricoles de l’Ariège, t. X, 27° livraison. Aunales de la Société Economique de Nantes, 1850. Annales de la Société Economique de Mont-de-Marsan, juillet 1851. Annuaire de Brest et du Finistère, 1851. : Annuaire de l’Institut des Provinces et des Congrès Scientifiques. Annuaire Météorologique, 1851. Budget départemental de 1851. 498 OUVRAGES REÇUS EN 1851 Bulletin des séances de la Société nationale et cen- trale d'Agriculture, 1850 et 1851. Bulletin de la Société d'Agriculture d'Alger, premier semestre de 1850. Bulletin de la Société historique et archéologique de Soissons, t. IL. Bulletin de la Société centrale d’agriculture de l'Hé- rault, 1850 et 1851. Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Saint-Etienne, 1850 et 1851. Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, troisième trimestre, 1850 à 1851. Bulletin Monumental, vol. XVI ei XVI. Bulletin de la Société d’Agric. de Mende, 1850—51. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1850, numéros 2 et 3. Bulletin de la Société d'Agriculture du Cher, 1851. Bulletin des travaux de la Société départementale de la Drôme, numéro 20. Bulletin Agricole du Puy-de-Dôme, 1851. Bulletin de la Société industrielle d'Angers, deuxième année, t. [°° de la première série. Bulletin trimestriel de la Société des Sciences du Var, dix-huitième année, 1850. Bulletin de la Société nationale d'Agriculture , Scien- ces, Arts du Nord, question sur les sucres. Bulletin de l’Athénée de Beauvaisis, deuxième se- mestre de 1850 et premier trimestre de 1851. Bulletin de la Soc. indust. de Mulhouse, n° 111, 1850. OUVRAGES REÇUS EN 1851. 499 Bulletin de la Société nationale d’horticulture de la Saintonge, 1851. Bulletin de Ja Société d'Agriculture de Grenoble, numéro 41, 1839 à 1846. Bulletin des Comités historiques, 1851. Bulletin agricole du Gard, premier trimestre de 1851. Bulletin de la Société d’émulation de PAllier, juil- let 1851. Bulletin de la Société d'Agriculture de la Sarthe, troisième livraison, 1851. Bulletin de la Société d'histoire naturelle de la Moselle, 4850. Caisse de Retraite et Pension viagère pour la vieil- lesse, 1 vol. in-8°. Congrès Archéologique de France, séance générale, 1849 et 1851. Cours d'Agriculture , par le comte de Gasparin , t. V. Compte administratif du Maire de la ville du Puy, 1849. Compte-Rendu des travaux de la Société d'Agriculture de Grenoble, 1850. Conseil général de la H®-Loire, 1850 [compte-rendu]. Compte-Rendu des trav. de l’Acad. du Gard, 1851. Coupe-Racine mécanique [tableau]. Digitative, rapp. de MM. Bayer, Soubeirau et Bouillard. De la fréquence comparée des Vents supérieurs et inférieurs sous le climat du Puy-en-Velay, par M. Bertrand de Doue. Encore un mot sur la maladie des pommes de terre, 5 décembre 1851. 500 OUVRAGES REÇUS EN 1851. Erythræo et Cyclamen de la Gironde, par M. Charles Desmoulins. Extrait des séances de la Société d’Agricult. de Caen. Examen du Salon de 1849, par M. Aug. Galimaud. Etablissement hydrothérapique de Brioude, par M. Andrieux. Guide du Draineur, 1 vol., par Henri Stephens. Journal d’Agrie. pratique et de Jardinage, 1850—51. Journal mensuel des travaux de l’Académie nationale, agricole, manufacturière et commerciale, 1851. Journal d'Agriculture des Deux-Sèvres, quatorzième année, 10 mai 1851. L’Ancienne Auvergne et le Velay, 41° livraison. L'Art en Province, 15° vol., 1" et 5° livraisons. La Pomme de terre guérie, brochure par M. Le Roy-Mabile. L’Agriculteur Manufacturier, par M. Dubreu Fault. Le bon Cultivateur de Nancy, 1850—51. Les Greniers d'Abondance, par M. de Maroles, 1850. L'Education Professionnelle, 1° avril 1851. Mémoires de PAc. de Reims, n° 2, trim. de janv. 1851. Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Bayeux, t. IV. | Mémoires de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, t. I. et IT. Mémoires de l'Académie du Gard, 1849—1850. Mémoire sur la Culture et l'Agriculture en France, présenté à la Société nationale et centrale d’Agri: culture, par M. Lamarre-Picquoi. = + OUVRAGES REÇUS EN 1851 501 Mémoires de la Société des Antiquaires de France, nouvelle série, t. XX. Mémoires de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Nancy, 1850. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, t. [, première série, 1851. Mémoires de la Société d'Agriculture et Commerce de l’Aube, t, Il, 1849. Mémoires de l’Académie de Dijon , 1850. Mémoires de l’Académie des Sciences de Caen, 1851. Mém. de la Soc. des Lettres, etce., de l'Aveyron, t. V, 1844 à 1850. Mémoires de la Société d'Agriculture d'Angers, 1850. Mémorial d'Agriculture du Gers, 1850. Moniteur Agricole, 21 novembre 1850. Moniteur de la Propriété et de l'Agriculture, quin- zième et seizième années, 1850 et 1851. Nouveaux Engrais [brochure]. Organisation, Compétence, Jurisprudence et Procé- dure des Conseils de préfecture, par M. Dubois de Niermont, 1 vol. Précis analytique des travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, 4849-50. Publication de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans le grand-duché du Luxembourg, 1846 à 1850. Rapport annuel fait à l'assemb. gén. de Mulhouse. Recherches sur l'insurrection de Veselay au douzième siècle, par M. de Bastard. 502 OUVRAGES RECÛS EN 1851. Recueil des Lois et Actes de l'instruction publique, 1850 n°9 Recueil Agronomique de Vesoul, 1850. Recueil des Actes administratifs de la Haute-Loire, n°149 51850: Recueil Agronomique de la Société d'Agriculture de jatSaône } tin 4 et 42m: Recueil des Actes de l’Académie des Sciences de Bordeaux, 1850 et 1851. *evue des Beaux-Arts, tribune des artistes de la Société libre des Beaux-Arts à Paris, 1851. Saturnales de Macrobes, trad. par M. Mahul, 1 vol. Séances et Fravaux de l’Ac. de Reims, 1849 et 1850. Société de la Morale chrétienne [bulletin], 4851. Société nationale et centrale d'Agriculture [bulleun des séances], 1851. Société nationale d’horticulture de la Seine, no- vembre, 1850 et 1851, €. VIH, 10° livraison. Société nationale de Médecine de Marseille [bro- chure], décembre 1850. Société d'Agriculture de Boulogne-sur-Mer, 1850-51. Société française pour la conservation des monu- ments historiques, tenue à Lille en 1845, 1 vol. Société nationale d'Agriculture du Nord, 1850. Supplément au Budget départemental, 1850-51. Statistique Monumentale de Paris, 26° et 27° livrais, TABLE. Discours prononcé par M. le v" pe Vouey, préfet de la Haute-Loire, présidant la séance publique AU AQUE O2 NAS ee aie » Compte-Rendu historique des travaux de la Société, lu le même jour par M. DE BRIvE, PRÉC MU ERP Re nier cure Discours prononcé par Mgr pe Morcnox, évèque du Puy, dans la même séance. RÉSUMÉ DES SÉANCES. — 5 Janvier. . . . . LE FAN ES EN er ni rc AS Te ee le ele el tal ie lei Deire (A Leterme MS MERE MES Te D MA See eee ee ee ail Et Redon ee le GEJUMA AL SSSR FER RS 2e RICE RER M Me ee ae ete NO URSS CAR RD I SERRE 9 Septembre [séance extraordinaire]. . . . 20 Octobre [séance extraordinaire]. . . . . 28 Octobre [séance extraordinaire]. . . . « HRAOVEDIDRE DU Ne NU 0e DpDeécembreni un. EEE MEL Rapport historique des opérations de la Caisse d'épargne du Puy, depuis son établissement jusqu’au 31 décembre 1851, par M. Souteyran, DICO TEA als en abs Ur: pages. 989 504 TABLE. pages Notice historique sur les Grands-Jours tenus au Puy en 1548 et 1666, par M. Paul Marthory, membre résidants tend LCR Pa RATE Voyage aux iles Hawaï ou Sandwich, par M. L. de Vaux, lieutenant de vaisseau, m. non résid. 397 Le Marché aux Cheveux, poésie , par M. Vibert, membre résidant - 450 ia en et een ES La Coccinelle ou Saint-Michel, ballade vella- vienne, par M. Fr. Bernard, membre résid. 455 L'âne en voyage de découvertes, poésie, par M. Gaubert, membre non résidant . . . . . 457 Le Lièvre qui demande sa revanche à la Tortue, poésie, par M. Gaubert, membre non résidant 460 Tableau des Observations météorologiques faites par M. Azéma, membre résidant , et des Obser- vations udométriques par M. Guyot, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées. . . . . . . . 464 Mercuriales de la Haute-Loire, par M. Bérard, employé àla Préfecture 55.42.00 40.408 Ouvrages reçus par la Société en 1851. . . . . 497 SUJEUS PROPOSÉS PAR LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE DU PUY, POUR ÊTRE DÉCERNÉS EN 1853 & 1854, ET PRIX DÉCERNÉS EN 1952, LE PUY, TYP, DE J.-B. GAUDELET, RUE GRANGEVIEILLE : | 1853. | | — n SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES, ARTS ET COMMERCE DU PUY, a SUJETS DE PRIX PROPOSÉS PAR LA SOUCGIATÉ à pour être décernés en 1853 et en 1554. OH C= La Société accordera des MÉDAILLES D'OR, D'ARGENT et DE BRONZE, deS MENTIONS HONORABLES €t des PRIMES EN ARGENT, à toute personne autre que les membres résidants de la Société, qui aura satisfait, dans le dé- -partement , aux conditions du présent programme : Maricultuve, 1° Exploitations agricoles. La Société décernera DES MÉDAILLES ave PRIMES, dont la valeur pourra s'élever à la somme de «ro CENTS FRANCS , aux exploitations les mieux dirigées et entretenant le mieux, relativement à leur étendue, la plus forte proportion de meilleur bétail, avec par- ticipation pour les aides ruraux. 2° Stabulation.: Des mépaizzes avec PRIMES, dont la valeur pourra s'élever à DEUX CENTS FRANGS , aux étables et bergeries offrant la meilleure disposition, surtout pour leur ventilation au moyen d’une cheminée d'appel, et pour leur pavage imperméable propre à faciliter le prompt écoulement des liquides dans une fosse à purin. 5° Cullures fourragères. Des mépaiLes avec primes, dont la valeur pourra s'élever à cINQ CENTS Francs, aux exploitations ayant ER Re Ja plus forte proportion de cultures fourragères, telles que trèfle ordinaire, trèfle incarnat, esparcette, mais, vesce, jarousse, carotte à collet vert, bette- rave, panais, rutabaga, ete., et à l’ensemencement des plantes fourragères en mélange d’après les meil- leures méthodes. Voyez, pour ces méthodes, le Bulletin agronomique publié par la So- ciété, tome 1, page 210; IN, 451. 4° Stabulation permanente. MÉDAILLES ET PRIMES EN ARGENT aux personnes qui, au moyen de semis de prairies artificielles ou de plantes fourragères, auront nourri constamment leurs bestiaux à l’étable. D° Fourrages enfouis en vert. MÉDAILLES Où PRIMES aux personnes qui auront en- foui du lupin, du seigle ou autres fourrages en vert, sur l’espace de terrain le plus considérable. Certaines communes de l'arrondissement d’Yssingeaux retirent de grands avantages de l’enfouissement du lupin au moment où cette plante a pris tout son développement. L'introduction de ce procédé dans d’autres communes serait un perfectionnement qui mérite d’être encouragé. (Bulletin agron., t. 1, p. 276.) 6° Culture du chanvre et du lin. Aux agriculteurs du département qui auront semé en lin, et à ceux des deux arrondissements du Puy et Yssingeaux qui auront semé en chanvre le plus grand espace de terrain. Cet espace devra étre au moins de vingt ares pour le chanvre et de dix ares pour le lin. (Bulletin agron., t. H, p. 98.) 7° Plantes oléifères. À ceux qui auront récolté la plus grande quantité de colza, de pavot-æillette ou de navette. 8° Plantes diverses. À ceux qui auront cultivé, avec les soins conve- nables, la plus grande étendue en chou-cavalier, PRE ehou branchu du Poitou, chanvre du Piémont, maïs ordinaire blane et quarantain, sarrazin, houblon, chardon de bonnetier et autres plantes peu ré- pandues. 9° Hersage des céréales au printemps. À ceux qui auront hersé au printemps la plus grande surface ensemencée en froment, partieulhière- ment sur les terres fortes et argileuses. Ce procédé est indiqué et recominandé comme très avantageux ; . ( 4 à ü ? page 9 et suivantes du tome 1er du Bulletin agronomique. 40° Défoncements partiels ow successifs des terres arables ou incultes. À eeux qui se seront signalés, dans leur localité, par les défoncements les plus considérables et les mieux entendus : en particulier à ceux qui auront mis en pratique le procédé économique indiqué par M. de Macheco. Ce procédé consiste à creuser, à environ trois mètres de distance ,. des fosses ou tranchées d’un mètre soixante de large et de quarante centimetres enviton de profondeur. On y enfouit ou bien l’on en re- tre les pierres qui en proviennent. Quelques années après on ouvre de nouvelles tranchées dans Les intervalles des premières, et Pon par- vient ainsi à défoncer de grandes surfaces bien plus avantageusement que par une seule opération. (Annales de la Société pour 1854, et Bul- lelin agronomique, t. IF, page 55. 11° Drainage. À eeux qui auront drainé la plus grande surface de terrain. Voir le mémoire de M. de Brive sur lemploi du drainage, inséré dans le quinzième volume des Annales de la Société et dans l’Abnanach de la Iaute-Loire pour 1853. La Société a fait l'acquisition d’une machine à fabriquer les tuyaux de drainage, et l’a confiée au sieur P. Chouvy, tuilier, au Puy, quar- ter Saint-Jean, qui s’est obligé à livrer au publie les tuyaux du pe- Ut diamètre au prix de vingt francs le mille, ceux du moyen à vinet- deux franes et ceux du plus grand à vingt-cinq franes. La Société offre en outre, à titre de prime, une somme égale à 25 p. 400 de la valeur. des tuyaux pour les premiers vingt mille drains qui seront emplovés. END 12 Marnage, Chaulage, Plätrage. À ceux qui auront amendé la plus grande surface de terrain au moyen du marnage, du chaulage, du plätrage, etc. = 15° Attelage d'un seul bœuf ou d'une seule vache. À ceux qui auront labouré, sarclé ou ensemencé avee une charrue attelée d’un seul bœuf ou d’une seule vache une surface d’un hectare au moins. IL est évident que les labours superficiels, tels qu’il les faut pour l’ensemencement des grains, le sarelage à la raie des fèves et des pommes de terre, ou méme les labours d’une profondeur ordinaire en terre légère, n’exigent pas Pemploi de la force entière de deux bœufs ou de deux vaches. On obtiendra, dans ce cas-là, une notableéco- nomie de semence etd’argent, en n’employantqu’un bœufou une vache. 14° Pépinières. Aux propriétaires qui auront formé et entretenu le mieux les pépinières les plus considérables. 15° Semis et Plantations d'arbres résineux. À ceux qui auront fait les semis ou plantations les plus considérables, selon l'étendue de leurs pro- priétés, en arbres résineux tels que pin sylvestre ou commun, sapin, épicéa, mélèze, etc. Ces prix seront doublés pour les plantations ou semis exécutés dans les communes de Pradelles, Fay-le-Froid et Pinols. 10° À ceux q'ii auront appliqué le procédé Géhin et Rhémi pour la fécondation artificielle du poisson, au repeuplementdes rivières, lacs et étangs du départenn. 17° Plantations de muüriers. Aux personnes qui auront planté le plus grand nombre de müriers er formé le plus bel établissement séricicole. 18° Baux à long terme. Aux propriétaires qui justifieront avoir affermé , par un bail authentique, un corps de domaine d’un Ya revenu d’au moins mille franes, pour une durée de. temps qui ne sera pas moindre de douze ans. 49° Aux maires qui auront mis le plus de zèle et d’in- telligence dans l’amélioration des chemins de leur commune ; Aux gardes-champêtres dont la surveillance aura le mieux secondé l’action de MM. les maires dans ce travail ; Aux proprié taires qui se seront fait remarquer par la construction ou le bon entretien de leurs chemins d'exploitation. 20° Aux instituteurs qui auront donné dans leurs écoles le meilleur enseignement théorique et pratique des premières notions d’une agriculture progressive. 21° Servileurs ruraux. Aux serviteurs et servantes de toute exploitation rurale, lahoureurs, bergers, vachers, vignerons, gardes, qui auront servi avec le plus de zèle, d’intel- ligence et de désintéressement pendant le plus long espace de temps. 22° Instruments d'agriculture perfectionnés, Machines à battre le blé. À ceux qui auront acquis et employé dans leur ex ploitation une machine à battre le grain, établie dans des conditions satisfaisantes. Aux agriculteurs ou fermiers qui auront acheté la charrue Dombasle ou la charrue Rosé, du grand, du moyen et du petit modèle, une charrue à oreilles mo- biles, la herse de Valcour (dite de ARoville), le rou- leau, ou tout autre instrument perfectionné. Cette prime sera de pix Francs pour la herse, de quinze pour les autres instruments du prix de cinquante franes et au dessous, de vixGr Francs pour les instru- ments au tlessus dé ce prix, et de cENT FRANCS pour la machine à battre. Lu Les cantons de Monistrol, de Brioude, dé Paulha- guct, de Lavoüte et de Langeac seront exceptés du concours pour les charrues Dombasle ou Rosé. A l'avenir, tout instrument dit perfectionné n’aura droit à un® prime qu’autant qu’il aura été présenté aux cominissaires de la Société» chargés spécialement d’en apprécier le mérite, et de le constater par un certificat ou par l’apposition d’une estampille. La Société delègue, à cet effet, M. Chouvon, pour larrondis- sement du Puy, M. de Tallobre pour larrondisement de Brioude, et M. du Chayla pour l’arrondissement d’Yssingeaux. La Société décernera, en 1854, une PRIME DE DEUX CENTS FRANCS à l'entrepreneur qui, au moyen d'une machine à battre donnant un produit minimum de cinq hectolitres de grains à l'heure, et pouvant se transporter d’une exploitation à l’autre, se chargerait du battage publie à un prix réduit. Des machines à battre à vapeur et locomobiles sont ainsi employées dans les départements de l’Ain et de la Loire-[nférieure. Ces dernières, construites par MM. Renaud et Lotz, de Nantes, peuvent battre jus- qu'à deux cents hectolitres en dix heures. Les cultivateurs ou autres qui voudront obtenir les primes propo- sées pour les instruments porfectionnés, auront à adresser, franco, avant le 4er juillet, à M. le secrétaire de la Société : 40 Leur facture d’achat en double expédition; 29 le certificat émané des commissaires chargés de constater le mérite de lPinstrument. Ces pièces devront étre sur feuilles séparées. Les concurrents pour les autres prix et primes dé- signés ci-dessus devront également, avant le 1° juil- let 1855, adresser franco leur demande écrite à M. Aymard, secrétaire de la Société, au Puy, et l'accompagner de certificats délivrés par le maire de leur commune et par un des membres non résidants ou correspondants du canton où réside le postulant. 25° Amélioration des races d'animaux domestiques. À ceux qui présenteront au concours les vaches lai- tières les plus abondantes en lait et les mieux mar- quées d’après le système Guénon, et qui en auront élevé les produits des deux sexes pour les appareiller. À eeux qui auront introduit dans le département des taureaux, génisses ou vaches pleines, de race Ja ed suisse, flamande, de lAveyron, du Cantal et du Charolais, ou des béliers mérinos et autres animaux de races choisies. La prime sera de vingt à cinquante francs pour les races étrangères, selon la beauté des taureaux ou des génisses. À ceux qui présenteront les plus beaux élèves en chevaux, pouliches, taureaux ou génisses d’un an au moins, bêtes à laine et porcs nés dans le département. Les chevaux devront être hongrés pour être admis à concourir. Il sera aussi accordé des PENSIONS DE QUARANTE A CENT VINGT FRANCS aux juments âgées au moins de qua- tre ans, qui présenteront les meilleures conditions comme poulinières. Elles devront être accompagnées d’un produit pro- venant soit des étalons nationaux, soit des étalons par- ticuliers approuvés par l'administration, ou bien avoir étésaillies dans l’année courante par lesmèmes étalons. Le propriétaire devra, dans les deux cas, être mu- ni d’un certificat constatant la saillie, La pension accordée au concours de 1855 ou 1854 ne sera payée qu'après celui de 1854 ou 1855, et à la condition que les jumenis seront reconnues dans ce dernier concours exemptes de vices et d’infirmités. À cette même époque , la jument qui, au concours précédent, était accompagnée de son produit, devra avoir été saillie de nouveau; celle qui en 1855 n’était pas suitée, devra l'être en 1854. La pension pourra être continuée aux juments qui se trouveraient dans les conditions exprimées ei- dessus, Le concours pour la race chevaline aura lieu au Puy, le 29 sep- tembre, veille de Ja foire de la Saint-Michel, à neuf heures du ma- tin, sur la place du Breuil. Le concours pour les autres races continuera à avoir lieu le 50 sep- {embre, jour de ja foire, avant 9 h. du matin, sur la méme place. La commission chargée par la Société de les examiner sera présidée par M. le Préfet. L'examen aura lieu en présence du directeur du dé- pôt d’étalons d’Aurillac, d’un oflicier de cavalerie chargé de la re- monte, et du médecin vétérinaire de lParrondissement. Les concur- vents devront étre munis des pièces et certificats du maire de leur commune, constatant l'origine et Päge des animaux présentés. Les — 10 — primes oblenues seront décernées séance lenante, et les animaux pré- sentés seront marqués d’une estampille. Des Prix et des PRIMES seront décernés également à ceux qui présenteront les plus beaux élèves en bes- tiaux de race bovine, ovine et porcine, aux concours annuels institués par le comice de Brioude et par ce- lui d’Yssingeaux, conformément aux programmes de ces comices. Les prix que la Société décerne pour l'amélioration des races d'animaux domestiques, se divisent en prix DE DÉPARTEMENT €t PRIX D'ARRONDISSEMENT. Les pre- miers pourront être accordés aux produits des trois arrondissements, même à ceux qui auront été primés par les comices. Les seconds ne sont instituëés qu’en faveur de l’arrondissement du Puy, les produits pro- venant de Brioude et d’Yssingeaux ayant dü concourir pour les mêmes prix devant les comices. Commerce et Mndustrie. La Société décernera : 1° Une PRIME pouvant s'élever à cENT FRANCS aux personnes qui auront perfectionné dans le départe- ment la fabrication des briques et des tuiles d’après la méthode flamande, c’est à dire à découvert et cuites à la houille; 2° Une prime de cENT FRANCS, qui pourra être conti- nuée d'année en année, aux personnes qui auront amélioré la fabrication de l'huile et abaissé leur prix, en rendant le mare ou {ourteau au propriétaire. La Société d'agriculture ne peut voir sans peine que les prix de fabrication au Puy s'élèvent au double de ce qu'ils coûtent ailleurs et notamment dans l’arrondissement d’Yssingeaux. 9° Des MÉDAILLES et PRIMES aux personnes qui auront introduit dans le département une nouvelle industrie ou perfectionné quelqu’une de celles qui y existent déjà , telles que la fabrication de la dentelle ; 4° À celles qui auront perfectionné le piquage des DE dessins et les carreaux ou métiers employés à la fabri- cation des dentelles larges, ou qui auront confec- tionné des cartons à dentelle dans le genre de ceux de Caen; 5° A celles qui auront perfeetionné les méuers et les divers ustensiles employés à fabriquer les étoffes de laine, et qui auront établi une fabrique de métiers ; 6° Aux personnes qui auront organisé une fabrique de tapis de pied en laine dans le genre de ceux de Nimes ; 7° A celles qui auront perfectionné la filature et la teinture de la laine, le tondage et lapprèt des draps; 8° Aux personnes qui auront amélioré la produc- tion de la soie, perfectionné le dévidage des cocons, la filature et le moulinage de la soie (une PRIME sera accordée à chaque fileuse qui constatera avoir formé des élèves) ; 9° Aux ouvriers ou chefs d'atelier qui auront établi un métier d’étoffe de soie ou de rubans dans les can- tons du Puy et autres du département où cette in- dustrie n’est pas encore introduite ; 10° Aux personnes qui auront perfectionné le ta- nage des peaux, organisé des ateliers pour lappré- tage des peaux de chevreau et pour la fabrication du parchemin ; 11° Aux fabricants des plus beaux meubles en ébé- nisterie ; 19° À ceux qui auront perfeetionné la fabrication des chandelles ou introduit celles des bougies éco- nomiques ; 15° À ceux qui auront établi des elouteries à proxi- mité de nos houillères ou partout ailleurs que dans les cantons limitrophes du département de la Loire ; 44° Aux fabricants d'objets de quincaillerie , de ser- rurerie , de coutellerie et d'instruments aratoires : 45° À ceux qui auront introduit dans le départe- ment d'importantes usines à eau ou à vapeur, ou perfectionné celles qui existent, telles que scierie, papetterie, moulins à farine, à huile, ete. Sadt = 16° À ceux qui feront usage des voies de fer dans l'exploitation des carrières de chaux, de plâtre, de pierres à bâtir, de bitume, de houille. Sont exceptés du concours les cantons limitrophes de la Loire et du Puy-de-Dôme. Sciences, Vrts et Delles-Tlettres, La Société décernera aussi, en 1854, dans sa séance publique, des MÉDAILLES D'OR, D'ARGENT et DE BRONZE, aux auteurs des meilleurs mémoires : 1° Sur les améliorations dont l’agriculture et l’in- dustrie départementales peuvent être susceptibles, sur leur statistique, etc. 2 Sur un point quelconque de l’histoire du dépar- tement, sur ses antiquités, son histoire naturelle, ete. Une PRIME qui pourra s'élever à DEUX CENTS FRANCS avee MÉDAILLE D'ARGENT, à l’auteur d’un bon manuel populaire d’agriculture et d’horticulture pour le dé- partement. * Des PRIMES ou Mépaizzes à l’auteur de la meilleure pièce de poésie, dont le sujet devra être pris dans l’histoire du pays, ou offrir un intérêt loeal; A l’auteur du meilleur morceau de sculpture, du meilleur tableau ou dessin, de la meilleure lithogra- phie ou gravure représentant un site ou un monu- ment du département. Les mémoires et dessins envoyés au concours devront porter une sentence et être accompagnés d’un billet cacheté renfermant cette méme sentence et le nom de l’auteur. Les billets ne seront ouverts que lorsque les ouvrages auront été jugés dignes du prix. Ils devront étre adressés à M. Aymard, secrétaire de la Société, avant le der juillet. Les personnes de tous les pays sont admises à concourir, excepté les membres résidants de la Société. Les mémoires et pièces de vers couronnés seront insérés dans les Annales, et pourront étre lus en séance publique. Les envois d'objets d'art et d'industrie devront étre parvenus à fa Société avant le 4er juillet 1854, et pourront étre exposés en séance publique; les certificats qui les accompagneront devront étre signe: par le maire de la commune et par un membre non résidant ou cor- respondant de la Société. eee mnnane me PRIX DÉCERNÉES EN SÉANCE PUBLIQUE LE 2% AOÛT 1852. HI C= Aaviculture. FOURRAGES ARTIFICIELS. Trèfle ordinaire et incarnat, esparcette, luxerne, vesces, betteraves, carottes, etc., cultivés sur une grande surface relativement à l'étendue de l'exploi- tation. A MESSIEURS Jules Beraud, propriétaire à Rosières, médaille d'argent moyen module. Pierre Gimbert, propriétaire à Vals, près le Puy, mé- daille d'argent moyen module. Louis Souvignet, propriétaire aux Ages, commune de Monistrol-sur-Loire, rappel de médaille d'argent moyen module. Jacques Brunel, propriétaire à Adiac, commune de Beaulieu, médaille d'argent petit module. Jean-Pierre Amargier, propriétaire à Bizac, commune du Brignon, médaille d'argent petit module. Antoine Laurent, propriétaire à la Glandière, commune de Saint-Jean-de-Nay, médaille d'argent petit module. Matthieu Massebœuf, fermier à Orzilhac, commune de Coubon, médaille de bronze et prime de 15 fr. Pierre Hillaire, propriétaire à Beaune, commune de Saint-Etienne-du-Vigan, médaille de bronze et prime de 15 fr. ï Pierre Aulanier, propriétaire à Espales, commune de Saint-Christophe-sur-Dolaison, médaille de bronze et prime de 15 fr. Jean-Louis Guilhot, fermier à Mathias, près Fay-le- Froid, médaille de bronze et prime de 10 fr. ! François Saugues, propriétaire à Lantriac, rappel de prime. Jean-Pierre Martin, fermier à Bouzols, prime de 15 fr. CULTURE DE MURIERS, ÉDUCATION DE VERS A SOIE EXPOSITION DE COCONS ET SOIES. A MESSIEURS Vinay-Faure, propriétaire à Brives-Charensac, médaille d'argent moÿen module. Gourd-Soulage, propriétaire à Langeac, rappel de mé- daille d'argent. Perret, propriétaire et maire à Vieille-Brioude, médaille d'argent petit module. Mre veuve Surrel-Méjean, médaille de bronze. Mie Marie Boyer, mention honorable. DÉFONCEMENTS. Jean-Baptiste Bruchet, maire de la Sauvetat, médaille d'argent grand module. Cet agriculteur a donné un exemple qui mérite d’être signalé à lattention des administrations communales : il a provoqué le défri- chement d’un vaste communal contenant environ 40 hectares, et dont le produit, très minime avant cette opération, s’est élevé à environ trois mille doubles décalitres de blé. Gilles Chanial, propriétaire à Nirande, commune de Cayres, deuxième rappel de médaille et de prime obtenues en 1849. | Truchet frères, propriétaires à Chadrac, près le Puy, médaille d’argent moyen module. Défoncements considérables et exposition en séance publique de la Société, de plusieurs gerbes de nouvelles espèces de froment cultivées en grand, telles que froment aduri, froment roussillon, grossagne rouge, bladette rouge, froment noir, etc. Michel Bernard, propriétaire à Pebelly, commune de Saint-Germain-Laprade, médaille de bronze et prime de 15 fr. Théophile Menut, propriétaire à la Chèze, commune de Saint-Voy, rappel de médaille. Vital Delivert, propriétaire à la Jarrige, commune de Saint-Austremoine, rappel de médaille et de prime. Jean-Matthieu Demourques, propriétaire au Chastelas, commune de Chaspinhac, prime de 15 fr. Etienne Gervais, propriétaire au Roure, commune de St-Germain-Laprade, prime de 15 fr. Joseph Grange, propriétaire à Mazioux, commune de Raucoule, prime de 15 fr. Augustin Crouxet, propriétaire à Saint-Arcons-d'Allier , prime de 15 fr. REBOISEMENT. A Me veuve Mosnier, propriétaire à Saint-Cirgues ; canton de Lavoûte-Chilhac, félicitations pour des amé- liorations silvicoles importantes qui lui ont valu une médaille décernée par le comice agricole de Brioude. Pierre Charretier, garde-forestier à Fix-Villeneuve, médaille d'argent petit module et prime de 30 fr. Pierre Garnier, propriétaire à Champelause, médaille d'argent petit du 3 Jean-Louis Riou, propriétaire à la Bourgea, commune du Chambon, aille d'argent petit module. PÉPINIÉRICULTURE ET ARBORICULTURE. Pierre Charmon, propriétaire à Yssingeaux, rappel de médaille d'argent. Pierre Antériou, propriétaire à Mazalibrand, commune de Saint-Voy, médaille de bronze. nd Amblard, propriétaire à Croisance, médaille de ronze. HORTICULTURE. Exposition de fleurs en vases et en bouquets, etc. Jean Avit, jardinier-fleuriste à Charensae, médaille d'argent petit module. Bonnet père, jardinier-fleuriste au Puy, médaille de bronze et prime de 20 fr. Antoine Delaigque, jardinier-fleuriste à Aïguilhe , fprès le Puy, médaille de bronze. Cet exposant a présenté en outre une table rustique pour pavillon, et une jardinière habilement confectionnées. Alphonse Richard, propriétaire au Puy, médaille de bronze. Exposition intéressante de fleurs, de raisins précoces en vases, de semis de vignes de diverses espèces. CULTURE LÉGUMIÈRE. Pierre Martinol, jardinier à Vals, près le Puy, médaille de bronze et prime de 15 fr. Jean Livernois, jardinier à Vals,° près le Puy, prime de 15 fr. Ces jardiniers ont exposé de beaux légumes; ils se recommandent en outre par une culture maraichère perfectionnée, DE re ATTELAGE D'UN SEUL B@ŒUF OU D'UNE SEULE VACHE. A MESSIEURS Jean Valentin, propriétaire à Belair, commune de St-Pal- de-Mons, prime de 10 fr. Jean Compte, propriétaire à Lavoûte-Chilhac, prime de 10 fr. SERVITEURS ET SERVANTES DE FERME Ayant servi leurs maîtres le plus longtemps et avec le plus de zèle, d'intelligence et de dévoüment. Mie Rose Cornaire, servante chez M. Philip, à St-Pau- lien, médaille de bronzeet prime de 40 fr. Mie Anne-Marie Alibert, servante chez M, Boulangier des Roches, à Saugues, médaille de bronze et prime de 30 fr. M. Jean-Matthieu Convers, domestique chez M. Picot, propriétaire à Arcelet, commune du Chambon, médaille de bronze ‘et prime de 20 fr. Mie Antoinette Dagon, servante chez M. Ferlut, proprié- taire à Lavoûte-Chilhac, médaille de bronze et prime de 20 fr. M. André Trombère, domestique chez M. Chanet, maire à Ceyssac, médaille de bronze et prime de 15 fr. M. Baptiste Gimbert, domestique chez M. Jean-Pierre Mirmand, à Coulis, commune de Solignac-sur-Loire, médaille de bronze et prime de 15 fr. MACHINES ET INSTRUMENTS AGRICOLES NOUVEAUX. Baptiste-Michel Berger, fermier à Vergonges, médaille d'argent grand module. Exposition d’une machine propre à vanner les grains et les légumes et à blutter la farine. Jean Berger, domestique chez Me de Mariol, prime de 10 fr. Exposition d’un mécanisme pour concasser les noix et d’un méca;, nisme pour donner à manger aux pigeons. Suou se se « + Charron à Saini-Paulien, mention honorable. Exposition d’une araire et d’un joug bien confectionnés. Antoine Orfeuvre, propriétaire à Lavoûte-sur-Loire, mention honorable. Exposition d’un cep d’araire fait d’une seule pièce. A MESSIEURS Pierre Garand, propriétaire à Aubenas, commune de Tailhac. Admission à l'exposition d’un nouveau modéle de charrue, M. Pierre Gimbert, de Vals. Admission à l’exposition d’un nouveau modele de béche. CHARRUES PERFECTIONNÉES, DOMBASLE, ROSÉ ET AUTRES. Matthieu Chalage, propriétaire à St-Meyras, commune de Riotord, prime de 20 fr. Hippolyte Ruel, propriétaire au Riou, commune du Chambon, prime de 20 fr. François Raffie, à Tremoul, commune de St-Christophe- d'Alhier, prime de 20 fr. James Dubois, à Pranlary, commune de Taulhac, prime de 20 fr. Pierre-Auguste Ferrier, au Crouzet, commune du Cham- bon, prime de 20 fr. Jean-Claude Vallo, à Chaumier, commune du Cham- bon, prime de 20 fr. Roche, dit Grangeaux, à Passebarial, commune de Saint-Austremoine, prime de 15 fr. Jean Trioullier, à Cezat, commune de Saint-Privat-du- Dragon, prime de 15 fr. Jean Borel, à Saint-Privat-du-Dragon, prime de 15 fr. Jean-Pierre-Vidal, à l'Escalier, commune d’Aubazat, prime de 15 fr. Pierre Moulherat, à Achaud, commune d'Aubazat, prime de 15 fr. Pierre Sicard, à Peyrusse, commune d’Aubazat, prime de 15 fr. Pierre Delmas, à la Coste, commune d’Aubazat, prime de 15 fr. Jacques Moulherat, à Chassegnolle, commune de Férus- sac, prime de 15 fr. Porte Cirques, à Chassegnolle, commune de Férussae, prime de 15 fr. Vital Vidal, à la Coste, ce. de Férussac, prime de 15 fr. Jean Torrillon, à Beaune, prime de 15 fr. Sébastien Bertrand, à Beaune , prime de15 fr. Pierre Jourde, à Beaune, prime de 15 fr. Antoine Chevalier, à Lavoûte-Chilhac prime de 15 fr. Vedel Claude, à Sauzet, e. d'Aubazat, prime de 15 fr. ) fe 2 7 A MESSIEURS Etienne Chazelet, à Sauvanirgue, commune de St-Privat- du-Dragon, prime de 15 fr. Pierre Couquet, à Promeyrat, commune deSt-Cirgues, prime de 15 fr. Charles Labretoigne, à Saugues, prime de 15 fr. Objets Divers, Liabeuf-Sauron, fabricant de plâtre au Puy. Admission à l'exposition de divers échantillons de plâtre (bonne qualité) pour amender les terres. Félix Raphanel, propriétaire à Lamothe-près-Brioude, médaille de bronze. Exposition de tres hautes tiges de feverolles printanières, spé- cimens d’une abondante récolte. Robert-Avit, propriétaire au Puy, mention honorable, Exposition d’üne belle gerbe d’avoine unilatérale. Jean Gardès, fermier de M. Pinède au Puy, mention honorable. Exposition de belles betteraves violettes. Tholence Bouteyre, propriétaire à Espaly; Jacques Brunel, propriétaire à Adiac; Hippolyte Chanial, propriétaire au Puy, Alphonse Richard, etc. Admission à Fexposition de divers produits agricoles, tels que trèfle, chanvre géant du Piémont, betteraves blanches de Silésie , blé de Chine, etc. Des REMERCIMENTS ont été votés par le jury à plusieurs membres résidants, non résidants et correspondants, qui ont bien voulu répondre à es de la Société, en pré- sentant à l'exposition des produits et autres objets agri- coles très remarquables. Il adresse à ce sujet des félicitations : A MM. Lacombe, membre du conseil général, Pour une chambrière roulante de son invention appropriée aux charrois agricoles. Albert de Brive, président de la Société d'Agriculture, Pour des spécimens de pommes de terre hâtives, dites Comice d'Amiens, et de pommes de terre jaunes naines d'Amérique, pro- duits d’une plantation faite avant l'hiver. Félix de Brive, propriétaire à Coubon, Pommes de terre hâtives longues dites Marjolaines. == A MESSIEURS Baptiste Chouvon, directeur de Fa ferme-école de Nolhac. Bélle et nombreuse exposition des objets suivants : Faulx à ratelier, lune des quatre qui ont servi à moissonner les récoltes à la ferme-école; gerbes d'orge, espèce dite en éventail ; d'orge céleste ; d'orge à deux rangs ordinaire; blé de mars carré de Sicile; blé de Victoria ; avoine pied-de-mouche; avoine blanche de Hongrie; avôine à trois grains; sarrasins. Betteraves blanches de Silésie; betteraves disettes blanches à collet hors de terre; betteraves disettes rouges, ete. , ete. Magnifiques fleurs en bouquet. A cette occasion le jury remercie l'administration du jardin des plantes de Paris, des encouragements qu’elle a donnés à l’habile directeur de la ferme-école, et par suite au perfectionnement de l’agriculture dans le dépar- tement, en adressant à M. Chouvon une collection variée de graines de nouvelles espèces de plantes qui sont en cours de eulture à la ferme-école. Il remercie également: MM. Doniol de Barlière, membre non résidant à Bar- lière, près Brioude, Pour une série de belles gerbes de diverses espèces de blés, tels que blé Doniol, blé anglais, blé d’Odessa, blé de Saint-Lô , et gros blanc. Pomier, membre non résidant à Brioude, Pour de beaux épis de froment miracle; des spécimens de pavots œillette et aveugle et une curieuse variété de cornichon-serpent. Chanial, membre correspondant, maire de Cayres, Pour des gerbes d'avoine blanche, d’orge nue à deux rangs, etc: Chorand, membre correspondant à Talobre, Luzerne, seconde et troisième coupes; carottes blanches à collet vert, etc. Chevalier, membre correspondant à Pradelles, Graines de nouvelles espèces de navets, chicon jaune ct vert. Cnseignement ugricole. Prix institué par la Société à la ferme-école. M. Vincent Barthélemy, de Polignac, premier prix : un ouvrage d'agriculture. Prix décernés par M. le directeur. M. filarion Eyraud, de Cayres, deuxième prix ouvrage d'agriculture: le (opres M. Auguste Roche, de Saint-Jean-de-Nay, troisième prix : ouvrage d'agriculture. Instituteurs primaires qui se sont distinqués dans l'en- seignement de l'agriculture élémentaire. Clémensat, instituteur à Montfaucon, premier prix : médaille d'argent petit module et prime de 30 fr. Montchamp, intituteur à Rosières, et Dufix, insttu- teur à Pinols, deuxième prix ex œquo : médaille de bronze et prime de 25 fr. Faure, instituteur à Araules, troisième prix : médaille de bronze. Maisonneuve, instituteur à Retournac; Borel, à Lamo- the; Duchet, à Paulhaguet; Chazal, à St-Georges- d'Aurat, mentions honorables. Dndustrie, DENTELLES. Exposition très variée, en séance publique de la Société, e dentelles de tous les genres connus, en soie noire et blanche, fil de lin, coton, laine, crin, paille, ete., etc. , fabriquées dans la Haute-Loire ; articles de toutes largeurs et de tous prix, depuis les plus bas jusqu’à 700 fr. : genres Bruxelles, Alençon, Caen et Chantilly; schalls, berthes, voilettes, mantelets, guimpes, volants, cols, ete. ; exposition en pièces etsur carreaux.—MM. les fabricants se sont engagés à distribuer le prix de leurs médailles à celles de leurs ouvrières qui se sont le plus distinguées dans la fabrication des dentelles exposées. M. Théodore Falcon, fabricant au Puy, prix hors ligne : médaille d’or de 200 fr. Mie Marguerite Julien, fabricante au Puy, médaille d'or grand module, de 150 fr. M. Breysse-Laugier, fabricant au Puy, médaille d’or moyen module. M. Régis Robert, fabricant au Puy, médaille d’or petit module. Mie Céline Balme, faibricante au Puy, médaille d’or petit module. M. Martin Roques, fabricant au Puy, médaille d’argent orand module. POpUTS M. James Dubois fils, fabricant au Puy, médaille d’ar- gent grand module. Importation dans le département, dela fabrication des dentelles.de erin. et paille. M. Adrien André, fabricant au Puy, médaille d'argent grand module. Mmeve Torrilhon, fabricante au Puy, médaille d'argent moyen. module. Mie Rose Bernard, ouvrière au Puy, médaille de bronze et prime de 20 fr. Mie Ursule Ruat , ouvrière à Séneujols, prime de 10 fr. Me Eléonore Malartre, industrielle, pour la mise en cartes des dessins pour dentelles, au Puy, mention honorable. Invention et exposition d’échantillonnages de dessins en papiers découpés, et imitant la guipure etautres articles ; exposition de dessins en cartes. M. Pélissier-Montagne, fabricant au Puy, mention honorable. Exposition de dentelles à laiguille. Le Jury a voté des félicitations à M. CA. Robert, du Puy, négociant à Paris, pu son intelligente et active coopération au progrès de l’industrie de la dentelle dans la Haute-Loire. Dessins pour dentelles. Exposition de dessins et cartons piqués de tous genres. Camille Coston, dessinateur au Puy, médaille d'argent petit module. Georges Souveton, au Puy, médaille de bronze. Pierre Crouxet, au Puy, médaille de bronze. Cartons pour dentelles. Exposition de cartes perfectionnées de divers genres; cartons pour piquage , pour couches et pliage. M. Gory-Chassany, fabricant au Puy, médaille de bronze. MM. Desruors frères, médaille de bronze. Soies ouvrées pour dentelles. M. Lauriol fils, fabricant au Puy, mention honorable. MM. Ayné frères, de Lyon, mention honorable. Soieries. M. Claude Déchaud, chef d'atelier à l'école des sourds- muets du Puy, médaille de bronze. Exposition de diverses étoffes, de soie. CT Tissus en fil. M. Auguste Rigaud, tisserand à Blesle, médaille d'ar- gent moyen module. Exposition d'une nappe damassée de vingt-cinq couverts, fabri- quée au métier à la Jacquart; cette piece se distingue par la beauté du tissu et par des dessins du meilleur goût. Broderies au crochet. Exposition de rideaux, garnitures d'autel, ete. ; filets brodés. Me Virginie Segret-Lompré, de Blesle, médaille de bronze. M. Jean-Baptiste Maurin, employé au grand séminaire du Puy, mention honorable. Lingerie et broderie. , Exposition de divers articles habilement confeetionnés. Mile Zulime Thomas, au Puy, médaille de bronze. Aux dames de l'Institution du Bon-Pasteur, au Puy, médaille de bronze. ÉBÉNISTERIE. Exposition de divers meubles en bois d’acajou, noyer, etc., confectionnés avec goût et ornés de sculptures, tels que lits, bibliothèque, table, guéridon, étagère, écran, bureau, bénitier, ete., pièces tournées pour meubles. MM. Rocher, ébéniste au Puy, médaille d'argent grand module. Régis Brenas, ébéniste au Puy, rappel de médaille d’ar- gent et prime de dix francs, Antoine Charrier, au Puy, médaille d'argent moyen module. Etienne Pomier, au Puy, médaille d'argent moyen module. Chartes Vol, au Puy, médaille de bronze. Jacques Pomier, au Puy, mention honorable. Baptiste Breymand, de Vorey, mention honorable. Pierre Mertin, au Puy, mention honorable. SERRURERIE, MM. Villesèche frères, au Puy, médaille de bronze. Exposition de deux portes d’une table de communion ornée de riches dessins dans le style gothique. Cette belle pièce a été exécutée pour l’église paroissiale du Monasticr. et on INDUSTRIE DES CUIRS. Exposition de cuirs imperméables de veaux et génisses, cirés et grenus, obtenus par des procédés nouveaux ou perfectionnés. M. Eugène Robert, du Puy, médaille de bronze. M. Claude Masson, du Puy, mention honorable. CIERGERIE ET BOUGIE, xrc. Exposition de cierges, bougies économiques, chandelles. M. Mirand, de Lempdes, médaille d'argent petit module. M. Combette, du Puy, médaille de bronze. CONFISERIE, CHOCOLATERIE. M. Pierre Jourde, du Puy, médaille d'argent petit module, fruits confits, chocolats fabriqués au moyen d'une nouvelle machine à deux cylindres. M. Paul Olagnier, du Puy, admission à l'exposition de sucreries montées. RELIURES. M. François Marcet, du Puy, médaille de bronze. SABOTERIE. Assorüment varié d'articles habilement confectionnés. M. Gaucher aïné, au Puy, médaille d'argent moyen module. POTERIE. Cuviers en terre cuite, bourneaux de fontaine, vases d'ornement, case-bouteilles, ete., vases pour préserver les dahlias et autres plantes des insectes nuisibles. M Joseph Rodias, de St-Paulien, médaille d'argent petit module. Il à reçu une médaille en or en 1847. M.Jean Robin, de Brives-Charensae, médaille de bronze. Nora. Les vases propres à préserver les plantes des insectes nuisibles sont de l'invention de M. Jean Avit, jardinier à Brives ; ils ont été exécutés par M. Robin. EN) fre Mundustries Diverses, Mme ve Tharin, médaille d'argent moyen module. Exposition d’une belle tapisserie pour fauteuil. M. Antoine Bernard, du Puy, mention honorable. Exposit. d’allumettes chimiques parfaitement confectionnées. M. Enjory Armand, du Puy, prime de 10 fr. Exposition d’un hérisson à bouteilles. M. Jean Eyraud, remouleur au Puy, Admission à l'exposition de meules à aiguiser extraites d’une ear- rière des environs du Puy. M. Augustin Meynard, fabricant de chaux à Espaly- Saint-Marcel, près le Puy, médaille de bronze et prime de 15 fr. Construction d’une vaste et profonde galerie d’exploilation exécutée suivant toutes les règles de l’art, et dans laquelle des chevaux et, voi- tures sont employés pour l'extraction de la chaux. Benux-Arts, M. fimile Badiou, du Monastier, artiste sculpteur à Paris, médaille d'argent grand module. Exposition d’une statue modelée en plâtre. M. Ranchou, du Puy, sculpteur à Lyon, médaille de bronze. Exposition d’un buste modelé en plâtre. M. Jules Gimbert, du Puy, médaille d'argent moyen module. Exposition d’un beau rétable d’autel sculpté en bois. M. Eugène Vidal, du Puy, rappel de médaille. Exposition d’un Christ en ivoire. Le Jury a voté des félicitations à M. l'abbé Bayard, curé de Coubon et membre non résidant de la Société, pour un beau Christ en bois sculpté. M. Daniel Vincent, du Puy, artiste peintre à Lyon, médaille d'argent grand module. Exposition de trois paysages au fusain, d’un autre à l’aquarelle, et de croquis à la sépia, représentant des sites de la Haute-Loire. M. Desombrages, artiste peintre à Lyon, médaille d’ar- gent petit module. Exposition d’une vue de la cathédrale du Puy, peinte à l'aquarelle. Le Jury à voté de vifs remerciments à MM. Vibert, Giraud père et fils, et à M. Normant, qui ont enrichi l'exposition artistique d'un certain nombre de belles pein- tures à l'huile et l'aquarelle. Au frère Paulinus, visiteur des Frères des écoles chré- tiennes du Puy, médaille d'argent petit module. Exposition d’un tableau calligraphique exécuté avec beaucoup d’art et de goût. A l'Ecole normale du Puy, médaille d'argent petit module. Exposition de divers tableaux calligraphiques, remarquables par la beauté des écritures, Aux élèves des Ecoles chrétiennes, admission à l’exposi- tion de divers dessins exécutés au lavis. M. Oscar Portalier, éiève des Ecoles industrielles du Puy, mention honorable. Exposition d’une planche gravée sur cuivre, et représentant une figure de saint. M. Vigouroux, du Puy, artiste dessinateur à Lyon, men- tion honorable. Exposition d’un grand dessin à la plume, d’après un bas-relief pour fronton. PRIX DE MUSIQUE. M. Sagedieu, directeur de l’école de chant à l’école normale du Puy, médaille d'argent grand module. Les élèves de l’école normale, sous la direction de cet artiste distingué, ont fait entendre, dans le cours de la séance publique, des chœurs qui ont été exécutés avec beaucoup d'ensemble et de goût. PRIX LITTÉRAIRE. M. l'abbé Adrien Maitrias, chanoine à Moulins, médaille d'argent grand module. Pour une histoire manuscrite de la ville de Craponne. PRIX POUR LA CARTE DU DÉPARTEMENT. M. Hippolyte Giraud, du Puy, médaille d'argent et prime, montant ensemble à 200 fr. Pour une carte qui satisfait aux principales conditions du pro- gramme. M = CONCOURS DE BESTIAUX. Les mercredi 29 septembre et jeudi 30 ont eu lieu, au Puy, sur la place du Breuil, les concours des différentes races d'animaux domestiques nés et élevés dans le dépar- tement. Un publie très nombreux assistait à cette solen nité, et l’affluence desbestiaux présentés était considérable. M. de Vougy, préfet du département, présidait le jury d'examen, qui se composait de MM. le Président, le Se- crétaire, et de plusieurs autres membres de la Société d'Agriculture, parmi lesquels se trouvaient M. le Direc- teur de la Ferme-Ecole de Nolhac et M. le Vétérinaire de l'arrondissement. Les professeurs etles élèves de la Ferme-Ecole ont prêté aussi leur utile concours aux longues opérations du Jury, en notant sur des tableaux destinés à la statistique agricole du département, toutes les particularités d'âge, de conformation et de poidsquicaractérisaient les animaux présentés, et surtout ceux qui ont obtenu des prix. Ils ont reçu à ce sujet les félicitations du Jury, pour le zèle et l'intelligence qu'ils ont apportés dans cette intéressante étude. Une somme de dix-huit cent vingt francs avait été fixée pour les concours. Elle à été répartie de la manière suivante : RACE CHEVALINE : neuf cent soixante franes, dont deux cent soixante francs aux juments pensionnées, six cent dix francs aux pouliches primées, et quatre-vingt-dix franes aux poulains. RACE BOVINE : sept cent quarante francs, dont trois cent quarante-cinq francs aux taureaux, deux cent soi- xante-quinze franes aux vaches laitières, et cent vingt francs aux génisses. RACE OVINE ET PORCINE : cent vingt francs. Les prix ont été proclamés dans l’ordre suivant : Race Chevaline. POULINIÈRES PENSIONNÉES. MESSIEURS PRIMES Gouy, propriétaire au Puy, pour une jument bai, suitée d’un produit de l'étalon Aljezzair, f. 60 MESSIEURS Marius Demans, propriétaire à Bauzac, pour une jument bai-clair, suitée de deux produits, provenant l’un de létalon Zeid-Méhémet, et l’autre de l’étalon Lerdam, Moiselet, marchand de dentelles au Puy, une jument bar-clair, suitée d’un produit de l’éta- lon Zeid-Méhémet, Dulac-Schwab, brasseur au Puy, jument grise, pleine, Bongiraud Baptiste, propriétaire à Polignac, ju- ment grise suitée, POULICHES PRIMÉES. Du Crozet, propriétaire à Javaugues, pour une pouliche ba, àgée de dix-huit mois, produit de Zéid-Méheémet, prix hors ligne, médaille de De Parron André, propriétaire à Bouzols, eom- mune de Coubon, pouliche bai, âgée de dix-sept mois, produit de l'étalon Historien, de la station de Cordouvil (Calvados), prix hors ligne, méd. de Marcelin Joseph, pr. au Puy, pouliche bai, âgée de trois ans, produit de l’étalon Terne, Mazaudier, percepteur au Puy, pouliche baï, âgée de dix-sept mois, produit de Zéid-Méhémet, Demans Marius, pr. à Bauzac, pouliche bai, âgée de quatorze mois, prod. de l'étalon Zéid-Mékénot, Bouix Jacques-Louis, expert-géomètre à Montival, commune de Champelause, pouliche bai, âgée de quarante-deux mois, produit de l'étalon T'erne, Bongiraud Baptiste, pr. à Polignac, pouliche bai- marron, àgée de trente-deux mois, produit de l’étalon Terne, €Chancelade Pierre, fermier à Jandriae, commune de Coubon, pouliche gris-noir, âgée de seize mois, produit de Zéid-Méhémet, Breysse, fermier à Ronzet, commune de Séneujols, pouliehe bai, âgée de vingt-six mois, produit de Zéid-Méhémet, Chevalier, pr. à Couteuges, pouliche bai-brun, âgée de vingt mois, produit d’'Aleppa, Valadier André, pr. à Sanssac, pouliche rouge. Martin, pr. à..….., pouliche grise, âgée de dix-huit mois, produit de Zéid-Méhémet, PRIMES 100 40 30 30 30 30 30 — 928 — POULAINS FRIMÉS. MESSIEURS Dubois de Roche, poulain bai-clair, ägé de trente mois, produit de l'erne, Vidal Jean, pr. à......... Guigon, vérificateur des poids et mesures au Puy, poulain alezan, âgé de quarante mois, produit de Zéid-Méhémet , Race Bovine. TAUREAUX. Olivier Jean-Gabriel-Isidore, pr. à Chanavignon, e. de Mazeyrat-Chrispinhac, deux taureaux, poil souris, Patronier, maître d'hôtel à Limandre, un taureau noir, race Salers, âgé de vingt-six mois, né et élevé chez lui, Boissière, pr. à Coubladour, c. de Blanzac, un tau- reau poil froment, né et élevé chez lui, Breysse, fermier à Ronzet, c. de Séneujols, un tau- reau poil froment, âgé de vingt-six mois, race du Mezenc, né et élevé chez lui, Bonnefoux François, pr. à St-Geneix, un taureau poil varié, âgé de quinze mois, race suisse, né et élevé chez lui, Miramand Jean-Benott, pr.à Vals, un taureau poil froment, âgé de dix-huit mois, race du Mezenc, nourri et élevé chez lui, Chanial, pr. à Nirande, ce. de Cayres, un taureau poil froment, âgé de dix-huit mois, race du Mezenc, nourri et élevé chez lui, Galand Pierre, fermier à Saint-Germain-Laprade, un taureau gris-froment, âgé de vingt-deux mois, né et élevé chez lui, Poinsac Pierre, pr. à Coubon, un taureau poil rouge-froment, âgé de vingt-trois mois, race du Mezenc, né et élevé chez lui, Barthélemy André, pr. à Orzilhac, e. de Coubon, un taureau poil froment, âgé de deux ans, race du Mezene, né et élevé chez lui, Gory François-Claude, fermier à Mons, taureau poil roux, âgé de seize mois, race du Mezenc, né et élevé chez lui, PRIMES. 30 30 30 45 40 30 30 EE ns ét DES (PERS MESSIEURS Bertrand Victor, pr. à Loudes, un taureau poil froment, âgé de quinze mois, race du Mezenc, né et élevé chez lui, Arnaud Pierre, fermier à Mons, un taureau âgé de dix-huit mois, race du Mezenc, né et élevé chez lui, VACHES LAITIÈRES. Gimbert Pierre, pr. à Vals, pour deux vaches poil froment, race du Mezene, Garnier Jean-Pierre, pr. à Bouzols, c. de Coubon, vache poil rouge et noir, âgée de sept ans, race du Mezenc, Borel Jean-Matthieu, pr. au Puy, vache poil fro- ment, âgée de neuf ans, r. du Mezenc, Berard André, pr. à Durianne, c. du Monteil, vache poil from., âgée de sept ans, r. du Mezene, Jacquet Antoine, pr. et cabaretier au Puy, vache poil froment, âgée de huit ans, race du Mezenc, Bernard Vital, pr. à Vals, vache poil blanc-fro- ment, âgée de sept ans, race du Mezenc, Bongiraud Jean-Baptiste, pr. à Polignac, vache poil froment-clair, âgée de huit ans, race du Mezenc, Malescot André, pr. au Puy, vache poil varié blanc- froment, âgée de huit ans, race suisse, Laurent André, pr. aux Extreys, vache poil fro- ment, âgée de sept ans, r. du Mezene, Meysonnet Jean-André, pr. à Coubon, vache poil noir, âgée de douze ans, race du Mezenc, Langlade-Legoux, pr. à Aiguilhe, vache poil froment, âgée de dix ans, race du Mezenc, Gardès Jacques, pr. au Puy, vache poil froment, âgée de neuf ans, race du Mezenc, Buffet, veuve Giband, pr. à Espaly-Saint-Mareel, vache poil from., âgée de huit ans, r. du Mezenc, GÉNISSES. Jouvhommes Pierre, fermier à Marminhac, ec. de Polignac, génisse poil froment, âgée de vingt- deux mois, née et élevée chez lui, Vidal J.-P., fermier à Loudes, génisse poil from., âgée de 15m., r. du Mezene, née et élevée chezlui, PRIMES 20 20 30 15 15 15 Ne US MESSIEURS Chouvy, pr. à Bains, génisse poil rouge, âgée de quatorze mois, r. du Cantal, née et élevée chez lui, Garnier Pierre, pr. à Lissac, génisse poil noir et blanc, âgée de quatorze mois, race suisse, née et élevée chez lui, Bertrand Pierre, pr. aux Brus, c. d'Espaly-Saint- Marcel, génisse poil froment, âgée de deux ans, race du Mezenc, née et élevée chez lui, Bonnaud Matthieu, pr. à Cayres, génisse poilrouge, âgée de 15 mois, r. du pays, née et élevée chez lui, Chanial Gilles, pr. à Nirande, e. de Cayres, gé- nisse poil rouge, âgée de deux ans, née et élevée chez lui, Vincent Jean-Louis, fermier au Monastier, génisse poil rouge, âgée de vingt mois, race du Mezene, née et élevée chez lui, Visconte, pr. à Espaly-St-Marcel, génisse poil fro- ment, âgée de dix-sept mois, race du Mezenc, née et élevée chez lui, Queyrel Jean-Claude, pr. à Espaly-Saint-Marcel, génisse poil rouge, âgée de quinze mois, race du Mezenc, née et élevée chez lui, Race Ovine: Breysse, fermier à Ronzet, c. de Séneujols, bélier laine blanche, âgé de seize mois, race du Rouer- gue, né-et élevé chez lui, Thomas Jean-André-Jacques, pr. à Lherm, €. de Cayres, bélier laine blanche, âgé de seize mois, race du Rouergue, né et élevé chez lui, De La Colombe François, pr. à Chadernac,; c. du Brignon, bélier laine blanche, âgé de quinze mois, race du Rouergue, né et élevé chez lui, Séjalon, pr. à Freycenet-Latour, bélier laine bl., âgé de dxhuit mois, race du Rouergue, né et élevé chez lui, Mademoiselle Ruat Ursule, pr. à Séneujols, bélier laine blanche, âgé de vingt mois, race du Rouer- gue, né et élevé chez elle, Olivier François, pr. à Séneujols, bélier laine blanche, âgé de vingt mois, race du Rouergue, né et élevé chez lui, Sabatier Louis, pr. à Lherm, e. de Cayres, bélier PRIMES 19 10 10 10 10 10 10 10 10 10 EE | PRES MESSIEURS laine blanche, âgé de quinze mois, r.du Rouergue, né et élevé chez lui, Gory André, berger à Ussel, e. du Brignon, bélier laine blanche, âgé de dix huit mois, race du Rouergue, né et élevé dans sa bergerie, Aboulin André, domestique à Ronzet, ce. de Sé- neniole bélier laine blanche, âgé de sept mois, . du Rouergue , né et élevé à Ronzet, ape Pierre, domestique à Ronzet, c. de Séneu- jols, bélier laine blanche, âgé de sept mois, race du Rouergue, né et élevé à Ronzet, Garnaud André, pr. à Rives, ce. de Cayres, bélier laine blanche et noire, âgé de six mois, race du Rouergue, Bay Matthieu, berger à Ronzet, c. de Séneujols, bélier laine blanche, âgé de sept mois, race du Rouergue, Bertrand, fermier aux Brus, ec. d’ Espaly-S aint- Marcel, bélier laine blanche, âgé de six mois, race du Rouergue, Race Porcine. Frère Hippolyte, de la maison Paradis, à Espaly- St-Marcel, truie âgée de deux ans, suitée de SIX pores, race du Cantal, Perre Dominique, nier à Lavalette, commune de Chadron, .verrat, âgé de huit mois, race du pays, né et élevé chez lui, 4 JUN. 98 PRIMES 8 6 6 N AMENER TE "LRO bare "hors ésainpsl ès ne CT TETE ë pLAer LA RU ARTE sul Seillé kg ant pd nc aËtéE dti 4 as 4 tasag ren | ae A0 à d 1° Ar rip } pu rat dur dt He otiooal Aya! d'A PuTe | alto Mie usb val 452 a, Lo are ecbx uiéuah list Rs k ue #6 bof bah gets etait» 0 SetnstIS GO E LYbEs Li ougodofub" 19. 3 Lin pdt ih48 ii ia ctasrof{r à rene ts waab sel Fou FA PTE Ry4 4 ah, donalt aginl dub PET (eme REMETT : TNTOUUE Dr 1PEHRhA' en ARTE TI M ne ROUE opia ain Rad til da > ok (OPEN } Pace. bb 70e sh hat 1100 29 ofodsld ontef PEN RARES are vise De Sete Foéagsse be 9 MSNUE A gt ALTUUUA ab: A vu : | We BP: Pers nas ras. ONE, oniul alla "ut ch v 1, 1 L D H ; PE : # -Hiformunf 4 x # Craie L. 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Nors. — La Société n'entend ni garantir les faits ni adopter toutes les opinions consignées dans les Mémoires que renferment Jes ANNALES ARE : ñ N \ ANNALES SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES , ARTS ET COMMERCE DU PUY. TOME XVII. — 1852. LE PUY, TIPOGRAPHIE MÉP. MARCHESSOU ; SUCC. DE GAUDELET , Rue Grangevieille. 1854, Est PU $ £ F LA: RÉSUMÉ DES SÉANCES, PAR M, AYMARD, SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 2 JANVIER. SOMMAIRE. — Lecture du proces:verbal. — Ouvrages reçus ; Enoncé des questions d'économie publique qui y sont traitées. — Echange des publications proposé par la Société d'Agriculture et Sciences de l'Eure; Adhésion. — Ouvrage de l’industrie séri- gène en Algérie, donné par M. Is. Hedde. — Mention des journaux Le Pays et la Gazette des Affaires, contenant des arti- cles de M. Ach. Eyraud. — Communication des exemplaires de VAlmanach historique et agricole de la Haute-Loire pour 1852. Travaux d’appropriation du Musée; Propositions adressées à la Mairie. —— Gravure d’une figure académique donnée au Musée par M. Soumy. — Subvention ministérielle de 4200 fr. pour lacquisition d’une machine propre à fabriquer des tuyaux de drainage ; Délibération sur le choix de cette machine. — Industrie de la briquetterie aux environs du Puy; Commission nommée. — Essais de culture de pommes de terre dites Comices d'Amiens ; Acquisitions de tubercules de cette nouvelle variété et de graines de carotte champêtre et navet des vertus. — Boîtes pour la multiplication artificielle du poisson; Envoi de ces appareils par M. Géhin.— Terre de bruyère naturelle et artificielle; Rapport de M. Jandriac; Observations de M. Aymard. — Communica- tion sur des travaux de consolidation exécutés dans l’église go- thique de La Voûüte-Chilhac. — Nomination des délégués au Congres des Sociétés savantes. — Rapport de M. du Villars sur un Mémoire présenté par M. l'abbé Pharisier, comme titre d’ad- mission ; Admission du récipiendaire.—M. Filhot nommé conser- vateur du Musée pour les machines et modeles, 6 RÉSUMÉ DES SÉANCES. À trois heures la séance est ouverte. Pugricarions. — Après la lecture et ladoption du procès-verbal, M. le Président énumère les ouvrages reçus depuis la précédente séance, et recommande particulièrement à l'attention de la Société les questions suivantes qui y sont traitées : usages ruraux du département de l'Eure; reboi- sements exécutés dans les communaux du canton de Clermont-Ferrand; amélioration des animaux reproducteurs; des greniers d’abondance appropriés à notre époque; des pétrins mécaniques. L'Assemblée adhère à la demande d'échange des publications qui lui est adressée par la Société libre d'Agriculture, Sciences et Belles-Lettres du département de l'Eure. Elle remercie M. Isidore Hedde, membre non résidant, qui a bien voulu lui envoyer un ouvrage qu'il vient de publier sous le titre : « De l'Industrie sérigène en Algérie. » Elle accueille également avec intérêt divers nu- méros de deux journaux : le Paus et la Gazette des Affaires, dans lesquels sont insérés des articles scientifiques et juridiques dus à la plume de M. Ach. Eyraud, membre non résidant. M. le Président dépose sur le bureau des exem- JANVIER. 7 plaires de lAlmanach agricole et historique de la Haute-Loire, édité par la Société. Il félicite les auteurs de ect ouvrage, et en particulier M. Huriez, qui en dirige la publication, du zèle intelligent qu’il a voué à cette entreprise. Musée. — M. le Président annonce qu'il a éerit à M. le Maire au sujet de certains travaux d’appro- priation que réclame le local du nouveau Musée. M. Porral fait observer que le Conseil municipal ayait manifesté des dispositions favorables aux de- mandes de la Société, mais que des changements survenus dans le personnel de la Mairie n’ont pas permis de leur donner une suite immédiate. M. Martel, au nom de la nouvelle administration, à laquelle il appartient, s’empresse d’exprimer les vives sympathies de la Mairie en faveur des vues de la Société, et lui promet le concours le plus bienveillant. M. Aymard fait hommage au Musée, de la part de M. Soumy fils, jeune artiste né au Puy, d'une gravure représentant june figure académique, qui lui a valu la médaille d'or au concours de l’école des Beaux-Arts de Lyon. Cette œuvre d'art qui, par la pureté du dessin et la fermeté du burin, donne des espérances pour l'avenir de son auteur, est l’objet d’un vote de félicitations. 8 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Acricugrure. — M, le Président lit une lettre par laquelle M. le Ministre de l’agriculture accorde à la Société une somme de 1200 fr., applicable à l'acquisition d’une machine propre à fabriquer les tuyaux de drainage, et à des essais de rassainis- sement des terrains humides par ce nouveau procédé. Après cette lecture, M. de Brive dit qu’il a éerit à M. Payen , secrétaire de la Société centrale d’Agri- culture, pour lui demander des renseignements sur le meilleur choix à faire parmi les nombreuses machines de ce genre, proposées par leurs inven- teurs ou par des fabricants. D’après ce qu'il a jugé de l’une d’elles, celle d’Ainsly, qui appartient à l’école régionale de Saint-Angeau, et qu'il a vu fonctionner au concours régional d’Aurillac, il serait disposé à donner la préférence à ce modèle. À cette occasion, M. le Président émet la pensée qu'il serait peut-être utile pour le département de posséder un appareil mécanique qui permit de pétrir et nettoyer la terre employée non seulement à la fabrication des drains, mais encore à celle des briques, tuiles creuses, etc., et il observe que la machine d’Ainsly ne remplirait pas ce but. Afin d'éclairer cette question, qui intéresse une industrie importante de notre pays, M. le Président prie M. Dumontat de faire un rapport, à la pro- chaine séance, sur la situation de la briquetterie aux environs du Puy. LS JANVIER. 9 M. de l'Eguille présente un transplantoir, sorte d’instrument en forme de bèche presque circulaire, qu'il emploie avec succès pour l’arrachage et la transplantation des plants d'arbres forestiers. L'Assemblée, intéressée par cette communication, déeide qu'un modèle de cet instrument sera placé dans la collection des machines agricoles du Musée, IL est arrêté également, sur la proposition de M. de Brive, qu’afin de favoriser l'introduction dans le département d’une nouvelle variété de pommes de terre hätives, dite Comice d'Amiens, il en sera acquis deux doubles décalitres, pour être répartis aux sociétaires qui demanderont à essayer celte culture. Il sera fait, en outre, une distribution de graines de carotte champêtre et de navet des vertus. M. le Président, au nom du Conseil d’adminis- tration, exprime le regret qu'en présence des dé- penses que nécessiteront, cette année, la séance publique bisannuelle de la Société et lexposition générale des produits agricoles, industriels et artis- tiques du département, il ne soit pas possible d'étendre la distribution des graines à un plus grand nombre d'espèces. Il espère que ce moyen de propagation des plantes utiles, dont Pemploi a été jusqu'à. ce jour fécond en heureux résultats, pourra être repris dans l’avenir, lorsque le budget de Ja Société le permettra. 10 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Piscicucrure. — M. de l’Eguille informe l'Assem- blée que M. Géhin vient de lui envoyer un certain nombre de boites préparées pour la multiplication artificielle du poisson. Elles contiennent des œufs de diverses espèces, notamment de la truite du lac de Genève, de l’hombre-chevalier, ete. I présente un de ces appareils, et offre d'en remettre aux personnes qui voudront expérimenter ce nouvel et précieux procédé de propagation du poisson. Cette proposition, qui est accueillie avec grati- tude, sera portée à la connaissance du publie par la voie des journaux. HorricuuTure. — L'ordre du jour appelle ensuite un rapport de M. Jandriac, sur un travail de M. Rousselon, relatif à la terre de bruyère natu- relle et artificielle, et inséré dans le Bulletin de la Société nationale d’'Horticulture de Ja Seine. Après avoir rendu un juste tribut d’éloges aux recherches nombreuses et savantes auxquelles l’au- teur de ce Mémoire a duü se livrer, M. le Rappor- teur en cite les extraits suivants : « .….La terre de bruyère est un mélange, en proportions presque égales, d’humus et de sable pulvérulent. » L’humus, en général, est une matière noirâtre, douce au toucher, légèrement onctueuse, formée de molécules plus ou moins déliées, et résultant JANVIER. 11 de la décomposition, sous le contact de l'air, des substances végétales et animales. C’est lui qui porte dans les sols la fertilité qu’il doit à l'air et à l’eau ; ce sont, en effet, ces deux agents qui déterminent sa solubilité, et le rendent propre à être absorbé par les suçoirs radiculaires des plantes. » Pour les horticulteurs , il y a deux sortes d’humus : celui qui provient de la décomposition des plantes, et que par cette raison on appelle humus végétal, et celui qu'on nomme animal, parce que, dans sa constitution, sont entrées des subs- tances animales décomposées. » Ces cultivateurs sont bien obligés de les dis- tinguer dans leur pratique, puisque Phumus animal, bien que très-favorable à la nutrition d’un nombre immense de plantes , est cependant fatal à plusieurs, qui périssent plus ou moins promptement lorsqu'on le présente à leur absorption. Telles sont quelques liliacées du Cap, les protées et d’autres plantes de la Nouvelle-Hollande, auxquelles il faut indispensa- blement pour nourrituge lhumus végétal. L'autre humus, toutefois, ne diffère de ce dernier que par les éléments animalisés qu'il recèle, et qui, princi- palement ammoniacaux, s’évaporent par une expo- sition prolongée à l'air libre. Il est alors dans l'état que les jardiniers nomment terreau consommé, et plus rapproché ainsi de lhumus végétal; il contient, en moindre quantité que lui, des éléments d’assi- milation pour les végétaux, parec qu'il en a perdu 12 RÉSUMÉ DES SÉANCES. beaucoup pendant l’évaporation qu'il a subie, étant exposé à l'influence atmosphérique. Il a donc une durée moindre, mais c’est le seul état sous lequel il puisse être présenté aux plantes délicates, et qui montrent une sorte de répugnance pour les principes animalisés. 6 » C’est l'humus végétal qui constitue la base substantielle de la terre de bruyère. Comme il contient les mêmes principes que les végétaux qui Font produit, on préfère, pour la culture des éricées, celui qui est dû à la décomposition des bruyères. Toutefois, je dois dire que, quelle que soit son origine, il est, à bien peu de chose près, identique. Ainsi la substance brune, pulvérulente et légèrement onctueuse que l’on trouve dans le tronc des vieux arbres usés par le temps, comme chénes, saules, ormes, etc., est un humus pur, mais dont la fertilité ne se développe qu'après une exposition, durant quelque temps, au contact de l'air, dont il a été trop abrité pendant sa formation. Le méme effet résulte de l'addition d’une petite quantité de chaux vive. » M. le Rapporteur cite également, d’après le même travail, diverses analyses chimiques qui signalent, dans les terres de bruyères, la présence propor- tionnellement très-variable du sable siliceux, de lhumus, de débris végétaux et de carbonate de chaux; mais, comme le dit avec raison M. Rousselon, les horticulteurs qui n’ont pas toujours la possibilité “ = JANVIER. 15 de procéder aux analyses, ont l'habitude de juger ces sortes de terres sur laspect en les maniant. Pour ne citer, en effet, que celles qu’on trouve en assez grande abondance dans la Haute-Loire, les unes sont terreauteuses et les autres sablonneuses. « ...Les premières, d'un noir plus ou moins foncé, onetueuses, contiennent une forte proportion d’humus, qu’elles doivent probablement à ce qu’elles sont de formation ancienne. Elles conviennent aux plantes faites qui ont besoin d’une nourriture plus substantielle ; mais elles s’usent promptement, parce qu'ayant été plus longtemps exposées à l'air et à la pluie, leur humus est dans un état de solubilité plus avancé, et conséquemment plus propre à l’absorption. » Les secondes sont plus sèches, et leur couleur est le gris roux, qu’elles doivent à un peu d’oxide de fer; elles contiennent plus de sable et des débris végétaux en quantité; c’est à celles-ci que ressem- blent le mieux les ferres de bruyères belges. Cette sorte est celle que l’on emploie, après l'avoir ta- misée, pour le semis des graines fines et le rem- potage des plants délicats. Dans son état naturel ct grossièrement concassée, elle est très-convenable pour les plantes faites; celle dure plus que la pré- cédente, à cause de la grande quantité de détritus végétal qu’elle contient, ct qui, se convertissant lentement et successivement en humus, entretien- nent plus longtemps sa fertilité. » 14 ._ RÉSUMÉ DES SÉANCES. C’est cette seconde variété qui est la plus com- mune dans le département de la Haute-Loire. M. Jandriae en a constaté l'existence dans les bois de Ramourouscle, à Monthonnet, à Boussoulet , Bonneville, Saint-Hostien , Queyrières, etc.; mais la meilleure provient des bois de Breysse. Dans presque toutes nos localités, l'élément siliceux s’y trouve combiné avec des substances volcaniques ou des substances feldspathiques en décomposition provenant du sous-sol trachytique, particularités remarquables qui peuvent expliquer, jusqu’à un certain point, la fertilité de ces espèces de terres. M. le Rapporteur reconnait cependant, avec l’au- teur du Mémoire, l'utilité des compots comme pouvant suppléer parfois la terre de bruyère. « ..On forme, ditil, un excellent humus vé- gétal par laccumulation en tas de certaines subs- tances, dont on remanie souvent la masse que l’on met en décomposition à l’abri du soleil et des vents desséchants. » Voici les compots cités par M. Rousselon : D’après M. A. Thouin : Sablon CrésS NN SR LS Terreau de feuilles consommé. 40 Carbonate denchauxemee 7 5 Terre .detaupiniéres ÆVr - 1410840 100 On ajoute au mélange un centième d’oxide de fer. JANVIER. 15 D'après M. L. Noisette : Terreau de feuilles consommé. . 5 Sable de rivière fin . . . . . 5 Terre franche ou normale. . . 5 D’après M. Lemon père : Terreau végétal formé de gazons décomposés. 9 Sable fin recueilli à la surface du sol. . . . . 5 12 Enfin, M. Jandriac propose la combinaison sui- vante, d’après des expériences faites par M. Jandriac père, pendant une longue suite d'années : Terreau végétal provenant de gazons brülés. 5 Terre d’arbre provenant des saules. . . 3 Terre de taupinière provenant des prairies situées aux bords des rivières. . . . . . . 5 9 æ « Le sable, ou même la terre sableuse de taupi- nière, ainsi employés, doivent être passés à un crible très-fin, pour leur donner la ténuité pulvé- rulente du sable qu’on remarque dans la terre de bruyère naturelle. Tous ces compots doivent être faits longtemps à l'avance; après deux ans, ils peuvent être d’un emploi avantageux, et lorsqu'ils en ont trois ou quatre, ils égalent, par leur qua- lité, la meilleure terre de bruyère, si même ils ne lui sont préférables. » 16 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Ces détails explicatifs empruntés, pour la plupart, à l'important Mémoire de M. Rousselon, ont été écoutés par l’Assemblée avec la plus bienveillante attention. Néanmoins, ils donnent lieu à M. Aymard de faire observer que « si nos environs sont riches en terres de bruyère naturelle, si la qualité de ces terres, comme les horticulteurs le reconnaissent, est aussi parfaite qu’on peut le dé- sirer , il y a lieu de leur donner la préférence sur les compots dont la préparation peut être plus ou moins coûteuse, puisqu'ils exigent l'emploi de subs- tances qu’on n'a pas toujours sous la main, par exemple le sable fin de rivière, la terre d'arbre, la terre de taupinière, etc. Les précautions que nécessitent ces mélanges pour les tenir à l’abri des intempéries pendant deux, trois et jusqu’à quatre années, sont aussi des difficultés qui, sans exelure absolument l’usage des compots, doivent faire apprécier l’emploi des terres de bruyère, alors qu'il est facile de s’en procurer à bas prix. » « Leur abondance dans notre pays, ajoute M. Aymard, et leur qualité supérieure, font même supposer qu'il serait possible de créer chez nous des établissements horticoles, à lexemple de ceux qui existent déjà chez nos voisins du Puy-de-Dôme, de Ja Loire et de l'Ardèche. Cette industrie inté- ressante trouverait, sans aucun doute, un aliment suflisant dans le gout de la culture des fleurs qui se répand de plus en plus parmi nous, comme Île JANVIER. A7 témoignent les expositions déjà si brillantes dont la Société a eu l’heureuse initiative. » SCIENCES PHYSIQUES. — M. Azéma lit une notice qui offre le résumé de ses observations météorolo- giques faites au Puy pendant la période quadran- nuelle 1847-1850, travail que l’auteur avait annoncé à Ja Société dans sa séance du 6 décembre dernier. Ce rapport, dont la lecture, a été écoutée par l'Assemblée avee un vif intérêt, sera inséré aux Annales 1. CONSERVATION DES MONUMENTS.—M, Aymard annonce que, par suite d’un secours ministériel accordé pour des travaux de consolidation de l’église de La Voüte- Chilhac, sur laquelle il avait adressé un rapport à M. le Préfet 2, ces travaux ont été exécutés avec soin sous la diréction de M. Normand, archi- tecte départemental. 7 Onsers Divers. — M. le Président fait lecture d’une lettre-circulaire par laquelle la Société est invitée à nommer ses délégués au Congrès des Sociétés savantes de France. IL est arrêté que MM. Charles de La Fayette et Achille Eyraud seront priés d'accepter cette mission. 1 Annales, tome XV, Ile semestre, page S15. 2 Voir ce rapport aux Annales, tome XIV, page 191: 18 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Apmission. — Organe d’une commission spéciale , M. du Villars fait un rapport sur un Mémoire pré- senté par M. l'abbé Pharisier, comme titre d’ad- mission au nombre des membres non résidants. II s'exprime ainsi : Messieurs, Comme titre d'admission, M. l'abbé Pharisier vous présente un Mémoire intitulé : « Etudes sur lagriculture au point de vue religieux et social. » Qu'est-ce que l’agriculture? se demande d’abord l’auteur; qu’elle en est l’origine, quelle influence exerce-t-elle sur la moralité et la prospérité des peuples? L'agriculture est un art, dit M. Pharisier, mais.un art que l'homme ne doit point aux efforts de son génie. Cet art, il le fait remonter à la création de Phomme : il lui fut enseigné par le Créateur lui-même, comme une douce occupation péndant son élat d’innocence; après sa chute, comme un labeur expiatoire, suivant la sentence prononcée contre lui : « Tu te nourriras à la sueur de ton front. » Mais s’il se soumet à celle sentence avec rési- gnation, avec patience, lart de la culture, non seulement en adoucira l’amertume, mais lui fera retrouver encore ici-bas une image imparfaite du séjour de délices que Dieu lui-même avait planté. Une analyse reproduirait trop imparfaitement le mérite de Vœuvre. Vous me permetlrez cependant de vous en citer quelques extraits : « .….Grâce à ses laborieux efforts, la nature stérile et sauvage est vaincue; les ronces ct les épines font place à une utile semence; la plaine se couvre de riches moissons, et l’arbre de la vallée se pare de fleurs et de fruits. Le génie humain supplée même à ces JANVIER. 19 rosées bienfaisantes que refuse à la terre un ciel d’airain. IL met en réserve ces sources abondantes qui menaçaient de s’échapper en torrents impétueux et de ravager nos campagnes; il détourne leur cours et les divise en mille canaux qui vont porter au loin, dans les déserts les plus arides, la fécondité et la richesse. Tels sont les effets prodigieux de l’industrie humaine. Et quand l'homme considère la nature ainsi: transformée par ses soins, quand il voit cette luxuriante végétation , fruit de son travail, quand il apercoit qu'il peut chaque jour sonder les secrets -de la nature et arriver à de nouvelles découvertes, il est tenté de jeter un coup- d'œil de complaisance sur son ouvrage, d'oublier l'exil, et, volon- liers, il fixerait pour toujours ici-bas sa tente, si la succession rapide des saisons, si le retour de la nature dépouillée et en- dormie, ne venaient lui apprendre la réalité de la vie, la faiblesse de sa condition et les limites rétrécies que Dieu a posées à ses jouissances, si elles ne venaient enfin le rappeler à la patrie véritable. k » Et c’est par ce côté que l’agriculture me paraît l’emporter sur les autres professions, et exercer l'influence la plus salutaire sur la moralité des peuples. Oui, tandis que l’ouvrier des villes s’étiole au fond d’un atelier plein de miasmes méphytiques; tandis qu'il ne reçoit d'autre instrugtion que celle des propos licencieux qui courent du matin au soir dans l’étroit réduit où sont entassées {ant de chétives créatures dégradées par le vice; tandis qu’il n’est jamais à portée d'envisager la manifestation de la Providence dans Ja reproduction successive de ses œuvres, l'habitant des champs, lui, a sans cesse le ciel sur sa tête, il vit dans une atmosphère pleine de merveilles qui lui rappellent la puissance de leur auteur, et, involontairement, son esprit prend son essor vers celui qui donne la pâture aux oiseaux du ciel, et revét les plus humbles plantes d’une magnificence que Salomon dans sa gloire n’égala jamais. » Les merveilles de la nature rappellent sans cesse l'habitant des champs à l’auteur de toute chose. M. Pharisier nous le montre dans ses craintes, dans ses espérances, toujours ramené vers le 20 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ciel, tantôt pour lui demander d’être préservé d’un fléau qui le menace, tantôt pour obtenir la réalisation des promesses d’une belle récolte. Ces rapports de tous les jours avec Dieu éloignent de lui les vices, fruits de la corruption des villes. Heureux, pourrait-on ajouter, s’il n’était trop souvent exposé à leur contact ! Le laboureur religieux, remerciant Dieu de ses bienfaits, accepte sans murmurer le {ravail qu’il s'impose pour vivre; s’il est tenté quelquefois de contempler d’un œil d'envie bien des heureux du siècle, il se console dans la persuasion où il est que toutes ses peines lui seront rémunérées bientôt dans un monde meilleur. Du bon chrétien au bon citoyen, la transition était naturelle. M. Pharisier nous montre l’agriculture faisant les meilleurs citoyens en moralisant les hommes, donnant à la patrie ses plus robastes, ses plus dévoués défenseurs. « Aussi, a-t-elle été en honneur chez tous les peuples de lantiquité, et tant que les peuples eurent le bon sens de ne pas la sacrifier au trafic et au négoce, ils conserverent la pureté de leurs mœurs, la liberté de leurs institutions; ils porterent haut le drapeau de la religion et de la patrie; mais une fois qu’ils eurent cédé au goût effréné du luxe, qu'ils recherchèrent les nouveautés, qu’ils se livrerent à loisiveté, le thermomètre moral baissa, et leur action politique baissa d’autant dans l’échelle des peuples civilisés. » Dis-moi, Rome, pourquoi as-tu vu s’évanouir comme un songe ces beaux jours de ta république, où tes citoyens, de la même main qui conduisait la charrue, savaient si bien manier le fer et lancer le javelot contre l'étranger? Pourquoi as-tu marché à pas si précipités vers {a décadence? C’est qu’alors tes enfants dégénérés avaient ouvert leur cœur au luxe importé d'Asie, c’est qu'ils dédaignaient la noble culture de leurs champs, c’est qu’ils délaissaient les plaisirs purs et simples des campagnes pour l’oisiveté et les plaisirs raffinés des cités, » Le commerce ne devrait être, suivant l’auteur du Mémoire, que lauxiliaire de Pagricullure, un état essentiellement manufac- turier, qui, sil vient à manquer de débouchés, peut étre en- JANVIER. 21 trainé aux plus terribles catastrophes. L'agriculture à l'immense avantage d’étre bien moins atteinte par Les vicissitudes des révolutions. Honneur donc, gloire et protection à lagriculture! Mais les établissements agricoles , malgré leur utilité incontestable, pense M. Pharisier, ne seront pas des remèdes suffisants, tant que le législateur ne trouvera pas le moyen d’extirper de-nos campagnes lé chancre de l’usure, d’exonérer l'impôt foncier, et de mettre un frein, une limite aux frais ruineux des procès et des expropriations. « ...Ne serait-il pas possible, dit-il, de dégrever la propriété, en demandant au commerce quelques-unes de ces trop nombreuses redevances que l’agriculture a le monopole de servir à l'Etat depuis si longtemps ? » M. Pharisier aurait pu peut-être, avec autant de justice, indiquer comme pouvant supporter une juste part des charges publiques, ces nombreux possesseurs de rentes, dont les revenus ne craignent ni gréle, ni gelée. Ecoutons une dernière fois M. Pharisier : « ....Que les gouvernements entrent dans cette voie d’améliora- tion et de progrès, et on ne verra plus l'habitant des campagnes déserter ses champs pour se porter vers les villes et les centres manufacturiers; on n'aura plus à combattre cette nuée d’ouvriers inoccupés qui, au jour de l’émeute, sont foujours préts à donner la main à linsurrection, à lui offrir de fraîches recrues, et qui menacent sans cesse la société d’un bouleversement et d’une ruine totale. » Messieurs, le Mémoire sur lequel votre commission vient de vous faire un rapport par mon organe, lui a paru aussi bien pensé que bien écrit. Elle vous propose d’accueillir avec empressement la demande de M. Pharisier, et de l’admettre au nombre de vos membres non résidants, \ Après cette lecture, il est procédé au scrutin, et le récipiendaire ayant obtenu l’unanimité des voix, est nommé membre non résidant. TOME XVII. 9 su 22 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. le Président invite l’Assemblée à élire un membre de la commission du Musée pour les ma- chines et modèles, en remplacement de M. Assézat de Bouteyre, démissionnaire pour cause de chan- _gement de résidence. M. Filhot ayant obtenu la majorité des voix, est invité à remplir ces fonctions, qu’il accepte. À sept heures la séance est levée. SÉANCE DU G FÉVRIER. SOMMAIRE. — Lecture du proces-verbal. — Ouvrages reçus. — Ouvrage sur Îles édifices de l'Allemagne et de lAngleterre, donné par M. de Becdelievre. — Observations critiques sur la facade du nouveau Musée; Lettre de M. de Becdelièvre; Obser- vations de M. Normand. — Classement des collections archéolo- giques ; Observations de MM. de Becdelièvre et Aymard ; Décision de l’Assemblée. — Travaux du Musée; Lettre approbative de Padministration municipale.—Programmes des concours d'animaux de Poissy et de Versailles, reçus par la Société. — Semailles d'automne dans le département; Rapport à M. le Préfet. — Allocation de 1450 fr. accordée pour le reboisement par le Comice agricole de Brioude. — Industrie de la briquetterie aux environs du Puy; Rapport de M. Dumontat. — Pétrins mécaniques pour la boulangerie; Communication de M. Filhot; Observations de M. Azéma. — Greniers d'abondance appropriés à notre époque; Rapport de M. Porral — Lecture d’un Mémoire météoro- logique relatif à une application de la loi d’interversion observée au Puy, entre la fréquence comparée des vents supérieurs et inférieurs. — Séance publique bisannuelle de la Société et expo- silion départementale en 4852; Décision de l’Assemblée. — Appro- bation des budpets et comptes de la Société. — Election de M. de Chaumeils comme membre de Ja Chambre d'Agriculture du Puy, pour le canton de Pradelles. À trois heures la séançe est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté. Pusuicarions. -— M. le Président communique les ouvrages reçus, et nomme des commissaires pour en rendre compte. Des remerciments sont votés à M. de Becdelièvre, pour le don qu'il a fait à la Société d’une collection imprimée de plans d’édifices de lAllemagne et de l'Angleterre. 2% RÉSUMÉ DES SÉANCES. Musée. — À l’occasion de l’envoi de l'ouvrage qui précède, M. de Becdelièvre écrit pour se jus- tifier, en ce qui le concerne, des critiques dont la facade du nouveau Musée a pu être l’objet. C’est d’après des exemples empruntés à cette publication, qu'il avait proposé à M. l'Architecte d’orner la façade de fenêtres cintrées; mais il regrette qu’on ne leur ait pas donné une hauteur convenable. Il aurait voulu aussi qu’extérieurement l'édifice portàt le cachet de sa destination, et que, dans ce but, ïl fut possible d'employer à la décoration des façades tous les fragments lapidaires de l'antiquité et du moyen-àge. Cette disposition n’ayant pas été adoptée, M. de Becdelièvre appelle la sollicitude de la Société sur l’arrangement des collections archéologiques. Dans son opinion, on n’est pas suffisamment fixé sur la date de la plupart des sculptures lapidaires et des meubles et armures, pour qu’on doive préférer un classement chronologique à des dispositions dic- tées seulement par le goût. Il craint que ces objets placés ainsi froidement et sans certitude de date, présentent moins d’intérêt que s'ils étaient réunis suivant des combinaisons pittoresques. En ce qui concerne la façade du nouveau Musée, M. Normand dit qu'il partage les regrets de M. de Becdelièvre sur le défaut d’élévation des fenêtres cintrées; mais il déclare qu’enfermé dans des li- mites très-étroites de dépenses par l'administration FÉVRIER. 25 municipale, il n’a pu donner aux constructions du nouveau Musée tout le développement désirable, et par conséquent aux ouvertures une hauteur suffisante. M. le Secrétaire fait observer que les questions archéologiques soulevées dans la lettre de M. de Becdelièvre, relativement à l’organisation des anti- quités historiques, ont été résolues en vertu d’une décision de la Société. Chargé par elle, dans sa séance du 5 mars 1851, de procéder à l’arran- gement méthodique des antiquités, M. Aymard pense qu’il convient d'imprimer à la façade de VPavant-corps du Musée le cachet de l’une des prin- cipales destinations de l'édifice. À cet effet, les niches qui la décorent seront occupées par les statues et autres débris recueillis dans les subs- tructions de l'établissement minéral de Margeaix, et formeront un ensemble dont les diverses parties rappelleront l’un de nos monuments antiques les plus curieux. De chaque côté du perron s’étageront, sur les gradins qui couronnent les murs, des - colonnes milliaires provenant de nos voies romaines, des colonnes et de riches chapiteaux trouvés dans l'antique villa d'Espaly, des tronçons de füts, des bas-reliefs, des cippes tumulaires, qui appartiennent tous à une haute antiquité. Ces curieux débris constitueront ainsi une des premières pages de l'histoire chronologique des arts dans notre pays. « ...[] n’était pas possible, ajoute-til, d’encastrer 26 RÉSUMÉ DES SÉANCES. les autres sculptures lapidaires dans les murs de facade : l’espace aurait manqué, et ce genre d’or- nementation pittoresque aurait eu les plus graves inconvénients au point de vue archéologique. On pourrait les ranger par groupes chronologiques sur des piédestaux placés entre les croisées ou sur une terrasse qui régnerait en avant des galeries; mais les dépenses que nécessiteraient ces nouvelles construc- uons pourraient être un obstacle à leur réalisation. » [n’y a donc aujourd’hui qu’une seule combi- naison convenable, une seule qui concorde avec les progrès de la science, avec le vœu des Congrès et celui de la Société : c’est de consacrer une galerie spéciale à l’ensemble de toutes les collec- tions archéologiques du Musée, et, sans exelure le goût, de les disposer dans un ordre sérial de dates qui offre les phases successives de l’histoire de l’art. Les types distinctifs d'époque sont, en général, faciles à reconnaitre dans le style de la sculpture, les profils des moulures et les sujets représentés, en un mot dans tous les détails du dessin ou de l'épigraphie. Leur arrangement méthodique, en facilitant l’étude, permettra aussi de classer avec plus de certitude et de précision les monuments de tous les âges disséminés dans le département. » Ces considérations sont accueillies favorablement, et M. Aymard est prié de réaliser la pensée qu’elles expriment, dans une des salles du Musée, qui sera mise à sa disposition, Pau 4 13 l . 7 = FÉVRIER. 927 M. le président de la Commission municipale provisoire écrit que cette Commission, appréciant l’urgence des réparations demandées par la Société pour l'achèvement du Musée, s’est mise en mesure de les faire exécuter au plus tôt. « ..Vous pouvez compter, ajoute-t-il, sur le vif intérêt que nous prenons à la Société d'Agriculture, et que nous mettrons tout le zèle dont nous sommes capables pour réaliser ses vœux. » L'Assemblée, reconnaissante de cette manifestation de bienveillant intérêt, charge M. le Président de transmettre ses remerciments à MM. les Membres de l'administration municipale. AGricuzTure. — M. le Ministre de l’agriculture adresse les programmes des concours d’animaux qui seront tenus cette année à Poissy et à Versailles. Ds sont distribués à divers Membres. Ces solennités seront annoncées, en outre, dans les journaux de la localité. M. le Président annonce qu'il a adressé à M. le Préfet, sur sa demande, des renseignements sur l'état des semailles d'automne dans le département. M. le Secrétaire du Comice agricole de Brioude écrit que, d’après la demande de M. de Brive, celte Association s’est empressée d’allouer une somme de 150 fr. pour être affectée au reboise- 28 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ment. Cette subvention sera mise à la disposition de M. de l'Eguille, sous-inspecteur des eaux-et-foréts. ARTS INDUSTRIELS. — L'ordre du jour appelle le rapport suivant de M. Dumontat, sur l’industrie de la briquetterie , en ce qui touche à la fabrication des tuyaux de drainage : Messieurs, La Société, qui saisit avec tant d’empressement et de persévé- rance les occasions d’améliorer l’agriculture dans notre département, s’est proposée d'introduire parmi nos cultivateurs l’usage du drainage, pour lequel l'Angleterre vient de consacrer plusieurs centaines de millions, à titre d'avance, à ses cultivateurs, Nous ne pouvons pas nous flatter d’obtenir en France de pareilles ressources, et cependant le besoin d’améliorer notre pro- duction agricole doit nous rendre jaloux de suivre l’exemple des Anglais et d'appliquer à nos terres l’usage d’un procédé dont les bons résultats sont aujourd’hui parfaitement constatés par l’expérience. Le but de ce rapport n’est pas de démontrer Patilité du drai- nage, ni d'indiquer ses moyens d'exécution. Un Mémoire de M. de Brive ?, que vous avez tous lu avec tant d’intérét, ne me laisse rien à dire sur ces deux objets. L Mais ayant recu de M. le Ministre de l'agriculture la promesse d’être doté bientôt d’une machine propre à fabriquer économique ment les tuyaux de drainage, vous avez désiré pouvoir étre fixés sur les prix de revient de ces tuyaux, par la connaissance des prix généraux de fabrication de nos briquetteries. La commission, dont je suis l'organe, avait donc à prendre des renseignements auprès des fabricants de tuiles ou de poterie de notre pays, et à établir 1 Voir les Annales de la Société, tome XV, page 215. FÉVRIER. 29 les frais de toutes sortes dont sont chargés leurs produits au mo- ment où ils sont livrés à la consommation. Je viens vous faire connaître le fruit de nos recherches. Elles ont porté plus spécialement sur la fabrication des tuiles, qui ont plus de rapports, par leur poids et leur volume régulier avec les drains, que les objets de poterie, qui varient dans leurs formes et leurs dimensions. La meilleure terre à brique, dans les environs du Puy, se prend dans le territoire du village de Fay, situé dans la com- mune de Saint-Germain-Laprade. Les habitants n’en laissent extraire dans leurs propriétés que moyennant une redevance de 25 €. par charretée, équivalant à un demi-mètre cube; le port de cette char- retée, rendue au Puy, revient à 2 fr. 50 c., y compris l'achat de la terre. Les fabriques de tuiles ou de poterie sont en assez grand nombre dans le département : les produits de celle d’Alleyras ou de Vabres sont les meilleurs et les plus estimés; mais comme le port augmenterait de beaucoup la dépense, et qu’il importe d'établir la fabrication des drains au Puy, à cause de la surveillance que nous pourrons y exercer, nous pensons que la terre de Fay, bien choisie, suffira pour obten#f des tuyaux de bonne qualité. Deux hommes, dans un jour, ne peuvent pétrir de la terre que pour faire mille tuiles; nous ne parlerons pas de la dépense du moulage, qui ne peut avoir aucun rapport avec celle des tuyaux de drainage, ces derniers se moulant au moyen d’une machine ingénieuse qui permet d'en faire un très-grand nombre, en très- peu de temps, et dès lors à très-bon marché. L’expérience seule, à cet égard, pourra nous éclairer. Trente voitures de terre, coûtant 75 fr., peuvent suffire à faire dix mille tuiles ou dix mille drains, pour lesquels il faut à peu près la même quantité de matière. Le four à cuire les tuiles que j'ai visité a 5 m. 20 ce. de long, et 2 m. 40 c. de large, sur 5 m. de hauteur; il peut servir à cuire dix mille tuiles par fournée, où dix mille drains. 50 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Le combustible nécessaire pour chaque cuite est de sept cents fagots de garne [branches de pin], qu’on réduit à six cents, en employant un peu de houille, ce qui produit une petite économie sur le prix de 440 fr. que coûtent ces fagots; sur quoi on profite de la charbonille et de quelques restes de combustible, qui servent à l’usage de Pusinier, et qui ont encore une certaine valeur. Ainsi, de fout ce que nous venons de dire, il résulte : Que dix mille tuiles ou dix mille drains coûtent : 40 Pour l’achatet le port de la terre. . . . . . . . . . Tout 2° Pour le pétrissage de la terre, vingt journées. . . 50 do Pour le CoMbUSHble Et er BPEMEN A Re 140 40 Pour le chauffage du four, trois hommes pendant DUNDEUTES SECAM AN Ce Cette première dépense est donc de 25 fr. 40 c. par mille, ou 2 fr. 54 ce. par cent, non compris la main-d'œuvre pour mouler les tuiles, les faire sécher, les placer dans le four et les en retirer. Il y aurait encore à ajouter à cette dépense une portion proportionnelle du prix du bail de Pétablissement de la fabrique; nous ne pensons cepen- dant pas que le prix puisse, à l'égard des drains, dépasser la somme que nous venons de poser, attendu que la machine à fabriquer les tuyaux de drainage facilite singulièrement les moyens d’en faire une grande quantité en peu de temps, que les résidus du combustible ont une assez grande valeur, et que la préparation de la terre peut se faire beaucoëp plus économiquement au moyen d’une machine très-simple, qui serait mise en mouvement par un manège, Mais si le prix de revient des drains fabriqués au Puy peut être évalué à 25 fr. le mille, il résulte également des calculs auxquels nous venons de nous livrer, que si la fabrication en était faite sir les lieux méme où se recueille la terre, la dépense en serait réduite d’un tiers environ, et le prix en descendrait à 47 ou 48 fr. FÉVRIER. 31 Ce prix se rapprocherait alors de celui auquel on peut livrer les drains dans les autres parties de la France et même en Angleterre. La commission est d’avis néanmoins que la fabrication des drains doit étre établie au Puy provisoirement, et que la Société doit prendre sur ses ressources les sommes nécessaires pour couvrir Îa différence de prix, et livrer aux agriculteurs les drains du petit diamètre au prix de 45 fr., ceux du moyen au prix de 20 fr., et ceux du grand diamètre au prix de 25 fr. Nous croyons encnre que pour encourager la pratique du drai- nage, la Société devra, dans son nouveau programme, inscrire des primes assez fortes pour ceux qui se livreraient sur leurs terres à des travaux de drainage bien entendus. M. Filhot appelle l'attention de l’Assemblée sur un nouveau système de pétrin mécanique, d’après un Mémoire relatif à l’industrie de la boulangerie, dont il a été question à la précédente séance. Ce Membre désirerait que la Société recueillit des infor- mations posilives en ce qui concerne ce perfection - nement important, surtout à Paris, où il pourrait avoir été l’objet d’heureuses tentatives. M. Azéma dit qu’il a vu fonctionner dans la capi- tale, avec quelque succès, une machine en forme de grand peigne, qui, en tournant, soulève la pâte et la pétrit. Dans l'établissement où elle est em- ployée, existent aussi des moulins pour la farine et une boulangerie qui fournit environ quarante mille rations par jour. La proposition de M. Filhot est prise en consi- dération, et M. le Président veut bien se charger, * dans un prochain voyage à Paris, de visiter l’éta- 29 RÉSUMÉ DES SÉANCES. blissement dont on vient de parler, et d’en rendre compte à la Société. Éconouie pugique. — M. Porral, au nom d’une commission spéciale, fait le rapport suivant sur une brochure de M. de Marolles, relative à l’orga- nisation des greniers d’abondance appropriés à notre époque : Messieurs, À toutes les époques, mais surtout dans nos temps d’audacieuse initiative, l’esprit humain a voulu tout parcourir, tout essayer, tout soumettre à des règles aussi absolues dans leur principe qu'impraticables aux yeux d’une sage et prudente expérience. De nos jours, que n’a-t-on pas tenté? La vie à bon marché, légale aisance dans toutes les positions sociales, à tous les moments de l'existence de l’homme. Des esprits élevés, généreux même, ne révent-ils pas aussi le nivellement progressif des fortunes, du savoir, de l’éducation et du bonheur de leurs semblables? Ces prétentieuses utopies, que je pourrais appeler ridicules, si elles n’émanaient pas souvent d'hommes sérieux et respectables, ne sont pas nées seulement aujourd’hui, ne sont pas filles de notre sol : elles ont vécu autrefois, et dans tous les coins de notre Europe. Elles surgissent à certaines époques dans le monde, légè- rement modifiées, avec certaines formes nouvelles, sous des aspects en apparence neufs, mais toujours avec le méme cachet d'erreur et d'impossibilité pratique. Je ne chercherai pas, Messieurs, à remonter aux causes de ces entrainements de la raison : ce n’est iei ni le lieu ni le moment pour une pareille étude. Revenons à la brochure de M. de Marolles, et par son analyse rapide, on pourra reconnaitre peut-être que les quelques considérations que hous venons de vous indiquer, ne FÉVRIER. 39 Jui sont pas complètement étrangères. M. de Marolles vous pro- pose un plan pour préserver le pays du fléau de la disette : ce plan consiste dans la création et l’organisation générale de greniers d’abondance. L'auteur formule ainsi ses propositions : « Appeler toute la population du pays à concourir à une œuvre qui Pintéresse toute entière; » Partager la réserve en autant de greniers qu'il y a de com- munes [trente-huit mille]; » Au temps de l'abondance, acheter les grains à bas prix ; » En opérer la conservation sans frais; » Aux approches de la disette, les vendre à un prix plus élevé; » Reproduire ainsi, à chaque disette, le capital avec un boni ; » À Paide de ce boni, rembourser le capital à la seconde disette, sinon à la troisième; » Acquitter également tous les frais quelconques des greniers. » Vous le voyez déja, Messieurs, cette série de questions est posée carrément; rien n’y manque, tout s’enchaîne; il n’y manque que l'exécution, — sur laquelle M. de Marolles, du reste, lève facilement tous les obstacles, — pour arriver à cette aisance continue et assurée presque mathématiquement. Des chiffres sont ensuite posés : pour la première mise de fonds, 100 millions suffiraient pour acheter 7,142,857 hectolitres de grains, et par des reventes et des achats successifs, on arrive, à la troisieme disette, à avoir ‘une réserve de 588,046,604 fr. Donnons maintenant quelques détails sur l'exécution de ces mesures : Chaque commune doit avoir son grenier à soigner sous la direc- tion d’un garde-magasin et sous la surveillance d’une commission communale, le tout sous le patronage du gouvernement, qui, pour l'achat et la vente, donnerait des ordres et fixerait les prix. Une fois les grains achetés, le garde-magasin, pour éviter la détérioration, pourrait les employer dans son commerce pendant neuf mois de l’année, sauf à les représenter au moment indiqué pour les besoins de la commune. 34 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Je veux admettre, un instant, tous les détails de celle immense opération faciles, les ressources en capitaux suffisants, soit à l’aide d’un emprunt, soit par des actions émises sous la garantie du gouvernement, soit par une surtaxe en centimes additionnels très- promptement réalisables; je veux croire que ces achats et ces reventes faites par un agent responsable, et offrant toutes les ga- ranties dans l’intérét de la conservation des grains, puissent s’effec- tuer avec la précision nécessaire, à heure fixe, ne laissant ni un jour de retard, ni, un seul moment, nos populations en souffrance. Ce n’est point dans celte minutie de moyens secondaires, — que du reste la pratique et une sage expérience renversent souvent > —que je veux trouver les motifs sérieux pour combattre un pareil système. L’objection capitale que je viens de soulever, et qui attaque la pierre angulaire de cet édifice si ingénieusement construit, est dans la fixation absolue par le gouvernement du prix de l’achat et de la vente des grains. Ce maximum et ce minimum imposés par le pouvoir sont la destruction complète de la liberté du commerce, de la facilité non absolue, maïs grande, large, des transactions, qui sont un des premiers besoins de notre époque actuelle. Ge prix arrété par décret renverserait ce qui a fait depuis des siècles, ce qui a été de nos jours surtout, l'élément principal de notre pros- périté. Quelque nom que vous donniez à un fait, ses conséquences sont toujours les mêmes; quelque détour que vous preniez pour détruire un principe tutélaire, le but sera toujours atteint. On veut laisser le pouvoir maitre de déterminer le prix des céréales, de la source première. et radicale de lalimentation, en un mot, rétablir la loi du maximum, de si désastreuse mémoire, et entrainer fatalement notre société à subir les abus ou les caprices d’une centralisation absolue. Remarquez bien, Messieurs, — et je ne doute pas que vous ne l’ayez saisi comme moi, — l’enchainement du principe une fois posé : le gouvernement, possesseur suprême du commerce des cé- réales, devient et doit devenir le maître de toutes les autres den- rées, de toutes les sources du commerce et de l'industrie. FÉVRIER. 54) Vous exposer ces faits, c’est résoudre la question , c’est vous dire combien il serait dangereux, déplorable d’entrer dans une pareille voie. La cause des disettes, chez les peuples modernes, n’est point seulement dans l’'imprévoyance des individus, des communes, ou des villes; elle n’est point seulement dans le manque absolu de la récolte générale, elle a été souvent produite par des lois mal conçues, par des prohibitions mal calculées, par un sys- tème d’entraves apportées aux mouvements généraux et naturels des produits, qui, abondants sur un point, ne peuvent se répandre au loin, et porter la vie là où elle manquait, ou se trouvait insuffisante. Je ne veux pas traiter plus au long une question si vaste et si compliquée : le temps me manquerait, mon savoir ne pourrait y atteindre; mais je crois exprimer les saines doctrines, en repous- sant le système proposé par M. de Marolles, qui, en créant des ressources pour des éventualités rares et fort irrégulières dans leurs apparitions, porteraient au commerce et à l’industrie une gêne ruineuse , et renverseraient inévitablement les principes d'économie politique qui régissent nos sociétés modernes. La Société, après avoir écouté avec la plus vive attention le rapport de M. Porral, en adopte les vues et les conclusions. M. de Brive fait seulement observer que les amis de l’humanité peuvent espérer que les disettes seront dans l'avenir et moins fréquentes et moins graves, en raison de l'amélioration progressive des voies de communication, qui rendront plus facile l’établis- sement d’un niveau commun entre les pays de pro- duction et ceux de consommation. SCIENCES NATURELLES. — M. Bertrand de Doue lit une notice météorologique dont il avait annoncé la 36 RÉSUMÉ DES SÉANCES. communication à la séance du 6 décembre dernier. Ce travail se rapporte à une application de la Joi d’interversion observée au Puy, entre la fréquence comparée des vents supérieurs et inférieurs. L'Assemblée décide que ce Mémoire sera inséré aux Annales . Ogsers ivers. — Il est arrêté, sur la proposition de M. le Président, que la Société tiendra, cette année, sa séance publique bisannuelle. Cette solen- nité aura lieu, suivant l’usage, à l’époque de Ja session du Conseil général, et sera précédée d’une exposition générale des produits agricoles, indus- triels et artistiques du département. À cet effet, M. le président du Conseil des Prud'hommes sera invité à désigner deux membres de ce Conseil pour faire partie d’une commission chargée d'organiser l'exposition. Messieurs les Commissaires de la séance et de l’exposition seront désignés ultériéurement par M. le Président. M. de Brive, au nom du Conseil d’administra- tion, expose la situation financière de la Société, et présente les comptes de M. le Trésorier pour l’exer- cice 1851-1852. Is reçoivent l’approbation de l’Assemblée. " Voir les Annales, tome XV, page 800. . Ayo FÉVRIER. 57 Écrcrion. — M. le Président donne communica- ion d’un arrêté de M. le Préfet, par lequel la Société est invitée à procéder à l'élection d’un membre de la Chambre d'Agriculture, en rempla- cement de M. de Jagonnas, décédé. M. de Chaumeils ayant obtenu l'unanimité des suffrages, est nommé membre de la Chambre pour le canton de Pradelles. La séance est levée à sept heures. TOME XVIi, 3 SÉANCE DU 5 MARS. ET SOMMAIRE. — Lecture du proces-verbal. — Ouvrages reçus ; Commissions nommées. — Etablissement d’étageres au nouveau Musée; Demande d’allocation à Ja Mairie. — Destination à donner aux diverses galeries de cet établissement. — Vase en bronze exécuté par M. Crozatier, et donné par lui à la ville du Puy; Demande que ce vase, qui décore une fontaine publique, soit placé au Musée. — Statue dite la baigneuse, par Julien; Demande d’un moulage à l'administration des Musées de Paris. — Dons au Musée de cinquante sculptures anciennes, par Mgr de Morlhon, évèque du Puy; de grenades et obus du seizième siècle, par M. de Brye; d’ossements fossiles, par M. Chouvon; Vote de remerciments. — Bestiaux importés d'Algérie avec pas- sage gratuit sur les bâtiments de l'Etat; Réclamations contre cette faveur dans l'intérêt de la production indigène.—Machines à fabriquer les tuyaux de drainage; Lettres de MM. Charles de La Fayette, de Caumont, Boitel, de Tocqueville et Mounier; Choix de la machine système Clayton , perfectionnée par M. Calla fils; Acquisition de cette machine et de divers instruments. — Fonds votés par le Comice agricole de Brioude, pour reboi- sement; Remerciments de M. de l’Eguille. — Incorporation de l'administration forestière dans le ministère de l’agriculture; Vœu émis. — Halle aux grains de la ville du Puy; Inconvé- nients à signaler.— Essais icthyogéniques dans le département ; Communications de M. F. de l’Eguille et d’autres Membres. — Lecture d’un Mémoire paléontologique par M. Aymard. — Ancienne chapelle de Chalencon ; Demande de secours; Lettre de M. le Ministre de l’intérieur. — Demande d'admission par M. de Carbuccia; Commission nommée. À trois heures la séance est ouverte. Le procès-verbal est lu et approuvé. Pugricarions. — M. le Président énumère les ouvrages reçus, et il désigne des commissaires MARS. 54) peur examiner diverses questions qui ÿ sont trai- tées, telles que : de la régénération des pommes de terre par les plantations hâtives; de la bonne fabri- cation du beurre; du pltrage et des moyens de reconnaitre les matières impropres à cet usage, qui sont livrées à la vente: des boucheries communales par actions, ele. Musée. — M. le Président expose que, gràce à la sollicitude de Messieurs les Membres de la Mairie provi- soire, les travaux appropriation du nouveau Musée sont terminés; il n’y a plus qu’à établir un ensemble d’étagères ou d’armoires dans la galerie destinée aux collections d'histoire naturelle, et dans la salle des séances pour la bibliothèque de la Société. Ces meubles, dont les plans, coupes et éléva- tions, rédigés par M. Normand, sont mis sous les yeux de l’Assemblée et adoptés par elle, nécessi- teront un surcroit de dépenses trop considérable pour rester à la charge de la Société, et il y aura lieu de solliciter encore auprès de l’administration municipale une allocation de fonds pour cet objet. M. de Brive ajoute que la commission adminis- trative du Musée, après en avoir délibéré, a pensé qu'il convenait d’attribuer à chacune des galeries une destination spéciale. Dans le vestibule, seront placés des bustes et portraits des hommes illustres du département, et, autant qu’il sera possible, des statues exécutées par des artistes nés dans le pays; 40 RÉSUMÉ DES SÉANCES. les deux salles à droite et à gauche seront consa- crées, lune aux collections d'histoire naturelle, l'autre aux antiquités. Toutefois, cette dernière pourra être divisée provisoirement en deux pièces, là première pour l'archéologie, la seconde pour la salle des séances, la bibliothèque , les gravures et les collections ethnographiques; enfin, la galerie principale, ayant aussi son entrée dans le vesti- bule, ne comprendra que les tableaux et statues. Provisoirement, les instruments, machines et outils agricoles seront déposés sous les voûtes du rez-de- chaussée. La commission espère que l’administration muni- cipale voudra bien consentir à ce que le beau vase en bronze donné à la ville du Puy par M. Crozatier, et qui surmonte la colonne de la fontaine du bou- levart Saint-Louis, où il est exposé aux injures des intempéries, soit conservé au Musée sur un pié- destal élevé au cenire du vestibule. Cette œuvre d'art, l’une des plus remarquables de notre habile compatriote, par la finesse de ses ciselures et le fini de tous les détails, réclame une place où ül sera possible d'admirer de plus près les perfections de travail, qui échappent à la hauteur où ce vase est placé. A cette occasion, M. Bertrand de Doue rappelle l'un des beaux ouvrages du sculpteur Julien, la statue dite la baigneuse, dont le modèle, celui qui porte les traces de Ja mise-au-point, existe encore MARS. A1 dans l'atelier d’un artiste de Paris, et il propose d'en solliciter l'obtention pour le Musée. M. de Brive dit qu'il serait en effet très-heureux pour cet établissement de posséder ce curieux ou- vrage de notre illustre compatriote; mais à défaut du modèle qui peut être plus ou moins altéré dans ses formes, il serait possible d’obtenir du gouver- nement un moulage du marbre, chef-d'œuvre de Julien, que l’on conserve au Louvre dans l’une des salles de la sculpture moderne. L'Assemblée, prenant en considération les propo- sitions qui précèdent, arrête qu'il y sera donné toute la suite désirable, et qu’à défaut du modèle, il en sera demandé un moulage à l'administration des Musées. Les dons suivants sont offerts au Musée Par M. Aymard, au nom de Mgr de Morlhon, évêque du Puy : Cinquante chapitaux, fragments de frises, corniches sculptées, ete., appartenant à diverses époques du moyen-àge, et provenant des dernières démo- litions du cloitre capitulaire et de la cathédrale. Par M. Aymard, de la part de M. de Brye, membre correspondant : Deux grenades et un obus du seizième siècle, trouvés dans les fossés du mur d’enceinte de Chomelix, près de l’ancienne porte dite de Roche. 42 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Ces objets curieux étaient mélés avec des ossc- ments humains, dont la présence semble éveiller le souvenir de quelque action meurtrière qui aurait eu lieu dans ce bourg, «probablement à l'époque des guerres de religion. ; Par M. Chouvon, directeur de la Ferme-Ecole : Dents de cheval fossiles, trouvées dans la brèche volcanique de Nolhac, à la suite de défonce- ments opérés dans le domaine de la Ferme-Ecole. Ces dons intéressants sont accueillis par un vote de remerciments. AcricuzTure.—Ï est donné communication d’une lettre de M. le Président de la Société d’Agricul- ture de Mende, relative aux bestiaux qui sont importés de l'Algérie avec passage gratuit sur les bâtiments de l'Etat. Cette Société considère une telle faveur comme préjudiciable aux intérêts des éleveurs du centre de la France, et sollicite le concours de la Compagnie pour obtenir du gouvernement un terme à cet état de choses. L'Assemblée adhère à cette proposition. Elle es- père que M. le Ministre de l’agriculture voudra bien prendre en considération les intérêts agricoles de la métropole, qu'il n’est pas moins utile de sauves garder que ceux des colonies. M. le Président ayant éerit à M. Charles de La Fayette, à Paris, pour lui demander des ren- MARS. 45 seignements sur les machines propres à fabriquer les tuyaux de drainage, en a recu deux lettres, dont il lit les extraits suivants : « .….Aussitôt votre lettre recue, j'ai vu M. Payen. Ce savant et M. Morin, commissaires du gouver- nement pour l'examen des machines agricoles à exposition de Londres, sont revenus avee une prédilection bien marquée pour une machine nou- velle d'invention anglaise, propre à fabriquer les drains, perfectionnée par un français. Elle est de beaucoup supérieure, selon ces Messieurs, soit à la machine Tackeray, soit à celle d’Ainsly, que vous connaissez comme moi. Je les avais vu toutes deux en effet fonctionner, l’année dernière, de- vant le Congrès agricole. La plus petite, celle de 600 fr., plus simple, moins chère, et d'exécution très-rapide, avait obtenu la préférence du plus grand nombre. » Avant d’en venir maintenant aux objections ou plutôt aux difficultés possibles, il faut constater encore que M. Payen assure qu’elle pourra parfai- tement faire des conduites d’eau, parce qu’elle peut varier le volume de ses produits. Mais comme je parlais à M. Payen d’un bout plus gros et d'une extrémité plus petite, pour pouvoir engager les tuyaux lun dans l’autre, il m'a dit que le procédé usité en Angleterre et très-répandu, était de beau- coup plus avantageux : on relie les tuyaux d’égale 44 RÉSUMÉ DES SÉANCES. dimension par un manchon ou anneau d’ajoutage, qui, étant plus gros, reçoit bout à bout les deux tuyaux qu'il faut joindre. Les pièces étant, si l’on veut, d’une longueur considérable, et les ajoutages beaucoup moins nom- breux qu’autrefois, ce procédé devient d’un facile et économique emploi. Il le faut bien ainsi, pour qu’en Angleterre, où la fonte est employée si fré- quemment et à si bas prix, les tuyaux fabriqués par les machines à drains aient été, dans ces derniers temps, très-souvent utilisés pour les conduites d’eau. » Quant aux tuiles, la machine les fabrique aussi ; mais leur forme, M. Payen l’ignore. Il ne paraissait pas connaitre celle qu’on leur donne ordinairement dans nos pays. Îl fait observer que l'inventeur seul pourrait dire si la dimension plus grande d’un côté que de l’autre est une difficulté soluble ou non... » « ...La grande machine dont je vous parlais dans ma dernière lettre, et sur laquelle M. Payen m'avait donné des renseignements très-intéressants , et en partie très-satisfaisants, n’est pas encore dans le commerce. Le prix n’en est pas encore déter- miné : il dépasse jusqu’à présent 1200 fr.; cela suffirait déjà pour qu’on düt chercher ailleurs. » Les membres de la commission d'agriculture au Congrès scientifique, étaient pour la plupart, comme moi, en quête d’une machine à bon marché et suflisamment expéditive. Après le Congrès, nous MARS. 45 avons fait quelques courses, dont j’entretiendrai en temps et lieu la Société. Quelques-uns aussi ont été visiter les ateliers de M. Calla fils, et voir fonctionner sa machine; je l’ai vue moi-même à l’œuvre. Ces Messieurs, qui en avaient vu plusieurs autres ail- leurs , ont été assez satisfaits pour que , séance tenante, M. de Caumont et un autre de mes collè- gues en aient commandé chacun une. » Maintenant, voici les détails plus circonstanciés que je crois devoir ajouter sous forme de réserve : » Le prospectus parle de l’action préparatoire accomplie par la machine. Cette action se borne à purger la terre de tout corps dur qui pourrait gêner; mais la terre a dù être pétrie et humectée par un travail manuel qui, pour nos terres, ne laisse pas que d’être difficile et assez coûteux, ce me semble. Je ne sais s’il n'existe pas ailleurs des machines pour cette préparation; mais l’atelier dont je parle n’en possède pas. Dans tous les cas, cette action pouvant se suppléer provisoirement, je croi- rais qu'on pourrait encore attendre avant de se préoceuper de ce supplément de dépense. » Au paragraphe suivant, le prospectus parle des différents objets que peut fabriquer la machine : des briques, des tuiles, des tuyaux pour les con- duites d’eau, auxquels on peut, par une filière faite sur commande, donner la forme qu'on veut. Tout cela est très-exact; mais ec qui lest également, c'est qu'aucune machine ne peut donner des produits 46 RÉSUMÉ DES SÉANCES. qui ne soient absolument réguliers. Le principe même de la production continue s’oppose à ce qu'aucune modification particulière soit apportée à la forme générale en un point ou en un autre. » Ainsi, il est absolument impossible d'obtenir des tuiles plus étroites à une extrémité qu’à l’autre, de même pour les tuyaux. Pour ce dernier objet, il est vrai, — comme je l’ai dit dans ma première lettre, — on peut réunir par des manchons les bouts juxta-posés; mais pour les tuiles, on ne voit pas de moyen de réaliser ce qu'il nous faudrait, et toute espèce de machine, conçue dans le même système , aura la même impuissance. » Une dernière observation est maintenant néces- saire : pour le prix de 450 fr., on n’a que deux filières à tuyaux, et par conséquent deux modèles de tuyaux, deux dimensions. Si nous voulons pou- voir employer la machine à fabriquer des conduites d’eau, il me semble que trois dimensions seraient au moins nécessaires. La moyenne fournirait des manchons pour la plus petite, et la plus grande pour la moyenne. Les petites ont 40 millimètres d'intérieur, les moyennes 60; elles ne sont pas faites en vue du but que nous nous proposerions, et ne s'adaptent pas assez juste. » Il me semble, si ma pensée était adoptée, qu'il faudrait prendre la dimension moyenne pour type, et faire confectionner les autres modèles d’une dimension au-dessus et au-dessous, qui permit d’en- MARS. 47 gager un bout dans Pautre et de Py fixer. On exéeuterail promptement ces filières dans la di- mension demandée. Il me semble aussi que si nous devons renoncer à la fabrication des tuiles, nous devrions nous consoler par celle des briques, qui sont un objet important de fabrication, et qu’on pourrait évidemment obtenir à bien meilleur marché, au moyen d’une machine donnant des produits sans fin et avec une grande rapidité... » M. de Brive donne également lecture de quatre autres lettres qu’il a reçues, en réponse à celles qu’il avait écrites sur le même sujet, de MM. de Caumont, directeur de PAssociation normande, Boitel, professeur à l'Institut agronomique, de Tocqueville, président de la Société d'Agriculture de Compiègne, et Mounier, président de la Société centrale de Naney. Il résulte, des renseignements transmis , une grande incertitude sur les avantages que présentent les divers modèles de machines destinées à fabriquer les tuyaux de drainage. Le temps et l’expérience pourront seuls éclairer cette question. Mais la Société ayant häte de donner un emploi à la subvention pour le drainage, qu’elle doit à Ja sollicitude du gouvernement, ne peut retarder son choix, La nouvelle machine horizontale construite dans le système Clayton, par M. Calla fils, réunis- sant les avantages de l’économie, de Ja solidité et 48 RÉSUMÉ DES SÉANCES. de la facilité d'exécution, il est décidé que M. le Président voudra bien se charger de l’acquisition de cette machine. Il fera joindre à cet envoi la grille ou plaque percée destinée à purifier la terre des graviers ou autres corps étrangers qui peuvent nuire à la bonne confection des drains, une filière pour fabriquer des briques, et une série d’instru- ments appropriés au creusement des tranchées et à la pose des tuyaux. M. de l’Eguille remercie la Société de la part aetive qu’elle a prise dans l'obtention des fonds qui lui ont été alloués par le Comice agricole de Brioude, pour travaux de reboisement. Il ajoute qu'il y a aussi dans l'arrondissement d'Yssingeaux des reboi- sements urgents à effectuer, notamment près de Bas, qui se trouve presque dominé par une mon- tagne dénudée, dont les éboulements en quelque sorte périodiques sont à redouter pour la sécurité de la ville. Il sollicite l'intervention de la Société pour obtenir du Comice d’Yssingeaux une subvention égale à celle qu'a bien voulu lui accorder celui de Brioude. M. de Brive est prié d’en écrire à M. le Président du Comice d’Yssingeaux. Enfin, M. le Sous-Inspecteur demande s’il ne serait pas opportun, au moment où presque tous les services publics sont soumis à une réorganisa- MARS. 49 tion, de solliciter de nouveau l’incorporation de l'administration forestière dans le ministère de l’agri- culture et du commerce, mesure qui a été demandée depuis si longtemps. Ce Membre croit que les amé- liorations dont ce service est susceptible, se réali- seraient bien mieux et plus promptement si cette annexion avait lieu. L'Assemblée, à l’unanimité, émet un vœu dans ce sens. M. de Brive présente les observations suivantes, au sujet du marché aux grains de la ville du Puy : Divers inconvénients qui lui paraissent préjudi- ciables aux intérêts des agriculteurs, lui ont été signalés dans la nouvelle halle aux grains. Le plus notable, est celui d’exiger des vendeurs une rétri- bution chaque fois que le même sac est porté au marché, rétribution qui, d’ailleurs, lui parait trop élevée. Il en résulte qu’on ne porte à la halle que des échantillons, et qu’une très-grande partie des grains est livrée ailleurs qu'au marché. D'où il suit que la vente s'opère avec difficulté, au détriment non seule- ment des producteurs, mais de la ville elle-même. On conçoit que ces sortes de ventes, faites loin de la surveillance de lautorité, ne sont pas à l’abri de la fraude. Ainsi, on emploie fréquemment des mesures qui sont dans de mauvaises conditions, ou l’on à re- cours à des moyens reprochables : tantôt la razoire est arrondie et tantôt légèrement concave, au lieu 50 RÉSUMÉ DES SÉANCES. d'être parfaitement plane. Souvent aussi le mesu- rage se fait sur un sol mouvant ou avec des me- sures non contrôlées, et le but utile de la halle, c’est- à-dire la garantie qu’elle doit donner aux marchés de grains, se trouve ainsi manqué. En réduisant la taxe pour le dépôt des céréales à la halle, et surtout en supprimant le droit de seconde expo- sition, on pourrait exiger plus rigoureusement que tous les grains soient portés, vendus et mesurés à la halle. Par ces dispositions, les intérêts de tous seraient beaucoup mieux sauvegardés. M. Reynaud fait l'historique de la question. Il rappelle que la halle fut instituée alors qu’il était maire, et qu'il s’opposa, au sein du Conseil muni- cipal, au tarif actuel, qu’il considère en effet comme trop élevé en temps ordinaire. Il croit néanmoins qu'aujourd'hui on s’est habitué à vendre sur échan- üllons, et qu'il serait peut-être difficile de l’em- pêcher. Dans son opinion, il y aurait des inconvé- nients à supprimer le droit de seconde exposition, d'autant plus que l'administration s’est préoccupée suffisamment des intérêts des vendeurs, en affectant un local à l’emmagasinage gratuit des grains non vendus. M. Bertrand de Doue croit que le droit de seconde exposition pourrait être supprimé. M. Reynaud répond que cette suppression entrai- nerait de grandes difficultés, en compliquant beau- coup trop la comptabilité de ce genre de service. MARS. 51 Comment constater d’ailleurs que le blé reporté à la halle est bien le même que celui qui a déjà été mis en vente? Les eultivateurs ne finiraient-ils pas par encombrer tous les magasins de la ville, en y laissant leurs grains pendant un temps plus ou moins long? M. de Brive persiste à penser qu’il serait d’un très-grand intérêt pour l’agriculture ques tous les grains soient apportés et mesurés à la halle, et dit que dans toutes les villes où le commerce des cé- réales a quelque importance , la vente se fait dans les halles et sous la surveillance de lautorité. Il existe certainement des moyens coërcitifs pour obliger les vendeurs et les acheteurs à se soumettre à cet usage. Quant à ce qui touche au droit de seconde exposition, l'intérêt des cultivateurs s’op- posera toujours à ce qu’ils encombrent les magasins communaux, en y laissant indéfiniment leurs sacs. Le cultivateur, pressé par une infinité de besoins, a toujours hâte de transformer ses produits en argent. L'Assemblée, partageant les vues émises par M, de Brive, le prie d'écrire officiellement à l’adminis- tration municipale de la ville du Puy. Pisccucrure. — M. le Président invite M. de . l'Eguille à donner des renseignements sur Îles essais icthyogéniques qui ont été faits dans le département. Ce Membre s’empresse d’adhérer à cette demande. D? RÉSUMÉ DES SÉANCES. Il dit que des boites cylindriques en fer battu et remplies d'œufs fécondés, lui ayant été envoyées par M. Géhin, ont été placées dans différents cours d'eau. L’éclosion a suivi partout à peu près les mêmes phases. Plusieurs membres de la Société ont constaté la réussite de l’expérience faite sur les bords d’un réservoir du jardin de notre collègue, M. de Læ Valette, dont les eaux sont alimentées par une fontaine. L'appareil y avait été déposé le 15 janvier . le 1° mars, l’éclosion était déjà très-avancée; on voyait encore la coque adhérente à plusieurs petits poissons. On peut juger, par ce seul essai, des résultats avantageux qu’on pourrait obtenir d’expériences conduites conformément à toutes les conditions recommandées. M. de Brive fait observer que l’appareil fourni par M. Géhin est encore imparfait à quelques égards. Il a remarqué que l’eau ne s’y renouvelle pas toujours d’une manière suflisante ; il en résulte que beaucoup de petits poissons périssent peu après l’éclosion. Une des boites placée chez lui dans un petit ruisseau, et avec toutes les précautions dési- rables, a été remplie de Jimon et n'a pas fonc- tionné. Il pense que le principe de la découverte est excellent, mais qu’il y aura lieu d’en perfec- tionner l'application avant de le rendre complète- ment usuel. A MARS. Je SCIENGES NATURELLES. — Paléontologie. — M. Aymard lit, par extraits, un Mémoire sur la paléontologie des mammifères de la Haute-Loire. Ce travail, qui a pour objet la description de toutes les espèces particulières aux anciennes faunes de la Haute-Loire, et qui offre plusieurs genres nou- veaux dans la science, sera inséré aux Annales 1. CONSERVATION DES MONUMENTS. — M. le Ministre de l'intérieur, en réponse à une demande de secours qui lui avait été adressée par M. le Président, en faveur d’une ancienne chapelle du bourg de Cha- lencon, qui menace ruine, écrit que cet édifice n'étant pas classé au nombre des monuments histo- riques, ne peut avoir droit à une subvention sur les fonds de son ministère. Cependant, comme il s’agit d’un édifice religieux, M. le Ministre ajoute qu’il a transmis à son collègue des cultes, en les lui recommandant, les pièces de cette affaire. DemaxDE D’ADMISSI0N. — Î1 est donné lecture d’une lettre par laquelle M. le colonel de Carbuecia solli- cite le titre de membre non résidant. Le récipien- ? Voir le présent volume, deuxième parlie : Rapports et Mémoires. TOME XVII. 4 D4 RÉSUMÉ DES SÉANCES. daire fonde sa demande sur les recherches archéo- logiques qu’aidé par la légion étrangère, il a en- treprises dans une grande partie de l'Algérie, et dont les résultats, heureux pour la science, ont été constatés par différents rapports des corps savants. MM. Aymard, Charles de La Fayette et Vibert sont nommés commissaires, et, conformément aux statuts, l'élection est ajournée à la prochaine séance. À six heures la séance est levée. SÉANCE DU 2 AVRIL. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal — Ouvrages reçus. — Ensertion dans l'Almanach agricole, ete. , d'articles agronomiques. — Ouvrage sur les gites minéraux, donné par M. le Préfet ; Etude des bassins houillers de la Haute-Loire, contenue dans ect ouvrage.—Renseignement sur le modèle de la statue dite {a baigneuse, par Julien; Lettre de M. de Becdelièvre. — Etablissement d’éta- gères au Musée; Lettre de la Mairie provisoire, relative à cette dépense; Délibération et renvoi au conseil d'administration. — Représentation agricole; Récumé de la nouvelle loi. — Suppres- sion du Congrès central d'agriculture; Lettre de la commission permanente du Congrès. — Présentation d’un petit modèle de charrue à deux versoirs mobiles. — Anneau brisé pour dompter les laureaux, rateau couvreur, présentés par M. James-Dubois.— Nouvelle espèce de chanvre chinois; Lettre de M. Alph. Richard. — Association d’assurances contre la gréle; Communication de M. Pellissier. — OEufs de poule de Caux, graines de céléri-rave et de pois Michaux, distribués gratuitement par M. de Brive. — Moyens de reconnaitre la qualité du plâtre vendu au Pay ; Rapport de M. Bertrand de Doue. — Présentation de Mgr de Morlhon et de M. Mérimée, comme membres honoraires, et de MM. James-Dubois et Perrin, comme membres correspon- dants. — Rapport de M. Aymard sur ladmission de M, le colonel de Carbuccia ; Admission. À trois heures la séance est ouverte. Pugzications. — Après la lecture et l’approbation du procès-verbal, M. le Président communique les ouvrages reçus, et il nomme des commissaires qui sont chargés d’en rendre compte. M. Huriez est prié d'insérer dans lAlmanach agricole et historique de la Haute-Loire, deux arti- eles extraits des Annales agronomiques et du Bulletin 56 RÉSUMÉ DES SÉANCES. agricole de l'Indépendance belge : lun est relatif aux caractères auxquels on peut reconnaitre la qualité de la graine de trèfle; l’autre traite de la guérison des vaches laitières, chez lesquelles un ou deux trayons ne donnent plus de lait. M. le Préfet, au nom de M. le Ministre des tra- vaux publics, fait hommage à la bibliothèque d’un ouvrage sur les gites minéraux, publié par l’admi- nistration des mines, et contenant une étude des bassins houillers de la Haute-Loire; 1 vol. in-4° avec atlas. Musée. — M. de Becdelièvre écrit qu'il n’est pas possible d'acquérir le modèle de la statue dite la baigneuse, par Julien : il n'existe plus dans l’ate- lier dont on a parlé à la précédente séance. Cette communication donne lieu à l’Assemblée de réitérer le vœu qu’un moulage de cette œuvre célèbre de notre compatriote soit demandée au gouvernement. M. le Président annonce que, d’après une déli- bération de la commission administrative du Musée, il a écrit à M. le Maire provisoire, pour solliciter Vobtention des fonds nécessaires à l'établissement d'étagères dans la galerie d’histoire naturelle. M. le Maire a répondu, en exprimant ses regrets que la situation des finances de la ville ne lui per- mette pas de satisfaire actuellement à cette demande. 7 AVRIL. J/ M. de Brive ajoute que la modicité des ressources financières de la Société rend impossible ces agencements, qui coùteront environ 5000 fr. Il s’est adressé à M. le Préfet, qui a bien voulu lui faire une promesse de concours pour une partie de Ja dépense. Il appelle ensuite l’Assemblée à délibérer sur les moyens de couvrir le surplus de ces frais. Après diverses observations présentées par MM. Reynaud, Robert, Bertrand de Doue et Aÿmard, il est arrêté que la question sera soumise préala- blement au conseil d'administration. AGRICULTURE. — M. le Président entretient l’Assem- blée de la représentation agricole, telle qu’elle vient d'être organisée par une nouvelle loi. Les dispositions principales portent qu’une Cham- bre consultative d'agriculture est créée dans chaque arrondissement. Les membres de ces Chambres, au lieu d’être nommés par les Comices agricoles, comme le voulait la loi du 20 mars 1851, sont désignés pour trois ans par le Préfet, et présidés par le Préfet au chef-lieu, et les Sous-Préfets dans les arrondissements. La nomination du Secrétaire est également à leur choix; celle du Vice-Président seule appartient aux Chambres. Le Ministre de l’intérieur, de l’agriculture et du commerce nomme, chaque année, les membres du Conseil général d'agriculture, qui se compose de D8 RÉSUMÉ DES SÉANCES. cent membres, dont quatre-vingt-six choisis parmi les membres des’ Chambres consultatives, et qua- torze pris en dehors. Le Ministre préside le Conseil, et désigne deux Vice-Présidents; les Secrétaires sont pris en dehors du Conseil. L'époque de la session des Chambres est fixée chaque année par les Préfets, et celle du Conseil général par le Ministre. Enfin , ces différents corps s'occupent de toutes les questions qui peuvent intéresser l’agriculture. Il est donné lecture d’une lettre-circulaire de la commission permanente du Congrès central d’agri- culture, par laquelle la Société est informée que cette réunion n’aura pas lieu en 1852. M. le Président fait observer que cette démarche de la commission à pu être motivée sur Pimpor- tante décision du gouvernement, qui, en constituant définitivement le Conseil général d’agriculture, a voulu donner satisfaction aux grands intérêts de l'agriculture , et rendre désormais inutile la réunion du Congrès. ME QN Eat , propriétaire-cultivateur à Tartas, soumet à l’Assemblée un petit modèle d’une charrue à deux versoirs mobiles. L'inventeur sera prié d'envoyer la charruc elle- même, afin qu’elle puisse fonctionner sous les yeux d'une commission spéciale. AVRIL. 99 M. James-Dubois, propriétaire à Vals, présente deux instruments nouveaux qu'il vient d’utiliser dans l'exploitation de son domaine : un anneau brisé pour dompter les taureaux, et un rateau couvreur pour recouvrir les semis de plantes lé- gumineuses. Cette communication est accueillie par un vote de félicitations. M. Alphonse Richard, dans une lettre dont il est fait lecture, signale une espèce nouvelle de chanvre chinois, connue sous le nom de tsching-ma, qui, d’après la Gazette d'Augsbourg [Autriche], cultivé sur une vaste échelle, pourrait doter l'industrie d’une matière première des plus importantes. Cette plante, qui parait s'être acclimatée en Autriche, réussit également en Belgique, où sa culture est en ce moment à l’état d’expérimen- tation; elle est oléagineuse, et sa préparation pour la filature s'opère comme celle du chanvre ordi- paire, mais elle donne, après avoir été travaillée, un chanvre plus doux et plus souple. Le tsching-ma, outre lutilité qu’on en retire, pourrait être admis dans les jardins comme plante d'agrément : sa tige est droite, les rameaux laté- raux sont chargés de feuilles, d’un brun foncé, dentelées, longues de 18 à 20 centim., et à peu près de la même largeur, en sorte que la tige présente une belle pyramide de verdure. 60 RÉSUMÉ DES SÉANCES. L'Assemblée, intéressée par cette communication, décide qu’elle reeueillera des informations précises sur les essais de culture du tsching-ma, entrepris en Autriche et en Belgique. M. Pellissier, du Puy, recommande, par une lettre, une nouvelle association d’assurances contre la grêle et contre la mortalité des bestiaux. Sur l'observation de M. Gire, que le gouverne- ment s'occupe de l'examen de cette importante question, l’Assemblée ajourne toute décision à cet égard. . M. de Brive annonce qu'il s’empressera de dis- tribuer gratuitement, aux membres de la Société qui lui en feront la demande, des œufs d’une belle espèce de poule, celle de Caux, introduite dans le département en 1828 par M. de Parron, mais encore trop peu répandue. D’après une expérience de plu- sieurs années, cette espèce se distingue de celles du pays par un volume plus considérable, des œufs d’une grosseur supérieure, une chair plus succu- lente, et un plumage tacheté de blanc et de noir. Convenablement nourries, elles donnent jusqu’à deux cents œufs à l’année. Cette espèce rempla- cerait très-avantageusement celle si petite du pays. Il propose également de livrer à Messieurs les sociétaires des graines de céléri-rave et de pois Michaux, dont on ne saurait trop recommander la culture dans nos jardins. Pre AVRIL. 61 » , Ces offres généreuses sont agréées avec remer- ciments. M. Bertrand de Doue, au nom d’une commission spéciale, lit le rapport suivant, sur les moyens de reconnaitre la qualité du plâtre vendu au Puÿ, pour l'amendement des terres : Messieurs , La commission que vous avez chargée de vous faire un rapport sur Ja falsification du plâtre dans notre pays, a commencé par se procurer un assez grand nombre d'échantillons des différentes qua- lités exposées en vente par les fabricants. Ils en préparent, en général, de trois qualités différentes, dont les prix varient » savoir : de 75 à 80 c. le double décalitre, pour la première ? qualité, connue sous le nom de plâtre blane, celle qu'emploient ordinairement les plâtriers dans les constructions; la seconde varie entre les prix de 50 à 60 c.; la troisième est assez généralement du prix de 40 c. Quelques fabricants la vendent même aux voi- turiers qui viennent, entr'autres de l'arrondissement de Brioude, en faire des chargements, aux prix de 90 ce. à 4 fr. les cin- quante kilog.; ce qui, à raison du poids, représente 55 à 58 c. le double décalitre. Ce sont ces trois qualités que votre commission a successivement soumises à quelques expériences. Les unes ont eu pour objet de constater, au moyen de réactifs chimiques, l’exacte proportion de chaux sulfalée qu’elles pourraient contenir, proportion que l'on doit supposer très-variable, d'apres le prix marchand auquel on les débite. M. Joyeux vous rendra compte des résultats qu'il à obtenus des analyses chimiques auxquelles il s’est livré, après s’étre concerlé avec MM. Azéma et Gatllon. Une seconde série d’expériences a été exéeutée, séance tenante, par votre commission. Jl élait évident que l'emploi d'agents chi- 62 RÉSUMÉ DES SÉANCES. miques était hors de la portée de la plupart des consommateurs, et qu’il fallait chercher un procédé d’une certaine simplicité, un moyen empirique, si l'on veut, mais qui püt cependant les mettre à même de reconnaitre , jusqu’à un certain point, les sophistications devenues malheureusement d’un emploi presque général dans la fabrication du plâtre. La couleur fournirait un premier renseignement, car la première qualité est d’un gris beaucoup plus clair que la seconde, celle-ci que la troisième; mais ce serait là un signe fort incertain, attendu la facilité d'introduire dans le plâtre de la chaux, du vieux plâtre, etc. La propriété que possède le plâtre de se consolider plus ou moins promptement par laddition d’une quantité suffisante d’eau, four- nissait un moyen plus certain. On a successivement versé, sur un certain nombre d'échantillons de chaque qualité, la quantité d’eau nécessaire pour donner au plâtre la consistance d’un mortier, et après l’avoir gâché promp- tement, on a tenu note de l’intervalle de temps que mettait la pâte à se consolider, et on a observé le degré de dureté qu’elle était susceptible d'acquérir. En combinant ces deux caractères, votre commission a reconnu que le plâtre de 75 à 80 c. était, en général, d’une qualité salisfaisante. La pâte prenait, après quelques minutes, le degré de dureté que les ouvriers plâtriers désignent sous le nom de plâtre dur, et ne se laissait entamer par une pointe en fer qu’au moyen d’une assez forte pression. L'usage habituel que font les plâtriers de cette qualité, et souvent de la seconde, soumet les fabricants à une sorte de contrôle journalier, qui ne leur per- mettrait pas de les sophistiquer impunément. Les secondes qualités, celles de 50 à 60 c., ont mis un peu plus de temps à se raffermir, et n’ont pas acquis tout-à-fait le méme degré de dureté que la première. Mais il a paru à votre commission qu’elles renfermaient une quantité de plâtre propor- tionné aux prix auxquels on les débite; etsi l’on a égard , d'un côté, à l’invincible tendance de nos cultivateurs pour le bas prix 2 AVRIE, Da en toute chose, de l’autre, au contrôle auquel cette qualité est sans cesse soumise, — car les plâtriers s’en servent aussi sous le nom de plâtre gris, — peut-être jugera-t-on qu’elle répond suffi- samment à l'usage qu'on en veut faire pour lamendement des terres. Quant à la troisième qualité, celle de 40 ce., ou de 90 c. à 4 fr. les cinquante kilog., que les plâtriers se gardent bien d’acheter, et qui n’est par conséquent soumise à aucun contrôle, il n’est pas étonnant que votre commission, après avoir soumis un certain nombre d'échantillons aux mémes essais, les ait vu se refuser com- plètement à tout degré de consolidation, et rester à lélat de mortier ou de boue pâteuse qui leur avait été communiqué par l'addition de l’eau. Certainement, si celte qualité renferme du plâtre, ce ne peut étre que dans une bien faible proportion. Et en effet, le compte- rendu des opérations de M. Joyeux, qui vient seulement de nous parvenir, fait connaître que cette troisième qualité ne renferme que 20 p. 400 de plâtre, tandis que la premiere en contiendrait 70p. 100. De sorte que l'acheteur paie 4 fr. 40 ce. ce qui ne lui revient qu’à 80 c. en prenant la première qualité, ainsi de suite pour la seconde. Et l’on ne sait ce qui doit le plus surprendre, ou de la coupable avidité de ceux qui osent vendre ce mélange de marnes, d’argiles, de plâtras et de terre pour du plâtre, ou de laveu- * glement des cultivateurs qui, séduits par Pappät du bon marché, continuent de répandre chaque année cette poudre inerte sur leurs récoltes. Si, d'une part, il y a un abus à réprimer, — et ce sera d’au- tant plus facile que les anciens fabricants, les fabricants honnôtes, Sindignent de la concurrence qui leur a été suscitée et qu'ils se croient malheureusement obligés de soutenir, — de l’autre, la Société jugera peut-être à propos d'insérer dans les journaux du département un avis tendant à prémunir les cultivateurs contre le piège dans lequel l'appät trompeur du bon marché les entraine, et pour leur indiquer les moyens si simples qui viennent d'étre 64 RÉSUMÉ DES SÉANCES. exposés pour reconnaître, au moins approximalivement, la qualité du plâtre qu'ils achetent, RESULTAT DE L’ANALYSE FAITE PAR M. JOYEUX, CONJOINTEMENT AVEC MM. BERTRAND DE DOUE , AZÉMA ET GATILLON, DE TROIS ÉCHANTILLONS DE PLATRE DU COMMERCE, DE DIFFÉRENTS PRIX. Le n° 4, qui se vend 75 ce. le double décalitre, contient : Sulfate de chaux [plâtre]. . . . . . . . EN 0) Résdu insoluble dans Peau "1,050 | A0ù Le n° 2, qui se vend 50 c., contient : Sulfitetdetchanxaiplätre| RE e NE e 45 | à Résidu insoluble dans l'eau . . . . . . . . . . su Te Le n° 5, qui se vend 40 c., contient : Sulfate de chaux [plâtre] . . . . . . . & note. PA | Résidu insoluble dans l’eau . . . . . . . . . . 80 aus Il résulte de cette analyse : Que le n° 4 contient pres du double de plâtre que le n° 2, Et deux parties et demie de plus que le n° 5. La Société, convaincue de lutilité qu'il y aurait à mettre en garde les cultivateurs contre les sophis- tications dont les plätres sont trop souvent l’objet, décide que ce rapport sera inséré dans l’Almanach. Orsers Divers. — M. le Président du Conseil des Prud'hommes, en réponse à une lettre de M. le Président de la Société, écrit que ce Conseil, appréciant avee une vive gratitude les vues de la Compagnie au sujet des encouragements qu’elle sé AVRIL. 65 propose d'accorder aux différentes industries de Ja Haute-Loire, et en particulier à celle de la den- telle, sera heureux de pouvoir contribuer, par son concours, à l’organisation de l'exposition prochaine. Conformément au désir de la Société, il s’'empresse d'annoncer qu'il a désigné MM. Théodore Falcon et Xavier Breysse pour faire partie de la commission qui sera instituée à cet effet. M. le Président, après avoir consulté l’Assemblée, désigne, en outre, MM. Aymard, Giron, Robert et Moiselet, pour compléter cette commission. Demanpes p’ADMISsION. — M. le Secrétaire propose de conférer le titre de membre honoraire à Mgr de Morlhon, évêque du Puy, et à M. Mérimée, ins- pecteur général des monuments historiques, en témoignage de gratitude pour les généreuses mar- ques d'intérêt qu’ils ont bien voulu donner aux vues de la Société, soit par leur active protection en faveur des monuments de la Haute-Loire, soit par des dons nombreux et importants d’antiquités historiques. Cette demande est agréée par l'Assemblée, et, conformément aux statuts, il sera procédé à l’élec- tion des récipiendaires à la prochaine séance. M. Aymard présente aussi comme membres cor- respondants M. James-Dubois, propriétaire à Vals, et M. Perrin, maire et propriétaire à Saint-Vincent. 66 RÉSUMÉ DES SÉANCES. * Il sera statué également sur cette proposition à la séance de mai. Ececrion. — M. Aymard, au nom d’une commis- sion spéciale, fait un rapport très-favorable sur l'admission de M. le colonel de Carbuceia au nombre des membres non résidants. Il rappelle que cet honorable récipiendaire, colonel d'un régiment de la légion étrangère, donnant un exemple dont on ne saurait trop admirer les brillants résultats, a fait exécuter par les soldats de sa légion, des fouilles importantes sur divers points du territoire algérien. Ces explorations intéressantes, entreprises sur une vaste échelle, et dont l’ensemble ne représente pas moins de quatorze mille journées de travail, a produit. des découvertes nombreuses de monu- ments, d’inseriptions, de bas-reliefs, etc., qui, en grande partie, attestent la splendeur de Ja eivili- sation romaine. Ce genre d’explorations, accompli avec persévérance, pendant les loisirs de loccu- pation militaire, mérite d’autant plus de recevoir l'approbation sympathique des corps savants, que les militaires de ce régiment ont pris le plus vif intérêt à ces recherches; et grace au zèle éclairé de leur colonel, tout ce qui a été trouvé a été religieusement conservé. Des parties considérables de monuments antiques ont été déblayées; d’autres ont été rétablies par la réunion des pierres dis- persées sur le sol; beaucoup de fragments épars et AVRIL. 67 précieux pour la science ont enrichi les collections publiques, où ils ont été l’objet des études des archéologues. Il est ensuite procédé à l'opération du serutin, et M. de Carbuccia ayant obtenu l’unanimité des suffrages, est nommé membre non résidant. À huit heures la séance est levée. SÉANCE DU 7 MAI. SOMMAIRE. — Lecture du proces-verbal. — Ouvrages reçus. — Question da crédit foncier , traitée dans le « Bulletin agricole du Pav-de-Dôme »; Commission nommée pour l'étude des moyens propres à faciliter l'établissement de cette institution dans le département de la Haute-Loire. — Projets du chemin de fer de Clermont à Toulouse — Dons à la bibliothèque historique d’un ouvrage de M. Ch. de La Fayette : « Dante, Michel-Ange et Machiavel »; de divers Mandements, par Mgr lEvéque; de plusieurs numéros du Recueil administratif, par M. le Préfet. — Rapport du conseil d'administration sur les étagères du Musée; Moyens indiqués pour en couvrir la dépense. — Dons au Musée de ferrures gothiques et d’antiquités lapidaires, par | Mgr lEvèque. — Demande au gouvernement d'une œuvre | d'art pour le Musée. — De l'emploi des chevaux et de l’entretien | des chemins dans les exploitations agricoles; Rapport de M. Ch. | de La Fayette. — Calendrier forestier destiné à l’Almanach historique et agricole, remis par M. de lEguille. — Programme des concours du Comice agricole de Brioude, envoyé par ce Comice. — Envoi de M. Géhin dans la Haute-Loire pour la | pisciculture; Lettre de M. le Ministre de l’agriculture. —Exposition à Paris d’un groupe de statues exécuté par M. Badiou, du Monas- | tier; Lettre de M. l'abbé Pradier; Observations de M. Normand. — Subvention accordée à la Société par M. le Ministre de lagri- culture; Lettre de M. le Ministre; Vœu pour une augmentation de cette allocation.--Compte-rendu du Congrès des Sociétés savantes tenu à Paris, par M. Ch. de La Fayette.—Elections de Mgr de Morlhon, : évêque du Puy, et de M. Mérimée, inspecteur général des mo- f numents historiques, comme membres honoraires, et de MM. James- | Dubois et Perrin, propriétaires, comme membres correspondants, | À trois heures la séance est ouverte. (0 PuogLicarioxs. — Après la lecture et l’adoption du procès-verbal, M. le Président énumère les ouvrages reçus. Îl signale plusieurs questions agricoles et d'intérêt économique qui y sont traitées. L’une des MAI. 69 plus importantes est celle du crédit foncier, qui a été l’objet d’un Mémoire important dans le « Bulletin agricole du Puy-de-Dôme ». M. de Brive lit quelques- uns des passages les plus remarquables de ce tra- vail, et consulte l'Assemblée sur les moyens d'orga- niser le crédit foncier dans la Haute-Loire. Après un débat dans lequel plusieurs Membres sont entendus, M. le Président nomme une com- mission chargée d'examiner ce Mémoire, et de pro- poser ses vues sur l'utilité de l’organisation du crédit foncier dans le département de la Haute-Loire, ct sur les voies ct moyens d’exécution : elle est com- posée de MM. Mandet père, Chouvon, Ch. de La Fayette, Giron, Best, Aymard, et sera présidée par M. de Brive. M. le Président annonce qu'il a reçu en commu- nication les projets d’un chemin de fer de Clermont à Toulouse, rédigés par M. J. Barrande. L’au- teur, dans une lettre dont il est fait lecture, demande l'opinion de la Société sur les avantages que trouverait le département de la Haute-Loire dans l'établissement de cette voie ferrée. Il est arrèté que cette question sera mise à l’ordre du jour de la prochaine séance. L L'Assemblée agrée avec reconnaissance les dons suivants, qui lui ont été faits pour sa bibliothèque historique : TOME XVII. Li 70 RÉSUMÉ DES SÉANCES. i° « Dante, Michel-Ange et Machiavel », par M. Charles C. de La Fayette; 1 vol. in-8°; 2° Cireulaires et Mandements de Mgr l’Evêque du Puy, relatifs à l’orphelinat de Saint-François-Régis et à d’autres objets religieux ; 5° Divers numéros du Recueil administratif de la Haute-Loire. Musée. — M. Plantade lit un rapport du conseil d'administration, au sujet des étagères vitrées qui devront être placées dans la galerie d'histoire na- turelle et dans la salle des séances de la Société. Le conseil a pensé que létablissement de ces meubles ne pouvait plus être retardé. En aiten- - dant que les ressources de la ville lui permettent d’acquitter cette dépense, la Société pourra donner l’entreprise, en échelonnant les paiements sur plu- sieurs annuités. Mais afin d’offrir aux entrepreneurs une garantie suflisante, M. le Président, par un acte signé de tous les membres de la Société, recevra le mandat d’adjuger cette entreprise, et d'en garantir les paiements. Cette décision reçoit l'approbation unanime de l’Assemblée. M. Aymard offre, au nom‘de Mgr l’'Evèque, deux uges en fer terminées en fleuron, de style go- thique, et diverses sculptures Japidaires de diffé- rentes époques. MAI. 71 L'Assemblée vote des remerciments à Mgr de Morlhon, pour cette nouvelle et précieuse marque de sa sollicitude éclairée en faveur du Musée. M. le Président annonce qu’il a écrit à Messieurs les représentants de la Haute-Loire au Corps légis- latif, pour les prier de solliciter l'obtention de l'une des œuvres d’art acquises par le gouverne- ment à la dernière exposition de Paris. AGRicuLTuRE. — M. Charles de La Fayette lit la notice suivante, qu’il destine à l’Almanach historique et agricole de la Haute-Loire pour 1852: DE L'EMPLOI DES CHEVAUX ET DE L'ENTRETIEN DES CHEMINS DANS LES EXPLOITATIONS AGRICOLES. Messteuns , Il ne s’agit pas ici de soulever la question de savoir s’il convien- drait, dans nos pays, de substituer les chevaux aux bœufs pour Ja majeure partie des travaux agricoles. Cette question est tranchée par les faits. Ce n’est que par exception qu’on peut voir chez nous un cheval attelé à la charrue ou à l’araire. Les bœufs ou les vaches font en général tous Jes labours. Et nous ne croyons pas que nos cultivateurs aient tort en ce point. On comprend, il est vrai, que daus les pays favorisés d’un climat moins rigoureux que le nôtre, quand les travaux se conti- nuent presque sans interruption pendant toute l’année, sur un sol généralement en plaine, sans accidents de terrain, sans ravins, sans fondrières, sans rochers et sans excès de pierres, on com- prend, disons-nous, que la rapidité d’allure du cheval lui fasse donner la préférence sur le bœuf. 72 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Mais quand les altclages sont forcément réduits, pendant toute une longue saison, à garder l'écurie, nourrir sans compensation des chevaux condamnés par l'hiver à l’oisiveté, et que les maladies ou les accidents peuvent détériorer chaque jour, — au lieu de garder des bœufs qui gagnent continuellement en taille, en chair ou en graisse, quand ils ne font pas autre chose, — voir les che- vaux perdre de leur valeur en prenant de l’âge, tandis que celle des bœufs augmente précisément en raison des soins et de la nour- riture qu'ils reçoivent au repos, ce serait là le fait, j'en conviens, d’une bien mauvaise économie agricole. Enfin, il faut faire cette dernière remarque : un bœuf estropié peut valoir plus qu'il n’a coûté, soit 200, 250, quelquefois 500 fr. pour le boucher; le plus beau cheval qui se casse la jambe sera payé 40 fr. par l’équar- risseur. Or, dans un pays montueux comme le nôtre, les acci- dents sont nombreux et toujours à craindre. Et si, d'autre part, on considere qu’un bœuf bien éntretenu en litière produit de cinq à six fois plus de fumier qu’un cheval, bien que le cheval puisse, à la rigueur, fournir un quart , — suivant M. Villeroy; — un cinquième, suivant M. de Dombasle, de travail de plus que le bœuf, aucune hésitation ne semblera permise, et on ne jugera méme plus devoir s'arréter encore à étudier la question. Mais si les bœufs sont ainsi tout naturellement lattelage pre- féré, s'ils sont l'instrument essentiel des labours, n’y a-t-il pas lieu de se demander néanmoins si l’on tire des chevaux qu’en a, tous les services agricoles qu’on en pourrait tirer? Nous connaissons beaucoup de fermes où l’on nourrit un ou deux chevaux, qui ne servent à autre chose qu'à transporter une ou deux fois par semaine le cultivateur au marché. Les routes se sont ouvertes, les chemins vicinaux se sont amé- liorés; et cependant la dépense d’une carriole et d’un harnais arrête souvent le paysan routinier, qui continue à éreinter ses bœufs pour porter son grain à la ville, à raison d’une demi-lieue à l'heure, sans calculer qu’un cheval, sur un bonne route, ferait. + MAI. 79 aisement le double de chemin, et sans se rendre compte de la déperdition de temps et de fumier qui résulte de ce mode de transport. Dès qu'on a des chevaux, il faut s’en servir, il faut en tirer parti. Dans une grande ferme, si on a un cheval, il serait bon quelquefois d'en avoir deux; dès qu'on fait tant que de nourrir un animal de travail, il faut Pavoir de bonne qualité, robuste, vigoureux, capable enfin de (ous les services de sa race. C’est une économie bien mal entendue que de regarder 40 ou 50 fr. dans l'achat d’une jument, dont le premier produit paiera quelquefois bien au-delà de la différence qu'il y a, entre le prix d’un bon où d’un mauvais cheval. Enfin, quand on s'est procuré une bonne béte de trait, quand on veut avoir du travail et des produits satisfaisants, il faut bien nourrir sa béte. Et alors on peut ne pas craindre de la mettre sérieusement et régulièrement à l'ouvrage, Or, combien de travaux, en dehors de ceux de la charrue, dans lesquels un cheval peut étre d'une utilité dont on ne se rend point assez compte. Tous les charrois à distance, devraient étre faits par les chevaux. Les hersages, trop peu pratiqués encore dans notre pays, les façons à la houe, au cultivateur, malheureusement à peu près inconnues, la levée des récoltes, le transport des fumiers, Jes épierrements, les mouvements de terre, etc., tous ces travaux, dans les champs suffisamment en plaine, devraient étre attribués aux chevaux, qui les accompliraient en moins de temps et à moindres frais que les. bœufs. Un attelage de chevaux, dans une saison pluvieuse, peut aider puissamment à sauver une récolte. Cela parait inutile à dire, et cependant qui n'a vu souvent les foins ou les gerbes se mouiller, dans le champ où les deux juments du fermier paissaient oisives, parce qu’on ne songeait même pas à les mettre au collier, parce qu'il n'y avait dans la ferme ni harnachement en état, ni voiture convenable ? Je sais que beaucoup de gens sont arrétés par le mauvais état des chemins; je sais qu'il faudrait pour faire passer un cheval, 74 RÉSUMÉ DES: SÉANCES. sans lui briser les jambes, la où passent les attelages de bœufs ou de vaches, relever quelques pierres, combler quelques ornières, ne pas souffrir au beau milieu d’un champ des clapiers monstrueux; mais croit-on d’abord que les bœufs s’accommodent parfaitement de ces mauvais passages? Tel bouvier verse souvent au retour, et perd une heure ou deux à relever son chargement, qui, en une minute, en allant au champ, eût convenablement replacé sur le mur Ja pierre qui l’a fait verser. La négligence de nos pays est bien notoire. C’est au maître à surveiller, à exiger un peu plus de soins, à donner surtout l'exemple Ini-même; et lorsqu'on aura reconnu quels nombreux et rapides services peut rendre un cheval attelé à une voiture, on finira par comprendre que l'entretien des chemins d’exploitation est une des plus utiles dépenses qu’on puisse faire, lorsqu'on veut améliorer son domaine. 1 ne faut pas, d’ailleurs, croire que ce soit là une dépense bien coûteuse. L’empierrement du chemin force à épierrer les champs : cest donc un travail qu'on peut considérer comme gra- tuit. La formation d’un ou deux fossés sur les bords, fournit d'excellente terre qu'on peut transporter avec grand profit dans les endroits maigres et peu profonds : c’est donc encore une double amélioration. Et aves un empierrement bien calculé et un fossé, pourvu que le milieu du chemin soit suffisamment bombé, pourvu qu’on fasse de distance en distance quelques rigoles ou saignées en travers, pour écouler les eaux dans le fossé, on transforme souvent completement les plus détestables chemins, de façon à les rendre {rès-praticables à toute espèce d’attelage. Alors, que d'avantages! Les gens ont moins de peine, les animaux souffrent moins et sont moins exposés; les Voitures se conservent mieux; les trajets se font plus vite; on peut charger à pleins chars; un attelage en vaut presque deux ; un enfant peut quelquefois suffire, là où un homme n'était pas sûr de se tirer d'affaire; on peut marcher sans danger quand la nuit est venue; on peut se mettre en route plus tard que son voisin, et arriver encore ayant lui pour souper... Et voila pourquoi la Société d'Agriculture décernera désormais des récom- Dee —. MAL | 75 penses à ceux qui auront lé mieux entretenu leurs chemins d’exploi- tation; voilà pourquoi nous disons avec un vieux proverbe : Qui attele un bon cheval Ne va pas mal; Qui roule sur un bon chemin Va tres-bien. M. de l'Eguille remet à M. le Président le calen- drier forestier, qu’il propose d’annexer au calen- drier de lAlmanach historique et agricole du dé- partement. Ces communications sont accueillies avec intérêt, et les notices qu'elles concernent seront publiées dans l’Almanach. Le Comice agricole de Brioude adresse une copie de son programme des concours pour 1852. Ce document comprend les articles suivants : « Serviteurs ruraux; plantations de müriers; taille du mürier; éducation des vers à soie; filage de la soie; vins ; instruments d'agriculture; défoncements ; endiguements ; irrigations; cultures fourragères ; étables, entretien du bétail; attelage d’une seule bête à cornes. » Le même programme comprend les conditions d'un concours central de bestiaux qui aura lieu à Brioude le 28 août, et celles du concours can- tonai de bestiaux, qui sera ouvert à La Chaise-Dieu le 1 août, comme en 1850 et 1851. 76 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Pisaicuzture. — M. le Ministre de l'agriculture écrit pour exprimer ses regrets de ne pouvoir en- voyer en ce moment M. Géhin dans la Haute-Loire, avee mission de s’y livrer à des expériences de pisciculture. M. le Ministre ajoute qu'il a fait prendre bonne note de cette demande, afin qu’elle lui soit repré- sentée vers la fin de l’année, époque à laquelle le pécheur de la Bresse recommencera ses excursions. Beaux-arts. — M. l’abbé Pradier, chanoine hono- raire de la cathédrale du Puy, dans une lettre dont il est fait lecture, annonce que M. Emile Badiou, notre compatriote, a eu l'honneur d’être admis à exposer, à Paris, une œuvre de sculpture fort re- marquable pour le début de cet artiste : il s’agit d’un groupe représentant deux jeunes filles chrétiennes, deux sœurs, qui, après avoir été prises par des pirates , sont mises en vente et réduites en servitude. M. Normand dit qu’il a vu cet ouvrage à l’expo- sition, et il se plait à rendre hommage au talent dont M. Badiou a fait preuve, et qui justifie les espérances que la Société en a conçues. Orsers pivers. — M. le Président lit une lettre de M. le Ministre de l’agriculture, relative à la subvention annuelle accordée à la Société : elle mentionne une réduction de 500 fr. sur le chiffre de l’année précédente. MAI. 77 M. le Président exprime les regrets de la Société que la réduction opérée dans le budget général de Pagri- culture ait ainsi pour effet de diminuer les alloca- tions des associations agricoles, et de neutraliser en partie leur bon vouloir et leurs efforts constants pour les améliorations culturales. L'Assemblée, s’associant à la pensée de M. le Président, espère que le gouvernement voudra bien rétablir le chiffre normal de ce budget. M. Charles C. de La Fayette présente un compte- rendu sommaire de la dernière session du Congrès des Sociétés savantes tenu à Paris. Il insiste principa- lement , en ce qui concerne l’économie agricole, sur les questions du crédit foncier et du drainage. L’in- fluence des Musées départementaux sur le perfection- nement des arts et de l’industrie, et surla moralisation des classes ouvrières, a été l’objet aussi des pré- occupations du Congrès. Quant aux monuments et édifices historiques de la province, un grand nombre de membres de l'Assemblée se sont récriés contre des actes de destruction beaucoup trop fréquents qui lui ont été signalés, et en particulier au sujet de l’autorité fatalement dictatoriale qu’exercent cer- tains architectes diocésains, souvent au détriment d’édifices fort remarquables au point de vue de Part. I cite MM. de Montalembert, qui appartient à notre pays par des liens de famille, et M. Mahul, ancien préfet de la Haute-Loire, comme ayant pris 78 RÉSUMÉ DES SÉANCES. une part très-éclairée dans cette importante dis- cussion contre le vandalisme, en quelque sorte offi- ciel, qu’on impute à certains architectes. Écecrions. — Il est procédé au serutin pour l'élection de Mgr de Morlhon, évêque du Puy, et de M. Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, comme membres honoraires, et de MM. James-Dubois, propriétaire à Vals, et Perrin, maire de Saint-Vincent, comme membres corres- pondants. Les récipiendaires obtiennent l'unanimité des voix. A sept heures la séance est levée. ou te D SÉANCEÉ DU 4 JUIN. SOMMAIRE. — Lecture du proces-verbal. — Ouvrages reçus; Commissaires nommés. — OEuvre d’art demandée au gouver- nement pour le Musée; Lettre de M. de La Tour-Maubourg. — Organisation nouvelle des Chambres d'Agriculture; Lettre de M. le Préfet. — Dommages causés dans le département par les gelées tardives du printemps; Renseignements fournis à M. le Préfet. — Expériences comparatives au sujet de la maladie des pommes de terre; Lettre de M. Ruat. — Récompenses à décerner aux instituteurs pour l’enseignement agricole; Lettre de M. le Recteur de l’Académie de la Haute-Loire. — Crédit foncier à organiser dans le ressort de la Cour d’appel de Riom; Lettre de la Société d'Agriculture du Puy-de-Dôme. — Améliorations forestières et piscicoles dans la Haute-Loire; Lettres de MM. de Brive et de l’'Eguille, publiées dans les Annales forestières; Observations approbatives insérées dans ce recueil. — Voyage de M, Géhin dans la Haute-Loire; Observations consignées dans les publications de la Société centrale d’agriculture. — Communication de M. de La Valette sur un essai de multiplication artificielle de poissons dans le lac de Saint-Front. — Ruche Beauvois; Modèle présenté par M. Chouvon. — Destruction des taupes; Procédé nouveau signalé dans le « Journal de la Société d'Agriculture des Deux-Sèvres.» —Chemins de fer de Clermont à Toulouse et de Bordeaux à Lyon ; Délibération de l’Assemblée; Vœux émisen faveur de ces deux lignes. — Notice sur les salles d'asile, et en particulier sur celle du Puy, lue par M. Martel. — Nomination de M. Martel comme membre de la commission des primes. — Demande du titre de membre non résidant par M. Louis de Vaux; Commission nommée. — Demande du titre de membre résidant par M. Emile Giraud ; Commission nommée. À trois heures la séance est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté. Puguicarions. — M. le Président énumere les ouvrages reçus, et il nomme des commissaires pour examiner plusieurs de ces publications. I prie 80 RÉSUMÉ DES SÉANCES. en particulier M. Azéma de faire un rapport pour établir la comparaison entre les températures extra- ordinaires survenues au Puy et celles de Paris, depuis le commencement de l’année jusqu’à ce jour, d’après les données énoncées dans un article du « Journal d'Agriculture pratique. » Musée. —Il est donné communication d’une lettre de M. le marquis de La Tour-Maubourg, en réponse à celle que lui avait écrite M. le Président, pour le prier de solliciter auprès du gouvernement l’obten- tion d’une œuvre d’art. L'honorable représentant de la Haute-Loire veut bien promettre à la Société son concours le plus actif, et il annonce qu’il a le plus grand espoir d'obtenir une sculpture digne de l'importance du nouveau Musée. Cette communication est accueillie par l’Assemblée avec une vive reconnaissance. Acricuzrure. — M. le Préfet, dans une lettre dont il est fait lecture, informe la Société que les Chambres d’Agriculture des trois arrondissements viennent d’être constituées. M. le Président dit qu’il s’est empressé d’adresser à M. le Préfet, sur sa demande, des renseigne- ments relatifs à l’étenduc des dommages causés sur certains points du département par les gelées tar- JUIN. 81 dives survenues dans la deuxième quinzaine du mois d'avril, et plus particulièrement du 19 au 21. M. Ruat, membre correspondant et instituteur à Vernassal, -éerit qu'il vient de faire dans le jardin de l’école, et en présence de ses élèves, des expé- riences comparatives au sujet de la maladie des pommes de terre. Les tubereules, avant d’être plantés, ont été lavés dans un lessif composé de seize parties d'eau, huit de cendre, et d’une de sel marin. Ils ont été ensuite enveloppés de charbon végétal pulvérisé, et mises dans la terre à la pro- fondeur ordinaire. Les carrés, au nombre de quatre, qui ont servi à ces expérimentations, ont reçu des tubercules atteints ou non de la maladie, avec ou sans poudre de charbon. Toutes les précautions ont été prises pour cons- tater avec certitude les résultats dont M. Ruat s’empressera de rendre compte à la Société. M. Gisclard, recteur de l’Académie de la Haute- Loire, écrit pour remercier la Société du projet qu’elle s'applique à réaliser, d'associer l'adminis- tration académique à la propagation des bons prin- cipes d’agriculture. M. le Recteur a bien voulu, sur la proposition de M. le Président, inviter MM. les Inspecteurs, en leur faisant connaître les intentions ‘de la Société , à se mettre en mesure de Jui fournir, avant le 1‘ juillet, des renseignements sur les insti- 82 RÉSUMÉ DES SÉANCES. tuteurs auxquels des récompenses pourraient être accordées, pour avoir donné le meilleur enseigne- ment agricole. M. le Président annonce qu’une Compagnie pour le crédit foncier est en voie de se former à Cler- mont-Ferrand, et que la Société d'Agriculture de cette ville vient de faire appel aux associations agricoles des départements compris dans le ressort de la Cour d’appel de Riom, pour la seconder dans cette importante création. M. Mandet fait observer que cette communication rend inutile le rapport qu'il se proposait de lire, au nom de la commission nommée à la précédente séance, au sujet de l’organisation d’une Compagnie de crédit foncier dans la Haute-Loire. Il convient, dès lors, d’ajourner toute discussion à cet égard jusqu'à ce que la Société ait recu communication des statuts de la Compagnie du Puy-de-Dôme. Cette proposition reçoit l’assentiment de Ja Compagnie. M. le Président communique l'extrait suivant des « Annales forestières », numéro du 10 mai 1859, qui contient des lettres de MM. de l’Eguille et de Brive, et diverses considérations relatives aux -amé- liorations forestières, piscicoles, etc., dont la Société poursuit la réalisation : nr DÉS À à SNS dns. à JUIN. 83 « Le Puy, 45 février 1852. » MonsIEUR LE RÉDACTEUR, » Dans le numéro des Annales du 25 janvier dernier, vous donnez des encouragements et des éloges justement mérités aux efforts persévérants de la Société d'Agriculture du Puy-de-Dôme, pour opérer le reboisement des pentes dénudées de l'Auvergne, et vous signalez, à cette occasion, les résultats importants obtenus par cette Société, avec le concours éclairé des agents de l'administration forestière. » Permettez-moi, Monsieur, d'appeler votre attention sur lini- tiative prise également par la Société d'Agriculture de la Haute- Loire, tant pour la solution pratique du reboisement des mon- tagnes, que pour celle de différentes questions que l'administration des forêts est non moins intéressée à voir résoudre. » La Haute-Loire est un des départements où l’on trouve la plus vaste étendue de terrains communaux déboisés; non seulement les coteaux les plus modestes, mais encore les montagnes les plus inaccessibles y ont été dépouillés par la cognée ou par la pioche. Cette destruction des foréts s’est accomplie au grand préjudice du cultivateur, qui en subit aujourd'hui les tristes et inévitables conséquences. » Sur les points les plus élevés du département, où de magni- fiques agglomérations d’arbres ont fait place à de maigres pâturages, “il est contraint, faute de bois, d’alimenter son foyer avec des gazons qu'il fait dessécher pendant lété. » Ailleurs, sur les flancs des montagnes, les neiges fondues ou les pluies d'orage enlèvent continuellement les terres de son champ, et détruisent ses récoltes au moment où il va recueillir le fruit -de ses longs et pénibles labeurs. » En présence de ces faits, qui sont une véritable calamité pour certaines localités, la Société d'Agriculture du Puy a compris combien il importait à lavenir du pays de réparer les fautes du passé. 84 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » Dans le but d'encourager les reboisements, elle distribue chaque année des plants et des graines d'arbres aux particuliers qui s'occupent de ces améliorations, et décerne des primes à ceux dont les (ravaux in‘elligents sont couronnés de succès. Ces encouragements ont produit des résultats {res-appréciables, qui, chaque année, deviennent de plus en plus importants. Mais la Société d'Agriculture ne s’est pas bornée à ces seules mesures : elle a pensé, avec juste raison, qu'il était non moins utile de seconder les efforts de l'administration, et à cet effet, en 4851, malgré la modicité de ses ressources, elle a fait une allocation à l’agent forestier pour entreprendre des reboisements dans les commu- nes qui ont consenti à soumettre leurs terrains au régime forestier. » Il y a tout lieu de croire que le projet de reboisement des communaux sera poursuivi avec persévérance, et pourra étre exé- cuté à l’avenir sur une plus grande échelle, car les Comices agri- coles, dont le concours a été demandé, ont répondu, avec un bienveillant empressement, à l'appel qui leur a été fait, en expri- mant leur intention de s'associer à cette œuvre d'utilité publique. » Ainsi, comme vous le voyez, grâce à la Société d’Agricnlture du Puy, limpulsion est donnée; et si le gouvernement, avec les moyens dont il dispose, mettait celte Société à même de donner aux reboisements toute l’extension et Pactivité qu’ils comportent, il est certain que, dans un avenir peu éloigné, le pays pourrait espérer de voir cesser, sinon complètement, du moins atténuer beaucoup les effets désastreux des défrichements. » Mais, comme je l'ai dit au début de ma lettre, la Société d'Agriculture du Puy s’est occupée aussi de l'étude d’autres questions qui ont également, au point de vue forestier, un degré d'utilité incontestable. » Reconnaissant la nécessité de donner aux élèves des Fermes- Ecoles des notions de sylviculture, afin de propager ces utiles connais- sances, elle a demandé que M. le Ministre de l’agriculture voulüt bien ajouter l’enseignement forestier au programme de Ja Ferme- Ecole établie dans le département. JUIN. 85 » Une loi sur lembrigadement des gardes champêtres lui a paru tres-importante, et, par plusieurs délibérations, elle a exprimé le vœu qu'il fût procédé à l’organisation de cet utile service. Regardant cette mesure comme nécessaire, en vue surtout d'assurer la surveili lance de la péche, elle a demandé, récemment encore, l’embriga- dement des gardes champêtres, dans une lettre écrite, en son nom, par M. le Président de la Société, que je crois devoir donner tout entière en raison des excellentes considérations qu’elle renferme : « À Moxsieur £E MINISTRE DE L'AGRICULTURE , « J'ai l'honneur de vous donner avis que le sieur Géhin , inventeur » du procédé pour la fécondation artificielle du poisson, dont la » visite avait été annoncée à la Société d'Agriculture du Puy pour » Pépoque de la fraie de la truite, n’a point paru dans la Haute- » Loire. Retenu dans l'Isère au-delà du temps présumé, il s'est » contenté d'envoyer à M. l’Agent supérieur des eaux-et-foréts dans » le département, du frai fécondé qui, suivant ses prescriptions; » après avoir été enfermé dans des boites, a été déposé dans divers » cours d’eau de la contrée. » L'expérience ainsi faite ne sera point complete, et n'aura point » pour notre pays l'influence salutaire que nous en attendions. Je » vous prie en conséquence, Monsieur le Ministre, au nom de la » Société d'Agriculture du Puy, de vouloir bien donner les ordres » nécessaires pour qu’en 4852 le sieur Géhin commence sa tournée » par notre département. Cet habile praticien a d’ailleurs reconnu » dans sa premiere visite que le département de la Haute-Loire, » d’après le nombre de ses rivières et la qualité de ses eaux, pré- » sentait les chances les plus favorables à lapplication de son système » et à la propagation des meilleures espèces de poisson. » En réponse à ma précédente lettre, vous m'avez fait l'honneur » de m'apprendre, monsieur le Ministre, que vous aviez prié votre » collègue M. le Ministre des finances, de recommander aux agents » des eaux-et-forêts dans le département une surveillance plus sévère » sur les cours d’eau, afin d'assurer ainsi la conservation du poisson. ; Il TOME XVII. 6 80 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » Permettez-moi de vous dire, monsieur le Ministre, que cette » mesure ne peut porter aucun fruit, et de vous répéter , en méme » temps, que les procédés pour la multiplication du poisson seront » inutiles, tant qu'il ne sera point pourvu à sa conservation. : » Aux termes de l’article 4er de la loi du 145 avril 4829, le » droit de péche n’est exercé au profit de PEtat que dans les cours » d’eau navigables ou flottables. L'Etat n'entretient des lors des » gardes-pêches que sur ces mêmes cours d’eau. Dans le département » de la Haute-Loire, l’étendue navigable ou flottable des deux » principales rivières qui le traversent, ne forme pas la vingtième » partie de ses eaux poissonneuses. » IL résulte de ces faits, — qui se représentent dans beaucoup » d’autres départements, —que la presque totalité des cours d’eau » reste sans surveillance, exposée à tous les moyens destructeurs » du poisson prohibés et si justement punis par la loi. » L'administration des eaux-et-foréts ne peut évidemment sub- » venir aux frais de surveillance de toutes les rivieres; il faut en » chercher les moyens dans les agents mullipliés de la police ordi- » naire, en les obligeant, par certaines mesures, à remplir plus exac- » tement leurs devoirs. Ces mesures, la Société d'Agriculture les » trouverait : 4° dans une prime accordée pour la poursuite des » délits de pêche, comme elle est accordée pour celle des délits » de chasse, à tous les agents de la force publique qui les cons- » tatent. L’intérét général de l'alimentation justifierait aussi bien » cette mesure pour la péche que pour la chasse. Aussi le Conseil » général du département a-t-il, dans sa séance du 4 septembre » dernier, exprimé le vœu que les délits de pêche donnent lieu, » pour les gardes et gendarmes qui les constatent par des procès- » verbaux, à des gratifications, ainsi que cela a lieu pour les délits de chasse. » La deuxième mesure propre à assurer la surveillance des cours » d’eau serait, aux yeux de la méme Société, l’embrigadement ) des gardes champêtres. En plaçant ces agents sous le contrôle » d'hommes intelligents et fermes, on Les soustrairait à l’influence JUIN. 87 » des parties intéressées à ralentir leur zele, pour en former une » gendarmerie champétre, une sorte de garde rurale, sur les » services de laquelle Pagriculture, le commerce et PEtat auraient » le droit de compter. La Société d'Agriculture du Puy a reconnu » déjà, par plusieurs délibérations, Putilhité de Pembrigadement des » gardes champétres. k » Enfin, à ces vœux, monsieur le Ministre, la Société d'Agri- » culture joint encore, dans le méme intérét, celui que l’admi- » nistration des eaux-et-foréls soit distraite du ministère des finances » pour étre adjointe à celui de l’agriculture. Alors seulement .» le reboisement des montagnes et le repenplement des rivières » pourront étre entrepris sur une grande échelle, et exécutés plutôt » dans des vues d’intérèt général que dans un but purement financier. » Je suis, etc, » Le Président de la Socièlé d’Agricullure de la Haute-Loire, » Signé A. DE BRIVE. » « Sachant, monsieur le Rédacteur, que les Annales accueillent avec intérét toutes les communications qui sont de nature à mettre en évidence les services rendus par les Sociétés d’Agri- culture et les Comices agricoles dans les questions forestières, je n'hésite pas à vous prier de donner l’hospitalité à cette lettre däns un de vos prochains numéros. F. DE L'ÉGUILLE, sous-inspecteur des foréls. » Nous avons accueilli avec empressement la lettre de M. Froger de l’Epuille. Les détails qu’elle contient sont de nature à inté- resser, et nous désirons, par la publicité que nous lui donnons, susciter des imitateurs à l'honorable chef du service forestier de la Haute-Loire. Les colonnes des Annales sont ouvertes à toute com- munication de nature à servir la cause forestière. Or, la partici- 88 RÉSUMÉ DES SÉANCES. pation des agents aux travaux des Sociétés agricoles et des Gone offre des avantages de plus d’un genre. Elle rallie à l'administration forestière la confiance et les sym- pathies des agriculteurs, qu’elle éclaire sur les services que ces agents peusent rendre à l’agriculture. Elle répand et propage le goût et la connaissance des principes et des avantages de la sylvi- culture. Enfin, en ramenant l’attention des Sociétés vers les intéréts sylvicoles, elle tire ces intérêts de l’oubli et de l’abandon où ils sont encore tenus dans un trop grand nombre de contrées. Certes, les résultats si considérables obtenus depuis quelques années dans les opérations de reboisement du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire, grâce à l'impulsion qui leur a été donnée par les efforts réunis des Sociétés d'Agriculture et des agents forestiers de ces deux départements, est une preuve frappante des avantages dont nous parlons. Nous serons donc heureux toutes les fois que nous pourrons signaler des travaux de cette nature, et nous en accucillerons avec empressement la communication. M. de Brive dit ensuite que les publications de la Société centrale d'agriculture renferment aussi un travail de pisciculture relatif au voyage de M. Géhin dans les départements du Centre, au nombre desquels figure celui de la Haut@Loire. À cette occasion, M. de La Valette rend compte d’un essai d’éclosion artificielle qu’il a fait dans le lac de Saint-Front, au moyen des appareils que lui avait adressés M. Géhin. A la vérité, la réussite n’a pas été aussi heureuse qu'il l'aurait désirée : les boites lui avaient été envoyées tardivement, vers le mois de décembre; une partie des œufs qu'elles renfermaient étaient gelés; néanmoins, il en est beaucoup qui ont éclos, et les petits poissons qui JUIN. 89 en sont provenus ont été élevés avec soin. Du reste, tout est disposé pour l’organisation d’un établisse- ment de multiplication artificielle du poisson; les essais seront repris l’année prochaine, en temps opportun, et en utilisant un petit cours d’eau qui s'échappe du lac et dans lequel la truite fraie na- turellement, il sera possible d'obtenir des résultats très-salisfaisants. M. Chouvon présente une ruche construite à la Ferme-Ecole, d’après la méthode dite de Beauvois. Elle offre une série de tiroirs ou cadres pour rece- voir les gâteaux; 1ly en a neuf doubles rangs placés lun au-dessus de l’autre, et disposés en plans ir- clinés suivant la pente du toit. Ils sont séparés par un espace vide de neuf millimètres. Cet essai, le premier de ce genre qui ait eu lieu dans le département, est accueilli avec intérêt. M. le Président donne connaissance d’un moyen nouveau et très-simple de détruire les taupes, d’après une notice de M. Texier, insérée dans le dernier numéro du « Journal de la Société d'Agriculture des Deux-Sèvres. » Il suflit d'employer à ect usage des noix coupées en quatre et bouillies pendant dix minutes dans de l’eau de lessive. On place ces morceaux de noix ainsi préparés dans les galeries fréquentées par les taupes, et que les taupiers nomment passages. 90 RÉSUMÉ DES SÉANCES. « ….Cest en effet, dit l’auteur, le nom qui: convient, car ces passages sont communs à toutes les taupes d’un même champ et même des champs voisins. Il faut done étudier avec soin ces routes souterraines... C’est surtout au printemps que les horticulteurs doivent redoubler de surveillance. À l'approche des grands froids, les taupes se creu- sent des taupinières énormes sous les gazons, sur la lisière des bouquets de bois, au pied des murs et des gros arbres : c’est de ces taupinières d'hiver qu’elles se répandent, au printemps, dans les envi- rons. Il faut denc bien observer leur passage, qui est souvent marqué par de petites taupinières de distance en distance. Pour s'assurer qu’il est fré- quenté, il faut en défoncer une et en marquer la place; si on s'aperçoit qu’elle est rétablie, on est certain que le passage est bon. Alors on y pratique une ouverture pour introduire les morceaux de noix dans la galerie, puis on ferme hermétiquement cette ouverture avec une pierre ou une motte de gazon. Si le passage est prolongé, on placera des morceaux de noix à cinquante ou soixante mètres les uns des autres. En répétant cette opération plu- sieurs fois, à deux ou trois jours d'intervalle, on sera certain de détruire toutes les taupes. » Econouie puBLique.—M. de Brive soumet à l’appré- ciation de l’Assemblée la question du chemin de fer de Clermont à Toulouse. Il fait valoir les raisons ; + JUIN. 9 en faveur de ce projet, au point de vue des intérêts de la Haute-Loire. Qutre les avantages incontesta- bles qu’en retirerait l'arrondissement de Brioude, il semble promettre également à celui du Puy des résultats qui ne seraient pas à dédaigner. En effet, les produits principaux de notre pays sont en céréales. Or, dans l’état actuel des choses, les grains d’Au- vergne , amenés au Puy, établissent une concurrence redoutable à la production locale, et s'ils avaient un écoulement par la voie de fer vers la région sud-ouest, ils encombreraient moins nos marchés. Nos produits agricoles et industriels si divers de la Haute-Loire, trouveraient aussi un écoulement facile par cette voie, ce qui agrandirait l'horizon commercial de notre pays. M. Ch. C. de La Fayette estime que la Haute-Loire fournit beaucoup de grains à l'Ardèche. El faudrait donc s'assurer si les céréales d'Auvergne ne seraient pas transportées dans ce âépartement au préjudice de nos produits similaires. M. du Garay se préoccupe des intérêts du com- merce du Puy, et verrait avec peine notre marché perdre l'entrepôt des céréales d'Auvergne. D'autre part, en facilitant les communications de l’Auvergne avec le S.-0., ne pouvons-nous pas craindre de nous créer une concurrence pour la vente de nos légumes secs qui sont si recherchés, et si nous perdions les débouchés spéeiaux à ce genre de produits, les vins et les denrées coloniales que nous recevons en re- 92 RÉSUMÉ DES SÉANCES. tour ne nous seraient-ils pas apportés à des prix plus élevés que jusqu’à ce jour? M. de Brive reconnait qu'il y a deux intérêts en jeu, celui du commerce et celui de l’agriculture : le commerce d’entrepôt serait en effet privé des céréales d'Auvergne, auxquelles le chemin de fer ouvrirait de nouveaux débouchés; mais celui des produits indigènes, des légumes secs principale- ment, n’en recevrait aucune atteinte, l'écoulement ayant lieu par l'Ardèche et de là vers le Sud et le Sud-Est, d’où nous viennent les vins et les denrées coloniales. À un autre point de vue, le chemin de fer du Centre ouvre, pour les produits de notre départe- ment, des débouchés vers le Nord et surtout vers Ja capitale, d’où nous pourrions recevoir en échange les denrées coloniales et une foule de marchandises à des prix réduits. Dans tous les cas, l'intérêt agricole étant le plus important pour notre pays, doit avoir la prépondérance dans la solution de la question. M. de La Fayette père entretient l’Assemblée d’un autre projet de chemin de fer, celui de Bordeaux à Lyon par la Haute-Loire, qui, dans son opinion, offrirait plus d'intérêt pour le département, et qui, s’il devait se réaliser un jour, devrait solliciter, avant tout, notre attention ct tous nos moyens d'action et d'influence. M. Aymard répond que, d’après les données qu’on JUIN. 93 a pu déjà recueillir, cette question semblerait se lier intimement avec celle du chemin de fer de Clermont à Toulouse. Elle laisse supposer en effet la création de cette dernière ligne, à laquelle vien- drait se rattacher le chemin de Bordeaux à Lyon; nous aurions ainsi l'espoir de voir la Haute-Loire traversée par üne grande voie ferrée qui mettrait ce département en communication d’une part avec Lyon, de l’autre avec le Nord et le Sud-Ouest de la France. Ces questions sont donc connexes, et leur solution sollicite au même degré l'intérêt de la Société et du pays. L'Assemblée, considérant les avantages que la Haute-Loire trouverait à l'établissement du chemin de fer de Clermont à Toulouse, émet une opinion favorable à ee projet, et remercie M. J. Barrande d’avoir, par la communication de ses plans et projets, appelé l'attention de la Société sur une question qui intéresse à un si haut point l'avenir de notre pays. Elle exprime également ses sympathies les plus vives en faveur de l'établissement d’un chemin de fer de Bordeaux à Lyon par la Haute-Loire, et desservant le chef-lieu de ce département. M. Martel lit la notice suivante, sur les salles d'asile, et en particulier sur celle du Puy : 94 RÉSUMÉ DES SÉANCES. k. Messreuns, Les salles d’asile sont des établissements charitables où sont admis les enfants des deux sexes, depuis deux ans jusqu’à six ans accom- plis, pour recevoir les soins de Ja plus active vigilance et ceux de première éducation que réclame la faiblesse de leur âge. C’est un français, J.-Fréd. Oberlin, pasteur protestant dans le de- partement des Vosges, qui a eu la première idée des salles d’asile, et qui en a fait les premiers essais; mais véritablement, le pre- mier établissement-modele a été formé en Angleterre en 1816, sous le nom d’infants school [école de petits enfants], par l’im- pulsion de Robert Owen, chef d’un vaste atelier à New-Lanark, dans le Nord de l’Ecosse, auteur de plusieurs théories socialistes, et par son ami James Buchanau, simple tisserand , qui fut appelé à Londres par lord Brougham, pour organiser à Westminster l’école de Brewers, suivant le système qu’ii avait créé ou perfectionné avec Owen; cette école justifia complètement , dès les premiers mois de son ouver- ture, toutes les espérances qu’elle avait fait naître. M. Cochin, maire du douzième arrondissement de Paris, fit un voyage en Angleterre pour étudier les écoles de nos voisins, et à son retour, aidé dans son œuvre par Mme Eugénie Millet, qui l'avait accompagné dans son voyage d'outre-mer, il fonda en 4827 , à Paris, rue St-Hippolyte, la première salle d’asile-modèle, qui, par ordonnance royale du 22 mars 4852, a été décorée de son nom. Depuis lors, beaucoup de salles d'asile ont été établies en France, et il est à présumer que, dans quelques années, les résultats de cette phi- Janthropique institution étant mieux connus et mieux appréciés, il n’y aura pas une ville, pas un village un peu considérable qui ne soient pourvus de salles d'asile; d'autant plus que le gouver- nement, pour propager ces précieux établissements, accorde des secours aux communes qui lui en font régulièrement Ja demande ?. à Le 17 juin dernier , un secours de 500 fr. a eté accorde par le gouvernement à la commune d’Yssingeaux, pour Ja construction d’une salle d'asile au hameau de La Besse. JUIN. 95 La législation des salles d’asile a été fixée par ordonnance royale du 22 décembre 4837, et par un réglement général délibéré en conseil royal de l'instruction publique, le 24 avril 1858. Les surveillants des salles d’asile ne sauraient {trop se conformer de point en point à ces documents, où font a été minutieusement prévu pour obtenir les plus heureux résultats; pour eux, c’est un Code qui doit toujours les guider. Le but qu’on poursuit dans les salles d'asile est le développe- ment physique, moral et intellectuel des enfants qu’on y reçoit. Jamais la philanthropie n’a trouvé d'institutions plus utiles ni moins coûteuses que les salles d’asile; les services qu’elles rendent sont des plus importants. En débarrassant de son enfant une mère pauvre, l'asile Jui permet de sortir de chez elle tout le jour, pour gagner du travail de ses mains le prix de sa journée, le seul moyen qu’elle a peut- être pour éloigner de sa famille l’affreuse misère; et cette mère, tranquille sur le sort de son enfant, travaille avec plus d’ardeur, heureuse de penser qu'il s'élève, qu'il grandit au milieu des soins qui lui sont prodigués; car pauvre ou riche, une mere est toujours mère : elle a pour son enfant le même amour. Les enfants reeus à l’asile sont recueillis dans des salles bien fermées et bien chaudes en hiver, bien aérées en été, bien saines dans foutes les saisons; ils recoivent tous les soins de propreté et tous les autres soins hygiéniques possibles; la quantité et Ja salu- brité de leurs aliments sont soigneusement vérifiées; ils se livrent, soit au dedans, soit en plein air, à des exercices corporels qui consistent principalement dans des jeux variés et proportionnés à leur âge, et dans des mouvements savamment combinés auxquels donnent lieu les diverses leçons qu'ils reçoivent; c’est par ces moyens que se développent et se fortifient leurs organes, et que s’établissent les fondements d’une vigoureuse santé qu'ils mettront plus tard au service de la société, et que l'Etat réclamera peut- être pour sa défense. L'éducation morale que les enfants du pauvre recoivent dans les 96 RÉSUMÉ DES SÉANCES. salles d'asile, dépose dans leurs jeunes cœurs , encore vierges de mauvaises impressions, les germes des habitudes honnêtes, de bonté et de bienfaisance, de douceur et de politesse, d’ordre et de travail, de reconnaissance et de respect envers leurs pères et mères, d'amour de Dieu et de la religion, de tous les bons sentiments enfin qui aident à supporter courageusement les épreuves laborieuses de cette vie, et à repousser les idées criminelles que peuvent suggérer l'envie, les privations et la misère. Aux enfants seuls ne se borne pas cette influence morale : elle exerce sur les parents eux-mêmes une heureuse et bienfaisante réaction. L'enseignement dans les salles d’asile est renfermé dans les limites de l'instruction la plus élémentaire : il porte sur les premiers principes de linstruction religieuse, les premieres notions de la lecture, de l'écriture et du caleul verbal; il n’est et ne doit étre qu'un des nombreux moyens d'occuper l’esprit des enfants et de seconder l'éducation, premier but qu’on se propose dans ces éta- blissements, qui, — il ne faut pas l'oublier, — ne sont point des écoles. Tout simples que sont ces exercices d’enseignement, ils préparent néanmoins les enfants à recevair avec plus de fruit les leçons qui, plus tard, lorsqu'ils auront atteint l’âge convenable, leur seront données dans les écoles primaires, où l’on a observé qu'ils montrent une supériorité incontestable sur les autres enfants, dont la plupart ont malheureusement contracté, avant d’y entrer, des habitudes qui rendent peu profitables les bons principes qu'on s'efforce de leur donner. La musique, que trop longtemps on a cru nétre qu'un art d'agrément, tandis qu’elle peut produire les plus heureux résultats sur le physique et sur le moral de l’homme, a été très-heureu- sement introduite dans les salles d’asile 2. Les premières notions 1 Dans un discours que je me’ propose de prononcer à notre prochaine séance publique du mois d'août, j'établiraïi, par de nombreux exemples, que la musique peut produire les plus salutaires effets sur l'homme sain aussi bien que sur l’homme malade, JUIN. 97 de cet art enchanteur sont plus particulièrement du domaine de l'enfance, parce qu’elles ne demandent aucun raisonnement; l'oreille est construite de telle façon qu’elle reçoit une impression pénible et douloureuse de sons discordants, au lieu qu’une simple mé- lodie, un accord régulier font naître, surtout chez l'enfant, une satisfaction réelle, une jouissance toute naturelle qui n’est point raisonnée. C’est ce qui explique pourquoi les enfants, qui d’ailleurs sont très-observateurs, saisissent et reproduisent avec une merveil- leuse facilité les sons qu’ils entendent, pourquoi quelques semaines d'exercices suffisent pour les mettre en état de chanter une leçon, dans laquelle tous les intervalles renfermés dans une gamme sont parcourus en montant et en descendant, et de revenir à leur point de départ avec une justesse parfaite. Le chant, dont la durée et la force doivent toujours étre appro- priées à l’âge des enfants, exerce leur oreille et leur voix; il les prépare à faire plus tard une étude sérieuse de la musique, :ül soutient leur attention et provoque: la faculté de comparer; il les égaie, donne de la précision à leurs marches et à leurs évolu. tions, fortifie et développe leurs organes vocaux et respiratoires : le chant est donc une des nécessités de l'éducation première. L'ingenieuse méthode suivie dans les salles d'asile ne peut rece- voir son application régulière qu'à l’aide du matériel complet fixé par le règlement général du 21 avril 4858; le coût de ce matc- riel, absolument indispensable, n’est pas au-dessus des ressources du plus grand nombre de nos communes : il ne dépasse pas 200 fr. Je ne décrirai pas cette admirable méthode, nice modeste mo- bilier, ni la disposition du local qui doit le recevoir; mais je dirai : Tout homme politique, philanthrope ou observateur, qui m'a pas visité une salle d’asile, s’est privé de bien douces émotions, il n'a pas joui du spectacle le plus touchant qu’on puisse voir. Là, les enfants du pauvre, naguère tristes et moroses, miséra- blement abandonnés dans les rues, sur les carrefours ou dans des habitations étroites, obscures et malsaines, se trouvent comme dans un palais, dans un véritable élysée; la société commence pour 98 RÉSUMÉ DES SÉANCES. eux qui vivaient seuls; ils se trouvent au milieu de camarades, ils se choisissent instinctivement des amis de l’äge qui se rapproche le plus du leur, ils s’entendent entre eux, ils partagent leurs émo- tions, ils mettent en commun leur pauvre misère, et se font part fraternellement lun l’autre de leur frugal repas; leurs exercices, leurs marches en cercle, en carré, en spirale; lélude, la priére, le travail, tout est pour eux plaisir; tantôt ils entourent leur maitresse, qui les captive par de petites histoires, ou qui devient enfant comme eux pour les guider dans leurs jeux ; tantôt ils chan- tent, sautent ou courent; tautôt ils se font des niches de tout genre, et se livrent avec abandon à leurs ébats et à toute la joie de leur âge; ils n’ont qu’a se laisser étre heureux, car rien ne leur manque. Ne sont-ils pas, en effet, l’objet d’une surveillance aussi active, aussi emmpressée que l'enfant du plus riche bourgeois ? Oh! c’est la que, par de bien simples mais bien ingénieux moÿens , on procure à ces pauvres petits enfants des mes Saines dans des corps Sans. L'TE La Société Académique du Puy, qui prend presque toujours Pinitiative lorsqu'il s’agit d'introduire dans notre département une amélioration, une découverte ou une institution utile, sollictait depuis longtemps, auprès de ladministration municipale, la fon- dation d’une salle d’asile dans notre cité; nous étions devancés dans cette voie de progres et de civilisation par beaucoup de villes de départements voisins bien moins importants que le notre, lorsqu’enfin, le 15 septembre 1848, fut inaugurée la salle d’asile que nous possédons. Cette simple mais bien touchante cérémonie eut lieu en présence de M. Richard, préfet du département ; de M. Eyraud-Reynier, premier adjoint du maire lhonorable M. Badon, qui se trouvait alors à l’Assemblée nationale; de M. Péala, curé de Notre-Dame; de M. Guy, sous-inspecteur des écoles primäires; de plusieurs Dames de lInstruction, auxquelles allait étre confiee JUIN. 99 la direction de l'établissement, et d'environ deux cents enfants accompagnés de leurs parents et de quelques amis de lPenfance. M. Péala, après avoir béni le local de Pasile, adressa avec onction à ces pelits enfants quelques paroles puisées dans son cœur et dans la religion; M. Eyraud prononca à son tour une allocution pleine de convenance et de philanthropie. L’asile du Puy est situé non loin de la place des Tables, au nord-ouest de la ville, dans les bâtiments connus sous le nom de Saint-Léonard, et dont on a tiré le meilleur parti possible pour leur nouvelle destination. IL est bien aéré, il est pourvu de tout le mobilier nécessaire; la classe, ou salle des exercices, est une des plus belles; deux salles à manger contiguës sont dans des condi- tions assez bonnes; les autres pièces à l’usage de la direction sont nombreuses et convenables; mais le préau laisse à désirer : il est beaucoup trop petit, et il manque d'arbres pour donner de la verdure et de lPombrage. Ne serait1l pas à désirer que chaque asile fût pourvu d’un jardin, ou que du moins la cour eût assez d’espace pour y eulliver au milieu ou sur ses bords quelques arbres, quelques arbustes à fruits et beaucoup de fleurs? L'aspect et surtout la culture des fleurs, qui, Dieu merci, se répand partout, causent de bien douces et bien paisibles jouissinces qui font reporter notre pensée vers le Créateur. Les fleurs, qu'aiment tous les enfants, seraient pour les maitresses une source inépuisable d’intéressants entretiens ; et les fruits, auxquels il serait expressément défendu de toucher , seraient là pour apprendre de bonne heure à ces petits élèves à respecter La chose d'autrui et à ne pas satisfaire sa gourmandise *. 1 Au milieu du préau de la salle d’asile-modèle dite Maison-Cochin, à Paris, il y a une corbeille de fleurs ec de fruits; les fraises, les groseilles, les cerises y mürissent et y sont cueillies par le maître, sans que les enfants y commettent le moindre dommage; plusieurs autres asiles de Paris, celui de Genève, celui de Spitalñed à Londres, offrent de pareils exemples. El le savant pro- fesseur d'histoire naturelle de la ville de Clermont, M. Henri Lecoq, notre honorable ami, ue ditil pas, dans ses Remarques sur l’Horticulture de quelques par= 100 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Singulières vicissitudes qu’amene le temps! Saint-Léonard, pendant bien des années, a été le lieu où se rendait la justice : dans le principe un sénéchal, puis un tribunal civil et un tribunal cri- minel y ont prononcé de nombreux jugements pour réprimer les malfaiteurs; aujourd’hui ce local est devenu le temple de l’inno- cence, dans lequel on s'applique à prévenir, par l'éducation, les délits et les crimes pour m’avoir pas à les punir. IL existe dans le local Saint-Léonard une vaste salle qui n’est nullement utilisée : elle conviendrait parfaitement pour une école primaire gratuite spécialement à l'usage des petites filles qui sortent de l'asile ; il n’y a pas pour elles d'école communale, tandis que les petits garçons peuvent entrer à l’école Normale ou aux écoles des Frères de la Doctrine chrétienne, l’une à Gouteyron et l’autre à la Chaussade. Je suis persuadé que M. le préfet vicomte de Vougy, qui est toujours désireux de faire le bien, s’empresserait de combler cette lacune, si elle était portée à sa connaissance. Le travail manuel n’a pas encore été introduit dans la salle d'asile du Puy; je sais que d’après l'ordonnance royale il n’est point obligatoire, qu’il n’est que facultatif; mais je sais aussi que l'expérience a établi qu'il y avait avantage et convenance à exercer, dès le plus bas äge, les enfants à des travaux manuels, tels que le dévidage de la soie, du coton, etc., le tricot à aiguilles de bois, le filet, la tapisserie, la marque, la couture et peut-être même la dentelle; la couture ne devrait pas étre exclusivement enseignée aux femmes : les hommes des classes inférieures devraient la connaître aussi; s'ils l’apprenaient de bonne heure, on ne verrait pas si souvent en désordre le costume des ouvriers; et leurs vêle- ments, réparés à propos, leur produiraient l’économie d’un plus long service. ties de l'Europe qu'il a visitées, qu’en Allemagne les jardins publics ne sont point fermés, qu’on n’y rencontre ni haïes, ni barrières qui mettent obstacle à la libre circulation des promeneurs, et que jamais on n’y commet le moindre dégat? | L # | . JUIN. 101 Dans les premiers jours de l'inauguration de la salle d'asile, je visitai un à un tous les enfants [cent dix filles et quatre-vingt-dix garçons]. [ls étaient presque tous piles, décolorés, crasseux, né- gligés dans leur chevelure, maussades et grossiers. Eh bien! dans moins de cinq mois, ces mêmes enfants avaient pris un teint rosé et fleuri; leurs vétements étaient, non pas plus riches, mais plus propres ; leurs cheveux étaient mieux soignés ; ils étaient disciplinés, faconnés aux divers exercices, obéissants, affectueux, et ils avaient déja une politesse de manière vraiment étonnante. À quoi tenait un changement si prodigieux dans un établissement qui ne faisait que commencer? À la bonté de la méthode ct à la présence de mademoiselle Accarion, qui dirigeait l'asile 1. Le choix d’une directrice est ce qu'il y a de plus important et de plus difficile pour une institution de ce genre. atelligence, savoir, piété, bonté, douceur , patience, zèle, abnégation , dévoñment, amour sans bornes pour lenfance, telles sont les principales qualités qui constituent une bonne directrice. Telles étaient les inappréciables qualités que possédait mademoiselle Accarion!... Qu'il me soit permis, au nom de ses chers petits élèves, d'offrir ici à cette généreuse maitresse qui, sans se plaindre, a usé sa santé dans le pénible exercice de son humble sacerdoce, de lui offrir, dis-je, un témoignage public de reconnaissance , d'estime -et d’admiration, auquel s’associcront tous ceux qui, comme moi, ont pu la connaître et la voir à l’œuvre. Le 5 mors 1849, vingt-quatre dames choisies parmi les plus distinguées de la ville, furent nommées par M. le Préfet patron- nesses de la salle d'asile; ce comité fut installé le 47 septembre 4849, à l'occasion de la visite de madame Doublet, née Rendu, 1 Les salles d'asile, d’après l'ordonnance royale déjà citée, peuvent être dirigées par des hommes; mais la femme me paraît avoir plus d'aptitude que l'homme pour la direction de ces établissements, La Providence en la chargeant, comme mère ou comme pouvant le devenir, de fournir aux premiers besoins de l'enfance, l’a douée d’un instinct de langage et de manières qui aide aux premières conceptions de l'intelligence et aux premières affections de l'âme. > À TOME XVII. 1 102 RÉSUMÉ DES SÉANCES. déléguée générale pour l'inspection des salles d’asile. Madame Doublet prononça un discours remarquable, dans lequel elle fit connaitre à ces Dames les importants services qu’elles pouvaient rendre dans les charitables fonctions qu’elles avaient acceptées. Surveiller la direction des salles d'asile en tout ce qui touche à la santé des enfants, à leurs dispositions morales , à leur éducation religieuse et aux traitements employés à leur égard, soutenir ou relever le zèle des surveillantes, provoquer des secours en faveur des enfants qui fréquentent l'asile, certes, c’est une noble täche, et c’est celle qui est dévolue au comité des Dames patronnesses. IL existe à Saint-Léonard, comme dans toutes les salles d'asile, un tronc ouvert pour recevoir les offrandes des visiteurs, Sont produit est employé à fournir des vêtements , des aliments et des médicaments pour les enfants pauvres, infirmes ou convalescents; mais s’il est fait quelque don à découvert, il est à l'instant inseri sur un registre spécial, et il recoit telle destination que lui assigne le donateur. L’aumône peut-elle étre mieux placée? À asile elle atteint toujours le but qu’on se propose. Nous ne sommes peut-être pas loin de l’époque où, la population croissant avec l'industrie que nous apporteront l'Eure et les chemins de fer *, la salle d’asile Saint-Léonard sera insuffisante. Puissent les ressources communales, en créant une nouvelle salle d'asile, permettre d’imiter ce qui se passe à Lannion [Côles-du- Nord], où, grâce à la sollicitude active et intelligente du maire, M. Depasse, cent enfants des plus pauvyres sont recueillis, élevés, vêtus, nourris dans la salle d’asile, moyennant la modique dépense, pour la ville, de 2000 fr. par an, ou 6 à 7 c. par jour et par enfant. Quel intéressant problème résolu en faveur de l’en- fance indigente! 1 M. le vicomte de Vougy obtint de S. A. I. le prince Napoléon, à son passage à Saint-Etienne, la promesse formelle d’un chemin de fer de Bordeaux à Lyon par le Puy; les études sont déjà faites sur beaucoup de points, et tout fait espérer que les travaux d'exécution ne tarderont pas à commencer. [Note ajoutée a moment de l’impression.] JUIN. 105 Je ne sais si je me fais illusion, mais je crois que c’est aux salles d’asile généralement répandues ct continuées par de bonnes écoles primaires, qu’il appartient, dans un avenir plus ou moins éloigné, de régénérer lespèce humaine. N'est-ce pas, en effet, par le développement de ses facultés physiques et intellectuelles, n'est-ce pas par Ja religion et la moralisalion qu'on peut, en le prenant à l’entrée de la vie, rendre l’homme meilleur qu'il n’est, meil- leur qu'il n'a jamais été ? « Elever, — a dit Jules Janin , — un hospice aux vieillards dont la vie est usée et qui ne savent où mourir, c'est une idée qui touche le cœur; ouvrir un asile à l'enfant qui ne sait où grandir, e’est une idée qui émeut l'âme et qui est éminemment utile. Le vieillard, c’est le passé de la société, qui lui doit toute sa pro- teclion; Penfant, c’est le printemps de l’année, c’est l’avenir du monde qui Jui doit toute sa sollicitude et tout son appui ?. » Ovsers Divers. — M. Martel est élu membre de la commission des primes, en remplacement de M. Bertrand de Doue, démissionnaire. Demanne D’ADMISSION.—I1 est donné Jecture d’une lettre par laquelle M. Louis de Vaux, lieutenant de ; L'initiative de la Société Académique pour la création de la salle d’asile du Puy, a produit des résultats inespérés pour la propagation dans le département de ces inappréciahles établissements. Depuis la publication de rette notice, à l'exemple de la ville du Puy, Brioude, Yssingeaux et Vals, près le Puy, grâce au zèle intelligent de MM, le docteur Andrieux, de Choumouroux et Aymard, leurs maires, ont ouvert des salles d'asile à de nombreux enfants; d’autres salles d’asile sont en projet ou en cours d'exécution à Allègre, La Besse, Saint-Didier-la-Séauve, Saint-Julien-Chapteuil, Langeac, Montfaucon, Saint-Pal-de-Chalencon, Saiat-Paulien , Rosières et Tence. [Note de la commission administrative de la Société.] 104 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ; vaisseau, sollicite le titre de membre non résidant, et envoie, à l'appui de sa demande, un Mémoire ayant pour titre : Voyage aux îles Hawaï ou Sandwich. Sont nommés commissaires, MM. Aymard, Ber- nard et Plantade. M. Emile Giraud, professeur de dessin au Puy, écrit pour solliciter le titre de membre résidant, et adresse, à l'appui de sa demande, une tête d’étude au fusain. MM. Vibert, Plantade et Ch. C. de La Fayette, sont chargés de faire un rapport sur ce travail. À huit heures la séance est levée. SÉANCE DU 2 JUILLET. _ SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus. — Moalages paléontologiques demandés à lPadministration du Musée de Paris; Lettre de M. Pictet, de Genève. — Remise des bäti- ments du nouveau Musée à la Société par l’autorité municipale; Lettre de M. le Maire. — Résultat de la floraison des grains; Renseignements fournis à M. le Préfet.——Communication hydros- copique par M. Roux, de Vaucluse; Offres faites par lui pour la recherche des eaux de sources aux environs du Puy; Déli- bération de l'Assemblée; Refus. — Crédit foncier; Communi- cation des statuts de la Compagnie de Clermont; Lettre de M. le Préfet, relative aux Compagnies de crédit foncier d'Avignon, de Lyon et Nimes, qui demandent à comprendre le département de la Haute-Loire dans les diverses circonscriptions dont ces villes sont les chefs-lieux; Délibération; Renvoi à la commission du crédit foncier. — Question des concours de bestiaux ; Räpport de M. Benoit; Délibération; Vœux : 40 que les bestiaux primés dans les concours de département, soient envoyés aux concours régio- naux et nationaux avec indemnités de route: 20 en faveur d'une augmentation des subventions pour les concours de degrés inférieurs. — Procédés pour l’amélioration des qualités du beurre; Rapport de M. Joyeux; Observations de divers Mem- bres. — Maladies de la vigne et d’autres végétaux; Observations de M. Dumontat. — Températures extraordinaires de cette année ; Rapport de M. Azéma. — Rapport de M. Vibert sur la candidature de M, Giraud, au titre de membre résidant; Admission du récipien- daire. — Rapport de M. Aymard sur la candidature de M. Louis de Vaux, comme membre non résidant; Election du récipiendaire. À trois heures la séance est ouverte. PugLicarTions. — Après la lecture et l'adoption du procès-verbal, M. le Président dépose sur le bureau les ouvrages reçus, et nomme des commissaires pour examiner divers Mémoires relatifs à des ques- tions qui intéressent les travaux de la Société. 106 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Musée. — M. le Secrétaire communique une lettre par laquelle M. Pictet, savant professeur de l’Aca- démie de Genève, et auteur du « Traité élémen- taire de Paléontologie », l’informe qu'ayant visité le Musée du Puy, dont les richesses paléontologiques ont vivement frappé son attention, il a cru devoir recommander cet établissement à MM. les Adminis- trateurs du Muséum de Paris, et les prier de lui envoyer des moulages de plusieurs espèces de fossiles. Il en a recu les plus bienveillantes promesses. .M. le Maire de la ville du Puy adresse à M. Ile Président une délibération de la commission mu- nicipale , portant que les bâtiments du nouveau Musée sont mis définitivement à la disposition de la Compagnie. Aux termes de ce document, outre les galeries du premier étage, elle pourra utiliser les voûtes inférieures qui seront jugées nécessaires pour l’usage du concierge ou celui de la Société. AGricuzrure. — M. le Préfet écrit pour demander un rapport sur le résultat de la floraison des grains et sur les apparences de la récolte. Plusieurs Membres s’empressent de fournir les éléments de ce travail, qui seront transmis à l’au- torité supérieure. Il est donné communication d’une lettre par JUILLET. 107 laquelle M. le Préfet invite la Société à entendre M. Roux, hydroscope, qui s’est annoncé comme habile dans la recherche des sources d’eau. M. Roux est introduit dans la salle des séances. Il dit qu'il a accompli ses premières investigations dans son pays, aux environs de Brante, départe- ment de Vaucluse; qu’il a exploré ensuite plusieurs autres départements, notamment la Corse, où il avait été appelé par l'administration préfectorale. A produit divers certificats de propriétaires qui ont été satisfaits de ses recherches. Interrogé sur les procédés qu’il emploie, M. Roux répond que sa méthode est surtout d’intuition; cette faculté se serait révélée à lui dès son enfance, et rarement elle lui aurait fait défaut; cependant, d’après ce qu’il affirme, il n’a pas négligé les res- sources incontestables que la science géologique et l'hydrostatique peuvent fournir à ce genre d’inves- tigations. Il observe aussi la configuration du sol, les lieux où se concentrent naturellement les eaux par l'écoulement de celles provenant de plateaux supérieurs ou de celles qui pénètrent directement dans le sol, en traversant des terres perméables pour aboutir à la surface des couches imperméables. M. Roux termine en offrant ses services aux pro- priétaires, à la condition que l'Administration ou Ja Société l'indemnisera des frais de séjour pendant huit jours au moins, qu’il emploiera à une étude générale des environs du Puy. Ce délai expiré, ül 108 RÉSUMÉ DES SÉANCES. procédera à ses recherches, et n’exigera de rétri- butions qu'après une année révolue et la réalisation de ses promesses. MM. de La Fayette père, de Brive et Borie, pré- sentent des objections relatives à la prétendue faculté d’intuiuon : à leurs yeux, il n’est nullement dé- montré qu'elle puisse exister, et les explications données par M. Roux ne sont pas satisfaisantes. Sur l’interpellation de M. Aymard, si M. Roux possède déjà des notions concernant la géologie du bassin du Puy, et s’il est en mesure de distinguer les terrains qu’on y rencontre, M. Roux répond également par des observations peu concluantes. Des études préalables et plus longues qu’il ne le suppose lui seraient done nécessaires pour arriver à une connaissance suflisante du sol dans notre contrée. Par ces raisons, l’Assemblée déclare qu’elle ne eroit pas devoir recommander à M. le Préfet, ni rémunérer elle-même à l'avance M. Roux pour des recherches auxquelles rien ne prouve que cet industriel soit parfaitement apte. M. le Président informe l'Assemblée qu'il a recu les statuts'de la Société instituée à Clermont pour le crédit foncier. H lit ensuite une lettre de M. le Préfet, par la- quelle l’Assemblée est consultée sur la question de savoir s’il convient que le département soit réuni, JUILLET. 109 sous ce rapport, à la circonscription de Clermont, ou bien à l’une de celles dont les chefs-lieux sont Avignon, Lyon et Nimes. 4 Après une longue délibération, à laquelle ont pris part MM. de Brive, Mandet, Porral, de Vinols, Plantade et Filhot, il est arrêté qu’il ne sera rien décidé relativement à cette option, avant que la Société ait recu communication des règlements des associations de crédit foncier de ces différentes villes. SE La commission du crédit foncier nommée à la séance du 7 mai dernier, sera invitée en outre à donner son avis sur cette question. M. Benoit lit le rapport suivant, au nom d’une commission spéciale : Messieurs, Votre commission chargée de vous faire un rapport sur l'orga- nisation des concours d’animaux, s'empresse de rendre un juste tribut de reconnaissance au gouvernement pour les efforts qu'il a faits afin d'encourager l’agriculture. L'établissement des concours est très-propre à exciter une noble émulation , la meilleure des concurrences; il est appelé à produire une grande amélioration dans pos races, et par suite contribuer à la richesse du pays, mais à une condition essentielle, c’est que les concours seront accessibles au plus grand nombre, sans cela ils dégénéreraient en privilèges au profit de quelques-uns. Vous le savez, Messieurs, les cultivateurs s’éloignent difficilement du toit domestique au-delà des marchés voisins de leur domicile ; ils sont généralement timides et peu partisans des innovations ; la raison comme la prudence leur fait un devoir impérieux de ne 110 RÉSUMÉ DES SÉANCES. pas s’exposer à de {rop grandes dépenses sur une faible probabilité de succès. Quand ils auraient de superbes produits, se décideraient-ils jamais à sortir de leur canton pour aller affronter un concours à Versailles ? IL ne peut en être de l'exposition des animaux comme de celles des arts ou de lindustrie : on ne les expédie pas par le roulage comme un tableau, un carton de dentelles ou un ballot de mar- chandises. Outre les dangers auxquels ils sont exposés dans de longs voyages, les animaux demandent des soins et occasionnent beaucoup de dépenses. IL est certain que le concours national de Versailles ne sera jamais profitable qu’à un petit nombre de départements privilégiés par leur proximité. Celui qui a eu lieu lan dernier en est une preuve évidente. Six régions ont envoyé quarante taureaux : voilà pour l’espèce bovine en France; trois régions seulement ont concouru pour les chevaux, et ont envoyé jusqu’à quinze étalons. L'espèce ovine a été représentée par cent huit béliers; enfin, pour lespèce porcine, trois régions n’ont présenté que six vérats. Sauf les béliers, nos concours de la Saint-Michel sont bien plus nombreux; et cependant les primes pour les chevaux et les taureaux seulement, pouvaient s'élever à 52,800 fr. Il en a été de même, jusqu'ici, de presque tous les concours régionaux qui n'ont présenté dans leurs expositions que les animaux des départements les plus voisins. En présence de ces faits bien établis, faut-il demander que le concours national et les concours régionaux soient supprimés? Ce serait le remède qui tue au lieu de guérir. Votre commission croit à l'utilité des concours d’animaux. Plus le nombre en sera grand, et plus le type de nos belles races s'améliorera, se répandra. Les concours sont le meilleur moyen d'élever le niveau de notre richesse aumaliere; mais, nous devons le répéter, c’est à la condition que légalité d'avantages sera main- {enue entre {ous les producteurs. La seule voie pour établir cet équi- libre et d'amener aux concours souvent si éloignés de leur résidence JUILLET, 411 des animaux susceptibles d'y figurer, c’est d'indemniser leurs pro- priétaires par des frais de route proportionnés aux distances. Alors, et alors seulement, on verrait accourir aux concours régionaux ét au concours national des animaux de tous les points de la France. Alors une noble émulalion s’établirait entre tous les producteurs, et par le rapprochement des plus beaux produits de chaque race l'observateur le moins exercé pourrait comparer d’un seul coup d'œil leurs qualités ou leurs défauts, et choisir, pour lamélio- ration des races, les types dont le croisement pourrait produire un effet utile. À cette condition, les concours par arrondissement, par dépar- - tement, par région, et le concours national devraient étre maintenus. Cette nouvelle charge imposée au budget de Pagriculture pourrait étre réduite, en naccordant des frais de route qu'aux animaux déjà primés dans un concours inférieur, ou jugés dignes de cette faveur par une commission spéciale. Du reste, cette mesure que réclame votre commission, est pratiquée en partie pour les expositions industrielles, et nous ne comprendrions pas pourquoi l’agriculture, qui est la source de toutes Les richesses d'une nation, serait moins favorablement (raitée que Pindustrie, ui nest que, l’un des movens de mettre en valeur ses produits. " ÿ M. Chouvon fait observer que les concours nationaux et régionaux ont exercé jusqu'à ce jour une véritable ‘influence sur l'amélioration des races, en stimulant l’émulation pour lélève des bestiaux de choix, et en favorisant l'introduction d'espèces peu connues et cependant fort appréciées par les connaisseurs. À cet égard, les concours ont déjà produit en France des résultats si remarquables, que nous avons peu à envier à l'Angleterre. M. de Brive dit que les grands concours sont en \ 412 RÉSUMÉ DES SÉANCES. effet très-utiles au perfectionnement des races ; mais on peut signaler des améliorations à introduire dans cette institution. Il partage l'avis de la com- mission , et croit qu'il serait nécessaire que des frais de route dédommageassent les éleveurs qui résident dans les départements trop éloignés du siège des concours. D’un autre côté, il pense que les concours qui méritent le plus d'encouragement, sont ceux qui se tiennent sur les lieux même de la production, et il voit avec peine que dans le but d’accroitre l'importance des concours supérieurs, on ait diminué, à leur profit, les allocations accor- dées jusqu’à ce jour à ceux des départements. C’est un inconvénient très-grave qu’il convient de signaler. Il y aurait donc lieu d’appeler l'attention du gouvernement sur ces deux points : 1° Indemnités de route pour les bestiaux déjà primés dans les départements; 2° augmentation de la subvention pour les concours de degrés inférieurs. Ces vœux recoivent l’approbation de l’Assemblée. M. Joyeux donne lecture du rapport qui suit : Messieurs , Dans votre dernière séance, vous avez chargé MM. Azéma, Gatillon et Joyeux de vous faire un rapport sur un nouveau procédé indiqué par M. Chalamel, pour améliorer les qualités du beurre et en prolonger la conservation. Ce procédé consiste à verser sur Ja créme placée dans la baratte, une quantité de lait de chaux suffisante pour détruire enticrement Pacidité qu’elle contient. JUILLET. 115 Ce procédé est tout-à-fait contraire à ce qui se pratique dans nos contrées pour la fabrication du beurre, qui se fait en général de la manière suivante : Ou enlève la créme qui est montée à la surface du lait après quelques heures de repos. On l’accumule pendant trois à sept jours, suivant le besoin, dans des vases de terre qu’on appelle beurrières. Nos ménagères ont remarqué que l'acidité qu’acquiert le beurre pendant ce délai, facilite la fabrication du beurre, qui s'opère dans une baratte de bois et au moyen d’un battage qui dure depuis un quart d'heure jusqn’à deux heures, selon diverses cir- constances qu'il est souvent impossible d'apprécier. La crême est ainsi divisée en beurre et en lait de beurre, qu’on sépare par décantation. On lave alors le beurre à grande eau, d’abord dans la baratte et ensuite dans un vase de terre ou de bois, où on le malaxe jusqu'a ce que l’eau qu’on renouvelle souvent en sorte entièrement limpide. Par ce moyen, on le débarrasse du caséum et du petit-lait qu'il pourrait encore retenir. Plusieurs chimistes ont observé qu’il s'opère un dégagement considérable d’acide carbonique pendant que le beurre se forme, etM, Young prétend que la température augmente de quatre degres pendant l'opération. Le lait de beurre qu’on a retiré de la baratte, et qui est composé de caséum et de petit-lait contenant de l'acide lactique , est mis sur le feu dans un vase de terre, et l’ébullition sépare de suite le caséum du petit-lait; on verse le tout dans un sac de toile pour faire écouler le petit-lait, qu'on donne aux animaux. La partie caséeuse restée dans le sac, appelée vulgairement petit- beurre, est consommée par la famille ou vendue au marché. En suivant, pour la fabrication du beurre, le procédé indiqué par M. Chalamel, nous doutons fort que la séparation du beurre se fasse aussi promptement et aussi facilement qne par le procédé ordinaire, à cause de la neutralisation des acides contenus dans la crême, acides qui facilitent la décomposition du lait qu’elle peut contenir. Si on met un excès de lait de chaux pour enlever 114 RÉSUMÉ DES SÉANCES. l'acidité de la crême, l’acide carbonique qui se dégage dans la formation du beurre sen emparera, et décomposera en même lemps, par sa grande affinité pour cette base, tous les sels calcaires qui ont dû se former dans la créme par l'addition du lait de chaux, et formera un carbonate de chaux qui est un sel (res- insoluble, pouvant se méler soit avec le beurre, soit avec le lait de beurre, sel qui ne peut qu’étre nuisible à la santé des consommateurs. Nous pensons, en conséquence, que le procédé indiqué par M. Chalamel pour la confection du beurre, n’est point praticable, et peut même étre nuisible sous certains rapports. Le beurre le plus pur possible, expose à l'air , surtout en été, s’altère facilement et devient rance. Cette rancidité ne doit point être attribuée à la formation de l’acide butyrique, comme le pré- tend M. Chalamel, puisque MM. Deyeux et Parmentier, en ana- lysant du beurre rance, ont prouvé qu'il ne contenait aucun acide. Nous terminerons en indiquant, comme moyen de conservation du beurre : 4° Le lavage parfait, pour priver le beurre de toute partie caséeuse, du sérum, de l’eau et de l'air interposé ; 20 L'incorporation exacte dans le beurre du sel le plus pur possible , sec et très-finement pulvérisé , afin de multiplier les points de contact du beurre avec cet agent conservateur, qu’on peut em- ployer à la dose d'un trentième pour le beurre de ménage ; 3° Le priver, autant que possible, du contact de l'air chaud, en le recouvrant avec un linge imbibé de vinaigre et tenu dans un endroit froid. À ces conditions, le beurre peut se conserver parfaitement frais pendant longtemps. M. Ch. C. de La Fayette dit qu'une des condi- tions principales pour obtenir un excellent beurre, est une propreté parfaite dans tous les actes de sa confection. Il cite l'exemple d’Isigny, en Bretagne, JUILLET, 115 où, Surtout par cette raison, on fabrique un beurre de première qualité. M. de Brive demande si on peut obtenir du beurre aussi bon en employant de la crème de plusieurs jours qu'avec de la erême fraiche. Dans le Nivernais, où le beurre se fait chaque jour, il est fort estimé. M. de Longevialle répond qu’en Bretagne, et en particulier à Isigny, le beurre est fait d’une crème vieille, parfois même acide; mais comme l'a dit M. Ch. de La Fayette, avec une extrême propreté. M. Dumontat annonce qu’il a constaté divers symptômes de la maladie de la vigne. Ses observa- tions ont porté principalement sur la tige et les feuilles des ceps disposés en treilles dans un jardin qui est situé au Puy, et à une excellente exposition. Tout semble annoncer que dans notre pays l’oïdium exercera autant de ravages que l’année dernière. Il a remarqué également que les feuilles et les fruits de poiriers, de pruniers et autres arbres fruitiers, se tachent et semblent offrir des détériorations de même nature que la vigne. SCIENCES PHYSIQUES. — M. Azéma lit la notice suivante, sur les températures extraordinaires de cette année : Messieurs , S'il est parfois difficile d’assigner une cause certaine aux phéno- imènes météorologiques, il est toujours utile de les décrire et de 116 RÉSUMÉ DES SÉANCES. mesurer leur intensité. Quand on ne peut travailler avec fruit pour le présent, on jette des jalons pour l'avenir, qui permettent à nos successeurs d'appuyer le raisonnement sur l'expérience de leurs devanciers. Telle est la pensée qui nous engage à vous signaler l’existence de deux phénomènes atmosphériques importants par la ficheuse influence qu’ils ont exercée sur les produits agricoles de la Francesentière : je veux parler de la sécheresse anormale qui a persisté du commencement de février à la fin d'avril 4852, et du paroxisme de froid qui, du 417 au 21 de ce dernier mois, a gelé la vigne et détruit les fruits à noyau et à pépin sur presque toute la surface du pays. Nous allons, avec des données locales compa- rées, et tâcher d'apprécier la gravité de ces deux météores. Les tableaux suivants renferment deux éléments de discussion ; ce sont : 4° la hauteur moyenne exprimée en millimètres de la couche d’eau qui, à la fin de chaque mois, couvrirait la surface du sol, supposé horizontal, si on l’empéchait de s’écouler et de s'évaporer; 20 celle qui, placée dans les mêmes conditions, est tombée dans le courant de l’année agricole 4851-1852, de no- vembre en avril inclusivement. Le premier tableau se rapporte au climat de Paris, et le second à notre localité. TABLEAU I. QUANTITÉ DE PLUIE A PARIS, D'APRÈS LES REGISTRES DE L'ODSERVATOIRE. MOIS. Novembre Décembre | Janvier. | Février. Mars. Avril. mm mn mm mm mm mm Année 54,72 | 41,94 | 44,05 | 40,19 | 58,68 | 46,07 moyenne. 1851-4852 | 43,47 | 17,90 | 64,65 | 48,00 | 55,45 | 46,46 Déficit. 41,25 | 24,04 |—25,58| 2219 5,25 | 29,94 | RESPT RESTE DES RL ERREUT VEUT IS ARRET ICT EN PIE CDTRE PCI ERIC CIE SPRINT RCE CESR RENE EE JUILLET. 417 TABLEAU |. QUANTITÉ DE PLUIE AU FUY, D'APRÈS M. GUYOT. MOIS. Novembre Décembre! Janvier, | Février. | Mars, Avril. —————— mm min mm mm mm mm Année 40,75 18,48 57,81 43,05 56,79 70,19 moyenne. 48514852| 58,05 Déficit. À l’inspeclion de ces colonnes, on reconnaît aisément que, pour le climat de la capitale, il y a eu, depuis les semailles d’automne, cinq fois sur six, déficit de la quantité de pluie répondant à une année moyenne. La différence totale, 67”"06, s'élève au-dessus du niveau relatif au mois de mai, le plus pluvieux de tous, dans la banlieue parisienne. à Dans nos contrées, d’après les résultats des observations de M. Guyot, ingénieur en chef du département, la quantité de pluie qui tombe en moyenne dans le même laps de temps, est sensi- blement moins considérable. Elle ne s'élève qu'à 209""55, au lieu de 262°"65; il est vrai que notre moyenne n’a été calculée que sur une série triennale, tandis qu’à Paris elle repose.sur une suite d'expériences de trente-quatre années; mais il nous a été impossible de nous procurer des données plus certaines. Enfin, des éléments de comparaison dont je pouvais disposer , il résulte qu’au chet-Jleu de la Haute-Loire , les déficits relatifs à la moyenne men- suelle ont été permanents depnis le 4° novembre 1851 jusqu'à Ja fin d'avril 4852; leur somme, 116""57, est presque double du TOME XVII. 8 118 RÉSUMÉ DES SÉANCES. contingent mensuel le plus élevé, qui se rencontre en avril dans notre série semestrielle. Les mois de plus grande sécheresse sont eeux de mars et de décembre : le premier n’a guëre fourni que le sixième de l’eau pluviale ordinaire, et le second le neuvième seulement. Dans Ja partie de cette période qui doit nous ‘occuper particuliérement, à cause de sa continuité, c’est-à-dire de février en mai, le volume d’eau recueillie par l’udomètre n’a pas atteint la moitié de celui qu’on obtient habituellement dans les mémes circonstances. Mais les inconvénients de la sécheresse ne se mesurent pas seu- lement à la quantité de pluie totale : ils sont d'autant plus grands que les intervalles des jours pluvieux sont plus distants, que leur nombre est moins considérable dans un temps donné. En effet, chaque jour la terre perd de l'humidité par l’évaporation,, set la sécheresse pénètre plus profondément à mesure que la pluie tarde davantage à reparaitre. De là, Messieurs, un nouveau sujet de recherches, et une seconde série de tableaux dont les données ont été puisées aux mémes sources que les précédentes. TABLEAU Ill, NOMBRE DE JOURS DE PLUIE À PARIS, D'APRÈS LES RELEVÉS DE L'OBSERVATOIRE. MOIS. Novembre Décembre | Janvier. | Février. Mars. Avril, ; j- ]- J- j- J J- Année | 45,9 |44,7 :| 11,8 | 42,9 | 45,0 | 42,8 moyenne. 1851-1852 | 15,0 7,0 | 46,0 8,0 5,0 4,0 Déficit. 0,9 7,7 |—4,2 4,9 8,0 8,8 JUILLET. 119 TABLEAU IV. NOMBRE DE JOURS D" PLUIE AU PUY, D'APRÈS M. GUYOT. MOIS. Novembre! Décembre| Janvier. | Février. Mars. Avril, ie lé Tan J- d' Année | 41,0 |412,0 |425 |41,5 | 9,0 | 47,7 moyenne. = —— 4851-1852] 47,0, | 2,0 |45,0 |416,0 6, | 10,0 Déficit. |—6,0 10,0 Il résulte de ces rapprochements que, pour le climat de Paris, la sécheresse a été extrême dans les trois derniers mois de la pé- riode semestrielle : on ne trouve que dix-sept jours de pluie au lieu de trente-neuf, ce qui produit un déficit de 56 p. 100. Dans notre cité, le même phénomène considéré à ce point de yue, a sévi avec un peu moins de rigueur, du moins à l’époque où la pluie était le plus nécessaire. Le nombre des jours pluvieux de février s'élève au-dessus de la moyenne; mais il tombe au- dessous dans ceux qui suivent, Et si l’on juge de son intensité en raison comparée du volume de l’eau pluviale et du nombre de jours où elle a été recueillie, on arrive à des chiffres au moins équivalents à ceux qu’on a oblenus dans le Nord de la France. Tel est, Messieurs, le degré d'intensité du premier fait météo- rologique dont j'avais à vous parler. Quant à la cause qui la produit, elle me parait due à l'influence des vents du Nord et de l'Est, qui, de février en mai, ont soufflé avec une constance bien rare pour nos climats; on sait que ces vents et leurs inter- médiaires sont les plus secs de la rose anémométrique. Depuis 120 RÉSUMÉ DES SÉANCES. qu'ils ont fait place à leurs antagonistes, les pluies ont été conli- nuelles; de sorte que l’année 4852 semble caractérisée, jusqu’à ce moment, par une grande oscillation complète de latmosphere, dirigée obliquement du pôle aux régions équatoriales. L'’extréme sécheresse dont nous venons de retracer les principales phases, n’est pas le seul météore dont l’agriculture ait à déplorer le passage. Un autre fléau plus désastreux , parce que son influence s’est étendue sur toute la végétation, est venu aussi attrister nos campagnes : dans les nuits du 49 et du 20 avril, une gelée sans exemple depuis près de trente ans a sévi dans fout le centre de la France, du Bordelais à la Bourgogne, et d’une manière plus générale encore, d’après le résultat de nos propres expériences. Après une température méridienne de à et de 6°, le thermometre est successivement descendu la nuit à 5 et à 8° au-dessous de la glace fondante ; le 20 surtout, le ciel était parfaitement serein, et la terre déja tres-froide pendant le jour, a subi toutes les conséquences d’un rayonnement nocturne des plus intenses. La température moyenne du mois d’avril a éprouvé à Paris une dimi- nution de 40,55 sur les mois correspondants d’un demi-siécle d'observations. Au Puy, elle s’est élevée seulement à 7°,89, nombre plus faible que la moyenne générale de Paris, de 2°,94. Cet abaissement de température paraît s’étre propagé du S-E au N-0, car il neigeait le 44 avril dans les Dardanelles, pendant que nous jouissions au Puy d’un temps magnifique. Ce n’est pas en votre présence, Messieurs, qu'il est nécessaire de dérouler les funestes conséquences d’une température si anor- male; nous nous contenterons de dire qu’en général le mal a été immense pour l’agriculture. Cependant , dans les contrées naturel- lement froides, où la végétation était moins avancée, les vignes surtout ont dû étre épargnées; il en est de méme des céréales dont les épis commençaient à peine à se former. Si nous cherchons maintenant à remonter à la cause de ce phénomène, deux voies nous sont ouvertes : nous pouvons admettre l'existence d’un courant d’air froid qui, planant sur la surface de JUILLET. 121 l'Europe, se serait inégalement abattu comme la pluie sur les divers points qu’il a traversés dans son passage. Cette hypothèse se prête, par son élasticité, à l'explication des nombreuses variétés de ce méléore, qui, dans plusieurs contrées, a été très-inégalement réparti, quels que soient les terrains, quelles que soient les expositions. Cest surtout dans les pays de plaines calcaires, où le sol fortement échauffé pendant le jour, conserve la nuit une grande partie de sa chaleur méridienne, qu’il parait nécessaire de recourir à cette explication nouvelle, Mais qu'il nous soit permis d'observer qu’au Puy l'atmosphère était parfaitement sereine et tranquille lorsque la gelée atteignait son paroxysme; que le caractère sporadique du phénomène n’a été remarqué nulle part; que sa marche progressive a suivi les degrés croissants de la trans. parence de Pair. Dans la nuit du 48 avril, par exemple, le ciel était couvert, et la température n’est pas descendue au terme de la glace fondante; dans celles du 49 et du 20, le temps devient très-clair, et par un calme des plus prononcés, le froid atteint les limites inférieures de 5 et de 8 degrés centigrades ; le 22, des nuages apparaissent , et la température remonte la nuit au-dessus de la glace. Messieurs, d’après ces considérations, nous nous croyons fondé à admettre que si un courant d’air froid a pu étre la cause générale de ce capricieux phénomène, son action ne s’est pas seule exercée sur le plateau central de la France, où le rayonnement nocturne atteint une puissance dont on se fait diflicilement une idée dans les pays moins sujets aux brusques variations de temn- pérature. IL n’est pas rare, en effet, de voir le thermomètre s’élever au Puy, pendant le jour, à des hauteurs supérieures à 45° centi- grades, et descendre la nuit à 5 et 6° au-dessous de l'origine des divisions thermométriques. Ainsi, nous pensons que le rayonnement nocturne de nos mon- tagnes, loin d’étre un élément négligeable dans l’appréciation des causes que nous recherchons, est entré au contraire pour une large part dans la production et l'intensité du météore qui a promené ses ravages sur les parties élevées du bassin de la Loire. +99 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Après cette lecture, M. le Président exprime à l'auteur du rapport les félicitations de l'Assemblée sur les vues intéressantes et neuves que renferme son travail. Apmission.—M. Vibert, au nom d’une commission, fait un rapport sur une demande d’admission de M. Emile Giraud, comme membre résidant. M. le Rapporteur rappelle qu'à la précédente séance Île récipiendaire avait présenté un dessin offrant une tête d'étude au fusain. La commission a examiné cette production, qui atteste une con- naissance spéciale de la tête et le faire habile d’un artiste exercé à l’étude des portraits. Le dessin en est correct, la lumière bien entendue, et un peu daas l'esprit de Rembrandt. Les qualités que révèle cette œuvre promettent à la Société un collabora- teur qui pourra s'associer utilement à ses efforts pour le perfectionnement de l’art dans notre pays. En conséquence, la commission propose l’admis- sion du récipiendaire. Le scrutin pour Pélection donne à M. Giraud la majorité des voix. M. Aymard, au nom d’une commission spéciale, rend compte d’un Mémoire relatif à un « Voyage aux iles Hawaï ou Sandwich », envoyé par M. Louis de Vaux, oflicier de marine, comme titre d’ad- mission au nombre des membres non résidants. = ee JUILLET. 123 M. le Rapporteur rappelle d’abord le magnifique don d'objets d'art et de curiosité provenant de l'Océanie, des Indes et de la Chine, que notre honorable compatriote fit à la Société dans sa séance du 5 mai 1851. Cette précieuse libéralité qui, par le choix et le nombre de ses diverses pièces, dénote une intelligence aussi élevée que généreuse, suffisait déjà pour motiver, aux yeux de la commission, l'ad- mission de M. de Vaux; mais cet officier distingué a bien voulu compléter son bel envoi en nous donnant Île récit d’une partie du voyage de cir- cumnavigation pendant lequel il a recueilli à notre intention, sur différents points du globe, des objets qui ont fourni les plus nombreux élé- ments de notre Musée ethnographique. M. le Rapporteur lit ensuite plusieurs extraits du Mémoire de M. de Vaux, dans lequel on trouve, sous la forme modeste d’un journal, toutes les qualités d’un narrateur exercé : style élégant et facile, recherches historiques, eurieuses observa- tions de mœurs, détails précis de géographie, auxquels s'allie souvent le sentiment poétique des magnifiques paysages qui, dans ces contrées loin- taines et peu connues, se déroulaient sous les yeux de l’auteur. D’autres passages de cet intéressant travail, cités également dans le rapport de la commission, révèlent parfois, chez leur auteur, le sentiment de la patrice absente. Un site pittoresque, des 124 | RÉSUMÉ DES SÉANCES. curiosités naturelles, en éveillant les souvenirs de son pays, lui donnent l’occasion de comparaisons attachantes et instructives. La commission conclut, en conséquence, en faveur de l'admission de M. Louis de Vaux au nombre des membres non résidants. L'Assemblée adhère à cette proposition par un vote unanime, et décide que le Mémoire de M. de Vaux sera soumis au conseil d'administration, pour être publié dans les Annales 1. À huit heures la séance est levée. 2 Ce travail a été publié dans les Annales, tome XVI, page 597. SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 JUILLET. SOMMAIRE. — Question du crédit foncier; Rapport de la com- mission; Délibération. À trois heures la séance est ouverte. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal, M. le Président donne la parole à M. Mandet, pour la lecture du rapport suivant : Messieurs, Vous n'avez pu voir qu'avec un vif intérét le gouvernement proclamer, dans son décret du 28 février , la création de sociétés de crédit foncier. Une dette hypothécaire énorme grevait la propriété, et s’accrois- sait chaque année dans une effrayante proportion; le capital nu- méraire, circulant par lui-même et par de nombreux signes repré- sentatifs, donnant des produits plus que doubles de ceux qu’on obtient péniblement du sok, entrainait chaque année la dépossession, volontaire ou forcée, d’une grande partie des tenanciers, et pour des prix bien inférieurs à la valeur de la véritable propriété. IL nest pas de Société d'agriculture qui ne se soit émue de cet état de choses qui paralysait tous ses efforts pour améliorer nos cultures. On accusait notre système hypothécaire, Pusure, Pintérét trop élevé de largent. Sans doute, ce n’était pas sans raison ; mais une cause plus grave venait de la constitution immobilière de la propriété foncière. L’immeuble est cependant un capital, et le plus considérable de tous, puisqu'on en porte la valeur à 48 milliards; mais il lui manquait un signe représentatif qui lui füt propre, tiré de son sein, qui pût entrer dans la circulation, lutter avec avantage avec le capital numéraire, le forcer à diminuer ses exigences, et faire baisser successivement le taux de lintérét. 1926 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ; Ce signe représentatif, c’est la lettre de gage qui présente aux capitalistes toutes les garanties désirables, en même temps qu’elle À leur assure, tant pour la rentrée de leurs capitaux que pour le paiement annuel des intéréts, un service régulier. Tel est un des problèmes résolu par le décret du 28 février. Ce système de crédit doit attirer à lui de nombreux capitaux. Groupés ensemble, garantis par de bonnes hypothèques, dirigés par une administration bien organisée, responsable, et placée sous la surveillance du gouvernement, ils assurent aux préteurs le paie- ment exact et sans frais de leurs créances; tandis que chacun d'eux, agissant isolément, sous lempire de la Jégislation hypothé- caire qui nous régit, ne fait ses placements qu'avec crainte, et en exige souvent des intérêts trop élevés, mais proporlionnés aux risques qu’ils peuvent courir. Il ne suffisait pas de donner à la propriété foncière un signe représen(atif solidement garanti, d’une prompte et facile circula- tion, il fallait donner à l’emprunteur des moyens de libération qui lui permissent d’éleindre sa dette insensiblement, graduellement année par année, avec une faible portion de son revenu. Ce sys- tème d'amortissement consacré par le décret, réduit à 4 ou 2 p. 400 suivant qu'il convient au débiteur, la somme qu'il doit ajouter chaque année aux intérêts du capital prété, pour se libérer dans cinquante ans au plus et dans vingt ans au moins. Libre à lui de devancer encore l’époque de sa libération, en remboursant à sa volonté les termes à écheoir de son obligation. Voilà pour le propriétaire, réduit aux emprunts, l'avantage que lui fprésente cette institution des banques de crédit foncier. Ainsi, préteur et emprunteur, {rouvent également leur intérêt dans cette utile application d’un système nouveau pour nous, mais déjà ancien en Allemagne, et surtout en Prusse. Favorable à l'agriculture, il devait avoir nos sympathies et nos encouragements. Cest le motif qui vous a déterminés à nommer une commission spéciale pour vous faire un rapport. ; JUILLET. 197 Des recherches étaient nécessaires pour connaître la valeur appro- ximalive de la propriété foncière du département, la dette dont elle était grevée, les capitaux que lon pouvait mettre en œuvre pour une aussi importante opération, et les résullats qu’on pouvait espérer. Pendant que nous cherchions à recueillir ces documents cssen- tiels, dont nous vous ferons connaître les résultats, des associations se formaient dans plusieurs départements. Elles voulaient opérer sur une grande échelle, et pour cela réunir dans une commune association plusieurs départements. Ainsi Clermont, Lyon, Nimes, Avignon, vous demandaient simultanément de vous réunir à Ja Société dont chacune de ces villes jetait les fondements. La question se présentait sous une face nouvelle. Il y avait à examiner si, pour qu'une Société de crédit foncier püt se soutenir, il était nécessaire, indispensable qu’elle étendit ses opérations sur une partie aussi considérable du territoire; si un seul département, comme celui de la Haute-Loire, ne présentait pas une circonscription territoriale suffisante. Pour la solution de ces questions, nous devons vous faire con- naître les documents que nous nous sommes procurés; si quelques- uns sont hypothétiques, les autres reposent sur des pièces authentiques. On peut admettre que la propriété foncière ne donne, dans la Haute-Loire, qu'un produit de 5 p. 400 sur sa valeur capitale; c'est une opinion commune. Or, on évalue administrativement le produit sur lequel est basé Pimpôt foncier à 42,000,000; ce qui porte la valeur capitale à 400,000,000. Le nombre des cotes. porté sur les rôles d'imposition, uniquement sur la contribution foncière, en 4852, est de 412,065; dans ce nombre, 79,228, plus des deux fiers, ne s’élevent pas à 10 fr. On voit, par ce premier document officiel fourni par M. le Receveur général, d'apres des relevés exacts pris aupres des Percepleurs et des Receveurs d'arrondissement, combien est divisée la propriété. FH ne faut pas cependant tenir comme une vérité démontrée ce premier document. En effet, le même propriétaire réunit souvent 1928 RÉSUMÉ DES SÉANCES. sur sa tête plusieurs de ces pelites cotes, et figure dans les rôles - de plusieurs communes du méme cantonnement, et souvent dans l'arrondissement de plusieurs perceptions. Nous pensons que cest à la moitié au plus qu'il faut réduire le nombre des cotes qui, en définitive, ne s'élèvent pas au-dessus de 40 fr., et dont le chiffre moyen est au plus de 6 fr. Or, en partant du nombre total de 112065 cotes, ce serait 56,052 cotes qui, évaluées à 6 fr. l’une dans l’autre, donnent pour contingent dans l'impôt foncier 280,160 fr. L'impôt s'élève à 4,529,215 fr.; nous ne parlons ni des portes et fenêtres, ni de la contribution personnelle et mobilière, ni des prestations en nature. Ainsi, les cotes au-dessous de 40 fr. payant 280,160 fr., ül reste, pour les plus élevées, 1,249,055 à acquitter sur la contri- bution fonciere. | Ces premiers documents recueillis, nous avons pensé qu’il con- venait, pour bien apprécier la position du département, de connaitre, au moins le plus approximativement possible, sa dette hypothécaire. Un état général, avait élé dressé dans toute la France, au 4e juillet 14840, sur des relevés pris avec soin dans ioules les conser- vations : le département de la Haute-Loire figure dans cet état pour 72,565,219 fr. Des calculs hypothéliques portent à 1,500,000 fr. par année l’élévation de cette dette. Ces calculs ressortent du rapport de M. Chegaray, qui évalue l’augmentation annuelle de la dette hypo- thécaire, en moyenne, en déduisant les extinctions, et pour toute la France, à 300 millions. Ce qui donne pour les douze années écoulées depuis 4840, le chiffre de 48 millions. C’est donc à plus de 90 millions qu’on peut, sans exagération, porter actuellement le montant des hypothèques inscrites. Sans doute, il y a des doubles emplois, des créances inserites et non radiées; mais il y a aussi beaucoup d’hypothèques légales non inscrites, car ce n’est qu’au moment où se manifeste la dé- confiture du mari ou du tuteur que s'inscrivent ces sortes de JUILLET. 1929 créances; et nous pensons qu’en réduisant les créances hypothécaires inscrites ou dispensées de Pinseription à 80 millions, nous appro- chons heaucoup de la vérité. Il n’est pas indifférent, Messieurs, pour avoir une juste idée de l'état du département, soit sous le rapport de la division de la propriété, soit sur sa dette hypothécaire, de vous faire con- naïtre le nombre des inscriptions et leur montant dans chacun des trois arrondissements, en 4840. Le nombre total était de 57,252 inscriptions. Sur ce nombre, l'arrondissement du Puy en comptait. . 352805 GENE BOUT PR EE ER ce ee 020006 CU SSINp ER CT CCC 0 0045 TOTARSÉGAL RC EE PR 07202 RAM Elles s’élevaient, à cette époque de 4840 , à 72,565,217 fr. 09 c. AUIPOy ee -0100,286,200109 A Brioude . . . . . . . 49,450,000 » À Yssingeaux. . . . . . 22,946,766 70 ToTAL ÉGAL. . . 72,565,247 09 Ainsi, vous remarquerez que dans les deux arrondissements du Puy et de Brioude, chaque inscription, terme moyen, ne s'élève qu'à 900 fr., et dans l'arrondissement d’Yssingeaux, terme moyen, à 7000 fr. D'où l'on peut tirer la conséquence que la propriété est plus divisée dans les arrondissements du Puy et de Brioude, et que c’est principalement sur la petite propriété que pèse la plus grande partie de la dette hypothécaire dans ces deux arrondissements, tandis que dans celui d'Yssingeaux elle frappe sur des propriétés d’une plus grande valeur et pour des sommes plus élevées. Nous avons pensé, Messieurs, que ces détails minutieux dans lesquels nous sommes entrés, n'étaient pas sans quelque influence pour la solution des questions que nous avons à examiner. 150 RÉSUMÉ DES SÉANCES. En effet, la première de ces questions à décider est de isavoir si la circonscription territoriale du département ne présenterait pas un nombre suffisant d'opérations pour couvrir les frais d’un éta- blissement. Nous avons donné à la propriété foncière une valeur de 400 millions; Nous avons admis qu’elle était grevée d’hypothèques pour 80 millions, c’est-à-dire pour un cinquième de sa valeur; Que la propriété, sous l'empire de notre législation, allait tou- jours en se morcelant de plus en plus en petites parcelles; Que sa dette s’accroissait de 4,500,000 fr. annuellement. Il est hors de doute qu’il y a, pour une Société qui se créerait dans le département, matière à de nombreuses opérations, soit pour la conversion d’une grande partie de cette dette en une dette nouvelle sujette à amortissement , soit pour la dette qui se contracte annuellement, IL est bien vrai que si celte association-portant sur un territoire plus étendu, avait à convertir une dette plus forte et opérer avec une plus grande masse de capitaux, ses bénéfices seraient plus considérables; mais ce mest pas une affaire de spéculation dont nous avons à établir les bases. Ce n’est pas seulement des actionnaires qui voudraient souscrire pour une association toute départementale, que nous avons à nous occuper, mais encore de la position des emprunteurs, dela cireu- lation et du paiement des lettres de gage. Pour les emprunteurs, certes, ce ne serait pas fort commode pour eux de se fransporter à de grandes distances, d'y apporter toutes les pièces, tous les documents nécessaires pour faire connaître leur position, d'y attendre des vérifications d'autant plus longues, plus coûteuses, plus minutieuses, que la Société ne connaissant ni les personnes, ni les localités, serait plus exigeante. Mais l’obli- gation étant faite, il faudra en attendre la réalisation, c’est-à-dire l’accomplissement des formalités nécessaires pour la purge des hypo- theques, des actions rescisoires et résolutoires, et faire enfin un JUILLET. 151 nouveau voyage pour arriver à ‘une conclusion qui ne se réalisera quelquefois que par un rejet et des frais à leur charge. Et dans le cas de la réalisation, où et comment s’acquitteront les annuités? Ces Sociétés, dont le centre est si ‘éloigné de lem- prunteur, les feront-elles recouvrer à domicile par des agents accré- dités par elles, ou l’emprunteur sera-t-il obligé de‘les verser lui- méme, en.se transportant au siège de la Société, à moins que pour se dispenser du voyage, il ne les verse entre les mains d’un banquier, qui lui fournira, sauf un bon escompte, du papier pour la somme à verser ? La position de lemprunteur ne sera pas, comme on le voit, de nature à faciliter ni Pemprunt, ni le paiement des annuités. Mais pense-t-on que les lettres de gage, si faciles à placer dans une circonscriplion moins étendue, seront prises par les petits capita- listes, même par les plus aisés, quand 1l faudra se transporter à de grandes distances, soit pour toucher annuellement les intéréts, soit pour recevoir le remboursement de celles qui viendront à échéance? Ces difficultés, qui se présentent naturellement, n’ont pas même été pressenlies par la Société qui se forme à Clermont, la seule jusqu’à présent qui nous ait fait connaitre ses statuts. Lyon, Nimes, Avignon, nous demandent une adhésion, sans nous faire connaitre ceux qu'ils ont dû formuler. Ces considérations, Messieurs, nous ont fait une profonde im- pression, et nous avons été unanimement d’avis que nous ne pou- vions, au moins quant à présent, adhérer à aucune des propo- sitions qui nous étaient faites pour entrer dans lassociation d’un département étranger. Ce qui nous a confirmé dans cette opinion, c’est qu’il s’est pré- senté devant nous des capitalistes qui se proposaient de former une association pour le département. Nous n'avons pu ni dû rien décider sans connaître votre opi- nion : éclairée par la diseussion , assurée de votre assentiment, il ne seratpas difficile à votre commission d’arriver à la -solution la plus convenable pour le département. 152 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Après cette lecture, que l'Assemblée a écoutée avec un vif intérêt, M. le Président dit que le débat doit porter sur deux points principaux : 1° utilité pour le département de la Haute-Loire de l'établissement du crédit foncier en France; 2° utilité de l’organisation d’une société spéciale pour le dé- partement. Sur la première question, la Société se prononce unanimement pour l’affirmative. Sur la seconde, M. du Garay croit aussi quil y aurait lieu de la résoudre affirmativement. Dans son opinion , l’autorité départementale serait disposée à favoriser de tout son pouvoir cette utile création, qui aurait l'avantage d’amener la décentralisation des capitaux. Des fonctionnaires haut placés , des nota- bilités industrielles et agricoles lui préteraient leur actif concours. Dans ce cas, il conviendrait d'en con- fier l’organisation à une commission mixte qui serait composée de membres de la Société et de quelques personnes influentes prises en dehors de son sein. M. de Brive est d’avis que la Société devrait conserver l'initiative d2 cet établissement : elle a été saisie de la question par l'administration, elle a tous les moyens d’action nécessaires pour assurer la réussite de l’entreprise. La décentrali- sation des capitaux est chose indispensable pour le département. L’impôt l’appauvrit chaque année. L’importation du numéraire ne compense pas l’ex- portation ; les grandes entreprises par actions, les JUILLET. 155 chemins de fer, ete. , tendent aussi à expatrier les capitaux; il importe de les retenir dans notre pays. M. Ch. C. de La Fayette partage cette opinion. Une compagnie de crédit foncier , organisée dans le pays sur des bases solides, aurait la confiance des pré- teurs; elle offrirait des placements très-sürs et faciles à liquider. On trouverait des capitaux ; rien ne s’op- pose d’ailleurs à ce que l'institution s’organise d’abord avec peu de fonds, sur une petite échelle. Le capital s’accroitra successivement par la confiance des pré- teurs, et les placements s’accroitront aussi par la connaissance des avantages qu’y trouveront Îles emprunteurs. M. Porral craint que les bénéfices produits par la négociation des lettres de gages ne constituent une sorte d’agiotage fatal à l’entreprise. Ce sera en quel- que sorte une banque avec hypothèque. On sera porté à élever le taux de lintérèt ; il y aura des sinistres qui nécessiteront cette mesure ; sans quoi où se trouverait le bénéfice de la Compagnie ? Cette organisation peut être fâcheuse aux époques de crises politiques ; les actions éprouveront des mouvements de hausse et de baisse, elles contribueront aux jeux de bourse déjà si funestes et produiront souvent des catastrophes. M. de Brive croit , au contraire , que l'Association pourra diminuer un jour le taux de l'intérêt, par suite des bénéfices qui se réaliseront chaque année. On n'aura pas à craindre de sinistres: la bonne organi- TOME XVII. 9 154 RÉSUMÉ DES SÉANCES. sation de l’entreprise, les süretés qu’elle exigera les préviendront. L'émission successive des lettres de gages et leur négociation aura des limites, et les bénéfices, dans tous les cas, ne pourront dépasser un taux déterminé, 7 p. 100, par exemple. Les actions seront peu sujettes aux variations de baisse, parce que la propriété immobilière sur laquelle repose leur garantie a une valeur à peu près fixe et sur laquelle pèsent peu les circonstances politiques ou financières. M. Porral craint que les facilités données par la loi d’exproprier les débiteurs retardataires ne soient un obstacle, et pour la Compagnie qui pourrait avoir en même temps sur les bras une grande quantité d’expropriations à poursuivre’, et pour les emprun- teurs agriculteurs qui, n’ayant que des revenus tou- jours incertains, ne pourront que rarement s’assujettir à un paiement fixe d'intérêts. De là de graves em- barras pour les Compagnies de crédit foncier, et pour les agriculteurs une mobilisation de leur propriété qui la fera souvent changer de main et nuira aux améliorations agricoles qui demandent une longue possession. k M. Mandet répond que les expropriations seront moins fréquentes que ne le pense le préopinant, à raison des précautions minutieuses que recommande la loi pour établir la parfaite solvabilité des emprun- teurs. Après quelques autres observations présentées par es ns JUILLET. 155 divers membres , l’Assemblée reconnait l'utilité de l'établissement d’une caisse de crédit foncier dans le département. Elle prie la commission de continuer le mandat qui lui a été confié et décide que, s’il ya lieu, elle s’adjoindra ultérieurement des notabilités financières du pays pour l’organisation de la Com- pagnie. À cinq heures la séance est levée. SÉANCE DU 6 AOÛT. SOMMAIRE.—Leeture du proces-verbal.— Lettre de remereiments de Mgr l’Evéque et MM. Mérimée, de Carbuccia et Louis de Vaux, pour. leur admission a nombre des membres de la Société, — Ouvrages reçus; Don à la bibliothèque d’une Histoire de la Gascogne, par M. l'abbé Montezun. — Remerciments des admi- nistrateurs de la bibliothèque impériale et du secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, pour lenvoi des « Annales. » — Groupe en bronze représentant un combat d’un lapithe et d’un centaure, donné par le gouvernement; Lettres de M. de La Tour-Maubourg et de M. de Romeuf de La Valette. — Don d’un bel échantillon de brèche volcanique, par M. Reynier, de Rochelimagne. — Remerciments à M. le Curé des Carmes pour le don d’une peinture ancienne, — Nouvel engrais concentré ; Lettre de M. Naissant, d’Agen. — Moyen de prévenir la pé- ripneumonie des bêtes bovines par linoculation; Communication de M. Gire. — Amélioration de la race chevaline dans le dé- partement; Mémoire Lu par M. Charles C. de La Fayette ; Observations de divers Membres; Lecture d’un rapport de M. da Chayla sur le même sujet. — Lecture d'une notice sur la charrue, par M. Chouvon; Vote pour l'insertion de ce travail dans l'Almanach. — Vœu émis pour l’adjonction à la Ferme-Ecole d’un atelier de fabrication d'instruments agricoles perfectionnés. — Pommes de terres dites Comice d'Amiens, présentées à la Société par M. de Brive. — Vœu que M. Mallay réintégre à la cathé- drale un tableau gothique à fond d’or qui en a été déplacé temporairement. — Statuette représentant une femme sortant du bain, envoyée par M. Emile Badiou ; Renvoi à la commission des primes; Vœu pour l’obtention d’un marbre destiné à reproduire une statue exposée à Paris par M. Badiou.—Renvoi à la commission des prix de plusieurs lettres et documentsenvoyés pour les concours. — Fixation du jour de la séance publique et pour l'ouverture de l'exposition; Commissaires nommés. — Budget et rapports annuels envoyés au Conseil général; Demandes d'allocations. À trois heures la séance est ouverte. Après la lecture et l'adoption du procès-verbal , ES M. le Président donne communication des lettres de remerciments que lui ont adressées Mgr de Morlhon, AOÛT. 157 évêque du Puy, et MM. Mérimée, colonel de Car- buceia et Louis de Vaux , au sujet de leur admission au nombre des membres de la Société. Pugzicarions. — À cette occasion , Mgr l'Evéque a bien voulu faire don à la bibliothèque d’une histoire de la Gascogne, par M. l’abbé Montezun , 7 volumes in-8°. M. le Président est prié de lui exprimer la gratitude de la Compagnie. MM. les Administrateurs de la Bibliothèque impé- riale de Paris, et M. Flourens , secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, adressent des remerei- ments pour l'envoi des « Annales », et demandent divers volumes qui manquent à leur collection. Il est décidé que l'envoi leur en sera fait. M. le Président dépose sur le bureau les ouvrages envoyés par les sociétés savantes ; il en remet plu- sieurs à divers membres chargés de les examiner. Musée. — Il est fait lecture de deux lettres par les- quelles M. le marquis de La Tour-Maubourg annonce que ses démarches auprès du Gouvernement, pour l'obtention d’une œuvre d’art, ont été couronnées d’un heureux résultat. La première informait la Société que M. le Ministre. de l'intérieur accordait au Musée un groupe en 158 RÉSUMÉ DES SÉANCES: bronze représentant un Centaure et une Centauresse par M. Courtet. Dans la seconde, M. de La Tour- Maubourg écrit que la ville de Lyon ayant sollicité cet ouvrage , dont l’auteur appartenait à cette ville, il n'avait pas cru devoir persister dans sa demande , à la condition toutefois qu’une œuvre aussi remar- quable et d’un artiste plus connu lui serait donnée en échange. Il se félicite que M. le Ministre ait bien voulu agréer le choix qu’il a fait d’une composition également exécutée en bronze, et représentant le combat d’un Lapithe et d’un Centaure, l’un des meilleurs ouvrages de M. Barrye. M. de Romeuf de La Valette, représentant de la Haute-Loire , écrit aussi qu'il s’est intéressé à la même demande , et qu’il a été heureux d’avoir pu manifester , en cette circonstance , ses sympathies en faveur de la Société. L'Assemblée, reconnaissante des démarches éclai- rées et puissantes qui lui ont valu cette nouvelle et précieuse libéralité du Gouvernement , en témoigne sa gratitude par de vifs remerciments. M. Félix Robert fait hommage, de la part de M. Reynier , membre correspondant, d’un échan- tillon de la brèche volcanique de Rochelimagne [Haute-Loire], renfermant un trës-beau noyau d’ar- ragonite cristallisé en prismes rayonnants. Ce don est l’objet d’un vote de remerciments. + RER AOUT. 159 L'Assemblée , désireuse de témoigner à M. le Curé de la paroisse des Carmes du Puy , sa gratitude pour la cession d’une peinture très-ancienne qu’il a bien voulu faire en faveur du Musée, arrête, sur la propo- sition de M. le Président , que la Société sollicitera auprès du Gouvernement un tableau religieux pour l'église de cette paroisse. AGricuzrure. — M. Naissant, d'Agen, dans une lettre dont il est donné lecture, appelle Pexamen de la Société au sujet d’un nouvel engrais concentré dont il est l'inventeur. Il demande qu’il en soit fait essai dans le département , et propose d’en envoyer comme spécimen une certaine quantité. Cette proposition est agréée, et M. le Président est prié de se charger de cette expérimentation. M. Gire annonce qu’il s’oceupe d’une question qui a été soulevée dans des publications scientifiques récentes. Il s’agit de prévenir la péripneumonie des bêtes bovines par l’inoculation. Il regrette cependant que ce genre de médication présente des difficultés qu'il lui sera difficile de surmonter. Il n’est pas tou- jours possible de vaincre la répugnance qu’éprouvent les cultivateurs à permettre les expériences sur des bestiaux qui n’ont pas encore été atteints par la ma- ladie. Il faudra profiter des occasions favorables qui pourront se présenter, etil compte, à cet égard, sur 140 RÉSUMÉ DES SÉANCES. le concours des membres correspondants, auxquels il prie la Société de faire appel. Conformément au désir exprimé par M. Gue , VAs- semblée recommande à ses correspondants cette in- téressante communication. M. Ch. C. de La Fayette lit un Mémoire sur l’amé- lioration de la race chevaline dans le département !. Cette lecture donne lieu à un débat dans lequel plusieurs membres sont entendus. M. Gire dit que l'administration des haras s’est préocceupée des objections qui ont été faites contre le système adopté jusqu’à ce jour; elle a mis à profit les observations qui lui ont été soumises et elle se propose d’envoyer des étalons de races moins légères; il craint que les chevaux percherons, dont M. Ch. C. de La Fayette recommande l'introduction dans notre pays, y réussissent difficilement: ils sont habitués à une nourriture abondante, à des fourrages suecu- lents et en quelque sorte luxueux, qu’ils ne trouve- ront pas dans la Haute-Loire; d’ailleurs nos juments sont petites, et il ne parait pas rationnel de les accoupler avee des étalons beaucoup trop forts, comme ils le sont dans le Perche. M. Ch. C. de La Fayette répond qu’on élève trois 1 Ce travail, d’après le vœu de la Société et la décision du Conseil d'administration, sera inséré au présent volume des Annales. [Voir la deuxième partie : Rapports et Mémoires. ] AOÛT. , 141 espèces de chevaux dans le Perche , l’une à qui il faut des fourrages artiliciels en abondance , et les autres qui recoivent une nourriture plus ou moins semblable à celle qu'on leur donnerait dans notre département. À cet égard , les races communes sont peu exigeantes; il n’en est pas de même du cheval de sang. On pourrait accoupler nos juments avec les étalons de lune des trois races la plus voisine de la nôtre , d’une race à deux fins de demi-trait. Il est certain que cette race peut travailler dès Pâge de trois ans, tandis qu'il en faut cinq au moins pour un cheval fin. | Or, lorsqu'il est arrivé à cet âge, le cheval fin a coûté trop cher, et il est impossible que léleveur en trouve un prix suffisamment rémunérateur. M. Martel est du même avis. Il faudrait dans notre pays un cheval qui commencât à servir vers deux ans et demi. M. Gire persiste à penser que le cheval de selle peut mieux réussir que tout autre dans la Haute- Loire , eu égard à la qualité de nos fourrages On arrivera à améliorer race indigène par une persé- vérance soutenue , et à en obtenir un produit rémunérateur , si la remonte paye les chevaux convenablement. Du reste, en choisissant dans le Perche des étalons de moyenne taille, peut-être produirait-on dans notre département un cheval utile, celui à deux fins. Mais c’est un essai à faire. M. de Brive répond que les marchands amènent 142 RÉSUMÉ DES SÉANCES. parfois des percherons sur nos marchés. Les paysans eux-mêmes les emploient avantageusement. M. Best fait observer qu’on amène aussi du Berri des chevaux d’une race semblable; ils s’accommodent de nos fourrages et s’utilisent bien dans nos cam- pagnes. M. de Brive lit la notice suivante , sur le même sujet, que M. du Chayla, membre du conseil géné- ral du département , a adressée à M. le Secrétaire : MonsIEUR LE SECRÉTAIRE, En qualité de membre correspondant de la Société d'Agriculture, je crois de mon devoir d’apporter mon faible tribut de lumikbres, pour aider à résoudre une question qui intéresse à un si haut point l'avenir du département : je veux parler de l'élevage des chevaux. Je vois par les procès-verbaux de 1850, que je viens de recevoir, que la question de l’emploi des primes a été controversée, et qu’elle est restée pour ainsi dire à l’état natif. Un des Membres les plus distingués de notre Société s’est plaint que les haras ne visant qu'à faire des chevaux de course, et le gouvernement des chevaux de remonte pour la cavalerie, il s’en suit que ces chevaux sont impropres à tout autre service. Je pense que le gouvernement et les haras ne font qu'un, et que les efforts des uns métant que la conséquence des injonctions de l’autre, il ne peut y avoir divergence dans leur but. Les haras, ou plutôt le gouvernement, en créant des chevaux de course, a pour but de produire des pères pouvant donner à leurs descendants Le fond dont sont doués les vainqueurs de la lutte. D'ailleurs, le programme des courses comprend celles au trot. Or, on sait que pour les chevaux pur-sang , cette épreuve n’est pas tres-usitée; car Pardeur qu'ils doivent à la richesse de leur Ba re — AOUT. 145 sang, leur permet rarement de se contenir, et de fournir leur carrière à une allure qui demande plus de calme. Les courses au trot sont généralement suivies par les chevaux demi-sang, hunters, où chevaux de chasse. Cest cette espèce qu'il conviendrait de propager pour les besoins du pays. Jai vu, en 1825, une jument demi-sang appartenant au général Oudinot, et montée par le capitaine de Richepanse, mort depuis si glorieusement devant Constantine, faire huit lieues en deux heures et au trot. Elle était pleine, et donna un poulain superbe et à son terme. : J'ai dit, dans divers rapports au Conseil général, que les étalons de cette sous-race étaient ceux qui convenaient au département , et j'ai eu le bonheur de me trouver en communauté d'opinion avec la presque totalité des commissions hippiques , ainsi que le constate le rapport du général de Lamoricière, publié en 41851. Par malheur, l'administration des haras n’est pas assez riche en sujets de ce genre, pour pouvoir en doter tous les départements qui en demandent. Le cheval de chasse, tel que les Anglais l’entendent, est en effet propre à tous les services. IL est étoffé, d’une taille moyenne, la dépasse même quelquefois; il est froid au besoin, grand trotteur, léger à la selle, et s’attèle parfaitement. Toutes ces qualités en font un excellent cheval à deux fins. Il y aurait erreur à penser que la cavalerie ne veut que des chevaux légers : le poids du harnachement, du cavalier, et des vivres qu'il est souvent obligé d’emporter, indique assez que les chevaux de cavalerie doivent avoir encore d’autres qualités que la légereté : ces qualités se trouvent encore dans le Hunter. I y en a de presque toutes les tailles; et si nos hussards sont montés sur des chevaux trop légers, c’est que lespèce manque, et qu’on est obligé de prendre ce que lon trouve. Quant aux arines pesantes, ce n’est pas dans notre pays qu'il faut chercher à les remonter : la nature des fourrages s’y oppose. Contentons-nous done de faire des chevaux à deux fins; et si le 144 RÉSUMÉ DES SÉANCES. roulage a besoin de chevaux plus massifs, 1l doit les aller chercher dans les pays qui peuvent les fournir. En général, les chevaux de troupe sont bons pour tous les services : je m'en veux pour preuve que l’affluence des acheteurs de chevaux réformés par vieillesse, usure ou accidents. Beaucoup de ces chevaux servent encore fort longtemps, soit aux diligences, soit au roulage. Je m’associe à votre honorable Président, lorsqu'il dit que lespèce du pays doit étre améliorée, et non changée radicalement. Pour arriver à ce but, les primes devraient porter non seule- ment sur les mères et leurs produits, mais encore plus spécialement sur les étalons particuliers, Sans calomnier ceux des haras, Pon peut dire qu’ils sont moins productifs que Les étalons des propriétaires, et cela tient, à coup sûr, au travail auquel sont soumis ces derniers , tandis que Paisiveté des chevaux des haras nuit à la reproduction. Malheureusement, les ressources du budget départemental ne permettent pas en ce moment de faire de grands sacrifices en faveur des primes à lespèce chevaline; mais il ne serait pas impossible que le Conseil général pût augmenter le chiffre de l'allocation , et favoriser ainsi plus efficacement les améliorations que peut comporter l'élève des chevaux. Ï1 serait aussi à désirer que le jury fut excessivement sévere dans la distribution des prix, c’est-à-dire que si le meilleur des chevaux présentés au concours ne réunissait pas un ensemble de qualités désirables, la prime devrait étre réservée pour un autre concours. Cet ajournement permettrait de gressir le chiffre des primes de l’année suivante, et cette sévérité serait le seul moyen de forcer les propriétaires à ne présenter que des chevaux vraiment dignes du nom qu'ils portent. Après cette lecture, M. de Brive dit que l’uné des causes qui arrêtent le plus le perfectionnement de notre race chevaline est dans le grand nombre des AOÛT. 145 étaluns particuliers qui, sans contrôle, se livrent à la monte et font une rude concurrence à ceux du Gou- vernement. Îl serait désirable qu’on ne laissät cir- culer dans les lieux publics que des étalons autorisés. M. Ch C. de La Fayctte pense qu'on n’a droit à faire violence à la liberté qu’à la condition de fournir aux éleveurs de meilleurs étalons. Les observations qui précèdent seront prises en considération par la commission des primes. M. Chouvon donne lecture de l’article suivant qu'il propose d'insérer dans l’Almanach historique et agri- cole pour 1855 : MéssiEuRs , La charrue est, sans contredit, le premier des instruments d’a- griculture; car la bêche, malgré la perfection de son travail, ne pourrait étre d’un-usage assez général pour suffire aux besoins d’une nombreuse population. La charrue a été souvent l’objet des études d'hommes savants et compétents, et c’est à l’un d’eux que nous de- vons l'instrument qui porte son nom, la charrue Dombasles. Celle- ci, avec quelques autres qui en dérivent, continuera à obtenir la préférence, jusqu'au moment où les savantes théories modernes au- ront, comme il y a-lieu de l’espérér, réalisé un nouveau perfection- nement. Dans nos pays, l’araire antique continue à dominer, sans céder beaucoup de place à la charrue Dombasles, dont je vou- drais contribuer, pour ma part, à étendre Pusage. Cest dans ce but que je vais mettre en parallèle ces deux instruments, sans parti pris, avec l'intention seulement que chacun soit bien fixé sur la valeur et les difficultés résultant de l'emploi de l’un et de l’autre. En opérant un premier labour ; quel but se propose-t-on d’at- 146 RÉSUMÉ DES SÉANCES. teiudre? On se propose de rapprocher son travail le plus près possible de celui qu’on obtient par l'emploi de la béche. On at- teint de près ce résultat, ‘en retournant une tranche de terre d'une largeur et d’une épaisseur données, de manière à mettre dessous ce qui était dessus, tout en limitant, pour la perfection du travail, le retournement de cette bande de terre à une incli- naison d'environ 50 degrés. Un tel labour, en soulevant et re- tournant le sol, lui donne de la porosité, et met en contact avec l'air les couches inférieures sur une étendue d’autant plus grande que l’inclinaison indiquée sera mieux observée. Chaqué motte formera ainsi à l’intérieur un triangle qui présentera aux influences atmosphériques une plus grande surface que celle qui résulterait de la ligne droite produite par le retournement com- plet. Il résultera nécessairement de cette inclinaison un vide in- térieur , et l'air qui sy trouvera enfermé servira encore à l’a- meublissement du sol. Dans un bon instrument tel que la char- rue Dombasles, cette opération s’exécute au moyen de trois par- ties principales, qui sont : le coutre, le soc et le versoir. Le coutre tranche la terre verticalement, le soc, formant un triangle rectangle, la coupe horizontalement et la soulève, et le versoir continue le soulèvement commencé par le soc, et finalement opère le renversement plus ou moins, suivant l’inclinaison que jai indiquée. Dans cette opération , en supposant les parties que je viens de nommer parfaitement faites, et le soc ne prenant qu’une bande de terre égale à sa largeur, le versoir n'ayant qu’un écartement égal à la largeur du soc, il n’y aurait de déploiement de force que juste ce qui serait nécessaire pour déplacer le cube qu’on en- tame. Rien, en effet, n’agissant à gauche du sillon qu’on ouvre à droite, il n’y aura aucune résistance ni aucun frottement inu- tile, et il ne restera plus qu’à choisir entre le déploiement de force nécessaire avec cet instrument ou un mauvais labour avec un autre. Cette dernière considération fait déjà pressentir où je veux en venir au sujet de l’araire du pays. Celle-ci, pour ne citer, comme point de comparaison, que les parties les plus Bu AOUT. 147 agissantes, est composée d’un soc, d’un sep et de deux versoirs. Le soc, en fer de lance, coupe horizontalement la terre à droite et à gauche. Le sep est formé de deux parties qui nais- sent à la base du triangle du soc, et vont en s’élargissant à droite et à gauche. Il ne se contente pas, comme dans la charrue dont j'ai parlé précédemment, du rôle de véhicule : il est partie agissante, il écarte à droite et à gauche la terre, comme ferait un coin. Les versoirs, si l’on peut donner ce nom aux deux bä- tons qui les composent, tranchent plutôt qu'ils ne retournent la terre également de droite à gauche. Il résulte des dispositions doubles des trois éléments constitutifs de l’araire, que ceux-ci agissent non seulement du côté de la bande de terre qui doit être détachée, mais encore du côté opposé. Il est fa- cile, à simple vue, de se convaincre que l’effort dépensé en terrain plat pour opérer l'effet inutile, est plus grand que celui que nécessite leffet utile; car ce dernier agit sur une bande de terre qui cède, tandis que le premier opère sur une terre qui résiste. Voila pour la dépense de force. Examinons maintenant la per- fection du labour, en prenant les dimensions de l’araire des en- virons du Puy, que je regarde comme la plus perfectionnée du genre. La base du soc aura 0" 48, l’écartement du sep, pris ex- térieurement , 0" 20, et l’écartement des versoirs, 0" 50. Si le la- boureur prend, par exemple, une largeur de bande de 0" 20, ce qui est, si l’on veut, un peu exagéré, le soc et le sep n’ayant travaillé utilement que dans la moitié de leur largeur , soit 0" 4 0 il en résulte qu'il n’y a que la moitié du travail de fait, ce qu’on ne juge pas à vue d'œil, car le versoir aura recouvert le tout. C’est cet inconvénient qui fait attacher tant d'importance au labour croisé, qui devient inutile avec une charrue Dombasle. D’un autre côté, on ne peut exiger d’un bâton le travail si complexe d’un bon versoir; et ici c’est heureux , car le déchirement qu'opèrerait ce dernier sur les parties non entamées par le soc et le sep, accroîtrait considérablement la résistance. Donc si ce travail demande moins de dépense de force que celui que ferait une charrue Dombasles, ce n’est point parce que l’in- 148 RÉSUMÉ DES SÉANCES, strument est meilleur, mais parce qu’il prend un faible eube de terre et qu'il évite les difficultés au lieu de les vaincre. Je sais bien qu’on objectera : un bon laboureur peut, au lieu de prendre 0" 20 de bande, n’en prendre que 0” 410, et le travail sera meil- leur. Le travail sera meilleur, en effet, mais il n'y aura jamais un si complet retournement du sol, et le temps employé sera double de celui qu’exigerait une charrue Dombasles; on peut donc dans ce cas, avec le même nombre de journées de bétes, faire avec la charrue Dombasles la même étendue de travail, et ce travail produira non seulement un plus complet retournement du sol, mais il agira aisément sur une plus grande profondeur , ce qui constituera un second avantage. Comme j'ai parlé des inconvénients de notre araire , il est juste que je m'occupe de ses avantages relatifs avec la charrue Dom- basles. Cette dernière demande plus de force, parce qu’elle re- tourne plus complètement un plus grand enbe de terre; et pour employer cette force, il faut Pavoir; ce qui lexclut naturellement du plus grand nombre des petites exploitations de notre pays mor- celé, où l'attelage, composé de faibles vaches, n’a bien sou- vent que juste la force nécessaire pour trainer l’araire. La char- rue Dombasles, avec son seul versoir, ne peut travailler que d’un côté, et, par conséquent, ne peut manœuvrer sur les terrains qui prennent trop de pente. Notre araire, au contraire, par son dou- ble moyen d’action, y travaille aussi facilement et plus facile- ment qu'en plaine. La charrue, instrument perfectionné, demande une sphère d'activité qui ne soit pas trop embarrassée d’obstacles , tandis que l’araire travaille, tant bien que mal, sur un sol de ro- chers. L’araire, d’un autre côté, est suffisante pour les second ct troisième labours où l’on n’emploie pas de charrue. Il est vrai que, dans ce dernier cas, elle ferait plus de travail si ses ver- soirs étaient, comme dans la rite, transformés en lances tran- chantes quiraseraient le sol à la hauteur du soc. Ne faut-il pas ajouter que l’araire est intimement liée aux habitudes de nos labou- reurs, et qu'ils sont tellement identifiés avec cet instrument, qu’ils semblent ne faire qu’un, comme le centaure et son cheval ? | ) AOÛT. 149 Que conclure de tout cela? que Paraire peut étre conservée comme nécessité de position, mais qu'on ne doit jamais négliger de faire usage des facilités qu’on peut avoir du côté de l’instruction, des attelages et du terrain, pour adopter , sinon exclusivement s au moins concurremment, la charrue Dombasles. Celui, en effet, qui ne Jaboure pas complètement son terrain, de méme que celui qui le fume médiocrement, ne connait pas ce qu'il vaut, ct il ne se contente de ses produits que parce qu'il n’est pas ac- coutumé à de plus grands. Aujourd'hui, la béche, qui est le meilleur de tous les instru- ments de labour, la pioche, les épierrements, agissent avec une telle activité, qu’ils élargissent continuellement le cercle où peu- vent manœuvrer les instruments perfectionnés. Qu'on ne s’en- dorme donc pas sur leur adoption, eur avec la facilité des com- municalions, qui devient tous les jours plus grande, la valeur des produits se nivelle au détriment des pays arriérés. Grâce aux encouragements de la Société d'Agriculture, les charrues Dom- basles sont assez répandues dans le département ; mais il est à re- gretter (et c’est là l'objet des préoccupations de cette Société), que presque {ous ces instruments soient exécutés dans le pays ; d'a- prés des modèles qui s’éloignent plus ou moins de la perfection de la charrue Dombasles. La difficulté de travail qui en résulte vient se joindre alors aux habitudes pour faire renvoyer ces instruments aux greniers où on leur reproche de séjourner trop souvent, Jai deux bonnes charrues Dombaslés qui, attelées chacune d’une forte paire de bœufs du Cantal, défrichent aisément dans une terre à froment , un trèfle à la profondeur de 45 à 20 centimètres sur 20 à 25 de largeur de bande : pour faire le même travail avec une autre charrue Dombasles que je possède également, cette der- nière exige l'emploi de deux paires. Il est vrai qu'avec cette addition de force elle peut aller plus profondément ; mais ce n'est pas là la question, je tiens seulement à constater qu’elle ne peut pas ma- nœuvrer dans les premieres conditions. Elle demande, en outre, pour peu que le terrain soit gras, un aide qui s'occupe à débourrer TOME XVII. 10 150 RÉSUMÉ DES SÉANCES. constamment l'instrument qui s’engorge, et pour nos deux autres, cet aide n’est jamais nécessaire. Cette charrue est pourtant loin d’être la plus mauvaise des neuf dixièmes de celles que je connais, Que dirai-je maintenant des charrues à versoir mobile’, dont nous trouvons pour le moins un inventeur dans chaque commune, et qui prennent toujours, — du moins celles que j'ai vues , — pour point de départ l’araire du pays, affublée de versoirs plus ou moins Dombasles? Avec ce que j'ai déjà dit sur l’araire, je crois que je n’ai pas à revenir sur le désaccord qui existe entre le soc et le versoir, et qu’il est inutile de conseiller le rejet d’un instru- ment qui exige plus de force pour écorcher un terrain qu'un bon instrument n’en demanderait pour le retourner convenable- ment. Il ne me reste plus qu’à terminer par un conseil adressé à ceux qui veulent se procurer une charrue Dombasles : c’est de s’a- dresser à une fabrique justement en renom; celle-ci exigera un plus grand sacrifice d’argent, mais ce sacrifice sera largement com_ pensé par les bons services que leur rendra un meilleur instru- ment, et les constructeurs du pays n'auront, pour obtenir la préférence, qu’à travailler sur un bon modèle , ce qui n’est pas plus difficile que sur un mauvais. L'Assemblée, intéressée par cette communication, décide que la notice de M. Chouvon sera insérée dans l’Almanach. Elle émet également le vœu que M. le Directeur de la Ferme-Ecole puisse joindre un jour à son important établissement un atelier pour la fabrication des charrues Dombasles et autres instruments per- fectionnés, comme cela se pratique dans d’autres fermes-modèles. M. le Président dépose sur le bureau des spécimens AOÛT. 151 de pommes de terre, dites « Comice d'Amiens » , qu’il a obtenus dans sa propriété de la Darne , com- mune de Coubon. Ces tubercules sont remarquables par leur grosseur et par la finesse et éclat de la peau. Au rapport de M. de Brive, leur qualité répond à tout ce que les catalogues en disent d’avantageux. M. Chouvon en présente également de fort belles qu’il a récoltées'à la Ferme-Ecole ; mais il demande qu'avant de les recommander à la grande culture, cette variété soit soumise à de nouvelles expériences. CONSERVATION DES MONUMENTS. — M. le Secrétaire prie la Société d'intervenir auprès de M. Mallay, architecte diocésain , pour qu’il fasse replacer à l'église cathédrale , ou au Musée, un beau tableau du XV° siècle , à fond d’or , représentant la mise au tombeau de N. S. J.-C. , peinture qui avait été transportée à Clermont pour servir de modèle à des vitraux de même style exécutés à la cathédrale. Cette proposition est prise en considération. Beaux-arts. — M. le Président annonce que M. Emile Badiou a envoyé une esquisse en plâtre, re- présentant une femme sortant du bain, pour l’ex- position prochaine du Musée. Cette œuvre d’art est mise sous les yeux de l’Assemblée. Plusieurs mem- bres font remarquer les qualités qui recommandent ce nouvel ouvrage de notre jeune compatriote , dont 152 RÉSUMÉ DES SÉANCES. l'examen plus approfondi est renvoyé à la commis- sion des prix. Ilest arrêté, en outre, que M. le Président vou- dra bien solliciter , auprès du Gouvernement, l’ob- tention d’un marbre pour la reproduction du groupe en plâtre que cet artiste a exposé à Paris. Ogsers pivers. — Un certain nombre de lettres et documents relatifs aux prix proposés pour les con- cours agricoles , industriels, artistiques et litté- raires , ont été adressés à M. le Secrétaire et sont renvoyés à l’examen du jury. M. le Président, après avoir consulté l’Assemblée , fixe la séance publique et l'ouverture de l'exposition au deuxième jour de la session du Conseil général. Il invite ceux de MM. les Membres qui auraient à faire des lectures dans cette séance , à les remettre à M, le Secrétaire dans le plus prochain délai. Sont nommés Commissaires pour la séance pu- blique : MM. le Président et le Secrétaire, et MM. Charles de Lafayette, Chouvon, Robert, Huriez, Martel, Normand et Moiselet. OBsETS D’ADMINISTRATION. — M. le Président annonce qu’il a envoyé à M. le Préfet, d’après sa demande, le budget et le rapport annuel sur les travaux et les besoins de la Société, destinés à être soumis au Conseil général. AOÛT. 155 Le Conseil d'administration propose de présenter les demandes suivantes, qui sont agréées par l’As- semblée : 1”Allocation ‘ordinaire. . - 21: .,. 4000!fr. 2° Encouragement à la race chevaline, 1000 AMRÉDOISEMENTAN EE ASS 2000 4° Enseignement de l’agriculture et dis- Oo tribution d'ouvrages élémentaires aux in- SUDULOURS LT AUTRE PNR NAS ARR 150 5° Impression de lAlmanach agricole ÉMRESIUQUE ss ce mue eue le ce de + + 4e 300 6° Transport des collections au nouveau Musée , établissement de meubles et éta- DÉRESRE D-S-Le -Se 2UUU 7° Subvention à M. Emile Badiou. . . . 1200 A sept heures la séance est levée. SEANCE PUBLIQUE DU 24 AOUT. SOMMAIRE. — Composition de lAssemblée; Nomenclature des corps administratifs et des autorités qui assistent à cette so- lennité. — Décoration de la salle des tableaux pour la séance publique; Exposition des œuvres d'art dans cette salle. — Organisation des autres galeries du Musée. — Exposition des produits industriels et agricoles du département. — Composition du bureau. — Chœur exécuté par l’école de chant, d’après la méthode Wilhem. — Discours de M. le Préfet. — Compte-rendu des travaux de la Société, par M. de Brive. — Allocution de Mgr lPEvéque. — Mémoire sur les mœurs des montagnards du Velay, lu par M. Ch. C. de La Fayette. — De la musique et de son influence sur la santé; Mémoire lu par M. Martel. — Fables en vers, lues par M. Gaubert, de Brioude. — Lecture d’une ballade vellavienne, par M. Bernard. — Le marché aux cheveux, esquisse en vers d’une scène de mœurs localés, par M. Vibert. — Rapport de M. Aymard sur les concours artisti- ques, industriels et agricoles; Proclamation des prix décernés par le Jury. — Distribution des prix aux élèves des écoles industrielles. — Chœurs exécutés par l’école de chant. Le mardi 24 août, la Société a tenu sa séance publique bisannuelle dans l’une des galeries du nouveau Musée. Un grand nombre de membres résidants et correspondants s'étaient empressés de répondre à l'invitation qui leur avait été adressée. Toutes les autorités départementales et municipales: M. le Préfet et MM. les Conseillers de préfecture, Mgr l’Evèque et MM. les dignitaires ecclésiastiques, MM. le Général commandant le département et les Ofliciers de la garnison , MM. les Députés du dépar- tement et les Membres du Conseil général, MM. le Maire et les Conscillers municipaux assistaient à cette solennelle réunion, qu’'honoraient aussi de SÉANCE PUBLIQUE 155 leur présence beaucoup de notabilités agricoles , industrielles et artistiques, et une foule de dames parées avec la plus riche élégance. Le bureau et l’enceinte réservée aux autorités étaient entourés de verdure et de fleurs; la déco- ration de la salle se complétait par les belles col- lections de tableaux et de statues qui avaient été disposées depuis peu dans cette galerie, sous l’habile direction de M. Vibert , leur conservateur. A l’une des extrémités de la même salle, l’attention des spectateurs était vivement appelée par un groupe nombreux de statuettes, de peintures et de dessins au crayon et à l’aquarelle, qui formaient l'exposition des œuvres d’art envoyées au concours. On y admirait surtout une série de tableaux de genres reproduisant des scènes de mœurs locales et dus au pinceau de M. Vibert; un très-beau portrait de l'Empereur, et divers autres tableaux de MM. Giraud père et fils; des sites de la Haute-Loire à l’aquarelle et au fusain, et des croquis à la sépia, par M. Daniel Vincent; une vue peinte à l’aquarelle de la facade de la cathédrale du Puy, par M. Desombrages, de Lyon; des dessins d'architecture, par M. Normand, architecte départemental, et enfin une série de figures académiques, de plans et dessins géométriques, qui attestaient les excel- lentes études des élèves des écoles industrielles, 156 RÉSUMÉ DES SÉANCES. L'école Normale du Puy, celle des Frères des écoles chrétiennes, et divers exposants, avaient envoyé également des tableaux calligraphiques exé- cutés avec habileté, des dessins au lavis et à la plume, et des planches gravées sur cuivre. Auprès de ces productions artistiques, était une carte du département, récemment exécutée d’après le programme de la Société, par M. Hipp. Giraud. Au nombre des statuettes, celles de M. E. Badiou, élève de l’école des Beaux-Arts de Paris, pensionné par le Conseil général, et de M. Ranchou, de Lyon, et des christs en bois et en ivoire, par MM. Bayard, curé de Coubon, et Eug. Vidal, du Puy, se recom- mandaient par un véritable mérite d’exécution. Près de ces ouvrages d'art, on remarquait un rétable d’autel en bois, richement sculpté par M. Jules Gimbert, du Puy. Le public était admis à circuler dans les autres salles, qui, outre les collections d'histoire naturelle, d’ethnographie, etce., nouvellement organisées par les soins des administrateurs du Musée, offraient l’exhibition des produits manufacturés, artistiques et agricoles, envoyés de tous les points du département. Leur nombre, plus considérable qu’aux expositions précédentes, avait déterminé l'administration du Musée à ajourner l’arrangement des collections d’antiquités, afin de consacrer exclusivement aux dentelles la galerie archéologique tout entière. SÉANCE PUBLIQUE. 157 Cette vaste salle offrait surtout un aspect splendide par la diversité et la perfection des dentelles étalées avec goût dans des étagères vitrées dont Messieurs les fabricants avaient voulu généreusement faire tous les frais. Jamais assortiment plus complet des articles si variés de la production dentellière n'avait été soumis, dans la Haute-Loire, au jugement et à l'admiration publics. La finesse du tissu et des mailles le disputait à la richesse et à la pureté des dessins dans toutes ces nouveautés en soie noire et blanche, en fil de lin, coton, laine, crin et paille, genres Bruxelles, Alençon, Caen et Chan- tilly, dans cette foule de chàles, écharpes, berthes, voilettes, mantelets, guimpes, volants, cols, ete., exposés en pièces et sur carreaux. Parmi ces dentelles de toutes largeurs et de tous prix, pour lesquelles notre pays rivalise avec les manufactures les plus renommées, figuraient de magnifiques guipures en soie noire, dont l’inven- tion appartient à la fabrique du Puy. On y voyait aussi des dentelles à l'aiguille et les produits des industries diverses ou d’inventions nouvelles qui prêtent leur utile concours à la fabri- cation de la dentelle : des carreaux, des dessins en carte et sur papier, des imitations de guipure en papiers découpés, cartons piqués de tous genres, cartons et soies ouvrées pour dentelles. Des étoffes de soie, tissus en fil, tel que nappe damassée, fabriquée au métier à la Jacquart et 158 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ornée de riches- dessins, des broderies au crochet, rideaux, garnitures d’autel, plusieurs articles de lingerie et de tapisserie, témoignaient également, par leur perfection, des ressources que pourraient offrir ces différentes branches de l’industrie dépar- tementale, s’il était possible d’assurer un jour à leurs produits un écoulement prompt et facile. L’ébénisterie, qui s’est acquise un rang distingué parmi les industries de la ville du Puy, avait révélé de nouveaux et véritables progrès dans une série de meubles en bois d’acajou et de noyer, la plu- part ornés de sculptures et habilement exécutés c’étaient des lits, tables, guéridons, bibliothèques, étagères, bureaux, écrans et bénitiers. Quelques pièces tournées pour meubles complétaient cette intéressante collection. Deux portes d’une table de communion décorées de beaux dessins dans le style gothique, offraient, parmi d’autres pièces de serrurerie, le spécimen le plus remarquable en ce genre. Une autre industrie qui, dans notre pays, n’a pas suivi le mouvement de progrès que lui ont imprimé ailleurs les applications de la chimie, la tannerie s’efforçait de se réhabiliter par une exposition importante de cuirs imperméables de veaux et génisses, cirés et grenus, obtenus à l’aide de procédés nouveaux et perfectionnés. Une foule d’autres produits de tous genres avaient obtenu, à des titres divers, les honneurs de l’ex- SÉANCE PUBLIQUE. 459 position : tels étaient d’élégantes reliures, des bougies économiques , cierges, chandelles, des fruits confits, chocolats fabriqués au moyen d’une nouvelle machine à deux cylindres, sucreries mon- tées, des articles de saboterie habilement confec- tionnés , de nombreuses pièces de poterie, cuviers, vases d'ornement, case-bouteilles, tuyaux de fon- taines, vases pour préserver les plantes des insectes nuisibles, etc., des allumettes chimiques, meules à aiguiser, hérissons à bouteilles, des échantillons de divers minerais du département, etc. L'agriculture et lPhorticulture occupaient aussi une grande place dans les galeries de l’exposition. La Ferme-Ecole de Nolhae avait fourni un magni- fique tribut de céréales de diverses espèces, de racines fourragères et d'instruments. A l'exemple de M. Chouvon, directeur de cet utile établissement, d’autres membres de la Société, son honorable président, M. de Brive, et MM. Doniol de Barlière, Pomier, Chanial, Chorand, Chevalier, s'étaient particulièrement distingués par la présen- tation d’une quantité de gerbes de froment, seigle, orge, avoine de toutes les espèces nouveilement introduites dans la Haute-Loire. Ces Membres et différents agriculteurs s’étaient empressés d'adresser à la Société beaucoup d’autres produits : des cocons et soies, des spécimens de plantes tuberculeuses, de pommes de terre Comice d'Amiens, de chanvre 160 RÉSUMÉ DES SÉANCES. géant, de pavot-cillette, luzerne, trèfle, de hautes tiges de féverolles printanières, et des échantillons de plätre pour amender les terres. Au nombre des machines agricoles, on remarquait une chambrière roulante, de l'invention de M. La- combe, membre du Conseil général; une des faulx à ratelier qui servent à moissonner les récoltes de la Ferme-Ecole, une machine propre à vanner les grains et légumes et à blutter la farine, des araires et jougs perfectionnés, des ceps d’araire et deux nouveaux modèles de bèche et charrue, enfin un mécanisme pour concasser les noix. De beaux spécimens des légumes cultivés aux environs du Puy avaient été disposés sur des rayons consacrés à l'exposition horticole. Le public s’arré- tait avec intérêt devant ces étagères, où figuraient aussi une nombreuse et riche collection de fleurs en vases et en bouquets, divers instruments d'hor- ticulture, des tables rustiques et jardinières de forme élégante, enfin différentes espèces de raisins précoces et d’autres fruits. A trois heures, M, le Préfet prend place au fau- teuil de la présidence. Auprès de lui siègent M. le Maire et MM. le Président, le Vice-Président et les Secrétaires de la Société. Mer l'Evèque , M. le Général commandant le département et MM. les membres du Conseil général SÉANCE PUPLIQUE. 161 et de la Société, ainsi que toutes les notabilités, sont invités à se placer dans l'enceinte d'honneur qui leur est réservée. Les élèves de l'Ecole normale , organisés en école de chant par M. Sagedieu, occupent, près de cette enceinte, une vaste estrade , et font enten- dre un chœur dont l’habile exécution provoque les applaudissements de l'Assemblée. M. le Préfet ouvre ensuite la séance par une allocution dans laquelle, après avoir remercié la Société de la brillante solennité qu'il est appelé à présider , il se félicite de pouvoir rattacher au début de son administration l'inauguration du nou- veau Musée. Il rend hommage aux études et aux travaux de la Compagnie, et en particulier à ceux qui se rapportent à l’agriculture et qui sont aussi Pobjet constant de la sollicitude du Gouvernement. Un des témoignages éclatants de ce puissant intérêt en faveur des classes agricoles , est linstitution du crédit foncier , dont Louis-Napoléon a voulu doter la France : le département de la Haute-Loire , sous les auspices de l'administration et de la Société d'agriculture , sera appelé bientôt à profiter de cette nouvelle et utile création. Les progrès des différentes branches d'industrie , dont l’exposition de cette année est la plus haute expression , amènent M. le Préfet à entretenir l’as- 162 RÉSUMÉ DES SÉANCES. semblée de la prospérité des manufactures de den- telles dans le département. Il est heureux d’an- noncer que, sur sa demande, le Gouvernement a bien voulu s'associer, pour la première fois, aux vues de la Société en mettant à sa disposition huit médailles d'argent et quinze de bronze. Ce généreux encouragement de l'Etat ne sera pas le seul que ladministration accordera aux efforts persévérants de la Compagnie. M. le Préfet espère obtenir pour elle une large part dans les subventions du Gouvernement, et lui donner ainsi des témoignages du puissant intérêt qu'il attache à ses travaux !. Ce discours est accueilli par de nombreux ap- plaudissements. M. de Brive fait ensuite le compte-rendu des travaux de la Société pendant les deux dernières années. Il expose, dans un style élégant et lucide, la part active qu’elle a prise à l'étude de plusieurs grandes questions qui ont été successivement à l’ordre du jour: celies des chemins de fer de la Haute-Loire, des céréales, de l’enseignement agri- cole et en particulier des fermes-écoles , de la repré- sentation de l’agriculture, du erédit foncier, du drai- nage et de la propagation artificielle des poissons. " Ce discours, ainsi que le compte-rendu lu par M. de Brive et l’allocution de Mgr PEvêque, ont été imprimés en téte du tome XVI des « Annales ». à SÉANCE PUBLIQUE. 165 Le reboisement, les sophistications du plâtre, les fraudes qui ont pour objet les engrais arti- ficiels, l'amélioration des races de bestiaux, la maladie des pommes de terre et beaucoup d’autres sujets agricoles et économiques ont été traités dans des rapports et mémoires ou élucidés par des déli- bérations. M.-le Président passe également en revue les recherches météorologiques, les travaux de bota- nique, de paléontologie, d’histoire, d’archéologie et de biographie qui ont enrichi les publications de la Société. Il expose la situation des établissements fondés par la Société ou placés sous son patronage, les Ecoles industrielles, la Caisse d'épargne, le Musée , etc. ; il énumère les dons nombreux et importants qui ont été faits, soit pour sa bibliothèque, soit pour le Musée, et les témoignages de sympathie qu’elle a reçus d’un grand nombre de personnes et de corps savants, en particulier du Congrès des Sociétés savantes de France. Il termine en donnant de justes regrets à la perte de plusieurs membres recommandables, dont le nombre est heureusement inférieur à celui des sociétaires admis pendant la même période de temps. Cette lecture est suivie des marques de sympathie de toute l’Assemblée. Mgr de Morlhon, évèque du Puy et membre 16% RÉSUMÉ DES SÉANCES. honoraire de la Société , qui avait bien voulu prêter aussi à cette solennité le concours et l’éclat de son éloquente parole , prononce une allocution dans laquelle il applaudit aux efforts civilisa- teurs de la Société académique, et la bénit, au nom de la religion et de la patrie , des soins pieux qu’elle apporte à recueillir les souvenirs et les monuments des temps passés dans un Musée dont les richesses honorent le pays et « réflé- chissent les rayons de sa gloire ; » illa bénit au nom du Dieu dont il est le ministre « et qui est le Dieu des sciences aussi bien que le Dieu des armées , Deus scientiarum Dominus , » d’avoir porté si haut, dans notre pays, le culte des sciences et des lettres. Cette solennité consacrera encore une fois l’union de la science et de la religion , de la civilisation et du christianisme. « Loin de craindre les lumières , la religion les appelle et les protège... Qui reeucillit les let- tres et les arts, quand les lettres et les arts fuyaient éperdus devant les traits des Huns et la hache des Vandales? Qui les réchauffa dans son sein, qui présida à leur premier essor? Qui s'as- socia à tous leurs triomphes?. Qui, enfin, porta leur gloire plus haut que les Bacon, les Bossuet, les Fénélon, les Bourdaloue, les Massillon, les Mabillon, les Huet, les Montfaucon, et tous ces hommes immortels dont les noms sont inscrits dans les divers degrés du sacerdoceP » SÉANCE PUBLIQUE. 165 Le savant prélat exprime ensuite ses félicitations sur la brillante exposition des produits de la Haute- Loire étalée sous les yeux de l'Assemblée. Il est heureux d’appartenir , par ses hautes fonctions , à un pays dans le sein duquel les sciences , les arts et l’industrie prennent un si noble essor et con- tribuent si puissamment à sa moralisation. Ce discours a été, à plusieurs reprises , très- vivement applaudi. M. Charles C. de La Fayette est appelé à la tri- bune. Il donne lecture d’un travail très-attachant sur les mœurs des montagnards de la Haute-Loire. Au milieu des paysages successifs qui condui- sent le voyageur jusqu'aux régions les plus éle- vées dé notre pays , il encadre la description physique et morale de ces populations si caracté- ristiques et si dignes d'intérêt : leurs qualités comme leurs défauts, leurs passions violentes , leurs soudaines colères , les inspirations sponta- nées de leurs hospitalières vertus , et, en même temps, le sentiment irrésistible et sacré de Ia patrie , l’instinet profond des choses religieuses qui dominent ces âmes, qui agrandissent seules l'horizon si borné, si triste quelquefois, de leur destinée sur la terre ; tel est le tableau animé et pour ainsi dire vivant que Flauieur fait passer sous les yeux de l'auditoire !. ? Ce Mémoire sera publié dans un prochain volume des Annales. TOME XVII. 11 166 RÉSUMÉ DES SÉANCES. L'Assemblée témoigne, par ses applaudissements, l'intérêt qu’elle a pris à cette lecture. M. Martel, à qui M. le Président donne ensuite la parole, lit un mémoire, aussi bien écrit que profondément pensé, qui à trait aux effets de la musique sur l’homme. L'auteur , après avoir défini la musique , re- monte à son origine ; il rappelle ce qu’elle était chez les Grecs, les Hébreux et les Israélites ; il passe en revue tous les sentiments, toutes les passions qui peuvent recevoir d'elle une salutaire influence ; il termine en indiquant les heureux effets thérapeutiques que l’on peut en retirer dans beaucoup de maladies ; toutes ses assertions sont appuyées de faits curieux et très-intéressants. Cette lecture, qui a été écoutée avec l’atten- tion la plus soutenue , est suivie de nombreux applaudissements . M. Gaubert, de Brioude, qui avait bien voulu se rendre à l'invitation de la Société, pour Ja lecture de deux de ses spirituels apologues en vers, dans lesquels se révèlent toutes les qua- lités du fabuliste, récite celles qu'il a intitulées : « l’Ane en voyage de découvertes » et « le Lièvre qui demande sa revanche à la Tortue ». * Voir la deuxième partie de ce volume, aux Rapports et Mémoires. SÉANCE PUBLIQUE. 167 Ces lectures ont provoqué à plusieurs reprises l'hilarité ct les applaudissements de l’Assemblée *. M. Bernard est invité à donner lecture d’une ballade vellavienne. Cette poésie avait pour épi- graphe et pour sujet ce joli refrain que les enfants du Puy chantent depuis des siècles à la coccinelle ou bête-à-Dieu. « Saint-Michel, monte au ciel, pour prier le » bon Dieu qu'il nous donne le beau temps. » Cette ballade, qui avait déjà obtenu les honneurs de l'insertion au Recueil de l'Académie des Jeux- Floraux de Toulouse, a intéressé vivement l'auditoire. L'Assemblée entend ensuite la lecture d’une char- mante pièce de vers de M. Vihert, qui a pour titre : « Le Marché aux cheveux ». Cette scène de mœurs locales se passe sur Ja place du Martouret, au Puy, aux jours de foire où de marché, où de jeunes campagnardes viennent se dépouiller de leurs longues et soyeuses chevelures en échange de quelques oripeaux. Cette esquisse du poète-peintre , aussi habile- ment dessinée qu’elle pourrait l'être pour un ta- bleau de genre, a été accueillie par de nom- breux applaudissements. 3 Ces fables, ainsi que les poésies de MM. Bernard et Vibert, ont été publiées dans le tome XVI des « Annales», pages 449, 451, 457 et 460. 168 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. Aymard , secrétaire de la Société, fait en- suite l'exposé des prix décernés par le jury au concours annuel de l’agriculture et au concours bisann'el de l’industrie et des arts. Il signale les développements successifs de cette intéressante institution , qui se sont manifestés, particulière- ment cette année, par une nombreuse et belle exposition. Il rend hommage, au nom du Jury, à l’empressement des artistes, des industriels et agriculteurs de la Haute-Loire, qui ont répondu avec tant de zèle à l'appel de la Société, et surtout au concours généreux des fabricants de dentelles qui ont voulu supporter seuls tous les frais de leur exposition et l’organiser avec goût, sous la direction de M. Th. Falcon. Il expose ensuite l'influence des concours qui se révèle de plus en plus chaque année , non seule- ment dans les produits présentés à la Société, mais encore dans l’ensemble des productions in- dustrielles et agricoles du pays , et insiste sur l’émulation qui en résulte comme un des plus puissants stimulants pour les progrès dont la So- ciété poursuit laccomplissement et qui font la gloire du pays, tout en contribuant à son amélioration matérielle et morale. L'énumération des prix comprend CENT SOIXANTE- sEIZE mentions, médailles ou primes, sans comprendre dans cechiffre les récompenses décernées aux concours 4 SÉANCE PUBLIQUE. 169 des différentes races d'animaux domestiques 1. Cenr siX prix sont attribués à l’agriculture, CINQUANTE aux produits industriels, pix-NEUF aux arts plastiques et du dessin, à la musique, aux lettres et pour la carte du département. La première catégorie comporte quinze médailles d'argent de différents modules, dont trois avec pri- mes en argent, vingt-deux médailles de bronze, dont quinze avec primes, trois ouvrages d'agriculture , trente-trois primes, sept rappels de médailles et de primes , neuf mentions honorables, sept men- tions de simple adimission à l'exposition, dix féli- citations adressées à des Sociétaires qui, à raison de leurs titres de membres résidants ou non rési- dants , ne pouvaient concourir pour les prix. Ces récompenses se rapportent aux sujets sui- vants qui avaient été indiqués par les programmes de la Société, soit pour les améliorations agri- coles justifiées par des certificats ou des constatations régulières, soit pour les produits exposés : Fourrages artificiels [trèfle ordinaire et incarnat, esparcette , luzerne , vesees, betteraves, carottes], cultivés sur une grande échelle, relativement à l'étendue de l'exploitation ; culture de müriers ; éducation de vers à soie ; défoncements ; reboise- t Ces concours ont lieu les 29 et 50 septembre ; en 41852 une somme de 4820 fr. a été répartie en soixante-onze prix décernés pour les races chevaline, bovine, ovine et porcine. 170 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ment ; pépiniériculture ct arboriculture ; horticul- ture; eulture légumière ; attelage d’un seul bœuf ou d'une seule vache; serviteurs ct servantes de fermes ; machines, instruments agricoles et char. rues perfectionnées [Dombasles, Rosé et autres]; objets divers ; enseignement agricole. Dans la deuxième eatégorie , sont compris une médaille d’or hors ligne de 200 fr.; quatre mé- dailles d’or de différents modules , quatorze mé- dailles d'argent ; seize médailles de bronze, dont deux avec primes, deux primes, une félicitation , un rappel avec prime , dix mentions honorables , deux admissions. Les diverses industries auxquelles ces récompenses ont été attribuées étaient représen- tées à l’exposition, conformément au résumé donné au commencement de la séance ; la seule récompense qui fait exception est un vote de félicitation en fa- veur de M. Ch. Robert, du Puy, négociant à Paris, pour son intelligente et active coopération au progrès de l’industrie de la dentelle dans la Haute-Loire. Enfin , à la catégorie des beaux-arts sont attri- bués cinq félicitations, neuf médailles d’argent, dont une avec prime de 200 fr., une médaille de bronze, un rappel, deux mentions, une ad- mission à l'exposition. Cet exposé est suivi de l'appel nominal de tous les lauréats, avec mention détaillée des sujets de prix *. + Voyez le programme des prix décernés, à la fin du volume XVI des « Annales ». SÉANCE PUBLIQUE. 171 Il est ensuite procédé à la distribution des prix aux élèves des écoles industrielles qui reçoivent des mains de M. le Préfet, de Mgr l'Evéque et des membres du bureau, et aux applaudissements de l’Assemblée, des trousses d'instruments de ma- thématiques, des cahiers de dessins et divers ou- vrages d’une utilité spéciale et pratique. La solennité est terminée par des chœurs em- pruntés à nos meilleurs opéras, qui sont exécutés avec beaucoup d'ensemble et de précision par les élèves de l’école de chant. A sept heures la séance est levée, SÉANCE DU 5 NOVEMBRE. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus ; Cominissaires nommés. — « La Cosmogonie et la Géologie basées sur les faits physiques, etc. , » par M. Dalmas; Ouvrage donné par l'auteur.—« Dissertation sur l'estimation des biens fonds et le nivellement de impot, » par M. Best.—Annales de la colonisation algérienne; Lettre de M. le Ministre de l’'intérieur.—Echanges de publications demandées par la Société des Sciences et Arts du Hainaut, et par le Comité du Musée Lorrain; Adhéston de l’Assemblée. — Dons d'objets d’antiquité et d'histoire naturelle, par MM. Cohendy, archiviste à Clermont; Chanial, de Cayres; Auguste Montbrun, Laurent Fayolle, César Falcon, Pharisier et Dumontat. — Communication de M. Aymard sur les estam- pilles des fabr ques de poteries gallo-romaines. — Organisation méthodique de la collection des oiseaux du département, et don de cent quarante-un nouveaux sujets par M. Moussier. — Projet de reglement du Musée; Approbation. — Renseignements sur les récoltes fournis à M. le Préfet. — Demande d'animaux reproducteurs provenant de l’Institut agronomique de Versailles; Réponse de M. le Ministre de l’agriculture. — Organisation du crédit foncier dans la Haute-Loire; Lettre de M. le Préfet. — Choix des étalons, composition des stations de la Haute-Loire, tableau des saillies, etc.; Lettres de M. Dalton, directeur du dépôt d’Aurillac, et de M. de Saincostard, ancien directeur.— Chambre d’agricufture du Puy, première session; Extrait des délibérations de cette Chambre. — Prix institués pour les che- mins communaux les mieux entretenus, par la Société d’Agri- culture de Clermont. — Culture de lPorge céleste; Lettre de M. Chanial. — Notice sur les semis d'arbres forestiers, par M. F. de lÉguille; Insertion dans l'Almanach. — Chemin de fer de la Haute-Loire; Renseignements favorables transmis par M. le Préfet. — Machine à bras pour moudre les grains, pré- sentée à la, Société; Commission nommée.—Demande de concours par la Société, Météorologique de France; Adhésion.—Demandes d'admission par MM. Souteyran, Marthory , Lacombe et Maitrias, comme membres résidants et non résidants, et par MM. Charrade et Bonnaud, comme membres correspondants. À trois heures la séance est ouverte. Puguicarions. — Après la lecture et l'adoption du procès-verbal, M. le Président énumère les ouvrages NOVEMBRE, 173 reeus , et il nomme des commissaires pour en ren- dre compte. {L'une de ces publications , les « An- nales archéologiques » , éditées avec la plus grande distinction par M. Didron ainé , renferme un compte- rendu des Mémoires de la Société. L'Assemblée donne également une attention par- ticulière à un;ouvrage important offert à la biblio- thèque historique par l'auteur, M. Dalmas, membre non résidant. Il a pour titre « La Cosmogonie et la Géologie basée sur les faits physiques , etc. » M. Best, membre résidant, fait hommage , pour la même bibliothèque , d’une dissertation imprimée sur l'estimation des biens-fonds et le nivellement de l'impôt , question dont le Gouvernement se préoc- cupe en ce moment. M. le Ministre de l’intérieur , par une lettre dont il est donné lecture , consulte la Société sur une revue mensuelle qui se publie à Paris sous le titre de « Annales de la colonisation algérienne. » Ce recueil a pour objet de faire connaitre les richesses du sol algérien, les ressources de toute espèce qu'il offre à l’activité de Pindustrie nationale; enfin, il peut favoriser les émigrations en Algérie. À ces différents points de vue, il pourrait “être utile de prendre des mesures pour donner à ces « Annales » la plus grande publicité possible. L'Assemblée, considérant qu’un certain nombre 174 RÉSUMÉ DES SÉANCES. de personnes de la Haute-Loire se rendent chaque année en Algérie dans l'espérance d'y trouver des moyens d'existence ou de fortune , que beaucoup d’entre elles en reviennent après avoir éprouvé des mécomptes, pense que cette publication , si elle était rédigée sans parti pris de préconisation, ren- drait de véritables services en France, et en parti- culier au département de la Haute-Loire. Elle ajourne toute décision relativement aux moyens de publicité, avant d’avoir eu connaissance des premiers numéros de cette revue. Il est donné lecture de deux lettres, l’une de M. le Président de la Société des Sciences et Arts du Hainaut, à Mons, l’autre de M. le Président de la Société d'archéologie et du Comité du Musée lorrain, pour solliciter des échanges de Mémoires. L'Assemblée adhère à ces propositions. Musée. —— M. Aymard offre les dons suivants : 1° Au nom de M. Cohendy, archiviste de la pré- fecture de Clermont, silex ébauché en forme de hache celtique, provenant d’un atelier de fabrication dont on a découvert des vestiges près du château de Lanquais [Dordogne]; 2° De la part de M. Chanial , membre correspon- dant , à Cayres , hache celtique en jade, de grande dimension trouvée par lui, dans sa propriété de Nirande , au milieu d’un amas de pierres jectisses ; 5 De Ja part de M, Auguste Monthrun, petit NOVEMBRE. 175 coffret en bois sculpté du XII siècle, et un jeton en cuivre de la même époque ; 4° Au nom de M. Laurent Fayolle, négociant au Puy, deux jolis émaux du XVI siècle, repré- sentant le Christ et la Vierge ; »° De la part de M. César Falcon, fabricant de dentelles , deux fragments d’amphores gallo-ro- maines, trouvés à Saint-Paulien [l'antique Ruessium]. Ces poteries peuvent offrir quelque intérêt par l’es- tampille du nom du fabricant écrit en relief dans un cartouche. On lit sur l’un d’eux : [SEX-DOMITI| Sexii Domitii (officina), fabrique de Sexius Domitius ; l'autre porte: | KIUCE |, À cette occasion , M. le Secrétaire rappelle que le Musée possède plusieurs autres débris de poteries gallo-romaines , trouvés dans la Haute-Loire, et sur lesquels on lit des noms et des marques de fabrique : une grande brique présente le mot CLARIAN.. [Clarianus] écrit en relief ; une lampe offre, à la face inférieure , ces trois lettres gravées en creux A E V et les lettres T CR inscrites en relief dans un cartouche qui décore la face supé- rieure ; sur l’anse d’une amphore trouvée à Mar- geaix , on voit aussi trois lettres saillantes [LYQYS] séparées par des points triangulaires ; un fragment de poterie noire , recueillie dans la même localité , présente deux cartouches creux avee lettres en relief qui offrent les abréviations suivantes : |DM|ÏSNS! 176 RÉSUMÉ DES SÉANCES. enfin un fragment d’une grande urne cinéraire en verre montre les deux lettres À F inscrites en relief dans un cercle festonné à l’intérieur. M. Aymard ajoute qu’il possède une lampe gallo- romaine signée FORTIS. Rien n’est à dédaigner en archéologie. Souvent les données les plus simples peuvent mettre sur la trace d’une industrie impor- tante. Il pourrait en être ainsi des potiers et verriers qui ont marqué de leurs estampilles les produits de leurs fabriques, surtout si l’on venait à rencontrer les mêmes signatures dans beaucoup de localités. En appelant, sur cette partie trop peu explorée de l’archéologie , les investigations des antiquaires, on provoquerait peut-être des découvertes curieuses d'inscriptions plus complètes. Celles-ci faciliteraient l'interprétation des sigles qui sont restés jusqu’à ce jour inexplicables. M. de Brive offre, de la part de M. Pharisier , membre non résidant , un beau fragment de cen- dres volcaniques agglutinées et prismatoïdes , re- eueilli près de Tarreyres ; l’auteur de ce don ayant signalé par une lettre cette découverte comme nou- velle pour le pays, MM. Bertrand de Doue et Aymard disent que ce curieux phénomène de géo- logie volcanique a été indiqué dans plusieurs lo- calités de la Haute-Loire. M. Dumontat, membre résidant, fait hommage de deux oiseaux exotiques. — NOVEMBRE. 477 M. le Président exprime la reconnaissance de Ja Société pour ces différents dons. Il remercie également M. Moussier, docteur en médecine et membre non résidant, qui est venu de Lyon dans le but d'organiser la collection or- nithologique du département et pour lenrichir de cent quarante-un nouveaux sujets, tous très-habi- lement montés par ce généreux confrère. D’après le catalogue dressé par M. Moussier, la collection se compose aujourd’hui de trois cent deux pièces ; pour la compléter , il n’en manque plus qu’une centaine, dont M. Moussier a bien voulu promettre l'envoi, à mesure qu’il lui sera possible de se les procurer. L'Assemblée approuve un projet de règlement qui lui est soumis par M. le Président au nom de la commission administrative du Musée. AGRICULTURE. — M. le Président annonce qu'il a répondu à une lettre de M. le Préfet relative à des renseignements demandés sur la récolte de 1852. Il est fait lecture d’une lettre de M. le Ministre de l’agriculture et du commerce, en réponse à une demande de M. le Président, pour l'obtention d’ani- maux reproducteurs provenant de l’Institut agro- nomique de Versailles , et qui auraient pu être placés à fa Ferme-Ecole de Nolhac. 178 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. le Ministre témoigne le regret de ne pouvoir satisfaire au désir de la Société; aux termes du décret relatif à la. suppression de l’Institut agro- nomique de Versailles, tous ces animaux ont été répartis entre les établissements de l'Etat. ; M. le Président lit une lettre par laquelle M. le Préfet exprime les sentiments les plus favorables à l'organisation du erédit foncier dans la Haute-Loire. Après cette lecture, il est arrêté que la com- mission de erédit foncier se rendra auprès de M. le Préfet pour entendre ses explications et lui offrir le concours de la Société dans cette importante entreprise. M. Dalton écrit qu'il vient d’être appelé à diriger le dépôt d’étalons d’Aurillac, et qu’il sera heureux d'entretenir avec la Société les bonnes relations qui existaient entre elle et son honorable prédécesseur. L'Assemblée accueille cette communication avec intérêt et arrête qu’une copie de la délibération prise à la précédente séance, relativement au choix des étalons , sera envoyée à M. le Directeur du dépot. M. de Saincostard , ancien directeur du même dépôt, adresse la lettre suivante et les tableaux ci-après des saillies obtenues dans le département depuis l’année 1859 : NOVEMBRE. 179 Aurillac, le 26 juillet 1852. MonsiEur LE PRÉSIDENT , Admis à la retraite à dater du 4er août, époque à laquelle je deis quitter l’établissement, je m’empresse de vous adresser l’état que vous me demandez; j'ai tant d'occupation, que vous serez assez bon pour l’accepter tel qu'il est. Comme je n’ai cessé de le dire, la décroissance des saillies ne peut être attribuée à la qualité des étalons nationaux. L’éleveur de la Haute-Loire ne recherche que les très-gros, comme ayant beau- coup de poils aux jambes; il veut obtenir de gros produits à vendre à six mois; mais il ne comprend pas que les acheteurs finiront par se dégoûter d’acheter ces chevaux qui deviennent décousus, défec- tueux, etqu’ils ne trouveront plus à les placer; il faudra recommencer. D'un autre côté, je crois toujours qu'il serait utile de distribuer les primes dans chaque lieu de station; les éleveurs éloignés du Puy n’ÿ viennent pas, ou craignent d'y venir faire une forte dépense dans l’incertitude d’obtenir une prime : leur industrie se porte ailleurs. C’est un essai que je conseille, et qui, je crois, réussira. Gette année les carossiers, bien que les plus matériels que possède le dépôt, n’ont pas travaillé, et cela s'explique :. il y a dans la Haute-Loire plus de soixante étalons de trait et plus de soixante baudets qui font la monte. IL faut verser de l’argent, toujours de l'argent dans les contrées qui sont pauvres : il produit le goût, et le débouché fait le reste. En général, on nourrit avec parcimonie et mal dans la Haute- Loire, et précisément on veut faire le cheval qui demande le plus de nourriture. On peut faire le cheval de cavalerie légère : qu’on le fasse donc plutôt qu’une espèce qui tend toujours à la dégénérescence. Veuillez excuser la brièveté de cette lettre, et croyez, monsieur le Président, que c’est avec un vif regret que je vois mes relations si agréables avec vous rompues par ma mise à la retraite. Votre très-humble et très-obéissant serviteur , SAINCOSTARD. DES SÉANCES. , RESUME , 180 Y9Y| VO£] SYY| FSE] 996 06 | Y8 | LI] SFF| 897 GL | €8 | 92 | 0 | FL « 96 | 08 | 79 | EST GSSY|ISSE OSSTIGYST|SYST Y8S] 696 « « 8 | 99 987] 8€} SG | YF} GIG| SG LYSV|9YST 6YS| GF6] LG) Sc, 067] 61 | #? ee | | ms | mms « YGH LVY F9 FYG « SYST « « « « « « « « « YYST'EYST|CYST a « « « CORAN « VY8TI0YSF|6EST To —— ——m ——— — — —" " “SAITAIIVS SENANAI SA HANNV UVd AUANON *.XAVIOIL tee SaOptaq ***ouuodear) *‘onSeypneq LS BOOM *...-Ânq 97 **94n9f-JUICS "SNOIEVES ENAMANUAANO) NE SNOTVERE ENANAIVIX AT SIAAAG AUOT-ALAVE VA SANYO SHAUAAO SAITTINS "OVTHUAV.E SNOIVLAG LOdHA CTP LYILS£ 9G|IF9 GSIOSIOIEISSI « « « « |« « F |G E |G Ï LE IL J EF |] « « « CS IEC « SC Y£ 9YILE]YEICY S de 5 0£1gYy 168 199 | © |Y6| 0€ E | [Fr FE |} A PAPAS |r €1|G|7J « la la |gg|Lyleg €Ylrcl09 |£LIEL |60FIGS [98 [LS] 09 « la le {gs | (GT (GI FIG FIG |} GT |} « la lea |9alS IFSIETI © IG£IES [9% [YF € IF9l « @ la [« La |T |F ÎF } € IG | [A G (CN LA « cg oglayloc| 19/08 09/L91SL |LS'£TF|907|€YT SOT|69)/CLY la lrllclrelrmle |c|c|cir|#% « le fe a | [ce [a |c« « |« « « « « |« « « « I € | IE [a « « | « « « « |« « NE N AIRMIA EEE Re e AH OO EE S1° [SA NET sl |S sels sl: > EL Sn ef pt nn EE —< — CCSV|ISST OSST GYS1| SYST 9YST |GYST « « « « COHEN CC « « « « « « F9: ST FF GL|891 LIRE « « « « 54 — 3| = PA = P.| © Si. 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Tous les membres avaient été choisis dans le sein de la Société. Elle s’est con- stituée sous la présidence de M. le Préfet, en nommant M. de Brive vice-président et M. Aymard secrétaire. Il ajoute que cette organisation de la Chambre fait espérer qu'il y aura entre Îles deux corps accord et unité de vue, pour tout ce qui concerne le progrès et les intérêts de l’agri- culture dans le département. Sur l'invitation de M. le Président, M. le Se- crétaire lit les extraits suivants du procès-verbal de la Chambre : Les questions indiquées par M. le Préfet à l’ordre du jour dé la session, ont été traitées dans l’ordre suivant : 40 ALTÉRATION DES PLANTES ALIMENTAIRES ET INSECTES NUISIBLES. — Les explications données par divers membres de la Chambre éta- blissent que les pommes de terre et les vignes sont les seuls végé- taux qui ont éprouvé, dans l'arrondissement , des altérations no- tables. En ce qui est relatif aux pommes de terre, on a remarqué une sorte de recrudescence de la maladie qui, depuis quelque temps, attaque cette solanée. Non seulement le mal est plus intense qu’en 4852, mais il a étendu ses ravages sur ün plus grand NOVEMBRE. 183 nombre de points, sans distinction de la nature géologique du sol. Les espèces précoces qui, en général, avaient échappé précédemment à la maladie, en ont été atteintes dans quelques localités. Diverses expériences recommandées par la Société d'Agriculture pour prévenir ôu faire cesser le mal n’ont produit que des résultats négatifs. Néanmoins, quelques essais de culture hivernale ont démontré lefficacité de ce procédé comme moyen préservatif. Les vignes des environs du Puy n’ont pas éprouvé, sur une aussi grande échelle que dans les pays méridionaux, les altérations inaladives produites par l’oïdium. Elles se sont manifestées surtout aux treilles, affectant indistinctement les raisins noirs et blancs, les feuilles et tiges. Les espèces précoces sont celles qui ont le moins souffert. Différents procédés signalés comme préservatifs ont été expérimentés. Les lavages et brossages des raisins semblent avoir atténué le mal; mais ces procédés dispendieux et longs ne sont pas d’une application générale, et ne remplissent pas le but qu’on se propose de préserver la récolte à peu de frais. Aucun insecte autre que ceux qui attaquent habituellement les récoltes, n’a été signalé cette année. On remarque seulement depuis deux ou trois ans que les bois de pin, surtout en taillis, souffrent des ravages de certaines chenilles qui rongent les feuilles et détrui- sent les jeunes pousses... 20 ENCOURAGEMENTS A L'AGRICULTURE. — La Chambre a reconnu que la Société d'Agriculture a obtenu des résultats heureux par les divers encouragements répartis aux différentes branches de léconomie agricole. Un nouveau système de rémunération qu’elle à adopté dans certains cas déterminés, mérite surtout d’être äpprouvé : il consiste dans l’adjonction d’une médaille à la prime. Des expositions bisannuelles des produits agricoles ont été insti- tuées au Musée du Puy. Celle de cette année a élé très-brillante. La Société d'Agriculture fait aussi périodiquement des distribu- tions gratuites de plants d'arbres et de graines. Il importe de donner à ces créations intéressantes une plus grande extension, et la Chambre a émis le vœu qu'un local spé- 184 RÉSUMÉ DES SÉANCES. cial soit consacré non seulement pour les produits qui seront pré- sentés aux concours bisannuels, mais encore pour des collections permanentes de graines, d’instruments, outils et machines agri- coles perfectionnés. La Chambre a exprimé également le vœu que l'Etat accorde à la Société d'Agriculture une subvention dont le chiffre égale celui des secours alloués par le Conseil général -du département. Elle a sollicité l’attention toute particulière de ce Conseil sur le reboisement des montagnes de la Haute-Loire, et la prié d’allouer une subvention assez large pour amener la réalisation prochaine de cette importante amélioration... 50 DRAINAGE ET LIBRE ÉCOULEMENT DES EAUX. — Îl existe dans certaines localités dé l’arrondissement des terrains dont la surface presque plane s'oppose à l'application des procédés ordinaires em- ployés pour le dessèchement du sol. Dans ces circonstances , il serait opportun d’essayer le drainage. Des subventions pourraient étre accordées par l'Etat ou le Conseil général pour les travaux effectués. La Société d'Agriculture ayant reçu du gouvernement les fonds nécessaires à l’acquisition d’une machine propre à fabriquer les tuyaux de drainage, se propose de livrer ces tuyaux à prix réduits, de manière à populariser en peu d'années cet utile procédé. Elle a publié divers Mémoires relatifs à cette question. La législation concernant le régime des eaux, et surtout leur libre écoulement, présente des obstacles pour Passainissement des terrains humides. La loi du 29 avril 4845 est insuffisante. IL serait à désirer que l’article 4er de cette loi fut étendu à tous les cas de drainage et autres moyens d’assainissement usités dans le pays, moyennant indemnité. Des obstacles existent encore dans les dispositions du chapitre Ier, livre Il, article 4 du Code Napoléon... 40 EMPLOI DU SEL POUR LES USAGES AGRICOLES. — Le sel n’est pas employé dans l'arrondissement comme amendement. On en fait usage depuis longtemps pour l'alimentation des bestiaux. Les agri- culteurs sont convaincus que cette substance exerce une grand, NOVEMBRE. 185 influence sur la santé des animaux. On s’en sert aussi pour faciliter la consommation des fourrages avariés, et pour stimuler l'appétit du bétail. Dans ce cas, 1l est employé à l’état pur, soit qu’on le donne aux besliaux séparément, soit en mélange avee le fourrage, soit répandu sur la prairie au moment du paccage. Depuis l’année 1848, la consommation du sel a subi un accrois- sement très-considérable : on suppose qu’elle a presque doublé... Do CRÉDIT AGRICOLE. — Aux environs du Puy, les petits pro- priélaires et les fermiers empruntent : 4° pour des achats d’ani- maux; 2° pour acquitter les prix d’acquisition de leurs propriétés. Is trouvent à emprunter chirographairement, mais en général pour de petites sommes et moyennant caution; le taux de l'intérêt est le plus souvent usuraire : il s'élève, pour les plus petits prêts, à plus de 5 p. 100, et pour les plus forts à 40 p. 100. Les entremetteurs, dans ces sortes de négociations, sont rému- nérés par l’emprunteur au cabaret, et au moyen de libations plus ou moins réitérées. C’est ordinairement la seule rétribution convenue. La durée des prêts pour les petites sommes est de six mois en moyenne, et d’un an pour les plus fortes. Le renouvellement des prêts entraine forcément le renouvellement des libations. Ces préts sont faits par de petits capitalistes, des domestiques, traficants de bestiaux, ete.; les intermédiaires sont des voisins ou des amis. Le remboursement se fait en espèces, souvent par fractions. 11 y a d’ailleurs peu d’exactitude dans les remboursements. La garantie pérermaptoire pour le préteur est moins la moralité de l’emprunteur que la certitude que ce dernier aura souvent recours à sa bourse, et que par suite il est intéressé à acquitter sa dette à l’échéance.…. La propriété est très-morcelée dans l'arrondissement, beaucoup plus cependant aux abords des villes que sur les parties montagneuses. Les fonds ruraux sont généralement exploités par leurs proprié- taires en ce qui concerne la petite propriété, et dans la montagne pour ce qui regarde nôn seulement la petite propriété, mais encore la moyenne. En général, la propriété moyenne est amodiée. Les 186 RÉSUMÉ DES SÉANCES. conditions d’amodiation varient : les foins sont payés en argent, et les terres le sont en argent ou en grains. La durée ordinaire des baux est de trois, six ou neuf ans. Le métayage existe par exception. IL serait. possible d'améliorer les conditions actuelles du crédit agricole : 4° en maintenant la loi du 5 septembre 4807; 2 en créant des banques ou caisses locales; 5° par la création d’éla- blissements d’entrepôt. Toute institution de prét quelconque devrait être confiée} à l’industrie privée. La Chambre a insisté sur la création d’un Mont-de-Piété au Puy, qui pourrait étre organisé au moyen des fonds de la Caisse d'épargne. Cet établissement, dans beaucoup de cas, serait utile aux agricul- teurs aussi bien qu'a la classe ouvrière, et contribuerait puissam- ment à extirper l'usure. | 69 STATISTIQUE BOVINE. — Il n'existe dans l’arrondissement qu’une seule race bovine. Elle est indigène, ef sui generis : ©est la race dite du Mezenc. Elle varie peu : sa robe est ordinairement poil froment [nuance blé-froment]. Elle est de taille moyenne, plutôt pelite que grande. Ses formes se distinguent par d’heureuses pro- portions : une tête fine, un fanon large, des jambes courtes. Le défaut principal des taureaux est d’avoir larrière-train nn peu étroit. Les produits sont le lait, la graisse, les élèves et le travail. Les vaches sont moyennes laitières; les bœufs et les vaches sont aptes au travail et peu exigeants pour la nourriture. Les plus beaux élèves viennent du canton de Fay. On laisse les veaux longtemps avec leurs meres, mais seulement sur la montagne; dans les autres localilés, on les vend de deux à six mois. Le bétail pacage pendant lété; pendant l'hiver, il consomme les fourrages à l’étable. On évalue cette consommation à 40 kilog. par jour et par bête. Le produit en lait offre une moyenne de quatre litres par jour, celui en beurre de 25 kilog. par an, et celui en fromage de 50 à 60 kilog. par an. La moyenne du travail est de six heures. La viande de bœuf s’exporte : elle est de qualité supérieure, et fort estimée sur les marchés du dehors. On ne tue guère dans le pays que des vaches et des veaux. Le prix de vente de la viande NOVEMBRE. 187 de vache est de 80 ec. le kilog. Le prix de la journée de travail de dix heures est de 4 fr., y compris celle de l’homme. Les prix du beurre, du fromage et du lait sont de 4 fr. 20 c., 4 fr. et 40 c. le kilog. Les éleveurs n’apprécient pas suffisamment les soins à donner au bétail. Ils ne disposent malheureusement que d’un capital fort restreint. Ils ont cependant des habitudes de spéculation : ils achè- tent dans la Lozère du bétail qu'ils engraissent dans notre pays, ils vendent les élèves mâles à l’âge de dix-huit mois à deux ans pour le Dauphiné et même pour l'étranger. Les marchands du Midi et de Saint-Etienne viennent aussi acheter au Puy des vaches laitières. … Ogsets Divers. — La Chambre a fourni également à M. le Préfet, sur sa demande, des renseignements détaillés sur le PRIX DES TERRES, la CONFIGURATION DU SOL, sa NATURE GÉOLOGIQUE, Ses PRODUCTIONS NATURELLES, Ses VOIES DE COMMUNICATION , sur les FOIRES ET MARCUÉS , etc., et sur la RÉcoLte DE 4852. Elle a émis les vœux suivants : 4° que M. Géhin soit envoyé dans le département pour y essayer ses procédés de fécondation artificielle du poisson; 2° que des mesures soient prises pour empécher la destruction du poisson; 3° que le gouvernement prenne à sa charge les frais de conduite des bestiaux choisis pour les concours régionaux et nationaux, M. de Brive annonce que la Société d'Agriculture du Puy-de-Dôme vient d’inserire, dans son pro- gramme, des prix pour les chemins communaux les mieux entretenus. Il ajoute qu'il a sollicité auprès de M. le Préfet un secours qui, d’après le vœu de la commission des primes, sera destiné au même emploi. M. le Préfet a bien voulu pro- mettre d’allouer cette subvention. 188 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. Chanial, membre correspondant , écrit qu'il continue à obtenir de bons résultats de la culture de l’orge céleste. Le rendement a été, en 1852, de douze pour un. M. de l’Eguille communique la notice suivante, sur les semis d’arbres forestiers, qu'il propose d'insérer dans l’Almanach : Messieurs, Le cadre du Calendrier ne nous ayant pas permis de décrire Îles divers procédés employés pour les semis forestiers, nous entrerons dans quelques détails, afin de compléter les renseignements que nous avons donnés à ce sujet. La reproduction et la multiplication des essences par voie de semis artificiels, s’opèrent de différentes manieres : les graines se sement en plein à la volée, par bandes alternes, trous ou potets, et par rayons ou rigoles, une à une. Les semis en plein et à la volée s’exécutent, en général, sur les terrains plats ou sur ceux en pente douce, lorsqu'on n’a pas à craindre que les terres soient entrainées par les eaux; ils con- viennent surtout aux essences dont les graines menues et nombreuses n’ont besoin que d’un simple hersage pour étre recouvertes, et surtout dans les terrains légers ou les terres bien ameublies. Ils s’opèrent à pas mesurés et par les mémes procédés qüe les céréales. Si les semences sont trop fines pour remplir la main du semeur, ce qui nuirait à la facilité de leur régulière dispersion, on les méle avec de la lerre sèche, et on augmente ou l’on diminue la proportion de ce mélange, selon qu’on veut semer plus ou moins épais. Lorsque le terrain à ensemencer est considérable, il est bon de le diviser en parcelles d’égale contenance, et de partager la semence en un même nombre de parties égales. NOVEMBRE. 189 Aussitôt semées, les graines doivent étre recouvertes. Cette opé- ration a lieu avec une herse, dans laquelle, s’il est nécessaire, on entrelace des branches, afin d’empécher qu’elle ne s'enfonce trop. Pour les semences légères , ayant l’amande petite, qui n’ont besoin que d’être enterrées tres-légerement, on peut employer un fagot d’épines ou de branches, prendre les sillons en travers pour cou- vrir la graine. On pourrait se dispenser de couvrir les graines menues et légères s'il survenait une pluie fine; elle suffirait pour les enterrer. On emploie aussi quelquefois avec succès les semis sur la neige, en suivant la marche indiquée par M. Ch. C. de La Fayette, dans l’excellent article sur les plantations d’arbres verts, qu’il a publié dans « l'Almanach de la Haute-Loire » , année 1852, p. 245. Le mode de semis par bandes alternes s'emploie principalement sur les terrains inclinés. Il consiste à ouvrir des rayons horizon- talement à la pente dans lesquels on sème, et à les alterner avec des bandes qu’on laisse incultes, celles-ei ayant au moins le double de largeur des autres. On donne ordinairement aux bandes culti vées une largeur de 30 à 40 centimétres, et on entasse, sur le bord inférieur que l’on a scin de relever un peu, le gazon et les plantes que l’on en extrait, afin d’empécher que les graines ne soient entraiînées par les eaux pluviales dans les bandes incultes; celles-ci retiennent les terres et fournissent un abri aux semences et aux jeunes plants. Le semis par bandes offre encore l'avantage d'économiser la graine, de mieux régler la consistance qu’on veut donner au semis, et de rendre plus faciles les sarclages et les binages d’entretien. Lorsque la déclivité du sol est {rès-grande, il est bon de donner moins de largeur aux rayons cultivés, afin de leur laisser Le moins de pente possible. On recouvre les semences légères avec un fagot d'épines ou de branches, ou à l’aide d’un rateau en bois ou en fer, et les semences lourdes à la houe. Les semis par places, trous ou potets, sont pratiqués lorsque 190 RÉSUMÉ. DES SÉANCES. le sol présente des obstacles, tels que des arbres que l’on ne vou- drait pas couper, de vieilles souches, de blocs de rochers, etc., qui empéchent d'établir des rayons continus. Ce mode s'opère en formant des places ou trous carrés de 50 à 60 centimètres environ de côté, séparés les uns des autres par des intervalles de 80 centimètres à 4 mètre, qu’on laisse en friche. Comme dans la culture par bandes, on entasse les déblais de ces trous sur le bord inférieur, si le sol est incliné. Si un terrain est presque nu et sans obstacle, on peut aligner les trous carrés, de manière à donner au tout à peu près l’aspect d’un damier. On emploie, pour couvrir la graine, les méthodes qui ont été indiquées pour les semis par bandes alternées. Les semis par rayons sont les seuls convenables pour les graines volumineuses, telles que les noix, marrons, châtaignes et glands, et surtout lorsqu'on emploie des semences dont la germination, développée par la stratification, présente, hors du péricarpe, la radicule et quelquefois la plumule de la plante naissante; dans ce dernier cas il faut, pour plus de succès, poser les graines une à une, à la main, dans la position naturelle qn’elles doivent avoir en terre. Dans ce mode de semis surtout, la profondeur, l’espacement et la disposition des sillons ou des lignes dépendent absolument des vues du sylviculteur; toutefois, s'il s'agissait de terrains penchants, il serait nécessaire, comme dans les semis de graines légères, pour prévenir les éboulements du sol, de laisser des rayons incultes. Il est tres-important de connaître les quantités de semence qu'il convient d'employer dans un semis. Ces quantités varient selon la grosseur de la graine et selon le mode de culture adopté. Ainsi, plus la graine sera grosse, plus il en faudra en poids et en volume pour ensemencer une étendue déterminée. Le labour en plein absorbera plus de semence que le labour partiel, soit par bandes, soit par places. Toutefois, proportionnellement, les deux derniers modes exigent plus de semence que le labour en plein. On couçoit, en effet, qu’il est important, dans un semis par trous NOVEMBRE. 191 ou potets, par exemple, que toutes les places soient bien garnies; car si quelques-unes restaient vides, leur surface ajoutée à celles des parties environnantes demeurées incultes, occasionneraient des espaces trop considérables, pour que de longtemps le massif pût se former. Nous indiquons dans le tableau ci-après, pour les principales essences, les quantités de graine que l'expérience a démontré devoir être employées par hectare, selon les différents modes de culture. QUANTITÉ DE GRAINE EMPLOYÉE PAR HECTARE A — HR CEE. par places,| par rayons en plein [par bandes] trous lou rigoles, à la volée. | alternes. | ou potets. | une à une. h 10 » ESA 45 Bouleau Charme. . Aulne =] D Qi O7 x © OI Epicéa AVE Pin sylvestre . . Pin maritime. . Pin Laricio. . . Pin d'Alep . .. Mélèze D D SES Nora. Les quantités indiquées dans ce tableau sont pour des semences désailées; si elles étaient ailées, il faudrait un quart de semence de plus. Cette lecture est accueillie avec intérét par l’As- semblée, qui en vote l'impression dans l’Almanach. 192 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Economie PuBLique. — M. le Secrétaire annonce que M. le Préfet a reçu des renseignements favo- rables sur le projet de chemin de fer grand-central, en ce qui concerne la traversée du département de la Haute-Loire. ARTS INDUSTRIELS. — M. le Président recommande à l'attention de l’Assemblée une machine à bras propre à moudre le grain , qui est placée dans lune des galeries du Musée. La commission nom- mée pour en rendre compte est composée de MM. Azéma, Chouvon et Dumontat. Biocrarmie. — M. de Brive communique une lettre autographe qui lui a été remise par M. Jules du Villars, petit neveu du général Thorillon-Dubourg. Il résulte de ce document que ce militaire distingué, dont notre honorable confrère, M. Dumolin, prési- dent à la Cour d’appel de Riom, a publié la biographie dans les « Annales » [tome XV, page 591], avait rang de général de division, et non celui de maréchal- de-camp. Cette pièce, qui est datée de Grenoble, 26 juillet, l'an IL de la République, est une lettre de félici- tations adressée au général de division Dubourg par le général de division, chef de l'état-major, Charles Saint-Rémy, à l'occasion de la promotion de Dubourg à ce grade élevé. Elle mentionne aussi l'envoi de l'arrêté des représentants du peuple. NOVEMBRE. 193 Ogyets Divers. — Par une lettre-circulaire dont il est fait lecture , MM. les fondateurs de la Société météorologique de France sollicitent le concours de la Compagnie en faveur de cette institution scientifique. L'Assemblée s’empresse de déclarer qu’elle pren- dra le plus vif intérêt aux travaux de cette nouvelle société , et qu’elle la secondera de tous ses efforts. DEMANDES D’ADMISSION. — M. Alexis Souteyran, président du conseil d'administration de la Caisse d'épargne , sollicite le titre de membre résidant, et adresse , à l’appui de sa demande, un Mémoire historique sur cette institution. La commission nommée pour en rendre compte est composée de MM. Aymard, Louis de Vinols et Ch. C. de La Fayette. M. Paul Marthory, avocat, sollicite le même titre, et envoie un Mémoire sur les Grands-Jours tenus au Puy. La commission est composée de MM. Giron, Benoit et Plantade. M. Lacombe, membre du Conseil général , de- mande aussi à être admis comme membre résidant, et adresse un Mémoire relatif à une chambrière roulante de son invention. Commissaires , MM. Dumontat , Normand et Azéma. 194 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. l'abbé Adrien Maitrias, chanoine honoraire à Moulins, sollicite le titre de membre non rési- dant , et présente un travail historique sur la ville de Craponne, qui a été couronné au dernier concours. Commissaires, MM. Louis de Vinols, Ch. C. de La Fayette et Plantade. MM. Jean-Louis Charrade, notaire à Villeneuve- d’Allier , et Jean-Pierre-Félix Bonnaud, propriétaire à Bonnefond , commune de Séneujols , demandent à être admis au nombre des membres correspondants. Il sera statué sur ces candidatures à la prochaine séance. À huit heures la séance est levée. SEANCE DU 3 DÉCEMBRE. SOMMAIRE. — Lecture du procès-verbal. — Distribution des meé- dailles aux lauréats des concours et expositions de 4832; Allo- cution de M. le Préfet. — Ouvrages reçus. — Demande des « Annales » , par M. Jubinal, pour la bibliothèque publique de Bagnères ; Adhésion. — Echanges des publications avec l’Académie des Sciences et Arts de Nancy. — « Almanach historique et agricole de la Haute-Loire, pour 1855 » ; Communication des exemplaires parus. — Moulages exécutés pour le Musée, sous la direction de M. Aymard; Descriptions archéologiques de ces pièces. — Acquisitiens d'objets d’art et d’antiquité pour le Musée, — Tuyaux de drainage fabriqués au moyen de la machine acquise par la Société; Prix de revient et prix de vente des drains, — Betteraves, carottes, navets des vertus, etc., présentés par divers Membres. — Pinus Japonicus, cultivé en pleine terre, par M. de Brive. — Culture du chanvre et du lin dans la Haute- Loire; Lettre de M. le Préfet. — Maladies de la vigne et des pommes de terre; Rapport de M. Dalmas , Observations de divers Membres. — Question des assolements ; Culture du trèfle, de l'orge nue à deux rangs; charrue à deux versoirs; Rapport de M. Ruat. — Nouvel engrais concentré; Essai infructueux ; Com- munication de M. de Brive. —Envoi de M. Géhin dans la Hte-Loire, pour des essais de pisciculture ; Lettre de M. le Ministre de l'intérieur. — Observations de MM. Benoit et Lobeyrac, sur les perfectionnements apportés aux procédés d’éclosion artificielle des poissons; Surveillance des cours d’eau; Vœu émis par l’Assemblée. — Session du Congrès des Sociétés savantes en 4853 ; Nomination des délégués de la Société. — M. Dumontat, nommé mem- bre de la commission du Musée pour les modèles, machines et instruments. — Rapports de MM. de Vinols, Giron, Dumontat et Aymard, sur les candidatures de MM. l'abbé Maitrias, Mar- thory, Lacombe et Souteyran. — Nomination de M. Maitrias, comme membre non résidant, et de MM. Marthory, Lacombe et Souteyran, comme membres résidants. — Admission de MM. Charrade et Bonnaud, comme membres correspondants. À trois heures , M. le Président et MM. les Se- crétaires prennent place au bureau. 196 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. le Président annonce que , d’après sa de- mande appuyée par M. le Préfet , la Société à recu du Gouvernement, pour la première fois, huit médailles d'argent et quinze de bronze des- tinées aux fabricants de dentelles qui se sont distingués aux concours. Il ajoute qu’il va être procédé à la distribution de ces médailles et de celles en or, argent et bronze frappées aux frais de la Société pour être décernées à tous les autres lauréats. L'ordre est ensuite donné d'introduire dans la salle les agriculteurs, industriels, artistes, ete., dont les noms ont été proclamés en séance publique, ainsi que beaucoup d’autres personnes qui ont été invitées à la réunion. L'Assemblée est très-nombreuse. M. le Préfet, accompagné de MM. les Conseillers de préfecture, est introduit. Il prend place au fauteuil de la présidence. M. de Brive et MM. Aymard et de Vinols siègent à ses côtés. La séance est ouverte. Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la précédente séance, M. le Préfet prononce une allocution dans laquelle il exprime des sen- timents du plus bienveillant intérêt en faveur de la Société. Il la félicite de ses efforts persévérants pour tout ce qui peut contribuer à la prospérité DÉCEMBRE. 197 du département , et en particulier au progrès des arts, de l'industrie et de l’agriculture. Les bril- lants résultats dont il a été le témoin à l’expo- sition des produits de la Haute-Loire , justifient les encouragements que le Gouvernement et l’adminis- {ration n’ont cessé d’accorder aux vues de la Com- pagnie. Il a été heureux, pour sa part, d’avoir pu, dans cette heureuse circonstance , obtenir de la sollicitude éclairée de M. le Ministre de l'in- térieur'le don de vingt-trois médailles destinées à l’industrie principale de la Haute-Loire, celle dont lexposition , ouverte sous les auspices de la Société, a signalé, cette année, des progrès très-remar- quables. IT continuera de la seconder par tous les moyens dont il dispose et de soutenir les utiles institutions qu'elle a fondées , les industries di- verses qu'elle protège , et il s’efforcera de mani- fester ainsi aux populations intelligentes de la Haute-Loire les intentions généreuses de l’'Em- pereur Napoléon , dont l'impulsion si vigilante et si active s'étend à tous les genres de progrès. M. le Secrétaire fait ensuite l'appel des lauréats ; chacun d’eux recoit sa médaille des mains de M. le Préfet et aux applaudissements de l’Assemblée. Les personnes étrangères à la Société se retirent de la salle, et la séance est continuée sous la présidence de M. le Préfet. TOME XVII, 15 198 RÉSUMÉ DES SÉANCES. PuoBLicatTions. — M. de Brive énumère les ou- vrages reçus, en signalant ceux de ces ouvrages qui intéressent les travaux de la Société et qu'il recommande à l'examen de divers membres. M. Achille Jubinal, député des Hautes - Py- rénées , écrit pour solliciter, en faveur de la bibliothèque publique de Bâagnères, dont il est un des fondateurs, un exemplaire des publications de la Société. Cette demande est prise en considération. L'Académie de Stanislas, Société des Sciences et Arts de Nancy , propose un échange de publi- cations qui recoit l'adhésion de l’Assemblée. M. le Président dépose sur le bureau plusieurs exemplaires de « l’Amanach historique et agricole de la Haute-Loire pour 1853, » publié sous les auspices de la Société. Il félicite le comité de rédaction des soins qui ont été donnés à cette publication, et des notices intéressantes qu’elle renferme. Divers membres s’empressent de se faire in- scrire sur la liste des souscripteurs. Musée. — M. Aymard annonce qu'avec l’appro- bation du conseil d’administration , il a fait exé- cuter un certain nombre de moulages destinés à compléter les collections archéologiques du Musée. DÉCEMBRE. 199 Il ajoute que ces copies, qui sont placées dans la ga- lerie des antiquités, reproduisent des inseriptions et bas-reliefs gallo-romains, encastrés dans les murs des églises Notre-Dame et Saint-Jean, au Puy; des inscriptions, bas-reliefs, chapiteaux et fragments de frises, ferrures et bronzes historiés du moyen- âge, existant dans le cloître de la cathédrale et dans plusieurs anciens édifices du département. Ces pièces, qui fournissent des types de choix à la chronologie artistique et épigraphique de nos contrées, contribuent à compléter la col- leetion des monuments historiques du Musée. Ils ont aidé à leur classement par groupes depuis le [°" siècle jusqu’au XVII. Les opérations du moulage ayant nécessité Île nettoyage le plus soigneux des sculptures, ont, en outre, laissé voir des sujets qui, jusqu'à ce jour, avaient été incomplètement décrits ou fi- gurés. Ainsi, les grands bas-reliefs gallo-romains de la cathédrale du Puy, après avoir été dé- pouillés des couches de chaux qui en empataient les sculptures, ont montré une lutte, énergiquement dessinée, d’un lioñ terrassant un autre animal, et, sous un cerf et une biche en fuite, un lionceau attaquant un serpent; au-dessus est figuré un homme ou peut-être un singe accroupi dans les branchages d’un chêne. Ces curieux fragments se rapportent, par leurs dimensions et le style de la sculpture, au mème 200 RÉSUMÉ DES SÉANCES. édifice et probablement à la même partie du mo- nument que plusieurs autres grands bas-reliefs provenant de la cathédrale et conservés au Musée, et qui ont tous une hauteur de 82 centimètres : on y voit des combats de lions, de sangliers, d'ours et de chiens, un lion [ou un chien] saisissant un cerf; d’autres cerfs et biches et des ânes en fuite, un griffon terrassant un taureau; scènes ar- dentes de luttes et de combats, auxquelles pren- nent part des oiseaux attaquant un hibou, et un écureuil fuyant dansies épais branchages d’un chêne, et qui semblent avoir pour théâtre un paysage aceidenté d'arbres, de plantes à larges feuilles et de rochers. Il peut être intéressant de remacquer, pour l’histoire de l’édifice vraiment grandiose dont ces débris attestent l'antique existence, que l’un de ces fragments, si l’on en juge par une partie nue de la pierre qui s’engagesit dans la bâtisse, pa- rait avoir formé un angle de portique ou pronaos , qui précédait le monument. Un autre bas-relief du Musée, trouvé à Saint- Marcel, près le Puy, représente une scène de chasse, probablement un départ. On y voit trois personnages vêtus du costume gaulois et por- tant des armes et ustensiles de chasse, une arbalète, un carquois, un havresac , et condui- sant un cerf en laisse, une biche apprivoisée et un chien. Une rosace seulptée à la face infé- DÉCEMBRE. 201 rieure de la pierre et une place laissée vide pou! support de colonne, indiquent évidemment que cette belle composition décorait le membre inférieur d’une architrave portée par des colonnes, et dont les entre- colonnements étaient richement sculptés. Si ce débris provient du même édifice que les précédents morceaux, comme le feraient supposer sa hauteur d'environ 82 centimètres et une cer- taine similitude de style et d'exécution, il serait possible que tous ces bas-reliefs eussent constitué, dans leur ensemble, une architrave ou une sorte de frise de grande dimension qui régnait autour des portiques et surmontait les murs de la cella f. De magnifiques chapiteaux d'ordres corynthiens, des fragments de pilastres couverts d’ornements sculptés, témoignent également de la splendeur de ce vaste édifice, qui semble avoir été érigé à la plus belle époque de Part [vers le F7 ou le Il° siècle], peut-être en lPhonneur de la divinité prin- cipale du lieu. Cette déité importante était-elle adorée sous le nom de Diane ou d’Isis, « déesse de la chasse, sou- veraine des monts, des eaux et des bois, siderum regina, » comme le pensent d’habiles archéologues, ? Le Musce possède une autre grande pierre de méme dimension, ornée d’une rosace à sa face inférieure entre deux parties vides, qui figurent des places pour les colonnes. La face antérieure, qui, posté- rieurement à sa première destination, a été creusée pour une tombe, montre, sur ses bords, des restes de sculptures où l’on distingue des têtes d'hommes, des branchages , etc. 202 RÉSUMÉ DES SÉANCES. d'après d'anciennes traditions? ou bien joignait-elle à ces attributions celle du génie tutélaire de Ja localité, sous Ie nom d’Adidon ou Adido, divinité gauloise mentionnée sur un fragment d’autel dédica- toire du [” siècle? Sans vouloir résoudre la question, il suflira de remarquer, à l'égard de cette dernière supposition, qu’elle n’est point contraire au génie des religions de l'antiquité. Dans un passage cité par MM. de La Lande et Mandet !, Pythagore n’a-t-il pas mis ces mots dans la bouche d’un prêtre grec : « Puisque nous avons em- prunté à l'Egypte le dessin de l’image de Diane, et puisque sur les bords du Nil elle représente la nature personnifiée, pourquoi à Ephèse resterions-nous en chemin? Diane est une trop grande divinité pour ne servir de patronne qu'aux chasseurs ; donnons-lui l'essor : faisons-lui représenter Cérès, Cibèle, Isis ; nous ne devons pas mettre de bornes à la piété? » Quoi qu'il en soit de ces hypothèses, qui font vivement désirer de nouvelles explorations dans le sol environnant la cathédrale, il était utile de réunir au Musée toutes les antiquités qui en pro- viennent, de grouper ensemble tous les éléments de cette intéressante question. C’est dans ce but qu'on vient d’y placer le moulage de la pierre consacrée au dieu Adidon, qui a été publiée dans * « Essais historiques sur les antiquités de la Haute-Loire, » par M. Mangon de La Lande, page 104. € Ancien Velay, » par M. Francisque Mandet, page 404. dE” [! | (l | | | | au K | N | | || | VE ATERIES LA are | = | ui 1 DE | LH | AE | | | À {II | UT à Il] LUN | N ae HN ( 1) So] || L | DÉCEMBRE. 205 les « Annales » ,, et sur laquelle on lit : Aprboni ET AVGVSTO SACRVM SEX TALONIVS MVSICVS D $ FE p. On sait que cette épigraphe est du EF sivcle. On est porté à assigner au même temps, peut- ètre même à une époque antérieure de quelques années, une autre inscription [pl. ci-contre, fig. 1], publiée par M. Mandet dans « l'Ancien Velay » , Elle est encastrée dans le mur apsidal de l’église Saint-Jean, eta été déposée également en moulage au Musée. Elle offre le seul mot pvexocove, écrit dans la forme gréêle des caractères du I” siéele, avec des dimensions de lettres qui atteignent la hauteur peu ordinaire de 22 à 25 centimètres. C’est un nom évidemment gaulois, une variante complétive peut-être du mot pvenocov qu’on trouve inscrit sur une médaille gauloise, où se lit aussi le nom DVBNOREIX attribué à un chef des Eduens, Dumnorix , qui joua un rôle important dans les guerres de l'indépendance gauloise contre César 2. : Rech. sur des inscript. inédites, par M. Aymard , t. XIT, p. 166. 2 D’après M. Huchet, qui a publié dans la « Revue Numisma- Lique » une intéressante dissertation sur celte médaille, la légende DYENOCOY , que jusqu'alors on avait Ju fautivement pvr\ocov et qu'on avait traduit à tort par lenom de la ville de Tournai, s’appliquerait à un chef gaulois et non à une localité. Ce nom se voit au droit de la médaille, « où figure une téte jeune qui n’est pas la tête d’Apollon, mais qui a du rapport avec celle des médailles des Catalauni. » Au revers, le nom DYBNorrix est écrit en légende auprès « d’un personnage debout, la léte nue, ayant une épée 204 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Le Musée possède aussi des moulages de deux autres épigraphes encastrées dans le même mur au côté droit, et tenant d'une main un simulacre de sanglier en course, avec la trompette de guerre des Gaulois, tandis que de l’autre il sou- tient par les cheveux une téte coupée. » Si Ja légende pyeocoy, qui semble accompagner ici Ia tête d'une divinité, n’en est pas réellement la dénomination gauloise, il ne serait pas impossible qu'elle offrit un nom d'homme; peut-être même, comme l'indique M. Huchet, est-ce une physionomie particulière du nom de Dumnorix, de telle sorte que la médaille présenterait deux fois le nom du même personnage (bvrNo) avec des qualités ou des titres différents (REIx et cos ou cov). Enfin , d'après le même auteur, pYBNoceY pourrait étre le génitif de pyrxocos, et, dans cette sup- position, on lirait : Dubnorix , fils de Dubnocos. Ces rapprochements entre les médailles pauloises et notre inscription prennent un nouveau degré d'intérêt par des circonstances qui sont particulières à celle-ci : la place qu’elle occupe parmi plusieurs autres débris provenant de l’un de nos principaux édifices gallo-romains, sa date qu'on peut rapporter au Eer siècle, et la grandeur inusitée des lettres, à laquelle semble se rattacher lidée de mentionner un person- nage de haute distinetion. : Si ce n’est pas le nom d’une divinité, il se pourrait qu'il s’agit ici d'un chef gaulois, peut-être même d’un chef des vellaves , lun des guerriers qui luttérent si valeureusement contre le conquérant des Gaules, et dont le nom glorieux aurait pu étre inserit sur des monuments de cette époque. La réunion des noms d’an chef éduen et d’un guerrier vellave sur une médaille qui, d’après le sujet du revers, est probablement com- mémoralive d’un évènement militaire, pourrait consacrer la part de gloire qui revenait à chacun de ées chefs dans une action commune, sans qu’on fût obligé d'admettre que les Vellaves fussent les clients des Eduens. César affirme en effet, dans ses Commentaires, que la Vel- lavie appartenait à la Confédération arvernienne. DÉCEMBRE. 205 apsidal de Saint-Jean, et qui, par la forme des lettres à jambages un peu plus épais, semblent se rapporter à une époque moins reeulée. L'une d'elles, que nous avons signalée ailleurs comme une donnée curieuse de lhistoire locale !, est relative à des constructions exécutées par les soins des déeurions : plecuriones] rlaciendum] cluraverunt) [fig. 2. La seconde [fig. 5] offre trois lignes inexpliquées jûsqu'à ce jour et dont le sens, dans les quelques mots qu'on y lit, parait indiquer un édifice d’une certaine importance. On remarquera que cectte inseription n'avait que trois lignes, d’après la bordure d'encadrement qui se dessine aux deux bords supérieur et inférieur de la pierre. Enfin une troisième, dédiée à Jupiter, a été trouvée à Brives, près le Puy, et publiée par M. &e La Lande !. Elle est ainsi conçue : 1ovlorT [jovr oplimo iter]. Ces inseriplions antiques font suite avee beau- coup d’autres dont le Musée possède les originaux, tels que pierres tumulairés trouvées au Puy et ailleurs, colonnes nulliaires, ete. Les monuments moulés de Père chrétienne sont plus nombreux et non moins instructifs. En première ligne, il faut eiter la tombe de saint Seutaire, lun des premiers évêques du Velay, dont l'inscription, à « Annalesde la Société académique, » t, XIE, p. 186. 4 « Essais historiques, » ete,, p. 457. 206 RÉSUMÉ DES SÉANCES. signalée par MM. de La Lande et Mandet, est pro- bablement du VIE sitele, tandis que la tombe elle- mème aurait été formée d’un labrum antique, d'après le premier de ces auteurs, et d’un sarcophage gallo- romain , d’après le second. À peu près à la mème époque, appartient l'épi- graphe dédiée au même saint personnage, et qu’on voit au-dessus de la porte dite papale de la cathc- drale. Elle a été publiée par MM. Aymard et Mandet !. La fin du X° siècle est représentée dans cette curieuse série par des inseriptions qui accompagnent les figures de Jésus-Christ, de la sainte Vierge, de saint Michel, saint Pierre et saint Jean, à la cha- pelle de Saint-Michel d’Aiguilhe [fig. 4, 5, 6,7, 8]. On peut assigner au X° ou XI° siècle celles qui sont reproduites fig. 9, et qui sont gravées sur des cha- piteaux d’une galerie du _eloitre de Notre-Dame, re- présentant les emblèmes des quatre évangélistes. Le Musée possède du XIF siècle un chapiteau qui offre l’image de la Charité, comme l'indique le mot karitas qui y est éerit [fig. 10]. Nous comprenons dans la même série épigraphique une grande pierre seulptée, de la fin du XIF sièele [fig. 11], où sont figurés deux serpents mordant la queue de deux lions ou léopards qui dévorent un être fantastique, en forme de singe à chevelure longue et 1 Annales » page 160. , tome XII, page 175, et « Ancien Velay; PE VTT UroRmRIENR: À € VAL TÉTVNOIVIAM | LÉ ACERCEMSRERIQNe) VEN ERA AMC: Vie EE — | — — ) A ANMOTOOMUNIA ent D e-4) IS26 pes: Echelle pour les deux Planches, de 1 melre 90 ç'tres réduction an Je L T I = SE I EE I 1 + = i I t T a 100 : _ 150 Rermdihens dr hais anne: quondsnt cnums E eu nuit | 7 abs an uns) péérrIr RATS bonoirs-ai Mules QU ‘© , \E Pr ae At QE ets: | Ont NET au T van Ï | “AB Drûte ait myatmdo tirs Qt Frs Ton Latin Gbqx Mfatson.ae Huy. Klaus. ae nl REC is RU prnon Sr = “me mafhelunns de chalig ani GE adas ang mana HTÉO Le Dormir antra- Wet) | F Hp 4 | G | . œ 5 ao DÉCEMBRE. 207 terminée en fleuron. On lit au-dessus de cette sin- gulière allégorie une inscription qui semble prouver que ces sortes de compositions , si fréquentes au moyen-àge, avaient un sens mystique, mais peu connu du vulgaire. C’est, en effet, une invitation adressée au lecteur par l’auteur de la seulpture, pour qu'il en devine la signification. On a reproduit aussi, en plâtre, comme specimen d'écriture de la mème époque, l'inscription gravée sur le mur apsidal de la cathédrale, auprès d’une très-ancienne citerne, et qui porte en deux lignes : Fons ope divinà languentibus e[st] medicina Subveniens gratis ubi deficii ars ypocraltis. Elle a été figurée dans « l'Ancien Velay. » Les cinq inscriptions suivantes sont inédites comme la plupart de celles qui précèdent, et d’après leur date bien précisée, elles ont mérité d’être repro- duites en moulages. | La première [fig. 12] est une pierre tumulaire de Ia première moitié du XII siècle. Elle est ainsi conçue : Anno Domini 1228 obiit quintas: nonas mar frater Rotbertus de Larochet. Ce petit monument, qui est encastré dans le mur extérieur apsidal de l'église de Douce, consacre Île pieux souvenir de Fun des religieux prémontrés auxquels appartenait l’abbaye de Doue avant la suppression de ce couvent en 1772. La seconde [fig. 15] est du XIV’ siècle; elle est gravée en creux sur la bordure d'encadrement 208 RÉSUMÉ DES SÉANCES. d’une grande dalle tumulaire , où sont figurées des arcades ogivales trilobées, sous chacune des- quelles sont des écussons armoriés , — dont deux sont accompagnés de courtes légendes, -— des fleurs de lys isolées et un personnage déployant une draperie. Cette inscription présente un type inté- ressant de l'écriture qui précéda l'introduction dans le Velay des caractères gothiques à jambages rectilignes ; elle porte : Anno D{omilni 1342 fecit hoc sepuleru[m] facelre] Johannes Bruni canfonicu] s.....lie Anicii pauper caplituli]. Cette pierre se voit dans la petite chapelle du clo- cher de la cathédrale. Elle est appliquée à la paroi du mur, et cache un petit caveau qui contenait les restes d’un chanoine pauvre, titre qu’on donnait aux membres d'un chapitre particulier de la cathé- drale du Puy, préposés avec les choristes au ser- vice du bas-chœur. Les arcades ogivales, le profil des moulures et les autres ornements figurés sur cette plaque, offri- ront des détails utiles à consulter au point de vue du style usité vers la première moitié du XIV° siècle. La troisième inscription | fig. 14] est encore une plaque tumulaire, mais sur laquelle resplendit, dans toute sa pureté, l'écriture gothique proprement dite. Elle est de la dernière année du XIV° siècle. On y lit : Ecce Mathelinus de Chasis Anicien[sis] Quondam canonicus , s[anclti Evodii simul abbas DÉCEMBRE. 209 Acqluje monasterili] precentor, nactus honores Et titulos plures angusto sternitur antro, Vivere sed sol[u]m cupiens magis ille futurus Cum Chriistlo, voluit hic expectare salutem. Sistite, respicite defunctu]m] vos morituri Acqlu]le preces agite compatiendo sibi. Obiit [anno] 1400. Le personnage dont cette épitaphe poétique con- serve la mémoire , avait été inhumé dans Île cloitre de la cathédrale. Il ne reste de son tombeau que l’inscripuon gravée sur une belle pierre trachytique et un dais de style gothique d’une remarquable élégance. Une statue couchée de ce vénérable abbé de Saint-Vosy, et revêtue de ses ornements sacerdo- taux, complétait ce curieux monument. Elle a été placée à tort, selon nous, en recouvrement d’un autre tombeau dans la chapelle du clocher. Au XV° siècle, appartient une quatrième inscrip- tion [fig. 15] qui offre la particularité extrêmement rare d’être éerite en langue romane. Elle porte : Merchant non oblida ayci lou patar payar. L’écusson armorié de la maison de Polignac, sculpté sur la pierre , au-dessous de l'inscription , indiquait aux marchands le nom du puissant seigneur à qui était dû le péage du patar !. Ce droit se prélevait à l’an- cien pont de Brives, près duquel la pierre existe encore, au mur de facade d’une maison du village. ! Patar, petite monnaie frappée à Avignon. 210 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Enfin , au commencement du XVF siècle, c’est- à-dire en pleine renaissance , on avait abandonné l'écriture gothique , pour revenir aux capitales an- tiques , toutefois avec quelques modifications de formes caractéristiques. On en a la preuve dans l'inscription suivante [fig. 16], qui figure sur les boiseries sculptées et peintes du chœur de l’église de Langeac. On y lit: Ut gloria chrlist\i dietim exal- tetur divinu[m] exercendo officiulm] venerabile Lan- giaci capitulum motum devotione fecit hunc erigere chorum anno Domini 1526 ‘. M. Aymard dit ensuite qu’il a acquis pour le Musée: 2 Depuis la communication qui précède, trois autres inscriptions ont pris place dans la série épigraphique du Musée. La première [fig.17 | était encastrée dans un contrefort qui avait été construit peu après l’année 4575 pour consolider la facade de la cathédrale du Puy. Les noms Galhardus Guiscardi et les armes qui y sont sculptés en relief sont probablement ceux de larchitecte. La forme des lettres caractérise l’épigraphie d’une époque très-rapprochée de celle où lon commença” dans le Velay, à employer l'écriture gothique à lettres rectilignes. Jai trouvé la deuxième [ fig. 18] au village du Perthuis. Les lettres sont également en relief et l'inscription est en langue romare. Bien qu’elle soit enfermée dans un encadrement, je suppose qu’elle se conti- nuait sur une autre pierre semblable, avec laquelle elle faisait symé- trie de chaque côté d’une porte. En l'absence de cette partie du texte, il serait difficile d’en préciser la signification. La troisième provient du couvent des capuecins du Puy. Cest un monument de reconnaissance en honneur d’un prélat de la maison des Polignac ; famille qui, en 4610, contribua à la fondation du couvent et le protégea dans le cours des XVIIe et XVIIEE siécles. Nora. L’échelle figurée à la 2e planche indique les réductions au neuvieme de toutes les inscriptions [ fig. 4 à 19]. DÉCEMBRE. 211 4° Une boiserie, style de la renaissance, qui repré- sente le triomphe d’un empereur d'Allemagne; cette belle pièce de sculpture servait de frise de cheminée. Elle a été envoyée d’Yssingeaux ; 2° Un ancien sceau en bronze d’une confrérie de l'hôpital du Puy, qui porte en légende : 3: cofrate : bte : dr + et pu: Hospe : podienr et dans le champ l’image de Notre-Dame du Puy sous un dais gothique, de chaque côté duquel sont deux personnes agenouillées ; 3° Deux plaquettes en plomb à sommet angulairé, fleuronnées et offrant l’image de la sainte Vierge, et la légende : Sigillum : beate : Marie : de : Podio; 4° Un triens mérovingien en or, au type d’une ville désignée dans la légende sous le nom d’Anisiaco. M. le Secrétaire fait hommage d’une ancienne clé, de la part de M. Joseph Dance, propriétaire au Puy. L'Assemblée, intéressée par la communication qui précède, veut bien adresser ses remerciments à M. Aymard, et le féliciter des heureux résultats obtenus par les moulages dont il a dirigé l'exécution. Acricucture. — M. le Président soumet à l’As- semblée des tuyaux de drainage et des briques qui, après divers essais plus ou moins infructueux, ont été fabriqués avec suecès par le tuilier auquel la machine a été confiée. Leur réussite démontre que les terres à poterie 2192 RÉSUMÉ DES SÉANCES. de notre pays peuvent être utilisées pour la con- fection des drains ; elle prouve aussi que la machine employée à cet usage pourra fonctionner avanta- geusement. On a calculé, d’après ces premières expériences, que les prix de revient des tuyaux seront, pour le premier modèle, de 15 fr. le mille, 20 fr. pour le second , et 25 fr. pour le plus grand. D'après ces données, il est arrêté que le conseil d'administration sera autorisé à traiter avec l’un des tuiliers de la ville du Puy, pour la fabrication, à forfait, de vingt mille drains. M. de Brive présente divers produits agricoles, tels que betteraves, carottes champêtres, navets des vertus, qui, d’après leur grosseur extraordinaire, offrent des specimens très-remarquables de ce genre de tubercules. Ils ont été obtenus par divers Mem- bres de la Société. M. le Président ajoute que les pluies fréquentes qui ont pu contribuer à leur développement, ont nui au contraire à la production des pommes de terre. La maladie qui les avait atteintes les années précédentes a continué de sévir avec intensité. M. de Brive présente aussi des fruits du pirus japonicus, joli arbuste qu’il cultive en pleine terre, et dont l'introduction dans notre pays est récente. M. le Préfet écrit que M. le Ministre de l’agri- culture et du commerce a prescrit uné enquête DÉCEMBRE. 9215 tendant à faire connaitre la situation de la culture du chanvre dans la Haute-Loire. M. le Président s’est empressé de satisfaire au désir de M. le Préfet, en lui transmettant immé- diatement les renseignements demandés. Il en résulte que depuis 1845, époque où la Société avait fourni un semblable travail, il y a eu diminution dans ce genre de production, au moins en ce qui concerne les environs du Puy. Quant à l'arrondissement de Brioude, où le chanvre est cultivé sur une plus grande échelle, il y a lieu de supposer que le Comice agricole pourra donner des renseignements plus circonstanciés. M. le Secrétaire lit la notice suivante, qui lui a été adressée par M. Dalmas, membre non rési- dant à Rosières [Ardèche]. Elle est relative à la ma- ladie de la vigne et à celle des pommes de terre : Messieurs, La terre, dans l’état actuel de la science, doit étre regardée comme une machine vollaïque sans cesse en action, et les végétaux qui croissent à sa surface comme des conducteurs qui mettent l'électricité du sol en rapport avec celle de l'atmosphère et des corps célestes, lorsque le temps est sec et serein. Le fluide impondérable et infiniment subtil que les physiciens appellent du nom générique d’éther, lorsqu'il est en repos et latent, et des noms particuliers d'électricité, de chaleur et de lumière, lorsqu'il est mis en vibration et qu’il se manifeste par des phéno- mènes électriques, calorifiques ou Jumineux, doit étre regardé Comme le fluide vital ou l'agent vivifiant des arbres et des plantes. TOME XVII. 14 214 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Dans la seance de l’Académie des Sciences, du 4 novembre 4850, M. Becquerel a démontré effectivement la présence des courants électriques dans la tige, les branches et les feuilles des arbrisseaux et des plantes. Ces courants, dans une série d’expériences très curieuses qu'il a faites, agissaient avec une extrême énergie sur des aiguilles de platine. La sève, suivant ce savant professeur, est développée par l’élec- tricité du sol. C’est encore par ces courants électriques qu'il explique les altérations de la sève, l’état électrique de la terre vis-à-vis des végélaux, etc. Passons maintenant à la cause de la maladie. Lorsque l’air est sec et serein, la sève ne s’accumule pas et ne reste pas stagnante dans ‘les parties vertes des plantes. Elle y cir cule et sy renouvelle sans cesse, et, dans ce cas, ses vaisseaux conducteurs ne sont pas décomposés et desséchés par l’action comburante de l’oxigène contenu dans la sève. Au contraire, lorsque le temps est pluvieux ou couvert de brouillards humides ou froids, la séve devient surabondante et stagnante, et, dans ce cas, l’oxigène de la sève stagnante décom- posé fait pourrir et dessécher les parties vertes de la vigne, de la pomme de terre, etc. En effet, lorsque le temps est sec et serein, l'électricité du sol se porte abondamment dans les plantes qui lui servent de conduc- teurs, comme le font des pointes placées à la surface d’une machine électrique en action. Par suite, la sève se développe et circule facilement dans toutes les parties vivantes de la plante. Cette cir- culation est encore accélérée par l’action simultanée de la chaleur et de la lumière solaires, qui font exhaler par les pores des plantes une grande quantité d’hydrogëne et d’oxigene. En même temps, l'acide carbonique inspiré ou aspiré par toutes les parties vertes qui servent d'organes respiratoires aux végétaux, s’y troûve ïincessamment décomposé par la lumière solaire, en carbone, que les plantes retiennent et s’assimilent, et en oxigene, qu’elles expirent ou exhalent. DÉCEMBRE. 215 Par suite, la sève n’y reste jamais stagnante, et l’action com- burante du peu d’oxigene resté dans les parties vertes y trouve un aliment toujours nouveau et toujours suffisant dans la sève qui s’y renouvelle sans cesse. C'est ainsi, qu'a mes yeux, Pélectricité, la chaleur et la lumière exercent une influence générale sur la végétation, — comme aussi sur les engrais et la vie des animaux, — en régissant les phéno- mènes de combustion lente exercée par l’oxigène humide. Cest aussi par là, sans doute, que l'électricité, la chaleur sont appelées le fluide vital ou l'agent vivifiant des plantes, la force qui les anime, le principe de leur vie, etc. Au contraire, quand le temps est pluvieux ou couvert de brouil- lards humides, l'électricité du sol communique directement avec celle de latmosphère, par l’humidité de l'air ambiant ou par les vapeurs aqueuses qui s'élèvent de la surface terrestre. Par suite, les courants électriques, devenant très-faibles dans les plantes, ne peuvent plus développer suffisamment la sève. Pour surcroit de malheur , les feuilles et toutes les parties vertes des végétaux inspirent pendant le jour, à l'ombre et par les temps sombres, non seulement une plus grande quantité d’eau, mais encore une plus grande quantité d’oxigene, comme la constaté M. Garreau devant l’Académie des Sciences, dans le mois. de septembre 41852. D'un autre côté, la chaleur et la lumière solaires se trouvant interceplées par des brouillards humides ou froids, ne peuvent gaciliter lévacuation de cet excès d’eau et d’oxigène inspiré par les plantes. Dès lors, faute de vaporisation, d’expiration ou transpi- ration , — si je peux parler ainsi, — la sève devient stagnante et manifeste le premier état de sa corruption dans les parties vertes de la vigne, par la moisissure ou champignon [oïdium tuckeri]. Enfin, l’acide carbonique contenu dans la sève ne pouvant se décomposer, faute de lumière solaire, l’action comburante de l’oxigène [de l’oxigène resté en combinaison avec le carbone et avec l'hydrogène dans la seve stagnante], attaque l'organisme des parties vertes et des fruits, et en opère la transformation , qu’on 216 RÉSUMÉ DES SÉANCES. nomme putréfaction ou dessiccation, c’est-à-dire la mort. Les symptômes de cette décomposition ou désorganisation se manifestent d'abord par les taches noirâtres des feuilles et des rameaux de la vigne et de la pomme de terre; ensuite viennent la pourriture de la tige et des tubercules de la pomme de terre, la pourri- ture de la grappe, et finalement la dessiccation des feuilles et parfois du tronc de la vigne. Dans la dernière période de la maladie, les feuilles de la vigne se crispent et prennent une couleur de rouille, tandis que les feuilles plus aqueuses de la pomme de terre conservent toujours une couleur noirâtre en se desséchant. Dès qu’on s’apercevra dela stagnation de la sève dans la vigne, soit par la moisissure ou champignon , soit par des taches noirâtres ou jaunâtres aux feuilles, aux sarments et à la grappe, il faudra provoquer sa circulation et son renouvellement dans les parties vivantes, soit par des incisions ou entailles médiocres faites au cep ou aux branches principales, soit par la taille des extrémités des sarments. Quant à la pomme de terre, il faudra couper les tiges avec la faulx, à fleur de terre, pour empêcher la maladie de descendre jusqu'aux tubercules. Si la plante n’est pas encore müre, la partie restante de la tige poussera de nouveaux rameaux, qui amèneront les tubercules à maturité; si elle est mûre ou à peu près, il faudra s’empresser d'extraire les tubercules, les exposer au soleil, s’il est possible, pour faire sécher au moins l’humidité de leur épiderme, et les placer enfin dans un lieu sec et aéré, par couches de 5 à 40 centimétres d'épaisseur. Le galetas est préférable au rez-de- chaussée et surtout aux caves, pour la conservation des pommes de terre, par la raison que l'air y est plus sec et plus pur. On les garantira des gelées de l’hiver en les couvrant de paille, de feuilles ou de gazons secs appliqués dessus par leur côté herbacé. À l'appui de ce que je viens de dire sur la cause et le remède de la maladie de la vigne, je citerai les faits suivants, constatés dans le rapport de la commission du canton de Joyeuse : 40 Dans les mêmes localités et dans les mémes conditions de DÉCEMBRE. DAT sol et de climat, la maladie a frappé premièrement et principa- lement la vigne en treille, « parce que le parcours de la sève y est plus long, et, par suite, plus lent et plus difficile » ; 2° Le ravage de la maladie a été d'autant plus désastreux et plus général que les ceps étaient plus drus, « parce qu'il y avait une plus grande quantité d’eau et d’acide carbonique en stagnation » ; 5° Les vignes maigres exposées à la fois aux rayons solaires et au courant des vents secs du Nord, ont été plus généralement épargnées, par exemple sur les plateaux appelés vulgairement Les Gras ; 4° Un taille tardive où tout autre moyen d'écoulement de la sève, a toujours produit les plus heureux résultats. Mille faits de celle nature sont répétés par les journaux de tous les pays. Quant aux pommes de terre, il est notoire que celles qu'on plante en février à Rosières [Ardèche] et dans toutes les localités voisines qui participent du même climat, n'ont jamais été atteintes par la maladie, et qu’au contraire, celles qui y sont plantées en mai ou juin, le sont presque toujours, « parce qu’elles sont ex- posées à Ja saison pluvieuse, froide ou nébuleuse d'automne. » Dans les climats froids, humides et souvent brumeux des com- munes du Béage, du Cros-de-Giorand et d'Usclades [Ardèche] , il a été expérimenté par moi et par bien d’autres propriétaires, pen- dant six ans de suite, que les pommes de terre plantées dans des terres grasses, fertiles, humides ou fécondées par le fumier trop azolé de vache, sont presque toujours atlaquées par la maladie, fandis que dans les terrains maigres et secs, elles ne le sont que rarement ect partiellement. Cette lecture, qui a été accueillie avec intérêt, donne lieu à un débat dans lequel plusieurs mem- bres sont entendus. M. Lobeyrac dit, à l'égard des vignes malades, qu’il a pratiqué lincision, mais sans aucun résultat. M. Chouvon a essayé de couper les fannes de 218 RÉSUMÉ DES SÉANCES. pommes de terre, sans avoir pu constater une amé- lioration sensible dans la production. M. Bertrand de Doue fait observer qu’il n’a pra- tiqué aucun des nombreux remèdes qui ont été indiqués; quant aux causes, il sera toujours fort difficile de les déterminer. Si l'électricité était un agent passager dans l'économie, on pourrait ad- mettre l'explication proposée par M. Dalmas; mais c'est un principe essentiel qui agit constamment, et l’on se demande comment auraient pu se pro- duire des circonstances météoriques telles que l’é- lectricité ait occasionné des effets si extraordinaires. M. de Brive demande si la température n’a pas été tellement humide cette année, qu’elle ait pu amener de pareils résultats. M. Azéma répond qu’en effet cette année et celles qui l’ont immédiatement précédée, et qui ont été signalées par les maladies de la vigne et des pommes de terre, ont été de plus en plus humides. M. Bertrand de Doue réplique qu’il n’y aurait eu d’extraordinaire que la température de 1852, et qu’elle n’a pas été la même sur tous les points de l'Europe, alors que ces maladies se sont déclarées simultanément dans tous les pays; il serait surprenant que la même influence hygrométrique eut pu se ma- nifester si généralement. M. Azéma dit qu’il y aurait peut-être une diffé- rence à faire sur la quantité d’eau tombée et l’in- fluence hygrométrique proprement dite, qui peut DÉCEMBRE. 9219 accuser une disposition humide plus générale de l'atmosphère. Or, cette humidité générale, il Va constatée pendant quelques années consécutives. M. Borie présente diverses observations sur le même sujet, et cite une expérience d’après laquelle des pommes de terre envoyées d'Amérique n’ont pas été atteintes de la maladie, alors que, près d'elles, celles du pays l'avaient été. M. Ch. C. de La Fayette recommande de s’abs- tenir de fumer. « Le fumier, dit-il, agit comme engrais sur le végétal parasite. » M. le Président résume le débat, et invite les membres de la Société à unir de nouveau leurs efforts à ceux faits dans d’autres contrées pour découvrir -les remèdes à des maladies qui attaquent et détrui- sent deux des principaux produits de l’agriculture. M. Ruat, instituteur à Séneujols, et membre correspondant, écrit que, d’après les recomman- dations de la Société, ilse fait un devoir.de donner à ses élèves des notions d'agriculture et d’horticul- ture. Il s’applique surtout à joindre la pratique à la théorie. « En 1844, dit-il, j'ai soumis mon petit do- maine, qui n’est composé que de 257 ares 50 cen- tiares en terre labourable, à un assolement de six années, ainsi composé : première année, trèfle ordinaire; 2"° année, méteil; 5°, pommes de terre, raves, carotte blanche, betterave, etc.; 220 RÉSUMÉ DES SÉANCES. 4°, orge commun, orge à deux rangs; 5°, seigle; 6°, avoine sur laquelle je sème du trèfle pour recommencer mon assolement. » Parfois le seigle de la cinquième année est remplacé par différentes sortes de légumes, tels que pois, haricots, fèves noires, etc., et par suite, l’'avoine de la sixième année l’est par un seigle. » Mes terres ainsi cultivées, n’ont cessé, depuis cette époque, de me donner non seulement de bonnes récoltes, mais des récoltes supérieures, ce qui, joint à mes conseils sans césse répétés aux habitants de Séneujols , a fait disparaitre en grande partie les jachères dans cette commune, et a en- couragé la culture défaillante du trèfle, que l’on abandonnait depuis trois ou quatre ans, à cause de la météorisation et de la difficulté de le défricher. » Quelque chétive qu’ait été la récolte du trèfle cette année dans la commune de Séneujols, je peux vous apprendre néanmoins qu’un champ de 41 ares m'a donné 5000 kilog. de trèfle sec, sur lequel j'avais semé en mai huit doubles décalitres de plâtre du prix de 70 ce. » J'ai également récolté douze doubles décalitres d'orge nue à deux rangs, provenant de vingt litres de semence. » Enfin, M. Ruat annonce qu'il s’occupe de confec- tionner une charrue à deux versants , n’exigeant pas plus de force, et pouvant être mieux appropriée à notre pays que la charrue Dombasles. Il s’empres- DÉCEMBRE. 991 sera de la faire fonrtionner à la Ferme-Ecole aussitôt qu’elle aura été achevée. M. de Brive lit une lettre qu'ila adressée à M. Roland, de Toulouse, au sujet d’un nouvel engrais concentré que cet industriel avait recommandé à la Société. Les essais qui ont été faits dans la propriété de M. le Président n’ont pas eu de résultats satisfaisants. Piscicuzrure. — Il est donné lecture d’une lettre par laquelle M. le Ministre de l’intérieur et de la- griculture annonce que, d’après le désir exprimé par la Société, il vient d’autoriser M. Géhin, pé- cheur des Vosges, à se rendre dans la Haute-Loire pour examiner avec soin la nature des eaux où sa méthode de fécondation pourrait le mieux réussir, et pour se livrer à des expériences. M. le Ministre prie la Société de faciliter à M. Géhin les moyens d'utiliser sa mission dans le département, de suivre avec soin les essais d’empoissonnement qu’il aura tentés, et d'informer le gouvernement des résultats obtenus. M. le Préfet dit qu'aussitôt après avoir recu cette lettre, et avant de la transmettre à la Société, il a écrit à M. le Ministre que cette mission de M. Géhin serait tardive, et il lui a exprimé le désir que l’année prochaine cet habile pisciculteur effectue sa tournée au mois de novembre, époque du frai. M. Benoit informe l’Assemblée que M. de Causans s'applique avec persévérance à des expérimentations 299 RÉSUMÉ DES SÉANCES. dans le lac de Saint-Front. Il a envoyé dans l'Isère le fermier de ce lac pour étudier les procédés d’é- closion artificielle, et plus de six mille œufs ont été placés dans de bonnes conditions de réussite. M. Lobeyrac présente quelques objections au sujet des boites préparées par M. Géhin pour léclosion. IL parle des travaux de M. Millet, inspecteur des eaux-et-forêts, qui ont amené la pisciculture à un - état de pratique usuelle. Divers propriétaires ont appliqué depuis trois ou quatre ans les appareils de M. Millet pour féconder et faire éclore les œufs de toutes sortes de poissons; des piscines ont été construites sur les modèles qu’il a proposés; enfin, on à pu constater déjà des résultats importants. IL propose de faire l’acquisition du « Traité pra- tique de Pisciculture », publié par cet auteur. Cette proposition est agréée. M. de Briveipense’qu'il y a lieu de persister dans le vœu déjà émis par la Société que la surveillance des cours d’eau soit faite avec plus de régularité, afin d'assurer la conservation du poisson. Il serait, en effet, inutile de le multiplier s’il peut être détruit par l'emploi de substances vénéneuses ou d’engins pro- hibés. L’embrigadement des gardes champêtres et l'allocation de primes aux agents forestiers, gardes champètres, etc., qui constateraient des contraven- tionsià ces règlements, seraient les meilleurs moyens pour atteindre ce but. 247 Tr Mr > PEINTURE MURALE Découverte au Puy dans l'ancienne Bibliotheque du Chapitre de la Cathédrale . JA 1 . ni ) A dessinée et Lithoéraphiee dapres l'original, par V. Daniel Peintre et professeur de dessin lineaire aux ecoles Industrielles du Puy. couverte au Py De 1 L] ee l dap ñ hiee Orap et Litho pal desst DÉCEMBRE. 223 Beaux-Arts. — M. le Président présente un dessin au crayon de la grande et belle peinture murale qui fut découverte en 1850 par M. Mérimée, ins- pecteur général des monuments historiques, dans un des bâtiments claustraux de léglise cathédrale du Puy. [Voir la planche ci-contre.] Le Mémoire de M. Aymard sur cette curieuse peinture, que la Société a donné au tome XV des « Annales » [p. 561], et l'importance capitale de cette œuvre d'art, ont inspiré à M. le Président la pensée de prier un artiste distingué de notre ville, M. Daniel Vincent, d’en exécuter une copie. Elle sera accueillie par les archéologues et les artistes avec d'autant plus d'intérêt, que, jusqu’à ce jour, cette peinture n’a pas été publiée. M. de Brive rappelle, d’après le même Mémoire, que cette composition est de la fin du XV° siècle, et représente quatre arts libéraux : la gram- maire, la logique, la rhétorique et la musique, personnifiées par quatre jeunes femmes ayant cha- eune auprès d’elle un des personnages de l'antiquité qui se sont illustrés dans l’étude ou la pratique de ces arts. Chaque groupe est accompagné des noms de ces personnages et de légendes latines en vers léonins. Il fait ensuite lecture des passages du Mémoire de M. Aymard, dans lesquels sont consignées les données relatives à la destination de cette peinture dans Ja librairie où bibliothèque du Chapitre, à sa date probable entre les années 1475 et 1492, 224 RÉSUMÉ DES SÉANCES. à la patrie présumée de l'artiste qui l’exécuta, enfin au généreux donateur, Pierre Odin, official de l’église du Puy et ambassadeur du roi Louis XI à Rome, qui en enrichit la salle capitulaire. Dans le même travail, sont exposés des rensei- gnements historiques sur une autre peinture au- jourd’hui détruite, qui offrait trois autres groupes de figures : la géométrie et Pythagore, l’arithmétique et Euclide, l'astrologie et Ptolémée. Ceux-ei complé- taient, avec les quatre qui existent encore, l’ensei- gnement des sept arts libéraux désignés au moyen- âge sous les noms de {rivium et de quadrivium. Les curieux attributs que ces figures tiennent dans leurs mains, et en particulier ceux de la logique , qui symbolisent le syllogisme et le di- lemme , les procédés d’exécution de la peinture sont aussi lobjet d'explications détaillées. Elles sont suivies d’un aperçu historique sur deux an- ciennes institutions de la cathédrale du Puy aux- quelles cette peinture semble se rattacher : l’Uni- versité de Saint-Mayol, l’une des plus importantes de France, et l’école capitulaire de cette église, dans laquelle des personnages de la plus haute dis- tinction avaient puisé l'instruction la plus complète qu’on donnàt au moyen-àge. L'Assemblée, intéressée par cette communication, arrête que le dessin de M. Daniel Vincent sera joint au compte-rendu de la séance. DÉCEMBRE. 295 Opsers pivers. — Ïl est donné communication d’une cireulaire de M. de Caumont, directeur de l’Institut des provinces, par laquelle la Société est informée que le Congrès des délégués des Sociétés savantes des départements ouvrira sa session de 1853 le 20 janvier prochain, à deux heures, dans les salons du Palais-Royal; la session sera close le 29. Sont nommés délégués MM. Ch. C. de La Fayette et L. de Vinols. M. Dumontat est nommé membre de la com- mission du Musée pour la section des machines et modèles, en remplacement de M. Filhot, décédé. ADMISSION DE NOUVEAUX MEMBRES. — M. L. de Vinols lit le rapport suivant, sur un Mémoire historique présenté comme titre d’admission, par M. l'abbé Adrien Maitrias : Messieurs, Æ Votre commission m'a chargé de vous rendre compile d’un Mémoire sur la ville de Craponne, qui vous a été présenté comme titre d'admission par M. labbé Maitrias, chanoine de Moulins. Ma tâche sera d'autant plus facile, que vous avez déjà consacré le mérite de cette œuvre, en lui accordant la médaille destinée à récompenser les travaux historiques; j'ai donc moins à confirmer votre jugement qu’à vous faire connaitre, avec plus de détails, un Mémoire qui se fait remarquer tout à la fois par l'exactitude des recherches, les grâces du style et la justesse des appréciations. Et d’abord, je ne passerai point sous silence l’épigraphe choisie par notre compatriote, et placée par lui comme une pensée pro- 296 RÉSUMÉ DES SÉANCES. tectrice sur le frontispice de son œuvre : Crescentibus annis, crescil amor patriw. Oui, Messieurs, et qui d’entre nous en a jamais douté, oui, à mesure qne les années passent, emportant avec elles le fugitif cortège des rêves de la jeunesse, on s'attache davantage aux lieux qui nous rappellent les impressions toujours gracieuses et douces des premiers jours de la vie : on a couru les chemins de l'univers et les hasards de Ja fortune; mais, comme le noir souci dont parle Horace, on a gardé pour compagnon fidele le souvenir de la patrie absente, toujours plus aimée à mesure qu’on a plus vécu loin d'elle, et l’on vient redemander le pain des derniers jours aux ombrages qui ont abrité enfance, M. Maitrias a voulu faire davantage encore. Dans les courts instants de repos que lui laisse une vie occupée tout entière des graves enseignements de la foi, il a cherché l’origine de sa ville natale. Il en a étudié la destinée, et il a su faire sortir la lumière des obscurités profondes où s’enveloppe son histoire. Rien ne manque au récit qu'il vous présente : ni l’intérèt, si difficile pourtant à fixer sur des évènements qui tiennent si peu de place, ni l’étude vraie et pénétrante des mobiles cachés derrière les faits, étude que, de nos jours, on a baptisé du nom auguste de philosophie de l’histoire, ni le charme d’un style qui sait étre sévèré quand il le faut, gai et ironique lorsque l’auteur se heurte à quelque ridi- cule, toujours châtié, précis et correct. M. Maitrias prend la cité à sa naissance même, naissance obscure et contestée, et il la conduit, à travers les siècles, jusqu’au moment célèbre où, cités et provinces, perdirent toute existence individuelle dans la grande unité fondée par la révolution. Pen- dant ce long intervalle de sept siècles, — car le premier mot relatif à l’histoire de Craponne se prononce à la fin du onzième ,— l’auteur a rencontré sous sa plume les luttes de l’église et du château, représentés, l’un par les seigneurs de Polignac, l’autre par le prieur de Craponne, celles des Polignac et de la cité, et enfin de la cité et du roi. On retrouve là, comme partout, comme sur toutes les pages de notre histoire, ce double travail d’affranchissement et de résistance favorisé par les rois que la féodalité troublait dans DÉCEMBRE. 297 leur ‘pouvoir, et que la victoire définitive des communes a cruel- lement punis des triomphes sanglants de Richelieu et des splendeurs de Louis XIV. Rien de plus intéressant que de suivre dans les pages élégantes de M. Maitrias les efforts persévérants de la petite ville pour échapper à la domination de son seigneur, le terrain gagné peu à peu à force de patience et d’obstination, les droits féodaux res- treints d’abord, ensuite abandonnés l’un après l’autre, à mesure que lesprit de liberté se répand dans les intelligences et se fait jour dans les lois, enfin les joies de l’affranchissement bientôt troublées par le passage sinistre de l'ouragan révolutionnaire. Le château de Polignac, où il semble que s’est élaborée péniblement toute l’histoire du Velay, domine, du haut de ses vieilles tours, l'œuvre entiere de M. Maitrias. Tantôt protecteurs, tantôt oppresseurs, tou- jours puissants et redoutés, ces gentilshommes, qui gardaient par- tout les avenues de la province, ne furent vaincus qu'avec la féo- dalité tout entière, et la ville de Craponne ne brisa les derniers liens qui l’attachaient à ces rois de nos montagnes, qu’au milieu du déchirement universel où l’on vit se dissoudre à la fois toute l’ancienne organisation sociale. Les passions intérieures qui troublent la cité, les vanités rivales, les petites blessures des amours-propres mécontenis, sont présentés par l’auteur avec une fidélité spirituelle et railleuse qui n'exclut pas la bienveillance, et ne va jamais jusqu’à la satyre, toujours indigne de l’histoire. De grands orages troublèrent Craponne à différentes époques, amenés par les élections consulaires, où chaque part cherchait à faire triompher ses candidats: Ces tempêtes dans un verre d’eau, — sil m'est permis de les appeler ainsi, — peuvent ajouter des chapitres nouveaux à la liste des grands évènements produits par de petites causes. La ville entière fut troublée pendant plusieurs années par les suites d’une partie de trictrac. Les pages que M. Maitrias consacre à raconter ces débats comptent parmi les plus gracieuses et les plus fines de son Mémoire. Mais plus gracieuses encore sont celles dans lesquelles il peint 298 RÉSUMÉ DES SÉANCES. l'emprisonnement et la mort du marquis de Surville. Qui de nous, Messieurs, ne connaît ce gentilhomme élégant et dévoué, d’un esprit si délicat, d'un cœur si noble et si fier, qui sut faire revivre les grâces naïves d’une poésie durable au milieu de la décadence générale du goût, et, comme André Chénier, se frappait le front avant de marcher au supplice, en regrettant son génie éteint prématurément sous la hache du bourreau. Emprisonné dans ce vieux donjon des Polignac construit par la féodalité, et qui dût s'étonner de garder dans ses antiques murailles un gentilhomme dévoué à la mort par la démocratie, Surville demandait à la poésie, cette gracieuse compagne de sa jeunesse, des consolations pour ses derniers jours. Il faut savoir gré à M. Maitrias d’avoir recueilli une de ces pieces fugitives, échappées de sa main comme un geste d’adieu suprême, et dans laquelle on croit entendre le bruit lointain des préparatifs de son supplice, et les dernières plaintes d’une âme ferme qui ne regrette de la vie que ce qu’elle a de vraiment regrettable, c’est-à-dire les douces et pures affections de la famille. Sa mort fut ce qu’elle devait étre, chrétienne et fière; il n’insulta point ses juges, ne reprocha rien à ses bourreaux; son dernier acte fut une prière : il tomba en gentilhomme et en soldat. C’est par là que M. Maitrias termine la partie historique de son Mémoire, et il ne pouvait mieux la terminer. Ce courage, ce dévoüment, ces convictions chevaleresques qui ne s’arrétent pas même devant les approches du supplice, cette fierté d’une âme solitaire qui brave les égarements de la multitude et les subit sans faiblesse, de récentes épreuves fécondes en terreurs et en menaces nous les font mieux apprécier. Sa mort est un sérieux enseigne- ment : elle apprend comment on peut braver les injures de la fortune, et se montrer toujours plus grand que son malheur. Vous me pardonnerez, Messieurs, de terminer ce rapport par quelques réflexions qu'il m’a inspirées sur lutilité des travaux particuliers à chaque ville pour l’histoire générale de Ja province. On ne saurait trop encourager des productions semblables, qui font pénétrer la vie et la lumière dans les parties jusqu’à présent aban- données aux ténèbres. DÉCEMBRE. 299 Sans doute, Messieurs, nous ne chercherons point dans des Mémoires comme celui que je viens d'analyser, le bruit des empires qui croulent et des sociétés qui se fondent. IL ne s’est point livré sur nos montagnes oubliées de ces grandes batailles qui changent le monde et entraînent la civilisation. Le Velay a toujours subi l'impulsion, il ne l’a jamais donnée. Mais qu'importe, s'il y a touiours nn puissant attrait dans ces souvenirs vivants des généra- tions éteintes. Lorsque les pages où l’histoire a fait revivre ces souvenirs, nous racontent les eflorts, les passions, les souffrances de ceux qui furent nos pères, alors, à cet attrait que les récits historiques emportent toujours avec eux, se joint un sentiment particulier empreint de respect et d’amour filial, une espèce de solidarité tacite mais pénétrante et profonde, et comme un écho lointain mais éloquent de leurs joies et de leurs misères. Ce caractère, que seuls nous pouvons comprendre, remplace ce qui manque à notre histoire du côté de la majesté des évènements et de l'importance des résultats. Et cependant, même dans les annales de ce pays ignoré, que d'observations, que d'études! J'y retrouve l’homme! l’homme, c’est-à-dire le seul élément de toute grandeur historique; l’homme, c’est-à-dire l’activité, la passion, l'intelligence, le labeur, la gloire, lPimmortalité. Si petit que soit le cadre, Messieurs, un tel tableau le rend toujours assez grand. Partout où des cœurs humains ont battu, au soufle du Créateur, dans les plaines glacées ou fertiles, sur le sable des déserts, sur lVâpre sommet des montagnes, dans l’ombre obscure des bois, le drame de la vie s’est développé avec ses éternelles scènes. Etroit ou vaste, le théâtre a partout vu passer les mêmes acteurs, différents de costume, mais semblables de nature, et portant, sous des habits divers, le même cœur et la méme intelligence. Messieurs, ma tâche est remplie. Un mot encore cependant , avant de fermer et de poser ce Mémoire, qui deviendra sans doute un petit livre. Je dois féliciter M. Maitrias de n'avoir point ouvert ses pages à cette philosophie fataliste qui impose à l'humanité un progrès inévitable, conséquence nécessaire du temps écoulé; philo- sophie qui outrage la dignité de l’homme autant que sa liberté, TOME XVII. 45 230 RÉSUMÉ DES SÉANCES. et qui, des grandes histoires où des professeurs modernes l'ont fait régner en souveraine, a pénétré jusques dans certaines annales consacrées à notre petite province. Le temps, Messieurs, qu'on a bien voulu appeler un grand maitre, n’est ni civilisateur, ni pro- gressiste; il n’est rien que l'instrument docile et patient avec lequel les hommes tirent la conséquence des principes qu’ils ont posés dans le gouvernement des choses humaines, Si ces principes contiennent les germes de la vie, la viese développe; s’ils contiennent les germes de la mort, la mort vient, précédée par la décadence et la décrépitude. J'ai lu l’histoire du genre humain, et j'ai vu partout le temps aider à détruire d’une main stupide et indifférente ce que de l’autre il avait aidé à fonder. C’est en vain que des écrivains plus ingé- nieux que profonds ont voulu faire de la loi du temps la loi même du progrès de l'humanité. La loi du progrès suivant le temps est un mensonge : il n’y a de vrai que la loi du progrès suivant les principes. Et de là vient qu’en se levant sur le monde, les clartés du christianisme le trouverent couvert de ténebres. Le temps avait marché cependant, il avait marché pendant quarante siéeles, et ces quatre mille années de progrès avaient abouti à courber l'univers sous la loi des Néron et des Caligula, à lenvelopper de toutes parts dans les immondes liens du paganisme, à étendre, à féconder, à multiplier partout l'esclavage. L'esprit ni le cœur de l’homme n’avaient rien gagné à sa marche. Virgile n'avait point fait oublier Homère; Cicéron n’avait point dépassé Démosthènes ; Socrate, Platon, Aristote, n'avaient pas même de successeurs. Messieurs, il n’y a qu’un enseignement dans l’histoire, et le voici : les nations vivent et grandissent quand elles se soumettent à l'empire de lois sages, fécondes et tutélaires ; mais, quand livrant au mépris et à l'oubli les leçons de la sagesse et les traditions de l'expérience , elles se jettent dans le chemin de la passion et de l'erreur; quand elles méconnaissent et repoussent tout ce qui a fait dans le passé leur grandeur et leur force; quand elles veu- lent bâtir sur le sable mouvant des systèmes, et renverser tout- ä-coup Vantique harmonie des lois sociales, alors, Messieurs, elles ne grandissent plus, elles s’arrétent; et si la main de la DÉCEMBRE. 231 Providence ne vient à leur aide et ne les relève, quoique dans ces époques malheureuses le nom de progres soit sur toutes les lèvres, après quelques années d'épreuves plus où moins douloureuses, elles se précipitent aveuglement sur les pentes rapides de la décadence. Aprés cette lecture, qui a été écoutée avec un vif intérêt, M. Giron fait le rapport suivant sur un Mémoire présenté par M. Paul Marthory : Messicurs , Un de nos compatriotes, M. Paul Marthory, avocat, de membre cerrespondant qu'il était, demande à devenir membre résidant de votre Société. Comme titre d’admission, il vous présente une œuvre dont vous avez confié l’appréciation à une commission, qui a bien voulu me choisir pour son organe. Mon premier devoir est de l’en remercier, puisqu'elle me pro- cure le plaisir d'accomplir une mission qui doit m’attacher à l’ho- norable candidat par un nouveau lien de confraternité. Il est bien des œuvres dont les titres pompeux promettent plus qu'ils ne tiennent. Combien d’auteurs qui, au baptéme des pro- ductions de leur esprit, tombent dans ce petit accès de faiblesse paternelle appelé l’orgueil des noms! M. Paul Marthory a péché aussi sur ce point... mais en sens contraire. Lisez ce qu’il appelle modestement, « Une notice historique sur les Grands-Jours qui se sont tenus au Puy en 4548 et 4666 », et vous y découvrirez bientôt une page de véritable histoire, une œuvre littéraire, et au-dessus de tout cela un acte de sincère patriotisme. Telle est, du moins, la triple impression que m'a laissée sa lecture. « .….Assises solennelles tenues à certaines époques par des juges » choisis parmi les magistrats les plus éminents par le caractère » et le savoir, les grands-jours, — nous dit M. Marthory, — » étaient des tribunaux exceptionnels que. les rois de France » créaient temporairement dans les provinces éloignées pour remédier 232 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » à des abus et punir des crimes que la justice ordinaire était » impuissante à corriger et à atteindre. » Puis arrive, tracé de main de maitre, le tableau brillant et poétique de ces grands évènements, avant, pendant et après. Or, Messieurs, savez-vous ce qu'il y a de comparable à l'éclat et à l'appareil de ces solennités, à la terreur qu’elles répandaient, à l'impression profonde qu’elles laissaient après elles dans l’ima- gination des contemporains? Rien, si ce n’est, à leur endroit, le laconisme de lhistoire, le mutisme de la tradition. Le temps a soufflé sur ces deux monuments judiciaires, et en a dispersé, jeté aux quatre vents tous les morceaux ; et, chose bizarre, ce sont surtout les grands-jours de 1666 qui ont eu à souffrir de ce sinistre séculaire. Recueillir religieusement tous ces débris épars dans l’histoire générale de la France, dans celles du Languedoc et du Velay, dans les chroniques, les documents inédits; dans ce noble but, mettre à contribution les vieilles ordonnances de nos rois, les Ducange, les Denizart, les Ysambert, les Sismondi, les Médicis et les Burel, en un mot reconstruire laborieusement ce vieil édifice tombé en poussière, et le reconstruire à la moderne, telle est la rude tâche que s’est imposée M. Marthory; j'ajoute que le succès de lexécution a égalé le courage de l’entreprise. Cest là ce que M. Marthory appelle un acte de piété filiale, et c’est ce que j'appelle un octe de sincère patriotisme. Je vous ai dit, Messieurs, qu’il y avait une page de véritable histoire, car il y a deux hisloires : l’une qui nous donne le récit plus ou moins exact des évènements d’une époque, mais rien que cela : ce n’est pas la bonne; une curiosité vulgaire peut y trouver son compte, mais l'esprit n’y trouve pas le sien. Rechercher les causes sociales ou politiques qui ont produit ces évenements, étudier l'influence que les hommes et les choses ont exercée sur eux, mettre en relief les enseignements qui en découlent, voilà la véritable histoire, l’histoire philosophique, celle qui répond à une aspiration de l'esprit et du cœur, et nous aide à accomplir cette grande loi de l'humanité qu’on appelle le progrès. DÉCEMBRE. 959 L'œuvre de M. Marthory est éminemment empreinte de ce caractère. Ecoutez-le quand il nous initie aux causes qui déterminèrent les grands-jours de 1548 : « À cette époque où les lettres-patentes convoquaient au Puy » ces grandes et solennelles assises, les guerres de religion n’avaient » point encore commencé en France, mais il était facile d’en » deviner les approches à l’agitation des esprits et à l'irritation » toujours croissante des catholiques et des protestants. Depuis que » Luther, en 4518, avait levé dans l'Allemagne l’étendard de la » réforme, étendard que Zwingle, en Suisse, et Calvin, à » Genève, soutenaient avec ardeur, les questions religieuses, ces » questions si brülantes, avaient comsmencé à troubler les cons- » ciences et à soulever les peuples. La réforme avait fait des » progrès rapides dans l'Allemagne, son berceau; elle tenait la » majeure partie de la Suisse, et déjà elle commençait à envahir » la France, secondée ïci par l’ambition et la convoitise des » princes, favorisée ailleurs par la misère des populations, à qui » elle s’offrait comme un germe d'amélioration sociale, s’añinonçant » partout comme le triomphé de la raison et de la liberté d'examen, » Ces progrès avaient alarmé l'Eglise, qui n'avait pas tardé à » invoquer le bras séculier pour essayer de refouler et d’étouffer le » mouvement religieux qui se produisait partout; mais les menaces » et les persécutions avaient été impuissantes pour extirper ce que » les écrivains catholiques du temps appelaient ces maudites et » réprouvées doctrines. » Je m'arrète, Messieurs, sur cette pente des citations, que je ne veux point multiplier au détriment de votre lecture. Permettez-moi seulement une dernière réflexion : Que ceux qui en sont encore à comparer parfois deux choses qui n’ont entre elles aucune ressemblance , le passé et le présent ; que ceux-là, avant d'exprimer leurs préférences, méditent le travail de M. Marthory : ils y trouveront sans doute une peinture charmante des mœurs simples et naïves de nos bons aïeux; mais à côté, et comme revers, les monitoires publiés à l'occasion des grands-jours… Les monitoires! tableau hideux des maux de toute sorte dont était 254 RÉSUMÉ DES SÉANCES. travaillé le corps social à ces deux époques, s’il faut en juger par la nature des remèdes qui lui étaient appliqués. Certes, Messieurs, une histoire qui se présente avec un fonds aussi substantiel, une forme aussi brillante, doit étre la bien venue partout. Mais ici, auprès de nous, enfants-du Puy, quel accueil, quelle courtoisie ne doit-elle pas rencontrer! Les évenements qu’elle raconte se sont déroulés dans nos murs, les personnages qui sont en scène, ce sont nos pères. Où trouver un sujet plus attachant, plus palpitant d’intérét et plus instructif à la fois, que l’histoire de ces grands-jours. Les grands-jours de 4548 et de 1666 sont les plus grands épisodes de l’histoire judiciaire de notre pays : ils ont trouvé dans M. Paul Marthory un interprète digne d’eux; son œuvre a sa place marquée dans vos Annales. Quant à l’auteur, il sollicite un billet d'entrée pour prendre rang parmi vous. Hätez-vous de le lui délivrer, et soyez bien convaincus qu’on ne ’appellera pas un billet de faveur. Ce travail, dont la lecture a captivé constamment l'attention de l’Assemblée, est suiviedu rapport suivant, lu par M. Dumontat : Messieurs, La commission nommée à votre dernière séance pour examiner le travail de M. Lacombe, sur utilité d’une chambrière roulante de son invention, m’a chargé de vous présenter son rapport. M. Lacombe exploite sur une grande échelle des bois de chauf- fage et de construction. Obligé de les conduire au marché par des chemins qui présentent des courbes à rayons très-courts et des pentes très-considérables, il n'a pu employer à leur transport que des charrettes à deux roues, dont tout le poids aux descentes se portait sur le cheval, et rendait sa marche pénible et dangereuse. IL a été ainsi amené à chercher le moyen de changer à volonté le DÉCEMBRE. 235 centre de gravité de sa charrette, et de léloigner du cheval dans les descentes. Après plusieurs essais, il est parvenu à le trouver dans l'emploi d’une chambrière roulante placée sous la traverse du brancard , et qui s’abaisse et se relève à volonté. M. Lacombe se sert depuis quelques années de ce moyen ingé- nieux pour équilibrer, dans toutes les circonstances accidentelles de terrain, le poids de ses transports, et il nous assure qu’il s’est constamment bien trouvé de son emploi. Nous ayons vu nous-même fonctionner ce mécanisme, et nous croyons devoir le recommander aux personnes qui ont de lourds fardeaux à transporter par des chemins pentueux comme sont la plupart de nos chemins vicinaux. Au mérite de cette découverte et de son application à des transports agricoles, M. Lacombe joint encore celui de s'occuper tres-sérieu- sement et avec une grande intelligence d'amélioration en agriculture, Son concoors nous sera donc utile à plus d’un titre. Aussi, la commission dont je suis l’organe, m'’a-t-elle chargé, à l'unanimité , de vous proposer d'admettre M. Lacombe au nombre de vos membres résidants ?. Cette lecture a été écoutée avec intérêt. Enfin, M. Aymard fait un rapport sur un Mé- moire historique relatif à la Caisse d'épargne du Puy, présenté par M. Alexis Souteyran, président du conseil d'administration de cette Caisse. Il lit divers fragments de ce travail important, qui réunit l'élégance et la clarté du style à une précision de faits très-remarquable, et à des déductions inté- ressantes sur la moralité et l’esprit d'ordre des classes ouvrières dans notre pays. * Le travail de M. Lacombe sera publié dans un prochain vo- lume des « Annales, » 236 RÉSUMÉ DES SÉANCES. L'historique de cet établissement se résume dans ces passages de l'introduction : « ..Vous verrez, dans un espace de seize ans, » notre Caisse d'épargne naître, grandir et tomber, » pour se relever ensuite et se développer avec une » nouvelle énergie, montrant une vitalité surpre- » nante et une force prodigieuse pour surmonter » les obstacles que lui suscitent tour-à-tour, et » souvent même à Ja fois, les évènements politi- » ques et les changements de législation. » Vous la verrez, à travers toutes ces vicissitudes, » remplir toujours sa tâche philanthropique, et à » l'aspect de ce grand nombre de familles dont elle » féconda l’épargne et assura l’existence, vous com- » prendrez quelle reconnaissance doit avoir le pays » envers les membres de la Société d'Agriculture, » qui, obéissant à un patriotisme généreux , consa- » crèrent Jeur temps et leur intelligence à le doter » d’une institution aussi salutaire. » L'historique de la Caisse d'épargne du Puy est à peu près la même que celle de toutes les insti- tutions de ce genre. Toutes ont éprouvé les mêmes difficultés, les mêmes vicissitudes, soit par suite des contradictions législatives dont elles ont été l'objet, soit par les graves évènements politiques qui se sont succédés dans ces derniers temps. C’est ce que démontre avec talent et avec une connaissance approfondie du sujet le Mémoire de M, Souteyran, qui, en retracant les phases suc- : 4 DÉCEMBRE. 257 cessives de la Caisse d'épargne fondée au Puy, présente en même temps une histoire complète de cette institution en France. Aussi les moralistes et les publicistes y puiseront de précieux enseigne- ments, et ce sera, nous en sommes convaincu, un grand honneur pour l’auteur d’avoir conçu le premier la pensée de publier une monographie qui résume en quelque sorte tout ce qu’on a pu écrire en France sur ce genre d’établissements, qui en montre la marche et les progrès, et surtout leur influence salutaire sur les diverses classes de la société pour lesquelles ont été créées les Caisses d’épargne. Les nombreuses et précieuses données que ren- ferme ce travail, seront aussi du plus utile secours pour le législateur, lorsqu'il sera appelé à mettre la dernière main aux dispositions qui assureront définitivement les développements de cetteinstitution. À ces différents points de vue, la commission est heureuse de signaler le Mémoire sur lequel elle a été appelée à statuer, comme l’un des plus utiles qu’elle puisse soumettre à l’approbation de la Société. En conséquence, elle s’empresse de proposer l'admission de son auteur au nombre des membres résidants. Il est ensuite procédé au scrutin, et les réei- piendaires ayant tous obtenu l’unanimité des voix, sont proclamés comme il suit : Membres résidants : MM. Souteyran, Marthory et Lacombe. 238 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Membre non résidant : M. l'abbé Maitrias. Le scrutin pour la nomination de deux membres correspondants donne aussi l’unanimité des suffrages à MM. Jean-Louis Charrade, notaire à Villeneuve- d’Allier, et Jean-Pierre-Félix Bonnaud , propriétaire à Bonnefond, commune de Séneujols. IL est décidé en outre que les Mémoires de MM. Maitrias, Marthory et Souteyran, seront soumis au conseil d'administration, pour être publiés dans les « Annales » 1. À sept heures la séance est levée. : Le premier de ces Mémoires est inséré dans le présent volume des « Annales »; le second a été publié au tome XVI, page 254; le troisième est inséré au même volume, page 289. RER ETS Re RAPPORTS ET MÉMOIRES. ÉCONOMIE PUBLIQUE. CHEMIN DE FER GRAND-CENTRAL : SECTION DE LEMPDES A ST-ETIENNE PAR LE PUY. RAPPORT LU A LA SOCIÉTÉ D'AGRIGULTURE, SCIENCES, ARTS ET COMMERCE DU PUY, AU NOM D’UNE COMMISSION SPÉCIALE , par M. AYMARD, SECRÉTAIRE DE CETTE SOCIÉTÉ, MEMBRE DE LA DÉPUTATION DE LA VILLE DU PUY AUPRÈS DE S. M. L'EMPEREUR POUR LE CHEMIN DE FER DE LA HAUTE-LOIRE, 3 décembre 1855. MESSIEURS, S'il est une question qui intéresse au plus haut point la prospérité agricole et industrieile de notre département , qui ouvre pour Flavenir de nos contrées le plus vaste champ aux espérances les mieux fondées d'améliorations et de progrès de tout genre, c’est, sans contredit, l'établissement 240 CHEMIN DE FER d'une voie ferrée qui, reliant le réseau des che- mins de fer du centre avec les villes de Saint-Etienne et de Lyon par la Haute-Loire, est appelé à créer des relations nombreuses et rapides entre ce dé- partement et tous les grands centres de production et de consommation. Aussi, Messieurs , ces immenses avantages qui doivent initier à une vie nouvelle des régions trop longtemps oubliées et dont l'importance commer- ciale et agricole a été trop méconnue jusqu'à présent, ont été l’objet de vos vives et cons- tantes préoccupations , dépuis le jour où le gou- vernement de l'Empereur a eu la généreuse pensée de doter notre pays de l’une de ces voies qui con- tribuent si puissamment à la prospérité commune. Les sympathies de tout le département, en faveur de cette nouvelle et grande entreprise que , des premiers, vous avez eu l'honneur de manifester, ont été partagées par les différents organes de la représentation départementale. Le puis- sant concours de l'administration et des honorables députés de la Hte-Loire leur a été acquis immédiate- ment et elles ont été sanctionnées par les délibéra- tions ou les démarches du Conseil général du dépar- tement , du Conseil d'arrondissement du Puy , de la Chambre d’agriculture , de la Chambre et du Tribunal de commerce, de la Chambre des prud'hommes et enfin du Conseil municipal du Puy, qui vient de nommer une députation char- - és mt GRAND-CENTRAL. 9241 gée de porter aux pieds du trône impérial les vœux ardents des populations de notre contrée. Les raisons nombreuses et puissantes qui mili- tent en faveur de la ligne du Grand-central de Lempdes à Saint-Etienne par la ville du Puy, vous avaient fait espérer que vous n’auriez pas à défendre ce tracé , le seul rationel aux diffé- rents points de vue d’une équitable répartition des chemins de fer dans le centre de la France, de l'intérêt général des départements desservis et de l'intérêt non moins respectable de la Compagnie. Il n’en a pas été ainsi. Cette ligne qui d’abord semblait devoir être adoptée sans contestation est aujourd'hui en présence de divers projets rivaux et plus ou moins puissamment appuyés. La ville de Saint-Etienne qui , dans cette importante ques- tion , se trouve en communauté d'intérêts avec notre département , a cru devoir, par des lettres émanées de MM. les Présidents de la Société in- dustrielle et agricole et de la Chambre de com- merce, informer M. le Préfet, M. le Maire du Puy et notre Société du danger qui semble me- nacer les intérêts de Saint-Etienne et les nôtres. M. de Chevremont , préfet de la Haute-Loire , dont la sollicitude si vigilante et si éclairée pour les besoins du pays vous est particulièrement connue, s’est empressé, à la réception de l’une de ces lettres, de vous saisir de la question et de faire appel à votre zèle et à vos lumières pour lui 249 CHEMIN DE FER fournir tous les renseignements qui pourraient amener une solution favorable au département de la Haute-Loire. Vous avez répondu à cet honorable témoignage de la confiance de l’autorité supérieure en nom- mant une commission chargée de recueillir les données relatives à la question ‘. C'est au nom de cette commission qui, dans plusieurs séances , s’est empressée de fournir tous les éléments de cette étude, que j'ai l'honneur de soumettre à votre approbation les considéra- tions suivantes : Bien que des prétentions rivales semblent faire obstacle à la réalisation de nos vœux , la (Com- mission persiste à croire que la ligne du Puy, placée dans les plus heureuses conditions , sera très-probablement adoptée. Néanmoins , il lui a paru utile de faire connaître les arguments qu’on essaie de produire contre ce tracé, ne serait-ce que pour en constater la faiblesse et démontrer de plus en plus que le projet ne soulève aucune objection sérieuse. Le document auquel nous emprunterons ces arguments est le rapport présenté en 1855 par une 2 Membres de la commission : MM. À. pe BRiIVE, membre du conseil général d’agriculture, président; Avmarp, archiviste dé- partement{al, secréfaire; Charles C. pe La FAÿeTTE, avocat et direc- teur du Musée; Gironx-PistRe, avocat; Manruory, avocat; MArTez, docteur en médecine; SouTEYRAN, négociant, président du conseil d'administration de la Caisse d'épargne, GRAND-CENTRAL. * 9243 commission spéciale au Conseil général du Puy- de-Dôme, et publié dans le « Mémorial d’Ambert », n° du 24 septembre 1855. Cette commission, après avoir donné, dans son travail, l’énumération des trois chemins de fer au moyen desquels « la ville de Clermont aura, en » 1854, sa position bien dessinée dans les rail-ways » de la France, » émet un vœu relatif à une quatrième ligne, de Clermont à Saint-Etienne par Thiers et Montbrison, ei , à défaut, par le ver- santnord des montagnes de La Chaise-Dieu, de facon que le Puy-de-Dôme soit sillonné dans presque toutes ses directions, par ces belles voies de communica- tion, au préjudice de la Haute-Loire qui en serait à peu près dépourvue. Nous nous abstiendrons, en ce moment de faire ressortir l’injustice d’une pareille demande , nous réservant de montrer bientôt combien elle est contraire à cet esprit d'équité qui a inspiré au gouvernement la pensée de relier entreux le plus grand nombre des départements du centre. Avant d'aborder la question à ce point de vue, précisons-la , en ce qui concerne la direction du chemin de fer entre les deux points déterminés par le décret impérial du 21 avril 1855, c’est-à-. dire, entre Saint-Etienne et le chemin de fer de Clermont à Montauban. Le choix du tracé pour cette section a motivé trois études comparatives qui, d’après les ordres 244 CHEMIN DE EER du Gouvernement , sont sur le point d’être ter- minées. Les lignes qu’elles comportent se dirigent, soit par Lempdes et la ville du Puy, soit par les versants sud et nord des montagnes de la Chaise- Dieu. L'étude d’un quatrième tracé , proposée par le Conseil « général du Puy-de-Dôme n’a pas encore été entreprise, mais elle serait, dit-on, autorisée. Celle-ci rattacherait Clermont à Saint- Etienne par Thiers et Montbrison. La commission du Puy-de-Dôme insiste , dans son rapport, sur les avantages que le commerce de Clermont , de Thiers, etc., retirerait d’un che- min de fer placé dans cette derniére direction, et elle prie le Conseil d'appuyer ce tracé de préférence à tout autre « qui doit relier Clermont à Lyon. » Il est loin de notre pensée de vouloir incrimi- ner en rien les intentions de cette commission. Cependant, nous sommes bien forcés de le dire, cette partie de son rapport semble trahir une prétention qu'il importe de signaler : c’est que tous les chemins de fer arrivant en Auvergne sont motivés surtout par l'intérêt immédiat de la ville de Clermont et doivent lui être subordonnés. On sait les oppositions que suscita parmi les ha- bitants de Clermont la continuation du chemin du centre vers Montauban. Sans doute il eut pu être préférable pour cette ville de former une tête de ligne au cœur des régions centrales de la France. Mais quelle que soit son importance, on aurait eu GRAND-CENTRAL. 245 le droit de s'étonner qu’elle eut pu absorber les préoccupations du Gouvernement , au point que les intérêts de plusieurs autres départements lui fussent sacrifiés. Hâtons-nous d'ajouter que nos voisins du Puy- de-Dôme n’ont pas tardé à reconnaitre l’inutilité de semblables exigences. Dans un rapport aussi remarquable par la force de l’argumentation que par son élégante diction , M. Martha-Beker dé- montrait, en 1852, au sein du Conseil général de ce département, que la continuation de la ligne du centre vers les départements méridio- naux « réservait au Puy-de-Dôme une préémi- » nence commerciale, un courant d'hommes et » de marchandises qui, sans cela, [ui échappe- » raient infailliblement. » Après les raisons si judicieuses de cc rapport, qui trouvent aussi leur application dans le pro- longement du réseau central vers une vaste région dont la ville du Puy est Pun des points les plus importants, pourquoi faut-il que nous ayons à refuter le même système d'opposition ? Le Conseil général du Puy-de-Dôme en approu- vant les conclusions du rapport, semble vouloir opter pour le tracé « qui reliera le mieux Cler- » mont à Lyon. » Mais il ne s’agit pas ici d’un étroit intérêt de ville. On doit bien plutôt se préoccuper de la ligne la plus directe de Bor- deaux à Lyon, de celle qui relie le mieux les TOME XVII. 16 246 CHEMIN DE FER départements nombreux qu’elle est appelée à des- servir, de celle qui, en n’envisageant même que l'intérêt du Puy-de-Dôme « lui réserve un grand » courant d'hommes et de marchandises. » Le Gouvernement , d’ailleurs , n’a-til pas à donner satisfaction à toute une contrée « trop » longtemps laissée dans l'oubli, malgré les charges » qu'elle supporte et ses richesses agricoles in- » dustrielles et minérales que la difficulté des » communications a seule empêché, jusqu’à ce » jour , de mettre en valeur? » et n'est-ce pas ainsi que M. le Ministre des travaux publics au- rait compris cette pensée de justice distributive si bien exprimée dans l’exposé des motifs du projet de décret ? N'est-ce pas ainsi que l’avait comprise également le Conseil municipal de Clermont, lorsqu’en 1842 un écrivain distingué de l’Auvergne, M.Smith, sollicitait, en son nom, l'intérêt du gouvernement en faveur du « massif des départements du Puy-de-Dôme, du Cantal, de la Corrèze, de la Haute-Loire, de la Lozère et de l'Ardèche », en ajoutant, d’après un économiste éminent [M. Michel Chevalier], que « les chemins de fer seront peut-être pour la ré- gion montagneuse qui sépare le Rhône de la Loire supérieure et du bassin de la Gironde, ce qu'ils ont été pour les vallées des Alleghanis en Amé- rique? » Concluons done, avec le Conseil municipal de Clermont, que « il reste à désirer pour le centre GRAND CENTRAL. 247 une combinaison juste, conforme à une égale ré- partition des bienfaits de l'Etat et d’une saine éco- nomie politique » !. Le Conseil général du Puy-de-Dôme demandait, én 1851, « un embranchement entre Clermont » et Lyon par Saint-Germain-les-Fossés. » Ce département semblait être complètement satisfait de l'obtention de cette ligne, puisque le Conseil général , en 1852, votait des remerciments au Gouvernement , aux ingénieurs et à MM. de Morny , Rouher et Châtelus, pour cet insigne bienfait ; et cependant, en 1855 , le Puy-de-Dôme sollicite une nouvelle ligne, un autre tracé pa- rallèle, situé à peu de distance du premier, toujours « pour relier Clermont à Lyon. » Les relations de commerce entre ees deux villes sont donc bien considérables, pour qu'il faille morceler ainsi sur deux lignes , peut-être sur trois [car nous démontrerons qu’une troisième ligne serait inévitable], le mouvement des voyageurs et du roulage P Au rapport de M. Martha-Beker , le transport des marchandises « entre Paris et » Clermont d’une part, entre Clermont et Lyon » de Pautre, » n’est pas cependant hors de toute ? Observations présentées au nom du Conseil municipal de Cler! mont-Ferrand, en faveur du chemin de fer du centre de Paris à Clermont, rédigées par M. Smith, membre adjoint et rapporteur de la commission municipale des chemins de fer de Clermont-Ferrand ; 1842; brochure in-8°, pagos 55 et G 248 CHEMIN DE FER proportion, puisqu'il se borne à cent mille tonnes, et cela d’après des données qui ont été fournies par une commission d'enquête réunie à Clermont en 1851. Que ce mouvement soit réparti entre deux lignes rivales et fort rapprochées l’une de l’autre, et l’on pourra évaluer la faible part qui revien- dra à chacune d'elles et les modiques bénéfices qu’elle donnera à la Compagnie. Combien seront encore plus amoindris les pro- duits de cette section du grand-central, si elle est adoptée par Thiers, le jour où le gouver- nement de l'Empereur , réalisant une de ses plus hautes conceptions , dotera de voies de fer tous les chefs-lieux de départements? Si l’on admet, en effet, comme il faut le supposer , que la ville du Puy sera appelée alors à profiter de cet inap- préciable bienfait , quelle nouvelle et redoutable concurrence pour la compagnie dans eette troi- sième ligne parallèle aux deux premières et qui, par sa situation si favorable entre Lempdes et Saint-Etienne , absorbera , sans aucun doute , la plus grande part de la circulation générale dans cette région de la France. À un autre point de vue , il suffit de jeter les yeux sur une carte pour juger que Ja ligne ainsi prolongée de Lempdes jusques à Clermont, et de cette ville à Thiers jusques à Montbrison et de là à Saint-Etienne offrirait un parcours beaucoup GRAND-CENTRAL. 249 plus long que de Lempdes à Saint-Etienne par le Puy; d’où résultérait un sureroit de dépenses , soit pour Pétablissement de la voie ferrée, soit pour l'entretien de cette route et le transport des marchandises et des voyageurs. Dans la prévision bien fondée , à notre avis, que la ligne de Thiers ne recevrait pas l’appro- bation du Gouvernement , le même rapport, lu au Conseil général du Puy-de-Dôme en 1853, s'attache à faire valoir les avantages du tracé qui suivrait le versant nord des montagnes de la Chaise-Dieu , toujours « afin de mettre Clermont » en relation , le plus directement possible, avec » Lyon et Bordeaux. » Ici encore se révèle la même préoccupation d'intérêt urbain qui , subordonnant l'intérêt prin- cipal, celui d’une communication normale et facile entre Bordeaux, Lyon et toutes les villes in- termédiaires , n’admettrait l'utilité de la grande ligne centrale qu’autant qu’elle se rapprocherait de la ville de Clermont. Il est à propos d’observer , à cette occasion, combien l’auteur du rapport applanit les difficultés qu'on trouverait dans cette direction et atténue ainsi les dépenses qui, d’après la configuration topographique de ce pays , seraient probablement supérieures à celles du tracé par le Puy? avec quelle facilité il eonelut que cette ligne serait « dans 250 CHEMIN DE EER » des conditions ordinaires P » Nous n’entrepren drons pas, dans ces rapides observations , d’ana- lyser tous les éléments de ce tracé. C’est une question d'art que MM. les ingénieurs résoudront beaucoup mieux que nous le ferions nous-même. Il suffira provisoirement de signaler quelques-uns des inconvénients que cette ligne nous à paru présenter : Son trajet s’effectuerait à travers un pays où il ne rencontrerait pas de centres de po- pulation et d’affaires aussi importants que dans la direction du Puy; par les détours qu’il nécessi- terait pour franchir une contrée plus ou moins mon- tueuse et par la direction qu’on semble vouloir adop- ter , son parcours serait probablement aussi long que par notre vallée ; loin de desservir la grande région à laquelle appartient le département de la Haute- Loire , il l’appauvrirait en appelant hors de sa sphère d’activité le mouvement industriel et la viz commerciale ; il aurait à subir, dans un avenir plus ou moins rapproché, la concurrence de la ligne parallèle qui devra conduire un jour au chef-lieu de ce département; enfin il se combinerait mal avec les grandes lignes si essentiellement gouvernementales et stratégiques qui relieront un jour Paris à Marseille par le chemin d’Alais. Si l’on adoptait au contraire le tracé suivant la direc- üon du Puy, on pourrait espérer que ces importants projets se réaliseraient dans un avenir prochain. GRAND-CENTRAL. 251 On sait en effet qu’une très-grande partie de l'une de ces lignes, celle de Paris à Lempdes, sera livrée à la cireulation vers la fin de l'année 1854. La section de Lempdes au Puy s’effectuerait bientôt, et il ne resterait plus qu’à exécuter un tronçon entre cette ville et Alais, d’où part un chemin de fer se dirigeant jusqu'à Marseille ei Toulon. Deux autres de ces grandes voies, qui offrent ainsi un double accès vers Ja capitale , soit par Andrezieux et Roanne, soit par Lyon, étant décrétées jusqu’à Saint-Etienne, se complèteraient aussi très- prochainement par l'exécution du tronçon de Saint- Etienne au Puy, le seul, avec celui d’Alais, qu’il resterait à décider pour que, dans cette double direction, la voie tout entière püt être ouverte de Paris à Toulon. Plusieurs départements du Midi, le Gard, l'Hé- rault, les Pyrénées-Orientales, etc., qui sont déjà reliés entr’eux par des chemins de fer, profiteraient aussi de la ligne d’Alais comme de la voie la plus directe pour la capitale, le nord et l’est de la France. On peut évaluer, dès lors, « quel grand courant d'hommes et de marchandises réserverait au dé- partement du Puy-de-Dôme, » et en particulier à la ville de Clermont, à celui de la Loire, et sur- tout aux villes de Saint-Etienne , d’Andrézieux, Roanne et à celle de Lyon , quels bénéfi- ces, quels avantages considérables procureraient au gouvernement et à la Compagnie du Grand- 252 CHEMIN DE FER Central ces magnifiques voies qui, traversant la France dans une si grande étendue, desserviraient depuis Lempdes jusqu’à Nimes et du Rhône au chemin de Montauban , tout un immense polygone complète- ment déshérité et établiraient les communications les plus directes entre le nord de la France et Marseille, Toulon et l’Algérie d’une part, et de l'autre entre le nord, l’est et le centre, et Nimes, Mont- pellier, Gette, Narbonne, Perpignan et l'Espagne ‘. Le projet de Lempdes à Saint-Etienne, en sui- vant le versant méridional des montagnes de La Chaise-Dieu , sur lequel la commission du Puy-de- Dôme n’a pas cru devoir se prononcer, parait offrir, eomme par le versant nord de ces monta- gnes, de graves inconvénients. Ce tracé traverse des contrées montueuses, désolées , froides et peu popu- leuses; en un mot il ne présente, à aucun degré, ce caractère d'utilité publique qui ressort à un si haut point dans le projet de Lempdes à St-Etienne par le Puy. 2 L'obtention d'un chemin de fer du Puy à Alais est vivement solli- citée par le Conseil général de l’Ardéche, qui a mis à la disposition de MM. les Ingénieurs un créditspécial pour une étude decetteligne. D’après unaperçu du tracé que l’on pourrait adopter dans cette direction, et qu’a bien voulu nous adresser M, Combier, ingénieur distingué à Aubenas, cette ligne, qui relierait le gite houiller de Prades et les gisements mélallifères de Privas dans l’Ardéche, les magnifiques houillères et le bassin métallurgique de La Bessège, près Alais, Pun des plus riches de France, pourrait étre exécutée avec de grandes facilités dans la Haute-Loire, dans l’Ardeche et le Gard. GRAND-CENTRAL. 255 Après avoir ainsi proposé une ligne par Thiers, qui fait double emploi avec l’embranchement de Saint-Germain-les-Fossés; après avoir recommandé un autre tracé défectueux sous bien des rapports, et qui n'offre pas d'avantages réels. sur celui de la Haute-Loire par la ville du Puy, la commission du Puy-de-Dôme repousse cette dernière ligne sans aucune raison véritablement fondée. Les objections qu’elle fait valoir sont les suivañtes : » » 1° Le tracé par le Puy offrirait « des difficultés énormes à surmonter soit entre Lempdes et le Puy, soit dans la vallée tortueuse de la Loire. 2° « Le transit qui se fait entre Lyon et Saint- Etienne par la partie méridionale du Puy-de- Dôme , et dont Issoire et-Ambert sont les centres, serait complètement annulé, et il devrait prendre une autre direction, car il est impossible qu'il soit attiré vers le Puy, à cause du peu de rela- tions d'échange qui existe entre la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme. » De plus, il n’y a pas lieu de comparer lim- portance du transit de ces deux départements, attendu que le commerce du Puy consiste prin- cipalement en dentelles, et que toutes les matières premières en houilles, vins et blés, dont il pour- rait s’approvisionner, viennent de Lyon par Saint- Etienne, et du Midi par Alais. » Le rapport conclut, en conséquence, que c’est 254 CHEMIN DE FER « par un embranchement direct avec l'un de ces » points, que le département de la Haute-Loire » doit chercher à se relier. » Les arguments qui précèdent prouvent que leur auteur ne connait ni l’orographie de notre pays, ni la nature de ses productions, ni ses relations industrielles avec les contrées voisines, et en par- ticulier avec le Puy-de-Dôme. En ce qui concerne les difficultés à surmonter dans la traversée de la Haute-Loire, c’est’ encore une question d'art qu'il ne nous appartient pas d'examiner, et que MM. les Ingénieurs des Ponts- et-Chaussées seront appelés à résoudre; toutefois, si nous sommes bien informés, il parait que les études ont donné les résultats les plus satisfaisants. À cet égard, nous nous en rapporterons très-volon- tiers à la décision du conseil général des Ponts-et- Chaussées, qui aura à juger les différents tracés, et en particulier à l'appréciation de son rapporteur si distingué, qui a visité toutes les contrées par- courues par les lignes rivales. Quant au transit qui se fait avec Lyon et Saint- Etienne par la partie méridionale du Puy-de-Dôme, que nos voisins de ce département se rassurent : Il ne sera point annulé, car il existe déjà sur une vaste échelle entre le Puy-de-Dôme et Saint-Etienne par la Haute-Loire. L'établissement d’une voie ferrée lui imprimera , en outre, un nouveau développement. GRAND-CENTRAL. 255 N'est-ce pas, en effet, ce que faisait pressentir, en 1852, M. Martha Beker, dans son remarquable rap- port, lorsqu'il disait : « Le prolongement du chemin » de fer donnera des facilités nouvelles aux blés » et aux vins d'Auvergne pour pénétrer dans; lin- » térieur du plateau central, il agrandira le champ » d'exportation de la Limagne, il favorisera le com- » merce et le transit des toiles et des cuirs, qui » occupent une si grande place dans la balance » des affaires de Clermont. » Ces considérations, si parfaitement vraies, ne s’appliquent-elles pas aussi bien à cette ‘grande zône de la France centrale qui renferme tout le département de la Haute-Loire, celui de lPArdèche, jusqu’au Gard, et la majeure partie de la Lozère, qu’au département du Cantal? « Il n'existe, dit-on, que peu de relations d’é- » change entre le Puy-de-Dôme et la Haute-Loire. » Cette opinion n’est pas celle que manifestait le Conseil mnnicipal de Clermont en 1842, lorsque M. Smith écrivait, en son nom, que dans cette ville « se croisent et se débattent les affaires et les transactions de ce groupe immense de montagnes qui s'élèvent au milieu de la France, en se mou- vant dans la même sphère d'intérêts. Là se donnent rendez-vous six départements au moins f{environ- nants....qui demandent pour notre contrée des débou- chés, des communications promptes et faciles...» Ces départements que, d’après le même auteur, «il faut, 256 CHEMIN DE EER le plus possible, mettre en relation directe avec Paris , et en relation directe les uns avec les œutres », sont « le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, le Cantal, la Corrèze, l'Aveyron et la Lozère 1. » À cette réponse péremptoire, ajoutons qu’il existe un grand tonnage entre Lempdes et Ie Puy , qui s’ac- croitra par une très-grande partie de celui indiqué entre Clermont et Lyon; car il prendra évidemment la direction du Puy, à la différence du tonnage de Ja Haute-Loire à destination de Saint-Etienne et de Lyon, qui, dans aucun cas, ne pourrait être attiré vers le Puy-de-Dôme et vers l’une des lignes pré- conisées par nos adversaires. Ce tonnage de Lempdes au Puy comprend : 4° les chargements considérables de grains et surtout de farines dont les marchés d'Auvergne approvisionnent ceux du Puy, d’où on les expédie dans l’Ardèche, dans la Lozère , à Saint-Etienne, ete.; 2° les légumes secs [haricots blancs, jarousses, ete.], qu’on dirige de Clermont au Puy, et de là jusques à Marseille; 3° les vins d'Auvergne, dont ïl se fait une grande consommation dans la Haute-Loire; 4° les charbons de terre de Langeac, gisement peu ex- ploré jusqu’à ce jour, mais qui est appelé à acquérir ! Observalions présentées au nom du Conseil municipal de Cler- mont-Ferrand, en faveur du chemin de fer du centre de Paris à Clermont, rédigées par M. Smith, etc., pages 7, 8, 40 et 54. GRAND-CENTRAL. 957 une certaine importance par des exploitations mieux entendues; 5° des quantités très-notables de fruits de tous genres qui nous viennent de diffé- rentes localités; 6° les toiles du Puy-de-Dôme, pour lesquelles le commerce du Puy est tributaire de celui de Clermont, et qu'il fournit lui-même à presque toutes les localités de la Haute-Loire et des dépar- tements voisins; 7° une foule d’autres articles, d’ébénisterie, clouterie, coutellerie, des vermi- celles, huiles de noix du Périgord, etc., qui nous viennent de la même ville; 8° une quantité de fromages du (Cantal, dont le Puy est devenu un entrepôt; 9° les denrées coloniales provenant de Bordeaux, produits divers de l’ouest, vins, ete., dirigés par Clermont pour le Puy et ailleurs; 10° les draperies de Toulouse, Castres, Mazamet, etc, ; 11° les produits manufacturés de tous les dépar- tements du Nord, tels qu’articles de rouennerie, draperie, d’Elbeuf, de Reims et Amiens, mercerie, etc., et surtout ceux de ;a capitale, qui, aprés avoir suivi la même direction, rayonnent autour du Puy vers tous les points de la grande zône dont cette ville est le centre commercial. Nous expédions en retour, dans la direction de l'Auvergne : 1° des productions coloniales qui sont envoyées de Marseille par le Puy, et en particulier les sels, savons, merluches, fruits secs, ete. ; 2° des huiles du Midi, desalcools et vins du Languedoc; 5° des fers et armes de Saint-Etienne: 4° les marchandises 258 == CHEMIN DE FER de la Lozère, serges, draps dits escots, ete. ; 5° une partie de nos cuirs en poils, qui contribuent à alimenter les tanneries et le mouvement commer- cial de Clermont; 6° nos plàtres, que viennent chercher les voituriers de Brioude; 7° les trois quarts de l’une des plus importantes productions industrielles de notre pays, les dentelles, qui s’ex- pédient en telle quantité vers l'Ouest et ie Nord de la France, que les diligences ne suffisent pas à en effectuer le transport, et que souvent on est forcé d’avoir recours au roulage. On sait aussi que nos dentelles s’exportent dans le monde entier, et surtout en Angleterre, en Amérique, en Espagne, en Sardaigne, etc. Outre les diligences, un grand nombre de négociants dits voyageurs en maringolle, en emportent sur tous les points de la France. Il est difficile de calculer la quantité de matières premières, fil, coton, laine, soie, cartonnage, papier, etc., qu'emploie cette fabrication, et qui sont l’objet d’un transport fréquent et régulier. On jugera de l’étendue de la région dentelière dont la ville du Puy est le centre unique, par le nombre de soixante mille ouvrières au moins employées à cette manufacture. Les envois très-répétés de ce genre de marchan- dises produiront d'autant plus à la Compagnie du chemin de fer, qu'ils s'effectuent généralement par petits colis très-souvent inférieurs aux tarifs déter- minés dans le décret impérial, et dont les poids GRAND-CENTRAL. 9259 compteront néanmoins comme s'ils égalaient ceux portés dans le décret. A ces éléments de transit, qui constituent le tonnage de Lémpdes au Puy, nous devons en ajouter un autre dont il faut tenir compte dans l’ef- fectif des transports des chemins de fer : nous voulons parler du commerce des bestiaux, qui, en élevant beaucoup le chiffre de ce tonnage, établit ainsi d’une manière péremptoire combien sont puissantes et actives les relations entre l’Auvergne et le Velay. Un grand nombre de marchands de la Haute-Loire fréquentent habituellement les foires de la partie méridionale du Puy-de-Dôme et de presque tout le Cantal, et amènent dans notre département des bœufs et des moutons, qu’ils vendent avantageu- sement sur tous nos marchés. Les bestiaux de la Haute-Auvergne, qui s’exportent à Saint-Etienne et jusques à Lyon, suivent surtout la direction du Puy. C’est aussi de la région de la Haute-Loire la plus voisine de l'Auvergne, et qui anciennement appartenait à cette province, qu’on amène au Puy un nombre assez considérable de jeunes pores destinés à l’engrais. Il en vient aussi du département de l'Allier, qui sont connus sous le nom de pores de gland. Les chevaux sont encore l’objet d’un transit assez considérable par Clermont et le Puy, en grande partie pour le Midi. Enfin, les jeunes mulets que les marchands du 260 CHEMIN DE FER Poitou aménent en bandes très-nombreuses, et qui sont ensuite élevés dans les pacages de nos mon- tagnes, d’où on les expédie plus tard dans le Midi et en Espagne, peuvent être comptés comme un genre d'industrie et un élément de transit impor- tants dans la Haute-Loire. Lorsque le chemin de fer Grand-Central sera terminé jusqu'à Toulouse, ces mulets pourront être ramenés par la même voie qui les aura conduits dans notre pays, c’est-à-dire par Lempdes pour le Midi et l'Espagne. Notre région en produit aussi beaucoup qui sont en- voyés également dans le Midi. Nous croyons avoir démontré surabondamment que nous avons le plus grand intérêt à conserver avec nos voisins de l'Auvergne les bonnes et fruc- tueuses relations de commerce qui contribuent si puissamment à la prospérité des deux pays. Nous avons fait voir combien sont erronées les assertions de nos adversaires en ce qui concerne ces rela- tions; combien il était peu vraisemblable surtout d'affirmer que toutes les matières premières en vins, blés, dont nous pouvons nous approvisionner , viennent de Lyon par Saint-Etienne, et du Midi par Alais. Les données qui précèdent établissent, en effet, qu'une partie des vins consommés dans la Haute- Loire nous est apportée de l'Auvergne et que nous en recevons aussi des blés et farines. On va voir aussi que loin de venir de Saint-Etienne et d’Alais, nos GRAND-CENTRAL. 261 blés sont expédiés au contraire, en quantités plus ou moins considérables, dans ces deux directions. Afin de nous conformer à l’ordre logique des faits qui intéressent la question, présentons maintenant le résumé des industries diverses qui fournissent des transports de marchandises à la seconde moitié de la ligne, c’est-à-dire à celle comprise entre le Puy et Saint-Etienne. À cet égard, la commission du Conseil général du Puy-de-Dôme convient que le commerce aurait intérêt à l'établissement d’un chemin de fer entre Saint-Etienne et le Puy. C’est un fait tellement notoire, qu'il semblerait inutile d’en donner les raisons. Elles sont en effet nombreuses et d’une grande portée : 1° La proximité des bassins houillers de Saint- Etienne et de Firminy, permet d’approvisionner une très-grande partie de la Haute-Loire en charbons de terre. La consommation de ce combustible s’est accrue depuis quelques années dans une proportion considérable; 2° nous recevons par la même voie des fontes et fers, tous les articles de verrerie, de bouteillerie , de quincaillerie , de papèterie, et les autres produits manufacturés deSt-Etienneet des villes voisines, soit pour la consommation départementale , soit pour celle des localités environnantes; 5° c’est par la même direction que nous arrivent en assez grande quantité les articles manufacturés de Lyon, ceux de TOME XVII. 11 262 CHEMIN DE FER l'Est, les draperies de Vienne, et les vins du Lyonnais, du Beaujolais , de la Bourgogne et du Rhône. Nous expédions en retour : 1° Des blés et farines d'Auvergne, et une grande partie de l’excédant considérable de la production départementale : à cette occasion, on peut signaler la qualité supérieure des farines de la Haute-Loire ; 2° des orges dits perlés, dont Saint-Etienne et Lyon font une grande consommation; 5° des légumes secs : citons principalement les lentilles et les pois, dont l’excellente qualité est bien connue, et qui sont l’objet d’une exportation considérable; 4° des bois de construction, des bois pour la navigation et des buttes pour les carrières et mines : à ce point de vue, les richesses forestières doivent être signalées comme un grand élément d'exportation, puisque la région dont la ville du Puy est le point central, embrasse une vaste étendue limitée par les montagnes de la Margeride, celles de la haute Ardèche, et vers le Nord les montagnes de La Chaise-Dieu; 5° les produits maraichers qui, malgré leur bas prix et le mauvais état de la route actuelle, sont transportés en certaine quantité à Saint-Etienne, où leur bonne qualité est fort appréciée; 6° des dentelles pour Lyon et toutes les contrées de l'Est ; 7° beaucoup de cuirs et peaux non travaillées, qui s’expédient à Lyon et jusques à Châlons; 8° des meubles ou articles d’ébénisterie; 9° de la bière, dont il s’expédie beaucoup dans l'arrondissement GRAND-CENTRAL. 9265 d'Yssingeaux comme dans celui de Brioude, et dont la consommation tend à s’accroitre ; 10° une quantité de chaux et de plâtre que les environs du Puy fournissent abondamment pour toutes les di- rections, et surtout pour l'arrondissement d'Yssin- geaux; 11° des marchandises de la Lozère, et en particulier des laines à destination de Lyon. Ajoutons le transport considérable des bestiaux, soit de l'Auvergne, soit de plusieurs localités de la Haute-Loire , dont les marchés alimentent en bœufs ceux de Saint-Etienne. On y transporte également en très-grandé quantité des veaux et des moutons, que les bouchers de cette ville viennent acheter sur un certain nombre de marchés de la Haute-Loire. On y amène aussi des pores. Nous insisterons à cette occasion sur la pro- duction bovine. Notre département est un de ceux de la région centrale qui fournit le plus d'élèves de ce genre de bestiaux. On évalue à plus de cent dix mille le nombre de bêtes à cornes de ce département. La race qui le fournit est surtout celle du Mezenc. Elle à pris rang depuis quelques années parmi les plus importantes sous divers rap- ports. Il s’en fait un commerce considérable pour les départements voisins. En ajoutant au chiffre de cent dix mille donné par la statistique !, celui des 1 Statistique de la France, publiée par le Ministre de lagri- culture et du commerce; 4840. — Agriculture, p. 499 et 500. Nous n'indiquons ces données numériques, d’après cet ouvrage , 264 CHEMIN DE FER bêtes à cornes de la haute Ardèche, d’une partie de la Lozère, des Maillargues ou Salers du Cantal et de la partie méridionale du Puy-de-Dôme, appar- tenant toutes au rayon desservi par le chemin de fer du Puy, on arrive à un nombre de plus de trois cent mille pour la population totale de ce genre de bestiaux dans toute la région. Le chiffre des moutons, calculé d’après des don- nées analogues, serait de huit cent cinquante à neuf cent mille pour Ia même contrée. Nous venons d’énumérer les données nombreuses qui établissent l'importance du mouvement com- mercial dans notre département en importations, exportations et transits. L'état actuel de ses pro- ductions manufacturières et agricoles démontre également combien ce pays offre de sources de prospérité. Nous en trouvons une preuve dans la population spécifique du département de la Haute- Loire. D’après les principes posés dans un excellent Mémoire sur « la distribution de la population en France, » travail publié par M. Mathieu, dans « l'Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1852 », l’auteur démontre qu’en France « chaque localité a un nombre d'habitants proportionné à ses pro- duits, » et que par conséquent « une nombreuse que sous toutes réserves. Elles nous ont paru inférieures aux chiffres réels, an moins en ce qui concerne la Haute-Loire. GRAND-CENTRAL, 265 population est l'indication d’une production abon- dante. » L'unité de surface territoriale étant un kilomètre carré, nous remarquons que dans la Haute-Loire la population par kilomètre carré ou population spécifique , se trouve de 61 habitants ge Elle serait à peu près égale à celle de la Gironde et de l'Hérault, et plus dense que celle de trente- neuf départements, parmi lesquels on compte ceux d’Indre-et-Loire, du Loiret, de la Nièvre, de la Côte-d'Or, de l'Allier, etc., ete. En présence de ces faits, si l’on considère les résultats obtenus dans un pays où l’état des routes actuelles est si défectueux, comment ne serait-on pas porté à supposer que l'horizon commercial de notre pays, que ses productions agricoles et ma- nufacturières, que le courant des marchandises et des voyageurs s’accroitront dans des proportions grandioses , le jour où nos contrées si déshéritées jusqu'alors seront dotées d’une voie de fer? . Ce jour-là s’ouvrira une ère nouvelle pour Pacti- vité départementale et pour ces populations intel- ligentes et nombreuses de la Haute-Loire et des départements limitrophes qui appuient nos efforts de leurs ardentes sympathies. Il est permis, en effet, de prévoir les résultats très-avantageux au double point de vue des progrès agricoles et industriels, que produira un chemin de fer traversant le département de la Haute-Loire 266 CHEMIN DE FER dans son plus grand développement, desservant le chef-lieu et les trois arrondissements dans toute leur longueur , dans leurs régions les plus riches et les plus peuplées, et au milieu de l’une de nos plus belles vallées, celle de la Loire. L’écoulement facile et prompt des produits agri- coles et surtout des récoltes de plantes industrielles par cette grande artère centrale, apportera d'in- calculables améliorations dans l’économie rurale, et en particulier dans le régime des assolements de cette vaste région. Aux jachères improductives, et qui occupent encore une trop grande étendue, succéderont les cultures fourragères amenées inévi- tablement par la vente régulière et certaine des bestiaux. On sait en effet combien l'élève et len- grais des bœufs est souvent précaire, combien, dans l’état actuel des choses, il est difficile de trouver dans la vente du bétail, un prix justement rémunérateur. Et cependant, malgré ces obstacles, Ja Haute-Loire est, comme nous l'avons dit pré- cédemment, un des départements du centre qui nourrit des quantités considérables de bétail. Com- bien ne seraient-elles pas augmentées par la pro- gression croissante des cultures fourragères et par l'écoulement rapide de cette masse encombrante de productions agricoles? Les plantes industrielles prendront aussi une nouvelle et très-grande extension. C’est ainsi qu’une Compagnie, fondant de justes espérances sur léven- GRAND-CENTRAL. 267 tualité très-probable du chemin de fer de Lempdes au Puy, se prépare déjà, dit-on, à créer des sé- cheries appropriées à des sucreries de betteraves, dans le voisinage de cette ligne ferrée. La richesse et la profondeur de notre sol, fréquemment marno- volcanique, démontrent surabondamment l’abon- dance et l'excellente qualité des produits en bette- raves qu’on obtiendrait dans notre pays, et le nouvel et riche élément de prospérité que cette culture apporterait dans nos contrées. à Ces variétés de récoltes industrielles, en intro- duisant dans lalternance des cultures des plantes peu épuisantes, produiront aussi un plus grand développement des récoltes légumières. Presque partout aux environs du Puy, la plupart de nos terres, si merveilleusement propres aux cul tures maraichères, seront appelées à fournir en grande quantité des ressources précieuses pour l'alimentation de Saint-Etienne et des villes voi- sines. Les prairies, dont les foins se vendent diffi- cilement sur nos marchés, prendront une plus grande valeur. Le déboisement de nos forêts ne suivra plus une marche si rapide, lorsque le propriétaire sera certain qu'en les repeuplant il pourra compter sur un revenu régulier et pério- dique. On sera amené ainsi à boiser cette grande étendue de terrains communaux et presque entiè- rement improductive, que lun des membres de notre Société, M. Dumontat, dans un rapport lu à 268 CHEMIN DE FER l'une de vos séances, évaluait à près de trente cinq mille hectares, tandis que les richesses houil- lères de Saint-Etienne, de Firminy, de Langeac, de Brassac et d'Alais, fourniront de précieuses res- sources en combustibles à certaines parties de la région où, d’après un rapport de notre honorable président, M. de Brive, « d'anciennes et magni- fiques agglomérations d’arbres ont fait place à de maigres paturages, contraignant les habitants de ces pays désolés à alimenter leurs foyers, faute de bois, avec des gazons qu'ils font dessécher dans l'été.» D'un autre côté, quelles immenses ressources en blés, bestiaux, légumes secs et frais, fruits de tous genres, denrées laitières de toutes sortes, tels que beurres, fromages, qui forment un des grands produits de nos campagnes, volailles, poissons, que fournissent en si grande abondance les nom- breux cours d’eau de la Haute-Loire, fourrages , bois de construction, de navigation et de buttages, quelles ressources ces accroissements divers de Îa richesse agricole offriront aux villes du Midi et à celle de Saint-Etienne, dont les développements si extraordinaires réclament un accroissement rapide et parallèle des moyens d'alimentation et de bien- être! On peut être certain que déjà la production agricole de notre pays suflira pour fournir abon- damment aux besoins actuels de eette importante cité, et que la voie ferrée, nous en rapprochant et nous placant en quelque sorte à ses portes, GRAND-CENTRAL. 269 multipliera immédiatement pour cette ville les tran- sports ruraux de toute nature que nous avons énu- mérés. L’exportation des légumes secs, sujets, comme nous lavons dit, à des expéditions très- importantes, S’effectuera aussi par la section du Puy à Lempdes, soit pour le Midi, soit pour les approvisionnements maritimes de Bordeaux. La progression sera, sans nul doute, aussi frap- pante sous le rapport des produits industriels. Un fait capital à citer en première ligne, c’est le nom- bre des cours d’eau de la Haute-Loire qui pour- raient fournir des forces si considérables à lin- dustrie manufacturière. Dans un Mémoire sur les intérêts du centre de la France, publié en 1842, M. Lamothe, ancien membre du Conseil général de la Haute-Loire, signalait à ce sujet « lAllier, qui, avec un pendage de 2 à 4 millim. par mètre, parcourt 105,663 mètres ou:26 lieues environ, depuis sa source jusqu’à l’endroit où elle sort du département, et le fleuve de la Loire, qui, avec la même pente, offre un parcours de 158 kilomètres. » Ces deux principales rivières du département, outre qu’elles ont un volume d’eau considérable, sont fréquemment encaissées, et leurs eaux peuvent être facilement relevées par des barrages, sans qu’on ait à redouter l’inondation des terres riveraines. En tenant compte des affluents si nombreux de ces deux grandes rivières, des chutes si multipliées qu’elles fournissent aux usines actuelles ou de celles 270 CHEMIN DE FER qu'on pourrait utiliser dans les conditions les plus favorables, on est amené à des évaluations de forces hydrauliques très-puissantes et la plupart improductives, qu’un chemin de fer tendrait suc- cessivement à mettre en valeur !. Les eaux de la Haute-Loire sont d’ailleurs très- propices aux tanneries, teintureries, brasseries, papèteries, et à une foule d’autres applications indus- trielles. Les bras abondent, la main-d'œuvre est à bas prix : combien de raisons pour appeler les capitalistes , les fabricants de Saint-Etienne et d’au- tres villes manufacturières! Ne sommes-nous pas témoins des tentatives heureuses de l’industrie sté- phanoise pour pénétrer dans les cantons de la Haute- Loire limitrophes de la Loire? Une grande partie de l'arrondissement d’Yssingeaux, les cantons de ? M. Lamothe avait même calculé, d’après les données qui lui avaient été fournies par M. Kleitz, ingénieur, et par M. Leclere, conducteur des Ponts-et-Chaussées, que la Loire, dans son parcours de la Haute-Loire, « pourrait procurer à l’industrie une force de vingt mille chevaux. » Evaluant celle de l’Allier, d’après d’autres renseignements techniques, il concluait que le département rece- lait autant de forces hydrauliques que celles dont toute l'Angleterre disposait en 1842, tant en forces de vapeurs qu’en forces d’eau. Si l’on admettait ces chiffres comme exacts, — ce qu’il ne nous a pas été possible de vérifier dans le peu de temps qui nous a été donné pour la rédaction de ce Mémoire, — et si on ajoutait à ces évaluations numériques celles des nombreux affluents de la Loire et de PAllier, on pourrait se faire une idée des richesses hydrauliques de notre département. GRAND-CENTRAL. Or Saint-Didier, de Monistrol, Montfaucon, etc., sont déjà en pleine possession de la fabrication ruba- nière. Cette importante industrie s’étendra dans un plus grand nombre de localités et jusques au Puy, où, grâces aux facilités de main-d'œuvre et de tran- sport, elle pourra lutter avec avantages contre la concurrence redoutable de la Suisse, qui menace de ruine la rubanerie francaise. D’autres manufac- tures créées dans la même région du département et par les mêmes causes, prospèrent et tendent aussi à se multiplier. Que Ja ville du Puy se rap- proche de Saint-Etienne par l'établissement d’un rail-way, qu’elle devienne un faubourg ou en quelque sorte la banlieue de cette cité, et une foule d’indus- tries ne tarderont pas à s’y introduire *. ? Cest aussi l'opinion unanimement émise par les différents corps industriels, agricoles, ete., de Saint-Etienne, Saint-Chamond, ete., dans les délibérations parfaitement motivées qu'ils ont envoyées à cette occasion à M. le Ministre des travaux publics, Nous trouvons les mêmes vues aussi chaleureusement exprimées dans l'extrait sui- vant d’un excellent article du « Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire » , qui se publie à Saint-Etienne : «_.…..Ces deux départements [la Loireetla Haute-Loire] sont unis par » mille liens et par mille intéréts. La ville de St-Etienne, notamment, » ne doit-elle pas le quart de sa population à la Haute-Loire? Nos » industries, enfin, ne rayonnent-elles pas dans la Haute-Loire, ct » n’oceupent-elles pas une partie de ses populations? Depuis longus » années il y à des villages entiers de ce département qui ne » travaillent que pour Saint-Etienne, n’ont d'échanges commerciaux 279 CHEMIN DE FER L'exploitation des richesses minérales de ce dé- partement, les gites houillers de Langeac et de Brassac, les mines d’antimoine, de plomb, de fer, de baryte, etc., si imparfaitement explorées jusqu’à ce jour, offriront aussi une source très-féconde de richesses et de travail, un grand mouvement de circulation , le jour où des débouchés seront ouverts à leurs produits. Il en sera de même des tufs volcaniques, pierres volcaniques réfractaires, pouzolanes, dont les amas qu'avec Saint-Etienne, ne vivent et ne s’enrichissent que par Saint-Etienne. 11 suffit de citer Saint-Didier, Saint-Just-Malmont, Sainte-Sigolene, etc. » C’est le bassin houiller de Firminy qui fournit à la Haute- Loire toute la houille qu’elle consomme. En échange, c’est la Haute-Loire qui nous envoie ses bois de construction. » La Haute-Loire est aussi l’un des principaux marchés où nous nous approvisionnons en grains, en bestiaux, en produits ma- raichers. Chaque jour nous lie à elle par des rapports nouveaux et plus étroits. » Si, comme nous l’espérons, nous voyons le chemin de fer le Grand-Central aller de Saint-Etienne au Puy, une grande partie de la Haute-Loire deviendra la banlieue de Saint-Etienne, et le Puy lui-même ne sera pas autre chose qu’un grand marché ouvert pour notre alimentation. Grâce à Ja facilité des commu- | nications, nous verrons des métiers et des usines s'établir en abondance dans la Haute-Loire, attirés par le bon marché ex- trêème de la main-d'œuvre. Déjà, malgré les difficultés des voies de transport, de grands industriels de Saint-Etienne ont su pro- fiter de cet avantageet tirer parti aussi des nombreux cours d’eau que nos voisins possèdent. !l suffit de citer la fabrique de faulx GRAND-CENTRAL. 275 immenses sont disséminés sur un grand nombre de points de la Haute-Loire, et dont l'emploi dans les constructions est d’une application si utile; de même des excellentes chaux hydrauliques de nos environs, des plâtres, etc., etc. L'industrie des dentelles, déjà si prospère, ac- querra un nouveau développement, ou plutôt éprou- vera une sorte de révolution heureuse dans les ha- bitudes de la fabrique. On sait que la majorité des affaires se traite à Paris et habituellement par cor. » établie par MM. Jackson au Pont-Salomon , et la grande fabrique » de rubans de M. Colcombet à la Séauve, sur les bords de la » rivière la Semene. C'est ainsi qu’on arrivera à lutter victorieu- » sement contre les concurrences étrangères, et à ramener dans le » pays la fabrication de produits qui s’en étaient éloignés. » Les rapports des deux départements de la Loire et de la Haute- » Loire, déjà si nombreux aujourd'hui, ne peuvent que s’aug- » menter et s’étendre. Les populations se mélent chaque jour » davantage, les intérêts s’identifient et se confondent. IL n’est » peut-être pas une question un peu importante pour un départe- » ment qui n’intéresse l’autre dans le même sens... » Nous avons essayé d'établir aussi, dans le cours de ce Mémoire que notre département est uni par des liens très-multipliés avec celui du Puy-de-Dôme, et que ces deux pays ont l’un et l’autre le plus puissant intérêt à abréger promptement, par une voie ferrée, les distances qui les séparent. Nous pourrions eiter une foule de preuves de ces bons rapports que nous emprunterions aux principaux journaux de Clermont, lesquels sont heureux d’associer à leurs titres celui de « Journal de la Haute-Loire », et de donner une grande place dans leurs colonnes à tout ce qui intéresse notre pays. 274 CHEMIN DE FER respondance. Les envois de dentelles sont sujets à des retours plus ou moins fréquents : de là perte de temps, dépréciation de la marchandise. Le che- min de fer, en abrégeant les distances, appellera au Puy les marchands de Paris, de Lyon, et d'un grand nombre d’autres villes. Les facteurs de fa- brique ou contre-maitres, la plupart des leveuses ou courretières, et beaucoup d’ouvrières, circule- ront incessamment sur la voie ferrée, et augmen- teront le courant des voyageurs. Les transactions seront aussi plus faciles, plus économiques ; le goût se perfectionnera par des rapports plus fréquents avec la capitale; toutes circonstances qui donneront un nouvel et important essor à la productiou dentelière. Les importations s’accroitront dans un rapport direct avec la prospérité du pays. Les charbons de terre, les fers et fontes, tous les produits du dehors s’y transporteront en quantités de plus en plus con- sidérables. Il en sera de même des vins d'Auvergne, du Rhône, du Beaujolais et du Midi. Le transit, facilité par la rapidité des commu nications, participera de la même progression. Les céréales et légumes d'Auvergne, les bestiaux du même pays seront dirigés vers la ville du Puy avec d'autant plus de facilités que déjà ce genre de transit à lieu en grande partie sur pos routes actuelles. Le courant de la circulation , entrainé vers notre GRAND-CENTRAL. 975 pays par tant de circonstances favorables, se gros- sira d'année en année par l’affluence des voyageurs qu’appellera de toutes les routes impériales et dé- partementales parallèles, de toutes les voies actuelles de communication, la rapidité de ce nouveau genre de locomotion. Tous les transports de la région orientale de la France, et même ceux de PAlle- magne et de la Suisse, tous les échanges de Lyon et de Saint-Etienne avec Île littoral occidental, avec Bordeaux et toutes les villes intermédiaires qui sui- vent actuellement d’autres directions, soit par la route de terre vers Clermont, soit par toute autre voie, tous ces transports s’effectueront par le Grand-Central. Les populations de l'Ardèche, du Gard, de la Lozère et d’une très-grande partie du Midi, seront attirées par la proximité de cette grande et belle artère. Une diversité d’affaires commerciales sollicitera les uns, les entreprises de spéculations, l'exploitation des houillères, des minerais dans une contrée presque neuve sous ce rapport, y conduiront les autres. Le torrent s’accroitra par ces mille raisons qui font grossir progressivement sur tous les chemins de fer la foule des gens, nous pourrions dire des populations avides de voir, de spéculer, de courir le monde. Et quel pays plus propre que le nôtre à déve- lopper cet attrait irrésistible de curiosité? Dans quelle région de la France les voyageurs, les ar- tistes iront-ils chercher des sites plus pittoresques, 276 CHEMIN DE FER des horizons plus variés que dans les belles vallées de la Haute-Loire? Où trouver un sol qui füt plus profondément convulsionné par les phénomènes vol- caniques, et qui porte l’empreinte plus flagrante des révolutions terrestres? Et ces vestiges nombreux des temps celtiques et de la civilisation romaine, et cette voie antique de Lyon en Espagne qui, dix- huit siècles avant qu’on eùt conçu la pensée d’un chemin de fer suivant la même direction, traversait notre pays, et ces vieux manoirs du moyen-âge, encore assis, comme des nids d’aigles, sur des rocs à pics, ces églises romanes qu’on ne trouve dans aucun pays ni plus nombreuses, ni plus belles, et nos édifices gothiques, et le Musée du Puy, dont les richesses ar- tistiques et naturelles font l’honneur de notre ville, et que visitent une foule de touristes ét d’antiquaires venus de tousles points de l'Europe, malgré les diffi- cultés de nos routes actuelles; enfin, cette magnifique statue de la sainte Vierge, qui s’élèvera bientôt au sommet du mont Corneille et couronnera la ville du Puy, monument grandiose qui, pour la richesse de la matière et ses dimensions eolossales, n'aura pas d’égal dans le monde, tout cela n’alimentera-t-il pas ces nombreux trains de plaisir qui font la fortune de certaines voies ferrées placées dans de moins heureuses conditions que celle dont la Haute-Loire espère la réalisation ? En résumé, le rapport fait au Conseil général du GRAND-CENTRAL. 277 Puy-de-Dôme, en sollicitant une ligne qui lui semble devoir « relier le mieux Clermontà Lyon», se préoccupe exclusivement de ce qu’il suppose être l'intérêt de cette ville et celui de Thiers. En admettant même, ce qui n'est pas démontré, que ce tracé soit utile au chef-lieu du Pay-de-Dômeé, et que dans la répartition des chemins de fer, un lot de trois de ces précieuses voies ne suffise pas à la pros- périté de ce département, alors que la Haute-Loire et plusieurs départements de la même région en sont privés, il demeure établi que Bordeaux, Saint- Etienne, Lyon et toutes les villes intermédiaires, que toutes les contrées desservies par le Grand- Central, ou par d’autreslignes qui viendront s’y sou- der , c’est-à-dire une très-grande partie de la France, ont au contraire un puissant intérêt à l'établissement de la section de Lempdes à St-Etienne par le Puy. Cette section offre, en effet, une route plus normale et plus directe entre les points extrêmes que celle de Clermont, Thiers et Montbrison, et une ligne probablement aussi directe et plus avantageuse que par les versants des montagnes de la Chaise-Dieu. Il est également important pour le Gouvernement et pour la com- pagnie de donner la préférence à ce tracé, non seulement par les raisons que nous venons d’ex- poser , mais encore parce qu’il ne fait double emploi avec aucune des lignes adoptées ou en pro- jet. Il traverse un département populeux et intel- ligemment travailleur, dont il améliorera la situation TOME XVII. | 18 278 CHEMIN DE FER économique ; un département qui entraine dans sa sphère d’activité une vaste région comprenant plu- sieurs départements et même, sous divers rapports , une partie de celui du Puy-de-Dôme. Il imprimera un nouvel et important accroissement au mouvement manufacturier et aux moyens d'alimentation de la ville de Saint-Etienne, d’une ville voisine de la Haute-Loire, qui aujourd’hui ne compte pas moins de cent mille âmes, et dont les développements sans exemple, au moins en France, réclament l'attention la plus sérieuse des économistes et des hommes d'Etat. Au double point de vue politique et stra- tégique, il dessert un chef-lieu de département vers lequel rayonnent plusieurs grandes routes, et auquel aboutiront peut-être un jour d’autres voies ferrées. Il permet ainsi au Gouvernement, d'après les clauses des actes de concession ,; d'effectuer presque gratuitement un certain nom- bre de services publics très-onéreux, tels que le transport des dépèches , celui des troupes, du matériel de guerre, etc. La contrée qu'il tra- verse le protègera contre des entreprises hostiles par un double rempart de hautes montagnes entre Jesquelles il cireulera dans de fertiles vallées. L’exécution de la voie sera facilitée par la con- figuration favorable du pays, d’après les résul- tats très-satisfaisants qu'ont produits les études de ce tracé. Trois bassins houillers, dont deux, ceux de Firminy et de Brassac, situés aux extré- GRAND-CENTRAL. 279 mités de la ligne, et au besoin celui de Langeae, qui est intermédiaire, alimenteront sans cesse les approwi- sionnements des locomotives et ceux nécessaires à Ja consommation des habitants et des entreprises in- dustrielles. Cette ligne amènera naturellement, dans un avenir peu éloigné, la réalisation de celle du Puy à Alais, au moyen de laquelle seront reliés entr’eux les plus riches houillères de la France et deux grands centres d'industrie métallurgique, ceux de Saint-Etienne et d’Alais, considération qui doit être très-puissante aux yeux du Gouvernement et de la Compagnie, puisque lune des raisons principales qui ont motivé la prolongation de la ligne du centre vers Montauban , a été de créer des communica- tions rapides entre les mines de Brassac et celles d’Aubin. Elle utilisera immédiatement le ten- nage déjà considérable de nos routes actuelles qui s’accroitra par une très-grande parte de celui du Puy-de-Dôme et par le développement que rece- vront dans nos pays toutes les industries agricoles, manufacturières et minérales. Elle apportera enfin un puissant contingent, un mouvement additionnel considérable au grand courant de marchandises et de voyageurs qui, grâce à la haute et si intelli- gente initiative de l'Empereur, cireulera sur l’une des plus importantes voies ferrées de la France. La Société, réitérant les vœux qu’elle a émis dans ses séances du 4 juin 1852 et 4 novembre 280 CHEMIN DE FER GRAND-CENTRAL,. 1854, pour la réalisation du projet de chemin de fer Grand-Central par Brioüde, le Puy et Saint- Etienne, a donné, dans sa réunion du 2 décembre 1855, son approbation unanime au rapport qui précède, ét en a voté la publication immédiate et ultérieurement l'insertion aux « Annales. » La Société industrielle et agricole de Saint-Etienne a publié aussi le rapport d’une commission sur cette importante question. Ce travail, qui est du à la plume de M. C. Barbe, contient une foule de con- sidérations très-éloquemment exprimées en faveur du tracé de Lempdes à Saint-Etienne par le Puy. Les conclusions en ont été adoptées à l'unanimité. Les chambres de commerce de Saint-Etienne et de Saint-Chamond ont émis les mêmes vœux qu’elles ont transmis à M. le Ministre des travaux publics. Le conseil municipal de Saint-Etienne, par une délibération récente, a sanctionné le vœu général de la population de cette ville relativement au même tracé. Enfin, la chambre de commerce de Lyon, adhé- rant à une pétition signée des notabilités du haut commerce de cette ville, a sollicité auprès du Gou- vernement pour que la portion du chemin de fer entre Saint-Etienne et le Puy, dont l’exécution peut être renvoyée à cinq ans, soit promptement entreprise. AGRICULTURE. RAPPORT UN DRAINAGE PAR M. A. DE BRIVE, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ. 4. novembre 1853. Messieurs , Je viens vous rendre compte de l’exécution d’un projet de drainage, dont j'avais eu l'honneur de vous entretenir, 1l y a déjà plusieurs années, et que la difficulté de me procurer des tuyaux en terre cuite, m'avait forcé d’ajourner. Aujourd'hui que, grâce à une subvention spéciale du gouvernement, vous avez pu faire l'acquisition d’une machine à drains ‘, et qu'un tuilier de notre ville, après de nom- breux essais infructueux , est parvenu à en fabriquer de très-convenables sous tous les rapports, je me suis hâté de mettre la main à l’œuvre, et voiei le résultat de mes opérations : Le champ auquel je voulais appliquer le drai- nage a une étendue de un hectare quatre-vingts 2 La machine simple de M. Calla fils. 282 DRAINAGE. ares. Il a la forme d’un triangle allongé et se trouve situé dans un bas-fond, entouré sur deux de ses côtés par des prairies humides, et qui ont leur écou- lement dans sa direction. Le sol en est très-compact et le sous-sol, au moins jusqu’à une profondeur de deux mètres au-delà de laquelle je n’ai pas poussé mes recherches, devient de plus en plus argileux et serré au point de constituer un terrain très-im- perméable. Sa surface, à première vue, parait parfaitement plane. Cependant, à l’aide des instru- ments, j'ai pu constater des différences de ni- veau qui sont notées sur la fig. 1 des deux plans que je vous soumets, et qui établissent entre le point le plus élevé et le point le plus bas une pente de 2 m. 55 c. sur 210 m. de longueur. La situation de cette terre, la constitution de son sol et son peu de déclivité maintenaient à sa surface une humidité si constante et si considérable, que toute culture régulière y était impossible, et que les plantes qui y végétaient étaient rares et sans valeur. Aussi de temps immémorial cet héritage, malgré la bonne qualité apparente du sol, était abandonné au pacage, et son produit était considéré comme à peu près nul. Le nivellement, qui est toujours l'opération par laquelle tout drainage doit être commencé, étant fait, j'ai dû rechercher, d’après les diverses ineli- naisons du terrain , la place et la direction que j'avais à donner à mes drains collecteurs. Les auteurs et la DRAINAGE. 285 raison indiquent que ces conduits principaux, destinés à recevoir les eaux de tous les autres, doivent occuper la ligne de pente la plus basse. Aussi l’ai-je tracée sur les points marqués au plan [fig 1} par les chiffres 235, 176, 149, 125, 109 et 69, 86 b et 69 b. La pente du premier au dernier de ces points, distants de 212 mètres, se trouvait être de 1 m. 64 €., ou environ de 8 millimètres par mètre courant. Mais je ferai observer ici que mon drain principal devait se vuider dans un fossé d'écoulement qui longe mon champ et va lui-même, à quelques mè- tres plus loin, se dégorger dans un biez de moulin. Or, l’étiage des eaux de ce fossé n'étant qu’à 1 m. Â1 c. au-dessous du point le plus bas de mon terrain et la bouche de décharge du drain collec- teur devant être élevée un peu au-dessus des eaux ordinaires du fossé, la profondeur de ce drain était réduite à environ 1 mètre. Cette profondeur m’a paru insuffisante, par la rai- son principale qu’étant reconnu que l'étendue de l’as- sèchement d’une terre est en raison de Ja profondeur des drains, il m'aurait fallu, en acceptant cette faible profondeur, rapprocher les saignées, multi- plier les conduits et augmenter considérablement la dépense. Alors j'ai résolu de prendre sur la pente ce qu'il me manquait en profondeur, et, en dimi- nuant l'inclinaison des drains jusqu’à 7, 6 et même 5 millim. par mètre, j'ai pu atteindre insensiblement la profondeur de 1 mèt. 20c., qui est celle de la plus 284 DRAINAGE. grande partie de mes drains collecteurs, etsur laquelle j'ai pu établir mon réseau de drains ordinaires. J'ai été amené encore à déterminer la place de mon drain collecteur par le fossé d'écoulement qui recoit les eaux de la prairie voisine, et dont les infil- trations peuvent être reçues et conduites plus facile- ment par un drain à grande section. C’est vers ces drains principaux, indiqués sur le plan [fig. 2] par des lignes ponctuées, que sont dirigés tous les drains or- dinaires, en formant avec eux des angles plus ou moins aigus. Cette direction oblique a eu l'avantage de faire arriver les eaux des drains secondaires dans le sens de l'écoulement de celles des drains collecteurs, et d'éviter tous remous à leur point de jonction. J'y ai trouvé encore un avantage beaucoup plus important : obligé de maintenir mes drains ordinaires à un ni- veau supérieur à celui des drains collecteurs, en leur conservant une pente nécessaire à l'écoulement de leurs eaux, j’aipu, par cette disposition, donner un niveau plus élevé à la tête de mes tranchées, et leur conserver dès lors dans tout leur cours une ineli- naison et une profondeur suffisantes. Les espaces indiqués sur le plan [fig. 2] par la lettre & sont de 16 mèt. ; ceux indiqués par la letire b sont de 12 mèt.; ceux indiqués par la lettre € sont de 10 mèt., etenfin ceux indiqués par la lettre d sont de 9 mèt. La différence des distances entre les drains a été proportionnée à la plus ou moins grande quantité . d'humidité que présentaient les différentes parties du DRAINAGE. 285 terrain. L'un de ces drains, qui se prolonge par un retour d’équerre beaucoup plus que ses voisins, a pour but de s'emparer plus énergiquement de l’eau, qui surabonde sur ce point, en la dirigeant dans le sens de la plus grande pente. Vous remarquerez, Mes- sieurs, que le champ à drainer étant entouré d'arbres de tous côtés, j'ai eu la précaution, pour me confor- mer aux instructions, de laisser un espace de cinq mètres au moins entre les drains et les arbres dont les racines, recherchant toujours la fraicheur, pour- raient les atteindre et les obstruer de leur chevelu. Mes drains collecteurs ont été établis il y a deux ans. À cette époque , désespérant de pouvoir obtenir des tuyaux en terre cuite , javais résolu d'opérer mon drainage avec des rases pierrées. Je construisis donc mes drains collecteurs au moyen de tranchées de 1 m. 20 centimèt. de profondeur sur 70 centimètres de lar- geur et avec des pierrées de 60 centimèt. de hauteur, au fond desquelles j’établis un aqueduc continu, en pierres sèches, dont la section avait environ 20 centi- mètres en tous sens. Mais tous les drains ordinaires ou de dessèche- ment proprement dits ont été construits, cet au- tomne, avec des tuyaux en terre cuite, fabriqués par notre machine et d’après les procédés nouveaux. L'orifice de ces drains a 55 millimètres de diamètre. Les tranchées que j'ai tracées pour leur placement, présentent une longueur de 1555 mètres. Elles ont été ouvertes avec la bêche et la pelle du pays sur 40 cen- 286 DRAINAGE. timètres de largeur au sommet et 20 centimètres au fond. J'ai commencé ce travail par les parties les plus basses ,afin que les eaux du fond pussent s’écou- ler à mesure et qu’elles ne génassent point les ou- vriers. Lorsque les tranchées étaient aqueuses, je m'en tenais, pour la pente à donner, à l’indication na- turelle de l’eau courante; mais lorsqu'elles étaient sèches, j’employais un moyen très-simple pour m’as- surer de la régularité de la pente de leur fond. J'avais préparé trois planches d’égales hauteurs, dont les bouts étaient bien coupés d’équerre. Après m'être assuré, par le niveau relatif du bas et du haut de ma tranchée, que la pente générale de la saignée était suffisante, je faisais placer debout dans le fond, au haut et au bas du déblai, deux de ces planches qui devaient me servir de mire. Un troisième ou- vrier faisait courir la troisième planche dans toute la longueur de la tranchée, et de l’un des points extré- mes, j'appréciais les parties trop élevées ou trop basses et immédiatement je les faisais régulariser. Quelques minutes suflisaient ainsi pour établir, au fond de mes ouvrages, une pente uniforme, indispensable pour l'écoulement, à raison surtout de la faible inclinaison du terrain. Alors commencait le placement des tuyaux, que j'ai fait opérer d’abord à la main, mais bientôt après à l’aide de l'instrument ingénieux dont l'usage sim- plifié et abrège le travail de l’ouvrier poseur, qui n’est plus obligé de descendre dans le fond des tran- chées. J'avais soin de faire toujours commencer la DRAINAGE. 287 pose par le haut , afin que le passage de l’eau ne fût jamais obstrué par les détails de Popération. L'ouvrier qui les placait se tenait à cheval sur la saignée, pre- nait lui-même, avec le bout de son instrument, les tuyaux, préalablement déposés sur les bords, les met- tait en place etles y-soutenait, tandis qu’un second ouvrier jetaitimmédiatement quelques pellées de terre pour les assujétir. Lorsqu'il se trouvait de l'eau au fond des tranchées, on la voyait presque immédia- tement pénétrer dans les tuyaux et prendre son cours par leur orifice. Ils ont été placés bout à bout, avec la précaution de clore par une petite pierre l’orifice supérieur du premier tuyau, de les faire joindre l’un à l’autre le plus exactement possible et sans les re- lier par des semelles ou par des manchons. Le résul- tat immédiat à été, malgré une sècheresse qui n’a pas permis aux dernières pluies d’arriver jusqu'aux couches profondes de la terre, un écoulement continu d’eau de plusieurs pouces de diamètre par la bouche de décharge générale, quantité qui, dans l'hiver ou pendantles grandes pluies, devra nécessairement aug- menter dans des proportions considérables. Les frais d'établissement, en supposant le drain principal fait en tuyaux de terre cuite, d’une section plus forte, peuvent, d’après mes calculs, s’évaluer à ces termes : 990 mètres de drains collecteurs ; 1,555 — de drains ordinaires. 1,665 mètres, à 0 fr. 05 e. par mètre courant 288 DRAINAGE. pour l’ouverture, et à 0 fr. 03 c. par mètre cou- rant pour le règlement du fond des drains, la pose des tuyaux et le remplissage des tranchées, don- nent ET 0 D ENT Les tuyaux bien cuits n'ayant que 0 m. 28 centim. de long, il en aurait fallu , pour les drains collecteurs, 1285 929 fr lémillettsetontes 28 75 Il en a été employé pour les drains ordinaires 4,612, à 20 fr. le mille.... 93 24 Total de la dépense pour un hectare QUAETESMINELS PATES PET MT ADD NT Oupour'un hectare. 22e PORT 141 75 Dans ces frais ne sont point comprises les dépenses de transport des drains, de nivellement du terrain et de surveillance des travaux... Je dois faire remarquer qu’en espacant les drains , suivant les besoins de mon sol, de 9 à 16 mètres de distance, j'ai atteint à peu près la moyenne du prix que peut coûter, dans nos pays, un bon drainage dans une terre compacte , sans rocher, ni gravier. On conçoit que ce prix pourra s’abaisser ou s'élever, sui- vant l’écartement des drains et leur profondeur , né- cessités par le plus ou le moins d'humidité du terrain et suivant la nature sableuse , argileuse ou rocailleuse du sol. Les travaux d’assainissement des terres humides n'ont été opérés, jusqu'à ce jour , dans le dépar- tement de la Haute-Loire*, qu’au moyen de rases DRAINAGE. 289 pierrées, sans règle et sans suite, et n’ont jamais produit que des effets partiels et d’une durée très-limitée. Sous ce rapport, le drainage par les tuyaux et d’après les procédés nouveaux , présente déjà de grands avantages. Mais je crois encore que, dans la plupart des cas, son emploi est plus économique que celui des pierrées , dont j'établis le compte dans les termes suivants : 1,665 mètres de tranchées de 1 m. 20 c. de profondeur, sur 0 m. 70 c. de largeur, à 0 fr. 08 c. par mètre courant pour l'ouverture, et à O fr. 05 c. par mètre courant pour le règlement du fond des drains et le remplissage des tran- chées , moitié avec de la pierraille et moitié avec der latenrerne 40 AE RIRE 216 fr. 45e. La pierraille , — fourniture , ramas- sage et transport, — ne saurait couter moins de 0 m. 20 c. le mètre cou- Total de la dépense pour un hec- tare quatre-vingts ares...... DRANT PAS 549 45 Ouépourtunéhectaret "2eme 305 25 Si, au fond .de la tranchée, j’établis un petit aqueduc à pierres sèches, je dois ajouter pour la main-d'œuvre, par mètre courant, 0 fr. 05 c. Si, au lieu d’aller prendre la pierraille à dis- tance , je la recueille à la surface de mon terrain, je dois réduire sur le prix de transport, par mètre courant, O fr. 05 ec. 1 290 DRAINAGE. Mais on voit que, dans tous les cas, la dépense du drainage par les pierrées reste bien supérieure à celle par les tuyaux en terre cuite. Le seul cas où l’agriculteur pourrait avoir in- térêt à donner la préférence à l'assainissement par le premier moyen serait celui où, par suite d’un dé- foncement améliorant, il ne pourrait donner aux pierres extraites du sol un emploi plus utile et plus économique. Il me parait ainsi résulter de l'essai auquel je me suis livré, que le drainage au moyen de tuyaux, exé- cuté avec toutes les règles et avec toutes les précau- tions prescrites, est l’une des opérations qui peuvent, sans grever le propriétaire d'une trop forte dépense, améliorer la qualité et la quantité du produit de ses terres. Je m’estimerais heureux si le rapport succinct que je viens de vous faire sur le premier travail de drainage complet qui ait été entrepris dans notre pays, sur son prix de revient et ses résultats, pouvait engager les agriculteurs nombreux de la Haute-Loire, qui ont à exploiter des sols plus ou moins humides, à entreprendre des travaux dont l'exécution est facile, la dépense peu considérable et dont les résultats utiles sont toujours certains. 1 M. Aymard, secrétaire de la Société, a déjà, depuis plusieurs mois, fait, sur une petite échelle, dans un jardin maraicher de celte ville, un essai très-avantageux du drainage. ; DRAINAGE e gaz? de rase dans sx piopuite Je ta Darne Cu de CR / p: 46 nr | A : ge Ne | Apart | . NA De NA : ut du scan x A ae EI _gA ), om 95 107 A!69 : ont LT 9 à ‘ RIZ Ace “ Praune avrosee. LLLELEEEEEEEI LE EEE TTL ETTTTTTE Ie DE. 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Ii Dans la déplorable situation où se trouvent les intérêts agricoles de notre pays, lorsque la vente de chaque jour constitue le producteur en perte sur presque tous les prix de revient, lorsqu'il n’est donné à personne d’assigner un terme à cette dépréciation générale, et de rendre une espérance même à long délai au cultivateur en détresse, c’est pour nous un devoir plus impérieux que jamais de continuer avec zèle l'examen patient, approfondi, continu de toutes les questions de production. Dans cette recherche de la voie où nous devons pousser ceux qui nous écoutent, et que nous en- courageons; dans cette étude du but à indiquer, des efforts qu’il convient de rémunérer, des ten- 292 QUESTION CHEVALINE dances et de l'impulsion que nous avons à donner, nous ne devons pas craindre de revenir plusieurs fois aux mêmes sujets, de les envisager sous plu- sieurs faces distinctes, de controler par l'expérience les résultats acquis, nos propres théories, nos opi- nions antérieures, de voir enfin les systèmes à l'œuvre, et, s’ilest besoin, de faire quelques pas en arrière, pour travailler encore et toujours, — les moyens fussent-ils différents, — au plus grand avantage du pays. C'est ainsi qu'il a pu paraitre opportun de re- prendre encore une fois l’étude de la question chevaline, bien qu’elle ait déjà, parmi nous, fourni matière à d'importants et remarquables travaux. Pour moi, Messieurs, ayant à exprimer aujour- d’hui une opinion déjà ancienne, connue de la Société, mais souvent combattue par plusieurs de nos collègues , dont le dissentiment peut et doit être ici d’un grand poids, je vous demande la permission de m’autoriser de tous les faits acquis, —et, ne puis-je pas le dire, de mécomptes trop évidents désormais, — je vous demande la permission de m’armer de la sorte de tous les arguments de l’expérience accom- plie, pour obtenir qu’on instruise de nouveau le procès des divers systèmes, et dussions-nous avouer que nous ne sommes pas tout-à-fait infaillibles, pour qu’on reconnaisse l'erreur du passé, si lé passé s’est trompé. DANS LA HAUTE-LOIRE. 293 IL. Quel est, avant tout, le but que doit se proposer notre institution en pareille matière? Mais en cela, comme en toute autre chose, — ce me semble, — notre devoir est d'engager le pays, le département dans les voies de production les plus avantageuses à sa prospérité. Nous avons une mission presque exelusive de sollicitude agricole; nous voulons pou- voir dire au cultivateur : C’est dans telle ligne qu’il vous faut chercher le succès, le profit, l’amélio- ration de la chose rurale, Ainsi, lorsqu'il s’agit de production chevaline, il faut enseigner à ceux qui nous écoutent à bien faire leur propre affaire, à réussir, à prospérer, à bénéficier. Nous serions malvenus à leur dire, au contraire : Faites mieux, pour le bien général, pour le bénéfice de la chose publique, faites mieux que ne vous le conseille votre intérêt privé; nous serions malvenus à leur recommander l’abstraction très-élevée mais trop élevée de l'intérêt national. Demander au cultivateur de rechercher, à son dé- triment, les satisfactions de l'intérêt national et l'amélioration d’une industrie pour le plus grand bien de cette industrie, c’est sortir de notre rôle, e’est méconnaitre notre mandat, et le frapper de stérilité. En agriculture, d’ailleurs, le véritable intérêt général, c’est la collection la plus étendue d'intérêts individuels. Ainsi il est bien entendu , TOME XVI. 19 294 QUESTION CHEVALINE. selon moi, que dans la question chevaline nous n'avons pas à nous occuper de la force équestre de la France, nous n’avons pas à songer à l’économie militaire, mais seulement aux chances de profit ou de perte que telle ou telle spéculation d’élève pourra donner à la ferme. Cheval de guerre, de charrette ou de somme, tout nous sera bon, si l’éleveur y gagne, si sa jument lui fait un bon travail et un bon poulain ; si au lieu d'acheter sa monture au maqui- gnon , il lui vend un produit recherché, tous les ans, et si par conséquent le pays s'enrichit d'autant. Les comptes de recettes et de dépenses, voilà notre cri- terium infaillible; le législateur ou l’économiste peuvent avoir de plus vastes horizons sous le regard ; le vrai point de vue pour une société d’agriculture est là, et n’est que là. On ne s’étonnera donc pas de me voir m'appuyer surtout sur les autorités agri- coles. — Les autres peuvent être très-respectables , plus éminentes même, mais elles n’ont ni le même but, ni le même devoir. Maintenant, Messieurs, un mot d’abord sur l’élève du cheval en général, sur les formes diverses et sur les proportions si variables de cette industrie; nous examinerons ensuite quel est l’état actuel et local de la question chevaline; pourquoi nous devons nous défendre de tendances selon moi trop ambitieuses eu égard à nos ressources, eu égard aux forces du pays et à ses aptitudes; comment il nous faut restreindre nos efforts dans les termes les plus modestes, les DANS LA HAUTE-LOIRE. 295 plus facilement, les plus généralement pratiques; comment enfin après nous être ainsi circonserits nous mêmes dans la précision et la vérité la plus rigou- reuse, 1] nous est encore donné d’entrevoir dès à présent, et de réaliser assez prochainement peut- être, un progrès modeste, mais sérieux et durable, un progrès effectif et traduisible en chiffres, vers lequel les encouragements si limités dont dispose la société peuvent devenir une incitation puissante. LLR Il y a, Messieurs, une production chevaline riche et somptueuse, aristocratique et savante. Ce n’est pas une industrie, c’est un art : art dif- ficile, controversé, qui n’a jamais enrichi la petite propriété et qui souvent a- compromis la grande. L'élève du cheval, en de telles conditions, n’a jamais, donné de bénéfices manifestes que par sa participation aux chances aléatoires des courses ; c’est dire assez qu'une société d'agriculture cher- chant les profits positifs, réels , immédiats d’un pays comme le nôtre, d’un pays pauvre, arriéré et: timide, n’a point à se préoccuper un instant de cette nature de. spéculation. Il importe cependant de vous montrer, en peu de mots ce qu’est une ‘telle entreprise aux yeux des hommes véritablement eompétents ; elle -ne se 296 QUESTION CHEVALINE peut justifier, au point de vue des chiffres , qu'au- tant qu’elle se fait en grand , que les soins géné- raux et les frais d'établissement sont répartis sur un grand nombre de sujets : en un mot, elle exige absolument la création d’un haras. — Un haras. c’est-à-dire, dans les dimensions les moins étendues , un capital de 15 à 20000 fr. ; un personnel considérable d'employés, depuis le directeur jusqu'aux palefreniers ; des bâtiments, des parcs, des enclos spéciaux, toute une création ad hoc ; voilà quelques-unes des bases matérielles de l'opération. De plus, après avoir obtenu des produits qui, au jour de leur naissance, revien- nent déjà à 250 ou 500 fr. , il faut attendre trois, quatre et éinq ans une rentrée partielle des frais exposés , et les premiers profits d’une première vente. Il faut encore avoir des notions supérieures dans tout le cours de la gestion ; être connais- seur habile pour acheter les juments, diriger les accouplements , appareiller ou croiser les sangs, etc. Il faut être habile encore , expert, rusé, trop expert, trop rusé peut-être, pour vendre les chevaux destinés au commerce ; il faut avoir un bonheur constant pour sauver ses frais ; gagner quelques prix de course dès les trois ou quatre premières années, pour trouver un bénéfice... En deux mots, c'est là, Messieurs, un art at- trayant sans doute, quoique onéreux, pour Îles grandes existences territoriales ; utile sans doute DANS LA HAUTE-LOIRE. 297 à la haute production, en ce qu'il conserve et multiplie quelquefois les types distingués des races pures et la haute noblesse équestre ; ce ne sau- rait être , à proprement parler, une spéculation agricole. C'est donc à l’industrie de luxe dont nous venons d'indiquer sommairement les difficultés, c’est à cette industrie, qui n’est pas sans intérêt pour la production générale, pour la question nationale, c’est à cette industrie que s'adaptent parfaitement, je le reconnais, toutes les théories , très-élevées, très-scientifiques de l’administration des haras..… -La haute perfection de l’espèce chevaline , — je ne songe pas à le nier, — exige, en effet, lin- fusion du sang oriental dans les familles déja ano- blies des pays très - circonserits où le cheval de luxe trouve à la fois des soins intelligents, une direction scientifique dans les accouplements et une vente assurée. Il est très-bon pour tous que quelques hommes, à leurs risques et périls, se complaisent dans cette tâche. C’est un emploi mé- ritant de leur fortune et de leurs connaissances spéciales ; rendons leur hommage , résignons-nous, s’il le faut, à tolérer pour eux et pour l'en couragement de leur œuvre la dispendieuse insti- tution des courses ; admirons-les, glorifions-les ; mais il m'est permis d'espérer qu'après les indi- cations qui précèdent, nul ne sera tenté de nous dire : faisons comme ceux-là. 298 QUESTION CHEVALINE L'industrie chevaline a une seconde forme, moins chanceuse, plus sage , plus pratique, plus agri- cole et encore importante. Dans les pays où les travaux de la terre se font avec des chevaux , dans des fermes qui ont de quatre à douze juments , comme nous avons de deux à six paires de bœufs, il est tout na- urel et tout indiqué de demander à la produc- tion des poulains une compensation des dépenses de l’attelage et surtout de la dépréciation cons- tante que chaque année fait subir au cheval. — Car si nos bœufs , bien soignés, bien nourris, prudemment conduits et ménagés à propos, ga- gnent en prenant de l’âge, gagnent en taille, en chair, en poids, en raison même de ce qu'ils consomment , en raison même des repos forcés que les saisons ou les accidents leur imposent ; si un bœuf estropié vaut encore quelquefois le double de ce qu'il a coûté, il n’en est pas de même, cela est évident, des attelages qui re- présentent un capital décroissant toujours et ne peuvent, je le répète, offrir , pour cette infé- riorité , d'autre compensation que le produit des poulinières, — L'élève des poulains est done iei une opération qui ressort de la nature des choses. Mais, dans cette opération, on se garde bien de viser aux résullats ambitieux d’une transformation de race. On veut continuer en taille et en force ge qu'on a déjà; par le choix intelligent de l’étalon, DANS LA HAUTE-LOIRE. 299 on recherche seulement l'amélioration continue et progressive de la forme et de la vigueur. On ne va pas renoncer au cheval de trait ou de demi- trait nécessaire. à la ferme, et qui, d’ailleurs ; a un cours régulier, une vente assurée dans les marchés, pour fabriquer par fantaisié l'inutile et dispendieux, cheval de course. Eh bien, Messieurs, toute convenable, toute rationnelle en de certaines circonstances, toute avantageuse en certains pays, que puisse être la spéculation d'élève ainsi comprise, vous vous ren- dez facilement compte que ce n’est pas en de tels errements que notre pays peut s'engager : avoir plusieurs juments que nous n’emploicrons pas toutes aux travaux des champs , avoir un nombre élevé de poulains qui ne nous serviront pas dès l’âge de dix-huit mois ou deux ans, comme ils servent dans la Beauce , dans la Brie et dans cer- taines parties de la Normandie, à former des at- telages pour le hersage ou le labour ; affecter en un mot à l'élève du cheval des mères qui ne paieraient leur dépense que par leur produit en poulain; ce serait, tout le monde en conviendra, semer beaucoup pour recueillir très-peu. IV. » Que nous reste-t-il donc à tenter dans la mesure de nos besoins et de nos moyens? Pour le savoir, 300 QUESTION CHEVALINE étudions d'abord l'état des choses et la base sur laquelle il faut nécessairement asseoir tout système; c'est-à-dire, s’il est permis de s'exprimer ainsi, le personnel en chevaux et juments avec lequel notre pays et notre agriculture pourraient opérer aujourd’hui. Si nous n'avons et ne devons avoir mi haras, ni juments en grand nombre achetées et entre- tenues à grands frais dans le seul but de la pro- duction , si notre agriculture ne consacre pas non plus, dans aucune exploitation , trois ou quatre chevaux aux services agricoles , et ne peut, par conséquent , en aucune facon , élever en grand, il n’en est pas moins vrai que chaque ferme d'une certaine importance nourrissant une ou deux ju- ments pour la selle ou le trait, ces animaux d’ailleurs ne fournissant qu'un travail non continu, et ne servant pour la plupart qu’à transporter le cultivateur ou à ‘trainer la charrette au marché, il est tout naturel et peut devenir très-profitable de les utiliser à la production chevaline et de de- mander au poulain la compensation des dépenses de la jument. — C’est là ce qui existe déjà dans des conditions il est vrai défectueuses, et c’est dans ces limites restreintes , dans cette forme peu dispendieuse qu’il est permis de justifier pour le pays l'industrie du cheval; c'est sur ce terrain ämité qu'il ya dieu de rechercher un progrès quelconque et de tenter une amélioration. Vous le DANS LA HAUTE-LOIRE. 301 voyez, Messieurs, je ne m’exagère pas les pro- portions de cet intérêt, selon moi très-réel, mais assez modeste; je ne dis pas comme plusieurs seraient tentés de le dire qu’il n’y ait rien ab- solument à espérer, rien absolument à faire d’une industrie qui doit se mouvoir en un cercle si étroit. — Non, nous ne pouvons pas élever des chevaux pour les exporter loin de nous en grand nombre et à grand prix. Mais si par l’améliora- tion progressive des mères, si par l’accouplement judicieux, et plus tard par des soins intelligents donnés au poulain , nous augmentons d’une ein- quantaine de francs [chose facile] la valeur de Le du Puy. A fousieur héodore Falcon, fabricant de dentelles, membre correspondant de la Societé, Le Puy, 41 février 1854. Monsieur , Je me suis empressé de communiquer à la Société Académique du Puy, dans sa séance du 10 février, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser et par laquelle vous lui offrez d'enrichir le Musée de votre ville natale, d’une galerie consacrée à une exposition permanente des dentelles. En élevant, par cet acte si digne d’éloges, un monument à la principale industrie de la Haute- Loire, en le dotant de ces belles collections que vous avez recueillies avec une intelligente persévé- rance, vous avez voulu, à la fois, et qu'il fût digne férentes époques, notamment en 1707,4753, 1761 et 1771, les commerçants du Velay réclamèrent vivement contre les droits de douane qui frappaient leurs dentelles à leur sortie pour l'étranger ; ils avaient méme obtenu de Louis XIV, par un arrêt du conseil d'Etat donné à Versailles le G août 4707, que les droits sur les dentelles provenant du Velay, seraient réduits à cinq sous par livre pesant, au lieu de ceux beaucoup plus élevés fixés dans un tarif de 4664. 1 NN 1 968 MUSÉE DES DENTELLES. de sa destination et qu’il n’imposàt pas, dans l’avenir, un entretien onéreux aux finances de la ville. Les plans et les devis, exécutés par l’habile architecte à qui vous aviez confié l'étude de cette construction, témoignent, en effet, que vous n'avez rien négligé pour lui donner d’élégantes dispositions et en assurer la parfaite solidité. Vous avez désiré aussi que cette galerie n'ait jamais d'autre destination et soit désignée sous le titre de SALLE DES DENTELLES. Dans ces archives, comme vous le dites si bien, viendront se classer tous les documents utiles à l'industrie dentelière qui vous doit déjà tant d’amé- liorations, et au progrès de laquelle vous consa- crez si noblement une partie de votre fortune. La Société accepte vos offres généreuses et s’en- gage, autant qu’il lui est possible et tant qu'elle aura l’administration du Musée, à respecter reli- gieusement vos intentions. Elle m'a chargé, en outre, d’être son interprète et celui de la population tout entière de notre département, en vous transmettant l’expression de -sa vive gratitude et de la reconnaissance publique. Agréez, je vous prie, Monsieur, l'assurance de ma haute considération et de mon affectueux dévoument. Le Président de la Société, A. DE BRIVE. HISTOIRE. — ESQUISSE HISTORIQUE SUR LA VILLE DE CRAPONNE, Par M. L’Assé MAITRIAS, Chanoine de Moulins, Membre non résidant. 3 décembre 1852. AVANT-PROPOS. 4 Nous avons voulu consâcrer quelques heures de nos loisirs à notre pays natal. Nous n'avons ni le temps , ni la patience des longues recherches, et nous ne pouvons prétendre à l’érudition. Ces pages seront donc écrites au grand courant de la plume; elles développeront quelques notes depuis longtemps recueillies avee un filial amour. 370 AVANT-POPOS. À de moins sérieusement occupés, à de plus heureux, le soin de compléter ce modeste travail. Tel qu’il est, il prouvera que nous aimons notre patrie, — quoique souvent la Providence nous en éloigne, —et que nous aurions remords à laisser dans l’ombre la moindre phase de sa vie. Cette vie est courte, sans faits émouvants, sans grande portée historique; mais, redisons-le, c’est la vie de notre pays, et il nous plait de jouer avec notre berceau. Qu'on ne nous reproche pas les lecons qui entrecoupent ces pages. Nos pères étaient un peu précheurs : et, puisque pendant quelques semaines nous avons conversé avec eux, on nous pardonnera bien d’être entré dans quelques-unes de leurs habitudes! Avant l'invasion romaine, le Velay était habité par les Vélaunes, Velauni ou Vellavi. Ce peuple faisait partie de la grande Confédération arver- nienne, mais sans être confondu avec les Arvernes. Il avait sa nationalité bien distincte et sa vie propre. Une preuve irrécusable de ce fait est la main sym- bolique en bronze , de l’époque celto-hellénique , que possède le Musée du Puy et qui porte l’inscrip- tion : #TMBOAON IPO# OYÉAATNIOTS. Dans la division des Gaules par les conquérants, ce pays fut compris dans la première Aquitaine. Au nord et à l’est du Velay étaient les Ségusiens ou habitants du Forez; les Arvernes ou Auvergnats, à l’ouest; et au sud les Helviens ou habitants du Vivarais et les Gabales ou peuples du Gévaudan. Au temps de Strabon, les Vélaunes avaient presque secoué le joug de la conquête qu'ils 572 ESQUISSE HISTORIQUE n'avaient guère subi qu'à demi, et ils se gouver- naient par leurs propres lois. Sous Honorius, leur pays dut avoir le sort du Languedoc. Le faible empereur, trop éloigné de cette portion de son em- pire, et voulant, dans un suprême effort, détourner l'œil d’Alarie, roi des Goths, de la riche Italie qu'il convoitait, eéda l’Aquitaine aux barbares, depuis Toulouse jusqu'à l'Océan. Leur voisinage fut fatal aux Vélaunes : Eurie, successeur de Théodoric, les conquit, ne laissant de la première Aquitaine, à la mourante Rome, que l'Auvergne et le Berry. Enlevé un instant à la domination des Visigoths par Thierry, fils de Clovis, le Velay y rentra en 509. Repris par Théodebert, en 555, il fit partie, en 562, des Etats que Sigebert, fils de Clotaire, obtint sous le nom de royaume d’Austrasie, jusqu'à ce que, après avoir été possédé par les deux successeurs de Sigebert et par Thierry II, roi de Bourgogne, il fut définitivement incorporé, par l'avènement de Clotaire IT, à la monarchie francaise. Pendant quatre-vingts ans, le Velay appartint au duché d'Aquitaine, duché que Charlemagne érigea en royaume, au profit de son fils Louis-le-Débon- naire. Pour en rendre l'administration facile au jeune prince, il établit, dans les villes, des gouver- neurs, comtes, ducs ou marquis, lesquels relevaient de l'autorité royale. Tornin fut le premier comte de Toulouse. Celui de. Narbonne était Emerie. Louis- le-Débonnaire le remplaça bientôt par un due de SUR CRAPONNE. 313 Septimanie, qu'on appela encore marquis de Gothie. Ce duc exerçait, sur le Bas-Languedoc , la même autorité qu'avaient, sur le Haut-Languedoc, les comtes de Toulouse. Ce duché s’éteignit, en 956, dans la personne de son huitième possesseur , Er- mengaud; et Ponce-Raymond unit à la couronne de comte de Toulouse celle de duc de Septimanie. Le * Velay resta sous la domination des comtes de. Tou- Jouse, avec tout le Languedoc, jusqu'en 1271, année où cette succession de petits souverains , finit, faute d’héritier direct, avec Alphonse, comte de Poitiers, qui avait épousé Jeanne, fille du dernier comte Raymond VII. Il ne peut entrer dans notre plan de suivre, dans ses phases diverses, l’histoire du Velay, Nous aurions mauvaise grâce à entreprendre de nouveau ce qui a été si bien fait. L’esquisse qui pré- cède était indispensable à notre humble travail; la charger d’autres détails serait superflu. IA. À l'époque où nous laissons l’histoire générale du Velay, outre les cités gallo romaines, Ruessium, .Icidmago, Condate et Aquis Segete, on comptait les villes du Puy, du Monastier , de Roche-en-Rey- nier, Saint-Didier , Montfaucon , Monistrol, Cra- TOME XVII. 24 574 ESQUISSE HISTORIQUE ponne, qui étaient déjà sorties, depuis plusieurs siècles, des langes obscurs de l’histoire. L'origine de la plupart d’entr’elles est inconnue. Il en est ainsi de la ville à laquelle sont consa- crées ces pages. Jamais sol n’a été plus travaillé que le nôtre par les invasions de toute nature et de tout nom. Les plus anciens monuments écrits sont perdus , pour Craponne comme pour de plus importantes cités, parmi tant d’autres ruines sé- culaires! Il faut donc se résigner à des conjectures. Craponne eut-il une existence, même chétive, sous la domination romaine? Nous n'’oserions le croire. Rien ne rappelle cette époque , si ce n’est les vestiges de la voie antique, la Boléna, qui con- duisait, de Lyon, à lextrémité de l’Aquitaine. Cette route, parfaitement tracée sur certains points, traverse plusieurs hameaux du territoire de Cra- ponne : Montdouilloux , où fut trouvé une pierre milliaire , l’'Estrade, Antreuil, Bougerne , Aubis- soux. Dans cette partie du Velay , le système de construction de la Boléna comporte trois couches de pierres, diminuant de grosseur à mesure qu’elles se rapprochent de la superficie du sol. Elles sont recouvertes d’un gravier menu, fortement tassé, à la façon de notre macadam moderne. Dans la partie de ce chemin, comprise entre Bougerne et Aubissoux,, s'étend un vaste champ, que les gens du pays appellent le Faure [Forum]. C'était peut-être une station pour les troupes en marche, un point de SUR CRAPONNE. 315 halte. Nous y avons trouvé une médaille de Trajan, en bronze, bien conservée. M. Bouillé, dans son « Histoire du Puy-de-Dôme », parle d’une seconde voie romaine établie pour faciliter les communications du Velay et de l’Au- vergne , et qui, après avoir traversé Marsac et Ar- lance, venait se souder à la Boléna, près de Cho- melix ou d’Usson. Cette assertion , si elle était fondée , justifierait le nom que porte, à un kilomè- tre de Craponne, sur la route de La Chaise-Dieu, un pont jeté sur l’Arzon , le Ponternal [ pons terparius |. En effet, la voie romaine indiquée par M. Bouillé et venant d’Arlanc devait, pour atteindre Chomelix, toucher le Ponternal, qui est bien le troisième pont.qu'aurait eu à traverser la voie à partir de Marsac, localité que le même auteur signale comme un grand centre de popu- lation. À part ces deux souvenirs de Rome, rien autour de Craponne, rien sur le sol où la ville est assise, rien qui rappelle les conquérants des Gaules; et jamais une fouille n’a mis à découvert le moindre fragment de statue vu de colonne, le moindre vestige de sculpture ou d'inscription. Ce silence de l’histoire et de l'archéologie ne nous laisse pas, on le concoit, le courage d'explorer plus longuement ces lointaines époques. Si nous avions, dans une certaine mesure , un peu de bonne volonté, nous pourrions rechercher l’origine 576 ESQUISSE HISTORIQUE du nom de Marchidial que porte l’un des faubourgs de Craponne. Nous ne supposerons pas qu'il y eût là une antique habitation [march] d’un flamine, d’un grand-prêtre de Jupiter [flamen Dialis], bien que ce faubourg, formant autrefois comme un hameau à part, occupe un terrain de tout temps réservé, et qui représente assez bien, par sa configuration, la partie de Ruessium qui a con- servé aussi le nom de Marchidial, et où M. de La Lande voit une habitation de flamines. Nous nous en tiendrons à cette indication. Nous la donnons seulement pour n'être pas accusé d’avoir négligé une particularité qui, si elle avait quelque valeur, pourrait mettre sur la voie d’autres découvertes. Reportons-nous done humblement à des siècles plus rapprochés de nous. Ici encore, pendant de longues années, nous trouvons bien peu de rensei- gnements dans la chronique vellavienne. Et d'abord, d’où vient le nom de Craponne? Question difficile à résoudre. Faut-il le tirer du nom d’un des patrons de son église, saint Caprais, martyr d'Agen P Ce rapprochement homonymique pourrait séduire pour peu qu'on füt enclin aux étymologies. Le latin etle grec, Caprasius et ovoux, fourniraient les éléments de ce nom. Resterait bien la transposition de la lettre r ; mais c’est une particularité sans importance : d’après d’an- ciennes chartes latines, le patron de Craponne est appelé Crapasius. ‘ SUR CRAPONNE. O7 L'auteur de cette notice s’amusait un jour, dans un cercle d’étymologistes, à émettre cette expli- cation qu'il supposait bien devoir fournir matièr, aux contradicteurs. On diseute, on explore tout le jardin des racines grecques ; ex, finalement, on ne s’entendait plus, quand un homme d'esprit s’avisa de produire une solution qui, à défaut de vraisemblance , avait au moins le mérite de Ja nouveauté. « Vous n’avez pas trouvé le mot de l'énigme, dit-il, le voici : vers l'an 1050, vivait Armand, vicomte de Polignac, il était d'humeur inconstante et légère. Possesseur de nombreuses terres dans la contrée dont Craponne est aujourd’hui le centre, il songeait à y asseoir un château; mais tout entier à ses guerres contre Pierre de Mercœur, évêque du Puy, ou à ses plaisirs, il remettait d’un jour à autre, — comme saint Augustin sa conversion, — la réalisation de ce projet; et lorsque, dans Ja langue de l’époque, on lui demandait: « Quand bà- tirez-vous votre château? » il faisait cette perpé- tuelle réponse : Cras ponam ! TA demain de le con- struire !] Enfin , vint un jour où la première pierre fut posée; et quand l'édifice s’éleva avec ses tours, tourelles et donjon, on le baptisa du nom tant de fois venu sur les lèvres d’Armand : on le nomma Craspona. Puis, grâce à une de ces trans- formations , œuvres incessantes des siècles , qui 578 ESQUISSE HISTORIQUE rongent les lettres d’un mot aussi bien que Îe pié- destal de l'ambition heureuse, de Craspona sortit Craponne. » Chaeun se prit à rire, en battant des mains, et l’auteur de cet écrit s’applaudit, au fond de l'âme, d’avoir ainsi pravoqué une bonne lecon donnée à ces hommes qui sont toujours prêts à trouver la raison de toute chose. Nous n’aurions pas nous-même profité de la leçon, si nous persistions à vouloir expliquer un mot dont le temps a seul le secret. TT Dans un ouvrage imprimé, en 1667, à Amsterdam, sous le titre de « Géographie Blaviane » ‘, on lit ce qui suit : « Craponne est une ville close de murs, assise » dans le Velay, qui a pris son nom de son fonda- » teur, ou plutôt son restaurateur. Pour prendre » ceci en sa source, il faut savoir que Frédérigo » de Craponà, gentilhomme d’une des meilleures * Chez Jean Blâme; VII vol., contenant la deuxième partie du A4eliv. et le 15e liv. : De l’Europe, Languedoc, diocèse du Puy, p. 584. » » SUR CRAPONNE. 379 maisons de Pise, ayant quelque inclination pour le parti des Français, lorsqu'ils couraient ce pays, pour se mettre en possession du royaume de Naples et de Sicile, se vint rendre en la ville de Montpellier, où il épousa une demoiselle de la maison d’Andreä, maison très illustre à Naples et en Provence. De ce mariage sortit Gérard de Craponne, qui fut chevalier de Rhodes, et, après, commandeur. Guillaume de Craponne, son fils, se vint domicilier à Salon, environ l'an 1515, où il épousa Isabeau, fille de Guillaume, seigneur de Châteauneuf, qui lui procréa deux fils et une fille. L’ainé fut Adam de Craponne, l’un des plus industrieux et ingénieux personnages de son siècle. Il bâtit des forteresses admirables pour le service et profit de l’Etat, et se fit admirer en la direction du canal de Durance, qui, venant d’auprès de Cadenet et de La Roque, retient encore aujour- d’hui le nom de son auteur, aussi bien que notre ville de Craponne. » Est-ce bien l’origine qu’il faut assigner à cette ville? Impossible. Nous avons en main un nombre con- sidérable de pièces authentiques nommant Craponne bien longtemps avant l’époque assignée par l’auteur de la Géographie Blaviane. Que devient dès lors la valeur de l’assertion ? Le seul moyen de la faire concorder avec les documents qui nous restent, ce serait de supposer une erreur de date chez le géo- 380 ESQUISSE HISTORIQUE graphe. Il faudrait, alors, attribuer l’émigration de Frédérigo à l’époque des premières guerres guelfes et gibelines, vers l’an 1150; et encore y aurait-il trop peu de temps écoulé entre l’époque de fondation ou de restauration, et le premier mot d'histoire qui nous parle de Craponne. Or, nulle part, nous ne voyons le nom de cette ville avant 1190. On sait que, depuis Char- lemagne, les rois de France, — dévots pèlerins à Notre-Dame, — avaient magnifiquement doté les évêques du Puy; Louis VIT, surtout, étendit leur domination temporelle, et Philippe-Auguste l’agran- dit encore. Nous connaissons la liste des fiefs con- cédés-à ces prélats par la munificence royale; Craponne, — ville ou château, — s'y trouve mentionné. Voilà pour son existence civile; voici pour son existence religieuse. Vers 1120, Norbert, de l’une des plus illustres familles d'Allemagne, fuyant le monde et la cour de l’empereur Henri V, s'était retiré dans un vallon solitaire, près de Laon , et avait fait de ce lieu le berceau d’un ordre illustre de chanoines réguliers , l’ordre des « Prémontrés ». Au dire du Frère Théodore ‘, l’abbaye de Doue, en Velay, fut le second monastère de l’ordre. Cette institution rayonna bientôt dans toute la contrée, donnant Histoire de l'église angélique de Notre-Dame du Puy, SUR CRAPONNE. 581 naissance , partout où l’appelait le bien des âmes, à des prieurés conventuels. Dès lan 1200, Guil- laume de Châteauneuf, écuyer du Vivarais, attri- buait à l’abbé de Doue « le droit de patronage et présentation de la cure de Saint-Julien-d’Ance » ‘; et, en 1240, le méme droit lui était accordé sur le Pontempeyrat par les seigneurs de Vernassal et de Polignac ?. Un peu après, Craponne est sous la dépendance spirituelle de la même abbaye. Il en est fait mention dans une bulle datée de Lyon, en 1248, que le pape Innocent IV donna, de la main du vice-chancelier de la sainte Eglise romaine, afin d'établir ou consacrer les privilèges de l’abbaye de Doue *. Mais par qui fut conférée sur Craponne cette prérogative de l’abbaye? On l’ignore. Constatons également que le prieur n’a pas seul la haute main dans la localité. La domination des Polignac est là. Dès 1112, ces « rois des montagnes » , comme on avait coutume de les appeler, s'étaient emparés de plusieurs points culminants du Velay, construisant châteaux forts, hautes tours, impre- nables manoirs, s’assurant, par ce réseau de for- 2 Nofes particulières. ® Documents particuliers. 3 Cette bulle est datée du quatrième jour avant les Nones do novembre, indict. 7e. 382 ESQUISSE HISTORIQUE teresses , une sorte de suzeraineté sur le pays. Craponne est leur fief, il est aussi le fief de l'évêque, comme nous l'avons vu. Comment, à quelle occasion s’était accompli ce mélange de deux pouvoirs ? Sur quelles chartes conven- tionnelles nait, se règle, se limite, se pon- dère, à Craponne, la puissance du seigneur haut justicier et celle du prêtre qui dessert la paroisse? Personne ne le sait; le seul fait à constater , c’est que le mélange existe, c’est que les deux hommes sont souvent en contact pour les mêmes affaires. Elles se discutent , elles se terminent avec des droits égaux, ce semble, et plusieurs fois, — il faudra le dire, — au grand bien de la cité. On comprend que nous n’ayons point à parler, en ce qui concerne Craponne, de l’administration , des lois et des usages pour cette lointaine époque. Notre petite ville était traitée comme ses sœurs de même importance : Montfaucon, Monistrol, etc.; et l’on connait, d’après les excellentes histoires qui ont été écrites sur le Velay et sur le Languedoc, les conditions de la vie au moyen-âge. Deux mots seule- ment sur quelques-uns des points qui toucheront forcément certains traits de notre esquisse. SUR CRAPONNE. 383 Pour le gouvernement ecclésiastique, le Languedoc était divisé en vingt-trois diocèses, trois archevéchés et vingt évéchés. Il y avait dans chaque diocèse, une Chambre du clergé ainsi composée : l’évêque, un syndic, deux chanoines de cathédrale, un chanoine des collégiales, un député des prieurés. Ces membres étaient élus chaque année dans le synode diocésain. À cette assemblée était dévolu le vote des dimes ordinaires et extraordinaires, dons gratuits, et au- tres impositions pour les charges du diocèse; il lui appartenait aussi de juger toutes les contestations qui pouvaient survenir en cette matière, En cas d'appel , la cause revenait à la Chambre ecclé- siastique de Toulouse, formée de dix syndics gé- néraux, nommés et députés par tout le clergé de la province. Deux conseillers du parlement devaient s'y adjoindre. Pour l’administration de la justice, le Languedoc était partagé en trois sénéchaussées : celles de Beau- caire, de Carcassonne, de Toulouse. Le Velay dé- pendait de la sénéchaussée de Beaucaire, depuis les lettres-patentes de Philippe-le-Bel, en 1506, La direction de chaque sénéchaussée revenait à un sénéchal rendant la justice dans toute sa circonscription territoriale, commandant Ja noblesse quand elle marchait pour le roi, et administrant les finances. Chaque sénéchaussée avait plusieurs districts où gouvernait, dans des proportions moin- dres mais analogues à celles du grand sénéchal, 384 ESQUISSE HISTORIQUE un lieutenant qui portait le nom de viguier [vice gerens], ou de bailli. Chaque année le sénéchal devait, par lui-même ou par un lieutenant, convo- quer, dans son principal siège, cinq assemblées qui portaient le nom de Conseils du Roi, et où prenaient place des magistrats nommés à cet effet. On y pro- mulguait les ordonnances royales; on y jugeait les affaires en première instance ou en appel; on y faisait les règlements de justice ou d'administration. Les sénéchaux ou leurs lieutenants devaient encore, à certaines époques , tenir d’autres assemblées dans chaque chef-lieu de jugerie ou judicature. Le baïlli de son côté, assisté du procureur du roi et du juge de son bailliage, était chargé de la justice et de l'administration des affaires dans la mesure de sa juridiction. Tout relevait du parlement de Toulouse. Au-dessus des sénéchaux et des baillis, le gouver- veur général, lieutenant pour le roi dans la pro- vince, occupait le haut de l'échelle administrative. De 1248 à 1502 nous ne trouvons, pour Cra- ponne, que des transactions, ventes, achats, et la discussion de quelques affaires en litige. La ville ne semble pas avoir conscience de son existence comme cité : tout reste dans le cercle étroit des intérêts individuels. À peine un cri, un mouvement, lorsque, en 1502, Philippe-le-Bel or- donna au Puy une assemblée générale pour les Etats du Velay. Ces sortes d'assemblées, qui comptaient au nom- SUR CRAPONNR. 385 bre de leurs membres, les mandataires de notre ville, jouent un rôle trop important dans les annales du Velay, pour que nous ne devions pas rappeler, en peu de mots, quelle était leur organisation. Parlons d’abord des Etats du Languedoc, desquels relevaient en quelque sorte ceux du Velay. L'origine des Etats du Languedoc remonte haut dans l’histoire. Cette province était, sous les Romains, du nombre de celles qui jouissaient du droit italique, c’est à dire qu’elle n’était, comme l'Italie, passible d'aucun tribut. Seulement, de cinq en cinq ans, ou de dix en dix ans, ou même de vingt en vingt ans, On convoquait, dans ces provinces franches, une assemblée où les députés faisaient des vœux pour la santé de l’empereur, et y votaient, comme offres volontaires , certaines sommes appelées octrois. Le Languedoc conserva cet usage sous la domination gothique et sous les comtes de Toulouse. Nos rois laissèrent subsister les mêmes assemblées périodiques. Après les modifications apportées par le temps et par les ordonnances royales, les Etats du Languedoc furent, dès 1500, ce qu’on les voyait encore en 1789. Alors trois ordres composaient les Etats : le clergé, la noblesse, le tiers. Le clergé envoyait trois arche- yêques et vingt évêques; la noblesse un comte, un vicomte, vingt-un barons; le tiers-état un ou deux députés pour chaque ville capitale, et de plus, un diocésain pour chaque diocèse, à tour de rôle. à l'exception de la ville du Puy, qui n'avait pas de 586 ESQUISSE HISTORIQUE diocésain. La présidence appartenait à l’archevèque de Narbonne; à son défaut, au plus ancien arche- vêque ou évêque; et, en l’absence de ces prélats, au vicaire-général du plus ancien. Le comte de rigueur était, de plein droit, le comte d’Alais : il avait, pour la noblesse, la première place, et opinait le premier ; le vicomte obligé était Mgr de Polignac. Lorsqu'un des titulaires du comté, de la vicomté ou des baronnies ne pouvait venir en personne, il devait envoyer à sa place un gentil- homme muni d’une procuration. L'Assemblée se prononçait sur toute proposition faite par le président. Un prélat opinait d’abord, puis un baron, ensuite deux députés du tiers, appelés du nom de leur ville; et ainsi, en reprenant le tour. Le tiérs-état, à lui seul, avait autant de voix que la no- blesse et le clergé réunis. Voici dans quel ordre vo- taient les villes : Toulouse, Montpellier, Carcassonne, Nimes, Narbonne, le Puy, Béziers, Uzès, Alby, Viviers, Mende, Castres, Saint-Papoul, Agde, Mire- poix, Lodève, Lavaur, Saint-Pons, Alet, Limoux, Rieux et Alais. Les évêques entraient aux Etats en rochet ét en camail; les barons, avec le manteau et l'épée. Ils siégeaient à la hauteur du président, qui avait les prélats à sa droite et les barons à sa gauche; ces derniers, cependant, cédaient le pas au comte et au vicomte. Outre les trois ordres de la province, trois syn- dics généraux qui répondaient aux trois séné- SUR CRAPONNE. 587 chaussées, deux grefliers ou secrétaires, deux tré- soriers avaient droit d’entrée aux Etats. La convocation avait lieu par le ministère d’un commissaire du roi. Ce commissaire n’était admis qu’à l'ouverture ou lorsqu'il avait à faire quelque communication importante; et alors il était reçu : à la porte de l'hôtel des séances, par les trois syndics généraux; dans la cour, par les dix maires et consuls des cinq premières villes; enfin, au bas de l’es- calier, par les barons. Quand il se retirait, les évêques le reconduisaient jusqu’au haut de l’esca- lier, et les autres corps suivaient le même cérémo- nial qu’à son entrée. Après la prestation du serment ?, les Etats commencçaient leurs délibérations. Là se traitaient les questions de privilèges, de droits, d'abus, de comptabilité, de désordres; là surtout 2 Voici la forme du serment : a Nous, étant en la présence de Dieu, jurons et promettons de » procurer de tout notre pouvoir, dans cette assemblée d'Etat, le » bien et le service du roi, et le soulagement de la province; » de conserver ses libertés et privilèges, de garder et observer les » règlements des Etats, et ne consentir point qu'il y soit fait » aucun préjudice. Nous promettons encore de ne révéler, direc- » tement ni indirectement, de bouche ni par écrit, ce qui sera » dit ou fait qui puisse nuire au général de la province et aux » particuliers de l'assemblée. Et en cas de contravention, nous » nous soumettons aux peines portées par les reglements et déli- » bérations de l'assemblée, et telles autres qu’elle voudra ordonner. » Ainsi Dieu nous aidel » 588 ESQUISSE HISTORIQUE se votait l'impôt. Antérieurement, sous le régime féodal, limpôt proprement dit n'existait pas : les redevances du vassal au suzerain en tenaient lieu, et le roi lui-même n’avait que les revenus de ses fiefs: L'impôt régulier ne vint qu'après la création des grands rouages administratifs, qui, nécessitant de plus grandes dépenses, appelèrent de plus forts subsides. Les subsides votés par les Etats étaient répartis sur les vingt-trois diocèses qui composaient la province. Un mois après la tenue des Etats de la province, devait s'ouvrir l'assemblée particulière du pays, afin d’asseoir sur chaque communauté et mandement, l'impôt voté pour chaque diocèse par les Etats- Généraux : cette assemblée prenait le nom d’assiette. Elle était composée de l’évèque, de plusieurs barons, d’un commissaire du roi, enfin des députés des villes et lieux principaux du diocèse. Plus ordinairement l'assemblée, dans les provinces du Vivarais, du Gévaudan et du Velay, prenait, au lieu du nom d’assielte, celui d'Etats particuliers du pays. Voici quelle était la composition des Etats particuliers dans le Velay : l’évêque à qui appartenait la présidence; le commissaire du roi, le sénéchal, le vicomte de Polignac, qui présidait en l'absence de l’évêque ; huit députés du clergé, prieurs ou abbés commau- dataires; dix-huit barons du pays; les six consuls du Puy, et les députés du Monastier, de Solignac- sur-Loire, Saint-Didier, Montfaucon, Yssingeaux, Tence, Monistrol et Craponne. SUR CRAPONNE. 589 Bien que toute liberté fût laissée aux Etats pour le vote des impôts, le commissaire du roi pesait lourdement sur leurs délibérations. Jamais on ne s’en aperçut peut-être davantage , en Velay, que sous Philippe de Valois, à l’occasion de la guerre contre les Anglais. Craponne eut sa grosse part dé l'impôt, à ce point que plus d’un habitant fut obligé d'aliéner ses biens pour répondre aux exi- gences fiscales. Plusieurs parchemins de 1556 donnent pour :motif des transactions la difficulté des temps et l’intolérable charge de l'impôt. Nous entendrons plus d’une fois ce cri sortir de notre petite cité. Nulle part plus d’indignation contre les tailles, plus de plaintes, plus de résistances! On s'explique, dès le quatorzième sièele, on devine les luttes du dix-huitième contre les droits immémoriaux des Polignac. V: ‘C'est peut-être à cette époque, — vers 1545, — qu'il faut placer [a création des foires et des mar: chés de Craponne. Une charte d’affranchissement du droit de leude ?, ? Droit pour un seigneur de prélever, dans les terres non franches, une somme de quelques deniers sur foutes les denrées livrées au commerce. TOME XVII, 25 590 NOTICE HISTORIQUE délivrée par messire Pierre, seigneur de Chalencon, l'an 1420 , en faveur de Jéhan Torrilhon de Paula- gnac, parle de ces marchés et évalue, en cartons de Craponne, comme d’une mesure bien connue dans le pays, la quantité de blé qu'il requiert pour la suppression du droit : « Sex carthones cum dimidio frumenti, mensura venalis Craponnæ »; il. lui remetj encore, dit-il, tous les droits qu’il avait à "percevoir sur les denrées qui se vendent sur le marché de Craponne « De omnibus quæ vendeant in foro Craponnæ » !. D'ailleurs, c’est l’époque de l'établissement des foires et marchés au Puy. Philippe de Valois voulut rendre par le commerce ce qu’il prenait par l'impôt ; heureuse compensation qui donna plus d'écoulement aux produits indigènes, multiplia les rapports, facilita les échanges, tira le montagnard de son isolement, de son apathie, et fit circuler la vie dans ces parties reculées du corps social 2. Mais pendant que les rois travaillaient à doubler les relations des habitants de nos montagnes et à donner un plus puissant mobile au travail par les con- cours hebdomadaires du marché, de grands désas- 1 Documents particuliers. 2 Nous avons lu quelque part que ces foires et ces marchés auraient été transportés de Chalencon à Craponne. Rien ne motive une asser- tion de ce genre; l'histoire du pays n’en parle pas plus que la tra- dition. SUR CRAPONNE. 591 tres, d’incroyables perturbations venaient paralyser la confiance : ils arrétaient, ils brisaient tout mouve- ment commercial, toute paix. Nous sommes en 1550. Jean-le-Bon était prisonnier de l'Angleterre. La France, livrée à l'anarchie, se voyait encore sillonnée de bandes armées que le défaut de solde arrachait aux camps, et qui s’en dédommageaient par le pillage. Les paysans, dont on dévastait les champs et dont on incendiait les chaumières, voulurent répondre à ces routiers, à ces « Malandrins ». Ils se formèrent en troupes errantes qui, sous le nom de « Jacques », devinrent des armées formidables, et se mirent à pourchasser nobles et seigneurs. Se venger de l'oppression passée, châtier une lâcheté qui avait retenu derrière leurs tours des gens qui auraient dü verser leur sang pour délivrer le roi, répondre aux premiers besoins de l'indépendance qui s’éveillait , manifester l’énergie patriotique en face de l'invasion étrangère , voilà , pensaient-ils , assez de motifs pour légitimer cette singulière prise d'armes. Quel mouvement populaire a jamais man- qué de prétextes et n’a pas trouvé quelques droits à inscrire sur un drepeau ! Quoi qu’il en soit de ces raisons de soulèvement, la Jacquerie eut des apôtres, des chefs, des soldats, surtout en Velay. Les écrits du temps ne sont que doléances et cris de frayeur. Craponne, malgré son château fort, eut à souffrir de cet état de choses ; et s'il ne fut point maltraité, comme le Monastier et Sau- 392 ESQUISSE HISTORIQUE gues, par Seguin de Badefol, ïl lui fallui ; comme tout le Velay, payer les sommes énor- mes que ce chef de brigands, par une cruelle distinction , imposait pour la seconde fois à ce pays. Il ne dut qu’à la puissance protectrice des Polignac d’être préservé de plus grands malheurs. Il ne fallut rien moins que la haute raison, la bravoure, la réputation du grand connétable Du Gueselin, pour arracher la contrée à ces bandes incendiaires. Il eut le talent de les ranger autour de son drapeau, et l’on sait ce qu’il fit avec leur énergie jusque-là sauvage : il nous délivra des Anglais. Son triomphe le suivit dans la mort même : l'ennemi, qui n’eut pas le courage d’être parjure devant le cadavre de ce grand homme, porta les clefs de Château-Randon sur son cercueil. D'ailleurs le pays épuisé, chaque petite ville présentait des requêtes au roi pour être dégrevée d’une ‘partie de ses impôts ; heureuse lorsque, pour appuyer ses réclamations, elle trouvait un puissant avocat près du trône! Craponne eut ce bonheur. Le seigneur de Polignac obtint de Charles V, en 1372, que cette ville fût déchargée des impôts qui se levaient pour la guerre. Le due de Berry, successeur de Gaston-Phœbus, comte de Foix, gouverneur de la province, convoqua au Puy, en 1581, les Etats réunis du Vivarais, du Velay, du Gévaudan et de l'Auvergne. Cra- SUR CRAPONNE. 298 ponne y envoya ses députés et fournit pour la défense du pays son contingent d'hommes d'armes. C’est tout ce que nous savons pour cette époque. VE. Le quinzième sièele s’ouvrit, pour Craponne, par une transaction entre ses habitants et Guillaume de Chalencon, pour certaines redevances échues et l'abolition de certains droits !. C’était comme un don de bien-venue que faisait le noble seigneur. Armand HE, vicomte de Polignac, lieutenant gé- néral du dauphin de France ! Charles VI], dans les pays de Velay, Gévaudan, Vivarais et Valentinois, était mort après avoir disposé de la vicomté, avec toutes ses dépendances, en faveur d’Armand de Montlaur, son petit-fils, voulant ainsi réparer la substitution que son frère Armand VI avait faite au profit de son neveu Pierre de Chalencon. De là pro- eès entre les maisons de Chalencon et de Montlaur. Chalencon eut gain de cause devant le parlement de Paris. Par suite de l’arrèt, Guillaume-Armand de Chalencon, arrière-peut-fils de Guillaume de Cha- lencon et de Walpurge de Polignac, obtint, avec 1 Documents particuliers. 594 ESQUISSE HISTORIQUE la vicomté de Polignac, les baronies de Solignac, de Randon, Randonat, Saint-Paulien, Ceyssac, Saint- Agrève, Craponne. Une condition lui fut imposée : il devait porter le nom et lés armes des vicomtes de Polignae ‘. On concoit qu'après une succession semblable, Guillaume voulut faire preuve de générosité en accordant , dans ses vastes domaines, des lettres d’affranchissement. Il les multiplia presque à profu- sion en faveur de Craponne, qui se sentait des vouloirs d'indépendance. Autour de Ja ville se groupaient déjà un grand nombre de hameaux Rochette, Aubissoux, Soulaige , Rachapt , Bou- serne , Byssac , Douilhoux , La Monaste , Olhias , Ranschoup, etc., etc. C'était plus qu’il n’en fallait pour désirer les droits d’une vie propre et libre. Et cependant , tout, autour d'elle, était tributaire de Polignac. Il n’y avait guère de terres allo- 2 G. de Chalencon, qui avait épousé W. de Polignac, derniere héritière de ce nom, n’était lui-méme que le descendant d’un Polignac qui, dans les temps anciens, avait pris le nom de Chalencon, pour perpétuer cette famille tombée en quenouille, La Cneaye pes Bois, dans son Nobiliaire, appuie ce fait de l'opinion générale, et lui donne une date. L’honorable président de la Société Académique du Puy, M. 4. de Brive, a vu une lettre du maréchal de Vaux, qui rapporte les termes d’une conversation qu’il avait eue dans sa jeunesse avec le cardinal de Polignac, et de laquelle ce fait résulte également. SUR CRAPONNE. 999 diales où en franc-alleu * que ses nombreux com- mupaux affranchis en quelque sorte par une pos- session immémoriale , si jamais ils avaient été grevés d’un tribut quelconque. Chaque citoyen était enfin avide d’avoir plein droit sur le bien qu’il fécondait de son industrie ou de ses sueurs. Aussi, de 1400 à 1424 seulement, nous comptons vingt transactions de ce genre et pour des portions consi- dérables de terrain ?. La commune se constitue où se fortifie rapidement. ? Par le franc-alleu on entend , dans le Languedoc, une manière de propriété libre de sa nature, indépendante de tous seigneurs, à tenue de Dieu seulement. Par le fondement que, par le droit écrit, tous les fonds sont censés libres, si le contraire n’est prouvé. Au lieu que, dans les autres pays, la maxime : Nulle terre sans seigneur, a lieu; et, par là, tous les fonds sont présumés assujétis, s'ils ne sont affranchis par les seigneurs. [Mémoire à Louis XIV sur le Languedoc, par Dauner, gouverneur de celte province ; manuscrit, 1715.] 2 Voici le préambule de ces actes : « Au nom de Dieu, Amen; et à tous ceux qui verront et liront ce » présent instrument, soit notoire que l’an de lincarnation de Notre » Seigneur mil quatre cent vingt, et le dix-huitieme jour du mois de » novembre, au règne de souverain prince Charles, par la grâce de » Dieu, roi de France, et R. P. en Dieu messire Guillaume de Cha- » lencon, évéque du Puy et comte du Velay permanent, et haut et » puissant seigneur messire Pierre de Chalencon, en présence de moi » notaire et témoins bas nommés, personnellement établi le noble et » puissant seigneur, lequel, de son gré et libre volonté, pour lui, ses » héritiers et successeurs à l'avenir, a vendu, et par titre de pure ct » irrévocable vente, baillé, cédé, remis et transporté, el baille, » cède, remet et transporte à...…., ete, [Documents particuliers, en latin. | 396 ESQUISSE HISTORIQUE La trop fameuse Isabeau de Bavière, cetté messa- line du quinzième siècle, avait livré la couronne de France à lAngleterre. Le due de Bourgogne, digne serviteur d’ane semblable cause, attend Ja soumission dù Languedoc aùx vues de Podieuse régente. Le Languedoc subit Je joug ; maïs le Velay résiste, Dans sa faiblesse, ïl à le courage de rester fidèle au parti de la légitimité. Ce sera pour son malheur peut-être : qu'importe? Mieux vaut le devoir que la paix. Il sera donc envahi ; mais il ne cédera point. Les Bourguignons arri- vent : ils s'emparent des hauteurs qui bordent le Velay, et marchent vers le Puy. Craponne se trou- vait sur la route des Bourguignons : la ville subit- elle la loi du plus fort, ou lui futil possible de lutter sous la sauvegarde du château où les Poli- gnac tenaient garnison pour le roi de Bourges P Il faut croire à la résistance et à la fidélité de ses habitants. Charles VIT voulut probablement leur en témoigner sa reconnaissance en leur accordant, par lettres-patentes du 21 juin 1458, datées de Bour- ges, la permission de clore et forüifier leur ville *. À cet acte de fidélité se rattache, d’ailleurs, une tradition locale queé-nous devons noter en passant : L’armée bourguignonne, suivant la route de Mont- brison au Puy, $’était arrétée au Pontempeyrat. Une % Archives de Polignac, n° 46 dans l'inventaire. SUR CRAPONNE. 997 femme, Catherine Belloreille, simple matelassière, mais d’une énergie qu'avait grandie la guerre eivile, instruite des projets de cette troupe que servait si bien dans le voisinage le sire de Rochebaron, s’en vint, toute haletante, porter la nouvelle à Craponne. Division dans la cité. On se prononce, qui pour Isabeau de Bavière, qui pour le roi. Comme tou- jours il arrive, le plus mauvais parti fut le plus exalté, le plus audacieux. Son exaltation, son au- dace se traduisent en voies de fait déplorables. La violence allait triompher du bon droit. Catherine Belloreille, digne devancière de Jeanne Hachette, prend une lance et s’écrie: « À moi! qui aime le roi me suive! » La portion fidèle de la population s’enthousiasme, suit l'héroïne, et se poste sur le chemin que doivent suivre les Bourguignons. L’en- nemi parait. Déjà des sentiments meilleurs sont revenus aux habitants restés dans la ville : ils se joignent à l’attroupement qu'anime encore Bello- reille; et cette fois, tous unis autour du château, ils s’apprétent à combattre. L’ennemi , jugeant l’at- taque inutile ou dangereuse, passa outre. Mais le lieu où s'étaient retirés d’abord les partisans du roi, prit et conserve encore le nom de Faubourg des Constants *. Voilà la tradition : nous ne la dis- cutons pas, nous la rapportons. 1 G. pxs Faucuers, dans une de ses notes, signale une inscription qui se lisait sur la clef de la porte de ce faubourg. Nous n'avons pu la retrouver. | 398 ESQUISSE HISTOIQUE Nous ne parlerons ni du voyage de Charles VII en Velay [1420], où sa bonne ville de Notre-Dame lui promit obéissance de vie et de biens jusqu’à la mort, ni de la reprise d'armes du sire de Roche- baron, ni de la proclamation du dauphin à Espaly [1422]. Sans doute , Mraponne eut ses appréhensions et ses joies; son château, comme ceux de tout le Velay, moins Servissas, Fay et Bouzols, tint bon, et, plus que jamais, ses habitants se donnèrent corps et âme à celui qu'ils avaient aimé dauphin et qu'ils devaient aimer davantage depuis que, à deux pas de leurs montagnes, il avait éte porté sur le pavois et proclamé roi de France. Quelque chose de plus certain dans toutes ces guerres, c’est la bravoure d’un craponnais, Jean Saignard de Sacellange. Ce fut lui qui offrit à Charles VIT les premiers drapeaux pris en Velay sur l'ennemi. Ce prince étant au Puy en 1459, pour présider les Etats, voulut laisser à ce gentilhomme un souvenir de sa gratitude. On en jugera par la pièce suivante : « Maistre de nostre hostel, et vous, maistre et » controsleur de nostre chambre aux deniers, sça- » voir faisons que, pour le bon rapport qui faict » nous à esté des sens, loyauté et diligence de » nostre bien-aimé lescuyer Jean de Saignard, et » pour considération des bons services qu’il nous » a faicts, le temps passé, au faict de nos guerres; SUR CRAPONNE. 399 et comme nous a esté remontré, et espérons que plus il fasse icelui Jean de Saignard. Pour ces causes et aultres à celles mouvantes, l'avons, aujourd’hui, retenu et recevons, par ces pré- sentes, nostre premier eseuyer d'écurie, pour nous servir dorénavant audict office, aux hon- neurs, prérogatives, franchises, libertés, gages, hostellages, lucraisons, droits, profits et émo- luments accoutumés, et qui y appartiennent. Si, nous mandons et expressément enjoignons à chacun de vous si, comme à lui appartiendra, que pris et recu dudit Jean de Saignard le ser- ment sûr et accoutumé, et nostre présente retenue enregistrée ès-registres , papiers et escripts de nostre dicte chambre aux deniers, avec celle de nos aultres officiers de semblable retenue estant du même oflice, ensemble des honneurs, préro- gatives, franchises, libertés, gages et hostellages, lucraisons, droits, profits et émoluments des sus- dits faites, soufrés et laissés jouir et user plei- nement et paisiblement, en lui payant iceulx gages et hostellages, aux termes et en la manière accoutumée. Nous voulons que tout ce soit compté et payé par vous, maistre de nostre chambre aux deniers, par nos amis et féaux gens de nos comptes, auxquels mandons et ordonnons ainsi le faire sans difliculté, nonobstant quelconques ordonnances, restrictions, mandement ou défense à ce contraires. » 400 ESQUISSE HISTORIQUE VAT. De 1459 à 1465, rien à noter dans notre petite ville, si ce n’est quelques transactions entre les habitants et Polignac, quelque extension de plus donnée à la cité. Seulement, comme à travers toutes ces guerres qui furent aussi funestes à la domina- tion féodale qu'a Pétranger, la noblesse, frappée souvent par la main royale jusques dans ses plus chers et, ce semble, plus imprescriptibles privi- lèges, craignait l’envahissement complet de lindé- pendance sur ses droits, les Polignac, dès 1451, se hâtent par des actes nombreux, de renouveler leurs titres, de constater leur propriété sur Cra- ponne. Ïls reprennent, pour ainsi dire, pied sur cette terre dont, depuis tant de siècles, ils sont les seigneurs. Vaine précaution! La féodalité s’écroule comme les vieilles tours derrière lesquelles elle s’abrita. Louis XI s’attache à en saper la base; il va, malgré des clameurs impuissantes qui s'élèvent sous prétexte d’ingratitude et d’oppression, placer un pouvoir central, organisateur , hiérarchiquement administrauf et absolu , au-dessus de ces mille principautés remuantes, toujours en rivalité et en guerre, oppressives souvent , et dont l'arbitraire seul ou Ja passion réglementait quelquefois les droits pour les vassaux. SUR CRAPONNE. 401 Pendant que le dévot pèlerin de Notre-Dame du Puy, Lovuis XI, abaissait autour de lui les indivi- dualités seigneuriales, Craponne élevait ses mu- railles et ses tours [1450]; créait pieusement des fondations pour ses morts; agrandissait, grâce à Ja munificence de ses habitants, son église paroissiale de quelques chapelles [1477]; obtenait, pour prison prévôtale, un étage du donjon de son château [1458], et taxait, sur estimation, pour la taille due au roi, les biens-fonds des forains de son mandement ‘. Mais ce qui domine dans les actes que nous avons de cette époque, ce sont les legs pieux. Toute la vie, tout le mouvement est autour du presbytère. La paroisse, c’est la commune; l’église, c’est pres- que toute la cité. Depuis que l’étroite chapelle du 1 4 mai 4480. Transaction passée entre les habitants de la ville de Craponne et Pierre de La Chaud, Jacques et Caprais Mo- nate, du lieu de Courbevaisse, par laquelle ceux-ci s’obligent à payer la somme de quatorze sols pour chaque cent livres de la valeur de leurs fonds, pour la taille due au roi; le tout par provision et jusqu'à ce qu'il sera fait une estime générale de tout le mandement, le fort portant le faible, et eu égard à lesti- mation faite par Jean Chomette, d’Argentiére, à cet effet député par le sénéchal de Beaucaire... Reçu Rochette, notaire. — Le diocèse du Puy était divisé en 205 mandements. Une étendue quelconque de sol, dépendant d’un même seigneur, ne constituait qu'un mandement. De là, pour plusieurs mandements, une conli- guration bizarre, des formes irrégulières. 409 ESQUISSE HISTORIQUE château, aux écussons armoriés de Polignac, fascés d'argent et de gueules de six piéces, s'était élargie d’une nef latérale, puis de deux, ensuite de cha- pelles parallèles aux nefs, chaque fidèle, dévotement fier du patronage de saint Caprais, voulait y avoir une place; chaque famille, sa sépulture. ? Aussi, c’est à qui, dans ses dispositions testamentaires, stipulera des donations, dressera des croix ‘Sur les chemins, versera l'huile dans les lampes du sanc- tuaire, et instituera des offices à perpétuité pour soi et pour les siens. En juillet 1525, ia ville de Craponne recut des lettres-patentes de Francois F, pour l’achèvement de ses fortifications. Le travail, commencé sous Charles VIT, avait été interrompu par la peste qui, en 1482, ravagea le Velay. Depuis, ces con- structions n'avaient pas été reprises. Toutes les ressources s'étaient épuisées dans les réparations, agrandissement, embellissement de l’église, et aussi dans la construction d’une maison plus convenable pour le prieur. Cependant une ligue redoutable s'était formée contre François F. Charles-Quint, Adrien IV, Henri VII, Venise; Milan, Génes, ? Cette ambition d’étre inhumé dans lPéglise donnait quelquefois lieu à d’étranges transactions. Ainsi, nous {rouvons un homme de ce temps accordant à son tailleur le droit d’être inhumés, lui et son épouse, dans la chapelle de sa famille, à la condition que le tailleur le fournira d’habits jusqu’à sa mort.. SUR CRAPONNE. 405 Florence, en un mot tout ce qui comptait en Europe, s’était coalisé contre lui. Il était urgent de se préparer à toutes les éventualités d’une in- vasion étrangère. Il fallait aussi se prémunir contre les attaques du dedans. Il y avait des traitres. Le premier, le plus dangereux, était le plus grand seigneur du royaume, le duc de Bourbon. Ces raisons déterminèrent François I à faire clore les villes et fortifier les chäteaux. Les travaux entrepris à Craponne exigent des dépenses extraordinaires. Il faut y subvenir par de grands moyens [1528]. D'une part, on s’efforce de diminuer les autres charges de Ia communauté, et de l’autre, on contracte des rachats de dime à messire Louis Forestier, chanoine de Notre-Dame du Puy, prieur de Craponne‘ : transactions qui portent sur agnels, gélines, bleds et fruits. On ne diseute pas la légitimité de cet impôt; on le croit juste, nécessaire; on sait qu'il remonte à des épo- ques reculées; mais on fait appel au cœur du prêtre, on invoque la nécessité; et tout s’arrange à l’amiable, sous le bon plaisir du siège aposto- lique et de la cour souveraine de Toulouse. Ces travaux occupèrent les habitants de Craponne pendant plusieurs années. La ville n’était pas close encore, que suryenaient des ennemis autres que ceux qu’on attendait. Le calvinisme, qui fut le 1 25 mars 1328; reçu Sapientis, en latin. 404 ESQUISSE HISTORIQUE prétexte où la raison de tant de erimés, dirigeait ses bandes sur le Velay. Un de ses chefs, qui laissa danse Dauphiné, dans le Forez surtout, les tristes souvenirs de son implacable et froide cruauté, le baron des Adrets nous envoya le plus exalté, le plus violent, sinon le plus habile, de ses licute- nants, Blacons. En quelques jours il atteint nos montagnes, entrainant sur son passage le paysan ruiné, le fils de famille insoumis, l’homme aux passions fougueuses, l’ami de l'indépendance, le réveur anticipé de transformations sociales par le sang. Il ne trouva que trop de ces hommes dis- posés à tout entreprendre, et après être parti de Montbrison avec quelques compagnons seulement et deux ou trois petits canons, il se vit, en arri- vant au Pontempeyrat, environné d’une véritable armée de gens de tout nom et de toute bourgade, dépourvus, pour la pluparts d’arquebuses et de pertuisanes, mais bientôt habitués à se faire d’une fourche, d’un bâton, d’une faulx, une arme plus redoutable que celle des miliciens réguliers. Cette troupe se grossit bientôt des religionnaires du Puy, de Fay, de Saint-Agrève. Le rendez-vous avait été donné à Pontempeyrat, et de là on devait se porter sur la cité Anicienne, dont les riches églises offraient un puissant appat à leur cupidité, qui était plus en jeu que la passion religieuse. Mais Craponne se trouvait sur la route. La ville avait fait bonne contenance, quand passa la recrue SUR CRAPONNE. 405 envoyée du Puy, etc., etc.; son château avait de nombreux arquebusiers postés là par le grand justicier Polignac. Ses murailles inachevées laissent voir encore des tranchées ouvertes et des portes mal fermées; mais il y a, derrière, une milice citoyenne qui a Confianée en saint Caprais, et qui ne compte pas tellement sur le patron seul de la ville, qu’elle n’ait lance au point. C’est done pru- dent, pour l’armée religionnaire, de passer outre, Et puis, est-ce bien la peine de marchander un logement d'étape à si chétive cité, quand, après quelques heures de marche, on peut apercevoir Corneille et piller Notre-Dame du Puy? L'essentiel, c’est d'aller vite et sans coup-férir. On surprendra les Aniciens, avant peut-être que la nouvelle de cette nouvelle prise d'armes leur arrive. À Notre- Dame donc, et paix à saint Caprais! Les religionnaires en furent, presque partout, pour leurs frais de sacrilège et de fureur. En somme. le Velay. fournit peu. d’adhérents à cette secte incendiaire, et il dut être compris, comme tout le Languedoc, dans les félicitations que don- nèrent au pays les Etats tenus à Béziers, en 1567 1. 2? Délibération du 45 novembre. « L'assemblée, traitant de la religion et grands inconvénients qui sont advenus tant en icelui pays que partout le royaume, par le moyen de ceux qui se sont TOME XVII. 26 406 ESQUISSE HISTORIQUE Cette même année, dans les prévisions d’une invasion nouvelle, Craponne, sur la proposition de ses procureur et syndic, Maurice Ardaillon et et Jean Torrilhon, songea à réaliser encore des économies sur les finances de la Communauté, en faisant, avec le prieur, des abonnements ré- ductifs de la dime. On avait trouvé, nous l'avons vu, bon accueil auprès de dom Forestier; les prieurs Jean de Rochette, Daurat, Chapot et Valentin, plus tard chanoine de Notre-Dame et abbé de Saint-Vozy, imitèrent leur prédécesseur. Tandis que, en ce même temps, le vicomte de Polignac faisait inventaire et nouvelle notification de ses titres, droits et privilèges pour sa sei- gneurie de Craponne [1570], les prieurs accor- daient à leurs paroissiens trop chargés, de ces départis de la vraie, et ancienne et catholique religion romaine, que Sa Majesté le roi tient, a arrété de faire entendre à icelle Majesté qu’encore qu'aucun du pays se soit débordé de la vraie religion, qu'aucun délégué en prisse consentement à ce qu’il fat baillé temple à ceux de la secte, si est néanmoins que le pays duement assemblé , ayant expressément révoqué le con- sentement, et déclaré se vouloir maintenir, vivre et mourir en la religion catholique, apostolique ct romaine, sans aucune- ment s’en départir; se sentant bien heureux, ledit pays, de ce que la Majesté du roi, suivant les vestiges de ses prédécesseurs, depuis le roi Clovis, se maintient et soutient dans ladite reli- gion catholique. » SUR CRAPONNE. 407 larges et paternelles concessions qui honorent une sage administration dans la postérité. VIT. Henri HT avait succédé, en 1574, à Charles IX, dont l’histoire indignée flétrira à jamais les san- glantes immolations. La Saint-Barthélemy se dres- sera éternellement devant son ombre comme un spectre odieux qu’heureusement la religion n’a pas à reconnaitre !.... Triste règne, d’ailleurs! règne de hontes, de lâchetés, de dissipations, de guerres, de catastrophes, et qui finit par le crime de Jacques Clément! Des concessions prudentes qui, pour le temps, étaient des trahisons véri- tables envers les catholiques; lEglise chassée de l'Etat, le besoin de représailles, la fédération des huguenots; des passions individuelles qui tenaient à se couvrir d’un manteau, tout poussa la por- tion des masses extérieurement fidèle à la vieille foi, à chercher un drapeau et des chefs. Une vaste association se forme, s'organise, se donne des mots d'ordre d’un bout de la France à l’autre , et la colère, aussi souvent que la croyance, développe si bien les solides mailles du réseau, qu’en peu de jours cette association a ses apôtres et ses soldats dans la province la plus reculée et 408 ESQUISSE HISTORIQUE jusques dans le plus ignoré des hameaux : c’est la Ligue. Personne ne devait mieux servir cette cause dans le Velay, personne ne la servit mieux que le baron de Saint-Vidal, si fameux dans nos fastes vellaviennes. Cette grande croisade devait aller à son humeur guerroyante, à ses habitudes prises contre les routiers et pour Blacons, à sa foi de bon catholique, à ses traditions de famille. Saint-Vidal s’y jeta en jeune gentilhomme et en vieux capitaine; il en accepta toutes les péripéties et tous les dan- gers; il ne faillit à aucun des devoirs de ligueur : il n’oublia aucun des articles du symbole qu’a- vaient adoptés et que traduisaient singulièrement, chaque jour, les Joyeuse, les Mayenne , les Guise. . Les religionnaires lui préparèrent, au milieu des montagnes du Velay, un labeur dans la mesure de son énergie. Une des bandes qu'il s’attacha surtout à combattre, fut celle que con- duisait le trop célèbre capitaine Merle, dont l'audace, sans conviction religieuse, effrayait et désolait le pays. Ce brigand était venu surprendre Craponne. Personne n'était sur ses gardes dans la ville, et le château lui-même n'avait qu’une faible garni- son [1577]. Merle attaque; il a bientôt fait brèche aux chétives murailles; il pille, il rançonne les habitants pour les punir d’une résistance inutile. Quand il s’est emparé du château, où 1l lance SUR CRAPONNE. 409 une poignée de ses gens, il repart, comme l'arabe, emmenant avec lui, jusqu’à la ville d’Ambert qui était devenue son quartier général, tous ceux qui n'avaient pu payer le tribut imposé par le vain- queur à la ville conquise. À cette nouvelle, Saint-Vidal accourt ; il chasse ou tue les soldats du farouche capitaine, et se dirige sur Ambert. Après un siège inutile de quel- ques jours, il va se joindre à l’armée du duc d'Alençon qui fait le blocus d’fssoire; mais on ne put, quoique la ville füt prise, s'emparer de lin- saisissable et presque invisible routier. Le # avril 1579, Henri HI, instruit des ravages que Merle avait faits à Craponne, envoya l'autori- sation de relever et parachever les murailles, tours, fossés, porlaux et autres fortifications né- cessaires, et de les joindre au château y étant. : C'était la troisième fois que, sur ordonnance royale, les habitants se mettaient à l'ouvrage. Certes, cette fois on ne pouvait y mettre aucun retard. Les ruines étaient encore là, les rues sanglantes, le deuil partout! Les sacrifices ne coùtèrent rien : on le voit par les conditions que l'on fit à lentrepreneur. On voulut surtout qu'il se bhätt. Mais pour ne pas laisser, dans linter- valle des reconstructions, la ville sans défense, on appela une garnison de cent gens d’armes, hommes de eheval, hommes de pied, lesquels 410 ESQUISSE HISTORIQUE préteraient main-forte à la milice urbaine, plus que décimée. En moins de deux ans, la ville était fortifiée ; elle avait de larges fossés, une ceinture de mu- railles, quatre portes, huit tours [1586]. Quant à la réparation du château, on n’y songea pas. Cette charge revenait à Mgr de Polignac. Il n’en eut pas le temps, s’il en eut la volonté. Le gouverneur Saint-Vidal, prenant en considération plusieurs délibérations des Etats, ordonna la dé- molition des châteaux qui, ruinés dans les guerres, ne pouvaient plus que servir d’asile aux religion- naires ou aux malfaiteurs. Le château de Craponne fut compris dans l’ordre du puissant baron : il fut rasé. La cour d'honneur, où, dans les récep- tions seigneuriales, paradèrent , avec tous les brillants atours du temps, nobles châtelaines, hauts barons, gentils pages, robustes archers, innombrables serviteurs, devint pour les habitants la simple place du Fort, nom qu’un ironique souvenir à conservé jusqu'à nos jours. Avee les débris de ce manoir colossal, de moins sévères habitations furent construites pour les citadins : le donjon seul demeura debout entre ces ruines. Il subsiste encore aujourd’hui; reste imposant sans doute, mais qui parle, avec ses pierres noires et disjointes, d’une puissance comme tant d’autres évanouie!... Une horloge ! est placée au sommet ; 1 « Transaction passé entre M. Claude Fonton et Jean Girard, SUR CRAPONNE. Ati elle a marqué des jours et des siècles plus ora- geux encore que les jours et le siècle dont la foudre épargna ce donjon! Qui sait les révolu- tions dont elle marquera encore les heures! Et qu'importait, après tout, aux Polignac la destruction entière de ce château? Ils n’aimaient point, il parait, à se sentir ainsi pressés, dans leur manoir, par cette ville dès lors réveuse d’in- dépendance ; il leur fallait plus d'air, plus d'espace pour les courses du jour ou le nonchaloir de la soirée. Dès 1540, ils avaient jeté les yeux sur une riche métairie, gracieusement assise, à quel- ques centaines de pas de leur eastel, le Crozet. Ce castel, aux lourdes tours crénelées, détruit, ils transformèrent la riante villa en splendide château. consuls, d’une part, et Antoine Beyssac, maitre forlogeur, de la ville du Puy, au sujet de lParrét de Fa cour des aïdes par lui obtenu contre la Communauté, en paiement de la faction de l'horloge de cette ville, estimée être de la valeur de plus de deux mille cinq cents livres; et par laquelle ledit Beyssac, con- sidérant qu'il est originaire de la ville de Craponne et qu’il avait toujours eu de l'amitié pour la Communauté, se départit de l'effet et force dudit arrêt, à la charge que lui sera fournie par la Communauté la somme de cinquante livres de pension pen- dant quarante années pour tous salaires, façon et fournitures, et de faire célébrer par la Communauté, à perpétuité, une messe a haute voix, à chaque jour de saint Antoine, son patron, à son intention, à commencer après son décès. — Reçu Mosnier, notaire; — 47 février 4690. » 4192 ESQUISSE HISTORIQUE IX. Des murailles ne préservent pas d’un fléau. Cette même année 1586, le Velay, déjà si mal- heureux des guerres religieuses et de leurs tristes conséquences, fut ravagé par la peste. Les mé- moires de l’époque en font une de ces peintures à rester toujours dans les souvenirs. Elle eut tous les caractères, toute la ténacité de la fameuse peste noire de Florence. C'était trop d’un fléau; il en.vint un second, la famine. Aussi, Dieu sait comme la population fut déeimée! Plus d’une fois, dans certains centres de population, les cadavres restèrent des semaines entières sans sépulture ; ils attendaient que passät le charriot sinistre, corbillard banal qui emportait, à jour dit, toutes les victimes dans une fosse commune. Craponne eut sa part dans les pertes. Les écrits du temps chargent bien Ja nécrologie! Ils élèvent le chiffre des morts , ville et çam- pagne, à plus de trois cents. Il fallut, en effet, que le fléau füt bien intense! On fit de grandes dépenses pour l’assainissement et, comme le disent les écrits de l’époque, pour la désin- fection. Précaution inutile! La mortalité continua. Alors la population effrayée chercha à désarmer le Ciel. On s’imposa des jeünes, on fit des amendes SUR CRAPONKE. 415 honorables en public, des processions, tout ce que la foi peut inspirer dans de semblables dé- sastres. Enfin, on jeta, à la place d’une eroix qui était sur l’ancien chemin de Craponne au Puy, les fondements d’une chapelle dédiée à saint Roch. — On fit le vœu d’aller processionnellement, à perpétuité, à cette chapelle. La tradition ajoute que la peste cessa aussitôt. Cette procession se fait encore chaque année. La confrérie des Péni- tents y assiste, et les quatre membres qui portent la statue du saint libérateur, marchent pieds nus et la face voilée, Cette confrérie existait à Craponne depuis quel- ques années. Elle eut les ferveurs -et les exagéra- tions des corporations de ce genre, les flagellants et autres. Le pape Paul V leur envoya, de Saint- Mare de Rome, à la date de 1608, une bulle ainsi Conçue, que les Pénitents conservent comme le plus riche trésor de leurs archives. « Paul, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à tous les chrétiens qui ces présentes verront, salut et bénédiction apostolique. « Considérant la fragilité de notre mortelle exis- tence, l’état et la condition de la nature humaine, ainsi que la sévérité des jugements de Dieu, nous souhaitons que les fidèles préviennent la rigueur de la justice divine par les prières et les bonnes œuvres, au moyen desquelles ils puissent effacer LA ESQUISSE HISTORIQUE leurs fautes pour obtenir avec plus de facilité la jouissance d’une éternité bienheureuse. « Instruit que, dans l’église de Craponne, diocèse du Puy, il existe une édifiante et pieuse confrérie de Pénitents de l’un et l’autre sexe, consacrée, pour le salut des âmes, à la louange de Dieu tout-puissant, et érigée sous l’invocation et le titre de la bienheureuse Vierge Marie, avec règlement établi pour toute sorte de personnes, nous avons fait cette érection pour que tous les confrères puissent se livrer plus particuliérement à la pra- tique des vertus, par l'exercice de la prière et des œuvres de piété. Désirant le bien et la pros- périté de la confrérie, nous recommandons qu’elle soit maintenue, non-seulement dans l’exercice de ses fonctions, mais que tous les confrères soient d'autant plus portés à visiter leur église, qu’elle sera élevée en plus grand honneur par les indul- gences y attachées, tant pour le respect et la vénération qui lui sont dus que par le concours des autres fidèles qui viennent lui rendre leurs hommages et devoirs de piété, comme tout bon chrétien doit faire; afin que tous étant remplis et comblés des dons célestes, et par les suffrages des bienheureux apôtres saint Pierre et saint Paul, ils se reposent sur la miséricorde de Dieu tout- puissant et de Jésus-Christ notre rédempteur. » — Suit le disposiuf. Nous n’avons pas à nous occuper davantage de SUR CRAPONNE. 415 cette confrérie où se faisaient un honneur d'entrer le bourgeois et l’ouvrier, le grand seigneur et le paysan, tous pieusement réunis comme des frères, partageant, sans distinction aucune, les charges et les dignités de l’ordre, dont décidait le scrutin. Tout a été dit, écrit sur ses usages : le suaire dont les confrères se voilent la face aux jours de pénitence ou de deuil; leur large robe blanche, leur bâton doré, surmonté de statuettes d’anges ou de saints en groupe; leurs longs offices chantés, leurs processions, — celle surtout du Jeudi-Saint, aux flambeaux, où toute l’histoire de la passion est redite par ces chants graves et tristes, figurée par cette exhibition d'instruments d’un long sup- plice, qui ramène sous nos yeux, à tant de siècles de distance, le calice de la cène, le manteau et le sceptre de dérision, les trente pièces d'argent, la tunique sanglante, les cordes, les chaines, l'éponge trempée de fiel, léchelle, les clous, la couronne d’épines, la lance du soldat, la croix, le Jinceul — ; rien n’a été omis de l’histoire générale de ces corporations dans le midi. Nous aurions peu de grâce à le redire, quand surtout la confrérie de Craponne, bien qu’elle ait eu jus- qu’à six cents membres, n'a été qu’une faible copie de celles de Nimes, Marseille, Toulouse, Mont- pellier.. ..... Hélas ? quand l'élément human prétend s'isoler de lélément qui empreint d’im- mortalité toutes les institutions, il périt infailli- "416 ESQUISSE HISTORIQUE blement! Lei, comme en d’autres lieux, la confrérie des pénitents blancs n’a guère conservé, de l’in- stitut primitif, que son costume et son nom! Nous sommes rappelé par une autre institution dont Craponne fut longtemps glorieuse , le Consulat. Nous avons pu, à grands efforts de recherches, dresser à peu près exacte, la liste de ses titulaires depuis cette année 1586, jusqu’à leur suppression !. 2 41586. Aurier , 1598. Porrat. Entrée Durand. Entrée à ces _à l'assiette. l'assiette. :A587: Simon Fonton , 1599. Pierre Durand, ne. Ant. Chomette, TIR TOR 4589. Jacq. Torrilhon, 4600. Jacq. Torrilhon, Ph. Gaillard. Simon Fonton. 1590. Entrée à l'assiette. 4602. ’ Entrée 1595. Jaeq. Torrilhon , 1606. à Ph. Gaillard. 1610. | l'assiette. 1594. Entrée à l'assiette. 1614. Claude Marcos , 41596. Simon Fonton, Entrée à Pons Aurier (*). Pre Planchaud. Passiette. | 1597. Simon Fonton, 1619. Louis Bley, Antoine Chouvet. Antoine Mosnier. (*) Cette famille avait donné plusieurs membres à la magistrature. L'un fut célèbre avocat à Toulouse. C'est lui qui a fourni au P. Niceron, au- teur des « Mémoires pour servir à Vhistoire des hommes illustres », des détails biographiques sur André Valladier. Voici comment le P. Niceron parle de lui : « Cet article m'a été envoyé de Toulouse par une personne » d'esprit et de mérite dont on a déjà vu quelques morceaux curieux dans » Ces mémoires. » Mais il n'est pas douteux que été en charge chez 1625. SUR CRAPONNE. Mathieu Hauve, Jean Montagne. Pierre Valentin. Pierre Daurelle. Claude Picon, Pierre Terrasson. Georges Beldon, Antoine Albose. Jacq. Montagne, Claude Terrasson. Pierre Daurelle. Jean Fonton, CI. Ranchoup. Simon Ardaillon, Pons Aurier. Pierre Terrasson. Pierre Favalier, Antoine Donat. Pierre Valentin, Jean Porrat, Cortial, greffier. Pierre Aurier, Martial Terrasson Antoine Chapot ;, Guill. Rochette. Pierre Marcon. Jean Pastel, Pons Privat. Nicolas Porrat, 417 les consuls aient nous bien avant l’époque Maurice Rodial. Ant. de Vinols d’Yneyre, Jacq. Sapientis. Claude Parrel. Noël Valentin, Louis Vincent. Jacques Porrat. Martial Terrasson Math. Maillard. Jacq. Sapientis. Pierre Barjon, Vital Mosnier. Pierre Favalier , Antoine Carle,. Blaise Maillard, Claude Privat. Benoît Dupoux, Pierre Sapientis. Claude Parrel, Claude Salanon. Jacques Hauve, Ben. Montagne. Pierre Favalier. Jean Chapot, Jean Julien. Louis Parrel, Jean Bonnat. Pierre Malaure. 418 ESQUISSE HISTORIQUE marquée par cette date. Avec son génie d’imita- tion, il n’est pas croyable que Craponne, qui 1668. 1669. 1672. 1675. 1675. 4678. 1679. 1680. 1681. 1682. 1685. 1684. 4685. 1686. 4687. 4688. 1689. Pierre Barjon, Ant. Rousset. Pierre Privat ,- Pierre Acarion. Claude Parrel, Claude Salanon. Louis Porrat, Jean Pinet. Pierre Pastel, Vital Grivel. Jacq. Gaillard, Michel Cortial. Gabriel Pastel. Valentin. Franc. Favalier, Vital Pergier. Jacques Dupoux Gge. Ranchoup Pierre Breul, Matth. Bufferne. Pierre Chapot. Antoine Vincent, Georges Beldon, Claude Barjon. Jean Dupoux. Pierre Ranchoup. Pierre Aurier. Jean Julien. Guill. Barjon, Ant. Boulle. Pre Courdouan, 1689. 4690. 1691. 1692. 1695. 1694. 4695. 4696. 1697. 1698. 1699. 4700. 4704. 1702. 1705. 1704. Christ. Valentin. Claude Fonton. Jean Girard. Gaspard Debrye, Claude Bonnat. J.-P. du Favet de Sasselange, Claude Vasserol. Jérôme Ardaillon, Mathieu Boulle, Ant. Vincent, Simon Boulle. Damase Calemard Antoine Carle. J.-B. Parrel, J.-B. Montagne. J.-B. Montagne. Vital Mosnier. Jérôme Grand, Barth. Thévenon. Claude Parrel, Jean Lassaigne. Hilaire Barjon, Etienne Privat. Pierre Porrat. Franc. Vernadet. Jean Mosnier. Pierre Boalle. Laurent Delors. Jean Jourde. J.Pic. de l’Estrade SUR CRAPONNE. 419 avait toujours été jaloux de s’administrer à l'instar des cités plus importantes, se soit abstenu de 1704. 4705. 1706. 4707. 4708. 4709. 1710. ATAA. 1712. 1715. 1744. 1715. 4716. 4747. 1748. Pierre Martin. Pierre Pastel, Claude Jourde. Claude Vasserol. Sébast. Rochette. Antoine Pastel, Jacq. Bonnefoux. Etienne Privat. Benoît Mosnier. Ant. Porrat des Pradeaux, J.-B. Lassagne. Jean Girard , Ant. Ranchoup. Antoine Carle, Pierre Chapot. Jacq.-Caprais Au- rier d’Ollias, Pre Ranchoup. CL.-Ant. Gallet, Jean Valentin. Claude Aurier de Piessac, Pierre Privat. Jacques Beldon. Jacques Malbot. Pierre Porrat, Ant. Mosnier. Pierre Favalier. Benoît Vincent. P .Porr. du Cluzel Jean Bachelier. Pierre Breul, Franç. Cortial. Pierre Martin, François Pergier. Pierre Dupoux. Joseph Montagne. Antoine Mosnier. A. Charbonnier. Pierre Chapot, Domin. Girard. Joseph Courdoan, Claude Roche. Simon Marcon, Pierre Sapientis. A.-V. d’Antreux, Franc. Vernadet. Charles Gallet, Maurice Privat. J.-B. Grand, Marcelin Barjon. Louis Parret, Pierre Privat. Les mêmes. Jos. Montagne, André Poncet. Domin. Girard. Pierre Bardon. Pierre Hauve. Jacq. Chevalier. Pierre Marcon , 420 4 ESQUISSE' HISTORIQUE donner à ses administrateurs civils un nom qui caressait ses idées républicaines." Benoit Vernadet. Les mêmes. Charles Gallet. Simon Valentin. Joseph Torrilhon de Prades, J.-B. Derrodes. Ant. Maillard, Pierre Duroure. Gabriel Pastel, Marcelin Roux. Les mêmes. Idem. Jean Faconde Du- poux, Pierre Chiron Du- plessis. P. Ch. Duplessis, Charles Gallet. Pierre Duplessis, Henri Carle. Pierre Duplessis, Charles Gallet. Pierre Duplessis , Henri Carle. Pierre Debois Jo- ly Duplessis , 1754. 4755. 14756. 1757. 1758. 4759. 1760. 1761. 4762. Charles Gallet. Claude d’Aurier de Piessac, Jean Fayolle. Pierre Mosnier , Jos. Delaigue. Hilaire Favier, J.-B. Rochette. P.-Cap. Martin, Pierre Donnat. Henri Delort, Caprais Faucon. Antoine Bouchet, Jean Vignon. Gab. Porrat des Pradeaux , Caprais Poncet. J.-B. Parrel de Reiraguet , Gabriel Pergier. Maurice Privat, Ant. Vernadet. Alexis Porrat De- lolme, P.-Geoff. Bodin. Ant. d’Aurier, P. Delaigue. * Antoine Gallet, Gabriel Pergier. Dominiq. Garde. J.-B. Bardon. SUR CRAPONNE. 491 Le Consulat, à Craponne, était presque ce qu'il fut au Puy. Les deux Consuls dirigeaient, comme les capitouls à Toulouse, comme les échevins à Paris, les affaires de la Communauté et de Ja justice. Leur administration s’étendait à tous les intérêts de la ville, quelle que füt leur nature. À eux de convoquer le Conseil politique, d'assurer la levée des tailles, la perception des autres impôts; à eux les clefs de Ja ville, le soin de sa défense. Au Puy, les consuls apposaient à leurs 4768. P.-Roch Privat | 1779. J.-P. Donnat. de Trioulet , 1780. Jos.-P. Torrilhon J.-B. Pergier. Benoit Vayres. 4769. N.-R. de Vinols, 1781. Pierre d'Aurier , Domin. Boulle. Benoit Veyres. 4770. Pre Dubois Joly 4782. Pierre d’Aurier , Duplessis, Barthél. Faucon. Claude Faucon. 1783. J.-F. Liogier , ATTA. Claude d’Aurier, Barthél. Faucon Franç. Delaigue. 1784. J.-F. Liogier , 4772. Pierre Mosnier, Aug. Boalle. Jacq. Desrodes. 1785 Gabriel Porrat du 4775. Les mêmes. Cluzel , 1774. Idem. Aug. Boulle. 1775. Caprais Gallet- 1786. Gabriel Porrat du 1776. Fontneuve, Cluzel, AE Caprais Grand. Dubois Joly Du- 4778. Caprais Gallet, plessis. 4719: P.-J. Torrilhon d’Autrac, TOME XVII. 19 «1 429 ESQUISSE HISTORIQUE actes le sceau de la cité; à Craponne, ces actes recevaient l'empreinte des armes du seigneur de Polignac, de la main du juge civil et criminel du mandement. Les Consuls étaient nommés généralement pour une seule année, quelquefois pour deux, rarement pour plus longtemps. Le Conseil politique était chargé de cette nomination. Ce Conseil était com- posé de huit membres, nommés eux-mêmes par l'assemblée universelle des citoyens, convoquée, à son de trompe, par le bailli, et autorisée par Île procureur fiscal. Le Conseil prenait, sur le nombre des candidats consulaires, six membres qu’il ran- geait en deux classes de trois membres. Dans la première classe, où ne devaient figurer que des hommes nobles ou bourgeois, on choisissait le premier Consul; le second Consul était pris dans la deuxième classe; le tout au scrutin secret et à la simple majorité. Le bailli ou le lieutenant de juge surveillait et légalisait l'élection; le procès-. verbal portait, avee sa signature, celle du greffier consulaire ::ce dernier était nommé au vote secret pour un ou deux ans!. L'élection des Consuls un fois constatée, le 1 Tous ces détails sur le Consulat de Craponne sont tirés des délibérations authentiques de l'assemblée urbaine, que nous avons entre les mains. SUR CRAPONNE. 425 Conseil politique, en compagnie des Consuls sor- tant de charge, se rendait chez le premier Consul nommé. Le nouvel élu recevait des mains de son prédécesseur les insignes consulaires avec barangucs de félicitations. On se rendait ensuite chez le second Consul, pour lequel le deuxième Consul sortant accomplissait le mème cérémonial. Ces formalités remplies, les nouveaux élus se rendaient chez le bailli, à son défaut chez le lieutenant de juge, et, la main sur l'Evangile, ils prètaient le serment en la forme qui suit « En présence de Dieu, je jure de bien et fidèle- ment exercer la charge de Consul, conformément aux arrêts de Sa Majesté le roi et des Etats; de soutenir les intérêts de cette Communauté, et de ne rien faire ni innover qui puisse lui être préjudiciable. » Le soir, il y avait illumination, joyeux festin, feux de joie, etc. Les Consuls portaient la robe rouge, bordée d’hermine, avec l’écharpe blanche, dans les so- lennités religieuses où ils avaient, d'habitude, la préséance. Pour les cérémonies ordinaires, dans le simple exercice de leurs fonctions, ils avaient sur l'épaule gauche une sorte de pallium éearlate qu’on appelait chaperon ?. 1 Ce n’était pas loujours sans difficulté qu'on faisait accepter 424 ESQUISSE HISTORIQUE L'année suivante, 1587, le seigneur de Polignac continua d’aliéner des portions considérables du terrain qu’il oceupait encore dans la ville, dénouant ainsi peu à peu ces liens séculaires qui ne se rompirent complètement qu’à la révolution de 1789. Pendant ce temps, la Ligue, mieux organisée partout, plus chaudement patronée par de grands noms, la Ligue se propageait dans le Velay. Le baron de Chaste venait d’être nommé sénéchal, il tenait, lui, pour le parti du roi; et du haut château de Polignac, dont il était le seigneur depuis qu'il avait épousé la veuve du vicomte, il surveillait et paralysait, autant que possible, les machinations de la « Sainte-Union ». Craponne, comme Le Puy, comme presque toutes les villes du Velay, resta fidèle à la cause royale. De Chaste y mit une garnison, et tous les efforts des agents actifs de la Ligue ne purent la seconde place de Consul. L’amour-propre y mettait plus d’une entrave. Ainsi, parce que, dans l'élection, un des élus trouva jointe à son nom la qualification de marchand, il refusa, disant qu’il boutiquait bien , mais qu’il n’était pas marchand de profession. SUR CRAPONNE. 495 ébranler la foi politique des habitants. Mais ce que l'intrigue n'avait pu obtenir, la force l'obtint. Vers le mois d'août 1590, Saint-Vidal, récem- ment nommé grand maitre de l'artillerie de France et gouverneur, pour la Ligue, dans le Velay et le Gévaudan, vint, avee des forces trop impo- santes pour qu'il y eût longue résistance, reprendre Craponne au nom du due de Nemours. Ce dernier arrivait en Velay, et bientôt toutes les villes du pays, tous les points importants furent occupés par sês gens. Avee cette lutte obstinée de part et d'autre, avec les marches et contre-marches de tant de troupes qui traitaient la contrée en terre conquise, on peut se faire une idée de la triste situation de la ville et des campagnes : elles étaient tallées à merci, ranconnées tour-à-tour par les partis contraires, obligées, dans le même jour quelque- fois, de saluer deux drapeaux ennemis, inquiétées aujourd'hui par les ligueurs, demain par les royalistes, un autre jour par les routiers, subis- sant tous les caprices que leur imposaient la force et l'audace. Pendant l'armistice, qui ne fut guère qu’appa- rent, conclu entre le due de Nemours et le baron de Chaste, les Jigueurs avaient quitté Craponne. Ds l'intervalle, un soldat royaliste fut tué. Par qui? On Plignore; mais, un matin, son cadavre fut trouvé au pied des murailles. Grande rumeur 426 ESQUISSE HISTORIQUE dans le parti du défunt. On adresse letires sur lettres aux Consuls pour se plaindre , pour menacer. On va piller la campagne, incendier les métairies, saccager la ville, si une rançon n’est point payée. Il fallut s’y soumettre '. Sans cela, que serait-il advenu? À cette époque, Îles vengeances étaient si terribles ! Pour mettre fin à tant de maux, il ne:fallait qu'une satisfaction à la conscience catholique, Vabjuration du Béarnais. Henri IV accomplit cet acte aux applaudissements de la France, qui avait préléré la guerre civile et toutes ses fureurs à la possibilité d’avoir pour chef un roi calviniste. Mais tous les partis ne s’éteignent pas avec l’élé- ment qui les met en feu. Restent toujours la pas- sion individuelle, l'intérêt ou lorgueil. Voilà pourquoi, toute cause de rébellion ayant cessée, le Velay ne se soumit pas complètement. Cra- ponne cependant, moins tenace que Saint-Didier et que d’autres villes, ouvrit d'elle-même ses portes au roi, heureuse de pouvoir, à l'ombre de l’au- torité souveraine , alléger ses tribulations. Craponne avait perdu plusieurs hameaux de son taillable et mandement : Ollias, La Monate, Le Vernet-Chabre, Le Montel-de-Soulage , ete., etc. Les collecteurs de la province d’Auvergne avaient 1 Documents particuliers. SUR CRAFONNE. 427 “profité des troubles pour les comprendre illégale- ment sur leurs rôles. Ces hameaux s'étaient d’ailleurs prêtés d'assez bonne grâce à cette usurpation. [ls y avaient intérêt. Craponne avait de grands sacrifices à s'imposer et pour ses mu- railles et pour sa garnison. Il y avait nécessité à augmenter, à doubler souvent les charges de l'impôt. La Monate, Ollias, ete., voulurent s'y soustraire. Il leur était moins onéreux de subir le taillable d'Auvergne; ils l’acceptèrent. Craponne, trop occupé des guerres, dépourvu de protections, ou trop malheureux pour faire entendre ses ré- clamations , dut se résoudre au sacrifice. Cependant , la guerre finie, ce ne fut point là sa préoccupation. La eité consulaire avait à cœur l'exclusion d’un diocésain aux Etats da Languedoc. Elle chargea, de concert avee les sept autres: villes, le syndic du diocèse de réclamer auprès des Etats assemblés à Béziers. Ceux-ci prirent simplement acte de la demande et n’y donnèrent pas suite. Mais Craponne ne voulut point subir cette fin de non-recevoir et formula d’énergiques protestations dans les délibérations de son conseil politique en 1614, 1785 et 1788. Les habitants se préoceupèrent dès lors de la situation matérielle de la ville. Des réparations étaient nécessaires. Mais où trouver les ressources ? La communauté avait épuisé les siennes. La red- dition de compte des Consuls présenta , pour 498 ESQUISSE HISTORIQUE l'année présente et celle qui l'avait précédée, un défieit énorme dont les guerres expliquèrent tris- tement la cause. De lavis du conseil politique, et sous le bon plaisir du seigneur de Polignac, les nouveaux Consuls, Simon Fonton et Pierre Planchard, vendirent, à nouvelle assance et inves- tison perpéluelle, plusieurs communs et terrains vagues , les uns sans charge autre pour l’acqué- reur que le prix de vente, les autres au cens de trois deniers tournois pour chaque éeu d'or, au profit de Mgr le vicomte. Grâce à ces aliénations qui produisirent une assez forte somme, les dégâts furent réparés. On put même songer à des embellissements. Le pavé -fut renouvelé ; des fontaines jaillirent sur plu- sieurs places. Mais les forains, imposés aussi pour un surcroit de taille qui se surajoutait aux sommes produites par les ventes, réclamèrent contre ces charges dont ils prétendaient n'être pas les bénéficiaires. Sur leurs plaintes et doléances, le juge général des terres de Polignac, le sire Dolézon, rend une ordonnance qui met les forains en dehors de Ja contribution supplémentaire à celle de l’année. Les citadins résistent ; les Consuls portent l'affaire devant la Cour des Aides de Montpellier! , de * « La Cour des Aides fut établie en Languedoc par Charles VIT, SUR CRAPONNE. 499 laquelle le Velay relevait depuis 1526. Les forains prétendaient , — et c'était vrai, —- qu'ils avaient eu, dans les guerres, la plus grosse part d’in- fortune. Dénués de tout secours, on avait pillé chez eux, ravagé, incendié leurs propriétés; les troupeaux avaient été enlevés , les fermes réduites en ruines , les hommes maltraités , faits prison- niers, souvent tués ; ils étaient toujours sous le coup de la dévastation et de la violence. Et les habitants de la ville, eux, qu’avaient-ils eu à souf- frir? Le plus souvent, ils avaient vécu tranquilles , à l'abri des vexations de tous les jours , presque sans inquiétude, comptant, à bon droit, sur leur garnison, sur leurs murailles. Etait-il raison- nable de faire entrer les forains pour quelque chose dans des réparations dont, le cas échéant, ils n'auraient pas à profiter P Ce n'était ni avec droit de connaître de tout ce dont connaissaient les généraux de finances de Sa Majesté , pour les aides et tailles que l’on levait sur le peuple ; et ce en la même forme et manière que les généraux sur le fait de la justice à Paris, c’est-à-dire en qualité de cour souveraine. Il n’y eut d’abord que six officiers établis en cette compagnie : l’arche- vêque de Narbonne , l’évéque de Laon, l’évéque de Béziers, Ar- mand de Marais, maitre des requestes de l’hostel | Pierre Dumoulin et Jean des Arcis, licencié en droit civil et canon. Cette compagnie fut rendue sédentaire à Montpellier en 1467, comme le Parlement avait été rendu sédentaire à Toulouse en 4444. » (Mémoires sur le Languedoc. — Manuscrit.) 24350 ESQUISSE HISTORIQUE raisonnable , ni juste. La Cour des Aides le jugea ainsi; et, par son arrêt du 16 décembre 1605, elle vida la cause en faveur des forains. Pendant quelques années , l'histoire de Craponne se confond tout-à-fait dans l'histoire générale du Languedoc. La Communauté ne révèle sa vie que par de pieuses fondations ?, par la création de confréries 2; elle est toute entière aux œuvres de foi et de charité, oubliant ainsi, dans les choses * Fondation faite par noble Claude Piron , seigneur de l’Estrade, en faveur de l’église paroissiale , de dire et célébrer à haute voix, et à diacre et sous-diacre, une messe le 42 octobre, translation de saint Caprais ; et ladite messe finie, MM. les prétres iront en corps à la chapelle dudit fondateur et chanteront le Libera. Et ce, à perpé- tuité, etc. , ete. — 2 avril 4534. Reçu D'AURELLE. — Fondation faite par dame Gabrielle Bardon , veuve de François de Vinols , en faveur de l’église, pour être dite et célébrée à perpétuité , dans la chapelle du saint Rosaire, une messe à perpétuité , à diacre et à sous-diacre , chaque premier dimanche du mois, avec un Salve regina. 45 décembre 4618. Reçu Durann. ? Fondation de la Confrérie du saint Rosaire, le 45 février 1618. Reçu TonriLnoN, nre. SUR CRAPONNE. 451 les plus consolatrices de ee monde, les jours mau- vais qui avaient terminé l’autre siècle. Tandis qu’elle consigne à peine, dans ses fastes, cette froide note : « Payement de la somme de mille livres » accordée par les habitants de la ville de Cra- » ponne à haut et puissant seigneur messire Ar- » mand, vicomte de Polignac, seigneur de Cra- \ » ponne, pour le droit de taillabilité à lui dû à » cause du mariage de M" Philliberte de Poli- » gnac et messire Christophe-Melchior de Beaufré- » mont, baron de Meillan et Tourzel » , on se préoc- cupe avec complaisance de l'installation d’un curé , des réparations d'église ! , des indulgences La deuxième travée d'aujourd'hui — nef et bas-côtés — formait la chapelle du château. La longueur de cette chapelle — qui est encore bien marquée par quatre figures symboliques qui étaient à l'entrée — est devenue la largeur de l’église actuelle qui, à diverses époques, s’est développée jusqu’à ce qu’elle atteignit, en 1762, sa anquième travée. Elle n’a point de‘caractère architectural déterminé et ne se distingue que par une régularité rigoureuse. Sa nef est lourde et ne s'élève pas plus haut que ses bas-côtés. Ceux-ci , fort étroits , semblent se donner de l’espace et s’élargir au moyen de chapelles laté- rales, au nombre de douze pour toute l'église. Ses ares-doubleaux , dont la courbe est légerement ogivale et qui sont portés per des piliers massifs dont quelques nervures ct quelques"plis fouillés longitudinale- ment dans la pierre dissimulent mal la lourdeur, soutiennent des voûtes en retombées coupées d’arceaux en diagonale. Au point d’inter- section de ces vives arétes, sont des clefs de voûte arrondies et sail- lantes, Sur dix-sept, douze sont armoriées ; un épais badigeon voile 4352 ESQUISSE HISTORIQUE accordées par un souverain pontife !, sur d’in- fimes détails de marguillerie. Il ne faut, pour distraire la cité de toutes ces préoceupations religieuses, il ne faut rien moins que le meurtre dont avait été victime, en 1655, un des consuls de la province. C’est à Agde que s'était commis le crime: « Mgr l'évèque d'Agde a remon- » tré aux Etats avoir été commis dans ladite ville » un très-grand excès par un officier du régiment de Vitry. Que ledit officier, à la vue de tout le peuple, avait cruellement meurtri un consul de ë ÿ les traits les plus significatifs de l'écusson ordinairement encadré dans une couronne assez gracieusement découpée. D’autres petits écussons , sans armes visibles, et opposés par la pointe, sont placés au point central des cintres qui ouvrent chaque travée. La facade en pignon a, pour toute ornementation, deux rangées de pierre en saillie de 50 centimètres de dimension, et à 2 centimelres de distance l’une de l’autre, le tout terminé par deux sphères fort allongées. Cette façade nue, et dont le milieu n’est occupé que par une croisée à plein-cintre comme celles de tout l'édifice, est du plus mauvais effet. À quelques mètres du fronton , s’élance Ja flèche hexagone , recouverte en lames d’ardoises , qui fit longtemps l’orgueil de Craponne. Cette fleche est véritablement hardie. Cependant , la tour large et carrée qui la supporte n’est pas plus en proportion avec la hauteur de Pai- guille qu’avee Les dimensions du monument. La partie la plus élé- gante de Péglise est le chevet, à Pextérieur. ? Bulle du pape Innocent X qui accorde un privilège pendant sept ans à l'autel de la chapelle des âmes , à condition qu'on y célébrera sept messes par jour, — 6 juillet 1658. SUR CRAPONNE. 433 » Ja ville portant la livrée consulaire, en faisant » les fonctions de sa charge pour comprimer une » émeute qui avait été faite dans ladite ville par » J'insolence des soldats dudit régiment; que le » crime avait demeuré impuni, faute d’avoir pu » arrêter le meurtrier, lequel s'était sauvé à la » faveur du régiment. Qu'il serait digne de cette » assemblée de s'intéresser dans cette cause et » donner protection aux consuls ?. » Craponne n’a rien à voir dans cette affaire, il est vrai, mais l'hon- neur du consulat est en cause, et Craponne tient à celte institution ! À lire les délibérations qui se succèdent, à voir les plaintes, cris d’indignation , protestations qui se font entendre, il semble que le crime atteint un consul de Craponne et que nul supplice ne saurait le punir 2. Légitime suscepti- bilité et qui honore plus nos aïeux que ce mépris dédaigneux ou frondeur dont on couvre aujourd’hui, du haut de sa petitesse personnelle, tout ce qui est dignité ou pouvoir. Tout n'avait pas été joie dans ces quelques années de tranquille administration. Il y avait eu un grand jour de deuil. André Boutier , docteur de l'Université de Paris, © Délibérations des Etats du Languedoc. — Présid. de larch, de Narbonne. — 1655. 2 Documents particuliers, 454 ESQUISSE HISTORIQUE prieur de la maison des Carmes de cette dernière ville, et provincial de l’ordre en France , s'était retiré à Craponne f, après avoir travaillé longtemps à l’œuvre de Dieu et introduit des réformes ct une règle plus austère chez les Carmes de Clermont. Ce qui l'avait attiré dans notre ville, on l’ignore; mais enfin il avait édifié le pays par ses vertus douces et aimables ; il avait silencieusement fait le bien; il était vénéré comme un saint. Sa mort fut l'occasion d’un deuil général. On l’ensevelit, dans le chœur de l’église , en grande pompe, et celui qui n'avait recherché que l'obscurité eut ses triomphes à cette heure où finissent tous ceux de cette vie. L'année 1645 marqua, pour Craponne, par la fondation du monastère des Dames de saint Augustin. Les Augustines de la maison-mère , laquelle était établie à Vals, près le Puy, en avaient obtenu l’au- torisation de l’évêque et du vicomte de Polignac, après transaction , pour le local, passée entre les habitants et messires Pierre Leblanc et Georges Pradier , docteurs en théologie , chanoines de l’église cathédrale, de Notre-Dame. L’inauguration eut lieu sous le consulat de MM. Antoine de Vinols d’Yneyre et Jacques Sapientis qui lui donnèrent ? Bibliothèque imp. , n° supplém. français 476. — Audigier, Histoire d'Auvergne , t. VI. SUR CRAPONNE. 455 toute a solennité possible. C'était le premier monastère fondé, de mémoire d'homme , à Cra- ponne , et chacun était heureux de faire bon accueil à ces filles de la solitude et de la prière. Dame Justine Réal fut placée , comme supérieure, à la tête de cette maison qui fut en pleine prospérité jusqu’en 1792. À cette époque , la mai- son fut vendue, à l'enchère , comme bien natio- nal !, et la chapelle où, pendant un si grand nombre d’années, pour me servir d’une phrase de Sylvio Pellico, « avaient tant résonné des gémis- » sements de femmes et des hymnes saints, re- » tentit de blasphèmes et de chansons profanes, » cette chapelle devint une halle au blé !..… Louis XIV était monté sur le trône depuis le 4% mai 1645 ; il n'avait que cinq ans. Aussi la France eut -elle à subir toutes les intrigues et tous les malheurs d’une minorité. Anne d’Au- triche, Condé, Turenne, Mazarin, voilà de grands et beaux noms ! Mais:avec tant d’habileté et de gloire , que de mesquines susceptibilités, que de mauvais vouloir et de cabale! La France en souf- frit; et si, au dehors , ses armes victorieuses por- tèrent son drapeau à la hauteur que désignent Rocroy , Philisbourg, Nordlingue, Gravelines, au 1 Sait-on combien le monastire et ses vastes dépendances furent vendues ?.... 2,000 fr. à la surenchere, 436 ESQUISSE HISTORIQUE dedans, que de troubles, de petites querelles, que de complots, d’arrestations et d’exils !... À la vérité, les provinces reculées s’en ressentirent moins qu’au voisinage de Paris; mais partout des tailles forcées , des exactions de tout genre, des levées de troupes !... Chaque ville vit énormé- ment grossir ses dépenses. Plusieurs fois Craponne eut à souffrir du pas- sage des troupes, de leur séjour fréquent dans l’en- ceinte de ses murailles, de leur mauvaise discipline. - Quand , en 1646, le premier consul, Pierre Parrel, eut à rendre ses comptes à la communauté, il constata un déficit considérable et il se plaignit amèrement au commissaire général des comptes des comptables du diocèse du Puy et pays de Velay et d'une surcharge qui allait mal à la position budgétaire de ses administrés. Plainte vaine, que de nouvelles exactions firent, plus d’une fois, re- nouveler !..…. Craponne mit moins de mauvaise humeur à s'imposer extraordinairement, en 1650, pour don- ner à la haute flèche de son clocher, qui fit si longtemps son orgueil, une plus brillante sonnerie. Ce fut joyeuse fête dans la cité que ce baptème de plusieurs cloches! Ses Consuls, Pierre Barjon et Vital Mosnier, y mirent de la bonne volonté. Ils livrèrent, ce jour-là, au vent d’une belle matinée, les plis mouvants de leur robe rouge et de leur blanche écharpe, comme aux grandes SUR CRAPONNE: 457 solennités. [ls paradèrent en toute pompe à la cérémonie religieuse, avee le bailli, le juge, Je procureur fiscal et le greflier consulaire‘. Le soir, précédés du fifre, du tambour et du violon, ils vinrent, après une farandole générale, mettre, de leur main, la flamme au feu de joie allumé sur la grande place de l’église ?. La ville eut bien une autre joie! Par un pri- vilège très-ancien , la province entière du Languedoc n'avait pas à recevoir de troupes en quartier d'hiver. Mais, comme nous l'avons vu, les troupes qui stationnaient momentanément dans lété, ou qui étaient simplement de passage, ruinaient par- fois, tourmentaient toujours les populations. Le Jieu de l'étape était surtout le théâtre des dépré- dations les plus grandes. Il y avait bien un étapier général avec lequel la province entière passait bail pour trois ans, et qui devait, son prix reçu, tout fournir aux gens d'armée; mais, à : Le greffier consulaire élait nommé par Mgr de Polignae. 2 Prix fait des cloches, par messire Valentin , docteur en théologie, prêtre et curé de Craponne, honorable homme Antoine de Vinols et Noël Valentin, députés par la ville, en faveur de Nicolas Marre, fondeur de Brioude. — Reçu Barjon, 22 mai 1550. 3 Cest la province qui fournit l'étape aux troupes du roi; elle en fait Le bail à un étapier général tous les trois ans. Les troupes sont mieux traitées que dans les autres provinces. « Mémoire manuserit sur le Languedoc. » TOME XVII. 28 458 ESQUISSE HISTORIQUE celte époque de discipline imparfaite et de troubles, que faisait un bail au soldat? La justice pouvait- elle être pour lui chose à considérer? Il ne cherchait que son bien-être et ne s’inquiétait de nulle autre chose. Depuis longtemps Craponne éprouvait les effets de cette fâcheuse situation. Mais à qui s'adresser? Tant de fois les plaintes avaient été inutiles! 11 vint un jour à la pensée des habitants de recourir à un homme dont la religion avait forcément attendri lâme, l'abbé de Polignac, et que des souvenirs de famille, des bienfaits héréditaires rattachaïent à leur ville. Sur une simple pétition présentée, au nom de Craponne, par le syndie général de la province, l'abbé de Polignac promit d'intervenir, et par ses démarches il obtint en faveur de la ville la sup- pression du passage de l’étape. Or, le 15 septembre 1664, l'abbé de Polignae arrivait de Paris dans ses terres du Crozet. Déjà le Conseil politique s’était réuni l’avant-veille; on avait délibéré, et la fête devait reproduire le pro- gramme arrêté par l'assemblée. Ce jour-là donc, une députation, choisie dans le Conseil politique, en compagnie des deux consuls, s’en vint, en costume des grandes fêtes, en avant de la porte du Marchidial, par où devait arriver labbé. La milice citoyenne, lance au poing ou arquebuse au bras, était là, précédée de vingt-cinq cavaliers et, SUR CRAPONNE. 459 formant une troupe de quatre cents hommes. Une foule de curieux suivait, ou plutôt la ville entière servait de cortège aux magistrats. Monseigneur de Polignac, en habits de cour, noirs, se présente enfin, monté sur un cheval blanc dont la selle rouge, brochée argent et soie, portait en bosse, entre mille broderies qui eou- raient en tous sens, les armoiries réunies de Polignae et de Chalencon ‘. Le premier consul, Pierre Favalier, s’avance au devant de lPabbë, et, s’inclinant profondément, il déroule un blanc vélin qui contenait sa harangue. C'était le langage de la reconnaissance dans les phrases ampoulées que n’avait pas encore exelues le génie de Pascal, de Racine, de Bossuet, et qu'a si bien ridiculisées Molière. Mais il y avait du cœur dans ces congratulations. On remerciait chaudement M. de Polignac:; on s’offrait à lui corps et âme; on l’appelait un père et un dieu. L’abbé rendit graces au consul, atténua modes- tement son intervention et se mit à la disposition de ceux qu'il pouvait considérer encore comme ses vassaux. La harangue ne traduisait pas seule toute la 3 Les armes de Polignac portaient : fascé d'argent el de gueules de six pièces. — Chalancon avait : échiquelé d’or el d'azur de quatre points à La bordure de queules, semée de fleurs de lys d'or. 440 ESQUISSE HISTORIQUE gratitude de’ la ville. On offrit, en présent, au bienfaiteur les cinquante plus beaux moutons qu’on avait pu trouver; rustique cadeau, digne des temps homériques ou des bergers de Virgile, et qui pro- voque aujourd’hui le sourire. XIE. L'abbé de Polignac était depuis quelque temps au château du Crozet, quand son père, le vicomte Gaspard-Armand y arriva. Le noble seigneur venait surveiller l'estimation de cette terre et s’occuper de la vente. En effet, le 20 septembre 1656, l’acte fut passé en ces termes : « Par devant le notaire » tabellion royal, establys en leurs personnes » hauts et puissants seigneurs messires Gaspard- » Armand, vicomte de Polignace, chevalier des » ordres du roy, seigneur €t baron de Randon, » Randonnat, Solignac, Sainct-Paulien, Craponne » et autres places, gouverneur pour sa majesté en » la ville du Puy, et Louis-Armand de Polignac, » marquis de Chalencon, seigneur et baron de » Loudes, Montauroux, Sainct- Douis, Sainct- » Pal, Tiranges et autres ses places, son fief, de » luy authorisé et émancipé , solidairement lun » pour l'autre, d’une part; et noble Jean Tor- » rilhon, sieur de Vacherolles, d’autre part; les- SUR CRAPONNE. 44 » quelles parties, de leur gré, ont faiet les pactes, » conventions, eschanges et permutations suivan- » tes : savoir est que lesdicts seigneurs de Poli- » gnac ont baillé, comme par ces présentes baillent, » quittent, cèdent, remettent et transmettent au- » dict sieur de Vacherolles, avec promesses de » maintenir et faire jouir leur chasteau et do- » maine noble du Crozet, avee ses appartenances » et despendances, sans rien réserver en iceluy, ete. » C'était encore un anneau qui se brisait dans la longue chaine qui unissait notre ville à la fa- mille de Polignac. Cependant les rapports ne furent pas tellement disjoints que les Craponnais se crussent dispensés de certains égards envers les nobles seigneurs. En année 1660, au 5 juin, ils députèrent quelques notables à madame la vicomtesse pour « la félici- » ter, dit la chronique, de l’heureuse naissance » de monsieur le marquis de Polignac. » On joi- gnit aux félicitations — c'était l'usage — un pré- sent de 450 livres. Certes, cette même année, ils étaient loin d’avoir à se louer des procédés du vicomte! Celui-ci de- mandait, sans raison, aux habitants de Craponne et des paroisses en dépendant, on ne sait quel droit d’amortissement. Ceux-ci firent difficulté de supporter une charge qu'ils considéraient comme insolite. « Le sieur de Polignac en fut si irrité, » dit le document que nous avons sous les yeux, 149 ESQUISSE HISTORIQUE » qu'il envoya gast et garnison dans les maisons » des habitants qui avaient osé résister à sa vo- » lonté, ce qui jeta un si grand trouble dans la » ville que un chacun, craignant de plus grands » malheurs, s’offrit à payer. » Mais les consuls en appelèrent, l’année suivante, à la cour du parlement de Toulouse; ils mirent un certain acharnement dans la poursuite d’une affaire où semblaient se méler, aux exigences sei- gneuriales, des concussions énormes de la part des collecteurs. L'Assemblée entière de la communauté [50 octobre 1669] les autorisa à vendre des pà- turaux communs, situés au faubourg du Marchi- dial, jusqu’à concurrence de plusieurs centaines de livres, lesquelles sommes devaient être employées à la défense des droits de Craponne contre les prétentions des Polignac. Mgr le vicomte fut cité à comparaitre devant la cour souveraine ; il ne se présenta pas et n’en fut pas moins condamné, dans la personne de son agent, noble Valentin, à rem- bourser la somme de 2,400 livres qui avait été illégalement prélevée. Nous avons vu que, pour la nomination des consuls, on établissait deux catégories de ceandi- dats. Dans l’une devait être élu le premier consul; dans l’autre, le second de ces magistrats. Plus d’une fois la cabale avait forcé le conseil politique à fausser la règle sur ce point. De là, grandes réclamations! La chose fut jugée assez grave pour SUR CRAPONNE. 445 être portée devant les états du Languedoc. Elle eut une solution le 19 février 1661; la voisi : « Sur ce qui à été représenté par le syndic gé- » néral, que, dans plusieurs villes de la province, » on à renversé l’ordre établi de tout temps pour » les échelles des consulats, ce qui cause le plus » Souvent du désordre dans lesdites villes, en » mettant dans la première échelle des personnes » qui ne sont pas de la qualité requise, non let- » trées et peu entendues aux affaires; et dans la » seconde échelle ceux qui sont de la qualité de » la première, à quoi il est important de remé- » dier; sur quoi a été délibéré que le roy sera > très-humblement supplié par les députés du pays » en cour, d’ordonner qu'il sera enjoint aux villes » et communautés de procéder à la nomination » de leurs consuls suivant leurs us accoutumés , » à peine de nullité et cassation desdits consulats. » On s’imagine sans peine que les élections du con- sul furent désormais mieux surveillées. Il s'agissait, en effet, de la dignité la plus enviée à Craponne … Les exactions ne finirent pas. Le roi avait voulu honorer les services de Mgr de Polignae par le grand cordon bleu; madame la vicomtesse en prit occasion pour réclamer, au nom de son mari ab- sent, un droit de taillabilité double du cens qu’elle percevait d'habitude ?, Les gens de Craponne n'étaient 3 Tir Documents particuliers. LU ESQUISSE HISTORIQUE pas plus que dans le passé disposés à se laisser tailler à merci. [ls murmurent, ils résistent. Cepen dant réfléchissant, par expérience, combien leur avait été si souvent onéreuse leur résistance à la volonté du seigneur, ils procèdent par voie de transaction. On s’assemble dans la maison même que le vicomte s'était réservée au centre de la ville ; on délibère, et, après de violents débats » on décide qu’une députation ira pourparler avec Ja châtelaine. La résolution était sage; un demi- succès suivit la démarche. La vicomtesse fit des concessions. La famille Polignac eut presque du dépit de tant de persistantes résistances. Au moins on aurait pu le croire ; car, dans l’année [1661], le vicomte vendit, comme si elle eût été profanée par la dé- mocratie naissante, cette maison où l'on avait dé- hbéré contre lui. La vénalité s'était glissée jusques dans les eim- plois purement honorifiques; et, de plus, le tiers- état, s’exagérant peut-être ses forces à mesure qu'il s’éclairait davantage sur ses droits, affichait des prétentions inouïes pour pénétrer dans les as- semblées jusque-là composées comme nous l'avons vu; ces réclamations donnèrent lieu, en 1665, à une délibération des états, qui décidèrent dans le sens de leur honneur compromis; en voiei le texte: « Mgr l’évêque de Montauban ayant dit qu'avant » de faire le rapport des contestations qu'il y avait SUR CRAPONNE. 445 » entre les députés du tiers-état prétendant droit » dans leur assemblée, il eroyait être de la di- « gnité de la compagnie de faire un règlement » pour empécher les accommodements qui se font » par lesdits députés, au préjudice des anciens » ordres des états. Sur quoi il fut délibéré et ar- » rêté par réglement irrévocable, que pour empé- » cher les monopoles et traités illicites qui se font » dans diverses communautés par des particuliers, » pour s’acquérir el perpétuer , par eux ou par » leurs aflidés, les consulats ou députations, que » ceux qui seront convaincus d’avoir fait ou con- » tribué à de semblables traités, seront déclarés » indignes de l'entrée des états et assiettes. » Cependant les agents de M. de Polignac, sour- dement et à l'insu, dit-on, du vicomte, avaient àa cœur leur condamnation prononcée par la cour souveraine de Toulouse. Ils intriguèrent si fort, ils mirent si bien en jeu tous les intérêts, qu’en cette même année 1665, les consuls de l’année précédente furent eités à la barre de la commu- nauté. On trouva dans leur nomination de préten- dues irrégularités qui les rendaient passibles d’une amende de 50 livres '. On leur reprocha surtout d’avoir aliéné certains fonds pour la poursuite du procès. Bien que cette vente eùt été décrétée en 1 A défaut de s'être rendus chez M. de Yinols, greflier consulaire, 46 ESQUISSE HISTORIQUE assemblée générale, on la jugea, par délibération du 31 décembre 1665, illégale et de nul effet, et le commun du marchidial fut rendu à la vaine pàture ; nouveau témoignage de ces inconstances dans les actes populaires dont l'histoire n'offre que de trop fréquents exemples ! Les affaires de la communauté n’en furent pas meilleures! Craponne dut se faire autoriser à une surimposition. Il y eut bien des réclamations, bien des résistances; mais la surtaxe fut payée malgré tous les non-vouloir. Un édit de Béziers l'avait jugée valable et soutenable. Plusieurs particuliers profitèrent de cet embarras de finances — dont l'ori- gine était obseure — pour redemander, comme ayant été prêtées autrefois, des sommes considérables. Pendant quelques années, la cité se trouva, à ce propos, divisée en deux camps. Les réclamants avaient leurs gens, le conseil politique avait les siens. Ce fut une vraie guerre de récriminations, de ma- lignités médisantes, même d’épigrammes versifiées. Pour en finir, les consuls, du moment qu'ils n’a- vaient pas denier en main, ordonnèrent, en 1664, une vérification de comptes à l’égard des consuls qui avaient été en charge depuis trente ans. Il ne furent pas obéis. La cour des aides et finances de Montpellier intervint alors et nomma pour exa- miner ces comptes : Fleury Belledon, Barthélemt Gallet et Pierre Pastel. On ne put rien élucider, D SUR CRAPONNE. 447 Le gaspillage s'était revêtu de toutes les formes de la légalité. Il fallut se résigner et payer. Nouvelle surimposition ! nouvelle résistance ! Cette fois, en 1666, c’est la banlieue qui réclame. Elle nomme, dans la personne de Barthélemi Bessac, un syndic chargé de protester contre la sentence du conseil politique, et de porter ses plaintes et ses doléances devant des juges souverains. Ces juges étaient ceux qui venaient d’être convoqués dans la ville du Puy, au mois de novembre, sous le nom de chambre des grands jours. Dans ces assises solennelles, il fut parlé, en effet, des con- cussionnaires, des rapaces exacteurs de Craponne. Les pièces du procès, attentivement examinées, donnèrent lieu à un arrét contre les officiers de justice. Ils furent condamnés au bannissement. De plus, défense fut faite aux fermiers du vi- comte d’exiger le droit de corvée en argent; per- mission fut aussi accordée aux particuliers de faire procéder, par un notaire de leur ehoix, à l’inven- taire des fonds, sur lesquels devait s'asseoir la taxe. Cette décision, cette éclatante punition inspira aux collecteurs de Craponne la justice, la modé- ration, au moins la prudence. Pendant plusieurs années, on n’entendit aucune réclamation. Avec l'ordre, avec l’économie, les recettes suflirent aux dépenses. La ville put réparer ses pavés, élargir ses places, faire des pensions aux vicaires de Ja paroisse, racheter la dime, fonder des messes à 448 ESQUISSE HISTORIQUE perpétuité, agrandir son cimetière, multiplier ses fontaines. Ce fut son âge d'or [1650]. _ Une chose pesait encore beaucoup aux habitants. C'était le droit de main-morte qu'avait sur tous les biens le vicomte de Polignac. On avait sou- vent réclamé. Toujours inutilement! La providence leur envoya à propos Mgr de Béthune, évêque du Puy , alors en cours de visite. Aussitôt les consuls Louis Porrat et Jean Pinet s’empressèrent de lui présenter une humble requète au nom des habitants qui, au dire de la supplique, pour le respect qu'ils doibvent et veulent rendre à leur seigneur , ne veulent pas l’exposer à la justice. Autorisation leur avait été donnée, la veille, dans une assemblée générale, et la pétition avait été signée par les notables'. Il y est dit que « la ? Pierre Porrat, juge; Blaise Maillard, notaire ; Louis Parrel, procureur d'office ; Antoine Valentin, docteur en théologie, curé; les deux consuls; Mathieu Marcon, apothicaire; Christophe Aurier, marchand ; Antoine de Vinols ; Pierre Favalier, avocat ; Pierre Parde, greffier; Pierre Rousset, praticien ; Jean Gallet, bourgeois; Pierre Breul, marchand ; Claude Robert, praticien ; Jacques Sa- pientis, bourgeois; Fleury Beldon, marchand ; Nicolas de Vinols ; Claude Blancheton, chirurgien; Jacques Fayolle, apothicare; Bar- thélemi Gallet, notaire; Vital Ranchoup, marchand; Pierre Montagier de Sacellange; Pons Aurier, bourgeois; Jean Terrasson, boulanger ; Michel Courtial, marchand; Jean Bonnefoux, mar- chand ; Noël Roux, médecin ; Jérôme Ardaillon, bourgeois ; Jac- SUR CRAPONNE. 449 » communauté lui aurait de grandes obligations , » si, par son moyen, elle pouvait sortir de cette » affaire, par composition à l’admiable, etc. » L’évêque accueillit bien la requête, il leur offrit de s’'employer de son mieux, de travailler à la réus- site, et leur promit réponse sous trois jours. À la suite des conférences de l’évêque, le vi- comte consenti à une transaetion. Elle fut signée à Roche, le #4 octobre. Nous en donnons quel- ques fragments. « L'an 1675, et le quatorzième jour du mois » d'octobre, avant midy, au règne de nostre très- » chrestien et souverain prince Louis, par la » grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, » personnellement establi très-haut et très-puissant » seigneur messire Louis-Armand, vicomte de Po- » lignac, baron de Polignac, comte de Randon, » Randonnat, la Voulte, Saint-Pal ; marquis de » Chalencon, Craponne et Beaumont, et autres » ses places....., d’une part; et sieurs Antoine » Porrat, Antoine de Vinols, Christophe Aurier , » Pierre Favalier, comme procureurs fondés par » délibération prinse en conseil général par les ques Astout, marchand; Pierre Chapot, marchand; Claude Porte, bourgeois ; François Montaigue, boulanger ; Antoine Rachat , tailleur ; etc., etc...., tous habitants de la ville. 450 ESQUISSE HISTORIQUE habitants de Craponne, à l’effet de la passation du présent contract, d'autre part;...…. ont con- venu lesdites parties, de leur gré pur et plein vouloir, comme icy suit, sous le bon plaisir de la cour du parlement de Toulouse, mutuelle et réciproque , estant lesdites parties bien infor- mées de la force des transactions : en premier lieu, ont renoncé et renoncent à tout procès... ; en second lieu, il a esté accordé sçavoir que les lods des biens roiraux qui ont été perceus jusqu’icy qu’au huictiesme denier, soient doré- navant payés au sixième denier....; qu’en oultre soit payée tout présentement pour une fois audicet seigneur la somme de trois mille livres, outre celle de deux mille déjà recue pour le même faict; laquelle somme de trois mille livres a esté délivrée tout présentement par ladite commu- nauté en louis d’or et aultre bonne monnaye. En oultre ladicte communauté, pour tenir lieu de compensation audict seigneur dudict droit cédé de mortabilité, a promis audiet seigneur vicomte la somme de quatre cents livres an- nuelle et perpétuelle, pour laquelle faire valloir, elle a quitté et délaissé audiet seigneur, comme par ces présentes quitte et délaisse, cède, re- met et transporte le droit de corvettage de la présente ville... que ledict seigneur accepte et dit bien cognoistre sur le pied de deux cents livres annuelles; et, pour le surplus qui est de » SUR CRAPONNE. 451 deux cents livres, faisant Ja totale somme de quatre cents livres estipulées, il a esté convenu et accordé que ledict corvettage sera augmenté et pris sur toutes et chacune des charges de vin qui entreront dans ladicte ville et faubourg, scavoir, Comprins la taxe ancienne, la somme de cinq sols sur chaque charge de vin, et sur chaque charge de sel! comprins le droit ancien la somme de cinq sols... et au cas que lediet droit, ce qu'on ne prévoit pas, füt supprimé dans la suite par force majeure ou fait du roy, en ce cas el non autrement, ladicte commu- nauté garantit ladicte somme de quatre cents livres audict seigneur... Le tout consenty, à l'admiable, entre ledict seigneur et les manants et habitants dudict Craponne par la médiation de messire Armand de Béthune, évesque du Puy, pour le bien de la paix et le repos des familles... » La suppression de ce droit fut profitable à Cra- ponne [1674]. Plusieurs étrangers vinrent s’y établir. IL fallut aliéner grand nombre de communaux pour des constructions nouvelles. Le faubourg du Logis- ! En Languedoc, les trésoriers ont l’intendance des gabelles, qui leur donne droit d’avoir une inspection générale sur les sa- lins; de faire faire la vérification des sels, pour savoir s'ils sont de la qualité requise; de donner les baux de tirage de la voiture des sels, et de fournir aux contrôleurs pour le roy des registres pour les ventes. — Mémoire manuscrit sur le Languedoc. 459 ESQUISSE HISTORIQUE Neuf' fut créé, celui du Marchidial s’accrut, celui des Constants surtout prit un développement ra- pide. Peu à peu la ville prenait une physionomie plus riante [1676]; on élargissait tous ses abords; on dissimulait en partie les tons grisätres et tristes des murailles par la verdure de quelques planta- tions; et pour imiter, autant que possible, les allures de la métropole vellavienne, on se donnait, depuis dix ans, pour chaque carème, un prédi- cateur étranger, avec appointement de cent livres! Qui veut briller calcule peu. On fut entrainé à des dépenses plus considérables que les recettes. Le passé ne donnait pas d’expérience à l’adminis- tration. Il fallut, encore une fois, songer à des économies. Elles portèrent sur des minuties. Nous sourions en l’écrivant.. Nous ne parlerons que d’une seule réforme. De tout temps, l'élection d’un consul avait provoqué grande fête à Craponne; on songea à supprimer cette fête. Requête fut présentée à Mgr l’intendant d’Aguesseau ; afin qu’él lui plüt faire supprimer la dépense du repas ou festin avec le violon, le jour de l'élection. Une ordonnance, datée du 26 mars 1678, y répondit par une défense faite aux consuls d'imposer d’autres dépenses à la communauté que celles contenues dans un rè- glement antérieur des états. L’auditeur des comptes ? Aujourd'hui le quartier de l'Hospice. SUR CRAPONNE. 455 pour Craponne, Fleury Beldon, fut chargé de l’exé- eution de l'arrêt. L'infraction entrainait une amende de cinquante livres, Les nouveaux consuls durent done désormais se priver du festin traditionnel et des violons! L'année 1683, un arrêt de la cour des aides de Montpellier ordonna que le procureur juridic- tionnel serait appelé à toutes les délibérations de la communauté, impositions, clôture de comptes, etc. « Et devra l'arrêt sortir son plein et entier effet, » et être exécuté suivant sa forme et teneur, à » peine de vingt-cinq livres d'amende pour les y » consuls, » s'ils s’abstiennent de cette convoca- tion. C'était le premier pas de ladministration générale dans les affaires propres d’une commune; c'était l’un des premiers mots de la centralisation. La ville de Croponne avait sa ceinture de mu- railles et huit fortes tours. Avee cela, elle était à l’abri d’une surprise et d’une attaque. Mais il fallait à la foi de ses habitants une enceinte plus protectrice encore. Déjà elle avait fondé autour d’elle les chapelles de Saint-Roch !, d’Aubissoux ?, 1 Fondée à l’occasion de la fameuse peste, en 1586. 3 Voici ce qui donna lieu à lérection de cette chapelle au dire de la tradition. Vers Pan 4547, deux jeunes gens du vil- lage d’Albissoux furent surpris par un épouyantable orage au mi- lieu des gorges profondes et rocheuses d’Orcival, en Auvergne. TOME XVII. 29 454 ESQUISSE HISTORIQUE de Notre-Dame-des-Neiges'; elle y ajouta, après une bulle d’Innocent XI qui règlementa aussi le cérémonial de la Bénédiction ?, la chapelle de Sainte- Reine, jusqu'à ce qu’elle complétàt plus tard, par la construction de celle de Saint-Régis ?, comme un système de fortifications religieuses qui nous mon- trent encore aujourd’hui, à quelques pas de ses murailles, dans cette série de sanctuaires révérés, des bastions sans menace, provoquant seulement Leur vie était en danger, et déja monture et marchandises élaient entrainées par le torrent, auquel Pinondation subite avait donné des proportions formidables. Dans ce péril extrême, les deux jeunes gens adresserent leurs prières et leurs espérances à Notre-Dame d'Orcival, qui élait alors en grand renom dans la contrée. Ils promirent, s'ils échappaient aux flots qui allaient les engloutir, de construire, à l'entrée de leur village natal, une chapelle dé- diée à la sainte Vierge. Le vœu était à peine formulé qu’ils se trouverent portés, comme par miracle, sur des hauteurs où ils v’eurent plus rien à craindre. À leur retour dans le pays, ils firent construire la modeste chapelle. Depuis lors, c’est un point de pélerinage, où l'on accourt de lAuvergne, du Forez surtout, particulièrement à l’époque de PAssomption. Ces foules, parfois innombrables, viennent remercier Marie des prodiges qu’elle a bien voulu attacher à ce lieu et dont d’éloquents témoignages sont pieusement appendus aux murailles du sanctuaire. 1 Cette chapelle, située au faubourg d’Ollias, date de 4600. 2 Cette bulle porte la date du 25 janvier 4684. 3 Cette chapelle est située au faubourg du Marchidial. La pre- mivre pierre a élé posée le 26 août 1725. . — —— — A EE 2 7 SUR CRAPONNE. 455 la prière et envoyant un mot de consolation au repentir ou à la douleur! AULTE Richelieu, avec cette souplesse de génie qu’on lui connait, avait écrasé les protestants comme parti politique ; mais leur influence était restée dans les parlements; ils avaient conservé toutes leurs réunions de secte, toute leur organisation. Louis XIV se flatta, lui, de les ramener par la persuasion. Il se trompa. Ils continuèrent leurs intrigues, et chacun sentait que par eux il y avait une France calviniste dans la France catholique. Louis XIV cédant au vœu de la nation, dit Saint- Lambert lui-même, songea enfin à les frapper; il révoqua Vlédit de Nantes. C'était leur retirer les privilèges accordés par Henri IV et Louis XII, l'exercice publie de leur religion, la tenue de leurs écoles. On décrétait aussi lPexil de leurs mi- nistres. Des récompenses étaient accordées à la conversion : primes indignes d'un grand roi et d’une religion qui ne doit s'attacher les âmes que par la foi et lPamour! D’après le nouvel édit, chacun pouvait observer sa religion dans le secret de sa famille. Cette clause devint illusoire par suite du zèle fanatique 456 ESQUISSE HISTORIQUE de ceux qui avaient à faire observer la loi. Louvois envoya dans le Languedoc des dragons, lesquels, partagés en petits détachements et livrés, souvent à eux-mêmes, commirent de regrettables excès qui resteront dans lhistoire sous le nom de dragon- nades. Et aussi les protestants provoquérent sou- vent des rigueurs. « Ils ont tenté maintes fois, » ès-Cévennes, de faire naitre des mouvements par » des assemblées, par des prédicandes et par des » ministres qui ont été envoyés des pays étran- » gers. lis ont mème assassiné jusqu’à six prêtres » dans les Cévennes, et ils ont envoyé des fana- » tiques dont l’exemple et les fureurs eussent été » à craindre si le feu qu’ils y avaient allumé n’eût » été éteint dans les commencements !. » Les dra- gonnades firent émigrer les calvinistes en bien moins grand nombre qu’on ne s’est plu à le dire. « Quelques-uns, ajoute l’auteur du mémoire, quel- » ques-uns d’entre eux sortirent, et, après une » exacte recherche, je n’en ai trouvé que quatre » mille qui eussent pris ce parti, dont six cents » sont revenus. » Un de nos compatriotes faillit, cette année 1685, ètre victime d’une agression calviniste. Nous lais- sons parler les écrits de l’époque. « DE L’AUTORITÉ DE M. L'OFFICIAL DU PUY, ef par 1 Daudet, « Mémoire sur le Languedoc. en SUä CRAPONNE. 457 pernassion de M. le lieutenant criminel en la sénéchaussée du Puy; à la requête de noble Jean Torrilhon, sieur de Prades, capitaine d’in- fanterie au régiment de Tournézit, soient ad- monestées, toutes et chacunes, les personnes qui ont vu faire et donner les dommages suivants : » 1° Contre ceux et celles qui savent, pour avoir vu, oui dire ou autrement, comme noble Joseph Torrilhon, sieur de Prades, étant venu loger, par ordre du roi, avec sa recrue en la présente ville, et revenant, environ Îles neuf heures du soir, le douzième du courant, de faire la visite de ses soldats, il aurait fait ren- contre, dans la rue de Ja Chaussade, montant à celle du Collège, de trois personnages, lun habillé de minime, ayant les cheveux noirs, et autre habillé de gris-blanc; et s'étant lesdits personnages avancés vers ledit sieur de Prades, auxquels il demanda ce qu'ils voulaient de lui, lesdits personnages lui ayant répondu que c'était à Jui à qui ils en voulaient, et en même temps ils mirent lépée à la main, au-devant de Ja porte du Collège, contre ledit sieur de Prades; 2® contre tous ceux et celles qui savent comme ledit sieur de Prades, se défendant en retraite, 1 JL avait commencé à servir dans le régiment de Evonuais, 1650, 45 » 8 : ESQUISSE HISTORIQUE seraient survenus autres deux personnages qui, l'ayant saisi par derrière et désarmé, il y eut un des personnages qui lui porta un coup d’épée au côté gauche, duquel coup ledit sieur de Prades se sentant blessé, il s’écria : au meurtre! on m'assassine ! 5° Contre tous ceux et celles qui savent comme lesdits personnages lui portaient divers coups d'épée à la fois, il les parait avec les mains, dont les doigts sont presque coupés; 4° contre tous ceux et celles qui savent comme lesdits personnages qui tenaient saisi par der- rière le sieur de Prades, lui donnèrent divers coups de pommeau d'épée au visage, dont il a été grièvement meurtri; 5° contre tous ceux et celles qui savent comme lesdits personnages, croyant d’avoir tué le sieur de Prades et crainte d’être découverts, prirent la fuite, à la réserve d’un d'eux qui se trouva saisi par le sieur de Prades, d’une main , à la manche de sa chemise qui s’est trouvée ensanglantée du sang du sieur de Prades, et de son épée qui s’est trouvée faussée par le milieu; 5° contre tous ceux et celles qui savent comme lesdits personnages auraient emporté l'épée du sieur de Prades, et les personnes qui en-ont oui les jactances; 6° contre tous ceux et celles qui savent comme ledit sieur de Prades, se sentant blessé et meurtri en divers endroits, il aurait été obligé de dé- laisser sa perruque sur la place; ceux qui savent SUR CRAPONNE. 459 à qui ladite perruque a été vendue, et une petite épée, poignée et garde de cuivre doré; 7° contre ceux et celles qui savent comme lesdits person- nages, après ledit assassin commis, s’en seraient jactés en divers endroits; 8° contre ceux ct celles qui savent comme lesdits personnages, avant ledit assassin commis, l’auraient monopole entre eux dans les cabarets et ailleurs ; 9° contre ceux et celles qui savent comme lesdits person- nages se seraient vantés d’être les ennemis jurés dudit sieur de Prades ; 10° et généralement contre tous autres, sachant, consentant, don- nant aide, faveur, support auxdits personnages. Et s'ils ne se déclarent après la publication faite des présentes pendant trois divers dimanches et prônes de vos messes paroissiales, seront inter- dits et excommuniés. Enjoignant aux recteurs,. curés, prètres et clercs de ce diocèse de re- mettre fidélement devers le greffe de notre ofli- cinalité toutes et chacune les déclarations qui seront devers eux faites ou remises, sous même peine. Au Puy, le 21 aout 1685.— Signé : RENÉ Boizarp , doct. en théol., chanoine en l’église ca- thédr., abbé de Saint-Vosy, oflicial et vie. gén. — Arcs, vice-oflicial. » Aussitôt le prévost des marchands, le sieur de Morgue de Saint-Germain, tous les ofliciers de jus- tice, se mirent en quête des coupables. Malgré les lettres comminatoires, malgré toutes les re- 460 ESQUISSE HISTORIQUE cherches, on ne parvint qu'à en découvrir un seul. C'était un calviniste, Jean Martel. Ses com- plices échappèrent à la justice; mais on resta per: suadé, dans le pays, qu’ils étaient en grand nombre et gens de qualité. Ce qui advint du meurtrier , nous l’ignorons ; quant au capitaine de Prades, il guérit de ses blessures. Le 5 décembre 1689, il recevait, par Louvois, l'ordre de se rendr: à Brest, où une escadre de trente-six vaisseaux de quarante à cinquante pièces de canons était en partance pour l'Irlande. Le che- valier de Sereys devait lui conduire une forte levée de soldats et se trouver de la même expédition. Forrilhon de Prades partit sur le vaisseau « lExcel- lent » se confiant, dit-il dans sa lettre d’adicux, la Providence, et fort de la bénédiction de son père. D « Nos troupes, cerit-il de Dublin, sont portées » de bonne volonté pour combattre, et je vous ‘» assure que Ja guerre sera fort sanglante. Les » Français qui sont ici nous ont dit que les enne- » mis ne nous feraient pas de quartier; nous, » nous sommes résolus de n’en pas demander, ni » d'en faire. » À son débarquement à Brest, 11 oe tobre 1690 , il écrivait : « Nous sommes restés vingt- » cinq jours en mer par des temps enragés où » nous avons cru périr, et pour comble de mal- » heur, les vivres nous ont manqué les huit der- » niers jours. Il est mort quantité d'officiers et de » soldats. Le pauvre chevalier de Sereys est du SUR CRAPONNE. 461 » nombre; eela m'est un véritable chagrin, car » nous étions comme frères. Il s'est vu mourir à » petit feu dans une ardente fièvre. H est mort » en bon chrétien : il a légué cinquante livres à » Notre-Dame du Puy. » Le capitaine de Prades fit partie de l'expédition qui porta nos armées en Piémont. Il arriva près de Casal. « J'espère bientôt rencontrer les enne- » mis, dit-il; on ne doute point que Casal ne soit » bloqué. Ce sera vers la fin du mois : il n’a pas » longtemps à attendre. » Ce devait être pour sa perte. Le 27 septembre, noble Jean Torrilhon, seigneur de Vacherolles, recevait à Craponne cette lettre du chevalier d'Ur- ban , major du régiment de Tournézi : « Vous avez » sans doute été informé, Monsieur, que M. le » marquis de Crenan, lieutenant-général des ar- » mées du roi, avait choisi M. de Prades, sur toute » cette garnison, pour commander et défendre le » fort Saint-Georges. Les ennemis le sont venus * attaquer, où après avoir fait connaitre sa bra- » voure et son intrépidité par la vigoureuse résis- » tance qu'il a faite, il a été obligé de se rendre, » Les ennemis Pont conduit dans leur quartier gé- » néral où, étant sur sa parole, ils s’efforçaient _» les uns les autres Jui faire connaitre l'estime » qu'ils avaient pour lui. La fatigue qu'il avait » soufferte dans son siége, lui a causé une affreuse » fièvre. On en a eu tous les soins imaginables ; 462 ESQUISSE HISTORIQUE » mais l’on n’a pu empêcher qu’au vingt-unième » jour de la maladie, il a plu à Dieu de lap- » peler, après avoir recu tous les sacrements et » rempli tous les devoirs tant d’un très-brave » homme que d’un très-bon chrétien !. » Le lecteur nous accusera d’avoir parlé si lon- guement du capitaine Torrilhon. Outre que ces détails nous aident à caractériser l’époque à la- quelle nous les empruntons, il nous semble que la famille dont ils parlent a bien jeté quelque gloire sur Craponne : plus d’un, entre les siens, a versé son sang pour la patrie. Mais revenons en arrière. Au mois de mai 1687, il y eut une grande fête à Craponne, à l’occasion de la convalescence de Louis XIV. Nous en laissons la narration au Mer- cure galant : « M. le vicomte de Polignac, che- » valier des ordres du roi, qui, à limitation de » ses ancêtres, a toujours eu une très-grande » fidélité pour le service de Sa Majesté, donna des » ordres exprès à toutes les villes de sa dépen- » dance, de faire des feux de joie pour la conva- » Jescence de ce grand prince, et surtout à sa » ville de Craponne, dont les habitants, par le » soin des ofliciers du bailliage et des consuls, ? Dom Torrilhon, prieur de la Chartreuse de Bordeaux, était l'oncle du capitaine de Prades. SUR CRAPONNE. 4G5 firent une fête de huit jours, pendant lesquels MM. Vinols, Montagier-Saignard de Sassellange et Barjon, capitaines fort expérimentés en lart militaire, firent faire l’exercice à six cents hommes qui s’y étaient mis sous les armes. Craponne est une des principales villes du pays de Velay, province du Languedoc, de la justice et dépen- dance de M. de Polignac. Le Te Deum et l'Exaudiat furent chantés avec mélodie, le 20 d'avril, dans l’église paroissiale ; et, après une salve de mousqueterie, les soldats prirent leur marche vers la grande place où le feu avait été préparé. On voyait Calvin au milieu de l’échafaud, dont le tour était rempli de feux d'artifice, avec quantité de devises et d’emblèmes. Les compagnies, avec tambours et fifres, sor- tirent en fort bon ordre par la porte de Sainte- Reine, sur laquelle étaient les armes du roi sur un riche tapis de points de Venise rehaussé d'or. Après cela marchaient les officiers et con- suls du bailliage, précédés des violons et des sergents de la ville, pour faire faire place et empêcher la confusion que pouvait causer l’af- fluence d’un grand peuple accouru de toutes parts. Après que l’on eut joui du spectacle de ce feu, on se retira, avec le mème ordre, dans la ville où toutes les fenêtres parurent illumi- nées par le soin des magistrats. » Cette même année, prit naissance l'hôpital de 46% ESQUISSE HISTORIQUE Craponne. La charité de quelques dévotes filles, suivant l'impulsion de leur cœur et les pressantes sollicitations du curé Antoine Valentin, recueillirent, dans une maison prise à loyer, quelques pauvres et infirmes. Elles n'eurent pas longtemps à en supporter les frais; les dons arrivèrent prompte- ment, et bientôt, sur la demande des consuls Fonton et Chaumette, elles reçurent, à la date du 44 juin, et sur ordonnance royale, des lettres d’érection. C’est ainsi que commencéent la plupart des œu- vres de bienfaisance. On ne trouve autour de leur humble berceau qu’un prêtre ou une pauvre femme; Dieu se charge äu développement. -Il se chargea de celui de notre hospice. Avec le temps, des donations considérables lui vinrent en aide. On dut l'agrandir successivement, le mieux approprier à sa destination, jusqu'à ce que, après les larges libéralités de M. Porral du Cluzel qui lui donnèrent une véritable aisance, il reçut par lettres-patentes datées de 1759, le titre d'Hôpital général et royal. Depuis lors, les sœurs de la Croix le desservent, et chacun sait avec quel hé- roïque dévouement. « Pour procurer aux pauvres » plus de soulagement et un serviec plus constant, » dit le petit livre des règles de ces bonnes sœurs, » MM. les directeurs s’assemblèrent en corps et » délibérèrent que, pour cette fin, il convenait » d'établir dans ledit hôpital une commu - SUR CRAPONNE. 465 nauté de filles associées, sous le vocable des » » » » Sœurs de la Croix, à qui l'on püt confier le soin (les pauvres que l’on peut y entretenir. En conséquence de ladite délibération, requête fut présentée à Mgr Lefranc de Pompignan, notre illustre et révérendissime évêque, qui voulut bien entrer dans les vues desdits saints diree- teurs, et, autorisant leur délibération, permit l'établissement d’une communauté de filles asso- ciées sous le nom et habit des Filles de la Croix, qu'il mit sous sa protection et soumit à sa juridiction, par ses lettres signées de sa main, le 51 mai 1645. Ce qu'ayant obtenu, les saints directeurs à ce préposés, par une nou- velle délibération, firent, avee les filles qui sont naturellement établies dans ledit hôpital et leurs parents, les conventions et accords nécessaires. Et tout de suite on donna l’habit des sœurs de la Croix aux nommées Catherine Rochette, Mar- guerite et Anne Lagier, Catherine et Marie Beyssac, toutes de cette paroisse, qui s'étaient présentées pour commencer cette bonne œuvre, dès qu’elles surent qu'on en avait coneu le des. sein, et s'étaient exercées déjà plusieurs années au service des pauvres, sains et malades, que l’on entretient dans ledit hôpital, et toujours avec beaucoup d’édification et de suecès, avant d’être vêtues de ce saint habit. » Craponne était en voie de pieux établissements, 466 ESQUISSE HISTORIQUE Par testament du 17 janvier 1688, noble demoi- selle Claudine Gallet donna à quelques filles qu'un motif de dévotion avait réunies, une maison si- tuée sur le plan du fort, au point même où avait été autrefois la poterne du château seigneurial. Celles-ci adoptèrent la règle du tiers-ordre de Saint- Dominique, et nous retrouvons encore aujourd’hui, chez nous, toujours vénérées, toujours bénies, ces humbles filles qui, sous la bure noire et blanche des dominicaines , sont douées des plus angé- liques vertus. XIV. Louis XIV avait chaudement pris le parti de Jacques Il, forcé d'abandonner l'Angleterre. Il jeta le gant à l’Europe qui le releva. Il eut aussitôt contre Jui l'Angleterre, l'Espagne et la Hollande; il en triompha par de nombreuses victoires. Mais il fallait prendre des précautions contre les éven- tualités. Des milices citoyennes furent eréées dans toutes les provinces ; le duc de Broglie, lieutenant- général des armées du roi dans le Languedoc, fut chargé de les organiser chez nous; il s’en déchargea, pour Craponne, sur noble Jean Torrilhon, seigneur de Vacherolles, père du capitaine de Prades. La liste fut rapidement dressée; cette milice comprit SUR CRAPONNE. 467 six cents hommes. Pour en compléter l'armement, Jean Pinot, commissaire sub-délégué par M. de Basville, conseiller d'Etat, permit aux consuls de prendre quarante-cinq fusils neufs dans le magasin royal de Saint-Etienne. Noble Ignace-Maurice Tor- rilhon, qui avait servi comme gentilhomme dans l'arrière-ban de la province du Languedoc, fut choisi capitaine de cette compagnie bourgeoise. Le méme motif qui motivait l'armement des citoyens dans toutes les villes closes, engageait Louis XIV à faire appel aux hommes de tête et de cœur que retenaient dans leurs châteaux les nonchaloirs de la vie seigneuriale. Au moment où Catinat, affaibli par ses victoires même en Savoie, repassait les Alpes, il rappela à la tête de son régiment d’Aunis le vicomte Armand de Polignac, qui en était le colonel. Avant de partir, il donna une preuve de haute estime à Jean Torrilhon de Vacherolles, que nous avons déjà vu chargé de organisation de la milice civique, et à son fils Ignace-Maurice. On nous permettra de répéter en quels termes : « Le vicomte de Polignac étant sur » le point de faire la campagne avec son régi- » ment pour le service de Sa Majesté, et ne pou- » vant survenir aux grands frais qu'il lui est in- » dispensablement nécessaire de faire pour ce » sujet; vu et considéré, d’ailleurs, les longs et » grands services que noble Jean Torrilhon, sei- » gneur dej Vacherolles et ses ancêtres ont rendu 468 ESQUISSE HISTORIQUE à la maison de Polignac et même audit sei- gneur vicomte, et qu'il espère d’en recevoir à l'avenir, ne trouvant pas de meilleur sujet pour remplir la charge de baillif et capitaine châte- lain de la ville de Craponne et marquisat de Chalencon; bien informé de la capacité, bonne vie, mœurs, religion catholique, apostolique et romaine de noble Ignace-Maurice de Torrilhon, sieur du Crozet, fils ainé et donataire dudict Jean, docteur et avocat en parlement : de gré pur et frane vouloir, par toutes les susdites raisons et parce que ainsi lui plait, a donné et accordé, comme par ces présentes donne et accorde , au sieur du Crozet , lesdits bailliage et charge de capitaine châtelain de la ville, terre et seigneurie de Craponne et entier mar- quisat de Chalencon, pour exercer lesdites charges avec tous les honneurs, prééminences, préro- gatives, profits, attributs, droits et revenus que ledit seigneur de Vacherolles a jusques à-présent exercés ; laquelle charge pourra exercer conjoin- tement ou séparément avec sondit père, du vivant d’icelui, lui accordant la survivance, sa vie durant, à lui dit sieur du Crozet. » Questions de voirie et de vicinalité , donations considérables à l'église ou à l’hospice, reddition de compte des consuls, réparation des murailles, inspections de la milice bourgeoise, visiteurs ecclé- siastiques pour la paroisse, contrats d’affranchisse- SUR CRAPONNE: 469 ment, règlements de police, rectification dans la répartition des tailles : voilà ce qui remplit les fastes de Craponne depuis l’année 1695 jusqu’à 1704. On aime ce silence de l’histoire, cette insigni- fiance des faits; c’est un indice de paix et de sécurité. Cette tranquillité n’avait pas même été troublée par les camisards, ces grotesques suc- cesseurs, pour la eause calviniste, des Soubise et des Rohan ‘. Ils supposaient sans doute qu’ils avaient peu d'espoir d'ébranler la foi de Craponne. S'ils eussent eu la pensée d’y tenter une attaque à main armée ou d'y porter leur prosélytisme, ils se seraient sans doute souvenu que là, dans les grandes réjouissances publiques, on brülait Calvin en effigie. D'ailleurs notre ville ne renfermait pas un seul protestant et, comme celle du Puy, elle resta vierge de toute hérésie. L'année 1704 apporta une profonde modification dans l'administration communale de Craponne. Louis XIV venait de créer, en titre d'office, des échevins, capitouls, consuls, jurats et autres offi- ciers municipaux dans toutes les villes du royaume, pour y remplir la moitié des places qui, jusque- là, avaient été données par l'élection. C'était ren- 2 Les paysans calvinistes des Cévennes portaient des blouses en toile blanche, longues, à manches coupées semblables aux che- mises de femme; de la leur nom de camisards. TOME XVII, 50 470 ESQUISSE HISTORIQUE verser tout le système suivi depuis des sièeles. L’édit fut Iu avec colère et malignement com- menté; on murmura, on se promit de résister. Mais sur les sages conseils de MM. Damase Cale- mard du Mons , avocat en parlement, bailli de Craponne; Jean Fonton, également avocat et juge de la juridiction du mandement; Pierre Pastel, aussi avocat en parlement , les mécontents se cal- mèrent, se bornant à témoigner quelque dédain à noble Benoit Valentin, seigneur de Fredeville, qui avait été pourvu par le roi, à loflice de conseiller du roi, maire perpétuel de Craponne. On se vengea aussi du conseil donné par M. Pastel. Comme procureur juridictionnel, ül avait le droit d’être convoqué à toutes les assem- blées et délibérations de ville; on le lui refusa. IL fallut un arrèt de la cour des aides pour que la décision prise à ce sujet par les consuls, füt cassée; et encore n’obéit-on que par transaction. Dans une délibération générale, on convint que les consuls rempliraient les fonctions de lieutenant de maire, en son absence, avec les mêmes hon- neurs et prérogatives. Heureusement que cet ar- rangement n'avait d'illégal que la pensée de re- bellion qui l'avait suggéré. On feignait d'ignorer qu'il existait, depuis 1702, un édit royal dans le même sens. La question ne fut point tranchée pour toujours. Il exista constamment d’inquiètes jalousies, de SUR CRAFONNE, 471 sourdes menées, dont les effets se traduisirent sou- vent en actes déplorables. C’est surtout lorsqu'il s’est agi de préséance que les passions se sont pro- duites. Nous aurons l’occasion de le constater. Il nous faut maintenant arriver à 1710 pour trouver un fait qui mérite d’être signalé. C’est la fondation du couvent des sœurs de Saint-Joseph 1. Cette communauté, qui a compté de nobles cœurs et surtout de saintes âmes, s’est vouée jusqu’à nos jours à l'instruction de la jeunesse. Un moment dispersées par l'orage révolutionnaire, ces pieuses filles rentrérent dans leurs cellules aimées par les ordres du premier consul qui, pour leur donner en quelque sorte les moyens d’acquitter une dette de reconnaissance, leur imposa en outre le soin des prisonniers. Leur zèle accepta avee bonheur ce nouvel acte de charité. Elles l’exercent encore aujourd’hui avee la mansuétude des anges; malgré le trop faible secours que ladministration a mis au service de cette œuvre. Les forains ? de Craponne avaient toujours ma. nifesté quelque résistance à subir les charges de 1 Ea maison était d’abord près de l’église des Pénitents: Ja ville _céda aux religieuses un pré pour faire cour et jardin. Elles acquirent plus tard la maison de M. Picon de l'Estrade. 2 [es forains étaient les habitants de La comimune en dehors de l'enceinte de Ja ville. 472 ESQUISSE HISTORIQUE la ville. Nous les avons vus souvent réclamer et quelquefois obtenir d’en être exempts. Cette année encore [1710] ils sollicitent un privilège. Il s’agit du logement des troupes. Il parait que l’ancienne immunité obtenue par Craponne, pour le même objet, n’avait pas eu la durée qu’on aurait voulue. Sans doute les longues guerres de cette époque mirent des obstacles à la continuité de cette exemp- tion. Quoi qu'il en soit, les forains ne voulaient point partager les frais de passage et de séjour; il fut nécessaire de recourir à l’autorité souveraine. Les consuls adressèrent leur requête à l’intendant, M. de Lamoignon; celui-ci décida dans l'intérêt de la ville. Il ordonna que « les paroissiens et » habitants des hameaux qui composent la pa- » roisse de Craponne, seraient tenus de contribuer » aux frais de logement et de paiement de wic- » tuailles en question. » Louis XIV expiait toute sa gloire dans les malheurs de ses dernières années. Malgré l’habileté du car- dinal de Polignac, on lui imposait des conditions honteuses que sa dignité n'aurait pas voulu ac- cepter. Toutes ses places, si vaillamment enlevées par l'épée victorieuse de ses capitaines, tombaient une à une au pouvoir de l'ennemi. Le roi ne vit d'espérance que dans des actes de désespoir; ce furent des mesures extrêmes. Un édit de finances imposa le dixième des revenus territoriaux. Alors commença, dans le Languedoc, l'estimation des SUR CRAPONNE. 475 biens nobles. M. de Basville, intendant de la pro- vince , ordonna que tous ces biens seraient vérifiés, arpentés pur des experts, leur serment préalablement prélé entre les mains de Mgr de Roche-Aymond, évéque. Cette estimation n’eut pas lieu à Craponne sans opposition. Les experts chargés de cette estimation employèrent des moyens qui blessèrent les susceptibilités de gentilhomme. Tous ces seigneurs qui, jusque-là, avaient joui en paix de ces domaines portant profits larges et certains, murmurèrent d’un prélèvement qu’ils disaient rui- neux. On écouta peu leurs plaintes et leurs colères. On estima et l’on failla en vertu de l'ordonnance t. Mais le peuple, qui a parfois une logique im- pitoyable, ne leur pardonna point cette mauvaise volonté, quand le bien et l'honneur de la France parlaient si haut. Il en tira des motifs de mépris, 3, L'an 4745, à la requête du fermier général du roi, pour lequel est élu domicile en son bureau général à Pars, à l'hôtel des Fermes, rue de Grenelle; en celui de M. Baudon, directeur des domaines à Montpellier, et en celui du sieur Valicon, rece- veur des droits de franc-fief au bureau de Roche, certifie, moi soussigné, avoir signifié et baillé copie de l’article 420 de la contrainte à noble..., domicilié à Craponne; et, en vertu d’icelle, j'ai fait commandement , de par le roi, de payer, dans huitaine pour tout délai, à mondit sieur Valicon, la somme de 1460 li- vres, et lui ai déclaré qu'à faute de ce faire dans ledit délai, et icelui passé, il sera contraint comme pour les propres deniers et affaires de Sa Majesté, 474 ESQUISSE HISTORIQUE méme de haine; et c'est bien de cette époque qu'il faut dater une antipathie que les excès de la Régence développèrent, et qui devait aboutir aux évènements révolutionnaires de 1789 et 1795. L'année suivante, le conseil d'Etat donna une demi-satisfaction aux réclamations de Craponne qui demandait, depuis si longtemps, l’entrée d’un dio- césain aux Etats du Languedoc. Il ordonna qu'un syndic y serait admis pour représenter les villes diocésaines. | C'était l’année des concessions. Les bâtiments de l’hospice étaient insuffisants pour le logement des pauvres; on éprouvait le besoin de transporter ailleurs cet établissement ; mais les ressources annuelles étaient absorbées par le nombre des in- digents. Comment obvier à cette difficulté? On demanda au vicomte de Polignac d'ajouter à l’oc- troi qu'il avait sur chaque charge de vin vendue en ville, un supplément de cinq sols par charge, et le droit d'employer ce surcroit d'impôt au profit de la Communauté; à savoir, deux tiers pour l'hospice, l’autre tiers pour les affaires urgentes ct imprévues de la commune. M. de Polignac se contenta d'écrire au bas de la pétition : Approuvé, sans préjudice de mes droits. Qu'importait aux habitants la forme de la concession? Il leur sufli- sait de pourvoir au soulagement des malheureux. L'association est une idée chrétienne qui a eu aux temps passés d’admirables résultats. À ces SUR CRAPONNE. 475 époques de vives croyances, toute associalion était religieuse en même temps que philanthropique. En 1717, les maitres tailleurs de la ville s’assem- blèrent devant M. Damase Calemard, bailli, maire de Craponne, et Sapientis, greflier-secrétaire. II s'agissait d’une organisation fraternelle sur le plan des autres corporations de métiers qui existaient déja dans notre ville; la demande qu'ils formu- lèrent contenait un projet de statuts. Le premier article, manifestant très-bien la pensée que nous émettions tout-à-l’heure, stipulait la fondation d’une messe à perpétuité. L'autorisation fut accordée. Cette société subsiste encore, déployant aux jours des solennités son drapeau vert, qui flotte aujour- d'hui sur des idées autres peut-être que celles qu'il abritait autrefois! Grôce aux années de paix, nous Pavons dit, Craponne avait pris une physionomie plus riante. Mais ses murailles, hautes et noires, lui laissaient encore, quand le regard dépassait les rares plan- tations, tout Jaspect d’un château féodal: son vieux donjon ajoutait encore à l'illusion. Et pour- tant les habitants avaient besoin d’air et de soleil pour assainir et vivifier leurs rues étroites, tor- tueuses et sombres. Le seul obstacle était le vi- comte de Polignac qui conservait sur ces murailles on ne sait plus quel droit, qu’auraient dù abroger, ce semble, les dépenses de reconstructions tant de fois supportées par la ville. C’est donc auprès 476 ESQUISSE HISTORIQUE du vicomte qu'il fallut solliciter l'ouverture de portes et fenêtres sur les fossés d'enceinte. M. de Polignac fut moins difficile qu’on ne le supposait. En 1719, époque à laquelle se rapporte ce chan- gement, il ne préleva qu’une faible redevance sur chaque ouverture, et, en peu d’années, les mu- railles échangèrent leur surface monotone et triste contre de gracieuses façades. XVI. L'histoire des populations offre rarement de lon- gues ères de prospérité. La page que l'an 1721 ajoute aux fastes de Craponne est pleine de larmes et de deuil. Elle parle d’une peste qui rappela trop celle de 1586 et qui a laissé tant de douloureux souvenirs associés à ceux de l’héroïsme de Bel- zunce, dans les annales marseillaises. On établit, à Craponne, un bureau de santé qui fit des règle- ments sur l'entrée des étrangers en ville, les précautions hygiéniques, sur les soins aux mala- des, etc., ete. Quiconque enfreignait le règlement était passible d'une peine sévère *. 1 Délibération du bureau de santé contre des marchands qui avaient contrevenu à l'arrêt du conseil en faisant transporter de la marchandise suspecte, pour les faire conduire aux prisons de la ville. 44 août 4721. SUR CRAPONNE. 477 La contagion surprit des troupes de passage à Craponne. L'hôpital regorgeait de malades. La ville, la campagne fournirent des lits supplémen- taires. Le curé Dumontel rivalisa de zèle avee les religieuses. On put commodément héberger les pauvres militaires et les entourer de tous les soins, de toutes les tendresses de la charité. Quand on en eut fini avec ce mal terrible, la paroisse, par délibération de mai 1723, concéda à l’hospice les lits qui lui avaient été fournis pour les troupes du roi. Après la peste, les consuls délivraient des certili- cats portant « que, grâce à Dieu, la ville a bonne santé, sans aucun soupcon de peste, ni maladie contagieuse, et que, par ainsi, on peut laisser passer lesdits porteurs du certificat. » Sous la rubrique de cette même année, nous rencontrons des contestations entre le maire etles consuls sur des questions de préséance; débats bien futiles en présence de l'égalité dont la mort consacrait chaque jour linexorable loi! Mais la préséance était une question capitale pour Craponne. Chacun se sentait le désir de primer, de se distinguer en quelque chose, et il fallut règlementer les places jusques dans les funérailles *. Grandes disputes aussi, pour le même objet, entre les consuls et les ofliciers de justice de M. de ? Documents particuliers, 478 ESQUISSE HISTORIQUE Polignac*. Les détails de cette affaire rappellent toutes les disputes de ce genre et n'accusent pas moins la pointilleuse vanité du cœur humain. Malgré des cabales qui s’enveloppèrent de toutes les formes et s’appelèrent de tous les noms, le 5 décembre 1726 arriva la nomination royale d’un maire en dehors des influences consulaires et au- tres. On nous permettra de donner un extrait de l’ordonnance signée par Louis XV. « Par édit du mois d'août 1692, le feu roi » notre très-honoré seigneur et bisaïeul ayant créé » des offices de nos conseillers-maires, Ignace- » Maurice de Torrilhon fut pourvu de celui du lieu » et communauté de Craponne, en notre province » du Languedoc, lequel office ayant été depuis sup- » primé par notre édit du mois de juin 1716, nous » l'avons depuis rétabli par édit du mois de novembre » 1718; et étant nécessaire de pourvoir audit » office dont ledit Ignace-Maurice Torrilhon a fait » les fonctions jusqu’à son décès, depuis lequel sa » veuve et héritière nous a nommé Dominique de « Torrilhon son fils, savoir faisons que, pour la » pleine et entière confiance que nous avons en * Requête présentée par Dominique Torrilhon, maire de cette ville, à M. le sénéchal du Puy, contre Damase Calemard, bailli, au sujet de leurs préséances dans le banc des consuls, commun avec les officiers de M. de Polignac. 30 février. » » » SUR CRAPONNE. 479 la personne dudit Dominique de Torrilhon et en ses sens, suflisance, prudhomie, capacité et expérience, fidélité et affection à notre service, ‘nous lui avons donné et octroyé, donnons ét octroyons, par ces présentes, l'oflice de notre conseiller-maire du lieu de Craponne, généralité de Montpellier, que tenait et exercait défunt son père;....si donnons en mandement à notre sénéchal du Puy, que lui étant apparu de bonnes vie, mœurs, Conversation, àge , religion catho- lique dudit Torrilhon, et de lui pris et reçu le serment en tel cas requis, il le reçoive, mette et institue de par nous en possession et jouis- sance dudit oflice, s’en faisant jouir et user ensemble des honneurs, autorités, prérogatives, prééminences, franchises, libertés, privilèges, exemptions, attributions, pouvoirs, fonctions, droits, profits, fruits, revenus, émolements... car tel est notre plaisir.... » Cependant l'esprit public de la ville continua de se manifester par de puériles taquineries. Elles se produisaient surtout lorsqu'il s'agissait de la levée des deniers royaux. C'était à qui s’efforcerait d’en- traver les collecteurs. Plus d’une fois le maire fut obligé de s'affranchir des règles établies dans la Communauté et de faire opérer la levée sans lau- torité des consuls. Plusieurs fois aussi les consuls usèrent de représailles dans des matières qui étaient du ressort du maire, du bailli ou du juge. il y eut - 480 ESQUISSE HISTORIQUE de perpétuels empiétements, des mélanges illégitimes dans les attributions respectives. Les affaires de la ville en souffrirent; mais aussi chacun se donna la satisfaction de reproduire des épisodes de la Fronde , et de se venger d’un concurrent ou d’un ennemi. XVIT. Cependant, en dehors de la foule si pressée des nullités orgueilleuses et impuissantes , commençait à paraitre Joseph Torrilhon-Dubourg de Vacherolles. Il naquit à Craponne le 4 février 1752. Son père, noble Dominique de Torrilhon, fils de [gnace- Maurice, succéda à ce dernier comme maire de Craponne , en 1726, et en exerca la charge pen- dant plus de vingt ans. Joseph avait deux frères : noble Jacques de Torrilhon et noble Maurice-Ignace de Torrilhon. Le premier commença à servir, en 1740, dans le régiment d'Auvergne ; fut nommé lieutenant en Ja compagnie de Périchon, le 15 septembre 1745 ; reeut sa nomination de capitaine dans le même régiment , le 15 octobre 1746 ; fut blessé au siège de Prague et reeut pour ses hauts faits, le 50 septembre 1759, la croix de chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis. Gette blessure le força à SUR CRAPONNE. 481 se retirer du service. Ignace-Maurice entra au ré- giment d'Auvergne , en 1746 ; il reçut la charge d’enseigne , le 10 mai 1747 ; celle de lieutenant en la compagnie de Vieilcastel, le 14 janvier 1749 ; enfin, celle de capitaine, le 1° mai 1756. Il mourut à Strasbourg, en juillet 1758, après 22 ans de services militaires. Joseph Torrilhon-Dubourg fut recu , le 6 mars 1746, dans ce même régiment d'Auvergne où se trouvaient déjà ses deux frères. Le 21 octobre de la même année, M. le comte de Chastellux le fit reconnaitre, de par le roi, lieutenant en la com- pagnie de Debatz. Le 1* septembre 1755, il reçut du roi, avec sa nomination comme capitaine dans le même régiment, l’ordre de choisir, « le plus » diligemment qu’il lui serait possible , quarante » hommes français des plus vaillants et aguerris » qu'il pourrait trouver ; et ladite compagnie com- » manderez , conduirez ; exploiterez sous notre » aulorilé.» C'est en cette qualité qu'il fit toutes les campagnes d'Allemagne de 1757 à 1762. Il s’y conduisit en vaillant homme , et, le 2 mai 1771, il reçut, à Valencicnnes , des mains du gouver- neur , Jean-Baptiste-Marie de Sonning , la croix de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis *. * Mons Joseph Torrilhon - Dubourg, la satisfaction que j'ai de vos services mayant convié à vous associer à l’ordre militaire de 489 ESQUISSE HISTORIQUE Le 1% juillet 1774, Torrilhon-Dubourg entra, sur nomination du roi et investiture du comte de Laval, comme capitaine dans la compagnie de grenadiers , place vacante par la promotion du capitaine de Reignerie à la charge de chef de ba- taillon. Nommé capitaine-commandant , le 25 mars 1778, il passa, deux ans après, le 24 juin 1580, avec le titre de lieutenant-colonel , dans ce fameux régiment Jyonnais qui a acquis tant de gloire à nos drapeaux. Il fit partie, en cette qualité , de l'expédition de 1782 conduite par le duc de Crillon et l'amiral espagnol Louis de Cordova, expédition heureusement commencée par la prise de Mahon et de Minorque, mais dans laquelle Crillon fit acte d’impuissance devant Gibraltar , où les forces Saint-Louis, je vous écris cette lettre pour vous dire que j'ai commis le sieur de Poning pour, en mon nom, vous recevoir et admettre à la dignité de chevalier de Siant-Louis, et mon intention est que vous vous adressiez à lui pour préter entre ses mains le serment que vous étes tenu de faire en ladite qualité de chevalier dudit ordre, et recevoir de lui l’accolade et la croix que vous devez dorénavant porter sur l'estomac, attachée d'un petit ruban couleur de feu; voulant qu'après cette réception faite, vous teniez rang avec les autres chevaliers dudit ordre et jouissiez des honneurs qui y sont attachés. Et la présente n'étant pas pour autre fin, je prie Dieu qu’il vous ait, mons Joseph Torrilhon- Dubourg, en sa sainte parde. Ecrit à Versailles, le... Signé : LOUIS. LA SUR CRAPONNE. 4835 combinées de Ja France et de l'Espagne ne purent, malgré les ingénieuses batteries flottantes inven- tées par le chevalier d’Arçon , triompher de l’ami- ral Howe et du général Elliot. Le 16 juillez 1786, le vicomte de Cambis, gouverneur du Languedoc, nomma, pour com- mander à Beaucaire, le lieutenant-colonel Dubourg. Il reçut, le 25 juillet 1790, le grade de colonel dans le 79° régiment d'infanterie, ei-devant bou- lonnais , place vacante par la démission du mar- quis d’Avaray. Dans la première campagne du Piémont , en 1792, il fut pourvu du brevet de maréchal de camp ; et quelques mois après on le retrouve au siège de Lyon. À quelle époque, Torrilhon-Dubourg fut-il nommé général de division ? On l’ignore. Mais quoi qu’on en ait pu dire, il parvint à ce haut grade. Le 18 vendémiaire, quatrième année républicaine, Torrilhon-Dubourg était, comme général de divi- sion, commandant en chef de la force armée dans le département de la Haute-Loire. Voiei sa proclamation : « Le général en chef, à ses concitoyens, » Le salut du peuple êst la loi suprème : il ré- » sulte de ce principe sacré plusieurs conséquences » nécessaires. Le service public exige le sacri- » fice des intérêts particuliers. Tout citoyen est 484 ESQUISSE HISTORIQUE » soldat pour la süreté commune. Fil faut se de- » fendre ou protéger son voisin contre les hosti- » Jités d’un ennemi commun , nul doute que lor- » dre et la méthode de défense ne soient une con- » séquente essentielle ; l’unité d'action n'est pas » moins indispensable pour la défense que la cé- » Jérité pour l'attaque. Appelé dans vos murs pour » diriger vos mouvements, concerter les moyens » ‘de prévenir toutes agressions des rebelles, et » maintenir la sûreté intérieure , j'ai lieu d’espérer » que tous les bons républicains, animés d’un » patriotisme pur, de respect pour les lois, les » personnes et Îles propriétés, s’empresseront » d'offrir le tribut civique que les circonstances » exigent. » En conséquence , le général arrête , etc... » Ce zèle parut cependant trop froid encore à l'ardeur bouillante des anarchistes. Le général Torrilhon-Dubourg fut destitué; on ne sait trop en quelle année. Il se retira à Craponne, sa patrie. On lui délivra, sur sa demande , un certificat de civisme pour obtenir une pension de retraite comme général de division. Il ne l’obtint pas. Ce ne fut point pour lui une raison de s’annihiler; il accepta le commandement en chef de la garde nationale de Craponne ; quelques mois après il fut nommé président de la municipalité ; fonctions qu’il rem- SUR CRAPONNE. 485 plit jusqu’au 12 pluvidèse an VI, époque où sa démission lui fut demandée. Le général de division Dubourg ! mourut à Cra- ! Pour compléter l'excellente notice que M. Dumolin à donnée sur Torrilbon-Dubourg, dans son importante biographie des offi- ciers généraux de la Haute-Loire, nous avons avancé que notre illustre compatriote était parvenu au grade de général de division. A la suite des preuves que nous avons fournies, nous avons plaisir à {ranserire Ja lettre suivante, communiquée par M. Jules Duvillars, neveu du général Dubourg, à M. A. de Brive, président de la Sociélé académique du Puy : Grenoble, le 6 juillet, l'an I de la République (1794). Le pénéral de division, chef de l’état - major, au général de division Duboure. Recevez, général, mes compliments sur votre nomination à votre nouveau grade. Je vous envoie l'arrêté des représentants du peuple. Je vous préviens que le général de brigade Rival a ordre de se rendre à Macon. Le citoyen Badelaune, à qui je fais passer sa nomination au grade de général de brigade, commandera en sa place les troupes qui sont dans la Tarentaise. Le citoyen Prunelet, à qui j'adresse sa lettre d’adjoint à l'état-major, a l’ordre de se rendre à Bourg le plus tôt possible. L'ordre a été donné au général de brigade Badelaune d'envoyer à Grenoble cent chevaux d'artillerie de sa division. Méme ordre a été donné au général de brigade Ledoyen d’en envoyer cent autres de la Maurienne dans cette ville. Le général de Muy a ordre de se rendre incessam- ment à Bourg. Je partirai pour cette ville le 28 de ce mois, les représentants du peuple en partiront le fer août. TOME XVI. o | 486 ESQUISSE HISTORIQUE ponne, le 8 août 1806, des suites de mauvais traitements que lui infligèrent, on ne sait pour- quoi, quelques personnes de Chomelix. Un jour qu'il faisait sa promenade habituelle dans un bois voisin , il fut saisi, attaché à un arbre, déva- lisé , laissé presque nu. Débarrassé de ses liens et conduit à Craponne, il ne vécut que quatre jours dans des transes et des souffrances qu’explique cet affreux guet-apens. On fit quelques arrestations; mais la culpabilité de ceux qu’on arréta ne fut pas prouvée et le mystère plane sur cette mort. Reprenons maintenant la suite chronologique des faits qu'avant l'aperçu qui précède sur une illustre famille de notre ville , nous avions laissée au milieu du dix-huitième siècle. Pendant les tristes luttes entre Louis XV et les parlements, — luttes qui affaiblirent tellement le prestige de l'autorité, — l’intérieur de la France était traversé par des bandes que disciplinait seu- lement l’appät du gain : véritables routiers du dix- huitième siècle, dont les actes eurent tous les odieux caractères de leurs prédécesseurs. Le chef le plus fameux d’une de ces bandes Je vous envoie ci-joint, général, Pinstruction relative à votre commandement dans les deux vallées de la Tarentaise et de la Maurienne. À vous de tout mon cœur. Charles Saint-Rény. SUR CRAPONNE: 487 fut Louis Mandrin, tour-à-tour ‘soldat , contre- bandier, voleur , au besoin assassin. [l fut, pen- dant plusieurs années, la terreur du Dauphiné, du Rouergue , du Vivarais, du Gévaudan. Il péné- tra dans le Velay en 1754. C'était un homme au regard hardi, à vives réparties , aux lèvres rieuses , à la physionomie expressive, à l'esprit souple et adroit : qualités , — si ce sont des qualités chez des gens semblables, — que recouvraient les plus ignobles passions, les vices les plus honteux. Il ne voulait pas être pris pour un brigand vui- gaire : « On me calomnie, disait-il, en m'appe- » Jant bandit; seulement je fais avec les gens du » fise des affaires dans lesquelles leur volonté est » subordonnée à la mienne. Je vole, prétend-on, » Ja recette des receveurs de la ferme, nulle- » ment ! Lorsque j’emporte leur argent, je leur » Jaisse de la marchandise ; je leur vends des » ballots de tabac, et vraiment je ne suis pas » cher. Quant aux droits d'entrée que j'esquive, » belle affaire, ma foif... Ce sont quelques par- » celles d’or enlevées au pactole de MM. les fer- Craponne fut victime de son audace. Des titres de 1754 parlent de ses contributions forcées sur un grand nombre d'habitants. La frayeur que laissa son passage était si grande , qu’il fut ques- tion de réparer les murailles pour se mettre à 488 ESQUISSE HISTORIQUE l'abri de semblables aventuriers. Nous ne citerons qu'un exemple de ses prouesses : Arrivé de nuit à Craponne , Mandrin se pré- sente chez une pauvre femme tenant bureau de tabac. L’astucieux brigand lui propose, ou plutôt lui impose lachat de 550 livres de tabac. La pauvre femme refuse, et pour excel- lente raison : elle affirme n’avoir pas d'argent. — « Est-ce si peu qui vous embarrasse, la vieille ? » dit Mandrin, eh bien, nous y allons pourvoir. » Vite, indique-moi dans ton voisinage ceux qui » ont de l'argent; vite, car je suis pressé !... » — La buraliste, effrayée par le ton impératif du contrebandier , et plus encore par les vingt hommes armés dont elle apercevait la silhouette dans l'ombre de la nuit, se hâte de balbutier quelques noms. — « C’est bon, dit Mandrin, qui » avait pris, sur un riche carnet, la liste des » notables; suis-moi! » Il s'arrête devant la mai- son de M. d'Ollias et, donnant avec le lourd marteau un coup sec sur la porte qui s’ébranle, il se fait ouvrir. — Il arrive jusqu'aux apparte- ments du riche endormi, et, s’'inclinant jusqu’à terre, avec une pose irréprochable de bon ton: « Monsieur , dit-il, je suis désolé d'interrompre votre sommeil, mais voici une bonne femme » qui à besoin de vous, et vous avez trop de charité pour ne pas vous trouver heureux de pouvoir lui être agréable, Soyez assez bon pour y C2 LA SUR CRAPONNE. 489 » vous lever ; je vous donne einq minutes. » — Le vieillard, à demi-mort de frayeur, se lève et dit timidement : « Monsieur, qu'y a-t-il pour » votre service? » — « Oh! infiniment. peu de » chose! Cette femme que voilà et qui a lhon- » neur d’être une de vos voisines, serait dans » J’intention , et par grande nécessité , d’acheter » du tabac; tabac excellent, Monsieur , tel que » j'en livre toujours... Mais l'argent lui monque, » et ce serait dommage que, pour si faible raison, » J'ai déjà, comptant sur vous, mon digne Mon- » sieur , déposé chez elle la quantité qu'il lui faut. » Je vous fais l’honneur de vous désigner pour » le payeur ; vous allez me compter 600 pistoles. » C’est pour rien, ma foi!.... Cette femme vous » remboursera à l’occasion, car ce serait malheu- » reux que vous en fussiez de votre complaisance ; » et, à son défaut, je vous autorise , Monsieur , » à tirer votre argent de M. le fermier général » dont je suis le créancier: il fera , n’en doutez » pas", honneur à la signature de Mandrin ; et je » vous la laisse... Allons, Monsieur, mon dis- » cours vaut bien 600 pistoles , sans doute, et » je les attends... avec vingt hommes pour les » recevoir de votre main... » — [1 n’y avait pas d’objection possible en face de semblable argu- mentation ; les canons de fusils qui se dressaient au fond de l'appartement achevèrent de porter la 490 ESQUISSE HISTORIQUE conviction dans l'esprit du propriétaire... I] compta, non sans beaucoup de soupirs, les 600 pistoles au créancier du fermier général. Celui-ci se retira avec la même bonne grâce et la même politesse. La chronique ajoute que, grâce au tabac laissé chez elle par le redoutable voleur, la vieille fit fortune. Nous ne le garantissons pas. | XVIN. La monotone tranquillité des années suivantes, jusqu'en 1767, n’est interrompue, à Craponne, que par l’arrivée, en 1755, d’Ignace-Maurice de Vacherolles. Sa Majesté lui avait donné le comman- dement d’une compagnie de nouvelle levée pour le régiment d'Auvergne. Il avait été ordonné que le point de ralliement serait à Craponne. Cette réunion produisit une certaine agitation. Les nou- velles recrues embauchèrent un grand nombre de jeunes gens de la ville pour grossir le petit ba- taillon; ce qui eut lieu au grand regret et à l'extrême désolation des familles. Nous devons signaler aussi, en 1756, une mission dont les fruits, s’écriait-on, furent merveilleux. On doit toujours applaudir à ces grandes épurations des consciences réveillées par des voix éloquentes. Nous arrivons, avee 1767, au consulat de SUR CRAPONNE. 491 G. Desfauchers. Nous lui devons quelques phrases. Il naquit à Craponne le 10 octobre 1754. Ses études achevées, il se rendit à Toulouse où il demeura, comme clerc au palais, depuis 1756 jusqu’en 1761; il prit dans ces fonctions cet esprit de recherches qui Pa caractérisé, et aussi quelque chose de pointilleux qui lui créa d'innombrables adversaires. Il eut le tort de se croire supérieur à tout ce qui lentourait; et cette conviction, qui lui donnait un ton agressif, un dédain de mise quotidienne, amoindrit tout ce qu’il pouvait y avoir de bon dans cette nature investigatrice. À son retour de Toulouse , il se mit en quête de toutes les notes historiques, de tous les actes que pouvaient lui offrir les familles; il en prit date, quelquefois le sommaire. C'était pour remplir ce qu'il appelait son plan de la ville de Craponne, une sorte d’histoire qu’il méditait depuis longtemps et dont il ne put écrire que la table des matières ; Car 1] avait compté sans la mauvaise volonté de ses concitoyens. Son histoire resta à l’état de projet !. 1 Voici le mauvais sonnet-acrostiche que l’on fil à cette occasion : Dans le vaste projet que tu viens d’enfanter Ï ) On ne trouvera rien certainement à dire. Mais il est plus aisé de bâtir que d'écrire! IL est cependant beau d’avoir su projeter. 499 ESQUISSE HISTORIQUE Dans Fintervalle, il avait été nommé consul. Il montra dans sa charge de bonnes vues, de fé- condes idées, de louables plans de réforme. Mais il en parla avec trop peu de modestie; on lui trouva d’ailleurs une fougue qui se conciliait peu avec le calme indispensable d’un administrateur; on le froissa, on le brisa même. Il en conçut une humeur chagrine qui, à quelques égards, peut rappeler Rousseau. If avait, avec raison, respecté le pouvoir; il avait, en son honneur, jeté dans la cassolette l’encens à pleines mains ; ül le flétrit plus tard, peut-être parce qu'il n’en fut pas assez prisé lui-même; et celui qui ne révait que utres et blason, vint solliciter, à Paris, un certi- ficat de bon patriote aux égorgeurs de 1795. Il publia, en 1778, des notes historiques pour la Nul de tes citoyens n’a daigné le tenter; 11 serait étonnant, odieuse satyre, Que d’un si noble effort tu voulusses médire : Un zèle pur de toi n’a rien à redouter. Etre né pour le bien, s’efforcer de le faire, Garder son cœur exempt de toute ambition ; Avoir de la droiture en son intention : Rire des préjugés, étre parfait notaire, De ma sincère estime être l'unique objet : Eh! voilà Desfauchers, notre auteur du projet. ROBERT, grammairien. SUR GRAPONNE. 495 recherche des anciennes limites du Velay; ce livre est précieux sous beaucoup de rapports. Desfauchers annonce, dans cet ouvrage, l’agriculture vengée, ou le passage imprévu de l’armée de César au do- maine des Fauchers. Nous avons deux manuscrits de ce factum. Nous voudrions, pour la gloire de l'auteur, que ce ne füt qu'une ébauche ou même une plaisanterie. C’est bien l'ouvrage terminé, tel qu'il l’envoyait à son fils chargé de s’en faire un honneur et un moyen de protection auprès du colonel du régiment où il servait. Cet ouvrage est un amas incohérent de citations de Virgile, d'Horace, de Racine; le tout entremélé d’une prose boursoufflée qui vise à lidylle et n’est qu'une plate et informe suite d’épithètes sans excuse, ajoutées à des mots qui revêtent les plus pauvres pensées. esfauchers a aussi écrit quel- ques vers; il n'avait aucune idée de la mesure ; la rime seule le préoccupe; et bien qu’elle soit heureuse quelquefois, elle concorde très-rarement avec le sentiment de la poésie. Desfauchers appartient à l’histoire de notre pays; la critique était de notre domaine. On excusera done notre sincérité, sans laquelle lécrivain, si modeste qu'il soit, ne saurait prétendre à la con- lance du lecteur. En lannée, 1769, les murailles de la ville, que les habitants avaient élevées à grands frais et dont ils avaient été longtemps orgucilleux, tombèrent 494 ESQUISSE HISTORIQUE en partie sous le marteau; Plusieurs tours dispa- rurent. On avait besoin d'élargir les rues, de faire place aux routes. Il ne resta guère plus que les débris qu’on voit aujourd’hui : des murailles, quel- ques mètres; des tours, deux, celles du Marchi- dial et du Pasturel. Craponne manquait de moyens de communica- tion avec le voisinage; et pourtant, son impor- tance déjà bien accrue, son commerce qui s’éten- dait au loin, ses marchés de chaque semaine, exigeaient des relations plus faciles et plus suivies. Le conseil politique s’en oceupa en 1770. I fut résolu que, d’abord, on ouvrirait des routes, on rectifierait les autres, et qu’ensuite on songerait sérieusement à un service de messagcries pour les correspondances. On fut servi à souhait, sur ce dernier ‘point, par les propositions que faisait l’ad- ministration des postes, d'établir, à Craponne, un bureau d’où les lettres pussent être dirigées, une fois par semaine, sur Le Puy, Monistrol , St-Etienne, Lyon et Paris. « Mais, l'administration, en favori- » sant cette ville de Craponne de cette correspon- » dance directe et ne pouvant consentir à en sup- » porter tous les frais, il serait à propos, pour » mettre Ja dernière main à eet établissement, » que cette Communauté de Craponne participe à » ses frais pour le paiement et gages du messager » qu'elle doit établir de Craponne au Puy, pour » Je transport réciproqre dssditne Aénâshac En » » » » SUR CRAPONNE. 495 conséquence, le conseil a délibéré et supplie Mgr l’intendant de permettre que, à partir du prochain rôle des impositions de l’année pro- chaine, il soit imposé, dans les rôles de ladite Communauté, une somme de 250 livres; et sera également supplié M. le baron d’Ogny d'engager Padministration générale des postes de consentir à payer une somme de 550 livres pour parfaire les appointements dudit message, qui sera monté à cheval, et qui partira de Craponne les mer- credi et samedi de chaque semaine, et qui arrivera à Craponne le lendemain. » La chose se termina comme l'avait désiré le conseil. Un coup d'œil maintenant sur l’état général de Craponne en 1774. La paroisse était administrée par messire Ca- prais Privat, licencié en droit, prieur-curé de Craponne, en conséquence de la résignation à lui faite par messire Louis-Hercule de Pujol de Be aufort !. Le prieur était secondé par deux vi- caires en titre 2. L'église était encore desservie par vingt-quatre ? Depuis un temps immémorial, ce prieuré était possédé par résignation. Nous en avons les actes dès 4575. 2 Messires Antoine Privat, Vital Ollier, de Craponne. 496 ESQUISSE HISTORIQUE prétres formant communauté. Cette sorte de collé- giale avait un doyen et un sous-doyen !. La population, ville et banlieue, dépassait quatre mille habitants. La justice civile et criminelle était exercée par des officiers nommés à cet effet par le viconte de Polignac, en sa qualité de seigneur haut justicier de la ville et mandement. Ce corps était composé d’un bailli, d’un juge, d’un lieutenant de juge, d’un procureur fiscal et d’un greffier, Les notaires faisaient les fonctions de procureurs. Faute d’audi- toire , les séances avaient lieu dans la maison du juge. L'administration civile appartenait aux deux con- suls, dont l’un remplissait les fonctions de maire, et l’autre celui de lieutenant de maire; à un maire nommé par le roi, enfin au Conseil politique. Il restait à la ville les quatre fossés, les quatre portes. Elle comptait quatre places, dix rues, huit ruelles, six faubourgs, six fontaines. L'instruection était donnée par les trois cou- vents, par le grammairien, par le maitre à lire et à écrire, enfin par les filles de l/nstruction. ? MM. Pierre Grand, doyen, chapelain du château du Crozct ; François Carle, sous-doyen, ancien euré en Normandie. SUR CRAPONNE. 497 XIX. En cette même année 1774, 15 mai, eut lieu, dans Péglise des Pénitents blanes, une réunion extraordinaire. Aucun des membres n’avait manqué à la convocation. [l s’agissait, pour lillustre con- frérie, d’une affaire majeure, la reconstruction de la chapelle. Chacun se sentait trop à l’étroit dans la pieuse enceinte; la compagnie ne pouvait s’étager à l’aise dans les stalles; le publie manquait de place pour suivre ces offices bruyamment chantés et toutes les cérémonies qu’abrite la bannière de Gonfalon. Malgré le chiffre élevé de 24,000 franes auquel se portait la dépense, la confrérie fut à peu près unanime pour accueillir la proposition du recteur. Le 22 mai 1775, le marteau avait commencé l’œuvre de démolition, et huit jours après, la première pierre du nouvel édifice était posée et bénite en grande pompe. Ce fut le 12 janvier 1780 qu’eut lieu la béné- diction du saint édifice. Ce jour-là, malgré le froid que rendait plus pénétrant une épaisse brume, la cité prit un air de fête que motivait la cé- rémonie pompeusement annoncée le dimanche précédent. Aussi, dès huit heures du matin, la 498 ESQUISSE HISTORIQUE foule se pressait dans les rues adjacentes, se hâtant pour trouver place dans l'enceinte. Cependant les confrères, au grand complet, se rendaient dans la chapelle des Augustines, où la confrérie s’était réfugiée pendant la reconstruction. Qui dira le gracieux sourire qui s'épanouissait sur les lèvres, la béatitude dont s'illuminaient tous les visages! Pour le concevoir, il faudrait connaître cet amour traditionnel du pénitent blane pour sa bannière, pour son ordre; il faudrait savoir ce qu'il met, à la gloire de cet ordre, d'amour-propre , de passion même! Et ce jour était le grand triom- phe de la confrérie sur des jalousies rivales! L'aube blanche recouvre de ses plis chaque heureux confrère; le cordon de lin serre ses reins assouplis pour la circonstance ; le capuchon, relevé sur le front, laisse tomber en arrière sa disgra- cieuse pointe; les dignitaires ont saisi le bâton doré que relève une large bande de velours rouge pour recevoir la main et qu’attachent des clous d’or: la croix processionnelle ouvre la marche; le pieux défilé commence. C'était merveille d’ouir le chant du Veni Crea- tor que les confrères répétaient en se rendant à l’église où les attendait le elergé. 11 y avait dans ces voix je ne sais quelles intonations qui trahis- saient une émotion de plaisir trop longtemps contenue. On arrive à l’église; de là, par un long détour, la procession se rend vers la nouvelle chapelle où l L'EST NU Dr SUR CRAPONNE. 499 commence la cérémonie ‘qui est faite par le prieur. La bénédiction terminée, une messe à diacre et sous-diacre, dit la chronique, est chantée sur le ton le plus solennel qui soit de mise chez les péni- tents. De la chapelle nouvellement bénite, on re- monta à l’église paroissiale pour reconduire le elergé. La même chronique a l’indiserétion d’ajouter que, le soir, il y eut pour les confrères de copieuses libations; mais nous n’y croyons pas. Nous regretterions que notre récit, mal com- pris, parce qu'il serait jugé en dehors des cir- constances locales , fit croire à quelque mépris moqueur. Nous avons voulu nous égayer aux dé- pens des ridicules , jamais aux dépens d’une in- stitution si dégénérée qu’elle soit. Nous avons essayé de peindre une seène d’un autre âge ; rien de plus. Nous avons trouvé, dès le règne de Charles VI, la famille de Sanhard sillustrant par de hauts faits d'armes; les siècles n’ont point abâtardi son blason, ni brisé son épée. En 1590 , Henri IV mandait à César de Sanhard : & À notre cher et bien-aimé César de Sanhard, » salut! Ayant délibéré de mettre sus et faire lever » promptement et assembler bon nombre de gens » de guerre, tant de cheval que de pied, pour nous » en servir ès occasions®qui se présenteront pour la » conservation de notre état et de nos bons sujets, 509 ESQUISSE HISTORIQUE y ÿ » » “et d’en bailler la charge à quelques vaillants et expérimentés capitaines, à vous fidèles et assurés; de cette cause sachant les susdites qualités être en vous, nous avons commis et député, com- mettons et députons par ces présentes, signées de notre main, pour lever, mettre sus et assem- bler incontinent et le plus diligemment que faire se pourra, le nombre de 200 hommes de guerre à pied , français, des meilleurs et de plus aguerris; soldats que pourrez choisir et iceux mener et conduire à la guerre avec vous, sans désemparer ladite compagnie, sous la charge de notre cher et très-aimé cousin, le duc d’Epernon, lun de nos pairs de France et colonel général de notre infanterie française, la part où il sera, par nous ou nos lieutenants généraux, ordonné et com- mandé pour notre service, faisant iceux vivre avee telle police qu’il ne vous en vienne aucune plainte. De ce faire nous avons donné et donnons plein pouvoir, autorité, commission, mandement à tous qu'il appartiendra, qu’à vous, ce faisant ils obéissent. Car tel est notre plaisir. » Donné à Corbeil, le 4° jour d'avril, l'an de grace 1590 , et de notre règne le premier. » Signé, Henry. Par le roy : signé, SUZE. » SA D Suivant une tradition, bien fondée, ce semble, cette noble famille descendait des comtes souve- dt a ntm RENÉE tt cé ol can au à dant a atoien LE bts SUR CRAPONNE. 501 rains du Vivarais. Elle avait étendu, dans le pays du Velay, de forts rameaux. C'était, à Saint-Didier- la-Séauve, Sanhard de la Fressange ; à Yssingeaux, Sanhard de Chamouroux; à Craponne, Sanhard de Sasselange. De là sortirent beaucoup de capitaines de mérite, plusieurs officiers généraux que nous avons regret de ne pouvoir suivre pas à pas dans leur brillante carrière. L’histoire du fameux régi- ment d'Auvergne est, pour ainsi dire, l’histoire de la famille de Sanhard, dont tous les membres ont servi dans ce corps jusqu’à son licenciement. On n’en compte pas moins de neuf à la fois fi- gurant dans une bataille où cinq d’entre eux furent tués ou blessés. L'un de ces braves, Jean Sanhard de Chaumou- roux, de Sasselange, avait épousé, à Craponne, la riche héritière de la famille du Fave-de-Monta- gier. Militaire de grande distinction, chevalier de Saint-Louis depuis la création de cet ordre, il fut tour-à-tour sous-lieutenant, lieutenant, eapitaine de grenadiers, commandant de bataillon, lieute- nant-colonel au régiment d'Auvergne. En 1754, il se distingua brillamment à la sanglante bataille de Parme, où il commandait ce même régiment d’Au- vergne ; il y fut grièvement blessé après des prodiges de valeur; deux régiments se disputèrent l'honneur de le porter dans sa tente, et le roi cerivit à son général en chef, le maréchal de Coigny, que, TOME XVII. 59 502 ÉSQUISSE HISTORIQUE » satisfait des services que M. de Sasselange lui » avait rendus, il le créait brigadier de ses armées. » Cette nomination est datée du 1” août 1754. Ce grade répondait à celui de général de brigade, et c’était le plus élevé de ceux que pouvaient atteindre les gentilshommes de province. Lorsque la Corse se révolta contre les Génois, des secours furent demandés à la France. Elle y accéda avec l’empressement qu’elle devait à des alliés. Un plan de pacification , dressé sous les yeux du cardinal de Fleury, fut destiné à être porté en Corse par M. de Boissieux , neveu de Villars. Cinq régiments devaient appuyer le diplo- mate et le remplacer au besoin avee des moyens plus énergiques et souvent plus efficaces que des protocoles. Ces forces, trop imposantes pour n’être qu'un simple cortège d’ambassadeur , donnèrent de l'ombrage aux habitants de l'ile, à l'heure surtout où leurs armes leur furent redemandées. Ils eurent l'air de se rendre aux sollicitations persévérantes de M. de Boissieux; c'était une ruse : ils profi- tèrent de la sécurité qu’inspira leur bonne volonté apparente, attaquèrent inopinément les Français et les repoussèrent dans Bastia. M. de Boissieux était malade; le brigadier de Sasselange fut chargé de le remplacer. Il resta pendant dix-huit mois à ce poste de péril et d'honneur, c’est-à-dire jusqu’à l'arrivée du maréchal de Maillebois qui sut enfin, à force d'habileté, soumettre les rebelles. RAILS SUR CRAPONNE. 505 Les blessures de M. de Sasselange le ramené- rent dans ses foyers, à Craponne; il y édifia ses concitoyens par ses vertus privées, comme il avait, capitaine, enthousiasmé ses soldats sur les champs de bataille, Sous Jean de Sasselange, comme sous Jean-Aimé de Sanhard, son neveu, — qui, après avoir par- couru les mêmes grades que son oncle, fit la guerre de Flandre où il se distingua , surtout à Raucoux, et fut eréé brigadier le 1% janvier 1748, — Je régi- d'Auvergne acquit cette réputation de bravoure qui faisait écrire au maréchal de Maillebois, lorsqu'on se disposait à la guerre de Pologne : Vous savez, Monseigneur, qu'un régiment tel que celui d'Au- vergne décide souvent du qain d'une bataille. Jean de Sasselange laissa deux fils : Charles et Jean-Dominique. Le premier, capitaine au régiment d'Auvergne, chevalier de Saint-Louis, servit avec distinction pendant la guerre de Sept-Ans et périt glorieusement en 1761, à la bataille de Filingausein. Le second, son frère aîné, Jean-Dominique, sei- gneur du Pontempeyrat et autres lieux, épousa, en 1744, l'héritière de la famille Denis d’Almance, qui possédait les seigneuries et château du Besset, en Gévaudan. Il servit, avec la bravoure hé- réditaire dans sa famille, au régiment d'Auvergne et eut, à 26 ans, l'honneur d’être décoré par le roi lui-même sur le champ de bataille de Rhim- berg. Quelque temps après, en octobre 1760, 504 ESQUISSE HISTORIQUE Nicolas, chevalier d’Assas, commandait à Closter- camp, près de Gueldre, une avant-garde. Sorti du camp pendant la nuit pour reconnaitre les postes ennemis, il tombe au milieu d’une colonne de gre- nadiers hanôvriens qui, croisant vingt bayonnettes sur sa poitrine, lui crient : Si {u parles, tu meurs ! Il y allait du salut de l’armée française. Le capi- taine d’Assas n’hésite pas; et, recueillant toutes ses forces pour jeter une parole qui rendit utile son dévouement solitaire, il s’écrie du milieu de ces soldats déloyaux : Auvergne, à moi! c’est l'ennemi! Il tombe; mais son cri d'alarme est entendu. Jean-Dominique de Sasselange fut un des premiers à répondre au sublime appel. Il le devait à sa bravoure, il le devait à l’amitié. C'était un des plus fidèles compagnons de l’héroïque d’Assas. Il eut à subir toutes les vexations, toutes les injustices de la révolution. Arrêté à Craponne et gardé à vue dans sa propre maison pendant dix-huit mois, ne trouvant plus pour soutenir et consoler sa vieillesse, ses deux fils qui avaient cru devoir à leur fidélité pour la cause royale d’aller grossir les rangs de l’émigration, il passa par toutes les angoisses de Damoclès , voyant un glaive nu suspendu au-dessus de sa tête. II ne dut qu’à son grand àâge d’être épargné par le tribunal ré- volutionnaire. A défaut de la couronne du martyre, ses ver- tus lui en tracèrent une autre. Sa dignité dans SUR CRAPONNE. 505 l'indigence que lui fit, comme à tant d’autres, la confiscation, sa résignation religieuse qui domina tous ses maux, son calme qui donnait à son front la sérénité d’un patriarche dans l'épreuve, tout l’ensemble d’une vie de sacrifices et de bons exemples, le rendit l'objet d’une vénération profonde et universelle. Heureuse influence de la vertu qui garde toute sa force et toute sa persévérance à travers les tribulations de tout nom et de toute forme! La contagion de l'admiration et du respect gagna ses ennemis mêmes. Il faut se hâter de dire qu’il n’en eût d’autres que les ennemis de toute vertu. Aujourd’hui, à tant d'années de dis- tance de lui, quand le nom de Sasselange est prononcé, ce sont des éloges qui, distinguant Jean- Dominique entre tous les hommes honorables de sa race, viennent en quelque sorte prolonger son oraison funèbre. Cette oraison funèbre avait été prononcée le 49 avril 1816, surlendemain de la mort du vieux guerrier, mais non par la voix éloquente d’un prédicateur en grand renom; elle sortait de toutes les bouches. C'était surtout des prières devant ce cercueil sur lequel brillaient, entre les armoi- ries héréditaires ?, cette épée vaillamment tenue dans plusieurs batailles, le grand cordon rouge et 2 Ecartele d'azur au sautoir d’or. 506 ESQUISSE HISTORIQUE loutes Îles décorations qui revenaient de droit à ce vieillard âgé. de quatre-vingt-dix-sept ans , doyen des officiers français et des chevaliers de Saint-Louis... La population avait demandé qu'il fut inhumé dans l'église paroissiale. Ce vœu fut exaucé; ses restes vénérés furent pieu- sement déposés dans les caveaux d'une thapelle, au pied de cette Dame-de-Pilié dont tant de fois, quand}la tourmente révolutionnaire le permit, le vieillard avait appelé sa miséricorde sur lui-même, sur sa famille et sur toute sa patrie. Il fut fils, père, frère, oncle, neveu de douze chevaliers de Saint-Louis du nom de Sanhard. Jean-Dominique de Sasselange laissa sept enfants. Une de ses filles avait épousé son cousin Sanhard de la Fressange ; une autre qui avait été élevée dans la maison royale de Saint-Cyr, puis nommée chanoinesse de Joursey, épousa, en 1797, M. de Vertaure, chevalier de Saint-Louis; treis autres filles étaient religieuses de la Visitation. Un de ses fils, Pierre de Sasselange, baron du Besset, chevalier de Saint-Louis, naquit à Cra- ponne en 1763; il entra au service en 1785 et fut attaché à l’école d'artillerie de la Fère. Le 4 octobre 1789, il fut chargé, par une réu- nion de 260 officiers, d’aller offrir leurs services aux gardes-du-corps menacés d’une attaque. Incorporé à la compagnie du duc de Grammont alors duc de Guiche, il se trouva aux journées 5 be les rit SUR CRAPONNE. 507 des 5 et 6 octobre. Il fut assez heureux pour délivrer deux de ses camarades, MM. de Lamothe et du Sauvage, attaqués dans la rue par douze brigands armés. De ceux-ci cinq furent tués, deux blessés. Il assista aux affaires de Quiévrain et fut du nombre des vingt-cinq plumets blanes qui, sous les ordres du comte Vinski, pénétrèrent dans le camp français. Il servit dans le corps de Carne- ville et des hulans britanniques. En 1814, il rentra dans les gardes-du-corps et fut nommé chevalier de Saint-Louis. Après le li- cenciement de sa compagnie, il fut nommé sous- préfet d’Ambert. Il est mort célibataire en 1858, retiré dans le Gévaudan, au château du Besset, vieux manoir de ses ancêtres maternels descen- dants du fameux baron des Adrets. Son frère ainé, Jean-François-Régis de Sasse- lange fut d’abord page de Louis XV, puis premier page de Louis XVI. Il eut le bonheur de prou- ver à cet infortuné roi un entier dévouement en plus d’une circonstance. Il en reçut d’honorables témoignages d'affection. Louis XVI lui fit don d’une épée et léleva, en 1777, au titre de marquis. Celui de baron appartenait déjà à sa famille. À vingt ans, capitaine de cavalerie dans le ré- giment du roi, on put présager au jeune marquis un brillant avenir. En 1789, il commandait dans le Poitou. IF eut à réprimer de sanglantes émeutes; 508 ESQUISSE HISTORIQUE celles surtout de Saint-Maixent, Lusignan et Poi- tiers. Dans des circonstances si graves, on dut à sa grande énergie le rétablissement de l’ordre. Il n’en fallait pas davantage pour qu'il devint le point de mire des révolutionnaires. Sa tête fut mise à prix dans les clubs, et un jour il fut blessé d’un coup de pistolet tiré à bout portant. Un grand nombre de gentilshommes s'étaient assemblés, par ordre du roi, sous le vicomte de la Châtre, dans les murs de Poitiers; M. de Sas- selange, par sa prudence, son sang-froid et son courage, parvient à leur sauver la vie. Le mi- nistre de la guerre et le duc de Mailhé, com- mandant de la province, lui adressèrent, à cette occasion, des lettres flatteuses, et le roi lui fit dire par son colonel « que dans cette conduite il » avait reconnu son premier page. » Ses soldats, témoins de ses rares qualités, l’en- vironnaient de tant d'affection et d’un si complet d'‘vouement que toucher à sa personne c'était les toucher eux-mémes au cœur. Un jour qu'il tra- versait Orléans, les clubs, auxquels de haut lieu on avait signalé le marquis de Sasselange, usèrent de tous les moyens pour exciter son régiment contre lui. Voici la réponse de ses cavaliers : « Si on touche à notre commandant, le fourrage de » nos chevaux servira à mettre le feu à la ville. » En 1790, les officiers de son régiment le dépu- tèrent auprès de Louis XVI, Il s'agissait de prendre SUR CRAPONNE. - 509 ses ordres secrets au sujet de l’émigration. Le roi exigea qu'ils restassent à leur poste, tant que leur vie ne serait point en danger. À cette époque même, M. de Sasselange fut nommé lieutenant-colonel de son régiment. Il le maintint fidèle jusqu’en mars 1792. Tous ses offi- ciers, une grande partie même de ses soldats le rejoignirent à Apt. Ils y formèrent une compagnie sous les ordres de M. de la Châtre. Il prit part, à Quiévrain, aux affaires des 29 et 30 avril et 1% mai 1792. Il fit la campagne de cette même année sous Mgr le duc de Bourbon, et se rendait à Quiberon lorsqu'il fut retenu par les princes et mis à la disposition du comte d’Artois. Cependant il passa plus tard en Vendée, et profita de l’amnistie accordée par Bonaparte aux Vendéens. La carrière militaire du marquis de Sasselange “était finie. Il refusa des offres brillantes. En 1814 il fut fait chevalier de Saint-Louis. Cette distinction semblait héréditaire dans sa famille, car depuis la création de cet ordre, tous ses membres en avaient été décorés. Il avait épousé en 1802 Louise-Gabrielle-Hortense Corbon de Saint-Genest, dont il eut 1° Régis-Antoine de Sanhard, marquis de Sasselange, marié en 1836 à Charlotte de Rivière ; 2° Jeanne-Amédée de Sanhard, comtesse de Sasse- lange, qui fut honorée de la eroix et du titre de cha- noinesse de l’ordre noble de Sainte-Anne de Bavière. 510 ESQUISSE HISTORIQUE Le marquis de Sasselange avait aussi été nommé chef de légion des gardes nationales de son dépar- tement, et en 1815, il accepta la place de conseiller de préfecture, dont il se démit en 1850 pour rester fidèle à ses serments et à son roi. Il est mort à Craponne en 1858, âgé de 81 ans, débris glorieux de cette ancienne et loyale cheva- lerie francaise à qui l’histoire a consacré tant de belles pages. Nous remontons à 4775. Les Polignac qui, chez nous , s’effacaient peu à peu, n'avaient qu'un seul représentant de leurs droits, et, en lab. sence du titulaire, les citoyens inclinaient à ne. plus rien donner aux collecteurs seigneuriaux. Ils furent souvent jusqu'à refuser même le droit de la leude. Le vicomte était menacé de ne plus rien recueillir. I se plaignit à juste titre, et enfin il réclama auprès du sénéchal: « Supplie Louis-Hé- » racle-Melchior, vicomte de Polignac, seigneur » haut justicier et foncier de la ville et mande- » ment de Craponne , disant qu'il lui appartient y , un droit de leude sur fous les grains, bestiaux, y » fruits, etc., qui sont vendus dans ladite ville... Les Polignae en ont toujours joui sans con- % SUR CRAPONNE. bit » teste. Mais il advient que des esprits turbulents » excitent ceux qui exposent en vente, à leffet » de leur faire contester ledit droit. Mais ce droit » est Seigneurial et en tant ne peut être sujet à » vérification. À ces causes , pour dissiper les » préventions des paysans , voudrait le suppliant » qu'il vous plüt d’enjoindre de payer ledit droit » sous peine d'amende. » Ce qui fut accordé au vicomte. La scène de deuil qui s'était passée, en 4655, pour le KR. P. André Boutier , se renouvela , cette année , à Craponne. Une femme sortie d’une fa- mille aussi ancienne qu’honorable , la mère Char- lotte de Vinols, venait de mourir ‘. Ce n’était qu'une simple religieuse, une humble fille de saint Joseph ! Mais une vie dont chaque jour avait été un bel exemple ou un bienfait ; trente années de supériorat au milieu de celles dont elle n’eût été que la sœur, s’il ne lui eùt été plus doux d’en être la mère ; une haute et droite raison, une affabilité et une patience inaltérables : tout cela avait élevé, aux veux de ses concitoyens , cette simple femme aux proportions d’une sainte. Elle fut plus invoquée que pleurée. Chacun vou- À Le 13 janvier 1775, à l'âge de 76 ans. Elle fut enterrée dans la chapelle des sœurs de saint Joseph, devant la grille de leur chœur. 512 ESQUISSE HISTORIQUE lut avoir un lambeau de cette bure qu’elle avait portée, un grain de ce chapelet que ses mains pieuses avaient roulé tant de fois, au milieu des ferveurs de son àäme !..…. Des parfums qu’exhalent de telles existences , revenons aux petitesses que font naître les passions humaines. Nous touchons à un procès curieux à force d’être ridicule , et qui fut, dit un mémoire , le produit du désespoir et le dernier effort de la chicane. Le 14 février 1775, était mort M. Parrel de Veyraguet, juge de Craponne. Selon le droit et l'usage , cette place vacante revenait au lieutenant de juge, M. Gallet, qui, sur la nomination de M. de Polignac, était là depuis vingt ans. Cette substitution ne fut pas du goùt de quelques in- trigants qui, pourtant, cachèrent leur dépit dans l'ombre. Tous ceux qui étaient en place, consuls et autres, vivaient en bonne intelligence avec le nouveau titulaire. Une pomme valut à Troie tous ses malheurs ; une partie de fric-trac valut bien des dissentiments à Craponne: la discorde vint d’un dépit de perdant. Le lieutenant de maire, Caprais G**, jouait avee le nouveau juge; la justice avec le consulat. Le con- sulat perdait et son deuxième titulaire Caprais dit ce gros mot à son victorieux partner : « On s'ennuie » à jouer avec vous ! » La guerre était allumée ; SUR CRAPONNE. 5153 guerre qui eut ses péripéties, ses combats, toutes les phases d’une lutte haineuse. À quelque temps de là , il y avait réunion dans la loge maconnique de la Franche-Amitié , — car Craponne possédait déjà sa loge souterraine et munie de tout cet attirail qui jette du mystère et de l'horreur sur l'initiation : ténébreux repaires d’où sont sorties plus d’une fois d’ardentes excita- tions à la guerre civile !.. Disons cependant que, dans la loge craponnaise, il n’y avait ni poignard, ni conjuration anarchique. C’étaient la joie et de copieuses libations qui faisaient les frais de chaque séance ; on ne connaissait que Îles cris de guerre d’Horace et les armes de Silène. Nouvelles agressions du lieutenant de maire Ca- prais G** à l'adresse du juge, et en des termes que notre plume se refuse à transcrire. Inattention volontaire , silence affecté de la part du juge! Ce dédain ne fait pas le compte de l’insulteur... Il choisira un théâtre plus vaste, une circonstance plus solennelle. Il attendra une prochaine séance du conseil politique. C’est au juge de présider , et il préside. Je ne vous reconnais pas ce droit ! s’écrie le lieutenant Caprais G**. Le juge se tait et la modération dis- simule encore pour un instant le ressentiment. La chose en serait peut-être restée là; mais, derrière le lieutenant de maire, se cachait un homme haineux, inquiet, lequel, parce qu'il 314 ESQUISSE HISTORIQUE avait été autrefois consul, s’octroyait le droit de tout règlementer dans la commune. C'était lui qui avait mis en avant le second consul, comme un pion, dit un mémoire , et qui dans l’ombre tenait la plume et attisait le feu. Celuià done, qui avait nom Dominique G** , fait signifier au juge Gallet d’incroyables choses ; après de longues :et sanglantes insultes , il résume ainsi son pamphlet : » qu'il ne le reconnaît pour juge ni à l’assemblée, » ni dans aucune cérémonie; qu'il ne le regarde » point comme lieutenant de juge, car il a perdu » ce titre en prenant celui de juge ; qu’il ne le » reconnait pas pour ancien consul, parce qu’il » prouvera que son élection était irrégulière ; qu’il » ne le reconnait pas pour marguiller , parce qu’il » est dans une position abusive; qu'il ne le re- » connait pas pour avocat, parce qu'il a ravalé la » dignité de cette profession ; qu’il ne le recon- » nait pas pour seigneur de Fraix, parce qu’il en « prend induement la qualité; que relativement à » leur âge, il n’est pas, lui, jaloux que son ad- » versaire lui soit supérieur en cela. » Cette notification avait lieu la veille de la Fête- Dieu 1775. C'était le signe précurseur de l’orage pour le lendemain. Le jour se lève radieux et pur. La ville a son aspect des plus grandes fêtes. Les tentures se dé- ploient sur les maisons dont plusieurs sont pa- voisées ; des mains pieuses tressent des guirlandes SUR CRAFONNE. 515 de verdure ; les enfants, en blancs habits de lin, des couronnes sur la tête, effeuillent des fleurs dans leur riche corbeille ; les autres balan- cent l’encensoir d’où jaillissent des flots de fumée odorante ; les prêtres, rangés sur deux files, mar- chent à la suite des corporations qui déploient orguecilleusement leurs drapeaux blanc, violet, vert ou rouge ; les vierges, dont les austérités et Ja prière sanctifient la bure , sous l’humble nom de - Filles de la Croix, de Dominique et de Joseph, défilent sur la grande place de l’église; les joyeuses volées de la eloche traduisent, dans les notes brèves et gaies du carillon, la joie de tous et annoncent le départ de la longue procession ; on n'attend plus que le prêtre qui porte l’ostensoir étincelant..….. Pourquoi tarde-t-11?.….. Au fond d’une obscure chapelle, un drame avait lieu. Dans toute la force et la tranquillité de son droit , le juge, en robe d'audience, était venu prendre un des bätons du dais sous les cré- pines d’or duquel devait s’abriter l’hostie eucha- ristique portée en triomphe. Tout-à-coup, il est brutalement repoussé par le lieutenant Caprais G**, qui s'empare du bâton déjà saisi, tandis que l'ancien consul, Dominique G**, son inspirateur et son organe , prend brusquement le second. Grand scandale! grande rumeur! L'assistance prend fait er cause, qui pour le juge, qui pour le lieutenant Caprais. On replace lostensoir sur 516 ESQUISSE HISTORIQUE l'autel, jusqu'à ce que le juge Gallet, dévorant silencieusement l’insulte se soit retiré devant la violence heureuse. La procession reprend ensuite sa marche interrompue, et les deux vainqueurs, la tête haute , promènent leur triomphe dans tout le parcours de la ville. Mais quelle que füt la patience du juge, il ne pouvait plus longtemps subir de pareils outrages. Il intenta à ses persécuteurs l'étrange procès dont les détails dépassèrent les limites de la petite ville, Alors mémoires sur mémoires, aflirmations , néga- tions, témoins, tout le bruit, tout le mouvement d’une grave affaire. Elle resta longtemps pendante devant le sénéchal du Puy. Enfin gain de cause fut donné au juge Gallet. Ses adversaires se pour- vurent en appel; une sentence du parlement con- firma celle du sénéchal; et, pour dernier chäti- ment infligé aux insulteurs, l’année d’après, le juge fut nommé consul. Ceux-là se vengèrent par des plaisanteries, des épigrammes peu spirituelles , des mémoires diffus, par tous ces riens avec quoi l’orgueil froissé se console d’avoir soutenu une cause détestable. Le ridicule leur resta, et aussi, sans doute, le remords d’une mauvaise action. Nous avons longuement traité un incident qui, sans doute, ne méritait pas une page d'histoire. Mais nous ne pouvions moins faire! On donna à cette misérable chicane une telle importance! Et tant de gens, bas et haut placés, s’en occupèrent! ft pésomatt ns. eo bet” à e 0 SUR CRAPONNE. o1 À chacune de nos phrases correspond un factum de plusieurs centaines de pages. On épuisa, pour ee rien, la fécondité de Beaumarchais, moins le talent, bien entendu!.. XXL. Aux états du Languedoc, dans la séance du 17 févricr, à la suite d’une discussion, l’archevèque de Narbonne fut prié d’écrire, au nom de l'assem- blée, au contrôleur général et à l'intendant d'Au- vergne, pour leur représenter l'intérêt que le Velay aurait à jouir de l’entier achèvement du chemin qui avait été décrété par les deux provinces, entre le Puy et Craponne! , et d’obliger la province d'Auvergne, pour la portion de son territoire, qui était enclavée dans celui du Velay, à exéeuter les engagements qu'elle avait pris à cet égard. C’est tout ce qui mérite d'être mentionné pour cette année. L'année suivante, quelques citoyens se plaignirent amèrement, devant la cour des aides, de la col- lecte forcée eten demandèrent décharge. Elle leur fut accordée, et une condamnation fut prononcée « = ; . . . ; ‘ . * Cette portion comprenait environ trois lieues, à partir du point où la Boléna joint la route actuelle de Craponne à Saint- Paulien et un peu au-delà, TOME XVII, 29 518 ESQUISSE HISTORIQUE contre les consuls. [ls eurent beau réclamer devant Monseigneur l’intendant et ensuite auprès des com- missaires du roi, il fallut payer, et cette sentence les rendit plus circonspects et dans l'emploi des fonds de la commune et dans le vote des impôts. Un rien devenait une occasion de murmure, de dispute, à Craponne; et aussitôt un parti bien formé se levait contre l’auteur d’un acte jugé ar- bitraire ou injuste. En 1756, à la suite d’une mis- sion, le prieur jugea à propos de donner pour but, à la procession de chaque dimanche, la croix qui avait été élevée à la suite de cette mission. Ce 2 À chacune des croix dressées sur Îes chemins, dans la ban- lieue de Craponne, la tradition attache quelque légende. Nous ne parlerons que de celle qui porte le nom de Croix de Suint-Robert. Selon cette tradition, l'illustre moine, cherchant la solitude où il voulait abriter ses vertus, s’aventura sur les hauteurs que domine la croix qui porte son nom. Déjà il avait mis la cognée à l'arbre de la forét pour construire sa cellule, lorsque advinrent quelques gens du voisinage. Ils se moquèrent du saint, ils l’in- terrompirent dans son pieux travail. Le diable, dit-on, se méla de la besogne et ajouta ses persécutions à celles de gens qui ne valaient guères plus que lui. Ces obstacles, suscités par la terre et par l'enfer, firent comprendre à Robert que la contrée n’était pas digne de lui. Il se jette à genoux, il prie; puis, se levant inspiré, il lance, d’un brusque mouvement et au hasard, la hache qu'il tenait à la main, laissant Dieu maître de lui choisir le lieu où il voulait étre honoré par son serviteur. La hache tomba à la place où s’éleva plus tard l'abbaye qui porta le nom mystique de Case-Dieu. L'ange du Seigneur y emporta le saint sur ses ailes. SUR CRAPONNE. 19 changement ne put se faire sans déposséder une croix plus ancienne, érigée sur la place du Fort. Grande rumeur dans le quartier, plaintes amères, sommations au prieur, mémoires. Croira-t-on qu'il fallut l'intervention de l'Evèque? Il arriva à Cra- ponne, accompagné d’un enfant du pays, son vicaire-général, l'abbé des Granges de Rachapt. Il eut grand’peine à calmer les esprits, à calmer les craintes d’empiètement, que sais-je? Et encore, après son passage, en témoigna-t-on de la mau- vaise humeur. Il faudrait, devant des faits sem- blables, tenir la plume satyrique de Boileau, et ajouter des chants de plus au lutrin!.…. Nous retrouvons, en 1785, les antiques préten- tions de Craponne pour lentrée aux Etats; mais ces prétentions ont grandi! Autrefois, il ne s’agis- sait que de l’entrée d’un diocésain pour toutes les villes réunies, lequel diocésain aurait été nommé, 2 tour de rôle, pour chacune d’elles. Cette fois, il est question de l’entrée de ses deux consuls. « Il » conviendrait, dit la délibération , ‘que cette ville et » communauté de Craponne, usant de ses droits, » supplie nos seigneurs des états particuliers du » pays du Velay, de vouloir s'intéresser et accorder Pour compensations, la contrée ceraponnaise n'eut que le privilège d’apercevoir, du point où s'élève Îa croix, les hautes lours de l'église monacale. Au lieu d’un célèbre monastère et d'un glorieux tombeau, elle n'eut qu'un souvenir. 520 ESQUISSE HISTORIQUE » leur protection auprès de nos seigneurs des états- » généraux de cette province du Languedoc, à ce » qu'il plût à cette auguste assemblée d'accorder » dorénavant en iceux entrée aux consuls de cette » ville de Craponne, sans préjudice du droit des » autres villes... » Les évènements qui suivicent, on le comprend, rendirent cette démarche inutile. Elle l’était en effet. Il s'agissait d’une convocation bien autrement solennelle que celle des états d’une province! Il s'agissait de la convocation des états - généraux qu'ordonnait l'infortuné Louis XVI. Craponne erut devoir faire, à ce sujet, ses observations à lassemblée des notables, réunie à Versailles. Il existe un long mémoire, dans lequel la com- mune donne ses idées et ses plans; on réclame partout une large part, dans l'assemblée , pour le tiers-état; on fait des calculs, des statistiques. Heureusement que le mémoire s’en tint modeste: ment à la province du Velay! ! ? Ont signé : Martin, premier consul; Grand , deuxième consul ; Vacherolles, chevalier de Saint-Louis; Dubourg, lieutenant au régiment lyonnais; de Sacellange de Sanhard, chevalier de Saint- Louis; du Cluzel, gendarme de la garde du roi; Gallet-Fontneuve, ancien consul-maire; Martin, procureur fiscal, procureur du roi ; Liogier, avocat en parlement; Daurier du Fayt, avocat; Favier, avocat; Porrat de l'Olme, avocat; de Torrilhon; Privat; Delort ; SUR CRAPONNE. 521 Le 19 mars 1789, les dues, marquis, comtes, barons; châtelains et tous les nobles possédant liefs, les archevèques, évêques, abbés comman- dataires, prieurs, ete. , étaient cités « à compa- » roir en personne où par procureur de son or- » dre, fondé de pouvoirs suffisants, par-devant » M. le lieutenant-général , pour assister à l’assem- » blée des trois états, qui sera tenue dans la ville » du Puy, le 31 mars, et concourir, avec les » autres députés de son ordre, à la rédaction » des cahiers de doléances, plaintes et remon- ».trances et autres objets exprimés en l’ordon- » nance royale, et procéder à la nomination des » députés qui seront envoyés aux états-généraux , D'HCICE 0 Deux prêtres, nés à Craponne , eurent les hon- neurs de la représentation nationale pour le clergé : Pan au Puy, le prieur Privat; Jautre à Clermont , l'abbé Brignon , curé de Dore-l’Eglise. Is se con- duisirent Pun et Pautre , dans l'assemblée qui se réunit le 5 mai, comme deux nobles cœurs , comme deux saints prêtres ?, On connait toutes les phases, Girard; Vernadet; Bardon; Bohet; Delaigue ; Carle; Veyret; Boulle; Fayolle; d’Anthony; Breul; Mosnier; Faucon : Vignan, etc., etc. * François-Caprais Brignon naquit à Craponne en 1758; il fut élève de Sorbonne. IE mourut assassiné par les Chauffeurs de 1797, 522 ESQUISSE HISTORIQUE tous les résultats de cette assemblée. L'histoire a flétri tout ce qui fut odieux, sacrilège et sanglant. Il ne peut entrer dans notre plan d’esquisser cette orageuse époque chez nous. Ce n’est pas que les éléments nous manquent! Mais c’est là de l’his- toire contemporaine ; les noms propres viendraient sous notre plume. Pourquoi réveiller des réerimi- nations rétrospeelives et de mauvais souvenirs ? Toutefois, comme ïl est bon de conserver à l'histoire quelques-uns de ces traits qui caracté- risent une époque, on nous permettra de par- courir rapidement deux ou trois feuillets de ce trop long volume. Puissent les erreurs de nos , pères éclairer l'avenir ! En lisant ce qu'ils ont été, dans son presbytère de Dore. Son portrait fait partie de la collection Dejabin , t. IL, portr. 420. — On a de lui: Opinion de C. Brignon, député à l'assemblée nationale , au sujet du décret sur la constitution civile du clergé, adressée à ses commettants le 26 novembre 1790, brochure in-8° de seize pages ; — Observations très-courtes sur ia ré- ponse de M. l’abbé Tridon à la déslaration de M. Pabbé Laurent, dé puté du Puy-de-Dôme , pour servir de développement à son Opinion. M. Privat était né le 6 janvier 4750. IL publia: Lettre à mes pa- roissiens sur mon refus de serment ; in 8°, Paris 4794. — Il fut compris , comme septuagénaire , dans l'exception du décret de bannis- sement contre les prétres réfractaires. Il en fut ainsi, à Croponne, de son frere l'abbé Privat, de Joseph Carle, Jérôme Grand, Pierre Brun, Laurent Mosnier , Jacques Buisson. — Le prieur mourut à Craponne le 7 vendérmiaire an VII. Son frère refusa de lui succéder comme curé. La place revint à M. Pipet, puis à M. Arnaud. SUR CRAPONNE. 925 comprenons €e que ,; un jour ; nous aurions pusétrente Afin d'effacer toute trace de ce que l’on appe- lait avec affectation l’ancien régime , on divisa la France en quatre-vingt-trois départements. Le Velay fut compris dans celui de la Haute - Loire. A cette occasion ,; Craponne demanda , par nombre de considérants, de former un district, comme Brioude, comme Yssingeaux ; Usson prit une délibération pour -se joindre à Craponne ; plu- sieurs bourgades en firent autant et sollicitèrent pour notre ville un chef-lieu d’arrondissement ; peine perdue, courses, mémoires, correspondances inutiles. Il fallut se résigner à n’être que chef- lieu de canton. Le 15 août, la commune de Craponne se con- stitua. « Vu que M. Porrat-Delolme avait été nom- » mé administrateur de la Haute-Loire , en entrant » dans le directoire du département , il était ur- » gent de procéder à l’organisation d’une muni- » cipalité. » M. Parrel de Reiraguet, avocat ct bailli, fut nommé procureur de la commune. XXIE. Le 25 octobre 1791, le prieur, député à las- semblée générale , revint à Craponne. Nous citons 524 ESQUISSE HISTORIQUE le » procès-verbal: « Comme son arrivée était dejà publiquement annoncée , tous les aristocrates se rendirent sur la route de Lyon pour lui témor- gner leur satisfaction de son heureux retour. Le lendemain , à son lever, il eut la visite de tous les monarchiens, à la tête desquels s’éta- blit le sieur Porrat, maire , avec les fondateurs et instituteurs du club monarchien ; et tous, bigotes et arislocrates , eriaient : Vive notre pasteur ! etils baisaient sa soutane. Ensuite, à l'heure de dix, il fut célébré la grand'messe dans l'église des sœurs de saint Joseph, et dans laquelle église il fut admirablement accueilli avec acclamation et battements de mains. Cest le rendez-vous du culte religieux séparé que l'es- prit de fanatisme y a établi par les avis donnés dans les missives du prieur. Cette allégresse gé- nérale , dans cette église conventuelle, fut sui- vie du 7e Deum à deux chants: lPun par les sœurs, derrière leur chœur ; lautre par Île peuple fanatisé. Aussi bien voyait-on le réfrae- taire sourire agréablement de cette réception. Le soir il y eut un feu de joie, autour duquel eurent lieu des réjouissances et des acclama- tions réitérées : Vive notre pasteur , le martyr de la religion ! Ce qui ne laissait pas de chatouiller agréablement l'âme de ce saint vivant... Aussi attendons-nous avee impatience les merveilleux effets du décret qui lobligera enfin à prêter le r SUR CRAPONNE. D25 » serment de fidélité qui jusqu'ici inquiète son » àme, ct qui dissipera tous les faux préjugés du » fanatisme. » C’est le procès-verbal de Ja So- ciélé des Amis de la Constitution. Rien de plus curieux que les nombreuses adresses de cette so- ciété elubiste aux frères et amis les Jacobins! Le 18 mars, les rues furent ensanglantées. La population tout entière voulait, contre l'avis de quelques turbulents , que Féglise paroissiale fût rendue au culte catholique. C'était juste , puisque , comme avoue le procès-verbal, « les dix-neuf » vingtièmes des habitants étaient pour les prêtres » nou jureurs ». De Jà, agitation, rassemblement, émeute. Le brigadier de la gendarmerie nationale , arrivé depuis quelques jours, Laval-Beaufort , était là avec ses hommes pour maintenir l’ordre. Tout- à-coup, une détonation se fait entendre ; le bri- gadier tombe frappé à mort. Qui avait lancé Ja balle ? Personne ne le dit, peut-être personne ne le sut, et la municipalité se hâta de déclarer qu’elle n’était pour rien dans assassinat, ni di- rectement ni indirectement. Les frères et amis écrivirent aux Jacobins : « Nous nous y sommes » transportés , mais trop tard pour empécher les » désordres ; assez tôt pour faire respecter Îles » lois. » L'administration ne marchait pas assez vite pour les démocrates et dans le sens de leurs idées ; ils s'en plaignent amèrement à la fraction jacobine : 526 ESQUISSE HISTORIQUE C’est avee empressement , frères et amis, que nous répondons à votre lettre du 4 janvier ; nous y voyons que vos sentiments s'accordent avec les nôtres ; mais nous sommes Join d’avoir des concitoyens intelligents comme ceux qui vous entourent. — Dans le principe de notre établissement, nous étions assez nombreux ; les habitants des campagnes étaient pour nous ; nous avions commencé à leur faire connaitre les avantages que la constitution leur assurait ; nous serions parvenus à détruire chez eux les faux préjugés qui leur étaient inculqués par les ci-devant seigneurs , si le fanatisme ne fût venu troubler l’ordre publie et détruire le fruit de nos travaux. — Nous avons longtemps lutté con- tre des calomnies atroces; nous étions même parvenus à élire une municipalité amie de la constitution , et par sa conduite ferme, cette municipalité faisait grand bien. Eh bien! frères et amis, le eroirez-vous ? Île directoire du dépar- tement , entaché d’aristocratie, vient d’annuler cette nomination, à la suite d’une pétition adres- sée à la simplicité des cultivateurs. Le croirez- vous encore? Sans avoir vérifié la valeur des griefs imputés à la nouvelle municipalité par cette pétition clandestine, on rétablit les anciens fonctionnaires. Vous jugerez de nos maux et nous plaindrez sans doute, car nous nous voyons à la veille d’avoir une guerre civile. Veuillez bien, SUR CRAPONNE. 227 » frères et amis , intéresser à notre sort MM. Brisset, » Condorcet et généralement tous nos législateurs ; » çar on n'a commencé à annuler notre munici- » palité que pour en faire autant de toutes celles » des environs , imbues de vrai patriotisme. Indi- » quez-nous la marche que nous devons suivre » dans ces circonstances périlleuses. Aidés de vos » instructions , nous travaillerons au bien public, » toujours résolus à mourir plutôt que de rentrer » dans les fers. » Cette lettre fut suivie d’une autre qui s'étend avee douleur sur dix sujets de mécontentement pour le club démocratique. Le plus grand porte sur ce fait que nous avons plaisir à enregistrer , à l'honneur de la majeure partie de la population craponnaise : « Sur vingt-un prêtres qui habitent » encore cette ville, y compris les moines, il n’y » a que le seul curé constitutionnel qui officie à la » paroisse; tous les autres vont au culte religieux » maintenu , parce que les dix-neuf vingtièmes de » Ja population sont pour eux. » Pendant quelques mois encore, la révolution ne marcha point à Craponne au gré de ces impa- tiences républicaines. Il y avait un long travail à faire pour démoraliser la conscience des masses et leur ôter leur foi religieuse et politique; on ne déracine pas si facilement de vieilles croyances et nous savons , sous la rubrique d’une date récente, qu'on ne change pas d’un tour de main le tem- 528 ESQUISSE HISTORIQUE pérament séculaire d’un peuple, ses idées, ses habitudes, toute sa vie !... Aussi, le 5 aout 1799, le elub sentl le besoin d’instituer un comité de surveillance. « La patrie est en danger ! dit la dé- » libération ; il faut nommer quatre commissaires » qui, de concert avec le président, choisiront, » dans le plus grand secret, les membres qui » composeront le comité. » Et, pour mieux chauf- fer l'opinion , on s’aflilie à plusieurs sociétés dé- mocratiques , on établit une correspondance active avec les frères et amis du Puy, on distribue gratis un ouvrage anarchique écrit par un compatriote qui habitait Paris ‘. L’abolition de la royauté avança mieux les af- faires démocratiques que toute cette propagande. C'est ie moment du triomphe pour le parti avancé ; il chante sa joie en ees termes dans la séance du 29 octobre 1792 : « Notre société éprouva, dans » sa naissance, d'autant plus de difficultés que nous » habitons un sol où les plus minces bourgeois » s’érigeaient en seigneurs et maitres ; où les rayons » de la philosophie n’ont jamais percé et où les » prêtres, en trop grand nombre, profitaient de » l'ignorance du peuple pour lui verser le venin du » fanatisme. Une société anti-populaire echercha à ? Avant-propos, principes sur la révolution, quelques feuilles, par J.-B. Thévenon. SUR CRAPONNE. 229 disperser les premiers membres de la société qui, enfin restée seule , à fait connaitre la raison et le bonheur sur des montagnes où ils n'avaient jamais pénétré. Nous ne devons cette existence qu'au génie tutélaire de la France ; tout le peu- ple le sent aujourd’hui, et lorsqu'il apprit le décret qui renverse pour jamais les tyrans, sa joie s’est portée à l'ivresse; il l’a témoignée de toutes les manières , dans un repas surtout qui réunissait tous les enfants de cette grande fa- mille. Hier , à mudi, la municipalité proclama le décret qui abolit la royauté , et l’arbre sacré de la République fut planté avec la pompe que méritait cette auguste cérémonie. La déesse de la liberté , portée par quatre grenadiers , brisa et foula aux pieds tous les attributs et ho- chets des tyrans. L'air retentit des cris de : Vive la République! Nous mourrons pour la dé- fendre! Une table de plus de mille couverts recut les nouveaux citoyens. Là , tout Ie monde fut confondu dans une sainte égalité ; plusieurs toasts furent portés aux libérateurs du peuple. Après le repas, une farandole générale nous conduisit au feu de joie qui doit se renouveler tous les ans, ainsi que l'illumination qui eut lieu ; et au lieu de l'UE queant laxis de la Saint- Jean , on chantera l'hymne des Marseillais, con- nu ici des plus petits enfants. » Les résistances continuèrent cependant et chaque 550 ESQUISSE HISTORIQUE jour les gens qui étaient maitres du pouvoir furent obligés de verbaliser, de se plaindre , de réerimi- ner contre ceux « qui ne voulaient pas, dit le » procès-verbal, s'associer au bien de la patrie et » à la régénération miraculeuse qui s’opérait et » devait, par ses résultats, étonner la postérité. » Des précautions furent prises pour que jamais aucun de ces aristocrates n’entràt dans une charge quelconque et ne vint « souiller la moindre » liste , même pour une candidature de garde » champêtre. » IL fallait done reprendre la génération par la racine et inoculer aux enfants les idées qu'on ne pouvait imposer aux pères ; un prix fut établi pour récompenser celui d’entre les jeunes citoyens qui, dans un temps donné, réciterait le mieux de mé- moire « le Catéchisme républicain, le décret sur » les droits de l'homme. » Les espérances qu’on avait coneues de celte éducation ne rassurèrent pas le comité de surveil- lance ; il voulut avoir à son service autre chose que le symbole républicain ; il réclama deux pièces de canon. « Nous sommes. disait-il le 19 janvier » 1795, entourés d’ennemis du bien public , de fa- » natiques , de méchants. Nous ne pouvons les » contenir que par la force. » Tout le travail du comité ne fut pas perdu. À son appel, on vit arriver des dons patriotiques de plusieurs genres. Chacun selon son degré d’élo- SUR CRAPONNE. bol quence assaisonnait l’offrande de paroles qu’on se hätait d'enregistrer plus fidèlement que ne leüt fait Tacite. Les femmes surtout ne perdirent pas l’occasion de parader gravement dans un elub et de tenirtête aux orateurs patriotes. Nous ne pouvons résister au plaisir de citer le discours de l’une d’elles qui offrait modestement une paire de souliers et qui ne se donnait pas moins d'importance qu’une Clélie romaine ou une femme spartiate : « Citoyen président, re- » cevez le faible don que je fais à ma patrie d’une » paire de souliers. Fasse le ciel qu'ils ne servent » que pour marcher courageusement à l'ennemi, » afin de terrasser les tyrans et de rendre la liberté » à tous les peuples de la terre! Je désirerais voir » mon fils, trop jeune encore, au milieu des » combattants! J'aurais la douce satisfaction , au » retour des combats, de lui entendre raconter les » succès des armes françaises et le fruit de nos » victoires. Si les tyrans sont longs à détruire, » ch bien ! mères tendres, femmes chéries, nous » ferons le sacrifice de nos enfants, de nos époux! » Nous leur dirons: ne revenez qu'après l'entière » conquête de notre liberté et de celle de nos » voisins. Et, s’il le faut encore, nous dépose- » rons sur l'autel de la patrie nos bijoux les plus » précieux. Tel est le vœu d’une femme libre !... » On voit que lassemblée nationale n’avait pas le monopole de l’éloquence ! D32 ESQUISSE HISTORIQUE Cependant l'infortuné Louis XVE avait suecombé ; sa tête était tombée sous le couteau qui devait frapper tant d’autres victimes !... Pourquoi faut-il que nous trouvions presque au nombre de ses bourreaux un de nos compatriotes, Charbonnier? IL était membre de la municipalité de Paris et, comme tel, il eut à subir les odieuses consé- quences de sa position. Voici ce que nous lisons dans les « Mémoires de Cléry » : « Le 29 septembre 1792, à dix heures du ma- » tin, cinq ou six municipaux entrèrent dans la » chambre de la reine , où était la famille royale. » L'un d’eux, nommé Charbonnier , fit lecture au » roi d’un arrêté du conseil de la commune qui » ordonnait d'enlever papier , encre , plumes, » crayons, et même les papiers éerits, tant sur » la personne des détenus que dans leurs cham- » bres, ainsi qu’au valet de chambre et autres » personnes du service de la tour. — Et lorsque » vous aurez besoin de quelque chose, ajouta-t-il , » Cléry descendra et écrira vos demandes sur un » registre qui restera dans la salle du conseil. » — Le roi et sa famille, sans faire la moindre » observation , se fouillèrent , donnèrent leurs pa- » piers, crayons , nécessaires de poche , ete. Les » commissaires visitèrent ensuite les chambres, » les armoires, et emportèrent les objets dési- » gnés par larrèté. Je sus alors, par un muni- » cipal de la députation, que, le soir même, le roi LA4 SUR CRAPONNE. 5939 » serait transféré dans la grande tour. Je trouvai » le moyen d’en faire avertir Sa Majesté par » M°° Elisabeth. » C'était un bruit publie à Craponne que Char- bonnier aurait pu faire évader Louis XVI: lui-même est convenu de cette éventualité ; mais il a pré- tendu qu’il lavait tenté. Seulement , ajoutait-il , il n'avait pu triompher de la résistance du roi, qui ne pouvait consentir à s'évader seul. Char- bonnier , bien repentant, est mort , il y a quel- ques années , à l'hôpital de Craponne, où le suivit une antipathie universelle qui n'exeluait pas un certain sentiment de frayeur qu'on éprou- vait en le voyant. : La mort du bon roi fut accueillie par le comité de surveillance avec une joie barbare. Tandis qu’elle décrétait de fortes dépenses pour les hon- neurs funèbres à rendre « aux mänes de Michel » Lepelletier », elle écrivait au président de Ja Convention nationale pour annoncer son adhésion au jugement qui avait condamné « le dernier des > Îyrans ». Le 4 avril 1793, ce fut un appel à la dénon- ciation. Chacun était prié de nommer les « mal- veillants » et les gens regardés comme suspects par l’opinion publique. La liste fournie par le zèle républicain fut assez longue , et quelques bons ci- toyens durent accepter la prison ou la vie de proserit. TOME XVII. 94 554 ESQUISSE HISTORIQUE Nous ne disons rien de tous les arrêtés ridi- cules , de toutes les vexations , du maximum, des accapareurs , etc.; les détails sont les mêmes qu'autre part, et Craponne n’y ajouta que ces pe- tites persécutions qui recouvrent un intérêt per- sonnel, un esprit de vengeance heureux d’avoir un prétexte d'atteindre légalement un adversaire. Nous ne désignerons pas davantage les ecclésiastiques qui eurent à subir les conséquences d’un refus de serment: nous aurions à donner trop de larmes à ces martyrs. Nous passons à une adresse à la Convention na- tionale : « Citoyens représentants , vous avez tout » bravé; l'aristocratie est détruite et nous sommes » dans le règne de la liberté et de légalité. Vous » avez complété une révolution qui doit un jour » faire le bonheur de tous les peuples et que vos » prédécesseurs n’avaient fait qu’ébaucher. Les ty- » rans frémissent déjà ; ils voudraient nous dé- » truire. Les barbares! ils emploient toutes sortes » de manœuvres ; mais bientôt leurs satellites se- » ront repoussés ! Restez à vos postes et ils con- » fesseront enfin Punité et l’indivisibilité de notre » République. Tous les jours, nous éprouvons de » nouveaux bienfaits de votre part : toutes les » lois qui émanent de votre assemblée nous don- » nent une heureuse existence. Vous trouvez la » reconnaissancé de toute la République dans l’em- » pressement à se soumettre à vos décrets. La % n SUR, CRAPONNE. 535 commune de Craponne n’est pas la dernière : elle a exécuté et fait exécuter les lois, et son pa: triotisme s’est imposé le devoir sacré de secourir les défenseurs de la liberté en coopérant à l’équi- pement des troupes républicaines, Quoique dé- pourvue de grands revenus, elle a effectué l’achat de deux canons de 4 et de leurs affüts. À peine les eümes-nous, qu’éclatèrent les troubles de Lyon. Chaque citoyen se disputait la gloire d’aller défendre la République... Puissent , citoyens re- présentants , nos vœux être exaucés ! Puisse être détruite la horde des tyrans ! Puissent ces despotes subir le sort de ceux qui, jusqu'à ce jour , avaient fait le malheur de la France ! Tels sont les désirs de cette cemmune réunie en société populaire ! Elle y contribuera de toutes ses forces; elle méritera bien de la patrie ; elle sera Satisfaite dès que les sans-culottes seront forcés de rendre justice à son patriotisme! — Vivre libres ou mourir en chassant les tyrans , telle est notre devise! » Venons maintenant à quelque chose d'aussi ré- jouissant, la grande fête du 50 nivôse an IL. — Nous copions textuellement le procès-verbal : » « Les habitants de la commune, de tout âge et de tout sexe, étaient rassemblés, à l'heure » de midi, au faubourg des Sans-Culottes *. La ! Ci-devant faubourg des Constants. 59506 ESQUISSE HISTORIQUE marche a commencé par un détachement de vingt gardes nationaux précédés de deux sapeurs, suivis de la gendarmerie nationale. Venait en- suite une longue file de citoyens et de citoyennes. Là, ce que, au régime de l'esclavage , on ap- pelait le dernier des laboureurs, conduisait la première des ci-devant bourgeoises ; l’homme le plus riche s’enorgueillissait d’être l’égal du plus pauvre. Après ce groupe, guidé par légalité, venait la respectable vieillesse conduisant par la main la tendre enfance. L’aïeul regrettait d’avoir trop longtemps véeu pour le despotisme, rappe- lait à son petit-fils les devoirs envers la patrie, son bonheur de n’avoir pas connu le règne des tyrans et d’avoir été réservé pour celui de la liberté, Et soufflant dans son jeune cœur les principes d'égalité, de fraternité , de patriotisme, connus , hélas! trop tard pour lui, le vieillard tâchait de former à ces vertus l'espoir de la patrie. » La compagnie des canonniers trainait ses ca- nons. Suivait une députation de la société po- pulaire. Quatre d’entr'eux , couverts du bonnet rouge, portaient et leur bannière et les attributs de la liberté ; parmi eux se trouvaient les dé- putés de la société d’Arlane. Là , comme au cen- tre du cortège , paraissait la liberté représentée par une jeune républicaine , au lieu de ces froides statues du fanatisme. Elle était portée par un SUR CRAPONNE. 557 oflicier municipal, un notable, un garde natio- nal et un jacobin. Elle était entourée par seize de ses compagnes vêtues de blanc, décorées d’un ruban tricolore; elles portaient un rameau de laurier à la main qui, avec autant de vérité que ces illustres romaines, juraient de ne jamais laisser éteindre dans leur cœur le feu sacré que leur inspire la présence de la liberté et de le communiquer à leurs enfants. » La déesse chérie des Français était suivie d’un charriot ouvert, chargé des instruments de la- bourage et des arts mécaniques ; il était trainé par des adolescents pris dans la classe laborieuse. Venaient, après, les autorités constituées, placées au centre d’un second détachement de vingt hommes. Enfin , le cortège était terminé par un mannequin représentant Pitt, décoré d’une cocarde blanche et de tous les rubans, cordons et croix de Ja caste nobiliaire ; il était monté sur un àne, trainant un drapeau blanc, bannière des royalistes et catholiques. Il était conduit au bûcher par le père d’un zélé défenseur de la pa- trie qui , âgé à peine de dix-huit ans, dans une action contre Îles Piémontais, du 26 août der- nier, blessé à mort, se releva et plongea, avant d’expirer , sa bayonnette dans le sein de quatre esclaves. La marche ainsi arrangée s’est portée autour de larbre de la République. Là, les voix 28 ESQUISSE HISTORIQUE (A » des citoyens se sont confondues ensemble, ont » chanté les hymnes chéris de la liberté. » De là, continuant la marche dans les prinei- . » pales rues de la commune, on s’est porté au » faubourg des sans-culottes, où, tandis qu’une | » salve de canons , tirée du côté de Commune-Af- » franchie, rappelait nos victoires sur cette ville » rebelle, la voix douce des compagnes de la » Jiberté chantait, autour d'elle, ses victoires sur » le despotisme. » De cette. station, le cortège a défilé jusqu’au » faubourg du Vernet où de nouveaux coups de » canon se sont dirigés vers Toulon. La marche s’est » enfin terminée par une quatrième station autour » de l'arbre chéri de la liberté, où de nouveaux » couplets ont été chantés pour célébrer la victoire » qui nous rassemblait. » Pitt placé sur son bücher, les sans-culottes a | » lenvi y ont mis le feu; ces mêmes sans-culottes | » s’en disputèrent les cendres pour les jeter au vent. » Un discours devait être prononcé: mais le feu a » été mis trop vite et la nuit, qui est survenue, a » empêché de le faire. Ainsi s’est terminée cette » fête animée par la joie des sans-culottes; mais » qui sans doute a laissé le désespoir aux enne- » mis de la République. Nous franchissons d’un pas rapide cette mal- heureuse époque dont nous aurions à remuer le sang ou la boue; nous avons hâte d’en finir. SUR CRAPONNE. 999 Le 15 fructidor an VI, arrivait à Craponne un homme dont le nom appartient à l’histoire. Arrêté, après une vigoureuse résistance , par le brigadier de gendarmerie, Delaigue, surnommé l'Empereur , dans les gorges qui s'étendent entre Apinac et le Pontempeyrat, il fut conduit dans les prisons de la ville comme un de ces obscurs coupables dont la vie reste un mystère. C'est à peine si le sur- lendemain, jour de grande fête à Craponne, il est question de lui en ces termes : « Les militaires » en Station dans cette ville sont absents pour » conduire dans les prisons du département le » fameux Dominique Allier et ses autres quatre » complices, saisis comme faux-monnayeurs, avec » Jeurs pièces fausses et leur attirail, et encore » comme contre-révolutionnaires et égorgeurs des » départements voisins, dont deux aussi prévenus » d’émigration. » Craponne ignorait à quel hôte illustre on faisait, dans son vieux donjon, un si misérable gite. Celui qui se cachait sous ce nom emprunté d’Allier, était Joseph-Etienne, marquis de Surville. Cet homme, jeune, écrivain souple et gracieux qui est parvenu, à force de vraisemblance, à faire antidater de près de trois siècles ses fraiches ct fines poésies, tant il y a mis de couleur locale, de grâce, exquise, de naïveté du bon vieux temps, cet homme avait gout aux aventures, JT aimait la vie qui à pour théâtre une caverne, un pli de 540 ESQUISSE HISTORIQUE terrain, une forêt; il prenait plaisir aux courses de nuit, à tout ce qui est ombre et mystère. Cette fois son goût s’alliait à son devoir. Emigré en Suisse dès les premiers temps de la terreur, il rentrait en France chargé par Louis XVIII d’une mission secrète. Les minutieuses surveillances de l’inquiet pouvoir de cette époque, l'avaient obligé à prendre des voies tortueuses et à couvrir ses démar- ches par un nom qui ne valait pas le sien. Cependant il avait été signalé, vendu, traqué; et de retraite en retraite, il était arrivé jusque chez nous, tentant peut-être d’atteindre ce Bas-Vivarais où 1l avait eu son berceau. De là, ses gens rayonnaient à droite et à gauche, cherchant à raviver le parti de la royauté, prétant main-forte aux populations pour cacher ou défendre leurs prêtres, et faisant plus d’une fois, pendant la nuit surtout, grand peur à nos patriotes par des apparitions soudaines à la facon de l’arabe. Son quartier général était dans les obscures profondeurs où nous avons dit qu'il fut saisi. IL était alors grandement question , dans le pays, de faux monnayeurs. C’est comme tel qu’il fut poursuivi et atteint. Or c’était de l'argent bel et bon qu'il fabriquait; dans cette caverne, « on battait monnaie » pour le roi. Au fond de lantre où son courage ne put le sauver, on trouva tout l'attirail de fabrication, et dès lors les charges de lPaccusation ne parurent ni déraisonnables, ni ea- lomniatrices. Cependant, comme l'indique le passage SUR CRAPONNE. 54 du procès-verbal que nous avons cité, on avait quelque soupcon d’un crime plus anti-républieain : on le pressentait conspirateur. Mais les gens de son parti, et il en avait beaucoup en, ville, n’'ignoraient pas ce qu'était le noble captif. Dés je lendemain, malgré la sévé- rité républicaine qui ne peut être raisonnablement impolie devant certaines sollicitations aristocratiques se personnifiant en de brillantes dames, les visites assidues ne manquèrent pas au prisonnier. Il en eut pour toutes les heures, et le monde élégant fit sa cour à celui qu'on nommait tout bas, mais dont on citait tout haut les strophes faciles et tendres. Chacun dévorait un vers, une ligne; un mot éerit pour soi'; car le prisonnier avait une com- 1: Bien des vers ont couru sur son compte; on les devait à l’improvisation du cachot. Nous en citons quelques fragments qu'on chante encore : Adieu, digne objet de ma foi, Epouse tendre et vertueuse ! Si je mourais auprès de toi, Ma mort serait moins douloureuse !.., Pour mon pauvre fils tu dois vivre... Sois son berceau, sois son appui... Hélas! si tu voulais me suivre, Dis-moi, qui prendrait soin de lui? Si quelquelois sur tes genoux Il te sourit, 1l te caresse, Hélene! oh! que de ton époux Il te rappelle la tendresse ! 549 ESQUISSE HISTORIQUE plaisance incroyable à répondre à toutes les exigences de ladmiration ou de lamitié, si indiserètes qu’elles fussent. L'amitié ne s’en tint pas à l'admiration. Elle essaya de sauver le poète : on organisa une bande qui, la nuit suivante, devait forcer la prison et ouvrir les portes. Il y avait trop de monde dans le “complot pour qu’il n’y eñt pas d’indiserets; ceux-ei éveillèrent les soupcons et on n’en garda que mieux le eaptif, qui resta dans le donjon féodal. Le voilà done à l’étroit, lui qui aimait tant l’es- pace, la brise de la nuit, le ciel et les étoiles. Le voilà au fond d’une prison !... Qui sat si dans ces nuits, forcément sans sommeil, la grave figure de son aïeule ne lui apparaissait pas pour le forcer à chercher dans les fictions d’un autre âge une ressource contre les sombres réalités du présent! Qui sait si Clotilde de Surville, le prenant dans ses bras avec un amour de grand'mère, ne Île berca point pour lendormir avec ces délicieux verselets que le poète avait mis lui-même dans la bouche de celle qui chanta pour lui : O cher enfantelet, vrai pourtraict de ton père, Dors sur le sein que ta bouche a pressé! Dors, petiot; clos, ami, sur le sein de ta mère, Ton doux œæillet par le somme oppressé. û cs Con me D mis ol. SUR CRAPONNE. 545 Etend ses brasselets ; s'étend sur lui le somme; Se elot son œil; plus ne bouge... il s'endort... N’était ce teint flouri des couleurs de la pomme, Ne le diriez dans les bras de la mort? Arrête, cher enfant... j'ai frémi tout entiere. .… Réveille - toi; chasse un fatal repos. .… Hélas! si, semblable aux consolantes apparitions dont parlent les naïves légendes du moyen-àge, si Clotilde, dans sa sollicitude, tenta d’endormir le poèle en chantant ces verselets, certes elle s'arrêta à ce vers.... Ce n’était plus le rêve; c'était la réalité. Le lendemain , le marquis de Surville partit de Craponne, la chaine au cou, à pied, en- touré de Ja gendarmerie , suivi d’une foule avide et compatissante. Il marchait vers Le Puy où l’attendaient un court procès et une rapide condamnation. D'abord il essaya de se cacher sous son pseudo- nyme; puis, bientôt reconnu, il se nomma tout haut devant la commission militaire et s’avoua «. la nuit 25] sso | sse | so | se | so y s 16° idem 26| oxo! sso | oxol so | oxoloxo à° idem 27|nnolono | no loxol N | N 59,5 la nuit 28| n [vo | no lexel N |ono 20 idem 29! x loxo| no exe | xo | No 10 ,5 idem 50!nxol vol o |oso| o | o |5e,5 idem 560 OBSERVATIONS MAI. 15 © als 3| 2 2 CM © 5 2 2 HR Part SN |ETE S ETAT DU CIEL NEA M ARE EE 5 ë É # ss À E A MIDI. as nes au RP EE SR centigr. 41701,28| 40,0 | 4,705 | 44,60 | 91,2 pluie fine 2/104,11| 40,0 | 2,705| 4,59 | 89,5 |nuageux, CUNnñomb 5|704 ,58 7,5 | 0,094] 0,40 | 88,0 couvert 4 704,88 6,8 » » 89,0 idem b) 706,02 1 1,5 0,078 » 89,0 idem 61706,19| 42,0 » D 90,0 |gr. éclaire. CM. hr. 71705,18| 415,0 » » 87.5 id. assez beau | 81706,02| 415,5 » » 87,0 |tr. beau, rares emste | | 91709,90 18,5 » » 86,5 |tr. b., qqs lég. em er 1101709,11 | 22,0 » » 87,5 |très beau, CM épars h | k 44171 1,48 47,5 » » 88,0 voilé, CMN bz H12/710,89! 15,2 | 5,000 | 7,40 | 87,0 | assezb., qqs CM bz ; 151712,21 44,0 » » 89,0 couvert l141708,65| 20.0 ; » [87,0 idem 1151712142] 16,5 » 0,70 | 85,0 tres beau F 16 710,87 24,0 » » 86,0 idem 1 17 107,42 17,9 » » 84,0 beau : 18 702,84 22,0 » » 85,0 CM épars 41191707,42| 45,5 | 4,950 | 44,00 | 86,0 {éclaircies, CM épars 1201707,22| 47,0 » » 85,0 |vapeurs, lég.crem h 41211706,61 20,5 » » 84,0 beau, em h H221707,52| 25,5 » » 81,0 |beau, qqs ‘légers er h 1251705,60| 24,0 » » 85, Eclairo. , CMN nomb. D241704,58| 25,0 | 0.062 | 0,40 85,5 léclaire, CM. nombr. 29 702, 9 24,5 » » 87,0 légèrent couvert, str 126/705,09| 25,5 | 1,297 | 1,95 | 85,0 assez beau, CMé ép- hz + ne 22,2 » ) 86,0 lass. b. 45 CMép. h 281704,55| 20,0 | 0,719 | 4,20 | 87,0 |pet.or.à m., tonnerre 1129,700,50 | 21,0 0, 958 | 0,50 | 87,0 |g.depl. éel., emn ép. : 50/70, 48| 15,0 MA ue 600 | 4,15 | 88,0 | couvert, sir CMN 1511702,79| 12,0 | 0,562| 1,50 | 86,0 |gr. écl., CMN épars 705,94 47,50 56,706 44,99 86,68 moyennes du mois MÉTÉOROLOGIQUES. 561 MAI. E ; A eee à Clan UN 2 UE OBSERVATIONS Tr À Si MATIN. | MIDI, SOIR. diverses. ss | memes | cm, | EE sup. inf, Sup. inf.!sup.| inf. | 4lo Lo! Ga 0 No.| No PR AL 2]N/|ofn}xelxolno |4°,5 la nuit. 5] N° |NEÎNNE NNEÏNNE| NE 4 la nuit. ANNE! NEÎNNE E [Nnel E M la nuit. DINNE, E [NNE- E INNE| E pee la nuit. G NE N|c| ne 0,5 id. coud. en petites feuilles. Z1L:s01MEt|1s0 El sol FE * id. petites feuilles aux sycom. f. SINE)NE|NE NE | NE NE (5° id. pousse des feuilles de peup. 9INNE ENE| N INE | N | No |2°,5 idem. 10! o lExE| 0 8° la nuit. .5.-21° à/2 h. 41 0 0 0 199 Ja nuit. 6 42/os0! o |oso o |oso [ep] © © 70 la nuit. 14 0x0 oxo! o so | o 180 la nuit. 15\Montetite/|MEQlINE 140 la nuit. 46! & | E |sse sse| se | se !40 la nuit. 17|0oso se | E | ss] o | sse 80 la nuit. 1S| sse sse| sse ssE| ssE 440 Ja nuit. 490! 010 20| 0 |01|0 21] s |se| o | s | so | se 40 la nuit. 22! so se|so s&|s 23l.s |sE| s | s |[sso 90 la nuit. 24| s |sE | se s |SE Peupliers com. et platan. en feuil. t. 25| s \se |'s | EsE| s | se |—1450 la n. Grtise et viorne. Sources 26| so | s | so! s [sols tarissent par la sécheresse. 27| so | sol so! s | so! s [400 la nuit. 28| s0 | o |so | o | s | so 29! so! s | so | Es] so | o |A00 la nuit. Orage à 5 h. 50! s0 |! o | o ! o | No loxo Pluie à 40 h. du m. 51] o oxo| No oxo no loxo// 40 Ja nuit. ESA ER EE 0 0 [59° Ja nuit. 15, o | o |.o | o |oxol o 0 E o | o 90 Ja nuit. se Lilas nain épanouï ; lilas arbre pas enc. Température la plus basse du mois. 005 562 . OBSERVATIONS JUIN. + à ë ñ 5 © © © Eu e. 2 E À £ AE RAR RE ÉTAT DU CIEL pi 8-92 ID © 3 2 t 4 AN ÉTS) 48 06m) SES Ve a BAS S à OC En A MIDI. SA Ë = s | à = RP | PERTINENTE D EERMCARTERES | centigr k 41707,61 | 49,6 » » [86,0 |lég.couv.,voiléemst 21709,74 | 45,5 [14,000 | 45,00 | 84,0 couvert 31707,78 | 18,5 0,088 | 0,20 | 88,0 | gdeséclaire. emép. 41705,52 | 48,5 9,250 | 42,00 | 89,0 couvert d|708,67 | 20,0 4,205 | 8,70 | 90,0 |lég. voilé, éclaircies 61706,74 | 245 | 0,094! 0,10 |90,0 |lég.v CMép.a. beau 71701,15 | 19,0 2,500 | 0,55 | 90,2 couvert 81699,89 | 42,0 [22,205 | 42,70 | 94,0 |pluietoutela matinée 91704,17 | 20,8 119,094 | 24,40 [91,5 léclaire. CMN éparshz 401702,71 | 48,7 8,891 | 44,00 | 92,0 idem 411702,27 | 21,8 0,281 0,50 | 92,5 |qqséc. CMN nomb.bz 421705,77 | 44,4 [12,094 | 7,50 | 95,0 |9. de pl.éel. CMNép. 151705,68 | 14,0 4,594 5,40 | 91,5 |qqgsécl. mélées de gr. 141701,58 | 13,0 | 1,109 | 0,50 [92,0 idem 1451705,52 | 14,4 4,296 | 5,80 | 92,0 idem 161701,52 | 18,5 » 4,45 | 92,0 couvert 471701,67 | 49,5 [51,250 | 50,10 [94,0 |qqséclaire. stN épars 481702,97 | 15,2 {82,578 | 45,90 | 94,0 |pluielemat.età mid. 491707,44 | 46,0 5,156 | 5,40 | 92,0 éclaircies, CM épars 201707,45 | 22,0 0,065 » 94,0 éclaircies, CMN épars 211706,94 | 24, » 0,60 | 95,0 yoilé 1221704,49 | 26,2 0,875 | 14,40 [94,0 [légères vap emst bz 251705,92 | 25,5 » » 95,0 |légers cr z erem b 231710,28 | 21,0 112,500 | 7,90 | 92,0 251708,48 | 19,5 » ) 90,0 | très-beau, ciel pur. 261706,28 | 26,0 » » 90,0 voilé, éclaircies 1271705,87 | 25,6 » » 94,0 | lég. couv., lég. st 281708,15 | 21,0 122,458 | 25,90 195,0 |éclaire., CMN épars 25,0 25,1 291708,00 ) » 95,0 tres-beau 501710,15 : » 0,10 195,0 |lég. voilé, g. éclair. OX O1 = OL 272,557 214,10 91,47 moyennes du mois. 9 PS EE PER TEE EN CPP EEE PAIE EE SEEN APE RENE MÉTÉOROLOGIQUES. 56 JUIN. DU MOIS, MATIN. ESE | 050 SLSHAS UE SUN = 1] = NO [NE NO | 0 0 |ÎNE oso| so so |ESE 0S0 | ESE 29])ox0loxo 30! osoloxo Température la plus basse du mois, le 9. , VENTS. © MIDI. 0 0 SE | NE 0S0! s0 SO | 050 ONO!0N0 ONO!OoNO SE | SE SE 0 S |0s0 O0S0!oNo so SE 0 0 ON0!0No 0 0 ONO!ONo 050! $s Os0! $ 0S0! 0 0 |ONo O0 |SSE 0 | so 0 SE OS0! $ NOTE O |ÏNE SO 0 SO | ESE 0 |OoNo ONO!ONO OS0!0N0 SOIR. SE .|sup.|{inf.'sup.| inf, ono! so so SE so E NE ESE | 0 oNo ONo CAT | OBSERVATIONS diverses. pluie le soir pluie toute la matinée 4° lan., br. lem., +-45o0les., n. ser. pluie le matin brouillard le matin SE en bas | SSE assez fort qqs coups de tônn. vers m., or. à À h. 69 la nuit, pluielesoir 9° la nuit grain depl. à 40 h du m., pluie ap.m. 89,5 la nuit 69 La nuit, pluie à la nuit tombante fr dep. 15 j. et pl. interm. dep. 5 sem. assez fort gr.pl.par OSOYSE dep. 4 h. m. or.les. double arc-en-ciel à 7 h. du s. idem grain à 5 b.s. $ pluie, qqs coups de t. pl. assez abond. par S070 NO à la n. 60,5lan.,or.à 5 h.s. par OSO/SO, v.f. 564 OBSERVATIONS JUILLET. TU ë CE S © = eA À AE INRA LAON PRE PRE ÉTAT DU CIEL BR | gas Que eue È Eu E © £ 2 Ë A ONE 2 Dr Ines © LENS) T ,% a A MIDI. 21? SP ei A AR us er ELLE centigr. 41714,58] 20,0 [66,051 | 51,90 | 92,0 léclaircies, CMN épars 21715,00 20,0 » » 91,0 | tiès beau, ciel pur 31711,89 24,0 D » 91,5 très beau 4 711,62| 25,0 | » » 92,0 | beau, légers st h so 51708,31 | 26,0 » » 86,0 | idem, qqs lég. st 61705,89| 18,0 » » 84,0 | légèrement couvert A 700.45 | 18,5 | 4,250 | 5,00! 92,0 \orage; éclairs, tonn. 705,80! 21,2. [25,094 0,50 | 90,0 |gr. écl., CM épars hz 29 705,451 16,5 | 1,000 30 706,69! 20,5 110,594 34/709,111 22,5 ) 94,5 |pl: de11h. 42 à2h 91 0 beau, qqs em épars ho | 94,0 |tr. b., qqs em ép. ho - 8 2 91707,57 | 24,0 » » 90,0 léclaire., CMN ép. hz 10/707,81 | 27,5 » » 91,0 assez beau 141709,59 | 26,7 » » 91,0 |tr. beau, qqs CM ho 12]708,68| 51,0 » » 92,0 |voilé, éclaire, CMN 151709,05| 27,0 » 15,80 | 94,0 |gr. éclaire. CM ép. hz 141709,25| 24,7 | 2,500 1,60 | 90,0 idem 151709,54| 27,0 » » 89,0 très beau 16 707,16 29,0 » » 89,0 idem A71705,44| 27,1 » » 88,5 | beau, qqs légers er 18 106,69 | 20,5 [27,156 | 25,00 | 90,0 couvert 19 110,95 |. 49,9 | 4,5H 4,50! 89,0 |or. éclaire., CMN hz 20.709,65 | 24,5 » » 89.0 très beau 211710,42| 25,5 » » 90,0 idem 22|711,29| 25,2 » » 88,7 | beau, CM. épars hz 251709,58| 25,5 » » 90,0 | très beau, ciel pur 24 704,92| 28,5 » » 90,5 | idem, qqs em ho 1251707,26| 21,1 » 4,52| 91,0 ; légèrement couvert 1261705,61 | 21,0 | 1,500 2,00 | 89,0 CM épars 271704,58| 15,0 | 2,250 | 4,60 | 91,0 | lég. couv., qqs écl. 1281702,99| 49,5 | 5,205 5,50 91,0 idem 3,19 | 5 2 707,88 25,24 141,766 119,67 89,85 moyennes du mois. £r. DU Mois VENTS. MATIN, MIDI. sup. | inf, |sup.{ inf. ONOÏNNE | ONO N INNO}NE NE | ENE| © 0S0! SO | 0S0 PDADUSON + 24| ssolonol sso 25| so [oNol 050 28| N |oNo! N 29] Nino! n 50! \o | NE 0 31| o | NE) o NE NE ENE OBSERVATIONS A Te diverses. = x | No 0 |NE 59,5 la nuit oo! N N No E a MÉTÉOROLOGIQUES. 565 JUILLET. sup.|inf. ONO| NE NEÏNE os0 | S0 soleil le matin arc-en-ciel à 7 h. et demie dus. ESE en bas un peu de tonn. à 414 h. m. sans pluic pl.a5h.s. Nuag.r. aut. du sol. couc. brouillard épais le matin 29° à l’omb. à 2 h. dus. se par. tr-f.; m. atm.franq.; so en h. or.lan. à 2h.m.pl. de 4àGh.s. so |ONO o0s0! NO ONO|O NO ONO!NNO N | No N NE 0 NE 0 0 vent frais + pluie à 4 h. apres-midi pluie à 6 h.s. par o - so Température la plus basse du mois, le 20, “59,5 TOME XVII, 66 OBSERVATIONS AOÛT. =- — | 2 SH Ne DNS Le Nes 2 3 à 8 £ 3 É Eva) à ETAT DU CIEL 2 ES ES D s ste b A MIDI. Re A En ag | Rene = me REP EEE cenligr 11709,55|. 25,5 | 5,5001 » 95,0 beau, qqs em ho 21704,95| 21,0 } 0,051 À 4,00 | 91,0 lpetite pl. a14h5.m. 5|701,57 25,5 (Je 2,00 | 95,0 éclaircies, CMN épars 41701,75| 20,0 | 2,0944 6,05 | 94,0 couvert 51701,27| 49,0 | 4,5598 0,65 | 94,5 | légèrement couvert 6/700,78| 18,0 |21:00002020 | 94,5 pluie 71705,05| 18,5 | 2,188Û 2,50 | 94,0 couvert 81701,72 22,5 » » 95,0 |couv. fortement voilé 9/702,04| 17,0 |52,214855,80 | 96,0 couvert 101705,77| 147,5 | 4,9841 4,50 | 94,0 idem | 141703,01| 49,5 » 0,20 |95,0 | idem , ! 12,704,57| 16,8 | 7,5474 5,00 |95,0 gr. éclaire., CM ép. 15,715,12| 47,0 | 0,047) 0,50 | 95,0 | éclaire., CM épars 141710,22| 46,0 | 2,094Û 0:05 | 92,0 éouvert 151707,77 18,0 | » 6,70 | 94,0 idem 161711,58| 49,0 » 0,70 |97,5 idem 171709,54| 20,0 » » 97,0 très beau 181706,48| 21,0 » » 94,0 couvert 19,707,41| 18,0 |21,178055,50 | 92,0 idem 20! 109,141 47,0 | 4,469Ë 7,00 | 95,0 couvert, qqs éclaire: 211710,22| 47,0 | 1,0491 0,40 | 95,0 couvert 221709,99| 47,0 | 2, | 6,00 | 95,0 idem 25 |709,94 47,0 | 2,1724 7,02 | 97,0 idem 241714,92| 48,0 | 0,1871 2,60 | 97,0 nuages épars 25\711,92| 18,0 » » 97,0 {très beau 26/709,82| 19,0 » » 96,0 idem 27| 715,141 24,0 » » | 92,0 nuages épars 28,711,88| 22,0 » » 91,0 légers nuages 29,742,79 | 25,0 » » 89,0 ciel pur 90,715,78| 22,0 » » 90:0 qqs nuages 51|71 192 | 16,0 121,141829,50 | 94,0 couvert 707,81 149,12 146,248 171,65 95,86 moyennes du mois.| QI 1 MÉTÉOROLOGIQUES. 567 AOÛT. CE TP ET LP IEEE VENTS. OBSERVATIONS D MATIN. | Mini. SOIR. diverses. ns rar nee sup.| inf. sup.[inf.|sup.|inf.), o lso lo | o ln so | so | so | o | so [Est] so | o { o [oxo! 0 | o 0 0 SO 0 Le) 0 so| © | S [oNo! s |0N0! or. à 4h. 472 dus.; gr. coup de ton. 6 so | 0 | so |oxo| S0 | 0 | pl. à41h472 m.ton.; pl. les. à 6h. 1, 0 | so | 0 \05s0! 0 | S | moiss. pluv.; pl. int. dep. p. de 45 j. 8] so | so ! so | se |0s0! so | pluietoute la s.; tonnerre à 4. du s. 9! so | se | so | E [sos pl. la n.et le m.; No en bas; zerb. se 10! o |oxo| o |onofono|ono pourr. éparpillées ou en tas. 410 | & |osol s | o |ono 42! o | xo | o loxo| 0 |oxo 15! o | so | o | o | o loxo très-nuageux 441 0 | ne loxo| 0 | 0 | o | pluiela n. et à 41 h. du m. 451 0 [sso| o | so [oxol o | bruine à 6h. du m. 46{\Nof vo | No | NE [NNOÏNNE 47| & | NE loso| NE |osol sse | vent tres-fort. 18! sso| sse| se |sse | s |oso, v. tr-fort, pl. à4 h., ton.etécl. àSh s. 49! n | x loxolonolonol xo | pluie toute la nuit 20} xo | xo | No No [No! No | pluie intermittente 21{xvoloxo! N | N [xvolno! bruine à 8 h. 412 22|xoknxof no | no | N |xwo! pluie la nuit 251 N INNEÏNNEÏNNEÏNNEINNE) bruine 24INNEINNO| NINE| N|N 125! N [Nvelne|xno! No |xo) brouillard le matin 126|oo| Ese| sso| s |sse| s | forte rosée 27| o |Noloso| s |osol s£ | rosée 28] n se | x |ssol N ls | forte rosée 29} xo| N |s Iso |sso| se | idem 50! sso] s |sso{sse | sso| ese| ros; pla 2h s; or. à 4 h;chdelfaux C. 94HLyNo/nxoixnol N [xNo|xxo: pluie toute la journée Température la plus basse du mois, le 9. , . . . Go. 568 5 OBSERVATIONS SEPTEMBRE. à 8|e Ë 5 Es ë 2 E EN] EE 3 Sur © © È NT Ë à Éé 5 É £ É È 5 FAT DU CIEL 2 à SE 3 a A s ë = ë Es D D m a A MIDI less | "250 | 5424) 210 [05,0 11712, 23, 3,12! ,! D, nuages épars 2 705,18 22,0 » » IN 95,0 . de 5 709,48 22,0 » » |94,0 idem 4 110,14 25,0 » » [94,0 nuages épars ÿ TU,11 25,0 » » |90,0 idem ( 714,69 20,0 4,857| 1,10 |88,0 couvert 71709,02| 26,0 | 0,969| 4,45 | 89,0 nuages épars 8 707,82 49,0 | 7,500| 5,35 | 89,0 couvert 9 707,12 47,0 | 5,624! 4,65 | 96,0 qqs éclaircies 10/705,94| 48,0 » 4,20 | 89,0 idem 111706,94| 418,0 » 4,00 | 88,0 nuages épars 12 707,71| 20,0 » » | 89,0 idem 151709,59| 21,0 » »n |S89,0 couvert 14 707,74 | 20,0 » » [90,0 | grandes éclaircies 151708,02| 26,0 ) » |94,0 qqs éclaircies 461704,74 | 20,0 » 4,55 | 92,0 couvert 171707,144| 25,0 » 0,50 | 95,0 idem 181711,11 | 50,0 » » |94,0 très beau 191710,46| 27,0 » » |94,0 | grandes éclaircies 20.707,74 | 22,0 » » |92,0 couvert 211709,71 | 20,0 | 14,625| 4,40 | 91,0 idem 2217142,92| 21,0 » » [90,0 | grandes éclaircies 25|718,0 22,0 » » 192,0 très beau 24\7T14,1 21,0 » » |89,0 idem 25 711,1 18,0 » » |90,0 couvert 261715,94| 28,0 | 4,500| 0,15 | 90,0 très beau 271745,9 27,0 » 0,15 | 89,0 idem 28[701:07 45,0 110,672, 9,45 |90,0 couvert 29 700,191 145,0 | 4,205 | 7,50 |94,0 qqs éclaircies 50 ONE | 17,0 » 9,60 | 94,0 couvert 709,45 21,66 57,074 46,85 87,05 moyennes du mois. MÉTÉOROLOGIQUES. 569 SEPTEMBRE. & ANTMQ É Vo OBSERVATIONS D . MATIN. MIDI. ù diverses. ns sup.| inf. sup. | inf.|sup.|inf AIN nu | N INNE vent assez fort 2] N INne| N [NE 3INNO| x | NO INNE 4\ No [xxe| NO ÏNE brouillard le matin 5| so [xne | 550 [ENE beau le soir 6 0 |se| 010 petite pluie intermittente 7|oxolxno! ONOÏNNE . 8! so | ssel so | se pluie presque continuelle 9[ ss0 | osol So | so 401050 | so |oNo | sso 44] 0s0/xxe| No | SE A2/NNElNNol NE | N ASINNE) N |INNEINNE 44] N0 | xo No N 15loNo!xx El oNo! so 16! so | so | so | sE 171 s0 | so |oso] so 48! o | Es |050 {sso 491050 | so l050]! SE 20! o ON on Mo 21| oso! no | so | o 22|NNOÏNNEINNO| N 25{NxElnNEl N | N 24INNE! NE [NNEINNE 251 NE | sse| se | SE 26] ss0 |[Nxo| s |ENE 27|os0| s |os0|ssE 28] 550 | o | SE bi 29] so | sso | oso! 050 50! 050 | oso os0! os pluie par intervalles grain le matin et le soir brouillard le matin pluie le matin brouillard et rosée le matin idem idern pluie par intervalles rosée le matin idem vent violent : gel. sur les haut.; g. de plle m. etle sf rosée le matin | orage la nuit os0| pluie par intervalles osoy idem oso| beau le matin 570 OBSERVATIONS OCTOBRE. ER D RQ QE TRI CP RCA ES PE NET SA TOO DURE PETER D PERS A GE RDA EME DE 33 Ci 5 : © = = . 2 È à ® = o À | 2 r IEL =  “ IE LR ns rl ll } ns QE | ce RE EUSS En RSS A le EURE È ÉE DRE EME À MIDI. ê E en RE canne | mes | conan | emunsnes centipt 708,17| 419,0 » » | 95,0 couvert 704,18 15,0 | 1,500 | 4,10 | 95,0 idem 705,07| 49,0 Ù 2,90- 194,0 très beau 706,17] 20,0 » » | 90,0 idem 705,10! 419,9 » -» [94,5 |pomm.,em cr épars 704,79! . 46,1 | 2,656] 4,95 | 92,0 couv., qqs écl. CN 709,641 41,2 » 1,80 |92,5 |qqgséclaire., CMN ép. 705,51! 44,0 » » [92,0 | qqs balayures, er st 105,14] 42,5 » >,80 |92,5 pluie fine 702,27] 9,7 |25,000 {15,80 | 97,0 | brouillard, couvert 704,77| 40,0 |12,000 115,00 | 92,5, couvert 708,07| 41,0 | 4,000! 6,10 | 95,0 [as. b., qqs em ép. h 707,68] 141,4 | » » 95,0 beau 707,52] 8,4 | -6,594| 4,00 | 94,0 couvert 710,54 9,2 [ 2,500! 2,02 | 96,0 couv., pluie 711,55] 411,2 [14,188/18,50 | 95,0 couvert 1008 » |90,0 beau 710,09, 45,0 » » [92,0 | Jés. couv., lég. st 715,95] 44,5 » 0,25 | 88,5 | beau, qqs CM ép. z 744,05) 45,0 | » | 0:20 | 86,0 beau 711,62] 15,0 » 0,20 |88,5 | tr. beau, lég. crho 1707,68] 46,0 » » | 90,0 très beau 707,244 8501) 0,20 |91,5 | vapeurs, lég. er hz 706,741 42,0 115,000 110,45 | 92,0 | pluie dep. le matin 29| 701,75, 42,6 | 5,250 | 2,45 |90,0 couvert, st 5| 701,54 40,0 » |0,65 | 88,0 |beau, qqs CMép. bz 106,29 414,5 » 1,50 |S87,0 couvert 106,47 41,7 » » | 87,0 léclaire., CM épars h 706,63) 12,6 » 0,25 | 86,5 |assez beau, CM ép. h 707,60 45,0 » » 89,0 couvert 108,67| 16,2 | 2,256 | 4,95 190,0 Jaqs éclaire., CMN bz 707,15 15,69 86,924 95,65 91,22 moyennes du mois. MATIN. sup. 1|oso 9] no 410,00 41 |oxo 412|\ ASINNE AAlnxe 415] 0s0 16! o 17 |xxo 18! 0 191 N 20! N 21| 0 221050 25 | sso 24 | oso 25)\\10 26| No 27 | oso 28| o 291 o 50) o inf, oso ONO osn 0 os0 VENTS. MIDI. sup. 0s0 0 inf, NE 0 $ SsO ONO os0 ONO NNO ( oS0 050 MÉTÉOROLOGIQUES: {sours DU MOIS F | 050 so | No |pet. pl. à 10h.112 m. et ap.-mid. id. ? NO 0 [DA 1 OCTOBRE. OBSERVATIONS diverses. NNO so 0 o |pl. lem.età 2h. Vap.-mid. oxo|gelée blanche oxo|idem Ne |pl. fine le matin et Papr.-midi NNE e|nuag. couv. les h.; pl. apr-midi NNE N £ |gout. de pl. le m. etpl. la nuit oNo/stratus général; br. s. les hauteurs. oNo|brouillard sur les hauteurs oxo|brouillard le matin NNE id. E lid. ; NE fid.à 8 h du m; on n’ap. pas le roc. C.|k se |vent léger NE |so en bas oso|gelée BI. la n.:; 40 la n. Plusieurs ar-|$ oso| bres sont déjà à peu près sans feuil.|À 51loxo!osoloxo[onolonolono|gouttes de pluie le matin Sa De (ES 2 AA A Er AL RS Température la plus basse du mois, le 29.. . . — 10. 702,55 OBSERVATIONS NOVEMBRE. N215 | 35 | £2S | 28) £$ | érar nv a AS|Sré| Séol Sé | SE } : 5 2% Se À Ë A MIDI. ee : centigr 41710,74| 18,5 | 0,205 » [92,0 {éclaire. CMN ép. hz 1 21707,66 18,5 » 0,20 | 92,5 idem 5 107,20 21,0 » » 94 ,0 as. b. CMstr épars hz 11 41706,54 16,5 » » 91,0 [lég. couv., CMN hz b) 7 2,41 47,9 » » 91 ,0 idem 61710,68| 414,0 155,000 | 28,50 | 91,5 gr. éclaire., CM z ho 71715,78 12,5 » » 90,0 tres beau 8]706,70| 15.0 » 0,20 | 89,5 idem 91714,65| 48,2 » » | 88,5 [tr.beau, qqslég.crho 10/708,62| 415,5 » » | 89,0 très beau 111702,67| 42,0 » 0,25 | 94,5 idem 121699,05| 45,5 39,000 » 90,0 | lépèrement couvert 151693,51 1 40,7 | 9,975 | 48,40 | 91,0 [pluie depuis hier soir 214141697,15| 42,7 » 25,65 | 92,0 qqs éclaircies, N 1151695,55| 44,5 » » | 90,5 | léperement couvert .461692,45 46,0 » » 88,0 |beau, qqs CmN épars n171696,42| 44,1 » » 88,2 beau, qqs Cmheo 181706,57| 41,2 | 5,550 | 5,70 | 90,5 très beau 191706,07 | 45,7 | 0,688 » [90,0 | Jég. voilé, em hz 11201701,21| 45,5 » 14,50 | 90,0 pluie fine 211694,57| 145,0 » 2,55}| 92,0 couvert 122,695,04| 42,0 | 4,000 | 2,80 | 95,0 [plaie depuis10h. m. 225,695,51| 40,4 [14,500 | 15,00 | 95,0 pluie fine &241692,75 9,5 4,500 | 11,60 | 88,0 pl. toute la matinée R1251707,95 6,5 | 0,291 | 2,10 | 87,0 beau, CM ho 4126:707,28 7,6 » » 85,0 très beau 4271708,92| 411,2 » » 90,0 couvert 4128/708,08| 7,5 | 0,500 | 2,00 | 89,0 | beau, ds em ép. hz 4 29,700,64 6,3 » 0,52 | 90,0 pluie H1501701,78 5,9 |11,000 | 8,70 | 90,0 neige 45,05 120,007 121,85 90,40 moyennes du mois. }5. pu mois È OUI = 1 SHDAIS OC 10 ! 9 20 24 22 25 2 25 26 27 28 29 30 MÉTÉOROLOGIQUES, NOVEMBRE. JEUN NUE OBSERVATIONS | à . MATIN. | MIDI. | SOIR. diverses. DER PERD EE RE RDS 6 Cet a Es MONT PILE LCCDSRENENOS — DRDPRES NT RUUEE Le. 2 Dec) sup.| inf. sup, | inf. sup. inf, No |onol no | ON 0N0 oNo o loxo| 0 loxo! o | so |gelée blanche; 00 Ja nuit o | so | o loxo! o \oxo gelée blanche o | £& | o | se | so | st seen bas sso| so | Sso| SE | sso, so |sE fort; pluie à Sh.dus. oso! oso/oNo NNEloNo NE |pluie la puit; tonnerre NNo| NE [NNO| E Ne | E |brouilard le soir £ [NE E |NE| E |nolbr. tr.-ép. le m. et la nuit N |NNO| N INNOÏNNO| N |- 20 la nuit; forte gelée bl. 0 [NNO| O0 | N| 0 | N |brouill. tr.-ép. le m. O[N|O0O|N!o!n1|blem;qsf.desye.etdeplat.subs.enc. 0 | E | so | sse|oso sse lécl., tonn. à 9 h. et demie oso! sse|oso ESE| o | SE a [oxo|oo oxo! o | o so |'sE | so | se | o | s 0s0| SE |oso SE | s0 |Ese éel. le m. à 6h. 0s0! S | so |sse|oso so lor.lesde5àhav. grés. p. le v. so-050 os0| 0 |oso oo ls O |ENE|0s0 ESE| s0 | ESE so | EsE| so | so | so | so oso| so |oso so |oso s |pluieàaf8 h. dus. so | sE | so | s£| so s$ so | s [oxo so |oxo oxo pluie la nuit oxoloxo{oxo oo! N | No |idem Noix ool xl o N|s}nN}o!ln]xo forte gelée blanche 050! $ Oo$S0 ON0O! O0 !ONO NNEÏNNEÏNNE NNEÏNNE NNE s|s|s|s{!s |so|-50 la nuit; forte gelée NO |ONO! NO ONO!| NO | NO lempérature la plus basse du mois le 29. — 50 D74 OBSERVATIONS DÉCEMBRE. TIRER PAR DOG PIRE EEE EEE PRINT LE CRD I ROTRETTEENNE POLE IEEE NET DER EI Er 2 ; “| à ; #13 s| Ê$ = Ë$| à | ÉTAT DU CIEL us ts | RS Sue tenMNe É = 5 # 5 ci 5 o E A MIDI. 2 Es D a nes | | CE am ane es | GENELITI TE | LEP SNEN 2SE- CESSE UE SEE centigr. 11706,85 4,0 | 4,500! 4,72 |90,0 | légèrement couvert 21707,50 D,9 5,766| 3,00 |90,0 idem 31711,25 8,2 » 8,15 |89,0 voilé 41715,95 6,2 » 41,15 | 90,0 beau 51705,77 4,9 » 6,70 |91,0 | épaisbrouillard 61710,49 6,9 » » [94,0 | beau malgré le br. 71706,00 | 10,0 | 2,156 ».|91:0 très beau 81700,95 | 411,8 » » 191,5 \ couvert 91705,66 | 14,9 » 5,15 |92,0 [qqséclaire., CMN ép. 10/705,12 8,0 » 0,29 |92,0 | vapeurs, lég. cr st 141707,0%| 41,5 » 0,25 |92,0 très beau 12170549 | 12,5 » » 95,0 volé N151705,51 | 12,5 » » [95,5 | lépèrement couvert N1441701,91 | 44,6 » 0,40 | 95,0 couvert à 45 698,54 42,2 » » 95,0 idem %1161704,97 8,0 » 5,90 |92,0 idem l1:1706,82| 140,0 | 4,500! » |90,0 idem 181710,56 7,5 | 9,700| 5,00 |94,0 idem 11191714,40 6,5 » 4,48 |90,0 | balayures, lég. er H201714,78 6,7 » 0,55 |90,0 |tres beau, lég. er ho 11211710,81 12,5 » 0,08 |90,0 idem bz 4 .221700,88 7,4 » 0,10 |90,0 |tr. beau, qqs CM ép. 12570205 | 6,8 | 4,500! 2,00 |91,0 brouillard Doslriss| 6,9 | 0:754| 0,50 [91,0 | CM épars hz, 41251745,00 Zlne: » 0,50 |91,0 qq lég- cr. 2 11261710,77| 15,4 » » 194,5 idem hz 27|706,021 12,6 » » 89,5 légers er. hz 11281702,19| 11,4 | 5,000 » 089,5 couvert d29/708.50! 6,5 » L6,52 |88,0 | tr. beau, lég. er hz 150/712,75| 11,8 h | 0,20 |90,0 très beau 1511744,85| 7,2 | 0,25 |88,0 idem 707,84 8,94 50,856 60,00 90,79 moyennes du mois. NOR AE CP TP NÉ dus eue PE A pe fire bee Se ne Se MÉTÉOROLOGIQUES. DÉCEMBRE. GESERTEUT ET TEE CNE TENEE TENTE TRE TETE TETE DCE CITE SORT PCA UP TUE ETPSMEUE PESTE AR SEINE TAEN £ VENTS 3 DRE OBSERVATIONS S I : F MATIN. |: Mipi. SOIR. diverses. CE | SUD NP spam" |sUpe A0 [LE reerreee en 1} N0/xo no} xo | No| No] gst en bas 2] NO | No |NNE| No |NNE| No id. Beau l’apres-rhidi 5| Nono! x loxol N loxo 4 ÏNNEloNo|NNElono|NNE No DINNE!ONo|NNEloNo|NNE ON0!| Esten bbr à4hsà 4h onne dist. pa4p 6 ESELONO ESE |oNo| ESE SSE | -5° la n. le br. semb. desc. à midi D 7|ESE ss) sst| s |sse| s 8| SSE| gse|sso | so | so | oso pluie après-midi 9! O0 jENE! o |ENE| 0 |oNo 10! s s 4] s less] s | s | s | sso 0 z 12 SSE | O |sse | Q |SSE 15, S | s | ssol s | so | s 14/ os OMS AIMONS 15, 0] s!ofsol o | s | petite pluie à 4 h. dus. 16/0X0/ex£ )oxolexe| o | se | bruine et sol. à 4 h. du s.; à 5 h. écl. N 17] 0 | so | o | so | oso oso tonn. fraises en fleurs 18] N0 loxo! no loxol xo | No 19! N0 | xo | xo | no | no |nno| gelée 20| NINE|N o | N | forte gelée et givre 210|nN|oln|olnlid 22|0N0! ve |ono| ne loxo! o | id 25|0N0!oN0!oxolono oo! No | pluie le matin 24| N |nol no! x |xo 25loxo| o loxol o |oxo oxol halo à 7 h. dé s. Il ne gele presque 26|0s0o| s [osol s los! s par aucun vent dans ce mois extra- 27| o' ls lois |ols ordinaire pour le pays 28| o | s | ol s | No | so 29] xe |ono! se loxo| ssa! sso | - 2° la nuit 90! sso| sso sso| sso| sso. sso 341 sso1 sso! s50 | ssol ss0! s5û -20,5 la n. bordures de thlasp. en f1. Température la plus basse du mois, le 6. — 592 576 OBSERVATIONS, ETC. IN Barometrelzéro MEME AT OT 15 4850 {20 Therm. à l’extér. et à l'ombre. 12,09 5° Hygromètre de Saussure. . . . 85,76 Moyennes RD TNA " " AE 4° Baromètre à zéro. . . . . . . 707,57 di 1854 / 20 Therm. à l’extér. et à l'ombre. 142,19 WE 5° Hygrométre de Saussur 86,69 en Y£ e de Saussure. . . . ; 4° Barometre à zéro. . . . . . . 706,56 1852 {20 Therm. à l’extér. et à l'ombre. 44,17 \ 5° Hygromètre de Saussure. . . . 89,68 Nota.—À partir du mois d'août 4851, les vents ont été observés trois fois par jour : le matin et le soir vers les sept heures, et puis à midi; les vents supérieurs, indiqués par les nuages, son placés à gauche de la colonne; les vents inférieurs, donnés par la grande girouette, sont situés à droite; ils sont séparés les uns des autres par une ligne verticale, Dans les cas peu fréquents où l’on a observé deux directions différentes dans les nuages, les courants atmosphériques intermé- diaires entre ceux dont la marehe est tracée par les nuages supé- rieurs et ceux indiqués par la girouette la plus élevée, occupent une position moyenne entre les deux précédents, dont ils sont séparés par deux lignes verticales. Quand ïl nous a paru utile de signaler les indications des girouettes les plus voisines da sol, nous les avons reléguées à la colonne des observations. Lorsqu’elles sont convergentes autour de l'axe du rocher Corneille, elles peuvent servir à constater l'existence locale des brises de montagne. Ce phénomène n’est pas irès rare le matin ou le soir, quand le ciel est pur et lPatmo- sphère - tranquille. Les températures moyennes ci-dessus indiquées se rapportent à heure de midi. La moyenne générale, pour 4852, est seulement "ro de 7°,89 centigrades. MERCURIALES DE LA HAUTE-LOIRE; PAR M, ALLEMAND , EMPLOYÉ A LA PRÉFECTURE: 1852. 578 MERCURIALES , JANVIER ET FÉVRIER. MARCHÉS PRODUITS. DE D'YSSIN- BRIQUDE| GEAUX. frnc: [Mir crc: froment, 16 95145 35716 O1 céréales méteil : 9 JS 59 NE ee POS [lhect.] seigle , 14 0814 271153 18 2 llorge, 40 41] 8 5712 » avoine , 6 20! 6 » | 6 Si PRIX MOYEN , . \pois, 105555 |) pour le mois (eee lentilles, 4800 21000 RD se ‘2 | haricots, AD 50) OMIS) JANVIER. pommesdeterre [lhect.]| 5 75] » » | » » bœuf, 4" 05!» » | » 80 Ra des vache, » 78| » 80! » 70 [le kil.] veau, » 78| » 80| » 80 ‘1 | mouton, » 88| » S0| » 70 porc, 5 88] 4 » » ) froment , 17 20145 55116 82 Déreales méteil 3 15 97| » » DE) [Lhect.] seigle, 14 43144 4614 45 orge, 10 50] 9 » M6 18 avoine , 6 81| 6 2 | | pois, 40 50! » » | » » lentilles, 18 » | » » » ) haricots , 17 50! » » » » légumes FÉVRIER ; [lhect.] pommesde terre[l’hect.]| 3% 62] » » | » » bœuf, » 80! » » OS nes T0 DES 0 ANT [le kil ] NÉE NON (C1 RL OT À mouton , porc, M£ERCURIALES ©C 1 © MARS ET AVRIL. NE EP VE PTE TUE EPP ETRNETEZTE TEEEITP LEE EST EU SAUTER MARCHÉS PRODUITS. & s ere DE |D'YSsiIN- DU PUY ; BRIOUDE| GEAUX. fr.2c ir cine: .froment, 17 2015 4216 60 céréales méteil : 45 oil » » DOUX [l'hect.] seigle , 41 4414 148115 96 orge, 40: 50] 9 12112 50 avoine , TUTS 6 45e 72042 PRIX MOYEN É ! s pois , 42 » » _)» » D) pour le mois We lentilles , Son IE UE, de \ [ au J haricots, A7 87| » » » _» MARS. pommes deterre [Phect.]| 307510. » }» bœuf, » 80! » » » 90 nds vache , » 70 ». 80! » 70 [le kil.] veau , » 70 » 80| » 70 mouton , » 80| 4 » | » 80 pore , » 80! » 90! » » PE RO AA PR | rl froment , 17 205 057 45 céréales méteil ñ 15 97 » ni D » [lhect.] seigle , 11 44 10 9015 64 orge, 40 50[8 25112 71 avoine, 7 17516 25| 6 92 légumes pois , 42 50!» »| » » AVRIL. . [l'hect.] lentilles , 18 » » » » » } ha ricots ; 18 » » ) » » pommesdeterre[lhect.]| 5 75] » »| » » bœuf , » 80! » S0| » 90 CRE vache, » 70] » S0| » So le KI veau , » .70| » 80| » 70 © ‘1 | mouton, » S0| 1 » | » 90 porc, » 80! » 90! » » 480 MERCURIALES MAI ET JUIN. MARCHÉS D , PRIX MOYEN pour le mois de MAI. JUIN. PRODUITS. céréales [l'hect.] légumes [Phect.] froment, méteil , seigle , orge, ayoine , pois , lentilles , haricots, pommes deterre[l’hect.] viandes [le kil.] | céréales [l’'hect.] légumes [l ‘hect- ] bœuf, vache, veau , mouton, MAN Te A M AR ee É pommes de terre[l’hect. viandes [le kil.] froment, 7 méteil, É É orge ay ne ; pois, lentilles, haricots, : 5 DE © | BRIOUDE ln'yssix- b81 MERCURIALES » JUILLET EX AOUT. SE LC PT NE ET COEG L ED | céréales AOÛT. [l’hect.] viandes [le kil.] TOME XVII. MARCHÉS Ro TT, PRODUITS. r : ï DE (D'YssiN-|h DU PUY. BRIOUDE| GEAUX. fr. &.| fr. c.l fr. ec. froment, 16 5245 07145 45 fisis méteil , 190561) (L'hect.] seigle ; 44 22H41 45144 SOIR orge, 40 25] 8 50142 -151k avoine , 8 541 6 25] 7T 85 R : à PAT MOTEN légumes | POS ; 12 50! » » | » » ce le mois flhec ct. lentilles , 48 » |» » |» » haricots , 18 » FR » ) JUILLET. pommes deterre[lhect.]| 5 75] » » |» » bœuf, » 0! » » » 90 viandes | [le kil.] —_—_—_————_——— | [l'hect.] légumes pommes de terre[l'hect.]| 3 bœuf, vache, » veau, » mouton , » pore , » froment, méteil, avoine j pois, lentilles , haricots, veau, mouton , | porc, 582 MERCURIALES, SEPTEMBRE ET OCTOBRÉ. PRODUITS. céréales [Phect.] PRIX MOYEN légumes [lhect.] pour le mois de MARCHÉS RE À, DE 1 = DU PUY. HR BRIOUDE| GEAUX, froment, méteil , seigle, orge, ayoine , pois, lentilles, haricots, SEPTEMBRE. À pommesdeterre [l’hect.]| : viandes (le kil.] / | céréales [l'hect.] légumes OCTOBRE. {| [lhect.] bœuf, vache; veau, mouton, porc, froment, méteil , seigle, orge, avoine , pois, lentilles, haricots, pommesde terre [lhect.] viandes | [le kil.] bœuf, vache , veau , mouton , porc, © ee] Qt: MERCURIALES NOVEMBRE ET DÉCEMBRE. RQ > MARCHÉS PRODUITS. 4 RCE | DE D YSSIN- |F DU PUY. BRIOUDE!| GEAUX. à ‘froments, (47 2447 49417 81 Rercales méteil , 15 50 » » » » |f [l'hect.] seigle , 42 121141 74114 46 F0] |orge, 9 9819 611 75} avoine, 6 3715 66! 6G 951 PRIX MOYEN : 15 : , pois, 2 )) » » » » pour le mors bent] lentilles ’ 18-075") » » » de Sd haricots, 20 » » _) . 4x» NOVEMBRE. | Lommesdeterre[l'hect.]} 4 » |» » |» » | P U bœuf, » 80! » » » 9O0!k randes vache , » 70! » S0! » 70! à [le kil.] veau , Don. » 80! » 70! © ‘1 | mouton, » 80| » S0| » 70 porc , » 80] » 90!» » |È franc) rec Î froment ; AT DIH7 SIMH7 GIlÉ cales méteil , 44 S81l » » » )» [L'hect ] seigle , 41 6512 51114 70 \ ‘1 l'orge, 9 2919 48144 415} avoine, 6 395 95| 7 »|f légumes pois , 15 50!» »| » » DÉCEMBRE. [(L'hect.] lentilles : 16 719| » NID) baricots, 20 » » » » » pommesde terre{l’heet.]| 4 » » »| » » bœuf , » 80!» » » 90! Fete vache , » 70] » S0| » 7018 le Rip 1 À Veau; » 70] » 80! » 75 © 71 | mouton, » 80! 4 80! » T7OIEÉ \ porc, » 801 » 90! »- » 1x dans le département, pour constater le poids légal des grains de la même année; 2 la conte- nance en litres et décilitres du quintal métrique de ces grains : EFROMENT. SEIGLE. RE a ——— Are qualité. 2e qualité. 5e qualité. Are qualité. 2e qualité. 5e qualité. EEE D) a ) Pr, Poids |contenancel P0idS [contenance] Poids |contenance Poids |ontenance moyen moyenne | moyen | moyenne | moyen moyenne | moyen | moyenne du quintal du quintal du quintal d du quintal de en litres d en litres de en litres à en litres itre!et décilitr.|lhectolitre |et décilitr. | J'hectolitrelet décilitr. |lhectolitre | et décilitr. contenance moyenne Poids {contenance moyen | moyenne | du quintal du quiatal de en litres | en litres Yhectolitre!et décilitr. l’hectolitre|et décilitr.|l’hectol t . | nes ment | — | meme | ee | | | | 25 FARCEILES kilog. litres. kilog. hires. kilog, litres. kilog. litres. kilos. litres. kilog. litres. 79 52 | 425 7 | 75 56 | 152 7 | 68 85 | 445 5 | 72 59 158 4 | 68 89 | 145 2 | 64 47 | 155 8 MERCURIALES. —_——]—]@ ——— — —_— — ——— —_—_—.—_—]_—_—_—_—…—"”…"”…"’”-_—_— > — —…—…mxc— ORGE. AVOINE. DD TE es SE 2 E — Are qualité. 2e qualité. 5e qualité. | Are qualité. 2e qualité. 5e qualité. ne, re , EN ere | I Poids BOT Poids contenance Poids |contenancel Poids |contenance Poids {contenance Poids | Gntenance moyen | moyenne moyen | moyenne moyen | Moyenne | moyen moyenne | moyen | moyenne | moyen moyenne du quintal d du quintal du quintal| d du quintal d du quintal d du quintal de en litres 8 en litres de en litres E en litres S en litres £ en litres et décilitr. | Phectolitr.|et décilitr. l’hectolitr. et décilitr. Vhectolitre le décilitre lhectolitre|et décilitr. Yhectolitre| et décilitr.|Phectolitr. PRES) es EU ET sm lc rer nee eme CI PE qu kilog. litres. kilog, litres. kilog. litres. kilog. litres. kilog. litres. kilog. litres, 65 37 |as7 8 | 57 66 | 475 4 | 55 95 | 485 4 | 47 99 | 208 4 | 45 05 | 252 5 | 58 88 | 257 2 D84 TT —————— OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ PENDANT L'ANNÉE 18592. Almanach agricole publié par la Société d’Agricul- ture de Grenoble, 1892. Annales de la Société d'Agriculture du département de la Gironde, 1851 et 18592. Annales agronomiques, 1851. Annales archéologiques, 1851—1852. Annales de la Société d'Agriculture du département d’Indre-et-Loire, t. XXXI, 1851. Annales de la Société Académique de Nantes, 1851. Annales de la Colonisation Algérienne, 1852. Annales scientifiques de l'Aveyron, t. XXIX, 1851. Annales de l’Institut agronomique, 1852. Annuaire de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1852. Annuaire de la Société des Antiquaires de France, 1852. Annuaire de l’Horticulteur nantais, 1852. Breviarium Aniciense, illustrissimi et reverendissimi domini Mariæ-Josephi de Galard de Terraube, Aniciensis episcopi, ete., nouvelle édition en 4 80 OUVRAGES RECUS EN 1852. . volumes in-24 et supplément, imprimé au Puy, chez Gaudelet, 1848. é Budget départemental de la Haute-Loire, 18392. Bulletin de la Société industrielle et agricole de Saint-Etienne [Loire], la collection depuis le t. [de 1822 jusqu’à la 2° livraison de 1852. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1851. Bulletin de la Société impériale et centrale d’Agri- culture, 1851 et 18592. Bulletin de la Société d'Agriculture de la Lozère, 1851 et 1852. Bulletin des Comités historiques, 1851. Bulletin agricole du Puy-de-Dôme, 1851 et 1852. Bulletin de la Société centrale d’Horticulture de la Seine-Inférieure, 1851—52. Bulletin de la Société impériale d’Horticulture de la Seine, 1851 et 1852 Bulletin de la Soc. libre d’émulation de Rouen, 1851. Bulletin de la Soc. d'Agriculture de la Sarthe, 1854. Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1851 et 1852. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1851 et 1852. Bulletin de la Société centrale d'Agriculture de l'Hérault, 1851 et 1852. | Bulletin semestriel de la Soc. du Var, 1851 et 1852. Bulletin de l’Académie de Reims, 1851. Bulletin de la Société d'Archéologie lorraine, 1852. Bulletin de la Société industrielle d'Angers, 1851. OUVRAGES RECUS EN 18592. 587 Bulletin de l’Athénée de Beauvaisis, 1851 et 18592. Bulletin monumental, t. XVII, numéros 5, 4, 5et 6. Bulletin de la Société d’émulation du département de l'Allier, 1851. Bulletin de la Société de Médecine de Besancon, 1851. Bulletin de la Société libre des Pharmaciens de Rouen, 1851. Chemin de fer de Clermont à Toulouse, 3° section. Cireulaires de Mgr l'Evèque du Puy des 40 et 25 mars 1852. Compte-Rendu de lAdministration des haras, fé- vrier 1852. Compte-Rendu des travaux de la Société d’Agri- culture de Grenoble, bulletin numéro 192. Compte-Rendu des dépenses du département de la Haute-Loire. Compte-Rendu des travaux de la Société d’émula- tion de Nantua, 4° partie. Compte-Rendu des travaux de l’Acad. du Gard, 1852. De l'utilité de l’enseignement élémentaire de l’hor- üculture dans les écoles primaires des campagnes, brochure par M. Chalet de Caen. Département de Ja Haute-Loire, supplément au budget départemental, 1852. Dissertation sur les biens-fonds, À vol. in-12, par M. Best, expert géomètre. Du chanvre, brochure par M. L. Lerwagne. Etude de gites minéraux, Atlas. Exposé des travaux de la Société des sciences mé- dicales de la Moselle, 1851. 88 OUVRAGES REÇUS EN 1852. Extrait des séances de la Soc. d'Agriculture de Caen. Histoire de Ta Gascogne, par l'abbé J.-J. Monlezun, chanoine honoraire d’Auch , 7 vol. in-8”°. Journal d'agriculture pratique, 1851 et 1852. Journal de la Société d'Agriculture et des Comices agricoles des Deux-Sèvres, 1851 et 1852. Journal de la Société d'Agriculture de Niort, 1852. Journal de la Société d'Archéologie et du Musée lorrain, 1852. La Pomme de terre régénérée, brochure in-8°, par Le Roy-Mabile. La Cosmogonie et la Géologie, brochure in-8°, par M. J.-B. Dalmas. Le bon Cultivateur de Nancy, 1851 et 1852. Les Ouvriers en famille, brochure in-8°, par OE. Andigame. Maladie des raisins et des pommes de terre en Suisse, en 1851. [Laterrado.] Manuel d'Ornithologie, ou tableau scientifique des oiseaux, par M. C.-J. Temminck, 4 vol. in-8°. Maison rustique du XIX° siècle, t. IV et V, 1852. Mémoires de l’Académie d'Arras, 1851. Mémoires de l’Académie du Gard, 1854 et 1852. Mémoires de l'Académie impériale des sciences, in- seriptions et belles-lettres de Toulouse, 1851. Mémoires de l’Académie impériale de Metz, 1851. Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne, t. XIV, 5° livraison. Mémoires de la Soc. des Antiq. de France, t. XXI. OUVRAGES REÇUS EN 18592. 89 Mémoires de la Soc. philomathique de Verdun, t, IV. Mémoires de l'Académie des sciences de Montpel- lier, 1851. Mémoires de la Société des sciences du Hainaut, 1852. Mémoires de la Société impériale de Cherbourg. Mémoires de la Société impériale d'Agriculture, de 1849 à 1851. Moniteur de la propriété et de lPagriculture, 1852. Précis analytique des travaux de l’Académie de Rouen, 1850. Projet d'organisation d’une exposition annuelle par circonscription cantonale. [Calvados.] Notice sur les substances alimentaires. Recueil des actes administratifs de la Hte-Loire, 18592, Recueil des travaux de la Société libre d’Agricul- ture du département de l'Eure, t. VIIT, 1848—49. Recueil encyclopédique d'agriculture, brochure par MM. Boilet et Loudet. Recueil des actes de l’Académie de Bordeaux, 1851 et 1852. Revue des Beaux-Arts, ou Tribune des Artistes, 1851 et 1852. Revue archéologique, ou Recueil de documents re- latifs à l'étude des monuments, 8° et 9° années. Séance publique de la Société d'Agriculture de la Marne, 1851. Société d'Agriculture, des sciences et arts de Bou- logne-sur-Mer, 1851 et 1852. Soc. imp. d'Hortieul., bulletin des séances, 1852. 590 OUVRAGES REÇUS EN 1852. Société impériale de Médecine de Marseille, séance publique de 1851. Société de la Morale chrétienne, 1851 et 1852. Société impériale et centrale d'Agriculture, bulletin des séances, t. VIII. Société d'Archéologie de Béziers, 1852. Société des Antiquaires de la Morinie, 1852. The quarterly journal of the geological society of London. — Collection des livraisons publiées par cette société de 1845 à 1851. Travaux de l’Académie de Reims, 1851 et 1852. TABLE. RÉSUMÉUDESS SÉANCES 7, Dés mie nan tee b DANCE AE PER Ur MAP NR n AR 5 LM EX EN AT EI TE) HAN PAR ER LS ANR IE RS 23 DEMATS ON ee MO Se eee te, Sonde LA Ate 58 D AND pe RTS M: QUE sono 55 MECS MEN Es PNR ARR OR ET 6S LE LIT AE DIE D AT SE MDN ES 79 DÉJEUNER SE PAURNS. 2 AU RU NA 105 15 Juillet [séance extraordinaire}..,...... 1925 G'ROUT. 2eme UREORTRn Ta Le 156 24 "Août |séance publique |. 2. ....1.1. 154 D. NOVEMORE, ST NE PMR NN 172 DL DÉCENDRERRRENC PrRr SUN EN TRS 195 Rapport sur le Chemin de fer grand-central [section de Lempdes à Saint-Etienne par le Puy], par M. Aymard, secrétaire de la Société. 239 599 TABLE. Rapport sur un Drainage, par M. de Brive, Président den) SOCIELE RAM OMR Der 281 Rapport sur la question chevaline dans la Haute- Loire, par M. Ch. Calemard de La Fayette.. 291 Galerie pour l'industrie de la dentelle fondée au Musée du Puy par M. Th. Falcon, memb. cor. 551 Esquisse historique sur la ville de Craponne, par M. l'abbé Maitrias, membre non résidant.... 369 Tableau des Observations météorologiques faites par M. Azéma , membre résidant, et des Obser- vations udométriques par M. Guyot, ingenieur en chef des Ponts-et-Chaussées............ 51 Mercuriales de la Haute-Loire , par M. Allemand, employé à la Préfecture rt" "AMMAEC A ERNSS RS 077 Ouvrages reçus par la Société en 1852....... ,. D8D PRIX DÉCERNÉS AU CONCOURS DE BESTIAUX, LES 29 ET 30 SEPTEMBRE 1853, Le jeudi 29 et vendredi 30 septembre, les concours des différentes races d'animaux domestiques ont eu lieu, au Puy, sur la place du Breuil. Cette solennité avait appelé dans notre ville un public très-nombreux venu de tous les points du département , et l’affluence des animaux présentés était encore plus considérable qu'aux années précédentes. Le jury d'examen se composait de MM. le Président, le Secrétaire, et de beaucoup de membres résidants et correspondants de la Société d'Agriculture. On comp- tait parmi eux M. le Directeur de la ferme-école de Nolhac et M. le Médecin-vétérinaire de l'arrondissement. M. le Directeur du dépôt d’étalons d’Aurillae s'était empressé également de se rendre à l'invitation de la Société. Les longues opérations du jury, auxquelles il a pris une part aussi active qu'éclairée, lui ont permis d'apprécier les besoins du pays en ce qui concerne principalement l'amélioration de la race chevaline, etil a bien voulu promettre à la commission son vigilant concours pour tout ce qui peut intéresser cette branche importante d'industrie rurale. Les professeurs et les élèves de la ferme-école, ré- és \ pondant à la bienveillante sollicitude de la Société pour cet établissement, ont prêté aussi leur concours à la commission. Les connaissances dont ils ont fait preuve dans l'examen des bestiaux , leur attention soutenue pro- mettent à la Société d’utiles auxiliaires pour la réalisation du progrès agricole dans notre pays. M. de Chevremont, préfet de la Haute-Loire, qu'une indisposition avait empêché de participer aux opé- rations du jury, a bien voulu, malgré les souffrances qu'il éprouvait, décerner lui-même les récompenses, et manifester ainsi ses vives sympathies en faveur des classes agricoles. C’est de la main de ce magistrat distingué, en présence de tous les membres de la commission et d'une nom- _breuse asssistance , et du haut du perron de la préfecture, que les lauréats ont reçu les primés d'argent auxquelles, par une heureuse innovation, on a Joint une distribution de rubans et de diplômes. Une somme de deux mille cent cinquante et un francs a été répartie en primes ou médailles de la manière suivante : RACE CHEVALINE : mille quatre-vingt-dix francs, dont cinq cent trente aux juments pensionnées, quatre cent quarante aux pouliches primées et cent vingt aux pou- lains ; RACE BOVINE : neuf cent trente francs, dont trois cent quatre-vingt-dix aux taureaux, trois cent soixante-cinq aux vaches laitières et cent cinquante aux génisses. Une somme de vingt-cinq franes a été accordée pour attelages d'une seule vache au moyen de harnais. RACES OVINE ET PORCINE : cent trente-un francs. Hay us Face chevaline. POULINIÈRES PENSIONNÉES. Premiers prix. M. de Vaux {Marcellin}, propriétaire à Vaux, commune de St-Julien-du-Pinet, pour une jument alezan , âgée de sept ans, Ssuitée d'un poulain provenant d’un étalon du gouvernement. f. 80 M. Exbrayat (Pierre), propriétaire au Puy, pour une jument poil blanc, suitée d'un produit de l’étalon Zeïd-Méhémet, 80 Deuxièmes prix. M. Trintinhac (Louis), propriétaire à Cayres, pour une jument percheronne poil gris truité, suitée d'un produit de l’étalon Terne, 60 M. Gouy, juge de paix et propriétaire au Puy, pour une Jument espèce de selle, poil bai-clair, saillie de l’étalon Zeste, 60 Troisièmes prix. M. Chaurand (Auguste), propriétaire à Tallobre, pour une jument espèce de selle, poil bai-clair, 50 M. Dumans (Marie), propriétaire à Tence, pour une jument espèce de selle, poil baï-clair, suitée d’un produit de l’étalon Lerdam , 50 Quatrièmes prix. M. Gervais (Jean-François-Régis), propriétaire à cages Lantriac, pour une jument espèce de selle, poil bai-foncé, suitée d’un produit de Magarzan, M. Dumolin du Fraisse, propriétaire à St-Jeure, pour une jument espèce de selle, poil bai-foncé, saillie de l’étalon Yusuf, M. Boyer (Augustin), propriétaire à St-Privat, pour une jument espèce de selle, poil bai-clair, saillie de l’étalon Uzes, A ccessits. M. Michel (Etienne), propriétaire à Vergonges, commune de St-Jean-de-Nay, pour une jument espèce de selle, poil alezan, suitée d’un produit de l’étalon Terne, M. Bongiraud (Baptiste), propriétaire à Billac, commune de Polignac, pour une jument espèce de trait, poil gris, saillie de l’étalon Zonzac, M. Dulac-Schwab, propriétaire au Puy, pour une jument espèce de trait, poil gris, suitée d’un produit de Zeste, POULICHES PRIMÉES. Prix hors ligne. M. Lobeyrac (Edouard), du Puy, pouliche espèce de selle, poil noir rouennais, âgée de seize mois, produit de l’étalon Regulus , Premiers prix. M. Exbrayat (Pierre), du Puy, pouliche poil gris rouennais, âgée de seize mois, produit de Zeiïd-Méhémet , 30 30 29 20 80 Me M. de Goys, maire de Coubon, pouliche race nor- mande, poil alezan, âgée de vingt-huit mois, 60 M. Sénac (Pierre-Joseph), de Saint-Haon, pou- liche espèce de selle, poil gris étourneau, âgée de seize mois, produit de Djurjura, 60 Deuxièmes prix. M. Bernard (Michell, de St-Germain-Laprade, pouliche race demi-sang anglais, poil bai-rubican, âgée de seize mois, produit de l’étalon T'erne, 50 M. Dulac-Schwab, du Puy, pouliche race demi- sang anglais rouennais, âgée de trente mois, produit de T'erne, 50 Troisièmes prix. liche race demi-sang anglais, poil bai, âgée de dix- sept mois, produit de Terne, 40 M. Bertrand (Jean-Baptiste), de St-Pierre-Salettee, pouliche race demi-sang anglais, poil bai rouennais, M. Saugues (Sauveur), de St-Jean-de-Nay, pou- âgée de seize mois, produit de Guide, 40 POULAINS PRIMÉS. . Premier prix. M. Marcon (Augustin), de Brioude, un poulain arabe noir-rubican, âgé de trente mois, produit d’Aleppa, 40 Deuxièmes prix. M. Olivier (Jean-Gabriel-Isidore), docteur-méde- nn ein au Chassagnon , commune de Mazeyrat-Chrispi- nhae, poulain noir-bai, âgé de quatre ans, produit d'Ysabey, M. Robert, de Loudes, poulain demi-sang arabe gris sale, âgé de trente mois, produit de Magarzan, Troisième prix. M. Boyer (Pierre), maire de Saint-Jean-de-Nay, poulain demi-sang arabe bai, âgé de quinze mois, produit de Magarzan, Race bovine. TAUREAUX. Prix hors ligne. M. Olivier (Jean-Gabriel-Isidore), docteur-méde- cin et propriétaire au Chassagnon, commune de Mazeyrat-Chrispinhac, taureau poil blaireau, race d'Aubrac, âgé de deux ans, médaille d’or de Premiers prix. M. Descours, maire de la commune des Estables, domicilié à Tombarel, taureau poil rouge-froment, âgé de dix-huit mois, race du Mezenc, M. Chanial (Gilles), propriétaire à Nirandes, commune de Cayres, taureau poil froment, âgé de trente mois, race du Mezenc, M. Rolland (Jean-Pierre), de Marminiac, com- mune de Polignac , taureau poil gris, âgé de deux ans , race du Mezenc, 30 30 80 40 40 7 Deuxièmes prix. M. Poinsac (Pierre), de Coubon, taureau poil gris-blanc, âgé de vingt-trois mois, race du Mezene, M. Gimbert (Jean-Pierre), de Vals, près le Puy, taureau poil rouge-froment, âgé de treize mois, race du Mezenc, M. Roux {André), de Trintinhac, commune de Cayres, taureau poil froment, âgé de deux ans, race du Mezenc, Troisièmes prix. M. Espenel (Antoine), fermier à la Bernarde, commune d'Espaly-Saint-Marcel, taureau poil rouge- froment, âgé de dix-huit mois, race du Mezence, M. Miramand (Benoit), adjoint à la mairie de Vals, près le Puy, taureau poil noir, âgé de treize mois, race du Mezene, M. Gibert (Pierre), de Saint-Front, taureau poil rouge-froment, âgé de dix-sept mois, race du Mezence, M. Chalendard (Barthélemy), fermier à Lasteyre, commune de Présailles, taureau poil froment, agé de dix-huit mois, race du Mezence, M. Brenas (Baptiste), fermier à Bains, taureau poil gris, âgé de quinze mois, race du Mezene, VACHES LAITIÈRES. Premiers prix. “ M. Pagnac (François), propriétaire à Vals, près le Puy, vache race du Mezene, poil blanchâtre, âgée de septans, 30 20 20 SOS M. Jacquet (Antoine), propriétaire au Puy, vache race du Mezenc, poil froment, âgée de neuf ans, M. Garnier (Pierre), de Bouzols, commune de Coubon, vache race du Mezenc, poil froment, âgée oi de sept ans, Deuxièmes prix. M. Clappier, propriétaire au Puy, vache race du Mezenc, poil froment, âgée de quatre ans, M. Bruyeron (André), propriétaire au Puy, vache race du Mezenc, poil blanc cendré, âgée de onze ans, M. Chouvy (Henri), propriétaire à Bains, vache race du Mezene, poil rouge, âgée de trente mois, Troisièmes prix. M. Bertrand (Louis), propriétaire au Puy, vache race du Mezene, poil froment, âgée de trois ans, M. Bouthier (Pierre), propriétaire à Vals, près le Puy, vache race du Mezenc, poil froment, âgée de SiX ans, M. Vacher (François), propriétaire à Vals, près Le Puy, vache race du Mezenc, poil froment, âgée de six ans, M. Bernard (Pierre), dit Estève, propriétaire à Vals, près Le Puy, vache race du Mezene, poil froment , âgée de six ans, M. Bernard (Félix), propriétaire à Vals, près Le Puy, vache race du Mezenc, poil froment, âgée de. sept ans, M. Teyssier (Jean-Pierre), propriétaife au Puy, sache race du Mezene, poil froment, âgée de huit ans, 30 30 25 2 pp Quatrièmes prix. M. Gisclon, curé à Cayres, vache race du Mezenc, poil froment, âgée de trente mois, M. Lashermes (Sylvain), des Extreys, commune de Polignac, vache race du Mezenc, poil froment , âgée de huit ans, M. Gimbert (Jean-Pierre), propriétaire à Vals, près Le Puy, vache race du Mezene, poil froment, ägée de huit ans, M. Visconte (Jacques), propriétaire à Espaly, vache race du Mezenc, poil froment, âgée de onze ans, M. Blanc (Jean), de Vals, près le Puy, vache race du Mezenc , poil froment, âgée de neuf ans, M. Bernard (Vital), propriétaire à Vals, vache race du Mezenc, poil froment, âgée de huit ans, M. Bernard (Auguste), propriétaire à Vals, vache race du Mezenc, poil froment, âgée de huit ans, Mademoiselle Ruat (Ursule), de Séneujols, vache race du Mezene, poil froment-elair, âgée de sept ans, GÉNISSES. & s : Premiers prix. M. Cortial (Etienne), de Billae, commune de Po- lignac, génisse race du Mezenc, poil tacheté, âgée de dix-huit mois, M. Sanial (André), de la Maloutevre, commune d'Espaly, génisse race du Mezene, poil blane, âgée de deux ans, née et élevée chez lui, 10 10 10 10 10 10 10 10 15 15 PAQUE M. Jacquet (Antoine-Jean) , du Puy , génisse race duMezene, poil froment, âgée de treize mois , née et élevée chez lui, 15 M. Bouteyre (Jean-Antoine), de Communac, com- mune de Polignac, génisse race du Mezenc, poil fro- ment, âgée de deux ans, 15 M. Bonnefoux (François), de St-Geneix, génisse race Suisse, poil tacheté, âgée de deux ans, née et élevée chez lui, 15 M. Fabre (Jean-Baptiste), supérieur de l Orpheli- nat, à Roche-Arnaud, près le Puy, génisse race du Mezene, poil froment, âgée de deux ans, 15 Deuxièmes prix. M. Teyssonneyre (Pierre), de Montagnac, commune de St-Germain-Laprade, génisse race du Mezenc, poil blanc, âgée de treize mois, 10 M. Bongiraud (Pierre), propriétaire aux Extreys, commune de Polignae, race du Mezene, poil froment, âgée de quatorze mois , 10 M. Rocher (André), propriétaire à Farreyroles, commune de Sanssac-l'Eglise , génisse race du Mezenc , poil froment, âgée de treize mois, 10 M. Boyer (Vosy), propriétaire à Senilhac, com- mune de Ceyssac, génisse race du Mezenc, poil froment, âgée de quatorze mois, 10 M. Patronnier (Jacques), de Limandre, commune de Vazeilles-Limandre, lot de trois génisses, poil rouge-froment, race du Mezene, de dix-huit et de quinze mois, 10 M. Lyotard (Simon), de St-Germain-Laprade, LAME à , génisse race du Mezenc, poil froment, âgée de treize mois, ATTELAGES D'UNE SEULE VACHE AU MOYEN DE HARNAIS. Premier prix. M. Chabanne (François) ; du Puy, Deuxième prix. M. Donjon (Pierre), du Puy, Race ovine. Premiers prix. M. Garnaud (André), de Cayres, bélier de dix-huit mois, race du Rouergue, né et élevé chez lui, M. Aulanier (Pierre), de St-Christophe-sur-Dolai- son, bélier race du Rouergue, âgé de six mois, M. Roux (Pierre), de Cayres, bélier race du Rouergue, âgé de seize mois, M. Comte (Félix), de St-Privat-d’Allier, bélier race de Chillac, âgé de quatorze mois, Deuxièmes prix. M. Leyre (Pierre), de Ronzet, commune de Séneu- jols, bélier race du Rouergue, M. Gory (André), du Brignon, idem, M. Garnier (Régis), de Cayres, idem, M. Chacornac (J-Pierre), d'Espaly, idem, 10 10 10 10 10 10 AO NE Troisièmes prix. M. Roland (Jean), du Puy, idem, Mile Ruat {Ursule), de Séneujols, idem, M. Comte (Félix), de S-Privat-d’Allier, id., M. Barthélemy (Franç.), de Cayres, idem, face porcine. Premier prix. M. Eustache (Pierre), boulanger au Puy, une truie et ses deux portées, race de Ham croisée , Deuxièmes prix. M. Gory (Jean-Henri), d'Espaly, une truie et sa portée race de St-Agrève, M. Lafont (Pierre), du Puy, un verrat race du PA? ERRATA, Page 116, ligne 12, supprimez ef — 441, — 22, lisez: améliorer nofre race indigène. — 229, — 7, lisez : toujours. — 251}, — 20, lisez : a péché aussi sur ce point. — 255, — A5, lisez: son concours. 248, — 24, lisez : de la France! 285, dernicre ligne, lisez : profondeur. 295 — lisez : compétents. 504, ligne 5, lisez : püt en faire des réalités. 314, — 25, lisez : réaliserait pas. 351, lisez en-tête la page : INDUSTRIE. 598, ligne 146, lisez : de Sasselange. 410, note, lisez : fransaclion passce. 426, ligne A7, lisez : foute cause de rébellion ayant cessé. 520 , ligne 5 de la note, lisez : de Sasselunge. 5053, lignes 10 et 1, lisez : le régiment d'Auvergne. 505, ligne 12, lisez : qu'il n'en eut. PP IIeIE ele 4 JUN. 98 ASH MUSR Cy Op RS oO [er] 10 19 pat D fs Fe Hire “ Pete Be CRAN, Are 6 ni) en on, +1 à nr Era Le ut Lun : / ASF L 14 fer” A ad 2 ed 4 4 nomma “we gen) HTC ‘ cl - à LA Die PA à AT EN Li : + | » Ce) , Y nr : L Un tv. [h 44 PR y = Des 2,