ns x er. RSS = 2 an d SR ne ET SR REERSS REP TRS SR Re RE BR ÉD RE RTS TE SE nee RS TU Rs Lg : es an TR “ANNALES DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE SUTENLES, ARTS & COMMERCE DU PUY. TOME XIX. — 1854. LE PUY, MARCHESSOU ;, IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ, rue Grangevieille. MDCCCLV. : F18 E { ! ie MP DRE DIRES é D AORLE wat HE | La ru : A4 Ë “AA 3 dr: Fe À V6, FORCES ETS RENE FR ET ANNALES DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU PUY. pli A ANNALES DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE SUIENLES, ARTS & COMMERCE TOME XIX. — 1854. LE PUY, MARCHESSOU , IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ, rue Grangevieille. MDCCCLY. D: ALERUPÉ 12 * HOT pi va a d + * " 0 ÙEr = ,11L AMOTA We "#1 LR il f ee L e # œUR are CUITE NL RON ET GS Hammentrnt | . [M , ae ET JA LES Fan à DA SUR DR TE TT du j ni 18 L DEN LA TNT Le, SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU PUY. RÉSUMÉ DES SÉANCES, Pan M. AYMARD, SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTE. 1854. SÉAUCE DU 5 JANVIER. SOLS Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus. — Article dans le ‘Bulletin monumental” sur l'exposition des modeles de la statue colossale de la Sainte Vierge du Puy; communication de M. le Président sur ce concours. — ‘Almanach historique de la Haute-Loire? ; envoi de ce livre à la bibliothèque des bons livres. — Nomination de M. Pradier comme architecte du Musée des dentelles; communication de M. Aymard au nom de M. Falcon. — Envoi des coquilles de la Corse ; lettre de M. Aman Vigié. — Ajournement de la session du Conseil général d'agriculture ; lettre de M. le Ministre. — Plâtrage des trefles considéré au point de vue 6 RÉSUMÉ DES SÉANCES. de la météorisation des bestiaux ; article publié par la Société centrale d'agriculture ; observations de MM. Charles C. de La- fayette , Chouvon, Regimbeau , de Brive et Dumontat. — Périp- neumonie des bétes bovines; article inséré au ‘Bulletin agricole du Puy-de-Dôme” ; observations de M. Martel. — Préservatif nou- veau pour la maladie des pommes de terre ; communication de M. Dumontat ; observations de MM. Ch. C. de Lafayette, du Villars et de Brive; rapport de M. Dumontat sur la méthode de M. Leroy-Mabile. — Battage mécanique des grains ; essai fait à la ferme-école ; communication de M. Chouvon. — Maladie de la vigne; cireulaires et questions adressées par M. le Ministre de Pagriculture; réponses faites par la Société; — procédé pour préserver la vigne de la même maladie; communication de M. Du- montat. — Corbeilles en bois rustique ou jardinières garnies de fleurs, présentées par M. Bugette jeune. — Projet de jardin public sur les terrains communaux du Breuil ; communication de M. de Brive ; observations de MM Aymard, Ch. C. de Lafayette, Borie, de Vinols et C. de Lafayette père; vœu favorable de la Société. — Chemin de fer de la Haute-Loire ; démarches faites à St-Etienne par deux membres de la commission ; vœux émis par les chambres de commerce de Saint-Etienne et de Saint-Chamond. — Observa- tions sur la direction des vents dans l'ile de Corse; communication de M. Aman Vigié. — Admission de M. Collen-Castaigne , de Bolbec , sur la liste des membres non résidants. Présidence de M. de Brive. A trois heures, la séance est ouverte. Ouvraces reçus. — Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la précédente séance, M. le Président énumère les publications qu'il a reçues et parmi lesquelles se trouvent plusieurs mémoires JANVIER. 7 qui intéressent les travaux de Ja Société. Il nomme des commissions pour les examiner. Le ‘Bulletin monumental”, publié par M. de Caumont, a donné un article sur l'exposition des modéles qui a eu lieu au Puy, au mois d’octo- bre dernier, pour la statue colossale de Notre- Dame du Puy. L'auteur signale les brillants ré- sultats de ce concours. À cette occasion, M. le Président entretient l'Assemblée de l'exposition des œuvres d’art qui avaient été envoyées au concours. Îl annonce qu’un rapport sera publié prochainement par le secrétaire du jury, et qu'il y aura lieu alors de consigner au procès-verbal les données officielles qui auront été fournies par la commission. Pueuicarions DE LA Société. — Sur la demande de MM. les Administrateurs de la bibliothèque des bons livres du Puy, il est arrêté que cet utile établissement sera compris au nombre de ceux qui reçoivent ‘l’Almanach historique du dépar tement”. Musée. — M. Aymard annonce que M. Théodore Falcon , après avoir fait construire à ses frais la voûte et les cordons en pierre de taille d’un nouveau corps de bâtiment qui sera annexé à celui du Musée, à prié un architecte distingué 8 RÉSUMÉ DES SÉANCES. de notre ville, M. Félix Pradier , de dresser les plans et devis de la galerie des dentelles. Il l'a généreusement invité à ne rien négliger, sous le rapport de la dépense, pour que cette salle réponde , par l’élégante proportion des formes et par la parfaite solidité de la construction , à l'importance de cet établissement. M. Pradier a bien voulu accepter cette mission et a consenti spontanément à une forte réduction sur ses honoraires, en raison des circonstances exceptionnelles qui amèneront la construction de cette galerie. L'Assemblée accueille cette communication avec un vif intérêt. M. Aman Vigié, capitaine au 10° léger et mem- bre non résidant, écrit de Bastia (Corse), pour offrir à la Société une collection des coquilles ter- restres , fluviatiles et marines de lile de Corse. Cette proposition est agréée avec remerciements. AGricuTurE. — M. le Président communique une lettre par laquelle M. le Ministre annonce que la session du Conseil général d'agriculture est ajournée. À l’occasion de la réception du dernier bulle- tin de la Société impériale et centrale d’agrieul- ture , qui contient un article sur le plâtrage des trèfles , considéré au point de vue de la météo- JANVIER. 9 risation des bestiaux, M. le Président appelle l'examen de l’Assemblée sur cette question. Il fait observer , d’après l’opinion exprimée par M. Payen, que la quantité du plâtre employé étant très-minime, ne peut déterminer une in- fluence nuisible. M. Charles C. de Lafayette a observé que Ja météorisation se manifeste parfois dans des cir- constances étrangères à l'emploi du plâtre ; elle a lieu souvent lorsqu'une température élevée suit immédiatement le lever du soleil. L'usage des raves, pour l'alimentation des bestiaux produit la météorisation , et cependant on ne les plâtre pas ; on remarque aussi que, parmi les animaux qui ont été soumis à la même nourriture, il en est qui sont sujets à la météorisation et d’autres qui en sont exempts. Il pense donc que l’état particulier de la température et une certaine pré- disposition de Panimal jouent le principal rôle dans les causes qui peuvent produire la météo- risation. M. Chouvon exprime la mème opinion ; il rap- pelle qu’en 1852 les vaches du village de Nolhac étaient fréquemment atteintes; or, le plàtrage n’était pas alors usité dans eette localité. M. Regimbeau est porté à croire que le plâtre, en s’assimilant par absorption à la plante et en en devenant une des parties constituantes , peut 10 RÉSUMÉ DES SÉANCES. exercer quelque influence et déterminer , jusqu’à un certain point, la météorisation. M. Charles C. de Lafayette répond que la ma- ladie se déclare généralement après que l’animal, excité par un appétit désordonné, a dévoré avi- dement une trop grande quantité de fourrages frais. Dans ce cas, on ne peut attribuer ces sortes d'accidents qu’à une véritable indigestion. : M. de Brive est du même avis; les animaux mis au pâturage et attachés au piquet ne sont jamais atteints, par la raison qu’ils ne prennent alors qu’une nourriture modérée. Le plâtre, d’ail- leurs, n’exerce pas par lui-même des effets fà- cheux , d’après les renseignements qui ont été donnés à M. de Brive dans un atelier de prépa- ration de cette matière. Il tient de M. Vesseyre, l'un de nos fabricants, que le cheval employé à la meule n’a jamais été malade. On lui donne cependant, chaque jour, du foin qui est emma- gasiné dans l'atelier et abondamment saturé de la poussière de plâtre que produit sans cesse le piétinement. Du reste, M. de Brive plâtre toutes ses cul- tures fourragères et, chez lui, la météorisation est extrêmement rare, parce quil recommande à ses domestiques de donner le fourrage aux bes- tiaux par petites rations, La seule influence que produit cette matière est indirecte : le plâtre dé- veloppe beaucoup la végétation de la plante qu’elle JANVIER. 11 rend ainsi plus aqueuse et plus appétissante ; par- ticularités qui doivent exciter la voracité chez les bestiaux et produire de plus fréquentes indiges- tions. Sous ce rapport, les fumures abondantes amèneraient sans doute les mêmes résultats que le plätrage. M. Dumontat conseille l'emploi de la paille mé- langée avec les fourrages frais, au moins pour les premières rations qu’on donne aux animaux. M. le Président communique ensuite un article sur la péripneumonie des bêtes bovines inséré dans le ‘Bulletin agricole du Puy-de-Dôme’, Il «ite, d’après ce travail, des expériences très-concluantes qui auraient été faites par M. Aymard, médecin vétérinaire à Maringues, pour prévenir cette ma- ladie, au moyen de l’inoculation, Il rappelle di- verses communications sur ec sujet que M. Olivier, docteur médecin et membre correspondant à Pau- lhaguet, a adressées à la Société (notamment à Ja séance du 1% avril 1855), Il ajoute que la ma- ladie exerce de grands ravages dans les communes de Saint-Front, de Sanssac , Bains, ete. , et qu’il pourrait être utile de propager l'emploi de ce pro- cédé, si son eflicacité était parfaitement constatée, M. Martel fait observer qu’il faudrait apporter plus de soins aux essais d’inoculation et à la constatation des effets de ce préservatif; qu'il serait surtout à propos que des expériences fussent poursuivies 12 RÉSUMÉ DES SÉANCES. dans les écoles vétérinaires, et il appelle l’exa- men le plus sérieux, non- seulement des vétéri- naires, mais encore des médecins sur cette impor- tante question dont la solution intéresse au plus haut point la fortune publique. Enfin , il demande que la Société sollicite l'attention de l'autorité supérieure sur cet objet, afin qu’une commission spéciale puisse être nommée très-prochainement. L'Assemblée adhère à cette proposition et prie M. le Président d’en écrire à M. le Préfet. M. le Président signale un préservatif nouveau pour la maladie des pommes de terre. Il a été con- signé dans un article du ‘Bulletin agricole du Puy- de-Dôme”’. Il consiste dans un simple lavage des tubercules après la récolte; cette opération a pour objet de faire disparaître les efflorescences délétères qui existent dans les cavités de la pomme de terre. L'auteur recommande aussi les lavages à l’eau de chaux comme plus énergiques; dans son opinion, les germes cryptogamiques sont complètement dé- truits et ne peuvent plus se communiquer à la tige et delà aux fanes. MM. Ch. C. de Lafayette , du Villars et Dumon- tat annoncent qu'ils ont essayé, dans le même but, l’eau de suie ; M. de Brive a employé l’eau de les- sive. Ces expériences ont toutes été infructueuses. M. Dumontat insiste sur le procédé qu’il a souvent recommandé à la Société et qui lui a constamment JANVIER. 145 réussi : la plantation des pommes de terre en au- tomne. Ce membre lit ensuite un rapport qui confirme les dernières observations émises par M. Leroy-Mabile , au sujet de la régénération de la pomme de terre. Il déclare approuver complètement sa méthode, bien qu’elle ait été critiquée par M. Payen, secré- taire-général de la Société impériale et centrale d'agriculture. S'il n’est pas toujours possible, dans de grandes exploitations , de semer toutes les pommes de terre vers le mois de décembre et par tubereules entiers, au moins doit - on n’em- ployer dans les ensemencements annuels que des tubereules régénérés par la plantation automnale. La crainte de la gelée ne doit pas arrêter Îles agriculteurs ; une plantation de 50 centimètres de profondeur suflit pour préserver les pommes de terre, comme M. Dumontat l’a observé par une pratique de plusieurs années aux environs du Puy. Sur l'invitation de M. le Président, M. Chouvon donne des explications relatives à un essai de bat- tage mécanique des grains qu’il a fait à la ferme- école, au moyen de la machine de M. Lotz ainé acquise par la Société. Les résultats ont été très- satisfaisants et M. Chouvon veut bien promettre de rédiger à ce sujet une notice qui sera publiée dans ‘l'Almanach de la Haute-Loire”. Vinicuzrure. — M. le Président lit une circulaire 14 RÉSUMÉ DES SÉANCES, de M. le Ministre de l’agriculture et du commerce et une lettre par laquelle M. le Préfet prie la Société de répondre aux questions qui y sont énoncées sur les phases successives de la maladie de la vigne en 1855. Les renseignements qui sont fournis par divers mémbres, notamment par MM. de Brive, Lobeyrac, Dumontat et Joyeux , sont les suivants : 1° La maladie de la vigne a paru cette année à la inême époque qu’en 1852, c’est-à-dire dans le cou- rant de juin; 2° Mèmes symptômes, mêmes caractères qu’en 1852 ; 3° Les circonstances météorologiques n’ont point parü influer sur le développement du mal; 4° Le raisin à paru éprouver le premier les symp- tômes de la maladie ; 5” Les cépages qui ont été atteint le plus grave- ent Sont ceux de muscats, dont la maturité du fruit est ordinairement le plüs retardée. Pendant les années antérieures , les cépages en espaliers avaient souffert davantage que ceux des vignes à basse tige. Dans le cours de cette année, le mal paraît avoir envahi les uns et les autres ; 7° On n’a pas remarqué que les vignes très- basses ou que les parties basses des vignes pla- cées dans le voisinage du sol aient été plus épar- gnées que d’autres ; 8° Il y a eu des ceps qui, atteints de la ma- ladie en 1852, sont restés sains en 1853. On n’a JANVIER. 15 pas remarqué de différence dans la vigueur de la végétation des ceps frappés en 1852 ; 9° La maladie n’a pas fait périr dé vignes ; 10° On à essayé, pour combattre lé mal, des injections d’eau salée, d’eau sulfurée, d’eau de chaux et d’eau de lessive. Ces moyens, en géné- ral, n’ont pointété efficaces, ou lorsqu'ils l’ont été, on à dû croire qu’ils n'avaient agi que mécanique- ment ; 11° Par suite de circonstances étrangères à la ma- ladie, le produit des vignes parait devoir être réduit dans le départément à la moitié de celui d’une année moyenne. Avec le concours de la maladie, ce produit a été effectivement réduit, dans les en- virons du Puy, au cinquième de celui d’une année ordinaire. En 1852 , les pertes occasionnées par la maladie avaient été inférieures de moitié environ à ce qu’elles ont été en 1855. Toutes les régions viticoles ont été également affectées. M. Dumontat signale un moyen de préserver la vigne de la maladie qui, depuis plusieurs années, préoceupe si vivement l’attention publique et celle du Gouvernement. Cette méthode est consignée dans l’un des mémoires reeus par la Société et dont il a été chargé de rendre compte. Bien qu’elle paraisse fort simple , elle serait cependant difficile à appli- quer sur une grande échelle. I] s’agit de faire dis- 16 RÉSUMÉ DES SÉANCES. soudre trois parties de chaux vive et une partie de sel dans une quantité d’urine fraiche suffisante pour former une bouillie très-claire ; à l’aide d’un gros pinceau , on étend ce liquide sur chaque cep, en ayant soin d’enduire les plaies produites par la serpette. On en fait de même pour les bourgeons de Ja vigne , lorsqu'ils commencent à gonfler et à se revêtir d’un duvet bleuâtre. L'auteur de l'article prétend avoir expérimenté ce procédé avec succès sur les treilles de son jardin. Horricuzrure. — M. le Président présente deux corbeilles en ceps de vigne, ou jardinières, très- habilement montées et garnies de fleurs rares par M. Bugette jeune , jardinier fleuriste au Puy. L'Assemblée donne des éloges à cet ouvrage qui se recommande par la perfection du travail et l’élé- gance des formes. Proser pe sARDIN PUBLIC. — M. de Brive appelle l'attention de la Société sur le projet de création d’un jardin public autour des bâtiments du nou- veau Musée. IT rappelle les démarches qui avaient été faites, en 1851, auprès de l'administration mu- nicipale pour la réalisation de cette pensée, l’une de celles qui, depuis longtemps, sont impatiemment désirées et par la Société et par la généralité de la population. M. le Président ajoute qu’en 1851 l’état des fi- JANVIER. 11 nances de la ville ne lui avait pas permis d'accomplir ce projet et qu’il fut décidé seulement que des mou- vements de terrains et des plantations seraient exé- cutés pour dissimuler l’aspect peu agréable des murs de clôture de la préfecture. Les circonstances sont aujourd’hui plus favorables à cette entreprise : un décret du 22 novembre der- nier ouvre un crédit de 4 millions pour être ré- parti entre les communes qui créeront des ateliers de travail en vue de fournir de l’occupation aux classes ouvrières. Le vif intérêt que M. le Préfet veut bien apporter à l'exécution de ce projet, luti- lité incontestable qu’il y aurait à organiser un vaste chantier pour les ouvriers aux abords de la ville du Puy, tout fait espérer que le Gouvernement viendrait en aide à la bonne volonté de la mairie par un secours proporlionné aux ressources qu’elle con- sacrerait à cet objet. Il était urgent de s’occuper de cette intéressante question. M. le Président s’est déjà empressé de réunir la commission du jardin qui, à l’unanimité, a émis un avis favorable. Ce vœu a été transmis à M. le Préfet par la let- tre suivante de M. le Président : « Le Puy, le 6 décembre 4853. » Monsieur LE PRÉFET, » La Société d'agriculture du Puy a exprimé de- TOME XIX: 2 » RÉSUMÉ DES SÉANCES. puis longtemps et réitéré plusieurs fois le: vœu qu’un jardin d'agrément et d’expérimentation füt créé dans les terrains communaux qui avoisinent les bâtiments du nouveau Musée. Cette proposition fut formulée notamment à la séance de juillet 1851 et adoptée à la séance suivante, sur un rapport remarquable de M. Ch. G. de Lafayette qui se trouve dans les ‘Annales de la Société”, tome xvi, page 254. Le conseil municipal de la ville, saisi de cette question, ne crut pas de- voir entrer dans la voie indiquée par la: Société et rejeta, par des considérations financières , la demande qui lui était faite. | » Le déeret du 22 novembre dernier qui ouvre un erédit de 4 millions pour ètre réparti entre les communes qui créeront des ateliers de tra- - vail, en vue de donner de l'occupation aux classes ouvrières et indigentes , a réveillé les espérances dela Société d'agriculture au sujet de la réalisa- tion d'un projet qui lui parait utile dans les'inté- rèts de l'embellissement de notre ville, de lagri. eulture et de l’horticulture de notre département et de l'étude des sciences diverses qui sont l’objet de ses travaux. L'ancienne commission s’est: dès- lors reconstituée et, à la suite d’une longue dé- libération, elle m'a chargé de vous soumettre ses projets et de vous prier, Monsieur le Préfet, de comprendre les travaux nécessaires pour leur exécution dans le nombre de ceux qui, aecessi- JANVIER. 19 bles à un grand nombre de travailleurs, donnent droit à une part sur le crédit ouvert en faveur des communes par la générosité de S. M. l'Empereur. » La Société propose la création immédiate d’un jardin publie, sur les terrains communaux de Ja ville du Puy compris dans les limites ci-jointes : au nord, la place du Breuil et les bâtiments et jardin de la préfecture ; à l’ouest, le chemin vi- cinal de Vals; au sud, le chemin qui sépare le clos Dugonne des bâtiments du Musée, et en- fin, à l’est, une ligne parallèle à la promenade du Fer-à-cheval qui, continuant celle de la fa- cade principale du tribunal civil irait aboutir au mur de clôture du jardin de M. Souchon, à quelques mètres au-dessus de ses dernières mai- sons , el suivrait provisoirement , par un retour d’équerre, ce clos jusqu'à la limite sud. Tout cet espace serait enceint d’une clôture qui permet- Wait d'ouvrir où de fermer à volonté au public, suivant les besoins , le jardin dont l'administra- tion serait livrée à la Société d'agriculture. Cette clôture serait formée d’un mur à pierres sèches dites smilées , provenant de la brèche de Denise : et aurait une élévation totale de deux mètres , dont une moitié seulement serait en saillie sur le terrain et l’autre se prolongerait dans un fossé inférieur et à talus. Trois portes donneraient entrée à ce vaste quadrilatère. Les deux grilles qui unissent le corps-de-garde et Ja loge du peseur 20 RÉSUMÉ DES SÉANCES. publie à la préfecture seraient placées en face des deux grandes allées et une troisième grille près des bâtiments du Musée. Un jardinier paysa- giste serait invité à venir sans délai tracer le plan des divers jardins qui, dans la pensée de la So- ciété, devraient composer l’ensemble de cet éta- blissement. Le rond-point lui paraitrait destiné à continuer , avec une séparation peu apparente, le jardin paysager de la préfecture, et les espaces compris sur les deux côtés du Musée serviraient à former, l’un un jardin botanique et l’autre un jardin d’arborieulture. » Permettez-moi de vous faire observer, Monsieur le Préfet, que la réalisation des projets conçus par la Société d'agriculture satisfont pleinement au vœu de l'Empereur, en nécessitant des travaux qui, par leur variété et leur nature, pourront oc- cuper un grand nombre d’ouvriers. Les ouvrages consisteront, en effet, en mouvements de terrains, terrassementsets fouille et en construction d’un mur de clôture. La dépense, d’après des caleuls approximatifs, ne devrait pas dépasser douze mille francs, dont la ville aurait à payer une partie sur les fonds libres de son budget ou au moyen d’une imposition extraordinaire. La Société pense que l’administration municipale ne saurait faire un em- ploi plus utile des fonds qu’elle sera obligée de consacrer, cet hiver, pour lentretien d'ateliers communaux. J'ai l'honneur de vous prier, Mon- JANVIER, 21 » sieur le Préfet, de vouloir bien la saisir de notre » demande. » Je suis, avec respect, Monsieur le Préfet, votre » très-humble serviteur , » Le Président de la Société d’agriculture, » sciences, arts et commerce du Puy, » À. Dë BRIVE. » M. le Préfet a bien voulu transmettre la lettre qui précède à M. le Maire, et le conseil municipal, ap- pelé à en délibérer, a pris en considération la de- mande de la Société et a nommé une commission qui sera appelée à formuler son avis dans une des pro- chaines séances du conseil. M. le Secrétaire fait observer que fort peu de per- sonnes contestent aujourd’hui lutilité et la parfaite convenance de celte intéressante création, et chaque jour met de plus en plus en évidence les graves in- convénients qui résultent de l’état actuel des choses : l'irrigation périodique des prairies du Breuil amène autour des bâtiments du Musée un volume d’eau considérable qui entretient une humidité perma- nente et nuisible aux précieuses collections que pos- sède cet établissement. Les abords du Musée, les allées du Fer-à-cheval, dépourvus d’une surveillance régulière, surtout pendant la nuit, sont souvent le théâtre de scènes immorales et, sur plusieurs points, présentent des amas d’immondices, dont les éma- 22 RÉSUMÉ DES SÉANCES. nations n’éloignent pas seulement le public des pro- menades, mais contribuent aussi à l’insalubrité de cette partie de la ville. Un vaste et magnifique jardin qui serait clos pen- dant la nuit, comme le sont tous les établissements de ce genre, n’offrirait aucun de ces inconvénients, et réunirait aux avantages scientifiques et artistiques énumérés dans la lettre de M. le Président, celui de réunir, dans un harmonieux ensemble, le bel hôtel et les jardins de la préfecture, les allées du Fer-à- cheval et le Musée. M. Ch. C. de Lafayette appuie ces observations et insiste sur la nécessité de se préoccuper de l’embel- lissement de la ville. Or, à ce point de vue, un jardin public serait une des créations les plus heureuses qu'on püt désirer. Ce membre demande qu’on veuille bien produire des objections, afin qu’on puisse y ré- pondre, et éclairer, s’il y a lieu, la commission mu- nicipale. | M. Borie répond que Ie conseil municipal s’inté- resse à l’embellissement de la ville; il adresse des éloges au préopinant pour le mémoire qu’il avait adressé, en 1851, à la mairie, au sujet du jardin publie, et déclare que ce travail renfermait des vues d’une incontestable utilité; mais il craint que lini- tiative de la Sociéié, dans ectte question, soit mal accueillie par certains membres du conseil. M. Ch. C. de Lafayette n’admet pas qu’il puisse exister le moindre antagonisme entre Ja Société et le JANVIER, 23 conseil, le moindre sentiment de jalousie. Le conseil municipal a donné des témoignages nombreux et puissants de ses sympathies intelligentes en faveur des institutions progressives dont la Société est, en quelque sorte, le pivot, en faveur du Musée, des écoles industrielles, de la caisse d'épargne, etc., créations qui, toutes, émanent de l'initiative de la Société. Récemment encore, l'autorité municipale, comme tous les corps principaux de Ja ville, s’est associée avee empressement aux démarches actives de la Société en faveur du chemin de fer de Ja Haute- Loire, et c’est dans le sein de la Compagnie que le conseil a choisi la plupart des membres qui ont été chargés de porter aux pieds du trône impérial les vœux de la population. Rien ne peut donc faire sup- poser que cet harmonieux accord puisse être troublé. La question dü jardin public, par les résultats scientifiques qu’elle nous promet, rentre d’ailleurs dans les attributions de la Société. D’autres associa- tions de France ont provoqué avec suecès de sem- blables créations. En ce moment, celle de Nantes sollicite l'établissement de promenades publiques et tout fait croire que sa demande sera accueillie par Pautorité de cette ville. M. Borie dit que la commission municipale a pré- paré son rapport, qu’elle a chargé le surveillant des travaux communaux de faire un devis du projet et que cet employé a porté le chiffre de la dépense à 48,000 francs. 24 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. de Vinols se récrie vivement contre l’exagéra- tion évidente de ce chiffre; il demande que ce tra- vail soit contrôlé par un architecte ou un ingénieur. M. Aymard appuie cette proposition ; il lit un « devis qui a été dressé à ce sujet par l’un des archi- tectes les plus distingués de notre ville et duquel il résulte que le jardin pourrait être exéeuté pour 12 à 45 mille francs au plus. M. C. de Lafayette père pense qu “il faudrait pré- senter au conseil ce dernier devis dont les détails, étudiés avec le plus grand soin, seraient de nature à impressionner très-favorablement lautorité mu- nicipale. Cette proposition est agréée par l’Assemblée, qui approuve unanimement les démarches faites par M. le Président et émet le vœu qu’une prompte so- lution de la question permette à la ville d’avoir part aux subventions du Gouvernement, pour des chan- tiers destinés à donner du travail aux ouvriers. Caemn pe Fer DE LA Haure-Loine. — M. le Pré- sident annonce que la députation nommée par le conseil municipal pour solliciter auprès de l’'Empe- reur l'obtention du chemin de fer par la vallée du Puy, n'attend plus, pour remplir sa mission , que l'envoi des projets à l’exécution desquels MM. les In- génieurs des ponts-et-chaussées apportent la plus grande activité. Deux membres de la commission , MM. de Brive JANVIER, 25 et Charles C. de Lafayette se sont rendus à Saint- Étienne où ils ont pu se concerter avec la commis- sion nommée dans le même but par la Société indus- trielle et agricole de cette ville. [ls ont reçu l’accueil le plus bienveillant du Président de cette Com- pagnie, de M. le Maire et des principales autorités , qui sollicitent également l’action du conseil munici- pal, de la chambre d’agriculture et des autorités municipales des principales villes du département de la Loire. Déjà les chambres de commerce de Saint- Étienne et de Saint -Chamond ont émis des vœux très-favorables qui sont consignés dans des délibéra- tions dont M. le Président donne lecture. Cette communication est accueillie par l'Assemblée avec des marques d’un vif intérêt et, sur la proposi- tion de M. Borie, des remerciements sont votés à la commission pour le zèle qu’elle met à l'accomplisse- ment de son mandat. SCIENCES PHYSIQUES. — M. Aman Vigié, capitaine au 40° léger et membre non résidant, envoie de Bastia divers renseignements scientifiques re- latifs à l'ile de Corse : « Pendant deux mois de » séjour à Ajaccio, dit-il, j'ai fait des observa- » tions suivies pour essayer de constater les lois » de direction des vents que M. Bertrand de Doue a » récemment énoncées. Malheureusement la position » topographique de cette ville est peu favorable à ce » genre d’études. Les vents n’y arrivent que par deux RÉSUMÉ DES SÉANCES: directions : sud-ouest et nord-est. La configuration du terrain ne permet aux vents-giroueltes que ces deux modes d’impulsion. Quant aux vents-nuages, ce n’est guère qu’en hiver qu’il est possible de les étudier. Aussi, le résultat de mes observations est presque chaque jour le même : dans la nuit, depuis cinq heures du soir jusqu’à huit heures du matin, vent d’est venant de la terre. À huit heures, on voyait la brise de mer rider Ja surface de l’eau et s’avancer lentement vers le golfe. A neuf heures, son effet était déjà dans toute sa forec et se prolongeait jusqu’à cinq heures du soir. » Pendant un court séjour à Calvi et dans celui que je fais actuellement à Bastia, j'ai toujours constaté que la Corse est soumise à deux vents ordinaires : 1° vent d'ouest qui, en frappani les côtes , se brise selon les accidents de terrain et prend ensuite les directions sud-ouest, sud et celles approchant ; 2° vent du nord qui dévie par- fois au nord-est et quelquefois aussi se confond avec le vent d'est. Le premier prend le nom de libeccio (venant de Lybie); le second est appelé tra-montano (venant au-delà des monts d'Italie). » Ces deux vents frappent avec force les vagues de la mer et les portent sur le rivage de manière à rendre dangereux la plupart des points de refuge que présente la Corse. Ainsi, pendant mon sé- jour à Calvi, j'ai été le témoin d’une tempête produite par une trombe de vent venant de Ja di- JANVIER. 27 » rection nord , qui a brisé quatre navires sur neuf » qui étaient à l'ancre dans le port de Calvi. Bien » des fois on a eu aussi à déplorer dans le port » de Bastia de semb'ables sinistres. » ADwission. — M. Ch. C. de Lafayette, au nom d’une commission, fait un rapport sur un ouvrage histo- rique relatif à la ville de Bolbec, que M. Collen-Cas- taigne, de Bolbec, a adressé à la Socitté pour son admission au titre de membre non résidant. M. le Rapporteur conclut à l'admission du réci- piendaire. Il est ensuite procédé au scrutin, ct M. Collen-Castaigne ayant obtenu Punanimité des voix , est proclamé membre non résidant. A huit heures , la séance est levée. SÉANCE DU 10 FEVRIER. OR SSER En: Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus. — Article dans les ‘ Annales archéologiques? sur l'exposition des modeles de la statue colossale de la Sainte Vierge du Puy. — Envoi par M. Anatole Dau- vergne, membre non résidant, d’une notice sur d'anciens édifices de Coulommiers. — Rapport sur la question du tracé du chemin de fer Grand-Central , publié par la Société industrielle et agricole de Saint-Etienne. — Demande d'échange de publications par le Comice agricole de Saint-Quentin (Aisne); acceptation. — De- mande des ‘ Annales ? par M. le Ministre de l’instruction publique _— Musée des dentelles; offre de fonder ce Musée, par M. Falcon; présentation des plans et devis; mémoire à l'appui de cette propo- sition ; insertion dans les © Annales ” et remerciements. — Pein- ture du Musée attribuée à Raphaël; note de M. L. Normand, ar- tiste graveur à Paris. — Dons faits au Musée d’un portrait litho- graphié de M. Drolling, par M. Biennoury ; de cristaux de baryte; par M. Félix Robert ; d’ossements fossiles, par M. Braud-Rome ; de coquilles terrestres et marines de la Corse, par M. Aman Vigié ; d’un héron pourpré, par M. Alirol ; de plusieurs pièces ornitho- logiques, mammalogiques, ete., par M. le docteur Moussier. — Offre d'insectes, par M. le Conservateur du Musée de Saint-Etienne (Loire). — Granit pulvérisé, employé comme amendement; ob- servations de MM. Bertrand de Doue, Dumontat et de Brive. — Insectes nuisibles aux grains ; observations de MM. Borie, Benoît, Jandriac et de Brive. — Météorisation des bestiaux ; sonde œso- phagienne ; communication de M. le Président ; lettres de MM. le - FÉVRIER. 29 marquis d Andelarre et Trèves. — Historique de l’industrie de la den- telle dans la Haute-Loire; extrait d’un rapport imprimésur les den: telles, les blondes, tulles, etc., fait à la commission française du jury international de l'exposition universelle de Londres, par M. Félix Aubry, membre de ce jury. — Chemin de fer de la Haute-Loire ; vœux émis par la chambre de commerce de Lyon et par les conseils municipaux de Saint-Etienne et d’Yssingeaux; conférences entre MM. le comte de Morny et de Chastellux et deux membres de la commission du Puy, à St-Etienne. — Fouilles pour des recherches de fontaines, à Saint-Paulien ; recommandations au sujet des antiquités qu’elles pourraient faire découvrir. — Congrès des délégués des Sociétés savantes, à Paris; nomination de M. Aymard, comme délégué de la Compagnie. — Situation finan- cière de la Société ; rapport du Conseil d'administration; approba- tion du budget et des comptes. Présidence de M. de Brive. À trois heures la séance est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté. Ouvraces reçus. — M, le Président dépose sur le bureau un grand nombre d'ouvrages reçus, et invite divers membres à prendre connaissance des mémoi- res qui peuvent intéresser leurs travaux. Les ‘ Annales archéologiques’ publiées par M. Di- dron aïiné , ainsi que le ‘Bulletin monumental” de M. de Caumont l'avait déjà fait, rendent compte 30 RÉSUMÉ DES SÉANCES. de l'exposition des modèles pour la statue colossale de Ja Sainte Vierge du Puy. Le savant directeur de ces Annales avait bien voulu répondre à l'invitation que lui avait adressée la commission pour prendre part aux décisions du jury. Voici l'appréciation qu'il a consignée dans son importante publication : « Tous nos lecteurs ont entendu parler du projet conçu par Mgr de Morlhon, évéque du Puy, pour éléver une statue colossalc en fer où en bronze sur le rocher dit de Corneille qui domine Ja ville si pittoresque du Puy. Un concours à été ouvert et cinquante-quatre concurrents ont répondu à l'appel du prélat. Ce concours, un des plus re- marquables assurément qu'on ait vu depuis long- temps, a été jugé au mois de novembre dernier. Le prix a été attribué à M. Bonnassieux, l’habile auteur de la ‘Jeanne Hachette” qui décore le jardin du Luxembourg, à Paris. Appelé au Puy par la confiance de Mer de Morlhon, le directeur des ‘Annales’ avait l'honneur d’être l’un des membres du jury du concours, étrangers au pays et qu’on avait adjoints à une commission locale. Nous pouvons dire hautement que le jury a fait preuve de la pius complète impartialité.- » Des discussions élevées, où l’art et l'archéologie étaient intéressés, ont eu lieu dans le scin du jury et nous attendons le procès-verbal détaillé qui a été rédigé de ces discussions pour le pu- blier dans les ‘Annales’. Cette publication nous FÉVRIER. 31 » dispense , nous empêche même de nous étendre » davantage sur ce concours si important pour la » renaissance de la statuaire chrétienne en France. » Cent mille francs sont déjà acquis à la sou- » scription que Mgr de Morlhon a ouverte pour l’exé- » eution de cette statue. Cette somme a été trou- » vée dans le pays ; on a donc l'espérance , suffi- » samment fondée, de la décupler lorsqu'on fera » appel à la France entière et à l’Europe catholique; » car la Notre-Dame du Puy est renommée en Eu- » rope; elle n'appartient pas seulement au Velay, » mais à toute la catholicité. » M. Anatole Dauvergne , membre non résidant , envoie une notice imprimée sur le château neuf et l’église des Capucins de Coulommiers. Ce mémoire sera déposé à Ja bibliothèque histo- rique. L'Assemblée prend la nième décision à l’égard d’une brochure que vient de publier la Soriété in- dustrielle et agricole de Saint-Etienne et qui a pour titre : ‘Rapport sur la question du tracé du chemin de fer Grand-Central”’. Ce travail important , qui a été élaboré par une commission spéciale, composée de MM. A. Granger, Soviche, C. Barbe, rapporteur, présente les vues les plus judicieuses en faveur du tracé par la ville du Puy, entre Saint-Etienne et Lempdes , et prouve encore une fois les profondes sympathies qui unis: 32 RÉSUMÉ DES SÉANCES. sent la principale ville de la Loire à notre dépar- tement. La Société en témoigne sa vive satisfaction à la Société agricole et industrielle de Saint-Etienne et en particulier à la commission qui, dans cette cir- constance, a bien voulu être l’organe de ces ho- norables sentiments. Le Comice agricole de Saint-Quentin (Aisne } adresse la dernière livraison de ses ‘Bulletins’ et sollicite en échange l’envoi des ‘ Annales’. Cette proposition est agréée par l’Assemblée. M. le Ministre de l’instruetion publique écrit qu’il fait procéder en ce moment au classement complet et méthodique de toutes les publications destinées à prendre place dans la bibliothèque des Sociétés sa- vantes de son ministère et prie la Compagnie de lui envoyer trois volumes des ‘Annales’ qui man- quent à cette collection. M. l’Agent de la Société sera invité à faire cet envoi. Musée. — Il est donné lecture d’une lettre ou mé- moire dans lequel M. Th. Falcon, après avoir fait un exposé descriptif des galeries artistiques et scienti- fiques que renferment les bâtiments du nouveau Musée et présenté l’historique de la dentelle, par- ticulièrement dans la Haute-Loire, développe d’im- portantes considérations sur la nécessité de complé- FEVRIER. 33 ter cet intéressant établissement par l’adjonction d’une salle destinée à la principale industrie du dé- partement. M. Falcon annonce qu'il fera continuer à ses frais la construction et l’organisation complète de ec Musée , et qu'il le dotera de riches collections de dentelles. Il prie la Société d'accepter la direction des travaux et lui envoie, à cet effet, les plans et devis qui ont été dressés par M. Pradier et qu'il soumet à l'examen de la Compagnie. L'Assemblée agrée avec une profonde reconnais- sance les offres intelligentes et généreuses de M. Falcon; elle prie M. le Président de lui en trans- mettre l'expression , et décide que le savant mémoire dont elle vient d'entendre la leeture sera immédiate- ment publié dans les ‘Annales’ avec la lettre de remerciement de la Société ?, Des félicitations sont votées, en outre , à M. Pra- dier pour l’heureuse disposition de la galerie telle qu’elle est indiquée sur le plan. M. L. Normand ainé, artiste graveur et membre de la Société des Amis des arts, à Paris, a adressé à M. Aymard la note suivanie sur le tableau de Ra- phaël qui est connu sous le nom de ‘Vierge de la maison d'Albe'. L'existence au Musée du Puy, du À Ce mémoire a été publié dans les ‘Annales’, lome xvn ? ? P- 551. ; TOME XIX. 2 34 RÉSUMÉ DES SÉANCES. méme sujet qui a été attribué par des connaisseurs au méme peintre où à lun de ses élèves, peut donner quelque intérêt à ce renseignement. » Ce tableau, dit M. Normand, a { mètre de haut; » ilest peint sur bois et a fait partie , pendant plus » de deux siècles, de la galerie des dues d’Albe, à °» Madrid. » Ilest aujourd’hui dans celle de M. G. Coësvelt, » à Londres, où il a été dessiné en 1825, par » M. Desnoyers. » Il serait intéressant de faire une étude de la peinture dans ces deux tableaux et de s'assurer, par un examen attenuif, s'ils sont l’un et l’autre de la même main ou si l’on doit les attribuer à deux peintres distinets. I n’est pas rare, d’ailleurs, que les grands maitres aient exécuté ou fait exécuter dans leurs ateliers et sous leurs yeux, plusieurs exemplaires de leurs compositions les plus estimées. L'Assemblée agrée avec reconnaissance les dons SUIVAN LS : 1° Dessin lithographié, représentant le portrait de M. Drolling, peintre, membre de l'institut, par M. Biennourry, qui en a fait hommage au Musée; 9° Beaux cristaux de Barite, trouvés à Rosières (Haute-Loire) , et donnés par M. Félix Robert; 5° Deux os fossiles de grand bœuf, trouvés dans des détritus terreux, à Cheyrae, commune de Poli- gnac, et donnés par M. Braud-Rome ; FÉVRIER, 35 4° Une collection de coquilles terrestres et mari- nes, de l'ile de Corse, envoyée par M. Aman Vigié, membre non résidant: 5° Héron cendré, habilement monté par M. Alirol, traiteur au Puy. M. le docteur Moussier, membre non résidant, écrit de Lyon à M. le Président , que depuis son der- nier voyage au Puy, il a continué la préparation des sujets qui manquent à la collection ornithologique du Musée. Notre zélé et désintéressé confrère espère pouvoir, au mois de septembre prochain, ajouter à cette belle suite un supplément de soixante-dix à quatre-vingts sujets nouveaux. Il se propose égale- ment de compléter la collection des mammifères de la Haute-Loire; il s’occupera ensuite de former celles des reptiles et des poissons. La Société lui en exprime ses vifs remerciements. M. le Conservateur du Musée de Saint-Étienne écrit pour proposer d'organiser, dans la galerie d'histoire naturelle du Puy, la collection des in- sectes de la Haute-Loire, et prie la Société de dis- poser des vitrines pour recevoir un grand nombre d'espèces qu'il s’empressera de lui offrir. Cette proposition est accueillie avec gratitude , et la Société lui donnera toute la suite désirable, lors des nouveaux agencements qui devront être exécutés dans la galerie. 36 RÉSUMÉ DES SEANCES, AGRICULTURE. — À l’oceasion de la réception du dernier ‘ Bulletin de la Société d’agriculture du Puy- de-Dôme’, M. le Président eite un mode nouveau d’amendement qui a été signalé dans ee recueil. Il s’agit du granit pulvérisé. M. Bertrand de Doue fait remarquer en effet que _cette substance renferme des sels excellents : le sili- cate de potasse qui se produit par la décomposition du feldspath, lalumine, la chaux, ete. I arrive souvent que dans les sols granitiques le feldspath sous-jacent se décompose et se transforme en une matière qui, amenée par la culture à la surface de laterre, la fertilise. Les cultivateurs ne négligent pas les occasions d'utiliser ainsi cette couche sous- jacente. M. Dumontat dit que ec fait s’est produit à Alleret, chez M. de Macheco. M. de Brive pense que si on peut obtenir la pulvé- risation du granit à peu de frais comme l'a annoncé M. le docteur Nussan , dans le Puy-de-Dôme, il y aurait lieu d'enregistrer cette intéressante découverte et d’en essayer l'application dans la Haute-Loire où le granit abonde. M. Borie appelle l'attention de l’Assemblée sur les insectes qui sont nuisibles aux grains. I dit que l’A- cadémie des sciences vient d’aceorder un prix à lin- venteur d’une machine propre à détruire l’alucite. fl pense cependant que cette machine ne serait pas fort FÉVRIER. 37 utile dans notre pays où cet insecte fait peu de ra- vages, ce qui tient peut-être à la température du dé- partement ou à toute autre cause que l’on ignore. Il n'en est pas de même du charançon, qui exerce chez nous de grands ravages toutes les fois que les grains ne sont pas enfermés dans des greniers bien clos. Le charancon parait aimer a lumière et Pair, et on a remarqué qu'il se multiplie surtout dans les locaux spacieux, ouverts et plus ou moins bien éclairés. M. Benoit dit qu'à la eampagne on emploie la toi- son de mouton pour attirer ces insectes et les dé- truire. M. Jandriac rappelle qu'on se sert aussi d’ognons coupés en quatre parties. M. Dumontat cite la fleur de souffre qu’on fait brüler après avoir étendu Îles grains sur un plan- cher. C’est un excellent moyen d’étouffer ces in: sectes. M. le Président ayant été informé par un journal d'agriculture qu’un instrument ingénieux venait d’é- tre inventé pour guérir instantanément les indiges- tions gazeuses, connues sous le nom de météorisation, a écrit aussitôt à M. le marquis d’Andelarre, pré- sident de la Société d'agriculture de Vesoul, pour lui demander des renseignements sur ce nouvel et utile procédé. Ien a reçu la réponse la plus satisfaisante, L'in- 38 RÉSUMÉ DES SÉANCES, venteur, M. Trèves, à qui M. d’Andelarre s'était adressé, lui avait écrit la lettre suivante dont il est fait lecture : « La sonde œsophagienne dont vous me faites » l'honneur de me parler, est remplacée maintenant » par une autre perfectionnée par moi et pour la- .» quelle je prends un brevet d'invention. Cetce » dernière guérit non -seulement ( et instantané- » ment} les -indigestions gazeuses simples, mais » encore celles avec surcharge d'aliments, en per- » mettant l'introduction dans la panse, d’une quan- » tité déterminée de boissons médicamenteuses et » la sortie de l’excès des aliments. » M. Trèves ajoute qu'il va en faire confectionner une dans les meilleures conditions et qu’il pourra la fournir très-prochainement à la Société, au prix de 16 fr., si elle lui en témoigne le désir. L'Assemblée, intéressée par cette communication, décide unanimement qu'elle fera l'acquisition de cet instrument, et qu’elle en recommandera l'emploi s’il ya lieu, après l'avoir soumis à l'examen d’une commission. INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE. — Dentelles. — M. le Secrétaire annonce qu'un ouvrage important vient d'être publié sur les dentelles, blondes, tulles et broderies par M. Félix Aubry, membre du jury international à l'exposition universelle de Londres. C’est un rapport fait à la commission française et FÉVRIER. 39 qui traite de ces différentes industries au triple point de vue, 1° de leur historique ; 2° de l’état actuel de la fabrication ; 5° de la comparaison des produits français avec ceux des pays étrangers. Ce livre , le plus complet qui ait paru jusqu’à ce jour sur cet intéressant sujet, contient de savantes et nombreuses données, non-seulement pour l’his- toire de la dentelle en général, mais encore pour ce genre d'industrie dans la Haute-Loire. Il est curieux de constater , d’après l’auteur, que sur les 535,000 ouvrières que cette fabrication oc- eupe en Europe, la contrée dentellière dont la ville du Puy est le centre en compte 150,000 ; chif- fre très-élevé , eu égard à celui de toute la France, lequel n’est évalué qu’à 240,000. La fabrique de Normandie (Caen, Bayeux, ete.) qui vient après dans l’ordre numérique des dentel- lières n’en compte que 55,000, et à l'étranger, l'Autriche tout entière n’en a que 110,000. La fabrique de dentelles de notre pays est donc la plus considérable du monde. M. Aubry ajoute que « on la regarde comme la plus ancienne. Elle » est répandue, dit-il, dans quatre départements » (Haute-Loire, Cantal, Puy-de-Dôme, Loire) où » elle occupe 125 à 150,000 femmes et jeunes filles. » C’est la principale et presque la seule industrie » du département de la Haute-Loire où il y a 70,000 » dentellières. » Comme toutes les fabriques de dentelles, celle 40 RÉSUMÉ DES SÉANCES. XD du Puy a subi bien des modifications; elle a eu des époques critiques (1640) et de grande prospé- rité (1853 à 1848). » Deux faits principaux nous paraissent intéres- sants à citer. Ils sont caractéristiques. » Nous tenons le premier que voiei de M. Aymard, arehiviste du département de la Haute-Loire : » La cour du sénéchal du Puy enregistra et fit publier par tous les carrefours de la ville, vers la fin de janvier 1640 , une ordonnance du par- lement de Toulouse qui défendait, sous peine de grosses amendes , à toute personne de quelque sexe, qualité et condition qu'elle fût, de porter sur ses vêtements , à dater du 7 février suivant , aucune dentelle, tant de soie que de fil blanc, en- semble passement, clinquant d'or, ni d'argent fin ou faux. Les motifs de cette ordonnance étaient, d’une part, qu’un grand nombre de femmes s’oc- cupant de la dentelle, il en résultait beaucoup de difficultés de se procurer des domestiques et, de l'autre , que l’usage de cet ajustement faisait dis- paraitre les nuances de distinction entre les grands et les petits 1. 4. fHist. du Velay”, par M. J.-A.-M, Arnaud , tome II. « En comparant cette ordonnance avee plusieurs édits royaux ; on trouve une grande similitude de dates , surtout avec la déclara- tion du Roi de novembre 1659, enregistrée le 5 décembre suivant ; | il est à remarquer, cependant, que le parlement de Toulouse était FÉVRIER. 41 » Cette ordonnance, on le comprend, causa beaucoup de sensation au Puy et dans tout le Velay; les marchands de dentelles, et surtout les malheureuses femmes qui vivaient du produit de ce travail, en furent vivement affectés. Le Père Régis, jésuite (depuis canonisé), qui se trouvait alors au Puy, où il inspirait beaucoup de con- fiance et de vénération, consola les ouvrières ré- duites à la mendicité ; il leur fit espérer le pro- chain rétablissement de la fabrication, puis il alla à Toulouse où il obtint ia révocation de celte ordonnance ridicule. I ne se contenta pas de ce bienfait : sous son inspiration , les jésuites ouvrirent au commerce des dentelles de ce pays des débouchés en Espagne et dans le Nouveau- Monde. Ces importants marchés furent l’occasion pour cette fabrique d’une grande prospérité qui s'est maintenue jusqu'en 1790. Aussi les ou- vrières de ce pays ont-elles saint François Régis en grande vénération et l’ont-elles pris pour pa- tron. » Le second fait est contemporain ; il marque l'époque des progrès et de la prospérité de la fa- brique du Puy. » Lorsque M. Falcon prit la suite des affaires de M. Robert-Faure père, dont il était l'élève, plus sévere encore que la déclaration du Roi (qui toléra la den- telle, mais en Jimita l'emploi) ». 42 RÉSUMÉ DES SÉANCES. il appliqua à ses connaissances approfondies de la fabrication son talent de dessinateur ; il mo- difia les genres et les dessins et arriva à obtenir des résultats inconnus avant lui. Sous son intel- ligente impulsion, les ouvrières se perfectionnè- rent et, pour les stimuler, il fonda, avec la Société d'agriculture, sciences, arts et commerce du Puy, des prix d'encouragement et d’émulation pour les plus habiles. » 11 fut récompensé par les grands succès qu'il obtint et par d'honorables et publiques félicita- tions. Nous avons eru , dans ce rapport, devoir rendre hommage à l’un des fabricants qui ont fait le plus de bien à l'industrie de leur pays. » La fabrique du Puy produit tous les genres de dentelles blanches ou de couleur en soie, en fil, en laine, ete., depuis les blondes or et argent, jusqu'aux plus petites passementeries à ÿ centimes le mètre. » En général, elle ne fait que des dentelles ordi- naires et communes , elle laisse à désirer pour les genres fins; mais ses prix sont des plus avan- tageux pour la vente, ce qui rend ses produits accessibles à la consommation générale. [ls sont aussi très-recherchés par l'étranger : à toutes les époques , il s’en est exporté des quantités con- sidérables. Autrefois l'Italie et surtout l'Espagne ‘ 1. D'après Savary , il se vendait annuellement , en 1688 , sur la FÉVRIER. 43 étaient ses principaux débouchés ; aujourd’hui il s’en expédie dans tous les pays du monde. » [ly a trente ans à peine, on ne fabriquait au Puy que des dentelles fort grossières , qui toutes avaient un nom distinetif (ces noms emprun- taient presque tous un caractère religieux : ave , pater , chapelets , ete.) ; aujourd'hui, à Pimi- tation de la manufacture de Saint-Etienne, qui tous les ans change les motifs de ses rubans, la fabrique du Puy est arrivée à offrir à la consom- mation une variété infinie de genres qu’elle re- nouvelle de manière à provoquer un écoulement facile et avantageux à ses produits. » Les dentelles de fil blanc, fonds doubles et fonds elairs et celles en soie noire forment la base principale de la fabrication. » [l y a deux ans, ses dentelles de laine noire et de couleur eurent un grand succès ; il s’en vendit des quantités énormes pour tous les pays. Au- jourd’hui elle offre au commerce des guipures blanches , avee des dessins d’un style oriental, qui se rapprochent beaucoup des passementeries qui se fabriquent à Malte , ainsi que d’autres gui- pures noires , mélangées de perles en jais, qui sont d’un bel effet et qui attestent l’imitation in- telligente des fabricants. place de Marseille, des dentelles du Pay ct d’Aurillac pour plus de 350,000 livres. Elles se consommaient dans la proportion de 10 p. % en Provence, de 25 p. 4 en Italie et de 75 p. °J, en Espagne. et RÉSUMÉ DES SÉANCES. » Au moyen de ces nouveautés sans cesse renou- velées , les dentelles du Puy luttent avantageu- sement contre celles de la Saxe, qui seules peu- vent leur faire concurrence pour les prix ; mais comme les dessins de celles-ei sont toujours copiés sur ceux du Puy et de Mirecourt, il en résulte qu’elles n'arrivent sur les marchés étrangers que lorsque les autres y sont connues depuis long- temps. » Au chapitre consacré à l’exposition des dentelles blondes françaises à Londres, dans lequel il est dit que leur ensemble était splendide , que jamais la France n'avait exposé des produits aussi par- faits etque , dans cet immense concours du monde industriel, les dentelles françaises brillaient entre toutes, l’auteur fait la part de l’honneur qui revient à la fabrique du Puy dans cette glorieuse manifesta- tion des progrès de l'industrie dentellière en France. « La fabrique du Puy, représentée par trois fabri- cants (M. Seguin, Me Julien et M. Ch. Robert- Faure), a montré ee qu'on peut obtenir de plus joli en dentelles de laine. Ses chäles de différentes couleurs, ses guipures et jusqu’à ses passemen- teries , étaient d’une exécution parfaite; ses den- telles noires fond d’alençon dénotaient un pro- grès sérieux. Nous n’en avions pas encore vu de si fines. » ; L'Assemblée , vivement intéressée par la lecture FÉVRIER, 45 des extraits qui précèdent, en ordonne l'insertion au procès-verbal. AnTs INDUSTRIELS. — M. André Conor, proprié- taire à Flaslières, commune de Vorey , présente un flacon d’une huile qu'il a obtenue du fruit du genét à balai. Il appelle l'examen de la Société sur les propriétés de cette huile, laquelle, d’après lui, aurait été extraite pour la première fois de ce vé- gétal. Une commission composée de MM. Joyeux, Ga- tillon et Regimbeau , est invitée à faire un rapport à la prochaine séance. Cuemix De FER De LA Haute-Loire. — M. le Prési- dent annonce que la commission reçoit chaque jour de nouveaux et précieux témoignages de sympathie en faveur du tracé pa: la ville du Puy. La chambre de commerce de Lyon, le conseil municipal de Saint-Eticnne et celui d'Yssingeaux ont émis récem- ment des vœux très-favorables. Dans un second voyage à Saint-Etienne , motivé par la visite qu'avait faite à cette ville le conseil des administrateurs du réseau Grand-Central, deux membres de la com- mission , MM. de Brive et Aymard, ont eu une longue conférence avec M. le comte de Morny et M. de Chastellux, président et vice-président de ce conseil, et ils en ont recueilli l’assurance que la question sera soumise à l’examen le plus approfondi 46 RÉSUMÉ DES SÉANCES. et le plus impartial, et que justice sera rendue au pays qui offrira les conditions les plus avantageuses: à l'intérêt public. La question peut donc être con- sidérée d'avance comme résolue en faveur de la Haute. Loire , et les efforts de la commission , de la So- ciété et du pays ne doivent tendre désormais qu’à ‘obtenir une solution aussi prompte que possible. M. le Président annonce également le départ très- prochain de la députation qui est chargée de porter aux pieds du trône les vœux des populations de notre pays. L'Assemblée exprime de nouveaux remerciements à la commission pour l’activité incessante de ses dé- marches dans cette grave question. Ogsers mivers. — M. Chouvon informe la Société que lPadministration municipale de Saint-Paulien, dans le but de rechercher des eaux de fontaines, se propose d'exécuter de grandes fouilles dans des ter- rains qui étaient occupés , dans les temps antiques , par une partie de la ville de Ruessium. Sur la proposition de ce membre , appuyée par M. Aymard, M. le Maire sera prié de recueillir les antiquités lapidaires et autres qui pourraient être trouvées, et de signaler, s’il y a lieu, les substruc- tions , fondations d’édifices, ete., dont il serait intéressant de constater l'existence. M. de Caumont, directeur de l’Institut des pro- £ { Ÿ 1 FÉVRIER. 47 vinces, par une lettre dont il est fait lecture, an. nonce que le Congrès des Sociétés savantes se réunira à Paris, le 20 mars, et invite la Compagnie à nom- mer des délégués. Sur lPinvitation de la Société , M. Aymard accepte cette mission. OBsers D’ADMINISTRATION. — M. Plantade, secré- taire du Conseil d'administration, lit le rapport an- nuel sur la situation financière de la Société. Conformément aux propositions du Conseil, les comptes de M. le Trésorier sont approuvés. A huit heures , la séance est levée. Ajournement de la séance de mars; explications de M. le Président.— Ouvrages reçus. — Demande des ‘ Annales’ par la Société archéo- logique du grand duché de Luxembourg. — Rapport imprimé de la commission pour l'érection de Ja statue colossale de la Sainte Vierge du Puy; insertion aux ? Annales”. — Élèves des fermes- écoles soumis à la loi du recrutement ; lettre de M. le Président et vœu de la Société pour que ces élèves en soient exemptés. — Con- cours régional des bestiaux qui aura lieu à Guéret en 4854; communication de M. le Président. — Projet d'organisation du service des épizootics dans les campagnes ; lettre de M. le Préfet ; Commission nommée. —L’'inoculation appliquéea la péripneumonie des bétes à cornes, d’après la méthode de M. Wilhems; communi- cation de M. Martel, au nom d'une cominission. — Sonde æso- phagienne pour les animaux méléorisés ; présentation de cet ins- {rument, — Réduction du prix de la saillie des juments; lettres de M. le Directeur du dépôt d'étalons d’Aurillae et de M. de Brive. — Nombre et choix des étalons à envoyer dans le département; lettre de M. le Président à M. le Directeur du dépôt d'étalons. — État des récoltes dans le département ; lettre de M le Préfet. — Enquête sur la maladie des pommes de terre; envoi de circulaires par M. V. Chatel. — Boulangerie mécanique établie à Grenoble; lettre de M. Aman Vigié — Machine propre à scier les planches, à moudre le blé, etc. : présentation de cette machine par linven- teur, — Terrains communaux soumis au régime forestier ; lettre de M. le Sous-inspecteur des foréts ; commission nommée, — Che- AVRIL, 49 min de fer de la Haute-Loire ; communieation de M. le Président sur les démarches faites à Paris par la députation de la ville du Puy; relation de l’audience que lui a accordée l'Empereur ; lettre de M. Aymard; ses démarches conjointement avec M. Valadier, président du conseil général de l'Ardèche; remerciements de la Société. — Congrès des Sociétés savantes ; lettre de M. Aymard. — Souscription ouverte pour l'érection, dans’ le département de l’Ar dèche, d’une statue à la mémoire d'Olivier de Serres; lettre de M. le Préfet; souscription de la Société. — Anciennes corpora- tions du Velay; renseignement fourni par M. Mandet père. — Distribution, par M. le Président, de graines de plantes potagères et de fleurs que lui a données l'administration du Jardin-des-Plantes de Paris. Présidence de M. de Brive. A trois heures la séance est ouverte. M. le Président exprime le regret que la Société n'ait pu tenir sa séance du mois de mars. Cette réunion a été ajournée à cause de l’absence de deux membres du bureau, le Président et le Secrétaire, et du Directeur du Musée, retenus à Paris pour la députation relative au chemin de fer. M. le Secrétaire, après avoir rempli cette mission, a dû, en outre , prolonger son séjour à Paris pour accomplir le mandat qu’il avait reçu de la Compa- gnie de la représenter au Congrès des Sociétés savantes. TOME XIX. 4 50 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Il est remplacé, au bureau, par M. Louis de Vinols. Ouvraces reçus. — Après la lecture et l’'approba- tion du procès-verbal , M. le Président énumère les ouvrages reçus et signale ceux de ces mémoires qui intéressent particulièrement la Compagnie. La Société, pour la recherche et la conservation des monumens historiques, dans le grand duché du Luxembourg, en adressant ses belles publica- tions, fait connaitre, par une lettre de son Pré- sident, l'intérêt qu’elle attache à l'envoi des ’ An- nales’, et en sollicite la continuation. Cette demande est accueillie avec empressement par l’Assemblée. La Commission de la statue colossale de la Sainte Vierge du Puy, a transmis son rapport imprimé sur le concours qui avait été ouvert pour le modèle de celte statue. Ce travail est dû à la plume de M. l'abbé Urbe, secrétaire de la commission. [1 a pour objet d’expo- ser : 1° les principes artistiques , archéologiques et religieux qui ont inspiré la Commission dans le choix du modèle à adopter ; 2° les raisons qui l'ont déterminée dans le classement des modèles envoyés au concours et dans la distribution des prix qu’elle a décernés. L'auteur a traité la question avec talent et avec une élévation de vues qui dénote combien elle AYRIL. 51 avait été approfondie au sein de la commission. L'Assemblée, intéressée par cette communication, arrête que le rapport de M. Urbe sera inséré dans les ’Annales”. AGRICULTURE. — [l est donné lecture de la lettre suivante, que M. le Président a adressée à M. le Minis- tre de l’agriculture. La solution qu’elle sollicite inté- resse au plus haut point l'avenir de l’agriculture , et a été, plus d’une fois, l’objet de l’attention et des vœux de la Société. « Monsieur LE MINISTRE, » J'ai l'honneur d’appeler votre attention sur les » graves Inconvénients qui résultent de la soumis- » sion des élèves des fermes-écoles à la loi du recru- » tement de l’armée. » Une ferme-école a été établie à Nolhac, près le » Puy, chef-lieu du département de la Haute-Loire. ». Cette école, gràce au zèle et à l'intelligence de son » directeur , à l'appui de la Société d'agriculture et à » la protection efficace de l'autorité, est sortie vic- + torieuse de toutes les difficultés d'organisation. » Elle fonctionne aujourd’hui à la satisfaction géné- » rale, et, au 1* novembre dernier, elle a produit » etlivré à la pratique de l’agriculture huit jeunes » gens, instruits et dévoués au travail, que des pro- » priétaires éclairés se sont empressés d’attacher à 52 » » » » RÉSUMÉ DES SÉANCES. leurs exploitations. Chaque année , elle devra. fournir au moins un même nombre de sujets, des- tinés à détruire les vieux préjugés de la routine et à introduire l'habitude des instruments nouveaux et des méthodes perfectionnées. Qui peut prévoir le bénétice que devra retirer l’industrie agricole d’une pareille institution, après un espace de temps qui aura permis de multiplier le nombre des sujets et de convaincre les populations rurales de leur utilité ? » Permettez-moi, Monsieur le Ministre , de vous faire observer qu’une grande partie de ces avan- tages sera perdue, si les élèves des fermes-écoles continuent à être soumis à la loi du recrutement. Ainsi, sur les huit élèves sortis cette année de la ferme de Nolhac, deux n’ont point encore tiré au sort, trois ont été obligés de partir, et trois seulement ont l'espérance de pouvoir mettre à profit leur éducation agricole, en restant dans le département. » Dans cette fâcheuse situation , l’agriculture perdra quatre sujets sur huit; l'État perdra les sacrifices considérables qu’il a faits pendant trois années pour les former , et la direction de l’école verra devenir inutiles une grande partie des soins, des peines et des travaux auxquels elle s’est livrée avec tant de persévérance et de difficultés. » Par une exemption entourée de toutes les ga- ranties désirables, l’État ou plutôt l'administration AVRIL, 58 de la guerre, abandonnerait quatre ou cinq hom- mes par département, nombre insignifiant pour elle, tandis que l’agriculture conserverait tout le bénéfice d’une ‘institution appelée à la régé- nérer, et peut-être à résoudre le grand problème des subsistances publiques, en équilibrant un jour la production alimentaire avec la consommation. » Jose espérer, Monsieur le Ministre, que les réflexions que j'ai l'honneur de vous soumettre au nom de la Société d'agriculture de la Haute- Loire obtiendront votre approbation et motive- ront les modifications de la loi du recrutement, qui paraissent devoir être si utiles à la plus grande des industries nationales. » Je suis avec respect , etc. » À. DE BRIVE. » L'Assemblée déclare qu’elle s'associe aux vues et aux espérances exprimées dans la lettre qui précède. M. le Président annonce que le concours régional des bestiaux aura lieu, cette année, à Guéret; la ville de Clermont , qui avait été choisie pour le siège de cette solennité, n'ayant pas voulu sous- crire aux dépenses qu’elle nécessitait. M. de Brive a demandé que ce concours ait lieu au Puy, en 1855, en même temps que le Congrès scientifique. 54 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Il est fait lecture de la lettre suivante, par laquelle M. le Préfet veut bien exposer à la Société ses plans d'organisation pour le service des épizooties dans les campagnes et lui demander ses avis. « Le Puy, le 22 février 4854. » MonsIEUR LE PRÉSIDENT, » Jusqu'ici, aucune mesure n’a été prise dans ce département pour assurer la complète exécu- tion des dispositions des arrêts des 10 avril 1714, 2% mars 1745, 19 juillet 1746, 18 décembre 1774, 50 janvier 1775 et 16 juillet 1784, de l'arrêt du Directoire exécutif du 27 messidor an x, et de l’ordonnance du 25 janvier 1815, con- cernant les épizooties. » Ïl existe, ilest vrai, un vétérinaire commis- sionné par l'administration dans chaque arron- dissement , et ce vétérinaire, qui recoit une prime à forfait sur les fonds départementaux, est chargé, à la première apparition d’une épizootie, d'aller visiter les bestiaux atteints et de prescrire les moyens à employer pour combattre la maladie et en arrêter les progrès; mais, cela ne me parait pas suffisant. J'ai l'intention de réglementer, par un arrêté, celte partie du service administratif. » Je suis déjà fixé sur quelques-unes des disposi- tions à adopter. Ainsi, je me propose d'établir, AVRIL. 55 dans chaque arrondissement, deux vétérinaires brévetés, en leur assignant une circonscription particulière. » Ces vétérinaires seront chargés de donner leurs soins aux bestiaux malades par suite d’épozootie chez les cultivateurs indigents, et de prendre par eux-mêmes, ou de proposer toutes les me- sures nécessaires, soit pour arrêter les progrès de la maladie, soit dans l'intérêt de la salubrité publique. » En outre, il leur sera imposé l'obligation de faire, au moins une fois par an, la visite de quelques étables de chaque canton de leur cir- conscription, et d'exercer une surveillance active sur l’état sanitaire de chaque localité. Ils seront tenus d’adresser , de temps en temps, à l’admi- nistration supérieure, et, dans tous les cas, à la fin de chaque année, un rapport faisant con- naître les maladies qui se seraient manifestées dans leur circonscription, les mesures prises par eux , les pertes survenues par suite d’épizootie, les améliorations apportées dans la tenue des éta- bles, dans le soin des animaux, dans le choix ou le croisement des races, l'entretien des pâtu- rages, la qualité et la quantité des cultures four- ragères, etc. ; le tout, suivant un programme rédigé par la Société d'agriculture. » Enfin, chaque vétérinaire devra constater qu’il 56 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » possède une maréchalerie où sont mises en prati- » que les méthodes perfectionnées du travail. » Indépendamment de ces dispositions qui me » semblent essentielles, je pourrai comprendre dans » mon arrêté certaines de celles adoptées par mon » collègue d'Ille-et-Vilaine, dans un règlement qu'il » vient de publier sur la même matière. =» Avant de m'occuper de la rédaction de l'arrêté » dont il s’agit, je désire avoir votre avis et celui » de la Société d'agriculture sur les autres dispo- » sitions qu’il conviendrait d'y insérer. Je viens donc » vous prier, Monsieur le Président, de vouloir » bien me faire parvenir cet avis le plus tôt possible. » Je joins ici un exemplaire de ‘l'Annuaire des » comices d’Ille-et-Vilaine’, pour 1854, où se trouve » le résumé du règlement de M. le Préfet du même » département, rappelé ci-dessus. La Société d’a- » griculture pourra peut-être y puiser quelques idées » qui l’aideront à formuler l'avis que je sollicite » d'elle. » Agréez, Monsieur le Président, etc. » Le Préfet, « À. DE CHEVREMONT. » Après celte lecture, qui a vivement intéressé l’As- semblée, une commission, composée de MM. Martel, Chouvon, Dumontat, Best et Ch. C. de Lafayette, est AVRIL. 57 nommée pour examiner l’importante question que soulève la lettre de M. le Préfet. M. Martel, président de la commission nommée par M. le Préfet, sur la demande de la Société, en vue des essais à faire dans le département sur la méthode d’inoculation de M. Wilhems, appliquée à la péripneumonie des bêtes à cornes, dit que cette commission n’a pu fonctionner qu’une fois, qu’elle a besoin de nouveaux renseignements pour pouvoir formuler une opinion , et qu’à la question principale de la péripneumonie s’en rattachent une foule d’au- tres incidentes. Il ajoute qu’un certain délai est in- dispensable pour la production de faits nombreux et suffisamment concluants. M. le Président met sous les yeux de l’Assemblée la sonde œsophagienne qu'il a fait venir de Vesoul, d’après le vœu émis par la Société à la précédente séance. On sait que cet instrument, qui est d’une forme simple ct d’une facile application, est em- ployé pour démétéoriser les bestiaux. L'Assemblée confie cet instrument à M. Chouvon, et le prie d’en faire l'expérience à la ferme-école. M. le Président donne communication de trois lettres qu’il a adressées à M. le Directeur du dépôt d’étalons d’Aurillac, ou qu’il en a reçues pour ar- river à une réduction de prix de la saillie des juments 58 RÉSUMÉ DES SÉANCES. et l’amrener à celui de trois francs. Dans la dernière, M. le Directeur s'exprime ainsi : « Aurillac, le 29 février 1854. » Monsieur LE PRÉSIDENT, » J'ai l'honneur de vous informer que, conformé- ment à votre lettre du 18 courant, j'ai fait établir les affiches pour la monte de 1854, de manière à ce que les propriétaires de juments sachent qu’ils n'auront à payer, entre les mains du garde-éta- lon, que la somme de trois francs. » J'ai prié Monsieur le Préfet de votre départe- ment de vouloir bien donner la plus grande pu- blicité à cette décision, et je viens vous prier, Monsieur le Président , de vouloir bien prendre tous les moyens qui seront à votre disposition pour augmenter encore cette publicité, s’il est possible , par l'organe des journaux de la localité. Aussitôt après la clôture de la monte, j'aurai l'honneur de vous adresser l’état certifié des saillies qui auront été faites par mes étalons, afin que nous puissions recevoir et verser, en temps con- venable , entre les mains de l’administration des domaines , la somme complémentaire qui lui sera due. » Pour cette année, Monsieur le Président, il ne m'est pas possible d'augmenter le nombre de stations établies dans la Haute-Loire ; mais je ferai AVRIL. 59 » tout ce qui dépendra de moi pour vous satisfaire » l’année prochaine ; je me suis déjà rendu à une » partie de votre demande en portant au nombre de » sept les étalons carrossiers qui feront la monte en » 14854 dans votre département. » Recevez, etc. » Le Directeur du dépôt, » L. BOCHER. >» M. le Président a adressé à M. le Directeur du dépôt d’étalons la lettre suivante , qui est relative aux choix des étalons destinés au département de la Haute-Loire : « Le Puy, 44 mars 4854. « Monsieur LE DinecTEUR, » Je suis chargé , pâr la Société d’agricültüre dé la Haute Loire , d'appeler votre attention sur le nombre et le choix des étalons que vous vous pro- » posez d'envoyer dans riotre départernent, LA ÿ » La Société, d'accord en cela avec te Conseil général, est d'avis que la diminution dés saillies, » qui s’est fait remarquer depuis plusieurs années, tient Surtout äu ihauvais chôîx dés étalons qi 6nt 5 60 RÉSUMÉ DES SÉANCES, été employés jusqu’à ce jour. Les éleveurs ne trou- vant point dans les produits des étalons de sang, ni une défaite avantageuse, ni la satisfaction d’un besoin pour eux, se sont dégoütés des étalons du Gouvernement et ont conduit leurs juments aux étalons particuliers, dont les formes matérielles et très-souvent vicieuses , leur ont convenu da- vantage; de là une déviation dans l’amélioration de nos races chevalines. » La Société et le Conseil général ont pensé que, si l'espèce des étalons envoyés par l’État était modifiée dans le sens des vœux exprimés par nos éleveurs ; et qu’au lieu de chevaux de sang, de chevaux de mains, on nous donnât des étalons de demi-trait, taille de hunters, hunters sil était possible, ou même percheronsde petite taille, les éleveurs reviendraient de suite aux chevaux du Gouvernement. Le nombre des saillies, qui, pendant plusieurs années, avait été de soixante par étalon, et qui est tombé à cinquante, re- viendrait à son ancien chiffre. » Dans cette persuasion, la Société et le Conseil demandent que toutes les anciennes stations soient rétablies dans. le département, c’est-à-dire celles du Puy, Craponne , Pradelles , Tence et Paulhaguet, et qu'il en soit même érigé une nouvelle à Saugues. Nous vous serions obligés , Monsieur le Directeur , d'entrer dans les vues que AYRIL. 61 * nous croyons motivées par l'intérêt bien entendu » de nos éleveurs et de notre pays. » Je vous prie d’agréer, etc. » Le Président de la Société, » À. DE BRIVE. » L'Assemblée approuve les vues émises dans la lettre qui précède et réitère les vœux qui y sont consignés. Il est fait lecture d’une lettre par laquelle M. le Préfet demande des renseignements sur l’état des récoltes dans le département. Plusieurs membres s’empressent de fournir des indications qui seront transmises à l’adminis- tration. Ilest donné communication de divers imprimés relatifs à une enquête sur la maladie des pommes de terre en 1855 et 1854 ; ces circulaires, qui ont été envoyées par M. Victor Chatel, membre de la chambre consultative d'agriculture de Vire, sont distribuées à plusieurs membres qui promettent de répondre aux questions qui y sont consignées. ARTS INDUSTRIELS. — M. Aman Vigié, membre non résidant à Grenoble, écrit que l’on vient d’éta- blir dans cette ville une boulangerie mécanique 62 RÉSUMÉ DES SANCES. qui fournit d’excellent pain-eten.grande quantité. Si des détails sur ce sujet pouvaient intéresser la Société, ce membre s’empresserait de lui transmet- tre les renseignements qu'il pourrait recueillir. Cette proposition est agréée.avec reconnaissance. Mécanique. — On introduit dans la salle des séances un jeune paysan qui présente un modèle d’une machine extrêmement compliquée dont il est l'auteur. Ellé se compose de trois scies à planches, de trois meules à moudre le blé, de trois roues à filer Ja soie, d’un foulon à fabriquer le drap, le tout mis en mouvement par une seule roue. La Société charge M. Benoit de s'assurer du lieu de naissance de ce jeune mécanicien , afin que s’il appartient à Ja Haute-Loire on puisse solliciter au- près de l'autorité départementale les moyens de développer des aptitudes qui semblent se révéler à un haut degré par la machine qui est soumise à la Société. Economie. PuBLique. — M. le Président donne lec- ture d’une lettre de M. de l’Eguille, sous-inspecteur des forêts, par laquelle ce. fonctionnaire prie la Société de choisir dans son sein une commission chargée de visiter les communaux soumis au régime forestier depuis quelques années, de faire un rap- port sur leur état de reboisement et provoquer de la part de la Société un vœu fayorable à la conti- AYRIAL. 63 auation de la soumission au régime forestier des terrains susceptibles d’être reboisés. « Les essais que j'ai faits, écrit.M.de l’Eguille, pendant trois années consécutives, dans les mêmes localités, m'ont convaincu que l’on pouvait arri- ver à reboiser les points les plus élevés du dépar- tement , nonobstant l’absence de tout abri; ce que j'ai constaté également, c'est que généra- lement sur les plus hautes montagnes. qui sont complètement dénudées, on réussit mieux. par plantations que par semis ; mais il y a, d’un autre côté, une grande difficulté à faire arriver le plant dans de bonnes conditions sur les points que l'on veut reboiser lorsque les lieux sont éloi- gnés des pépinières ; car lorsqu'il lui faut faire subir des transports entassé dans des gavagnes où il s’échaufle , le faire languir ensuite en. jauge-en attendant qu'il puisse être employé, l’exposer en- fin à tous les accidents d’un long trajet ou d’une longue attente, il arrive fréquemment que si le sujet n’est pas tout-à-fait mort ou dépéris- sant , il a tellement perdu de ses facultés végéta- üves qu’il n’est pas susceptible de reprise. Ges circonstances m'ont déterminé à commencer, l’année dernière , à rétablir sur quelques commu- naux de petites pépinières que je compte agran- dir et multiplier successivement sur tous les points où il y aura des plantations à faire, car je con- sidère que la question du reboisement des hautes 64 RÉSUMÉ DES SÉANCES. montagnes sera pour ainsi dire résolue du jour où il sera possible de se procurer, sur les lieux mêmes, des sujets vigoureux et acclimatés , que l'on pourra transplanter aussitôt qu'ils seront ar- rachés. » J'espère pouvoir, en 1855, faire à la Société un rapport plus circonstancié sur les travaux de reboisement qui auront alors plus d'importance qu'aujourd'hui, et je me bornerai à donner ici quelques détails sur ceux du régime forestier. En 1853, le domaine forestier communal a reeu une extension très - considérable : la sou- mission nouvelle de 826 hectares est venue porter au chiffre de 5,778 hectares l’étendue des bois et terrains communaux régis forestièrement dans la Haute-Loire. Les nouveaux terrains sou- mis comprennent les sommets et les versants des hautes montagnes de Saint-Pierre - Éynac, de Saint-Hostien , du Pertuis et d’Yssingeaux, qui se trouvent pour la plupart dans d’excellentes con- ditions pour se reboiser naturellement ; il est hors de doute qu’un jour ils offriront de précieuses ressources en bois, car le terrain y est excellent et très-favorable à la production des grands vé- gélaux. » Je serais bien désireux , Monsieur le Président, qu’une commission, nommée dans le sein de la Société, füt chargée, en son nom, de visiter les communaux en cours de reboisement; la Société _. RE ÊE AVRIL. 65 L4 pourrait ainsi se rendre compte de l'importance qu'acquièrent les soumissions et du résultat que » de semblables opérations auront pour la richesse 2 y y » forestière d’un pays si éminemment propre à fournir des bois de construction et d'industrie. » La commission est composée de MM. Ch. Cale- mard de Lafayette, Plantade, Robert, Lacombe et de lEguille. Il est décidé que le vœu de la Société ne pourra être émis qu'après la lecture du rapport de cette commission. Caemix De rer DE LA Haure-Loire. -— M. de Brive prend la parole pour rendre compte des démarches de la commission du chemin de fer : « La députation, dit-il, nommée par le Conseil municipal pour aller plaider à Paris la cause du dé- partement, et en particulier de la ville du Puy, dans la question du tracé de la section du che- min de fer Grand-Central qui doit relier Lempdes à Saint-Etienne, est partie pour Paris le 28 fé- vrier , afin de s’y rencontrer avee une députation envoyée de Saint - Etienne , et sur une invitation pressante adressée par M. de Romeuf, député , à M. le Préfet de la Haute-Loire. En arrivant à Paris, elle s’est d’abord adressée à nos honorables députés , M. le marquis de la Tour - Maubourg et M. de Romeuf, qui ont mis le plus grand intérêt à faciliter ses démarches ; à M. Busch, inspecteur général des ponts-et-chaussées, entre les mains TOME XIX. 6) 66 RÉSUMÉ DES SÉANCES. duquel doivent être centralisées toutes les études , et dont le rapport sera probablement décisif; enfin à M. Heurtier, dont l'influence est considérable, et qui a promis son concours le plus aetif pour le mo- ment où la question sera discutée et devra recevoir une solution définitive. La députation s’est présentée aussi chez M. de Vougy, chez M. Dubois, direc- teur des chemins de fer, et chez M. le Secrétaire de la Compagnie du Grand-Gentral. Elle à recueilli par- tout des paroles d’encouragement et d'espérance. » Mais son but n’aurait pas éié atteint si elle n'avait pas porté aux pieds de l'Empereur les vœux de la population de la Haute - Loire. Il s'agissait done d'obtenir une audience de S. M. On s’aäressa à M. de la Tour-Maubourg, qui occupe à la cour, comme on sait, une haute position, et, sur sa demande , l'Empereur autorisa la députation de Ja Haute-Loire à se présenter le dimanche suivant, aux Tuileries, à l'heure ordinaire des audiences. » Les commissaires envoyés par la ville de Saint - Etienne s’étaient joints aux envoyés du Puy. M. le Préfet et MM. les députés de la Haute-Loire avaient bien voulu aussi accompagner la députation. Le samedi, les commissaires avaient rédigé un exposé de la situation qui devait être lu à Empereur. La députation fut introduite dans la grande salle des audiences, où se trouvaient aussi réunies plusieurs autres députations départemen- tales, et eut l'honneur d’être admise la première — —- . EE AVRIL. 67 auprès de S. M. Au moment où l'Empereur s’ar- rêta devant elle, M. de Brive, président , et M. Ay- mard, secrétaire de la députation, s’empressèrent, à la demande de S. M., de lui désigner sur une carte les lignes de chemins de fer qui intéressaient le département de la Haute-Loire ; c’est-à-dire : 1° celle qui, se dirigeant de l’est à l’ouest, devait, en passant par la vallée de la Loire et la ville du Puy, établir la communication de Lyon avec Bordeaux et les Pyrénées, en se reliant, près de Lempdes, au chemin de Clermont à Montauban ; 2° celle qui, suivant une direction du nord au midi, pourrait un jour partir de la ville du Puy, se diriger sur Alais et, en se raccordant aux autres lignes déjà exécutées où en voie de l'être, former bientôt une grande artère stratégique et centrale de Paris à Marseille. » La commission en prit occasion de faire remar- quer à S. M. que telle était la situation favorable dela Haute-Loire que deux des plus importanteslignes de France, l’une, longitudinale, de Paris à Mar- seille, l’autre , transversale , de Lyon à Bordeaux, s’intersecteraient ainsi très-heureusement sur le sol de ce département. » Sur l'observation de $S. M. qu’au premier aspect la configuration orographique de nos montagnes semblerait offrir quelques difficultés pour l'exécution de ces projets, il fut répondu que le grand eours d’eau de la Loire et ses affluents, qui ont excavé 68 RÉSUMÉ DES SÉANCES. notre pays en larges et profondes vallées , précisé- ment dans la direction des tracés de chemins de fer, paraissent avoir, comme par une prévision provi- dentielle, creusé, en très-grande partie, le lit de ces belles voies qu'il est réservé à notre épuque de voir exécuter. » À ces données, pour lesquelles S. M. voulut bien exprimer sa haute satisfaction , la commission ajouta que, sous un autre rapport, la Haute-Loire était admirablement située eu égard aux gites houil- lers de Langeac et des environs de Brassac que pos- sède ce département, et par sa proximité de ceux de Firminy , Prades et Bessèges, qui fourniraient à nos différents chemins de fer, à une foule d'usi- nes et à la consommation générale, des approvi- sionnements incessants d’excellent combustible. » Piusieurs autres considérations furent présen- tées par divers membres de la députation. L’Em- pereur les accueillit toutes avec une extrême bonté. I voulu! bien aussi, en se séparant de la commis- sion , recevoir l'écrit contenant l’exposé de la ques- tion que lui remit M. le Président, et un exem- plaire du mémoire imprimé que M. Aymard avait publié au nom de Ja Société. » Les heureuses espérances que les paroles si bienveillantes de S. M. firent concevoir à la dépu- tation se confirmèrent encore dans la visite qu'elle fit, quelques jours après, à M. le Directeur géné- ral des chemins de fer, de qui elle apprit que AVRIL 69 l'Empereur avait bien voulu faire recommander les observations de la commission à l'examen de M. le Ministre des travaux publics. » M. de Brive termine ces explications en informant l’Assemblée que M. Aymard , qui est resté à Paris pour le Congrès des délégués des Sociétés savantes, a continué de s'occuper activement de la question des chemins de fer. Dans une ‘ettre dont il est fait lecture , notre honorable confrère donne des dé- tails sur les démarches qu'il a faites conjointement avec M. Valadier , président du Conseil général de l'Ardèche, qui est venu récemment à Paris pour appuyer aussi la demande de la Commission en faveur du tracé par le Puy, dans lespérance que ce tracé faciliterait un jour l'ouverture de la ligne d'Alais par le département de l'Ardèche. L'Assemblée accueille avec une reconnaissante sa- tisfaction l’énoncé qui précède et remercie la dépu- lation, et en particulier les membres de la Société qui en faisaient partie, du zèle si intelligent qu'ils ont apporté dans l’accomplissement de leur impor- tante mission. Concrès Des Socrés sAvanTEs. -— Dans une autre lettre de M. Aymard ,; ce membre rend compte des séances du Congrès des Sociétés savantes auxquelles il a assisté et dontil a été nommé l’un des secrétaires. Ce Congrès à voté une médaille à M. Falcon pour le don généreux de la salle des dentelles ; il a témoi- 70 RÉSUMÉ DES SÉANCES, gné à diverses reprises, et de la manière la plus vive, sa sympathie pour les travaux de la Société; enfin, M. Aymard a provoqué l'intérêt du Congrès en faveur de la souscription pour la statue de la sainte Vierge. Ces différentes nouvelles sont accueillies avec une grande satisfaction par l’Assemblée. MonumENTs ET HISTOIRE. — M. le Président lit une lettre par laquelle M. le Préfet appelle l’intérét de la Société sur une souscription ouverte pour lérec- tion, dans le département de l'Ardèche, d’un mos nument à la mémoire d’Olivier de Serres. « S. M. l'Empereur a souscrit pour une somme de 5,000 fr.; la Société impériale et centrale d’agriculture , les Conseils généraux de l'Ardèche et de la Seine se sont également associés à cette souscription, et, en se rappelant les services rendus par lillustre agro- nome , il est permis d'espérer que les Comices et Sociétés agricoles s’uniront, dans les limites de leurs ressources , pour accomplir une œuvre destinée à consacrer le nom d’un homme à qui le pays est re- devable d'immenses bienfaits. » La Société décide qu’elle souscrit pour une somme de 50 fr. à prélever soit sur les ressources de la Compagnie , soit sur la valeur des jetons dont les membres présents à la séance font l’abandon. À l’occasion de l’un des mémoires reçus, qui traite AVRIL, 71 des corporations, M. le Président demande si les anciennes associations de ce genre qui existaient autrefois dans le Velay avaient des armoiries. M. Mandet père répond que ces corporations avaient leurs titres, leurs archives, leur organisation complète, et qu'on pourrait recueillir quelques données sur ce point dans les anciens registres de notaires, où sont consignés les actes relatifs aux corporations du Puy avant 1789 ?. HorricuzTure. — À la fin de la séance, M. le Pré- sident fait une distribution , à plusieurs membres, de graines de fleurs et potagères que l'administration du Jardin-des-Plantes de Paris a bien voulu lui en- voyer sur sa demande. A huit heures, la séance est levée. 4. Médicis, dans sa eurieuse chronique De Podio, érumère tous les corps de métiers de la ville du Puy au xvie siècle ; il indique les armoiries et images qui figuraient sur leurs enseignes; les églises dans lesquelles ils fesaient leurs confrairies, ete. (Note du Secrétaire.) SÉANCE DU. 5 MAI. SOIR SD- ER Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus. — Atlas de planches sur les arts, donné par M. Crozatier. —)Don de diverses publica, tions par MM. Guigon, Comarmond et Moussier. — Mémoire paléontologique offert par M. Aymard. — Acquisitions. — Dons au Musée de sept moulages de statues antiques , de deux moulages de bas-reliefs du Parthénon , de la copie d’un vase de Benvenuto Cellini et d’un marbre tumulaire destiné au tombeau de Julien, accordés par M. le Ministre d'Etat et l'administration du Louvre, à la sollicitation de M. de la Tour-Maubourg et sur la demande de la députation du chemin de fer. — Offre de deux vases antiques par M. de la Tour-Maubourg et d’un vase en bronze par M. Crozatier. — Moulages de fossiles donnés par l'administration du Muséum d'histoire naturelle de Paris, à la demande de M. Aymard. — Dons d'oiseaux, de monnaies, médailles, ete., par MM. Robert, Baniol, Parron, Aymard, Dumontat, Lacombe, Bretagne , Chaudet, etc. ; remerciements de la Société. — Remer- ciements à M. Aymard pour son intervention au sujet de la plupart de ces dons. — Salle des dentelles ; lettre de M. Pradier, archi- tecte. — Congrès des Sociétés savantes tenu à Paris; compte-rendu par M. Aymard, délégué de la Société. — Exposition universelle ; lettre de M. Le Préfet relative à l’organisation des comités ; décision de l'Assemblée. — Programme du concours régional des animaux reproducteurs pour l’année 4855. — Etat des semailles du prin- temps; demande de renseignements par M. le Préfet ; réponse de M. le Président. — Société zoologique d’acclimatation de Paris ; programme de ses travaux; renseignements fournis par divers membres sur de nouvelles espèces animales introduites ou à intro- MAL. 73 duire dans le département ; décision de l’Assemblée sur cette ques- tion. — Société protectrice des animaux ; lettre de cette Société au sujet des prix annuels qu’elle décerne. — Commission nommée par M. le Préfet pour la péripneumonie contagieuse des bêtes bovines. — Bonne tenue des étables ; article à insérer dans l’Almanach”. — Avis relatif à la réduction du prix pour le saut des étalons du Gouvernement. — Envoi de jeunes anguilles à M. le Sous-[nspec- teur des eaux et foréts. — Maladie de la vigne; rapport de M. Regimbeau. — Essai de culture de champignons comestibles ; communication de M. Martel ; observations de divers membres. — Collection de champignons du département, reproduits en cire, à placer au Musée; proposition à ee sujet ; décision de l’Assemblée. —Jardin expérimental ; rapport de M. Aymard.—Spécimens pho- tographiques présentés par M. Giraud; félicitations. — Subven- tions ministérielles accordées à la Société par MM. les Ministres de l’agriculture et de l'instruction publique. — Demandes d’ad- mission par MM. Bretagne et Jules Pradier ; commissions nommées, — Echange du titre de membre non résidant en celui de membre résidant , accordé à M. l'abbé Sauzet, sur sa demande. Présidence de M. de Brive. À trois heures, la séance est ouverte. Le procès- verbal est lu et adopté. Ouvraces reçus. — M. le Président dépose sur le bureau les ouvrages reçus, et signale à l'attention de l’Assemblée diverses publications relatives à des ques- tions qui intéressent les travaux de la Société. On re- marque, entre autres ouvrages importants, un recueil de documents inédits relatifs à l’histoire de France, 74 RÉSUMÉ DES SÉANCES. qui a été envoyé par M, le Ministre de l'instruction publique, à la demande de M. le Président. M. Aymard offre à la Société, au nom de M. Croza- tier , du Puy, artiste fondeur à Paris, un magnifique atlas de planches sur les arts, qui avait été donné à notre honorable compatriote par le roi de Prusse. M. le Secrétaire présente également, de la part de M. Guigon , du Puy, ancien conservateur de l’impri- merie impériale, et au nom de M. de Caumont, di- recteur de l’Institut des provinces, diverses publica- tions scientifiques et littéraires. Il offre aussi, au nom de M. Comarmond, con- servateur du Musée de Lyon, un mémoire sur la truite du lae de St-Front, et de la part de M. Moussier, membre non résidant, la description d’un oiseau de l'Algérie appelé erithacus moussieri, du nom de notre confrère qui a découvert cette nouvelle espèce. M. Aymard fait hommage d’un mémoire relatif à la paléontologie de la Haute-Loire, qu’il a lu à l’Aca- démie des sciences dans la séance du 7 avril dernier. Musée. M. Aymard annonce que, sur la demande collective de quatre membres de la députation pour le chemin de fer de la Haute - Loire, MM. de Brive, Ch. C. de Lafayette, Falcon et lui, M. le marquis de la Tour-Maubourg a obtenu de M. le Ministre d'Etat MAL. 75 un secours de 600 fr. pour l’acquisition de moulages de statues. D’après l’invitation de ses honorables col- lègues, M. Aymard s'est occupé, pendant son séjour à Paris, du choix de ces œuvres d’art et des démar- ches que néeessitait cette intéressante acquisition. [avait paru indispensable de compléter, autant que possible, notre collection des chefs - d'œuvre de l’art grec et d'enrichir également le Musée par une bonne reproduction du plus bel ouvrage de notre illustre compatriote : la ‘ Baigneuse’ de Julien. Mais la somme allouée par le Gouvernement était trop insuffisante. M. Aymard a cru devoir faire appel, en cette circonstance, à la générosité si éclairée de l'administration du Louvre. Il est heureux d'informer la Société que ses demandes ont été accueillies très- favorablement par son savant ami M. de Longpérier, conservateur des statues, et surtout par l’éminent Di- recteur général des Musées imptriaux, M. le comte de Nieuwerkerke, qui lui a témoigné les sympathies les plus vives en faveur de notre Musée, et a bien voulu accorder les moulages suivants : 1° Nymphe Amalthée, ou Baigneuse, par Julien ; 2° Vénus de Milo; 5° Muse Polymnie ; 4° Diane de Gabies : »° Faune flüteur ; 6° Enfant à l’Oie ; 7° Vase de la villa Albani ; 8° Deux grands bas-réliefs du Parthénon : 76 RÉSUMÉ DES SÉANCES: 9° Vase de Benvenuto Cellini. Ces belles pièces seront expédiées de Paris très- prochainement; les frais de port et d'emballage seront seuls à la charge de la ville. M. le Ministre d'Etat, par une lettre qu’il a adressée . à M. Aymard le 1° avril, l'informe également qu'il a autorisé le Conservateur du dépôt des marbres du Gouvernement à mettre à sa disposition un marbre tumulaire destiné au tombeau du sculpteur Julien , et qui sera envoyé aussi au Musée du Puy, d’après la demande de M. de la Tour-Maubourg et des membres de la députation. M. de la Tour-Maubourg a bien voulu annoncer également au même membre qu’il donnera à la So- ciété deux grands vases antiques, de style grec, et M. Crozatier lui a fait part du projet qu'il avait conçu d'exécuter en bronze une magnifique coupe destinée à décorer le vestibule du Musée. Les dons suivants sont offerts au Musée : Par M. Aymard, au nom de l’administration du Muséum d'histoire naturelle du Jardin-des-Plantes, les moulages paléontologiques qui suivent : 1° Tous les os en connexion d’un pied antérieur du palæotherium medium des gypses éocènes, de Paris ; 2° Radius du même palæwotherium ; 9° Calcaneum et astragale du palæotherium magnum, de Paris ; PP ST MAI. pl! 4° Fragment d’humerus du pal. lutum, de Paris ; 5° Astragale du pal. minus, idem ; 6° Astragale d’anoplotherium gracile, idem ; 7° Mächoire inférieure du protopitheeus antiquus , des calcaires miocènes de Sansans (Gers) ; Par M. Félix Robert, échantillon de granit avec beaux cristaux de baryte, trouvé près de Rosières; Par M. Baniol, propriétaire à St-Jeure, un héron pourpré lué à St-Jeure (Haute-Loire) ; Par M. Parron, employé à la préfecture , un fla- mand ; Par M. Aymard, deux belles médailles en bronze qu’il a fait frapper à la monnaie des médailles de Paris au moyen des coins que l’on conserve dans cet établissement ; elles portent les effigies de deux de nos plus illustres compatriotes , le cardinal de Po- lignac et le général Lafayette ; Par M. Dumontat, membre résidant, jeton du moyen-àge ; Par M. Lacombe , membre résidant, une pièce de monnaie de Charles v, et un jeton du règne de Henri 1 ; Par M. Bretagne, directeur des contributions directes , huit pièces de monnaie royales, papales et baronales, provenant d’une trouvaille qui a été faite récemment au village de Polignac ; Par M. Aymard, au nom de M. Chaudet, archi- tecte à Paris, échantillon de papier fabriqué avec la moëlle d’une espèce de papyrus qui croit dans 78 RÉSUMÉ DES SÉANCES. les marais de Syracuse, et dessin gravé de cette plante; par le même, un hameçon provenant d’une peupläde sauvage. M. Barbedienne, éditeur de hronzes d’art à Paris, donne également , par l’entremise du mème membre, deux charmantes réductions en plâtre des bas-reliefs du Parthénon. La Société exprime , par un vote unanime de rc- merciements, sa profonde reconnaissance pour ces nombreux et importants témoignages de sympathie; elle ne saurait être plus honorablement récompensée des efforts qu’elle a voués à l'amélioration progressive et à l'illustration du pays. L'Assemblée remercie en particulier M. Aymard, du zèle et de l’activité qu’il a apportés dans l’accom- plissement des différentes missions qui lui avaient été données. M. Pradier, architecte, éerit pour accuser réception des pièces qui composent le projet de construction d’une salle pour les dentelles à annexer au Musée; il remercie la Société de lui en avoir donné la direction, et annonce qu’il s’appliquera à se rendre digne de cette marque de confiance à laquelle il attache un grand prix. Concrès DES sociétés savantes. — M. Aymard fait un rapport verbal sur la session du Congrès des so- ciélés savantes qui a été ouverte à Paris le 20 mars, et RP — - MAI. 79 à laquelle il a assisté comme délégué de la Société. « Cette session , dit ce membre, a duré huit jours ; elle s’est tenue, comme les précédentes, dans une des vastes salles de l'hôtel de la Société d’encorrragement pour l’industrie nationale. » Elle avait été organisée par l’Institut des provin- ces, sous l’habile et savante impulsion de M. de Cau- mont, qui a présidé la séance d'installation. » L'Assemblée se composait d'environ cent cin- quante personnes, parmi lesquelles on remarquait des membres de l'Institut, des présidents et secré- taires de plusieurs académies et sociétés savantes, et d’autres notabilités scientifiques de [a provinee. » Les trois sections des sciences physiques et na- turelles, de l’agriculture et de l’industrie, d’archéo- logie, d'histoire et des beaux-arts, tenaient chacune une séance par jour, et le soir toutes les sections se réunissaient en assemblée générale. » Le Congrès a bien voulu m'appeler au secrétariat de la première section et a témoigné à plusieurs re- prises , dans le cours de ses travaux, la plus grande sympathie pour les vues de la Société dont vous m'’a- viez chargé d’être Pinterprète. M. de Caumont , en particulier, a bien voulu m’exprimer ses regrets que notre honorable Président, M. de Brive, n’ait pu assister à cette solennité et lui apporter le tribut de ses lumières. 11 m'a également remercié du eoncours actif et intelligent qu’un autre membre de la Société, son délégué au précédent Congrès , M. Charles C. de 80 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Lafayette , avait prêté à ces assises provinciales de la science. » Le Congrès a offert une nouvelle occasion de constater que notre Société n’est restée, pour ainsi dire, étrangère à aucune des questions qui préoc- cupent les corps savants et les hommes sérieux, et même de faire voir que la Compagnie a eu l'initiative de quelques bonnes et fructueuses pensées. L'accueil extrêmement flatteur qui a été fait à celles qui ont été émises par son délégué, a prouvé qu’elles avaient une véritable valeur. » Dans son discours d'ouverture, l'honorable M. de Caumont a présenté l’exposé des travaux des Sociétés de province en 1855, et la nôtre a été l’objet de fé- licitations particulières. » L'un des commissaires du Congrès, M. Raymond Bordeaux, a présenté aussi l'historique des travaux de la Société en 1853, et après avoir rappelé la mention si flatteuse que lui décernait, en 1851, le Congrès des Sociétés savantes, il a ajouté, en finissant, que la Com- pagnie a conservé le rang distingué que lui avaient assigné les précédents Congrès. » L'agriculture a fourni plusieurs sujets d’études fort importants. Le drainage a été mentionné commeayant pris, surtout depuis un an, un véritable développe- ment. On a cité les efforts et les encouragements qui ont émané du ministère de l’agriculture; diverses So- ciétés ont acquis des machines propres à la fabrication des tuyaux de drainage. Le département de la Haute- MAI. 81 Loire est un de ceux qui, les premiers, en ont été do- tés. La question a été traitée, du reste, sous tous ses aspects et on a indiqué tous les moyens que l’expé- rience a suggérés pour tirer le meilleur parti possible de ce nouvel et précieux procédé d'assainissement des terres. » [l en a été de mème du battage mécanique des grains, qui tend aussi à se propager. Diverses machi- nes ont été recommandées ; elles sont pour la plupart en voie de perfectionnement. » Une autre question qui a été l’objet d’un intéres- sant débat est celle des livrets pour les ouvriers de l’agriculture. L'initiative du livret a été prise déjà par diverses Sociétés et comices , et les conséquences en ont été avantageuses. Le Congrès a demandé pour le livret une sanction gouvernementale. » La pisciculture, d’après les procédés nouveaux d’éclosion artificielle des œufs de poissons , a donné lieu à une discussion fort importante dans laquelle on a entendu M. de Quatrefages, membre de l'Insti- tut, et MM. Miller, de Vibraye, de Romanet, etc. J'ai eu l’honneur de citer les essais faits dans la Haute- Loire par MM. de Causans et de l'Eguille ; ils doivent appeler vivement l'attention sur ce département, qui offre, sous le rapport de l’empoissonnement des ri- vières , les plus heureuses conditions de réussite. Le Congrès a approuvé en particulier les vues de la So- ciété relatives à la surveillance des cours d’eau et à l'exécution des règlements sur la police de la pêche, TOME XIX. 6 82 RÉSUMÉ DES SÉANCES. qui faciliteraient la multiplication et la conservation du poisson. » La sériculture et la culture des müriers ont donné lieu aussi à d’intéressantes communications qui ont été faites par MM. Guérin-Méneville, le Cadre (du Hävre), Valadier (de l'Ardèche), Payen, ete. On a -énuméré toutes les variétés de müriers qui sont aptes à réussir dans les diverses contrées de la France, les plantes dont les feuilles peuvent suppléer à celles du mürier, les essais de ce genre qui ont été expéri- mentés, enfin les nouveaux procédés d'éducation des vers à soie. À cette occasion, j'ai signalé en parti- culier les tentatives heureuses qui ont été faites pour le perfectionnement des races de vers à soie, par le croisement de sujets choisis pendant plusieurs géné- rations , d’après le principe de l’hérédité des qualités. On a développé cette donnée qui, dans un autre ordre de perfectionnements agricoles, a été appliquée en Angleterre avec tant de suecès pour les mammifères ruminants des races bovine et ovine. » Les croisements des diverses races d'animaux domestiques, et en particulier des chevaux, ont été longuement étudiés. On a traité aussi la question d’acclimatation et de domestication de différentes espèces d'animaux. M. de Quatrefages a disserté savamment sur ce sujet, en faisant observer que sur quarante mille espèces qui forment le règne animal , il y en a, à peine, une quarantaine qui on été utilisées pour les besoins de l’homme. MAI. S3 » On s’est occupé également des insectes nuisibles et des insectes utiles, et des vœux ont été émis pour que les Sociétés de la province s'occupent activement de ces importantes questions. » À l’occasion de l’acclimatation des espèces végé- tales , on a cité les départements qui sont entrés dans la voie des améliorations forestières ; j’ai rappelé les heureux et persévérants efforts accomplis par la So- ciété depuis plus de vingt ans pour l'introduction, dans la Haute-Loire , de diverses essences d’arbres forestiers , tels que le mélèze et l’épicéa, qui convien- nent au climat et au sol de nos montagnes; et j'ai mentionné une expérience récente qui concorde avec celles d’habiles silviculteurs au sujet de la culture du pin noir d'Autriche dans nos contrées. » Le Congrès a traité ensuite la question des arbo- rela , pépinières et jardins publics. A cette occasion, votre délégué a déreloppé les idées si judicieusement exprimées par M. Henri Lecoq, de Clermont, dans un excellent mémoire sur ‘l’Horticulture de quelques parties de l'Europe”. J'ai cité les beaux jardins de Ja ville de Vienne, en Autriche, ceux d'Edimbourg, de Liège, ete., où l’arrangement scientifique des plantes groupées par famille est combiné de manière à pro- duire aussi les effets pittoresques des jardins paysa- gers. Le vœu que j'ai émis de former, dans toutes les villes qui en seront susceptibles, des jardins publics établis d’après ce système, a été adopté par le Congrès. 84 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » La Il° question du programme : « Par quels » moyens peut-on hâter ladoption des machines » agricoles? » a été l'objet d'observations très-di- verses. J’ai fait connaître trois moyens employés par la Société : {° exposition publique et périodique des instruments nouveaux; 2° leur acquisition et leurs essais dans la ferme-école ou par des membres de la Société; 5° création d’un musée agricole qu’ellese pro- pose de fonder. Ces solutions ont recu l'adhésion du Congrès, qui a émis le vœu de la création de sem- blables musées dans tous les départements où cette pensée serait réalisable. » Beaucoup d’autres sujets d’études agricoles, qu'il serait trop long d’énumérer, ont été discutés : tels sont les cultures de plantes industrielles, les ma- ladies de la vigne et des pommes de terre, lesamen- dements, l’enseignement agricole, le métayage, les habitations rurales, les chemins ruraux, les cartes agronomiques, les comices, elc., etc., qui trouvent aussi leur application dans notre pays , et sur les- quels des données, considérées à ce point de vue, ont été produites au Congrès. L'Assemblée a bien voulu sanctionner, par des votes, divers vœux que j'ai formulés au nom de la Société. » On a donné d’utiles explications sur la fabrica- tion du sucre indigène dans le département de l'Aisne, et sur l'alcool qu’on obtient de la betterave. Les grands progrès de cette industrie contribueront à la propager dans d’autres contrées de la France, et probablement aussi dans la Haute-Loire. MAI, 85 » Un rapport fort remarquable a été fait par M. du Moncel sur les progrès des sciences physiques en 1855 et leur application à l'industrie. Il a passé en revue les machines à air chaud, les électro- moteurs, la machine de Rumkorff, les métiers de tissage électrique, le gaz électrique, l'application de l'électricité aux chemins de fer, l’adhérence élec- trique des roucs des locomotives aux rails, diverses applications électro-médicales, électro-chimiques, les applications de la lumière, photographie, pho- tomètres, elc., etc. » On a examiné divers appareils d’aéronavigation, problème auquel se rattache létude des phéno- mènes météorologiques. Cette question m’a donné occasion de rappeler les savants travaux de deux de nos honorables collègues, MM. Bertrand de Doue et Azéma , sur les lois qui régissent les vents et autres phénomènes physiques dans notre pays. » De curieuses expériences ont été faites et d’in- téressantes explications ont été données sur les éclairs en zigzags et en boules. » D’autres sciences naturelles ont fourni aussi aux discussions divers sujets d’études. Il a été dé- montré que la nature géologique du sol a générale- ment une influence sensible sur la répartition des mollusques terrestres et fluviatiles vivants. Votre dé- légué a cité des observations favorabies à cette opi- nion en ce qui concerne la Haute - Loire. Il a signalé, en outre, un fait curieux : la disparition 86 RÉSUMÉ DES SÉANCES. de quelques espèces de mollusques pendant je cours de la période historique actuelle. » J'ai lu également un mémoire sur la paléonto- logie du département de la Haute-Loire, et une communication relative aux terrains diluviens m’a amené à prendre part à la discussion qu’a soulevée ‘cette question. ». Un travail de M. Melville sur l'argile plastique des environs de Paris a intéressé vivement l’As- semblée ; les données qui en résultent pourront éclairer la question de synchronisme de ce terrain avec ceux qui peuvent lui correspondre dans le bassin du Puy. De belles cartes géologiques nouvellement édi- tées ont êté mises sous les yeux du SITES et ont recu son approbation. » Une utile application de la géologie à l’amélio- ration des routes a donné lieu d'examiner la ques- tion de savoir quelles sont les roches qui conviennent le mieux à la confection du macadam. II a été re- connu, d’après les observations que j'ai eu l’hon- neur de présenter, que les laves basaltiques qui abondent dans nos contrées offraient un des meilleurs moyens d’empierrement. » L'histoire et l'archéologie ont soulevé surtout deux importantes discussions : la première est re- lative aux moyens de faire connaître aux savants de la province les principaux documents manuscrits, relatifs à leurs études, qui existent dans les biblio- MAI. S7 thèques de Paris et dans les grands dépôts du Gouvernement. » La seconde concerne les institutions organisées en France pour résister au vandalisme et protéger les monuments des arts. » [Il suflit de citer ces questions pour en faire apprécier l’importance à un point de vue général et également au point de vue qu’elles offrent pour notre pays. » D’intéressantes communications relatives à des découvertes d’antiquités ont été faites dans la sec- tion d'archéologie, et de nombreux objets d’art provenant de ces découvertes, des dessins et plans ont été mis sous les yeux du Congrès. » Le Congrès a pris sous son patronage diverses souscriptions ouvertes pour élever des monuments à des hommes illustres, tels que Mézeray er ses deux frères, Léonard de Vinci, Jean Cousin, cte. J'ai été assez heureux pour provoquer, dans une allocution, les sympathies de l’Assemblée en faveur de l'érection d’une statue colossale, en bronze, de la Vierge, au Puy. Les membres du Congrès ont promis de patroner la souscription ouverte à cet effet, et M. de Caumont s’empressera de provoquer très-pro- chainement celle de la Société française des mouu- ments historiques ?. E Cette Société a adhéré à la demande de M. de Caumont et a souscrit pour 100 francs. 88 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » ]l m'a été donné de traiter aussi la question suivante : « Quelle forme, quelles dimensions , quelle disposition intérieure doit-on préférer pour les Musées de province? » Dans unaperçu historiquesur leMusée du Puy, j'ai énoncé les principes qui ont guidé Ja commission de notre Musée dans la distribution des galeries et l’organisation des collections. » Ces vues ont reçu l’assentiment du Congrès. » Dans une autre séance, la même question a été traitée sous un autre point de vue. Il s'agissait de savoir s’il n’est pas préférable de réunir dans un seul palais les Musées d'art, d'histoire naturelle, d’anti- quités, et même les Musées de l'industrie locale, dans les villes où l’on peut en former. » Jai dû, conformément à votre manière de voir, exprimer une opinion affirmative. Les collections de tous genres , ai-je dit, ne peuvent que gagner à être réunies. Ainsi, la dentelle n’est pas seulement une in- dustrie , c’est un art. N'y aurait -il pas dommage à la séparer des tableaux, des dessins, des bas-reliefs qui offrent des sujets d’études, de comparaison et d’in- spiration aux fabricants? » L'histoire naturelle elle-même a des points de contact avec l’art. L'industrie lui emprunte de nom- breux matériaux. Il y aurait autant d’inconvénient à séparer ces collections dans des palais distincts , qu’à fractionner les Sociétés savantes en province. Les di- verses seetions se prêtent un mutuel secours et profi- tent chacune des lumières de toutes. MAI, 89 » J’ai signalé ensuite le projet de construction d’un Musée de dentelles généreusement conçu par M, Fal- con. Ce scra la première galerie de ce génre qui aura été créée en France. Le Mémoire de M. Falcon, que j'ai communiqué, a donné lieu au Congrès de voter , par acclamation, une médaille d'honneur au géné reux fondateur de ce Musée. » Beaucoup d’autres questions relatives à l’indus- trie, à l’histoire et aux beaux - arts, mais qui n’ont pas une application aussi directe à notre département, ont aussi occupé diverses séances du Congrès. » Enfin, l'Assemblée a examiné les moyens les plus eflicaces pour la publication de ‘ Bulletins bibliogra- phiques des Sociétés savantes”, et ceux qui se rappor- tent aux échanges des publications et à leur envoi à l'Etranger et en Amérique. Ces questions ont été l'ob- jet de différents vœux. » La Société félicite M. Aymard de la part active qu’il a prise aux discussions du Congrès des Sociétés sa- vantes et le remercie de la communication qui pré- cède. La Compagnie décide en outre qu’elle ne perdra pas de vue les questions qu’elle soulève, et qu’elle les étudiera au point de vue de leur application à nos contrées. EXPOSITION UNIVERSELLE. — Par une lettre en date du 15 avril, M. le Préfet a bien voulu consulter la Société sur la manière la plus efficace et la plus prompte d'établir des comités dans le département, 90 RÉSUMÉ DES SÉANCES. au sujet de l’Exposition universelle qui s’ouvrira à Paris, le 1° mai 1855, sur le nombre des membres dont ces comités devront être composés et sur la question de savoir s’il doit en exister un seul ou plu- sieurs dans le département. M. le Préfet demande cet avis dans le plus bref -délai et prie la Société de lui envoyer « une liste de candidats qui devra comprendre des hommes spé- ciaux , dont les connaissances techniques seraient de nature à éclairer les comités sur les points qui inté- ressent le pays. » A cette lettre sont joints les décrets, règlements et instructions relatifs à l'Exposition universelle. M. le Président annonce que les chambres d’agri- culture, du commerce et des arts et manufactures ont été appelées également à donner leur avis, et ap- pelle l'Assemblée à délibérer sur la première ques- tion, celle relative à un ou plusieurs comités. M. Ch. C. de Lafayette dit que, s’il y a plusieurs comités, il sera impossible de juger de la supériorité relative des produits similaires envoyés de différents points du département. M. Aymard répond que les envois seraient plus fa- ciles s'ils étaient adressés aux chefs-lieux de chaque arrondissement, et que l’action de plusieurs comités serait plus immédiate et plus efficace. Mais ces avan- tages ne sont pas suflisamment compensés par les inconvénients qui en résulteraient. Sous ce rapport, un comité unique, fonctionnant au chef-lieu, s’inspi- MAI. 91 rant de l'expérience des concours bisannuels de la Société, agissant avec ensemble et unité, pourrait mieux organiser une exposition qui honorerait le dé- partement. Ce membre opine done pour la nomina- tion d’un seul comité. M. de Brive pense qu’en effet la Société conserve toutes les traditions des progrès agricoles et indus- triels accomplis dans la Haute-Loire depuis plusieurs années, et qu’elle pourra fournir d’utiles données au comité. On pourrait, d’ailleurs, prier M. le Préfet de comprendre dans la liste des membres de ee co- mité un certain nombre de correspondants dans chacun des deux autres arrondissements ; il serait égal à celui qui serait adopté pour l'arrondissement du Puy. Ces observations recoivent l’assentiment de l’As- semblée. En conséquence, il sera proposé à M. le Préfet de former un comité unique fonctionnant au Puy, et qui sera composé de douze membres, savoir, quatre par arrondissement, à moins que l'administration ne juge que, pour avoir un nombre suffisant de mem- bres présents aux séances, elle croie devoir augmen- ter celui des membres qui résideront au chef-lieu. Quant au choix des candidats, l'Assemblée s’en réfère à la sagesse de l’administration et à sa con- raissance éclairée des hommes qui, dans cette occa- sion, peuvent être d’une grande utilité pour le pays. 92 RÉSUMÉ DES SÉANCES. AcricuuTure. — M. le Président donne lecture du programme du concours régional d'animaux repro- ducteurs, d'instruments et produits agricoles, qui doit avoir lieu à Clermont, en 1855. Il invite les agriculteurs distingués qui font partie de la Société à envoyer des bestiaux et produits agri- coles au concours, et à montrer ainsi, par leur exemple, l'importance que la Compagnie attache à cette utile solennité. M. le Président informe l’Assemblée qu’il a reçu une lettre par laquelle M. le Préfet lui demandait des renseignements relatifs à l’état des semailles du ptintemps, aux développements ei aux progrès de la végétation en général, et à l’influence que les der- nières gelées ont pu exercer sur les produits agri- coles, notamment sur les céréales. Il s’est empressé, vu l’urgence, de fournir immé- diatement toutes les données relatives à cet objet. L'Assemblée est informée, par une lettre dont il est fait lecture , qu’une Société zoologique d’acclima- tation vient d’être fondée à Paris. Son but est de concourir : 1° A l'introduction, à Facclimatation et à la do- mestication des espèces d'animaux utiles ou d’or- nement ; 2° Au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées. M. le Président lit ensuite, par extraits, le règle- MAI. 93 ment constitutif de cette Société et le rapport fait, au nom de sa commission d'organisation, par M. Ri- chard (du Cantal), rapporteur. MM. Ch. C. de Lafayette et Aymard “'empressent de rendre hommage aux vues éclairées de cette So- ciété, pour la solution de problèmes qui intéressent éminemment les progrès de l’agriculture. Îls citent différents essais qui ont été faits en France et dans d'autres contrées de l’Europe pour lintroduction d'animaux utiles. Un troupeau de yacks, bestiaux de la race bovine, vient d’être amené du nord de la Chine au Jardin-des-Plantes de Paris. On a lieu d’es- pérer que cette précieuse race, qui réunit aux facultés lactifères des aptitudes au travail et surtout un pelage épais, long et soyeux, propre au tissage d’étofles spéciales, pourra être importée dans les contrées montagneuses de la France, et probablement dans le département de la Haute-Loire. Les mêmes membres parlent aussi des lamas al- pacas, chèvres de Cachemire et des béliers mérinos, dont l’acclimatation est en voie d’études. On s'occupe aussi beaucoup d'introduire de nou- velles espèces de vers à soie. Sous ce rapport, il serait profitable au département d'y introduire des races rustiques, des races peu sujettes aux ma- ladies telles que la muscardine, ete. Déjà nos basses-cours commencent à se peupler de volatiles qui se recommandent par des avantages 94 RÉSUMÉ DES SÉANCES. signalés : les poules de Caux, de Java, de la Cochin- chine, des pintades y prospèrent. M. Jandriac dit qu’on pourrait s'occuper de la pro- pagation de certaines variétés de chèvres qui existent dans le département, et qui paraissent provenir de quelques chèvres du Thibet. Cette espèce offre une ‘toison de qualité supérieure. M. de Brive entretient la Société d’une variété de la poule de Caux, qu’il élève depuis plusieurs années dans son domaine de la Darne. » La poule que j’élève exclusivement, depuis plu- sieurs années , dit M. de Brive, est le produit du croisement de notre petite poule du pays avee une belle poule normande, dite de crève-cœur , introduite dans notre département par M. de Parron, ancien receveur général de la Haute-Loire. » Ce métis, parfaitement acclimaté aujourd’hui, et qui se reproduit avec toutes ses qualités, me parait présenter de grands avantages sur l’espèce ancienne- ment répandue dans tout:s nos campagnes. Ses ca- ractères principaux sont : un plumage généralement tigré de blanc et de noir, quelquefois, par exception, tout blanc ou tout noir ; chez le mâle, une crête dou- ble et épaisse, qui s’arrondit souvent en couronne, et chez la femelle une huppe ou aigrette volumineuse qui la coifle complètement; les pattes, larges, fortes et moyennement hautes, d’un gris ardoisé comme le bec ou d’un jaune clair, sont toujours armées de cinq MAT. 95 onglons, au lieu de quatre qu’on voit dans l’espèce ordinaire. » Le poids vif du coq est de trois kilog. , et celui de la poule, de deux kilogrammes et cinq cents grammes, qui peuvent s'élever de beaucoup, au moyen d’un bon engraissement Alor. les chapons de cette espèce de- viennent un mets très-délicat et ressemblent, par leur lorme et leur grosseur, à des dindonneaux, ou à ces belles volailles de Bress : qui sont si recherchées sur les marchés de la ville de Lyon. » Les poules bien nourries pondent jusqu’à 200 œufs dans l’année, et ces œufs sont moitié plus gros que ceux de notre poule commune : le poids moyen de la douzaine est d’un kilogramme dès la seconde année: » Mais ces poules ont es défauts de leurs qualités. Elles sont voraces et exigent, pour être fécondes, une nourriture abondante : leur tendance à pondre long- temps les rend aussi lentes à couver, et il n’est pas rare dans un troupeau de 20 à 50 poules de n’en trouver que 2 ou 5, et encore très-tardivement, qui suient aptes à remplir ce devoir de la nature. » Malgré cet inconvénient, cette espèce me parait devoir être préférée à l'espèce si chétive que nous voyons dans nos fermes, à raison des dimensions qu'elle atteint, de ses dispositions à un bon engrais- sement et de sa grande fécondité. Je pense donc qu'il y aurait utilité à la multiplier autour de nous, et dans ce but, j'offre de céder au printemps prochain des 96 RÉSUMÉ DES SÉANCES. œufs choisis de cette espèce à toutes les personnes qui voudront m’en faire la demande à l'avance. » MM. Chouvon, Ch. de Lafayette et Aymard, qui ont vu les belles volailles élevées par M. de Brive, émettent une opinion favorable à leur propagation. M, Chouvon rappelle qu’il a introduit à la ferme- ‘école la poule cochinchinoise, qui est plus volumi- neuse encore que la poule de Caux; elle est excellente couveuse, mais elle donne des œufs petits et laisse à désirer dans la conformation de la partie antérieure du corps. Ce membre émet l’avis que, par un croise- ment bien entendu entre ces deux espèces, on pourrait obtenir un produit qui, sans avoir les défauts de l’une et l’autre poule, pourrait réunir toutes leurs qua- lités. Il est disposé à tenter ce métissage, etil fera connaître plus tard à la Société d'agriculture les ré- sultats qu'il en aura obtenus. Mais, en attendant, il appuie vivement la proposition de M. le Président, et il croit qu’il y aurait le plus grand avantage à rempla- cer notre poule commune par celle que M. de Brive élève avec tant de succès depuis plusieurs années. D’autres membres signalent de nouvelles espèces de porcs introduites dans notre pays et qui ont fi- guré avec honneur aux concours de la Société. On cite également de bonnes espèces de pigeons, de lapins, ete., que les connaisseurs élèvent avee soin et qui promettent des résultats avantageux. M. le Secrétaire rappelle aussi qu’en ce qui con- cerne les végétaux, la Société s’est préoccupée depuis MAI. 97 longtemps de l'introduction de nouvelles espèces et qu’elle a déjà obtenu des résultats très-satisfaisants. Après délibération, l’Assemblée déclare qu'elle pren- dra en grande considération les essais qui pourraient être faits dans le département pour laccliatation et la domestication de nouvelles espèces tant animales que végétales , que des prix d’encouragement seront inserits aux programmes des concours, et que la So- ciété entretiendra des relations de correspondance avec la Société zoologique de Paris. Il est donné lecture d’une lettre circulaire par la- quelle la Société protectrice des animaux annonce qu’elle distribue tous les ans des récompenses aux cochers, palefreniers, conducteurs de bestiaux , ber- gers, charretiers, garcons et servantes de ferme, etc., qui auraient fait preuve, à un haut degré, de compas- sion, de douceur et de soins envers les animaux. La Compagnie est invitée, par la même lettre, à proposer des candidats et à adresser les pièces justi- ficatives avant le 25 avril, à M. le vicomte de Valmer, président de la Société protectrice des animaux, rue de Lille, 56, à Paris. La réception tardive de cette lettre ne permet pas à l’Assemblée de s'occuper, pour cette année, de cet intéressant objet; mais ilest décidé qu’il en sera donné avis au public , dans les journaux, pour l’année 1855 et les suivantes. M. Lobeyrac entretient l’Assemblée des mauvais TOME XIX. 7 98 RÉSUMÉ DES SÉANCES. traitements que subissent, quelquefois dans notre pays, les animaux domestiques, et, sur sa proposition, il est arrêté qu’il sera écrit à M. le Préfet pour appeler son attention sur lexécution de la loi dite Grammont. A l’occasion d’un article sur la péripneumonie con- tagieuse des bêtes bovines, inséré dans le dernier nu- méro du ‘ Journal d'Agriculture pratique”, M. le Pré- sident annonce que M. le Préfet, sur la demande de la Société, a nommé une commission. II l’a chargée d'étudier cette maladie, qui, chaque année, exerce des ravages dans nos contrées, et de faire des essais d’inoculation d’après la méthode Wilhems. Il est ensuite décidé qu’un article sur la bonne tenue et la propreté des étables, publié dans les mémoires de la Société industrielle d'Angers, sera inséré dans ‘l’Almanach”. M. le Président annonce que , d’après une décision de la Société, il a fait afficher , dans tout le dépar- tement, un avis relatif à la réduction du prix pour le saut des étalons de l'Etat. Une subvention spéciale du Conseil général a permis de le fixer, pour l’année 1854, à trois francs, tous frais compris. Les garde- étalons ne pourront, sous aucun prétexte, réclamer des propriétaires de juments une somme plus élevée. M. Charles C. de Lafayette dit qu’il a été adressé un envoi de jeunes anguilles à M. le Sous-Inspecteur MAI. 99 des eaux et forêts par l’entremise de M. le Préfet, I] espère qu'il y aura lieu de faire un rapport sur les résultats qui auront été obtenus de ces essais de pro- pagation des anguilles dans nos cours d’eau. M. Regimbeau lit un rapport sur loïdium ou la maladie de la vigne. Ce membre s'exprime ainsi : MESSIEURS , Quand nous avons publié notre analyse des sèves de vigne, précédée d’un avant-propos où nous avons émis notre opinion raisonnée sur la nature et la cause pro- bables de cette maladie, nous étions loin de nous at- tendre que cette opinion fût de tout point conforme à celle de l’habile jardinier de Margate, qui le premier a observé le champignon connu sous le nom d’oïdium tucheri, en 1845. D'après lui, l’oïdium ne serait que la manifestation extérieure d'un vice organique. — Lais- sons parler M. Tucker lui-même 2 : « Le cultivateur intelligent et expérimenté doit, il est vrai, porter une grande assiduité et un grand savoir à se procurer et à composer ses engrais, agents chimi- ques qui doivent former les parties constitutives de la ? Journal {la Haute-Loire? nos des 2, 46, 50 octobre. 6 novem- bre 1853. 4 “Bulletin de la Société centrale d'agriculture et des Comices agricoles du département de l'Hérault? (août, septembre, octobre et novembre 1855). 100 RÉSUMÉ DES SÉANCES. plante, organiques où inorganiques. W doit aussi con- naître les éléments qui doivent exister dans le sol où les végétaux sont plantés, afin de leur procurer une active nourriture. — Il doit pouvoir dire qu’une large part de silice (oxide de silicium, soit acide silicique) est néces- saire aux céréales; la potasse aux fèves et aux pois; la chaux au trèfle, au sainfoin, au lin, ete. ; qu'avec la soude la bette fructifiera beaucoup mieux. {Variété de la betterave et de la poirée.} » Toutes ces substances, le cultivateur peut les admi- nistrer, mais ce ne sont pas les seules qui soient indis- pensables. — Il est des circonstances sur lesquelles il à peu de prise, comme, par exemple, l’action combinée de l'eau et du sol, et l'équilibre dans le mouvement de la sève dépendant de la température et de l’état hygromé- trique de l'atmosphère. » L'évaporation s'opèrera en proportion de la densité de l’atmosphère, et, par la force combinée de la pesan- teur atmosphérique et de l’évaporation, la nourriture est fournie à la plante et le mouvement de la sève s'effectue. » Lorsque l'air est sec, l’évaporation est si rapide que les racines sont incapables de fournir à la demande qui leur est faite; le bois se dessèche, l’énergie de la plante s’épuise , et alors elle meurt ou tombe dans un état ma- ladif. Afin de lui rendre sa vigueur et son activité, on a, dans ce cas, recours à la judicieuse pratique d’une taille nouvelle. » Au contraire, dans les situations très-humides, où l'air, par conséquent, est épais, un effet tout opposé se manifeste dans les pousses vigoureuses et luxuriantes ; alors les végétaux sont tout-à-coup frappés d’une rouille MAI. 101 qui leur devient parfois fatale, — Lorsque ce cas se pré- sente, le remède, pour les plantes ligneuses, est de raccourcir toutes les racines, de manière à les rendre disproportionnées aux branches, » Sous l'influence des canses que nous venons d’indi- quer, les plantes deviennent couffreteuses et apportent les éléments de vie aux cryptogames et aux insectes. Dans les cultures où l’évaporation permet à peine aux plantes de végéter, la moisissure qui les attaque est évi- demment appelée à remplir une autre mission. — La moisissure du raisin offre un exemple de la classe des champignons à laquelle je fais actuellement allusion, et je pense que cette maladie est rarement remarquée dans les situations fraiches et humides. » Ces faits ne suggèreraient-ils pas un préservatif à la maladie de la vigne ? Ce végétal est biez connu pour être une plante gourmande, et la constitution capillaire de ses vaisseaux, permettant à l'absorption de s’opérer rapi- dement, il en résulterait qu'une grande quantité d’eau {ou mieux d’eau de fumier), répandue sur ses racines et, si c'était possible, dans l'air ambiant, pourrait, je pense, arrêter la marche de la maladie. — Aussi bien qu’il m’a été permis d’en juger, j'ai remarqué que ce procédé est infaillible, — J'ai observé la maladie avant tout autre, et je n’ai jamais, depuis lors, manqué de réaliser une récolte quelconque. » (Extrait du the Gardener-Chronicle, 26 juin 1852.) Dans une lettre adressée à M. Gaschet, 1° juillet 1853, M. Tucker dit, à la suite d’autres considéra- tions : 102 RÉSUMÉ DES SÉANCES. « Afin de découvrir la nature de cette épidémie des- tructive, aussi bien que son mode d’invasion, je l'ai, à plusieurs reprises, soumise à l'examen du microscope, et je suis convaincu qu'il y a quelque principe morbide dans le cep causant la perturbation des fluides, — quel- ques-uns des plus importants vaisseaux, tels que le tissu vasculaire (bothrenchyme), l’endrochome et le pa- renchyme prenant une teinte de rouge brun, — et que le champignon en est le résultat. » Bien plus, je suis tout-à-fait certain que l’oïdium n'entre pas et ne se ramifie pas dans le tissu de la plante, comme cela a été avancé par quelques-uns des plus émi- nents nicrographes de ce pays. — J'ai, en effet, reconnu qu'une simple friction sur les parties entachées de moi- sissure, détruisait entièrement cette moisissure, » Nous allons rapporter maintenant ce que les profes- seurs Bechi et Cozzi ont fait sur la matière. Ils se sont livrés avec M. Funch à quelques analyses chimiques sur les diverses parties de la vigne attaquées par l’oïdigm, pour voir s’il existait quelque différence entre la compo- sition de ces parties malades, et celle des mêmes parties dans des vignes saines. Ils ont analysé successivement les raisins, les feuilles et les sarments. (Nous, nous avions proposé d'analyser les ceps, ou le sue des raisins à diffé- rentes périodes de leur développement, afin de comparer la nature du sue avec celle de la sève de vigne.) — MM. Bechi et Cozzi se proposent de développer, plus tard, les conséquences théoriques et pratiques qu'on peut dé- duire de leurs analyses. Il en résulte : 1° Que les parties non atteintes de l'oidium contien- MAI. 103 nent toujours une plus grande quantité d’eau que les mêmes parties envahies par le cryptogame ; 29 Que les matériaux organiques sont en plus grande quantité dans les parties atteintes de l’oÿdium ; 3° Que dans 100 parties de cendres, les sels alcalins sont toujours en plus grande quantité dans les parties de la vigne saine, que dans les mêmes parties oïdiées ; 49 Enfin, que parmi les principes constituants de la matière organique, on trouve que l'azote préaomine toujours dans les parties atteintes de l’oïdium. Nous avions comme un pressentiment que la matière végéto- animale ou azotée, que nous avions signalée comme exis- tant dans la sève de vigne, était la cause de la maladie, lorsque cette matière prédominait dans ce liquide, eu égard à la quantité des sels alcalins, ou autres qui pou- vaient ne pas y exister dans les proportions voulues, par rapport à la matière végélo-animale, d'où résultaient sa décomposition, et la naissance ou le développement de l’oidium engendré par cette dernière, la sève n'étant pas suflisamment garantie par les principes salins, qui sont essentiellement conservateurs. Rappelons maintenant ce que nous disions dans l’avant- propos de notre notice, en faisant les rapprochements convenables, pour démontrer la conformité des vues théo- riques, et l'identité d'opinion de M. Tucker avec la nôtre, concordant aussi parfaitement avec les résultats des ana- lyses chimiques opérées par MM. Bechi et Cozzi. Nous les avions proposées comme moyen d'établir la différence de composition qu’il pouvait y avoir entre les sues propres ou nourriciers de la vigne, et la sève de la vigne elle- même, et pourarriver ainsi à la connaissance du germe 104 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ou de la cause première de la maladie, et pouvoir indiquer ensuite les moyens préventifs que l'on pourrait mettre en usage afin d'empêcher son développement. « Nous n'avons pas la prétention de croire que le tra- vail analytique que nous allons reproduire aujourd'hui, amène à la solution du problème si difficile de la connais- - sance du germe de la maladie de la vigne; mais comme ce travail à trait à.un acte essentiellement physiologique, il pourrait mettre sur la voie pour connaître la nature et l'origine de cette même maladie, qui est un véritable fléau pour la France, et surtout pour nos départements méridionaux. » IT est certain que si le développement de l’oïdium provenait d’une dégénérescence des sucs propres ou nour- riciers des ceps de vigne ?, comme nous serions porté à le croire, par suite d’une influence quelconque, inté- rieure ou extérieure, simple ou multiple à la fois ?, on pourrait, en connaissant la nature intime ou la con- stitution chimique de la sève de vigne, arriver à quelques résultats satisfaisants pour prévenir la maladie par une culture appropriée, où par l'emploi fait à propos d’un engrais propre à modifier ou à améliorer les sues nour - riciers de la vigne *. Ces sucs, en effet, pourraient bien être privés de quelque principe constitutif nécessaire à * M. Tucker parle de la perturbation des fluides ; ce qui est la là même chose. 2 M. Tucker parle aussi, dans ce sens, de l’action combinée de l'eau et du sol, de la température et de l’état hygrométrique de l'atmosphère. M. Tucker emploie de l’eau de fumier. MAI. 105 l’entier développementdu fruit. C’est aux chimistes, et aux botanistes physiologistes à prononcer, après avoir fait les expériences convenables à différentes époques de la vé- gétation. MM. Bechi et Cozzi ont fait ces expériences; ce que nous ignorions complètement, lorsque nous avons publié notre notice, dont les vues s'accordent parfaitement avec les résultats d'analyse obtenus par ces chimistes. La sève de vigne contient, d’après l'analyse que nous en avons faite sur plusieurs sujets d'espèces différentes, du tartrate de chaux, du bi-tartrate de potasse {crême de tartre), une matière extractive gommeuse, une subs- tance mucilagineuse et floconneuse, ou matière veége- to-animale qui se sépare de la sève ältérée, qu'on re- trouve plus tard dans le moût de raisin, et qui est si utile, indispensable même pour transformer la partie sucrée en alcool dans l’acte de la fermentation vineuse. On sait aussi que la crème de tartre, appelée vulgaire- ment tartre, se dépose en grande partie sur les parois des tonneaux qui renferment le vin. — Sous ce rapport aussi, la constitution propre ou la nature de la sève de vigne est un fait assez curieux et intéressant à connaitre , eton voit d'avance le rôle important que ce liquide na_ turel doit jouer dans les premiers actes de la végétation de la vigne, suffisamment élaboré, et non dégénéré, comme il peut l'être parfois par une cause jusqu'ici in- connue : — par exemple, une trop grande abondance de matière animalisée ou azotée , et l'absence partielle des sels alealins dans les sucs nourriciers, Ces faits ont été constatés par MM. Bechi et Cozzi, — 106 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Après avoir terminé notre avant-propos, nous avons lu dans le journal le Siècle, du 20 septembre 1853, un ar- ticle sur la maladie de la vigne, où nous trouvons con- signé, entre autres moyens pour la guérir et qui pourrait même la prévenir avant que les raisins fussent atteints, celui qui a été proposé par M. Soulé, pharmacien à la Brède. — Comme ce procédé paraît s'adapter à notre m nière de voir, sur les causes probables de la maladie, puisque nous avons pensé qu'elle pourrait bien être due à l'absence, dans les sues nourriciers ou sues propres, de quelque principe utile au développement du raisin, (tels que la chaux carbonatée ou bien le carbonate de potasse, pouvant concourir à la formation du bi-tartrate de potasse, par exemple, ou à celle du tartrate de chaux que nous avons signalé exister dans la sève de vigne, qui élabore l'acide tartrique, ete.), nous croyons devoir le rap- porter dans l'intérêt d’une question aussi importante pour l’agriculture. — MM. Bechi et Cozzi ont remarqué, avons-nous dit, l'absence partielle des sels alcalins dans les ceps de vigne malades, lorsque la matière organique ou azotée y prédominait, — « Dès le mois de septembre 1852, M. Soulé avait traité quelques ceps de vigne de la manière suivante : après avoir pratiqué autour des pieds oïdiés une execavation peu pro- fonde et avoir fait à leurs racines quelques incisions, il les avait environnées d’une certaine quantité de potasse ; après un intervalle de quelques jours, les ceps ainsi traités furent complètement guéris, et, cette année, ils n'ont pas été atteints. » » Cette première expérience ayant parfaitement réussi, M. Soulé en a tenté cette année de nouvelles, en modi- LU 7 À MAI, 107 fiant un peu le procédé ci-dessus. — Au lieu de potasse, il a employé de la cendre; on sait que cette dernière substance contient toujours une assez grande quantité de potasse. — Environ 600 grammes de cendres chaudes ont été placés par lui dans l’excavation faite autour des ceps dont il avait incisé les racines comme précédem- ment; il a ensuite recouvert de terre, puis légèrement arrosé, — Quatre jours après, une amélioration sensi- ble s’est manifestée ; au dire de M. Soulé, la gué- rison à été bientôt complète, et les raisins de tous les ceps qu'il à ainsi traités sont aujourd’hui dans l'état le plus satisfaisant. » Ces résultats, ajoute le Courrier de la Gironde, nous ont été attestés par l’expérimentateur lui‘même et par des docteurs-médecins établis dans la localité, et dont l'hono- rabilité nous est parfaitement connue. » Jusqu'à présent, comme on le voit, on n'a guère indi- qué que des moyens dits curalifs, et notamment le sou- frage , pour détruire l’oïdium. — Nous ne dirons rien de l'emploi dece dernier moyen, sinon qu'iln’ad'actionquesur l'oidium développé, d’après le rapport mème fait tout ré- cemment par M. Victor Rendu, président de la eommis- sion nommée, à M. le Ministre de l’agriculture. Le sou- frage ne peut tout au plus, selon nous, que diminuer l'inten- sité de la maladie, puisque l’oÿdium paraît n'être que la manifestation ou le produit de la maladie elle-même, mais qui peut néanmoins se nourrir ou végéter aux dépens des sucs propres du raisin, comme font tous les cryptogames ou plantes parasites implantées sur d’autres sujets, et vi- vant ou se développant par cela même à leurs dépens. L'opinion de la commission dont M. Rendu était lor- 108 RÉSUMÉ DES SÉANCES. gane , considère le soufrage comme un moyen curatif proprement dit, lorsque , d’après les idées émises par M. Tucker, le soufrage ne serait qu’un moyen mécanique , 8 ; en quelque sorte, ou agissant comme tel sur l’oïdium. querq ) 5 Reste à savoir maintenant de quel côté se trouve la vérité sur un point si important pour la science ? Toujoursest-il qu'on aurait obtenu des résultats satisfai- sants à Thoméry de l’emploi du soufresec en poudre, n’im- porte quel que soit son mode d'action, qu'il détruise entiè- rement la maladie, ou qu'il ne diminue que son intensité. La commission déclare en outre que l'insuffisance des faits ne permet pas de dire si l'emploi du soufre est un moyen à la fois curatif et préventif, et que de nouvelles expériences sont nécessaires pour résoudre ce problème. De cela seul que l’on effectue trois fois l’opération du soufrage, et à différentes périodes de la végétation, le premier lorsque les bourgeons ont atteint quelques centi- mètres de développement, le second aussitôt après la flo- raison de la vigne, et le troisième avant la maturité, ou quand le raisin commence à tourner, ne pourrait-on pas considérer le soufrage ou le soufre comme agissant méca- 1 niquement sur l'oÿdium * , en le détruisant néanmoins, * La fleur de soufre pourrait agir sur l'oïdium par sa nature même, et par la petite quantité aussi d'acide sulfurique qu’elle contient tou- jours par l'effet de sa préparation , et indépendamment de sa form® pulvérulente. — Elle agirait d'autant mieux qu’elle serait plus divisée par l’effet de la chaleur de midi à 2 heures, au lieu de Pemployer le matin et le soir, comme on procède à Thoméry , ou que les parties sur lesquelles s’exercerait son action seraient privées davantage d’humi- dité ; ce qui a lieu nécessairement de midi à 2 heures , la commission indiquant ce moment du jour pour faire lopération , sans dire pour quoi. Nous y avons suppléé. MAI. 109 toutes les fois qu'il s’est développé ? resterait toujours dans ce cas le vice ou l'affection organique qui engendre- rait l’oïdium ; dès-lors le soufre n’agirait que comme pal- liatif, sans guérir radicalement la maladie. — Trouver un moyen préventif pour empêcher son développement, serait done le seul propre à résoudre le problème d’une manière satisfaisante pour la viticulture. Nousavons parlé du moyen employé par M. Soulé, curatif et préventif àla fois, d'après lui, et qu’on doit vérifier pour yajouter foi entière, malgré les affirmations de l’auteur. Il en est de même de tous ceux qui ont été ou qui ont pu être proposés dans ce but. Il est certain que la vigne, nous l’aviqns déjà dit, étant une plante gourmande, et permettant à l'absorption de s’opérer rapidement par la constitution capillaire de ses vaisseaux, qui sont doués d’une grande force d'aspiration, l'emploi de la potasse en solution, proposé par M. Soulé, les cendres même délayées avec de l’eau, et dont il envi- ronne les racines, après y avoir fait quelques incisions, peuvent apporter une modification profonde et salutaire dans la nature de la sève de la vigne , dont l’altération à dû, dans notre opinion, donner lieu au développement de la maladie, et par suite à celui de l’oïdium. M. Martel fait un rapport verbal sur un essai de culture de champignons comestibles, qu’ila fait dans son jardin et qui a parfaitement réussi. « Ce champignon, dit M. Martel, est l’amanite comestible, agarieus campestris ; on le trouve quel- quefois en automne dans les prés et sur les pelouses des environs du Puy. » 110 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. Aymard dit qu’invité par M. le docteur Martel à constater les résultats de ce curieux essai , il a re- marqué que ces champignons se montraient en nom- breuses touffes sur plusieurs points du jardin, et qu’ils étaient d’une grosseur et d’une beauté remarquables; ils ont été apprètés de plusieurs manières, et leur dégustation en a fait reconnaitre l'excellente saveur. Sous ce rapport, ils sont d’un gout bien supérieur à l'espèce de champignon qui, à Paris, est l’objet d’une consommation considérable. L'Assemblée, intéressée par cette communication, renvoie à la commission des primes la question de sa- voir s’il ne conviendrait pas d'encourager par des récompenses la culture sur couches des champignons comestibles. M. Aymard propose de former dans la galerie d'histoire naturelle du Musée une collection de tous les champignons du département, modelés en cire et peints, à l’instar de celle qui existe au Muséum de Paris, avec l'indication des espèces comestibles et de celles qui sont vénéneuses. Cette demande est prise en considération, et une commission composée de MM. Martel, Duvillars, Plantade et Giraud , est chargée de prendre les me- sures nécessaires pour l’organisation de cette collec- tion, et, s’il y a lieu, pour la représentation photo- graphique de toutes les espèces. M. Aymard fait un rapport verbal au nom de la commission du jardin expérimental. Il dit que des MAI. 111 distributions d’arbres verts ont été faites à un grand nombre de membres de la Société et à divers autres silviculteurs. Les épicéas et surtout les mélèzes sont de plus en plus recherchés. Les renseignements qu; ont été fournis à la commission tendent à constater que ces essences d’arbres forestiers continuent à prospérer sur beaucoup de points du département. Des essais d’acclimatation du pin noir d'Autriche ont été entrepris dans le même jardin. La végétation en est fort remarquable; les pousses sont peut-être plus vigoureuses que celles des épicéas de même äge. L'arbre se garnit de touffes épaisses d’un beau vert sombre, et il a résisté jusqu’à ce jour à toutes les in- tempéries. Cette essence donne les plus heureuses espérances. | Plusieurs autres espèces sont en voie d'essai. La commission s’est oceupée, à un autre point de vue, de l’introduetion d’arbustes toujours verts donnant des fleurs et des fruits dans la saison d'hiver , et pou- vant être propres à la décoration de jardins paysa- gers et surtout des bosquels d'hiver; question inté- ressante pour notre pays, où la longue durée de la mauvaise saison prive les horticulteurs de la jouis- sance de leurs jardins pendant plusieurs mois. Ces plantes et arbustes ont été placés à demeure dans les massifs qui entourent les murs de clôture du jardin de la préfecture, où ils ont parfaitement réussi. Cette collection pourra s’accroitre par l’acquisition de nouvelles espèces. Dans d’autres contrées de la 112 RÉSUMÉ DES SÉANCES. France, on s’oceupe activement de doter les jardins de ces intéressants végétaux, et leur nombre aug- mente chaque année. La commission, en entrant aussi dans cette voie de progrès, a pensé qu'en at- tendant la création d’un jardin publie, il pourrait être utile de mettre sous les yeux des connaisseurs les principales variétés de ces plantes, qui sont appe- lées à rendre de véritables services aux horticulteurs de notre pays. L'Assemblée donne son approbation à ces vues d'amélioration forestière et horticole. Beaux-Arts. — M. Emile Giraud présente divers spécimens photographiques qu’il vient d'exécuter. On y remarque surtout une belle épreuve représen- tant la statue en marbre de la Charité, par Oudiné, l’une des plus importantes statues du Musée. ï M. le Président félicite ce membre des heureux ré- sultats qu'il a atteints, et l'invite à continuer ses ha- biles essais en ce genre. OBseTs D'ADMINISTRATION. — M. le Président lit une lettre par laquelle M. le Ministre de l’agriculture et du commerce alloue à la Société une somme de 2,700 francs. M. le Ministre exprime le regret que le chapitre du budget relatif aux encouragements agri- coles ait subi, pour cette année, üne réduction considérable qui n’a pas permis de porter à un chiffre plus élevé la subvention ministérielle. MAI. 113 L'Assemblée remercie M. le Ministre de l’agricul- ture, et émet le vœu que le Gouvernement veuille bien restituer à ce chapitre du budget les sommes dont l'emploi est si utile à l'amélioration progressive de la première de toutes les industries, celle qui im- porte le plus à la prospérité de l'Etat. M. le Ministre de l'instruction publique éerit qu’il a accordé à la Société, comme l’année précédente, une subvention de 500 francs. LA Cette communication est aussi l'objet d’un vote de remerciments. M. le Secrétaire rappelle, à cette occasion , que la xxu° session du Congrès scientifique, qui aura lieu au Puy, en 1855, nécessitera des dépenses pour lesquelles il pourrait être convenable de solliciter l'intervention du ministère de l'instruction publique ; et, sur la proposition de ce membre, M. le Président est prié d'adresser une demande spéciale de secours au Gouvernement. Deuanpes p’apuission. — MM. Bretagne, directeur des contributions directes, et Louis de Surrel, con- irôleur, par des lettres dont il est fait lecture, solli- citent le titre de membre résidant. M. Jules Pradier, membre de la Société entomolo- gique de France, à Paris, écrit aussi pour demander le titre de membre non résidant. TOME XIX. 8 11% RÉSUMÉ DES SÉANCES. Ces candidats ont envoyé des Mémoires à l'appui de leurs demandes. Les commissions nommées sont composées comme il suit : 1° MM. Aymard , Sauzet et Vibert ; 2° MM. Dumontat, Chouvon et Treveys; 9° MM. Aymard, du Villars et Robert. M. Sauzet, nommé chanoine titulaire de la cathé- drale du Puy, est autorisé, d’après sa demande, à échanger son titre de membre non résidant en celui de résidant. À huit heures, la séance est levée. SÉAUCE DU 9 GUN. SORA UIRIe Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reeus ; échange de pubications avec la Société académique de Laon. — Programme du Congrès scientifique de Dijon. — Tableau imprimé des notaires du départe- ment envoyé par la Chambre des notaires. — Moulages de statues, vases et bas-reliefs envoyés par l’administration du Musée du Lou- vre. — Exposition universelle; organisation du Comité départe- mental ; mesures prises par ce Comité. — Concours régional d’ani- maux reproducteurs; lettre de M. le Ministre de l’agriculture in- formant la Société que ce concours n'aura pas lieu au Puy en 1855. — Concours régional de Guéret; prix obtenu par la ferme-école ; communication de M. Chouvon.— Application de la loi protectrice des animaux ; lettre de M. ïe Président à M. le Préfet. — Relations de correspondance avec la Société zoologique d’acelimatation ; lettre de M. le Président à cette Société. —Projet d'organisation du service des médecins vétérinaires ; rapport de M. Martel ; observations de MM. Gire, Lobeyrac , Charles CG. de Lafayette et Martel ; renvoi du rapport à M. le Préfet, — Péripneumonie contagieuse des bêtes bovines ; communication de M, Martel. — Soufrage des vignes oïdiées ; soufflet-Gontier employé pour cet objet ; acquisition de deux de ces instruments par Ja Société. — Emploi du goudron en lotion pour les vignes oïdiées ; communication de M. le Président, — Chemin de fer de la Haute - Loire; enquéte et délibération de la commission d’enquéte ; communication de M, le Président. — Con- grès archéologique de Moulins ; programmes reçus. — Demandes d'admission par M. de Causans au titre de membre résidant , et de M. l’abbé Urbe au titre de membre non résidant ; commissions 116 RÉSUMÉ DES SÉANCES. nommées. — Rapport de M. Aymard sur l'admission de M. Bre- tagne comme membre résidant. — Rapport de M. Dumontat sur l'admission de M. de Surrel comme membre résidant.—Rapport de M. Aymard sur l'admission de M. Jules Pradier comme membre non résidant. — Election des récipiendaires. Présidence de M. de Brive. A trois heures, la séance est ouverte. Ouvraces reçus. — Après la lecture et l'adoption du procès-verbal, M. le Président énumère les ou- vrages reçus et il recommande à l’examen de plu- sieurs membres des mémoires insérés dans différents recueils. !Is sont relatifs aux cités ouvrières, à la péripneumonie des bêtes bovines, au soufrage des vignes malades, à la météorologie comparée, aux calendriers en général, ete., etc. Les dernières livraisons des ‘Annales archéolo- giques’, publiées par M. Didron , citent avec éloges le volume des ‘ Annales’ et renferment une analyse du mémoire de M. Falcon sur le musée des dentelles. La Société académique de Laon envoie le 5° vo- lume de son Bulletin (année 1855), et sollicite en échange les publications de la Société. Cette demande est prise en considération. MM. les Secrétaires généraux de la xxi1° session du JUIN, 117 Congrès scientifique de France, qui aura lieu à Di- jon le 10 août 1854, adressent les programmes des questions qui seront soumises au Congrès. M. le Président les distribue aux membres de la Société et témoigne le désir qu’ils répondent à l’in- vitation des Secrétaires généraux. La Chambre des notaires du Puy envoie un ta- bleau imprimé dans lequel sont consignées des indi- cations relatives aux notaires actuels du départe- ment, les noms de leurs prédécesseurs et la men- tion de tous les dépôts publies et privés qui renfer- ment des registres d’actes notariés. Ce document important, qui est dû à M. Boulan- gier, secrétaire de la Chambre, sera déposé à la bibliothèque historique. Il est en méme temps renvoyé à la Commission de ‘l'Almanach départe- mental”, qui décidera s’il peut être compris dans cette publication. Musée. — M. le Président annonce que la Com- mission du Musée a reeu les moulages de statues, vases et bas-reliefs qui proviennent des ateliers du Louvre et dont il a été question à la précédente séance. Ces ouvrages d’art ont été placés dans la galerie des tableaux et statues. M. le Président exprime les félicitations de la Société sur l’heureux ehoix de ces œuvres artis- 118 RÉSUMÉ DES SÉANCES. tiques et la parfaite exécution des moulages. Il fait observerquenotre Musée possèdera la plus belle épreu- ve de ‘la Baigneuse’, ouvrage de notre éminent com- patriote Julien. D’après les renseignements qui ont été fournis par M. Aymard, cette statue n'avait pas été moulée, lorsque des Commissaires envoyés à Paris par la Commission administrative du Musée universel de Sidenham (Londres), remarquèrent au Louvre ce chef-d'œuvre de la sculpture moderne et firent exécuter à leurs frais le moule qui, d’après les règlements de l’administration du Louvre, est resté dans les ateliers de ce Musée, après le ti- rage d’une seule épreuve. La seconde, qui est la meilleure, est celle que nous possédons. Ces moulages contribueront à populariser cette œuvre remarquable, et déjà l’un des plus habiles éditeurs de bronzes d’art, M. Barbedienne, s'occupe , d’après les conseils de M. de Longpérier, conservateur au Mu- sée du Louvre, d’en faire exécuter des réductions. L'une d'elles est destinée à l'Exposition universelle. ExPosiTION UNIVERSELLE. — M. le Président informe l’Assemblée que M. le Préfet a constitué le Comité départemental pour l'Exposition universelle de l’agri- culture, de l’industrie et des beaux-arts, qui s’ou- vrira à Paris le 1° mai 1855. Il a été formé d’après les vues émises par la Société à la précédente séance. M. de Brive en a été nommé le président, et M. Ay- mard secrétaire. ( JUIN. 119 Le Comité a fait appel, par des affiches et des circulaires, au patriotisme intelligent des agrieul- teurs et industriels de la Haute: Loire, et il a invité les personnes qui voudraient concourir à cette ex- position à en faire la déclaration , soit à la pré- fecture du Puy, soit aux sous-préfectures de Brioude et d’Yssingeaux, soit à l’un des membres du Comité. Il espère que le pays, qui s’est distingué depuis plusieurs années par de belles expositions départe- mentales , répondra à la haute initiative du gouver- pement de l'Empereur, en manifestant, par l’envoi de ses produits les plus remarquables, son concours sympathique à une solennité qui doit contribuer puissamment au progrès général des arts et de l’in- dustrie. Les membres de la Société sont invités à user de leur influence pour activer le zèle des exposants. A cet effet, M. le Président fait une distribution des circulaires du Comité. AGricuzTuRE. -- M. le Ministre de l’agriculture et du commerce, par une lettre dont il est fait lecture, exprime ses regrets de ne pouvoir satisfaire à la de- mande que lui avait adressée M. le Président, pour la tenue du concours régional d'animaux reproduc- teurs dans la ville du Puy, en 1855, à l’époque de la session du Congrès scientifique. L'administration de l’agriculture a pris des enga- gements pour l’année 1855. 120 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Si le Conseil général de la Haute-Loire et la ville du Puy consentaient , ainsi que l'ont fait d’autres dé- partements où eette exhibition a eu lieu, à quelques sacrifices pour augmenter l'éclat de cette solennité agricole, M. le Ministre pourrait accueillir favorable- ment la demande de la Société pour l’une des années suivantes. Après délibération , l’Assemblée accueille avec em- pressement celte proposition, et émet le vœu que Île Conseil général veuille bien satisfaire au désir ex- primé par M. le Ministre. M. Chouvon, d’après l'invitation de M. le Prési- dent, fait un rapport verbal sur le concours ré- gional de Guéret, où il a assisté comme exposant producteur, et où il a obtenu du jury une mé- daille avec prime, pour un beau taureau de la race du Mezenc. Ce membre dit que ce succès encouragera d’au- tant plus les éleveurs, que la race du Mezenc, encore peu améliorée, eu égard aux progrès accom- plis ailleurs, avait à lutter contre des animaux prépa- rés depuis longtemps, par sélection ou par eroisement, à ces grandes luttes entre les agriculteurs de plusieurs départements, M. Chouvon rend compte également de l'exhibition d'instruments qui a eu lieu en même temps. 1 dit que plusieurs de ces spécimens prou- vaient les intelligentes tentatives accomplies dans la région centrale pour arriver, par des modifications JUIN. 121 ingénieuses, à rivaliser, dans la culture de la terre, avec les cultures plus faciles du nord. M. le Président félicite l'honorable directeur de la ferme-école du succès qu'il a obtenu dans cette im- portante solennité agricole. C’est la première fois qu’en dehors du département, les qualités de la race bovine du Mezenc sont reconnues et sanction- nées par une récompense. M. le Président a adressé à M. le Préfet la lettre suivante; elle est relative à un vœu exprimé par la Société à la précédente séance : Le Puy, 45 mai 1854. « Monsieur le Préfet, « L’attention de la Société d’agriculture a été » appelée, dans sa dernière séance, sur l’exécution , » dans le département, de la loi protectrice des » animaux. Îl a été généralement reconnu qu’il » était fait, tous les jours, un abus révoltant des » forces des animaux que la nature et l'art ont » assujétis à notre service. Ainsi on a cité le fait » d’un voiturier dont l'unique cheval attelé était » contraint, à grands coups de fouet, de trainer » un lourd fardeau, malgré une blessure sai- » gnante qui ne faisait qu'une plaie de toute la » partie de son col portant le collier. On a dit que, » Îles jours de foire, il arrivait souvent que les ani- 12 2 2 RÉSUMÉ DES SÉANCES. maux achetés pour être abattus étaient livrés impitoyablement à des enfants, qui s’en servaient de jouets, les faisant courir à grands coups, jusqu'au moment où, épuisés de fatigues et de mauvais traitements , ils tombaient sur la place publique au milieu des rires et des plaisanteries. » Ces faits et beaucoup d’autres qui ont été rap- portés, outragent le sentiment de pitié que la na- ture a mis dans tous les cœurs honnêtes, abru- tissent la population et contreviennent à la loi. » J'ai été chargé de vous prier, Monsieur le Pré- fet, de vouloir bien donner les ordres nécessaires pour qu’à l’avenir des faits aussi révoltants ne se renouvellent pas, ou que du moins ils soient constatés par des procès - verbaux et poursuivis conformément à la loi. » Je vous prie d’agréer, etc. » Le Président, « À. DE BRIVE. » M. le Président a écrit également à la Société zoologique d’acclimatation pour linformer que la Compagnie sera heureuse d'entretenir avec elle des relations de correspondance et d'échanges de pu- blications. M. le docteur Martel donne lecture du rapport suivant sur un projet d'organisation du service des médecins-vétérinaires : JUIN. 123 MESSIEURS, Monsieur le Préfet s'applique, avec une sollicitude toute paternelle, à chercher les moyens d'améliorer le sort de la classe ouvrière et de la classe agricole trop longtemps, hélas! abandonnée à ses préjugés et à l’igno- rance de ses véritables intérêts. Voulant règlementer, par un arrêté, le service administratif de Messieurs les vé- térinaires dans le département , il demande à votre Société, par sa lettre du 22 février 185%, un avis sur les dispositions à introduire dans cet acte règlementaire. Cet appel de M. de Chevremont à vos lumières vous est une nouvelle preuve, Messieurs, de l'estime, de la considé- ration et du bon vouloir qu'a le premier magistrat du département pour votre société académique. Monsieur le Préfet se propose d'établir dans chaque arrondissement deux vétérinaires brevetés, en leur assi- gnant une circonscription particulière. La commission que vous avez nommée pour vous faire un rapport sur ce projet, et dont je suis en ce moment l'interprète, applau- dit àcette mesure, qui produira assurément d'importants résultats : le travail étant partagé, deviendra plus facile et pourra se faire avec plus de promptitude et plus de régularité; les deux hommes de l’art, commissionnés pour le même arrondissement, se piqueront d’une noble émulation ; ils s’exciteront l’un l’autre et tour à tour à faire de mieux en mieux. Eh! qui sait, Messieurs, si cette honorable concurrence ne mettra pas en évidence de véritables talents qui seraient restés peut-être ignorés et dont la société n'aurait point profité ? Monsieur le Préfet a le projet « de charger Messieurs 124 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » les vétérinaires de donner leurs soins aux bestiaux » malades par suite d'épizootie chez les cultivateurs in- » digents, et de prendre par eux-mêmes ou de proposer » toutes les mesures nécessaires soit pour arrêter Îles » progrès de la maladie, soit dans l'intérêt de la salubrité » publique. » En outre, il leur sera imposé l'obligation de faire, » au moins une fois par an, la visite de quelques étables » de chaque canton de leur circonscription et d'exercer » une surveillance active sur l'état sanitaire de chaque » localité. Ils seront tenus d'adresser de temps en temps, » à l'administration supérieure et, dans tous les cas, à » la fin de chaque année, un rapport faisant connaitre » les maladies qui se seraient manifestées dans leur cir- » conscription, les mesures prises par eux, les pertes » survenues par suite d’épizootie, les améliorations ap- » portées dans la tenue des étables, dans le soin des ani- » maux, dans le choix ou le croisement des races , » l'entretien des pâturages, la qualité et la quantité des » cultures fourragères, ete.; le tout suivant un program- » me que la société d'agriculture sera chargée de » rédiger. » Enfin, chaque vétérinaire devra justifier qu'il possède » une maréchalerie où sont mises en pratique les métho- » des perfectionnées du travail. » Votre commission , Messieurs , est d'avis que toutes les dispositions contenues dans le projet que je viens de vous lire sont essentielles et qu'elles sont parfaitement en rapport avec les besoins de notre département. M. le Préfet d'Ille-et-Vilaine a publié un règlement sur la même matière (service des vétérinaires); M. de JUIN. 125 Chevremont nous invite à lui indiquer ce que nous trou- verions convenable d'y puiser pour être inséré dans son arrêté. Les vingt-deux articles contenus dans l'arrêté de M. le Préfet d'Ille-et-Vilaine rappellent aux propriétaires de bestiaux, aux maires, aux adjoints, aux commissaires de police, aux commandants de brigades de gendarmerie, aux vétérinaires, aux maréchaux, aux aubergistes, aux logeurs et aux équarrisseurs quels sont les devoirs et les obligations que leur imposent les dispositions principales des lois et règlements en vigueur sur les maladies conta- gieuses des bestiaux; mais rien dans cet arrêté ne révèle les vues et les moyens nouveaux, larges, généreux et philantropiques qui forment la base du projet de notre Préfet, et à l'aide desquels, n’en doutons pas, le pro- grès vers le mieux-être arrivera bientôt dans notre dé- partement. L'article que l’un de nous à publié dans votre Almanach historique et agricole de la Haute-Loire, pour 185%, sous le titre suivant : Des moyens de prévenir ou borner la propagation des maladies contagieuses des bestiaux, et du danger de faire usage de la chair et surtout du lait d'animaux contagiés, contient en grande partie les enseignements renfermés dans l'arrêté de M. le Préfet d'Ille-et- Vilaine, et, sous ce rapport, il pourrait le remplacer et produire les mêmes effets dans notre dépar- tement, Voici, Messieurs, le programme qu'à la demande de M. le Préfet, nous avons rédigé sur les devoirs et les obligations de Messieurs les vétérinaires commissionnés par l'administration : 126 RÉSUMÉ DES SÉANCES. 1° Chaque vétérinaire devra, dans la circonscription qui lui aura été assignée, donner gratuitement ses soins aux bestiaux malades par suite d’épizootie chez les cul- tivateurs qui lui seront déclarés indigents par le maire de la commune. 20 11 proposera ou prendra par lui-même toutes les mesures nécessaires soit pour arrêter les progrès des épizooties , soit pour prévenir les facheux effets qu’elles pourraient avoir sur la santé de l’homme; ainsi, aidé de M. le maire, il ordonnera la séquestration des animaux atteints de maladie contagieuse; il prescrira tous les moyens prophylactiques , hygiéniques et curatifs que lui fournit la science; il désignera , pour être abattus, tous ceux qui, atteints du charbon , de la morve, de la clave- lée, du farcin, de la péripneumonie épizootique, de la rage ou de toute autre maladie contagieuse, seront par lui reconnus incurables ; il recommandera que l’enfouisse- ment de certains cadavres de ces animaux ait lieu confor- mément aux dispositions de l’article 5 de l'arrêt du Par- lement de 1745, et de l’article 6 de celui du Conseil de 1784 , c’est-à-dire à cent mètres des habitations et dans une fosse, pour chacun d'eux, de deux mètres soixante centimètres de profondeur, après en avoir tailladé la peau en plusieurs parties. Cet homme de Part fera con- naître aux propriétaires tous les dangers qu'ils courent dans le contact immédiat des animaux atteints de telles ou telles maladies contagieuses, et surtout dans l'usage de leur lait et de leur chair ; il indiquera les moyens les plus convenables de désinfection des étables , écuries et bergeries qui auraient renfermé des animaux contagiés. 3° Il fera connaitre aux cultivateurs les vices de leurs JUIN. 127 étables et leur indiquera toutes les améliorations qu'il Jjugera possibles pour l’aération, l'écoulement et l’em- ploi des urines, la disposition du sol et l'espacement de chaque animal; il leur apprendra quelles sont les meil- leures manières de conserver et d’employer les fumiers. 4° Il donnera des conseils sur les soins que réclament les animaux, sur la manicre la plus rationnelle de les nourrir, sur la nécessité de les tenir propres et bien pansés ; il leur expliquera le danger de les faire boire à des mares ou amas d'eaux dormantes ou corrompues, et leur signalera les inconvénients qu'il y a de les faire tra- vailler trop jeunes ou de les excéder de travail, surtout pendant les grandes chaleurs. 50 Il donnera également des conseils sur le choix et le croisement des races ; il vérifiera quel est l’état des pâturages, la tenue des prairies naturelles, comment se font les irrigations , quelles sont la qualité et la quantité des cultures fourragères ; il indiquera toutes les amélio- rations qui lui paraitront possibles et désirables. 60 Tout vétérinaire commissionné par l'administration fera, au moins une fois par an, la visite de quelques étables de chaque commune de sa circonscription ; il étudiera l’état sanitaire de chaque localité, le comparera avec celui des autres localités ; 1l adressera de temps en temps à l'administration supérieure un rapport faisant connaître les maladies régnantes et les mesures qu'il aura prises. 7° Enfin , à chaque mois de décembre , il rédigera un rapport qui résumera tout ce qu’il aura observé ou fait dans sa circonscription, et toutes les améliorations qui seront survenues pendant le courant de l’année. Ce rap- 128 RÉSUMÉ DES SÉANCES. port signalera les maladies qui se seront manisfestées ; quelles ont été leurs causes connues ou présumées; quels ont été les traitements dictés par la science, la routine, l’empirisme ou le charlatanisme, et quels effets en ont été obtenus. Les pertes survenues par suite d’épizootie y seront relevées et classées suivant l’espèce , le sexe, l’âge et la valeur réelle de chaque animal; cette partie du rapport pourra être présentée sous forme d’un tableau synoptique qui permettra d'en saisir l’ensemble d’un coup d'œil. Le programme que nous venons de vous lire pourra être utilement modifié, après les leçons de l'expérience, par une commission dont nous proposons la création; cette commission, dite de direction et de surveillance, serait chargée d'examiner les rapports de MM. les vété- rinaires et de donner son avis sur la meilleure direction à imprimer à leur service administratif, suivant les be- soins du pays et les progrès de la science. Nous sommes persuadés, Messieurs, que cette commission concourrait puissamment à produire les bienfaisints résultats que M. le Préfet poursuit avec cette ardeur qu'il a pour tout ce qui peut rendre plus prospère le département qu'il administre avec tant de zèle et de talent. Après cette lecture, M. Gire dit que les consi- dérations émises par M. le rapporteur sont fondées en principe, mais que, dans l'application , elles ne seraient pas toujours réalisables. Les vétérinaires se sont efforcés de satisfaire aux devoirs de leur profes- sion. [ls ont souvent donné de bons conseils dans les campagnes , mais on ne les a pas toujours suivis. JUIN. #29 En fait d'améliorations agricoles, on ne réussit pas constamment; il y a des obstacles difficiles à sur- monter. On peut se demander, par exemple, si les règlements concernant le typhus, dont M. Martel a parlé dans un mémoire inséré dans ‘l’Almanach”, seraient applicables à d’autres épizooties. Les règle- ments sur la matière ne sont-ils pas aussi parfois trop sévères? M. [vart a écrit que souvent il vaudrait mieux des amendes moindres, mais infligées plus fréquemment ; on hésiterait moins à les appliquer. M. Martel répond que le préopinant n’a pas saisi parfaitement ce qu'il a éerit au sujet du typhus; il est certain que la péripneumonie nécessiterait quel- quefois des mesures qui seraient communes au ty- phus. Ainsi il lui est arrivé de conseiller l'abattage des bêtes trop gravement atteintes, mais non un abattage général de tous les bestiaux de l'écurie. C'était une bonne mesure, à son avis, et propre à préserver les autres bêtes. A. Lobeyrac voudrait que les cas d’abattage fussent bien spécifiés. M. Martel fait observer que la Commission a dû mettre une grande réserve dans l’énoncé de ces cir- constances spéciales. Elle ne fait pas une obligation de l'abattage ; c’est une mesure qui est laissée à l’ap- préciation des vétérinaires. M. Charles C. de Lafayette craint que, d’après les termes du rapport, on exige trop des vétérinaires ; il faut se rappeler qu’ils ne reçoivent que de faibles TOME XIX. 9 130 RÉSUMÉ DES SÉANCES, émoluments pour leur service officiel, et cependant on désire qu'ils aient des connaissances très-éten- dues sur divers sujets d'agriculture qui nécessite- raient des études suivies et une certaine perte de temps. M. Gire ajoute que, depuis que l’administration a commissionné des vétérinaires, les propriétaires se montrent très-exigeants; sous prétexte d’épizooties, ils les font appeller fréquemment, et fort souvent il ne s’agit que de maladies ordinaires ou peu graves. Il y aurait lieu de préciser l’aeception véritable du mot épizoolie et de restreindre la mission des vétéri- naires dans les limites étroites de cette définition. M. Martel reconnait qu’il y aurait sans doute à se préoccuper de ce point important. Quant aux condi- tions scientifiques qui sont imposées aux vétérinaires, ils y sontastreints par le cadre même de leurs études dans l’enseignement qu’ils ont reçu dans Îles écoles spéciales. Tout se lie en agriculture: la fabrication des fumiers, l’organisation des étables, les divers modes de labour, ete., ont plus d'influence qu’on ne serait porté à le supposer sur l'hygiène et la santé des animaux. Des conseils puisés dans d’autres connaissances agronomiques rendraient aussi de véritables services aux hommes pratiques. Les vété- rinaires sont des hommes de science, et Jeur con- cours même, sans de grands efforts, peut, dans beaucoup de cas, être fort utile à Pavancement de l’agriculture. JUIN. 131 M. le Président résume le débat, et, sur sa pro- position, il est arrêté que le rapport de la Commis- sion sera transmis à M. le Préfet. s M. le Président demande à M. Martel, président de la Commission nommée par M. le Préfet au sujet de la péripneumonie contagieuse des bêtes bovines, s’il peut faire connaître quelques-uns des résultats de ses premières investigations. M. Martel répond que la Commission s’est trans- portée dans plusieurs localités où des cas de péri- pneumonie lui avaient été signalés, notamment à St-Jean-Lachalm, à Cougeat, etc., c’est-à-dire sur des points généralement élevés des environs du Puy: A St-Jean-Lachalm, M. Martel a inoculé dix bêtes; quinze jours après, il a été informé que cette opéra- tion n'avait pas produit d’effets. À Cougeat, il a trouvé un bœuf très-malade, mais le propriétaire n'avait pas permis d’inoculer les autres bêtes. On lui a dit qu’un empirique avait exploité ce procédé de médication; mais ayant opéré mala- droitement par de larges incisions faites à la queue, il avait provoqué des plaies très-graves et la gan- grène avait fait périr des animaux ; de là une répul- sion des habitants des campagnes contre l'inocula- tion. Malheureusement il n’y a pas de dispositions règlementaires en matière de médecine vétérinaire au sujet des empiriques, lesquels déconsidèrent Îles meilleures méthodes par leur inhabileté. ot “on te 132 RÉSUMÉ DES SÉANCES. D'ailleurs il serait nécessaire d’avoir du virus pro- venant des bêtes mortes à la suite de la péripneu- monie contagieuse; mais il n’est pas facile à la Commission de s’en procurer. M. le Préfet se pro- pose de prendre des mesures à cet égard, afin de seconder les opérations de la Commission, qui, sans cela, seraient pénibles, dispendieuses et le plus souvent infructueuses. Du reste, M. Martel est porté à croire que l’inoculation, qui, d’après ce qu’on en a écrit en Belgique, ne préserverait les bestiaux que pendant six mois , produirait dans notre pays un effet 4 plus prolongé. M. le Président lit des extroits d’une notice inté- ressante sur l’oïdium , insérée dans le ‘ Bulletin de la Société d'agriculture de Vaucluse”, par M. Martin, président de cette Société. Il rappelle que le soufrage a été recommandé comme préservatif dans ceite ma- ladie de la vigne; mais ce procédé était, jusqu’à ce jour, d’une application difficile. L'auteur de la notice signale l’emploi d’un instrument ingénieux qui a été employé avec succès pour pratiquer le soufrage. Cet instrument, inventé par M. Gontier, cultiva- teur à Montrouge, a été heureusement amélioré par les cultivateurs de Thomery. Il se compose d’un soufflet ordinaire dont le battant supérieur est recou- vert par une boite en fer-blane , laquelle est disposée pour recevoir le soufre que l'air chasse sur les ceps par le jeu du soufflet. JUIN. 133 A l’aide de cet instrument, l'opération est simple, commode et peu coûteuse. Elle revient seulement à 54 francs par hectare. M. le Président propose d'acheter, comme mo- dèles, deux de ces soufllets, dont le prix n’est que de cinq francs. M. Regimbeau pense que Île soufrage ne détruit pas la maladie ; c’est seulement un palliatif qui en arrête les progrès. M. C. de Lafayette père rappelle qu’on s'occupe de cette importante question dans tous les pays viticoles. On espère qu'avant peu on trouvera un moyen com- plètement curatif. M. Lobeyrac ajoute qu’un prix de 10,000 franes a été institué par le Gouvernement, pour être décerné à celui qui découvrira le remède le plus eflicace. M. de Brive répond qu’on ne saurait trop multi- plier les essais, alors surtout qu’ils sont peu dispen- dieux. Les Sociétés agricoles doivent en donner l'exemple, expérimenter tous les procédés et les sou- mettre à un contrôle sérieux. Ces observations reçoivent l’assentiment de l’As- semblée. En conséquence, M. le Président est auto- risé à faire l'acquisition de deux soufflets-Gontier, et une commission composée de MM. Chouvon et Du- montat est chargée d’en faire l’essai. M. de Brive signale ensuite l'emploi du goudron en lotion sur les ceps de vigne, lequel est indiqué dans 134 RÉSUMÉ DES SÉANCES. une autre publication reçue par la Société. L'examen de ce procédé est recommandé à la même com- mission. Caemix pe FER DE LA Haute-Loire. — M. le Président annonce que les avant-projets du chemin de fer de Saint-Etienne à Lempdes ayant été terminés, ont été soumis, par un arrêté de M. le Préfet de la Haute- Loire, du 28 avril, à l'enquête d'utilité publique, qui a duré un mois à partir du 1° mai. Elle a été close, le 1° juin, par la réunion de la commission d'enquête dont faisaient partie M. le Pré- sident et d’autres membres de la Société. M. Aymard en a été nommé secrétaire. M. le Préfet s’est présenté au sein de la commis- sion, et après avoir déposé sur le bureau toutes les pièces du projet et les registres d'enquête, il a ex- posé le but de la réunion et la vive sollicitude du gouvernement de l'Empereur pour l'exécution d’un réseau de chemins de fer, et en particulierde la ligne de Saint-Etienne à Lempdes, au moyen desquels des régions considérables par leur étendue et par leur importance agricole et commerciale seront dotées de ces belles voies de communication. 11 a rappelé qu’une députation nommée par la ville du Puy a reçu de Sa Majesté l'Empereur un accueil très-bien- veillant et qu’elle a apporté de son voyage à Paris d'heureuses espérances à l’égard de la réalisation du projet qui l’intéresse particulièrement. I} a appelé JUIN. 135 ensuite l'attention approfondie de la commission sur une question qui importe, au plus haut degré, à la prospérité générale et surtout à l'amélioration pro- gressive des contrées centrales de la France. Les plans, profils et autres pièces relatives aux di- vers tracés ont été ensuite mis sous les yeux de l’As- semblée. Il a été fait lecture de la ‘Note explicative des avant-projets rédigés par les ingénieurs de l'Etat pour la partie du chemin de fer de Lyon à Bordeaux, comprise entre Saint-Etienne et la ligne de Clermont à Montauban,” travail rédigé par M. Al. Busche, in- specteur divisionnaire des ponts-et-chaussées, et qui résume, avec une parfaite lucidité, tous les éléments des trois études comparatives désignées sous Îles noms de tracés rouge, bleu et vert, le premier par la ville du Puy, le second dans la direction de Cra- ponne, le troisième se dirigeant vers Ambert. Il a été donné connaissance également des obser- vations consignées sur les registres d'enquête, et des innombrables signatures apposées sur ces registres par toutes les notabilités départementales et par une multitude de personnes qui ont adhéré unanimement au tracé rouge par la ville du Puy. On a signalé, en particulier, les corps administra- tifs, judiciaires, agricoles, industriels, ete., du dépar- tement, tels que le conseilmunicipaldela ville du Puy, la chambre consultative des arts et manufactures, le tribunal de commerce, le tribunal civil, les juges de 136 RÉSUMÉ DES SÉANCES: paix, le conseil des prud'hommes, le barreau, le clergé, le professorat, la Société d'agriculture et sciences, l'administration forestière et un grand nombre de conseillers généraux, de maires et de con- seillers municipaux de l’arrondissement du Puy, le maire, les conseillers municipaux, le tribunal de commerce, ete., de Brioude, beaucoup de maires et conseillers municipaux de l'arrondissement d'Yssin- geaux, dont lessignatures, soit collectives, soit indivi- duelles, proclament une préférence très-sympathi- quement motivée en faveur du même tracé, On a lu aussi et annexé au dossier le mémoire qui avait été publié par la commission de la Société sous le titre : «Chemin de fer Grand-Central, section de Lempdes à Saint-Etienne, par le Puy; rapport lu à ia Société d'agriculture, sciences, arts et commerce du Pay, par M. Aymard, au nom d’une commission spé- ciale, dans la séance du 2 décembre 1855. » MM. les ingénieurs du département et M. l'ingé- nieur des mines ont donné ensuite des explications sur les divers tracés et sur les productions minérales de la Haute-Loire ; et après avoir entendu plusieurs membres de la commission, qui onttous fait valoir de nombreuses et puissantes considérations en faveur du tracé rouge par la ville du Puy, la commission a opté unanimement pour cette dernière direction. Congrès arcuéozoGique. — M. le Président distri- bue des programmes imprimés annonçant que le JUIN. 137 Congrés archéologique s'ouvrira cette année à Mou- lins, le 24 juin , et sera clos le 29 du même mois. Deuanpes p’apmission. — Il est fait lecture de deux lettres par lesquelles M. de Causans sollicite le titre de membre résidant, et M. l'abbé Urbe celui de membre non résidant. Les candidats adressent des mémoires à l'appui de leur demande. Sont nommés commissaires : Pour la première de ces présentations, MM. de l’Eguilhe , Lobeyrac et Benoit ; Et pour la seconde, MM. Sauzet, Hipp. de Vinols et Marthory. ADuissions. — Organe d’une commission spéciale, M. Aymard fait le rapport suivant sur la candidature de M. Bretagne, directeur des contributions directes, au titre de membre résidant : MESSIEURS, Le mémoire de M. Bretagne, dont vous avez chargé votre commission de vous rendre compte, ne me parait pas susceptible d'analyse. C'est un travail descriptif, consciencieusement écrit, et qui dénote, chez son auteur, une parfaite connaissance de son sujet. M. Bretagne est en effet connu dans la science : il a publié divers mémoires dans la “Revue numismatique”, l'un des recueils les plus savants de ce genre qui existent 138 RÉSUMÉ DES SÉANCES, en Europe. Il a inséré également d'intéressantes disser- tations d'archéologie dans le ‘Recueil des travaux de la Société académique de Laon”, dont il a été l'un des fon- dateurs. Ces honorables précédents seraient déjà pour nous la garantie d’une très-utile collaboration, si le travail qui nous à été soumis n'offrait pas, d'ailleurs, la preuve immédiate des connaissances historiques et litté- raires du récipiendaire. Le petit trésor numismatique qui fait l'objet de ce mémoire a été trouvé, en février 1855, sous l'aire d'une grange, dans le village de Polignac : il comprenait un ensemble de monnaies presque toutes contemporaines. A cet égard, l’auteur en déduit des conséquences intéres- santes. Ainsi, ce trésor se rapporte à une époque comprise entre l’année 1380 et 4390. Sa composition, qui offre une certaine diversité de pièces, puisqu'elles ont été frappées aux coins de sept princes différents, est cûrieuse en ce qu'on n’y trouve pas une seule monnaie seigneuriale de l’église du Puy. M. Bretagne est porté à conclure de ce fait qu'alors l'émission de ces monnaies avait cessé. Il ajoute , d’après l'Histoire du Velay par M. Arnaud , que la dernière émission de ces monnaies est de 1307; elle est relative à un accord passé entre le roi Philippe- le-Bel et Jean de Cuménis, évêque du Puy. L'absence de la monnaie du Puy dans un trésor des dernières années du xrv° sièele est, en effet, une circon- stance à remarquer, et je pense, comme M. Bretagne, que nos monnaies ne circulaient plus ou que leur cours était alors devenu très rare. Cependant je dois ajouter qu'on n'est pas complètement fixé sur l’époque de la cessation JUIN. 139 de ces monnaies, Onze ans après le traité accompli entre le roi et Jean de Cuménis, en 1318, l’évêque du Puy, Durand de Saint-Pourçain, donnait en assence à des monnayers, la fabrication des deniers et oboles du Puy; le document ancien qui en fait mention entre, à cet égard, dans de tels détails qu'on doit en conclure qu'alors le droit de monnaie avait encore une certaine importance. Cependant, dans cette même année 1318 , les Etats du Languedoc avaient demandé au roi de ré- duire toutes les monnaies à une particulière pour la province; mais cette proposition ne fut accueillie qu’en 1359, par ordonnance de Jean, fils du roi; nonobstant cette volonté souveraine , quelques seigneurs continuè- rent d’user de leur privilège, jusqu'à ce que la royauté, vers la fin du xiv° siècle, l’abolit définitivement. Néanmoins , on stipulait encore au Puy, en 1406, en sols podiens (solidi podienses), comme le prouve l'as- sence d’une vigne qui fut faite alors au profit de l'uni- versité de Saint-Mayol : « Censive, dix muits vin rouge, et cent sols podiens (1) » Précédemment en 1362, Jean de Rieux et Guigon Bernard reconnaissaient, par un autre acte, tenir en fief france, 15 sestiers avoine , 10 sols tournois et 15 deniers oboles podiens. En 1343 et 13%4, on trouve d'autres énonciations de 5 sols et de 2 sols et demi podiens. A la fin du xave siècle, en 1390, toute une partie basse de la ville avait encore conservé son nom de territoire dous Mounediers ; il était compris entre les rues Porte- Aïguière et Dolaizon. Mais tout cela n'implique pas absolument qu'on frappat 4 Inventaire des titres de Saint-Mayol, archives de la préfecture. 140 RÉSUMÉ DES SÉANCES, encore des monnaies à cette époque , et il serait possible que nos deniers et oboles du Puy ne fussent plus que des monnaies de compte, au moins dans les dernières années du x1v° siècle. Un autre fait intéressant qui résulte du travail de M. Bretagne, c'est la variété des monnaies trouvées à Polignac. L'auteur en conclut que les échanges étaient alors fréquents dans le Velay, et qu'il existait des traités commerciaux qui amenaient du dehors beaucoup de monnaies étrangères. Îl y avait en effet, dans ce trésor, des pièces d'Aquitaine, de Provence, d'Orange, du Comtat-Venaissin , et des monnaies de Béarn et de Savoie. Ces données concordent d’ailleurs avec ce que nos anciens chroniqueurs rapportent relativement à l'impor- tance des trafies commerciaux dans ce pays. Les habi- tants de la ville du Puy n'avaient négligé aucune occa- sion de leur donner tout le développement dont ils pou- vaient être susceptibles. Au nombre des privilèges dont ils jouissaient de temps immémorial, était celui que « nul allant et venant, aux jours de foire et de marché, ne pût être arrêté, qu'aucune marchandise ne pût être saisie par les sergents , si ce n’est pour cause criminelle. » Les mêmes chroniqueurs énumèrent, à propos des péages , les marchandises de tous genres qu'on apportait dans cette ville de diverses contrées ; et dans une pétition que les habitants adressèrent au roi, vers la fin du x1v® siècle, pour l'établissement d’un atelier de fabrication de monnaies royales, ils faisaient valoir le nombre des étrangers qui affluaient dans leur ville, soit pour le com- merce ; soit pour les romanages et les pardons de Notre- JUIN. 11 Dame du Puy. Is citaient «les einq principales foires de toutes marchandises, et spécialement de mules qu'on élève dans ce pays, » commerce qui attirait au Puy « des gens du Piémont, de Savoie, d'Aragon, de Catalogne, des Gascons, venant en si grand nombre qu'il est im- possible de dire combien ils y laissent d'argent 1.» Les monnaies trouvées à Polignac sont les unes d'argent, d'autres de billon, et le mémoire de M. Bre- tagne en fournit la description exacte et l'énoncé de leur poids. En résumé, Messieurs, ce travail est important sous bien des rapports ; il dénote un véritable savoir en numis- matique. Le style en est simple, comme il convient à un pareil sujet, et il comporte même une certaine élégance. L'admission de M. Bretagne au nombre de vos membres résidants sera donc une bonne fortune pour les études historiques dans notre pays. Enfin , Messieurs, le récipiendaire, par ses fonctions oficielles de directeur des contributions directes, vous apportera aussi un contingent de lumières dans beaucoup de questions éconômiques et statistiques qui font l’objet principal de vos travaux. J'ai donc l'honneur de vous proposer, au nom de la commission, l'admission de M. Bretagne sur la liste de vos membres résidants. M. Dumontat lit un rapport sur la candidature de M. de Surrel, contrôleur des contributions directes, au titre de membre résidant. Il fait un exposé suecinet du mémoire que le réci- 4 Manuscrits de Médicis De Podio. 142 RÉSUMÉ DES SÉANCES. piendaire a présenté à la Société. Il s'agit, dans ce travail, des moyens qu’on pourrait employer pour indemniser les malheureux agriculteurs dont les ré- coltes ont été détruites par l’intempérie des saisons. « Les fonds que le Gouvernement affecte à cet usage, dit M. d: Surrel, quoique considérables, sont cepen- dant d’une insuflisance telle, qu’on pourrait les qua- lifier d'illusoires. L'administration ne saurait se dissi- muler son impuissance sous ce rapport; elle ne pourrait y remédier que par un accroissement de charges dont les états les plus prospères ne supporte- raient pas le poids. » M. de Surrel développe ensuite des considérations d’après lesquelles il est évident que les désastres ne pourraient être réparés qu’au moyen de sacrifices proportionnés à la perte. Il pense également que pour les obtenir avec chances de succès, il faut qu’ils soient facultatifs. En effet , toute charge légalement obligatoire inspire de la méfiance; elle est considé- rée comme un impôt organisé, el met en suspicion la réalité des avantages qui doivent en être la consé- quence. L'auteur proposerait d'établir des caisses tonti- nières dans chaque canton, destinées à réparer les pertes de récoltes. « La première mise de fonds pour- rait se réaliser au moyen de souscriptions volontaires et d'allocations faites par le Gouvernement. Cette base posée, les diverses caisses seraient alimentées par une portion des fonds de secours mutuels dont JUIN. 143 la disposition appartient soit à M. le Ministre de l'a- griculture, soit à M. le Préfet du département, par la cotisation des assurés, et enfin par l'intérêt de ces sommes placées au Trésor. » Ce moyen pourrait être mis en pratique par une loi, et les principales opérations de la caisse, qui au- raient lieu sous la surveillance de l'autorité, seraient faites par des commissaires choisis dans la localité. L'auteur entre dans tous les détails de cette impor- tante organisation, qui lui parait offrir plus de garan- tie que celle des sociétés d'assurances, et il répond aux objections qu’on pourrait faire à l'encontre de ce projet. M. le rapporteur ajoute que, sans se prononcer sur la question de savoir si cette institution serait réa- lisable dans la Haute-Loire, il pense cependant que les vues judicieuses qui ont été émises par M. de Sur- rel, dans son excellent travail, méritent l'examen sérieux de la Société. L'auteur les a puisées dans les connaissances que sa position oflicielle de contrôleur des contributions directes lui a données des besoins et des ressources des propriétaires ruraux. Elles té- moignent d’ailleurs des sentiments philanthropiques du récipiendaire et de son désir de seconder la So- ciété dan ses efforts pour l’amélioration progressive du pays. La commission dont M. Dumontat est l’organe propose en conséquence l'admission de M. de Surrel au nombre des membres résidants. 144 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. Aymard, au nom d’une commission, fait le rapport suivant sur la candidature de M. Jules Pra- dier, du Puy, membre de la Société entomologique de France à Paris. MESSIEURS, M. Jules Pradier vous à adressé un catalogue des espèces de coléoptères du département. C'est le résultat de vingt années de recherches assidnes et d’une persévé- rance beaucoup trop rare dans les études d'histoire naturelle, pour que nous ne Îa prenions pas en très- sérieuse considération. J'ajoute que les études du réei- piendaire ont été appréciées par la plupart des savants entomologistes de la capitale. M. le comte Dejean , auteur de l’un des plus importants ouvrages sur cette science, l’honorait de son amitié et lui avait fait don de cette publiea- tion. Puissamment encouragé par tant d'hommes éminents, M. Pradier a formé une magnifique collection d'insectes de la France, qui ne le cède en rien, sous le rapport du nombre et du classement scientifique, avec celles fort remarquables que j'ai eu occasion de voir à Paris. Mais ce qui vous intéressera surtout, c'est la pensée constante qu'à eue l’auteur de rattacher ses études géné- rales à l'étude de l’entomologie de la Haute-Loire. Ainsi, c’est auprès des espèces recueillies par lui dans ce département qu'il a groupé dans sa collection, par familles et par genres, toutes celles qui s'en rapprochent. Des étiquettes particulières signalent nos espèces à l’at- tention du visiteur. Cette collection de la Haute-Loire, que jusqu’à ce jour JUIN. 145 pas un seul naturaliste de nos pays n'avait poussée aussi loin, ouvre une nouvelle voie à des investigations inté- ressantes et fait connaître notre pays sous un point de vue entièrement neuf. A cet égard, il est curieux d’ob- server que, de même que pour la flore actuelle, de mème que pour les faunes et flores fossiles, l’entomo- logie de notre département offre des espèces nouvelles et qui lui sont particulières. M. Pradier en a découvert déjà quelques-unes. Une d’elles a même recu son nom, que lui avait imposé M. le comte Dejean. Elle provient des régions élevées de Fay-le-Froid. Ainsi, jusque dans cette modeste partie des sciences naturelles, notre pays a déjà acquis une certaine illus- tation, grâce aux investigations de M. Pradier. Son catalogue départemental de la Haute - Loire offre aujourdhui 800 espèces de coléoptères; l’auteur en for. mera, un jour, une collection pour le Musée. Je termine en vous annonçant que M. Pradier vient de recevoir le titre de membre de la société entomologique de France. Cette savante association, appréciant ainsi le savoir de notre compatriote, nous a donné un exemple que votre commission vous propose d’imiter, en donnant au récipiendaire le titre de membre non résidant. Il est ensuite procédé au scrutin. Les récipien- daires obtiennent l’unanimité des voix. En consé- quence, MM. Bretagne et de Surrel sont proclamés membres résidants, et M. Jules Pradier membre non résidant. À scpt heures , la séance est levée. TOME XIX. 10 SOLS Lecture da proces-verbal, — Ouvrages reeus ; observations relatives à la construction d’un Musée à Saint-Etienne, à l’exemple de la ville du Puy; notices diverses sur la rubannerie de la Haute- Loire et sur les gisements de gemmes dans ee département, insérées au bulletin industriel de Saint-Etienne; données concernant la quantité de pluie tombée au Puy dans le mois de mai dernier, publiées par le ‘Journal d’agrieulture pratique”. — Récept on des mémoires de Ja Société zoologique d’acclimatation. — Remercie- ments de Ja Société industrielle d'Angers pour l'envoi des ‘ Annales”. — Réception des mémoires de l’académie d'archéologie de Belgique et de la Société géologique de Berlin ; vœu émis pour le transport gratuit des publications à l'Etranger par l’entremise du Gouvernement.—Publication d'un bulletin officiel des Sociétés savantes, par le ministère de l'instruction publique. — Denier en argent du x1£ ou xu° siècle , au type de la monnaie du Puy, donné au Musée par M. Aymard.— Organisation du service vétérinaire dans la Haute-Loire ; lettre de M. le Préfet au sujet du rapport envoyé par la Société. — Amélioration du service des étalons du Gouvernement dans la Haute-Loire; lettre de remerciement du directeur du dépôt d’Aurillac. — Sonde œsophagienne acquise par la Société ; invitation à M. Chouvon d’en faire lessai à la ferme- école. — Domestication et acelimatation de diverses espèces d’ani- maux ; observations de MM. de Brive, Chouvon et Aymard. — Action de l’azote dans la végétation, emploi des eaux ammoniacales en agriculture; rapport de M. Regimbeau. — Soufflet-Gontier pour le soufrage des vignes oïdiées ; acquisition de cet instrument par la Société; observations de M. le Président ; renvoi à l’examen JUILLET. 147 d'une commission. — Défrichement des bois; observations de MM. de Brive et del’Eguilhe. — Nouvelles variétés de belles fraises ; communication de M. Aymard. — Institution des béates dans Ja Haute-Loire ; vues de M, le Préfet pour lamélioration de cet utile service ; lecture d’un mémoire de M. Dunglas sur les Béates et 4s- semblées. — Découvertes d'anciennes monnaies du Puy; lecture d’une notice par M. Aymard, — Mémoire historique sur le collège de Brioude ; renvoi à la commission des prix. — Statue colossale en bronze de la sainte Vierge; projet d'organisation d’une loterie ; communication de M. le Président. — Programmes relatifs au Congres scientifique de France. — Demandes d'admission, au titre de membre résidant, par MM. Hippolyte de Vinols et Louis Balme ; commissions nommées. — Rapport de M. Lobeyrac sur la candida- ture de M. de Causans au titre de membre résidant. — Rapport de M. Sauzet sur l'admission de M. Pabbé Urbe sur la liste des membres non résidants. — Présentation de M. Liabœuf-Sauron comme membre correspondant. — Admission des récipiendaires. Présidence de M. de Brive. À trois heures, la séance est ouverte. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Ouvraces reçus. — M. le Président rend compte des ouvrages reçus et donne des explications sur di- vers mémoires qui intéressent plus spécialement la Société. Dans un article inséré au ‘Bulletin industriel de 148 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Saint-Etienne’, l’auteur s'appuie sur les décisions de la moirie du Puy relatives aux sacrifices qu’a nécessités la construction d’un Musée, pour engager l'autorité de Saint-Etienne à entrer dans la même voie de progrès. Cette publication renferme aussi d’in- téressantes notices sur la rubannerie dans la Haute- Loire ! et sur les gisements de gemmes : zircon, co- rindon, ete., qui existent dans le département. Les derniers relevés météorologiques publiés dans le ‘ Journal d'agriculture pratique” fournissent une donnée relative à notre pays, qu'il peut être utile de remarquer : la station du Puy est, pour le mois de mai, celle où il est tombé, en France, la plus grande quantité de pluie. Le chiffre dépasse beau- coup la moyenne. La dernière livraison des Bulletins de la Société académique de Laon renferme l'expression des re- grets de cette Compagnie au sujet du départ de M. Bretagne. Notre honorable collègue avait active- ment contribué à l’organisation de la Société de Laon, et avait enrichi ses publications de savants mémoires. 1 Le ‘ Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire? et, d’après ce journal, celui de la Haute-Loire, ont donné aussi récemment des aperçus historiques sur la rubannerie dans la Haute-Loire, par M. Jac- ques Taveau, qui pourront étre très-utiles à consulter pour l'histoire de cette industrie dans notre pays. JUILLET. 149 La Société zoologique d’acclimatation a fait par- venir à M. le Président le premier volume de ses Mé- moires et sollicite l’envoi des ‘ Annales”. Cette proposition, qui est conforme aux vues émises par la Compagnie à sa précédente séance, est agréée avec empressement. La Société industrielle d'Angers transmet une note de remerciments pour le dernier volume des ‘Anna- les” que cette association vient de recevoir. M. le Président informe l’Assemblée que l’Acadé- mie d'archéologie de Belgique et la Société géologi- que de Berlin ont envoyé, à leurs frais, de nouvelles livraisons de leurs publications. 1] pense qu’il serait convenable de pouvoir adresser les ‘Annales’, en franchise, aux Compagnies savantes de l'Etranger. Après délibération, la Société émet le vœu que M. le Ministre de l’instruction publique veuille bien transmettre les ‘ Annales” à ces Associations par l’en- tremise des ambassades. M. le Président est prié de faire auprès du Gouvernement les démarches nécessaires pour la réalisation d’un vœu auquel s’as- socieront, dans le même but, les autres Sociétés scientifiques de France. M. le Président annonce que le ‘Bulletin biblio- graphique des Sociétés savantes”, que rédigeait l’In- stitut des provinces, a cessé de paraitre par suite de la publication d'un bulletin officiel dont M. le Ministre 150 RÉSUMÉ DES SÉANCES, de l'instruction publique a chargé les comités de la langue et des monuments. La Société a reçu la pre- mière livraison de ce dernier ouvrage. Musée. — M. Aymard fait hommage d’une pièce de monnaie en argent du xi° ou xu° siècle, au type de la monnaie de l’église du Puy; elle provient d’un petit trésor qui a été découvert récemment à So- lignac-sur - Loire. AGRICULTURE. — M. le Préfet, par une lettre dont il est fait lecture, annonce qu’il a recu le rapport de la commission relatif à l’organisation du service vété- rinaire dans la Haute-Loire. Il remercie M. le Prési- dent du concours de la Société et de l’envoi de ce document qui, ajoute-t-il, lui sera d’un grand se- cours pour l'étude de cette importante question. M. le directeur du dépôt d’étalons d’Aurillac éerit pour remercier la Société de ses efforts au sujet de l'amélioration du service des étalons du Gouverne- ment. La mesure qui a été adoptée, d’après les pro- positions de la Société, par le Conseil général, pour la réduction du prix des saillies, a produit déjà d’heureux résultats. Au lieu de 82 saillies qui avaient été constatées au Puy en 1855, on en a obtenu 155 cette année, et il y a lieu de croire que ce chiffre s’élèvera plus haut les années suivantes. Ce premier résultat, qui est déjà satisfaisant, en- JUILLET. 151 gage l’Assemblée à exprimer le vœu que le Conseil général consacre, par une nouvelle subvention, la méme mesure pour l’année 1855. M. le Président annonce que, d’après les intentions de la Société manifestées à l’une des précédentes séances, il aacquis une sonde æsophagienne, propre à la démétéorisation des bestiaux. Cet instrument est remis à M. Chouvon, qui veut bien en faire l’essai à la ferme-école. M. le Président lit des extraits d’un mémoire pu- blié par la Société zoologique d’acclimatation, dans lequel l’auteur indique le moyen de domestiquer la. caille et la perdrix et de les faire multiplier par des procédés d'éducation. A cette occasion, M. de Brive cite différents oiseaux dont on a tenté la domestication avee plus ou moins de succès, tels que l’ooko dans le Danphiné ; il rap: pelle que M. Chouvon a introduit récemment la poule cochinchinoise dans les basses-cours de la ferme- école et répète ce qu’il a dit à la précédente séance relativement à la poule de Crèvecœur, laquelle, avec de nombreuses qualités, a le défaut de couver diffici- lement, tandis que la poule cochinchinoise est tout- à-fait propre à l’incubation. M. Chouvon dit qu’en effet elle est bonne cou- veuse, mais qu’elle pond peu. M. Aymard parle du kanguroo, mammifére di- 152 RÉSUMÉ DES SÉANCES. delphe qui offrira un excellent gibier et qui a été in- troduit récemment dans certains pays où il s’est déjà acclimaté et se multiplie. M. de Brive mentionne, d’après les comptes-rendus des concours régionaux publiés par le ‘ Journal d’a- griculture pratique”, le rôle très-secondaire de la race porcine dans ces exhibitions. Il en a été de même aux concours départementaux de la Haute-Loire. La France et, en particulier, notre département font ce- pendant un grand commerce de ces animaux. Il se- rait à désirer qu’on se préoccupàt sérieusement de l'introduction de nouvelles races. L'espèce de notre pays est haute sur jambes, osseuse, peu charnue. Les races anglaises, si propres à l’engraissement, et notamment la race de New-Leicester, pourraient y être importées avantageusement. M. de Brive en a vu de beaux spécimens à Paris : les os, chez cet ani- mal, sont réduits, en quelque sorte, à leur plus sim- ple expression ; les jambes sont courtes, le corps est d’un volume extraordinaire et presque complètement cylindrique. Ce pore, sous tous ces rapports, offre des ressemblances avec le durham pour les bêtes à cornes. Î[l y en a qui pèsent jusqu’à 250 kilog. On en verra un Curieux dessin dans le compte-rendu des concours régionaux qui vient de paraitre. M. le Président ajoute qu’il serait facile de se pro- eurer des pores des bonnes races anglaises à la ferme régionale de la Saulsaie, et il offre d'écrire à M. le directeur de cet établissement, afin de connaitre à JUILLET. 153 quel prix ces animaux pourraient être cédés. Plu- sieurs membres s'associent à cette pensée. M. le Président est prié de faire les démarches nécessaires pour obtenir ces renseignements. M. Regimbeau a la parole pour la communica- Lion suivante : MESSIEURS, Nous croyons devoir communiquer à la Société d’agri- culture un extrait du compte-rendu des séances de l’aca- démie des sciences, par M. Blanchard, sur la question de l’azote dans la végétation des plantes et le meyen d'augmenter la valeur des fumiers de ferme : « Nous abordorisun instant ce sajet, pour quelque temps encore à l'étude , dans l'intention seulement de signaler un résultat expérimental remarquable, constaté depuis six ans par M. Reyzet, dans sa propriété de Joué-lès- Tours, et qui vient assez naturellement renforcer la masse de faits qui militent en faveur de l'importance des engrais, et de l'opinion du savant agronome Boussingault, qui n'admet pas que les plantes puissent absorber l'azote de l'air atmosphérique pour se l'approprier, comme l’a dit M. Ville dans une des dernières séances de l'académie des sciences, puisqu'il est parfaitement démontré que les engrais les plus azotés sont les meilleurs. » Avec la même quantité de fumier enfouie dans le sol, M. Reyzet a toujours moins récolté de céréales dans les terrains soit argileux , soit même siliceux , que dans ceux pourvus d'une certaine quantité de calcaire; con- eluant de là que les premiers devaient laisser perdre une 154 RÉSUMÉ DES SÉANCES. partie des éléments volatils des fumierset que les seconds, au contraire , les fixaient. » M. Reyzet a vérifié ces inductions par des expériences directes, en ajoutant de la marne calcaire au sol , et il s’en est toujours bien trouvé. » Plus tard, ayant remarqué le long d’un mur crépi à la chaux, en contact avec le fumier, des aiguillés d’azotate de potasse {salpêtre) et une matière déliquescente dont la saveur était celle de l’azotate de chaux, M. Reyzet en conclut que le carbonate de chaux, en contact avec le fu- mier, déterminait la formation de ces deux sels qui, étant fixes, devaient augmenter notablement l'énergie des fumiers 1. » Pour arriver à ce résultat, voici le procédéqu'il suivit et qu'il conseille : étendre chaque fois le fumier, au sortir de l’étable, en couches de deux décimètres d'épaisseur ; recouvrir aussitôt chacune d'elles d’une couche de marne en poudre, d’une épaisseur de quatre centimètres seule- ment, continuer ce mode de stratification pendant plu- sieurs mois, jusqu'à l'achèvement de la masse. » Les fumiers ainsi préparés sont presque sans odeur, et l'on n’en voit pas transsuder ces mares de liquides bruns, noirâtres qui entourent les fumiers de nos fermes. » Parce procédé, qui ne coûte rien, l’auteur a obtenu, 1 Nous partageons cette opinion, contrairement à celle de M. Bar- ral, qui a soutenu que le carbonate de chaux et la marne calcaire ap- pauvrissent les fumiers, en volatilisant lammoniaque à l’état de car- bonate d’ammoniaque, par suite de la réaction du carbonate de chaux sur les sels fixes ammoniacaux que les fumiers renferment ; opinion diamétralement opposée à celle de M. Reyzet. REGIMBEAU. JUILLET 155 dit-il, notablement’ plus de récoltes que par la pratique ordinaire » Si les expériences de M, Reyzet sont exactes, l’utilité de l'emploi de la marne calcaire pour améliorer les fu- miers de ferme serait un fait à peu près constaté; mais nous croyons devoir faire observer que les murs des étables où ont séjourné ou qu'habitent un certain nombre d’ani- maux, fournissent naturellement, par les émanations de ces derniers, au bout d'un temps plus ou moins long, des azotates de potasse et de chaux, sans l'intervention du fumier. Ces azotates peuvent donc être formés sans l'action des déjections des animaux, où du fumier proprement dit. Ce phénomène repose absolument sur le principe des nitrières artificielles. Nous savons aussi que la formation de l’azotate de po- lasse, et même celle de l’azotate de chaux, peut avoir lieu dans la nature sans l'intervention des substances animales ou azotées. Celles-ci, en effet, agissent surtout par l’ammoniaque qu'elles fournissent, qui, de même que toute base forte, comme la potasse dans le cas des nitrières naturelles, tend à déterminer la formation d'un acide. C'est l’acide azotique, lorsque l'oxigène se trouve en contact avec le gaz azote, à l’état naissant, ou lorsque ces deux principes sont simplement mêlés comme dans l'air, n'étant autres que les éléments de cet acide, dans des proportions déterminées, absorbés et condensés par les terrains poreux, selon l'explication donnée par M. Lonchamp, de même que le charbon condense et détermine la combinaison de l'hydrogène et de loxigène qu'il a absorbés à l’état de mélange pour former de l'eau. Nous avonseru devoir présenter ces considérations dans 156 RÉSUMÉ DES SÉANCES. l'intérêt de la question, et pour expliquer ce qui peut avoir lieu dans des cas différents de ceux invoqués par M. Reyzet, où le fumier intervient en même temps que le carbonate de chaux, pour opérer la formation des azotates de potasse et de chaux, lesquels cas n'infir- ment nullement le fait avancé par M. Reyzet, lequel est conforme d’ailleurs à la théorie des nitrières artificielles où les terres calcaires sont mélées à des substances végétales et animales sous des hangars humides, comme cela se pratique en France et à l'Etranger. Attendons de nouvelles expériences qui viendront contrôler, ou plutôt confirmer les résultats de celles qui ont été déjà faites par M. Reyzet. Une lettre de M. Meyer, directeur de l'usine à gaz de Bourg, adressée à son collègue du Puy, nous parait également digne d’être communiquée à la Société à rai- son des questions déjà traitées par moi devant vous, dans une autre séance. « La chaux d’épurateurs ne s'emploie pas à Bourg, comme on vous l’a dit. On en fait usage en Bresse et en Dombes, où les terrains sont très-froids, et elle y produit de bons effets, tandis que dans la montagne, elle brûle tout, malgré qu'on la laisse reposer longtemps avant de l’employer, ou qu'on la mêle à d’autres engrais. — La manière de l’employer iei n’est pas toujours la même : les uns la mettent comme la chaux ordinaire; les autres la mélangent avec du fumier; d’autres enfin, — et cela se fait dans les terrains les moins froids, — la sèment légèrement, ou en saupoudrent le terrain. Dans tous les cas, jen’ai jamais oui dire qu'on la laissät reposer plu- sieurs mois : elle perd beaucoup de sa force en se repo- JUILLET. 157 sant, et elle ne remplirait pas son but, qui est de réchauf- fer les terrains trop humides. » La chaux d'épurateurs produit un bon effet, surtout pour les trèfles et les prés. Elle a aussi l'avantage d'éloi- gner et détruire tous les insectes parasites qui font tant de mal aux récoltes. Je connais un propriétaire qui a em- ployé 60 hectolitres de chaux d’épurateurs par hectare de terrain, dans des terres argileuses, et en a été très-satis- fait. — Mais comme j'ai eu l'honneur de vous le dire, ni l’emploi ni la quantité ne peuvent se fixer d'avance. C'est au cultivateur à essayer, à étudier ce que peut exiger son terrain, en expérimentant d'abord sur une petite échelle, puis sur une plus grande. J'en sais qui n’ont pas réussi dans leurs premiers essais, l’emplacement couvert par la chaux a été brûlé ; mais cela n’a pas de grandes conséquences : ce qui s’est trouvé brûlé et improductif la première année, à été très-produetif l’année suivante ". » C’est avec l’eau ammoniacale que l’on peut obtenir du bon terreau d'engrais, en creusant une fosse où l’on superpose des couches de terre légère; on arrose chaque couche avec de l’eau ammoniacale mélangée avec de l’eau ordinaire (6 litres d’eau ammoniacale pour un hectolitre d’eau ordinaire); et après un espace de temps de quatre où cinq mois, on a un engrais bon à être employé. J'ai vu une fosse qui a réussi avec 10 p. 0/0 d’eau ammo- niacale. D’autres, avec plus ou moins de cette eau, n’ont pas réussi. Un des membres du comité en fait l'essai, celte année. Je vous en ferai connaître le résultat. » Bourg, le 11 août 1853. MEYER. » * La chaux d’épurateurs doit contenir probablement du sulfhydrate d’ammoniaque. On sait que les eaux ammoniacales renferment aussi en assez grande quantité ce sel, qui est nuisible à la végétation. 158 RÉSUMÉ DES SÉANCES. D'après la faible quantité d’ammoniaque que les eaux renferment généralement , comme celles de sources, de pluies, etc., qui, répandues sur le sol, doivent en par- tie leur action fertilisante à cette substance, on peut juger de la puissance ou de la vertu fertilisante que doivent avoir les produits ammoniacaux et les eaux am- moniacales des usines à gaz. Leurs effets s’en font sentir même lorsqu'elles sont très-étendues et employées soit en arrosages, soit comme engrais, mêlées à de la terre ou à du terreau, puisqu'elles marquent, nous l'avons déjà dit dans une autre circonstance, de 4 à 5 degrés à l’aréo- mètre de Beaumé, ou 2° 1/2 en moyenne, prise à l'usine !. Dans ce cas, le mélange doit être exposé à l'air pen- dant un certain temps, en renouvelant les surfaces, pour détruire leur action malfaisante, laquelle se mani- feste lorsque ces eaux sont récemment employées , puisqu'au contact de l'air l'hydrosulfate d’ammoniaque qu'elles contiennent se transforme en sulfate d’ammo- niaque utile pour la vegétation, tandis que l'hydrosulfate est nuisible. C'est un fait que nous avors déjà signalé, et il a été constaté par l'expérience. Dans une autre communication que nous pourrons faire à la Société, nous traiterons Ja question de la présence de l’ammo- niaque dans les eaux répandues sur la surface du globe, quelle que soit leur origine, cette question intéressante se rattachant naturellement à celle des composés azotés ou ammoniacaux, si utiles à la nourriture des plantes ou à leur développement. Nous nous bornons aujour- d'hui aux aperçus qui précèdent. ! L'usine à gaz de la ville du Puy fournit 6 hectolitres par mois d’eau ammoniacale, soit 72 hectolitres par an [20 litres par jour]. JUILLET. 159 M. le Président soumet à l’Assemblée deux souf- flets-Gontier pour le soufrage des vignes oïdiées, in- struments qu’il a acquis conformément à une délibé- ration de la Société. Il en a fait l'expérience et s’est assuré qu'ils fonctionnent bien. Il ajoute que leur emploi est peu dispendieux ; au moyen de 50 kilog. de soufre, on opère sur un hectare de vigne, et, en y comprenant les journées d'ouvriers que nécessite l'opération, la dépense ne s’élève pas à plus de 54 francs. M. Robert constate que la maladie n’a pas encore paru cette année aux environs du Puy. M. de Brive répond que très-probablement elle ne tardera pas à se manifester. Son apparition a été signalée déjà dans d’autres contrées de la France ; elle a même été plus avancée que les années précé- dentes. M. le Président invite ensuite MM. Chouvon, Lo- beyrac et Dumontat à faire usage des soufflets-Gon- uier qu’il leur remet. Dans un mémoire inséré au ‘ Bulletin de Ja Société impériale et centrale d'agriculture ?, l’auteur émet l'avis que le défrichement des bois devrait être aban- donné à la discrétion des particuliers. Il nie les avantages reconnus par la généralité des observa- teurs, que les forêts ont la propriété de retenir les eaux dans le sol, d'entretenir ainsi l'abondance des 160 RÉSUMÉ DES SÉANCES. sources et de prévenir en même temps les ravages des inondations. M. le Président conteste la valeur de ces assertions el il cite plusieurs exemples, dans notre contrée, qui démontrent les avantages incontestables de la végé- tation forestière. Sur le domaine de Poinsac, com- mune de Coubon, des pentes, autrefois dénudées, où l’on ne trouvait aucun indice de sources, ont été boisées par les soins intelligents de M. le baron de Veyrae, ancien maire de la ville du Puy. Après quel- ques années de ce genre de culture, des suintements d’eau ont commencé à se manifester et plus tard se sont changés en sources abondantes. M. de l’Eguilhe s'associe à l’opinion de M. de Brive. Il cite d’autres exemples non moins coneluants et fait observer que le boisement est surtout nécessaire dans un pays de montagnes, comme le nôtre, où la forte déclivité des pentes amène de profondes érosions par les eaux torrentielles qui entrainent les terres. Au contraire, si les eaux sont retenues par les bois, elles concourent à la fécondation du sol avoisinant. M. le Président annonce qu'il a adressé à M. le Préfet, sur sa demande, un rapport concernant la situation des récoltes. Horricuzrure. — M. Aymard présente des spéci- mens d’une nouvelle espèce de fraises qui sont re- marquables par leur saveur, leur belle couleur rouge JUILLET. 161 et surtout par leur grosseur peu ordinaire. Elles sont oblongues, cordiformes et mesurent 0,15 centimètres dans leur plus grande circonférence. Ces fraises sem- blent se rapporter à une espèce voisine de celle qui a été appelée ‘ reine victoria”. M. Aymard offre d’en donner du plant dans la saison d'automne aux membres de la Société qui lui en fe- ront la demande. Il serait d'autant plus désirable que cette espèce se propageàt, qu’elle a donné jus- qu'ici des fruits assez abondants, grâce à des soins de bonne culture. Economie puiLique. — Béates. — M. le Secrétaire informe l’Assemblée que M. le Préfet se préoccupe activement de l'amélioration de l’intéressante insti- tution dite des Béales, qui est particulière au dépar- tement de la Haute-Loire, où elle rend les plus grands services aux habit:nts des campagnes. L’attention du Conseil général a été appelée, par M. le Préfet, sur les bienfaits de ces modestes et pieuses institutrices. L'autorité supérieure, sur sa demande, s’est em- pressée d'envoyer au Puy un inspecteur général, et, d'après le rapport de ce haut fonctionnaire, une somme de 3,000 francs a déjà été distribuée entre les plus nécessiteuses. L'administration se propose de donner à l'institu- tion tous les développements qu’elle comporte, par la création d’une école normale appropriée au per- fectionnement de cet utile service. TOME XIX. 11 162 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Les vues élevées de bien publie que M. le Préfet manifeste en cette nouvelle circonstance ont donné l'idée à M. Dunglas, recteur de lacadémie de la Haute-Loire, de publier une notice historique sur les Béates et Assemblées de la Haute-Loire ; elle a été in- sérée dans le ‘ Bulletin de l'instruction primaire” du 24 juin. Ce document est intéressant pour l’histoire du pays ; à ce titre, M. Aymard en donne leeture et pro- pose de l’insérer au compte-rendu de la séance, sous réserve , toutcfois, de quelques erreurs qui se sont glissées dans ce travail. Ainsi l’auteur exprime l'opinion que les habitants de la Haute-Loire ne pa- raissent pas avoir compris tous les avantages de l’in- stitution des béates; « il a fallu, ajoute-t-il, que des hommes venus du dehors vinssent la leur faire ap- précier ». Ilest certain que linstitution n’aurait pas acquis les développements actuels, si elle n'avait pas été comprise par les habitants, s'ils ne l'avaient patronnée et encouragée puissamment par des dons, legs et donations de tous genres. M. Dunglas n’est pas le premier écrivain qui ait fait connaître au publie les services rendus par les béates. Un ecclésiastique distingué autant que modeste, M. l'abbé Hedde, vi- caire de la cathédrale, a publié, il y a quelques an- nées, une notice intéressante sur ces pieuses filles. Il est regrettable que ce travail, qui renferme d’utiles données sur la question , n’ait pas été consulté et cité par M. Dunglas. JUILLET. 163 L'Assemblée, vivement intéressée par cette com- munication, prie M. le Préfet d’agréer ses félicita- tions sur ses généreuses et sympathiques intentions au sujet d’une institution importante qui recevra bientôt, par son active impulsion, tous les perfec- tionnements qu’elle comporte, et elle arrête l’inser- tion de la notice au procès-verbal. NOTICE SUR LES BÉATES DE LA HAUTE-LOIRE, Parmi les institutions dont la France est redevable au dévouement religieux, il en est peu d'aussi intéressantes, d'aussi touchantes même que celle des Béates où institu- trices de village de la Haute - Loire. Voici en quelques lignes quelle en est l’origine et comment elle fontionne : Un vénérable prêtre de Saint-Sulpice, M. l'abbé Tron- son, directeur du séminaire, dans la deuxième moitié du dix-septième siècle (1665), et en même temps euré d’une paroisse voisine, celle de Saint-Georges, voyait avec douleur que ses paroissiens de la classe inférieure étaient d'une grande ignorance en fait de religion, I] en- gagea une de ses pénitentes, nommée Mlle Martel, à s’oc- cuper de leur instruction. M'e Martel entra avec empres- sement dans les vues de son directeur, Elle commença l'exercice de sa mission par les hôpitaux. Le succès dé- passa ses espérances. Les malades accueillirent ses pa- roles avec reconnaissance et cherchèrent, dans l’accom- plissement de leurs devoirs religieux, un adoucissement à leurs souffrances. Elle tourna alors ses soins vers les jeunes filles de la ville et obtint des résultats non moins satisfaisants. Elle les réunissait, par quartier, dans la 164 RÉSUMÉ DES SÉANCES. semaine, et les conduisait le dimanche aux instructions de M. l'abbé Tronson. Le nombre de ces réunions, aux- quelles on donna le nom d'Assemblées, s'éleva successi- vement jusqu’à neuf. M. l'abbé Tronson, craignant avec raison que la santé de Mie Martel ne résistät pas longtemps à un apostolat aussi fatigant, lui adjoignit un certain nombre de com- pagnes avec lesquelles elle forma une congrégation reli- gieuse, mais sans faire des vœux. On les appela les De- motselles de l'instruction. Mie Martel ne vit dans cette aide que le moyen de multiplier ses bonnes œuvres 1. La plus importante de celles qu’elle entreprit fut celle des ouvrières en dentelle. L'industrie de la dentelle, qui est de nos jours la res- source d’un si grand nombre de familles dans la Haute- Loire ?, y était déjà très-florissante à cette époque, grâce surtout aux encouragements que lui avait donnés saint Franeois-Régis, l’apôtre du Velay, qui l'encourageait dans 1 L'une des Demoiselles était chargée d’instruire les mendiantes qui stationnaient aux portes des églises. Une autre recueillait des en- fants qui vagabondaient à l’église pour entendre la messe. Une troi- sième ayant remarqué que des servantes stationnaient des heures en- tières devant une fontaine pour attendre que leur tour d'y puiser fût arrivé, et que cela les empéchait quelquefois d'assister à la messe le dimanche, allait s'établir, ce jour - la, pres de cette fontaine et se chargeat de garder et de remplir les eruches de celles qui voulaient aller satisfaire à cette obligation. 2 Elle n’occupe pas moins de 60,000 ouvrieres de (out âge , sur une population de 500,000 habitants. (Téonorr Farcon. Galerie de a dentelle.) JUILLET, 165 toutes les localités où il donnait des missions!. Les filles de la campagne venaient passer l'hiver dans la ville du Puy, afin de se livrer exclusivement à la fabrication et d'en écouler plus facilement les produits. Elles se réu- nissaient, pour habiter et travailler en commun, dans de vastes maisons de la haute ville, dont le loyer ne leur coû- tait presque rien. Mie Martel s'introduisit dans leur chambrée et leur persuada de suivre une règle qui, sans leur rien faire perdre de leur temps, leur four- nissait les moyens de s'instruire, de sanctifier leur tra- vail, d'y apporter même de la diversion. « Elle leur apprenait , dit un pieux historien de sa vie, à lire, à chanter des chansons devotes, leur enseignait la docu trine et la prière de l'Eglise, et surtout leur faisait quelque bonne lecture proportionnée à leur capacité et qu'elle leur expliquait ?.» Le silence avait aussi ses moments déterminés. Chaque réunion était présidée, en son absence, par une ouvrière qu'elle désignait, et avait une école annexée pour les petites filles du quartier. La sollicitude de Mie Martel pour le bien des ouvrières s’étendait même au temporel. Afin de ménager leurs mo- ments, elle se chargeait d'aller faire leurs provisions dans la ville basse 3 et, ce qui était bien plus important, de t 1 Une ordonnance du parlement de Toulouse avait interdi Pusage de la dentelle, ce qui fermait les fabriques du Puy. Les ouvrières désolées allèrent chercher des consolations auprès du père Régis, qui leur dit : « Ayez confiance en Dieu ; la dentelle ne périra pas. » Prédiction qui ne tarda pas à se vérifier. 2 M. Tronson. Vie manuscrile de Mlle Martel. 3 Elle leur achetait le blé, le faisait moudre et leur rendait le pain tout cuit. On la voyait venir de la ville basse chargée de viande, d'huile , de chandelle et de choses semblables, Idem. 166 RÉSUMÉ DES SÉANCES, vendre leurs dentelles. Elle s’yentendait, à ce qu'il paraît, parfaitement bien , car elle vendait toujours mieux et plus promptement que les autres *. Pour apprécier l’im- portance de ce service , il faut connaitre la peine qu'ont ces malheureuses ouvrières à se défaire de leur marchan- dise et l'exploitation dont elles sont souvent l’objet. Aussi Mie Martel ne manquait-elle jamais de se recommander, chaque fois qu'elle allait au marché pour eet objet, au P, Régis, mort naguère en odeur de sainteté, et qui, de son vivant, praliquait cette bonne œuvre. Les ouvrières de la ville voyant les avantages que celles du dehors trou- vaient dans ces réunions, demandèrent à en faire partie” Elles ne rentraient chez elles qu'aux heures des réfections et pour le repas de la nuit ?. Cependant le nombre des Demoiselles allait toujours croissant. La ville fut trop étroite pour leur zèle. Elles se répandaient, le dimanche surtout, dans les villages voi- sins et réunissaient les personnes du sexe dans une cham- bre spacieuse , quelquefois dans une grange, pour leur faire l'instruction, c'était l'expression consacrée. Elles leur laissaient en partant quelques feuilles détachées du caté- chisme et chargeaient celles d’entre elles qui savaient lire d'en faire réciter le contenu aux autres dans les soirées, mais souvent il ne s’en trouvait aucune dans la localité. C'était un grand chagrin pour les Demoiselles. Elles eu- rent la pensée de former des institutrices et de se les don- ner pour auxiliaires. Ce projet fut immédiatement mis à " Elle ne manquait jamais de se recommander au père Régis en allant au marché. Idem. 2 Idem. JUILLET. 167 exécution, et l’on vit, peu de temps après , surtir de leur maison un essaim de jeunes institutrices qui allèrent s'é- tablir , sous la surveillance des curés, dans les villages ou hameaux dépourvus d'école. Le pays les appela du nom de Béates. Les Béates portent un costume religieux. Elles sont sous le patronage et sous la direction de la supérieure des Demoiselles, qui les place et les déplace à volonté, mais elles ne font pas partie de la congrégation. Leur nom est inscrit, après une épreuve de quatre ou cinq ans, sur un livre qui se conserve à la maison - mère. Elles peuvent quitter la société dès qu'elles le veulent, mais elles pro- fitent rarement de cette liberté. Elles doivent aller faire une retraite d'un jour, le premier jeudi de chaque mois, et une de huit jours, tous les ans, à l’époque indiquée , dans une maison dépendant de l'institution. On exhorte même les plus jeunes à venir y passer un ou deux mois, dans la belle saison , pour se perfectionner dans leur état. Les nouvelles écoles furent d'autant plus utiles, que les communes de la Haute-Loire sont très-étendues. Il en est qui sont formées de cent, cent vingt et jusqu'à cent trente agglomérations de maisons !, éloignées du chef- 1! En voici quelques-unes : encerre... 150 agglomérat. Chambon............…. . 64 apgl. Yssingeaux..…. 120 SÉHRomain,...-.... 09 Montrepard.... 86 AULÉC Se a mesnedeneseccee D Monistrol....… 84 St-Julien Molhesabate. 55 St-Jeures....…. 80 SE DIATEP as se ces sac acer D4 Riotord........ 12 ROLOUTNAC: =. rc. eeere 55 Sle-Sigolene... 70 St-Pal-de-Mons.…....... >2 Raucoules...... 66 BéAUZACS ne taecuesee bi St-Voy....... 66 Laple re eesrennc OI 168 RÉSUMÉ DES SÉANCES. lieu de 8, 9, 10, 1t et jusqu'à 12 kilomètres. L'hiver est d’ailleurs plus ou moins rude et long; il dure quel- quefois cinq ou six mois, et pendant ce temps le pays est, par intervalles, couvert de neige, en sorte que les écoles du chef-lieu ne peuvent être fréquentées que par un petit nombre d'enfants. Celles des Béates en sont comme les succursales. Mie Martel mourut peu après l'établissement des insti- tutrices , à l’âge de 28 ans, victime de son zèle. Son œuvre, loin de périr avec elle, fit de jour en jour de nouveaux progrès ! . Elle gagna bientôt tout le diocèse du Puy et même une partie des diocèses voisins ?. Elle eut pourtant aussi ses moments d'épreuve. L'évêque Ar- mand de Béthune, qui l'avait vue naître et l'avait autori- sée, fut sur le point de l’interdire, et, ce qui étonnera sans doute, il avait pris cette détermination sur la plainte de quelques ecclésiastiques qui voyaient avec une certaine défiance ces -évangélistes d’un nouveau genre. Un de ses grands vicaires l'en détourna. Les successeurs de M. de Bé- thune, mieux inspirés, n'ont cessé de l’encourager. Celui qui gouverne en ce moment le diocèse ? l'entoure de la t Six ans après la mort de Mile Martel, les Demoiselles étaient déja au nombre de soixante-dix. 2 La congrégation a été reconnue comme établissement d'utilité publique par ordonnance du 25 janvier 1845. 3 Mgr de Morlhon. Sur la demande de ce prélat, les Béates placées loin du chef-lieu de la commune ont été autorisées à recevoir les jeu- nes garçons pendant l'hiver, et un certain nombre d’entre elles ont méme été chargées de diriger les écoles de quelques communes peu importantes. JUILLET. 169 sollicitude la plus éclairée, et, par de sages mesures, l’a notablement perfectionnée et agrandie. Le nombre des Béates de l'instruction est aujourd’hui de 1,100, sur lesquelles 756 sont établies dans la Haute- Loire. Les autres sont répandues dans le Cantal, le Puy- de-Dôme, la Loire, le Rhône, dans Saône-et-Loire, etc…..., et jusque dans la Charente-Inférieure. Les Demoiselles de l'Instruction, de leur côté, multiplièrent leursmaisons, afin de mieux surveiller les institutrices et de leur facili- ter les moyens de faire leurs retraites. Elles y recoivent des pensionnaires et des caméristes!; mais le noviciat soit des Demoiselles, soit des institutrices , doit toujours se faire au Puy. Pendant 65 ans, la congrégation n'eut pas de règle écrite. Elle se dirigeait par les traditions dont la supé- rieure était à la fois la gardienne et l'interprète. M. de Chaumeys, grand vicaire, les recueillit et les fit imprimer vers 1730, de peur qu'elles ne vinssent à s’altérer. Le noviciat des institutrices dure deux ans. Pendant ce temps , elles doivent s’entretenir à leurs frais. Presque toujours elles le font avec le produit de leur travail, ce qu; nuit beaucoup à leurs études. Lorsqu'elles ne peuvent pas y suflire, la maison leur vient aide pour le tout ou pour une partie. Généralement elles remboursent cette avance peu à peu, à mesure que leurs modestes revenus le per- mettent. Du reste , alors comme toujours, leur vie est fort sobre. La soupe trempée par la maison, quelques fruits, un ! Pensionnaires qui apportent leurs provisions et les font pré- parer dans la maison. 170 RÉSUMÉ DES SÉANCES» peu de fromage composent ordinairement le menu de leurs repas. Les Béates, d’après l'esprit de leur institution, ne doi- vent s'établir que dans les villages et les hameaux. Lors- que les habitants de quelqu'une de ces localités veulent en avoir une, ils s'adressent à la supérieure de l'Instruc- tion par l'intermédiaire du euré , et s'ils n'ont pas une habitation convenable, ils mettent immédiatement la main à l'œuvre. L'un donne Île terrain, un autre quelques pièces de bois, un troisième des pierres, des ferrures, ses bœufs et sa charrette pour le transport des maté- riaux ;1 les plus pauvres offrent leurs bras. La bourse du curé, on le pense bien, est aussi mise à contribution. Souvent 1l se charge seul de la construction et conserve la propriété, qu'il transmet à ses successeurs. [est des curés qui en ont fait construire jusqu'à dix. Quelques - unes appartiennent aux Demoiselles, qui en concèdent la jouis- sance moyennant l'entretien et le paiement des contribu- tions. La maison de la Béate s'appelle l'assemblée. Quel qu’en soit le propriétaire, elle doit avoir deux pièces au moins, n'être assujétie à aucun passage ni servitude de ce geure 2, et renfermer un modeste mobilier, dont une cloche et une pendule, pour régler les heures, font né- cessairement partie. Lorsque la maison de l'assemblée est prête, deux nota- bles de l'endroit, suivis d'ua cheval pour porter les effets, ! Tous ces détails sont copiés sur des devis qui ont passé sous mes yeux. 2 Règle de conduite. Usages à observer. JUILLET. 171 vont prendre la Béate au noviciat. La supérieure leur pré- sente le sujet qu’elle leur destine, lui remet une lettre d'obédience et la recommande à leurs soins. Is l’emmè- nent et l'établissent dans la demeure, au milieu de la po- pulation joyeuse qui est venue à leur rencontre. Dès le lendemain, à 7 heures en été, à 8 heures en hiver, la cloche de la Béate se fait entendre. Elle appelle les jeunes filles du village à l'assemblée. Elles arrivent, les unes avec leur livre et leur carreau pour faire de la dentelle; les autres avec leur carreau seulement 1. Cha- cune, en entrant, va saluer par un Are Maria l’image de la Vierge. Elles forment deux groupes séparés. Celui des plus âgées ne s'occupe que de la dentelle et d'exercices re- ligieux. Les plus jeunes disent leur lecon par bandes ?, récitent le catéchisme et font aussi de la dentelle, quelque jeunes qu'elles soient, Le mercredi et le samedi, on lit les papiers 3, et on revoit les leçons de la semaine. La maison de la Béate est donc à la fois école etouvroir. Elle est aussi quelquefois salle d'asile : c’est lorsque la Béate à une compagne , ce qui arrive assez fréquemment. L'une des deux réunit les enfants des deux sexes, âgés de moins de six ans. A dix heures, une des ouvrières sonne la cloche pour avertir les mères de famille qu'il est temps de s'occuper du repas de midi. A onze heures et demie, même avertissement pour porter le diner aux champs. 1 Dans les cantons de Saint- Didier, Monistrol et Montfaucon, voisins de Saint-Etienne, la fabrication du ruban a remplacé celle de la dentelle. 2 Enseignement simultané. Règle de conduite. 3 Manuscrits réels. Règle de conduite. 172 RÉSUMÉ DES SÉANCES. On fait ensuite une lecture pieuse, suivie d'un quart d'heure de silence , et on sort à midi. À une heure, la classe recommence ; mêmes exercices, mêmes avertissements. Les jeunes filles confiées à la garde de la Béate ne la quittent que lorsque la nuit arrive. Après qu’elle a pris elle-même une heure de repos ou deux, la cloche se fait entendre de nouveau. Cette fois, c’est pour les mères de famille qui viennent à leur tour travailler dans la maison d’assemblée. Elles se groupent par cinq autour d’un guéridon sur lequel est placée une lampe dont la faible lumière est augmentée par l'interpo- sition de bouteilles de verre blane pleines d’eau. On dit le chapelet , on chante des eantiques. La Béate fait une lec- ture, suivie d’une demie - heure de silence, et pendant tout ce temps, le travail continue. La journée finit à onze heures par la prière du soir. L'ordre le plus par- fait règne dans ces réunions. On n’y admet ni les nour- rices, ni les femmes enceintes, ni les filles qui ont donné du scandale. En être exclue pour ce dernier motif est une grande honte ; aussi les exemples sont fort rares. Le dimanche, la Béate conduit les jeunes filles à la pa- roisse, se tient au milieu d'elles pendant les ofices et les ramène au village. Après qu’elles ont pris leur repas, elle les réunit de nouveau , leur demande compte de l'instruction qu’elles ont entendue à l’église, leur donne quelques avis et les conduit à la promenade jusqu’au soir. On est ce jour-là plus sévère qu’à l'ordinaire sur l’exac- titude. À huit heures, elle les rappelle encore pour faire la prière. Mais si le temps est orageux , si la neige encombre les routes, et que l’on ne puisse aller à la paroisse, les fidèles se réunissent dans la maison d'assemblée et passent une JUILLET. 173 partie de la journée à prier avec la Béate, à écouter ses instructions, à faire le chemin de la croix. La Béate n'est pas seulement institutrice, elle est en- core sœur de charité. Dans les courts moments que lui laisse sa principale fonetion , elle va visiter les malades, leur porte des consolations , quelquefois des secours, fait exécuter en sa présence, ou plutôt exécute elle-même les ordonnances du médecin 1 ; elle les dispose surtout à re- cevoir les derniers sacrements, et, quand le moment est venu, c’est elle qui approprie la maison, qui dresse l’au- tel sur lequel doit reposer le saint viatique, qui couvre les murs de draps blanes qu’elle a exprès pour cela 2. Il lui est défendu de veiller, elle ne pourrait pas faire sa classe du lendemain ; mais elle désigne les personnes qui doiventle faire. Ce sont deux jeunes filles pour une femme, et deux femmes mariées pour un homme. S'il y a danger de mort, on l'appelle; elle redouble alors ses soins et ses exhortations ; elle reçoit le dernier souffle du mourant, lui ferme les veux et ne le quitte que pour aller consoler sa famille. I en est de même lorsque quelque autre malheur vient affliger une maison. C’est la Béate qui apporte les pre- mières consolations. Elle est l'intermédiaire discret entre le toit de chaume et le château ou le presbytère. Si, dans une année malheureuse, un fermier ne peut pas payer sa redevance, e’est à la Béate qu'il s'adresse pour obtenir un * On en voit fréquemment tirer leur unique drap de leur lit et le porter dans celui du malade. 2 Ces draps, ainsi que les chandeliers dorés et les cierges, sont la propriété du village. 174 RÉSUMÉ DES SÉANCES. adoueissement qui lui est rarement refusé, Il n’est pas, en un mot, de bonne œuvre qui lui soit étrangère. Elle est l'ange du lieu. Voici maintenant ce que les habitants font pour la Béate en retour de tant de soins : On lui donne d'aberd huit cartons de grain, environ - deux hectolitres, et sa provision de bois, tant pour elle que pour l'assemblée. Les notables de la localité fixent la part contributive de chacun pour le grain et se chargent de la recueillir. Quelquefois ce sont les élèves les plus avancées qui, par un soin pieux, vont elles-mêmes faire la collecte et en déposent le produit chez leur institutrice pendant qu'elle est absente. Dans quelques localités, on ajoute à cette redevance une livre de beurre par élève ou quelques œufs. I lui est défendu de manger chez les habitants, même chez le curé. Chaque élève admise à l’école , il n’est question que de celles qui apprennent à lire, doit donner 0 fr. 30 e. par mois : outre qu'il y a beaucoup de gratuites, c’est l’article le plus mal payé. E lui est recommandé de ne pas exiger ses droits avec dureté 1, et les paysans abusent trop sou- vent de cette facilité. Pour un grand nombre d’entre elles, cette rétribulion ne rapporte pas même 30 fr. par an. A ce produit , elles joignent celui de leur travail, qui n’est guère plus fort,. C’est avec ce modique revenu qu'elles 1 Règle de conduile : Maximes et avis. 2 Une femme travaillant à la dentelle, du matin au soir , gagne 55, 40 , 45 centimes ; quelquefois 50 c.! Je voyais un jour, dans une école de Béates, à Espaly (je désigne la localité pour les gens du pays), JUILLET. 175 doivent se vêtir et vivre toute l'année, On devine sans peine les privations qu’elles s'imposent. Souvent le curé est obligé de leur venir en aide, et quand il est lui- même à bout de ressources , il s'adresse au premier pasteur du diocèse, dont le secours, comme celui de la patronne de sa cathédrale, n’est jamais invoqué en vain. Malgré cet état de gène, il est plusieurs de ces saintes filles, même parmi celles qui sont brevetées, et il y en a un assez grand nombre, qui ont refüsé des positions bien meilleures qu'on leur offrait avec l'agrément de leur supé- rieure générale, positions qui leur assuraient un revenu de 400, 500 et même 600 fr., avec des droits à une re- traite. D’autres ont d’abord accepté, mais au moment de la séparation, lecœur leur a failli. « Comment voulez-vous, me disait l’une d'elles, que j'aie le courage de quitter mes enfants? Je suis au milieu d'elles depuis trente ans. » On concevra sans peine que je n’ai pas eu, moi, celui d’in- sister. Cependant la vieillesse arrive, les forces commencent à trahir la bonne volonté de la Béate; sa vue s’affaiblit; elle comprend qu'elle doit céder la place à une de ses com- pagnes. Elle, si courageuse, si active lorsqu'il est ques- tion de solliciter pour les autres , ne sait pas demander une toute petite enfant, âgée de six ans seulement, mais faisant aller ses petits doigts sur le carreau comme une fée. Je demandai à la Béate combien cette enfant gagnait par jour : 2 centimes et demi , me ré- pondit-elle! Puissent ces lignes tomber sous les yeux de quelqu’une de ces personnes qui dépensent des sommes énormes en plaisirs frivoles ! Voilà une toute petite charmante créature qui s'étiole pour gagner une pièce de monnaie qu'on ne se donne pas la peine de ramasser lorsqu'on la trouve sous ses pas. 176 RÉSUMÉ DES SÉANCES. pour elle-même; elle s'en va frapper à la porte de l'hos- piece voisin pour obtenir de mourir parmi les pauvres. Quelques-unes sont recueillies dans la maison-mère du Puy. D’autres, en petit nombre , rentrent dans leurs fa- milles qui les avaient presque oubliées. Heureuses sont celles qui meurent dans l'exercice de leur saint ministère ! On leur rend une partie des soins qu'elles ont donnés , et des mains amies leur ferment les yeux. Telle est la vie, telle est la fin de la Béate. L’esquisse que j'en ai tracée n’est que la reproduction de ce qui se passe tous les jours sous les yeux des habitants de la Haute-Loire. J'ai écarté avec soin tous les traits du zèle particulier; je m'en suis tenu aux obligations d’une règle fidèlement remplie. Grâce à ces saintes filles, il n’est presque pas de village, pas de hameau dans le départe- ment qui n'ait une institutrice consciencieuse, dévouée, une seconde mère pour les filles de l'endroit, sans qu'il en coûte un centime à l'Etat, au département, ni même à la commune ,. Cette admirable institution , que le monde entier nous envierait, s’il la connaissait, fonctionne de- puis bientôt deux cents ans avec une régularité toujours croissante. Elle produit un bien immense , et cependant elle est demeurée jusqu’à ce jour à peu près inconnue au ? Les Béates de l'instruction ne sont pas les seules; il y a enctre celles du Liers ordre de saint Dominique, de la Présentation, de la Croix, du Mont-Carmel, ete... Les localités tant soit peu importantes tnt une communauté religieuse , souvent deux, quelquefois trois, ct chacune de ces communautés a une école gratuite de filles. Quelques- unes y joigvent une salle d'asile. IL n’est pas de pays où les écoles de filles soient aussi nombreuses et coûtent si peu : aussi les écoles com- munales y sont, pour ainsi dire, superflues. LE: JUILLET. Ar reste de la France. Les habitants du pays eux-mêmes pa- raissent ne pas en avoir compris tous les avantages , ou plutôt ils en jouissaient comme de la lumière du soleil, comme de l’air pur de leurs montagnes, ne se figurant pas qu'il pût en être autrement. I a fallu que des hommes venus du dehors, et en particulier l’habile et zélé admi- nistrateur qui dirige en ce moment le département ?, vinssent la leur faire apprécier! Le conseil général , ré- pondant à cette initiative, l’a recommandée, dans sa der- nière session , à la bienveillance de l'autorité supérieure, qui s'est empressée d'envoyer un inspecteur général, et, sur le rapport de ce haut fonctionnaire, aussi distingué par l'élévation de l’esprit que par celle du caractère 2, une somme de 3,000 fr. a été distribuée entre les plus né- cessiteuses de ces institutrices du pauvre. Rarement un secours fut aussi mérité et reçu avec autant de reconnais sance. Là ne se borneront pas, il faut l'espérer , les effets de cette haute bienveillance. Etendre les bienfaits d’une œuvre aussi éminemment utile est une pensée digne du Gouvernement qui montre tant de sollicitude pour les in- térêts du peuple confié à ses soins. Numsuarique. — M. Aymard fait la communica- tion suivante sur deux découvertes d'anciennes mon- naies du Puy et de Brioude. « L'histoire numismatique de la Haute-Loire vient de s'enrichir par deux découvertes intéressantes de monnaies anciennes ou deniers en argent. 1 M. de Chevremont,. 2 M. Magin. TOME XIX. 12 178 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » L'un de ces trésors a été trouvé dans une localité voisine de la ville de Brioude, au Breuil, canton de Saint-Germain-Lambron. Toutes les pièces qui le com- posaient se rapportent à deux types principaux : le premier était déjà connu desnumismatistes, qui l'ont attribué, les uns à la ville de Bourges, et d’autres, avec plus de probabilité, à celle de Brioude. C’est le seul spécimen qu’ait signalé la Revue numismatique dans une de ses dernières livraisons, qui contenait l'annonce de cette découverte ; on y lit d’un côté la légende BRIVITES, et dans le champ une sorte de monogramme cruciforme; et au revers VLELMO- COMS ; dans le champ : croix pattée à branches égales. » Je dois la connaissance du second type à la géné- reuse obligeance de M. Jusseraud, ingénieur des mines, qui avait acquis une grande partie des pièces de cette trouvaille. Celui-ci est inédit et fort curieux, car il offre probablement l’une des plus anciennes monnaies de l’église du Puy. On y voit, au droit, une croix pattée à branches égales, et en légende MONETA ; au revers SCEMARIAE , et dans le champ, le chrisme dégénéré, c’est-à-dire dont le P sans panse ne forme plus qu’une hampe en I. » Le module de ces deniers, la forme des lettres, tous les détails dun style caractérisent bien un type dégénéré des monnaies carlovingiennes, et c’est cer- tainement au dernier siècle de la deuxième dynastie qu’il faut en rapporter l'émission. Le monogramme JUILLET. 179 de l’exemplaire de Brioude, imité de celui de Lo- thaire, qui est gravé sur les monnaies de Bourges (954-986), indique une époque à peu près contempo- raineet m'engage à classer cette pièce à Guilhaume V (952.965) au.à Guilhaume VI (963-979), l’un et l’au- tre comtes d'Auvergne. » Je ne doute pas que ces monnaies n’aient été frappées à Brioude par un comte d'Auvergne ; si jene les attribue pas à l’un des comtes-abbés de cette ville, du nom de Guilhaume, e’est que le droit de monnaie ne fut concédé au chapitre que sous le roi saint Louis, en 1266. » Le denier du Puy, par sa rencontre dans le tré- sor du Breuil, a dü être contemporain de celui de Brioude, et la date de ce dernier permet d’en préci- ser l’époque avec quelque certitude. On pourrait, dans mon opinion, rapporter celte ancienne monnaie du Puy à l’une des émissions faites par l’évêque Ada- lard , à qui le roi Raoul avait accordé ce droit en 995. » Le style barbare de ces pièces annonce une dé- cadence de l’art, qu’attestent d’ailleurs la plupart des monuments de la même époque. Au X[I° et surtout au XII° siècle, l’art se régénère et se perfectionne. Ces raisons m’autorisent à classer à cette époque, c’est-à-dire vers le X[° ou le XII° siècle, le type élé- gant ct pur d’une monnaie d'argent assez fin dont je viens de recueillir 350 exemplaires admirablement conservés et trouvés, dans un vase en poterie ou tire- lire, à Solignac-sur-Loire. 180 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » Cette monnaie nous montre, au droit, une croix pattée à branches égales avec la légende BEATEMA- RIE, et, au revers, le chrisme dégénéré tendant à se transformer en rosace à six pétales, et, pour légende, le mot PODIENSIS. C'est une variété de type, iné- dite, d’un denier très-rare du XII siècle, que possède le cabinet impérial des médailles et sur lequel la croix est cantonnée d’un besan au 2° et au 5°. Lei, le chrisme est? complètement changé en rosace à six pétales oblongs. Une autre altération du type est dans l’interversion des legendes : le mot PODIENSIS se voit, au droit, avec la croix, et la légende BEATE- MARIE, au revers, avec la rosace. » La pureté du métal de cette monnaie etson poids, comparés aux pièces contemporaines de Clermont, lui assignent une valeur intrinsèque supérieure, et permettent, par conséquent, de la considérer comme antérieure aux premières années du XI siècle, époque où cette monnaie d'Auvergne était au con- traire de meilleur aloi. On sait, en effet, par une charte de 1219 (Baluze, Aistoire de la maison d'Au- vergne), que le denier de Clermont valait alors 2 de- niers du Puy. » Ces types au chrisme plus ou moins dégénéré, qu’on ne peut plus contester à l’église du Puy, vien- nent confirmer l'opinion que j'ai depuis longtemps émise sur l'attribution des deniers noirs de billon à légendes tronquées qu’on rencontre si souvent aux environs du Puy, et que j'ai rapportés au XI JUILLET. 181 siècle. La présence de besans entre les branches de la croix, dans une variété inédite que je possède, offre encore une analogie curieuse avec la pièce plus ancienne du cabinet impérial des médailles. » Ces deniérs, dans ce qu'il reste de lettres, sem- blent offrir les légendes romanes MONEDE PVXEI (pour del Pueï, monnaie du Puy); on y voit aussi la eroix et la rosace à six pétales. » Enfin , l’on connait le denier noir du XIV° sièele, de la même église, qui offre, avec les mêmes croix et rosace, les légendes DEL PVEÏI et POIES (monede del pueï ; denarii podienses). » Je me borne aujourd’hui à ces données ; bientôt, je l'espère, je ferai connaitre plusieurs autres mon- paies, méreaux et jetons qui intéresseront l’histoire numismatique du Puy, de Brioude et d’autres loca- lités de la Haute-Loire. » SCIENCE HISTORIQUE. — Îl est donné communication d'un mémoire historique sur le collège de Brioude. L'auteur ne s'étant pas fait connaître , son travail est renvoyé à la commission des prix. Beaux-Arts. — M. le Président expose l’état de la question en ce qui concerne la statue colossale, en bronze, de la Ste Vierge. Il ajoute qu’à la dernière réunion de la Commission , il a été décidé qu’une de- mande serait faite au gouvernement pour une loterie 182 RÉSUMÉ DES SÉANCES. dont les fonds serviraient à l’accomplissement de cette œuvre monumentale. Mgr l’Evêque est en ins- tance en ce moment auprès de M. le Ministre de l’in- térieur, Ogsers Divers. — M. le Président distribue des programmes relatifs au Congrès scientifique. Dewannes p’avmission. — M. Hippolyte de Vinols sollicite le titre de membre résidant et adresse un mémoire à l'appui de sa demande. Sont nommés commissaires, MM. Aymard, Mar- thory et Sauzet. M. Louis Balme écrit aussi pour demander le même titre. MM. Lobeyrac, Marthory et Giron sont invités à faire un rapport sur le mémoire envoyé par ce can- didat. Apmissions. — M. Lobeyrac fait le rapport suivant sur un mémoire présenté comme titre d'admission par M. de Causans: MESSIEURS, Il y a peu de temps encore, au milieu de vos graves préoccupations, votre attention fut excitée par la décou- verte de deux pauvres pêcheurs des Vosges; je veux parler de la fécondation artificielle et de l’éelosion des œufs de poissons, JUILLET. 183 Sans donte la science, dans ses recherches zoologiques, était parvenue à établir qu'il était facile de féconder arti- ficiellement les œufs de poissons ; mais ces premiers es- sais étaient restés à l'état de théorie, et ce fut l'allemand Bloch qui le premier procéda à l'application des féconda- tions artificielles et au repeuplement des rivières. Il faut cependant reconnaitre que c’est en France que la pisciculture à grandi, s’est perfectionnée et qu'elle est arrivée à constituer une véritable industrie. En 184%, Rémy et Gehin, pécheurs du village de la Bresse, complètement étrangers aux sciences naturelles, parvinrent, par leur sagacité et leur persévérance, à refaire à grand’peine les observations et les expériences des sa- ants ; ils allèrent plus loin qu'eux dans la voie de la pra- tique, car ils réussirent à trouver un moyen facile pour repeupler nos fleuves et nos rivières; leurs succès devaient être certains, Messieurs, cor ils avaient surpris la na- ture sur le fait, Après eux, des hommes éminents, au nombre des- quels on doit citer MM. Quatre-Fages, Millet, Coste, Berthot, Detzem, Gervais et Fournet, ont donné une nouvelle impulsion à la découverte des deux pêcheurs des Vosges et ont enfin créé l’art de la pisciculture. La pêche , comme on l’a très-bien dit, est la moisson des eaux ; les eaux sont une source de production extrè- mement puissante, mais non pas infinie, et pour que la récolte soit toujours sûre et abondante, il faut la préparer par des semailles régulières. Semer du poisson pourrait paraitre superflu pour ceux qui ne considèreraient que la prodigieuse fécondité desha- bitants des eaux. À quoi bon, en effet, féconder artificiel- 184 RÉSUMÉ DES SÉANCES. lement des œufs de poisson, lorsque l’on sait que la plu- part des poissons produisent des quantités d'œufs pres- qu'incalculables ? Ainsi le brochet renferme 272,160 œufs, la sole 100,360, la tanche 383,250, le maquereau 546,680, et enfin le turbot 9,000,000. Malheureusement , de nombreuses causes de destruc- tion tendent à réduire considérablement cette multiplica- tion si richement préparée par la nature. Les unes sont inhérentes aux circonstances naturelles elles-mêmes, les autres proviennent uniquement du fait de l’homme, dont l'insatiable cupidité ne connait pas de bornes. La destruction deviendrait complète, si la Providence, dans sa sollicitude pour l'humanité, ne faisait apparaître, de temps à autre, de modestes génies qui, comme Îles péê- cheurs Gehinet Rémy, viennent, par d’admirables décou- vertes, réparer les pertes. Nos rivières el nos ruisseaux n’ont pas échappé à la dévastation générale, et vous eûtes raison , Messieurs, de préconiser la découverte de Rémy et de Gehin; vous restiez fidèle à votre devise : Nititur ad utilia. Il est, parmi nous, un de nos collègues qui a dû plus que personne être frappé de l'utilité de la fécondation ar- tificielle des œufs de poissons. Possesseur de ce magnifique réservoir naturel qu’on appelle le lac de Saint-Front, il comprit combien cette découverte pouvait lui rendre facile le repeuplement de son lac si beau etsi produetif. Autrefois, c'était avec peine qu'il parvenait à se procurer 1,000 à 2,000 petites truites qui, ayant souffert plus ou moins dans l'opération de la pêche ou dans le transport, ne parvenaient qu'en très- petit nombre à bonne fin. Aujourd'hui il pourra, sans JUILLET, 185 grande difficulté, jeter chaque année dans les eaux du lac 100,000 alevins. Ce fut done M. de Lavalette qui prit la résolution de tenter les premiers essais, et bientôt M. de Causans, son gendre, avec sa belle intelligence et ses heureux loisirs, parvint à réaliser tous les projets qu'ils avaient conçus, et à créer à Saint-Front un véritable établissement de pisciculture. J'ai été chargé, Messieurs, de vous rendre compte du mémoire que vous a adressé M. de Causans comme titre d'admission ; il contient les nombreuses expériences aux- quelles il s’est livré et les utiles observations qu'il a re- eueillies. Ma tâche sera d'autant plus facile que vous connaissez déjà les succès qu’il a obtenus dans ses premières tenta - tives et que vous savez qu'il ne laissera point son œuvre inachevée et imparfaite ; il ne me reste donc qu’à vous faire connaître avec plus de détails son mémoire, qui se fait remarquer par l'exactitude de ses recherches et la justesse de ses appréciations. Le travail de M. de Cau- sans est intitulé : Observations sur la pisciculture de la truite dans le département de la Haute-Loire. Sous ce titre modeste se trouve renfermé un véritable traité de pisciculture d'autant plus précieux pour nous que les méthodes qu'il conseille sont le résultat d’expé- riences et d'essais exécutés chez nous, et par suite exécu- tables par tous ceux qui auront à leur disposition un cours d’eau favorable. Ce travail est divisé en deux parties importantes : la première traite de la fécondation des œufs, la seconde de leur conservation depuis ce moment jusqu'à l’éclosion ; 186 RÉSUMÉ DES SÉANCES, nous regrettons qu'il n'y ait pas une troisième partie qui s'occuperait de la première éducation de l'alevin après l'éclosion. Cette lacune sera probablement bientôt remplie, car nous sommes convaineu que M. de Causans sentira la né- cessité d'ajouter à son bassin d’éclosion, à Saint-Front, un second bassin que nous pourrions appeler bassin de première éducation. C’est dans ce dernier réservoir que devraient être conservés, pendant quelque temps, les pois- sons nouvellement éclos, pour être ensuite jetés, sans danger, dans les eaux du lac. M. de Causans, après avoir constaté que, dans la Haute- Loire, la truite commençait généralement à frayer du 15 octobre au 15 décembre, indique la manière d'opérer la fécondation artificielle; vous me permettrez de vous les rappeler, car il n’est pas aussi facile de procéder à cette opération qu'on pourrait le croire. Vous savez, en effet, Messieurs, que la laitance du poisson mâle doit ses propriétés physiologiques à la pré- sence d’animalcules, et que tout pouvoir fécondant dispa- rait du moment que ces animaleules meurent; or il a été constaté que la durée de leur vie est extrêmement courte. Les animalcules du brochet sont morts au bout de 8 mi- nutes 10 secondes; ceux de la carpe au bout de 3 minutes; ceux du barbeau au bout de 2 minutes {0 secondes, et cette vitalité est encore diminuée par une température qui s'abaisserait au-dessous de 8 à 10 degrès. Ces faits expliquent la plupart des insuceès survenus à la suite d'opérations en apparence bien conduites; ils montrent que les manœuvres doivent s'effectuer avec une JUILLET, 187 extrême célérité et que l'on doit tenir un très-grand compte de la température de l’eau. Voici done, d'après M. Millet et M. de Causans, la meilleure manière d'opérer : « Al faut, autant que possible, que deux personnes opè- rent ensemble ; l’une tient la femelle et l’autre le mâle ; à la sortie de l’eau on laisse le poisson renversé sur le dos pour ne pas laisser échapper les œufs et la laitance, puis on le tient suspendu au-dessus d'un vase conte- nant de l’eau claire et fraiche. Les œufs coulent natu- rellement; on peut en accélérer la sortie en courbant le poisson sur le dos, ou en pressant le ventre très-lé- gèrement avec la main; au fur et à mesure que des œufs tombent dans l’eau, on fait couler quelques gouttes ou quelques jets de laïtance en pressant le mâle au-dessus de Panus, l’eau devient blanchätre ou laiteuse, on agite et on remue doucement pour mettre tous les œufs en contact avec la liqueur fécondante; on opère ainsi, soit dans une assiette, soit dans un plat, soit enfin sur un tamis qui flotte sur l’eau. » Au bout de cinq à six minutes, on lave les œufs de manière à faire couler toute l’eau laiteuse et les gru- meaux ou pellicules, et on à soin d'opérer avee une eau propre, claire, ayant de 5 à 6 degrès environ. » Il est difficile d'indiquer les proportions fixes pour le mélange des œufs et de la laitance , on peut dire ce- pendant qu'en général il y a plus à craindre l'excès que le défaut de fécondation. La puissance fécondante de la laitance est telle, qu'un male peut suffire à la vivification des œufs de plusieurs femelles. » Dans la seconde partie de son mémoire, M. de Cau- 188 RÉSUMÉ DES SÉANCES. sans s’oceupe de la conservation des œufs de truite depuis la fécondation jusqu’à l’éclosion. « Les œufs qui viennent d’être fécondés, dit-il, ne diffè- rent extérieurement en rien de eeux qui ne le sont pas; il faut surtout se garder que les œufs soient atteints par la laitance pure, car alors ils blanchissent à l'instant même et sont brülés et durcis par lâcreté de cette substance. » A quel signe et au bout de quel temps parvient-on à acquérir la certitude du succès ? Le seul signe certain de fécondation, c'est l'apparition, dans l'œuf, d’un filet rouge très-délié, terminé bientôt par un point noir, qui n’est autre chose que l'œil du pois- son ; dès-lors le succès est assuré, et il est même rare de voir périr les œufs qui ont atteint ce premier degré de développement. Quant au temps qui s'écoule entre la fécondation et l'ap- parition du point noir, il est impossible d'en fixer les li- mites, car il dépend surtout de la température des eaux où l’on dépose le frai; cet intervalle peut varier depuis trois semaines jusqu'à trois mois. Le premier soin du piscieulteur doit s'appliquer à la conservation parfaite des œufs fécondés et au placement des appareils qui les contiennent. Ne croyez pas, Messieurs, que tous nos cours d’eau soient susceptibles de recevoir des appareils renfermant des œufs fécondés ; ainsi, toutes les rivières , tous les ruisseaux, et c’est le plus grand nombre dans le département, qui, à la moindre pluie, à la première fonte des neiges, deviennent sales et bourbeux, où qui entrainent dans leurs eaux des JUILLET, 189 matières fimoneuses, sont absolument impropres à l’éclo- sion de l’alevin. Il n’en est pas de mème de nos nombreuses sources, presque toujours claires et limpides, telles que celles de Vourzac, de la Roche, de Broussac, de l'Ornac, et celles qui naissent dans nos montagnes: elles peuvent toutes recevoir facilement un appareil, surtout s’il est construit dans les conditions indiquées par M. de Causans. Je dois, Messieurs, vous faire connaître cet appareil qui, à mon avis, peut être placé à l’orifice de toutes nos sources et dont la surveillance me parait facile, problème qu'il importait également de résoudre. Au lieu du tamis de M. Millet, on construit une grande boîte en toile métallique galvanisée; cette boîte grillée est elle-même placée dans une cuve en bois ou mieux en pierre, mais de manière à ce qu’elle ne la touche d'au- cun côté et repose seulement sur des supports qui la main- tiennent à 40 ou 15 centimètres au moins au-dessus du fond. Si l'on dirige l'eau d’une source à la partie inférieure de l'appareil et qu'on lui donne issue par l'extrémité su- périeure et opposée, il s'établit à l'instant même un cou- ant suivant la diagonale de la grande cuve ou réservoir. Que l’on installe maintenant, avec les précautions con- venables, des œufs fécondés dans la boite grillée située au eentre de l'appareil, on voit qu'ils jouiront de tous les avantages des tamis, sans avoir à en redouter les incon- vénients ; 1ls ressentiront bien mieux les effets du courant qui contribuera, autant que le tissu métallique, à les préserver des byssus, du limon et de la vase, qui tombe- ront naturellement au fond du bassin en pierre ou en bois. 190 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Enfin, si l'on ajoute à cet appareil un couvercle solide et bien fermé, il deviendra facile à surveiller par les gardes-champêtres ou les agents forestiers et sera à V’abri de la curiosité ou de la malveillance ; les œufs fécondés parcourront alors en paix toutes les périodes de leur mystérieuse ineubation et parviendront ainsi à bonne fin. M. de Causans aurait voulu décrire encore la première éducation et la croissance de l’alevin de truite, depuis sa naissance jusqu'au moment où le poisson peut être livré à ses propres forces dans des bassins ou des cours d’eau con- sidérables; mais les éléments d'observations lui manquent encore aujourd'hui; il nous fait espérer que cette lacune sera comblée l’année prochaine; cet espoir ne sera pas déçu, Messieurs, car il nous a donné le droit de compter sur ses promesses. Voilà, Messieurs, très-incomplètement sans doute, le résumé des observations recueillies par M. de Causans ; elles vous paraîtront d'autant plus dignes d'intérêt qu'elles ne sont point basées sur des théories incertaines ou sur des opinions parfois légèrement émises par les savants ; elles sont toutes, au contraire, le résultat de nombreuses expé- riences faites par lui avec beaucoup de soin dans notre arrondissement. Vous vous empresserez, Messieurs, de recevoir au mi- lieu de vous M. de Causans; et si, jusqu'à ce jour, vous n'avez complé parmi nous que quelques rares amateurs de pisciculture, avec M. de Cansans, soyez-en convaineus, vous aurez un véritable pisciculteur; avec le lac de Saint- Front un établissement complet de pisciculture , et pour résultat une immense multiplication d'un des meilleurs poissons du monde, JUILLET. 191 Votre commission vous propose donc, à l'unanimité, de recevoir M. de Causans comme membre résidant, M. l'abbé Sauzet fait un compte-rendu sur un tra- vail adressé par M. l'abbé Urbe à l'appui de sa de- mande au titre de membre non résidant. Ce mémoire, qui est très-élégamment écrit, est un résumé de tous les travaux de la commission pour l'érection d’une statue colossale en bronze de la Ste Vierge sur le rocher de Corneille. L'auteur y a joint des considérations artistiques sur le concours ouvert par celte commission pour le modèle de cette statue. Il en à fait connaitre les brillants résultats ainsi que toutes les décisions de la commission. M. Sauzet lit ensuite divers passages de cet intéres- sant écrit, lesquels attestent, dans leur auteur, une profonde connaissance de son sujet jointe à une grande élévation de vue et à un style aussi brillant qu'il est correct. Il conclut, au nom de la commission, à l’admis- sion de M. l'abbé Urbe au titre de membre non rési- dant. Il est donné lecture d’une lettre par laquelle M. Liabœuf-Sauron, propriétaire et maire à St-Pierre- Salettes, solheite le titre de membre correspondant. Ce candidat a fondé sa demande sur diverses amé- liorations agricoles qu'il a effectuées dans ses pro- 192 RÉSUMÉ DES SÉANCES. priétés et sur les prix qu’il a obtenus aux concours de la Société. Cette demande est appuyée par divers membres. Il est ensuite procédé au scrutin et les récipiendaires ayant obtenu l'unanimité des voix, sont proelamés comme il suit : sl. de Causans , membre résidant ; M. l'abbé Urbe, membre non résidant; M. Liabœuf-Sauron, membre correspondant. À huit heures , la séance est levée. SANCE DU 4 AOUT. SORRISLRE Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus; questions économiques qui y sont traitées. — Publications de la Société géologique de Londres; brochure sur la salle d'asile et la caisse d'épargne d’Is- singeaux. — Don au Musée d'un merle bleu, par M. Forestier. — Cippe tumulaire en marbre, à la mémoire du sculpteur Julien ; don au Musée par M. le Ministre d'Etat. — Pois verts, dits de Bourgogne ; essai de culture par M. J.-P. Chausson; observations de MM. Chouvon et Dumontat. — Nouveau mode de fenaison par les temps pluvieux ; observations de MM. de Brive, Dumontat, Chouvon, Ch. C. de Lafayette, Regimbeau et Gatillon. — Sonde œsophagienne; essai fait à la ferme-école ; communication de M, Chouvon; observations de divers membres sur les procédés de dc- météorisation des bestiaux. — Introduction de nouvelles races de pores dans le département ; lettre de M. le Président à M. le Minis- tre de l’agriculture. — Tableau comparatif de la monte des étalons impériaux dans la Haute-Loire; lettre de M. le directeur du dépôt d’étalons.— Envoi, dans la Haute Loire, de M. Rémy, pisciculteur : lettre de M. le Président à M. le Ministre. — Drainage et porosité des drains; rapport de M. Regimbeau. — Demandes de prix pour diverses améliorations agricoles ; renvoi à la commission des prix. — Projet de création d’un Musée de dentelles à Douai; commu- nication de M. Aymard, — Huile de genêt à balai ; rapport de M. Regimbeau ; observations de M. Martel. — Réveil et outils d’horlo- gerie inventés par M. Chastel, horloger à Pradelles; renvoi à la commission des prix. — Catalogue des animaux vertébrés de la Haute-Loire; envoi par M. Moussier, membre non résidant. — Ancienne confrérie religieuse et littéraire de Notre-Dame du Puy ; TOME XIXe 13 194 RÉSUMÉ DES SÉANCES. mémoire inséré dans les publications de la Société des antiquaires de Picardie ; observations de MM. de Brive et Aymard.— Recher- ches d’antiquités gallo-romaines au Puy; commission nommée. — Orgamsation du Congrès scientifique du Puy; fixation de l’ouver- ture au 40 septembre 4855 ; vote d’une somme de 4,000 francs par la Société ; vœux que le Conseil général du déjartement et le Con- seil municipal du Puy allouent chacun un paruil secours pour cette solennité. — Projet de budget de la Société pour 1855.— Rapport de M. Lobeyrac sur la candidature de M. Louis Balme comme membre résidant. — Rapport de M. Aymard sur la candidature de M. Hippolyte de Vinols au méme titre. — Admission des récipien- daires. Présidence de M. de Brive. À trois heures, la séance est ouverte. ‘Ouvraces REÇUS. —- Après la lecture et l'approbation du procès- verbal, M. le Président énumère les ou- vrages reçus et recommande à lexamen de plusieurs membres les publications qui intéressent spéciale- ment les travaux de la Société. Les questions qui y sont traitées concernent la maladie de la vigne (Bul- letin de la Société impériale et centrale d’horticul- ture); la statistique des maladies épidémiques dans le Verdumois (Mém. de la Soc. philomat. de Ver- dun); les silos aériens pour la conservation des grains (même ouvrage); des chevaux en vente (Mém. de la Soc. d’agrie. et sciences de l'Aube); prix décernés pour le meilleur entretien des chemins vicinaux ur — AOÛT. 195 (Mém. de la Soc. d'agrie. du département de la Marne); inoculation des bêtes bovines (Bulletin de la Soc. d’agric. du Puy-de-Dôme) ; céramique antique, inscriptions gravées sur des vases gallo-romains (Mém. de la Soc. imp. d’agricult. et sciences de Douai) ; importation d'animaux domestiques étran- gers (Bull. de la Soc. zoolog. d’acclimatation) ; fenai- son par les temps pluvieux (Journ. d’agr. pratique) ; paragréles (Journ. d’agric. pratique) ; maladie des pommes de terre (même journal) , etc. M. Benjamin Duprat, libraire à Paris, écrit pour annoncer qu'il a reçu de Londres quatre numéros du ‘Quarterly journa}, de la Société géologique d’Angle- terre, destinés à la Société, et invite M. le Président à faire retirer ces livraisons. Il sera donné suite à cette proposition. M. le Président communique une brochure qui a pour ütre : ‘ Fnauguration de la salle d’asile et de la caisse d'épargne d’Yssingeaux’. Ce document qui renferme d’intéressantes données sur la séance d’inauguration de ces’ utiles établisse- ments, laquelle a eu lieu le 25 juillet dernier, sera dé- posé à la bibliothèque historique. Musée. — NM. Forestier, traiteur au Puy, fait hom- mage d’un merle bleu, oiseau très-rare dans notre pays, qu'il à tué à Polignac parmi les ruines d’une vieille tour du château. 196 RÉSUMÉ DES SÉANCES, M. le Président annonce que la commission du Musée a reçu le cippe tumulaire en marbre qui avait été destiné à la tombe du sculpteur Julien et a été donné au Musée par M. le Ministre d'Etat ; on y voit le portrait, sculpté en médaillon et doré, de notre illustre compatriote, divers attributs et l'inseripuion suivante : À LA MÉMOIRE DE PIERRE JULIEN, UN DES PLUS HABILES SCULPTEURS DE SON SIÈCLE , MEMBRE DE L'INSTITUT, DE LA LÉGION-D'HONNEUR, NÉ EN 4751, À SAINT-PAULIEN, DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-LOIPE, MORT A PARIS , EN 1804. CE MONUMENT LUI A ÉTÉ CONSACRÉ. SON IMAGE A ÉTÉ RETRACÉE PAR CLAUDE DEJOUX, SCULPTEUR , MEMBRE DE L'INSTITUT, DE LA LÉGION-D'HONNEUR , SON AMI, SON EXECUTEUR TESTAMENTAIRE. AgricuLTuRe. — M. le Secrétaire présente de beaux spécimens de pois verts, dits de Bourgogïe, que M. Jean-Pierre Chausson, propriétaire à Vabrettes, commune de Saint-Jean-Lachalm, a cultivés avec AOUT. 197 succès, depuis quelques années, dans une assez gran- de contenance de terrain. | Ce propriétaire offre d’en donner deux doubles- décalitres à la Société, sielle croit utile de propager la culture de ce légume. M. Chouvon fournit des renseignements favorables sur cette nouvelle espèce de pois, qu’il a lui-même cultivée. M. Dumontat la cultive également dans son jardin, où des fumures abondantes et la fertilité du sol l’obli- gent à ramer la plante. Mais dans la grande culture, ces pois n’acquièrent pas une pareille végétation. Du reste, étant secs, ils ont l’avantage de se conserver parfaitement verts; on peut les garder longtemps sans qu'ils perdent rien de leur bonne qualité. La Société remercie M. Chausson de cette commu- nication et de ses offres généreuses qu’elle accepte, en invitant divers membres à semer, à titre d'essais, les pois qui leur seront remis par ce pro- priétaire. M. le Président donne lecture d’un article du ‘Jour- ? pal d'agriculture pratique’ sur les fenaisons par les temps pluvieux, d’après la méthode Clacmayer. Cette méthode consiste dans l’amoncellement du fourrage, peu après la fauchaison, en meules de trente à quarante charretées, qu’on laisse dessécher par la chaleur de la fermentation, pendant un temps assez long. M. de Brive ajoute que ce procédé est 198 (RÉSUMÉ DES SÉANCES. dispendieux:; que cependant divers propriétaires de notre pays l'ont employé avec succès. Il cite, en particulier, M. Polydore Fabre, qui l’a appliqué aux luzernes. #4 M. Dumontat dit que, par ce moyen, il ne se fait aucune déperdition des feuilles. M. Chouvon ajoute que les fourrages ainsi aceu- mulés ne sont pas exposés à se gâter. [1 n’y a ni vide ni air dans les meules ainsi disposées; mais il faut que le foin soit bien et également tassé. Dans cer- tains cas, il est bon de le recouvrir de paille. En somme, c’est un utile procédé. û M. Ch. C. de Lafayette dit qu’au cas où l’on erain- drait les moisissures, ou toute autre avarie des four- rages, on devrait faire usage du sel. Dans les bonnes fermes, on en emploie beaucoup, mais le plus sou- vent d’une manière défectueuse. En Angleterre, on a adopté la proportion d’un kilog. de sel par cent kilog. de fourrage. M. de Brive demande si le sel a pour effet de pré- venir la moisissure ou de donner au fourrage un bon goût qui, en stimulant l'appétit du bétail, lPexeite à manger du fourrage mème avarié. M. Ch. C. de Lafayette pense que le sel prévient réellement la moisissure, et il eite à Pappui de son opinion l'emploi du sel pour la conservation des choux dont on fabrique la choucroute. Du reste, le sel a aussi pour résultat d’appéter le bétail, et e’est en méme temps un réfrigérant qui arrête la fermen- tation. AOUT. 199 M. Regimbeau partage cette opinion ; le sel, en ab- sorbant l’humidité, doit agir comme sicatif. La fer- mentation a produit souvent la combustion spontanée du fourrage; elle peut donner lieu aussi à une combustion lente. Si l’on tasse bien le foin, comme la recommandé M. Chouvon, et si lon emploie aussi le sel, on prévient la combustion. M. Gatillon est d'avis, au contraire, qu’il vaut mieux n’entrer le foin qu'après l'avoir fait dessécher complètement sur le sol par le moyen généralement en usage dans le pays. M. de Brive rappelle que le procédé dont il vient d’être question s'applique à des cas particuliers et urgents, et que, dans ces circonstances, il peut être très-eflicace. M. Dumontat ajoute qu’il vaut mieux, d’ailleurs, que la fermentation s'opère au dehors que si elle avait lieu dans les granges. M. Chouvon annonce qu’il a fait à la ferme-écoledes essais de la sonde œsophagienne : les résultats en ont été fort satisfaisants. M. Gatillon demande si les éleveurs se plaignent de l’emploi de l’aleali volatil. Cette substance, qui a la propriété de démétéoriser promptement le bétail, est fort recherchée pour cet usage, et il s’en vend beaucoup. M. Chouvon répond que les effets en sont variables ; il y a des circonstances (etelles sont assez fréquentes) 200 RÉSUMÉ DES SÉANCES, où l’alcali ne suffit pas à la prompte guérison de l’a- nimal. Dans ce cas, la sonde œsophagienne lui parait devoir être employée utilement. M. Borie voudrait qu'on püt aussi ingurgiter cer- tains remèdes dans le corps de l’animal au moyen de cet instrument. M. de Brive dit que ce moyen de médication est in- diqué dans les instructions , et que la sonde œsopha- gienne est apte à cet usage. MM. Plantade et Robert signalent l'emploi du vi- paigre qui, chez eux, aurait mieux réussique l’aleali. M. Gatilion assure que l’eau de javelle a la même propriété. M. de Brive conclut, de ces diverses expériences, que les divers moyens indiqués peuvent être employés successivement et en cas d’insuccès de la sonde. M. le Président lit la lettre suivante, qu’il a adressée à M. le Ministre de l’agriculture, au sujet de l’amélio- ration de la race porcine : « Monsieur le Ministre, » La Société d'agriculture de la Haute-Loire ayant » le projet d'améliorer la production de la race » porcine dans sa circonscription, m’a chargé de » solliciter auprès de vous les moyens d’en régéné- » rer l'espèce. » La population de cette race est très-nombreuse » dans la Haute-Loire, l'habitant des campagnes y » puisant son principal élément de nourriture et le AOÛT. 201 commerce des lards qui s’expédient dans le Midi ayant une grande importance. Aussi n'y a-t-il presque pas un paysan qui n'ait quelques pores à l’engrais et une truie portière. Malheureusement, l'espèce répandue dans le pays ne satisfait à au- cune des conditions nécessaires pour un engrais économique et avantageux. Haute sur jambe, avec des os volumineux et un corps très-Ctroit, elle croît lentement, prend la graisse avec peine et donne toujours un très-faible rendement, comparé aux dépenses qu’elle occasionne, à la consommation qu’elle exige. » La Société désirant entrer dans les vues écono- miques et généreuses du Gouvernement, qui veut accroitre le bien-être des populations en générali- sant l’usage de la viande, a pensé que, pour le suivre dans cette voie sans trop contrarier les habitudes de nos montagnards, il fallait commencer par abaisser le prix de revient d’une viande qui y est spécialement usitée. Elle voudrait donc introduire dans le département l’une de ces espèces de pores créées par l'Angleterre, et qui, à une très-grande précocité, joignent une disposition merveilleuse à l'engraissement. D’après les renseignements re- eueillis, elle opterait pour la race new-leicester, dont les membres raccourcis et le corps cylindri- que, joints à un poids assez élevé, donnent un ren- dement proportionnel si considérable. » Mais la Société, éloignée de tous les grands cen- 202 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » tres de productions, ne sait où se procurer des » animaux de choix de cette espèce, et d’ailleurs, en » présence de l'insuffisance de l'allocation qui lui a » été faite celte année par votre ministère, elle man- » querait des ressources nécessaires pour en faire » l'acquisition. » Je suis chargé, en conséquence, par la Société » que j'ai Phonneur de présider, de vous prier, Mon- » sieur le Ministre, de vouloir bien lui oetroyer un » verrat et deux ou trois truies choisies de l'espèce de » porcs dite new-leicester ; la Société espère que les » services qu’elle s’efforce de rendre, chaque année, » à l’agriculture de la Haute-Loire, seront des titres » qui lui obtiendront ce nouvel encouragement. » Je suis avec respect, etc. » Le Président, » À. De BRIVE. » M. le Président lit une lettre par laquelle M. le directeur du dépôt d’étalons d’Aurillae envoie le ta- bleau de la monte des étalons impériaux dans le dé- partement de la Haute-Loire. Les résultats obtenus doivent encourager le département à persévérer dans la voie où il est entré, et le Conseil général à renou- veler le vœu que le prix de la saillie soit encore réduit pour l’année prochaine. L’intention de l’administra- tion est de rétablir la station de Paulhaguet, en sup- primant celle de Brioude qui ne parait avoir aucune chance d’avenir. Voici le tableau qui était joint à cette lettre. AOUT. } | | | ‘SNOILVAYIS40 ‘GS + dN9ay ua sad uo I9NIUTAAI(] HAINON Ad 6 02 G 62 G 607 € 991 € ‘ÿ£SF ‘ÿSSF U SATTTIYS © XAYAIHD 9P 9P HMINON 6€ SHITIIVS 219 ÉRIC AMANON 19 (ai 10 ‘CCSE u2 XAYAYH9 3P 2++Meecyejog, AS. r XAVA9XISST sos... *ANNOdVU") tresse ing 47 —— © = ES 20% RÉSUMÉ DES SÉANCES, La Société s’'empressera de demander à M. le Pré- fet qu’il veuille bien appeler l'attention du Conseil général sur ces importants résultats. M. le Président donne lecture de la lettre suivante, qu’il a adressée à M. le Ministre de l’agriculture, relativement à l’envoi, dans la Haute-Loire, pen: dant le temps de la fraie du poisson, de l’un des célèbres pêcheurs des Vosges. « Monsieur le Ministre, » La Société d'agriculture de la Haute-Loire m'a chargé de vous rappeler une promesse faite, de- puis plusieurs années, à notre département par votre ministère, et que les circonstances sans doute n’ont pas permis de réaliser. Je veux parler de l’envoi dans la Haute-Loire, pendant la fraie, de l’un des célèbres pêcheurs des Vosges. » Déja M. Gehin y est venu deux fois à notre sollicitation. Dans un premier voyage, en 1850, il put constater que les laes, les rivières et les ruis. seaux du département offraient d’incontestables ressources pour la pisciculture, soit par leur grand nombre, soit par la qualité de leurs eaux. L'année suivante, M. Gébin revint pour faire des essais de fé- condations artificielles et des empoissonnements. AOUT. 205 Malheureusement il arriva trop tard, et l'époque de la fraie étant passée, 11 ne put opérer. » Depuis cette époque, il a été fait dans notre dé- partement quelques essais individuels. Le proprié- taire du lac de Saint-Front, dont les truites ont une réputation méritée, a voulu chercher dans Ja nou- velle méthode de fécondation artificielle le moyen de renouveler périodiquement son empoissonne- ment. Il a fait construire, sur un petit cours d’eau qui alimente ce lac de 50 hectares, plusieurs bas- sins destinés à l'opération de lPélevage artificiel. Ses efforts, répétés chaque année, n’ont donné en- core que des résultats peu importants. Il lui man- que évidemment, ainsi qu’à beaucoup d’autres pro- priétaires désireux d’empoissonner leurs eaux, des connaissances pratiques que les livres ne peu- vent donner. » Je viens, en conséquence, Monsieur le Ministre, autant dans un but d'intérêt général que dans celui d'intérêts privés très-respectables, vous prier de donner mission à l’un des pêcheurs des Vosges, inventeurs des procédés de la nouvelle pisciculture, de venir dans le département de la Haute-Loire à l’époque prochaine de la fraie de la truite et d’y sé- journer, aux frais de l'Etat, le temps nécessaire pour enseigner aux propriétaires pisciculteurs de nos montagnes tous les moyens pratiques de cette nouvelle méthode. 206 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » Permettez-moi de vous rappeler, Monsieur le » Ministre, que l'époque de la fraie, avancée dans les » pays froids, a lieu, dans la Haute-Loire, du 15 « octobre au 15 novembre au plus tard. » M. Rémy fils, avec lequel nos propriétaires » pisciculteurs ont déjà établi des relations par » correspondance, serait disposé à remplir cette » mission, dans le cas où vous voudriez bien la lui » confier. » Je suis avec respect, etc. » Le Président de la Société d'agricul- » ture de la Haute-Loire, » À. DE BRIVE. » M. Regimbeau présente les observations suivantes sur le drainage, et en particulier sur la porosité des lLuyaux en terre cuite. MESSIEURS, On a agité, à l’une des dernières séances, la question de savoir comment fonctionnent les drains dans l'inté- rieur de la terre. Nous avons dit nous-même, à cette séance, que l’eau pouvait s’introduire dans les drains par leurs pores. On sait, en effet, que l’une des con- ditions d’une bonne confection des drains est leur porosité, et qu'on doit rejeter ceux qui sont troués, fêlés ou fendus. Pour obtenir des drains d’une grande solidité et très-poreux aussi, Ja cuite doit être eue AOUT. 207 poussée à un point convenable. Cela se comprend , puisque les drains qui ne sont pas suflisimment cuits se détériorent avec une grande facilité, et nécessitent le re- nouvellement d'une opération très-pénible et très-coûteuse s’il s'établit dans l’intérieur de la terre des solutions de continuité qui ralentissent ou arrêtent l'écoulement des eaux, les drains finissant par s'obstruer dans cette cir- constance. Les auteurs paraissent être d'accord sur le fait de la porosité des drains, quoique nous n’ayons lu nulle part que des expériences directes aient été faites pour le dé- montrer. Nous lisons, en effet, dans un des numéros du ‘Journal d'agriculture pratique”, le passage suivant : « On a eu l'idée, il y a près de dix ans, en Angleterre, et il y a quelque temps seulement en France, de faire les tuyaux non pas en poterie ordinaire, mais en mélant à l'argile divers matériaux plus ou moins altérables par le feu. Le but que l’on a cherché à atteindre était le même que celui que se proposaient les inventeurs des tuyaux percés d’un grand nombre de trous. Nous ne croyons pas l'idée heureuse, dit M. Barral; en tout cas, ajoute-t-il, les matériaux employés dans cette fa- brication sont la seiure de bois, le tan, les copeaux, les éelats de bois, le charbon de bois, le charbon de terre, l'asphalte, de la poix, ou d’autres substances bi- tumineuses, ou décomposables par le feu. On comprend que l'action du feu sur ces matières employées dans la proportion d’un dixième environ, en faisant dispa- raître une partie de leurs éléments, laisse des tuyaux plus poreux; mais cette plus grande porosité n’est point nécessaire 1. » 4 D’après ce passage de M. Barral, que nous reproduisons, 1l sem- 208 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Nous lisons aussi dans un rapport remarquable sur le drainage fait par notre honorable Président, et consigné dans les Annales de la Société, ce qui suit : « Les tubes cylindriques en terre cuite sont générale- ment préférés aujourd'hui pour former des drains, et préférablement à toute autre méthode ou système, à raison de leur porosité, de leur solidité et de l’économie qui résulte de la fabrication et de la pose. Les tubes doivent être joints bout à bout, garnis d'argile aux points de Jonction, bien tassés avec la terre, comme s’il s'agissait d'empêcher l’eau de pénétrer dans les tuyaux. Cette précaution est essentielle, ainsi que celle d’em- ployer des tubes exempts de troùs, d’écornures et de fentes, qui pourraient laisser introduire des matières terreuses capables de produire des engorgemeñts, l'eau pouvant se faire jour ou pénétrer par les côtés et les fissures. C’est là un fait acquis par l'expérience, dit le rapport. » Pour en revenir à la théorie sur le mode de fonction- nement des drains, voici les expériences que nous avons faites pour la vérifier. Nous avons rempli d'eau un drain cylindrique en bon état, fermé exactement par un bout. Nous avons répété cette opération plusieurs fois, une première expérience ne pouvant être décisive, à cause de l'absorption d’une certaine quantité d’eau par la terre cuite, ou ayant subi fortement l’action du feu, la- quelle en est très-avide par cela même. Au bout de huit à dix jours, le tuyau ou drain s’est vidé complètement chaque fois, en laissant passer ou suinter par les pores blerait bien que la porosité des drains est une chose indispensable, puisqu'il parle d’une plus grande porosité qui ne serait point néces- saire. __ AOÛT. 209 l'eau qui s’évapore sur les parois externes du drain, comme le feraient les vases qu'on appelle alcarazas, et destinés à rafraichir l’eau en favorisant l’évaporation ; action fondée sur un principe bien connu de physique. Nous n'avons pas réussi tout aussi bien en faisant l’ex- périence inverse, c'est-à-dire en entourant d’eau le même drain qui avait déjà servi, et que renfermait un autre vase en terre cuite auquel était adapté le drain qui devait fonc- tionner ?, Au bout de huit jours, nous n’avons pas trouvé la moindre trace d’eau au fond du drain, comme cela au- rait pu avoir lieu, si les choses se passaient comme sous terre, où l’action s'opère , selon notre manière de voir, de l'extérieur à l’intérieur, le courant d’air établi dans l'intérieur des files des tuyaux ou des drains devant faciliter l'introduction de l’eau à travers les pores et son évaporation même. [l n'en pouvait être ainsi dans le der- nier cas, puisque la pression s'exerce ici sur plusieurs points à la fois dans le manchon qui entoure le drain, et qu'il n'y a pas non plus de courant d’air établi dans l'intérieur du drain, lequel est fermé par un bout, et couvert à l’autre bout par un bouchon de liège. Les choses se passent différemment, on lecomprend, lorsque le drain 4 Pour éviter toute cause d’erreur, au lieu d’un vase ou manchon en terre, nous nous proposons d'employer un manchon en fer-blanc (celui en terre pouvant aussi absorber l’eau en partie par ses pores) pour répéter nos expériences, et en ayant le soin de laisser le drain ouvert par les deux bouts, ce que nous n'avons pas fait dans notre premier essai. De cette manière, on pourra mieux juger l'opération et la quantité d’eau qui disparaitra des manchons en fer-blanc fermés par les deux bouts, en plaçant Pappareil horizontalement. 14 210 RÉSUMÉ DES SÉANCES. est parfaitement rempli d'eau, placé verticalement dans un milieu d’air, surtout d’air sec. M. Barral rapporte dans un numéro du ‘Journal d’agri- culture pratique” que M, Fowler de Melhsam, dans le Wiltshire, a réalisé une idée qu'avait eue, quelques an- nées auparavant, M. Saul de Garstang , dans le Lan- catshire : il a construit des drains en débitant, à l’aide d’une scie circulaire, des billes de bois commun en pa- rallélipipèdes rectangulaires de 0,065 millimètres de côté. Les billes découpées sont ensuite entrainées par un charriot mobile sur un banc de tour où elles sort présen- tées à une mèche mue par le tour qui les fore dans toute leur longueur, sur un ou plusieurs pieds anglais. Les tuyaux obtenus sont en outre percés de trous, de distance en distance, pour faciliter l'introduction de l’eau. Avant d’être employés, ils sont plongés dans un bain de goudron pour augmenter leur durée. Ces tuyaux de bois ne re- viennent qu'à 10 francs les 1,000 bouts de 0,35 centimè- tres de longueur. A ce prix, le drainage en tuyaux de bois est moins cher que le drainage en tuyaux de poterie. Nous ne doutons pas que dans certaines contrées où le bois est presque sans valeur, on ne puisse se servir de pareils tuyaux ; il resterait à savoir s'ils auraient la même durée que les tuyaux en poterie cuite. M. Scot de Craigmuie construit les tuyaux de bois de pin en clouant ensemble quatre planches de 0,025 milli- mètres d'épaisseur, de manière à en former un canal rec- tangulaire de 0,05 centimètres de côté intérieurement, et de 0,10 centimètres extérieurement. Les planches sont percées de trous d'intervalle en intervalle, pour permettre l'introduction de l’eau dans le drain. LEE —————— AOÛT. 211 Comme on le voit, il est de rigueur que les drains en bois soient percés de trous de distance en distance, pour faciliter l'introduction de l’eau, ce qui n’est pas néces- saire pour les tuyaux ou drains en poterie; il y a donc une raison pour cela, indépendamment de l’eau qui peut s’introduire par les jointures, ou mieux par les inter- stices des drains en poterie, étant placés bout à bout, garnis d'argile aux points de jonction et bien tassés avec la terre, comme il a été dit plus haut f. Il est donné communication de plusieurs lettre relatives à diverses améliorations agricoles indiquées 4 Depuis la lecture de cette note à la Société académique, M. Bar- ral a admis la théorie du fonctionnement des drains par les pores. Nous lisons, en effet, dans le numéro du © Journal d'agriculture pra- tique”, tome Ier, 20 avril 1854, le passage suivant : « D'abord on sait que les tuyaux laissent surtout entrer Peau à » travers les intervalles qui restent entre chacun d'eux, à la distance » de 0m 30 €, à 0m 55 e. — Ces intervalles doivent étre très-petits, » afin que l’eau ne puisse s’écouler qu'après avoir été complètement » filtrée. La porosité de la poterie non vernissée, dont on se sert » pour faire les tuyaux, peut bien aussi jouer un rôle ; mais ce rôle » est moins considérable que celui des interstices laissés entre deux » bouts de tuyaux. En tout cas, le rôle des pores des tuyaux et celui » des interstices est le méme, soit que les tuyaux soient pleins d’eau, soit qu’ils soient vides. Nous n'avons donc pas à nous préoccuper de » lentrée de l’eau dans les tuyaux; c’est un fait qu’elle y arrive peu » à peu, goutte à goutte, en se filtrant, se clariliant, se purifiant de la plus grande partie des matières étrangères, comme fait l’eau des » fleuves, de la Seine, par exemple, en passant à travers les filtres de charbon, de sable et de coton, où la poussent de puissantes machines » hydrauliques ou à vapeur. » 212 RÉSUMÉ DES SÉANCES. dans le programme des prix et qui ont été effectuées par divers agriculteurs. Renvoi à la commission des primes. Inpusrrie. — M. le Secrétaire annonce que, d’après une lettre qu'il a reçue depuis peu, il serait ques- tion de eréer à Douai un musée de dentelles sem- blable à celui qui est en voie d’organisation au Puy. Des renseignements ont été deñsandés à ce sujet par un des notables fabricants de cette ville. M. Regimbeau lit le rapport suivant sur l’huile de genêt à balai : MESSIEURS, L'huile que nous avons eu à examiner à été extraile à chaud, et par les moyens ordinaires, d'après les rensei- gnements qui nous ont élé fournis, des graines du genêt à balai (spartium scoparium, Linn.), plante de la fa- mille des légumineuses, dont les graines fournissent or- dinairement, comme on le sait, une farine qui a pour base là légumine 1. 4 La famille des légumineuses n'offre pas beaucoup de plantes d’où l’on puisse retirer de huile. Nous ne connaissons que l’arachide, ou pistache de terre, et la semence de ben, dite noix de ben (balanus myrepsica), qui en fournissent. Cette derniére plante croit dans Les Indes, à Ceylan, en Arabie, en Egypte, ete. L’arachide a été apportée d'Amérique. Cette plante croît aussi en Afrique ; on la cultive en Italie et dans le midi de la France, depuis quelque temps, pour en extraire l'huile des semences, qui en fournis- AOUT. 213 La quantité d'huile qui nous à été remise, soit 125 grammes environ, a été retirée de 5 litres de graines dont nous avons l'honneur de présenter un échantillon, à la Société. Ce rendement est peu considérable, comme on le voit, et en égard surtout au prix de revient, qui est de { fr. 75 ec. ou 2 fr. environ pour 500 grammes d'huile obtenue. En supposant même que les graines, qui sont très-dures et difliciles à broyer, fussent bien réduites en pâte, ce qui n'a pas eu lieu à en juger par le tourteau ou résidu de l'opération que nous mettons sous vos yeux, et que l'huile ne coûtat que 1 fr. 50 e. les 500 grammes, y compris les frais de fabrication, nous ne voyons guère la possibilité d'utiliser l'huile du genêt à balai dans l’éco- nomie domestique, même pour l'éclairage. Cette huile ne peut être utilisée non plus pour lemploi culinaire, ayant un goût ou une saveur âcre, laquelle est due à un prin- cipe colorant jaune qui en fait partie constituante, et dont il ne serait pas facile de la débarrasser sans lui faire éprouver une notable déperdition. Nous ne pouvons done rien conclure en faveur du pro- duit que nous avons eu à examiner. Pouvait-ilen être autrement, si l’on veutbiense rappeler que le double-décalitre de graines de colza peut fournir 4,500 grammes d'huile, soit 9 livres, et du prix de 70 ec. les 500 grammes; que le double-décalitre de graines de chenevis donne également 2,000 grammes d’huile, soit 4 livres, du prix aussi de 70 c. les 500 grammes, alors que sent 50 p. 010, d’après les auteurs. L'huile de genét viendrait s'ajouter a cette liste peu nombreuse que nous connaissions des huiles fournies par les légumineuses. 214 RÉSUMÉ DES SÉANCES. 5 litres de graines de genêt ne fournissent que 125 gram- mes d'huile, soit 500 grammes le double-décalitre ? Inutile done de vous faire part des diverses expériences chimiques que nous avons faites, par anticipation, sur l'huile de genêt, et avant de connaître les renseignements que nous venons de mentionner ; qu'il vous suflise de sa- voir que cette huile grasse, qui est de la nature des huiles fournies par les graines en général, est riche en oléine, dite élaïne, ou matière fluide, mais impropre par cela même à la fabrication du savon, quoique se combinant parfaitement avec les alcalis pour former des savons mous, comme le font les huiles grasses dont elle présente les principaux caractères. Elle se solidifie à une température de 6 à 8° au-dessous de zéro. L’essai principal qui a été fait, l’a été avec le nitrate acide de mercure, dit réactif de Poutet, et il est facile de voir, par le produit que nous vous présentons, que l'huile de genêt a été imparfaitement solidifiée par cet agent chi- mique, tandis que l'huile d'olive, riche en stéarine, et la seule propre à faire des savons durs ou parfaits avee la soude caustique, est complètement solidifiée ou saponifiée, si l’on veut, ainsi qu'on le voit dans cet autre produit, et en traitant l’une et l’autre huile par 1/12 de nitrate acide de mercure. C'est là un des principaux moyens, soit dit en passant, et le plus sûr que nous connaissions pour reconnaitre la falsification de l'huile d'olive par les huiles de graines, ce qui est très-important dans la fabrication des savons en grand. C’est done un véritable service que Poutet ren- dit à l'industrie savonnière, lorsqu'il fit connaître à Mar- seille son procédé, ville où il exerçait la pharmacie avec distinction. À _ AOUT. 215 Nous coneluons en vous proposant, Messieurs, d’adres- ser des remerciments à M. Conor (André), pour la communication qu'il vous a faite. Nous devons, en effet, encourager les industriels dans leurs recher- ches, quelles qu’elles soient. M. Conor a bien voulu se rendre au Puy, sur notre invitation , accompagné de M. le Maire de Vorey. C’est lui-même qui nous a fourni les divers renseignements que nous avons eu l'honneur de vous faire connaitre sur l'extraction de l'huile de genêt à balai, obtenue pour la première fois, puisque les ouvrages de chimie et les manuels du fabri- ant d'huiles n’en font aucune mention. Ogs. — L'huile de genêt pourrait servir aux horlo- gers, en la purifiant où en la blanchissant par le charbon. Elle est assez riche en élaïne, ou partie fluide, puisqu'elle ne se congèle qu'à une température de 7 à 8° au-dessous de zéro. On sait que l'huile de ben, fournie aussi par une légumineuse, mais qu'on ne se procure pas facilement aujourd'hui dans le commerce, a été reconnue depuis longtemps propre aux usages de l'horlogerie pour huiler les rouages. On pourrait done y substituer l'huile de gent purifiée , retirée aussi d'une légumineuse, comme celle des semences de ben. C’est là un essai à faire, et Île seul avantage que l’on puisse trouver dans l'emploi de cette huile. Nous nous proposons, dans ce but, de purifier ou de blanchir l'huile de genêt par le charbon animal ou noir d'os, si toutefois nous pouvons parvenir à ce ré- sultat, ayant à faire ici à une matière colorante jaune assez prononcée, inhérente à l'huile. Après cette lecture, M. Martel demande la parole. Il s'exprime ainsi : 216 RÉSUMÉ DES SÉANCES. « J'ai écouté avec un vif intérêt le rapport plein de détails que vient de lire M. Regimbeau; toute- fois je dois dire que je suis étonné qu'après avoir vainement cherché une application utile et éco- nomique de l'huile de genêt à l’art culinaire ou aux arts industriels, M. Regimbeau, chimiste et pharmacien, n’ait pas eu l’idée d’étudier si cette huile ne recèle pas quelques propriétés thérapeu- tiques. » Le genèt à balai genista, spartium scoparia , est un arbrisseau dont les propriétés diurétiques se trouvent signalées dans les ouvrages de Pline et de Dioscoride, de Cullen et de Sydenham. » M. Stenouse a recherché les principes parti- culiers auxquels le genêt doit ses propriétés. » Ce chimiste, Messieurs, a trouvé que la dé- coction aqueuse de cet arbrisseau, réduite à un dixième, fournit une masse gélatineuse qui con- siste principalement en un principe impur qu’il a désigné sous le nom de scoparine. » La scoparine est une matière jaune qui, à l’état pur, se présente sous la forme de cristaux étoilés, soluble dans l’eau bouillante et dans l'alcool. » M. Stenouse dit s’être assuré par de nombreuses expériences que c'est bien à la scoparine que sont dus les effets que l’on obtient de l'emploi du genèt; aussi conseille-t1l de ladministrer isolément à la dose de 5 à 6 grains pour un adulte ; l’action de la scoparine se manifeste ordinairement douze heu- ZX = AOUT. 217 res après son administration ; elle consiste à doubler au moins la quantité de l'urine. » Le genêt renferme encore un autre principe que M. Stenouse obtient en distillant les eaux mères de la scoparine , c’est la spartéine. » Cette nouvelle base organique , liquide, inco- lore, volatile, d’une saveur très-amère, est douée, suivant ce chimiste, de propriétés narcotiques fort prononcées. » Je pense qu'après ce que je viens de dire, M. Regimbeau, pour rendre son rapport plus complet, trouvera à propos d’expérimenter si l'huile de genêt possède les propriétés de la sco: parine, de la spartéine ou toute autre propriété médicinale. » M. Jean-Baptiste Chastel, horloger à Pradelles, présente un réveil et divers outils d'horlogerie qu’il a confectionnés dans des conditions nouvelles. Renvoi à la commission des primes. Economie puBLique. -- M. Souteyran annonce que l'administration municipale du Puy se préoccupe activement de l’organisation d’un mont-de-piété au Puy. Il ajoute que, pour arriver plus facilement à ce résultat, il serait à désirer que le Gouvernement voulüt bien permettre la réunion de cet établis- sement à celui de la caisse d'épargne. Il présente les considérations suivantes sur cette importante question : 218 RÉSUMÉ DES SÉANCES. MESSIEURS, Le Mont-de-Piété, dit l'exposé des motifs de la loi du 16 pluviôse an x11, arrête les ravages de l'usure et vient en aide à une foule de citoyens également éloignés de la richesse et de la pauvreté, qui ne demandent à la Provi- vidence que de la santé et des forces, à la société que de la protection et du travail. Leur détresse implore un se- cours, leur honorable fierté rejetterait une anmône; ils sont soulagés dans leur nécessité, sans être blessés dans leur amour-propre ; ils sont secourus et restent indépen- dants. Voilà bien le caractère d'humanité et de bienfaisance du Mont-de-Piété parfaitement défini; mais il ne peut le conserver dans toute sa force qu'à la condition de prèter l'argent à nn taux modéré ; car si ce taux dépasse la li- mite de la loi et devient usuraire, le service rendu s’a- moindrit et s’efface même aux yeux de la morale blessée. Là où le Mont de-Piété existe par suite des libéralités d'un citoyen généreux, il est facile de tenir l'intérêt à un niveau assez bas... Malheureusement le eas est rare, et la plupart de ces établissements, obligés de composer leur capital de roulement avec des fonds étrangers, ont dû for- cément chercher dans la différence de l'intérêt perçu avec l'intérèt payé des ressources suffisantes pour former un fonds de dotation et faire face aux frais de régie. Or, dass de telles circonstsnces, est-il possible de prendre de l'argent au taux légal, par exemple, et de res- pecter cette limite ans les opérations de prêt? Evidem- ment non, car le capitalserait, à la longue, dévoré par les frais... Donc, nécessairement, il faut tomber dans l'in- Due 2 AOUT. 219 convénient qu'il importe d'éviter, à savoir : de faire l’u- sure pour anéantir l'usure. Comment sortir de cette impasse ? Il n’y a qu'un senl moyen, c'est la réunion du Mont - de - Piété à la Caisse d'épargne. En effet, Messieurs, cette réunion une fois admise, voyez comme tout se simplifie : Le Mont-de-Piété a besoin de fonds, et il les trouve en abondance et aux conditions les plus avantageuses dans le coffre-fort de la Caisse d'épargne Les mêmes employés étant chargés des écritures des deux établis- sements, Îles frais d'administration perdent une partie de leur importance, et ne pèsent plus assez lourdement pour déterminer d’une manière bien sensible le renché- rissement des prêts; un pour cent, deux pour eent même si vous le voulez, perçus en sus de l'intérêt servi, suffi- sent largement aux besoins; et au lieu d'exiger 9 , 10 et jusqu'à 12 p. 0/0 , ainsi que cela se pratique dans le plus grand nombre des Monts-de-Piété, on peut se contenter de 5 p. 0/0, ou, tout au plus, de 6 p. 0/0, comme à Metz. Alors le Mont-de-Piété remplit réellement et incontes:a- blement une mission de bienfaisance ; toute critique tombe, et les partisans de cette utile institution , déchargés de l'obligation d'alléguer pour sa défense l’unique argument de l'infériorité de l'intérêt réclamé par elle relativement à celui qu'impose la criante rapacité de l’usurier, redres- sent fièrement la tête, car aucune ombre ne vient plus ternir l'éclat de ses services. Une seule objection sérieuse a été faite contre la réunion du Mont-de-Piété à la Caisse d'épargne : e’est la crainte qu'à un moment donné de crise politique ou commerciale, les recours au Mont-de- Piété ne se multiplient dans la 220 RÉSUMÉ DES SÉANCES. même proportion que les retraits de la Caïsse d'épargne, et que les deux établissements ne se trouvent, par cette coïncidence, paralysés dans leur action. Les faits ont déjà victorieusement répondu à cette objec- tion plus spécieuse que réelle. La réunion du Mont-de- Piété à la Caisse d’épargne existe depuis plus de trente ans à Meiz, à Nancy, à Avignon, et, malgré la violence des secousses, l'événement qu'on redoute ne s’est manifesté dans aucune de ces villes. Cela s’explique facilement : D'un côté, les nantissements du Mont-de-Piété, assurés contre l'incendie, offrent aux clients de la Caisse d'épargne un surcroît de garantie qui augmente leur confiance et les rend moins accessibles à la panique; De l’autre, ilest certain que, quelle que soit la puissance du mouvement de retrait, il ne dépassera pas certaines limites qu'il est facile d’assigner, et qu'il restera loujours à la Caisse d'épargne des ressources suffisantes pour y faire face. En effet, Messieurs, la somme absorbée, en temps or- dinaire, par les opérations du Mont-de-Piété, peut être évaluée à environ un huitième des fonds versés à la Caisse d'épargne; doublez-la pour les temps de crise et portez-la au quart, je fais la part bien large, erovez-vous que les trois quarts restants, en supposant même, ce qui est dé- menti par l'expérience, qu'aucun nouveau dépôt ne vienne en aide, ne constituent pas une réserve assez forte pour suffire à toutes les demandes ? Certes, Messieurs, la crise de 1848 a été grande , et je ne pense pas qu'il en survienne jamais une autre d’une égale intensité ;eh bien ! nous, admisistrateurs de la Caisse d'épargne, nous, témoins des impressions et habitués aux _ AOÛT. 291 allures des déposants, nous pouvons certifier que si le gouvernement d'alors, au lieu d’ordonner une liquidation complète, se fût seulement contenté de payer en rentes, puisqu'il ne pouvait faire autrement, les remboursements demandés, le capital des Caisses d'épargne n'aurait pas diminué de moitié... Le besoin d’y verser était tellement pressant, qu'au plus fort de l'orage on n’a pas cessé de recevoir de nouveaux depôts : il étaient rares à la vérité , mais aussi parfaitement dégagés de toute vue politique. Ce sentiment, Messieurs, ne nous est pas exclusivement personnel; il a été général et formulé au nom de toutes les administrations de Caisses d'épargne par M. Deles- sert, dans son compte-rendu annuel des opérations de la Caisse d'épargne de Paris. Le danger que l’on signale pour empêcher la réunion du Mont-de-Piété à la Caisse d'épargne est done chiméri- que, et j'avais raison de dire que l’objection avait plus d'apparence que de réalité. L'excessive prudence est, comme la peur, très-difficile à convaincre; aussi, Messieurs, dans une question aussi importante et qui implique, dans les villes d'ordre infé- rieur, où les fonds nécessaires au Mont-de-Piété sont très-difficiles à trouver, la jouissance ou la privation de ce salutaire établissement, je crois de mon devoir, bien que mon argumentation me semble péremptoire, de m’ac- commoder àtouslestempéraments, et de ne laisser aucune retraite à la contradiction , afin de recueillir, s’il est pos- sible, en faveur de ma thèse, l'unanimité des suffrages. J'abonderai done dans le sens des plus timides , ou, si vous le voulez, des plus prudents, et J'accorderai : Que sil est hors de doute {je ne crois pas qu'il soit 222 RÉSUMÉ DES SÉANCES. possible de le contester) qu’en laissant à la Caisse d'é- pargne les trois quarts de son capital, elle soit à même de parer à toutes les éventualités, il n’est pas également certain que le Mont-de-Piété n'entame pas cette réserve et se renferme dans la part qui lui est aitribuée. Faudra-t-il, dans cette hypothèse, rejeter d’une manière absolue la réunion du Mont-de-Piété à la Caisse d'épargne? Mais non: le parti le plus simple, celui qu'indique la rai- son , c’est d'admettre le principe, sauf à en modifier les conséquences. Posez, par exemple, une limite aux prélèvements du Mont-de-Piété, qu'il ne devra jamais franchir. Pour mon compte, je crois qu’en fixant cette limite au quart du eapi- tal de la Caisse d'épargne, on assurerait aux deux éta- blissements une suflisante liberté d'action. Et si la somme représentant ce quart ne saflisait pas aux opérations du Mont-de-Piété, — ce n’est guère sup- posable, mais eufin continuons de caver au plus fort), — qu'arriverait-il ? Ce qui arrive aux Monts-de-Piété actuels dans les mêmes circonstances. Leurs fonds n'ont pas plus que les autres la propriété de se renouveler à mesure qu’ils s’écoulent et de rester inépuisables. Uomme eux alors, notre Mont de-Piété ou suspendrait sesopérations, —et 1] pourrait le faire sans inconvénient, car, parvenu à cette extrême limite, il laisserait peu de demandes en souffrance, —ou s’il croyait devoir les conti- nuer, il emploierait les mêmes moyens que les autres ont à leur disposition pour se procurer de nouvelles ressour- ces; et, en ce cas, le surcroit d'intérêt qu'il se verrait = pr AOUT. 223 obligé de réclamer se trouverait suflisamment légitimé par la violence exceptionnelle de la crise. Ainsi, Messieurs, en se plaçant même dans la situation la plus défavorable et en face des extrémités les plus du- res, les plus invraisemblables, on voit que notre principe domine toujours et brille de tout l'éclat de ses avantages. Maintenant, Messieurs, sous le rapport moral, quoi de plus intime que le lien qui unit ces deux institutions : l’une sauve de la ruine par un prêt fait à propos dans un moment de gène , l’autre recueille l’économie réalisée dans un moment de prospérité. Puis, quel touchant spectacle que cette fraternité de l'argent, passez-moi l'expression, qui fait servir l’épargne des uns à pourvoir aux nécessités des autres, sans préju- dice pour personne; qui confond sans cesse les obligeants et les obligés, et cache, dans les profondeurs de sa mysté- rieuse action, aux regards indiscrets, ce mouvement de va- et-vient, de baisse et de hausse auquel sont soumises toutes les positions de ce monde, mais plus particulièrement celle des classes laborieuses. Il semble, Messieurs, que ma tâche est finie; cepen- dant, pour que ce travail soit complet, il me reste à con- sidérer la question au point de vue des intérêts de l'Etat. Le privilège des idées vraies, c’est d’être extrêmement fécondes et de fournir naturellement, sans efforts, des so- lutions simples et frappantes qu'on a cherchées souvent ailleurs avec beaucoup de peine et sans résultat satis- faisant. L’énormité de la dette contractée par l'Etat envers les Caisses d'épargne lui a toujours donné de vives inquiétudes à raison de son exigibilité instantanée. Aussi s'est-il in- 224 RÉSUMÉ DES SÉANCES. génié à en arrôter le développement. La législation qui les régit a été remaniée plusieurs fois dans ce but. Tantôt c’est le taux de l'intérêt qui change et s’abaisse, tantôt c’est le compte du déposant qui, du maximum de 3,000 fr. auquel il pouvait arriver dans l’origine, descend successi- vement jusqu’à 1,000 fr. Mesures vaines ! Le flot monte toujours, malgré les obstacles, et devient de plus en plus menaçant. Ouvrez à ce flat la route des Monts-de-Piété; permettez- lui de féconder ce sol qui l’appelle depuis longtemps, et cette dérivation, jointe à celle qui a déjà été pratiquée vers la rente , diminuera sa puissance d’une manière sensible et le rendra inoffensif pour l'avenir. Done, Messieurs, à quelque point de vue qu'on se place, la réunion du Mont - de - Piété à la Caisse d'épargne se montre salutaire. Quel moyen avons nous pour y parvenir? Je n’en vois pas d’autre que l’assentiment de l'Etat. Sollicitons-le donc vivement. Ses tendances, en ce moment très-favorables au développement de toutes les institutions de secours et de prévoyance, nous donnent la certitude d’être écoutés. En conséquence, j'ai l'honneur de vous proposer, comme conclusion , d'émettre le vœu : Que le Gouvernement veuille bien faire disparaitre les obstacles qui s'opposent à la réunion si désirable, si bien- faisante des Monts-de-Piété aux Caisses d'épargne, afin qu'il puisse autoriser cette réunion dans toutes les villes où elle lui sera demandée. L'Assemblée, vivement intéressée par cette com- munication, s’associe au vœu si éloquemment ex- Dom AOUT. 225 primé par M. Souteyran, et prie M. le Président de vouloir bien le transmettre au Gouvernement. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. — M. Azéma lit un travail qui a pour objet la comparaison de la quantité d’eau pluviale recueillie au Puy et à Yssin- geaux, avec celle des autres stations udométriques de la France. Ce rapport, qui est accompagné de cartes et de ta- bleaux, intéresse vivement l’Assemblée, qui en décide l'impression dans les Annales 1. M. le docteur Moussier, membre non résidant, envoie le catalogue des animaux vertébrés observés dans le département de la Haute-Loire et composant une grande partie des collections zoologiques du Musée du Puy. Ce travail est précédé d’un avant-propos dont il est donné lecture. Cette communication est l’objet de vifs remerci- ments, et il est décidé que le travail de M. Moussier sera inséré aux Annales ?. Histoire. — M. le Président annonce qu’au nombre des mémoires insérés dans le dernier volume des pu- blications dela Société des antiquaires de Picardie (2° 1 Voir le tome XVIIT, page 557. 2 Voir le même volume, page 575. TOME XIX. 15 226 RÉSUMÉ DES SÉANCES. série, t. IE, 185%.), ilen estun qui semble intéresser l’histoire de notre ville. Il a pour titre: ‘ Discours sur la confrérie de N.-D.-du-Puy d'Amiens ,? par M. A. Breuil. Il ajoute que, d’après d'anciennes traditions, qui sont contestées par l'auteur de ce mémoire, cette confrérie, après avoir pris naissance dans la ville du Puy, s'était répandue dans plusieurs provinces de Ja France, et jusques en Flandre. Cette association religieuse s’occupait de poésie etde beaux-arts, et dis- tribuait des prix, chaque année, aux auteurs des meilleures pièceslittéraires et d'œuvres artistiques. II parait qu’elle avait pris, surtout à Amiens, de grands développements. Le travail de M. Breuil contient des données nombreuses et vraiment intéressantes sur l’organisation de cette société académique et litté- raire; seulement il est possible que l’auteur, obéis- sant peut-être à un sentiment exagéré de patriotisme local, ait refusé, par une interprétation erronée du mot Puy, de laisser à notre ville le mérite d’avoir produit celte ancienne association. M. de Brive invite les membres de la Société qui s'occupent de l’histoire du pays à prendre connais- sance de ce travail et à rectifier, s’ilva lieu, les assertions de l’auteur. M. Aymard dit que cette confrérie existait autrefois dans la ville du Puy et que nos anciennes chroniques font mention des prix de poésie et de musique qu’elle décernait annuellement. Il ajoute que plusieurs papes ont donné des bulles en faveur de la confrérie et AOUT. 227 qu'elle remontait, dans notre pays, à une grande an- cienneté. Il est probable aussi que diverses villes ont pu instituer de pareilles associations à limitation de celle du Puy. On en à un exemple pour la ville de Limoges, qui créa une de ces confréries après un vœu accompli par quelques-uns de ses habitants à Notre-Dame du Puy. Dans certaines localités de la France, on donnait le vocable de Notre-Dame du Puy à des églises construites probablement en mé- moire de pieux pèlerinages. On pourrait citer, par exemple, celle de Beaugé, dans l’Anjou. Les jubilés du Puy étaient célèbres au moyen-âge et attiraient dans notre ville un grand nombre d'étrangers ; ils en rapportaient, avec le souvenir des institutions qui y florissaient, le désir d’en fonder de pareilles. L’éta- blissement de la confrérie, dans notre pays, con- corderait aussi avec d’autres institutions littéraires, telles que l’école capitulaire de la cathédrale, les joûtes académiques, dites Cours d'amour, dont l’his- loire locale a conservé les souvenirs. Le même membre annonce qu'il traitera cette question au Congrès scientifique qui aura lieu au Puy en 1855. MM. les antiquaires de la Picardie seront invités à venir y discuter cette intéressante question. AnCHÉOLOGIE. — M. Bretagne rappelle à la Société qu’il existe, enchàssés dans le mur extérieur de l’ab- side de l’église de Saint-Jean-des-Fonts-Bapusmaux, près de l’église cathédrale du Puy, des inscriptions 228 RÉSUMÉ DES SÉANCES. et bas-reliefs gallo-romains qui sont d'un grand in- térèt pour l’histoire monumentale de notre ville. D’autres débris lapidaires de même forme et di- mension se voient dans les mêmes assises de la muraille, mais elles ne présentent aucune trace d'inscripuion ou de seulpture. Ce membre pense qu’en les retournant, on aurait peut-être la chance d'y découvrir quelques vestiges archéologiques, et il propose la nomination d’une commission pour procéder à cette opération. M. Aymard appuie cette proposition. Îl ajoute que des pierres sculptées ont été signalées par divers antiquaires au porche du For, dans une partie des murs de la cathédrale cachée aujourd’hui sous le pavé. Ces pierres offrent, dit-on, des restes d’une chasse au cerf et une Jsis emmaillotée qui semblent se rattacher aux curieuses antiquités gallo-romaines de la cathédrale. Ces observations sont accueillies très-favorable- ment par l’Assemblée, qui nomme MM. Bretagne ct Aymard commissaires pour la recherche de ces anti- quités, et M. le Président est prié de solliciter auprès de l'autorité supérieure les autorisations que les fouilles pourront nécessiter. Coxcrès sciënriFiQue pu Puy.—M. le Président ap- pelle l'attention de l'Assemblée sur l’organisation dé- = AOUT. 229 finitive du Congrès scientifique qui aura lieu au Puy, en 1855; sur la rédaction des questions à insérer au programme, et enfin sur la fixation du jour de l'ou- verture L'Assemblée s’en rapporte à MM. les Secrétaires généraux pour toutes les mesures à prendre à l'égard de l’organisation de cette solennité; et, après un débat dans lequel plusieurs membres sont entendus, elle émet l'avis que le 10 septembre serait le jour le plus convenable pour l'ouverture du Congrès. Ossers D’apuinisrraTion. - - M. le Président annonce ensuite qu’une somme de trois mille francs, en ou- tre du montant des souscriptions des adhérants au Congrès, pourra être nécessitée pour tousles frais de cette importante solennité. Le Conseil d’adminis- tration propose done d’allouer 1,000 fr. sur le budjet de la Société, et il a pensé que le Conseil municipal de la ville et le Conseil général du département pourraient être invités à voter le surplus de cette somme. Déjà M. le Préfet a bien voulu promettre d'appuyer auprès du Conseil général la demande de la Société. L'Assemblée adhère aux propositions du Conseil d'administration. Le Conseil a arrêté également, pour être soumis au Conseil général, le projet d: budget des recettes de la Société pour 1855. I! est concu dans les termes suivants : 230 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Recettes présumées. Allocations du Conseil général : 4° Sans emploi déterminé. ......... 4000! 2 Pourlereboisement des montagnes. 1000 5° Pour encouragements à la race che- falimes £ssbasie santa sol) +1 1000 4° Pour réduction du prix dé saillie des étalons de l'Etat. .............. . 1000 5° Pour encouragements à l'entretien des chemins vicinaux...:............ 200 ° Prencouragements à lapisciculture. 200 7° Pour encouragements à l’enseigne- ment agricole........... nd Da dr 150 8° Pour subvenir à l'impression de VAlmanach du département.......... 900 9° Pour subvention au Musée....... 500 10° Pour subvenir aux dépenses qu’occa- sionnera la tenue du Congrésscientifique. 1000 41° Allocation municipale ordinaire... 1200 19° Subvention municipale pour le Con- grès scientifique................... 1000 Recettes diverses. 15° subvention du Ministre de l'agri- DUURE ST. à oo on eee AI EN) cie eue 2700 14° Subvention du Ministre de Pinstruc- üon publique....,....... mecs 300 45° Cotisation des membres résidants. 150 TOTAL are de 14700 L'Assemblée adhère aux décisions du Conseil. AOUT. 231 ADMISSIONS DE NOUVEAUX MEMBRES. — M. Lobeyrac lit le rapport suivant sur la candidature de M. Louis Balme au titre de membre résidant. MESSIEURS, Il y a quelques années, le Gouvernement s'était occupé à préparer le projet d’un Code rural: il avait compris la nécessité de recueillir en un seul corps les lois, les ordon nances, les traditions éparses dans nos innombrables col- lections, et les divers usages locaux qui forment encore aujourd'hui notre législation rurale; il avait senti qu'il devenait urgent de les coordonner et de les approprier, en les modifiant, à nos mœurs et aux besoins actuels de la société. Nous devons croire que cette heureuse préoccu- pation subsiste encore, et il faut espérer que la France verra bientôt se réaliser cette nouvelle amélioration dans sa législation. M. Louis Balme vous a adressé, comme titre d’admis- sion, une notice sur divers usages ruraux que l’on pourrait appeler le droit des pauvres ; je veux parler du glanage, du grapillage et de quelques autres usages sanctionnés par le législateur ou du moins tolérés partout, dans le but de faire participer les classes pauvres aux produetions utiles de la terre. Je suis chargé, Messieurs, de vous présenter l'analyse de son travail. M. Balme constate d’abord l'ancienneté de ces droits ou de ces usages; il en trouve l’origine dans les préceptes des Livres saints, et il cite ces paroles du Eévitique : « Lorsque vous ferez la moisson dans vos champs, vous 232 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » ne couperez point tout ce qui aura crû sur la terre et » vous ne ramasserez point les épis qui seront restés ; » vous ne recueillerez point, dans vos vignes, les grappes » qui restent ni les grains qui tombent, mais vous les » laisserez prendre aux pauvres, aux enfants et à la » veuve. » Il trouve encore ces usages indiqués dans la loi ro- maine, et ils font plus tard l’objet d'une ordonnanee de saint Louis. Cependant, Messieurs, ces droits créés en faveur des pauvres ne lardèrent pas à faire naître des abus. L'homme, ainsi que l’observe M. Balme, est ainsi fait, qu'il trouve moyen de faire servir la meilleure institution aux satisfactions de ses mauvais instincts. Des vagabonds, des gens sans aveu, des hommes vali- des, invoquant le droit de glanage, ne tardèrent pas à parcourir les campagnes et à s'approprier les récoltes confiées à la foi publique; sous le prétexte de glaner, ils allèrent jusqu'à s'emparer des gerbes laissées éparses sur les champs. Il fallut recourir à la puissance gouvernementale pour arrêter ces déprédations et règlementer ce droit qui n'avait été créé qu'en faveur des classes pauvres et honnêtes. Ce fut là l’objet d’une ordonnance de Henri IT en 15#% et de l’art. 21 de la loi de 1791 sur la police rurale. Vous le voyez, Messieurs, les idées subversives, les attentats contre la propriété datent de loin, et prennent presque toujours naissance dans les meilleures institutions et le plus souvent dans celles que l'esprit d'humanité a inspirées en faveur des pauvres. À chaque époque on voit surgir de mauvais esprits, des AOUT. 233 instincts pervers qui, en exagérant ou en faussant ces insti- tutions , finissent par arriver jusqu'à proclamer que la propriété e’estle vol; et de nos jours, n’avons-nous pas vu préconiser hautement le droit au travail, ce droit qui per- mettrait aux oisifs et aux dissipateurs de vivre largement aux dépens de l’honnète et véritable travailleur ? Frappé des nombreux abus qu'entraine le droit de gla- nage et de grapillage, M. Balme, après avoir énuméré les inconvénients sérieux qui peuvent en résulter pour les agriculteurs, se demande si la législation actuelle n'est pas insuflisante pour les réprimer, et s’il ne serait pas plus utile, dans l'intérêt de l’agriculture, et même dans celui des classes pauvres, de le supprimer. L'auteur du mémoire constate d'abord qu'il s'élève au- jourd’hui des doutes sur l'existence etle maintien du droit de glanage; il fait remarquer que plusieurs auteurs sou- tiennent que ce droit n’est pas de nos jours tellement incontestable qu'il ne soit pas possible de s'en affranchir, puisque, d’après eux, chaque propriétaire peut s'exonérer de cette charge en clôturant les propriétés. Il signale encore l'opinion de ceux qui affirment que l'exercice du droit de glanage peut être règlementé et restreint par chaque maire. Et pour que les classes pauvres ne soient pas privées des ressources souvent si modiques qu'elles y trouvaient, il voudrait qu'il fût permis à chaque propriétaire qui tien- drait àaffranchir les champs du droit de glanage, de don- ner, pour être à l'abri de l'exercice de cet usage, une redevance en argent ou en grain qui serait librement ré- glée entre lui et le maire et formerait dans chaque com- 234 RÉSUMÉ DES SÉANCES, mune, un fonds de secours qui permettrait de venir en aide aux pauvres pendant la mauvaise saison. Telles sont, Messieurs , quelques-unes des principales idées que contient le mémoire de M. Balme. Il est écrit d’un style clair et correct, et contient des aperçus pleins de sagesse et marqués au coin d’une saine et judicieuse philanthropie. M. Louis Balme demande à venir prendre parmi vous la place que son père y avait si longtemps occupée. Nous devons, Messieurs, applaudir à cette ambition si avouable, qui tend à revendiquer ce qu'il y a de bon, de généreux et d’honorable dans l'héritage paternel, et nous emipresser de favoriser le désir d'un de nos concitoyens qui sollicite la faveur de s'associer à vos travaux pour re- cueillir une faible part dans les services que vous ren- dez chaque jour au pays. Votre commission, Messieurs, vous propose, à l’una- nimité, de recevoir M. Louis Balme comme membre résidant. M. Aymard fait un rapport sur la candidature de M. Hippolyte de Vinols comme membre résidant. Il s'exprime ainsi : MESSIEURS, Le mémoire que vous a présenté M. Hippolyte de Vinols, comme titre d'admission, a pour titre : ‘Des artistes libres du moyen-âge et de leurs monuments”. L'auteur s'est proposé d'établir, dans ce travail, que les grands édifices religieux du moyen-äge furent l'œuvre d'une vaste association d'artistes libres, étrangers au x AOUT. 235 sacerdoce, mais guidés par l'esprit religieux; ces ou- vrages d'architecture auraient eu, dans l'opinion de M. de Vinols, des caractères fixes et déterminés qui avaient pour principes les idées admises et les opinions professées par ces travailleurs aussi habiles que modestes et dévoués à leur corporation. C’est à partir du xurr° siècle que se seraient plus puis- saimment organisées ces associations de laïques pieux et savants, réunis en communauté d'études et de lumières, à partir de cette époque, surtout, que les ecclésiastiques séculiers ou réguliers auraient cédé à des mains étran- gères les glorieux travaux que leurs devanciers dans le sacerdoce se faisaient un honneur d'accomplir pour la gloire de Dieu. Un fait important, en effet, dans l'histoire de l’art religieux, que signale l’auteur, c'est qu'à dater du xue siècle, les architectes de ces monuments , « tout en restant fervents chrétiens, donnèrent à leurs travaux le caractère constant d’une protestation contre l'artet la hié- rarchie ecclésiastiques. » Cependant ces corporations ne naquirent pas spon- tanément à cette époque. Dès le x° siècle, on les voit poindre dans certaines contrées de l'Europe. La confrérie d'Yorck, la plus ancienne dont on sache le nom, d'après une charte de l'an 926, se donne des statuts qui établis- sent une hiérarchie et des règles quisemblentse rattacher à des traditions de la plus haute antiquité, à des tradi- tions qui placeraient le berceau de l'association en Egypte, à une époque antérieure aux Pharaons. L'ogive, ou l'arc en tiers-point , et toutes ses consé- , 2 236 RÉSUMÉ DES SÉANCES. quences architectoniques naissent ét se développent sous l'inspiration et par les savantes études de ces architectes ; des monuments grandioses, dans lesquels on trouve les plus heureuses combinaisons de l’art et de la science, s'élèvent sur toute la surface de l’Europe. Nous ne suivrons pas l’auteur dans les nombreux et heureux développements qu'il donne à sa pensée. Il nous aura suffi d'exposer la thèse ingénieuse qu'il a voulu vous soumettre et qui, votre commission l'espère, viendra bientôt enrichir vos ‘Annales’ d’un nouvel et important travail historique. Votre commission, Messieurs, n'avait pas à examiner si la théorie émise dans cet intéressant mémoire était la seule admissible ; elle n’a pas voulu être juge des opinions de son auteur. Sa mission était seulement de s'assurer si M. de Vinols avait donné des preuves sufh- santes de savoir et de connaissances littéraires pour méri- ter le titre qu'il sollicite, celui de membre résidant de de votre Société. A cet égard elle est heureuse de reconnaître que cette œuvre du récipiendaire dénote des études approfondies de l’histoire considérée non-seulement au point de vue spé- cial de ce travail, mais encore sous les aspects très-divers qui s'y rattachent plus ou moins directement. La forme littéraire ne le cède en rien à la richesse du fond. Nous ne pouvons mieux faire, pour donner une idée du style de l’auteur, que de reproduire un des passages de son mémoire. Nous prendrons , comme au hasard , ce- lui danslequel, aprèsavoir donné des preuves que la franc- maçonnerie dériva de cette association de constructeurs laies, l’auteur s'exprime ainsi AOÛT. 237 « Aussi modestes qu'habiles, poursuivant leur œuvre sans ostentation, ils élèvent les basiliques de Reims, de Chartres, d'Amiens et de Bourges avec une foi si vive, un sentiment si exquis que Îles voûtes sombres et noircies par les siècles respirent encore dans tout son parfum la pensée sublime qui les créa. On chercherait en vain dans ces merveilles de l’art les noms des hommes qui les produisirent. Quelques signes mystérieux ?, d’hum- bles initiales gravées dans un com obscur de l’édifice, voilà les seules marques que l'architecte imprimait sur son œuvre, et si les noms de quelques artistes libres ont échappé à l'oubli, on le doit à des chartes de privilèges , à quelques chroniques obscures. Qu'importait, en effet, à ces hommes d'autrefois que leur nom fût connu des siècles futurs ? Ils vouaient les créations de leur génie au triom- phe d’une idée, lui sacrifiant leur gloire personnelle. Ils ne demandaient au temple qu'ils avaient construit qu’une tombe ignorée dans laquelle devaient reposer leurs cendres. » Ces quelques lignes pourront suflire pour vous faire apprécier et le style de l’auteur et le point de vue élevé auquel il a envisagé son sujet. Cependant, Messieurs, votre commission n'aurait pas encore rempli complètement sa tâche, si elle ne signalait une lacune que justifie jusqu'à un certain point le vaste cadre de ce travail, mais qui donne à cette belle synthèse un cachet qui ne se rapporte peut - être pas suffisamment aux traditions scientifiques de notre Société. * Ces signes numériques que l’on rencontre même sur quelques édifices romans, ainsi que nous l'avons constaté sur les murs de Vabside si remarquable de St-Julien, de Brioude, étaient empruntés à la géométrie et aux curieux caractères runiques ou anglo-saxons. 238 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Tontes vos investigations , Messieurs, Lous vos actes tendent en effet d’une façon spéciale à l'étude et à l'illustration de notre pays. C’est un sentiment de pa- triotisme élevé qui, sans vous interdire absolument de porter vos regards en dehors de ce champ de studieuses explorations, vous ramène toujours à l'examen des ques- tions qui intéressent notre contrée. Ordes monuments artistiques de tous les âges abondent sur notre sol ; ils ont été l’objet de recherches approfondies qui ont été faites par de nombreux antiquaires, étrangers au pays, Ou nos compatriotes. Votre commission aurait donc désiré que , dans son travail, si remarquable d’ailleurs sous tous les rapports, l’auteur eût emprunté à ces curieux édifices des preuves et des données à l'appui des opinions qu'il a émises. Votre commission, tout en rendant hommage aux qua- lités de style, aux aperçus parfois ingénieux, toujours puisés à une solide érudition qui distinguent le mémoire de M. de Vinols, espère done que l’auteur complètera son travail par l'étude de nos monuments d'architecture sous le nouvel aspect qu'il a abordé, et elle vous propose, à l'unanimité, de décerner au récipiendaire le titre de mem- bre résidant. Le scrutin, auquel il est ensuite procédé, donne l'unanimité des voix aux deux récipiendaires , qui sont proclamés membres résidants. A sept heures, la séance est levée. Eur SÉANCE DU 10 NOYSMERES, SOIR SLEAtDo Lecture du proces-verbai. — Explications au sujet de l’ajournement de la séance au 4er novembre. — Examen des élèves de la ferme- école par la commission spéciale. — Ouvrages reçus; dons à la Société de diverses publications relatives au pays. — Echange de publications entre les associations scientifiques françaises et étran- geres, en franchise, sous le couvert du Ministre de l'instruction pu- blique ; lettre de M. le Ministre. — Prospectus d'une histoire des saints d'Auvergne, du Velay et du Bourbonnais, par M. de Résie ; souseriplion à cet ouvrage.—Projet de cons'ruction d’une nouvelle galerie au Musée, par les soins de la mairie; communication de M. le Président.—Don au Musée de deux belles peintures, l’une attribuée à Jules Romain, l’autre au Primatice, par M. Joseph Seguin, fabri- cant de dentelles; remerciements. — Dons au Musée d’un fusil de Kabyle, par M. le docteur Rogues, chirurgien militaire; d’une an- cienne dentelle, par M. Aymard; d’un gauffrier du xve siècle, ete.; d’une soixantaine de bois typographiques relatifs au département, par MM. Marchessou et Clet ; de plusieurs pièces de conviction cri- minelle, par M le Procureur impérial, et d’ossements fossiles, par M. Courtial. — Organisation des collections zoologiques du Musée, par M. Moussier; envoi, par ce membre, du catalogue des vertébrés de la Haute-Loire. — Concours régional d'animaux reproducteurs, ete., au Puy; lettres de M. le Préfet, de M. le Ministre de l’agri- culture et de M le Président. — Introduction, dans le département, de la race porcine dite New-Leicester ; lettres de M. le Ministre de l’agriculture, de M. le Dirceteur de l’école de la Saulsaie et de M. le Président. —Envoi dans la Haute-Loire de M. Rémy fils, pour des expériences de pisciculture ; lettres de M. le Ministre de l'agri- 240 RÉSUMÉ DES SÉANCES. culture et de M. de Causans.— Liste des poissons du département, par M. de l'Eguilhe. — Nouvelle espèce de froment présentée à la Société par M. Astier, membre correspondant. — Envoi à l’exposi- tion universelle d’une collection de céréales et légumes secs de la Haute-Loire, par M. Chouvon. = Recoupe et farine provenant de la paille du froment-miracle; lettre de M. le curé Blanchard ; ren- voi à l'examen de M. Regimbeau. — Emploi du chaulage ; commu- nication de M. de Brive ; observations de MM. Aymardet C. de La- fayette, père et fils. — Présentation de belles tiges de pommes de terre par M. Blanquet. — Machine à battre; communication de M. le Président. — Inoculation des bétes bovines à l’occsasion de la péripneumonie contagieuse ; rapport de M. le docteur Olivier ; ren- voi à la commission. — Jardin des plantes institué à Douai par l'i- nitiative de la Société académique de cette ville ; communication de M. le Président. — Vente des grains à la halle aux blés; lettre de M. le Président à M. le Maire de la ville du Puy. — Boulange- ries perfectionnées ; lettre de M. le Président de la Société d’agri- culture de Grenoble, — Filets de péche fabriqués à la mécanique ; lettre de M. Gueyffier, de Brioude. — Projet de copies des chro- niques manuserites sur le Puy, par Médicis, Burel et Jacmon. — Anciennes chapelles triangulaires, polygonales et circulaires ; opi- nion de M. Didron ainé sur ces monuments, et en particulier sur la chapelle Saint-Clair à Aiguilhe, pres le Puy. — Souscription, à Poitiers, pour l'érection d’une statue en l'honneur de Pierre-lHer- mite ; projet de statue en mémoire d’Aymar de Monteil. — Dé- mission de M. Porral des fonctions de vice-président de la Société. —Demnandes d'admission, comme membres résidants, par MM. Du- garay ainé et Ernest Richond ; comme membre non résidant, par M. Henri Doniol; comimissions nommées. — Présentation de M. l'abbé Blanchard au titre de membre correspondant ; ad- mission. LR Lo & LS NOVEMBRE, Présidence de M. de Brive. À trois heures, la séance est ouverte. Le procès-verbal est lu et adopté. M. le président explique les motifs qui ont néces- sité l’ajournement de la séance au 10 novembre : Le jury d’examen de la ferme-école, dont tous les membres appartiennent à la Société, avait été convo- qué pour le 5. On sait avec quelle sollicitude la Société veille à la prospérité de la ferme-école dont elle a provoqué la création et qu’elle a prise sous son patronage. Les membres de la Société qui sont en méme (emps membres du jury, ne pouvaient manquer à la convocation qui leur était faite. D'un autre côté, il eùt été regrettable que l’Assemblée eût été privée, par l’accomplissement de ce devoir, de la présence de plusieurs de nos collègues. M. le président étaitde ce nombre. Dans ces circonstances, il a cru convenable de renvoyer à huitaine la séance mensuelle de la Société. L'examen des élèves de la ferme-école auquel il a été procédé, a donné les résultats les plus satisfai- sants. Le niveau de leur instruction s'élève progres- sivement d’une année à Pautre, et il a été constaté qu'au moment de leur sortie de l’école , ils possèdent toutes les connaissances qui forment le bon chef de pratique agricole. Le jury, en quittant la ferme, à TOME XIX. 16 242 RÉSUMÉ DES SÉANCES. adressé ses félicitations aux professeurs, et en parti- eulier à notre collègue, M. Chouvon, l’habile direc- teur de la ferme de Nolhac. Ouvnaces recus. —- M. le Président énumère les ouvrages reçus et recommande à l’attention de divers membres de la Société les mémoires qui intéressent leurs études. Les questions qui y sont traitées con- cernent les avantages qui résultent de la réunion des monts-de-piété avec les caisses d’épargne , la mor- talité et la statistique médicale, les maladreries au moyen-àge, le compagnonage et les confréries d’arts et métiers, les procédés de conservation des bois par le sulfate de euivre, la carbonisation du bois, ete.; le chaulage en grand, la verse des blés, la culture du topinambour, divers instruments agri- coles perfectionnés, une nouvelle moissonneuse, etc. M. le Président communique ensuite diverses brochures qui ont trait au département et qui sont données par leurs auteurs : 1° Rapport de M. le Préfet au Conseil général, procès-verbaux de ce Conseil et budgets; 2% Rapport de M. le Maire de Brioude sur l’orga- nisation d’une bibliothèque publique et d’un dépôt d'archives historiques dans cette ville, par M. Paul Leblane ; 5° Rapport à M. le Préfet sur les archives de la préfecture de la Haute-Loire, par M. Aymard ; Er NOVEMBRE. 243 4° Notices sur la maladie de la vigne et les eaux ammoniacales, par M. Regimbaud ainé. M. Paul Leblanc, de Brioude, fait hommage, par l'entremise de M. Aymard, d’une gravure en taille- douce qui représente le portrait du général Nempde du Poyet. Ces dons sont accueillis avec gratitude par lAs- semblée. Il est fait lecture d’une lettre par laquelle M. le Ministre de linstruction publique informe la Société que l’échange de ses publications avec celles des Sociétés étrangères peut avoir lieu, en franchise, sous le couvert et par l'entremise de son ministère. M. le Président lit des extraits d’un prospectus d'une ‘Histoire de l'église d'Auvergne, contenant la vie des Saints de cette province, et, en outre, celles des Saints du Velay et du Bourbonnais’, par M. de Résie, et propose de souscrire à cet ouvrage, à raison de l'intérêt départemental qu'il peut offrir. Cette proposition recoit l'agrément de l’Assemblée. Musée, — M. le Président annonce que l’adminis- tration municipale, jalouse de témoigner sa recon- naissance pour le généreux concours de M. Falcon, en faveur du Musée , est en voie d’établir une 241 RÉSUMÉ DES SÉANCES. nouvelle salle à la suite de la galerie des tableaux. Elle fera symétrie avec la salle des dei telles, la- quelle est presque entièrement construite. Il ajoute qu'ayant eu connaissance des plans , il a regretté que Parchitecte qui est chargé de l’exécution du projet eùt adopté quelques disposi- tions différentes de celles que M. Pradier a données à la salle de M. Falcon. M. le Président s’est empressé d'en écrire à M. le Maire , qui a accueilli ses observations avec. une parfaite bienveillance, et a donné des ordres pour que cette nouvelle salle füt construite sur le même plan que celle des dentelles. L'Assemblée accueille cette communication par un vote de reconnaissantes félicitations, qu’elle prie M. le Président de transmettre à M. le Maire. M. Aymard annonce que le Musée vient de recevoir deux belles peintures qui ont été envoyées de Paris, par M. Joseph Seguin, du Puy, fabricant de den- telles. Dans une lettre qu’il a éerite à M. Aymard, M. Seguin le prie de faire agréer à la Société ces tableaux sur lesquels il donne les renseignements suivants : « Le plus grand de ces tableaux est de Jules Ro- main. Il fut acquis, il y a environ quinze ans, de M. Schmit, par M. Aguado, marquis de Las Maris- mas. De la galerie Aguado il a passé dans les mains EX NOVEMBRE. 245 de M. Cavé , ancien directeur des Beaux-Arts, qui le destinait probablement au Musée du Louvre. Je le tiens d’une personne à qui sa veuve l’a vendu. » » Voici l’article qui le concerne dans le catalogue des tableaux de la galerie Aguado (Paris, imprimerie de Paul Dupont, 1840): L2 « Giulo Pippi ou Giulo Romano (Jules Romain), né à Rome en 1492, mort en 1546. — Placé dans l’école de Raphaël, il fut le plus célèbre diseiple de ce maitre, quile fit héritier concurremment avec le Penni. Après la mort de Raphaël, Jules Ro- main, qui jusque-là s'était identifié avec le Sanzio, révéla un génie qui lui était propre, une énergie de conception , une vigueur de coloris, une fougue qu'il n'avait pas précédemment déployées. Ces peintures, exécutées à Mantoue, dans le pa- lais du T, sont célèbres. » N° 506. Le Nain armé. » Un nain, aux cheveux noirs et à la barbe épaisse, vient de se revêtir d'une casaque militaire et de ceindre une épée ; il met, en riant, un casque sur sa tête; diverses armes sont étendues à ses pieds. » Ce tableau est l'étude du nain qui se trouve dans la fresque de la Conversion de Saint-Paul, fresque exécutée à Rome, par Jules Romain, sur les dessins de Raphaël. Hauteur 1" 65°, largeur 17 15% » Les dimensions de ce tableau ne sont plus les 246 RÉSUMÉ DES SÉANCES. mêmes actuellement; mais le changement qu'il a subi sous ce rapport est apparent. À droite, en haut du tableau, on voit la ligne de démareation entre l’ancienne toile et la partie qu’on y a ajoutée. Le tableau a dû gagner à cet agrandissement, le sujet se trouvant maintenant plus à l'aise et au milieu de la toile. » C’est par M. Fontaine, doreur, cité Bergère, à Paris, que j'ai connu l'histoire de ce tableau, de- puis 15 ans. C’est lui qui la acheté à l'hôtel de Castille, pour le compte de M. Aguado. » J'ai eru utile de vous donner ces détails, afin que l’origine n’en soit pas contestée, au moins Jus- qu'à l’époque où il est sorti de la maison Schmit. » L'autre tableau est une œuvre moins importante, mais c’est un morceau eurieux, parce qu’il parait dater de la Renaissance et qu’il est évidemment d’un maitre distingué de l’époque. » Il provient de la collection Quædeville, et dans le catalogue de la vente qui eut lieu après son dé- cès , il est intitulé : « ‘la Vie humaine,’ et attribué au Primatice. » » Quel qu’en ait été l’auteur, ce tableau aura, je l'espère, à vos yeux quelque mérite, au moins sous Je rapport de l’histoire de la peinture. » M. Aymard ajoute que notre généreux ecmpatriote est lui-même très-versé dans la connaissance des arts et surtout de la peinture et qu’il possède une riche collection de tableaux. C’est une garantie de plus du 1 NOVEMBRE. 47 bon choix des œuvres’artistiques dont il vient d’en- richir le Musée. L'Assemblée , reconnaissante de cet acte de géné- reux souvenir en-faveur du Musée, vote à M. Seguin de vifs remerciments. M. Aymard, au nom de M. le Maire de la ville du Puy, offre au Musée : 1° Un bas relicf sur pierre trachytique représen- tant la scène du erucifiement. Cette sculpture de Ja fin du xv° siècle provient des bâtiments de l’école des Frères, située’ près du collège. 2° Une console sculptée sur bois qui offre une grande figure d’ange. Cet ouvrage d'art semble rap- peler l’époque et le faire hardi et facile du sculpteur Vanneau. Le même membre dépose sur le bureau : 1° Un fusil de Kabyle qui a été apporté d'Afrique et donné au Musée par M. Rogues, du Puy, docteur en médecine et chirurgien militaire ; 2° Une ancienne dentelle donnée par M. Aymard ; 9° Un gauffrier en fer, du xv° siècle, qui présente, gravé en creux, dans un encadrement tréflé, une M couronnée; 4° Une soixantaine de bois gravés qui ont servi, soit comme lettres initiales, soit comme motifs d’or- nementation typographiques aux xvi° et xvi° siècles. On y remarque l’image de Notre-Dame du Puy, des 24S RÉSUMÉ DES SÉANCES. armoiries de quelques-uns de nos évêques, des sceaux de diverses administrations départementales, de so-: ciétés révolutionnaires, etc. Ces curieux objets ont été donnés par MM. Marchessou et Clet, imprimeurs de la ville, à la demande de M. Aymard ; ils formeront les premiers éléments d’une collection typographique départementale qui s’accroitra successivement par des découvertes du même genre ; 5° Diverses pièces de conviction, tels que les bâtons de la bande dite des chauffeurs, qui a acquis une trop déplorable célébrité dans nos fastes criminels; des fragments en plomb imitant des statuettes anciennes, contrefaçons exécutées dans le pays, mais par un ar- liste heureusement étranger au département. Ces objets curieux, qui ont été offerts par M. le Procu- reur impérial, donnent occasion à M. Aymard de signaler l'utilité qu’il y aurait, au point de vue de l'histoire locale, de recueillir en collection ces sor- tes de pièces, qui peuvent montrer au moraliste et à observateur, sous l’un de ses importants aspects, l'état particulier de la société à diverses époques ; 6° Des débris fossiles de côtes de rhinocéros trou- vés dans des sables sous - volcaniques à Montredon, près le Puy, et donnés au Musée par M. Courtial. M. de Brive annonce que M. Moussier, dont le zèle persévérant pour le Musée est connu de la So- ciélé, est encore venu de Lyon, cette année, pour compléter la collection zoologique ; il vient de former œ NOVEMBRE, 249 la suite des mammifères du département et il a enri- chi celle des oiseaux par un certain nombre de nou- veaux sujets; il va s'occuper des reptiles et des pois- sons. Le tout formera la collection générale des vertébrés de la Haute-Loire dont il a rédigé le catalogue. M. Aymard communique ce travail, qui est auss ; complet que le comportent les découvertes faites jus- qu’à ce jour. L'Assemblée exprime de nouveaux remerciments à M. Moussier, et décide que son catalogue sera publié dans les Annales 1 AGRICULTURE. — M. le Préfet informe la Société, par une lettre dont il est fait lecture, que M. le Mi- nistre de l'agriculture vient de fixer pour l’année 1856, dans la ville du Puy, le siège du concours d'animaux reproducteurs, d'instruments et de pro- duits agricoles, institué pour la région à laquelle appartient le département de la Haute-Loire. » Je ne doute pas, ajoute M. le Préfet, que la Société d'agriculture, à laquelle sont dues la plupart des améliorations agricoles réalisées dans le départe- ment, ne redouble d'efforts pour donner à la solen- nité dont il s’agit tout l'éclat désirable. » M. le Président lit ensuite une lettre relative au (1) Voyez les ‘Annales’, Lom xviu, page 575. 250 RÉSUMÉ DES SÉANCES. même objet, qu'il a adressée à M. le Ministre de l’agriculture. Elle est ainsi conçue : « Monsieur le Ministre, » J'ai reçu et je me suisempressé de communiquer à la Société d'agriculture de la Haute-Loire, une lettre de M. le Préfet, par laquelle ce magistrat m’annonce que Votre Excellence vient de fixer, pour l’année 1856 , dans la ville du Puy, le siège du concours régional d'animaux reproducteurs, d'instruments et de produits agricoles. » J'avais eu l'honneur de vous prier d'accorder à notre ville cette solennité pour 1855, afin de la faire concourir avec celle du Congrès scientifique de France, qui, cette même année, doit tenir au Puy, sa session annuelle. Ces deux réunions ayant lieu simultanément, se seraient donné un appui mutuel par Pattrait qu’elles auraient offert à un grand nombre d'étrangers, et elles auraient participé, toutes les deux, aux dépenses que la ville et le département veulent bien s'imposer pour fêter les membres du Congrès. » En se présentant au Puy après le Congrès seien- üifique , le concours régional , auquel la Société d'agriculture aurait voulu donner de l'éclat pour y attirer un grand nombre de concurrents et sur- tout beaucoup de spectateurs, aura lieu dans Îles circonstances les plus défavorables. » D'un côté, la Société d'agriculture ne pouvait, NOVEMBRE. 251 » avec quelques chances de succès, demander, deux » années de suite, aux Conseils de la ville et du dé- » partement , des subventions pour dépenses ex- » traordinaires. » De Pautre, le voisinage de Clermont, où doit » se Lenir celte année le concours régional, nuirait » infailliblement à la réunion du même genre qui » se liendrait au Puy, dans l’année qui suivrait im- » médiatement. » Par ces différentes considérations , la Société » d'agriculture du Puy, qui avait demandé avec in- » sistance le concours pour 185, m'a chargé de » vous prier, Monsieur le Ministre, de remettre » cette solennité pour le Puy à 1857, ou à l’une » des années suivantes. » Je suis avec respect, etc. » M. le Ministre de l’agriculture, répondant à une lettre que lui avait adressée M. le Président sur les avantages qu'il y aurait à importer dans la Haute- Loire des sujets de la race porcine dite New-Leicester comme types améliorateurs des animaux indigènes de l'espèce, écrit ee qui suit : « L’Administration fait élever dans les écoles im- périales d'agriculture de la Saulsaie et de Grand- Jouan , des sujets choisis de races de pores étran- gers pour lamélioration de lespèce poreine en France; mais, attendu que les règlements de la comptabilité publique ne lui permettent pas de con- 252 RÉSUMÉ DES SÉANCES. céder à titre gratuit les animaux existant dans Îles établissements de l'Etat, ils ne sont cédés aux cul- tivateurs qu'à prix d'argent. » M. le Ministre ajoute qu'il lui est done impos- sible d'accorder à la Société un verrat et deux truies que lui avait demandés M. le Président pour être pla- cés, à titre d'essai, à la ferme-école. Mais il sera fa- cile à la Société de se procurer les types dont il s’agit en s'adressant aux directeurs des écoles précitées. M. le Président, d'après l'énoncé de cette lettre, s’est empressé d’en écrire à M. le Directeur de l'école de la Saulsaie , qui lui a répondu par la lettre sui- vante : « Monsieur le Président, » Jai recu la lettre que vous m'avez fait l'honneur » de m'écrire pour me demander des renseignements « sur les races de pores anglaises que nous entrete- » nons à la Saulsaie. Prochainement, à l’occasion » d’une vente publique d'animaux des espèces bo- » vine et chevaline, il sera mis en vente une cer- » {aine quantité de jeunes pores. Je ne puis done »_pas vous fixer d'avance sur les prix qu’atteindront » ces animaux; cela dépendra de la chaleur des en- » chères. » Mais à partir de cette époque, je continuerai le » système suivi dans notre établissement, qui consiste » à vendre les jeunes (à raison de 20 franes) , à l'âge » de 6 semaines à deux mois. Si vous désiriez quel- = = » » NOVEMBRE. 253 ques sujets, j'aurais l'honneur de prendre note de votre commande et de vous informer de Pépoque à laquelle les animaux pourraient être enlevés. » Les races entretenues ici sont au nombre de quatre, savoir : la race Berkshire, la race Leicester, la race Coleshil et la race d'Essex. Ces quatre races sont très-demandées, surtout les trois dernières. » Elles ont toutes une très-grande aptitude à pren- dre la graisse. » Comme il s’agit pour vous, Monsieur, de la pro- pagation dans votre pays des meilleures espèces, j'aurai soin, d’après vos demandes, de vous ré- server les sujets les plus parfaits de conformation. Je dois ajouter que l'établissement ne peut s’occu- per des moyens de transport de ces animaux: en conséquence, je vous prierai de vouloir bien me dire par quelle voie je devrai vous les expédier. » Recevez, Monsieur le Président , l'expression de ma haute considération. » PICHAT. » L'Assemblée , intéressée par cette communication , prie M. le Président de vouloir bien donner toute la suite désirable à l’importante question de l’amélio- ration de l’espèce porcine dont il s’est déjà occupé avec tant de sollicitude. MM. Chouvon et Ch. C. de Lafayette disent qu'ils se proposent d'élever l’espèce de pore dite New-Lei- cesler , el qu'ils feront connaître à la Société les ré- sultats qu'ils auront obtenus. 234 RÉSUMÉ DES SÉANCES. M. le Président donne communication de deux lettres de M. le Ministre de l’agriculture , relatives à l'envoi, dans le département de la Haute-Loire, d’un agent capable de diriger les expériences de pisciculture auxquelles désirent se livrer plusieurs propriétaires. Par la première de ces lettres, en date du 5 août, M. le Ministre annonce qu'il accueille favorablement la demande de M. le Président , et qu’il y donnera suite , lorsque le moment sera venu. Par la seconde, du 51 octobre, M. le Président est informé que M. Rémy fils se rendra prochaine- ment dans la Haute-Loire , aux frais du Trésor , pour faire l'application des procédés de pisciculture. M. de Causans écrit à ce sujet qu’outre la subven- tion ministérielle en faveur de ce pisciculteur, divers propriétaires lui ont assuré une somme de 150 fr., moyennant quelques milliers d'œufs fécondés qu'ils lui demandent. Il recevra également une cordiale hospitalité chez les souscripteurs qui réclament sa visite dans leurs propriétés. M. de Causans ajoute qu’il tient à la disposition de M. Rémy un couple de belles truites destinées à être opérées en présence des amateurs de pisciculture. Il serait heureux que des membres de la Société vou- lussent bien assister à cette curieuse expérience. L'Assemblée accueille avec un vif intérêt ces di- verses communications, et plusieurs membres, sur l'invitation de M. le Président, s’empressent de s’in- serire pour être mis en rapport avec M. Rémy, pren- dre connaissance de ses procédés et assister aux NOVEMBRE. 255 expériences de fécondation artificielle que doit faire M. de Causans. M. de l’Eguille dépose sur le bureau la liste des poissons du département, qui lui avait été demandée par la Société. Ce travail intéressant sera communiqué à M. le docteur Moussier, pour l'aider à compléter son cata- logue des vertébrés de la Haute-Loire dont il a été question au commencement de la séance. M. Astier, membre correspondant, aux Avits, com- mune de Coubon, envoie des spécimens d’une nou- velle espèce de céréale qu’il cultive depuis quelques années. « Cette espèce de froment, écrit M. Astier, que je nomme froment d'Afrique, provient des grains étran- gers qu'on vendait pendant la disette de 1848. Mon premier essai fut fait avec une poignée de ce grain dont j'ai recueilli la récolte avec le plus grand soin. » Lorsque j’en ai pu obtenir une certaine quantité, j'en ai employé la farine pour le pain, et c’est alors surtout que j'ai apprécié ses excellentes qualités. » Je vends ce grain, sur le marché, à un prix su- périeur au froment ordinaire. Les acheteurs s’accor- dent à en reconnaitre la beauté. Il est également plus pesant que nos froments du pays. Il ne craint pas la manne et il n’est pas nécessaire de le chauler, comme il est d'usage pour les autres froments. 256 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » Vous remarquerez, Messieurs, dans les grains que j'ai l’honneur de vous soumettre, qu’il y en à deux variétés, l’une donne un épi noir, et l’autre un épi roux. » Je serai heureux d’en distribuer à ceux de nos honorables confrères qui voudront bien m’en faire la demande. » L'Assemblée constate la belle qualité de ce nou- veau froment et agrée avec reconnaissance la pro- position de M. Astier. Il est en outre décidé que le spécimen présenté par ce membre sera envoyé à l’exposition universelle. A cette occasion, M. Chouvon annonce qu'il for- mera une collection des principales espèces de cé- réales et légumes sees du département, qu'il enverra également à l'exposition universelle. M. l'abbé Blanchard, euré à Lavoüte-sur-Loire, a adressé la lettre suivante à M. le Préfet, qui s’est em- pressé de Ja transmettre à la Société. « Monsieur le Préfet, » Sachant combien vous vous intéressez au pro- » grès de l’agricultureet combien vous aimez à voir » répandre, parmi les habitants de nos campagnes, tout ce qui peut contribuer à leur bien-être, » » je crois devoir vous informer d’une expérience » que je viens de faire au sujet de la paille grossière NOVEMBRE. 257 » de froment-miracle que vous avez admiré dans » mon jardin presbytéral. Plusieurs prétendent que » ee fromentne doit pas être introduit dans nos cam- » pagnes, par la raison que les bestiaux n’en mangent » point la paille à cause de sa rudesse. Je crois, au » contraire, pouvoir leur démontrer qu’elle peut » être très-utile pour les bestiaux. J'en ai haché » menues, autant que possible, deux bottes; puis j'ai » fait moudre. Il en a été obtenu une espèce de fa- » rine bien préférable au son ordinaire, vu qu’elle » provient d’une moëlle assez abondante que con- » lient cette paille. Je prends la liberté de vous en » envoyer un spécimen que vous apprécierez par » vous-même. » Daignez agréer, ete. » BLANCHARD, curé. » Au reeu de cette lettre, M, le Président s’empressa d'écrire à M. l'abbé Blanchard, pour le prier d’en- voyer à la Société un échantillon de la farine dont il est question dans cette lettre, M. le curé a fait un envoi de recoupe et de farine qui sont mis sous les yeux de l’Assemblée. M. Regimbeau est prié par M. le Président d’ana- lyser ces résidus et de s'assurer s'ils contiennent de la matière sucrée et même du gluten, M. de Brive fait la communication suivante sur des essais de chaulage qu’il à tentés dans sa pro- priété de la Darne, commune de Coubon : TOME XIX. 17 258 RÉSUMÉ DES SÉANCES. MESSIEURS, En 18%5, notre collègue, M. Dumontat, chargé de rendre compte d'un article du Journal d'Agriculture pratique, sur les effets obtenus par le chaulage des terres dans le département de la Sarthe et de la Mayenne, émet- tait devant vous l'opinion que ce procédé pouvait être utilement appliqué dans notre département, et il recom- mandait à ceux de nos agriculteurs qui cherchent à améliorer leurs fonds, d’en faire l'expérience. Je n’ai point appris que ces sages conseils aient encore été suivis et que des essais réguliers de chaulage aient été effectués dans notre circonscription. Depuis cette époque, la pra- tique du chaulage des terres s’est étendue sur un grand nombre de points de la France : Dansle nord, le Pas-de- Calais, l'Allier, le Nivernais, le Charollais et la Bresse, la chaux a été appliquée aux terres en culture, et partout les résultats ont été merveilleux. De douze à quatorze hectolitres, le rendement ordinaire des champs em- blavès a passé, comme par enchantement, à vingt, vingt-cinq et trente hectolitres par hectare. Le produit moyen des meilleurs sols de notre départe- ment ne dépasse pas quatorze hectolitres, etil en est beaucoup qui n’atteignent pas dix. Ne pourrait-on pas accroître le produit des uns et des autres par le chau- lage, comme on l’a fait dans beaucoup d’autres localités ? J'ai cru, Messieurs, me rendre utile à mon pays, et servir mes propres intérêts en me livrant à cette expérience. Je ne viens point aujourd'hui vous en faire connaître les résultats, qui ne peuvent être concluants qu'après plusieurs années d’épreuve. Ce sera l'objet d’un second rapport. NOVEMBRE. 259 Je désire seulement vous exposer en ce moment les principes d’après lesquels j'ai agi et les conditions dans lesquelles je me suis trouvé. Je serais heureux que cette étude pût décider quelques autres membres de notre Société à tenter parallèlement avec mo: des essais qui, j'en ai l'espérance, prouveront que le chaulage peut rendre à notre agriculture des services pareils à ceux qu'il a déjà rendus sur tant d’autres points du territoire. L'agriculture doit la plus grande partie des progrès qu'elle fait chaque jour à l'application des sciences exactes. C'est ainsi que les engrais, cette base principale de toute agriculture, doivent tant à la chimie. C'est aussi la chimie qui a donné la raison de l’utilité de la chaux appliquée à l'amélioration des terres. Elle à démontré que les plantes sont composées de plusieurs substances, parmi lesquelles se trouve l'élément calcaire, qu'elles ne peuvent puiser dans l'air, mais seu- lement dans la terre. En décomposant les terres végétales de lameilleure qualité, elle a constaté queleurs principaux éléments sontle sable ou la silice, l'argile ou l’alumine et le calcaire ou carbonate de chaux. Voici le résultat de plusieurs analyses de terres faites sur différents points du globe, par divers savants chimistes : Bergmann a trouvé, en Suède, qu'un des terrains les plus fertiles contenait : Silex grossier... ...... er: #30 SAUCE... DL. Le 26 Alimines Rhume. Cuiseur. 14 Carbonate de chaux. ......... 30 260 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Un excellent sol à blé, dans le voisinage de Drayton 4 . | et Middlesex, a fourni à Davy les proportions sui- vantes : Carbonate de chaux. .... Me 28 SDLC Er AU A NS 32 AORIME NET ARE 39 | 99 Un sol très-fertile des bords de la Loire, analysé par Chaptal, contenait : Sable SIICRUX. 2 y ce eus RE Sable calcaire: Re di SNCB men se re tance 10 Carbonate de chaux.......... 19 AIRNESS 21 Débris Végétaux... .... + Fh 100 L'analyse d’une bonne terre de la Touraine à donné au même auleur : SAIS TONER CC TEE TE: 49 ï Carbonate de chaux.......... 25 î mu | SHC ES cn ie 2 Re deb LT DE 16 AUMIN EL PE 0 à MT mere 10 .. 400 4 Dans le grand nombre de mélanges de terre que com- posa Tillet, le plus fertile présente : NOVEMBRE. 261 Silex grossier... +44 eos 6111 28 Sulicau disc chliges.c te. RO 1001 Argile {alumine)....,,......, 16 05 Carbonate de chaux.......... 37 05 100 M. Drappier. à la suite d'expériences faites sur plu- sieurs sols de composition différente, a constaté que celui qui avait donné des produits très-supérieurs aux autres, présentait la composition suivante : Sablentis are J meet 45 Arneule ssl.sié ae. ip mises. 35 Calcaire. a SEC. UT 30 110 M. Girardin conelut de cette dernière expérience 1 « que, pour qu'un terrain possède toutes les qualités dé- sirables, il doit être composé de quantités presque égales de sable, d'argile et de calcaire : et que l'amendement des terres, l’une par l’autre, jusqu'à ce que ces trois sub- stances se fassent à peu près équilibre, apporte une éco- nomie considérable dans l'emploi des engrais. » Dans la plupart de ces analyses, on ne tient pas compote des proportions de matières animales, végétales et ferrugineuses que contiennent toutes les terres, la quantité étant, pour toutes, environ d'un dixième à un vingtième; mais ce qui résulte clairement de ces ob- servations, c'est que le calcaire entre dans les terres 1 Cours élémentaire d'agriculture, page 27. 262 RÉSUMÉ DES SÉANCES. reconnues pour être très-fertiles dans la proportion de 25 à 35 pour 100, Onen a conclu théoriquement que dans les terrains où la quantité de calcaire restait au- dessous de ces cüiffres, il y avait utilité à l'y introduire par addition. Aussi, d'après les plus savants chimistes, le chaulage etle marnage n'ont d'autre butque d'apporter aux terres les substances calcaires qui leur manquent. La chaux agit à la fois sur le sol comme amendement et physiquement, ou comme engrais et chimiquement. Elle est un amendement en ôtant aux terres fortes leur trop grande adhérence, en les divisant et en donnant aux plus légères une cohésion qui arrête leur trop grande évaporation. Elle est un engrais en apportant un des éléments de la composition des plantes, en s’emparant de l’acide carbonique de l'air, et le transmettant à la terre pour activer la force de sa végétation. De l’action de la chaux comme amendement, on con- elut que les chaux maigres conviennent mieux aux terres fortes, et les chaux grasses aux terres légères. Les plantes poussent avec plus de vigueur sur les terres chaulées, qui s’assimilent non-seulement les principes que leur apporte la chaux, mais encore une plus grande quantité de toutes les substances contenues dans le sol, et que met en solution le carbonate de chaux. Aussi les terrains chaulés s’épuisent-ils plus facilement que les autres, et exigent-ils des quantités plus considérables d'engrais. De là l’adage bien connu : que Le chaulage enrichit le père et ruine les enfants , auquel la science moderne a ajouté celui-ci : plus on chaule, plus il faut fumer. Alors on arrive à cette conclusion opposée que De 2e NOVEMBRE. 263 le chaulage enrichit et le père et les enfants. Deman- dera-t-on quel est l'avantage du chaulage, s'il oblige à une plus grande dépense d'engrais ? « Le voici, dit M. Sourdeau de Beauregard : il quadruple les produits en doublan! seulement les frais. » Il a paru jusqu'à ce jour difficile d'établir en principe la quantité de chaux nécessaire à un hectare de terre. En Angleterre, où elle est considérée, sans doute, plutôt comme un amendement des terres fortes à froment ; on chaule avec 100 à 500 hectolitres à l'hectare. En France, on donne à la terre depuis 10 jusqu’à 100 hectolitres de chaux à l'hectare; mais suivant la quantité livrée au sol, on renouvelle le chaulage à des intervalles de trois, neuf, quinze et vingt ans. Dans ces limites ex- trèmes, j'adopterais comme moyenne pour une terre à peu près privée de carbonate de chaux, le chaulage à 40 ou 50 hectolitres, renouvelé tous les dix ans, ou bien le chaulage à 25 hectolitres renouvelé tous les cinq ans. Le chaulage produit ses effets dès la première récolte, à la condition qu'il aura été fait quelques mois avant l'ensemencement; toutefois, son plus grand effet ne se fait remarquer qu'à la seconde et à la troisième année. On peut employer la chaux de trois manières diffé- rentes : 19 En poussière. On la réduit en poussière, soit en la laissant à l'air pendant quelques jours, soit en y jetant, dessus une très-petite quantité d’eau ; 20, En mélange. On la divise sur le champ même, en petit tas d'environ trente litres, que l’on couvre de terre meuble, Au bout de quelques jours et lorsqu'elle est 264 RÉSUMÉ DES SÉANCES, devenue pulvérulente on la mélange bien avee la terre qui la couvrait ; 30 En composts. Cescomposts se font avec de la chaux et des terres extraites des étangs, des fossés ou du sol même. On choisit un emplacement libre près de la terre qu’on veut chauler; on y place une première couche de terre ou de eurure de fossés, étangs, etc., d’une épais- seur et d’une largeur proportionnées à la quantité de compostdont ona besoin, en ayant soin toutefois deréduire la quantité de chaux au huitième ou au dixième de la quantité de terre ou autres matières. On jette par dessus une couche de chaux qu’on recouvre de terre, et ainsi successivement jusqu'à ce que le tas ait atteint la hau- teur voulue. ‘rois semaines après, lorsqu'on suppose que la chaux est éteinte et réduite en poussière, on pro- cède au mélange des deux matières que l'on relève en tas. Quinze jours après, on mélange de nouveau et le compost est fait. Par quelque procédé que la chaux ait été éteinte, elle doit être répandue également à la pelle sur toutes les parties de la terre et enterrée immédiateme:t par un labour superficiel. El faut éviter surtout que la chaux soit mouillée par la pluie avant d’être enterrée. Une fois ré- duite en pâte, elle n’a plns la même action sur la végé- tation. La chaux ainsi préparée peut-être employée sur les terres labourables comme sur les prairies. Répandue en poussière sur les prés, elle y produit le même effet que les cendres ou la suie. Répandue en compost, etaprès un mélange de quelques mois et même d’une année, — plus : NOVEMBRE. 265 le mélange est ancien et plus il a d'action, — il remplace une bonne fumure. La chaux en poussière doit être enterrée dans la terre labourable quelque temps avant la semence pour produire un effet utile sur la première récolte, En compost, elle peut y être répandue en même temps que la semence, pourvu que le mélange soit ancien. « Le blé d'un fond chaulé, dit Puvis 1, est plus rond, plus fin, donne moins de son et plus de forine que celui d'un sol non chaulé, Le sol chaulé craint moins la sèche- resse; Il n'est pas sujet à laisser verser, Dans le sol chaulé, les mauvaises herbes et les insectes disparais- sent; la terre prend de la consistance lorsqu'elle est trop légère, et s’adoucit lorsqu'elle est trop argileuse. Cet ameublissement spontané facilite beaucoup la main- d'œuvre du cultivateur, la marche des racines dans le sol et l’action réciproque de l'atmosphère sur le sol qui reste ouvert à ses influences. » Aussi voit-on souvent, par suite du chaulage, la quan- tité des produits de la terre s’accroitre comme leur qua- lité, et par cette amélioration, doubler, en peu d'années, la valeur des récoltes d’une ferme ou d'un pays. Pourquoi le chaulage ne produirait-il pas dans notre département les effets heureux qu'il a procurés ailleurs ? Notre pays se trouve dans les conditions les plus favo- rables pour utiliser cet agent si actif de la production. Le calcaire se montre en abondance sur plusieurs points de nos trois arrondissements. Le prix de la chaux y est au-dessous de sa valeur moyenne en France. Dans * Maison rustique du xixe siècle, 4er vol. p. 65. 266 RÉSUMÉ DES SÉANCES. les environs du Puy, elle atteint rarement le prix d’un franc l'hectolitre. Sa diffusion sur un grand nombre de points en permet le transport à peu de frais. La chaux de nos carrières tient le milieu pour la qua- lité entre les chaux grasses et les chaux maigres. Elle peut ainsi convenir à la fois aux terres fortes à dose con- sidérable et aux terres légères en en réduisant la quantité. On sait que les chaux sont d'autant plus grasses qu’elles contiennent moins de matières étrangères. On reconnait leur qualité en évaluant la quantité d'eau qu'elles absorbent pour se mettre en bouillie. Cette quan- tité peut varier d'une à trois fois et demie leur poids. Les chaux les plus grasses absorbent la plus grande quantité d'eau ; or, la chaux du Puy absorbe deux fois et demie son poids d’eau; elle est donc moyennement grasse. L'analyse a conduit au même résultat. D'après des expériences faites en 1825, par M. Ruelle, la pierre à chaux du bassin du Puy contient : Eau et matières volatiles.... O0 051 Carbonate de chaux........ 0 810 ATTIRENT EU UT SILICE ee ee ee PAT 0 025 Carbonate de magnésie.... 0 010 Oxide de fer...... PU Ne 00005 Perte rec ste en MERE 0 032 1 000 En 1838, M. Joyeux s'étant livré à l'analyse de la chaux d'Espaly, a obtenu de ce calcaire mis en poudre fine et fortement desséché : NOVEMBRE. 267 Carbonate de chaux. ....... 0 812 Carhonate de magnésie...... O0 031 Aluminenne uses uer Fa 0 060 SUCER ET RDS LL NOM Oxidetdenfer 2 peULe 2 U 1101601033 PErIPLÉALLUL ME € GA AS SR 0 of1 1 000 Après m'être rendu comple de la composition de la chaux que j'avais à ma disposition, j'ai eu besoin de con- naître si le sol que j’exploite contenait du calcaire et dans quelle proportion. Un premier moyen, que j'appellerai empirique, est con- seillé aux personnes qui n’ont pas la possibilité de faire analyser leurs terres par la chimie. Ce moyen, très-sim- ple, très-expéditif, consiste à faire, par une pression quelconque, une petite cavité sur plusieurs points du sol que l’on veut étudier, et à y verser une petite quantité d'acide chlorhydrique ou muriatique. Si le sol est très- calcaire, il se produira immédiatement une vive efferves- cence. Dans le cas où l'acide ne produira aueun effet sen- sible, le sol privé de calcaire sera chaulé avec le plus grand avantage pour la végétation. Mais voulant acquérir cette certitude par la méthode scientifique, j'enlevai du sol que je voulais soumettre à l'expérience, et à une profondeur de 13 à 20 centimètres, plusieurs échantillons de terre que je remis à notre sa- vant collègue, M. Joyeux. Je dois à son obligeance les résultats suivants de analyse à laquelle il a bien voulu procéder | 268 RÉSUMÉ DES SÉANCES.. Après avoir soumis les échantillons à une longue dessi- cation, il a obtenu : Sable diliéout: 12217 20004 00 08, 7 2 8 Argile (alumine)............... 12 Carbonate de chaux. ........... 3 uma tou OA PT ee 3 Oxide de fer et perte......... 14 2 100 Convaineu par ce résultat que la quantité de carbonate de chaux que contenait mon terrain était de beaucoup au- dessous de celle qui a été reconnue dans les terres très- fertiles, j'ai dû penser que le chaulage produirait chez moi des effets analogues à ceux qui ont été obtenus dans tant d’autres localités de la France. Mais afin de donner à cette opinion la sanction de l’ex- périence, je résolus de faire un essai comparatif, et voici comment j'y ai procédé. Un champ d'un hectare avait donné, en 1853, une ré- colte de céréales. Je le divisai en trois parties. Sur le première, je fis disposer de la chaux en petits {as de 30 à 40 litres, que je recouvris à la bôche avec deux fois son volume de terre. Cette chaux, apportée le 15 septembre, ayant été recouverte d'une terre légèrement humide, fut réduite en poussière le {°° octobre. A cette époque, je la fis mélanger très-exactement avec la terre qui la couvrait et celle environnante, et je la fis répandre à la pelle et le plus également qu'il fut possible. Sur la seconde partie de mon champ, je ne mis rien, et sur la troisième, je voulus faire l'essai de la chaux NOVEMBRE. 269 ayant servi à l’épuration du gaz d'éclairage. On sait que cette chaux est généralement, et particulièrement au Puy, abandonnée comme hors de service. J'ai pensé que si, par divers essais, je parvenais à trouver le moyen de l’utili- ser en agriculture, je pourrais faciliter le chaulage des terres en diminuant la dépense. Avant de l’employer, j'ai cru devoir la soumettre à l'analyse, et voici le résultat obtenu par M, Joyeux. « La chaux de l'usine à gaz contient, dit M. Joyeux, une si grande quantité d'acide carbonique qu'on pourrait la désigner sous le nom de bi ou tri-carbonate de chaux. « Voulant la débarrasser de cet acide ainsi que de l’acide hydrosulfurique qu'elle contient, pour la rendre propre à faire du mortier où au chaulage des terres, j'en ai mis 100 grammes dans un creuset de Hesse que j'ai exposé à un feu ardent porté au rouge cerise pendant l’espace de quatre heures. Ayant laissé refroidir et en ayant mis une portion dans une capsule de porcelaine, j'ai versé dessus quelques gouttes d'acide azotique, qui a produit une effervescence vive avec bouillonnement occasionné par le dégagement de l'acide carbonique. « Ce résultat m'a prouvé qu'il était impossible de priver, par les procédés ordinaires, cette chaux de son acide carbonique, et de la rendre propre à la fabrication des mortiers à bâtir. Mais on pourrait l'essayer pour le chaulage des terres, en observant toutefois d'en réduire la proportion à raison de la présence de l'acide hydrosul- furique qu'elle contient, et qui serait nuisible à la végé- tation. » J'ai donc fait déposer en petits tas, sur une troisième partie de mon champ d'expériences, de la chaux en : 270 RÉSUMÉ DES SÉANCES. poussière provenant de l’usine à gaz du Puy. Je la laissai quinze jours exposée à l'air, par un temps sec, pour faire évaporer l'odeur infecte qu'elle répandait, et qui était le produit de la présence de l'acide hydrosulfu- rique dans cette chaux. Après ce temps, je la fis répandre à la pelle comme la chaux ordinaire. Le chaulage des deux parties de ma terre a été fait à raison de 100 hectolitres à l’hectare. Le lendemain de l'étendage de la chaux, je fis semer du froment, et je recouvris le tout par un labour super- ficiel. Tels sont les essais de chaulage auxquels je me suis livré et que je compte suivre avec toute l'attention et les soins désirables. Siles premiers résultats sont favorables, je les continuerai; s'ils laissaient quelque chose à désirer, j'en modifierais les conditions. Dans tous les cas, je m'im- poserai le devoir de faire connaître le résultat de mes ex- périences à la Société d'agriculture, et, par son intermé- diaire, aux agriculteurs de tout notre département, qui, je l'espère, trouveront un jour, dans l'emploi rationnel du calcaire pour l'amélioration de leurs terres, une source de richesse qu'ils ont laissée trop longtemps dans l'oubli. M. Calemard de Lafayette père dit que, dans l’ori- gine de l'établissement du gaz, on vendait la chaux qui provenait de cette usine, mais que les agricul- teurs paraissent avoir renoncé à l’employer, car on en entasse des quantités considérables sur les bords de la rivière de Borne. M. Aymard répond que de bons agriculteurs de la ee NOVEMBRE. 271 commune de Vals en ont fait divers essais et qu’ils obtiennent des résultats satisfaisants. M. Ch. C. de Lafayette a employé les chaux du gaz comme excipient à des matières fécales. I] a con- staté d'excellents résultats, mais il ne peut pas aflir- mer qu’ils soient dus, en partie, à la chaux. M. Jacques Blanquet, propriétaire à Brives-Cha- rensac, présente une tige de pommes de terre qui porte vingt gros tubereules, comme spécimen d’une récolte extraordinaire qu’il a obtenue par une cul- ture bien entendue. Cette communication est accompagnée d’un certi- ficat du maire de la commune. Renvoi à la commission des primes. M. le Président rend compte de l’emploi de la ma- chine à battre, laquelle # continué de fonctionner avec succès à la ferme-école et chez divers particu- liers. Quelques dégâts qui avaient été faits aux roues d’engrenage ont été promptement réparés. Plusieurs personnes qui ont assisté au battage par ce nouveau procédé ont témoigné l'intention de se munir de semblables machines. Il est donné communication du rapport suivant sur l'inoculation des bêtes bovines, employée comme pré- servalif de la péripneumonie contagieuse par M. le docteur Olivier, membre correspondant, à Paulha- guet : 272 RÉSUMÉ DES SÉANCES. MESSIEURS, Il y a déjà plus d'un an, c'était au mois de novem- bre 1852, j'avais l'honneur , dans une réunion du comice agricole, de lire à mes collègues une notice sur la périp- neumonie exsudative des bêtes à cornes. Je disais que, suivant les principes du docteur Wilhems, j'avais inoculé à Alleret, le 29 octobre 1852, 29 bêtes, et qu'à dater de ce jour, la maladie, si terrible jusqu'alors, avait été com- plètement arrêtée ; je terminais cette notice en exprimant le désir de voir nos vétérinaires renouveler ces intér.s- santes expériences, les engageant à publier les résultats de leurs observations, afin de savoir si nos espérances de- vaient être confirmées ou détruites. Ces nouvelles expériences, le hasard a voulu que ce fùt encore votre collègue qui fût appelé à les faire et sur le même théâtre ; voici dans quelles circonstances. M. de Ruolz, complètement rassuré sur l'état des étables d’Alleret, avait fait de nouvelles acquisitions et rassemblé dans une même écurie , située au milieu de ses prés, 28 grosses têtes de bétail, toutes destinées à l’engrais. Dans les derniers jours de mai, il compléta ses acquisi- tions à la foire de Craponne, d'où il ramena deux vaches, ne provenant pas du même vendeur. Sa confiance était tellement grande qu'il négligea de leur faire subir la qua- rantaine de précaution, et donna l’ordre de les placer à côté des autres ; e’était le 30 mai. Deux ou trois jours plus tard , l’une des deux vaches parait malade, le vacher en avertit son maitre, qui ordonne aussitôt qu'elle soit sé- questrée; trois jours apres, le 6 juin, elle succombait. M. de Ruolz a l’obligeance de me faire prévenir ; nous procédons à l'auptosie ; il fut évident, non-seulement pour NOVEMBRE. 273 moi, mais pour les personnes qui étaient présentes, qu'elle offrait tous les caractères de cette funeste maladie ; mais, de plus, il y avait complication d'hydrothorax; la cavité de la plèvre contenait environ huit litres de sérosité. Devions-nous inoculer immédiatement les autres ani- maux ? Je le pense. Nous agimes cependant différemment ; l'animal avait passé si peu de temps au milieu des autres; d’ailleurs tous paraissaient bien portants; nous nous dé- cidämes à attendre, et par précaution nous remplimes de virus un petit flacon que nous fermämes hermétiquement, en ordonnant de le déposer à la cave. Les choses en étaient là, lorsque, le 20 juin, je me rendis à Alleret. « Nous n'avons rien de nouveau, dit M. de Ruolz, mais nous allons nous promener, nous verrons les bêtes à l’engrais.» Nous les examinâmes toutes les unes après les autres; leur état sanitaire nous parut excellent, une seule fut jugée suspecte ; j'en fis l’obser- vation à M. de Ruolz; il interpella son bouvier, qui lui répondit qu'en effet elle était un peu triste, mais que c'était son habitude. L’auscultation et la percussion ne fournirent rien à mon diagnostic; la toux si caractéristique manquait également. Cependant, par prudence, j'ordonnai qu'elle fut mise à l'écart, tant elle me paraissait suspecte; c'était du reste la seconde vache arrivée de Craponne en compagnie de celle qui avait succombé. Dans la prévision de nouveaux accidents, nous nous empressämes d'écrire à M. Wilhems, le priant de nous mettre au courant de ce qui avait été fait depuis un an, et surtout de nous dire S'il croyait que le virus, conservé pendant quinze jours et par de grandes chaleurs, pût être employé avec avantage. TOME XIX. 18 274 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Sur ces entrefaites, l'état de la vache suspecte empira avec une rapidité effrayante; elle succomba le 4° jour de sa séquestration, le 2% juin. A l’autopsie, nous trouvà- mes le tiers antérieur du poumon gauche complètement hépatisé; la situation de la portion malade, cachée en grande partie sous l'épaule, nous donna l'explication de l'absence de deux symptômes qui existent presque loujours dans cette maladie, je veux parler de la matité à la per- eussion et de l’absence du bruit respiratoire à l’auseulta- tion dans la portion du poumon infecté. Après cette seconde perte, nous n’hésitämes plus; il fut décidé que tous les animaux qui étaient à Alleret seraïent inoculés; nous n’en exceptons que ceux qui, l'année au- paravant, avaient eu la maladie ou avaient déjà été opérés. Je me mis aussitôt à l'œuvre, 21 bêtes furent par moi inoculées à l'extrémité inférieure et interne de la queue, à 4 ou 5 pouces du toupillon; je leur fis deux piqüres, dis- tantes de deux pouces environ. Fatigué par l'excessive chaleur et par les mouvements auxquels se livraient les animaux , je donnai ma flamme au maréchal, jeune homme intelligent, qui m'avait également servi d'aide l’année précédente. Il continua en mon absence, et ino- cula ce même jour ou le lendemain un égal nombre , en tout 42. Voici les résultats obtenus : 1° 20 bêtes n'ont pas eu la moindre indisposition appa- rente, la petite plaie s’est cicatrisée comme si elle avait été le résultat d’un instrument non chargé de virus. (Tous les veaux, au nombre de sept, sont compris dans cette ca- tégorie) ; 29 15 ont présenté une légère inflammation toute locale, rex NOVEMBRE. 275 et avec formation d'une croûte du volume d’un pois, et sans que la santé générale ait paru s’en ressentir; l'appétit était resté le même ; 3° 5 présentèrent les symptômes d’une inflammation locale très-violente; et, de plus, il y avait fièvre , abatte- ment, perte de l'appétit; la gangrène s’empara des bou- tons d'inoculation, et gagna plus ou moins rapidement le quart , la moitié, les trois quarts de l’appendice caudal ; des fomentations, d'abord émollientes pendant la première période de l’inflammation ; plus tard, lorsque la gangrène se manifesta, des lotions avec une décoction d’écorce de chêne, puis enfin de profondes scarifications avec l'instru- ment tranchant, tout cela n’empêcha pas que deux des ani- maux de cette catégorie, un bœuf et une vache, ne per- dissent la moitié de la queue ; h° Une vache a présenté des symptômes encore plus alarmants : la gangrène, après avoir envahi successive- ment la queue en entier, s’est emparée de tout le tissu cellulaire qui environne l'anus et la vulve ; la tuméfaction était extrême, la défécation très-difhicile ; toute la croupe se tuméfia, devint violette, la bête ne mangeait plus, ne ruminait plus, enfin paraissait vouée à une mort certaine ; cependant les parties frappées de gangrène ont été élimi- nées , la queue s’est détachée en totalité , la portion gan- grenée autour de l’anus et des parties génitales en a fait autant, et il n’est plus resté qu'un cloaque qui aurait pu recevoir la tête d’un veau de naissance. 5 mois ont été né- cessaires pour la cicatrisation de cette horrible plaie ; et aujourd'hui {2 janvier, cet animal est parfaitement écourté, mais guéri ; il prend graisse et ne tardera pas à être livré à la boucherie ; 276 RÉSUMÉ DES SÉANCES. 5° Enfin, le dernier animal dont j'ai à vous parler, est un bœuf qui, # jours après avoir été inoculé, nous à paru malade et n’a pas tardé à présenter tous les signes de la péripneumonie exsudative. Comme il était en bon état de graisse, il a été abattu pour la nourriture des ouvriers ; l'état du poumon a pleinement confirmé le diagnostic qui avait été porté; il était très - gravement atteint et aurait probablement suecombé. Des faits que je viens de signaler, il résulte pour moi, Messieurs, que l’inoculation pratiquée assez tôt, c'est-à- dire lorsque l'animal ne porte pas en lui le germe de l'in- fection , est un moyen presque assuré de préservation. L'incrédule Joseph (cette cheville ouvrière d’Alleret) a été foreé de dire « que puisqu'il l'avait vu deux fois, il fallait qu'il y crût, » et il est devenu un des plus grands partisans de l’inoeulation ; j'ajouterai que je regarde comme très - important de pratiquer l’inoculation à la queue et aussi bas que possible, de ne faire qu'une légère piqûre en lui donnant une direction transversale, enfin de n’employer qu'une minime quantité de virus (une goutte). Les animaux qui ont le plus souffert à Alleret ont pres- que tous été inoculés par le maréchal, qui, peu habitué à manier la lancette , a dû la faire pénétrer trop profondé- ment. Ceux qui ont perdu la queue avaient été opérés à son tiers supérieur. M. Mazis, artiste vétérinaire du Gouvernement à Has- selt (Belgique), ayant voulu inoculer 30 bêtes au fanon en a perdu {#; toutes les autres ont souffert horriblement. Un autre vétérinaire , dont le nom ne me revient pas, ayant voulu , à la ferme de la Trappe, inoculer les ani- he NOVEMBRE. 277 maux en leur faisant de larges incisions transversales à l'origine de la queue et en y versant du virus contenu dans une fiole, en a également perdu un grand nombre. S'il n'est pas indispensable, il sera très-prudent de réinoculer toutes bêtes sur lesquelles l’inoculation n’aura produit aucun effet local consécutif, appréciable à la vue ou du moins au toucher. Une chose bien digne de re- marque , c'est que les animaux qui, en Belgique, ont succombé à l'inoculation, avaient les poumons à l’état normal : il n’y a pas eu péripneumonie , mais bien infection par suite de l'absorption du virus ou de la sanie. Le docteur Wilhems se livre en ce moment, dans les étables de son père, à la solution d’une question très-importante , à savoir si le virus secondaire a Îles mêmes vertus préservatrices que le virus primitif. Les diverses expériences qu'il a déjà faites lui font espérer qu'il en sera ainsi; le temps seul pourra donner une sanc- tion définitive; moi - même, Messieurs, je me propose de répéter ces expériences aussitôt que l’occasion s’en pré- sentera, et je serai heureux de vous transmettre plus tard les résultats de mes recherches à ce sujet. Je pense , Messieurs, que ceux d’entre vous qui n'ont pas eu occasion de lire les rapports très-remarquables des commissions belges et hollandaises sur ce sujet, ne seront pas fâchés d'en connaître au moins les conclusions; les voici : Conclusions du rapport de la commission belge. « L'inoculation avec le liquide extrait d’un poumon » hépatisé par suite de la péripneumonie exsudative n’est 278 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » » » » » » » pas un préservatif absolu contre cette maladie. Quant au point de savoir si l'inoculation possède réelle- ment une vertu préservatrice , et, dans ce cas, dans quelle proportion et pour quelle durée elle conserve limmunité aux animaux qui l'ont subie, cette question ne pourra, dit-elle, être résolue que par des recherches ultérieures. Conclusion du rapport de la commission hollandaise. » Nos expériences fournissent la preuve remarquable, dit-elle, que l’on ne saurait dénier à l’inoculation un pouvoir, du moins temporaire, de garantir contre la contagion de la péripneumonie ; il reste néanmoins in- certain jusqu'à quel point la prédisposition à contracter cette maladie se perd ou totalement ou pour un temps limité, 11 faudra , d’après la nature même de la ques- tion, bien du temps avant que l’on parvienne à lui don- ner une solution positive ; elle n’hésite pas, se basant sur son expérience, à recommander à inoculer avec les précautions nécessaires, partout où la péripneumonie se montre ou dans un troupeau ou dans le voisinage. » Tel est en ce moment, Messieurs, l’état de cette question dont la solution est si importante pour l’agriculture; j'i- L> gnore si la commission nommée par notre Ministre de l'intérieur a publié son rapport; tout ce que je sais, c’est que Son Excellence a accusé réception, à M. le Président de la Société d'agriculture du Puy, du premier rapport que vous avez bien voulu faire distribuer l'an passé. M. Martel est prié de soumettre ce travail à la com- NOVEMBRE. 275$ mission instituée par M. le Préfet pour étudier ce nouveau système de médication. Jannixs Purcics. — M. le Président lit des extraits d’un excellent mémoire qui a été publié dans les ‘Annales de la Société académique de Douai’, et qui est relatif à la création d’un jardin des plantes dans celte ville, avec le concours de cette Association. M. de Brive dit que le nombre des jardins publics, en France, s’aceroit chaque année par l’active initiative des Sociétés d'agriculture, intelligemment secondée par les autorités municipales, et que ces exemples prouvent de plus en plus combien est puissamment motivé le vœu de notre Société pour l’organisation, dans notre ville, d’un semblable établissement. Economie pugLique. — M. le Président donne com- munication de la lettre suivante qu’il se propose d'adresser à M. le Maire : « Monsieur le Maire, » Je viens appeler votre attention sur une question » grave en elle-même, et qui acquiert une bien plus » grande importance par les hauts prix qu'ont atteint, » cette année, dans notre département, les premiers » éléments de l'alimentation publique. » Celui de vos prédécesseurs qui enleva à tout un » quartier de la ville le monopole du marché aux » grains, dut avoir un autre but que celui de rendre 9 _ » » » » 80 RÉSUMÉ DES SÉANCES, à la circulation une rue encombrée pendant quel- ques heures de la semaine. Cette entreprise futsur- tout approuvée par l'autorité supérieure et par la majorité de la population, parce qu’elles erurent y voir sans doute le projet de soumettre à une surveillance plus facile des transactions qui tou- chent aux plus graves intérêts. On pensa que par l'établissement d’une halle, en fixant un droit d’ex- position, qui, jusqu'alors, était resté presque arbi- traire, et en donnant le moyen d'opérer le mesurage sous la surveillance de l'autorité, on appellerait sur ce marché tous les producteurs et on arriverait ainsi, par la concurrence, à obtenir des mercuriales équilibrées avec celles des marchés voisins. » Ce résultat a-t-il été obtenu? Le prix si excep- tionnellement élevé que conservent les céréales sur nos marchés répond assez qu’il n’en est rien. » L'une des principales causes de cette situation, qui se représente toutes les années, me parait se trouver dans l'absence de garantie des marchés faits sur la halle. La vente des grains qui y sont déposés y a bien lieu, mais le mesurage se fait, comme avant, chez l’acheteur. Là se retrouvent tous les inconvénients qui existaient lors de la vente chez les grainetiers de la rue Pannessae : les planchers mobiles, les mesures secrètes, les ra- soires rondes ou coneaves, ete., enfin, le défaut de cette surveillance de autorité, qui doit garantir le NOVEMBRE. 281 vendeur comme l'acheteur contre toute fraude. De là l’éloignement de tous les gros propriétaires, qui ne portent pas leurs grains à la halle et ven- dent en dehors du marché publie le produit de leurs récoltes ; de là le défaut de concurrence, de là le prix surélevé des grains. » Le moyen d’appeler à la halle tous les vendeurs, c’est de leur offrir toutes les garanties auxquelles ils ont droit, d'assurer la bonne foi de leurs trans- actions, en obligeant tous les acheteurs au mesu- rage publie, au mesurage par les mains des préposés de l’autorité. » On a dit jusqu’à ce jour que les moyens man- quaient pour rendre obligatoire le mesurage pu- blie. La loi qui permet de contraindre le vendeur à porter sa marchandise sur le marché, ne per- mettrait-elle pas de forcer l'acheteur à y faire le mesurage ? La difficulté résulterait-elle de l’impos- sibilité de suivre tous les acheteurs et de s’assurer qu'ils mesurent chez eux? Mais ces impossibilités apparentes se présentent toutes les fois qu’une innovation dans des règlements contrarie quelques intéressés. Elles s'évanouissent toutes les fois que l'autorité, avec de la persistance et les nombreux agents dont elle dispose, parvient à faire constater les contraventions. Elle les fait punir et tout rentre dans l’ordre. » D'ailleurs, le mesurage publie a lieu sur presque 2 5 » 82 RÉSUMÉ DES SÉANCES. tous les marchés de France, et notamment à Cler- mont, Saint-Etienne, etc. » Le mesurage sous la surveillance de l'autorité est trop une mesure d'intérêt général pour qu'elle n’obtienne pas immédiatement l'approbation de toute notre population. Dans les circonstances ac- tuelles elle serait un bienfait publie. » Si vous partagiez cette opinion, Monsieur le Maire, et si vous croyez devoir compléter l’établis- sement de la halle aux grains en rendant obliga- toire le mesurage public, je me féliciterais d’avoir appelé votre attention sur un objet qui me parait si digne de votre intérêt et été la eause d’une me- sure dont les conséquences doivent être si utiles à la ville du Puy et à l’agriculture. » Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l'assurance de ma haute considération. » Le Président de la Société d’agri- » culture de la Haute-Loire, » À. DE BRIVE. » L'Assemblée approuve la proposition de M. de Brive et exprime le vœu que l'administration muni- cipale veuille bien agréer favorablement les observa- tions qui sont consignées dans la lettre dont il vient d’être fait lecture. Il est ensuite donné connaissance de la lettre NOVEMBRE. 283 suivante de M. le Président de la Société d’agricul- ture de Grenoble. Elle est relative aux boulangeries perfectionnées. « Monsieur le Président, » Je m’empresse de répondre à votre lettre du 15 courant, qui m'est parvenue hier seulement. Vous ne devez pas douter que je ne sois heureux de pouvoir vous être utile dans les renseignements ou les démarches que vous pourrez me demander. » Il ya plus d’un an qu’une boulangerie perfec- tionnée a été établie à Grenoble. Cet établissement est d’un immense avantage. Le pain qui en sort est fort bien confectionné, bien pétri, bien propre, meilleur et meilleur marché. Le pain de seconde qualité équivaut presque au pain de boulanger première qualité, et le pain de première qualité ressemble à de la brioche. On donne le poids, car on pèse le pain ; nos boulangers ne pèsent jamais les gâteaux de deux livres ou de quatre livres, pre- mier avantage, et sur le kilogramme on donne deux centimes et demi meilleur ma:ché. On porte à domicile le pain de cette boulangerie. » Il n’y a pas à hésiter, et vous pouvez encourager cet établissement fort important, sans avoir la plus légère appréhension, pourvu que l’on vous prouve que celui qui veut l'établir chez vous est bien celui qui a fondé la boulangerie perfectionnée de notre ville. Après les nombreux avantages que donne ce mode nouveau, une seule chose est pour moi 28% RÉSUMÉ DES SÉANCES, » inexplicable, c'est que l’on se serve encore de » l’ancien système. Celui qui a établi ici cette » boulangerie a revendu son établissement avec » profit; l'acquéreur fera certainement de bonnes » affaires. » L'opinion sur l'excellent système Rolland est ici » sans contradieteur. » Agréez, je vous prie, Monsieur, l’assurance de » mes sentiments les plus distingués. » Le Président de la Société d’agri- » culture de Grenoble, » PAGANON. » L'Assemblée, après en avoir délibéré, recommarde à la commission des primes l'institution d’un prix pour introduction, dans le département, de boulan- geries mécaniques. Inpusrrie — M. Th. Gueyflier, de Brioude, éerit pour solliciter le patronage de la Société en faveur de deux découvertes qui lui sont dues. il rappelle que depuis longtemps il a inventé la fabrication à la mécanique, des filets de pêche, dans l'espérance d'obtenir une prime qui avait été instituée, pour cet objet, par l'empereur Napoléon [°. Il ajoute que de- puis longtemps il a soumis un échantillon de ce genre de filets à la Société, qui a récompensé cette importante découverte en lui décernant une mé- daille. NOVEMBRE. 285 Depuis lors, en 1855, il a présenté des échantillons de ces filets à la Société d'encouragement de Paris ; mais il parait qu'il ne fut pas donné suite à cette communication. En 1846, M. Gueyflier soumettait de nouveau son invention à la même Société, à l'effet de concourir pour un prix de 5,000 francs qui avait été proposé. Il lui fut répondu alors que lé- chantillon des filets et la médaille qu'il avait ob- tenue ne suflisaient pas. Il était, en outre, nécessaire d'examiner le métier. L’inventeur s’empressa de sou- mettre un petit modèle à l'appréciation d’une com- mission qui avait été nommée par cette Société. Le rapporteur lui aurait exprimé l’opinion que le pro- blème était résolu, mais que le rapport aurait pour effet de faire tomber sa découverte dans le domaine publie. Le seul moyen d'éviter cet inconvénient était de prendre au préalable un brevet d'invention. Par suite de diverses circonstances, M. Gueyflier négligea la demande du brevet et le rapport n’eut pas lieu. Aujourd’hui M. Gueyflier serait disposé à présen- ter un modèle du métier à l'Exposition universelle, ainsi qu'un modèle d’une voiture mécanique qu'il soumet à la Société. L'Assemblée renvoie à l'examen d’une commission, composée de MM. de Brive et Aymard, ce dernier mécanisme et recommande l'invention des filets de pèche à l'attention du comité déparmental pour l'Exposition universelle. 286 RÉSUMÉ DES SÉANCES. SCIENCES HISTORIQUES. — À l’occasion de la récep- tion des ‘Bulletins du Comité de la langue et des monuments”, M. le Président demande s’il ne serait pas à propos de confier à ce Comité la publication des manuscrits historiques de la ville du Puy que nous ont laissés Médicis, Burel et Jacmon. Cette question soulève un débat auquel prennent part MM. Aymard, Ch. C. de Lafayette et Borie. Ces membres s'accordent à reconnaitre qu'il serait utile pour les investigations historiques, d’avoir des copies bien lisibles de ces documents. Mais on fait observer qu'ils sont d’une importance très-secondaire au point de vue de l’histoire générale, et qu’ils inté- ressent surtout l’histoire de la localité. Ils forment sept ou huit gros volumes in-quarto dont la publica- tion serait très-dispendieuse. On obtiendrait des co- pies à peu de frais, et provisoirement, au moins, il serait plus facile de les compulser. Après cette délibération, il est arrêté que le conseil d'administration sera appelé à statuer sur les dé- penses que pourront nécessiter les copies de ces ma- nuscrits, et à les faire exécuter pour être easuite communiquées, s’il y a lieu, au Comité de la langue. ARcHÉOLOGE. — M. le Président signale la dernière livraison des ‘ Annales archéologiques” publiées par M. Didron ainé, qui renferme un mémoire sur une curieuse église du moyen-âge située dans l’une des hautes vallées des Pyrénées-Orientales. NOVEMBRE. 287 L'église de Planès est un petit édifice dont le tracé géométral comporte un plan triangulaire, avec une abside hémi-circulaire sur chacun des côtés du triangle. On n’est pas d'accord sur lorigine de ce singulier monument. M. Didron pense que, dans le principe, ce fut bien « une église et non une mosquée, une église ou chapelle romane et non une construc- tion arabe, » comme on a pu le supposer. Cette construction inusitée donne occasion à M. Di- dron de rappeler les formes circulaires, polygonales ete.,qu’affectent en France diverses petites églises qui, toutes, lui paraissent appartenir à une même famille de monuments religieux. De ce nombre est celle de Saint-Clair, à Aiguilhe, près le Puy. « Toutes ces petites églises, dit-il, Sainte-Croix, Saint-Tiburn, le Chambon, le plan de l’Aiguilhe et celles qu’on nomme sépulcre ou temple et bien d’au- tres encore, sont des plus intéressantes à étudier, des plus faciles à reproduire. Presque toutes, affectées autrefois à des usages funèbres, presque toutes cha- pelles mortuaires, elles pourraient être multipliées aujourd'hui pour une semblable destination. » Monuments. — À l’occasion d’une souscription or- ganisée à Poitiers pour l'érection d’une statue en l'honneur de Pierre l'Hermite, dont la Société a reçu ? ; le programme, M. le Président rappelle le rôle hé- o , roïque qui fut dévolu à Aymar de Monteil, évèque du Puy et légat du pape à la première croisade. 288 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Il émet l'opinion qu’il pourrait y avoir lieu à Pérec- tion, dans notre ville, d’un monument en mémoire de cet illustre prélat. L'Assemblée s'associe à cette heureuse pensée et prie M. le Président d’en préparer la réalisation. Ossers D’apminisrrATION. — M. le Président informe l’Assemblée que le Conseil général, conformément aux vœux de la Société, a voté, en faveur de la Compagnie, les allocations qui lui avaient été de- mandées. Ces allocations sont l’objet d’un vote de vifs remer- ciments. Orriciers pe La Société. — M. le docteur Porral in- forme l’Assemblée qu’il ne lui est pas possible de continuer les fonctions de vice-président de la So- ciété et la prie de vouloir bien agréer sa démission. L'Assemblée témoigne à M. Porral les regrets que lui inspire cette résolution et déeide qu’il sera pro- cédé à l'élection d’un vice-président à la prochaine séance de la Société. Deuanpes p’apmission. — MM. Dugaray ainé et Ernest Richond, propriétaires au Puy, sollicitent le titre de membre résidant et envoient des mémoires à l'appui de leurs demandes. Sont nommés commissaires : 1° MM. Ch. C. de Lafayette, Chouvon et Dumontat; 2 MM. Giron, Souteyran et Marthory. NOVEMBRE. 289 M. Henri Doniol, de Barlière, écrit pour solliciter le titre de membre non résidant. Le mémoire qu'il a adressé à l’appui de cette de- mande, est renvoyé à une commission composée de MM. Aymard, Sauzet et Bretagne. M. l'abbé Blanchard, curé à Lavoüte-sur-Loire, écrit également pour demander le titre de membre correspondant. M. le Président et d’autres membres signalent di- verses améliorations agricoles qui recommandent ec candidat à l'intérêt de la Société. Il est ensuite procédé au scrutin, et le récipien- daire ayant obtenu l'unanimité des voix, est nommé membre correspondant. À huit heures, la séance est levée. TOME XIX. 19 Sjephez tee PA ee CES PS Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus — Changements à opé- rer dans la toiture de la grande salle du Musée; vœu émis par la Société. — Statue en marbre représentant une bacchante, par M. Cu- bizoles, acquise par l'Empereur, et demandée pour le Musée par M. le Préfet ; communication de M. Aymard. — Ancienne {apis- serie, de la Renaissance, aux armes de Polignac; acquisition de cet objet. — Portrait peint du maréchal de Vaux; offre faite par M. Emile Giraud d'en exécuter une copie pour le Musée. — Dons d’une pierre sculptée avec écusson armorié, par M. l'abbé Michel, rt d'empreintes végétales du terrain houiller de Bouzhors, par M. Poyet, ingénieur des mines. — Subvention ministérielle pour le drainage; emploi des fonds par la Société ; lettre de M. le Préfet, — Concours de la race chevaline ; rédaction du programme; lettre de M. le Ministre de l’agriculture. — Mission piscicole de M. Rémy fils, dans Ja Haute-Loire; communication de M. de PEgnilhe. — — Ladrerie des pores ; rapport de M. Gire; observations de divers membres. — Maladies du pécher ; communication de M. le Prési- dent ; observations de M. Lobeyrac. — Anciennes maisons hospita- hères dites Aumônes ou Charités, dans la ville du Puy; notice par M. Aymard ; communication et insertion au proces-verbal d’an- ciens documents relatifs à ces institutions. — Inscription gallo-ro_ maine portant le nom d’un chef gaulois, et trouvée au Puy; ob. servations de MAL. de Brive, Bretagne et Aymard. — Notice sur les eaux de Néris, par M. Richond des Brus ; communication faite par ce membre. — Demande d'admission comme membre non ré- sidant, par M. Comarmond, de Lyon; commission nommée. — Rapports par MM. Ch. C. de Lafayette, Giron et Aymard sur les candidatures de MM. Florimond Dugaray, Ernest Richond et Henri Doniol ; admissions. DÉCEMBRE. 291 Présidence de M. de Brive. A trois heures, la séance est ouverte. OuvrAGEs REÇUS. — Après la lecture et l'approbation du procès-verbal, M. le Président énumère les ou- vrages reçus. Les mémoires sur lesquels il appelle l’attention particulière de l'Assemblée sont relatifs à la gélatine, à la colle-forte employées en mélange avec l’eau pour l’arrosage des plantes, à la maladie de la vigne, à la pleuropneumonie des bêtes bovines, etc. M. le Préfet a envoyé plusieurs numéros du ‘Re- eueil des aetes administratifs du département’, qui sont l’objet des remerciments de l'Assemblée. Musée. — M. le Président lit une lettre par laquelle M. Pradier, architecte, annonce que la salle des den- telles sera terminée prochainement. La galerie correspondante est également en voie de construction et sera bientôt achevée. M. le Président fait observer , à cette occasion, que la toiture de la grande galerie des tableaux laisse pénétrer les eaux de pluie dans la salle, au détri- ment des collections. Le système de couverture en tuiles est défectueux, et, d’après l'expérience heu- reuse de la toiture en zine qui vient d’être faite pour la salle de M. Falcon, il pense qu'il y aurait lieu d'adopter le même système à l'égard de la toiture de 292 RÉSUMÉ DES SÉANCES. la galerie principale. D'un autre côté, les ouvertures latérales qui l’éclairent, donnent une lumière peu favorable aux tableaux; on pourrait les remplacer avec avantage par des claires-vues établies au plafond et à la toiture. Ces modifications , qui ne comporte- raient pas des réparations bien dispendieuses , contri- bucraient beaucoup à l'embellissement du Musée. M. de Brive ajoute que la mairie, toujours animée d’un sentiment de vive sollicitude en faveur du Musée, a bien voulu approuver ces projets et se propose de les réaliser. L'Assemblée accueille cette communication avec le plus grand intérêt et déclare qu’elle serait très-re- connaissante à l'administration municipale, s’il lui était possible d'effectuer ces importantes réparations. M. le Président annonce que M. le Préfet ayant été informé par M. Aymard que S. M. l'Empereur venait d'acheter une statue en marbre exécutée par notre compatriote M. Cubizoles, s’est empressé, dans un récent voyage à Paris, de solliciter, pour le Musée, l'obtention de ectte œuvre d’art qui représente une bacchante. M. de Nieuwerkerke, directeur général des Musées impériaux, à qui M. le Préfet avait écrit à ce sujet, a bien voulu lui répondre immédiatement qu'il se fera l'interprète des vœux de la Société auprès de l'Empereur, et qu'ils’empressera de lui communiquer la décision de S. M. DÉCEMBRE. 293 L'Assemblée exprime à M. le Préfet toute sa recon- naissance pour celte nouvelle et précieuse marque d'intérêt en faveur du Musce. M. de Brive présente une tapisserie, de l’époque de la Renaissance, sur liquelle est figurée la Mise au tombeau. Elle porte, dans une riche bordure, des éeussons aux armes de la maison de Polignac. M. le Président consulte l’Assemblée sur la ques- tion de savoir si cette œuvre d’art est digne de prendre place dans les collections du Musée et s’il y a lieu d’en faire l’acquisition. MM. Vibert, Bretagne et Aymard signalent l'intérêt historique et artistique de cette tapisserie. Le sujet offre dans sa composition, dans le dessin des per- sonnages et l'entente des couleurs, des qualités esti- mables. Conformément à ces observations , M. le Président PES est autorisé à faire cette acquisition. M. le Président communique une belle peinture qui représente le portrait du maréchal de Vaux. Elle fut exécutée à Besançon, à l'époque où M. le comte de Vaux qui y exerçait le commandement en chef re- eutavis de sa nomination à la dignité de maréchal de France. Ce tableau, légué par madame la mar- quise de Vauborel, fille du maréchal, appartient à M. le vicomte Régis de Vaux, qui a bien voulu le mettre à la disposition de la Société, d’après Pin- tention manifestée par notre confrère, M. Emile 29% RÉSUMÉ DES SÉANCES. Giraud, d’en exécuter gratuitement une copie pour la collection prytanéenne du Musée. M. Giraud s’empresse de renouveler la même offre à l’Assemblée qui l’accueille avec gratitude. M. Aymard fait hommage au Musée, au nom de M. l'abbé Michel, du Puy, d’un ancien écusson ar- morié, sculpté en pierre, qui provient de la maison de cet ecclésiastique , située rue Haute-Ville. Le même membre offre à la Société , de la part de M. Poyet, ingénieur des mines à Bouzhors (Haute- Loire), des empreintes végétales sur schiste houiller provenant de la carrière de la côte Chauca , près Brassac. Ces dons sont agréés avec remerciments. Acricuzrure. — M. le Président lit une lettre par laquelle M. le Préfet annonce que M. le Ministre de l’agriculture a ouvert, à titre de subvention, pour le drainage, dans la Haute-Loire, un erédit de 1,200 (re savoir : 500 fr. sur le présent exercice, et 900 fr. sur l'exercice 1855. La Société est priée de faire connaître si elle est en mesure d'employer, en temps utile, la somme affé- rente à l’exercice 1855. En conséquence, l’Assemblée est consultée sur l'emploi qu’elle voudra donner à ces fonds. M. de Brive dit que la Société pourvoira à la fabri- DÉCEMBRE. 295 cation et à la vente, avec réduction de prix, d’un plus grand nombre de drains qu’elle ne l'a fait pré- cédemment; mais il y aurait lieu aussi d'étendre le bienfait de cette importante amélioration aux deux autres arrondissements. À cet effet, M. le Préfet a témoigné le désir qu’il soit possible d'employer des fonds à l'acquisition d’une machine qui serait mise à la disposition du comice de Brioude. M. Ch. C. de Lafayette pense qu’on pourrait en- voyer au comice celle qui fonctionne au Puy et en acheter une autre d’un nouveau modèle qui serait expérimentée par la Société. M. Aymard est d'avis qu’une machine serait très- bien placée dans les mains du comice, dont la Société connait tout le zèle pour les progrès agricoles ; mais il faudrait auparavant s'assurer auprès du président de cette association, si elle aurait intention de mettre à profit la machine. $ Conformément à ces observations, M. le Président est autorisé à répondre à M. le Préfet, si le comice de Brioude lui en exprime le désir, qu’il sera accordé à celte association une somme de 400 franes pour l’acquisition d’une machine propre à fabriquer les drains. Il est ensuite donné lecture d’une lettre de M. le Préfet, relative à une dépêche de M. le Ministre de l’agriculture sur les concours de la race chevaline. M. le Ministre, après diverses considérations relatives 296 RÉSUMÉ DES SÉANCES. aux résultats du dernier concours, demande que la Société s’entende avee l'administration. des haras pour la rédaction du programme des primes. M. de l’Eguilhe est invité par M. le Président à donner des renseignements sur la mission de pisei- culture que le Gouvernement a donnée à M. Rémy fils dans le département de la Haute-Loire. Ce mem- bre dit que M. Rémy, qui est accompagné, dans cette mission, d’un autre pisciculteur, est encore dans le département, où il s'occupe activement de l'aecom- plissement de son mandat. Dès leur arrivée, M. de l’'Eguilhe a dirigé ces habiles expérimentateurs sur plusieurs points du département, en premier lieu au lac de Saint-Front où ils ont apporté une quantité considérable d'œufs. Ils y ont trouvé, en voie de bonne organisation l'établissement piscicole créé par M. de Causans, et n’y ont indiqué que des agencements d’une importance secondaire. Il y a aujourd'hui en- viron 60,000 œufs dans les bassins d’éclosion. M. Rémy s’est rendu ensuite dans l'arrondissement d’'Yssingeaux, chez M. de Mars, près de Tence, où il a été mis en rapport avec divers pisciculteurs. À Brioude, oùil s’est transporté également, M. Rémy a donné des explications intéressantes en présence du comice et du conseil municipal. Ia visité d’autres localités et laissé des instruc- tions à des pêcheurs int-Îligents qni ont promis de faire des essais de pisciculture. DÉCEMBRE. 267 Il est en ce moment: au lac d’Issarlès, où l’on a opéré des fécondations. Quant au lae du Bouchet, il l’a déjà visité et doit y retourner. C'est là que pourrait être organisé l’un de nos plus importants établissements piseicoles. Mais ee vaste lae appartient aux communes de Cayres et du Bouchet-Saint-Nicolas; on ne peut atten- dre d’elles aucuneinitiative. L'intervention active de l'autorité supérieure serait toute-puissante pour cette importante création. On empoissonnerait facilement le ae ; mais il faudrait aussi v exercer une surveillance incessante. M. le Préfet serait d'avis de faire des con- cessions temporaires de terrains autour du ae à une personne qui serait chargée de cette surveillance et de la direction de l’établissement piseicole. M. Rémy pe serait même pas éloigné d'accepter cet emploi. Il est certain que le poisson peut vivre dans les eaux de ee lae, puisqu'on y en détruit, tous les ans, une certaine quantité par l’empoisonnement. La sur- veillance ferait cesser cet abus. M. de Brive demande si les expériences ont été faites en présence de pêcheurs du pays. M. de l’'Eguilhe répond affirmativement ; il y a déjà plusieurs pécheurs qui connaissent très-bien les pro- cédés d’éclosion ; mais afin d'entretenir chez eux le gout de cette utile pratique, il y aurait lieu de leur accorder des primes. Au surplus, l’éclosion des œufs aura lieu très-pro- chainement à Saint-Front, probablement dans une 298 RÉSUMÉ DES SÉANCES. huitaine de jours, et on en connaitra bientôt les ré- sultats. Au Bouchet, l’amodiation des terres communales qui avoisinent le lac touche à son terme, et en les soumeltant au régime forestier, on atteindra le but, comme il a été dit à l’une des précédentes séances. M. Mandet soupconne que ce lac pourrait bien ne pas appartenir aux communes de Cayres et du Bou- chet ; il croit qu’il était une dépendance des domaines de l’abbaye de la Chaise-Dieu, et n'ayant pas été aliéné pendant la révolution, il aurait pu rester la propriété de l'Etat. L'Assemblée, prenant en considération les obser- vations qui précèdent, arrête que des primes seront insérées au programme en faveur des pécheurs et pisciculteurs de la Haute-Loire qui auront pratiqué les nouveaux procédés d’éclosion artificielle des œufs de poissons. Elle émet le vœu de la soumission au régime fo- restier des terrains qui entourent le lac du Bouchet, et prie M, Aymard de faire des recherches aux ar- chives du département sur la question de propriété du lac du Bouchet. M. le Président vent bien se charger, en outre, de porter à la connaissance de M. le Préfet la présente délibération. M. Gire lit le rapport suivant sur la ladrerie des pores, d'après un mémoire inséré dans les publica- tions de la Société d'agriculture de la Sarthe : DÉCEMBRE. 299 MESSIEURS, Ilest vraiment à regretter que, dans notre pays, le porc soit pour tous l’objet d'une abjection complète, alors que d'autres localités se sont créé, par son entretien et son amélioration, une source véritable de richesses. Le porc est l'aliment du pauvre par excellence, et de nos jours, où le problème de la vie à bon marché préoc- cupe les esprits sérieux, pareille question, ridicule en d'autres temps, revêt aujourd'hui un haut caractère d'ac- tualité. Le riche ne l’a pas toujours dédaignée : Louis XV, au milieu des splendeurs du trône, n'avait pas cru déro- ger en créant un emploi de jurés langueyeurs chargés de constater l’état sanitaire de cet animal. A la ferme, le porc est un auxiliaire indispensable ; il transforme en graisse, en viande, tout ce qui y devient un objet d'embarras ou d'insalubrité : s’il ne donne à la terre qu'un modeste fu- mier, en revanche il la préserve du parasitisme qui l’ef- frite ; en un mot, si revoir souvent son argent est le prin- cipe d'un bon commerce, assurément le trafic des suilliers doit être favorable, car nulle marchandise ne passe par plus de mains avant de recevoir sa destination. Or, rien de surprenant dans le vœu émis par la Société d'agriculture de la Sarthe : exelure de la reproduction les truies et les verrats affectés de ladrerie; encourager le croisement de la race indo-chinoise avec les races du pays; classer la ladrerie au nombre des vices rédhibitoires, trois propositions un peu surannées peut-être, el tendant à amener la disparition d’un vice bien connu, la ladrerie. Nous ne pouvons que nous ranger aux deux premières propositions, car nul de vous, Messieurs, ne doute de 300 RÉSUMÉ DES SÉANCES. l'hérédité de l'affection ladrique, etilest incontestable que l'importation de la race indo-chinoise n'ait réalisé, en Angleterre et même en France, d'heureuses améliorations tant sous le rapport de la précocité, de l’économie, de l'engraissement, de la finesse et du parfum de la viande, qu'au point de vue de l'immunité de la maladie dont on suppose cette race encore vierge. Ajoutons néanmoins que les métis, par le fait d'un reste d'ignobilité maternelle qui leur est inhérent, con- servent une tendance à la cachexie vermineuse qui se reproduirait infailliblement, si on n'apportait tous ses soins à exclure de la reproduction les femelles tarées et si l’on n’atténuait, par une meilleure entente des moyens de l’hygiène, les effets du principe morbifique. Si les races précieuses de Siam, du Berkshire, de Lincoln, ete., sont à l'épreuve du mal, c'est moins à leur orgtnisation spéciale qu'elles le doivent, qu'aux soins intelligents dont elles sont l’objet. Nul doute que les cloaques infeets qui, dans notre pays, servent de repaires au pore, que l'usage abusif d'une nour- riture uniforme, avariée, ne soient pour beaucoup dans l'évolution du germe morbide. Le froid, le manque d'air et d’eau est ce qui aflige le plus l'animal. Élevé à la cam- pagne, en plein air, nourri au grain, à la glandée, il con- tracte rarement la ladrerie : elle est fréquente aux portes de la ville qui ne peut laisser vaguer ses pores et qui n'a d'autres ressources pour les nourrir que les détritus du ménage. Dans de tellesconditions, le pore, rustique à l'extrême, vit, il s'engraisse même ; maisilest plutôt boursoufflé que gras : la viande pâlit, le lard se ramollit, la graisse se DÉCEMBRE. 301 résout en sérosite, les entozoaires se développent, se mul- tiplient ; la ladrerie est déclarée. M. le docteur Chapelle, auteur du travail remarquable qui a motivé les vœux de la Société d'agriculture de la Sarthe, donne comme signe diagnostique certain, la tu- méfaction du cou à sa partie supérieure, l’enflure des hanches et des épaules, tandisque la poitrine et les flancs, n'augmentant pas de volume, semblent effacés, comme aplatis. El est bon de tenir note de cette observation, car la ladrerie n’est pas toujours reconnaissable aux hydatides de la langue et du rebord palpébral. L'affection doit-elle étre considérée comme un vice rédhibitoire ? Pareille question fut posée au sein de la Chambre, lors de la discussion de la loi du 20 mai 1838 ?. Précédemment, dans plusieurs pays, notamment dans l'Ile- de-France, l’Orléanais, les usages et les coutumes lui avaienticonsacré ce principe auquel l'article 1641 du Code eivil vint plus tard donner encore plus de force. Il ressort du commentaire de la loi que, s'il est vrai que la ladrerie confirmée soit quelquefois un vice eaché, toujours héréditaire, doublement préjudiciable au point de vue de la production et de l'alimentation, il ne reste pas moins établi, au point de vue commercial, que l'af- feetion est le plus souvent reconnaissable; qu'à l’état latent, le préjudice est insignifiant, puisqu'alors la mala- die est légère etla viande salubre; que cette marchandise changeant d'acquéreur à chaque instant, ce serait engen- drer une foule de procès; que pour être conséquent, ! A cetle époque, les trois écoles vétérinaires et soixante-un dépar- Lements s'étaient prononcés pour l'aflirmative. 302 RÉSUMÉ DES SÉANCES. d'ailleurs, il faudrait appliquer le principe à des affec- tions analogues aux autres espèces, l'espèce ovine, par exemple; qu'en un mot, il y a lieu de rejeter le projet. La loi fut, en effet, repoussée à une grande majorité. Néanmoins, nous n’hésitons pas à admettre l'opinion de M. Chapelle, et nous reconnaissons avec lui que la ladrerie est un mal très-grave, incurable, qui déprécie la qualité de la viande, en empêche la conservation et qui demande, pour être connue, une habitude que n’a pas le commun des acheteurs. Mais si la loi, qui devait surtout avoir en vue la salu- brité de la principale nourriture de l'habitant des campa- gnes, nous fait défaut, il ne saurait en être de même des nouvelles instructions sur la surveillance des denrées ali- mentaires, instructions sévères dont une police vigilante, nous l'espérons, saura faire une heureuse application. Après celte lecture, M. le Président consulte la Société sur la question de savoir si la ladrerie des pores doit êire considérée comme un vice rédhibi- toire. M. Balme pense qu’il y aurait un intérêt publie à une solution aflirmative , mais que les vices rédhibi- toires s'entendent des vices cachés, tandis que la ladrerie est une maladie apparente. M. Ch. C. de Lafayette croit également qu’il y au- rait avantage au point de vue de notre pays ; il ajoute que la ladrerie ne se manifeste pas toujours par des indices maladifs parfaitement visibles. L’applica- tion du cas rédhibitoire à cette maladie osligerait les DÉCEMBRE. 303 éleveurs à donner plus de soins aux pores et à étudier avec plus d'attention les causes et les effets du mal. M. Gire croit qu’il n’y a pas d’inconvénient à ce que la Société se prononce sur la question : on cherche tous les jours à étendre le cercle des cas rédhibitoires ; pen- dant longtemps on n’a pas attaché autant d’impor- tance qu'on le fait aujourd’hui, à la surveillance des viandes de charcuterie. Les épidémies, le choléra, ele. , qui sévissent de nos jours, appellent sur ce point toute l'attention de la police et de l’adminis- tration. M. de Brive demande si, dans certains cas , on ne considère pas comme vices rédhibitoires des mala- dies apparentes. M. Gire répond qu'il y en a d’apparentes, telles que la pousse chez le cheval, auquelles les mêmes règle- ments sont appliqués. L'Assemblée s'occupe ensuite de la question de sa- voir si les pores doivent être abattus dans un lieu publie. M. Dugaray dit que, d’après un usage immémorial, on les abat, au Puy, dans les rues ou dans l’inté- rieur des maisons. M. Souteyran désirerait savoir si, en d'autres villes, les pores sont abattus au domicile des habitants ou dans des lieux publics. M. Balme eite la ville de Paris, qui possède un abattoir pour les pores. M. Aymard insiste sur la nécessité de surveiller la 304 RÉSUMÉ DES SÉANCES. viande de chareuterie; c’est une question très-impor- tante d'hygiène publique; car la ladrerie nuit beau- eoup à la qualité de cette viande; elle constitue aussi un vice héréditaire qu'il importerait d'exurper par tous les moyens possibles. D'un autre eûté, l'usage de saigner les pores dans les rues, en présence des passants eten plein jour, a quelque chose de révoltant qui répugne à nos mœurs. La coutume usitée au Puy, de les brûler ensuite avec de la paille, offre également des dangers d'incendie. Il y aurait done utilité, à tous les points de vue, d’avoir un abattoir pour les pores, comme on en a déjà reconnu l'utilité pour les bœufs et les moutons. M. Martel pense que ce serait aussi un moyen de constater l'existence d’autres maladies par le service d’inspeetion qui a lieu à l’abattoir. Ces considérations sont favorablement accueillies par l'Assemblée, qui prie M. Souteyran de vouloir bien les soumettre à ses honorabies collègues de l’'administrauon munjeipale. M. le Président cite un mémoire inséré dans le ‘ Bulletin de la Société centrale et impériale d’horti- culture’, qui renferme d’intéressantes données sur les maladies qui affectent les pêchers. On ne connait pas de remède pour celle du blanc ou du meunier. M. de Brive a eu l'idée d’essayer l'emploi du soufflet acquis par la Société pour le soufrage des vignes. Il a supposé que la poussière blanche qui couvre parfois DÉCEMBRE. 305 les feuilles de cet arbre et constitue la maladie du meunier, avait des analogies avec celle produite par l’oïdium. Ia done soufré ses pêchers malades, comme la vigne, à trois époques; la première à la pousse des feuilles ; la seconde à la floraison ; et la troisième au mois d'août. Le résultat obtenu a été des plus satis- faisants ; la poussière blanche a disparu des feuilles, les parties de l'arbre atteintes ont repris de la vigueur, et les fruits sont arrivés à maturité sans présenter au- eune de ces maculations qui leur ôtaient leur prix. M. de Brive conclut de cette expérience que le sou- frage pourrait être employé utilement contre toutes les maladies des végétaux qui se signalent par la pré- sence de parasites extérieurs. M. Lobeyrac dit que la maladie du blane affecte d’autres arbres, el notamment le prunier, et qu'il serait très-utile de s'assurer, par des expériences sur eette espèce, de la valeur du procédé indiqué par M. le Président. « Le pêcher, ajoute-il, est encore attaqué par une autre maladie très-grave , la cloque , contre laquelle on ne connait pas de remède bien eflicace. » L'étude des nombreuses maladies qui atta- quent les végétaux et des traitements qui peuvent les guérir, lui paraitrait présenter un grand iutérét. I serait à désirer que les membres de la Société qui s’oceupent spécialement de certaines cultures, vou- lussent bien, dans cette espèce d'enquête , apporter le tribut de leur expérience particulière. M. de Brive répond qu’en ce qui touche la eloque TOME XIX. 20 306 RÉSUMÉ DES SÉANCES. du pêcher, il croit pouvoir établir qu'elle est due uniquement à la présence des pucerons. En détrui- Sant avec soin ces insectes au moyen de fumigations répétées de tabac , il est parvenu à guérir plusieurs pêchers atteints gravement de cette maladie. SCIENCES HISTORIQUES. — M. Aymard signale l’an- cienne existence dans la ville du Puy d’une institution charitable dont lorigine parait remonter à ure épo- que reculée. Aueun de nos historiens n’a parlé de ces sortes d'établissement, qui se rattachent cependant à une organisation particulière de l'assistance publique et peut - être aussi à celle des corporations d’arts et métiers. « Il s'agit d’une maison hospitalière, aumône ou charité, dite de la rue Saint-Jacques. » Un titre latin sur parchemin, de l’an 1264, qui a été donné récemment aux archives départementales par M. l’abbé Souligoux , de Brioude, nous en à ré- vélé l’existence au xim° siècle. » Deux autres pièces de 1580 et 1588, que M. l'abbé Paul, chanoine de la cathédrale et membre corres- pondant de la Société, a bien voulu nous communi- quer, mentionnent aussi quelques particularités inté- ressantes sur la même institution. » À quelle époque et à quelle oceasion cette aumûne aurait - elle été fondée? L'histoire locale ue fournit aucune indication à ce sujet. Le titre de 1264 nous apprend seulement qu’eile était établie au Puy dans DÉCEMBRE. 307 une maison située près de la porte Saint-Jacques, dans le territoire appelé Deus veras ‘; et lon voit par le contenu de ce curieux document qu’elle avait alors une certaine importance, acquise probablement par une certaine durée de temps, pour motiver de sé- rieuses contestations entre divers corps religieux et des particuliers à l'égard des droits seigneuriaux. » Ces données, qui semblent indiquer au x” siècle une organisation plus ancienne de cette maison hos- pitalière , et les renseignements que nous fournissent les pièces reeucilies par M. l'abbé Paul, rappellent celle des aumônes qui existaient autrefois dans quel- ques villes méridionales de la France, avec lesquelles notre cité offrait d’ailleurs d’autres points curieux de comparaison. s Si l’on consulte un excellent mémoire que M. Achard, archiviste de la préfecture de Vau- eluse, a publié en° 1853 sur les aumônes d'Avignon, on y trouve les considérations suivantes qui peuvent éclairer l’origine des charités de notre ville : » Malgré les invasions barbares du Nord qui » organisèrent presque sur tout le sol de PEurope » une féodalité forte et oppressive, la ville d'Avignon » eut le bonheur de conserver en grande partie l’or- -» ganisation muvicipale dont les romains l'avaient 1 Un ancien inventaire des Uitres de l'Université de Saint-Mayol mentionne une pièce à la date de 4519, d'après laquelle c'était hors le portail Saint-Jacques que l'hôpital dudit faubourg etait placé. 308 RÉSUMÉ DES SÉANCES. » dotée. Elle put même s’ériger en république et » » conserver cette forme de gouvernement pendant près d’un siècle. » Avant la domination des papes, cette commune constituail son unité par l’ensemble des corpora- tions de métiers , faiblement dominée par l'évêque et par une oligarchie tout à la fois nobiliaire et commerçante. Chacune de ces corporations réflé tait en petit l'organisation de la cité ; elle avait ses chefs annuellement élus etla caisse qu’alimentaient une taille ou cotisation annuelle, et les droits ac- quittés par les apprentis à leur entrée dans le mé- lier, par les compagnons à la fin de l'apprentissage et les maitres quand ils ouvraient un atelier. Les pauvres elles maladessans ressources étaient secou- rus sur les fonds de la caisse commune; c’est ce qu’on appela l’aumône ou l'hôpital du métier. » À mesure que le souverain centralisa davantage les pouvoirs publics, les corporations s’affaiblirent et ne possédèrent bientôt plus assez de ressources pour concourir d’une manière suffisante au soula- gement des pauvres. Le métier, qui s’exerçait d’a- bord dans un même quartier, se dispersa dans toute la surface de la ville; les liens qui unissaient les di- vers membres entre eux se relàchèrent, et l’ému- lation devenant concurrence, engendra des riva- lités brouillonnes. Les quelques œuvres des mé- tiers auxquelles des fondations, donations et légats- pies avaient fourni les moyens de subsister comme DÉCEMBRE. 309 » établissements charitables, durent être adminis- » trées par l’ensemble des habitants du quartier » réuni en confrérie et sans égard pour la pro- » fession excreée par chacun d'eux. C’est ainsi que » subsistèrent longtemps encore les aumônes de la » pelite fusterie et ferraterie, des greflicrs, des dra- » piers, de Notre-Dame-la-Majour, du cancet ou des » corroyeurs, de la Croix, du Saint - Esprit, ete., » dont les revenus furent unis dans la suite à la » maison de l’aumône générale. » Notre titre de 126% ne dit pas si la charité de la rue Saint-Jacques, à limitation de celles d'Avignon, avait dépendu primitivement d’une confrérie ou d'une corporation d’arts et métiers. Si l’on pouvait le supposer, on devrait admettre aussi que l'institu- tion avait subi, au Puy, les mêmes phases de déca- dence que dans les autres villes du Midi. Le document de 1580 nous apprend, en effet, que la charité de la rue Saint-Jacques faisait alors des distributions de pains dans toutes les maisons de cette rue, que deux de ses baillis exercaient des professions différentes, et que, par conséquent, elle n’avait plus le caractère d’une œuvre de confrérie ou de métier ; particularités * «Quelques confréries érigerent pareillement des hôpitaux. L’édi- lité locale et de riches bienfaiteurs en fondèrent aussi qui étaient affectés au traitement de certaines maladies spéciales. » Il en fut de même au Puy, où existaient anciennement des mala- dreries, et où fut établi en 1526 un hôpital des pestiférés dans le clos dit de Saint-Sébastien. 310 RÉSUMÉ DES SÉANCES. qui concordent avec ce qui avait licu pour certaines aumônes d'Avignon et surtout pour celles de l'épi- cerie et de la ferraterie qui, le 26 décembre, faisaient remettre des pains dans chaque maison de ces rues. » L’aumône de la rue Saint-Jacques n’était pas la seule qui existät au Puy. L’inventaire des titres de la maison consulaire de ectte ville, que nous avons pu- blié dans le tome XV des ‘ Annales de la Société”, re- jâte, page 725, celle que les habitants du Pouzarot avaient accoutumé de donner tous les ans le jour de l'Ascension ; or, Si l’on considère que, d’après le titre de 1: 80, c'était aussi au jour de la fête de l'Ascen- sion qu'avaient lieu les distributions de pains dans la rue Saint-Jacques, on est porté à assigner à ces di- verses aumônes de notre ville une origine et des attri- butions communes. » Les apereus qui précèdent peuvent donner quel- que intérêt à la publication des trois documents dont il vient d’être question. Les voici tels qu'il nous a été possible de les reproduire, le premier avec son texte en mauvais latin du xim° siècle, les deux autres dans le style des actes notariés qui était usité à la fin du xvi : I. Arbitrage au ‘sujet des droits seigneuriaux sur l'hopital Saint-Jacques. Anno Dominimillesimo ducentesimo sexagesimo quarto die veneris ante festum heati Andree apostoli. Noverint DÉCEMBRE. 311 universi quod Falco de Pratelli et Guillelmus de Bonas bajuli universitatis clericorum Auiciensium et Stephanus Vera civis Anicieasis ex una parte et domina Guillelma de petra abatissa de Chesis ex altera nomine suo et con: ventus sui compromiserunt in Raymundum Alfredi cano- nieum Aniciensem tanquam in arbitrum vel arbitratorem seu amicabilem compositorem super questione seu ques- tionibus quas dieti bajuli nomine dictæ universitalis et dietus Stephanus Vera pro se habent vel habere possunt eontra dictam abbatissam vel aliam personam nomine abbatissæ vel monasterii sui occasione cujusdam domus quæ vocatur hospitale sancti Jacobi quam domum dieti bajuli et dietus Stephanus dicunt esse de dominio et sennioria universitatis dictorum clericorum Aniciensium etipsius Stephani. Compromiserunt inquam dictæ partes in dictum Raymundum Alfredi sub pena quadraginta librorum viennensium stare et parere dicli sentenciæ seu mandato ipsius jure vel voluntate prælatis seu pre- ferendis in....ita veritate a dicto arbitro seu arbitratore de plano et sine sollempnitate strepitu judieii presenter ei placuit faciendum. Quæ omnia et singula dietæ partes promiserunt dielo arbitro seu arbitratori attendere et servare et dederunt fidemissores scilicet dieti bajuli Petrum de sancto Johanne canonicum sancti Agrippani aniciensis et dictus Stephanus Vera Johannem Benezeit qui se obligaverunt pro dieta pena Solvenda dicto arbitro et ad satisfaciendum et ad voluntatem suam et pro dicta abbatissa dominum Gasto de Cornonio canonicum Ani- ciensem in modum prædictum anno et die quo supra. Ego igitur Ravmundus Alfredi prædietus arbiter seu arbitrator visis et intelleetis rationibus et munimentis 312 RÉSUMÉ DES SÉANCES. utriusque partis volo et dico distiniendo quod jus patro- natus et sennioria illius domus quæ dicitur hospitale sancti Jacobi quam Guillelmus et Johannes Vera fratres dederunt abbatissæ et domui de Chasis quæ domus seu hospitale est juxta portam sancti Jacobi in territorio quod dicitur Deus Veras pertineat ad dominos illius territorii scilicet ad universitatem clericorum Aniciensium et Ste- phanum Vera pro partibus quas habent in territorio prædicto ita videlicet quod si continget quod in dieta domo servata hospitalitate quod ibidem servari debetur juxta modum contentum in littera sup... donatione eis facta sigillo domini Stephani 1... no Aniciensis cleri sigillata aliquas archas vel alias res pro logio vel alio modo recipi vel detineri in dieta domo seu hospitali quod dominusillius territorii quando continget quod fierent clamores de aliquibus qui habent archas seu alias res in dicto hospitali et esset necesse distentum facere manda- rent abbatissæ de Chesis seu illi qui locum ejus tenent vel in dicto hospitali quod furfurirent vel distinguerent bona illorum de quibus clamores coram ipsis dominis vel altero eorum componentur et dieta abbatissa seu ille vel illa qui per ea essent in hospitali tenentur ad mandatum dominorum prædietorum seu alterius eorum furfurimen- tum seu distinetum facere et non remanere sine mandato ipsorum dominorum vel alterius eorum. De hiis vero quæ provenirent dominis per clamoribus prœædictis teneantur ipsi domini tertiam partem reddere ipsi abbatissæ vel illi qui per ea esset in hospitali fideliter et sine difficültate. Si non abbatissa vel ille seu 1lla qui per ea esset in dieto hospitali ad mandatum dominorum seu alterius eorum nollent facere furfurimenta vel distinetum vel faeta sine DÉCEMBRE. 313 eoruni mandalo removentur ex t.....no ipsi domini seu alter eorum auctoritate sua possint facere furfurimenta seu distinetum in bospitali prœdieto et ea causa nichil de clamoribus habeat abbatissa vel ille seu ïlla qui per ea essent in hospitali prœdieto. Item dieta abbatissa teneatur respondere coram dominis prœdictis pro dicta hospitali- late et pro ipso hospitali si aliqua questio super 1pso hos- pitali movetur vel pertinentibus ad hospitalem et quod dicta domus seu hospitale non possit alienari vel in alium transferri sine consensu dominorum prædictorum in aliis autem omnibus et singulis dieta abbatissa et domus de Chesis habeat et teneat pleno jure dictam domum seu hos- pitale ut suum presenter eis fuit destinatum. Et ita sit pax et finis inter cos. Quod dictum seu arbitrum a dicto arbitro prœlatum incontinenter utraque pars laudavit ap- probavit et etiam acceptavit et tenuit pro bene pactata et promiserunt bona fide attendere perpelue et servare. Ad hoe specialiter vocato Guillelmo de Villanova tenente lo - cum officialis Aniciensis quem diclæ partes rogaverunt et fidemissores prœdieti ut in testimonium prœdictorum si- gillo Aniciensis curiæ prædieta omnia et singula faceret sigillari actum in foro juxta domum domini Poncii de Canomonte quondam eanoniei Aniciensis præsentibus tes- tibus domino Cham... de Lagarda cantore Anicience, Fal- eone de Pratelli, Durando Richardi, Pontio de Belvezet.…. Guidone Delmezoni, Guillelmo de Bonas, Hugone de Morleto, Beraudo clerico de sancto floro et pluralibus als. Ego vero Guillelmus de Villanova tenens locum officialis Aniciensis rogatus et voluntate dieti arbitri et dictarum partium et fidemissorum prœdictorum sigillum Aniciensis curiæ apposui huie cartæ in testimonium præ- diclorum. 314% RÉSUMË DES SÉANCES. IT. Constitution de rente pour les Bayles de la charité de la rue St-Jacques du Puy. Le nom de Dieu premièrement invoqué sachent tous présens et advenir que aujourd'hui dimanche unzième Jour du mois de may mil einq cents quàtre vingt six régnant Henri 111 devant moi notaire et témoins establi en personne Pierre Malloz fils à Benoit marchand et hoste de St Paulhen diocèse du Puy lequel de son gré pour lui et les siens à l’advenir a donné et donne par ces présentes aux bailles de la charité de la rue Saint- Jacques du Puy qui sont de présent et seront pour Pad: venir à perpétuité M, François Ynondis chirurgien Claude Mialhe tailleur premier et troisième bayles de ladite charité l’année présente présens et aeceptants un demi carton bled seigle mesure du Puy que ledit Pierre Malloz a voulu être payé tant lui que par ses successeurs à l’advenir chaque année es feste des âmes de tous saints perpétuellement commencant aux pre- mières âmes à la charge que lesdits bayles soient tenus comme lesdits Ynondis et Mialhe ont promis de gar- der audit Malloz et de lui delivrer ou à autre ayant de lui charge et des siens chaque année es feste de l'Ascen- sion deux miches une blanche et l’autre brune comme est accoutumé de faire aux autres habitants de ladite rue Saint - Jacques que ledit Malloz ou les siens vien- dront ou enverront quérir en la présente ville ledit jour et ainsi la promis et juré et comme .......... soumet et oblige tous et chacun de ses biens ei-après un champ appelé le Champagne par lui aequis de DÉCEMBRE. 315 M. Mathieu Cujus contenant dix cartonnées ou en- viron confronte du soleil levant le champ de Mathieu du Riou du Monnier du vent le chemin allant de Saint-Paulhen au Molin du soleil couchant le champ de Vidal Anajat de Saint-Paulhen de bize le chemin allant de Saint Paulhen à Lissac et ses autres confronts aux rigueurs de courts royales de M. le sénéchal du Puy les ordinaires et autres du royaume de France avec due renonciation. Fait au Puy maison et habitation dudit Ynondis présents M. Claude Chauchat et Jean Chauchat frères, du Grand-Riouten Gevaudan, ledit M. Claude soussigné, ledit Jean M. Malloz n’ont su signer, Jean Gauthier dudit Puy soussigne et moi notaire recevant. BARRY. Jean GAUTHIER. CHAUCHAT. YNonpis. MIALHE. HIT. Le huitième aoust mil cinq cents quatre vingt huit après midi Clauda Vigoronge veuve à feu François Ynondi confesse avoir recu de Marguerite Laurent veuve à feu Loys Maltrant certains papiers qu'avaient été baillés audit feu Maltrant par ledit feu Ynondi concernant Îles faits de laumosne de la charité de la rue Saint-Jacques desquels papiers ladite Vigoronge à quite Jadite Laurent et promet faire tenir quitte envers {ous moyennant serment qu'elle preéste sur Saints 316 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Dieu Evangiles et oblige ses biens à toutes courts avec due renonciation. Faitau Puy présents sieur Jehan Jonanny et Claude JACQUET marchands soussignés » Et moi Barry. » JOHANNY. » JACQUET. » Extrait des minutes de Eymard Barry , notaire au Puy.) L'Assemblée, intéressée par cette communication, remercie M. Aymard des renseignements inédits qu’elle peut fournir à l’histoire locale considérée à un nouvel et curieux point de vuc. Elle espère que d’autres recherches entreprises dans la même voie feront découvrir des éléments qui complète- ront un jour cet important sujet d’études, auquel pourrait se rattacher l’histoire des grands établis- sements hospitaliers de la ville du Puy. M. Louis de Vinols présente un document histo- rique sur la seigneurie de Mercœur et lit une notice explicative sur cette pièce. L'Assemblée en décide l'insertion dans les ‘An- nales” !. ArcHÉOLoGIe. -— M. le Président lit une intéressante notice de notre honorable confrère, M. Bretagne, qui 1 Voir ce mémoire dans le présent volume des ‘ Annales’. DÉCEMBRE. a été publiée dans l'une des dernières livraisons de la ‘Revue numismatique”. Elle est relative à une inscription gallo-romaine incrustée au mur absidal extérieur de l'église Saint-Jean-des-Fonds-Baptismaux, au Puy. Cette épitaphe, qui avait été publiée par M. Mandet dans ‘l'ancien Velay”, porte le seul mot DVBNOCOVE écrit en très-grandes lettres. M. Bre- tagne émet l'opinion que c’est un nom gaulois, peut- être celui du chef DVBNOCVS qu’on trouve insert aussi sur des médailles gauloises, et qui serait accom- pagne ici de la consonne VE pouvant indiquer les pre- mières lettres du titre de VErgobret. Dans cette supposition, l'inscription aurait pu se prolonger sur une autre pierre qui n’existe plus. M. le Président ajoute que M. Aymard avait déjà émis à peu près la même opinion, laquelle a été con- signée dans le précédent volume des ‘ Annales”; ce membre avait même fait remarquer la ressemblance très-curieuse de ce nom avee la légende : DYBNOCOV que portent des médailles antiques ; la grandeur ex- traordinaire des lettres de notre inscription et leur forme caractéristique du premier siècle, lui avaient fait croire, avec quelque raison, qu’elle avait proba- blement appartenu à un monument où elle était des- tinée à perpétuer le glorieux souvenir de l’un des héroïques chefs de la Gaule à l’époque des grandes guerres de César. M. de Brive dit ensuite qu’une commission, com- posée de MM. Bretagne et Aymard, avait été chargée, 318 RÉSUMÉ DES SÉANCES. à la précédente séance, de faire des recherches dans les anciens murs de l’église de Saint-Jean-des-Fonds- Baptismaux pour y découvrir, s’il était possible, d’au- tres débris de cette curieuse inseripuon. Il regrette d'annoncer que ces investigations ont été infructueuses. La commission espère étre plus heureuse au sujet des bas-reliefs représentant, dit- on, une Isis emmaillottée et des sujets de chasse qui, d’après un mémoire d’un témoin oculaire, existe- raient sous le pavé du porche du For, à l'entrée de la cathédrale, La commission attend l’arrivée de M. Jan- niar, architecte diocésain, pour se concerter avee lui au sujet des fouilles à exécuter sur ce point. SCIENCES MÉDICALES. — M. le Président donne com-: munication d’un mémoire manuscrit qui lui a été adressé par M. le docteur Richond des Brus, médecin- inspecteur des eaux de Néris et membre résidant. Ce travail a pour titre : ‘Notice sur les eaux de Néris’. L’étendue de cet important travail engage l’Assem- blée à l'envoyer au conseil d'administration pour dé- cider, s'il ÿ à lieu de linsérer, par extrait ou en en- tier, dans les “Annales”. DeuwañDe D'apuissiox. — M. le docteur Comar- mond, conservateur des antiques au Musée de Lyon, _éerit pour solliciter le titre de membre non résidant. IL fonde sa demande sur l'envoi qu’il a adressé à la DÉCEMBRE. 319 Société d'une belle publication dont il est Pauteur et qui a pour objet le catalogue des antiquités du Musée de la ville de Lyon. Cette demande est prise en considération, et la commission nommée pour rendre compte de cet ouvrage est composée de MM. Bretagne, Sauzet ct Aymard. Anussions. — M. Ch. C. de Lafayette fait le rap- port suivant sur la candidature de M. Florimond Du- garay au titre de membre résidant : MESssiEurs , Vous avez chargé une commission dont j'ai l'honneur de faire partie, ainsi que MM. Dumontat et Chouvon, d'examiner un travail qui nous a été présenté par M. Du- garay aîné, comme titre d'admission parmi les membres résidants de la Société. M. Dugaray déjà inscrit au nombre de nos correspon- dants , est loin d’être resté jusqu’à ce jour étranger à nos travaux ; il a notamment apporté plus d’une fois sa part d'expérience et d'étude dans l'examen des animaux pré- sentés annuellement à nos concours; sur ce terrain, les membres de la commission des récompenses ont pu appré- cier, par exemple, les bons services qu'il est permis d’at- tendre de l'étude pratique et assidue du système Guénon faite depuis longtemps par M. Dugaray. Le sujet que M. Dugaray aborde aujourd'hui, dans le petit mémoire dont j'ai à vous rendre compte, a de même 320 RÉSUMÉ DES SÉANCES. un intérêt pratique qui ne saurait échapper à personne. Au moment où nous sommes, la question de la production chevaline mérite en effet toutes nos sollicitudes. S'il est vrai de dire que notre expérimentation antérieure n’a pas encore conduit à des conclusions définitives ; que les faits acquis jusqu'à ce jour laissent encore beaucoup de points en litige et beaucoup de doutes dans les esprits; si, de toutes les œuvres tentées par la Société, dans sa laborieuse existence, l'œuvre de la régénération de l'espèce chevaline est, comme je le crois, celle qui,entre toutes, a le moins visiblement abouti, la seule enfin dont il soit permis de discuter encore les résultats et les conséquences; si, en un mot, nous ne concevons la continuation de nos efforts en celte spécialité qu'à la condition d’en modifier les ten- dances, les movens et presque le but, il est naturel, dès- lors, que lous les avis qui, de près on de loin, peuvent influer sur nos décisions futures, soient appelés à se pro- duire et à soulever parmi nous d’utiles controverses. Dans ce sérieux débat, M. Dugaray s'emparant avec avantage des incertitudes où en est aujourd’hui notre ex- périmentation, et des déceptions que les systèmes prati- qués jusqu'à ce jour nous ont évidemment fait subir, M. Dugaray apporte une opinion bien radicale, ce me semble, et qu, je l’espère, vous paraitra tout au moins prématurée. M, Dugaray se prononce sans hésitation en faveur de la production mulassière à peu près exclusive; et il n’hé- siterait peut-être pas non plus à conseiller, dès immédia- tement, l'abandon à peu près absolu de toute tentative nouvelle de régénération de l'espèce chevaline. DÉCEMBRE. 321 Sans doute, au point de vue des chiffres et au point de vue du présent seul, M. Dugaray a cent fois raison. L'industrie de la mulasse est une industrie toute faite parmi nous, une industrie le plus souvent très-fructueuse et très - prospère; mais , à la prendre dans l’état actuel, est-ce bien réellement une industrie progressive, ayant besoin qu’on l’encourage et digne aussi, par les amélio- rations qu'on peut espérer d'y introduire, digne des en- couragements dont nous, Société d'agriculture essentielle- ment jalouse de progrès, nous disposerions volontiers ? Ceci, je ne saurais le croire. Pour que la production mulassière réalise un progrès quelconque parmi nous, il faut, si j'ose m'exprimer de la sorte, qu’elle commence à se fournir à elle-même la ma- tière première de son opération ; il faut qu'elle produise le poulain. Or, Messieurs, vous savez assez qu’en l’état actuel des choses, cela n’est pas ainsi; je ne crains pas d'avancer qu'il serait bien difficile, pour ne pas dire im- possible, que cela fût ainsi. Veuillez permettre au rapporteur de se citer un moment ici lui-même ; voici l'opinion à laquelle vous avez donné votre assentiment implicite, et elle répond , je crois, suf- fisamment à l'argumentation de M. Dugaray : « De bons esprits, disions-nous, il y a déjà trois ans, de bons esprits. en présence des résultats que je viens de signaler, se sont demandé si l’on n'avait pas eu tort de détourner le cultivateur de la produetion mulassière ; s’il ne serait pas plus sage de conseiller un retour à cette 1 Rapport sur la question chevaline au nom d’une commission spéciale (août 1852). TOME XIX. 21 322 RÉSUMÉ DES SÉANCES. ancienne et lucrative pratique; si ces mules du Poitou, achetées à six mois ou un an, pour être revendues à deux ans, ne constituaient pas pour nos exploitations une source de profits souvent supérieurs. » Certes, nul ne contestera qu’une mule achetée de 20 à 25 louis et qui huit mois après se revend quelquefois le double, —cela s’est vu, même l’année dernière, —ne soit de tout point préférable à toute autre nature d'élève. Mais enfin c’est là, comme l’engrais des bœufs, comme celui des moutons, une spéculation tout-à-fait étrangère à l’industrie chevaline, qui ne lui donne aucune aide et ne l’entrave en rien. » Reste la produetion directe des mulets par les juments du pays. — ei il faut établir une distinction importante : il n’y a que les personnes qui ne connaissent pas du tout notre situation rurale qui puissent croire, en voyant ven- dre une belle mule à un bon prix, que cette mule est née dans nos fermes. Sauf quelques rares exceptions, le mulet qui provient d’un baudet indigène est très- inférieur et d’un bien moindre prix. Je n’hésiterai pourtant point en- core à reconnaître qu'il est de meilleure défaite à six mois ou un an que le poulain quel qu'il soit, que le poulain même élégant qui provient des étalons du Gouvernement. Oui, ce muleton a du moins un cours dans nos foires. On le vendra bien ou mal, on le vendra du moins à volonté; c’est, je le répète, un très-grand avantage que ce petit animal, quelquefois peu méritant, aura toujours sur la pouliche la plus fine et la plus irréprochable dans la pre- mière jeunesse. Mais c’est là une industrie routinière qui marche d'elle - même, qui n'a besoin nullement, et qui d’ailleursne mérite guère d'étreencouragée pour l'avenir. » DÉCEMBRE. 323 Et, après avoir ensuite cherché à démontrer nos besoins très-réels de chevaux de divers services; après avoir si- gnalé combien, selon nous, il était désirable que le pays se mit en mesure de se suffire un peu mieux sous cet impor- tant rapport, nous ajoutions plus loin : « Or, si nous voulons améliorer la race chevaline pour qu'elle soitapte à nos modestes mais multiples services de charrette, de voiture et de selle, ne produisons pas de mulets qui n’amélioreront rien, qui ne remplaceront pas la jument défectueuse par un premier produit préférable à la mère. — Il en est du mulet comme du cheval de luxe ou de guerre, que nous vendrons forcément et qui, par conséquent , ne fera jamais faire un pas à la question d’a- mélioration. » Voilà pour ce qui concerne la production mulassière, Elle ne peut s'améliorer elle-même qu'après que de longs et lents efforts nous auront déjà donné des poulinières de quelque valeur. Revenons donc aux poulinières. C’est à elles seules, comme source de progrès, que nous devons toutes nos sollicitudes et tous nos encouragements. Et, en effet, Messieurs, quel serait donc le moyen qu’on proposerait pour améliorer la production mulassière, pour - mettre cette industrie en progrès ? On nous dira sans doute de consacrer toutes les res- sources dont nous disposons pour favoriser la production équestre, à l'acquisition de quelques baudets de qualité supérieure, Mais est-ce bien par les baudets que pèche la production locale ? Si ce n’était que cela, le correctif serait trop facile, et l'intérêt privé des cultivateurs qui vendent la saillie serait un trop bon guide. 324 RÉSUMÉ DES SÉANCES. La difficulté, la grande et véritable difficulté c'est, re, comme pour la production du cheval, c’est l'amélioration de la jument. Vous aurez un baudet convenable et une jument insuflisarte, comme vous avez des étalons de prix et des juments sans mérite ; et alors votre mulet sera, comme est aujourd'hui votre poulain, le produit défec- tueux d’une mésaillance, le fils grotesque d’un père choisi et d’une mère informe; et cela durera de la sorte indéfi- niment, sans profit pour le présent , sans bénéfice pour l'avenir; et on continuera à aller dans le Poitou chercher les belles mules que vous savez, il y en aura seulement dans le pays quelques-unes de très-médiocres de plus. Qu'on veuille donc bien, je le dis pour résumer cette dis- eussion incidente, qu'on veuille done bien se pénétrer de cette vérité : Pour avoir des produits quelconques améliorés, poulains ou mulets, n'importe, il faut avoir des juments meilleures, par conséquent améliorées aussi. — Donc, quand on visera à enrichir ultérieurement le pays par la production indi- gène des belles mules, il faudra toujours commencer par favoriser la production et l'élève des bonnes pouliches. Sans les mères de choix, point de descendance meilleure. L'étalon est facile à changer, à modifier, à choisir. Les mères ne seront pas aussi complètement à notre disposi- tion ; notre action sera lente sur elles, mais il faut qu’elle se manifeste dans ce sens, ou il n’y aura rien de fait dans vingt ans pas plus que dans un an. Perfectionnons les mères, nous aurons ensuite tout le temps de les affecter à telle ou telle production. Voilà no- tre pensée, et elle nous semble suffisamment justifiée par les lois de la logique les plus élémentaires. DÉCEMBRE: 325 Vous voyez par ces réserves sur quoi porte le dissenti- ment que nous sommes forcé d'exprimer à l'encontre de l'opinion de M. Dugaray. Ce dissentiment ne saurait nous empêcher de reconnai- tre toutes les indications utiles et les vérités partielles contenues dans son Mémoire; son expérience, son zèle et son bon vouloir, sa connaissance spéciale d'un des can- tons les plus intéressants pour la production du bétail, nous rendront à coup sûr de précieux services ; cela dit, nos conclusions sont faciles à pressentir. La commission, vous propose done à l’unanimité, d’ac- cueillir favorablement la candidature de M. Dugaray et de l’admettre au nombre des membres résidants de la Société. M. Giron lit le rapport qui suit sur la candidature de M. Ernest Richond comme membre résidant : Un nouveau candidat vient frapper à votre porte. Faut- il la lui ouvrir? La commission chargée de répondre à cette question s'empresse, par mon organe, de répondre oui; permettez-moi seulement de vous dire à quel titre. M. Ernest Richond en a deux : l'un dont il ne dit rien : Directeur du Crédit foncier dans la Haute-Loire : L'autre dont il excipe : c’est un travail intitulé : Rap- port des opérations du Crédit foncier dans le départe- ment. Le premier, à mes yeux, est le bon, parce qu'il corres- pond à une douce espérance; quant au second, irrépro- chable en la forme, il exprime au fond une déception que vous aurez peine à lui pardonner. Certes, Messieurs, vous avez acquis le droit de le dire 326 RÉSUMÉ DES SÉANCES, bien haut, le Crédit foncier réveille dans cette enceinte de bien nombreux et bien sympathiques échos : N'est-ce point votre Société qui, la première , a préco- nisé cette jeune institution même avant sa naissance ? N'est-ce point elle qui, fidèle à son origine, à son but, à son nom, s’est portée, pour notre pays, comme la mar- raine tendre et affectueuse du nouveau-né, annoncé par- tout comme le rédempteur infaillible de l’agriculture souffrante ? Or, en ouvrant vos rangs à son directeur dans le dé- partement, vous ferez un second acte d'amour, de foi et d'espérance ; mais, j'ai le regret de le dire, vous n'aurez fait encore que cela, car, avec le rapport, voici venir la déception. M. Ernest Richond nous apprend que plus de 500 cir- culaires ont été répandues, une foule de lettres écrites, des brochures, des articles de journaux publiés... Oui, Messieurs, oui, la presse elle-même a gémi pour le Cré- dit foncier. Mais vous, qu’allez-vous faire, quand, vous rencon- trant en face des opérations consommées, vous en trou- verez.... combien ?... une? Hélas! Messieurs, vous ferez de deux choses l’une : Ou vous gémirez aussi, où vous vous réjouirez beau- coup. Vous gémirez, si ee chiffre fatal renferme pour l’ave- nir, comme pour le passé, le dernier mot de l'institution l'endroit de notre département; car, alors, il résonne EC à vos oreilles comme un son de glas funèbre, et, malgré vous, les souvenirs joyeux du baptème seront traversés de la vision lugubre de l’enterrement. DÉCEMBRE. 327 Vous vous réjouirez, au contraire, si, prenant les choses du bon côté, vous reconnaissez dans ce même chiffre le juste thermomètre des besoins du pays; car vous vous écrierez sans doute : Heureux! mille fois heu- reux le pays où, en cherchant bien, on ne trouve qu'un emprunteur | Devons-nous, Messieurs, nous arrêter à l’une ou l’au- tre de ces deux hypothèses? Non. Dans la première, nous serions peut-être pessimistes; dans la seconde, nous serions certainement optimistes. Poursuivons. L'appareil départemental du Crédit fon- cier pècherait-il dans son organisation? Au contraire, elle est complète : directeur, secrétaire, notaires officiels et oflicieux, correspondants nombreux et dévoués; il n’y manque rien... rien, si ce n’est qu'il ne fonctionne pas. Messieurs, à un autre appareil dont le souvenir me poursuit, il ne manquait qu'un verre. Au nôtre, Je ne dirai pas qu'il en manque trois, mais je vous signalerai avec M. Richond trois causes de déception : 19 Notre pays est encore dans les langes de la routine ; 20 La propriété est chez nous d'un établissement difficile ; 30 Une réforme est indispensable dans la législation en matière hypothécaire, de transcription et d'actions réso- lutoires. Un mot, pour notre pays, sur chacun, non pas de ces trois prétextes, mais de ces trois prétendus griefs. La routine ! on l’accuse souvent, et souvent onaraison ; mais ici, convenons-en, elle est bien innocente du rejet de 36 demandes d'emprunt sur 37 bien constatées dans le rapport. 328 RÉSUMÉ DES SÉANCES. Les origines ténéhreuses de la propriété! pourquoi ces problèmes chez nous et non ailleurs? Voilà bien long- temps que les coutumes sont mortes et qu'une bienfai- sante unité règne sur leurs ruines! Mon Dieu! ne serait-ce pas un peu parce que Paris est le centre du Crédit foncier, et que le Puy, plus éloigné du centre, n’en est que plus absent, et, partant, n’en à que plus de torts? Pardon, Messieurs, de l’amertume de la plainte; mais veuillez l’exeuser à l'amertume de la désillusion. Quant à la réforme de la législation, si elle doit ame- ner le jeu de l'institution, imitons l'exemple de M. Ri- chond, faisons des vœux pour qu'elle s’accomplisse. Sur ce point, et c’est le seul, une part large, illimitée nous est faite : usons-en. Cette arme est celle des faibles, mais elle a ses vertus. Puissions-nous, l’appuyant sur une conviction forte et la mettant au service d'une idée vraie, finir par triompher des obstacles qui la paralysent! Et pour commencer, ou plutôt pour continuer comme nous avons commenté, faisons appel du rapport de 1854 au rapport de 1855; dès aujourd’hui, délivrons au Crédit foncier ses titres de noblesse dans la personne de son di- recteur, en lui disant tout bas : Courage! noblesse oblige. Ce n’est point un vain encens que vous voulez brüler sur l'autel désert d’une divinité d'un jour; non, c’est un culte sérieux et pratique que vous voulez enseigner et répandre. Ce n’est point un lieu de stérile repos que vous voulez ouvrir au Crédit foncier. Comment l'y trouverait-il, abrité sur un seul et unique laurier, et sur un sol où, si Je puis parler ainsi, il n’y a qu’à se baisser pour en cueillir ? DÉCEMBRE. 329 Aussi, Messieurs, pleine de confiance et d'espoir dans l'expérience de M. Richond, dans les meilleures condi- tions où le placent son titre de directeur, ses bonnes in- tentions et ses connaissances spéciales, votre commission est-elle unanime à vous proposer son admission. M. Aymard donne lecture du rapport suivant sur la candidature de M. Henri Doniol au titre de mem- bre non résidant : MESSIEURS, L'impartialité, qui est l’une des plus belles préroga- üves de l’histoire, est aussi l’une des qualités qui distin- guent l’érudit sérieux, celui qui veutisoler sesinvestigations de toute théorie préconçue ; c’est le flambeau qui l'éelaire lorsqu'il entreprend de scruter les profondeurs du passé et d'étudier la marche progressive de l'humanité à travers les siècles. Ses jugements, ses appréciations historiques, toujours fondés d’après les règles d’une critique sévère, s'appuient rarement sur des traditions orales ou des lé- gendes plus ou moins vagues. Il puise les éléments de ses convictions dans l’étude des monuments ou des textes contemporains qui, seuls, lui permettent sûrement de se reporter par la pensée dans le milieu même des sociétés anciennes dont il veut faire l’histoire, et d'apprécier les institutions au point de vue de leur utilité, aux époques où elles prirent naissance et se développèrent. Si l’on applique ces considérations à l'histoire du moyen-âge, quelle mine inépuisable d’études attachantes et consciencieuses n'aurions-nous pas à explorer dans 330 RÉSUMÉ DES SÉANCES. cette foule de chartes, de parchemins, de titres de tous genres que l'on possède encore sur cette curieuse époque ! Nous y verrions, par exemple, que la société, avant d’a- voir reçu celte puissante et régulière organisation que devait lui donner la royauté, était ainsi faite qu'elle avait besoin de châteaux multipliés pour la défendre contre les invasions étrangères et les entreprises des bandes de mal- faiteurs. Si les mêmes documents nous révèlent les agressions oppressives de la puissance féodale à l'égard des populations qui lui étaient soumises, ils nous apprennent aussi que ces populations en recevaient protection el as- sistance, et qu'en retour, elles étaient astreintes à des re- devances imposées quelquefois par la force, mais réglées souvent par le bon accord des parties. C'est ce qu'on appelait les coutumes seigneuriales ; question neuve encore pour notre pays dont l’histoire, cependant, a été étudiée par des écrivains éminents, sous bien d’autres aspects; question très-importante pour laquelle les documents abondent et qui fournira un iaté- ressant sujet d'études aux hommes laborieux qui vou- dront l’entreprendre. Ayant eu la pensée de publier dans nos ‘Annales? un titre de ce genre relatif à la seigneurie de Fay-le-Froid, j'enentretins, un jour, M. Henri Doniol, avocat et proprié- taire à Barlière, qui s’est occupé avec distinction d’études historiques sur notre pays, eten particulier de nos idiomes patois et de l’histoire des classes agricoles au moyen-âge. M. Doniol voulut bien alors m'informer qu'il possédait un document analogue concernant la châtellenie de La- roche, petit village du département de la Haute-Loire. Il me promit de le joindre à celui que je devais publier et de l'accompagner d’une notice descriptive. DÉCEMBRE. 331 C'est de ce travail que j'ai l'honneur de vous rendre compte. L'auteur indique d’abord les différents genres de docu- ments seigneuriaux que nous ont laissés les populations du moyen-âge et qui peuvent expliquer leur existence s0- ciale. « Les uns, dit-il, établissaient pour des individus ou des agrégations d'habitants la jouissance de la liberté civile, de servesles faisaient libres et, à proprement parler, vilains, du nom de villa; les autres supposaient cette jouis- sance acquise et incontestée, réglaient les conditions du vilainage, &’est-à-dire la nature , la somme et l'échéance des redevances au seigneur, soit la part et le mode de leur administration politique, etc... » La pièce qui est jointe au mémoire de M. Doniol appartient à la seconde de ces deux catégories. Il serait trop long d’énumérer toutes les stipulations de ce traité entre le seigneur et les gens de Laroche. On y retrouve quatre des cinq cas habituels pour lesquels les habitants étaient tenus à des redevances. Le traité que j'ai découvert et qui concerne le seigneur de Fay complète l’énumération de ces cinq eas, qui sont : 10 quand le sei- gneur est fait nouveau chevalier ; 2° quand il fait un voyage en Terre-Sainte; 30 quana il est fait prisonnier par les ennemis du royaume ; 4° au mariage de ses filles ; 5° à l'achat ou racbat des-rentes, cens et seigneuries. En retour, le seigneur stipulait qu’il protègerait les ha- bitants dans toutes les occasions difficiles, leur donnerait asile dans son château lors des invasions ennemies, etc. IL est curieux d'examiner de près, dans ses détails, l'or- ganisation de la société à cette époque, et rien n’est plus propre à en refléter la vie que les documents eux-mêmes 332 RÉSUMÉ DES SÉANCES. dont l’ensemble constituera un jour de précieux éléments historiques. Entrer dans cette voie avec cette persévérance que vous apportez dans tous vos travaux, c’est ouvrir une nouvelle mine aux investigations historiques et à la reconstitu- tion des annales du passé. Je dois ajouter que l'écrit de M. Doniol est aussi re- marquable par la forme que par le fonds. En conséquence, votre commission a été d’un avis unanime pour l’admis- sion de M. Henri Doniol comme membre non résidant ; elle vous propose en outre de renvoyer son excellent tra- vail au conseil d'administration pour qu'il veuille bien en décider l'insertion aux ‘Annales’ 1! Il est ensuite procédé au scrutin. Les récipien- daires obtiennent l’unanimité des voix et sont pro- clamés dans l’ordre suivant : MM. Dugaray et Richond membres résidants; M. Henri Doniol membre non résidant. À huit heures, la séance est levée. 1 Voir le tome xvut, page 456. —>{= << - RAPPORTS & MÉMOIRES. AGRICULTURE. CONSIDÉRATIONS SCR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE & LES BIENS DITS COMMUNAUX , Par M. Apauserr FROUT pe FONTPERTUIS , Chef du Cabinet du Préfet de la Hte-Loire, et Membre résidant. G avril 4855. " I. PRéLIMINaIRES. — Objet et but de ce travail. Notre but, en écrivant le Mémoire que nous pré- sentons aujourd'hui. à la Société d'agriculture, sciences, arts el commerce du Puy, n’est pas aussi compréhensif que pourrait peut-être le faire sup- poser le titre que nous lui avons donné. Ce n’est pas de la propriété communale envisagée sous toutes ses faces, historiquement, juridiquement, administrativement, que nous traiterons ici. Une pa 334 CONSIDÉRATIONS reille œuvre eùt été au-dessus de nos forces, du temps et des labeurs qu’elle eût exigés etque nousaurionspu lui consacrer. Elle n’est plus , au reste, à entrepren- dre. Au point de vue historique, bien que l’on puisse dire encore que les solutions offertes n’ont pas levé tous les doutes, les savants travaux de MM. Troplong et Proudhon‘ ont jeté sur la question de vives lumiè- res. Aux points de vue juridique et administratif, le président Henrion de Pansey et M. Guichard, le pre- mier dans son livre des Biens communaux, le second dans sa Jurisprudence communale, ont, sinon épuisé la matière, découragé du moins des efforts qui ne s’'appuieraient pas sur autant de science et de péné- tration. Leurs livres ont vicilli, sans doute, et il en est des parties qui ne sont plus en harmonie avec l’é- tat actuel de la jurisprudence, ni même avee les nou- 1 M. Troplong, d’accord avec quelques anciens feudistes, pense que les communes avaient complètement disparu dans les Gaules à la suite de l'invasion des barbares, et que leur résurrection est contemporaine de la naissance de la féodalité. M. Proudhon fait remonter l’origine de la propriété communale à l’origine de Ja société elle - même, et la fait découler de ce droit primitif que la généralité des habitants est présumée avoir sur les biens compris dans son territoire et qui sont affectés à l’usage de tous. On peut hésiter entre les deux opinions. Néanmoins celle de M. Proudhon nous parait plus rationnelle et plus conforme en méme temps à la vérité historique. M. Raynouard a mis hors de doute, du moins en ce qui concerne le midi de la France, que les municipalités n'avaient pas cessé de vivre et de conserver leurs franchises après l'invasion barbare. SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 335 veaux principes du droit et de la science administra- tive. Néanmoins, ils seront toujours consultés avec fruit, parce que les principes y ont été sainement démélés de la masse confuse des faits eu assis sur des bases rationnelles. Notre ambition devait être plus modeste, et ce n’est que par quelques-uns de ses côtés que nous abor- derons le vaste sujet que ces auteurs ont embrassé. Nous nous bornerons à l’examen du mode de jouis- sance auquel les terrains communaux, dans leur très-grande majorité, ont été soumis jusqu'ici en France; des inconvénients qui nous paraissent avoir été la conséquence de ce mode; des moyens proposés ou expérimentés pour remédier à ces inconvénients. Quoique réduite à ces termes et renfermée dâns ces limites étroites, une pareille étude n’est pas dépour- vue d'intérêt. Elle touche, en effet, à de graves questions de droit et d'économie publique, et l'avenir matériel et moral des communes y est fortement intéressé. L'exposé qui va suivre apportera la preuve de celte assertion. [LE Des biens communaux et de leur situation actuelle, — Nature et éten- due de la propriété communale, — Biens communaux proprement dits; du régime de la jouissance en commun auquel ils sont géné- ralement soumis. — Vices que présente ce régime ; improductivité ct dépérissement du sol communal. — Diminution de son étendue. 336 CONSIDÉRATIONS — Usurpations. — Législation à leur sujet avant 1789. :— Depuis 1789. — Inefficacité de toutes ces dispositions. — Etat actuel des choses. — Causes de la persistance des usurpations ; moyens de les pré- venir ou réprimer. — Examen des arguments moraux invoqués en faveur du mode de jouissance en commun.— Nécessité de sortir les communaux de ce mode de jouissance. — Côté général et écono- mique de la question. — Intérêt des communes elles-mêmes à ce changement. — Solutions présentées. Nous commencerons cet exposé par quelques dé- tails sur la nature, la composition, l’importance et l'étendue du domaine communal. Î serait inuule, quant à l’objet immédiat de notre travail, d’énumérer ici les divers objets et fonds qui composent ce domaine. Cette classification a été faite avec soin et exactitude dans l’ouvrage de M. Prou- dhon intitulé Du domaine publie. Nous rappellerons seulement la définition, d’ailleurs assez vague et con- fuse, que donne le Code Napoléon (art. 542) des biens communaux. Ce sont ceux à la propriété ou au produit desquels les habitants d’une ou plusieurs communes ont un droit acquis. Nous rappellerons aussi la distinction générale que la loi du 10 juin 1795 a établie entre ces biens. Elle les divise en biens communaux proprement dits et en biens patrimo- niaux. On entend par biens communaux, les terres vaines el vagues, les gastes, garigues, landes, pacages, pätis, ajones, bruyères, bois communs, hermes, va- cants, palus, marais, marécages et montagnes, et généralement tous biens-fonds ou immeubles dont SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 337 les habitants jouissent en commun (art. 1%, sect. 1v, loi du 10 juin 1795). L’on donne le nom de patrimo- niaux à ceux de ces biens qui se louent, s’afferment ou s’exploitent régulièrement au profit de la com- mune , tels que les maisons, halles, métairies, mou- lins, usines, prés, terres labourables, bois aménagés en coupe réglée, ete., et en général tous les biens qui ne peuvent être divisés et sont loués. Il faut aussi ranger dans cette catégorie les édifices et immeubles affectés à usage publie. Les biens patrimoniaux, étant ou affectés à usage publie ou productifs de revenus , sont étrangers à l’objet de ce Mémoire. C’est seulement aux biens communaux qu’il a trait. Ce sont ces biens, en effet, qui sont presque universellement placés sous le ré- gime de la jouissance en commun; c’est même de celte circonstanc@qu’ils ont tiré leur appellation, qui se simplifie dans la pratique en celle de communaux. Leur étendue ne laisse pas que d’être considérable. Elle était évaluée en 1849, d’après les documents les plus exacts, à 2,792,805 hectares. Ce sont done autant d'hectares soumis au régime de la jouis- sance en commun, si l’on en excepte quelques por- lions qui, dans ces dernières années, ont été amodiées ou allotties, et aussi ceux de ces terrains qui ont été soumis, par les soins de l'administration ou des com- munes, au régime forestier. Il faut cependant en convenir , le régime de la jouissance en commun est plus fécond en inconvé- TOME XIX. 29 338 CONSIDÉRATIONS nients qu'en avantages. Non -seuiement ce régime n'assure pas à ces terrains toute la productivité dont ils sont suscepubles, mais on peut dire qu'il les atteint dans leurs forces naturelles, dans leurs sourees mêmes de productivité. La dent des animaux, l'enlèvement du gazon, l’écobuage et une foule d’autres abus qu’il serait long et fastidieux d'énumérer, mais que con- naissent bien tous ceux qui ont véeu dans les campa- gnes, deviennent pour le sol communal autant de causes d’appauvrissement et d’épuisement. On dirait que les communistes veulent appliquer à la lettre la définition romaine de la propriété : Jus ulendi et abutendi, et qu'ils s'efforcent, à l’envi les uns des autres, de diminuer constamment leur jouissance et la source de cette jouissance. L'intégrité du sol communal n’est pas moins me- nacée par le mode de jouissance en commun. Aban- donnés à l’imprévoyance, dans leurs fruits comme dans leur fonds, ces terrains sont encore mal gardés et deviennent une proie facile à la cupidité et à la convoitise des usagers. C’est une vérité vulgaire et consacrée par une longueexpérience, que les proprié- tés publiques ont rarement joui de la même sécurité et du même respect que les propriétés privées. L’in- térêt qui s'attache à leur conservation est partagé entre trop de mains pour qu’il atteigne à ce degré de vigilance, de jalousie de sa chose que l’on retrouve à tous jes degrés de l’appropriation privée et qui s’y dessine même avec d'autant plus d'énergie qu’on les SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 339 descend davantage. La passion du lucre, l'amour de la terre, tendance si caractérisée chez les paysans, y aidant, l’usage continu de Ja chose se transforme en possession d’abord, en propriété ensuite. Aussi les usurpations sur le sol communal ont-elles été nombreuses de tous les temps. De tous les temps aussi, elles paraissent avoir généralement joui de l'impunité. Ce n’est pas que la législation ait jamais désarmé devant ces abus; si quelquefois, en pré- sence de leur généralité, elle a transigé , elle n’en a pas moins continué de poursuivre résolümentson but : le maintien de l'intégrité de la propriété communale et la répression des usurpations dout elle était l'ob- jet. Ainsi, dès 1579, Henri IF, dansson ordonnance dite de Blois, enjoint à ses procureurs « de faire » informer diligemment et secrètement contre ceux > qui, de leur propre autorité, ont ôté, soustrait des lettres, titres etautresenseignements deleurssujets, » pour s’accommoder des communes ! dontils jouis- saient auparavant, ou sous prétexte d'accord, les » ont forcés de se soumettre à l'avis de telles person- » nes que leur a semblé, et en faire poursuite dili- » gente. » À cinquante ans de distance, Louis XIII revient sur les mêmes prescriptions : « Leur défen- 2 y L2 ». dons pareïllement aux seigneurs et gentilshommes » d’usurperlescommunes des villages... niles vendre, » engager ou bailler à cens... et si aucunes ont été ‘ Le mot cominunes est employé ici pour désigner des biens communaux. 340 CONSIDÉRATIONS » usurpées, elles seront incontinent restituées. » (Ord. générale. — 16 janvier 1629.) Injonctions im- puissantes, puisqu'on voit Louis XIV, dans le préam- bule de son remarquable édit de 1667, ranger parmi les plus grands désordres « causés par la licence de » la guerre la dévastation des biens des communau- » tés d'habitants. » « Licence, dit l'édit, d’autant » plus générale que les seigneurs et autres personnes » puissantes se sont prévalus de la faiblesse des plus » nécessiteux. Pour dépouiller les communautés, » l’on s’est souvent servi de dettes simulées; on a » abusé des formes de la justice. » Dès le commencement de ses travaux (14 décem- bre 1789), l’Assemblée constituante s'occupa de lor- ganisation des municipalités. La loi des 15-21 avril 1791 enleva aux seigneurs, pour le transporter aux communes, le droit d’appropriation des terres vaines et vagues, droit qui jusqu'alors avait appartenu aux premiers en vertu de l’axiôme féodal nulle terre sans seigneur. La loi des 24 août, 16 septembre 1792, plus générale dans son principe comme dans ses disposi- tions, rétablit les communes dans les propriétés et droits dont elles avaient été dépouillées par l'effet de la puissance féodale. On croira peut-être que les communes ainsi réta- blies dans la plénitude de leurs droits, favorisées à leur tour au détriment des anciens usurpateurs de leurs biens, on croira peut-être que les communes ont joui désormais sans trouble de leurs propriétés. SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE, 341 Il n’en devait pas être ainsi, et jamais la posses- sion des communes ne fut aussi troub'ée, aussi précaire que sous les gouvernements qui se succé- dèrent depuis 1795 jusqu'au 18 brumaire. Elles n'eurent plus, à la vérité, à se défendre contre les moyens, tantôt frauduleux , tantôt violents, qu’em- ployaient pour les dépouiller leurs seigneurs, moyens dont les édits précités de nos anciens rois tracent la peinture vive et fidèle. Mais la Convention nationale porta à leur autonomie, par la loi du 10 juin 1795 sur le partage des communaux, un coup funeste et qui füt devenu mortel, si le bon sens n'avait conduit la presque unanimité des communes à user de la dis- position de cette loi qui déclarait le partage facultatif. Mais elles auronÇlongtemps à souffrir, les unes des contestations nées de ce partage, les autres du désor- dre des temps si favorable aux usurpations; toutes des nombreux litiges qui s’élevèrent entre elles et les anciens possesseurs des biens qui leur avaient fait retour en vertu des lois de 1791 et de 1792. Aujourd’hui, la consolidation du nouvel ordre social sorti du mouvement de 89, l’action des pouvoirs législatifs et de l'administration ont à jamais rendu impossible le retour de ces spoliations sur une grande échelle, dont le passé a offert tant d'exemples. Le Code civil et des lois spéciales ont dé- terminé la nature et garanti l’intégrité du domaine communal. [1 faut cependant se garder d’en con- clure que les usurpations sur les communaux aient 342 CONSIDÉRATIONS cessé. Malgré la répression qui les atteint, elles ont continué. Dans quelques départements, le mal a pris même de telles proportions que les Conseils gé- néraux et l'administration s’en sont émus. Quant au département de la Haute-Loire, il ne fait certainement pas, à cet égard, une heureuse exception ; peut-être même les empiètements sur les communaux y ont-ils été plus nombreux et plus impunis que partout ailleurs. La persistance de ce fait n’a rien qui doive étonner. Nous le répétons, les propriétés publi- ques sont loin d’être protégées avec cette énergie et cette vigilance qui entourent et défendent les pro- priétés privées. Ce n’est pas assez que la loi ait remis aux maires le soin de constater les usurpations et de les déférer aux autorités compétentes. Ces magistrats n’ont-ils jamais reculé devant l’accomplissement de cette tâche? Ne l’ont-ils pas trop souvent désertée ? Pour répondre négativement, il faudrait ne pas tenir compte de limportance des considérations indivi- duelles dans les petites localités. Il faudrait oublier que les usurpateurs essayent parfois, et non sans succès, de lintimidation. D'ailleurs la répression des usurpations manque d'efficacité et souvent même est illusoire. Les faits d’usurpation sont portés devant le conseil de préfecture, juridiction moins lente dans ses formes et dans sa marche que les tribunaux ordi- naires, et qui, par cette raison, devait être préférée pour le jugement de faits dans lesquels la mau- SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 343 vaise foi et la cupidité jouent presque toujours un rôle évident. Mais la compétence du conseil de pré- fecture n'existe que dans le cas où la qualité com- munale du terrain n’est pas contestée: dans le cas contraire, c'est aux tribunaux de statuer. Il résulte de cette division d’attributions entre les deux juridie- tions, division conforme d’ailleurs aux principes du droit administratif, que les usurpateurs élèvent le plus souvent l'exception de propriété, quand ils n’ex- cipent pas de la prescription, moyen que l’ineurie des administrations municipales ne leur laisse que trop fréquemment. Le conseil de préfecture, ne vint-il pas à être dessaisi par l'emploi de l’un ou de l’autre de ces moyens, ne pe prononcer que la remise à la commune des portions usurpées. Cette remise, le maire est chargé de sa mise à exécution ; mais, par suite des considérations auxquelles nous avons fait allusion plus haut, il néglige souvent de remplir cette obligation. Nous en avons fini avec l’examen du caractère et des conséquences du mode de jouissance par indi- vis des communaux Nous nous en sommes tenu d’ailleurs aux traits les plus saillants, aux résultats les plus généraux; on pourrait les résumer ainsi : épuisement progressif des forces productives du sol commupal, diminution croissante de son étendue. En quittant ce sujet, nous ne passerons pas toute- fois sous silence un argument fréquemment employé pour la défense de ce mode de jouissance. Il favorise 344 CONSIDÉRATIONS le communiste pauvre , a-t-on dit, et àcetitre, il convient de le maintenir. L’allégation fut-elle exacte, et nous la croyons plus que contestable, elle ne nous toucherait que faible- ment. La répartition de la jouissance des commu- naux n’est qu'incidemment une question d'assistance publique; c’est avant tout et essentiellement une question de droit. Posée en ces termes, la question ne comporte pas plusieurs solutions. Le principe de l'égalité de jouis- sance entre les usagers ressort non moins clairement des textes de la loi qu’il ne découle des notions mêmes de l'équité. Pour justifier cette opinion, il suffirait de s’en ré- férer aux définitions qu'ont données de la propriété communale le Code civil et la loi du 10 juin 1795. Ces définitions ne laissent aucun doute sur le carac- tère égalitaire, si l’on peut s'exprimer ainsi, de cette jouissance. Nous serions même tenté de eroire que les expressions dont le Code civil, mais surtout la loi de 1795, se sont servis pour caractériser cette sorte de propriété ! n’ont pas peu contribué à entretenir une confusion entre le caractère commun des biens communaux et la nécessité de leur jouissance égale- 1 Les biens communaux sont ceux sur la propriété ou le produit desquels tous les habitants d’une ou plusieurs communes, ou d’une section de commune, ont un droit commun. (Loi du 40 juin 1795, sect. 1V, art. 4er.) SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE, 345 ment en commun. C'est, en effet, un point de droit pour quelques-uns des auteurs qui ont traité de ces matières, que les communaux proprement dits doi- vent être forcément jouis de cette manière, ou du moins que l'attribution dévolue aux conseils munici- paux par l’art. 17 de la loi du 18 juillet 1837, ne doit s’entendre que des diverses manières dont la jouis- sance en commun est susceptible d’être réglée. Nous trouverons plus loin l’occasion de nous édifier sur la valeur de cette thèse. Si done les principes du droit veulent que la jouis- sanee des communauxsoit égale pour tous les ayants- droit, il faudrait condamner le mode de jouissance en commun à raison même de la propriété bien- faisante qu’on lui attribue à l'égard des habitants pauvres. On ne conclura pas sans doute davantage en sa faveur, parce qu'il y a lieu en fait de renverser les termes de cette inégalité er de reconnaitre qu’elle existe bien plutôt à l'avantage des plus riches que des plus pauvres habitants des communes. C'est là, en réalité, son caractère le plus fréquent. De quoi se composent , en effet , les biens communaux, les bois, quelques tourbières et marais exceptés? De prés, de prairies, de terres vaines et vagues, de terrains, en un mot, qui, dans leur état actuel, ne peuvent servir qu’à la dépaissance des troupeaux. N’est-il pas évident, dès-lors, que la jouissance en commun de ces terrains bénéficie davantage aux ha- bitants les plus aisés, à ceux qui possèdent le plus de bétail ? 346 CONSIDÉRATIONS On ne nie guère qu'il en soit généralement ainsi ; mais on nie l'efficacité des moyens proposés en vue de remédier à cet état de choses, et la routine et l'intérêt personnel s’en mélant, on en prend facile- ment son parti. On a même cru lui trouver, dans la loi du 6 octobre 1791 sur la police rurale et aussi dans le mode d’assiette des impôts communaux, un fondement, sinon équitable, du moins légal. Un article de certe loi, relatif aux pâturages communs , dispose que chaque habitant n’a le droit d’y envoyer paitre qu’un certain nombre de têtes de bétail, et que ce nombre sera proportionné à l'étendue des terres qu’il exploite. Voilà le principe de l'inégalité entre communistes affirmé quant à la jouissance des pâturages communs. C’est toujours un droit qu’ils tiennent de leur qualité même, droit limité par leur fortune terrienne. Mais la loi du 6 oc- tobre 1791 n’est qu’une loi de police, ainsi que son ütre l'indique, au surplus, et les dispositions spéciales qu'elle contient ne sauraient prévaloir contre l'esprit général de notre législation communale, avant comme depuis 1789, et la consécration qu’a reçue de cette législation le prineipe de l'égalité de jouissance entre communistes. Ajoutons que l’article précité ne fait, en définitive, que reconnaitre un fait, c’est-à-dire l'inégalité de richesse en bétail chez les communistes, et que la double limitation qu’il établit parait autant une précaution prise contre la dévastation des pâtu- rages communs et les empiètements des commu- SUR LA PROPRIËTÉ COMMUNALE. 347 nistes les plus aisés que la dévolution d’un privilège à ces derniers. En fait, ces dispositions restric- tives ne semblent pas avoir été bien respectées et nous doutons beaucoup qu'aujourd'hui, dans la plu- part des communes rurales, on en tienne un compte serupuleux. On trouve dans cette circonstance une nouvelle preuve de ce que nous disions tout-à-l'heure du genre d'inégalité attaché au mode de jouissance en commun. L’argument tiré de la répartition des impositions communales qui se fait, non d’une facon égale entre tous les habitants, mais bien au prorata de leurs con- tributions individuelles, est-il plus concluant? Faut- il en déduire que la loi fiscale a ainsi rendu hommage au principe de linégalité de jouissance? Ne faut-il pas admettre plutôt que le mode de répartition des charges communales est une conséquence du prin- cipe qui, en matière d'impôts, a dominé depuis 1789 notre droit publie, à savoir, la proportionnalité entre les charges publiques et la fortune? Telle est notre opinion. C’est donc exclusivement par ses conséquences ma- térielles qu’il faut apprécier le mode de jouissance par indivis des communaux. Nous croyons avoir suffisamment caractérisé ces conséquences donton ne peut attendre que du temps, soit la fin, soit l’atté- nuation. Les accepter avec résignation , ou trouver le moyen d’en faire disparaitre la cause, telle est l’al- ternative posée. La poser, c’est résoudre la question. 348 CONSIDÉRATIONS Le remède, en effet, est bien près du mal et des in- térêts d’un ordre élevé; ceux de l'agriculture et des communes, réclament que l’on s'occupe de son ap- plication. Traiter la question au point de vue agricole avec tous les développements qu’elle mériterait, ce serait presque faire un traité d'économie sociale. {1 suflira de présenter, à ce sujet, quelques con- sidérations générales, mais propres à faire appré- cier l’importance, par rapport à la richesse agricole et publique, de la restitution à la culture de la partie improduetive des biens communaux. Quelles que soient la fertilité, l’aisance et la diver- sité des conditions de son sol, la France ne produit pas une quantité de céréales suffisante à l’alimenta- tion de sa population. Elle paie annuellement à cet égard un tribut à l'étranger. Sans partager les anciens errements de l’économie politique ni souscrire aux théories de la balance du commerce, c’est un fait qu'il est d'autant plus permis de regretter que ce n’est point le sol qui a manqué aux efforts de l’agriculture, mais bien les efforts de celle-ei qui ont jusqu’iei manqué au sol. La contenance des terres labourables n’est, en effet, que de 25,559,151 hec- tares, tandis que la contenance totale des terres im- posables est de 49,865,609 hectares, c’est-à-dire que les terres labourables sont à la masse totale des pro- priétés dans le rapport d'environ { à 2. Cependant, pour que Ja France suffit d'elle-même à sa consom- SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 349 mation annuelle de céréales, ce serait assez d’aug- menter de huit millièmes, soit de 200,000 hectares la masse des terres emblavées. Cette augmentation, il n’est pas déraisonnable sans doute de l’attendre des conquêtes successives de la propriété privée. Mais il serait plus naturel et plus prompt à la fois de la demander, dès à présent, à la mise en culture d’une partie du sol communal. Non que ce sol ne présente des conditions bien di- verses ni que tous les terrains qui le composent soient également susceptibles d’être cultivés. La culture ne descendra guère dans les landes humides de la Guyenne ni dans les mäquis de la Corse; elle ne remontera pas les sommets rocheux des Pyrénées. Il est, en outre, certaines considérations en dehors des obstacles naturels qui déconseilleraient de l’y in- troduire. Mais même, en tenant compte de ces considérations , ce n’est rien hasarder que de dire que sur les 2,792,893 hectares qui composent le sol communal, il s’en trouverait 200,000 suscep- tibles d’être mis sous céréales. Quelques mots maintenant de l'intérêt des com- munes dans la question. Les dépenses des communes n’ont pas cessé, de- puis une cinquantaine d'années, et depuis vingt ans principalement, de suivre une progression croissante. De nombreux services ont été mis à leur charge, et la nomenclature de leurs dépenses obligatoires, telle qu’elle a été formulée dans la loi municipale de 350 CONSIDÉRATIONS 1857, quelque étendue qu’elle soit, est devenue in- complète. D’un autre côté, le grand mouvement qui entraine tout le monde vers les améliorations de tout genre, vers les progrès matériels et moraux, n’est pas resté étranger aux communes. Elles ont voulu établir dans leur sein des salles d'asile, des crèches, des ouvroirs, des caisses d'épargne, des monts-de- piété,des bains et lavoirs publics, des fontaines, etc., toutes les institutions, en un mot, que la charité, la prévoyance, l'hygiène recommandent ou réclament. Mais les ressources des communes n’ont pas mar- ché du même pas que leurs dépenses. Non-seulement pour satisfaire à ces besoins, pour réaliser ces pro- grès, il faut de la part des habitants des sacrifices particuliers et permanents, mais le budget cominu- nal est le plus souvent insuflisant pour eouvrir les dépenses légales et obligatoires. Ainsi, en 1841, on ne comptait sur les 57,055 communes du royaume que 675 pouvant subvenir, sur leurs seules ressources ordinaires, aux dépenses du service vicinal. Quant au service de l'instruction primaire, il n’est assuré aussi, dans un très-grand nombre de communes, qu’à laide de centimes additionnels extraordinaires ou de surimpositions. En ce qui concerne le départe- ment de la Haute-Loire, toutes les communes, sept ou huit peut être exceptées, ne font face à leurs dé- penses ordinaires qu'à l’aide de ces moyens. On sait, cependant, combien le besoin d'améliorations se fait encore sentir dans les communes. Le service des che- SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE, 351 mins vicinaux est loin de répondre à toutes les néces- sités d’un sol aussi heurté, aussi capricieux que l'est celui de ce département, et on peut prendre une idée juste, en lisant la cireulaire si remarquable qu’a pu- bliée récemment M. le Préfet de la Haute-Loire dans le Recueil des actes administratifs, des lacunes qui restaient, il y a peu de temps, et qui restent encore à combler dans le service si important à tant de titres de l'instruction primaire. Les communes, dans leur immense majorité, sont donc entrées dans la voie des surimpositions et des emprunts. Cette voie, il faut en convenir, n’est pas exempte d’inconvénients, voire de dangers. Les con- tributions extraordinaires ne jouissent pas toujours, tant s’en faut, de popularité auprès des populations, surtout dans les communes pauvres, c’est-à-dire dans celles mêmes où la nécessité d’y recourir se présente plus fréquemment. Elles font trop peser, de même que les emprunts, sur le présent seul le poids de sacri- fices dont l'avenir est appelé à recueillir les fruits. Elles appauvrissent, et ceci est plus grave, les sources mêmes de la fortune publique, sources qu’il importe de laisser pleines et libres afin que l'Etat puisse, aux heures de crises et de péril, y puiser sans crainte et abondamment. Cette tendance, ou, pour mieux dire, cette néces- sité pour les communes de recourir, lorsqu'elles veulent le progrès , soit aux impositions extraordinai- res, Soit aux emprunts, n’a pas laissé que de soulever des inquiétudes et d'attirer l'attention des pouvoirs 352 CONSIDÉRATIONS publics. Elle a inspiré la loi du 10 juin 1855 sur la conversion des dettes des communes et les emprunts à longue échéance 1. Est-ce à dire cependant qu'il faille arrêter les communes dans leur essor vers les améliorations? Une telle pensée est loin de notre esprit. Les communes ont beaucoup fait dans cette 1 Cette loi avait été précédée d’un article tres-remarquable inséré au Moniteur du 21 mai, et dont cette insertion indique le caractère officiel. On peut le lire avec fruit, pour se rendre compte de l'étendue des charges qui pesent sur les communes, des abus et des dangers qui peuvent naître de l’emploi eselusif ou trop prolongé des em- prunts extraordinaires. Nous en extrayons les passages suivants : « Depuis quelques années, les charges départementales et commu- nales se sont élevées dans une proportion sensible. Outre les cen- times additionnels affectés aux services publics, aux constructions » de routes et d’édifices d’une utililé incontestable, d’autres imposi- tions ont été votées pour servir les intéréts et l'amortissement des » emprunts contractés par Les départements et les communes Tout en » reconnaissant que la plupart de ces emprunts ont eu pour objet de » satisfaire à des besoins urgents ou de réaliser d'importantes amé- » Jiorations, le Gouvernement, (uteur naturel des départements et » des communes, a dû se préoccuper des conséquences fâcheuses qui » pouvaient résulter de cet état de choses; déjà, lorsqu'il proposait, » en 4850, de dégrever de 27,000,000 l'impôt foncier, le Gouver- » nement avait déclaré qu’il était nécessaire de prendre des mesures, » afin d’empécher que les conseils municipaux et départementaux ne » profitassent de cet allègement pour augmenter les charges locales. » Assurément, ce n’est pas d'aujourd'hui que les communes sont » endettées ; avant la révolution, quelques-unes élaient accablées tous SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 353 ont beaucoup fait dans cette direction, mais il leur reste encore beaucoup à faire. Dans certains dépar- tements, —et pourquoi ne le dirai-je pas? — dans celui de la Haute-Loire particulièrement, elles ne font que d’y entrer. Ce qu'il faut, au contraire, c’est soutenir, c’est fortifier ce mouvement; c’est créer aux communes de nouvelles ressources, tout en équi- librant leurs budgets avee leurs dépenses, ou en se rapprochant du moins de ect équilibre si désirable et Lant cherché. Nous ne nous dissimulons pas la difficulté du pro- blème et nous ne pensons pas, d’ailleurs, qu’il soit susceptible d’une solution unique ; maisnous croyons que, quantaux communes qui possèdent des commu- naux, cette solution est entre leurs mains, et qu’elle consiste dans une gestion plus rationnelle et dans un emploi plus intelligent de ces biens. On peut propo- ser et on à proposé, en effet, d’assez nombreux moyens pour atteindre à ce résultat; mais tous ces moyens se rapportent à six systèmes : la vente géné- rale, le partage gratuit, le partage usufruitier, Vex- ploitalion directe par les communes, l'amodiation » le poids de leurs engagements. Mais les dettes actuelles des com- » munes, comme celles des départements, sont d’origine récente... » Jusqu'en 4850, la dette départementale et communale resta » renfermée dans des limites assez étroites. À partir de cette époque, » elle s’est sensiblement développée sous l'influence des conseils élec- » fs. » (Moniteur du 21 mai 4855) TOME XIX. 23 354 CONSIDÉRATIONS proprement dite, l'allottissement des communaux, systèmes à chacun desquels nous consacrerons un examen particulier. De l’aliénation générale des communaux. — Question de l'utilité du maintien ou de la suppression du domaine communal. — Argu- ments invoquis contre les domaines publics. — Considérations en faveur du domaine communal. Les deux premiers de ces moyens ne procèdent pas du même principe et leurs effets ne seraient pas non plus identiques ; mais 1ls auraient le même ré- sultat final, c’est-à-dire l’anéantissement du domaine communal. C’est aussi à raison de ce résultat qu'ils ont obtenu jadis de la faveur et qu’ils en conservent encore aujourd’hui près de certains esprits. C’est une question controversée en économie pu- blique que celle de savoir s’il y a plus d'avantages que d’inconvénients dans ces corps de propriétés qui, dans beaucoup de pays et à diverses époques, ont été constitués en faveur de personnes morales, telles que l'Etat, les communes, les établissements hospi- taliers et charitables. On a défendu et attaqué ces sortes de propriétés avee une même vigueur, avee le même luxe de dialectique et d’arguments. Toutefois, il faut convenir que l'opinion qui s’y montre défavo- rable a gagné du terrain dass ces derniers temps et conquis pour adhérents, non-seulement les écono- mistes, dans leur presque unanimité, mais aussi des SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 355 publicistes distingués et des hommes de science et de pratique administratives. Ainsi on allègue contre le maintien des domaines publics la difficulté, l'impossibilité même de les pro- téger contre les tentatives de la cupidité aussi eflica- cement que les domaines particuliers. On rappelle à cet égard le grand nombre d'ordonnances et de dé- clarations rendues, sous l’ancienne monarchie, dans le but de mettre fin à des démembrements qui allaient réduisant sans cesse cette branche de la fortune pu- blique, d’ailleurs bien plus considérable alors qu’elle ne l’est aujourd’hui. On fait observer aussi que les fonds appartenant soit à l'Etat, soit aux communes, sont loin de présenter, au point de vue agricole, le même degré de prospérité que les fonds restés dans l'appropriation privée. On a été même, dans un autre ordre d'idées, jusqu’à reprocher à la propriété de main-morte de ne pas être en rapport avec le degré de eivilisation atteint de nos jours par la so- ciété française, et d’être en désaccord avec nos institutions civiles et politiques. ILest évident que dans ces reproches, il s’est glissé de lexagération. En ce qui concerne le dernier , notamment, on peut répondre que les caractères et les conséquences de la propriété main-mortable sont bien différents de ce qu'ils étaient sous l’ancien ordre de choses; que l'inaliénabilité des biens de l'Etat, ou des communes, ou des établissements de bien- faisance n’est pas absolue, d’un côté, et que, de 356 CONSIDÉRATIONS l'autre, à des besoins permanents, il peut paraitre naturel, nécessaire même d’affecter des moyens de satisfaction également permanents. On peut ajouter qu'à l'égard d'une portion de ces divers domaines, la plus considérable de toutes, les bois, il est de l'intérêt général de la placer hors du commeree et de la protéger dans ses débris contre des spéculations qui, abandonnées à leur liberté naturelle, l’auraient peut-être déjà fait disparaitre, au grand détriment de l’agriculture, de la sécurité des personnes et des propriétés. Passons, si on le veut, condamnation sur le do- maine de l'Etat; admettons, et c’est une opinion que partagent de très-bons esprits, parmi lesquels nous citerons MM. Macarel et Boulatignier, qu'il vaudrait mieux pour l’Etat cesser d’être propriétaire, et de- mander à l'impôt seul les revenus dont il a besoin !. 1 « Mais, selon d’autres esprits moins exclusifs, s'il n’est pas rai- » sonnable d'exiger que l'Etat ait un domaine assez considérable pour » qu'il y trouve une source suffisante de revenus, du moins il faut » convenir qu’il est indispensable qu’il possède des domaines d’une » certaine importance, afin d’avoir pour les besoins extraordinaires » une ressource qui lui permette de ne point fouler les citoyens par » des contributions extraordinaires , ou qui, s’il préfère emprunter, » l'empéche de subir la loi des préteurs. Ces raisons ne nous parais- » sent pas péremploires. Si l’on vend les domaines de PEtat, les reve- » nus qu'ils produisaient cesseront de rentrer au Trésor, et pour les » remplacer, il faudra, un peu plus tôt, un peu plustard, aupmen- » ter la somme des impôts On obtiendrait le méme résultat par » l'emprunt, moyen financier dont il faut sans doute user avec pru- SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 357 La propriété communale devrait-elle être englobte dans la même condamnation? N’y aurait-il pas, au contraire, des raisons sérieuses de la conserver? Nous penchons pour laflirmative. L'existence d’un domaine de l'Etat, nous l'avons dit, compte des partisans et des adversaires. Mais bien qu'une erreur économique ne soit jamais indifférente, la divergence ne porte pas ici sur un poiut fonda- mental. Les intérêts moraux, dans les grandes agglomérations que l’on appelle Etats, sont des liens plus sûrs pour leur unité et leur cohésion que les intérêts matériels. D'ailleurs, une propriété abstraite, comme l’est celle de PEtat, qui n’est celle de per- sonne en particulier, mais de tous en général, ne constitue pas, à bien dire, un de ces liens matériels qui servent aussi à unir les membres d’une nation. Dans les communes, au contraire, et surtout dans » dence, mais pour lequel les Etats bien administrés ont facilement » des souscripteurs, surtout lorsqu'ils admettent la libre concurrence. » Les gouvernements qui ne trouvent des préteurs que difficilement » et moyennant un haut prix, sont ceux dont les affaires sont en » mauvais état. Eh bien! que dans cette position on veuille vendre » des immeubles, on saura que la vente a lieu par nécessité, et les » acheteurs ne proposeront qu'un bas prix. » Ainsi done il nous parait peu convenable que l'Etat tienne à con- » server un domaine produisant des revenus; nous concevrions toute- fois une exception en ce qui concerne les propriétés forestières. » (MacarEz et BOULATIGNIER. — De la fortune publique en France el de son administration, tome 1) 358 CONSIDÉRATIONS les communes de petite étendue et de faible popula- tion, le domaine communal a une autre importance. Au point de vue de l'individualité matérielle et mo- rale de la communauté, ce patrimoine est le fruit des conquêtes civiles de la communauté, conquêtes quelquefois chèrement achetées , ou de la générosité de quelques-uns de ses membres. Ces biens, la pos- session n’en est pas nouvelle entre les mains des habitants ; ils ont été habitués depuis longtemps à en jouir , à en mésuser même; enfin, il n’y a de lien solide, d’aggrégation véritable que là où se rencon- trent des intérêts communs; et quand on parcourt l’échelle des associations, des personnes civiles et administratives, on reconnait que la puissance res- pective des liens moraux et des liens matériels va en grandissant ou en diminuant, suivant que l’on se place au bas ou au sommet de l'échelle. Cette chjection préjudicielle n’est pas, d’ailleurs, la seule à présenter contre laliénation générale des communaux. Cette mesure consuütuerait une très- mauvaise spéculation financière. La plupart des fonds dont ces biens sont composés sont aujourd’hui ineul- tes ; ilsne se vendraien qu’à vil prix, au rabais, pour ainsi dire ; le placement du prix de cette aliénation ne procurerait aux communes qu’un revenu faible, dé- sormais immobilisé et que la dépréciation de la valeur monétaire diminuerait encore !. Il n’est rien moins * L'invasion, toujours croissante, sur le marché européen, de l'or de Ja Californie et de l'Australie vient de renouveler au xixe siecle SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 359 que sûr encore que la mesure rencontrât beaucoup de faveur de la part des communes. Les souvenirs des ex- périenees révolutionnaires de 1795 et de la conversion forcée des biens immobiliers des communes en rentes Le phénomène économique qui avsit marqué le commencement du xvi®, c’est-à-dire la dépréciation de la valeur mo: étaire et, partant, le renchérissement générar de tous les produits et denrées. Cette conséquence, nous le savons, n’est pas admise par quelque. esprits. Quant à nous, nous la tenons pour certaine et rigoureuses Qu'est-ce, en effet, que la valeur monétaire, la monnaie? une mar- chandise intermédiaire servant d’instrument d'échange, de commune mesure aux autres marchandises. Telle est du moius la définition qu'Aristote et, après lui, les économistes modernes ont donnée de la monnaie. La valeur de la monnaie est donc relative, comme celle de toutes les autres marchandises, à la quantité qui en existe dans la circulation, et l’on peut dire que l'argent vaut plus, que l'argent vaut moins, suivant sa rareté où son abondance. N’est-il pas évident, dès-lors, que dans l'échange, le prix des choses est aussi relatif à cette rareté ou à cette abondance de l'instrument méme de l'échange, de la marchandise qui sert de mesure au prix de toutes les autres? La dépréciation dela v:leur monétaire est un fait constant et qui ne date pas d'aujourd'hui, d’ailleurs. Elle à suivi un cours régulier et progr,ssif dans ces trois derniers siecles. Mais, sous empire des cir- constances que nous avons rappelces plus haut, elle s'est précipitée, et nous sommes entrés, ©’est là notre ferme conviction, dans une crise semblable à celle qui suivit la découverte des mines du nouveau Monde. La fonction économique de la monnaie, les phénomènes qui s'y rattachent sont certainement assez élucidés et connus de nos jours pour que nous ne soyons pas saisis, devant les conséquences de cette crise, de cet élonnement des hommes du xvie siècle, étonnement dont létendue et les form:s quelquefois naïves ont été retracées dans un des chapitres de la belle histoire de Péconomie politique de M. Blan- qui. Mais, en échappant à l’étonnement, il n’est pas malheureusement 360 CONSIDÉRATIONS sur l'Etat, décrétée par la loi de 1815, subsistent dans leur sein et n’aideraient certes pas à en assurer le succès. Enfin, l’aliénation générale, contraire à l'intérêt moral et matériel de la communauté, ne serait pas non plus dans l'intérêt de ses habitants pau- vres. Ceux-ci, sans doute, ne trouvent aujourd'hui qu’un avantage bien faible dans la jouissance directe des communaux, mais cet avantage même leur serait enlevé sans compensation. À vrai dire , les habitants aussi facile d'échapper aux conséquences des crises de celte nature. Déjà plus d’une position privée les a ressenties ; déjà elles ont pesé sur la classe des salariés et la catégorie des petits fonctionnaires. L'on peut craindre qu’elles ne continuent de le faire tant que, par l’ac- tion des harmonies économiques, les salaires ne se seront pas relevés, et tant que les circonstances graves où se (rouve engagé le pays ne per- mettront pas au Gouvernement de nouveaux sacrifices pécuniairesenvers ses agents et feront à ceux-ci un devoir d’une pa riotique résignalion. Mais l’on peut et l’on doit soustraire aux conséquences de cette crise les hôpitaux et hospices, les communes, les mineurs de l’administra- tion. Dans une brochure récente et dont la lecture ne laisse qu’un regret, celui de son extrême brièveté, M. Charles Lucas, membre de l'académie des sciences morales et politiques, inspecteur général des prisons, a tenté de prémunir les établissements charitables contre les dangers du conseil qui leur a été donné quelquefois de convertir leurs biens immeubles en rentes sur l'Etat. Il signale, en présence de cette dépréciation toujours croissante de la valeur monétaire, les effets dé- sastreux d’une pareille opération. Il engage fortement les commis- saires administrateurs de ces établissements à ne pas toucher à leur fortune immubilière, Nous nous rangeons (out-à-fait, en ce qui con- cerne les communes, à l'opinion et aux conclusions de l'honorable et savant academicien. SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE, 361 riches seuls se trouveraient en position d'acheter ou, du moins, d’écarter la concurrence des habitants les plus pauvres par l'élévation de leurs enchères. Au surplus, nous n’entendons repousser que l'alié- nation générale et systématique des communaux. Quant aux aliénations partielles de ces biens, en vue soit de nécessités pressantes où d'intérêts d'avenir, il faut, loin de les proscrire, se féliciter de les avoir vu définitivement sanctionner par la nouvelle législation communale. IV. Du partage gratuit du domaine communal. — Examen de la mesure au point de vue du droit. — Droit antérieur à 1789, — Droit postérieur à 4789. — Loi du 40 juin 1795. — Appréciation de son esurit et de ses résultats. — Examen de la mesure au point de vue de l'utilité, Nous allons aborder maintenant le système du partage gratuit des communaux entre les habitants. Nous examinerons celte importante question au dou- ble point de vue du droit et de Putilité. Ce n’est pas certainement dans le droit antérieur à 1789 qu’il faudrait chercher la légitimation de ce système. On tenait, en effet, pour certaines, dans l’ancien droit français, deux choses, c’est que les communaux n’appartenaient pas à chaque habitant pour sa part, mais bien à la communauté considérée dans son ensemble, etque la communauté elle-même 362 CONSIDÉRATIONS n’était propriétaire des communaux qu'à la charge de les conserver en nature, pour en transmettre la jouissance aux habitants à venir. Ainsi, dans l'ordonnance de 1667, il leur est donné pour des- tination de demeurer inséparablement attachés aux habitations des lieux ; et Louis xiv ordonne « que « les communautés d'habitants, dans toute l'étendue » du royaume, rentreront, sans aucune formalité de » justice, dans les fonds, prés et pâturages, bois, » terres , Communes, communaux et autres biens » communs parvenus, vendus ou baillés à cens em- » phytéotique, depuis l'année 1620, pour quelque » cause et occasion que ce puisse être !. » Comme conséquence de ces principes, on n’admettait d’autre mode de jouir des communaux que le mode de jouissance en commun. Le respect de ce mode fut même plus d'une fois poussé jusqu’à l'absurde , ainsi que le témoignent ces arrêtés rapportés par Frémin- ville dans son traité du Gouvernement des biens des communautés «habitants, arrètés qui ordonnaient le rétablissement en leur premier état des terres affer- mées par les habitants pour être mises en culture, et ? ILest vrai que dix ans à peine se sont écoulés [1677], qu’une ordonnance royale, renouvelée en 1702, maintient les acquéreurs de communaux, si séverement (raités dans l’édit de 1667, dans la pos- session desdits biens, à la seule charge par eux de payer nouvelle fi- nance au roi, genre ass z piquant de terminer le litige et qui, pour le dire en passant, était dans toutes les traditions de l’ancienne monarchie, SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 363 la réduction en friches et terres hermes des blés qui s’y trouvaient plantés ?, [ne faudrait pas croire cependant que, malgré ce qu’elle a d’essentiellement contraire au principe de Pimmutabilité absolue et de la substitution perpé- tuelle de la propriété communale, la vente des com- munaux fût repoussée d’une manière absolue par la vieille législation. Pour preuve du contraire, il sufli- rait de citer la déclaration royale de 1559, relative aux habitants des paroisses et cominunautés. Seu- lement cetté vente ne pouvait avoir lieu sans l’au- torisation royale, à raison du principe déjà en vigueur, et dont l'ancienneté remonte beaucoup plus loin, de l’état de minorité perpétuelle des communes. Il était, de plus, nécessaire que la majorité des habi- tants fût consultée sur l'opportunité de l’aliénation, en vertu, sans doute, du vieil adage : Quod omnes langit, ab omnibus approbari debet; adage avec lequel la législation actuelle n’a pas cessé d’être en conformité , puisque, dans le système de nos lois, le conseil municipal a remplacé assemblée des habi- tants et qu'aucune aliénation de communaux ne peut avoir lieu sans que le conseil municipal l'ait préala- blement consentie. Dans aucun cas, d’ailleurs, l’alié- nation n'avait lieu qu’au profit de la communauté et non au profit individuel des habitants. On ne S’étonnera pas que l’ensemble de ces prin- 1 Ernest Caucuy — Considérations sur les biens communaux, etc. 364 CONSIDÉRATIONS cipes n'ait pas trouvé grâce devant les législateurs de la révolution. Outre ce que ces principes présentaient d’excessif et d’anti-économique, ils devaient eneourir à leurs yeux un reproche plus grave, celui d’être trop empreints de l'esprit de localité, d'être trop favora- bles à l'indépendance des communautés d'habitants. L'Assemblée constituante et l’Assemblée législative ne s’oceupèrent toutefois de la propriété communale que pour la raffermir, la mettre en harmonie avec les institutions nouvelles , et la faire rentrer dans la plénitude des droits dont la puissance féodale et les usurpations des seigneurs l'avaient successivement dépouillée. Il était réservé à la Convention de la bou- leverser. Sous l'influence des idées d'égalité absolue, de nivellement des fortunes, de centralisation exces- sive qui régnaient à ce moment , cette célèbre Assem- blée décréta (loi du 10 juin 1793) le partage des biens communaux. La législation actuelle, résumée dans la loi du 18 juillet 1837, s’est gardée des excès que l’on a signalés justement dans la loi de 1793, comme :lans les lois communales antérieures à 1789. S’inspirant d’un sage éclectisme, elle a admis, tout en respectant le domaine communal, laliénabilité des fonds qu'il comprend, sous le consentement du conseil mu- nicipal et la sanction de l'autorité administrative supérieure. La loi du 18 juillet 1857 est muette, à la vérité, sur la question du partage des biens com- mupaux, silence dont il ne faudrait cependant pas SUR LA PROPRIÈTÉ COMMUNALE. 365 inférer consentement; son esprit général repousse en effet ecite mesure, et la jurisprudence, après quel- quesinecrtitudes, s’est prononcée dans le mème sens. Nous avons tout-à-l’heure fait allusion à la loi du 10 juin 17953. Il ne nous parait pas hors de propos de nous y arrêter un instant. Elle est digne de cette altention par ses dispositions, et plus encore par son esprit. Le partage des biens communaux, décidé en prin- cipe par la loi du 10 juin, s’étendait aux biens patri- moniaux comme aux communaux proprement dits , de quelque nature qu’ils pussent être (art. 5), à l'exception des bois, lesquels devaient être soumis aux règles décrétées ou à décréter ultérieurement par l'administration des forêts nationales, des places, promenades , voies publiques et édifices à Pusage des communes (art. 5). Le partage avait lieu par tête (art. 1*, section n) ; chaque lot ne pouvait être aliéné pen- dant dix années, à partir de l’époque du partage, sous peine de nullité de la vente. Ce n’était rien moins que la destruction de la propriété communale qu’on transférait des mains de la communauté dans celles de chacun de ses membres, et l’inauguration d’un droit tout nouveau, droit que le rapporteur de la loi définissait en ces termes : « Personne n'avait » encore de propriété individuelle sur les biens, car » Ce qui appartient à tous n'appartient à personne en » particulier; e’est done par Peffet de la loi que 365 CONSIDÉRATIONS » les habitants deviendront aujourd'hui proprié- » aires. » Cette révolution de la propriété communale, on voulait, d’ailleurs, l’opérer conformément aux idées du temps sur le morcellement et la diffusion des pro- priétés. On craignait tellement l'effet inévitable des différences d'aptitude et de prévoyance, la reconsti- tution dans le sein des communes de la grande propriété, que la cession des biens partagés était, comme nous l’avons déjà dit, interdite pour dix ans. Singulière négation d’un des attributs les plus essen- tiels du droit de propriété dans une mesure dont le but était de répandre la propriété, et qui ne s’expli- querait point si on ne se reportail par la pensée aux confusions de toute sorte qui ont marqué cette époque étrange et terrible! Néanmoins, tant est grande la puissance de la vérité , quelques éclipses qu’elle puisse subir sous les passions et les cireonstances, le législateur de 1795 n’osa pas aflirmer toute sa pensée. Son œuvre conserve dans la forme quelque serupule; on y découvre une certaine limidité, un certain manque de logique. Ainsi, le partage des biens communaux ne fut pas déclaré obligatoire ; il fut remis à l'appréciation de l'assemblée des habitants, assemblée où eurent entrée tous ceux qui étaient âgés de vingt-un ans et qui avaient droit au partage !. La 1 [l est vrai qu'un tiers des votants suffisait pour décider la [ mesure. SUR LA PROPRIÈTÉ COMMUNALE. 367 loine repoussa pas non plus la vente desbiens, mais, contrairement à ee qui se pratiquait invariablement, en pareil cas, sous l’ancien droit communal, le pro- duit de la vente , au lieu de bénéficier à la commu- nauté seule, devait être partagé par tête entre ses habitants. La portée et le but de la mesure étaient plus fran- chement avoués dans les rapports qui en précédèrent le vote législatif. Le titre d’un de ecs rapports, celui que présenta le député Lozeau , de la Charente-[nfé- rieure, au comité des domaines, est à lui seul très- significauf; il est intitulé : Rapport sur la nécessité de supprimer les propriélés communales et sur les principes de la propriélé dans un pays libre. À ce dernier égard, Pauteur du rapport n'admettait que deux sortes de propriétés : les propriétés nationales, qui étaient hors du commerce, ct les propriétés privées, qui étaient dans le commerce. Il réelamait la suppression des propriétés des corporations, au nom de lunité du gouvernement et de la nation, au nom aussi de légalité. Les communes ne possédant pas à beaucoup près une étendue égale de propriété, il résultait, selon Lozeau, de cette inégalité des dispro- portions choquantes entre les avantages publique- ment attachés aux habitants du même sol. L'intérêt de l’agriculture exigeait aussi qu’on lui restituàt ces terrains mal lenus et mal cullivés. Lozeau terminait en proposant de décider qu’à Pavenir, la nation se 308 CONSIDÉRATIONS chargerait de pourvoir, aux frais du Trésor, à tous les besoins particuliers des communes ?. On connait les résultats de l'expérience de 1795. Les dix-neuf vingtièmes des communes s’abstinrent de profiter du droit qui venait de leur être dévolu. Chose étrange, à ne tenir compte que des idées du 1 La pensée de Lozeau se découvre encore mieux dans Je passage suivant de son rapport : « La nation conserve sur les propriétés pri- ».vées, qui sont dans le commerce, le domaine primitif et souverain, » tellement que, dans ma manière de voir, elle pourrait disposer de » toutes les propriétés particulières, si elles devenaient indispensables » pour le maintien de la république » La Convention recula devant lPabsolutisme de ces doctrines. Néanmoins, quelques mois plus tard, elle leur donnait une satisfac- tion partielle par la loi du 21 août 1795, qui fondit l'actif et le passif des communes dans la masse des dettes de l'Etat. Cette fois encore, le sens pratique l’emporta sur l'exagération des théories, et l’on ne douna qu’incomplètement raison aus prétentions formulées par Cam- bon dans son célèbre rapport : « Déclarez, disait Cambon, déclarez dettes nationales les dettes des » communes, en déclarant propriétés nationales tout ïieur actif, ex- » cepté les biens communaux dont le partage est décrété, et les » meubles et immeubles destinés aux établissements publies. » Vous n'avez plus, ajoutait-il, d’administrations municipales qui, » avec des fonds particuliers, pourraient avoir l’idée de se séparer de » la grande commune. Vous enlèverez aux partisans de l’ancien régime » les moyens de placer leurs fonds sur des anciens titres qui survi- » vraient à une régénération de la dette; formez un ensemble de » toute la dette ; de quelque côté qu’elle provienne, qu’elle soit une » comme le gouvernement qui vient d’étre adopté. » (Rapport sur la dette publique, fait à la séance du 45 août 1795, par Cambon, député de l'Hérault.) SUR LA PROPKIÉTÉ COMMUNALE. 369 temps et de l’appàt que le partage gratuit d'immenses terrains devait offrir aux populations, mais qui s’ex- plique lorsqu'on réfléchit à la force vitale de l’asso- ciation, quand elle compte une longue existence et qu’elle repose sur la double base de l'intérêt et du droit ! Dans les communes où le partage fut adopté, l’opération fut loin de répondre aux espérances qu’on en avait conçues. Les propriétés communales furent morcelées, d'immenses pâturages dévastés, sans profit pour l’agriculture pi pour l’habitant pauvre. L'effet le plus sensible etle plus persistant du partage fut d’enfanter une foule de litiges qui, pendant de longues années , ont fatigué toutes les juridictions. Ce que nous venons de dire de la répulsion que les communes, dans leur immense majorité, mon- trèrent en 1795 pour le partage deleurs biens, et des effets désastreux de cette mesure, dans le petit nom- bre de communes qui l’adoptèrent, pourrait, à la ri- gueur, nous dispenser d’insister sur le second côté de la question, l'utilité. Toutefois, comme l’état d’anarchie où le pays était tombé à cette époque, n’a pas peu contribué à rendre ces effets aussi déplora- bles qu’ils Pont été, il convient que nous nous expli- quions à cet endroiL. Les défenseurs du partage des biens communaux, en dehors des considérations politiques qu’ils y ratta- chaient, l'ont le plus souvent recommandé dans l'intérêt de l’agriculture, à cause des avantages inhé- rents à la diffusion de la propriété et comme un moyen TOME XIX. 24 370 CONSIDÉRATIONS de détruire le paupérisme au sein des communes !. C’est là une manière de voir qui a, certes, du vrai, et l’on ne peut pas nier que l’agriculture ne soit intéressée à ce que l’on fasse sortir les vastes terrains dont il s’agit de l’état de dépérissement et d’impro- duetivité où ils languissent aujourd’hai. Mais la question est de savoir si, pour satisfaire à cet inté- rêt, il est nécessaire de recourir à un moyen qui répugne profondément au droit et dont une expé- rience significative a révélé le danger. Ce n’est point l’occasion de prendre parti dans la discussion pendante depuis longtemps, mais non en- core vidée entre les partisans respectifs de la grande et de la petite propriété, et dans laquelle on a pro- duit de part et d’autre des arguments considérables et puisés dans’ des ordres d'idées différents. Parmi 1 Peu s’en faut que certains d’entre eux ne le considerent comme une panacée universelle. Ecoutons plutôt le député Delpierre aux Cin4-Cents Il veut le partage des communaux, « parce que le par- » tage rendra les habitants propriétaires. » Dans son lyrisme, il dé- peint ainsi les effets de la propriété : « La propriété est le lien qui » unit les ciloyens entre eux et les attache à la patrie, Multipliez les » routes qui y canduisent, et bientôt elle suppléera le Code pénal et » les bourreaux; faites refluer aux champs les étres flétris par la mi- » sère, la possession de la plus chétive chaumière les rendra plus » heureux que le séjour du plus magnifique hôpital. Une seule char- » rue prévient plus de délits qu'un escadron de gendarmerie, et la » forec qui arrète les scélérats est bien moins précieuse que le moyen » d’arréter les erimes. » (Moniteur, séance du 19 frimaire an Mi.) Nous empruntons ces détails au livre de M E. Cauchy, déjà cité. SUR LA PROPRIÈTÉ COMMUNALE. 371 ces arguments, il en estun quia plus particulièrement trouvé faveur auprès des publicités de certaines écoles, avant comme depuis 1789. Le morcellement de là propriété est, a-t:on dit, favorable aux idées d’or- dre, et ceux-là qui ne possèdent rien sont plus dispo- sés à se plaindre de l’ordre social et, le cas échéant, à l’attaquer. Raisonnement qui repose , au fond, sur une idée juste. Mais comment s'expliquer alors la fréquence des révolutions depuis soixante ans en rrance, c’est-à-dire dans le pays où la propriété agri- cole a subi le plus de morcellement, où sa division est même arrivée à ce point qu’elle à fait naître des alarmes chez des hommes qui ne sont d’ailleurs rien moins qu'hostiles aux principes politiques et sociaux sous les auspices desquels cette division est née et s’est maintenue? Comment expliquer notamment les progrès des idées socialistes après la révolution de Février au sein des populations rurales, progrès qui, dans certains départements, se firent avec plus de promptitude et sous un aspect plus menaçant que parmi les populations des grands centres industriels ei manufacturiers ? On trouverait peut-être une explication à cette ap- parente anomalie dans le caractère si souvent incer- tain et précaire de la peute propriété. S'il nait de la possession des attaches aux institutions qui l'ont donnée et la garantissent, ces attaches conservent nécessairement le caractère de cette possession. Elles sont fortes si la possession est certaine ; faibles, au 372 CONSIDÉRATIONS contraire, si celle-ci est menacée. Or, le partage des biens communaux n’aboutirait, en définitive, qu'à augmenter le nombre des propriétaires de cette der- nière catégorie. La part de chacun des ayant-droit se- rail insigniliante ; elle ne se composerait, pour le plus grand nombre d'entre eux, que de terrains impro- ductifs pour le moment, et ce n’est pas exagérer que de dire que le capital et surtout l'excitation d’une rémunération satisfaisante de leurs efforts manque- raient à la plupart des co partageants pour les rendre à la culture et à la productivité. La mesure serait-elle plus eflicace à titre de palliatif à la misère dans les campagnes? Aurait-elle réelle- ment pour l’en chasser la puissance dont on la doue par esprit de système ? De parcilles espérances parais- sent bien vaines. Les résultats de ce partage ressem- bleraient aux résultats de tous les partages possibles. Dans un temps plus ou moins long, limprévoyance, la paresse des uns, la prévoyance, le travail des autres en auraient troublé la première assiette. Le paupérisme reparaitrait et il n’y aurait eu rien de changé, si ce n’est la possession des terrains partagés, qui, de communale et d'agglomérée, serait devenue privée et morcelée !. * Nous trouvons, à l'appui de cette assertion, des faits significatifs dans le remarquable rapport présenté, en 4849, à l'Assemblée cons- tituante par M. Tendret, au sujet de diverses propositions ayant pour onjet le régime des biens communaux. » Les habitants de Scey (Seine-et-Oise), autorisés, par ordon- SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 373 Ces conséquencés sont inévitables. Le législateur ne peut que les éloigner, en décrétanti, en même temps que le partage, l’inaliénabilité, pendant un laps de temps, des biens partagés. Pour les prévenir, il ne faudrait rien moins que rendre éternelle cette inaliénabilité, c’est-à-dire placer des propriétés pri- vées sous toute la rigueur d’un principe dont on a souvent déploréles conséquences pour les propriétés des communes . V Du partage usufruitier des biens communaux. Nous ne dirons que peu de mots du partage usufruitier des biens communaux. Ce système, qui consiste dans l’abandon aux communistes de la jouissance viagère des commu- naux, moyennant une redevance annuelle, est » nance royale du 1er mars 1832, à partager 183 arpentsen 185 » lots, firent l'opération. Le partage n’était pas encore fait qu'un » grand nombre de co-partageants avaient aliéné leurs parts et » qu'il v avait jusqu’à trente Jots réunis dans une seule main. Au » bout de quatre ans, il restait à peine trace de la division. Le » méme fait s’est reproduit, dit-on, à Poutaut, en Brie. » ! Une proposition fut soumise en 1848 au comité d’administra- tion départementale et communale, à l'effet de décréter le partage. Elle émanait de M. Guigues, de Champvans, et était ainsi conçue : » Je propose de remettre en vigueur sur les biens communaux » la loi du 40 juin 4795 dont le principe est Le partage par téte s avec interdiction de vendre pendant dix ans. 374 CONSIDÉRATIONS pratiqué dans peu de pays. Son plus grand inconvé- nient est qu’à aucune époque, personne n’a la libre disposition du bien engagé, ni le communiste, qui ne peut évidemment qu’en jouir, ni la commune, qui se trouve dans l'impuissance de l’aliéner. Au décès de chaque co-partageant, un nouvel habitant lui suceède, en effet, dans la jouissance de son lot, de sorte que le domaine communal est grevé d’une substitution perpétuelle. VI. Exploitation directe des biens communaux par les communes. C'est encore pour ne pas manquer à notre tâche de rapporteur que nous mentionnons ici ce système. Sans parler des: considérations d’économie sociale qu’il serait si facile d'invoquer contre la na- ture même dela mesure, on peut dire que dans l'im- mense majorité des communes, elle serait purement et simplement impraticable. Allottissement et amodiation des biens communaux.— Avantages ge- néraux et communs des deux mesures. — Comparaison entre les deux mesures, au point de vue de la préférence à donner à lune ou à l’autre, à l’allottissement. — Le choix entre les deux moyens dé- pend toutefois des circonstances locales et topographiques.— Examen des voies pour arriver à la généralisation de l’allottissement et de l'amodiation.— Nécessité d’une intervention lépislative à cet égard. L'amodiation proprement dite ou lamodiation SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE, 375 par voie d’allottissement, voici eufin, pour faire sortir la propriété communale de sa fâcheuse situa- tion actuelle, des moyens que la raison pratique et les principes du droit s'accordent à recommander. On ne peut reprocher à lun ni à l’autre de ces moyens les inconvénients que nous avons signalés dans notre examen des autres systèmes proposés. Leur application conserverait aux communes la pro- priété de leur domaine, tout en rendant les fonds qui le composent produetifs pour les caisses muuici- pales, et en leur donnant une valeur nouvelle et destinée à s’'augmenter. Tels sont les avantages généraux des deux modes de jouissance que nous voudrions voir substituer partout a mode de jouissance par indivis, partout du moins où il n’y aurait pas avantage pour les communes à aliéner les fonds mêmes, ou nécessité d'en réserver des portions pour la dépaissance commune, nécessité qui, d’ailleurs, ne peut se révéler que dans un très-petit nombre de cas. Bien que dans les campagnes la dépaissance en commun jouisse d’une grande faveur et que les besoins du troupeau commun fournissent un argument fré- quemment employé à l'appui des errements actuels, nous persistons à les croire très-mauvais. Ni l'intérêt du cultivateur pauvre, ni l’intérêt de l’éleveur de bestiaux, n’en demandent le maintien. Le système de la stabulation permanente, pour me servir du mot technique, tend en effet à se substituer à l’en- 376 CONSIDÉRATIONS voi au pâturage, et beaucoup d’éleveurs et d’agro- nomes tiennent ce système pour plus favorable au développement et à l’engraissement du bétail. Il reste à savoir auquel de ces deux modes de jouissance, l’allottissement ou l’amodiation , il con- vient de donner la préférence. Ils ont des avantages qui leur sont communs. Ainsi, tous les deux donnent satisfaction à l'intérêt communal; tous les deux aug- mentent les ressources financières de la commune et lui permettent ainsi d'aborder des innovations que la pénurie de la caisse municipale, beaucoup plus encore que les préjugés et l’ignorance , font souvent écarter. Mais l’allottissement bénéficie en outre aux communistes et surtout aux communistes pauvres. Les lots, en effet, ne sont point attribués aux enchères, ainsi que la loi l’a voulu lorsqu'il s’agit d’amodiation ; la redevance que chacun des preneurs paie à la commune n'est pas établie sur la base de la valeur vénale des fonds allottis; Îles instructions sur la matière exigent même qu’elle reste sensiblement au-dessous de cette valeur. En- fin, dans le système de lallottissement, le preneur n'ayant que la jouissance et non la disposition du lot qui lui est affecté, est en quelque sorte protégé contre son imprévoyance ou son inhabileté, en même temps que ses soins peuvent rendre de plus en plus productive la jouissance de ce lot. . L’allottissement peut donc être considéré comme un moyen de combattre la misère dans les campa- SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE, 377 gnes, mérite qu’il faut refuser au partage, mesure dont la conséquence serait de faire tomber les fonds partagés dans le commerce, et dont cette seule circonstance limiterait à une bien courte durée l'avantage primitif. Cette considération sufirait pour l'emporter sur les considérations purement finan- cières qui ont souvent porté à donner la préférence à l’amodiation proprement dite, et paraissent même avoir entrainé l'opinion du Conseil d'état. Nous ajou- terons que lPallottissement se rapproche davantage des principes séculaires de notre droit communal, dont les principaux caractères consistaient dans l’ina- liénabilité des communaux et leur affectation à la satisfaction des besoins en nature des habitants de la communauté, satisfaction que l’allottissement pro- cure sous une forme moins étroite et également profitable à l'association, comme être moral, et à ses membres comme individus! . ! La légalité de lallottissement a été cuntestée l'art. 47 de la loi du 18 juillet 1857 , duquel les conseils municipaux tiennent le droit de régler le mode de jouissance des communaux, ne devant s'entendre, selon quelques auteurs, que des moyens de régler la jouis- sance par indivis. { faut avouer que s'il en éfait ainsi, l'attribution des conseils mu- nicipaux sur ce point capital serait renfermée dans des bornes bien étroites. L’allottissement, qu'on le remarque, n’est qu'une variété de Pamodiation proprement dite, ctlon ne saurait, en présence d’un texte positif, contester la légalité de ce dernier mode de jouissance. Rien ne nous parait motiver, d'ailleurs, une interprétation de 378 RÉSUMÉ DES SÉANCES, Toutcfois, si l’allottissement nous parait devoir être préféré à l’amodiation, il ne faut pas perdre de vue que le choix à faire entre ces deux mesures l'art. 17 précité aussi limitative et aussi contraire à l’intérét des communes. La jurisprudence ministérielle s’est rangée du côté de notre opi- nion ; on lit, en effet, dans une circulaire du 28 septembre 4857 , c'est-à-dire postérieure à la loi d’attributions municipales : « Ils » (les conseils municipaux) auront, dés-lors, la faculté de changer » les anciens modes de jouissance, ce qu'ils n'auraient pu faire » antérieurement qu’en vertu d’une ordonnance du roi, conformé- » ment au décret du 17 brumaire an xin1. » Ce décret, qui n’a pas été abrogé, reconnaissait aux communes qui n'auraient pas profité du bénéfice de la loi du 40 juin 4795, relative au partage des communaux, et qui auraient conservé , apres la publication de cette loi, le mode ancien de jouissance, le droit de continuer de jouir de la même manière de ces biens. Or, parmi les anciens modes, figure lallottissement soil pour un temps déterminé, soit à vie, soit même héréditaire. Mais c’est assez s'arrêter sur un point d’un intérét purement théo- rique, Dans ces dernières années et dans beaucoup de départements, des communaux ont été allottis, et nous ne sachons pas que l’admi- nistration supérieure ait jamais mis obstacle à ces mesures. Il vaut mieux citer quelques exemples propres à faire apprécier les avantages qui résulteraient pour les communes de l'emploi de ces moyens. Nous les empruntons au rapport déjà cité de M Tendret : » Depuis 1859 jusqu'en 1846, 115 communes du département » de la Haute-Loire ont amodié leurs terrains communaux. La » contenance des pâlis livrés à l’agriculture est de 5,788 hectares. » Ils produisent annuellement pour les communes 449,047 fr. , soit » 39 fr. 60 cent. par hectare , et plus du double aux habitants qui » les cultivent, La ville de Bourg ( Aïn) amodia en 1851 pour SUR LA PROPRIÈTÉ COMMUNALE. 379 n’est pas chose arbitraire , ni qui puisse être décidée le plus souvent par la seule considération des avan- tages que l’on reconnaitrait plus particulièrement à l’une ou à l’autre. Les communaux offrent non-seule - ment de grandes différences quant à leur nature, mais encore quant à leur situation topographique ou climatologique. Ainsi les uns sont situés dans la plaine, d'autres sur les pentes, d’autressur les croupes même de hautes montagnes; dans certaines contrées , ils offrent de vastes espaces sans solution de continuité ; ailleurs ils sont inégalement répartis et par petites masses sur les divers points du territoire de la com- mune. Îls ne sont pas toujours, en outre, la pro- priété par indivis de la commune; quelquefois, et c’est le cas qui parait être le plus fréquent dans le département de la Haute-Loire , ils sont la propriété privative des sections. Cette diversité de nature , de position ou d’étendue doit nécessairement déterminer le choix du régime auquel ces terrains doivent être soumis. Là où ils sont disséminés sur le sol de la commune, où ils n'embrassent que de petits espaces, partout où la commune seule en est propriétaire dans leur ensemble, l'amodiation parait devoir être adoptée ; là, au contraire, où ils sont groupés par masses d’une » neuf années et moyennant 4 451 fr., soit 50 francs en moyenne » par hectare, 57 hectares de terres vaines et vagues ; un deuxieme » bail des mémes fonds, passé en 4840, en à porté le prix à 5,525 fr., » soit en moyenne 90 fr. par hectare » 380 CONSIDÉRATIONS superficie importante et formant la propriété priva- uve des sections , il faudrait, selon nous, recourir à l’allottissement. Ajoutons qu’au surplus, dans beau- coup de communes, l'application simultanée des deux moyens serait praticable et nécessaire. Nous ne venons pas le premier pour donner ces conseils aux communes; nous avons été devancés à cet égard par tous les hommes éclairés, qui ont eu occasion de voir les conséquences qu’entraine pour la fortune communale la persévérance dans une vieille et aveugle routine. Les conseils généraux, de leur côté, ont été ananimes à demander que des mesures fussent prises pour qu'on en sortit. La bonne volonté des conseils municipaux suffirait pour obtenir ce résultat; mais sera-t-elle générale? est- on bien fondé à la supposer? ne faudrait-il pas à cet égard, au contraire, leur imposer une obligation lé- gale? Dans l’état actuel de la législation, c’est aux conseils municipaux seuls de décider du mode de ges- tion de leurs biens. Si les délibérations qu’ils prennent ne valent qu'’autant qu’elles ont été sanctionnées par l'autorité préfectorale, celle-ci n’en est pas moins im- puissante pour leur imposer un mode de jouissance qu'ils repousseraient. Cette sorte d’omnipotence n’est pas sans inconvénients. Les conseils municipaux ne possèdent pas toujours une somme suffisante de lumières ; ils se laissent s'rrtout facilement dominer par les préjugés locaux, par des considérations per- sonnelles. De là cette résistance ouverte, ou cette SUR LA PROPRIÈTÉ COMMUNALE. 381 force d'inertie qu'on les voit trop souvent opposer aux réformes et aux améliorations les mieux justi- fiées. Les mesures qui nous occupent sont précisément de celles qui, dans les communes rurales, doivent rencontrer une opposition fondée sur des motifs de celte nature. Aussi, en présence des bienfaits qui ré- sulteraient du changement de régime actuel des communaux , et de l'opposition qui lui a été faite de la part de ceux-là mêmes qui sont appelés à recueillir ces bienfaits, a-t-on émis plusieurs fois le vœu, tant dans la presse que dans les conseils généraux, d’une intervention du pouvoir législatif dans la question. En 1848, un projet de décret sur la mise en culture des communaux fut même rédigé dans le sein du comité de l’administration départementale et com- munale de l'Assemblée constituante. Le but de ce décret qui n’a pas subi, nous le croyons du moins, l’épreuve de la discussion, était de rendre obliga- toires pour toutes les communes le défrichement et la mise en culture de leurs communaux. 11 dessaisis- sait les conseils municipaux du droit de régler les modes de jouissance ; toutefois, au cas où le con- seil municipal euüt été contraire à lamodiation, celte mesure ne pouvait être prononcée que par le préfet, après communication du dossier au conseil général des pièces de l’instruetion et un avis motivé de cette assemblée. Ce que le décret entendait par amodiation, du moins quant àla première opération, 382 CONSIDÉRATIONS n’estautre chose que ce que nous avons nommé allot- tissement. Les lots devaient être, en effet, attribués sans enchères à chaque chef de famille ayant son do- mieile réel et fixe dans la commune et qui Paurait pris à bail, mais d’après un prix inférieur au revenu réel du terrain affermé. À l'expiration des premiers baux, les lots auraient été affermés aux enchères publiques, en faveur de toute personne et pour une durée égale à la durée de la première amodiation. Les dispositions de ce projet sont plus ou moins diseutables , comme toute mesure de détail et d’or- ganisation. Nous ne nous en occuperons pas davan- tage, mais il nous parait convenable de répondre aux objections qui ont été faites contre l'intervention de- mandée du pouvoir législatif. On a dit : une loi ne peut procéder que d’une facon générale. Elle ne peut prescrire que des mesures uni- formes; dans l'espèce, au contraire, tout est varié, contingent , local ; l’œuvre ne saurait done être que locale et provenir que des pouvoirs locaux. Nous répondrons : l’absolutisme dans le but et les prin- cipes, absolutisme qui est le caractère essentiel de la loi, n'implique pas , tant s’en faut , l’unité dans l’em- ploi des moyens (u’elle décrète en vue de ce but et de ces principes. Le législateur, pour ne prendre d'exemples que dans notre sujet, ne peut-il pas dé- créler en principe que tous les terrains susceptibles de culture et de défrichement seront soustraits au régime de la jouissance en commun , sans prescrire SUR LA PROPRIÈTÉ COMMUNALE. 383 en même Lemps que ces terrains seront exclusivement vendus, allottis ou amodiés ? Ne peut-il pas s’en rap- porter aux pouvoirs locaux quant à lemploi, soit simultané, soit isolé de ces divers moyens? c'est ce quise fait tous les jours, c’est évidemment dans l’es- pèce ce qui se ferait. D'ailleurs, si l’on écarte l’intervention de la légis- lature, à quels pouvoirs locaux remettre le soin de prononcer sur le principe? Aux conseils municipaux? Mais dans ‘hypothèse que nous envisageons, c’est précisément contre leur inertie où leur mauvais vouloir éventuel qu'il s’agit de prendre des garanties. Aux conseils généraux ? Nous ne faisons nulle dif- ficulté de reconnaitre que ni les lumières , ni l'indé- pendance ne manqueraient à ces conseils pour dé- cider une pareille question. Témoins journaliers des inconvénients qui marquent le régime actuel des com- munaux , ils n’hésiteraient sans doute pas à en pro- noncer la condamnation. Ils trouveraient aisément les voies el moyens de lui substituer un régime à la fois meilleur dans son principe et accommodé aux usages et aux besoins locaux. Mais le pouvoir des conseils généraux n'est pas législatif, il est seulement réglé- mentaire et consultatif. Le droit que possèdent les conseils municipaux de régler les modes de jouissance des communaux, e’est la loi qui le leur a dévolu, c’est à la loi de le leur retirer : Cujus est condere legem , ejus est abrogare. 334 CONSIDÉRATIONS En résumé, dans notre opinion , Loute disposition au sujet de la modification ou de la suppression de l’art. 17 de la loi du 18 juillet 1837 ne peut émaner que de la législature, soit que cette disposition procé- dàt par voie générale, soit qu’elle se bornàt à re- mettre aux préfets le pouvoir d’obliger les communes à vendre, allottir ou amodier leurs biens. Si la mise en culture des communaux était décrétée , à titre de mesure générale, le choix des moyens à prendre et leur mise à exécution ressortiraient aux préfets et aux conseils généraux , conformément aux attributions respeelives de ces magistrats et de ces assemblées. VHT. Résumé et conclusion. Nous avons fini de parcourir le ecrele de notre travail ; résumons-en brièvement l'esprit et les con- clusions. Frappé, comme tant d’autres de plus d'autorité et d'expérience, des effets funestes du mode de jouis- sance par indivis, auquel les biens communaux sont pour la plupart soumis aujourd'hui, nous avons re- cherché s'il n’y aurait pas opportunité, urgence même , à substituer à ce mode un régime plus pro- tecteur et plus fécond. L'intérêt agricole, les nom- breux besoins matériels et moraux que les communes voient de plus en plus surgir dans leur sein et aux- quels la faiblesse de leurs ressources financières trop w SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. 385 souvent ne leur permet pas de donner satisfaction, nous ont dicté une réponse affirmative. Dans l'examen des moyens propres à sortir de l’état actuel des choses, nous avons pris pour guide le respect des principes du droit et de l’équité d’a- bord , l'utilité ensuite. Placé à ce point de vue, au- quel nous nous sommes efforcé de rester scrupu- leusement fidèle, nous avons dü écarter le partage gratuit, le partage usufruitier, la vente générale des biens communaux comme u-s mesures spoliatrices ou anti-économiques. Nos conclusions ont été, au contraire , en faveur de l’allottissement et de l’amo- diation dé ces biens, comme des moyens qui réunis- sent, le premier surtout, la double condition d’é- quité et d'utilité que nous recherchions. Ce sont aussi ces deux moyens que l’éminent magistrat qui est aujourd’hui à la tête du départe- ment a désignés spécialement à l'attention des maires et des conseils municipaux, qu'il vient d’in- viter à délibérer sur la question traitée dans ce mé- moire. M. de Chevremont a déjà rendu au départe- ment de la Haute-Loire bien des services. Ces ser- vices , nous ne les énumèrerons pas; ils sont présents à la mémoire du pays, et cen ’est pas la Société d'agriculture qu'on pourrait accuser de Îles avoir oubliés, elle qui a toujours prêté à son administra- tion un concours sympathique et qui, il y a peu de jours encore, l’appelait à sa tête et à côté de son honorable président , rapprochant ainsi dans son TOME XIX. 25 386 CONSIDÉRATIONS SUR LA PROPRIÉTÉ COMMUNALE. sein deux hommes qu’unissaient déjà lélévation de leur intelligence, un dévoument et des efforts communs pour les intérêts de la Haute-Loire. Mais si, comme on doit l’attendre de leur bon sens et de leur bonne volonté à suivre l’impulsion et les conseils de l’autorité supérieure, les conseils municipaux votent les mesures que leur propose le Préfet, cette rénovation de la propriété communale devra comp- ter au premier rang parmi les actes et les bienfaits de son administration. Déjà le département est entré, à sa voix, dans une carrière féconde d'améliorations de toute nature. Les créations de salles d’asile, d’ouvroirs, de caisses d'épargne , toutes œuvres de prévoyance et de cha- rité naguère comme inconnues au pays, s’y sont multipliées. Créer de nouvelles ressources pécu- niaires aux communes, c’est assurer l'essor d’un développement qui a toujours trouvé de si puissants auxiliaires dans le sentiment religieux et charitable des populations du Velay, mais que la pauvreté gé- nérale y a souvent entravé; tels ont été la pensée et le but de M. le Préfet de la Haute-Loire en saisissant les conseils municipaux de l’importante question de l'amodiation des communaux. Ces assemblées , nous n’en doutons pas, comprendront cette pensée ; dans leur modeste sphère, elles doivent avoir aussi à cœur de travailler à la réalisation de ce magnifique pro- gramme que L'Empereur NaPOLÉON 111 a tracé à son règne : l'amélioration matérielle et morale du sort des classes souffrantes. ALIMENTATION PUBLIQUE. DS Art rs cr Q RAPPORT LU A LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE DU PUY Par M, Le nocreur BORIE , MEMBRE RÉsIDANT. Séance du 2 novembre 4855. MESSIEURS, Le pain, du moins en France, entre dans la nour- riture journalière de tout le monde; il est l’aliment et, pour le moment, la base indispensable de la sub- sistance du plus grand nombre. Dans les temps an- ciens, comme dans les temps modernes, les gouver- nements, en Europe, se sont tous constamment pré- occupés de ce qui est relatif aux céréales, à la fa- rine, au pain. Cette année, le prix du blé, et par cela même du pain, parait vouloir se maintenir à un taux plus élevé que d'habitude, et chaque fois que cela arrive, le peuple s’en impressionne et s’en émeut. En outre, kes autres denrées sont chères ; 388 ALIMENTATION PUBLIQUE. aussi les municipalités ont-elles été engagées à prendre telles mesures qu’elles jugeront convenables pour que le pain soit livré aux classes ouvrières à un prix en rapport avec leurs ressources. Tout ce qui de près ou de loin peut tourner au bien du pays vous est trop à cœur, pour que vous ne preniez pas quelque intérêt à ces questions d'alimentation si palpitantes d'actualité, commé on eût dit il y à quel- ques vingt ans !. J'ai, conformément à vos intentions, à vous faire connaitre les modifications importantes introduites dans la boulangerie. Cette étude m’a entrainé à examiner une autre question et qui est celle-ci : Par quels moyens peut-on avoir le pain au prix normal le plus bas P Vous jugerez, par les considérations dans lesquelles j’entrerai, si ceux que j'indique ? Ce rapport a été lu à la Société académique du Puy, dans sa séance du premier vendredi du mois de novembre 4855.— Le gouver- nement et ceux qui se préoccupent des misères publiques, n'étaient pas dans ce moment sans quelques inquiétudes, à cause de la cherté du pain et des autres denrées alimentaires de première nécessité, sur les difficultés à vivre que les pauvres et les travailleurs sur- tout pourraient éprouver pendant l'hiver que l’on avait à traver- ser. C’est sous l’inspitation de cette crainte, qui ne s’est heureuse- ment pas réalisée, grâce à la douceur de température qui n’a cessé de régner, qu'a été entrepris ce travail. Chacun dans sa sphere s’ingéniait à trouver les meilleurs moyens de venir en aide aux classes laborieuses. Le monde savant était entré carrément dans cétte voie, et en ly suivant, pour ce qui a trait au pain, j'ai cru faire une chose utile à notre pays. (Note de l’auteur). DU PAIN. 389 peuvent servir par quelques côtés à la solution de cette question si vitale. Le blé est composé de divers éléments dont la combinaison forme un tout plus ou moins assimi- lable. Sur 100 parties de blé, on constate, suivant les années et les provenances, 58,62 à 76,51 p. 0/0 d’amidon; de 12,65 à 22,75 p. 0/0 de matières azotées, de 6,05 à 9,50 p. 0/0 de dextrine et de substances congénères, de 1,87 à 2,61 p. 0/0 de matières grasses; de 2,08 à 5,05 p. 0/0 de cellulose ou tissu végétal; de 2,12 à 5,02 p. 0/0 de matières minérales. D'après Proust, la bonne farine de froment con- tient 74,5 0/0 d’amidon , 12,5 de gluten, 12 d’ex- trait gommeux et sucré, 1 de substance résineuse jaune. Dans ces éléments divers, ce sont les matières azotées (le gluten), les substances grasses et les sels qui servent le plus à l’alimentation; il parait démontré que ces substances sont susceptibles de s’altérer par l'action des meules, et que d’après les procédés de moutures employés, le même blé don- nera des produits de qualités bien différentes ; ainsi, Parmentier a constaté que la quantité de matière glutineuse a toujours diminué en raison du nombre 390 ALIMENTATION PUBLIQUE. de fois que les farines passaient sous la meule, et que celles-ci donnaient davantage de chaleur. Il ad- mettait que la farine qui, en quittant la meule, donne douze degrés de chaleur, éprouve une altération dans ses principes constituants. Vers le milieu du siècle passé, il fut apporté des modifications considérables dans la mouture du blé. Depuis lors, par des améliorations successives, on est arrivé à obtenir du grain tout ce qu'il lui est possible de donner. Le blé, mis entre les meules, et écrasé par elles, fournit la farine 1" dite de blé ; la deuxième, dite 1"° de gruau ; la troisième , dite 27e de gruau ; puis la farine bise, dite 53°”° de gruau et 4"e de gruau, enfin les issues que l’on appelle remoulage , recoupes et sons. Les gruaux qui conservent encore des pellicules corticales sont repassés sous les meules et au blutage, jusques à ce qu’ils aient obtenu la blancheur dési- rable , pour être mélangés avec les farines premières. Ce travail, ainsi que nous venons de le faire re- marquer, est regardé comme nuisible à la qualité de la farine ; cela la fatigue et même en altère les prin- cipes. On voit par ces aperçus succincts sur la mou- ture, l'entente soigneuse que réclame, pour être menée à bien, l’ensemble de cette opération, et la facilité qu'ont les marchands de farine de pouvoir tromper dans les qualités. J'ajoute, et personne ne l’ignore , que dans certaines contrées l’on mélange à la farine de blé une certaine quantité de celle DU PAIN. 391 de fêves noires ({vicia fava). C'est, assure-t-on, afin de donner plus de blancheur à la farine et pour qu’elle prenne plus d’eau en pétrissage. Tout cela est vrai, et ce qui est encore vrai, c’est que la farine de fèves ne contient point de gluten, cette partie azotée qui ne se trouve que dans le blé, et la seule qui nourrit à la manière des substances ani- males. Les avantages que présentent les moulins méca- niques, comparés aux moulins anciens , sont de bien des sortes , et il en est qui méritent d’être connus et bien appréciés de tout le monde. Voici quelques faits bien observés et qui jettent un grand jour sur cette question. En 1847, M. le Ministre de la guerre ordonna des études, dans les diverses zônes de la France, sur le rendement des grains en farine et en pain; ces expériences, pour la zône centrale, furent faites à Tulle; leurs résultats me furent adressés à cette époque par M. le capitaine Vigié. Je suis heureux de trouver cette occasion pour remercier aussi pu- bliquement que possible cet honorable membre de la Société académique du Puy, de l'envoi de ces do- euments , qui par cela même qu’ils présentent toutes les garanties d’exactitude et de précision désirables en de telles affaires, éclairent d’une vraie lumière certains points des questions qui nous occupent: voici ces documents : 392 ALIMENTATION PUBLIQUE. « Tulle, 12 avril 4847. » Appelé par les ordres du Ministre de la guerre à faire partie d’une commission chargée d'étudier le rendement des grains en farine et en pain , j'ai pris note des expériences auxquelles j'ai assisté. Je crois vous être agréable en vous en exposant les résultats : » La commission a eu à sa disposition, pour une première expérience, 150 quintaux métriques de froment pris dans les moyennes qualités du dépar- tement du Puy-de-Dôme. Ces grains étaient presque en totalité des grains dits glacés. Ils sont analogues à ceux que, dans le commerce, on désigne sous le nom de Mitadins ou Tourains. » Le blé, convenablement épuré, fut porté au moulin et placé sous les meules sans aucune prépa- ration d’abord, plus tard en le mouillant légère- ment. La mouture en fut eonstamment surveillée. On pesait chaque sac avant et après la mouture. Des personnes entendues en meunerie réglaient Ja dis- tance des meules de manière à obtenir les farines les plus convenables. — Les déchets de mouture furent considérables, ils s’élevèrent à 5 et 4 p.0/0,— en moyenne , 5 et demi p. 0/0. » Après la mouture, on laissa reposer les farines pendant dix jours; puis elles furent placées dans un blutoir à main, dont le modèle a été donné par le ministre. — Ce blutoir est divisé en quatre com- paräiments distingués par une toile métallique plus ou moins serrée, — Les premiers fils ne laissent DU PAIN. 393 passer que la fleur de farine, puis viennent les gruaux , ensuite les recoupettes , enfin les petits sons. Le gros son s'échappe en dehors du blutoir, — Nos instructions nous preserivaient d'extraire 15 p. 0/0 de son, en y comprenant 5/4 p. 0/0 de déchet de blutage. On retira le gros son, puis le petit son et une partie des recoupettes , de manière à obtenir 14 1/4 p. 0/0. » Ces farines furent pétries avee un soin extrême: la panification en fut conduite avec toute la perfec- tion désirable. -- Le pain qu’elles donnèrent était bon comme pain de munition, mais il avait une teinte noirâtre très prononcée. On apercevait une multitude de petits brins de son qui étaient restés dans les farines et leurs recoupettes. » Le rendement en pain fut, par quintal métrique de farine employée , de 132 kilog. 75. Ce rendement était calculé sur le poids du pain 24 heures après la sortie du four. » Cette opération n'ayant point donné les résul- tats que l’on en attendait, on procéda à de nou- velles expériences. On prit une égale quantité de grains et dans les mêmes qualités; ces grains, égale- ment un peu humectés, furent soumis au mode de mouture dit économique. Ce mode consiste à faire passer les grains plusieurs fois sous les meules. Dans le premier passage , on les écrase moins fortement que dans le système dit à la grosse. Le blutoir étant près des meules et mü par le même mécanisme, on 394 ALIMENTATION PUBLIQUE, extrait la fleur de farine à proportion qu’elle se forme, puis on remet les gruaux sous la meule, plus tard les recoupettes, puis les petits sons, et enfin les gros sons lorsqu'ils ne paraissent pas suffi- samment dépouillés de farine. — Dans nos expé- riences, pour arriver à uneextraction de 15 p. 0/0, on dut faire passer les farines quatre fois sous la meule: une fois pour les gruaux, une fois pour les recou- pettes, une fois pour les petits et gros sons. — Ces quatre opérations employèrent à peu près une fois plus de temps qu’il n’en aurait fallu pour une mou- ture à la grosse ; mais aussi les résultats furent bien différents : — on obtint des farines complètement dépouillées de son; — le déchet de mouture ne fut » en y comprenant le blutage , que de 1 p. 00. » L’apparence des farines annonçait déjà une amé- lioration, mais la fabrication du pain démontra qu’elle était énorme. Le pétrissage et la mise au four furent surveillés avec la même attention que précé- demment ; le pain que l’on produisit n’était plus du pain de munition, c'était un beau pain blanc com- parativement au précédent; sa qualité était parfaite- ment semblable à celle que les boulangers de Cler- mont-Ferrand vendent comme pain second. » Le rendement en pain fut, par quintal métrique de farine employée, de 139 kilog. 50, c’est-à-dire 6 kilog. 75 de plus que dans l'opération précé- dente. » De ces faits, je crois pouvoir conclure : DU PAIN. 395 » Que la mouture dite économique présente de grands avantages sur la mouture à la grosse. » Quesi la première demande plus de temps, cette dépense se trouve déjà compensée par la différence de déchet dans la mouture. » Dans les moments ordinaires, lorsque le prix du blé est à son état normal, on pourrait négliger ces avantages : ce quiest en moins dans la farine se retrouve dans le son que l’on donne aux animaux. Mais lorsque les subsistances sont hors de prix, on est forcé de bien se rendre compte des quantités de matières alimentaires que donne chaque espèce de grains. La mouture économique seule peut donner ce résultat. » Ces faits, observés à Tulle, d’un rendement plus considérable de psin par la mouture dite écono- mique, ne sont pas nouveaux. À l’époque où ces moulins furent introduits, ce qui avait surtout frappé l’attention publique, c’est que les inventeurs assuraient que par ces nouveaux procédés de mou- ture on obtenait un 16° de farine de plus que par la mouture ancienne. L'expérience a sanctionné ce fait qui depuis longtemps est hors de doute ; seulement la masse du publie ne l’apprécie pas autant qu’elle devrait le faire, et e’est pour cela que je me plais à le redire, car on ne saurait trop le vulgariser. A ce propos, permettez-moi de rappeler un point non inconnu sans doute, mais du moins un peu oublié de l'histoire de notre ancienne province. 396 ALIMENTATION PUBLIQUE. Les états généraux du Languedoc, désireux de faire profiter leur province des perfectionnements que l’on commençait à introduire dans la meunerie, voulurent savoir, avant tout, à quoi s’en tenir sur les merveilles qu’en disait la renommée. À cet effet, les états déléguèrent plusieurs de leurs députés à Paris, avec la mission d’y prendre tous les renseignements relatifs non-seulement à la meune- rie, mais aussi à la boulangerie, et de s’assurer, par des expériences, du rendement que les blés du Languedoc (et l’on en envoya tout exprès pour cela) pouvaient produire en farine par les procé- dés nouveaux de mouture. Ces délégués s’adressèrent à l’école gratuite de boulangerie récemment créée, et qui s’empressa de se livrer à l'étude de cette affaire, si importante pour l’économie domestique. Parmentier , qui était membre du comité de cette école et qui en était l'âme , prit cette tâche à cœur, et il s’en occupa avec ce dévoüment éclairé qu’il portait à tout ce qui pouvait tourner au profit de ses semblables. Les essais, les expériences comparatives auxquels la demande des états du Languedoc donna lieu, furent l’occasion pour Parmentier d’en faire un livre qu’il publia en 1786 , et intitulé : Mémoire sur les avan- lages que la province du Languedoc peut retirer de ses grains, sous leurs différents rapports avec l’a: grieulture , le commerce , la meunerie et la boulan- gerie. Ce travail est peut-être, même de notre = = DU PAIN. 397 temps, où les sciences industrielles ont fait tant de progrès, ce qu'il y a de plus complet sur ces ma- tières. Les états y ayant trouvé tout ce qui pouvait éclairer d’une manière précise leur religion, s’em- pressèrent de se procurer des modèles de ces nou- veaux moulins et en firent déposer à Toulouse et à Montpellier , dans des locaux destinés à cet effet. Ayant à vous parler de farine et de pain, je n’ai pas voulu laisser dans l’ombre ce fait de notre his- toire locale, qui témoigne de la sollicitude que les états de notre province portaient aux choses qui pouvaient lui être profitables, et aussi des soins , des précautions qu'ils prenaient avant d'introduire et de patroner des innovations sur lesquelles ils n’a- vaient pas des données certaines. Le Languedoc se hâta-t-il de mettre à profit ce nouveau système de mouture? Il est probable que les mémorables évènements politiques qui écla- tèrent en France vers cette époque, durent arrêter l'élan qui avait été imprimé de ce côté. Quoi qu’il en soit, je crois que les premiers mou- lins de ce genre établis dans notre département, le furent , ik y a environ une quarantaine d'années, par les soins et dans les propriétés, près de Langeac, de la famille du général Lafayette. Actuellement, presque tous nos moulins anciens et si primitifs ont été remplacés, si ce n’est dans les campagnes, par des moulins à procédés plus ou moins perfeetionnés; ce qui prouvé, une fois de plus, qu’en toute chose le 398 ALIMENTATION PUBLIQUE. progrès est lent et que l'exemple est la principale pour ne pas dire la seule école où les masses se forment; à cela, du reste, on n’aurait qu’à applau- dir, si les exemples étaient toujours de ceux qui améliorent et perfectionnent. Tandis que depuis l’époque où écrivait Parmen- tier, la meunerie n’a, jusques à nos jours , cessé d'aller en se perfectionnant, l’art de la boulan- gerie, encore presque barbare et aussi grossier qu’au temps des Romains, était resté stationnaire; non qu'un grand nombre d’industriels ou d’ingé- nieurs ne se fut appliqué à y introduire des mo- difications dont beaucoup étaient ingénieuses , mais aucun n’avait pu arriver à produire un tout com- plètement satisfaisant ; il y avait eu force tenta- tives, et toutes avaient péché par un côté ou par un autre. IL. Les machines semblent être de plus en plus ap- pelées à remplacer les bras et la force de l’homme. Dans presque tout ce qui appartient à l’industrie, c’est actuellement la mécanique qui fonctionne, l'homme n’est là que pour lui donner l'impulsion, et la machine une fois mise en mouvement fait très- vite son travail, et cela d’une manière plus parfaite que ne le pourrait souvent faire la main de l’homme le plus exercé. Dans les progrès matériels que font les sociétés, D DU PAIN. 399 il y a d’étranges anomalies , et qui pourtant passent inaperçues tant l'habitude prise est puissante. L’in- dustrie aidée de la science a fait des choses mer- veilleuses ; elle a inventé d’admirables procédés pour donner à bas prix toutes sortes d'objets qui sont loin d’être de première nécessité, pour satis- faire aux caprices, aux fantaisies de la mode, aux exigences du luxe et du confortable ; mais qu’a-t-elle fait pour venir en aide aux besoins les plus indis- pensables, les plus impérieux, à ceux d’une ali- mentation salubre et au meilleur marché possible? Un boulanger de Paris, M. Rolland, a cherché à satisfaire ces besoins en introduisant dans Ja fabri- cation du pain des modifications extrémement im- portantes. Pour cela, tout en s’aidant des travaux de ses devanciers, il a imaginé divers appareils; il les expérimenta pendant plusieurs années dans sa boulangerie, en reconnut les avantages, puis les soumit à l'examen de quelques hommes spéciaux. Les encouragements qu’il en reçut le déterminèrent à en appeler au jugement de l’Académie des sciences, et à cet effet, il lui fait parvenir les plans, modèles et description de ses procédés. L'Académie les ren- voya à l’examen d’une commission qui bientôt après, par l’organe de son rapporteur, M. Payen, donna sans restriction son approbation à ces nouveaux procédés de panification; bien plus, reconnais- sant l'importance et l'utilité de ces procédés, elle décida qu’une copie de ce rapport serait adres- 100 ALIMENTATION PUBLIQUE. sée à MM. les Ministres de la Guerre ; dela Ma: rine, de l'Intérieur ét des Travaux publies. D’au- tre part, Gaultier de Vaubry, dont pérsonnelle- ment je regrette vivement la perte récente, fit, au nom d’une commission de la Société d’encourage- ment, un rapport sur ces procédés. Ses concelu- sions leur sont on ne peut plus favorables. Enfin, ce qui vaut éncore mieux que l’approbation des savants, c’est que la pratique en a sanctionné les avantages par l'emploi qu’on‘en a déjà fait en France, en Allemagne , dans l'Amérique et jusque dans l'Australie. Clermont et Moulins, Alais et Nimes, St-Etienne et Lyon, villes qui nous avoi- sinent le plus, sont en possession de ces nouveaux modes de panification. Notre ville restera-t-elle 50 ét 60 ans , comme cela a eu lieu pour la meunerié, avant de mettre à profit les appareils Roland ou d’autres analogues P Dans la fabrication du pain, il y a deux prinei- pales opérations d’une nature bien distinete ; le pé- trissage et la cuisson. Lorsque nous voyons dans nos villages là manière dont on y pétrit la farine et dont on y cuit le pain, il semble que cette double opération soit la chose la plus facile et la plus simple du monde; mêler dans un pétrin de la farine avec de l’eau et du levain, laisser fermenter la pâte et la soumettre à la cuisson dans un four chauffé à des degrés de chaleur plus ou moins élevés et que l’on DU PAIN. 401 apprécie un peu au hasard, tel est à peu près le mode de fabrication du pain, eette principale nour- riture des familles qui habitent la campagne. Peut- on, d’après cela, s'étonner de la mauvaise qualité du pain que lon y mange? Un pain dont la pâte a été mal préparée et dont la cuisson n’a pas été convenable , ne peut être que massif, agluti, indi- geste, et par cela même, beaucoup de matière ali- mentaire est perdue, car les forces digestives ne peuvent l’assimiler fructueusement à l'économie. » Le pain bien fabriqué, dit Parmentier, doit tou- jours être plus large que haut, d’un beau jaune doré, lisse à sa superficie, sans gerçures ni cre- vasses, excepté celles qu'on y aura pratiquées en le tournant, La mie doit être sèche, spongieuse, élastique , parsemée de trous plus ou moins grands, d’une forme inégale, ayant une légère odeur de levain nouveau. Enfin, si le pain a perdu la moitié de l’eau que la pâte contenait, on peur être assuré que la cuisson est parfaite. » Il y a de Part à faire du bon pain; bien peu de boulangers arrivent à la perfection, et que de de- grés du médiocre au pire ! En outre, en examinant comment les choses se passent dans nos boulange- ries, on comprend aisément qu’elles ne sont plus en rapport avec le progrès général de la civilisation. I faut aujourd'hui que dans la fabrication du pain on satisfasse tout à la fois et aux conditions d’une bonne préparation de la pâte, d’une cuisson conve- TOME XIX. 26 402 ALIMENTATION PUBLIQUE. nable, surtout de la propreté que l’on est en droit d’exiger dans un aliment donton use journellement, etaussiaux conditions d’une économie bien entendue. Pérrin RoLLAnr. On fait, et avec raison, un grand reproche au mous faciendis de la boulangerie actuelle, c’est celui d’être très-malpropre, principalement dans l’acte du pétrissage. Ce travail, qui ne le sait, est pénible, les hommes chargés de cette besogne et que l’on appelle geindres, par suite des sons rau- ques et plaintifs qu’ils émettent pendant leur tra- vail, enfouissent leurs bras nus dans la pâte, la manient , la soulèvent et font des efforts qui les couvrent bientôt de sueur. Une partie de cette sé- crétion tombe dans le pétrin , se mêle à la pâte; un jour viendra, dit M. Payen, où nos descendants ne voudront pas croire qu’au xix° siècle, époque re- marquable de progrès industriels, on prépara le premier de nos aliments par un travail aussi gros- sier et aussi dégoütant. Le pétrin Rolland obvie d’une manière heureuse à tous les reproches que l’on fait au pétrissage or- dinaire; voici en quoi il consiste. Afin d’être tout-à- fait exact dans la description de ce pétrin, que du reste je ne connais pas, je m'en réfère à celle qu’en a faite M. Payen dans son rapport à l’Académie des sciences : » Le pétrin Rolland, quoique présentan une Ze DU PAIN. 103 certaine analogie avec les deux qui l'ont précédé, nous à paru remarquable par la simplicité de sa construction : il se compose d’un récipient demi- cylindrique, ouvert, muni d’une hausse sur la face ordinairement adossée au mur. Un arbre hori- zontal reposant sur deux coussinets, portés eux- mêmes par les deux côtés ou parois latérales du récipient, est muni de deux lames courbes, évi- dées en plates-bandes alternativement longues et courtes, opposées el inversement symétriques , formant deux râteliers à claires-voies dont les bords suivent toutes les parois du vase demi-cylindrique, à chaque tour de l'arbre. Cette sorte d’agitateur est mis en mouvement par une grande roue d’en- grenage que commande un pignon dont l'arbre porte un volant. Ces dispositions , permettent que toute la pâte et le levain nécessaires aux charges répétées d’un four de 4 mètres de‘diamètre, soient étirés et pétris régulièrement à l’aide d’une force moyenne moindre que celle d’un homme. Cette première partie du travail n’a done rien de pénible; elle n’occasionne aucun bruit que puisse entendre le voisinage; elle est simple, économique et salu- bre. » Le pétrin Rolland n’est pas le seul qui fonctionne dans les boulangeries. Naguère M. le Ministre de la guerre, M. le maréchal de France Vaillant, membre de l’académie des sciences, a fait à cette section de l’Institut un rapport très-favorable sur le pétris- 404 ALIMENTATION PUBLIQUE. soir de M. Bouvet, lequel, sous les yeux d’une commission militaire, a fonctionné pendant plu- sieurs mois à l'hôtel des Invalides. Je crois en outre que des pétrins mécaniques ont été admis à la mé- morable Exposition universelle de lindustrie. Je fais ces observations parce que dans le cas où, à cause de son prix élevé, on ne pourrait employer le système Rolland, il serait néanmoins possible d'utiliser le pétrin mécanique, tout en se servant des fours ordinaires. Du Four Rozzanr. On élève contre nos fours une foule de griefs; je ne vous signalerai que ceux qui m'ont paru les plus sérieux; le four n’est pas et ne peut être chauffé uniformément dans toutes ses parties; on n’en connait pas d’une manière certaine le de- gré de chaleur, ce n’est que par l'habitude, par des à peu près que l’on en juge; de là une euisson qui ne peut être dirigée avec certitude, et elle est inégale; par suite, les pains peuvent être ou brûlés où pas assez cuits. Le travail pour retirer la braise du four, pour le nettoyer est pénible pour l’ouvrier ; malgré tous les soins que l’on apporte à ce nettoyage, il reste presque toujours, dans la sole du four , des cendres, dés morceaux de charbon qui adhèrent à la pâte, ce qui oblige le boulanger à brosser les pains après le défournement. DU PAIN. 405 Ces reproches, et quelques autres faits à nos fours ordinaires, ne se présentent jamais dans le four Rolland que je vais vous faire connaitre. Ici encore, je cède la parole à M. Payen; on ne peut avoir ni un meilleur guide ni un plus juste appréciateur : « Le four de M. Rolland offre, dans son ensem- ble et dans la plupart de ses détails, des différen- ces notables comparativement avec ceux qui l'ont précédé ; on en jugera facilement par les indications suivantes de ses dispositions principales. » {La sole du four est formée de plaques en tôle recouvertes d’un carrelage; elle doit tourner sui- vant un plan horizontal ; à cet effet, cette sole est portée sur le bout d’un axe et par des liens aboutis- sant tous à l’axe vertical. L’axe, maintenu lui-même par un collier et descendant à 2 112 ou 5 mètres au-dessous de la sole, repose sur une crapaudine; celle-ci est fixée dans un bâti qui s'élève ou s’a- baisse à l’aide de vis de rappel. On comprend que par ce moyen on puisse à volonté élever ou abaisser la sole, et par conséquent proportionner la hauteur du four au volume ou à la hauteur des pains. » Le four est chauffé par ur foyer pratiqué dans le massif de la maçonnerie, sous la sole mobile ; la fumée passe dans des carneaux et des tubes en fonte au nombre de six, divergeant sur un carre- lage en pente légère. » Ces tubes communiquent avec des conduits ver- tieaux qui chauffent les parois et qui débouchent 406 ALIMENTATION PUBLIQUE. dans un espace libre entre le plafond en tôle du four et une deuxième plate-forme en fonte, recouverte d’une épaisse couche de cendres ou d’autres maté- riaux mauvais conducteurs. » On voit qu’en réalité le four est chauffé comme une moufle, sans communication directe avec le combustible ni avec les produits de la combustion. » On brule à volonté de la houille ou du bois; dans ce dernier cas, plus habituel à Paris et dans les villes où une partie de la clientèle exige des four- nitures de braise, M. Rolland dispose un étouffoir sous le foyer. » Cet étoufloir s'adapte sous une trémie close par une soupape oscillante, légère, équilibrée au moyen d’un contrepoids : chaque fragment de braise formé passe à l'instant entre les barreaux de la grille, tombe sur la soupape, qui bascule, le laisse couler dans l’étouffoir et se relève aussitôt. » Pour recueillir la braise, il suffit donc de chan- ger l’étouffoir lorsqu'il est rempli, ce qui ne peut occasionner aucun travail pénible. » L’enfournement s'effectue également sans peine, car toutes les parties de la sole tournante arrivent successivement devant la porte du four ; dès que la surface , facilement accessible, est chargée, l’ouvrier tourne une petite manivelle qui, par une chaine Vaucanson, transmet le mouvement à un arbre de couche, et celui-ci, par un pignon, à une roue d'angle montée sur le gros arbre; la sole DU PAIN. 407 tourne , présente devant la porte une surface libre que l’on charge, et ainsi de suite pour toutes les parties successivement. On ne charge que sur une longueur de sole égale au rayon : il est beaucoup plus facile qu’autrefois de bien ranger tous les pains, car on se sert d’ustensiles dont les manches ont au plus 2 mètres, pour un four de 4 mètres de dia- mètre. » La surveillance de la cuisson est également très- facile : une œillère adaptée sur la porte et une lu- mière à réflecteur éclairant l’intérieur du four devant son embouchure, on distingue l'aspect des pains en cet endroit, et on peut les passer tous en revue en faisant tourner la sole. On peut modérer la chaleur, ou même changer la direction de la flamme , en se guidant sur les indications d’un ther- momètre. » De même que l’on a enfourné, on procède au défournement en amenant successivement devant soi toutes les parties de la sole tournante. » M. Rolland est , en outre, parvenu à supprimer l'emploi du fleurage (son de blé ou de maïs), des- tiné à prévenir l’adhérence de la pâte à la pelle: il détermine, à l’aide d’un courant d’air, lorsque l’apprèt de la pâte est donné, la formation d’une légère pellieule sèche, qui suffit pour faciliter le glissement. On n’aura donc plus autant à craindre certaines causes d’altération du pain, notamment 408 ALIMENTATION PUBLIQUE. le développement des moisissures, dont parfois le fleurage introduisait les germes. » Voici, en résumé, les avantages que réalisent déjà , dans plusieurs boulangeries, les procédés de M. Rolland, comparés avec les moyens générale- ment usités dans les boulangeries anciennes : » 1° Pétrissage propre, salubre , régulier et sans bruit, à l’aide d’un pétrin mécanique simple et peu dispendieux ; » 2° Enfournement et défournement faciles, avec des ustensiles plus courts et plus maniables ; » 3° Emploi facultatif d’un combustible quel- conque ; » 4° Economie notable dans les frais de chauffage; » 5° Suppression des nettoyages pénibles del’atre, 2 chaque opération ; » 6° Cuisson régulière et très-facile à diriger ; » 7° Récolte spontanée de la braise, supprimant la fatigue de l'extraction et le rayonnement de Ja chaleur qui pouvait compromettre la santé des ou- vriers ; » 18° Enfin, production de pains eéxempts de toute trace de cendres, de charbon ou de fleurage, offrant, en un mot, une très-bonne qualité sous une belle apparence , et avec une netteté parfaite. » Maintenant vous connaissez les procédés de pa- nification de M. Rolland : les avantages qu’ils pré- sentent sont nombreux et des plus importants; il est même à remarquer que dès le moment où l’on DU PAIN. 409 supprime dans un métier tout ce qu’il a de pénible et de désagréable, on en élève le niveau. Désor- mais la boulangerie sera une profession accessible (à la manière d’une foule d’autres industries) à tout le monde, aux forts comme aux faibles: ct vous l’avouerai-je, ce qui m'en plait le plus, c’est que, dans ce cas, la dépense d’un premier établis- sement est assez grande pour que le premier venu ne puisse y atteindre; la boulangerie alors tombe forcément entre les mains d'hommes qui ont une certaine fortune et non, ainsi que nous le voyons depuis trop longtemps, entre les maïns de gens qui n'ont pas assez pour faire un commerce avec conscience et dignité. Ainsi, dans les boulangeries ordinaires, la dépense de 1" mise, four, pétrin et tout le matériel com- pris, se porte de 4 à 500 fr. Dans un établisse- ment d’après le système Rolland, cette dépense est toute autre; voici ce qu'elle est d’après les docu- ments qui m'ont été fournis par M. Dubaut, bou- langer à Moulins et cessionnaire, pour la Haute- Loire, de la Société qui exploite le système de pa- nification dont M. Rolland à le brevet. Achat de l’autorisation de fonder un établisse- RRTD LS, RSR TEE b,000 fr. Achat d'appareils du four.......... 2,000 Id. du pétrin 2. 500 Frais de construction en maconnerie. 800 Autresimenus frais +201. 4. 08 ab mniue 100 ju) Vraie 1 hd 8,400 Ld 410 ALIMENTATION PUBLIQUE Ce qui à 6 p. 0/0 représente une dépense an- nuelle de 480 francs de plus qu’une boulangerie or- dinaire; cette différence m'a paru assez forte pour que j'aie cru devoir en faire mention dans ce tra- vail où, avant tout, je cherche à arriver à ce qui est la vérité 1. Les pétrins d’après le système Rolland sont à 16, à 14, à 12 lames; dans les premiers, on peut pétrir à la fois 400 kilog. de pâte; dans les seconds, 300 kilog., et dans les derniers, 200 kilog. La durée du pétrissage varie suivant la densité qu’on veut donner à la pâte; à Paris, cette durée n’est pas de plus de vingt'minutes. Ce qui est un des prin- cipaux avantages de ces pétrins, c’est que le pre- mier manœuvre venu peut le mouvoir, qu’il soit cul-de-jatte , aveugle, muet ; une femme s’en acquit- tera aussi bien qu’un homme. Les fours sont aussi de dimensions différentes : dans les fours de moyenne grandeur , on peut cuire 1,200 livres de pain. A Lyon, avec huit fours, on en cuit 20,000 kilog.; à Nantes, on fait 20 four- nées en 24 heures, dans chaque four ?. Je n’ai pas vu fonctionner les appareils Rolland, 1 Quant à l'achat du brevet, je pense que le coût serait bien moindre que celui qui est demandé par le cessionnaire. Il est même probable qu’il pourrait étre fait des économies sur la maçonnerie, attendu que dans notre pays la pierre et la chaux ne sont pas d’un prix fort élevé. ? Plusieurs espèces de four, et tous à sole tournante, ce qui est la chose importante, se trouvent, ainsi que des pétrins mécaniques, DU PAIN. 411 mais notre honorable compatriote, M. Jules Richond, qui vous inspire, ainsi qu’à moi, toute confiance, a bien voulu , à ma prière, visiter à St-Etienne la manutention de M. Mandrillon; là, il a vu fabriquer la pâte, cuire le pain et il a constaté les avantages, signalés du reste par tout le monde, que présente ce mode de fabrication; il à examiné le pain et l’a trouvé beau, et surtout très-propre; il en a mangé et l’a trouvé très-bon. Le boulanger lui a dit qu’un ouvrier peut à lui seul produire sans gêne et sans fatigue 800 kilog. de pain, en ne travaillant que 12 à 15 heures par jour. Quant à l’abaissement dans le prix du pain, cet industriel lui a dit qu’il ne pouvait faire qu’un rabais de 1 à 2 cent. au-dessous de la taxe, mais que cela était relatif à son débit 1. Somme toute, les appareils Rolland semblent, comme nous lavons dit, à l'Exposition générale. Sous peu, par le rapport qui en sera fait, le public saura à quoi s’en tenir sur le mérite de chacun d’eux. Depuis lors, M. Jules Richond a eu l’obligeance de me faire remettre du pain venant de la fabrique de M. Mandrillon. L'un de ces pains était une couronne de qualité première; l’autre une cou- ronne de pain deuxième qualité, c’est le pain que les ouvriers man- gent à St-Etienne. J'ai mangé et fait manger de ce dernier pain à quelques-uns de mes voisins qui l’ont pris pour du plus beau pain de 1re qualité que l’on fait au Puy, et lont trouvé fort à leur goût ; ils ne lui ont trouvé qu'un défaut, c’est qu'il n’y avait pas de sel. Ce pain, en couronne, se vend à St-Etienne 2 centimes par kilog. au dessous de la taxe, 412 ALIMENTATION PUBLIQUE. d’après l’expérience de la pratique, être assez per- fectionnés pour que la boulangerie en retire de très- grands avantages. Désormais le mouvement est imprimé; d’autres appareils plus parfaits et d’un prix moins élevé viendront sans nul doute faire eoneurrence à ceux qui existent : la boulangerie et le publie n'auront qu’à y gagner, et de même que la meunerie perfectionnée a remplacé presque par- tout les moulins anciens, de même le système ac- tuel de fabrication du pain, et qui a un côté fort dégoütant, disparaitra devant les appareils méca- niques. Ce n’est plus qu’une affaire de temps. Toutefois il parait, d’après le rapport précité de M. le maréchal Vaillant, que la fabrication de la pâte a été jusques iei moins parfaite dans les appa- reils que dans Île pétrissage manuel. « C’est, dit cet « illustre académicien, qu'aucun procédé méca- « nique n’est encore parvenu à remplacer complè- « tement le tect des bras du pétrisseur habile qui « sait en tirer un si grand parti pour se mettre, « comme le disent les boulangers, en sympathie « avec la pâte, pour diriger la conduite des levains, « pour régler le travail de la fermentation. » Ces réflexions sont et ne peuvent être que vraies, car, sans cela, elles n’eussent pas été faites; et cependant, je dois l'avouer, elles me touchent peu. 11 s’agit d’un pétrissage habile fait par un ouvrier habile ; et, sans vouloir, Dieu m’en garde, dire du mal de personne , avons-nous dans nos contrées des DU PAIN. 413 geindres bien habiles, et est-il à désirer qu'ils en- trent tous en sympathie avec leurs pâtes? Je vais actuellement me servir des données qui précèdent pour chercher à résoudre le problème que je me suis posé en commencant, à savoir : Par quels moyens peut-on avoir le pain au meilleur marché possible? IH. Tout est percé à jour dans les questions de blé, de farine , de pain; on sait, d’une manière presque mathématique, ce qu’un carton de grains d’une qualité et d’un poids donnés doit produire de fa- rine et de pain !. Au Puy, la taxe est basée sur trois ordres de faits différents : c’est d’abord sur le prix du grain, qui est variable ; sur le coût de la mouture, il est ? Tout récemment il a été fait à Paris, dans l'usine de la bou- langerie Scipion , des essais qui ont porté sur 4 doubles-décalitres , de quatre sortes de blé marchand , des locolités de Soissons, Mon tereau , Chartres et Bicéire. Les chiffres obtenus, assez peu différents d’un blé à l’autre, ont donné pour moyenne le résultat suivant : Harinen tee . 16fr. 4At. LES ERE res eee otels ous 49 * 85 Criblares. :...412, 4 60 Poussière et paille. . » 11174 Perte sr gs DO re ep Blé brut...,.. 04 400 » 41% ALIMENTATION PUBLIQUE. d’un vingtième par double-décalitre ; en troisième lieu, il est accordé pour la fabrication du pain ou pour le bénéfice du boulanger, 70 cent. par dou- ble-décalitre de grain transformé en pain. Pour ce que nous nommons le pain blanc, ce n’est plus 70 cent., c’est beaucoup plus : c’est 1 fr. par double- décalitre de froment. 1 Exemple : Le double-décalitre de froment 1" qualité, pesant 15 kil. 500 gr., acheté au prix de 5fr., auquel on ajoute 25 cent. ou 5 p. 0/0 pour frais de mouture, et 1 fr. pour frais de manutention ou bénéfice du boulanger, ensemble 6 fr. 25 cent., doit rendre : 10 kilog. farine 1° blutée à 30 p. 0/0, donnant en pain blane 12 kil. 500 gr. ; 2 kil. 500 gr. farine basse, donnant en pain bis 5 kil. 665 gr. ; 2 kil. 625 gr. son, au prix de 8 fr. les 100 kil. ; 195 gr. de déchet. | 2% Exemple : Un double-décalitre de méteil pesant 15 kil. 250 gr., donne : 12 kil. 500 gr. farine 1" blutée à 25 p. 0/0, pro- duisant 14 kilog. pain ; 2 kil. 125 gr. farine basse, produisant 2 kilog. 838 gr. pain bis; 2 kil. 625 gr. son, à 8 fr. les 100 kil.; Frais de mouture , 5 p. 0/0 ; Fabrication du pain , 50 cent. ; Bénéfices du boulanger, 40 cent. DU PAIN. 415 Les pains soumis à la taxe sont : 4° Pain blanc d’un 1/2 kilog. ; 2 Pain de méteil 1" qualité; 3° Pain de méteil 2° qualité; 4° Pain de seigle pur. Ces diverses qualités de pain doivent être confec- tionnées avec des farines provenant de grains de premier choix; du moins, c’est ainsi que l’entend et le veut la taxe. Cela posé, passons à une autre série de faits : La population officielle du Puy est de 15,000 âmes ; on peut, je crois, ajouter à ce chiffre 2,000 âmes en sus, appartenant aux établissements pu- blics , aux congrégations , aux couvents de filles qui sont en grand nombre, et à la population flottante, notamment celle fournie par les habitants des cam- pagnes, qui, les jours de foire et de marché, se rendent au Puy. Quoique la statistique n’ait encore rien dit, où du moins je l’ignore, sur la consommation de pain que peut faire une population telle que la nôtre, qui est dans l'habitude de manger beaucoup de cette denrée, on peut cependant, sans être loin de la vé- rité, évaluer à un 1/2 kil. par jour, l’un dans l’autre, le pain consommé par chaque individu. D'après cette manière de voir, il se consomme journellement au Puy 17,000 livres de pain. Or chaque double-décalitre froment, méteil et seigle blutés à des degrés divers, peut donner, en 416 ALIMENTATION PUBLIQUE. moyenne, 52 livres de pain, ce qui pour la consom- mation journalière représente 551 doubles-déea- litres. Pour réduire en pain ces 551 doubles-décalitres, la boulangerie perçoit : 4° Pour frais de manutention et frais généraux dé chaque boulanger, il est accordé par double-dé- calitre de blé 30 cent., soit 159 fr. 50 c. pour les 551 doubles-décalitres. 9° La fabrication du pain blanc dit de 1" qualité donnant plus de peine d’après ce qui est admis, el surtout pour que la boulangerie puisse le fournir en qualité supérieure, a été portée à 60 cent. au lieu de 50. Je suppose qu'il s’en fabrique au Puy et par jour 2,400 d'un 1/2 ou d'un 1/4 de kilog., cette quan- tité de pain représente à 12 kil. 500 grammes par doublé-décalitre de froment premier choix, un to- tal de 96 doubles-décalitres, pour lequel il est aceordé par la taxe 50 cent. de plus que pour la manutention des autres qualités de pain, ce qui 06 SC 30fo0 22 OVER 98 fr. 80 c. 5° Pour les bénéfices du boulanger, il est accordé 40 cent. pour chaque double-décalitre de blé réduit en pain (non compris le 5 p. 0/0 du meunier); j'ai pris pour base une consommation journalière de 531 doubles-décalitres de blé, — les bénéfices du boulanger sont done de 551 X 40 ou212fr.40 c. La somme totale pour frais de manutention , frais DU PAIN. MAT généraux ou pour les bénéfices du boulanger ,s’élè- Men MONO AL ce bin 400 fr. 50 c. Mais tout le pain consommé dans notre ville n’est pas vendu par le boulanger; 1l en est une certaine quantité qu'il se borne à fabriquer. En effet, il y a un bon nombre d'habitants qui récol- tent ou achètent le blé, le font moudre et en portent la farine chez le boulanger qui, pour ses frais de manutention, prend 50 cent. par double-décalitre de grain réduit en farine. J’admets qu'il se con- somme de cette manière 151 doubles-décalitres par jour, sur lesquels la boulangerie ne perçoit pas les 40 cent. que la taxe lui accorde pour ses bénéfices par double-décalitre ; il faut donc déduire des 400 fr. purcente Æ0"ois 131ou.L...47.. 1 52 fr, 40 c. D’après ces données , il résulte que la ville, pour la fabrication du pain qu’elle consomme, donne par jour à la boulangerie la somme de 548 fr. 10c., et par années de 565 jours 127,056 fr. 50 cent. Si ce chiffre était divisé par portions égales entre les 95 boulangers qu’il y a pour le moment dans le Puy, cela ne ferait pour chacun d'eux que 1,557 fr. 59 cent.; mais ce chiffre est réparti fort inégale- ment, les uns travaillent plus, les auires moins; ceux-ci alors joignent une autre-industrie à celle de la boulangerie, ils se font logeurs, cabaretiers, aubergistes. Dans tous les cas, ce qui prouve que la boulangerie est une industrie luerative dans notre ville, c’est le grand nombre de boulangers que TOME XIX. 27 418 ALIMENTATION PUBLIQUE. l’on y compte et dont beaucoup ont fait et font de fort bonnes affaires; aussi une boulangerie reste rarement vacante, füt-elle la moins achalandée. Dans les appréciations relatives au lucre que dans notre ville la boulangerie retire de son industrie, je crois, je l’avouc, étre resté fort au-dessous de la réalité, d’abord parce qu’il sy consomme plus de pain que je ne l’admets, et en outre parce qu’il s’en exporte une certaine quantité, énormément moins pourtant que jadis, où notre pain, par ses qualités remarquables de bonté et de blancheur , avait acquis de la renommée fort au loin : il s’en exportait alors journellement dans une grande par- tie du diocèse, et même au dehors, du côté du Haut-Vivarais et du Gévaudan. J'ai indiqué plus haut les bases de la taxe du pain; d’après ces bases, chaque qualité de pain taxé doit être faite avec de la farine provenant de grains de premier choix, sans mélange aucun de farines inférieures ou de farines extraites de plantes légumineuses ; en outre, la taxe veut que la farine du pain blanc soit blutée à 50 p. 0/0‘; celle du mé- teil de 25 à 50 p. 0/0 pour la 1° qualité, et de 12 p. 0/0 pour la 2°, et que le pain soit manipulé et euit d’une manière convenable, c’est-à-dire qu’a- près la cuisson il ne contienne que l’eau nécessaire à une bonne confection. 1 A Paris, le pain est fabriqué avec la farine blutée à 55 p. 00. _— DU PAIN. 419 Je n’ai, Dieu me garde , nulle intention de déni- grer la boulangerie du Puy, bien loin de là; j'a- dopte volontiers que tous les boulangers font leur métier avec l'honnêteté et la probité la plus seru- puleuse : mais si, je le suppose pour un instant, il leur plaisait de frauder, cela leur serait, qui en doute, on ne peut plus facile 2. Mais, je m'enpresse de le redire, je crois à la bonne foi, à la loyauté commerciale de la boulangerie du Puy, et j'aime à penser que ce n’est pas dans Île but de frauder qu’elle nous vend du pain qui est bien déchu de ce qu’il était jadis. Gräces à ses qua- lités fort remarquables, notre ville lui avait dû un certain relief, et actuellementelle passe pour une des villes où l’on mange le plus mauvais pain. À quoi un tel changement peut-il tesir? Est-ce que nos terres, notre soleil, notre climat auraient complè- tement changé ? Cependant nos grains n’ont cessé, à Lyon er à St-Etienne, d’être réputés d’une qualité supérieure à ceux de la Bourgogne et de l'Auvergne. 2 Dans ce cas, on pourrait même se demander à quoi sert la taxe : d’une part, est-elle une garantie pour le consommateur, sil est permis à la boulangerie de modifier plus où moins profondé- ment la qualité de son produit? D'autre part, est-elle une garan- tie pour le boulanger auquel elle procure tantôt des bénéfices trop grands, et tantôt les oblige à travailler à perte? Mieux vaudrait, ce me semble, la liberté avec la concurrence. Il y a quelque impru- dence à mettre la conscience de l’homme en lutte avec ses intérêts matériels. 420 ALIMENTATION PUBLIQUE. Quoi qu'il en soit, examinons maintenant à quel prix pourrait revenir la panification des 400 doubles- décalitres de blé que, d’après nos appréciations, la boulangerie transforme journellement en pain et qu’elle vend au consommateur. Nous savons qu’à St-Etienne, un homme fait à lui seul, sans se gêner, 800 kilog. de pain par 24 b. Nous savons aussi qu’un four et un pétrin méca- niques, et l’un et l’autre de la plus petite dimen- sion, peuvent facilement produire pendant le même temps, 3,000 kilog. de pain. Avec ces données, il est facile de résoudre cette sorte de problème, et voici le simple caleul qu'il y à à faire: | 4° Achat du brevet, de trois pétrins mécaniques, de trois fours à sole tournante , travaux de ma- connerie et de tous autres frais, cnsemble pou- vant au plus coûter 12,000 fr. qui, à 6 p, 0/0, représentent par an la somme de..,. : 720 » 2° Location d’un emplacement convena- ble pour une telle manutention, 2,000 RANGS DA ANS Cle eee R RENE :. 2000 > 5° 19 garcons boulangers et apprentis, à 9 fr. 50 c. chacun , cela fait par jour B0sfr:ylebh par aNssserg able Pispiene me trid 10950 >» 4° Chauffage des trois fours , à 5 francs chacun par jour, dépense par an.... 5285 » 5° Location de 20 boutiques, afin de À reporter.... 16955 » DU PAIN, 421 Report. ".,1.,46955, > mettre le pain à la portée du publie, au prix de 80 fr. par an, l’une dans l’autre, porte la dépense annuelle à. 1600 » 6° 20 femmes chargées de la vente du pain, à {1 fr. chacun par jour, font 7° Deux chevaux, deux charrettes pour porter le pain en ville et dans les boutiques , peuvent dépenser par an.. 1600 » 8° Bénéfices du boulanger fabricant... 5000 » Toraz des dépenses annuelles probables. 52455 » Il est probable aussi que, dans une pareille ex- ploitation, le boulanger dirigeant trouverait à faire quelques économies sur le chauffage, sur Ja main- d'œuvre; il aurait aussi à vendre beaucoup de char- bonnille; tout cela contribuerait à augmenter ses bénélices et, dans tous les cas, couvrirait aisément quelques faux frais dont nous n’avons peut-être pas tenu compte. Toujours est-il que, pour la fabrication du pain qu’elle achète chez le boulanger, la ville dépense actuellement et pour le moins, la somme de 127,056 fr., tandis qu’avec le système économique qui est déjà adopté dans bien des villes, elle n'aurait à dépenser, pour la même quantité de pain qu’elle achète, que la somme de 52,455 francs, c’est-à- dire 94,601 fr. en moins par an. 422 ALIMENTATION PUBLIQUE. Cet exemple d’un écart extrême dans la dépense pour avoir la même quantité de produits, mais dont, dans un cas, le produit est obtenu au moyen d’un travail isolé, diffus, trop éparpillé et tout pri- mitif, tandis que, dans l’autre, le travail est con- centré et dirigé d’après l’ensemble des principes adoptés pour la fabrication de tous les produits manufacturés, cet exemple, dis-je, ne prouve:t-il pas que nous vivons sous un mauvais régime éco- nomique, et qu’il y a, non quelque chose, mais beaucoup à faire de ce côté P Et je prie que l’on re- marque qu’outre celte économie faite sur la con- fection du pain, le consommateur pourrait y trou- ver un autre avantage, et qui n’est pas à dédai- gner: c'est que le pain serait de meilleure qua- lité, parce que l'autorité pourrait plus aisément faire surveiller les farines devant servir à la con- feetion des diverses qualités de pain. Cependant, cette économie , qui, dans la réalité pratique, n’arriveraitsi l’on veut qu’au quart, qu’au tiers de celle que nous indiquons, ce qui serait encore beaucoup à mon sens, cette économie est obtenue par la seule concentration du travail. Eh bien, cette concentration n’est pas encore assez complète; elle peut l'être davantage et par cela même donner de plus beaux résultats. NE Et vraiment, plus on y réfléchit, et plus on se convaine que la solution du grand problème du pain — DU PAIN. 423 au meilleur marché possible, ne pourra se réa- liser d’une manière complète que le jour où la meunerie fera en même temps la boulangerie; là, et seulement là est l'élément vrai, sérieux de cette solution. En d’autres termes, entre l’agriculteur, le producteur du grain et le consommateur, il y a, la théorie le dit fort clairement, un intermédiaire de trop; c’est la boulangerie telle du moins qu’elle a existé jJusques à ce jour. Pour ne parler que de ce qui nous est connu à tous, examinons ce qu’est la boulangerie dans notre ville. Les boulangers y sont nombreux, à ce point qu'il y a un boulanger pour 170 habitants. Si le principe suivi par l'édilité de Paris! était mis en vigueur dans notre cité, nous ne devrions avoir que 10 à 11 boulangers, et pour le moment il en existe 95 (il y qaelques années qu’il y en avait davantage). De ce trop grand nombre que peut- il en résulter? Il peut arriver que le boulanger qui est réduit à une clientèle très-restreinte, et par cela même à une production trés-limitée, n’en est pas moins grevé de tels frais généraux, que son bénéfice ne peut le faire vivre lui et sa famille, surtout si elle est nombreuse. En de telles condi- tions, le boulanger qui n’est pas dans ses avances " À Paris, pour une population de plus d’un million , il y a 604 boulangers qui confectionnent les 600,000 kilogrammes de pain consommés chaque jour à Paris seulement, 124 ALIMENTATION PUBLIQUE. peut spéculer sur la qualité des farines? Les grains qu'il achète peuvent ne pas être, tant s'en faut, de premier choix: ou bien, sil s'adresse au mar- chand farinier, il ne prend pas de la meilleure qua- lié de farine; il peut même se faire qu'il demande crédit; il peut même arriver qu'il ne paie pas au jour d'échéance , et alors ayant besoin que le meu- nier lui accorde un crédit plus étendu, il se met à cause de cela même sous sa dépendance? À son tour, il peut se faire que le meunier abuse de la po- sition où se trouve son client, etne lui fournisse pas des farines ayant toutes les qualités désirables, Qui souffre, qui est victime de tout cela, en défi- nitive ? N'est-ce pas le consommateur ? Puis, pour le boulanger qui ne se respecte pas et qui respecte encore moins et le goût et la bourse de son client, il ya ce qu'on appelle les tours de main : on vend peu ; il faut pourtant vivre, et il est si facile d’aug- menter le rendement sans vicier d’une manière trop sensible le produit ! D'ailleurs, on a une excuse : la fraude n’a-t-elle pas pénétré dans presque tous les produits manufacturés, jusque même, chose abominable! dans les produits de la pharmacie, dans les remèdes les plus héroïques ? Les maux et les abus que nous venons d’indi- quer et que nous avons supposé, bien gratuitement sans doute, pouvoir exister dans la boulangerie, existeraient-ils si le marchand meunier devenait en même temps boulanger ? DU PAIX. 125 Qu'est-ce que la meuncrie, du moins dans notre pays? car dans des affaires de cette espèce ,il va, je crois, à interroger et le modus faciendi de chaque pays, ct la qualité des matières sur lesquelles on agit, et le produit que l’on tient à obtenir, et le coût auquel il revient. Dans nos contrées , les cours d’eau abondent; la force motrice nous est donnée gralis par l’état géo- logique de notre sol, Pour moudre les grains et les réduire en farine marchande, nous n'avons pas be- soin, comme dans une foule d’autres contrées, de monter à grands frais des appareils à vapeur dont l'achat et l'entretien sont coutcux, et on sait com- bien ces machines dépensent de combustible pour les faire fonctionner, Evidemment , il ya là dans nos cours d’eau un moyen d'économie considérable et qui doit influer sur le prix de revient de la farine. D'un autre côté, le meunier n’a pas à faire venir de loin les céréales; il les a, pour ainsi parler, sous la main; c’est directement et sans aucun in- termédiaire à salarier qu’il peut les acheter du pro- ducteur. 1 y a encore là une économie qui doit influer sur le prix de la farine, et par conséquent du pain. La meunerie n’a que deux modes de procéder : ou elle travaille à facon et prend 1/20°° du grain qu’elle réduit en farine : si le meunier veut tromper dans la qualité de Ja farine qu'il doit rendre , il le peut sans que la fraude puisse étre facilement ap- 126 ALIMENTATION PUBLIQUE. préciée; même, à la rigueur, il peut tromper sur le poids, en faisant prendre à la farine plus d’eau qu'elie ne doit en avoir !; ou bien le marchand fari- nier travaille sur les grains qu’il achète, et, dans ce cas, c’est surtout sur l’écart entre le prix du grain et celui des farines qu’il spécule, et sans doute aussi sur Jeur qualité. Quoi qu’il en soit, il a pres- que toujours à faire avee les boulangers; s’il a des profits, il peut avoir des pertes, et puis lon n’est pas très-exactement payé. Qu’arriverait-il si le fari- nier faisait lui-même la boulangerie, en mettant à profit les pétrins et fours mécaniques employés dans un trés-grand nombre de manutentions ? Il est cer- tain qu’il aurait Jà un double bénéfice. Aisément on peut admettre qu'avec la certitude d’un débit quotidien de sa marchandise, par conséquent l’as- surance de bénéfices se renouvelant chaque jour et * Pour montrer ce que peut la fraude en matiere de grains, J'ai dans mes souvenirs un fait déjà fort ancien, mais que je crois, puisque l’occasion s’en présente, ne pas devoir laisser sous le bois- seau : un marchand farinier qui, en mourant, a laissé une certaine fortune , acquise honorablement , quoiqu’en peu d’années, m'avait en conversalion rappelé bien des fois qu'il était très-facile de tromper dans le mesurage des grains: ainsi, me disait-il, vous allez mesurer, aussi exactement que vous le pourrez, 100 doubles- décalitres de blé, combien voulez-vous qu'un habile mesureur en trouve ? il en trouvera , à votre choix, 93 412 ou 401 172, et cela sans que le mesurage paraisse frauduleux. Une telle différence , à la- quelle je ne pouvais croire , me fut démontrée un jour, non sur 100 doubles-décalitres, mais sur 20, ce qui sufñit parfaitement pour me prouver la vérité du fait avancé, —_—_—— DU PAIN. 427 cela sans pertes sensibles, il apportcrait dans cette double industrie, réduite par le fait en une seule , les soins et toute la probité désirables, car il aurait à conserver et sa réputation et sa clientèle. En outre, et ce qui est le plus important pour le pu- blie, c’est que le farinier, en faisant des bénéfices journaliers fort satisfaisants, pourrait abaisser le prix du pain, tout en le faisant de bonne qualité. Cette manière de voir, indiquée par la théorie, et que chacun, pour peu qu'il veuille se donner la peine d’y réfléchir, comprendra aisément, a déjà pris un corps dans la pratique. À Paris, à Lyon, à St-Etienne, à Nimes et dans beaucoup d’autres villes sans doute, il a été créé des établissements où le blé que l’on y apporte est criblé, réduit en farine et bluté. La farine y est convertie en pain au moyen d’un système mécanique, et le pain y est cuit dans des fours à sole tournante. De tels faits portent un grand enseignement avec eux et démontrent tout d'abord les grandes économies qu’il est permis de faire par la concentration seule du travail. Dans tous ces établissements, le pain est vendu au-dessous de la taxe. Voici ce que M. Troupel, qui a établi à Nimes une de ces manutentions, m'a écrit à la date du 16 octobre 1855 : « J'ai livré constamment depuis un an, sans compromettre mes intérêts, le pain à la population 2 centimes au-dessous de la taxe de la ville. On peut évaluer à autant l’aug- mentation qui aurait eu lieu sur la taxe, si mon 128 ALIMENTATION PUBLIQUE. établissement n’eüt pas existé; ce qui porte à 5 c. la Giminution dont à joui la population. M. Chou- von , notre collègue, m’a tout récemment rapporté que dans une rue adjacente à la principale artère des Brottaux, à Lyon, il avait lu sur une enseigne ces mots écrits en gros caractères : Pain à cinq centimes au-dessous de la taxe 1. ? Au moment où cet écrit s’imprime, je trouve dans le journal l'Univers religieux du 7 mai, un mémoire de M. Lesobre. Le Congrès des provinces, tenu à Paris dans le courant du mois de mars passé, avait posé dans son programme diverses questions, et nommément celle-ci : Quels efforts doivent faire les sociétés locales pour obtenir l’introduc- tion des boulangeries mécaniques, dans le but de simplifier le travail et d’oblenir le pain à bon marché ? M. Lesobre, membre de ce Congres scientifique, a traité cette question dans un travail qu'il y a lu dans une des séances de ce Congrès. Les membres l’ont écouté avec le plus vif intérét, et le Congrès en a décidé l’insertion complete dans son bulletin annuel. Voici la partie la plus importante de ce mémoire : » La, à Lyon, sur un grand terrain qui était nu encore l’année dernière, une magnifique usine a étéconst.uite. Deux machines à va- peur , d’une grande puissance, mettent en mouvement douze paires de meules et quatre pétrins mécaniquessuffisants pour alimenter huit fours du système Rolland, alignés dans un immense fournil. Le travail est continu ; il ne s’arréte ni le jour ni la nuit les meu- les produisent, par jour, environ 450 quintaux de farine, ce qui donne en pain de 18 à 20,000 kilogrammes. Cette production pro- cure le pain à 50,000 personnes au moins. » Ainsi, les intermédiaires sont supprimés, le travail de la mou- ture et de la panification est énergiquement concentré ; le blé entre DU PAIN. 429 Au Puy, dans notre ville même, existe un fait qui prouve que l’uniun de la meunerie avec la bou- langerie a pris un certain germe. M. X...., mar- chand farinier, a soumissionné le pain à fournir à par une porte de l'établissement et en sort par l’autre sous forme de pain. » Les résultats économiques de cette organisation , les voici : » Le pain de dre qualité est vendu 2 centimes, le pain demi- blanc est vendu 4 centimes, et le pain bis, dit de ménage, est vendu 6 cent. par kilogr. au-dessous de la taxe. » Ces trois sortes de pain sont d’une qualité, d’une propreté et d'un aspect particulièrement remarquables. » L'organisation de la manutention civile de Lyon fait le plus grand honneur à M. Delort, son directeur. C’est aujourd'hui la ma- nutention la plus belle et la plus complete qui existe au monde. » Grâce à cet établissement, les classes nécessiteuses peuvent se procurer en ce moment, à Lyon, du pain de pur froment, de bonne qualité et très-substantiel, à 35 centimes le kilogramme , c’est-à-dire à un prix qui ne dépasse guère celui des années de bonnes récoltes , et cela au moyen de la concentration du travail de la meunerie et de la boulangerie, par emploi d'agents mécaniques perfectionnés d’une grande puissance de production et sans aucun sacrifice pour personne. » Au contraire ,' si le prix du pain est réduit au profit du con- sommateur , le capital engagé dans l'entreprise ÿ trouve aussi Jar- gement son compte. En effet, du 1 décembre dernier, époque à laquelle l'usine a commencé à fonctionner avec tous ses moyens , au 51 décembre, c’est-à-dire dans l'espace d'un mois, les bénéfices nets de l'opération , déduction faite de tous les frais généraux et méine de l’intérét du capital, se sont élevés à 41,000 fr: » Ce chiffre serait vraiment incroyable si lon ne songeait à l'énorme quantité de pain produit par l'usine. » 430 ALIMENTATION PUBLIQUE. la troupe, et pourquoi P Parce que, a-t-il dit à un fonctionnaire municipal de qui je tiens ce rensei- gnement, parce que, dussé-je donner le pain que j'ai soumissionné, au prix courant de la boulange- rie, cela m'inquiète peu. Le point important, c’est que mes moulins ne chôment pas, et qu'ils soient constamment occupés. Leur travail avee le prix ac- tuel du grain me suflit. En tenant ce langage, M. X.... prouvait qu'il savait parfaitement ses affaires, et, en effet, la meunerie à sans nul doute calculé ses frais et ses bénéfices sur une moyenne du prix du grain. Si le blé froment est à 5 fr. le double-décalitre, le 20° de ce grain qu'il prend pour frais de mouture, re- présente 5 p. 0/0; mais si le blé est à 7 fr., le 20% n’est plus 5 p. 0/0 , il est 7 p. 0/0. Si le blé était à 10 fr. le double-décalitre, ce 20"° rappor- trait au meunier non plus 5 p. 0/0, mais 10 p. 0/0. En d’autres termes, plus le prix du grain s'élève, plus le bénéfice du meunier s'élève. Ce fait ne vous prouve-t-il pas d’une manière précise ce que peut la meuncrie lorsqu'elle fera en même temps la fa- brication du pain ? Est-ce que lorsque les prix du grain sont élevés , elle ne peut pas se contenter des bénéfices de la meunerie sans y comprendre ceux de la boulangerie ? Plus on approfondit cette question si sérieuse d’a- limentation publique, et plus on est étonné qu'il n’en soit pas pour le pain, cette denrée indispensa- — DU PAIN. 431 ble à l’homme, ce qu'il en est pour les tissus fabri- qués : la laine aussitôt enlevée de dessus le corps du mouton et encore toute couverte de suin, entre dans une manufacture et en sort réduite en drap. De même pour les tissus de fil, de coton. N'est-ce pas à la concentration seule du travail que tous ces objets manufacturés sont livrés à la con- sommation à des prix tellement bas, qu'ils nous en paraissent fabuleux ? Pourquoi n’emploierait-on pas dans la boulangerie, aujourd’hui surtout que les procédés mécaniques y sont entrés, des moyens qui réussissent à merveille dans le plus grand nom- bre des industries manufacturières P Cependant, il est temps d’y songer, voilà trois ans consécutifs que le pain a été plus cher que d'habitude; cela peut se continuer. L'agriculture a pu faire de très-grands progrès, mais bien des terres et les meilleures sont employées à la culture d’au- tres denrées, et chaque année cette culture prend de plus grandes proportions ; puis, en France, la po- pulation augmente, et la population ouvrière tient de nos jours à étre nourrie bien micux qu'elle ne l'était autrefois. Même en mettant de côté toutes ces considérations, n’est-il pas à désirer, au point de vue seul d'amélioration sociale, que le pain ne soit payé par le consommateur que ee qu’il doit coù- ter réellement, et non ce qu’il coûte par l'effet du parasilisme (passez-moi ce néologisme) qui s’est attaché à cette production. Que les bons boulangers 432 ALIMENTATION PUBLIQUE. ne s’émeuvent pas trop; les sociétés vivent attachées à leurs mœurs et à leurs habitudes , et il se passera bien des années avant que ce progrès dans la bou- langerie ait acquis tout le développement quil recèle. Le bien, quel qu’il soit, ne se fait que petit à petit, et ce n’est que fort lentement que s’accom- plissent les révolutions dans les usages. Ce qui me parait certain, c'est que l’industriel ou la compagnie (et il en est un grand nombre qui s'organisent avec bien moins de chance de prospérités et d’utlités) qui le premier se livrera dans notre pays à une pa- reille entreprise, fera une œuvre tout à la fois très- philanthropique et surtout fort profitable à ses inté- rêls. VI. En attendant, et en supposant, ce qui ne sera pas, il faut l’espérer , que le pain arrive à un prix plus haut qu’il ne l’est en ce moment, ne serait- il pas possible , dans l’état actuel de la boulangerie, d'obtenir hic et nune, le pain à un prix inférieur à celui de la taxe ? Encore ici, marchons, comme précédemment, par la voie d’analyse, et étudions d’abord les faits. Voici ceux qui sont à ma connaissance et que je soumets à votre appréciation : à tous les établis- sements où le personnel est un peu nombreux, les boulangers de notre ville font sur le pain de 1"° qua- lité un rabais d’au moins un liard par chaque livre. DU PAIN. 433 C'était ainsi du moins que les choses se passaient. Je crois qu’il n’en est pas tout-à-fait de même depuis que le blé est cher et depuis les bases actuelles de la taxe. La fourniture du pain blanc du Lycée a été sou- missionnée à 25 millièmes au-dessous de la taxe; et, il ne faut pas l'oublier, chaque pain est d’un 1/2 kil. Un marchand farinier a soumissionné le pain à four- nir à la troupe et a fait un rabais de 9 cent. 9 mill. au-dessous de la taxe du pain de 1" qualité. Le pain fourni à la troupe pèse trois livres, et la farine qui sert à le faire est blutée à 20 p. 0/0; reste à éta- blir la différence qui existe entre ces deux qualités de pain. La farine de notre pain 1" qualité doit être de fromest pur, être blutée à 50 p. 0/0, ne contenir que ce qu’on désigne sous le nom de fa- rine 1 et de 1° gruaux; enfin, le pain de cette qualité est du poids d’un 4/2 kil. ; celui de munition est du poids de 5 livres; la farine, qui ne doit être que de froment, est blutée à 20 p. 0/0. On suppose que l’on y fait entrer quelques 5° et 4" gruaux, et peut-être quelques recoupettes. Quoi qu’il en soit, on admet que la différene: dans la qualité et le poids de ces deux espèces de pain, ne peut pas en faire varier le prix au-delà de 5 cent. à 5 cent. 1/2 au plus. D’après ces données, le soumissionnaire a fait un rabais de 4 à 5 cent. au-dessous de la taxe : et il faut remarquer qu’il n’est pas boulanger et qu'il a donné à confectionner le pain qu’il livre à la TOME XIX. 28 434 ALIMENTATION PUBLIQUE. troupe , à deux boulangers du Puy qui, eux aussi, y trouvent un certain bénéfice. Mais si ce soumis- sionnaire avait établi dans son usine à moudre le nouveau système de pétrissage et de cuisson du pain, il est bien probable que le rabais qu’il a fait eût été bien plus grand. Ces faits et bien d’autres analogues que j'ignore ne prouvent-ils pas que le pain de 1" qualité, pesant un demi-kil., est vendu par la boulangerie du Puy à { et 2 cent. 1/2 au-dessous de la taxe quand elle est sûre d’un débit quotidien, et que si c’est un marchand farinier qui livre la farine, il peut abaisser le pain jusques à 4 cent. 1/2 et même à 5 cent.P Ces faits me paraissent avoir une grande impor- tance et indiquent d'ores et déjà les moyens à em- ployer pour avoir le pain à un prix au - dessous de la taxe. Î[l est aussi un autre fait sur lequel je tiens à vous faire connaitre mon opinion personnelle. Nous avons au Puy, en fait de pain, des habitudes que je considère comme trop luxueuses : il nous faut des pairs de 1/4, de 1/2 kil., des pains de couronne et d’autres considérés ailleurs comme pain de luxe et de fantaisie. Cette habitude pour le pain de 1/4 et 1/2 kil. date, j'imagine, de loin, de cette époque où il n’y avait pas de marchands fariniers, où l’on exportait peu de nos grains, si ce n’est dans le Haut-Vivarais qui nous apnortait à dos de mulet du vin en échange, et où l’on consommait dans nos contrées la plus grande partie du blé qui s’y récoltait. Ces habitudes, de fort tr E DU PAIN. 435 vieille date comme on le voit, et qui se sont continuées d'âge en âge, ont déterminé l'autorité muricipale à taxer le pain d’un 1/2 kil. C’est là, au point de vue économique, une mesure, suivant moi, regrettable. La confection du pain blanc d’un 1/2 kil. est assez minutieuse; elle est plus fatigante et demande plus de temps qu’il en est besoin pour les autres qualités de pain ; il faut que la pâte en soit mieux travaillée et qu’elle soit manipulée d’une certaine manière. Ce pain, à poids égal, oceupe dans le four beaucoup plus d'espace que le pain de tourte et sa cuisson réclame plus de surveillance. Afin de défrayer le boulanger de ce sureroit de fatigues, de soins et aussi dans l'espoir, qui ne s’est pas réalisé, que le boulanger, mieux rétribué, ne livrerait que du pain blanc de bonne qualité, la taxe a porté la fabrication de ce pain à 1 fr. par double-décalitre de blé, produisant 25 livres de farine, au lieu de 70 cent. qu’elle accorde pour la fabrication des autres qualités. Si, au lieu de ce mode, on eùt admis que le pain du poids d’un 1/2 kil. ne devait être consi- déré que comme pain de luxe non taxable! et que ? Les bases d’après lesquelles on avait établi au Puy le tarif qui fut fait en l'an vin , je crois, et qui à duré jusques dans ces dernières années, exagéraient le prix du pain blane et diminuaient d'autant le prix du pain des qualités inférieures. Cette maniere de faire était toute dans l’intérét de Ja classe peu aisée. Les boulangers ont réclamé; Pad- ministration s’est rendue à leurs justes observaliuns, et cette petite amélioration sur le prix du pain des qualités inférieures n’a pas été maintenue dans le {arif qui régit actuellement la boulangerie, 436 ALIMENTATION PUBLIQUE. l'on n’eùt faxé que le pain blanc de 4 à 2 kil. qu’en fütil résulté? D'une part il est probable que la main: d'œnvre n’eût pas coûté autant; d'autre part il est certain, et il ne peut y avoir le moindre doute à ee Sujet , que le rendement de la farine , toutes choses égales d'ailleurs, est d'autant moindre que les pains sont d’une moindre dimension. Ainsi diverses balles de farine, premier choix, de 250 livres, achetées chez les marchands fariniers ont donné et donnent en tourte de 6 à 7 livres, 556 à 560 livres de pain. Ces mêmes qualités et quantités de farine n’ont donné en pain d’une livre que 525 à 528 livres ! ; à Paris, 100 kil. de farine, qualité marchande, donnent en moyenne 156 kil. de pain de 4 livres. (Je n’ai pas de renseignements précis sur ce que peuvent donner 250 livres de farine en pain de 2 et 5 livres). De ces faits, il résulte ceci : c’est que plus le pain est fort, et moindre au four en est l’évaporation. Un double- décalitre de froment donne, d’après la taxe, 95 livres de pain blanc du poids d’une livre. Que ce pain soit du poids de ! à 2 kil., et la même quantité de farine en donnera de 5 à 4 livres de plus. C’est du reste une chose à expérimenter ?; mais ce qui me parait bien 1 Voir les notes à la fin du rapport. 2 Je dis que c’est une chose à expérimenter, et je pense que ces expériences doivent étre de plusieurs sortes. Les bases de la taxe pour ce faire sont calculées sur le rendement en farine d’un double-décali- tre de froment et de premier choix. Dans ce cas, les expériences pourraient étre faites et bien rapidemént et d’une manière aussi sûre DU PAIN. k37 démontré, quoique à priori, je l'avoue, c’est que par cette mesure, la consommation trouverait au moins dans chaque double-décalhtre de blé de froment 5 livres de pain de plus, ce qui au bout de l’année ferait une économie assez forte pour qu’on la prenne en sérieuse considération. Qu'importe, dira-t-on , que le rendement en pain soit plus considérable, si, en définitive, la quantité de substance alimentaire reste la même, et n’est-il pas à craindre que l’on fasse payer au consommateur l’eau de fabrication au prix de la farine? Il faut avoir plus que raison pour vouloir changer de très-anciennes habitudes. Avec ce nouveau mode de panification, le paysan ne pourra plus emporter sa miche et le con- sommateur dont la bourse n’est pas très-fournie ne pourra pas acheter son pain d’une livre. Sans doute on en fera encore de ces pains d’un 1/2 kil. ; mais dès que possible. Mais il est certain qu'aujourd'hui et depuis longtemps la boulangerie achete les farines pour la confection du pain blanc, soit aux meuneries du Puy, soit qu’on les lui apporte d'Auvergne ou d’ailleurs. D’apres les renseignements qui m'ont été fournis et que je tiens pour exacts, les boulangers (rouvent qu’il y a pour eux avantage à acheter la farine plutôt que d'acheter et de faire moudre le grain ; ils accusent la meunerie de n’étre pas assez soigneuse, assez perfec- lionnée et par cela même d’être l’occasion d’une perte plus ou moins forte en farine. Des le moment où il est reconnu que la boulangerie achète la farine pour faire le pain blanc ct peut - étre bien d’autres qualités de pain, on est forcé de se demander s’il ne serait pas néces- saire de baser désormais la taxe du pain sur le prix et les qualités des farines marchandes, tout au moins pour le pain blanc. 138 ALIMENTATION PUBLIQUE. le moment où la police n’en surveillera ni la qualité ni le poids, n’est-il pas à craindre qu’il en soit d'eux ce qu’il en est pour les pains d’un quart de kilog. qui, tous, en réalité, ne pèsent pas, et tant s’en faut, 250 grammes? Ces objections et bien d’autres qui peuvent être faites ne me paraissent que spécicuses. Et , en effet, la taxe d’abord ne manquera pas d'intervenir pour réglementer la différence dans le rendement entre les pains de 1 à 2 kil. et le pain actuel d’une livre. En second lieu, est-on bien certain que la mie de pain d’un demi-kilog., tel du moins qu’il est géné- ralement vendu , et où il n'y a presque plus de croûte, ne contienne pas autant d’eau que peut en contenir la mie de pain de 1 à 2 kil.P La po- lice, il est vrai, n'aura plus à surveiller le poids du pain d’une livre ; par cela même le consommateur pourra être trompé. Ce sera fàächeux et fort déplora- ble sans doute, mais quel remède y apporter tant que la boulangerie sera ce qu’elle est? D'ailleurs, est-ce qu’en tout, le petit détail n’a pas toujours été le ver rongeur de la production ? Dans les villes qui nous avoisinent et nulle part, je crois, le pain de 1” qualité du poids d’un demi-kilog. n’est laxé. Pour mon compte, j'ai engagé bien des fois plusieurs de nos administrations municipales à mettre de côté les vieux usages du pays. Chaque époque a ses besoins, et il faut espérer qu’on se déci- dera, en celte affaire, à adopter des errements en Ces DU PAIN. 439 rapport avec les exigences du temps où nous som- mes; car ce n’est pas seulement le pain qui est cher, mais les autres denrées alimentaires et toutes les choses les plus indispensables à la vie ont aussi beaucoup augmenté de prix. Sous la pression de ces faits qui, pour le moment, ne manquent pas d’inquiéter, il faut que chacun réagisse, fasse ses efforts pour en atténuer les conséquences et que tout le monde s’entr’aide dans la recherche de ce qui doit tourner au profit de tous. Pour ce qui est relatif au pain, il me parait démontré que, même dans l’état présent de la boulangerie, on peut faire une économie assez sensible sur le pain blanc. Ainsi, je suppose que ce pain soit, d’après la taxe, à 25 cent. la livre. J’admets que chaque double-décalitre de blé de froment peut donner, et cela sans que le produit en souffre, tant s’en faut peut-être , 28 livres de pain de 2 à 4 livres, au lieu de 25 en pain d’une livre. Par suite de ce fait, la con- sommation bénéficie 5 livres de pain qui, à 25 cent. : chacune, font 75 cent., c’est-à-dire 5 cent. de moins par livre. Voilà l’économie; et je ne parle pas de ce qui peut être bénéficié sur le coût de la main-d’œu- vre : on pourrait, à la rigueur, le diminuer de 1 cent. par livre de pain !. ! De Paulhaguet, près Brioude, on apporte dans tout le canton de Saint-Paulien du pain blanc de 2 et 5 livres. Ceux qui en achètent m'ont assuré que ce pain élait tout aussi beau et aussi bon que celui du Puy, et on le vend deux liards de moins par livre, 440 ALIMENTATION PUBLIQUE. Je viens d'indiquer comment je comprenais l’une des économies très-faciles à faire sur le pain blanc. Est-il possible d’en obtenir sur les autres qualités de pain ? Encore ici il faut connaitre les faits, les étu- dier et les apprécier. Les pains taxés de 2° et 5° qualités, doivent être faits avec de la farine seule du blé de méteil ; entre eux, il ne doit exister d'autre différence que celle qui provient du blutage. La farine de l’un est blutée de 25 à 50 p. 0 0; l’autre, à 12 p. 0,0. Je n’ai rien à dire sur le pain de 2° qualité, attendu que, d'après mes appréciations, 1] est tombé dans ce que j'appelle pain de luxe. Il est fair le plus souvent en couronne, du poids d'environ 5 livres; il a de l’apparence, plait à l'œil et non pas toujours au goût, et il est pour le quart d'heure en grande faveur auprès de la classe ouvrière aisée qui en fait une assez grande consommation. Il est de fait que si, dans celte qualité, on ne faisait entrer que du pur méteil, et que la farine en füt blutée à 30 p: 0/0, ainsi que le veut la taxe, et qu’il fût manipulé avec soin et cuit d’une manière convenable, ce serait un pain de ménage tout-à-fait de choix !. Nos devan- 1 Un boulanger m’a fait tout exprès, pour me montrer ce qu’il était possible de faire en boulangerie, du pain en couronne de cette qualité. Ce pain a eu tres-bon goût; il avait de la blancheur, assez de cuisson, et il s’est maintenu bon jusques au dernier morceau. Seulement on me l’a fait payer deux liards par livre en sus du prix de la taxe. DU PAIN. 441 ciers dans la vie ponote se régalaient d’une sorte de pain qu’ils connaissaient sous la dénomination de séjalat; il était en petite tourte de deux, trois et quatre livres. La chose n’est plus depuis longtemps, et le nom est déjà inconnu des générations actuelles. C’est le pain dit de 2° qualité qui l'a remplacé. Le pain désigné comme pain de 5° qualité, et fait avec de la farine de pur méteil, ne peut être que du bon pain. Cependant il est, m'a-t-on assuré, peu re- cherché par les ouvriers et même par les domesti- ques. Il est sapide, mais on ne le trouve pas assez blane; on croit, à tort ou à raison, que lorsqu'il a un peu de blancheur, cela tient à un mélange de basses farines avec celle de méteil, et on sait que ces basses farines nourrissent peu. Sa pesanteur spé- cifique, comparée à celle des autres pains, est on ne peut plus sensible ; il pèse beaucoup plus. Dans sa qualité, celle du moins qui saute aux yeux, il y a des différences assez marquées suivant les boulangeries ; on constate aussi cette diflérence dans la même bou- langerie : ce pain vaudra mieux un jour qu’un autre. Par tous ces motifs, il n’est pas, m’a-t-on dit, aussi en usage qu’il devrait l’être. Il me semble, sauf meilleur avis, que si le blutage de ce pain était porté de 12 à 20 p.0[0, ni plus ni moins que le pain de troupe, cela n’en changerait guère le prix; la consommation en deviendrait peut-être plus générale; et, d’après ma manière de voir, ce serait ]à une bonne amélio- ration introduite dans le régime alimentaire des 442 ALIMENTATION PUBLIQUE. classes ouvrières. Cette qualité de pain me parait être, en effet, celle qui conviendrait le mieux à l’homme qui se fatigue et use journellement ses forces. Ce pain a de la saveur, il est agréable au manger, il est salubre et nourrissant. S'il était permis de parler de soi, je vous dirais que quand il pro- vient de bon blé et qu'il est frais, c’est le pain que je préfère à tous autres. [l contient encore, il est vrai, une certaine quantité de son, mais le blutage à 55 p. 00, est-ce là un progrès réel, bien compris au point de vue de la santé de l’homme, surtout du travailleur qui a besoin d’avoir l’estomac lesté ? Bien des médecins ne le pensent pas. Hippocrate regar- dait, de son temps où le blutage, pense-t-on, n’était pas connu, le son contenu dans le pain comme salu- taire à la santé ; Gallien professait aussi cette manière de voir. De nos jours, un médecin, célèbre physio- logiste, Magendie, admettait, comme chose pour lui bien démontrée, que le pain de Paris bluté à 55 p.0]0 est un aliment très-inférieur au pain bis. Le docteur Guérin va plus loin, et regarde ce pain comme pou- vant occasionner chez les enfants le rachitisme. Enfin, le grand chimiste de l'Allemagne, M. Liébig, est d'avis que la complète séparation du son d’avec la farine est plutôt nuisible qu’utile à la santé. Il paraît démontré, en effet, que dans le son existent certains principes qui aident à la digestion, et principalement à celle de l’homme qui se nourrit spécialement de pain. Sous ce rapport, il n’y a pas de controverses. DU PAIN. 443 Maintenant, et on me permettra du moins de le supposer, si l'administration communale adoptait ce pain de méteil bluté à 20 p. 0/0, et que cette mesure füt accueillie par la population, on y trouverait, outre les avantages dont je viens de parler, quelques autres que je regarde comme les plus importants. Je n’ai jamais bien compris, pour ma part, la sé- vérité de la loi contre seulement le faux poids du pain d’une livre. Souvent mème il peut arriver que, pour évhapper aux coups de la police, le boulanger éprouve la nécessité de ne pas manipuler convena- blement son pain et de ne pas lui donner toute la cuisson désirable. Suivant moi, les œuvres de la po- lice ne seront salutaires et fructueuses que Île jour où elle s’attaquera au poids, sans doute, mais sur- tout à la qualité du pain et par conséquent à celle de la farine. Le Créateur a, dans sa providence, calculé, dirait- on, pour en faire l'aliment le plus sain et le plus utile à l’homme, en quelles proportions le blé devait con- tenir de gluten, d’amidon ou fécule, de matières al- buminoïdes, de sucre, ete. Supprimez lc gluten, cette substance qui, parce qu’elle est azotée, nourrit à la manière de la viande, que restera-t-il au pain? Rien autre à peu près que l’amidon. Autant vaudrait man- ger de la pomme de terre. Laissez à la farine tout le gluten qu’elle contient, mais ajoutez-y dans d'assez fortes proportions de la farine de fèves, de pois, de jarousses, et vous aurez du pain sans doute, mais 4% ALIMENTATION PUBLIQUE. quel pain! il vous nourrira mal et peu. Ce sera bien loin, dans tous les cas, d’être l’aliment que Dieu a mis dans le blé. Reconnaitre dans la farine la quantité de gluten qui s’y trouve est chose facile. Pour constater la quantité de gluten qui est dans le pain, cela est moins aisé : il faut plus de temps, de soins et d’habileté dans la main. Quant aux mélanges des farines de pois, de jarousses, de fèves avec la farine de blé, la chimie est arrivée à les constater d’une manière aussi précise qu'on peut le désirer. Si l’on tient à ce que la police surveille la qualité du pain, il ne faut pas qu’elle en ait trop d'espèces à surveiller : Qui trop embrasse, mal étreint, dit la Sagesse des nations. Qu'il ne se fasse que de deux sortes de pain taxé, et alors la police pourra remplir avec quelque fruit son devoir d'examen et de surveillance. En ceci il fau- drait, sinon complètement imiter l'exemple, du moins se rapprocher de la manière de faire de la munici- palité de Saint-Etienne, qui ne taxe qu’une sorte de pain !, celle dont se nourrissent les ouvriers de cette ville manufacturière. Et en notre temps, qui donc 3 Voici, d’après le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, la taxe du pain à Saint-Etienne : PanAblauc Pere Pre … non axé. Pain ferain (celui que mangent les DUVNETS) eme ee Etre rene taxé. Pain ferain, sur le marché......... taxé à 5 cent. par kilog. au-dessous du précédent. DU PAIN. 445 n’est pas ouvrier? Ils sont bien peu nombreux ceux qui ne gagnent pas leur vie, qui d’une manière, qui d'une autre. Dans le pain, ce à quoi on doit le plus tenir, c’est à la qualité, C’est là ce qu'il y a de plus important et ce que la généralité du public n’apprécie pas autant que cela devrait être. Un ouvrier, je le suppose, mange dans sa journée deux livres de pain : que celui-ci soit mal préparé, mal levé, mal euit, et l’ouvrier se sera mal nourri; qu’au contraire, cette même quantité de pain soit bien travaillée, bien levée, convenablement cuite, et il se sera beaucoup mieux nourri. Qu’un pain soit fait avec de la farine pauvre en gluten, qu’on l’aie sophistiquée avec de la farine de pois, de fèves, de jarousses, deux livres de ce pain ne sus- tenteront pas, ne nourriront pas autant qu’une de- mi-livre de bon pain de froment ou de méteil. Je pourrais citer bien d’autres exemples. Ce qu'il im- porte, je le répète, c’est que le pain que l’on mange soit fait avec de la farine de blé et qu’il soit conve- nablement confectionné. Il y a dans ce seul fait une économie réelle et bien plus grande qu’on ne le pense généralement. Mais ce qui, pour le public, paraît lui tenir le plus à cœur, est l’économie qui se traduit, dans l'achat du pain, par moins d'argent à donner. Eh bien! ce ré- sultat est possible, mais on ne peut, suivant moi, y arriver que par l'association des boulangers entre eux, ou par celle des consommateurs. Pour mieux 446 ALIMENTATION PUBLIQUE. faire comprendre ce que j’avance, qu’on me permette de préciser quelques faits. Le prix du pain est basé sur le prix des céréales ; impossible, à moins d’avoir de grands cmmagasine- ments, de pouvoir faire des économies de ce côté. Au prix du grain, il faut ajouter le salaire du meu- nier et ses bénéfices. Si le grain est cher, on peut obtenir un rabais sur la mouture, lorsque surtout on en fait moudre journellement des quantités un peu considérables. Au prix des céréales et à celui de la mouture, il faut ajouter le salaire et les bénéfices du boulanger. Les deux réunis se portent, d’après la taxe actuelle, à 4 cent. par chaque livre de pain blane, et pour le pain de tourte à 70 cent. pour chaque double-déca- litre de blé transformé en pain, non compris le prix de la mouture. D’après cela, il est facile de comprendre qu’il n’est possible de faire des économies que sur trois choses : sur le coût de la mouture, sur le salaire et les béné- fices du boulanger. Il est certain que les bénéfices du boulanger s’'augmenteront en proportion du nombre de livres de pain qui seront livrées au consomma- teur. Si un boulanger vend, par jour, 100 livres de pain blanc, cela lui rapporte 4 fr.; en vend-il 1,000, ce sera 40 fr. Or, en vendant beaucoup de sa mar- chandise, il est évident que le prix de revient a, pour lui, beaucoup diminué, eçar les frais généraux sont restés à peu près les mêmes et il a pu faire de grandes _— DU PAIN. 447 économies sur la main-d'œuvre et sur le chauffage du four. En outre, en vendant beaucoup, ne lui sera- til pas possible de faire un rabais sur ce qui lui est accordé pour ses bénéfices ? Que dix, quinze boulan- gers s'associent et montent, dans notre ville, une grande manutention; qu’ils ne livrent à la consom- mation que de bonnes qualités de pain, et tout le monde ira chez eux d'autant qu’il leur sera possible, cela ne me parait pas le moins du monde douteux, d’abaisser le prix de leur marchandise d’au moins un centime au-dessous du prix de taxe. Et si dans une telle manutention, on venait à adopter les procédés mécaniques et les fours à chauffage continu, l’asso- cialion trouverait encore là un moyen certain de pouvoir augmenter ses bénéfices en diminuant ses frais de main-d'œuvre, de faire par cela même d'excellentes affaires, tout en faisant celles des con- sommateurs. Entrer, sur ce sujet, dans de plus longs détails, ce serait douter de l'intelligence de ceux qui voudront bien se donner la peine de me lire. Mais, je l'avoue, je ne pense pas que ces idées d'association soient entendues et convenablement comprises par nos boulangers. Dans ce cas, pour- quoi les consommateurs ne s’associeraient-ils pas entre eux ? Nous sommes les témoins et même les pionniers d’une grande transformation sociale. L'élément qui semble dominer dans cette œuvre et qui, à mon sens, agit comme principe conservateur, est l’as- 448 ALIMENTATION PUBLIQUE. soération. Aujourd'hui, lassociation pénètre partout et entre dans tout. Les riches associent leurs capi- taux pour augmenter leur avoir; les ouvricrs s’asso- cient pour s’entr’aider dans les cas de maladie et de misères. À cet effet, ils mettent dans une caisse commune leurs petites épargnes, fruits de leurs sueurs ; et, chose bien digne de remarque et que l’on dirait providentielle, c’est que les hommes qui, par leur position sociale et l’état de leur fortune , n’ont pas le moindre intérêt personnel à ce qu’il existe de telles associations, en sont les organisateurs et Îles propagateurs les plus actifs. Ils créent pour les ou- vriers, pour les travailleurs de toutes sortes, des caisses d'épargne, de secours, de prévoyance, etc.; ils entrent eux-mêmes dans l'association, et dans certains €as fournissent une cotisation mensuelle dont les ouvriers seuls sont appelés à profiter. N'y at-il pas diverses associations pour venir en aide aux malades, aux infirmes, aux malheureux ? L’as- sociation prend l’enfant presque à sa sortic du ber- ceau, dirige ses instincts, apprend à l'adolescence l'art du travail, et l'association suit ainsi l’homme depuis sa naissance jusqu’à la fin de sa vie. J'ou- bliais qu’il y a des associations pour venir en aide à celui qui a peu, en lui offrant, au prix de revient et souvent au-dessous , des denrées alimentaires toutes préparées , et même un local pour les y manger. Le Gouvernement lui-même est le protecteur du plus grand nombre de ces associations, et il excite, en- —_— DU PAIN, 449 courage tous ceux qui s’associent dans le but d’amé- liorer la position du travailleur et de venir à son aide dans les mauvais jours. Si, au temps où nous sommes, l'association a déjà poussé des racines qui ont profondément péné- tré dans les diverses couches sociales; si elle forme, pour ainsi parler, le fond de notre civilisation, pour- quoi ne s'organiserait-il pas des associations pour avoir le pain au meilleur marché possible ? Pourquoi dix, vingt, quarante familles ne s’associeraient-elles pas pour atteindre à un pareil but? Pour l’homme riche , l'achat du pain compte pour peu dans ses dépenses ; mais pour le plus grand nombre, surtout pour l'artisan, l’ouvrier, le simple manœuvre, c’est tout le contraire; j'ai failli dire que pour ceux-là l'achat du pain était leur principale dépense. Dans un ménage où il se consomme par jour 2 kilog. de pain, est-ce qu’une économie de quelques cen- umes sur ce seul aliment est à dédaigner, lorsque toutes les autres denrées sont chères et que l’on a, comme on dit, toutes les peines à nouer les deux bouts ? Une économie d’un sou par jour en fait sept au bout de la semaine, et, avec cela, on peut ache- ter des légumes, voire même une livre de viande. Sans doute tout cela ne peut s’obtenir sans quel- ques ennuis, sans quelques peines, et je sais qu’il serait plus commode d’aller acheter le pain chez le boulanger. Là on peut choisir celui qui convient ; dans l'association, au contraire, il ne pourrait y avoir TOME XIX. 29 450 ALIMENTATION PUBLIQUE. qu'une qualité de pain commune à tous. Mais, dans la vie de ce monde, n'est-il pas des circonstances où il faut savoir rompre avec ses habitudes, ses gouts, ses fantaisies ? Qui veut la fin veut les moyens, et en toutes choses, le succès est presque toujours à effort. Sans doute aussi on pourra faire à un tel projet d’association mille objections meilleures, je le veux, les unes que les autres. N'est-ce pas le sort des idées nouvelles, même les plus uules, d’être plus ou moins longtemps combattues? Je me souviens que , lorsque en 1845, dans un mémoire assez lon- guement motivé, je démontrai au conseil municipal de notre ville, l’urgente nécessité d’une halle au blé, je ne trouvai dans le conseil qu’un large écho, il est vrai, et la proposition que je faisais de créer une halle fut adoptée à l’unanimité et sans conteste. Mais lorsqu'il fallut arriver à la réalisation de ce projet, que d’objections , que de difficultés de mille espèces ne rencontra-t-il pas ? Nonobstant la halle a été faite ; elle existe , et cela au grand contentement des agriculteurs, des consommateurs, du commerce, à celui qu’il ne faut pas oublier, du budget des re- cettes de la ville. Qu'il se forme dans un de nos quartiers, ou entre quelques ouvriers, une association pour avoir le pain au plus bas prix possible, et je ne doute pas que les avantages qu’on y trouvera ne soient un sti- mulant qui suflira pour qu’il s’en crée d’autres à côté. Le mauvais exemple est contagieux, pourquoi DU PAIN. 451 celui qui est bon ne le serait-il pas ? Les principaux avantages d’une telle association seraient : d’abord on ne mangerait que du pain de blé, de celui que l’on aurait acheté, et sans mélange de basses farines, de recoupettes, ni de farines de fèves, de pois ou de jarousses. Le boulanger, confectionneur de ce pain, w’aurait pas intérêt à le mal préparer , à ne pas lui donner la cuisson désirable; ce pain serait donc agréable au goût, il serait nourrissant, de facile di- gestion; et, je ne saurais trop le dire, ce sont là des avantages dont on ne peut calculer toute la portée, soit au point de vue de là santé de l’ouvrier, de celle de sa famille, de ses enfants, et au point de vue du travail. qu’il a à fournir. Qui ne sait que la force du travailleur est dans la nourriture qu’il prend ? Les entrepreneurs de grands travaux obligent les ouvriers à manger d’une qualité de pain qu'ils indi- quent, afin que le travailleur trouve dans son alimen- tation les moyens de réparer ses forces. Un économiste, le plus distingué de notre temps, M. le comte de Gasparin, a parlé quelque part de l’observation que voici : Dans les chantiers ouverts pour la création de nos premiers chemins de fer, beaucoup d'ouvriers anglais étaient venus y travailler. On ne tarda pas à constater que la quantité de travail de ceux-ci l’emportait de beaucoup sur celle faite par les ouvriers français. On s’en demanda la cause et on ne tarda pas à la trouver dans Palimentation. On força les ouvriers francais à se mieux nourrir, et, peu 452 ALIMENTATION PUBLIQUE, de temps après, ils firent, mieux nourris, une somme de travail au moins égale à celle des ouvriers an- glais. On voit done que maitres et ouvriers sont intéressés à ce que tout travailleur, à quelque caté- gorie qu'il appartienne, ne mange que du pain qui soit substantiel et nutritif. Le second avantage qui pourrait être obtenu par l’association, c’est que, même dans l’état présent de notre boulangerie, elle pourrait avoir le pain au moins à 1 cent. 1/5 par livre au-dessous de la taxe. Je n’ai pas besoin de prouver cela par des exemples : je crois qu’ils ressortent suffisamment de l’ensemble de ce Rapport !. (Voir les notes.) Dans ces études, j'ai eu pour but de dégager cette question du pain de tout ce qui pouvait l’obscureir et de la présenter sous son jour le plus vrai, afin qu’il für possible à chacun de l’apprécier et de la juger avec connaissance de cause. Dans les grands centres de population et surtout dans les villes industrielles, celte question préoccupe. Partout on reconnait que le prix de revient du pain est trop coùteux et que les boulangeries anciennes ont fait leur temps. Déjà ? Je voulais montrer comment je comprends ces sortes d’associa- tions et la maniere dont elles peuvent s'organiser et fonctionner. Javais même, à ce sujet, rédigé une sorte de projet, mais ce rapport est déja beaucoup trop long ; puis les ouvriers sont actuellement trop instruits, trop intelligents pour ne pas savoir ce qui va le mieux à leur intérét et pour ne pas comprendre ce qui peut leur étre le plus utile. DU PAIN, 453 dans bien des villes, et les plus populeuses, il s’est formé, à côté des boulangeries individuelles, de grandes usines de panification où le blé entre et en sort réduit en pain. Les municipalités ont encouragé partout et même favorisé de tels établissements, parce qu'eux seuls peuvent donner le pain à un prix réduit, attendu qu’à eux seuls il est possible de con- centrer fortement le travail et de mettre en activité les procédés perfectionnés que l’industrie de la bou- langerie comporte. Les pétrins mécaniques, les fours avec chauffage continu sont appelés à faire, dans la boulangerie, une grande révolution qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, s’étendra dans toutes les villes, Des intérêts particuliers depuis longtemps acquis et des plus respectables, auront sans doute à en souf- frir. Ainsi est fait le progrès dans les sociétés, et il n’est qu’à ce prix : il détruit souvent ce qui est, mais c’est pour mieux féconder l'avenir. Et, pour ne citer qu’un fait qui se passe tous les jours sous nos yeux, à combien d'intérêts majeurs les chemins de fer ne nuisent-ils pas? Ici, dans cette question du pain, importance du but à atteindre est des plus grandes: il s’agit du mieux être de tous. ES] Qt = ALIMENTATION PUBLIQUE. NOTES. Lorsque le blé est cher, il est préférable d’acheter de la farine. Ainsi font les boulangers ; et ils ne se sont décidés à cela qu'après un examen long et minutieux. Une balle de farine premier choix, de 250 livres, produit en moyenne 556 à 560 livres de pain en tourte de 6 à 7 livres; elle en a produit 566 et méme davantage; cela dépend de la qualité de la farine. Pour faire une balle de 250 livres, il faut environ 42 décalitres. Les 250 livres, au prix de 82 fr., et produisant 556 livres de pain en tourte, revient, sans compter la manipulation et la cuisson, à 29 0. 415; ajoutons 4 ec. par livre pour la fabrication du pain, cela portera la livre à 24 c. 475. — Ce pain de tourte est très-beau , tres-bon et bien supéricur par la blancheur et le goût au pain blanc qui est généralement vendu au Puy. Son prix est à peu près égal à celui du pain de méteil en couronne et lui est, de toutes ma- nières, on ne peut plus supérieur. Dans létablissement des Frères de la Doctrine chrétienne, à Espaly , ilya, en maitres ou en élèves, un personnel d'environ 200 personnes ; ils ne mangent que du pain en tourte, celui dont je viens de parler, et trouvent qu’ils font, sur le pain blanc d’une livre du ms DU PAIN. 455 Pay, une économie de 6 c. par livre, tout en mangeant de fort beau et fort bon pain. Avant d’avoir pris cette mesure d’acheter la farine et de faire le pain dans leur établissement, ils étaient obligés de donner une portion à chaque élève pour leur goùter. Actuellement il n’en donnent plus et les élèves sont loin de s’en plaindre. La balle de farine premier choix, pesant 250 livres , ne produit, suivant le dire de certains boulangers, que 500 livres de pain d’une livre; d’autres disent qu’elle peut en produire de 505 à 506; il en est qui vont jusques à 510, et quelques boulangers disent qu’on peut en faire jusques à 512, méme 514 ; mais l’on ne peut aller jusques à 515. Au petit séminaire du Puy, où, depuis trois ou quatre mois, M. l’économe s’est décidé à faire faire le pain dans Pétablissement au lieu de le faire venir du Puy, voici les résultats qu'il a obtenus et qu’il m'a autorisé à faire connaitre : Des balles de farine premier choix, venant d'Auvergne ou achetées chez MM. les fariniers du Puy, ont constamment donné, en pain d’une livre (il est façonné un peu différemment que celui du Puy; il est plus long, plus plat et fendu par le milieu de sa longueur), 525 à 528 livres et plus. M. léconome porte la moyenne de ce rendement à 528 livres. Il a eu lobligeance de me montrer de ce pain, et j'avoue que j'ai été on ne peut plus surpris de son excellente et parfaite qualité. Ce pain était d’un blanc jaune doré qui faisait plaisir à voir. On eût dit de la brioche; on voyait, du reste, qu’il était fait avec grands soins. Nous nous servions, m'ont dit MM. le supérieur et l’économe du petit séminaire, d’un boulanger du Puy que nous considérions et considérons comme un honnéte et fort honorable boulanger. Chaque jour il nous faisait apporter, en pain blanc d’une livre, la consom- mation nécessaire à la maison; il ne nous faisait aucun rabais. Depuis quelque temps les maitres surveillants s'étaient aperçus qu’a- près le goûter des élèves, on trouvait, dans les corridors et les cours, des trognons de pain blanc, et quelquefois en assez grande 456 ALIMENTATION PUBLIQUE. abondance pour en remplir presque une corbeille. Nous prévinmes à plusieurs reprises le boulanger de ce qui se passait, n’en trouvant la cause que dans la qualité du pain qu’il fournissait. Nous taillâmes enfin dans le vif, et nous nous décidämes à faire faire le pain dans Pétablissement. Depuis lors, on ne trouve plus de trognons de pain dans les cours ni ailleurs. Chaque balle de 250 livres, fournissant 528 livres de pain en moyenne, porte le prix de chaque pain d’une livre: La balle valant 72 fr. ....... Cent a I 2 24°; 49: Id. BA sen se Fr A CA JO 25. Id. SAT rte a Ne 27: Dans ces chiffres ne sont pas compris les frais de fabrication. M. Thioulouse, rue des Farges, et bien d’autres fourniers, prennent 50 cent. pour la confection en pain d’un double-décalitre de blé réduit en farine. Ainsi, une balle de 250 livres représente 412 double- décalitres de froment. C’est donc 42 fois 50 cent. ou 5 fr. 60 cent. que prendront les fourniers pour réduire en pain de 6 à 7 livres cette quantité donnée de farine, tandis que, d'après la taxe, cette méme quantité coûterait, achetée chez le boulanger, 8 fr. 40 cent. Ce fait prouve que l'association peut économiser, sur 556 livres de pain, 4 fr. 80 c. , ou 4 c. 415 par livre. Est-ce la taxe qui a tort? Non. N’est-il pas de toute équité que le boulanger ait des bénéfices et soit payé de son travail? Le tort est dans le mauvais système actuel de panification. On donne comme certain que l’on fait entrer dans la farine de blé 1{20e de farine de feves. On dit aussi que, au-delà de cette quantité, le pain a trop l'odeur de la feve. Il y a du pain où l'on fait entrer, dans des proportions plus ou moins considérables, de la farine d'orge. Ce pain est compacte, pèse beaucoup. Les paysans le considèrent comme économique. Quelquefois Ex DU PAIN. 457 on y fait entrer de la farine de jarousses, de pois, de lentilles avarices. De tels mélanges ne peuvent faire que du pain qui en a le nom, et voilà tout. Les pétrins mécaniques, en diminuant considérablement les frais de main-d'œuvre du pétrissage, et qui à cause de cela même sont appelés à faire vendre Je pain à prix réduit et à influer par conséquent sur la taxe, ne peuvent, je le crois, étre fructueusement utilisés dans des boulangeries telles que celles qui existent au Puy, où les boulangers les plus occupés ne font guère plus de deux à quatre fournées par jour, et encore les pains qu'ils livrent à la vente sont-ils de plusieurs qua- lités. L'achat de ces pétrins serait non pas seulement une dépense improductive, mais onéreuse pour eux. Je n’en dirai pas autant des fours à sole tournante. En s’en servant, nos boulangers y trouveraicnt propreté du pain, cuisson régulière et surtout économie de chauffage. Dans sa manutention, à Saint- Etienne, M. Mandrillon ne dépense pour le chauffage de chaque fournée que 48 centimes de houille. TOME XIX. 20 LS A Jus pure faut eloi, 1H! MIT UENT à x NZ 8 | ol 1 rgnelsod ! 0 epÎq nt Ï id lu 0 lndoout sebtil te rites (qui non à à [4 LEOTAQUU OT enutocu) doit B ” t JSMAFIMIU 9 1} SCIENCES NATURELLES. CATALOGUE DES INSECTES COLÉOPTÈRES DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-LOIRE: Par M. JULES PRADIER. Membre non résidant et Membre de la Société entomologique de France. Séance du 2 juin 4854. AVANT-PROPOS. J'ai longtemps hésité avant de donner un cata- logue sur les coléoptères du département de la Haute-Loire. Les chasses que j'ai faites pendant plusieurs an- nées, soit aux environs de notre ville, soit sur nos 460 INSECTES COLÉOPTÈRES montagnes, ne me paraissaient pas assez abondantes pour me permettre d’entreprendre la publication d’un pareil travail. Mais, d’après les bienveillants encouragements de notre honorable président, M. de Brive, et de mon ami M. Aymard, une plus longue hésitation ne m'était plus permise. Je me suis donc décidé à faire connai- tre Je résultat de mes excursions entomologiques, me réservant de combler plus tard les lacunes qui existent dans cet ouvrage. Notre département, sans offrir des insectes qui lui soient spécialement propres, fournit quelques espèces qui, d’après leur habitat ordinaire, ne sembleraient pas devoir se trouver dans un pays aussi élevé que le nôtre. Je signalerai surtout un afeuchus, une lagenia et l'ergates faber, ete., insectes qui habitent les parties les plus méridionales de la France. Les espèces alpines se rencontrent assez fréquem- ment sur nos montagnes ; j'ai fait précéder d’un astérisque celles qui se trouvent sur les parties les plus élevées du département; un signe d’interroga- tion indique celles que je crois étrangères à notre localité. Quant à la classification, j'ai suivi en grande partie le catalogue des coléoptères publié par M. Dejean en 1857. | Mais comme, depuis cette époque, l’entomologie a fait des progrès immenses, que de nouveaux genres DE LA HAUTE-LOIRE. 461 ont été créés, de nouvelles espèces décrites, j'ai dü parfois adopter ces nouveaux genres établis soit par les auteurs français, soit par les auteurs allemands. Malgré les divers ouvrages qu’il m'a fallu consul- ter, il m’eût été presque impossible de déterminer moi-même les insectes de ma collection sans m’ex- poser parfois à commettre de graves erreurs, si plu- sieurs entomologistes de Paris ne m’eussent aidé de leurs conseils. Ce n’est donc qu'après un examen très-attentif et souvent répété, que j'ai pu parvenir à terminer un travail aussi difficile. Quelque incomplet que soit un pareil ouvrage, il suflira, je pense, pour donner un aperçu sur la faune entomologique de nos contrées. ——_—ÿ@—© 462 INSECTES COLÉOPTÈRES CATALOGUE. GARABIQUES, £icendela. Linn. Campestris. Fabr. Hybrida. Fabr. (Riparia. Dej.) Polistichus. De). Fasciolatus. Fabr. Cymindis. Latr. * Humeralis. Fabr. * Homagrica. Duft. Demetrias. Bonell. Atricapillus. Fabr. Elongatulus. Fabr. Dromius. Bonell. Linearis. Oliv. Quadrimaculatus. Fabr Glabratus. Duft. Quadrisignatus. Dej. Meridionalis. Dufi, Unipunctatus. Germar. Lebia. Latr. Cyanocephala. Fabr. Cyathigera. Rossi. Crux minor. Fabr. Brachinus. Web. Crepitans. Linn. Explodens. Duft. Selopeta. Fabr. Psophia? Dej. Clivina. Latr. Areparia. Fabr. | Gibba. Fabr. i €ychrus. Latr. * Rostratus. Fabr. * Attenuatus. Fabr. Procrustes Bonell. Coriaceus. Fabr. DE LA HAUTE-LOIRE. 163 Carabus. Linn. Catenulatus. Fabr. Monilis. Fabr. (Consitus. Panz.) (Affinis. Sturm.) Arvensis Fabr. Cancellatus. /llig. Auratus. Zinn. Granulatus. Fabr. Auronitens? Fabr. Purpurascens. Fabr. Hortensis. Fabr. Convexus. Fabr. Cyaneus. Fabr. re Liñn. Hispanus. Fabr. Calosoma. Web. Sycophanta. Linn. Leistus. De). Spinibarbis. Fabr. Spinilabris. Linn. Nebria. Latr. Brevicollis. Fabr. Picicornis. Fabr. Gmophron. Latr. Limbatum. Fabr. Elaphrus. Latr. : Riparius. Oliv. Paludosus. Latr. Notiophilus. De). Aquaticus. Fabr. a | Dej. Semipunctatus Oliv. Quadripunetatus. Dej. Panagœus. Latr. Crux major. Fabr. pan Oliv. Loricera. Latr. { Pilicornis. Fabr. OEnea. Latr. £ihlænius. Bonell. Velutinus. Dufi. Agrorum. Oliv. Vestitus. Fabr. Nigricornis. Fabr. Holoseriseus. Fabr. 1 Bords du lac de Saint-Front, ainsi que le loricera pilicornis. 464 INSECTES COLÉOPTÈRES Tibialis. Dej. Melanocornis. Ziegl. Codes. Bonell. Helopioïdes. Fabr. Budister. Clairv. Cephalotes. Dej. Lacertosus. Dej. Bipustulatus. Fabr. Humeralis. Bonell. Pristonychus. De). Terricola. Herbst. Calathus. Bonell. . çLatus. Linn. À Cisteloïdes Illig. Hotés Gyll. Flavipes. Duft. Fuseus. Fabr. Lnbiatits Payk. Ochropterus. Duft. À Molts. Marsh. Melanocephalus Fabr. Rotundicollis. Dej. Taphria. Bonell. Vivalis. Zilig. Sphodrus. Clairv. Planus. Fabr. Anchomenus. Bonell. Angusticollis. Fabr. Oblongus. Fabr. Prasinus. Fabr. Pallipes. Fabr. Agonum. Bonell. Marginatum. Linn. Modestum. Sturm. * Sexpunctatum. Linn. *Parumpunctatum. Fab Viduum. Panzer. Scitulum. Dey. Picipes. Fabr. Olisthopus. Dej. Rotundatus. Payk. Feronia. Latr. (Pœcillus. Bonell.) Punctulata. Fabr. Cuprea. Linn. Dimidiata. Oliv. Viatica. Dej. Lepida. Fabr. (Argutor. Mégerle.) ï pus DE LA HAUTE-LOIRE, 465 Vernalis. Fabr. Depressa. Dej. Rubripes. /off. Strenua. Dej. (Omaseus. Ziegl.) Melanaria. {lig. Anthracina. /llig. Nigrita. Fabr. (Steropus. Még.) Concinna. Sturm. Madida. Fabr. (Platysma. Sturm.) Picimana. Duft. Oblongoguttata. Fabr. (Abax. Bonell.) de Fabr. Depressa. Oliv. (Molops. Bonell.) Terricola. Fabr. Stomis, Clairv. Pumicatus. Panzer. Zabhrus. Clairv. Curtus. Dej. Gibbus. Fabr. Amara, Bonell. Patricia. Duft. Bifrons. Gyll. Obsoleta. Dej. “ Eurynota. Xugel. Dej. Trivialis. Gyll. Vulgaris. Dej. Communis. Gyll. * Montivaga. Sturm. Familiaris. Duft. Tibialis. Payk. Consularis. Duft. Apricaria. Fabr. Fulva. De Geer. Aulica. /lig. Anisodactylus, De). Signatus. /llig. Gilvipes. Ziegl. Diachromus., Erichs. Germanus. Linn. Harpalus. Latr. Columbinus. Germ. Sabulicola. Panzer. Oblongiusculus. Dej. Chlorophanus. Zenk. Luis Illig. Subcordatus. Dej. Puneticollis. Payk. Signaticornis. De, 465 INSECTES COLÉOPTÈRES Brevicollis. Dej. Ruficornis. Fabr. Griseus. Panzer. OEneus. Fabr. Distinguendus. Dufi. Honestus. Dej. Fastiditus. Dej. Neglectus. Dej. Perplexus. Dey. Calceatus. Duft. Hottentotia. Duft. Limbatus. Gyll. Rubripes. Duft. Semiviolaceus. De. Serripes. Dey. Fuliginosus. Duft. Picipennis. Duff. Stenelophus. Még. Vaporariorum. Fabr. Vespertinus. Jllig. Acupalpus. Latr. Consputus. Duf. Dorsalis. Gyll. Meridianus. Linn. Œrechus. Clairv. * Rubens. Fabr. Mioutus. Fabr. Bembidiwen. Latr. Pumilio. Duft. Paludosum. Panzer. Striatum. Fabr. Ustulatum. Fabr. Rupestre. Dej. Femoratum. Dej. Fluviatile. De. Cœruleum. Dey. Celere. Fabr. Vulneratum. Dej. Biguttatum. Fabr. Quadriguttotum. Fabr. Laterale. Fabr. Picipes. Még. Flavipes. Fabr. HYDROGANTHARES. Halipius. Latr. Fluviatilis. Aubé. Flavicollis. Sturm. Variegatus. Sturm. Impressus. Fabr. DE [A HAUTE-LOIRE. 467 Cnemidotes. //lig. Cœsus. Duft. Pelobhius. Schh. Hermanni. Fabr. Hyphydrus, //li9. Ovatus. Linn. Hydroporus. Clairv. Depressus. Fabr. Planus. Fabr. Dorsaris. Fabr. Halensis. Fabr. Pictus. Fabr. Fluviatilis. Leach. Geminus. Fabr. Sexpustulatus. Fabr. Nigrita. Fabr. Erithrocephalus. Fabr. Granularis. Linn. Lineatus. Oliv. Noterns. Clairv. Semipunctatus.£richs Sparsus. Marsh. Crassicornis. Fabr. Laccophilus. Leach. Mioutus. Linn. {Hyalinus. De Geer. Interruptus. Panzer. Agabhus. Leach. Bipustulatus. Linn. Dydimus. Oliv. Oblongus. Hlig. Abbreviatus. Fabr. Maculatus. Linn. Bipunctatus. Fabr. Sturmii. Gyll. Chalconatus. Panzer. Paludosus. Fabr. Guttatus. Payk. Hybius. Érichs. Fuliginosus. Fabr. Ater. De Geer. Quadriguttatus. Dej. Fenestratus. Fabr. Colymbhetes, Clair. Fuscus. Fabr. Pulverosus. Sturm. Hydaticus. Leach. Transversalis. Fabr. Cinereus. Fabr. 468 INSECTES COLÉOPTÈRES. Acilius. Leach. Sulcatus. Fabr. Canalieulatus. Gyll. Dytiseus. Linn. Marginalis. Fabr. Dimidiatus. Zllig. Punetulatus. Fabr. Gyrinus. Geof|. Urinator. /llig. Natator. Linn. Elongatus. Aubé. Orectochilus. Lacord. Villosus. Fabr. PALPIGORNES. Helophorus. Fabr. Rugosus. Oliv. Aquaticus. Linn. Granularis. Linn. Hydrochus. Germar. Brevis. Herbs. Limnebius. Leach. Truncatellus, Thumb. Papposus. Muls. Berosus. Leach. Affinis. Payk. Æriceps. Curtis. Hydrophilus. Leach. Piceus, Linn. Hydrobius. Leach. Fuscipes. Linn. Limbatus. Fabr. Globulus. Payk. ELaccobius. Mulsant Lividus. Forster. Phylidrus. Solier. Melanocephalus. Oliv. | Cyclonotum. ÆErichs. Orbiculare. Fabr. Spheæridium. Fabr. Scarabæoïdes. Fabr. Bipustulatum. Fabr. DE LA HAUTE-LOIRE. 469 Cercyon. Leach. Aquaticum. Steph. Flavipes. Fabr. Hæœmorrhoïdale. Fabr. Megasternumm,. Muls. Boletophagum. Marsh. Cryptopleurum. Huls. Atomarium. Fabr. Parnus, Fabr. Auriculatus. Oliv. Prolifericornis. Fabr. Elmis. Latr. Opacus. Müller. OEneus. Müller. BUPRESTIDES, Lampra. Méy. Rutilans. Fabr. Chrysohothrys. M6. Chrysostigma. Linn. Affinis. Fabr. Anthaxia. Esch. Manca. Linn. Millefolu. Fabr. Nitidula. Linn. Inculta. Germ. Sphenoptera. Solier. Geminata, /{lig. Agrilus. Rubi. Fabr. Derosofasciatus. Ziegl. Ærachys. Fabr. Minuta. Linn. OEnea. Mannh. Pygmœa. Gyll. Aphantstieus Latr. Emarginatus. Fabr. ÉLATÉRIDES, Synaptus. Esch, Filiformis. Fabr. Eratonychus. Erichs. Brunnipes. Germ. 470 INSECTES COLÉOPTÈRES Monucola. Méncét. Agrypnus. Ésch. Murinus. Linn. Athons. Ésch. Dejeanii. Yvan. Hœmorrhoïdalis. Fabr. Hirtus. Æerbst. * Coarciatus. Dej. Parallelus. Dey. Longicollis. Fabr. Difformis. Dej. Cincius. Panzer. Crassicollis. Dej. Limomius, Esch. Nigripes. Gyll. (Parvulus. Panzer. IMus. /llig. Cylindricus. Payk. Cardiophorus, Esch, Thoracicus. Fubr. Asellus. £richs. Cinereus. Herbst. Ampedus, Germar. Sanguineus. Linn. Elongatulus. Fabr. Ephippium. Fabr. Subearinatus. Germ. Cryptohypnus. Esch. Quadripustulatus. Fabr Minutissimus. Germ. Riparius. Fabr. Drasterius., Esch. Bimaculatus. Fabr. Ludäus. Latr. Hœmatodes. Fabr. * Castaneus. Linn. * Cupreus. Fabr. * Pectinicornis. Linn. * Æruginosus. Fabr. Tesselatus. Linn. Holosericeus. Fabr. Luteus. Fabr. OEneus. Linn. Agriotes. Esch. Sputator. Linn. Obscurus. Linn. Pilosus. Fabr, Gallicus. Casteln, Gilvellus. Ziegl. Segetis. Fabr. Rusticus. De). Er DE LA HAUTE-LOIRE. 471 Pallens. Fabr. Dolopius. sc. Marginatus. Linn. Adrastus. £sch. Limbatus. Fabr. Axillaris. £richs. Saturalis. Ziegl. Atopa. Latr. * Cinerea. Fabr. * Cervina. Linn. Cyphon. Payk. Pallidus. Fabr. Lividus. Fabr. Coaretatus. Payk. Variabilis. Thumb. Eycus. l'abr. Sanguineus. Fabr. Gmalisus. Geof]. Suturalis. Fabr. Lampyris. Linn. Noctiluca. Linn. Phosphænus. Lap, Hemipterus. Fabr. Drilus. Oiv. Flavescens. Fabr. Telephorus. Gcof]. Fuscus. Fabr. Abdominalis. Fabr. Lividus. Vamb. Melanurus. Fabr. Obseurus. Fabr. Nitidus, Vamb. Clypeatus. HMég. Lateralis. Fabr. Testaceus. Fabr. Flavilabris. Fabr. Dispar. Fabr. Pellucidus. Payk. Nigricans. Fabr. Bicolor. Oliv. Thoracieus. Oliv. Fulbicollis. Æig. Lituratus. Gyll. Femoralis. Ziegl. Pallidus. Fabr. Maléhinus, Latr, Biguttatus. Fubr. Fasciatus. Oliv. Marginatus. Latr. & I 19 Malachius. Fabr. OEneus. Linn. Elegans. Oliv. Marginellus. Fabr. Geniculatus. Germ. Viridis. Fabr. Pulicornis. Fabr. Equestris. Fabr. Fasciatus, Fabr. Sanguinolentus. Fabr. Pedicularius. Fabr. Pulchellus. Dej. Signaticollis. Dahl. Pallipes. Oliv. Dasytes. Fabr. Ater. Fabr. Nobilis. Oliv. Plumbeus. Oliv. Pallipes. AUlig. Cœruleus. Fabr. Tillus. 'abr. Ambulans. Fabr. Notoxus. Fabr. (Opilo. Latr.) Subfasciatus. Ziegl. INSECTES COLÉOPTÈRES ! Frichodes. Fabr. Alvearius. Fabr. Apiarius. Fabr. €lerus. Fabr. Formicarius. Fabr. Corynetes. Fabr. Violaceus. Linn. Ruficollis. Fabr. Chalybeus. Xnoch. Ptilinus. Geo/. Pectinicornis. Linn. À Dorcatoma. Fabr. Bovistæ. Koch. Anobium. }abr. Tesselatum. Fabr. | Pertinax. Linn. IStriatum. Fabr. Paniceum. Linn. Ptinus. Linn. Imperialis. Linn. Rufipes. Fabr. rap Gyll. Fur. Fabr. DE LA HAUTE-LOIRE, 473 Gibbium,. Scop. Scotias. Fabr. Scydmænus. Latr. Rufus. Auntz. CLAVIGORNES, Necrophorus. labr. Sepultor. Dej. Vespillo. Fabr. Mortuorum. Fabr. Interruptus. Dej. Silpha. Linn. Littoralis. Linn. Thoracica. Linn. Sinuata. Fabr. Rugosa. Linn. Quadripunctata. Fabr. Reticulata. Fabr. Obscura. Fabr. * Montana. Find. * Nigrita. Creulzer. Alpina. Germar. Lœvigata. Fabr. Atrata. Linn. Catops. Payk. Rufescens. Fabr. TOME XIX,. Velox. Erichs. Picipes. Fabr. Major. Dej. Oblongus. Fabr. Strongylus. ZZerbst. Luteus. Fabr, Nitidula. Fabr. Marginata. Fabr. Æstiva. Fabr. Obsoleta. Fabr. Quadripustulata.Sturm OEnea. F'abr. Depressa. Linn. Obscura. Fabr. Variegata. Oliv. Rufipes. Gyll. Byturus. Latr. Tomentosus. Fabr. Antherophagus. Xnock “ Pallens. Fabr. 31 474 INSECTES COLÉOPTÈRES Cryptophagus. Herbst. * Scanieus. Linn. Cellaris. Scop. Bicolor. Sturm. Pilosus. Gyll. Atomaria. Steph. Linearis. Steph. Nigripennis. Payk. Pusilla. Payk. Fyphœa. Kirby. * Fumata. Linn. Dermestes. Linn. Vulpinus. Fabr. Murinus. Linn. Tesselatus. Fabr. Ater. Oliv. Lardarius. Linn. Frischii. Augel. Catta. Panzer. Attagenus. Latr. Pellio. Linn. Undatus. Fabr. Anthrenus. Geoff. Scrophulariæ. Linn. Pimpinellæ. Fabr. Museorum. Linn. Byrrhus. Linn. Pilula. Linn. Pilosellus. Heer. Arcuatus. Sturm. Dorsalis. Fabr. Fasciatus. Fabr. HISTÉRIDES. Platysoma. Leach. Oblongum. Leach. Hister. Linn. Unicolor. Fabr. Merdarius. Payk. Quadrimaculatus. Fabr Sinuatus. Payk. Bissexstriatus. Payk . Bimaculatus. Fabr. Purpurascens. F'abr. Stercorarius. Payk. Speculifer. Payk. OEneus. Fabr. DE LA HAUTE-LOIRE, 475 Nitidulus. Fabr. Conjungens. Payk. Dendrophilus. Leach Punctatus. Payk. Paromalus. £richs. Flavicornis. Herbst. Onthophilus. Leach. Striatus. Fabr. Plegaderus, £richs. Cœsus, Herbst. Saucius. £Erichs. LAMELLICORNES, Ateuchus. Z'abr. Laticollis. Fabr. 1 Gymnopleurus. 7/lig. Pilularius. Fabr. Flagellatus. Fabr. Sisyphus. Latr. Schæfferi. Fabr. Lopris. Geo/ff. Lunaris. © Fabr. Emarginatus. ? Fabr. Oniticellus. Ziegl. Flavipes. Fabr. Onthophagus. Latr. Tages. Oliv. Lemur. Fabr. Nuchicornis. Fubr. Cœnobita. Herbst, Vacca. Fabr. Medius, Kugel. Taurus. Fabr. (Bos. Villa.) (Reclicornis. Leach.) (Capreolus. Muls.) Fureatus. Fabr. Schreberi. Fabr. Ovatus. Fabr. 1 À Lavoûte, sur les bords de la Loire. 476 INSECTES COLÉOPTÈRES Aphodius. Z{liq. Erraticus. Fabr. Fossor. Fabr. Hæœmorrhaïdalis. Linn. Subterraneus. Fabr. Seybalarius. Fabr. Fœtens. Fabr. Fimetarius. Fabr. Poreus. Fabr. Lugens. Creulzer. Granarius. Fabr. * Sordidus. Fabr. (Rufescens. Fabr.) (Melanotus. Muls.) Bimaculatus. Fabr. Nitidulus. Fabr. Inquinatus. Herbst. Tessulatus. Payk. Merdarius. Fabr. Lividus. Fabr. * Diseus. Schm. Rufipes. Fabr. Luridus. Fabr, res Schh. Podromus. Fabr. Contaminatus. Aerbst, Scrofa. Fabr. Arenarius. Oliv. Oxiomus. Esch. Porcatus. Oliv. Asper. Fabr. Cœsus. Fabr. Trox. Fabr. Scaber. Linn. Arenarius. Fabr. Sabulosus. Linn. Perlatus. Scriba. Geotrupes. Latr. Typhœus. Fabr. Stercorarius. Fabr. Mutator. Steph. Hypoericata. Schneid . Sylvaticus. Fabr. Vernalis. Fabr. (Pyrenæus. Fourcr.) Oryetes. Fabr. Nasicornis. Fabr. Melolontha, Fabr. Fullo. Fabr. Albida. Dej. Vulgaris. Fabr, Hippocastani. Fabr. DE LA HAUTE-LOIRE. Catalasis. De). Pilosa. Fabr. Rhisotrogus. Latr. Æstivus. Oliv. Cicatricosus. Muls. Amphimallus. Latr. | Falleni. Schh. |Tropicus. Muls. Solstitialis. Fabr. Rufescens. Latr. Omaloplia. Steph. * Brunnea. Fabr. Variabilis. Fabr. Ruricola. Fabr. (Atrata. Fourcroy.) Aquila. De. Anomala. Méq. Vitis. Fabr. Julii. Fabr. Anisoplia. Méq. Horticola. Fabr. Agricola. Herbst. Hoplia. //lig. Argentea. Fabr. 477 Squamosa. Fabr. Cœrulea. Drury. Farinosa. Fabr. Valgus. Scrib. Hemipterus. Fabr. Krichius. Fabr. Gallicus. Dej. Fasciatus. Fabr. Gnorimus. Lepell. Nobilis. Fabr. (Rubrocupreus. Muls.) Osmoderma. Lepell. Eremita. Scopoli. Cetonia. Jllig. Metallica. Fabr. (Obseura. Andersch.) Ænea. Andersch. Aurata. Fabr. (Piligera. Ziegl.) (Lucidula. Ziegl.) Marmorata, Fabr. Morio. Fabr. Stictica. Fabr. Hirtella. Linn. (Squalida. Linn.) (Nigrina. Muls.) 478 INSECTES COLÉOPTÈRES Lucanus. Scop. Doreus. Macl. Cervus. Fabr. Parallelipipedus. Fabr. Platycerus. Geoff. Caraboiïides. Fabr. (Capreolus, Linn.) MÉLASOMES, Tagenia. Latr.1 Pedinus. Latr. Filiformis. Fabr. Femoralis. Linn. Asida. Latr. Opatrum. Fabr. Grisea. Fabr. Sabulosum. Linn. Ligericina. Chevr.Muls. Microzoum Dej. Blaps. Fabr. Tibiale. Fabr. Mucronata. Solier. Obtusa. Sturm. Cryptious. Latr. Chevrolaui. Muls. Glaber. Latr. TAXICGORNES, Bolitophagus. Fabr. Anisotoma, Fabr. Agaricola. Latr. Humerale. Fabr. ? Dans un envoi que j'ai reçu du Puy, se trouvaient trois fagenia fdiformis.—Comment expliquer la présence dans nos contrées de cette espèce qui habite les bords de la Méditerranée? sera-t-elle venue avec un envoi de marchandises ? DE LA HAUTE-LOIRE. 479 Ferruginea. Schm. Tetratoma. erbst. Fungorum. Fabr. Diaperis. Fabr. Boleti. Linn. Hypophlæus. Fabr. Bicolor. Fabr. TÉNÉBRIONITES, Orchesia. Latr. Micans. Fabr. Melandrya. l'abr. Serrata. Fabr. Tenetrio. Fabr. Obscurus. Fabr. Molitor. Linn. HÉLOPIENS, Hélops. Fabr. Lanipes. Fabr. Assimilis. Dey. Omoephlus, Solier. Lepturoïdes. Fabr. Pinicola. Redt. Cistela. Fabr. Rufipes. Fabr. Sulphurea. Linn. Fusea. Panzer. Murina. Linn. TRACHÉLIDES. Lagria. Fabr. Pubescens. Linn. Hirta. Fabr. Pyrochroa. Fabr. Rubens. Fabr. Monocerus. Méj. Monoceros. Linn. 480 INSECTES COLÉOPTÈRES Anthieus Payk. Mordella. Fabr. Floralis. Fabr. Fasciata. Fabr. Antherinus. Linn. Aculeata. Linn. Hirtellus. Fabr. ‘ Anaspis. (Geoff. Pedestris. Rossi. ji pcs off Obscura. Marsh. Rhipiphorus. Fabr. Mau lata : Geof. Bimaculatus. Fabr. VÉSICANTS, Méloë. Linn. Mylabris. Fabr. Proscarabœus. Linn. Geminata. Fabr. Autumnalis. Oliv. Gallicus. De. Lytta. Linn. Cerocoma. Geoff. Vesicatoria. Linn. Schæœfferi. Linn. STÉNÉLYTRES. Aselera. Schm. Virescens. Linn. Cœrolea. Linn. Lurida. Gyll. Anoncodes. Schm. Marginata. Fabr. Ustulata. Fabr. Stenostoma. Latr. Melanura. Fabr. Rostrata. Fabr. Œdemera. Oliv. Podagraria. Linn. Myeterus. Oliv. Cærulea. Linn. Curculionoïdes. /ilig. DE LA HAUTE-LOIRE. 481 GURGULIONITES, Bruchus. Linn. Bigustatus. Oliv. Cisti. Fabr. Anxius. Schh. Pisi. Linn. Rufimanus. Schh. Granarius. Fabr. Nubilus. Schh. Canus. Schh. Spermophagus. Sir. Cardui. Schh. Urodon. Sc. Rufipes. Fabr. Suturalis. Fabr. Brachytarsus. Schh. Scabrosus. Fabr. Apoderus, Oliv. Coryli. Fabr. Attelabus. Linn. Cureulionoides. Linn. Rhymehites. ZZerbst. Auratus. Scopli. Fabr. Bacchus. Fabr. Cœruleocenhalus. Fabr Pauxillus. Germ. Nanus. Payk. Populi. Linn. Betuleti. Fabr. Sericeus. Herbst. [Obseurus. Schh. |OEneovirescens. Schm. OEquatus. Fabr. Betulæ. Linn. Conieus. Jllig. Apion. Æerbst. Pomonæ. Fabr. Substriatum. Airby. Ochrophus. Germ. Hookeri. Airby. OEneum. Fabr. Radiolus. Xirby. Onoperdi. Xirby. Carduorum. Xirby. Gibbirostre. Gyll. Pallipes. Xirby. Rugicolle. Germ. Malvæ. Fabr. Vernale. Fabr. 482 INSECTES COLÉOPTÈRES Rufirostre. Fabr. Varipes. Germ. Frumentarium. Payk. Flavipes. Fabr. Sanguineum. De Geer. Ervi. Xirby. Virens. Herbst. Sulcifrons. Herbst. OEthiops Aerbst. Elegantulum. Germ. Vorax. Herbst. Sorbi. Fabr. Violaceum. Airby. Cneorhinus. Schh. Geminatus. Fabr. Coryli. Fabr. Faber. Herbst. Limbatus. Fabr. Oxyops. Schh. Exaratus. Marsh. Sciaphilus. Schh. Muricatus. Fabr. Brachyderes. Schh. Lusitanicus. Fabr. Eusomus. (Germar. Ovulum. {lliger. Tanymecus. (rermar. Palliatus. Fabr. Sitones. Schh. Griseus. Fabr. Gressorius. Fabr. Regensteinensis. Jerbst Lineatus. Fabr. Tibialis. Herbst. Lineatus. Fabr. Sulcifrons. Germ. Polydrosus. Germ. Sericeus. Gyll. Planifrons. Schh. Flavipes. De Geer. Micans. Fabr. Métallites. Schh. Atomarius. Oliv. Marginatus. Steph. Cleonus. Schh. Ophthalmicus. Rossi. Sulcirostris. Schh. Trisuleatus. Schh. Cinereus. Schh. Grammicus. Fabr. Alternans. Fabr. DE LA HAUTE-LOIRE 483 Glaucus. Fabr. Palmatus. Oliv. Albidus. Fabr. Alophus. Schh. * Triguttatus. Fabr. Leophlæus. Germ. Nubilus. Fabr. * Pulverulentus. Fabr. Barynotus. (rerm. * Obscurus. Fabr. Tropiphorus. Sc. * Mercurialis. Fabr. * Cinereus. Schh. Minyops. Schh. Carinatus. Linn. Variolosus. Fabr. Lepyrus. Germ. Colon. Fabr. Binotatus. fabr. Tanysphyrus, Germ. Lemnæ. Fabr. Leiosomus. Æirby. Ovatulus. Clairv. Hylobius. Schh. Abietis. Linn. Molytes. Sch. Coronatus. Fabr. * Germanus. Linn. Bujulus. Oliv. Plinthus. Germ. Caliginosus. Fabr. * Pradieri. Dej.Inédit. Phytonomus. Schh. Punctatus. Fabr. * Palumbarius. Germ. * Velutinus. Schh. * Rotundatus. Chevr. Pollux. Fabr. Suspiciosus. Æerbst. Variabilis. Æerbst. Murinus. Fabr. Posticus. Schh. Polygoni. Fabr. Nigrirostris. Fabr. ! J'ai trouvé cet insecte aupres des roches de Rofliac, dans des prairies. 484% INSECTES COLÉOPTÈRES Meles. Fabr. Plantaginis. Marsh. Fuscescens. Schh. Constans. Ziegl. Phyllobius Schh. Pyri. Schh. Argentatus. Linn. Oblongus. Linn. Vespertinus. Fabr. Betulæ. Fabr. Uniformis. Marsh. Erachyphlœus.Germ Setarius, Schh. Squamosus. Schh. Scabriculus. Schh. Squalidus. Dej. Omias. (rerm. Ovulum. Mégerle. Brunnipes. Schh. Pellucidus. Schh. Peritelus. Germ. Griseus. Olivier. Rusticus. Schh. Otiorhynehus. Germ. Tenebricosus. Herbst. Fuscipes. Olivier. Unicolor. Herbst. * Substriatus. Silberm. Ovatus. Fabr. Mœstus Dej. Scabrosus. Marsh. Ligneus. Olivier. Suleatus. Fabr. Picipes. Fabr. Ligustici. Fabr. Lixus. F'abr. Aseanii. Fabr. Filiformis. Fabr. Rufitarsis. Schh. Bardanæ. Ziegler. Unicolor. Fabr. Bicolor. Oliv. Cribricollis. Schh. Myagri. Oliv. Larinus. (Germ. Turbinatus. De)j. Flavescens. Fabr. Jlaceæ. Fabr. Carlinæ. Oliv. Rhynocyllus. Germ. Latirostris. Latr. DE LA HAUTE-LOIRE. 485 Pissodes. Germ. Notatus. Fabr. Piceæ. {lliger. Thamnophilus. Sckz Phlegmaticus: Herbst. Barbicornis. Latr. Erirhinus. Sc. Vorax. Fabr. Validirostris. Schh. Tortrix. Fabr. Filirostris. Schh. Waltoni. Schh. Costirostris. ? Schh. Anthonomus. Germ. Druparum. /Jerbst. Crategi. Chevr. Pomorum. Fabr. Coryssomerus. Sc. Capucinus. Schh. Balaninus. Germ. Nucum. Linn. Villosus. Hersbt. Turbatus. Schh. Brassicæ. Fabr. Crux. Fabr. Æychius. Germ. Quinquepunctatus. Linn. Tomentosus. Herbst. Sparsutus. Oliv. Venustus. Fabr. Schneideri. Herbst. Juincheus. Reich. Picirostris. Fabr. Syhines. Schhk. Primitus. Herbst. Canus. AHerbst. Sodalis. Germ. Viscariæ. Linn. @rchestes. (Kerm. Quercus. Linn. Alni, Linn. Melanocephalus. Oliv. Populi. Fabr. Decoratus.? Germ. Baridius. Sc. Punctatus. Schh. T-Album. Linn. Spoliatus. Schh. Atripicis. Fabr. 486 INSECTES COLÉOPTÈRES Crypthorynehus,1llis. Lapathi. Linn. Cæœliodes. SchA. Subrufus. Herbst. Quercus. Fabr. Ruber. Marsh. Mononychus.Sc. Pseudacori. Fabr. Salviæ. Germ. Acalles. Schh. Roboris. Curtis. Ceuthorynchus. Schk. Macula-alba. Æerbst. Erysimi. Fabr. Terminatus. Herbst. Quadridens. Panzer. Contractus. Marsh. Assimilis. Fabr. Nanus. Schh. Echüi. Schh. Geranii. Payk. Rhinoncus. Sc. Castor. Fabr. Cionus, Clairv. Scrophulariæ. Linn. Olivieri. Rosensch. Thapsus. Fabr. Fraxini. De Geer. Blattariæ, Fabr. Gymnetron, Schk. Anthirrhini. Germ. Plantarum. Schh. Nanophyes. SchA. Lythri. Fabr. Sphenophorus Schz. Abbreviatus. Fabr. Sitophilus. Schz. Granarius. Linn. Oryzæ. Linn. Cossonus. Schh. Linearis. Linn. Rhyneolus. Creutz. Cylindrirostris. Oliv. Truncorum. Germ. Le 2 et DE LA HAUTE-LOIRE. XYLOPHAGES, Hylastes., Erichs. Ater. Payk. Palliatus. Gyll. Trifolii. Müller. Hylurgus. Latr. Piniperda, Linn. Hylesinus, Fabr. Fraxini. Fabr. Varius. Fabr. Bostriechus, Fabr. Typographus. Linn. Laricis. Fabr. Scolytus. Geof]. Destructor. Oliv. Pruni. Ratzb. Apate. Fabr. Capucina. Linn. Cis. Latreille. Boleti. Scopoli. Oblongus. Schl. Nituidus. ÆLerbst. Psammæchus. Boud. Bipunctatus. Fabr. Lyctus. Fabr. Canaliculatus. Fabr. Silvanus. Latr. Sexdentatus. Fabr. Unidentatus. Fabr. Erogosita. Fabr. Caraboides. Fabr. Læmophlæœus De). Clematidis. Erich. Brontes. Fabr. Flavipes. Fabr. LONGIGORNES. Spondylis. Fabr. Buprestoides. Fabr. Prionus. Geoffroy. Coriarius. Fabra 487 488 INSECTES COLÉOPTÈRES Ergates. Serville. *Faber. Fabr. 1 Hammaticherus.}e. Heros. Fabr. Cerdo. Fabr. Aromia. Serville. Moschata. Fabr. Callidiumm. Fabr. Violaceum. Fabr. Sanguineum. Fabr. Alni. Fabr. Phymatodes, Muls. Variabilis. Linn. Fennicus. Fabr. Testaceus. Fabr. Thoracicus. Dej. d'or) F'abr. Hylotrupes, Serville. Bajulus. Fabr. Asemum,. ZscA. * Striatum.. Fabr. Clytus. Fabr. Floralis. Fabr. Arvicola. Oliv. Arietis. Dej. Gazella. Fabr. Massiliensis. Fabr. Trifasciatus. Fabr. Ornatus. Fabr. Quadripunetatus.Fabr. Anaglyptus. Muls. Mysticus Fabr. Gracilia. Serville. Pygmea. Fabr. Molorechus. Fabr. Abreviatus. Fabr. Major. Linn. Ulmi. Chevr. Stenopterus. Zllig. Rufus. Zllig. Dorcadion. Dalm. PE ra Fabr. (Quadrilineatum. Cher.) 1 Je dois ce bel insecte à lobligeance de M. Royer, de Fay-le- Froid, qui l’a pris au pied du Mezenc. 7 DE LA Pachystola. Dej. Textor. Fabr. Acanthoderus. Serv. Varius. Fabr. Ædilis. Serville. Montana. Fabr. Leiopus. Serville. Nebulosus. Fabr. Exocentrus. De)j. Balteatus. Fabr. Pogonocherus. Méy. Fascicularis. Panzer. Hispidus. Fabr. Pilosus. Æabr. Mesosa. Mégerle. Curculionoides. Fabr. Nebulosa. Fabr. Agapanthia. Servil. Asphodeli, Latr. Cardui. Fabr. Suturalis. Fabr. Angusticollis. Fabr. HAUTE-LOIRE. 489 Copsidia. Muls. Populnea. Fabr. Anœra. Muls. Carcharias. Fabr. Anœtia. Dej. Prœusta. Fabr. Oberea. We. Oculata. Fabr. Linearis. Fabr. Phytæcia. Dej. Virescens. Fabr. Cylindrica. Fabr. Rhamnusium. De. Salicis. Fabr. Rhagiwi. labr. Mordax. Fabr. Indagator. Fabr. Inquisitor. Fabr. Pachyta Mégerle. ‘Interrogationis ?, Fab. ‘ Prairies des chanaux, sur le geranium pratense (Decandole). TOME XIX. 32 490 INSECTES COLÉOPTÈRES Octomaculata. Fabr. Collaris. Fabr. Strangalia. Serville. Quadrifasciata. Fabr. Calcarata. Fabr. Armata. Herbst. Villica. Fabr. Cruciata. Oliv. Stenura. De). Melanura. Fabr. Nigra. Fabr. Leptura. Fabr. Rubrotestacea. Zllig. Maculicornis, De Geer. Tomentosa. Fabr. Livida Fabr. Cincta. Fabr. Sanguinolenta. /llig. Anoplodera. Muls. Rufipes. Fabr. Grammoptera. Serv. Lævis. Fabr. Lurida. Fabr. OHRYSOMÉLINES. Donacia. Linn. Menyanthidis. Fabr . Dentipes. Fabr. Lemnæ. Fabr. Sagittariæ. Fabr. Simplex. Fabr. Discolor. Hoppe. Affinis. Xunze. Linearis. Hoppe. Sericea. Aunze. Appendiculata. Ahrens. Orsodaena, Latr. Cerasi. Fabr. Lema Fabr. Merdigera. Fabr. 12-punetata. Fabr. Asparagi. Fabr. Melanopa. Fabr. Cyanella. Fabr. Rugicollis. {llig. Hispa. Linn. Atra. Fabr. DE LA HAUTE-LOIRE. 491 Cassida. Linn. Viridis. Fabr. Fusca. l'abr. Azurea. Fabr. Nobilis. Fabr. Margaritacea. Schh. Equestris. Fabr. Adimonia. Laichart. Rustica. Fabr. Tanaceti. Fabr. Sanguinea. Fabr. Capreæ. Fabr. Dispar. Chevr. Galleruca. Geoff. Nigricornis. Fabr. Calmariensis. Fabr. Foveicollis. Chev. Inéd. Lineola. Fabr. Tenella. Fabr. Agelastiea. Chevr. Alni. Fabr. Luperus. Geof. Suturella. {lliger. Flavipes. Fabr. Rufipes. Fabr. Graptodera. Chevr. Oleracea. Fabr. Lythry. Chevr. Hippophaës. Aube. Crepidodera. Chevr. Aurata, Marsh. {Helxines Linn. (Fulvicornis. Fabr. Ferruginea. Schmidt. Transversa. Marsh. Exoleta. Fabr. Phyllotreta. Chevr. Nemorum, Fabr. Antennata. £richs. Lepidii. Sturm. Aphthona, Chevr. Lævigata. Jlig. Euphorbiæ. Schrank. Teinodactyla, CAevr. Pallens. Xirby. Pusilla. Gyll. Femoralis. Marsh. Lurida, Oliv. 492 INSECTES COLÉOPTÈRES Psylliodes. Latr. Dulcamaræ. Erichs. Plectroscelis. Chevr. Aridella. Payk. Aridula. Gyll. Dentipes. Erichs. Podagriea. Latr. Fuscicornis. Linn. Argopus. Fischer. Cardui. Panzer. Testaceus. Gyll. Timarcha. Méq. Tenebricosa. Fabr. Coriaria. Fabr. Chrysomela. Linn. Femoralis. Oliv. Cyaniventris. Chevr. Hottentotta. Fabr. Geminata. Fabr. Fucata, Olhiv. Varians. Fabr. Fastuosa. Fabr. Polita. Fabr. Graminis. Fabr. Staphylea. Fabr. Cerealis. Fabr. Sanguinolenta. Fabr. Marginata. Fubr. Oreina. Chevr. * Speciosa. Fabr. Tristis. Fabr. * Gloriosa. Fabr. ELina. Még. Populi. Fabr. Tremulæ. Fabr. Ænea. Fabr. Gonioctena. Chevr. Viminalis. Fabr. Affinis. Gyll. Plagiodera. Chevr. Armoraciæ. Fabr. Gastrophysa. Chevr. Raphani. Fabr. Polygoni. Fabr. Phratora. Chevr. Vitellinæ. Fabr. Betulæ. Fabr. DE LA HAUTE-LOIRE. Phædon. Méy. Auetum. Fabr. Helodes. Fabr. * Phellandrii. Fabr. Violacea, Fabr. Marginella. Fabr. Bromius. Chevr. Vitis. Fabr. Chrysochus. Chevr. Pretiosus. Fabr. Chlyéra. Laich. Læviuseula. Fabr. k-punetata. Fabr. Labidostomis.Chevr. * Humeralis. Panz. * Longimana. Fabr. Spartophila Chevr. Litura. Fabr. Coptocephala. Chevr. Scopolina. Fabr. Smaragdina. Chevr. * Concolor. Fabr. 493 Cyaniris. Chevr. Cyanea. Fabr. Pachybrachis.Chevr. Histrio, Fabr. Homalopus. Chevr. Loreyi. Solier. €Cryptocephalus. Goff. Aureolus. Suffrian. Cordiger. Fabr. Bilincatus. Linn. Bimameulatus. Fabr. Bipunctatus. Fabr. 4-Punctatus. Oliv. Vittatus. Fabr., Gyaneus. De). Moræi. Fabr, Flavipes. Fabr. Marginellus. Oliv. Imperialis. Fabr. Gracilis. Fabr. Geminus. Még. Hybueri. Germ. Nitens. Linn. Fulcratus. Germ. 494 INSECTES COLÉOPTÈRES Disopus. Chevr. Pini. Fabr. Triplax. Fabr. Nigripennis. Fabr. Phalacrus. Payk. Corruscus. Payk. Corticalis. {lig. Olibrus. Érichs. Testaceus. /llig. COGGINELLIDES, Adonia. Muls. Mutabilis. Scriba. Idalia. Muls. Bipunctata. Linn. 7-Punctata. Fabr. 11-Notata. Fabr. Dispar. Fabr. Coccinella. Fabr. Variabilis. /llig. Hieroglyphica. Linn. 14-pustulata. Linn. 7-punctata. Latr. Harmonia. Muls. Impustulata. Linn. Mysia. Muls. Oblongoguttata. Linn. Calvia. Muls. 14-guttata. Linn. Halysia. Muls. Sexdecimguttata. Linn. Vibidia. Muls. Duodecimguttata. Pod. Propylea. Muls. 14 punctata. Linn. Thea Muls. 22-punctata. Linn. Micraspis. Redtemb. 12-punctata. Linn. Chilocorus. Leach. Renipustulatus. Scriba. Bipustulatus. Linn. DE LA HAUTE-LOIRE. 495 Exochomus. Redtenb. Pselaphus. Herbst. Auritus. Scriba. Heisei. Herbst. Quadripustulatus. Lin. Bryaxis. Knoch. Epilachna. Chevr. Fossulata. Reichenb. Argus. Geof. Rhizobius. Stephens. Litura. Fabr. Lasia. Muls. itura, Fabr Globosa. Schneid. Coccidula. Æugel. Rufa. Herbst. Scymnus. Augel. Endomychus. Panz. 4-notatus. Még. Minimus. Payk. Pygmæus. Fourer. Lycoperdina. Latr. Discoideus. /llig. Bovistæ. Fabr. Coccineus. Linn. Où AAIOU-STUAM AU 44 per GA uelotsutibeuQ Nos À : Bodo . aie) 1 4) .audoaliqu ados ,emidomfefi .osd .2 y1À OA SU vf au . slasX gs un io bimoak HAS GE Tais * RTL TO .seodoln A EU PALIER TS Bai «euieron-8 + « k t i HA .2 14 ' : _ & + LA 4 AUDE PUMA RIDN RE À rte). 20604 YS 4 + : , EU CURE 2 els .(}21Y0 .VAL ,SU )honeil f L x SOCIRTE ACADEMIQUE DU PUY. T. XIX. Coupe théorique de la montagne du Coupet, (près S'Eble). ASS Est. Terrain promikf Gneuiss. Nolice geolugique sur le Voican de Coupet, Cnstalhsations du Zireon. #16. 2. | _ À | : . S # | Cratere RC du Coupet. Y/ ) © Bréches | Be. voleaniques. | O ha A \ . . . 10 Mazeïral-Chrispinhae. 2, 22; | ep Se (K | 0. …, 0 Le \ )) it), \ | | ce, Tue, \ \ | FA \ ù » CA | | 1 (L — a = — LL ZDFenaudir, del et lit ren Aymard, FT Le TS Corne de l'Antélope borucarnes. Av Bombe volcanique. Terrain primitif GnUSS. Coupe Théorique de la montag N | du Coupet. Brèéches voleanique ZRenauain, del et lithr n H 2 Las D Renautn au Fu —— — — SCIENCES NATURELLES. NOTICE GÉOLOGIQUE SUR LE CRATÈRE DE COUPET ET SUR SON GISEMENT DE GEMMES ET D'OSSEMENTS FOSSILES Pan M. J. DORLHAC. Ingénieur, Directeur des Mines, etc.; Membre de la Société géologique de France et Membre non résidant de la Société académique du Puy. La montagne de Coupet, dont j'ai le projet de m'occuper dans cette notice, est située près de Saint- Eble, dans la commune de Mazeyrat-Crispinhae, et à une petite distance de Saint-Georges-d’Aurat, sur la route du Puy à Brioude. Ce cratère est remarquable non-seulement sous le rapport géologique, mais encore au point de vue mi- uéralogique et paléontologique. 598 NOTICE GÉOLOGIQUE Il est formé par une protubérance complètement isolée et d’une élévation assez considérable. Sa forme est celle d’une ellipse allongée dont le grand axe au- rait une direction approximative nord-sud. Il pré- sente à sa base plus de deux kilomètres de longueur dans ce sens. La cime, au lieu d’être bombée, comme on le voit souvent, est terminée par un plateau dont une crête saillante couronne et entoure les bords extérieurs et indique ses contours. La légère dépression intérieure qui marque l’emplacement primitif de la bouche volcanique, apparait comme les derniers vestiges de l'ouverture alors béante et qui s’est ensuite oblitérée et complètement comblée. Au nord, cependant, existe une échancrure assez profonde qui a pu être une ancienne déchirure des flancs et qui, dans ce cas, aurait du servir à donner passage et écoulement à une partie des divers pro- duits ignés. (Voyez la planche, fig. 2.) Le cône volcanique est presque entièrement com- posé de lapillis et de scories incohérentes, et on peut même dire que celles-ci constituent la presque tota- lité de son ensemble. En effet, ce n’est qu’au pied de la montagne qu’on les voit disparaitre sous des roches également d’ori- gine volcanique, tels que des basaltes et des brèches, qui s’y étendent en nappes et qui évidemment ont été produites par les éruptions volcaniques successives. Au sud et au sud-est, une brèche d’origine sédi- SUR LE CRATÈRE DE COUPET. 599 mentaire recouvre les flancs de la montagne à peu près jusqu’à moitié de sa hauteur. Le croquis, planche ci-jointe, fig. 1, indique les rapports et l’ordre de superposition de ces diverses roches et les relations qu’elles peuvent avoir entre elles, mais 1l ne présente qu’une coupe théorique de la montagne. L'ordre de superposition a lieu de la manière suivante en commençant par le haun : 1° Basalte ; 2° Alluvions volcaniques et brèches sédimentaires: 3° Brèche d’origine volcanique; 4° Gneiss. La brèche d’éruption repose sur les flancs du era- tère et oceupe la partie inférieure de la vallée, où elle semble disparaître sous les alluvions. Près du ruisseau de Saint-Eble, on voit le basalte reposer di- rectement sur ces dernières, ce qui démontre évi- demment que la roche ignée est d’un âge postérieur. Sur presque tout le pourtour de la montagne et à mi-côte, on voit à nu les scories. Elles sont formées le plus ordinairement par des pouzzolanes plus ou moins grossières, qui souvent à la surface passent à un état argileux. Elles sont rou- geatres et noirâtres comme celles du volcan de De- nise, et quelquefois elles se présentent en gros frag- ments très-poreux, bulleux, adhérents et agglutinés entre eux. Un des caractères les plus saillants de ces déjec- ons, c’est de présenter une très-grande quantité de 500 NOTICE GÉOLOGIQUE bombes volcaniques. On en trouve de toutes dimen- sions, et elles acquièrent quelquefois un volume considérable. (Voyez la planche, fig. 7.) Ce produit particulier, dont on n’a pas encore donné pour son mode de formation une explication satisfaisante, ne se trouve ordinairement qu’au voi- sinage des bouches volcaniques les moins anciennes. A leur intérieur, on trouve toujours des noyaux qui ont été la cause probable de leur production. (Fig.7.) Ce sont des fragments de roches diverses, anguleux et sans forme déterminée, qui ont dù être arrachés à la cheminée volcanique. On en distingue une grande variété dont voici l’'énumération : 1° Péridot granulaire plus ou moins altéré ; 2 Gneiss ; 3° Granite ; 4° Mélaphyre (feldspath et pyroxène associés) ; 5° Roche feldspathique renfermant des corindons; 6° Roche amphibolique ou dioritique ; 7° Scories volcaniques ; 8° Noyau de fer titané associé à du pyroxène verdàtre ; 9° Pyroxène avec spinelle pléonaste: Ces noyaux sont toujours plus ou moins altérés et leurs éléments portent des traces visibles de l’action de la chaleur à laquelle ils ont été soumis. Quelque- fois même ils ont éprouvé un commencement de fusion et de vitrification. Dans les roches granitiques, le feldspath est devenu opaque, blane de lait, mat et LCR E — SUR LE CRATÈRE DE COUPE. 504 a perdu sa cristallinité par le départ de son eau de combinaison. Mais le péridot est de tous les corps le plus abon- dant et il constitue le plus souvent des noyaux de très-grosse dimension. Presque toujours il a des teintes claires d’un vert jaunâtre, d’un vert olive ou d’un vert sombre. Ordinairement il est granulaire et appartient à la variété appelée olivine. Les noyaux sont composés de grains agglutinés arrondis, d'autrefois anguleux. [ls sont en outre vi- treux ou même hyalins, parsemés d’autres grains d’un vert de bouteille noirätre mais transparent. La chaleur leur a fait subir un commencement de décomposition. L’olivine prend alors des couleurs irisées bleuätres, jaunâtres et rougeàtres avec un reflet doré. On a alors la variété qui porte le nom de - limbillite. Quand l’altération est très-avancée, la couleur rou- geàtre est très-prononcée et rappelle un peu l'aspeet de certains grenats grossulaires, mais alors le péridot possède de plus en plus un reflet brillant très-pro- noncé. Lorsque la décomposition est complète, il en résulte un corps terreux qui passe à une argile bo- laire, développant par l’insuflation une odeur argi- leuse bien caractérisée et happant fortement à la langue. La bombe volcanique elle-même est formée d'une enveloppe ordinairement basaltique, d'autrefois com- posée d’une matière scorifiée passant au tuf et à la 502 NOTICE GÉOLOGIQUE ponce, qui empâte complètement les noyaux inté- rieurs. Sa forme est toujours allongée et présente deux appendices ayant l'apparence de larmes placées sur la même direction et donnant lieu à une espèce de fuseau très-court et très-renflé dont les deux extrémités seraient tordues sur elles-mêmes et lé- gèrement relevées en sens inverse. Tout autour de la montagne, on remarque des brè- ches d’éruption en assez grande abondance. Elles présentent l'apparence d’une roche sédimentaire par la succession régulière des banes qui diffèrent soit par leur couleur, soit par la composition. Généralement elles ont une inclinaison très-forte qui est empruntée à la surface que présentaient alors les abords du cône d’éruption. La brèche s’est épan- chée successivement sur les flancs et a rempli les dépressions profondes environnantes. Aussi la trou- ve-t-on surtout au pied de la montagne. Ces brèches sont composées d’un amas de débris volcaniques en fragments plus ou moins volumineux. Ce sont des détritus de basalte et de scories en très- grande abondance. Le tout est lié et agglutiné par une pâte abondante, formée elle-même de parties plus fines des mêmes roches et de cendres volcani- ques, ressemblant à une argile ferrugineuse. Sa cou- leur est généralement le grisâtre, le jaunàâtre et le vert olive foncé. Quelquefois la roche est uniquement composée de scories fines, ou en grains plus ou moins arrondis Due ne ; SUR LE CRATÈRE DE COUPET. 503 liés par un ciment inattaquable par les acides et qui parait feldspathique. Souvent les éléments sont an- guleux et à arêtes vives, et ce sont probablement des cendres qui composent la pâte. On rencontre fréquemment englobés dans la brèche des débris de roches anciennes, des frag- ments de granite, de gneiss, de syénite, de diorite, de quartz, de l’amphibole en grains, et du péridot contenu dans une enveloppe basaltique, qui consti- tuait probablement une bombe qui a été engagée au milieu de ces débris. On aperçoit même quelques paillettes de mica, qui avaient pris un aspect irisé et doré, annonçant leur altération par la chaleur. En général, ces brèches ressemblent beaucoup à celles qui existent dans les environs du Puy. Le basalte se retrouve surtout sur les versants est et ouest de la montagne, où il s'élève à peu près jusqu’à la moitié de sa hauteur. Il s’étend en nappes sur les brèches qu’il recouvre quelquefois complète- ment. La roche ignée ne parait pas s’être fait jour seulement par la bouche volcanique. Quand on par- court le pied de la montagne, on trouve à une petite distance, à l’est, non loin de Saint-Eble, le terrain primitif complètement à découvert. On remarque un filon basaltique ayant une direction approximative de 40 degrés nord-est à 40 degrés sud-ouest et passant par le centre du cône volcanique. Sur le flanc ouest, _on retrouve un filon pareil avec une direction à peu près identique, et M. Bertrand de Lom m'a certifié 504 NOTICE GÉOLOGIQUE l'avoir observé de chaque côté à une assez grande distance. Cette direction est caractéristique, car pro- longée, elle irait passer par les cratères à scories de Lavoüte-Chilhac, de Saint-Just-près-Brioude, de Briançon, de Siaugues-Saint-Romain et du Vernet, qui sont tous placés à peu près sur la même ligne droite. Le basalte de Coupet ne présente rien de particu- lier et ressemble à tous ceux de la chaîne occidentale du Velay. La texture de la pâte est grenue, fine, souvent poreuse et scorifiée avec de petites cavités et de pe- tites boursoufflures. Leur teinte est le gris bleuâtre, et leur cassure irrégulière présente des aspérités et des rugosités. Ils ne forment des nappes que de peu d'épaisseur. Mais un caractère essentiel à signaler et qui distingue cette roche, c’est l'abondance du péridot. Cette substance n’est pas répandue en petits cristaux isolés, comme on l’observe dans certains ba- saltes des environs du Puy, mais en rognons plus ou moins gros, en noyaux atteignant quelquefois un vo- lume considérable. L’olivine est toujours plus ou moins décomposée, mais les limbillites ne présen- tent pas cependant un état aussi avancé de décom- position que dans les bombes volcaniques. En outre des diverses roches que nous venons de signaler, il existe un autre terrain remarquable par plusieurs circonstances. Je veux parler d’une couche d’alluvions volcaniques que j'ai, du reste, déjà signalée SUR LE CRATÈRE DE COUPET. 905 en commencant et qui règne au sud et au sud-ouest. Ces dépôts, d’origine sédimentaire, possèdent, dans la vallée, une épaisseur de 10 à 12 mètres et ont comblé la dépression existante en ce point. Leur puissance va en diminuant à mesure qu’on remonte la pente rapide de la montagne Cette couche d’alluvion est composée de détritus et de débris volcaniques extrêmement fins et qui ont passé à un état argileux. À sa base ainsi qu’à sa partie supérieure, existent deux bancs de brèches d’une origine également sédimentaire. Ils sont formés de scories, de scories décomposées et de cendres forte- ment agglutinées par un ciment argileux. Ces banes ne présentent tout au plus qu’une épaisseur de 0° 30° à 0" 40° et souvent acquièrent une dureté re- . marquable. Sur quelques points, ils prennent l'aspect d’un conglomérat par la grosseur et le volume des éléments qu'ils contiennent. Souvent les débris qui la composent sont si tenus et si fins qu’ils passent à un état argileux et ne présentent alors pas plus de con- sistance qu’une terre ordinaire. Ce terrain argilo-volcanique est remarquable par la présence de plusieurs gemmes et d’ossements fossiles qui y sont distribués avec une certaine pro- fusion. Ce sont surtout dans les brèches sédimentaires que M. Aymard a visitées en 1849 et où il a trouvé un cer- tain nombre de débris de plusieurs espèces de mam- mifères, que M. Bertrand de Lom, qui a exploré dépuis TOME XIX. 33 506 NOTICE GÉOLOGIQUE lors cette localité avec beaucoup de soin, a recueilli un très-grand nombre de fossiles. Dans une course géologique que je fis de concert avec M. Félix Robert et M. Bertrand de Lom, nous fûmes assez heureux pour recueillir sur place diffé- rents échantillons surtout des dents de ruminants. La faune contenue dans ces alluvions est assez nombreuse, comme on pourra en juger par Île ta- bleau que je vais en donner. C’est à l’obligeance de l’un de nos plus habiles paléontologistes, M. Aymard, qui, par son talent et son zèle infatigable, a su enri- chir la science d’un grand nombre d’espèces nou- velles, que je dois la détermination de ces ossements fossiles dont voici l’énumération ! ORDRE DES CARNASSIERS. FAMILLE DES CARNIVORES. TRIBU DES FÉLIDES. Peut-être des deux genres suivants : Genre macnAIRoDUs. Aaupp. : Machairodus sainzelli. Aym. Machairodus pliocenus. Aym. z Cette liste de fossiles est empruntée à une communication que M. Aymard a faite à la Société académique dans sa séance de jan- vier 4855. SUR LE CRATÈRE DE COUPET. Genre reuis (P). : Espèce indéterminée. TRIBU DES HYÉNIDES. Genre nyexa. Storr. : Hyena brevirostris. Aym. TRIBU DES VERMIFORMES (?). Genre nusreca (P). Cuv. : Espèce indéterminée. ORDRE DES RONGEURS. TRIBU DES CASTORINS. Genre orENouys. Aym. : Orenomys elaveris. Aym. ORDRE DES PROBOSCIDIENS. MASTODONTES. Genre anaxcus. Aym. : Anancus macroplus. Aym. Mastodon. Espèce indéterminée. 508 NOTICE GÉOLOGIQUE ORDRE DES PACHYDERMES. TRIBU DES RHINOCÉROIDES. Genre RHINOCEROS : Rhinoceros mesotropus. Aym. TRIBU DES TAPIROIDES. Genre Tarir : Tapirus vialetti. Aym. TRIBU DES SOLIPIDES. Genre Equus. Linn. : Equus ligeris. Aym. Equus. Espèce indéterminée se rapprochant beaucoup de celle d'aujourd'hui. TRIBU DES SUILLIENS. Genre sus. Linn. : Espèce indéterminée. ORDRE DES RUMINANTS. TRIBU DES CERVIDES. Genre cervus. Linn. : Cerfs, dont certains se rapprochent de ceux SUR LE CRATÈRE DE COUPET. 509 de Vialette et d’autres de ceux de Sainzelle; espèces indéterminées. TRIBU DES ANTILOPIDES, Genre anriLore. Linn. : Antilope torticornis. Aym. Antilope. Espèce indéterminée. Genre Bos. (P) Linn. : Bos. Espèce indéterminée. CLASSE DES OISEAUX. Une grande espèce. (Indéterminée.) Quand on examine cette faune si variée et si riche en espèces, dont quelques-unes lui sont même parti- eulières au moins jusqu’à ce jour, on remarque avee étonnement qu’elle constitue dans ce gisement une anomalie remarquable. En effet, à en juger par *_ Nous donnons dans la planche ci-jointe, fig. 8, le dessin réduit au tiers du noyau osseux d’une corne de cet animal, d’après la pièce originale du cabinet de M. Aymard. 510 NOTICE GÉOLOGIQUE ces dépouilles osseuses, par leurs caractères paléon- tologiques si tranchés, ces terrains devraient appar- tenir à une époque de volcanisation plus ancienne. D'un autre côté, tout ce que nous avons dit de ce volcan tendrait à le faire ranger parmi les plus ré- cents. On retrouve, en effet, la plupart des espèces qui ont eté signalées par M. Aymard dans le gisement de Vialette et dans d’autres localités, où ils sont, à juste titre, considérés comme appartenant à une pé- riode de volcanisation très-ancienne. Ce qu’il est, en outre, important de noter, c’est que, parmi ces nombreux débris fossiles, on ne trouve aucun des animaux contemporains de l’épo- que moderne que nous assignons à l’éruption de Coupet. Du reste, ces ossements sont.ordinairement brisés et décomposés. L'état imparfait de leur conservation prouve qu’ils ont dù subir une grande détérioration de la part des agents atmosphériques et de l’action de l’eau. Après un séjour prolongé dans un terrain préexistant, qui les a altérés assez profondément, de manière à faciliter la désarticulation des diverses pièces du squelette et même la division des os par fragments, ils ont pu être entrainés par les eaux au moment des éruptions. La position de ces débris osseux indique aussi clairement qu’ils ont été brisés dès le commencement de leur transport et sur place. Ainsi, j'ai vu, dans la collection de M. Aymard, SUR LE CRATÈRE DE COUPET. 511 deux échantillons que ce paléontologiste a trouvés dans une position caractéristique : ils sont composés de deux fragments, de deux moitiés du noyau osseux d’une corne de ruminant, qui étaient placées dans la brèche à très-peu de distance l’une de l’autre et cou- chées suivant un plan parallèle à l’inclinaison' de la couche. MM. Félix Robert, Bertrand de Lom et moi-même en avons recueilli dans des positions identiques. Ce fait, des plus curieux, dénote évidemment que les os ont été brisés sur place et n’ont pas subi un long transport. En effet, leurs arêtes sont vives et nullement usées. On peut donc conclure que les ani- maux qui composent cette faune ont dù vivre sur place à une époque plus ancienne et que leurs sque- lettes avaient été enfouis dans un terrain préexistant, d’où ils ont été dérangés et changés de position par l’éruption volcanique. Il devient alors probable que ce terrain d’alluvion aura été formé des détritus des terrains tertiaires démantelés et mélangés ensuite avec des débris vol- caniques. On s’expliquera ainsi facilement la pré- sence de ces ossements fossiles dans des terrains aussi récents. Dans les terrains précédents, dans les scories, ainsi que sur toute la montagne de Coupet, il existe des gemmes et beaucoup d’autres minéraux. M. Ber- trand de Lom a recueilli des quantités considérables de corindons et de zircons. 512 NOTICE GÉOLOGIQUE Le corindon surtout est très-abondant et, dans ce gisement, il se présente sous une multitude de for- mes, de couleurs et de circonstances diverses. Ce minéral appartient essentiellement aux terrains primitifs. C’est par la destruction des éléments gra- nitiques que les roches volcaniques se sont appro- prié ce gemme. Celles-ci n’en deviennent alors que le gisement accidentel. Par l’action de la chaleur, les corindons que l’on trouve dans les roches volcaniques ont du subir une altération qui a été plus ou moins profonde, suivant les circonstances. Aussi on les rencontre au cratère de Coupet avee des couleurs et des apparences bien diverses et des formes souvent complètement dété- riorées. Ils sont quelquefois recouverts d’un enduit terreux très-adhérent. J'en ai même vu encore en- gagés dans un noyau granitique empäté dans une enveloppe basaltique. Leur couleur est blanchätre, nacrée, verdâtre, brunâtre, bleu foncé, bleu clair, passant au noir, bronzée et quelquefois d’une légère teinte de rose. Quelques cristaux hématoïdes ou de couleur rou- geàtre présentent une proprièté particulière et ca- ractéristique. [ls sont dichroites, alors leur couleur varie suivant le sens qu’on les considère. Différents cristaux portent aussi parallèlement à la base une astérie. Le phénomène des astéries n’a pas été encore expliqué d’une manière satisfaisante. Il consiste en ce que, sur un plan perpendiculaire à l'axe du cristal, | | SUR LE CRATÈRE DE COUPET. 513 on remarque une étoile à six rayons, dont les extré- mités tombent sur le milieu de chacun des côtés du prisme hexagonal. Mais quand le corindon est taillé en cabochon, l'étoile change de place suivant l’ineli- naison que l’on donne au cristal. Les astéries de- viennent quelquefois multiples et d'autrefois comme gravées en Creux. On trouve des groupes de cristaux disposés en étoiles, plusieurs ensemble, mais une simple maele n’est pas rare. Les cristaux hyalins doués d’un beau rouge rubis ou d’un bleu saphir, sont connus plns particulière- ment sous le nom de félésies. Ces cristaux sont tou- jours plus ou moins diaphanes. Quelques-uns ne sont que transparents. On en trouve d’incolores, d’autres fois ils sont colorés en rouge ou en bleu. On a alors des saphirs blanc, émeraude, indigo et améthiste. Il est difficile de rencontrer des cristaux très-parfaits, car 1ls sont toujours plus ou moins altérés. [ls exis- tent le plus généralement à l’état de dodécaèdres triangulaires, isocèles, souvent complets. Les variétés opaques présentent des couleurs ana- logues à ceux qui sont hyalins. Ils sont ordinairement gris brunâtre ou jaunà- tres, verts ou bruns. Leur cassure est lamelleuse et brillante. [ls possèdent trois clivages égaux condui- sant à un rhomboëdre aigu ; mais on les trouve le plus souvent en prisines à six faces sans aucune modif 514 NOTICE GÉOLOGIQUE cation. Sur la base on remarque des stries se croisant sous un angle de 60°, qui représentent les traces du triple clivage caractéristique de cette variété de corindons. On rencontre également dans ce terrain beaucoup de zircons. Leur couleur est le rouge brunätre et l’orangé brunètre. Sa forme cristalline est parfaite- ment caractérisée et souvent bien conservée. On en trouve où la forme primitive domine, c’est-à-dire Île prisme à base carrée. Dans d’autres, c’est un prisme à base carrée résultant de modifications aux plans diagonaux. Mais, le plus souvent, les deux prismes carrés M et A1 (fig. 5 et #) existent ensemble, cepen- dant toujours l’un des deux domine; dans tous les cas, on les trouve toujours surmontés de l’octaèdre à base carrée b 1. L’octaèdre at, placé sur les bords, s’y rencontre aussi, mais jamais seul, il existe simul- tanément avec le précédent. Ordinairement on trouve ensemble les deux prismes surmontés des deux oc- taèdres. Quand le prisme k 1? domine et qu’il existe aussi l’octaèdre b 1, j'ai remarqué fréquemment un dioctaèdre a ? dont les faces sont disposées en zigzags (fig. 5) autour du prisme. Les associés de ces gemmes sont : le titane rutile, le sphène, le fer titané en gros modules empâtant du phosphate de chaux (apatite), le péridot granu- laire en masse, des cristaux de cette même sub- stance, l’amphibole et le pyroxène augite. D’après ce que nous venons de voir, la montagne SUR LE CRATÈRE DE COUPET. 515 de Coupet est un volcan à scories et à lave pérido- tique. Cette circonstance seule peut faire pressentir qu’il est d’un âge très-récent. Les circonstances du gisement de la faune ancienne dont nous avons parlé, le remaniement qu'ont subi ses débris, viennent confirmer cette opinion. Mais quelques considérations d’un autre ordre peuvent encore fixer l’âge de ce cratère d’une ma- nière tout aussi précise et compléter les preuves précédentes. M. Bertrand de Doue, dans son ouvrage classique de la géognosie du Velay, divise le terrain volca- nique de ce pays en trois zones distinctes et paral- lèles, formées par l’alignement des principaux points d’éruption : La chaine orientale part du Gerbier-de-Jonc pour aboutir au nord à Miaune. Elle est entièrement tra- chytique et la plus ancienne. La ligne intermédiaire et voisine de la précédente, commence au Suc-de-Bauzon et passe par les cônes volcaniques du Pal, de Breysse, de Denise, d'Ours, de Saint-Geneys et de Bar, près d’Allègre. Cette chaine est plus récente que la chaine trachytique, mais est la plus ancienne des chaines volcaniques. Elle est caractérisée surtout par des laves pyroxé- niques. Enfin la troisième chaine, ou chaine occidentale, part de Pradelles pour aboutir à Saint-Just-près- 216 NOTICE GÉOLOGIQUE Brioude, passant par le lac du Bouchet, Séneujols, Mont-Bonnet, Durande, le Vernet, etc. A droite et à gauche de cette ligne d’éruption, on trouve de nom- breuses coulées basaltiques qui sont descendues jus- qu’au fond des gorges de l'Allier et de la Loire, vallées qui ont été produites par un des derniers soulève- ments, celui du système de Corse. C’est cette zône qui présente le plus de scories in- cohérentes qui n’ont pas été détruites et emportées par les eaux. Entre les deux points extrêmes, la chaine occidentale peut être regardée comme une longue boursoufflure volcanique qui présente à l’est et à l'ouest de nombreux cratères d’éruption caractérisés surtout par des laves péridotiques et par des cônes à scories. Par sa position géographique, la montagne de Coupet appartient à ceite zône, qui a été jugée, par tous les géologues qui ont écrit sur le Velay, comme la plus récente. L'apparition de cette chaine volcanique est donc postérieure au système de Corse. Mais on peut fixer son âge encore d’une manière plus précise en obser- vant que sa direction générale est N. 56° 0. à S.56°E. De plus, dans les environs de Brioude, à Lamothe, par exemple, la coulée basaltique est postérieure à l'étage inférieur et, peut-être même, est contempo- raine de l’étage supérieur du diluvium du pays. Au Coupet, comme nous l’avons dit, le basalte s’est épanché et repose sur les alluvions locales volcani- ques. Ces circonstances et la direction particulière de SUR LE CRATÈRE DE COUPET. SH la chaine volcanique qui est voisine de celle du Té- nare pourrait faire rapporter son âge à ce système. S'il en est ainsi, l’homme aurait pu assister aux der- niers cataclysmes qui ont bouleversé le sol du Velay, être témoin des derniers efforts volcaniques et voir encore des coulées basaltiques s’épancher sur les flancs des cratères brülants. ? 1 ste il tr} 189 UD THE CTITE TEE AI = ” a6 IHCUUON SrrQ Ra uteuiéioetnot ation adre lui | led to rip so(nertostéo mic UTC Honey CUT: hr sx tonèr 07 nie odonbod 2oesuniirerdeedludrzesl ons etubtiied soda asb zone SCIENCE HISTORIQUE. DOCUMENTS SUR LA NBIGNEURIE ET LE CHATEAU DE MERQUEURE (1439 et 1460) PUBLIÉS PAR M. Louis DE VINOLS,. Membre résidant. 2 ———— A M. AYMARD, SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU PUY. Mon cHer COLLÈGUE , Les écrivains qui se sont occupés de l’histoire du Velay nous ont raconté avec des détails suf- fisants les évènements dont cette petite province a été le théâtre. Gràce à leurs patientes et fécondes recherches , les agitations de la vie publique au moyen-âge , les guerres des seigneurs, les luttes 520 DOCUMENTS SUR LA SEIGNEURIE séculaires entre la erosse et l'épée qui marquent d’une empreinte originale les annales de nos montagnes, les efforts violents, presque sur- humains de la querelle religieuse, les révoltes populaires , les élans de la foi, les institutions littéraires , les œuvres de la charité chrétienne, tous ces faits généraux nous sont à peu près connus; rien d’important, en ce genre, n’a échappé à l’investigation de nos historiens. Mais à côté de cette vie publique, dont Îles efforts, les douleurs, l'honneur ou la honte écla- tent au grand jour, sur la place de l'église ou de la commune, cette agora du moyen-âge, sous les murs du château-fort ; au pied du sanctuaire, sur les nombreux champs de bataille de nos mon- tagnes où sont tombés les soldats de toutes les causes en lutte pendant ces siècles lointains, à côté de cette vie historique et presque officielle, il y a la vie privée. Or, la vie privée avec ses drames inconnus , ses obscurs sacrifices , ses joies sans historien et ses souffrances oubliées, la vie privée, c’est l’homme vrai; l’homme, en effet, à part quelques exceptions qu'il ne faut point chercher dans le Velay, n'appartient à l’histoire que par accidents, une heure, un jour; mais du berceau jusqu’à la tombe, il s’appartient à lui-même, et à sa famille, et à sa demeure, et à cette série d’actes journaliers sans bruit et sans éclat, mais non ET LE CHATEAU DE MERQUEURE. 521 pas sans émotion. Pourquoi done cet homme de tous les jours ne nous a-t-il jamais été raconté? Quelle était la vie du serf, devenu plus tard simple vassal, et celle du seigneur, grand ou petit, riche ou pauvre, et celle du moine, et celle du prêtre? Quelles étaient les joies et les douleurs de la chaumière, du château et de l'abbaye P Voilà des questions qui n’ont pas encore reçu de réponse, et qui touchent cependant aux fibres les plus délicates et les plus intimes du cœur de nos aïeux. Ils ont paru un moment sur la place publique, et l’annaliste s’est hâté de saisir au passage et de nous peindre leur physionomie ; mais qui a franchi le seuil de la chaumière, pour y surprendre les secrets du pauvre vassal P qui a pénétré sous la herse du chäteau-fort pour demander compte au seigneur de l'emploi de ses journées , de ses droits sur le serf et de ses de- voirs envers son suzerain? Personne , hélas! Il y a là tout un côté de notre histoire qui est resté dans l’oubli. Peut-être un jour, quand j'aurai mis fin à d’au- tres travaux qui ont aussi leur attrait, m'effor- cerai-je d’appeler la lumière sur ce côté obseur et si intéressant de nos annales. En attendant, je suis l'excellent exemple qui na été donné par MM. Doniol, Sauzet et vous-même , et je vous adresse sous ce pli les copies de deux titres que j'ai entre les mains, et qui, empruntés à des TOME XIX. 34 522 DOCUMENTS SUR LA SEIGNEURIE archives particulières , nous offrent précisément cet intérêt d’un acte de la vie privée, trop né- gligée, à mon avis, jusqu'aux communications insérées dans les Annales de l’année dernière par les membres dont je viens de citer les ho- norables noms. On ne ‘saurait trop engager les personnes qui possèdent des litres du même genre à les livrer à l'examen et à la publicité ; c’est à laide de semblables documents qu’il sera possible de reconstruire un jour toutes les existences du moyen-âge dans notre province. Charles, duc de Bourbon et d'Auvergne, comte de Clermont et de Fourez, seigneur de Beaujeuz, de Château - Chinon pres Chamberis de France, à tous ceux qui ces presentes lettres verront, salut; sçavoir faisons nous avoir ete expose de la partie de notre feal et ami escuyer Guillaume du Saunier, seigneur de Merqueures en la chastelle- nie de Saint-Privat en notre dit pays et duche d'Auvergne et au diocese du Puy, que comme il ait ung hostel audit lieu de Merqueures, auquel il ne se ozes, ne peut seurement tenir ni demeu- rer luy, son mesnaige et biens pour le passaige = Re 2e ET LE CHATEAU DE MERQUEURE. 523 et secour de gens d'armes et de trait, qui souvent courent et connaissent celte marche , y faisant plusieurs griefz et oppressions mesmement que y a peu a feu Bertrand du Saunier prestre en son vivant tuteur et gouverneur des enfants pupiles des predecesseurs dud exposant, fu par certains lasrons occis et mis à mort audit hostel et depuis quinze ans en ça, Archambaut Laroque capitaine de gens d'armes et ses complices, par force et violence prinrent et forcerent ledit hostel et apres y mirent le feu, si que il fut tout ars et brusle, excepte la muraille seulement, et pour ce ledit Guillaume du Saunier afin de garder et sauver, luy, son mesnaige et biens des inconvenients des- sus dits et autres semblables et eminens perils qui lui pourraient advenir, nous a humblement supplie et requis qu'il nous plut lui donner conge et licence de fortifier et emparer sondit hostel de Merqueures , de murailles, tours, creneaux , pont-levis et autres fortifications, pour soi y re- tirer sondit mesnaige et biens, et autrement son- dit hostel pourrait venir en ruine et perdition totale, lequel hostel mesmement autrefois a ete fortifie par le conge des seigneurs de Montlaur de Saint-Valier et autres qui au temps passe ont ete seigneurs dudit lieu de Saint-Privat, et par ce moyen est iceluy hostel presqu’en etat de deffence ; nous inclinant à la supplication et requette dudit Guillaume Saunier pour obvier aux inconvenients 524 DOCUMENTS SUR LA SEIGNEURIE dessus dyts et pour consideration des bons et agreables services que lui et ses predecesseurs ont fait a nous, et aussi un fait de present ledit Guillaume et espoir que encore fera au temps a venir, a iceluy avons donne et octroye, don- nons et octroyons par presentes de gage especial et conge et licence de fortifier et emparer sondit hostel de Merqueures de murailles, tours, cre- neaux, pont-levis, fosses, esthiffes, barbecannes, cannonieres et toutes autres fortifications a ce pertinent et necessaires , le mieux et le plus con- venablement que faire se pourra, et bon lui sem- blera, pourveu toutefois que ce soit sans preju- dice de nous, nos subjies , et d’autruy , et sans diminution des guetz, garde, reparations et au- tres choses a nous appartenant et que les, ma- nans et habitans dudit lieu de Merqueures se aucun en ya de present ou auraient en temps a venir, ne laissent a faire guet et garde en en- ciens lieux et forteresses ou ils ont accoutumes de faire, se non que ce fut du gres et consen- tement de celui ou ceux a qui la chose touche- rait. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a notre senechal d'Auvergne ou a son lieutenant, que de notre presente grace, congie et licence, face, laisse et souffre ledit Guillaume du Saunier joir et user plainement et paisible- ment sans le molester ou empeschier, ne souffrir etre moleste ne empeschie en aucune maniere, ET LE CHATEAU DE MERQUEURE. 525 au contraire en temoings de ce nous avons fait mettre notre scel de secret à ces presentes en l'absence du grant. Donne au Puy, sixiesme jour de mars, lan de grace mil quatre cent trente-neuf. Au nom de Dieu, a tous soit notoire que l'an de l’Incarnation de Nostre Seigneur mil quatre cent soixante , et le premier jour du mois d’ap- vril , regnant Louis roi de France, en presence de maitre Guerin Blanquet no® et temoins bas- nommés , personellement etably noble Pierre du Saunier escuyer, seigneur de Merqueure , lequel de gre et libre vollonte pour lui et ses succes- seurs à l’advenir a confesse et recognu a magni- fique et puissant seigneur Aymar de Poitiers , sei- gneur de Saint-Vallier, d’Arlempdes et Saint-Pri- vat, et autres places et seigneuries, present et acceptant pour [ui et ses successeurs a l’advenir tenir et ses predecesseurs avoir tenu anciennement des predecesseurs dud seigneur a cause de son chasteau de Saint-Privat , en fief france et noble 526 DOCUMENTS SUR LA SEIGNEURIE et honoraire, sçavoir, est sa maison et forteresse de Merqueure avec ses appartenances vendable sans juridiction, mandement et guet, plus sa metterie dud lieu de Merqueure, consistant en granges , prez, champs, pasturaulx, bois et au- tres terres cultes et incultes, ensemble tous les cens et rantes quil prend en directes seigneuries dans led lieu de Merqueure et ses deppandances, plus le lieu del Besset avec ses appartenances, plus sa metterie de Ceaux avec ses deppandances, dans laquelle il y a des maisons, prez, champs, pasturaulx , bois et autres terres, plus tous les cens et rantes qu'il prend aux lieux de Saint- Privat, de Combrials, de Noulhat, du Mas, du Villar, de Roghon, de Mercuri, de Ceaux, de Varenes, del Poux, del Monteils, de Bergoujat, de Pouzols, de Mezeyron et leurs appartenances, et sur certaines terres et possessions situees auxd lieux etant de sa directe seigneurie, et genera- lement tout ce que led seigneur de Merqueure prend dans tout le mandement de Saint-Privat, excepte ce qu’il tient en emphyteose perpetuelle dud seigneur de Saint-Privat dans led mandement, plus a recogneu comme dessus six livres de rante annuelle qui ont ete constituees audit sieur re- coynaissant par noble Pierre de Queyriere dit de Vergezac , pour la constitution de dot de noble Ysabiau sa fille, a prendre dans les mandemens de Saint-Privat, et de plus un certain bois appele = 2 ET LE CHATEAU DE MERQUEURE, 527 vulgairement de Boucharle, qui confronte d’une part avec le terroir de Saint-Beren et ses autres confronts, plus un cartal soigle et cinq sols ar- gent de rante que led sieur recoynaissant prend en certaines terres joignant le susd bois lesquels bois et terres led sieur de Queyriere a aussi constitue en dot a lad damoiselle Ysabiau sa fille, outre et pardessus les six livres de rantes, avec sa part du ban dudit bois, plus a recognu tenir tous ses cens et rantes quil a accoustume prendre aux lieux de Foylhs et Montrognal et autres dans le mandement d’Arlempdes, et pour touttes les choses susdites , led noble Pierre Saunier pour lui et ses successeurs à fait hommage litge aud seigneur de Saint- Privat estant debout ayant les mains jointes entre celles dud seigneur, lui don- nant un baiser de paix, et lui a promis la fide- lite sur les saints evangiles, et faire tout ce que un vassal est tenu faire a son seigneur et faire semblable recoynaissance et hommage aud sei- gneur et a ses successeurs quand il en sera re- quis , et ce fait led seigneur de Saint-Privat a receu led seigneur de Merqueure pour son vassal fidelle et luy a donne terme pour faire plus am- plement le denombrement et decclarration des choses cy-dessus recognues entre eux, a la feste de saint Michel et de tout ce dessus lesd parties ont voulu estre faict instrument public par moy no'® royal soubs", Faict au chasteau d’Arlempde 528 DOCUMENTS SUR LA SEIGNEURIE dans la salle presents noble Pierre de Queyriere dit de Vergezac, Guigon du Thioulene, Guiot de Jonchieres , Anthoine Florand et plusieurs autres. Il me semble inutile d'appeler l'attention du lecteur sur ces deux titres naïfs qui nous mon- trent dans toute sa nudité une des faces les plus remarquables de l’organisation sociale et politique du moyen-âge. Ce seigneur de Merqueure, qui a de nombreux vassaux , est vassal à son tour, vassal d'Aymar de Poitiers, sujet lui-même du comte d'Auvergne, pour son château de Saint- Privat, et forcé comme tel de rendre au comte d'Auvergne foi et hommage, et de lui jurer fi- déhté sur les saints évangiles ; et, de son côté, le comte d'Auvergne a aussi un suzerain qui s’ap- pelle le roi de France; puissante hiérarchie qui s'élève ainsi du laboureur au monarque, sans ou- blier personne , qui impose des devoirs en même temps qu'elle assure des droits , et commande l'humilité en enseignant l’orgueil. Ces temps eurent leur grandeur. Trop vanté par les uns, trop décrié par les DE ET LE CHATEAU DE MERQUEURE. 529 autres, le moyen-äâge fut la jeunesse virile, forte, presque sauvage d’un peuple indompté. Il eut les emportements et les violences de ce premier âge de la vie; il en eut aussi les élans généreux, l'audace chevaleresque, l'espérance et la bonne foi. Mais j'arrête iei ce commentaire trop ambitieux pour l’humble titre qui le précède. Le seigneur de Merqueure, lorsqu'il demandait au comte d’Au- vergne la permission de fortifier son hostel pour y mettre son pauvre mesnaige à l'abri des incur- sions d’Archambauld Laroque, ne songeait pas à préparer des matériaux pour les futurs historiens de sa province, et les six livres de rente données en dot, par le seigneur de Vergezac, à sa fille Ysabiau , ne s’attendaient guère à figurer un jour sur un recueil littéraire. Je présume cependant, mon cher Collègue, que vous les jugerez comme moi dignes de cet hon- neur inespéré, et je vous prie d’agréer, etc. L. pe VINOLS. 291 JA . olniv seasaust aout séravom 4f\,;231tné nf, £ (! "EI ‘y » , A n F0 O0 DIE 1 EM 3 DOME S A ONDEMNM sgh ELITE CNTE tabressudoivtasl fg C2 TOC TRES eN FLE :n919080 encls es réete jus no Îr : 5iv ol” sb G : onnod 81 19 soacrièqges"t , supasrolevagls 998bue' io xuoidms qou oticiuomemos 30 isi aérs8 ft eieM : 130% mos ue dcbaemsb H'unanol ,oruson1sh Bb où .abésbrg 54" ip -ottil sldniud'{ 104 1104 Vskof oz nsiliiol ob aoisimroq sl sg to so MORT tiers Da no on y Ë ELLE Jia (10% 90 Oo! OS ] his edité D HUIE ne | ‘ EN TA | t * 19PTOTEN FA #4 nt + GPA 800 } } | À n . 1} ont À Le 1 WA a.-an[" ?3 SNISIRAINLE ; h Do 11 f # )6 t ÿ n son en 11 129 : ont in 1 n 14 [3 réf) - bi “ L f ro: A { 11 O'r ‘(EU LR ur L é f 3! P URI 0h | ) | {! | tou jl cn) vor it LL {rt} | re 24 844 aLrOrY î " ” « FE Fe . 91% "18100 D JP HO DU 29e OST ON L 2? . : DENAN va f LITTÉRATURE. DSC) RSSD DES MONTAGNES. LES PAYSAGES ET LE MONTAGNARD DU MEZENC, par M. Cu. C, DE LAFAYETVTE. On a souvent constaté la haute puissance d’as- similation que la grande unité nationale développe et met en œuvre chaque jour davantage.en France. Ce travail des années, qui tend à émousser tous les angles, à briser toutes les aspérités, à rompre enfin toute individualité dans les mœurs, dans les idiomes, dans l’ensemble de la vie et jusque dans les caractères physiques des races, ce travail a dé- 532 ESQUISSE sormais une évidence et une conformité si marquées, qu’il faut nécessairement y reconnaitre l’un des moyens supérieurs, l’un des instruments providen- tiels de la civilisation. Pour qui croit toujours et quand même à la mission prédestinée de la France, tout ce qui se révèle en elle comme influence durable, comme effort successif ou comme tendance invincible, mé- rite d’être accepté avec une confiance respectueuse dans le dessein de Dieu. Nous ne songerons done pas à déplorer, ainsi qu’on l’a fait souvent, cette uniformité des types indigènes vers laquelle nous a poussés, un peu vite peut-être, une centralisation exagérée quelquefois ; nous acceptons ce niveau des idées, cette simili- tude des formes et jusqu'à un certain courant com- mun de la pensée qui constituent dès à présent la parenté générale de la grande famille française. Mais, sans vouloir prêter attention à de puérils regrets, sans renier demain au profit d'hier, sans demander aux œuvres mortes la vie et les espé- rances de l'avenir, nous concevons cependant qu’au point de vue pittoresque, au point de vue d’une certaine poésie des coutumes, des mœurs et des caractères, et enfin selon les lois de cette vaste harmonie qui n’est jamais la monotonie et se com- plait aux contrastes, nous concevons qu'on ne voie pas toujours sans quelque tristesse s’effacer suc- cessivement tous les reliefs, tous Les accidents in- DES MONTAGNES. 533 dividuels des populations disséminées sous le ciel de notre patrie. Du moins est-il intéressant que quelqu’un cherche à daguerréotyper, pour ainsi dire, dans la mesure de sa force et suivant les horizons de son regard, tout ce que le vent du sièele cfface jour par jour, ce que nous avons pu entrevoir et dont la trace n’existera plus pour nos fils, sinon dans nos souvenirs. Notre pays nous offre encore des. exemplaires vivants, des types étranges de tout un passé qui ne durera pas; or, chacun de nous qui le peut devrait en recueillir quelque empreinte plus ou moins accusée, car c’est de ces détails locaux, de ces souvenirs épars que se composera un jour la vérité de l’histoire. IL. Acheminons-nous donc ensemble vers les régions les plus accentuées de notre pays. Prenons, en quit- tant le Puy, la route de Lyon, et, du haut de la côte de Tire-Bœuf, disons adieu à la vieille cité, en par- courant d’un sympathique regard sa silhouette si originale et si fine, depuis ses pieds baignés dans la verdure, jusqu’à ce front de roc à chaque instant frôlé par l'aile d’un nuage. Après nous être encore arrêtés un instant à Brives, pour contempler les 534 ESQUISSE ruines du vieux pont, d’un effet si pittoresque, et, au-delà, les lignes délicates et pures de ces horizons ondulés où le touriste et le peintre croient retrouver l'Italie, commençons sérieusement à gravir. Nous avons quitté la route de Lyon pour celle de Sainte-Agrève. Sans nous arrêter aux points in- termédiaires , dépassant Saint-Germain, la Chape- lette, atteignons Boussoulet. Voici déjà des hau- teurs, voici déjà la montagne avec son aspect austère et ses mœurs farouches. Mais ce n’est point encore sur les lignes fréquentées, ce n’est point au long des routes que nous trouverons la vie primitive dans toute sa erudité. Il faut, pour rencontrer Île montagnard sans alliage, pour étudier sa tribu ou sa chaumière , marcher loin des voies acces- sibles à une circulation régulière. Par delà, après les vagues limites que les rigueurs du cli- mat et lJ'ingrate parcimonie du sol défendent contre toute invasion extérieure, les habitations vont devenir rares; le travail humain n’a laissé que de loin en loin une trace, pour ainsi dire, impuissante. Rien qui témoigne désormais de la domination du maitre de la terre, si éclatante ailleurs. La nature ne s’est pas assouplie, ne s’est pas transformée sous l’effort des générations suc- cessives ; elle n’a pas reçu ces ineffaçables em- preintes que la culture, les plantations , la via- bilité gravent partout sur le sol où la civilisation a consolidé sa conquête. C’est elle, c’est la na- DES MONTAGNES. 9539 ture, c’est le sol, c’est la montagne inflexible qui a incarné son caractère, sa rudesse, sa force et, si on peut le dire, sa physionomie dans la race humaine. La montagne, plus forte que ses enfants, ne s’est pas laissé dompter. Elle domine; et, bien que chaque jour elle recule d'un pas dans la lutte, elle dominera sans doute encore longtemps. Avancons cependant. La solitude âpre, sauvage et triste s’est faite autour de nous. D'immenses pacages s'étendent au loin, couverts d’un gazon ras, qui s'égoutte mal et que recouvrent de larges flaques d’eau pendant les longs jours de la fonte des neiges. Cà et là, à distance et aux meilleurs endroits, quelques rares défriches, de menus seigles long- temps déprimés et appauvris sous un manteau de glace, échappés à grand’peine aux rigueurs d’un hiver de six mois; quelques avoines déjà plus que décimées par les gelées de mai; quelques champs de pommes de terre d’une végétation chétive : voilà l'effort perdu d’une infime culture. Puis se déroulent de nouveau les steppes sans fin de maigres pâtis; et plus vous avancez, plus l’espace à vos yeux se revêt de tristesse. Le voyageur qui s’est enfoncé dans ce désert marche souvent de longues heures sans rencon- trer un seul être vivant. De grands corbeaux, au vol lourd, s’élèvent à son approche en battant len- 536 ESQUISSE tement de leurs ailes noires, et vont bientôt se poser pesamment à quelques pas plus loin. De temps à autre, et à longues distances, un pâtre, un berger, un enfant demi-nu, battu des vents, baigné dans le brouillard, apparait ac- croupi sur une pierre isolée. Ni arbre, ni tertre, ni pan de mur éboulé qui lui fasse un abri contre l’injure du ciel; 1l a pa- tiemment accumulé quelques gazons desséchés; la bise stridente attise sous ce foyer sans flamme un feu sourd que trahit seule une épaisse fumée. La fumée monte au ciel en dessinant en gris sa spi- rale incertaine bientôt évanouie dans le nuage. L'enfant, sans interrompre un instant sa chanson plus triste que le silence même, lève de grands yeux étonnés vers le voyageur qui passe, jette en- suite un long regard sur le troupeau de vaches confié à sa garde, et reprend son immobilité. Le soir vient cependant; vous commencez à “ douter de vos pas. Vous cherchez à fixer votre marche dans celui des sentiers à demi-frayés de- vant vous qui parait le moins effacé. Si parfois vous rencontrez un paysan marchant d’un grave et long pas, le montagnard au rude profil vous regarde d’un œil méfiant et scrutateur, et lorsque, sans dévier de sa ligne droite, il arrive à vous croiser en touchant de l'épaule l'épaule de votre cheval, sa voix brève vous jette un mélancolique bonsoir peu encourageant aux questions. DES MONTAGNES. OO Mais si vous avez déjà concu quelques réelles inquiétudes sur le chemin qu’il vous reste à faire ; si vous tenez à vous renseigner près de lui, le montagnard, qui ne connait, hélas! de la civili- sation que ses rigueurs, qui ne soupconne sous l'habit ou le manteau bourgeois que des puis- sances redoutées, le montagnard, plus prompt à interroger à son tour qu’à répondre, vous deman- dera tout d’abord si vous n'êtes pas l'huissier ou le percepteur ; et comme votre dire ne suffira pas à convaincre son incrédulité, il y a toute proba- bilité qu'il vous dira comme à tant d’autres : Marchez, marchez toujours devant. — Vous êtes l'huissier ou le percepteur. Et lui-même, hâtant son pas, aura bientôt mis du large entre vous. C’est quelquefois après plusieurs rencontres pa- reilles qu’apparaissent enfin au voyageur, grou- pées en petit nombre ou souvent isolées, les de- meures du montagnard. Dans l'ombre qui s’épaissit rapidement, à peine distinguerait-on ces taupinières, qui semblent plutôt une boursoufflure du sol qu’une œuvre de main d'homme. Un appentis de solives, chevrons à angle aigu dont l’extrémité inférieure repose sur le sol, et souvent plus bas que le sol, l’empla- cement de lhabitation étant creusé comme pour un caveau sépulcral; sur cette charpente, un par- quet de dalles plates appelées d’un nom local TOME XIX. 35 538 ESQUISSE lauzes, ou encore de mottes de gazon juxta-po- sées; un chaume envahi par les végétations mous- sues : voilà tout à la fois la toiture, les parois, la construction tout entière, dont la teinte ver- dâtre se confond avec l’aspect général des ter- rains environnants. Là, dans cette hutte, ou plutôt dans cette ta- nière humaine, qui ne se rappellerait comme un rêve insensé les splendides créations de l’archi- tecture, les merveilles de la civilisation, le luxe somptueux et prodigue dont l'industrie et l'art font s’enorgueillir les cités! Là, pourtant, combien de générations ont vécu, ont pleuré, prié souvent, souffert toujours ! Là, pourtant, habite l’homme tout entier, l’homme et sa destinée immortelle ! l'homme, roi de la création, fait à l’image de Dieu. Entrons ! La hutte ne forme qu’un seul compartiment où tout, hommes et bêtes, habite dans une promis- cuité sauvage. La vache et son veau ruminent dans un coin; le porc ronfle dans un autre. — C'est l'heure du repas du soir; la famille entière est réunie autour d’un tas de gazon sec allumé à grand'peine, où couve un feu sans éclat et presque sans chaleur; le groupe humain disparait noyé dans un lourd nuage de noire et humide fumée. L’aïeul, chef vénéré et obéi de tous, est seul plongé dans un grand fauteuil aussi noir que l’é- DES MONTAGNES. 539 bène. L'homme, le père de la jeune famille, est assis sur une pierre; les enfants sont pressés sur quelques mottes promises au feu du lendemain; et la femme, debout, s’apprète à jeter sur la table rustique une marmite pleine de pommes de terre, cuites rondes à l’eau. Toutes ces têtes ont un caractère commun. Les cheveux châtains, l'œil gris ou bleu, le front haut, la figure osseuse et d’un contour aigu ; le nez moyen, mais plutôt aquilin; lèvre mince et menton peu charnu; œil souvent im- mobile ; bouche faite au silence; la femme aussi grande que l’homme; tous deux d’une taille au- dessus de la moyenne : c’est la race caucasique, plus uniforme dans les montagnes que partout ailleurs. L'arrivée d’un étranger, chose rare, excite une surprise que les enfants manifestent seuls et qui ne saurait triompher de la grave impassibilité des parents. Mais là encore que de méfiance à vaincre! Le regard qui interroge est hostile et ne dissi- mule rien de sa prévention. Heureux celui qui pourra se recommander d’un nom connu dans ces régions ! heureux celui qui convainera le maitre de la demeure que la contrainte pour l'impôt en retard ou l’espionnage contre le réfractaire du hameau voisin ne sont point entrés sous son toit avec le nouveau-venu ! C'est alors seulement que l'hospitalité, comme 540 ESQUISSE un grand devoir traditionnel, fera l'hôte sacré pour tous dans la montagne. Alors on lui lais- sera la meilleure place; alors on cherchera pour lui, dans le bahut défoncé, le pain grossier qui est encore un luxe et que la famille ne met pas tous les jours sur la table à côté des pommes de terre. Puis, quand la branche résineuse, dont la flamme éclaire seule comme une torche fumeuse les té- nèbres du lieu, menacera de s’éteindre, tandis que tous les autres vont dormir dans la crèche, entre deux larges et longues bandes de gazon desséché, l’étranger suivra le vieillard dans un cabinet fait de quelques planches, à l’un des angles de la chaumière, et trouvera un ample tas de feuille sèche, rustique édredon où il pourra se plonger tout entier. Voilà, comme ébauche superficielle, l'aspect du montagnard et de sa famille et le croquis de sa demeure. IT. Nous avons tâäché de daguerréotyper, dans les pages qui précèdent, le portrait matériel et visible du montagnard. Il importerait, mais il est bien plus diflicile à présent, de peindre au moral, avec leur mobilité et leur multiplicité d’aspect, DES MONTAGNES. 541 cet homme des montagnes et cette vie des mon- tagnes, que le courant de la civilisation a tant de peine à saisir. Ici observateur, et celui qui écrit, moins que tout autre, l’observateur ne peut prétendre avoir tout vu, tout compris ou deviné. Il sent com- bien il restera encore à dire même après qu'il aura parlé. Heureux si son crayon traduit tout au moins avec exactitude une partie de ce livre ou- vert pour tous, mais bien souvent intraduisible, qui s'appelle la réalité! heureux s’il lui est donné de rendre avec exactitude quelques-uns des reliefs qui font, pour ainsi dire, les vigueurs du sujet! Ccla dit, nous allons poursuivre, en rappelant toutefois que le titre de ces feuilles sans lende- main est : Æsquisses, et que nous eussions dû peut-être dire : Æ£bauches. Le vrai montagnard , sauf les réserves déjà faites, comprend et pratique avec une certaine élévation d'âme les devoirs de l'hospitalité; il est droit et loyal; son affection est sûre comme sa haine im- placable. Les violences calmes de ces natures in- cultes ont souvent frappé de stupeur les cours d'assises , qui ont dû sévèrement châtier le meurtre au couteau, longtemps pratiqué en montagne avec une audace inouie. C’est qu'une injure ne sy pardonne pas; c’est que la jalousie est une fu- reur légitime aux yeux du montagnard; c’est que, comme dit énergiquement l’Ecclésiaste, la 542 ESQUISSE folie écume à ses lèvres, quand l'amour, hélas! et le vin ont terrassé sa raison. Longtemps la vendetta corse, la vendetta héré- ditaire fut pieusement recueillie, férocement pra- tiquée dans les familles. Il est triste d’avoir à dire que souvent les bons sentiments se traduisent en mauvaises actions, et que de mauvaises actions font alliage avec de bons instincts. Ces combinaisons du bien et du mal revêtent souvent un caractère singulier, plein d’effet et quelquefois de terreur. Beaucoup peut-être se souviennent, parmi nous, d’un drame de cour d’assises qui émotionna pro- fondément l’assistance : un réfractaire, épris d’une jeune fille et torturé d’une jalousie ardente, n’a- vait jamais su se résigner à faire sa soumission. — Le réfractaire a longtemps abondé parmi nous ; les facilités pour le fugitif, les abris sûrs et pro- chains, les mystères du sol, et, d'autre part, cet amour infini, tout-puissant du montagnard pour son ingrat pays, amour dont nous reparlerons bientôt, tout concourait, il n’y a pas encore bien longtemps, à multiplier les déserteurs ou les in- soumis dans nos villages éloignés de l’action centrale. Celui dont il est ici question se cachait donc sans beaucoup de peine, lorsqu'il apprend que celle qu'il aimait, lassée d’attendre, et d’ailleurs plus riche que lui, allait donner sa main à un DES MONTAGNES. 543 plus heureux. Il s’apposte, la nuit venue, sur le chemin où elle passait chaque soir, et lui tire un coup de fusil : la jeune fille tombe frappée à mort. Le meurtrier est saisi, et comparait devant ses juges. Mais quand, dans son interro- gatoire, on lui demande les motifs de son crime, il s’'indigne avec l'expression du plus profond désespoir et les signes de la plus amère douleur ; il s’indigne de ce qu’on peut supposer qu’il ait voulu attenter à la vie de celle qui lui était plus chère que sa propre existence. Cette femme, il l’aimait d’un amour trop ardent pour avoir cher- ché à la tuer. Il avait seulcment voulu l’estro- pier, pour que son heureux rival, la voyant ainsi mutilée, renonçàt à la prendre pour femme, et qu'il lui fût encore possible, à lui le meurtrier, d’épouser la victime. Un autre fait, moins sinistre, ne manque pas de quelque originalité. Deux prétendants se dis- putaient encore la main d’une jeune fille. — L'un soupconnait l’autre de lavoir desservi, d’avoir tenté de le calomnier. Les deux ennemis se ren- contrent dans un bois. €elui qui croyait avoir à se plaindre était de beaucoup le plus fort, il ad- ministre à l’autre une effroyable volée de coups de bâton. Mais, redoutant ensuite quelque vengeance sour- noise, quelque guet-apens imprévu, il hisse de force, sur son propre cheval, le rival battu et 544 ESQUISSE mécontent, monte en croupe derrière lui, et l’em- porte au village. — Là, le vainqueur s'arrête. Il était déjà nuit; devant sa demeure, il force le vaincu à descendre; il l’entraine à la maison, l'installe de force à table, et le contraint à se reconforter de quelques bonnes rasades. — Puis il le congédie en lui tendant la main, se tenant ainsi pour rassuré contre toute rancune. Que pouvait, en effet, le vaincu? Il avait bu dans la maison de son ennemi; ils avaient trinqué en- semble ; tout souvenir de haine, tout projet de revanche lui était interdit par la loyauté et la foi des montagnes. N'y a-t-il pas là quelque grossière illumina- tion de chevalerie dans les épaisses ténèbres du sauvage P La vérité force à dire que d’autres faits sont d’une férocité dont rien n’atténue l'horreur. Dans une auberge de la haute montagne, toute une nuit, des montagnards farouches s'étaient mis à danser entre eux, sans femmes, comme c’est leur coutume. Chacun d’eux, en dansant, portait pendu par une lanière de cuir, à l’un des bou- tons de sa veste, le bâton court, noueux, et garni par le bout d'énormes têtes de clous, bien connu de chacun. Plusieurs avaient de même le grand couteau, nommé la coutelière, pendu tout ouvert à un bouton du gilet; d’autres tenaient à la main un pistolet chargé. En attendant le sang, = DES MONTAGNES. 545 le vin avait coulé à flots et souillé le plancher d’une mare empourprée. Des haines violentes divisaient plusieurs d’entre ces hommes. — C’est ainsi qu’on dansait. — Un mouvement de la danse indigène amène succes- sivement devant chaque danseur un danseur nou- veau. Lorsque deux ennemis se trouvaient de la sorte face à face au passage, sans explication, sans commentaire, ils échangeaient entre eux un coup terrible de leurs bâtons meurtriers. Plusieurs tombèrent dans ce combat chorégra- phique, et la figure ne s’interrompit pas un in- stant. — L'un d’eux était mort cependant; ce ne fut que longtemps après qu'on se décida à porter le cadavre dehors, parce qu’il génait la monotone figure, — et la danse recommençca comme devant. J'ai le devoir et le bonheur de dire que ce trait d’ignoble férocité ne se passait pas dans le département de la Haute-Loire, mais dans un département limitrophe. IV. Voilà bien de la barbarie, et nous avons in- diqué plutôt que décrit dans sa vérité une mi- sère qui ne peut d’ailleurs pas se peindre. — Ces cabanes où nous venons de pénétrer, elles con- naissent tous [es jours les deux plus grandes 546 ESQUISSE désolations de l’âme et du corps : la faim et l'ignorance. Ces hommes, sont-ils donc inférieurs à la brute stupide, dont souvent ils n’ont certainement pas le bien-être? Non! l’homme est toujours homme; il tient toujours par plus d’un grand côté aux plus glorieux ainés de la civilisation. Deux sentiments, presque deux instincts, suf- fisent à ce déshérité pour que son âme s'élève, pour que son front se dresse : cet ignorant, il sait que Dieu est plus haut que la terre, et du fond de son ignorance il aspire à l’immortalité ; ee misérable, il se sent libre, et il est fier de cette indépendance à qui manque le pain, mais qui respire à pleins poumons les souffles divins de l'infini. Il ne sait pas ce que c’est que Châteaubriand ; et cependant, combien il justifie cette page émou- vante du grand écrivain : « Est-:l vrai que le peuple, même dans son » état de misère, ne connaisse pas ee désir de » bonheur qui s'étend au-delà d’une autre vie? » D'où vient cet instinct mélancolique qu’on re- » marge dans l’homme champêtre P Souvent le » dimanche et les jours de fête, nous avons vu » quelque paysan resté seul à la porte de sa » chaumière ; il prêtait l'oreille au son de la » cloche; son attitude était pensive... Cette noble » figure de l’homme plantée comme la statue sou 2e DES MONTAGNES. 547 » d’un dieu sur le seuil d’une chaumière, ce » front sublime bien que chargé de soucis, ces » épaules ombragées d’une noire chevelure et qui » semblaient encore s'élever comme pour soutenir » le ciel, quoique courbées sous le fardeau de » la vie, tout cet être si majestueux bien que » misérable, ne pensait-il à rien, ou songeait-il » seulement aux choses d’ici-bas? » Ce n’était pas l'expression de ces lèvres en- » tr'’ouvertes, de ce corps immobile, de ce re- » gard attaché à la terre : le souvenir de Dieu » était là avec le son de la cloche religieuse... » Le montagnard ne saura jamais davantage ce que c’est que Bernardin de Saint-Pierre; et ce- pendant, plein d’un amour immense et indestruc- tible pour son toit de chaume, même après avoir vu les palais, — ne rappelle-t-il pas cette pensée si vraie du chantre des harmonies de la nature : « Une fleur nous intéresse plus qu’une étoile, » et le plus petit jardin plus que tout Île fir- » mament. » Ce n’est point non plus pour lui que Novalis, l'illustre poète allemand, a écrit ces poétiques paroles : « Il faut, pour connaitre la nature, devenir » un avec elle. — Une vie recueillie, une âme » religieuse, toute la force et toute la fleur de » l'existence humaine sont nécessaires pour la » comprendre... » 548 ESQUISSE Et cependant, s’il ne la comprend, lui le rude et pauvre montagnard, il l’aime du moins à ce point qu’il ne saurait la quitter. Enfin, que son indépendance et le sol qu’il habite soient un jour menacés, et l'on pourra rappeler encore, au profit de son courage, cette pensée de Montesquieu qui donne aux monta- gnards la liberté comme leur patrimoine naturel à sauver toujours : « Les montagnards, dit-il, sont moins que tous » autres exposés à la conquête... Il est plus » diflicile de leur faire la guerre, plus dangereux » de l’entreprendre. » Dans les pays de montagne, on peut con- » server ce qu'on a, et on a peu à conserver... » La liberté est le seul bien qui mérite qu’on le » défende. » Oui, notre montagnard défendrait noblement la sienne, parce que la liberté c’est la patrie, et qu'il ne connait rien qui soit pour lui préfé- rable aux flanes qui l'ont porté, au champ qui l'a nourri. Son ciel est sombre, son champ est infertile ; cette montagne, rebelle à la culture, semble avoir renié ses enfants. Elle a bien ses beautés sauvages, ses hauteurs, d’où l’âme peut s'élancer avec la grande aile des aigles dans les gouffres majestueux de limmensité : mais ce que ces horizons ont de grandiose, ce que l’espace a de souverainement puissant pour la pensée, DES MONTAGNES. 549 échappe, vous le croiriez sans doute, aux per- ceptions grossières, à l’humble intelligence de l'enfant de ces déserts. Eh bien ! non; non en- core, ce qu'il ne comprend pas, il le sent; mais c’est par les fibres les plus vivantes du cœur qu'il tent au lieu ratal. C’est la soif la plus im- périeuse de la patrie qui le ramènera toujours, plein d’un mystérieux désir, vers les âpres bon- heurs que lui fait la nature. Transportez-le dans les régions les plus riantes, dans les plus doux climats, au milieu même des prodigalités de la Touraine en fleurs, il conservera toujours un re- gret et toujours un espoir. C’est encore à son rocher qu’il garde tout son amour et qu'il ira demander sa tombe. Oui, il y a une âme sous cette écorce, le dia- mant est dans la gangue et la perle des mers sous l’écaille rugueuse. Cet homme, ïl ne nait pas sans mère, il ne meurt pas sans Dieu. Et il a, lui, autant que personne, le droit de s’écrier avec le poète inspiré des Ecritures : « Et moi aussi je suis homme ; mortel sem- » blable à tous, et de la race de celui qui le » premier naquit sur la terre... » Né, j'ai reçu l'air commun à tous; j'ai été » déposé sur une terre d’égales douleurs, et » comme tous les autres j'ai élevé ma première » voix en pleurant..……. » Aucun des rois n’a eu un autre commen- 550 ESQUISSE » cement. — une seule entrée ici-bas est pour » (ous et une seule sortie. » Et voilà comme ce déshérité participe aussi, lui, aux plus hautes fiertés de l’âme. Voilà comme il rappelle à son tour cette idée du poète latin, qui semblerait émanée d’une in- spiration bien plus grande que celle du paga- nisme : « Os homini sublime dedit..…..…. Le Créa- » teur a donné à l’homme une face sublime; il » lui a ordonné de regarder le ciel et d’élever » majestueusement son front vers la région des » étoiles. » Or, deux idées suffisent, nous voulons le re- dire, à ouvrir dans sa destinée ses horizons sans limites. Son ignorance croit, sa misère est libre; c’est assez pour qu’il ne soit pas indigne qu’on évoque, en pensant à lui, les maitres du génie humain. Son äme peut devenir l’égale des plus grandes, sa pensée monter au niveau des plus fières, puisqu'il sait lire au livre divin de la na- ture ces deux paroles sacrées : Dieu et liberté ! \- Si l’homme ainsi perdu dans le mélancolique exil des montagnes reste, comme nous l'avons vu, digne encore de tout l'intérêt du penseur ; DES MONTAGNES. si le plus humble et le plus ignoré, si le plus misérable trouve encore dans sa fin sublime une parcelle d’infinie grandeur ; si l’âme humaine, riche toujours d’une immortelle espérance, em- prunte toujours à la paternité de Dieu une va- leur suprème qui domine tout, qui efface tout dans la création, les spectacles de Ia nature sur les hauteurs majestueuses méritent néanmoins d'être aussi admirés à leur tour, et l’on nous permettra, sans doute, d’y revenir un instant, Nous ne devons pas, en effet, redescendre des àpres sommets où le lecteur a bien voulu nous suivre, sans chercher à lui faire partager quel- ques-unes des impressions que laisse dans l’âme leur austère beauté. Elles sont puissantes et souvent grandioses, ces impressions; mais s’il est aisé de les sentir, il est plus difficile de les traduire; et tout ce qu’on en peut dire ne restera pour celui qui n’a pas lu lui-même au livre magnifique, qu’un thème vague de perceptions incertaines, une sorte de canevas où s’égareront, non sans eharme peut- être, les variations douteuses de la pensée. Quoi qu’il en puisse être et quelque insuffisant que doive rester notre effort, nous essaierons d’aller jusques au bout. Laissons donc derrière nous les plus aventu- reuses chaumières éparses sur les derniers ver- sants; nous atteindrons bientôt les hautes eimes; 552 ESQUISSE mais, en attendant, voici que notre regard em- brasse déjà dans les horizons inférieurs et sur les déclivités rapides, ces immenses pacages du Me- zenc où l'herbe courte et drue, d’une saveur et d’un parfum particuliers, donne aux animaux, sous un mince volume, une excellente et sub- stantielle nourriture. La crainte de l’hiver a déjà chassé les trou- peaux. Nous voyons au loin de grands lots de moutons cheminer par longues files et, sur les plans les plus reculés, tacher de mobiles ombres le tapis déjà jauni des vastes pâturages. Puis, voici que vont passer plus près de nous, par les sentiers à peine frayés, les troupeaux de bêtes à cornes. Taureaux superbes, au poil roux, blond ou noir, au cou large et court, au fanon velu et trainant jusqu’à terre; génisses à l’œil doux et étonné, à la robe blonde; mères vaches suivant d’un regard d’inquiète sollicitude les jeunes veaux attardés, toute cette belle famille d'animaux ad- mirablement conformés, robustes, sobres, infati- gables, propres à tous les services de la ferme: c'est la race indigène, race précieuse et encore trop peu connue. Après plusieurs mois de pacage au grand air de la montagne, ces troupeaux vont retrouver dans l’étable trop obscure, trop basse, mais chaude pour lhiver, la crèche pleine de foin odorant, et les soins amicaux du maitre. DES MONTAGNES. 55 Avancons cependant toujours. Moins d’une heure de marche et nous attei- gnons le but. Voici le terme du voyage; voici que nous po- sons enfin le pied sur la croupe hautaine du mont. Salut au fier sommet, roi solitaire de toutes les montagnes d’alentour! Salut au géant de cette chaine abrupte et le plus souvent sau- vage, où les ouragans de neige et les tempêtes glacées font régner chaque année les désolations d’un hiver de six mois! En ce moment, néanmoins, par un privilège inespéré des dernières faveurs de l'automne, un calme inconnu emplit encore ces domaines de l’immensité ! Splendeurs de linfini! majesté des horizons sans limite! quelles inénarrables surprises pour le regard! Au loin et partout, dans un océan de nuages, sur les vagues mobiles du brouillard qui trahit en serpentant à travers les vallées les cours d’eau rapides ou les nappes dormantes, au loin et partout l'œil éperdu se noie dans d’inson- dables profondeurs! s Là-bas, tout là-bas, à plus de trente lieues, au bout des plaines lumineuses du Midi, c’est, dit-on, la mer, la mer qui va nouer dans les brumes sans fin son linceul d’azur aux tentures bleues du ciel. — Est-ce la mer? je l’ignore, et qu'importe? Qu’importent aussi les accidents con- TOME XIX. 36 554 ESQUISSE fus de ce panorama changeant à chaque jeu nouveau de la lumière? Ce qui saisit, ce qui domine, ce qui emplit la pensée d’indicibles eni- vrements, c’est son vol incommensurable à tra- vers l’espace, c’est cet épanouissement universel de l’âme échappée à toute barrière visible; c’est cette prise de possession des cimes voisines du ciel, d’où il semble qu’on parlerait plus intime- ment à Dieu... Souveraines beautés de la création, combien vous êtes sublimes pour qui saura comprendre! Et pourtant l'intelligence qui vous contemple, l'intelligence humaine est plus sublime encore que vous ! Cet être imperceptible sur les gigantesques sommets , l’homme, le spectateur de l’éternel spectacle, il voit par la pensée plus loin que son regard ne peut atteindre. Là-bas, dans ces val- lées, sur le bord de ces fleuves qui descendent des montagnes, il devine les villes, les bourgs, les hameaux ; il entend par l'oreille de l’âme monter la voix de la prière et de l’airain sacré; et loin de s’enfermer dans l’égoisme superbe de la contemplation , il adresse une pensée d’amour au peuple de ses frères. Aux malheureux qu'il ne connait pas, qu'il ne verra jamais, mais dont les larmes présumées lui sont amères, il adresse dans l'inconnu un souvenir de sympathie et de com- misération. Et si les saintes croyances font pal- biter son cœur, c’est pour eux, c’est pour tous, DES MONTAGNES. 555 que du haut de cet autel grandiose il élèvera vers Ie Créateur de toutes les merveilles, une supplique pieuse, un religieux soupir. Or, pendant que ces nobles pensées enlèvent l’âme aux préoccupations du monde extérieur, en quelques instants le tableau magique a semblé revêtir encore plus de merveilleuses beautés. Le jour qui s'achève donne aux lointains des teintes plus adoucies. Le soleil, prêt à disparaitre dans les tentures de pourpre du couchant, laisse trainer les franges d’or de son royal manteau sur l’ho- rizon enflammé. Tous les bruits ont cessé. Les veuts sonores se sont tus ; la grande et sereine harmonie du soir déjà plane à l’entour. Une vague mélancolie s’empare de toute chose, comme si toute créature avait à pleurer ce jour qui va mourir. Il semblerait, à ce moment suprême, que la nature tout entière se recueille pour prier. Mais l’homme seul est en possession de la langue sacrée qui peut parler au ciel; c’est à lui de tomber à genoux!..... VL. Ainsi, la misère matérielle du montagnard, à côté de l’indestructible grandeur de sa destinée, une vie sans sourire, mais non pas sans affec- tions profondes et sans aspirations sublimes : voilà 556 ESQUISSE la vie du montagnard ignoré, telle que nous avons tenté de la peindre. Et, d’autre part, la domination souveraine des grands spectacles de la nature, l’austère et solennelle beauté des soli- tudes, ces grands silences qui saisissent l’âme; ces horizons infinis où s’épuise le regard : voilà ce que la pensée trouve, pour la méditation et pour la poésie, sur ces hauteurs que nous avons voulu gravir. Il nous resterait à dire comment cette misère du montagnard pourrait et devrait s’atténuer ; comment ces rudes et sauvages régions de la montagne pourraient, sans rien perdre de leur majesté, se transformer par certains côtés au profit de l’homme et de la culture; comment on pourrait tenter de vaincre l’âpre résistance du sol, doubler ces troupeaux qui sont la seule fortune des montagnes, élever enfin le moral de l'homme qui les habite à une notion plus com- plète des grands devoirs humains ou religieux. Or, cette étude de moralisation à accomplir et de bien-être matériel à développer, pourrait avoir sans doute son intérêt et son utilité; mais la tâche serait alors plus sérieuse et demanderait certaine- ment plus d'efforts. Que si, envisagée de plus près, elle ne nous semblait pas trop au-dessus de nos forces, nous y reviendrions peut-être un jour volon- tiers, disposé à lui consacrer et des renseignements plus précis et une observation plus complète. Pour D De DES MONTAGNES. 5957 le moment, nous l’indiquons à peine; lebut actuel de ces pages éphémères, qui seraient tout au plus l'introduction un peu indépendante d’un travail spécial et de quelque étendue, nous paraitra dès à présent plus qu’atteint si nous avons semé, au bé- néfice du montagnard et de la montagne, un atome de cette sympathie effective que l’homme doit à l’homme, et le chrétien surtout à son frère. Ur GR OR — SCIENCE ÉCONOMIQUE. DE L'USAGE DE LA VIANDE DE CHEVAL DANS LA NOURRITURE DE L'HOMME, MÉMOIRE LU A LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE DU PUY Par M. le docteur BORIE, Membre résidant. Séance du 2 avril 4856. Car c’est un commun vice, non du vulgaire seulement, mais quasi de tous les hômes, d’auoir leur visée et leur arrest sur le train au quel ils sont nez. MONTAIGNE. Depuis quelques mois, il se fait en France un cer- lain bruit, qui va sans cesse en s'étendant, au sujet de la viande de cheval. Cette viande est-elle salubre, nourrissante, agréable L 6u DE LA VIANDE au manger, et peut-elle servir, à la manière du bœuf et de la vache, à la nourriture de l'homme? Telle est la question. Elle peut avoir tout d'abord, aux yeux de beaucoup, de l’étrangeté; pire que cela peut-être pour beaucoup d’autres. Vient-on à l'étu- dier avee quelque attention et sans parti pris, aisé- ment on se convainc que c’est là une question d’un grand intérêt public. En effet, nous assistons à une crise alimentaire : dans le but de l’atténuer, le Gouvernement fait les efforts les plus louables. Cette crise dure depuis plus de trois ans, elle peut ne pas cesser de sitôt. Les denrées les plus indispensables à la vie ont partout considérablement augmenté de prix , et la viande de boucherie est arrivée. à un taux beaucoup trop élevé pour que le plus grand nombre, pour que sur- tout ceux qui se livrent à des travaux rudes et pé- nibles puissent fréquemment en acheter avec le seul produit de leur travail. Cependant, qui ne le sait? la viande provenant 1 Voici, d’après le travail publié par la commission des valeurs, instituée près le ministère de l’agriculture et du commerce, la diffé- rence qui existe dans les prix de certains objets, de 4826 à 1855 : Le froment est porté de 20 à 52 fr. l’hectolitre; la farine, de 35 à 55 fr. le quintal métrique; les pommes de terre, de 6 à 42 fr. le quintal; les bœufs, de 200 à 400 fr. par tête; les vaches, de 140 à 300 fr.; les moutons de 47 à 55 fr.; le beurre de 4 fr. 40 ce. à 2 fr. 45 le kilog.; les chevaux, de 500 fr. à 4,075 fr. DE CHEVAL. 561 d'animaux adultes est l'aliment le plus propre à rendre à l’homme ses forces épuisées par le travail : ingérée, elle excite l'estomac, accélère la circulation, élève la chaleur animale, donne de l’activité à tout l'organisme. De toutes les matières servant à lali- mentation, elle est la plus nutritive ; c’est, somme toute, l’aliment réparateur par excellence, et sous son influence, l’homme devient plus fort, plus agile, plus intelligent. La science a été même jusqu’à for- muler la quantité de substances animalisées qu’il faut chaque jour à l’homme pour que sa santé se maintienne en bon état et qu'il puisse fournir un bon travail quotidien. Elle admet que, pour obtenir de tels résultats, il faut que dans l’alimentation jour- nalière il entre du cinquième au quart de matières azotées. C’est sur ces données qu’est basée en France la nourriture du soldat. Or, parmi nous, qui ignore, pour ne parler que de ce qui se passe dans nos con- trées et sous nos yeux, que le plus grand nombre des ouvriers, et notamment les habitants des campagnes, ne consomment que bien rarement de la viande, et que leur alimentation est constamment relächante ? Dans ce cas, les aliments, outre qu’ils contiennent peu de principes nutritifs, ne peuvent être com- plètement digérés et la plus grande partie est rendue par les selles qui en sont augmentées d’une manière on ne peut plus remarquable. La consé- quence forcée d’une telle nourriture est de rendre, à la longue, l’homme mou, indolent, apathique, pa- 562 DE LA VIANDE resseux et sans grande vigueur physique ‘. Dans ces conditions, le travail qu’il produit que peut-il être? I] ne peut être fait que négligemment, lentement, peti- tement. De là, beaucoup de temps perdu, et comme le temps, a dit Franklin avec son grand bon sens, c’est de l'argent, combien doit être grande la perte qui se fait en agriculture et dans tous les travaux où sont employées les forces physiques de l’homme, rien qu’à cause d’une alimentation insuffisante ! Dans l'intérêt de la santé des ouvriers, au point de vue de leur travail, et surtout pour les popula- tions pauvres, ne serait-ce pas une grande amélio- ration apportée à leur hygiène, si l’on parvenait à utiliser, à leur grand profit, toute la viande de cheval qui se ‘perd chaque année et que les statis- tiques, auxquelles, dans l'espèce, on ne peut toutefois trop se fier, portent au sixième de la viande de bœuf et de vache consommée en France? Sur ce dernier 1 L'usage du régime végétal fatigue par sa continuité les organes digestifs, donne au corps une constitution lâche et molle et prédispose aux maladies chroniques et notamment aux scrophules. Que de jeunes conscrits n’ai-je pas vus, dans les conseils de révision de la Haute-Loire, avec une constitution faible, cacochyme ; à peine étaient-ils pubères ! à peine avaient-ils la taille! Ils accusaient qui une maladie du cœur, qui de la poitrine, qui des entrailles, et presque tous assuraient qu'ils étaient faibles de constitution. Au bout de quel- ques mois du régime alimentaire de la caserne, ils devenaient, pour la plupart, des hommes forts, vigoureux, et finissaient par faire de bons et intrépides soldats. DE CHEVAL, 563 point, où pour le moment la lumière ne peut que se faire difficilement, voici les bases que M. Geoffroy Saint-Hilaire a adoptées comme se rapprochantle plus de la vérité : suivant lui, la France possède 3 millions de chevaux; on en abat annuellement 277,000 (dé- duction faite des animaux atteints de maladies con- tagieuses par suite desquelles on est obligé de les eniouir), et leur rendement en chair de bonne qua- lité est, en moyenne, de 224 kilog. D'après ces données, chacun peut se faire une idée des res- sources que présente cette viande, lesquelles cepen- dant sont restées jusqu'ici comme si elles n’exis- taient pas. Mais pourquoi ne mange-t-on pas en France de la chair du cheval? Evidemment cela ne peut tenir qu’à des préjugés, des préventions, voire même à des répugnances qui ne s'expliquent pas, et que ceux-là même qui les ont le plus prononcés ne peuvent en dire les causes ou en donnent vraiment de trop fu- tiles. Chose inouïe! tout le monde mange du pore t ; on en sert sur les meilleures tables; nul n’a de la répugnance pour la chair de eet animal immonde qui se vautre dans l’ordure, ne se nourrit que d’or- * Qui ne sait que la religion mahométane défend l’usage de la viande du porc? Moïse l'avait défendue en ces termes : « Le pour- ceau aussi vous sera impur, parce que encore qu’il ait la corne fen- due, il ne rumine point. » L’antique Egypte tenait le pourceau pour immonde, et quiconque en avait touché un, méme en passant, allait se laver et lavait aussi ses habitse 564 DE LA VIANDE dures et l’on a des préventions eontre la viande de cheval, cet animal élégant et beau et qui est la plus belle conquête, pour parler le langage de Buffon, que l’homme ait faite! Il y a dans l'esprit humain d’étranges contradictions. Au demeurant, il est cer- tain qu’en France, dans tous les grands centres de populations, il se fait un commerce clandestin de cette viande et que le gros du public en mange beau- coup plus qu’on ne le suppose. Seulement on l’ignore ou on feint de ne le pas savoir. Ainsi, à Paris, le fait est authentique, il se fait journellement un grand débit de cette viande, et les restaurants même le plus en renom servent parfois à leurs consomma- teurs, sous la dénomination de filets de chevreuil, tout simplement du cheval, que ceux-ci trouvent dé- licieux, parfaits et paient comme tel. Puisque les choses se passent ainsi, ne vaudrait-il pas mieux, dans un pur intérêt d'hygiène, que cette viande, au lieu d’être vendue clandestinement, le fût publiquement avec la protection et sous la sur- veillance de la police? On aurait du moins la certi- tude, tout en mangeant de la viande de cheval, que l'animal d’où elle provient n’est point mort de mala- dies pouvant en occasionner d’autres. Un des membres les plus distingués de l'académie des sciences (Institut). et qui porte dignement un DE CHEVAL, 565 nom que son père a rendu illustre dans les sciences naturelles, M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, profes- seur au muséum d'histoire naturelle, s’est donné la tâche ingrate de faire comprendre aux populations ouvrières les avantages qu’elles retireraient de l'usage de la viande de cheval. Cette initiative, qui n’est pas sans courage en présence des préjugés existants, est un fait considérable qui ne peut qu’avoir un grand retentissement dans l’opinion publique. Dans son cours, il a, pendant deux années consécutives, con- sacré plusieurs leçons à cette question si sérieuse. Le jonrnal l’Ami des sciences, à qui j'ai pris ce ren- seignement, ajoute que l’éminent professeur a cité, à l’appui de son opinion, des faits curieux ct même éloquents. Je regrette que ce journal n’ait pas eu le loisir de les mentionner : il m’eût été on ne peut plus agréable de les rappeler ici. Les efforts qui sont faits actuellement en faveur de l’usage de la viande de cheval seront-ils cou- ronnés d’un rapide succès ? Je ne me dissimule pas que cela parait difficile. Ceux auxquels cette sorte d’aliment peut servir le plus sont adonnés à leurs ha- bitudes, ont leur manière de vivre : être un peu mieux nourri ou un peu plus mal, on n’y regarde pas toujours de si près. Puis, comme l’a dit Fonte- nelle, « ne croyez pas que le vrai soit victorieux dès qu'il se présente; il l'est à la fin, mais il lui faut du temps pour soumettre les esprits. » En outre, n'est-il pas à craindre que les classes supérieures, même les 566 DE LA VIANDE gens qui ont constamment sur les lèvres le mot pro- grès, ne voyant pas pour eux, dans l'introduction de cet usage, un intérêt direct, ne fassent comme si cela ne les concernait pas et aillent même jusqu’à le dé- daigner? Et n’est-ce pas un fait d'observation que les classes ouvrières, n’ayant pas le loisir de s’instruire sur de telles questions, aiment assez à ne suivre que l'exemple qui leur vient de haut, sauf après à le mo- difier à leur guise? Voilà les craintes que l’on peut avoir. Quoi qu’il en soit, l’idée d’employer à la nour- riture de l’homme la chair de cheval, est jetée; elle renferme un grand fond d’utilités, et un jour ou l’autre le public l’adoptera. Ce n’est, il faut le croire et l’espérer, qu’une affaire de temps. Mais, pour que le public l’adopte, encore faut-il qu’il la connaisse et puisse l’apprécier. C’est dans ce but que j'ai écrit ces études : j’ai cru en cela faire une chose utile à notre pays. [II En cette affaire, qui n’est pas une innovation, nihil novi sub cœlo, mais plutÿt une restauration, ce qu’il importe le plus, c’est de détruire les fausses idées que sans motifs raisonnables on a généralement contre la viande de cheval. Pour cela qu’y a-t:il à faire, je ne dis pas pour les gens seulement de bonne volonté, DE CHEVAL. 567 mais pour tous ceux qui sont un peu comme saint Thomas? Il n’y a, ce semble, qu’à dire ce qui a été, ce qui existe et ce qui se fait journellement ailleurs. Les faits ne sont pas des opinions controversables, et c’est pour cela que l’on a dit qu'il n’y avait rien de brutal ct de bête comme les faits; ils portent avec eux la conviction, la vérité vraie, comme on dit au- jourd’hui, et le vrai a une force, une puissance à laquelle tous les hommes finissent par se soumettre. Les faits dont je vais parler, je les ai ramassés un peu par-ci par-là, un peu partout. Tous prouvent la salu- brité et la nutrivité de la chair du cheval; je n’en ai pas trouvé qui prouvent ou dénotent qu’elle soit ou qu’elle ait été malfaisante. Les Seythes, ces peuples nomades qui habitaient cette vaste contrée d'Europe qui comprenait ce qu’on appelle aujourd’hui la petite Tartarie, la Crimée, la Moldavie, la Valachie, étaient, à ce qu’il parait, dans l'habitude de manger de la chair de cheval, car les Grecs leur avaient donné le nom d’hippophages. Je remarque, en passant, que c’est de ces côtés que sont sorties ces fameuses tribus qui, sous le nom de Kimris, vinrent dans les Gaules refouler les Gaëls qui y étaient établis depuis plusieurs siècles. L’his- toire regarde ces deux peuples comme étant les souches primitives d’où est sortie la grande race gauloise. L'usage de la chair de cheval a été de tout temps répandu dans presque toute l'Asie, il y existe encore. 568 DE LA VIANDE Les nations tartares, les Mongoux, les Mantchoux, aussi bien que les Cosaques du Jaïk, d’après Buffon, les tuent (les chevaux) à la chasse pour en manger la chair. L'usage de cette viande est fréquent en Si- bérie. Le christianisme le trouva établi dans les Gaules. Par des motifs que l’on n'indique pas au juste, peut-être parce que cette coutume était, di- sent certains, liée au polythéisme; peut-être, sui- vant quelques autres, dans un but civilisateur ou politique; toujours est-il que l’Eglise chrétienne fit la défense expresse de se servir comme aliment de la viande de cheval. Des documents qui suivent, ne pourrait-on pas plutôt induire que cette sévère prohibition n’a été faite que parce que cette coutume se rattachait trop intimement à des traditions toutes druidiques qui avaient survécu, dans les Gaules, et à la conquête et au paganisme ‘?P Voici ce que dit Keysler dans ses 1 Le polythéisme idolâtrique gréco-romain répugnait aux Gaulois qui, autant qu’on peut le conjecturer d’après les traditions, croyaient à un seul Dieu spirituel et suprême. « De là, des édits qui abolirent, » dit Tremolière dans l'Encyclopédie du xixe siècle, le culte druidique » et livrèrent ses ministres à la merci brutale des gouverneurs pro- » consulaires. Les uns se réfugièrent dans les montagnes du Dau- » phiné, des Pyrénées, du Gévaudan et de PAuvergne. . . . . . 3 » Là, l'édit impérial les atteignit encore, on massacra tous les druides » qu’on découvrit ou qu’on surprit dans leur retraite. Cependant, » malgré ces sanglantes persécutions, ils ne furent pas entièrement me ae — - — DE CHEVAL. 569 Anliquilates celticæ : « Les anciens Celtes sacrifiaient des chevaux à leurs dieux, et la chair de ces victimes composait le mets principal des festins solennels qui suivaient les sacrifices !. L’horreur que l’on eut de ces faux actes de religion s’est répandue sur tout ce qui y rentrait. De là, le zèle du clergé qui, pour détruire cette coutume, crut devoir faire regarder la viande du cheval comme impure, et ceux qui en mangeaient et ceux qui faisaient ces festins comme immondes. » Ce qui vient à l'appui de l'opinion de Keysler, c’est une lettre du pape Grégoire III (mort en 741) adressée à saint Boniface, évêque de Germanie, dans laquelle il défend en ces termes de manger du che- val : « Ne permettez pas, disait-il, que cela arrive désormais, très-cher frère ; abolissez cette coutume par tous les moyens qui vous seront possibles, et im- posez à tous les mangeurs de chevaux une juste pénitence ; ils sont immondes et leur action est exécrable. » Dans le nord de l’Europe, la Scandinavie, qui était » détruits, protégés qu’ils se trouvèrent par les vieilles sympathies » nationales. On les voit encore, au v° siècle, exerçant leur culte » dans les localités où ils s'étaient réfugiés. » 1 Le Catholique, octobre 4829. « IL y avait une autre fête du feu, le 4er mai, en l'honneur du dieu Bel. C'était la fête du Soleil et du Printemps, comme l’autre du 47 novembre était celle de la Nuitet de l'Hiver. Dans l’ile d'Erin, on immolait des chevaux à Bel, ete. » (Note citée par Henri Martin, Hist. de France.) TOME XIX. 4 570 DE LA VIANDE adonnée au culte d’Odin, n'ayant reçu que beaucoup plus tard les bienfaits de la religion du Christ, s’est maintenue dans l’usage de manger de la viande de cheval. On en mange en Suède, en Norwège, en Da- nemarck. Dans cette dernière contrée, où, d’après Maltebrun, le paysan est sobre, laborieux, aimant le travail, la propreté, et où l'instruction primaire est répandue à ce point que tout le monde y sait au moins lire et écrire, il y a des marchés spécialement consacrés à la viande de cheval. On dit qu’en Suède, les classes riches et aisées sont dans l'habitude de manger quelques instants avant le repas, et comme pour aiguiser l'appétit, un peu de cheval salé que lon arrose avec du vin. Un médecin qui a laissé un grand nom dans la chi- rurgie militaire, M. le baron Larrey, raconte dans ses mémoires le fait que voici et qui eut lieu en Egypte, au siège d'Alexandrie : « Les chevaux de la cavalerie devenant à peu près inutiles par le resserrement du blocus et l1 pénurie des fourrages, je demandai au général en chef de les laire tuer pour la nourriture des soldats et des malades. Je fus assez heureux pour fixer, par mon exemple, une entière confiance sur cet aliment frais. Nos malades s’en trouvèrent fort bien et j'ose dire que ce fut le principal moyen à l’aide duquel nous arrêtämes les progrès de la maladie. » Plus tard, dans les guerres de l'empire, le même « médecin a eu d’autres fois recours à cette viande DE CHEYAL. 571 pour ses malades et ses convalescents, et n’a toujours eu qu’à s’en louer. D’autres médecins militaires, en- couragés par ces précédents, l’ont employée dans bien des circonstances analogues et en ont retiré les mêmes, avantages. Est-il besoin de faire remarquer que la viande de cheval a été au moins fort salutaire aux militaires malades et convalescents P Dans son numéro du 50 mars dernier, le journal l’'Ami des sciences a inséré ure lettre qui lui a été éerite de Nancy par M. le baron Dumast, ancien commissaire des guerres à Phalsbourg. A l’époque de l'invasion, est-il rapporté dans cette lettre, la place de Phalsbourg se trouvant investie par les troupes ennemies, les autorités civiles et militaires, ne sachant le temps «ue pouvait durer leur investis- sement, prirent, non par nécessilé, mais par mesure de précaution, la détermination de ne laisser manger à la population civile et militaire que de la viande de cheval. L'ordre fui donné aux bouchers de Phals- bourg de ne tuer que du cheval, et pendant les six semaines que dura ce siège, les habitants, hommes, femmes, enfants, ne mangèrent d'autre viande que celle du cheval. Aucun d’eux ne se plaignit et n’ac- cusa de la répugnance. Voici ce que dit M. Dumast de cette viande : « Fort saine et puissamment nutritive, ell: n’est ni répu- gnante à l’œil, ni désagréable au gout. Son aspect diffère très-peu de celui du bœuf, à la saveur du- quel sa saveur parait équivalente, selon les uns, 572 DE LA VIANDE » préférable même selon les autres. Seulement le » bouillon qu’elle fournit est peut-être moins clair » et moins doré, en sorte que mieux vaut, toutes » choses égales d’ailleurs, la manger en rôti qu’au » pot-au-feu. » J'ai interrogé quelques militaires de ma connais- sance qui avaient été forcés de se nourrir pendant plusieurs mois avec de la viande de cheval. Tous m'ont assuré que parfois cette viande était fort bonne, très-agréable, et d’autres fois très-peu ragoü- tante ; que, dans ce cas, cela tenait, suivant eux, à ce que l’on tuait des chevaux harassés de fatigue, et qu’aussitôt saignés, sans donner à la chair le temps de se faire, on la mettait au feu et qu’on la préparait sans les soins, les précautions que, pour être bon, tout aliment réclame. En 1811, le conseil de salubrité de Paris, qui était certainement composé d'hommes distingués par leur savoir, fut consulté sur la question relative à la consommation de la viande de cheval que l’on se proposait d'introduire dans le régime alimentaire de cette capitale. Ce conseil répondit que cette viande serait un élément précieux de l'alimentation des po- pulations, parce qu’elle avait très-bon goût et qu’elle réunissait les propriétés nutritives de celles des au- tres animaux de boucherie. Il y a plus de trente ans qu’un médecin fort éclairé, fort religieux et d’une philanthropie rare, Parent du DE CHEVAL. 573 Châtelet, l’auteur d’un excellent livre sur l’état de la prostitution en France, émettait dans ses annales d'hygiène le vœu formel que la viande de cheval servit à la nourriture de l’homme. Seulement il de- mandait que l'abattage en füt surveillé, afin que le public füt certain que l'animal dont il mangerait la viande ne füt pas mort de maladies contagieuses. Pour cela, Parent voulait qu’il füt créé des abat- toirs spéciaux et un marché destiné à la vente de cette denrée. M. Marchessou, imprimeur de la Société acadé- mique du Puy, ine racontait, un de ces jours passés, qu’à Guéret, sa ville natale, il y a un dépôt de re- monte et que chaque fois qu’une bête de ce dépôt vient à périr par accident, les habitants s’empressent d'en demander une part et que les personnes riches, mème les autorités les plus élevées, se disputent à qui mieux mieux les morceaux propres à faire ce que l’on appelle des beefteacks qui sont trouvés bien su- périeurs en qualité aux mêmes morceaux d’un bœuf, füt-il le plus beau et le plus gras de la contrée 1. 1 Un jeune élève de Pécole de Saint-Cyr, bel officier en herbe de cuirassiers, disait naguère à quelques personnes, au nombre des- quelles je me trouvais, que deux des chevaux servant à leur manège furent atteints d’écarts tels qu'on fut obligé de les abattre. Le vété- rinaire et le chirurgien de l’école determinerent le cuisinier à pré- parer de la viande de l’un de ces chevaux ; elle fut servie seulement à la table des officiers et à leur insu. Ceux-ci firent la remarque que cette viande avait meilleur goût que celle qu’on leur servait d'habi- 574 DE LA VIANDE L'année passée, au mois d’août, il arriva un acci- dent qui pouvait avoir des conséquences on ne peut plus fâcheuses. Un cheval attelé à une charrette où s'étaient placées quatre personnes, fit, dans un coude de la grande route du Puy à Brives, un faux mouve- ment, et cheval, voiture et hommes furent précipités de 5 à 6 mètres de haut dans le bief dit de l’Æôpital. La voiture fut brisée, les hommes en furent quittes à peu près pour la peur, mais le cheval fut noyé. Quel- ques heures après, un équarrisseur, le sieur Bada, dont notre ville a apprécié bien des fois le zèle, le dévoument et le courage dans les incendies, vint avec deux aides dépouiller le cheval de sa peau. C'était une bête jeune, bien portante et d'assez d’em- bonpoint. J’appréhendais, car cet équarrissage avait lieu près d’une de mes propriétés où, dans ce mo- ment, je faisais des travaux que j’étsis bien aise de surveiller, qu'on laissät là l'animal dépouillé, mais point. Bada et ses aides enlevèrent, avec un certain art, toute la viande du cheval et, au fur et à mesure, des femmes l’emportaient. Qu’a-t-on fait de cette viande? A-t-elle été mangée, vendue? Cette question, tude. Deux ou trois heures après le repas, et lorsqu'on pensa que la digestion était faite, on leur apprit que la viande dont ils avaient mangé à leur déjeûner n’était que de cheval. Qu’on nous en donne souvent de pareille, dirent-ils, et nous ne nous plaindrons ni du eui- sinier ni du boucher. Ce qui fut dit fut fait, et pendant plusieurs jours on leur servit des beefteacks et des rostbeefs de cheval. Le chair des deux bêtes y passa. DE CHEVAL. 575 je la faisais à un des membres les plus intelligents du clergé et de notre Société académique, qui me ré- pondit : On en a fait, parbleu, des saucissons ?. Depuis quelques années, et par les mêmes motifs, sans nul doute, que ceux que font valoir en France les hommes qui désirent améliorer l'hygiène publi- que, l’usage de la viande de cheval s’est introduit dans toute l'Allemagne. II y existe des boucheries où l’on ne tue que du cheval. 11 y en a à Berlin, à Vienne et dans les principales villes des royaumes et duchés allemands. Il y a des établissements sem- blables en Suisse et jusques aux portes de Paris, en Belgique. Faut-il dire que nos animaux domestiques, pores, chiens et chats sont très-avides de cette viande et qu’ils ne la rechercheraient pas si elle devait leur être nuisible P Je passe actuellement à un autre ordre de faits. Des chimistes, et je ne citerai que les noms des plus éminents, MM. Chevreul, Régnaud, Liébig, ont étudié chimiquement la chair du cheval et ont re- connu et constaté que, par ses principes constituants, elle a un titre supérieur à celle du bœuf et, bien plus, qu’elle contient en plus grande proportion que la chair de bœuf de la créatine. Cette substance, décou- verte depuis quelques années par M. Chevreul, est ? On assure que dans les saucissons les plus renommés, ceux qui passent pour étre les plus délicats, on y fait entrer de la viande de jeunes ânes. 576 DE LA VIANDE considérée comme jouant un très-grand rôle dans les actions vitales. _ On a pu lire, il y a peu de jours, dans les journaux de médecine et même, je crois, dans des feuilles politi- ques, le compte-rendu d’un certain diner qui aeu lieu à Alfort. Tous les mets en viande, bouillon, bouilli, ragoüts et rôtis, n’étaient autres que de la viande de cheval. Les convives, gens qui se piquaient, non d’a- voir un appétit vorace, mais plutôt d’être un peu gour- mands, c’étaient des savants, des médecins, n’ont eu qu’à se louer d’avoir pris leur part de la viande qui leur avait été servie. Ce n’est pas à Alfort seulement qu'ont eu lieu de pareils diners. Il s’en est fait à Toulouse, à Lyon et dans toutes les écoles vétérinaires. Ces expériences culinaires ont été répétées à maintes reprises, Soil avec de la viande provenant de chevaux jeunes, d'âge moyen, soit de vieux chevaux. À l’école de Tou- louse, on a expérimenté sur la chair d’un cheval de seize ans, et elle a donné, dit le rapport, un bouillon succulent, un bouilli médiocre mais mangeable, et un rôti excellent. Une jument, ägée de vingt-deux ans, a été tuée à Alfort. Sa viande en bouillon, bouilli et rôti, a donné des résultats identiquement les mêmes que ceux obtenus à Toulouse. De l’ensemble des expérimentations nombreuses faites tout récemment en France, il a été permis de conclure que : 4° le bouillon de cheval est meilleur que celui de bœuf ; 2° le bouilli de bœufest supérieur DE CHEVAL, 577 à celui de cheval; 3° le rôti de cheval est égal au moins au rôti de bœuf, seulement le premier parait l'emporter par un goût particulier qui se rapproche, disent certains dégustateurs, du chevreuil; d’autres, de celui du lièvre. Il est un fait qui, sans avoir une importance au point de vue de la solution hippophagique, mérite néanmoins d’être connu. Les expérimentateurs assu- rent que, pour que la chair du cheval ait toutes les qualités désirables pour une bonne alimentation, il n’est nullement nécessaire que l’animal soit préala- blement engraissé. Est-il vieux, usé par le travail? dans ce cas, il n’est besoin que de le laisser se re- poser pendant six à sept semaines avant de le faire abattre. Cette condition est indispensable si lon tient à ce que sa chair ait toute la tendreté dési- rable. Tels sont les faits qu’il m’a été possible de recueil- lir. Tous démontrent de la manière la plus précise et la plus convaincante que la viande de cheval est très-nourrissante , et qu'elle est agréable au manger tout autant que celle du bœuf. Et pourquoi n’en se- rait-il pas ainsi ? Le cheval ne se nourrit-il pas des mêmes aliments que la bête à cornes? est-ce l’avoine ou l'orge dont on le gratifie plus ou moins souvent qui peut influer sur l’état de sa chair? Soit. Mais ce ne peut être qu’en bien. N’en donne-t-on pas d’ailleurs aux bœufs que l’on désire rapidement engraisser? Le cheval, observera-t-on peut-être, ne rumine pas? Que 578 DE LA VIANDE d’animaux qui ne ruminent pas et dont la chair l’em- porte en qualité nutritive sur celle du bœuf. IV. Un très-grand nombre de peuples, et de mœurs bien diverses, mangent de la viande de cheval. Dans l'Allemagne, où les populations sont certes aussi ci- vilisées que nous pouvons l’être, cet usage est entré dans les habitudes des classes peu aisées. De gran: des capitales, comme Vienne, Berlin, Bruxelles, ont créé de grands établissements où il se vend des quantités considérables de cette denrée, et nous sa- vons qu'il en est de même dans plusieurs autres villes de l’autre côté du Rhin. Ainsi, ce qui est positif, c’est qu’actuellement dans une grande partié du continent européen, on mange de la viande de cheval. Si donc il est consommé de cette viande dans des contrées qui nous avoisinent , nous touchent même, et par des hommes qui aiment tout autant que nous à ne manger que des choses bonnes et salutaires, pourquoi ne les imiterions-nous pas en cela ? En France, où les cœurs sont si sympathiques aux malheureux, où l’on ne cesse de s’ingénier à recher- cher les meilleurs moyens de leur venir en aide, où l'on fait de toute part les plus louables efforts pour DE CHEVAL. 579 améliorer leur position et celle de tous les travail- leurs, il parait étrange que l’on n’ait pas encore songé à utiliser, au grand avantage de l’homme, un aliment que la Providence a mis, pour ainsi parler, sous notre main. Et de fait, on a beau être et se dire le peuple le plus spirituel et le plus intelligent de no- tre planète, encore faut-il manger et se nourrir tout comme si l’on n’était qu’un animal. La population en France peut se déplacer, mais elle ne diminue pas, et il fautqu’elle mange, n’importe où qu’elle soit. Les denrées sont chères, ce qui est une preuve qu’elles n’abondent pas sur la place; cependant on ne peut s’en passer, et où en trouver à un prix assez bas pour qu’elles soient à la portée du plus grand nombre? On ne fabrique pas des denrées alimentaires comme on fait des allumettes chimiques; on ne les tire pas des entrailles de la terre comme on en extrait du fer ou du cuivre. Car qui dit aliment, dit une substance qui a eu une vie végétale ou animale, et tout le monde sait qu'il faut à presque tous les végétaux au moins un an pour germer, naître, croître, se dévelop- per et fabriquer de toutes pièces les fruits qui ser- vent à la nourriture des animaux. Quant aux fortes bêtes de boucherie, c’est bien plus de temps qu’il leur faut pour être complètes, et pour que leur chair ait acquis les qualités désirables à une bonne alimentation ; il leur faut trois, quatre et cinq ans. Eh quoi ! dans ce temps où l’on tient à améliorer l’hy- giène publique , où toutes les denrées fabriquées sont 580 DE LA VIANDE sophistiquées , où tout ce qui est indispensable à la vie est assez rare pour être d’un prix élevé, on ne songe pas à utiliser, au profit de l’homme, la viande de cheval, aliment naturel, nutritif et sain! On a des préjugés , des préventions : manger de la viande de cheval! pouah! fait-on. Et là-dessus on raille, on fait des quolibets. Nous sommes bien vraiment, sous ce rapport du moins, et la civilisation chré- tienne n’y a rien fait, tels que César, Strabon, Tite-Live et bien d’autres ont dépeint les Gaulois de leur temps. N'importe ; je poursuis. Les questions d’alimenta- tion publique sont choses graves et importantes par le temps qui court. Quels motifs ont déterminé le législateur à faire une loi qui soumet les chiens à un impôt? Ces motifs ont été de plusieurs sortes, sans doute, mais le motif vrai, sérieux, c’est que, tout compte fait et bien fait, il a été constaté que les chiens dévoraient à eux seuls la pitence quotidienne de je ne sais plus combien de milliers d'hommes. On a introduit des perfectionnements dans la bou- langerie; presque toutes les villes les ont actuelle- ment adoptés, et dans quel but? Afin que le bon pain, devenu moins cher par l’effet d’une fabrication économique, soit accessible au plus grand nombre possible. On se préoccupe beaucoup, et avec raison, de la pisciculture, et le pourquoi? C’est que par là on espère augmenter la masse alimentaire. DE CHEVAL. 581 Une société, dite d’acclimatation, s’est formée à Paris, dans le dessein de doter le pays de nouveaux végétaux et animaux domestiques ; elle s’est mise en rapport avec une foule d’agronomes habitant diverses contrées de la Francc et de l’Afrique; elle fait des dépenses, et tout cela n’est-ce pas en vue d’accroitre, de varier les produits nutritifs, et de satisfaire ainsi à des besoins que les progrès qui s’opèrent dans la société développent de plus en plus? Un savant d’une grande distinction, M. Geoffroy- Saint-Hilaire, indique la chair du cheval comme étant une bonne nourriture ; il le démontre et engage les hommes à en manger. Quelles intentions l’animent, si ce n’est le désir d'améliorer l’alimentation de ceux qui se nourrissent mal parce que la viande est trop chère? On le voit, les tendances de l’époque sont vers ce que les gens qui n’ont que de l'esprit appellent ironi- quement de l’utilitarisme. Cependant, qu’on en soit bien certain, lorsque de tels faits se prononcent avec quelque intensité, c’est qu'ils répondent à des né- cessités sociales bien senties. C’est surtout du côté de l’agriculture que l’utilita- risme porte sa sollicitude et ses efforts : c’est d’elle, en effet, que nous tirons nos aliments, et, si l’on tient à en avoir, c’est à elle, en définitive, qu’il faut s’a- dresser. Il est aujourd’hui une vérité bien comprise et appréciée par tout le monde, à savoir que les amé- liorations en agriculture sont les sources les plus 582 DE LA VIANDE sûres dela richesse publique, et, dans tous les cas, du bien-être. La science, avec cette puissance qui fé- conde , améliore chaque jour les procédés agricoles, indique les moyens les plus propres à augmenter les produits végétaux, et pour en rendre le prix de re- vient moins cher, elle remplace les bras de l’homme par des machines qu’elle invente et perfectionne sans cesse. Dans ses investigations, elle n’a pas oublié les animaux ; elle a indiqué la manière dont il fallait les nourrir, les élever, et a signalé les espèces qui étaient les plus productives. Dans quel but tant d'efforts? Ce n’est pas, certes, dans un but d'innovation, de fantaisie, mais bien pour satisfaire à un besoin réel, celui d'augmenter de beaucoup la masse de subs- tances alimentaires, afin que par cela même leurs prix en soient moins élevés et plus à la portée du plus grand nombre. Dans les produits agricoles, la chair du cheval a été comptée jusques ici comme une chose à peu près improductive. En cela, l’agriculture a fait une perte considérable; et aujourd’hui que la cause qui a porté l’Eglise, il y a plus de mille ans, à interdire l’usage de cette chair, n’existe plus, qu’elle n’a plus de raison d’être, il importe qu’on restitue au cheval toute la valeur qu’il a réellement comme bête de travail et de boucherie. L'économie rurale et do- mestique n’aura qu’à y gagner, et la consommation publique y a un intérêt que l’on ne peut pas mettre en doute. DE CHEVAL. 583 Il ne faut pas donner aux questions plus d’impor- tance qu’elles en ont : lorsque l’on demande qu’en France on prenne la coutume de manger de la chair de cheval, on ne demande pas, ainsi que certaines gens pourraient peut-être le supposer, d'élever le cheval à la place du bœuf, et de l’engraisser pour le vendre comme une bête de boucherie. Non, ilne s’agit nullement de cela. Ce que l’on désire, c’est qu’on se serve comme substance alimentaire de la viande du cheval dont on ne peut plus utiliser les forces. Je n'as point l'envie de faire de la théorie pure- ment spéculative. Tout ce que j’ambitionne, c’est de faire tourner les données de la science au profit du bien-être de mes concitoyens. Ainsi, je crois faire une chose on ne peut plus utile, en leur disant : La chair du cheval est salubre, bonne, très-nourrissante. Jusques à ce jour vous ne l'avez pas utilisée pour votre nourriture, c’est fâächeux : la faute en est à des pré- ventions, à des préjugés que vous ne devez plus avoir, dès le moment où il vous est démontré de la manière la plus positive, la plus évidente, que cette viande ne recèle rien qui puisse être nuisible. Sous ce rapport, elle est ce qu’est la viande de bœuf ou 584 DE LA VIANDE celle de vache. Ainsi, je dirai à l'habitant de nos cam- pagnes : Vous êtes forcé, par une cause ou par une autre, de faire abattre le cheval que vous avez. Pen- dant tout le temps qu’il a été valide, il vous a rendu des services; eh bien! après sa mort il peut vous en rendre encore. Faites de lui ce que vous feriez et fai- tes souvent pour une mauvaise vache ; faites-le saigner et dépouiller de sa peau avec soin, coupez-en la viande par tranches, salez-la, et puis, quand il beurlera, comme vous dites, quand la bise sera venue, et elle est froide et piquante, et dure longtemps dans un pays comme le nôtre, tout parsemé de montagnes qui s'élèvent par étages de 400 à 1,700 mètres au-dessus de la Méditerranée, vous serez fort heureux, soyez-en persuadé, de trouver, dans la marmite, de la viande cuite qui ne vous aura pas coûté grand’chose et qui vous nourrira, Vous sustentera, vous reconfortera bien autrement que ne le peut faire du fromage blanc ou du bas-beurre. Ex alimento robur , ex alimento morbus, c’est Hippocrate qui l’a dit. Aux familles ouvrières, à toutes celles qui ont de la peine à vivre, je croirai, en leur conseillant d’u- ser de la chair du cheval, faire une bonne action. Cette chair, leur dirai-je, est tout aussi salubre, aussi nourrissante que celle du bœuf; elle se vend en Allemagne 12 à 15 cent. le kil. Dussiez-vous l’a- cheter au prix de 25 à 50 cent. le kil., ce sera encore pour vous une fort bonne affaire, car, pour bien peu d'argent, vous pourrez avoir du très-bon bouillon ou DE CHEVAL. 585 manger du rôti excellent , et, par le temps où nous vivons, où le pain est cher, où l’on frelate tant qu’on peut les denrées, vous trouverez dans la viande du cheval une nourriture saine, substantielle et fort économique. Est-ce que tant d'avantages sont à dé- daigner ? Pour l’acquit de ma conscience , je me permettrai de solliciter les riches à faire tout ce qui sera en leur pouvoir pour que l’emploi de cette viande entre dans les habitudes du plus grand nombre. Des sen- timents d'humanité, de charité les y convient, et, dans tous les cas , il y va de leur intérêt. De l’ensemble des faits que je viens de faire con- naître, et des considérations dans lesquelles je suis entré, il me semble que si l'espèce humaine écoutait un peu plus qu’elle ne le fait la raison et la science et un peu moins les préjugés, les préventions et ces erreurs qu’on est convenu d'appeler populaires, quoi- que les classes élevées en soient souvent plus enti- chées que le peuple lui-même, il me semble, dis-je, que, dans un intérêt public bien entendu, on devrait grandement se garder d’enfouir ou de jeter à la voirie le cheval qui est hors de service. Sa viande, à une époque comme la nôtre où le besoin de se bien nourrir se fait sentir, surtout parmi les travailleurs, devrait, au contraire, être conservée avec soin pour la nourriture de l’homme. L’hygiène publique et le bien-être de beaucoup n’auraient qu’à y gagner. TOME XIX. 38 586 DE LA VIANDE VI En outre de l'alimentation, il est quelques autres côtés de cette question hippophagique qui ne sont pas, je crois, sans intérêt et que je vais fort briève- ment examiner. La cause principale de notre antipathie contre la chair du cheval tient sans doute à un préjugé qui pro- bablement tire lui-même son origine d’une crainte religieuse que les générations se sont transmise d'âge en âge, et que tous nous avons sucée, pour ainsi dire, avec le lait maternel. Mais cette antipa- thie, instinctive aujourd'hui, n’est-elle pas accrue par ce qui se passe trop fréquemment sous nos yeux ? Quelles impressions pénibles chacun de nous, dans son enfance, n’a-t-il pas eues en voyant dans des champs, des prairies, sur le bord des chemins, de ces cadavres de chevaux dépouillés, avec leurs chairs saignantes, mises en lambeaux, laissées en pâture aux carnassiers et aux animaux de proie! C'était là de fait un triste spectacle que la police, dans l’in- térêt des mœurs et de la salubrité, a bien fait de défendre. Néanmoins, on retrouve encore ce dégoü- tant spectacle dans les campagnes, et il est sûr que si le cheval venait à servir à l’alimentation de l'homme, cela ne se verrait plus ou que bien rarement. | DE CHEVAL. 587 Ne peut-on pas penser avec quelque raison que l’usage alimentaire de la viande de cheval entrainerait une amélioration dans l’espèce de chevaux qui exis- tent dans nos contrées ? Ne rechercherait-on pas des chevaux d’une charpente plus forte, ayant des mus- cles plus développés? n’aurait-on pas plus de soins d'eux? ne les nourrirait-on pas mieux? et par cela même l'espèce ne s’améliorerait-elle pas P Les avantages que l’on trouve dans l'épargne du temps sont incalculables. Les chemins de fer le prou- vent suflisamment. Pour le transport de ses denrées, l’agriculteur se sert de bêtes à cornes. Nos chemins s'améliorent chaque jour et ce sera une grande éco- nomie de temps que d'employer le cheval au lieu des vaches. Ce progrès agricole ne se réalisera-t-il pas plus rapidement si le paysan a la certitude que la chair du cheval peut servir à son alimentation ou qu’il peut s’en défaire comme viande de boucherie? Tout le monde connait une loi qui date de 1849, et qui porte encore le nom de son promoteur, le très- honorable M. de Grammont. Je ne doute pas que celte loi ne soit ponctuellement exécutée, et nonobs- tant, tous les jours, sur les grandes routes et même dans notre ville, on voit encore de pauvres bêtes qui n’ont que la peau et les os, usées par l’âge, le travail, souvent par le manque de nourriture ; elles ont de la peine à se soutenir sur leurs jambes, et n’en ont pas toujours quatre, à se trainer elles-mêmes, et cependant on les force à grands coups 588 DE LA VIANDE de fouet et de tous autres mauvais traitements à mener des voitures, à porter des fardeaux. Certes, si les malheureux qui emploient ainsi ces pauvres bêtes dont ils ne peuvent retirer aucun bon service, et qui, en réalité, n’ont d'autre valeur que leur peau, étaient certains d’en retirer un lucre en les faisant abattre avant qu’elles soient réduites à un état com- plet de dépérissement, ils se hâteraient, il n’y a pas à en douter, à s’en défaire et à les livrerau commerce de la boucherie. Que de chevaux, en fort bon état de chair, atteints de rhumatismes, de sciatiques, d’af- fections chroniques externes ou internes! Ils récla- meraient l'hôpital ou les invalides : n'importe, il faut, malgré tout, qu'ils travaillent. Pourquoi sont-ils chevaux? C’est le langage adopté. Appartiennent-ils à quelqu'un qui a de l’aisance ? il s’en défait pour ne plus les voir pâtir, laissant à d’autres le souci de les user jusques à ce que ces malheureuses bêtes suc- combent à leurs souffrances. Ne serait-il pas plus humain, ne serait-ce pas d’une civilisation plus digne de les faire tuer pour en livrer la chair à la consommation publique? Je soutiens qu’il y aurait en cela un progrès social réel. Après le blé, l'aliment le plus indispensable à l'homme, c’est la pomme de terre, ce pain tout fait, comme on l’a appelé, et que la Providence a bien voulu , il y a un siècle, donner à l’Europe. Grâce à ce tubercule, aliment sain et assez nourrissant, les famines qui, de temps à autre, dans les siècles pas- DE CHEVAL, 589 sés, étaient venues désoler et décimer les populations, ne sont plus à craindre. Sait-on les milliers d'hommes qui ne vivent à peu près que de pommes de terre, pendant les hivers toujours si pénibles à passer pour celui qui a peu? Mais quelque salutaire et agréable que soit cette nourriture qui, du reste, pour le mo- ment, n’abonde pas, et qui est d’un prix très-élevé, peut-elle suffire aux besoins et peut-être aux exigen- ces des populations ouvrières actuelles? La civilisa- tion, qui va toujours en avant, n’a-t-elle pas fait naître des appétits impérieux et nouveaux? Plus la société progresse, plus les éléments de ce que nous appelons la civilisation pénètrent dans les couches plus basses de la société, et plus aussi naissent en elles des be- soins qui leur étaient inconnus. On veut être mieux habillé , mieuxlogé , mieux nourri surtout. Je ne sais sije me trompe, mais on dirait que le ferment civi- lisateur développe tout d’abord, et avant tout, ces sortes de besoins, et que c’est par ces côtés que les populations indiquent les progrès qu’elles font en civilisation. La question posée sur ce terrain peut trouver dans les faits qui se passent dans nos contrées mêmes, que je prends pour exemple, une solution non douteuse. Je n’ai qu’à examiner ici ce qui a trait à l'alimentation par la viande , et voici ce que je constate: il est cer- tain que depuis quelques années il s’est créé, soit dans les villages aux environs du Puy, soit dans une foule d’autres villages plus éloignés, des boucheries qui 590 DE LA VIANDE n’existaient pas ou étaient en fort petit nombre il y a quinze et vingt ans. Ce fait que prouve-tl, si ce n’est que le paysan a mordu à la viande, qu'il y tient, en comprend les avantages, et qu’il en consomme un peu plus qu’il n’était dans l'habitude de le faire il y a quelques années. Que ses moyens pécuniaires lui permettent d’en acheter fréquemment, et il ne s’en fera pas faute. Depuis 1843, la ville du Puy ne s’est pas accrue en population; rien, dans son ensemble, ne parait avoir changé; mais ce qui a changé, c’est la consommation de la viande qui s’y fait. Le préposé en chef de l'octroi, M. Pélissier, a eu l’obligeance de me donner un relevé officiel des bestiaux tués à l’abat- toir depuis 1843, époque où cette perception a été mise en régie. De ce relevé, il résulte que les droits sur la viande ont rendu, en 1843, la somme de 24,187 fr., et que, à part deux et trois ans pendant lesquels les règlements de police eurent peu d’auto- rité, ce produit s’est amélioré, chaque année, d’une quantité à peu près égale, et qu’il a été en 1855 de la somme de 58,244 fr. M. Pélissier ne doute pas, à en juger par le trimestre échu, qu’il dépassera pour 1856 le chiffre de 40,000 fr. Dans ces droits ne sont pas compris ceux qui proviennent des pores dont la consommation au Puy a peu varié pendant les douze années qui précèdent, ni de la viande dépecée qui est apportée des communes rurales, et dont les droits perçus par l'octroi de la ville sont portés à environ 300 fr. par an. DE CHEVAL. 591 Siau Puy, où il n'ya ni grandes industries, ni gran- des manufactures , ni grands chantiers, la consom- mation de la viande a été chaque année en augmen- tant, et à ce point que dans l’espace de treize ans elle a augmenté presque du double , n’est-on pas en droit d’en conclure : 1° que le besoin de consommer de Ja viande va chaque année en s’'augmentant dans notre ville ; 2° que là où se trouvent des agglomérations considérables de travailleurs, la consommation de cet aliment a dû prendre un développement considérable? Et maintenant on dit, et je n’en doute pas, que l'agriculture à fait de grands progrès , qu’elle est en voie d’en faire de plus grands encore; j'accorde que les éleveurs de bestiaux, trouvant de grands avan- tages dans cette industrie, augmentent de beaucoup les produits propres à être envoyés à la boucherie. Malgré tout cela , peut-on croire sérieusement que la viande descendra à un prix tel, que le plus grand nombre de bourses puisse y atteindre? Peut-on rai- sonnablement supposer que l'équilibre puisse s’éta- blir entre sa production et sa consommation qui va tousles jours en s’augmentant, parce que chaque jour, les classes dela société, qui croissent en civilisation, de- mandent une partie de leur nourriture à la viande P Et s’il y a un déficit constant entre la production de la viande de boucherie et sa consommation , ne se- rait-ce pas une des choses les plus avantageuses au bien-être public, si ce déficit pouvait être comblé par la viande de cheval ? 592 DE LA VIANDE Je le répète, j'ai écrit ces études dans un seul but, celui de faire connaitre aux habitants de nos contrées ce qu'est en réalité la viande de cheval pour laquelle, en France, on a eu jusques ici une répugnance qui n’est fondée sur rien de raisonnable. La science et les faits prouvent de la manière la plus nette, la plus pré- cise, que cette viande est bonne et on ne peut plus saine. Aussi, pour ma part, je crois fermement que nos populations pauvres et celles qui ont peu, trou- veraient, en l’employant comme substance alimen- taire, des avantages on ne peut plus marqués pour leur santé, leur bien-être matériel et ceux de leurs familles. Comment, s’écrieront peut-être quelques personnes à préjugés quand même, et sans doute aussi les dé- licats, nous sommes au beau milieu du xix° siècle, la France est en tout à la tête du progrès et de la eivili- sation du monde entier; on vante avec raison le développement qu'ont pris son agriculture, son in- dustrie, son commerce ; grâce à la science, il n’y a plus de distance pour la pensée, en une seconde elle peut aller d’un pôle à l’autre, il ne s’agit pour cela que d’unir ces deux points par un fil de fer; les che- mins de fer sillonnent tous les continents, et par la vapeur qui anime les locomotives et donne des ailes à nos vaisseaux, nous pouvons avoir, en quelques jours , tous les produits, toutes les denrées de toutes les parties de la terre, et, en présence de tant de mer- veilles, vous venez nous dire qu'il faut que nous | | DE CHEVAL, 593 nous mettions à manger de la chair du cheval! fi! d’une telle innovation ! Mais, répondront ceux qui, par un bien pur dé- vouement à la chose publique, se sont faits les défen- seurs, ou mieux encore, si l’on veut, les propagateurs de l’usage alimentaire de la viande du cheval, pour- quoi n’en mangerait-on pas si elle est savoureuse et nourrissante, si, notamment, elle convient mieux que la chair de vache ou de veau aux hommes jeunes, aux travailleurs qui usent journellement leurs forces physiques à de rudes travaux? Tous les coins du globe sont bien connus, et on ne voit pas que nulle part les denrées alimentaires soient abondantes à ce point qu’on les jette. Là où certaines choses abon- dent, d'autres manquent. Un jour, sans doute, lorsque les hommes seront bien convaineus que les aliments les plus indispensables à la vie humaine nous viennent de la terre et de sa culture, alors peut-être, si une certaine solidarité, pour l'alimentation du moins, s’établit entre les peuples qui habitent des climats divers; si partout on s’adonne à l’agriculture avec un zèle éclairé, les aliments pourront abonder ; mais, en attendant , ils sont pour le moment assez chers pour qu’on ne tienne pas à utiliser un aliment qui n’a contre lui que des préjugés. Personne ne peut supposer que, dans l’état de notre civilisation, les denrées alimentaires viennent à manquer; mais ce que l’on doit admettre, parce que cela est, c’est qu’un grand nombre de familles peuvent, même dans un 594 DE LA VIANDE milieu où règne l’abondance, souffrir de la faim si elles n’ont pas les moyens de se procurer les choses les plus indispensables à la vie. Un des grands avan- tages de la viande de cheval, c’est qu’elle ne peut pas être d’un prix élevé, et qu’elle sera par cela même à la portée des plus malheureux. Ce n’est qu’un ap- point ajouté à la masse alimentaire existante, mais la qualité éminemment nutritive de cette chair rend cet appoint on ne peut plus important. Le rejeter parce que l’on a des préjugés, c’est montrer que l’on a fort peu de goût pour l’hygiène publique et l’éco- nomie domestique. Quant à l'innovation dont on fait fi! est-ce que par hasard on ne sait pas que les choses les meilleures, les plus utiles, celles dont plus tard on ne peut plus se passer, ne s’établissent pas aisément et de plein saut dans les habitudes des hommes, mais seulement après des luttes qui se prolongent pendant plus ou moins de temps P À ce propos, qu’il me soit permis de rappeler un de mes souvenirs. Dans mon jeune âge, j'ai entendu bien des fois les vieillards d’alors raconter ceci : Lorsque l’on commença, disaient-ils, à cultiver dans nos contrées la pomme de terre, aucun de nous, hommes, femmes, enfants, ne voulait et n’'osait se hasarder à en manger. On ne la regardait tout au plus bonne que pour les cochons; le bruit s’était même répandu qu’elle pouvait engendrer la peste ou tout au moins occasionner de mauvaises fièvres. Et DE CHEVAL. 595 depuis, ajoutaient ces vieillards, que nos idées sont changées! Que ferions-nous actuellement et que se- rions-nous devenus sans la pomme de terre ? Eh bien ! qui nous a dit que ceux-là même qui sont les plus opposés , les plus antipathiques à l’alimenta- tation par la chair de cheval, ne reconnaissent un jour que l'introduction de cet aliment dans la nour- riture humaine a été, au point de vue de l’économie rurale et domestique, une des meilleures améliora- tions du milieu du x1x° siècle P 7. : t ë0g bi coc con MERS insisinois et nent h ane Sep Lebiigib Ar ELA RENTE Lerpgabu: p noogup Gi purenn eos Lepte melon: go 00h sure eke de case porsalioit on ne Gnome peeib à romipestrraté dt; ssl aa & saapotièque sente 0h revente ay Jpsseiansiuns am load okolnetinté meta “uote 4taeite gone dotiouhon tasdcex res 1 nono ob ques babe: tn 00 Le 66e anestn ur oies anualiso aubostu, -stwarassmet Anrdéran n ” ês. i | 14 ASS LIL MO MONET DN 207 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU PUY, A MIDI, par M. E, AZEMA, MEMBRE RÉSIDANT. 1854. ——Ê9—— LÉGENDE EXPLICATIVE DES ABRÉVIATIONS EMPLOYÉES DANS LES OBSERVATIONS. CM cm Cumulus : nuages blanchâtres ressem- blant à des balles de coton. CM grands cumulus ; em petits cumulus. er Cirrhus : nuages frangés ressemblant à des hachures ou à des balayures. sÉter Stratus : nuages disposés en forme d’im- menses tables, de bancs ou d'assises horizontales. 598 nb crst, etc, OBSERVATIONS Nimbus : nuages orageux, de couleur grisätre ou foncée, se découpant brus- quement dans le ciel. Cirrhos-stratus : nuages tenant à la fois des cirrhus et des stratus. Quelques. Pluie. Neige ou nuit, suivant la nature de l'observation. Léger ou légèrement. Vapeurs. Supérieur. Inférieur. Nord. Sud. Est. Ouest. Depuis. Matin. Soir. Grand. Ce signe signifie : au-dessous de 0 ou de la glace fondante, c’est-à-dire des de- grés de froid. Ce signe indique des degrés au-dessus de 0 ou de chaleur; même signification quand il n'y a point de signe Horizon ou heure, suivant la nature de l'observation. Soleil. Eclaircies. MÉTÉOROLOGIQUES. 599 br Brouillard. atm Atmosphère, or Orage. ton Tonnerre. g b (relée blanche. éel Eclairs. Les autres abréviations se devinent aisément. MOYENNES MERIDIENNES ANNUELLES, 1° Baromètre à zéro....,..... 01170745 1850 { 2° Therm. à l’extér. et à l’ombre.. . 12°09 5° Hygromètre de Saussure..... s * 69410 1° Baromètre à zéro..,... Dane eue LUTSOA 1851 | 2° Therm. à l’extér. et à l'ombre.. 12°19 3 Hygromètre de Saussure...... 86°69 1’Baromèire A1Z6r0.:- averses ssvor406,56 1852 { 2° Therm. à l’extér. et à l'ombre... 14°17 3° Hygromètre de Saussure...... 89°68 1° Baromètre à zéro..,,..... .. 704,56 1853 { 2° Therm. à l’extér. et à l'ombre... 13°02 9° Hygromètre de Saussure..,..,. 83°67 MOYENNES MÉRIDIENNES QUADRANNUELLES. 1" Baromètre à zéro... .... 2... 100,40 9° Therm. à l’extér. et à l’ombre.. 12°87 5° Hygromètre de Saussure..,.,, 8595 600 + OBSERVATIONS Nora. — A partir du mois d'août 1851, les vents ont été observés trois fois par jour : le matin et le soir vers sept heures, etpuis à midi; les vents supérieurs, indiqués par les nuages, sont placés à gauche de la colonne; les vents inférieurs, donnés par la grande girouette, sont situés à droite ; ils sont séparés les uns des autres par une ligne verticale. Dans les cas peu fréquents où l’on a observé deux direc- tions différentes dans les nuages, les courants atmosphé- riques intermédiaires entre ceux dont la marche est tracée par les nuages supérieurs et ceux indiqués par la girouette la plus élevée, sont relégués à la colonne des observations avec la qualification d’intermédiaires. Les mots en bas, qui, dans cette dernière colonne, accompagnent certaines directions de vent, se rapportent aux indications des girouettes les plus voisines du sol. Les températures moyennes mentionnées ci-dessus se rapportent à l'heure de midi. 2 ; eentigrades, Les moyennes générales sont : pour 1852... 7° 89 1853: .+ ‘} CCS Toutes les températures sont exprimées en degrés centigrades. mon AS". — — ————— JANVIER. romètre OBSERVATIONS DIVERSES. Jours du mois, ceni ‘eige assez abondante après-midi. > vent change à 7 heures du soir. © 00 I Gr À O1 NI € 4 1 « { ( û € û ê < € #omes de neige la nuit et le matin. aus petites éclaircies. frouillard le matin et soleil au travers; gelée. 1 £ frouillard épais le matin. frouillard le matin et le soir; éclaircies à midi. érouillard le matin. érouillard. ivre et brouillard. em. em. Zrouillard sans givre, même après-midi. 4 3E en bas ; assez beau le matin; brouillard. SE en bas. LE livre; SE en bas. 4 se du mois, le 51 id., le 46et 51 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. JANVIER, Re THERMOMÈTRE UDOMÈTRE. Hygro- ETAT romètre ——— © ———— OBSERVATIONS DIVERSES. en ex- à à mètre. DU CIEL A MIDI. Issingeaux MATIN. | MIDI. | SOIR. contact. | térieur. | minima, | maxima. Ï Jours du mois. il nil inf. | sup. | inf. 695,7 697,79 688,99 UN neige assez abondante après-midi. le vent change à 7 heures du soir. neige peu abondante, tres-beau. couvert. pluie. couvert, quelques éclaircies. quelques éclaircies, CN épars. éclaircies, N épars. . . . hz beau, lég. st id, beau, quelques emer. . . ho couvert. couvert assez lépèrem., CMN. très-beau. voilé, beau le matin. . . voilé. stn beau, lég. balayures, erst, . très-beau. beau, quelq. vapeurs, emer lég. hz vapeurs, str lég. . . . h très-beau. id. id. id. épais brouillard. couvert. neige peu abondante. très-beau. très-beau, lég. st. . . . couvert. id. id. - A ND © © D © © © © LD © À D © © O0 9 OO O0 I © = © D C7 O0 O0 © NE s Cooouo=-vowuoNouw were — - NL O©— _ te 1 © S © D © GUN DOANNDNAG SNA CC QC © O0 I O QE ON RO - 698,91 702,01 702,50 701,74 )| 701,87 atomes de neige la nuit et le matin. quelques petites éclaircies. CR brouillard le matin et soleil au travers; gelée. LA AUOT = = NN = obuebwowvNonNuinN==sce—- brouillard épais le matin. $ brouillard le matin et le soir; éclaircies à midi. brouillard le matin. brouillard. givre et brouillard. idem. idem. 1 brouillard sans givre, même après-midi. 1 ND Cr À O0 = —= à © S SON Er ES © SO © Je D IN) © © QUAI O7 7 © Q7 © © s O1 O1 D O1 © I NO = à ND O7 O7 CO I O7 OZ O7 O1 SON = NN D = © OC M > © D S Cr Or 1 00 Cr go RS ARTE TA IIATEl OIDAIQGÈR à = OI I D 10 © ND M . - SUIS SS SE en bas ; assez beau le matin; brouillard. SE en bas. givre; SE en bas. DDE=NEz Q Cr © C7 © «1 e x S «I 0 CO CO CO D Où NI > à NUS À O1 O1 È OT NO C7 OT —_— - ex © to Ur to 9 Cr = Or Ce É basse du mois, le 51 6,24158,15 | 65,96 moyennes du mois. Température la plus | A k id., ? Je 16 et 31 Jours du mois. © O0 I O 7 R OI ND = 710,98 FÉVRIER, ci OBSERVATIONS DIVERSES. vrouillard très-épais jusqu’à 4 h.; beau soleil après-midi. orouillard le matin, dissipé à 40 h. orouillard le matin; beau ap.-midi et SSE; le soir, SSO.| NE; brouillard le matin. | | { À l itomes de neige la nuit et le matin; neige abond. ap.-m. neige la nuit, quelques centimètres. neige; commence à 10 h. du matin. très-froid ; neige après-midi. —16,5 à 8 h. du matin. atomes de neige la nuit. idem. neige le matin, tourmente; neige et tourm. à 8 h. soir. neige abondante, 4 décim. la nuit; idem le soir. SO en bas. SSE en bas. NO en bas. SO en bas. vent du N assez fort. NNE en bas; ESE en bas le soir. gelée blanche ; SE en bas. jasse du mois, le 45.. . . . . . : . 470,1. lcén ) COMMENSNN —+4129,2. Ba- romètre - oNWbNa ONU IN ver HS OS — © © © © © © RAR =D À © ADDOUNIRRSE AO © © «I © © - zéro. contact. centigr. EE CC CE BI Sao co œ co légèrement couvert, beau après-midi. n OU OSUGUUUU CUS OS UC IWOICOAUZ=NDELUS © L 1 (4 IRIS TI HS ON ID—S OS D ID NN © D Or =I D SUCRE Rue woess roovoeuouwe ie to or ni © Ur SDS IRINIRIREERE — LINE RARES Tee à | eusouwucss — . SHOT Buwous - OO HAN SC EL HAINSTDAS=—Z=AUX SUR ER È = ND - - - 455,32 | 81,66] moyennes du mois. RE ———————————— OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, ETAT VENTS, TT, DU ci . Es di Han MATIN. | MID. | som. sup. inf, sup.| inf. |sup. | inf. oso! No |oso| No | o | No o | no o |Nolso|no so |No|so|no| s | xo s [nos | No | 50 |sso brouillard épais, même à midi. tres-beau. couvert. couvert. oso} NE |oso| Ne | oso| No quelques éclaircies, CMN. . hz | N | no! n | No |Nvolno couvert. N |Nno|NNo| No |NNO| No CM épars, assez beau. NNo! No [NNo| No |NNo| No couvert, stn.. . . . hz | no! N no! N |Nvolnxo quelques éclaircies, CMN. . bz grandes éclaircies, CM. . hz neige. quelques éclaircies, stn. . hz grandes éclaircies, em. . h couvert assez legerement, st. hz quelques éclaircies. grandes éclaircies, CMN épars. hz grandes éclaircies et neige. fortement voilé. assez beau, pommelures. . hz grandes éclaircies, em.. . hz NNO'NNO| NI N N'|IN N |N0O|N N | N |No NNO! Nu INNO] NO | N INNE NNEINNEINNEINNE| N INNE N INNE| N |NNEINNEINNE NNE| NE INNE| NE INNE} NO NNE| N INNE|ENEÏINNE|NNE NNE| NO | No | NO | NO | No No | NO | No | No | NO | No NNo| NO [NNo| NO |NNo} NO NNO| NO | N | NO | N |NNO N |NO| N |NO| N |NNO très-beau. N [nxol n [nnol N | No couvert. N |No| N|Nol N |NNo très-beau. NNE| N INNEÏNNEÏNNE|NNE couvert. NNE| NO INNE| NO [NNE}NNO éclaircies. NE| NININININ tres-beau. NNEÏNNEINNE|NNE|NNE|NNE id. NNEINNEÎNNE|NNE|NNO|NNE Température la plus) OBSERVATIONS DIVERSES. brouillard tres-épais jusqu’à 4 h.; beau soleil apres-midi. brouillard le matin, dissipé à 40 h. brouillard le matin; beau ap.-midi et SSE; le soir, SSO. NE; brouillard le matin. atomes de neige la nuit et le matin; neige abond. ap.-m. neige la nuit, quelques centimètres. neige; commence à 10 h. du matin. {rès-froid ; neige après-midi. —16,5 à 8 h. du main. atomes de neige la nuit. idem. neige le matin, tourmente; neige et tourm. à 8 h. soir. neige abondante, 4 décim. la nuit; idem le soir. SO en bas. SSE en bas. NO en bas. SO en bas. vent du N assez fort. NNE en bas; ESE en bas le soir. gelée blanche ; SE en bas. I ——————— basse du mois, le 45.. . . . . . : . 47° 1: élevée id. , 18.6..." 7" 129,2. Jours du mois. © CO "I O CE O1 NI romètre à zéro, MARS. OBSERVATIONS DIVERSES. NNO en bas; gelée blanche; NNE en bas le goir. gelée blanche le matin et glace. idem. gelée blanche. idem. gelée blanche ; ESE en bas. idem. gelée blanche ; couvert le matin. gelée blanche; léger brouillard. ; gelée blanche; léger brouillard le matin. faible gelée blanche. idem. SE en bas; f. g. b. le mat. — Le SE en haut se traduit gelée blanche faible. [souvent en SO en bas et réciprog. SE en bas. tres-faible gelée blanche. petite pluie à 7 h. 472 du matin; idem à midi. gelée blanche le matin. NE tres-fort en haut et en bas. gelée. pas de gelée ou à peine. gelée blanche. basse du mois, le 25 élevée id., THERMOMÈTRE ex= à à en contact. | térieur. | minima. centigr. | centigr. | centigr. 748,66 | 747,81 | 747,78 2 1 —17,0 —17,0 —4,5 + - | © SUOS DO OO D OS DOS OS © OSOOUSOSOoYw OS © | 711,03 | 720,41 749,81 | 746,55 | 720,58 | 749,40 | 745,49 742,85 709,82 | 708,87 707,95 | 745,77 | 742,84 | 709,95 | 709,05 | 706,17 | 706,48 707,84 | 708,45 | 709,86 | 707,48 | 708,05 | 707,47 | 709,90 | 745,94 ] ] | v - ES - o © D © Gr © 9 © 9 O7 © Go 9 Qi = Go Gr = On IÙ O0 O1 @ © I 7 Ur U7 9 O0 ho - s + s - - müuwouwwwoeomwumwuowwouwwoweouwoscoeouwre s LL ARR LE NC EE OR D = = GO TER ND © © © ON © AO RO D v _ > — DWDOSSLLLÉODIOONMENEREOEN = OUDORMSLHALED AT a . 744,71 742,95 715,55 ND ND = © © © © D D D = D'OD—— © © DO CO CO O0 O0 0 CN ED A — —_——— % = = ee | —— H2,57| , 9,48| —2,57 © a) Hygro- mètre. UDOMÈTRE. à au è maxima. | Puy. |Issingeaux centigr. +8, » 0,20 41,0 » 0,20 10,2 » 0,20 41,0 » 0,50 12,5 » 0,20 43,9 » » 44,1 » 0,20 12,5 » 0,20 45,1 » » 417,0 » 0,80 18,2 | 7,000 1,51 415,5 » 0,60 46,1 » 0,50 47,2 » 5,00 42,1 » 25,50 12,5 » 5,50 414,5 | 4,559 2,00 8,5 | 4,000 3,92 10,5 » d,90 9,7 » 4,72 42,0 | 0,109 4,50 4,9 » 4,25 8,0 » 1,00 42,0 » 1,00 41,5 » » 45,5 » 0,54 40,0 » 0,20 10,7 » » 44,5 » » 45,0 » » 15,0 » 9,40 42,16] 9,468 | 67,74 81,1 820 80,0 79,0 79,5 79,0 80,0 80,0 80,5 80,5 80,5 80,7 84,14 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. ETAT VENTS. A — DU CIEL A MIDI. MATIN. | MIDI. | son. mme | mms tn een sup.| inf. sup. le inf, tres-beau. NNOÏNNE|NNOÏNNE| No |NNE id. so [nng| 50 INNE| o | © id. NInol NINININE id. N IN NINElNI|NE beau, pommelures, em. . hz | N|ne| NINE) NINE trèes-beau. N INEINE|NE[AEINE id. NE [NE|NE|NE|N Î|NE couvert. NINE| NINEl|NEINE beau, lég. balay. ou cr. . hz |ENE| NE | NE NE |ENE| NE très-beau. NE|nEl s|nE|s |No id. s |nol s | no! s | No assez beau, CMN. . . . hz | so | se | s0 | SE | se | su très-beau. SE | s0 | SE | so | sg | SE ide s | s|s|s |s0o | so couvert légerement. N|xol n|xoln |no légèrement couvert, stn. . hz | N |nxo| N| N| No assez légèrement couvert, stn. hz | N |xo| N|No} n |No grandes éclaircies, emn. . ho | Nino] N|no!x|no très-beau. NNo|xnolNNo|nxo| o | 0 légèrement couvert, stn. . hz |sse|sse | SSE| s5E | sse | SSE id. No |sse | No |55E | No | so grandes éclaircies, GMN. . hz | NE | ne | NE| NE INNE|NNE tres-beau , ciel pur. NE|NE|NE| NE |NNE|NNE tres-beau , vent un peu fort. NE|NE|NE|NE|NEINE très-beau. NEÏNEÏ|NElNElNEl|NE très-beau , vent un peu fort. 0 |xo | o | ol o | No grandes éclaircies, CMN. . hz | o | No [NNEINNOÏNNE|NNO id. NNE| n INNEINNEINNE| No id. NNE| No [NNEÏNNE| N INNE id. NNE| n INNEl N INNEl N couvert. NNE| no N|INoÏnl|N moyennes du mois. Température la plus basse du mois, le 25 élevée MARS, OBSERVATIONS DIVERSES. NNO en bas; gelée blanche; NNE en bas le soir. gelée blanche le matin et glace. idem. gelée blanche. idem. gelée blanche ; ESE en bas. idem. gelée blanche ; couvert le matin. gelée blanche; léger brouillard. À gelée blanche; léger brouillard le matin. faible gelée blanche. idem. SE en bas; f.g. b. le mat. — Le SE en haut se traduit gelée blanche faible. [souvent en SO en bas et réciprog. SE en bas. très-faible gelée blanche. petite pluie à 7 h. 472 du matin; idem à midi. gelée blanche le matin. NE très-fort en haut et en bas. gelée. pas de gelée ou à peine. gelée blanche. de led ARE Jours du mois. O0 I © Cr A O1 NI cent 44 ormes en fleurs. 43 abricotiers en fleurs ; SE forta 5h. s.; comm. p. le haut. 12 gelée blanche. 45 45 45 45 premières fleurs de l’érable sycomore. 45 48 vent blanc à midi; cesse le soir. 46 tonnerre à à heures. 48 première fleur de cerisier. 47 un peu de tonnerre à 41 heures 472 du matin. A7 rosée. LT 15, 45, 45,SE en bas. 15,gouttes de pluie à midi; tonnerre à 4 h, soir, très-fort. 44 idem. 14 gouttes de pluie le matin à 6 h.; feuilles aux noisetiers. 44,8 en haut ; prenière hirondelle; lilas en fleurs. 15,gouttes de pluie le matin et à midi ; presque rien. 15,pluie à 5 heures; premier rossignol. 42,bise froide, at. de neige à 4 h. 8.; neige as. ab. à 5h. &. 7,un peu de neige à 7 h. 172 du matin ; forte gelée. S,NE ou N. 10, 10, petite pluie à 4 heure du soir. 40, pluie le matin. a —_—_—_—_— ————— — ——————— —— …———————————…—_—r AESe AU MOIS, le 20... 5 » , . € & evée ïid., IC EL tous a 0e 260,5. Jours du mois. | D 1 © © He O1 NI Ba- romètre à zéro. ie ee sc 715,96 714,30 705,17 715,65 714,40 745,10 714.60 709,61 708,81 707,80 707,41 711,16 740,70 710,54 708,71 705,99 708,59 709,46 707,50 701,08 694,75 692,52 695,27 702,95 699,11 709,85 710,55 702,75 704,92 702,27 ————— | 706,99 en contact. cenligr. 11,6 15,0 12,6 45,6 15,2 15,9 RS RSS D | S © © © OT IN CE CE EE LR UE O7 OP CE CT CT © © NS © NN © NW © ee 0 — @OCOOS CE —— » THERMOMÈTRE ex- térieur. cenligr. L 14,2 10,5 45,0 12,0 Dent _ D 0 - LAS ED Q O1 Cr © © > © 1 D © © O7 ND Or O OI CE I © ŒMHDOUOSOODOUNIGG SOS OS 14,83 minima, centigr. Los 9 1 Qt Q1 S © Or O1 RS I + QAQAUSSZ—tN + S D © D O1 00 © N = AOUMROS GWumuocwvLeore 2,88 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. UDOMÈTRE. VENTS Hygro- ETAT A — à au à mètre. DU CIEL A MIDI. MATIN. MIDI. SOIR. maxima. | Puy. |lssingeaux RE | centigr. sup. | inf. {sup. | inf. |aup. | inf, 46,0 » » 80,0 | tres-beau, quelques balay. z. em. | n [ane N Inxel N [NNE 45,5 » 1,20 | 80,5 | légèrem. couv. , quelq. éclaire., nzs | se | € | se | E | st | s£ 16,1 » 4,40 | 80,0 tres-beau, quelques ems épars. ho [NNE] NE [NNe] NE INNE| N 14,0 » 0,50 | 79,5 très-beau , quelques ster. hno [NNE|NNEINNEÎNNEÎNNE| N 18,1 » » 78,0 très-beau , quelques ster. . . z | Ne [NNEÏ Ne [NNE| NE |NNE 20,0 » 1,88 | 78,2 {res-beau , ciel pur. NE [NNEÏ NE [NNE| NE |NNE 21,6 » 5,95 | 76,0 id. NE [NNE] NE [NNE| NE | NE 22,6 » 56,40 | 75,7 très-beau. ENE| NE | E JENE| E |ENE 26,5 » 2,55 | 74,5 | tr.-beau, quelq. lég. bal., crst. ho | so | Ese| so | s£ | oso| se 20 2 » 2,24 | 77,0 très-beau , em. . . , hoe | o |ese| o |Ese| o | se 25,0 » 3,50 | 74,8 beau, CMN épars.. . . hz | o [sol os |ls 21,9 » 4,70 | 79,0 gouttes de pluie, stn. .« . hz | N |se| nsc n]|no 25,0 n » 79,5 beau , CM épars. . . . hz | x | no | so | so | so | se 20,0 » 44,85 | 78,5 beau, ciel pur. se | s& {se | se! E | s€ 46,5 » 7,80 | 77,5 éclaircies, CMN épars. . hz | E | se | Ese| SE | ESE| ssE 49,6 » » 78,0 éclaircies, CM. . . . ho [ne NE NG|NEÏ|NEI|NE 49,0 | 4,000 | 43,50 | 79,0 | tr.-beau, quelq. CM épars, rares hz | £ | No] = |No}cse| E 10,5 » 8,40 | 78,0 très-beau. se | se | se | se | se | s£ 47,6 » 1,85 | 75,0 voilé, lég. st. . . . hz | se | sc | se | se | se | se 45,0 » 4,40 | 77,0 assez beau, CM épars . . hz | s5 | s | so | SE | So | se 17,1 » 0,80 | 79,5 assez beau, CM épars. . hz | so | se | So | Es! SE | ESE 46,5 » 0,50 | 81,0 HNÉPATE Ce hz |sse | se |sse | se | S |sse 17,2 | 0,600 » 82,5 petite pluie. volnolwlnwoinln 18,5 | 8,654 » 80,0 couvert. NNE| N |NNE| N | N |NNo 4,0 | 0,406 » 78,0 neige toute la matinée. x Inxol N IN NI N 7,5 | 0,234 » 79,0 couvert. NNE| NE [NNEINNOÏNNE |NNE 46,1 » » 81,0 éclaircies, CMN. . . . hz [nvolnne| 0 | No | No | No 40,5 | 4,559 2,80 | 80,2 couvert. no! no |Nno| No |NNo| No 45,5 | 0,591 | 22,98 | 81,0 beau, quelques em épars. . hz |xxo! no [NNO| No | No | No 45,0 | 0,544 | 0,52 | 82,0 assez beau, em épars. . hz | o |no|oxo|no| 0 | N Température la plus { 47,56115,968 151,75 | 78,66| moyennes du mois. AVRIL. OBSERVATIONS DIVERSES. ormes en fleurs. e abricotiers en fleurs ; SE fort à 5 h. s. ; comm. p. le haut. gelée blanche. premières fleurs de l’érable sycomore. vent blanc à midi ; cesse le soir. tonnerre à à heures. première fleur de cerisier. un peu de tonnerre à 41 heures 472 du matin. rosée. SE en bas. | GS gouttes de pluie à midi; tonnerre à 4 h. soir, très-fort. idem. à gouttes de pluie le matin à 6 h.; feuilles aux noisetiers. $ en haut ; preinière hirondelle; lilas en fleurs. gouttes de pluie le matin et à midi; presque rien. pluie à 5 heures; premier rossignol. È bise froide; at. de neige à 4 h. s.; neige as. ab. à 3 he un peu de neige à 7 h. 172 du matin ; forte gelée. NE ou N. petite pluie à 4 heure du soir. pluie le matin. basse du mois, le 25. . . . . . . . mt élevée id, le 9........ 260,5. — Jours du mois, © D "TO Cr À O1 N romètre MAI. OBSERVATIONS DIVERSES. 44luie à à heures du matin. 45, 15,1. apr.-midi ; neige abond. le soir; éel. et ton, à 8 h.s. 15,puttes de pluie à 7h. 8. 41 ,uie fine à 2 heures du soir. 15, 44,outtes de pluie à 5 heures et demie du soir, 44, 45 tite pluie à 10 h. 42,luie la nuit etle matin; petite pl. l’après-midi et les. 12 au le soir. | 45, 45, 45, 46,)0,1 à 4 heures dus. 46 15405 à4 h. s. 15 A7; 48 ,uie le soir. 45;age l'après-midi. 15£ en bas. 47 Juie de 4 h. à 4 heures et demie. 45üit orage à 40 h. du m.; grand orage de 4 b.à5h.s. 14 js rares grélons. 15 puttes de pluie après-midi. 14, 46,atanes en feuilles développées aux trois quarts. se du mois, le 51 re id. le 46et 51 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. MAI. | : THERMOMÈTRE UDOMÈTRE. | ® Hygro- ETAT VENTS. Ê | romètre Ne ë ——— _— OBSERVATIONS DIVERSES. e à à à au à £ mètre, DU CIEL A MIDI. 2 | zéro. | contact. | térieur. | minima. | maxima, Puy. |Issingeaux MATIN. | MIDI. SOIR. | se EE PRET DU SR Cu 1 centigr. | centigr. | centigr. | centigr sup. inf. sup.|inf. sup. inf. l 1| 697,52) 14,9 49,5 1,0 19,5 » 0,50 | 79,5 voilé; assez beau, stn. . . . . hz osol ne oso| NE | so | s 2| 698,06| 44,5 | 17,5 8,5 | 19,2 | 7,141 » 85,5 beau, CM épars. . . . . . hz | o | se | o | se loso) s | pluie à 5 heures du matin. 5| 700,94] 45,5 | 17,2 9,9 | 47,2 » » 83,1 | grandes éclaircies, CMN. . . . hz |sse) s |ssc| s |sse| se , 41 697,661 15,4 16,9 9,0 16,9 » » 82,0 voile, st clair . . . . . . hz |sst| se |ss£ | se | so | so pl. apr.-midi ; neige abond. le soir; écl. et ton. à 8 h.s. 5| 702,66] 15,5 15,0 4,0 45,0 [46,000 » 85,7 beau, CM épars. . . . . . hz |s0 | no | so | No | No | No gouttes de pluie à 7h. 8. 6| 702,75] 14,9 41,2 4,5 15,5 | 0,250 » 82,5 quelques éclaircies, CN épars. oso| o |osul o | so | no | pluie fine à 2 heures du soir. 7| 706,91 15,9 18,0 5,0 49,0 | 14,562 7,10 | 85,5 éclaircies, N épars. . . . hz | so | No | so | No | so |sse re ’ : 8! 705,56| 44,9 17,7 4,5 18,2 » 9,02 | 85,5 beau , lég. st. . . . . ho Îsso | sse | sso | sse | sso | no | gouttes de pluie à 5 heures et demie du soir, 9| 701,00| 44,9 | 15,1 8,8 15,4 12,515 | 9,90 183,1 id. s |o| o |no|no|xo e 10! 705,15 13,8 | 15,8 4,9 | 44,5 | 0,109 | 0,20 | 85,0 beau , quelques emer. . . ho | N {no x nxel x [une] pétitepluieätOB. es 111 704,041 12,8 40,5 55 12,5 [18,456 » 85,5 couvert. NNENNElNNElNNElNNElNNE| pluie la nuit etle matin; petite pl. l'après-midi et les. 12| 705,25| 12,9 12,2 8,5 | 48,4 | 4,590 | 0,15 | 86,0 couvert assez légèrem., CMN. nixol n {non | beau le soir, 15, 705,66| 145,5 | 16,8 41,0 | 17,8 » 4,22 | 86,5 très-beau. NNE| No |[NNE| No |NNE| NO 4| 704,69] 15,0 15,6 9,5 16,2 » 21,12 | 86,0 voilé, beau le matin. . . br [NNE No! x |no| N|No 15,4 | 15,5 CESR) » 1,10 | 86,0 NÉS En one hz | Nino| n |no uso! xo | 16,0 | 19,4 8,911020;5 » 8,50 | 84,5 beau, lég. balayures, erst. . ho | so | so | so | so |ne| so | 200,1 à 4 heures dus. 46,0 | 144,1 41,0 | 44,4 | 1,095 | 24,50 | 86,0 tres-beau. NE so [NNE| s0 |NNE| so 15,4 | 15,2 9,5 | 44,5 | 5,109 | 5,70 | 87,0 | beau, quelq. vapeurs, emer lég. hz [nne| so [nel no |xne) N | 14,5à1h. 8. 15,2 45,9 9,9 46,1 | 0,544 2,25 | 86,5 vapeurs, str lég. . . .h | NInxE|n/|NE|NINE 15,5 14,8 10,5 16,5 | 0,065 » 87,5 très-beau. NINE|NI|NE|NINE 21| 706,60] 10,6 47,2 4,9 18,5 » » 55,0 id. N INNE| N [NNE| N |NNE 22] 704,45] 17,5 | 48,8 TL 19,5 » » 86,0 id. 050 | sse | oso|ssr | 0so| ssE k 4 25| 702,26] 18,8 18,0 10,8 49,0 » » 84,0 id. oso|sse | o |sse |oso| so | pluie le soir. _ [24 703,91] 45,7 15,1 9,0 | 15,2 | 5,125 » 88,5 épais brouillard. sse | se |sse | sE | S0 | so en LES 1. 125] 708,41] 15,9 | 44,2 0,0 | 16,5 M4,254 | 4,70 | 85,0 couvert. 0 | o | o Joxo|o | o} 9: Hu : 26| 706,55] 17,9 47,6 0.0 19.0 e 5,00 | 85,8 neige peu abondante. so | se | so | se losol s | pluie de b. DAS Eos deA b.à5h.s. 21| 706,92] 45,6 15,2 9,0 15,2 | 6,078 2,50 | 85,5 trés-beau. 050, 8 |oso| s |os0|os0 pelit orage Le .dum.;g 28] 705,88] 14,1 | 44,3 7,5 | 44,5 160,550 | 4,97 | 91,0 très-beau , lég. st. . . . h no | so | so | so | so |oxo! 0 UE s] Fe rès-midi 29! 705,08| 15,4 | 15,3 5,0 | 45,2 | 0,625 | 2,55 | 89,0 ue ono| o lool o lono| o | gouttes de pluie ap ÿ 50! 705,48! 14,4 | 44,0 3,0 | 46,5 » 2,80 | 87,0 id. oxo) o |oxo| 0 | N| 0 Lee dé ; trois quarts. 51! 705,64 16,2 47,7 4,0 17,7 0,156 » 86,2 id. so | o | so | se |sso| se | platanes en feuilles développées aux trois q TS MG ï basse du mois, le 54. . . . . . be are 702,56 » 15,59| —5,06 6,241470,958| 65,96 | 80,02] moyennes du mois. Température la plus élevée ide, le 46et 34. . . . . . 200,5. Jours du mois, © D I © QE O1 ND — Ba- romètre & OBSERVATIONS DIVERSES. en contac oo JUIN. centig 14, luie à 9 h. du matin par SS. 44, 45, 7 . 15, fent blanc ; cesse le soir. :l . : 42 l'rès-froid. 22 SO en bas, presque S; qqs gouttes de pluie l'après-midi; 48, forts grains de pluie à 5 h. et demie; S cesse bientôt. 19 Pluie à 8 h.; tonn., orage court; écl., (onn. le soir à 20) 6 h.; qqs gouttes de pluie à 2h. 49,verse de 9 h. du m. à 41 du m. sur intermittente. 18,plui: le soir. 47,NE en bas; pluie après-midi. 45} 17! 16pluie après midi. RCA OT ALEMIEE MEN ENENERENE 47° 1. Née les Gun ENS og: +129,2. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. JUIN, RE ES ELLE TAERMOMÈTRE VENTS. £ He ETAT TS © e bei OBSERVATIONS DIVERSES. T 54 à en ex- à à Utre. ; : de | mètre DU CIEL À MIDI. To CN ES = zéro. contact. | térieur. | minima, | maxima, mn | mmmemenmmse [eme | ns 8 —— | ——— Re centigr. | centigr. | centigr. | centigr. sup. inf, sup. | inf.|sup.|inf. 11 702,65! 14,5 | 144,5 6,547 91.0 couvert, pluie le matin. so | se | so | se |sso| sse| Pluie à 9 h. du matin par SS. 9 200 35 146 15.8 6,0 16,0 91,0 quelques éclaircies, N. . . . hz [oso| so |oso| so | oso| so = 202 77 132 16,5 25 47,5 87,1 quelques éclaircies, N, . . . hz |oso|osu|oso| uso| oso| oso pi 2 2 k : 702 27 132 46,1 PS 18,8 89,0 couvert, N.. . . . hso | so | so | 50 | so | so | so É 704 92 157 16.8 5.0 47,5 89,2 couvert. se | SE | SE | se | SE) sE | Vent blanc; resse le soir. 6 ae 142 132 7.0 15,2 91,0 pluie (oute la matinée, N. . hz | No | No | No | No [NNENNE 1170565! 145 | 4148 | 45 | 46,8 897 | quelques éclaircies, CMIN. : hz | à [nnol n [anolnwe|xne 8 705 61 14,0 14,3 4.9 15,4 89,0 | quelques éclaircies, CMN épars . hz [NNEÏNNEINNE| Ne | N | No À nl 707 S0 12,2 | 40,5 2,0 11,6 88,9 couvert, st. . . . . hz | n |NvolNvo|nnolnxolnxo| Tres-froid. Ü SOU = , pe tes Ë ; 10 708 AO: 156 145 —1 1 15,0 88,0 |légérement voilé, quelq. rares “hu NNo| No [NNO| No |nno| No 709 52) 13.6 7,5 DIED 88,2 beau, quelques em épars. . vo|nu|o |nololo L 0 ou Te ee Le cu su ee LL id. à o | o|olo|o!s | SSO en bas, presque S; qqs gouttes de pluie l’apres-midi;| L Du 18.0 18 2 92 19.6 8807 grandes éclaircies, CMN épars. hz | so | o | so |no| o | o forts grains de pluie à 5 h. et demie; 8 cesse bientôt. d| 400,94 ù, ,* ,* J FR 7 | 708.7 2 j 5,5 49,5 88,8 légérement voilé. 01 |NoN NON NON NONINO : TIR RE e I 924,2 S 88.5 beau, quelques CM épars. o1\for No: ton|fo ho . 258 15! 709,04| 20,6 ae Fe 918 = T0 18 10 91.5 9 id o | o | o | o losolosv| Pluie à 8 h.; tonn., orage court; écel., {onn. le soir à 15 DU ne su ES 25 6 ee 12 89.9 éclaircies, léger. voilé, assez beau. Voso| s | so | so | so | 0s0 6 h.; qqs gouttes de pluie à 2h. 7 FRarE 20; FA A 106 19.6 23 000 92 5 bruine à midi, averse le matin. so losol o | sol E | o | averse de 9 h. du m. à 41 du m. 18 705,10 19,0 19,6 ps PE p 91.0 couvert. E | o | | o|s&æ|o pluie intermittente. s see 110 RE ee Le 90,5 voilé sso| o | sol o loxolono] pluis le soir. ; 2e ET 2 ae que He à 00 5 Oo o|o!o|olxo! o | NE en bas; pluie après-midi. 21| 708,741 47,1 46,6 8,5 47,6 , ; ’ FTÉTS p VE = Q rert. o |oNo| No oo! xo | No eu LE on 2e Re out lé A | NNo Ÿ Fe N 25| 714,98| 47,5 | 49,0 | 5,5 | 49,1 jt He nininisinln ANAL ss É x 9x t ; > LE He nn Fe 89 0 très-beau, Cl de Bond. EsE| N |ESE| No |N 26 ie re UE S5 27 0 85.5 très-beau , légèrement voilé. oln|loln|sl|o 07 ne 186 en 103 22 9 88/4 légérement voilé, st. . . hz |sso | o |sso| o |sso | so Alnee Fans k 67 90.0 luie la nuit et toute la matinée. so! o [sols |so|o 28 105,79 16,8 45,8 10,1 46,7 , P éouserl Sales @ N 0 29| 707,45| 17,0 | 46,6 8,5 | 46,7 88,9 ane AE re 90! 708,45] 46,3 14,1 8,0 46,6 88,7 ANUE D DURE ER OU D : ol basse du mois, le 45.. . . . . . . . a : ' HR ARE eue 2. 706,54 455,52 | 89,19) moyennes du mois. Terapérature la plus! jé id, le 6... ...... +12, JUILLET. QE Ba- A F OBSERVATIONS DIVERSES. zéro. € | € 41 708,56 2| 709,22 5| 706,26! gouttes de pluie à 2 h., orage sans pluie à 3 h. et demie. 41 706,50 orage à 41 h.et demie du matin. 5| 706,56 6| 702,77 7| 705,97] p. 9 mill. MS 1070552 91 706,17 10! 706,59! rosée; tonnerre et gouttes de pluie à 2 h. du soir. 441 706.25] | brise de montagne. 12| 706,65 43| 706,77 141 704,45 45| 706,00 416| 709,66 17] 708,25] nuagesle matin; S intermédiaire le soir. 18] 707,75| gouttes de pluie à 9 h. du matin. 19! 707,97 20| 709,55] 27,9a 4h.s. 21| 740,55 22| 710,95 25| 709,60 24| 707,81 25| 707,82] 290 et demi à 4 h., 509,8 à 2 h. ; petite pluie le matin ; 26| 708,49 [tonnerre à 4h. du soir. 27| 708,56 28| 708,72 29| 708,94 50| 708,87 51| 706,54| orage le soir. assé duimois, 1625 . — 79,2. ME led ee eee 448,2. Jours du mois. | zéro. 708,56 709,22 706,26 706,20 706,56 702,77 705,97 705,52 706,17 706,29 706.25 706,63 706,77 704,45 706,00 709,66 708,25 707,75 707,97 709,53 710,55 710,93 709,60 707,81 707,82 708,49 708,36 708,72 708,94 708,87 706,54 contact. centigr. D DS & & QI —© ex térieur, centigr. | centigr. 17,0 4,9 48,2 4,5 24,0 2,9 17,6 42,2 18,0 4,2 21,2 4,2 15,8 8, 16,2 »,2 17,0 7,2 20,8 2,8 18,0 5,0 1169 >,8 47,0 6,2 49,1 1 49,2 D,ù 49,6 6,1 21,2 5,1 20,1 | 14,9 21,2 7,2 25,1 6,1 25,1 10,1 25,8 40,0 28,5 10,0 28,7 42,0 27,5 14,0 23,9 40,5 26,1 11,1 22,5 44,2 25,7 10,5 26,0 6,9 28,0 12,1 minima. maxima, centigr. D 19 D 1 D D O1 D OI D D D NS D ND 19 = 1 LOURAIRODOSNMUAUOY OS SO US ODA US © © Sœ © » | | | | 4,970 0,20 » 0,20 » 0,20 0,754 | 0,50 9,656 | 0,20 » » 6,015 | 0,20 6,545 | 0,20 » » 0,078 0,80 5,977 | 4,51 4,031 0,60 0,078 0,50 » 5,00 » 25,50 1,545 5,50 » 2,00 0,958 3,52 » 5,50 » 4,72 ” 4,50 » 4,25 » 1,00 » 4,00 4,000 » 7,922 0,54 0,500 0,20 » » » » » » » 9,40 9,468 | 67,74 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. ETAT DU CIEL A MIDI. grandes éclaircies, CMN. ass beau, CM épars. . . . tres-beau et clair. orage depnis 41 h. 40 m. qqs éclaircies, CMN. . assez beau, emst épars. . . . pluie la matinée «© Co © D Co SSLS AIN Weoeuwuouwm—e 90,0 éclaircies, CMN épars. . . . 90,0 éclaircies, CMN épars. . . . 88,2 assez beau , CMN épars. . 92,0 id. . hz bz 86,6 tres-beau, ciel pur. 89,0 éclaircies, CMN. . . . bz 87,1 assez beau , CM épars. . . hz 89,8 beau , em. . . . bz 89,0 éclaircies, CMN épars. . . hz 90,0 beau, CM épars. . . . hz 88,5 tres-beau, ciel pur. 90,0 beau , légerement couvert. 88,7 très-beau, ciel pur. 86, id., qqs rares cm. . . . ho 86,1 id., qqs CMN épars. . . . . hz 85,5 id.,qgsem. . . . .. h 88,5 | se couvre à midi seulement et pluie. 88,0 beau, em b. 88,5 grandes éclairci 87,5 beau, em h. 85,5 très-beau.. 87,0 beau, qqs em épars h 81,14| moyennes du mois. MATIN. sup.| inf, oNo!oNo OXo|0N0 050 |oNo 50 | o o |ono NO |ONo N INE NNOINNE NE|NE ENE|ENE O |EN NNE NE| E No|s ONO|0N0 NO |ENE NE | N NNE| NO Température la plus JUILLET. OBSERVATIONS DIVERSES. MIDI. SOIR, Se sup.| inf, inf, sup. oNo|oNo|ono|ono oNo]0No |oxo|oNo 0s0 |0N0 850 | 80 | gouttes de pluie à 2 h., orage sans pluie à 3 h. et demie. S0 | 0 !ONO|ONO! orage à 44 h. et demie du matin. o |oxo| o |oxo 050! O0 |so|s 0 [0/00 !p. 9 mill. o |owo| o loxo so [oxo| so |oxo 0s0 |0N0| so | © | rosée; tonnerre et gouttes de pluie à 2 h. du soir. so | NE | so |0S0 | brise de montagne. nuages le matin; S intermédiaire le soir. gouttes de pluie à 9 h. du matin. NNolnNE NE | NE So |ENE o 0 ENE N NNE|ENE NNEÏENE vel E Es | € s |ESE | so o lese! o | o ë|olnols No| s ol E NNOÏENE No |ENE NNE|ENE NNE|ENE NEINNE NE|E Nino N|n 27,9 à 4h.s. 290 et demi à 4 h., 309,8 à 2 h. ; petite pluie le matin; [tonnerre à 4h. du soir. orage le soir. EEE rareté te basse du mois, élevée id., Jours du mois. [x] e = _ S © CO "I D CE À OI NI AOUT. Ba- è Fe | OBSERVATIONS DIVERSES. el zéro. cont 706,56] 23 705,85] 21 705,91| 20 707,95 1 707,40] 1 707,58! 1 707,60! 4 707,57| 4 | OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. AOÛT. | | Ba TRERMOMÈTRE € Et | 7 nn, . | à en ex- à $ | zéro. contact. | térieur. muxima. Je— 1 | centigr. | centigr. centigr. 1| 706,561 25,9 25,0 2,0 26,5 2! 705,851 24,7 22,1 1°0 24,2 5| 705,911 20,1 20,6 8,0 22,2 41 707,95] 19,1 20,2 9,2 21,1 | 707,40] 18,5 18,6 9,24] 19,5 6! 707,581 17,7 47,0 S,ù 17,8 7| 707.60] 48,5 48,5 9,0 18,8 8! 707,57| 18,6 20,1 5,ù 24,1 | 10 El 12 15 14 15 16 17 18 19 20 21 22 25 24 25 26 27| 28 29 30! | UDOMNÈTRE. ETAT OBSERVATIONS DIVERSES. DU CIEL A MIDI. MATIN. MIDI. SOIR. sup. | inf. sup. | inf. |aup. | inf. grandes éclaircies, GMCR. . . . hz assez beau, CMN . . . hz beau, qqs CM. ..h éclaircies éclaircies, CMN . . . . hz qqs éclaircies, CMN. . . . . hz éclaircies, CMN. . . . hz assez beau, CMN . . . h 050 |050 |050 |080 |0OS0O| S 0s0| So! a o 0 o 0 Le Le) Lo) o 0 ON0|ONO|ONO|ONO|ONO!ON0 ono|0NO|oNQ|O0NO|ONO|ONO ON0o!0N0| No | NO | NO |ONO No [ONO| NO |ONO|NNOIÏNNE N INNE| N INNE|] N ÎNE SEPTEMBRE. romètre OBSERVATIONS DIVERSES. Jours du mois. 4 2 3 4 5 6 7 8 og OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. SEPTEMBRE. or ;| m- THERMOMÈTRE UDOMÈTRE. ETAT VENTS. Ë | romètre om, 5 | ————— OBSERVATIONS DIVERSES, e | à en ex- à à au à É $ sx | ; DU CIEL À MIDI. 5 | séro. | contact. | térieur. | minima. | maxima. | Puy. |Issingeaux MATIN. | MIDI. SOIR. | mm a | ————— ———————— | centigr. | centigr. | centigr. | centigr. sup. inf. sup, | inf. on Mr, ] D,9 27,5 » 0,50 très-beau. 2 6,1 27,4 | 7,141 » id. NE NE 5 5,4 | 27,4 » » id. NE|NE 4 D,5 27,5 » » id. ElE 5 4,9 26,9 146,000 » id. EE 6 4,5 26,8 | 0,250 » id. EE 7 4,2 27,17 | 1,562 | 7,10 id. SE | SE 8 5, 28,1 » 9,02 id. sE | SE 9 5,2 28,2 | 2,513 9,90 id. s|s 0 5,9 27,9 | 0,109 0,20 id. sE | SE 1 5, 27,9 [18,156 » id. E | E [2 5,7 26,9 | 4,590 0,15 id. E|E 3 3,0 27,2 » 4,22 id. SE | SE 4 5,0 PE » 21,12 id. s |s 5 2,5 28,8 » 4,10 id. s|s 6 2,5 27,4 » 8,50 id NE |NE hi 5,1 27,1 | 1,093 | 24,50 id NE | NE 8 7200022 085400 ET 0 couvert. NE|NE 19 3,5 25,4 | 0,544 2,25 tres-beau. NE | NE 20 2,9 25,5 | 0,065 » id. NE | NE 2 2,9 22,4 » » couvert. No | No 22} 4,0 15,2 » » id. No | No 25 3,2 45,7 » » id No | No 24 2,1 45,9 | 5,125 » id. NEÎNE 25 2,7 49,9 H4,254 4,70 très-beau. NE|NE 26| 4,7 25,8 » 5,00 id. | NIN 27 4,5 | 27,4 | 6,078 | 2,50 id N|N 28 4,2 | 26,4 [60,550 | 1,97 id. s |s 29 4,7 | 26,2 | 0,625 | 2,55 id. s |s 50) 2,5 | 927,5 » 2,80 id. s |s — | 5,51| 25,4/470,958| 65,96 moyennes du mois. OCTOBRE, Jours du mois. OO © HDI OR CIN Ba- romètre 697,46 OBSERVATIONS DIVERSES. tonnerre et pluie le soir. pluie après midi. brouillard le matin. pluie toute la journée. pluie le matin. su pluie à 4 h.s. plaie le matin et après midi. gelée blanche. RE ————— basse-du mois, le 31.. - . .- © : —5° 1. — DD ] lp. 0 HET AOEOER SRE nr 229,8. levée OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. OCTOBRE, 0 Ba- | THERMOMÈTRE UDOMÈTRE. on He ETAT VENTS. romètre | à en ex- à à a à + OBSERVATIONS DIVERSES. mètre. DU CIEL , zéro. | contact. | térieur. | minima. | maxima. Puy. Issingeaux nt de DONS SNTOr US ee LL) nl ms | nn | en —————— centigr, | centigr. | centigr. | centigr. sup. | inf, sup.| inf.|sup.| inf. | 708,00 19,2 21 1 6,9 22,1 84,8 beau, CM épars o | o|0|o|o | o | tonnerre et pluie le soir. | 705,59| 17,5 17,6 6,0 19,1 86,0 id. No! o |No|o |No|o | 709,461 16,9 418,8 1,6 20,7 87,0 beau, ciel pur. No|nu| NINolE | E | 704,97] 17,8 18,8 7,2 20,5 88,0 éclaircies, CMN . . . . hz | s | se | S [ssl s | s | 706,581 18,5 18,9 TP) 24,5 85,1 assez beau, CMN épars. o | se [SE | se | s | SE | 708,191 20,2 22,5 7,1 22,8 88,2 beau. sse | sse]| SE | ss | ss£ | Sst | 706,77) 48,5 17,6 12,0 17,6 88,0 couvert, vent très-fort. s | s | s | o |ssu| se | pluie après midi. | 710,471 46,0 46,0 Pt) 16,5 89,0 couvert. xuol € Invol € {xnol ne | brouillard le matin. 705,951 15,2 45,1 4,5 415,1 88,5 id. stn. xxo! x [No] x [xnol No | 701,00! 15,1 8,1 4,8 12,5 88,0 id. x Invol N{nol | x | pluie toute la journée. 709,46| 10,8 9,8 5,0 9,9 87,9 id. bruine. Nininininl)e pluie le matin. 712,961 41,6 9,5 5,1 9,b 86,5 id. stn. NielnNlolnt|xo 709,79] 411,4 8,2 | 3,0/| 8,9 87,0 id. stn. nixinininin 702,281 12,5 9,5 40,0 16,7 87,0 quelques éclaireics, stn. NinolnNinlst|s ne 695,15| 43,1 121 4,0-| 142,5 88,0 couvert. s | s | so | so | so | so pluiea 4h.s. 698,711 41,4 9,9 4,9 41,9 87,2 id. so | so | so | so | so| 0 704,851 17,1 40,0 | —2,0 14,6 86,9 beau, qqs CM. . . h |so| o |so)o solo 704,28| 144,2 9,3 | —2,5 41,5 88,7 beau, erst. . . . . h |so| o |so| o |so|o . , mes 704,61 14,0 9,1 4,5 9,1 88,5 éclaircies, stn. . . . hz | so | so | © | so | no | No plaie le matin et apres midi. 704,66 416,2 41,0 PES 12,1 87,5 id. xo|lxo|no|nol oo 701,48, 144,2 15,2 765 15,2 89,0 couvert. so so | so | so | so 705,48] 14,2 12,6 0,5 15,2 88,5 éclaircies sso sso| s |so|s 697,46 46,5 | 20,5 96114752 - 88,9 assez beau, CM épars. . . . hz | so| s | S | s [sos | 706,521 49,0 44,9 | —0,5 12,6 86,0 très-beau, qqs er. . . . hz | o | o [so | o |so|0 744,491 45,7 9,0 0,0 10,1 87,5 ass. beau, CMN épars. . . hz | nolono| x |ono} N |NNO | 713,871 44,9 40,4 | —0,5 14,5 86,5 très-beau, ciel pur. NININININ ï | 745,03 20,5 48,2 | —2,0 19,5 88,5 1 NE N : > , < | 714,551 24,2 42,7 | —1,5 18,1 88,0 1d. sS 15 : À 745,17| 19,2 155 151 16,7 88,5 id. Su |sRIRe | RSRIES gelée blanche D DES RE A Eu à en —— es ———— | ——| — basse du mois, loto ee ir DR | 707,02] » 43,59| 4,18] 15,02 87,66] moyennes du mois. Température la plus! éjyée id, le 8... ... 1. y 229,8. NOVEMBRE. romètre OBSERVATIONS DIVERSES. ee gelée blanche. © CO I O Cr à OI ND = légers brouillards. gelée; un peu de neige sur les hauteurs. atomes de neige la nuit, givre. pluie la nuit et presque toute la journée. pluie id. pluie id. id., Ja nuit un peu de neige. neige la nuit et le matin; dégel à midi. neige le matin. basse du mois, le 44 . . . . . . . . — O7 élevéehtuid.,; Me M 0 0. 0 . 149,6. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. NOVEMBRE , THERMOMÈTRE UDOMÈTRE. | à ETAT VENTS, Ë | romètre | E N [5 à . a. à à _ à ———— OBSERVATIONS DIVERSES. | 8 mètre DU CIEL À MIDI. n zéro. contact. | térieur.: | minima. | maxima, Puy. |Issingeaux MATIN. | MIDI. SOIR. centigr. | centigr. | centigr. | centigr. sup.| inf. sup.| inf.|sup. | inf. 11 746,81] 21,4 | 45,2 | —5,0 | 14,6 | 4,970 | 0,20 | 88,0 très-beau, ciel pur. s{ols|ols | 0! gelée blanche. 2 744,92 18,0 40,4 —5,0 14,5 » 0,20 88,0 id. S INNo| Ss INNo| s | No 51 745,25] 16,9 | 40,1 | —5,5 | 10,7 » 0,20 | 87,1 id. 050 |vnoloso|nno| no | No 41 742,06! 14,2 6,5 2,5 6,8 | 0,754 | 0,50 | 87,5 | grandes éclaircies, CMN épars. . hz | no] no | no| no | No | No 5| 709,87 de 8,1 1,0 9,2 | 9,656 | 0,20 ce couvert, stn . . . . hz |no|no|no|no| n|no 6| 715,22 ) 7,2 4,1 7,5 » » id. niwminimlinlne 7| 744,178] 14,9 6,0 4,5 7,2 | 6,045 | 0,20 85,5 assez beau, CMCR . . . . hz | x |xelnel € | Ne |ENE 81 742,57| 14,1 4,6 | —9,0 5,9 | 6,545 | 0,20 | 84,0 très-beau, ciel pur. E [ee € [ENE| E |NE | 9] 707,42] 6,8 4,0 | —6,5 4,9 » » 85,5 couvert, lég. brouillard. ono| ne |ono| NE |ono| NE| légers brouillards. 140! 708,95] 7,6 2,1 | —2,5 2,1 | 0,078 | 0,80 | 86,0 | grandeséclaircies, CMN épars. . hz | x [xx] N | N |NNolNNo! gelée; un peu de neige sur les hauteurs. 41| 708,56 6,5 5,1 | —5,ù D,411-3,074 4,51 | 86,0 légèrement couvert, stn. . . hz | o | o | o | o | Nono | atomes de neige la nuit, 121 740,20 7,0 5,1 2,1 5,2 M4,551 0,60 | 87,ù couvert, stn. . . . hz [nvolnnol N | N | N no 145! 708,22] 15,5 4,6 | —2,0 4,6 | 0,078 0,50 | 87,0 assez beau, CMN épars. . h [nvelolnin|inlx 14| 705,07 8,2 5,0 | —9,7 6,4 » 5,00 | 87,0 éclaircies, stn. . . . hz | N | N |oso |oso |oso |oso| givre. 145] 698,57] 16,2 9,5 4,0 9,6 » 25,00 | 88,0 grandes éclaircies, CMN. . hz |oso| s loso| s | so|s | 16| 687,80 94 8,6 4,5 os 1,545 Do ne couvert, stn. .. . . hz | s | s |sse|ssE | so |EsE puis ls nuit et presque toute la journée. | 171 696,90 742 D,1 1,0 ) » 2, ; couvert. so |EsE | so |ESE | so | E | pluie id. RL ; , , ; Las! 69589! 841 | 4,9 | 4,0! 4,9 | 0,958 | 5,52 | 88,5 id. sol elsolr|so| | pluie id. | 49! 697,75 6,9 2,4 0,5 2,4 » He PA Le E NE NE (ee e ae | 20| 698,73 6,0 0,0 | —2,5 0,0 » T2 ), neige fine. NE|NEÎNEINE| 8 |ne| id., Ja nuit un peu de neige. | 21 700,57 14,8 4,8 | —5,1 4,8 » 1,50 86,1 voilé par la neige suspendue. e [nel se|ne | so |ne| neige la nuit et le matin; dégel à midi. | 22 8,1 5,4 | —6,0 5,6 » 1,25 | 86,5 id, oso | o |oso|osu |osu [oso| neige le matin. [2 42,5 7,4 3, 8,2 » 1,00 | 86,5 légèrement voilé, erst. . . . hz so! s | sul se |ssol s 2 18,2 7,4 4,5 7,4 » 4,00 | 87,0 beau, CMN épars. . . . hz losol o | ol ololo 2ù 14,1 7,2 | —1,0 7,5 | 1,000 » 86,7 | légèrem. couvert, qqs éclaircies. | so | o |oso|ono| o | o | 17.8 Bees 6,9 | 7,922 | 0,54 | 85,0 beau, CMN épars. . . b|s|o|s|olnlo 6,9 0,0 | —0,1 4,0 110,500 0,20 | 87,0 couvert. Nioilnlolnin 45,1 0,2 5,5 0,2 # n 86,5 éclaircies, CMN. . . . hz | n | n [NNolNNo no] no | 7.8 6,7 | —2.,0 7,4 ; » 87,0 couvert, stn. . . . . hz | o |loxo| o |ono| o |ono | 9,4 51 0,5 5,5 » » 86,5 ass, beau, CMN épars. . . . hz | no | no | xo| No |ono|oxo ? | RO LOT PSS | i 0 « —NOCATE 5 | 86,95 Ê d ï 2,66 Température la plus jure duos Los 1206 » 5,45| —1,55 6,64 9,468 | 67,74 ? MOYENNE OURS RSS) P élevée id., le. ..... opt Us ———— —— — Val Be 5 8 5 romètre TT e à = S zéro. 11 704,55 2] 709,85 5| 712,11 41 715,67 d| 707,58 6| 698,65 TNT 01:25 8| 707,01 9] 699,29 10! 699,59 111 704,71 42] 711,27 45] 712,10 441 745,75 151 747,55 DÉGEMBRE. OBSERVATIONS DIVERSES. pluie la nuit. neige après midi. neige la nuit et le matin ; atomes l'apres-midi. neige le matin. atomes de neige la nuit. brouillard le matin. léger brouillard le matin. atomes de neige le matin et à midi. tourne au S à 40 h. m.; neige à 5 h. 8. neige la nuit et toute la journée. id. brouillard. neige la nuit et à midi. basse du mois, le 45.. , . . . . . . —90,5. JÉCOMTESS GRR +90,9 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. DÉGEMBRE Ba- THERMOMÈTRE UDOMÈTRE. ë Hygro- ETAT VENTS. Ê romètre EEE" 7 = à de ne à à eee OBSERVATIONS DIVERSES. e mètre, DU CIEL A MIDI, = séro. contact, | térieur, MATIN. MIDI. SOIR. | gemmes \ sup. inf. |sup. | inf, |aup. | inf. - 0 |oNo| « |oxo|ono|ono pluie la nuit. . minima, | maxima. | Puy. |Issingeaux centigr centigr | centigr. | centigr. 1| 704,551 15,8 9,1 | 4,8 9,9 88,2 qqs éclaircies, CMN. . hz 2] 709,85] 414,6 5,6 1,6 6,5 87,5 ass. beau, CMN épars. . . . hz | no loxo| no lono| no | No | neige après midi. 5] 712,11) - 15,8 D,Ù | —0,5 6,8 88,0 | grandes éclairoies, CMN me hz Innol n [nxol n |nnol N 4\ 715, A 9,8 6,6 | —4,0 6,7 88,1 couvert, stn. . . . hz [xnol N | nono |no|no 5| 707,38] 48,5 10; 1 5,7 87,9 très-beau, ciel pur. so | No | so |nno| so | sE 6| 698, ï 8,5 4,9 3,9 5,0 88,0 couvert, stn. . . . hz | so | s | o | o [nno|nxo 7| 701,25 6,8 2,0 | —1,9 2,0 86,0 id. N [No || neige la nuit et le matin; atomes l'apres-midi. 8| 707,01 6,0 1,8 0,0 4,9 86,5 id. NIN|nNhnue|nln… 9| 699,29 5,4 2,5 | —5,5 9,0 SE id. s | s loso| s |oso| o | neige le matin. 10! 699,59 6,5 1,4 | —2,5 4,7 87,0 id. no|xofnnolxo| N|N 111 704,74 D;2 0,4 | —1,8 0,5 86,0 couvert. NNEINNEINNE(NNEÏNNE| No atomes de neige la nuit. 12] 741,27 5,5 | —0,5 | —2,2 0,0 86,5 id. NNE| No [NxE| No | No |oNo 15] 712,10 18,6 4,6 | —9,5 2,2 86,5 assez beau, CM épars. . . h [x [no x | nono! no] brouillard le matin. 4| 745,75 7,9 5,8 0,9 6,5 87,5 couvert, stn. . . . . hz [nno| No | No | No loxo| No 15] 747, 5ù 9,0 72 4,8 7,4 87,0 id. No | No | no | No loo| No 16| 741, 9,5 7:34 —2;6 7,6 87,8 quelques éclaircies, stn. . . hz | o | vo | o |onooxo|ono léger brouillard le matin. 17| 707, 46 41,7 26 | —1,7 PAC 86,5 quelques éclaircies, CMN. . hz loxo onolonolonolonolono| atomes de neige le matin et à midi. 18! 696,69 742 3,0 | —4,1 5,2 86,0 couvert. o lonol so lsso | s | se | tourne au S à 40 h. m.; neige à 3 h.s. 19! 699,85 ON D}5 01 5:8 0,0 86,1 neige. nnelnnel nv | x Involnwol neige la nuit et toute la] journée. 20| 697,11 5,2 210112==0;0 5.5 85,9 id. xnolnxolno|nolnno|nnol id. 709,68 6,3 2,0 | —1,4 2,2 86,5 couvert, st. . . . . hz [xxo| No [NNo| No | No | No 2| 715,28| : 6,2 212 | 415 2,3 86,9 couvert. xo | no | no | no | no | no | brouillard. 25| 710,42 6,8 60-25 6,2 87,5 id, oxo| No |ono| No INNolono 24| 709,78 9,8 8,5 5,5 Bu 87,9 quelques éclaircies, CMN. . hz | no | xo | no | no oo No 25| 714,381 47,5 ANNEES 8,2 87,0 assez beau, MN. . . . hz [ono| no! o | No o | No | 741,581 15,8 57 | 2,0 8,5 88,0 beau. qqs lég. er. . . . hz | o | no | o | no | o | No 27| 709,611 12,1 6004 6.0 87,6 voilé, CMN épars. . . hz | no |rse| so | No | No | No L 28| 708,80 7,0 DOM 68 3,0 86,1 neige. N{wolnlvolnlnl neige la nuit et à midi. 29! 716.04 6,0 0,0 | —5,2 0,5 86,0 quelques éclaircies, CMN.. . BI N|NINININI|n 50 719,41] 48,0 05 57 1,0 86,0 beau, quelques rares em. . he] x | NO |NNEÏNNOÏNNE|NNO 51 747,98 6,2 28 471 5,5 86,0 légèrement couvert, stn. . hz | n no] N|no}n|xo EEE eh à 1 ; Del basse du mois, le 13... . . . . . . —90,5. | 708,55 De D a M Re ES M RE me US 5,75] —2,59| 4,5 86,96 |moyennes du mois. Température la plus! fovée id, le 4... ! “ge. LISTE DES OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ PENDANT L'ANNÉE 1854, Par M. RIVIER, agent-comptable de la Société. Annales agricoles de la Société académique de Saint-Quentin, 1851-1852. Annales archéologiques, publiées par M. Didron, 1855. Annales de la Société académique de Nantes, 1853. Annales de la Société d'agriculture d’Indre-et-Loire, 1852-1855. Annales de la Société d'agriculture de la Gironde, 2° trimestre 1854. Annales de la Société d’émulation du département des Vosges, 1855. Annales scientifiques de l'Auvergne, 1853. Annuaire de lhorticulteur nantais et des départe- ments de l’ouest, année 1854. TOME XIX. 42 602 OUVRAGES REÇUS Annuaire de l’Institut des provinces et des Congrès scientifiques, 1854. Annuaire des cinq départements de l’ancienne Nor- mandie, année 1854. Archives de la Haute-Loire, rapport fait par M. Ay- mard, archiviste ; cahier in-8°. Archives de physiologie, de thérapeutique et d’hy- giène, numéro 1°, janvier 1854. Bon (le) Jardinier, almanach de 1854. Budget départemental de la Haute-Loire, exer- cice 1854. Bulleun agricole du département de la Lozère, 1853-1854. | Bulletin agricole du Puy-de-Dôme, 1853-1854. Bulletin bibliographique de l’Institut des provinces de France, décembre 1853. Bulletin de l’Athénée de Beauvoisis, 2° semestre 1855. Bulletin de la Société académique de Laon, t. 11. Bulletin de la Société d'agriculture du département du Cher, t. 1x, 56° et 58° livraison. Bulletin de la Société d'agriculture de la Sarthe, 1852-1855. Bulletin de la Société archéologique et historique de Soissons, t. vI. Bulletin de la Société d’archéologie lorraine, t. 1v, 1" partie, 1854. Bulletin de la Société d'agriculture et d’horticulture de Vaucluse, t. 111, 2° à 8° livraison. EN 1854. 603 Bulletin de la Société d'agriculture de Poitiers, 1853. Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de Lille, t. x1, 5° livraison. Bulletin de la Société centrale d'agriculture et des comices agricoles du département de l'Hérault, mars et avril 1854. Bulletin de la Société centrale d’horticulture de la Seine-Inférieure, t. v, 4"° et 2 livraison. Bulletin de la Société d’horticulture de l'Aube, 1" et 2° livraison. Bulletin de la Société d’émulation de l'Allier, janvier, juin et août 1854. Bulletin de la Société impériale d’horticulture de la Seine, 1854. Bulletin de la Société d’horticulture de la Sarthe, 5° livraison. Bulletin de la Société libre d’émulation de Rouen, 1855-1854. Bulletin historique de la Société des antiquaires de la Morinie, 1855, 5° livraison. 7 Bulletin de la Société industrielle d'Angers, 2° série, 4° livraison. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, de 122° à 127° livraison. Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, 4° trimestre 1855 et 2° trimestre 1854. Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, 1855-1854. Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1854. 604 OUVRAGES REÇUS Bulletin de la Société des sciences naturelles de Saint-Etienne, 1854. Bulletin des Comités de la langue, de l’histoire et des arts de Ja France, t. 1, 1853-1854. Bulletin des Comices agricoles de l'arrondissement de Saint-Quentin, t. 1, 1855. Bulletin du Cercle pratique d’horticulture et de bo- tanique de l'arrondissement du Havre, 1" et2* livr. Bulletin du Comice agricole de larrondissement d’Alais, 1854. Bulletin des Comités historiques des sciences et arts, 1854. Bulletin des séances de la Société impériale et cen- trale d'agriculture, t. 1x, 1854. Bulletin mensuel de la Société zoologique d’acclima- tation, 1894. Bulletin des Sociétés savantes, t. 1, 1854. Bulletin du Comité de la langue de France, 1853. Bulletin monumental, t. xIx, 8° livraison, et t. xx, {re à 7° livraison. Bulletin semestriel de Ja Société des sciences, belles- lettres et arts du Var, 2° année, n° 2. Compte-rendu de la séance publique tenue par la Société d'agriculture, des sciences et arts de Bou- logne-sur-Mer le 29 octobre 1855. Compte-rendu des recettes et dépenses du départe- ment de la Haute-Loire, année 1852. Compte-rendu des travaux de l'académie du Gard, août 1854. EN 1854. 605 Compte-rendu des travaux de la Société d'agriculture de l’arrondissement de Grenoble, 1853. Compte-rendu des travaux de la Société de médecine de Nantes, années 1850-1859. Compte-rendu du Congrès scientifique de France, 2 vol. in-8°, 185. Description du musée lapidaire de la ville de Lyon, brochure in-4°, par M. Comarmond, conservateur des musées d'archéologie de cette ville. Des institutions du crédit foncier et agricole dans les divers Etats de l’Europe, 1 vol. in-8°, par M. J.-B. Jousseau. Donné à la Société par M. le Ministre de l'agriculture. Distribution de médailles en Algérie, le 7 août 1854. Cahier in-8”°. Essai sur la multiplication des poissons, cahier in-8°, par M. Comarmond, 1854. Etudes sur la race mérinos, publiées par la Société impériale et centrale d'agriculture. 1 vol. in-8°. Donné par M. le Ministre de l’agriculture. Etudes sur les colonies agricoles des mendiants, en Hollande, en Suisse, en Belgique et en France, 4 vol. in-8°, par de Lurieu et Bereau. Donné par M. le Ministre de l’agriculture. Exposé des travaux de la Société des sciences médi- cales de la Moselle, 1855. Extrait des délibérations de la chambre de commerce de Saint-Etienne sur le chemin de fer de Lyon à Bordeaux, cahier in-8°, 1854. 606 OUVRAGES REÇUS Extrait du Bulletin de la Société d’agriculture de Poitiers, du mois d'août 1854, sur la culture, le produit et l'emploi du topinambour, 15 cahiers in-8°. Donné par M. le Ministre de l’agriculture. Extrait du nobiliaire de Belgique, t. u, 1” livraison. Histoire de saint Vincent de Paul, 1 vol. in-8°, par M. l'abbé Maitrias, chanoine honoraire de Moulins, membre non résidant de la Société académique du Puy. Journal de la Société d'archéologie et du Comité du musée lorrain, 2° année, 8°, 11°, 12°, 15°, 14 et 45° livraison. Journal de la Société de la morale chrétienne, t. 1v, 4° à 5° numéro. Le Bon cultivateur de Nancy, 1853-1854. Lettre à M. le docteur C. Montagne, par M. Charles Desmoulins, cahier in-8°, 1854. Mémoires de l'académie des sciences, arts et belles- lettres de Dijon, 1852-1855. Mémoires de l'académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 4° série, fo HIS Mémoires de l'académie du Gard, 1855. Mémoires de l’académie impériale de Metz, 1852- 1855, 1° er 2° partie. Mémoire sur la Clycerine et ses applications, bro- chure in-8°, par M. Cap. Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences et EN 1854. 607 des arts du département de l'Aube, t. v, 2° série, 1% et 2° trimestre 1854. Mémoires de la Société impériale d'agriculture de Douai, t. n, 1852-1855. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, 2e série, t. 11. Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chàlons-sur-Saône, t. 1, 1" partie. Mémoires de la Société des sciences morales, des lettres et des arts du dép. de Seine-et-Oise, t. 11. Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, 1854. Mémoires de la Société philomatique de Verdun, 1. v, 1855. Note sur une espèce nouvelle d'oiseaux d’Algérie, cahier in-8°. Notice sur les Béates de la Haute-Loire, cahier in-8°, par M. Dunglas, recteur d'académie. Notice sur les distilleries agricoles de betteraves et autres plantes, cahier in-8”. Notice sur la fabrication des alcools, cahier in-8”, par M. Dubrunfaut. Notice sur les races d'animaux domestiques en Al- gérie, cahier in-8°, par M. Mercier, de l'Eure. Donné par M. le Ministre de l’agriculture. Nutrition (la) des végétaux, brochure in-8°, par M. Fraisse, pharmacien, 1854. Nouvelles observations sur la culture de la pomme de terre, broch. in-8”°. 608 OUVRAGES REÇUS Piseiculture de la truite, cahier in-8°, par M. Comar- mond, 1854. Principes généraux sur l'amélioration des races de chevaux et autres animaux domestiques, à l’usage des écoles d'agriculture et de l’armée ; brochure in-8°, par M. A. Richond, du Cantal. Donné par M. le Ministre de l’agriculture. Procès-verbaux du Conseil général de la Haute-Loire, session de 1853-1854. Programme du concours d'animaux de boucherie tenu à Bordeaux, Lyon, Lille et Poissy en 1850. Donné par M. le Ministre de l’agriculture. Programme du concours d'animaux reproducteurs mâles, d'instruments, etc., tenu à Versailles du 8 au 18 octobre 1850. Donné par M. le Ministre de l’agriculture. Programme des prix proposés par la Société indus- trielle de Mulhouse, 1854. Programme de la séance publique de l’académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, tenue le 12 janvier 1854. Publications agricoles et horticoles de la Société im- périale et centrale du département du Nord, séant à Douai, années 1851, 1852, 1855 et 1854. Publications de la Société agricole, scientifique et commerciale des Pyrénées-Orientales, t. 1x, 1853. Publications de la Société francaise d’aéronautique et de géographie, 1854. EN 1854. 609 Publications de la Société géologique de Berlin, de décembre 1848 à juillet 1855. Publications de la Société pour la recherche ét la conservation des monuments historiques dans le grand-duché du Luxembourg, année 1851. Rapport présenté au Comice agricole de Brioude par M. Dumont, membre du Comice, cahier in-8°, 1854. Rapport sur la production et l'emploi du sel en An- gleterre, 1 vol. in-8°, par M. Milne Edwards. Donné par M. le Ministre de l’agriculture. Rapport sur un recueil de fables, contes, ete., cahier in-8°, par M. Derbugny. Recueil des actes de l’académie des sciences, belles- lettres et arts de Bordeaux, 1855, 1%, 2°, 3° et 4° trimestre. Recueil des actes administratifs de la Haute-Loire, 1854. Résumé des travaux de la Société nantaise d’horti- culture, du 16 octobre 1849 au 7 novembre 1852. Revue agricole, industrielle et littéraire du Nord, nb et 61853, et 7,6, 9, 10, 11, 12, 13 et 44 1854. Revue des beaux-arts, 24° année, 17°, 2°, 5°, 4°, 5°, O7, 8019207, 11°, 127459 14,15" >16" 107, 18°, 19°, 20° et 21° livraison. Séance générale du Congrès archéologique de France tenue en 1855, 1 vol. in-8°. 610 OUVRAGES REÇUS EN 1854. Séance publique annuelle de l'académie des sciences du 25 juin 1853. Séance publique d’hiver de la Société linnéenne de Bordeaux, 1854. Séance publique de la Société d’archéologie de Bé- ziers, tenue le 25 mai 1854, cahier in-8°. Séance publique de la Société d'agriculture du dé- partement de la Marne, tenue en 1853. Séance semestrielle de la Société d'agriculture de Boulogne-sur-Mer, tenue le 18 mars 1854. Suppression des disettes par l'impôt, cahier in-8°. Vigne (maladie de la). Mémoire de M. le docteur Martin, d'Avignon, cahier in-8°, 1854. Vigne (la) remplacée par la betterave, la pomme de terre, cahier in-8°, par M. Dubrunfaut. ——— 7 ——- MERCURIALES DE LA AAUTE-LOIQG. Employé à la préfecture. 1854. 612 MERCURIALES, JANVIER ET FÉVRIER. MARCHÉS PRODUITS. DE D'YSSIN- BRIOUDE| GEAUX. nu fr. c. froment, d 44|29 5012 céréales méteil, À dE Le V’hect seigle : r 49123 » 20 [l'hect.] orge, 148 40117 1218 avoine ’ é 05 10 11 PRIX MOYEN légumes | pois , ee 27 pour le mois [l'hect.] lentilles, 87 haricots 92 de 4 JANVIER. bœuf, vache, viandes re veau, [le kil.] mouton, \porc, froment, céréales méteil , [lhect.] seigle, orge, ayoine , | pois, légumes ; : e ; ; lentilles > 14: | 2 l’hect. PR FEVRIER. Dire ele pommes de terre[l’hect.] vache , veau , mouton , porc, viandes [le kil.] jure à D D 1 = + IÙ D 1 MERCURIALES. 613 MARS ET AVRIL, MARCHÉS mn, fl DE D'YSSIN- PRODUITS. DU PUY. | (PAGUNE GEAUX. ee fr. ce | fre cire _froment, 28 5227 87 27 61 réal méteil , 25 22| » » » » peut à (seigle ; 20 41722 6220 55 Bhect-]} ee 19 BS1AS 5719 09 avoine , 14 96140 6211 85 PRIX MOYEN 170 | pois , 26 » I | | » » pour le mois Abe ti] lentilles, [46 25) » » | » » d haricots, 99 d0| ER En ENT e MARS. pommes de terre [lhect,. ] 6 65,» » | » » bœuf, » » | » 80 » 90 and vache, 4 415 » 80 » SO UE * veau , 4 45 » 80 » 90] Ge ile] } Souton ; 1525)/4. 5, » (90 \porc , 1 40,4 40, » 90 GE | fr. c.| fr. cl fr. c froment, |28 5525 SS|28 40 L'céréal méteil , 24 42] 5 » |» » Pheot 1 | Sigles 20 88/21 87/21 53| [PReët:] | orge, 18 9518 » (19 10 ‘avoine, 44 » MO 2512 Où] lé | po is , 26 allo hu» SH AIDES le ntilles , 46 25| » » » » LE d Reg fe] 1} haricots, (53 D0| » » » » pommesdeterre[l’hect ]| 6 82] » » |» » bœuf , DU) » 80| 14 20 x vache, 4 05| » 80! » 90 viandes veau , 4 05| » 80| » 90 [le kil.] mouton , 4 20] 1 20/4 » \porc, 4 40/1 40! » » 614 MERCURIALES. MAI ET JUIN. MARCHÉS PRODUITS. av * ae HE se) DE | D'YSSIN- BRIOUDE GEAUX. fr. c\fr crc: ! froment, 50 66127 37/27 95 | méteil , 28 05] » » | » » En) seigle 24 55125 S724 97 orge, 21 63518 88, » ) avoinë! 10 7510 2512 05 Es A lue ois , 27,011» 2» » 2 pour le mois [Phect.] 1 ] fée : 2240090 » » » de | haricots, DA DO DE». MAI. pommes deterre[l'hect.]| 8% 08} » » | » » | bœuf, ». » [M 45] » : vache »: 871 4 45 » 90 le I] veau, »n 1974 45l» 90 ‘1 | mouton, 4 10,1 40, » 90 pore , 4 50, 4 50, » » l EEE fc fr CAE TC: / froment, 50 9527 50/28 60 PE méteil 28.261) » » » He seigle |25 78/25 75/25 41 - l'orge, 20 92148 75122 » avoine , 10 5910 25112 Où lésumes pois , 26, 2h lb var 0» : À lentilles 59.170 » NY z » N. l À . ? : JUIN (hest:] (haricots, 320050», vpn » pommes de terre[l’hect.]| 8 66|» » nie bœuf, » 2.1 4. 101 : » vache, ». 90| 4 10] » 90 le là : ] veau, 4: » | 4 10! » 90 ‘7 | mouton, 4 20) 3 40] » 90 | porc, 4 50/4 50! » » MERCURIALES, JUILLET ET AOÛT, PRODUITS. D PRIX MOYEN pour le mois de JUILLET. froment, méteil , seigle , | orge, avoine, céréales [Phect.] légumes | POS [l'hect.] lentilles , haricots, pommes deterre[lhect.]| 8 bœuf, Ê vache viandes [le kil.3 ) "0 > mouton , pore , froment , jo méteil , céréales Fe seigle , [Phect.] orge, avoine , pois, lentilles , haricots, légumes [(L'hect.] pommesde terre[lhect.] bœuf , vache , veau , mouton, porc, viandes [le kil.] . € fr. c. s1 28 48| » 84 124 48 19 1210 D'YSSIN- BRIOUDE GEAUX. ne DS 28 fr. c. 6u 616 MEREURIALES. SEPTEMBRE ET OCTOBRE. MARCHÉS PRODUITS. DU PUY. BRIOUDE| GEAU x { froment, céréales | je [l'hect.] | sie $ ONE avoine, PRIX MOYEN lé | pois pour. le mois [hect.] lentilles , ge | haricots, SEPTEMBRE. [pommes deterre[l’hect.] bœuf, viandes sa 5 [le kil.] monion ; porc, NS ————___ froment, , méteil céréales ? l’hect. seigle , Piheck:] orge , Vavoine , lécumes | po pois , { lentilles, { haricots, pommes de terre[l’hect.]| ZuuSt| » » { bœuf, p »il» » 90 vache, » 85] » 90! » 90 OCTOBRE. | (l ’hect. ] 617 MERCURIALES, NOVEMBRE ET DÉCEMBRE. MARCHÉS PRODUITS. froment, pur mé céréales } ” teil, [Phect.]} sigle, orge . avoine , PRIX MOYEN ia légumes POIs pour le mois D 7 (lentilles ra Le al haricots. NOVEMBRE. fpommesdeterre [Phect.] bœuf, : vache viandes he, I 1 El ete mouton, porc, froment, | céréales méteil , 2} » (l'hect.] seigle, orge, avoine , pois, lentilles, haricots, légumes DECEMBRE. /[lhect.] pommesde terre[l’hect.] {bœuf , viandes vache , [le kil} | T0» mouton , porc, TOME XIX. 43 Etats dressés par le même, et présentant : 19 le résultat des expériences faites en décembre 1855, dans le département, pour constater le poids légal des « grains de la méme année; 2° la conte- nance en litres et décilitres du quintal métrique de ces grains : SEIGLE. Lo FROMENT. MERCURIALES. 618 dre qualité. 2e qualité. 3e rs À Poidy moyen de Poids moyen de contenance moyenne du quinta en litres contenance moyenre du quintal en litres contenance moyenne du quintal en litres moyen Poids —— | | de | dre qualité. A | Poids {contenance | moyen | moyenne du quintal de en litres 2e qualité. RE contenance moyenne du quintal en litres 3e qualité. a Poids moyen de Vhectolitre et décilitr.|l’hectolitre|et décilitr. |hectolitre et décilitr.|lhectolitre | et décilitr. FPhectolitre et décilitr. |l’hectolitre litres, 456 6 litres, 450 5 | 75 050 kilog. 75 554 litres. 425 4 kilog. 713 876 | | 1 | litres. 158 kilog. 75 100 kilog. litres. 70 555| 145 kilog. 790 RE — contenance moyenne du quintal en litres et décilitr. A —_—_—_—_]— —]—]_] —_—_]_]————————”——”——————"”—"”—"”————"”"—’”"”"’"—”…”…”…”"”…"”…”….…_.’-_ - ORGE. litres. 172 2 kilog. litres. kilog. litres. 65 456| 155 8 | 62 580| 165 kilog. 60 » ———_—————————— litres. 198 8 kilog. d1 566 AVOINE. litres. 249 2 kilog. 46 802 kileg. 45 547 ——————— -——— litres. 257 9 Ce — TABLE. Pages. RÉSOMÉLDES SÉANCES: -cudeisinte Bis 98e Salt à) 6 Janvier... ssimrbnu sit Srelums b) AONFEVrICD a PR Len Leeeut. 28 PRANTI e s Ch eee 48 DEMa le RRERDR tas senc cn es ee ot 72 ATUIDs st rss ae De ae SORA 115 Uillet see SE diront 146 ARAOUL. OR ARE de sonne ee 195 ADANovemDre ee. nt. re 259 MA DECEMOTE ET manne eee ce 290 Considérations sur la propriété communale et les biens dits communaux, par M. Frout de Ébnipertuisys.. MA TRE... 555) Du pain, par M. le docteur Borie.........., 987 620 TABLE. Catalogue des insectes coléoptères du départe- ment de la Haute-Loire, par M. J. Pradier.. Notice géologique sur le cratère de Coupet et sur son gisement de gemmes et d’ossements fossiles, par M: JSDorlhac#%. "46.2. Documents sur la seigneurie et le château de Merqueure, par M. L. de Vinols...,...... Esquisse des montagnes. Les paysages et le montagnard du Mezene ; par M. Ch. C. de bofayette. 2.7 PONIBERSE AR eee De l’usage de la viande de cheval dans la nourriture de l’homme, par M. le docteur Bories ei PR LOL PRES Tableau des observations météorologiques faites au Puy, à midi, par M. Azéma............ Ouvrages reçus par la Société en 1854... Mercuriales de la Haute-Loire, par M. Alle- mand, employé à la préfecture........... 459 EEE CONCOURS Et expositions de produits agricoles, indus- triels et artistiques, au Musée, à l’occa- sion du Congrès scientifique de France. + ———— AGRICULTURE {1}. MEILLEURE TENUE DES EXPLOITATIONS AGRICOLES. A MM. Jean - Gabriel - Isidore Olivier, propriétaire à Chassa- gnon, commune de Mazeyrat-Chrispinhac, — Mé- daille d’or petit module. Gilles Chanial, propriétaire et maire à Nirande, com- mune de Cayres, — Médaille d'argent grand mo- dule. (4) Un certain nombre d’agriculteurs, qui n'avaient pas envoyé, avec leurs demandes, les attestations et pièces justificatives prescri- tes par le programme, n’ont pas été admis à concourir. Ils pourront renouveler leurs demandes pour le prochain concours en se confor- mant au programme, | 19 | FOURRAGES ARTIFICIELS, A MM. Claude Doniol de Barlières, propriétaire à Barlières, commune de Bournoncle-St-Pierre. — Rappel de médaille d’or. Gilles Chanial, propriétaire et maire à Nirande. — Rap- pel de médaille d'argent et de primes. Antoine Liabœuf, propriétaire et maire à St-Pierre- Salettes.— Médaille d'argent petit module. Régis Lhermet, fermier à Jagonnas, commune de Rau- ret.—Médaille d'argent petit module. Marion Breysse, à Barret, commune de Sanssac. — Médaille d'argent petit module. Boyer, propriétaire et notaire à St-Jean-de-Nay. — Mé- daille de bronze. ; Joseph Durand, propriétaire et maire à Rauret. — Mé- daille de bronze. Honoré Boudoul, propriétaire à Beaune, commune de St-Etienne-du-Vigan. — Médaille de, bronze. Pierre Roiron, propriétaire à Mézères. — Médaille de bronze. Célestin Portal, propriétaire à Beaulieu, — Médaille de bronze. DÉFONCEMENTS. A MM. Joseph-Prosper Philip, maire et propriétaire à St-Pau- lien. Défoncements, drainage et mise en culture de vastes terrains communaux jusqu'alors improductifs. — Médaille d’or petit module. —) — Jean-Pierre Paillet, propriétaire à Ousney, commu- ne de Raucoules.—Rappel de médaille et de prime. J.-Claude Gimbert, propriétaire à Laprade, commu- ne du Monastier, — Médaille de bronze et prime de 20 fr. Augustin Crouzet, propriétaire à St-Arcons-d’Allier. — Médaille de bronze. DRAINAGE, À M. Alirol-Arnaud, maître d'hôtel au Puy ét propriétaire à Salin, commune de St-Germain-Laprade, — Médaille d'argent petit module. REBOISEMENT. À MM. Chantemesse , brigadier-forestier à Saugues. — Mé- daille d'argent petit module et prime de 20 francs. Cubizolles , régisseur de la forêt de la Tennezaire, com- mune de Nozeyrolles,— Médaille d'argent petit mo- dule. Adolphe Labretoigne-Lavalette, à la Besseyre-St-Mary. — Médaille d'argent petit module. Louis Arnaud, à Montcouroux, commune de St-Germain- Laprade, — Médaille de bronze. Frédérie Renaud, à Baudéac, commune des Vastres. — Médaille de bronze. Jean-Pierre Ferrier, à Crochet, commune des Vastres. — Mention honorable. . MACHINES A BATTRE LE BLÉ. A M. Jean-Pierre Garnier, propriétaire à la Marade, commune de Lissac.— Prime de 100 fr. La Société regrette de ne pouvoir allouer la prime in- diquée dans le programme à M. Blanc-Roussel , de Brioude, pour l'introduction d’une machine locomo- bile à vapeur destinée au battage public à prix ré- duit. Cet entrepreneur n’a pas fourni les renseigne- ments suffisants sur les conditions d'établissement de la machine ; il pourra être admis au prochain concours. SERVITEURS ET SERVANTES DE FERME ayant servi leurs maîtres le plus longtemps et avec le plus de zèle, de dé- voüment et d'intelligence. Nora. Un certain nombre de demandes n’ont pas été admises, parce qu’elles ne s’appliquaient pas à des domestiques ruraux ; d’autres domestiques n'avaient pas un nombre suffisant d'années de service. A MM. Jean-Pierre Narce, à Fix-St-Geneyx.—Médaille de bronze et prime de 95 fr. Jean-Pierre Paulin, à Yssingeaux., — Médaille de bronze et prime de 25 fr. Mile Dorothée Chanal, à Laussonne. — Médaille de bronze et prime de 95 fr. Mile Cécile Chabanel , à Saugues. — Médaille de bronze et prime de 20 fr. ———— - — —— 2, RS Mile Rose Dumas, à Chambillac, commune de Roche-en- Régnier. — Médaille de bronze et prime de 20 fr. Les époux Augustin Dumas et Rose Quinqueton , fem- me Dumas, à Vaunac, commune d'Yssingeaux. — Médaille de bronze et prime de 30 fr. Marianne Genest, à Villelonge, commune des Vastres, — Médaille de bronze et prime de 20 fr. ENSEIGNEMENT AGRICOLE. Instituleurs primaires qui se sont distingués dans l'enseignement de l’agriculture élémentaire. A MM. Jean-Baptiste Peyrolier , à Vals-près-le-Puy. — Ecole d'adultes ; conférences agricoles ; — Médaille d'argent moyen module et prime de 25 fr. Antoine Bonnet, au Monastier. — Médaille d'argent moyen module et prime de 25 fr. Jean-Baptiste Broc, à Chomelix. — Médaille d'argent moyen module et prime de 25 fr. Auguste Charreyre, à Taulhac., — Médaille d'argent petit module et prime de 20 fr. Gilbert Clémensat, à Raucoules, — Rappel de médaille d'argent et de prime. Jean-Joseph Aurand, à Tiranges. — Médaille d'argent petit module et prime de 20 fr. Hyacinthe Montchamp, à Rosières. — Rappel de mé- daille d'argent et de prime. Jean-Baptiste Ambert, à St-Julien-Molhesabate, — Mé- daille de bronze et prime de 15 fr. 6 — Jean-Alphonse Demeure, à Montregard. — Médaille de bronze et prime de 15 fr. Nora. Les prix décernés aux élèves de la ferme-école seront pu- bliés ultérieurement. CONCOURS ET EXPOSITIONS AU MUSÉE À L'OCCASION DU CONGRÈS SCIENTIFIQUE. INSTRUMENTS ET PRODUITS AGRICOLES, Le jury a voté des remerciements à plusieurs membres résidants, non résidants et correspondants qui ont bien voulu répondre à l'appel de la Société, en envoyant à l'exposition des produits et des instruments de tous gen- res, usités dans le département ou nouvellement intro- duits. Il adresse en particulier des félicitations : À M. Baptiste Chouvon, directeur de la ferme-école de Nolhac, pour sa belle et nombreuse exposition des objets suivants : instruments divers usités dans le pays, batteuse à manège de Lotz ainé, et herse de Valcourt, extirpateur, rayonneur , faulx à moisson- ner (dite & rételier), sonde pour les terrains, barate de Holstein, ruche de Beauvais, sonde œsophagienne, trois-quarts, soufflet propre à soufrer la vigne atteinte de l’oïidium, et enfin collection de plantes fourragères (carottes, betteraves, etc.), et de céréales, légumineuses et oléagineuses des environs du Puy, tels que froment blanc, seigle, orge, avoine, fèverolles, lentilles, pois blancs, vesces, jarousses, gesses, colza, et de diverses Be"), SEE espèces de blés étrangers, blé Doniol, blé anglais, etc., en grains et en gerbes ; A M. Claude Doniol, de Barlières, pour de belles gerbes de froment d'Odessa, froment gros blanc russe (froment Doniol), froment rouge d'Ecosse , froment anglais (talaveyra), froment anglais (hickling). A M. Couguet, propriétaire à Fontaride, commune de Mercœur. — Deux spécimens de froment cultivé par lui dans cette localité : l'engrin double semé en octo- bre et le trimenia barbu semé en mars. AM. le marquis de Ruolz, propriétare à Alleret. — Froment gros blanc russe, seigle de Gap précoce, fèves de Toker, cameline. À M. Auguste Chorand, propriétaire à Talobre, — Gerbe de froment rouge. Et à M. James Dubois, propriétaire à Pranlary, près Vals. — Divers instruments agricoles et pommes de terre circassiennes. Le jury remercie également : MM. Berger, aumoônier à St-Ferréol-d'Auroure, pour de beaux spécimens de grains de froment rouge. Alphonse Richard , propriétaire au Puy. — Gerbe de froment d'Egypte. Auguste Forestier, traiteur au Puy, propriétaire aux Estreits. — Froment du pays. Edmond Bos, propriétaire au Puy. — Mais blanc. Jean Delolme , propriétaire à Solignac-sur-Loire, — Fèverolles, Ro. Truchet frères, propriétaires à Chadrac. — Carottes et betteraves. Jean Dumas, jardinier à Estrouilhas, — Carottes et pommes de terre d'espèces variées. Baptiste Biscarrat, au Puy. — Carottes à collet vert. Laurent Redon, fabricant de charrues à Vals-près-le- Puy. — Araire bien confectionné. Le Jury décerne les prix suivants: A MM. Augustin Exbrayat, fabricant de vannoirs au Puy, pour un vannoir perfectionné. —- Médaille d'argent petit module et prime de 10 fr. Auguste Forestier, traiteur au Puy, propriétaire aux Estreits. — Carottes et betteraves, — Mention hono- rable. | Félix Saby, propriétaire au Puy.—Beaux spécimens de garance. — Mention honorable. Cocons et soies. Le Jury a voté des félicitations aux exposants dont les noms suivent : MM. Henry Vinay, avocat et propriétaire à Corsac, commune de Brives-Charensac. — Exposition de cocons blancs sina, et de soie de belle qualité. Jean Perret, propriétaire et maire à Vieille-Brioude. — Groupe de cocons sina et écheveaux de belles soies ‘éducation des années 1854 et 1855). Gourd-Soulage, propriétaire à Langeac. — Cocons sina de qualité supérieure. Alexandre Rouvière, propriétaire au Puy. — Groupe de cocons jaunes sina et soies. Auguste Chas-Plantin, au Puy. — Cocons sina et soie jaune. Léon La Batie, propriétaire à Vorey. — Soies de belle qualité. Mie Marie Érard , au Puy, — Soies jaunes. Les Dames de l'institution du Bon-Pasteur, au Puy. — Soies jaunes. Légumes. A MM. Pierre Gimbert, jardinier maraicher au Puy.—Exposition de choux, potirons et pommes de terre. Ce jardinier se recommande aussi par une culture maraichère bien entendue. — Médaille de bronze. Viannenc Terrasse, jardimier au Puy. — Potiron. — Se recommande également par les soins qu'il apporte à la culture. — Médaille de bronze. Matthieu Viannene, jardinier au Puy.—Choux du Cantal, choux dits de Milan, oignons, chicorée, eéleri.— Men- tion honorable. Pierre Gratuze, jardinier au Puy.— Oignons.— Admis- sion à l'Exposition. Antoine Gory, jardinier au Puy. — Poirées à larges côtes. — Admission à l'Exposition. Louis Avinenc, jardinier à Vals. — Potirons. — Ad- mission à l'Exposition. MAO Dominique Noël, jardinier au Puy.—Courges.— Admis- sion à l'Exposition. Fruits. A MM. Gérenton-Lassagne, propriétaire au Puy. — Très-grosses prunes dites Monsieur. — Mention honorable. Mazaudier-Gazanion , propriétaire à Vals. — Groseilles- cerises conservées en flacon, — Mention honorable. L'Exposition présentait aussi divers fruits rares, entre autres ceux du pirus japonicus, exposés par M. de Brive, président de la Société d'agriculture. Fleurs et objets d'horticulture. Des félicitations ont été votées à MM. Baptiste Chouvon, direeteur de la ferme école; docteur Martel , membre résidant ; Gory, du Puy; Pabbé Pradier, du Puy; Lalauze , avoué au Puy; Claude Rivet, employé à l’oc- troi, ete. — Pour exposition de collections variées de fleurs, instruments horticoles , etc. Les prix suivants ont été décernés : 1er Prix. — Médaille d'argent de 20 fr. A MM. Antoine Delaigue, jardinier-fleuriste, au Pont-Neuf, commune d'Aiguilhe. — Exposition très-variée de ver- veines obtenues par semis, de petunia, phlox dru- mondii, ete., modèle de chaumière en bois rustique du pays: 7 de Edme Bonnet père, jardinier-fleuriste au Puy. — Collec- tion des fleurs suivantes, coupées ou en vases : variétés de coreopsis, fuchsia, geranium , calceolaria , cine- raria, bhéliotropes, dahlia, dhianthus, abutilon, alanthe molis, amomum , bleome pungens , eupa- toria , bruyères, mufflier, anthirinum, grande diversité de reines-marguerites , véroniques variées , statice pseudo-armeria , mimmosa alata , pimelea decussata, timelea des Alpes, immortelles variées, sèneçons variés, pinstemum, medela asparoïdes, grande variété de roses {surtout à fleurs remontantes). LL Ces jardiniers se sont distingués également par leur goût intel- ligent dans le tracé des jardins paysagers et autres. 2° Prix. — Médaille d'argent de 15 fr. MM. Jean Avit, jardinier-fleuriste à Brives-Charensac. — Rei- nes-marguerites pyramidales variées, verveines blan- ches odorantes, draco cephalum nain, variétés de pins- temum, variétés de fuchsia, phlox de Drumond, agapan- the, glayeuls, daphné, petunia à fleurs doubles , collection de plantes grasses. Pierre Mauga, jardinier-fleuriste au Puy, avenue de Taulhac. — Plante d’hortensia couverte de 80 fleurs, variétés de phlox, de verveines, de fuchsia, de reines- marguerites, de dalhia, agapanthe , delphinium , pe- Lunia à fleurs rouges, pinstemum, salvia cardinalis, basilic à grandes feuilles, zinia, phlox drumondii, æillets-poètes. 3° prix. — Médaille de bronze. À M. Jean Dumas, jardinier à Estrouilhas-Saint-Marcel. Fuchsia variés, acacia glauca, geranium variés, verveines, héliotro- pes (2 variétés), abrautamus, polygala mirtifolia, salvia cardinalis, myrthe à fleurs doubles, tristania, rigonia barteriame, abutilon, escolomia rubra. Quelques-unes de ces fleurs ont été cultivées par l’exposant dans le jardin de M. Lalauze. Jardinière en bois rustique, garnie de fleurs coupées; guéridon de jardin également en bois rustique du pays. 4° prix. — Médaille de bronze. À M. Pierre Philibert, domestique chez M. Arnaud, docteur- médecin au Puy. Variétés de reines-marguerites, coreopsis nains, pelunia , sèneçon élégant, cantua rubra, œillets d'Inde; variétés de geranium, de fuchsia, de verveines, immortelles violettes. PRODUITS INDUSTRIELS, Dentelles. Cinq des plus notables fabricants de dentelles avaient bien voulu, sur l'invitation de la Société, se charger de mettre sous les yeux du Congrès une riche et com- plète exposition des articles divers que la fabrique du Puy livre journellement à la vente , ou qui ont été con- tte — 135 — fectionnés à différentes époques. Il eût été difhcile, pour le jury, de classer dans un ordre de mérite ces produits industriels, on pourrait même dire artistiques, qui, par leur excellente fabrication, le choix et le bon goût des dessins, attestent, dans leur ensemble, le ni- veau élevé que cette importante industrie a atteint dans la Haute-Loire, 11 se borne done à exprimer aux expo- sants ses reconnaissantes félicitations pour leur active et intelligente coopération au progrès d’une industrie qui fait l'honneur et la fortune du pays. Ces exposants sont, dans l’ordre alphabétique de leurs noms : Mile Balme Céline. — Dentelles, blondes rehaussées de fils d’or et d'argent, guipures blanches et noires, blon- des de toutes largeurs, voilettes du même genre, man- telets en dentelles noires. M. Falcon, Théodore.—Riche collection d'échantillons de dentelles blanches, en lin, qu'il a fabriquées de 1838 à 1845. Mlle Julien, Marguerite. — Diverses coupes de dentelles en alençon noir, parmi lesquelles on remarquait des volants, voilettes, ete,, et, de plus, une collection com- plète de guipures noires de diverses largeurs. M. Robert, Régis. — Dentelles en alençon noir , tels que deux pointes, une écharpe, deux voilettes, trois fan- chons, deux barbes, plusieurs volants et deux cols en guipures blanches. M, Seguin, Joseph.— Pointe en dentelles alençon noir, mantelet en guipures noires, diverses dentelles en gui- pures blanches. M e- Le jury affecte une somme de cent quatre-vingt-dix fr. qui sera répartie en prix, savoir : cent cinquante fr. aûx meilleures contré-maîtresses et ouvrières de ces fabri- cants , et quarante fr. à deux contre - maîtresses de M. Falcon. Leurs noms seront désignés ultérieurement et publiés dans les journaux. Les prix suivants sont alloués à des ouvrièrés qui avaient exposé des dentelles sur carreaux : Mme Sophie Bernard, au Puy. — Carreau avec dentelles alençon noir , dessin compliqué, 700 fuseaux et 7000 épingles. =— Prime de: 10 fr. Mme Marie Thinel. — Carreau avec dentelle guipüre noire, d’une fabrication nette. — Prime de 10 fr. Mme Ve Eléonore Bernard.— Carreau avec volant alençon noir, de 095€ de haut, , bien confectionné. — Prime de 10 fr. Dessins pour dentelles. A MM. François Girollet, dessinateur au Puy. — Quatre cadres : dessins variés pour dentelles, guipures, imitations de dentelles anciennes. — Médaille d'argent moyen mo- dulé. Camille Crouzet, au Puy. — Dessin sur carton d’une robe en dentelle de la Sainte Vierge du Puy (style roman). — Médaille d'argent petit module. Jean - Baptiste Jouve, au Puy. — Dessins de pointes et de dentelles diverses, — Médaille de bronze. — 15 — Cartes el cartons pour dentelles. A M. Gory- Chassany, éartonnier au Puy. — Cartes imper- méables pour le piquage et la fabrication de la dentelle, d’après un procédé de l’exposant; cartes et cartons pour le pliage de la dentelle. — Médaille d'argent petit module. Plaques métalliques et carreaux pour dentelles. A MM. Jacques Grand, mécanicien au Puy.—Matrices en cuivre pour le piquage des cartons employés au fond des den- telles. L’exposant a perfectionné ces plaques métalliques par un procédé de son invention qui en a diminué beau- coup le prix de vente; carreau-cylindre ou métier pour piquer les cartons à dentelles, inventé par l’exposant. — Médaille d'argent petit module. A. Mathieu et Louis Moiselet, contre-maitres et dessina- teurs au Puy. — Carreau conique pour la fabrication des cols en dentelles, inventé par les exposants.— Médaille de bronze. Soies filées pour dentelles. Le jury exprime ses félicitations à M. Henry Vinay, avocat et propriétaire à Corsac, commune de Brives- Charensac, pour une belle exposition de soies blanches azurées , obtenues de ses cocons et propres à la fa- brication des dentelles et blondes. 2 AE — Broderies. Le jury a voté des félicitations : Aux Dames de l'institution du Bon-Pasteur, au Puy. — Exposition d'une grande croix brodée sur canevas, laine et soie de diverses couleurs. Aux Dames religieuses de l'hôpital général du Puy. — Robe brodée au crochet. Mile Clémence Crouzet, au Puy. — Carte de France brodée sur canevas. Mlle Hortense Saugues, au Puy.—Jupe brodée. MM. Coudert et Barthélemy, au Puy.—Gilets brodés. Mlles Julie Sabatier, Théodora Eyraud, Léontine Eyraud, Berthe Colomb, Geneviève Dulac, élèves de Mme Pit- tarch. — Mouchoirs de poche habilement brodés. Mme Maurin. — Pelottes et porte-montres brodés avec perles. Lingerie. Aux Dames de l'institution du Bon-Pasteur, au Puy. — Devants de chemises brodés à la main. — Médaille d'argent petit module. Soieries. A MM. Chabanne-Reynaud , fabricant à Taulhac. — Cravates en soie. — Rappel de prix obtenus aux concours précé- dents. Paul Thomassin, fabricant à Bas. — Echantillons de ve- lours en soie ; ‘exposition d’une paintiselle perfection née par lui.—Médaille de bronze. 17 — Simon Lauglade, fabricant au Puy. — Velours unis et façconnés. — Médaille de bronze. Tissus en fil. A M. Auguste Rigaud, tisserand à Blesle, — Linges de table blanes, d'une perfection remarquable, et gris pour le service du thé, damassés, à dessins variés, etc. — Rap- pel de médaille d'argent. Articles de modes. A Mlle Octavie Borie. — Modèle d’un élégant chapeau de dame. — Admission à l'Exposition. EÉbénisterie. 1° prix. — (Grande médaille d'argent. A MM. Régis Brenas, ébéniste au Puy, — Table de jeu en palis- sandre avec marquetterie ; complément d'un meuble Louis XVI. Pomier père et fils, ébénistes au Puy. — Commode avec bibliothèque , acajou et palissandre. Antoine Charrier, ébéniste au Puy. —- Buffet de salle à manger, en chêne et palissandre avec sculptures ; table ovale avec seulptures, style Louis XV. ET 2e prix. — Médaille d'argent petit module. A M. Benoit Vol, ébéniste au Puy. — Grande armoire à linge ou garde - habits, en très - beau frêne du pays , avec sculptures. 5° priæ. — Médaille de bronze. A MM. Jacques Pomier, ébéniste au Puy. — Armoire à glace, acajou et palissandre. André Queyrel , ouvrier ébéniste au Puy. — Cadre en ébène et écaille. Cet ouvrier se distingue aussi par la bonne exécution des meubles qu'il confectionne jour- nellement. Meubles sculptés. A MM. Pierre Soulier, menuisier-sculpteur à Vals-près-le-Puy Chaise sculptée dans le style de la Renaissance. Cet industriel a sculpté divers meubles avec talent pour la maison des Jésuites de Vals, l’église paroissiale de cette commune, et pour diverses personnes. — Mé- daille de bronze. Pierre-Théodore Vacher, sculpteur à Aiguilhe , près le Puy. — Diverses chaises sculptées style Renaissance, style Louis XIIT, ete. — Admission à l'Exposition. 19 — Meubles garnis. A MM. J.-Pierre Crouzet, tapissier au Puy. — Fauteuils (style Renaissance) garnis de riches étoffes et habilement montés. — Rappel de médaille d'argent. Firmin Descours, tapissier au Puy. — Fauteuils, chauf- feuses, prie-Dieu garnis de diverses étoffes et habile- ment montés. — Médaille de bronze. Florimond Jaffeux, tapissier au Puy. — Chaise gothique seulptée, garniture capitonnée. — Mention honorable. Menuiserie. A MM. Joseph Granger, à Bas. — Modèle d'escalier à double rampe, en noyer. — Félicitations. Pierre Séjalon, au Puy. -— Baguettes de corniches, en pin. — Félicitations. Bois peints. À M. Alfred Lahaussois , seintre-décorateur au Puy. — Imi- tations très - remarquables de toutes sortes de bois. — Médaille d'argent petit module. Instruments et machines diverses. Le jury a voté des félicitations à M. Bardy, membre du Conseil général, à Auzon, pour un nouvel et bel in- strument de géométrie qui réunit un graphomètre , une équerre d'arpentage et le niveau d’eau. A MM. Hippolyte Imbert, mécanicien au Puy.—Pompe à incendie aspirante et foulante, à double effet. — Mention hono- rable. André Bay, menuisier à Séneujols.— Modèle de moulin à . farines, inventé par l’exposant. — Admission à l'Ex- position. Jean Berger, domestique chez M": de Mariol. — Boîte à secret.—Admission à l'Exposition. Mesures de décalitrerie. A M. Auguste Habougit, fabricant au Pay. — Mesures diverses pour les grains, — Admission à PExposition. Horlogerie. : A MM. Jean-Baptiste Chastel, horloger à Pradelles. — Montre, montre-réveil et divers instruments d'horlogerie per- fectionnés ou inventés par l’exposant. — Médaille d’ar- gent petit module. Charles Fornella, horloger à Brioude.— Montre à échap- pement Duplex, compensateur perfectionné. — Men- tion honorable. Eclairage. A MM. A. Mirand, cirier à Lempdes. — Deux vases de suif perfectionné, cierges économiques , cierges - tubes a ide {nouveau système), cierges de luxe en cire vierge pure, décorés de riches ornements. — Rappel de mé- daille d'argent. Jean-Baptiste Martin, au Puy, introducteur, dans le département, de l'emploi de l'huile de schiste pour l'éclairage. — Exposition de lampes et de spécimens de cette huile, — Médaille de bronze. Huiles. A MM. Conor et Regimbeau, huile de genêt à balai. — Félicita- lions. Gaspard Marcet, fabricant au Puy. — Huile de pieds de bœuf. — Mention honorable. Produits chimiques. Le jury adresse des félicitations à M. Regimbeau fils, pharmacien-chimiste au Puy, pour une exposition inté- ressante de produits de sa fabrication: géodes de bismuth crystallisé (6° et 7° fusion), bismuth à divers états, pro- duits servant à la photographie, acide gallique pur, acide pyrogallique et diverses préparations pour le collo- dion, fulmi-coton, iodure de potassium, chlorure de so- dium, fluorure de potassium , chlorure d’or, nitrate d'argent crystallisé, nitrate d'argent pur, iodure d'am- monium, hyposulfite de soude, ete. A M. Assezat-Chareyre, mégissier au Puy. — Albumine propre à coller les draperies fines, à clarifier les li- queurs et à la ganterie, — Mention honorable. = 99 — Industrie des cuirs, A MM. Eugène Robert, tanneur au Puy. — Cuir noir pour sellerie, croupon imperméable pour le service mili- taire, fourrures de genette du pays. — Médaille d’ar- gent petit module. Eustache Veysseyre , tanneur au Puy. — Peau de vache cirée, imperméable , peau de mouton crée, euir ciré pour la saboterie, peau de chien cirée, tiges de bottes velues. — Médaille de bronze. André Chazot. — Peaux parchemins. — Mention hono- rable. Papeterie et reliures. À MM. Desruors, papetier-relieur au Puy. — Un grand-livre de commerce , un livre-journal habilement reliés. — Mé- daille d'argent moyen module. Edouard Jacquet, papetier-relieur au Puy. — Reliure d'ouvrages littéraires, peau de chagrin avec dorures, registre de commerce à dos en fer, relié et réglé par l’exposant. — Rappel de médaille d'argent. Papiers et cartons. A MM. Véron frères, fabricants de papiers à Saint-Didier-la- Séauve. —- Cartons Jacquard imperméables. Ces in- dustriels distingués ont apporté des perfectionnements D — très-remarquables dans la confection de ces cartons. Ils dirigent une fabrique importante. — Médaille d'argent grand module. Matériaux de construction. Le jury adresse des remerciements à M. Froger de l'Éguille, sous-inspecteur des eaux et forêts et membre résidant de la Société académique, pour une belle et com- plète collection d'échantillons des bois de la Haute-Loire, employés pour l’ébénisterie, la charpente , la menuiserie, le charronage , ete. M. de l'Éguille a bien voulu donner cette intéressante collection au musée ; A MM. Liabœuf - Sauron et Camille Crouzet, fabricants de plâtre au Puy, pour leur intéressante exposition de toutes les variétés de plâtre exploitées dans la Haute- Loire ; À M. Morel-Marie, du Puy. — Beaux échantillons de pouzzolane. Briques en chaux et pouzzolane. . A MM. Georges Habougit, tuilier à l'Hermitage, près le Puy. Briques réfractaires solidement confectionnées sans cuisson. — Rappel de médaille de bronze et de prime. Poterte et tuiles. À MM. Pomel, fabricant à Vergongheon.—Conduits de fontaine, des en terre cuite, confectionnés dans d'excellentes condi- tions. — Médaille d'argent petit module, Jean Robin, à Brives-Charensac.— Conduits de fontaine, tuyaux de drainage, tuyaux ovales de cheminée, vases de jardins, simples et bronzés, nids pour pigeons, ete., habilement fabriqués. — Médaille d'argent petit mo- dule. Fromenteau fils, à Brives-Charensae. — Vases bronzés, grands et petits vases vernis, pots pour voûtes et pla- fonds. — Médaille de bronze. Ambroise Sauzon , membre correspondant et tuilier à Brives-Charensac. — Tuiles anydromiques, tuyoux de drainage, briques réfractaires éprouvées au gazomètre du Puy. — Félicitations. Houilles. La Société félicite la Compagnie des houillères réunies de Langeac, et remercie M. Alfred Caillaux, ingénieur de ces minés, pour son exposition remarquable de blocs de houilles et de cokes. Quincaillerie et serrurerie. A M. Benoît Escoflier, maitre serrurier à Monistrol-sur-Loire. — Serrures de malles, en fer, anneaux ou bagues en fer, longues aiguilles à tricoter en cuivre. — Médaille de bronze. Coutellerie. À M. Alexandre , coutelier au Pay. — Hache-paille , ciseaux à haie, croissant. —Rappel de médaille d'argent. Galvanoplastie. A MM. Joseph Rabany, graveur sur métaux au Puy. — Pendule avec sujet représentant le rocher de Corneille, en pierre calcaire métallisée au moyen du phosphore dissous dans le sulfure de carbone et le nitrate d'argent, et recouvert de cuivre par Ja pile galvanique. — Rappel de prix divers. Boyer, à Montfaucon. — Médailles reproduites par la galvanoplastie. — Mention honorable. Cuivres gravés. A M. Jules Rabany, graveur au Puy. — Inscriptions gravées sur plaques en cuivre. — Mention honorable. . Sculpture industrielle. A M. Alphonse Vidal, sculpteur au Puy. — Grand bas-relief, sujet de chemin de croix, moulé en matière inaltérable à l'humidité. — Médaille d'argent moyen module. Sabotertie. A M. Antoine (Gaucher ainé, au Puy. — Assortiment varié d'at- RS ticles de chaussures en sabots, brides à sabots, etc. ; l'exposition de cet industriel est aussi remarquable que dans les concours précédents. — Rappel de médaille d'argent. François Cibiel, à Brioude.— Assortiment de sabots de tous genres, quelques-uns richement garnis d'étoffes de velours. — Médaille de bronze. Adrien Nodot, au Puy.—Assortiments de sabots bien con- fectionnés. — Mention honorable. Baptiste Coulomb, au Puy. — Sabots divers, bonne confection. — Mention honorable. Joseph Delbort, à Blesle. — Sabots divers, quelques-uns avec sculptures. — Admission à l'Exposition. Corderie. À M. Jean Trévis, cordier au Puy.—Articles de corderie habi- lement fabriqués. — Médaille d'argent petit module. Vannerte. A M. Antoine Milyodon, vannier au Puy.— Corbeilles en osier, bouteilles garnies en osier. — Mention honorable. Ouvrages en cheveux. A M. Antoine Müller, gendarme au Puy.— Arbres, plantes et fleurs en cheveux. — Mention honorable, Minoterie. À M. Mathieu Martin, minotier à Brives-Charensac. — Orge perlé, avoine mondée, pois et fèves décortiqués, excel- lente fabrication. — Médaille de bronze. Confiserie. A M. Pierre Jourde, confiseur au Puy.—Chocolats, dragées, fruits, melons, etc. , confits et glacés ; (les fruits sont tous des environs du Puy.) — Médaille d'argent moyen module. Liqueurs. A M. André Barthélemy-Dumas , liquoriste au Puy, — Liqueur dite Eau du Puy, de l'invention de l'exposant. — Mé- daille de bronze. Allumettes chimiques. A M. Antoine Bernard, fabricant au Puy. — # espèces d'allu- mettes : les unes inflammables par un fort frottement , d'autres très-vivement inflammables ; allumettes résis - tant à toute humidité ; allumettes-bougies. — Mention honorable. Industries diverses. A MM. Jean Evraud , remouleur au Puy. — Meules diverses =), de qualité supérieure et découvertes par lui dans le département, pour aiguiser les faulx, les ciseaux, ra- soirs, etc. — Voiture à bras de son invention pour l'aiguisage. — Médaille de bronze. Les Dames de l'institution du Bon- Pasteur. — Grands et beaux vases, imitations de la porcelaine, dites Potiches. — Félicitations. Célestin Veysseyre, tailleur d'habits au Puy. — Bas en peau de chien employé par la chirurgie. — Admission. Mme Ve Claire Torrilhon, au Puy.— Bouquet de fleurs en dentelles de laine de diverses couleurs, — Admission. Philippe Descours, au Puy.—Calendrier cylindrique pour les calculs d’intérêt.— Admission. Julienne Pitien, au Puy. —- Calvaires avec paysages, animaux, efc., en carton peint, — Admission. Calligraphie. Le Frère Paulinus , visiteur des Ecoles chrétiennes du Puy. — Grand tableau avec inscriptions, lettres ornées, médaillons , ete., exécuté à la plume, — Rappel de médaille d'argent. Miles Théodora et Léontine Eyraud. — Tableaux synopti- ques de zoologie et de botanique, avec lettres ornées et dessins d'animaux et de plantes, habilement exécutés à la plume. — Félicitations. Mile Léontine Cuny. — Tableau de la carte de France et autres tableaux calligraphiques, bien exécutés, — Fé- lieitations, Jacques Faure, instituteur à Saint Vincent. — Arbre op chronologique des souverains de la France. — Admis- sion. Abeillon, instituteur au Bouchet-St-Nicolas. — Grande carte de système métrique. — Admission. Photographie. Le jury vote des félicitations à M. Emile Giraud, peintre et membre résidant de la Société, pour une fort belle exposition de portraits, de reproductions de statues, bas-reliefs, vues et paysages du Puy, château de Ceys- SaCsrelc, elc.- A M. Hip. Malègue, conducteur des ponts-et-chaussées. — Nombreuse et intéressante exposition de vues de la ville du Puy, du village d'Espaly, du rocher Saint-Mi- chel, de la cascade de la Roche, des châteaux de Po: lignac , Ceyssac, paysages sur les bords de la Loire, facade de Ta chapelle Saint - Michel, église romane Saint-Clair à Aiguilhe, facade et cloître de la eathé- drale, porte de la chapelle des Pénitents, ancienne maison dans la rue Pannessac, statues du Musée, etc., ete.—Médaille d'argent petit module. Lithographie. A M. Barthélemy Champagnac, lithographe au Puy. — Nom- breux spécimens lithographiques.—Atédaille de bronze. Estampage. Le jury remercie M. Aymard, vice-président de la — 930 — Société, pour son exposition d’estampages (sur papier) d'inscriptions lapidaires anciennes, par un procédé d'une application aussi prompte qu'elle est simple. Il félicite M. Paillet, plâtrier-mouleur au Puy, pour la nombreuse et belle collection de nioulages en plâtre , de bas-reliefs et inscriptions antiques et du moyen-âge qu'il a exécutés sous la direction de M. Aymard et par les or- dres de la Société. BEAUX-ARTS, Peintures. Le jury vote de reconnaissantes félicitations aux expo- sants dont les noms suivent : A MM. Vibert, conservateur de la galerie des tableaux du musée et membre résidant. — Tableaux de genre représentant des scènes locales : Groupe de femmes faisant de la dentelle, la danse de la bourrée , scène de cabaret, procession du jubilé dans la rue des Tables, au Puy. Emile Giraud, professeur de dessin au lycée et membre résidant. — Quatre grands portraits de MM. **”, grand portrait du maréchal de Vaux (donné au musée par l’auteur), tableau de genre représentant une jeune fille à la fenétre. Florentin Giraud père, professeur aux écoles industrielles du Puy. — Portrait de Crozatier , une tête d'étude, deux paysages. Gabriel Tyr, de Saint-Pal-de-Mons.— Portrait du général Boudinhon. —-31 — À quarelles. Le jury exprime de vives félicitations à M. Compagnon, du Puy-de-Dome, pour ses riches albums de ferrures de tous genres, peints à l’aquarelle, et parmi lesquelles il en est beaucoup quiont été dessinées dans la Haute-Loire, où cetartiste distingué a eu la première idée de cette belle collection. A MM. Emile Giraud .—Un portrait d'enfant.—Félicitations. Daniel Vincent , professeur de dessin aux écoles indus- trielles. — Exposition de douze paysages, vue prise aux environs du Puy: paysage aux environs de Langeac , vue du village d'Espaly , moulins aux environs de Craponne , château de Domeyrat, château de Prades, château de Siau- gues-St-Romain, vue prise au village de Charensac, vue du pont de Chalencon, vallon de l'Ance, intérieur d’une cour de ferme, vue de la vallée du bourg d'Oisans [Suisse — Rappel de médaille d'argent. Auguste Dorlhac, architecte au Puy.— Vue du clocher de la cathédrale du Puy. — Médaille de bronze. Dessins au crayon ou à la plume. A MM. Emile Giraud. — Portrait de M." ; vue de Polignac.— Félicitations. Auguste Dorlhac. — Vue du clocher de la cathédrale de Rodez, — Félicitations. — 0) — Dessins et lavis. Le jury remercie M. Bretagne , directeur des contribu- tions directes et membre résidant, pour le plan (exéeuté sur une grande échelle, sous sa direction,) de la voie ro- maine de Lyon en Espagne, dans sa traversée de la Vellavie. A MM. Eugène Vigouroux, du Puy, artiste dessinateur à Lyon. — Grand dessin lavis à l’aquarelle d’une bibliothèque, style Renaissance. — Médaille de bronze. Crouzet, Anglade, frères; Louis Gratuze, Louis Martin , Xavier Boutiton,élèves des Écoles chrétiennes.—Vase, entre - colonnement corinthien, voûte d'arête, etc., église de village, entablement tosean. — Félicitations. Une Elève du pensionnat de MM: Pitarch et Lemercier. —Cloiître d'un couvent.—Kélicitations. Jacques Micciolo neveu, entrepreneur de travaux au Puy, plan du ealorifère de la préfecture ; établi par cet industriel. — Admission. Edouard Souveton, du Puy. Admission. Sujets allégoriques. — Le jury prie MM. les directeurs et professeurs des écoles industrielles d'agréer ses remerciements au sujet des nombreux et remarquables dessins au crayon et à l’es- tompe qui ont été exposés par les lauréats de ces écoles et qui représentent des figures académiques , des fleurs et des sujets d'architecture , tels que rinceaux, frises, plans, coupes et élévations d’édifices, voûtes d’arête et autres. Des prix ont été décernés aux élèves les plus distingués de ces écoles. — 33 — Sculpture. Le jury exprime ses félicitations à M. Emile Badiou de la Tronchère, pour sa helle statue d'Hauy , représentée à l'exposition par une photographie, et qui a été exposée au palais des Beaux-Arts de Paris ; Et à M. Cubisole, pour sa statue en marbre de la Bac- chante, qui a été acquise et donnée an musée par S. M. l'Empereur. A MM. Auguste Dussue, de Saint-Paulien. — Tête de jeune fille seulptée en médaillon sur bois, donnée par l’auteur au Musée. — Médaille d'argent petit module, Jules Balme , du Puy. — La Loire (statuette sculptée en marbre,; l'Allier {statuette en plâtre). — Médaille de bronze. Jean Valette, au Puy. — La Prière, modèle en terre. — Admission. Pierre Farigoule , du Vernet, canton de Loudes, Saint- Pierre, modèle en terre. — Admission. Pierre-Isidore Vacher.— L'Agriculture, buste sculpté en pierre, — Admission. Gravure en taille douce. Le jury vote les plus vives félicitations à M. Paul-Marius Soumy, du Puy, élève de l’école des Beaux - Arts de Paris, pour la figure académique exposée par cet ha- bile artiste, et qui lui à valu le premier grand prix au dernier concours de cette école. L'auteur a donné cette belle gravure au Musée. 34 — Gravure sur bois ou sur acier. A M. Camille Robert, du Puy.— Une Vierge d’après Raphaël, gravure sur bois (donnée par l’auteur au Musée); vue de la cascade de la Roche, près le Puy, gravée sur bois (don au Musée); vue du parc de Monceaux, près Paris, gravée sur acier; vue de Tivoli, près Rome, d'après Willham Turner, gravée sur cuivre. Cet habile graveur s'est distingué par une foule de gravures qui ont paru dans diverses revues et publications illustrées de France et d'Angleterre, — Le jury Jui a décerné une médaille d'argent petit module. Littérature. A MM. Blanchot de Brenas, à Yesingeaux. — Le Velay, poésie lue en séance du Congrès scientifique. — Médaille d'argent moyen module. P.-C. Ranchet, conducteur des ponts-et-chaussées, au Puy. — Adhémar de Montal, évêque du Puy, poésie lue au Congrès. — médaille d'argent petit module. B. Clavier, secrétaire à la sous - préfecture d’Yssin- geaux. — Notice historique sur la seigneurie de Rochebaron. -- Médaille de bronze. Anonyme. — Le Troubadour, Guillaume de Saint-Didier , poésie. — Mention honorable. Anonyme. — Le Château de Lavoñte-sur-Lotre, légende, poésie. — Mention honorable. Expositions d'œuvres d'art, objets d'antiquités et de curiosités, au Musée du Puy et à la Cathédrale, pendant la session du Congrès. La Société s’empresse d'exprimer ses remerciements aux personnes, au nombre de 135, qui ont bien voulu répondre à son invitation en exposant, dans une galerie spéciale du Musée, des objets d’art, anciens et modernes, qui ont vivement intéressé le Congrès. On y comptait 346 de ces objets, tels que peintures anciennes et mo- dernes sur bois, sur cuivre et sur toile; miniatures, gouaches, ouvrages de sculpture sur bois, sur mar- bre, sur albâtre et sur ivoire: gravures, dessins tissés sur rubans, mosaïques, émaux, meubles et coffrets an- ciens, glaces, pendules, vases en argent et en porce- laine, divers ustensiles de table, armes, dentelles et broderies anciennes, bijoux et objets de toilette, ser- rures anciennes, manuscrits et imprimés curieux, etc. La Société exprime en particulier ses sentiments de vive reconnaissance pour le don qui a été fait au musée, par Me la marquise de Latour-Maubourg, d'une riche parure avec camées, montée sur or, ouvrage de l’un des plus habiles artistes d'Italie, et deux vases grecs antiques. La Société est heureuse également d'exprimer sa re- connaissance à Mgr l’évêque et au clergé de la cathé- drale pour la belle exposition des œuvres d’art religieux, anciens et modernes, qui avait été organisée, avec un succès remarquable, dans une des salles des bâtiments elaustraux de Notre-Dame. 30 — On y complail 575 objets, qui avaient été exposés par 68 paroisses ou congrégations religieuses, et par 150 personnes environ de la ville et du diocèse. Cette riche collection comprenait des calices, des ciboires, burettes, ornements pontificaux et sacerdotaux, garni- tures d’autel, croix, chandeliers, bénitiers, ehässes, reliquaires, ostensoirs, bassins, piscines, crucifix en cuivre et en ivoire, statues et statuettes, sculptures sur bois, albâtre et cuivre; peintures sur toile, sur bois, sur cuivre, sur marbre, sur velin, sur verre ; émaux, mozaiques , bronzes, tapisseries, broderies, dentelles, guipures, manuscrits sur parchemins, etc. La Société adresse aussi ses félicitations aux per- sonnes qui ont si dignement répondu. à l'appel de Mgr l’évêque et de MM. les commissaires de cette cu rieuse exposition. Le Vice-Président, Le Président de la Socüéle, AYMARD, A. DE BRIVE. PRIX DÉCERNÉS AU CONCOURS DE BESTIAUX. Cette solennité agricole, que la Société avait voulu faire coincider avec la session du Congrès scientifique de France, à eu lieu le 16 septembre dans la prairie du Breuil et près du Musée. Tout eoncourait pour donner à cette fête agricole un éclat inusité : le nombre des animaux présentés, qui s'élevait à près de #00, était plus considérable que les années précédentes ; on y voyait, outre les animaux des races chevaline, bovine, ovine et porcine, plusieurs sortes de bestiaux admis au concours par suite des nouvelles dispositions du programme, tels étaient des couples de bœufs, des baudets et des animaux de basse-cour. Un public très-nombreux n'a pas cessé , pendant les longues opérations du jury, de témoigner, par sa pré- sence , l'intérêt le plus sympathique à cette importante exhibition. Autour des membres de Ja Société d'agrieul- ture se pressaient une foule d’agrieulteurs et d’éleveurs venus de tous les points du département, et beaucoup d'étrangers de distinction, tous membres du Congrès scientifique , qui avaient voulu, dans cette heureuse cir rage constance , étudier nos différentes races domestiques, et en particulier la race bovine du Mezene, dont les qualités remarquables n'ont pas été suflisamment appréciées jus- qu'à ce jour. Les professeurs etles élèves de la ferme-école, conduits par leur habile directeur, ont prêté aussi leur concours à la commission d'examen. La proclamation des prix a été faite devant l'hôtel du Musée et du haut du perron, en présence de la Société, d'agriculteurs, de plusieurs membres du Con- grès et d'un nombreux public. Une somme de deux mille six cent trente-deux francs, cest-à-dire huit cent quarante - deux francs de plus qu'en 185%, et diverses médailles ont été réparties de la manière suivante : RACE CHEVALINE : mille trente francs et une mé- daille d'or, dont six cents francs aux juments pen- sionnées , trois cent quarante francs aux pouliches primées, et quatre-vingt-dix francs et une médaille d'or aux poulains. RACE MULASSIÈRE : Baudets. Trois cent cinquante francs. RACE BOVINE : onze cent cinquante francs et mé- dailles, dont cinq cent vingt franes et médailles aux taureaux , soixante - dix francs aux bœufs, trois cent quatre-vingts francs aux vaches laitières , et cent quatre- vingls francs aux génisses. RAGE OVINE : soixante-douze francs. RACE PORCINE : trente franes. ANIMAUX DE BASSE-COUR : médailles d'argent et de bronze. — 9 — Race chevaline. POULINIÈRES PENSIONNÉES. Premiers prix (ex œquo). M. de Goys, propriétaire et maire de la commune de Coubon, pour une jument espèce de seile, poil gris, suitée d’un produit et saillie par l’étalon Moka , fr. M. Durand - Jannisson , propriétaire au Puy, pour une jument espèce de selle, poil bai-brun, suitée d’un produit et saillie par l’étalon Zsabey, M. Vérot, propriétaire au Puy, pour une jument espèce de selle, poil alezan , suitée d’un produit et saillie par l’étalon Zonzac , M. Chambon (Etienne), propriétaire à Polignac, pour une jument espèce de selle, poil bai-clair, suitée d'un produit et saillie par l’étalon Zonzac , M. Gervais (Jean-François-Régis), propriétaire à Lantriac, pour une jument espèec de selle, poil alezan, suitée d’un produit et saillie par l’étaion Infant, M. Fargier fRégis), propriétaire à St-Germain- Laprade, pour une jument espèce de trait, poil alezan, suitée d’un produit et saillie par l’étalon Infant , GR . \ Deuxièmes prix (ex œquo). M. Armand, juge de paix à St-Paulien, pour une jument espèce de selle, poil bai, suitée d’un produit et saillie par l’étalon Znfant, 60 60 60 60 60 60 40 ANS M. Chanut (lean-André), propriétaire à Poli- gnac, pour une jument-espèce de selle, poil bai- brun, suitée d’un produit et saillie par l'étalon Infant . M. Curabet (Vital), propriétaire à Agnat, arron- dissement de Brioude, pour une jument espèce de selle, poil bai-marron, suitée d'un produit et saillie par l'étalon Oriental, M. Ruel (Jacques-Louis , propriétaire à Saint- Voy, arrondissement d'Yssingeaux, pour une jument espèce de trait, poil bai-brun, suitée d’un produit et saillie par l’étalon Quitus , M: Dulac-Schwab, propriétaire au Puy, pour une jument espèce de trait, poil gris, suitée d’un produit et saillie par l’étalon Znfant, M° Virat (Vital), propriétaire et boulanger à Brioude, pour une jument espèce de trait, poil bai- clair, suitée d’un produit et saillie par l’étalon Lemnisque , M. Philippe Fretz, brasseur à Brives Charensac , pour une’ jument espèce de trait, poil bai-clair, suitée d’un produit de létalon nfant et saillie par l'étalon Proconsul, POULICHES PRIMÉES. Premiers prix (ex œquo). M. Armand, juge de paix à St-Paulien, pour une pouliche espèce de selle, poil-bai-clair, âgée de seize mois, produit de l'étalon Quéteur, 40 40 40 80 M. Rance (Jean-Baptiste), propriétaire à Bizac, commune du Brignon, pour une pouliche espèce de selle, poil bai-clair, ägée "de dix-sept mois, produit de l’étalon Zeste , 80 M. Trintinhac (Louis), propriétaire à Cavres, pour urie pouliche poil marron foncé, ägée de quinze mois, produit de l'étalon Zeste , s0 Deuxiemes prix ex æquo. M. Dulac-Schwab, propriétaire au Puy, pour une pouliche poil bai, âgée de quatorze mois, pro- duit de l'étalon Zeste , 50 M. Gervais (Jean-Francois-Régis!, propriétaire à Lantriac, pour une pouliche espèce de selle, poil bai-clair , âgée de seize mois, produit de l'étalon Leste, 50 POULAINS PRIMÉS. Prix hors ligne. M. le marquis de Ruolz, propriétaire à Alleret, arrondissement de Brioude, pour un poulain âgé de quinze mois, poil alezan, produit d'un étalon du Gouvernement. Médaille d’or de cent francs. Premier prix. M. Jourde (Claude), propriétaire à la Chaise- Dieu, pour un poulain poil baï-clair, âgé de {rois ans, produit de l’étalon Quéteur : sû Deuxième prix. M. Curabet (Vital), propriétaire à Agnat, arron- dissement de Brioude, pour un poulain poil bai- clair, âgé de quinze mois, produit de l’étalon Lem- nisque ; ESPÈCE MULASSIÈRE. Premier prix. M. Thomas (Simon), fermier à Cayres, pour un baudet race du Poitou, âgé de quinze mois, Deuxième prix. M. Arnaud (Louis), propriétaire à Cayres, pour un baudet âgé de neuf ans, race du Poitou, Troisième prix. M. Rocher (Louis), propriétaire à Sanssac-l'E- glise, pour un baudet âgé de sept ans, race du Poitou, Quatrième prix. M. Arnaud (Louis), propriétaire à Cayres, pour un baudet âgé de cinq ans, race du Poitou, Race bovine. TAUREAUX. Prix hors ligne. M. le marquis de Ruolz, propriétaire à Alleret, 40 150 100 60 40 me Tous arrondissement de Brioude, pour deux taureaux poil gris-blanc, race du Charolais, nés et élevés chez lui. Une médaille en vermeil. Premiers prix (ex œquo). M. le baron de Mailhet de Vachères, pour un taureau pure race du Mezenc, âgé de vingt mois, poil froment, né et élevé chez lui, M. Descours (Célestin, propriétaire aux Estables, pour un taureau poil froment, ägé de dix-sept mois, race du Mezenc, né et élevé chez lui, M. Séjalon (Joseph), fermier à la Bonnette, com- mune de Polignac, pour un taureau race du Mezenc, âgé de seize mois, né et élevé chez lui, M. Descours (Régis), propriétaire à Montgiraud, commune de Saint-Voy, pour un taureau âgé de deux ans, poil froment, race du Mezenc, né et élevé chez lui, Deuxièmes prix lex æquo). M. Bonnet (Antoine), fermier à Coubon, pour un taureau âgé de deux ans, poil rouge, race du Mezenc, né et élevé chez lui, M. Liabeuf (Antoine), propriétaire et maire à St-Pierre-Salettes, pour un taureau race du Mezenc, âgé de deux ans, né et élevé chez lui, M. Aulagnier (Pierre), propriétaire à St-Chris- tophe-sur-Dolaison, pour un taureau poil froment, âgé de dix-sept mois, race du Mezenc, né et élevé chez lui, 90 0 50 40 A M. Descours, propriétaire et maire aux Estables, pour un taureau âgé de vingt-un mois, race du Me- zenc, poil froment, né et élevé chez lui, M. Vidal (Jean-Pierre), fermier à Loudes, pour un taureau poil froment, àägé de quinze mois, race du Mezene, né et élevé chez lui, Troisièmes prix (ex æquo). M. Vidil (André), propriétaire à Ours-Mons, pour un taureau poil froment, âgé de quatorze mois, race dn Mezenc, né et élevé chez lui, M. Berniaud (Jean), propriétaire à Montagnac, commune d'Arlempdes, pour un taureau poil fro- ment, âgé de dix-huit mois, race du Mezene, né et élevé chez lui, M. Rivier (Jean-André), propriétaire à Coubon, pour un taureau âgé de dix-huit mois, poil froment, race du Mezenc, né et élevé chez lui , M. Séjalon (Pierre), propriétaire à la Bonnette, commune de Polignac, pour un taureau poil fro- ment, race du Mezenc, âgé de vingt-sept mois, né et élevé chez lui, M. Pouderoux (Henri), propriétaire à Coyac, commune de Sanssac- l'Eglise, pour un taureau âgé de dix-huit mois, poil froment, race du Me- zenc, né et élevé chez lui, M. Olivier, docteur en médecine et proprié- taire an Chassagnon, pour un taureau ägé de deux ans, race de Salers, né et élevé chez lui, 20 20 20 BOEUFS. Premier prix. M. Chanial (Gilles), propriétaire à Nirandes et maire de la commune de Cayres , pour une paire de bœufs âgés de six ans, poil froment, race du Mezenc, nés et élevés chez lui, Deuxième prix. M. le baron de Mailhet de Vachères, pour une paire de bœufs âgés de cinq ans, race du Mezene, poil froment, nés et élevés chez lui, VACHES LAITIÈRES. Premiers prix (ex œquo. M. Assézat de Bouteyre, propriétaire à Chadrac, pour une vache laitière âgée de sept ans, poil rouge, race du Mezenc, M. Terrasse (Joseph), propriétaire à Aiïguilhe, pour une vache laitière âgée de quatre ans, poil froment, race du Mezenc, M. Teyssonneyre (Pierre), fermier à St-Germain- Laprade, pour une vache laitière, poil froment, âgée de neuf ans, race du Mezene, M. Filhot (Jules , propriétaire à Espaly-Saint- Marcel, pour une vache poil froment, ägée de six ans, race du Mezenc, 30 30 30 30 30 PAG = Deuxièmes prix (ex æquo;. M. Malescot (André), propriétaire au Puy, une vache îgée de onze ans, poil froment, race du Me- zenc , M. Caine (Xavier), propriétaire au Puy, une vache poil froment, race du Mezenc, M. Guilhaumet (Augustin), propriétaire à Vals- près-le-Puy, une vache âgée de huit ans, poil fro- ment, race du Mezenc, M. Dufaud (Pierre), propriétaire à Grazac, une vache âgée de huit ans, poil froment, race du Me- zenc, Troisièmes prix (ex æquo). M. Clément (Pierre), propriétaire à la Terrasse , commune de Coubon, une vache poil froment, ägée de neuf ans, race du Mezenc, M. Truchet (Théodore), propriétaire à Chadrac, une vache âgée de huit ans, poil gris, race du Me- zenc, M. Viannence (Denis), jardinier à Vals, une vache âgée de six ans, poil froment , race du Mezenc, M. Garrel (Baptiste), propriétaire au Puy, une vache âgée de sept ans, poil froment, race du Me- zenc , M. Gras (Jacques), propriétaire au Puy, une vache âgée de neuf ans, poil froment , race du Mezenc, M. Bernard (Vital), propriétaire à Vals-près-le-Puy, une vache âgée de dix ans, poil froment, race du Mezenc, 19 [#14 25 1o Qt 20 NAT M. Dubois (Charles), propriétaire au Puy, une vache âgée de six ans, poil froment, race du Me- zen, M. Digonnet, propriétaire au Puy, une vache âgée de neuf ans, poil froment, race du Mezene, GÉNISSES. Premiers prix lex æœquo). \ { M. Gérenton (Pierre), propriétaire à Vals-près- le-Puy, une génisse âgée de vingt-un mois, poil froment, race du Mezenc , née et élevée chez lui, M. Digonnet, propriétaire au Puy, une génisse poil froment, âgée de vingt-cinq mois, race du Me- zenc, née et élevée chez lui, M. Clappier, propriétaire au Puy, une génisse àgée de deux ans, poil froment, race du Mezenc, née et élevée chez lui, M. Chabrier, propriétaire et maire à Espaly- Saint-Marcel, une génisse poil froment, âgée de quatorze mois, race du Mezence, née et élevée chez lui, Deuièmes prix (ex æquo). M. Bonhomme (Jean-Claude), propriétaire à Es- paly-Saint-Marcel, une génisse poil froment, race du Mezenc, âgée de seize mois, née et élevée chez lui, M. Filhot (Jules), propriétaire à Espaly-Saint- Marcel, une génisse âgée de dix-huit mois, poil 20 20 10 IN — froment, ‘race du Mezenc, née et élevé chez lui, M. Chouvy (Henri), propriétaire à Bains, une gé- nisse poil châtain, âgée de dix-huit mois, race du Mezene , née et élevée chez lui, \ x M. Pélissier (Pierre), propriétaire à la Malou- teyre , commune de Polignac, une génisse poil froment, àgée de quinze mois, race du Mezenc, née et élevée chez lui, M. Queyrel (Jean-Claude), propriétaire à Espaly- Saint-Marcel, une génisse âgée de seize mois, poil froment , race du Mezenc, née et élevée chez lui, M. Pigères (Jean), propriétaire à Polignac, une génisse poil froment, äigée de deux ans, race du Mezenc, née et élevée chez lui, M. Pascal (Jean Pierre) , dit Portal, propriétaire à Espaly-Saint-Marcel, une génisse poil froment, âgée de quinze mois, race du Mezene, née et élevée chez lui, M. Pouderoux (Napoléon), propriétaire à Coyac, commune de Sanssae-l'Eglise, une génisse poil fro- ment, âgée de quinze mois, race du Mezenc , née et élevée chez lui , M. Vincent (Jacques), propriétaire, une génisse âgée de deux ans, poil froment, race du Mezene, née et élevée chez lui, M. Garrel (Baptiste), propriétaire au Puy, une génisse poil froment, ägée de vingt mois, race du Mezenc , née et élevée chez lui, 10 10 10 10 10 10 10 10 0e Race ovine. Premiers prix (ex œquo). M. Garnaud (André), propriétaire à Rivets, com- mune de Cayres, un bélier race du Rouergue , âgé de dix-huit mois, M. Roux (André), propriétaire à Cayres, un bélier race du Mezenc, âgé de dix-huit mois, M. Barthélemy (François), propriétaire à Cayres, un bélier race du Rouergue, âgé de quinze mois, Deuxièmes prix {ex æquo). M. Hugony (François), propriétaire à Vals-près- le-Puy, un bélier âgé d’un an, race du pays, M. Hugony (Pierre), propriétaire à Saint-Jean- de-Nay, un bélier race de Causse, âgé de quinze MOIS , M. Garnier (Florimond), berger au Thiolent, commune de Vergezac, un bélier race de Causse , àgé de dix-huit mois , Troisièmes prix lex œquo). M. Eustache (Pierre); boulanger auPuy, un bélier âgé de quinze mois, race du pays, M. Barthélemy (Baptiste) , propriétaire à Rivets , commune de Cayres , un bélier race du Rouergue, àgé de six mois , LEL LE] 10 10 10 6 Ur Rs M. Gaday (Jean), berger à St-Jean-de-Nay, un bélier race du pays , âgé de dix-huit mois , 6 Race poreine. Prix {ex œquo). M. Eustache (Pierre), boulanger au Puy, deux truies accompagnées de 49 produits, en deux portées chacune , race métis-siam, 15 M. Roche (Baptiste), meunier à Aïguilhe, deux truies accompagnées de #0 produits, race métis- siam , deux portées , 15 Animaux de hasse-cour. M. Dubois-Jammes, propriétaire à Pronlary, près Vals, coqs et poules, espèce cochinchinoise. Médaille d’ar- gen. M. Rivet (Claude), employé de loetroi, au Puy, coq et poules, espèce cochinchinoise. Petite médaille d’ar- gent. M. Durastel (Anthénor), propriétaire à Taulhac, près le Puy, un coq et des poules, espèce cochinchinoise. Petite médaille d'argent. M. Gallien, propriétaire au Puy, un coq et poules , espèce cochinchinoise. Médaille de bronze. Eapins. M. Pallot (Pierre), demeurant au Puy. Médaille de bronze. M. Pelon, demeurant au Puy. Médaille de bronze. M. Chambon ‘Augustin), propriétaire au Puy, Médaille ile bronze. Le Secrétaire, Le Président, 0. BONNET. À. ne BRIVE. 4 JUN. 98 = Ne ni vur ee ab state Eur trou: dacga Lit) “ijalihé qu wi RE détenu) dde} 104 =ssgaud sb MS pr félin. Hoi | . D CCE RTE D NN MAAAOE 0 is SIN s LE ; 4 du Pos pres oe mi Le nes < a = - Ce ee = > : S ” Ses RES AS te ME > € Ë ? € E s Ér “= A. P. “e: Fe ds Sn GT GAS rt, Con Pr ASC ? S =. = © Pa as Q yes LR 2» ss : ea Ve a sara ET